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Etude du projet de règlement
concernant les actes médicaux
et infirmiers autorisés
(Dix heures dix-huit minutes)
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Nous allons commencer les travaux de la commission permanente des
corporations professionnelles qui se réunit pour faire l'étude du
projet de règlement concernant les actes médicaux et infirmiers
autorisés.
Les membres de cette commission sont: M. Boucher
(Rivière-du-Loup), M. Fallu (Terrebonne), M. Fontaine (Nicolet-Yamaska),
M. Gagnon (Champlain), M. Gosselin (Sherbrooke), Mme Lavoie-Roux (L'Acadie) en
remplacement de M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys); M. Laurin (Bourget) en
remplacement de M. Martel (Richelieu); M. Morin (Sauvé), M. O'Gallagher
(Robert-Baldwin), M. Shaw (Pointe-Claire).
Pourraient aussi intervenir: M. Goldbloom (D'Arcy McGee) en remplacement
de M. Blank (Saint-Louis); M. Bédard (Chicoutimi), M. Clair (Drummond),
M. Perron (Duplessis) en remplacement de votre humble serviteur; M. Grenier
(Mégantic-Compton), M. Laberge (Jeanne-Mance), M. Lazure (Chambly), M.
Roy (Beauce-Sud), M. Saint-Germain (Jacques-Cartier), M. Samson
(Rouyn-Noranda).
Il faudrait nommer un rapporteur pour cette assemblée. Oui, M. le
député de Mégantic-Compton?
M. Grenier: Je pense que vous avez nommé, comme membre de
l'Union Nationale, M. Fontaine (Nicolet-Yamaska).
Le Président (M. Dussault): C'est exact.
M. Grenier: C'est l'inverse. Fernand Grenier
(Mégantic-Compton) comme membre.
Le Président (M. Dussault): Vous remplacez donc M.
Fontaine.
M. Grenier: M. Fontaine sera intervenant.
Le Président (M. Dussault): M. Grenier
(Mégantic-Compton) en remplacement de M. Fontaine (Nicolet-Yamaska); ce
dernier devient intervenant en remplacement de M. Grenier. Est-ce que la
commission a une suggestion à nous faire pour la nomination d'un
rapporteur? On suggère M. Gagnon (Champlain).
M. Morin (Sauvé): Je vous propose que le
député de Champlain agisse comme rapporteur, si vous le voulez
bien.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que M. le
député de Champlain est d'accord pour agir à titre de
rapporteur?
M. Gagnon: Oui.
Le Président (M. Dussault): La commission est d'accord. M.
Gagnon (Champlain) devient le rapporteur de cette commission.
Je vais lire la liste des groupes qui désirent se faire entendre
devant cette commission. Je demande aux porte-parole de ces groupes de
manifester leur présence, au moment où je vais nommer le groupe.
La Corporation professionnelle des médecins? Présent. L'Ordre des
infirmières et infirmiers? Présent.
Je remercie le groupe qui vient de se manifester. Il me donne l'occasion
de rappeler qu'il n'est permis d'aucune façon d'exprimer d'opinion lors
des travaux de cette commission. Maintenant que c'est fait, je sais que la
discipline saura s'imposer d'elle-même. Je vous remercie d'avance.
La Corporation professionnelle des infirmières et infirmiers
auxiliaires. Le groupe est présent.
L'Association des hôpitaux de la province de Québec est
présente. L'Association des centres d'accueil du Québec est
présente. La Fédération des CLSC du Québec avait
manifesté son intention de venir et a décliné par la
suite. La Fédération des affaires sociales est présente.
La Fédération des infirmières et infirmiers du
Québec est présente. La Fédération des syndicats
professionnels d'infirmières et d'infirmiers du Québec est
présente. Le groupe de la Corporation des techniciens
inhalothérapeutes, qui n'était pas sur la liste, a demandé
d'être entendu et nous lui avons dit qu'il serait entendu, si le temps le
permettait. Il sait donc à quoi s'en tenir. Est-ce que la Corporation
des techniciens inhalothérapeute est présente? Oui, elle est
présente.
Nous entendrons donc les groupes dans l'ordre où je les ai
nommés.
La Corporation professionnelle des médecins a l'habitude. Ils
sont donc présents devant nous. Je demande au porte-parole de
s'identifier et de nous présenter ses collègues.
M. Grenier: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): Excusez-moi, oui, M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Une très courte question. J'aimerais savoir
combien nous avons de groupes je n'ai pas fait le total qui ont
accepté et qui sont présents.
Le Président (M. Dussault): Nous en avons huit
officiellement et la Corporation des techniciens inhalothérapeutes
serait le neuvième groupe.
Discussion préliminaire
M. Morin (Sauvé): M. le Président, nous avons
à entendre au minimum huit groupes qui ont tous le droit d'être
entendus et, de même, il conviendrait que nous entendions
également, pour peu
que nous en ayons le temps, la Corporation des
inhalothérapeutes.
Je suggérerais, en conséquence, que vous donniez un temps
précis à chaque ordre ou association qui comparait devant cette
commission, de façon que nous soyons sûrs que ceux qui sont au bas
de la liste ne soient pas évincés parce que les autres auraient
pris plus de temps qu'il n'est possible.
Je vous suggérerais de limiter, en principe, chaque intervention
à 40 minutes. Si nous pouvons nous en tenir à 40 minutes, nous
entendrons tout le monde, ce qui signifie que les exposés devraient,
autant que possible, ne pas dépasser 10 ou 15 minutes, de façon
qu'il puisse s'établir un dialogue entre ceux qui comparaissent et les
membres de cette commission. Je vous en fais donc la suggestion.
Je crois comprendre, après quelques conversations que j'ai eues
ce matin, que la chose est possible et que chacun est prêt à faire
preuve de retenue tout en voulant éclairer le mieux possible les membres
de cette commission.
Le Président (M. Dussault): Si vous me le permettez, Mme
le député de L'Acadie, j'allais effectivement inviter la
commission à définir le temps de parole sur chacun des
mémoires. Après avoir laissé la corporation se
présenter, j'allais l'inviter à s'en tenir à une certaine
discipline dans le sens où la commission l'entendra.
Mme le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Si j'ai bien compris le ministre, il a bien dit:
En principe, on devrait limiter la présentation des mémoires
à 15 minutes. Je pense que c'est peut-être une façon un peu
arbitraire de trancher le problème. Si les gens sont d'accord, ils se
limiteront à 15 minutes. Il y a ici trois groupes très
directement concernés: les médecins, les infirmières et
les auxiliaires infirmières. Est-ce que la raison pour laquelle on devra
se limiter à 15 minutes est qu'il faut absolument que nous finissions
aujourd'hui? C'est une première question.
Je ne voudrais pas non plus, comme vous le disiez si bien, que ceux du
bas de la liste soient évincés parce que les premiers auront pris
trop de temps. On accorde au moins 20 minutes habituellement; je pense que
c'est la règle générale de présentation lorsque des
groupes viennent devant nous. On a même parfois permis davantage, mais au
moins 20 minutes. Ce serait ma première question: Est-ce qu'on doit
absolument terminer ce soir? A ce moment-là, on diminue peut-être
de façon un peu arbitraire le temps de tout le monde. On sait fort bien
que, quand des mémoires sont présentés, le temps requis
n'est pas nécessairement le même pour chacun des groupes.
M. Morin (Sauvé): Je ne suis pas en désaccord avec
le député de L'Acadie. Si une association ou si une corporation
ou un ordre désirait prendre plus que le quart d'heure et aller
jusqu'à 20 minutes, je n'ai aucune objection pourvu que les 40 minutes
totales soient respectées. Autrement, je crains qu'effectivement, nous
n'évincions les derniers comparants qui se trouvent sur la liste.
Effectivement, comme la session est extrêmement chargée sur
le plan du travail législatif et comme il s'agit d'un règlement
et non pas d'une loi, il sera impossible de revenir devant cette commission,
peut-être pas, en tout cas, avant l'année prochaine. Je crois
qu'il est donc opportun, il est même essentiel, que les membres de cette
commission soient pleinement informés dès aujourd'hui pour que
nous puissions par la suite nous déterminer sur ce dossier qui, vous le
savez, est déjà dans le paysage depuis 1976, depuis que le
gouvernement précédent a proposé les projets de
règlement que nous allons débattre. Alors, si c'est dans ce sens
que Mme le député de L'Acadie s'est exprimée, je n'ai
aucune objection à ce qu'une personne qui comparaît ou un ordre
qui comparaît, prenne plus que les dix ou quinze minutes auxquelles je me
référais. Il serait important, cependant, qu'on ne dépasse
pas 40 minutes autrement, de fait, il y en a qui se trouveront
évincés.
M. Shaw: M. le Président. M. Grenier: M. le
Président.
Le Président (M. Dussault): D'abord, M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le Président, je regrette, avec le
député de L'Acadie, qu'on ait convoqué d'abord tant de
monde aujourd'hui. Huit groupes, possiblement neuf, à 40 minutes chacun
comme moyenne, c'est évident qu'il y a des dossiers là-dedans
je veux rappeler celui de l'ordre des médecins, de l'ordre des
infirmiers et infirmières diplômés et de l'ordre des
infirmiers et infirmières auxiliaires sur lesquels on devrait se
pencher plus de 40 minutes. Il est sûr qu'une vingtaine de minutes pour
expliquer leur dossier et une période de questions pourrait suivre
ensuite de la part des députés autour de cette table, car on en a
à apprendre. C'est un problème qui n'est pas nouveau. Je ne
voudrais pas m'exprimer là-dessus trop longtemps, mais il me semble que
si cela traîne sur les tablettes depuis tant d'années, on devrait,
ce matin, se donner le temps.
Je regrette qu'on ait convoqué tant de monde aujourd'hui. A huit,
on met de la pression, ce matin, pour être capables de dire ce soir:
Dépêchez-vous, les premiers, afin qu'on puisse entendre les
autres. C'est une tactique, il me semble, qui n'est pas beaucoup acceptable
dans une commission comme celle-ci. Il me semble qu'on aurait. pu, aujourd'hui,
convoquer les trois premiers organismes qu'on voulait entendre, les trois
premiers dossiers, et garder les autres pour demain. Je suis d'accord qu'il y a
bien du pain sur la planche pour le gouvernement, qu'il y a bien des
commissions, mais en voilà une importante et, ce vers quoi on se dirige
dans le secteur public,
actuellement, je pense qu'on devrait prendre le temps nécessaire
pour entendre ces gens-là. Si 40 minutes ne sont pas suffisantes
principalement pour les trois premiers dossiers, il me semble qu'on pourrait
prendre davantage. Je dois regretter, bien sûr, cette convocation. Il me
semble que le gouvernement a manqué de planification en convoquant ici
huit ou peut-être neuf groupes importants, avec qui on aimerait discuter
plus longuement qu'une vingtaine de minutes chacun.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Pointe-Claire. (10 h 30)
M. Shaw: M. le Président, seulement sur la question des
intervenants à la commission parlementaire. Je suis d'accord qu'on
veuille entendre autant de mémoires qu'on peut aujourd'hui mais je
voudrais aussi avoir l'avantage de poser des questions. Si on dit que nous
voulons garder la période à 40 minutes, je suis d'accord, sauf
que les questions que les membres de la commission veulent poser sont
posées dans cette période de temps. Je dis que si le ministre et
Mme le député de L'Acadie vont respecter le fait qu'il y a
d'autres membres de cette commission qui veulent poser des questions, je suis
d'accord. Mais je veux au moins avoir l'avantage de poser mes questions
à chaque groupe.
Le Président (M. Dussault): M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je suis
persuadé que, chaque groupe nous ayant remis son mémoire
écrit, nous serons passablement bien informés. D'ailleurs,
plusieurs membres de cette commission le sont déjà, puisqu'ils
suivent ce dossier depuis, dans certains cas, 1976. Je pense à certains
membres de l'autre côté de la table qui ne sont pas sans
connaître le dossier. Je pense donc qu'il est tout à fait
raisonnable de procéder comme je l'ai indiqué. Je serais
prêt à ce que les trois corporations ou les ordres qui sont plus
directement intéressés aient un peu plus de temps, parce que je
ne voudrais pas non plus que la période des questions soit
limitée, quoiqu'elle devra l'être, dans une certaine mesure,
puisqu'on m'a dit qu'il était possible de rentrer dans des temps
relativement raisonnables.
J'en suis persuadé pour ma part, parce que, bien sûr, ces
problèmes, on pourrait en discuter pendant des semaines. Cela fait
maintenant des années qu'on en discute et je crois qu'il est grand temps
d'en venir à des conclusions. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Je ne peux pas laisser passer l'occasion, M. le
Président, de dire que ça me semble être une façon
très peu efficace de travailler. C'est toujours la même tactique.
On semble ne pas vouloir se faire reprocher, au niveau du gouvernement, de ne
pas écouter les groupes en commission, mais lorsqu'on convoque ces
commissions, nécessairement, et c'est régulier aussi, on ne
laisse pas aux gens le temps de s'exprimer. Il y a des dossiers ici, des
mémoires qui sont le résultat de centaines d'heures de travail et
on donne quinze ou vingt minutes aux gens pour venir s'expliquer devant cette
commission. D'autant plus que c'est un sujet important, et on voit à
l'évidence même du nombre de députés qui assistent
ou qui vont assister à nos délibérations, que c'est un
sujet qui intéresse bien des gens.
Si chaque député à cette table pose une seule
question lors de la présentation de chaque mémoire, il est
absolument évident qu'on n'aura pas le temps d'étudier tous ces
mémoires aujourd'hui et d'écouter les représentations des
différents groupes. C'est toujours la même situation. A la fin de
la journée, on reprochera à l'Opposition de ne pas avoir
collaboré et il y aura certainement de nos invités qui seront
frustrés.
Le Président (M. Dussault): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Malgré l'assurance que le ministre nous a
donnée, que, avec les groupes que j'avais mentionnés au point de
départ, qui étaient peut-être plus directement
touchés, on soit plus flexibles, je pense que cela ne sert à
rien, parce que même si on allait jusqu'à faire un débat et
prendre un vote, notre point de vue ne serait pas retenu. On a appris cela
humblement dans l'Opposition.
J'appuie le député de Mégantic-Compton qui trouve
exagéré de convoquer et je pense qu'il n'y a pas un
député à cette table qui, honnêtement, pourrait dire
que c'est normal de convoquer huit groupes dans une seule et même
journée. Les mémoires, à l'exception dé deux, nous
ne les avions pas. On ne les a même pas au moment où je vous
parle, alors que, normalement, dans une commission parlementaire, on a au moins
les mémoires à l'avance. Cette fois-ci, on ne les a pas eus, sauf
deux, et on les a eus parce que ces personnes ont pris soin de venir nous les
porter alors que, normalement, ils nous viennent par ceux qui s'occupent des
commissions parlementaires.
Je ne veux pas prolonger le débat, parce qu'il va y avoir encore
moins de temps à la fin de la journée. Mais je regrette que le
ministre de l'Education ait à aller au sommet économique demain.
C'est probablement une des raisons qui nous obligent à procéder
avec diligence pour la journée d'aujourd'hui.
Continuons, parce qu'on n'y arrivera pas, à la fin.
Le Président (M. Dussault): M. le porte-parole de la
Corporation professionnelle des médecins, je vous invite à nous
présenter vos collègues.
Mémoires
Corporation professionnelle des médecins du
Québec
M. Roy (Augustin): M. le Président, Mme et MM. les
députés, mesdames et messieurs, il me fait plaisir de voir dans
l'assistance un très grand
nombre d'infirmières qui, nous l'espérons, après
notre exposé, vont mieux comprendre notre position et réaliser
qu'elle est très raisonnable.
J'en profite également pour féliciter le gouvernement pour
ses politiques sur la condition féminine, qui permet à tant
d'infirmières de manifester aujourd'hui, alors que leurs enfants sont
dans les garderies et leurs hommes au travail.
Sur ce, je vais présenter ceux qui m'accompagnent. Le Dr Raymond
Barcelo, spécialiste en néphrologie et en hémodialyse; le
Dr Luc Per-reault, spécialiste en anesthésie et en
inhalothéra-pie; M. Roger Lapalme, urologue et membre de notre
comité de législation; Me Louis Payette notre conseiller
juridique; le Dr André Lapierre, secrétaire général
adjoint et coordonnateur de ce projet de règlement; le Dr Claude
Mercier, membre de notre comité administratif; et moi-même, pour
ceux qui ne me connaissent pas, Augustin Roy.
Nous sommes à votre disposition, messieurs les membres de la
commission, pour répondre à toutes les questions que vous voudrez
bien nous poser et, en particulier, aux questions techniques spécifiques
concernant certains actes.
Le Président (M. Dussault): M. Roy, compte tenu
apparemment de la quantité d'informations que vous seriez prêt
à nous donner par votre mémoire, je pense qu'il va falloir vous
inviter à résumer et à vous en tenir autant que possible
aux vingt minutes réglementaires...
M. Roy (Augustin): Nous allons essayer.
Le Président (M. Dussault): ... autant que possible.
M. Roy (Augustin): D'ailleurs, vous devez réaliser que
nous avons investi quatre ans dans la préparation de ces
règlements et qu'il est difficile de résumer un problème
complexe et technique dans si peu de temps. Je pense que les quelques minutes
additionnelles qui pourraient être prises devraient être
très valables pour la commission et pour l'ensemble du public
québécois.
Je demanderais, en passant, que le texte intégral de ce que je
vais lire de notre mémoire d'introduction soit versé au dossier,
parce qu'il y a peut-être certains bouts que je vais sauter.
Le Président (M. Dussault): D'accord. En fait, vous voulez
dire que le mémoire que vous ne lirez pas soit versé au journal
des Débats. (Voir annexe A)
M. Roy (Augustin): D'accord, ce que je ne lirai pas.
Dans la première partie de notre exposé, je fais un bref
résumé du mémoire qui a été
déposé et qui vous a été remis. Ce mémoire
contient plusieurs annexes qu'il serait assez important que vous connaissiez.
Il y a, dans cela, un protocole d'entente qui a été signé
entre l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec et la
Corporation des médecins, le 13 mai 1974, lorsque nous avons
commencé à préparer ce projet de règlement. Il y a
également un résumé des effets principaux de notre projet
de règlement. Il y a ensuite un résumé des
différentes lois dans le domaine des professions de la santé. Il
y a aussi un résumé des problèmes des professions dans le
domaine de la santé découlant du Code des professions. Il y a
aussi un chapitre légal qui traite de la sous-délégation
des pouvoirs aux établissements pour tenir compte de certaines
objections de l'office. Il y a également les deux projets de
règlement des médecins aux infirmières, le projet de la
Gazette officielle, le dernier projet de l'Office des professions ainsi que les
deux projets des délégations des infirmières aux
infirmières auxiliaires.
Sans plus de préambule, je vais passer au but poursuivi par notre
projet de règlement. Les infirmières, les infirmières
auxiliaires et d'autres catégories de professionnels ou de personnes
exécutent souvent des tâches qui relèvent de l'exercice de
la médecine. Le but poursuivi par notre projet de règlement est
de les autoriser à poser ces actes ou à y contribuer et y
participer afin de régulariser la situation actuelle.
Le projet de règlement a dû être
élaboré dans un cadre législatif nouveau. En effet, en
1974, sont entrés en vigueur le Code des professions et
différentes lois professionnelles qui ont donné une existence
légale à certaines professions et qui ont tenté de
définir plus précisément les champs d'exercice respectifs
des différentes professions de la santé. Malgré ces
tentatives d'éclaircissement, subsistent plusieurs zones
imprécises en ce qui concerne les actes qu'une infirmière, une
infirmière auxiliaire, un inhalothérapeute, un tech-nologiste
médical peuvent poser. Notre projet de règlement essaie de
minimiser ces zones grises.
Le projet de règlement ne veut pas freiner l'évolution de
quelque profession que ce soit. Il tente d'éviter une
hiérarchisation des professions, tout en favorisant le travail
d'équipe. Le projet de règlement ne devrait pas bouleverser le
monde de la santé, et particulièrement, le monde hospitalier. En
effet, depuis 1967, et plus particulièrement, depuis 1976, les
hôpitaux ont pris l'habitude d'utiliser comme guide successivement le
manuel intitulé "Classification et fonctions du personnel infirmier",
qui a été préparé, dans le temps, en collaboration
avec les infirmières et les médecins, et le projet de
règlement de la corporation publié dans la Gazette officielle de
mars 1976.
Avant de procéder à une description des effets de notre
projet de règlement, je voudrais attirer votre attention sur une entente
intervenue entre l'Ordre des infirmières et la corporation en mai 1974,
relativement à l'élaboration du projet de règlement. Je
vous réfère à l'annexe A dont j'ai fait mention tout
à l'heure. J'en cite un court extrait: II a d'abord été
convenu que l'élaboration d'un tel travail ne devrait pas être le
résultat d'une négociation c'est souligné
entre les deux corporations et que la détermination de cette
monenclature d'actes ne devrait se faire qu'à partir de notions
c'est souligné de qualité et d'effica-
cité pour la protection du public, à l'intérieur
d'une essentielle collaboration entre médecins et infirmières,
sous l'autorité de leur corporation professionnelle respective. Nous
avons respecté ce protocole d'entente.
Description des effets du règlement: Le projet de
règlement habilite quatre catégories de personnes:
Infirmières, infirmières auxiliaires, technolo-gistes
médicaux et inhalothérapeutes. Les annexes décrivent les
actes que ces personnes seront habilitées à poser ou auxquels
elles pourront contribuer et participer. En principe, ces actes pourront
être exécutés aussi bien dans les établissements
qu'à l'extérieur des établissements tels que
définis par la Loi sur les services de santé et les services
sociaux sans restrictions autres que celle du jugement du professionnel qui
posera l'acte. Plusieurs de ces actes sont assortis de conditions. Certains ne
pourront être posés que dans un centre hospitalier, d'autres
à la condition qu'un médecin soit disponible, soit
immédiatement, soit sur demande. D'autres encore, devront l'être
suivant un protocole, ou encore, selon une ordonnance individuelle du
médecin traitant ou selon une ordonnance générale
édictée par le Conseil des médecins et dentistes.
Les établissements pour lesquels travaille le personnel
habilité pourront imposer des conditions particulières à
leur milieu. De plus, nous espérons qu'ils auront le pouvoir de
retrancher des actes de la liste des annexes.
J'attire votre attention sur trois notions importantes de notre projet
de règlement, et je vous réfère aux pages 6 et 7 de notre
mémoire. Notion de surveillance qui semble être mal comprise:
Certains actes ne peuvent être posés que sous surveillance
médicale. Il faut bien noter que cette notion de surveillance telle que
décrite dans le projet de règlement n'exige nullement que le
médecin doive surveiller l'infirmière pour s'assurer de la
qualité de son exercice, mais exige plutôt une
disponibilité souligné du médecin afin que
celui-ci intervienne auprès du bénéficiaire dans un
délai plus ou moins court pour prévenir toute complication ou
réagir advenant qu'une telle complication survienne.
La corporation désire respecter l'autonomie d'exercice des
professionnels à qui elle délègue des actes. Ces
professionnels doivent, dans leur exercice, s'en tenir aux règles
édictées par leur Code de déontologie et se soumettre au
contrôle obligatoire de leur corporation, tel que prévu au Code
des professions.
Notions de protocole: D'autres actes ne pourront être posés
que si un protocole décrit les procédures, méthodes ou
limites que doit respecter la personne habilitée. Le protocole
décrit les étapes à suivre dans l'exécution d'un
acte, les méthodes à utiliser, les actions à poser selon
les réactions du patient ainsi que les limites en deçà
desquelles le professionnel doit cesser ses interventions ou doit éviter
de les poser et faire appel au médecin.
Le protocole est exigé dans le cas d'actes d'une nature plus
complexe constituant souvent une succession de manoeuvres dont
l'exécution peut être appelée à varier selon des
facteurs reliés aux types de malades et aux ressources du milieu.
Notions d'ordonnance permanente: Cette ordonnance pourra être
rendue d'une façon permanente pour un ensemble de situations semblables.
En effet, pour rapprocher davantage les textes des besoins hospitaliers et de
la réalité quotidienne, le règlement prévoit qu'un
établissement, par son conseil des médecins et dentistes ou par
celui d'un établissement relié par contrat, pourra permettre que
certains actes soient posés systématiquement par une
infirmière, un technologiste médical ou un
inhalothérapeute sans qu'il soit besoin d'attendre une ordonnance
médicale individuelle. A titre d'exemple, mentionnons l'autorisation
donnée à une infirmière d'administrer un médicament
à un malade d'une unité coronarienne advenant qu'il
présente un ensemble de signes prédéterminés
laissant croire à l'apparition d'une arythmie.
Vous trouverez à l'annexe B du mémoire une description
schématique des effets de notre projet de règlement. (10 h
45)
Effets que le règlement n'a pas, ce qui est important.
Aux pages 9 et 10 de notre mémoire, nous avons relevé un
certain nombre de commentaires formulés publiquement et qui sont
inexacts relativement aux effets de notre projet de règlement.
Il est très malheureux que certains organismes aient
véhiculé, au niveau de la province et de façon aussi
intensive, des informations partielles ou inexactes sur ce projet qui
n'entraînent pas les effets qu'on a laissé entendre. Je tiens
particulièrement à insister sur le fait que notre projet de
règlement ne peut pas avoir pour effet d'assujettir la profession
d'infirmière au contrôle des médecins ou de subordonner
l'exercice de cette profession à des conditions que le médecin
voudrait imposer.
Sur le strict plan légal, notre projet de règlement ne
peut pas avoir pour effet de diminuer la portée de la Loi des
infirmières et infirmiers. Dans le but de ménager toute
susceptibilité, notre règlement déclare à deux
reprises qu'on doit repousser l'idée de l'interpréter dans ce
sens, articles 601b, 603.
Dans son journal officiel de la mi-février 1979, l'Ordre des
infirmières faisait par ailleurs quelques affirmations auxquelles je
tenterai de répondre.
Première affirmation, je cite: "Les médecins s'approprient
une partie des gestes que les infirmières font depuis toujours".
D'une part, les médecins, de par la définition tant
antérieure qu'actuelle de l'exercice de la médecine, ont toujours
été autorisés à poser les gestes que les
infirmières posent.
D'autre part, les médecins ont toujours été plus
portés à déléguer les actes aux infirmières
qu'à s'approprier les actes que celles-ci ont l'habitude de poser.
L'évolution du nursing depuis les dernières
décennies, même avec des textes de loi déficients, le
démontre de façon évidente.
De toute façon, le projet de règlement de la corporation
ne peut avoir pour effet de diminuer la portée de la définition
de l'exercice des soins infirmiers.
Deuxième affirmation: "Les médecins autorisent les
infirmières auxiliaires à poser les mêmes actes qu'ils
autorisent aux infirmières".
Il n'a jamais été dans les intentions de la corporation
d'autoriser les infirmières auxiliaires à poser les actes
prévus à l'annexe A de son projet de règlement, mais
seulement de les autoriser à y contribuer, à y participer. Nous
ne comprenons pas comment l'Ordre des infirmières peut prétendre
que les mots "contribuer et participer aux actes" signifient poser ces actes.
Nous avons en main les définitions de ces mots donnés par les
dictionnaires les plus connus et aucun ne permet de corroborer
l'interprétation faite par l'Ordre des infirmières. D'ailleurs,
la Corporation des infirmières auxiliaires admet que l'article 5.02 ne
permet pas aux infirmières auxiliaires de poser ces actes; en
réalité, selon les us et coutumes, les infirmières
auxiliaires ne posent pas ces actes.
La corporation a décidé d'introduire l'article 5.02 dans
son projet de règlement au moment où elle a réalisé
que le projet de règlement de l'Ordre des infirmières, à
l'égard des infirmières auxiliaires, qui n'était pas
encore connu, alors, comporterait toujours, selon un document de l'Ordre des
infirmières daté d'août 1974 et alors disponible,
l'obligation pour les infirmières auxiliaires de travailler sous la
surveillance des infirmières. Cette obligation aurait eu pour effet de
couper les ponts entre le médecin et l'infirmière auxiliaire et
de retirer cette dernière, en l'absence d'infirmières, de tout
endroit où pourrait s'exercer la médecine.
Il nous est maintenant permis de constater que le projet de
règlement des infirmières à l'égard des
infirmières auxiliaires, par ses définitions de surveillance et
de procédés de soins, défend à une
infirmière auxiliaire de travailler en collaboration avec un
médecin à moins qu'une infirmière ne s'interpose entre les
deux, ce qui n'est pas toujours nécessaire. Cet article 5.02 doit
être étudié dans tout le contexte des notions de
surveillance qui apparaissent tant dans le projet de règlement de la
corporation que dans celui de l'Ordre des infirmières. La corporation ne
peut accepter une réglementation qui risque de couper les ponts entre le
médecin et un membre de l'équipe; elle recherche une
réglementation qui permettra aux trois professions (médecins,
infirmières et infirmières auxiliaires) de travailler en harmonie
pour le plus grand bien du bénéficiaire. A cet effet, nous
suggérons une modification à cet article 5.02 dans notre
mémoire, aux pages 19 et 20, pour plus de clarté.
Troisième affirmation, et je cite. "Les activités de soins
que les infirmières font depuis toujours vont être
autorisées à d'autres classes de personnes, qu'elles soient
professionnelles ou non professionnelles, et indépendamment de leur
niveau de formation. N'importe qui, par une décision de médecins,
pourra faire des activités reconnues comme étant le champ
d'exercice des infirmiè- res." D'une part, non seulement le projet de
règlement de la corporation n'a pas pour effet d'autoriser n'importe qui
à poser des actes médicaux ou des soins infirmiers, mais il tient
compte, en plus du niveau de formation, des personnes habilitées
à poser ces actes. D'autre part, même si rien, sur le plan
légal, n'empêche la corporation de déléguer aux
inhalothérapeutes ou à d'autres classes de personnes plusieurs
actes inclus dans la définition de l'exercice de la médecine, il
reste que le projet ne fait que consacrer par écrit ce que les
inhalothérapeutes et les technologistes médicaux font
déjà en pratique.
Je passe par-dessus la quatrième affirmation, qui concerne les
techniques de soins, croyant que quelqu'un nous posera sûrement la
question alors que les infirmières maintiennent que nous leur enlevons
les techniques de soins.
Cinquième affirmation. Je cite: "Le règlement oblige ni
plus ni moins l'infirmière à se rendre responsable de la
surveillance des actes médicaux posés par les infirmières
auxiliaires."
Tel que nous l'avons déjà affirmé, notre projet de
règlement n'autorise pas les infirmières auxiliaires à
poser des actes médicaux; le projet ne peut donc obliger une
infirmière à se rendre responsable de la surveillance d'actes
médicaux posés par des personnes non autorisées à
les poser. Rappelons que "surveillance", dans le projet de règlement,
signifie "disponibilité du médecin ou de l'infirmière
à intervenir auprès du malade.
Sixième affirmation: "C'est à croire que l'on tend
à une non-reconnaissance de notre compétence, de notre formation,
mettant en cause le bien-fondé de notre présence dans le milieu.
On peut se demander si les médecins ne souhaitent pas la disparition de
notre profession."
Répandre sans fondement dans toute la province de telles
affirmations ou de telles inquiétudes nous apparaît irresponsable
de la part d'un ordre professionnel.
Protection du public. Ce règlement d'autorisation fut
élaboré après des consultations nombreuses tant
auprès des médecins omnipraticiens et spécialistes
pratiquant dans des milieux variés qu'auprès des corporations et
associations professionnelles concernées. Une attention
particulière a été consacrée à la
vérification de la formation des différentes catégories
des personnes autorisées et à l'impact possible du projet de
règlement sur les bénéficiaires. De plus, tout un train de
mesures a été formulé pour assurer que, dans la
réalité quotidienne, des personnes autorisées ne soient
pas débordées par ces tâches, que les
bénéficiaires soient utilement protégés par
l'intervention de médecins et par d'autres formes de contrôle.
Je tiens à souligner que ce règlement ne demande pas plus
des infirmières auxiliaires que ce que leur compétence leur
permet. Le règlement leur reconnaît leur rôle d'auxiliaires
en les autorisant à contribuer et à participer aux actes
prévus en annexe. Nous estimons n'avoir rien épargné dans
la préparation de ce règlement pour nous assurer que son
application ne porte pas atteinte à
la sécurité des bénéficiaires. A ce sujet,
nous vous référons aux pages 12, 13 et 14 de notre mémoire
où nous énumérons douze raisons qui nous permettent de
croire que la protection du public n'est pas en danger. Je ne peux pas citer
ces douze raisons faute de temps, mais j'aimerais bien que vous puissiez les
regarder parce qu'elles sont toutes des raisons très logiques.
Septièmement, remaniement suggéré par l'Office des
professions. Par suite de nombreuses rencontres avec les officiers qui se sont
succédé à l'Office des professions depuis quatre ans, des
améliorations ont été apportées aux
règlements. Certaines modifications de dernière heure, par
ailleurs, apportées unilatéralement par l'office, nous semblent
discutables. Certaines nous rendent la compréhension du règlement
plus pénible; d'autres lui retirent la souplesse désirée;
d'autres le rendent inacceptable. Nous faisons état de ces modifications
aux pages 15 à 22 de notre mémoire.
Les principaux remaniements que nous ne pouvons accepter sont les
suivants. Premièrement, abolition de certains droits de regard des
établissements sur l'application du règlement. La corporation a
toujours maintenu que les établissements devaient pouvoir indiquer,
parmi la liste des actes énumérés aux annexes de son
règlement, ceux qui ne doivent pas être posés. L'Office des
professions, pour des raisons d'ordre juridique, a modifié les articles
2.03, 3.01, 3.02, 3.03 afin de ne pas permettre à un
établissement de désigner parmi les actes prévus aux
annexes ceux qui ne doivent pas être posés dans cet
établissement. L'office a de plus ajouté l'article 3.04 et un
alinéa à 7.01 pour donner à la corporation le pouvoir de
retirer de ces annexes certains actes dans des circonstances exceptionnelles.
Pour les raisons énumérées au mémoire et celles
ajoutées à l'annexe E, nous nous opposons à ces
modifications aux articles 2.03, 3.01, 3.02 et 3.03. Nous nous opposons
également aux définitions de surveillance des mots "les cas
échéant, de l'infirmière." .Nous nous opposons à ce
que ces trois mois soient indiqués dans les définitions de
surveillance. D'ailleurs si notre suggestion formulée aux pages 19 et 20
de notre mémoire relativement à l'article 5.02 est retenue, cet
ajout relatif à la surveillance de l'infirmière n'aura plus sa
raison d'être.
Modifications apportées à certaines définitions.
Contrats de service. On a apporté certaines modifications aux
définitions données aux paragraphes c), h) et j) de l'article
1.01 pour référer à un établissement avec lequel un
contrat de service a été rendu. Ces modifications veulent
préciser que l'ordonnance permanente et le protocole pourront trouver
application dans des milieux où il n'y a pas de conseil des
médecins et dentistes. Elles allongent et alourdissent les
définitions et nous ne sommes pas certains qu'elles soient
nécessaires.
En effet, l'article 2.04 contient déjà, il nous semble,
tout ce qu'il faut pour permettre l'application d'une ordonnance permanente et
d'un protocole dans d'autres milieux, notamment dans les centres d'accueil.
Surveillance des infirmières. L'Office des professions a
ajouté aux définitions de surveillance immédiate et sur
place, aux paragraphes k) et I) de l'article 1.01, l'expression "ou le cas
échéant, de l'infirmière". Cet ajout a jeté
suffisamment de confusion pour permettre à l'Association des centres
d'accueil de formuler pas moins de 24 interprétations différentes
du même texte. Nous en demandons le retrait.
Maintenant, nos réactions concernant le projet de
règlement de l'Ordre des infirmières à l'égard des
infirmières auxiliaires. Pour ce qui concerne le règlement de
l'Ordre des infirmières à l'égard des infirmières
auxiliaires, trois points retiennent notre attention. Nous suggérons que
vous preniez connaissance de nos commentaires sur ces trois points aux pages 24
à 28 de notre mémoire. Nous les résumons comme suit: Les
infirmières ont toujours exercé leur profession jusqu'en 1974,
sans aucune définition légale, si ce n'est celle de donner "des
services touchant le soin aux malades et donner des soins destinés
à prévenir les maladies".
Le Code des professions définit aujourd'hui le champ d'exercice
des infirmières auxiliaires dans les termes suivants: "Dispenser les
soins infirmiers que requiert le traitement des malades". Ces deux
définitions se rapprochent l'une de l'autre. Il nous semble que les
infirmières veulent aujourd'hui refuser aux infirmières
auxiliaires le champ d'action qu'elles occupaient autrefois,
c'est-à-dire avant 1974 avec la même définition.
Définition de surveillance, article 1.01k, I) et m). Les trois
définitions de surveillance à distance, sur place et
immédiate doivent être modifiées de façon que cette
surveillance puisse être exercée par un médecin. Ces
définitions doivent permettre à un médecin de travailler
avec une infirmière auxiliaire, sans nécessairement que la
présence plus ou moins éloignée d'une infirmière
soit requise. Il nous apparaîtrait plus simple de rayer les colonnes
surveillance à distance, immédiate et sur place, dans le projet
des règlements des infirmières, comme le faisait le premier
projet publié dans la Gazette officielle du Québec en juin
1977.
Définition de procédé de soins. Nous nous opposons
à cette définition de procédé de soins,
premièrement parce qu'elle est trop vague; deuxièmement, parce
qu'elle obligera tout médecin en cabinet privé à se
soumettre, pour les actes énumérés en annexe, aux
directives d'une infirmière responsable des soins infirmiers d'un centre
hospitalier de sa région en ce qui concerne les soins fournis à
ses malades par une infirmière auxiliaire à son emploi. Cette
partie est, de toute façon, ultra vires; troisièmement, parce que
ces procédés élaborés par le nursing s'adressent
non pas aux seules infirmières auxiliaires, mais à quiconque,
incluant les médecins, sans qu'ils aient été
consultés.
Notion de médecin traitant. Nous suggérons que le projet
de règlement de l'Ordre des infirmières ne fasse pas
référence, dans les articles 1.01 h, k), 4.01 et 4.02, aux
médecins traitants mais aux médecins tout court, pour ne pas
créer de difficultés à l'exercice en groupe de la
médecine.
Conclusion. En conclusion, il y a lieu de rappeler que
l'élaboration de ce projet de règlement par la Corporation des
médecins est un devoir imposé par le législateur. Il y a
lieu de rappeler aussi que l'Ordre des infirmières figure parmi les
organismes qui ont demandé d'introduire dans la loi une disposition
obligeant la Corporation des médecins à déléguer
des actes compte tenu de la situation qui prévalait dans le temps
où les infirmières acceptaient avec une certaine réticence
de poser des actes dits médicaux ou délégués par
des médecins. Il est certain qu'on peut tenter de diminuer les
imprécisions des limites des champs d'exercice d'une profession à
l'autre par les règlements sur la délégation des actes.
Mais il ne faut pas s'attendre que ces projets de règlement apportent
une solution à tous les problèmes soulevés par la
délimitation des champs d'exercice.
C'est pourquoi notre projet de règlement veut d'abord
régulariser la situation actuelle sans la figer dans le ciment. Il faut
adopter des règlements qui tiennent compte de la réalité
si on veut éviter le chaos. Il vaudrait mieux ne pas avoir de
règlement sur la délégation des actes et laisser cheminer
les diverses interprétations possibles des définitions
d'exercices professionnels des professions concernées que d'avoir des
règlements qui ne tiendraient pas compte de la réalité.
Lorsque ces règlements ont été sanctionnés par le
lieutenant-gouverneur en conseil, si c'est son désir et son voeu, il
sera d'importance capitale que les corporations concernées acceptent
d'accorder à leur mise en application un appui au moins aussi important
que les efforts et le zèle qui ont été
déployés pour empêcher l'adoption du projet de
règlement de notre corporation.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Je vous remercie. M. le
ministre. (11 heures)
M. Morin (Sauvé): M. le Président, puisque le temps
nous est compté, je voudrais tenter de venir au coeur de la question le
plus rapidement possible. Le coeur de la question, c'est essentiellement
l'article 5.02 du projet de règlement que nous avons devant nous.
Au terme de cet article 5.02, l'infirmière auxiliaire, vous le
savez, pourrait contribuer et participer aux actes prévus à
l'annexe A du règlement, sous une surveillance plus ou moins
rapprochée, selon le cas, d'un médecin ou d'une
infirmière, selon le type d'acte visé.
L'Ordre des infirmiers et infirmières viendra sans doute nous
dire tout à l'heure qu'il conteste le contenu de cet article et soutenir
qu'en dépit de sa formulation, il se trouverait à permettre
à l'infirmière auxiliaire de poser des actes de façon
quasi autonome, lorsque la surveillance devient trop
éloignée.
La version du règlement que nous avons devant nous exige la
surveillance, sur place ou immédiate, d'un médecin, lorsque
l'annexe A l'exige, ou, quant aux autres actes, sous la surveil- lance, au
moins sur place, d'une infirmière ou d'un médecin.
Si je vous comprens bien, M. le Président, la nouvelle version
que vous suggérez aurait pour effet d'éliminer toute surveillance
médicale auprès des infirmiers ou infirmières auxiliaires
pour les actes où l'annexe A ne prévoit pas de surveillance
spécifique. Je pense vous avoir bien compris. Si ce n'est pas le cas,
vous pourrez apporter toutes les précisions requises.
La question que j'aimerais vous poser, Dr Roy, est la suivante: Comme
médecin parce que, en définitive, la population doit
s'appuyer sur les opinions de toutes les professions qui connaissent bien les
questions dont nous allons traiter aujourd'hui. Le Conseil des ministres ne
peut pas inventer les solutions, il doit s'en remettre à ceux qui ont la
compétence particulière pour nous éclairer, d'où
cette commission parlementaire êtes-vous satisfaits de ce que le
type de surveillance ou de disponibilité mentionné dans votre
mémoire, avec le droit de regard des établissements, que vous
revendiquez, êtes-vous pleinement satisfaits, en tant que
médecins, en tant qu'hommes ou femmes de l'art, que ce type de
surveillance, de disponibilité ne met pas en danger la santé ou
la sécurité de la population? C'est ma première question.
Elle est de portée générale, mais je crois que c'est le
coeur de la question.
M. Lapierre (André): En ce qui concerne la santé et
la sécurité des bénéficiaires, je pense qu'on peut
vous référer au mémoire, où nous avons
élaboré une douzaine de raisons qui explicitent, de façon
évidente, que la sécurité du bénéficiaire
n'est pas mise en danger, tant par l'article 5.02 que par l'ensemble du reste
du règlement.
D'autre part, il faut mentionner que cet article 5.02 a
été introduit dans le règlement en août 1975 et il
se lisait comme suit: "Les infirmières auxiliaires peuvent contribuer et
participer aux actes énumérés à l'annexe A sous
surveillance d'une infirmière ou d'un médecin." Notre article se
limitait à ces termes.
Tous les changements qui sont survenus par la suite à cet article
de règlement sont des modifications qui ont été
demandées soit par l'Office des professions ou à la suite de
discussions avec l'Ordre des infirmières, mais davantage par des
recommandations qui nous ont été formulées par l'Office
des professions. Notre article 5.02 disait bien que des infirmières
auxiliaires pouvaient participer et contribuer aux actes
énumérés à l'annexe A sous surveillance d'une
infirmière ou d'un médecin. Je pense qu'à ce
moment-là, il était difficile d'interpréter l'article
comme permettant aux auxiliaires de poser les actes
énumérés à l'annexe A du règlement.
Tel que nous le mentionnons dans le mémoire, si l'article ou si
les mots tels qu'ils sont définis dans le dictionnaire, parce que nous
avons avec nous l'ensemble des définitions des mots "participer",
"poser" et "contribuer", si ces mots-là ne signifient pas ce qu'ils
signifient dans le dictionnaire, la corporation mentionne qu'elle est
prête à
modifier cet article, comme on l'indique à la page 20 du
mémoire: "Les infirmières auxiliaires peuvent, sous
réserve des dispositions de la section 2 c'est-à-dire la
section qui traite des principes généraux vous pouvez vous
référer au règlement à l'annexe F du
mémoire, la section 2, qui réglemente, en fait, tout l'ensemble
du règlement, si je peux m'exprimer ainsi et l'article 5.02 que nous
amputerions d'un membre de phrase, l'article se lirait donc comme suit: "Les
infirmières auxiliaires peuvent, sous réserve des dispositions de
la section 2, contribuer et participer aux actes énumérés
à l'annexe A du présent règlement, en collaboration avec
un médecin ou une infirmière..."
En fait, M. le ministre, tout ce que nous voulons, c'est que les ponts
ne soient pas coupés entre un médecin et une infirmière
auxiliaire et que l'équipe médecin, infirmière et
infirmière auxiliaire puisse travailler en harmonie.
Ce qui nous a fait introduire cet article, on vous l'a mentionné
tout à l'heure, c'est un document du mois d'août 1974 de l'Ordre
des infirmières, qui disait que l'auxiliaire devait toujours travailler
sous la responsabilité d'une infirmière, qui détaillait la
définition de l'exercice des soins infirmiers en indiquant
l'exclusivité de cet exercice, en insistant sur l'exclusivité. On
disait que l'infirmière auxiliaire n'aurait à communiquer qu'avec
l'infirmière et non avec le médecin. On disait aussi un peu plus
loin que l'infirmière auxiliaire ne doit jamais prendre de
décision concernant le soin, qu'elle doit consulter l'infirmière
et non le médecin. Ce sont des phrases comme celles-là qui nous
ont laissé croire que les ponts risquaient d'être coupés
entre le médecin et l'infirmière auxiliaire. Par l'article 5.02,
tout ce que nous voulons éviter, c'est que les ponts soient
coupés. Je ne sais pas si Me Payette...
M. Morin (Sauvé): Si j'ai bien compris je me
permettrai encore une ou deux questions et je sais que mes collègues
vont avoir d'autres questions à vous poser la portée de ce
que vous nous dites, en utilisant l'expression "en collaboration avec un
médecin ou une infirmière" vous évacuez en quelque sorte
toute la question du type de surveillance requis. Est-ce que je vous comprends
bien?
Une Voix: Me Payette peut répondre. M. Morin
(Sauvé): Oui.
M. Payette (Louis): M. le ministre, je crois que le texte
subordonnerait quand même l'infirmière auxiliaire au type de
surveillance qui peut apparaître comme obligatoire en annexe, parce que
le texte dit "sous réserve des dispositions de la section 2".
Or, à la section II, il est dit que la personne habilitée
doit remplir toutes les conditions du règlement, y compris celles de
l'annexe. D'ailleurs, dans une version antérieure du règlement,
il était spécifié que le mot "règlement" comportait
le mot "annexe". Ce que je veux dire, c'est que, dans cette nouvelle
définition, dans cette nouvelle version de 5.02, la notion de
surveillance telle qu'elle se retrouve aux annexes s'appliquerait aussi bien
aux infirmières auxiliaires qu'elle s'applique aux infirmières.
En d'autres termes, le problème de la disponibilité à
différents degrés du médecin serait traité de la
même façon.
M. Lapierre: Si je peux ajouter, M. le ministre, en introduisant
le mot "collaboration" plutôt que le mot "surveillance", ceci
évite de retrouver dans le règlement une quatrième notion
de surveillance, c'est-à-dire que, dans le règlement, il y a un
article 1.01 qui définit "surveillance immédiate", "surveillance
à distance", "surveillance sur place". En introduisant le mot
"surveillance" sans autre qualificatif, le règlement pourrait laisser
croire que c'est une quatrième notion de surveillance que nous
introduisons, alors que ce n'est pas cela que nous voulons.
M. Morin (Sauvé): Oui, je sens là la main des
conseillers juridiques. Puis-je vous demander si, dans le cas où
l'annexe ne spécifie pas le type de surveillance requis, je dois en
conclure que, dans ces cas, aucune surveillance n'est requise? C'est bien cela
la portée de ce que vous nous avez dit plus tôt?
M. Payette: II faudrait, à ce moment, que ce soit par voie
de contribution avec un médecin ou une infirmière.
M. Morin (Sauvé): Oui, plutôt...
M. Payette: Que l'infirmière auxiliaire travaille en
coopération ou en collaboration avec...
M. Morin (Sauvé): Vous avez utilisé le mot
"collaboration".
M. Payette: Oui.
M. Morin (Sauvé): En collaboration avec le médecin
ou une infirmière dans la version de 5.02 que vous nous proposez, si
j'ai bien compris. Cette collaboration pourrait donc signifier qu'il n'y ait,
pour certains actes, aucune surveillance.
M. Payette: D'un médecin?
M. Morin (Sauvé): D'un médecin ou d'une
infirmière.
M. Payette: Non, c'est... Collaboration avec un médecin ou
une infirmière suppose qu'une infirmière ou un médecin
intervient à un degré quelconque ou à un niveau
quelconque.
M. Morin (Sauvé): Oui, mais...
M. Payette: On se réfère plus à la notion de
surveillance telle qu'elle est définie à l'article 1,
disponibilité sur place ou immédiate ou à distance.
M. Morin (Sauvé): Est-ce que vous n'estimez pas, cependant
je m'adresse peut-être aux médecins dont
l'expérience peut être pertinente pour ce genre de débat
qu'il doit y avoir au moins surveillance à distance pour tout
acte? Est-ce que, dans votre esprit, "en collaboration avec" signifie
invariablement ce minimum de surveillance? Autrement dit, je cherche à
comprendre ce que signifie votre expression "en collaboration avec".
Le Président (M. Dussault): S'il vous plaît!
M. Roy (Augustin): M. le ministre, on dit très bien qu'une
personne, avant de poser un acte, doit s'assurer qu'elle a les connaissances et
la préparation suffisantes pour le poser. Surveillance, en ce qui nous
concerne, ne veut pas dire que le médecin ou l'infirmière doit
avoir la tête sur l'épaule de l'auxiliaire ou du médecin
pour voir s'il fait bien son intramusculaire. Nous présumons, par
exemple, dans le cas d'une intramusculaire ou dans le cas d'un autre acte, que
ces actes ont été montrés de façon à
être exécutés d'une façon parfaite dans les cours de
programmes de formation et que les établissements qui engagent des
infirmières ou des infirmières auxiliaires s'assurent justement
de la compétence de leur personnel. Donc, je ne pense pas qu'il faille
que chaque acte soit surveillé dans le sens d'avoir les yeux sur la
personne, mais chaque personne doit rendre compte de ses gestes à ses
supérieurs. Il s'agit évidemment d'une administration dans un
hôpital qui doit être efficace et qu'il y ait une espèce de
délégation de pouvoirs, selon la formation de chacun. Il ne nous
apparaît pas nécessaire que les médecins surveillent les
gestes de chaque infirmière. Elles sont présumées
être compétentes pour faire un grand nombre de gestes. D'ailleurs,
vous regardez dans notre annexe A et il y a très peu d'endroits
où nous exigeons une surveillance. Les seuls endroits où nous
l'exigeons, c'est parce que cela présente des dangers importants pour le
patient, comme, par exemple, l'injection de substances iodées de
contraste. (11 h 15)
Par ailleurs, nous notons, d'un autre côté, que dans le
règlement des infirmières aux infirmières auxiliaires, il
y a de la surveillance partout, y compris lorsqu'on fait un
prélèvement d'urine ou de selles, lorsqu'on fait certains actes
qui, à notre avis, sont de la compétence très facilement
recon-naissable d'une infirmière auxiliaire qui ne devrait pas avoir
quelqu'un pour la surveiller.
M. Morin (Sauvé): Oui, mais...
M. Roy (Augustin): Donc, quand on dit...
M. Morin (Sauvé): Je m'excuse, mais il s'agit de
surveillance à distance dans quatorze des actes
énumérés dans cette liste, on se comprend bien.
M. Roy (Augustin): Oui.
M. Morin (Sauvé): Bon! Quand on parle de surveillance, il
faut être spécifique.
M. Roy (Augustin): Mais, M. le ministre, dans le contexte de
contribuer, participer à un acte, ça veut dire que vous devez
contribuer avec quelqu'un. Vous ne pouvez pas poser un acte...
M. Morin (Sauvé): Oui.
M. Roy (Augustin): ... parce qu'ils n'ont pas le droit de le
faire, et contribuer à poser l'acte si la personne n'est pas dans les
environs. Comment voulez-vous contribuer contribuer, qui veut dire aider
quelqu'un si cette personne-là n'est pas là? Donc, la
surveillance est implicite.
Si vous contribuez à aider quelqu'un, il faut que cette personne
soit là et ça devient redondant d'ajouter les deux
dernières lignes qui étaient dans le projet de règlement
comme nous l'avait fait faire l'office en 1975.
M. Morin (Sauvé): Enfin, M. le Président, je ne
veux pas indûment prendre le temps de la commission. Mais, vous savez, il
y a des choses qu'il vaut mieux dire de façon précise
plutôt que de les laisser implicitement dans un texte, surtout lorsqu'il
s'agit de questions aussi délicates que celles dont nous traitons. C'est
de la porcelaine, tout ça, et nous sommes tous là à
marcher, si possible, à côté des assiettes et des tasses,
et nous cherchons un équilibre qui assure la sécurité du
public d'une part, et qui assure aussi, chacun des trois ordres, des trois
professions, qui sont devant nous ce matin, la protection de leur
intégrité professionnelle. C'est ce qu'on cherche. Il y a un
équilibre à trouver entre les trois, en quelque sorte, plus, bien
sûr, les autres intervenants.
Je me permets de vous demander, docteur, s'il ne vaut pas mieux
être spécifique. Vous nous dites: La collaboration, la
coopération, ça suppose nécessairement qu'il y ait une
surveillance. Je le veux bien. Vous nous dites: Aux environs. Mais je suis
obligé de vous faire observer que vous êtes encore plus vague que
le règlement que nous avons tenté de mettre au point et que, "les
environs", ça devient difficile à définir, à moins
qu'on essaie de le faire dans le règlement, mais je pense que ce serait
un exercice périlleux. Je me demande s'il ne vaut pas mieux, à ce
moment-là, tout de même spécifier le minimum de
surveillance qui doit entourer un acte délégué, qu'il y
ait un minimum et que tout le monde le comprenne bien clairement. Est-ce que ce
n'est pas, législativement parlant ou, j'allais presque dire, moralement
parlant, puisqu'il y a un aspect de philosophie sociale et de morale dans tout
ça est-ce que ce ne serait pas mieux d'être spécifique
plutôt que de rester dans un vague qui, peut-être, nous
amènera des conflits interminables par la suite?
M. Lapierre: M. le ministre, si nous avons utilisé le mot
"collaboration", c'est que nous avions utilisé d'autres expressions
auparavant qui
n'apparaissaient pas plus claires et qui étaient clairement
définies dans les dictionnaires.
Pour répondre à votre question peut-être de
façon plus précise, si nous prenions l'exemple d'un acte en
particulier, l'acte A-1.01 qui se décrit comme suit: Changer le tube de
gastrostomie. Il est bien certain... A l'annexe F dans le règlement,
à la liste des actes, l'acte A-1.01.
Il est bien certain qu'une infirmière auxiliaire ne peut pas
poser l'acte, ne peut pas changer le tube de gastrostomie si elle ne peut
participer et contribuer à cet acte avec une infirmière ou avec
un médecin. Si le médecin n'est pas là ou si
l'infirmière n'est pas là, il est évident que l'auxiliaire
ne peut contribuer ni y participer. Elle doit alors se retirer et ça ne
veut pas dire que parce que le médecin n'est pas là et que
T'infirmière n'est pas là, qu'elle peut le poser. Il me semble
évident... Je peux en prendre un autre. Je peux prendre 1.02, enlever
les tubes de cystostomie, c'est la même chose. L'infirmière
auxiliaire peut participer et contribuer à cet acte, mais si
l'infirmière n'est pas là ou si le médecin n'est pas
là, comment voulez-vous que l'infirmière auxiliaire contribue et
y participe?
M. Morin (Sauvé): Pourtant, docteur, si je regarde la
liste et le type de surveillance exigée, aucune surveillance n'est
spécifiée quant à ces deux actes, sauf, bien sûr,
l'ordonnance médicale et le protocole.
M. Lapierre: C'est parce qu'il est dit dans le règlement
que ce sont les infirmières qui sont autorisées à poser
ces actes et non l'auxiliaire. Nous considérons que changer le tube de
gastrostomie et enlever le tube de cystostomie... Quand je dis que nous
considérons, c'est que les infirmières, avec les médecins,
au sein de comités ou de sous-comités de travail, médecins
et infirmières en nombre égal, ont établi que la seule
condition requise pour poser cet acte était l'exigence d'un protocole.
Ces conditions ont été acceptées tant par les
infirmières que par les médecins, non seulement par les experts,
mais aussi par l'Ordre des infirmières et aussi par la Corporation des
médecins en présence de l'Office des professions.
Chacune des conditions inscrites sur ces actes a été
acceptée de part et d'autre. Si nous disons que c'est une
infirmière qui est autorisée à poser ces actes et que
l'auxiliaire n'est autorisée qu'à y contribuer et à y
participer, nous ne comprenons pas comment elle pourrait y contribuer et y
participer si l'infirmière ou le médecin n'est pas là.
Le Président (M. Dussault): Merci, M. le ministre.
Mme le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Je voudrais
peut-être situer le rôle de l'Opposition officielle dans ce dossier
très complexe, très technique et où il faut presque la
sagesse de Salomon et probablement une expérience vécue dans un
établissement de santé d'une façon intensive pour vraiment
essayer de faire cette division des tâches ou décider de cette
délégation d'actes.
Le rôle de l'Opposition officielle a pour unique souci, à
ce moment-ci, de vraiment tenir compte de l'intérêt public. Je
pense qu'on l'a beaucoup évoqué dans les débats publics
qui ont eu lieu autour de cette question. C'est la seule chose qui doit
être ici notre souci, essayer de voir plus clair. Est-ce que cela pourra
aider? Nous le souhaitons et c'est dans cet esprit que nous sommes ici. Il
s'agit vraiment de la protection du public. Je voudrais aussi rappeler que
présentement, dans les centres hospitaliers et depuis déjà
X années, tant les médecins que les infirmiers,
infirmières et les auxiliaires infirmières travaillent en
collaboration. C'est quand même regrettable que ce genre de
règlement qui arrive remette en question les conditions d'une bonne
collaboration dans les centres hospitaliers. J'ose souhaiter...
M. Morin (Sauvé): II n'arrive pas, il est là depuis
quatre ans.
Mme Lavoie-Roux: Je ne le disais pas pour blâmer qui que ce
soit, je pense que c'est une constatation de fait, la chose est là. Il
reste que ces gens travaillent ensemble, ils devront continuer à
travailler ensemble et j'ose espérer c'était ce que je
voulais dire, M. le ministre qu'à la fin de ces débats et
lorsque le règlement sera adopté, il n'y aura pas trop de
séquelles. Si on pense toujours à l'intérêt public,
c'est vraiment l'esprit qui règne à l'intérieur des
centres hospitaliers et des établissements de santé qui fait que,
finalement, le public est le mieux servi. C'est sur ce point que je voulais
insister.
Je ne vous en fais pas un reproche, je sais que vous avez eu peu de
temps pour préparer vos mémoires. J'ai lu avec
intérêt et beaucoup d'attention celui que vous nous avez remis,
mais comme il fait référence à nombre de pages d'un
document que j'ai eu en même temps que vous avez lu l'autre,
évidemment, il y a des dimensions qui nous échappent. J'ajoute
qu'on ne veut pas ici travailler dans un sens de partisanerie, mais vraiment
dans un sens de collaboration avec le gouvernement pour tenter de trouver les
meilleures solutions possible.
M. Roy me permettra quand même une taquinerie au départ. Ce
n'est pas souvent que je fais des compliments au gouvernement et je ne voudrais
pas qu'il le prenne comme un compliment d'ailleurs, mais après vous
avoir entendu dans votre remarque du début, je suis presque aussi
heureuse que ce soit le gouvernement qui ait la responsabilité de la
condition féminine. Mais ceci dit... Je ne veux pas
d'applaudissements.
Le Président (M. Dussault): S'il vous plaît!
Mme Lavoie-Roux: Je vous le dirai en temps et lieu, ce que vous
ne faites pas...
M. Morin (Sauvé): Cela fait plaisir quand même.
Mme Lavoie-Roux: A 502, le problème que le ministre a
soulevé, et je partage aussi un peu son inquiétude, est-ce que le
terme "collaboration" n'est pas un terme plus vague finalement que la question
de surveillance ou différentes formes de surveillance? Je pense que vous
avez fait cet effort pour tenter de répondre quand même aux
demandes des infirmières qui, elles, se posaient des questions. Nous
dirons après si elles sont plus satisfaites de cette nouvelle
formulation possible que de celle qui existait déjà dans le
règlement. Je ne reviendrai donc pas sur le sujet. Il y avait quand
même une inquiétude qui a été maintes fois
mentionnée par l'Ordre des infirmiers et infirmières à
savoir que certains actes de nursing leur appartenaient en propre, leur
étaient reconnus comme le propre de leur profession et que, par le
truchement de cette délégation de pouvoirs, d'une certaine
façon, vous pouviez vous octroyer la possibilité de passer
pardessus l'Ordre des infirmières et déléguer aux
auxiliaires infirmières des actes que la loi leur accorde comme
étant le propre de leur profession. Je voudrais comprendre d'abord si
l'objection est fondée, mais je me demande si elle n'est pas
fondée, quand on lit, à la page 7 du document que vous nous avez
lu: "D'une part, les médecins de par la définition tant
antérieure qu'actuelle de l'exercice de la médecine, ont toujours
été autorisés à poser les gestes que les
infirmières posent." Ma question plus précise est: Est-ce que la
profession de nursing et d'ailleurs révolution de toute la
médecine et des soins médicaux, l'approche interdisciplinaire,
etc., est-ce que ceci n'a pas fait que la profession de nursing a
développé quand même des techniques qui lui sont propres et
qui lui sont particulières et que, par exemple, les médecins n'en
auraient pas nécessairement la maîtrise, même en faisant un
cours de médecine ou en faisant de l'internat dans les hôpitaux?
Est-ce que vous pourriez répondre à cette question, parce que je
pense que cela rejoint leurs préoccupations?
M. Roy (Augustin): Merci, Mme le député de
L'Acadie. Je voudrais vous dire que, dans notre projet de règlement,
nous avons tenté autant que possible de ne pas bouleverser ce qui se
passe actuellement dans nos établissements hospitaliers, de faire en
sorte, par exemple, qu'on continue à progresser, à respecter
l'autonomie de chacun. Juste un petit mot en ce qui concerne le 5.02, pour
donner l'esprit, et vous chercherez le libellé qui convient le mieux
pour rendre cet esprit, tout ce que nous voulons, je pense que nous avons
pourtant été assez clairs, c'est que l'infirmière
auxiliaire puisse, selon sa formation, sa préparation, les conditions de
l'établissement, sa compétence, être capable de contribuer,
d'aider, de participer à des actes avec un médecin, c'est aussi
simple que cela, ou une infirmière. Il me semble que cela nous
apparaît très clair. On ne veut pas qu'un médecin ne puisse
pas être capable de travailler avec une infirmière auxiliaire sans
qu'il y ait, comme intermédiaire, une infirmière. Nous croyons
qu'il y a beaucoup d'occasions dans nos milieux, dans les cabinets
privés de médecins, où le travail peut être
très bien fait, en collaboration, entre un médecin et une
infirmière auxiliaire.
Mme Lavoie-Roux: D'accord là-dessus.
M. Roy (Augustin): Pour ce qui concerne la pratique, l'exercice
de la médecine et l'exercice du nursing, nous ne voulons pas faire du
nursing, il y a eu une évolution dans le domaine des professions. Il
n'en demeure pas moins qu'il y a un très grand nombre
d'actes-frontières, des zones grises qui ne sont pas nommés ici.
(11 h 30)
Je vais en prendre seulement deux qui me passent par la tête. Le
fait d'enlever des points de suture à un patient, ce n'est pas un acte
que nous autorisons aux infirmières, mais c'est quand même un acte
que les infirmières peuvent poser sur ordonnance médicale dans un
hôpital ou un cabinet privé. Mais ça ne veut pas dire,
parce que c'est un acte que les infirmières peuvent poser, donc un acte
de nursing, que ça empêche les médecins de le faire. Cela
ne veut pas dire, parce que les infirmières sont autorisées
à donner des transfusions, un deuxième acte qui me passe par la
tête, que les médecins ne peuvent plus donner de transfusions.
Cela ne veut pas dire, parce que les infirmières sont autorisées
à donner des intraveineuses, que les médecins ne peuvent pas
également en donner.
Il y a une évolution. Dans le temps où j'ai fait mon
internat, on se battait pour donner des intraveineuses dans les hôpitaux.
Maintenant, les traditions ont changé. De toute façon, nous
disons qu'il y a beaucoup d'actes que les infirmières posent, mais
ça ne veut pas dire que les médecins ne peuvent pas
également les poser. Nous allons évidemment vous donner plus de
précisions en ce qui concerne les fameuses techniques de soins.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, ma question
précise, je comprends que j'ai fait un long détour pour vous la
poser, peut-être qu'elle n'était pas claire, mais je vous
réfère au bas de la page 7 de votre mémoire: "Les
médecins, de par la définition tant antérieure qu'actuelle
de l'exercice de la médecine, ont toujours été
autorisés à poser des gestes que les infirmières posent."
Est-ce qu'il y a des actes de nursing qui sont vraiment le propre de la
profession de nursing... Vous pouvez peut-être être
autorisés à les poser. Cela se peut que les règlements
vous le permettent, que la loi vous le permette. Mais est-ce que, dans la
pratique, vous êtes compétents pour le faire?
C'est parce que là, vous avez l'air de dire: Tout ce que les
infirmières peuvent faire, on peut le faire.
Je regrette, je ne voudrais pas prendre votre rôle, M. le
Président. Si je pose ces questions,
c'est vraiment pour essayer de comprendre le fond du problème,
mais ce n'est pas pour dire, pour donner raison à l'un ou à
l'autre. J'aimerais que ce soit vu comme ceci. Est-ce que vous comprenez?
M. Roy (Augustin): Je vais vous donner un exemple, un acte de
nursing que personne ne conteste, faire un pansement. Il y a plusieurs
chirurgiens qui aiment faire leurs pansements et qui sont capables de faire de
très bons pansements, qui ont des techniques particulières pour
faire le pansement; même si c'est un acte de nursing, rien
n'empêche un médecin de faire ses pansements. Je pense que c'est
un exemple d'un acte de nursing qui est également de la pratique de la
médecine. Si vous regardez la définition de la pratique de la
médecine, ça couvre tout le champ, c'est tout acte qui a pour
objet de diagnostiquer ou de traiter toute déficience de la santé
d'un être humain, c'est un champ extrêmement vaste. Le pansement
est sûrement un acte de nursing qui n'empêche pas le
médecin, d'après les circonstances, d'après sa
volonté, ses désirs, son patient, de pouvoir le faire
lui-même.
M. Lapierre: Dans la désignation des actes, ce que nous
avons considéré, ce sont différents facteurs reliés
à la personne autorisée à poser l'acte, comme la
formation, la qualification, sa compétence, etc. Il y a des facteurs
reliés au milieu où les actes sont posés, compte tenu des
ressources humaines, des ressources matérielles, du système de
garde dans le centre, de la présence ou non d'une unité de soins
intensifs, d'une unité d'hémodialyse. Il y a des facteurs
reliés au malade qui subira les actes posés, il y a des facteurs
reliés aussi à l'opportunité de poser l'acte en vue
d'améliorer une disponibilité ou une efficacité ou en vue
d'améliorer la qualité de l'acte.
Il y a certains actes qui sont posés de façon plus
sûre par une personne qui a une formation ad hoc pour poser cet acte que
par une personne qui peut avoir une formation plus générale et
qui ne pose que rarement cet acte. Il n'y a pas d'erreur que, dans toutes les
professions, certaines personnes sont plus habilitées ou sont meilleures
pour poser certains actes que d'autres qui peuvent avoir une compétence
ou une formation plus générale, je dirais.
Il y a des facteurs reliés aux us et coutumes qu'il faut aussi
considérer, il y a des facteurs reliés au gros bon sens et il y a
aussi des facteurs reliés à l'essence même de la
médecine. Si je peux prendre une citation de Létourneau: "II y a
quatre éléments dans l'exercice de la médecine: l'examen
du malade, le diagnostic, la prescription et l'application de la prescription."
Il se référait à un acte professionnel comme les
infirmières s'y réfèrent aussi dans les documents que j'ai
pu lire; un acte professionnel implique un jugement personnel basé sur
des connaissances acquises dans une science déterminée.
Si j'en reviens aux quatre éléments, le diagnostic et la
prescription, ce sont deux éléments de la médecine qui
exigent un jugement médical et qui ne se délèguent pas. Le
premier et le quatrième éléments qui sont l'examen du
malade et l'application de la prescription, sont des éléments qui
comportent une série d'actes ou de techniques qui peuvent être
délégués, selon la nature de l'acte et selon chacun des
critères que je viens d'énumérer.
Les infirmières, dans les documents dont j'ai pu prendre
connaissance au cours des discussions dans l'élaboration du
règlement, se réfèrent à des techniques de soins.
Elles affirment que toute technique de soin qui n'implique pas un jugement
médical, mais des connaissances scientifiques et techniques qui font
partie de leur cadre de formation, sont exclusives au nursing.
Nous, nous acceptons que ces techniques, qui n'exigent pas un jugement
médical et que les infirmières peuvent être
autorisées à poser en vertu de leur définition, nous
n'avons pas à leur déléguer, la loi leur permettant.
Les infirmières disent que l'enseignement de ces techniques est
la seule responsabilité des infirmières. Cet avancé, nous
pouvons le mettre en doute parce que, en fait, la médecine, cela ne
s'enseigne pas uniquement par des médecins. Il y a des biochimistes qui
enseignent en médecine, il y a des physiologistes, il y a toute une
gamme de professionnels qui enseignent et je ne pense pas que les soins
infirmiers doivent être enseignés uniquement par des
infirmières.
La planification et le contrôle de l'exécution d'une
technique de soins relèvent de la compétence du nursing, toujours
selon l'Ordre des infirmières, les techniques de soins qui sont
donnés selon une ordonnance médicale, pour elles, ne sont pas des
actes médicaux. Et c'est bien dit dans les textes. Et pour nous, les
techniques de soins appliqués selon une ordonnance médicale
continuent d'être des actes médicaux, même s'ils peuvent
devenir des soins infirmiers prévus dans la définition des soins
infirmiers.
L'Ordre des infirmières ajoute que les conditions à
être respectées dans l'application d'une technique de soins
relèvent de la compétence exclusive de l'Ordre des
infirmières. Et là, nous ne sommes pas d'accord, parce que, un
chirurgien ou un médecin peut prescrire un acte ou un traitement, que
l'infirmière peut être autorisée, de par sa
définition de l'exercice des soins infirmiers, à poser, mais le
chirurgien ou le médecin peuvent y ajouter des conditions. C'est
d'ailleurs pourquoi, dans les treize actes que les infirmières
soulèvent dans leur journal... J'y reviendrai, sur ces treize actes. Je
ne veux pas perdre mon fil.
Pour nous, une technique de soins peut aussi bien entrer dans le champ
d'exercice de plusieurs professions, comme elle peut être aussi exclusive
à un champ d'exercice, selon l'importance de la technique et des dangers
que représente cette technique, de l'état du malade et de la
compétence de celui ou de celle qui pose l'acte.
Une technique de soins que l'Ordre des infirmières
considère exclusive aux infirmières peut être
défendue aux auxiliaires, mais peut aussi être
permise aux médecins. Et à notre avis, il n'existe pas de
technique de soins exclusive aux infirmières, qui n'entre pas dans le
champ d'exercice de la médecine.
L'Ordre des infirmières soutient le contraire, que certaines
techniques leur sont exclusives et ici, je le mets entre guillements parce que
cela n'a jamais été écrit, mais a été dit
"même à l'égard des médecins."
Plus une technique de soins est complexe et susceptible de demander aux
professionnels de porter un jugement médical, moins la technique doit
être déléguée, ou, si elle est
déléguée, elle doit comporter un certain nombre de
conditions. Plus une méthode de diagnostic ou up traitement prescrit
oblige l'infirmière à poser des jugements subséquents dans
l'application de sa technique, des jugements subséquents d'ordre
médical, plus l'infirmière, même si c'est permis par sa
définition, doit être prudente dans l'application de cette
prescription, et parfois même refuser de la poser et aviser le
médecin, si elle juge qu'elle a la compétence pour le faire.
Il y a un jugement personnel à poser chaque fois qu'un acte est
posé. Le Dr Roy a donné des exemples tout à l'heure. Je
prends son exemple d'une injection. Une injection est un acte qui est permis
aux auxiliaires, suivant la nature du médicament. Si le
médicament est un vaccin, cela n'est plus permis aux auxiliaires, mais
c'est permis aux infirmières. Si c'est une substance
anticancérigène, c'est une injection qui est permise au
médecin. Vous avez en fait le même acte, la même technique
qui est permise aux auxiliaires, aux infirmières ou aux médecins,
selon la nature du médicament.
Il ne s'agit pas uniquement de prendre, d'avoir en vue la technique,
mais bien tous les dangers et l'importance de cette technique.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'aurais d'autres
questions, mais j'ai l'impression que je vais enlever la parole à mes
collègues. S'il y a du temps, je reviendrai. Merci.
Le Président (M. Dussault): Merci. M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le Président, la présence de tant de
gens aujourd'hui intéressés du milieu témoigne, je pense,
de l'impact qu'a cette commission parlementaire. On sait qu'elle ne se limitera
pas, je pense bien, à régler des problèmes
interprofessionnels mais qu'elle aura aussi un effet direct dans, les
négociations du secteur syndical à venir.
Je voudrais, bien sûr, remercier le groupe de médecins qui
sont ici aujourd'hui. Ce n'est pas la première fois qu'on a l'occasion
de recevoir le Dr Roy en commission parlementaire, il a l'habitude de venir
nous donner sa façon de voir ce problème. Je pense
qu'après tant d'années d'un dossier sur les tablettes, il
était temps qu'on crève l'abcès et qu'on décide de
procéder en recevant ici les groupes intéressés, les
groupes du milieu que nous avons devant nous.
On a vu évoluer les écoles. Pour ma part, dans ma
région de Lac-Mégantic, j'ai vu évoluer une école
d'infirmiers et d'infirmières auxiliaires qui a fait un bon bout de
chemin et qui a mis sur le marché du travail des personnes avec assez de
compétence, je pense, qui collaborent depuis plusieurs années,
dans nos centres hospitaliers et dans d'autres milieux, avec les infirmiers et
infirmières autorisés en place, avec passablement
d'homogénéité et de compréhension et qui font un
bon boulot.
Il est bien sûr que des discussions de ce genre sont de nature
il ne faudrait pas jeter de gazoli-ne sur le feu à
alimenter les discussions et à amener certains frottements dans ces
milieux et ce ne sera pas pour le mieux-être des patients, je ne le pense
pas.
Ce que j'aimerais connaître... Le gouvernement est ici
représenté par trois ministres, ce matin, dont deux qui sont
directement concernés par cette loi, soit le ministre de l'Ordre des
professions qui est également ministre de l'Education et le ministre des
Affaires sociales, M. Lazure, que, bien sûr, les invités ont
reconnu. Ces ministres ont, comme responsables du gouvernement, deux grandes
responsabilités: de donner des services judicieux, des services
appropriés et de le faire économiquement. Quand on sait qu'on
doit le faire économiquement et qu'on sait que le ministère des
Affaires sociales est un des ministères... Avec ces deux ministres que
nous avons devant nous aujourd'hui, je devrais dire ces trois, mais les deux
qui sont principalement concernés, celui de l'Education et celui des
Affaires sociales... On sait qu'il y a là près des deux tiers de
notre budget provincial...
M. Morin (Sauvé): Plus.
M. Grenier: ... un peu plus même. A partir de là,
inutile de vous dire que l'ensemble du cabinet et l'ensemble du gouvernement
ont les yeux tournés sur ces deux ministres. Il leur aura
peut-être donné un message aussi, une mission d'économie.
Avec cette mission d'économie, pour ma part, je ne voudrais pas que le
patient, le Québécois patient dans nos centres hospitaliers, ou
dans nos centres d'accueil, ou dans nos CLSC, ou dans d'autres services souffre
de soins qui lui soient prodigués. Je ne voudrais pas que le
gouvernement nous dise j'aimerais qu'on nous le dise et tout à
l'heure ce sera ma première question par exemple: A cause de ce
problème qui est ici devant nous... J'aimerais qu'on connaisse
immédiatement, en moyenne, le salaire qui est payé à un
infirmier, une infirmière autorisée et à une
infirmière auxiliaire. Dans les deux secteurs, j'aimerais que le
ministre nous informe sur cette moyenne de salaires payés à ces
deux groupes.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Mégantic-Compton, je voudrais vous faire remarquer que nos
invités sont ici pour répondre à nos questions.
M. Grenier: Oui.
Le Président (M. Dussault): II ne faudrait pas multiplier
les questions au ministre, mais plutôt à nos invités. (11 h
45)
M. Grenier: Oui. Je pourrais bien poser la question aux gens qui
sont ici devant nous mais je pense que cela servira à éclairer
chacun des participants qui viendra devant nous, principalement les trois
premiers groupes qui sont ici aujourd'hui, soit l'ordre des médecins,
les infirmiers et infirmières autorisés, et les infirmiers
auxiliaires. Quand on saura ce point, cela pourra peut-être jeter un peu
de lumière sur les autres rapports que nous avons devant nous
aujourd'hui. Je pense que c'est une question qui peut nous être
donnée.
Le Président (M. Dussault): De toute façon, le
ministre est disposé à répondre à la question. M.
le ministre des Affaires sociales.
M. Lazure: M. le Président, avant de répondre
à la question du député de Mégantic-Compton, je
veux donner l'assurance très solennelle que ni le ministère des
Affaires sociales, ni le gouvernement n'abordent cette étude des
règlements et n'abordent cette démarche qui va nous conduire
probablement à l'adoption de règlements avec en tête un
désir d'économiser des sous. Je veux que ce soit bien clair,
parce qu'il y a eu, dans une certaine publicité, confusion dans ces deux
démarches. La démarche qui est commencée depuis 1973/74,
qui vise à l'adoption de ces règlements pour se conformer aux
lois existantes, qui font obligation aux corporations de déléguer
ces actes, je pense qu'il faut s'en souvenir. Ce n'est pas un caprice de notre
gouvernement. Ce n'est pas un caprice économique du ministre des
Affaires sociales. C'est une obligation de nos lois actuelles. Les deux
corporations principales sont convenues depuis longtemps qu'il faut
procéder à remplir cette obligation. Je pense qu'autant une
certaine publicité qu'une mauvaise compréhension des questions
soulevées ont fait que, dans certains milieux, on en est venu à
croire qu'un des buts premiers de cet exercice est d'épargner de
l'argent dans les hôpitaux. Je dénonce vigoureusement une telle
interprétation, parce qu'elle est loin de la réalité,
complètement étrangère, si vous voulez, à notre
démarche.
En ce qui concerne la question précise du député de
Mégantic-Compton, je vais, dans quelques minutes, avant l'ajournement de
ce midi, vous donner les deux chiffres exacts du salaire moyen de l'auxiliaire
et du salaire moyen de l'infirmière autorisée, grosso modo, une
différence d'environ 20%. Encore une fois, ce genre de questions
démontre bien que la publicité en question a réussi
à semer un doute dans l'esprit d'au moins un député de
cette commission, à savoir...
Mme Lavoie-Roux: Peut-être de plusieurs, M. le
ministre.
M. Lazure: ... peut-être de plus d'un. Raison de plus pour
faire cette mise au point. Merci.
M. Grenier: Merci, M. le Président. J'ai partiellement une
réponse à ma question. Mon salaire est connu de tous.
M. Lazure: Vous êtes en train de gagner partiellement votre
salaire.
M. Grenier: On débat publiquement notre salaire
annuellement. J'aimerais connaître si le Or Roy pourrait me dire à
ce moment la situation dans les hôpitaux par rapport à la
surveillance des actes à distance immédiate, quelle est la
situation actuellement?
M. Roy (Augustin): En fait, comme je vous l'ai dit, ce que nous
avons dans ce règlement tente de refléter la situation actuelle
qui existe dans les hôpitaux, situation, par ailleurs, qui varie d'un
hôpital à un autre et d'une région à une autre. Nous
allons demander à quelqu'un qui est dans le milieu hospitalier de
refléter l'opinion de son milieu, parce qu'il n'y a pas deux milieux qui
soient semblables. C'est pour cela que le règlement est complexe. Il y a
des milieux où il y a beaucoup d'infirmières auxiliaires,
d'autres où il y en a peu, des milieux qui sont
ultra-spécialisés, d'autres où on donne des soins
généraux, il y a des centres d'accueil. Il nous faut un seul
règlement, qui soit assez général, qui puisse s'appliquer
à tous les milieux, compte tenu de tout le personnel qui y exerce. Avant
d'expliquer cette situation, je voudrais quand même dire que ce n'est pas
mon rôle de défendre le gouvernement, mais lorsque le gouvernement
est dans l'erreur ou que je crois qu'il est dans l'erreur, je ne me gêne
pas pour le dire, quelle que soit sa couleur politique. Je dois dire, en toute
honnêteté, en toute objectivité, que si ce règlement
est en train d'être discuté aujourd'hui en 1979, ce n'est que par
pure coïncidence. Ce sont tout simplement des délais
administratifs. Ces projets ont été publiés dans la
Gazette officielle. Vous voyez les problèmes que cela suppose, que cela
amène, les discussions élaborées qui ont eu lieu, les
nombreuses rencontres avec les gens du gouvernement, de l'office, des
professionnels en cause.
Ce n'est que pure coïncidence si ce projet de règlement
arrive malheureusement à une époque où des
négociations collectives vont avoir lieu, et je me dois de dire qu'il
n'y a aucune intention machiavélique de la part du gouvernement. J'ai
même l'impression que le gouvernement n'avait jamais pensé qu'il
pouvait peut-être épargner des sous avec une meilleure
administration des hôpitaux. Peut-être que le président de
l'AHPQ va y penser par ailleurs.
Le Président (M. Dussault): Auparavant, je voudrais
rappeler à tous les intervenants que nous avons passé
jusqu'à maintenant une heure et quart sur la question. Je vous
demanderais, s'il
vous plaît, de vous en tenir le plus possible à la
question, en plus d'être brefs.
M. Lapierre: M. le Président, on posait la question,
à savoir quelle était la situation actuelle dans les
hôpitaux. Je vais répondre un peu dans un autre sens en disant
que, lorsque nous avons élaboré le règlement... En fait,
quand je dis: "Nous avons élaboré le règlement", le
règlement a toujours été élaboré par des
médecins et des infirmières en nombre égal à chacun
des comités de travail comme au comité coordonnateur.
Les experts qui ont été choisis pour siéger
à ces comités ont été nommés respectivement
par leur ordre professionnel. Les experts ont été choisis dans
divers milieux hospitaliers de la province, généraux ou
spécialisés, selon la nature des actes à
étudier.
Nous avons pris comme document de base pour dresser une première
liste d'actes la liste des actes qui avait été établie
dans un petit fascicule en 1967, encore là, par un ensemble
d'organismes: Ordre des infirmières, auxiliaires, médecins,
ministère des Affaires sociales, AHPQ, l'association des hôpitaux,
à partir de cette brocure qui avait été faite le Dr
Goldbloom était à ce comité, je pense, à ce
moment-là en 1967. Nous avons utilisé, dans
différents hôpitaux de la province, la liste des actes que les
infirmières étaient autorisées à poser dans chacun
de ces établissements. Nous avons aussi utilisé une étude
faite par l'Ordre des infirmières qui, par la voie d'un questionnaire
distribué à un certain nombre d'infirmières à
travers la province, a rassemblé des données sur les actes que
celles-ci posaient de façon quotidienne dans les hôpitaux de la
province. C'est à partir de ces documents que nous avons
rédigé la liste des actes posés.
En fait, ça me surprendrait que la liste des actes ne corresponde
pas à la réalité lorsqu'on est parti de ce qui se faisait
dans les hôpitaux pour la dresser.
M. Grenier: D'accord! Je voudrais laisser le temps à
d'autres, M. le Président, étant donné qu'on a
dépassé les minutes requises.
Le Président (M. Dussault): D'accord! Merci, M. le
député de Mégantic-Compton. M. le député de
Pointe-Claire.
M. Shaw: Pour commencer, on a besoin de parler de la situation
actuelle, parce que, il y a 25 ans, il n'y avait pas d'infirmières
auxiliaires. C'est le résultat du fait qu'avec l'épanouissement
de la profession de nursing, vous avez de plus en plus de demandes pour remplir
l'espace qui a été affecté par l'épanouissement de
la profession de nursing. Nous sommes rendus maintenant dans une situation
où la formation des auxiliaires d'aujourd'hui est presque la même
que celle des infirmières dans les années cinquante. Maintenant,
avec le rapport entre les médecins et les actes
délégués parce que c'étaient toujours des
actes délégués nous sommes dans une situa- tion
où les infirmières sont des "paramédicaux" qui font les
premiers actes pour les patients. Mais est-ce que c'est le point de vue de
votre corporation de garder l'ancien système de délégation
pour des personnes qui ont une formation, une préparation
adéquate et pour lesquelles vous avez encore le contrôle des actes
qui sont posés soit par une infirmière ou une infirmière
auxiliaire? Est-ce encore le rôle du médecin de contrôler
tous les actes et de dire, à un moment donné, qui est
responsable?
M. Roy (Augustin): Le rôle du médecin,
évidemment, c'est principalement de diagnostiquer et d'ordonner un
traitement et ensuite de voir à ce que tous les membres de
l'équipe de la santé, qui sont tous indispensables, parce que
l'équipe de la santé, ça comprend un très grand
nombre de personnes qui ne sont pas toutes nécessairement des
professionnels reconnus dans le Code des professions, mais qui doivent toutes
travailler ensemble dans un seul but, l'intérêt du malade... C'est
pour ça qu'il doit y avoir harmonie à l'intérieur des
hôpitaux.
Cette harmonie existe en général. Il y a des endroits
où elle est moins bonne que d'autres. Elle existait autrefois partout.
Evidemment, il y a certains tiraillements, à un moment donné,
pour des raisons, disons, d'autonomie, pour tenter d'avoir plus
d'exclusivité d'actes que d'autres, mais il faut penser que tout le
monde est important auprès du malade et on ne peut pas se passer de
personne. On ne peut pas se passer des infirmières, on ne peut pas se
passer des auxiliaires, ni des inhalothérapeutes, ni des technologis-tes
médicaux, ni des diététistes, ni des travailleurs sociaux
et je pourrais en nommer au moins 20 genres de personnes qui travaillent dans
les hôpitaux. Tout le monde fait un travail complémentaire.
Tout ce que nous voulons dans ce projet de règlement, et cela
nous a été imposé... Nous avons dit tout à l'heure:
Mieux vaudrait ne pas avoir de règlement et continuer la situation
actuelle, avec son évolution plus ou moins lente mais sans heurts, que
d'avoir un règlement qui causerait un chaos et un marasme dans les
hôpitaux, qui ne serait pas réaliste et qui paralyserait le
fonctionnement de nos hôpitaux. C'est difficile de mettre dans un texte
de loi des délégations d'actes aussi précises. Je ne
connais nul endroit au monde où il y a des textes législatifs qui
autorisent des infirmières et des infirmières auxiliaires
à faire ce genre d'actes avec des clauses normatives. Il y a des
endroits où, par réglementation, on autorise les
infirmières ou les auxiliaires à poser des actes, mais on ne fait
qu'une énumération d'actes. Là où on a des
difficultés, c'est quand on commence à avoir des clauses
normatives et à poser des conditions. Il reste qu'à ce
moment-là on prend le risque de s'enfarger dans des termes légaux
qui sont interprétés à la loupe et souvent hors contexte.
C'est pour cette raison qu'il faut que le texte soit le plus près
possible de la réalité, qu'il utilise des moyens, des notions,
des mots qui correspon-
dent à ce qui se fait dans le temps présent et qui vont
faire en sorte que tout le monde va pouvoir travailler ensemble pour aider le
malade chacun selon sa formation, ses capacités et son acceptation dans
le milieu d'après également des ressources du milieu. C'est ce
que nous visons, c'est un but général. Nous voulons
déranger le moins possible le milieu et aider le plus possible
l'évolution de la pratique de la médecine par toute
l'équipe de la santé.
M. Shaw: Pensez-vous que le fait des changements dans le
règlement implique la sécurité d'emploi des
infirmières pour que leur réaction ait été aussi
forte?
M. Roy (Augustin): Evidemment, je lis les journaux. Je ne veux
pas imputer d'intentions mais on peut penser que certaines personnes y voient
des choses semblables, alors qu'il n'en est absolument pas question. Ce projet
de règlement a été fait il y a quatre ans, le Code des
professions, adopté en 1973, a été déposé
dans sa première version au début de 1972, donc, il y a
déjà assez longtemps.
M. Shaw: J'ai posé une question très simple.
M. Roy (Augustin): C'est évidemment une évolution
et si cela arrive à un moment où il y a des négociations
collectives, où il y a une formation d'un trop grand nombre de personnes
dans certaines professions de la santé c'est peut-être une
responsabilité du ministre de l'Education de voir au très grand,
au trop grand nombre de personnes qui sont formées à l'heure
actuelle et qui n'auront pas d'emploi après leur formation, et ce n'est
pas seulement dans le domaine du "nursing", c'est dans beaucoup de domaines et
cela commence même à affecter la médecine c'est un
contexte qui n'est pas propice à l'adoption d'un règlement
semblable. Tout ce qui est fait n'est que pour régulariser une situation
qui existe, pour faire en sorte que les malades dans les hôpitaux
reçoivent de bons soins par des gens qualifiés.
Le Président (M. Dussault): Merci, M. le
député de Pointe-Claire.
M. le député de D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: Merci, M. le Président.
J'aimerais poser une question assez précise et la situer sur le
plan pratique. Dans la vie quotidienne d'un hôpital, il y a un certain
nombre de personnes qui sont impliquées. Pensons à quatre: le
médecin, l'infirmière, l'auxiliaire, le malade. Au cours de
chaque journée de la vie de chaque hôpital arrive le moment
où le médecin s'en va, quitte l'hôpital. Le malade reste.
On me dira que le moment arrive également où l'infirmière
s'en va, l'auxiliaire aussi, c'est vrai, mais contrairement au cas du
médecin, notamment dans les hôpitaux qui n'ont pas de
résidents et d'internes, l'infirmière est remplacée et les
soins sont assurés 24 heures par jour, c'est un principe fondamental,
justement parce que le malade reste. (12 heures)
M. le Président, il me semble que ce projet de règlement
établit une espèce de ligne hiérarchique d'autorité
qui permet, qui constitue un canal par lequel la délégation de
certains actes peut se faire. Si l'on doit, à un endroit quelconque dans
ce projet de règlement, définir les types de surveillance qui
sont nécessaires, je dois partager avec ma collègue de L'Acadie
une inquiétude quant à l'introduction du mot plus vague
"collaboration", parce que l'on ne précise pas grand-chose en disant
cela.
J'arrive à ma question. Un médecin entre dans
l'hôpital et il arrive sur l'étage. Il rencontre une auxiliaire,
il dit à cette personne: Venez donc collaborer avec moi, contribuer et
participer à un acte médical que je dois poser et auquel vous
êtes habilitée, autorisée à participer et
contribuer. J'ai parlé de continuité de responsabilité. Il
y a une personne qui doit assurer la continuité et la coordination des
soins sur l'étage et c'est l'infirmière, membre de l'Ordre des
infirmières et infirmiers qui doit le faire. Alors, quand l'Ordre des
médecins, la Corporation professionnelle des médecins parle d'une
communication directe avec l'auxiliaire, entre l'auxiliaire et le
médecin, sans que l'infirmière n'agisse et ne soit tenue d'agir
comme intermédiaire, je voudrais savoir ce que cela veut dire en
pratique.
Est-ce que cela veut dire que le médecin peut effectivement
arriver sur l'étage, demander à l'auxiliaire de venir participer
et contribuer à un acte médical sans informer l'infirmière
responsable de l'administration sur cet étage qu'il va le faire? Ayant
posé cet acte avec la collaboration directe, sans intermédiaire
de l'auxiliaire, quand le médecin s'en va et l'on sait de quelle
façon les médecins prennent souvent leur départ de
l'hôpital, en disant rapidement: II faut faire telle chose, il faut faire
telle chose et ils laissent des instructions à qui incombe la
responsabilité, à ces deux étapes, l'arrivée du
médecin et le départ du médecin, d'informer
l'infirmière qui est en charge pour qu'elle puisse savoir tout ce qui se
passe sur l'étage, pour qu'elle puisse assurer la continuité des
soins qui est dans l'intérêt des malades et pour qu'elle puisse
attribuer d'une façon efficace les tâches afin que l'ensemble de
ces tâches reçoive l'attention et le soin qu'il mérite?
M. Roy (Augustin): Evidemment, le député de D'Arcy
McGee caricature légèrement. Nous sommes évidemment
d'accord pour...
M. Goldbloom: Très peu.
M. Roy (Augustin):... assurer la continuité des soins. Le
tout doit se faire à l'intérieur d'une équipe. Evidemment,
on ne rencontre pas une personne dans un hôpital pour lui dire: Viens et
suis moi, comme le dit le Christ. On travaille à l'intérieur
d'une équipe, évidemment, et en collaboration dans
l'intérêt du malade, sur un étage, dans
un poste. Il faut aussi que le député de D'Arcy McGee
reconnaisse qu'il n'y a pas seulement les centres hospitaliers universitaires
qui sont en cause, il y a également des centres d'accueil, il y a
également les cabinets de médecins. Ce qui est dit, ce n'est
quand même pas sorcier. A l'intérieur de l'équipe de la
santé, il y a des tâches qui peuvent être faites par
différentes personnes et, à l'occasion, certaines de ces
tâches peuvent être faites par une infirmière auxiliaire
sans qu'il y ait nécessairement présence d'une infirmière,
alors que le médecin pourrait être présent dans son bureau,
au centre d'accueil, à l'hôpital. Ce n'est quand même pas
exagéré de dire que, dans certains cas, l'auxiliaire
infirmière est totalement habilitée à remplir certaines
fonctions avec la collaboration du médecin, mais évidemment il
n'est pas question de déranger le fonctionnement de tous les
hôpitaux. Les hôpitaux ont des structures administratives qui
doivent être suivies.
M. Lapierre: Le règlement, M. le Président, est
d'ordre général et vise toute la province, partout où peut
s'exercer la médecine. Il est bien certain que si on prend un acte, il
est possible de le caricaturer à l'intérieur d'un centre
hospitalier. Mais le médecin qui quitte l'hôpital, tout d'abord,
demeure disponible pour les soins de son malade, si l'infirmière juge
à propos de communiquer avec le médecin. Cela, les lois de la
province prévoient la corporation professionnelle à laquelle les
infirmières peuvent s'adresser, sinon à l'administration de
l'hôpital, advenant qu'un médecin ne soit pas disponible pour le
malade qui en aurait besoin.
D'ailleurs, dans chacun des centres hospitaliers, il y a des
systèmes de garde prévus pour assurer les soins aux malades.
Lorsqu'il n'y a pas de système de garde prévu, le médecin
demeure responsable de son malade.
D'autre part, dans les centres de soins aigus, il n'y a
généralement pas de problème, parce que médecins,
infirmières et infirmières auxiliaires travaillent en
équipe et c'est bien certain que c'est l'infirmière qui a la
charge de planifier, si vous voulez, les besoins de la santé et les
besoins en soins infirmiers du malade. Mais il n'y a pas que les centres de
soins aigus dans la province, il y a des centres d'accueil, il y a des centres
hospitaliers de soins prolongés où, vous pourrez le
vérifier, il n'y a pas, le soir, ni la nuit, d'infirmière
présente dans le centre.
Je peux vous citer le cas d'un soin, dans la liste des actes
délégués aux auxiliaires, comme celui de surveiller une
perfusion intraveineuse et en maintenir le débit; l'exigence est une
surveillance à distance. Dans un centre d'accueil ou dans un centre de
soins prolongés où il n'y aurait pas d'infirmière,
l'auxiliaire ne serait pas autorisée à surveiller et à
maintenir la perfusion, même s'il y a un médecin à
côté d'elle.
C'est là que le règlement coupe les ponts entre
l'infirmière et entre le médecin et l'auxiliaire. Je peux prendre
d'autres soins dans un centre de soins aigus, on dit ici: "Donner des soins au
nouveau-né en incubateur", on exige la surveil- lance sur place de
l'infirmière. L'infirmière est à son dîner,
l'auxiliaire est dans la pouponnière, le pédiatre est dans la
pouponnière, l'auxiliaire n'a pas le droit de donner des soins au
nouveau-né, parce que l'infirmière n'est pas dans l'unité
de soins, elle est à son dîner et ce, même si le
pédiatre est à côté. C'est ce que nous appelons
couper les ponts entre l'auxiliaire et le médecin. Ces ponts-là,
nous ne voulons pas les couper.
M. Goldbloom: M. le Président, est-ce que je dois
comprendre que, dans l'esprit de la Corporation professionnelle des
médecins, le règlement s'appliquerait différemment dans
les situations où une infirmière est présente et dans les
situations où il n'y en a pas?
M. Lapierre: Non. M. le député... je m'excuse,
juste une seconde.
M. Goldbloom: Alors, je reviens au noeud de ma question.
M. Lapierre: Je m'excuse, ou j'ai mal compris votre question on
ne parle pas du même règlement. Il y a deux règlements en
cause. Quand je parle des ponts qui sont coupés entre le médecin
et l'infirmière auxiliaire, c'est par le règlement des
infirmières à l'égard des auxiliaires et non par le
règlement des médecins à l'égard des
infirmières.
M. Goldbloom: Moi, j'ai invoqué une situation où
médecin, infirmière et auxiliaire sont présents et
capables de participer à un acte quelconque. Dans votre réponse,
vous m'avez dit: Mais il y a d'autres situations comme celle des centres
d'accueil où il n'y a pas d'infirmière. Je vous demande d'abord
si le règlement doit faire une distinction entre ces situations. Est-ce
que, dans l'esprit de la corporation professionnelle, on doit faire une telle
distinction? Et quand vous parlez de couper des ponts je reviens au
milieu hospitalier pour soins aigus quand vous dites que vous voulez une
communication directe, sans être obligé d'avoir une
intermédiaire qui s'appelle infirmière, qu'est-ce que vous voulez
faire avec cette communication directe? C'est pour réussir quoi?
M. Lapierre: Nous ne voulons pas nécessairement une
communication directe du médecin avec l'auxiliaire; nous voulons qu'elle
soit permise lorsque l'infirmière n'y est pas. C'est-à-dire qu'un
médecin est capable de travailler en collaboration avec une auxiliaire,
pour certains actes où la nécessité d'une
infirmière n'est pas requise. Mais, lorsqu'elle est requise, il va de
soi que le médecin travaille avec une infirmière.
D'autre part, notre règlement, comme je l'ai mentionné,
s'applique à toute la province. Et notre projet de règlement
indiquait que le centre hospitalier dans lequel il s'appliquait devait ajouter
des conditions locales et devait indiquer, parmi ce règlement, la liste
des actes qui ne devaient pas être posés dans ce centre. Mais ces
articles ont été retirés sans notre permission,
c'est-à-dire sans
aucune consultation avec la corporation. Cela fait que les actes sont
permis partout. On permettrait, par ce règlement, de poser des actes qui
relèvent d'une unité d'hémodialyse dans un centre
d'accueil. Cela n'a pas de sens. C'est pour cela que notre projet de
règlement prévoyait que des conditions locales puissent
être imposées par le centre et que le centre hospitalier
concerné puisse retirer des actes de cette liste.
M. Goldbloom: Je vous remercie de cette dernière
réponse. Je dois dire, en conclusion, que je partage le point de vue que
vous venez d'exprimer sur l'opportunité qui devrait être
accordée aux diverses classes d'institutions de spécifier, de
mener plus loin la précision des rapports entre les diverses professions
qui oeuvrent à l'intérieur de ces établissements.
M. Roy (Augustin): Et cela, M. le député de D'Arcy
McGee, correspond à la section III de notre projet de règlement.
Et nous avons demandé que certains mots, qui ont été
enlevés unilatéralement par l'offfice, soient ajoutés,
dans les conditions locales, pour permettre que la désignation des actes
prévus à l'annexe puisse être faite par
rétablissement, selon le genre de soins qu'il donne. S'il n'y a pas
d'unité de soins coronariens, s'il n'y a pas de soins dialyses, il va de
soi que les actes ne devraient pas être autorisés. Mais,
évidemment, en enlevant de notre texte ces mots importants de la
désignation des actes et ce rôle important à chaque
établissement, on a amputé le règlement
considérablement et on l'a alourdi. On lui a enlevé toute sa
souplesse, en fait.
M. Lapierre: Vous avez l'impression qu'il y a des
arrière-pensées dans cette question de surveillance ou cette
question de contact ou de communication entre médecins et
infirmières auxiliaires. On est pris dans un cercle vicieux, en ce sens
qu'en août 1975, comme je l'ai dit tout à l'heure, notre
règlement, notre article 5.02 disait: "Les auxiliaires peuvent
contribuer et participer aux actes énumérés à
l'annexe A, sous la surveillance d'un médecin ou d'une
infirmière." Il me semble que cela disait ce que cela disait.
L'Office des professions nous a obligés à introduire un
deuxième membre de phrase. A l'article 5.02, on a dû ajouter "sous
la surveillance sur place ou immédiate d'un médecin, lorsque
l'annexe A l'exige, ou, quant aux autres actes de l'annexe, sous la
surveillance au moins sur place d'une infirmière ou d'un
médecin." Par l'ajout de ce membre de phrase, les interprétations
sont parties, comme vous en avez vu et, non seulement les
interprétations sont parties, mais, encore dernièrement, est
apparu dans le règlement, aux définitions de notions de
surveillance immédiate ou sur place, un autre membre de phrase qu'on a
ajouté: "sous surveillance, le cas échéant, d'une
infirmière". On a ajouté cela pour faire concordance au
deuxième membre de phrase qu'on nous avait obligés d'ajouter. (12
h 15)
Aujourd'hui, on dit: On va retirer tout cela et on va enlever le mot
"surveillance", puisque vous ne voulez pas le mettre à moins d'ajouter
le deuxième membre de phrase et on va mettre "collaboration", mais
"collaboration" n'a pas l'air de suffire. Si on peut trouver un terme qui
convient, tout ce que nous cherchons, comme je l'ai mentionné tout
à l'heure, c'est de ne pas couper les ponts entre les membres d'une
équipe.
M. Goldbloom: Mais cette dernière explication est
très claire et je vous en remercie.
Le Président (M. Dussault): M. le ministre, pour
conclure.
M. Saint-Germain: Excusez-moi, M. le Président, j'aurais
seulement une courte question, s'il vous plaît.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: II y a eu, avec les années et la
tradition, une délégation d'actes de nursing de la part des
médecins vers la Corporation des gardes-malades, si je ne m'abuse. Avec
le temps, maintenant, il arrive qu'on délègue des actes de
nursing aux auxiliaires. Croyez-vous que l'ordre des médecins devrait
d'autorité, si vous voulez, ou sinon, en collaboration en
collaboration avec qui? déléguer ou voir que cette
délégation d'actes de nursing de la part des gardes-malades vers
les auxiliaires soit faite en collaboration avec les médecins ou sans la
collaboration des médecins?
M. Roy (Augustin): En fait, M. le député de
Jacques-Cartier, la loi nous oblige à déléguer à
différentes classes de personnes... Elle ne spécifie pas les
classes de personnes. Nous aurions pu déléguer des actes aux
infirmières auxiliaires, nous y avons pensé, mais il y a eu une
entente entre les corporations, en particulier avec l'Ordre des
infirmières, de sorte qu'une seule corporation déléguait
à une autre, que nous ne déléguerions pas aux auxiliaires,
que ce serait les infirmières qui leur délégueraient des
actes de nursing, mais nous voulions nous assurer qu'elles le feraient.
Evidemment, quand notre règlement a paru dans la Gazette officielle du
31 mars 1976, le règlement des infirmières aux infirmières
auxiliaires n'était pas connu de nous. D'ailleurs, nous devons vous dire
que nous avons fait notre règlement en collaboration constante avec les
infirmières à toutes les étapes et en nombre
égal.
Par ailleurs, je sais, on m'a dit, on me prouvera le contraire si j'ai
tort, que l'Ordre des infirmières a fait son projet de règlement
aux auxiliaires sans consulter les infirmières auxiliaires. Il l'a fait
d'une façon unilatérale alors que nous avons travaillé en
collaboration. Nous aurions pu le faire. Nous n'avons pas voulu le faire pour
ne pas mélanger les cartes.
Nous voulons, par ailleurs, nous assurer que les auxiliaires qui
existent dans les hôpitaux et qui font un travail valable, compte tenu de
leur formation dans les endroits où il existe, puissent continuer
à faire ce travail. Nous ne voulons pas qu'elles soient
paralysées et nous ne voulons surtout pas qu'on les empêche de
travailler avec un médecin sans qu'il y ait une infirmière qui
s'interpose. Il y a des situations où une auxiliaire peut faire du
travail qui est très valable avec un médecin. Nous croyons que le
médecin est capable, à ce moment, de superviser le travail de
l'auxiliaire.
Le député de D'Arcy McGee, qui est pédiatre, sait
très bien qu'un pédiatre peut, aussi bien qu'une
infirmière, surveiller des soins qui sont donnés aux
nouveau-nés en incubateur et qu'il n'est pas besoin d'avoir une
troisième personne qui se mette la tête sur son épaule pour
assurer cette surveillance et multiplier le personnel dans les hôpitaux.
C'est simple. Tout ce que nous voulons, c'est de s'assurer que les gens fassent
les actes selon leur formation, leur compétence, leur
responsabilité et qu'on n'ajoute pas indûment du personnel
à l'équipe de la santé quand ce n'est pas
nécessaire pour les soins du malade.
M. Saint-Germain: Maintenant, vous croyez... Oui?
M. Lapierre: Je vous donne un autre exemple. Par la
définition du procédé de soins, dans le règlement
des infirmières à l'égard des auxiliaires, il est dit
qu'un médecin, dans son cabinet de consultations, médecin qui
aurait à son emploi une infirmière auxiliaire, devrait aller
faire accepter ses procédés de soins par une infirmière
d'un centre hospitalier dans sa région.
M. Saint-Germain: Autrement dit, vous croyez que, en ce qui
concerne particulièrement le monde de la santé, il est normal
qu'une profession ceci toujours dans l'intérêt du malade,
pour les bons soins du malade que les médecins aient une
autorité dans la délégation de pouvoirs d'une autre
profession, comme le nursing, vis-à-vis une troisième profession
comme les auxiliaires.
M. Lapierre: Nous n'avons pas parlé d'autorité. Au
contraire, nous avons mentionné que nous voulions éviter la
hiérarchisation ou l'assujettissement d'une profession à une
autre. Dans notre projet de règlement, nous croyons que nous
évitons l'assujettissement de la profession d'infirmière à
la profession médicale. Il devrait exister la même chose pour la
profession d'infirmière à l'égard de celle des
auxiliaires.
M. Saint-Germain: Où placez-vous l'Office des professions
dans tout cela? Croyez-vous que c'est...
M. Lapierre: Tout ce que nous avons demandé, en ce qui
concerne une autorité, si vous voulez, sur le règlement des
infirmières à l'égard des auxiliaires, c'est que ces deux
règlements soient adoptés en même temps pour les fins du
milieu dans lequel cela va s'appliquer. Adopter un règlement sans
adopter l'autre risquerait de causer plus de problèmes qu'autre
chose.
M. Saint-Germain: Une dernière question, si vous voulez
bien.
M. Morin (Sauvé): M. le député de
Jacques-Cartier, une dernière, parce que je sais que si on veut que les
infirmières puissent profiter de la présence des caméras
de télévision, il ne faudrait pas que cela tarde trop maintenant.
Il faudrait vraiment qu'on procède.
M. Saint-Germain: Une dernière question, si vous arrivez
à un point où il y a entente entre les médecins, entre les
gardes-malades et entre les auxiliaires, comment voyez-vous les
responsabilités ou comment estimez-vous les responsabilités de
l'Office des professions?
M. Roy (Augustin): L'Office des professions, évidemment, a
comme rôle de s'assurer que toutes les professions remplissent le mandat
que leur a confié le législateur. Nous avons de très
bonnes relations avec l'Office des professions, bien que je profite de
l'occasion pour dire que l'adoption des règlements est très
lourde et très longue, elle prend énormément de temps.
Nous espérons qu'avec l'expérience qu'a maintenant
l'Office des professions dans la préparation de ses règlements,
cela ira beaucoup plus rapidement. Mais le rôle de l'office est de
s'assurer que les professions fassent bien leur travail et, ensuite, son
rôle est d'aviser le ministre responsable de l'application du Code des
professions ou des lois professionnelles et de prendre les mesures qui
s'imposent en ce qui concerne l'exercice de chaque profession par ses
membres.
M. Saint-Germain: Merci, monsieur.
Le Président (M. Dussault): Merci! M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): Oui, je voudrais remercier l'Ordre des
médecins de nous avoir éclairés. Bien sûr, nous
allons tenir compte de tous les points de vue que nous allons entendre et pas
seulement celui de l'Ordre des médecins. Je voudrais vous dire
cependant, messieurs, avant que vous nous quittiez, que je suis sensible
à l'un des arguments que vous avez invoqués au sujet des
ressources du milieu et de la préparation des personnes en cause. Je
pense qu'il y a lieu effectivement de réexaminer le projet de
règlement sur ce point. Nous allons le faire, mais après avoir
entendu tout le monde.
Merci, messieurs!
Le Président (M. Dussault): Je remercie la Corporation
professionnelle des médecins de son témoignage et j'invite le
groupe de l'Ordre des
infirmières et infirmiers à se présenter devant la
commission.
Oui, M. le député de Mégantic-Compton?
M. Grenier: Je ne sais pas, mais comme la commission doit
ajourner ses travaux à 12 h 30, comme c'est l'habitude, est-ce qu'il n'y
aurait pas lieu de demander à l'Ordre des infirmières et
infirmiers de présenter son mémoire à la reprise des
travaux seulement?
Le Président (M. Dussault): On nous a dit, M. le
député de Mégantic-Compton, que l'Ordre des
infirmières et infirmiers n'en aurait pas pour très longtemps, ce
qui nous permettrait peut-être d'entendre le mémoire...
M. Morin (Sauvé): ... et de profiter de la
télévision.
Le Président (M. Dussault):... et de poser les questions
en revenant. Cela veut donc dire que nous dépasserions le temps de
quelques minutes.
M. Morin (Sauvé): Le problème, c'est que la
télévision ne sera peut-être pas là cet
après-midi. C'est important!
Le Président (M. Dussault): Est-ce que nous avons l'accord
de la commission pour entendre le mémoire d'abord avant de quitter pour
le repas?
M. Grenier: M. le Président, j'aimerais connaître
non pas du ministre de l'Education s'il y a la télévision ou pas,
cela m'importe peu, je pense que ça importe peu à l'Ordre des
infirmières, mais j'aimerais savoir si l'Ordre des infirmières
est d'accord pour livrer une partie de son mémoire avant le lunch...
Le Président (M. Dussault): M. le
député...
M. Grenier: ... ou si on pouvait reprendre les travaux
après le lunch.
Le Président (M. Dussault): C'était mon intention,
M. le député, de vérifier d'abord auprès du groupe
en question. Je demande donc d'abord au porte-parole du groupe de s'identifier
et de présenter ses collègues.
Ordre des infirmières et infirmiers du
Québec
Mme Tellier-Cormier (Jeannine): Bonjour! Je pourrais badiner et
vous dire que je peux très bien faire ma présentation sans la
présence des caméras, mais je ne voudrais pas insulter ces
messieurs.
De toute façon, M. le Président, M. le ministre
responsable, messieurs les ministres, madame et messieurs les
députés membres de cette commission parlementaire, je
m'identifie. Je suis Jeannine Tellier-Cormier, présidente de l'ordre,
professeur en nursing. M'accompagnent aussi aujourd'hui à ma gauche
immédiate, Mlle Claire Royer qui est infirmière des soins
intermédiaires en pédiatrie au centre hospitalier de
l'université de Sherbrooke; la deuxième personne est Me Pierre
Bourbonnais, conseiller juridique de l'Ordre des infirmières et
infirmiers du Québec. Je débuterai par mon extrême droite
par Mme Jeannine Pelland-Beaudry, infirmière et professeur
agrégé à l'Université de Montréal; la
deuxième personne est Mlle Odile Larose, infirmière et directeur
du secteur nursing à l'Ordre des infirmières. A ma droite
immédiate, Mlle Nicole Dumouchel, infirmière, directeur et
secrétaire générale de l'Ordre des infirmières et
infirmiers du Québec.
Le Président (M. Dussault): Pourriez-vous nous dire
combien de temps vous prévoyez prendre pour expliciter votre
mémoire?
Mme Tellier-Cormier: Je veux bien qu'on me donne tout le temps
qu'il faut. Je veux aussi vous préciser que, pour l'introduction
à ma présentation, je n'ai aucunement l'intention de reprendre le
mémoire, j'ai un texte de présentation et cela me surprendrait
que cela aille au-delà de dix minutes. Si la commission s'entend pour
écouter, dans un premier temps, ce message que je veux livrer, il est de
votre possibilité de décider que la période de questions
se retrouverait cet après-midi.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que j'ai l'accord de la
commission?
Des Voix: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Si on ne va pas au-delà de dix minutes,
je suis d'accord.
Le Président (M. Dussault): On devrait avoir
terminé au plus tard à 12 h 40.
Mme Lavoie-Roux: C'est parce qu'on retourne en Chambre à
14 heures.
M. Grenier: On pourrait garder la période de questions
pour la reprise des travaux après la Chambre de cet
après-midi.
M. Morin (Sauvé): Cela va de soi.
Le Président (M. Dussault): D'accord. Vous avez la
parole.
Mme Tellier-Cormier: Merci. Je veux aviser les membres de cette
commission que, dans la pochette qu'on vous remettait ce matin, vous avez une
nouvelle version du mémoire; non pas que le fond en soit changé,
mais à cause de certaines erreurs qui s'étaient glissées.
Je signale entre autres une erreur concernant l'assemblée des ministres;
ce n'est pas l'assemblée des ministres, mais c'est l'Assemblée
nationale. Dans la version que nous vous remettions ce matin, les corrections
ont été faites.
Distingués membres de la commission parlementaire appelés
à entendre les commentaires des
différents organismes directement affectés par la mise en
vigueur éventuelle du règlement des actes infirmiers et du
règlement des actes médicaux, je tenterai, durant les minutes qui
me sont allouées j'avais rayé "quelques minutes" mais je
pense que je peux le redire maintenant de vous exposer le plus
clairement possible ma compréhension et mes réactions à
l'égard d'une réglementation fort complexe.
Nous voilà donc devant l'aboutissement de plus de quatre
années de travail qui, bien que mené de bonne foi, fut
très long et s'est effectué à la suite de nombreuses
rencontres et de discussions entre les différents organismes
concernés. Il va sans dire que les propos que je vous livre sont en
relation directe avec le mémoire que soumet l'Ordre des
infirmières et infirmiers du Québec. Je vous dirai d'abord que je
reconnais difficilement à travers les deux règlements qui nous
réunissent ici aujourd'hui les prémisses qui devaient gouverner
au départ l'esprit même de toute cette réglementation.
Ne devrait-il pas être question de régulariser et de
légaliser par voie réglementaire les multiples situations
ambiguës que les infirmières vivent dans les différents
milieux de santé? Je vous réfère à cet
égard, aux délibérations des travaux qui ont
présidé à l'adoption du Code des professions et de la Loi
des infirmières et infirmiers plus particulièrement.
Par le mécanisme d'autorisation des actes, le législateur
devait permettre aux infirmières d'exercer certaines de leurs
activités dans la légalité. Plus particulièrement,
de poser certains actes médicaux qu'elles étaient appelées
à poser quotidiennement dans les différents milieux de la
santé et ce, dans le respect du fonctionnement même de ces
milieux. C'est ainsi que dans la première version du règlement
des actes médicaux, l'établissement de santé devait
désigner, parmi les actes autorisés, ceux qui pouvaient
être posés par les infirmières et déterminer les
conditions locales requises pour les exécuter. Ce mécanisme avait
l'avantage de sanctionner ce qui se fait dans les différents milieux
assurant ainsi au règlement une souplesse et une capacité
d'adaptation aux modes de fonctionnement et à la réalité
vécue par le milieu concerné tout en fixant un encadrement
général minimal et obligatoire. Ce qui se vit présentement
dans les différents milieux allait pouvoir ainsi être
sanctionné. (12 h 30)
Fort de ce mécanisme, l'Ordre des infirmières et
infirmiers du Québec proposa qu'on le retrouve également dans le
règlement des actes infirmiers dans le but d'assurer le même
encadrement et la même capacité d'adaptation au niveau des
différents établissements de santé. Or, voilà qu'on
nous répond qu'il s'agit d'une sous-délégation
illégale de pouvoirs, qu'il ne peut être en conséquence
question de la voir apparaître dans le règlement des actes
infirmiers et que l'on devra, en toute logique, le retirer également du
règlement des actes médicaux.
Ce qui fut dit fut fait. On se retrouve donc aujourd'hui avec une
réglementation qui habilite, d'une part, les infirmières à
poser tous les actes mentionnés à l'annexe A du règlement
des actes médicaux et qui habilite, d'autre part, les infirmières
auxiliaires à contribuer et participer à ces mêmes actes,
peu importe la réalité vécue par les différents
milieux.
Aussi, à cet effet, n'y aurait-il pas lieu de rétablir le
mécanisme de désignation des actes et de détermination des
conditions locales par les établissements de santé dans les deux
règlements en question? Malgré certains problèmes
juridiques, la protection du public ne doit-elle pas avoir ses raisons que le
droit ne devrait pas ignorer? La situation que je viens de décrire est
particulièrement inacceptable à l'égard des
infirmières auxiliaires, surtout lorsqu'on songe que celles-ci seront
appelées à poser, de fait, tous les actes autorisés aux
infirmières par le biais de l'annexe A du règlement des actes
médicaux.
Comment peut-on, en effet, contribuer et participer à un acte
autorisé alors qu'on se retrouve seules face aux
bénéficiaires et qu'il n'y a qu'une infirmière dans
l'établissement par exemple? Nous affirmons donc que l'infirmière
auxiliaire posera, tout simplement, l'acte en question.
Notre désaccord se fait alors des plus catégoriques. Il
est tout à fait inacceptable que les infirmières auxiliaires
soient appelées à poser les mêmes actes qui sont
autorisés aux infirmières. Nous affirmons que l'infirmière
auxiliaire n'a pas les connaissances scientifiques requises pour poser les
actes mentionnés à l'annexe A du règlement des actes
médicaux et que c'est faire peu de cas de la protection du public que
d'approuver un tel état de fait. Doit-on rappeler que
l'infirmière auxiliaire possède un cours de niveau secondaire,
alors que toute infirmière a au moins un cours collégial de trois
ans, sans compter le nombre important de nos membres qui possèdent
au-delà du cours de base et, à ce moment-là, les
statistiques nous permettent d'établir qu'au-delà de 38% de nos
membres possèdent au-delà du cours de base. Nous aimerions bien
connaître à cet effet la politique du gouvernement actuel
concernant la formation des professionnels et les responsabilités qu'ils
doivent assumer. Non seulement le règlement des actes médicaux
autorisera-t-il les infirmières auxiliaires à poser des actes
médicaux qu'elles ne posent certainement pas à l'heure actuelle,
mais il les autorisera à poser des actes qui relèvent de la
responsabilité professionnelle de l'infirmière.
Depuis toujours, l'infirmière a posé ces actes selon des
normes d'exécution qu'elle a apprises au cours de sa formation de base
en soins infirmiers et qui font partie de ses activités quotidiennes.
Ces actes étant conditionnels à une ordonnance médicale,
nous les identifions comme étant des techniques de soins propres
à l'exercice de notre profession. Puisque l'article 36 de notre loi
stipule "le fait de prodiguer des soins selon une ordonnance
médicale".
L'exécution de ces techniques de soins est actuellement sous le
contrôle de l'infirmière appelée à planifier et
contrôler les soins infirmiers conformément à ses fonctions
et à ses responsabilités professionnelles. Par l'effet de la
réglementation des médecins, non seulement l'on autorisera
à d'autres classes de personnes des actes qui nous ont été
reconnus de par la loi et qu'il nous appartient d'autoriser, mais l'on porte
également atteinte au contrôle des soins infirmiers.
Une enquête a été effectuée récemment
dans les établissements de santé, afin de connaître la
réalité quotidienne concernant les actes que posent les
infirmières auxiliaires. Les résultats de cette enquête
indiquent, hors de tout doute, qu'aucun acte médical n'est posé
par les infirmières auxiliaires. En effet, aucune infirmière
auxiliaire, par exemple, n'applique un défibrillateur, n'enlève
un cathéter épidural, ou ne procède au traitement par
hémodialyse.
Quant aux techniques de soins figurant au règlement des actes
médicaux, les résultats de l'enquête démontrent
clairement qu'une très faible proportion d'infirmières
auxiliaires les exécutent. Par exemple, 3,3% administrent des vaccins,
1% installent un tube gastrique, et aucune n'administre des médicaments
par voie intraveineuse.
Donc, le règlement des actes médicaux ne correspond en
rien à la réalité quotidienne des milieux en ce qui
concerne les infirmières auxiliaires.
M. le Président, je désire attirer l'attention des membres
de cette commission parlementaire sur le fait qu'il n'est pas tout de savoir
exécuter un acte avec une certaine habileté pour justifier une
habilitation. L'exécution d'une technique de soins est en
elle-même fort simple et ne requiert qu'une habileté purement
technique.
Mais le rôle de l'infirmière ou de l'infirmier, dans une
perspective d'humanisation des soins, est prépondérant
auprès du bénéficiaire avant l'exécution et
après l'exécution d'une technique de soins. Il n'est pas tout de
se sentir les connaissances et la préparation suffisantes pour poser un
acte. Encore faut-il posséder un jugement professionnel bien
informé avant de le poser, avoir acquis toute l'habileté
nécessaire à son exécution, fût-ce l'acte
apparemment le plus simple, ainsi qu'en connaître les conséquences
possibles, les risques, les complications et parfois même les
contre-indications.
Le plus simple des actes, en ce domaine, peut parfois mettre en danger
la vie d'une personne dont l'état présente certains risques qui
ne sauraient être identifiés par une personne qui n'a pas une
formation de base solide, étayée par des connaissances
scientifiques, que seul un cours d'infirmière peut assurer et permettre
d'appliquer au bon moment. Alors, que dire d'un acte médical?
De plus, si nous sommes inquiets à l'égard de l'avenir de
notre profession, qui nous a été reconnue par le
législateur, c'est que nous n'ignorons pas qu'une partie de sa raison
d'être et de son dynamisme dans les milieux est intimement liée
aux actes qui sont actuellement exécutés par les
infirmières et non par le médecin. Ici, je me
réfère spécifiquement aux techniques de soins qui sont
contenues dans la réglementation des médecins; les autoriser aux
infirmières auxiliaires, c'est minimiser l'importance de
l'infirmière auprès du malade, c'est oublier le droit qu'ont les
malades de recevoir des soins infirmiers de qualité, c'est oublier que
plus de 29 000 de nos membres prodiguent des soins auprès des
malades.
Le nursing, pas plus que la médecine d'ailleurs, ne peuvent
être compartimentés, puisqu'ils constituent des entités
professionnelles. En effet, le nursing est une science unique et
organisée qui permet de rendre à l'individu, à la famille
et à la collectivité un service spécifique dans le but de
promouvoir la santé, prévenir la maladie, recouvrer la
santé et surtout favoriser un mieux-être biopsychosocial chez les
personnes concernées.
Puisque ces responsabilités professionnelles concernent
l'exercice de la profession d'infirmière ou d'infirmier, nous demandons
au législateur que, dans le règlement des actes infirmiers, le
contrôle de l'exécution de l'acte et la surveillance de
l'application de notre règlement nous soient accordés, de la
même façon que le contrôle de l'exécution de l'acte
et la surveillance de l'application du règlement des actes
médicaux ont été accordés aux médecins.
En effet, afin d'assurer l'accessibilité des soins infirmiers, le
Bureau de l'ordre a considéré que certaines activités de
soins pouvaient être autorisées par règlement aux
infirmières auxiliaires du Québec, selon certaines conditions
prescrites. Les résultats de l'enquête corroborent cette
intention. En effet, de 48% à 57% des infirmières auxiliaires
font par exemple des cathétérismes, des lavages vésicaux,
entretiennent une colostomie, et cette proportion varie de 0% à 20%,
selon le type d'établissement.
Permettez-moi, avant de terminer, de manifester une autre
inquiétude suite à l'approbation de la présente
réglementation. Nous avons actuellement des infirmières oeuvrant
dans des postes éloignés. Ces infirmières, suite à
l'approbation du présent règlement, travailleront dans
l'illégalité la plus complète. Ces infirmières sont
là où personne n'est actuellement. Elles posent quotidiennement
des actes médicaux qui ne sont pas autorisés par la
réglementation actuelle. Je vous demande et je demande aussi au ministre
des Affaires sociales ce qu'il entend faire à l'égard de ces
infirmières qui, actuellement, rendent un service inestimable à
la société québécoise, sans qu'on semble trop s'en
préoccuper.
Je sais qu'en cas d'urgence, l'on dit qu'une infirmière peut tout
faire, mais peut-on être 24 heures par jour en situation d'urgence?
Enfin, nous exhortons le législateur à tenir compte de notre
situation et requérons, entre autres, que l'on retiré l'article
5.02 du règlement des actes médicaux.
Le temps alloué pour cette présentation ne me permet pas
de reprendre tous les points discutés dans notre mémoire.
J'aimerais cependant souli-
gner l'importance de faire la distinction à l'annexe A du
règlement des actes médicaux, entre une technique de soins et un
acte médical. Nous demandons qu'une définition et qu'une
identification des techniques de soins soit incluse au niveau de ce
règlement, et que la décision d'autoriser d'autres classes de
personnes à poser des activités de nursing, soit reconnue au
Bureau de l'ordre des infirmières et infirmiers du Québec.
J'aimerais également rappeler aux membres de la commission
parlementaire que l'approbation du règlement des actes médicaux
dans sa version actuelle aura des répercussions défavorables tant
au niveau de l'organisation et de la structure des établissements de
santé, de l'utilisation et de la répartition des ressources au
sein des équipes de soins infirmiers qu'au niveau de la formation, ce
qui influence inévitablement la qualité des soins infirmiers
offerts à la population.
De plus, cette réglementation fausse la réalité des
milieux de travail, va à rencontre du système professionnel
reconnu par le législateur et ne respecte pas le droit des malades de
recevoir des soins infirmiers de qualité.
En dernier lieu, nous reconnaissons la nécessité
d'accorder un délai de mise en application susceptible de varier selon
le moment où cette réglementation sera approuvée par le
lieutenant-gouverneur en conseil.
La preuve que je viens de vous dire est partagée par toutes les
infirmières et les infirmiers du Québec. Vous n'êtes pas
sans savoir que le premier ministre a reçu au-delà de 20 000
lettres de nos membres manifestant à ce dernier l'appui à leur
corporation professionnelle.
Je signale et je dépose aussi à votre attention, membres
de cette commission, des pétitions qui me sont parvenues au cours des
derniers jours.
Je vous remercie de votre attention et nous sommes à votre
disposition pour répondre à toutes les questions pouvant
éclairer votre décision en regard de ces règlements.
Le Président (M. Dussault): Alors, Mme Tellier-Cormier, je
vous remercie. C'est un ordre de l'Assemblée nationale qui devrait nous
ramener en commission cet après-midi, vers 15 h 15,15 h 30 et j'ajourne
les travaux de cette commission sine die.
Mme Tellier-Cormier: Merci, M. le Président. Suspension de
la séance à 12 h 45
Reprise de la séance à 15 h 32
Le Président (M. Dussault): Mesdames, messieurs, à
l'ordre s'il vous plaît! Nous allons reprendre les travaux de la
commission élue permanente des corporations professionnelles qui a le
mandat d'étudier le projet de règlement concernant les actes
médicaux et infirmiers autorisés.
Sont membres de cette commission: MM. Boucher (Rivière-du-Loup),
Fallu (Terrebonne),
Grenier (Mégantic-Compton) en remplacement de Fontaine
(Nicolet-Yamaska), MM. Gagnon (Champlain), Gosselin (Sherbrooke), Goldbloom
(D'Arcy McGee) en remplacement de M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys), M. Laurin
(Bourget) en remplacement de M. Martel (Richelieu), M. Morin (Sauvé), M.
O'Gallagher (Robert Baldwin) et M. Shaw (Pointe-Claire).
Pourraient aussi intervenir Mme Lavoie-Roux (L'Acadie) en remplacement
de M. Blank (Saint-Louis), M. Bédard (Chicoutimi), M. Clair (Drummond),
M. Bertrand (Vanier) en remplacement de moi-même, M. Grenier
(Mégantic-Compton), je m'excuse...
M. Grenier: Fontaine.
Le Président (M. Dussault):... qui est remplacé par
M. le député Fontaine (Nicolet-Yamaska), M. Laberge
(Jeanne-Mance), M. Lazure (Chambly), M. Roy (Beauce-Sud), M. Saint-Germain
(Jacques-Cartier) et M. Samson (Rouyn-Noranda).
M. Goldbloom: M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: Si vous me le permettez je voudrais informer les
membres de cette commission et les personnes qui se présentent ici
devant nous que Mme le député de L'Acadie assiste cet
après-midi à la présentation du mémoire du Conseil
du statut de la femme, mémoire qui porte sur la famille. C'est la raison
de son absence, elle sera de retour immédiatement après.
Le Président (M. Dussault): Merci. Au moment de
l'ajournement de nos travaux ce matin, nous avions devant nous l'Ordre des
infirmières et infirmiers. L'ordre avait présenté son
mémoire et je laisse maintenant la parole à M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): Je vous remercie, M. le
Président. Je voudrais m'assurer auprès de vous, Mme la
présidente, d'un certain nombre de faits, avant d'aller plus loin. Dans
le mémoire que vous nous avez soumis ce matin, vous nous dites exiger le
retrait de l'article 5.02 puisqu'en pratique, nous dites-vous, contribuer et
participer à un acte équivaut à le poser.
Je voudrais pouvoir apprécier la portée de la lettre que
vous faisiez parvenir au président de l'Office des professions, le 23
mars 1978 dans laquelle vous acceptiez l'article 5.02. Je me permets de
rappeler le texte de cette lettre. J'en ai des copies, si vous ne l'avez pas
dans votre dossier. M. le Président, écrivez-vous, la
présente confirme notre conversation téléphonique du
mercredi 22 mars 1978. Le texte que vous me soumettez et sur lequel nous nous
sommes entendus est donc... Là, vous citez le titre du règlement.
Et vous en venez à l'article 5.02 que vous rédigez de la
façon suivante, Mme la présidente: Les infirmiers et
infirmières auxiliaires peuvent contribuer et participer aux actes
énumérés à l'annexe A du présent
règlement sous la surveillance sur place ou immédiate
d'une infirmière ou d'un médecin.
Fort de cette acceptation de votre part, l'office et le ministre aussi,
dois-je dire, ont continué de travailler dans le sens que vous savez. Le
projet de règlement que vous commentiez dans cette lettre, à ma
connaissance, est le même que celui qui est devant cette commission
aujourd'hui, en tout cas pour ce qui est de l'article 5.02, je ne pense pas
qu'il soit intervenu de changements.
Alors, j'aimerais vous demander ce qui a bien pu vous amener à
changer d'idée, Mme la présidente. Est-ce que votre consentement
au mois de mars 1978 n'était pas parfaitement réfléchi?
Est-ce qu'il ne reflétait pas une consultation de votre part
auprès des membres de votre ordre? Qu'est-ce qui est intervenu depuis
lors?
C'est ma première question. J'en ai une seconde à laquelle
je viendrai tout à l'heure lorsque nous aurons éclairci cet
aspect de la question.
Mme Tellier-Cormier: M. le Président, ma réponse au
ministre sera la suivante. Cette lettre, à la suite d'un
téléphone que j'avais reçu de M. Desgagné, me
permettait d'accepter une partie du texte que je confirmais par lettre. Mais il
avait toujours été entendu depuis mai 1977, à l'occasion
d'une rencontre où l'office était présent, la Corporation
professionnelle des médecins et nous-mêmes, que les techniques de
soins qu'on retrouve à l'intérieur de la liste des actes
médicaux seraient identifiées de façon spécifique
afin d'éviter justement qu'il y ait de la confusion et, à ce
moment-là, il était possible de pouvoir analyser une
définition dans ce sens. Compte tenu de l'évolution du dossier
par la suite, alors qu'on met dans une même liste et des actes
médicaux et des techniques de soins, nous ne sommes plus d'accord sur
cette définition, puisqu'ils ne sont pas identifiés
spécifiquement.
M. Morin (Sauvé): Est-ce qu'à cette époque,
vous n'aviez pas le texte du règlement et toutes les annexes devant
vous?
Mme Tellier-Cormier: Oui, mais M. le Président, si vous me
permettez, je répondrai au ministre que dans la multitude de formules
qui ont été supposées et proposées, d'une part,
pour cet article, d'autre part, le nombre de versions auxquelles nous sommes
rendus dans ces règlements, je pense que, suite à l'entente de
mai 1977, on retrouvait les techniques de soins identifiées, alors que
même la version qui a suivi, on les retrouvait identifiées avec un
astérisque, à ce moment-là, je pense que le même
raisonnement ne peut pas tenir, compte tenu qu'elle ne sont pas
identifiées.
M. Morin (Sauvé): Puis-je vous demander si le texte que
vous aviez accepté à ce moment-là vous paraît
toujours inacceptable? Je ne veux pas m'amuser à le relire, vous l'avez
probablement sous les yeux, il reste que, compte tenu de toute la situation
telle qu'elle existait à ce moment-là, vous aviez accepté
cet article 5.02 tel que vous le rédigez, tel que je l'ai lu. Ce n'est
pas le projet de règlement, mais vous aviez accepté tout de
même que l'article 5.02 soit rédigé dans cette forme,
à la suite d'une conversation avec le président de l'office.
M. Tellier-Cormier: Oui.
M. Morin (Sauvé): Vous nous parliez, dans ce texte, de la
surveillance sur place ou immédiate d'une infirmière ou d'un
médecin. Aujourd'hui, enfin, depuis quelque temps, vous désavouez
cette acceptation et je vous avoue que les raisons que j'ai entendues jusqu'ici
sont loin de m'avoir persuadé qu'il y a là une attitude
sérieuse de votre part.
Mme Tellier-Cormier: Je vais donner d'autres informations, si
vous me le permettez, M. le Président, pour la bonne raison que lorsque
les mots "participer" et "contribuer" sont indiqués dans un
règlement et qu'on leur donne le vrai sens que le dictionnaire leur
donne, participer et contribuer devraient vouloir dire: agir avec de
façon constante. Mais suite aux informations et à
l'interprétation qui était faite à ce moment-là des
mots "participer" et "contribuer", et alors que des personnes en poste m'ont
affirmé que participer et contribuer, dans les faits, seraient
posés, vous comprendrez avec moi qu'à ce moment-là, on
n'est plus d'accord. Si on donne la vraie signification à ces mots, je
me dis une chose, participer et contribuer, c'est agir avec.
M. Morin (Sauvé): Oui.
Mme Tellier-Cormier: C'est une dimension différente. Si
moi, à l'intérieur du règlement des actes médicaux,
comme les membres de ma corporation sont autorisés à poser des
actes médicaux, je pose un acte médical et que l'auxiliaire
participe et contribue avec moi, je n'ai pas de problème, parce qu'elle
ne pose pas. Donc, je porte la responsabilité de l'acte que je pose.
Et, au moment de ces discussions, participer et contribuer, dans ma
tête, devait signifier vraiment participer et contribuer. Mais au moment
d'une rencontre aussi à l'Office des professions, entre les corporations
des auxiliaires et la corporation des infirmières, alors qu'on m'affirme
que je n'ai pas besoin de m'en faire, mais que participer et contribuer, dans
les faits, ce sera posé, je me demande ce que le ministre de l'Education
lui-même aurait fait à ce moment-là, s'il avait
été mis dans la même situation.
M. Morin (Sauvé): Essayons d'analyser peut-être ce
que peut signifier participer et contribuer. Je sais bien qu'il y aura toujours
une certaine marge de flottement autour du sens exact de ces mots. Mais
essayons quand même de les cerner à partir du dictionnaire.
Participer, cela signifie qui prend part, prendre part à, ne pas
rester étranger à quelque chose.
Cela ne signifie pas poser, assurément, dans ce texte.
Contribuer, d'après le dictionnaire, fournir pour sa part, aider
à l'exécution d'une oeuvre commune, avoir part à un
certain résultat. Si c'est le sens presque commun qu'il faut attribuer
au mot "contribuer" et au mot "participer", est-ce que, à ce
moment-là, vous maintenez votre objection actuelle, ou est-ce que vous
seriez prêtes à revenir j'allais dire au consentement, mais
peut-être que le mot est fort à l'approbation dont vous
nous aviez fait part au mois de mars 1978?
Mme Tellier-Cormier: M. le Président, là-dessus, je
répondrai que si on veut donner le sens et la définition
littérale des termes "participer" et "contribuer", je me permettrai de
vous répondre par une question.
Est-ce que j'ai besoin, moi, en tant qu'infirmière, d'avoir un
règlement qui m'autorise à participer et contribuer à
certains actes médicaux pour le faire? Et je vous donne un exemple.
Est-ce que j'ai besoin d'un règlement pour participer et contribuer, au
moment d'une ponction lombaire, qui est un acte médical, alors que je
collabore avec le médecin?
Si c'est là le sens des mots "participer" et "contribuer",
à ce moment-là, les règlements sont supposés
être pour habiliter des personnes à "poser". Si c'est le sens
littéral qu'on doit y donner, à mon humble avis je ne suis
pas un juriste on n'aurait même pas besoin de le retrouver dans le
règlement.
M. Morin (Sauvé): Evidemment, il y aurait là toute
une étymologie à faire. J'imagine que, quand vous participez
à un acte, vous ne vous attendez pas, sauf exception, que le
médecin vous tienne les mains. (15 h 45)
Mme Tellier-Cormier: Non, pas du tout. Pas du tout, mais je me
dis que, dans la définition qu'on avait donné à
"participer" et "contribuer" et alors qu'au moment de cette rencontre, on m'a
affirmé que, dans les faits, "participer" et "contribuer" étaient
pour être l'équivalent de "poser ", je pense que je n'avais pas le
choix de retirer le consentement que j'avais donné au préalable.
Si on veut me prouver que, dans les faits, "participer" et "contribuer", c'est
vraiment "agir avec" et que ce n'est pas "poser", pour pouvoir donner une
réponse à une définition qui s'encadrerait aussi avec les
autres modifications qui ont été faites, je pense qu'à ce
moment-là, je demanderais réflexion pour pouvoir
répondre.
M. Morin (Sauvé): Oui.
Mme Tellier-Cormier: Si on dit qu'on avait besoin, dans le
règlement, des termes "participer" et "contribuer", afin de ne pas
couper les ponts entre les médecins et les auxiliaires, je pense que,
dans les faits, les choses ne se sont jamais produites comme cela; on n'a
jamais coupé les ponts et on n'a jamais empêché un
médecin de travailler avec une auxiliaire. D'accord?
Si on ne veut pas couper les ponts et si on doit le consacrer par la
voie du règlement, je serai méchante ou un peu taquine et je vous
demanderai: Puisque notre participation et notre collaboration n'apparaissent
pas dans le règlement, nous ne serons donc plus autorisées
à collaborer avec les médecins à certains actes
médicaux qu'ils posent?
Le Président (M. Dussault): S'il vous plaît, je
demande à nos invités de collaborer et de ne manifester d'aucune
façon, de participer par la pensée seulement.
M. Morin (Sauvé): On demande de participer sans
contribuer. Mme la présidente, je vous sais totalement incapable de
méchanceté, de sorte que je prends l'observation en bonne part,
mais je voudrais vous faire observer que, si quelqu'un a soutenu que
"contribuer" et "participer" étaient l'équivalent de "poser", ce
n'est pas l'Office des professions. Si cela a été dit devant
l'office peut-être par un représentant des auxiliaires, c'est une
possibilité, mais je ne pense pas que l'office ait
interprété les mots de cette façon. En tout cas, ce serait
bon que nous clarifiions la situation. Je ne sais pas si vous soutenez que
c'est l'office qui vous a dit cela ou bien que quelqu'un l'a dit devant vous et
devant l'office.
Mme Tellier-Cormier: Quelqu'un l'a dit devant moi et devant
l'office, et l'office ne l'a pas nié. Dans d'autres circonstances, hors
de cette rencontre, des personnes de l'office m'ont affirmé que ce
serait dans les faits "poser".
M. Morin (Sauvé): II va falloir tirer cela au clair. Je
suis heureux que nous ayons eu l'occasion de nous en parler aujourd'hui.
D'ailleurs, nous allons également pouvoir tirer les choses au clair tout
à l'heure avec les auxiliaires.
J'aurai une autre question, mais je pense que sur ce même point,
le ministre des Affaires sociales a peut-être une question
supplémentaire.
Le Président (M. Dussault): M. le ministre des Affaires
sociales.
M. Lazure: M. le Président, dans le but de mieux
comprendre ces expressions "contribuer à" et "participer à", ma
question est la suivante. Dans la mesure où les actes en question
posés par l'infirmière auxiliaire découlent d'une
ordonnance médicale, et dans la mesure où ces actes sont
accomplis toujours sous un certain mode de surveillance, dans ces deux mesures,
est-ce que vous convenez que les deux termes "contribuer à" et
"participer à" ne sont pas synonymes de "poser".
Mme Tellier-Cormier: D'abord, je m'excuse. Je voudrais savoir
à quels actes vous faites référence, parce que dans les
règlements dont on parle, il y en a de trois niveaux: II y a des actes
médicaux, il y a des techniques de soins et il y a des actes infirmiers
à l'intérieur du règlement des actes infirmiers.
M. Lazure: Je parle des actes médicaux.
Mme Tellier-Cormier: Bon. A l'heure actuelle, dans les faits,
dans les milieux, si vous vous référez à la
compréhension et à l'interprétation que nous faisons des
actes médicaux, ce sont l'annexe A moins les treize que nous
considérons comme des techiques de soins. A ce moment, ces actes
médicaux, dans les faits, sont posés par les infirmières
dans les établissements, à la suite d'un protocole et par voie
d'autorisation. A ce moment, ce sont les infirmières qui les font. Si
l'auxiliaire a besoin de collaborer ou de participer, au sens littéral
du mot, avec l'infirmière, les choses se font et on n'a pas besoin de
règlement pour cela. C'est aussi simple que cela.
M. Lazure: Je pourrais...
Mme Tellier-Cormier: Là, on veut encadrer, et... En tout
cas, dans le règlement et dans la loi, la loi médicale comme la
Loi des infirmières, on spécifie bien que la
réglementation est là pour autoriser des personnes à
poser... Je me dis: Les mots "participer" et "contribuer", selon les
différentes interprétations qu'on peut en faire, si c'est
l'équivalent de "poser", qu'on nous le dise carrément et c'est ce
qu'on demande dans notre mémoire, de clarifier face à
ça.
Si on me dit que dorénavant ce ne sera pas poser, je devrai
refaire l'étude avec une logique parce qu'on sait très bien que
dans des textes légaux, si on change quelque chose à
l'intérieur d'une définition, ça peut venir modifier un
autre article avec un "et" et une virgule et ça peut toucher aux actes
de façon différente.
Je me vois mal donner une réponse très catégorique
alors que je n'ai pas fait cette analyse d'une façon, je dirais
peut-être détendue, d'une part, et avec un petit peu plus de temps
en avant de moi.
M. Lazure: Seulement pour compléter, M. le
Président, notre position, celle du ministre de l'Education et la
mienne, c'est que, encore une fois, aussi longtemps qu'il y a une certaine
surveillance médicale je parle des actes médicaux
il ne nous paraît pas, nous, contrairement à ce que la
présidente affirmait tantôt, qu'à ce moment-là les
actes accomplis par l'infirmière auxiliaire sont des actes posés
par l'infirmière auxiliaire. Il nous paraît que,
véritablement, elle participe et contribue à un acte
médical qui est, d'une part, ordonné, si vous voulez, prescrit
par le médecin et qui continue d'être surveillé par le
médecin. C'est dans ce sens-là que les deux mots "contribuer" et
"participer", pour nous, ont un sens différent de "poser".
Mme Tellier-Cormier: M. le Président, si je prends le
commentaire que M. Lazure vient de faire, s'il dit que le médecin,
à ce moment-là, le fait et que l'auxiliaire collabore avec lui,
participe ou contribue, moi, je n'ai pas d'objection à ça et il
n'y a pas de règlement non plus nécessaire pour une telle chose.
Mais, par contre, si vous me dites que participer et contribuer fait que
l'auxiliaire pourrait poser, sur un étage donné, alors que le
médecin est dans le bâtiment, c'est là que je dis que
"participer" et "contribuer" sont l'équivalent de "poser". C'est
ça qu'on veut voir clarifié pour éviter tout imbroglio.
Là-dessus, je voudrais bien qu'on ne me fasse pas passer pour la
sorcière. De ce temps-là, ce n'est surtout pas la sorcière
bien-aimée, mais je ne voudrais pas qu'on me fasse passer pour
sorcière et je voudrais bien clarifier qu'en aucun temps, je n'ai
déclaré que les auxiliaires étaient incompétentes.
J'ai déclaré que les auxiliaires avaient de la compétence
et que nos niveaux de compétence étaient différents compte
tenu de nos formations qui sont différentes.
Le Président (M. Dussault): S'il vous plaît, je
demande aux personnes qui sont dans les galeries de ne manifester d'aucune
façon. Il serait désagréable pour le président de
devoir d'abord songer à faire sortir les gens qui assistent à
cette commission, et ce serait le devoir du président de le faire si on
n'arrivait pas à la certitude qu'il n'y aura plus de manifestation. Le
règlement est strict et formel là-dessus. Merci.
M. Lazure: Je peux compléter?
Le Président (M. Dussault): M. le ministre.
M. Lazure: M. le Président, dans un autre ordre
d'idées, Mme la présidente de l'ordre a cité ce matin des
pourcentages qui découlent d'une enquête, d'une étude faite
par votre ordre sur des actes qui seraient posés ou non par les
infirmières auxiliaires. On en a retenu trois pour les besoins d'une
vérification. Le sens de mon intervention, c'est d'avoir une
vérification, parce qu'on a des chiffres qui sont assez
différents de ce qui nous a été donné ce matin par
l'ordre. Prenons l'installation d'un tube gastrique. Vous disiez, je crois, que
votre bilan démontre qu'environ 1% des auxiliaires posaient cet
acte.
Il y a, d'autre part, une étude qui a été faite
dans un autre contexte, par un groupement qui n'est pas un ordre professionnel,
mais par un groupement responsable, qui démontre il a dans ses
rangs un grand nombre d'infirmières auxiliaires que 58,1% des
auxiliaires posent cet acte dans le réseau hospitalier.
Pour ce qui est de l'administration des vaccins, vous parliez de 3,3%.
Cette autre étude parle d'un pourcentage de 73%. Vous vous rendez compte
que nous sommes confrontés avec des chiffres qui sont radicalement
différents. Vous avez des commentaires là-dessus?
Mme Tellier-Cormier: Oui. M. le Président j'aurai des
commentaires, puisque je connais cette étude.. Elle fait état non
pas de faits, mais d'une perception qui dépend des questions qui
étaient demandées: Est-ce que les auxiliaires aimeraient ou
prévoiraient ou seraient capables éventuellement de...? Et, en
regard de cette étude, nous
avions justement écrit à cet organisme concerné et
nous avions aussi écrit à l'ensemble des directeurs des soins
infirmiers à travers le Québec et aussi au ministère.
Si on me demandait... Compte tenu que j'ai travaillé onze ans en
salle d'opération, je connais les étapes d'une foule
d'interventions ainsi que toute l'instrumentation nécessaire, toutefois,
on ne m'a jamais donné le feu vert pour prendre le bistouri et
inciser.
Alors, si on me demandait, si on m'avait demandé, il y a quelques
années: Auriez-vous aimé, peut-être, à un moment
donné, faire l'intervention? J'aurais pu répondre: Oui, j'aurais
aimé ou je pourrais. Mais la perception, savoir si on voulait et les
faits réels, ce sont deux choses. Il y avait eu une demande de faite
pour retirer cette étude. Il y avait même eu des premières
procédures de prises en regard des résultats de cette
enquête.
M. Lazure: Sans vouloir prolonger le débat, M. le
Président, une dernière remarque. L'étude que j'ai devant
moi ne posait pas la question comme Mme la présidente vient de le dire.
L'étude posait la question de façon factuelle. Est-ce que ces
actes il y en avait toute une série sont posés
toujours, occasionnellement, etc.? Il y avait des gradations. Les pourcentages
que je viens de vous citer tantôt, c'est l'addition des "toujours" et des
"occasionnellement". Ce n'était pas une étude dans le sens de:
Aimeriez-vous poser ces actes-là?
Mme Tellier-Cormier: Alors, M. le Président, si le
ministre fait référence à une étude concernant 18
tâches, j'aimerais beaucoup que, dans une autre enceinte, on s'en parle
parce qu'il y aurait beaucoup de clarifications à apporter, y compris
les premières procédures judiciaires qui avaient
été prises en regard de cette enquête, M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): Quelles procédures judiciaires?
Pourriez-vous nous éclairer?
Mme Tellier-Cormier: Oui. Il y a eu, dans un premier temps, une
mise en demeure de faite et une personne, de façon très
spécifique... Il y avait eu des premières procédures qui
avaient été prises. Je ne pense pas que ce soit le lieu pour
discuter du cas de façon spécifique, mais, si les ministres
concernés veulent plus de détails, à ce moment-là,
nous leurs fournirons, par les conseillers juridiques qui ont fait le travail,
l'information requise.
M. Morin (Sauvé): Vous êtes en commission
parlementaire, Madame, et je ne pense pas qu'on puisse glisser des choses sous
le tapis. Si vous avancez quelque chose, il faut être capable de le
soutenir. Vous nous dites qu'il y a eu des procédures judiciaires.
Qu'est-ce qu'il en est advenu puisque l'enquête, à notre
connaissance, a eu lieu, elle s'est déroulée et le gouvernement,
tout de même, est obligé de tenir compte d'un résultat
comme celui-là? Alors, expliquez-vous exactement en quoi cette
enquête a fait l'objet des foudres de je ne sais trop quel tribunal et
qu'en est-il advenu? (16 heures)
Mme Tellier-Cormier: Si vous voulez me donner une minute, je vais
consulter le conseiller judirique parce que je ne voudrais quand même pas
non plus me réveiller moi-même avec des procédures, compte
tenu d'affirmations que j'aurais faites.
Le Président (M. Dussault): Alors, vous avez la parole,
madame.
Mme Tellier-Cormier: M. le Président, j'ai ici les copies
des lettres concernant, d'une part, la lettre qui avait été
envoyée aux différents directeurs et directrices des soins
infirmiers à travers le Québec et j'ai aussi les copies des deux
lettres de mise en demeure concernant cette étude à la
corporation concernée d'une part et d'autre part, à la personne
qui a travaillé à cette enquête qui, au départ,
avait été chez nous une personne responsable au niveau d'un
chargé de recherche.
Je dépose ces lettres à l'attention des membres de cette
commission.
M. Morin (Sauvé): Mais madame, une mise en demeure n'a
qu'une valeur très relative. Une mise en demeure n'est pas une
pièce judiciaire, que je sache. Vous nous avez parlé d'un
tribunal, qu'en est-il de ce tribunal et quelle a été la
décision de ce tribunal?
Mme Tellier-Cormier: Si j'ai dit qu'il y avait eu un tribunal, ce
n'était pas là mon intention. Peut-être que le journal des
Débats... je n'ai pas parlé de tribunal, j'ai dit qu'il y avait
eu les premières étapes pour arriver à certaines
procédures, mais je n'ai pas dit qu'il y avait eu un tribunal.
M. Morin (Sauvé): Alors madame, je dois vous dire qu'en ce
qui concerne la commission parlementaire, les quelques chicanes sous forme de
lettre de mise en demeure n'ont aucune pertinence ici. S'il y avait un jugement
d'un tribunal, nous devrions en prendre connaissance, parce que ce serait
vraiment un élément sérieux dans la discussion. Mais les
mises en demeure et la "guéguerre" entre les corporations, cela ne doit
pas être pertinent. Cela ne doit pas nous intimider.
M. Goldbloom: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): Je pense que madame voudrait
répondre.
Mme Tellier-Cormier: M. le Président, je voudrais
clarifier. Ce n'est pas une question d'intimider, loin de là, mais dans
ce problème, en regard de cette enquête, quand je parle
d'enquête, ce n'est pas en termes judiciaires, de ce rapport ou de cette
étude, suite à une enquête qui avait été
faite, à ce moment-là, les rapports qui sont sortis suite
à cette étude, n'ont pas été reconnus au niveau
méthodologique d'une part, et d'autre part,
la personne qui en était responsable était partie avec des
documents de chez nous et elle avait voulu inscrire des droits d'auteur.
Face à toute cette problématique, c'est la firme de
conseillers juridiques de l'ordre qui avait entrepris les premières
démarches auprès de la corporation et de la personne
touchée. Ce n'est pas dans le sens d'intimider, mais si vous voulez plus
de détails, je vous dépose ces lettres. Je ne pensais pas qu'on
référerait éventuellement à cette situation.
M. Goldbloom: M. le Président...
M. Morin: M. le Président, je n'ai pas d'objection
à ce qu'on dépose ces lettres. Je ne sais pas de quelle valeur
elles peuvent être pour la commission, mais enfin, par acquit de
conscience, madame, nous allons en prendre connaissance.
M. Goldbloom: M. le Président...
M. Morin (Sauvé): Je crois que le ministre...
M. Goldbloom: ... j'avais demandé la parole avant le
ministre des Affaires sociales.
M. Lazure: Je n'avais pas fini mon intervention, si vous
permettez. Ecoutez, je veux simplement...
M. Goldbloom: M. le Président, j'avais demandé la
parole, par rapport à une déclaration du ministre de l'Education.
Je n'ai pas voulu invoquer formellement le règlement, mais si vous
voulez que je le fasse, je le ferai.
M. Lazure: Allez-y.
Le Président (M. Dussault): Je pense, M. le
député de D'Arcy McGee, si vous me permettez, que vous aviez
accepté de laisser la parole à M. le ministre des Affaires
sociales. C'était une forme de tolérance. Je pense que c'est
maintenant à votre tour de prendre la parole.
M. Goldbloom: M. le Président, je ne voudrais pas
intervenir immédiatement pour poser des questions si les ministres en
ont encore. Je voulais simplement réagir à ce que le ministre de
l'Education a dit, parce qu'il a affirmé que des différences
d'opinions et des mesures comme l'émission d'une mise en demeure
n'étaient pas pertinentes. Je trouve le mot mal choisi, parce qu'il me
semble que tout témoignage devant cette commission parlementaire est
pertinent. Tout témoignage fait sérieusement doit être
évalué à sa juste valeur. Alors, je trouve que c'est
pertinent que les gens disent ce qu'ils ont à dire.
M. Morin (Sauvé): Oui. Je donnerai raison au
député de D'Arcy McGee, avec cette nuance, cependant, que
lorsqu'on tente de dévaluer une étude qui peut avoir une certaine
portée dans le débat qui nous anime cet après-midi, il est
normal que nous tentions d'explorer de quelle façon on entend
dévaluer cette étude et qui a mis en doute sa valeur. Si c'est
l'ordre lui-même qui met en doute la valeur de cette étude, c'est
une chose. S'il y a eu un arrêt d'un tribunal, quelque part, qui
déclare que cette étude était sans fondement ou qu'elle
empiétait sur les droits de l'ordre, ce serait tout à fait autre
chose. Je pense que le député de D'Arcy McGee peut mesurer
cela.
Je crois que je comprends l'intervention de Mme la présidente. Je
l'évalue à sa juste valeur et je pense qu'on peut revenir au
document lui-même.
M. Saint-Germain: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Puis-je vous demander pour quelle raison on
semble vouloir ignorer les responsables de cette étude en particulier?
Il me semble que ce serait dans l'intérêt, et des membres de la
commission et du public, de savoir qui est responsable de cette
étude.
Le Président (M. Dussault): Ce n'est pas une question de
règlement, M. le député de Jacques-Cartier. Vous me posez
une question qui s'adresserait au ministre.
M. Saint-Germain: Excusez-moi, M. le Président. Que ce
soit Mme la présidente ou que ce soit M. le ministre, on fait
état d'études et on semble considérer, d'un
côté, ces études comme étant sérieuses, et
d'un autre côté, comme l'étant moins. Je crois qu'on
devrait donner les renseignements voulus aux membres de la commission pour
soutenir de telles déclarations.
M. Lazure: M. le Président, écoutez, il n'y a pas
de secret de polichinelle. Je pense qu'on le sait tous, c'est une étude
qui a été ou commanditée ou dirigée par la
Fédération des affaires sociales. Je pense qu'elle est quelque
part ici, dans la salle et je pense qu'elle doit présenter un
mémoire plus tard, si la commission a le temps de l'entendre.
Le but de notre intervention, c'est d'essayer d'éclairer la
commission, parce qu'il y a un décalage considérable. Voici deux
groupements, l'Ordre des infirmières et la Fédération des
affaires sociales qui regroupe en son sein, à la fois des
infirmières autorisées et des infirmières auxiliaires. Ce
sont deux groupements qui connaissent bien le milieu hospitalier et qui
arrivent sur un acte donné je prends le dernier parce qu'il est
facile à comprendre, l'administration de vaccins. Tout le monde sait ce
qu'est l'administration de vaccins.
L'Ordre des infirmières nous dit, ce midi, que dans son
étude, seulement 3,3% des infirmières auxiliaires posent ce
geste, tandis que l'étude de la FAS, celle qu'on a devant nous, nous dit
que 73% des infirmières auxiliaires le posent toujours ou
occasionnellement.
Je veux faire valoir, pour les membres de la commission et surtout
à l'adresse de la présidente de l'ordre, que nous sommes un peu
confus devant des bilans qui sont aussi différents.
Mme Tellier-Cormier: M. le Président, je suis très
heureuse d'avoir été très prudente tantôt, puisque
l'étude à laquelle je faisais référence et
où j'ai eu des réticences, où des noms auraient pu
être signalés... Je ne dirai pas que j'ai fait preuve de sagesse,
mais j'ai été très prudente et je suis heureuse de l'avoir
été, puisqu'on ne fait pas référence à la
même étude.
M. Morin (Sauvé): Incident clos.
Mme Tellier-Cormier: Oui. Je ne veux pas être poursuivie
pour pratique illégale de la médecine, ni pour pratique
illégale du droit, mais encore moins poursuivie pour libelle
diffamatoire.
Ceci étant dit, l'étude à laquelle vous faites
référence, je ne la connais pas, M. le ministre. Toutefois, le
rapport de l'enquête qui a été faite dans les
dernières semaines a été vraiment fait au cours des trois
dernières semaines et les personnes qui y ont répondu sont les
personnes qui travaillent dans les différents types
d'établissements, comme vous avez pu le voir à l'intérieur
du rapport sommaire qui vous est soumis.
L'autre étude, je ne la connais pas. Par contre, pour avoir aussi
fait la province au cours de l'automne et en début de cet hiver, je peux
vous signaler aussi que les infirmières m'ont affirmé, à
la grandeur du Québec, qu'il était faux de prétendre que
certains actes médicaux, certains actes qui sont à
l'intérieur du règlement des actes médicaux, tels que les
vaccins, ne sont pas posés, dans les faits, par une proportion telle que
vous le dites.
Je peux vous dire ce que mes gens m'ont dit, mais je ne peux pas
prévoir ce que les autres ont dit.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: Merci, M. le Président. Je voudrais demander
d'abord à Mme Tellier-Cormier de bien vouloir clarifier une
déclaration qu'elle a faite, ce matin, ce midi, au cours de la
présentation du mémoire. Si j'ai bien compris, si j'ai bien
entendu, vous avez dit, Mme Tellier-Cormier, que l'annexe A permettrait aux
auxiliaires de poser tous les actes, de participer à tous les actes
énumérés à cette annexe. J'aimerais d'abord vous
demander si c'est bien ce que vous avez dit, si c'est ce que vous maintenez et
aussi de quelle annexe il s'agit, de l'annexe à quel document que nous
avons devant nous, pour que nous puissions nous comprendre.
Mme Tellier-Cormier: M. le Président, pour répondre
au député de D'Arcy McGee, lorsqu'on parle de participer et
contribuer à l'intérieur de l'article 5.02, c'est un article
à l'intérieur du règlement des actes médicaux.
Quand on parle des actes reliés à cet article et qu'on cite
l'annexe A, c'est l'annexe A à l'intérieur du règlement
des actes médicaux.
Tantôt j'ai clarifié que, ce matin, j'entends d'autres
versions du terme "participer et contribuer", mais, compte tenu des 15 ou 18
derniers mois où plusieurs personnes m'avaient affirmé que
"participer et contribuer", je n'avais pas le besoin de m'en faire que, dans
les faits, ce serait posé, oui, j'ai affirmé, ce matin, que, si
dans les faits, "participer et contribuer" sont l'équivalent de "poser",
les auxiliaires, à ce moment-là, seraient habilités, par
la voie de l'article 5.02 du règlement des actes médicaux,
à poser les mêmes actes.
L'enquête que nous avons menée portait, d'une part,
justement sur les actes médicaux, sur les techniques de soins et sur les
techniques de soins à l'intérieur de notre propre
règlement.
M. Goldbloom: Ma deuxième question porte sur un aspect
franchement délicat de toute cette question, mais un aspect de
très grande importance à mon avis. Quand on pose un acte, quand
on prodigue un soin, quand on administre une substance quelconque c'est
notamment à ce sujet que je voudrais poser la question on peut
prévoir que, dans la forte majorité des cas, il n'y aura pas de
réaction néfaste et imprévue. Dans une minorité des
cas, cependant, une minorité que l'on essaie de garder aussi minime que
possible, il y a des réactions qui ne sont pas prévues et qui
peuvent même mettre en danger la vie du malade. Quand on fait face
à une situation où un acte a été posé,
suivant une ordonnance médicale, suivant une délégation de
cet acte par l'infirmière à l'auxiliaire, quand on fait face
à une telle réaction, comment, dans l'état actuel des
textes qui sont proposés, partage-t-on la responsabilité?
Mme Tellier-Cormier: M. le Président, pour avoir
déjà posé la question et avoir eu le message de mes
membres de voir poser la question aujourd'hui, si on se réfère...
A ce moment-là, je vous répondrai ce que des conseillers
juridiques me répondent, le terme de "surveillance" implique, à
l'intérieur des règlements, une disponibilité quelconque,
mais les infirmières sont inquiètes à travers le
Québec de ce qu'impliquera, en termes de responsabilités
professionnelles, la surveillance, puisqu'il pourrait arriver qu'un acte soit
posé, que l'infirmière soit dans l'établissement, au
cinquième étage, qu'elle assure une surveillance sur place, mais
si jamais personne ne lui dit qu'il y a un problème qui se
développe à la suite de l'acte posé, quelle sera pour elle
la responsabilité d'avoir à assumer une surveillance sur place,
si elle n'est même pas avisée à un moment donné
qu'un problème se développe ou surgit? (16 h 15)
J'avais aussi comme message aujourd'hui de demander à la
commission parlementaire et plus précisément au ministre
responsable de l'application des lois professionnelles comment il pouvait
donner une réponse aux infirmières sur ce qu'implique, sur
le plan de la responsabilité, le fait d'assurer une disponibilité
de surveillance. Alors, je n'ai malheureusement pas tout le nécessaire
pour répondre à votre question, M. le député de
D'Arcy McGee, mais je repose à mon tour la question au ministre
responsable de l'application, parce qu'il y a une différence, selon
nous, entre assurer une surveillance et planifier, prodiguer, et
contrôler les soins tel que notre exercice nous le demande.
M. Goldbloom: Je ne demanderai pas au ministre de répondre
immédiatement, s'il ne veut pas le faire, mais je l'invite à nous
fournir une réponse. Déjà à l'occasion d'une
question que je lui avais posée en Chambre, il avait fourni une certaine
réponse. Je l'ai relue, je vous avoue que ce n'est pas dans mon
intention d'être désobligeant à l'endroit du ministre, mais
j'ai trouvé cette réponse incomplète et pas tout à
fait satisfaisante. C'est pour cela que j'ai soulevé la question ici
aujourd'hui.
M. Morin (Sauvé): Cela aurait été la
première fois que l'Opposition eût trouvé une
réponse complète et satisfaisante.
M. Goldbloom: Je pense avoir évité de me servir de
cette occasion importante pour lancer de petites flèches. J'inviterais
le ministre à s'en abstenir également. Le sujet est trop
important pour cela.
J'aimerais poser quelques autres questions. Je le fais aussi rapidement
que possible. Je voudrais soulever un problème qui a été
mentionné ce matin. J'ai posé la question: Pourquoi faut-il, aux
yeux de la Corporation professionnelle des médecins, permettre et
établir une communication directe entre le médecin et
l'auxiliaire sans passer par l'infirmière à titre
d'intermédiaire? Un élément de la réponse a
été le suivant: II y a quand même des établissements
où, la nuit par exemple, il n'y a pas d'infirmière
diplômée, il n'y a pas d'infirmière membre de l'Ordre des
infirmières et infirmiers, il n'y a que des auxiliaires en devoir. Donc,
le médecin est obligé de transiger directement avec
l'auxiliaire.
J'aimerais soulever une question très simple. Je dois l'adresser
autant au ministre des Affaires sociales qu'aux porte-parole de l'Ordre des
infirmières et infirmiers: Est-ce que cela est une situation normale?
Est-ce que l'on doit légiférer en fonction d'une telle situation?
Si l'on croit que c'est une situation normale, si la politique du
ministère des Affaires sociales est de reconnaître comme normale
une telle situation, il faudrait agir, sur le plan législatif, en
conséquence. Si l'on trouve par contre que c'est une situation qui n'est
pas parfaitement acceptable, qui n'est pas idéale et qui ne devrait pas
être encouragée, il me semble que l'on ne devrait pas
légiférer en fonction d'une telle exception. Je soulève la
question pour les commentaires que vous aimeriez faire là-dessus.
Mme Tellier-Cormier: Merci, M. le Président. Je pense
qu'il est important de clarifier les types d'établissements. Dans les
types d'établissements où nous trouvons la situation de ne pas
avoir d'infirmière 24 heures par jour au niveau des services, ce sont
des établissements tels que les centres d'accueil ou les soins
prolongés. C'est beaucoup moins fréquent dans les soins
prolongés que cela peut être fréquent dans les centres
d'accueil. Je pense que la classification des malades et l'état des
bénéficiaires sont très différents. Dans les types
d'établissements où on retrouve que les auxiliaires sont seuls,
le soir ou la nuit, à ce moment, l'infirmière de jour, en
collaboration avec les auxiliaires et après avoir établi un plan
de soins... Les activités sont, à ce moment, prévues
à l'intérieur du plan de soins. S'il arrive un problème
à un moment où l'infirmière n'est pas présente, il
y a possibilité de rejoindre l'infirmière qui assure une
surveillance à distance, selon certains actes dans notre propre
règlement.
Toutefois, s'il se présente un problème, il n'y a jamais
eu de défense que l'auxiliaire puisse avoir recours... ou appeler le
médecin qui est le responsable. Mais, à ce moment-là,
c'est vraiment un type d'établissement qui est très
différent et il faut se rappeler que pour la période de la nuit,
entre autres, c'est beaucoup plus souvent des soins de garde presque uniquement
qui sont assurés en termes de répondre à des besoins de
ces types d'établissement et, à l'intérieur de ces centres
d'accueil ou de soins prolongés, on retrouve des infirmières de
jour qui assument leurs responsabilités de planifier, prodiguer et
contrôler les soins.
M. Goldbloom: M. le Président, j'ai une dernière
question; elle a deux volets. Elle porte sur le point de vue exprimé, ce
matin, par la Corporation professionnelle des médecins qui a fait
état d'un article qu'elle avait proposé qui aurait établi
un régime dans lequel les établissements, selon leur
caractère, selon leurs besoins, selon leurs normes particulières,
auraient eu la possibilité de pousser plus loin la réglementation
et établir ses propres liens entre les diverses professions qui oeuvrent
à l'intérieur de chaque établissement.
Il y a eu également un texte de l'article 5.02 qui avait
été proposé par la Corporation professionnelle des
médecins et qui se trouve modifié dans le texte que nous avons
devant nous. L'ordre des médecins a exprimé le regret que le
premier texte, celui qu'il avait proposé lui-même, n'avait pas
été retenu. J'aimerais vous inviter à nous indiquer la
position de l'Ordre des infirmières et infirmiers sur ces deux
considérations.
Mme Tellier-Cormier: M. le Président, encore une fois, il
faut faire des clarifications à l'intérieur de la demande qui
était faite et à l'intérieur des principes mêmes qui
avaient été établis au tout départ dans les travaux
pour ces règlements.
Il avait été entendu que les établissements
pourraient déterminer les actes et pourraient déterminer des
conditions locales, ce qui leur per-
mettait de répondre à la vocation spécifique de
l'établissement. Lorsque nous avions parlé à
l'intérieur d'une définition, lorsque vous déterminez des
actes et lorsque, en plus, des établissements ont à
l'intérieur de la liste à choisir lesquels, dans leur
établissement, seront posés et d'additionner les conditions
locales, je pense qu'il y a une garantie, à ce moment-là, pour la
sécurité du public qui est importante.
Quand l'article 5.02, dans sa première version... à ce
moment-là, peut-être que si on se réfère à la
version de mars 1976, dans la Gazette officielle du Québec, il faut bien
se rappeler qu'à l'intérieur des règlements, à ce
moment-là, il y avait deux possibilités soit de déterminer
des actes, d'établir des conditions locales et, dans notre propre
règlement, en juin 1977, il y avait aussi l'élément de
prendre en considération la formation et la préparation requises
pour poser des actes.
Je pense que la dimension ou les principes qui étaient mis de
l'avant au départ sont modifiés compte tenu qu'on nous a
signalé le problème juridique de sous-délégation
qui ne permettait pas aux établissements de déterminer et
d'ajouter des conditions locales.
M. Goldbloom: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Merci, M. le
député de D'Arcy McGee.
M. le député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Merci, M. le Président.
Mme la présidente, vous avez, dans le sommaire de votre
mémoire en page 4, une partie de paragraphe qui se lit comme suit:
"Depuis toujours, l'infirmière a posé ses actes selon les normes
d'exécution qu'elle a apprises au cours de sa formation de base en soins
infirmiers et qui font partie de ses activités quotidiennes."
Suite à ça, si on prend la loi médicale qu'on a
devant nous et si l'article 5.02 était accepté dans le sens qu'on
discute depuis le matin, à savoir que les mots "contribuer" et
"participer" devaient être synonymes de "poser", pourriez-vous nous dire
combien de membres de votre corporation pourraient être remplacés
par des infirmières auxiliaires?
Mme Tellier-Cormîer: M. le Président, je n'ai aucune
idée en regard de cette question, puisque, tout au long des discussions
sur ce règlement, jamais il n'a été question d'avoir comme
objectif de réduire des postes ou des choses comme ça. Ce matin
le ministre des Affaires sociales a clarifié; il a dit que les deux
arrivent en même temps, c'est-à-dire le temps de la
négociation et le temps des travaux sur ces règlements. J'ai
aussi dit ceci à travers le Québec, parce que je réalise
que j'ai dit et que j'ai écrit beaucoup de choses. Des gens s'en servent
de façon importante; j'ai dit moi aussi aux infirmières qui me
posaient la question que vous me posez, monsieur, la même réponse
que le ministre donnait ce matin à l'ensemble des gens présents
ici pour cette commission.
Depuis 1973 on travaille pour arriver à cette
réglementation et jamais, en aucun temps, il n'avait été
question d'établir ce règlement pour réduire des postes.
Vous me donnez l'occasion de clarifier; au tout début, ces
règlements avaient été mis de l'avant pour une raison
unique, légaliser et régulariser la situation des
infirmières qui posaient des actes médicaux. Lorsque, entre la
Corporation des médecins et nous, nous avons effectué des
travaux, jamais, à l'intérieur des discussions, il n'a
été question d'introduire le fait que les auxiliaires poseraient
ces mêmes actes médicaux ou y participeraient ou y
contribueraient, parce que, jusqu'à maintenant, on n'a jamais eu besoin
d'un règlement pour aider quelqu'un, pour collaborer ou pour participer
ou pour contribuer.
Dans cet esprit, je suis incapable de répondre à votre
question en termes de nombre de postes.
M. Grenier: Je sais, pour l'avoir vécu chez nous, que les
infirmières licenciées dirigeaint l'école de formation des
infirmiers et infirmières auxiliaires. J'aimerais que vous nous disiez
si ça peut se calculer en nombre d'années de scolarité. A
quoi cela peut-il correspondre comme moyenne? Il y a des différences
et j'en suis saisi entre différentes régions,
différentes écoles, valeurs d'écoles qu'il peut y avoir.
Mais quelle est la moyenne de scolarité qu'il peut y avoir pour une
infirmière autorisée et un infirmier et une infirmière
auxiliaires?
Mme Tellier-Cormier: A l'intérieur de notre
mémoire, on donne une réponse très claire sur cette
situation. La formation se donne au niveau du secondaire IV et secondaire V
professionnel. C'est-à-dire que ces personnes font leurs études
jusqu'au secondaire III, ensuite aux secondaires IV et V elles font des
études professionnelles. Pour les infirmières, le minimum requis
est d'avoir terminé un secondaire V et l'avoir réussi avant
d'être inscrites aux différentes options de techniques
infirmières à travers le Québec ou aux différentes
écoles ou facultés, puisque certains de nos membres cheminent par
le biais du collège et d'autres par le biais de l'université.
Pour répondre d'une façon encore plus précise
à votre question, je vous dirai que, depuis déjà huit ou
neuf ans, des cours de recyclage avaient été mis de l'avant et
entre 2500 et 3000 auxiliaires ont cheminé par le biais du recyclage
pour devenir des infirmières. Je signale que c'est uniquement en termes
de matières strictement professionnelles, ce qui ne couvre pas la
biologie et toutes les autres matières en sciences humaines, etc.
C'était un recyclage qui comportait 900 heures d'études
supplémentaires en nursing.
Je pense que la différence se situe au fait que les auxiliaires
terminent au niveau d'un secondaire V professionnel, que les infirmières
terminent au minimum à un collège III, techniques
infirmières, sans compter celles qui peuvent cheminer par
l'université. Le recyclage qui avait été accepté
comportant 900 heures professionnelles en dehors des heures qui touchent les
sciences humaines, les sciences et les matières de français,
philo, etc.
M. Grenier: A la page 5 de votre sommaire, on dit qu'une
enquête a été menée par des établissements.
Il y aurait plusieurs questions; bien sûr, on est limités dans le
temps. On parle de chiffres; vous en arrivez à 3,3% alors que le
ministre parlait tout à l'heure de 73%. On est habitué à
la bataille des chiffres; quand on parle de chiffres, au provincial et au
fédéral, c'est bien plus étrange que cela. On termine ici
en disant que le règlement des actes médicaux ne correspond en
rien à la réalité quotidienne des milieux en ce qui
concerne les infirmières auxiliaires. J'aimerais que vous
précisiez davantage.
Mme Tellier-Cormier: Cette enquête a été
faite au cours du dernier mois; on vous a donné un rapport sommaire de
cette enquête et éventuellement nous serons en mesure de vous
donner le rapport complet. (16 h 30)
J'ai signalé tantôt que cette enquête comportait
trois volets. Un premier volet situe les actes médicaux, un
deuxième situe les techniques de soins, compte tenu, dans le
règlement, des actes médicaux et des actes infirmiers. A
l'intérieur des réponses que nous avons obtenues, nous avons
obtenu statistiquement, apparemment, c'est très fort, 47,8% de
répondants sur l'ensemble des questionnaires envoyés. A ce
moment-là, c'est à la suite de ces réponses que nous
affirmons que le règlement n'est pas le reflet du vécu du milieu
puisque, à l'heure actuelle, les auxiliaires ne posent pas les actes
médicaux, les techniques de soins qui sont regroupées dans le
règlement des actes médicaux à un très faible
pourcentage. Par contre, au niveau des actes infirmiers qu'on retrouve dans
notre propre règlement, elles les posent à un pourcentage plus
élevé. Encore une fois, je répète, nous autorisons
par notre règlement des activités nursing aux auxiliaires, nous
n'entendons pas le retirer, mais, encore une fois, jamais nous n'avons
prétendu à leur incompétence, mais nous avons toujours
affirmé des niveaux différents de compétence.
M. Grenier: Merci. Je retournerais la question que j'ai
posée au ministre ce matin. Est-ce qu'il serait en mesure de
répondre à ma question et me dire quelle différence en
moyenne salariale il y a entre les infirmiers et infirmières auxiliaires
et les infirmiers et infirmières autorisés?
M. Lazure: M. le Président, c'est 22,5%. M. Grenier:
Merci. C'est appréciable.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Pointe-Claire.
M. Shaw: Madame, est-ce que vous avez les chiffres, le
pourcentage des actes de nursing qui sont faits, avec les deux ensemble? Quel
pourcentage des actes de nursing sont faits par des auxiliaires en ce
moment?
Mme Tellier-Cormier: M. le Président, tout dépend
de quel acte de nursing vous parlez.
M. Shaw: Au total. Je parle du total. Parce qu'entre vous, les
infirmières et les auxiliaires, vous faites tous les actes de nursing,
quel est le pourcentage des effectifs en auxiliaires en comparaison avec le
nursing au total?
Mme Tellier-Cormier: Ce matin, j'ai clarifié que, parmi
nos membres, 29 000 sont des infirmières qui sont affectées au
service général, donc qui donnent des soins aux
bénéficiaires, et je pense que la Corporation des auxiliaires,
qui suivra, sera en mesure de vous donner des chiffres pour sa propre
corporation, mais, à l'intérieur de son rapport annuel, il y a
aussi des données. Je vous réponds que, pour ce qui touche notre
organisme, 29 000 de nos membres sont en service général et sont
donc aux soins directs du bénéficiaire.
M. Shaw: Mais vous n'avez pas de pourcentage des auxiliaires?
Dans un hôpital, par exemple, il peut y avoir 5%, 10% des auxiliaires en
comparaison. La raison pour laquelle je pose cette question, avec les
changements au règlement, voyez-vous une augmentation du pourcentage des
auxiliaires en comparaison des infirmières dans une situation
hospitalière?
Mme Tellier-Cormier: M. le Président, je ne suis pas dans
les secrets des politiciens, à savoir entre autres du ministre de
l'Education, s'ils ont fait des prospections pour le nombre éventuel de
professionnels. J'ai quand même et on vous l'a remis dans la
documentation le pourcentage de membres qui sont des infirmières
pour chacune des régions et du nombre d'auxiliaires qui sont dans
chacune des régions, compte tenu que ces chiffres sont tirés des
rapports annuels. Au tout début, votre question portait sur le volet
suivant: Est-ce que vous connaissez les pourcentages dans les
établissements? Je vous dirai que les pourcentages sont très
variables selon le type d'établissement et, à l'intérieur
du même établissement, vous avez différentes unités
où nous ne retrouvons pas d'auxiliaires alors que, sur d'autres, il y en
a. Alors, je n'ai pas de chiffre magique à vous donner parce que cela
dépend du type d'établissement, du type d'unité, pour
répondre à cette question, qui est très variable. Mais,
à l'intérieur de la population totale telle qu'au rapport annuel
de 1977-1978 des deux corporations touchées, nous retrouvons au
Québec 44 213 infirmières actives et, selon les données du
rapport des auxiliaires, 15 561. Ce sont des chiffres officiels que je
possède. Quant aux pourcentages...
M. Shaw: Vous avez raison lorsque vous dites que si un
pourcentage des actes dont vous êtes responsables pour le moment sont
à un niveau inférieur, ça peut affecter, en fin de compte,
le nombre des infirmières qui sont impliquées, tou-
jours avec la question de coûts, parce que le ministre, ce matin,
a dit que ce n'était pas une question de coûts si on veut
augmenter les services rendus par les auxiliaires.
Si, en effet, l'avantage de faire poser des actes par les auxiliaires
peut donner davantage comme effectifs, le pourcentage des effectifs dans les
centres hospitaliers, ça peut être une des raisons. Je ne dis pas
que c'est une des raisons, mais ça peut être une des raisons pour
lesquelles le gouvernement est prêt à donner accès à
certains services par les auxiliaires, pour économiser de l'argent dans
le secteur hospitalier. C'est pour ça que je pose la question, c'est
pour ça que je demande si vous prévoyez une augmentation du
nombre de personnes qui peuvent être impliquées comme auxiliaires
dans les postes qui sont disponibles maintenant dans le nursing.
Mme Tellier-Cormier: M. le Président, dans un premier
temps, je veux clarifier que, dans notre règlement, nous autorisons des
actes infirmiers, du nursing aux auxiliaires. Toutefois, la profession
d'infirmière, telle que définie dans l'article 36 de notre loi,
ne répond pas uniquement à ces activités qui sont incluses
dans le règlement. Mais la dimension et la portée de notre
exercice professionnel vont au-delà de ces actes qui sont, d'une part,
identifiés comme des techniques de soins dans le règlement des
actes médicaux et, d'autre part, à l'intérieur de notre
règlement, où nous autorisons des activités de nursing aux
auxiliaires. L'exercice de la profession a une dimension et une portée
beaucoup plus vastes.
Quant à dire si ça peut toucher des coûts, je
répéterai toujours ce que je sais du dossier. Au moment où
la problématique a été établie pour arriver
à un règlement, c'était pour régler la situation
des infirmières qui devaient poser des actes médicaux et pour
leur donner un encadrement légal pour le faire. La protection du public,
d'une part, le demandait et, d'autre part, la protection de nos membres le
demandait aussi. Toutefois, si, au moment des travaux et l'évolution de
ce dossier, on arrive à un aboutissement différent, je pense que
je ne suis pas en mesure de répondre à votre question en termes
de coûts économisés ou non économisés.
Ce qui est important, c'est de se rappeler la formation
nécessaire pour poser des actes et se rappeler que ce n'est pas
uniquement l'acte en soi, mais l'ensemble que constitue la profession et,
à ce moment-là, ces deux dimensions doivent être
respectées. Au fond, c'est la protection du public que nous
réclamons dans l'ensemble du dossier.
Le Président (M. Dussault): M. le ministre et
député de Bourget.
M. Laurin: M. le Président, je trouve ces discussions
enrichissantes et éclairantes depuis le matin. Il reste un point sur
lequel j'aimerais encore éclairer ma lanterne. Je constate que la
discussion tourne autour de trois pôles: actes médicaux, actes
infirmiers et techniques de soins. Est-ce que je pourrais vous demander, Mme la
présidente, de me dire la différence qui existe, selon vous,
entre techniques de soins et actes infirmiers?
Mme Tellier-Cormier: Oui, je vais vous la donner de façon
précise, puisqu'à l'intérieur de la documentation qu'on
vous remettait, nous avons clarifié, très brièvement, les
différences. Un acte médical... Non, vous m'avez demandé
la technique de soins et l'acte infirmier, d'accord. Une technique de soins,
c'est une activité de nursing que l'infirmière ou l'infirmier
effectue à la suite d'une ordonnance médicale. L'exemple, tel que
cité dans notre texte: changer les tubes de gastrostomie, ou des choses
comme ça. Une technique de soins, c'est une activité de nursing
que l'infirmière ou l'infirmier effectue à la suite d'une
ordonnance médicale.
Ce qui est médical, c'est décider de l'ordonnance; ce qui
est notre profession, c'est l'exécution, la technique en soi. Cette
activité de nursing fait partie de l'exercice de la profession et se
rattache au fait de prodiguer des soins selon une ordonnance
médicale.
Un acte infirmier se réfère à l'ensemble des
activités que nous attribuons à la définition de
l'exercice infirmier. Il a pour objet d'identifier les besoins de santé
des personnes, contribuer aux méthodes de diagnostic, prodiguer et
contrôler les soins infirmiers que requiert la promotion de la
santé...
M. Morin (Sauvé): Avez-vous dit contribuer, madame?
Mme Tellier-Cormier: J'ai dit prodiguer et contrôler...
M. Morin (Sauvé): Juste avant.
Mme Tellier-Cormier: J'ai dit contribuer aux méthodes de
diagnostic. C'est la définition légale, à l'article 36 de
la Loi des infirmières.
M. Morin (Sauvé): Très intéressant.
Mme Teilier-Cormier: Je peux vous donner des exemples de
contribuer aux méthodes de diagnostic, très facilement.
Je reprends. Cela constitue aussi le fait de prodiguer et
contrôler les soins infirmiers que requièrent la promotion de la
santé, la prévention de la maladie, le traitement et la
réadaptation.
Je reviens, si vous me le permettez, M. Laurin, à l'intervention
de M. Morin et je lui dirai que participer et contribuer à des
méthodes de diagnostic, on peut y retrouver de multiples exemples. Je
peux participer et contribuer aux méthodes de diagnostic en relevant les
différents signes et symptômes que je décèle chez le
client et, à ce moment-là, je contribue et participe aux
méthodes de diagnostic. Et je peux contribuer de bien d'autres
façons.
M. Morin (Sauvé): Mais les posez-vous?
Mme Tellier-Cormier: Je ne fais pas le diagnostic; je ne le pose
pas.
M. Morin (Sauvé): Contribuer. Mme Tellier-Cormier:
Je contribue. M. Morin (Sauvé): C'est fort bien.
Mme Tellier-Cormier: Donc, je ne pose pas de diagnostic. Je
serais poursuivie pour exercice illégal de la médecine.
M. Morin (Sauvé): Nous nous entendons bien.
M. Laurin: Une deuxième et dernière question, M. le
Président. Vous nous avez donné une définition de la
technique de soins et de l'acte infirmier.
Mme Tellier-Cormier: Oui.
M. Laurin: Selon vous, lequel des deux actes constitue une
responsabilité exclusive de l'infirmière?
Mme Tellier-Cormier: Selon moi, les deux sont de la
responsabilité de l'infirmière.
M. Laurin: Exclusive?
Mme Tellier-Cormier: Oui, parce que lorsque l'infirmière
exécute la technique de soins, elle le fait à l'intérieur
de sa définition légale de l'exercice qui est le fait de
prodiguer des soins, selon une ordonnance médicale.
A l'intérieur du règlement des actes médicaux,
lorsque les techniques de soins sont identifiées, non
spécifiquement, mais lorsqu'on les retrouve à l'intérieur
du règlement, il devait être inséré dans ce
règlement, identifié séparément, pour arriver
à permettre l'ordonnance permanente. L'ordonnance permanente
prévoyait que l'infirmière décidait de poser. Alors que ce
qui est exclusif à notre profession, c'est poser, ou
exécuter.
M. Laurin: Si donc, je prends votre réponse,
responsabilité exclusive, est-ce à dire que le médecin n'a
pas de responsabilité ou que l'infirmière auxiliaire n'en a
pas?
Mme Tellier-Cormier: Je m'excuse, mais j'aimerais que vous
clarifiiez davantage, parce que je ne suis pas sûre de...
M. Laurin: Vous avez répondu à ma question qu'il
s'agissait, dans les deux cas, acte infirmier et technique de soins, d'une
responsabilité exclusive de l'infirmier ou de l'infirmière.
Mme Tellier-Cormier: Oui.
M. Laurin: Est-ce à dire que, dans votre esprit, le
médecin n'a pas de responsabilité et que l'infirmière
auxiliaire n'a pas de responsabilité?
Mme Tellier-Cormier: Ce n'est pas ce que je dis, par la
réponse que je donne. Dans la réponse que je donne, je dis que
les techniques de soins sont une partie intégrante de notre profession.
Le médecin, lorsqu'il la prescrit, porte la responsabilité de sa
prescription. Moi, je porte la responsabilité de mon
exécution.
Si, à l'intérieur de notre propre règlement, nous
autorisons les auxiliaires, si elles respectent les conditions prescrites,
elles portent la responsabilité de l'acte qu'elles posent. Et je pense
qu'il est très important de se rappeler la différence importante
sur le plan juridique, me dit-on, de surveillance qui indique la
disponibilité, et le contrôle, tel que spécifié
à l'intérieur de la définition de notre exercice qui est
de planifier, prodiguer et contrôler les soins infirmiers.
M. Laurin: Est-ce à dire que le médecin qui
voudrait appliquer sa prescription devrait recevoir une
délégation de la part de l'infirmière? (16 h 45)
Mme Tellier-Cormier: Là-dessus, M. le Président, je
répondrai à M. Laurin qu'il n'est pas dans notre intention
d'empêcher le médecin de le faire, puisqu'à ce
moment-là, il n'y aura pas de prescription pour le faire; il le fera, de
fait, sans aucune prescription, mais, lorsqu'il y a prescription de le faire,
puisqu'à l'intérieur de notre loi il est indiqué "ainsi
que le fait de le prodiguer selon une ordonnance médicale", c'est
là toute la différence; mais il ne se prescrira pas de faire un
cathétérjsrne, entre autres.
Le Président (M. Dussault): M. le ministre des Affaires
sociales.
M. Lazure: Brièvement, M. le Président, deux
petites questions. Dans l'annexe A, les actes médicaux, je me
réfère à A-1.24 et A-1.25. Vous aurez compris tout de
suite que je retourne à mes anciennes amours pour deux instants. Il
s'agit de deux actes qui touchent la psychiatrie. Je pose la question à
la présidente de l'Ordre des infirmières sur l'acte qui
s'appelle: Diriger des entrevues psychiatriques avec le
bénéficiaire ou sa famille pour contribuer au diagnostic et au
traitement. Ma question est la suivante: Croyez-vous vraiment que c'est
nécessaire que la personne qui aura à poser cet acte
détienne une maîtrise en nursing psychiatrique?
Mme Tellier-Cormier: M. le Président, à
l'intérieur des discussions qui avaient eu lieu, on a toujours maintenu
que, de la façon que le libellé est fait, lorsqu'on parle de
diriger des entrevues psychiatriques avec le bénéficiaire ou sa
famille, la dimension globale étant incluse, il fallait, à ce
moment-là, répondre à l'exigence d'une maîtrise en
nursing psychiatrique.
M. Lazure: Je n'ai pas de secret pour vous, je ne vous cache pas
que c'est une exigence qui me
paraît très élevée et quelque peu
réaliste dans les circonstances. Enfin, vous maintenez que c'est
nécessaire, d'après vous?
Mme Tellier-Cormier: J'aimerais clarifier. Lorsqu'on parle de
l'article 1.24, de la façon qu'il est libellé, c'est la prise en
charge complète de l'entrevue psychiatrique.
M. Lazure: Non, je m'excuse, mais on dit toujours "pour
contribuer au diagnostic et au traitement". Ce n'est pas la prise en charge
globale, "contribuer à".
Mme Tellier-Cormier: Mais, au niveau du libellé, lorsqu'il
a été question de la prise en charge de ces entrevues
psychiatriques, l'infirmière assumait entièrement l'entrevue
psychiatrique. Je dois vous signaler que l'exigence qui est indiquée au
règlement était acceptée par les médecins et par
nous.
M. Lazure: Je vous posais la question à vous. La
deuxième question, c'est la suivante: En milieu psychiatrique, orienter
le bénéficiaire vers des activités jugées
nécessaires; là, l'exigence, ce serait une formation postscolaire
en nursing psychiatrique, ce qui voudrait dire, à toutes fins pratiques,
qu'une infirmière auxiliaire, en milieu psychiatrique je veux
bien comprendre, c'est bien ce que cela voudrait dire? ne pourrait pas
orienter le bénéficiaire à des activités
jugées nécessaires, puisqu'on exigerait la formation
postscolaire.
Mme Tellier-Cormier: A l'intérieur du libellé de
cet acte, il est prévu, à ce moment-là, qu'à
l'intérieur du plan de soins, l'infirmière détermine les
activités que le malade en milieu psychiatrique sera habilité
à faire. Dans cet esprit-là, il avait été reconnu
qu'en milieu psychiatrique, le fait de déterminer à
l'intérieur d'un plan de soins les différentes activités
jugées nécessaires relevait vraiment de la responsabilité
de l'infirmière et, compte tenu des expériences qui sont
vécues dans les milieux, ce sont des infirmières qui ont un
postscolaire qui assument ces responsabilités, règle
générale.
M. Lazure: Mais, d'après vous, elles devraient
détenir un postscolaire en psychiatrie?
Mme Tellier-Cormier: Pardon?
M. Lazure: D'après vous, on devrait en faire une exigence
que cette personne-là ait un postscolaire en psychiatrie, une
année d'étude spécialisée en psychiatrie?
Mme Tellier-Cormier: A l'intérieur du règlement,
c'est ce qui est entendu, mais je demanderais à Mme Dumouchel d'ajouter
à la réponse que j'ai déjà donnée.
Mme Dumouchel (Nicole): Dans le libellé, il était
entendu qu'on le mettait en termes de programmes de santé et
d'orientation vis-à-vis d'une activité thérapeutique en
termes médicaux plutôt que d'une simple activité qui est
à l'intérieur du plan de soins. Pour cette décision face
aux réactions, au processus du malade face à une activité
donnée, que ce soit une activité récréative, ou une
sortie, ou un groupe, ou une autre, à ce moment-là, après
une analyse des composantes, les spécialistes des deux groupes, soit la
Corporation des médecins et l'Ordre des infirmières,
étaient d'accord qu'il fallait une formation plus poussée que la
formation de base comme infirmière pour décider de ces
activités de type thérapeutique.
M. Lazure: Je veux simplement ajouter, de par mon
expérience dans deux hôpitaux psychiatriques, qu'il y aurait
très peu de bénéficiaires qui profiteraient des
activités si on exigeait que l'infirmière qui dirige le patient,
le bénéficiaire vers ces activités, détienne un
postscolaire en psychiatrie. C'est dans ce sens que je voulais quand même
allumer une petite lumière rouge, que cela me paraît une exigence
très forte.
Mme Dumouchel: Ce n'est pas dans une activité d'un
programme déjà établi d'un plan de soins qui est en
nursing, où l'infirmière ferait, dans un programme global, mais
c'est dans une décision d'un programme thérapeutique, dans un
terme médical, plutôt que nursing, et en fonction d'un
diagnostic.
Le Président (M. Dussault): Merci, M. le ministre. M. le
député de Vanier.
M. Bertrand: Merci, M. le Président. Mme la
présidente, je voudrais d'abord vous remercier d'avoir pris l'initiative
de me rencontrer à mon bureau de comté il y a quelques semaines,
parce que... Oui? Le député de Mégantic-Compton n'y voit
pas d'objection?
M. Grenier: Non, je vous félicite. Cela devait
être...
M. Bertrand: Cela a été l'occasion, pour la
première fois, de commencer à m'informer sur cet important
dossier...
M. Morin (Sauvé): Elles savent choisir.
M. Bertrand: C'était la première occasion et donc
pas la dernière, puisque, depuis ce temps, il a tout de même fallu
aussi prendre en considération, comme je vous l'avais indiqué
lors de cette rencontre, des opinions nous venant aussi de la Corporation des
infirmières auxiliaires et aussi de la Corporation des médecins
du Québec, sauf qu'au moment où vous étiez venue me voir,
il y a une chose qui n'était pas encore sortie dans les journaux, c'est
la publicité que vous avez faite. Vous me permettrez, dans un bref
préambule, d'en faire état. Cette publicité faisait
mention que
l'Ordre des infirmières du Québec croit à la
protection du public. Je m'en réjouis et je suis certain que cela
était, de toute façon, une certitude, indépendamment qu'on
en fasse une publicité ou pas.
Je suis aussi très convaincu que c'est aussi la
préoccupation de la Corporation des médecins du Québec de
même que de la Corporation des infirmières auxiliaires.
J'ajouterai, au risque de m'inclure parmi ces gens, que c'est certainement
aussi l'unique et seule préoccupation des membres de l'Assemblée
nationale et du gouvernement.
Je crois que, là-dessus, si la publicité a pu
jusqu'à un certain point, laisser sous-enten-dre je ne crois pas
que cela ait été votre intention mais dans un certain
public, qu'on ait pu penser qu'il y avait une corporation professionnelle qui
se souciait véritablement de la protection du public, et que, pour
toutes sortes de raisons, à savoir un débat entre autres sur
cette notion de délégation des actes, tous les autres
n'étaient pas aussi impatients et préoccupés de s'assurer
que la protection du public se fasse, je pense que tout le monde est
préoccupé par la protection du public. C'est la seule motivation
de tous ceux qui, à l'heure actuelle, débattent de cette
question. J'implique donc les trois corporations professionnelles et les
membres de l'Assemblée nationale.
J'ajouterai même que je ne vois pas d'attitude péjorative
de la part d'une corporation professionnelle à essayer en même
temps de s'assurer que le public est protégé et qu'en même
temps les intérêts de ses membres sont protégés.
Cela ne m'apparaît pas contradictoire, cela ne m'apparaît pas
malsain. Je pense qu'on peut très bien se donner parfois comme premier
principe et comme premier objectif j'espère que c'est toujours
celui-là qui est au premier rang la protection du public, et
aussi, bien sûr, parce que c'est le rôle d'une corporation
professionnelle. On ne comprendrait pas qu'elle agisse autrement de s'assurer
évidemment que les intérêts de ses membres soient
protégés. Je pense que c'est le cas à la fois pour les
médecins, pour les infirmières et pour les infirmières
auxiliaires. Pour moi, cela n'a aucun aspect péjoratif.
J'ajouterai à la limite que tout bon règlement, à
mon point de vue, comme tout projet de loi ou comme tout projet de
réglementation, devrait pouvoir originer d'un consensus, et qu'à
la limite, si on pouvait se passer de règlements et de lois dans une
société tout à fait utopique tout le monde le sait
ce serait peut-être la chose idéale que de se passer de
lois et de règlements. Il arrive que, pour bon nombre de cas, il faille
adopter cette procédure pour légaliser, comme vous le disiez, et
régulariser des situations existantes. A ce point de vue, je pense que
le rôle du gouvernement, et je dirais même de toute
l'Assemblée nationale, en ce moment, c'est d'arbitrer, dans le fond,
comment dirais-je? une absence de consensus qui aurait dû pouvoir se
dégager entre trois corporations professionnelles.
Je me rappelle avoir vécu un cas analogue, il y a un certain
nombre d'années, au moment où on parlait des
responsabilités respectives des ophtalmologistes, des
optométristes et des opticiens d'ordonnances. On assitait, encore
là, à des chevauchements de responsabilités, à des
zones grises entre les différentes corporations professionnelles, de
telle sorte que, là aussi, il y a tout un débat qu'il avait fallu
arbitrer jusqu'à un certain point. Nous n'étions pas le
gouvernement, à l'époque. Mais, maintenant, nous n'allons pas
nous dérober à cette responsabilité.
J'aurai trois questions précises à vous poser, Mme la
présidente. Là-dessus, je pense que la bataille des chiffres,
même si, jusqu'à un certain point, elle peut paraître
odieuse, a son importance puisqu'il s'agit de savoir si, effectivement, il y a
des auxiliaires qui, comment dirais-je, assument la pratique d'un certain
nombre d'actes médicaux ou pas. Je crois que c'est important qu'on sache
ça, dans la situation actuelle, dans la réalité des faits.
La différence qui existait entre le pourcentage apporté par
l'ordre des infirmières ce matin et les pourcentages apportés par
le ministre me laisse un peu sceptique. Je pense qu'il va falloir qu'à
un moment donné on sache exactement ce qu'il en est.
Or, je vous pose la question très clairement: oui ou non,
à votre avis à vous, est-ce qu'il est faux de prétendre
que les pourcentages, par exemple, apportés par le ministre des Affaires
sociales soient représentatifs des faits réels, tels que vous les
connaissez comme infirmières travaillant au Québec? Oui ou
non?
Mme Tellier-Cormier: M. le Président, je répondrai
à la première question, mais si vous me le permettez, j'aurais
des commentaires à ajouter au préambule qui
précédait les questions.
Dans un premier temps, le rapport que nous vous soumettons ce matin, et
j'ai dit antérieurement aux membres de cette commission qu'à
l'heure actuelle les faits qui sont à ma connaissance et l'enquête
nous révèlent que les auxiliaires ne posent pas les actes
médicaux inscrits à l'Annexe A du règlement des actes
médicaux lorsqu'on se situe au niveau des actes médicaux
purement. Lorsqu'on se situe à l'intérieur des techniques de
soins qui sont regroupées dans le règlement des actes
médicaux, elles les font à un faible pourcentage. Par contre,
lorsqu'on parle des techniques de soins incluses dans notre propre
règlement d'actes infirmiers, elles les font à un pourcentage
plus élevé.
Je n'ai pas à contredire. Ce que je peux dire, c'est ce que je
sais. Ce que je sais, ce sont les résultats de l'enquête que nous
avons menée, d'une part, et, d'autre part, ce que mes membres m'ont dit
en regard des situations qu'elles vivent dans les milieux.
J'aurais quelques commentaires à faire au sujet de votre
préambule. Je pense que tout politicien s'attend à recevoir des
rencontres puisque c'est à l'intérieur de la législation
qu'il est
indiqué, d'une part, la responsabilité des corporations,
d'autre part, la responsabilité de l'Office des professions et, d'autre
part, la responsabilité ultime du Conseil des ministres en regard de
l'adoption de ce règlement.
Vous avez touché à la publicité. La
publicité, selon nous, a été faite de façon
très positive et n'attaque personne. Elle a été faite
vraiment pour répondre à notre responsabilité de
protéger le public.
Je ne me suis pas posé la question et le bureau non plus,
à savoir: est-ce que les autres font leur travail dans ce
sens-là? J'ai la responsabilité de la corporation professionnelle
de l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec, et ce qui est
affirmé dans la publicité est positif et posait des questions,
mais n'affirmait aucunement que les autres n'avaient pas de
compétence.
Lorsque vous parlez des responsabilités des corporations, il est
indiqué, selon le Code des professions, que nos responsabilités
sont, en premier lieu, la responsabilité de protéger le public.
Et si nous n'avions pas apporté le débat, compte tenu des
revendications que nous faisions, le législateur aurait même pu
aller jusqu'au point de nous dire que nous n'avions pas assumé notre
responsabilité de protéger le public.
M. Bertrand: Bien sûr, Mme la présidente, avant de
poser les deux dernières questions, je ne faisais pas reproche à
la corporation de mentionner que la protection du public, elle y croyait, loin
de là! Je pense que tout le monde peut le crier haut et fort, et, tant
mieux si tout le monde le crie haut et fort et respecte ce principe. (17
heures)
La question est simplement que jusqu'à un certain point, vous
vous rappellerez la dernière question qui était formulée
en bas, et j'avoue avec vous que c'était sous forme interrogative et non
pas affirmative, mais il y a de ces interrogations qui, formulées en
termes publicitaires, laissent planer un certain doute et je tenais à ce
qu'on dise, comme vous l'avez fait dans votre publicité, que la
protection du public est notre seule et unique motivation dans la discussion de
ce dossier fort important.
Les deux dernières questions, Mme la présidente, sont les
suivantes: Oui ou non je sais que vous avez abordé cette
question, mais j'ai besoin de sentir, comme parlementaire, si les indications
que vous nous avez données sont véritablement des indications sur
lesquelles je peux, à compter de maintenant, me former une idée
juste existe-t-il des situations où il est nécessaire que
la délégation d'un médecin vers une auxiliaire puisse
exister?
En d'autres mots, bien sûr, j'avouerai qu'il y a un
côté sympathique a priori respectant les responsabilités de
chacune des corporations professionnelles et respectant la formation des
membres de chacune de ces corporations professionnelles, il y a, je pense, un
certain plaisir théorique à ce qu'on puisse assumer que les actes
médicaux sont posés par les médecins, que la
première déléga- tion qui existe dans la mesure où
une délégation peut exister, doit aller des médecins vers
les infirmières. C'est d'ailleurs ce qu'a voulu régulariser et
légaliser le règlement qui a été discuté. De
la même façon, il m'apparaît normal aussi que s'il doit y
avoir une délégation dans un deuxième temps, qu'elle
puisse se faire des infirmières vers les auxiliaires, cela
m'apparaît tout à fait convenable.
Le gros problème en ce moment, c'est cette question de savoir si
la Corporation des médecins ou les médecins peuvent faire un
certain nombre de délégations passant par-dessus les
infirmières, allant vers les auxiliaires. Est-ce qu'il existe des
situations où il est nécessaire que cette
délégation puisse exister et je la relie à la
troisième, est-ce qu'il n'existe pas... C'est-à-dire que si 5.02
n'existait pas, si cette délégation permise dans 5.02 n'existait
pas, est-ce qu'il est possible c'est relié à la
deuxième, vous allez vous en rendre compte que nous oubliions des
situations où la protection du public peut être en jeu à
cause de l'absence de cette possibilité de délégation?
Mme Tellier-Cormier: Dans un premier temps, je pense qu'on
reconnaît à chacune des corporations, compte tenu de la
définition qui existe dans chacune des lois, la responsabilité
des médecins de déléguer des actes médicaux aux
classes de personnes qu'ils voudront. Ce qu'on spécifie, c'est qu'on ne
veut pas retrouver à l'intérieur de la liste des actes
médicaux des activités de nursing qu'ils
délégueraient à d'autres. C'est là-dessus qu'il y a
des problèmes que j'appellerai "d'accrochage". Par contre, si les
médecins veulent déléguer à d'autres classes, c'est
leur responsabilité, nous n'avons aucun pouvoir de les en
empêcher. Toutefois, on dit: Ne nous demandez pas de surveiller les
autres professionnels qui exécuteraient des actes médicaux
à votre place. C'est ce qu'on affirme. La responsabilité de
déléguer du nursing, nous l'assumons entièrement, par
notre règlement.
Quand vous me demandez si l'article 5.02 n'était pas là,
est-ce qu'on oublie des situations? A l'heure actuelle, je vous
répète que pour les actes médicaux que j'appellerai purs
ou véritables, les faits qui sont à ma connaissance me permettent
d'affirmer que les auxiliaires ne les posent pas. Donc, si le terme participer
et contribuer doit se rattacher à la définition du dictionnaire,
c'est-à-dire agir avec, collaborer, on peut continuer de réclamer
le retrait de l'article 5.02.
M. Bertrand: Une simple question additionnelle, M. le
Président, ce sera la dernière. S'il existe des situations
et je pense qu'il en existe, puisqu'on en fait mention ce matin
où il n'y a pas d'infirmière en poste et que le médecin
veut faire assumer par quelqu'un, qu'il soit présent ou pas, selon des
actes, la discussion pourrait se faire à partir de chacun des actes
à son bureau ou autrement pourrait-il être possible
que même des activités de nursing dans certains cas où
l'infirmière n'est pas en poste ou n'est pas sur
place, ou aucune n'a été engagée dans certains
milieux je ne connais pas la situation qui peut exister dans chacun des
milieux se pourrait-il, dis-je, que dans ces situations, le
médecin puisse à la fois déléguer à une
auxiliaire certaines responsabilités qu'il assume normalement, que ce
soit sur le plan médical ou de techniques de soins, et aussi certaines
activités de nursing, étant donné l'absence
d'infirmière dans certains milieux? Est-ce que cela se peut?
Mme Tellier-Cormier: Je vous répondrai: Tout dépend
du type d'établissement. A l'intérieur de notre règlement
il y a des possibilités dans ce sens, y compris pour les cabinets de
médecins puisque cela a été ajouté dans certains
articles. Toutefois, si vous me demandez si j'accepte le principe que les
médecins autorisent du nursing, je vais vous poser une question:
Accepteriez-vous que j'autorise de la médecine à des auxiliaires
parce qu'il n'y aurait pas de médecin en place et que je suis
autorisée à poser certains actes médicaux?
M. Bertrand: Madame, je vous dirai personnellement que dans la
mesure où nous reconnaissons dans cette société
comment dirais-je des responsabilités différentes et des
responsabilités spécifiques et importantes à ces trois
groupes de collaborateurs que sont les médecins, les infirmières
et les auxiliaires, je serais porté à croire que dans tout milieu
où c'est humainement possible et physiquement possible, comme diraient
les Crédi-tistes à l'occasion, il serait à souhaiter qu'il
y ait une présence presque complète de l'équipe qui doit
assumer la responsabilité de la santé des patients. Alors, votre
question, j'y réponds de cette façon, parce que dans mon esprit,
vous êtes tous les trois des gens directement concernés. Vous avez
votre importance chacun dans votre sphère d'activités et
j'espère que partout où peut exister cette collaboration des
trois équipes, elle pourra effectivement être valide.
Mme Tellier-Cormier: Alors, M. le Président, je
réaffirme la nécessité et la place de chacun. C'est ce que
nous disons d'ailleurs, mais en reprenant la question que vous aviez
posée, je redis ma question: Est-ce que vous nous autoriseriez à
déléguer de la médecine sous prétexte qu'il n'y a
pas de médecin?
M. Bertrand: Non, je pense que les infirmières sont assez
consciencieuses pour savoir que n'ayant pas la formation pour assumer la
fonction médicale, forcément, j'ai implicitement l'impression
qu'elles n'accepteraient pas de faire ce travail même si le
législateur le leur permettait.
M. Morin (Sauvé): D'ailleurs le code de déontologie
le leur interdirait.
Mme Tellier-Cormier: M. le Président, je dirais ce que
j'ai toujours dit: J'ai appris le nursing et eux ont appris la médecine.
Alors, il y a de la place pour tout le monde au soleil.
M. Bertrand: J'en suis sûr. Merci, Mme la
présidente.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Dans cette lettre, madame, que vous avez fait
parvenir en date du 23 mars 1978 à Me André...
Mme Tellier-Cormier: Je comprends mal.
M. Saint-Germain: Dans cette lettre que vous avez fait parvenir
en date du 23 mars 1978 à Me André Desgagnés, vous avez
confirmé cet appel téléphonique où vous avez
accepté cet article 5.02; je suppose qu'avant d'en arriver là, il
y a eu des discussions assez prolongées entre les représentants
de l'Ordre des médecins et votre équipe.
Mme Tellier-Cormier: M. le Président, je clarifierai
là-dessus que cette lettre que je faisais parvenir au président
de l'office faisait suite à un téléphone. A ce
moment-là, j'ai pris des notes sur un appel téléphonique
que j'ai reçu et j'ai voulu confirmer par lettre certaines
données, mais je reviens avec la clarification que lors des ententes de
1977, il avait été reconnu que des techniques de soins seraient
identifiées séparément. Alors, cela change la
problématique de l'ensemble de la réglementation.
M. Saint-Germain: Tout de même, avant de clarifier, comme
vous le dites, cette situation en 1977, vous avez eu des discussions avec
l'Ordre des médecins, je suppose, ou si ces discussions n'ont jamais eu
lieu?
Mme Tellier-Cormier: Là-dessus, M. le Président, je
veux clarifier que nous avons eu de nombreuses rencontres avec la Corporation
professionnelle des médecins du Québec et de nombreuses
rencontres avec l'Office des professions, comme nous avons eu aussi des
rencontres avec la Corporation professionnelle des auxiliaires du
Québec, mais lorsque j'ai eu cet appel du président de l'office,
je n'ai pas logé un appel au niveau de la Corporation des
médecins ou ailleurs.
M. Saint-Germain: Entendu. Mais durant ces longues discussions
que vous avez eues avec la Corporation des médecins et avec l'Office des
professions, personne ne s'est jamais aperçu que vous donniez aux mots
"participer" et "contribuer" un sens différent?
Mme Tellier-Cormier: Là-dessus, M. le Président, je
veux revenir sur le fait que tout au long des discussions avec la Corporation
professionnelle des médecins du Québec, tant au niveau des
équipes de travail que j'appellerai paritaires, le même nombre
d'infirmières et de médecins, jamais il n'avait été
question d'arriver avec un article qui serait en termes de participer,
contribuer pour une autre catégorie de professionnels et encore moins la
clarification en termes de: Participer et
contribuer, cela égale quoi dans les faits? Est-ce que c'est
collaborer, agir avec ou est-ce que c'est selon une logique qui peut être
faite avec des actes? Lorsqu'on demande une surveillance sur place et qu'on
participe et contribue à un acte qui se pose au deuxième, c'est
là toute l'interprétation que nous en avons faite et que nous
avons soumise à votre attention.
M. Saint-Germain: Merci.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le Président, je vois qu'on est sur le
point de terminer les discussions. Je voudrais, en mon nom, au nom de mon
parti, vous remercier de votre participation à cette commission. Vous
avez apporté un éclairage qui est, pour nous, fort important. Je
pense que le document que vous nous avez présenté, forte de
l'appui de toute votre association, nous donne un éclairage utile aux
membres de la commission ici pour nous aider à élaborer une
réglementation plus adéquate, plus correcte pour les personnes
concernées.
Le ministre a dit qu'il vous avait entendus, j'aurais aimé mieux
qu'il dise qu'il vous avait compris, parce qu'il y a plus de différence
entre entendu et compris qu'il y en a entre contribuer et poser. Assuré
que vous avez rendu service à cette commission, je voudrais vous
remercier.
Mme Tellier-Cormier: M. le Président, là-dessus, je
veux clarifier les faits. Tantôt, M. Bertrand disait que nous l'avions
rencontré. Je dois clarifier, à l'intention de l'ensemble des
membres de la commission, que nous avons rencontré de nombreux
ministres, de nombreux députés, de tous les partis. M. Grenier,
je vous avais même rencontré dans une occasion plus
spécifique au moment de votre congrès. Je pense que cette
attitude politique que nous avons adoptée s'inscrit à
l'intérieur d'un débat démocratique et régulier.
C'est dans cet esprit que nous l'avons fait et nous avions fait connaître
le dossier, le résumé, à l'ensemble des
députés de l'Assemblée nationale du Québec en nous
posant peut-être une question telle que celle qui est incluse dans la
publicité, mais en espérant qu'ayant eu des gouvernements soit
libéraux ou conservateurs qui avaient confirmé ce qu'était
l'exercice, les infirmières attendent toujours ce que le gouvernement
actuel concrétisera pour la profession infirmière et la
population du Québec dans cet esprit.
M. Grenier: ... ils sont dans la porcelaine.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Vanier, brièvement.
M. Bertrand: Je voudrais simplement signaler à Mme la
présidente, que, tout à l'heure, je ne lui tenais certainement
pas rigueur d'avoir rencontré le député de Vanier, loin de
là. Chaque fois qu'il y a des problèmes de cette nature dont on
sait que, finalement, ils vont rebondir sur notre table tôt ou tard,
ça nous fait plaisir de recevoir les gens qui prennent l'initiative de
venir nous voir dans nos bureaux de comté.
Le Président (M. Dussault): M. le ministre responsable des
corporations professionnelles, pour conclure.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je voudrais
simplement revenir à la question de la responsabilité. Je ne sais
pas dans quelle mesure, n'étant pas un tribunal, je puis trancher de
façon définitive les questions que vous avez soulevées
tout à l'heure. Je ne sais pas dans quelle mesure je puis vous rassurer,
mais justement l'un des buts poursuivis par cette réglementation, c'est
d'éclaircir une bonne fois pour toutes, cette question des actes
auxquels on peut contribuer, auxquels on peut participer ou qui peuvent
être posés selon la personne en cause.
Vous savez qu'en vertu des principes fondamentaux du droit civil, toute
personne est responsable des actes qu'elle pose, s'il y a négligence ou
malhabileté dans la façon dont elle pose l'acte ou contribue
à l'acte. Cela s'applique aux médecins, tout aussi bien aux
infirmiers et infirmières et tout aussi bien aux auxiliaires, masculins
ou féminins. Cela s'applique à tous les citoyens. C'est dire que
si, dans l'exercice de vos fonctions, soit d'actes de nursing, soit d'actes
délégués, vous commettez une imprudence ou une
négligence, eh bien, vous en êtes responsable, personnellement et,
bien sûr, la jurisprudence veut que l'établissement hospitalier
soit également responsable dans les cas où il y a
préposition de la personne posant l'acte. C'est la jurisprudence qui
nous dit cela.
Cela vaut encore là pour tous les gens qui posent des actes
médicaux ou infirmiers. Naturellement, le champ d'activités des
infirmiers et infirmières va être étendu et va être
confirmé par la réglementation, de même celui des
auxiliaires. Donc, le nombre d'actes pour lesquels vous allez être
responsables, dans l'exercice de vos fonctions, va certainement augmenter avec
cette différence que, dans la mesure où ces actes étaient
déjà posés dans la pratique, les doutes qui pouvaient
exister sur votre droit de participer de contribuer à l'acte ou de le
poser, vont être écartés, de sorte que, désormais,
on risque d'avoir moins de poursuites du type de celles qu'on a eues dans le
passé où on accusait un infirmier, une infirmière d'avoir
posé un acte pour lequel elle n'était pas habilitée. Il y
a aussi, là-dessus, une jurisprudence assez abondante que vous devez
connaître mieux que moi. (17 h 15)
Dans la pratique, on a réglé ces questions par l'assurance
obligatoire, en vertu de la réglementation que vous connaissez.
D'ailleurs, il va falloir s'interroger pour savoir si, désormais, il ne
faudrait pas, pour les auxiliaires, une assurance obligatoire personnelle du
type de celle que vous avez, que vous devez porter, bien que, naturelle-
ment, dans la pratique, on sache que l'établissement hospitalier
assure son personnel. C'est une prudence élémentaire de le
faire.
Ces deux points étant établis, je voudrais simplement dire
que, dans un cas auquel vous faisiez allusion tout à l'heure, si un
auxiliaire ou une auxiliaire qui contribue à un acte ou qui participe
à un acte n'a pas le soin d'avertir le médecin ou
l'infirmière de symptômes inattendus, à la suite de l'acte
qu'il a posé, l'auxiliaire engage sa responsabilité.
Si l'auxiliaire a prévenu, si elle a fait diligence, elle
n'engage plus sa responsabilité personnelle. Il faudra démontrer
éventuellement, devant un tribunal, que la personne qui a posé
l'acte, quel que soit son niveau, a agi avec toute la diligence requise. C'est
cela, le critère.
En d'autres termes, la réglementation que nous avons devant nous
ne va pas supprimer la question de la responsablité. Elle va simplement,
cependant et ce n'est pas peu de chose clarifier les
compétences et clarifier les rôles de chacun, et dire qui peut
contribuer ou participer à quoi. Et je suis sûr que les tribunaux
sauront s'y retrouver pour le cas où il y aurait négligence ou
malhabileté.
Je voulais vous dire cela parce que je sais que c'est une question qui
rend les infirmières anxieuses. Est-ce qu'elles vont être
responsables des actes posés par des auxiliaires, par exemple, ou encore
des actes auxquels les auxiliaires seraient invitées à participer
ou à contribuer?
La réponse est que, si l'auxiliaire respecte la
réglementation, l'infirmière ne sera pas responsable des actes
qui auraient été posés par d'autres; si chacune est
à sa place, ou chacun est à sa place, il n'y a pas de
problème. C'est dans la mesure où l'auxiliaire ne
préviendrait pas l'infirmière de symptômes inattendus
qu'elle engagerait sa responsabilité. Et l'infirmière ne serait
pas responsable. Je ne veux pas jouer au tribunal, mais j'essaie de raisonner
comme juriste. L'infirmière ne serait pas responsable d'un acte dont on
ne l'a pas prévenue, ou de symptômes dont elle n'a eu aucune
nouvelle. Je crois que vos conseillers juridiques pourront vous donner plus de
détail là-dessus. Mais ce sont des principes assez fondamentaux
du droit civil qui s'appliquent, en l'occurrence.
Evidemment, je comprends votre anxiété. Je ne sais pas
dans quelle mesure je contribue à vous rassurer, à rassurer vos
membres, parce que le soir, je sais que, dans de nombreux centres hospitaliers,
il n'y a qu'une infirmière, celle qu'on appelle communément la
surveillante. Et sur les étages, il n'y a que des auxiliaires. Donc, le
problème existe déjà dans le concret. N'est-ce pas?
Vous pourrez commenter la chose si vous voulez, je n'y ai aucune
objection. Je ne le dis pas cependant sous forme de question. Je pense que ce
sont là des faits et qu'il fallait sans doute qu'ils soient
clarifiés.
Merci, M. le Président.
Mme Tellier-Cormier: M. le Président, je reprendrai par la
fin en vous disant que, dans les centres hospitaliers, vous avez toujours des
infirmières dans tous les départements. Là où on ne
retrouve pas des infirmières, c'est dans des types
d'établissements tels que les centres d'accueil et très peu dans
les soins prolongés. Mais, dans les centres hospitaliers, selon
l'appellation générale qui en est faite, vous retrouvez, dans
toutes les unités, des infirmières sur les trois
équipes.
Vous parlez de l'assurance-responsabilité. Oui, notre
règlement l'impose puisque la protection du public va au-delà du
moment où l'infirmière est dans un établissement, mais
couvre l'ensemble de sa profession.
Vous avez aussi dit que notre champ serait étendu, compte tenu du
règlement d'autorisation. Le fait que nous soyons autorisés
à poser des actes ne nous rend pas, par ces activités, comme
faisant partie de façon spécifique de notre champ, puisque le
contrôle et la surveillance relèvent de la corporation qui
autorise.
D'autre part, dans le début de votre commentaire, vous avez, je
pense, parlé de contribuer, participer et poser. J'aimerais, si vous le
voulez bien, que vous me donniez des indications ou une définition de ce
qu'est l'acte de contribuer ou de participer.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, nous revenons en
arrière sur les définitions que je tirais du dictionnaire tout
à l'heure, peut-être pourrez-vous trouver la réponse dans
la transcription qui sera faite éventuellement des débats. Je ne
voudrais pas prolonger la discussion indûmemt parce que vous savez qu'il
y a au moins une autre corporation, sans compter toutes les associations qui
veulent être entendues. M. le Président, nous ne pourrons pas
avoir plus d'une journée. Je me suis renseigné auprès du
leader du gouvernement et toutes les autres journées sont
déjà retenues pour la législation. Il serait
peut-être opportun que nous procédions.
Le Président (M. Dussault): M. le ministre des Affaires
sociales.
M. Lazure: M. le Président, on me permettra quelques
remarques avant que le groupe, l'Ordre des infirmières, quitte la table.
Comme ministre responsable de la santé publique, il est bien
évident que je n'ai pas à prendre partie, ni pour le groupe des
médecins, ni pour le groupe des infirmières auxiliaires, ni pour
le groupe des infirmières autorisées. Ma préoccupation est
celle du gouvernement, le député de Vanier l'a bien dit
tantôt, à savoir, faire en sorte que les règlements qui
seront adoptés par notre gouvernement seront de nature à
améliorer la qualité de la santé publique et des
soins.
Je veux simplement rappeler une chose. Au-delà des tensions et
des querelles qui existent depuis quelque temps, qui vont continuer,
j'espère, le moins longtemps possible, entre les groupe-
merits professionnels, il faut se rappeler c'est bon que le
public se le rappelle que les trois groupes en question travaillent
quotidiennement dans cette équipe multidisciplinaire avec beaucoup plus
d'harmonie qu'il peut le paraître actuellement, depuis quelques mois. Il
y a des arrangements, des ententes quotidiennes qui se font. Je veux aussi
rappeler qu'au-delà des responsabilités des ordres, il existe,
dans chaque établissement, que ce soit un hôpital ou un centre
d'accueil, une entité qui s'appelle un conseil d'administration
peut-être que l'AHPQ, si on a le temps de l'entendre nous entretiendra de
cela qui a la responsabilité ultime. En réalité, ce
n'est pas ou bien seulement l'auxiliaire, ou seulement l'infirmière, ou
seulement le médecin, c'est aussi solidairement avec le conseil
d'administration et, de façon plus précise, si on revient
à cette tension infirmières autorisées, infirmières
auxiliaires, je vous rappelle que la directrice des soins infirmiers, dans un
hôpital et la directrice des soins dans un centre d'accueil est une
infirmière autorisée. Quand l'Ordre des infirmières dit:
Nous ne voulons pas nous porter garants de la qualité d'un acte
posé par une auxiliaire, si cela lui est délégué
directement par les médecins, je dis que ce n'est pas tout à fait
juste dans la réalité de tous les jours, parce que, dans la
réalité de tous les jours, la directrice des soins infirmiers
s'en porte garante et c'est son devoir de voir qu'il y ait une bonne
qualité d'actes posés par tout son personnel, que son personnel
englobe des infirmières autorisées des infirmières
auxiliaires, des préposés aux malades.
Je voudrais, en partie pour rassurer la population, je ne vous le cache
pas, établir une fois pour toutes qu'il n'y a pas de danger que certains
actes tombent entre deux chaises et que la responsabilité pour certains
actes tombe entre deux chaises, je pense qu'il est bien clair que la directrice
des soins infirmiers a l'entière responsabilité de tous les actes
posés dans son département, qu'il s'agisse d'un
préposé, d'une auxiliaire ou d'une infirmière
autorisée.
Le Président (M. Dussault): Mme la présidente.
Mme Tellier-Cormier: M. le Président, je ne veux pas
abuser, mais j'aurais quelques commentaires. Premièrement, je pense que
si on donne un portrait d'une querelle, loin de moi l'idée de faire une
querelle, je veux simplement qu'on règle certains problèmes. Ce
n'est pas une question de se quereller, parce qu'on le vit quotidiennement dans
les établissements.
Pour y avoir été pendant au-delà de quinze ans, je
pense qu'on a toujours fait la preuve qu'on était capables de travailler
avec différentes personnes. Par contre, je voudrais affirmer la chose
suivante: Parce qu'un acte se pose à l'heure actuelle, ce n'est
peut-être pas nécessairement la signification que c'est de bonne
pratique qu'il continue à se poser. Le règlement viendrait
clarifier dans ce sens. Lorsque vous dites que les directeurs des soins
infirmiers se portent garants, ils se portent garants concernant les soins
infirmiers. Ce qu'on dit, c'est qu'on ne veut pas se porter garants des actes
médicaux qui seraient délégués à d'autres.
Je pense qu'il y a une nuance importante, parce qu'en ce qui a trait à
assumer la responsabilité en regard des actes que nous autorisons, nous
l'assumerons.
Dans le commentaire de M. le ministre responsable de l'application des
lois professionnelles au tout début, tantôt, lorsqu'il a
parlé d'exemples en termes de participer et de contribuer relié
à la surveillance, en regard d'une question que les infirmières
me posent, il a articulé, à l'intérieur de son
argumentation, le terme "poser". C'est dans cet esprit que je relevais la
question: Qu'est-ce que c'est, l'acte de contribuer? Qu'est-ce que c'est,
l'acte de poser?
M. Morin (Sauvé): Oui, je pense qu'il faudrait clarifier.
Quand je parle de poser, je me réfère aux personnes qui ont le
droit de poser. Quand je parle de contribuer ou de participer, c'est selon le
niveau: les personnes qui ont le droit de participer à ou de contribuer
à. Je pense que c'est assez clair.
Le Président (M. Dussault): Mme Tellier-Cormier, je vous
remercie de la participation de votre groupe. J'appelle la Corporation
professionnelle des infirmières et infirmiers auxiliaires.
A l'ordre, s'il vous plaît! J'invite le porte-parole de la
corporation à se présenter et à nous présenter ses
collègues.
Corporation professionnelle des infirmières et
infirmiers auxiliaires
Mme O'Rourke (Cannelle): Je vous remercie. M. le Président
de la commission, MM. les ministres, MM. les députés et membres
de cette commission, je m'appelle Carmelle O'Rourke. Vous me permettrez, avant
de présenter le mémoire de la Corporation professionnelle des
infirmières et infirmiers auxiliaires du Québec, de me
présenter et de vous présenter ceux qui ont avec moi
collaboré, et j'allais dire contribué et participé,
à ce modeste travail.
Je suis une infirmière auxiliaire et les quelque 18 000 membres
de la profession m'ont élue au poste de présidente de la
corporation. Je vous présente ceux qui m'accompagnent aujourd'hui devant
cette commission et qui ont bien voulu venir m'appuyer ici dans la
présentation que je vous fais de notre mémoire et de la position
de la corporation dans l'actuel débat. (17 h 30)
En commençant, à ma gauche, M. Hector Ouellet, infirmier
auxiliaire et vice-président de la corporation; Me Yves Sylvestre,
avocat, conseiller juridique de la corporation; Mme Nicole Ladrière,
administrateur et membre du comité administratif; à ma droite, Me
Gérard Beaupré, avocat et conseiller juridique de la corporation;
Mme Suzanne Lebel, administrateur au comité administratif et
trésorière de la corporation; Me Josée Bourdon,
secrétaire de la corporation; M. Philippe-André Pelletier,
directeur des services aux membres.
Le Président (M. Dussault): Mme O'Rourke, je vous
prierais, s'il vous plaît, de nous présenter votre mémoire,
autant que possible, dans les 20 minutes réglementaires. Je vous laisse
la parole.
Mme O'Rourke: Merci, M. le Président, je vais tenter de
faire l'effort que vous me demandez de vous le présenter dans les 20
minutes réglementaires.
L'exercice que j'entreprends, M. le Président de venir vous
présenter le mémoire et la position de la corporation est un
exercice gênant pour moi. En effet, je dois défendre devant cette
commission, je dois défendre devant vous la compétence et la
formation professionnelles de ces modestes travailleurs de la santé, de
ces mini-professionnels à titre réservé.
Je dis que c'est un exercice blessant. C'est un exercice blessant pour
moi et pour ceux que je représente de venir vous assurer de notre
compétence, parce que les patients que nous servons, dans tout le
territoire de la province, eux, ne nous posent pas cette question.
Cela fait au-delà de 30 ans que des infirmières
auxiliaires travaillent dans les établissements de santé et
jamais notre compétence, notre formation et notre dévouement
n'ont été mis en doute, en aucune espèce de
circonstance.
C'est d'autant plus blessant que les infirmières auxiliaires,
dans le débat tapageur, ne demandent rien. Les infirmières
auxiliaires ne demandent rien, sauf la reconnaissance de ce que nous sommes, la
reconnaissance légale des fonctions que nous remplissons depuis plus de
30 ans auprès des malades.
Je serais tentée, M. le Président, de vous dire que nous
réclamons pour nous ce que nous réclamons pour nos patients. En
effet, dans le présent débat, on semble avoir
véritablement oublié à la fois le
bénéficiaire et ceux qui, par leurs fonctions, se tiennent
constamment à leur chevet.
Je serais tentée de vous dire qu'on se trouve à peu
près dans le même gouffre que les malades eux-mêmes et c'est
peut-être pour cela que, comme eux, on nous a oubliés.
Je laisse à d'autres, M. le Président, le soin de
débattre, fort habilement d'ailleurs, la question bien vue de la
protection du public. J'ai, comme vous, M. le Président, entendu les
messages radiophoniques, j'ai lu la publicité faite dans les journaux
par l'Ordre des infirmières et j'ai été
étonnée de constater à quel point et avec quelle
facilité l'on peut jouer la carte de la protection du public, surtout
lorsque la protection du public correspond à la protection de certaines
professions.
Par conséquent, je ne vous parlerai pas, et notre mémoire
ne vous en parle pas non plus soyez-en assuré, M. le
Président de la protection du public, ni de la protection de
notre profession.
Je suis aussi consciente, cependant, qu'il existe un problème
difficile à régler. Les savants médecins disent ou
prétendent que certains actes sont des actes médicaux et les non
moins savantes infirmières prétendent que ces mêmes actes
sont des actes infirmiers.
Il s'agit là évidemment d'une noble discussion que l'on
entretient au nom de la protection du public. Je vous avoue honnêtement,
M. le Président, que je n'ai pas cette formation ni cette
compétence qui me permettraient de prendre part à cette
inquiétante discussion.
Le mémoire que nous avons présenté tente
modestement de faire la démonstration suivante: Les infirmières
et infirmiers auxiliaires sont devenus, par les lois de 1973, des
professionnels oeuvrant dans le domaine de la santé et régis par
le Code des professions qui réglemente les médecins et l'Ordre
des infirmières et les soins infirmiers.
Notre mémoire vous explique aussi clairement que possible la
naissance de notre corporation et les difficultés que les
infirmières auxiliaires rencontrent dans leur travail quotidien en
l'absence d'une réglementation appropriée visant à
clarifier leur champ d'exercice.
Je sais que ce n'est pas l'endroit ici pour venir exposer les
problèmes que nous affrontons tous les jours, ni non plus pour faire la
contrepartie de certaines campagnes publicitaires entreprises par l'Ordre des
infirmières. C'est pourquoi le mémoire de la Corporation
professionnelle des infirmières et infirmiers auxiliaires du
Québec se limite à une simple démonstration de la
qualité de la formation que nous avons reçue et que nous ne
voulons pas exagérer.
Plus particulièrement, notre mémoire établit noir
sur blanc, et quoiqu'en dise l'Ordre des infirmières, que nous n'avons
jamais prétendu et nous ne prétendons pas avoir la
compétence, la finesse et l'astuce des infirmières. Nous ne
prétendons pas être en mesure de poser des actes médicaux.
Nous prétendons seulement, et d'ailleurs nous le faisons
quotidiennement, être en mesure de participer et de contribuer à
l'exécution de ces actes médicaux. Nous y participons et y
contribuons dans les divers établissements de santé, surtout la
nuit ou les fins de semaine ou les jours de congé, quand il n'y a pas
d'infirmières présentes, et même le jour, dans certains
centres éloignés du territoire du Québec, nous y
participons et y contribuons.
Notre participation à ces actes médicaux, comme notre
mémoire le démontre, et contrairement à certaine
publicité tapageuse, n'a jamais mis en péril la protection du
public. Bien au contraire, nous estimons modestement que, sans notre
participation et sans notre collaboration, la dispensation des soins de la
santé serait grandement perturbée dans les
établissements.
Nous nous demandons comment et pourquoi notre présence dans ce
règlement des médecins peut offenser et gêner l'Ordre des
infirmières. Pourquoi et comment ce fameux article 5.02 du
règlement des médecins peut-il mettre en danger
la vie ou la santé des patients? Parce qu'en fin de compte, M. le
Président, qu'il y ait ou qu'il n'y ait pas d'article 5.02 dans le
règlement des médecins, il y aura toujours des infirmières
auxiliaires qui, avec le médecin ou l'infirmière, contribueront
et participeront à l'exécution et à l'accomplissement de
ces actes médicaux.
Cela est inévitable pour deux raisons au moins, la
première réside dans le fait que nous avons été
formés pour travailler au chevet des malades et la deuxième
réside dans le fait qu'en pratique il y a entre l'infirmière et
le malade un fossé que nous sommes les seuls à avoir
accepté de combler depuis des années.
Le mémoire que nous vous avons soumis ne met pas en doute la
très haute compétence des membres de l'Ordre des
infirmières, au contraire, nous reconnaissons leurs aptitudes et leur
dévouement. S'il fallait s'en tenir au récent message
publicitaire largement diffusé par l'Ordre des infirmières, on
serait tenté de croire que le seul et unique objectif de l'ordre
réside dans la meilleure protection du public. Nous prétendons
cependant, de notre part, que l'Ordre des infirmières peut atteindre son
objectif de protection du public sans qu'il soit besoin de répandre
auprès de ce même public de fausses rumeurs quant à la
compétence et à la formation des infirmières et infirmiers
auxiliaires.
Il faut se souvenir, M. le Président, que la grande
majorité de nos membres ont été formés
professionnellement et techniquement par les membres de l'Ordre des
infirmières. Par conséquent, nous comprenons mal pourquoi cette
formation, que nous avons reçue d'elles, puisse être aujourd'hui
par elles mise en doute et dénigrée publiquement.
Cette commission parlementaire m'a demandé de venir lui exposer
la position de la corporation sur les projets de règlement
d'autorisation d'actes médicaux et infirmiers. Notre position est
clairement établie dans notre mémoire et nous n'avons pas
jugé opportun de l'établir publiquement dans les journaux,
à la radio ou à la télévision, ni non plus de nous
en prendre publiquement à une autre corporation professionnelle. Nous
avons laissé ces procédés à l'Ordre des
infirmières qui en a usé si abondamment qu'il a fini par
écoeurer une bonne partie de nos membres.
La position de la corporation sur ces projets de règlement en est
une fort simple et très précise. Notre corporation est en mesure
de s'autogérer, de discipliner ses membres et d'en vérifier la
compétence. Je serais tentée, M. le Président, de vous
dire que nos membres très soucieux de leur autonomie et ayant toujours
travaillé en collaboration et en association avec les autres
professionnels de la santé, sont partisans, comme certains membres de
cette commission, mais pour d'autres objectifs, de la formule
souveraineté-association. Par conséquent, nous nous opposons aux
dispositions de ces projets de règlement qui tentent, sous le couvert de
la protection du public, d'assujettir la Corporation des infirmières et
infirmiers auxiliaires à la Corporation des infirmières.
Nos membres ont toujours travaillé, dans les centres hospitaliers
et dans les autres établissements, en collaboration étroite avec
le médecin, l'infirmière et les autres professionnels de la
santé. Mais collaboration, M. le Président, ne veut pas dire
subordination. C'est pour cela que nous nous opposons formellement à une
surveillance constante proposée dans le projet de règlement de
l'Ordre des infirmières à l'égard de quelques actes
infirmiers que l'on veut bien nous déléguer. (17 h 45)
Permettez-moi, M. le Président, de vous donner un seul exemple.
Comment peut-on justifier, même devant des députés, qu'une
infirmière auxiliaire, pour surveiller des signes neurologiques, a
elle-même besoin de la surveillance d'une infirmière? Comment
peut-on justifier, devant vous, qu'une infirmière auxiliaire qui,
prélevant des selles ou des urines, a besoin d'être
surveillée par une cégepienne ou une universitaire? Autant vous
dire, M. le Président, qu'une pareille délégation, nous
n'en voulons pas. Ce que nous voulons, cependant, ce que notre mémoire
tente de vous démontrer, c'est que les infirmières auxiliaires,
étant des personnes formées pour exercer une profession, puissent
l'exercer sans la tutelle d'autres professions soi-disant mieux
formées.
Ce dont nous voulons vous convaincre, c'est que les actes infirmiers
mentionnés à l'annexe du règlement des infirmières
sont des actes infirmiers relativement simples. Nous voulons vous assurer que
ça ne prend pas un cours universitaire pour replacer une canule de
trachéotomie accidentellement déplacée, pour donner la
respiration artificielle ou pour prélever des urines. Vous avez, en
annexe de notre mémoire, un tableau comparatif de la formation
professionnelle des infirmières auxiliaires et des
infirmières.
Bien sûr, la formation académique des infirmières
est supérieure à la formation académique des
infirmières auxiliaires. Le cours collégial est au-dessus du
cours secondaire. Par conséquent, les infirmières ont un meilleur
langage et une meilleure écriture. Mais les patients, eux, s'en foutent
de la meilleure écriture et du meilleur langage. Les patients, eux, en
fin de compte, ne demandent pas si la personne qui les soigne a un DEC ou un
diplôme d'études secondaires.
N'allez pas croire, M. le Président, que nous réclamons un
champ d'exercice exclusif. Je l'ai déjà dit, notre corporation ne
veut que la reconnaissance légale de ce qui se passe dans les faits. Et
vous serez peut-être étonné d'apprendre, si vous ne le
savez déjà, qu'au Québec il existe environ 18 000
personnes qui exercent, dans les établissements de santé, la
profession d'infirmière auxiliaire et que ces 18 000 personnes ont
choisi librement et unanimement de devenir membres de la corporation que je
représente.
Il est sans doute étonnant de constater que ces 18 000 personnes
ont, librement et sans contrainte, choisi d'appartenir à une corporation
professionnelle qui n'a d autre but que de les discipliner et de
vérifier leur compétence. L'on est loin, M. le Président,
de la formule syndicale qui veut
que 51% des salariés d'un employeur autorisent le syndicat
à négocier pour 100% des salariés.
Chez nous, toutes les infirmières auxiliaires ont choisi le
régime de la corporation professionnelle. Il est une règle
fondamentale de la démocratie qui veut que l'on respecte le voeu
majoritaire d'un groupe de citoyens, à plus forte raison quand ce voeu
devient unanime. C'est pourquoi la corporation a modestement soumis dans son
mémoire que la délégation d'actes médicaux et
infirmiers relative aux infirmières auxiliaires ne soit faite
qu'à l'égard des membres de notre corporation.
Il serait surprenant qu'un pareil exemple de solidarité et il
serait aberrant qu'un pareil choix de se discipliner et de s'améliorer
professionnellement soient écartés par le législateur.
J'ajouterai, puisqu'il faut bien qu'on se parle franchement, qu'il est tentant
d'analyser pourquoi 18 000 syndiqués ont spontanément et
librement choisi d'appartenir à une corporation professionnelle.
Je laisserai à d'autres personnes mieux informées que moi
et, bien sûr, plus instruites, qui auraient peut-être
succombé à cette tentation, d'en faire l'analyse.
Au 31 décembre 1978, le tableau de la corporation comptait 17 566
membres. Or, suivant les renseignements que nous tirons des diverses centrales
syndicales, il y avait, dans le territoire de la province, un total de 18 050
personnes exerçant notre profession.
C'est pourquoi je vous parle, M. le Président, du voeu unanime
exprimé librement et, par conséquent, démocratiquement des
gens de cette profession. Si vous suggérez d'autoriser des actes
médicaux et infirmiers à toute infirmière auxiliaire,
qu'elle soit membre ou non de la corporation, vous allez sonner le glas d'une
corporation professionnelle à laquelle ces modestes travailleurs de la
santé ont spontanément, librement et démocratiquement
adhéré.
Voilà, M. le Président, le résumé du
mémoire que j'avais à vous transmettre. M. le Président,
madame et messieurs les membres de cette commission, je vous remercie de votre
bonne attention et je serai heureuse de répondre aux questions que vous
jugerez à propos de me poser.
Le Président (M. Dussault): Je vous remercie, Mme
O'Rourke. M. le ministre responsable des corporations professionnelles.
M. Morin (Sauvé): Sûrement, M. le Président,
nous aurons beaucoup de questions à poser à Mme la
présidente de la corporation et nous n'aurons le temps, d'ici 18 heures,
que d'aborder le sujet. Il nous faudra sûrement y revenir ce soir, en
même temps que nous entendrons les autres associations qui se sont
inscrites.
Je voudrais d'abord constater que, dans votre mémoire, vous me
paraissez clarifier la question de savoir si vous prétendez, si vous
revendiquez de poser des actes ou, plus simplement, d'y participer ou d'y
contribuer. J'imagine qu'on aura suivi avec attention ce que vous avez dit,
mais je veux me référer plus spécifiquement aux pages 8 et
9 de votre mémoire, aux pages 7 et 8, pardon. Vous y dites clairement,
et il est important que cela soit dit publiquement, que ce projet de
règlement, tel que vous l'entendez, tel que vous le concevez, n'autorise
en aucune façon vos membres à poser des actes médicaux,
mais que le règlement signifie que vous serez autorisés à
faire ce qui est dit à l'article 5.02, c'est-à-dire que vous
participerez et contribuerez à des actes qui vous seront
délégués.
Effectivement, si l'article 5.02 évite le verbe "poser" à
l'égard des membres de la Corporation des infirmières
auxiliaires, c'est bien à dessein et c'est bien ainsi que vous l'avez
compris. Je suis heureux de le constater. Il y a eu des moments, semble-t-il,
où de légers malentendus qui auraient pu avoir de graves
conséquences se sont manifestés, mais je constate qu'aujourd'hui,
devant cette commission parlementaire, vous affirmez bien clairement dans votre
mémoire que l'article 5.02, tel que vous l'entendez, vous autorise
à participer et à contribuer à des actes qui vous seront
délégués et non pas à les poser. Cela me
paraît important que ce soit dit publiquement et notamment, devant les
membres des autres corporations qui avaient là-dessus également
leur propre interprétation. Vous pourrez commenter ces propos tout
à l'heure, si vous le désirez, madame.
Je voudrais nous aurons à peine le temps de vous entendre
avant qu'il ne soit 18 heures vous dire que ce soir, je voudrai revenir
sur le tableau des comparaisons des formations, parce que c'est quand
même une question à élucider. On a laissé
traîner toutes sortes de choses dans l'opinion publique sur la formation
que vous recevez. Je pense qu'il sera utile, devant la population, de clarifier
cette question une fois pour toutes. Ce sera utile à tout le monde,
à toutes les professions en cause.
Je reviens brièvement sur "participer" et "contribuer". Est-ce
que nous nous comprenons bien cette fois? Est-ce que j'ai raison de croire,
est-ce que le gouvernement a raison de penser que lorsque vous acceptez la
délégation, vous avez bien compris qu'il s'agit de participer et
de contribuer à des actes, et non pas de poser ces actes?
Mme O'Rourke: C'est très clair, M. le ministre, dans notre
mémoire, comme cela l'est dans notre tête à nous.
M. Morin (Sauvé): Si je pousse un peu plus loin
l'interrogation, je constate que dans certains cas, vous estimez que la
surveillance qui fait l'objet de l'annexe A, les types de surveillance qui y
sont mentionnés, sont quelquefois de type un peu trop étroit.
Est-ce que je vous comprends bien? Pourriez-vous nous donner quelques
détails là-dessus? Vous comprendrez bien que la différence
entre contribuer à un acte et poser cet acte, va tenir au type de
surveillance qui est exercé. Les deux questions sont très
étroitement liées. Je vous pose la question.
Mme O'Rourke: Dans les actes du règlement des
médecins, dans le mémoire à la page 9, on fait état
naturellement de certains actes qui ne demanderaient qu'une surveillance
à distance, j'ai donné des exemples tantôt de ces
actes.
Quant au règlement des infirmières, dans la nomenclature
des actes de l'annexe A, le mémoire fait état d'une série
d'actes qui ne nécessiteraient aucune espèce de surveillance et,
encore là, M. le ministre, je pense que j'ai donné des exemples
assez précis à la page 11 du mémoire, où vous avez
là une série d'actes que l'on considère comme ne
nécessitant aucune espèce de surveillance.
M. Morin (Sauvé): Oui, ceux que vous
énumérez, A-1 à A-3, A-12, A-13, etc.
Mme O'Rourke: Est-ce que... M. Morin (Sauvé):
Oui?
Mme O'Rourke: ... vous aimeriez que je les énumère
tous?
M. Morin (Sauvé): Non, ce n'est pas nécessaire. Je
pense que ça nous amènerait dans trop de détails, à
moins que vous ne vouliez vous-même attirer notre attention sur un acte
que vous tenez particulièrement à porter à notre
attention. Je pense que nous pouvons lire le mémoire et nous allons, de
toute façon, vous pensez bien, passer de longues heures à
compulser chacun des mémoires qui nous a été soumis avant
de prendre nos décisions. Donc, vous pouvez compter que ce sera lu avec
autant d'attention que les mémoires des autres corporations.
Peut-être abordant, pendant la minute qui nous reste, une autre
question, mais vous pourrez vous réserver le droit d'y revenir ce soir,
parce que c'est une question importante. Reconnaissez-vous qu'il peut exister,
comme on l'a dit, de la part des médecins et des infirmières, des
situations locales où le conseil de l'établissement pourrait
être amené à nuancer l'application du règlement et
à décider que certains actes ne pourraient être
posés dans tel établissement parce que les conditions ne sont pas
réunies pour qu'on contribue ou qu'on participe à ces actes, pour
employer le vocabulaire technique exact? (18 heures)
Mme O'Rourke: Ecoutez! Quand vous parlez de principes
généraux ou que vous parlez de conditions prescrites pour la mise
en application d'un règlement, M. le ministre, comme je suis une simple
infirmière auxiliaire et que je ne me considère pas un avocat, je
référerai la question à Me Beaupré, notre
conseiller juridique, sur ce qu'est la définition que vous utilisez
légalement présentement dans la mise en application des
conditions locales, comme vous le dites.
M. Morin (Sauvé): Oui. Ecoutez! Ce pourrait être la
première question sur laquelle je vous demanderai de faire des
commentaires tout à l'heure, quand nous nous retrouverons.
Etes-vous d'accord, autrement dit, avec certains propos qui ont
été tenus par les médecins ce matin, par les
infirmières cet après-midi, au sujet de la
nécessité de nuancer l'application du règlement selon les
établissements?
Mme O'Rourke: C'est sûr, M. le ministre, nous sommes
d'accord avec la position de la Corporation des médecins et celle aussi
de l'Ordre des infirmières en ce qui concerne les différents
centres de santé, où les conditions locales varieraient
peut-être d'un centre hospitalier à l'autre.
M. Morin (Sauvé): Je vois que l'heure est venue, M. le
Président, mais si vous voulez revenir là-dessus avec vos
conseillers juridiques, en revenant tout à l'heure, nous
écouterons très volontiers ce que vous aurez à nous
dire.
Mme O'Rourke: Je vous remercie, M. le ministre.
Le Président (M. Dussault): Avant de mettre fin quand
même à nos travaux pour l'instant il est 18 heures
M. le député de Vanier voulait prendre la parole, je suppose, sur
une question d'ordre ou de règlement.
M. Bertrand: De règlement, M. le Président. Pour
que nous sachions à quoi nous en tenir ce soir et que les groupes qui
sont ici et qui n'ont pas comparu encore puissent se fixer un peu sur nos
décisions relatives à notre soirée, serait-il possible
immédiatement, même si l'ordre de la Chambre que nous avons c'est
de siéger de 20 heures à 22 heures, de nous entendre
immédiatement, puisque ce sera la seule journée où nous
siégeons sur cette question, de dépasser l'heure permise par la
Chambre dans son ordre, comme nous sommes maîtres de nos travaux et que
nous puissions ainsi entendre les groupes qui se sont déplacés
pour venir nous rencontrer?
M. Morin (Sauvé): Jusqu'à minuit, par exemple.
M. Grenier: M. le Président.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Mégantic-Compton ?
M. Grenier: J'aime à vous faire savoir au moment de
reprendre les propos de ce matin, que je ne cautionnerai pas ici des gestes du
gouvernement qui nous a amené huit organismes à entendre, alors
qu'on a trois corporations fort importantes aujourd'hui. On n'a pas
consulté l'Opposition pour savoir combien de mémoires on pourrait
entendre aujourd'hui. Ce gouvernement qui nous a fait siéger jour et
nuit au mois de juin et au mois de décembre et qui a envie de nous faire
siéger jour et nuit encore dès le début de la session, ne
nous fera certainement pas ce jeu-là au début de mars. A partir
de là, on verra à 10 heures ce qu'on fera.
Le Président (M. Dussault): Si vous me permettez,
messieurs, le député de Laval, si la commission le permet.
M. Lavoie: Non, le député de D'Arcy McGee.
Le Président (M. Dussault): Je m'excuse. M. le
député de D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, il est évident que
je suis sensible à l'argument qu'il y a des gens qui se sont
déplacés pour venir s'exprimer devant la commission; je l'ai
toujours été, autant que j'ai siégé du
côté ministériel que quand j'ai siégé du
côté de l'Opposition. Il me semble que nous devrons quand
même attendre un peu pour voir où nous en serons rendus à
10 heures moins le quart ce soir. Si, à ce moment-là, nous
constatons que nous sommes en train de terminer l'étude de
l'avant-dernier mémoire, je n'aurai aucune objection à continuer
après 22 heures pour entendre le dernier, mais si, à 21 heures
45, il reste quatre ou cinq mémoires à entendre, il ne sera pas
logique, je crois bien, de continuer. Alors je suis obligé,
malgré ma volonté de collaborer, d'insister pour que nous
attendions à ce soir pour juger de l'opportunité de le faire.
Je fais un dernier commentaire à ce sujet, M. le
Président. Le ministre de l'Education, responsable des professions, et
le leader parlementaire du gouvernement ont fait valoir la difficulté
que rencontrerait le gouvernement à trouver un autre jour pour faire
siéger de nouveau cette commission parlementaire sur ce sujet. M. le
Président, j'ai fait un petit calcul. Il reste, d'ici à la
Saint-Jean-Baptiste, quinze semaines, ce qui représente, à un
rythme bien ordinaire, 44 jours de session et, si l'on ajoute, comme on le fera
de toute façon au mois de juin, les lundis et les vendredis et je
n'ai pas d'objection à siéger en commission parlementaire un
lundi ou un vendredi pour poursuivre cette étude on se rend non
pas à 44 jours ouvrables, mais à 72 jours. Alors, sur 72 jours,
il me semble qu'il y aurait moyen pour le gouvernement de trouver une
demi-journée pour terminer l'étude de cette question, s'il le
faut. Mais je répète, M. le Président: Si, à
quelques minutes avant 22 heures, il nous reste peu de travail à faire,
vous pourrez compter sur notre collaboration pour terminer le dernier
mémoire.
Le Président (M. Dussault): M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je me
réjouis de cet esprit de collaboration. Evidemment, dans des
circonstances comme celles-ci, on sait toujours à quelle heure on
commence, mais on ne sait jamais à quelle heure on va terminer
l'audition des mémoires. Nous sommes un peu à la merci de
l'Opposition. J'espère que, ce soir, nous pourrons tous nous donner la
main pour être prêts, parce qu'il m'apparaît que des gens
sont...
M. Goldbloom: M. le Président, est-ce que...
M. Morin (Sauvé): Je m'excuse, j'ai la parole. Mais il y a
des gens qui se sont déplacés, qui sont venus vraiment de
très loin pour nous parler, pour s'exprimer devant cette commission
parlementaire. Je pense que le moins qu'on puisse faire, c'est de prolonger la
session un peu ce soir. Nous sommes tout de même capables de faire un
effort de quelques heures pour écouter ceux qui sont venus.
M. Grenier: La chanson, on la connaît. Le violon!
M. Goldbloom: Mon Dieu!
M. Morin (Sauvé): Nous sommes prêts à
travailler, en tout cas.
Le Président (M. Dussault): Je pense que nous ne pourrons
pas maintenant clarifier cette question complètement. Alors, je suspends
les travaux de cette commission jusqu'à ce soir, 20 heures.
Suspension de la séance à 18 h 7
Reprise de la séance à 20 h 12
Le Président (M. Dussault): Nous allons reprendre les
travaux de la commission; au moment où nous avons suspendu ces travaux,
M. le ministre responsable des corporations professionnelles avait la parole.
M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je voudrais
donner l'occasion à nos invités, membres de la Corporation des
infirmières et infirmiers auxiliaires de reprendre, s'ils en
éprouvent le besoin, la question que je posais à la fin de la
dernière séance, c'est-à-dire la nécessité
ou l'opportunité d'adopter un système suffisamment souple au
niveau de l'application dans chaque établissement pour que le conseil de
chaque établissement puisse, éventuellement, nuancer les
règles de portée générale que l'on trouvera dans le
règlement.
Dois-je comprendre que vous seriez prêts à ce que chaque
établissement puisse désigner parmi les actes prévus dans
le règlement, ceux qu'il est pertinent d'autoriser dans cet
établissement, compte tenu de certains facteurs mentionnés dans
les règlements, comme par exemple les ressources du milieu qui ont
été mentionnées ce matin, ou encore la préparation
des personnes habilitées?
Mme O'Rourke: M. le Président, pour répondre
à la question du ministre d'ailleurs, quand nous nous sommes
quittés cet après-midi, j'avais dit au ministre que je devais
consulter les conseillers juridiques de la corporation et aussi le
comité administratif formé des membres de la profession qui
m'accompagnent quant aux
conditions locales du règlement, au principe même de ces
conditions locales, la corporation ne s'oppose sûrement pas à ce
que les établissements adaptent ou puissent adapter les
règlements à leur milieu, selon leurs besoins et les ressources
du milieu.
Maintenant, est-ce que vous aimeriez que je précise
peut-être davantage tous les actes qui nous sont
délégués?
M. Morin (Sauvé): Non, je voulais...
Mme O'Rourke: Le principe lui-même, M. le ministre? (20 h
15)
M. Morin (Sauvé): Non. Je voulais qu'il soit clair
publiquement que sur ce point, il semble y avoir une certaine entente entre les
trois corporations. Et c'est un point important parce que le règlement
actuel n'est pas bâti de cette façon. Il y a donc là un
assouplissement qui pourrait être apporté éventuellement de
la part du gouvernement.
Mme O'Rourke: J'aimerais cependant préciser que la nature
même des vocations des établissements répond à des
besoins. Dans ce sens-là, il n'y a pas d'objection à ce que
chaque établissement s'adapte aux règlements qui seront
adoptés.
M. Morin (Sauvé): Oui, compte tenu des ressources du
milieu aussi.
Mme O'Rourke: Compte tenu des ressources du milieu.
M. Morin (Sauvé): De la nature de l'établissement,
des ressources, parce qu'on le faisait observer cet après-midi, tous les
établissements n'ont pas les mêmes ressources.
Mme O'Rourke: C'est exact.
M. Morin (Sauvé): Ni en infirmiers et infirmières,
ni en auxiliaires. C'est très variable comme situation.
Mme O'Rourke, je me tourne maintenant vers une page qui n'est pas
numérotée dans votre mémoire, mais qui constitue l'annexe
A, où vous comparez la formation reçue par les auxiliaires avec
celle qui est donnée aux infirmières, dans le cadre des
techniques infirmières. Et vous comparez le temps consacré
à l'aspect technique de la formation. Si j'ai bien compris, il s'agit
plutôt strictement des apprentissages professionnels plutôt que les
cours scientifiques, par exemple. J'ai pris connaissance un peu de ce tableau
et je vais vous demander de me l'expliquer, ou de confirmer
l'interprétation que je vais en donner.
Vous tenez compte, dans ce tableau, seulement de ce que l'on pourrait
appeler l'aspect professionnel strict, l'aspect pratique de la formation. Vous
n'avez pas comptabilisé les cours de sciences pures, la biologie, etc.
Nous nous comprenons bien.
Mme O'Rourke: C'est exact.
M. Morin (Sauvé): Le tableau est un peu difficile à
lire et je voudrais m'assurer que je l'ai bien compris. Par exemple, si nous
prenons le cours intitulé "Approche du malade et techniques de soins",
quand on fait le compte de la théorie et de la pratique pour les
auxiliaires, on arrive à 107 heures. Tandis que si on se tourne du
côté des techniques infirmières, pour le cours "Profession
infirmière et maladie", on compte 105 heures.
Si j'ai bien lu le tableau, les auxiliaires recevraient plus d'heures de
formation professionnelle pour ce qui est de l'approche du malade et de la
technique des soins. Deux heures de plus, en somme. C'est cela que votre
tableau dit?
Mme O'Rourke: C'est exact, M. le ministre. Peut-être que le
langage utilisé au niveau collégial n'est pas le même que
celui utilisé au niveau des polyvalentes. Vous retrouvez, à
"périodes ", le nombre de périodes et de cours théoriques
et pratiques, le nombre de leçons qui reviennent à des cours, si
vous voulez, théoriques et pratiques, avec le pourcentage total.
M. Morin (Sauvé): Vous ne m'en voudrez pas si je
m'étonne de la seconde catégorie de cours où vous recevez,
d'après le tableau, infiniment plus d'heures de cours que les
infirmières elles-mêmes. Pour le groupe de cours intitulés
soins infirmiers, médicaux, chirurgicaux, stage clinique en
médecine et chirurgie, soins infirmiers en gérontologie et
gériatrie, stage clinique en gériatrie, vous arrivez à un
total, théorie et pratique, de 495 heures, tandis que les
infirmières n'en recevraient que 390 heures, pour les soins infirmiers,
médicaux et chirurgicaux. Etes-vous assez sûre de ces
chiffres-là? Vous avez vraiment fait le tour de toute la formation
pratique qui est donnée aux infirmières?
Mme O'Rourke: M. le ministre, je ne peux faire autrement que de
vous répondre, même si vous êtes un ministre qui a deux
chapeaux, entre autres celui de ministre de l'Education, que ces
tableaux-là sont pris du profil de l'enseignement, comme vous me l'avez
dit au départ, strictement professionnel des soins infirmiers.
M. Morin (Sauvé): Oui. Je peux connaître la liste
des cours, mais vous comprenez que je ne peux pas en connaître tous les
contenus, ce n'est pas possible. Il se donne des milliers de cours dans toutes
les disciplines. Je vous demande simplement si je lis bien le tableau.
D'après vous, vous recevez passablement plus de formation que les
infirmières dans ce secteur-là.
Mme O'Rourke: C'est bien évident que, si l'on publie des
chiffres venant de programmes de cours qui sont quand même établis
par le ministère de l'Education, ce sont des chiffres véridiques.
La comparaison que vous voyez...
M. Morin (Sauvé): Oui, mais vous admettrez qu'il pourrait
y avoir matière à interprétation sur la façon dont
vous regroupez les cours peut-être?
Mme O'Rourke: Oui, bien sûr, peut-être que le langage
qu'on utilise dans la formation au niveau des polyvalentes n'est pas le
même langage que celui au niveau collégial. Cependant, comme vous
le dites vous-même, M. le ministre, quand on retrouve dans les programmes
de cours les soins infirmiers, médicaux et chirurgicaux ce sont
les mêmes soins infirmiers, médicaux et chirurgicaux c'est
évident qu'il y a quelques minutes ou quelques heures de cours de plus
qui se donnent pour les infirmières auxiliaires que pour les
infirmières.
Maintenant, si ma réponse n'est pas satisfaisante, M. le
ministre, est-ce que vous me permettez de vous donner des explications
supplémentaires par un expert qui est avec nous aujourd'hui, qu'on
considère, au niveau de la corporation, comme directeur des services aux
membres, M. Philippe-André Pelletier? Peut-être qu'il pourra vous
expliquer davantage les programmes...
M. Morin (Sauvé): Je vous pose une question additionnelle
à laquelle il pourra répondre. J'imagine que l'infirmière
auxiliaire qui a suivi ses cours au secondaire va ensuite chercher sa formation
au niveau collégial, si elle veut pousser plus loin sa formation et, par
exemple, aller décrocher un diplôme d'infirmière. Est-ce
qu'à ce moment, on va lui donner les crédits pour ce qu'elle a
fait au secondaire ou bien est-ce qu'elle va être obligée
d'accumuler, par-dessus ce qu'elle a reçu au secondaire, tout ce que
vous me décrivez pour le collégial? Est-ce que ma question est
claire?
Mme O'Rourke: Non, écoutez, cette question que vous me
posez, je sais les difficultés que cela comporte au niveau du passage de
la profession d'infirmière auxiliaire, du cours d'infirmière
auxiliaire aux polyvalentes par rapport au cours d'infirmière au niveau
collégial. Si vous n'avez pas d'objection, M. le ministre, j'aimerais
que M. Pelletier puisse expliquer davantage sur la question que vous nous
posez.
M. Morin (Sauvé): Volontiers.
M. Pelletier (Philippe-André): Si vous permettez, M. le
ministre. D'abord, c'est effectivement assez paradoxal, après
s'être fait dire qu'on compare trois ans de formation à deux ans,
de se retrouver, à un moment donné, sur un des aspects de cette
formation, avec une situation où ceux qui n'en ont que deux ans ont une
formation plus élaborée. C'est paradoxal si on ne connaît
pas tellement les programmes de formation et si on ne connaît pas
tellement les objectifs des différents niveaux de formation. Si on va y
voir de plus près, on connaît les objectifs de la formation au
niveau secondaire professionnel et on sait que les objectifs au niveau de la
formation collégiale sont différents. Là, je ne parle pas
seulement de la question des infirmières ou des soins infirmiers, mais
je parle de toutes les formations professionnelles. Dans ce cas. notre
difficulté ou ce qui nous a semblé un peu difficile à
concevoir, c'étaient les connaissances qui apparaissaient chez les
jeunes diplômées du collège et les jeunes
diplômées du secondaire quand elles se retrouvaient dans le champ
clinique, c'est-à-dire au moment où elles devaient poser ces
actes médicaux dont on parle et auxquels elles doivent collaborer. On ne
voyait pas une si grande différence. C'est là qu'on a
cherché un peu plus.
Les chiffres que vous retrouvez dans l'annexe A sont tirés de
l'annuaire, cahier 02 de l'enseignement secondaire, ainsi que des cahiers de
l'enseignement collégial.
Si vous permettez de préciser un peu les deux programmes que vous
connaissez sûrement de façon globale, pour ce qui nous concerne,
on sait qu'en formation professionnelle au collège, on consacre un
certain temps de notre formation à l'aspect professionnel, ce qu'on
appelle, d'un bloc, les cours professionnels spécialisés...
M. Morin (Sauvé): En laissant de côté les
cours scientifiques.
M. Pelletier:... qui sont 24 sur 40 cours. Pour ce qui nous
concerne, on ne parle que des techniques de soins; maintenant on ne parle que
des actes à poser ou auxquels on peut contribuer ou on doit contribuer
et que vous retrouvez nécessairement dans un certain nombre de sigles
dans les deux programmes; c'est ce que vous avez retrouvé dans ce
tableau.
Dans la colonne de droite, vous retrouverez les sigles de formation
technique de l'infirmière au niveau collégial et, dans celle de
gauche, les équivalents de l'infirmière auxiliaire au niveau
secondaire; les temps qui apparaissent sont ceux qui figurent aux annuaires des
deux niveaux d'enseignement. Ce qui fait que, finalement, on ne compare pas 2
et 3, mais on compare un 1200 et un 1300.
M. Morin (Sauvé): C'est ça. Si je saisis bien, la
personne qui va aller faire ces études de technique infirmière au
collège aura suivi le cours général au secondaire...
M. Pelletier: Effectivement.
M. Morin (Sauvé): ... de sorte qu'elle n'aura pas
déjà couvert tout cet enseignement professionnel au niveau
secondaire. Nous nous comprenons bien?
M. Pelletier: Très bien.
M. Morin (Sauvé): Bon! Si je regarde les totaux au bas de
votre tableau, je constate que pour le total de la formation technique, les
auxiliaires reçoivent 1220 heures de formation, tandis que les
infirmières, elles, en recevraient 1305.
M. Pelletier: On les a appelées des périodes de
cours et des leçons, parce que le jargon est différent au
secondaire et au collégial, et aussi parce qu'il ne faudrait
peut-être pas dire que ce sont des heures et des heures. Il y aurait une
petite nuance au niveau de l'aspect théorique de la formation dans le
cas de l'enseignement secondaire où on aurait des heures de 50 minutes,
mais la plupart des éducateurs sont d'accord que l'essentiel des
apprentissages ne se fait pas dans ces dix dernières minutes
d'enseignement.
M. Morin (Sauvé): Nous n'entrerons pas dans ces petites
subtilités ce soir. Vous nous parlez, en somme, de périodes qui
sont, grosso modo, des heures.
M. Pelletier: Effectivement.
M. Morin (Sauvé): La leçon que vous tirez de ce
tableau, si j'ai bien compris, c'est de nous dire: Au fond, nous avons une
formation technique équivalente à celle des infirmiers et
infirmières. C'est ce que vous voulez nous dire?
M. Pelletier: Quant à cet aspect de la formation qui
touche les actes dont on parle devant cette commission, effectivement.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, pour ce qui me
concerne, j'ai terminé. Je crois que mon collègue aura des
questions à poser.
Le Président (M. Dussault): M. le ministre des Affaires
sociales.
M. Lazure: Je voudrais d'abord que Mme la présidente de la
corporation, puisque ce matin le président de l'Ordre des
médecins nous a parlé de certaines consultations entre divers
groupements, établisse si oui ou non il y a eu, dans la
préparation du règlement présenté par l'Ordre des
infirmières, consultation avec son groupement.
Mme O'Rourke: Je suis bien contente, M. le ministre, que vous me
posiez cette question. Définitivement, avec l'Ordre des
infirmières, il y a eu des discussions, mais il n'y a pas eu, dans le
sens véritable du mot, de consultation comme un groupement qui devrait
être consulté comme tout autre groupement. Il y a eu cependant des
discussions.
M. Lazure: Bon; dans un autre ordre d'idée, plus tôt
cet après-midi, on a parlé de deux séries de statistiques
différentes, deux bilans différents quant aux actes auxquels vous
participeriez et auxquels vous pourriez contribuer. L'Ordre des
infirmières nous a présenté un tableau où les
pourcentages de participation venant des auxiliaires étaient assez bas.
Nous avons fait état d'un autre tableau qui a été fait
récemment par la Fédération des affaires sociales qui,
pour un même acte, donnait un pourcentage beaucoup plus
élevé. Je rappelle, pour ceux qui n'étaient pas ici, que
dans le cas de l'administration des vaccins, le bilan de l'Ordre des
infirmières donnait une participation de 3,3% des auxiliaires et le
bilan de la FAS une participation de 73%. Dans le cas de l'installation d'un
tube gastrique, celui de l'Ordre des infirmières donnait 1% et l'autre
donnait 58%.
Ma question est d'un ordre plus général. Pour commencer,
est-ce que d'après vous, Mme la présidente, les actes auxquels
vos membres auraient à participer ou auxquels ils ou elles
contribueraient sont effectivement des actes qui sont actuellement, je ne
dirais pas posés, mais auxquels vos membres contribuent et participent
dans l'état actuel des choses? Puisqu'on a entendu deux versions
contradictoires jusqu'à un certain point, aujourd'hui... J'ai bien
compris l'essentiel du témoignage de la Corporation des médecins.
On dit: II nous paraît dans l'ensemble que les deux règlements
proposés ne viennent que consacrer un état de fait. (20 h 30)
D'autre part, l'Ordre des infirmières nous donne une version
plutôt différente et dit: Non. Et je donne comme exemple les deux
types d'actes que j'ai cités tantôt. Il a tenté de faire
valoir que ce n'était pas le cas et que plusieurs actes n'étaient
pas actuellement posés par des auxiliaires. Alors, selon votre
appréciation à vous comme responsable des 18 000
infirmières auxiliaires, est-ce que, oui ou non, dans l'ensemble, vos
auxiliaires participent à ces actes?
Mme O'Rourke: C'est bien évident, M. le ministre, que nos
membres participent à l'ensemble, comme vous dites, des actes
médicaux. Je ne dis pas que les membres participent à tous les
actes médicaux, par exemple quand on parle d'hémodialyse ou
d'épidurale, il y a peut-être une participation avec le
médecin pour préparer ou lui fournir le matériel qu'il
faut dans l'ensemble des actes énumérés à l'annexe
A de la nomenclature du règlement des médecins, nos membres
participent à l'ensemble de ces actes médicaux.
M. Lazure: Vous avez la conviction que vos membres sont tout
à fait habilités pour le faire?
Mme O'Rourke: C'est bien évident que nos membres sont
habilités pour participer et contribuer avec le médecin à
ces actes médicaux de l'annexe, à l'ensemble toujours, je dis de
ces actes médicaux.
M. Lazure: D'accord. Alors, pour les quelques cas exceptionnels
auxquels vos membres ne participent pas, ne contribuent pas actuellement, dans
cet ensemble, s'il y a quelques exceptions, est-ce que vous pensez quand
même que la majorité, sinon la totalité de vos membres sont
en mesure de contribuer de façon valable à ces actes?
Mme O'Rourke: C'est bien évident, M. le ministre, que nos
18 000 membres oeuvrent dans tous les établissements du réseau du
ministère
des Affaires sociales, ainsi que dans certains établissements
privés. Or, tous nos membres participent et contribuent à
l'ensemble de ces actes dans tout le réseau du ministère des
Affaires sociales, que ce soit dans les centres hospitaliers,
ultra-spécialisés même, spécialisés, les
centres hospitaliers en soins prolongés, que ce soit dans les CLSC, dans
les centres d'accueil, dans les foyers, et là vous touchez à peu
près tout le réseau, nos membres participent et contribuent
à l'ensemble de tous ces actes médicaux.
M. Lazure: Une dernière question, M. le Président.
Je l'ai posée, cet après-midi, aux représentants de
l'Ordre des infirmières et infirmiers. A l'acte A-1.26, dans l'annexe A,
"en milieu psychiatrique, orienter le bénéficiaire vers des
activités jugées nécessaires." Je vous pose la question.
Est-ce que vous croyez que vos membres seraient compétents ou que ces
personnes seraient compétentes pour participer à cet acte
d'orienter les bénéficiaires vers des activités
jugées nécessaires...
Mme O'Rourke: M. le ministre... M. Lazure:... en milieu
psychiatrique.
Mme O'Rourke: ... je ne vous cacherai pas qu'elles sont non
seulement habilitées à orienter les patients dans les milieux
psychiatriques, mais elles y sont, nos membres travaillent dans les milieux
psychiatriques et elles orientent les patients dans les diverses
activités nécessaires à leur réhabilitation ou au
traitement psychiatrique.
M. Lazure: Merci.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: Merci, M. le Président. Je ne voudrais pas
déroger à votre directive qui nous défend, en quelque
sorte, de poser des questions au ministre, mais j'aimerais obtenir un
éclaircissement et je crois que le ministre des Affaires sociales est le
seul à pouvoir le fournir. Il a mis en relief le contraste entre deux
études de relevés qui ont été faites. Il a
cité en exemple, à plus d'une reprise, l'administration de
vaccins et j'aimerais lui demander si l'étude qui indique qu'un
pourcentage élevé des auxiliaires se rendent, dans une mesure
quelconque, responsables de l'administration des vaccins, si cette étude
fait la distinction entre la responsabilité autonome d'administrer le
vaccin et le fait de participer à l'acte, c'est-à-dire
stériliser le bras, aider le médecin en tenant le
bébé. Est-ce que cette distinction est faite?
M. Lazure: Non, la distinction n'est pas faite dans le
relevé. J'ai bien l'impression qu'il s'agit de participation à
l'acte, encore une fois...
Mme Lavoie-Roux: Et non pas poser l'acte.
M. Lazure: Et non pas poser l'acte.
M. Goldbloom: C'est l'impression que j'ai.
M. Lazure: Une participation assez majoritaire, assez importante
qui frise, qui frôle la frontière de poser l'acte, si vous voulez.
C'est ce qui a été discuté cet après-midi. A quel
moment une participation tellement entière ou presque entière
à l'accomplissement d'un acte, à quel moment ça cesse
d'être une contribution et à quel moment ça devient le fait
d'assumer un acte? Mais, pour être bien clair, il s'agit de
participation, de participation importante.
M. Goldbloom: Oui, mais, M. le Président, juste pour
terminer là-dessus, c'est depuis une trentaine d'années que je
m'occupe de bébés et que je leur donne des immunisations. C'est
toujours moi qui tiens la seringue ou qui donne l'injection. Si l'on demande
à une personne, à une professionnelle de la santé: Est-ce
que vous administrez des vaccins? Peut-être qu'on n'aurait, dans le cas
des auxiliaires, que 3% de réponses affirmatives, mais si on demande
à ces mêmes personnes: Est-ce que vous participez à
l'administration des vaccins? On pourrait facilement avoir 75% de
réponses affirmatives. C'est une distinction qui me paraît
importante.
M. Lazure: Non. Ecoutez. Dans l'esprit du questionnaire, comme il
nous a été expliqué, il s'agit vraiment d'une
participation importante et non pas simplement de tenir le bébé
ou tenir le tampon. Il s'agit d'une participation importante.
M. Goldbloom: Mais quand il s'agit d'administrer le vaccin, il y
a quelqu'un qui prend une seringue et donne le vaccin. Dans mon cas, c'est
toujours moi. Je m'excuse.
M. Shaw: Est-ce que vous représentez une majorité
dans votre profession?
M. Lazure: Non.
M. Goldbloom: Je pense que oui.
M. Lazure: C'est un représentant exemplaire de la
profession, mais je pense que la majorité n'est pas aussi
exemplaire.
Mme Lavoie-Roux: ...
M. Goldbloom: M. le Président, revenons...
M. Lazure: La plupart des médecins n'administrent pas le
vaccin eux-mêmes. Je regrette.
M. Goldbloom: Je n'en suis pas convaincu, mais de toute
façon.
M. le Président, je voudrais maintenant, en respectant toujours
votre directive, m'adresser à Mme O'Rourke, présidente de la
Corporation des
infirmières auxiliaires. C'est une toute petite chose que je
voudrais relever, au départ. A la page 4 de votre mémoire,
à l'avant-dernière ligne, et de nouveau, à la page 5,
à la troisième ligne, il y a un verbe qui m'a frappé et
que j'ai trouvé un peu curieux. C'est le verbe "obliger". Votre
mémoire déclare que la Loi médicale a été
amendée pour obliger les médecins à déléguer
à d'autres classes de personnes des actes médicaux; et à
la page suivante, il en est de même pour la Loi des infirmières,
dont certaines dispositions "obligent" l'Ordre des infirmières à
déléguer, notamment aux membres de la corporation, les
infirmières auxiliaires, certains actes infirmiers.
Je trouve un peu curieux le mot "obliger". Si votre mémoire avait
utilisé le verbe "permettre", je l'aurais trouvé un peu plus
facile à comprendre. Est-ce que c'était vraiment votre intention
d'interpréter les deux lois en question, comme "obligeant" les
médecins dans un cas et les infirmières dans l'autre, à
déléguer des actes aux auxiliaires? Et si oui, quelle est la
nature de cette obligation?
M. Morin (Sauvé): Est-ce que je pourrais vous communiquer
le texte de la loi, peut-être que cela éluciderait?
M. Lazure: C'est la même chose dans les deux cas, c'est
"doit".
M. Morin (Sauvé): C'est "doit".
M. Goldbloom: M. le Président, je remercie...
Mme O'Rourke: Est-ce que je peux répondre au Dr Goldbloom?
Certainement, le mémoire est le résultat de cinq années de
débat, vous comprendrez que le jargon légal, même si je ne
suis pas avocate, je commence à le comprendre un peu. Et il est
évident que dans la Loi médicale et dans la Loi des
infirmières, c'est une obligation de déléguer aux autres
personnes.
M. Goldbloom: M. le Président, je m'excuse. Le ministre
m'a rendu le service de me fournir le texte d'un extrait de la Loi
médicale et j'ai devant les yeux l'article 19 de cette loi. Il est vrai
que ce texte se lit comme suit: "En outre des devoirs prévus aux
articles 85 à 91 du Code des professions, le bureau doit, par
règlement..."
Mais attendez, M. le Président; regardons ce que le bureau doit
faire. Ce n'est pas que le bureau doit déléguer, c'est que le
bureau je reprends la citation "doit déterminer des
règles relatives à l'étude et à l'exercice de
l'obstétrique par des sages-femmes; déterminer parmi les actes
visés à l'article 29, ceux qui, suivant certaines conditions
prescrites, peuvent être posés par des classes de personnes autres
que des médecins." Le bureau de l'Ordre des médecins doit
déterminer, par règlement, quels sont les actes qui peuvent
être posés. Il n'y a aucune obligation qui est imposée
à la Corporation professionnelle des médecins de
déléguer des actes à qui que ce soit.
M. Morin (Sauvé): II doit faire ce règlement et
continuez la lecture, vous verrez que, s'il ne le fait pas, l'office peut le
faire pour lui.
M. Goldbloom: Oui, d'accord, mais quand même!
M. Morin (Sauvé): Ah! c'est une...
M. Goldbloom: Non, même à cela, ce n'est pas une
obligation de déléguer.
M. Morin (Sauvé): Ce n'est pas une obligation de
résultat, comme on le dit en droit, M. le député, mais
c'est une obligation de comportement.
M. Goldbloom: Une obligation de se pencher sur la question et
d'arriver à certaines conclusions.
M. Morin (Sauvé): Non, non, non, non, une obligation de
comportement, ce n'est pas la même chose.
M. Goldbloom: Non, je regrette, M. le Président, je ne
crois pas que...
M. Morin (Sauvé): En tout cas, écoutez...
M. Goldbloom: Ne passons pas la soirée
là-dessus...
M. Morin (Sauvé): Non.
M. Goldbloom:... d'autant plus que le ministre est celui qui a
insisté qu'il y a d'autres organismes qui attendent d'être
entendus.
M. Morin (Sauvé): C'est vrai, c'est vrai.
M. Goldbloom: Je voulais quand même relever cette question
qui m'a frappé.
M. le Président, je continue et je pose la question suivante: Mme
O'Rourke, plus tôt dans la journée, la Corporation professionnelle
des médecins a invoqué la nécessité, à ses
yeux, d'établir des liens de communication entre le médecin et
l'auxiliaire sans que l'infirmière n'agisse comme intermédiaire
pour assurer ces communications. J'aimerais tout simplement avoir le point de
vue de votre corporation professionnelle sur cela, sur l'opportunité et
sur la. nature de ces communications directes?
Mme O'Rourke: M. le député, pour ce qui concerne la
position de la Corporation des médecins, à savoir
d'établir des communications avec les infirmières auxiliaires,
dans le quotidien vécu, nous sommes constamment au chevet des malades.
Si l'on ne sait pas où situer l'infirmière auxiliaire, je vous
l'ai dit dans mon expsé, cet après-midi, elle est auprès
du malade. Or, il est bien évident qu'étant auprès du
malade, il est normal que le médecin qui, à un moment
donné,
doit poser un diagnostic, à un autre moment, doit savoir comment
son patient se comporte, nous sommes là constamment à l'observer,
à l'aider, il est normal qu'entre le médecin et nous, il y ait
des communications qui s'établissent, sans pour autant avoir à
passer constamment par un membre de l'ordre.
M. Goldbloom: J'accepte facilement le mot "constamment", mais il
y a quand même un rôle que l'infirmière doit jouer dans le
tableau du soin des malades. Comment définissez-vous le rôle de
l'infirmière par rapport à votre relation directe avec le
médecin? (20 h 45)
Mme O'Rourke: Ecoutez, le rôle de l'infirmière, en
ce qui concerne le rôle du médecin et le nôtre, c'est un
rôle important. L'infirmière, on ne nie pas sa
compétence... Encore là, cet après-midi, dans mon
exposé, dans mon résumé, j'ai bien dit que
l'infirmière jouait un rôle extrêmement important, par
exemple, dans les centres ultra-spécialisés ou les centres
spécialisés, et même les centres de malades à soins
prolongés, où elle est l'hospitalière en charge. C'est
elle qui établit le plan de soins. C'est elle qui dirige son
département. Nous avons toujours reconnu le besoin, en collaboration
avec l'infirmière, de travailler dans une équipe
multi-disciplinaire pour le mieux-être du patient. Il va falloir qu'on
arrête de charrier à quelque part sur le dos du
bénéficiaire et sur le nôtre. C'est toujours pour que le
patient soit bien soigné, en collaboration il faut contribuer et
participer avec le médecin et l'infirmière d'une part ou de
l'autre.
M. Goldbloom: Mme O'Rourke, je m'excuse de vous poser cette
question, mais qui charrie? Est-ce que...
Mme O'Rourke: Je m'excuse, je n'ai pas compris votre question, M.
le député.
M. Goldbloom: Vous avez dit qu'il faut que l'on cesse de
charrier. Je voulais vous demander qui charrie. Est-ce que c'est celui qui vous
parle? Est-ce que c'est une réaction à ma question?
Mme O'Rourke: Non, je ne pense pas que j'aie visé le Dr
Goldbloom en disant qu'on cesse de charrier, parce que je pense bien que vous
avez entendu depuis un mois et demi suffisamment de publicité à
l'égard peut-être de notre profession, peut-être d'autres.
Quand cela fait trente ans, Dr Goldbloom, que nous existons et que nous
contribuons, participons et collaborons en équipes multidisciplinaires
avec les infirmières et les médecins, dans ce sens, ce n'est pas
vous que je visais, M. le député.
M. Goldbloom: J'aimerais vous poser une autre question. Nous
avons, au cours de la journée, parlé de la question de
responsabilité, responsabilité médico-légale, si
vous voulez. Je présume et en présumant, c'est la question
que je vous pose que la corporation que vous présidez a
consulté ses conseillers juridiques au sujet des implications des
projets de règlement et des responsabilités additionnelles, je
présume, qui incomberaient, aux membres de votre corporation. Je
présume donc que vous, comme corporation, et vos conseillers juridiques,
vous ne voyez pas de problèmes pour vos membres dans la rédaction
des projets de règlements que nous avons devant les yeux.
Mme O'Rourke: C'est bien évident, M. le
député, que les conseillers juridiques de la corporation ont fait
partie du dossier dès le début, étant donné que ce
sont des règlements, et qu'ils découlent... Ce sont des pendants
quand même d'une loi qui est le Code des professions. Ce code donne
à notre corporation, comme aux 38 autres corporations, les mêmes
obligations et les mêmes devoirs envers le public et aussi envers ses
membres. Or, dans ce sens, la corporation s'est conformée à
établir toute sa réglementation, s'est structurée. Elle a
son code de déontologie, elle a son inspection de professionnels. Ses
services ont démarré et nous sommes en mesure de pouvoir jouer
notre rôle, comme toutes les autres corporations professionnelles telles
celles des médecins, des avocats, le Barreau. Nous avons les mêmes
obligations et les mêmes devoirs qu'eux.
Il y a aussi une autre chose. Vous me donnez l'occasion, M. le
député, de dire ce que j'ai entendu, par exemple cet
après-midi, au niveau de l'assurance-responsabilité
professionnelle de nos membres. La corporation paie à ses membres,
depuis 1975, une assurance-responsabilité professionnelle à
même sa cotisation et c'est la même police
d'assurance-responsabilité que celle d'autres corporations
professionnelles.
M. Goldbloom: M. le Président, je termine, en remerciant
la présidente de la corporation de ses réponses, par deux brefs
commentaires.
Je voudrais remercier le ministre responsable des professions de la
réponse qu'il a donnée en fin d'après-midi sur cette
question de la responsabilité légale. J'ai trouvé cette
réponse plus élaborée, plus précise, plus claire
que celle qu'il avait donnée, comme réponse préliminaire
peut-être, en Chambre, il y a un certain temps. J'ai trouvé cette
réponse fort utile.
Deuxièmement, je voudrais soulever ce qu'il a soulevé
lui-même. C'est l'entente apparente, l'unanimité apparente entre
les trois corporations qui se sont présentées devant nous
jusqu'à maintenant, sur l'opportunité de prévoir, dans le
ou les règlements, une souplesse qui permettrait aux divers
établissements, selon leur vocation, selon leur spécialisation,
d'aller plus loin que le règlement général et de
préciser les conditions de l'exercice de chacune des professions
à l'intérieur de leur propre établissement. Je pense que
c'est une chose importante qui aiderait à aplanir certaines
difficultés que nous constatons à écouter les
témoins.
Merci, M. le Président.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je remercie le
député de D'Arcy McGee de tirer des conclusions qui sont
analogues aux nôtres. Je crois que le projet de règlement pourrait
effectivement être amélioré sur ce point et,
évidemment, nous allons entendre des associations maintenant. Elles ne
seront peut-être pas toutes d'accord. Il va falloir que nous voyions
comment elles réagissent à cette idée-là. Mais,
pour ma part, au point où j'en suis en ce moment, je suis
persuadé qu'il va falloir nuancer l'application du règlement. Ce
sera une des conclusions de la journée d'aujourd'hui. Nous n'aurons pas
perdu notre temps.
Je crois que le député de Mégantic-Compton a des
questions. Moi-même, j'en aurai une très courte après que
l'Opposition aura terminé ses questions.
M. Charron: M. le Président, si vous le permettez...
Le Président (M. Dussault): Si la commission permet,
oui.
M. Charron: Oui, si la commission le permet. M. Grenier:
Consentement.
M. Charron: Je suis prêt à informer les membres de
la commission tout de suite et surtout les gens qui sont ici en attente.
Après une consultation que je viens d'effectuer à l'instant, les
groupes qui ne pourront pas être entendus ce soir et qui sont
déjà annoncés seront convoqués pour lundi
après-midi, le 19 mars, à 15 heures jusqu'en soirée, ce
qui fait que tous ceux qui sont annoncés devraient être entendus
et que je confirmerai devant la Chambre, demain, la convocation de cette
commission pour lundi après-midi.
M. Grenier: M. le Président...
M. Morin (Sauvé): Avec une nuance, cependant. Il faudrait
que nous terminions lundi, parce que...
M. Charron: II est entendu, M. le Président, que ce sera
à la commission et à vous-même à organiser les
travaux, mais c'est la toute dernière séance de cette commission
sur ce sujet. Il n'y a pas possibilité d'en avoir une troisième;
ça, c'est clair.
Le Président (M. Dussault): Mme le député de
L'Acadie, sur la même question.
Mme Lavoie-Roux: Sur la proposition qui vient de nous être
faite, je voudrais demander s'il y a possibilité je pense que
ça demande un consentement unanime... Vous comprenez, ceci nous arrive
alors qu'il y a des rendez-vous. Il y en a qu'on peut annuler et d'autres qui
sont difficilement annulables. Si on pouvait le faire à partir de lundi
matin, ce qui permettrait, en tout cas pour ma part et je pense que c'est le
cas de mon collègue, pas pour les mêmes raisons, mais d'autres
aussi, pour que. lundi soir, on puisse être libéré. Pour ma
part, il faut que je retourne absolument à Montréal le lundi
soir. S'il y avait possibilité de le faire le lundi matin, mais
ça, ça prendrait l'assentiment des ministres. Je ne sais pas quel
est leur point de vue.
M. Charron: Mardi, c'est impossible. M. Morin (Sauvé):
C'est impossible...
M. Charron: II y a déjà trois autres
commissions...
M. Grenier: On a choisi une journée en dehors de la
session. C'est bien sûr un lundi. Le député de
Saint-Laurent, cet après-midi, a mentionné 44 journées
d'ici le mois de juin où on pourrait recevoir cela. Il me semble qu'on
aurait pu se réunir une autre journée que celle où le
député doit faire du bureau dans son comté. Mme le
député de l'Acadie a une restriction au lundi soir, mais
remarquez bien que les 160 milles que je dois parcourir avant d'arriver ici,
j'aime autant les parcourir le matin que la nuit, depuis 3 heures du matin.
J'aimerais mieux les faire lundi matin pour être ici lundi
après-midi et lundi soir. Cela mériterait peut-être
d'être négocié un peu en arrière et qu'on
s'entende...
M. Charron: II n'y a pas d'autre possibilité. Si
c'était "en mon pouvoir", si je peux parler ainsi, c'est mon devoir de
convoquer l'Assemblée cela m'est reconnu dans le règlement
la commission parlementaire à 15 heures le lundi, si on veut
avancer cette séance à 15 heures, ça prend un consentement
unanime. A ce moment-là, le député de
Mégantic-Compton n'a qu'à apporter son objection et ça
devient impossible.
Je crois préférable moi aussi pour tout le monde, M. le
Président, si on ne veut pas obliger les députés à
monter à Québec le dimanche soir, de convoquer plutôt la
réunion à 15 heures. On excusera madame si elle doit partir
à 18 heures...
Mme Lavoie-Roux: Mon collègue semble... Si le
député de D'Arcy McGee est ici, il n'y a pas de problème
à ce que je n'y sois pas, mais il semble avoir le même
problème...
M. Charron: Je n'ai pas d'autre choix, malheureusement, puisqu'il
y a en même temps la commission qui étudie le projet de loi sur le
logement, la commission qui étudie le projet de loi sur la
réforme du Code civil, la commission qui étudie le projet de loi
sur les conditions minimales de travail et la commission des engagements
financiers qui est déjà annoncée pour jeudi et vendredi de
l'autre semaine. J'avais espéré, comme vous tous, j'imagine, que
la séance d'aujourd'hui suffise, sans vouloir manquer de respect envers
quiconque, il semble que ce soit impossible. Donc je n'ai pas d'autre choix que
d'en aviser la commis-
sion tout de suite que c'est lundi qu'elle sera convoquée
à nouveau.
M. Goldbloom: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: Si une entente est impossible pour commencer le
matin, est-ce que l'on peut à tout le moins commencer à 14
heures?
M. Charron: A 14 heures? Si la commission y consent, je la
convoquerai pour 14 heures. Je pense que cela fera l'affaire de tout le monde.
D'accord, je ferai la motion demain à l'Assemblée pour que ce
soit à 14 heures.
Le Président (M. Dussault): Nous revenons à M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Merci, M. le Président. D'abord, merci
à madame et votre groupe d'être venus ici avec votre
mémoire très bien préparé, bien
étoffé également, qui nous fournit à votre tour une
bonne source de renseignements. Un groupe que je connais bien pour avoir
vécu avec lui dans la province, alors que j'ai visité chacun des
centres d'accueil de la province de Québec et je sais que vous
êtes largement installés dans les centres d'accueil.
J'aimerais connaître, au départ, la proportion de vos
membres qui oeuvrent au niveau des centres d'accueil et des hôpitaux de
soins aigus et chroniques. Je ne sais pas si vous avez cela en main.
Approximativement, ça m'intéresserait de connaître la
proportion ou la moyenne de vos membres qui oeuvrent dans chacune des
institutions. Je comprends que c'est difficile, parce que dans plusieurs
hôpitaux il y a également des soins prolongés qui s'y
donnent, mais en gros les CH et les centres d'accueil. Quelle proportion oeuvre
à ce niveau-là? Et peut-être spécifier en même
temps si vous n'auriez pas d'autres endroits où vous oeuvrez
également, en dehors de ces centres hospitaliers et centres
d'accueil?
Mme O'Rourke: Je pourrais peut-être vous donner un
pourcentage que j'ai ici, parmi les infirmières auxiliaires qui oeuvrent
dans les milieux chroniques par exemple. Il y en a 34.5%. Chez les non
chroniques, il y en a 65.5%, sur un total de 17 566 membres inscrits au
tableau, comme je vous l'ai dit, au 31 décembre 1978.
M. Grenier: Est-ce que vous avez des membres qui oeuvrent dans
d'autres secteurs comme les CLSC, le secteur privé, par exemple,
ou...
Mme O'Rourke: Dans les secteurs comme le secteur privé,
les CLSC, cela a démarré. Il y a quand même
déjà un certain pourcentage minime, mais certains ont
commencé à oeuvrer dans les CLSC. Dans les industries, il y a des
membres qui y oeuvrent. Dans les coopératives, dans les bu- reaux de
professionnels, en pratique privée. Il y a quand même chez nous en
pratique privée 1.5% de nos membres qui font de la pratique
privée à domicile. Le pourcentage le plus fort, je vous l'ai
donné tantôt, c'est dans les centres hospitaliers pour malades
chroniques et non chroniques qu'oeuvrent nos membres. (21 heures)
M. Grenier: Pouvez-vous nous informer également sur la
répartition entre des infirmières autorisées et des
infirmières auxiliaires qui oeuvrent au niveau des services à
domicile?
Mme O'Rourke: Vous me demandez une statistique et je ne pourrais
certainement pas répondre au nom de l'Ordre des infirmières. Je
vous en ai parlé tantôt en ce qui concerne les nôtres, mais
en ce qui concerne les infirmières à domicile, je ne pourrais
répondre.
M. Grenier: En permanence, pour votre association, est-ce que
vous avez des données qui nous permettraient d'évaluer et on
prendra notre autre renseignement auprès des hôpitaux ou des
centres d'accueil un peu plus tard, ou des CLSC si on peut les avoir le 19.
Cela m'intéresserait de connaître la moyenne entre les deux
catégories qui oeuvrent au niveau des services à domicile qui se
développent de plus en plus.
Mme O'Rourke: Comme je vous l'ai dit tantôt, dans les
services à domicile ou dans les CLSC, je peux peut-être vous faire
un échantillonnage de pourcentages dans tous les services.
M. Grenier: Oui.
Mme O'Rourke: Dans les hôpitaux, je parle des centres
hospitaliers en général, il y en a 70,9%; dans les centres de
soins prolongés, il y en a 14,7%; dans les centres de services
généraux, si vous voulez, ou privés, de toute
façon, je n'ai pas ici... Il me manque un élément, ce sont
les services? Les CLSC alors. Dans les CLSC, 0,8%. Comme je vous disais tout
à l'heure, cela débute pour nos membres, le travail dans les
CLSC. Dans les bureaux et cliniques, il y en a 1,3%; dans les industries, il y
en a 0,6%; dans les soins à domicile, 0,7%, des personnes autonomes
0,3%; autres secteurs publics, la fonction publique, 1,8% et je ne vous
donnerai pas les sans emploi.
M. Grenier: D'accord. Merci. Dans les sans emploi, cela varie
avec le taux de chômage qu'on a au niveau de la province, j'imagine;
c'est à peu près dans la même proportion, 10% de votre
association qui pourrait être en chômage.
Mme O'Rourke: Ce n'est pas 10% chez nous. Il y en a environ 6%
à 7%.
M. Grenier: Vous êtes chanceuses.
Mme O'Rourke: II y a quand même une très forte
mobilité, mais comme dans tous les secteurs, je pense...
M. Grenier: Le projet de règlement que nous avons en main,
le projet médical et le projet des infirmières autorisées,
est-ce que cela correspond à la réalité quotidienne des
infirmiers et infirmières auxiliaires?
Mme O'Rourke: Vous voulez dire en ce qui concerne le projet de
règlement des infirmières?
M. Grenier: Oui, le projet de règlement que nous avons en
main, les deux corporations.
Mme O'Rourke: Cela correspond à la réalité,
à ce qui se passe quotidiennement, soit le projet de...
M. Grenier: Cela correspond.
Mme O'Rourke: Tantôt, j'ai quand même donné
des explications au ministre responsable de l'application des lois
professionnelles en ce qui concernait notre contribution, notre participation
aux actes médicaux énumérés dans l'annexe des
médecins. En ce qui concerne le règlement qui
délègue, émanant de l'Ordre des infirmières, aux
infirmières auxiliaires, dans la nomenclature des actes de cette annexe,
cela correspond à ce que les infirmières et infirmières
auxiliaires font dans le quotidien vécu.
M. Grenier: Dans ces projets de réglementation qu'on a
ici, est-ce que vous y découvrez votre définition de tâches
assez clairement ou si vous n'aimeriez pas avoir un cahier et une
définition de tâches qui vous serait propre? On a
déjà incité le gouvernement ici et je pense que le
gouvernement lui-même est sensible à cela aussi, je pense qu'une
association qui fait une homogénéité relativement facile,
la vôtre, comme c'est le cas pour les infirmières
autorisées de même que le corps médical, a plus de chance
que le groupe s'autodis-cipline que d'attendre que cette discipline vienne de
haut lieu. Est-ce que vous attendez un livre pour une définition de
tâches, un troisième livre qui serait en dehors de celui des
infirmières autorisées et des médecins?
Mme O'Rourke: Je ne pense pas qu'on doive attendre à ce
point. Il reste que, quand on dispense des soins infirmiers ce qui nous
est reconnu par la loi qui requièrent le traitement de la
maladie, c'est quand même assez vaste comme activité. Ce n'est pas
seulement la question de la réglementation qui entre en ligne de compte
dans toutes les activités qu'on a à accomplir quotidiennement
auprès du malade, il y a beaucoup d'autres activités que la
corporation doit voir à discipliner; elle doit voir aussi à ce
que les membres soient compétents pour toutes les autres
activités, car c'est un champ très vaste que la dispensation des
soins infirmiers.
Toutes ces activités ne sont certainement pas définies
aujourd'hui devant cette commission, parce que ça ne fait pas partie de
la discussion et ça ne fait pas partie des règlements. Ce qui
fait partie de la discussion, aujourd'hui, je pense bien, si nous sommes ici,
c'est pour deux projets de règlement qui doivent déléguer
ce qui appartient à des monopoles d'exercice exclusif, qui sont dans la
zone grise comme on dit, qui seraient illégaux, pour nous, si on y
contribuait, si on y participait, ou si on les posait, selon des
règlements.
M. Grenier: J'ai eu à diriger personnellement une couple
de petites institutions, pendant cinq ou six années et dans une, entre
autres, où il n'y avait absolument pas de définition de
tâches, j'ai dû me mettre à la tâche et
déterminer les responsabilités de chacun des membres du personnel
qu'il y avait dans cette institution. Quand vous avez parlé il y
a une expression qui m'a un peu frappé, cet après-midi de
vous subordonner, de ne pas être des subordonnées à tel ou
tel groupe, il me semble qu'à ce moment-là, vous êtes
subordonnées à un groupe, vous êtes subordonnées
à deux groupes, dans le moment.
Vous ne pensez pas qu'il y aurait lieu, prochainement, qu'on se penche
sur cela et qu'on vous trouve une responsabilité bien précise,
qui pourra faire une entente entre les trois corporations, afin qu'on ne vive
plus de périodes comme on en vit depuis un petit bout de temps.
Mme O'Rourke: Ecoutez, j'ai dit cet après-midi que l'on ne
demande rien, en somme, si ce n'est de clarifier le champ d'activité,
notre champ d'activité. Dans ce sens-là, je pense que ça
répond peut-être à votre question.
M. Grenier: D'accord. Les infirmières et infirmiers
auxiliaires ont eu des écoles, il y a quelques années, avant
qu'on ne décide de les installer de façon permanente dans les
polyvalentes; ils oeuvraient, faisaient leur cours de façon plus directe
dans les centres hospitaliers. Est-ce qu'actuellement, vous êtes
satisfaite de ces études, je pense que oui, mais est-ce que vous
êtes satisfaite également de l'aspect pratique qui peut se faire
depuis qu'on est déménagé dans les écoles
polyvalentes?
Il n'y a pas de détérioration du stage qui se fait
là, de la pratique qui se fait là? J'aimerais que vous me donniez
vos observations là-dessus.
Mme O'Rourke: Ecoutez, je pense que le mémoire fait
état de notre formation traditionnelle, comme ça existait chez
d'autres professions qui ont été touchées par la
réforme de l'éducation, et de la formation actuelle. Cela a
été la période de transition que nous avons eu à
vivre, comme les autres professions et que lacune il y a, c'est bien
évident. Mais, au cours des années, puisque depuis 1970 existe
cette transition, l'amélioration des programmes a été
grande. Par contre, il y a toujours place pour en faire davantage. Le
problème que l'on retrouve dans la formation actuelle, c'est
peut-être un peu le manque d'identification avec le milieu hospitalier,
le stage pratique, parce qu'on sait très bien que, pour n'importe quelle
profession, on devient compétent à force de
pratiquer sa profession et surtout pour des techniques qui sont les
mêmes pour les trois corporations.
Dans ce sens, il y a un manque de pratique quotidienne. Quand nos
membres arrivent sur le marché du travail, il serait peut-être
souhaitable qu'il y ait possibilité pour eux de faire, comme pour les
autres professions, un apprentissage pour qu'ils puissent se familiariser
davantage avec la pratique, le quotidien vécu. La pratique, elle manque.
On l'a déclaré. On a fait nos représentations dans ce
sens-là. Et comme nos membres sont relativement jeunes quand ils
arrivent sur le marché du travail, ce sont naturellement de jeunes
contribuables, il serait normal que, dans les établissements de
santé où ils oeuvrent, il y ait possibilité de favoriser
un apprentissage pratique qui leur manque.
M. Grenier: Une toute dernière question, M. le
Président, si vous le permettez. Le contexte que nous vivons
présentement... Me Beaupré est parmi vous, je ne l'ai pas
identifié tout à l'heure...
Mme O'Rourke: Le conseiller juridique de la corporation, Me
Beaupré. Il y a aussi Me Sylvestre.
M. Grenier: Me Beaupré, si vous le permettez, madame, dans
le contexte actuel des négociations qui s'en viennent dans le secteur
public, vous avez dû rencontrer des membres de votre personnel dans
différentes institutions. Ne croyez-vous pas que, s'il n'y a pas entente
dans ce que nous étudions présentement, ces projets de
règlement des médecins et des infirmières, ne croyez-vous
pas qu'on mettrait en danger les services essentiels qui semblent
déjà être une chose réglée?
M. Beaupré (Gérard): M. le Président, c'est
peut-être une question qu'il faudrait poser au négociateur ou
à ceux qui sont chargés précisément de mener cette
négociation et d'établir le prochain contrat de travail. Je ne
pourrais pas vous répondre là-dessus.
M. Grenier: Vous avez certainement fait le tour de certaines de
vos institutions pour rencontrer vos membres. J'aimerais connaître le
pouls des personnes qui sont informées. Est-ce que la journée que
nous vivons ici...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Mégantic-Compton, je pense que vous êtes en train d'ouvrir une
porte qu'il sera peut-être difficile de fermer. En soi, cela ne me semble
pas être le sujet que l'on doit débattre aujourd'hui. Nous sommes
ici pour étudier le règlement et non pas la question des
négociations.
Une Voix: Cela n'a rien à faire avec cela.
M. Grenier: Directement, c'est bien sûr que cela n'a pas
rapport, mais, quand on sera face au règlement, on se rendra
peut-être compte que cela a beaucoup d'implications. Et tout le monde le
sent autour de cette table. Ce ne serait peut-être pas mauvais qu'on le
sache dès ce soir. Le pouls, cela peut nous aider à orienter nos
discussions.
Le Président (M. Dussault): Si vous le permettez, M. le
député de Mégantic-Compton, ce n'est quand même pas
la question que vous avez posée. Vous n'avez pas posé la question
à savoir si cela avait un impact. Vous avez demandé comment on
réagissait dans le milieu face aux négociations qui s'en
viennent. Je pense que cela n'est pas pertinent au débat qu'on doit
faire aujourd'hui.
M. Grenier: Non, M. le Président. Ce qu'il y a de
pertinent dans ma question, c'est de savoir si l'impact de la commission
d'aujourd'hui peut influer sur les négociations qui s'en viennent. Je
pense que c'est une question qui est absolument pertinente au débat que
nous avons. Si ces personnes ne peuvent pas répondre, on sera
sûrement en mesure d'avoir plus d'information de la part des
représentants des hôpitaux et des centres d'accueil qui viendront
la semaine prochaine.
M. Morin (Sauvé): Votre chef va vous expliquer tout
cela.
M. Lazure: II arrive juste à temps.
M. Grenier: Le ministre pourrait garder ses commentaires
arrogants et prétentieux comme on le connaît, pour sa propre
personne et pour son propre parti. On le connaît comme cela, lui.
Continuez, vous avez bien commencé depuis ce matin. Votre nid est fait
et on le sait depuis longtemps. Continuez.
Le Président (M. Dussault): S'il vous plaît,
messieurs! M. le député de Mégantic-Compton, ce que je
vous demanderais, c'est de faire en sorte que vos questions soient de
très près reliées à la question du règlement
que nous devons étudier. D'accord?
M. Grenier: Une question très reliée au
règlement que nous avons là. Je demande au groupe qui est ici
devant nous, qui s'est promené sûrement dans la province, visitant
les institutions il y a certainement des membres dans chacune des
institutions s'il a senti que l'impact de la commission d'aujourd'hui
pouvait influer directement sur les négociations qui s'en viennent. Je
pense que c'est une question qui est fort pertinente.
Mme O'Rourke: M. le député de
Mégantic-Compton, je peux vous répondre ceci: Jamais, depuis
notre fondation, en 1973, la corporation ne s'est immiscée dans les
affaires syndicales, considérant que les objectifs étaient
différents en ce qui concerne les intérêts
socio-économiques de nos membres et en ce qui concerne notre
incorporation dans le Code des professions, objectif qui est celui de
protéger l'intérêt du public.
Or, en aucune espèce de circonstance, on ne s'est immiscé
dans les affaires syndicales de nos membres.
M. Grenier: Merci beaucoup, madame. (21 h 15)
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Pointe-Claire et, pour le bénéfice de la commission je vous donne
la liste des intervenants; après M. le député de
Pointe-Claire: Mme le député de L'Acadie, M. le ministre
responsable des corporations professionnelles, M. le député de
Duplessis et ensuite, M. le député de Richelieu. M. le
député de Pointe-Claire.
M. Shaw: Merci, M. le Président. Mme O'Rour-ke, j'aurais
une question. On accepte très bien que votre formation vous rend apte
à fournir les services dont il est question dans le règlement.
Pouvez-vous me donner quelques renseignements? Je crois que s'il n'y avait pas
une situation de menace de la part des infirmières qui ont quitté
un champ de travail que vous avez rempli depuis trente ans et, de plus en plus,
votre champ d'activité est agrandi à cause de votre formation...
On voit maintenant qu'il y a, comme vous dites, presque 19 000 personnes dans
votre profession. Pensez-vous que la situation des infirmières par ces
changements du règlement est une réaction suite à une
intervention dans leur propre champ d'activité? Croyez-vous que c'est
peut-être dans ce domaine qu'elles ont peur de vous donner plus
d'accès à leur profession?
Mme O'Rourke: M. le député, cela
m'étonnerait peut-être que ce soit cela. Je ne peux pas
répondre au nom de l'Ordre des infirmières, mais il n'en demeure
pas moins qu'en 1973, devant une commission parlementaire au sujet du bill 250,
l'Ordre des infirmières c'est-à-dire la défunte
Association des infirmières à cette époque, demandait
justement qu'il y ait délégation...
M. Shaw: Oui.
Mme O'Rourke: ... aux infirmières auxiliaires et on
respectait également le rapport Castonguay-Nepveu qui disait qu'aucune
profession ne devait être assujettie à une autre profession. Or,
pour ce qui concerne votre autre question quant aux infirmières qui ont
peur de ceci ou de cela, je ne peux pas répondre, elles ont eu cet
après-midi suffisamment de temps, je pense bien, pour le faire.
M. Shaw: C'est très important, à mon avis, parce
que dans le fond de cette question, il y a une peur que la profession de
nursing à laquelle vous participez maintenant... C'est une section de
cette profession, mais les auxiliaires font une grosse partie des soins de
nursing dans les milieux hospitaliers, c'est évident, mais, de plus en
plus, parce que vous êtes moins payés, vous menacez les propres
emplois des infirmières et, chaque fois que vous avez une autre
tâche que vous pouvez faire, c'est une autre étape vers la fin de
la profession de nursing elle-même. Ne croyez-vous pas que c'est
peut-être pour cette raison qu'elles craignent que vous preniez encore
davantage pour avoir un autre niveau au traitement des patients?
Mme O'Rourke: Votre intervention a plusieurs volets. Il y en a
un, entre autres... je peux vous dire que, effectivement, depuis que nous
existons il va y avoir quand même trente ans passés
nous soignons les malades. On est au chevet du malade. Nous avons
été formés à cette fin. Ce n'est pas quelque chose
de nouveau, cela fait trente ans que cela existe, indépendamment du Code
des professions qui est arrivé en 1973.
Maintenant que vous me dites... Je ne sais pas si je vous ai bien
compris. Me dites-vous que nous allons nous sentir menacés?
M. Shaw: Non, ce sont les infirmières qui sont
menacées, parce que, chaque fois que vous prenez une autre tâche
relevant de leur domaine de travail, c'est une tâche de moins qu'elles
font elles-mêmes.
Mme O'Rourke: Qu'elles se sentent menacées, c'est leur
problème. Je ne peux tout de même pas répondre non plus
dans ce sens.
M. Shaw: Combien d'auxiliaires sont formés chaque
année dans les polyvalentes du Québec?
Mme O'Rourke: Les diplômés qui arrivent chaque
année à la corporation sont au nombre d'environ 900.
M. Shaw: 900 chaque année.
Mme O'Rourke: II y a une cinquantaine de polyvalentes qui offrent
l'option à travers la province de Québec. Maintenant, il faut
penser qu'il y a cettte éducation aux adultes qui se donne et que chez
les adultes, il y a aussi des préposés ou des débutants
adultes qui ont l'occasion, si vous voulez, de faire un recyclage. Mais le
cours d'infirmière auxiliaire pour être admis à la
corporation, répondant naturellement aux normes et critères de
notre réglementation, il y a maintenant 50 polyvalentes qui le donnent,
y compris l'éducation aux adultes.
M. Shaw: Ce que j'essaie de vous expliquer, c'est le fait que
vous ayez 900 nouveaux diplômés par année qui vont
participer à ce champ de travail qu'est le nursing. A chaque fois que
vous en avez 900 qui entrent, vous êtes en concurrence pour un champ de
travail qui, il y a 30 ans, était totalement, rempli par les
infirmières. Maintenant, c'est rendu que vous prenez à peu
près 15% à 20% de ce champ. Avec des changements de
règlements, elles sont craintives que vous en preniez peut-être
jusqu'à 50%. C'est pour cela qu'elles sont peut-être un peu
craintives qu'à chaque fois que vous agrandissez votre champ de travail,
votre champ d'action, leur champ est diminué.
Mme O'Rourke: J'aimerais corriger qu'il y a trente ans, c'est
justement, si les gardes-malades auxiliaires nous nous appelions
gardes-malades auxiliaires, à cette époque sont
nées, c'est parce qu'on répondait à un besoin de la
société. Il y avait pénurie. Les infirmières,
à ce moment, s'en allaient vers des postes administratifs. Cela a
toujours demeuré depuis trente ans. Nous avons toujours répondu
au besoin de soigner le patient, d'être au chevet du malade.
M. Shaw: Je suis totalement d'accord avec cela, mais j'essaie de
vous expliquer qu'une profession doit garder son propre champ d'action. Chaque
fois que vous agrandissez votre champ d'action, vous prenez un petit peu de
leur champ d'activité. C'est pour cela que je suis sûr, parce que
cela arrive dans les faits, que les soins dont on parle dans ce changement de
règlement sont déjà donnés par les auxiliaires.
Mme O'Rourke: On n'a pas changé. On répond toujours
à un besoin de la société.
M. Shaw: Les infirmières le font aussi, mais elles sont
craintives. Vous êtes en concurrence maintenant, au lieu d'être
dans une situation de "mutual aid".
Mme O'Rourke: Non, on n'est pas en concurrence avec les
infirmières, je m'excuse. Ce que j'ai dit cet après-midi, c'est
qu'on collaborait avec une équipe multi-disciplinaire. Maintenant, on a
toujours collaboré avec cette équipe multi-disciplinaire. Il y a
une chose, cependant, qu'on veut voir clarifier, c'est notre champ
d'activité pour qu'on arrête de manipuler la profession, dans le
sens que nous sommes compétentes le jour, le soir, la nuit, les fins de
semaine. Non, le jour, c'est vrai qu'on est moins compétentes que le
soir et que les fins de semaine. C'est vrai aussi que l'on est beaucoup plus
compétentes dans certains territoires éloignés de la
province de Québec. J'entendais justement l'Ordre des infirmières
qui était pris avec un problème où les infirmières,
dans des zones extrêmement éloignées, avaient à
accomplir des actes qui, peut-être, étaient dans les zones grises
de la médecine.
Il arrive que, dans les territoires extrêmement
éloignés du Québec, des infirmières auxiliaires ont
aussi à accomplir peut-être des tâches qui outrepassent les
fonctions que la légalité nous imposerait par ce
règlement.
M. Shaw: D'accord.
Le Président (M. Dussault): Merci, M. le
député de Pointe-Claire.
Mme le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je n'ai qu'une question,
qui est plutôt d'ordre général, parce que je pense que, cet
après-midi, il y a eu passablement de discussion. Vous avez d'ailleurs,
dans votre mémoire, fait valoir que les seize actes qui étaient
prévus à la délégation des actes médicaux,
enfin, vous en aviez la compétence.
Mais il y a une question que je vais vous poser, que j'aurais
aimé poser à l'Ordre des infirmières cet
après-midi, mais comme elles sont passées, je pense que la
même application vaut pour votre corporation.
Vous disiez, par exemple, en page 10, et je pense que vous venez de le
répéter tout à l'heure: "II est fréquent que, dans
certains établissements, il n'y ait que des infirmières
auxiliaires en devoir à certains moments de la semaine". Je pense
également que les infirmières aussi l'ont laissé entendre
pour les endroits éloignés, mais je pense aussi même
à l'intérieur des hôpitaux où, parfois, elles sont
peut-être obligées de prendre des responsabilités en
l'absence de médecins.
Ma question précise est celle-ci. Vous avez donné des
statistiques tout à l'heure selon lesquelles vous oeuvriez dans des
centres de soins prolongés et aussi dans des centres hospitaliers pour
soins aigus. Dans le cas de centres d'accueil, de centres hospitaliers pour
soins prolongés, est-ce que, une fois admise la reconnaissance des actes
que vous considérez pouvoir accomplir, etc., il se trouve que, par
manque de personnel infirmier autorisé, pas nécessairement parce
qu'il est en congé, mais parce qu'il peut y avoir un manque de
personnel, il y a des situations où je ne parle pas pour les
extrémités de la province vraiment vous posez des actes
que vous-mêmes considérez comme n'étant pas de votre
ressort je pense que la même question pourrait se poser aux
infirmières vis-à-vis des médecins ou s'il y a
vraiment au moins un minimum de personnel infirmier là où il est
nécessaire justement, d'abord, pour vous protéger
vous-mêmes? Evidemment, ma préoccupation profonde, c'est la
qualité des services aux bénéficiaires. Là, je ne
le pose pas en référence avec votre compétence; je pense
que vous reconnaissez au point de départ qu'il y a des actes qui sont de
la compétence des actes infirmiers, mais vous pouvez être
appelés à les assumer parce qu'il n'y aurait peut-être pas
le personnel. Est-ce qu'à votre point de vue, il y a des centres
d'accueil, par exemple, pour préciser, où il n'y aurait pas tout
le personnel requis pour que chacun puisse vraiment accomplir les fonctions qui
sont les siennes propres et dans l'intérêt des
bénéficiaires?
Mme O'Rourke: Certainement. Cela existe dans les foyers, les
centres d'accueil, les petits et les moyens centres d'accueil. Cela
dépend quand même du nombre de lits ou de patients dans ces
centres. Mais il y a définitivement des infirmières auxiliaires
qui ont à prendre une responsabilité dans ces centres d'accueil.
Il faut vous dire aussi que la compétence des infirmières
auxiliaires s'est développée chez les chroniques, parce qu'il
faut dire que la chronicité et l'âge, le vieillissement-La
chronicité, si vous voulez, c'est un travail assez ingrat et aussi un
travail dont la dispensation des soins infirmiers auprès de ces malades
est devenue pour nous une spécialité... Nous retrouvons
chez nos membres un fort pourcentage qui, quand même, travaillent
dans ces centres d'accueil et qui ont développé, naturellement,
à cause de cette chronicité, jour après jour, car vous
savez, dans la chronicité, ce ne sont pas des traitements qui changent
constamment... Or, dans certains centres d'accueil et dans certains foyers, il
y a des infirmières auxiliaires qui remplissent hors de tout doute des
fonctions qui pourraient peut-être être remplies, comme vous le
dites, par des infirmières. (21 h 30)
Mme Lavoie-Roux: A ce moment-là, est-ce que votre
profession est protégée au point de vue légal puisque, par
règlement, on va vous déléguer des actes, on va clarifier
votre champ de fonctionnement ou d'opération, comme vous le disiez tout
à l'heure? Du point de vue légal, est-ce que ceci peut
présenter des problèmes pour les membres de votre corporation
comme ça pourrait en présenter pour les infirmières dans
les hôpitaux ou dans des établissements de santé, s'il n'y
avait pas, par exemple, de médecin et si elles posaient des actes qui
n'étaient pas de leur ressort? Quelle est la protection légale
que vous avez à l'égard de ces actes-là? Je devrais
peut-être poser la question au ministre des Affaires sociales. Comme
elles l'expliquent, pas nécessairement parce qu'elles le veulent, mais
les circonstances sont telles que... Qu'arrive-t-il, à ce
moment-là, au point de vue légal, pour les membres de ces
corporations, tant les infirmiers que les infirmières auxiliaires?
M. Lazure: Dans l'état actuel des choses, on sait que la
situation reste imprécise et que le personnel, autant une
infirmière auxiliaire qu'une infirmière autorisée, est
susceptible d'être poursuivie plus souvent qu'autrement,
précisément parce qu'il n'y a pas eu de règlement
adopté. C'est un des buts importants visés par ce projet de
règlement.
Votre question se pose-t-elle dans le cadre du futur règlement ou
dans l'état actuel prérèglement?
Mme Lavoie-Roux: Du futur règlement, parce que là,
je pense...
M. Lazure: Une fois le règlement accepté, les
infirmières auxiliaires, aussi bien que les infirmières
autorisées, seront beaucoup mieux protégées
légalement qu'elles ne le sont aujourd'hui.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais il y aura encore de la place, compte
tenu du fait que parfois elles doivent poser des actes en l'absence de
personnes dûment qualifiées; elles pourraient être encore
l'objet de poursuite à ce moment-là.
M. Lazure: Mon collègue, ce matin, en a parlé. Il y
a un ou deux critères qui sont toujours rappelés dans des cas
où il y a matière à poursuite ou non, à savoir si
la personne, quel que soit son titre, son occupation ou sa formation, a agi de
bonne foi, avec prudence et selon les connaissances de son art.
M. Morin (Sauvé): Comme le veut le vieux cliché
sexiste, il s'agit de savoir si la personne a agi comme un bon père de
famille.
M. Lazure: Oui, mais en plus de ces trois ou quatre
critères classiques qui sont quand même toujours pris en
considération, il y a aussi l'autre critère strictement
humanitaire. Vous disiez tantôt que votre question pourrait
peut-être aussi s'adresser aux infirmières dans des postes
éloignés sur la Côte-Nord...
Mme Lavoie-Roux: Ou dans les hôpitaux plus près
d'ici...
M. Lazure: Oui, la Côte-Sud aussi. Encore là, il y a
le critère humanitaire et il n'y a pas un juge, pas un tribunal, je
pense, qui va reprocher ou qui va condamner une infirmière auxiliaire ou
autorisée pour avoir posé un geste alors qu'elle l'a fait de
bonne foi, avec toute la compétence de son art, avec prudence et aussi
parce qu'au plan humanitaire, elle était la seule personne à
pouvoir le poser.
Mme Lavoie-Roux: Une dernière question au ministre. Est-ce
que le problème... D'abord, je pourrais peut-être vous poser la
question... Là où il n'y a pas ce personnel-là, est-ce
parce qu'il n'y a pas, par exemple, d'infirmière autorisée
engagée ou qu'il n'y en a pas de disponible? Ou est-ce un choix que les
institutions font? A cet égard-là, le ministère des
Affaires sociales a peut-être une responsabilité pour que toutes
les mesures de prudence soient exercées pour protéger tout le
monde.
M. Lazure: Vous savez, c'est assez paradoxal, M. le
Président. Il y a eu certaines questions ou certaines remarques qui
laissent entendre que notre ministère est de connivence avec le ministre
responsable des professions, pour favoriser une plus grande participation des
auxiliaires, d'une part. D'autre part, c'est là que la contradiction
arrive, on sait très bien que, dans les hôpitaux,
premièrement, les administrations ont à décider quel
personnel elles vont engager. Les conseils d'administration doivent
décider comment ils vont utiliser leur budget global et quelle
proportion d'infirmières autorisées sera embauchée, quelle
proportion d'infirmières auxiliaires sera autorisée.
Le paradoxe est que, d'une part, on veut nous faire croire qu'on veut
remplacer des infirmières autorisées par des infirmières
auxiliaires et, d'autre part mon sous-ministre m'en parlait tantôt
que ce soit dans les soins à domicile ou dans les nouveaux
programmes, on constate que presque à 100% les postes sont remplis par
des infirmières autorisées. On n'est pas intervenu auprès
soit des CLSC ou des départements de santé communautaire. Alors,
il n'y a certainement pas d'effort de notre part pour déplacer les
infirmières autorisées. Si on me demande mon opinion personnelle,
je pense que même dans un certain nombre d'hôpitaux, on n'a pas
fait assez de place aux infirmières
auxiliaires. Je pense que dans certains hôpitaux, il y a eu une
certaine hésitation, réticence à embaucher des
infirmières auxiliaires.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je pense que le ministre
a tenté de me répondre, mais je ne faisais pas du tout allusion
à une possible collusion ou connivence, je ne lui prêtais aucune
mauvaise intention, mais je ne sais pas pourquoi il a pris cette tangente. Ma
question précise était celle-ci. Là où il y a des
manques, que ce soit au niveau des infirmières autorisées, que ce
soit au niveau des médecins, que ce soit au niveau des
infirmières auxiliaires, est-ce que le ministère s'assure que par
le truchement des administrations des hôpitaux, on mette en place, au bon
poste, les personnes qui doivent remplir ces postes pour ne mettre personne
dans une situation difficile quelle que soit sa profession ou quelle que soit
sa corporation?
M. Lazure: La réponse est oui. Cela se fait de trois
façons. Premièrement, cela se fait, encore une fois, par le biais
d'un budget global qui laisse le loisir au conseil d'administration d'un
hôpital de répartir cet argent selon certaines catégories
de personnel. Ensuite, cela se fait aussi par un service de notre
ministère qui s'appelle un service d'agrément. Chaque
hôpital, chaque CLSC, chaque centre d'accueil est visité
régulièrement par les fonctionnaires du service de
l'agrément et, si on se rend compte qu'un établissement
n'embauche pas suffisamment, que ce soit des infirmières
autorisées ou des infirmières auxiliaires, on fait des
recommandations dans ce sens-là et les recommandations sont
généralement suivies, parce que si elles ne sont pas suivies, on
risque que l'établissement ne soit pas agréé à la
prochaine visite. En plus, il y a aussi les corporations professionnelles qui,
d'après leurs normes voient à ce qu'il y ait un minimum
d'individus pour se porter garantsde la qualité des soins. En
définitive, ce n'est pas une action seulement du ministère, c'est
une action d'abord et avant tout du conseil d'administration de
l'établissement, mais avec un appui technique du ministère.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Merci, madame. M. le
ministre.
M. Morin (Sauvé): Une courte question dans l'espoir que
nous pourrions peut-être entendre, ce soir, au moins le début de
l'intervention de l'AHPQ. Mme la présidente, je crois que vous avez
mentionné cet après-midi que l'un des effets du projet de
règlement serait de déléguer des actes à des
personnes non membres de votre corporation, ou est-ce que j'interprète
mal une de vos interventions? Posons cela sous forme de question. Est-ce que
l'effet du règlement pourrait être de déléguer des
actes à des personnes qui, tout en ayant la formation d'auxiliaire, ne
sont pas membres de votre corporation? Selon la réponse que vous me
donnerez, j'aurai une autre question par la suite.
Mme O'Rourke: M. le ministre, je n'ai pas dit... dans mon
résumé de cet après-midi, étant donné que
dans le mémoire lui-même, à la fin, vous retrouverez notre
position dans le sens que l'Office des professions, dans son rapport sur
l'évolution du professionnalisme au Québec, faisait état
du processus de délégation... Or, je ne l'ai pas relevé,
cet après-midi, dans mon exposé.
M. Morin (Sauvé): Alors, c'est peut-être dans le
mémoire que je l'ai lu, mais je vous pose la question tout de même
pour éclaircir ce point.
Mme O'Rourke: Je m'excuse, je n'ai pas saisi, M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): L'un des effets possibles du
règlement pourrait être de déléguer des actes
à des personnes qui, tout en étant infirmiers ou
infirmières auxiliaires, ne sont pas membres de votre corporation.
Mme O'Rourke: C'est-à-dire que ce n'est pas fait dans la
rédaction actuelle du mémoire. Je n'ai pas...
M. Morin (Sauvé): Du moins c'est dans une version que j'ai
pu voir, où ce pourrait être l'effet.
Mme O'Rourke: C'est peut-être dans d'autres
mémoires, mais si vous parlez du nôtre, à la conclusion du
mémoire, vous retrouvez l'article 6 qui dit que "les autorisations des
actes infirmiers ne devraient être attribuées qu'aux seuls membres
de la corporation."
M. Morin (Sauvé): Est-ce que ça forcerait certaines
personnes qui, à l'heure actuelle, exercent les fonctions d'infirmier ou
d'infirmière auxiliaire dans les réseaux, à devenir
membres de votre corporation?
M. Grenier: ... répondait cet après-midi à
une question que j'ai aimée, elle a dit: Je pense que ce serait sonner
le glas de l'association si jamais on déléguait des actes aux
gens qui ne sont pas membres de notre corporation. C'est à peu
près ça?
Mme O'Rourke: Oui, j'ai fait mention de ça.
M. Morin (Sauvé): Alors, la question que je vous pose est
celle-ci: Est-ce qu'il y a, en ce moment, dans le réseau, des personnes
qui, tout en étant auxiliaires, ne sont pas membres de votre corporation
et qui exercent leur métier?
Mme O'Rourke: Bien sûr qu'il y en a puisque j'ai fait
état d'un tableau de statistiques où nous avons quand même
établi clairement qu'il existait des infirmiers et infirmières
auxiliaires, quelque 18 050 syndiqués, membres faisant partie de
différentes centrales syndicales.
M. Morin (Sauvé): Oui.
Mme O'Rourke: Et qu'il y avait d'inscrit au tableau de la
corporation, au 31 décembre 1978, 17 566. Or, il y a
définitivement...
M. Morin (Sauvé): Quelques centaines...
Mme O'Rourke: ... des membres qui ne sont pas inscrits au
tableau.
M. Morin (Sauvé): Ce que vous avez dit, était-ce en
réponse à une question de M. le député de
Mégantic-Compton, c'est qu'à votre avis, il faudrait, si le
règlement entrait en vigueur, s'assurer qu'il n'y a pas
délégation d'actes à ces gens qui, tout en étant
syndiqués, ne sont pas membres de la corporation.
Mme O'Rourke: C'est exact.
M. Morin (Sauvé): C'est bien cela. J'essaie de voir quelle
pourrait être la réaction de ces gens qui ont, en quelque sorte,
des droits acquis, qui posent ces actes, peut-être quelquefois depuis des
années, sans être membres de la corporation. Est-ce qu'on ne doit
pas avoir égard au fait qu'ils ont, de la sorte, obtenu, avec le passage
du temps, des droits qu'ils peuvent considérer comme étant
acquis?
Mme O'Rourke: Ecoutez, s'il y avait une disposition
peut-être réglementaire qui pourrait sauvegarder les droits acquis
dans la mesure où...
M. Morin (Sauvé): Vous voulez dire...
Mme O'Rourke: ... ça ne comporte pas de risques pour la
protection du public ou pour la raison d'être de la corporation. Vous
comprendrez que nous avons été créés par une loi et
pour sa raison d'être, dans ce sens-là, s'il existait une
réglementation sauvegardant les droits acquis, comme vous le dites, M.
le ministre.
M. Morin (Sauvé): Ce qu'on appelle quelquefois une
autre appellation sexiste une clause grand-père.
Mme O'Rourke: Une clause grand-père... Je vais consulter
mon conseiller juridique.
M. Morin (Sauvé): Ou une clause grand-mère.
Mme O'Rourke: Une clause grand-père. Peut-être
grand-mère, peut-être, mais... (21 h 45)
M. Morin (Sauvé): Si je vous comprends bien, Mme la
présidente, vos exigences porteraient surtout sur les nouveaux
auxiliaires, ceux qui arriveraient sur le marché du travail, qui
voudraient occuper des postes et à qui seraient éventuellement
délégués des actes. C'est surtout à ceux-là
que vous pensez lorsque vous souhaitez qu'on ne puisse déléguer
des actes qu'à des membres de la corporation. Est-ce que je vous ai bien
comprise?
Mme O'Rourke: C'est bien évident, M. le ministre, puisque
l'on forme quand même quelque 900 infirmières auxiliaires qui
arrivent sur le marché du travail. Je verrais mal qu'elles ne soient pas
membres de la corporation.
M. Morin (Sauvé): C'est peut-être évident,
mais j'aime bien vous l'entendre dire.
Mme O'Rourke: De toute façon, je vous le dis.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, j'en ai
terminé. C'est un point important. Il y a une différence entre
forcer, s'agissant d'une corporation à titre réservé, ceux
qui arriveront dans l'avenir pour prendre ces postes et forcer ceux qui sont
déjà dans le système et qui ont déjà, en
quelque sorte, des droits acquis. Je suis heureux que Mme la présidente
fasse cette distinction. Elle me paraît importante.
Mme O'Rourke: De toute façon, j'ai tenté de la
faire au meilleur de ma connaissance.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Duplessis, Mme le député de L'Acadie aurait une question connexe
à poser et très courte, à ce qu'elle me dit. Vous
permettez?
Mme Lavoie-Roux: La question de M. le ministre était
intéressante. Je le fais à titre de suggestion. Je me demande si,
à ce moment-là, cela ne devrait pas relever de la corporation que
ces gens entrent dans la corporation, ceux qui sont déjà en
fonction et qui n'en sont pas membres.
M. Morin (Sauvé): A titre réservé.
Mme Lavoie-Roux: Et l'autre chose, c'est qu'il faudrait quand
même aussi qu'il y ait des précautions qui soient prises, si la
personne a travaillé ou rempli des fonctions d'auxiliaire
infirmière il y a deux ans, qu'elle est sortie du marché pour une
foule de raisons et qu'elle y revient. Vous savez...
Si on veut parler de la protection du public, il peut se glisser...
D'ailleurs, c'est ce que vous aviez derrière la tête. Il y a eu
des endroits où il s'est glissé des abus dans certains bureaux
privés. Je pense que personne ne viendrait affirmer, d'une façon
absolue, qu'il n'y a jamais eu d'abus. Alors, autant elles sont prêtes
à ouvrir la porte et donner une chance à ceux qui ont des droits
acquis, je pense qu'il y a quand même certaines précautions qui
devraient être prises pour essayer d'évaluer quel est ce
personnel, quelle a été sa formation. Je pense que cela
mériterait un examen assez sérieux. Je le fais à titre de
suggestion, mais je pense que...
M. Morin (Sauvé): C'est noté, M. le
Président.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Duplessis.
M. Perron: Merci, M. le Président. Dans cette
intervention, j'ai une question que je poserai à la présidente de
la corporation. Je ne voudrais surtout pas être accusé de traiter
qui que ce soit d'incompétent, mais, étant donné que celui
qui vous parle est vraiment un profane sur les questions médicales, je
peux vous dire qu'aujourd'hui, cela m'a permis de recevoir une certaine
formation qui provient justement des mémoires que nous avons
reçus, que nous avons entendus et surtout des questions qui furent
posées aux personnes qui se sont présentées devant cette
commission.
Considérant, Mme la présidente, que vous avez
mentionné tout à l'heure, si ma mémoire est bonne, la
question de la formation professionnelle, je voudrais que le tout soit clair
dans mon esprit pour ce qui concerne la formation reçue et vous me
corrigerez ainsi que M. le ministre si ce que je vais dire n'est pas exact.
Pour ce qui a trait à la formation des infirmières ou des
infirmiers auxiliaires, si j'ai bien compris, c'est qu'on a le secondaire I, II
et III, bien entendu, en plus du primaire dans le domaine
général, plus le secondaire IV et V dans le domaine
professionnel. Par la suite, on obtient un diplôme comme
infirmière ou infirmier auxiliaire.
Pour ce qui a trait maintenant à la formation des
infirmières autorisées, ces personnes doivent recevoir de la
formation au secondaire I, II, III, IV et V et, par la suite, trois ans de
CEGEP. Est-ce exact?
Mme O'Rourke: C'est exact.
M. Perron: Bon. Ces personnes reçoivent un diplôme
comme infirmières autorisées. Ma question est la suivante:
Existe-t-il d'autres façons, comme, par exemple, par le biais de la
formation professionnelle, pour que des gens qui travailleraient comme
préposés aux malades pendant deux ans, trois ans ou quatre ans,
puissent retourner et recevoir une certaine formation, par le biais de la
commission de la formation professionnelle, pendant une année ou deux
années et, par la suite, recevoir un diplôme d'infirmiers ou
d'infirmières auxiliaires? Est-ce que cela existe au moment où on
se parle?
Mme O'Rourke: Tantôt, M. le député, j'ai fait
état de l'éducation aux adultes et il existe des cours. Il y a
quand même 47 polyvalentes, il y a quand même 46 à 50
polyvalentes qui existent, où se donne l'option ordinaire
infirmière, infirmière auxiliaire et qui s'adresse,
naturellement, non pas aux adultes, mais, comme vous le dites, à
l'étudiante au secondaire IV et V qui obtient la mention
d'infirmière auxiliaire. Il y a aussi le cours intensif aux adultes pour
ceux de 22, 23 ou 24 ans, que ce soit un cours de préposé ou d'un
débutant adulte. Il y a des exigences et des critères concernant
les deux options qui se donnent actuellement pour recycler ces gens-là,
selon les normes et les critères établis par le ministère
de l'Education, qui sont équivalents à ceux de l'option, si vous
voulez, mais considérant cependant l'admission à ces cours pour
devenir des infirmières auxiliaires détenant un diplôme de
secondaire V, mention infirmière auxiliaire, des critères qui
répondent naturellement aux critères d'admission de la
corporation.
M. Perron: Mme la présidente, pourriez-vous me dire, dire
aux membres de cette commission depuis combien de temps existe ce cours de
formation que vous venez de mentionner? Depuis combien de temps cela
existe-t-il et, deuxièmement, combien de personnes sont formées
par la commission de la formation professionnelle chaque année à
peu près, disons durant la dernière année ou durant les
deux dernières années?
Mme O'Rourke: Ecoutez, cela existe à peu près
depuis quatre ans. Il s'en forme environ 125 par année.
M. Perron: J'ai terminé, M. le Président, merci.
Merci, madame.
Le Président (M. Dussault): Je n'ai pas d'autres
intervenants. M. le ministre, pour conclure, je suppose.
M. Morin (Sauvé): Ce ne sera pas nécessaire. Je
pense que nous avons posé toutes les questions que nous avions à
l'esprit. Je voudrais simplement remercier les membres de cette corporation
d'avoir bien voulu venir à Québec pour répondre aux
questions de la commission.
Avec votre permission, puisqu'il reste dix minutes, je me permettrais de
vous suggérer que nous entendions l'AHPQ, et peut-être que, de
consentement, nous pourrions prolonger de quelques minutes pour entendre,
à tout le moins, le mémoire. En tout cas, je le souhaiterais. Je
vois qu'il n'y a pas accord du côté de l'Opposition. Je
souhaiterais que l'AHPQ commence, dès ce soir, à nous faire part
de ses idées. Il semble que le temps nous sera mesuré lundi.
Comme je voudrais entendre tous les intervenants, nous n'avons pas une minute
à perdre. Je suggère que l'AHPQ vienne dès maintenant nous
faire entendre sa voix.
Le Président (M. Dussault): Je remercie la Corporation
professionnelle des infirmières et infirmiers auxiliaires. J'appelle...
Oui, madame?
Mme O'Rourke: M. le Président, est-ce que vous me
permettez de dire seulement un mot avant de quitter cette commission?
Le Président (M. Dussault): On vous le permet.
Mme O'Rourke: J'aimerais remercier les membres de cette
commission de nous avoir donné l'occasion de participer et de contribuer
aux travaux de cette commission. Merci, M. le Président, MM. les
ministres et messieurs et madame membres de la commission.
Le Président (M. Dussault): Bonsoir et bon retour.
J'invite maintenant l'Association des hôpitaux de la province de
Québec à se présenter devant la commission. Mme le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je ne veux surtout pas
faire perdre plus de dix secondes. Je dois informer M. le ministre, même
si on risque de couper le mémoire en deux, qu'à 22 heures, il
nous faut arrêter. C'est simplement ce que je veux dire pour que ce soit
clair au départ.
M. Morin (Sauvé): Bien. Madame et messieurs de l'AHPQ, je
me rends compte que je vais peut-être exiger quelque chose d'un peu
difficile de votre part. Je vous demande de commencer votre mémoire, et
d'autre part, il se peut qu'à 22 heures, certains députés
nous quittent. J'espère que vous ne vous formaliserez pas de la chose.
Nous n'avons pas une minute à perdre. Auriez-vous objection à
commencer ce soir, et éventuellement, à continuer lundi?
Association des hôpitaux de la province de
Québec
M. Pleau (Paul): J'espère que notre mémoire sera
suffisamment intéressant pour garder tout le monde autour de la table et
vous me permettrez d'abord de présenter les gens de cette table. A mon
extrême droite, M. Choinière, le Dr Gaétan Garon, M.
Jean-Claude Tremblay, Mme Ghislaine Gosselin, M. Brisset et Mme
Labrèche.
Je me présente, Paul Pleau, président de l'Association des
hôpitaux de la province de Québec.
Sans plus tarder, voici notre mémoire. L'Association des
hôpitaux de la province de Québec est heureuse de présenter
à la commission parlementaire des corporations professionnelles son
mémoire sur les projets de règlement concernant la
délégation de certains actes médicaux et infirmiers.
Notre association attache une très grande importance à ces
projets de règlement. A cet effet, nous avons déjà soumis
au ministre responsable de l'application des lois professionnelles divers
mémoires. De plus, nous avons établi, au cours des récents
mois, de nombreux contacts avec l'Office des professions, le ministère
des Affaires sociales et les corporations professionnelles
concernées.
Ces échanges ont permis une meilleure compréhension des
points de vue réciproques et ont amené certaines
améliorations aux projets de règlement. Cependant, plusieurs
dispositions des projets actuels nous préoccupent au plus haut point
sous l'angle de leur impact administratif sur le fonctionnement des
établissements que nous représentons et sur la continuité
des soins auprès des bénéficiaires.
Avant d'aborder le contenu des projets de règlement, nous croyons
nécessaire de bien préciser la perspective dans laquelle se situe
l'Association des hôpitaux.
Nous tenons, en tout premier lieu, à préciser aux membres
de la commission parlementaire que nous ne voulons, en aucune façon,
nous impliquer dans les domaines qui relèvent de la compétence
d'autres organismes ou groupements.
Tout d'abord, nous croyons fermement que la délégation des
actes médicaux et infirmiers demeure un champ d'action relevant des
corporations professionnelles elles-mêmes. Sous ce chapitre, nous
n'aspirons nullement à jouer un rôle d'arbitre entre les parties.
Nous ne voulons pas non plus nous placer dans une perspective qui serait celle
d'un organisme comme l'Office des professions. Nous ne visons pas non plus, par
nos propositions à défendre, à supporter ou à
infirmer les positions que certains groupes professionnels ou autres pourraient
défendre, même s'ils oeuvrent à l'intérieur des
établissements hospitaliers.
Dans le même ordre d'idées, l'Association des
hôpitaux ne représente pas, au premier chef, les
bénéficiaires, bien que les centres hospitaliers ont des
obligations vis-à-vis ceux-ci.
L'Association des hôpitaux représente les
établissements hospitaliers, c'est-à-dire ceux qui auront
précisément, à être confrontés avec les
conséquences éventuelles de ces règlements. Nous nous
préoccupons donc et avant tout de l'impact sur l'organisation et sur le
fonctionnement des centres hospitaliers. Cet impact sera de toute
première importance. Il est aisé de le réaliser quand nous
songeons que les professionnels de la santé oeuvrent, pour plusieurs
d'entre eux, en quasi-exclusivité, dans des établissements
publics.
Dans l'accomplissement de cette tâche, nous devons être
conscients de l'extrême diversité des hôpitaux
répartis aux quatre coins du Québec. Nous sommes le porte-parole
d'établissements éloignés comme Notre-Dame-de-Lourdes du
Blanc-Sablon, nous représentons les grands hôpitaux urbains comme
l'hôpital Notre-Dame de Montréal, l'Hôtel-Dieu de
Québec. Nous comptons parmi nos membres des centres hospitaliers
d'enseignement, des centres hospitaliers de soins généraux, de
soins prolongés, des centres hospitaliers psychiatriques, des centres
hospitaliers ayant un département de santé communautaire et,
enfin, des établissements à vocation multiple comme le Centre de
santé de l'archipel dans les Iles-de-la-Madeleine.
Est-il besoin de préciser que chaque établissement a ses
particularités, son organisation, ses structures, son mode de
fonctionnement, ses ressources, son histoire et son environnement.
Ne pas en tenir compte et surtout ne pas le faire valoir dans nos
représentations auprès des instances décisionnelles serait
manquer à notre devoir de défendre les intérêts de
tous les membres. Les établissements sont d'abord des employeurs au sens
du Code civil. Les responsabilités conjointes qu'ils assument à
titre d'employeur pour les dommages causés par une faute commise par un
employé dans l'exécution de ses fonctions sont le corollaire de
l'autorité qu'ils doivent exercer.
En second lieu, les établissements ont des responsabilités
très spécifiquement définies dans la Loi sur les services
de santé et les services sociaux et dans son règlement. Cette loi
donne droit à toute personne de recevoir des services de santé et
des services sociaux adéquats sur les plans à la fois
scientifique, humain et social, avec continuité et de façon
personnalisée, compte tenu de l'organisation et des ressources des
établissements qui dispensent ces services. (22 heures)
Le règlement adopté en vertu de la loi exige que tout
centre hospitalier doit s'assurer que toute personne qui nécessite des
soins d'urgence reçoive le traitement requis par son état. Le
même règlement rend |e conseil d'administration responsable de
l'ensemble des activités de l'établissement. La
responsabilité première d'un centre hospitalier est donc de
dispenser les services de qualité à la population dans toutes
sortes de contextes.
Par le fait de desservir toute la population du Québec, les
centres hospitaliers doivent, tout autant que les corporations
professionnelles, se préoccuper de l'intérêt public dans la
responsabilité qu'ils ont à dispenser des services de
santé auprès de six millions de Québécois. Pour
être en mesure d'offrir des soins de qualité à la
population, les centres hospitaliers doivent organiser les services de telle
manière qu'ils soient accessibles en tout temps à toute personne
les nécessitant. Ils doivent être également efficaces et
continus. Il ne faudrait pas limiter la capacité des centres
hospitaliers de s'assurer que, partout à travers la province, les
malades puissent recevoir tous les soins requis selon leur état de
santé dans les meilleures conditions possibles et ce, 24 heures par
jour. Vous concevez sans doute comme nous que les tâches qui incombent
aux centres hospitaliers sont nombreuses et complexes et que, pour mener
à bien leur mission, ils doivent disposer des ressources
nécessaires et doivent pouvoir les utiliser de façon maximale.
Or, sur ce plan, le réseau hospitalier fait face à plusieurs
contraintes.
D'une part, il faut réaliser que certaines catégories de
personnel peuvent être difficiles à recruter à plusieurs
endroits du Québec. D'autre part, il faut aussi admettre la
réalité qui fait que le réseau hospitalier est aux prises
avec de sérieuses contraintes financières et des ressources de
plus en plus limitées. Il faut enfin ajouter que, sur le plan des
ressources humaines, nos établissements membres sont liés par des
conventions collectives qu'ils doivent respecter.
Toutes ces responsabilités ont des exigences. Voilà
pourquoi nous tenons à sensibiliser les membres de cette commission
parlementaire sur les deux principales exigences qui découlent des
responsabilités propres aux établissements hospitaliers et de la
diversité de ces derniers. Ces exigences sont les suivantes: II faut que
les règlements éventuellement adoptés soient flexibles et
évolutifs. A l'intérieur de ce contexte, nous entendons vous
faire part maintenant de notre position sur la dernière version des
projets de règlement.
Le Président (M. Dussault): Mme le député de
L'Acadie. Je m'excuse, M. le porte-parole du groupe.
Mme Lavoie-Roux: J'ai laissé poursuivre pour que vous
finissiez votre première partie, mais, comme je l'ai indiqué tout
à l'heure, il nous est impossible de rester à la commission
parlementaire.
M. Pleau: Nous pourrions peut-être prendre la conclusion ou
la liste des recommandations.
Le Président (M. Dussault): Je m'excuse, M. Pleau. Vous
êtes bien M. Pleau, c'est parce que les choses se sont un peu
bousculées tout à l'heure. J'en ai perdu de petits bouts. Si je
n'ai pas l'accord de la commission, à l'unanimité, pour continuer
les travaux, je dois mettre fin aux travaux.
M. Morin (Sauvé): Est-ce que Mme le député
accepterait que l'AHPQ termine son mémoire?
M. Grenier: Ce que monsieur nous propose, ce sont les pages 15,
16, 17 et 18, mais, comme nous devrons revenir, j'aimerais mieux qu'on prenne
connaissance du mémoire au complet, puisque ce qu'il nous donne
là, c'est important. Je pense qu'à la prochaine occasion, ce ne
sont quand même pas les 20 minutes de plus qui vont changer l'horaire de
la prochaine rencontre.
M. Pleau: Je suis prêt à revenir lundi.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je crois que
nous devons des excuses non seulement aux membres de l'AHPQ, mais
également à tous ceux qui se sont déplacés
aujourd'hui, parce qu'ils espéraient être entendus. Souhaitons que
lundi, nous puissions adopter un régime qui nous permette vraiment
d'entendre tout le monde. J'ose demander la collaboration des membres de
l'Opposition et des membres du côté ministériel pour que
tous ceux qui ont été convoqués puissent être
entendus.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, la collaboration de
l'Opposition officielle et des membres de toutes les Oppositions, vous l'avez
eue au cours de la journée. Nous avons agi avec diligence, nous n'avons
rien retardé, nous n'avons jamais soulevé une question de
règlement. Je pense qu'on vous a fait remarquer avec justesse, ce matin,
que le fait de convoquer huit groupes, avec un problème aussi complexe
et important que celui qui était discuté, n'était pas
très réaliste. Il aurait été souhaitable qu'on
puisse finir, mais je pense qu'il ne faut pas essayer de blâmer
l'Opposition pour ce qui se passe maintenant.
M. Grenier: M. le Président, M. le Président...
M. Morin: Je ne songeais pas à blâmer l'Opposition,
comprenons-nous bien, cela s'est fait
dans d'autres circonstances, entendre sept ou huit groupes dans une
journée.
M. Grenier: Je n'accepterais pas, M. le Président, l'ombre
d'un reproche non plus pour le comportement de la journée, parce que
cela s'est déroulé de façon excellente. Le
problème, c'est qu'il y en avait trop de convoqués. On regrette
pour les gens qui sont ici, mais il y avait trop de monde convoqué, trop
de monde intéressant, pour la journée.
On reprendra le 19, à la fête de saint Joseph, ça va
être bien bon, je pense.
M. Pleau: Vous aurez le dessert lundi.
Le Président (M. Dussault): Je remercie les membres de la
commission de leur collaboration. Les groupes qui n'ont pas été
entendus seront à nouveau convoqués lundi, le 19 mars
prochain...
M. Grenier: Dans l'ordre.
Le Président (M. Dussault):... oui dans I ordre où
ils ont été convoqués ce matin.
J'ajourne les travaux de cette commission sine die.
Fin de la séance à 22 h 6
ANNEXE
Mémoire de la Corporation professionnelle des
médecins du Québec
-I-
PROJET DE REGLEMENT DE LA CORPORATION PROFESSIONNELLE
DES MÉDECINS DU QUÉBEC A L'ÉGARD
DES INFIRMIERES,
INFIRMIERS AUXILIAIRES, DES TECHNOLOGISTES
MÉDICAUX
ET DESINHALOTHÉRAPEUTES
1. Buts poursuivis par le projet de règlement
de la CPMO
Régulariser une situation
Le projet de règlement relatif aux actes médicaux "qui
peuvent être posés par des classes de personnes autres que des
médecins" a comme principal objet de régulariser une situation de
fait qui existe déjà depuis plusieurs années dans le
domaine de la santé, en autorisant officiellement certaines
catégories de professionnels de la santé ou de personnes à
poser légalement des actes qu'ils posaient déjà
traditionnellement, et de maintenir dans la légalité une
situation en constante évolution.
Cadre législatif nouveau
Cette régularisation intervient dans un cadre législatif
nouveau depuis le 1er février 1974, où le Code des professions de
même que l'ensemble des lois professionnelles aménagent les
activités professionnelles en professions à "exercice exclusif"
et en professions à "titre réservé". Ces lois nouvelles
ont donné une définition plus élaborée de la
profession d'infirmière et aussi ont apporté certaines
précisions sur la profession d'infirmière auxiliaire. Cependant,
il est difficile de définir avec exactitude les limites de l'exercice
d'une profession ou de réciter dans une telle définition tous les
actes que cet exercice peut comporter, tout comme il est impossible de tracer
une ligne de démarcation nette entre l'exercice d'un médecin et
l'exercice des autres professionnels de la santé (voir annexe D). Il
faut dire en plus que la profession d'infirmière et infirmier est
devenue une profession à "exercice exclusif", celle des
infirmières et infirmiers auxiliaires se voyant plutôt accorder le
statut à "titre réservé". Le Code des professions ne
reconnaît pas moins de vingt professions dans le domaine de la
santé, qui sont tantôt à "exercice exclusif", tantôt
à "titre réservé". Cette classification nouvelle n'est pas
sans créer un certain nombre de difficultés (voir annexe D).
Devoir règlementaire
Sans doute conscient des difficultés résultant de
l'évolution des pratiques dans le monde de la santé, de celles
créées par le compartimentage prévu par le Code des
professions et les lois professionnelles, le législateur a introduit
l'article 19b) dans la Loi médicale et l'article 12a dans la loi des
infirmières et infirmiers. L'article 19b) de la Loi médicale
impose à la Corporation professionnelle des médecins du
Québec l'obligation de déterminer par règlement ceux des
actes médicaux qui peuvent être posés par des classes de
personnes autres que des médecins.
Evolution des pratiques médicales et
hospitalières
Contrairement à ce que l'on peut laisser entendre dans certains
milieux, la CPMQ n'a jamais freiné l'évolution d'une profession
et particulièrement celle des infirmières, des infirmières
auxiliaires et des inhalothérapeutes. Si la CPMQ n'a jamais eu
antérieurement le pouvoir de permettre aux infirmières ou
à l'une ou l'autre des catégories de professionnels
mentionnés dans son projet de règlement de poser certains actes
médicaux dans des conditions prescrites, elle avait, par contre, le
pouvoir de les poursuivre pour exercice illégal de la médecine.
La CPMQ a porté un certain jugement et a respecté
l'évolution des professions en ne poursuivant jamais pour exercice
illégal de la médecine une infirmière, une
infirmière-auxiliaire, un inhalothérapeute ou un technologiste
médical qui accomplissait son devoir dans un cadre tracé par les
us et coutumes et selon les données de la science.
Dans son projet de règlement, la CPMQ a aussi, comme le veut
l'esprit de la réforme des professions, tenté d'éviter une
hiérarchisation des professions concernées et de faciliter
l'évolution de ces professions.
Ce projet de règlement ne devrait pas bouleverser le monde de la
santé et particulièrement le monde hospitalier, puisqu'il a
été conçu et élaboré à partir de
listes d'actes et de conditions prescrites existantes dans différents
centres hospitaliers de la province et à partir d'une étude faite
par l'OIIQ en septembre 1974 et intitulée "Rapport provincial de la
compilation des données sur l'étude des actes
délégués". Cette étude sur les actes
délégués portait sur les différents domaines
suivants: 1. Santé communautaire; 2. Psychiatrie infantile et adulte; 3.
Soins à long terme; 4. Médecine et chirurgie; 5.
Pédiatrie; 6. Obstétrique-gynécologie; 7. Salles
d'opération et salles de réveil; 8. Urgence et clinique externe
9. Soins intensifs et coronariens; 10. Hémodialyse et greffe
rénale.
Il faut donc retenir que c'est le législateur qui oblige la
Corporation des médecins à adopter un tel règlement, que
l'objectif poursuivi est de régulariser la situation dans laquelle a
abouti l'évolution des pratiques médicales et
hospitalières.
2. Description des effets du projet de
règlement
On trouvera à l'annexe B une description schématique des
effets du projet de règlement. Ce projet de règlement comprend:
a) des principes directeurs; b) des conditions ou modalités
apportées à ces principes.
Principes directeurs
Les principes directeurs de ce projet de règlement se
résument comme suit: a) II autorise les personnes habilitées
à poser tous les actes énumérés aux annexes ou
à participer et contribuer à l'exécution de ces actes. b)
Ces personnes pourront poser ces actes aussi bien en milieux privés que
dans les établissements au sens de la loi sur les services de
santé et les services sociaux, où que ce soit dans la province;
c) Elles pourront également le faire inconditionnellement et sans
restriction autre que leur propre jugement, à l'effet qu'elles n'ont pas
la compétence ou les connaissances pour poser ces actes. (Article 2.01,
2.02 deuxième alinéa du projet de règlement).
Conditions ou restrictions à ces principes
directeurs
Un certain nombre de conditions ou de restrictions sont apportées
à ces principes directeurs. Notion de surveillance: Certains
actes ne peuvent être posés que sous surveillance médicale.
En effet, dans le cas d'interventions auprès des malades susceptibles
d'être accompagnées de complications, ou de dangers, le
règlement exige que les actes ne soient posés que si un
médecin est en mesure de contrôler le déroulement de la
situation. Selon l'étendue des risques particuliers à chaque acte
faisant partie de cette catégorie, le degré de surveillance doit
varier. C'est pour cette raison que le règlement réfère
à une surveillance "immédiate", "sur place" ou "à
distance". (Voir définitions art. 1.01k, 1, m).
II faut bien noter que cette notion de surveillance, telle que
décrite dans le projet de règlement, n'exige nullement que le
médecin doive surveiller l'infirmière pour s'assurer de la
qualité de son exercice, mais exige plutôt une
disponibilité du médecin afin que celui-ci intervienne
auprès du bénéficiaire dans un délai plus ou moins
court pour prévenir toute complication ou réagir advenant qu'une
telle complication survienne.
Par ces dispositions sur la surveillance, la CPMQ désire
respecter l'autonomie d'exercice des professionnels à qui elle
délègue des actes. Ces professionnels, comme les médecins,
doivent dans leur exercice s'en tenir aux règles édictées
par leur Code de déontologie et se soumettre aux contrôles
obligatoires de leur corporation tels que prévu au Code des professions.
Il est vrai que les inhalothérapeutes ne sont pas incorporés au
même titre que les autres professions, mais ils se sont donnés des
structures analogues et ont formulé plusieurs requêtes pour
être inclus au Code des professions. Protocole: D'autres actes ne
pourront être posés que si un protocole décrit les
procédures, méthodes ou limites, que doit respecter la personne
autorisée. Le protocole décrit les étapes à suivre
dans l'exécution d'un acte, les méthodes à utiliser, les
actions à poser selon les réactions du patient, ainsi que les
limites en deçà et au delà desquelles le professionnel
doit cesser ses interventions ou doit éviter de les poser et faire appel
au médecin. Le protocole est exigé dans le cas d'actes d'une
nature plus complexe, constituant souvent en une succession de manoeuvres, dont
l'exécution peut être appelée à varier selon des
facteurs reliés au type de malade, aux ressources du milieu, etc. Ce
protocole est établi soit par le médecin traitant, ou, en milieu
institutionnel, par le conseil des médecins et dentistes de
rétablissement (ou si rétablissement n'en a pas, par celui d'un
établissement relié par contrat de service). (Voir article 2.04
du projet de règlement).
Ordonnance permanente: D'autres actes ne se poseront que suivant
une ordonnance médicale. Cette ordonnance pourra être rendue pour
chaque cas particulier que cela concerne, ou l'être d'une façon
permanente pour un ensemble de situations semblables. En effet, pour rapprocher
davantage les textes des besoins hospitaliers et de la réalité
quotidienne, le règlement prévoit qu'un établissement, par
son conseil des médecins et dentistes (ou par celui d'un
établissement relié par contrat) pourra permettre que certains
actes soient posés systématiquement par une infirmière, un
technologiste médical ou un inhalothérapeute, sans qu'il soit
besoin d'attendre une ordonnance médicale individuelle (article 3.02). A
titre d'exemple, mentionnons l'autorisation donnée à une
infirmière d'administrer un médicament à un malade d'une
unité coronarienne advenant qu'il présente un ensemble de signes
prédéterminés laissant croire à l'apparition d'une
arythmie. Comme autre exemple, mentionnons l'autorisation donnée
à l'infirmière d'administrer une perfusion intra-veineuse, dans
le but de maintenir une veine ouverte, à tous les malades qui
présentent un ensemble de symptômes
prédéterminés laissant croire à une atteinte
sévère des fonctions vitales. On a déjà
objecté que là où cette condition est
insérée, le texte du règlement se rapproche de cette
partie de la définition de la profession d'infirmière et
infirmier qui réfère aux "soins" prodigués selon une
ordonnance médicale. Toutefois, cette définition
réfère à des "soins" et non à des "actes
médicaux"; or les "actes" prévus aux annexes du règlement
constituent plus que des "soins". De plus, cette définition de
profession d'infirmière ne réfère pas au concept
d'ordonnance permanente, ce que le projet de règlement fait. Quoiqu'il
en soit, l'article 6.01 b) et l'article 6.03 du projet formulent une
règle suivant laquelle on ne peut interpréter le règlement
comme restreignant le droit pour un professionnel de faire ce que la loi lui
permet déjà. Autres conditions locales: De plus, le projet
reconnaît la possibilité pour chaque établissement
d'ajouter des conditions devant être remplies avant que les personnes
autorisées ne puissent poser les actes prévus, compte tenu de la
protection du public et des ressources du milieu (art. 3.01, 3.03).
Enfin, la Corporation des médecins souhaite et insiste fortement
sur ce souhait, que soit rétablie dans le projet de règlement la
possibilité pour un établissement de retrancher des annexes les
actes qu'il estime, dans l'intérêt des patients qu'il dessert, ne
pas devoir être posés par des personnes habilitées. Nous
allons revenir sur ce point dans le paragraphe no. 6. Autre restriction:
Certains actes ne peuvent être posés que dans des centres
hospitaliers, en raison des ressources qu'ils exigent. Surveillance de
l'application du règlement: Le projet de règlement
prévoit qu'une personne autorisée à poser les actes
médicaux prévus aux annexes cesse de bénéficier de
cette autorisation si elle ne remplit pas ou si elle cesse de remplir les
conditions prescrites. Le conseil des médecins et dentistes, les
directeurs de départements et de services auront à cet
égard un rôle à remplir. La CPMQ devra créer un
comité de révision des actes dans le but de voir à la
bonne application de ce règlement et à le maintenir à
jour.
Pour terminer, des dispositions d'interprétation ont
été formulées afin d'éviter certaines
ambiguïtés. Il y est indiqué notamment que
l'énumération des actes ne doit pas être
interprétée comme visant à restreindre l'éventail
de l'exercice de la profession d'infirmier(e) ni d'aucune autre profession.
Ainsi, le fait qu'un acte ne figure pas dans la nomenclature ne veut pas
nécessairement dire que l'infirmier(e) n'a pas le droit de le poser; la
loi de l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec ou toute
autre loi pourrait l'y avoir autorisé(e).
3. Effets que le règlement n'a pas
De la description qui précède, du texte du
règlement, de même que des dispositions législatives
pertinentes, il découle que le projet de règlement
n'entraîne pas les effets qu'on a laissé entendre en
certains milieux. Etant donné la complexité du contexte
législatif, il n'y a peut-être pas lieu de s'étonner que
diverses interprétations aient eu cours. Il importera de bien informer
les milieux que: a) le projet de règlement n'enlève pas du champ
d'exercice des médecins les actes que d'autres catégories de
personnes sont autorisées à poser. Il en va de même du
projet de règlement des infirmières et infirmiers. Les
règlements, en effet, ne peuvent avoir pour effet de diminuer la
portée habilitante des lois gouvernant ces deux corporations (Voir
article 6.01a). b) le projet de règlement n'oblige pas une personne
autorisée à poser un des actes prévus aux annexes. Au
contraire, elle conserve à cet égard toute sa liberté
professionnelle; le texte prévoit même qu'elle doit s'abstenir si
elle juge qu'il y va de l'intérêt du bénéficiaire.
c) le projet de règlement ne force pas un médecin ou, en
certaines circonstances, une infirmière, à surveiller un acte
autorisé, dans le sens que, comme il vient d'être dit, ce
règlement respecte la liberté d'action de chacun et ne
crée aucun devoir coercitif d'agir malgré sa volonté. d)
le projet de règlement n'assujettit pas une personne autorisée au
contrôle disciplinaire ou au contrôle d'inspection professionnelle
de la corporation qui a promulgué le règlement d'habilitation
(Voir article 6.01 d). e) le projet de règlement ne modifie pas et ne
restreint pas le champ non plus que le mode d'exercice des activités
professionnelles des différentes catégories de personnes
autorisées. C'est ce que l'article 6.01b) énonce, et ce que
l'article 6.03 répète d'abondant dans le cas des
infirmières et infirmiers. Un règlement ne peut avoir pour effet
de modifier la partie d'une loi ; notre règlement ne pourrait enlever ce
que la loi donne aux infirmières. Il n'était donc pas
nécessaire, sur le strict plan juridique, d'introduire ces deux
articles. Ils l'ont été pour insister auprès de milliers
d'usagers futurs du règlement sur cet aspect primordial et pour
empêcher qu'on ne considère ce règlement, dont le
législateur a rendu la création obligatoire, comme un geste
d'emprise par une corporation sur une autre. f) le projet de règlement
n'a pas pour effet d'autoriser n'importe qui à poser des actes
médicaux. g) le projet de règlement n'a pas pour effet
d'interdire aux personnes autorisées de poser des actes qui ne sont pas
inclus aux annexes, si ces actes sont déjà couverts par leur
champ d'exercice. h) le projet de règlement n'a pas pour effet
d'assujettir l'exercice d'un professionnel à la surveillance d'un autre
professionnel. Le projet prévoit que c'est le malade qu'il faut
surveiller et non pas celui qui le traite. En ce sens, il prévoit que
pour certains actes, un médecin, ou parfois une infirmière, doit
être disponible pour intervenir auprès du
bénéficiaire pour s'assurer qu'il n'y a pas de complications ou
que celles-ci sont contrôlées. i) le projet de règlement
n'a pas pour effet de restreindre le champ d'activités des
infirmières parce qu'il autorise les techniciens médicaux et les
inhalothérapeutes à exécuter certains actes. En effet, et
pour les mêmes raisons énumérées ci-dessus, les
infirmières ont, en vertu de leur loi, un champ de compétence que
notre règlement ne peut retirer. Si, en vertu de leur définition
d'exercice, les infirmières peuvent poser un acte, nous ne voyons pas
comment l'autorisation donnée à une autre personne de poser cet
acte leur enlève la compétence de le poser.
4. Protection du public
Certaines annonces publicitaires ont proclamé que ce
règlement mettrait en danger la protection du public. Nous estimons
n'avoir rien épargné dans la préparation de ce
règlement pour nous assurer que son application ne porte pas atteinte
à la sécurité des bénéficiaires et à
la protection des patients. Nous attirons l'attention de la Commission sur ce
qui suit: a) Le choix de chacun des actes visés aux annexes a
été fait par un comité coordonnateur et des
sous-comités de travail composés en nombre égal de
médecins et d'infirmières provenant de milieux de travail
variés et des diverses spécialités concernées; b)
Les autorisations prévues aux règlements varient en
intensité suivant la catégorie de personnes qu'il habilite. Nous
pensons en particulier au cas des infirmiers et infirmières auxiliaires.
Le projet prévoit que ceux-ci pourront "contribuer" et "participer" aux
actes prévus à son annexe A. Il est clair que ces termes ne leur
confèrent pas l'autonomie auprès du malade que le
règlement octroie ailleurs aux infirmières et infirmiers.
"Participer" veut dire "prendre part, coopérer". "Contribuer" veut dire
"aider à l'exécution d'une oeuvre commune" (Robert, Dictionnaire
alphabétique et analogique de la langue française, 1969, Tome I).
Nous croyons que cela correspond tout à fait à la formation et
à la vocation des infirmiers et infirmières auxiliaires.
Rappelons que le terme "auxiliaire" comporte la notion de secours,
d'aide. Les origines de cette profession témoignent de cette notion.
Dans les différentes définitions et descriptions des tâches
de l'infirmière auxiliaire, on trouve des formules comme celles-ci:
L'infirmière auxiliaire coopère avec l'infirmière
L'infirmière auxiliaire participe aux activités...
L'infirmière auxiliaire aide à donner des soins...
L'infirmière auxiliaire exécute d'après les directives. c)
Aucun des organismes qui ont été consultés dans la
préparation du projet, ou qui ont formulé des commentaires
à son égard, à l'exception de l'Ordre des
infirmières, n'a estimé que l'autorisation donnée aux
infirmières auxiliaires mettait en péril la protection du
public;
d) Le projet de règlement rappelle clairement aux personnes
habilitées le devoir qu'elles ont de s'abstenir de poser un acte
particulier si elles estiment ne pas avoir la compétence pour le poser;
e) Le projet de règlement autorise des catégories de personnes
qui, à l'exception des inhalothérapeu-tes, sont membres de
corporations professionnelles et dont, normalement la compétence
a été contrôlée par leur corporation avant
l'admission; la compétence et l'exercice sont
contrôlés par des organismes disciplinaires ou d'inspection
professionnelle de leur corporation à qui la loi impose ce devoir de
contrôle; les activités s'exercent dans le respect d'un
code de déontologie. f) Le projet de règlement prévoit un
mécanisme de contrôle tant en milieu hospitalier qu'à
l'extérieur, pour s'assurer que les conditions prévues aux
règlements sont remplies (art. 4.01); g) Le projet de règlement
rappelle aux médecins que ce règlement ne les dispense pas de
leur devoir auprès des malades et qu'ils doivent intervenir
auprès de lui, si cela est nécessaire, quelles que soient les
permissions par ailleurs octroyées par le règlement (art. 4.02);
h) Le projet de règlement prévoit qu'en cas d'urgence les
pouvoirs qu'il confère à une personne habilitée qui ne
respecte pas les conditions prescrites peuvent être suspendus (art.
4.03); i) Le projet de règlement permet à un
établissement, en vue de la protection du public, d'ajouter certaines
conditions à celles déjà prévues qui devront
être respectées par les personnes habilitées
(art. 3.01); j) Le projet de règlement rétablira,
espérons-le, la possibilité pour un établissement de
retrancher de la liste des actes ceux qui ne devraient pas, en son opinion,
compte tenu de la protection du public et des ressources du milieu, être
posés chez lui; k) Le projet de règlement réfère
à un comité permanent de révision chargé
d'étudier les problèmes que pourrait causer l'application du
règlement et de formuler des recommandations appropriées
(art. 4.04). I) En ce qui concerne les infirmières auxiliaires,
nous nous sommes assurés que leur formation leur permettait de
contribuer et participer aux actes énumérés à
l'annexe A du règlement.
6. Commentaires sur les remaniements
suggérés au projet
de règlement de la CPMQ par l'Office des
professions
L'Office des professions du Québec a recommandé un certain
nombre de modifications au projet de règlement, lesquelles sont
d'ailleurs incorporées dans le texte qui apparaît à
l'annexe F. Plusieurs de ces modifications apportent des changements heureux,
que nous acceptons.
Nous allons commenter les amendements qui nous apparaissent plus
discutables.
A. Abolition de certains droits de regard des
établissements
sur l'application du règlement
L'Office des professions a recommandé d'abroger cette portion de
l'article 2.03 de notre projet de règlement qui se lisait comme suit:
"2.03 Une personne habilitée qui oeuvre pour un établissement ne
peut poser un acte que si cet acte a été désigné
par cet établissement et..." (voir annexe G).
Ce membre de phrase visait à donner à un
établissement le pouvoir et l'autonomie suffisante pour décider
que certains actes apparaissant en annexe ne pourraient être posés
chez lui. Cette décision ne pouvait se prendre, toujours suivant notre
projet originaire, qu'en se fondant sur "la protection du public, la
préparation et l'expérience des personnes habilitées et
les ressources du milieu" (article 3.01 originaire).
Dans la conception, la discussion et l'élaboration de ce
règlement, notre Corporation a toujours voulu, avec l'appui d'ailleurs
de tous les milieux intéressés, que ce règlement soit
assez souple pour recevoir une application utile dans toute la gamme
d'établissements et de milieux hospitaliers de la province. Inutile de
dire que ces milieux varient beaucoup en importance, en tradition, en
ressources, en disponibilité, en spécialisation. Cette
dernière proposition ne demande pas une bien longue
démonstration. Au niveau des établissements et des centres
hospitaliers, il suffit de jeter un coup d'oeil sur la classification multiple
et complexe que la Loi et les Services de santé et les Services sociaux
et son règlement en font. Notre corporation a donc toujours voulu et
souhaité que chaque établissement ait la possibilité de
retrancher de la liste des actes, qui peuvent être posés par des
personnes autres que des médecins, certains actes qui ne conviendraient
pas à son milieu. Cette possibilité apparaît encore
à la corporation comme indispensable pour que ce projet de
règlement puisse recevoir une application réaliste et viable.
Idéalement la pratique de la médecine, la qualité
du personnel, la qualité des ressources devraient être la
même partout dans la province pour que partout soient assurés des
services de même qualité. L'expérience démontre
aussi bien au Québec qu'ailleurs que ce sont là des objectifs,
des idéaux, mais qu'on doit s'accommoder de la réalité.
Les conditions varient beaucoup d'un milieu à un autre même si des
efforts d'amélioration sont faits de toutes parts. Le règlement
doit tenir compte de cette réalité.
Il nous a également semblé que les dispositions que nous
suggérions pouvaient résister à l'attaque de ceux qui y
verraient une sous-délégation interdite. Cette opinion s'appuie
sur le fait que la Loi
médicale, à l'article 19b, prévoit que le
règlement peut être assorti de conditions et, surtout, que
l'article du projet de règlement prévoyant qu'un
établissement fasse des retraits, précisait les critères,
règles ou conditions à respecter pour le faire (voir annexe
E).
D'ailleurs, l'Office des professions du Québec avait
approuvé ce principe de l'autonomie des établissements en ce qui
concerne ces retraits possibles, entre autres par la bouche de son ancien
président, lors d'une allocution prononcée le 23 mars 1977
annonçant l'entrée en vigueur prochaine (!) du règlement
(devant l'Association des directeurs généraux des services de
santé et des services sociaux du Québec).
Nous vous référons ici aux commentaires formulés
par l'Association des hôpitaux de la province de Québec et
l'Association des centres d'accueil qui ont insisté tant auprès
de la CPMQ qu'auprès de l'Office des professions pour conserver ce
pouvoir aux établissements. Si ce pouvoir n'était pas
accordé aux établissements, ces associations ont laissé
entendre que cela "pourrait remettre en cause l'application même du
règlement".
Dans le cours de certaines conversations récentes, nous avons cru
comprendre que notre article 2.03 pouvait causer recueil suivant. La
formulation était telle que les personnes habilitées n'auraient
pas pu poser des actes autorisés dans un établissement tant et
aussi longtemps que celui-ci n'aurait pas déterminé les actes qui
ne doivent pas être posés chez lui.
Nous recommandons donc de modifier l'article 2.03 du projet apparaissant
à l'annexe F, comme suit: "Une personne habilitée exerçant
pour un établissement ne peut y poser un acte que cet
établissement a désigné comme ne pouvant être
posé, ou comme ne pouvant être posé qu'à certaines
conditions locales qu'elle ne peut remplir".
L'expression "désignation" sera rétablie aux articles
3.01, 3.02 et 3.03, pour fin de concordance.
B.
Pouvoir accordé à la
Corporation des médecins de retirer
des actes du projet de règlement (art. 3.04,
7.01, dernier alinéa)
La corporation est également complètement opposée
à la modification qui a pour effet de lui attribuer à elle la
responsabilité de retrancher, dans des circonstances exceptionnelles,
les actes visés apparaissant à l'annexe du règlement pour
l'un ou l'autre des nombreux établissements de la province.
Nous préférons laisser à chaque centre hospitalier
le soin d'évaluer ses moyens et ses ressources et de décider de
l'application intégrale ou partielle de l'annexe du règlement.
Notre corporation n'a pas les moyens ni les ressources pour apprécier
les circonstances particulières ou exceptionnelles où peuvent se
trouver de temps à autre les quelque 1500 établissements de la
province et pour juger si tel ou tel acte doit être retiré de la
liste. Aucun organisme gouvernemental existant n'aurait d'ailleurs cette
possibilité. Nous croyons illusoire de vouloir centraliser à ce
point la bonne gestion et la bonne mise en application d'un règlement
destiné à autant de milieux variés.
Au surplus, l'article ne nous apparaît pas clair. Que veut-on dire
par "circonstances exceptionnelles"? Peut-on y inclure l'absence de
préparation et l'expérience des personnes habilitées? Que
veut-on dire par "milieu"? S'agit-il d'un établissement, d'une
région? Qui va informer la corporation de ces circonstances
exceptionnelles?
Il faut ajouter enfin que l'article 3.04 nous laisse songeur. Il ne peut
avoir pour effet d'autoriser la corporation à modifier les annexes par
voie de résolution; la Loi médicale a prévu que c'est par
règlement que le Bureau devait statuer sur ces sujets.
Il veut donc dire que la corporation peut, par règlement,
modifier son règlement. Mais ceci n'a pas besoin d'être dit, la
loi générale le prévoyant. De plus, jamais un
règlement adopté par notre corporation n'a pu entrer en vigueur
avant que ne s'écoule au moins six mois, après sa
présentation à l'Office des professions à cause de la
lourdeur du processus prévu au Code des professions. Ce moyen ne serait
donc guère utile pour régler efficacement les cas de
circonstances exceptionnelles qui surgiraient ici et là dans la
province.
Nous recommandons l'abrogation de l'article 3.04 et du dernier
alinéa de l'article 7.01.
C.
Article 5.02 habilitant les
infirmières auxiliaires
Cet article, habilitant les infirmières auxiliaires à
contribuer et à participer aux actes énumérés
à l'annexe A, a suscité beaucoup d'objections de la part des
infirmières.
Il a souvent fait l'objet de différentes modifications en cours
de route pour les accommoder.
Compte tenu de toutes les circonstances et des laborieux cheminements du
règlement, nous préférons que soit rétablie la
version de cet article qui apparaît dans la Gazette officielle du
Québec du 31 mars 1976.
Comme solution de rechange, nous proposons le texte suivant, qui est
très voisin: "Les infirmières auxiliaires peuvent, sous
réserve des dispositions de la section 2, contribuer et participer aux
actes énumérés à l'annexe A du présent
règlement, en collaboration avec une infirmière ou un
médecin, et sous la surveillance à distance, sur place, ou
immédiate d'un médecin lorsque l'annexe A l'exige".
Encore une fois, il nous semble évident, par les termes
employés à cet article, qu'une infirmière auxiliaire n'est
pas autorisée à "poser" les actes énumérés
à l'annexe "A"; elle n'est autorisée qu'à y contribuer ou
y participer.
D. Modifications apportées à certaines
définitions
A) Contrats de service
On a apporté certaines modifications aux définitions
données par les paragraphes c), h), j) de l'article 1.01 pour
référer à un établissement avec lequel un contrat
de service a été rendu. Ces modifications veulent préciser
que l'ordonnance permanente et le protocole pourront trouver application dans
des milieux où il n'y a pas de conseil des médecins et dentistes.
Elles allongent et allourdissent les définitions et nous ne sommes pas
certains qu'elles soient nécessaires. En effet, l'article 2.04 contient
déjà, il nous semble, tout ce qu'il faut pour permettre
l'application d'ordonnance permanente et de protocole dans d'autres milieux,
notamment dans des centres d'accueil. b) Surveillance des
infirmières
L'Office des professions a introduit aux paragraphes k) et I) de
l'article 1.01 l'expression "ou le cas échéant, de
l'infirmière". Cette modification est source d'une très grande
confusion et peut très facilement mener à une multitude
d'interprétations erronées du projet.
Il n'est pas nécessaire dans une définition de
prévoir l'exception qui ne se retrouve qu'à un article du
règlement (art. 5.02); le préambule de l'article 1.01
énonce précisément que les sens indiqués ont cours
"à moins que le contexte n'indique un sens différent". Nous
suggérons de retirer cet ajout; s'il fallait le garder il faudrait le
formuler comme suit, "ou, dans le cas de l'article 5.02, d'un(e) infirmier(e)
ou d'un médecin".
Nous souhaitons que le texte du règlement demeure le plus simple
possible afin que ses milliers d'usagers futurs, qui ne sont pas juristes,
puissent facilement le comprendre.
Le fait d'ajouter aux paragraphes k) et I) de l'article 1.01 les mots
"ou le cas échéant, de l'infirmière" a jeté
suffisamment de confusion pour permettre à l'Association des centres
d'accueil de formuler environ vingt-quatre interprétations
différentes du même texte.
L'Association des hôpitaux de la province de Québec a
également protesté contre l'ambiguïté de cette
nouvelle formulation.
Notons, en terminant, que si notre suggestion formulée pour
l'article 5.02 était retenue, cette référence à la
surveillance d'une infirmière n'aurait plus aucune raison d'être.
II
PROJET DE RÈGLEMENT DE L'ORDRE DES
INFIRMIÈRES ET
INFIRMIERS DU QUÉBEC A L'ÉGARD DES
INFIRMIÈRES ET INFIRMIERS AUXILIAIRES
Le premier projet de règlement de l'OIIQ à l'égard
des infirmières auxiliaires publié dans la Gazette officielle du
8 juin 1977 était beaucoup moins restrictif que ne l'est le dernier
projet de règlement que le ministre responsable du Code des professions
nous a transmis au cours du mois de janvier dernier.
Compte tenu des restrictions additionnelles imposées à
l'exercice professionnel des infirmières auxiliaires et compte tenu que
ces restrictions auront des répercussions sur l'exercice professionnel
des médecins, la Corporation professionnelle des médecins du
Québec se permet de formuler les commentaires qui suivent sur ce projet
de règlement.
1. Portée de l'article 37p) du Code des
professions
L'article 37p) du Code des professions définit le champ
d'exercice de I infirmière auxiliaire dans les termes suivants:
"Dispenser les soins infirmiers que requiert le traitement des malades."
Me René Dussault, dans une conférence prononcée le
23 mars 1977 devant les membres de l'Association des directeurs
généraux des services de santé et des services sociaux du
Québec, disait; "L'office estime que la loi reconnaît ainsi que
certaines activités qui, jusque-là pouvaient être
considérées comme faisant partie du champ exclusif des
infirmières et infirmiers peuvent être maintenant exercées
de façon concurrentes par les infirmières et infirmiers
auxiliaires."
Selon la littérature révisée, certaines
définitions du champ d'exercice de l'infirmière auxiliaire
comportent une notion de surveillance, d'autres une notion de
collaboration.
Nous ne nions pas qu'il doive s'exercer une surveillance plus ou moins
directe de l'infirmière ou du médecin sur l'infirmière
auxiliaire selon la situation de travail qui se présente,
c'est-à-dire selon la tâche à accomplir, la gravité
de l'état du malade, la compétence de l'auxiliaire qui doit
accomplir cette tâche. Nous persistons cependant à croire que
l'infirmière auxiliaire, même si elle exerce des fonctions
connexes à celles de l'infirmière, a un champ
d'activités qui, sans être exclusif, lui revient, et pour lequel
elle a reçu une formation appropriée et qu'elle peut exercer
"sans surveillance", que ce soit de la part de l'infirmière ou de la
part du médecin.
L'infirmière auxiliaire a une fonction qui lui est propre, celle
de "dispenser des soins infirmiers nécessités par le traitement
du malade" et, dans le cadre de cette fonction, elle se gouverne
elle-même en application des lois et des règlements qui
régissent sa profession.
Nous désirons attirer votre attention sur le fait que les
infirmières ont toujours exercé leur profession jusqu'en 1974
sans aucune définition légale de leur exercice, si ce n'est celle
de donner "des services touchant les soins aux malades".
Le Code des professions définit aujourd'hui le champ d'exercice
des inf.-auxiliaires dans les termes suivants: "dispenser les soins infirmiers
que requiert le traitement des malades". Cette définition nous semble
aussi large que l'ancienne définition de l'exercice des soins infirmiers
qui n'a d'ailleurs jamais empêché les infirmières de faire
leur travail et le "nursing" d'évoluer.
2.
Notion de surveillance (art. 1.01k,
1.011,1.01m)
Dans tout endroit autre qu'un cabinet de médecin, le projet de
règlement exige, pour tous les actes qui apparaissent aux annexes, que
l'infirmière auxiliaire ne puisse les poser si une infirmière
n'est pas disponible dans la pièce, dans l'unité de soins, ou
à distance, selon le cas. De la sorte, du moins en ce qui concerne les
actes énumérés aux annexes, on empêche ainsi un
médecin de travailler avec l'aide d'une infirmière auxiliaire
à moins qu'une infirmière ne s'ajoute obligatoirement à
l'équipe, ce qui n'est pas toujours nécessaire.
Nous jugeons également peu à propos de restreindre ces
modes de surveillance à la présence ou à la
disponibilité d'une infirmière seulement. Il nous apparaît
évident que la surveillance immédiate, ou sur place, ou à
distance, pourrait également être effectuée par un
médecin. Nous nous opposons formellement à ces trois
définitions, telles que formulées, qui réduisent
considérablement le champ d'application du règlement des
infirmières. Nous suggérons que la surveillance d'une
infirmière auxiliaire, lorsqu'elle pose des actes prévus à
l'annexe A, puisse être faite par une infirmière ou un
médecin.
Cependant, il nous apparaîtrait plus simple, en ce qui concerne
ces définitions, de revenir au premier projet de règlement de
l'OIIQ tel que publié dans la Gazette officielle du Québec du 8
juin 1977 qui ne comportait pas les trois colonnes intitulées:
"surveillance à distance, sur place et immédiate".
3.
Notion de procédé de soins
(art. 1.01 h)
Ce projet de règlement, par la définition du
procédé de soins, obligera tout médecin en cabinet
privé à se soumettre, pour les actes
énumérés aux annexes, aux directives d'une
infirmière responsable des soins infirmiers d'un centre hospitalier de
sa région en ce qui concerne les soins fournis à ses malades par
une infirmière auxiliaire à son emploi.
Il nous apparaît inadmissible qu'une infirmière auxiliaire
oeuvrant dans le cabinet privé d'un médecin soit assujettie, dans
l'application des procédures et méthodes pour les soins qu'elle
fournit, aux directives du directeur des soins infirmiers ou de
l'infirmière responsable des soins infirmiers "d'un étalibssement
de la région". D'une part, il appartient plutôt au médecin
qui emploie cette infirmière auxiliaire de donner ses directives.
D'autre part, l'application de cet article causerait des problèmes
pratiques assez considérables: il est très vague en effet de
référer à n'importe quel établissement de la
région. Il peut bien y avoir dans la région où le cabinet
du médecin est situé, 5 ou 6 ou 7 hôpitaux. Lequel
donnerait des directives valables? En plus de ne pas savoir à quel
centre se référer, il serait difficile pour le médecin de
savoir à quelle infirmière s'adresser, compte tenu de la
définition donnée dans le projet de règlement de
l'infirmière responsable des soins infirmiers qui se lit comme suit:
Art. 1.01c) "une personne inscrite au Tableau de l'Ordre des infirmières
et infirmiers du Québec qui planifie, coordonne et contrôle les
activités relatives aux soins infirmiers dans les établissements
autres qu'un centre hospitalier"; en plus d'être très large, cette
définition ne réfère à aucune fonction ou titre
prévu par la loi ou les règlements sur les services de
santé et les services sociaux. Il serait donc très difficile
à quiconque d'identifier cette personne aux fins de l'application du
présent règlement.
Il faut aussi noter que ces procédés de soins seraient
élaborés par la direction des soins infirmiers sans aucune
consultation avec la profession médicale. De plus la définition
proposée de "procédé de soins" obligerait tous les
médecins, dans un établissement, à suivre les
procédés de soins établis par le directeur ou le
responsable des soins infirmiers, malgré les divergences que la
profession médicale, non consultée d'ailleurs, pourrait avoir sur
le sujet. Pour certains actes énumérés aux annexes, les
procédés de soins devraient être élaborés en
collaboration avec les médecins de l'établissement
concerné.
4.
Notion de médecin traitant (art. 1.01
h, 1.01k, 4.01 et 4.02)
Ce projet de règlement risque de créer des
difficultés à l'exercice de la médecine de groupe. En
effet, le projet de règlement réfère à chacun des
articles ci-dessus mentionnés au "médecin traitant". Cette
expression se retrouve également dans notre projet de règlement.
Cependant, nous y recomman-
dons une modification de cette expression. Nous ne voyons pas pourquoi
exiger à l'égard de chaque acte que les directives, la
surveillance, le contrôle proviennent de chaque "médecin traitant"
de chaque patient. Car c'est bien là la notion de médecin
traitant: il s'agit du médecin responsable d'un patient donné.
C'est sûrement par inadvertance qu'on introduit cette notion qui est
d'application difficile dans les cas de pratique de médecine de groupe.
Dans une telle pratique de groupe où les médecins se
répartissent les tâches et se remplacent mutuellement, il peut
survenir que le "médecin traitant" d'un patient soit occupé
ailleurs ou absent au moment où celui-ci reçoit des soins. Un
autre médecin du groupe doit pouvoir intervenir à sa place. Nous
recommandons donc que le mot "traitant" soit retiré des articles
ci-dessus du projet.
Ill CONCLUSION
La CPMQ a élaboré son projet de règlement en
étroite collaboration avec l'OIIQ selon les lignes directrices convenues
entre les deux corporations. Depuis son premier projet de règlement,
adopté par son Bureau en mars 1975, elle a apporté de nombreux
amendements à ce projet, particulièrement à la demande de
l'Office des professions, de l'OIIQ et a accepté d'accéder
à presque toutes leurs requêtes.
Ce projet a été favorablement accueilli dans son ensemble
par les autres corporations concernées, l'Association des hôpitaux
de la province de Québec, les Fédérations de
médecins et les autres associations médicales de la province.
Le milieu hospitalier (administrateurs, conseils des médecins et
dentistes et autres professionnels) requiert ce projet de règlement
depuis déjà quelques années et manifeste une certaine
hâte à pouvoir se référer à un tel
règlement.
De son côté, l'OIIQ a adopté un projet de
règlement sur lequel nous avons formulé quelques commentaires
dans le présent mémoire.
Nous souhaitons donc qu'il soit recommandé au ministre
responsable du Code des professions d'adopter notre projet de règlement
et celui de l'OIIQ avec les modifications que nous suggérons dans ce
mémoire en espérant que les corporations concernées aient
chacune assez d'objectivité et de sens commun pour collaborer à
leur application.
Mars 1979