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Commission permanente des corporations
professionnelles
Projet de loi no 250
Code des professions
et autres projets de loi connexes
Séance du jeudi 7 juin 1973
(Dix heures quinze minutes)
M. PICARD (président de la commission permanente des corporations
professionnelles): A l'ordre, messieurs!
La commission permanente des corporations professionnelles continuera ce
matin l'étude du projet de loi 250, Code des professions.
Tel qu'entendu, nous revenons à l'article 18 dont l'étude
avait été suspendue à la dernière séance et
j'inviterais le député de Montmagny à nous faire lecture
de l'amendement qu'il propose.
Conseil interprofessionnel (suite)
M. CLOUTIER (Montmagny): Cet amendement s'inscrit dans le cadre de la
discussion que nous avons eue mardi soir au sujet des pouvoirs de l'office et
des pouvoirs du Conseil interprofessionnel.
Le nouvel article 18, dans la section du Conseil interprofessionnel se
lirait comme suit: "En outre des autres fonctions qui lui sont
conférées par la loi, le Conseil interprofessionnel a) sur la
demande du ministre, de l'office, d'une corporation ou de sa propre initiative,
étudie les problèmes généraux auxquels doivent
faire face les corporations professionnelles et communique aux parties
intéressées les constatations qu'il a faites ainsi que les
conclusions auxquelles il arrive avec les recommandations qu'il juge
appropriées; b)peut inviter les groupes prof essionnels reconnus ou non
par le présent code et dont le champ d'exercice est identique ou peut
chevaucher, à se rencontrer en vue de trouver une solution satisfaisante
pour toutes les parties en cause; c) peut entendre les groupes professionnels
qui veulent être reconnus comme professions d'exercice exclusif ou
professions à titre réservé et soumettre au
lieutenant-gouverneur en conseil les recommandations qu'il juge
appropriées sur la reconnaissance d'un tel groupe professionnel
conformément aux dispositions du présent code."
On remarquera que ce nouvel article 18 précise davantage les
responsabilités que l'on confierait au Conseil interprofessionnel. Cela
n'est pas plus restrictif, étant donné que le premier
alinéa stipule et je cite: "En outre des autres fonctions qui lui sont
conférées par la loi, le Conseil interprofessionnel..." et
là, on précise trois mandats bien explicites.
Le style de la proposition est incitateur. Il n'est pas impératif
pour la bonne raison que déjà, le ministre a donné, a
confié à l'Office des professions une responsabilité aussi
dans ce domaine.
Il est possible que l'Office des professions, étant donné
l'ampleur de sa tâche, surtout au début de l'application du bill
250, ne donne pas, à ces tâches contenues dans l'article 18, toute
l'importance qu'elles devraient avoir. Il peut s'avérer aussi que ce
soient précisément ces problèmes qui constituent les
difficultés principales du fonctionnement des corporations
professionnelles, comme on l'a vu au cours des travaux de la commission
parlementaire et comme nous en ont fait part, devant la commission,
différentes corporations professionnelles.
Le Conseil interprofessionnel est un organisme auquel doivent
adhérer les corporations professionnelles maintenant; elles n'ont pas le
choix d'y adhérer ou non, elles doivent y adhérer, elles doivent
en faire partie. Elles sont 37 ou 38 corporations professionnelles. Il faut
donc leur donner les responsabilités les plus précises possible
tout en ne restreignant pas leur champ d'activité comme organisme
consultatif. C'est pour cela qu'en leur spécifiant, en leur donnant
notamment des responsabilités dans ces trois secteurs
d'activités, je pense qu'on peut mobiliser les meilleures
énergies du Conseil interprofessionnel alentour du règlement de
ces problèmes.
M. CASTONGUAY: M. le Président, lorsque nous avons suspendu
l'étude de cet article hier, j'avais mentionné, si ma
mémoire est bonne, qu'on étudierait bien attentivement les
suggestions ou les propositions d'amendement qui pourraient être faites.
Le député de Montmagny nous soumet ce matin une proposition
d'amendement qui va dans le sens des remarques qu'il avait faites et qui
tiennent compte aussi, dans une certaine mesure, de la nature ou du rôle
que devra assumer le conseil par rapport à l'office, suite à
l'adoption des articles qui ont été amendés et
adoptés hier.
De façon générale, je pense bien que cela
précise le rôle du conseil. Il me semble qu'on doit regarder ces
amendements d'une façon favorable.
Je voudrais, toutefois, qu'on puisse demander à M. Morin
d'examiner le texte attentivement au plan de la forme et de la relation entre
les divers articles. A titre d'exemple, simplement à votre paragraphe
c), vous dites: "Peut entendre des groupes professionnels, peut être
reconnu", etc. Il y a déjà un article 26 qui oblige à une
consultation. Alors, peut-être qu'on devra faire un lien. Je ne dis pas
que l'un exclut l'autre, tout ce que je veux...
M. CLOUTIER (Montmagny): Non, mais l'article 26, c'est pour certaines
corporations seulement, pour les corporations à titre
réservé, mais pas pour les autres. C'est pour cela qu'on n'en a
pas fait mention.
M. CASTONGUAY: C'est justement ce genre de chose qu'on voudrait analyser
pour qu'il n'y ait pas de confusion possible. Après cela, j'aimerais
réfléchir un peu sur la première partie. Lorsque l'on dit
"sur la demande du ministre, de l'office, d'une corporation ou de sa propre
initiative", il me semble que ce sera au conseil, qui est composé d'un
représentant de chacune des corporations, de déterminer les
problèmes qu'il va décider d'étudier. Ici, on introduit
déjà une règle de conduite pour le conseil, lorsqu'on dit
qu'à la demande d'une corporation, il va être tenu
d'étudier... Alors, c'est un point sur lequel, j'aimerais
réfléchir quelque peu. De même, en ce qui a trait au
ministre et à l'office, encore là, j'aimerais y
réfléchir un peu, dans la conception que j'ai exposée hier
du Conseil interprofessionnel; c'est l'organisme qui représente les
corporations professionnelles par la voie de représentants. Alors, il me
semble qu'il est bon que ce conseil ait une certaine distance et aborde des
problèmes qu'il veut bien aborder, de sa propre initiative, et si c'est
lui qui finance ces activités, il me semble qu'on doit
réfléchir quelque peu sur la possibilité qu'il soit tenu
de prendre un mandat, lorsque le ministre ou l'office le lui demande.
J'aimerais simplement réfléchir à cela
brièvement.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je dirais tout de suite au ministre qu'on
pourrait prendre dans a)... Je comprends les observations du ministre qui ne
voudrait pas que le Conseil interprofessionnel soit obligé, à un
moment donné, de faire des études qui ont déjà
été faites, qui sont complètes ou qui pourraient...
Il serait obligé de donner suite à une demande qui
l'amènerait nécessairement dans un secteur où il serait
préférable que l'office, par sa responsabilité, le fasse.
Je n'aurais pas d'objection à ce qu'on garde la même formulation
au paragraphe a) qu'à b) et c) et qu'on dise "peut étudier". Je
pense que ce serait moins la formule impérative parce que ce n'est pas
une contrainte qu'on veut faire au Conseil interprofessionnel; mais
j'espère et je souhaite qu'il assume toute sa responsabilité.
C'est pour ça que même avec la formule incitatrice, si le Conseil
interprofessionnel ne bouge pas et n'entreprend rien, ça me surprendrait
parce qu'il est formé sur une base volontaire. Il a fait des travaux
importants, il a participé aux travaux de la commission parlementaire;
alors, ça me surprendrait que le conseil ne soit pas à la hauteur
de sa tâche.
M. LAURIN: M. le ministre, étant donné qu'on a
adopté hier un nouveau paragraphe à l'article définissant
les pouvoirs de l'office et qu'on lui a confié un certain pouvoir quant
à la fusion des professions, est-ce qu'il ne serait pas approprié
ou opportun que, s'il en arrive à des conclusions qui peuvent toucher
sûrement les regroupements de professions, les fusions de professions, le
Conseil interprofessionnel trans- mette aussi à l'office le
résultat de ses études ainsi que ses recommandations,
étant donné que l'office, en vertu de l'amendement adopté
hier, possède des pouvoirs à cet effet?
M. CASTONGUAY: Vous dites: Que l'office transmette cela au Conseil
interprofessionnel?
M. LAURIN: Non, que le Conseil interprofessionnel transmette à
l'office le résultat de ses études.
M. PERREAULT: C'est dans b). M. LAURIN: C'est dans c).
M. CLOUTIER (Montmagny): Qu'il soumette à l'office et au
lieutenant-gouverneur en conseil; c'est cela?
M. LAURIN: Oui. Etant donné qu'on lui a octroyé des
pouvoirs, hier, en vertu du paragraphe m).
M. CLOUTIER (Montmagny): Le conseil est l'organisme consultatif de
l'office. C'est l'équivalent. C'est ça, en fait.
M. PERREAULT: C'est plutôt dans b).
M. CASTONGUAY: Je ne suis pas convaincu. C'est plutôt l'organisme
représentatif des corporations.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, mais il sert d'organisme consultatif.
M. CASTONGUAY: Lorsqu'il le veut.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, lorsqu'il le veut parce que ce n'est pas
un organisme... J'emploie "consultatif" par opposition à organisme qui
fait de l'administration et qui décide quelque chose. A ce point de vue,
c'est un organisme de promotion, de réflexion, de recherche. C'est dans
ce sens que je dis que c'est un organisme consultatif.
M. CASTONGUAY: Nous allons regarder aussi cette suggestion. Est-ce qu'il
y aurait d'autres commentaires sur les amendements proposés?
M. PERREAULT: Je suis d'accord sur ce que vient de dire le
député de Bourget. J'ai un exemple bien en vue, les comptables,
les CGA et les CA et autres. Au paragraphe b), le Conseil interprofessionnel
pourrait se pencher sur le problème. Le regroupement de cette profession
des sciences comptables pourrait sûrement apporter des lumières
à l'office et au ministre là-dessus.
M. CLOUTIER (Montmagny): L'exemple que prend le député de
l'Assomption est très
pertinent. D'ailleurs, les rencontres sont commencées entre les
trois groupes. Je ne sais pas si ça se fait sous le grand cadre du
Conseil interprofessionnel, mais les groupes se rencontrent actuellement et il
y a déjà pas mal de progrès de fait. Le Conseil
interprofessionnel pourrait venir ajouter son autorité morale ou sa
précieuse assistance pour compléter une entente comme
celle-là.
M. CASTONGUAY: Le conseil pourrait se pencher sur le problème des
actuaires pour déterminer s'ils ont atteint la maturité et la
sagesse pour accéder...
M. PERREAULT: A la corporation.
M. CASTONGUAY: ... à ce statut que donne la formation d'une
corporation professionnelle.
M. CLOUTIER (Montmagny): Probablement que quelques-uns des membres son
mûrs, mais tous, ce serait difficile...
LE PRESIDENT (M. Picard): Est-ce que tout le monde est d'accord pour
reporter l'étude de cet amendement à une séance
subséquente ou à la prochaine séance?
M. CLOUTIER (Montmagny): D'accord!
LE PRESIDENT (M. Picard): C'est pour l'amendement à l'article 18.
Nous allons passer au chapitre IV, les Corporations, section I: Constitution
des corporations. Article 22.
Constitution des corporations
M. CLOUTIER (Montmagny): On entre dans le vif du sujet. Le chapitre IV :
Constitution des corporations. Le ministre a fait des modifications à
l'annexe entre la première et la deuxième version. Avant d'entrer
dans ce chapitre, est-ce que le ministre peut nous dire s'il y a d'autres
modifications ou si on va travailler sur l'annexe I tel que...
M. CASTONGUAY: J'aurai un amendement à cette section au chapitre
IV. Je peux dire qu'à l'annexe I nous apporterons un amendement
également pour inclure les technologistes médicaux.
J'aurai un amendement que je peux faire distribuer immédiatement
à l'article 24, pour préciser quelque peu le critère
à partir duquel une corporation doit être formée, à
laquelle on attribue un champ d'exercice exclusif. Il y a une précision
qui est apportée dans le critère.
Pour la section I du chapitre IV, c'est le seul que j'aurai à
proposer, M. le Président.
M. LAURIN: C'est la 38e corporation.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est ce que le ministre disait tantôt
dans ses remarques.
J'attendais, car j'en avais compté 37. Cela pouvait être
n'importe laquelle.
M. CASTONGUAY: On avait déjà annoncé, je pense,
à la suite des problèmes qui se sont posés, par suite d'un
certain recoupement avec les chimistes...
M. LAURIN : Est-ce que cela veut dire que l'on aurait un projet de
loi?
M. CASTONGUAY: Non, c'est une corporation à titre
réservé. Alors, lorsque nous arriverons à l'article qui
énumère l'article 36 entre autres, nous aurons là un
amendement à proposer, à l'article 37 également.
M. LAURIN: N'y a-t-il pas de corporations qui, actuellement, sont
reconnues à titre réservé et qui sont
transférées à la section des corporations à champ
de pratique exclusif?
M. CASTONGUAY: M. le Président, le code tel que
réimprimé, énumère des nouvelles corporations
à champ d'exercice exclusif. Ce sont les denturologistes, les
chiropraticiens, les audioprothésistes, on proposera un changement pour
les appeler les audioprothésistes, au lieu des acousticiens en
prothèses auditives...
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui.
M. CASTONGUAY: ... et enfin, les podia-tres. Quant aux titres
réservés, les hygiénistes dentaires, les techniciens
dentaires sont formés en corporation, mais étant donné
que, dans la première version du bill, ils demeuraient uniquement pour
les membres actuels, nous allons maintenir la Corporation professionnelle des
techniciens dentaires et en faire une corporation à titre
réservé.
Il y a les technologistes médicaux, les orthophonistes et
audiologistes qui, comme on l'a vu à la commission parlementaire, sont
formés en corporation mais qui avaient un statut un peu confus. On nous
a parlé de Mme je ne sais pas qui de Sienne à
Montréal qu'ils avaient voulu poursuivre, une dame en tout cas qui se
présentait comme une orthophoniste...
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est Mme Lucie de Vienne Blanc.
M. CASTONGUAY: ... de Vienne Blanc. Ah bon! je m'excuse. J'espère
qu'elle ne sera pas insultée. Nous avons voulu clarifier le statut de
cette corporation. D y a les physiothérapeutes, les
ergothérapeutes et les infirmières et infirmiers auxiliaires.
Maintenant, d'autres groupes ont manifesté le désir,
évidemment, d'être formés en corporation à titre
réservé ou à champ d'exercice exclusif. Je pourrais, de
mémoire, mentionner, par exemple, la Corporation des prothésistes
et orthésistes. Maintenant, étant donné l'ampleur
du travail qu'il y a eu à effectuer dans la rédaction du
code, la révision de toutes les lois, la création de nouvelles
corporations, je crois qu'il n'aurait pas été prudent à ce
moment d'additionner, à la liste, de nouvelles corporations et le fait
de ne pas les inclure, pour le moment, ne reflète absolument pas sur la
compétence, la qualité des membres de ces groupements. Ce n'est
pas une indication non plus à l'effet qu'aucun de ces groupements ne
sera formé éventuellement en corporation et
précisément à cette fin, nous proposons, dans les
dispositions du code, en ce qui a trait aux corporations à titre
réservé, qu'elles puissent être constituées par
l'émission de lettres patentes, après consultation de l'office et
du Conseil interprofessionnel.
Une fois le code adopté, le fait que certains groupements n'aient
pas été formés ne signifie pas pour autant qu'un an, deux
ans, trois ans, quatre ans passeront avant qu'ils puissent être
formés en corporation, s'ils doivent l'être. Mais ça
permettra, une fois l'office et le conseil créés, toute la
discussion entourant cet ensemble de lois considérable terminée,
de se pencher très sérieusement sur chacun de ces cas pour que
justice soit vraiment rendue, pour que les choses soient étudiées
de façon objective.
Franchement, j'avoue qu'avec l'ensemble de ce travail qu'il y a eu
à exécuter, il a été extrêmement difficile
d'étudier, de façon appropriée, les diverses demandes,
d'autant plus que, dans certains cas, on peut se demander à juste titre
s'il y a lieu de former certains groupements en corporation. Il y a des
responsabilités lourdes qui accompagnent la formation d'un groupement en
corporation professionnelle et je pense qu'il est important que ces questions
soient discutées avec chacun des groupes qui en expriment le
désir, de telle sorte que le gouvernement, d'une part, puisse
étudier, de concert avec l'office et avec les membres du Conseil
interprofessionnel, les motifs pour lesquels un groupe demande d'être
reconnu. Je pense qu'il est important également et nous en avons
eu des exemples que les groupements aussi soient bien mis au fait de ce
que cela signifie d'être reconnu en corporation, quelles
responsabilités vont devenir les leurs à partir de ce moment, ce
que cela peut signifier pour l'évolution de leur corporation ou de leur
groupement professionnel, etc. C'est la raison pour laquelle, M. le
Président, nous avons voulu aborder les problèmes qui
apparaissaient les plus urgents. En plus de la préparation du code, en
plus de la création de certaines nouvelles corporations, nous n'avons
pas voulu aller plus loin. Je pense que, si on en juge par les votes,
d'ailleurs, qui ont été donnés à l'Assemblée
nationale, lorsqu'on pense aux chiropraticiens, aux denturologistes, aux
audioprothésistes, aux podiatres, il y avait là manifestement des
situations qui devaient être étudiées et résolues.
Ce sont celles que nous avons voulu aborder en priorité, comme certains
autres cas, dans le cas des corporations à titre réservé.
Dans les autres cas, nous pourrons y revenir maintenant avec des
mécanismes plus appropriés qui auront été mis en
place et regarder ces demandes.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, j'ai
écouté avec grande attention les paroles du ministre au sujet des
demandes des différentes corporations professionnelles et de la suite
qui pourra y être donnée par le gouvernement, après que le
Conseil interprofessionnel et l'Office des professions auront eu l'occasion,
eux aussi, d'étudier le dossier.
Me basant sur une citation que je vais extraire du journal des
Débats en date du mardi 20 février 1973 je pense que
c'était le débat en deuxième lecture, le discours du
ministre, à la page 3715 je voudrais faire préciser par le
ministre certains passages que je lis maintenant: "Sur cette question
d'exercice exclusif d'une profession et du titre réservé, je
désire souligner ici que le gouvernement estime, à l'heure
présente, avoir fait une revue exhaustive de toutes les corporations
professionnelles susceptibles de se voir reconnaître un champ d'exercice
exclusif. Quant aux professions à titre réservé,
cependant, le gouvernement reconnaît que la revue qui a été
effectuée n'est pas nécessairement complète ou
définitive et que les dossiers de certains groupements qui nous sont
parvenus pendant les travaux, depuis le dépôt de ces projets de
loi en décembre 1971, devront être examinés dans les mois
à venir.
Le gouvernement désire attirer également l'attention sur
le fait que la reconnaissance légale en profession,
lorsqu'accordée pour la première fois à un groupement de
personnes, ne doit pas nécessairement traduire les situations de fait
existantes. En effet, ici comme partout ailleurs, le principe qui doit nous
guider demeure celui de la protection du public. Ici, pour être plus
précis, j'ai à l'esprit l'exercice de la chiropraxie et de la
denturologie. Dans un contexte bien particulier, des modalités
d'exercice se sont développées et je ne crois pas que ces
modalités d'exercice, qui se sont développées en marge de
la législation, doivent servir nécessairement de critères
absolus pour déterminer ce que devra être la législation
formant en corporations professionnelles ces groupes."
Ma principale question porte sur le passage où le ministre dit:
"... que les dossiers de certains groupements qui nous sont parvenus pendant
les travaux, depuis le dépôt de ces projets de loi en
décembre 1971, devront être examinés dans les mois à
venir."
Je voudrais demander au ministre qu'on s'entende sur la liste la plus
exhaustive possible des corporations qui sont venues devant la commission
parlementaire, qui ont demandé à être reconnues comme
corporations professionnelles, qui ne l'ont pas été en vertu du
code
actuel mais qui font l'objet, actuellement, au ministère et qui
feront l'objet de travaux additionnels... Nous avons fait un certain travail de
compilation et je voudrais le donner. Si le ministre trouve que cela recouvre
exactement la liste des corporations, il nous le dira.
On a relevé, dans les groupes professionnels qui veulent
être reconnus à titre réservé, la
Société des traducteurs du Québec, l'Institut des
conseillers en administration du Québec, l'Association des
psychoéducateurs du Québec, la Corporation des techniciens
professionnels du Québec, la Corporation des maîtres en centrale
thermique du Québec, l'Association des archivistes médicales du
Québec, la Corporation des technologistes médicaux du
Québec; eux seront inclus dans le bill 250. J'en ai nommé sept
mais il y en aurait six.
Les corporations qui voulaient être reconnues à titre
exclusif, à champ de pratique exclusif: Techniciens
inhalothérapeutes, Corporation des bibliothécaires
professionnels, Association des prothésistes et orthésistes du
Québec Inc. Dans cette catégorie, il y en avait trois.
Les urbanistes aussi, qui sont reconnus à titre
réservé, et qui demandaient d'être reconnus à champ
de pratique exclusif. Il faudrait ajouter aussi les physiothérapeutes.
Dans la première version, ils avaient un champ de pratique exclusif.
Dans la deuxième version, ils ont un titre réservé. Mais
ils voudraient revenir à la première version. IL y a quatre
groupes de professionnels qui n'ont pas indiqué clairement leur choix.
Ils voulaient être reconnus mais il semble que la discussion ne soit pas
terminée. Il y aurait le Collège des naturopathes, la Corporation
des conseillers sociaux du Québec, l'Association provinciale des
technologistes en administration et la Corporation des bijoutiers du
Québec. Il y avait les thanatologues mais ils ont été
reconnus dans le bill 30.
C'est pour situer tous ceux qui sont venus devant la commission
parlementaire afin que l'on voie l'importance du travail qui reste à
faire. Et quand on dit que l'Office des professions et le Conseil
interprofessionnel vont avoir à étudier ces demandes, on voit que
les dossiers à étudier sont nombreux et importants parce que,
nécessairement, ils vont toucher des corporations qu'on reconnaît
par le bill 250. Est-ce que le ministre pourrait ajouter à cette liste,
de mémoire?
M. CASTONGUAY: Pas de mémoire mais on voit, si nous avions
essayé d'aborder cette liste à ce moment-ci, quels
problèmes additionnels nous aurions eus, d'autant plus que c'est notre
intention d'essayer de terminer et pas juste essayer, nous voulons
terminer l'étude de tout cet ensemble de projets de lois avant
l'ajournement de cet été, pour des raisons qui m'apparaissent
impératives. Cela fait un an et demi et plus que ces projets de loi ont
été déposés. C'est clair que cela crée un
climat d'incertitude chez un certain nombre de corpo- rations professionnelles.
C'est clair aussi que, si nous jugeons nécessaire de former en
corporations professionnelles à champ d'exercice exclusif ou à
titre réservé de nouveaux groupements, c'est que la protection du
public l'exige et nous avons passé au-dessus de cent heures à
écouter tous les mémoires. Alors, pour donner d'abord des
réponses claires aux groupements, pour assurer la protection du public
et pour dissiper les incertitudes qui existent, je. pense qu'il est
nécessaire de terminer maintenant l'étude de tous ces projets. Si
nous avions voulu aborder en plus la liste que le député de
Montmagny vient de lire, on aurait retardé la solution de
problèmes qui doivent être maintenant, de façon claire je
crois, résolus.
C'est la raison pour laquelle nous n'avons pas pu aborder tous ces cas
et leur donner vraiment le temps d'exprimer clairement leur point de vue, etc.
J'aimerais recevoir peut-être une copie de la liste dressée par le
député.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de L'Assomption.
M. PERREAULT: Je voudrais juste que le ministre me souligne... Sur la
liste fournie par le député de Montmagny, il y a la Corporation
des techniciens et technologistes en génie. Cette corporation existe
suivant une autre loi de la Législature. Est-ce qu'à ce moment on
pourra utiliser leur corporation, on pourra même rescindé la loi
existante pour revenir au code des professions?
M. CASTONGUAY: Je dois mentionner que c'est un problème que le
député de L'Assomption m'a exposé il y a quelque temps. Je
pense que c'est un problème qui doit également être
étudié clairement et très sérieusement. Ce groupe,
comme l'a mentionné le député, a une loi
présentement et c'est une loi particulière. Ce n'est pas tout
à fait une loi des corporations professionnelles, cela n'entre pas non
plus tout à fait dans le cadre des permis tels que ceux qui sont
prévus dans la Loi de protection de la santé publique. Ce n'est
pas une corporation formée par voie de lettre patente, ç'a
été formé par une loi de l'Assemblée nationale.
Alors, on voit là également un cas où il va falloir
étudier très attentivement avec ce groupement les
problèmes qui se posent et clarifier son statut. Alors, c'est un autre
cas; vous l'aviez dans votre liste. Cela démontre encore davantage le
fait que, dans la plupart de ces cas, nous avons fait un premier examen pour en
arriver à la conclusion que si nous essayions, à ce
moment-là, d'aborder l'étude de tous ces problèmes, nous
n'aurions pas pu le faire objectivement de façon assez
détaillée et écouter les groupements de façon assez
attentive.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que ces gens avaient soumis un
mémoire à la commission parlementaire?
M. PERREAULT: Oui. Ils sont venus à l'audition.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que vous voulez répéter le
nom exact de la corporation?
M. PERREAULT: La Corporation des techniciens et technologistes
professionnels.
M. CLOUTIER (Montmagny): Les techniciens et technologistes
professionnels? Je les ai nommés les techniciens professionnels.
M. PERREAULT: Oui. C'est ce que je dis; vous les avez nommés
d'après votre liste.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, c'est parce qu'on les a appelés la
Corporation des techniciens professionnels.
M. PERREAULT: La loi a été changée pour inclure les
technologistes maintenant.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui. Ils demandaient même de
représenter tous ceux qui sont diplômés des CEGEP.
M. PERREAULT: Oui. Mais ils ont changé...
M. CLOUTIER (Montmagny): En fait, la représentation, dans leur
mémoire, parce qu'ils ont dit: Ils pourraient tous être
regroupés mais...
M. PERREAULT: J'ai reçu une nouvelle communication d'eux
après et ils se proposaient de ne regrouper que les technologistes en
génie.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui. Cela a été modifié.
Disons qu'ils avaient soumis cette possibilité comme une option possible
en divisant les techniciens en trois grandes catégories: les techniciens
des sciences humaines, les techniciens des sciences forestières et les
techniciens des sciences administratives.
M. PERREAULT: C'est cela. Alors, cela prouve encore une fois, comme le
député de Bourget le mentionnait, l'utilité du Conseil
interprofessionnel qui pourrait se pencher sur ce problème de changement
ou de modification de ces corporations.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ce qu'il faut retenir dans le nouvel article 18
qu'on a proposé, c'est que les corporations qui sont membres du Conseil
interprofessionnel, qui sont reconnues, nécessairement vont
siéger pour discuter, mais elles pourront inviter celles qui ne sont pas
encore reconnues.
M. PERREAULT: Oui, c'est cela.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors, ces corporations ou ces groupes seront
certains d'être entendus même s'ils ne font pas partie de la grande
association; ils pourront se joindre aux autres pour discuter. Alors, leur
demande va avoir une suite et, avec la commission parlementaire tenant
compte de ce que je viens de lire, la citation du ministre dans son discours de
deuxième lecture à l'effet que des dossiers ont été
ouverts et que les renseignements disponibles à ce moment-ci et le temps
disponible aussi ne nous permettaient pas de faire une étude exhaustive
de ces demandes cela peut leur apporter une certaine assurance que ce
n'est pas parce qu'à ce moment-ci, si le bill 250 ne les inscrit pas
dans l'annexe I...
Je voudrais que le ministre on va avoir l'occasion de reprendre
les dossiers nous dise, dans chacun des dossiers, que la demande n'est
pas refusée mais qu'à ce moment-ci, pour telle raison, on ne peut
pas les inscrire dans l'annexe I.
M. CASTONGUAY: Je ne le ferai pas pour chacun des dossiers, M. le
Président, mais...
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous le ferez peut-être pour les dossiers
qu'on vous demandera.
M. CASTONGUAY: II est clair que ces dossiers, dès que l'office va
être constitué, vont être transférés à
l'office.
M. CLOUTIER (Montmagny): Si on demandait au ministre, dans tel cas
on a toute la liste s'il apparaît un problème
particulier, d'indiquer au groupement quelle orientation doit...
M. CASTONGUAY: Si l'étude n'a pas été
effectuée et c'est la raison pour laquelle on n'a pas de décision
je pense que ce serait prématuré de commencer à
prendre ces dossiers un par un et de donner des indications à partir
d'une étude qui n'est pas complétée.
M. CLOUTIER (Montmagny): Un exemple, si je demandais au ministre... On a
les archivistes médicales. J'ai toute une synthèse du dossier des
archivistes médicales. Le ministre connaît bien le travail des
archivistes, leur formation, ce qu'elles accomplissent dans leur fonction
à l'intérieur des établissements, l'autonomie dans
l'exercice de leur profession. Voici de quelle façon on est à
rédiger un travail sur chacun des dossiers. On a premièrement,
l'existence du groupement; deuxièmement, le nombre de membres,
troisièmement, la formation; quatrièmement, on décrit la
fonction, le service d'archives, les archivistes, l'importance du dossier
médical, la nécessité des archivistes médicales;
cinquièmement, l'autonomie dans l'exercice de la profession;
sixièmement, le caractère personnel des rapports professionnels
évidemment, le ministre comprendra qu'on se réfère
aux critères de l'article 23 la gravité du défaut
de compétence ou d'intégrité; septièmement, le
caractère confidentiel des renseignements reçus.
Déjà, si le ministre avait une copie de ce travail, il
pourrait peut-être même se prononcer immédiatement sur
l'opportunité d'admettre la corporation.
M. CASTONGUAY: M. le Président, franchement, je ne veux pas
être désagréable, mais il me semble que nous sommes tous
désireux de pouvoir en arriver au moment où nous allons
étudier ces dossiers; et la meilleur manière de le faire, c'est
d'adopter le code, de constituer les cadres et les organismes appropriés
pour accélérer ce travail. Là, on pourra revenir et les
prendre avec tout ce qu'il nous faut et en toute quiétude. C'est pour
ça que j'aimerais, si c'était possible, revenir à
l'article 22.
M. CLOUTIER (Montmagny): L'article 22 est très vaste. Je n'ai pas
l'intention d'allonger indûment les débats, le ministre comprendra
que ces corporations sont venues devant la commission parlementaire. A ce
moment-ci, on étudie le code des professions. Ces groupes ne sont pas
dans le code des professions; alors, tout ce qu'on peut dire, à ce
moment-ci pour leur donner des raisons valables pour que le ministre ne se
prononce pas immédiatement sur leur demande, ça ne peut pas durer
une journée...
M. CASTONGUAY: M. Villeneuve me dit que, dans le cas des archivistes,
selon le renseignement qu'il a endossé, elles ne sont pas venues
à la commission parlementaire. Vous voyez que c'est une bonne raison
pour laquelle on reporte...
M. CLOUTIER (Montmagny): Elles nous ont fait parvenir un document
intéressant sur les règlements de la loi 79.
M. CASTONGUAY: Oui, d'accord, le 19 février 1973, sur le
problème de la corporation.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, revenant à
l'article 22, disons qu'on ne peut accepter l'annexe sans adopter le chapitre
en entier. Alors 22 va avec 23. On ne peut les séparer. On ne peut
séparer l'article 22. On se réfère continuellement
à l'annexe.
LE PRESIDENT (M. Picard): On pourra revenir à l'article 22.
M. CASTONGUAY: En passant sur 22, on n'adopte pas l'annexe, on y fait
référence.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, oui.
M. CASTONGUAY: A la fin, on adoptera l'annexe.
M. CLOUTIER (Montmagny): On lit: "Sont constituées les
corporations professionnelles mentionnées aux paragraphes 22 et suivants
de l'annexe 1 du présent code". Cela veut dire que celles qui n'y sont
pas, on accepte tout de suite qu'elles ne soient pas constituées en
corporation.
M. CASTONGUAY: Pas nécessairement, rendu à l'annexe I, si
on en ajoute un ou deux.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, je n'aurais pas d'objection, mais à
la condition que, quand on va...
LE PRESIDENT (M. Picard): Si c'est le désir des membres de la
commission, nous pourrions adopter l'article 22 et garder le privilège
de revenir à l'annexe I.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quand on sera rendu à la fin du
code...
M. CASTONGUAY: C'est ça!
M. CLOUTIER (Montmagny): ... l'annexe est là. Là, si on
veut prendre chacune des corporations, ajouter à ce qu'on a dit,
demander des renseignements additionnels au ministre, je pense qu'on devrait le
faire à ce moment-là.
LE PRESIDENT (M. Picard): On peut procéder de cette
façon.
M. CLOUTIER (Montmagny): A cette condition, M. le Président, je
serais prêt à ce qu'on étudie l'article très
important, l'article clé du code, l'article 23, les critères.
M. CASTONGUAY: Article 22, adopté.
LE PRESIDENT (M. Picard): L'article 22 est adopté.
DES VOIX: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Picard): Article 23.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ma première question au
ministresurl'article 23 est la suivante : Est-ce que le ministre peut nous dire
il en a été question antérieurement mais
est-ce que le ministre peut nous redire ce qui lui a fait retenir ces
critères-là? Est-ce que c'est exhaustif ou est-ce que d'autres
considérations pourront être apportées dans l'étude
des dossiers?
M. CASTONGUAY: II est dit dans le paragraphe d'introduction de cet
article, qu'il est tenu compte notamment de l'ensemble des facteurs suivants.
Cela n'est pas exhaustif, premièrement. Toutefois, il a paru
nécessaire et utile de préciser un certain nombre de
critères. La raison pour laquelle nous avons voulu le faire, à
l'examen de la situation actuelle, la
situation décrite dans le rapport de Me Shep-pard et qui est
rapportée dans le rapport de la commission, c'est que des corporations
professionnelles ont été formées dans le temps pour des
motifs assez disparates et dans certains cas, on peut se demander avec raison
pourquoi certaines corporations professionnelles ont été
formées, ou encore pourquoi de tels pouvoirs ont été
donnés, ou encore pourquoi ont-elles été formées
avec un champ d'exercice exclusif par rapport à une autre où cela
a été le titre qui a été réservé, ou
par rapport à d'autres, comme on l'a mentionné, qui avaient un
statut assez vague.
D'ailleurs, si l'on se souvient également, en 1965 ou 1966,
lorsque le comité qui avait été mis sur pied,
composé de Me Pratte et du Dr Lizotte, qui avait été
formé, justement il l'avait été devant l'espèce
d'impasse ou l'espèce de confusion qui était en voie de se
développer ou qui s'était développée sur l'ensemble
de la question de la formation des corporations professionnelles, de leurs
relations, les unes par rapport aux autres, de leur rôle.
Donc, c'est pour l'ensemble de toutes ces raisons qu'il a paru
nécessaire de donner des critères, mais des critères qui
ne sont pas exhaustifs ou exclusifs d'autres facteurs, mais à tout le
moins, ça donne l'esprit général qui devra guider, dans
l'avenir, aussi bien le législateur que les groupements qui croient,
pour une raison ou pour une autre, qu'ils devraient être formés en
corporation professionnelle. Ils pourront se référer au code et
voir ces critères, les analyser et essayer de déterminer si
vraiment il y a dans leur groupement professionnel les éléments
qui satisfassent à ces critères.
On a défini, d'une part, très clairement, que la raison de
l'existence d'une corporation professionnelle, c'est la protection du public et
les autres critères plus spécifiques ou un peu plus
opérationnels sont énumérés à l'article
23.
Si on en a d'autres à proposer, ces critères ont
été exposés à plusieurs reprises, soit en
deuxième lecture, soit au moment de conférences que je fus
appelé à donner.
Ils apparaissaient dans la première version du projet de loi et,
à ma connaissance, il n'y a pas eu de nouvelles suggestions
spécifiques qui ont été formulées, quant à
la modification de ces critères.
M. CLOUTIER (Montmagny): En fait, le ministre a raison quand il dit que,
sauf erreur, les mémoires n'ont pas touché l'article 23, parce
que, dans l'étude de M. Héroux, il n'est fait aucunement
mention...
M. CASTONGUAY: Qui est ce M. Héroux?
M. CLOUTIER (Montmagny): J'attendais la question. M. Héroux,
c'est celui qui nous a envoyé ce document. Il y en a qui font des
cachettes au ministre dans son ministère. Le ministre n'a pas le temps
de se mettre à lire un document. Dans l'Opposition, c'est un des
avantages que l'on a, M. le ministre, on a le temps de regarder cela.
M. CASTONGUAY: Bon.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je dis que l'un des avantages de l'Opposition,
c'est d'avoir le temps de regarder cela. Le ministre, un bon jour, aura le
temps de lire comme...
M. CASTONGUAY: II faut aussi qu'on nous l'ait...
M. CLOUTIER (Montmagny): ... il l'a eu pendant quatre ans.
M. CASTONGUAY: ... expédié. C'est là que je vois
comment les partis d'Opposition semblent privilégiés par rapport
au gouvernement.
M. CLOUTIER (Montmagny): Cela vient du service de recherche de la
bibliothèque de la Législature en septembre 1972, c'est de M. J.
Héroux. C'est le regroupement, la synthèse des amendements
proposés dans les mémoires soumis à la commission
parlementaire. A ma connaissance, c'est la première fois que cela se
fait pour une loi et on a reçu également tous ces volumes qui
comportent la première version du projet de loi, en parallèle, la
deuxième version, et des commentaires. Alors, cela a facilité
beaucoup les travaux des membres de la commission parlementaire.
M. CASTONGUAY: Je sens que cela va accélérer le
travail.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je ne dis pas que cela accélère
mais cela fait une étude beaucoup plus en profondeur, peut-être
plus exhaustive de la loi, et c'est ce qui nous permettra de faire
d'excellentes suggestions au ministre pour améliorer le projet de loi.
Tandis que l'occasion est propice, on en profite pour remercier le service de
recherche de la bibliothèque de la Législature pour son
travail.
M. PARENT: Je pensais vraiment...
LE PRESIDENT (M. Picard): Est-ce que les trois partis de l'Opposition
ont reçu la documentation?
M. LAURIN: C'est-à-dire que c'est nous qui avions demandé
à la bibliothèque de la Législature de faire ce travail
mais je pensais qu'on l'avait expédié à tous les partis de
l'Opposition et au gouvernement aussi.
On a peut-être pensé que le gouvernement, avec ses
spécialistes, n'en avait pas besoin.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors, dans l'étude de M. Héroux,
on a pris le projet article par article et on a inscrit c'est sur la
première
version du projet de loi les principales suggestions des
différents mémoires. A l'article 23, il n'y a aucun commentaire,
à la suite de la première version du projet de loi. Alors, on
doit tenir pour acquis...
M. CASTONGUAY: Si M. Héroux l'a dit, c'est correct!
M. CLOUTIER (Montmagny): Attendez, je vais vérifier quelque
chose, par exemple. Il faudrait vérifier l'article 22. Je prends
l'article 23, il n'y a rien non plus.
Je reviens à chacun des critères. C'est une question
d'appréciation, les critères. Quand on dit, premièrement
"les connaissances requises... il est tenu compte notamment de l'ensemble des
facteurs suivants: premièrement, les connaissances requises;
deuxièmement, le degré d'autonomie dont jouissent les personnes;
troisièmement, le caractère personnel des rapports entre ces
personnes; quatrièmement, la gravité du préjudice ou des
dommages; cinquièmement, le caractère confidentiel des
renseignements."
Alors, il y a matière évidemment à
appréciation de ces critères parce que ce sont des
critères qui ne peuvent pas être appréciables en
quantité, cela peut être appréciable en qualité.
Est-ce que le ministre peut nous dire un peu la façon dont il va
procéder? Est-ce que c'est à l'expérience des corporations
qui existent déjà mais pour une nouvelle corporation qu'il
va...
Je comprends que c'est plus facile pour les corporations qui ont
déjà été reconnues mais je vais prendre un exemple
concret. Le ministre, dans la première version du projet de loi, avait
inscrit les physiothérapeutes comme répondant à tous ces
critères-là, ils formaient une corporation à champ
d'exercice exclusif. Dans la deuxième version du projet de loi, elle
devient une corporation à titre réservé. Est-ce qu'il y a
un critère en particulier qui a fait que cette corporation a
été transférée d'une section à l'autre
section?
M. CASTONGUAY: M. le Président, il y a d'abord l'objectif
premier, en dehors des critères, qui est celui de la protection du
public. Deuxièmement il est important de s'en souvenir
dans l'attribution des responsabilités découlant de la
constitution d'une corporation, d'un groupement quelconque, il faut être
extrêmement prudent. Nous avons vu, pendant l'étude des
mémoires, comment la constitution en corporation est susceptible de
développer divers problèmes, problèmes pour les
corporations formées avec un champ d'exercice exclusif parce qu'à
partir de ce moment-là, on prohibe l'accomplissement de ces actes par
toute autre personne. On a aussi les problèmes de rivalité entre
les groupements, on a aussi le danger que, dans certains cas,
l'évolution d'un groupe soit freinée par la constitution dans Une
corporation professionnelle. Ce ne sont pas des critères de la
même nature que ceux qui sont ici mais ce sont des éléments
également de l'ensemble de la situation.
Lorsque nous avons étudié les problèmes des
physiothérapeutes, des ergothérapeutes, si vous vous souvenez, on
nous avait fait état que les ergothérapeutes ne devaient pas
être formés dans un même groupe que les
physiothérapeutes d'une part. Nous avons également
constaté un changement assez subit dans l'attitude des
physiothérapeutes suite à l'annonce de ce projet de loi et il est
clair que ce travail doit s'effectuer, à mon sens le travail du
physiothérapeute en équipe, à l'intérieur
des établissements au premier titre.
Immédiatement, on a vu une espèce de mouvement se dessiner
qui, je pense bien, n'aurait pas été à l'avantage de la
population. Alors, c'est la raison pour laquelle on a changé de point de
vue.
Les critères qui sont ici, il faut être bien clair, ce sont
des critères qui servent à déterminer ceux qui pouvaient
être exprimés comme des critères objectifs pour
déterminer si un groupe doit être formé en corporation
professionnelle. Mais, il y a d'autres éléments, tels que
certains que je viens de mentionner. C'est la raison pour laquelle, dans le
premier paragraphe de l'article 23, nous disions "notamment": de sorte que les
décisions à prendre quant à la formation ou non d'une
corporation professionnelle ou quant à la décision
définitive, entre l'option du titre réservé ou du champ
d'exercice exclusif, demeurera toujours une matière sujette à
appréciation et à un jugement finalement qui pourra, dans
certains cas, être bon, qui pourra, dans d'autres cas peut-être, ne
pas être aussi adéquat.
M. CLOUTIER (Montmagny): Supposons que j'ai pris l'exemple des
physiothérapeutes mais je ne voudrais pas qu'on fasse la discussion sur
les physiothérapeutes, on la fera au moment où on passera sur
l'article pertinent mais si on reprend le premier critère, je
voudrais les prendre un à un et préciser davantage. Donc, le
premier critère: "Les connaissances requises pour exercer les
activités des personnes qui seraient régies par la corporation
dont la constitution est proposée." Alors, les connaissances requises,
cela veut évidemment dire la formation du membre de la corporation. Le
ministre n'a pas à l'idée, j'imagine, que ça prendra
nécessairement un niveau de formation de tant d'années de
scolarité mais plutôt un degré de connaissances suffisantes
pour exercer la profession dont il s'agit, compte tenu des exigences scolaires
que l'on a reconnues pour cette formation. C'est plutôt ça le
sens.
Cela ne voudrait pas dire que, parce qu'un groupe a une formation
universitaire, nécessairement il doit être reconnu comme une
corporation professionnelle. On peut avoir une formation de niveau secondaire
peut-être je ne sais pas s'il y a des corporations qui ont des
niveaux de formation secondaire, en tout cas
disons de niveau collégial, de niveau du CEGEP. Est-ce que le
ministre veut préciser si c'est bien ce qu'on veut dire par cela?
M. CASTONGUAY: Si nous avions voulu dire, M. le Président, qu'il
y avait un seul palier de formation, tel l'universitaire, là on l'aurait
dit; on aurait été plus précis. Comme vous le mentionnez,
par exemple les techniciens dentaires, les infirmières auxiliaires, les
psychologues, juste pour prendre trois groupes qui me viennent à
l'esprit, sont trois groupes qui sont formés à des niveaux
différents.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je tiens à faire cette précision
et à demander au ministre de la faire parce que, justement, il ne
faudrait pas qu'entre les corporations professionnelles, parce que dans une
corporation professionnelle les membres ont un niveau de formation plus
élevé que d'autres... Ils n'ont pas plus le statut de
professionnel à l'intérieur d'une corporation que l'autre
professionnel à l'intérieur de l'autre corporation. Cela veut
dire que les professionnels au sein du Conseil interprofessionnel sont
là à titre égal; chacun dans sa sphère
d'activités respective, chacun assumant ses responsabilités est
aussi professionnel au sens du code des professions. Si on veut, on
n'enlèvera pas tout les préjugés du même coup, mais
il est aussi professionnel que l'autre. C'est cela que je voulais qui ressorte
de la discussion.
Deuxièmement, "le degré d'autonomie dont jouissent les
personnes qui seraient membres de la corporation dans l'exercice des
activités dont il s'agit et la difficulté de porter un jugement
sur ces activités pour des gens ne possédant pas une formation et
une qualification de même nature." Est-ce que le ministre pourrait
vulgariser ce critère, degré d'autonomie, en prenant un exemple
concret?
M. CASTONGUAY: De façon générale, si par exemple
tous les membres d'une corporation je ne sais pas si je peux en prendre
une sans risquer des problèmes travaillaient dans un cadre bien
organisé, dans des fonctions administratives, n'entraient pas en
relation avec le public, on peut se demander s'il y aurait avantage à
former un tel groupement en corporation. Je pense par exemple à des
personnes qui, comme professionnels, peuvent agir comme professionnels
vis-à-vis du public ou peuvent fonctionner dans des fonctions
administratives. Si toutes ces personnes travaillaient dans des fonctions
administratives, dans une compagnie quelconque, on peut se demander si,
à ce moment-là, ce qui n'importe pas le plus, c'est la
responsabilité de la compagnie vis-à-vis de ses clients. On sait
d'autre part que, dans la plupart des groupements professionnels, sinon tous,
les professionnels exercent avec une certaine autonomie et ceci à des
degrés divers selon la nature de leurs activités ou selon le
cadre de leur travail. C'est un aspect assez important.
Si tous les chiros travaillaient dans des milieux hospitaliers, on
n'aurait pas à les reconnaître comme corporation à champ
exclusif, on ferait comme pour les physiothérapeu-tes. Comme ils
travaillent à l'extérieur, en relation directe avec le public, il
faut aller un peu plus loin, il faut considérer le degré
d'autonomie qui est le leur dans l'exercice de leur profession et, comme ils
fonctionnent seuls, il faut donc s'assurer que leur champ de pratique soit plus
délimité. C'est le premier aspect, pour donner simplement un
exemple.
La difficulté de porter un jugement sur ces activités,
c'est l'autre aspect. Si moi, je me présente chez un médecin qui
est en pratique privée, j'ai besoin d'une protection plus grande,
à mon sens, que dans un hôpital. Dans un hôpital, il y a
tout un ensemble de personnel qui entoure le médecin, qui consciemment
ou non porte des jugements sur la valeur du médecin. Il y a
également le bureau médical avec tous ses comités, s'ils
fonctionnent, qui joue un rôle; alors que le médecin en pratique
privée, lui, est le seul avec lequel le patient prend contact.
Le patient n'est pas en mesure de savoir, une fois qu'il a vu le
médecin, si le traitement qu'il a reçu et le diagnostic qui a
été posé étaient appropriés ou non. Alors,
la non-capacité pour des gens qui ne sont pas médecins de savoir
si un médecin fait bien son travail ou non est un élément
important. C'est une des raisons pour lesquelles d'ailleurs les corporations
professionnelles, les bureaux médicaux sont formés. Si le
médecin me prescrit telle chose, s'il m'opère pour telle chose,
je n'ai aucun moyen de déterminer si ce qu'il a fait est correct ou
non.
C'est la même chose pour la plupart des autres groupements
professionnels. Une personne qui n'a pas de connaissance comptable
détaillée et qui demande les services professionnels d'un
comptable, n'est pas en mesure de savoir si le comptable a bien tenu compte de
toute la législation, a bien suivi toutes les règles de la
science comptable. Elle n'est pas en mesure d'apprécier la valeur du
travail. Il lui faut donc un organisme qui est capable de lui dire à la
fois: M. X est compétent. Il a subi nos examens. M. X est
également compétent parce que sa façon de pratiquer est
examinée par un comité d'inspection professionnelle, par un
comité de discipline si nous avons des plaintes. Ce sont ces deux choses
qui apparaissent dans le critère no 2.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quant au critère no 3, il se lit comme
suit: "Le caractère personnel des rapports entre ces personnes et les
gens recourant à leurs services en raison de la confiance
particulière que ces derniers sont appelés à leur
témoigner par le fait que, notamment, elles leur dispensent des soins ou
administrent leurs biens." Il faut qu'il y ait nécessairement relation
entre le patient et le professionnel. On dit: "Le caractère personnel
des rapports entre ces..."
M. CASTONGUAY: C'est cela. Ou encore dans d'autres secteurs, l'avocat,
le notaire, etc. C'est un élément qui est assez important aussi,
un parmi d'autres qui ne s'applique pas nécessairement dans tous les
cas. L'ingénieur qui travaille dans un grand bureau d'ingénieurs
n'aura pas nécessairement de contacts personnels avec tous les individus
mais, à un certain moment, lorsqu'il appose sa griffe sur un plan ou un
projet, il signe comme ingénieur. Ce critère est peut-être
moins important dans son cas mais pour l'avocat qui reçoit une personne
qui lui demande ses services, le médecin, l'infirmière, etc., ce
critère prend une importance relative plus grande que dans certains
autres cas.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quatrièmement: "La gravité du
préjudice ou des dommages qui pourraient être subis par les gens
recourant aux services de ces personnes, par suite du fait que leur
compétence ou leur intégrité ne serait pas
contrôlée par leur corporation."
Je pense que cela va de soi. Celui-là est très
explicite.
Cinquièmement: "Le caractère confidentiel des
renseignements que ces personnes sont appelées à connaître
dans l'exercice de leur profession." Cela n'est pas dans toutes les
professions.
M. CASTONGUAY: Mais c'est important et extrêmement important dans
certains cas.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'on doit en conclure que, pour qu'une
corporation professionnelle soit reconnue au sens du bill 250, elle ne doit pas
nécessairement se conformer à tous ces critères à
la fois, mais qu'elle doit se conformer à un ou à plusieurs de
ces critères? Est-ce que c'est exact?
M. CASTONGUAY: Plus qu'un.
M. CLOUTIER (Montmagny): Plus qu'un, oui.
M. CASTONGUAY: Prenons seulement le premier. Tout le monde doit arriver
en série...
M. CLOUTIER (Montmagny): Je pense à des corporations
professionnelles...
M. CASTONGUAY: C'est l'ensemble de façon générale,
quitte à ce que, dans certains cas, cela s'applique à un
degré moindre que dans d'autres cas. Mais c'est dans l'ensemble.
M. CLOUTIER (Montmagny): ... qui ont fait des demandes et j'essaie de
voir, à mesure qu'on en discute, si elles répondent à tous
ces critères ou si elles répondent à un ou à
suffisamment pour être reconnues parce qu'en fait, la demande de la
corporation professionnelle va reposer là-dessus. Il faudra que la
corporation fasse la preuve ou s'appuie sur ces critères pour demander
son inscription dans le bill 250.
Je prends des exemples. Je pense qu'une bonne moyenne serait trois sur
cinq. Est-ce cela que le ministre a dans l'idée?
M. CASTONGUAY: M. le Président, j'ai mentionné
tantôt que c'étaient certains critères qui devaient
être notamment pris en considération. Il y a d'autres
éléments aussi que j'ai exposés.
M. CLOUTIER (Montmagny): Parce que là, j'ai toujours l'actuaire
devant moi et je me demandais, quand le ministre parlait tantôt, je me
disais, au numéro un, les connaissances: c'est clair. L'actuaire
étudie pendant dix ans après avoir fini ses études
universitaires. Deuxièmement, le degré d'autonomie des actuaires,
ils sont autonomes. Troisièmement, le caractère personnel des
rapports. Bien là, le ministre m'a donné l'exemple de
l'ingénieur qui n'est pas nécessairement en contact avec son
client mais qui signe des documents même chose pour l'actuaire
qui signe un document pour la compagnie d'assurance, document qui va
servir de base à l'établissement des primes que le citoyen va
payer. C'est un élément important du rouage de toute la vie
économique. Quatrièmement, la gravité du préjudice
ou des dommages qui peuvent être subis par les personnes qui recourent
aux services d'un actuaire, sur cela, je n'oserais pas me prononcer.
J'espère qu'il n'y a pas de dommages quand on utilise les services d'une
aussi noble profession. Cinquièmement, le caractère confidentiel
des renseignements. Là, je l'ignore.
M. CASTONGUAY: M. le Président, pour prendre ce cas l'actuaire,
dans l'exercice de sa profession, ne transige pas normalement avec des
individus. Il transige généralement avec des corporations, des
administrations municipales, des gouvernements. Si on examine la
législation, la Loi des assurances par exemple, la Loi des
régimes supplémentaires de rentes, lorsqu'il est
nécessaire que ce soit vraiment quelqu'un qui a la compétence, il
est dit clairement dans ces lois que les certificats nécessaires devront
être signés par un actuaire. Alors, il semble que cela donne la
protection requise et les actuaires, en tant que groupement, ont adopté
un code de déontologie qu'ils appliquent entre eux.
Maintenant, remarquez que, tout comme les économistes par exemple
qui ne sont pas formés en corporation professionnelle, si, à un
moment donné, il devenait clair qu'ils devaient être
formés, je crois qu'il serait de la responsabilité du
gouvernement d'examiner le cas. Normalement, le phénomène qui a
été exposé ici devant la commission, c'est le désir
d'à peu près tous les groupements d'être reconnus en
corporation professionnelle. Je voudrais que ce soit bien clair. Si les
actuaires ne le sont pas, ce n'est pas pour essayer de les placer dans une
catégo-
rie privilégiée, au contraire, c'est que le besoin n'a pas
été démontré, à mon sens, qu'ils soient
formés en corporation professionnelle à ce jour.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre vient de parler des
économistes. Les économistes appliquent une science qui est en
constante évolution, qui n'est pas aussi bien, si on veut,
identifiée que l'actuariat. On sait exactement ce qu'est le travail de
l'actuaire. C'est bien circonscrit.
M. CASTONGUAY: Cela évolue.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, cela évolue aussi mais c'est bien
circonscrit. On sait ce qu'il fait, l'actuaire. Il travaille dans un champ
d'activité qu'on peut assez facilement identifier comme le
médecin, l'ingénieur, le comptable, l'avocat, le notaire,
l'infirmière, enfin toutes les professions qu'on reconnaît. On
peut assez facilement circonscrire l'exercice de sa profession tandis que c'est
plus difficile pour l'économiste, comme pour l'écologiste, comme
pour toutes ces professions relativement récentes, même si on
entend parler des économistes depuis longtemps, l'économiste qui
porte un jugement actuellement sur l'économie, avec le
développement des statistiques et de l'outil de travail,
l'économiste comme on le connaît aujourd'hui, c'est plus
récent. Il me semble que cette profession est encore un peu floue.
Voyez-vous, le premier ministre nous fait souvent des démonstrations de
la valeur de cette profession. Il essaie de nous démontrer l'importance
de la profession d'économiste mais le député de Bourget
n'est pas encore absolument convaincu.
M. CASTONGUAY: Ce n'est peut-être pas à cause du premier
ministre, c'est peut-être à cause d'un de ses collègues
qu'il n'est pas convaincu.
M. CLOUTIER (Montmagny): Un de ses collègues économiste.
C'est pour cela que je dis qu'on retrouve des économistes qui
prêchent des doctrines mais qui peuvent venir en contradiction à
un moment donné. C'est pour cela que je dis que c'est moins bien. Mais
est-ce que cela pourrait être un critère, l'identification que
l'on fait du champ d'exercice de la profession?
M. CASTONGUAY: Le philosophe a un champ assez bien circonscrit, je
crois.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le philosophe?
M. CASTONGUAY: C'est une science qui est vieille comme le monde.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, mais il touche à tout.
M. CASTONGUAY: Laissez-moi juste termi- ner. Le fait qu'une science soit
plus récente ou moins récente, bien circonscrite, moins
circonscrite, à mon sens n'est pas un critère. C'est la
protection du public qui est le critère fondamental. Que le philosophe
sorte une théorie abracadabrante, les gens ont juste à ne pas
l'accepter; que l'économiste qui transige généralement,
lui aussi, avec des grands organismes, s'il démontre son
incompétence par deux ou trois jugements faux, ses services ne seront
plus requis. C'est la protection du public et principalement dans une relation
qui, dans la plupart des cas, se veut beaucoup plus individuelle.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre comprendra qu'on veuille
s'arrêter un peu plus longtemps à l'article 23 parce que c'est
là-dessus que repose toute la loi et on va en discuter tout au cours de
l'étude. Je voudrais prendre un autre exemple que tous les gens autour
de cette table connaissent bien, ce sont les bibliothécaires
professionnels. De quelle façon le ministre porterait-il un jugement sur
la profession des bibliothécaires professionnels en relation avec les
critères qui sont ici? Parce que, quant au niveau de connaissance
requis, je pense bien qu'on l'a. Le caractère personnel des rapports
avec le client, il peut se démontrer. Le critère no 5, quant au
caractère confidentiel des renseignements, cela dépendra de la
littérature qu'on a dans cette bibliothèque. Il pourra y avoir
des choses assez confidentielles; si ce sont les mémoires du ministre
des Affaires sociales, je comprends qu'on devra aborder cela avec une certaine
réserve. Mais est-ce que les bibliothécaires professionnels
répondraient à suffisamment de critères pour pouvoir
être reconnus en corporation?
M. CASTONGUAY: M. Morin me dit qu'une loi a été
adoptée à leur égard, en 1969. Alors, j'imagine que...
M. CLOUTIER (Montmagny): Une loi, mais là ils ne sont pas...
M. CASTONGUAY: Non, mais les formant en une corporation. Alors, vous me
demandez comment je jugerais ce cas. Premièrement, je regarderais la
loi, le dossier présenté; j'écouterais les opinions de
l'office, les opinions du conseil s'il veut bien en donner et ce n'est qu'au
terme d'un tel travail, si c'est moi qui suis désigné pour
l'application de cette loi, que j'essaierais de former un jugement, à
savoir si la loi existante doit être modifiée ou conservée
telle quelle.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors, le ministre vient de nous dire le
processus qu'il va suivre. C'est ce qu'on voulait savoir, le processus qu'il
allait adopter. Il va vérifier d'abord ce qu'il y a comme structure,
comme loi; l'office et le conseil vont, dès d'adoption de la loi,
être appelés à se pencher sur ce dossier et
l'Assemblée nationale, s'il y a lieu, s'il y a une loi, si
c'est un champ d'exercice exclusif, se prononcera. Si on adoptait la loi
avant l'ajournement de l'été, cela voudrait dire qu'on pourrait
étudier les demandes des corporations professionnelles et en accepter...
Vers quel temps, à peu près? Est-ce que déjà,
à l'automne 1973, on pourrait en étudier ou si cela serait trop
tôt?
M. CASTONGUAY: Ce n'est pas dans le domaine de l'impossible.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que mon collègue le
député de Bourget a des questions sur l'article 23? Alors, au no
24...
LE PRESIDENT (M. Picard): Article 23, adopté. Article 24, il y a
un amendement.
Si vous me permettez, pour la bonne marche de nos travaux, je vais vous
lire l'amendement qui remplace, à l'article 24, les cinquième,
sixième et septième lignes, par le texte suivant : "Cas où
la nature des actes posés par ces personnes et la latitude dont elles
disposent en raison de la nature de leur milieu de travail habituel sont tels
qu'en vue de la protection du public, ces actes ne peuvent être
posés" et l'article continue, "par des personnes ne possédant pas
la formation et la qualification requises pour être membres de cette
corporation".
M. LAURIN: Est-ce qu'on peut demander au ministre les raisons pour
lesquelles il a apporté cet amendement?
M. CASTONGUAY: Regardez les mots, pas uniquement "la nature des actes
posés" mais ce que nous avons ajouté, "la latitude dont elles
disposent en raison de la nature de leur milieu de travail". Une des raisons,
c'est qu'on pourrait se demander pourquoi, parmi les nouveaux groupements qui
vont être formés en corporations à champ d'exercice
exclusif, ces groupements sont formés en corporation à champ
d'exercice exclusif alors que d'autres groupements, dans le secteur de la
santé, qui posent des actes tout aussi lourds de conséquence, qui
ont eu une formation professionnelle tout aussi longue et parfois plus longue,
ne sont reconnus qu'avec un titre réservé. C'est que, dans ce
cas, lorsqu'ils ne sont reconnus qu'avec un titre réservé, les
membres, de façon presque exclusive, travaillent dans un milieu
organisé, avec des modes de contrôle constitués à
l'intérieur de ce milieu organisé, avec des procédures de
recrutement, l'établissement de standards, l'agrément par des
organismes, etc. C'est la raison pour laquelle nous avons voulu faire cette
distinction, de telle sorte qu'on ne croit pas que certaines décisions
ont été prises purement pour des raisons arbitraires ou encore
par suite de lobbying de certains groupes. Je voudrais rappeler ici que la
définition de ces critères, c'est quelque chose de nouveau. Je ne
crois pas qu'on retrouve de tels critères dans la législation que
l'on a pu étudier dans d'autres provinces, dans des Etats
américains. Je crois qu'il est important d'avoir de tels critères
et, même si cet amendement n'a pas été proposé par
des groupements je ne crois pas que le document de M. Héroux en
fasse état, même si je ne l'ai pas vu il nous a paru
nécessaire, après un an de réflexion, d'études de
mémoires, de demandes, etc., d'apporter nous-mêmes cette
proposition.
M. LAURIN: Est-ce que cet amendement s'inspire de la philosophie du
ministre qu'on a sentie sous-jacente à toutes ses interventions à
ce propos, à l'effet que dans l'avenir l'octroi de ce privilège
d'exercice exclusif doit être restreint le plus possible à cause
des difficultés posées dans le passé et
précisées lors de la discussion du présent projet de
loi?
M. CASTONGUAY: Oui, M. le Président.
M. LAURIN: Vous concevez en somme que, si ç'a pu être utile
ou nécessaire dans le passé, cela le sera de moins en moins dans
l'avenir et que la somme des inconvénients dépasse
déjà les avantages qu'on a pu en retirer dans le
passé?
M. CASTONGUAY: A la fois et aussi le fait c'est probablement
compris dans vos remarques que plusieurs groupements se sont servis de
ce mécanisme à des fins autres que celles pour lesquelles il a
été créé.
M. LAURIN: Le caporalisme professionnel.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que cette modification tiendrait compte
du problème particulier des physiothérapeutes?
M. CASTONGUAY: Dans quel sens?
M. CLOUTIER (Montmagny): Dans quel sens? Le ministre a dit tantôt
que les physiothérapeutes, par rapport aux chiropraticiens, pratiquaient
surtout dans un établissement hospitalier.
C'est le milieu de travail habituel, tandis que les chiropraticiens
pratiquent dans des bureaux privés, ils ne pratiquent pas en
équipe, eux, ils sont plus...
M. CASTONGUAY: D'accord!
M. CLOUTIER (Montmagny): Ce serait un de ces cas qui serait couvert
par...
M. CASTONGUAY: Oui, mais ce n'est pas une invitation, par contre,
à un groupement professionnel de sortir d'un milieu organisé pour
obtenir ce statut.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je voulais justement faire cette
réflexion au ministre tantôt quand il en a parlé. Là
on établit la loi sur la situation actuelle, l'état de fait
actuel, et je fais
référence au passage du discours du ministre que j'ai lu
tantôt, où il disait qu'on ne doit pas nécessairement
s'appuyer sur la situation actuelle de l'exercice de la profession. Mais il
peut y avoir une évolution. Il n'y a rien qui nous dit que quelques-uns
ou plusieurs physiothérapeu-tes ne travailleront pas dans un milieu qui
n'est pas nécessairement un milieu hospitalier, même s'ils
travaillent en équipe, dans une clinique privée de
réadaptation, l'équivalent d'un service bien organisé dans
un hôpital, mais dans un autre milieu. C'est ce rapprochement que je fais
avec la modification. De toute façon, on reparlera des
physiothérapeutes quand on passera sur leur...
UNE VOIX: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Picard): Article 24, adopté.
M. CASTONGUAY: Tel qu'amendé.
LE PRESIDENT (M. Picard): Tel qu'amendé. Article 25.
M. LAURIN: Je me posais une question au sujet de l'article 25. Je
comprends très bien les raisons pour lesquelles le gouvernement veut se
réserver exclusivement le pouvoir de présenter des projets de loi
touchant les corporations professionnelles, ne serait-ce qu'après
l'examen exhaustif que nous avons fait depuis deux ans et des
difficultés auxquelles nous nous sommes heurtés, des impasses
dont nous avons été témoins; il reste cependant que, comme
un principe général, cela m'apparaît peut-être
difficile à accepter, prima facie, qu'on refuse à un
député le droit de présenter un projet de loi. Un
député, jusqu'ici, en principe, en tout cas, a le droit de
présenter une motion, un projet de loi privé, et il me semble que
c'est une soupape extrêmement importante, pour ne pas dire un instrument
essentiel de la vie démocratique, qu'on donne le droit du moins formel
à tous les députés qui sont les élus du peuple de
présenter un projet de loi. On sait bien qu'en réalité
cela n'aboutit que rarement, des projets de loi déposés par des
députés. Il faut qu'un député ait reçu, au
fond, un appui implicite, extra muros, de la part du gouvernement avant de
présenter ce projet de loi. Mais il reste quand même que c'est un
droit fondamental des élus du peuple que de présenter un projet
de loi.
M. CASTONGUAY: Je m'excuse, mais il y a déjà une
limitation à ce droit. Un député n'a pas...
M. LAURIN: Un projet de loi d'aspect financier.
M. CASTONGUAY: Déjà! Un projet de loi qui implique de
nouvelles dépenses n'est pas jugé recevable. Alors il y a
déjà une limitation.
Ici, je sais, ce que vous dites m'a été mentionné
par les légistes lorsqu'on a rédigé le bill, et on m'a
dit: C'est nouveau, ce n'est pas usuel. Je leur ai répondu qu'il
était toujours bon de penser qu'on pouvait encore innover et, justement
pour les raisons...
M. LAURIN: Les innovations ne sont pas toujours heureuses.
M. CASTONGUAY: Non, non. C'est pourquoi on soumet le projet à
l'étude.
M. BOIVIN: C'est pour mettre un frein aux députés
ministériels, surtout... du côté de l'Opposition on ne peut
pas tout faire.
M. CASTONGUAY: C'est pour indiquer très clairement et
c'est le motif de cet article que la constitution d'une corporation
professionnelle est un acte en vertu duquel des pouvoirs qui appartiennent
à l'Etat sont délégués à un groupement pour
la protection du public et que ceci doit être fait par un membre du
gouvernement.
M. LAURIN: Je ne suis pas encore tout à fait convaincu, parce
qu'on pourrait, par exemple, envisager l'hypothèse suivante.
A supposer qu'un groupe professionnel ait suivi toutes les étapes
qu'on a mentionnées jusqu'ici, qu'il ait à présenter un
projet au Conseil interprofessionnel, qu'il ait à présenter un
projet à l'Office des professions, qu'il ait à présenter
un projet par voie de lobbying au ministre responsable de la formation des
corporations et que, pour une raison ou pour une autre, il n'ait pas eu de
succès, il me semble qu'il y a une sorte de droit d'appel du citoyen qui
peut toujours, à ce moment, recourir aux élus du peuple. Et s'il
rencontre un député qui a l'impression qu'il y a quelque chose de
valable dans son initiative ou son intention, ce député peut,
à quelque parti qu'il appartienne d'ailleurs, au gouvernement ou
à l'Opposition, travailler sur ce projet, l'améliorer et ensuite
le présenter à la Législature. Même si son projet de
loi est fortement critiqué par le parti ou l'Opposition ou le
gouvernement, ceci peut être l'occasion d'une bonne discussion publique
qui n'a pas eu lieu ailleurs.
A ce moment, la population peut en retirer un certain profit et en
même temps c'est une sorte de tribunal d'appel pour toutes les instances
administratives qui ont pu connaître son projet. En ce sens, je trouve
qu'avant d'accepter un article nouveau de ce genre, il faudrait quand
même penser à toutes les implications possibles.
M. CASTONGUAY: II y a beaucoup de mécanismes, en fait, pour
amener cette discussion. Il y a les motions qui peuvent être
discutées, les questions qui peuvent être posées en
Chambre, les séances de la commission
permanente, même l'étude des crédits des
ministères. A part cela, je me rends compte aussi qu'il y a d'autres
moyens en dehors des moyens formels, saisir l'opinion publique, etc. Alors, on
n'a pas voulu freiner, ici, la discussion mais on a voulu, par contre,
clarifier une question. Dans le passé, si on se souvient, les projets de
loi des corporations, particulièrement les corporations à champ
d'exercice exclusif, étaient préparés par ces groupements
et bien souvent amenés en discussion soit par un député,
soit par un membre du gouvernement mais c'était le projet et les
amendements du groupement professionnel concerné. Cela démontre
le point de confusion auquel une corporation professionnelle avait pu se
rendre.
Alors, c'est ce que nous avons voulu clarifier. On n'a pas voulu brimer
et limiter le droit de discussion de ces questions.
M. LAURIN: Mais vous le limitez quand même formellement. Je me
demande aussi si un article comme cela n'est pas inutile, quand on
connaît, vous l'avez souligné vous-même tout à
l'heure, la complexité des démarches que nécessite la
présentation d'un projet de loi. On se rend bien compte que dans les
faits un député, qui voudrait présenter un projet de loi
de cette nature, se heurterait à des obstacles très grands,
qu'ils soient de nature législative, qu'ils soient de nature
financière pour la préparation des mémoires, des brefs,
des avis juridiques, ou d'ordre parlementaire, quand on connaît la
stricte discipline parlementaire. Donc, dans les faits, ce serait très
difficile pour un député de se prévaloir du droit formel
qu'il possède actuellement. Ces obstacles sont tellement importants, au
fond, qu'ils ne paraissent pas menacer la protection du public dont vous avez
fait état.
Donc, je pense que c'est un peu redondant et peut-être inutile de
fermer une porte qui est déjà presque à 98 p.c.
fermée. Il n'y aurait pas grand risque à la laisser ouverte
à 2 p.c. pour prévoir l'impossible, l'imprévisible et je
pense que c'est une des caractéristiques justement de nos institutions
démocratiques que de donner cette ultime chance aux citoyens
éventuellement de faire valoir un droit.
Je pense donc que le ministre ne prendrait pas un grand risque en
biffant cet article de son projet de loi.
M. BOIVIN: ... élus du peuple en réalité, le
gouvernement a bien d'autres freins pour arrêter un député
de présenter une loi. Comme je le disais tout à l'heure, ce
serait peut-être pour freiner surtout les députés du parti
au pouvoir.
M. CASTONGUAY: Remarquez qu'une fois qu'il a été inscrit,
qu'il a été discuté, que le motif a été bien
indiqué clairement et pourquoi nous l'avions inscrit, c'est la ligne de
conduite que nous allons tenir comme gouvernement. Si on insiste fortement, on
peut l'éliminer.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je voudrais insister
fortement et je dirais ceci au ministre, pour lui enlever ses dernières
hésitations. Hier, quand on a parlé du processus d'adoption des
règlements, le ministre a dit: Evidemment, c'est le travail de la
Chambre, c'est à l'Assemblée nationale de déterminer, dans
son règlement, de quelle façon on procède. Par cet
article-là, on touche au processus législatif. Je pense que
ça devrait être l'Assemblée nationale dans son ensemble, le
président de la Chambre, et dans les règlements de la Chambre, la
façon de présenter des projets de loi, qui doit les
présenter... Ce n'est pas une loi, qui touche un secteur
d'activités en particulier, qui doit réglementer la façon
de présenter les projets de loi et qui doit les présenter. A part
ça, il y a sept corporations professionnelles qui ont demandé
d'enlever ça, d'après M. Héroux.
M. CASTONGUAY: Alors, M. le Président, je propose que l'article
25 soit comment dit-on ça? biffé. En rappelant aux
membres de la commission, par contre, que si on continue, il ne restera plus de
code, à force de l'amender.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est le premier article. Il faudrait, pour ne
pas tout numéroter jusqu'à la fin, prendre soin...
M. CASTONGUAY: A force de l'amender et de le...
M. BOIVIN: On va pouvoir rattraper 14 a).
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, ou réintroduire à un moment
donné.
M. CASTONGUAY: A force de le triturer, on ne le reconnaîtra
plus.
M. CLOUTIER (Montmagny): On pourra réintroduire un nouvel article
pour tenir compte du numéro 25, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Picard): L'article 25 est biffé et, tel que
convenu, on appellera les articles selon l'ancien numérotage. Alors,
article 26, quitte à ce que le renumérotage se fasse à la
fin.
M. CASTONGUAY: C'est ça.
LE PRESIDENT (M. Picard): Article 26?
M. CLOUTIER (Montmagny): On se réfère à l'article
18 là, les légistes vont peut-être en reformulant ou en
modifiant l'article 18 que j'ai proposé ce matin... est-ce que ça
peut entraîner des modifications à l'article 26?
M. CASTONGUAY: Non.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors, si ça
n'entraîne pas de modifications à l'article 26, moi, je
n'ai pas de question particulière. On dit dans l'article que c'est le
lieutenant-gouverneur en conseil, j'accepte qu'on ait la consultation de
l'office et du Conseil interprofessionnel et je voudrais souligner que le
ministre, expressément dans l'article 26, consulte l'office et le
Conseil interprofessionnel et on l'en félicite. Alors, le
lieutenant-gouverneur, après consultation, constituera par lettres
patentes les corporations professionnelles à titre
réservé. Alors, ça va, M. le Président. La
publication dans la Gazette officielle, avec la réserve de 60 jours.
M. CASTONGUAY: Article 26, adopté.
LE PRESIDENT (M. Picard): Article 26, adopté. Et pour
l'information des membres de la commission, l'article 25 est non pas
biffé, mais bien abrogé.
M. CLOUTIER (Montmagny): Abrogé. LE PRESIDENT (M. Picard):
Article 27?
M. CASTONGUAY: Un peu plus et il passait quand même. Vous n'auriez
pas dû parler, M. le Président.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ah oui! mais il restait le rapport de la
troisième lecture.
M. CASTONGUAY: Article 27.
LE PRESIDENT (M. Picard): Article 27?
M. CLOUTIER (Montmagny): Aucune objection, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Picard): Article 27, adopté. Article 28?
M. CLOUTIER (Montmagny): On a parlé des sept années au
cours des travaux de la commission parlementaire, si ma mémoire est
bonne, ce n'est pas le Barreau qui avait soulevé ce
problème-là?
M. CASTONGUAY: M. Héroux, qu'est-ce qu'il dit, M.
Héroux?
M. CLOUTIER (Montmagny): Cela lui a échappé. Cette
année, il en parle ailleurs, on en parle dans l'Evangile.
M. CASTONGUAY: II faudrait le voir à un moment donné, ce
M. Héroux.
M. CLOUTIER (Montmagny): II porte un... C'est un...
Pourquoi est-ce qu'on l'a retenu sept ans? Est-ce qu'il y a une
concordance avec une autre législation?
M. CASTONGUAY: M. Morin me dit qu'il le croit. Il n'est pas capable de
l'affirmer avec certitude. C'est un délai que l'on retrouve dans la Loi
du Barreau.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ah bon!
M. CASTONGUAY: M. Villeneuve me dit qu'il a déjà vu cela
aussi dans certaines lois des communautés religieuses. On voit les liens
qui unissent les corporations aux communautés religieuses dans
l'élévation de leurs motifs et de leurs objectifs.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est pour cela qu'on est surpris de ne pas
retrouver les actuaires dans le code.
M. CASTONGUAY: Qu'est-ce que vous voulez!
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre parle
d'élévation.
M. CASTONGUAY: L'article 28, adopté, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Picard): L'article 28, adopté?
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Picard): Article 29.
M. CLOUTIER (Montmagny): L'article 29 est un peu une
répétition d'autres articles, mais il n'est pas très
explicite. C'est une synthèse que vous voulez faire?
M. CASTONGUAY: Cela n'a pas été dit à un autre
endroit spécifiquement; on passe, en premier, dans l'ordre qui est
constitué en corporation; quels sont les critères qui vont
être utilisés dans un cas comme dans l'autre; quelle est la
procédure après cela, dans l'article 26; qui constitue une
corporation; en vertu de quoi elle est constituée. Finalement, ces
étapes franchies, on dit: Voici quelle est la fonction principale. C'est
dans le déroulement logique des articles.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est une déclaration de principe.
Justement, je constate que c'est la première fois qu'on parle de la
protection du public. Dans certaines lois importantes, on retrouve, au
début de la loi, la déclaration de principe. Dans le projet de
loi 65, le ministre s'en souvient, on en avait discuté, et le ministre
avait accepté d'inclure au début du projet de loi une
déclaration de principe pour situer le projet de loi, la philosophie du
projet de loi. Je pense qui si on est d'accord, pour faire, à un moment
donné, une déclaration de principe, c'est cela la
déclaration de principe. La grande raison de l'existence des
corporations professionnelles, c'est la protec-
tion du public, mais on ne devrait pas l'expliquer davantage, dans le
sens de la proposition qui a été faite par le Collège des
médecins, dans son mémoire. Le Collège des médecins
suggérait ceci, d'après M. Héroux: Chaque corporation a
pour principale fonction d'assurer la protection de la collectivité. A
cette fin, elle doit notamment a) protéger le public dans le domaine
relevant de sa compétence; b) veiller à ce que ses membres
possèdent la compétence requise tout au long de leur exercice; c)
veiller à la qualité de l'exercice de la profession et à
l'observance par tous ses membres de leur devoir professionnel; d) assurer la
répression de l'exercice illégal de la profession ou de
l'usurpation d'un titre réservé.
M. BOIVIN: Peut-on inclure dans cet article l'autodiscipline pour les
membres?
M. CASTONGUAY: M. le Président, toutes les choses auxquelles les
députés de Dubuc et de Montmagny font allusion apparaissent dans
les dispositions qui suivent. On dit: Pour la discipline, un comité de
discipline sera formé, etc.
Maintenant, la raison pour laquelle ça n'ap-paraft pas au
début, c'est que c'est assez clair, il y a une raison bien fondamentale;
lorsqu'on parlait de la Loi des services de santé ou de la loi du
ministère, voici quel était l'objectif général de
cette loi. Ici, c'est qu'on commence il y a les définitions
d'accord par créer l'office et on dit quel est son rôle,
parce que les rôles sont partagés; et on dit que l'office doit
veiller, à l'article 12, à ce que chaque corporation assure la
protection du public.
Après cela, on passe au Conseil interprofessionnel. On dit: Quel
est le rôle du Conseil interprofessionnel? C'est un rôle un peu
différent. Après cela, nous arrivons aux corporations et nous
disons: Quel est leur rôle? C'est elles et elles seules qui doivent,
concrètement, au niveau de leurs membres, exercer la fonction de
protection du public. C'est pour ça que cela arrive à cet
endroit.
M. CLOUTIER (Montmagny): Cela m'apparaît un peu noyé dans
cette section qui parle de la constitution des corporations. Je ne sais pas si,
au chapitre IV, les corporations, section I, on y faisait une section
spéciale pour ramasser dans un texte la déclaration de principe
sur les corporations...
M. CASTONGUAY: Si nous envoyions l'article 29 avant l'article 22...
M. CLOUTIER (Montmagny): Je pense que oui. Cela serait...
M. CASTONGUAY: ...est-ce que cela...
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, parce que là, il arrive comme un
cheveu sur la soupe et...
M. CASTONGUAY: Je vous ai expliqué par quel cheminement il a
été placé là, mais on pourrait, encore une fois,
dans une démonstration ultime de bonne foi et de souplesse, l'introduire
peut-être avant l'article 22.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que le ministre dit ultime dans le sens
que c'est la dernière fois?
M. CASTONGUAY: Cela approche.
LE PRESIDENT (M. Picard): Est-ce que cela veut dire que cet article 29
irait avant la section I?
M. CASTONGUAY: II serait numéroté de telle sorte qu'il
apparaisse avant l'article 22.
LE PRESIDENT (M. Picard): Oui, mais avant la section I?
M. CASTONGUAY: Non, dans la section I.
LE PRESIDENT (M. Picard): Dans la section I, tout de suite après:
Constitution des corporations.
M. CASTONGUAY: C'est cela.
LE PRESIDENT (M. Picard): Tout le monde est d'accord?
M. BOIVIN: Au sujet des honoraires, par exemple, comment pourrait-on
concilier la formation d'un comité de contrôle des honoraires, tel
que vous le suggérez dans l'assurance-maladie?
M. CASTONGUAY: Je ne comprends pas.
M. BOIVIN: Vous dites que cela serait inclus à l'autodiscipline
chez les membres.
M. CASTONGUAY: Oui.
M. BOIVIN: Mais comment pourrait-on concilier la formation d'un
comité pour le contrôle des honoraires de ces professionnels?
M. CASTONGUAY: Le Collège des médecins nous dit et
cela a été reconnu depuis un certain temps que les
questions de nature économique doivent être du ressort des
syndicats. C'est un principe qui a été reconnu dans ce bill, que
les corporations n'ont pas comme motif ni comme fonction la protection des
intérêts économiques des membres. Lorsque nous avons
parlé du rôle des corporations, au sujet des tarifs nous le
voyons dans l'article 12 on a fait justement cette distinction en ce qui
a trait à des tarifs. Nous avons dit à l'article 12 s):
"Suggérer pour approbation..." et c'est l'office qui le fera
"... au lieutenant-gouverneur en conseil, après consultation de
la corporation et des organismes intéressés, à un
tarif
d'honoraire pour les services rendus par les membres de cette
corporation, lorsque le coût de ces services n'est pas fixé par
convention collective ou déterminé par la loi". C'est même
déplacé vers l'office. Nous avons, depuis l'adoption de la Loi de
l'assurance-maladie, soumis certains de ces cas au collège pour leur
transmettre une copie des lettres et le collège nous a dit: Ce sont des
questions qui ne sont pas de notre ressort, à notre avis, et nous sommes
prêts à nous occuper de l'autodiscipline, de la qualité des
actes, de tout cela, mais pas des questions de nature économique. C'est
pourquoi, après consultation avec le collège, dans le sens de ce
code, dans le sens de tous les gestes qu'il a posés comme
collège, depuis un certain nombre d'années, nous allons proposer
la formation de comités de révision. Je voudrais faire remarquer
d'ailleurs, je vais vous en envoyer des copies que dans toutes
les autres provinces, on retrouve l'existence de tels comités de
révision. Nous allons avoir un tableau démontrant comment ces
comités sont formés dans chaque province.
M. BOIVIN: Qui aura le pouvoir de mettre à la raison, par
exemple, un médecin qui abuserait, parce que, c'est certain, le
comité va rendre un jugement, mais après cela, qu'est-ce qui
arrivera?
M. CASTONGUAY: Je pense bien qu'on anticipe un peu sur un projet de loi
qui sera déposé cet après-midi. Vous pourrez prendre
connaissance de toutes les dispositions contenues dans le projet de loi.
Il va être déposé cet après-midi.
M. BOIVIN: C'est à cause du principe de l'autodiscipline qu'on
trouve dans cet article.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre a dit tantôt que les
corporations professionnelles, les médecins entre autres, laissaient
à l'association professionnelle la défense économique des
intérêts des membres. Est-ce que le ministre des Affaires sociales
pense que le ministre de la Justice en est convaincu? Est-ce qu'il a
réussi à l'en convaincre à 100 p.c. ou s'il y a encore du
chemin à faire?
M. CASTONGUAY: M. le Président, il est dit ici et en
attendant, la loi n'est pas adoptée très clairement que,
lorsque la loi sera adoptée, il peut y avoir des négociations
collectives; c'est une chose. On en fait exclusion dans l'article 12 s), mais
dans les cas où il n'y a pas de convention collective, c'est l'office
qui va déterminer les tarifs après consultation.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je fais référence
particulièrement aux négociations du ministère de la
Justice avec le Barreau d'une part et d'autre part, la Fédération
des avocats, pour l'aide juridique. Le ministre négocie avec la
corporation professionnelle...
M. CASTONGUAY: Ce n'est pas tout à fait... D'abord, je pense
qu'on déborde un peu, mais je vais répondre...
M. CLOUTIER (Montmagny): Non. On est dans le principe, dans une
déclaration de principe.
M. CASTONGUAY: Ce n'est pas tout à fait une négociation
formelle. La semaine dernière, nous avons adopté, au Cabinet, un
tarif et cela n'a pas été fait par entente signée. Nous
avons adopté un tarif au Cabinet la semaine dernière et c'est
comme cela que la Loi des services juridiques a pris effet. Ce que le ministre
de la Justice a fait, ce sont des rencontres, des consultations, des
discussions, mais ce n'est pas une négociation en bonne et due
forme.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que c'est le tarif du Barreau qui a
été adopté au Conseil des ministres qui va servir pour les
services d'aide juridique?
M. CASTONGUAY: Non. Il y a eu un tarif qui a été
dressé. Je ne peux pas en donner toutes les caractéristiques,
mais on me dit que cela correspond à un certain pourcentage de ce qu'on
a pu observer comme moyenne, comme tarif, pour les actes qui sont couverts.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'on l'a accepté en termes de
pourcentage, le tarif?
M. CASTONGUAY: Non. On l'a fixé, mais le montant auquel on est
arrivé correspondait à un certain pourcentage.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que le ministre peut dire le pourcentage
ou s'il laisse cela au ministre de la Justice?
M. CASTONGUAY: Je ne voudrais pas commettre d'indiscrétion; non
pas d'indiscrétion, mais d'erreur.
M. CLOUTIER (Montmagny): On vient d'avoir une primeur, je n'en
demanderai pas une autre. La primeur du projet de loi, c'est assez.
LE PRESIDENT (M. Picard): Je pense que cela dépasse un peu la
juridiction de la commission.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quand je demande au ministre le pourcentage,
oui, je dépasse le cadre du débat.
LE PRESIDENT (M. Picard): D'autant plus que, s'il y a un projet de loi
au feuilleton, on ne peut pas en discuter ici.
M. BOIVIN: Cela ne dépasse pas, c'est le principe. C'est parce
qu'on dit que l'exercice de la profession doit être contrôlé
par ses membres. Mais on veut souligner qu'il y a un accroc
de ce côté. C'est que, même si une corporation
professionnelle refuse d'exercer ses pouvoirs, on lui donne une porte de
sortie.
M. CASTONGUAY: Je ne crois pas qu'il y ait un accroc. Je crois je
l'ai dit â plusieurs reprises, je l'ai dit en deuxième lecture et
c'est conforme d'ailleurs à ce que le Collège des
médecins, pour prendre cet organisme, a aussi voulu faire ressortir
que c'est la distinction entre la protection du public par rapport
à la qualité des services reçus et celle de la
défense des membres. Le Collège des médecins, celui des
dentistes, des pharmaciens, les infirmières, etc. reconnaissent ce
principe.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que le ministre croit que toutes les
corporations professionnelles vont en arriver bientôt à avoir le
pendant de la corporation professionnelle, l'association qui va...?
M. CASTONGUAY: Ecoutez. Les syndicats sont formés volontairement
et je pense bien que, si on examine l'évolution dans ce secteur, en
1955, il ne devait pas exister un seul syndicat de professionnels. Je peux
affirmer cela sans trop risquer d'erreur. Même en 1960, il ne devait pas
en exister beaucoup et, aujourd'hui, nous sommes en 1973 et le nombre de
syndicats ou d'associations professionnelles syndicales dans le domaine des
activités professionnelles est passablement élevé.
Le phénomène ou l'évolution sur ce plan est assez
rapide et on peut imaginer que tous les groupements qui vont sentir le besoin
de le faire parce qu'il faut aussi sentir le besoin, c'est pourquoi
d'ailleurs c'est volontaire vont le faire à partir des multiples
exemples qui leur ont été donnés.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, 29 deviendrait 22?
LE PRESIDENT (M. Picard): Ils ne sont pas numérotés; on va
dire que le texte est adopté.
M. CLOUTIER (Montmagny): D'accord, mais est-ce que le ministre ne
pourrait pas aussi examiner l'opportunité de l'expliquer davantage?
Tantôt, à première vue, le ministre nous a donné une
réponse en nous disant que c'était un article synthèse,
mais je demande juste s'il veut examiner la possibilité de
l'expliquer.
M. CASTONGUAY: Ici, il y a une option, M. le Président, lorsque
nous avons discuté ce projet et c'est l'option suivante. On pourrait
faire une espèce de synthèse de ce que nous allons retrouver,
j'imagine, au plan de la discipline etc. Mais, il me semble qu'un des dangers,
c'est qu'on va noyer l'idée maîtresse qui est exprimée ici,
c'est-à-dire que la principale fonction est d'assurer la protection du
public. Et là on pourrait, après cela, faire beaucoup de
littérature et probablement risquer d'oublier certaines choses. Les
corporations s'intéressent à bien des questions au plan
scientifique dont l'épanouissement de leurs membres.
M. CLOUTIER (Montmagny): En tout cas, ce que je retiens, c'est que
l'article soit mis plus en évidence. Quant à la rédaction
de l'article, si le ministre désire l'expliquer davantage, en
troisième lecture le ministre suggérera les amendements.
LE PRESIDENT (M. Picard): Alors, le texte de l'article 29 est
adopté et sera inséré dans le projet de loi,
immédiatement avant l'article 22 et après le sous-titre:
Constitution des corporations. C'est cela?
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est cela, d'accord.
LE PRESIDENT (M. Picard): Article 30.
M. CLOUTIER (Montmagny): II manque quelque chose dans la
rédaction de cet article. Je le lis et il manque quelque chose.
M. BOIVIN: Ce n'est pas la même définition.
M. CLOUTIER (Montmagny): II nous manque quelque chose: "Ou une autre
expression." En anglais on dit: "Or another expression".
M. BOIVIN: Dans la définition.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est dans la rédaction, il
manque...
M. BOIVIN: Mais est-ce qu'à la définition d'une
corporation... H me semble que c'est un article; il répète la
définition.
M. CASTONGUAY: Non. Il ne répète pas la définition.
Il bannit l'utilisation de ces termes par d'autres groupes. Si on veut s'en
tenir strictement à des définitions, je pense qu'il faut faire
attention au début, parce que sans cela on va faire la loi dans les
définitions.
M. CLOUTIER (Montmagny): II manque quelque chose. Au lieu de la virgule,
cela devrait être "ou". Ce serait plus clair si en plus de la virgule on
mettait "ou". En anglais vous le mettez, c'est beaucoup plus clair. C'est parce
que c'est une énumération. Mais de la façon que c'est
rédigé, on est obligé de relire plusieurs fois pour
"poigner" l'énumération. Les légistes, comme les notaires,
ont de ces styles.
M. CASTONGUAY: Si vous insistez.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre veut faire un projet de loi
parfait.
M. CASTONGUAY: Alors, vous proposez
donc qu'à la troisième ligne on enlève la virgule
après "corporation professionnelle" et que nous ajoutions "ou".
M. CLOUTIER (Montmagny): Quand je dis parfait, c'est dans la
rédaction parce qu'il ne rencontrera peut-être pas la perfection
du point de vue des usagers.
M. PERREAULT: M. le ministre, on a employé le mot "ordre" pour
celui de "corporation".
M. CASTONGUAY: On va revenir plus tard. L'expression "corporation
professionnelle" est l'expression générale, légale et
après ça, on va voir que, pour les corporations à champ
d'exercice exclusif, elles pourront utiliser l'expression "ordre" et les autres
à titre réservé, ne pourront pas l'utiliser. L'article
30...
M. CLOUTIER (Montmagny): Pour ajouter de la clarté, même si
les linguistes peuvent dire que c'est au détriment de la langue
française...
M. PERREAULT: Avec la fin de l'article, au niveau des structures,
"donnant lieu de croire", j'en viens avec la corporation des techniciens
professionnels, les deux mots ne se suivent pas. Mais c'est l'expression qui
peut donner lieu de croire qu'ils relèvent du présent code.
M. CASTONGUAY: Dans leur cas, leur nom leur est donné par une
loi. C'est pour éviter que des groupements et vous avez vu l'exemple
d'organismes syndicaux, par exemple, chez les chiros, on avait ça, qui
se sont donné le nom de corporation professionnelle ou de
collège, etc., et ça peut porter à confusion. La
population, n'étant pas toujours en mesure de se référer
à ces textes, peut penser qu'un tel groupement, formé
volontairement, qui n'a pas ces responsabilités ni ces pouvoirs, leur
donnerait la garantie que donne une corporation professionnelle. C'est
ça qu'on veut éviter.
M. PERREAULT: Si la disposition est inconciliable avec une loi
déjà votée, elle ne s'applique pas.
M. CASTONGUAY: L'autre loi s'applique, sauf qu'aux autres groupes qui
voudraient volontairement ou autrement adopter ça, ça ne sera
plus possible. L'autre loi s'applique, il n'y a pas de problèmes.
M. PERREAULT: Adopté, M. le Président.
M. CLOUTIER (Montmagny): Article 30, adopté, M. le
Président, avec la modification.
LE PRESIDENT (M. Picard): Avec l'amendement.
M. CLOUTIER (Montmagny): Avec l'amendement.
LE PRESIDENT (M. Picard): Cela va être soumis aux
légistes.
M. CASTONGUAY: II me dit que c'est d'accord. On enlève la virgule
à la fin de la troisième ligne et on remplace par "ou".
LE PRESIDENT (M. Picard): Je n'ai pas à discuter de ces choses.
Adopté tel qu'amendé. Il y a un autre "ou" plus loin.
M. CASTONGUAY: Je sais qu'il y a un autre "ou".
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est une énumération, il y a
trois membres de phrases. Il y a deux mots entre guillemets et on pense que le
deuxième, ce qui vient après, c'est la définition;
à la façon dont c'est mis, on pense que c'est la
définition du premièrement.
M. CASTONGUAY: Je pense que textuellement c'était correct mais
ça se lit drôlement.
LE PRESIDENT (M. Picard): Article 30, adopté tel
qu'amendé. Article 31.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, il est 12 h 20, on
devait ajourner à 12 h 30, de toute façon? Avant d'entrer dans
cette nouvelle section, pour ne pas hâcher nos travaux...
M. CASTONGUAY: On a commencé vers 10 h 20, M. le
Président, on pourrait filer jusqu'à 12 h 30.
LE PRESIDENT (M. Picard): On peut siéger jusqu'à 1
heure.
M. CASTONGUAY: Rendons-nous au moins à 12 h 30.
M. CLOUTIER (Montmagny): 12 h 30.
M. PERREAULT: C'est pour savoir, parce que nous avons des rendez-vous et
il ne faut pas se laisser ballotter comme ça par des heures
inconnues.
LE PRESIDENT (M. Picard): Mais l'ordre de la Chambre dit qu'on peut
siéger jusqu'à une heure. Si la commission décide
d'ajourner immédiatement, vous êtes libres de le faire.
M. PERREAULT: Vous siégerez sans moi à partir de 12 h
30.
M. CASTONGUAY: A 12 h 30. LE PRESIDENT (M. Picard): Article 31.
Professions d'exercice exclusif
M. CLOUTIER (Montmagny): Les professions d'exercice exclusif, de 1
à 21 de l'annexe
1. A 21, ce sont les infirmiers et les infirmières, ils ont
passé juste au-dessus de la barre. Est-ce une coincidence qu'ils soient
arrivés à l'article 21, M. le Président?
M. CASTONGUAY: Problème de numérotage.
M. CLOUTIER (Montmagny): Problème de numérotage. L'annexe
n'est pas acceptée. On dit: On se réfère à
l'annexe, mais on en discutera à la fin. D'accord?
A l'article 32, M. le Président...
M. CASTONGUAY: Article 31, adopté.
LE PRESIDENT (M. Picard): Article 31, adopté. Article 32.
M. CASTONGUAY: J'aurais un amendement à proposer à
l'article 32. Dans les huitième et neuvième lignes, je voudrais
remplacer les mots "acousticien en prothèses auditives" par le mot
"audioprothésiste". J'appuie ma proposition.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le député de l'Assomption va
l'appuyer avec plaisir. Il est très assidu à nos travaux. Il
apporte une contribution positive.
LE PRESIDENT (M. Picard): Cet amendement est adopté?
M. CLOUTIER (Montmagny): On aurait d'autres suggestions à faire
quant aux termes. Quant aux comptables agréés, on sait qu'il y a
un effort de regroupement, qui se fait actuellement, des professions
comptables. Plusieurs réunions ont été tenues, ce qui a
amené autour de la même table les comptables agréés,
les comptables généraux licenciés, aussi, je pense, un
autre groupe que je ne voudrais pas identifier de peur de me tromper, parmi les
trois ou quatre autres groupes qui...
M. CASTONGUAY: Les RIA.
M. CLOUTIER (Montmagny): Les RIA, bon. Je pense que la
désignation des comptables sous le terme "experts-comptables" pourrait
favoriser davantage, je crois, cette formule de regroupement.
M. CASTONGUAY: M. le Président, lorsque la Loi des comptables
agréés sera discutée, si des amendements étaient
apportés ou un amendement était apporté sous ce plan, il
sera toujours temps de faire la référence et de modifier
l'article 32.
M. CLOUTIER (Montmagny): De revenir...
M. CASTONGUAY: Comme ce projet de loi est au nom du ministre de
l'Industrie et du Commerce, je pense que ce serait...
M. CLOUTIER (Montmagny); Délicat.
M. CASTONGUAY: ... délicat et aussi précéder une
discussion qui pourrait avoir lieu en temps opportun.
M. CLOUTIER (Montmagny): En principe, M. le Président, tous les
noms des corporations professionnelles vont revenir avec une loi
spécifique. Au moment où nous discuterons de la loi
spécifique, nous pourrons discuter du nom de la corporation
professionnelle et revenir à l'article 32 du code des professions pour
faire les modifications nécessaires s'il y a lieu.
Alors cela peut se présenter pour les comptables
agréés, on vient de faire le changement pour les
audioprothésistes. Je ne sais pas, à première vue, je n'en
vois pas d'autres. Il y en aurait peut-être d'autres mais je n'en vois
pas à première vue.
M. CASTONGUAY: Adopté?
LE PRESIDENT (M. Picard): Alors, est-ce que vous voulez l'adopter,
quitte, lorsque l'on étudiera...
M. CLOUTIER (Montmagny): Sous réserve. M. CASTONGUAY: On fera la
concordance.
LE PRESIDENT (M. Picard): ... on fera la concordance à ce
moment-là.
M. CLOUTIER (Montmagny): Sous réserve de faire la
concordance.
LE PRESIDENT (M. Picard): L'article 32. Adopté. Article 33.
M. CASTONGUAY: II n'y aura pas beaucoup de concordance à
faire.
M. CLOUTIER (Montmagny): Pas beaucoup de concordance? Dans quel
sens?
M. CASTONGUAY: Dans l'article 32.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quels sont ces mots si vilains?
M. CASTONGUAY: Cela revient à ce que j'ai dit tantôt, c'est
que les autres dossiers vont être étudiés.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que le ministre se réfère
à son "ultime" de tout à l'heure?
M. CASTONGUAY: Non, je me réfère à une autre
remarque, c'est que les autres dossiers seront étudiés comme je
l'ai mentionné.
M. CLOUTIER (Montmagny): Bon! Alors, 33, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Picard): L'article 33.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors, on tombe dans la catégorie des
autorisations spéciales dont on a discuté longuement aux
définitions.
M. le Président, on pourra se référer
également à l'article 39. L'article 39 se réfère
à l'article 36.
Dans l'article 39, on autorise l'utilisation du titre
réservé et, dans l'article 33, on donne l'autorisation du droit
de l'exercice exclusif. C'est cela? Bon d'accord.
M. PERREAULT: Quel exercice?
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors, cela va pour 33, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Picard): L'article 33. Adopté.
M. LAURIN: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Picard): Article 34.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors, ce sont pour les internes et les
résidents?
M. CASTONGUAY: Les stagiaires dans un établissement.
M. CLOUTIER (Montmagny): Dans le cas de la médecine. Dans le cas
des avocats, des notaires, ce sont des clercs, que l'on appelle, les
étudiants comptables...
M. BOIVIN: Stagiaires internes, externes, est-ce que tout cela est
défini dans la loi?
M. CASTONGUAY: On voit, conformément au règlement, en
vertu du paragraphe h) de l'article 89... Ce n'est pas à la fois pour
les actes qui peuvent être posés...
M. BOIVIN: Dans les règlements des hôpitaux, cela peut
être mentionné, cela peut être...
M. CASTONGUAY: Oui mais là, on peut aussi avoir les conditions,
par exemple, de l'étudiant en art dentaire dans un cabinet de dentiste.
C'est pourquoi on dit: A la fois déterminer les actes et les conditions
suivant lesquelles elle peut poser ces actes. Alors, les deux, parce que
c'est...
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, si vous me permettez,
je voudrais revenir à l'article 33, à la fin du troisième
alinéa, où on dit: "...la demande peut en être faite au
bureau, dont la décision à ce sujet est sans appel". Est-ce qu'on
a eu des représentations à l'effet qu'il devrait peut-être
y avoir un autre mécanisme de révision?
M. CASTONGUAY: Ecoutez, ce sont là les personnes qui viennent de
l'extérieur et c'est purement pour une autorisation spéciale,
très temporaire, trois mois, et le pouvoir est donné au
président parce qu'il n'est pas toujours possible, dans un cas, de
convoquer tout le bureau et, au bout de trois mois, s'il devait y avoir
renouvellement, ça doit être fait par le bureau. Maintenant, si le
président refuse, c'est le bureau qui se prononcera et ça ne peut
pas aller plus haut parce que ce sont les corporations qui ont la
responsabilité de donner des permis ou des autorisations
spéciales. Alors, ça ne peut pas aller plus loin comme appel. On
est vraiment dans la limite des attributions des corporations professionnelles,
de leurs pouvoirs, et c'est pourquoi c'est dit très clairement.
M. PERREAULT: Cela prendrait une loi spéciale.
M. BOIVIN: Un président de bureau peut-il déléguer
ses pouvoirs à un hôpital, par exemple, à un directeur
médical d'un hôpital?
M. CASTONGUAY: Pas dans un tel cas, pour autoriser quelqu'un qui vient
de l'extérieur, il n'y a pas de délégation possible. Pour
quelqu'un qui arrive de l'extérieur, s'il veut une autorisation
spéciale, il peut l'avoir.
M. BOIVIN: II communique avec le collège.
M. CASTONGUAY: Je pense que c'est important aussi. Article 34?
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que les mots "un stage
d'entraînement professionnel" ne pourraient pas être
remplacés par "formation professionnelle"? C'est entraînement
dans...
M. CASTONGUAY: M. Morin m'a dit que les légistes ont
étudié cette question et que, finalement, pour des raisons dont
il ne peut pas se souvenir, ils avaient retenu "entraînement
professionnel". Maintenant, dans certaines autres lois, c'est l'expression qui
a été utilisée.
Je me réfère à la loi 65, si on ne veut pas qu'il y
ait de confusion, à moins qu'on ait des motifs extrêmement
sérieux... Peut-être qu'on peut différer d'opinion parce
qu'on est ici devant la forme. Moi aussi, je trouve que c'est plus
élégant, "formation", mais on me dit que c'est le terme qui a
été utilisé.
M. PERREAULT: Cela a deux connotations différentes,
l'entraînement et la formation.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je pense que ce n'est pas tout à fait la
même signification...
M. PERREAULT: C'est cela.
M. BOIVIN: Un des deux, parce que ce sont deux tâches
différentes.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je pense qu'on peut trouver les deux.
L'entrafnement, c'est quand quelqu'un est formé, mais c'est plutôt
le champ pratique, tandis que la formation comporte un aspect scolaire.
M. PERREAULT: Je pense qu'il vaudrait la peine que le ministre regarde
s'il y a une possibilité de mettre les deux, d'ouvrir un champ d'action
plus varié...
M. CLOUTIER (Montmagny): Et plus vaste.
M. CASTONGUAY: D'accord, je demande à M. Morin de
l'étudier.
LE PRESIDENT (M. Picard): L'article 34, adopté?
M. CLOUTIER (Montmagny): Non, mais il faudrait vérifier...
M. CASTONGUAY: Suspendu.
M. CLOUTIER (Montmagny): ... les deux termes: entraînement et
formation.
LE PRESIDENT (M. Picard): Lequel des deux choisissez-vous?
M. CLOUTIER (Montmagny): On va peut-être mettre les deux.
M. CASTONGUAY: On va examiner cela.
LE PRESIDENT (M. Picard): Vous allez mettre les deux?
M. CASTONGUAY: Non, on va examiner cela, on va retourner au
dictionnaire, etc., pour voir. Parce qu'il reste qu'il y a la concordance avec
les autres projets de loi. Je ne veux pas faire de difficulté mais.
LE PRESIDENT(M. Picard): Alors, article 34, adopté.
M. CLOUTIER (Montmagny): Non, l'article 34 est suspendu.
M. CASTONGUAY: On va regarder cela et on y reviendra.
LE PRESIDENT (M. Picard): On reviendra à une autre
séance.
L'article 34 est suspendu. La commission aussi suspend ses travaux
jusqu'après la période des questions, vers quatre heures cet
après-midi, même salle.
M. CASTONGUAY: On va essayer d'avoir une autre salle.
LE PRESIDENT (M. Picard): On va essayer d'avoir la salle 81-A où
il y a l'air climatisé.
(Séance suspendue à 12 h 28)
Reprise de la séance à 16 heures
M. PICARD (président de la commission permanente des corporations
professionnelles): A l'ordre, messieurs!
La commission permanente des corporations professionnelles continue cet
après-midi l'étude du projet de loi no 250, Code des professions.
Nous en étions à l'article 34 et l'honorable ministre avait des
informations à donner là-dessus.
Conseil interprofessionnel (suite)
M. CASTONGUAY: Concernant l'article 18, ce matin, le
député de Montmagny a proposé une nouvelle formulation et
nous en avons discuté quelque peu. Il y a eu aussi un autre article qui
a été suspendu ce matin. Peut-être que nous pourrions
essayer de disposer de ces deux articles avant de prendre l'article 34.
En ce qui a trait à l'article 18, nous avons examiné le
texte proposé et, de façon générale, les objectifs
recherchés ont été retenus, sauf que dans le premier
alinéa, au lieu de dire: sur la demande du ministre, sur la demande de
l'office, d'une corporation ou de sa propre initiative... Etant donné
que c'est au Conseil interprofessionnel, à notre avis, de décider
les problèmes qu'il voudra bien étudier, nous avons une
formulation un peu différente.
Je pourrais peut-être demander qu'on distribue le texte et je
pourrais en faire lecture. Je vais attendre que le texte soit
distribué.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le ministre propose un sous-amendement
à l'amendement proposé par le député de Montmagny
relativement à l'article 18. Ce sous-amendement se lirait comme suit:
"a) peut étudier les problèmes généraux auxquels
doivent faire face les corporations professionnelles...
M. CASTONGUAY: Si vous me le permettez, M. le Président, cela
serait un nouveau texte qui remplacerait l'article 18 de façon
complète.
LE PRESIDENT (M. Picard): A ce moment, est-ce que le
député de Montmagny est prêt à retirer l'amendement
qu'il avait suggéré ce matin?
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui. Il me reste le troisièmement
à lire et je vais vous faire part de ma décision. Je suis
d'accord. Cela rejoint l'essentiel de la proposition.
LE PRESIDENT (M. Picard): Vous retirez l'amendement de ce matin.
L'amendement principal proposé par le ministre à l'article
18 se lit comme suit: Article 18: "En outre des autres fonctions qui lui sont
conférées par la loi, le Conseil interprofessionnel... a). Est-ce
qu'on met un point-virgule ou quoi?
M. CASTONGUAY: On remplace complètement le texte de l'article 18.
Non, on ne met pas de point-virgule. Deux points, peut-être?
LE PRESIDENT (M. Picard): Deux points. Paragraphe a): "peut
étudier les problèmes généraux auxquels doivent
faire face les corporations professionnelles et communiquer aux corporations
intéressées les constatations qu'il a faites avec les
recommandations qu'il juge appropriées; " paragraphe b): "II peut
inviter les groupes professionnels, qui sont reconnus ou non comme corporations
professionnelles et dont les membres exercent des activités connexes,
à se rencontrer en vue de trouver une solution à leurs
problèmes:" paragraphe c): "peut entendre les groupes professionnels qui
veulent être reconnus comme corporations professionnelles et soumettre au
lieutenant-gouverneur en conseil et à l'office, les recommandations
qu'il juge appropriées sur la recommandation d'un tel groupe." Ce
nouveau texte remplace l'article 18. Le député de Taillon.
M. LEDUC: M. le Président, sans vouloir être
désagréable, je crois que vous avez utilisé à deux
reprises le mot "recommandation" à la fin du troisième
alinéa, quand, en fait dans la lecture, on aurait dû entendre
reconnaissance d'un tel groupe.
LE PRESIDENT (M. Picard): Ah bon! Alors, changer à la
dernière ligne; "qu'il juge appropriées sur la reconnaissance
d'un tel groupe". Merci.
M. LEDUC: D'accord.
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté.
LE PRESIDENT (M. Picard): Alors, l'article 18 dont l'étude
était en suspens est adopté tel qu'amendé.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je veux remercier le ministre d'avoir
accepté cette excellente suggestion. Je pense que le ministre trouvera
que cela va apporter de l'amélioration dans le fonctionnement du
mécanisme, du moins je l'espère.
Professions d'exercice exclusif (suite)
M. CASTONGUAY: A l'article 34, qui a été suspendu ce
matin, on a dit qu'il serait plus approprié, à la deuxième
ligne, de dire "qui effectue un stage de formation professionnelle."
Maintenant, M. Morin a vérifié. Il dit que c'est exact, que
l'expression "formation professionnelle" est supérieure au terme
"entraînement".
Maintenant, ce matin il avait mentionné qu'il y avait une raison
spécifique pour laquelle le mot "entraînement" avait
été utilisé. C'était pour faire une distinction. Il
a vérifié et il a trouvé que la raison pour laquelle on
voulait
faire une distinction, c'est que ce sont des stages d'entrafnement une
fois les études, à un certain niveau, complétées.
Ce sont des stages d'entrafnement pratique pour distinguer d'un stage de
formation dans une école ou une institution d'enseignement. Il est
clair, il est vrai, que le mot "formation" est meilleur si on ne veut pas faire
de distinction. C'était la raison pour laquelle on avait, dans le texte,
à ce qu'il me dit, mis le mot "entraînement". Alors, on a le
choix, en fait, si j'ai bien compris ses remarques, de dire "un stage de
formation", le français, la langue va y gagner. Il peut y avoir un
certain danger de confusion parce qu'à l'article 89 g), on relie
"formation" à l'obtention d'un diplôme mais là,
"entraînement", normalement suit.
M. PERREAULT: La seule remarque que j'aurais à faire
là-dessus, c'est que vous venez de définir ce que je disais ce
matin. Le mot "entraînement", ici, a le sens de formation pratique et je
me demande si cela s'applique à toutes les professions.
M. BOIVIN: En médecine, vous en avez dès la
deuxième année. On ne peut pas dire que c'est de
l'entraînement, en deuxième année, mais il y a de la
formation, ils vont déjà au lit du malade. C'est pour cela qu'on
avait proposé de mettre les deux termes si c'était possible.
M. PERREAULT : II ne faut pas oublier que le code s'applique à
toutes les corporations.
M. LAURIN; II ne faut pas oublier Sa Majesté la Langue
française non plus.
M. BOIVIN: Non, mais ce sont deux choses différentes.
M. LAURIN : Je ne suis pas sûr.
M. CASTONGUAY: Si on insiste, on va mettre "formation".
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'il y a objection à mettre les
deux?
M. CASTONGUAY: Si l'un est mauvais, que l'on cherche un meilleur terme.
Mettons le bon...
M. CLOUTIER (Montmagny): Disons que j'ai saisi la distinction, ce qu'on
veut dire, c'est qu'il n'y a pas de formation théorique. Après
que le diplôme est obtenu, c'est une période d'entrafnement. Les
médecins, comme le député de Dubuc vient de le dire, en
cours de formation...
M. CASTONGUAY: C'est en vue d'obtenir un diplôme, alors qu'ici
c'est en vue d'obtenir un permis d'exercice.
M. BOIVIN: C'est de la formation pratique.
En tout cas, formation est mieux qu'entraînement, si on ne met pas
les deux.
M. CLOUTIER (Montmagny): A part ça, à l'université,
il y a des facultés où les périodes de formation
théorique alternent avec des périodes de formation pratique. Vous
avez six mois de théorie, six mois de pratique, ainsi de suite.
M. PERREAULT: ... cours de génie, d'ailleurs.
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous l'avez pour les carrières
administratives, pour les travailleurs sociaux professionnels.
M. CASTONGUAY: Je suis d'accord pour que nous la changions, M. le
Président, qu'on dise un stage de formation.
M. BOIVIN: II faudrait mettre formation pratique et théorique
aussi. Si on veut mettre les deux.
M. CASTONGUAY: On me dit que formation, tiré du doctionnaire
Robert...
M. LAURIN: C'est le meilleur.
M. CASTONGUAY: ... on dit: Ensemble de connaissances théoriques
et pratiques dans une technique, un métier, formation professionnelle,
alors , on n'a pas à le dire.
M. BOIVIN : C'est sûrement mieux, tout à fait.
M. LAURIN: Dans ce domaine-là.
M. CASTONGUAY: Parfait. Article 34.
LE PRESIDENT (M. Picard): L'article 34 est amendé à la
deuxième ligne, après les mots "un stage", remplacer le mot
"entraînement" par "formation".
M. CASTONGUAY: M. Morin me souligne une chose. Si à l'occasion,
dans le texte, plus loin, on reprenait l'expression "entraînement",
même si personne ne le souligne, il apportera le changement.
LE PRESIDENT (M. Picard): Article 34, adopté tel
qu'amendé. Article 35.
M. CASTONGUAY: Adopté. M. BOIVIN: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Picard): Article 35, adopté. Article 36.
Professions à titre réservé
M. CASTONGUAY: A l'article 36, M. le Président, j'ai des
amendements à apporter pour
corriger à deux endroits la traduction anglaise et aussi pour la
question du technologiste médical.
Pour cet article, il me semble qu'on devrait le prendre paragraphe par
paragraphe. S'il y a des paragraphes additionnels à étudier, on
les regardera.
LE PRESIDENT (M. Picard): Paragraphe a).
M. CLOUTIER (Montmagny): Pour l'article 35, on fait la même
remarque qu'on a faite à l'article 22. Quand on va étudier
l'annexe, on a la même réserve, on pourra en rediscuter.
Article 36...
LE PRESIDENT (M. Picard): Article 36, paragraphe a). Adopté.
Paragraphe b).
M. BOIVIN: ... de cette formation. Est-ce qu'ils ont encore une
école?
M. CLOUTIER (Montmagny): Ah oui!
M. PERREAULT: Demandez ça au député de
Montmagny.
M. BOIVIN: Ils seront greffés sous quel titre?
M. CLOUTIER (Montmagny): Comptables en administration industrielle.
Paragraphe b)...
LE PRESIDENT (M. Picard): Paragraphe b), adopté.
M. BOIVIN: Dans le fond, personne ne s'oppose à ça.
M. CLOUTIER (Montmagny): Non, c'est le titre, c'est l'appellation de...
Non, les corporations ne s'opposent pas. Au paragraphe b), il n'y a aucune
objection, à ma connaissance.
LE PRESIDENT (M. Picard): Paragraphe b), adopté. Paragraphe c).
Adopté.
M. CLOUTIER (Montmagny): Paragraphe c), adopté.
LE PRESIDENT (M. Picard): Paragraphe d).
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que le ministre a des commentaires
à faire au paragraphe d)? Non? C'est parce que c'est une corporation
professionnelle avec laquelle il travaille très étroitement, les
travailleurs sociaux professionnels.
Adopté, M. le Président.
M. BOIVIN: Pour quelle raison ajoute-t-on le féminin? Même
dans le titre, cela n'apparaît pas. Je n'ai rien contre, mais...
M. CASTONGUAY: C'est comme pour les diététiciens. Pour
être bien assurés que person- ne ne pourra dire que ce qui
était réservé, c'était "diététicien",
nous, ce que nous utilisons, c'est "diététicienne". Il ne faut
pas courir de risque.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est parce que vous avez indiqué le
féminin dans les corporations professionnelles. Il y a beaucoup de
membres de ces corporations qui sont des femmes.
M. CASTONGUAY; Oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): On l'a indiqué pour les
diététistes, on l'indique pour les travailleurs sociaux, on
l'indique pour les infirmiers, infirmières.
M. CASTONGUAY: II faut remarquer que ce sont des termes dont on dit
qu'ils ne doivent pas être utilisés par d'autres. Alors, il faut
les énumérer précisément et, lorsque le
féminin s'applique, il faut mettre le féminin aussi.
M. PERREAULT: J'aurais une question à poser. L'abréviation
p, est-ce pour professionnel? Le p dans l'abréviation de travailleur
social, est-ce pour professionel?
M. CASTONGUAY: C'est comme cela que la tradition le veut.
M. PERREAULT: C'est parce que, dans plusieurs lois, comme celle des
ingénieurs, le législateur a enlevé le mot
"professionnel".
M. CASTONGUAY: Oui, mais remarquez que l'on dit: Travailleur social.
Cela, c'est l'article. Mais de façon traditionnelle, au bout de leur
nom, ces gens signent t.s.p.
M. PERREAULT: C'est comme nous, les ingénieurs; on signait ing.
p. avant.
M. CASTONGUAY: Oui.
M. PERREAULT: Le législateur nous a enlevé le sigle p.
M. CASTONGUAY: Remarquez que si on leur enlève cela...
M. CLOUTIER (Montmagny): On les appelle comme cela. En pratique, on dit
que c'est un t.s.p.
M. PERREAULT: Pour nous, avant c'était ing. p.; maintenant c'est
disparu. C'est l'Assemblée nationale qui a enlevé le p.
M. CASTONGUAY: On voit les plus disposés.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le paragraphe d). Adopté. Le paragraphe
e).
M. LAURIN: Au paragraphe c), est-ce que vous ajoutez technologiste
médical à la fin?
M. CASTONGUAY: On va ajouter un paragraphe à la fin de tout, le
paragraphe q).
M. LAURIN: Vous avez encore l'ancienne prononciation?
M. CASTONGUAY: Les deux. Cela dépend des milieux où
j'évolue.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le paragraphe e). Adopté. Le paragraphe
f ).
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Picard): Adopté. Le paragraphe g).
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté. Il y a beaucoup de sigles.
LE PRESIDENT (M. Picard): Oui, quatre sigles.
Le paragraphe g). Adopté. Le paragraphe h).
M. CLOUTIER (Montmagny): Cela ressemble à VIP.
M. PERREAULT: M. le ministre, cela fait beaucoup de sigles à la
fin. N'y aurait-il pas moyen de les limiter un peu plus? Ces gens veulent avoir
le mot "professionnel"; alors, s'ils veulent garder le mot "professionnel",
qu'on le leur donne.
M. CASTONGUAY: Le problème doit aller dans g), il y en a deux qui
sont en français et deux qui sont en anglais, on a la traduction; vous
trouvez ça aussi bien du côté anglais que du
côté français. C'est pour ça que cela en fait
beaucoup.
M. PERREAULT: Je parle des deux expressions françaises, vous avez
C.O. et C.O.P. et P veut dire professionnel. Alors, moi, je me demande pourquoi
on garde C.O., si on applique "professionnel" ailleurs, parce que ça
fait un mélange pour le public.
LE PRESIDENT (M. Picard): Dans la version anglaise, les initiales C.O.
sont réservées par les forces armées, ça veut dire
"Commanding Officer".
M. PERREAULT: Je pense au public, moi, et puis...
M. CASTONGUAY: Je ne suis pas assez familier dans ce cas-là avec
les usages dans le cas des conseillers d'orientation ou d'orienteurs
professionnels, je n'ai pas...
M. PERREAULT: Pour les initiales C.O. on n'a qu'à ajouter un P,
tout le monde sera professionnel.
M. CASTONGUAY: Y a-t-il une distinction? Y en a-t-il qui sont
professionnels et d'autres qui ne le sont pas?
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est une habitude qu'ils ont prise, ils
suivent les traditions.
M. PERREAULT: Bien, ils sont tous dans la même corporation.
M. CASTONGUAY: M. Morin dit que c'est ce qui existe dans la loi
actuellement, dans leur loi actuellement. Remarquez que, moi, je n'ai
pas...
M. PERREAULT: C'est parce que j'ai toujours le public en vue, pour que
les gens s'habituent à voir les...
M. BOIVIN: La langue du travail ne peut pas changer ça, pour
mettre seulement un nom français?
M. PEARSON: C.O.P., c'est une abréviation pour quoi? Comment
ça se dit?
M. PERREAULT: Conseiller en orientation professionnelle.
M. PEARSON: Conseiller en orientation professionnelle.
UNE VOIX: Motocycliste.
M. PEARSON: Cela se dit drôlement mal.
M. CASTONGUAY: Voulez-vous qu'on suspende l'article? On pourrait
communiquer peut-être avec eux?
M. PERREAULT: S'ils n'ont pas d'objection parce que, moi, je
préférerais qu'il y ait seulement un sigle français pour
tout le monde.
M. CLOUTIER (Montmagny): De l'autre côté, les Anglais,
qu'ils utilisent le sigle anglais.
M. PEARSON: Est-ce que la politique maintenant est de prendre le terme
le plus usuel, c'est-à-dire celui qui est le plus employé, qu'on
entend le plus, au lieu de faire une rééducation des gens? Comme
conseiller en orientation, du côté francophone, c'est
établi, tout le monde le sait.
M. PERREAULT: II y a C.O.P. aussi en français.
M. CASTONGUAY: J'avoue qu'il n'y a pas de politique très
précise, on a repris, je pense bien, les initiales qui apparaissaient
dans les textes actuels. Si vous le voulez, pour les
orienteurs, je pourrais demander à M. Villeneuve de communiquer
avec eux et de voir si ça peut créer des difficultés.
Sinon, on réduira aussi bien l'anglais que le français.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, c'est parce qu'il y en a quatre.
M. CASTONGUAY: Ah! remarquez que...
LE PRESIDENT (M. Picard): L'étude du paragraphe g) est suspendue.
Paragraphe h)
M. CLOUTIER (Montmagny): On pourrait peut-être en passer aux
urbanistes qui n'en n'ont pas.
M. PERREAULT: Un p. UNE VOIX: Un VSOP!
M. CLOUTIER (Montmagny): II n'y a pas de Urb. pour les urbanistes?
M. CASTONGUAY: On veut en enlever...
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est parce qu'eux, quand ils vont signer leur
nom, ils écriront urbanistes au long.
M. CASTONGUAY: Que dit M. Héroux sur le sujet?
M. CLOUTIER (Montmagny): M. Héroux ne dit rien; il ne fait que
rapporter ce que les groupes ont dit devant la commission parlementaire.
M. CASTONGUAY: J'ai l'impression que s'il y avait eu ici, dans les
habitudes, une abréviation, cela nous aurait été
souligné et mentionné.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le paragraphe h), adopté.
Le paragraphe i).
M. CLOUTIER (Montmagny): Cela va.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le paragraphe i), adopté.
Le paragraphe j )?
M. CLOUTIER (Montmagny): II y a encore là, la désignation
anglaise du côté français et la désignation
française du côté anglais.
M. CASTONGUAY: C'est pour énumérer. C'est comme pour les
travailleurs sociaux professionnels, il faut que le texte énumère
précisément ce qu'on veut réserver. Alors, il faut le
mettre aussi bien du côté français que du côté
anglais.
M. PERREAULT: Ils en ont moins à écrire du
côté français.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est moins pire qu'au paragraphe g),
tantôt.
LE PRESIDENT (M.Picard): Le paragraphe j), adopté.
Le paragraphe k)?
M. PERREAULT: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Picard); Le paragraphe k), adopté.
Le paragraphe 1 )?
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté.
LE PRESIDENT (M. Picard): Adopté. Le paragraphe m)?
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté.
LE PRESIDENT (M. Picard): Adopté. Le paragraphe n)?
M. CLOUTIER (Montmagny): Non, non, physiothérapeute.
M. PERREAULT: Physiothérapeute, oui.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le paragraphe n), adopté.
Le paragraphe o)?
M. BOIVIN: Le ministre a parlé d'un titre
d'audioprothésiste, ça ne doit pas se changer là?
M. CASTONGUAY: Pardon?
M. BOIVIN: A n), ce matin, il me semble qu'on a changé le
titre.
M. CASTONGUAY: On l'a corrigé ou on a passé à
l'article 32...
M. BOIVIN: Est-ce que cela ne devrait pas s'ajouter ici?
M. CASTONGUAY: Non.
M. CLOUTIER (Montmagny): Non. Cela n'est pas la même chose. Ce
sont les corporations à titre réservé.
M. BOIVIN: Oui, c'est vrai.
M. CLOUTIER (Montmagny): Paragraphe 1), ergothérapeute, cela
va.
LE PRESIDENT (M. Picard): Paragraphe o). Adopté. Paragraphe
p).
M. CASTONGUAY: Au paragraphe p), dans la version anglaise, j'ai deux
amendements. Dans la première ligne du texte anglais, il faudrait
remplacer le mot "aide" par le mot "assistant" et à la fin, dans la
dernière ligne, au lieu de"aides",il faudrait lire "assistants".
LE PRESIDENT (M. Picard): Est-ce que vous avez pris note des
amendements?
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui.
LE PRESIDENT (M. Picard): Au paragraphe p), la version anglaise se
lirait comme suit tel qu'amendé: "Use the title Nurse's Assistant or any
other title comprising such expression or the equivalent, unless he holds a
valid permit for that purpose and is entered on the roll of the Professionnal
Corporation of Nurse's Assistants of Quebec."
Adopté tel qu'amendé?
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté.
LE PRESIDENT (M. Picard): II y a un autre amendement, un paragraphe
ajouté, paragraphe q) qui se lirait comme suit: "Utiliser le titre de
technologiste médical, ni un titre quelconque comportant cette
expression ou l'équivalent, s'il n'est détenteur d'un permis
valide à cette fin et s'il n'est inscrit au tableau de la Corporation
professionnelle des technologistes médicaux du Québec."
M. LAURIN : Je m'oppose vigoureusement à cet amendement, parce
qu'il n'est pas en concordance avec les paragraphes qui ont déjà
été adoptés; par exemple, le paragraphe c), où on
dit: "Utiliser le titre de "diététiste", de
"diététicien" ou de "diététicienne..." Il me semble
que pour les fins de concordance, il devrait se lire comme suit: "Utiliser le
titre de technologiste médical, technologiste médicale..." afin
qu'il soit en concordance avec le paragraphe c) ou le paragraphe d) où
l'on parle...
M. PERREAULT: Les deux sexes.
M. LAURIN: ... de travailleur social, de travailleuse sociale, à
moins que le ministre change complètement son fusil d'épaule et
accepte les dispositions de la loi d'interprétation où le
masculin comprend le féminin. A ce moment, il faudrait changer et
revenir à l'article c) et à l'article d) et enlever
"diététicienne et travailleuse sociale."
M. CASTONGUAY: M. Morin me donne une explication très profonde
qui est la suivante. Il me dit que, lorsque le terme était vraiment
à consonnance différente, "travailleuse sociale", par exemple,
à "travailleur social", là, il l'a mis. Dans le cas où il
s'agissait d'ajouter simplement le féminin et que la consonnance ne
changeait pas, c'est compris, lorsqu'on dit: "... ni un titre quelconque
comportant l'une de ces expressions ou l'équivalent..." C'est pourquoi,
il ne l'a pas répété dans certains autres cas non plus.
Administrateur agréé, je pense qu'au féminin, en vertu de
la même règle, est-ce que ce ne serait pas agréé
avec un e pour le féminin?
M. LAURIN : Administratrices?
M. CASTONGUAY: Administratrices agréées.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je ne crois pas qu'il y ait...
M. CASTONGUAY: Des techniciennes dentaires.
M. CLOUTIER (Montmagny): ... de femmes dans la corporation des
administrateurs, sauf erreur.
M. PERREAULT: Mais technologiste s'applique aux deux sexes.
M. CASTONGUAY: Voulez-vous qu'on fasse une entente? On pourrait demander
dans la rédaction définitive que les féminins soient
ajoutés.
M. BOIVIN: Avec une note.
M. CLOUTIER (Montmagny): II y a conseillers en relations industrielles,
il y aurait conseillères en relations industrielles.
M. CASTONGUAY: Ou on enlève tous les féminins ou on les
met partout.
M. LAURIN: Ce sont les désavantages de la langue
française.
M. BOIVIN: Est-ce que cela se met dans les lois?
M. CASTONGUAY: Non.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Saint-Laurent.
M. PEARSON: Comme dit le ministre, à moins de tout mettre au
féminin parce qu'aujourd'hui, pratiquement toutes les professions... A
ce moment, je suis d'avis simplement de mettre c'est la majorité
le terme le plus connu; cela inclut tout le monde quand même, de
toute façon.
M. CASTONGUAY: En fait, on a voulu aussi respecter les lois actuelles.
Maintenant, comme on change, soit qu'on mette partout le féminin
également ou qu'on ne le mette pas du tout et qu'on mette seulement le
masculin. Je ne voudrais pas prendre seul une telle décision.
M. LAURIN: On pourrait peut-être réserver tout l'article
sujet à ces considérations. Vous pourriez faire les
études. Je me rappelle que l'ancien député de Missisquoi
ne manquait aucune occasion de s'élever violemment contre le fait qu'on
ne changeait pas les lois, les titres et appellations sous prétexte
qu'il fallait respec-
ter une législation antérieure, et qu'avec ce principe, on
ne corrigeait jamais les déficiences du passé au point de vue
linguistique.
M. PERREAULT: J'aurais une seule remarque à faire au
député de Bourget pour l'amendement q): le mot "technologiste"
est aussi bien masculin que féminin. Cela n'a pas de connotation
masculine ou féminine.
M. LAURIN: C'est comme le dit le député de Saint-Laurent,
ce sont toutes les professions bientôt où on va voir des hommes et
des femmes.
M. LEDUC: J'espère.
M. CASTONGUAY: Je suis d'accord que nous enlevions le féminin
partout et qu'on se rapporte à la loi de l'interprétation.
Très bien?
M. LAURIN: D'accord.
M. CASTONGUAY: Alors, lors de la rédaction définitive du
texte, on ne gardera que le terme masculin.
M. LEDUC: M. le Président, il semble y avoir une unanimité
mais par principe, pour sauver les quelque deux millions de femmes
québécoises, je m'abstiens de donner mon consentement.
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous ne prenez pas la meilleure solution parce
qu'il y a des professions... Qu'on prenne pour un instant la profession des
infirmiers et infirmières. Supposons que cela crée un
problème. On dit qu'on fait disparaître le nom "infirmière"
et qu'on garde le nom "infirmier". Il y a tout le problème parce qu'il y
a assez longtemps que... Il y en avait même un des deux qui
n'était pas dans l'appellation. On a été obligé de
changer la loi pour cela. Là, parce qu'on est dans les professions
à titre réservé, on ne prendra pas le même principe.
Je pense que c'est peut-être un peu plus d'ouvrage de s'occuper du
féminin, mais je crois qu'on doit le mettre. Parce que, pour une
corporation en particulier, le travailleur social et la travailleuse sociale,
on emploie toujours l'expression "travailleuse sociale" et on sait combien il y
a de membres féminins dans cette corporation. On dit souvent: Le dossier
a été vu par la travailleuse sociale, on a eu affaire à la
travailleuse sociale. S'il n'apparaît pas dans les termes de loi, je
pense donc que c'est discrétionnaire pour le membre de la corporation de
la section féminine. Evidemment, la démonstration est moins
évidente pour certains groupes de professionnels mais pour les
diététistes, encore là, on est habitué de voir des
femmes comme diététistes bien plus souvent que des hommes.
Alors, c'est pour cela que je pense que, si on adopte une politique
uniforme là-dedans, je pense qu'on est mieux de retenir le nom
féminin.
M. LAURIN: Peut-être qu'on pourrait aussi permettre au ministre et
à ses légistes d'étudier un peu plus longuement la
question puisque j'avais l'intention, à la fin de l'article, de proposer
que l'article soit réservé pour une autre raison. Parce que, par
le biais de cet article 36, on donne un nom officiel anglais à chacune
des corporations et pour les mêmes raisons on a suspendu l'article 3 et
l'article du Conseil interprofessionnel, il serait peut-être opportun
d'aborder cette étude sous cet angle spécifique lorsqu'on
abordera l'article 44, parce qu'actuellement dans la traduction anglaise on se
trouve à donner un nom officiel anglais à chacune des
corporations.
LE PRESIDENT (M. Picard): Ils existent à l'annexe I.
M. LAURIN: Justement, c'est l'article 3, l'article 16 et cet article en
même temps que l'article 44 qu'on pourrait discuter ensemble pour ne pas
perdre de temps. Autrement on sera obligé de faire un débat sur
chacun de ces articles d'une façon séparée. En même
temps, cela pourrait donner...
M. CASTONGUAY: Est-ce que, si on introduit le féminin dans
certains cas, vous allez soulever à l'article suivant la
possibilité qu'on donne, dans le nom des corporations, non pas seulement
le masculin mais le féminin aussi?
M. LAURIN: Le problème se pose.
M. CASTONGUAY: Non. Je pose la question. Est-ce qu'on dirait la
Corporation professionnelle des conseillers et conseillères
d'orientation professionnelle?
M. LEDUC: Oui, mais M. le ministre, est-ce qu'il n'y a pas une nuance
qui est peut-être très mince, très faible, à l'effet
que dans l'article 36 on s'adresse aux individus tandis que dans l'article 37
on s'adresse à un groupe d'individus? Quant à moi, j'aimerais
qu'on ait le féminin à l'article 36 et cela ne me chicote pas,
lorsqu'on parle de la corporation proprement dite, qu'on parle de ce qui existe
actuellement.
M. CASTONGUAY: Sauf pour les infirmières dont le terme est
déjà reconnu et accepté...
M. CLOUTIER (Montmagny): Elles sont presque la totalité des
membres de la corporation.
M. CASTONGUAY: La corporation des diététiciennes, les
diététiciens comment...
M. CLOUTIER (Montmagny): Sur 40,000.
M. CASTONGUAY: Ah les diététistes. Si vous voulez on peut
suspendre l'article 36. On va demander à M. Morin de regarder pour
voir
les féminins et on passera la liste rapidement dès qu'elle
sera dressée. Est-ce que cela vous irait?
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Saint-Laurent
avant.
M. PEARSON: Dans l'esprit de la loi, M. le ministre, ici comme ailleurs,
quand il y a simplement le masculin ou le féminin, cela n'exclut pas
l'autre. Si le terme est masculin, cela n'exclut pas. Autrement dit, c'est
implicite. Deuxièmement, le but de cette loi, qu'est-ce que c'est? C'est
d'empêcher qu'un profane puisse exercer la profession qui est
définie comme telle. Ce n'est pas, en somme, de leur trouver un terme
légal, masculin ou féminin et tout cela, et de compliquer
davantage. Moi, je trouve que c'est un peu compliqué de mettre le
féminin partout.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Dorchester.
M. GUAY: Avant de disposer ou de suspendre l'article 36, j'ai ici les
propositions qui ont été faites par l'Association des infirmiers
et infirmières; on a amendé le texte anglais du sous-article p)
et je remarque qu'on a changé "nurse's aide" pour "nurse's assistant".
Maintenant, si je lis ici, la bonne adaptation de ce mot est "nursing
assistant" au lieu d'avoir "nurse's assistant". Je remarque ici...
M. CASTONGUAY: Je Us que ce serait "nursing assistant" au lieu de
"nurse's assistant".
M. GUAY: Aux deux endroits où on a amendé le texte
tantôt.
M. CASTONGUAY: M. Morin me dit que c'est la corporation elle-même
ou le groupe des infirmières auxiliaires qui a suggéré
cette appellation de "nurse's assistant" au lieu de "nurse's aide".
M. GUAY: J'ai le texte proposé par l'Association des
infirmières et infirmiers de la province de Québec. Je lis bien
ici.
M. CASTONGUAY: Ce sont les infirmières, le groupe des
infirmières auxiliaires aurait dit "nurse's assistant".
M. GUAY: Je ne suis pas familier avec les termes anglais, mais est-ce
que ce n'est pas plus usuel de dire "nursing" que "nurse"? Si on suspend
l'article 36, est-ce qu'on pourra aussi retoucher à ces deux amendements
de la version anglaise? Je pourrai prendre les informations
nécessaires.
M. PERREAULT: Ce n'est pas la même association.
M. GUAY: C'est sûr que ce n'est pas la même association,
sauf que cela concerne les infirmières quand même.
M. CASTONGUAY: On va apporter la lettre qu'on avait reçue et on
verra ce qu'on doit faire.
M. GUAY: D'accord. Il me reste à préparer des arguments si
je veux les défendre. Je vais demander qu'on m'explique la
différence qui peut exister entre "nursing" et "nurse".
M. CASTONGUAY: Très bien.
LE PRESIDENT (M. Picard): Avant de suspendre l'article 36, il y aurait
peut-être lieu d'adopter, comme on l'a fait pour les autres, le nouveau
paragraphe q); autrement on risque de l'oublier. Le paragraphe q) est
adopté tel que présenté par le ministre comme amendement.
L'article 36 au complet est suspendu. Article 37.
M. CLOUTIER (Montmagny): A l'article 37, on entre dans les
définitions du champ d'exercice de chacune des professions, des
corporations professionnelles à titre réservé. C'est la
seule chance qu'on a d'en parler, M. le Président.
M. CASTONGUAY : Est-ce que je pourrais mentionner aussi que nous avons
une couple d'amendements pour la question des nurse's aides et les
technologistes médicaux et souligner, parce que je pense que c'est
extrêmement important, que nous sommes dans une section à titre
réservé. Les activités que nous décrivons ici ne
sont pas des activités limitatives. On indique ce que sont normalement
les activités des membres de ces corporations. Elles peuvent
déborder ce champ dans chacun des cas et le fait qu'il y ait une
corporation professionnelle à titre réservé
n'empêche pas d'autres personnes de poser ces actes. Je mentionne ceci
parce qu'il n'est pas nécessaire d'introduire la même rigueur et
la même précision que dans le cas des professions à champ
d'exercice exclusif.
M. CLOUTIER (Montmagny): Au début de l'article, premier
alinéa, vous dites: "en outre de celles qui lui sont autrement permises
par la loi." Est-ce que la loi ici veut dire ici le bill 250?
M. PERREAULT: La loi qui peut déléguer, la loi qui est
constitutive, une des corporations qui peut déléguer des
actes.
M. CLOUTIER (Montmagny): Mais on va abolir ces lois.
M. PERREAULT: Prenez la Loi des chimistes, qui va déléguer
des actes chimiques qui peuvent être accomplis par les technologistes
médicaux. Ils vont être définis.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ce n'est pas par la loi, c'est par le
règlement qu'on a adopté.
M. CASTONGUAY: M. Morin me signale que lorsqu'on dit: "en outre de
celles qui lui sont autrement permises par la loi", par exemple dans certaines
autres lois, comme la Loi de la Commission municipale...
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est ça, il y a de la
vérification qui peut être faite par un comptable
agréé, diplômé d'une faculté universitaire de
commerce.
M. CASTONGUAY: C'est ce qui est prévu ici.
M. CLOUTIER (Montmagny): Mais c'est rare, ce n'est pas fréquent.
On ne fait allusion au bill 250 d'aucune façon, ni aux lois de chacune
de ces corporations parce qu'on va les abroger.
M. CASTONGUAY: D'ailleurs, si vous regardez la traduction anglaise, on
traduit par "by-law" et non par une loi spécifique.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ce serait plus clair si on disait: "permise par
loi".
LE PRESIDENT (M. Picard): "Par une loi".
M. CLOUTIER (Montmagny): "Par une loi". Quand on dit: "par la loi", cela
ressemble beaucoup au bill 250.
M. CASTONGUAY: Non, c'est plus que "par une loi"; c'est "par la loi",
d'autres lois. Il ne faudrait pas...
LE PRESIDENT (M. Picard): Le préambule est adopté.
M. CLOUTIER (Montmagny): Notre première impression est que cette
loi permet d'autres choses à ces...
M. CASTONGUAY: Est-ce qu'on pourrait dire: "par la
législation"?
M. BOIVIN: "Par d'autres lois" parce qu'on ne met pas le mot "autre"
là.
M. CLOUTIER (Montmagny): "Par d'autres dispositions
législatives"? Dans un cas comme ça, la langue anglaise est plus
directe que la langue française.
M. CASTONGUAY: On utilise habituellement l'expression "par la loi"
actuellement, lorsqu'on veut se référer à la loi en
général. C'est l'expression consacrée dans toutes les
lois.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ah! il y a des avocats qui vont
téléphoner au ministère et dire: Qu'est-ce que ça
veut dire ça, "par la loi"?
M. LAURIN: Est-ce que ce sont toutes les lois ou si c'est cette
loi-ci?
M. CASTONGUAY:. Non, ce sont les autres lois.
M. PERREAULT: Les statuts.
M. CLOUTIER (Montmagny): En tout cas, je le signale, si on peut...
M. CASTONGUAY: Oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): ... trouver une meilleure formulation, c'est
difficile, mais...
M. GUAY: On pourrait employer "par toute autre loi".
M. CASTONGUAY: On me dit que c'est l'expression
généralement utilisée et que ça donne
satisfaction.
LE PRESIDENT (M. Picard): De toute façon, l'esprit du
législateur est enregistré.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quand on analysera cette loi, on se
référera plutôt au journal des Débats qu'au texte
législatif...
LE PRESIDENT (M. Picard): Le préambule est adopté.
M. CLOUTIER (Montmagny): ... pour voir toute la subtilité du
législateur.
LE PRESIDENT (M. Picard): Paragraphe a).
M. CLOUTIER (Montmagny): Un instant, oui...
M. CASTONGUAY: Le préambule.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, oui.
LE PRESIDENT (M. Picard): Paragraphe a).
M. CLOUTIER (Montmagny): Au paragraphe a), déjà on a des
questions à poser au ministre sur la définition. Le ministre
vient de dire que le champ d'exercice qui y est établi est seulement une
indication de ce que ces professionnels sont appelés à faire.
Mais il reste tout de même que c'est une indication qui est dans la loi
et que les professionnels peuvent utiliser de façon courante; je dirais
qu'ils peuvent élargir le champ d'application de leur pratique parce que
ce n'est pas un champ de pratique exclusif, c'est un titre
réservé. Tout de même, il faudrait avoir la meilleure
définition possible qui satisfasse les différentes corporations
professionnelles. Là, à certains endroits, cela touche des
corporations professionnelles qui ont un champ de pratique exclusif. Il faut
faire un peu plus attention à ce moment, si on touche à ces
définitions de corporations qui sont conte-
nues dans chacune des lois. Pour les comptables en administration
industrielle du Québec qui sont connus sous le sigle RIA, les
administrateurs agréés ont fait valoir qu'ils n'étaient
pas d'accord sur cette définition. Ils en ont proposé une autre
que les RIA ont acceptée. Je la lis, M. le Président; ils ont
proposé que soit retenue la définition ou la description suivante
et je cite: "Faire de la comptabilité de gestion en fournissant et
utilisant l'information comptable et financière et toute autre
information pour la prise de décision relative à la
planification, au contrôle et à la gestion des entreprises, offrir
au public des services de conseillers en matière d'élaboration de
systèmes comptables, de planification et de contrôle financier des
entreprises." C'est un peu plus long mais...
M. CASTONGUAY: Est-ce que les CA sont d'accord sur cela, M. le
Président?
M. CLOUTIER (Montmagny): Je ne saurais dire s'ils sont d'accord sur
cela, mais les objections venaient...
M. CASTONGUAY: C'est important.
M. CLOUTIER (Montmagny): ... des administrateurs
agréés.
M. CASTONGUAY: Oui, mais il ne faut pas tomber non plus dans le champ de
pratique des CA qui est exclusif.
M. CLOUTIER (Montmagny): Là, on insiste sur "faire de la
comptabilité de gestion." C'est parce que le terme qui les a fait
s'opposer, c'est "gestion des affaires". C'est cela, parce que la gestion
appartient plutôt aux administrateurs.
M. CASTONGUAY: On dit: "Etablir des prix de revient et faire de la
comptabilité industrielle, de l'organisation et de la gestion des
affaires."
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est la gestion des affaires, c'est ce qui a
attiré l'attention des administrateurs agréés.
Les comptables agréés ne font pas de gestion. Ils font de
la vérification.
J'ai le mémoire de la Corporation des administrateurs
agréés, en date du 12 janvier 1972. Ils avaient écrit
à la commission parlementaire et on disait dans une lettre
adressée au secrétaire de la commission: "Notre corporation
s'oppose à ce terme "gestion des affaires" et cela pour plusieurs
raisons. Premièrement, gestion est synonyme d'administration et ce terme
très vague "administration des affaires" devrait être
réservé à la Corporation des administrateurs
agréés du Québec; deuxièmement, la majorité
de nos membres détiennent un diplôme universitaire en gestion des
affaires; troisièmement, les comptables agréés et les CGA
ne revendiquent pas ce privilège. Nous désirerions que ce terme
"gestion des affaires" soit remplacé par un terme précisant
davantage le travail du comptable en administration industrielle, comme le
contrôle de l'organisation et des méthodes dans l'entreprise."
Alors, c'est ce qu'ils ont fait, ils ont fait une proposition de
définition que les RIA ont acceptée.
J'aimerais corriger la suggestion de définition qui a
été faite. La nouvelle définition a été
faite par les RIA.
M. CASTONGUAY: Elle ne nous a pas été
communiquée.
M. CLOUTIER (Montmagny): On doit l'avoir dans un mémoire, quelque
part, parce qu'on ne l'a pas tirée...
M. CASTONGUAY: Parce que là, on va frapper un problème
avec les CA.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je ne le sais pas. Certainement, on touche au
domaine de la gestion. La suggestion a été faite dans leur
mémoire de février 1972, le mémoire des RIA, à la
page 11, définition, re: article 35 a). Si le ministre
préfère, avant de faire le changement, je ne m'oppose pas
à ce que l'on fasse une consultation auprès des CA. Il n'est pas
question d'obtenir l'approbation d'une corporation professionnelle et, à
ce moment-là, susciter de l'opposition chez une autre corporation
professionnelle.
M. CASTONGUAY: M. le Président, M. Morin me dit que, lorsqu'il y
a eu rencontre avec les groupes, il avait été convenu que les
définitions actuelles seraient maintenues et que, s'il y a des
regroupements ou des modifications aux termes des négociations qui se
poursuivent entre les groupes, les définitions pourraient être
à ce moment-là et devraient être modifiées. Alors,
comme il s'agit de définitions qui sont dans le projet de loi actuel.
Pour éviter, peut-être, de mettre en cause les négociations
qui se poursuivent, est-ce que l'on ne pourrait pas s'en tenir aux
définitions actuelles, sachant qu'il y a des négociations qui se
poursuivent?
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, il y a des négociations qui se
poursuivent par les administrateurs actuellement, comme il y en a qui se
poursuivent par les comptables. Les administrateurs agréés ont
discuté avec d'autres groupes pour regrouper des professionnels qui font
de l'administration. Mais est-ce que le ministre dit qu'actuellement,
l'expression "gestion des affaires" est déjà employée dans
la loi des RIA?
M. CASTONGUAY: Qui date de 1947 ou 1946.
M. CLOUTIER (Montmagny): Et ce serait ce terme qui serait
employé. Alors, on a ici le
texte qui apparaît dans la loi actuelle des RIA. On dit: "Les fins
générales de cette société sont de
développer et d'augmenter les connaissances, l'habileté et la
compétence de ses membres en tout ce qui concerne l'établissement
de prix de revient, la comptabilité industrielle, l'organisation et la
gestion des affaires et d'agir comme agence de placement dans ce domaine
d'activités." Alors, les termes "la gestion des affaires" sont bien dans
la loi actuelle. Disons que, comme principe général, tenant
compte de ce que le ministre vient de dire, nous accepterions qu'on n'aille pas
plus loin par exemple, qu'on n'ouvre pas plus que les lois actuelles...
M. CASTONGUAY: D'accord.
M. CLOUTIER (Montmagny): ... quitte après ça à ce
que l'Office des professions et le Conseil interprofessionnel facilitent, s'il
y a lieu, ces rencontres avec les groupes et qu'on s'entende sur des
définitions. Parce que le danger, si on ouvrait la définition
actuellement, si on l'élargissait, c'est qu'après ça, ce
n'est pas possible de revenir en arrière ou, du moins, c'est très
difficile de revenir en arrière. C'est pour ça qu'il faudrait
faire attention à chacune des définitions.
LE PRESIDENT (M. Picard): Paragraphe a), adopté tel que
rédigé. Paragraphe b)?
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous êtes rendu à b), M. le
Président?
LE PRESIDENT (M. Picard): Paragraphe a), adopté, oui.
M. CLOUTIER (Montmagny ): Paragraphe a), adopté, tenant compte
des réserves qu'on a faites et ce n'est pas pour sanctionner... Dans
l'esprit du législateur, ce n'est pas dans l'idée que les
définitions des professions à titre réservé ne
soient pas revues. Parce que le ministre nous a dit tantôt il nous
l'a bien dit que c'était une indication seulement, cette
description qui est faite parce que ce n'est pas un champ d'exercice
défini dans une loi spécifique comme pour les autres corporations
professionnelles. Alors, c'est dans cet esprit que l'on accepte actuellement
les descriptions moi, je n'appellerais pas ça une
définition, j'appellerais plutôt ça une description
de tâches. Mais je voudrais qu'il soit bien compris par les
professionnels en cause...
M. CASTONGUAY: D'accord.
M. CLOUTIER (Montmagny): ... en tout cas, de ma part à
moi; je ne veux pas traduire pour les autres que ce n'est pas une
acceptation définitive du texte qu'il y a là. Parce que je pense
que le Conseil interprofessionnel, l'Office des professions et le
ministère continuent de revoir ces articles de définition, de
description et qu'ils tiennent compte des rencontres qui se déroulent
actuellement chez les comptables, d'une part et chez les administrateurs,
d'autre part.
M. CASTONGUAY: Très bien.
LE PRESIDENT (M. Picard): Ces commentaires s'appliquent à tous
les paragraphes, j'imagine?
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est-à-dire à ceux qui sont en
négociation actuellement; qu'on comprenne bien que les administrateurs
sont en négociation avec d'autres administrateurs, les comptables
agréés sont en négociation avec des groupes de comptables.
Alors là, ils ont pris l'initiative d'aplanir ces difficultés,
difficultés de définition, de champ d'exercice. Je pense que,
dans ces cas-là, c'est plus facile de l'accepter en principe. Et les
autres où il n'y a pas de discussion de commencée et où on
n'a pas l'air de vouloir en avoir d'ici prochainement on n'identifiera
pas de groupe à ce moment-ci il faudrait peut-être faire un
peu plus attention dans les définitions qu'on va accepter.
LE PRESIDENT (M. Picard): La rédaction serait définitive
à ce moment-là.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, ce sera le rôle du conseil.
LE PRESIDENT (M. Picard): Alors, paragraphe b), adopté.
Paragraphe c)? Adopté. Paragraphe d )?
M. CLOUTIER (Montmagny): Paragraphe c), M. le Président, un
instant, s'il vous plaît. Les diététistes, on a
indiqué: "élaborer des régimes alimentaires selon les
principes de la nutrition et surveiller leur application". On disait
"d'élaborer et d'enseigner les régimes alimentaires et d'en
surveiller l'application", dans la définition proposée à
la commission parlementaire.
M. CASTONGUAY: D'ailleurs, remarquez l'article 38. Il dit clairement:
"Rien dans la présente section ne doit être
interprété comme donnant aux membres d'une corporation à
laquelle elle s'applique le droit exclusif d'exercer les activités qui
sont décrites à l'article 37 ou dans les lettres patentes
constituant cette corporation".
On essaie de décrire et on a essayé de faire des textes
où il n'y aurait pas de redondance pour éviter des complications
comme "enseigner". La fonction, il me semble, de l'enseignement est un peu
différente ici. La diététiste, au premier titre, n'est pas
un enseignant...
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est comme le travailleur social. Ce n'est pas
sa fonction d'enseigner, mais quand il fait de la revalorisa-
tion dans le domaine social, nécessairement il prend un cas et il
faut qu'il enseigne à ce moment-là. Il enseigne à
administrer des budgets, il enseigne à utiliser...
M. CASTONGUAY: On ne le dit pas dans le texte, on dit: "Intervenir
auprès des personnes, des familles, des groupes ou des
collectivités dans le but d'améliorer leur fonctionnement
social". Il peut faire de l'éducation populaire, il peut faire de
l'animation, il peut faire du...
M. CLOUTIER (Montmagny): Non, ce n'est pas l'idée. L'idée
n'est pas de faire un débat sur chacune des descriptions, mais c'est de
souligner les points que ces corporations ont présentés devant la
commission parlementaire et qui doivent retenir notre attention.
M. CASTONGUAY: Evidemment, les gens qui écrivent des
mémoires font toujours une certaine partie de littérature et,
lorsqu'on en arrive à la rédaction des projets de loi, il y a
certaines rigueurs qui s'imposent.
M. CLOUTIER (Montmagny): Même dans les discours de deuxième
lecture, il peut y avoir un peu de littérature aussi.
M. CASTONGUAY: Parfois beaucoup.
M. CLOUTIER (Montmagny): Cela va, pour autant que l'idée soit
d'enregistrer les points d'accrochage possibles, pour qu'on n'ait pas de
surprises.
LE PRESIDNET (M. Picard): Le paragraphe c), adopté.
Le paragraphe d)?
M. CLOUTIER (Montmagny): II ne semble pas y avoir de difficulté
au paragraphe d), pour les travailleurs sociaux.
M. GUAY: Cela correspond pas mal à ce que font actuellement les
travailleurs sociaux. Je pense que c'est ce groupe-là qu'on a eu
l'occasion d'analyser le plus.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est ce que l'on vient de décrire.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le paragraphe d), adopté.
Le paragraphe e)?
M. CLOUTIER (Montmagny): II y a beaucoup de psychologues. Le ministre a
été généreux pour les psychologues. Est-ce que
l'action des psychologues était difficile à circonscrire? C'est
une action intangible, comme celle des psychiatres, on travaille dans le
mou.
Quand nous passerons aux psychiatres, le député de Bourget
nous donnera la définition exacte.
M. CASTONGUAY: Pour autant, M. le Président, qu'ils se
comprennent entre eux, on devrait les laisser dans la quiétude.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre n'est peut-être pas tout
à fait sur la même longueur d'ondes avec les psychiatres. Il
faudra en reparler dans une autre circonstance.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Saint-Laurent.
M. PEARSON: M. le Président, dans la définition du
paragraphe e): "fournir au public des services professionnels dans lesquels
sont appliqués les principes et les méthodes de la psychologie
scientifique". Pour ce qui est du reste, n'est-ce pas de la redondance? Ne
faudrait-il pas le répéter également pour le psychiatre,
pour le médecin, parce qu'ils ont également des entrevues? Ils
appliquent les principes.
M. CASTONGUAY: Sauf qu'on dit que la psychologie consiste à
fournir des services utilisant les principes et les méthodes de la
psychologie. On essaie d'être un peu plus descriptif, comme dans les
autres cas. Si on arrête au point, on va avoir dit que la psychiatrie, en
fait, consiste à faire de la psychiatrie. C'est pourcela qu'on dit:
"notamment".
On me dit justement que c'est peut-être pour les protéger
contre les psychiatres, parce que ces derniers sont médecins et ils ont
un champ d'exercice exclusif. Si on ne dit pas: "notamment", cela pourrait
présenter certains dangers. Je ne veux pas dire par là que tous
les psychiatres ont des visées impérialistes, mais
peut-être que, comme groupe....
M. LAURIN: Vous ne les avez pas notées ici, à
l'Assemblée nationale. Je m'en défends bien.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je voudrais dire au ministre qu'on retrouve
dans les mémoires de chacune de ces corporations une très bonne
définition des psychologues.
Les psychologues ont donné une très bonne
définition dans leur... C'est pour cela que j'encourage le
député de Bourget à la lire. A un certain moment, je pense
qu'on frôle la psychiatrie.
M. LAURIN: C'est-à-dire que le paragraphe e) ne comprend pas le
mot "traitement".
M. CLOUTIER (Montmagny): Le paragraphe e)...
M. LAURIN: ... et c'est cela qui différencie la psychiatrie, en
tant que discipline médicale, de la psychologie.
M. CLOUTIER (Montmagny): A part cela, quant au reste...
M. LAURIN: Je suis d'accord-avec vous que le champ comporte de vastes
zones de chevauchement.
M. CLOUTIER (Montmagny): Bon. Alors, il n'y a pas de difficulté
de ce côté.
M. LAURIN: La même chose pour les travailleurs sociaux. Vous
savez, quand on étudie de près le fonctionnement social, ou entre
dans la psychologie, dans la médecine, dans la psychiatrie, etc. Mais
vouloir introduire des césures, des sections à l'intérieur
d'un champ aussi vaste, j'y renonce.
M. CLOUTIER (Montmagny): Parce que dans leur mémoire,
après cela, ils ont tout un chapitre sur la pratique illégale de
la psychologie. Je vais relire cela pour voir si...
M. CASTONGUAY: C'est si noir au lieu de...
M. CLOUTIER (Montmagny): D'accord mais c'est pour voir si... On accuse
les psychanalystes ici d'empiéter dans le domaine de la psychologie.
M. LAURIN: Les psychanalystes sont comme les actuaires. Ils ne sont pas
formés en corporation et c'est un gros avantage.
M. GUAY: Comme dit bien la fin du paragraphe e): "... pour fins
d'orientation, de rééducation et de réadaptation." Je
pense que tout ce qu'ils ont le droit de faire, c'est pour cette fin. C'est
clair.
M. CASTONGUAY: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Picard): Paragraphe e). Adopté.
Le député de Saint-Laurent.
M. PEARSON: Le député de Bourget a mentionné que le
paragraphe e) n'indiquait pas de traitement. Mais quelle distinction
faites-vous entre traitement et "... recourir à des techniques..."
M. LAURIN : Bien souvent, c'est un pléonasme. C'est un synonyme,
mais que voulez-vous, il faut laisser du travail aux avocats.
LE PRESIDENT (M. Picard): Paragraphe e). Adopté. Paragraphe f
).
M. CLOUTIER (Montmagny): Paragraphe f ), ça va.
LE PRESIDENT (M. Picard): Paragraphe f). Adopté. Paragraphe
g).
M. CASTONGUAY: On aurait peut-être dû en engager une couple,
le printemps dernier.
M. CLOUTIER (Montmagny): Une couple de quoi? Le paragraphe f ) est
adopté. Paragraphe g), M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Picard): Paragraphe g). Adopté?
M. CLOUTIER (Montmagny): Un instant. Ça va.
LE PRESIDENT (M. Picard): Paragraphe g). Adopté. Paragraphe
h).
M. CLOUTIER (Montmagny): Concernant les urbanistes, je voudrais entendre
le député de l'Assomption qui appartient à une corporation
plus proche des urbanistes. Est-ce qu'il semble y avoir des
difficultés?
M. PERREAULT: Non.
M. CASTONGUAY: Une harmonie complète.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui.
M. PERREAULT: Mais c'est à titre réservé. C'est
même plus que cela qu'ils peuvent faire, alors...
M. CLOUTIER (Montmagny): Ils avaient demandé d'être
reconnus à titre exclusif je me souviens quand ils sont
venus devant la commission parlementaire. Et on a parlé, à ce
moment, de plusieurs autres professions en évolution, comme les
écologistes, les aménagistes. Il n'y en a pas une qui s'appelait
les aménagistes? Aménagement du territoire...
M. PERREAULT: Les aménagistes.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui. Alors, le législateur a
décidé de laisser, je pense, évoluer ces professions,
quitte à revoir par la suite. C'est un problème qui
relèvera de l'office et du Conseil interprofessionnel.
M. PERREAULT: C'est un problème de l'an 2000.
M. CLOUTIER (Montmagny): De l'an 2000.
M. LAURIN : Les géoéconomistes, les géographes qui
sont obligés de faire de l'économique.
M. CLOUTIER (Montmagny): On n'est pas sorti du bois.
M. LAURIN: Quand ils tracent des axes routiers.
LE PRESIDENT (M. Picard): Paragraphe h). Adopté. Paragraphe
i).
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté.
LE PRESIDENT (M. Picard): Paragraphe i). Adopté. Paragraphe j
).
M. CLOUTIER (Montmagny): Ce sont ceux qui travaillent avec le bill 48,
la Loi.de l'évaluation. Est-ce qu'on a eu un mémoire des
évaluateurs agréés? On l'a cherché et on ne l'a pas
trouvé. Est-ce qu'il y en a eu un?
M. CASTONGUAY: On procédait à son évaluation.
M. PERREAULT: Regardez cela dans Héroux.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je me suis demandé si on ne l'avait pas
égaré. On pourra vérifier cela un peu plus tard mais on
n'a pas trouvé de mémoire des évaluateurs
agréés.
M. PERREAULT: Je souligne à l'honorable député de
Montmagny qu'ils se sont concentrés sur le bill 48, c'est pour cela.
M. CLOUTIER (Montmagny): II faudrait peut-être amener les
corporations... Non, mais c'est le seul groupe dont on a parlé, dont on
parle dans la loi et on n'a trouvé aucun document.
M. CASTONGUAY: C'est une chose malheureuse.
M. CLOUTIER (Montmagny): Bien j'imagine, ou ils sont en train
d'évaluer les conséquences de cette loi.
M.LEDUC: C'est sans doute qu'ils sont satisfaits de la loi, c'est pour
cela.
M. CLOUTIER (Montmagny): II y a un malin qui dit qu'ils sont encore
à étudier le bill 48 et ses effets.
M. LEDUC: C'est un malin.
LE PRESIDENT (M. Picard): ... j) adopté. Paragraphe k).
M. CLOUTIER (Montmagny): Ce mémoire avait été
envoyé à l'ancien ministre des Affaires municipales.
LE PRESIDENT (M. Picard): Paragraphe k), adopté?
M. LAURIN: Les députés sont-ils tout-à-fait
d'accord... sur cette décision?
M. CASTONGUAY: On l'a adopté purement, et on a les autres
dispositions.
LE PRESIDENT (M. Picard): Paragraphe k). M. CLOUTIER (Montmagny): Dans
le para- graphe k), je voudrais faire remarquer au ministre qu'à la
troisième ligne, on dit "enseigner les principes de l'hygiène
buccale." Sans commentaire.
M. CASTONGUAY: Cela va!
LE PRESIDENT (M. Picard): Paragraphe k), adopté. Paragraphe
1).
M. GUAY: Dans le paragraphe k), j'aimerais bien que le ministre
précise pourquoi il a mis enseigner et qu'il n'est pas... comme on le
disait tantôt.
M. CASTONGUAY: C'est à cause d'une enseignement très
spécifique à des individus.
M. GUAY: Mais dans l'autre cas, cela aurait peut-être
été cela aussi. Est-ce que c'est à cause du milieu
hospitalier?
M. CASTONGUAY: Oui, cela fait pas mal partie de leur rôle. C'est
un rôle premier. L'hygiéniste dentaire a comme premier rôle
de faire la promotion de l'hygiène dentaire.
M. GUAY: Et elle enseigne à qui?
M. CASTONGUAY: Aux gens de façon générale.
Remarquez, je ne veux pas prétendre qu'il y a une logique rigoureuse
dans toutes ces définitions.
M. GUAY: Mais le sourire du ministre me fait un peu peur.
M. CASTONGUAY: Non, ce sont des titres réservés ici.
Alors, on ne leur donne pas un champ exclusif. Ils peuvent faire autre
chose.
M. GUAY: D'accord, mais...
M. CASTONGUAY: On essaie de décrire leurs activités
principales.
M. GUAY: Mais je vois déjà ici l'hygiéniste qui va
interpréter, même si cela n'est pas à exercice exclusif, ce
paragraphe de la loi.
M. CASTONGUAY: Cela n'empêche personne d'autre de faire les
mêmes choses qui sont ici. Absolument pas.
M. GUAY: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Picard): Paragraphe k), adopté. Paragraphe 1),
adopté?
M. GUAY: Avant de l'adopter, cela demeure quand même que ce n'est
pas strictement ce qui est inscrit là non plus.
M. CASTONGUAY: Cela, c'est pour les techniciens dentaires.
M. GUAY: Les techniciens dentaires, oui. Je veux avoir la même
précision parce que, au cas où...
M. CASTONGUAY: Oui. M. GUAY: D'accord.
M. CASTONGUAY: Le jour où j'essaierai de vous passer un sapin, je
n'aurai pas le même type de sourire.
M. CLOUTIER (Montmagny): Cela sera un certain sourire.
LE PRESIDENT (M. Picard): Paragraphe 1), adopté. Paragraphe
m)?
M. LAURIN: Au paragraphe m), je vois que, cette fois-là, le
ministre a utilisé le mot "traiter". Est-ce qu'il y a une raison
spécifique?
Est-ce que le contentieux entre les intéressés et en
particulier les otologistes ou les oto-rhino-laryngologistes a
été vidé? Est-ce qu'il y a eu un accord? De la même
façon, le mot "trouble". Est-ce que c'est à dessein qu'on emploie
le mot "trouble" au lieu de maladie ou de malfonctionnement ?
M. CASTONGUAY: Je pense que c'est dans ce sens-là. Pour ne pas
entrer dans des traitements pathologiques, d'une pathologie.
M. LAURIN: Est-ce qu'il y a de la différence entre traiter des
troubles et instituer des traitements pour les pathologies
diagnostiquées? J'imagine que c'est avec ce problème-là
que vous étiez aux prises dans votre formulation.
M. CASTONGUAY: On a dû prendre le texte qu'on nous a
suggéré, peut-être le modifier quant à la forme. Il
ne semble pas qu'il y ait eu de difficultés. D'accord?
LE PRESIDENT (M. Picard): Paragraphe m), adopté; n)?
M. CLOUTIER (Montmagny): Paragraphe n), les physiothérapeutes, on
en a parlé un peu ce matin. Est-ce que le ministre a tenu compte...
Est-ce qu'une des principales raisons pour lesquelles il a changé les
physiothérapeutes de catégorie réside dans les objections
apportées par d'autres corporations professionnelles, d'autres groupes
de professionnels tels que les professeurs d'éducation physique
si ma mémoire est bonne qui disaient qu'ils faisaient aussi des
actes qui pourraient n'être pas exclusifs aux physiothérapeutes?
Par contre, les physiothérapeutes disent: Les chiropraticiens sont
reconnus comme corporation à champ de pratique exclusif.
M. CASTONGUAY: J'ai donné ce matin, je pense, une autre
distinction. C'est celle qui provient du fait que les chiropraticiens
pratiquent seuls à l'extérieur et qu'il y a une certaine tendance
à vouloir déborder le cadre de ce qui semble acceptable comme
mode de traitement dans le domaine de la chiropraxie. On en a vu des exemples
ici. Alors, pour ces deux raisons-là... Alors que, dans le cas de la
physiothérapie, de façon générale, c'est
pratiqué à l'intérieur d'établissements et,
à ma connaissance, les physiothérapeutes s'en tiennent à
la physiothérapie. Il y avait aussi le problème, si vous vous
souvenez bien, des ergothérapeutes.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui.
M. CASTONGUAY: En les scindant en deux groupes, encore là, ce
serait poser des problèmes de recoupement qui auraient été
presque insolubles. Si on se souvient, les ergothérapeutes s'opposaient
fortement à être regroupés avec les
physiothérapeutes.
M. BOIVIN: Ce n'est pas la même formation.
M. CLOUTIER (Montmagny): Mais quelle est la proportion des
physiothérapeutes qui pratiqueraient en établissement? Le
ministre en fait une raison principale, mais il y en a quand même qui
doivent travailler ailleurs, dans d'autres...
M. CASTONGUAY: II y en a qui travaillent de façon privée,
mais ils se limitent à la physiothérapie et cela ne
présente pas tout à fait les mêmes problèmes que le
cas des chiropraticiens qui veulent utiliser diverses méthodes et qui
disent que la chiropraxie, dans certains cas, peut traiter à peu
près n'importe quoi.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'il ne s'introduit pas, dans la
profession des physiothérapeutes, comme il peut s'en introduire
ailleurs, dans des corporations qui ne sont pas encore fermées, des
éléments indésirables aussi...
M. CASTONGUAY: Ils ne pourront pas porter le titre de
physiothérapeutes ni être membres de la corporation, s'ils ne
répondent pas aux exigences au plan de la formation. Ils ne le pourront
pas; ils pourront peut-être s'appeler masseurs mais pas
physiothérapeutes. C'est là la protection qui est accordée
au public.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ils exercent sur ordonnance médicale,
les physiothérapeutes, dans la plupart des cas pour ne pas dire dans
tous les cas.
M. CASTONGUAY: L'obligation n'en est pas faite, toutefois. Si vous
remarquez au paragraphe n), il n'est pas dit que ça doit toujours
être sur ordonnance, contrairement à ce qui a été
fait au paragraphe 1 ).
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que le ministre a eu l'occasion de
discuter avec les physiothérapeutes, à quelques reprises?
M. CASTONGUAY: On a eu des séances de la commission
parlementaire, des représentations, etc. J'ai demandé des
avis.
M. CLOUTIER (Montmagny): Une partie de la difficulté vient du
fait que, dans la première version, ils étaient reconnus et dans
la deuxième... Je pense que ça été une des raisons
majeures pour laquelle ils sont fortement déçus.
M. CASTONGUAY: Ils étaient fortement déçus. Je
pense bien qu'aujourd'hui... à moins qu'on leur rappelle, les choses se
sont rétablies.
M. CLOUTIER (Montmagny): Si le ministre me donne un certificat dans ce
sens... Je ne suis pas convaincu, étant donné qu'ils oeuvrent
dans un secteur où on va donner aux chiropraticiens un droit de pratique
exclusif. Ils vont avoir un titre réservé. Je ne suis pas
convaincu que, comme professionnel, il n'y aura pas certaines
difficultés. Le ministre s'en souvient; c'est une des raisons pour
lesquelles on a accepté l'optométrie dans le régime
d'assurance-maladie. Le ministre l'a acceptée en 1970 quand il a
présenté sa loi, mais en principe, je l'avais acceptée moi
aussi en 1968 ou 1969 et on avait préparé la loi en
conséquence. A part toutes les raisons d'une meilleure distribution
géographique de ces professionnels sur le territoire, il y avait un
danger réel qu'en installant le régime d'assurance-maladie et en
en excluant les opto-métristes, nécessairement, peut-être
la profession, si elle ne disparaissait pas, éprouverait de grandes
difficultés, étant donné que les actes posés par
les ophtalmologistes seraient couverts par le régime d'assurance-maladie
et que les actes posés par les optométristes ne l'auraient pas
été. Cela n'a pas été la seule raison mais
ç'a été une des raisons. Evidemment, il n'est pas question
de la rémunération de l'acte avec le bill 250 mais on
reconnaît qu'une profession, en l'occurrence les chiropraticiens, vont
avoir un champ de pratique exclusif. D'autre part, les
physiothérapeutes, dont quelques-uns pratiquent, mais pas
nécessairement, dans un établissement, vont avoir seulement un
titre réservé. Je ne sais pas, mais ça pose un certain
problème. Je ne suis pas encore complètement convaincu qu'on doit
les exclure du champ de pratique exclusif.
M. CASTONGUAY: M. le Président, nous avons eu des
problèmes avec les ergothérapeutes d'une part. D'autre part, les
personnes qui vont voir les chiropraticiens, c'est généralement
parce qu'elles ont perdu confiance dans la médecine traditionnelle et la
physiothérapie s'apparente au mode de traitement relié à
la médecine. Je pense bien qu'il n'y a pas tellement de concurrence
entre l'un ou l'autre. Etant donné que le coût des services n'est
pas couvert, ni dans un cas, ni dans l'autre, par l'assurance-maladie, je ne
vois vraiment pas quel est le danger.
M. CLOUTIER (Montmagny): J'ai dit qu'il n'était pas question de
rémunération. C'est simplement le critère, d'un
côté le champ de pratique exclusif et de l'autre
côté, le titre réservé. En tout cas, disons que je
reste avec des hésitations, je ne sais pas; si on l'accepte comme
ça, il faudra nécessairement que ce soit un des premiers
problèmes sur lequel devront se pencher le Conseil interprofessionnel et
l'Office des professions après une certaine période de
rodage.
Cela devrait être un des problèmes qui devraient être
discutés par le Conseil interprofessionnel et l'Office des
professions.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): Autres commentaires au paragraphe
n)?
M. CASTONGUAY: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): Adopté. Paragraphe n),
adopté. Paragraphe o).
M. CLOUTIER (Montmagny): Ce sont deux professions qui se ressemblent. Le
ministre a semblé laissé entendre tantôt que si les
physiothérapeutes sont une profession à titre
réservé, les ergothérapeutes auraient la même
considération, si on peut employer l'expression.
M. CASTONGUAY: De toute façon, dans le cas des
ergothérapeutes, on les retrouve encore davantage dans les
établissements.
DES VOIX: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): Adopté. Paragraphe p). Il y
a une modification?
M. CASTONGUAY: Paragraphe p), là, on va suspendre et on fera les
vérifications et, selon ce qu'on apportera pour le paragraphe p)
à l'article 36, on fera la même chose pour l'article 37,
paragraphe p). Très bien?
LE PRESIDENT (M. Croisetière): D'accord! Et vous avez un
paragraphe à ajouter à q)?
M. CASTONGUAY: Un paragraphe ajouté à q) qui se lit comme
suit: "La Corporation professionnelle des technologistes médicaux du
Québec: faire tout genre d'analyses techniques et d'examens de
laboratoire dans le domaine de la biologie médicale et poser les actes
nécessaires pour assurer la précision de ces analyses et
examens."
M. LAURIN: On remarque que, dans le mémoire qu'il vous avait
soumis, ainsi qu'à la commission, le groupe des technologistes
médi-
eaux avait défini autrement l'exercice de la technologie
médicale. Est-ce que le ministre pourrait nous expliquer pourquoi il a
mis de côté cette définition pour lui substituer celle que
nous lisons actuellement?
M. CASTONGUAY: Comme vous le savez, il y a eu depuis certains
problèmes, un technolo-giste a été poursuivi et nous avons
eu de nombreuses rencontres avec eux. Nous nous sommes entendus. Il y a eu des
ententes signées. Nous avons révisé cette question. Nous
avons révisé les règlements de la loi 65. Nous avons
écrit aux administrations hospitalières, nous avons
communiqué avec les chimistes. Finalement, entre autres choses, cette
définition a été discutée avec eux et leur a
donné satisfaction.
M. LAURIN: En somme, vous restreignez la définition
antérieure qui parlait de biologie humaine à la biologie
médicale, ce qui spécifie davantage le champ d'exercice de ces
techno-logistes. C'est la principale modification.
M. CASTONGUAY: Cela a été discuté avec eux
longuement. Je les ai rencontrés également.
M. LAURIN: Donc, cela rallie l'assentiment de tous les organismes
intéressés, y compris les chimistes professionnels?
M. CASTONGUAY: Selon les discussions que nous avons eues.
M. LAURIN: L'unanimité s'est faite. M. LEDUC: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Picard): Paragraphe q), adopté.
M. LAURIN: Avant d'adopter tout l'article 37. M. le Président,
pour la même raison que je faisais valoir à l'article 36,
j'aimerais que cet article soit réservé pour les mêmes
raisons, pour qu'on puisse discuter de la question linguistique en même
temps.
LE PRESIDENT (M. Picard): Tout le monde est d'accord pour
réserver l'article 37. Article 38.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est un bon article.
M. PERREAULT: Adopté. Un très bon article. Il
mérite d'être adopté immédiatement.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui.
M. LEDUC: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Picard): C'est adopté?
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Picard): Article 39.
M. LAURIN: Les articles 38 à 43 sont adoptés, en ce qui
nous concerne.
M. CLOUTIER (Montmagny): Article 39, adopté.
LE PRESIDENT (M. Picard): Article 39, adopté.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le député de Bourget, cela
dépend des... de Montmagny.
M. PERREAULT: C'est parce qu'il a tellement hâte d'arriver
à l'article 43.
M. CASTONGUAY: Un instant!
M. LEDUC: II ne veut pas manquer le "deadline" de six heures.
M. LAURIN: Cela dépend, qui doit manquer le "dead-line" de six
heures?
UNE VOIX: Vous ne le savez pas!
LE PRESIDENT (M. Picard): Est-ce que l'article 39 est adopté?
M. CLOUTIER (Montmagny): L'article 39 est adopté, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Picard): Alors, section IV: Dispositions communes,
article 40.
Dispositions communes
M. CLOUTIER (Montmagny): Le député de Bourget n'a pas de
question à l'article 40? Adopté.
LE PRESIDENT (M. Picard): L'article 40. Adopté. L'article 41.
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté. M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Picard): Adopté. L'article 42.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quelle est la différence...
Est-ce que le ministre veut que l'on ralentisse?
M. CASTONGUAY: Je n'ai aucune objection, M. le Président. J'ai de
la misère à me retrouver. Quelquefois, c'est très long,
quelquefois c'est très vite et je n'ai pas la facilité
d'adaptation que vous semblez avoir.
M. CLOUTIER (Montmagny): Si le ministre avait lu Héroux!
M. CASTONGUAY: Même ma montre va
plus vite, elle indique déjà six heures moins cinq.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quelle différence faites-vous entre un
permis et un certificat de spécialiste?
M. CASTONGUAY: Le permis est le document délivré par une
corporation qui donne lieu à l'ouverture, au droit d'exercer cette
profession. Le certificat de spécialiste atteste une connaissance
particulière, mais ce n'est pas un document qui ouvre le droit à
l'exercice d'une profession. Si l'on prend l'exemple des médecins,
théoriquement le permis ouvre le droit d'exercer la profession
médicale aux médecins et de poser tous les actes. Le certificat
de spécialiste vient s'ajouter pour préciser que la personne qui
détient ce certificat a étudié de façon
particulière et qu'on lui a reconnu des connaissances plus approfondies,
une compétence plus grande dans cette spécialité.
On spécifie à l'article 55 au sujet du certificat
en fait, on le fait négativement dans une certaine mesure "Nul ne
peut utiliser un titre de spécialiste ni agir de façon à
donner lieu de croire qu'il est spécialiste, s'il n'est détenteur
d'un certificat de spécialiste approprié". C'est simplement pour
attester clairement devant tout le monde, tous les intéressés,
cette compétence plus grande qui lui a été reconnue. Les
bureaux médicaux, par exemple, ou conseils des médecins et
dentistes peuvent exiger, selon l'ampleur, l'importance d'un
établissement, qu'une personne détienne un certificat de
spécialiste dans une discipline donnée pour poser des actes
chirurgicaux, par exemple.
Alors, ce sont des règlements internes, à ce
moment-là, tel que le conseil de médecins peut en approuver pour
assurer le bon fonctionnement d'un établissement, la qualité des
soins, qui font les distinctions. Mais au niveau de l'émission des
permis, l'émission des certificats par une corporation, ça
n'autorise pas ou ça ne donne pas accès à un champ plus
grand de pratique ou d'exercice à une personne.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'on peut dire d'une façon
générale que... Le ministre a couru un risque, mais c'est exact.
Est-ce qu'on peut dire d'une façon générale que les
certificats de spécialiste émis ici, dans le Québec, sont
équivalents aux certificats généralement émis
je parle de la médecine dans d'autres pays? Prenons les
Etats-Unis. Est-ce qu'il y a équivalence quant aux termes, quant aux
références entre les différentes
spécialités? En d'autres mots, est-ce que, pour un
anesthé-siste, supposons ici au Québec, qui détient un
certificat de spécialité en anesthésie ou en chirurgie,
c'est l'équivalent sur tout le continent nord-américain?
M. BOIVIN : II peut avoir les mêmes connaissances, mais il n'a pas
le droit de pratique. Le droit de pratique nous est donné par le bureau
provincial de médecine.
M. CASTONGUAY: Oui.
M. BOIVIN: Quant à la compétence, c'est donné par
les universités reconnues aussi par...
M. CLOUTIER (Montmagny): Au plan de la formation scolaire.
M. CASTONGUAY: Au plan des équivalences, par contre, si mes
renseignements sont bons, je comprends que, si une personne veut aller exercer
la médecine dans l'Etat de New York ou encore dans telle province, elle
doit être admise à la pratique, mais au plan des
équivalences peut-être que vous pourrez me corriger, le
député de Bourget aussi; j'aimerais beaucoup entendre ses
commentaires si je comprends bien, si une personne à qui le
Collège des médecins décerne un certificat de
spécialiste ici, veut aller pratiquer la même
spécialité dans un Etat ou une autre province, il n'y aura pas de
difficulté au plan de l'équivalence.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors, nous écoutons jusqu'à six
heures le député de Bourget nous parler des
équivalences.
M. LAURIN: C'est tout à fait vrai!
M. CLOUTIER (Montmagny): Non, j'ai posé le problème, parce
que dans le deuxième alinéa, on dit...
M. CASTONGUAY: Excusez, je ne voudrais pas vous interrompre, au
contraire.
M. CLOUTIER (Montmagny): On dit dans le deuxième alinéa,
que l'on fait allusion à "une formation reconnue équivalente". En
pratique, qu'est-ce que c'est? Est-ce que c'est difficile
d'appréciation, la formation équivalente? Je crois bien que ce
serait plus logique que je pose la question au registraire du Collège
des médecins, dans le cas des médecins, ou d'une autre
faculté.
M. CASTONGUAY: Non, mais j'aimerais justement qu'on se souvienne du
commentaire du député de Bourget qui a dit que c'était
vrai. Alors, on a soulevé le problème, à un moment
donné.
On s'est demandé s'il n'y avait pas une certaine contradiction
quant au fait que le certificat de spécialiste, qui devait être
analysé s'il s'agissait d'une personne venant d'une autre
juridiction, quant à l'équivalence devait l'être par
le bureau, alors que pour les personnes formées ici, on sait que le
mécanisme est quelque peu différent, quant à l'approbation
du contenu des cours qui donnent un stage de formation, qui donnent finalement
lieu à l'ou-
verture, à l'obtention d'un diplôme qui lui donne droit
éventuellement, si la corporation n'y ajoute pas de condition, à
l'exercice d'une profession.
On avait vu une certaine contradiction. Mais à la suite des
informations très détaillées ou de l'affirmation
très catégorique que vient d'apporter le député de
Bourget, je pense que cette difficulté ne sera pas tellement grande.
M. BOIVIN: II y a des équivalences qui s'établissent entre
des sociétés d'enseignement ou les universités. En plus de
cela, il y a des sociétés d'agrément sur des territoires,
comme le territoire nord-américain, qui reconnaissent un diplôme.
Les exigences du Collège des médecins peuvent paraître
différentes pour accorder le droit de pratique. Il y a des
diplômes qui sont reconnus dans d'autres Etats, même aux
Etats-Unis; mais ils ne les reconnaissent pas, ils exigent un examen
particulier pour la pratique ici, dans la province.
Quant à la valeur du diplôme, il y a des
équivalences qui s'établissent entre les universités.
M. CASTONGUAY: Ce n'est pas une question d'interprétation
individuelle dans chaque cas. Si on a accepté, à un moment
donné, que les personnes qui détiennent un diplôme de
l'université X, à partir de ce moment,
l'équivalence...
M. BOIVIN: C'est comme le Bureau provincial de médecine; il
reconnaît l'enseignement de nos universités mais il exige des
examens. Les infirmières passent des examens au CEGEP, et elles sont
obligées de passer de nouveau les examens de la corporation. Ce sont
deux choses. Il ne donne pas le droit de pratique sans avoir un examen
spécial.
M. GUAY: Non seulement l'équivalence mais la compétence,
parce que l'équivalence, il y a des fois où il peut y avoir quand
même une marge, non seulement pour s'assurer que l'équivalence
existe mais que la compétence existe également. Il peut y avoir
une variation même si on reconnaît l'équivalence.
M. BOIVIN: II y a même eu des difficultés de la part du
Barreau, qui disait que l'université négligeait d'enseigner tel
article...
M. GUAY: C'est ça.
M. BOIVIN: ... tel cours et que la corporation s'apprêtait
même à préparer des séries de cours, pour donner aux
avocats, et qu'elle ne leur donnera pas le droit de pratique s'ils ne se
soumettent pas à ces cours, qui sont refusés même par les
universités.
LE PRESIDENT (M. Picard): L'article 42, adopté.
L'article 43.
M. CLOUTIER (Montmagny): A l'article 43, le Conseil interprofessionnel a
suggéré d'ajouter, dans les raisons de ne pas refuser de
délivrer un permis, les questions à la mention des convictions
politiques ou idéologiques du candidat. Je ne sais pas si on retrouve
des précédents dans d'autres lois...
M. CASTONGUAY: Quel organisme a recommandé cela? Est-ce que
Héroux...
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est le Conseil interprofessionnel du
Québec qui... On va se référer à M. Héroux,
page 53. Vous allez trouver cela. Non, cela n'est pas à la page 53 mais
à la page 52. On me dit qu'en France il s'était
déjà produit un cas où, pour des raisons
d'idéologie communiste, on avait refusé de délivrer
à des candidats des permis, des équivalences.
M. CASTONGUAY: Pensez-vous qu'ici...
M. CLOUTIER (Montmagny): J'espère qu'on n'importera pas ce qui
n'est pas bon, en fait d'habitudes pour ne pas délivrer des permis. Je
ne sais pas si on invoquera jamais des raisons comme cela. Je doute qu'on
invoque de telles raisons mais on a parlé des raisons de race. On est
bien surpris qu'à un certain moment on puisse invoquer des raisons de
race, de couleur, de sexe, de religion, d'ascendance nationale ou d'origine
sociale. Ce sont toutes des raisons qui font qu'on est bien surpris qu'à
un certain moment elles soient invoquées. Alors, on les prévoit
dans une loi... On serait bien surpris si on invoquait des raisons
d'idéologie politique ou...
M. CASTONGUAY: II y a ici une chose...
M. CLOUTIER (Montmagny): ... quitte à changer peut-être la
formulation, trouver d'autre chose qui veut dire cela.
M. GUAY: Est-ce que le député de Montmagny pourrait
répéter?
M. CLOUTIER (Montmagny): Les mots qu'on voudrait ajouter, "convictions
politiques ou idéologiques", cela veut dire qu'à un certain
moment, on pourrait profiter du fait que quelqu'un supposons, veut promouvoir
l'indépendance du Québec pour lui refuser un permis d'exercice
ou, s'il s'affiche comme communiste, président du Parti communiste
ou...
M. CASTONGUAY: Un méchant socialiste...
M. CLOUTIER (Montmagny): Un méchant socialiste encore, cela
pourrait être...
M. GUAY: Cela serait peut-être pire.
M. CLOUTIER (Montmagny): Cela ne met pas en doute sa compétence
professionnelle.
M. CASTONGUAY: Par contre...
M. CLOUTIER (Montmagny): II n'est pas question du jugement de la
personne.
M. CASTONGUAY: ... ici, on me fait remarquer que selon cette disposition
et je retiens ce que le député de Bourget disait il
ne faut pas toujours nécessairement reprendre les mêmes textes.
Par contre, on a vu aussi ce matin qu'il était parfois difficile
d'innover. En même temps, on ne doit pas répéter des
erreurs du passé et en même temps aussi, on sait les
difficultés d'innover. Lorsqu'on a retranché l'article 25, je
crois que cela en a été un exemple. Mais on me dit qu'ici ce sont
des choses qui peuvent être vérifiées, qui sont assez
objectives, la race, la couleur, le sexe, la religion, l'ascendance nationale,
même l'origine sociale. Qu'est-ce que c'est que des convictions
idéologiques?
Est-ce qu'il y a quelque chose dans les conditions d'admission à
une profession qui pourrait faire en sorte qu'on pourrait établir comme
critère un examen portant sur les convictions idéologiques? Je ne
crois pas que cela nous ait été...
M. CLOUTIER (Montmagny): Convictions politiques, cela se vérifie
peut-être un peu mieux? Si le refus était basé sur une
telle raison, c'est parce que, à un moment donné, il se serait
affiché carrément pour une idéologie quelconque. C'est
parce que, si on avait une charte des droits de l'homme, je pense bien que
toutes ces dispositions pourraient s'y retrouver; mais on n'en a pas,
alors...
M. BOIVIN : II y en a une au fédéral.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, mais ici au Québec.
M. CASTONGUAY: On me dit également que, si une personne satisfait
à toutes les conditions posées par une corporation
professionnelle et qu'on lui refuse l'émission d'un permis, cette
personne a des recours et elle peut poursuivre, soit pour dommages ou pour que
la corporation soit tenue de l'admettre. M. Villeneuve me fait état
justement d'une cause où une corporation professionnelle aurait
refusé d'admettre une personne qui était convaincue qu'elle
satisfaisait à toutes les conditions et, finalement, elle a eu gain de
cause par la voie des tribunaux.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je ferai remarquer au ministre...
UNE VOIX : II y a certainement un recours en mandamus qui est couvert
dans ces cas-là.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est parce qu'on donnait les raisons et je
pense bien que, de plus en plus, cette raison va peut-être s'ajouter aux
autres. En pratique en tout cas, il faudrait qu'elle s'ajoute. De là
à la mettre dans un texte de loi c'est pour cela que j'ai
posé la question c'est plus difficilement...
M. CASTONGUAY: Peut-être que l'évolution ne nous a pas
encore menés là.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'on va retrouver
également...
M. CASTONGUAY: C'est une clause ou une disposition tellement ordinaire
à ce moment-ci.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, parce qu'on la retrouve également
à l'article 54. On va retrouver encore là l'obligation pour un
professionnel de dispenser ses services, de ne pas refuser ses services
à une personne pour les mêmes raisons que celles qu'on mentionne
ici.
M. LEDUC : Je pense que ce qui est mentionné ici à
l'article 43 est évident, tandis que pour des raisons d'association
politique ou idéologique, ce n'est pas facile à prouver.
M. CLOUTIER (Montmagny): Non, ce n'est pas facile à prouver.
M. LEDUC : Même si quelqu'un, l'an dernier, s'est
déclaré favorable à un parti politique, par exemple, cela
pourrait être une raison pour qu'on ne lui émette pas de permis.
Cette personne peut toujours se dire: Maintenant, j'ai changé
d'idée. C'est quasi impossible à prouver, la
non-culpabilité ou la culpabilité de quelqu'un, tandis que dans
les autres raisons qui sont mentionnées ici, cela se voit quasi de fait
devant nous.
M. CLOUTIER (Montmagny): Parce que, si cela se refusait pour cette
raison, ce ne serait jamais la raison qui serait donnée, de toute
façon.
M. LEDUC: C'est bien évident.
M. CLOUTIER (Montmagny): Cela va être toutes sortes d'autres
choses qui vont être invoquées.
M. LEDUC: C'est en principe peut-être qu'il faudrait l'inclure
dans la loi, mais dans les faits de la vie, je doute très
sérieusement qu'une corporation puisse refuser l'émission d'un
permis.
M. CLOUTIER (Montmagny): Non. Disons que le Conseil interprofessionnel
l'a souligné. Evidemment, il peut y avoir un problème de cette
nature. On sait qu'en fait cela peut se produire. Je ne sais pas si le Conseil
interprofessionnel l'a mentionné parce que déjà cela a pu
se produire. Ils ont peut-être eu connaissance
que cela a été une des difficultés dans certains
cas, mais c'est le Conseil interprofessionnel qui l'a souligné, qui a
fait la proposition.
M. CASTONGUAY: Maintenant, un autre aspect qui a été
soulevé, c'est que, si une personne croit qu'elle a été
refusée pour une raison de race, elle peut en appeler et, on peut en
arriver à déterminer si c'était vraiment pour cette raison
ou non. C'est pourquoi on retrouve le terme dans l'énumération de
l'article 43. M. Morin me fait part aussi, peut-être pas d'un danger mais
d'une possibilité, c'est que, si nous inscrivions, dans
l'énumération, des convictions d'ordre idéologique ou
politique, une personne qui se verrait refuser l'admission pourrait invoquer
cela comme motif pour demander d'être admise et cela devient
extrêmement difficile à apprécier.
M. BOIVIN: Vous en avez déjà pas mal, sur les questions de
religion, par exemple, au sujet de l'avortement, un hôpital pourrait bien
refuser un médecin qui, pour des convictions religieuses autres...
M. CASTONGUAY: Là, on touche juste à l'admission dans une
corporation.
M. BOIVIN: Je comprends mais le jeu pourrait se jouer à la
corporation aussi.
M. CLOUTIER (Montmagny): Tantôt à 54, on va toucher les
services.
M. CASTONGUAY: Mais, on dit bien dans 54 que nul ne peut refuser pour
ces motifs mais il n'en demeure pas moins qu'il y a aussi la liberté
d'accepter ou de refuser un patient, ou le médecin demeure toujours
libre d'accepter ou de refuser, à part les cas d'urgence.
Mais on dit qu'il ne peut pas refuser pour des motifs comme
ceux-là qui seraient considérés comme constituant de la
discrémination. C'est ça que l'article 54 veut dire, parce qu'on
ne fait pas à l'article 54 une obligation de traiter qui irait à
l'encontre de la disposition de la Loi sur les services de santé et les
services sociaux.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Saint-Laurent.
M. CASTONGUAY: On veut éviter une discrémination.
M. PEARSON: Ce n'est pas comme ça que j'interprète cet
article. Je ne sais pas si je me trompe. J'ai l'impression qu'on tente
d'établir une distinction entre la valeur de la personne,
c'est-à-dire son sexe, ses opinions, ses infirmités, et sa valeur
professionnelle. C'est une espèce d'indice qui indique qu'on ne doit
porter un jugement que sur sa valeur professionnelle, parce que, si on se met
à ajouter à ce qu'on voit dans le texte, il faudrait ajouter
également les infirmités et toutes sortes d'autres raisons.
M. CASTONGUAY: C'est une disposition qu'on retrouve de façon
passablement régulière, telle qu'elle est rédigée
ici dans un bon nombre de lois; la Loi sur les services de santé et les
services sociaux la contient; la Loi de l'assurance-maladie contient une
disposition comme celle-là. C'est pourquoi, je l'ai
répété ici dans sa formulation usuelle.
M. PEARSON: En somme, c'est un indicatif contre toute
discrémination.
M. CASTONGUAY: C'est ça. Adopté? M. PEARSON: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Picard): Article 43, adopté. Messieurs, il est 6
heures et la commission suspend ses travaux jusqu'à 8 h 15 ce soir, dans
la même salle.
(Suspension de la séance à 18 h 1)
Reprise de la séance à 20 h 26
M. PICARD (président de la commission permanente des corporations
professionnelles): A l'ordre, messieurs!
La commission des corporations professionnelles continue ce soir
l'étude du projet de loi no 250, Code des professions. A l'ajournement,
nous avons adopté l'article 43. Nous passons maintenant à
l'article 44. Je cède la parole à l'honorable ministre.
M. CASTONGUAY: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Picard): Je m'excuse auprès du ministre. Un
instant, s'il vous plaît. J'aimerais faire part aux membres qu'il y a
quelques changements au sein de la commission. M. Toupin, du comté de
Champlain, remplace M. Saint-Pierre, du comté de Verchères. M.
Pilote, du comté de Lac-Saint-Jean, remplace M. Saint-Germain, du
comté de Jacques-Cartier.
L'honorable ministre.
M. CASTONGUAY: M. le Président, au moment d'aborder cet article,
on doit se rappeler que nous avons suspendu l'étude des articles 3, 16
et, je crois, 36 et 37 où on traitait de la raison sociale ou du nom
d'organismes, l'office, le conseil, les corporations, etc. J'aurai l'occasion
de dire un mot sur cette question. En même temps, j'aimerais faire un
commentaire d'ordre général sur les articles 44, 45 et 46.
J'aurai d'abord à soumettre des amendements pour remplacer les articles
44 et 46 par de nouveaux articles qui se numéroteront : 44, 45 a), 46 et
46 a).
M. LAURIN: 44?
M. CASTONGUAY: 44; 45 demeure, on ajoute 45 a). Il va y avoir 46 et 46
a).
Actuellement, M. le Président, je pense qu'il est important de
faire un bref rappel pour bien situer la question en vertu des articles 44, 45
et 46 qui ont été introduits par la loi 64, en 1970.
M. LAURIN: En 1970, à l'automne.
M. CASTONGUAY: A l'automne 1970. Nous avons la situation suivante en
résumé. Une corporation ne peut refuser un permis pour le motif
qu'une personne n'a pas la citoyenneté canadienne si cette personne
s'engage à demander la citoyenneté canadienne, ceci pour un
nombre de corporations qui sont énumérées à
l'annexe II du présent projet de loi. Il est dit également dans
l'article 44 qu'une corporation ne peut toutefois délivrer un permis
à une telle personne qui n'a pas la citoyenneté canadienne, si
elle n'a pas une connaissance d'usage de la langue française telle que
déterminée par règlements du lieutenant-gouverneur en
conseil.
On indique après comment ces règlements devaient
être publiés.
Au paragraphe suivant, on indiquait également comment la liste
qui avait été inscrite dans la loi 64 pouvait être
modifiée pour ajouter d'autres corporations professionnelles et ne pas
être obligé de retourner devant la Chambre une fois le principe
adopté tel qu'il le fut dans la loi 64.
A l'article 45, il est dit que le permis peut être retiré
à une personne à qui il aurait été octroyé
dans de telles conditions si la personne ne demande pas la citoyenneté,
au moment où le temps est venu de le faire. Enfin, l'article 46
prévoit l'émission d'un permis temporaire pour une période
d'un an à une personne qui, dans des conditions données, ferait
une demande pour être admise à l'exercice d'une profession sans
nécessairement rallier toutes les conditions prescrites; un tel permis
ne peut dépasser un an mais peut être renouvelé par le
lieutenant-gouverneur en conseil uniquement si l'intérêt public le
requiert.
Ces amendements avaient été apportés pour un motif
qui avait été exprimé à l'époque,
c'était le motif suivant, à savoir que, dans l'exercice d'une
profession par un professionnel qui entre en contact avec le public au plan de
services, il était important de faire en sorte de s'assurer que ces
personnes qui nous venaient de l'extérieur, qui n'avaient pas la
citoyenneté canadienne puissent avoir une connaissance d'usage de la
langue française, de telle sorte que les Québécois de
langue française puissent s'adresser à ces personnes, recevoir
les services et ne pas subir de préjudice par des problèmes de
communication, de mauvaise interprétation. Des règlements ont
été préparés par l'Office de la langue
française, ont été adoptés par le
lieutenant-gouverneur en conseil et ces règlements ont été
adaptés à chacune des situations particulières des
différentes corporations. En d'autres termes, si dans une corporation,
les membres de cette corporation, dans leurs relations avec leurs clients ou
les personnes qui font appel à leurs services, transigent beaucoup plus
verbalement, l'accent a été mis, à ce moment-là,
dans les examens sur cet aspect.
Si, dans un autre cas, l'accent est mis davantage sur les communications
écrites, les examens ont été adaptés à
l'expérience de cette façon. Il semble bien que ces
règlements ont donné satisfaction. D'une part, ils ont permis
à un certain nombre de personnes qui autrefois n'auraient pu
accéder à la pratique de le faire, sans attendre la
période de cinq ans pour accéder à la citoyenneté
canadienne et, d'autre part, il semble bien que les examens ont
été administrés de telle sorte que ces examens
étaient suffisants pour que les personnes demandant à être
admises fassent la démonstration de leur connaissance d'usage de la
langue.
Quant à la question des permis temporaires, cette disposition de
la loi n'a été utilisée, à ma
connaissance, qu'en une seule occasion. Il s'agissait, dans ce cas, de
professeurs qui étaient déjà établis, qui avaient
des contrats avec une université pour une certaine période de
temps et qui, au moment où ils sont venus ici, n'avaient pas l'intention
d'obtenir la citoyenneté canadienne ou de s'établir en permanence
et qui désiraient retourner, peut-être, dans leur pays d'origine,
au terme de leur période d'enseignement ou au terme de leur contrat.
Cette disposition a été utile, bien qu'elle n'ait
été utilisée qu'en une seule circonstance, à ma
connaissance.
Nous allons proposer, dans les amendements que je vous ferai distribuer
immédiatement après, que l'article 44 soit modifié de
telle sorte qu'on n'ait plus à s'engager dans les distinctions qui sont
inscrites dans l'actuel article 44, à savoir la possibilité
d'ajouter des corporations à l'annexe, les modalités de
publication de règlements, etc.
Un permis pourra, comme c'est le cas présentement, être
octroyé à une personne qui n'a pas la citoyenneté, si
cette personne s'engage à la demander et les exceptions qui seront
inscrites dans cet article seront pour les avocats, les notaires et les
arpenteurs-géomètres, étant donné que ces
professionnels sont de la nature d'officiers publics.
Si on prend la situation actuelle, c'est la même; on exige la
citoyenneté canadienne pour ces trois groupes, étant donné
que ces gens, dans l'exercice de leur profession, peuvent être, dans une
certaine mesure, assimilés à des officiers publics.
Deuxièmement, l'article 45 a) va s'étendre, d'une
façon générale, à toute personne,
c'est-à-dire que nulle corporation ne pourra délivrer un permis
à une personne qui n'a pas une connaissance d'usage de la langue
française, déterminée suivant les normes établies
à cette fin par règlement du lieutenant-gouverneur en conseil et
tout règlement sera publié. En d'autres termes, en ce qui a trait
à la question de la langue... J'ai traité de la question de la
citoyenneté dans l'article 44. On pourra, au plan de la
citoyenneté, émettre un permis si la personne s'engage à
demander sa citoyenneté, sauf pour les avocats, les notaires et les
arpenteurs-géomètres. Au plan, maintenant, de la connaissance de
la langue et ceci s'appliquera dorénavant, de façon
générale, sans égard au fait que la personne ait ou non la
citoyenneté canadienne la personne devra démontrer qu'elle
a une connaissance d'usage de la langue française et conformément
à des règlements établis par le lieutenant-gouverneur en
conseil, donc des examens de la même nature que ceux qui sont
appliqués présentement.
Le règlement pourra toutefois contenir certaines dispositions. Si
une personne a, dans le cours de ses études, menant à l'obtention
d'un diplôme à l'intérieur de notre système
d'éducation, au Québec, démontré sa connaissance et
a un certificat attestant qu'elle a une connais- sance de la langue
française, on ne la soumettra pas à un nouvel examen. Je pense
que cela va de soi.
Egalement, l'article 46 va permettre l'émission de permis
temporaires, tel que présentement, pour une période d'un an et
ces permis ne pourront être renouvelés qu'avec l'autorisation du
lieutenant-gouverneur en conseil, lorsque l'intérêt public le
requerra. C'est la même disposition avec les mêmes critères
quant au renouvellement.
Enfin, l'article 46 a) et je crois qu'il est important de le lire
prévoit l'émission de permis restrictifs et je vais lire
l'article: "Une corporation peut délivrer à un citoyen canadien
qui est membre d'une semblable corporation d'une autre province et qui n'a pas
la connaissance d'usage de la langue française requise suivant l'article
45 a), un permis restrictif qui autorise son détenteur à exercer
sa profession exclusivement pour le compte d'un seul employeur dans une
fonction ne l'amenant pas à traiter directement avec le public."
En d'autres termes, si une personne vient d'une autre province, si elle
est membre d'une corporation, si elle travaille pour un seul employeur, donc si
elle n'est pas en pratique privée ou en rapport avec le public parce
qu'on précise: "... dans une fonction ne l'amenant pas à traiter
directement avec le public", un permis restrictif pourra être émis
à cette personne. Et ceci, pour tenir compte de la situation dans une ou
deux professions, par exemple les ingénieurs qui appartiennent à
certaines grandes maisons ou encore les comptables qui peuvent être
déménagés d'un bureau à l'autre à travers le
pays et dans des fonctions purement administratives et qui n'entrent aucunement
en contact avec le public. Alors, le permis délimitera justement ces
conditions de telle sorte que les conditions pour lesquelles le permis a
été délivré seront bien précisées et
respectées.
Enfin, à l'article 191 a), je proposerai un nouvel amendement. En
ce qui a trait aux personnes autres que celles qui étaient
déjà couvertes par le bill 64, c'est-à-dire pour les
personnes possédant la citoyenneté canadienne, une période
de transition de trois ans sera appliquée.
En sommaire, je pense qu'on peut dire ceci: Le problème qui a
été soulevé au moment du bill 64, qui a été
rappelé dans le rapport de la commission Gendron, qui n'a pas
été mentionné au moment des audiences, qui a
été repris au moment de l'étude en deuxième
lecture, est celui de la langue de communication entre l'usager d'un service
d'un professionnel et ce professionnel.
Nous allons donc régulariser cette situation en demandant la
connaissance d'usage de la langue française selon des modalités
qui ont été éprouvées depuis l'adoption du bill 64
et ceci, à compter du 1er juillet 1976.
Ceux qui pratiquent présentement, tel que le recommande la
commission Gendron, ne seront
pas soumis à de nouveaux examens. Ceux qui sont
déjà engagés dans un cours les menant à l'obtention
d'un diplôme donnant droit à l'exercice d'une profession ne seront
pas couverts par ces nouvelles exigences. Nous allons maintenir la
possibilité d'un permis restrictif et d'un permis temporaire dans les
conditions que j'ai mentionnées. Quant à la question des raisons
sociales ou encore, des désignations des organismes, c'est un
problème qui est traité dans le rapport de la commission Gendron.
C'est un problème qui doit être abordé. Ce n'est pas un
problème par contre qui revêt la même importance que le
problème que nous traitons ici. Ici, nous légiférons quant
à la protection du public dans le cadre d'un ensemble de lois touchant
les corporations professionnelles et il apparaît important justement
d'appliquer les recommandations de la commission Gendron. Quant à
l'autre question, sans nier qu'elle soit une question pertinente, je ne crois
pas que, rendu après un an et demi d'études de ce projet de loi,
il soit essentiel que nous l'abordions, parce que c'est une question on
n'a qu'à se référer au rapport Gendron qui
soulève un certain nombre de problèmes d'ordre pratique si les
recommandations de la Commission Gendron étaient adoptées. Alors,
ce n'est pas à mon avis le moment d'aborder cette question.
J'espère qu'il sera possible de discuter le problème fondamental
qui était soulevé dans le cadre d'une loi touchant la protection
du public, d'arriver à une solution telle que celle que j'ai
mentionnée et que nous pourrons poursuivre l'étude du code bien
que la question des raisons sociales ou des désignations des organismes
soit une question pertinente, mais qu'on puisse poursuivre l'étude du
bill sans apporter d'amendement aux articles tels que présentés.
Lorsque le gouvernement abordera cette partie de la question, il le fera dans
un contexte général et non pas à partir d'une loi
particulière.
Ce sont les amendements que nous proposons. Je vais demander qu'on
distribue des copies de ces amendements.
M. LAURIN: Est-ce que le ministre va nous permettre un arrêt de
cinq ou dix minutes pour les lire et essayer d'en saisir l'implication avant
qu'on en aborde la discussion?
M. CASTONGUAY: Certainement, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Picard): Si les membres y sont consentants, on peut
suspendre la séance pour sept minutes, jusqu'à 8 h 50.
M. LEGER: Pourquoi sept?
LE PRESIDENT (M. Picard): C'est un chiffre chanceux. Cela tombe bien sur
l'horloge.
M. LEGER: Sept est un chiffre chanceux.
M. CASTONGUAY: J'ai probablement induit les membres en erreur en disant
que les gens qui étaient déjà engagés dans des
études conduisant à un diplôme donnant droit à
l'ouverture du droit d'exercice, s'ils étaient déjà
engagés, ne seraient pas couverts par ces dispositions. En fait, M.
Morin m'indique que ce n'est pas le cas, que la période de transition
habituelle de trois ans s'applique à eux. C'est en lisant le texte de
191 a) que j'ai fait une erreur d'interprétation. Alors, la
période de transition est celle du rapport Gendron, recommandée
par le rapport Gendron. Elle est la même pour tous.
(Suspension de la séance à 20 h 44)
(Reprise de la séance à 20 h 52)
LE PRESIDENT (M. Picard): A l'ordre, messieurs! Nous allons, je pense,
étudier conjointement les articles tels que présentés par
le ministre avec les amendements, ce qui voudrait dire que je pourrai accepter
des commentaires à caractère général sur les
articles 44, 45, 45 a), 46 et 46 a). Je donnerai le même privilège
au porte-parole du Ralliement créditiste de même qu'au
porte-parole du Parti québécois, les commentaires à
caractère général sur les cinq articles touchés. Le
député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): On l'a. On vient de nous distribuer 44, 45 a),
46, 46 a) et 191 a).
M. CASTONGUAY: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Picard): II faudra l'inclure dans la discussion.
E faut inclure aussi l'amendement, à l'article 191, qui consiste
en un nouvel article 191 a), dont vous avez une copie. Vous avez 191 a)?
Le député de Montmagny.
Le français, langue d'usage des professionnels
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je voudrais rappeler
brièvement quelle était la position que nous avions
exprimée à la séance d'ouverture de cette commission
parlementaire, après l'audition des mémoires des organismes
publics; séance qui a été tenue le 12 mars 1973, à
la page du journal des Débats, B-8989. A la fin de mon intervention, je
disais ceci: "M. Cloutier (Montmagny): Enfin, sur la question de la langue,
l'Union Nationale considère absolument essentiel de reconnaître,
dans la version finale de la loi, le français comme la langue de travail
dans le cadre de l'activité professionnelle. La question de la
priorité du français comme langue d'usage des professionnels
apparaît nettement respectueuse des principes mêmes du projet de
loi 250 et il n'est nullement irréaliste d'insister auprès des
professions pour que les professionnels aient une connaissance d'usage du
français. D nous apparaît important que le ministre, et les
parlementaire se penchent sur cette question controversée".
M. le Président, en fait, la commission s'est penchée sur
ce problème et je voudrais souligner notre satisfaction
éprouvée, à la lecture des amendements
déposés par le ministre des Affaires sociales sur ces cinq
articles et qui présentent... Même si ce n'est pas un
règlement total du problème, le ministre l'a souligné
tantôt; c'est une première action qui est prise dans ce domaine
depuis la publication du rapport Gen-dron; c'est une politique partielle. Tout
de même, c'est une politique qui nous indique que nous pouvons
espérer avoir bientôt un règle- ment plus global de cette
question fort controversée.
Nous résolvons le problème, dans le cadre du bill 250,
pour les professionnels qui seront couverts par le bill 250. Cela va
couvrir...
On sait quel est le nombre approximatif, actuellement, des
professionnels qui peuvent être couverts par le bill 250; je pense qu'il
y en aurait 60,000 environ.
UNE VOIX: Plus que 60,000.
M. CLOUTIER (Montmagny): Plus que 60,000.
UNE VOIX: Au moins 100,000.
M. CLOUTIER (Montmagny): Au moins 100,000 sont couverts par le bill 250.
Mais il reste qu'il y a plusieurs groupes de professionnels qui ne sont pas
couverts par le bill 250. On y a fait allusion au cours de nos travaux. Eux, ce
que l'on a inscrit dans ce projet de loi ne les touche pas. C'est pour
ça que je dis qu'il faudra que l'Assemblée nationale y revienne
dans d'autres mesures législatives qui vont résoudre le
problème dans son ensemble. Tout de même, il est significatif que
l'on commence avec le groupe des professionnels. S'il y a un groupe qui est
capable d'assumer cette responsabilité de la connaissance d'usage du
français, c'est bien le groupe des professionnels qui, tout de
même, a une formation scolaire de base qui est importante. Il est plus
difficile de parler de langue de travail parfois, dans le milieu de
travailleurs où, peut-être, la formation de base rend plus
difficile l'étude d'une langue seconde. Je pense que pour des
professionnels qui oeuvrent et qui vont être regroupés au sein du
bill 250... On n'a qu'à prendre l'annexe I à la fin du document
et on verra que pour devenir membre de toutes ces corporations, on exige une
formation scolaire assez poussée.
D'autre part, je voudrais souligner, M. le Président,
qu'également on donne suite à un voeu exprimé par le
Conseil interprofessionnel du Québec à l'effet que les seules
corporations qui soient exclues de l'annexe II soient le Barreau, l'ordre des
notaires et l'ordre des arpenteurs-géomètres. En répondant
au voeu du Conseil interprofessionnel, on peut dire que cela répond
également au voeu de la majorité, pour ne pas dire la
totalité, des corporations professionnelles.
Quant à la période de transition, le ministre a
indiqué trois ans. Je pense que là également on pourrait
faire tout un débat sur la période de transition. Est-ce qu'il
aurait été préférable de mettre deux ans? Est-ce
que cela aurait été préférable de mettre quatre
ans? De toute façon, une période de trois ans me semble assez
réaliste, étant donné le contexte et étant
donné aussi les étapes qu'il reste à franchir dans le
domaine de l'établissement d'une politique globale de la langue.
M. le Président, nous avions préparé... Le
ministre, tantôt, pendant l'intermission, nous demandait si les
propositions ou les modifications que nous nous préparions à
suggérer au gouvernement ressemblaient à celles qu'il vient de
nous proposer. Je lui dirais qu'il n'y a pas bien bien des façons de
rédiger des amendements concernant la connaissance d'usage de la langue
française, dans le contexte de la législation que l'on
connaît. Je peux lui dire que la modification que nous avons
préparée, nous voulons la présenter d'abord à
l'article 6 pour les membres de l'office.
Mais, étant donné la tournure qu'a prise la discussion
à ce moment-là et le désir des membres de la commission de
reporter toute cette discussion à l'article 44, nous n'avions pas
soulevé le sujet. Alors, j'ai corrigé la proposition que nous
voulions faire pour l'office de la langue en remplaçant le mot "office"
par "corporation professionnelle". Alors, l'amendement que nous voulions
proposer se lisait comme suit: Nul ne peut être membre d'une corporation
professionnelle s'il n'a pas une connaissance d'usage de la langue
française déterminée suivant les normes établies
à cette fin par règlement du lieutenant-gouverneur en conseil.
Tout règlement adopté en vertu du présent alinéa
doit être publié dans la Gazette officielle du Québec et
entre en vigueur à compter de cette publication.
Alors, on verra que c'est presque textuellement la proposition que nous
apporte le ministre. M. le Président, je ne voudrais pas prolonger
indûment le débat. Je suis satisfait des amendements que le
ministre nous a proposés à tous les articles et je lui dis que
nous sommes parfaitement d'accord avec les modifications
suggérées, mais nous voulons cependant noter que ce n'est
là qu'une première étape. C'est une étape
significative cependant, très significative, surtout si on se place
seulement dans le contexte de cette législation partielle qui n'a pas
pour but de régler le problème de la langue, mais qui a d'abord
pour but de régler le problème des corporations professionnelles
en poursuivant le premier objectif qui est celui de la protection du public.
Mais le ministre a saisi cette occasion qui nous était offerte d'amorcer
sérieusement une politique globale dans le domaine de la langue.
M. le Président, nous sommes donc satisfaits des amendements
proposés.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Dorchester.
M. GUAY: M. le Président, très brièvement. Il est
sûr qu'autrefois on pouvait se défendre sur le fait que la
commission Gendron n'avait pas publié de rapport. Maintenant c'est fait
et je pense que les amendements que le ministre vient de déposer
améliorent grandement cette loi et, étant donné que c'est
de l'amélioration, vous m'en voyez réjoui. D'ailleurs, nous
avions eu la chance d'en discuter auparavant, quoique assez brièvement,
et c'est dans ce sens que j'ai appuyé ceux qui s'en sont fait les
défenseurs. Je pense qu'en plus cela répond au voeu de la
majorité dans le domaine des corporations professionnelles. C'est
peut-être la première fois, aujourd'hui, qu'un ministre compromet
partiellement son gouvernement dans cette marche vers le français,
langue de travail. Si le ministre des Affaires sociales a choisi l'occasion de
le faire d'abord dans le monde professionnel, à cet exemple, ça
pourra peut-être faciliter également son emploi dans d'autres
lois. Cependant, on remarque que c'est toujours par règlement du
lieutenant-gouverneur en conseil que l'on déterminera les
modalités, que l'on déterminera exactement ce qu'est une
connaissance d'usage du français.
Alors, il y aura toujours possibilité... D'un autre
côté, si le gouvernement désire restreindre ou
élargir ce cadre, c'est toujours laissé au lieutenant-gouverneur
en conseil. Cependant je dis au ministre que j'apprécie ces amendements
et que je les appuie.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Bourget.
M. LAURIN: M. le Président, sur ce point limité et
important, bien qu'il ne soit pas le plus important, de la langue
française comme langue d'usage pour les professionnels, le gouvernement
vient enfin de se rendre à la volonté de la majorité du
pays.
Il aura fallu, pour cela, trois ans d'efforts constants de la part du
Parti québécois, des groupes nationalistes au Québec, des
corporations professionnelles qui viennent d'exprimer leur point de vue, lors
d'une consultation officieuse et l'effort de la commission Gendron pour amener
enfin le gouvernement à légiférer dans le sens des
souhaits, des aspirations de la majorité.
Bien que cela vienne un peu tard, à mon goût, je ne peux
quand même que m'en réjouir et m'en féliciter. Je ne peux
que me réjouir que la démocratie ait finalement gain de cause sur
les intérêts d'un secteur privé, d'un secteur limité
de la population. On ne peut que se réjouir, en effet, que la
démocratie ait finalement gain de cause sur les groupes de pression
limités.
Nous ne pouvons que nous en réjouir, d'autant plus que les
amendements du ministre rejoignent presque complètement ceux que nous
avions proposés et que nous avions d'ailleurs remis au ministre au tout
début de l'étude finale de ce projet de loi. Nous sommes
satisfaits, parce que l'article 44 est scindé. Le nouvel article 44 ne
contient que le premier paragraphe sur lequel nous n'avions pas d'objection
majeure et les deux derniers alinéas de l'article 44 deviennent la
substance, la matière d'autres articles qui incorporent l'essentiel des
amendements que nous avions suggérés, c'est-à-
dire qu'ils ne portent plus maintenant uniquement que sur la langue
française.
Il est évident que c'est là le premier déblocage
auquel nous assistons. Nous avions voté évidemment pour la loi
64, lorsqu'elle avait été présentée en 1970. Je ne
dis pas que nous avons voté pour la loi 64 à notre corps
défendant, mais nous avions voté pour cette loi-là parce
que c'était le minimum que le gouvernement pouvait faire et nous l'avons
fortement encouragé, à ce moment-là, à aller
beaucoup plus loin que ce qu'il nous proposait.
Ce qui nous réjouit, aujourd'hui, c'est que la langue
française devra devenir la langue d'usage, non seulement pour les
nouveaux citoyens canadiens ou les nouveaux citoyens québécois et
ne devra pas devenir nécessaire que pour les immigrants, mais qu'elle
sera dorénavant nécessaire pour tous les citoyens
québécois parlant la langue anglaise et qui pratiquent leur
profession dans la province de Québec.
C'était là véritablement l'essentiel de notre
réclamation. Nous étions convaincus que dans une province
à majorité francophone, à 80 p.c. francophone, il
était absolument inconcevable et inadmissible que des professionnels
qui, par définition, sont au service du public, doivent protéger
le public, ne puissent pas dispenser ces services dans la langue qui
était celle de la majorité des citoyens.
C'est donc la raison pour laquelle nous saluons ce premier
déblocage et nous espérons qu'il sera suivi de tous les autres
déblocages qui s'imposent dans tant d'autres domaines, celui en
particulier de la langue de travail, celui de la langue de communication, celui
de la langue des consommateurs, celui de la langue de l'Etat, celui de la
langue officielle.
Nous nous réjouissons donc de la substance du progrès que
le ministre nous apporte aujourd'hui.
Il reste cependant que, sur les modalités, nous aurons quand
même des discussions que nous devrons mener avec rigueur parce que,
malgré tout, le législateur, le gouvernement, malgré qu'il
accepte l'essentiel de notre point de vue, se montre quand même
peut-être exagérément prudent dans les modalités, ou
disons plutôt dans les portes de sortie qu'il se ménage.
Lorsque, par exemple, nous lisons à l'article 46, que le
lieutenant-gouverneur en conseil se réserve le droit de prolonger la
durée d'un permis temporaire au-delà d'un an, si
l'intérêt public le requiert, nous ne pouvons pas manquer de nous
inquiéter, parce que cette notion d'intérêt public est
quand même assez floue, assez vague, et même s'il y a des
procédures pour qu'un professionnel puisse obtenir, à chaque fois
qu'il le désire, cette extension de son permis, il reste quand
même que cette notion d'intérêt public, selon qu'elle sera
interprétée par le conseil des ministres et on sait que
cette interprétation peut varier selon la composition du cabinet, selon
la conjoncture politique on peut penser que certains élargis-
sements peuvent être accordés qui pourraient ne pas être
fidèles à l'esprit de la loi. De toute façon, nous
reviendrons un peu plus tard, lorsque nous discuterons chacun des articles, sur
la substance des réserves que nous entretenons à ce sujet.
Par ailleurs, nous pensons également que le délai que
s'accorde le gouvernement pour la mise en vigueur de cette mesure est
peut-être excessif dans les circonstances. Nous avons accepté, il
y a trois ans, le délai d'un an que proposait la loi 64, mais nous nous
demandons s'il demeure opportun de garder cette période de délai
d'un an pour l'octroi d'un permis temporaire. En effet, depuis trois ans,
beaucoup d'eau a coulé sous le pont, beaucoup d'exposés d'opinion
ont été émis par des groupes populaires, beaucoup
d'éditorialistes se sont prononcés, un consensus s'est
dégagé dans l'opinion publique. J'en appelle, par exemple, au
grand nombre d'éditoriaux qui ont paru sur le sujet et qui, pour une
fois, enfourchaient presque tous le même cheval ou étaient
d'accord sur la même opinion.
Je me demande si après tout ce brassage idéologique, qui a
abouti à un consensus, on ne peut pas juger que ce délai d'un an,
qui avait été accordé par la loi 64, n'est pas excessif,
car c'est dès maintenant, c'est aujourd'hui que la majorité
francophone a besoin que les services que lui dispensent les professionnels
soient dispensés en français.
C'est 80 p.c. de la population qui demande qu'on fasse droit à
ces légitimes revendications, à ces aspirations, et ce n'est pas
parce que cette aspiration a été mise de côté depuis
cent ans, qu'on devra accorder un autre délai. Il nous semble justement
que, parce que l'injustice s'est prolongée durant autant
d'années, il serait important que le délai soit raccourci et que
ce soit dès maintenant que la majorité de la population puisse
avoir droit à des services qui lui seraient dispensés dans sa
propre langue.
Les remarques que je viens de faire, M. le Président, sont
d'ailleurs de mise également en ce qui concerne le permis restrictif et
la période de transition que l'on prévoit à l'article 191
a). Cet article qui traite du permis restrictif constitue encore une autre de
ces soupapes que se réserve le gouvernement, constitue une autre
occasion qui lui permettrait, qui pourrait lui donner la tentation, à
laquelle il pourrait succomber, de ne pas être fidèle à
cent pour cent à l'idéal qui inspire l'article 45 a) qui est
véritablement le coeur de la réforme qu'il entend proposer.
Je veux bien croire que le législateur, ainsi que le ministre
nous l'a dit tout à l'heure, n'envisage qu'un permis restrictif, qui
vaudrait uniquement pour un professionnel qui serait au service d'un seul
employeur dans une fonction ne l'amenant pas à traiter directement avec
le public.
Mais je rappelle que cette clause n'est quand même pas
imperméable. On sait que certains
professionnels peuvent changer d'employeur assez rapidement. On sait
qu'à l'occasion du service d'un employeur, ils peuvent, à
l'occasion, rencontrer des gens du public, ne serait-ce que pour des examens de
laboratoire, ne serait-ce que pour fins de consultation.
Nous savons également que ces professionnels n'entrent pas
uniquement en contact avec des gens auxquels ils sont appelés à
dispenser des services mais ils entrent également en contact avec
d'autres employés; je pense, par exemple, à des employés
d'hôpitaux, à des employés de laboratoire. Ils entrent en
contact avec leurs collègues professionnels qui, eux aussi, sont
francophones à 80 p.c. Ils peuvent appartenir à des associations
professionnelles où la majorité francophone se retrouve et
j'avoue que je ne comprends pas et même que je n'accepte pas la
restriction que veut introduire, par son article 46 a), le
législateur.
Il me semble qu'on devrait être franc jusqu'au bout dans ces
matières et qu'on devrait légiférer d'une façon
logique et complète dans le sens des intérêts de la
majorité et que ce permis restrictif, qui peut être une occasion
de danger ou d'injustice, même mineurs, pour la population, devrait
être aboli en ce qui nous concerne.
Les mêmes remarques que je fais valent également pour la
période de transition, en ce qui concerne les aspirants à une
profession. Je sais que la commission Gendron a recommandé un
délai de trois ans, mais si je disais tout à l'heure
qu'après tout le brassage d'opinions auquel a donné lieu depuis
plusieurs années, et particulièrement depuis trois ans, la
question du français comme langue d'usage au Québec, il nous
semble que cette période de trois ans est exagérément,
excessivement prudente, qu'elle ne nous parait plus justifiable et que ces
injustices, que le gouvernement, maintenant, reconnaît puisqu'il s'engage
à les corriger, ont frappé durant trop longtemps la
majorité et qu'il importe d'y mettre fin le plus tôt possible,
d'une façon immédiate, à ce moment, je pense que la
période de trois ans paraît exagérément longue.
La plus longue période que nous pourrions accepter est une
période de quelques mois, c'est-à-dire une période qui
s'inscrit dans le cadre d'une année scolaire et qui permettrait, quand
même, depuis le temps qu'on en parle à ceux qui sont responsables
de la fabrication des curriculums ou des programmes d'étude, de mettre
les bouchées doubles, de faire le rattrapage qui s'impose, afin que
cette connaissance d'usage du français puisse être acquise dans
les délais les plus courts par les professionnels concernés.
Après tout, c'est bien là ce qu'on fait dans les COFI,
dans les classes d'accueil pour les immigrants. Pourquoi ne le ferait-on pas
pour les citoyens canadiens, les citoyens québécois, qui vivent
dans le Québec et qui vivent du Québec et qui ont tout
intérêt à reconnaître les aspirations, les
désirs de la majorité et à apporter leur propre
contribution à la paix linguistique aussi bien qu'à la paix
sociale du Québec?
Donc, autant nous nous réjouissons de la substance de ces
amendements qui concordent de très près avec ceux que nous avions
soumis, autant nous pensons que le gouvernement pourrait et devrait faire un
effort additionnel pour réduire au minimum les soupapes, les portes de
sortie qu'il se ménage, et pour également mettre en vigueur, le
plus rapidement possible, un article, une politique bien que limitée que
le Québec, et surtout la majorité francophone du Québec,
attend depuis déjà trop longtemps.
LE PRESIDENT (M. Picard): L'honorable ministre a quelques commentaires
à faire.
M. CASTONGUAY: J'aimerais faire un bref commentaire, d'abord, pour dire
que j'ai écouté avec grand intérêt les interventions
du député de Montmagny, du député de Dorchester et
du député de Bourget.
Je suis bien satisfait de voir que sur le fond, les trois se sont dit
d'accord. J'aimerais donc faire un seul commentaire bref, en ce qui a trait
à certaines des réserves qu'a exprimées le
député de Bourget et que nous pourrons reprendre au besoin lors
de l'étude détaillée des articles, lorsque nous les
reprendrons un à un.
D'abord, je pense qu'il est important de rappeler que dans les
corporations professionnelles, il y a une certaine résistance naturelle
vis-à-vis de l'acceptation de membres qui ne remplissent pas toutes les
conditions imposées ou exigées pour appartenir à une telle
corporation, Je pense que, sans passer un jugement négatif à
l'endroit des corporations professionnelles, c'est un phénomène
naturel pour elles d'appliquer les exigences d'une façon aussi stricte
que possible. Je pense que c'est ce qu'elles ont fait dans le passé. Je
voudrais faire remarquer qu'en ce qui a trait aux permis restrictifs d'abord,
ce sont les corporations qui vont émettre ces permis et non le
lieutenant-gouverneur en conseil et les corporations ne vont l'émettre
que si elles croient nécessaire de le faire. On dit: "Peut
délivrer à un citoyen canadien qui est membre d'une semblable
corporation et qui n'a pas la connaissance d'usage". C'est la corporation. Elle
n'est pas tenue obligatoirement de le faire. C'est dans un contexte où,
je crois, on applique de façon générale les conditions
exigées d'une façon relativement stricte. C'est dans tout le
contexte de fonctionnement des corporations.
En ce qui a trait à l'article 46, pour le permis temporaire d'un
an, c'est la corporation qui l'utilise en premier lieu. Ce n'est pas le
lieutenant-gouverneur. Le lieutenant-gouverneur n'intervient que si l'on
demande de prolonger et, encore là, pour le permis temporaire, ce n'est
pas une obligation stricte. Si on se reporte à ce
phénomène d'application relativement stricte des
conditions par les corporations, je crois qu'il y a une certaine protection
pour éviter que les dispositions qui sont inscrites dans ces amendements
ne soient utilisées à des fins autres que celles pour lesquelles
elles ont été rédigées.
Quant au lieutenant-gouverneur en conseil, depuis l'adoption de la loi
64 cela va faire bientôt trois ans cette disposition n'a
été utilisée qu'une seule fois à l'égard
d'un groupe très restreint de personnes. Je crois que ç'a
été dans le cas de six ou sept personnes, des professeurs qui
étaient venus de l'extérieur, qui avaient des contrats
débordant la période et qui voulaient respecter ces contrats.
Je pense aussi que, sur ce plan, l'expérience vécue permet
de donner certaines garanties ou des garanties à l'effet que ces
dispositions sont inscrites ici non pas pour nous ménager des soupapes,
mais pour tenir compte des situations authentiques qui peuvent se produire et
de l'endroit où elles peuvent être utiles. C'était le seul
commentaire que je voulais faire à ce moment-ci en disant ma
satisfaction de voir la réaction des membres des trois partis de
l'Opposition.
LE PRESIDENT (M. Picard): Messieurs, si vous voulez, nous allons
procéder article par article. Je vais d'abord commencer par faire la
lecture. H y avait l'article 3 qui avait été suspendu.
Maintenant, il y aurait peut-être lieu d'étudier 3 et 16 en
même temps.
M. CASTONGUAY: Et on passera à 36 et 37 pour la version
anglaise.
LE PRESIDENT (M. Picard): Si les membres sont d'accord, article 3.
M. LAURIN: M. le Président, dans nos commentaires, dans les miens
en tout cas, nous n'avons pas parlé de la désignation des
organismes, de leur nom. Je pense qu'à ce moment-ci nous pourrions en
parler.
M. CASTONGUAY: Oui.
M. LAURIN: Si c'est votre volonté que nous en parlions... Dans
mes commentaires, je n'ai pas parlé de la désignation des
organismes. Je ne sais pas si c'est votre volonté que nous en parlions
avant que nous abordions le texte.
LE PRESIDENT (M. Picard): Absolument, parce que seul le ministre en a
parlé un peu. Le député de Montmagny n'en a pas
parlé, de même que les autres. Alors, si vous voulez faire
quelques commentaires sur l'article 3, vous pouvez y aller.
M. LAURIN: M. le Président, quand nous avions émis des
réserves à l'endroit de l'appellation, la désignation des
organismes, c'était pour être logique avec l'esprit du rapport de
la commission Gendron et avec l'esprit qui animait le premier ministre
lorsqu'il parlait, lors de la campagne d'avril 1970, de faire du
français la langue prioritaire.
Lorsque nous avons lu le rapport de la commission Gendron
également, nous n'avons pu manquer de nous apercevoir que la commission
Gendron voulait que le français devienne la langue officielle de l'Etat,
voulait que l'Etat utilise tout son poids pour bien marquer le caractère
français officiel des institutions qu'il constituait lui-même ou
qu'il pouvait créer. Il nous semblait donc logique que le
français, à cet égard, devienne aussi important que
l'anglais pouvait l'être dans d'autres provinces, ainsi que Daniel
Johnson l'avait déjà dit lors de la dernière
conférence de presse qu'il avait donnée. Il nous semblait
évident donc que toutes les institutions qui avaient un caractère
étatique, soit qu'elles constituent l'Etat lui-même, soit qu'elles
émanent de l'Etat, portent d'une façon prioritaire, d'une
façon officielle la désignation française. Ceci voulait
dire pour nous que les organismes de l'Etat devraient avoir un nom
français qui est le nom officiel, même si par la suite on pouvait,
pour des fins pratiques évidemment, pouvoir les traduire mais c'est le
nom français qui était le nom officiel. C'est la raison pour
laquelle nous avons demandé que l'Office des professions, qui
constituera un organisme très important, comporte un nom
français; la même chose pour le Conseil interprofessionnel qui, du
fait qu'il entre dans le projet de loi 250, devient indirectement
également un organe de l'Etat; à plus forte raison,
également les corporations professionnelles qui sont toutes
abrogées par la loi 250 et qui sont recréées par la loi
250. Evidemment, le ministre, dans ses remarques liminaires, tout à
l'heure, nous a dit que le but de la loi 250 n'était pas
d'établir une politique linguistique mais essentiellement de viser
à établir des corporations dont le but principal serait la
protection du public.
Nous reconnaissons cet argument parce qu'il a été
utilisé à plusieurs reprises par le ministre des Affaires
culturelles ou par le ministre de l'Education, à toutes les fois que le
Parti québécois a proposé, à l'occasion de la
discussion de tel ou tel projet de loi, des mesures analogues à celles
que nous proposons. Par exemple, le ministre de l'Education nous disait que le
but de la loi 27 ou de la loi 28 était d'assurer une meilleure
éducation aux Québécois et non pas d'établir un
commencement de politique linguistique. Le ministre des Institutions
financières, lorsqu'il nous a présenté sa loi sur la
publicité le long des routes ou sa loi sur les raisons sociales, nous a
répondu la même chose. Cependant, il nous apparaît
très difficile de sectionner une politique linguistique à la
façon dont les ministres l'ont fait. Si la volonté du
gouvernement est véritablement de faire du français la langue
prioritaire, si c'est la volonté du gouvernement, ainsi qu'il nous
permet de le
subodorer ce soir, de commencer à mettre en place les divers
éléments d'une politique linguistique, par exemple dans le champ
professionnel, pourquoi ne pas être logique? Pourquoi ne pas être
cohérent? Pourquoi ne pas accepter également la suggestion, que
nous lui avons faite et qui est celle également de la commission
Gen-dron, de désigner par une appellation française officielle
les organismes qu'il crée ou dont il renouvelle l'existence?
Je veux bien croire que tel n'est pas le but premier de la loi qui nous
est présentée; ce n'en est pas le principe essentiel. Mais
pourquoi, par voie incidente, à l'occasion de l'étude de ce
projet de loi, ne pas continuer sur la lancée que le gouvernement vient
de prendre avec l'article 44 et 45 et ne pas également faire droit
à toutes les opinions qui se sont exprimées depuis tellement
d'années sur le sujet et de faire du français la langue
officielle des institutions jusque dans la désignation des organismes.
Evidemment, je sais que ceci peut causer des problèmes d'ordre
pratique.
Le ministre y a fait allusion dans son petit exposé et nous
sommes assez réalistes pour nous rendre compte que ceci peut comporter
des problèmes de concordance. Ceci nous obligerait à revoir
d'autres lois, à introduire d'autres articles qui amèneraient des
corrections à d'autres lois. Le ministre nous dit que ce n'est pas le
moment de le faire. Mais, avec cet argument qui nous est présenté
depuis trois ans, voulant que ce n'est pas le moment de le faire, on a
raté plusieurs occasions de mettre en place, morceau par morceau,
élément par élément, une politique linguistique qui
correspond au dessin général, dont le premier ministre nous a dit
qu'il était toujours préoccupé et dont le ministre vient
de nous dire, encore ce soir, qu'elle constitue une préoccupation
majeure pour lui. Il me semble qu'à côté de ces arguments,
les uns d'ordre juridique, les autres d'ordre pratique, il y a aussi les
arguments de sens contraire qui, eux, ressortent davantage de la logique, d'une
part, et d'autre part, ressortent de la perceptibn de la volonté
populaire, de la perception du caractère de la nation, du pays que nous
habitons. Il me semble que, pendant que nous passons là-dessus, pendant
que nous y sommes, il suffirait d'un effort minime pour accorder, jusque dans
les plus infimes détails, dans la mesure du possible, dans la mesure
où nous le permet ce projet de loi, les intentions mineures du
gouvernement avec l'intention majeure dont le ministre vient de nous faire part
ce soir. C'est donc la raison pour laquelle nous renouvelons la demande que
nous avons faite que l'Office des professions ait une désignation
officielle française, que le Conseil interprofessionnel ait une
désignation officielle française et que chacune des corporations
ait une désignation officielle française, quitte à ce que,
dans la traduction anglaise, avec le nom français qui
apparaîtrait, on décrive ou on explique les fonctions de cet
office, de ce conseil ou de ces corporations avec la phraséologie
anglaise. Il me semble que les objectifs du ministre seraient
préservés, sans que les efforts qu'il a dû faire pour cela
soient exagérés.
LE PRESIDENT (M. Picard): Article 3.
M. CLOUTIER (Montmagny): A l'article 3 et à l'article 16, c'est
le même principe qui est en jeu. J'ai écouté avec beaucoup
d'intérêt l'intervention du député de Bourget. Je
dirais qu'en principe on va arriver à cette solution. Comme groupe, on a
annoncé catégoriquement quelle serait notre position dans ce
domaine. Evidemment, le gouvernement je l'imagine dans la
solution globale qu'il va apporter au problème de la langue,
j'espère qu'il retiendra cette position du français, langue
officielle. Ici, dans le projet de loi 250, on a réglé un
problème pour des professionnels. Actuellement, ces contraintes ne sont
pas exercées à l'égard des professionnels qui sont en
place. Disons qu'il y a 100,000 professionnels actuellement et ils ont un
permis de pratiquer; ils sont membres de corporations. Il y en a qui n'ont pas
connaissance de l'usage du français. Dans trois ans, les promotions
d'étudiants, je ne sais pas ce que cela représentera. En
supposant qu'il y ait 10 p.c. de renouvellement de professionnels, ça
pourra aller chercher, peut-être, une dizaine de mille qui viendront
joindre le rang des corporations professionnelles.
Ici, étant donné que c'est très partiel, il y a
deux institutions qui sont créées par cette loi 250. Il y a
l'Office des professions et le Conseil interprofessionnel. On voit comment
c'est partiel, du moins par le nombre par rapport à l'ensemble des
institutions publiques qui pourraient à l'intérieur d'une
politique de la langue, politique de reconnaissance du français comme
langue officielle, n'être mentionnées qu'en français. Pour
la question de principe, je le répète, on serait d'accord; je
serais d'accord avec le député de Bourget. Mais je ne sais pas
à ce moment-ci, si le problème qu'il soulève peut, de
façon efficace et utile, se régler par le bill 250, étant
donné que nous touchons à deux institutions seulement.
Je ne suis pas un expert dans le domaine juridique, mais tout de
même il existe la loi de l'interprétation. A partir du moment
où on touche à ce genre de dispositions, j'imagine qu'on touche
également à la loi de l'interprétation. A mon sens, il ne
devrait pas y avoir de période de transition dans ce genre de
modification législative qui pourrait être apportée. On
décide d'appeler une institution publique par son nom français
seulement; alors, il n'est pas besoin de période de transition pour
ça, personne n'a besoin d'acquérir une connaissance d'usage du
français pour prononcer les mots "Office des professions" ou "Conseil
interprofessionnel" en français. Il n'y a pas de période de
transition. Même si on est d'accord, en principe, là-dessus, si on
ne l'inscrivait pas dans le bill
250, je pense que le gouvernement pourrait aller aussi vite en
préparant la loi générale qui toucherait tout ce domaine
de l'appellation des institutions publiques. Ce serait peut-être moins
compliqué que de procéder de façon très
partielle...
M. BURNS: Est-ce que le député me permet? En quoi
touche-t-on à la Loi de l'interprétation en amenant cette
mesure?
M. CLOUTIER (Montmagny): Que dit la Loi de l'interprétation? Je
ferais appel aux légistes qui sont... La Loi de l'interprétation
dit que...
M. BURNS: Elle ne parle pas de ça quant à la
dénomination des organismes. Tout ce qu'elle vous dit, c'est
qu'habituellement une loi doit être interprétée dans la
langue où elle a été adoptée. Mais cela n'a rien
à faire avec les noms des organismes. Je pense que c'est
là-dessus que le député de Montmagny discute actuellement.
Mais, à mon humble avis, à moins qu'on me contredise, je ne pense
pas que cela ait une référence à la Loi de
l'interprétation.
M. CLOUTIER (Montmagny): J'ai l'impression, jusqu'à ce qu'on me
corrige, que si on intervient, déjà, on doit toucher à la
Loi de l'interprétation.
M. BURNS: Non. Bien non!
M. CLOUTIER (Montmagny): Non?
M. BURNS: On dit tout simplement: L'organisme va s'appeler A, B, C, en
français, on continue et on dit: en anglais, cela va s'appeler pareil.
C'est rien que ça qu'on dit.
M. CLOUTIER (Montmagny): De toute façon, c'est pour ça que
j'ai dit: On me corrigera si je vais trop loin dans l'interprétation que
je fais de la Loi de l'interprétation. De toute façon, je
retiendrai l'argument voulant qu'on n'ait pas besoin de période de
transition. Je pense que le gouvernement pourrait légiférer, dans
ce domaine, de façon globale, pour toutes les institutions, au lieu de
ne toucher ce soir que ces deux-là et s'arrêter là pendant
un bon moment, parce qu'on n'a pas besoin de période de transition
là-dedans. On décide d'y aller, on y va ou on n'y va pas. C'est
le type de réflexion que je me fais à ce moment-ci sur ces deux
articles. En principe, je dois cependant dire que je suis favorable à la
suggestion que l'on fait actuellement à l'article 3 et à
l'article 16 de ne désigner qu'en français ce genre
d'institutions publiques que l'on crée. Je voudrais que cela soit fait
le plus rapidement possible, étant donné qu'on n'a pas besoin de
période de transition à l'intérieur d'une politique
globale. Tandis que, pour l'autre, pour les professionnels, ce n'était
pas la même chose. Pour les professionnels, il ne fallait pas rater
l'occasion de le faire tout de suite dans le bill 250.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Dorchester.
M. GUAY: M. le Président, je me souviens des discussions qui ont
eu lieu quand on a discuté pour la première fois je pense
que c'est lors de la première séance de ce
problème. J'avais déjà indiqué que nous serions
d'accord, en principe. Puisqu'on a brisé une tradition si on peut
appeler ça une tradition avec les amendements qui ont
été apportés tantôt, je me demande s'il est bon de
briser également cette tradition, puisqu'on l'appelle tradition. Bien
sûr que c'est partiel. Je serais d'accord que ce soit partiel, pour
l'Office des professions et le Conseil interprofessionnel. Mais comme on doit
commencer quelque part, même si cela peut être difficile
d'application, même si ça peut créer des
conséquences techniques, je me demende si on ne devrait pas envisager la
possibilité de s'y mettre tout de suite et de faire ce qu'on peut
appeler, peut-être, un autre pas. Maintenant, je ne suis pas en mesure
d'analyser toutes les conséquences législatives, d'envisager de
quelle façon on peut ensuite traduire ce geste dans la
réalité.
C'est une question qui mérite sûrement que l'on y attache
toute l'importance nécessaire. Je dis également c'est
peut-être le répéter que je suis d'accord en
principe sur cette seule appellation française des organismes. On en
touche deux. Peut-être que ce serait bon qu'on le fasse maintenant, mais
je répète que je ne suis pas en mesure d'analyser toutes les
conséquences, n'étant pas ferré sur le sujet; mais en
principe, je suis parfaitement d'accord là-dessus si c'est possible.
Même si on ne le faisait pas de façon momentanée ce soir,
est-ce que ce serait possible de le regarder bien attentivement, de ne pas s'en
éloigner? S'il y a possibilité de le faire, évidemment,
qu'on le fasse le plus tôt possible. En principe, je suis parfaitement
d'accord. En pratique, je suis d'accord aussi si cela se fait, si c'est
applicable, si cela ne cause pas des problèmes trop grands. Je ne le
crois pas, mais je n'ai pas analysé toutes les conséquences.
M. CASTONGUAY: M. le Président, j'ai dit sur cette question dans
les quelques mots, lors de mon exposé au tout début, que je ne
niais pas qu'il s'agissait là d'une question pertinente. Elle est
traitée dans le rapport de la commission Gendron. Elle avait
été abordée au moment du début de l'étude,
article par article; mais s'il ne s'agissait, en définitive, que de
discuter de cette question pour deux organismes ou un nombre limité, les
corporations professionnelles plus l'office et le conseil, je serais d'accord
que ce serait le temps de l'aborder au moment où nous
légiférons.
D'autre part, comme le député de Bourget l'a
mentionné, comme le disait le député de Dorchester et je
pense bien aussi, le député de Montmagny, des problèmes
pratiques se posent. On n'a qu'à lire le rapport Gendron; toute cette
question des raisons sociales ou du nom des
organismes va signifier de nombreux changements d'ordre pratique et peut
entraîner des dépenses assez lourdes pour certains types
d'organismes. Il me semble que, si nous retenions la suggestion de ne garder
que le nom français de l'office, par exemple, immédiatement nous
sèmerions l'inquiétude, l'incertitude dans un grand nombre
d'organismes face aux problèmes qu'ils auront à résoudre,
si la même politique s'étendait à tous ces organismes.
Alors, c'est la raison pour laquelle tantôt, j'ai bien dit que
tout en ayant là une question pertinente je ne le nie pas
ce n'était pas à mon sens, le moment de l'aborder. J'ai
noté toutefois le souhait que chacun a exprimé, que cette
question soit abordée, soit immédiatement ou encore dans le plus
bref délai. Mais je crois que ce serait semer beaucoup plus
d'inquiétude, d'incertitude, sans apporter une réponse
précise, que de faire ceci dans un projet de loi alors que l'on ne
touchera qu'à un nombre extrêmement limité d'organismes.
Lorsqu'une loi sera apportée sur cette question, il sera possible d'en
étudier toutes les implications et de rejoindre les diverses lois ou les
divers aspects qui devront être rejoints à ce moment-là, en
expliquant exactement ce qui se produit.
C'est donc la raison pour laquelle, M. le Président...
Quant à moi, j'ai écouté avec soin les remarques,
les commentaires qui ont été faits, mais il me semble que ce
n'est pas le moment d'aborder cette question bien qu'elle soit pertinente.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Maisonneuve.
M. BURNS: M. le Président, c'est avec un peu d'étonnement
que j'entends des gens qui semblent nous dire que ce n'est pas le moment, que
ce n'est pas certain que ce soit le moment, que c'est peut-être pour
bientôt mais que ce n'est pas maintenant que l'on doive se poser la
question à savoir si les corporations professionnelles, l'Office des
professions, le Conseil interprofessionnel doivent avoir un nom
français. Si je lis les amendements du ministre encore une fois
sur lesquels, comme le disait le député de Bourget, nous sommes
entièrement d'accord relativement au fait que l'on fasse primer
la langue française, c'est-à-dire que l'on oblige, à
toutes fins pratiques, malgré certaines modalités, une
connaissance d'usage du français pour exercer une profession, je me dis:
Pourquoi, à ce moment-là, se met-on à s'inquiéter
pour savoir qui va être énervé, qui ne sera pas
énervé par le fait que l'on donne à des organismes ou
à des institutions officielles, en vertu de cette loi, des noms
français?
Pour nous, c'est une suite logique, c'est-à-dire que c'est pour
ça qu'on aborde le problème à ce moment-ci.
Peut-être que le ministre des Institutions financières veut
ajouter quelque chose. Je n'ai pas d'objection à ce qu'il
m'interrompe.
M. CASTONGUAY: Moi, je voudrais ajouter quelque chose.
M. BURNS: Oui, allez y.
M. CASTONGUAY: On nous a dit, je répétais hier...
M. BURNS: Excusez, des Affaires sociales.
M. CASTONGUAY: ... je mentionnais hier qu'on nous disait parfois, je
pense que c'est une expression chère au chef de l'Opposition, que nous
légiférons à la petite semaine.
M. BURNS: Mais pas en matière...
M. CASTONGUAY: Ici, il y a une question qui doit être
abordée comme telle et non pas à la petite semaine; on en prend
un petit bout ici, on en prend un petit bout là. On a abordé le
problème ici de la langue des professionnels dans l'exercice de leur
profession et là on le fait d'une façon globale pour ce
problème et c'est ce qui apparaît fondamental et important de
faire à ce moment-ci. L'autre question, il me semble que c'est une
question qui a bien des ramifications et qu'il serait mauvais de le faire
à la petite semaine.
M. BURNS: Je trouve justement qu'en matière de langue, ce n'est
pas un problème de petite semaine. C'est ça qui est la
différence. Ce que je trouve encore plus étonnant dans
l'attitude, non pas du ministre des Institutions financières je
suis bien content qu'il soit ici, il aura peut-être son petit grain de
sel à ajouter au débat mais du ministre des Affaires
sociales, c'est qu'il a l'air de nous dire que, ce qui est véritablement
important, on n'a pas d'objection à le changer. L'enveloppe cependant,
il ne faut pas la changer; il ne faut pas énerver du monde avec
l'enveloppe. Il ne faut pas que des gens aient peur de la politique
linguistique, même partielle, très partielle du gouvernement dans
le domaine actuel. Là, je ne vous laisserai pas m'interrompre.
M. CASTONGUAY: Non, mais je peux au moins faire des signes de
tête.
M. BURNS: Vous avez le droit de faire des signes de tête mais je
les connais vos signes de tête. Je sais que vous voulez intervenir quand
vous faites ça.
Je pense que, si on pouvait faire une correspondance entre l'attitude du
gouvernement relativement au nom français qu'on propose pour l'office,
pour le conseil et pour les corporations, c'est un peu dire: II ne faut pas
mettre l'enveloppe trop française, parce qu'il y a du monde que
ça va énerver.
Par contre, on est prêt à aller aussi loin que de dire:
Cela prend une connaissance d'usage du français pour exercer une
profession. La seule et unique raison pour laquelle on l'a demandé,
ce n'est pas notre "bag" nationaliste qui nous fait vous le demander, on
vous l'a expliqué à tort et à travers...
M. CASTONGUAY: Notre sac nationaliste.
M. BURNS: Notre "bag" qui est devenu français, M. le ministre.
Vous devriez être plus à la mode que ça; c'est bien
à la mode, le mot "bag".
M. LEGER: Cela peut nous pousser jusqu'au sac.
M. BURNS: Mais ce n'est pas cela qui nous a incités à vous
demander que les gens aient une connaissance d'usage du français, c'est
parce que, tout simplement, on s'est dit que, vu que ce sont des professions
qui doivent nécessairement être là pour la protection du
public, le public actuellement est à 80 p.c. francophone au
Québec, c'est dans ce sens qu'on a dit: C'est nécessaire que les
gens, qui exercent ces professions tellement importantes qu'on doive les
contrôler, aient au moins une connaissance d'usage parce qu'ils ne
choisiront pas leurs clients selon qu'ils sont de langue française ou de
langue anglaise.
Ils vont les choisir à cause du besoin du client ou du patient,
appelez-les comme vous le voulez, selon les professions, à cause,
dis-je, du besoin du client ou du patient en face de cette profession. Le
client ou le patient ne choisira pas un médecin francophone parce que
lui est francophone, il va choisir une personne qui, très souvent, est
à sa disposition. Il ne choisira pas un comptable francophone parce que
lui il est francophone, il va choisir le comptable qui est peut-être le
plus à sa disposition. C'est encore plus vrai dans le domaine des
notaires, des avocats. Dans le domaine des autres professions, pour les
infirmières, c'est la même chose. Il ne choisira pas de se faire
soigner par une infirmière de langue anglaise ou de langue
française, s'il parle français, il va prendre la personne qui est
là pour lui rendre le service.
Vous allez au coeur du problème, vous reconnaissez notre
argumentation là-dessus et vous dites: Cela a bien du bon sens, il
faudrait que, pour exercer une de ces professions, qui sont tellement
importantes, on les régisse par un code des professions, qu'on
protège l'intérêt public par l'ensemble d'une loi-cadre.
Vous dites: C'est tellement important qu'on accepte cela mais vous n'acceptez
pas l'emballage. L'emballage, c'est reconnaître tout simplement ce qu'on
dit à la base de tout cela. Pourquoi ne pas reconnaître qu'on est
au Québec, dans un milieu majoritairement et très majoritairement
francophone? Pourquoi ne pas reconnaître que ces corporations, de toute
façon, vont être régies par un gouvernement qui, quel qu'il
soit, libéral, créditiste, unioniste ou péquiste, sera
toujours majoritairement francophone, en principe, à moins que les
règles démographiques changent d'ici quelques années?
Pourquoi ne pas reconnaître cela? C'est rien que cela qu'on vous demande
et ce qu'on vous demande, M. le ministre, dans le fond, c'est d'arrêter
d'être gêné. Ce qu'on vous demande à vous et aux
autres partis de l'Opposition, c'est d'arrêter d'être
gênés, parce que tout le monde actuellement semble dire: C'est
vrai, c'est bien le "fun", ce serait bien parfait, tout cela. Mais on est
gêné parce que cela pourrait peut-être nuire à du
monde, cela pourrait peut-être énerver des gens. Bien non! Nous
autres, on dit: On n'est pas gêné; on n'est tellement pas
gêné qu'on vous dit: C'est ça, c'est tellement cela que
déjà ce gouvernement, qui est retardataire, et cela ne
s'applique peut-être pas complètement au ministre en question,
mais à ce gouvernement retardataire lui-même accepte une
position comme cela. Dans le fond, cette position n'a rien d'avant-garde, n'a
strictement rien d'avant-garde, elle ne fait que respecter une espèce de
situation de fait que, depuis longtemps, on se refuse à
reconnaître. Je suis tenté de vous parler du dilemme d'Yvon
Deschamps qui a souvent honte, parce qu'il est gêné, et qui
parfois, est gêné, parce qu'il a honte. Moi, j'ai nettement
l'impression qu'actuellement on se pose la question: A-t-on honte ou bien non,
est-on gêné?
Vous avez le droit de rouspéter, M. le ministre.
M. CASTONGUAY: J'aimerais aussi, à un moment donné...
M. BURNS: Je vous vois gesticuler, vous n'êtes pas très
expansif, je suis content de vous voir gesticuler.
M. CASTONGUAY: Vous tirez une conclusion erronée de ce que j'ai
dit.
M. BURNS: Non, pas de ce que vous dites... M. CASTONGUAY: De ce que j'ai
dit.
M. BURNS: ... mais d'une attitude d'ensemble de votre gouvernement qui
peut-être déteint sur vous, je ne le sais pas, avec tout le
respect que j'ai pour vous. Mais même le ministre des Institutions
financières, Compagnies et Coopératives se rend compte
actuellement qu'un domaine qui n'exige pas nécessairement, pour une
bonne compréhension, pour une bonne communication pas dans le
moment en tout cas, cela l'exigera éventuellement que les
compagnies aient des noms français. Même dans ce domaine, on le
reconnaît et il y a un projet de loi qui s'en vient, qu'on va
étudier et qu'on va examiner. Je ne dis pas qu'on va être d'accord
complètement là-dessus, je ne vous dis pas qu'on ne se
débattra pas là-dessus non plus, mais on est dans un domaine
où on a reconnu une chose, que la langue majoritaire, celle des
francophones au Québec, doit être reconnue à
un point tel qu'on va l'exiger des professionnels qui exercent une
profession qu'on considère d'intérêt public de
régir.
Pourquoi n'irait-on pas juste un petit peu plus loin, vérifier
l'enveloppe et dire: Soyons donc réalistes et disons que l'office va
s'appeler l'office autant en anglais qu'en français, dans le texte
anglais comme dans le texte français, que les corporations vont
s'appeler les corporations de... tant dans le texte français que dans le
texte anglais? C'est seulement cela qu'on vous demande. Cela n'est pas
compliqué. On vous demande simplement de ne pas être
gêné.
M. CASTONGUAY: Lorsque j'ai dit que, si on retenait cette proposition,
cela serait susceptible de semer une certaine incertitude, je n'ai pas
discuté du fond de la question, je n'ai pas voulu le faire. J'ai dit que
cela était une question qui était pertinente. Mais si nous
l'abordons pour un, deux ou trois organismes, sans dire ce que nous faisons
pour les autres, c'est là que l'incertitude naît, parce qu'il y a
des problèmes pratiques qui ne peuvent pas être ignorés. IL
y a des problèmes de divers ordres et c'est dans ce sens que je n'ai pas
voulu discuter le fond et dire: Est-ce que c'est bon? Est-ce que c'est mauvais?
J'ai dit que cela était pertinent comme question et j'ai dit que, si
elle était abordée par le biais, de façon fragmentaire, on
soulevait une foule de questions auxquelles on ne répond pas en abordant
la question uniquement pour un, deux ou trois organismes.
M. BURNS: Est-ce que je peux poser une question au ministre? De quel
ordre sont les problèmes auxquels il se réfère? Est-ce que
ce sont des problèmes d'ordre technique, par exemple, qu'on dise que le
Barreau de Montréal ou le Barreau du Québec devra changer sa
papeterie parce qu'à l'avenir n'apparaîtra pas le nom "The Bar of
Quebec" ou "The Bar of Montreal" ou la Chambre des notaires n'aura pas le
nom... Si c'est cela, ce n'est pas un gros problème. L'Etat pourra
toujours subventionner ces corporations pour qu'elles refassent leur papeterie
et leur système, si c'est cela le problème.
M. CASTONGUAY: Je ne songe pas uniquement...
M. BURNS: Quels sont les problèmes alors?
M. CASTONGUAY: ... aux corporations professionnelles, mais à
l'ensemble des organismes constitués et je me réfère, en
disant ceci, à l'énumération des problèmes que fait
le rapport Gendron, quant aux divers types de problèmes...
M. BURNS: Mais dans le cas...
M. CASTONGUAY: ... qu'entraînerait le changement de raison sociale
uniquement en français.
M. BURNS: Dans le cas qui me préoccupe, on ne parle pas de raison
sociale en général. On ne parle pas de compagnie, de corporation,
etc. On parle d'organismes très spécifiques qui,
déjà il ne faut pas l'oublier savent qu'ils
recevront sur la tête dans certains cas et je ne le dis pas de
façon péjorative, mais dans certains cas, on pense qu'ils le
reçoivent sur la tête une législation qui va,
jusqu'à un certain point, changer leur mode de vie. A moins que le
ministre me dise que les bills 250 et suivants ne changent rien aux
corporations professionnelles...
M. CASTONGUAY: Je n'ai pas dit ça.
M. BURNS: Je suis convaincu que le ministre n'oserait même pas me
dire cela. Il se dégraderait et il dégraderait le travail qu'on a
fait depuis déjà presque deux ans à discuter de ce
problème.
Ces corporations s'attendent à des changements majeurs.
Imaginez-vous que, parmi ces changements majeurs, on leur en amène un
pas tellement compliqué, on leur dit qu'elles vont avoir un nom
français. Je m'excuse, mais c'est cela. Et l'Office des professions,
vous allez avoir un nom français. Et le Conseil interprofessionnel, vous
allez avoir un nom français. C'est cela qu'on leur dirait en envisageant
cela. Je me pose la question, et j'espère que le ministre va nous
expliquer quels sont ces problèmes graves qui nous
empêcheraient...
M. CASTONGUAY: Je n'ai pas dit des problèmes graves.
M. BURNS: Enlevons le mot "graves". Vous dites que cela pose des
problèmes. C'est quoi, les problèmes, à part le changement
de papeterie?
M. CASTONGUAY: Ecoutez, si c'est si simple à faire, ce que vous
dites, il n'y a donc rien qui exclue la possibilité qu'à un
moment donné le gouvernement dise que, pour tel ou tel type d'organisme,
à l'avenir, les règles seront les suivantes. Là, tout le
monde saura à quoi s'en tenir, alors que si on dit que pour un, deux ou
trois, on va procéder de telle façon, le reste devra attendre
pour qu'on le lui dise par morceaux.
M. BURNS: M. le ministre, on est bien prêt à discuter d'une
politique globale au point de vue linguistique. Cela fait exactement trois ans
qu'on essaie d'en discuter avec vous. On n'en est jamais capable parce que,
pendant deux ans, on s'est fait dire que le rapport Gendron n'était pas
sorti. Maintenant, on nous dit que le rapport Gendron est sorti mais qu'il ne
dit pas tout à fait cela. Après, on dit que le rapport Gendron
dit cela, mais alors, pourquoi ne l'appliquez-vous pas? Vous nous
répondez que le rapport Gendron, ce n'est pas la Bible. Le rapport
Gendron, dans le fond, c'est actuelle-
ment l'espèce d'écran que votre gouvernement nous met
constamment devant les yeux. Je ne vous accuse pas directement, M. le ministre.
Vous faites vos efforts et je sais que vous êtes souvent minoritaire dans
votre cabinet. Cela n'est pas grave, qu'est-ce que vous voulez? On le sait.
Mais il reste quand même une chose. Pourquoi, à un moment
donné, ne se rendrait-on pas compte qu'il est temps peut-être
qu'on se tienne debout, au Québec? Il est peut-être temps qu'on
arrête de se laisser envoyer toutes sortes de choses sur la tête,
à gauche et à droite. Quand je parle de gauche et de droite, je
parle sur le plan géographique. Jusqu'à maintenant, on n'en a pas
tellement reçu du nord et du sud, on ne s'en aperçoit pas, parce
que c'est trop payant. En attendant, peut-être qu'il serait important
qu'on s'occupe de la gauche et de la droite et qu'on examine drôlement ce
que nous avons dans notre juridiction. On parle dans le cas des professions
d'un phénomène qui est dans le cadre constitutionnel actuel de
notre juridiction exclusive. C'est de cela qu'on parle. Il ne faut pas
être gêné d'exercer notre juridiction. Je pense qu'on ne
fera rien d'inconstitutionnel en posant de tels gestes. Mais on va commencer
à se faire respecter, vous savez. Il va falloir commencer à leur
dire aux gens à gauche et à droite, avant que ce soit en haut et
en bas à qui on le dise, qu'il y a peut-être des choses que nous
voulons, nous aussi, au Québec.
M. CASTONGUAY: M. le Président, directement reliée au code
des professions, se pose la question d'une connaissance d'usage de la langue
française. Dans la loi 64, nous l'avions abordée au moment
où il était nécessaire de réviser les dispositions
relatives à la citoyenneté. Aujourd'hui, nous
légiférons d'une façon plus générale par un
code, un ensemble de lois, et nous abordons clairement le problème qui
est relié directement à cet ensemble législatif. On l'a
abordé en temps et lieu parce que même si ces lois sont là
depuis un an et demi, il n'en demeure pas moins que, pendant toute la
durée de l'étude en commission parlementaire, la question n'avait
pas été soulevée. Dès que nous sommes
arrivés à l'étape où cela pouvait être fait,
la question est abordée. Le rapport Gen-dron a été
publié. Donc, le problème apparaissait plus clairement. On
l'avait analysé et voici ce qui était recommandé. Nous le
faisons.
Je pense bien qu'on ne peut pas demander, à l'intérieur de
l'étude de cette loi, de faire plus que ce qui est fait ici, M. le
Président.
M. BURNS: Si on pose le problème à ce moment, M. le
ministre, c'est qu'on a demandé qu'un certain nombre d'articles soient
réservés parce qu'ils posaient un problème analogue,
connexe, ancillaire. On arrive au problème central. Vous vous rendez en
grande partie à notre argumentation et on vous en félicite. Je
pense que le député de Bourget ne s'est pas retenu sur...
M. LAURIN : Je n'ai pas été mesquin.
M. BURNS: N'a pas été mesquin, justement, sur la
façon de dire jusqu'à quel point on vous félicitait et je
ne retire aucunement les félicitations qui ont été faites
à cet égard. On vous demande tout simplement d'être logique
avec vous-même.
En réponse à cette demande qu'on vous fait d'être
logique avec vous-même, dans le fond on vous demande de réviser
quelque chose qui va moins loin que ce que vous accordez actuellement dans
votre projet de loi, vous nous dites: II y a des problèmes que cela
pose. C'est quoi les problèmes? C'est cela que je vous demande depuis
tantôt. Quels problèmes est-ce que ça pose?
M. CASTONGUAY: M. le Président, je l'ai dit tantôt.
M. BURNS: Mais je n'ai pas compris moi, je m'excuse. Je ne les ai pas
vus, les problèmes.
M. CASTONGUAY: Je vous réfère d'abord au texte du rapport
de la commission Gen-dron...
M. BURNS: On l'a lu.
M. CASTONGUAY: Moi aussi je l'ai lu et il en soulève certains et
j'en ai mentionné un autre, abordé... Oui, mais il y a aussi un
fait...
M. BURNS: Le problème, M. le ministre...
M. CASTONGUAY: ... il y a une chose qui n'est pas abordée dans le
rapport de la commission Gendron et qu'elle ne pouvait pas faire; elle ne
pouvait pas commencer à prendre chaque question et dire: Qu'est-ce qui
arrive si on aborde un petit bout dans une loi; après cela si on prend
un petit bout ailleurs?
M. BURNS: C'est cela, vous touchez au point central là, M. le
ministre. Acuellement, on ne vous demande pas, parce qu'on l'a essayé
à plusieurs reprises, on l'a même essayé par le
dépôt d'un projet de loi et on sait ce qui est arrivé du
projet de loi, de régler le problème global. Là-dessus, on
connaît la position de votre gouvernement. Vous ne voulez pas
régler le problème globalement, d'accord. Mais on vous dit:
Là vous avez une occasion; vous avez un domaine où vraiment, et
on vous en félicite, vous posez un geste. On vous dit: Pourquoi ne
continuez-vous pas votre geste? Vous nous référez à la
commission Gendron. La commission Gendron ne traite pas et j'insiste
ne traite pas particulièrement de ce problème des
corporations professionnelles, sinon le fait que la commission Gendron vous
fait des recommandations que vous endossez dans votre amendement, sur lequel on
est entièrement d'accord. Mais la commission Gendron pose le
problème à savoir ce qui arrive des corporations en
général.
M. CASTONGUAY: C'est cela.
M.BURNS: C'est cela que je me demande. Fendant qu'on est dans ce domaine
des corporations professionnelles, pendant qu'on a fait une admission claire
qu'on doit donner à ces corporations professionnelles un
caractère important au point de vue de la langue, à un point tel
que vous amenez un amendement qui consacre le fait que pour exercer une de ces
professions, il faut avoir une connaissance d'usage du français, sauf
les modalités qu'on discutera évidemment, une fois qu'on a dit
cela, nous vous disons: Ayez donc une suite logique! Vous nous répondez:
Cela pose des problèmes. Jusqu'à maintenant, vous ne m'avez pas
dit ce qu'étaient les problèmes. Je vous ai demandé si
c'était le papier à lettre; vous m'avez dit: Non, c'est
évident, ce n'est pas cela. Je vous ai dit: D'accord, j'écarte le
papier à lettre. Maintenant, quels sont les problèmes?
M. CASTONGUAY: M. le Président, je pense que j'ai fait mes
commentaires.
LE PRESIDENT (M. Picard): Est-ce qu'on pourrait entendre le
député de Dubuc? Il y a longtemps qu'il attend. Le
député de Dubuc.
M. BOIVIN: Sans en faire la conclusion d'une politique de langue, moi je
verrais... Je trouve cela un peu curieux de voir, quand on demande une
incorporation, par exemple, qu'on lui donne deux noms.
Si c'est une compagnie anglaise, qu'elle porte son nom anglais. Une
bière allemande dont c'est impossible de prononcer le nom, on est
obligé de lui mettre un numéro en dessous, mais on dit que c'est
une bière allemande. Mais qu'un ministre canadien-français, dans
une province française présente un projet de loi avec des noms,
moi, je mettrais des noms français. Que ce soit un ministre anglais qui
nous en passe un de temps en temps, mais qu'il y ait un nom, qu'il soit anglais
ou français. Autrement, bien vite... Les personnes morales, c'est comme
les personnes. Je ne voudrais pas qu'on m'appelle "drink wine", parce qu'il
faut traduire tous les noms.
M. CLOUTIER (Montmagny): Bois, vin!
M. BOIVIN: Je trouve que, sans en venir à une politique de
langue, c'est une chose qui pourrait se faire. Quand il y a une demande
d'incorporation, que ce soient des offices d'une province à
majorité française... On m'a toujours dit qu'un nom ne se
traduisait pas.
M. CLOUTIER (Montmagny): II faudrait que le député de
Dubuc...
M. BOIVIN: II n'y en a pas deux. Je ne comprends pas qu'on incorpore des
compagnies sous deux noms. Si elles veulent prendre le nom anglais, qu'elles
prennent leur nom anglais, si cela les gêne, qu'elles prennent le nom
français. Sans en faire une conclusion de politique de langue, il me
semble que ça devrait avoir un nom.
M. CASTONGUAY: D'ailleurs, M. le Président, j'ai dit, sur le fond
de cette question, que je n'ai pas fait de commentaires. Je ne veux pas dire
que l'un ou l'autre est nécessairement bon. Tout ce que je dis, c'est
que c'est une question qui mérite d'être discutée, sauf que
je ne trouve pas que c'est à l'occasion de ce projet de loi que le
moment est venu de le faire.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que le ministre peut nous dire quand on
peut s'attendre à une mesure législative, une mesure globale, en
ce qui concerne les noms d'institutions dans le domaine public?
M. CASTONGUAY: M. le Président, il y a le premier ministre, il y
a le ministre de l'Education qui est responsable d'organismes, l'Office de la
langue française, etc., et généralement ce sont eux qui,
en temps opportun, ont donné les renseignements nécessaires sur
ces questions. Il ne m'appartient pas de le faire.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre des Institutions financières
est ici; ça le touche de près, les incorporations, les noms des
institutions publiques, les noms des compagnies. Le ministre des Institutions
financières est-il expansif? Est-ce qu'il voudrait nous faire part,
à ce moment-ci, de son sentiment personnel quant au moment qu'il
jugerait opportun de présenter une telle législation? On peut
rester une semaine de plus à la fin de la session pour entendre le
ministre des Institutions financières nous proposer ça.
M. TETLEY: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Picard): A l'ordre, s'il vous plaît!
M. TETLEY: ... je crois que c'est le ministre des Affaires sociales qui
a le droit et le devoir de répondre pour moi et le conseil des
ministres.
LE PRESIDENT (M. Picard): A l'ordre, s'il vous plaît! C'est parce
que vous n'êtes pas membre en titre, je vais être obligé de
vous désigner membre en titre remplaçant M. Veilleux.
M. BURNS: Pour faire plaisir au ministre et au député de
Notre-Dame-de-Grâce, on va lui dire: The more, the merrier...
LE PRESIDENT (M. Picard): Vous remplacez M. Veilleux.
M. TETLEY: Ah, pardon! Mais avant de me
retirer, parce que j'étais en haut, j'étudiais la Loi des
terres et forêts, mais c'était beaucoup moins intéressant
qu'ici, je veux tout simplement répéter que c'est le ministre des
Affaires sociales qui répond ici. J'appuie ses remarques et au sujet des
remarques d'un autre député, qu'il me soit permis de noter que le
ministre des Affaires sociales est rarement en minorité au conseil des
ministres.
Nous sommes, parfois, tous minoritaires. Je le suis souvent.
M. BURNS: C'est à ce point-là que c'est divisé
!
M. TETLEY: On n'est pas un "gang de rubber stamps"; c'est un groupe de
gens qui travaillent et qui donnent leur point de vue. S'il y a un leader au
conseil des ministres, c'est certainement le ministre des Affaires
sociales.
M. BURNS: Est-ce que le ministre de l'Agriculture est prêt
à endosser les remarques du ministre des Institutions
financières? Remarquez qu'il n'est pas sous serment, lui.
M. TETLEY: J'en suis certain! M. BURNS: Mais, vous non plus.
M. TETLEY: J'espère qu'il est membre de la commission.
UNE VOIX: Bien oui!
M. BURNS: On accepte tout le monde. On vous l'a dit, en ce qui nous
concerne.
M. TETLEY: Aucune discrimination.
LE PRESIDENT (M. Picard): Est-ce que j'ai le consentement des membres de
la commission de donner le droit de parole au député de
Lafontaine?
DES VOIX: Ah oui!
LE PRESIDENT (M. Picard): D'accord?
M. LEGER: Je voulais simplement, M. le Président, rappeler une
remarque du ministre des Affaires sociales qui disait qu'il n'avait pas
l'intention de faire une politique à la petite semaine, même
touchant l'aspect de la langue. Je pense que c'est déjà un pas
que le ministre a fait tantôt en nous apportant ses amendements obligeant
que le français soit la langue d'usage pour les personnes qui auront
droit à un permis. Mais si on ne peut pas avoir une politique
complète de la langue, on ne peut pas s'empêcher, nous de
l'Opposition, d'éviter toutes les occasions qui nous sont fournies
d'ajouter l'élément ou l'intérêt concernant une
parcelle de politique de la langue. Si le ministre hésite en disant
qu'il ne veut pas faire de politique de la langue à la petite semaine,
s'il n'y a pas beaucoup de petites semaines, il y aura une petite année
politique au point de vue de la politique de la langue. Je pense qu'il ne faut
manquer aucune occasion et pour que la langue française soit reconnue
comme langue d'usage il ne faut pas manquer l'occasion de s'en servir pour
l'appellation des corporations, de l'Office des professions, du Conseil
interprofessionnel, parce que je pense qu'il y a un argument de base à
l'intérieur du rapport Gendron qui est le suivant: Le problème
fondamental au Québec, au niveau de la langue d'usage, c'est qu'il faut
placer tous les Québécois en situation de s'en servir
constamment. Je pense qu'une phrase clé qui ressort du rapport Gendron,
c'est de placer le plus de citoyens québécois dans une situation
telle qu'ils soient obligés de se servir constamment de la langue
française. Autrement, elle ne sera pas suffisamment motivante pour
obliger la minorité anglophone à s'en servir et à
réaliser l'importance de la connaître. Je pense, M. le
Président, qu'on ne peut pas, même si on fait ça à
la petite semaine, avoir une politique globale de la langue et avoir dans une
automobile le pied sur l'accélérateur en même temps que sur
le frein. Si on fait les deux, on n'avance pas ou on avance très
lentement. Je pense que c'est une occasion qu'il ne faut pas manquer
d'ailleurs, nous ne la manquerons pas puisqu'on ne peut pas avoir une politique
globale de la langue d'insérer dans toutes les lois qui nous sont
présentées une obligation de l'usage de la langue
française dans toutes les circonstances.
Je ne vois pas pourquoi les députés de l'Opposition
hésiteraient, comme le disait le député de Maisonneuve
tantôt, par crainte d'aller au bout de leurs convictions, devant la
crainte de dire: On a déjà fait un pas, c'est déjà
grave; on va voir les conséquences de ce pas.
Je pense qu'il faut aller au bout de ses convictions et c'est une
occasion d'obliger les corporations professionnelles à faire en
français uniquement toute l'appellation de ces noms, à les mettre
en français uniquement. Je pense que tant que, nous-mêmes, nous ne
serons pas fiers de notre langue, nous ne pourrons pas demander à ceux
qui parlent une autre langue d'être fiers pour nous de cette langue.
M. CASTONGUAY: M. le Président, on se réfère au
rapport de la commission Gendron sur cette question et il serait,
peut-être, utile de relire la recommandation 73. C'est simplement cela
que je voudrais faire. On dit: "Nous recommandons que le gouvernement du
Québec fasse en sorte que, dans un délai raisonnable, tout
organisme de service public ou parapublic, municipalité, commission
scolaire, service hospitalier, etc., se donne un nom français ou une
version française officielle du nom anglais qui sert à
l'identifier.
Alors, il faudrait aussi faire attention, lorsque l'on se
réfère à la commission et l'on voit que ce qui est
proposé ou sous-jacent aux remarques faites par les
députés, n'est pas nécessairement tout à fait
conforme à ce qui est
recommandé ici. Je ne dis pas non plus que la commission Gendron
est une bible que l'on doit suivre automatiquement, mais, encore là, la
question que l'on soulève est une question où la commission
Gendron a formulé une recommandation quelque peu différente.
C'est pourquoi je dis que, dans le moment, je crois que ce n'est pas tout
à fait le moment d'aborder d'une façon frangmentaire cette
question.
M. LEGER: M. le Président, il faut quand même admettre le
principe de base que je ressortais tantôt du rapport Gendron, soit de
faire en sorte que les citoyens utilisent le français. S'il y avait deux
appellations pour un organisme est-ce que l'anglophone sera dans une situation
telle qu'il lui faudra parler le français ou s'il ne prendra pas le nom
anglais tout simplement, parce que cela lui sera présenté comme
tel? Alors, mettre devant une telle situation, c'est que les gens se sentent
obligés d'utiliser ce nom-là. Ils n'ont pas le choix ; c'est le
nom français. Les mettre devant une telle situation, ce n'est pas leur
fournir l'occasion de choisir entre les deux. A ce moment-là, ce n'est
pas une politique de la langue, c'est une politique de choix.
LE PRESIDENT (M. Picard): Est-ce qu'il y a une proposition d'amendement
devant l'assemblée?
M. LAURIN:Oui.
LE PRESIDENT (M. Picard): Quel est votre amendement?
M. LAURIN: Il y en avait une sur l'article 3.
LE PRESIDENT (M. Picard): Sur l'article 3. Est-ce que vous avez une
copie de cet amendement?
M. LAURIN : Je l'avais déposée dans le temps, M. le
Président. Nous allons la retrouver à l'instant.
LE PRESIDENT (M. Picard): Vous voulez dire au mois de mars?
M. LAURIN: Le 12 mars. Ce doit être dans le journal des
Débats, d'ailleurs. Cela nous prendrait très peu de temps d'en
formuler une pour les articles 13, 36 et 37, parce que c'est très
simple, au fond.
M. CASTONGUAY: C'est très facile à formuler. Est
institué un organisme sous le nom de Office des professions du
Québec.
M. LAURIN : Non, mais elle était rédigée en termes
très techniques, le mot biffé après un tel...
M. CASTONGUAY: Ah bon!
M. LAURIN: Elle était rédigée dans la forme
réglementaire.
LE PRESIDENT (M. Picard): Qui a formulé la...
M. LAURIN: C'est le député de Maisonneuve.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est à la page B-9011, c'est le
député de Maisonneuve qui, à la fin de son intervention, a
fait la proposition.
Il disait à l'article 3, dans la version française: Je
propose de remplacer l'article 3 par ce qui suit. La proposition est double;
Evidemment, la version française et la version anglaise.
Alors, je cite : Est institué un organisme sous le nom de Office
des professions du Québec.
LE PRESIDENT (M. Picard): J'ai ici l'amendement et le texte anglais se
lirait comme suit : "There shall be a body called Office des professions du
Québec." Le même qu'en français.
Maintenant, après la discussion que nous avons eue, est-ce que
les membres sont prêts à se prononcer sur l'amendement?
M. GUAY: J'aimerais, M. le Président, si c'est possible, ajouter
des commentaires.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Dorchester.
M. GUAY: M. le Président, j'ai écouté avec grande
attention tout ce qui s'est dit. Presque tout le monde a conclu que ça
soulèverait des problèmes si on acceptait ce genre d'amendement
à l'article 3. J'aurais une question à poser au ministre. Peut-il
nous dire si les amendements qu'il a lui même apportés aux
articles 45 et 46 ne causeront pas également des problèmes? Je me
demande si les problèmes que ces amendements vont causer dans
l'application du code des professions et celui qu'on veut insérer
à l'article 3... Je me demande quelle est la nature de ces
problèmes. La nature de ces complications va étrangement se
ressembler.
Si on part du principe qu'on n'ose pas apporter un amendement à
une loi parce que ça va causer des problèmes, je demande au
ministre s'il peut nous dire quand, à quel moment, en quelle
année on pourra apporter un tel amendement dans une loi et que ça
ne causera aucun problème. Parce que, bien sûr, tôt ou tard,
ça va causer des problèmes. Si on le fait aujourd'hui, ça
va créer des problèmes. Si on le fait l'an prochain, ça va
encore créer des problèmes, j'en suis convaincu, et je pense que
le ministre en est convaincu aussi.
Mais dans ce domaine, si on apporte des amendements à un projet
de loi et que ça ne cause pas de problème, je pense qu'on sera
obligé d'appeler ça du rattrapage. Mais c'est du
rattrapage qui sera loin en arrière.
Etant donné qu'on a déjà créé des
problèmes de nature semblable avec les amendements qui ont
été apportés aux articles 45 et 46, je me demande quel
chaos supplémentaire ça pourrait faire en acceptant l'amendement
qui a été proposé à l'article 3. Encore une fois,
si l'on attend que ça ne crée aucun problème, nulle part,
je pense qu'on peut attendre longtemps parce que, de toute façon, au
moment où on va appliquer ça, ça va créer des
problèmes. Mais, si les problèmes que ça crée sont
minimes par rapport aux améliorations qu'on peut apporter dans une loi
et qu'en plus ça rejoint les voeux de la grande majorité, on doit
quand même enlever ou réduire au minimum ce regard vers les
complications que ça peut créer. D'ailleurs le ministre ne nous a
soulevé aucun problème majeur.
M.CASTONGUAY: M. le Président, il est clair que les articles 44
et suivants vont apporter des changements, des difficultés, certains
problèmes et ce n'est pas la raison pour laquelle ces amendements n'ont
pas été apportés. La preuve est là, c'est clair,
nous les proposons pour adoption.
Maintenant, lorsque j'ai dit que, si nous abordions l'autre question
d'une façon fragmentaire, ça susciterait des incertitudes
c'était l'expression c'est que nous abordons, dans une loi, une
question qui peut être étendue à bien d'autres organismes
sans dire quelles sont les intentions, ce qui est fait à l'égard
de ces autres organismes. C'est là qu'on crée une
incerttitude.
Ces organismes, avec raison, peuvent se demander: Est-ce que la
même chose va être faite à notre égard? Quand? Selon
quelle modalité, etc.? C'est pourquoi je disais que c'est une question
qui est pertinente, il n'y a aucun doute, mais qui doit être
abordée comme telle, c'est tout.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Champlain.
M. TOUPIN: M. le Président, mon intervention n'a pas pour effet
de soutenir nécessairement la position du ministre des Affaires
sociales, parce qu'il peut la soutenir lui-même, il n'y a pas de doute
possible. Mais ce qui m'a frappé dans l'intervention qu'ont faite les
membres du Parti québécois, c'est la logique avec laquelle ils ne
sont pas toujours logiques avec eux-mêmes. Quand on tente de
régler les problèmes de façon parcellaire, ils nous
accusent de faire de la politique parcellaire. Quand on tente de régler
les problèmes dans leur ordre et qu'on laisse de côté
certaines sections parce qu'elles sont parcellaires, en vue de les
régler dans une politique générale, on nous accuse de ne
pas être logiques avec nous-mêmes. C'est précisément
l'illogisme des interventions qui ont été faites du
côté du Parti québécois, à ce sujet.
Quand le gouvernement a abordé le problème concernant
l'étiquetage bilingue, ce n'est pas le gouvernement actuel, c'est le
gouvernement précédent qui avait rédigé les
règlements, mais ils étaient en vigueur au moment où nous
sommes arrivés et nous avons réglé le problème de
l'étiquetage bilingue. Cela crée des problèmes dans
l'application des règlements. On a eu des pressions de toutes parts, de
la part de plusieurs entreprises, de la part de plusieurs commerçants
nous disant: On a de petites quantités de produits, on va acheter de
l'extérieur, les clients sont limités, etc. Nous avons quand
même soutenu la position suivante, à venir jusqu'à
maintenant, et c'était une position très logique avec
nous-mêmes, c'est qu'il y a une politique dans le domaine de
l'étiquetage bilingue, nous l'avons appliquée et nous
désirons la faire respecter. C'est la même chose lorsque nous
abordons ce problème du code des professions. Dans les deux cas, c'est
la même chose. On règle le problème des professionnels
là-dedans et, lorsqu'il s'agira de régler les autres
problèmes, nous arriverons avec une politique globale. Il
m'apparaît que la position que tient le Parti québécois, ce
soir, n'est pas tellement logique avec les raisonnements qu'il tient
habituellement, pas tellement logique. Vous avez toujours prôné
les grandes politiques d'ensemble, globales, à l'intérieur
desquelles tout doit être contenu. Or, je pense que ce soir, dans ce
qu'on discute, la politique globale s'y trouve. S'il y a des
éléments dans cette loi qui doivent se régler par d'autres
politiques globales, le temps venu, on les inclura dedans et, à ce
moment-là, je pense que tous pourront dire qu'ils sont logiques avec
eux-mêmes.
M. LEGER: M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Lafontaine.
M. LEGER: M. le Président, sur la question, parce que nous avons
directement été mis en cause, j'aimerais seulement ajouter ceci.
C'est sûr que, si le gouvernement avait une politique globale de la
langue, nous pourrions tout de suite discuter les implications, les
détails et les parcelles de cette politique, mais actuellement, il n'y a
pas de politique globale de la langue et le ministre, lui-même, vient
nous dire: Quand le temps sera venu, quand ce sera nécessaire, nous en
aurons une. Mais quand cela fait trois ans que cela nous est promis et que cela
ne vient pas. Il ne peut pas nous blâmer d'utiliser toutes les
possibilités, toutes les occasions, par une politique parcellaire qui
obligerait le gouvernement, en voyant qu'il y a tellement de points qui ont
été touchés, à avoir quand même une politique
globale de la langue. Il ne peut pas nous blâmer d'être illogiques,
d'essayer, pour nous, de commencer par les détails, parce que le
gouvernement dirige le menu législatif et ne veut pas amener le menu
complet. On ne peut autrement que lui proposer, le plus possi-
ble, des solutions parcellaires au problème parce que c'est le
gouvernement qui dirige actuellement le menu.
On ne peut pas la proposer nous-mêmes, c'est lui qui a les
rênes. C'est absolument logique de notre part d'essayer d'obtenir le plus
souvent possible, à toutes les occasions possibles, une politique
parcellaire de la langue qui, par elle-même, va pousser le gouvernement
tôt ou tard à se décider à la présenter. Mais
quand vous dites: Le temps sera venu... Nous autres, cela fait longtemps que le
temps est passé.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Montmagny.
M. TOUPIN: Au fond, vous demandez qu'on serve le dessert en même
temps que le plat principal.
M. LEGER: II y en a qui commencent par le dessert, cela
dépend.
M. TOUPIN: Nous, on a pris le plat de fruits. M. PILOTE: On a
laissé le foin.
M. LEGER: Ce n'est pas nous qui sommes le "cook".
M. CLOUTIER (Montmagny): Je voudrais faire un bref commentaire avant que
vous n'appeliez le vote sur cette proposition d'amendement. A un certain
moment, vous allez appeler... Vous n'appelez pas le vote ce soir?
LE PRESIDENT (M. Picard): Nous ajournons à 10 h 30.
M. CLOUTIER (Montmagny): De toute façon, je fais le commentaire.
Si nous ne prenons pas le vote ce soir, nous le prendrons demain matin. Je
voudrais dire ceci. Nous allons appuyer la proposition du Parti
québécois parce qu'elle s'inscrit dans la position officielle,
dans la politique officielle de notre parti exprimée il y a quelques
jours lors des assises, la reconnaissance de la seule langue officielle qui est
le français.
Mais j'ai dit tantôt que j'aurais préféré que
cette solution soit apportée dans une politique plus globale.
M. LAURIN: Nous aussi.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, je sais que probablement le Parti
québécois aussi, mais de toute façon, au lieu de faire des
modifications pour deux organismes ou si on ajoute les autres corporations,
cela pourrait faire quoi? Une vingtaine d'appellations... Pardon?
M. LAURIN: 38.
M. CLOUTIER (Montmagny): ... 38 plus 2, cela fait 40 corporations du
secteur public ou parapublic, si on veut, alors que peut-être, dans
quelques semaines, au plus tard dans quelques mois, soit à la fin de
cette session-ci, avant l'ajournement ou au tout début de l'autre
session, on pourrait apporter une politique plus globale parce que, comme on
l'a dit tantôt, je ne crois pas à la période de transition
bien longue, sauf pour les questions bien pratiques, comme la papeterie ou des
choses comme cela. Evidemment, on éviterait à ces 40 corporations
le soin d'imprimer de la papeterie et de recommencer dans six semaines,
après l'adoption d'une politique plus globale. Cela serait fait une fois
pour toutes.
Nous allons appuyer la motion tout en regrettant que le gouvernement ne
puisse apporter, à ce moment-ci ou dans les jours, dans les semaines qui
vont suivre, une politique plus générale pour régler ce
problème, étant donné qu'on va y venir de toute
façon, d'après les indications. Je ne veux pas mal
interpréter les paroles du ministre des Affaires sociales tantôt,
mais je pense que sa position de fond rejoint... D'ailleurs, il l'a
démontré sur la langue d'usage du français. Il a
été le premier à faire un geste important et il n'est pas
minoritaire au sein du conseil des ministres; je ne crois pas à cela. Un
ministre qui prend $2 milliards du budget de la province ne doit pas être
minoritaire tout le temps. A un certain moment, il est majoritaire quelque
part. Cela sera notre position sur le vote que vous appellerez.
LE PRESIDENT (M. Picard): En vertu de notre règlement, il faut
qu'il y ait quorum au moment où le vote est pris et comme nous n'avons
pas quorum...
M. LAURIN: J'aurais encore une dernière intervention à
faire qui serait courte.
M. CASTONGUAY: Nous sommes prêts à vous écouter.
M. LAURIN: Non. Je la ferai demain. M. CASTONGUAY: On arrête
à 10 h 30?
LE PRESIDENT (M. Picard): La commission suspend ses travaux
jusqu'à demain, après la période des questions, soit vers
11 heures.
(Fin de la séance à 22 h 30)