Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
Commission permanente des corporations
professionnelles
Projet de loi no 250
Code des professions
et autres projets de loi connexes
Séance du mardi 5 juin 1973
(Seize heures quinze minutes)
M. PICARD (président de la commission permanente des corporations
professionnelles): A l'ordre, messieurs!
La commission des corporations professionnelles continuera
l'étude du projet de loi no 250. A ce stade-ci de nos
délibérations, j'aimerais vous rappeler que, jusqu'à
maintenant, nous avons accepté l'article 1 en entier, à
l'exception du paragraphe g); article 2, accepté. L'article 3 est en
suspens et l'article 4 est adopté. Nous en étions à
l'article 5. Je cède la parole à l'honorable ministre.
M. LAURIN: L'article 4 est adopté, M. le Président?
LE PRESIDENT (M. Picard): A la fin de la séance, oui, sur
division. Vous pouvez regarder au journal des Débats, page B-9027.
M. LAURIN: Je n'étais pas ici. On m'avait dit qu'il n'avait pas
été adopté.
LE PRESIDENT (M. Picard): Page B-9027, l'article 4 a été
adopté sur division. Alors, l'honorable ministre sur l'article 5.
Définitions et application (suite)
M. CASTONGUAY: M. le Président, lorsque nous avons suspendu
l'article 1 g), c'était à la suite d'une question qu'avait
posée le député de Maskinongé sur les distinctions
à faire entre une autorisation spéciale, un permis temporaire et
un permis restrictif. J'avais mentionné à ce moment-là que
nous préparerions une note pour expliquer la nature de ces
différentes autorisations ou permis et j'ai ici des copies de cette note
que je vais faire distribuer. Comme il s'agissait, si j'ai bien compris
l'intervention du député de Maskinongé, non pas d'une
question litigieuse mais plutôt d'une question de clarification,
peut-être que, pour ne pas laisser une question en suspens, nous
pourrions examiner l'article 1 g) à la suite de la distribution de cette
note.
LE PRESIDENT (M. Picard): Est-ce que je pourrais demander à
l'honorable ministre s'il a l'intention d'ajouter à cet article 1, dans
les descriptions et définitions, le permis temporaire de même que
le permis restrictif?
M. CASTONGUAY: C'est simplement pour une meilleure compréhension
du texte de l'article 1, paragraphe g), que cette note est distribuée.
Ce n'est pas un amendement, c'est une note explicative qui avait
été demandée, à ce moment-là.
LE PRESIDENT (M. Picard): Je remarque que dans votre note explicative,
vous commencez par donner une description plus détaillée de
l'autorisation spéciale qui apparaît au paragraphe g) et en plus,
vous parlez de permis temporaire et de permis restrictif.
M. CASTONGUAY: C'est que le député de Maskinongé
avait demandé quelle était la distinction entre une autorisation
spéciale, un permis temporaire et un permis restrictif.
La note apporte certaines explications et des exemples, mais c'est
purement une note explicative.
M. CLOUTIER (Montmagny): Si le ministre me permet une suggestion, pour
le permis temporaire, on utilise ce mot, dans le code, aux articles 41 et 44.
Il n'y est pas défini ici. On l'utilise aussi dans les lois
spécifiques. Le permis restrictif, selon la note que vient de nous
remettre le ministre, n'est pas utilisé dans le code. Il serait
utilisé seulement dans les lois spécifiques. Pourquoi
n'ajouterions-nous pas ici la définition du permis temporaire,
étant donné qu'il est utlisé dans le code suivant la
description qu'on en fait, quitte à laisser peut-être tomber la
définition du permis restrictif, parce qu'on ne l'emploie pas dans le
code des professions.
M. CASTONGUAY: La raison pour laquelle, M. le Président, il n'y a
pas de définition, c'est que dans le cas du permis temporaire, si l'on
remarque, il faut se référer aux articles 41 et 44 et aussi
à certaines dispositions dans les lois spécifiques. Et là,
il serait extrêmement difficile, étant donné que le permis
temporaire comporte des dispositions qui peuvent varier d'une corporation
à une autre, en plus du fait qu'on le trouve relié à deux
articles à des fins quelque peu différentes, il faudrait
reprendre dans les définitions toute une série de dispositions.
Il n'y a pas une définition unique, stable qui puisse être
donnée pour couvrir toutes les situations.
M. CLOUTIER (Montmagny): A la lecture de la définition du permis
temporaire ici, je lis la note que vient de nous remettre le ministre: "Le
permis temporaire est délivré par le bureau d'une corporation
à une personne qui ne désire pas obtenir un permis permanent ou
qui ne remplit pas toutes les conditions voulues pour obtenir un tel permis. Je
trouve ça général. Cela peut être assorti de
certaines conditions et on le dit un peu plus loin: "ce permis peut parfois
être assorti de restrictions, parfois non". Mais, si on s'en tenait
à la partie générale, étant
donné que lorsque quelqu'un va arriver, à l'article 41 ou
à l'article 44 du code, sur ces mots de "permis temporaire", il va
peut-être se poser certaines questions s'il n'a pas une amorce de
définition.
M. CASTONGUAY: On a défini, en fait, ce que permis signifie, au
paragraphe f). Maintenant, si on ajoute une définition de "permis
temporaire" ou de "permis restrictif", je pense bien que, par le mot
"temporaire", on voit que c'est pour une durée temporaire, et par le mot
"restrictif", on voit que c'est restrictif sur un plan quelconque. Si on
admettait une phrase, un membre de phrase très général,
comme vous le suggérez, je ne vois vraiment pas ce que cela pourrait
ajouter, parce qu'il faudrait se référer, après cela,
à chaque disposition, pour voir vraiment quelles sont les conditions qui
s'attachent dans chaque cas à un permis temporaire ou à un permis
restrictif. Lorsque l'on examine, par exemple, la page 2 de la note, pour la
pharmacie, à y a certaines conditions qui varient, selon que c'est pour
les architectes, pour les médecins, pour les dentistes, pour les
agronomes. Il me semble que les termes "restrictif" et "temporaire" sont assez
descriptifs de ce qu'ils signifient et les insérer dans les
définitions ici, n'ajouterait rien à notre compréhension
puisqu'il faut aller aux dispositions spécifiques de toute
façon.
Je comprends le désir du député de Montmagny de
vouloir apporter des définitions aussi complètes et claires que
possible mais je pense qu'à l'examen on n'atteindrait pas ce but de
toute façon.
M.BOIVIN: Pourquoi ces définitions ne devraient-elles pas
être incluses dans la réglementation? Je trouve qu'il serait
essentiel que ce soit inclus dans la loi.
Je ne sais pas quelle objection vous y voyez, mais ce serait utile que
ce soit inclus au moins dans la réglementation.
M. CASTONGUAY: On va voir toutes ces explications dans les dispositions
de la loi au fur et à mesure qu'on va étudier les articles, sauf
qu'on ne les retrouve pas dans un endroit résumées ou
cataloguées telles qu'on les retrouve dans la note explicative. Mais
tout ce qui apparaît dans cette note se trouve dans les dispositions du
code ou dans les lois particulières.
M. LAURIN: Est-ce que ceci vaut également pour les quatre
premières lignes du document que vous nous avez remis? Par exemple,
autorisation accordée par le président d'une corporation à
une personne légalement autorisée à exercer hors du
Québec la même profession que les membres de cette corporation,
à exercer cette profession à Québec pour le compte de
toute personne ou de tout groupe de personnes indiquées dans
l'autorisation. Je n'ai vu ça nulle part dans le projet de loi. Et je
pense que ça, ça explique d'une façon très claire
les cas où une autorisation spéciale est décernée.
Pour ces quatre premières lignes, je n'ai pas vu l'équivalent
dans le code.
M. CASTONGUAY: En plus de la définition à 1 g), aux
articles 33 et 39 du code, vous allez trouver ces...
M. LAURIN: Ces mêmes termes?
M. CASTONGUAY: ... termes additionnels normalement.
M. CLOUTIER (Montmagny): La définition de "autorisation
spéciale" qu'on a à g), le ministre nous donne un nouveau texte
qui nous semble plus clair; dans la note, c'est une explication.
M. CASTONGUAY: Si vous allez aux articles 33 et 39, vous allez trouver
tout ce qui n'est pas dans la définition mais qui vient peut-être
qualifier l'article 1 g); c'est parce qu'il faut insérer ces additions
au fur et à mesure qu'on arrive aux dispositions appropriées dans
le code. Vous allez voir, si vous vous référez aux articles 33 et
39, elles arrivent pour les professions d'exercice exclusif,
premièrement à l'article 33, et après ça pour les
professions à titre réservé à l'article 39. Je
pense qu'il est nécessaire de les retrouver dans ces sections.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ce que je demande, c'est à l'article 1
g), pourquoi l'on ne prendrait pas la définition qui nous a
été distribuée dans la note, au lieu de celle que l'on a
déjà dans le texte de loi.
M. CASTONGUAY: Pourquoi?
M. CLOUTIER (Montmagny): II me semble que ce serait plus clair et plus
concis en tout cas.
M. CASTONGUAY: Regardez l'article 33, il diffère quelque peu de
l'article 39 pour une corporation à exercice exclusif par rapport
à une corporation à champ réservé, à titre
réservé.
Deuxièmement, il faudrait retrouver les articles 33 et 39
à moins de vouloir mettre de telles dispositions dans l'article 1.
M. CLOUTIER (Montmagny): Cela ne changera pas.
M. CASTONGUAY: Parce que là, on apporte dans les dispositions,
les périodes de renouvellement, et après cela, ce qui arrive au
plan des appels; il me semble que là on introduirait plus qu'une
définition de ce que sont une autorisation spéciale et un permis
dans l'article 1, mais on commencerait à apporter des dispositions
entourant la délivrance de ces autorisations.
II semble qu'on soit beaucoup plus sur la forme que sur le fond.
M. CLOUTIER (Montmagny): Non, mais quant aux définitions, quand
on s'est entendu sur le fond, la discussion n'a jamais été faite
là-dessus, on voulait faire préciser l'autorisation
spéciale, parce qu'il y avait d'autres formes d'autorisation, entre
autres le permis temporaire et le permis restrictif, mais je m'aperçois
que la description, la définition d'autorisation spéciale, dans
la note que nous a remise le ministre, m'apparaît plus claire, plus
concise que celle qui est contenue dans la loi actuellement.
A première vue, il m'apparaît qu'on pourrait utiliser avec
avantage l'autre définition.
M. CASTONGUAY: C'est que...
M. CLOUTIER (Montmagny): En fait, c'est une définition que le
ministre nous donne avec des exemples concrets, la durée, en cas de
refus, même que les mots "autorisation spéciale" sont
employés à l'article 33 et à l'article 39, et là,
on se réfère à l'article 1 g) parce qu'on l'a
défini.
En tout cas, si le ministre veut qu'on le laissse, on vient d'avoir un
document, on peut le laisser en suspens jusqu'à la fin de la
séance. D'ici huit heures et quart, on pourra y revenir si...
M. CASTONGUAY: II y a une définition de ce qu'est un permis et un
permis signifie qu'une personne peut pratiquer et que son nom est inscrit au
tableau de l'ordre. A partir de cela, on retrouve pour les besoins de la cause,
à certains endroits, des dispositions pour l'émission de permis
temporaires, des permis restrictifs et là, les dispositions qui
entourent ces permis se retrouvent dans les articles de la loi.
On fait une distinction pour une autorisation spéciale là
où il n'y a pas inscription au tableau de l'ordre. C'est vraiment pour
des conditions bien particulières et tout à fait
passagères et on définit après cela, dans les
dispositions, les conditions qui entourent la délivrance de ces
autorisations spéciales.
C'est la même structure de texte, le même arrangement de
texte, aussi bien pour les permis que pour les autorisations spéciales.
Il me semble que, si on commence à modifier, on défait la
structure et on ne saura pas où aller se référer.
M. CLOUTIER (Montmagny): La deuxième définition, celle qui
est contenue dans la note qu'on nous a distribuée, apparaît-elle
plus restrictive au ministre que la définition contenue dans...
M. CASTONGUAY : Elle reprend l'article 1 f ) et elle ajoute ce qu'on
retrouve aux articles 33 et 39.
M. LAURIN: Cela pourrait faire l'objet d'un règlement.
M. CASTONGUAY: Pour les corporations, je ne sais pas s'il y a un pouvoir
réglementaire qui vient s'ajouter à ce qu'il y a dans les
dispositions de la loi, sur l'émission des autorisations
spéciales; mais quand on regarde les articles 33 et 39, tout ce qu'il y
a dans la note explicative, c'est indiqué là.
M. GUAY: Parfait. La note explicative en fait regroupe les articles 33
et 39. Alors, cela nous apparaît beaucoup plus clair sauf qu'on le
retrouve dans la loi si on va aux articles indiqués. C'est parce que
cela paraît beaucoup plus complet et beaucoup plus explicite quand on le
voit comme cela. Maintenant, si on prend les articles les uns après les
autres et qu'on va voir à 33 et 39, cela produit la même
chose.
M. CASTONGUAY: Mais, comme me le fait remarquer M. Morin, par exemple,
dans l'article 1 g), il est obligé d'exprimer les choses dans un texte
un peu plus lourd. Par exemple, on dit: ... un permis, afin de lui permettre
d'exercer la profession d'exercice exclusif qui y est mentionnée et
d'utiliser un titre réservé. Et plus loin: "Ou afin de lui
permettre uniquement d'utiliser un titre réservé", alors que,
dans la note explicative, on parle soit de l'un soit de l'autre. Il y est dit:
Soit l'un, soit l'autre. Ici, on est obligé à cela puisque c'est
le texte de loi même.
M. GUAY: La distinction n'apparaît pas dans la note
explicative.
M. CLOUTIER (Montmagny): La suggestion que je fais, c'est
qu'étant donné que le député de Maskinongé
est celui qui avait soulevé le point, l'objection, si le ministre
pouvait attendre à 8 h 15, au moment où on reprendra la
séance ce soir, je voudrais lui soumettre le nouveau texte durant la
période d'ajournement.
M. PERREALUT: Ce n'est pas un nouveau texte.
M. CLOUTIER (Montmagny): Non, non, je sais; mais le député
de Maskinongé a soulevé...
M. PERREAULT: II demandait une explication.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, oui, une explication mais disons qu'il
nous apparaît que l'autre définition pourrait être
également tenue comme texte de l'article 1 g).
M. GUAY: Je pense que ce que veut dire le député de
Montmagny, c'est que l'explication pourrait faire l'objet d'un texte.
M. CLOUTIER (Montmagny): Non, pas nécessairement. On pourrait
prendre ici l'explication donnée pour l'autorisation spéciale
dans le texte qu'on nous a distribué tantôt et en faire le texte
législatif.
M. GUAY: C'est cela que je veux dire. D'accord.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ce n'est pas une explication. Je ne veux pas en
faire un débat de fond, mais le député de
Maskinongé avait lui-même soulevé l'objection. D est retenu
cet après-midi en Chambre. Je voudrais lui soumettre entre...
M. CASTONGUAY: Je voudrais juste rappeler que, si ma mémoire est
bonne, c'était plutôt une explication qu'il avait demandée.
Maintenant, si les membres de la commission sont d'accord, je peux bien
reporter cela à ce soir.
Il me semble qu'on discute beaucoup plus de forme, de la structure du
texte que du fond et je voudrais seulement rappeler que, pour les permis, on
retrouve toutes les dispositions touchant la délivrance des permis
temporaires, restrictifs, etc., dans les dispositions de la loi. C'est la
même chose pour les autorisations spéciales. Alors, on veut
éviter d'introduire dans la définition des dispositions, on veut
s'en tenir à une définition. Si les membres sont d'accord...
LE PRESIDENT (M. Picard): Est-ce que les membres sont d'accord?
M. CLOUTIER (Montmagny): On vous dira à 8 h 15 s'il y a quelque
objection particulière que ce soit. S'il n'y en a pas, ce sera
adopté.
LE PRESIDENT (M. Picard): L'étude du paragraphe g) de l'article 1
est de nouveau suspendue et nous procédons maintenant à l'article
5.
M. LAURIN: Je voulais simplement vous rappeler que l'article 2 avait
été adopté, sujet à vérification
ultérieure par les légistes, du texte de l'article 2, parce qu'il
y avait eu un petit débat qui avait été soulevé
entre le député de Maisonneuve et le ministre, à l'effet
que cet article serait peut-être inutile, redondant. Le ministre avait
dit qu'il l'avait mis surtout pour fins pédagogiques et le
député de Maisonneuve, en tant que juriste, avait prétendu
que la loi de l'interprétation tenait compte au fond déjà
du contenu de cet article, sans qu'il soit nécessaire de l'ajouter
expressément. L'article avait été adopté, mais le
ministre avait dit qu'il soumettrait à nouveau ce texte aux
légistes pour vérification et le président de la
commission, qui était le député de Saint-Louis, avait dit
que lui aussi, en tant qu'avocat, était bien d'accord que cela se
prêtait à une vérification ultérieure. Je ne sais
pas s'il y a eu cette vérification ultérieure.
M. CASTONGUAY: Est-ce qu'on pourrait en demander l'explication à
M. Morin, pour qu'il donne les raisons pour lesquelles il apparaîtrait
préférable de le laisser là?
En fait, strictement, si on s'en rapporte à la loi
d'interprétation, aux règles d'interprétation, il est
évident que normalement les dispositions d'une loi particulière
prévalent sur les dispositions d'une loi générale, mais il
faut dire qu'en matière d'interprétation de lois, il peut
être parfois dangereux de laisser aux juges le soin de déterminer
si une règle s'applique ou non, si une règle
d'interprétation s'applique ou non, parce que les règles
d'interprétation sont quand même assez vagues et assez
ambiguës. Alors, pour éviter justement tout problème, on
avait décidé de mettre un article 2, qui réglait
définitivement la question ici, de sorte qu'il était sûr et
certain que le code des professions s'appliquait à toutes les
corporations professionnelles mentionnées à l'annexe 1, à
moins qu'il y ait une disposition particulière spécifique dans
une loi concernant une telle corporation. Enfin, c'est pour éviter tout
doute, vu que les règles d'interprétation parfois donnent lieu
justement à interprétation.
M. LAURIN: Vous ne croyez pas que votre loi paraisse plus faible du fait
que vous avez besoin de la soutenir, de la supporter par un article d'un genre
tel qu'il n'apparaît pas dans une autre loi de ce genre?
M. CASTONGUAY: M. le Président, des députés ou des
membres de cette commission, je crois, à certaines reprises, dans des
projets de loi antérieurs, m'ont demandé d'inscrire des
dispositions touchant les objectifs de ces projets de loi alors que les
légistes m'avaient dit que ça n'avait pas de pouvoir réel
au plan législatif ou que c'étaient des dispositions qui
n'étaient pas sanctionnables.
Je suis revenu à la charge à quelques reprises pour faire
introduire de telles dispositions et il me semble que cette fois on devrait
leur donner raison de telle sorte que cet ensemble de lois, qui est nouveau,
qui se complète, ne puisse pas donner lieu à des
ambiguïtés. On sait comment les lois des corporations
professionnelles dans le passé ont donné lieu à de
nombreuses causes, à de nombreux litiges, et il me semble que, si on
veut éviter ceci, comme l'ensemble se complète, il y aurait
avantage à maintenir une telle disposition de telle sorte qu'il n'y ait
pas de doute.
M. LAURIN: Je reconnais la validité de vos raisons, surtout dans
la mesure où elles sont explicites. Vous avez voulu appliquer le
principe de Vauvenargues, cela va sans dire, mais cela va encore beaucoup mieux
en le disant.
M. CASTONGUAY: C'est justement ce que nous avions à l'esprit, je
n'osais pas le dire.
Office des professions du Québec
(suite)
M. LAURIN: M. ie President, pour l'article 3, je voulais demander au
ministre s'il avait l'intention d'en discuter tout de suite ou s'il
considérait qu'il devait mener d'autres études avant que nous
reprenions cet article.
LE PRESIDENT (M. Picard): Cet article avait été
laissé en suspens. L'honorable ministre avait quelque chose à
ajouter.
M. CASTONGUAY: Lorsque nous arriverons à l'article 44, j'aimerais
mieux reprendre l'article 3, de telle sorte qu'on...
M. LAURIN : Cela constitue un tout.
M. CASTONGUAY: Pas nécessairement un tout, mais qu'on
discute...
M. LAURIN: Etant donné que ça touche le même
thème.
M. CASTONGUAY: C'est ça.
M. LAURIN : D'accord.
LE PRESIDENT (M. Picard): Article 5.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre peut engager le secrétaire
et les employés de l'office sur recommandation du lieutenant-gouverneur
en conseil, mais ces officiers peuvent être destitués
conformément à l'article 61 de la Loi de la fonction publique.
Est-ce que le ministre pourrait nous dire les raisons pour lesquelles on ne
passe pas par la Fonction publique immédiatement? Est-ce que c'est par
concordance avec d'autres lois analogues? Est-ce que c'est pour hâter
l'engagement du personnel? Est-ce qu'on pourrait avoir des raisons?
M. CASTONGUAY: La seule raison, c'est que l'office va être
composé de trois membres nommés par le Conseil interprofessionnel
et deux membres nommés par le lieutenant-gouverneur en conseil; il est
relié à la structure gouvernementale mais n'est pas partie d'un
ministère directement. Etant donné la fonction de cet office, il
a été jugé qu'il serait préférable de lui
donner une certaine latitude quant à l'engagement de son personnel.
Parce que, lorsqu'on regarde l'article, on voit que le personnel le
secrétaire et les autres employés va être
nommé par le lieutenant-gouverneur en conseil, mais sur recommandation
de l'office. Par contre, pour protéger ce personnel au plan de toute
destitution possible, on a pensé qu'il serait bon de retenir à
cet effet les dispositions de la Loi de la fonction publique.
C'est pour introduire une certaine souplesse quant à la
façon dont l'office voudra s'organiser pour s'acquitter de son
mandat.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que cela voudrait dire que le ministre
n'est pas satisfait de la rapidité avec laquelle fonctionne la
Commission de la fonction publique dans l'engagement du personnel? Est-ce qu'il
y aurait des améliorations à apporter de ce
côté?
M. CASTONGUAY: Je ne voudrais pas engager un débat sur cette
question, mais il y a d'autres motifs que la rapidité. Il y a parfois
les échelles de salaires, la classification, etc. Pour l'ensemble des
ministères du gouvernement, je pense bien qu'il est nécessaire
d'avoir un certain nombre de règles pour que les ministères ne se
fassent pas concurrence les uns les autres, pour assurer la promotion
ordonnée du personnel. Mais il n'y a aucun doute que ces dispositions
apportent une certaine lourdeur et, étant donné que l'office a un
caractère un peu particulier cela n'est pas un organisme de la
même nature qu'un ministère on a pensé qu'il serait
utile de le soustraire à certaines de ces règles. Cela n'est pas
vu nécessairement comme une critique du travail de la Commission de la
fonction publique ou du ministère. On pourra peut-être reprendre
cette discussion à une autre occasion.
M.BOIVIN: Est-ce que ce serait une sorte d'employé contractuel
dont vous avez parlé l'autre jour?
M. CASTONGUAY: Sauf qu'il aura, dans ce cas-là, plus qu'une
protection accordée quant à sa destitution.
M.BOIVIN: II est protégé par la Fonction publique.
M. CASTONGUAY: C'est ça!
M.BOIVIN: Mais toute sa fonction... En fait, pourquoi ne passe-t-il pas
par la Fonction publique? On a toutes sortes d'exceptions, si la Loi de la
fonction publique ne satisfait pas le gouvernement, il me semble que...
M. CLOUTIER (Montmagny): Si je me souviens bien, dans des régies
gouvernementales on a mis une telle disposition, comme lors de la
création de la Régie de l'assurance-maladie. Mais la principale
raison, évidemment, était le souci d'efficacité, parce
que, quand on constitue un appareil administratif, on a un
échéancier à suivre et on ne peut pas se soumettre
à toutes les contraintes, les concours, les délais, les
périodes de recrutement de la Fonction publique. Mais il était
évident que les critères de recrutement du personnel tenaient
compte des critères déjà en vigueur au sein de la Fonction
publique, de même que les échelles de salaires, parce qu'il ne
faut pas que ces régies aillent vider les ministères parce
qu'elles offrent des conditions de rémunération très
supérieures à
ce qui existe déjà au sein des ministères. Je n'ai
pas vérifié dans la Loi créant la Régie de
l'assurance-maladie, mais je ne sais pas s'il n'y avait pas un
délai.
M. CASTONGUAY: C'est fini, ça!
M. CLOUTIER (Montmagny): II y avait un délai; je pense qu'il a
été prolongé et maintenant c'est la Commission de la
fonction publique qui...
M. CASTONGUAY: M. Morin me rappelle un autre motif qui ne me revenait
pas à la mémoire. Si on se souvient, au moment de l'étude
de ce bill en commission parlementaire, des craintes avaient été
exprimées à l'effet que l'office soit vraiment trop
rapproché du gouvernement et qu'il soit vraiment un bras du gouvernement
par les nominations diverses qui étaient prévues à
l'intérieur des corporations et à l'office. C'était une
façon de donner une plus grande latitude à l'office par rapport
au gouvernement. Dans les mécanismes réguliers d'engagement de
personnel par la Fonction publique, on sait que le ministère ou un
ministère ou un organisme a très peu de latitude.
Alors, il y a aussi cette disposition, il y a aussi ce motif qui ne me
revenait pas à la mémoire.
M. BOIVIN: J'accepte ces explications, mais je me demande pourquoi cela
revient dans tous les ministères et dans les commissions?
UNE VOIX: Ce n'est pas un ministère, c'est presque un organisme
paragouvernemental.
M. BOIVIN: J'ai dit que cela revient dans tous les ministères,
dans les crédits. Si on n'est pas satisfait de la Loi de la fonction
publique, qu'on la change.
M. CASTONGUAY: Par contre, je voudrais seulement faire...
M. BOIVIN: Ces explications sont pour montrer que c'est un organisme un
peu différent d'un ministère, mais on sait que, dans les
ministères, cela arrive avec tous vos employés contractuels, vous
vous divisez de la Fonction publique. Alors, cela commence à être
la preuve, on le voit. J'ai assisté à l'étude des
crédits de plusieurs ministères. Il n'y a pas un ministère
qui accepte la Loi de la fonction publique et les commissions l'évitent
aussi. Alors, si l'on n'est pas satisfait de la Loi de la fonction publique,
qu'on la change.
Cela n'a pas été fait pour mal faire, la Loi de la
fonction publique, je l'ai acceptée facilement, quoique cela ait
été adopté par un gouvernement précédent,
mais cela a été fait pour revaloriser la Fonction publique.
M. PERREAULT: Cela ne s'est jamais appli- qué à la plupart
des organismes paragouverne-mentaux. Cela ne s'est jamais appliqué.
M. BOIVIN: En tout cas, je vous dis ce que je pense sur cette chose.
M. PERREAULT: C'est une chose paragou-vernementale, ce n'est pas
gouvernemental.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je pense que le ministre a d'excellentes
raisons. Je voulais lui faire préciser les raisons pour lesquelles il a
fait ce choix, parce que ce n'est pas un précédent. C'est
arrivé dans à peu près toutes les régies
gouvernementales qui ont été créées. Alors, ce
n'est pas un précédent, mais il est bon que le ministre nous dise
pourquoi il a fait ce choix et que cela est motivé, afin que le
personnel qui sera recruté par l'Office des professions soit un
personnel de qualité. Ce n'est pas une aventure, l'Office des
professions, c'est un organisme qui...
M. LAURIN: Est-ce qu'il offre autant de garanties, par exemple, que
voulait offrir la Commission de la fonction publique? Quand on pense aux
concours, par exemple, qui doivent être faits...
M. CASTONGUAY: Cela va leur donner un plus de latitude quant au
recrutement de leur personnel, latitude qu'ils n'auraient pas s'ils
étaient assujettis à la Commission de la fonction publique.
Si on essayait de transposer cela dans les ministères, cette
même latitude, on tomberait vite dans les accusations de favoritisme,
alors qu'ici cet office ne sera pas soumis aux mêmes critiques parce
qu'il n'est pas relié au gouvernement.
M. BOIVIN: On le protège tout de même par la Loi de la
fonction publique?
M. CASTONGUAY: Pour la destitution, oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je n'ai pas d'autres
questions.
LE PRESIDENT (M. Picard): Article 5. Adopté. Article 6.
M. CASTONGUAY: J'avais un amendement à proposer, M. le
Président, à l'article 6.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est ce que le ministre nous avait
laissé entendre lors de la séance du 12 mars. Il pourrait
apporter des modifications.
M. CASTONGUAY: Voici, à l'article 6, à la fin du
deuxième alinéa, on dit: "Le quorum de l'Office est fixé
à trois membres". L'amendement que je propose est le suivant, que
l'on
ajoute les mots "dont le président ou le vice-président"
pour assurer que, lorsqu'ils siègent à trois, c'est-à-dire
avec le quorum minimum, il y ait au moins le président ou le
vice-président qui soit présent.
M.LAURIN: Mes considérations étaient d'un autre ordre, M.
le Président.
M. CASTONGUAY: Est-ce que l'on pourrait disposer de cet amendement?
M. CLOUTIER (Montmagny): II y a plusieurs considérations que l'on
veut faire sur cet article.
LE PRESIDENT (M. Picard): Alors, article 6, deuxième
alinéa: "Le quorum de l'Office est fixé à trois membres,
dont le président et le vice-président "...
M. CASTONGUAY: Dont le président ou le vice-président, un
des deux.
M. PERREAULT: Un des deux.
LE PRESIDENT (M. Picard): Un des deux. Est-ce qu'il y a des commentaires
sur cet amendement?
M. LAURIN: Je suis d'accord sur l'amendement.
LE PRESIDENT (M. Picard): D'accord ; alors l'amendement, adopté.
Article 6?
M. LAURIN : Oui, M. le Président, mes considérations,
encore une fois, étaient d'une autre nature. Le ministre se souviendra
que, lors de la deuxième lecture, nous avons argumenté longuement
que l'office devrait contenir des non-professionnels afin d'éviter une
sorte d'arbitrage intraprofessionnel de toutes les questions dont cet office
peut être saisi. Nous en sentions la nécessité dans le
genre de société dans lequel nous évoluons
déjà et dans lequel nous évoluerons de plus en plus, non
pas qu'il s'agissait de faire surveiller les professionnels par des
non-professionnels, mais il s'agissait plutôt de pouvoir
bénéficier des lumières, des orientations
différentes dont peuvent faire état des non-professionnels. Ceci
peut parfois élargir certains débats, ajouter des nouvelles
dimensions aux orientations ou aux décisions que l'office peut prendre.
Je ne veux pas, en somme, reprendre l'argumentation que j'ai
développée à ce moment-là. Nous avons repris la
substance de cette argumentation lorsque nous avons discuté l'article 4
et lorsque nous émettions le souhait que la liste soumise par le Conseil
interprofessionnel contienne des noms de non-professionnels. A ce
moment-là, le ministre, tout en rejetant le libellé même de
notre amendement ou de notre souhait, avait déclaré qu'il n'avait
aucune objection, lui, à ce que la liste qui lui serait soumise par le
conseil interprofessionnel comprenne des noms de non-professionnels. Il avait
même ajouté que le lieutenant-gouverneur, lorsque le moment
arriverait pour lui de choisir les membres de l'Office des professions, n'avait
aucune objection à ce qu'il choisisse, comme membres de l'office, des
non-professionnels. Là, nous revenons à la charge pour demander
au ministre s'il a vraiment l'intention de traduire ce souhait ou cette
volonté qu'il exprimait alors, de le traduire en termes concrets, de
façon qu'il puisse nous en donner l'assurance.
Il est bien évident qu'il ne pourra pas nous en donner
l'assurance si l'article 6 est adopté tel quel, c'est-à-dire que
tous les noms que contient cette liste-là et tous les membres qui
peuvent être nommés à l'Office des professions doivent
être membres d'une corporation. A ce moment-là, ça
fermerait définitivement la porte. Au fond, l'amendement que nous
voulons présenter aujourd'hui serait simplement à l'effet de ne
pas fermer définitivement la porte et qu'on puisse permettre, aussi bien
au Conseil interprofessionnel qu'au lieutenant-gouverneur de penser à
des noms de non-professionnels comme membres éventuels de l'Office des
professions. C'est la raison pour laquelle nous proposons que l'article 6 soit
amendé en retranchant à la fin du premier alinéa les mots
"et s'il n'est membre d'une corporation", ce qui ne ferait subsister que ces
mots "Nul ne peut être membre de l'Office s'il n'est domicilié au
Québec".
Evidemment, nous n'avons pas l'intention par là de penser ou de
souhaiter que l'Office des professions soit constitué majoritairement de
non-professionnels et nous voulons éviter que des problèmes qui
relèvent fondamentalement des professionnels soient
réglés, en fin de compte, par des non-professionnels. C'est la
raison pour laquelle aussi, à la fin du deuxième alinéa:
"Le quorum de l'Office est fixé à trois membres", nous proposons
d'ajouter les mots "dont deux professionnels", ce qui rendrait absolument
impossible la prise de décision concernant les professionnels où
les professionnels ne voteraient pas à la majorité dans ces cas.
J'aimerais beaucoup avoir les...
LE PRESIDENT (M. Picard): Est-ce que vous avez des copies?
M. LAURIN : Oui, oui.
M. CASTONGUAY: M. le Président, il me semble qu'il y a deux
dimensions qu'on doit examiner dans cette question de la participation de
non-professionnels dans les structures qui sont établies par le code et
les lois connexes.
Si ma mémoire est bonne. Je demande, de toute façon, qu'on
vérifie. Je ne crois pas que j'avais dit...
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est à la page 9023.
M. CASTONGUAY: ... et à 9026, j'avais fait...
M. CLOUTIER (Montmagny): La séance était
terminée.
M. CASTONGUAY: ... une distinction que je voudrais refaire, M. le
Président. C'est la suivante: Les corporations professionnelles ont
elles-mêmes la responsabilité d'admettre les membres à
l'exercice d'une profession et d'appliquer le code de déontologie,
d'adopter les règlements, de recevoir les plaintes, etc. C'est là
qu'il est important que des membres externes soient présents,
c'est-à-dire au niveau du bureau d'une corporation. Lorsqu'au terme des
auditions en commission parlementaire il avait été
suggéré que les noms suggérés par le Conseil
interprofessionnel ne soient pas tous les noms de membres de corporation, nous
avions retenu ce raisonnement et, dans la version imprimée, nous avons
de nouveau l'impression que nous avions justement apporté certaines
modifications au texte pour nous assurer que ce point de vue serait tenu en
ligne de compte. Il me semble que c'est là le point capital.
Lorsque nous transposons au niveau de l'office, lorsqu'on regarde ses
pouvoirs ou ses fonctions à l'article 12, un rôle indirect en
définitive, il doit voir à ce que chacune des corporations
s'acquitte de sa fonction ou de ses responsabilités et on fait
l'énumération. Son rôle va être indirect. Il doit
s'assurer que les règlements qui doivent être adoptés le
sont, que la procédure d'arbitrage des comptes soit bien établie.
En tout cas, on peut voir à l'article 12 toute cette
énumération. Il nous semble que, pour s'acquitter de cette
fonction, il serait, après mûre réflexion, utile que ce
soit des membres des corporations qui siègent ou qui soient membres de
l'office, que la notion de participation de membres externes n'a pas le
même sens à ce niveau. On peut, je crois, lorsqu'on regarde et
lorsqu'on se réfère aux relations qui existent entre les diverses
corporations, tenir pour acquis que le mélange de membres provenant de
diverses professions qui va se retrouver au niveau de l'office va faire en
sorte que les corporations s'acquittent réellement de leurs fonctions.
Il ne me semble pas que l'office va prendre, à l'égard des
corporations, des positions trop je ne le sais pas souples, qu'il
va y avoir une approche assez rigoureuse de la part de l'ensemble des membres
de l'office pour assurer que chacune des corporations s'acquitte de ses
responsabilités.
C'est la raison pour laquelle, M. le Président, il me semble
qu'à ce moment où nous créons une nouvelle structure,
où nous introduisons, au niveau des corporations elles-mêmes, des
membres externes qui ne seront pas tous nécessairement des membres des
corporations, le texte tel que proposé à l'article 6 nous
apparaît satisfaisant à ce moment-ci.
M. LAURIN: II semble, M. le Président, quand même que
cela a déjà été dit, mais je pense que cela
vaut la peine de le répéter ce qui unit les membres d'une
même profession est plus important que ce qui peut les séparer. Il
y a quand même moins de différence entre un ingénieur et un
médecin qu'entre un professionnel et un non-professionnel. Ils ont en
commun tout un système d'éducation, un nombre d'années de
scolarité, des traditions collégiales, des traditions
universitaires, un certain niveau de vie qui habituellement est plus
élevé. Même si on prévoit une certaine
disparité ou diversité entre professionnels au sein de l'Office
des professions, il reste qu'il y a un corps commun que l'on peut
considérer spécifique ou commun aux divers professionnels, ce qui
ne vaut pas quand on compare les professionnels aux non-professionnels.
Donc, cet arbitrage, au fond, entre les professionnels, on ne peut pas
dire qu'il puisse nous remplir de confiance d'une façon
immodérée pour l'avenir.
D'autre part, quand on regarde les pouvoirs qui sont donnés
à l'Office des professions, ces pouvoirs sont extrêmement
importants. Je veux bien croire, avec le ministre, que l'addition de
non-professionnels aux bureaux des corporations va déjà
contribuer à ouvrir ces corporations aux préoccupations du
public; mais il reste quand même que les pouvoirs des corporations sont
limités à certains sujets, à certaines orientations, alors
que les pouvoirs de l'office sont, non seulement aussi importants que ceux des
bureaux en ce sens que bien souvent, ils entérinent ceux des
corporations, mais dans certains cas, l'office peut ne pas être satisfait
des règlements des bureaux de corporations, peut les reviser, peut y
opposer un droit de veto, peut même les approuver après expiration
d'une certaine période de délai où le bureau n'a pas fait
valoir de recommandations adverses.
Par ailleurs, on voit également que l'office a des pouvoirs
additionnels à ceux des corporations, des pouvoirs supplétifs.
Quand on pense, par exemple, que l'Office des professions a pour fonction
d'adopter, par règlement, le code de déontologie devant
régir les membres d'une corporation, il est bien évident que la
déontologie implique toute une série de problèmes
où l'évolution des mentalités est impliquée au
premier chef; à ce moment, je pense qu'il serait aussi important de voir
des non-professionnels à l'office qu'il est important de voir des
non-professionnels dans les bureaux des corporations.
Je pourrais faire, je crois, la même démonstration pour un
bon nombre d'autres pouvoirs qui sont dévolus à l'office, comme,
par exemple, l'administration, la procédure d'arbitrage des comptes ou
encore le fonds d'indemnisation des corporations, ou encore le comité
d'inspection professionnelle, en somme, pour tous les règlements, pour
tous les pouvoirs qui sont octroyés à l'office en vertu des
sous-articles b),
d), f), h), j), 1), m), n), o), p), q). On peut penser que l'opinion de
non-professionnels pourrait être extrêmement valable au sein de
l'Office des professions dans la mesure où il s'agit de matières
où la conception que l'on peut s'en faire dans le public est importante,
où les changements que l'on peut constater dans l'évolution des
mentalités peuvent jouer.
Dans tous ces domaines, je pense qu'il serait important d'avoir un
éclairage du public tel qu'il pourrait se manifester d'une façon
beaucoup plus pertinente, beaucoup plus sentie par les membres non
professionnels d'un office éventuel.
A part cela, si le ministre a déjà accepté que dans
les bureaux des corporations il y ait des non-professionnels, il me semble que,
logiquement, par voie de prolongement, par voie de conséquence, par voie
de logique étendue également, il ne devrait pas s'opposer
à ce que cette représentation, même si elle doit être
minimisée, moins importante, puisse également s'exercer au sein
de l'Office des professions, pour les mêmes raisons, au fond, qu'il a
accepté le principe de l'inclusion des non-professionnels dans les
bureaux des corporations.
M. CASTONGUAY: On doit se référer, il me semble, à
deux aspects additionnels. Le premier, si le député avait
uniquement à l'esprit les corporations plus traditionnelles, les plus
anciennes où on peut retrouver une plus grande identité de vues,
une plus grande homogénéité quant à la façon
de considérer les problèmes, ne peut, toutefois, faire
abstraction du fait que de toutes nouvelles corporations seront formées,
où les traditions sont loin d'être les mêmes, où les
niveaux de rémunération, le statut social, etc., sont très
différents.
Je regarde la liste à l'annexe I du projet. Je vois, par exemple,
des techniciens en radiologie, des denturologistes, des opticiens d'ordonnance,
des acousticiens en prothèses auditives, des podiatres. Je pourrais
continuer l'énumération.
Je ne veux pas dire que ces gens ne feraient pas un travail
compétent, qu'ils sont d'une classe différente des autres, mais
les traditions ne sont certainement pas les mêmes et je ne crois pas
qu'on puisse les assimiler à une espèce de catégorie de
professionnels plus traditionnels, tels les médecins, les avocats, etc.
C'est un premier point, il me semble. Un second point. Nous avons eu au
Québec, pendant les cent dernières années, des
corporations professionnelles qui ont fonctionné en fait sans aucun
contrôle immédiat ou lointain de la part du gouvernement. Une fois
leur loi votée, les corporations constituées n'ont rendu de
compte, à toutes fins pratiques, à personne, ni au gouvernement,
par aucun mécanisme, et aucun organisme gouvernemental n'était
mandaté pour s'assurer qu'elles s'acquittaient de leurs fonctions. Nous
ajoutons ici "l'Office des professions" en plus du fait que nous introduisons
de nouvelles dispositions dans les corporations elles-mêmes, telles que
l'obligation de faire un rapport annuel, la présence de membres
externes. Il me semble que ces changements, dans une étape, sont des
changements relativement profonds, importants pour assurer une meilleure
protection du public et qu'il serait important de nous assurer que cet ensemble
fonctionne mal, disons, ou pas tout à fait de façon
satisfaisante, avant d'en changer la structure qui a été
proposée quant à l'office.
Alors, c'est un deuxième aspect dont il me semble qu'on ne peut
faire abstraction, à ce moment-ci. C'est la raison pour laquelle je
disais qu'après réflexion il me semble qu'il y aurait avantage
à ce que les membres de l'office soient des membres d'une corporation,
afin qu'ils soient plus à même d'apprécier les
problèmes, les difficultés que peuvent éprouver les
corporations dans l'exercice de leur mandat. Ceci est proposé non pas
dans le but de faire en sorte que l'office s'acquitte d'une façon moins
scrupuleuse de son rôle, mais d'une façon peut-être un peu
plus éclairée au début, en ce qui a trait aux
difficultés d'application de cet; lois.
C'étaient deux aspects additionnels qu'il me semblait
nécessaire de faire ressortir.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de l'Assomption.
M. PERREAULT: M. le Président, il y a un autre point que je
voudrais faire ressortir, c'est que, lors des auditions publiques en commission
parlementaire, les corporations sont venues nous dire qu'en ayant trois
membres... Au début, elles en ont demandé cinq, sept et
même dix, dans certains cas, de façon que les différents
secteurs des professions soient représentés. Alors, on peut
distinguer, peut-être, cinq grands secteurs de professions. Cinq membres
permettent de représenter... Il ne faut pas oublier qu'il y a 38
professions dans le code. Si on commence à nommer des
non-professionnels, il y a un risque que plusieurs secteurs des professions
demeurent à l'écart de l'office. Je crois qu'en ayant mis cinq,
ce qui est un nombre minimum pour représenter les différents
secteurs de professions, on ne doit pas éliminer ces secteurs par des
nominations de non-professionnels. Vous avez les sciences appliquées,
les sciences comptables, les sciences de la santé, les sciences
juridiques. L'office, à cinq membres, permettrait de représenter
tous ces secteurs, avec des vues différentes. On pourrait apporter des
vues différentes sur la régie des corporations.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je voudrais parler sur
l'amendement du député de Bourget.
LE PRESIDENT (M. Picard): Si vous me permettez, je laisserais la
discussion en général. Peut-être qu'il y aurait lieu...
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est sûr, on discute...
LE PRESIDENT (M. Picard): ... de lire cet amendement?
M. CLOUTIER (Montmagny): On discute sur l'amendement du
député de Bourget.
LE PRESIDENT (M. Picard): Justement, il n'a pas été
enregistré au journal les Débats.
M. CLOUTIER (Montmagny): Non? On pourrait le répéter pour
le savoir.
M. LAURIN : II faudrait que vous le répétiez
exactement...
LE PRESIDENT (M. Picard): II est proposé par le
député de Bourget d'amender...
M. LAURIN:... l'article 6, a)... LE PRESIDENT (M. Picard): ... le
premier alinéa.
M. LAURIN: ... en retranchant à la fin du premier alinéa
les mots: "et s'il n'est membre d'une corporation." b): en ajoutant à la
tête du deuxième alinéa...
LE PRESIDENT (M. Picard): A l'ordre, s'il vous plait. Il faudrait les
prendre un à un
M. LAURIN: a) en retranchant à la fin du premier alinéa
les mots: "et s'il n'est membre d'une corporation".
LE PRESIDENT (M. Picard): Alors, c'est cet amendement.
M. CLOUTIER (Montmagny): L'autre, c'est un amendement de
concordance.
M. LAURIN: C'est cela.
LE PRESIDENT (M. Picard): On a déjà approuvé
l'autre, il ne faut pas l'oublier.
M. CLOUTIER (Montmagny): D'accord. Alors, je parle sur cet amendement.
Nous avions indiqué à la séance du 12 mars que nous
serions favorables à une telle modification de principe.
Je me demande, à la façon dont l'amendement est
proposé, si cela ne pourrait pas amener certaines situations, en
pratique, peut-être inacceptables. Là, on ouvre la porte à
un nombre illimité de membres de l'office qui ne seraient pas membres
d'une corporation. Il y a déjà au départ un danger,
même si on dit, dans un amendement que le député de Bourget
propose- ra tantôt, que le quorum devrait comprendre au moins deux
membres qui sont membres d'une corporation. Le principe serait qu'il y en ait
au moins un et peut-être pas plus qu'un, si on veut, qui soit un
non-membre d'une corporation professionnelle, pour respecter le principe et ma
démonstration serait la suivante. Déjà, au sein des
bureaux, on a des représentants qui ne sont pas membres d'une
corporation. Or, l'office chapeaute les bureaux des corporations. Je pense donc
qu'il serait logique aussi d'avoir sous le parapluie, sous le chapeau, un
non-membre au sein de l'office, parmi les cinq. J'hésiterais à en
nommer plus qu'un. D'abord, cela ne compliquerait pas l'affaire du quorum et,
d'autre part, le principe serait sauvegardé. Une autre raison...
Oui?
M. LAURIN: Mon amendement ne parle pas de nombre.
M. CLOUTIER (Montmagny): Non, d'accord, mais en théorie, avec
l'amendement, on pourrait aller à cinq membres de l'office qui soient
des non-membres d'une corporation professionnelle. Je pense bien que ce serait
inacceptable. Ce n'est pas cela l'esprit de la proposition du
député de Bourget. L'esprit de la proposition est de faire entrer
au sein de l'office un représentant qui n'est pas nécessairement
un membre d'une corporation professionnelle. En pratique, il y a des
corporations, il y a des groupes de professionnels qui ne sont pas dans le code
des professions; si on me permet un exemple pratique, le ministre sera d'accord
avec moi, supposons qu'on prend le groupe de prestige des actuaires, qui ne
sont pas des membres d'une corporation professionnelle. A un moment
donné, il peut y avoir un actuaire qui devient disponible et qui
pourrait accepter la présidence de l'Office des professions et qui n'est
pas membre d'une corporation. Le gouvernement peut vouloir le nommer
président de l'Office des professions. Il ne pourrait pas être
nommé président de l'office, parce qu'il n'est pas membre d'une
corporation au sens du bill 250. C'est un exemple pratique du recrutement d'une
personne qui pourrait être appelée à siéger au sein
de l'office avec les quatre autres membres et qui pourrait assumer un
rôle, soit de président, de vice-président ou de membre de
l'office. Cela, c'est l'application concrète, mais comme principe, je
serais favorable si on pouvait, comme on le fait dans les bureaux, à y
faire entrer un membre, un des cinq, qui ne serait pas membre d'une
corporation. Il me semble qu'on va jusqu'au bout de la logique du raisonnement
quand il s'est agi des bureaux. Je comprends qu'on ne peut pas faire le
même raisonnement pour le Conseil interprofessionnel parce que ce n'est
pas du tout la même structure; mais pour l'office, je pense qu'on peut
faire ce raisonnement. Pour ma part, je serais favorable à ce qu'on
trouve une solution qui permette en principe d'avoir un membre sur
cinq qui ne serait pas membre d'une corporation professionnelle.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Dorchester.
M. GUAY: La proposition d'amendement du député de Bourget
n'a pas pour effet de créer l'obligation d'avoir des non-membres
nommés à l'office, mais je pense qu'il serait bon de laisser
cette porte ouverte, que la permission soit accordée dans la loi, selon
les arguments que vient de soulever le député de Montmagny. Bien
sûr, l'amendement ne dit pas qu'on oblige quelqu'un qui est un non-membre
à y appartenir, sauf qu'on laisse là une possibilité, et
je pense que ce n'est pas mauvais. D'ailleurs, nous avions accepté et
j'ai soutenu le principe dans des travaux précédents, à
une séance précédente, et je garde ma position en disant
que ce serait peut-être une garantie pour le monde non-professionnel.
D'un autre côté, on est porté à se demander
ce que viendrait faire à l'Office des professions un homme de
métier, par exemple un plombier ou un menuisier. Bien sûr, le
rôle de l'office et c'est l'esprit du projet de loi est de
protéger le public. Cela a deux poids. Il y a une question de
connaissance pour les personnes qui doivent composer l'office. D'un autre
côté, on se demande si ces connaissances sont absolument
nécessaires ou si des gens qui possèdent une connaissance moindre
dans le monde professionnel peuvent y jouer un rôle. Etant donné
que l'amendement ne crée pas l'obligation formelle d'avoir des
non-membres à l'Office des professions, je souscris à
l'amendement du député de Bourget dont nous avions, comme
formation politique, accepté le principe des travaux
précédents.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, j'aurais une question
à poser au député de Dorchester. Est-ce qu'il admet
ce n'est pas une obligation, mais c'est une possibilité qu'on
peut peut-être se retrouver avec cinq membres de l'office qui ne seraient
pas des professionnels au sens du bill 250?
M. GUAY: Ah, oui! J'admets ça. H y a deux dangers.
M. LAURIN : On peut penser cependant que c'est une possibilité
extrêmement lointaine et très invraisemblable, d'autant plus que
dans mon autre amendement, je disais que le quorum devait être
assuré aux professionnels.
M. CLOUTIER (Montmagny): II n'y aurait jamais quorum; on serait pris
dans une impasse.
M. LAURIN: De toute façon, l'effet de mon amendement est de
laisser au Conseil interprofessionnel le soin de rédiger la liste qu'il
doit soumettre au lieutenant-gouverneur. Le lieute- nant-gouverneur
décidera ensuite. Mais il reviendrait, au fond, au Conseil
interprofessionnel de voir s'il est important d'inclure dans la liste qu'il
soumet au lieutenant-gouverneur en conseil des noms de professionnels. Pourquoi
le gouvernement se ferme-t-il immédiatement la porte? Pourquoi le
gouvernement s'interdit-il d'avance tout arbitrage, entre les professionnels et
les non-professionnels? Il me semble qu'il serait plus sage et plus opportun de
laisser au Conseil interprofessionnel le soin de soumettre une liste
conformément à l'évolution des mentalités,
conformément à l'évolution des idées au sein de la
société dont nous faisons partie. En somme, il y a deux
façons d'aborder le problème. La première façon est
celle que nous avons développée jusqu'ici: essayer de prouver
pourquoi il est important qu'il y ait des non-professionnels au sein de
l'Office des professions. On peut prendre cette ligne et argumenter
longtemps.
On peut prendre aussi une autre approche, celle que prennent les juges,
par exemple, lorsqu'il s'agit de condamner quelqu'un pour outrage au tribunal
et qu'ils disent à l'accusé: Donnez-moi des bonnes raisons pour
lesquelles je ne devrais pas vous condamner pour outrage au tribunal. En
l'occurrence, ça voudrait dire ceci: Prouvez-moi les raisons pour
lesquelles il ne serait pas opportun qu'il y ait des non-professionnels au sein
de l'Office des professions Est-ce que le ministre est capable de faire cette
preuve, de dire pourquoi c'est important, essentiel, fondamental qu'il n'y ait
pas de non-professionnels au sein de l'Office des professions? J'ai
l'impression qu'il aurait assez de difficulté à faire cette
argumentation, surtout parce qu'il préjugerait d'un avenir qu'il ignore
autant que nous. Il me semble qu'on pourrait peut-être s'inspirer de
cette deuxième approche en ne fermant pas les portes, en laissant la
chance à l'évolution des idées, des mentalités, des
moeurs, dans notre société. Il me semble qu'il serait beaucoup
plus juste en même temps qu'opportun et prudent de faire ça.
Quant à l'intervention du député de L'Assomption,
j'ai l'impression qu'il se méprend peut-être un peu sur les
fonctions de l'Office des professions. C'est bien sûr que l'Office des
professions doit être représentatif des professions, mais il ne
faut quand même pas oublier que le but principal de l'Office des
professions, c'est de contrôler l'exécution de cette loi, c'est de
contrôler le travail à tous égards, que ce soit en
déontologie, en inspection professionnelle des bureaux de corporation.
Le but principal de l'office n'est pas de constituer une sorte de palier
intermédiaire de la pyramide dont les différentes corporations
professionnelles constitueraient la base. Ce n'est pas simplement un niveau de
représentation intermédiaire moyen des professions. Cela l'est
d'une certaine façon, forcément, et on ne peut pas empêcher
que ce le soit. Mais la fonction principale de l'office... C'est quand
même un organisme de réglementa-
tion, un organisme de contrôle, un organisme de surveillance
destiné à protéger le bien public. Il me semble que,
tenant compte de toutes ces considérations et surtout tenant compte de
l'avenir, il serait préférable que le gouvernement ne se bloque
pas des avenues, des approches, des dimensions qui peuvent peut-être
s'avérer nécessaires du point de vue de l'intérêt
public, du point de vue de la paix sociale, du point de vue du bien commun dans
un avenir qui est peut-être plus rapproché que nous le pensons. Au
fond, il en coûterait si peu simplement à enlever quelques petits
mots qui constituent actuellement une porte qui se ferme. D s'agirait
simplement de laisser la porte ouverte. A ce moment-là, il reviendra,
encore une fois, au Conseil interprofessionnel de prendre ses
responsabilités, lui qui, dans l'esprit de la nouvelle loi, sera plus
proche des divers courants sociaux et pourra en faire état au moment et
de la façon qu'il jugera opportun.
LE PRESIDENT (M. Picard): L'honorable ministre.
M. CASTONGUAY: J'ai donné, M. le Président, les motifs
pour lesquels nous croyons que l'article 6 doit demeurer tel quel. Je ne crois
pas que j'aie à ajouter...
M. BOIVIN: Cet office se rapporte au gouvernement et le gouvernement est
le représentant du peuple.
UNE VOIX: II y a des non-professionnels au gouvernement.
LE PRESIDENT (M. Picard): Est-ce que l'amendement proposé par le
député de Bourget est adopté? Rejeté?
Rejeté.
Il y a un deuxième amendement proposé par le
député de Bourget qu'il faudrait prendre en considération
à la suite...
M. LAURIN: II tombe si le paragraphe a) n'est pas adopté.
LE PRESIDENT (M. Picard): II tombe automatiquement.
M. LAURIN: II est consécutif.
LE PRESIDENT (M. Picard): Maintenant, sur l'article 6...
M. BOIVIN: Quand on dit: "domicilié au Québec", pourquoi
ne met-on pas "domicilié dans la province de Québec"? Parce qu'il
y a après ça une définition du siège social et on
peut penser qu'une personne qui ne reste pas à Québec... En
anglais, on le met et on ne le met pas en français.
M. CASTONGUAY: C'est parce qu'en anglais il pourrait y avoir une
certaine confusion.
On dirait: "in Quebec", cela pourrait être dans la ville de
Québec, alors que "au Québec"... M. Morin me dit que c'est
maintenant la formulation généralement utilisée et que
jamais on ne marque autre chose. Article 6, adopté.
LE PRESIDENT (M. Picard): Article 6, adopté tel qu'amendé.
Article 7.
M. LAURIN: Sur division, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Picard): Sur division. Article 7.
UNE VOIX: Adopté.
M. CLOUTIER (Montmagny): Un instant, M. le Président. A l'article
6, il y avait... Le Conseil interprofessionnel avait fait une suggestion
relativement à l'article 6, à l'effet que tous les membres de
l'office possèdent la citoyenneté canadienne. On n'a pas retenu
cette demande du Conseil interprofessionnel. Est-ce qu'il y a des objections
à... C'était dans la première version. Je suis d'accord
qu'on l'a peut-être laissée tomber dans la deuxième
version, mais est-ce...
M. CASTONGUAY: On l'a laissée tomber.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, mais est-ce qu'il y a des objections
sérieuses pour ne pas l'inclure dans le...
M. CASTONGUAY: On dit ici: "s'il n'est membre d'une corporation". Alors
il faudra que toute personne qui est membre de l'office soit membre d'une
corporation, ait satisfait aux conditions. Cela semble donner suffisamment de
protection sur ce plan. Il faut qu'il ait accepté de devenir immigrant,
il faut qu'il ait subi les examens, etc.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quant à la citoyenneté, il y a le
droit de pratique. On a fait des modifications à la loi 64 pour qu'ils
aient le droit de pratique, mais cela n'allait pas pour être
acceptés membres d'une corporation. Ce n'était pas
nécessaire d'avoir la citoyenneté.
M. CASTONGUAY: Qu'est-ce que cela ajouterait de dire que... Il peut y
avoir des personnes qui résident au Québec, qui sont membres
d'une corporation, pour lesquelles il pourrait y avoir une raison valable
qu'elles soient nommées membres de l'office et qui n'ont pas encore
couru ou complété les cinq années.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre reprend mon argumentation de
tantôt quand j'ai dit qu'il y avait des personnes valables qui ne sont
pas membres des corporations professionnelles et qui pourraient être
membres de l'office, comme un actuaire ou dans une autre discipline.
M. CASTONGUAY: II y en a qui trouvent qu'il y a assez d'un actuaire
comme ministre des Affaires sociales sans en avoir un dans l'office en
plus.
M. CLOUTIER (Montmagny): J'ai pris l'actuaire parce que c'est l'exemple
qui m'est venu plus facilement en regardant autour de moi. J'aurais pu trouver
d'autres genres de professionnels.
M. CASTONGUAY: Sur ces distinctions quant à la
citoyenneté, que l'on me donne un bon motif, mais je fais remarquer,
comme on me le souligne, que dans le deuxième mémoire du conseil,
on n'a pas retenu cette chose. Si on me donnait de bons motifs, je pourrais
peut-être en discuter, mais il me semble qu'il n'est pas tellement sage
de faire des règles d'exception pour des personnes qui ont,
évidemment l'intention de devenir des citoyens, parce que si l'on
regarde les dispositions ou les conditions pour devenir membres d'une
corporation, il faut avoir exprimé cette intention. On peut donc, il me
semble, traiter différemment certaines personnes sans motif vraiment
valable. Si on exprime de tels motifs, je serais prêt à les
discuter au mérite.
M. CLOUTIER (Montmagny): Disons que je demanderai au Conseil
interprofessionnel s'il a des raisons particulières pour avoir
laissé...
M. PERREAULT: II n'est pas revenu l'année dernière.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je sais, et c'est pour cela que je lui
demanderai s'il avait des raisons pour laisser tomber la demande dans la
deuxième version.
M. PERREAULT: II a laissé tomber la demande.
M. CLOUTIER (Montmagny): D'accord.
LE PRESIDENT (M. Picard): L'article 6. Adopté. L'article 7.
M. CLOUTIER (Montmagny): L'article 7, adopté, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Picard): Article 7. Adopté. L'Article 8.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ils vont avoir assez de travail qu'il va
falloir qu'ils s'occupent exclusivement de l'office.
M. LEDUC: L'article 8, adopté, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Picard): L'article 8. M. CLOUTIER (Montmagny):
Adopté.
LE PRESIDENT (M. Picard): Adopté. Article 9.
M. CLOUTIER (Montmagny): A l'article 9, rien ne prévoit le cas de
la démission d'un membre ou la destitution d'un membre de l'office.
M. CASTONGUAY: C'est à l'article 10.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ce que je veux dire, c'est que l'article 10 dit
que "toute vacance qui survient au cours de la durée du mandat d'un
membre est comblée pour la durée non écoulée de ce
mandat". Mais si un membre de l'office, pour une raison particulière,
s'attirait des reproches graves, s'il était nécessaire de le
démettre de ses fonctions, est-ce qu'il est nécessaire de
prévoir dans la loi un mécanisme quelconque? Je sais que le
lieutenant-gouverneur nomme les membres de l'office, par arrêté en
conseil; je pense bien qu'ils peuvent être démis également
par arrêté en conseil, mais est-ce qu'il serait
préférable de prévoir, au cas de maladministration ou de
raison grave, qu'il y aurait lieu de destituer le membre de l'office ou si on
laisse cela...
M. GUAY: ... selon l'article, est-ce que cela ne revient pas à la
Fonction publique?
M. CLOUTIER (Montmagny): Ils ne sont pas engagés par elle. Ils
sont destitués par un mécanisme de la Fonction publique, mais
est-ce que l'on identifie...
On me fait remarquer que ce sont le secrétaire et les officiers
qui sont engagés en ne passant pas par la Fonction publique mais qui
sont destitués en tenant compte des mécanismes de laFonction
publique. Ici, il s'agit des membres de l'office, qui sont nommés par le
lieutenant-gouverneur en conseil. Ils peuvent donc être destitués
par le lieutenant-gouverneur en conseil évidemment, parce que, s'il en
nomme un autre à la place... Mais je voudrais savoir si l'on
prévoit des cas où il y aurait destitution...
M. PERREAULT: Cet article n'exclut pas l'autre.
M. CLOUTIER (Montmagny): ... ou des mécanismes spéciaux,
comme on protège les fonctionnaires, est-ce que l'on protège les
membres de l'office?
M. CASTONGUAY: M. le Président, à l'article 4, il est dit
parce qu'il faut assurer et c'était un des motifs apportés
à plusieurs reprises lors de l'étude du projet que
l'office devait avoir une certaine indépendance. C'est au
troisième alinéa: "une fois déterminés, la
durée de leur mandat et le montant de leur traitement ne peuvent
être réduits". On a approuvé cet article, on l'a
adopté, de telle sorte que les
membres de l'office ont une protection vis-à-vis d'une
destitution qui pourrait être arbitraire de la part du gouvernement.
Si un membre de l'office ne prend pas des positions tout à fait
acceptables, disons, par ses confrères ou ses collègues membres
de l'office sur une question, j'imagine que l'on prendra le vote ou que l'on
suivra les procédures régulières pour la conduite des
affaires d'un tel organisme, mais je ne vois pas la nécessité
d'aller plus loin.
Si, évidemment, il y avait malhonnêteté ou
infraction à une loi pénale ou criminelle, je pense qu'il va de
soi que les recours ou les moyens de régler la situation pourraient
être pris par le gouvernement. Mais on ne peut pas, à mon sens,
alors qu'on a voulu à l'article 4 donner une protection à ces
membres, introduire des dispositions qui feraient en sorte que le gouvernement
pourrait en destituer certains à sa guise. Et là, il faudrait
exposer les motifs, si on voulait le faire, et je pense bien qu'il faudrait
être très précis quant aux motifs. On ne peut pas voir
autre chose, à mon sens, à prime abord, que des raisons de
malhonnêteté ou quelque chose du genre.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je ferais peut-être la suggestion du
texte suivant. A l'article 9, on dit: "Lorsque le vice-président ou un
autre membre est ainsi incapable d'agir, le lieutenant-gouverneur en conseil
doit voir au remplacement pendant que dure l'incapacité de plus d'un des
membres, suivant le mode de nomination prescrit pour la nomination du membre
à remplacer, de manière à assurer le quorum". On se
réfère ici à l'étude de M. Héroux, à
la page 20. C'est le Collège des médecins qui avait
suggéré cet amendement.
M. CASTONGUAY: Il avait suggéré quoi?
M. CLOUTIER (Montmagny): La rédaction de ce que je viens de lire.
Alors, l'article 10, après la quatrième ligne: "Lorsque le
vice-président ou un autre membre..."
M. CASTONGUAY: L'article 10?
M. CLOUTIER (Montmagny): A l'article 9. "Lorsque le
vice-président ou un autre membre est ainsi incapable d'agir, le
lieutenant-gouverneur en conseil doit voir au remplacement pendant que dure
l'incapacité de plus d'un des membres, suivant le mode de nomination
prescrit pour la nomination du membre à remplacer, de manière
à assurer le quorum".
M. PERREAULT: II s'agirait de remplacer "peut" par "doit".
M. CLOUTIER (Montmagny): "Le lieutenant-gouverneur en conseil doit voir
au remplacement pendant que dure l'incapacité", tandis que là on
dit: "il peut être remplacé par une personne chargée
d'exercer ses fonctions pendant que dure son incapacité".
M. CASTONGUAY: M. le Président, il peut y avoir une
incapacité temporaire où il est clair qu'une personne n'est pas
en mesure d'agir pour quelque temps. Est-ce qu'il serait toujours sage, dans
tous les cas, de nommer immédiatement un autre membre? Le
lieutenant-gouverneur en conseil a intérêt évidemment, dans
une situation où c'est clair qu'une personne ne peut plus agir, à
la remplacer; mais de là à lui en faire une obligation dans tous
les cas, je crois que c'est aller un peu loin. Ce type de disposition se
retrouve dans bien des lois pour des circonstances analogues et, à ma
connaissance, ça n'a jamais donné de difficulté. H y a
toute une série d'organismes où on retrouve ce type de
disposition et à moins, encore une fois, de motifs ou d'exemples
où on nous démontre que ça n'a pas fonctionné, il
me semble que des textes qui ont subi l'épreuve de plusieurs
applications devraient être gardés.
Je vois mal une personne qui n'est pas capable d'agir par suite de
maladie pour un certain temps, apprendre immédiatement que le
lieutenant-gouverneur en conseil a nommé quelqu'un pour la
remplacer...
M. CLOUTIER (Montmagny): Non, ce serait surtout pour couvrir les cas
plus graves de destitution qui...
M. CASTONGUAY: L'article 10 est là. Il y a tout
intérêt pour le gouvernement de s'assurer que la loi est
appliquée.
M. CLOUTIER (Montmagny): D'accord, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Picard): Article 9, adopté.
Article 10.
M. GUAY: Article 10, quant à un membre qui va être
remplacé, est-ce que le remplaçant devra nécessairement
être pris sur la liste qui a été soumise?
M. CASTONGUAY: Oui. M. GUAY: D'accord.
M. CASTONGUAY: En suivant le mode de nomination prescrit...
M. GUAY: Un mode de nomination est prescrit.
M. CASTONGUAY: ... pour la nomination du membre à remplacer. Il
faudra que ce soit fait par la même procédure.
M. GUAY: La même procédure.
M. BOIVIN: C'est-à-dire que, si le président meurt et
qu'il reste un an, vraiment, on ne peut pas le remplacer autrement que pour un
an et refaire la nomination quand les dix ans seront écoulés.
M. CASTONGUAY: C'est cela.
LE PRESIDENT (M. Picard): Article 10, adopté.
Article 11.
M. CASTONGUAY: J'aurais un amendement, M. le Président, à
proposer à l'article 11. A la fin du texte de l'article 11, je propose
que l'on remplace le chiffre III par le chiffre II. Nous verrons plus loin,
lorsque nous discuterons l'article 44, que l'annexe II ne sera plus
nécessaire. L'annexe III deviendra donc l'annexe II. C'est simplement un
amendement de concordance.
LE PRESIDENT (M. Picard): Est-ce que l'amendement à l'article 11
est adopté?
M. CLOUTIER (Montmagny): II n'y aurait qu'une seule annexe?
M. CASTONGUAY: Deux, l'annexe I et l'annexe II. L'annexe II va
être sur la formule du serment et l'autre...
M. CLOUTIER (Montmagny): D'accord, mais l'ancienne annexe II
disparaît.
M. CASTONGUAY: Oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): Elle va s'en aller avec l'annexe I.
M. CASTONGUAY: Oui.
M. BOIVIN: Est-ce que les fonctionnaires prêtent serment en
général?
M. CASTONGUAY: Oui.
M. BOIVIN : Est-ce que c'est exigé en général pour
tous les fonctionnaires?
M. CASTONGUAY: Chez nous, je sais que... M. BOIVIN: ... qui les
assermente?
M. CASTONGUAY: ... périodiquement, c'est le contentieux qui fait
ça. Périodiquement, on dresse des listes et les gens sont
obligés d'aller prêter le serment.
M. BOIVIN: Dans les cadres, le serment d'allégeance, est-ce qu'il
y a des gens qui sont obligés de le prêter?
M. CASTONGUAY: Alors, article 11, adopté?
M. CLOUTIER (Montmangy): M. le Président, est-ce que cela
voudrait dire que les corporations professionnelles... vont disparaître
de...
M. CASTONGUAY: M. le Président, je suggère...
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous allez les abolir?
M. CASTONGUAY: Non, non.
M. CLOUTIER (Montmangy): Vous avez le Collège des médecins
là-dedans.
M. CASTONGUAY: Vous le retrouvez dans l'annexe I.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le Collège des dentistes.
M. CASTONGUAY: Toutes les corporations qui apparaissent dans l'annexe II
apparaissent dans la liste.
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous avez les infirmières. Il faudrait
être prudent.
Quant au serment, l'ancienne annexe III qui devient II, est-ce que,
quand on dit: "Autorise une personne à dévoiler ce qu'elle a
connu dans l'exercice de sa charge..."
Est-ce que c'est ainsi rédigé? Un instant. Oui. ... dont
j'aurai eu connaissance dans l'exercice de ma charge... A quelle place
retrouverons-nous les dispositions légales qui donneront des
détails là-dessus?
M. CASTONGUAY: Sur quoi?
M. CLOUTIER (Montmagny): Sur ce qui autorise une personne à
dévoiler ce qu'elle a connu dans l'exercice de sa charge. Si on
demandait à chacune des professions quels sont ses renseignements, je
pense que cela serait peut-être un peu vague à ce moment-ci.
Et on dit dans la formule du serment: "... et ne ferai connaître,
sans y être autorisé par la loi..." C'est pour cela que je demande
au ministre ce que cela veut dire "autorisé par la loi", à quel
endroit, quelle loi, suivant quels termes...
M. CASTONGUAY: Vous trouverez ici, à l'article 181, les
dispositions quant à la possibilité d'obtention de renseignements
et, à l'exception de cette disposition, les personnes dans l'application
de cette loi sont tenues à la confidence.
M. CLOUTIER (Montmagny): Actuellement, ce genre de formule est
utilisé. Cela n'est pas plus précis que ça. Cela ne peut
pas être précisé davantage.
M. BOIVIN : C'est un serment d'office.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est le secret professionnel. Pour l'instant,
je trouve que c'est
une formule de serment qui est très vague. Je comprends que c'est
celle qu'on utilise. C'est très complexe de préciser. Chacune des
professions a ses contraintes. Son mode de pratique lui impose certaines
obligations et les renseignements qui sont confiés à un
médecin ou à un avocat ou à des professionnels, de
façon générale, sont des renseignements, du moins
quelques-uns, qui ne doivent pas être transmis.
M. CASTONGUAY: M. le Président, je peux peut-être apporter
un renseignement additionnel. Je crois qu'on en avait fait état
je ne me souviens pas à l'occasion de l'étude de quel projet de
loi mais le ministère de la Justice, de concert avec le Barreau,
étudie justement les dispositions législatives touchant le secret
professionnel.
En attendant, je pense bien qu'il nous faut continuer d'utiliser les
textes qui sont de façon générale utilisés et qui
semblent donner dans l'ensemble des résultats relativement valables
à tout le moins.
M. BOIVIN: Est-ce qu'on pourrait inclure dans cette formule du serment
un genre de serment d'allégeance à l'autorité
établie?
M. CASTONGUAY: Ce ne sont pas des fonctionnaires.
M. BOIVIN : Non?
M. CASTONGUAY: Ce ne sont pas des fonctionnaires dans ce cas. Ce sont
des employés de l'office nommés par l'office.
M. BOIVIN: Ils font un travail per diem mais soumis à
l'autorité établie.
M. CASTONGUAY: Pas directement. Ils sont des employés de
l'office.
LE PRESIDENT (M. Picard): L'article 11, adopté tel
qu'amendé. Article 12.
M. CASTONGUAY: A l'article 12, M. le Président, j'aurais...
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre doit avoir plusieurs
amendements.
M. CASTONGUAY: ... un certain nombre d'amendements. Je vais demander
qu'ils soient distribués pour qu'on en prenne connaissance.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je pense qu'à ce moment-ci de nos
travaux, on pourrait demander au ministre des renseignements additionnels s'il
y a lieu, sur les amendements, quitte à les prendre en
considération après la suspension de la séance, parce
qu'il ne reste à peu près que sept minutes de discussion. Est-ce
que le ministre pourrait nous dire brièvement de quoi il s'agit?
M. CASTONGUAY: On suggère d'ajouter, après le premier
alinéa, le suivant: "L'Office, donc, doit notamment et là
le texte proposé: "il suggère, lorsqu'il le juge opportun, la
constitution de nouvelles corporations ou la fusion ou la dissolution de
corporations existantes ainsi que des modifications aux lois les
régissant. Il tente d'amener les corporations à se concerter afin
de trouver des solutions aux problèmes communs qu'elles rencontrent, en
raison notamment de la connexité des activités exercées
par leurs membres. Il fait des suggestions quant aux mesures à prendre
pour assurer aux professionnels la meilleure formation possible." Ce sont des
suggestions qui, à ma connaissance, ont été
apportées au moment de l'étude en deuxième lecture du code
des professions.
M. PERREAULT: Après le a), ici?
M. CASTONGUAY: Tout de suite après le premier alinéa:
"L'Office a pour fonction de veiller à ce que chaque corporation assure
la protection du public, il suggère: lorsqu'il le juge opportun..."
Alors, ce sont des suggestions qui avaient été faites pour
expliquer davantage le rôle de l'office et je crois que vous-même
aviez fait des suggestions dans ce sens.
M. CLOUTIER (Montmagny): J'en ai fait un point spécial dans mon
intervention de deuxième lecture.
M. CASTONGUAY: Après cela, les autres paragraphes, je crois
qu'ils sont assez explicites. On suggère, après le paragraphe 1)
d'ajouter le suivant, m): Veiller à ce que toute corporation qui y est
obligée par la loi détermine parmi les actes
réservés à ses membres ceux qui, suivant certaines
conditions prescrites, peuvent être posés par des classes de
personnes autres que ses membres. Alors, on a déjà vu cette
discussion. Il faut que cela se fasse entre deux groupements. Ici on demande
à l'office de veiller à ce que cela se fasse. A n): De
déterminer par règlement parmi les actes réservés
aux membres d'une corporation visée au paragraphe m) ceux qui, suivant
certaines conditions prescrites, peuvent être posés par des
classes de personnes autres que les membres de cette corporation, à
défaut par celle-ci de déterminer ces actes, dans le délai
fixé par l'office. Alors, c'est tel qu'il le fait si cela n'a pas
été fait. Après cela en renumérotant, c'est de la
concordance et, finalement, à f): Adopter des règlements
concernant la conduite de ses affaires, des règlements de régie
interne. Là, il y a des changements de concordance aux paragraphes c),
d) et e) pour qu'il y ait une suite logique dans l'énumération
des paragraphes et, à f), c'est simplement pour qu'il n'y ait pas
d'ambiguïté quant à la possibilité qu'a l'office
d'adopter des règlements concernant la conduite de ses propres
affaires.
LE PRESIDENT (M. Picard): II n'est pas question de rayer: L'Office doit
maintenant...
M. CASTONGUAY: Non.
LE PRESIDENT (M. Picard): Cela demeure.
M. CASTONGUAY: "Doit notamment." Cela demeure et cela vient après
l'alinéa dont je propose l'adoption.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, sur cet article 12,
j'aurais pas mal de points à traiter.
J'imagine que peut-être que le député de Dorchester
et le député de Bourget en auraient aussi. Je ne vois pas qu'on
puisse commencer avant 6 heures, il reste trois minutes. Je pense que ce serait
préférable de remettre la discussion à 8 h 15.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le ministre est d'accord?
M. CASTONGUAY: Toujours d'accord, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Picard): La commission suspend ses travaux
jusqu'à 8 h 15, même salle.
(Suspension de la séance à 17 h 56)
Reprise de la séance à 20 h 30
M. PICARD (président de la commission permanente des corporations
professionnelles): A l'ordre, messieurs!
La commission des corporations professionnelles continuera ce soir
l'étude du projet de loi 250, Code des professions. Nous en
étions à l'étude de l'article 12.
Le député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, ... oui...
M. CASTONGUAY: Je m'excuse, est-ce qu'on peut disposer de l'article 1 g)
les autorisations spéciales? Est-ce que le député de
Maskinongé se rallie?
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, d'accord!
M. CASTONGUAY: Très bien!
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, 1 g) c'est parce que je l'avais
oublié, mais...
M. CASTONGUAY: On peut dire que 1 g) est adopté; ce qui signifie
que l'article 1 est adopté.
M. CLOUTIER (Montmagny): L'article 1 est adopté.
LE PRESIDENT (M. Picard): L'article l, tel qu'amendé... Il n'est
pas amendé, lui.
M. CLOUTIER (Montmagny): Non, non.
LE PRESIDENT (M. Picard): Alors, l'alinéa g) reste tel quel.
M. CLOUTIER (Montmagny): II a été amendé.
M. CASTONGUAY: II y avait eu un amendement à l'article 1 i) lors
de la séance du 12 mars. On dit que tout ministre désigné
par le lieutenant-gouverneur en conseil...
M. CLOUTIER (Montmagny): II fallait définir le ministre, cet
être indéfinissable.
LE PRESIDENT (M. Picard): Article 1, adopté tel qu'amendé.
Article 12.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je voudrais faire,
à l'article 12, un commentaire d'ordre général,
étant donné que nous entrons dans le vif du sujet quant aux deux
structures que nous mettons en place. Je devrais plutôt dire que l'Office
des professions est une nouvelle structure. Quand au Conseil interprofessionnel
il existe actuellement mais il n'a pas de structure juridique, il n'a pas de
reconnaissance légale.
M. le Président, je voudrais d'abord remercier le ministre de la
philosophie de l'amendement qu'il a déposé cet après-midi,
amendement à l'article 12, dans le texte qu'il voulait insérer
après le premier alinéa. Cela rejoint une préoccupation
que nous avions exprimée à plusieurs reprises au cours des
travaux de la commission parlementaire et aussi en deuxième lecture. Les
problèmes qui revenaient constamment devant la commission parlementaire
au cours des audiences publiques nous avaient amenés à nous
pencher sur ces problèmes particuliers de relations entre les
différentes professions. Les demandes des corporations professionnelles
qui n'étaient pas reconnues sont également un problème qui
est revenu à maintes reprises devant la commission parlementaire.
La philosophie qui sous-tend l'amendement, tend à apporter, en
tout cas, une réponse, que je crois valable, à ces questions qui
ont été posées, à ces interrogations dont on a
saisi la commission.
M. CASTONGUAY: Alors, est-ce que l'on peut tenir pour acquis que
l'article 12 est adopté?
M. CLOUTIER (Montmagny): Non, M. le Président, le ministre
comprendra que, si l'on peut déléguer les responsabilités
à quelqu'un, il faut que quelqu'un les assume. Alors, le ministre a
accepté et est d'accord pour les confier à quelqu'un.
Là où je me pose des questions et c'est ce qui
m'amène à faire une suggestion à la commission
parlementaire et au gouvernement, c'est qu'il m'apparaîtrait que ce
rôle de promotion, si on me permet l'expression, des corporations
professionnelles devrait davantage être confié au Conseil
interprofessionnel. Alors, il faut, à mon sens, à ce moment-ci du
débat, avant d'accepter l'article no 12, tel qu'il est
rédigé avec les pouvoirs de l'office, s'entendre sur la
philosophie de base.
Moi, je serais favorable à ce qu'il y ait un équilibre qui
existe entre ces deux organismes que sont l'Office des professions et le
Conseil interprofessionnel. D'après le texte actuel du projet de loi que
l'on a devant nous, le projet de loi 250, l'Office des professions joue le
rôle d'un organe supérieur de contrôle et de surveillance
dont les pouvoirs décisionnels, c'est-à-dire, la
réglementation affecte directement toute l'activité tant
professionnelle qu'administrative des corporations professionnelles.
Il nous semble évident, à ce stade-ci, que les
premières années d'existence de l'office seront
entièrement consacrées à la mise sur pied des structures
administratives prévues dans le code des professions et au
contrôle des pouvoirs réglementaires que la loi-cadre attribue au
Bureau des corporations professionnelles.
En somme, l'office sera tellement occupé à administrer, il
ne faut pas s'en surprendre, qu'il n'aura ni le temps, ni les moyens
d'élaborer une politique de consultation et de promotion qui tienne
compte de l'évolution rapide du monde professionnel au
Québec.
Il ne faut pas oubler que l'office, après modification, dans la
deuxième version de la loi, ne sera composé que de cinq membres
et d'un personnel administratif et professionnel restreint, du moins au
début.
D'ailleurs, le ministre l'a admis, lui-même, au cours de la
dernière séance de la commission, lors du débat sur la
composition de l'office. Si le ministre n'avait pas d'objection, en principe,
à ce que l'office ait des pouvoirs de promotion d'une nature très
générale, c'est-à-dire promouvoir le rapprochement entre
les groupes professionnels cela est traduit dans l'amendement que le
ministre nous a déposé égale ment promouvoir des
rencontres ou autres mécanismes pour qu'il y ait collaboration au plan
de l'exercice de la pratique...
Il avouait, et je cite le ministre, "que l'office a plutôt comme
rôle de s'assurer que les corporations, entre autres choses, s'acquittent
de leur tâche." J'avais noté ça au moment où nous
avions l'épreuve du journal des Débats et c'était au ruban
1589. Je ne sais pas où ça se situe, il faudrait que je retrouve,
à la séance du 12 mars, la page du journal des Débats.
Cela revient à dire que l'office est d'abord et avant tout un organe de
contrôle et de surveillance et que toute autre fonction qui ne
s'apparente pas à la tâche générale de
contrôleur devra nécessairement passer en second. Nous ne pouvons
pas accepter une telle interprétation. Il nous paraît absolument
essentiel, pour le bien-être du monde professionnel aussi bien que pour
la protection du public, de donner la même priorité aux fonctions
de contrôle et aux fonctions de promotion.
Et on a vu, M. le Président, au cours des travaux de la
commission parlementaire, combien le deuxième ordre de problèmes
est aussi important que le premier ordre de problèmes. Alors, j'avais
noté que le ministre se préparait à donner à
l'office des pouvoirs de promotion qui s'inscrivent dans la même ligne de
pensée que les recommandations II et III du Conseil interprofessionnel,
et là on pourra se référer à son rapport du 25
janvier 1973, aux pages 2 et 3. Alors, ça s'est avéré
exact en pratique parce que l'amendement est devant nous.
Pour l'Union Nationale, ces modifications seraient acceptables, compte
tenu des réserves suivantes : 1. Que l'office soit tenu de mettre sur
pied dès le début de ses opérations des mécanismes
permanents de dialogue et de discussion en vue de "forcer" les groupes
professionnels, reconnus ou non par le code des professions et dont le champ
d'exercice est identique ou peut chevaucher, à se rencontrer dans le but
de trouver une solution satisfaisante pour toutes les parties en cause. 2. Que
l'office soit habilité à inviter et
entendre les groupes professionnels qui veulent être reconnus,
soit à titre réservé ou dans un champ de pratique
exclusive. 3. Que l'office dispose d'un budget adéquat et d'un personnel
compétent pour la mise en oeuvre d'une véritable politique de
promotion.
Malgré toutes ces réserves, nous continuons de croire
qu'il serait préférable de confier ces pouvoirs de promotion
à un Conseil interprofessionnel dont la structure et les pouvoirs
seraient totalement modifiés en fonction d'une participation maximale
à l'évolution du monde professionnel.
Le rôle que le projet de loi no 250 attribue au Conseil
interprofessionnel nous paraît nettement insuffisant. Mise à part
une fonction vague d'étude sur les problèmes
généraux auxquels doivent faire face les corporations et un
rôle imprécis de conseiller auprès de l'office et du
lieutenant gouverneur en conseil, la loi est silencieuse.
Nous proposons de revaloriser le rôle du Conseil
interprofessionnel et de le transformer en un véritable organisme
d'étude et de consultation jouissant d'un statut autonome et disposant
d'un budget adéquat. Pour ce faire, elle recommande nous
recommandons de supprimer les articles 16 à 21, plus tard, M. le
Président, et de les remplacer par les articles... Je voudrais à
ce moment donner seulement la philosophie, parce que si l'on n'accepte pas
l'amendement, qu'on accepte la philosophie de l'amendement. On
suggérerait que ces pouvoirs soient donnés au Conseil
interprofessionnel au lieu d'être donnés à l'Office des
professions.
Le rôle du Conseil interprofessionnel serait beaucoup plus
précis dans la loi et ce rôle plus précis qui lui serait
donné lui conférerait un statut d'autorité si on veut, un
peu comme celui que possèdent actuellement des organismes analogues
comme le Conseil supérieur de la famille et des affaires sociales, le
Conseil supérieur de l'éducation, le Conseil supérieur de
la justice, le Conseil supérieur du travail ; enfin, on pourrait donner
toute la série d'organismes consultatifs, lesquels assument une fonction
très importante à côté des ministères et
complètent l'action des ministères. Il y aurait un article,
l'article 16, qui créerait ce conseil. Cet article serait dans le
même style que celui de la rédaction du Conseil des affaires
sociales et de la famille. Il y aurait toute une série d'articles qui
détermineraient exactement les pouvoirs; alors le conseil devrait
à l'article 18 assumer telle responsabilité.
Je ne sais pas si le ministre aimerait à ce moment... Je pense
que je devrais situer exactement le rôle du Conseil interprofessionnel,
ses responsabilités, ses structures, afin que la commission soit capable
de porter un jugement éclairé. Si la commission accepte que les
responsabilités soient confiées à l'Office des
professions, on ne pourra pas les confier en double, on ne pourra pas donner le
même mandat, plus tard, au Conseil interprofessionnel. C'est pour cela,
je pense, M. le Président, que je devrais donner la rédaction des
articles et on verra quelle est la philosophie qui sous-tend les
modifications que je suggère pour le Conseil interprofessionnel.
L'article 16 se lirait comme suit: "Un organisme d'étude et de
consultation, ci-après appelé "le Conseil" est institué
sous le nom en français de "Conseil interprofessionnel du Québec"
et en anglais, de "Quebec Interprofessionnal Council".
A présent, cela rejoindra l'ordre de préoccupation de
l'article no 3...
M. CASTONGUAY: II va falloir suspendre...
M. CLOUTIER (Montmagny): On suspendra la partie anglaise, pour en
discuter à l'article 44.
L'article 17 : "Le conseil est formé des corporations
visées par le présent code. Les modalités de la
représentation des corporations au conseil sont
déterminées par les règlements du conseil. Tout
règlement adopté en vertu du présent article doit
être soumis à l'approbation de la commission permanente et du
lieutenant-gouverneur en conseil. Il doit être publié dans la
Gazette officielle du Québec et il entre en vigueur à compter de
cette publication.
N.B. Le premier paragraphe de cet article regroupe les recommandations
no IV et V du Conseil interprofessionnel (rapport du 25 janvier 1973, page 3).
Nous faisons nôtres les commentaires du conseil sur ce point." Les
commentaires étaient ceux-ci et je cite : "Ce sont les corporations
elles-mêmes qui devraient faire partie du Conseil interprofessionnel du
Québec et y déléguer leurs représentants, comme le
veut le paragraphe d) de l'article 82. Ces représentants
siégeraient en qualité de mandataires et non à titre
personnel".
L'article 18 se lirait comme suit: "Le conseil doit: a) sur la demande
du ministre, de l'office ou de sa propre initiative, entreprendre
l'étude des problèmes auxquels doivent faire face les
corporations professionnelles;"
On notera que c'est là où l'on retombe dans les
mêmes responsabilités que le ministre veut confier à
l'Office des professions. Je continue: "b) communiquer au ministre ou à
l'office les constatations qu'il a faites et les conclusions auxquelles il
arrive et leur faire les recommandations qu'il juge appropriées. Le
ministre ou l'office, selon le cas, est tenu de rendre publiques les
études du conseil; c) créer des mécanismes permanents de
discussion en vue de contraindre les groupes professionnels reconnus ou non par
le présent code, et dont le champ d'exercices est identique ou peut
chevaucher, à se rencontrer dans le but de trouver une solution
satisfaisante pour toutes les parties en cause".
Et comme explication additionnelle, on pourrait ajouter ceci:
"Compte tenu du rôle de l'office et du ministre par rapport
à l'application du code des professions, il nous parait normal et dans
l'intérêt du public de leur donner le pouvoir de demander au
conseil d'effectuer les études qu'ils jugent utiles selon les
circonstances. Aussi, vu le statut autonome que nous voulons attribuer au
conseil, il nous semble tout à fait indispensable que le conseil soit
habilité à entreprendre de sa propre initiative les études
et recherches qu'il juge nécessaires selon les circonstances".
Le dernier alinéa est conforme à une idée que j'ai
exprimée dans mon discours de deuxième lecture sur le bill 250.
Ce dernier paragraphe vise tout particulièrement à donner
à un organisme compétent des pouvoirs de promotion qui
permettront une évolution rapide et ordonnée du monde
professionnel.
L'article 19 se lirait comme suit: "Le conseil peut: a)inviter et
entendre les groupes professionnels qui veulent être reconnus comme
professions d'exercice exclusif ou professions à titre
réservé; b)soumettre au ministre et à l'office les
recommandations qu'il juge appropriées sur la reconnaissance d'un tel
groupe professionnel, conformément aux dispositions du présent
co-de; c)édicter pour sa régie interne des règlements qui
doivent être soumis à l'approbation de la commission permanente et
du lieutenant-gouverneur en conseil et entrent en vigueur à compter de
leur publication dans la Gazette officielle du Québec."
Je pourrais ajouter comme note : Le premier alinéa est conforme
à une idée que j'exprimais dans mon discours de deuxième
lecture sur le bill 250 et vise à permettre aux groupes professionnels
qui veulent devenir des corporations professionnelles reconnues d'exposer leurs
arguments devant un organisme compétent. Le deuxième
alinéa permet au conseil d'informer les autorités
compétentes de la requête des groupes en cause et tente à
rassurer ces derniers que leurs réclamations ne demeureront pas lettre
morte. Enfin, le dernier paragraphe donne au conseil des pouvoirs
réglementaires qui sont nécessaires à son bon
fonctionnement.
L'article 20. "Le conseil peut former des comités spéciaux
pour l'étude de questions particulières et charger ces
comités de recueillir les renseignements pertinents et de faire rapport
au conseil de leurs constatations et recommandations.
Ces comités peuvent être totalement ou partiellement
formés de personnes qui ne sont pas membres du conseil; les allocations
de présence et les honoraires des personnes qui ne sont pas membres du
conseil sont déterminés par le conseil, conformément aux
règlements établis à cette fin par le
lieutenant-gouverneur en conseil.
Ces règlements doivent être soumis à l'appro- bation
de la commission permanente et entrent en vigueur à compter de leur
publication dans la Gazette officielle du Québec."
Et comme note, je peux dire que cet article est tiré de l'article
6 de la Loi sur le Conseil des affaires sociales et de la famille. (S.Q. 1970,
ch. 43)
M. CASTONGUAY: II me semblait qu'il était bien
rédigé.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui. C'est pour cela que le ministre devrait
recevoir favorablement du moins la partie de ces suggestions qui s'inspire
d'une loi antérieure. Il permet au conseil de bénéficier
des connaissances et de l'expérience d'experts qui ne seraient pas des
membres du conseil.
Article 21: "Les membres du conseil sont nommés pour un mandat de
deux ans et demeurent en fonction nonobstant l'expiration de leur mandat
jusqu'à ce qu'ils soient nommés de nouveau et remplacés en
suivant le mode de nomination prescrit par le présent code. "Un
président et un vice-président sont élus à la
majorité des voies des membres présents du conseil lors de la
première réunion suivant le début de son année
financière pour une période de cinq ans. Ils demeurent en
fonction nonobstant l'expiration de leur mandat jusqu'à ce qu'ils soient
élus de nouveau ou remplacés suivant le mode d'élection
prescrit par le présent code.
Comme note, M. le Président, j'ajouterais que cet article a pour
but de donner au Conseil interprofessionnel une certaine stabilité et un
caractère de continuité équivalents à ceux de
l'office en vue de lui permettre d'exercer consciencieusement les fonctions qui
lui sont conférées par la loi. Un mandat de deux ans pour les
membres du conseil évitera les inconvénients de changements trop
fréquents au sein du conseil. Enfin, vu le rôle de direction du
président, il nous paraît absolument essentiel de le maintenir en
poste assez longtemps pour lui permettre d'exercer un leadership valable et
d'élaborer des politiques stables et éclairées qui
répondent aux besoins des corporations et du public en
général.
L'élection du président et du vice-président par
les membres du conseil a été retenue pour les raisons
suivantes:
Si le conseil doit jouir d'un statut autonome, il est
préférable que le président et le vice-président ne
soient pas nommés par le gouvernement.
L'élection par les membres du conseil a le grand avantage de
permettre la nomination des personnes qui, dès le départ, auront
la confiance de tous les membres du conseil.
L'article 22: "Le président et le vice-président doivent
s'occuper exclusivement du travail du conseil et des devoirs de leur fonction.
. "Le président préside les réunions du conseil et est
responsable de l'administration des.affai-
res du conseil dans le cadre de ces règlements. Le
lieutenant-gouverneur en conseil fixe les traitements du président et du
vice-président. Ceux-ci ne peuvent être moindres que les
traitements du président et du vice-président de l'office."
Comme note, M. le Président, j'ajouterais que, dans toute la
mesure du possible, il faut attirer aux postes de direction des personnes
compétentes et engagées. Ceci ne peut se faire qu'en
créant un climat de stabilité et de sécurité et en
offrant aux candidats intéressés des conditions de travail
raisonnables. En ce qui concerne le traitement des membres permanents du
conseil, nous entrevoyons deux solutions: soit la fixation du montant par le
lieutenant-gouverneur en conseil; soit une stipulation expresse leur
conférant le même traitement que celui de président et du
vice-président de l'Office des professions.
Cette dernière solution nous paraît particulièrement
attrayante en ce qu'elle respecte davantage le caractère autonome du
conseil tout en lui conférant un statut égal à l'Office
des professions.
L'article 23: "Au cas d'incapacité d'agir du président,
par suite d'absence ou de maladie, il est remplacé par le
vice-président.
Lorsque le vice-président est aussi incapable d'agir, il peut
être remplacé par un autre membre du conseil pendant que dure son
incapacité en suivant le mode de nomination prescrit pour la nomination
du vice-président.
Article 24. "Toute vacance survenant au cours de la durée du
mandat d'un membre du conseil est comblée en suivant le mode de
nomination du membre à remplacer et pour le reste du mandat de la
personne à remplacer." En note, on verra que l'utilité de ces
deux articles est évidente en soi et n'a pas besoin d'être
démontrée.
Article 25. "Les membres du conseil, autres que le président et
le vice-président, ne reçoivent aucun traitement. Ils sont
indemnisés de ce qui leur en coûte pour assister aux
assemblées et reçoivent une allocation de présence
fixée par le lieutenant-gouverneur en conseil." Comme note, j'ajoute:
"II nous semble injuste de demander aux membres du conseil d'assumer le
coût des déplacements occasionnés par leur participation
aux travaux du conseil."
Article 26: "Le secrétaire ainsi que les autres employés
du conseil sont nommés et rémunérés suivant la Loi
de la fonction publique." Il faudrait peut-être revoir ça pour
avoir une certaine concordance avec l'article qu'on a accepté. En note,
je dirais: Si le conseil veut s'assurer d'un personnel administratif
compétent, il doit être en mesure de garantir à ses
employés des conditions de travail suffisamment stables et
attirantes.
Article 27: "Le secrétariat du conseil est situé dans le
territoire de la Communauté urbaine de Montréal." J'avais
prévu Québec, mais on me dit j'ai consulté les
corporations professionnelles que, sur 37 corporations, il y en a 35
dont le secrétariat est à Montréal. Je pense qu'il serait
peut-être plus pratique de leur désigner Montréal. Le
conseil peut tenir ses séances à tout endroit du Québec.
Le conseil doit se réunir au moins dix fois par année. J'avais
indiqué, dans une première note, quatre fois, mais après
vérification: Le Conseil interprofessionnel désirerait se
réunir, se réunirait plus souvent et les conseils
supérieurs se réunissent au moins dix fois par année.
Comme explication: Vu les contacts étroits entre le conseil et
l'office d'une part, le conseil et le ministre responsable du code des
professions et des lois connexes d'autre part, il est préférable
que le secrétariat du conseil soit situé dans la même
région que l'office et le bureau du ministre. Mais pour l'office,
j'aurais une hésitation à dire Montréal. Je pense que
ça peut se défendre de dire Québec parce qu'il y a cinq
membres et ils doivent travailler en étroite collaboration autant avec
les différents ministères... Dans mon esprit, ça peut
être aussi bien Québec pour l'office.
Le deuxième alinéa donne au conseil une mobilité
qui lui permettra de se mieux faire connaître à travers la
province. Enfin, le dernier paragraphe a pour but de rassurer le public et les
corporations professionnelles. Dix réunions obligatoires par
année semblent répondre aux critères d'efficacité
et d'information qui sont indispensables au bon fonctionnement du conseil.
Article 28: "Un comité exécutif de cinq membres s'occupe
de l'administration courante des affaires du conseil. Le président et le
vice-président sont d'office membres de ce comité; les trois
autres membres sont élus à la majorité des voix des
membres présents du conseil lors de la première réunion
suivant le début de son année financière et demeurent en
fonction jusqu'à ce qu'ils soient élus de nouveau ou
remplacés, suivant le mode d'élection prescrit ci-dessus. A
chacune des séances du conseil, le président fait rapport
à celui-ci des activités du comité exécutif."
Une note additionnelle: "Le Conseil interprofessionnel sera
composé d'au moins 37 corporations professionnelles. Il est impensable
de laisser l'administration courante du conseil à un groupe aussi
nombreux." On voit tout de suite que cela fonctionnerait difficilement.
L'article 29: "Les membres du conseil doivent verser annuellement des
contributions égales au total,à 10 p.c. des sommes requises pour
l'application du présent chapitre. La contribution de chaque membre est
déterminée par le conseil, selon une échelle
dégressive par rapport aux effectifs de chaque membre."
J'explique comme ceci, M. le Président: Nous prétendons
"que les corporations professionnelles membres du Conseil interprofessionnel
seront d'autant plus intéressées aux travaux du conseil qu'elles
participeront activement non seulement à l'organisation et au
fonctionne-
ment de celui-ci, mais aussi à son financement. Vu la
disparité économique qui peut exister entre les
différentes corporations, nous croyons qu'il serait plus réaliste
et plus juste de maintenir cette participation financière à un
niveau modeste, tout au moins pour les premières années
d'opération. Toujours dans le but de mettre sur pied, un organisme
dynamique, nous suggérons la répartition de cette charge
financière entre les membres du conseil suivant les mêmes
principes que ceux en vigueur à l'heure actuelle au sein du Conseil
interprofessionnel. "Nous prévoyons que le budget du conseil pour la
première année sera d'environ $250,000. Ce montant est de
beaucoup inférieur au budget annuel du Conseil consultatif de
l'éducation qui était, en 71/72, de $483,000, en 72/73 de
$493,000, et du Conseil des affaires sociales et de la famille qui était
de $305,400 en 71/72, de $301,300 en 72/73. Ainsi, les corporations
professionnelles, au nombre de 37, ne paieraient que $25,000, toujours dans
l'esprit de l'article qui dit que la contribution serait de 10 p.c.
Présentement, avec environ une vingtaine de membres, le Conseil
interprofessionnel fonctionne avec un budget annuel de $15,000."
Finalement le dernier article, l'article 30, se lirait comme suit: "Le
conseil doit, au plus tard le 30 juin, faire chaque année à
l'office un rapport de ses activités."
J'avais d'abord indiqué "au ministre" mais, par la suite, en y
réfléchissant bien, je pense qu'il serait
préférable qu'il n'y ait qu'un seul rapport, à la fois,
déposé par l'office, qui comprendrait les travaux de l'office et
les travaux du Conseil interprofessionnel. Cela ferait une meilleure
coordination. "Le ministre doit, dans les quinze jours qui suivent la date
à laquelle il a reçu le rapport annuel du conseil et de l'office,
via l'office, ou si l'Assemblée nationale ne siège pas à
ce moment, l'un des quinze premiers jours où elle siège par la
suite, faire déposer le rapport devant l'Assemblée nationale ou
déposer le rapport devant l'Assemblée nationale ainsi que les
observations qu'il juge appropriées."
M. le Président, je pense que les articles que j'ai lus avec les
notes explicatives donnent très clairement la philosophie qui inspire
cette suggestion que je fais au ministre dans un bon esprit, m'inspirant de la
législation actuelle, m'inspirant aussi de l'expérience que nous
pouvons avoir de l'administration publique, sachant que l'office au
départ, aura d'immenses responsabilités et que le Conseil
interprofessionnel, qui l'a déjà démontré au cours
des travaux cela fait deux ans maintenant ou près de deux ans que
l'on a commencé l'étude des lois des corporations
professionnelles, du code et des lois spécifiques nous a produit
jusqu'à maintenant des mémoires de qualité comme tous les
autres organismes l'ont fait, d'ailleurs, mais le Conseil professionnel a pris
cette tâche au sérieux, il a apporté une contribution
très importante aux travaux de la commission parlementaire par les
différents mémoires qu'il nous a remis.
Alors, M. le Président, m'appuyant sur cette expérience du
conseil jusqu'à maintenant, sur son désir exprimé devant
la commission parlementaire d'assumer entièrement les
responsabilités qui vont lui être confiées par le
législateur, je crois qu'il serait sage d'introduire un équilibre
entre l'office et la répartition des tâches, des
responsabilités que l'on va confier à l'office et celles que l'on
va confier au Conseil interprofessionnel. Les tâches d'administration, de
mise en place des mécanismes, tout le départ de cette structure
seraient confiés à l'office et la tâche de promotion, de
réflexion, de recherche au sujet des corporations professionnelles
serait confiée au Conseil interprofessionnel. Je pense que ce serait
là introduire un élément d'équilibre
extrêmement valable et qui contribuera à assurer le succès
du projet de loi.
Je ne demande pas si le ministre préfère
réfléchir à cette proposition, quitte à ce que l'on
étudie les autres pouvoirs confiés à l'office et de garder
l'amendement qu'il a déposé pour y réfléchir dans
le cadre de la proposition globale que je viens de faire, quitte à nous
donner après cela... ou si le ministre préfère
déjà nous livrer les premiers commentaires alors, je
l'écouterais avec grand intérêt.
M. CASTONGUAY: M. le Président, je vais les commenter, mais,
peut-être, avant de le faire, que d'autres membres de la commission
aimeraient faire des commentaires?
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Dorchester.
M. GUAY: M. le Président, je viens de prendre connaissance d'une
brique d'amendements, à la suite de ce que le ministre avait
déposé. Il est sûr que, si l'on veut établir le
partage des pouvoirs ou des responsabilités, ou des fonctions entre ces
deux organismes, d'une part l'office et, d'autre part, le Conseil
interprofessionnel, c'est le moment de le faire, parce que, si l'on consacre
déjà des pouvoirs ou des fonctions à l'office qui
devraient normalement appartenir au conseil, je dis que c'est justement le
temps d'y penser.
J'ai été de ceux qui ont dénoncé le
rôle purement consultatif, comme organisme, du Conseil interprofessionnel
et qui est, peut-être, bien souvent mieux placé que l'office,
étant donné qu'il regroupe, c'est-à-dire qu'il est
composé de professionnels en nombre beaucoup plus grand que l'office
pour avoir plusieurs fonctions et, peut-être, pour s'exprimer de
façon bien différente. Je disais que, si on laisse le Conseil
interprofessionnel uniquement comme organisme que l'on peut consulter, je pense
que là, de par la proposition, si on analyse cela, du moins en principe,
on donne un rôle beaucoup plus positif au Conseil interpro-
fessionnel et cela rejoint sur plusieurs points ce que même le
Conseil interprofessionnel devant la commission interparlementaire a dit.
Evidemment, on pourrait analyser et ajouter beaucoup de choses, sauf que
j'aimerais mieux en prendre connaissance de façon plus approfondie et
regarder plus attentivement ce qui restera à l'office avec le document
qui vient d'être déposé. Mais je dois dire qu'en principe
je suis favorable à ça parce qu'on lui donne un rôle autre
que celui qu'on a voulu lui donner dans la loi, un rôle plus Utile et un
rôle plus positif.
M. CASTONGUAY: M. le Président, je pense qu'il est bon de
rappeler à mon tour ce que sera l'Office des professions, de même
que le Conseil interprofessionnel dans la conception du projet de loi et de
faire certains commentaires en réponse au document qui vient
d'être déposé.
L'office est un organisme d'abord qui est créé par le
gouvernement et dont la fonction est à la fois de le conseiller et aussi
de s'assurer que la législation est appliquée par les diverses
corporations. Le Conseil interprofessionnel, quant à lui, est vu comme
un organisme au sein de ce conseil. Et la raison pour laquelle nous avons
voulu, au lieu de maintenir l'organisation actuelle du Conseil
interprofessionnel, modifier quelques aspects de ce Conseil interprofessionnel,
c'était pour lui donner, premièrement, un caractère plus
officiel, disons, et aussi assurer la représentation de toutes les
corporations, non pas seulement certaines.
Maintenant, nous n'avons pas voulu aller plus loin que ce qui
apparaît dans le projet de loi étant donné que si ce
conseil doit représenter les corporations, il nous semble que c'est aux
corporations de faire en sorte que l'office assume les rôles qu'elles
veulent bien lui voir assumer. Le conseil pourra faire entendre sa voix autant
qu'il le voudra; il pourra si c'est le désir des corporations,
rencontrer les corporations ou les groupements qui voudraient se voir
constitués en corporations. Rien ne l'empêche de jouer un
rôle de concertation entre les différents groupements
professionnels. Si les corporations désirent que le président, le
vice-président soient à temps plein, encore là, libre
à elles de le décider. Egalement, la fixation des allocations, la
création d'un comité exécutif, etc., etc. Il nous semble
que ce serait dépasser vraiment la portée voulue du projet de loi
que de fixer un cadre trop précis au fonctionnement du conseil si nous
voulons vraiment qu'il demeure un conseil représentant les corporations
et assumant les rôles que les corporations veulent bien lui donner. Comme
je le mentionnais, l'office devra assumer les tâches qui sont
énumérées et agira également comme conseiller du
gouvernement, mais à un titre quelque peu différent de celui du
conseil qui, lui, représente au premier titre les corporations.
Egalement, on peut voir à l'article 26 du projet de loi, quant
à la constitution de nouvelles corporations, que le
lieutenant-gouverneur doit consulter le conseil lors de la constitution d'une
nouvelle corporation. Le conseil, sur ce plan, ne sera pas ignoré.
Enfin, il me semble qu'il aurait lieu de préciser, lorsque l'on compare
avec le Conseil de l'éducation et le Conseil des affaires sociales, que
ces conseils consultatifs sont formés auprès de ministres ou de
ministères qui doivent, dans le quotidien et dans leurs fonctions,
élaborer constamment de nouvelles politiques, de nouveaux programmes,
appliquer des programmes dans un monde en évolution. C'est pourquoi il
apparaît essentiel d'avoir auprès des ministères, qui
jouent des rôles aussi vitaux, des conseils consultatifs dotés de
budgets et d'une organisation adéquate.
Il ne semble pas que, dans le cas présent, l'office doit
être doté d'un conseil consultatif puisqu'il n'a pas comme
mission, lui-même, d'élaborer de la législation mais il
doit conseiller plutôt le gouvernement sur ce plan. Le conseil,
représentant des "corporations, pourrait également faire entendre
sa voix. Je pense bien qu'avec les deux, l'aspect conseil va être
très bien couvert. Pour ces raisons, M. le Président, je ne crois
pas que nous puissions accepter le partage des fonctions qui est proposé
par le député de Montmagny entre l'office et le Conseil
interprofessionnel.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président...
M. CASTONGUAY : Je m'excuse, peut-être que je pourrais ajouter
toutefois que lorsque nous arriverons à l'article 18, nous pourrons
si on n'aime pas la formulation lorsqu'on dit "étudie les
problèmes généraux auxquels doivent faire face les
corporations" peut-être élaborer quelque peu mais pour
préciser les préoccupations normales qui devraient être
celles du conseil. Je ne crois pas que nous devrions aller plus loin.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je suis prêt à discuter de la
nécessité de préciser davantage, à l'article 18, le
rôle du conseil. Mais il reste que, même si on précise le
pouvoir additionnel que l'on a donné à l'office par l'amendement
que le ministre nous suggère, on ne pourra pas le remettre dans
l'article 18, car on va l'avoir donné à l'office. Le noeud de mon
argumentation, c'est justement que ces pouvoirs additionnels qu'on veut donner
à l'office, que le ministre veut donner à l'office, pour lesquels
on a fait des représentations... Le ministre a entendu ces
représentations. Il est d'accord pour que cela soit confié
à quelqu'un, expressément dans la législation. Mais
là où nous différons d'opinion, à ce moment, c'est
que le ministre suggère qu'on les donne à l'office et moi, je
dis, qu'on devrait plutôt songer à les donner au
Conseil interprofessionnel, parce qu'il me semble que les nouvelles
responsabilités, qui sont contenues dans l'amendement, sont plus
facilement compatibles avec le mandat qui pourrait être confié
à un conseil consultatif que compatibles avec les autres
responsabilités qui sont déjà confiées à
l'office.
Si on regarde les responsabilités déjà
confiées à l'office, à l'article 12, on voit qu'elles se
rapprochent beaucoup plus d'un style administratif, que ces
responsabilités ont plutôt un style administratif. Quant au code
de déontologie, on voit que si le bureau n'adopte pas un tel code,
l'office s'en occupera.
Deuxièmement: procédure d'arbitrage des comptes.
Troisièmement: fonds d'indemnisation. Quatrièmement :
procédure d'inspection professionnelle. Cinquièmement:
utilisation des dossiers, destruction des dossiers, des livres, des registres,
tout ce qui concerne l'administration régulière.
La publicité est une autre responsabilité confiée
à l'office. L'administration financière des corporations la
situation financière déficitaire ou d'insolvabilité, les
tarifs des honoraires professionnels, et la publication d'un recueil des
décisions rendues. On voit que ce sont des responsabilités de
caractère administratif. Ce dont nous parle l'amendement proposé
par le ministre, est à caractère de promotion, si on veut. "...
la constitution d'une nouvelle corporation, la fusion ou la dissolution de
corporations existantes..." On voit qu'on touche directement à la vie,
à l'existence de la corporation. Ce n'est pas son administration, sa
façon de fonctionner, ses outils, ses contrôles, mais c'est son
existence même.
Deuxièmement, c'est de tenter d'amener les corporations à
se concerter, afin de trouver des solutions aux problèmes communs
qu'elles affrontent en raison, notamment, de la connexité des
activités exercées par leurs membres. Cela se faisait
déjà, j'imagine, à l'intérieur du Conseil
interprofessionnel.
Une autre chose, c'est de faire des suggestions quant aux mesures
à prendre pour assurer aux professionnels la meilleure formation
possible. Il y a aussi ce qu'on suggère, nous, que ce conseil
étudie les demandes des nouvelles corporations, celles qui ne sont pas
reconnues et qui voudraient être reconnues, qu'elles aient audience
quelque part, qu'elles ne soient pas obligées automatiquement de s'en
venir au ministère des Affaires sociales et d'engager tout le
ministère dans ce processus. Le Conseil interprofessionnel est capable
déjà, avec l'expérience des ressources et des membres qui
sont là, de tous les membres des corporations professionnelles, de faire
des études spéciales, de faire des recommandations, de faire de
la recherche sur l'opportunité d'admettre de nouvelles corporations
professionnelles.
Alors, on voit que cela n'est pas du tout de même nature. Les
nouveaux pouvoirs qu'on veut donner, les nouvelles responsabilités qu'on
veut donner à l'office se rapprochent pas mal moins des pouvoirs qu'il
détient déjà mais se rapprochent plus des pouvoirs qu'on a
déjà donnés, à l'article 18, au Conseil
interprofessionnel. C'est cela qui précise déjà ce qu'il y
a dans l'article 18. C'est de même nature.
C'est pour cela que je me dis que cela complète beaucoup plus les
responsabilités du Conseil interprofessionnel de lui ajouter les
responsabilités que le ministre nous suggère d'ajouter à
ce moment-ci à l'office.
D'autre part, le ministre nous dit qu'à côté des
ministères, il est vrai qu'on retrouve des organismes, des conseils
consultatifs qui viennent compléter, directement, l'action des
ministères et que là, on a un conseil consultatif qui se
rattacherait à l'office. D'accord, on n'a pas de ministère des
corporations professionnelles, on a un ministre responsable des corporations
professionnelles. Mais ce qui tient lieu de ministère, c'est l'Office
des professions, c'est lui qui tient lieu de ministère à ce
moment-ci.
Le gouvernement a délégué à l'office des
responsabilités que je viens d'évoquer et le ministre voudrait
ajouter aux responsabilités de l'office. Mais il est normal , à
ce moment-ci, que le conseil consultatif dépende de l'office ou qu'il
ait des relations étroites avec l'Office des professions, qui me semble,
à moi, l'équivalent d'un ministère.
D'autre part, on a créé, le ministre a accepté de
la créer, une commission permanente des corporations professionnelles.
Actuellement, les seules commissions parlementaires permanentes sont celles qui
correspondent aux différents ministères du gouvernement. On a le
ministère des Affaires sociales, on a la commission des affaires
sociales. On a le ministère de la Justice, celui de l'Education, on a la
commission parlementaire de la justice, la commission parlementaire de
l'éducation. Là, on a une commission parlementaire ad hoc qui est
constituée des commissions parlementaires de la justice et des affaires
sociales et qui a été créée spécialement
pour les corporations professionnelles. Le président de la Chambre a
accepté que cette commission parlementaire soit désormais une
commission parlementaire permanente de l'Assemblée nationale. Elle va
siéger tous les ans comme n'importe quelle autre commission
parlementaire. Alors, on voit déjà que cela ressemble à
tout l'appareil gouvernemental. Cela s'inscrit dans la même ligne de
pensée, dans le même style d'administration. C'est pour cela que
je dis que le Conseil interprofessionnel devrait servir d'organisme de
consultation pour l'Office des professions, devrait entreprendre non seulement
des études ou des recherches sur les mandats spécifiques qu'on va
lui donner dans la loi ou que je suggère de lui donner, mais des
recherches sur des sujets qu'il lui apparaît opportun d'étudier
davantage.
C'est dans ce sens que j'ai fait mon argumentation. Je suis fortement
d'avis que l'Office des professions ne pourra pas assumer la responsabi-
lité que le ministre suggère de lui donner par cet
amendement. Déjà, dans les responsabilités qu'on a dans la
deuxième version du projet de loi, l'Office des professions va avoir
suffisamment d'ouvrage, de responsabilités pour s'occuper pendant
plusieurs années si on veut que ces rouages qui seront mis en place
fonctionnent, qu'il ait non seulement une responsabilité de
suppléance. Quand les corporations elles-mêmes n'assumeront pas
leurs responsabilités, c'est l'office qui sera obligé
d'intervenir à ce moment-là. Mais je pense que le Conseil
interprofessionnel pourrait davantage et bien mieux que l'office s'occuper de
cette responsabilité de promotion des corporations, d'harmonisation
entre les différentes corporations parce qu'on voit comment, à un
moment donné, les champs d'application peuvent faire de
l'interférence, surtout dans le domaine des sciences de la santé
ou dans les professions qui touchent la santé. Je pense qu'un organisme
comme le conseil, qui a un peu plus de marge de manoeuvre que l'office, ou un
peu plus oui, je pense que l'expression de marge de manoeuvre... H est
moins engagé dans le processus d'administration. Il peut plus facilement
faire des travaux dans un style différent de celui de l'office et on
voit comment c'est important on l'a vu par les représentations
qui ont été faites devant la commission parlementaire
comment à certains moments, il est difficile de porter un jugement sur
ce genre de problème. Alors, je reviens à la charge auprès
du ministre. Je lui demanderais de ne pas donner une réponse
définitive ce soir, de revoir cet ensemble de modifications
proposées aux articles qui concernent le Conseil interprofessionnel,
modifications qui comportent des nouveaux articles et modifications aux
articles actuels, et de ne pas régler définitivement, ce soir, le
problème des nouvelles responsabilités confiées à
l'Office des professions.
M. CASTONGUAY: M. le Président, je voudrais simplement
répéter ce que j'ai dit tantôt, peut-être d'une
façon quelque peu différente. Je voudrais insister sur le fait
qu'on n'a pas voulu faire du Conseil interprofessionnel un conseil consultatif
mais beaucoup plus, et au premier titre, un organisme représentant les
corporations. Pour cette raison, il ne s'agit donc pas pour nous, en
légiférant, de lui donner des pouvoirs ou des
responsabilités puisque, par leur nature même, ce sera aux
corporations de s'acquitter de cette fonction et de lui faire jouer le ou les
rôles qu'elles croiront les plus appropriés, que ce soit au plan
de la concertation, que ce soit au plan des représentations à
faire quant à la formation de nouvelles corporations, etc.
A mon sens, si nous suivions les amendements qui sont proposés,
nous tomberions dans le danger de ce qui a été appelé
à certaines reprises de la structurite. Je voudrais rappeler,
d'ailleurs, ce que le député de Maskinongé disait le 1er
mars à l'Assemblée nationale sur ce sujet et cela me fait plaisir
de le citer parce que je reconnais la grande expérience du
député de Maskinongé. Il disait justement que l'un ou
l'autre...
M. CLOUTIER (Montmagny): Que le ministre fasse attention, à un
moment donné, en Chambre, il peut se faire retourner cela !
M. CASTONGUAY: Non, je le cite, M. le Président, et cela me
frappe de voir comme il avait vu juste. C'est pour cela que je fais justement
état de son expérience. Parfois, c'est vrai qu'il ne voit pas
juste, comme le dit le député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre commence déjà
à être plus prudent.
M. CASTONGUAY: Comme vient de le dire le député de
Montmagny, c'est vrai qu'il ne voit pas toujours juste, mais cette
fois-là, il avait vu juste. "L'un ou l'autre de ces organismes, M. le
Président, serait la voie normale d'une négociation des
différents problèmes que les professions soeurs rencontrent dans
leur évolution quotidienne ou dans la marche quotidienne de leurs
opérations."
Alors, il voyait que cela pouvait être aussi bien l'office, vous
voyez. Alors...
M. CLOUTIER (Montmagny): Je l'ai dit moi aussi, M. le Président,
au cours de la deuxième lecture. Si le ministre se réfère
à mes interventions je m'excuse de l'interrompre mais s'il
se réfère à mon intervention en deuxième lecture,
j'ai dit que cela pouvait être le Conseil interprofessionnel ou l'Office
des professions. Mon idée, à ce moment-là, n'était
pas fixée complètement sur le style de loi qu'on aurait dû,
qu'on devrait adopter, mais maintenant, je pense qu'après y avoir
réfléchi longuement, en avoir vu les implications, quelle est
l'ampleur du mandat confié à l'Office des professions, le peu de
temps qui va lui rester pour s'occuper de ces problèmes-là, les
problèmes de promotion de corporations, dans le sens de régler
certaines difficultés d'harmonisation des différentes
corporations, d'étude des nouvelles demandes des nouvelles corporations,
je pense que cet ordre de problème sera négligé par
l'Office des professions, pas par mauvaise volonté, mais parce qu'il
n'aura pas le temps de s'occuper de cela. Je me suis alors dit que l'organisme
qui me semble le mieux qualifié, c'est le Conseil interprofessionnel que
nous proposons, le député de Dubuc et moi, et le
député de Maskinongé qui est d'accord avec ce que je viens
de dire. Nous proposons un organisme très bien structuré, avec un
budget, parce que, quant à faire quelque chose, il faudra faire quelque
chose qui permette au conseil de fonctionner. Si on lui donne ces
responsabilités et qu'on ne lui donne
pas de budget, on ne lui donne rien, cela va être seulement
significatif, cela va être seulement une chose de prestige ou une
indication qu'on voudrait que le Conseil interprofessionnel fonctionne bien et
qu'il assume certaines tâches. Mais là, on lui donne un budget, on
lui donne des responsabilités et on le met en état de
fonctionner. Il y a 37 corporations là-dedans et les corporations
professionnelles vont déléguer là le président de
la corporation ou un autre membre de l'exécutif, en tout cas quelqu'un
qui est bien représentatif de sa corporation et qui connaît bien
les problèmes de sa corporation. Il ne s'en va pas là, au Conseil
interprofessionnel, pour voir si le code de déontologie de sa profession
a été adopté, pour voir si la procédure
d'inspection professionnelle a été mise en place, enfin toutes
ces mesures à caractère administratif. Il va s'en aller au
Conseil interprofessionnel pour réfléchir et discuter de
l'ensemble des problèmes des corporations professionnelles et à
quelle place cela se situe, les corporations professionnelles, dans toute la
société et dans tout l'appareil gouvernemental. Qu'est-ce que
cela peut apporter à la société? Alors, il fait une
réflexion sereine, une réflexion qui lui permettra, parce qu'il y
a un budget, d'utiliser des ressources ailleurs, d'utiliser des recherches ou
des travaux qui ont déjà été faits et de proposer
à l'Office des professions... Je dis par l'office parce qu'il ne faudra
tout de même pas passer par-dessus la tête de l'office et que le
conseil aille porter ses rapports directement au ministre ou directement au
gouvernement, il va travailler en collaboration avec l'office. Alors, l'office
va se sentir appuyé, il va se sentir bien appuyé par un Conseil
interprofessionnel qui aurait cette apparence, non seulement cette apparence,
mais cette composition, cette facture qu'on veut lui donner par les
différents articles qu'on a proposés.
Quand on regarde les lois qui ont créé les conseils
consultatifs de la justice, des affaires sociales, de l'éducation
le ministre pourra se référer dans les tout premiers articles de
ces lois, je les ai ici, où l'on donne les responsabilités des
conseils consultatifs on voit combien les mandats qui ont
été confiés à ces conseils diffèrent
essentiellement des mandats confiés aux ministres et aux
ministères. On y retrouve véritablement de la réflexion
sur des problèmes de fond qui concernent ces ministères.
Quand le ministère des Affaires sociales vient devant la
commission parlementaire à tous les ans et que le ministère de
l'Education donne des avis au ministre, ce sont des avis qui ont
été fouillés, préparés par des experts,
discutés et qui ont fait appel à une somme de connaissances
à des ressources que le ministère pourrait difficilement
mobiliser. Parce que ce n'est peut-être pas son rôle de
l'immobiliser directement, tandis que le conseil peut faire ça. Il peut
donner un avis indépendant au ministre et il n'est pas
blâmé de l'avis qu'il donne, parce que c'est une réflexion
qu'il a faite. Il donne son avis éclairé, son avis objectif sur
un sujet qui concerne le ministère. Ce sera le rôle du Conseil
interprofessionnel de donner son avis éclairé à l'Office
des professions sur des problèmes qui concernent l'essence même
des corporations professionnelles, leur développement, leur
épanouissement et leur apport à la collectivité.
C'est dans ce sens que je vois le rôle du Conseil
interprofessionnel. Et je demanderais au ministre, avant que nous nous
prononcions, la commission parlementaire, sur la valeur de cette structure...
On pourra accepter ou non cette structure; ça peu d'importance que
ça prenne telle ou telle forme. Mais, essentiellement, ce que je veux
que le ministre retienne, c'est le mandat précis, la
responsabilité précise que l'on veut confier au Conseil
interprofessionnel. Que ça ressemble plus ou moins aux conseils
consultatifs des affaires sociales, de l'éducation ou de la justice,
ça n'a pas tellement d'importance. Les montants du budget, on ne les
marquera pas dans la loi, mais on sait que ça va prendre des montants
pour fonctionner. Essentiellement, ce que l'on voudrait, c'est que le mandat,
cette responsabilité revienne au Conseil interprofessionnel. Je fais la
suggestion suivante au ministre. Il existe actuellement un Conseil
interprofessionnel qui comprend 22 corporations professionnelles; il y en a 37.
On pourrait peut-être faire une consultation rapide auprès du
Conseil interprofessionnel et des corporations professionnelles. Je pense
qu'ils seraient d'accord et favorables à l'esprit. Je ne dis pas qu'ils
seront d'accord sur chacune des propositions et chacun des articles
rédigés mais sur l'esprit qui anime cette proposition.
J'encouragerais le ministre à ne pas donner une réponse
négative dès ce soir mais que l'on puisse adopter, dans l'article
12, toutes les responsabilités qui étaient déjà
dans la loi, quitte à laisser en suspens cette nouvelle
responsabilité que le ministre veut donner à l'office par
l'amendement qu'il nous a suggéré et que je verrais relever
davantage du Conseil interprofessionnel.
M. CASTONGUAY: M. le Président, ça fait depuis
décembre 1971 que ces projets de loi sont déposés. Nous
avons tenu des audiences et nous les avons étudiés pendant un an,
avant d'en arriver à une version réimprimée; des
amendements sont apportés en cours de route; je crois que le moment est
venu de terminer ce travail. C'est pourquoi je ne crois pas qu'il serait
opportun de reporter l'adoption de cet article et de procéder à
d'autres consultations. Je ne crois pas non plus qu'il soit possible, je l'ai
mentionné tantôt, de modifier la conception et les rôles
fondamentaux qui sont attribués à l'office et au conseil dans le
projet de loi.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Bourget.
M. LAURIN: M. le Président, je vois que le ministre des
Institutions financières vient de
faire son apparition, probablement pour dénouer l'impasse entre
le ministre et l'ancien ministre.
M. TETLEY: J'étais en haut mais je trouvais que le
député de Saguenay était peu intéressant. C'est
pourquoi je suis descendu.
M. LAURIN: Je me demande si l'impasse n'est pas due au fait qu'on
discute de structure avant de parler de fonction. Structure, d'un
côté l'office et, de l'autre, le Conseil interprofessionnel.
Chacun défend sa structure.
J'aimerais plutôt parler de la fonction d'étude ou de
consultation. On sait que le problème des professions a fait couler
beaucoup d'encre depuis quelques années, à commencer par le
rapport de la commission Castonguay-Nepveu. On sait aussi et justement
le ministre vient de le rappeler que le projet de loi a
été déposé depuis très longtemps et qu'il
n'a pas encore été adopté et c'est
précisément parce qu'il y avait encore beaucoup de
problèmes qui demandaient à être éclairés,
qui demandaient à être expliqués. Jusqu'ici, comment s'y
est-on pris, comment les professions s'y sont-elles prises pour faire valoir
leurs différents points de vue, soit en ce qui concerne la
création de nouvelles professions, soit en ce qui concerne la
définition du champ de compétence? Je pense qu'elles l'ont fait
par la voie de mémoires que nous avons entendus, qu'elles l'ont fait par
voie de lobbying auprès des partis politiques et par voie de pressions
auprès du ministre et de ses fonctionnaires, mais nous ne recommencerons
pas chaque année ou tous les deux ans ou trois ans un travail aussi
gigantesque. Donc, on peut penser qu'il serait peut-être important de
prévoir comment, dans l'avenir, cette fonction d'étude, de
promotion, d'évolution ou de consultation, quel que soit le nom dont on
l'appelle, va se produire, d'une part.
Deuxièmement, quand on étudie la fonction, il va falloir
se demander, quelle que soit la structure, quelles seront les moyens qu'auront
à mettre en oeuvre ceux qui auront à la mener. Ils auront
peut-être besoin de moyens juridiques, par exemple, le besoin de
contraindre certains organismes à venir s'expliquer, ou des moyens pour
les inviter à venir se faire entendre, les moyens également pour
faire tenir aux organismes intéressés les recommandations
appropriées.
Troisièmement, on pourrait se demander aussi si, pour remplir
convenablement cette fonction, il n'importe pas de prévoir certains
moyens financiers parce qu'on se rend compte que, dans un domaine aussi
mouvant, où la prolifération des professions devient de plus en
plus grande, il y a évidemment des dépenses encourues.
Donc, il me semble que ces trois choses, fonction d'étude,
d'évolution, d'une part, deuxièmement, moyens juridiques et,
troisièmement, moyens financiers et rapports, doivent être
envisagées dès le moment présent. A ce moment-là,
il y a deux solutions qui s'offrent à notre attention, celle de l'office
et celle du Conseil interprofessionnel. Le ministre admet il l'a admis
tout à l'heure qu'il n'a pas voulu créer de conseil
consultatif, premièrement. Il admet, deuxièmement, qu'il veut que
l'office ait surtout pour rôle de surveiller l'exécution de la
loi, de contrôler le travail des professions. J'aimerais plutôt lui
faire savoir mes représentations sous forme de questions. Comment, lui,
le ministre, envisage-t-il que cette fonction de consultation ou d'étude
ou de promotion va être tenue dans l'avenir?
Deuxièmement, quels moyens pense-t-il pouvoir mettre à la
disposition de la ou des structures qu'il prévoit pour que ce travail se
fasse le plus rapidement, le plus pertinemment possible? Est-ce qu'il a
l'intention, par exemple, de prévoir des moyens juridiques qui
pourraient faciliter le travail du ou des organismes qui existent ou qui
devront exister? Est-ce qu'il entend mettre à la disposition de ces
organismes les fonds suffisants qui leur permettraient
d'accélérer leur travail?
Enfin, comment conçoit-il le rôle de la commission ad hoc
dont il a accepté le principe? Qu'est-ce que va faire cette commission?
Quel va être son rôle spécifique? Peut-être qu'en
répondant à ces questions on pourrait s'entendre un peu plus tard
sur la meilleure façon de l'assumer puisque, je pense bien, c'est une
fonction essentielle et dont l'utilité, le caractère essentiel
continuera à valoir.
M. CASTONGUAY: M. le Président, ce rôle ou ces fonctions de
lien entre le monde professionnel et le gouvernement vont s'effectuer de
diverses façons. J'ai dit que nous n'avions pas voulu former un conseil
consultatif. C'est exact. Nous avons formé un office, mais cet office,
en plus des fonctions qui lui sont données, confiées, de voir
à l'application de la loi, va jouer un rôle-conseil auprès
du gouvernement, ses dépenses vont être assumées à
même les fonds publics et il pourra évidemment faire les
études, les recherches nécessaires pour donner ces avis au
gouvernement. En outre, la commission parlementaire permanente pourra
écouter, au besoin, les représentations provenant de groupements
qui veulent être constitués ou encore des représentations
sur des projets de loi ou encore des représentations en provenance des
corporations existantes qui voudraient se faire entendre sur des
problèmes donnés. Encore là, on sait que les
dépenses de cette commission parlementaire permanente, seront
assumées également par les deniers publics, au moyen de deniers
publics.
Quant au Conseil interprofessionnel...
M. LAURIN: Excusez-moi, M. le ministre; est-ce que je peux vous
interrompre?
M. CASTONGUAY: Oui.
M. LAURIN: Est-ce que cette commission, par exemple, pourrait inviter ou
contraindre certaines corporations où l'on sait qu'il se pose des
problèmes, par exemple de délimitation de champ d'exercice,
à se faire entendre?
M. CASTONGUAY: Elle va fonctionner selon les règles des
commissions formées en vertu de nos règlements de
l'Assemblée nationale. Généralement, sans être
obligé de contraindre, lorsqu'une commission invite un groupe, il est
très rare que le groupe refuse de se présenter et de se faire
entendre. Alors, sans connaître en détail les règles et les
usages des commissions parlementaires, il me semble que ces commissions ont les
pouvoirs pour effectuer normalement leur travail.
Quant au Conseil interprofessionnel, il pourra également faire
entendre sa voix. Si une corporation juge que c'est par ce truchement qu'elle
veut passer ou encore s'il s'agit de problèmes où l'ensemble des
corporations veulent faire entendre leur voix, soit au ministre, soit à
l'office, soit à la commission permanente... Cette structure qui est
destinée au premier titre à représenter les corporations
et c'est la raison pour laquelle elle est constituée de la
façon qu'elle est constituée ici, dans le code des professions
ne se voit pas attribuer des pouvoirs, des responsabilités
détaillées. C'est un organisme qui est destiné à
représenter des corporations. Encore là, je voudrais rappeler, au
plan des dépenses, qu'à mon sens ce doivent être les
corporations qui assument ces dépenses de fonctionnement parce que,
lorsque nous avions, dans la première version, proposé que le
gouvernement assume les dépenses de certains officiers qui devaient
jouer des rôles au sein des corporations professionnelles, on nous avait
fait valoir que c'était une façon pour le gouvernement de vouloir
contrôler ce qui se passait à l'intérieur des corporations
professionnelles. C'est pourquoi nous avions retranché ces
dispositions.
En vertu du même raisonnement, en ce qui a trait au Conseil
interprofessionnel, il va falloir que les activités de ce conseil soient
financées par les corporations et ceci respecte, je crois, le
rôle, la conception de ce conseil.
M. LAURIN: Donc, vous estimez qu'avec les mécanismes
prévus dans la loi on peut tenir compte, au fur et à mesure de
l'évolution, des problèmes nouveaux qui peuvent survenir et que
l'on peut leur apporter des solutions aussi rapides que possible?
M. CASTONGUAY: M. le Président, depuis que les lois des
corporations professionnelles ont été adoptées au
Québec, aucun office ou aucun organisme jouant le rôle de l'office
n'a existé. Le Conseil interprofessionnel n'a pas le caractère
aussi officiel que va lui donner la loi; il n'y avait pas de commission
parlementaire permanente; il n'y avait pas de ministre désigné
aux fins de l'application de ces lois. Même dans certains cas il y avait
une certaine confusion possible vis-à-vis de certaines lois, quant au
ministre qui devait être contacté par un groupe qui voulait se
faire entendre au sujet de cette loi.
Je prends à titre d'exemple la Loi des architectes, tout
simplement, la Loi des ingénieurs. Qui est le plus
intéressé au sein du cabinet ou du conseil des ministres par la
Loi des architectes? On peut penser que c'est peut-être le ministre de
l'Industrie et du Commerce, peut-être celui des Affaires municipales,
peut-être celui de l'Environnement, peut-être celui des
Institutions financières; mais il n'y en a pas un qui apparaît
naturellement ou aussi naturellement que dans certains autres cas. Pourtant,
cette loi a été modifiée dans le passé et il est
vrai qu'à un moment donné, une situation plus difficile s'est
produite où il y a eu un temps d'arrêt. Encore, malgré ce
temps d'arrêt qui a duré de 1966, à toutes fins pratiques,
jusqu'à nos jours, les corporations professionnelles ont continué
de fonctionner; ceci pendant une période de sept ans. Alors, si je fais
ressortir ceci, ces deux aspects, c'est que, d'une part, il va y avoir une
organisation beaucoup mieux structurée et, d'autre part, les
problèmes qui se posent ne se posent pas à un rythme tel que ces
nouvelles structures mises en place, au moins à priori ou à
l'examen, pour autant que l'on puisse juger, n'apparaissent pas suffisantes.
C'est la raison pour laquelle nous croyons qu'elles vont pouvoir assumer leur
rôle.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Dorchester.
M. GUAY: Quand on parle du rôle de l'office et du Conseil
interprofessionnel, ce que le ministre suggère d'ajouter à
l'article 12, est-ce que le ministre ne croit pas que, de toute façon,
à cause de sa vocation, à cause de sa composition et du
rôle qu'il aura à jouer, ce ne sera pas automatiquement le Conseil
interprofessionnel qui se chargera plutôt, si je peux m'exprimer ainsi,
d'appliquer les modifications ou ce qu'on ajoutera à l'article 12? Quand
on dit, par exemple: II suggère lorsqu'il juge opportun et il tente
d'amener les corporations... il fait des suggestions. Est-ce que le Conseil
interprofessionnel pourra, lui aussi, soit parallèlement à
l'office, suggérer à l'office et l'office, suggérer au
gouvernement, au ministère concerné? Parce que, moi, je vois que,
dans ces additions qu'on donne comme fonctions qui doivent être
assumées par l'office, comme le disait très bien tantôt le
député de Montmagny, il me semble que ça relèverait
plus du Conseil interprofessionnel. Mais est-ce que, parce qu'on confie ces
fonctions, qu'on ajoute à l'office, nécessairement on les
enlève des pouvoirs de recommandation du Conseil interprofessionnel?
M. CASTONGUAY: Pas du tout, M. le Prési-
dent. L'office étant créé par le gouvernement, il
faut lui donner certains rôles et c'est ce qui est précisé
à l'article 12. Maintenant, le Conseil interprofessionnel, étant
constitué de représentants des corporations, pourra jouer tous
les rôles que les corporations voudront lui confier. Si les corporations
veulent lui confier un rôle de concertation vis-à-vis de groupes
qui ont de la difficulté à s'entendre, par exemple, quant
à des délimitations de champs de pratique, de la coordination
d'activités, rien n'empêche les corporations de demander au
Conseil interprofessionnel de jouer ce rôle, absolument rien, en fait.
Ces pouvoirs ou ces fonctions qui sont donnés à l'office le sont,
parce que le gouvernement croit qu'il serait important que l'office se
préoccupe de ces fonctions. Si en plus le Conseil interprofessionnel
veut s'en préoccuper, tant mieux, mais comme on n'est pas certain qu'il
le fera, parce que les rôles que le Conseil interprofessionnel assumera
seront ceux que les corporations voudront lui désigner, il
apparaît important de les confier à l'office. Mais l'un n'exclut
pas l'autre. Prenez, par exemple, un des problèmes. Je relisais
tantôt le journal des Débats. Les ophtalmologistes, les
optométristes, les opticiens d'ordonnances, problèmes que nous
avons vus ici où il y a des conflits. Je ne sais pas si le Conseil
interprofessionnel a abordé ce problème; s'il l'a fait, il l'a
certainement fait sans succès et s'il ne l'a pas fait, il serait
important que l'office le fasse. Et s'il l'a fait sans succès,
peut-être que l'office pourra mieux réussir. Alors, l'un n'exclut
pas l'autre. Il s'agit d'essayer de s'assurer ici que l'office jouera certains
de ces rôles et peut-être que, si le Conseil interprofessionnel
décide lui aussi de jouer de tels rôles, étant donné
que le mandat du Conseil interprofessionnel viendra d'une autre source, il aura
plus de succès dans certains cas, parce que c'est la différence
fondamentale entre les deux. L'office est créé par le
gouvernement, se voit confier des responsabilités précises, alors
que l'autre est constitué pour représenter les corporations.
M. GUAY: Maintenant, moi, ce dont j'ai peur, c'est que le Conseil
interprofessionnel dise, à un moment donné, dans tout ce qui
touche les additions qu'on vient de mentionner, quoique ce ne soit pas mauvais
que le conseil puisse dire: Bien, ça, ça appartient à
l'office, c'est le rôle de l'office. On ne s'en est pas occupé,
mais on ne doit pas nous en accuser, parce que c'est à l'office de faire
ça, étant donné que c'est précisé comme
fonction à remplir pour l'office.
M. CASTONGUAY: Pardon?
M. GUAY: Je disais que le Conseil interprofessionnel pourra dire, en
tout temps, même si on a ajouté ça, même si le
Conseil interprofessionnel devrait normalement, dans
l'énuméra-tion qui est faite ici, y toucher ou s'en
mêler...
Mais il pourra également s'en laver les mains en disant: Bien, on
l'a confié à l'office, c'est le rôle de l'office, que
l'office assume ses responsabilités.
M. CASTONGUAY: Mais je pense que là, il s'agit de voir si le
conseil et les corporations sont intéressés à ce que
certains de ces problèmes se résolvent. Il me semble que leur
attitude devrait être que justement on trouve des solutions à ces
problèmes. Et le fait que l'office soit appelé à jouer un
certain rôle ne les empêche pas normalement de se préoccuper
de ces rôles.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président...
M. CASTONGUAY: II n'y a pas conflit entre les deux, sauf qu'on trouve
les mandats...
M. GUAY: C'est ça qu'il faut éviter aussi.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre a pris un exemple que j'aime: les
ophtalmologistes, les optométristes et les opticiens d'ordonnances.
C'est un exemple qui illustre bien l'importance de donner à quelqu'un
des responsabilités. Comme c'est là, c'est le ministre qui a
toujours essayé de faire le lien entre ces...
LE PRESIDENT (M. Picard): A l'ordre, s'il vous plaît ! A l'ordre
!
J'aimerais faire remarquer que seuls les conseillers des
députés ou des chefs de parti ont droit de s'asseoir en
arrière des députés. Autrement, les gens sont
obligés d'être de l'autre côté de la barre.
Le député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je disais que, dans
l'exemple concret des ophtalmologistes, des optométristes et des
opticiens d'ordonnances, c'est toujours le ministre qui a été au
centre du débat, qui a essayé, par toutes sortes de
mécanismes, toutes sortes de moyens, de les faire asseoir à la
même table pour discuter des problèmes communs. C'est le Conseil
interprofessionnel ou l'Office des professions, suivant la proposition du
ministre, qui pourrait maintenant tenter cette expérience de
rapprochement entre les différentes corporations professionnelles, soit
pour des problèmes communs, les champs de pratique des professions, ou
l'autre amendement que le ministre propose pour les actes qui pourraient
être, suivant certaines conditions, posés par une classe de
professionnels ou l'autre.
Justement, je reprends la suggestion qu'il fait de confier à
l'Office des professions cette responsabilité précise, mais le
texte de la proposition du ministre est formulé de la façon
suivante et je cite: "II suggère la constitution de nouvelles
corporations, il tente d'amener les corporations, il fait des suggestions quant
aux mesures à prendre." Ce sont des incitations. Je
comprends que le ministre hésite ou ne veut pas que l'Office des
professions, d'autorité, force les corporations professionnelles qui
oeuvrent dans le même champ de pratique à s'asseoir à la
même table, mais ce sont des incitations. Même si l'Office des
professions, avec les immenses responsabilités qui seront les siennes,
tente d'amener les corporations à se concerter, je doute du
résultat pratique et bénéfique d'une telle incitation.
Ce qu'on proposait pour le Conseil interprofessionnel, c'est j'ai
employé le mot dans un article, dans un article, nous avons
employé ce mot de forcer les corporations professionnelles qui
ont ces problèmes à s'asseoir à la même table et
à en discuter. Je pense qu'après plusieurs années
d'expériences, à un moment donné, il va falloir en arriver
à cela. Or, si on le proposait, c'était pour enlever l'odieux, si
on veut, au ministre d'être obligé de forcer des corporations
professionnelles à s'asseoir à une même table. Le ministre
faisant cela d'autorité, c'est un rôle qui lui répugne et
qui répugnerait à n'importe quel ministre, à prime abord,
de forcer quelqu'un à s'asseoir à la même table pour
discuter des problèmes. C'est préférable que ça
vienne des corporations professionnelles mêmes, des professionnels, et
qu'eux discutent de ces problèmes.
En pratique, le député de Bourget posait la question
tantôt et demandait quelle est la fonction que l'on veut faire assumer et
par qui sera assumée cette fonction. C'est pour cela que, tout en
proposant une structure, je proposais que l'on confie ce mandat, cette
responsabilité, cette fonction à la structure elle-même. Ce
n'était pas pour dissocier dans mon esprit, ce n'était pas pour
faire une dialectique sur le mérite d'une structure plutôt qu'une
autre structure.
Je n'en ai aucunement contre la structure de l'Office des professions.
L'Office des professions assumera et je le souhaite il est
obligé d'assumer les responsabilités que le législateur
lui donnera.
D'autre part, si on donnait d'autres responsabilités au Conseil
interprofessionnel, il les assumera, mais si le ministre ne veut pas accepter
cette suggestion de confier au Conseil interprofessionnel... Je pense bien
qu'il faudra rédiger de façon beaucoup plus précise et
beaucoup moins incitatrice, mais peut-être de façon un peu plus
imperative, l'alinéa qu'on va ajouter après le premier
alinéa, parce que je doute que l'Office des professions, si on le
rédige seulement comme cela, soit tenté d'aller au-delà
d'un premier effort, surtout parce qu'il sera occupé par d'autres
choses, le problème des ophtalmologistes, celui des optométristes
ou il aura des problèmes avec d'autres corporations professionnelles,
soit dans le domaine de la santé, soit dans le domaine des affaires, de
la comptabilité. Il y en a dans le domaine du génie. Il y en a
dans le domaine des sciences juridiques. Ces problèmes dureront
peut-être un peu longtemps et ils pourriront.
C'est dans ce sens qu'à mon avis, il faudrait, si on ne retient
pas la suggestion que nous faisons de ce côté-ci de la table,
préciser davantage quand on sera rendu à la proposition que le
ministre fait. Dans le cadre de ce que j'ai dit au début de mon
exposé, il faudrait ajouter des réserves, que l'office soit tenu
je ne le cite pas de nouveau mais le ministre se
référera à la page 3 de mon texte. Je pense qu'il faudrait
prendre d'autres précautions que celles qu'on a prises dans la
proposition.
M. CASTONGUAY: Est-ce que je pourrais proposer que nous passions
à chacun des alinéas et des paragraphes de l'article 12?
M. CLOUTIER (Montmagny): D'accord.
LE PRESIDENT (M. Picard): Avant de prendre en considération
l'étude de l'amendement?
M. CASTONGUAY: Si nous prenons le premier alinéa en premier,
après cela, nous prendrons l'alinéa que je propose d'ajouter;
après cela, le troisième alinéa "... L'office doit
notamment..." et après cela, paragraphe a), etc. On descendra ainsi.
LE PRESIDENT (M. Picard): D'accord. Article 12. Premier alinéa.
Adopté?
M. CLOUTIER (Montmagny): On est d'accord pour la protection du
public.
LE PRESIDENT (M. Picard): Adopté.
M. CASTONGUAY: Le deuxième alinéa est celui...
LE PRESIDENT (M. Picard): Le deuxième alinéa va se trouver
à être l'amendement.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que le ministre ne le trouve pas assez
impératif son...
M. CASTONGUAY: II me semble que, quand bien même nous tenterions
de forcer des gens à s'asseoir ensemble et discuter, s'ils ne veulent
pas s'entendre, je doute que le fait de s'asseoir ensemble les amène
à s'entendre davantage. Et si nous disions: Les forcer, qu'est-ce que
cela voudrait dire? S'ils ne veulent pas s'asseoir ensemble et discuter, est-ce
que cela pourrait aller jusqu'à l'utilisation de la force ou des
sanctions s'ils refusaient de discuter?
Je conçois difficilement que l'on amène certains groupes
professionnels à s'asseoir ensemble et à s'entendre, surtout si
on les force à s'asseoir ensemble. J'ai un certain nombre d'exemples
à l'esprit. Ici, on demande à l'office de jouer un rôle de
promotion, de bonne entente et de compréhension en plus de ses
rôles de conseil. Mais j'aimerais avoir des exemples où ces
procédés, face à des problèmes comme
ceux-là, ont pu apporter des résultats lorsque la force a
été utilsée.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre pourrait consulter le ministre des
Affaires municipales.
LE PRESIDENT (M. Picard): A l'ordre, s'il vous plaît ! Pour la
bonne compréhension...
M. CASTONGUAY: Les fusions forcées, si on prend cet exemple
et je pense qu'il n'est peut-être pas mauvais de le prendre
je ne crois pas que cela se reflète en aucune façon sur l'ancien
ministre des Affaires municipales ou l'actuel, mais on sent là,
justement, que, s'il y a des oppositions profondes entre des groupes, le fait
de les forcer ne résout pas bien souvent ces problèmes. Et vu que
l'on parle de ce type d'approche, je voudrais simplement rappeler une
disposition dans la loi 65 où nous proposions de pouvoir forcer la
fusion de certains établissements. On nous avait convaincus, à
l'aide d'énormément de représentations, que les fusions
forcées ne devaient pas être conservées dans ce projet de
loi et nous les avons éliminées finalement.
M. GUAY: Mais normalement, si un problème se pose entre une, deux
ou même trois corporations, est-ce que dans le passé ces
corporations ont plutôt été pressées,
c'est-à-dire qu'elles sont venues d'elles-mêmes demander qu'on
cherche avec elles une solution plutôt que d'essayer de s'éloigner
ou de...
M. CASTONGUAY: Généralement, et c'est malheureux, je pense
bien que c'est la nature humaine, c'est aussi dans l'espèce de
fierté que chaque groupe professionnel a dans sa propre
compétence, on retrouve assez souvent, dans ces cas de conflit, un
certain manque de confiance d'un groupe professionnel vis-à vis-d'un
autre groupe professionnel. Des tentatives ont été faites par le
ministre précédent à l'égard des trois groupes que
nous mentionnons. Des comités d'étude ont été
formés, etc., etc. Et bien souvent, le problème n'est pas de
nature technique. Il y a eu des propositions de nature technique qui ont
été élaborées pour plusieurs de ces
problèmes. Des gens un peu plus détachés ont dit: "Si on
faisait telle ou telle chose quant à la délimitation des champs
de pratique, tout serait très bien dans le meilleur des mondes". Sauf
que les groupements n'ayant pas la confiance nécessaire envers les
autres groupements, le respect entre les groupes n'existant pas à un
niveau suffisant, ces propositions qui, au plan rationnel, au plan technique
pouvaient apparaître extrêmement sensées, n'ont pas
été traduites dans les faits. Alors, on peut se demander si les
forcer en plus de s'asseoir ensemble pourrait donner des résultats.
LE PRESIDENT (M. Picard): Etant donné que nous sommes maintenant
à l'étude de l'amendement proposé par le ministre, on me
permettra d'en faire la lecture pour la bonne marche de nos travaux. Alors,
l'article 12 est modifié en insérant, après le premier
alinéa, le suivant: "II suggère, lorsqu'il le juge opportun, la
constitution de nouvelles corporations ou la fusion ou la dissolution de
corporations existantes, ainsi que des modifications aux lois les
régissant; il tente d'amener les corporations à se concerter afin
de trouver des solutions aux problèmes communs qu'elles rencontrent, en
raison notamment de la connexité des activités exercées
par leurs membres; il fait des suggestions quant aux mesures à prendre
pour assurer aux professionnels la meilleure formation possible".
C'est là le texte de l'amendement proposé par le
ministre.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, j'ai dit tantôt
que cet amendement rencontrait l'ordre de préoccupation que nous avions
exprimé plusieurs fois devant la commission parlementaire et en
deuxième lecture. Tantôt, quand j'ai fait la lecture de l'article
18 si vous permettez, je répéterai l'article 18 on
touche les mêmes points. Non, non. Pas l'article 18 de la loi, l'article
18 du texte que j'ai passé tantôt. Alors, on dit dans cet article:
"Le conseil doit là, il faudrait lire évidemment "l'office
doit" sur la demande du ministre ou de sa propre initiative,
entreprendre l'étude des problèmes auxquels doivent faire face
les corporations professionnelles. 2) communiquer au ministre les constatations
qu'il a faites et les conclusions auxquelles il arrive et lui faire les
recommandations qu'il juge appropriées. Le ministre est tenu de rendre
publiques les études ou les constatations, si on veut il faudra
mutatis mutandis modifier le texte de l'office. Troisièmement,
créer des mécanismes permanents de discussion. C'est cela, le
point important. Créer des mécanismes permanents de discussion en
vue de contraindre si le mot est trop fort, on pourrait dire "en vue
d'amener" des groupes professionnels, reconnus ou non par le
présent code et dont le champ d'exercice est identique ou peut
chevaucher, à se rencontrer dans le but de trouver une solution
satisfaisante pour toutes les parties en cause.
Là, on précise davantage les fonctions et la
responsabilité de l'office dans ce genre de problèmes qui nous
préoccupent et qui trouvent difficilement leurs solutions. Je ne sais
pas si le ministre accepterait de revoir la rédaction de sa proposition
d'amendement, l'alinéa, afin de le préciser davantage, de le
renforcer et de ne pas donner le choix à l'office de s'en occuper ou de
ne pas s'en occuper. Ce serait assez précis dans la loi que l'office
devrait assumer cette responsabilité au même titre que toutes les
autres responsabilités qu'on va lui donner de a) jusqu'à r).
M. CASTONGUAY: L'office a pour fonction de veiller à ce que
chaque corporation
assure la protection du public, plus le texte que nous suggérons
comme deuxième alinéa. En fait, à l'exception de
l'idée de rendre publiques les études du conseil, je crois que
les trois alinéas touchent beaucoup plus aux moyens et l'office prendra
les moyens qui lui apparaissent appropriés. Ce sont les mêmes
objectifs qui sont recherchés ici. La façon dont vous les
rédigez touche beaucoup plus aux moyens; on dit qu'il doit entreprendre
des études, qu'il doit créer des mécanismes, alors que
dans le texte ici on dit qu'il a pour fonction de veiller à ce que
chaque corporation assure la protection du public. Il va donc falloir qu'il
fasse les études nécessaires, qu'il s'acquitte notamment, comme
on le dit, de toutes les fonctions qui sont énumérées plus
celles qui sont proposées dans les amendements que j'ai lus. Il me
semble que là, c'est une question de forme.
M. BOIVIN: L'action du gouvernement serait moins directe si
c'était renvoyé au conseil. Dans l'étude, il se peut qu'on
se rende compte qu'il y a un peu de parallélisme, mais dans l'action que
doit prendre le gouvernement, ce serait moins direct à cause de la
représentation du conseil et de celle de l'office qui sont
différentes.
M. CASTONGUAY: Le conseil va pouvoir faire ses
représentations.
M. PERREAULT: Le ministre doit consulter...
M. BOIVIN: L'office a un rôle de suppléance; après,
dans les autres articles, cela va revenir. L'office a pratiquement toutes les
responsabilités du gouvernement. Je trouve cela un peu fort.
M. PERREAULT: Oui, mais pour changer une loi, le ministre doit
obligatoirement consulter le conseil.
M. BOIVIN: II doit lui donner des pouvoirs, mais il ne doit pas
déléguer ses responsabilités.
M. PERREAULT: Non, mais il doit consulter le Conseil
interprofessionnel.
M. CASTONGUAY: On regardera chacun des pouvoirs un par un et, s'il y en
a qui apparaissent trop forts, on les discutera. Mais ce sont des pouvoirs qui
visent à s'assurer que les corporations jouent leur rôle. Il n'y a
pas de pouvoir législatif donné à l'office, il n'y a pas
de pouvoirs qui sont généralement réservés au
gouvernement qui sont confiés à l'office.
M. BOIVIN: II y a un rôle de suppléance qui est assez
important.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le plus important dans l'article 18 tel que je
le propose, c'est le troisième point; on y crée des
mécanismes permanents de discussion, on n'est pas obligé d'en
créer chaque fois. Ils sont là, l'office va les mettre en place
une fois pour toutes et ils vont fonctionner. Chaque fois qu'il y a un
problème de champ de pratique, champ d'exercice, c'est entendu que c'est
référé à ce mécanisme. Il est là, il
fonctionne. Tandis que dans la proposition du ministre, je pense que chaque
fois, de la façon que je le lis, que je l'interprète, l'office va
être obligé de faire un effort...
M. CASTONGUAY: Pas nécessairement. Il peut se doter de
mécanismes permanents. Lorsqu'on lui donne comme fonction de tenter
d'amener les corporations à se consulter afin de trouver des solutions
aux problèmes communs qu'elles ont en raison, notamment, de la
con-nexité des activités exercées par les membres, si
l'office jugeait bon, à un moment donné, de créer une
espèce de table ronde permanente, il pourra le faire. Il pourra former
des comités.
M. CLOUTIER (Montmagny): II va falloir que l'office le fasse, il ne s'en
sortira pas autrement.
M. CASTONGUAY: Comme je le disais, votre texte porte plus au plan de
certains moyens...
M. PERREAULT: De structure...
M. CASTONGUAY: ...et les objectifs recherchés sont passablement
les mêmes; ce sont les mêmes, en fait.
M. CLOUTIER (Montmagny): Mais quand on sait que les mécanismes
sont précisés, ça aide à atteindre les objectifs.
On est rassuré, on sait que le mécanisme est là, il faut
qu'il fonctionne.
M. CASTONGUAY: ...maintenant, lesquels?
M. CLOUTIER (Montmagny): Rendu là, si le ministre veut qu'on
précise les mécanismes, on pourrait bien faire de la recherche
là-dessus et en suggérer un à l'Office des professions.
Mais je pense que l'office est capable, à partir du moment où la
suggestion est faite, est contenue dans la loi, d'établir son
mécanisme.
LE PRESIDENT (M. Picard): Est-ce que vous en faites un
sous-amendement?
M. CLOUTIER (Montmagny): Pour ce "troisièmement", si le ministre
pouvait aider l'office.
M. CASTONGUAY: Cela revient à ce que nous disions tantôt.
Si une corporation ne veut pas participer, créer des mécanismes
permanents... Si elles ne veulent pas venir s'asseoir et discuter, qu'est-ce
que vous voulez? Le rôle est là, mais la permanence des
mécanismes, les comités d'étude que vous avez
formés, vous
avez été obligés de les défaire, les gens ne
venaient pas. Je le sais, j'en ai défait un quand je suis arrivé.
J'ai essayé de faire en sorte que les gens que vous aviez nommés
s'asseoient ensemble et se rencontrent, mais ils ne voulaient pas. Il n'y a
plus de nature temporaire, on là défait.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je dirais là-dessus au ministre, si le
mécanisme était au Conseil interprofessionnel, vous avez
là 37 corporations professionnelles qui sont représentées.
Pensez-vous pour un instant, vous avez 37 corporations professionnelles qui
peuvent se réunir en assemblée générale... Il y a
trois groupes de professionnels qui sont confrontés avec le
problème du champ d'exercice de la profession. Ils ne veulent pas aller
s'asseoir, ces trois corporations professionnelles, pour discuter de leurs
problèmes. Pensez-vous que les 34 autres corporations ne pourront pas
exercer une pression morale que le ministère ne peut pas exercer?
M.CASTONGUAY: D'accord. Et si nous disions toutefois à l'office
ou si l'office disait: Vous allez venir de force, ce serait assez pour qu'elles
disent: Non, on n'y va plus. Alors, le pouvoir moral, au sein d'un conseil
interprofessionnel où tous les groupements diraient: Ce serait
important, pour la bonne conduite des affaires des corporations, leur bonne
renommée, que vous vous assoyiez ensemble. Nous sommes 34 sur 37
à vous le dire. C'est joliment plus fort là, je suis
d'accord avec vous que si on dit à l'office: Forcez-les à
s'asseoir.
M. CLOUTIER (Montmagny): En tout cas...
M. BOIVIN: Vous le dites plus loin. Parce que vous suppléez,
l'office va faire le règlement, elles sont obligées de
passer.
M.CASTONGUAY: On viendrait à ces endroits, mais vous allez voir
qu'on n'a pas exagéré. Lorsque, par exemple, un cas de
déontologie, une corporation n'en adopte pas un, je pense qu'il est
important qu'il y en ait un dans l'intérim si on veut assurer la
protection du public. Mais ce n'est pas fait au premier titre et a priori par
l'office.
M. BOIVIN: Par exemple, dans la limitation de l'acte médical,
entre les infirmières et les médecins, l'office va tout de
même dire: Désormais, ce sera légal que l'infirmière
pose tel acte. Est-ce que l'office sera à la hauteur de la situation
pour pouvoir prendre des responsabilités, que ce soit du
côté des ingénieurs, des architectes ou de la
médecine.
M.CASTONGUAY: Pour qu'elles s'entendent, mais sauf que si, à un
moment donné, un groupement professionnel ne veut absolument pas bouger,
l'office, après consultation, pourra proposer un règlement au
lieutenant-gouverneur en conseil pour sortir des gens de
l'illégalité. Je pense que c'est important de prévoir
cette soupape parce qu'autrement, ce qui peut arriver, c'est que les situations
qui ont été exposées devant la commission, qui doivent, de
toute évidence, être corrigées, peuvent fort bien ne pas
l'être s'il n'y a pas une soupape à un endroit.
M. BOIVIN: De quelle façon l'office va-t-il se tenir à la
hauteur de la situation pour être capable de donner des ordres de telle
sorte?
M. CASTONGUAY: II fera l'étude de la question et consultera, fera
ses recommandations au gouvernement. C'est la même chose, cela ajoute un
mécanisme de consultation d'études. Présentement, nous
sommes ici autour d'une table et nous allons délimiter les champs de
pratique d'un certain nombre de groupements professionnels comme
législateur. Nous allons le faire. Alors, l'office va devenir un
mécanisme additionnel pour étudier ces problèmes et faire
des recommandations au gouvernement pour préciser certains des
recoupements qui devront exister entre des champs de pratique.
Il va même, normalement, être aussi bien
équipé que nous. Il va avoir toutes les consultations possibles,
il pourra faire les études nécessaires, au besoin, il pourra
prendre le fruit des travaux qui auront été faits par une
corporation, si l'autre ne veut pas lui donner d'avis.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je ne veux pas
éterniser la discussion là-dessus. Disons que c'est une
rédaction; je pense, dans le fond, que le ministre désire que ces
problèmes se règlent. Mais, de toute façon, j'ai
hâte de voir l'expérience que cela va donner. Mais il ne faudra
pas que le ministre hésite à intervenir par une modification
législative au bout d'un an si on s'aperçoit que l'office n'est
pas en mesure d'assumer cette responsabilité. Je suis bien prêt
à faire un essai loyal de l'Office des professions, mais je reste
convaincu que probablement on devra faire le geste tout de suite. On aurait
dû le faire avec le Conseil interprofessionnel et si on choisit de le
donner à l'office il faudra le préciser davantage. En tout cas,
disons que la rédaction de l'alinéa, M. le Président,
serait acceptée sur division, parce que je pense que la rédaction
que je suggérais était supérieure à celle que le
ministre a proposée. Ceci en toute modestie, M. le Président.
M. CASTONGUAY: En toute justice, M. le Président, et respectant
la modestie du député de Montmagny, je dois dire qu'il a
souligné certains aspects extrêmement valables lors de son
discours en deuxième lecture, et qui contribuent à
améliorer le texte. On en retrouve des idées dans l'alinéa
proposé. Je crois bien que c'est le type de loi qu'il va falloir
examiner pour en évaluer les résultats parce qu'il n'est pas
dit
et je ne crois pas avoir jamais dit que cette loi était
susceptible de régler tous les problèmes. Je pense bien, comme
pour toute autre loi, à l'expérience il serait important, comme
le mentionne le député, de ne pas craindre de faire les
ajustements qui pourraient s'avérer nécessaires si les
mécanismes proposés ne donnent pas toute satisfaction.
LE PRESIDENT (M. Picard): L'amendement est adopté sur
division.
M. LAURIN: Oui.
LE PRESIDENT (M. Picard): La commission ajourne ses travaux
jusqu'à neuf heures trente demain matin au salon rouge.
(Fin de la séance à 22 h 13)