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Commission permanente des corporations
professionnelles
Projet de loi no 250
Code des Professions
et autres projets de loi connexes
Séance du vendredi 8 juin 1973
(Onze heures)
M. GIASSON (président de la commission permanente des
corporations professionnelles): A l'ordre, messieurs!
La commission parlementaire poursuit ses travaux sur l'étude du
bill 250. On m'informe que, lors de l'ajournement, hier, la discussion portait
sur un amendement à l'article 3, amendement déposé par le
député de Maisonneuve qui suggérait de remplacer l'article
3 par le suivant: "Est institué un organisme sous le nom de l'Office des
professions du Québec."
Le député de Bourget.
M. LAURIN: Et qui portait également sur les articles 16, 36 et
37. On veut faire une discussion unique pour tous ces articles, étant
donné que c'est le même principe qui est en jeu.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Si le député de Bourget me le
permet, il y aurait quelques remplacements à signaler. M. Galienne
remplace M. Gratton. M. Marchand remplace M. Leduc. M. Harvey, Chauveau,
remplace M. Saint-Pierre. M. Pilote remplace M. Théberge.
Le député de Bourget.
Le français, langue d'usage des professionnels
(suite)
M. LAURIN: J'ai écouté avec énormément
d'attention les réponses que le ministre a faites, hier soir, aux
différents intervenants, en particulier le député de
Maisonneuve, le député de Montmagny et le député de
Dorchester. Il semble qu'en réponse à ces intervenants, il
revenait d'une façon privilégiée sur un argument. Il ne
voulait pas que le gouvernement légifère d'une façon
fragmentaire, morceau par morceau, comme il disait. Je suis un peu d'accord
avec lui que c'est préférable, bien sûr, de
légiférer d'une façon globale. Mais je veux quand
même rappeler au ministre que ce n'est pas notre faute, si on n'a pas pu
légiférer d'une façon globale, sur ce sujet. On a voulu le
faire. On a exprimé notre désir à plusieurs reprises, mais
il n'y a pas eu moyen, parce que le gouvernement disait qu'il n'était
pas prêt à légiférer d'une façon globale. Il
l'a dit à l'occasion de la loi 64, à l'occasion de plusieurs
autres lois touchant d'autres ministères. Donc, ce n'est pas vraiment
notre faute si on ne peut pas légiférer de façon
globale.
Donc, on est bien obligé d'aller à l'autre partie de
l'alternative et légiférer morceau par morceau. D ailleurs, le
premier ministre a dit hier qu'il n'avait pas d'objection, lui, à
légiférer à la pièce, comme il disait. Je cite le
Devoir, qui rapporte les réponses qu'il donnait aux journalistes, lui
demandant s'il fallait conclure que le gouvernement procéderait à
la pièce, plutôt que par voie d'une politique globale, tel que
promis.
M. Bourassa a répondu que l'un n'excluait pas l'autre. Donc, il
admet qu'on puisse parfois, quand le gouvernement est prêt, agir d'une
façon globale et qu'on peut, à d'autres moments, profiter de la
présentation de projets de loi pour présenter des mesures
parcellaires. C'est d'ailleurs ce que le gouvernement a commencé
à faire en présentant des amendements à l'article 44. Le
premier ministre poursuit, à titre d'exemple... Il a expliqué
qu'il n'était pas nécessaire d'exiger la connaissance. Quant aux
mesures linguistiques introduites dans le projet de loi, disait M. Bourassa, il
a précisé qu'elles seraient assorties de délais et de
règlements permettant de tenir compte des réalités
actuelles. Donc, ce n'est pas incompatible. On pense à une politique
globale, mais on profite de la présentation de tel ou tel projet de loi
pour légiférer morceau par morceau ou à la
pièce.
Alors, ici, je rappellerais au ministre que, même si on
légifère à la pièce dans le cadre de la loi 250,
c'est quand même un secteur majeur. C'est un secteur très
important, c'est une loi-cadre, c'est un code. C'est un code qui touche un
secteur extrêmement important de notre société,
c'est-à-dire celui de toutes les professions, qui englobe un très
grand nombre de personnes et, par la voie des services que ces professionnels
dispensent, qui touche toute la population. Donc, si c'est
légiféré morceau par morceau, c'est un très gros
morceau que nous prenons en légiférant sur les professions.
L'autre argument qui revenait toujours dans la bouche du ministre,
c'était celui-ci: II ne faut pas créer de l'incertitude. Il ne
faut pas créer de l'inquiétude. Je lui réponds: Est-ce que
ce serait vraiment créer une telle incertitude, créer une telle
inquétude que de désigner officiellement par leur nom
français des organismes parapublics? Moi, je ne le crois pas, parce que,
dans le rapport de la commission Gendron, il n'y a pas seulement la
recommandation 22, il n'y a pas seulement la recommandation 70, que nous citait
le ministre hier, mais il y a toutes les recommandations qui touchent la langue
de la consommation, la langue de communication et la langue de travail et, sans
aller dans le détail de ces recommandations, que j'ai toutes lues, il
est bien évident que le sens, l'orientation de ces recommandations est
que le français va devenir de plus en plus la langue officielle, va
devenir la langue des raisons sociales, la langue de communication, la langue
des documents publiés par le gouvernement.
Donc, on ne peut pas dire que la population va être tellement
surprise, tellement inquiète de voir progressivement le français
prendre une
place prédominante, surtout en ce qui concerne les institutions
du gouvernement. Je ne pense donc pas que l'incertitude ou l'inquiétude
ou la surprise soit à ce point grande quand on verra, par exemple, que
le gouvernement désigne par un nom français des institutions
officielles.
D'autant plus que même le ministre des Institutions
financières pense, dans le domaine de l'entreprise privée, qui
est beaucoup plus délicat et complexe, et commence à introduire
lui aussi des lois dans ce sens. Je ne pense donc pas que l'incertitude,
l'inquiétude et la surprise soient aussi grandes que le ministre veut
bien l'entendre.
Maintenant, que ceci cause des problèmes à ceux qui ont
bénéficié d'une situation qui les favorisait, je suis bien
d'accord sur ça, mais jusqu'ici, les problèmes, c'est nous, de la
majorité, qui les avons eus; c'est nous qui avons dû nous adapter
à ces problèmes, qui avons dû trouver les solutions
empiriques, qui avons dû nous débattre avec ces problèmes.
Est-ce qu'il n'est pas temps que les problèmes passent du
côté de la minorité plutôt que du côté
de la majorité? Il me semble, au fond, qu'en démocratie, il faut
qu'une majorité pense aussi à elle-même et qu'elle pense
à assurer les conditions normales de son fonctionnement. Que ceci cause
des problèmes pratiques, encore une fois, je suis bien d'accord qu'il y
en ait, mais je me demande si ces problèmes seront aussi grands, aussi
importants, aussi sérieux que le ministre veut bien le dire. J'ai
parcouru avec beaucoup d'attention tout le rapport de la commission Gendron
portant sur la langue de travail, et encore une fois, tout ce que j'y ai vu
comme complications, comme problèmes que pourrait créer le
changement d'appellation officielle, ce sont plutôt des problèmes
techniques, des problèmes de paperasse, de papeterie, ce ne sont pas de
gros frais que ceci implique. Ce n'est pas, par exemple, comme pour les
entreprises privées où il y a de la publicité,
peut-être les politiques de publicité, qu'il faudrait reviser. Au
fond, quand on parle d'organismes officiels, les seuls problèmes sont
les problèmes techniques dont je parlais, la papeterie et les
problèmes de communication, un changement d'habitudes dans les
communications. Or, depuis que le gouvernement du Québec a
commencé à établir le français comme langue de
communication entre lui et les ressortissants québécois,
l'habitude a déjà commencé à être prise et je
ne pense pas qu'en imitant le gouvernement, les organismes officiels auraient
tellement plus de problèmes que le gouvernement en a eu.
Enfin, un dernier point, le changement serait-il aussi dommageable qu'on
veut bien le dire puisque, de toute façon, en vertu de l'adoption de ce
code des professions, les corporations vont être obligées de
changer de nom, puisqu'on vient de leur donner un nouveau régime? Hier,
on discutait à savoir si on va donner l'appellation féminine en
même temps que l'appellation masculine. On était prêt
à changer selon que la chose paraissait préférable dans
tel ou tel sens.
Quelle que soit la décision qu'on aurait prise, il aurait bien
fallu que les corporations s'adaptent à ce changement en modifiant en
conséquence, leur papeterie, par exemple. Si on n'a pas soulevé
ce point quand il s'agissait de changer du masculin au féminin, ou quand
il s'agissait de changer l'appellation "d'acousticien en prothèses
auditives" à "audioprothésiste" ou d'autres corporations,
pourquoi le soulèverait-on maintenant lorsqu'il s'agit de la langue? Au
fond, encore une fois, cela m'apparaît être un changement mineur et
auquel les corporations aussi bien que les nouveaux organismes, comme l'office
et le Conseil professionnel, même s'il n'est pas nouveau, il est
récent, pourraient parfaitement s'adapter. Il me semble donc qu'aussi
bien pour des raisons de fond, des raisons de principe, que pour des raisons
pratiques, le problème n'est pas tellement important. Si le gouvernement
voulait être logique et donner à la priorité du
français toute l'importance qu'il prétend lui accorder, ce serait
facile pour lui d'accepter ce changement. L'incertitude, l'inquiétude,
la surprise engendrées n'en seraient pas aussi considérables que
le gouvernement le craint. Enfin, les problèmes techniques ou pratiques
auxquels cela donnerait lieu seraient très facilement
réglés.
Encore une fois, il s'agit de donner justice à la majorité
du pays. Il est peut-être temps que la majorité
légifère pour elle-même pour assurer les conditions
normales de son fonctionnement. Même si le changement
suggéré ne nous apparaît pas majeur, nous avons
été les premiers à le reconnaître, il reste qu'il
revêt une importance symbolique dans la situation difficile, la situation
épineuse où se trouve actuellement notre majorité au
Québec et son importance, sa signification revêtiraient un sens
dont même le gouvernement n'aurait qu'à se réjouir.
M. CASTONGUAY: M. le Président, hier, au terme de la discussion,
avant de prendre le vote, le député de Bourget avait
demandé de faire une dernière intervention. C'est ce qu'il vient
de faire ce matin. J'ai écouté attentivement. Comme nous
discutons ici, pour utiliser la même expression que le
député de Maisonneuve, l'enveloppe et non pas la question la plus
fondamentale qui se pose quant à la question de la langue dans ce projet
de loi, je n'ai pas d'autres commentaires à faire pour le moment que
ceux que j'ai faits hier soir.
Je demanderais, M. le Président, que nous votions sur le projet
d'amendement à l'article 3.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Les membres de la commission auront à
se prononcer. Avant d'appeler le vote, je signale que M. Fraser remplace M.
Fortier.
Quels sont ceux qui sont pour...
A l'article 3, amendement proposé par le Parti
québécois, son représentant, le député
de
Maisonneuve; il suggère de remplacer, non seulement il
suggère, mais il vous demande de remplacer l'article 3 par le suivant:
"Est institué un organisme sous le nom d'Office des professions du
Québec". "There shall be a body called Office des professions du
Québec".
Quels sont ceux qui sont pour l'amendement tel que proposé?
M. Bienvenue?
M. BIENVENUE: Contre.
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. Boivin?
M. BOIVIN:Pour.
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. Caston-guay?
M. CASTONGUAY: Contre.
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. Cloutier (Montmagny)?
M. CLOUTIER (Montmagny): Pour.
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. Dionne?
M. DIONNE: Contre.
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. Faucher?
M. FAUCHER: Contre.
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. Fraser?
M. FRASER: Contre.
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. Gallien-ne?
M. GALLIENNE: Contre.
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. Guay?
M. GUAY:Pour.
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. Lacroix? M. Laurin?
M. LAURIN:Pour.
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. Marchand qui remplace M. Leduc?
M. MARCHAND: Contre.
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. Per-reault?
M. PERREAULT: Contre.
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. Harvey (Chauveau)?
M. HARVEY (Chauveau): Contre.
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. Pilote? M. PILOTE: Contre.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Quatre membres de la commission se sont
prononcés en faveur de l'amendement, dix se sont prononcés
contre.
L'amendement est rejeté.
M. LAURIN: Est-ce que l'on pourrait considérer le même vote
pour les articles 16, 36 et 37?
LE PRESIDENT (M. Giasson): Tous les membres de la commission acceptent
que le même vote s'applique aux articles 16, 36 et 37.
M. CASTONGUAY: II faudrait maintenant voter, M. le Président, ou
est-ce que l'on adopte l'article 3, tel que rédigé, sur
division?
UNE VOIX: C'est cela, sur division.
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'article 3 serait adopté sur
division.
M. LAURIN: De même que tous les autres.
M. CASTONGUAY: Et 16. Pour les articles 36 et 37, il reste deux petits
problèmes, les féminins et aussi l'expression "nurse's aide" ou
"nursing assistant".
M. GUAY: C'est cela.
M. CASTONGUAY: Si vous voulez, nous pourrions disposer
immédiatement de "nursing assistant". Après vérification,
le texte suggéré par le député de Dorchester semble
être le meilleur et semble être celui qui est demandé.
M. GUAY: C'est d'ailleurs celui qui est utilisé aux Etats-Unis et
je me suis armé d'une sérieuse documentation ce matin, mais
étant donné que ce ne sera pas nécessaire...
M. BIENVENUE : Dorchester est un comté anglophone.
M. GUAY: C'est peut-être pour cette raison que l'on a cru bon de
le faire disparaître!
M. CASTONGUAY: Alors, est-ce que nous pourrions adopter l'amendement
à l'article 36, paragraphe p), dans la première ligne, remplacer
les mots "Nurse's Aide" par "Nursing Assistant" et à la dernière
ligne "Nurse's Aides" par Nursing Assistants". Cela va?
M. GUAY: C'est ça.
M. CASTONGUAY: Alors, 3 et 16 sont adoptés. Les articles 36 p) et
37 p). Nous retournons à l'article 44.
M. CLOUTIER (Montmagny): II faudrait ajouter une ligne.
M. CASTONGUAY: Benoît n'a pas terminé. LE PRESIDENT (M.
Giasson): Article 44.
M. CASTONGUAY: Pour l'article 44, j'ai distribué le texte, M. le
Président, hier soir, d'un amendement destiné à remplacer
l'article 44 dans sa forme actuelle.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Un instant. Il y a un amendement qui est le
suivant : Remplacer l'article 44 par le suivant : "44. A l'exception de la
Corporation professionnelle des avocats du Québec, de la Corporation
professionnelle des notaires du Québec et de la Corporation
professionnelle des arpenteurs-géomètres du Québec, une
corporation ne peut refuser de délivrer un permis à une personne
uniquement pour le motif que cette personne ne possède pas la
citoyenneté canadienne, si celle-ci a été
légalement admise au Canada pour y demeurer en permanence, si celle-ci
s'engage à demander la citoyenneté canadienne dès qu'elle
pourra le faire en vertu de la Loi sur la citoyenneté canadienne
(Statuts du Canada), et si elle est domiciliée au Québec."
Le député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): D'accord, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'article 44 serait adopté?
M. CLOUTIER (Montmagny): Tel qu'amendé.
M. CASTONGUAY: Disparaît l'annexe II du même coup.
Vous...
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est comme cela qu'elle disparaît.
M. CASTONGUAY: Très bien.
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'article 45.
M. CASTONGUAY: L'article 45, M. le Président, c'est le texte tel
qu'il apparaît dans le projet de loi, sans modification.
LE PRESIDENT (M. Giasson): II y a une insertion additionnelle qui est
déposée, 45a).
M. CASTONGUAY: Non, cela serait un nouvel article à discuter
après l'adoption de l'article 45.
M. CLOUTIER (Montmagny): L'article 45, adopté sans
amendement.
LE PRESIDENT (M. Giasson): On propose un article additionnel, 45
a)...
M. CASTONGUAY: C'est cela, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Giasson): ... qui se lit comme suit: "Nulle corporation
ne peut délivrer un permis à une personne qui n'a pas une
connaissance d'usage de la langue française déterminée
suivant les normes établies à cette fin par règlement du
lieutenant-gouverneur en conseil; tout règlement adopté en vertu
du présent alinéa doit être publié dans la Gazette
officielle du Québec et entre en vigueur à compter de cette
publication."
M. LAURIN : J'aurais un amendement qui se lirait comme suit, ou
plutôt, je vais reprendre la lecture de l'article 45 a), afin de mieux
faire saisir le sens de mon amendement. Malheureusement je n'ai pas de copie,
je vais lire lentement. L'article se lirait ainsi: "Nulle corporation ne peut
délivrer un permis à une personne qui n'a pas une connaissance
d'usage de la langue française déterminée suivant les
normes établies à cette fin par règlement du
lieutenant-gouverneur en conseil" pas de changement "tout règlement
adopté en vertu du présent alinéa doit être soumis
à la commission parlementaire permanente sur les corporations
professionnelles et je reprends le texte de l'article être
publié dans la Gazette officielle du Québec et entre en vigueur
à compter de cette publication." Le sens de mon amendement a pour but
d'introduire un autre élément dans la discussion avant que le
règlement soit adopté et entre en vigueur.
Le gouvernement a créé, à la demande du
député de Montmagny particulièrement, la commission
parlementaire permanente des corporations professionnelles. On a vu, lors de la
discussion des autres articles, à quoi cette commission pourrait servir.
Par exemple, on pourrait étudier les projets de fusion, de regroupement
de corporations, les problèmes que pourrait poser la délimitation
du champ d'exercice. Je pense qu'un autre objet important que pourrait remplir
cette commission serait précisément la discussion des
règlements qui nous permettent de dire qu'un professionnel a une
connaissance d'usage de la langue française.
Lors de la discussion du projet de loi 64, nous avions posé
plusieurs questions quant aux règlements à être
adoptés. A ce moment, évidemment, il fallait bien attendre que
les règlements puissent être élaborés par les
diverses instances gouvernementales intéressées.
Périodiquement, le ministre des Affaires culturelles nous a fait part de
l'élaboration de ces règlements. A un certain moment, nous avions
vu que l'examen prévu serait surtout oral, ensuite, surtout
écrit, qu'il comporterait un examen sur la maîtrise du
français par diverses techniques, par divers moyens.
Ces règlements ne sont peut-être pas parfaits encore une
fois, et comme maintenant le moment est venu d'étendre à tous les
professionnels des corporations la connaissance d'usa-
ge de la langue française, cela serait d'autant plus important de
s'assurer que les règlements et, en particulier, les examens soient
conçus de la façon la plus pertinente, la plus adéquate
possible. Je ne doute pas que tous les membres de la commission auraient des
questions extrêmement importantes à poser aux responsables de
l'élaboration de ces examens d'une part, et aussi à ceux qui les
font passer, de la même façon que nous aurions des questions
à poser sur les résultats de ces examens et sur les personnes qui
s'y sont soumises, sur leur adaptation aux divers milieux de travail auxquels
elles appartiennent.
En somme, pour toutes ces questions, il semble qu'on ne puisse pas
substituer d'autre méthode que celle du questionnaire, des questions que
l'on peut poser aux intéressés.
Il y aurait aussi un autre avantage. C'est que, si on soumettait le
règlement à l'étude de la commission parlementaire, le
gouvernement, dans une matière aussi névralgique, aussi cruciale,
pourrait s'éviter des critiques ou du moins les partager avec l'ensemble
de la deputation. Et comme il s'agit d'une question d'intérêt
national, il me semble qu'il y aurait avantage à faire en sorte que la
plus grande unanimité possible se crée autour des conditions
d'exercice, autour de l'application de la mesure qu'il vient d'introduire dans
ce projet de loi.
Une autre raison aussi milite en faveur de l'adoption de cet amendement.
C'est que, de plus en plus, nous avons pris l'habitude, au Parlement, de
soumettre à des commissions parlementaires l'élaboration et
l'application des règlements. Car le Barreau du Québec l'a
souligné à plusieurs reprises, nous courons le grave danger de
voir se substituer l'exécutif au législatif, le grave danger que
la réglementation devienne, en fait, plus importante que la
législation pour cadrer l'activité quotidienne des citoyens. H
nous semble que, pour parer à ce danger, il serait important que les
députés, les législateurs puissent accorder effectivement
autant d'attention à la réglementation qu'à la
législation.
Pour ces trois raisons, il nous semble que le gouvernement devrait
accepter l'amendement que nous lui proposons.
M. CASTONGUAY: Je comprends les motifs qu'exprime le
député de Bourget. Toutefois, pour les raisons que j'ai
exprimées hier, je ne crois pas qu'on puisse accepter l'amendement tel
qu'il est rédigé et faire obligation qu'il soit soumis à
la commission parlementaire. Comme il s'agit d'une question qui est importante,
comme également il va y avoir une commission permanente et qu'il
pourrait être utile et même nécessaire que ces
règlements ou certains d'entre eux soient soumis à l'examen de la
commission parlementaire, ce que je suggérerais, c'est que nous prenions
la même approche que nous avons prise pour la loi 65 ou encore que nous
retrouvions dans l'article 44 du texte original, le texte qui a
été remplacé, c'est-à-dire publication du projet de
règlement dans la Gazette officielle avec avis qu'après
l'expiration d'une période déterminée on pourrait
dire, peut-être, 60 jours le règlement prendra effet. Ceci
permet à tous les intéressés d'en prendre connaissance, de
faire des représentations et s'il y a vraiment lieu de convoquer la
commission, les demandes de convocation peuvent être faites et la
commission pourra être convoquée. C'est l'approche que nous avions
prise pour la loi 65 et qui a donné satisfaction. Nous pourrions le
répéter ici, c'est-à-dire modifier le texte de telle sorte
que le projet soit publié.» qu'il y ait un avis et qu'il soit dans
les dispositions de la loi que le règlement ne prendra effet
qu'après l'expiration d'un délai à déterminer,
qu'on pourrait fixer possiblement à 60 jours.
M. GUAY: M. le Président, je pourrais reprendre les propos que
j'ai tenus, hier soir, assez brièvement, en disant que, tout en
acceptant, de façon bien établie, la proposition d'amendement que
le ministre a présentée, mais avec cette peur... Il y avait un
danger de minimiser cet amendement, cette transformation dans la loi, cette
obligation qu'on en fait d'avoir une connaissance suffisante de l'usage de la
langue française au moment où l'on dit que les normes
établies le sont par règlement du lieutenant-gouverneur en
conseil.
C'est là toute l'importance et toute la valeur de cet amendement,
soit de s'assurer que les parlementaires, ceux qui ont eu à
étudier cette loi, que dans toute sa force, j'ajoute dans toute sa
splendeur, qu'à la façon dont cet amendement va s'appliquer, il
ne pourra pas être minimisé ou rendu presque nul par l'effet de
normes établies par règlement du lieutenant-gouverneur en
conseil. Parce que, de toute façon, les normes qui seront fixées,
les normes qui seront établies peuvent faire en sorte que les
connaissances doivent être très minimes ou assez larges.
Je dis que j'appuie cet amendement étant donné qu'on donne
également un rôle, à cette commission parlementaire
permanente, et cela fait partie de son rôle, cela fait partie de son
mandat. On veut faire, avec l'amendement du député de Bourget,
une obligation dans la loi, de consulter les parlementaires, de s'assurer que
les parlementaires participent à l'établissement de ces normes et
non de les laisser uniquement au lieutenant-gouverneur en conseil. Je pense
bien que c'est bien présenté. Je suis parfaitement d'accord. Si
on veut donner le rôle exact que cette commission parlementaire doit
jouer, s'il y a des points importants qui doivent entrer en ligne de compte,
cela en est un.
Tout en disant que je suis d'accord sur l'amendement que le ministre a
présenté, qui forme 45 a), encore là, les normes
établies, c'est le lieutenant-gouverneur qui va les déterminer,
qui va les faire. D serait plus sérieux, je crois, si on pouvait confier
aux parlementaires, aux
membres d'une commission, la possibilité non seulement de les
voir, mais d'en discuter de ces normes établies par règlement. Ce
serait, je pense bien, une soupape de sécurité que le ministre
donnerait. C'est un outil, en fait, qui garantit au ministre de ne pas faire
autrement que ce que les parlementaires désirent. Bien sûr que le
ministre a dit qu'il y a certains mécanismes qui sont prévus, II
y a des délais durant lesquels les personnes et les groupes
intéressés pourront faire des représentations, je suis
d'accord là-dessus aussi. Mais à toutes fins pratiques, c'est le
lieutenant-gouverneur en conseil qui va décider. Si les parlementaires
pouvaient s'exprimer à l'avance, avant même que ce
règlement soit présenté, soit publié avec les
délais prévus, il y aurait encore moins de danger que le ministre
se fasse critiquer peut-être de façon sévère. C'est
une porte ouverte qui garantirait la sécurité des normes que le
lieutenant-gouverneur pourrait établir à cette fin.
Alors, j'appuie l'amendement et j'avais d'ailleurs l'intention de
soulever la discussion dans ce sens-là à savoir si, dans
l'établissement des normes, on aura la chance d'en discuter à
cette commission parlementaire permanente. Cela entre dans mes vues et, bien
sûr, je suis parfaitement d'accord avec cela.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je n'ai pas l'intetion
de répéter les nombreux plaidoyers que j'ai faits en faveur de
l'étude des règlements par les commissions parlementaires.
Je l'ai fait quand on est passé à l'article 12 au sujet
des règlements de l'Office des professions, j'imagine que mes
collègues ont eu connaissance de cette intervention que j'ai voulue la
plus sereine mais la plus vigoureuse possible. Je suis un partisan de
l'étude des règlements importants, des lois importantes par les
commissions parlementaires. On l'a fait à plusieurs reprises pour
plusieurs lois, et ça s'est avéré très
bénéfique. Je pense que l'Assemblée nationale, qui aura
à revoir certains processus pour l'étude des lois, devrait
maintenant se pencher sur ce problème de rendre statutaire
l'étude des règlements par les commissions parlementaires,
étant donné que les commissions parlementaires font maintenant
partie du processus législatif et que c'est un des rouages
importants.
Devant l'abondance des lois-cadres que l'on étudie et devant
l'importance toujours accrue des règlements par rapport à la
loi-cadre, on voit la nécessité que la commission parlementaire
continue le travail qu'elle a fait au moment de l'étude de la loi et
qu'elle aille plus loin, qu'elle étudie la réglementation. Le
ministre nous fait comme réponse qu'il ne peut pas entrer dans la loi,
que ça va être nécessairement référé
à la commission parlementaire, les règlements ou tel autre aspect
de la loi, je pense que c'est un problème. Pour l'Assemblée
nationale, je serais heureux qu'on puisse commencer, dans une loi importante
comme celle-là, à inscrire que la commission permanente va
l'étudier. Disons que la réponse du ministre a été
catégorique l'autre jour, je ne crois pas qu'on l'obtienne, mais je
pense qu'on devrait faire porter également nos efforts vis-à-vis
des leaders parlementaires de chacun des partis qui discutent avec le
président de l'Assemblée nationale afin qu'aussitôt qu'on
va reprendre la session d'automne et même avant, l'Assemblée
nationale se prononce là-dessus et qu'on établisse une politique
générale afin qu'on n'ait pas à revenir lors de
l'étude de chacune des lois, faire le débat chaque fois. Je
comprends que ça peut faire avancer dans l'opinion des
législateurs cette nécessité, mais je pense qu'on est
rendu à un point, avec l'expérience qu'on a, où on devrait
accepter cette façon de procéder et que le président de la
Chambre étudie avec les partis politiques la possibilité de
fonctionner comme ça.
M. LAURIN: Quant à moi, M. le Président, je remercie le
ministre de la concession très importante qu'il fait au point de vue que
nous défendons en acceptant d'assortir cet article de garanties de type
analogue à celles que nous voudrions voir inscrire dans le projet de
loi. Je regrette quand même qu'il n'accepte pas tout à fait
complètement notre amendement, parce qu'il nous semblerait que, par sa
brièveté, sa limpidité et son caractère
impérieux, il réglerait une fois pour toutes le problème
dans cette matière. Je rappelle au ministre que, dans ces
matières, un gouvernement que nous admirons parfois, le gouvernement
fédéral, a institué une commission permanente qui permet
aux parlementaires d'étudier, d'accorder toute l'attention
nécessaire à toute la législation
déléguée, c'est-à-dire à toute la
réglementation qui est adoptée par la suite, l'adoption des
projets de loi. Il semble que l'expérience des parlementaires
fédéraux a été très heureuse à cet
égard.
Je me rendais à Ottawa il y a quelques jours et je me suis rendu
compte, après avoir parlé de ce sujet avec eux, que cette
façon de procéder avait donné lieu à une
satisfaction générale.
En attendant, comme disait le député de Montmagny, que le
législateur québécois nous présente une loi-cadre,
une loi générale à cet effet, il nous avait semblé
que le ministre des Affaires sociales, avec qui c'est tellement facile de
dialoguer, avec qui c'est tellement facile de s'entendre, aurait pu, dans ce
domaine comme dans tant d'autres, montrer la voie, orienter la pensée de
ses collègues.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre fait un signe de tête
affirmatif.
M. LAURIN : Et même si son action eût été
parcellaire, elle aurait quand même eu une
valeur exemplaire dans ce domaine. Je n'en doute pas. Comme le ministre
des Institutions financières le disait hier, le ministre des Affaires
sociales exerce souvent un rôle de leader au sein du cabinet. Il nous
aurait semblé que, dans ce domaine, il aurait pu aussi servir de leader
et amener ses collègues à partager notre point de vue. C'est la
raison pour laquelle nous présentions cet amendement et nous
espérions que le ministre des Affaires sociales y consentit. Cependant,
comme il ne paraît pas prêt à le faire, je sens bien qu'il
me suggère indirectement de retirer mon amendement afin qu'il puisse y
substituer le sien. Malgré toutes les réserves et les
réticences que j'éprouve encore, étant donné que
nous sommes dans la réalité et qu'il faut savoir, à
l'occasion, se montrer empirique, pragmatique et nuancer les principes que nous
défendons, je vais consentir à retirer mon amendement afin de lui
permettre d'y substituer le sien, tout en espérant, cependant, que cette
concession que nous faisons soit quand même suivie d'effets à un
double point de vue. Le premier effet, qu'il s'engage, du moins moralement,
à soumettre ses règlements à l'attention de la commission
parlementaire à un moment donné. Le deuxième effet, qu'il
profite de cette occasion pour augmenter et multiplier ses pressions à
l'endroit de ses autres collègues pour que le gouvernement adopte une
loi qui nous permettrait d'étudier d'une façon automatique, en
commission parlementaire, toute législation
déléguée qui ressort de l'adoption des lois et surtout des
lois-cadres.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de L'Assomption.
M. PERREAULT: Je n'ai qu'un mot à dire. Ces demandes
répétées pour soumettre la réglementation en
commission parlementaire, d'après moi, nécessitent un changement
à la loi de l'Exécutif et ne relèvent pas de la commission
parlementaire.
M. LAURIN : C'est ce que je viens de dire.
M. PERREAULT: Je pense qu'on est à côté, parce que
cela a été demandé plusieurs fois jusqu'à
maintenant. Je crois que ce n'est pas une question de rencontre des leaders
parlementaires, mais plutôt un changement à la Loi de
l'Exécutif, des pouvoirs de l'Exécutif vis-à-vis de la
réglementation.
M. CLOUTIER (Montmagny): J'ai mentionné les leaders...
M. PERREAULT: C'est une loi, ce n'est pas un règlement.
M. CASTONGUAY: II y a un délai dans la loi 65, il n'y a pas
obligation de la soumettre.
M. GUAY: II n'y a pas obligation.
M. PERREAULT: II n'y a pas obligation dans la loi 65.
M. CLOUTIER (Montmagny): Non. Je voudrais dire au...
M. GUAY : Non, non, en pratique on...
M. CLOUTIER (Montmagny): ... député de...
LE PRESIDENT (M. Giasson): Je vais reconnaître le
député de Montmagny. Il ne faut pas parler tous ensemble, si
possible.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je voudrais dire au député de
L'Assomption que, si j'ai mentionné les leaders parlementaires, en
définitive, ce sont eux qui influencent le plus le travail, la
façon dont on procède avec les travaux de la Chambre, des
commissions parlementaires.
Si les leaders de la Chambre interviennent vis-à-vis du
président de la Chambre et de tout l'appareil législatif, je
pense que ce sera un témoignage de poids à ce moment-là.
C'est dans ce sens que j'ai dit que l'on devrait sensibiliser les leaders de
tous les partis qui dirigent, en fait, les travaux en Chambre et qui discutent
du travail en Chambre, de l'importance que les commissions parlementaires
étudient les règlements.
M. CASTONGUAY: M. le Président, je voudrais d'abord, remercier le
député de Bourget d'avoir retiré son projet d'amendement
mais je voudrais aussi, avant de lire le texte que je propose, mentionner qu'il
ne faudrait pas non plus me prêter des idées sur cette question
qui ne sont pas tout à fait les miennes. Je l'ai dit tantôt, je
trouve que c'est excellent dans un certain nombre de circonstances
données de soumettre des règlements à une commission
parlementaire, je ne crois toutefois pas que l'on doive en faire une obligation
parce que, premièrement, c'est une responsabilité qui appartient
au lieutenant-gouverneur en conseil d'adopter les règlements, cela fait
partie de la fonction administrative; aussi, si nous devions, à un
moment donné, en arriver, après d'autres discussions, à en
faire une obligation, dans certains cas, je pense qu'il faudrait y mettre des
dispositions bien spécifiques. On peut, à un moment donné,
adopter un règlement et qu'il soit important de le soumettre pour une
discussion après cela, il peut y avoir pour toutes sortes de raisons des
retouches à faire dans le cours des opérations courantes.
Alors, encore là, il faudrait y apporter certaines nuances. De
toute façon, je remercie le député de Bourget.
Je pourrais peut-être lire le texte de 45 a), tel qu'il se lirait
avec le changement suggéré. Alors, la première partie:
"Nulle corporation ne peut délivrer un permis à une personne qui
n'a
pas une connaissance d'usage de la langue française
déterminée, suivant les normes établies à cette fin
par règlement du lieutenant-gouverneur en conseil."
Un nouvel alinéa, dans 45 a) se lirait comme suit: "Tout projet
de règlement à cette fin doit être publié par le
ministre dans la Gazette officielle du Québec avec avis qu'à
l'expiration des 60 jours suivant cette publication, il sera soumis pour
approbation au lieutenant-gouverneur en conseil. Tout règlement ainsi
approuvé par le lieutenant-gouverneur en conseil entre en vigueur le
jour de la publication dans la Gazette officielle du Québec d'un avis
qu'il a reçu cette approbation ou, s'il a été
modifié lors de cette approbation, le jour de la publication dans la
Gazette officielle du Québec du règlement tel qu'il a
été approuvé."
C'est, en définitive, la même formulation que nous
retrouvons à l'article 90 du projet de loi cette dernière
partie, c'est le mécanisme à partir du moment où
nous donnons un délai avant que le projet de règlement soit
soumis pour approbation définitive par le lieutenant-gouverneur en
conseil. Ce texte-là est repris de l'article 90.
M. LAURIN: Est-ce que vous prévoyez quand même que, dans
ces intervalles-là, il y aurait possibilité que la commission
permanente soit convoquée pour l'étudier, même si vous ne
voulez pas en faire une obligation?
M. CASTONGUAY: Oui, c'est d'ailleurs une des raisons pour lesquelles
nous apportons cet amendement ou, disons, cette modification du texte. Cela
pourrait être fort utile.
Vous comprendrez toutefois qu'il est difficile pour moi de prendre un
engagement puisque le ministre qui sera responsable de l'application de cette
loi n'est pas désigné, mais c'est à des fins comme
celle-là, justement, que notre texte est modifié. Cela pourrait
être fort utile, je ne le conteste pas du tout.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de Dorchester.
M. GUAY: Pour autant que l'on a l'assurance que cela demeure possible,
à partir de là, mais il reste aux parlementaires de le demander,
si l'on voit que cela ne se fait pas... Mais s'il reste une porte et si, par
exemple, il se pose des difficultés assez marquées
vis-à-vis de ce projet de règlement, par exemple, au moment
où survient le règlement, si jamais c'est la volonté, non
seulement de la majorité mais d'un groupe important qui voit que, non
seulement à cause de la difficulté que l'on a soulevée
auparavant, on l'a soulevée à d'autres moments, que les
parlementaires aient la chance de dire: Si c'est possible et si cela
répond au voeu non seulement du ministre concerné mais
également à celui du leader parlementaire et, avec les
règlements prévus, que la porte reste ouverte, même si on
n'en fait pas une obligation dans la loi et qu'on dit: Les parlementaires sont
convoqués pour en discuter.
Moi, là-dessus et avec le mécanisme que le ministre
propose, qu'on retrouve, dans le fond, à l'article 90, ça donne
une certaine souplesse et, pour autant qu'on s'assure que la porte n'est pas
fermée et que ça demeure possible, c'est plus acceptable.
M. CASTONGUAY: Alors, M. le Président, l'article 45a).
LE PRESIDENT (M. Giasson): II serait adopté tel qu'amendé.
Article 46.
M. CASTONGUAY: L'article 46, M. le Président, à toutes
fins pratiques, c'est le même principe que l'article 46 actuel, sauf
qu'il a été modifié dans sa formulation, étant
donné qu'il ne se réfère plus à la
citoyenneté.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Adopté?
M. LAURIN: Non, M. le Président, j'aurais aussi une nouvelle
formulation à proposer. Je vais d'abord la lire et j'essaierai ensuite
de la défendre. Je propose la formulation suivante, je m'excuse de ne
pas en présenter une version dactylographiée, notre cabinet n'est
pas assez organisé encore.
UNE VOIX: Oh la la, ils font pitié!
M. LAURIN: Je propose donc la formulation suivante: "Une corporation
peut, toutefois, délivrer un permis temporaire à une personne qui
n'a pas la connaissance d'usage de la langue française requise suivant
l'article 45a), lequel permis ne peut pas être renouvelé. Elle ne
peut délivrer un tel permis pour une période dépassant un
an, si ce n'est qu'avec l'autorité du lieutenant-gouverneur en conseil
et lorsque l'intérêt public le requiert".
Je ne sais pas, si ça ne vaudrait pas la peine de...
M. CASTONGUAY: Mais je saisis mal lorsqu'on dit que ça ne peut
pas dépasser un an, mais par contre ça peut être
renouvelé. Quel est le changement par rapport à l'article 46
actuel?
M. LAURIN: C'est pour être bien sûr que... M. PERREAULT: ...
à l'article 46, on dit...
M. LAURIN: Je vais le relire et on va voir que c'est un peu
différent. "Une corporation peut toutefois délivrer un permis
temporaire à une personne qui n'a pas la connaissance d'usage de la
langue française requise suivant l'article 45a), lequel permis ne peut
pas être renouvelé. Elle ne peut délivrer un tel permis
pour une période dépassant un an, si ce n'est qu'avec
l'autorité du lieutenant-gouverneur et lorsque l'intérêt
public le requiert."
II y a une différence d'accent et la différence d'accent
est la suivante: Cela veut dire, en somme, que la règle
générale est que le permis ne peut pas être
renouvelé. C'est ça la règle générale. Et
pour qu'il soit vraiment renouvelé, il faut que la preuve soit faite que
l'intérêt public le requiert vraiment. C'est une formulation
différente.
M. CASTONGUAY: Renouvelé et vous avez dit qu'il ne peut pas
être renouvelé.
M. LAURIN: Oui, c'est ça, la règle générale,
mais après ça, on ajoute une petite exception. C'est pour
éviter toute échappatoire possible.
M. CLOUTIER (Montmagny): De la façon qu'il est
rédigé, je comprends qu'il n'est pas renouvelable. Si c'est dans
l'opinion du député de Bourget qu'on puisse le renouveler, mais
à certaines conditions très précises et très
sévères, je pense qu'on l'a déjà dans l'article
original.
M. CASTONGUAY: Je ne vois pas ce qu'on ajoute.
M. LAURIN: Remarquez, M. le Président, que je ne tiens pas d'une
façon absolue à ma formulation. Non, au fond, la chose dont je
voudrais m'assurer, c'est que le principe soit bien clair, que le permis ne
peut pas être renouvelé et pour qu'il soit vraiment
renouvelé, il faut que les conditions soient vraiment probantes.
M. CLOUTIER (Montmagny): Là-dessus, je dirai au
député de Bourget que je comprends sa préoccupation, nous
l'avions, nous aussi hier, au moment où le ministre a
présenté son amendement. Je me suis posé la question,
savoir si on ne profiterait pas de cet article, à un moment
donné, pour rendre permanent ce qui est temporaire. Mais selon un cas
pratique, supposons qu'un Ontarien, un chercheur, un spécialiste,
viendrait ici faire un stage de deux ans, pour travailler au sein d'une
entreprise de recherche, et en même temps, une de ses motivations, en
plus de travailler dans le secteur dans lequel il est intéressé,
ce serait aussi d'apprendre le français, d'acquérir une bonne
connaissance du français. Il viendrait travailler dans le milieu, ici,
comme quelqu'un du Québec pourrait faire la même chose, soit
décider d'aller travailler en Ontario pour une certaine période.
Alors, si on n'a pas la possibilité de renouveler le permis au moins une
fois, pour une raison sérieuse comme celle-là, je pense qu'on se
priverait de donner la possibilité à ce transfert de
personnes.
M. PERREAULT: II ne peut pas être renouvelé sans
l'intervention du lieutenant-gouverneur en conseil.
M. CLOUTIER (Montmagny): Par exemple, il faudrait éviter que ce
soient des renouvelle- ments continus, il faudrait qu'il y ait une limite,
à un moment donné. On dit ici: "Elle ne peut délivrer un
tel permis pour une période dépassant un an, si ce n'est avec
l'autorisation du lieutenant-gouverneur en conseil." Cela voudrait dire qu'il
pourrait être rennouvelé pour une période dépassant
un an. Mais il faudrait, à un moment donné, mettre une limite
dans les renouvellements. Il pourrait être renouvelé pour une
nouvelle période d'un an. On pourrait mettre un terme dans les
renouvellements, parce qu'il pourrait être renouvelé dix fois pour
un an. Cela devient permanent, alors.
M. GUAY: D'un autre côté, je me demande, M. le
Président, étant donné qu'on dit que ce ne sera pas un
permis renouvelé, si la possibilité est laissée que non
seulement le permis ne sera pas renouvelé, mais qu'on émette un
nouveau permis. En fait, je ne vois pas la différence entre le permis
renouvelé et l'émission d'un nouveau permis. On dira: Le permis
n'est pas renouvelable mais on pourra peut-être émettre un nouveau
permis. A toutes fins pratiques, ce ne sera pas un renouvellement, ce sera un
nouveau permis qui sera émis. Je ne sais pas si...
M. CASTONGUAY: Oui.
M. GUAY: ... dans l'explication, cela peut se voir ainsi.
M. CASTONGUAY: Je rappelais hier... D'abord, il y a peut-être deux
aspects mentionnés ici. Prenons le problème des
infirmières. Si j'ai bien compris l'intervention de la présidente
de l'association je l'ai vue par la voie des journaux récemment
elle insistait sur la nécessité qu'une telle disposition
soit maintenue pour les motifs exposés par le député de
Montmagny. On sait que le problème du recrutement insuffisant des
infirmières est un problème qui se pose de façon assez
régulière ou qui revient à la surface
périodiquement. On sait aussi toujours selon cet exemple
que c'est un groupe qui est relativement mobile et que des personnes peuvent
venir d'autres provinces, comme des infirmières du Québec vont
à l'extérieur. Donc, la nécessité d'une certaine
souplesse apparaît. Par contre, l'expérience du bill 64 en fait la
démonstration; mais, on sait d'autre part que les corporations
professionnelles j'ai mentionné cela hier et cela donne une
garantie étant donné qu'elles ont la responsabilité
d'admettre les membres à l'exercice d'une profession, de contrôler
l'exercice de la profession, n'ont pas intérêt, de prime abord,
à accepter des personnes qui ne remplissent pas les conditions requises,
parce qu'une fois qu'elles l'ont fait elles ont posé un geste lourd de
responsabilités, et les corporations professionnelles, de façon
générale, appliquent de façon stricte les conditions
requises pour la délivrance de permis.
Je ne vois pas pourquoi ici, dans cet article,
elles feraient preuve d'une plus grande libéralité
qu'elles ne le font de façon générale, étant
donné la nature du geste qu'elles posent lorsqu'elles délivrent
un permis. Il y a enfin l'expérience des deux dernières
années. J'ai mentionné hier M. Morin confirme que c'est
exact quant à la prolongation de permis, cela ne s'est produit qu'une
seule fois en deux ans qu'il s'agissait de professeurs qui sont venus au
Québec, en nombre limité, et qui avaient signé des
contrats, je crois qu'ils étaient six et c'était pour
régulariser leur situation qu'une extension a été
donnée, c'est-à-dire pour qu'ils puissent se rendre à
l'expiration du contrat qu'ils avaient signé.
Il me semble que, sur les possibilités d'utiliser cet article
à des fins autres ou dans un esprit différent que celui dans
lequel il est rédigé, ces possibilités sont relativement
limitées.
M. LAURIN: La raison de ma formulation, au fond, on la trouve à
l'article 41 qu'on a déjà adopté. On se rend compte qu'une
corporation peut délivrer un permis aux conditions qu'il
détermine à toute personne légalement autorisée
à exercer hors du Québec, et c'est là qu'on dit que le
permis est renouvelable. On sait, dans la pratique, que pareils permis ont
été renouvelés, plusieurs fois, d'une façon quasi
automatique, dans le passé.
Evidemment, avec l'article 46 a) le législateur introduit une
restriction en ce qui concerne un des critères qui est celui de la
connaissance d'usage. Mais, il reste que, quant à la loi
générale, le permis est renouvelable et, même s'il y a une
restriction d'ajoutée, l'habitude est prise de renouveler un permis.
Même si l'article 46 a) vient introduire une restriction, il reste que
cela vient se brancher sur une habitude, sur une tradition de
renouvellement.
Notre nouvelle formulation voudrait faire en sorte de briser avec
l'idée, la conception même du renouvellement. Voilà une des
raisons. Nous avons aussi une deuxième raison.
En somme, pour résumer, M. le ministre, c'est que la nouvelle
formulation voudrait répondre à l'article 41 où on parle
de renouvellement. On voudrait que dans la formulation de l'article 46, cette
conception du renouvellement soit formellement écartée.
M. CASTONGUAY: Je pense qu'on pourrait répondre à cela de
la façon suivante, si nous disions: "Qu'une corporation peut toutefois
délivrer un permis temporaire pour une période d'un an à
une personne qui n'a pas la connaissance d'usage de la langue française
requise suivant l'article 45 a)" . Et dire: "Elle ne peut renouveler un tel
permis qu'avec l'autorisation du lieutenant-gouverneur en conseil lorsque
l'intérêt public le requiert."
C'est un permis d'un an qui pourrait être renouvelé pour un
an, mais il faudrait l'autorisation du lieutenant-gouverneur en conseil, donc
un nouveau geste à chaque fois qu'on veut franchir une année. Et
avec le critère de l'intérêt public.
M. LAURIN: II y a aussi la question. Est-ce que c'est toujours
nécessaire qu'une corporation donne un permis temporaire d'un an? C'est
bien possible que le permis temporaire ne soit nécessaire que pour deux
ou un mois?
M. CASTONGUAY: Bien, là, il y a un autre article pour cela. Il y
a un autre...
M. LAURIN : Oui, mais c'est à demi restrictif.
M. CASTONGUAY: Non, mais aussi les autorisations tout à fait
spéciales du président pour les périodes très
courtes.
M. LAURIN: Mais comment la corporation va-t-elle faire la
différence quand cela n'exige qu'une autorisation spéciale par
rapport à la situation ou...
M. CASTONGUAY : L'autre, ce sont des cas vraiment fortuits. C'est le
président qui peut l'émettre et cela ne peut pas dépasser
trois mois dans ce cas-là. Alors, si cela doit dépasser trois
mois, on tombe à l'article 46 à ce moment-là.
M. PERREAULT : Je répondais au député de Bourget
que pour autant que ma corporation est concernée, les permis ne sont pas
donnés en quantité. Ils sont donnés pour le minimum de
temps requis et non pour le maximum de temps.
M. LAURIN: Est-ce que vous pourriez me relire, M. le ministre,
votre...
M. CASTONGUAY: "Une corporation peut toutefois délivrer un permis
temporaire valable pour une période d'un an à une personne qui
n'a pas la connaissance d'usage de la langue française requise suivant
l'article 45 a). Elle ne peut renouveler un tel permis qu'avec l'autorisation
du lieutenant-gouverneur en conseil lorsque l'intérêt public le
requiert."
M. LAURIN : Cela répond entièrement.
M. GUAY : Cela répond également non pas à
l'objection mais à la question que je posais. Il me semble que c'est
plus franc. C'est à discuter qu'on s'entend.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Est-ce que l'article 46, avec...
M. LAURIN : Je retire ma nouvelle formulation comme...
LE PRESIDENT (M. Giasson): Et vous acceptez celle déposée
par le ministre?
M. CLOUTIER (Montmagny): Elle est équi-
valente à celle que le ministre vient de lire. Si le ministre est
curieux, je peux la lui lire.
M. CASTONGUAY: Oui? J'aimerais cela.
M. CLOUTIER (Montmagny): On ne changeait pas la première phrase.
La première phrase restait telle que dans la proposition. On disait
ensuite: "Ce permis temporaire ne peut être émis pour une
période dépassant un an et ne peut être renouvelé si
ce n'est avec l'autorisation du lieutenant gouverneur en conseil lorsque
l'intérêt public l'exige." Alors, cela rejoint essentiellement
l'amendement.
M. LAURIN: Je retire donc ma nouvelle formulation et j'accepte la
nouvelle formulation du ministre.
M. GUAY: Sans oublier qu'il y a d'abord le jugement de la corporation
aussi qui est valable. C'est quand même, au départ, tout le
fardeau.
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'article 46 est adopté tel
qu'amendé. Dernier amendement. Article 46 a).
M. LAURIN: II y avait toujours cette question que j'avais posée
hier. Je n'ai pas d'amendement formel à suggérer, mais j'avais
fait valoir qu'il est important de considérer non seulement le contact
du professionnel avec son client ou avec son patient, mais qu'il est aussi
important de considérer le contact du professionnel avec les
employés de l'établissement ou de l'institution où il
travaille, d'une part, et, deuxièmement, qu'il fallait peut-être
aussi envisager le changement possible de statut pour le détenteur de ce
permis restrictif sans que l'autorité gouvernementale ou corporative en
soit toujours informée en temps opportun. Je me demandais s'il n'y avait
pas quelques petites portes à fermer ici et des restrictions
peut-être un peu plus fortes à suggérer. Dans la
réponse qu'il nous a faite hier, le ministre ne nous a pas
mentionné ces aspects qui sont mentionnés dans le rapport de la
commission Gendron. Je ne pourrais pas retrouver immédiatement la
citation de la commission Gendron, mais je me rappelle très bien que la
commission parlait du contact du professionnel non seulement avec ses clients
et ses patients mais dans le milieu professionnel, vocationnel au sens strict
et au sens large dans lequel le professionnel était appelé
à travailler.
M. CASTONGUAY: II y a ici un aspect extrêmement important à
cette question. Il est clair qu'en apportant les amendements que nous avons
apportés, on pourra rediscuter de la transition, mais nous voulons faire
en sorte que les professionnels aient une connaissance d'usage de la langue
française et ceci de façon générale.
Toutefois, il y a certains cas et je pense, par exemple, dans le domaine
de la science, à des ingénieurs, des chercheurs qui sont membres
de corporations professionnelles, qui doivent le demeurer et qui sont forts
mobiles en fait. Si nous ne sommes pas prudents, nous pouvons peut-être
nous couper quelque peu de ces personnes.
M. LAURIN: D'accord.
M. CASTONGUAY: C'est le but aussi dans certaines fonctions hautement
administratives, pour des compagnies à caractère multinational.
Il se peut que des personnes soient déplacées d'un endroit
à un autre, c'est assez fréquent dans de telles grandes
entreprises, et on pourrait peut-être bloquer ce mouvement, qui est un
phénomène propre à ce type de grandes corporations, si
nous n'avions pas un tel assouplissement ou une telle disposition de la loi.
Alors, ce sont les buts que nous visons. Nous avons, d'autre part, la garantie,
encore une fois, que les corporations ne sont pas enclines de façon
générale à émettre trop libéralement des
permis, pour les raisons qu'on a déjà décrites. Alors, le
texte qui est rédigé est un texte nouveau. Il donne
peut-être ouverture à certaines possibilités d'être
mal utilisé. S'il y avait des suggestions précises, je pourrais
toujours les examiner.
M. LAURIN: J'en aurais une, M. le Président. Est-ce qu'il n'y
aurait pas possibilité de restreindre dans le temps l'octroi de ce
permis restrictif? Je n'ai pas d'exemple précis à rapporter au
ministre, mais j'ai entendu dire que certains professionnels pouvaient utiliser
ce permis restrictif pour un nombre assez important d'années. Une fois
qu'on a pris l'habitude de donner ce permis restrictif à une
personne...
M. PERREAULT: C'est la corporation.
M. LAURIN: ... oui, mais la corporation peut oublier ce professionnel et
le renouvellement peut se faire d'une façon automatique pour un certain
nombre d'années. Je me demandais s'il n'y avait pas utilité,
là aussi, de prévoir une période minimale de temps qui
devrait être fixée pour l'obtention et le renouvellement de ce
permis restrictif.
M. PERREAULT: M. le Président, je voudrais dire un mot sur
l'article. Je vais donner un exemple précis où cet
article-là est très nécessaire, nécessaire pour
notre épanouissement scientifique dans le Québec. C'est dans le
domaine du génie nucléaire. Nous avons des gens au Québec
qui travaillent à Gentilly, qui viennent d'Atomic Energy, qui sont ici
pour plusieurs années, qui sont membres de la corporation de l'Ontario,
qui travailleront ici pendant une période de cinq à dix ans, en
génie nucléaire, et dont on a besoin pour former nos
propres jeunes du Québec à l'énergie
nucléaire. Je crois que cet article-là est absolument
nécessaire.
M. LAURIN: Mais vous ne pensez pas que, pour une période de cinq
à dix ans, s'ils veulent vraiment être utiles au maximum pour leur
entourage professionnel et non professionnel, il serait peut-être
important qu'ils puissent communiquer dans la langue usuelle et, en retour des
avantages que leur donne quand même...
M. PERREAULT: C'est incitateur, mais on ne peut pas, d'après moi,
se permettre, se refuser cet apport de talents de l'extérieur...
M. LAURIN: Je suis bien d'accord avec vous là-dessus, mais il y a
aussi une contrepartie. Je pourrais vous citer la contrepartie de
l'Université de Sherbrooke où on a créé certains
départements de science fondamentale par l'apport de spécialistes
en biologie, en bactériologie, en radiologie qu'on est allé
chercher en Californie; mais, après deux ou trois ans, ces
gens-là avaient appris le français. C'est important pour qu'ils
puissent former leurs élèves, pour qu'ils puissent communiquer
avec leurs techniciens, pour qu'ils puissent, en somme, faire profiter de leur
science le milieu dans lequel ils ont choisi de venir oeuvrer pour des
espèces sonnantes, pour des avantages financiers importants et autres
avantages de prestige.
Même le fait d'habiter au Québec constitue un avantage. Il
me semble qu'on devrait pouvoir demander à ces gens qui viennent nous
rendre service certaines habitudes nouvelles en retour des avantages qu'ils
retirent du milieu et aussi pour maximiser leur apport au milieu.
M. PERREAULT: Je pense qu'on peut en faire une incitation, mais de
là à en faire une obligation, c'est se priver...
M. CASTONGUAY: Est-ce que je pourrais apporter une précision?
Ici, il ne faut pas oublier que c'est un article qui est assez restrictif
malgré tout. Parce qu'il faut que la personne soit citoyen canadien pour
avoir ces permis. Deuxièmement, qu'elle soit membre d'une corporation
semblable dans une autre province. C'est assez limitatif lorsqu'on regarde ces
aspects également.
M. CLOUTIER (Montmagny): J'ai écouté attentivement
l'intervention du député de Bourget. Je comprends qu'un
chercheur, un scientifique qui va venir ici pour une période de deux ou
trois ans n'a peut-être pas autant intérêt à
s'intégrer dans la communauté francophone, mais s'il vient ici
sans limite de temps, soit pour dix ou quinze ou vingt ans, je pense qu'il faut
lui donner toute la chance possible, toute l'incitation possible de
s'intégrer à la communauté. Parce qu'on a trop souvent
déploré que, dans certains secteurs, on n'avait pas suffisamment
de connaissances et qu'on était obligé d'importer des
scientifiques. Mais il est aussi nécessaire que ces gens communiquent
avec nos gens du milieu et transmettent une espèce de connaissance. On
parle des bureaux d'ingénieurs qu'on est obligé d'aller chercher
parce qu'on n'a pas toute cette connaissance qu'il faut dans certains domaines.
J'ai toujours été un partisan de ce travail en collaboration avec
un bureau d'ingénieurs de l'extérieur si on est obligé
d'aller en chercher un, mais aussi avec un bureau d'ingénieurs du
Québec.
Je ne sais pas si on ne pourrait pas mettre une certaine limite de
temps, pas trop brève, pas trop courte, peut-être cinq ans, et que
le permis soit renouvelable par le lieutenant-gouverneur en conseil, de sorte
que le gouvernement puisse être au courant au moins des raisons pour
lesquelles les corporations ont besoin d'avoir ces professionnels, qu'ils ont
besoin de rester ici plus longtemps qu'un séjour normal. Ce n'est pas
dans l'intention de les empêcher de renouveler le permis mais pas au
même titre qu'on l'a fait à l'article 45 a) et que le
lieutenant-gouverneur en conseil sache le pourquoi, le comportement, les
possibilités. Je voudrais poser une question au ministre
là-dessus: Est-ce que ceux qui viendraient ici oeuvrer au sein de la
Fonction publique pourraient être compris dans ça s'ils n'ont pas
accès au public, s'ils n'ont pas à traiter directement avec le
public? Supposons un haut fonctionnaire?
M. CASTONGUAY: Possiblement.
M. CLOUTIER (Montmagny): Cela peut arriver que le gouvernement du
Québec ait besoin d'un haut fonctionnaire de l'Ontario. Je pensais au Dr
Kinloch. Est-ce qu'il est bilingue? Est-ce qu'il a une connaissance...
M. CASTONGUAY: II apprend le français et s'en vient pas mal.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je prends cet exemple. Le Dr Kinloch s'en vient
de l'Ontario, c'est l'ancien sous-ministre du ministère de la
Santé en Ontario. Le ministre dit: J'ai besoin de cette personne, elle
s'en vient ici. C'est un médecin, il ne s'en vient pas ici pour
pratiquer la médecine mais pour oeuvrer au sein du gouvernement, il
pourrait être couvert par cet article 46 a)...
M. PERREAULT: On peut considérer qu'il traite plus avec le public
que dans les cas qu'on a mentionnés.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je ne sais pas pour les sous-ministres, de
façon régulière, dans le sens où j'entends cet
article, c'est que c'est le professionnel qui est constamment ou la plupart du
temps avec le public. Mais s'il s'en vient au gouvernement comme sous-ministre
à la recherche ici, au gouvernement...
M. PERREAULT: C'est restrictif, il n'a pas à traiter directement
avec le public.
M.CASTONGUAY: Dans les fonctions de direction générale au
ministère, je pense qu'on peut considérer que tous les officiers
qui ont de tels postes sont appelés à traiter directement avec le
public.
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous avez un sous-ministre qui est en charge de
la planification et de la recherche.
M. CASTONGUAY: Mais, à tout bout de champ, il rencontre des
groupements qui viennent présenter des mémoires, qui ont des
points de vue à discuter et ils traitent vraiment avec le public.
M. CLOUTIER (Montmagny): Qu'est-ce que vous feriez avec le professionnel
qui vient d'un autre niveau de gouvernement, de l'Ontario, par exemple?
M. CASTONGUAY: II faudrait qu'il se soumette aux dispositions touchant
le français ou encore qu'il agisse comme fonctionnaire sans être
membre de la corporation professionnelle. Prenons le cas du Dr. Kinloch, que
vous avez mentionné. Il a ses diplômes universitaires, il est
membre de la Corporation professionnelle de l'Ontario, j'imagine qu'il veut
maintenir ce statut, mais il n'est pas strictement obligé de devenir
membre du Collège des médecins de la province de Québec
pour occuper le poste qu'il occupe chez nous parce qu'il ne pratique pas la
médecine.
M. CLOUTIER (Montmagny): De toute façon...
M. CASTONGUAY: Mais un aspect qui m'est mentionné est le suivant:
Si quelqu'un veut rester au Québec pour une période plus longue
on donnait des exemples, cinq ans, dix ans, quinze ans, vingt ans
il ne faut pas oublier que le fait d'avoir un permis restrictif le limite
passablement, le limite à un employeur, le limite à ne pas
traiter directement avec le public. S'il veut vraiment rester un certain temps
et être membre d'une corporation professionnelle, je peux difficilement
voir comment la...
M. LAURIN: Mais si c'est un poste bien avantageux, bien
rémunéré, une carpe dorée, il peut ne pas vouloir
changer sa situation.
M. CASTONGUAY: Ce sont, je pense bien, des cas d'exception.
M. PERREAULT: Des cas d'espèce.
M. GUAY: Si on prend...
M. CASTONGUAY: Une des choses qui m'étaient mentionnées
par le député de l'Assomption, c'est que, dans le rapport annuel
que les corporations devront faire... Et on sait que le ministre peut demander
des renseignements, exiger que certains renseignements soient inscrits. Je
pense qu'il serait important que le ministre ou l'office demande que ce type de
renseignements soit inscrit dans le rapport annuel, de telle sorte que le
public soit au courant, que les membres de l'Assemblée nationale soient
au courant du nombre de tels permis restrictifs qui ont été
émis ou qui sont maintenus. Là, on pourrait avoir une meilleure
appréciation. Si, à un moment donné, il semble que c'est
vraiment utilisé d'une façon trop large, il sera toujours
possible de revenir. Là, nous aurons des renseignements.
M. GUAY: Quand on regarde l'article 46 a), bien sûr que c'est
déjà pas mal restrictif. C'est la corporation qui décide,
il faut qu'il soit citoyen canadien, membre d'une semblable corporation. Il est
détenteur d'un permis restrictif. Il faut qu'il travaille pour le compte
d'un seul employeur, dans une fonction qui ne l'amène pas à
traiter directement avec le public. Je me demande si déjà, le
fait qu'un professionnel soit détenteur d'un permis restrictif n'est pas
une mesure d'incitation. Est-ce assez fort? Est-ce assez profond? J'ai
l'impression que le professionnel, qui se sent restreint à ce genre de
permis, va se sentir un peu mal dans ses activités, même s'il
n'est pas obligatoire pour lui d'obtenir un permis permanent. Ce permis
restrictif va déjà l'inciter... et je suis convaincu que, si ce
professionnel désire monter dans l'échelle de promotion, s'il
veut devenir quelqu'un qui veut prendre contact avec le public, il le sait
déjà, on le dit dans la loi. C'est déjà pas mal
restrictif. Je serais d'accord qu'on fixe un échéancier pour une
durée. Je pense que tout devient à son avantage à
moins qu'il se consacre à des fonctions qui vont demeurer
spécialement dans les conditions mentionnées à l'article
46 a) c'est tout à l'avantage de ce professionnel de se donner
une connaissance suffisante de la langue.
C'est déjà un mesure d'incitation et les professionnels
qui seront touchés par cet article représentent
déjà un nombre assez restreint. J'ai l'impression que ce n'est
pas la majorité...
M. PERREAULT: Des cas d'espèce.
M. GUAY: Maintenant, que l'on se laisse une porte ouverte de cette
façon pour que l'employeur quand on dit ce seul employeur
ne soit pas dans l'obligation de faire des mises à pied de personnes
compétentes dont l'industrie a peut-être réellement besoin,
là, l'employeur se verrait dans l'obligation, soit d'obliger son
employé à apprendre le français ou à quitter
l'entreprise.
Je serais d'accord cependant, afin de s'assurer que cela ne demeure pas
une règle qui pourra se multiplier, parce qu'il y a quand
même cette possibilité que cela se multiplie ensuite, alors
l'employeur, en satisfaisant aux conditions... S'il y avait la
possibilité de fixer un échéancier, une date limite
où ce permis restrictif peut être émis dans ces conditions,
ce serait préférable. Mais c'est déjà pas mal
restrictif et je me demande... C'est impossible de calculer actuellement le
nombre de professionnels qui seront touchés, qui tomberont sous la
tutelle de cet article. J'ai l'impression que c'est quand même un nombre
assez restreint.
Quant à moi, je pense que, dans sa forme actuelle, si l'on
ajoutait un échéancier pour leur donner amplement le temps
d'acquérir une connaissance suffisante de la langue française, je
serais parfaitement d'accord. Sauf que je ne m'opposerai pas non plus,
formellement, à l'acceptation de l'article 46 a).
M. LAURIN: J'aurais un dernier exemple à apporter au ministre. Je
ne sais pas si le ministre a suivi l'enquête du coroner sur la
tragédie du mont Wright?
La Quebec Cartier Mining avait confié le contrat de la
construction des installations au mont Wright â une compagnie de
l'Alberta. La compagnie de l'Alberta avait engagé, comme maître
des travaux, un ingénieur de l'Alberta. L'enquête a
révélé que la langue exclusivement anglaise de
l'ingénieur, chef des travaux, avait amené des difficultés
de communication très sérieuses entre ce chef des travaux et ses
assistants immédiats qui étaient de langue française.
Cette difficulté de communication avait rendu beaucoup moins
sécuritaire le chantier, avait amené des complications au point
de vue des règles, des normes suivies dans la construction.
Là aussi, cela s'applique exactement à l'article qui est
actuellement soumis à notre considération. C'était un
ingénieur qui était à l'emploi exclusif d'un seul
employeur, la compagnie en question de l'Alberta. Cela ne l'amenait pas
à traiter directement avec le public parce que le maître des
travaux, au fond, est en contact surtout avec ses subordonnés
immédiats mais par voie de transmission, pour ne pas dire par voie de
contagion, des carences ou ces déficiences du point de vue de la langue
que l'on avait constatées chez ce chef des travaux, cela c'était
traduit par des difficultés très sérieuses du point de vue
de la gestion de l'entreprise, du point de vue de la construction, du point de
vue de la sécurité.
Voilà un exemple des difficultés que l'on peut
éprouver si l'on ne porte pas assez d'attention à un sujet comme
celui-là.
M. CASTONGUAY: Je le comprends. C'est un cas. Je ne sais pas si c'est un
cas d'exception qui ne s'est présenté qu'une seule fois ou qui
est susceptible de se représenter, mais il semble aussi qu'il y avait
d'autres facteurs, dans toute cette histoire, d'après ce que j'ai
lu.
Ici, la question que vous me posez, en fait, est pratiquement celle de
déterminer si ce n'est pas par une limite dans le temps, de cinq ou de
dix ans, dans un tel article que l'on pourrait régler le problème
que vous soulevez.
M. LAURIN: En fait, je n'avais rien soumis de précis. Je voulais
simplement attirer l'attention du ministre là-dessus. Je me demandais
si, au lieu d'adopter cet article, on ne pourrait pas le suspendre pour que
vous puissiez l'examiner un peu plus à fond et y revenir à la
prochaine séance, soit avec le même article, soit avec un article
modifié mais là, au moins, on saura que vous avez, avec vos
officiers, examiné tous les aspects du problème.
M. CASTONGUAY: J'aimerais seulement dire un petit mot, M. le
Président, sur cette intervention. Nous avons reçu le rapport de
la commission Gendron au cours de l'hiver et nous avons suspendu nos travaux le
12 mars. Nous sommes rendus au 8 juin. Alors, cette question a vraiment
été discutée et étudiée.
Je ne vois pas quel nouveau phénomène ou quelle nouvelle
donnée, on pourrait apporter pour nous permettre de faire des
modifications à cet article à ce moment-ci. Moi, je trouve que la
suggestion la plus positive qui a été faite et qui pourrait
être utilisée pour évaluer l'application de cet article,
c'est celle des renseignements demandés dans les rapports annuels. Il me
semble que là, on pourra avoir les renseignements, dans l'article
où on traite du rapport annuel.
M. PERREAULT: Puisque le député de Bourget parle d'un
exemple qui s'applique au génie, je veux dire ceci. Son exemple est
valable, mais il reste que, si on lit l'article, c'est "la corporation peut
délivrer". L'article ne dit pas "doit délivrer". Alors, si la
corporation juge que, dans un domaine particulier, par exemple dans le domaine
particulier du génie, dans la construction, il y a danger pour la
sécurité...
M. LAURIN: Elle n'avait même pas délivré de permis
et le gars travaillait quand même.
M. PERREAULT: C'est parce que la loi de la corporation n'était
pas assez forte. La nouvelle Loi des ingénieurs prévoit ces
infractions et leur donne beaucoup plus de pouvoirs qu'elle en avait. Elle
n'avait pas les pouvoirs pour agir. Alors, je puis dire que la corporation
prendra ses responsabilités et n'est pas obligée de
délivrer un permis restrictif; elle peut le délivrer. Si c'est un
domaine où il y a un danger pour la sécurité du public ou
danger pour les travailleurs, elle peut refuser le permis restrictif.
M. LAURIN: Mais vous savez que l'enfer est pavé de bonnes
intentions.
M. PERREAULT: Oui, mais il faut avoir un peu confiance aux corporations
aussi.
M. LAURIN: Oui, mais le législateur peut aider...
M. PERREAULT: Oui, mais le législateur peut nuire aussi, en
étant trop...
M. CASTONGUAY : Si nous inscrivions un ajustement que nous pourrions
discuter au moment où nous arriverons à l'article 99?
Maintenant, il n'était pas ancien ministre de la Santé en
Ontario, il était directeur de...
M. CLOUTIER (Montmagny): M. Kinloch, quel était son titre en
Ontario?
M. CASTONGUAY: Je pense qu'il était directeur de
l'assurance-maladie au sein du ministère de la Santé.
M. CLOUTIER (Montmagny): Et cela s'écrit Kinloch?
M. CASTONGUAY: C'est ça, à ma connaissance, oui.
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'article 46 a) serait adopté?
M. CASTONGUAY: Je disais que, lorsque nous arriverons à l'article
99, qui traite du rapport annuel, nous pourrions dire, à la fin du
premier alinéa: "Ce rapport doit être conforme aux prescriptions
contenues à cette fin dans les règlements adoptés par le
lieutenant-gouverneur en conseil et contenir notamment le nombre de permis
émis en vertu de l'article 46 a)". Et donner le nombre de permis... En
tout cas, M. Morin pourrait le rédiger et là, on pourrait voir
pas mal plus clairement.
M. PERREAULT: Cela répondrait à l'objection de ceux qui
prétendraient les oublier.
M. GUAY: II me resterait une question à poser au ministre. Ce
permis restrictif qui peut être délivré par une corporation
à un citoyen canadien, est-ce que la corporation pourra le retirer
également? Je suppose, par exemple, qu'après trois mois...
M. CASTONGUAY: Dès que la personne ne se conforme plus aux
conditions, elle doit le retirer à ce moment-là.
M. GUAY: Elle a l'obligation de retirer le permis...
M. CASTONGUAY: Oui.
M. GUAY: ... mais c'est une possibilité pour la corporation de
retirer le permis. Le professionnel se retrouve sans permis s'il ne se conforme
pas... Par exemple, si la corporation se rend compte que ce professionnel, au
moment où le permis a été émis, ne traitait pas
directement avec le public, mais, par la suite, si on se rend compte que ce
professionnel-là. Ce fait, le permis peut être retiré.
M. PERREAULT: II ne répond plus aux conditions à ce
moment-là.
M. CASTONGUAY: E faut aussi que le professionnel, qui continuerait
à prétendre avoir un permis et qui ne respecte plus les
conditions, s'expose à des risques sérieux, parce que, s'il pose
un geste et qu'il y a des dommages qui sont subis, on peut imaginer qu'il
pourrait y avoir des recours et que c'est lui qui en subirait les
conséquences.
M. GUAY : On doit également se fier aussi au bon jugement de
cette corporation.
M. CASTONGUAY : Les dangers auxquels s'exposerait une personne qui
prétendrait avoir un permis valable, alors qu'elle ne respecte pas les
conditions entourant la délivrance de ce permis...
M. GUAY: Le professionnel qui ne remplit pas ces conditions est donc un
professionnel qui pratique illégalement...
M. CASTONGUAY: C'est cela. M. GUAY: ... au sens de la loi. M.
CASTONGUAY: C'est cela. M. PERREAULT: Exactement.
M. LAURIN: Faire une liste constitue sûrement une
amélioration, et je continue à penser qu'on aurait
peut-être pu aller plus loin. Je pense bien que je garde mes
réserves sur la formulation actuellement de l'article 46 a).
J'aurais aussi une autre question à poser qui s'applique à
46a) aussi bien qu'à tous les articles qu'on a adoptés ce matin.
On n'a pas pensé, dans la rédaction de ces articles, aux
sanctions. Si une corporation ne se conforme pas à ces règles,
quelles seraient les sanctions prévues? Est-ce que ce serait par des
dispositions à la fin que l'on prévoira ce problème?
Est-ce qu'elles sont déjà prévues d'une façon
suffisante ou est-ce qu'il serait plutôt opportun de les prévoir
dans le corps même des articles? Ce sont des questions que je pose au
ministre.
M. CASTONGUAY: Oui.
M. PERREAULT : Cela revient à ce que la corporation... l'exercice
légal...
M. CASTONGUAY: L'office va jouer un rôle général de
surveillance sur la façon dont les corporations s'acquittent de leur
mandat, mais à moins qu'un geste illégal soit posé
clairement, il n'y a pas de sanction. Il est clair que certaines
corporations s'acquittent plus scrupuleusement de leurs
responsabilités, de leurs obligations que d'autres. C'est une question
de degré qui n'est pas sanctionnable comme un geste illégal.
M. GUAY: Si la corporation ne s'acquitte pas de ses
responsabilités, l'office peut y voir?
M. CASTONGUAY: L'office doit veiller à ce que certains types de
règlements soient approuvés. Si la corporation ne le fait pas,
l'office le fait, mais l'office ne peut pas, autrement que dans les cas de
danger d'insolvabilité, intervenir directement et prendre en main
l'administration de corporations ou de certains aspects de ses fonctions. Si
l'office en venait à la conclusion qu'une corporation ne s'acquitte pas
de ses obligations, je crois que c'est son devoir d'en aviser le ministre
responsable qui, après, selon la gravité, devra faire rapport au
gouvernement. Peut-être cela peut-il se traduire par la suite par des
modifications à la loi; mais la corporation, une fois qu'elle est
constituée, est responsable de son administration.
M. GUAY: Comme première sanction, dans ce qu'on vient de
regarder, il y a d'abord la possibilité de retrait du permis de
pratique, qui est quand même une sanction. Si, par exemple, la
non-connaissance...
M. LAURIN : Ce n'est pas prévu dans la loi.
M. BOIVIN : Si le statut de ce professionnel n'est pas conforme à
la loi, cela devient une pratique illégale.
M. CASTONGUAY: C'est cela. Mais là, le Dr Boivin et vous
avez raison posait la question plutôt sur un plan plus
général, la corporation dans sa façon d'appliquer ces
articles.
M. LAURIN: L'article 177 me paraît assez faible d'une part.
Deuxièmement, vous avez refusé la mise en tutelle des
corporations autrement que pour des raisons financières.
M. CASTONGUAY: J'ai refusé... Est-ce qu'on a tellement
poussé? Non...
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que le ministre nous invite...
M. CASTONGUAY: Je ne pense pas qu'on ait tellement poussé pour
que l'office ait ces pouvoirs de mise en tutelle. On a discuté pour en
voir la portée, mais je n'ai pas interprété cela comme
étant une insistance de la part des députés. Au contraire,
si je me reporte au début, en deuxième lecture et avant, on
trouvait dans certains cas je ne dis pas tous les partis que nous
voulions donner trop de pouvoirs à l'office.
M. LAURIN: De toute façon, étant donné qu'on pourra
y revenir au chapitre VII, peut-être que le ministre pourrait penser
d'avance à des sanctions possibles dont il pourrait étudier la
nature et il nous en fera part à ce moment.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Article 46 a). Adopté?
M. LAURIN: Sur division.
LE PRESIDENT (M. Giasson): La commission ajourne ses travaux à
mardi, 4 heures.
(Fin de la séance à 12 h 46)