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Etude des crédits du ministère de
l'Education
(Dix heures onze minutes)
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît! La commission est réunie pour étudier les
crédits du ministère de l'Education pour l'année
1979/80.
Les membres sont: M. Alfred (Papineau), M. Picotte (Maskinongé)
remplace M. Goldbloom (D'Arcy McGee); M. Jolivet (Laviolette), M. Lacoste
(Sainte-Anne), Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), M. Le Moignan (Gaspé), M.
Marquis (Matapédia), M. Morin (Sauvé), M. Paquette
(Rosemont).
Les intervenants sont: M. Bisaillon (Sainte-Marie), M. Chevrette
(Joliette-Montcalm), M. de Belle-feuille (Deux-Montagnes), M. Desbiens (Dubuc),
M. Gosselin (Sherbrooke), M. Goulet (Bellechasse), M. Samson (Rouyn-Noranda),
M. Springate (Westmount).
M. Paquette, est-ce que vous pourriez agir comme rapporteur?
D'accord.
M. Paquette: Je pense que cela s'impose. Mme Lavoie-Roux:
Vous n'avez pas le choix. Le Président (M. Boucher):
M. le ministre. Remarques préliminaires
M. Morin (Sauvé): M. le Président,
conformément à l'esprit dans lequel s'est déroulée
l'étude des crédits au cours des années passées,
c'est dans un même esprit de dialogue que je propose à cette
commission parlementaire de procéder à l'étude des
crédits du ministère de l'Education pour l'année
1979/80.
A l'occasion de la revue des crédits de l'an dernier, il m'avait
paru peu satisfaisant, à plusieurs reprises, de différer les
débats de fond que soulevaient les questions et réactions des
membres de la commission sous le prétexte, fondé sans doute, que
des études étaient en cours, que des rapports étaient
incessamment attendus ou qu'il n'était pas possible à ce stade
d'exposer plus que des hypothèses de travail. La situation est
désormais bien différente. Avec la collaboration soutenue des
fonctionnaires, des personnes travaillant dans les réseaux
d'enseignement, des parents et d'une forte partie de la population, le
gouvernement a pu se mettre à la discussion et adopter les nouvelles
orientations qu'il entendait imprimer à l'éducation.
L'implantation concrète de ces orientations est maintenant
amorcée. Certains résultats commencent même à se
faire sentir. Partout en éducation, on sent, sur le plan de la
pédagogie en particulier, que c'est le temps du renouveau et que c'est
le temps de l'action. Selon la démarche que cette commission
parlementaire a accepté de suivre à l'occasion de l'étude
des crédits de l'Education depuis deux ans, nous procéderons
à l'examen des budgets destinés aux réseaux
d'enseignement, si vous voulez bien y consentir, avant de passer en revue les
unités administratives de services et de soutien à ces
réseaux. Cette façon de travailler, qui est d'ailleurs celle des
dossiers de travail détaillés qui vous ont été
remis la semaine dernière amènera cette commission à
aborder successivement l'étude du réseau primaire et secondaire,
puis du secteur post-secondaire, alors que seront traitées les questions
relatives à l'enseignement collégial, à l'enseignement
universitaire, à l'éducation des adultes et à l'aide
financière aux étudiants, et, enfin, les institutions
d'enseignement privé. Nous passerons ensuite au secteur de la
planification et à l'administration générale du
ministère.
Comme ce fut le cas au cours des années
précédentes, les crédits du Haut-Commissariat à la
jeunesse, aux loisirs et aux sports, ainsi que ceux de l'Office des professions
ne feront pas l'objet d'un examen particulier par la présente
commission, même s'ils relèvent de ma responsabilité. Ils
seront étudiés à d'autres moments. (10 h 15)
Comme en ont également convenu les membres dans le passé,
cette commission parlementaire n'aborderait la révision de la Loi des
collèges qu'au moment où celle-ci viendra devant la commission,
probablement au cours des semaines qui viennent, et il en serait de même
pour la création du Conseil des collèges. Ce sont des questions
qui feront l'objet de projets de loi à l'Assemblée nationale. De
même, on ne voudra sans doute point s'arrêter longuement sur le
dossier des conventions collectives de travail dans le secteur de
l'éducation, pour lesquelles je me limiterai à présenter
des données objectives sur le déroulement des travaux et le
respect des échéanciers.
Pour mieux situer l'ampleur de la tâche qui incombe à cette
commission parlementaire, je ferai rapidement état de quelques
données d'ensemble destinées à décrire le contexte
général dans lequel s'inscriront nos travaux.
Les crédits du ministère de l'Education
s'établissent, en 1979/80, à $3 854 000 000. C'est dire que les
travaux de cette commission portent, de fait, sur plus du quart du budget
gouvernemental du Québec.
Si l'on ne considère que les subventions du gouvernement à
l'ensemble des organismes des divers niveaux d'enseignement, on constate
qu'elles croîtront de 14,2% en 1978/79 et ce, malgré une
diminution d'environ 4% de la clientèle scolaire. Si le point de
comparaison devient le budget total du ministère de l'Education, on y
trouve une injection additionnelle de $100 millions, en dépit, encore
une fois, de la baisse de la clientèle scolaire.
Ces quelques données suffisent amplement à couper court,
à mon avis, aux critiques qui avaient
cru discerner dans la diminution normale du rythme d'accroissement des
budgets de l'Education la preuve d'un soudain manque d'intérêt du
gouvernement pour ce secteur d'activités. Au contraire, on constate, en
dépit d'une baisse significative de la clientèle scolaire, que
les budgets continuent d'augmenter à un rythme somme toute
impressionnant.
Enfin, j'ajouterai que les dépenses de l'éducation
oscillent, en 1979/80, entre 6% et 7% du produit intérieur brut du
Québec et qu'elles continueront ainsi de le maintenir dans le peloton de
tête des nations qui investissent le plus dans ce domaine de
l'activité sociale. Les budgets sont, dans une proportion de 96%,
destinés aux 251 commissions scolaires, aux 46 campus de nos CEGEP, aux
sept universités et à deux grandes écoles, ainsi qu'aux
197 institutions privées subventionnées. Ils y seront
affectés aux services de plus de 2 millions d'étudiants, jeunes
et adultes, à temps plein ou à temps partiel, en vue de financer
les opérations courantes et de préparer l'implantation des
nouvelles politiques du gouvernement.
M. le Président, avant d'aborder le chapitre de l'enseignement
primaire et secondaire, il conviendrait peut-être que je propose à
cette commission un certain plan d'attaque pour passer au travers de la masse
des documents et des renseignements que nous avons devant nous. Je vous
proposerais, tout d'abord, de suivre la démarche suivante, comme nous
l'avons fait au cours des années passées. Tout d'abord, je
commencerais, dans un instant, par répondre aux questions de
portée générale que les députés voudraient
bien me poser, des questions qui porteraient sur l'ensemble des réseaux,
après quoi j'aborderais le niveau primaire et secondaire qui correspond
au programme 4. Dans les cahiers, ce secteur est consigné dans le cahier
A.
Ayant fait cela présumément aujourd'hui, nous pourrions
passer à l'enseignement collégial qui est décrit à
la section B de nos cahiers, après quoi nous pourrions adopter le
programme 5.
Subséquemment, nous aborderions l'enseignement universitaire,
c'est-à-dire le programme 6 des crédits, et nous pourrions
utiliser toutes les sections des cahiers qui portent la lettre c). Ensuite, il
faudrait se pencher sur l'éducation des adultes, la section d) de nos
cahiers, puis voter et adopter le programme 7 des crédits. Je vous
signale que le programme 7, cette année, inclut les programmes 7 et 11
de l'an dernier. L'an dernier, en effet, pour des raisons que j'expliquerai
plus tard, nous avions deux programmes. Cette année, ils ont
été réunis en un seul. Tout ce qui touche
l'éducation des adultes est désormais sous le programme 7.
Il nous faudrait ensuite nous pencher sur l'aide financière aux
étudiants, la section e) de nos cahiers d'étude, et adopter le
programme 3.
Ensuite, l'enseignement privé retiendrait notre attention,
c'est-à-dire la section g)...
Mme Lavoie-Roux: Est-ce la façon dont vous prévoyez
travailler?
M. Morin (Sauvé): Oui, M. le Président, en
réponse à Mme le député de L'Acadie, c'est la
façon dont nous entendons travailler.
Mme Lavoie-Roux: Si on en avait une copie...
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'on pourrait en avoir
des copies, M. le ministre?
M. Morin (Sauvé): Oui, bien sûr.
Mme Lavoie-Roux: Ce serait plus simple pour comprendre.
M. Morin (Sauvé): Est-il possible...
Mme Lavoie-Roux: Est-ce au début? Oui, mais j'aime
mieux...
M. Morin (Sauvé): Nous en aurons des copies dans un
instant, M. le Président. Ensuite, ayant disposé du programme 8
sur l'enseignement privé, nous aborderions la planification, laquelle
est décrite dans la section h) de nos cahiers et cela nous
amènerait à adopter les programmes 1 et 2 des crédits du
ministère de l'Education.
Ainsi, nous aurions couvert toute la matière. Mais, avant d'aller
plus loin, qu'il me soit permis de présenter les sous-ministres et les
fonctionnaires qui m'accompagnent. A ma droite, M. André Rousseau,
responsable des secteurs primaire et secondaire; à ma gauche, M. Roland
Arpin, sous-ministre adjoint, responsable de la planification.
Sont également présents M. Ernest Spiller, le nouveau
sous-ministre associé de foi protestante, Mme Thérèse
Baron, sous-ministre adjoint, M. Pierre Parent, de la direction
générale des réseaux, M. Bertrand Croteau, directeur
général de l'administration, M. Roger Thériault, directeur
général de la pédagogie, M. Bertrand Thibault, responsable
de la planification sectorielle. M. Martial Lemay, de la direction du service
de la programmation pour l'évaluation, est également des
nôtres ainsi que M. Claude Benjamin, de mon cabinet.
M. le Président, je serais tout à fait disposé
maintenant à répondre aux questions de portée
générale sur l'ensemble des réseaux et du
ministère, si les membres de cette commission avaient de telles
questions. Après quoi, nous pourrons passer, dans l'ordre que j'ai
proposé tout à l'heure, si les membres de cette commission
veulent bien en convenir, à l'étude des réseaux primaire
et secondaire.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que les membres sont
d'accord pour suivre l'ordre que le ministre a proposé?
Mme Lavoie-Roux: Pour ma part, oui, parce que je pense que l'an
dernier il n'y a pas eu de trop grande rigidité là-dessus. On
peut déborder à un moment donné, malgré nous, et je
suis prête, d'une façon générale, à m'en
tenir à cet ordre. La seule restriction que j'aurais, c'est que je sais
que
nous sommes limités dans le temps parce qu'il s'agit de cette
semaine et qu'on a moins d'heures cette année que l'an dernier. Par
contre, j'entendais le ministre qui disait tout à l'heure: Compte tenu
qu'on aura fini l'enseignement, enfin, espérant que l'enseignement
élémentaire et secondaire sera terminé ce soir, je ne veux
pas prendre ce type d'engagement. S'il n'est pas terminé ce soir, qu'on
puisse le compléter demain.
A part ça, je pense que je n'ai pas d'objection. Ce qui serait
important, c'est qu'on puisse toucher un peu à tout et je vois que
l'éducation des adultes est extrêmement importante et passablement
loin... En écoutant le ministre je n'avais pas les données
devant moi c'est quand même un secteur extrêmement important
qui souffre encore passablement de négligence. Je souhaiterais qu'on
puisse au moins toucher à tout, quitte à aller plus vite sur
certains aspects.
Peut-être que le député de Gaspé a quelque
chose à ajouter à la demande que vous avez faite, M. le
Président, mais j'ai quand même quelques commentaires
préliminaires à faire avant que nous n'abordions des questions
plus précises.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: M. le Président, j'abonde un peu dans le
même sens et j'aurais des remarques préliminaires d'ordre
général. Je ne demanderai pas au ministre de répondre
immédiatement parce que cela va toucher certains programmes, mais je
voudrais peut-être, de façon globale, attirer son attention sur
des points très particuliers, quitte à revenir en cours de route.
Mais le ministre sera déjà prévenu de certaines questions
que je pourrais poser ce matin même.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, justement, avant
d'aborder les réseaux, je souhaitais donner l'occasion à mes
collègues de la commission, tant du côté ministériel
que de l'Opposition, de faire valoir des points de vue, ou encore, de soulever
des questions de portée très générale.
C'est avec plaisir que j'écouterai mes collègues.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le ministre. Nous
convenons qu'on va suivre l'ordre des programmes suggéré par le
ministre, pour la durée de l'étude des crédits. Mme le
député de L'Acadie, je vous donne la parole pour vos commentaires
et vos questions.
Exposés généraux
Mme
Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, on se souviendra que la
première année de l'étude des crédits on
pourra toujours vérifier j'avais abordé l'étude des
crédits d'une façon très compréhensive à
l'égard du ministre de l'Education, sachant fort bien que le ministre
n'ayant été à son poste que pour une période de six
ou sept mois, il ne s'agissait pas, à ce moment-là, de faire des
procès d'intention ou quoi que ce soit, parce que j'avais reconnu la
complexité de tout le domaine de l'éducation. Nous avions
vraiment dialogué sur chacun des sujets, essayant d'apporter des
suggestions constructives, dans la mesure du possible.
L'an dernier, au scandale du ministre, j'ai été un peu
plus agressive dans mes remarques préliminaires, en soulignant entre
autres que l'éducation n'était plus une priorité pour le
gouvernement.
Ce gouvernement est au pouvoir depuis plus de deux ans et demi,
même que la prochaine année scolaire coïncidera à peu
près avec la dernière année de son mandat, à moins
qu'il ne décide de rester en selle pour cinq ans. Je pense qu'il est
peut-être temps qu'on porte un jugement plus général sur
l'attitude du gouvernement à l'égard de l'éducation.
Je pense que c'est un jugement très sévère qu'il
faut poser à ce moment-ci, quand on considère le rang dans lequel
le gouvernement place l'éducation dans l'ordre de ses priorités.
Il faut se rappeler que le gouvernement n'est pas arrivé au pouvoir
particulièrement, je peux parler avec plus de pertinence du
ministère de l'Education que je ne pourrais le faire d'autres
ministères avec une absence totale de données. Au
contraire, quand le ministre est arrivé au ministère de
l'Education, il s'y trouvait une quantité de rapports importants,
volumineux, touchant l'enseignement, l'éducation physique, les enfants
en difficulté d'apprentissage. Le problème des milieux
défavorisés avait déjà fait l'objet d'une
consultation. Même le livre vert, il y en avait eu une première
ébauche. Il y avait le rapport POLY. Il y avait des rapports sur la
décentralisation. Il y avait des rapports sur l'enseignement
élémentaire, l'enseignement secondaire, les différents
personnels. Enfin, j'en passe, mais je pense que les fonctionnaires du
ministère de l'Education seront probablement d'accord que tout... Il y
avait le livre, le rapport Nadeau sur l'enseignement collégial.
Evidemment, c'était de bonne guerre pour le gouvernement de tout
répudier ces livres en disant: Cela, c'est... Mais je dirai quand
même que le ministre ne les a pas répudiés, il en a reconnu
le bien-fondé dans un grand nombre de cas et je pense que, par exemple,
la politique qui est sortie au cours de l'année touchant les enfants en
difficulté d'apprentissage reprenait, sous une forme peut-être
plus synthétisée, mais dans ses grandes lignes le rapport COPEX
qui était un autre rapport dont le gouvernement avait
hérité à son arrivée au pouvoir.
Ceci dit, il est évident, comme le signalait le ministre de
l'Education tout à l'heure, que nous ne sommes plus à discuter
d'hypothèses, puisqu'il y a des livres qui ont été
déposés, mais il reste que, pour nous et pour la population,
toutes ces choses sont encore à l'état de livres. J'aimerais ici
citer je l'ai fait en réponse au discours inaugural cet
extrait de la revue Prospectives, un article de Paul-
Emile Gingras, qui faisait à mon point de vue une
appréciation assez juste des livres. J'avais dit, à ce
moment-là, que le ministère de l'Education, à
défaut de ressources financières, avait dû se tourner vers
la publication de livres qui ont été multiples, si on tient
compte de ceux qui ont déjà été publiés et
si on tient compte de ceux qui sont à venir.
Ainsi, M. Gingras disait: "Les livres sont le lieu des bilans rapides,
des orientations, des consultations. On leur croit le pouvoir d'exorciser les
écoles. Ici. l'on confesse; là, on affirme sa volonté de
redresser, de contrôler, de reprendre. C'est écrit, cela se fera.
Est-ce stratégie ou naïveté? Le peuple peut réagir
devant les orientations, les ministres peuvent ensuite agir à leur
guise, reformer à la pièce. On consulte sur des orientations, on
adopte des mesures, on donne des directives." Je pourrais ajouter: Tout
simplement, on n'agit pas, mais on a créé l'impression dans la
population qu'il se passe beaucoup de choses à l'éducation. De
toute façon, nous aurons l'occasion de revenir plus en détail sur
le plan d'action qui a suivi le livre vert sur l'enseignement
élémentaire et secondaire, de même que le livre blanc sur
l'enseignement collégial.
Pour l'enseignement universitaire, ce fut là un des premiers
engagements, si je ne m'abuse, à l'occasion du premier discours
inaugural en mars 1977, à savoir qu'il y aurait une commission
d'étude sur les universités. On attend toujours le rapport. Il
devait être remis il y a déjà au moins quelques mois. Il
aurait probablement fallu que je pose une question à l'Assemblée
nationale pour me faire dire qu'on avait accordé un sursis, mais, de
toute façon, aux dernières nouvelles, il ne sera pas remis avant
la fin de juin. Quand on sait le laps de temps qui s'écoule entre le
dépôt d'un livre et la mise en place des recommandations qui
peuvent s'y trouver et, dans certains cas, la consultation qui doit y faire
suite, on sait fort bien que ceci occupe beaucoup de gens, mobilise beaucoup
d'énergie, mais que, dans la vie concrète des écoles, il
n'y a pas beaucoup de concrétisation des bonnes intentions qui sont
exprimées dans les livres.
D'abord, pour la question du budget... Là-dessus, j'aimerais que
le ministre, qui a à sa disposition un équipement
considérable pour faire les calculs que je n'ai pas, nous explique
comment il peut dire... on l'a entendu dire tout à l'heure, alors
que certains s'étonnent ou veulent critiquer le fait que le gouvernement
ne met pas de crédits supplémentaires à la disposition de
l'éducation en fait, nous assistons à une augmentation de
$100 millions touchant toute l'éducation, et ceci, en dépit du
fait d'une diminution de 4% de la population. Il serait intéressant tout
à l'heure que le ministre ou ses fonctionnaires nous disent exactement
à quoi ces $100 millions correspondent. Je sais qu'il est à
l'intérieur des livres, mais il faut aussi tenir compte du fait qu'il y
a à peu près $260 millions ou $235 millions vous me
corrigerez qui doivent être ajoutés aux crédits,
compte tenu de l'impôt foncier scolaire, maintenant, dont une partie, au
moins pour une demi-année, c'est-à-dire jusqu'en décembre
ou janvier, sera assumée par le ministère et, évidemment,
les 100% à partir de janvier, moins les dépenses
inadmissibles.
Il faudrait aussi tenir compte de l'application des conventions
collectives et des indexations qui sont prévues aux salaires, qui doit
aller chercher aussi une somme assez considérable. Alors, si l'on tient
compte de ces deux facteurs, entre autres, on peut se demander, au total,
même si on tient compte de la diminution de la population, s'il y a, en
fait, une augmentation véritable ou de l'argent neuf mis dans
l'éducation. Là-dessus, je concéderai qu'il a
été prévu au budget une somme de $16 millions pour la mise
en place du plan d'action à l'élémentaire, qui
m'apparaît de l'argent nouveau, mais en termes absolus, compte tenu de la
diminution de la population, des nouvelles obligations du gouvernement à
l'égard de l'impôt foncier scolaire ou du financement des
commissions scolaires et compte tenu de l'indexation des salaires, je me pose
des questions très sérieuses, à savoir si en fait on ne se
trouve pas devant une diminution en chiffres absolus, de l'argent
consacré à l'éducation. C'est sans doute ce qui a fait
dire au président de la CEQ qu'à l'élémentaire et
au secondaire... Au chapitre de l'enseignement, il déplorait des
réductions en chiffres absolus respectives de 0,8% du
budget de l'enseignement élémentaire et secondaire et de 3,6% du
collégial public. Ce serait intéressant de savoir si les
commentaires de M. Gaulin s'avèrent justes. Comme je l'ai dit tout
à l'heure, le ministère pourra nous donner des explications
supplémentaires là-dessus.
Et même si le ministre nous dit qu'on continue d'investir des
sommes dans l'éducation ou même laisse entendre qu'il s'agit
d'augmentation des sommes consacrées à l'éducation, je
dois ici dénoncer, et le faire très sérieusement, le refus
du ministère ou du gouvernement de vouloir indexer les dépenses
courantes des commissions scolaires. Je dois ici faire une parenthèse
pour souligner que les fonctionnaires qui ont préparé les trois
bouquins ou les trois dictionnaires pour l'étude des crédits
l'ont fait d'une façon très honnête et ils signalent
très pertinemment qu'il n'y a pas eu d'indexation des dépenses
des commissions scolaires. On sait fort bien que nous sommes probablement
rendus à une augmentation des dépenses courantes de 30% avec
non-indexation depuis près de quatre années, la première
ayant été sous le gouvernement libéral. Mais, comme je le
faisais remarquer l'an dernier, je pense que dans une administration publique
on peut, pendant une année, peut-être deux, se permettre ceci pour
essayer de rationaliser, de resserrer parfois les tendances de la Fonction
publique ou parapubli-que à prendre beaucoup de place, mais je pense
qu'on ne peut pas le faire indéfiniment.
Je dois la citer une fois de plus parce que je la trouve tellement
irresponsable et, comme quelqu'un le faisait remarquer, le ministre des
Finances peut faire montre de beaucoup d'humour,
mais l'humour a ses limites quand, finalement, les conséquences
en sont très sérieuses. J'aimerais rappeler la déclaration
du ministre Parizeau, lors de la conférence Québec-commissions
scolaires, qui tentait de justifier cette non-indexation des dépenses
courantes c'était loin d'être la première
année il disait: "Je suis parfaitement conscient que le prix de
l'huile à chauffage augmente je trouve que c'est une perle,
ça pourrait même aller sur une pierre tombale mais si je
fais comme si cela n'augmentait pas, c'est-à-dire si je ne compense pas
les commissions scolaires pour l'augmentation du prix du mazout, c'est que je
veux les forcer, chaque fois qu'elles sont tentées par l'embauche de
cadres ou de secrétaires supplémentaires, à y penser deux
fois, parce qu'elles ne disposent vraiment pas de suffisamment d'argent pour
payer leur huile à chauffage ou leur compte d'électricité.
Je reconnais que le procédé n'est pas brillant
c'était beaucoup d'humilité de la part du ministre mais il
faut reconnaître aussi qu'il fonctionne; seulement, il est tout à
fait aveugle."
J'avais vu dans cette déclaration du ministre des Finances, parce
que j'assistais à cette conférence commissions scolaires et
gouvernement, une prise de conscience il en était fort conscient
quand il l'a mise en application mais, au moins, une annonce que pour
l'année qui arrivait, on allait consentir à une indexation des
dépenses courantes. Le fait que la même chose se
répète, je me dis: Est-ce qu'il veut confirmer sa complète
résistance à accorder les fonds nécessaires à
l'éducation? Je n'ose pas utiliser d'autres termes parce que je
reconnais quand même... il dit que le procédé n'est pas
brillant, je n'oserais pas dire cela du ministre parce qu'il faut quand
même reconnaître que le ministre a des aptitudes, mais on pourrait
joliment se payer la tête du ministre devant une déclaration
semblable qui débouche sur une répétition des mêmes
gestes qu'il déplore lui-même.
D'ailleurs, j'ajouterai que, contrairement aux affirmations du ministre
des Finances, ce refus d'indexation ne cause pas de non-engagement de cadres ou
de secrétaires supplémentaires, mais, dans les faits, cela
entraîne la coupure de services pédagogiques essentiels:
conseillers pédagogiques, orienteurs professionnels,
développement et mise à jour des services de bibliothèque
et ceci, même quand la population ne diminue pas dans une commission
scolaire donnée.
Le lendemain du dépôt du budget, j'avais l'occasion
d'aborder avec le ministre des Finances, en commission plénière,
cette question. Il a admis que, oui, peut-être que dans le cas des
commissions scolaires, où la population ne diminuait pas, son approche
était moins bonne. Je vous dis qu'elle est la même dans le cas des
autres commissions scolaires qui ont aussi à subir les coupures
administratives qui doivent normalement suivre la diminution des
élèves.
Là-dessus, je voudrais également souligner ce point que
j'ai revu dans le livre des crédits. Je me souviens qu'il y a quelques
années, j'occupais alors un autre poste, j'avais fait des démar-
ches peut-être que certains s'en souviendront auprès
du ministère de l'Education pour qu'on compense la diminution des
élèves pour ralentir le choc financier qui était
imposé, surtout dans le cas des commissions scolaires qui subissaient
des pertes considérables. C'était notamment le cas de certaines
commissions scolaires de l'île de Montréal. Au bout de quelques
années, on a finalement obtenu que, pour les dépenses
d'entretien, on accorde pendant un an une compensation de 50% du coût des
dépenses d'entretien par élève en moins. Ce que je viens
d'apprendre, c'est qu'on fait la même chose là où les
commissions scolaires augmentent. Cela prend seulement le ministre des Finances
pour penser à un truc comme cela.
Si vous avez une commission scolaire dont la population augmente, disons
de 50 ou de 100, je pourrais voir que, dans une année, on puisse
absorber cela à même le budget général. Mais quand
vous avez des commissions scolaires où on a augmenté de quelques
milliers d'élèves, c'est toujours la pratique, pendant un an, du
50%, on ne leur donne pas 100% per capita, on leur donne 50%. Le même
raisonnement s'applique à l'inverse. (10 h 45)
Je n'ai jamais vu des calculs comme ça et je ne comprends pas.
D'ailleurs, on ne nous l'avait pas souligné l'an dernier, au moment de
l'étude des crédits. Cette année, on le souligne, c'est
assez intéressant, c'est par hasard que je l'ai appris. Dire et
prétendre que le gouvernement j'attaquerai davantage le
gouvernement que le ministère de l'Education, parce que celui-ci suit,
je suppose, les directives qui viennent du grand trésorier de la
province . Encore qu'il faut peut-être se poser la question:
Jusqu'à quel point le ministre de l'Education doit-il
indéfiniment laisser une place de second choix à
l'éducation dans le choix des priorités que le gouvernement ou le
ministre des Finances peut faire?
Quand on suit le raisonnement du ministre des Finances, à savoir
la non-indexation des dépenses, c'était assez intéressant
de le voir, lorsqu'on le questionnait sur l'augmentation du nombre de millions
au ministère des Communications; il se lève, il proteste qu'il y
a une augmentation de $4 millions pour les téléphones. "Si Bell
Canada augmente ses tarifs, est-ce ma faute"? Telles étaient les paroles
du ministre des Finances. "La Bell", comme il l'a dit, augmente aussi ses
tarifs dans les dépenses courantes des commissions scolaires, mais le
gouvernement peut dire: J'ai une augmentation de $4 millions pour les frais de
téléphone, nous votons $4 millions de plus. Mais, pour tous les
autres il y en a des téléphones dans les commissions
scolaires aussi ça ne compte plus. Le ministre des Finances, qui
est à même l'assiette, justifie sans broncher qu'il y a une
augmentation de $4 millions pour les frais de téléphone pour le
gouvernement et qu'il est normal qu'on y ajoute $4 millions. Que fait-il de
toutes les autres dépenses? Il coupe l'indexation année
après année.
Je voudrais également faire remarquer je l'ai
déjà dit à l'Assemblée nationale que,
évidemment, tout le raisonnement est basé sur le fait qu'il y a
diminution de la clientèle scolaire. Ceci explique la baisse des
investissements, etc. Je déplore qu'alors que les commissions scolaires
doivent se serrer la ceinture elles le doivent jusqu'à un certain
point, pour tenir compte de la diminution de la clientèle scolaire,
là-dessus, je ne me chicanerai pas avec le ministre les
dépenses d'entretien continuent, l'achat du matériel didactique,
les frais continuent.
J'étais fort heureuse d'entendre l'autre jour le ministre des
Affaires culturelles qui, tout à coup, vient de réaliser que les
bibliothèques scolaires sont pauvres. Je comprends qu'elles sont
pauvres. Quand il faut chauffer une école ou acheter un livre, il n'y a
plus de choix de priorités. On chauffe l'école et on
n'achète pas de livres. C'est aussi simple que cela.
Ce que je voulais dire, c'est que cette diminution de la
clientèle scolaire qui affecte les commissions scolaires, je voudrais
savoir à quel moment elle va affecter les effectifs du ministère
de l'Education. On se souviendra je n'ai pas eu le temps de revoir
à quel moment que le ministre je pense que c'était
encore M. Martin qui était sous-ministre l'an dernier, au moment de
l'étude des crédits est-ce que je me trompe? Oui,
c'était M. Martin, avait dit qu'on avait prévu une
diminution de 1% des effectifs au ministère de l'Education. Quand vous
regardez les chiffres, non seulement il n'y a pas eu une diminution de 1%, ils
ont augmenté durant l'année et on prévoit les augmenter
encore durant l'année qui vient, avec une variation de 2,4%. Tout ceci,
non pas pour faire de la décentralisation, mais pour faire de la
déconcentration. A aucun moment, dans les livres des crédits, on
ne parle de décentralisation, mais les investissements pour personnes
nouvelles, sauf et je ferai deux exceptions: il y a des personnes
prévues pour l'intégration des enfants en difficulté
d'apprentissage, une centaine de personnes prévues, si je ne m'abuse, ce
qui équivaudra à un budget de $3 millions à $4
millions.
Il y a également 35 personnes prévues pour l'encadrement
dans les grosses écoles polyvalentes, mais, quand on voit que le
ministère de l'Education continue d'augmenter ses effectifs, je poserai
une question très précise au ministre: Est-ce qu'on peut me dire,
depuis 1970 je l'ai retrouvé depuis 1975 quelle a
été la proportion de la diminution des élèves au
Québec, pour l'ensemble du Québec, je parle de
l'élémentaire et du secondaire? Quelle a été la
diminution proportionnelle des effectifs du ministère de l'Education? Je
ne répéterai pas ce que j'ai dit, ce n'est pas de personne
à personne, mais il faudrait au moins qu'il y ait un reflet de cette
diminution des effectifs au ministère de l'Education; non seulement
cette bonne intention du 1% n'a pas été respectée, mais
les chiffres ont augmenté un peu durant l'année en cours et on se
propose de les augmenter à nouveau durant l'année 1979/80.
M. Morin (Sauvé): Si je comprends bien, madame, les
commissions scolaires ne devraient pas voir diminuer leurs moyens, seul le
ministère devrait subir ces amputations.
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre, je voudrais, et ce serait fort
intéressant qu'on fasse une étude, je pense que ce ne serait pas
une étude qui demanderait des frais supplémentaires, pour savoir
de quelle façon, dans quelle proportion, l'administration des
commissions scolaires, qui ont été le plus touchées par la
diminution des élèves, a diminué son personnel, mis
à part les enseignants et les directions d'écoles qui
répondent à des normes particulières, et dans quelle
proportion le ministère de l'Education a diminué ses effectifs,
compte tenu de la diminution des effectifs des étudiants ou des
élèves dans l'ensemble de la province.
Je pense que ce n'est probablement pas exagéré, les
sous-ministres pourront me le confirmer plus tard, de dire qu'on a, au niveau
de la province, une diminution d'élèves de 25%. C'est
peut-être davantage, mais je pense que ce n'est pas exagéré
de parler de 25%.
Est-ce que c'est ça?
M. Morin (Sauvé): 4% par année en moyenne...
Mme Lavoie-Roux: Depuis 1970.
M. Morin (Sauvé): Depuis 1974, à ma connaissance.
Avant ça, c'était peut-être un petit peu moins.
Mme Lavoie-Roux: Cela s'est fait sentir surtout dans la
région montréalaise pour commencer...
M. Morin (Sauvé): II y a une accélération de
la diminution.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas exagéré de parler de
25%, je pense, de situer entre 20% et 25% la diminution.
M. Morin (Sauvé): Cela dépend à compter de
quelle année on calcule.
Mme Lavoie-Roux: Si vous voulez calculer, on fera les calculs
à partir de 1974, si vous voulez, je n'ai pas d'objection.
Je pense qu'à un moment où on parle de
décentralisation, et Dieu merci, on en parle depuis plusieurs
années, il faudrait commencer par décentraliser vers les
commissions scolaires, vers les écoles. La décentralisation n'est
pas de transporter le ministère de la rue La Chevrotière à
la rue Fullum, à Montréal, ce n'est pas de la
décentralisation. Je voyais dans les journaux, la fin de semaine du 17
mars 1979, par un pur hasard, parce que je dois vous dire que je ne regarde pas
souvent les demandes publiées dans les journaux
touchant les carrières et professions... Pour le moment, je ne
suis pas encore à la recherche d'emploi. Comment se fait-il que, cette
fin de semaine, j'aie vu ça? Personne ne me l'avait signalé. Dans
la Presse du 17 mars 1979, il y avait une page complète: Concours de
recrutement, Commission de la fonction publique du Québec, concours pour
le ministère de l'Education.
Je ne veux pas discuter du bien-fondé des postes qui sont
créés, ils peuvent répondre à des besoins nouveaux
et, là-dessus, je ne chicanerai pas. Mais quand vous calculez, il y
avait 20 postes dont les salaires variaient entre $20 000 et $28 000, ce qui
voulait dire que, dans cette seule fin de semaine, il y avait des offres, en
mettant une moyenne de $25 000, avec toutes les dépenses que ces postes
peuvent impliquer, je pense qu'on avait déjà là un
demi-million de dollars.
Peut-être que le ministre pourra nous donner des réponses
là-dessus. N'y a-t-il pas des gens qui peuvent, à
l'intérieur du ministère, être recyclés? N'y a-t-il
pas suffisamment de ressources à l'intérieur du ministère
pour les diriger ailleurs? Je l'ignore.
Nous aurons l'occasion, au moment de l'étude un peu plus... pas
approfondie, parce que le temps ne nous le permet pas, à ce moment-ci
mais au moment où on pourra poser quelques questions sur le plan
d'action de l'enseignement élémentaire et secondaire de revenir
sur certains sujets. Mais je dois, au moment de ces remarques
préliminaires, déplorer que l'enseignement professionnel ait
encore été laissé pour compte. Nous sommes à
développer une politique de l'enseignement professionnel me direz-vous.
Pour les milieux défavorisés, vous êtes encore à
élaborer la politique. Elle n'est pas encore définitive. Surtout,
quand on tient compte de l'accessibilité aux études
collégiales, on voit encore la difficulté d'accessibilité
de la majorité des élèves qui sortent du secondaire et on
voit l'inaction du gouvernement dans les milieux défavorisés.
Sans doute que le ministre va me rétorquer qu'on passe de $5 millions
à $5 500 000, mais je pensais que l'an dernier on était à
$5 500 000. Y a-t-il eu des crédits périmés? On pourra me
répondre tout à l'heure.
L'enseignement aux adultes. Depuis plusieurs années, on parle
d'établir une politique de l'enseignement aux adultes. On y a
touché un peu dans le livre blanc sur les CEGEP. Mais il reste que,
encore une fois, il y a des groupes particuliers de notre société
qui sont mal servis par l'enseignement aux adultes. Que l'on songe aux moins
scolarisés, que l'on songe aux analphabètes, que l'on songe aux
femmes, que l'on songe aux handicapés. Il y a encore une grande
proportion des citoyens de notre société qui ne sont pas servis
par l'éducation aux adultes.
Comme quelqu'un le faisait remarquer je lisais cela dans une
revue on parle d'éducation aux adultes tout en rêvant
d'éducation permanente. On est encore bien loin d'une politique
cohérente de l'éducation des adultes et, évidemment,
encore bien plus loin de l'élaboration du concept de l'éducation
permanente.
Là-dessus, j'ouvrirai une parenthèse pour parler des OVEP.
J'aurais pu arriver à l'Assemblée nationale et dénoncer
l'attitude du ministère de l'Education à l'égard des OVEP.
Tous les députés ont reçu des lettres et des
représentations nombreuses des organismes volontaires d'éducation
populaire à qui on a coupé les vivres, même s'ils se
consacrent à l'éducation populaire. Le ministre pourra nous
donner des explications un peu plus tard.
Le sentiment que la population a à l'égard des OVEP... si
le ministre accepte de nous donner les critères sur lesquels il se base
pour la distribution des subventions aux organismes volontaires
d'éducation populaire, on pourra peut-être mettre de
côté ce sentiment qu'a une partie de la population selon lequel
ces subventions sont accordées de façon
discrétionnaire.
Je voudrais dire un mot de l'intégration des enfants en
difficulté d'apprentissage. Je veux ici signaler le fait que l'accent
semble devoir être mis, d'après l'étude que j'ai faite des
crédits, sur le préscolaire. Je pense que ceci est une initiative
dont il faut féliciter le gouvernement. C'est peut-être la seule
où j'aurai à lui adresser des félicitations. Et c'est
peut-être dû au fait que sa politique sur les enfants en
difficulté d'apprentissage a fini par aboutir.
Il y a également cette disposition pour les plus
âgés, mais il reste quand même que les ressources qui seront
mises à la disposition des écoles, des commissions scolaires,
pour faciliter l'intégration des enfants en difficulté
d'apprentissage sont nettement insuffisantes. Sauf l'ajout d'un responsable
dans chacune des commissions scolaires de 4000 et plus, que fait-on pour
assurer la diversité du personnel qui sera requis pour favoriser cette
intégration des enfants en difficulté d'apprentissage que l'on
veut de plus en plus intégrer au secteur régulier? Il y a $6
millions, mais c'est une goutte d'eau, compte tenu du problème qui
subsiste depuis plusieurs années. (11 heures)
II faut également, je pense, déplorer le fait que, du
côté des recommandations du Conseil consultatif du statut de la
femme, il semble que le ministère de l'Education traîne encore de
l'arrière. Je lui rendrai quand même hommage pour le fait que,
dans le plan d'action, on prévoit que le cours d'exploration technique
et le cours d'initiation aux sciences familiales je ne sais pas s'il
porte encore ce nom-là seront offerts indifféremment du
sexe. Les garçons et les filles devront les suivre, en secondaire I et
secondaire II.
Je pense que c'est là un pas dans la bonne direction, mais on est
encore loin de toutes les responsabilités que le ministère de
l'Education devrait assumer au point de vue des recommandations mises de
l'avant par le Conseil du statut de la femme. Le ministre pourra
peut-être nous dire plus tard s'il y a d'autres initiatives qui devraient
voir le jour sous peu. Je peux simplement me référer à ce
premier bilan des engagements des ministères paru dans le Devoir du 8
février 1979, dans lequel on dit: "Le ministère de
l'Education
est l'un de ceux qui ont reçu la plus lourde charge touchant les
recommandations du livre Egalité et indépendance. Plusieurs
recommandations sont déjà en application je serais
heureuse de savoir lesquelles sur un certain nombre d'autres, le MEQ
interviendra assez rapidement, mais, pour une grande partie, il a
exprimé la nécessité d'entreprendre des recherches
exploratoires pour une action éventuelle qui s'intégrerait dans
la structure du ministère et du milieu de l'éducation qui en est
un fort complexe."
Je suis très heureuse de revoir tous les fonctionnaires du
ministère de l'Education, de revoir Mlle Baron, mais il semble
qu'après trois ans, les femmes soient toujours
représentées d'une façon aussi minoritaire. Elles sont
représentées au moins par la qualité, mais certainement
pas par la quantité. Cela, le ministre conviendra que ce n'est pas la
première année que je soulève ce problème-là
et ceci rejoint toutes les mesures que le ministère devrait prendre
particulièrement touchant l'éducation des adultes, touchant les
programmes, touchant l'orientation dans les écoles, mais je laisserai le
ministre nous en parler.
Il y a un autre point sur lequel je veux attirer l'attention du
ministre. Ce sont les mesures prévues dans le budget touchant
l'encadrement des étudiants. On prévoit environ, je pense, 35
adjoints dans les écoles polyvalentes pour l'ensemble de la province. Je
pense que le ministre est d'accord qu'une priorité dans son plan
d'action devait être accordée à l'encadrement. Sans doute,
il y en a, suite à l'application de la dernière convention
collective, mais si on veut vraiment améliorer la qualité de la
vie à l'intérieur des écoles polyvalentes et, d'ailleurs,
de toutes les écoles, le problème de l'encadrement, même
s'il y a une légère amélioration suite à la
dernière convention, demeure un point extrêmement important et
devrait recevoir une attention beaucoup plus considérable de la part du
gouvernement que ce petit montant qui est probablement de l'ordre de $1 million
qu'on accorde en montant supplémentaire pour l'encadrement des
élèves.
Egalement, je disais tout à l'heure un mot sur le problème
des milieux défavorisés. On prévoit une somme de $330 000
pour des mesures touchant les problèmes d'absentéisme et les
problèmes des "décrocheurs". Je pense que, là encore,
quand on considère la population secondaire de la province, il s'agit
d'un montant franchement ridicule. Contre ces deux montants, je
m'élève au nom des principes que je juge extrêmement
importants d'améliorer, d'une part, la démocratisation de
l'enseignement et d'assurer une meilleure accessibilité non seulement au
niveau de l'élémentaire ou du début du secondaire, mais
même jusqu'au niveau collégial. Je m'explique mal que le
gouvernement n'ait pas consenti des sommes plus importantes au moins à
ces deux rubriques.
L'an dernier, j'avais fait des reproches, peut-être pas des
reproches, mais j'avais taquiné le ministre de l'Education sur la
longueur de ses propos d'introduction. J'ai l'impression que j'ai, sans le
vouloir, pris sa place cette année, je m'en excuse. J'achève, de
toute façon. Je voudrais simplement dire un mot de l'enseignement
collégial où, évidemment, nous avons un livre blanc qui a
été déposé à l'automne, même s'il a
été déposé avec retard. Il y a dedans des choses
qui sont bonnes, mais il faudra, et je presse le ministre de le faire le plus
rapidement possible, convoquer une commission parlementaire pour entendre les
réactions des principaux intéressés au livre blanc.
Il est regrettable que l'on ne l'ait pas prévue avant la fin de
l'année collégiale, de l'année scolaire. Avec la fin de
l'année dans les CEGEP, les étudiants, qui sont quand même
largement touchés, compte tenu de l'âge qu'ils ont au moment
où ils se retrouvent au niveau collégial, pourront ce sera
difficile participer à une commission parlementaire qui
traiterait de l'enseignement collégial. Nous y reviendrons au moment
où nous discuterons des CEGEP. Je ne veux pas m'étendre
inutilement là-dessus, mais simplement soulever en passant la question
de la survie du Conseil supérieur de l'éducation.
Je suis fort heureuse de voir que non seulement le Conseil
supérieur de l'éducation, mais que d'autres organismes se posent
des questions très sérieuses quant à la conversion du
Conseil supérieur de l'éducation en un conseil qui ne se
préoccuperait que de l'élémentaire et du secondaire, alors
que, depuis plusieurs années, enfin depuis de multiples années,
on déplore le manque de liens entre les divers niveaux d'enseignement,
élémentaire, secondaire, collégial et universitaire. Je
pense qu'au moment où on devient de plus en plus conscient de cette
nécessité d'établir des liens entre ces trois niveaux, on
se prépare à saborder le Conseil supérieur de
l'éducation. On pourrait conserver le Conseil supérieur de
l'éducation, même si on prévoyait un Conseil des
collèges avec des fonctions particulières, mais on aura
l'occasion d'y revenir.
Pour ce qui est de l'enseignement universitaire, je le mentionnais tout
à l'heure, le rapport nous viendra, j'imagine, à la fin de juin,
ce qui veut dire que toute action ultérieure sera reportée
d'autant, probablement à une autre année, mais je regrette d'une
façon plus particulière que la partie traitant de la formation
des maîtres, qui est un des mandats qui avaient été
confiés à cette commission des études sur les
universités, n'ait pu être rendue publique plus rapidement, parce
que, qu'on le veuille ou non, il y a une association entre tout ce
problème de la formation des maîtres et le plan d'action que le
ministre veut opérationaliser d'ici quelques années. Là
comme ailleurs, les subventions à l'université ne sont pas
suffisantes. Les universités s'en plaignent. Sans aucun doute, le
ministre nous rétorquera qu'on dépense plus ici au Québec
qu'en Ontario, ou qu'on dépense autant. Par contre, dans un article ou
une conférence que le recteur de l'Université de Montréal,
M. Lacoste, donnait il y a quelque temps devant le club Kiwanis, on disait: "Si
la clientèle francophone a un peu plus que doublé au premier
cycle universitaire entre 1967 et 1975, alors que le nombre d'étudiants
à temps partiel s'est multiplié
par sept environ, au cours de la même période, il n'en
reste pas moins que l'écart entre le Québec et le reste du Canada
dans le pourcentage de ceux qui détiennent un diplôme
universitaire s'est accru au cours des dernières années.
Même au Québec, le rattrapage ne s'est pas encore fait entre les
universités françaises et les universités anglaises. Le
taux de fréquentation universitaire chez les jeunes de 18 à 24
ans demeurait presque trois fois plus élevé chez les anglophones
que chez les francophones." Dans des chiffres qu'il donnait lors de cette
conférence, M. Lacoste ajoutait: "Si on examine les dépenses de
fonctionnement pour l'enseignement, le coût moyen par étudiant
était, en 1976/77, de $4659 au Québec, alors qu'il atteignait
$4997 en Ontario." C'est vrai qu'on a fait des progrès, mais je pense
qu'on est à marquer un point d'arrêt dans l'éducation. Je
suis sûre que le ministre le comprend. Ce que je voudrais, c'est qu'il le
fasse comprendre à son gouvernement.
Les grands progrès qui ont été faits en
éducation, du point de vue de la scolarisation, de
l'accessibilité, de l'innovation pédagogique, de nouveaux
services qui sont donnés à la population en
général, je pense qu'il faut bien admettre que tous ces efforts
ont été faits sous l'ancien gouvernement et même... Je
pourrais citer aussi nombre de ses faiblesses alors qu'il était au
pouvoir, même dans le domaine de l'éducation, mais, à ce
moment-ci, cette poussée qu'on connaissait ne continue plus. On est dans
un état stationnaire et, quand on devient dans un état
stationnaire, il y a de forts risques de reculer. Même si on peut, comme
collectivité, se féliciter des énormes progrès
qu'on a faits dans le domaine de l'éducation, il ne faut pas oublier que
l'on partait de loin, qu'on avait des rattrapages formidables à faire,
que ceux-ci ne sont pas encore complétés dans bien des domaines
et que c'est pour ça que le gouvernement ne peut se permettre d'accorder
continuellement une priorité de quatrième ou de cinquième
ordre à tout le domaine de l'éducation.
M. le Président, je vais terminer ici mes remarques. Nous aurons
l'occasion d'y revenir.
Après ces remarques préliminaires, je veux assurer le
ministre de ma collaboration, pour l'étude des différentes
rubriques que nous examinerons, en vue de continuer, en dépit du peu de
progrès qui s'accomplit d'année en année, d'avoir une
discussion constructive, de faire des suggestions. Le ministre se souviendra,
par exemple, que, dans l'enseignement professionnel, l'an dernier, je lui en
avais fait. On est encore au même point.
Je pense qu'en conclusion, je pourrais dire qu'il y a eu une
foulée de discussions, il y a eu une foulée de livres, mais on
est encore loin de la foulée des actions dans tout le domaine de
l'éducation qui, normalement, devrait faire suite à toutes ces
discussions et à tous ces livres dont on parle tant.
Je m'en voudrais, en terminant, de ne pas remercier les fonctionnaires
du ministère de l'Education qui, comme à l'accoutumée
et je crois comprendre que nous sommes privilégiés
à l'étude des crédits du ministère de l'Education
pour la préparation toujours très exhaustive qu'ils nous
donnent pour qu'on puisse faire l'étude la plus cohérente
possible des problèmes de l'éducation et des crédits de
l'Education.
M. Morin (Sauvé): C'est beaucoup mieux que sous l'ancien
gouvernement.
Mme Lavoie-Roux: Je vous en félicite, M. le ministre, et
peut-être pourriez-vous influencer les autres ministères
où, me dit-on, on est bien loin de la performance du ministère de
l'Education à cet égard. Je ne suis pas ici pour discuter des
autres.
Je voudrais également en profiter pour les remercier de la
collaboration qu'ils nous accordent au cours de l'année quand il y a un
problème qui survient et qui ne touche pas nécessairement un
électeur de notre comté, mais une partie de la population ou des
électeurs, des citoyens du reste de la province. J'ai toujours senti un
désir, dans la mesure de leurs ressources, d'accorder, enfin, de trouver
des solutions, quand ils le peuvent, aux différents
problèmes.
Il n'y a qu'un aspect que je n'ai pas abordé et qui, pourtant,
devait faire partie de mon entrée en matière. C'était la
politique des dernières petites écoles de village et urbaines,
mais je pense que, pour le moment, je vais m'arrêter à ceci. J'ai
suffisamment dit ce que je pensais.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Merci, Mme le
député de L'Acadie.
M. le député de Gaspé.
M. Le Moignan: Merci, M. le Président. M. Michel Le
Moignan
Dans mes remarques préliminaires, évidemment, je n'ai pas
l'intention de toucher chacun des points mentionnés par Mme le
député de L'Acadie et, volontairement, je vais essayer
d'organiser mon exposé pour ne pas faire un double emploi.
Maintenant, je voudrais également, à mon tour,
féliciter le ministre et tous ses officiers pour ces trois cahiers
très imposants, très importants, très bien
rédigés, et je crois que ceci nous permet, d'année en
année, de mieux suivre le travail qui se fait dans le domaine de
l'éducation. Si je voulais rappeler un vieux souvenir au ministre, qui
va très bien comprendre, je pourrais lui dire: Perge quo coepisti. Pour
ceux qui ne comprennent peut-être pas, c'est: Continuez dans la
même veine ce que vous avez déjà commencé; c'est une
traduction large. (11 h 15)
M. Morin (Sauvé): Nous tenterons de faire comme vous nous
le recommandez.
M. Le Moignan: Vous avez souvent de très beaux
désirs, de très belles intentions, mais je sais que ce n'est pas
toujours facile de mettre en application tous vos grands principes.
M. le Président, sans vouloir minimiser la valeur et l'importance
de tous les ministères qui constituent le gouvernement du Québec,
on sait
très bien, et cela depuis toujours, que le système
d'éducation d'une nation, c'est certainement ce qu'elle a de plus
précieux. C'est par son système d'éducation qu'un peuple
peut transmettre d'une génération à l'autre tous les
courants fondamentaux de la culture qui le spécifient et le distinguent.
On sait très bien que dans tous les pays du monde une très grande
attention est apportée à ce point et que c'est par
l'éducation qu'on va réellement reconnaître la valeur et la
richesse d'un peuple.
C'est encore ce système d'éducation qui va permettre
à cette culture d'évoluer et de s'enrichir. On sait très
bien que c'est par l'éducation, au sens large du mot, qu'on va former
les chefs, les penseurs, les techniciens, en somme, les hommes et les femmes
qui sont requis pour permettre à notre société non
seulement de se maintenir, mais aussi d'agencer son organisation sociale de
façon qu'elle puisse répondre au mieux-être de toute la
population du Québec.
On sent très bien chaque année, quand on aborde les
crédits de l'Education, l'importance que notre peuple accorde à
l'éducation, non seulement à cause du budget qui y est
consacré, 25% de tout le budget de la province, mais aussi à
cause des nombreux effectifs, des milliers et des milliers de professeurs, de
fonctionnaires, en somme, une armée de personnes qui essaient d'apporter
leur collaboration pour que l'éducation soit la plus efficace possible
et qu'en même temps elle puisse répondre à l'attente de
tous les citoyens.
On sait très bien que le but d'un gouvernement... quand on parle
d'éducation, on ne peut pas oublier qu'il y a l'enfant. C'est pour
l'enfant et aujourd'hui ce n'est pas seulement l'enfant, c'est même
l'adulte puisque l'éducation commence à la
prématernelle... Depuis dix ou quinze ans, il est agréable de
constater que le nombre d'adultes augmente de plus en plus à travers la
province, surtout dans les régions défavorisées, ce qui
leur permet non seulement de se cultiver, non seulement de rattraper le temps
perdu puisque les avantages n'existaient pas alors qu'ils étaient
déjà, il y a quinze ou vingt ans, dans le système
scolaire, mais ça leur permet aussi d'acquérir les connaissances
de base et, si la scolarisation augmentait au Québec... si on dit que
nos gens sont plus instruits, plus cultivés, il y a une certaine
distinction à faire et je crois que c'est dans la classe adulte que
cette réaction se fait le plus vivement sentir.
On sait très bien que pour maintenir une société
bien alerte, bien vivante, c'est son système d'éducation qui va
être le moteur le plus efficace. Quand on parle des mécanismes de
socialisation, de récupération sociale et d'intégration
sociale, évidemment, on englobe non seulement les gens normaux, mais
aussi les handicapés, les gens en difficulté, les gens en retard;
on s'adresse à toutes les couches de notre société.
Je crois que, comme on l'a mentionné souvent, il est bien
important que l'éducation soit donnée aux membres de notre
société et que le ministre l'a mentionné et
d'autres ministres avant lui, probablement chacun des ministres voudrait
donner un service de qualité de façon que chaque
Québécois puisse recevoir une solide formation professionnelle,
une formation sociale, une formation culturelle.
Si le ministère de l'Education du Québec remplit à
100% ses objectifs, je crois qu'il y aura des rebondissements sur notre
société dans tous les domaines de l'activité qui sont
rattachés, d'une façon ou d'une autre, au domaine de
l'éducation.
On sait que le grand problème le ministre en est bien
conscient ainsi que tous les éducateurs c'est celui d'ordre
pédagogique. On sait que dans le passé l'Etat, quand on pense au
rapport Parent je me souviens avoir travaillé à ce
moment-là en planification scolaire est allé un peu
rapidement et on a voulu mettre un ensemble de structures sur place; on a voulu
diversifier les méthodes d'enseignement et, dans bien des cas, on s'est
inspiré des autres pays, ce qui n'est pas mal, mais on a peut-être
conservé chez nous des méthodes d'enseignement dont on n'avait
pas pris le temps de vérifier l'efficacité. Si, après dix
ans, par exemple j'en dirai un mot tout à l'heure pour les
CEGEP, on veut réévaluer, ceci est bien normal. Peut-être
qu'on aurait pu le faire au bout de cinq ans, mais il n'est jamais trop tard et
le ministre actuel de l'Education, tout en faisant une révision
complète de l'éducation, à partir de la base
jusqu'à l'université, accomplit certainement un travail urgent,
nécessaire et il est bien normal, comme on le fait dans toute compagnie,
dans les autres ministères également à un certain moment,
de regarder le passé et d'évaluer ce que le système a pu
nous donner au cours des dix dernières années.
Dans le moment, il y a une chose qui est réclamée un peu
par tout le monde, c'est qu'on fasse disparaître certaines lacunes qui
existent dans notre système d'éducation. Le ministre en a
mentionné plusieurs déjà depuis qu'il a
accédé à ce poste. Il sait très bien qu'en
dépit de son bon vouloir, en dépit des nombreux efforts
accomplis, cette réforme de l'éducation est toujours en
mouvement, elle ne sera pas terminée dans deux ou trois ans, mais si, au
moins, on réussit dans le moment à faire le point, c'est
là que la société va certainement en
bénéficier.
On a parlé tout à l'heure du plan d'action, de cet
énoncé de politique que le ministre nous a donné il y a
quelque temps. Ceci est très important parce que ce plan d'action nous
parvient après la publication d'un livre vert sur l'enseignement
primaire et secondaire. Le ministre a voulu que le tout se fasse sous le signe
d'une authentique démocratie de participation et on a consulté la
population, à droite et à gauche, dans toutes les régions
du Québec et le ministre nous dit que ce plan d'action, c'est le
résultat d'une réflexion collective. Ici, encore, on peut
toujours se demander si réellement le ministre a tenu compte des
suggestions, des réactions de tous les milieux concernés. Dans ce
plan d'action, on peut lire ceci dès le début je crois, et je
cite: "Nous sommes en
outre c'est le ministre qui parlait à ce moment-là
redevables de cet énoncé de politique avant tout à
ceux qui vivent le quotidien de l'école. Les mesures que
préconise ce document veulent traduire le plus efficacement possible
leur réflexion, leur expérience et l'espoir qu'ils mettent dans
le renouveau de l'éducation." Je crois bien que tout le monde est
d'accord avec un tel principe. Nous avons là les racines mêmes du
principe sur lequel la démocratie est basée, c'est-à-dire
cette consultation populaire. La consultation de tous les
éléments structurels qui interagissent dans le vaste champ de
l'éducation.
Dans le cas qui nous préoccupe, il y a la consultation. De
nombreux groupes, de nombreux individus ont été interrogés
ou ont soumis des mémoires, mais il reste tout de même un point
obscur, c'est peut-être une première question qui se situe
justement à ce niveau. Cette consultation générale et
démocratique nous semble être une consultation incomplète
et arbitraire. Pour cela, je vais citer quelques lignes qui paraissent
déjà dès l'énoncé et qui ouvrent la porte
sur des points qui n'ont pas été traités dans le plan
d'action. Encore une fois, je voudrais citer ici les paroles du ministre: "Le
gouvernement a estimé qu'il était devenu nécessaire
d'exposer à larges traits dans ce plan d'action les objectifs du
renouveau scolaire ainsi que les mesures connexes touchant la pédagogie
et la participation des agents de l'éducation. Nous y avons
délibérément passé sous silence certaines
questions, notamment d'ordre administratif, qui ont fait l'objet de travaux de
la conférence Québec-commissions scolaires le mois dernier."
Je reviendrai tout à l'heure sur ce point et je continue la
citation. "Dans la foulée de cette rencontre, nous poursuivrons, de
concert avec les commissions, l'examen des modalités permettant de leur
rendre une véritable autonomie de gestion et d'assurer entre elles et le
ministère de l'Education un partage plus précis des
responsabilités." Pour revenir à cette citation du ministre, nous
savons très bien qu'au début du mois de mars, les rapports entre
le ministère de l'Education et les commissions scolaires
n'étaient peut-être pas très harmonieux, et qu'après
cette conférence Québec-commissions scolaires qui fut tenue au
cours du mois de janvier, on n'avait pas encore réussi à mettre
sur pied le comité conjoint qui devait donner suite à cette
conférence.
Cependant, je devrais ajouter qu'il semble qu'on ait réussi
à aplanir ces difficultés du départ, que non seulement le
comité conjoint fonctionne, mais que nous serions à l'aube d'un
déblocage majeur sur certains points, sauf la position très
controversée du plafonnement des dépenses inadmissibles, le
ministre est bien au courant, comme champ d'impôt financier pour les
commissions scolaires. Je laisse la question en suspens, parce que j'ai
l'impression que le ministre veut nous déposer un rapport,
peut-être avant la fin de la présente session.
En même temps, le ministre pourrait-il donner des garanties
d'autonomie de gestion accordée par son gouvernement aux commissions
scolaires? Je ne veux pas entrer dans ce long débat, mais je crois qu'il
est important que le ministre nous éclaire en temps et lieu au sujet de
cette question qui a fait couler beaucoup d'encre et qui, surtout,
inquiète les commissions scolaires un peu dans tout le
Québec.
Nous savons très bien que les commissions scolaires accomplissent
depuis très longtemps chez nous un rôle primordial comme agents de
l'éducation. L'importance de la participation est claire et
déterminée, puisqu'elle représente, par son processus
électoral, un échantillon d'appartenance de la
collectivité à laquelle la commission est rattachée, parce
que les commissaires sont tout de même des élus du peuple et qu'en
même temps, on ne peut peut-être pas trop les taxer d'être
des technocrates. C'est une des raisons pour lesquelles la conférence
Québec-commissions scolaires revêt une signification
spéciale, surtout quand le ministre nous dit, encore une fois: Nous
avons délibérément passé sous silence certaines
questions qui n'ont pas été traitées dans le plan
d'action. A ce moment-là, je me demande à qui et à quoi
fut utile cette commission, si le ministre ne nous donne pas un
éclairage un peu plus grand. (11 h 30)
Le ministre se doute bien qu'il est difficile pour moi de ne pas dire un
mot de l'enseignement privé, étant donné qu'à
différentes reprises, je suis intervenu à l'Assemblée
nationale et que j'ai bien rappelé au ministre que l'enseignement
public, il nous l'a dit, était une de ses préoccupations
principales; un peu comme le mariage est la vocation de la majorité,
l'école publique, c'est également la vocation du grand nombre.
J'ai déjà dit cela au ministre, je n'ai pas encore changé
d'idée. Mais, tout de même, il reste que cette loi 56 sur
l'enseignement privé, qui fut votée par l'Union Nationale en 1968
et qui a été maintenue par les autres gouvernements, c'est une
loi qui fut très démocratique et qui répondait à un
besoin réel de la population québécoise.
M. Morin (Sauvé): Mais n'y a-t-il pas, dans vos
pensées, un rapprochement un peu abusif entre le sacerdoce et
l'enseignement privé?
M. Le Moignan: Ne déplacez pas la question, M. le
ministre. J'ai parlé de vocation en général, dans le
domaine public. Ce n'est pas du tout le même point.
Le ministre sait très bien, et il promet, de semaine en semaine,
de mois en mois, certaines réponses à certaines questions que
j'ai déjà posées. Il sait très bien que, dans la
population québécoise... On le voit par la pétition qui
nous a été présentée, 550 000 signatures, on aurait
peut-être pu doubler le nombre de signatures, mais c'était
déjà un geste assez significatif.
Le ministre va me répondre que l'enseignement privé n'est
certainement pas négligé, parce qu'il y a environ $10 millions
à $14 millions de plus dans le budget de cette année, il y a
l'indexation, il
y a toutes ces choses-là, même en dépit de la baisse
de la clientèle.
Quand on parle de baisse de clientèle, Mme le
député de L'Acadie...
Mme Lavoie-Roux: Nouveau-Brunswick.
M. Le Moignan: Je voulais dire le député de
Lavoie-Roux, mais ce n'est pas cela, c'est le député de L'Acadie.
Je me souviens qu'en 1977, alors que nous nous inquiétions à
l'étude des crédits, le ministre nous avait dit, à ce
moment-là, qu'il prévoyait une diminution au primaire et au
secondaire de 200 000 élèves, jusqu'en 1986. Je crois que ce sont
des chiffres réels. Et du côté collégial, le
ministre avait mentionné environ une vingtaine de milles. Cela posait
donc un problème très inquiétant du côté de
la diminution de la clientèle, mais cela appelait tout de même son
corrolaire, le problème des professeurs. Si on perd 200 000
élèves, il y a beaucoup de professeurs...
M. Morin (Sauvé): Telle est l'importance du mariage, M. le
député de Gaspé.
M. Le Moignan: L'importance du mariage. C'est pour cela que, tout
à l'heure, je voulais revenir, non seulement sur l'importance du
mariage... Mais, il y a déjà nombre d'années, Jean Lesage,
alors...
Mme Lavoie-Roux: ... conseille au député de
Gaspé.
M. Le Moignan: Je suis trop vieux, madame. Je vous l'ai
déjà dit.
Le premier ministre du Québec, Jean Lesage, déplorait
déjà la dénatalité, au début de son mandat,
dans les années 1960. Déjà, on prévoyait; en
planification scolaire, on travaillait pour 1971, 1976 et 1981.
M. Morin (Sauvé): Qu'a-t-il fait pour régler le
problème? Voilà la question.
M. Le Moignan: Mais, au point de vue pratique, vous pourriez
peut-être nous indiquer, plus tard, vous, ce que vous feriez, pour
régler ce problème.
Mme Lavoie-Roux: Ce que vous feriez comme futur ministre.
M. Le Moignan: Je ne veux pas engager de débat, M. le
Président, mais, aujourd'hui, quand on voit qu'on favorise tellement
l'avortement, par exemple, qu'on en entend tellement parler, cela n'aidera pas
le ministre de l'Education. C'est là que le ministre de l'Education va
certainement avoir un mot à dire pour en revenir à la revanche
des berceaux.
M. Morin (Sauvé): C'est une loi
fédérale.
M. Le Moignan: Ah! La loi fédérale. Mais
l'incitation provinciale...
M. Morin (Sauvé): Oh non!
M. Le Moignan: L'incitation, l'invitation.
M. Morin (Sauvé): Au contraire.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que, si c'était de ressort
provincial, votre gouvernement abolirait l'avortement totalement?
M. Morin (Sauvé): Je pense que ce serait une bonne
question à poser à l'Assemblée nationale.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Merci de votre suggestion.
M. Le Moignan: Mais quand on voit des cliniques
thérapeutiques qui s'implantent dans toute la province, c'est ce qui
nous inquiète, alors qu'on voudrait tellement maintenir les enfants. Et
si on veut avoir un système scolaire vraiment progressif et actif, cela
prend beaucoup de jeunes, cela prend beaucoup d'enfants, cela prend beaucoup
d'adolescents. Je sais que le ministre pense à toutes ces choses.
Je voulais dire ce petit mot en passant, parce que nous attendrons,
peut-être pas à cette commission... Le ministre n'est pas
pressé; déjà, depuis un an, nous attendons sa politique
concernant l'enseignement privé, mais nous avons espoir qu'elle viendra
un bon jour.
Le ministre pourrait me poser bien des questions sur l'inscription, les
dates, ceux qui quittent l'enseignement privé pour retourner à
l'enseignement public, mais, pour éviter le débat à ce
moment-ci, M. le Président, je vais simplement éviter toutes ces
questions. Je ne veux pas du tout entrer dans le détail. Ce qui est
important, c'est qu'on recherche cet équilibre entre les systèmes
d'enseignement privé et public. Le ministre est déjà
sensibilisé à ces problèmes. On en a discuté l'an
dernier pendant trois heures, un certain vendredi matin. En parlant
d'éducation en général, d'éducation des adultes, il
y a une croissance, je crois, de 11%, alors qu'on voit que le budget n'augmente
pas tellement, de 4,5% seulement. Encore là, quand on verra le programme
concernant l'éducation des adultes, on pourra regarder cette
chose-là plus en détail.
Mme le député de L'Acadie a parlé du regroupement
des organismes volontaires d'éducation populaire, en d'autres termes les
OVEP. Ici encore nous avons reçu des lettres, des
télégrammes de protestation. Il y a beaucoup d'insatisfaction.
Vous l'avez déjà mentionné. Je crois que nous aurons aussi
l'occasion d'y revenir, je ne veux pas vous répéter.
Je voudrais dire quelques mots concernant l'enseignement
collégial au Québec. La commission Parent a proposé la
création des collèges d'enseignement général et
professionnel il y a douze ou quinze ans; les premiers ont commencé, je
crois, en 1967. Si, une dizaine d'années plus tard, le ministère
veut établir le bilan de cet enseignement et s'il nous a
déjà proposé un nouveau départ, s'il veut
répondre au défi qui se
pose en ce moment, le ministre a beaucoup de pain sur la planche.
Nous avons parlé de la réévaluation des CEGEP. Je
crois que cela arrive au bon moment. On aurait dû le faire il y a cinq
ans. Peut-être que ce n'était pas opportun, mais, après dix
ans, il est temps de corriger les failles. Je crois que le moment est venu de
réajuster cette catégorie d'établissements d'enseignement
et de lui donner une orientation plus rigoureuse et plus efficace.
Je ne voudrais pas dramatiser un article paru dans le Devoir du 20 avril
dernier qui nous dit que nos collégiens sont politiquement incultes. Il
y a déjà eu des sondages ou certaines enquêtes
effectuées ici dans la province au cours des dernières
années. Le fait qu'on a négligé l'enseignement de
l'histoire nationale au Québec peut expliquer en partie que nos
collégiens ne soient pas tellement renseignés sur l'histoire
politique du Québec. Vous avez certainement lu cet article de
Gérard Loriot. Cela fait dresser les cheveux sur la tête. Comme je
le dis, il ne faut pas dramatiser. On s'adresse tout de même à des
étudiants du collège et il y en a très peu qui sont
conscients du rôle que la politique québécoise peut jouer
chez nous. Ils ne connaissent même pas le nom des ministres et des
premiers ministres passés. Certains vont même mêler
facilement des membres de l'Opposition; ils vont les nommer ministres, ils vont
leur donner tous les titres possibles et imaginables.
Quand on voit des choses comme cela, on s'aperçoit qu'une
réévaluation de notre enseignement doit être faite dans les
collèges. Le ministre a peut-être annoncé une bonne
nouvelle en fin de semaine, quand il a dit que le nouveau programme de
français à l'école devrait mettre l'accent sur la langue
écrite. Il sait très bien qu'on ne sera certainement pas en
désaccord avec lui. Nos jeunes sont certainement gâtés.
C'est vrai que l'image, ce que la TV leur offre... On a souvent des
abréviations. On parle au son, on écrit au son et la
qualité du français, le ministre sait très bien qu'elle
est pitoyable. Il y a nombre et nombre d'années, les programmes
étaient moins chargés. L'éventail était plus
restreint, mais, au moins, à ce moment-là, on avait les
fondements, la base de la langue maternelle et je suis content que le ministre
veuille y revenir graduellement. Le ministre devra procéder avec
beaucoup de souplesse, car ceux qui sont déjà embrigadés
dans le système...
Le ministre sait très bien que même les finissants du
secondaire, des CEGEP... On reçoit des lettres parfois et cela nous
tenterait de corriger les fautes et de leur retourner, mais, par diplomatie, on
n'ose pas dire un petit mot. Parfois, cela m'arrive, à l'occasion, quand
des jeunes viennent à mon bureau et que j'ai leur lettre, je leur
indique un peu tout ce qui manque là-dedans.
Le Conseil du statut de la femme et nous aurons l'occasion d'en
reparler au cours de l'étude des programmes a fait de nombreuses
recommandations au ministre de l'Education, comme d'autres organismes
d'ailleurs. Le ministre a pris connaissance de ces riches recommandations. Je
suis sûr que les officiers de son ministère les ont lues
également et qu'ils vont essayer de retenir les plus urgentes et les
plus positives.
M. le Président, avant de terminer, comme je l'indiquais au
début, le ministre est bien intentionné. Il a de beaux grands
principes. Son rôle est de rendre son ministère le plus efficace
possible, mais, pour effectuer toute cette réforme, le ministre doit
être à l'écoute du public. Le ministre doit être
attentif et il doit hâter un peu la réalisation ou la
concrétisation des nombreuses suggestions qui ont été
faites, soit au primaire, au secondaire, au collégial, ou encore au
niveau universitaire.
Il y a un petit point sur lequel j'attire l'attention du ministre. Il va
me dire que cela ne le concerne pas lui-même, il n'est pas le seul
intéressé dans tout cela, il y a peut-être le ministre du
Travail. A l'occasion du message du 1er mai, le Conseil épiscopal des
affaires sociales de l'Assemblée des évêques du
Québec a livré au public un message dans lequel on
s'intéresse surtout aux jeunes et à la situation du
chômage. Je voudrais porter à l'attention du ministre un petit
extrait du message pour faire réfléchir le ministre
immédiatement et dans les mois et les années à venir, de
concert, évidemment, avec ses collègues du Travail et d'autres
ministères également. C'est très inquiétant . Je
prends simplement un paragraphe, M. le ministre. Voici ce que nous disent les
évêques dans leur message du 1er mai, et je cite: "II y a des
faits, ils sont connus, ils sont accablants. Un chômeur sur deux est un
jeune. En 1978, 26% des finissants au secondaire sont en chômage. Au
professionnel court, la proportion est de 40%; 60% des finissants au secondaire
et 30% au CEGEP ne réussissent pas à trouver un emploi dans la
ligne de leur formation. D'ici dix ans, 700 000 jeunes vont se présenter
sur le marché québécois du travail et les
évêques se demandent avec quelle chance de se placer?"
Je crois qu'il y a matière ici à nous faire
réfléchir. Nous sommes tous intéressés à ce
problème de l'éducation, puisque nous sommes ici ce matin, mais,
face à cette affirmation basée sur des statistiques très
bien contrôlées, le ministre de l'Education se doit, avec les
conseillers d'orientation, puisqu'on sait qu'il y a certains domaines ou
certaines facultés je ne sais pas si c'est une question d'argent,
mais on devrait les fermer ou dire aux jeunes de s'orienter ailleurs, parce que
dans tel et tel domaine... On a parlé de la faune, par exemple, à
l'Assemblée nationale; on a quatre classes de jeunes qui terminent et
qui seront agents de la faune ce printemps, qui n'auront même pas le
privilège d'avoir des examens, donc qui vont être de
véritables chômeurs, alors qu'on va donner aux adultes la
possibilité de suivre le même cours.
Je pense que le message qui a été lancé ne
s'adresse pas seulement au ministère de l'Education. Il s'adresse
à tous les milieux d'enseignement, il s'adresse évidemment aux
travailleurs spécialisés, il s'adresse aux corporations, il
s'adresse aux compagnies, il s'adresse, en somme, à tous ceux qui auront
à faire les choix de notre société. (11 h 45)
II concerne les jeunes, et les jeunes, eux, vont nous juger, eux qui
sont pleins d'enthousiasme, qui sont remplis d'idéal et qui aimeraient
apporter leur contribution à l'édification d'un Québec
prospère, d'un Québec en mouvement, d'un Québec qui veut
certainement évoluer, et ces jeunes savent que, dans cinq ou dix ans,
ils vont devenir des adultes, des personnes responsables. Quel sera leur
jugement si notre société n'a absolument rien à leur
offrir? Je crois, M. le Président, que le ministre est au courant,
d'ailleurs, de tous ces faits, et je lui demanderais d'étudier la
situation, afin que nos jeunes ne désespèrent pas, afin qu'on
puisse leur trouver des débouchés. C'est beau de lancer
l'éducation, c'est beau d'ouvrir la porte à tous les jeunes, de
les inciter à faire leur secondaire, de les inviter à passer au
collégial. C'est l'ambition de tout peuple, mais, au moins, qu'on puisse
les assurer qu'en sortant... On rencontre dans nos comtés, dans nos
paroisses, des jeunes qui ont terminé à l'université, qui
n'ont pas, dans notre milieu... Cela explique l'exode des jeunes non seulement
vers les villes, les centres de Québec et de Montréal, mais
malheureusement vers les autres provinces canadiennes et, dans bien des cas,
vers les Etats-Unis. Alors, si on veut sauvegarder, si on veut sauver le
potentiel, la richesse de notre peuple, c'est d'abord la richesse de potentiel
humain, et je termine sur ces paroles, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Gaspé. M. le ministre?
Réponse du ministre M. Jacques-Yvan
Morin
M. Morin (Sauvé): M. le Président, permettez-moi de
relever certaines des affirmations ou de répondre à certaines des
questions qui ont été soulevées par les membres de
l'Opposition, tant le député de L'Acadie que le
député de Gaspé.
A croire le député de L'Acadie, en particulier, l'ancien
gouvernement était sur le point de tout régler et, le
présent n'a, pour ainsi dire, rien fait dans le domaine de
l'éducation, tout juste s'agite-t-il, selon Mme le
député.
Eh bien, j'ai constaté, en arrivant au ministère,
qu'effectivement, l'ancien gouvernement avait laissé beaucoup de choses
derrière lui, trop de choses. Il y avait, en effet, des rapports
nombreux sur les tablettes, qu'il s'agisse du rapport Nadeau, qui datait de
1974, qu'il s'agisse du rapport COPEX, qu'il s'agisse des projets guère
utilisables de livres verts que mon prédécesseur avait
laissés dans les placards.
Mme Lavoie-Roux: Vous en avez retenu de bons bouts.
M. Morin (Sauvé): Hélas! Il a fallu mettre tout
ça de côté et recommencer, dans un esprit neuf, ce qui
avait été fait jusque là était marqué au
point de savantasse, de jargon et était à peu près
inutilisable. Puisque vous tenez à me le faire dire, je le dirai.
M. le Président, non seulement cela, mais, à toutes fins
utiles, le ministère en était presque au point mort. Le conseil
de direction du ministère, que j'ai dû remettre en route à
mon arrivée, n'existait, pour ainsi dire, plus, ne se réunissait,
pour ainsi dire, plus. Il avait été, à toutes fins utiles,
abandonné par mes prédécesseurs.
Dans le domaine de l'éducation, ce que j'ai pu constater, et je
dois le dire, parce que c'est important pour reconnaître l'effort qui a
été fait par ces centaines d'hommes et de femmes de
l'éducation, tant au centre que dans les réseaux depuis 1976,
depuis un certain 15 novembre, j'ai eu l'impression, en arrivant au
ministère, que l'ancien gouvernement était débordé
par les problèmes de l'éducation, qu'il avait, pour ainsi dire,
démissionné, tant paraissait énorme la tâche de
renouveler l'enseignement sous toutes ses facettes et à tous ses
niveaux. C'est une impression, d'ailleurs, qui était probablement
partagée par une partie substantielle de la population. Tandis que,
depuis lors, je n'hésite pas à dire, pour rendre justice à
tous ceux qui ont travaillé si fort depuis deux ans et demi, que nous
avons fait un bond en avant.
Je suis prêt à reconnaître qu'il reste
énormément de travail à faire, je suis prêt à
reconnaître que nous n'allons pas chômer pour les prochaines cinq
années, et peut-être davantage, mais jamais le ministère de
l'Education n'a été plus actif, jamais il n'a tant
travaillé depuis la première phase de la l' évolution
tranquille.
Sur le plan pédagogique, pour distinguer celui-là de la
construction du réseau qui est maintenant, pour ainsi dire,
achevé, jamais il n'y a eu autant d'activités qu'en ce moment.
Pour la deuxième année consécutive, nous sommes
témoins, depuis hier, de l'ouverture de la semaine pédagogique,
une entreprise nouvelle à laquelle assistaient l'an dernier 1500
participants et cette année plus de 2000. C'est un tournant, je pense,
dans l'histoire de la pédagogie. Un ministère de l'Education est
là avant tout pour faire de la pédagogie. Bien sûr, je
reconnais très volontiers à l'ancien gouvernement le
mérite d'avoir construit beaucoup d'écoles et de collèges,
aux anciens gouvernements, car ils ont tous, sur ce point, assuré une
certaine continuité, et nous le faisons également. Mais, sur le
plan pédagogique, nous sommes devant un bond en avant comme jamais
auparavant et je n'accepte pas les critiques que je ne qualifierai pas
de Mme le député de L'Acadie, et cela, en dépit de
la diminution de ses effectifs. Sur ce point, je pense qu'il faut relever les
propos de Mme le député de L'Acadie et les rectifier. Elle a
insinué qu'il n'y avait pas eu de diminution d'effectifs, en
dépit du fait que le gouvernement s'était donné pour but
de comprimer un peu les effectifs du gouvernement et de les rendre plus
efficaces.
Sans doute Mme le député de L'Acadie n'a-t-elle pas pris
le temps de regarder la documenta-
tion que je lui ai fait parvenir, parce qu'à la page 36, elle
aurait trouvé les diminutions d'effectifs qui font mal au
ministère. C'est en dépit de coupures je mesure mes
chiffres de 10% en trois ans que nous avons fait ces progrès sur
le plan pédagogique. En 1976/77, par rapport à l'année
précédente, la coupure a été de 2,7%. En 1977/78,
la coupure a été de 5,8%. En 1978/79, elle a été de
1,5%. La seule raison pour laquelle, cette année, cela a l'air
d'augmenter, c'est qu'on nous a prêté temporairement 35 postes
pour que nous puissions virer des fonctionnaires à nos directions
régionales, sans pour cela briser les carrières des
fonctionnaires qui se trouvent au centre.
M. le Président, de 1976 à 1979, les effectifs du centre
au ministère de l'Education, les effectifs du ministère
proprement dit, ont diminué de 10%, en dépit de ce que vous avez
dit, Mme le député. Je voudrais que, sur ce plan, si ce n'est pas
clair, nous y revenions par la suite.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, est-ce que le ministre
me permettrait une question? L'an dernier...
Le Président (M. Boucher): M. le ministre, est-ce que vous
permettez une question?
M. Morin (Sauvé): Je le veux bien, mais, comme on a
soulevé de nombreux points et que je voudrais y répondre de
façon préliminaire, peut-être conviendrait-il d'abord que
je passe à travers tous les points qui ont été
soulevés, si vous le voulez bien...
Mme Lavoie-Roux: D'accord. J'y reviendrai plus tard.
Le Président (M. Boucher): Allez-y, M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): Par la suite, je suis disposé
à donner à mes collègues de la commission parlementaire
tous les éclaircissements et tous les apaisements requis.
M. le Président, qu'avons-nous fait depuis trois ans? Je ne
voudrais pas entrer dans les détails, nous allons le faire au cours de
ces séances, mais je voudrais quand même donner les grandes lignes
pour montrer à quel point le ministère s'est empressé de
répondre à l'appel du gouvernement qui voulait améliorer
la qualité à tous les niveaux au Québec. Nous avons repris
les vagues projets antécédents pour faire un véritable
livre vert. Nous avons procédé à une consultation, comme
jamais il n'y en avait eu auparavant dans le Québec, pour savoir si la
population était d'accord avec les propositions du livre vert. Nous
avons publié, il y a quelques mois, le 20 février exactement, un
plan d'action qui contient plus d'une centaine de mesures concrètes
destinées à améliorer l'enseignement, les programmes,
l'évaluation des élèves, les manuels et la
pédagogie en général.
Qui osera nier ces faits? Nous avons consacré cette année,
actuellement, $16,3 millions d'argent neuf à ces mesures
concrètes. Qui peut nier cela? Ce sont des choses qui ne se sont jamais
faites auparavant. Nous sommes en train de revoir tous les programmes.
C'est hier que j'ai rendu public le premier programme, celui du
français au niveau primaire, un programme de 598 pages pour remplacer
l'ancien programme-cadre qui n'avait qu'environ 40 pages. C'est du travail,
ça, M. le Président, et ça ne fait que commencer. Nous
sommes sur le point de revoir entièrement le régime
pédagogique. Nous sommes sur le point de repenser nos méthodes
d'évaluation, de mieux équiper les enseignants dans leur
tâche d'évaluation. Nous sommes sur le point de revoir les devis
de manuels, les guides pédagogiques qui n'existent pas dans bien des
cas. Nous sommes sur le point de renouveler entièrement la
pédagogie au Québec. Ces choses-là doivent être
dites, parce que je vous assure que cela signifie pour mes fonctionnaires
à l'Education des heures de travail et de veille et, bien souvent, on
voit ce ministère continuer de travailler longuement après les 17
heures de l'après-midi.
Sur le plan collégial, nous avons enfin publié un
énoncé de politique. L'ancien gouvernement avait devant lui le
rapport Nadeau depuis 1974. Qu'a-t-il fait? Rien du tout. Il faut le dire. Nous
avons l'intention de modifier la Loi sur les collèges à cette
session même. Le projet va être déposé incessamment
en Chambre. Nous avons l'intention de créer le Conseil des
collèges à cette session même. Le projet sera
également soumis incessamment à l'Assemblée nationale.
Nous avons l'intention de revoir le régime pédagogique des
collèges. Cela ne s'est pas fait depuis combien d'années! Nous
allons également consacrer $4 300 000 en argent neuf pour mener à
bien ces opérations.
Nous attendons bientôt le rapport de la Commission d'étude
sur les universités, plus précisément au début du
mois de juin. Nous devions l'avoir au mois d'avril, nous avons consenti
à la commission un délai de deux mois supplémentaire
puisqu'elle avait de la difficulté à mettre le point final
à ses recommandations. Nous aurons donc devant nous des propositions
sous peu, sur lesquelles le ministère et le gouvernement devront se
pencher dès l'automne prochain en vue, sans doute, de
légiférer, si besoin est, dans le courant de l'année
prochaine, de la prochaine année universitaire.
Nous avons mis également, faut-il le rappeler, mais, enfin, ce
sont des choses que tout le monde sait au Québec, nous avons rendu
publique une nouvelle politique à l'endroit de l'enfance en
difficulté d'apprentissage dans la foulée du rapport COPEX. Je ne
sache pas que le gouvernement précédent avait vraiment entrepris
de régler ces problèmes.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, question de
règlement. Le rapport COPEX a été déposé
au
mois de décembre, lorsque vous êtes arrivé au
pouvoir. Il ne faut quand même pas exagérer. Au moins, la
vérité... Il faut quand même dire la
vérité.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, tout ce que je
veux dire, c'est que Mme le député de L'Acadie était mal
venue de laisser entendre que le gouvernement n'avait rien fait dans le domaine
de l'éducation depuis qu'il est là. Je tends simplement, en
n'entrant même pas dans les détails, car si je devais entrer dans
les détails et vous parler de chaque régime pédagogique et
de tous les programmes qui sont à la révision en ce moment, on
n'en reviendrait pas de l'effort que ce ministère est en train de
produire, de faire pour améliorer la qualité de l'enseignement au
Québec...
En fait d'argent neuf, on nous cherchait noise tout à l'heure. Il
est bien vrai qu'en dépit de la diminution de la clientèle, de
l'argent neuf entre dans les réseaux à l'heure actuelle. J'ai
mentionné quelques montants. Peut-être me sera-t-il permis de
résumer la chose maintenant. Pour ce qui est de l'aide financière
aux étudiants, nous avons ajouté dans le courant de
l'année $3,5 millions; pour ce qui est du plan d'action, $16 300 000;
pour le projet au niveau collégial, $4 300 000 et pour l'indexation des
salaires, $104 millions, ce qui fait bien d'argent neuf, en dépit de la
baisse de clientèle qui faisait dire à Mme le
député de L'Acadie qu'elle devrait conduire à une
compression de l'effectif au niveau ministériel de $128 100 000 d'argent
neuf. (12 heures)
Si je devais entrer dans les détails, on verrait que cet argent
est fort bien utilisé. Par exemple, pour ce qui est du plan d'action,
nous avons annoncé, pour l'exercice 1979/80, un certain nombre de
mesures concrètes. Je vais seulement en retenir quelques-unes pour qu'on
saisisse bien à quel point ça donne des résultats concrets
et que tout cela n'aboutit pas à une gigantesque parlotte. Nous allons
consacrer à l'encadrement dans les écoles secondaires, un
problème vieux comme le ministère de l'Education et sur lequel le
gouvernement antérieur n'avait pas fait grand-chose, plus de $1 million.
Pour l'application du droit à l'exemption, un autre beau problème
qui était resté la patte en l'air, $1 300 000. Pour l'enfance en
difficulté, problème sur lequel je dirais plus loin quelques
mots, $10 millions pour cette année.
Ce ne sont pas des montants faciles à trouver, surtout en ces
périodes de contraction budgétaire et d'austérité
il faut bien le dire gouvernementale. Si ces montants ont
été consacrés, si cet argent neuf a été
consacré à l'éducation, c'est un choix
délibéré du gouvernement, de mettre l'accent sur
l'éducation, en dépit des difficultés
financières.
Pour les milieux défavorisés, eh bien, ce sera $8 200 000
d'argent neuf cette année et, si vous voulez encore des détails,
pour les plans de développement dans le secteur du français, $10
500 000; pour l'anglais, langue seconde, $6 700 000; pour l'éducation
chrétienne, près de $3 millions; pour l'éducation
physique, $4 200 000; pour l'acceuil aux non-francophones, un problème
qui découle des succès de l'application de la Charte de la langue
française, $8 millions; pour la vaste opération
d'élaboration des programmes d'étude, nous allons consacrer un
effort financier considérable, mais surtout le ministère
lui-même va fournir cet effort. Les fonctionnaires n'ont jamais tant
travaillé.
Je suis heureux de ne plus entendre cette critique qu'on entendait trop
facilement peut-être il y a quelques années, qu'il y avait, dans
le gouvernement, des fonctionnaires qui ne foutaient rien. Eh bien, je ne sais
pas dans quelle mesure c'était vrai sous l'ancien gouvernement, mais ce
n'est plus exact aujourd'hui. Les fonctionnaires n'ont jamais tant
travaillé, ils n'ont pas le choix, le gouvernement ne leur laisse pas le
loisir de faire autrement.
Je vais maintenant retenir certaines questions qui m'ont paru plus
importantes que d'autres dans l'exposé de Mme le député de
L'Acadie et de M. le député de Gaspé. Je reviendrai aux
autres sans doute par la suite dans l'étude des crédits de chaque
niveau. Laissez-moi vous dire quand même quelques mots sur la condition
féminine, l'enseignement professionnel, les milieux
défavorisés, le Conseil supérieur de l'éducation,
les OVEP, l'enfance en difficulté, le chômage des jeunes et
quelques autres questions qui ont été évoquées.
Pour ce qui est des milieux défavorisés, Mme le
député accusait le ministère de néglicence tout
à l'heure. Je dirai que non seulement les travaux sont avancés,
mais nous avons dès cette année consacré de l'argent, j'ai
indiqué le chiffre il y a un instant, à ces milieux pout tenter
de les aider à sortir de certaines ornières. Nous en sommes
même actuellement à la rédaction d'un texte
préliminaire qui fait l'objet de consultations auprès de groupes
externes.
On ne met pas en branle une politique encore plus vaste que celle qui
résulte de notre priorité depuis deux ans sans consulter les
principaux intéressés. C'est ce que nous faisons à l'heure
actuelle.
Pour ce qui est de la condition féminine, je dirai que là
aussi, cela a avancé beaucoup plus que Mme le député
semblait l'indiquer.
D'abord, un inventaire a été fait de toutes les actions du
ministère et cet inventaire est maintenant disponible. Nous sommes
présents au sous-comité du CMPDC (Comité
ministériel permanent de développement culturel) qui travaille
sur cette question, en ce moment même. Nous avons affecté une
personne à temps plein, rattachée au bureau des sous-ministres,
et qui s'occupe uniquement de ce dossier; Mme le député de
L'Acadie sera heureuse de le savoir. C'est d'ailleurs à une femme que
nous avons confié le dossier. Elle sera responsable des suivis, des
innovations, des actions diverses dans ce dossier.
Je tiens à dire, en terminant sur cette question, que la
présidente du CSF s'est réjouie récemment de notre
décision d'affecter une personne à ce dossier et nous a
souligné il faut que ce soit dit
tout de même que le ministère de l'Education est le
premier ministère à poser un tel geste. Sans doute Mme le
député de L'Acadie n'était-elle pas au courant de ces
développements. Elle l'est maintenant.
Je passe à l'enseignement professionnel. Nous avons des travaux
extrêmement importants, qui sont en cours, et la politique
déjà esquissée, tant dans le livre vert que dans le plan
d'action, que dans l'énoncé de politiques au niveau
collégial, fait l'objet, en ce moment, d'une élaboration encore
plus approfondie. Pourquoi?
Parce que nous nous sommes rendu compte qu'en traitant de l'enseignement
professionnel par niveaux, nous ignorions, ou nous laissions dans l'ombre, la
dimension verticale, c'est-à-dire interniveaux, de l'enseignement
professionnel. Nous en avons donc traité, pour le secondaire, dans le
plan d'action. Nous en avons traité, pour le collégial, dans
l'énoncé de nos politiques. Il nous reste maintenant à
faire les joints entre tous les niveaux. C'est ce qui fait l'objet de ces
travaux. Nous voulons que les charnières entre le secondaire et le
professionnel, au niveau collégial, et l'université, et notamment
l'Ecole de technologie supérieure et d'autres institutions qui
travaillent sur le plan professionnel au niveau universitaire, nous voulons que
ces charnières soient mieux huilées qu'elles ne le sont à
l'heure actuelle.
Il ne faudrait pas, en d'autres termes, minimiser les
réalisations du ministère dans ce domaine. Nous avons de nouveaux
programmes, il faut le dire. Nous avons un programme de formation des
maîtres dans ce secteur, que nous n'avions pas auparavant. Nous avons des
travaux pour assurer des profils professionnels de bonne qualité, des
travaux de cet organisme qu'on appelle le GIPEX. Nous avons de nombreux cours
de recyclage qui sont destinés aux enseignants de ce secteur. Et, enfin,
nous avons investi, de façon importante, dans l'équipement et
dans l'outillage de ce secteur, et nous n'avons pas fini de le faire.
Enfin, vous le savez, je pense que c'est déjà connu des
députés, nous avous fait, nous avons continué d'importants
travaux de relance des étudiants, finissants ou sortants. J'aurai
d'ailleurs deux mots à dire là-dessus plus tard.
La formation professionnelle est une question fort complexe. Je m'en
suis rendu compte depuis que je suis au ministère. Ce ne sont pas des
questions que l'on règle sur le coin de la table, en bouleversant tout
l'acquis du passé. Il faut reconnaître que c'est une question qui
recoupe plusieurs champs d'action, plusieurs ministères. Il ne faut pas
oublier non plus que le gouvernement fédéral est dans le tableau
et que cela n'aide pas non plus le Québec à définir ses
politiques, parce que, quand on a deux gouvernements qui ont des politiques qui
ne vont pas dans la même direction, c'est toujours très difficile
de les réconcilier, et cela consume énormément de temps. A
l'heure actuelle, d'ailleurs, nous voulons tenter d'en venir à une
politique vraiment québécoise de la formation professionnelle,
notamment chez les adultes. Tout cela demande du temps. Tout cela demande
peut-être aussi une certaine évolution du côté du
gouvernement fédéral. Peut-être va-t-elle se produire
prochainement.
Il ne faudrait pas non plus négliger qu'il y a des rapports entre
l'école et le marché du travail, qu'il faut constamment examiner,
pour ne pas faire d'erreur de perspective. Il y a les attentes, qui sont
souvent contradictoires, des divers intervenants. Et ils sont nombreux dans le
domaine de l'enseignement professionnel: employeurs, formateurs, syndicats,
parents, étudiants eux-mêmes. Nous devons tenir compte de toutes
ces dimensions.
Pour terminer, je dirais que le ministère de l'Education ne
saurait régler seul cette question, surtout dans ses dimensions
verticales, puisque d'autres ministères sont impliqués et qu'il
nous faut travailler non seulement avec les autres ministères, mais,
désormais, dans la foulée du sommet de Montebello, nous avons
accepté... On se souviendra que le premier ministre a accepté de
traiter de cette question de l'enseignement professionnel avec le patronat,
avec les syndicats et avec les organismes de coopération. Je renvoie,
mesdames, messieurs les membres de cette commission au sommet de Montebello et
à tout ce qui a été dit à cette occasion.
En d'autres termes, nous sommes fort actifs dans ce dossier de la
formation professionnelle et je pense que nous allons aboutir, au cours des
mois qui viennent, à un nouveau pas en avant. Je ne veux pas laisser
entendre par là que nous n'avons rien fait, depuis deux ans; au
contraire, j'ai indiqué à quel point, en l'absence même
d'une politique globale qui ne nous avait pas été
léguée par le gouvernement antérieur, nous avons
néanmoins affirmé et mis en oeuvre des priorités dans ce
domaine.
Il faut dire deux mots de l'enseignement privé. M. le
député de Gaspé me rappelait tout à l'heure qu'il
est temps pour le gouvernement d'énoncer ses politiques dans ce domaine
et je veux bien en convenir. D'ailleurs, nous y travaillons très ferme,
en ce moment même, et nous y travaillons même au niveau
ministériel j'entends à l'Education et nous y
travaillons également au niveau interministériel. En attendant,
l'enseignement privé ne peut guère se plaindre, puisque, vous le
savez, l'absence de politiques n'a pas joué à son
détriment; au contraire, vous avez fait remarquer avec beaucoup
d'à-propos, M. le député, que, cette année,
l'enseignement privé va tout de même recevoir $14 millions de plus
que l'an dernier. C'est dire qu'il ne sera pas privé, tout en
l'étant, bien sûr. On me pardonnera ce jeu de mots un peu
facile.
Cette nouvelle politique viendra prochainement. Il reste au
comité interministériel à trancher quelques questions et
il nous reste notamment à nous pencher sur les méthodes de
financement de l'enseignement privé qui ne sont pas satisfaisantes
à l'heure actuelle. Il nous reste à définir les
mécanismes qui prévaudront lorsqu'on voudra créer de
nouvelles institutions privées. Vous savez que, jusqu'ici, j'ai
consulté les commissions sco-
laires publiques afin de connaître l'impact que pouvait avoir sur
elles la création de nouvelles institutions privées. Ce
mécanisme-là est-il le meilleur? Eh bien, à l'heure
actuelle, nous réfléchissons là-dessus. Ce ne sont pas des
choses faciles, et, au demeurant, nous avons voulu d'abord et nous avons
concentré toute notre énergie sur l'enseignement public. Cela, il
faut le répéter. Avant de se pencher sur l'enseignement
privé, il fallait d'abord qu'on sache ce qui allait se produire sur le
plan de la qualité, sur le plan de la pédagogie, dans
l'enseignement public. Cela est fait tant pour les niveaux primaire et
secondaire que pour le niveau collégial. Nous pouvons désormais,
puisque plusieurs dispositions applicables aux collèges et applicables
au secondaire et au primaire sont applicables ipso facto à
l'enseignement privé, constater que, sur le plan pédagogique,
nous avons déjà fait un énorme effort qui vaut pour le
secteur privé comme pour le secteur public. On ne peut pas dire que nous
avons laissé le secteur privé dans l'ombre, sur le plan
pédagogique, qui était notre première
préoccupation. Au contraire, nous y avons pensé dans cette
perspective. Ce qui reste à régler maintenant, c'est le statut et
le financement. Cela va venir à son heure.
Pour ce qui est maintenant de l'enfance en difficulté
d'adaptation ou d'apprentissage, le ministère veut s'assurer que la mise
en oeuvre de sa nouvelle politique se fasse en tenant compte des désirs
du milieu. Depuis que la politique a été rendue publique il y a
quelques mois, l'automne dernier, j'ai eu l'occasion de rencontrer les parents
s'occupant de l'enfance en difficulté. J'ai rencontré les
enseignants et leurs grandes associations, ou encore par petits groupes. (12 h
15)
J'ai beaucoup consulté tous les responsables, tous ceux qui
gravitent autour de ce secteur si important de notre activité. Ces
milieux nous ont félicités de la nouvelle politique. Les milieux
se déclarent satisfaits de la nouvelle politique. D'ailleurs, cela a
été dit dans les journaux. Ils nous demandent, cependant,
d'être circonspects dans la mise en oeuvre.
Les enseignants qui voient arriver des enfants présentant des
difficultés dans leur classe veulent être assurés d'avoir
tout l'appui nécessaire pour que l'intégration se fasse sans
heurt. Les parents de ces enfants veulent s'assurer que l'intégration
qui est la politique fondamentale que nous avons mise de l'avant dans notre
énoncé de l'automne dernier ne se fait pas au détriment de
l'enfant en difficulté, que l'intégration se fait pour le
mieux-être de l'enfant et ne constitue pas une sorte de pis-aller pour
lui. On nous a recommandé de toutes parts de bien mesurer l'application
de nos politiques. On est d'accord avec nos politiques, mais on nous dit: Pour
ce qui est de l'application, allez-y avec circonspection. Expérimentez
avant de vous lancer de l'avant, et c'est ce que nous avons
décidé de faire.
Cependant, nous savons bien qu'il nous faut des personnes responsables
dans chaque commission scolaire. Mme le député de L'Acadie sait
sans doute que nous consacrons à cela $4 millions cette année,
pour la présence d'une personne par commission scolaire pour s'occuper
de ce problème. Je ne sache pas que cela a été fait
auparavant.
Mme Lavoie-Roux:... si vous n'avez rien fait...
M. Morin (Sauvé): A vous entendre tout à l'heure,
Mme le député...
Mme Lavoie-Roux: On y reviendra, M. le ministre!
M. Morin (Sauvé): ... rien ne s'était fait au
ministère de l'Education depuis deux ans.
Mme Lavoie-Roux: J'ai signalé ce que vous aviez fait dans
l'intégration. C'est le seul point que j'ai signalé. C'est un
point que j'ai signalé, comme étant positif.
M. Morin: Vous en aurez d'autres à signaler
maintenant.
Mme Lavoie-Roux: II y en a très peu.
M. Morin: Pour ce qui est de la diversification des ressources
humaines, qui est un des points très importants de notre politique, le
ministère n'a pas voulu créer de nouvelles normes parce que les
besoins sont tellement diversifiés qu'on ne peut pas faire de
règles d'application absolument générales.
Nous avons prévu et ceci, à la demande des divers
milieux deux années d'exploration et d'expérience qui sont
en train de devenir, d'ailleurs, deux années d'implantation
ordonnée répondant aux besoins identifiés par les
commissions scolaires. Nous travaillons avec les commissions scolaires et le
ministère ne peut pas travailler seul dans un dossier comme
celui-là. D'ailleurs, si on le faisait, on serait prompt à nous
accuser de centralisation. Eh bien, ça, c'est de la
décentralisation. Mettre une personne responsable dans chaque commission
scolaire et financer cela pour $4 millions, c'est de la
décentralisation. Je pourrais vous donner bien d'autres exemples de ce
genre dans l'éducation physique, dans l'enseignement des arts, dans je
ne sais combien de secteurs où nous décentralisons, à
l'heure actuelle, vers les commissions scolaires.
A cette date, M. le Président, nous avons reçu 207
projets. Est-ce qu'on sait cela? Sûrement pas, pour nous tenir le langage
qu'on nous a tenu tout à l'heure. 207 projets dont, déjà,
74 sont acceptés, et je tiens à rendre hommage, soit dit en
passant, au travail de ceux qui, au ministère, tentent de faire avancer
cette politique. Je signale la contribution tout à fait remarquable du
sous-ministre adjoint, Mme Thérèse Baron.
La généralisation des services, l'introduction plus
généralisée des nouvelles ressources humaines plus
diversifiées suivront l'évaluation de ces projets pilotes.
On a parlé du chômage des jeunes. Voilà un
problème réel, et on peut, à bon droit, se demander:
Qu'est-ce que le ministère de l'Education peut faire pour contrer ce
grave problème de notre société? Loin de moi de vouloir le
nier. Je pense que c'est l'un des problèmes les plus graves de l'heure.
Eh bien, il y a des choses que le ministère de l'Education peut faire et
la principale, c'est d'obtenir que les jeunes aillent à l'école,
au collège, à l'université le plus longtemps possible, non
pas pour éponger le chômage, ce serait trop facile, tout
simplement parce que nous constatons, statistiques en main, que plus un enfant,
ou un adolescent, ou un jeune est scolarisé, moins il est en
chômage, moins il y a risque de chômage.
A Montebello, j'ai donné des statistiques là-dessus. Je me
permets de les mentionner également ce matin, M. le Président. Au
secondaire, à la fin du secondaire, nous constatons que les jeunes font
face à des taux de chômage de l'ordre de 15% à 16% ce qui
est très grave. Au collégial, le taux tombe à 7% ou 8%,
c'est-à-dire qu'il est coupé de moitié et, enfin, à
l'université, après le niveau universitaire, les jeunes ne font
plus face qu'à un taux de 5%. Ce n'est pas que ce ne soit pas grave,
mais on aura remarqué que, si un jeune se rend jusqu'à
l'université et en sort avec son diplôme, il a trois fois moins de
risques d'être en chômage que s'il sort du secondaire.
J'en tire une conclusion importante, parce que ce n'est pas,
évidemment, le ministère de l'Education seul qui va régler
ce problème du chômage des jeunes. Il faut plusieurs politiques
gouvernementales pour venir à bout d'un problème aussi vaste et
aussi important. Mais pour ce qui est de l'éducation, notre rôle,
de toute évidence, c'est de faire en sorte que les jeunes poursuivent
leurs études et aillent le plus loin possible dans leur formation, parce
que c'est comme ça que nous arriverons à diminuer le
chômage et à leur donner une meilleure chance d'accéder
à un poste intéressant. C'est cela la véritable
contribution du ministère de l'Education et j'ose espérer que M.
le député de Gaspé voudra bien abonder dans le même
sens.
Il me reste très peu de minutes pour traiter encore de deux ou
trois questions importantes, les autres iront à l'après-midi ou
encore elles iront au moment où nous étudierons les
crédits de chaque niveau. Je n'ai voulu relever que les principales
questions parce que je ne pouvais pas laisser passer certaines affirmations qui
ont été faites.
Mme Lavoie-Roux: Nous espérons y revenir après le
dîner.
M. Morin (Sauvé): J'espère bien que vous allez
revenir sur certaines de vos affirmations parce que, franchement, laisser
entendre après ces deux années et demie d'activités
intenses qu'il ne se fait rien à l'éducation, j'avoue qu'il faut
un certain culot.
Pour ce qui est du Conseil supérieur de l'éducation, c'est
vrai que la création du Conseil des collèges nous amène
à réexaminer le rôle du
Conseil supérieur d'éducation. Cependant, je tiens
à dire que nous ne ferons pas cela sans consulter tous les conseils, y
compris le conseil supérieur lui-même. Mes choix parce que
c'est ma responsabilité, c'est un dossier qui m'intéresse
particulièrement que celui des conseils ne sont pas
arrêtés. Pas plus tard qu'il y a deux semaines, j'ai
rencontré des représentants du Conseil supérieur de
l'éducation venus m'entretenir de ce point en particulier. Je leur ai
demandé de me transmettre un avis sur la question et il doit
m'être remis incessamment.
Il appert que le conseil va pouvoir examiner certaines des
hypothèses que j'ai évoquées devant lui. Quelle est la
meilleure solution? Devons-nous continuer d'avoir un conseil supérieur
qui traite également des collèges alors que nous avons un Conseil
des collèges? Peut-il encore traiter des universités alors que
nous avons un Conseil des universités? Il ne le fait guère,
d'ailleurs; le conseil supérieur, à toutes fins utiles, traite
très rarement des questions universitaires, puisqu'il existe un conseil
chargé précisément de ces questions.
Autrement dit, la création du Conseil des collèges remet
effectivement en question, les structures. Bien sûr, je n'ai pas
l'intention de procéder immédiatement, je n'ai pas l'intention de
tout bouleverser. J'ai fait part au Conseil supérieur de
l'éducation d'un certain nombre d'hypothèses. Il se pourrait
qu'effectivement, nous ayons besoin, comme on me l'a recommandé, de
créer un conseil spécial pour l'enseignement primaire et
secondaire, qui serait chargé spécifiquement de ces
problèmes et auquel seraient rattachés les comités
catholique et protestant. Si nous faisons cela, convient-il de conserver, pour
chapeauter le tout, un conseil supérieur ou peut-on imaginer une autre
solution qui consiste à réunir les trois conseils restés
autonomes pour constituer le conseil supérieur? Ce sont des questions
que j'ai posées publiquement et devant le conseil. Ce sont des questions
qu'il examine en ce moment. Nous avons également procédé,
d'ailleurs, à consulter le Conseil des universités qui est
intéressé, bien sûr, par ces hypothèses de travail
et, aussitôt que le conseil des collèges sera créé,
je voudrai sans doute le consulter également avant de me
déterminer sur ces questions.
Autrement dit, je pense que nous en avons encore pour quelques mois
à examiner ces questions. J'aimerais cependant que cela soit
réglé dans le courant de l'an prochain. On peut être
sûr que, s'il y a des modifications législatives, elles
reviendront devant cette commission, tout comme le conseil des collèges
va se trouver, d'ici quelques semaines, devant cette commission
parlementaire.
M. le Président, je voudrais peut-être évoquer
encore brièvement deux questions avant que nous arrivions à
l'heure de la suspension de la séance.
M. le député de Gaspé a semblé dire que la
consultation sur le livre vert et que nos démarches de consultation
n'étaient pas très satisfaisantes. Je voudrais lui
répondre et, pour cela, je m'en remets tout simplement à
l'opinion publique. Je ne suis
pas inquiet. Jamais le ministère de l'Education et le
gouvernement n'ont fait un tel effort pour rendre publics les résultats
de la consultation. Je ne sais pas si vous les avez eus, M. le
député, mais, si vous désirez avoir les résultats
de la consultation sur le livre vert, ça fait dix gros volumes de cette
épaisseur-là. Si vous ne les avez pas, je vous les fais parvenir
avec plaisir pour votre lecture de chevet de célibataire. Cela fait dix
volumes et, pour le cas où, après en avoir pris connaissance, le
député de Gaspé aurait encore des questions, j'y
répondrai volontiers.
M. Le Moignan: Même sans en prendre connaissance, j'ai des
questions.
M. Morin (Sauvé): C'est ça le problème,
plusieurs des questions que vous avez à l'esprit trouvent
peut-être leurs réponses dans ces dix volumes.
M. Le Moignan: Nous les avons, M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): J'espère que vous les lirez.
Encore peut-être une question, celle des OVEP. On était vraiment
tout à fait à côté de la réalité quand
on a laissé entendre que le gouvernement ne faisait aucun effort dans ce
domaine.
M. le Président, voici brièvement l'état de la
situation. En 1978/79, 321 organismes ont fait une demande et cela
représente plus de $7 millions. Nous disposions d'un budget de $2
millions, en augmentation par rapport au passé, permettant ainsi au
ministère de participer au financement d'environ 900 projets
éducatifs auprès de 236 organismes. Ce programme se
développe de façon très importante. Nous avons plus que
triplé le nombre de demandes depuis deux ans; c'est ça notre
problème, ce programme OVEP est trop populaire. Les montants ont beau
augmenter et cette année ils augmentent de 38% en une année...
A-t-on jamais vu cela pour un programme OVEP, M. le Président? 38% en
une année, mais cela ne suffit pas à la demande, parce que cela
s'est su que le gouvernement accordait beaucoup d'importance à
l'éducation populaire et aux organismes volontaires. Cela s'est su au
point que les demandes affluent et qu'à vrai dire nous sommes bien
embêtés puisque le budget actuel ne permet pas de satisfaire
entièrement les besoins de formation exprimés par les OVEP cette
année. (12 h 30)
Les organismes réclament de plus un programme moins contraignant,
puisque nous avons des normes et nous avons des critères qui sont assez
exigeants, étant donné que nous ne disposons pas d'argent pour
subvenir à tous les besoins. Sur le plan administratif, je reconnais, et
cela a été la faiblesse du programme cette année, que les
délais ont été trop longs entre la présentation des
projets et le versement des subventions. Mais nous reconnaissons cela et l'an
prochain nous allons faire un effort considérable pour améliorer
les délais.
Le budget du programme 1979/80 sera donc, je le dis parce que c'est
important que cela se sache publiquement, de $2 862 000, soit une augmentation
de 38%. C'est une augmentation de plus de $800 000. Je me demande même si
je devrais demander à la presse de le souligner, puisque ça va
nous valoir encore plus de demandes.
La Direction générale de l'éducation des adultes
prendra donc des dispositions pour réduire les délais dans
l'administration de ce programme, et je voudrais attirer votre attention sur
une autre dimension de ce problème, sur laquelle on s'est bien
gardé d'insister.
Le gouvernement précédent avait supprimé, du revers
de la main, le programme d'éducation syndicale. Nous l'avons
restauré. Nous avons même, depuis l'an dernier, appliqué le
principe d'un financement par tête, qui n'existait pas autrefois, avant
que l'ancien gouvernement n'abolisse le programme, et nous avons l'intention
d'aller, le plus rapidement possible, vers un financement qui atteindrait $1
par tête.
On voit, M. le Président, en conclusion, que le ministère
n'a pas chômé depuis deux ans et demi, depuis le 15 novembre 1976.
C'est ma principale conclusion.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le ministre. La
commission ajourne ses travaux sine die.
Suspension de la séance à 12 h 32
Reprise de la séance à 15 h 33
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'éducation est de nouveau réunie pour
étudier les crédits du ministère de l'Education pour
l'année 1979/80. Les membres de la commission sont: M. Alfred
(Papineau), M. Picotte (Maskinongé) remplace M. Goldbloom (D'Arcy
McGee); M. Jolivet (Laviolette), M. Lacoste (Sainte-Anne), Mme Lavoie-Roux
(L'Acadie), M. Le Moignan (Gaspé), M. Marquis (Matapédia), M.
Morin (Sauvé), M. Paquette (Rosemont).
Les intervenants sont: M. Bisaillon (Sainte-Marie), M. Chevrette
(Joliette-Montcalm), M. de Bellefeuille (Deux-Montagnes), M. Desbiens (Dubuc),
M. Gosselin (Sherbrooke), M. Goulet (Bellechasse), M. Samson (Rouyn-Noranda),
M. Springa-te (Westmount).
A l'ajournement de 12 h 30, les commentaires préliminaires
avaient été faits par chacun des membres de l'Opposition et par
le ministre. Pour poursuivre le projet de déroulement des travaux qui a
été adopté ce matin, nous en serions au deuxième
secteur, c'est-à-dire à la section A, primaire et secondaire, qui
se terminerait par le vote du programme 4.
Mme Lavoie-Roux: On n'a pas fini de poser nos questions d'ordre
général, quand même.
Le Président (M. Boucher): Pour les questions d'ordre
général, on a essayé d'être assez souples dans
l'attribution du temps. Evidemment, on a dépassé les vingt
minutes que le règlement permet à ce moment. Mme le
député de L'Acadie, vous-même, vous avez pris une heure et
quelques minutes.
Mme Lavoie-Roux: Non, je pense que ce n'était quand
même pas une heure.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Gaspé a dépassé les vingt minutes, et M. le ministre
également.
M. Le Moignan: 22 minutes.
Le Président (M. Boucher): Je crois qu'on pourrait
débuter immédiatement avec les crédits comme tels. Je
pense qu'au cours de l'étude de ces crédits, vous serez à
même de poser toutes les questions qu'il vous sera possible, sinon on ne
se conformera pas nécessairement au déroulement des travaux,
comme on l'a adopté ce matin.
Mme Lavoie-Roux: Ecoutez, M. le Président-Pardon?
M. Morin (Sauvé): J'allais souhaiter, effectivement, que
nous abordions dès maintenant le primaire et le secondaire, car je
partage totalement le souci dont nous faisait part ce matin Mme le
député de L'Acadie qui était le suivant: II faudrait
trouver un peu de temps au moins, compte tenu des quelques heures que nous
avons pour l'étude des crédits du ministère de
l'Education, quelque temps pour tous les secteurs, non seulement le primaire et
le secondaire, mais le secteur collégial et l'enseignement
universitaire, l'éducation des adultes, l'aide financière aux
étudiants, l'enseignement privé, la planification, et enfin,
l'administration proprement dite du ministère.
Si nous voulons arriver à faire tout cela, je pense qu'il serait
temps, effectivement, de nous mettre au travail et je proposerais aux membres
de cette commission de poser toutes les questions voulues sans que nous y
imposions la moindre contrainte, la moindre limite, au moment où nous
aborderons chaque programme.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: ... ce matin, en réponse à des
commentaires que nous faisions, le ministre de l'Education y est allé
avec sa verve habituelle. Il a même dit que je l'avais fouetté. Si
ça peut réussir à fouetter le ministre des Finances, tant
mieux. Il y a quand même des points qui demandaient, à mon point
de vue, certaines rectifications.
Le ministre est allé à fond de train, a avancé tout
ce qu'il voulait. Là, nous autres, on est là et on ne peut plus
rien dire.
Le Président (M. Boucher): Mme le député de
L'Acadie, je crois qu'au cours de l'étude des crédits, vous aurez
le loisir de faire...
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais c'étaient des questions d'ordre
général.
Le Président (M. Boucher): ... les rectifications, mais,
étant donné qu'au début de la commission, les
commentaires, au moins, généraux... A l'article 160, on dit:
Lorsqu'une commission étudie un projet de loi ou des crédits, un
député peut prendre la parole sur un même point aussi
souvent qu'il lui plaît, à condition de ne parler plus de 20
minutes en tout sur un même article ou sur un même paragraphe, une
même motion ou une même question d'ordre ou de règlement. Je
pense qu'à partir de ce moment-là...
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais, M. le Président, moi...
Le Président (M. Boucher): ... on a épuisé
amplement le temps pour les commentaires ce matin.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'ai posé des
questions, par exemple. J'ai dit: Est-ce que le ministre pourrait nous
répondre sur le budget? Qu'est-ce qui était d'ordre salarial,
d'ordre administratif? Qu'est-ce qui était dû à l'inflation
et qu'est-ce qui était consacré à de nouveaux programmes?
Je n'ai pas eu cette réponse générale.
M. Morin (Sauvé): Ah! très bien.
Mme Lavoie-Roux: L'autre chose, M. le Président, si vous
voulez que nous prenions 20 minutes sur chaque article, on pourrait se
retrouver ici l'an prochain...
Le Président (M. Boucher): Oui, mais,
écoutez...
Mme Lavoie-Roux: ... alors qu'on a toujours fait ça en
toute bonne collaboration dans les années passées. On n'a jamais
eu ce...
Le Président (M. Boucher): Sur les commentaires
généraux, je pense, vous avez dépassé les 20
minutes amplement, en allant au-delà d'une heure.
Mme Lavoie-Roux: Les commentaires généraux et les
questions d'ordre général, à mon point de vue, sont deux
choses différentes, enfin, non pas complètement dissociables,
mais c'est quand même différent.
M. Morin (Sauvé): Est-ce que je pourrais donner des
apaisements à Mme le député de L'Acadie, M. le
Président...
Mme Lavoie-Roux: Non, je suis capable de m'apaiser toute
seule.
M. Morin (Sauvé): ... en lui disant que toutes les
questions auxquelles j'avais réponse immédiate, j'y ai
répondu ce matin. Les autres questions qu'elle a soulevées, de
même que celles de M. le député de Gaspé, je les ai
notées et, souvent, elles exigeaient une recherche pour donner les
chiffres exacts, pour donner une réponse précise. J'aurai les
réponses au cours des heures et des journées qui viennent. Je ne
puis, en ce moment, ajouter à ce que j'ai dit ce matin. Je n'ai pas les
éléments de réponse à toutes les questions qui
m'ont été posées, mais je puis prendre l'engagement de les
avoir au cours des heures qui viennent, sûrement au cours de
l'étude des crédits. J'ai noté toutes les questions.
Mme Lavoie-Roux: II y en a une que je ne vous ai pas posée
et qui est d'ordre général, je pense qu'elle peut
nécessiter une petite recherche. J'aimerais qu'on nous ventile les
crédits périmés qui sont, selon le cahier des
renseignements supplémentaires aux crédits, de l'ordre de $70
millions. Est-ce qu'ils ont été simplement virés? Est-ce
qu'ils sont retournés au fonds consolidé? Est-ce qu'ils ont
été réaffectés à l'intérieur du
ministère? On aimerait savoir à quels postes et quels sont ceux
qui ont été périmés. Je pense que cette
réponse demande une certaine recherche, mais ce serait quand même
intéressant.
M. Morin (Sauvé): Effectivement, M. le Président,
ça demande une certaine recherche, surtout s'il s'agit de ventilation de
ces crédits, mais j'ai demandé que ce soit fait et, d'ici
quelques heures, je pense bien, nous aurons la réponse.
Mme Lavoie-Roux: II y a une autre question d'ordre
général, si vous me le permettez, je ne ferai pas de discussions,
M. le Président...
Le Président (M. Boucher): Allez-y.
Mme Lavoie-Roux: J'aimerais que le ministre nous donne, par
catégorie d'emploi, la répartition par sexe de ses
fonctionnaires. Je vois que dans son cabinet, il y a une femme, agent de
recherche, une personne sur...
M. Morin (Sauvé): Deux depuis hier.
Mme Lavoie-Roux: Mon Dieu! vous aviez pressenti que... Où
sont-elles, M. le Président?
M. Morin (Sauvé).: Elles sont au travail, M. le
Président.
Mme Lavoie-Roux: Elles sont au travail, je m'en doute; vous aussi
êtes au travail?
M. Morin (Sauvé): Oui. Avec vous.
Mme Lavoie-Roux: Vous ne les avez pas amenées. A quels
postes sont-elles affectées? Ce serait intéressant de le
savoir.
M. Morin (Sauvé): La première, vous le savez, est
membre de mon cabinet et est chargée de l'Office des professions. La
seconde devient agent de liaison et sera rendue responsable de certains
dossiers selon les intérêts qu'elle peut avoir sur le plan
professionnel. Il s'agit de Mlle Diane Laflamme.
Mme Lavoie-Roux: Au niveau des sous-ministres, au cas où
vous ne les auriez pas tous amenés, il y a toujours seulement une femme
sur huit.
M. Morin (Sauvé): C'est exact. C'est un héritage du
passé que nous tentons de corriger.
Mme Lavcie-Roux: Est-ce qu'il n'y a pas un poste de sous-ministre
qui est vacant?
M. Morin (Sauvé): Oui, le poste de sous-ministre
associé de foi catholique est effectivement vacant.
Mme Lavoie-Roux: On me donnera cette répartition parce que
j'aimerais quand même savoir, dans les postes supérieurs et dans
les postes de direction ou d'adjoints aux directeurs de services, je serais
intéressée de connaître la répartition de
l'effectif.
M. Morin (Sauvé): Oui, nous allons certainement pouvoir
répondre à votre question. Je pense qu'il faudra cependant
quelques heures de recherches.
Mme Lavoie-Roux: II me reste une autre question, M. le
Président. Je ne sais pas si c'est d'ordre général ou si
on pourrait l'intégrer... Je suis sûre que ça
s'intègre toujours quelque part, mais ce n'est pas toujours sûr
qu'on s'y rende ici. A un moment donné, c'est long...
Le Président (M. Boucher): Pour autant que vous l'ayez en
note.
Mme Lavoie-Roux:... c'est sur les suites de la conférence
Québec-commissions scolaires. Je sais qu'un comité a
été formé à la suite des pressions qui ont
été faites. Il a été formé avant, mais
ça a pris deux mois avant que les gens se rencontrent. Est-ce que le
ministre voudrait faire le point sur cette question-là? Où en
sont-ils?
M. Morin (Sauvé): Oui. La même question m'a
été posée par le député de Gaspé et
j'ai l'intention de m'y référer, non seulement dans
l'exposé qui va suivre, mais j'aurai l'occasion d'apporter
là-dessus des précisions. Le comité s'est effectivement
mis au travail environ un mois après la conférence, après
que nous eussions, de part et d'autre, désigné les fonctionnaires
ou les représentants des commissions scolaires qui devaient participer
à ce comité mixte. Il s'est mis au travail et je serai en mesure
de vous donner, de façon très concrète,
les résultats de ce comité probablement demain matin, si
vous le désirez.
Plutôt que de répondre maintenant à moitié,
je préfère avoir tous les éléments qui me
permettront d'apporter une réponse complète demain. Je puis vous
dire que les travaux se sont déroulés à notre satisfaction
je pense qu'on peut le dire et que les résultats sont fort
encourageants pour les commissions scolaires et pour le ministère de
l'Education.
Nous avions, vous le savez, dans la foulée de la
conférence Québec-commissions scolaires, un certain nombre de
problèmes à régler. Je pense qu'ils sont en bonne voie de
règlement, mais j'aurai tous les détails, si vous le permettez,
demain.
Enseignement primaire et secondaire
Avec votre permission, M. le Président, j'aborderais maintenant
l'enseignement primaire et secondaire, c'est-à-dire le programme...
Le Président (M. Boucher): 4.
M. Morin (Sauvé): ... 4, exactement. L'année
1978/79 a certainement été, pour l'enseignement primaire et
secondaire au Québec, une année marquée par deux
événements fort importants: le lancement de l'école
québécoise, notre énoncé de politique et notre plan
d'action, d'une part, et la tenue d'une conférence
Québec-commissions scolaires, d'autre part. (15 h 45)
Ces deux événements qui sont des points d'arrivée,
mais aussi et peut-être davantage des points de départ pour une
série d'actions et de transformations échelonnées sur les
années à venir illustrent bien la double perspective qui
préside à l'évolution actuelle de l'enseignement primaire
et secondaire public au Québec. En effet, le lancement de
l'énoncé de politique et le plan d'action traduisent, d'un
côté, la perspective de renouveau pédagogique que le
gouvernement a voulu favoriser en partant de la base, la base même que
constitue l'école.
On sait que ce recueil de décisions et de choix gouvernementaux
fait suite au lancement d'un livre vert en octobre 1977 et à une vaste
consultation populaire qui s'est déroulée au printemps 1978.
Parallèlement, mais de façon complémentaire, le
gouvernement a voulu entreprendre de redéfinir cette fois en rapport
direct avec ses partenaires des commissions scolaires tout le champ de la
gérance de cette vaste entreprise qu'est l'enseignement primaire et
secondaire public, d'où la tenue, d'où l'organisation d'un sommet
de l'éducation, en quelque sorte.
Je me permettrai donc de revoir avec vous les réalisations et les
orientations majeures de notre plus important réseau d'enseignement en
partant de ces deux volets dont je viens de parler et en retenant ce qui
présentement ou dans un proche avenir touche directement les
activités du réseau d'enseignement primaire et secondaire. Vous
n'êtes pas sans savoir tout d'abord que l'école primaire et
secondaire publique a fait l'objet, depuis de nombreuses années
déjà, de critiques importantes, voire de remises en question.
Encore tout récemment, des séries d'articles de journaux de
même qu'une série télévisée intitulée
"Les enfants des normes" traduisait chacun à sa manière des
points de vue sur notre école et des points de vue qui paraissent
contradictoires.
Le livre vert lui-même contenait un diagnostic assez poussé
des points forts, mais aussi des points faibles généralement
attribués à l'école primaire et à l'école
secondaire. Sans revenir une fois de plus sur les éléments de ce
diagnostic, je veux simplement profiter de l'occasion qui m'est offerte pendant
la défense des crédits pour dire à quel point les actions
annoncées dans l'énoncé de politique et dans le plan
d'action viennent au bon moment pour assurer la relance de l'enseignement
primaire et secondaire public et mieux garantir la qualité de cet
enseignement.
Nous entreprenons, dès 1979/80, de mettre en oeuvre le document
gouvernemental et nous agirons sur plusieurs tableaux à la fois,
puisqu'il y a évidemment beaucoup à faire au sujet des programmes
d'étude, des régimes pédagogiques, du matériel
d'enseignement, de l'encadrement des élèves, de la participation
des parents.
Nous porterons également, dans la foulée de
l'énoncé de politique et du plan d'action, une attention
particulière aux clientèles des milieux dévaforisés
et à l'enfance en difficulté d'adaptation et d'apprentissage.
J'aurai l'occasion de répondre justement à certaines questions
qui m'ont été posées à ce sujet ce matin.
De plus, nous coordonnerons toutes ces nouvelles actions avec d'autres
tout aussi importantes qui étaient déjà en cours depuis
quelque temps, comme celles qui portent sur le développement de
l'éducation physique, le développement de l'enseignement des
langues, le développement de l'enseignement des arts et celui de
l'éducation chrétienne.
Permettez-moi de vous dire quelques mots, en premier lieu, de
l'élaboration des programmes. Puisqu'il s'agit là des contenus de
base de la formation, nous avons annoncé, au sujet des programmes, que
notre orientation bien arrêtée était de préparer des
programmes plus précis et comportant des objectifs et des contenus
essentiels obligatoires, des contenus indicatifs et des éléments
propres à favoriser la réalisation des objectifs éducatifs
poursuivis par ces programmes.
Nous prévoyons, par là, aider, appuyer l'action de
l'enseignant en classe et le progrès continu de l'élève.
Ces programmes seront des instruments privilégiés qui
n'obligeront toutefois pas à se limiter à une forme unique
d'apprentissage où d'acquisition du savoir. Comme j'avais l'occasion de
le dire hier, à l'occasion de la semaine pédagogique, ces
programmes précis ne sont pas pour autant des carcans. D'un autre
côté, la souplesse que nous avons voulu y introduire, n'est pas
synonyme non plus de laisser-aller. Il y a un
équilibre à trouver entre la précision et la
souplesse.
Dans ce domaine de la refonte des programmes, nous disposons
déjà d'un échéancier détaillé des
travaux qui nous confirme les grandes échéances
déjà annoncées à l'énoncé de
politique et au plan d'action.
En septembre 1979, la plupart des programmes, y compris aussi les
objectifs généraux de formation du préscolaire et du
primaire, auront été révisés, au moins de
façon préliminaire et, plus spécialement, nous
préparons maintenant l'implantation du nouveau programme de
français langue maternelle, pour l'automne, dans les écoles du
Québec.
Quant aux programmes de formation générale du secondaire,
plusieurs auront été révisés en juin 1980. La
révision des programmes de formation professionnelle sera, de son
côté, un peu plus éloignée, elle prendra un peu plus
de temps, compte tenu de l'adoption éventuelle, préalable, d'un
plan intégré de développement de la formation
professionnelle et compte tenu des travaux d'envergure entrepris depuis
quelques années dans ce secteur et qui sont en voie de
parachèvement.
Dans l'ensemble, l'implantation progressive des nouveaux programmes par
les commissions scolaires devra évidemment s'échelonner sur
quelques années, particulièrement pour les programmes qui
s'appliquent à toutes les années du primaire ou à toutes
les années du secondaire.
Deux mots maintenant des manuels scolaires. Dans ce domaine, j'ai
annoncé, en février dernier, notre intention de prendre les
mesures nécessaires pour qu'au moins un manuel de base dans chaque
matière des programmes du primaire et du secondaire soit mis à la
disposition des élèves. Il s'agit là d'un objectif qui ne
sera atteint que progressivement, après quelques années, mais je
voudrais tout de même vous donner ici une idée des travaux qui
seront entrepris dès 1979/80 et qui sont nécessaires pour mener
à bien cette énorme tâche.
Il y aura d'abord élaboration de devis de production des manuels
et du matériel de base pour les programmes du primaire, sauf pour le
français, langue maternelle pour lequel les devis de production sont
déjà complétés et les éditeurs ont
déjà été informés des besoins et des
exigences du nouveau programme.
Ensuite, nous renforcerons les mesures ayant pour but de soutenir, par
subventions et commandites, l'édition de manuels scolaires. Nous
prévoyons en effet ajouter au budget 1979/80 une tranche
supplémentaire de $300 000 environ spécialement à ces
fins.
Nous croyons, par ailleurs, qu'il est de première importance de
susciter la participation des enseignants à l'élaboration des
manuels scolaires de base, sinon à l'élaboration des devis de
production. Nous sommes donc présentement à étudier les
modalités pratiques de cette participation que nous souhaitons vivement
obtenir.
L'énoncé de politique et le plan d'action que j'ai rendus
publics le 20 février dernier ouvrent la voie à une série
de mesures qui toucheront les activités du réseau dès
septembre 1979. Je veux parler ici des mesures qui ont trait à
l'élaboration du projet éducatif et à la participation des
parents. Déjà, 21 commissions scolaires environ ont
participé à des travaux de recherches sur le projet
éducatif. Comme, à partir de septembre 1979, l'ensemble des
commissions scolaires auront à leur disposition un certain nombre de
documents explicatifs sur le projet éducatif, la participation, la mise
en place de conseils d'orientation ce sont les sujets de ces documents
il est probable que les travaux dans ce domaine vont prendre de
l'ampleur. Il y a lieu de croire que de nombreuses écoles commenceront
à instaurer les mécanismes de concertation devant leur permettre
d'élaborer leur plan d'action et leur projet éducatif.
D'ailleurs, des modifications seront apportées aux lois et aux
règlements au cours des prochains mois, lesquelles préciseront le
cadre légal des mécanismes de participation et de concertation
que doivent constituer les conseils d'orientation.
Il est bien entendu, cependant, que le gouvernement n'entend pas imposer
la création de conseils d'orientation, mais il veut plutôt, par
des mesures législatives, entre autres, assurer la possibilité
d'en créer là où le milieu est apte à le faire, est
prêt à le faire et le juge nécessaire. Je rappelle en outre
que les modifications aux lois et règlements que nous envisageons
assureront non seulement la consultation obligatoire des parents sur des sujets
tels que le calendrier scolaire, mais également une
représentation plus grande de ces parents au niveau même de la
commission scolaire. Nous devons percevoir le lien très étroit
qui doit exister entre projet éducatif, participation des parents et
conseil d'orientation. Ce dernier, organisé au niveau de l'école,
sera principalement chargé d'élaborer un projet éducatif
répondant à la volonté et aux aspirations du milieu. En ce
qui concerne sa composition, il est censé regrouper la direction, les
enseignants, les parents et les élèves, du moins, pour ces
derniers, au niveau secondaire.
A ce chapitre de la participation des parents, l'année 1978/79 a
été l'occasion d'un certain renouveau. Lors de la consultation
sur le livre vert, en effet, l'intérêt des parents a
été remarquable. Le cinquième des personnes qui ont
participé d'une façon ou d'une autre à la consultation
étaient des parents, et les deux tiers des réponses individuelles
au questionnaire que nous avions distribué dans le réseau
provenaient d'eux. Nous avons également assisté, en cours
d'année, à un certain renforcement des associations
régionales des comités de parents et ceux-ci ont pu
bénéficier de sessions de formation, de colloques
régionaux, de journaux régionaux et de bulletins de
comités d'école, tous moyens que nous avons la ferme intention
d'encourager et de soutenir encore l'an prochain.
M. le Président, j'aurais encore beaucoup de choses à
dire, notamment sur l'enfance en difficulté d'adaptation et
d'apprentissage, sur les dé-
veloppements en cours, notamment dans le domaine linguistique et celui
de l'enseignement des arts ou de l'enseignement religieux. J'aurais beaucoup
à dire également sur l'administration de l'école, mais, si
vous le voulez, je pourrai me permettre de déposer ces textes pour qu'on
puisse en prendre connaissance. Etant donné que nous disposons de si peu
d'heures pour faire le travail, je m'en tiendrai à des exposés
extrêmement concis, comme celui que je viens de faire pour tous les
niveaux d'enseignement et pour tous les sujets.
Je vous remercie. Je suis à la disposition de la commission pour
répondre à toutes les questions qui intéressent les
députés sur les niveaux primaire et secondaire et j'ose
espérer que nous pourrons procéder le plus rapidement possible
à l'adoption du programme no 4.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le ministre.
Mme le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, une remarque
préliminaire que je maintiens et à laquelle le ministre n'a pas
répondu ce matin, c'est le problème de la non-indexation des
dépenses courantes des commissions scolaires et ses répercussions
sur la qualité des services. Je ne veux pas refaire la même
démonstration, mais je pense que le ministre sait fort bien que le seul
endroit où on peut faire des coupures budgétaires, c'est à
l'intérieur de l'enveloppe 2, là où il n'y a pas de
normes, et le résultat concret est que, souvent, les personnes qui
disparaissent sont des personnes qui, normalement, donnent des services aux
étudiants, que ce soient des conseillers d'orientation, que ce soient
des bibliothécaires. (16 heures)
J'ai fait état, ce matin, du matériel didactique et, en
particulier, des bibliothèques. Je mentionnais que le ministre des
Affaires culturelles, vendredi dernier, disait que, justement, il avait pris
conscience ou il avait noté que les bibliothèques scolaires
étaient particulièrement démunies. Je pense que le
député de Gaspé était là et il pourra
confirmer cette affirmation du ministre des Affaires culturelles. Je
répète que, quand il faut chauffer, on n'a pas le choix. On coupe
ailleurs, et on coupe des choses essentielles. On parle tellement de la
qualité de l'école, de la qualité de l'encadrement des
étudiants, de la qualité des services à l'intérieur
de l'école qu'il va falloir un jour que le gouvernement fasse un
choix.
Ceci dit, je voudrais poser quelques questions d'ordre
général sur le plan d'action du ministre.
Le ministre peut-il nous dire, compte tenu du fait que l'école
québécoise est un plan d'ensemble, si le ministère va
d'abord publier, en regard des moyens d'actions, la forme que prendra
l'application du plan d'action, les lois, les directives, les
règlements, les circulaires, etc. Ce document m'apparaît
absolument important parce que, dans le moment, la population,
particulièrement les gens qui oeuvrent à l'intérieur des
écoles ou des commissions scolaires, est dans une situation de confusion
à savoir qui ou qu'est-ce qui va venir en premier lieu. Le ministre,
tout à l'heure, a dit: Dans les prochains mois, il y aura des lois.
Est-ce que le ministre peut préciser, également, les
délais qu'il prévoit et quelle sera la nature de ces lois?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je donnerai une
réponse générale à cette question et, ensuite, je
demanderai au sous-ministre adjoint de vous donner quelques renseignements
supplémentaires.
Je voudrais d'abord dire, Mme le député de L'Acadie, que
l'échéancier de la mise en oeuvre de toutes les mesures du plan
d'action sera rendu public d'ici quelques semaines, peut-être même
d'ici la fin du mois.
Mme Lavoie-Roux: Avant que nous quittions.
M. Morin (Sauvé): Assurément. Je puis vous assurer
que ce sera avant la fin de la session, mais je dis même peut-être
d'ici la fin du mois de mai.
Mme Lavoie-Roux: Du moment... D'accord.
M. Morin (Sauvé): Nous y travaillons très
fermement, en ce moment; j'aurais souhaité que ce soit terminé
pour cette commission parlementaire, mais, malheureusement, ça ne l'est
pas tout à fait. Nous allons le rendre public; donc, on saura où
nous allons, à quel rythme et comment.
En second lieu, plusieurs modifications sont de nature
législative ou encore de nature réglementaire. Par exemple, il
est clair que les dispositions du plan d'action qui portent sur la
présence des parents dans les commissions scolaires doivent faire
l'objet de modifications législatives. Elles seront soumises
incessamment à l'Assemblée nationale et cette commission devra
d'ailleurs se réunir à nouveau pour en discuter. Il y aura sans
doute d'autres modifications législatives à l'automne et
probablement même échelonnées sur toute l'année
prochaine, selon le rythme de préparation que nous arriverons à
imprimer à toutes ces réformes.
Pour ce qui est maintenant des régimes pédagogiques qui,
on le sait, sont en voie de révision complète, ils devront, comme
Mme le député le sait, faire l'objet de règlements. Ces
règlements seront naturellement rendus publics aussitôt que faire
se pourra. Il n'y a évidemment je voudrais rassurer Mme le
député là-dessus aucune intention de la part du
ministère de laisser quoi que ce soit sous le boisseau. Ce serait
contraire à nos intentions parce que, justement, nous voulons mettre en
oeuvre le plan d'action assez rapidement; nous voulons qu'il passe dans les
faits. Bien sûr, certaines mesures vont prendre plus de temps que
d'autres; par exemple, la révision de tous les programmes qui est une
entreprise colossale, les devis de manuels, les guides pédagogiques, les
manuels, ce sont des tâches énormes qui vont s'échelonner
sur quelques années, mais nous sommes déjà à
l'oeuvre et on peut être sûr que sur ce plan, les mesures ne se
feront pas attendre.
Si, Mme le député veut me poser des questions très
précises sur tel ou tel aspect du plan d'action qui l'inquiète
particulièrement ou qui l'intéresse plus particulièrement,
je serai heureux de répondre à ses questions. Mais auparavant, si
vous le voulez bien, quelques détails de plus.
Pour ce qui concerne les mesures concrètes qui ont
été identifiées ce matin, toutes les circulaires sont
déjà rendues dans les commissions scolaires ou sont en voie de
l'être tant pour l'exemption de l'enseignement religieux, l'encadrement
dans les écoles polyvalentes, le dossier des milieux
défavorisés et également l'ensemble des projets pour
l'enfance en difficulté. Les circulaires ont quitté le
ministère ou sont en voie de le quitter.
Maintenant, en ce qui concerne les programmes d'études, nous
pourrions déposer dès maintenant l'échéancier. Il
est déjà complété et il a été soumis
aux différentes instances dans les commissions scolaires. Pour le
régime pédagogique, nous croyons qu'il serait possible que les
instances du ministère consultent le Conseil supérieur de
l'éducation dès l'été. Pour l'école primaire
et pour l'école secondaire, nous proposerions deux régimes
pédagogiques qui regrouperaient tous les éléments du
règlement 2 sur la mesure et l'évaluation, du règlement 6
sur l'enseignement des langues secondes et du règlement 7 qui est connu
et qui touchait particulièrement l'ensemble des questions d'organisation
scolaire.
Normalement, nous devrions compléter ce
réaménagement réglementaire pour que la proposition soit
faite pour l'été prochain. Quant aux politiques annoncées,
le milieu défavorisé, c'est pour juin ou juillet de cette
année; en ce qui concerne l'enseignement professionnel, nous avons
déjà, à l'intérieur de nos propositions de
régime, prévu une possibilité de sixième
année de secondaire. Le plan d'action indiquait qu'il y avait aussi
possibilité de développer d'autres modèles de formation,
avec la collaboration de l'entreprise ou du milieu de travail et ce sont ces
modèles qui pourront être examinés de plus près
à l'intérieur d'une politique qui devrait normalement être
complétée pour l'automne. Ce sont là, je pense, la
majorité des éléments d'échéance.
Quelques précisions encore, si vous le permettez, pour bien
démontrer que la révision des programmes est vraiment en route.
Nous avons déjà complété dans le secteur
professionnel court la révision du programme d'histoire nationale, celle
du programme de géographie nationale, nous avons terminé le
programme d'écologie pour le secondaire I et j'ai rendu public hier le
programme de français pour tout le primaire, qui a été une
tâche considérable, comme les députés pourront s'en
rendre compte, puisqu'ils ont maintenant copies des deux tomes de ce programme.
Les guides pédagogiques sont terminés même pour ce qui est
de l'histoire et de la géographie nationales au professionnel court et
de l'écologie au secondaire I. Les guides pédagogiques sont donc
terminés. Le travail avance et rapidement. J'ai bon espoir que, d'ici
quelques mois, nous aurons revu tous les programmes. J'ai bon espoir que, l'an
prochain, quand nous nous reverrons en commission parlementaire, ce sera chose
faite.
Mme Lavoie-Roux: Tous les programmes de
l'élémentaire et du secondaire dans le secteur
général et professionnel au printemps 1980?
M. Morin (Sauvé): Pour ce qui est du primaire, la
réponse est oui.
Mme Lavoie-Roux: Bon, c'est mieux d'être plus prudent.
M. Morin (Sauvé): Pour le secondaire, ça prendra
quelques mois de plus probablement, mais nous aurons fait également
beaucoup de chemin au secondaire également. Par exemple, le programme de
français du secondaire est en marche actuellement. On y travaille
d'arrache-pied.
Mme Lavoie-Roux: Vous aviez déjà des outils, alors
vous continuez.
M. Morin (Sauvé): Oui, nous avions des outils, en ce sens
que plusieurs commissions scolaires s'étaient donné des
programmes institutionnels, surtout les commissions scolaires disposant de
moyens importants, comme, par exemple, la CECM, Mme le député de
L'Acadie le sait bien; mais il fallait faire en sorte qu'une nouvelle
synthèse de toutes ces expériences et de toutes ces initiatives
soit faite. Cela a pris des mois, littéralement, parce qu'il y avait
aussi des choix, des tris à faire. Pour le français, c'est chose
faite, vous avez devant vous ce qu'on pourrait appeler une copie de travail; il
reste encore à fignoler quelques petits détails et aussi, pendant
l'année qui vient, nous allons, bien sûr, écouter ce que le
milieu a à nous dire de ces programmes.
Mme Lavoie-Roux: Une sous-question que je voudrais poser au
sous-ministre, que je lui ai posée l'an dernier; il faudrait que je
relise tous les débats de l'éducation pour retrouver la
réponse. Ce n'est pas une question piège du tout. J'aimerais me
rappeler la réponse qu'il m'a donnée, parce que je sais
qu'à Chicago, c'est la façon dont on procède pour la mise
à jour ou la tenue à jour des programmes. Parce que, même
si vous avez un programme de français, il va falloir aussi qu'il
évolue. Ce n'est pas fixé, comme vous aimez le dire, dans le
béton pour toujours. J'avais posé la question: Dans quelle mesure
les enseignants, durant la saison estivale, peuvent-ils être mis à
contribution de façon quand même importante? Je sais qu'à
Chicago, on va dire, dans les commissions scolaires, qu'on se propose de
réviser tel ou tel programme, les gens peuvent présenter leur
candidature et il y a ensuite un jury qui établit les meilleures
ressources parmi ces personnes, de telle sorte que c'est une opération
continue.
Quand le ministre dit: Je sais que c'est très long, je suis tout
à fait d'accord avec lui. Mais, une
fois qu'on a fait l'effort, si on le continuait d'une façon
structurée ou suivie, je pense que ce serait peut-être moins ardu
qu'avoir l'impression qu'on recommence de très loin. Vous m'aviez
donné une réponse selon laquelle les enseignants, durant
l'été, ne pouvaient pas, d'une façon plus massive,
être impliqués. J'oublie quelle était votre raison.
M. Morin (Sauvé): Me permettez-vous de dire tout d'abord
que je suis d'accord avec votre idée que les programmes, je le dirais de
cette façon si j'avais à le dire, sont des organismes vivants en
quelque sorte. Ils connaissent une croissance, ils doivent être
adaptés aux circonstances et ils doivent correspondre aux besoins; ils
doivent être souples pour être adaptables aux besoins de chaque
milieu. C'est tout à fait notre conception. Là-dessus, je vois
que nous nous retrouvons.
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai pas la réponse...
M. Morin (Sauvé): Actuellement, la question de
révision, en termes de révision continue, ne se pose pas
finalement. Nous sommes à élaborer des programmes
d'études, puisque nous avions des programmes-cadres; la majorité
d'entre eux dataient de 1969 et nous sommes en situation
d'élaboration.
Maintenant, ces programmes sont élaborés par des
enseignants qui sont embauchés par le ministère, par contrats,
avec des commissions scolaires.
Mme Lavoie-Roux: Durant l'année scolaire.
M. Morin (Sauvé): Leur année, c'est
évidemment du 1er septembre au 30 juin. L'été, il y a
déjà des équipes qui sont embauchées pour des
contrats particuliers de recherches, pour vérifier des parties de
programmes, en termes de contenus ou d'orientation, mais le problème de
révision qu'on pourrait qualifier davantage de sommaire, de
révision continue, qui ne nécessiterait pas un examen de
l'ensemble du programme, ne s'est pas encore posé. Nous sommes en voie
d'élaboration et, par la suite, nous aurons besoin des enseignants comme
agents de développement pédagogique pour assurer l'implantation,
puisque, pour chaque programme élaboré, il y a un processus
d'implantation et un processus de vérification et
d'évaluation.
Jusqu'à maintenant, nous avons surtout utilisé le
personnel durant l'année scolaire, parce que les contrats pour pouvoir
réaliser ces projets, à toutes fins utiles, sont des contrats
à long terme et ne sont pas strictement à très court
terme.
Mme Lavoie-Roux: Vous ne rejetez pas l'idée de
procéder éventuellement de cette façon! (16 h 15)
Vous avez parlé, tout à l'heure, des manuels scolaires. Il
y a deux questions que j'aimerais vous poser, pour le manuel scolaire de base.
Quel sera votre schème de référence, pour bâtir ce
manuel de base? Je m'explique. Il y a une question que j'ai posée
à l'Assemblée nationale, dans une intervention, donc, elle
n'appelait pas de réponse immédiate.
Avec les voies, on peut toujours aller d'un extrême à
l'autre. Avec les voies, on est allé vers la marginalisation d'un
certain nombre d'élèves ou d'un trop grand nombre
d'élèves, devrais-je dire. Mais avec l'abolition des voies, vous
allez maintenant devoir avoir, je suppose, un manuel qui soit comment le
qualifier...
M. Morin (Sauvé): Polyvalent.
Mme Lavoie-Roux: Polyvalent, c'est cela. Mais est-ce qu'il va y
avoir la partie a) pour une catégorie et la partie b)... Il reste que
cela va être un manuel qui va s'adresser à une catégorie
d'étudiants homogènes ou d'élèves homogènes.
Cela va être fait pour la moyenne, somme toute.
La question que j'avais posée était celle-ci. Avec
l'abolition des voies, il y a deux défis à relever. Dans un cas,
il peut arriver qu'il y ait une marginalisation d'un plus grand nombre
d'élèves, ou encore, s'ils doivent être marginalisés
à la suite d'évaluation très poussée, en a-t-on
aussi des outils pour les réinsérer là où ils
devraient être, dans la classe? Et à l'autre extrême, vous
avez également les élèves à présent,
il ne faut plus parler d'élèves plus doués, parce que
c'est de l'élitisme, alors je vais parler des élèves plus
rapides plus rapides, parce qu'apparemment, c'est à l'abri de
toute critique. Du moins, je l'espère.
Il reste que vous avez des élèves qui sont plus rapides et
il ne s'agit pas, pour ces enfants, uniquement de remplir le temps en disant:
Toi, au lieu de faire les exercices de 0 à 10, tu vas les faire de 0
à 100, parce que, étant donné que tu es plus rapide, tu
vas en faire dix fois plus que l'autre. Il va peut-être devenir
très très très rapide.
Mais du point de vue de l'enrichissement, le problème de
l'enrichissement pour les élèves plus doués, quelles que
soient les raisons qui peuvent être des raisons sociales, des raisons
d'aptitudes, etc., il ne sert à rien de se cacher la
vérité, qu'est-ce qu'il y a de prévu? Et quel support,
quel outil va-t-on donner au maître, qui, lui, va devoir quand même
prendre soin d'une clientèle hétérogène, à
l'intérieur d'une classe homogène? Quel est le schème de
références que vous allez utiliser pour bâtir le manuel de
base?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, c'est là
une très bonne question sur le plan pédagogique. Je voudrais
commencer par dire qu'à mon avis les manuels, si parfaits soient-ils, ne
pourront pas répondre entièrement pas plus qu'ils ne le
font à l'heure actuelle, d'ailleurs aux préoccupations du
député de L'Acadie. C'est la didactique qui va venir
compléter les manuels et permettre à chaque enseignant de
s'adapter à la classe qu'il a devant lui.
D'ailleurs, aurait-on la prétention de faire un manuel pour les
types d'enfants, que nous savons très bien que cela changerait d'une
classe à l'autre et d'une année à l'autre? La
charnière réelle, la
réponse réelle à ce problème, c'est
l'enseignant lui-même.
Néanmoins, les programmes et les manuels devront faire
état de la question soulevée par Mme le député en
ce sens que, étant désormais destinés à des classes
regroupant des élèves de divers niveaux et de divers talents, ils
devront d'abord trouver un certain équilibre entre les plus forts et les
plus faibles. Et ils devront, notamment à l'intention des plus forts,
des élèves plus doués, si l'on veut, fournir des contenus
d'enrichissement, des possibilités d'enrichissement, destinés au
maître qui voudra évidemment s'adapter aux circonstances de chaque
année et de chaque classe.
Déjà, les programmes font état de contenus
d'enrichissement. Déjà, ils font état également
et nous l'avions déjà fait dans le plan d'action de
critères. Nous disons dans le plan d'action, page 107: "Le
ministère précisera les critères auxquels devront
répondre les manuels scolaires et s'assurera que les enseignants soient
formellement impliqués dans leur préparation".
Nous disons ensuite: "Le ministère fera connaître ses
critères. Un manuel scolaire, pour être approuvé, devra
traiter l'ensemble d'un programme pour une ou plusieurs classes
déterminées et respecter les indications didactiques concernant
ce programme". Le manuel devra également "utiliser une méthode
fondée sur une pédagogie appropriée; proposer des
activités diversifiées qui mettent à contribution non
seulement les connaissances théoriques de l'élève, mais
aussi son application; proposer des activités et des exemples qui
trouvent un écho dans le vécu de l'élève; utiliser
une langue correcte; faire preuve d'un souci d'esthétique dans la mise
en page, la présentation graphique et les illustrations; respecter les
valeurs culturelles, morales et religieuses du milieu"; enfin, "éviter
de reproduire les schémas sexistes" qui inquiétaient, ce matin,
Mme le député de L'Acadie.
Donc, il y a déjà, dans le plan d'action, toute une
série de critères ou de contraintes que les manuels devront
respecter. En plus de cela, les manuels et les devis qui prépareront la
production de ces manuels devront refléter le souci des programmes
d'enrichir, d'ajouter à ce qu'on pourrait appeler les contenus clefs ou
obligatoires des contenus d'enrichissement ou encore comment les
appelle-t-on quelquefois? des contenus indicatifs.
Mme Lavoie-Roux: Je remercie le ministre de sa réponse,
mais la vraie réponse, on l'aura quand les manuels seront produits.
M. Morin (Sauvé): Oui. Naturellement, ce n'est pas le
ministère qui va produire les manuels, mais le ministère va
produire les devis de manuels. Donc, dès que vous aurez les devis,
peut-être pourrez-vous vous faire une idée de ce que nous avons
dans l'esprit.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Parce que c'est une inquiétude. Ici,
je pense que je me fais le porte-parole d'un bon nombre de professeurs.
M. Alfred: Madame, me permettez-vous d'ajouter quelque chose sur
votre question même?
Mme Lavoie-Roux: Oui, si vous voulez poser une question.
M. Alfred: La réponse du ministre me satisfait pleinement
en tant que pédagoque.
Mme Lavoie-Roux: Oui, on s'en doutait.
M. Alfred: J'ajoute que la question posée par Mme le
député de L'Acadie fait appel à cette sensibilité
pédagogique que doit avoir le prof, le véritable professeur au
sens magister du mot.
Deuxièmement, madame, la question que vous avez posée
n'apporte rien de neuf, parce que, quand je suis professeur, que j'ai un groupe
d'élèves devant moi, chaque élève est unique et
divers et je dois m'adapter à chaque élève dans chaque
groupe et la question que vous posez là, chaque prof l'applique
déjà dans son groupe d'élèves. Même si on a
un groupe dit homogène, il est hétérogène, vous
comprenez? La question que vous avez posée relève uniquement de
l'enseignant. Ce professeur doit toujours être en accord avec un groupe
d'élèves et la question que vous avez posée fait appel
à cette sensibilité pédagogique du professeur qui doit
sentir dans chaque élève ce dont il a besoin pour
s'améliorer. Si tel élève a besoin de plus, il fait appel
à son intelligence de professeur pour s'occuper de cet
élève et, s'il voit que tel élève n'a pas
pigé, il va essayer de trouver des moyens pour le faire monter. La
réponse du ministre me satisfait. Etant donné que la question a
été posée au ministre et que je suis un ancien professeur
au niveau secondaire, je ne pense pas que ce soit réellement une
inquiétude pour un véritable professeur.
Mme Lavoie-Roux: Le ministre doit être content d'avoir un
sous-ministre adjoint...
M. Paquette: Mme le député, me
permettez-vous...
Mme Lavoie-Roux: ... non pas un sous-ministre, un adjoint
parlementaire comme on l'appelle.
M. Morin (Sauvé): Nous sommes très fiers, du
côté ministériel, d'avoir, parmi les membres de cette
commission, des enseignants, c'est-à-dire des gens qui ont
pratiqué la pédagogie. De votre côté, vous avez
surtout des anciens administrateurs, ce dont vous devez être très
fiers, mais avouez qu'avoir des enseignants, cela signifie quelque chose, parce
qu'ils ont des réponses concrètes à apporter aux
questions.
Mme Lavoie-Roux: Je dois vous dire, n'en déplaise au
député de Papineau, que je pense que cela ne répond pas
beaucoup à la question que je posais. Ce grand principe que chacun
s'adapte, la sensibilisation à son élève, écoutez,
vous avez cela dans les grands livres et tout le monde va vous
réciter cela, mais le problème demeure réel et je
dois dire que je préférais la réponse du ministre. En
voilà un professeur.
M. Morin (Sauvé): Voilà un pédagogue qui se
joint à nous pour nous apporter la "substantif ique moelle" de son
expérience.
M. Picotte: On va écouter attentivement et on vous dira
cela.
Mme Lavoie-Roux: II reste que le problème... En tout cas,
ce n'est peut-être pas le cas du député de Papineau, mais
je vous apporte le son de cloche d'autres professeurs, d'un certain nombre de
professeurs, un nombre assez important. A l'heure actuelle, il ne faut pas
oublier qu'en même temps qu'on abolit les voies, on procède aussi
à l'intégration d'élèves plus difficiles,
d'élèves qui présentent des difficultés
d'adaptation temporaire ou plus permanente, et même permanente, dans
certains cas. Il y a déjà une difficulté accrue.
Ce contre quoi je veux mettre le ministère de l'Education en
garde, c'est que si votre manuel répond à tout cela, tant mieux,
mais s'il n'y répond pas, il y a aussi le danger de démotiver les
élèves. Cela se produit, et une des raisons... Je pense que
là-dessus, le ministre de l'Education me donnera peut-être raison
en partie, il ne me donnera peut-être pas totalement raison, mais, enfin,
je le fais avec une certaine nuance, de toute façon, ces choses
appellent les nuances, un des attraits de l'école privée à
certains égards, cela a été le fait que des parents
sentaient qu'on leur demandait plus d'efforts.
Pour revenir à mes professeurs du secteur public, un professeur,
un spécialiste en mathématiques, mais qui est professeur dans une
classe mais il agit également comme personne-ressource pour l'animation
des journées pédagogiques, etc., me disait que, dans le moment,
avec le manuel qu'il a, parce qu'avant, il y avait différents manuels de
mathématiques, parce que, déjà, les voies sont abolies
dans plusieurs commissions scolaires vous le savez sans doute il
y a des élèves finalement chez qui on a de la difficulté
à créer la motivation suffisante.
Comme les écoles privées ont gardé ou garderont
peut-être un manuel plus avancé, compte tenu qu'ils ont
peut-être plus d'étudiants du régulier, quelles que soient
les raisons on n'entrera pas là-dedans ce contre quoi je
veux mettre le gouvernement en garde, c'est que c'est un problème
important sur lequel il faut se pencher avec un grand sourire, si on veut,
d'une part, assurer à chacun des enfants la possibilité de
développer au maximum son potentiel. Cela vaut pour tous les enfants,
quel que soit le niveau ou l'endroit où il se place dans
l'éventail de la motivation, des aptitudes, etc.
Je pense que c'est un problème. Le grand principe que le
député de Papineau a soulevé, à savoir que tout le
monde est d'accord avec cela, c'est la vertu, mais il reste qu'il y a un
problème concret auquel il faut penser.
M. Morin (Sauvé): Eh bien, je... M. Alfred: ... le
ministre.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Papineau.
M. Alfred: M. le Président, voulez-vous que j'apporte un
complément d'étude à ce qu'elle a dit?
Mme Lavoie-Roux: Ecoutez, j'ai...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Papineau, M. le député de Gaspé, M. le
député de Rosemont...
M. Alfred: Ce n'est pas au ministre à créer la
motivation de la classe.
Le Président (M. Boucher):... M. le député
de Sainte-Anne a demandé la parole. Je ne voudrais pas qu'on se la passe
comme cela, d'un côté et de l'autre.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je voudrais tout
de même apporter un complément de réponse à Mme le
député de L'Acadie. Comme nous allons parler plus loin de
l'école privée, je ne m'attarderai pas sur la question
maintenant.
Mme Lavoie-Roux: Non.
M. Morin (Sauvé): Je peux seulement dire que j'ai pu
constater que l'école privée a aussi des problèmes
pédagogiques...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): ... et que la question des manuels se
pose tout aussi durement pour l'école privée que pour
l'école publique. Quand il n'y a pas de manuels, c'est tout le monde qui
en pâtit, ce n'est pas seulement l'école publique.
Mme Lavoie-Roux: Sauf qu'il y en avait davantage dans
l'école privée d'une façon générale.
M. Morin (Sauvé): Là-dessus, peut-être
avez-vous raison au pif, mais il serait intéressant d'avoir des
statistiques là-dessus.
Mme Lavoie-Roux: Parce que les parents paient les manuels
privés.
M. Morin (Sauvé): D'autre part...
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas une question de faire des
comparaisons...
M. Morin (Sauvé): ... je ne voudrais pas non plus mettre
un terme à un débat intéressant, mais ce qui me
paraît compter, être important, l'idée centrale, c'est que
les enseignants et les élèves disposent enfin de matériaux
intéressants, sou-
pies, abondants, parmi lesquels les enseignants peuvent faire des choix.
Il n'y en a pas à l'heure actuelle. Donc, ce serait déjà
un progrès qu'il y en ait.
Mme Lavoie-Roux: C'est là le problème.
M. Morin (Sauvé): D'autre part je rejoins le
député de Papineau il faut que ces manuels laissent au
maître un certain espace didactique, un certain espace pour son
imagination, pour son habileté, pour son expérience, et cela,
vous ne le remplacerez jamais; avec les meilleurs manuels du monde, vous pouvez
avoir des classes ternes, avec une pédagogie en feuilles
détachées que je ne recommande pas, bien sûr, vous pouvez
tout de même, avec certains enseignants, avoir des classes vivantes. Tous
les pédagogues savent cela. Autrement dit, l'enseignant reste au coeur
de tout ce dont nous parlons. (16 h 30)
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, une autre question sur
le manuel scolaire qui est une question d'ordre pratique. Est-ce que le
ministère prévoit accorder aux commissions scolaires ou aux
écoles l'appui ou le soutien financier pour l'acquisition de ces
nouveaux manuels scolaires? En dépit de ce que le ministre pouvait dire
de l'ancien gouvernement... Evidemment, c'est de bonne guerre de faire la
guerre à l'ancien gouvernement quand on est au pouvoir. Je suppose que
l'histoire se répétera dans quelques années, à
l'inverse. Il reste que l'ancien gouvernement, quand il y avait le lancement
d'un nouveau manuel scolaire ou d'un nouveau programme, accordait l'appui
financier nécessaire aux commissions scolaires pour qu'elles puissent en
faire l'acquisition.
Alors, je demande au ministre si, dans le budget actuel, il est
prévu des sommes pour l'acquisition des nouveaux manuels.
M. Morin (Sauvé): La politique dont nous faisons
état dans le plan d'action, M. le Président, porte surtout sur
l'aide à l'édition. Je ne sache pas que nous ayons l'intention
d'aider à acheter les manuels. Cela, c'est une autre question qui, bien
sûr, va relever avant tout des commissions scolaires. La tâche du
ministère de l'Education, c'est de mettre à la disposition des
écoles, des commissions scolaires et des enseignants, de bons manuels de
base dans chaque discipline. C'est ça qui manque le plus à
l'heure actuelle.
Pour en arriver là, il va nous falloir, surtout pour certaines
matières où la clientèle est peut-être moins
abondante autrement dit, je ne pense pas au français et aux
mathématiques, mais peut-être à certaines matières
où les heures sont moindres, où la clientèle est
peut-être moins abondante il nous faut aider l'édition si
nous voulons avoir des manuels de qualité.
Nous avons prévu des montants à notre plan triennal de
mise en oeuvre du plan d'action. Nous n'en avons pas prévu pour cette
année, pour ce qui est de l'aide à l'édition, parce que,
cette année, il n'y a pas de manuels qui soient en route. Nous
prévoyons que cela va venir à compter de l'an prochain. Ces
demandes triennales, puisque nous avons voulu prévoir les
dépenses pour trois ans dans la mise en oeuvre du plan d'action, pour
être sûrs qu'il y ait un suivi, ont été
déposées au Conseil du trésor qui en a pris connaissance.
C'est à compter du budget de l'an prochain qu'il y aura des montants
substantiels. Je pourrais vous donner quelques détails là-dessus
si vous le désirez.
Mme Lavoie-Roux: Pour l'aide à l'édition. M.
Morin (Sauvé): Pour l'aide à l'édition.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'à ce moment-là je
reviens à ma question originale le renouvellement des volumes
scolaires à l'intérieur d'une commission scolaire, même si
chacun n'avait pas nécessairement son manuel de base, il y en avait
plusieurs malgré tout. C'était un renouvellement qui se faisait,
étalé sur un certain nombre d'années, parce que le
coût en est très élevé. Compte tenu des restrictions
budgétaires qu'on impose aux commissions scolaires c'est
là le sens de ma question est-ce que le ministre prévoit,
justement pour assurer ce manuel scolaire à chacun des étudiants,
au plan du budget, de l'aide aux commissions scolaires? C'est ça, ma
question, parce que...
M. Morin (Sauvé): Dans le plan triennal, il y a ce soutien
à l'édition et ce soutien aux commissions scolaires pour l'achat
de manuels scolaires également, à partir de 1980/81, au moment
où les manuels scolaires pourront commencer à être
édités. Nous l'avons prévu dans le coût
général de la mise en oeuvre du plan d'action, mais, pour le
budget qui nous préoccupe maintenant, il n'y avait pas de tranche
nécessaire pour financer les commissions scolaires, étant
donné que les nouveaux manuels scolaires ne seront pas
édités au cours de cette année.
Mme Lavoie-Roux: Et il n'y aura aucun nouveau manuel scolaire
à la disposition des commissions scolaires pour l'année 1979/80?
En septembre 1979?
M. Morin (Sauvé): Non, parce qu'il faut commencer,
naturellement, par mettre en oeuvre les nouveaux programmes...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): ... et les nouveaux guides
pédagogiques et...
Mme Lavoie-Roux: Alors, ça veut dire que, même pour
l'élémentaire, les nouveaux programmes, sauf pour le
français, ne seront pas en place ou en vigueur avant 1980.
M. Morin (Sauvé): Les autres ne seront pas en vigueur
avant 1980. Vous voulez dire appliqués dans les classes?
Mme Lavoie-Roux: Appliqués dans les classes; pas avant
1980.
M. Morin (Sauvé): Ce sera, je pense, en 1980, oui, qu'ils
seront appliqués. Mais je tiens à vous dire qu'il faudrait se
rendre compte qu'il s'agit d'une énorme opération et que ce n'est
que depuis 1977 que nous avons entrepris la révision des programmes. Il
ne s'était rien fait dans ce domaine depuis huit ou neuf ans, mais rien,
de sorte qu'il faut laisser le temps aux pédagogues de faire leur
travail proprement.
Mme Lavoie-Roux: J'aimerais quand même avoir la
confirmation de la part des sous-ministres qu'il ne s'était rien fait
dans la révision des programmes depuis 1969 au ministère de
l'Education.
M. Morin (Sauvé): II y a eu des adaptations... Mme
Lavoie-Roux: Ah bon!
M. Morin (Sauvé): ... mais une révision des
programmes telle que conçue dans le plan d'action pour pouvoir donner un
soutien et un outil à l'enseignant, un programme précis et
détaillé avec guide pédagogique, ce n'était pas
là l'orientation du ministère.
Mme Lavoie-Roux: II ne faut quand même pas dire que
c'était mort depuis 1969, qu'on avait absolument les mêmes outils
qu'en 1969.
M. Morin (Sauvé): On ne vous dit pas qu'il n'y a pas eu
d'adaptations, il y en a eu quelques-unes, mais l'esprit fondamental n'avait
pas changé, c'étaient les programmes-cadres tandis que nous
avons, dans le plan d'action, mis de l'avant une autre philosophie du
programme. C'est cela qui est nouveau.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
L'autre question que je veux poser au ministre concerne le régime
pédagogique. Le sous-ministre nous disait que ce régime
pédagogique, tant pour l'élémentaire que pour le
secondaire, serait discuté... que le Conseil supérieur de
l'éducation serait consulté sur la question. Peut-il me dire si
le règlement no 7, le règlement no 2, le règlement no 6
seront remplacés par un nouveau règlement? Sinon, peut-il me
donner la portée... Je sais ce qu'est un régime
pédagogique, mais est-ce que vous allez substituer des
règlements, même si c'étaient de nouveaux, par un
régime? Est-ce que vous allez remplacer un règlement par un
régime?
M. Morin (Sauvé): Le régime pédagogique
traduira l'ensemble des orientations du plan d'action dans un texte
réglementaire.
Mme Lavoie-Roux: Ce sera un règlement.
M. Morin (Sauvé): Pour l'école primaire et
l'école secondaire.
Mme Lavoie-Roux: Ce sera un nouveau règlement.
M. Morin (Sauvé): Oui.
Mme Lavoie-Roux: Je voulais en connaître la portée
pour les commissions scolaires. Vous parliez tout à l'heure de la
préparation des programmes. Peut-on me dire si le programme pour
l'enseignement de la langue seconde est prêt?
M. Morin (Sauvé): Pour le primaire, le programme de la
langue seconde sera prêt à la fin du printemps de 1980, la
décision étant prise de commencer l'enseignement de l'anglais,
langue seconde, en quatrième année depuis que le plan d'action
est lancé.
Mme Lavoie-Roux: Cela veut dire que, en fait, de nouvelles
actions ne seront pas posées en fonction de l'amélioration de
l'enseignement de la langue seconde d'ici à 1980.
M. Morin (Sauvé): Forcément, c'est une chose que de
mettre en route des réformes aussi fondamentales, cela en est une autre
que de le faire correctement. On peut être sûr, cependant, que
d'ici à 1980 ces changements seront appliqués. On ne peut pas
faire de l'improvisation dans ce domaine. Ce serait facile de se lancer
tête baissée, de dire que tout va immédiatement entrer en
vigueur, mais nous créerions la plus grande confusion dans les
réseaux d'enseignement si nous devions procéder de la sorte. Nous
avons donc décidé de procéder méthodiquement, de
nous donner un calendrier d'actions que nous rendrons public d'ailleurs. Je
dois dire qu'entre-temps le plan de développement est maintenu, les
mesures prévues au plan de développement des langues sont
maintenues, tant pour ce qui est du perfectionnement des enseignants qui est un
préalable, mais aussi par la création de postes de conseillers
pédagogiques dans le domaine de l'anglais, langue seconde.
Ce sont là des préalables qui vont nous assurer que le
moment venu les enseignants seront prêts à mettre en oeuvre les
nouveaux programmes.
Mme Lavoie-Roux: Cela me fait toujours plaisir d'entendre dire
qu'on poursuit le plan de développement des langues qui avait
été si vilipendé par le gouvernement alors qu'il
était dans l'opposition, et même qu'on le prolonge de quelques
années.
M. Paquette: Ce n'était pas dans le même
contexte.
Mme Lavoie-Roux: Vous relirez les journaux des débats.
M. Paquette: On était dans le contexte de la loi 22.
Mme Lavoie-Roux: On pourra parler de la loi 101 tout à
l'heure.
Une Voix: Ah bon!
Mme Lavoie-Roux: Pour revenir au ministre et à ce qu'il me
dit, qu'il ne faut pas faire d'improvisation, là, ce ne sera
sûrement pas improvisé parce que ça fera quatre ans qu'on
parlera de l'amélioration de la langue seconde.
Ce qui m'amuse un peu il me permettra au moins une taquinerie
c'est que pour le plan de l'enseignement de la langue d'origine, je ne
sais pas s'il l'appelle improvisé ou pas, mais cela a été
fait rapidement. Enfin...
M. Morin (Sauvé): Entendons-nous bien. Je viens de dire
justement que pendant que nous faisons cette opération fondamentale des
nouveaux programmes, les mesures prévues pour l'amélioration de
l'anglais langue seconde ont continué de s'appliquer, elles n'ont pas
cessé.
Mme Lavoie-Roux: Bon!
M. Morin (Sauvé): Nous faisons actuellement du
perfectionnement des enseignants et c'est, évidemment, un
préalable qui n'existe pas pour le programme d'enseignement des langues
d'origine que ce perfectionnement des enseignants de langue seconde.
Mme Lavoie-Roux: Mais, M. le ministre, ne jouons pas sur les
mots. Je parle d'un programme, je ne parle pas de la préparation des...
Cela fait quelques années qu'on prépare des enseignants pour
l'enseignement de la langue seconde...
M. Morin (Sauvé): Eh oui!
Mme Lavoie-Roux: ... si bien que la plupart d'entre eux ne sont
même pas employés.
M. Morin (Sauvé): C'est un problème que vous
n'aviez pas résolu et que nous tentons de résoudre.
Mme Lavoie-Roux: Bon!
M. Morin (Sauvé): Si vous l'aviez résolu ou si vous
aviez fait mine de le résoudre, j'admettrais la critique, mais ce n'est
pas le cas. Pour ce qui est des langues d'origine, n'oubliez pas non plus que
nous en sommes encore au stade expérimental, nous allons devoir
évaluer tout cela avant de le généraliser. C'est un
programme qui offre beaucoup d'attraits, je dois le constater, et qui,
auprès des Québécois d'origine récente, rencontre
en ce moment un très grand succès; nous pourrons d'ailleurs en
reparler en détail si ça vous intéresse.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais simplement dire au ministre que
l'enseignement de la langue seconde a beaucoup d'attraits aussi pour les
parents, si on en juge par la consultation.
M. Morin (Sauvé): Assurément.
Mme Lavoie-Roux: On aurait peut-être pu y mettre le
même enthousiasme qu'on a mis pour le plan de l'enseignement des langues
d'origine. Je reviendrai là-dessus, de toute façon.
Entre-temps, est-ce qu'on peut me dire ce qu'il advient des commissions
scolaires je n'ai pas le pourcentage, je l'avais quelque part, il
faudrait que je le dise de mémoire, alors je ne me risquerai pas
il y a un certain pourcentage d'écoles primaires qui commencent
l'enseignement de l'anglais en première année, je pense que c'est
3%. Pour d'autres, cela s'échelonne. Qu'advient-il de ces personnes?
Est-ce qu'on les autorise à continuer?
M. Morin (Sauvé): II y a des cas d'expériences,
parce que nous pensons que, même si nous avons abaissé le
début de l'enseignement de la langue seconde d'une année, il faut
continuer de faire des expériences dans les années
antérieures. Malheureusement, vous le savez, toutes les
expériences qui ont pu avoir lieu jusqu'ici ont été faites
surtout à l'extérieur du Québec: en Angleterre et
ailleurs. De sorte que le Québec a besoin de faire ses propres
expériences avant de décider s'il doit, par exemple, commencer en
deuxième, en troisième ou même en première
année l'enseignement d'une langue seconde. Il se peut et c'est
une hypothèse qui, personnellement, retient mon attention que la
réponse varie selon les milieux.
Mme Lavoie-Roux: C'est ce que je pense.
M. Morin (Sauvé): En effet, il y a des milieux qui sont
culturellement plus riches que d'autres, souvent en raison de leurs conditions
économiques et sociales. On sait, par exemple, pour prendre un cas bien
connu, que les enfants des diplomates qui vivent dans un milieu culturellement
très riche apprennent facilement non seulement une langue seconde, mais
quelquefois trois et quatre langues sans grandes difficultés. Mais,
lorsqu'on se tourne vers des milieux où l'ambiance culturelle est un peu
plus raréfiée, on constate que les enfants ont quelquefois de la
difficulté à parler leur propre langue, ce qui rend
l'apprentissage de la langue seconde plus difficile ou ce qui peut,
d'après certaines expériences, provoquer chez l'enfant, en
particulier en zone défavorisée, une sorte de mélange de
la langue maternelle et de la langue seconde. Tout le monde sait ce que
ça donne. Cela donne: "Le boss que je travaille pour" et "La fille que
je sors avec". Je ne pense pas que ce soit le souhait du député
de L'Acadie que les jeunes Québécois s'expriment de la sorte dans
l'avenir.
Mme Lavoie-Roux: Ecoutez, M. le ministre!
M. Morin (Sauvé): C'est la raison pour laquelle, M. le
Président, nous sommes prudents dans ce domaine. Nous voulons continuer
d'expérimenter. Les expériences vont donc continuer
jusqu'à ce
qu'elles nous aient apporté des résultats probants. Pour
les autres, les cas où il n'y aurait pas une expérience en cours,
nous nous attendons que la commission scolaire accepte le règlement et
fasse commencer l'apprentissage de la langue seconde en quatrième
année plutôt qu'en cinquième année, comme ce sera le
cas pour tout le monde. (16 h 45)
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
M. Le Moignan: Je voudrais bien avoir une directive. Votre
prédécesseur a mentionné que j'avais demandé la
parole, d'autres ont demandé la parole. Mme le député est
là déjà... je n'ai pas calculé, ce n'est pas mon
rôle...
Mme Lavoie-Roux: Vous avez raison, je ne peux pas me...
M. Le Moignan: ... on va être appelé pour un vote
à 17 h 45. Je comprends qu'elle ne peut pas... il y a des questions pour
deux jours, parce que c'est tout l'ensemble du programme 4. On aurait nous
aussi quelques petites questions à poser.
Mme Lavoie-Roux: Le député de Gaspé a tout
à fait raison, je m'en rends compte, je pourrais le tenir au plan de
l'action pendant une semaine.
M. Le Moignan: Je sais que vous en avez pour deux jours.
Mme Lavoie-Roux: De toute manière, est-ce que vous me
permettriez de poser deux questions pour finir sur la langue seconde? Je vais
essayer de faire ça en deux questions sans trop de volets.
M. Le Moignan: Après ça, c'est promis?
Mme Lavoie-Roux: II y en a une qui n'est qu'une remarque. Ma
question, c'est que le ministre a tiré toutes sortes de conclusions. Je
lui ai déjà dit en Chambre que je ne savais pas quel était
le temps le plus propice. Ma question était très simple, les
commissions scolaires qui ont commencé des programmes
expérimentaux, soit en 1ère, 2e, 3e, ou 4e années
ont-elles le loisir de les conduire? Je comprends que oui. Cela va clarifier la
situation.
M. Morin (Sauvé): Nous avons besoin des résultats
de ces expériences. Là où les expériences ont
été autorisées, il faut continuer, c'est clair.
Mme Lavoie-Roux: A la blague, si c'était simplement le
fait d'avoir enseigné l'anglais en première année qui
causait ce malaise linguistique auquel le ministre faisait
référence, "le tchum avec qui je sors", "la femme qui..." je ne
sais pas quoi, ce serait bien facile d'améliorer la qualité du
français parlé. On n'aurait qu'à enlever l'enseignement de
l'anglais en première année et tout serait réglé.
Malheureusement, ce n'est pas dû à ça, c'est dû
à bien autre chose. Ce n'est pas une question.
M. Morin (Sauvé): Je voulais simplement rappeler que la
solution peut varier selon les milieux, c'est ce que nous aimerions
explorer.
Mme Lavoie-Roux: D'ailleurs, c'est l'expérience qu'on
faisait, dans les milieux majoritairement anglophones. Je pense à
Sainte-Catherine-de-Sienne; on n'enseignait pas l'anglais à
l'élémentaire. On mettait plus de temps sur le français,
parce que c'était un milieu où il y avait 50% ou 60% d'enfants
anglophones, où les francophones parlaient anglais, alors, ni les
professeurs ni personne s'y opposaient. Je trouvais que cela avait bien du bon
sens. Dans ce sens, je suis d'accord avec vous, il y a toutes sortes de
considérations.
L'autre question que je veux poser; le ministre peut-il m'expliquer
pourquoi il diminue le temps de l'enseignement de la langue seconde au
secondaire. Ceci vaut également, que la langue seconde soit l'anglais ou
le français, dans son plan d'action.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, est-ce que Mme
le député de L'Acadie a noté que, maintenant, il y a de
l'anglais langue seconde, durant toutes les années du secondaire?
Mme Lavoie-Roux: Mais pas obligatoire en secondaire V.
M. Morin (Sauvé): Oui, dans le plan d'action, c'est
obligatoire.
Mme Lavoie-Roux: Mais, à trois périodes au lieu de
cinq périodes, ce qu'on avait il y a deux ans.
M. Morin (Sauvé): Si vous faites le total, il faut faire
le total pour se faire une idée de ça. Si vous voulez...
peut-être peut-on donner plus de détails.
Actuellement, les régimes pédagogiques ne permettent cinq
périodes par semaine dans aucun bloc. Vous savez que, depuis 1976, nous
vivons des semaines de sept jours...
Mme Lavoie-Roux: C'est ça, depuis deux ans.
M. Morin (Sauvé): Depuis la dernière convention
collective signée...
Mme Lavoie-Roux: On était rendu à quatre et on s'en
va à trois.
M. Morin (Sauvé): Nous vivons des semaines de sept jours,
de six jours et de huit jours et c'est cinq périodes d'anglais. Au
secondaire IV et V, il y a possibilité d'avoir jusqu'à six
périodes d'anglais par semaine, comme langue seconde.
Mme Lavoie-Roux: Mais ce n'est pas obligatoire.
M. Morin (Sauvé): En incluant les options, ce qui veut
dire que, pour les élèves qui nécessitent cet
apprentissage, eh bien, ils pourront même avoir beaucoup plus de temps
que ce qui est déjà consacré à l'enseignement de la
langue seconde-Mine Lavoie-Roux: Mais ce n'est pas obligatoire en
secondaire V.
M. Morin (Sauvé): Mais l'obligation, à toutes fins
utiles, si on compare cela à la situation actuelle, où nous
vivons des semaines de sept jours et de six jours, où il y a cinq
périodes de cinquante minutes sur six jours ou sept jours, c'est qu'il
n'y a pas d'obligation en secondaire IV. A toutes fins utiles, on est à
quelques minutes près, si vous faites la comparaison, en termes de
minutes.
Mme Lavoie-Roux: Si vous faites la comparaison avec 1976, vous
aviez cinq périodes et, aujourd'hui, on en a trois, c'est une diminution
en termes de minutes.
M. Morin (Sauvé): Nous tentons de vous expliquer que les
semaines ne sont pas les mêmes. Les semaines auxquelles on se
réfère dans le passé et les nouvelles, telles qu'elles
sont conçues dans le plan d'action, ne sont pas les mêmes. Si vous
comptabilisez tout ça, vous vous rendrez compte qu'au bout de
l'année, c'est la même chose pour l'obligatoire, à quelques
minutes près.
Si on ajoute, en plus de cela, la possibilité pour les
élèves qui en ont besoin d'en ajouter, alors on peut avoir
beaucoup plus de langue seconde pour ceux qui en ont besoin. Voilà ce
que dit l'école québécoise, voilà ce que dit le
plan d'action.
Mme Lavoie-Roux: Mais j'aimerais qu'on me comptabilise d'une
façon exacte; quand le ministre affirme que, désormais, il y aura
beaucoup plus d'enseignement de l'anglais au secondaire, qu'on m'en fasse la
preuve en noir et blanc.
M. Morin (Sauvé): Nous allons aligner quelques chiffres et
je reviendrai sur la question, si Mme le député de L'Acadie le
désire.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: M. le Président, je voudrais aborder
différents points concernant le programme 4. Il y en a tellement
là-dedans que je ne voudrais pas m'aventurer sur tous et chacun, mais je
voudrais faire préciser certains aspects qui me touchent directement et
indirectement et qui concernent aussi beaucoup de parents.
Le ministre se souvient très bien de la première question,
en 1977, alors que nous avions parlé d'un programme global, surtout au
secondaire et au collégial; avec l'enseignement de l'histoire et de la
géographie, il faut réellement comprendre le milieu dans lequel
nous vivons, notre milieu québécois ou notre milieu canadien.
J'avais inscrit, au feuilleton de la Chambre, le ministre s'en souvient, une
motion concernant les cours d'économie. Je l'ai vu dans le livre vert,
je l'ai vu dans les plans d'action, on l'a vu ailleurs. Mais, dans le concret,
est-ce que... J'ai vu qu'il y avait peut-être une période ou deux
de réservées, à un moment donné, cela peut
être passablement avancé dans le cours.
J'avais mentionné, à ce moment-là, qu'au programme
anglophone, on commence, dès le secondaire, à donner des
éléments d'économie pour intéresser nos jeunes.
Cela peut rejoindre l'article du Devoir que je vous citais ce matin, alors
qu'on a noté chez nos collégiens, dans les CEGEP, cette ignorance
concernant nos hommes politiques. Quand on voit que nos étudiants de
collèges ne connaissent même pas les ministres, à part
quatre ou cinq qui ont été mentionnés. On a même
mentionné Michel Chartrand, Rodrigue Biron, Jean Alfred et beaucoup
d'autres comme ministres. Et on a même désigné
Gérard D. Levesque comme maire de Québec ou supérieur
d'une communauté religieuse.
Si, dans ce domaine, on peut dénoter une telle ignorance, c'est
tout de même près de 1500 élèves qui ont
répondu au questionnaire. Du côté de l'économie,
j'aimerais que le ministre nous dise quelle sera la nature de ce programme.
Est-ce qu'il va débuter un jour?
On a parlé tout à l'heure de manuels. Si le ministre le
permet. Je sais très bien qu'il existe certains manuels au primaire, et
il en existe aussi au secondaire. Une révision des manuels s'impose, ou
la rédaction de nouveaux manuels. Mais il reste qu'un pédagogue,
à ce moment-ci, doit se contenter des outils. C'est à lui
d'organiser ses cours en fonction de son groupe d'élèves. En
somme, c'est le professeur, ce n'est pas le manuel qui fait le professeur.
Du côté économique, vous n'avez peut-être pas
les outils, vous n'avez peut-être pas les manuels, mais, tout de
même, il y a certainement des possibilités, avec la
quantité de jeunes qui sont initiés, qui sortent de nos
universités, qui, quelquefois, n'ont pas tellement d'emplois et qui
pourraient se concerter pour composer un manuel ou pour aller sur place.
M. Morin (Sauvé): M. le député, nous sommes
bien conscients des lacunes immenses qui existent dans la formation des jeunes
Québécois pour ce qui est de la science économique, de
l'économie, et pour ce qui est aussi de leur histoire et de leurs
institutions. C'est la raison pour laquelle nous avons décidé
d'initier des jeunes Québécois à l'économie
dès le niveau secondaire. A la page 154 du plan d'action, vous pourrez
constater que nous consacrons à l'éducation économique un
bloc d'enseignement et que nous ajouterons de la sorte à l'histoire
générale, à la géographie générale,
à l'histoire nationale et à la géographie nationale ce
cours d'initiation économique au secondaire.
Cela n'a pas paru encore suffisant au Conseil des ministres. Nous
pensions évidemment que chaque jeune qui sort du secondaire doit avoir
un minimum d'initiation, parce que plusieurs d'entre eux n'iront pas plus loin
que le secondaire, malheureusement. Ils seraient dépourvus devant la vie
s'ils n'avaient pas ce minimum de formation, qu'ils n'ont pas à l'heure
actuelle.
On se souviendra d'ailleurs que, dans le temps où de ce
côté-là de la table, j'avais souvent attiré
l'attention du ministre de l'Education de l'époque et du ministre de
l'Industrie et du Commerce sur la nécessité de faire de
l'éducation économique. C'était, je le pense bien, on s'en
souviendra, un des chevaux de bataille de l'Opposition du temps.
Eh bien! nous avons, je pense, tenu parole, non seulement au niveau
secondaire, mais également au niveau du collège, puisque
l'énoncé de politique prévoit que l'élève de
première année au collège devra recevoir obligatoirement
un enseignement sur l'économie du Québec. Cette fois, il ne
s'agira pas d'une initiation générale, il s'agira de
compléter ce qui aura été acquis en secondaire V en
décrivant davantage l'économie du milieu
québécois.
Le résultat de tout cela, nous l'espérons, sera que les
jeunes Québécois auront vraiment des connaissances
économiques beaucoup plus fouillées. Quel sera le contenu des
programmes et des manuels? Il me semble que c'est la seconde question du
député.
M. Le Moignan: Vous pourriez peut-être faire une
distinction entre le secondaire et le collégial.
M. Morin (Sauvé): Oui, nous travailIons aux deux niveaux
en ce moment. Au niveau secondaire, il s'agira d'une initiation qui, en gros
je puis un peu vous donner les très grandes lignes
décrira le système économique et aussi apprendra aux
jeunes comment utiliser un certain nombre de techniques économiques de
base, comme, par exemple, faire un chèque parce qu'il y a plusieurs
jeunes qui ne savent pas faire un chèque en sortant du secondaire. Il y
aura donc des aspects très concrets à cette initiation
économique. On parlera aussi sûrement des institutions de
façon générale, du fonctionnement de l'économie, de
la coopération, de l'entreprise privée, de l'entreprise publique.
Ce sera une initiation dont le contenu n'est pas fixé encore, nous y
travaillons.
De même, au niveau collégial, nous sommes en train
d'essayer d'élaborer un programme, mais le député de
Gaspé se souviendra que le premier ministre et le ministre de
l'Education ont pris l'engagement à Montebello, au sommet
économique, de consulter et les syndicats, et les organismes patronaux,
et les organismes intéressés à la coopération, et
sans doute y en aura-t-il d'autres. Il faudra également que nous allions
prendre conseil auprès des économistes eux-mêmes,
auprès des enseignants qui sont dans ce domaine avant d'établir
notre programme et, bien sûr, une fois que les programmes auront
été établis, les devis de manuels suivront de même
qu'éventuellement les manuels.
Je ne peux pas vous donner le contenu des manuels, M. le
député, parce que, forcément, il dépendra du
contenu des programmes et il dépendra aussi des enseignants ou des
économistes qui voudront s'attaquer à faire ces manuels, à
fabriquer ces manuels.
M. Le Moignan: Oui. Le ministre se souvient très bien
aussi que, lors du sommet de La Malbaie, il nous avait annoncé en
primeur, alors que nous siégions en soirée, ayant reçu un
appel téléphonique, je pense, du premier ministre, qu'on avait
retenu là-bas cette idée de donner un cours d'initiation
économique. Cela fait un an de cela, je pense bien. Je suis content de
voir que l'étude se continue.
M. Morin (Sauvé): Ah! l'idée...
M. Le Moignan: Le ministre y pensait même quand il
était député de l'Opposition. C'est donc dire...
M. Morin (Sauvé): Ah oui! nous sommes au stade de la
réalisation maintenant.
M. Le Moignan: Maintenant, vous vous approchez lentement de la
réalisation.
M. Morin (Sauvé): Voilà!
Mme Lavoie-Roux: Avec un peu d'espoir... M. Le Moignan:
Avec...
M. Morin (Sauvé): Rassurez-vous, ce sera en vigueur avant
longtemps. Evidemment, on nous met en garde de tous côtés sur les
difficultés que présente cet enseignement, il faut qu'il soit le
plus objectif possible. Il faut qu'il tienne compte de la réalité
québécoise. Ces choses-là ne s'improvisent pas. Si on
devait improviser cet enseignement, comme l'ont fait certains de mes
prédécesseurs dans certains autres domaines, on le regretterait
aujourd'hui et il faudrait, dans quelques années, faire à nouveau
des plans d'action et des livres verts et des livres de toutes couleurs.
M. Le Moignan: Si nous laissons l'économie c'est un sujet
qui se rapproche beaucoup de l'histoire nationale, nous avons tout de
même des manuels qui existent. Vous allez peut-être me dire que ce
n'est pas parfait, mais tout de même nous avons des
éléments pour enseigner l'histoire. Mais dans les programmes
futurs, parce que c'est un cours à option dans certains cas et je pense
que des jeunes qui sortent du secondaire n'ont jamais étudié
l'histoire du tout, parce que c'est...
M. Morin (Sauvé): Ce n'est plus le cas depuis deux
ans...
M. Le Moignan: Ce n'est plus le cas actuellement, mais...
M. Morin (Sauvé): ...parce que, dès mon
arrivée au ministère de l'Education, j'ai rendu
obligatoire, aux fins de certification, l'enseignement de l'histoire
nationale.
M. Le Moignan: Est-ce qu'on se confine au Québec? Est-ce
qu'on prend l'histoire dans son ensemble? (17 heures)
M. Morin (Sauvé): Non, l'histoire nationale comprend,
selon le programme, Nouvelle-France, Canada et Québec, selon une
évolution toute naturelle des choses.
M. Le Moignan: Maintenant, il y avait un programme
intéressant jadis, M. le ministre, qui peut encore s'appliquer. On avait
l'histoire du Québec, évidemment, dans l'histoire du Canada,
l'histoire du Canada dans l'histoire universelle, les grands
événements, répercussions soit américaines et le
reste...
Mme Lavoie-Roux: II ne faut pas qu'ils soient trop
cultivés, seulement un petit peu.
M. Le Moignan: Ce n'est pas pour les jeunes de septième,
de huitième ou de neuvième année je comprends que
cela les dépasserait mais rendu au collégial, c'est dans
vos programmes à venir... Là, on étudie l'histoire
nationale, mais on est dans un contexte beaucoup plus universel, beaucoup plus
large. On ne parlera pas de la façon dont le programme sera
déterminé à ce moment.
M. Morin (Sauvé): J'attire votre attention sur le fait
que, désormais, l'enseignement de l'histoire universelle, de la
géographie universelle, de l'histoire nationale et de la
géographie nationale sera obligatoire au secondaire. Cela fait beaucoup
de nouveautés par rapport au régime existant.
M. Le Moignan: Nous l'avions jadis, il y a nombre et nombre
d'années.
M. Morin (Sauvé): Jadis, il y a longtemps de cela!
M. Le Moignan: II y a longtemps, oui. Même à la
petite école, on avait des notions...
M. Morin (Sauvé): Vous n'étiez pas encore
tonsuré à cette époque.
M. Le Moignan: Avant ma tonsure, M. le ministre, à la
petite école. On apprenait plus d'histoire universelle. Il y a
longtemps, ce n'est pas d'hier. Je suis content tout de même que vous
reveniez non seulement à une meilleure discipline, comme vous l'avez
déjà dit, essayer d'établir de l'ordre à la
formation. On est d'accord sur cela.
M. Morin (Sauvé): Chacun utilise son vocabulaire. Je parle
de rigueur intellectuelle.
M. Le Moignan: Rigueur intellectuelle.
M. Morin (Sauvé): C'est déjà beaucoup.
M. Le Moignan: C'est plus savant.
M. le ministre, je voudrais aborder un autre point qui n'a pas
été abordé. On admet tous le pluralisme de notre
société. Evidemment, cela va exiger une diversification dans
l'école. Vous savez que cela m'amène à parler de
l'enseignement religieux.
Mme Lavoie-Roux: Le plan d'action est très clair
là-dessus!
M. Le Moignan: Le plan d'action est très clair, d'accord.
J'admets cela, mais il y a l'enseignement catholique qui va exister et
l'enseignement protestant. Il est question, par exemple, des écoles
neutres. Il ne s'agit pas de protester. J'ai parlé de pluralisme, que
j'admets, que j'accepte. Le jour où vous aurez une école neutre,
il y a l'exemption de l'enseignement religieux qui va créer un
problème, à tel point que vous avez prévu $1 million cette
année pour répondre aux besoins des parents qui demandent cette
exemption. Ceci nous amènera un bon jour, avant longtemps, à
avoir des écoles, en somme, où il n'y aura pas du tout
d'enseignement, si ce n'est pas religieux, au plein sens du mot, cela pourrait
être un enseignement moral ou encore les autres appellations que vous
avez désignées. Ce qui veut dire qu'au point de vue de
l'enseignement religieux le ministre est au courant, et ses assistants
également, que dans les écoles, il y a beaucoup de professeurs
qui enseignent les mathématiques ou la biologie ou n'importe quoi.
Parfois, ils doivent, pour remplir quelques heures, donner de l'enseignement
religieux. J'ai déjà connu ce régime moi-même. On
parle ici d'argent, de budget, d'ordre de perfectionnement pour l'enseignement
religieux. Je sais que ce n'est pas tellement facile, dans le contexte dans
lequel on vit, de forcer des professeurs, parce que, dans certaines
écoles, au lieu de donner un enseignement religieux, aucun professeur ne
veut l'enseigner. Je pense que l'idéal, c'est de le supprimer tout
court, parce qu'on fait autre chose à la place. Je vois que vous avez
prévu tout de même des cours vous parlez de 4000, de 5000,
de 6000, je n'ai pas lu cela aujourd'hui même il y a tout de
même un effort du côté de votre gouvernement. J'aimerais
savoir comment vous allez concilier le tout avec l'école neutre et le
reste.
M. Morin (Sauvé): Effectivement, le plan d'action fait une
place importante à l'enseignement religieux dans l'école
confessionnelle. Nous avons pensé qu'il était grand temps
d'enrayer l'espèce d'abandon dont on a été témoin
sous le gouvernement précédent à cet égard. Comme
vous pouvez le constater, il se fera, dans les classes de l'école
primaire, les classes de l'école secondaire, un enseignement
religieux.
Je voudrais cependant distinguer deux choses dans votre question. Il y a
d'abord l'exemption et il y a la question de ce que vous appelez
l'école
neutre, que je préfère, pour ma part, appeler
l'école multiconfessionnelle.
Pour ce qui est de l'exemption, elle n'a pas toujours été
respectée, bien qu'elle soit inscrite dans la loi. Elle n'a pas toujours
été respectée dans les faits par toutes les commissions
scolaires. Or, le député de Gaspé conviendra avec moi
qu'il s'agit là d'un droit tout à fait fondamental. Le droit
à la différence est d'ailleurs un droit reconnu dans nos lois
depuis fort longtemps, qui est le droit à la dissidence.
M. Le Moignan: Oui, justement, j'ai dit que je ne voulais pas
donner l'impression que je m'oppose à ça du tout.
M. Morin (Sauvé): Non, je sais que le député
de Gaspé est un esprit ouvert et qu'il ne serait pas du tout enclin
à vouloir brimer les droits de ceux qui demandent l'exemption.
M. Le Moignan: Non, ça ne se discute même pas
ici.
M. Morin (Sauvé): Bon! Je suis heureux de vous l'entendre
dire, mais je savais que c'était votre opinion. Cependant, cette
ouverture d'esprit n'est pas le fait de tout le monde dans le milieu je
pense que le député de Gaspé en conviendra et il y
a des commissions scolaires qui, dans les faits, rendent très difficile
l'exercice de ce droit à l'exemption. Il y a même des commissions
scolaires qui font tout pour le décourager et, encore récemment,
on m'a rapporté des faits bien concrets pour démontrer que les
parents se faisaient dire, lorsqu'ils voulaient exercer ce droit, que ce
n'était pas souhaitable. Pourquoi, au fond, refuser à un enfant
l'enseignement religieux? Des parents sont venus me le dire encore la semaine
dernière. On leur dit: Au fond, ça ne fera pas de tort à
l'enfant, même si vous n'êtes pas croyants, ou même si vous
estimez que ce n'est pas bon pour lui. Au fond, ça ne lui fera pas de
tort et puis, il va s'en aller dans le couloir, si vous demandez l'exemption,
ou il va être envoyé à la bibliothèque, en mettant
les choses au mieux.
C'est pourquoi le plan d'action met de l'avant une politique de respect
du droit à l'exemption dans les faits et c'est pourquoi nous avons
prévu des montants d'argent, puisque beaucoup de commissions scolaires
nous disaient: Le problème, c'est qu'on n'a pas d'argent. Remarquez que
si elles avaient vraiment voulu respecter le droit à l'exemption, si
elles avaient mis ce droit-là sur le même pied que les autres
droits, elles auraient trouvé l'argent. Néanmoins, nous avons mis
quelques centaines de milliers de dollars pour faire avancer le respect de ce
droit. Un jour, nous pensons qu'il sera reconnu universellement, sans
difficulté. Ce n'est pas encore le cas.
Distinguons donc cette question, à laquelle nous tentons
d'apporter des réponses concrètes, de celle de l'école
multiconfessionnelle.
L'école multiconfessionnelle, c'est une école dans
laquelle on trouve des enfants appartenant à de nombreuses confessions
et, peut-être aussi, des enfants de parents qui ne pratiquent aucune
religion. Que va-t-on faire pour régler ce problème, qui n'est
pas encore très répandu au Québec, mais qui pourrait bien
connaître des développements au cours des décennies qui
viennent, si les Québécois continuent de souffrir de
dénatalité et si l'immigration continue d'amener au
Québec, comme cela est naturel, des gens venant de plusieurs pays et
pratiquant plusieurs confessions différentes?
La question est posée de façon très concrète
par une école de Montréal, une école de la CECM, qui est
Notre-Dame-des-Neiges. Dans cette école, le comité de parents a
pris l'initiative de consulter l'ensemble des parents. Il a obtenu 88% de
réponses à son questionnaire et, sur ces 88%, plus de 90% ont
favorisé une solution multiconfessionnelle qui n'exclut pas
l'enseignement religieux, mais qui diversifie l'enseignement religieux pour
répondre à des besoins divers.
Nous avons fait savoir publiquement que le ministère
n'était pas opposé à des démarches comme
celle-là. Le ministère préférerait... Le ministre,
à l'heure actuelle, préfère que les commissions scolaires
catholiques ou protestantes s'adaptent à ces réalités
nouvelles, plutôt que d'être obligées de créer un
secteur neutre. Nous pensons que les catholiques qui demeureraient dans ces
écoles multiconfessionnelles auraient, en effet, de bien meilleures
garanties non seulement juridiques, mais réelles, d'avoir un
enseignement religieux catholique si ces écoles demeurent
administrées par des commissions scolaires catholiques et, bien entendu,
si celles-ci font preuve d'ouverture d'esprit et si, dans un cas concret, comme
Notre-Dame-des-Neiges, on peut trouver une solution qui réponde au voeu
des parents. Alors, je pense qu'on s'acheminera vers une coexistence fort
créatrice dans nos écoles.
Je ne crois pas, encore une fois, que ce soit un phénomène
très répandu à l'heure actuelle, c'est surtout dans les
grandes villes qu'on le trouve et je crois qu'il faut prendre ce tournant avec
beaucoup de souplesse et de compréhension. Il faut surtout avoir le
respect des droits des autres si on veut que, éventuellement, les autres
respectent nos droits. Il y a donc là une question de principe à
laquelle vous pensez bien que je ne suis pas insensible.
M. le Président, je pourrais m'étendre longuement sur
cette question de l'école multiconfessionnelle; je vais m'arrêter
en ajoutant simplement que le seul problème concret auquel nous nous
heurtons à l'heure actuelle, c'est celui de savoir ce que pensent
réellement les parents d'une école. Est-ce que les parents ont
reçu toute l'information requise pour pouvoir se prononcer en toute
connaissance de cause? C'est un aspect concret du problème sur lequel
nous nous penchons à l'heure actuelle au ministère de
l'Education.
M. Le Moignan: A votre ministère, M. le ministre, est-ce
que votre sous-ministre qui s'occupe de la foi catholique s'est penché
sur tout ce problème?
M. Morin (Sauvé): L'ancien sous-ministre associé de
foi catholique, devenu sous-ministre adjoint à l'enseignement primaire
et secondaire, a beaucoup travaillé ces questions, comme vous le pensez
bien; il l'a fait avec le ministre.
M. Le Moignan: L'autre n'est pas encore nommé.
M. Morin (Sauvé): L'autre n'est pas nommé.
Malheureusement, nous avons eu quelques déconvenues. Deux ou trois
personnes que j'avais pressenties n'ont pu accepter, pour toutes sortes de
raisons, le poste que je leur proposais. J'espère pouvoir régler
le problème définitivement d'ici quelques semaines.
M. Le Moignan: Je suis d'accord avec le ministre quand il nous
parle des grands centres. Gaspé n'est tout de même pas une grande
ville, vous savez que la polyvalente de Gaspé est une école
multiconfessionnelle puisqu'il y a Français, Anglais, catholiques,
protestants; c'est déjà une amorce. Je comprends qu'à
l'intérieur d'une école qui regroupe 2200 jeunes, il y aura
peut-être place pour une classe neutre, mais, quand on arrive sur un
territoire, alors qu'il y a eu certains sondages chez nous, dans la
Gaspésie, on a demandé à chaque commission scolaire
régionale... Quand on arrive avec treize parents qui demandent
l'exemption dans une commission scolaire, quinze dans l'autre commission, c'est
donc réparti, à ce moment-là, c'est là que le
problème devient très compliqué. Quand vous avez
parlé de couloir ou de bibliothèque, cela crée un
problème. Dans certains cas, le jeune, au lieu d'aller dans le couloir,
va demeurer quand même dans la classe. Je connais des témoins de
Jéhovah, je comprends qu'ils ne veulent pas accepter l'enseignement,
mais, dans certains cas, le jeune est retourné parce qu'il s'est dit: Au
lieu d'être dans le couloir, au moins, je suis avec les autres dans la
classe; il n'était pas forcé de subir les examens, absolument
rien de cela. C'est un problème pour les grandes commissions scolaires
en dehors des centres.
M. Morin (Sauvé): Nous sommes bien conscients de cela et
c'est justement à des cas comme cela que les fonds que nous avons mis
à la disposition des commissions scolaires sont destinés,
exactement à de tels cas. Si vous avez des cas concrets dans votre
circonscription, M. le député, il faudrait leur faire savoir,
leur faire connaître, justement.
M. Le Moignan: Cela n'a pas créé de
problèmes chez nous. Cela a créé de petits
problèmes dans une certaine école où on a eu de petites
difficultés, puis ça s'est aplani; on leur a donné
l'exemption, simplement, mais cela ne réglait pas le problème,
ils traînaient dans les corridors.
M. Morin (Sauvé): II y a des sommes d'argent disponibles
pour résoudre ces difficultés.
M. Le Moignan: Je sais qu'il y a une école, entre autres,
où la famille a quitté; le problème est
réglé, cela représentait deux enfants, mais ça
créait quand même un problème pour l'école;
c'était au primaire, à ce moment-là.
M. Morin (Sauvé): En fait, pour appliquer l'exemption, il
fallait des programmes d'étude; le ministère les a
publiés, ils sont approuvés par les comités
confessionnels. Il fallait développer le perfectionnement des
enseignants, tant pour l'enseignement religieux que pour l'enseignement moral,
pour exempter les jeunes. Il y a un nouveau plan de développement
prévu pour une troisième année. De plus, même dans
les offres du gouvernement sur les conditions de travail, il y a
également une possibilité de protéger les enseignants
affectés à l'enseignement religieux et à l'enseignement
moral. (17 h 15)
En plus de ces mesures, il faut aussi, habituellement avoir du personnel
supplémentaire lorsqu'il n'y a qu'un petit nombre d'élèves
exemptés parce que dans les grosses écoles polyvalentes ou dans
les centres urbains, il y a moins de difficulté parce qu'on peut souvent
créer une classe complète. Lorsque ce n'est pas possible,
à ce moment-là, il faut ajouter du personnel et c'est ce que le
plan d'action prévoit. Les mesures qui ont été retenues au
cours de l'exercice 1979/80 prévoient justement de répondre
à des projets de commissions scolaires qui, à toutes fins utiles,
ne pouvaient pas appliquer l'exemption parce qu'il n'y avait pas de soutien
concret pour le faire.
M. Le Moignan: Maintenant, si je regarde un autre point qui
suscite beaucoup d'interrogations dans nos milieux et à travers la
province: Dans votre plan d'action, quand vous mentionnez qu'au conseil on
ajoute un parent qui n'est pas élu par le peuple, un représentant
des parents qui est désigné, nommé, il y a beaucoup
d'opposition de la part de la Fédération des commissions
scolaires. Est-ce que le ministre...
M. Morin (Sauvé): C'était à
prévoir...
M. Le Moignan: Oui, c'était à prévoir, mais
j'aimerais que le ministre nous explique pourquoi ce parent, qui n'est pas du
tout choisi par système démocratique, comme on l'invoque
là-bas, est nommé et a les mêmes privilèges et les
mêmes prérogatives que les commissaires. L'idée que vous
aviez en tête en nommant un parent, qu'est-ce que c'était? On sait
que les commissaires peuvent être parents, mais là, c'est un
représentant désigné, attitré...
M. Morin (Sauvé): C'est un représentant des
comités de parents ou d'écoles, selon le niveau, selon le cas. La
raison est simple. Durant nos tournées régionales portant sur le
livre vert, les parents sont venus nous réclamer un meilleur moyen de
communiquer avec la commission sco-
laire. Ils se sont plaints, dans bien des cas, de ne pas savoir ce qui
se passe à la commission scolaire et encore moins à
l'exécutif de la commission scolaire, lequel siège souvent
à huis clos. Les parents ont besoin d'information. L'école, c'est
d'abord eux et leurs enfants qu'elle sert. Ils se plaignaient donc de la
non-transparence de certaines commissions scolaires, je ne dis pas de toutes,
parce qu'il y en a qui, au contraire, font déjà siéger des
parents parmi leurs commissaires, comme vous le savez. C'est déjà
acquis dans les faits dans certains coins. Il y a des commissaires à
l'esprit particulièrement ouvert. Pendant la tournée, nous avons
bien sûr pris connaissance de l'attitude de la Fédération
des commissions scolaires qui n'est pas favorable à cette mesure
proposée par le plan d'action, mais nous le savions. Cependant, les
parents ils sont quelque peu plus nombreux que les commissaires
sont venus nous demander d'adopter cette mesure et je crois utile, je crois
même nécessaire de donner raison aux parents sur ce chef. Il ne
s'agit pas...
Mme Lavoie-Roux: ... des parents a dit non aussi.
M. Morin (Sauvé):... je m'excuse, madame. La
fédération des parents n'a jamais dit non à cette
initiative, elle s'interroge à l'heure actuelle-Mine Lavoie-Roux:
Sur le droit de vote.
M. Morin (Sauvé): ... et il y a un sondage qui est en
cours sur le droit de vote, mais c'est une autre question.
Mme Lavoie-Roux: Ah oui!
M. Morin (Sauvé): Ce n'est pas la présence des
parents aux commissions scolaires, il s'agit du droit de vote.
Mme Lavoie-Roux: C'est sur le droit de vote que les gens en ont
aussi.
M. Morin (Sauvé): Nous allons voir ce que va donner le
sondage que la fédération est en train de faire au sein de ses
membres. Il semble que ce soit assez partagé en effet et j'aurai
éventuellement à prendre une décision là-dessus.
Mais sur la présence des parents au sein des commissions scolaires et de
l'exécutif, il n'y a pas d'hésitation. Vous pourrez
vous-même vous renseigner auprès de la fédération
des parents, des comités de parents et d'écoles, vous verrez
qu'ils y tiennent. J'avoue que moi aussi j'y tiens. Je suis
intéressé, comme ministre de l'Education, à ce que les
parents sachent ce qui se passe dans les commissions scolaires et à ce
que les commissions scolaires sachent ce que pensent les comités de
parents et les comités d'écoles. Ce n'est pas, comme certains
commissaires l'ont laissé entendre, une critique des commissaires, c'est
une critique du système de communication quasiment inexistant entre
certaines commissions scolaires et certains comités de parents ou
d'écoles. Il faut absolument rétablir la communication et la
façon la plus simple de régler ce problème, une bonne
fois, c'est d'assurer la présence des parents au sein de la commission
scolaire. Quant à leur présence, je n'en démordrai
pas.
M. Le Moignan: M. le ministre, je suis bien d'accord avec vous,
mais quand vous avez envisagé cette possibilité, est-ce que,
déjà, l'opposition ou les critiques, soit de la part des parents
ou de la part des commissions scolaires se faisait jour? On sait qu'un jour va
se poser, j'allais dire cette damnée, mais cette fameuse question du
droit de vote. Alors, est-ce que les parents exigent de pouvoir voter ou s'ils
ne l'exigent pas? Est-ce que les commissions scolaires sont prêtes
à l'accorder ou à ne pas l'accorder ou est-ce qu'ils peuvent
être là simplement comme intermédiaires, pour renseigner,
savoir ce qui se passe ou bien si la question du droit de vote peut être
secondaire dans les circonstances?
M. Morin (Sauvé): C'est quand même important, bien
que j'attendrai, avant de me déterminer une fois pour toutes, de prendre
connaissance des sondages que la Fédération des comités de
parents est en train de préparer en ce moment. Nous aurons une
commission parlementaire là-dessus et nous aurons l'occasion d'entendre
les divers groupes intéressés. Je sais, bien sûr, que la
Fédération des commissions scolaires va venir nous dire qu'elle
ne veut pas en entendre parler. Mais ce n'est pas une question que les
commissions scolaires doivent trancher. C'est une question qui relève du
législateur, dans sa préoccupation d'assurer le bien commun,
aussi bien dans les écoles que dans le reste de la
société.
Si...
Mme Lavoie-Roux: Pourquoi les municipalités ne
mettent-elles pas un parent au conseil municipal?
M. Morin (Sauvé): Les contribuables ne nous ont pas
demandé la chose dans les municipalités. Si jamais ils venaient
nous le demander, ce serait une bonne question à soulever.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'on peut suggérer aux parents
d'aller demander au Conseil des ministres de mettre un parent au Conseil des
ministres? Ils sont tous élus.
M. Morin (Sauvé): Ce serait intéressant que
certains groupes sociaux posent la question, mais ce n'est pas du même
ordre. Il ne faut pas confondre le gouvernement local et la commission
scolaire, qui n'existe pas, j'attire votre attention là-dessus, madame,
pour le cas où vous ne le sauriez pas. Le Québec,
là-dessus, est privilégié. C'est un des pays, et ils sont
en minorité, où il existe des commissions scolaires
décentralisées, administrant, gérant la chose scolaire au
niveau local et au niveau régional.
Mme Lavoie-Roux: Je le sais fort bien, M. le ministre, et, si
vous aviez une chance de les faire sauter, vous le feriez.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, voilà que
le député de L'Acadie me donne l'occasion de rectifier certaines
choses. Je sais que, pour toutes sortes de raisons, elle veut faire croire que
le gouvernement est opposé aux commissions scolaires, mais cela ne tient
pas compte de ce que le premier ministre est allé dire au congrès
des commissions scolaires il y a déjà plusieurs mois. Cela ne
tient pas compte non plus des attitudes que j'ai toujours eues à
l'égard des commissions scolaires, y compris lors de la grande rencontre
Québec-commissions scolaires du mois de février.
Nous l'avons dit, nous l'avons répété, les
commissions scolaires sont là pour rester et nous allons même de
plus en plus décentraliser la gestion du réseau scolaire vers ces
organismes. Qu'on ne nous fasse pas dire que nous voulons abolir les
commissions scolaires, c'est faux, c'est absolument faux. Je ne voudrais pas
qu'une telle rumeur puisse connaître le moindre début
d'accréditation. Ces choses étant clarifiées, M. le
Président, il nous restera, au cours des mois qui viennent, à
mettre en oeuvre ces dispositions du plan d'action. Je n'ai pas l'intention de
revenir sur la présence des parents dans les commissions scolaires,
c'est acquis. Il s'agit d'en étudier maintenant les modalités.
Sur les modalités, je suis prêt à écouter toutes les
parties, y compris la Fédération des commissions scolaires.
Cependant, je voudrais que nous en arrivions tous à nous faire
une conception de la commission scolaire qui en soit une de service et non pas
de pouvoir, pour parler comme dans certains coins du Québec, de
"pouvouère". Je pense qu'on comprend ce que je veux dire. Il y a des
gens pour qui le gouvernement municipal, ou les commissions scolaires, ce n'est
pas une affaire de service, c'est une affaire de "pouvouère". Dans
l'esprit du gouvernement, tous ces organismes sont au service de la population.
Quand on s'aperçoit qu'ils la servent plus ou moins bien, il faut alors
s'assurer que la population a un droit de regard plus immédiat sur ce
que font ces organismes.
Dans le cas des commissions scolaires, je ne parle pas des
municipalités, cela n'est pas de mon domaine, mais le cas des
commissions scolaires, les parents sont venus me demander d'être
présents. J'estime que c'est là une requête raisonnable,
une revendication rationnelle et j'ai l'intention d'y donner suite.
M. Le Moignan: Comme je l'indiquais, le grand problème,
avec beaucoup de personnes que j'ai rencontrées, n'était pas
tellement la présence que cette fameuse discussion du droit de vote. Si
les parents votent, au même titre que nous, c'est là où
certaines commissions scolaires ne veulent pas accepter l'idée. Je vous
transmets les doléances de personnes avec qui j'ai pu causer comme cela,
au hasard.
M. Morin (Sauvé): Mais, M. le député de
Gaspé, est-ce que vous-même j'aimerais le savoir
vous êtes favorable à la présence des parents aux
commissions scolaires?
M. Le Moignan: Personnellement, oui, je suis favorable.
M. Morin (Sauvé): Je trouve que cela est important.
M. Le Moignan: C'est le droit de vote qui m'embarrasse. C'est
pour cela que je pose la question.
M. Morin (Sauvé): Vous n'êtes pas favorable au droit
de vote?
M. Le Moignan: Je n'ai pas oeuvré dans le primaire, ni
dans le secondaire. Je n'ai pas l'expérience pratique, comme Mme le
député de L'Acadie. C'est pour cela que je pose une question,
sans me prononcer.
M. Morin (Sauvé): J'aimerais aussi avoir l'opinion de Mme
le député de L'Acadie sur la question. Cela serait utile que nous
sachions...
Mme Lavoie-Roux: Je l'ai dit publiquement, lisez cela...
M. Morin (Sauvé): Cela n'a pas été
porté à ma connaissance. Vous avez été d'une
discrétion remarquable.
Mme Lavoie-Roux: Absolument pas.
M. Morin (Sauvé): Vous avez l'occasion de le dire.
Mme Lavoie-Roux: Ce que j'ai toujours dit, c'est que je n'admets
pas que, dans un système démocratique, où des gens sont
élus au suffrage universel, on concède à des personnes qui
n'ont pas été élues, à ce niveau-là, en tout
cas, elles ont pu être élues au niveau des comités
d'écoles, etc., les mêmes droits qu'à celles qui se font
élire au suffrage universel. A ce compte-là, amenons tous les
citoyens voter à l'Assemblée nationale.
M. Morin (Sauvé): Allons, allons!
Mme Lavoie-Roux: Allons! Mais c'est cela quand même, ce que
vous dites. Amenons quelques représentants plus représentatifs
que les députés.
M. Morin (Sauvé): Ce ne serait pas difficile à
trouver, dans certains cas.
Mme Lavoie-Roux: Oui, peut-être. Je suis prête
à l'admettre.
M. Le Moignan: D'après la synthèse des
audiences...
Mme Lavoie-Roux: Du point de vue de leur présence au
conseil des commissaires, je n'ai aucune objection. Cela se fait au PSBGM,
entre autres. Seulement, il faudrait également prévoir qu'il y
ait un représentant des syndicats qui puisse y aller, qu'il y ait des
représentants des différents autres groupes, dont les
intérêts sont souvent discutés au conseil des commissaires.
J'espère que le ministre a envisagé cela.
M. Morin (Sauvé): S'ils le demandent, ce sera
étudié, assurément. Mais, durant la tournée du
livre vert, les syndicats ne nous ont pas revendiqué cela une seule
fois.
Mme Lavoie-Roux: Le message est passé. L'autre chose,
c'est que je trouve que c'est créer une illusion. Peut-être que,
dans la commission scolaire X, c'est le village et la petite ville, admettons
une petite municipalité de 15 000 âmes, on saura peut-être
que le parent X qui est nommé au conseil des commissaires, les gens le
connaissent. Mais, dans la ville de Québec, à la commission
scolaire de Sainte-Foy, je ne parlerai pas de celle de Montréal, je vais
même la laisser de côté, qu'on ajoute une personne qui est
soi-disant représentante des parents, elle va être
récupérée au bout de six mois par les commissaires de
toute façon, forcément. Vous allez la mettre dans une situation
absolument intenable, parce qu'elle ne sera pas plus près des parents de
l'école Saint-Joseph de la Pointe-Sainte-Charles, de la Petite Bourgogne
ou une autre, que le commissaire qui, lui, est élu dans ce secteur
même de la ville de Montréal. Il ne faut pas se créer
d'illusion, M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): Mais vous parlez...
Mme Lavoie-Roux: C'est un jouet et un bonbon pour les parents,
pour les faire avaler votre centralisation.
M. Morin (Sauvé): Non. Vous parlez comme ancienne
présidente de commission scolaire et vous vous inscrivez dans cette
notion de "pou-vouère" dont je parlais tout à l'heure. Mais les
parents, eux, vont juger si c'est utile ou pas, et ce sont les parents qui
feront que ce sera un succès ou un échec, selon le cas. Et ce
n'est pas à nous, je pense... Si les parents nous le demandent, et s'ils
ressentent un malaise à la façon dont les commissions scolaires
les traitent, ce n'est pas à nous à refuser aux parents une
amélioration du système.
M. Le Moignan: M. le Président, j'ai déjà
commencé à lire mon livre de chevet que le ministre m'avait
conseillé ce matin. Il nous dit que, sur les audiences... Je les avais,
je vais commencer à les consulter tranquillement...
M. Lacoste: Si le député de Gaspé me le
permet.
M. Le Moignan: Moi, c'est ma dernière question sur le
sujet.
M. Lacoste: Cela va être très court.
Le Président (M. Boucher): J'avais retenu votre nom,
après le député de Gaspé, M. le
député de Sainte-Anne, de même que... (17 h 30)
M. Le Moignan: C'est ma dernière sur ce
sujet-là.
M. Lacoste: Sur le même sujet que tantôt. M. Le
Moignan: S'il veut y aller après moi...
Le Président (M. Boucher): Allez-y, M... Après?
M. Le Moignan: Après moi, oui, je finis avec cela.
Le Président (M. Boucher): Terminez votre question. Vous
aurez la parole après, M. le député de Sainte-Anne.
M. Le Moignan: Je termine; ensuite, je vous cède la place.
C'est que, dans un des rapports des auditions, le ministre a dit tout à
l'heure qu'il n'y a pas un seul mémoire de parents qui exigeait le vote,
mais vous dites ici, concernant la présence de parents au conseil des
commissaires, que la majorité des mémoires n'exige pas le droit
de vote. Est-ce que ceci implique qu'un certain nombre, non pas la
majorité, mais quelques-uns ont peut être exigé le droit de
vote?
M. Morin (Sauvé): Oui, certains voulaient avoir tous les
privilèges et les droits des commissaires; d'autres, non. C'était
partagé, il faut en convenir. C'est la raison pour laquelle la
fédération procède à l'heure actuelle à un
sondage parmi ses membres pour tenter de savoir exactement ce qu'ils pensent.
Je verrai quels seront les résultats de ce sondage et je devrai
éventuellement, après avoir pris conseil, trancher dans un sens
ou dans l'autre.
M. Le Moignan: Finalement, les inadmissibles, cela va
représenter combien? 3% ou 4% ou plus pour les commissions scolaires,
une fois l'impôt foncier transféré au...
M. Morin (Sauvé): M. le député, à
l'heure actuelle, nous étudions, au sein du comité mixte dont le
rapport va certainement m'être remis prochainement je l'attends
ces jours-ci nous discutons justement de la façon que nous allons
aménager une marge de manoeuvre fiscale pour les commissions scolaires,
une fois l'impôt foncier normalisé transféré aux
municipalités. Je sais que ces gens se sont penchés
là-dessus. Ils tentaient à la fois de ménager cet espace
fiscal et, en même temps, de le freiner ou en tout cas de lui mettre un
plafond. Je ne connais pas encore les éléments du rapport, il
devrait me parvenir incessamment.
Je pourrai, si M. le député veut bien me poser la question
en Chambre, y répondre, ou bien, s'il désire que je le mette au
courant, lorsque j'aurai le
rapport entre les mains, je pourrais lui en donner une copie. Je n'ai
pas d'objection à le rendre public aussitôt que je l'aurai.
M. Le Moignan: Si, en Chambre, cela renseigne plus de personnes,
on peut peut-être attendre cette tribune. J'ai terminé pour le
moment.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Gaspé. M. le député de
Sainte-Anne.
M. Lacoste: J'aimerais peut-être passer la question que
j'avais en note au sujet des représentants des parents au conseil des
commissaires, maintenant que le député de L'Acadie a
abordé plus profondément ce sujet-là.
Mme Lavoie-Roux: Remarquez bien que c'est à la demande du
ministre.
M. Lacoste: A la demande du ministre. Comme ancien commissaire
d'école, le député de L'Acadie parle souvent de la CECM,
comme ex-commissaire de la CECM, une grosse commission scolaire. Je crois
que... C'est vrai que c'est très gros, la CECM. Il ne faut quand
même pas penser seulement à la CECM. Il y a d'autres commissions
scolaires plus petites au Québec. Même sur lîle de
Montréal, il y a quand même d'autres commissions scolaires plus
petites. Les parents n'ont qu'à se promener dans le milieu... Vous
parliez de Pointe-Saint-Charles tantôt. Je vais parler de
Pointe-Saint-Charles, vu que c'est dans mon comté, de Verdun aussi.
C'est demandé par les gens, par les parents, de siéger à
la table des commissaires, du moins à ce point de vue là. Je
dirais même que les parents que j'ai rencontrés, les parents des
comités d'école et même des comités de parents
demandent aussi d'avoir un droit de vote. C'est une chose à
décider et la Fédération des comités de parents va
se pencher encore plus profondément là-dessus.
J'aimerais peut-être demander au ministre à quel moment il
envisage de légiférer. On n'a pas parlé tantôt
de...
Mme Lavoie-Roux: II ne le sait pas encore. On va le savoir d'ici
à trois semaines.
M. Lacoste: D'ici à trois semaines. Vous disiez
tantôt que d'ici à trois semaines vous devriez avoir un plan
d'action au niveau de la loi pour les parents. Est-ce que vous prévoyez
que d'ici à juin 1980, quant à la loi qui prévoit un
représentant des parents au conseil des commissaires, cela devrait
être terminé?
M. Morin (Sauvé): M. le député, le projet
actuel, c'est de modifier la loi au plus tard à l'automne. Si je pouvais
le faire auparavant, je le ferais, mais nous sommes en consultation, nous
attendons justement ce que la Fédération des parents va nous dire
sur le type de présence qu'elle veut avoir au conseil des commissaires.
Je puis vous assurer que mon intention, c'est de ne pas retarder indûment
cette modification. Je la trouve importante. Je ne voudrais pas la laisser aux
aléas de l'avenir. Je veux m'assurer qu'elle soit en vigueur le plus
rapidement possible, c'est-à-dire au plus tard à l'automne.
M. Lacoste: D'accord. L'an passé, le député
de L'Acadie avait posé une question sur l'entrée à
l'école. On sait qu'actuellement c'est le 1er octobre. Vous disiez l'an
passé que vous vous penchiez pour connaître l'impact
pédagogique que cela aurait sur l'enfant si on repoussait cette date au
mois de novembre ou au mois de décembre, tel que demandé souvent
par les parents.
M. Morin (Sauvé): Oui. On sait qu'à l'heure
actuelle la date fatidique, c'est le 1er octobre et que les enfants nés
le 2 octobre, évidemment, ne peuvent pas avoir accès à la
maternelle ou à la première année. J'ai longtemps
étudié le projet de déplacer la date vers le 1er novembre.
Les parents sont venus nous dire: Oui, mais si mon enfant est né le 2
novembre? Alors, je me suis dit: On pourrait reporter cela au 1er
décembre. Bien sûr, il y a des gens qui sont venus me dire: Oui,
mais mon enfant est né le 3 décembre. Vous ne pouvez pas me faire
cela, M. le ministre, cela n'a pas de bon sens. Quelle injustice, pour 24
heures! Evidemment, si vous le reportez au 3 décembre, ceux qui sont
nés le 4 vont venir vous trouver, et même ceux qui sont nés
le 5, de sorte que finalement j'avais même fait étudier la
possibilité de reporter au 1er janvier pour m'apercevoir que cela ne
réglait pas le problème pour ceux du 2 janvier. Ce qui nous a
donné à réfléchir, c'est le coût de la
mesure. Chaque fois que nous retardons d'un mois, le coût est de $6
millions à payer immédiatement. Evidemment, on ne le paierait pas
dans quelques années, alors que ces enfants sortiraient plus rapidement
du système d'éducation. Cela voulait dire tout de même
qu'il fallait aligner pour retarder la date au 1er janvier $18 millions. Je me
suis fait expliquer que cet argent, nous ne l'avions pas à l'heure
actuelle, et que si nous voulions pouvoir bénéficier d'un certain
nombre de millions de dollars, il y avait peut-être des priorités
plus urgentes que celles-là. J'ai dû convenir avec le plan
d'action que nous avons devant nous qui suppose un roulement de quelque $80
millions, ce qui est beaucoup pour la période d'austérité
financière actuelle, que nous avions d'autres priorités que
celles-là. Je n'écarte pas la possibilité dans l'avenir,
quand nous aurons mis en marche nos autres réformes, de revenir
là-dessus et de me pencher sur le 1er octobre, mais, chose certaine,
nous ne nous illusionnons pas jusqu'à croire que cela va régler
les problèmes, parce qu'automatiquement les parents des enfants
nés dans les jours qui suivent la date fatidique, voire dans les
semaines qui suivent la date fatidique, se sentent lésés et
victimes d'une profonde injustice envers les enfants qui sont nés en
novembre, en décembre ou en janvier.
M. le Président, je voudrais simplement dire que c'est une date
fatidique. Elle est évidemment,
comme toutes les dates limites on sait qu'il y en a beaucoup dans
le domaine de l'éducation quelque peu arbitraire, mais il est
impossible de procéder autrement.
Mme Lavoie-Roux: C'est juste une petite note que je voudrais...
M. le Président, je suis d'accord avec le ministre quand il dit qu'il y
a une date fatidique, c'est évident, et je comprends les contraintes
financières. Vous nous aviez donné la même raison l'an
dernier, mais ce qu'il faut penser, c'est que celui qui est avant janvier perd
la totalité de l'année, tandis que, là, ça se
répartirait en six mois pour un et six mois pour les autres. C'est un an
complet, finalement, pour celui qui ne peut pas entrer et qui a six ans au mois
d'octobre ou au mois de novembre.
M. Morin (Sauvé): Oui.
Mme Lavoie-Roux: C'est dans ce sens-là que ce serait
peut-être un équilibre plus juste, au moment où le
gouvernement pourra...
M. Morin (Sauvé): Ecoutez, je suis enclin à
partager votre avis, Mme le député de L'Acadie. Je pense que si
je faisais un choix qui ne coûtait rien...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): ... je serais plutôt enclin
à dire le 1er janvier.
Mme Lavoie-Roux: C'est ça. Cela divise l'année.
M. Morin (Sauvé): Cela déplace le mal, mais, au
moins, comme vous le dites, on partage mieux les inconvénients.
Malheureusement, le coût, à l'heure actuelle, étant
donné nos autres priorités, nous paraît prohibitif.
M. le Président, j'ai l'impression que nous avons
été appelés...
Le Président (M. Boucher): II y a un vote en Chambre.
M. Morin (Sauvé):... pour un vote. Mme Lavoie-Roux:
Oui.
M. Morin (Sauvé): Est-ce que je pourrais, parce que
ça prend toujours quelques instants avant que le vote soit
réellement appelé, vous donner une réponse sur l'anglais
langue seconde, parce que je sais que ça intéresse beaucoup Mme
le député de L'Acadie?
Mme Lavoie-Roux: Oui, je m'excuse, avant ça. Vous nous
aviez dit, l'an dernier, qu'il y avait une étude au plan
pédagogique qui se faisait...
M. Morin (Sauvé): C'est exact.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'elle est complétée et
est-ce qu'on pourrait l'avoir?
M. Morin (Sauvé): Les résultats de l'étude,
les considérations générales ont été
complétées. On ne peut pas dire qu'il s'agit d'un résultat
de recherche, mais on a aligné les avantages pédaga-giques et,
évidemment, les impacts financiers.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'il serait possible de l'obtenir?
M. Morin (Sauvé): Certainement. Mme Lavoie-Roux:
D'accord.
M. Morin (Sauvé): Oui, je n'ai pas d'objection à ce
que le document vous soit remis. Très rapidement, M. le
Président...
Le Président (M. Boucher): M. le ministre, M. le
député de Rosemont avait demandé la parole. Est-ce que la
question pourrait être reportée à la reprise ce soir?
M. Paquette: Ah! Mais, M. le Président, j'ai plusieurs
questions à poser. Si on peut continuer ce soir...
Le Président (M. Boucher): Je vous reconnaîtrai ce
soir...
M. Paquette: Ce ne sera pas exactement long, mais j'en ai quand
même un certain nombre.
Le Président (M. Boucher): ... à la reprise.
M. Morin (Sauvé): Nous continuons ce soir, M. le
député.
M. Paquette: Bon!
M. Morin (Sauvé): Ecoutez, pour ce qui est... Je voudrais
donner quelques éclaircissements à madame et à messieurs
les députés au sujet de l'anglais langue seconde. Au primaire,
actuellement, il se donne quatre heures. Le plan d'action prévoit six
heures obligatoires. Donc, il y a un progrès considérable
déjà.
Mme Lavoie-Roux: Je posais la question au secondaire, M. le
ministre.
M. Morin (Sauvé): Au secondaire, avant la convention
collective signée par l'ancien gouvernement en octobre 1976, avant le 15
novembre 1976, il y avait 900 minutes par semaine de cinq jours. Après
la convention collective, on est tombé à un régime de 720
à 740 minutes par semaine de cinq jours. Donc, la dernière
convention collective, dont je n'endosse pas la responsabilité, avait
donc signifié une perte considérable.
Mme Lavoie-Roux: J'avais protesté à ce
moment-là, M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): Eh bien, cela est à votre
honneur, Mme le député, et j'espère que vous continuerez
de défendre ces opinions au sein de votre formation politique.
Le plan d'action, lui, représente 750 minutes obligatoires, donc
plus qu'actuellement et, en plus de ça, avec les options, on peut aller
jusqu'à 1050 minutes d'anglais langue seconde.
Mme Lavoie-Roux: Je suis d'accord. Enfin...
M. Morin (Sauvé): En fait, nous en offrons plus dans le
plan d'action qu'il ne s'en fait en réalité.
Mme Lavoie-Roux: 750 par rapport à combien?
M. Morin (Sauvé): A 720 ou 740, selon le cas.
Mme Lavoie-Roux: 740 ou 750, là on peut peut-être se
chicaner pour dix minutes.
M. Morin (Sauvé): Je suis plus à l'aise de vous
donner les chiffres parce que si cela avait été dix minutes de
moins, je suis sûr que vous m'auriez fait une chicane.
Mme Lavoie-Roux: D'ailleurs, je vous ai posé la question
pour 1976. J'ai posé la question parce que je savais qu'il y avait eu
cette diminution de cinq à quatre périodes, etc. Pour ce qui est
de l'option...
M. Morin (Sauvé): Oui j'essaie de réparer les
bévues de l'ancien gouvernement.
Mme Lavoie-Roux: Vous y allez allègrement et je pourrais
soulever constamment des questions de règlement comme, par exemple,
quand vous dites: Je répare la négligence concernant
l'enseignement religieux, il faudrait faire un relevé des sommes
d'argent qui ont été dépensées pour le recyclage
des professeurs d'enseignement religieux, des programmes d'enseignement
religieux. Il faudrait constamment vous ramener à l'ordre.
Une autre chose. Pour ce qui est du cours à options, je suis
d'accord avec vous que c'est là une ouverture excellente. Cependant,
compte tenu des grilles horaires quand même très serrées,
rendu aux secondaires IV et V, il faudra que l'étudiant sacrifie, d'une
certaine façon, un autre prérequis pour le CEGEP. Il ne faut pas
trop parler de 1050 minutes, c'est une diminution par rapport à 1976, en
tout cas.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, c'est...
Mme Lavoie-Roux: Pour la très très grande
majorité des étudiants.
M. Morin (Sauvé): C'est une amélioration par
rapport à la convention collective que vous avez signée.
Mme Lavoie-Roux: Dix minutes. M. Morin (Sauvé): En
1976.
Le Président (M. Boucher): Merci. La commission suspend
ses travaux jusqu'à 20 heures.
Suspension de la séance à 17 h 44
Reprise de la séance à 20 h 18
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît! A la suspension de la séance, à 18 heures, nous en
étions toujours au programme 4. M. le député de Rosemont
avait demandé la parole. M. le député de Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, ce matin, M. le ministre
nous a fourni la preuve que les fonctionnaires du ministère de
l'Education travaillaient à beaucoup de projets. Nous n'en doutons pas,
mais j'ai un vieux réflexe d'enseignant, je me demande même s'ils
ne travaillent pas trop. Cela m'amène à une question:
Jusqu'à quel point le milieu est-il impliqué dans ces beaux
projets?
Mme Lavoie-Roux: C'est une bien bonne question.
M. Paquette: Dans le plan d'action, une chose m'a frappé,
c'est l'accent qu'on met sur le manuel scolaire et la rédaction de
manuels scolaires, la rédaction aussi de programmes plus précis,
de guides pédagogiques. Il y a à ça des aspects positifs,
bien sûr; je pense que les enseignants se sont plaints à bon droit
du fait qu'on leur demande de faire des réformes importantes de leur
pédagogie, qu'on leur ait demandé cela par le passé sans
leur offrir le support pédagogique nécessaire. Je vois dans cette
intention du ministère un désir d'offrir aux enseignants des
instruments, de façon à améliorer la qualité de
l'enseignement. Mes remarques vont être orientées essentiellement
là-dessus. Pour moi, c'est le dossier important, la qualité de
l'enseignement.
Par contre, je me pose de sérieuses questions, parce que tout
dépend comment on va utiliser ces instruments et comment on va les
insérer dans le milieu pédagogique. Le manuel peut être
aussi le signal de ce qu'on connaissait dans le passé,
c'est-à-dire la course au programme, à l'examen; une certaine
quantité bien précise de matières qu'il faut voir; une
certaine pédagogie imposée parce que tout manuel porte sa
pédagogie avec lui. Cela peut être aussi cela dépend
comment ils seront utilisés un recul face au principe de
l'individualisation de l'enseignement. Beaucoup d'enseignants
commençaient, dans leur méthode pédagogique, à
imposer des rythmes différents à leurs élèves, des
approches pédagogiques différentes et cela peut aussi
créer une certaine
individualisation du travail du professeur. Ces dernières
années, les professeurs travaillaient de plus en plus en équipe
et je pense que c'était un motif de satisfaction au niveau des
enseignants et une certaine garantie d'amélioration de la qualité
de l'enseignement, que ce travail en équipe des professeurs. Le fait
d'avoir le manuel, si c'est l'instrument unique, peut créer, à
l'inverse d'une non-individualisation du travail de l'élève, une
individualisation du travail du professeur qui va se reposer sur le manuel et
qui va se dire: On n'a plus besoin de travailler en équipe; on n'a plus
besoin de créer des méthodes pédagogiques. Il y a ce
danger.
Ma première question porte là-dessus. Le ministre nous a
dit: On a une nouvelle philosophie face au programme. Avant, on avait des
programmes-cadres, maintenant, on va avoir des programmes plus précis
accompagnés de guides pédagogiques. Est-ce qu'on a laissé
de côté cette idée que les programmes doivent fixer
essentiellement des objectifs d'enseignement et qu'on laisse au corps
professoral l'essentiel des moyens pour les atteindre, évidemment, tout
en lui fournissant des aides, par exemple, un guide pédagogique?
Deuxième sous-question: Est-ce que les guides pédagogiques
vont se présenter sous la forme de suggestions d'idées ou
vont-ils constituer un cadre qui va être imposé au travail
professionnel de l'enseignant? Troisièmement, en ce qui concerne les
manuels, qu'est-ce qu'on entend par manuel? Est-ce que c'est le catalogue
pratique de contenus bien structurés des univers de connaissance ou,
dans les devis des manuels, est-ce qu'on va s'attacher non seulement à
ce qu'on voudrait y trouver comme contenu, mais également à une
certaine diversité pédagogique, parce qu'un manuel, ça
peut être des fiches de travail, ça peut être des projets
réalisés par les élèves, ça peut être
toutes sortes d'activités pédagogiques, ce n'est pas
nécessairement une forme d'enseignement magistral? C'est ma
première série de questions qui tournent autour de l'encadrement
pédagogique du travail de l'enseignant.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, ce sont
là des questions intéressantes et sur lesquelles nous avons
dû nous pencher nous-mêmes dans notre réflexion sur le livre
vert et dans la rédaction du plan d'action. Effectivement, nous
concevons le manuel, le guide pédagogique, le programme comme
étant essentiellement des appuis pour l'enseignant et non pas des
carcans. Bien sûr, nous supposons que cela sera dit clairement aux
enseignants et nous supposons aussi que les enseignants sont d'une
qualité telle qu'ils peuvent comprendre cela et savoir utiliser les
instruments que nous allons mettre entre leurs mains. Que certains
considèrent les programmes comme des choses à suivre sans s'en
éloigner jamais, ce ne sont probablement pas des enseignants qui,
à l'heure actuelle, ont un bien gros succès sans programme
précis.
Comment utiliser ces instruments? Je dirais d'abord comment les
rédiger. Là-dessus, le ministère a une réponse, une
réponse qu'il a créée dans les faits à l'occasion
par exemple des quelques programmes, de la rédaction des quelques
programmes rendus publics jusqu'ici.
Je vais prendre un exemple: le programme de français pour le
niveau primaire. Nous l'avons rédigé en consultation constante et
étroite avec, bien sûr, les quelques experts que nous avions
appelés au ministère, pour former une équipe, mais
également avec le milieu et, en particulier, avec les enseignants de
français et leur association, l'AQPF.
Nous avons également consulté systématiquement les
conseillers pédagogiques responsables, dans les commissions scolaires,
de l'enseignement du français. Et c'est de cette immense
démarche, de cette vaste démarche, qui a duré des mois
parce que vous vous imaginez sans peine la lourdeur du processus
qu'est résulté ce programme nouveau.
S'agit-il d'une pédagogie imposée? Là, il faut
faire des nuances. Nous pensons effectivement, parce que le milieu nous l'a
réclamé dans le cadre du livre vert, que les programmes doivent
être plus précis parce que, malheureusement, les
programmes-cadres, bien sûr, ne laissaient pas l'enseignant
habitué à avoir de l'initiative désarmé, mais le
programme-cadre laissait l'enseignant qui n'a pas l'esprit d'initiative fort
désarmé.
Ou encore, on assistait à un autre genre
d'inégalité. La grosse commission scolaire, elle, en particulier
à Montréal, se donnait des équipes, se donnait des
programmes institutionnels. Il ne faut pas fermer les yeux sur le fait que des
programmes détaillés, il en existe, dans le monde de
l'éducation, à l'heure actuelle. Ce sont les grosses commissions
scolaires qui se les sont donnés, avec, quelquefois, la participation
des enseignants et des spécialistes, quelquefois sans leur participation
aussi.
Toujours est-il que nous avons fait évidemment la moisson de tout
cela. Nous pourrions même demander à la personne responsable, tout
à l'heure, non seulement le sous-ministre responsable du secteur
primaire et secondaire, mais éventuellement M. Thériault, dont
c'est la responsabilité immédiate, de venir nous expliquer, si
vous le désirez, le processus qu'on a suivi pour arriver à
déterminer ces programmes.
Nous pensons que ces programmes ne seront pas considérés
par l'enseignant moyen, intelligent, donc, comme étant des carcans, mais
qu'il va se rendre compte et cela lui sera dit, pour être
sûr qu'il ait bien compris que ce sont là des aides, des
appuis et que, bien sûr, cela peut définir le quoi enseigner dans
une certaine mesure, encore qu'il y aura une souplesse, des contenus
d'enrichissement à côté des contenus minimum. Nous pensons
que l'enseignant moyen va se rendre compte que tout cela ne touche pas au
comment enseigner et que les méthodes de chacun demeurent du domaine de
son autonomie, de son automonie pédagogique, comme enseignant.
Est-ce que cela va mettre en danger les équipes? Je ne le pense
pas. Je pense qu'au contraire, il pourrait y avoir, dans ces nouveaux
programmes, ces nouveaux devis de manuels qui vont amener beaucoup
d'enseignants et peut-être des équipes d'enseignants à
vouloir faire des manuels, une incitation à faire équipe,
peut-être plus que jamais. En définitive, la question qu'il faut
peut-être poser, ce n'est pas: Est-ce que le manuel risque de mettre fin
à l'esprit d'intitiative des enseignants? Je suis persuadé que ce
n'est pas le cas, mais la vraie question pourrait être: Est-ce que
l'absence de manuels dont nous sommes témoins à l'heure actuelle
ne comporte pas des inconvénients encore supérieurs à ceux
qui pourraient découler, en mettant les choses au pire, de l'existence
de manuels dans chaque matière?
M. le Président, la question était vaste, profonde. Je
m'arrête à ce point-ci pour donner l'occasion au
député de Rosemont et à ses collègues d'aller
peut-être plus loin par leurs questions ou par leurs commentaires.
M. Paquette: M. le Président, si je comprends bien, les
guides pédagogiques, en fait, se présenteront comme des supports,
des suggestions aux équipes d'enseignants. Pour ce qui concerne les
manuels, va-t-on exiger, par exemple, des enseignants qu'ils suivent le manuel
à la lettre? Je vais vous caricaturer ce qui pourrait arriver. En 1959,
le programme de mathématiques indiquait la liste des
théorèmes à enseigner en géométrie avec leur
ordre et le temps approximatif à passer sur chacun. Je ne pense pas
qu'on retourne à ce temps-là, mais est-ce que c'est une chose qui
est exclue? Evidemment, s'il y a des manuels de base dans chacune des
matières, c'est extrêmement avantageux, si les enseignants sont
libres de les utiliser en fonction d'idées pédagogiques qu'ils
développent et qu'on les aide à développer, par ailleurs,
par l'animation pédagogique, par le perfectionnement, etc.
M. Alfred: Permettez-vous que je complète? Nous sommes des
pédagogues. Je pense que, tel que j'ai compris les énoncés
du ministère, l'originalité n'est pas dans la matière,
mais dans la manière, dans la pédagogie. Je pense que, quand j'ai
vu le mot "manuel", jamais nulle part je n'ai vu "instrument unique". Rien
n'empêche un professeur d'ajouter autre chose, mais une chose est
certaine, par exemple, il y a un minimum, et j'ai cela à faire. Mon
innovation se trouve dans la façon dont je vais faire passer le message.
Peu importe qu'on me dise, par exemple, qu'il y a tant de
théorèmes à voir, d'ailleurs, les théorèmes
sont les mêmes. Que la bissectrice d'un angle divise l'angle en deux
parties égales, c'est partout pareil. Le théorème est le
même. (20 h 30)
Le problème n'est pas là. Le problème, c'est
qu'à l'échelle du Québec, il y a ce trop commun minimum,
ce manuel qui définit que tel élève, de telle commission
scolaire donnée, dans telle région donnée, va avoir cela.
La façon dont je dois rendre cela, c'est de la méthode
pédagogique, cela me regarde. L'équipe dont parle M. Paquette se
situe au niveau de l'affinité des professeurs dans la progression de
leur pédagogie. On ne fait pas équipe pour la matière. On
fait équipe pour la façon dont on doit rendre la matière.
Donc, que le programme soit précis, je veux qu'il le soit. Pour avoir
vécu dans une polyvalente, pour avoir vu des situations
d'élèves traumatisés par des professeurs qui ne savent
où donner de la tête... Il ne faut pas voir le professeur comme le
superprofesseur qui n'a besoin de rien. La grande majorité des
professeurs a besoin d'un programme précis et défini. Cependant,
il y aura des divergences dans la façon de donner l'enseignement.
La matière, d'après moi, doit être précise.
Lorsqu'on laissait aux professeurs le soin de faire n'importe quoi, de donner
un programme-cadre en français, certains professeurs pensaient que le
programme-cadre de français voulait dire "ne pas corriger les fautes de
français, ne pas apprendre la règle de grammaire j'ai
vécu cela ne pas donner de dictée", si bien que nos
élèves, qui sont très bons, sont obligés de faire
au CEGEP ce qu'ils n'ont pas fait au niveau secondaire. Ce qu'on appelle
linguistique, au CEGEP c'est ni plus ni moins apprendre les règles de
grammaire que j'ai apprises au niveau de l'élémentaire. C'est la
raison pour laquelle il faut que ce soit précis, et même, pour
avoir de la compétence, il faut que ce soit précis. Rien
n'empêche le professeur d'ajouter autre chose dans son manuel. Cependant,
je m'en voudrais bien de voir que ce professeur dise: Je vais mettre de
côté ce manuel et je vais faire n'importe quoi avec
l'élève. A ce moment, on tomberait dans l'anarchie. C'est ce que
je qualifie de bon sens dans ce renouveaupédagogique. On peut
bien poser la question de la précision des programmes, du contenu des
programmes, de la méthode des programmes. J'espère que nos
professeurs vont être assez intelligents pour savoir qu'ils ont
été traumatisés par le programme-cadre que je n'ai jamais
enseigné, parce que le programme-cadre qu'on m'avait imposé pour
enseigner, si j'avais enseigné cela, mes élèves qui sont
maintenant rendus à l'université, qui sont rendus partout,
n'auraient pas eu cette formation.
J'ai toujours enseigné l'orthographe. J'ai toujours donné
des dictées. J'ai toujours donné des rédactions. J'ai
toujours donné des dissertations. Cependant, si j'avais des
problèmes avec mon chef de groupe, je le faisais venir en classe. Bien
sûr, il fallait que je respecte l'institution. Je faisais faire des
exposés par mes élèves. J'invitais les directions, y
compris les chefs de groupe, à venir voir le progrès de mes
élèves. J'étais très traditionnel dans le contenu,
mais très moderne dans la façon de donner mon enseignement. Ce
qui était important, c'était le progrès
pédagogique.
Donc, qu'on arrive à des choses précises, à des
programmes précis, ça, il nous le faut et à
l'échelle du Québec. Je ne pense pas qu'on puisse dire qu'on va
imposer telle méthode à un prof, parce que la méthode
relève du tempérament de chaque prof. Donc, moi, je n'ai pas
d'inquiétude et
je pense que, avec ce que nous avons là, nous sommes sur la bonne
voie. Partout où je passe, à l'échelle du Québec,
je me suis rendu compte que le prof avait besoin de cela. Les parents avaient
besoin de cela, et nombreux, je peux vous le dire, sont les
élèves qui, arrivant au CEGEP, reviennent me voir pour de grandes
choses, ce sont des règles de grammaire qui n'ont pas été
apprises à l'élémentaire. Ce sont des règles de
grammaire qui n'ont pas été apprises au niveau secondaire. C'est
ça qu'on veut corriger et, mon Dieu, j'espère qu'on va garder des
cadres précis, qu'on empêchera pas les profs de créer.
Le Président (M. Boucher): Merci...
Mme Lavoie-Roux: Cela dit, M. le ministre...
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le ministre.
Mme Lavoie-Roux: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Rosemont, est-ce que vous aviez terminé votre intervention?
Mme Lavoie-Roux: Question de règlement...
M. Paquette: J'attendais la réponse du sous-ministre.
Mme Lavoie-Roux: Question de règlement.
Le Président (M. Boucher): M. le sous-ministre avait une
réponse à donner. Oui, madame...
Mme Lavoie-Roux: Une question de règlement, est-ce que
ça n'a pas préséance?
Le Président (M. Boucher): Allez-y, question de
règlement!
Mme Lavoie-Roux: C'est une suggestion au ministre. Il a besoin
d'un sous-ministre. Vous l'avez tout trouvé à côté
de vous.
M. Morin (Sauvé): Mme le député, j'ai
été très intéressé par ce qu'a dit le
député de Papineau. Je crois qu'il a, lui, une expérience
que vous n'avez pas. Il a enseigné. Vous, vous avez dirigé une
commission scolaire et je m'incline devant votre expérience en tant que
présidente de commission scolaire. Mais dans la classe...
Mme Lavoie-Roux: Je regrette, M. le ministre, mais j'ai
déjà enseigné également.
M. Morin (Sauvé): C'est vrai? Mme Lavoie-Roux:
Oui.
M. Morin (Sauvé): Alors, vous serez d'accord dans ce
cas-là, sûrement, avec le député de
Papineau, parce que je crois qu'il a dit des choses...
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais je pense qu'on n'apprend pas
grand-chose, M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): Je crois qu'il a dit des choses pleines
de sens et, pour peu qu'on ait enseigné cela a été
mon cas aussi je crois qu'il y a là une expérience dont
nous devons savoir profiter.
Mme Lavoie-Roux: Je pense qu'il serait mieux de retourner dans le
champ que de nous dire ça à nous, M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): Je crois que c'était important
pour la commission scolaire d'entendre ces choses. Ce serait tout de même
de nature à influencer Mme le député et à lui
montrer que sous l'empire de l'ancien gouvernement, tout n'allait pas pour le
mieux dans le meilleur des mondes.
Mme Lavoie-Roux: C'est ce que vous essayez de démontrer
depuis le début avec des arguments pas très lourds, vous en
conviendrez, M. le ministre.
Le Président (M. Boucher): Alors, M. le...
Mme Lavoie-Roux:... sauf de répéter à
satiété que l'ancien gouvernement n'a rien fait.
Le Président (M. Boucher): Je m'excuse. M. le
député de Rosemont, vous attendiez votre réponse.
M. Morin (Sauvé): Pas rien, mais enfin...
M. Paquette: Oui, M. le Président, le sous-ministre
s'apprêtait à apporter des réponses à mes questions;
j'en ai d'autres, aussi.
M. Morin (Sauvé): Je pense qu'au point de départ,
il faut peut-être situer les exigences que nous avions maintenues au
moment où les programmes-cadres ont été établis,
exigences à l'égard des maîtres du Québec.
Finalement, dans toute cette démarche que nous avons vécue, on a
voulu des maîtres concepteurs de programmes, responsables du
développement de la didactique, spécialistes de ce qu'on peut
appeler l'évaluation continue, parce qu'on a contesté
l'évaluation dite ponctuelle, les examens à un moment
donné, évaluations continues. On a demandé d'être
encadreurs, animateurs, agents de changement, trait d'union avec le milieu,
avec les familles, spécialistes adaptés à une
société jeunesse en changement, à une
société jeunesse qu'ils ne retrouvaient pas s'ils la comparaient
à celle qu'ils avaient eux-mêmes connue, participation à la
vie de l'équipe-école, les exigences du perfectionnement.
Ce sont là des éléments de la tâche de
l'instituteur à l'intérieur de l'école primaire et de
l'école
secondaire. Au moment où les programmes-cadres ont
été établis, il faut bien dire qu'il était
prévu que le gouvernement mette en place toute une structure d'animation
et de soutien pédagogique. C'était l'époque où on
avait l'assurance et les pédagogues, à l'époque,
étaient assurés que dans toutes les commissions scolaires, dans
toutes les directions générales, partout où il y aurait un
soutien, on multiplierait ce ministère de l'Education présent
dans chaque direction régionale de chaque commission scolaire.
Evidemment, les coûts de l'éducation étaient tels
que ce bout de chemin n'a pas été franchi. Le maître s'est
donc retrouvé avec cette tâche lourde, cette tâche
impossible, finalement. A toutes fins utiles, il faut savoir où se
situent les responsabilités du ministère de l'Education et les
responsabilités des autres instances.
Les maisons d'édition, devant des maîtres
débordés, ont préparé des manuels scolaires
précis, et nous nous rendons compte que, souvent, pour l'enseignement
d'une matière, on retrouve un programme-cadre de huit pages et, à
l'échelle du Québec, à peu près un manuel unique
qui est conçu tant au niveau de la démarche pédagogique
qu'au niveau de la conception des orientations du programme par des tiers, par
des maisons d'édition. Il est clair que l'enseignant a besoin de ces
outils. Il ne faut pas qu'il ait d'outils qu'on lui impose, mais ce n'est pas
vrai qu'on est créateur pendant 40 heures par semaine et 180 jours par
année tout le temps de la même façon. On a besoin
d'être soutenu. La démarche du plan d'action, c'est
celle-là. Nous avons un programme avec des objectifs
généraux, qui, eux, sont précisés et obligatoires.
Ce sont des objectifs généraux, des étoiles polaires, avec
certains éléments qui puissent permettre au maître de se
situer dans le contenu, mais cela est obligatoire.
Les objectifs spécifiques ou les objectifs terminaux, les uns
étant obligatoires, d'autres n'étant qu'indicatifs, et une liste
d'éléments de contenu, les uns obligatoires, les autres
indicatifs, il est clair que, dans un programme de mathématiques, le
contenu obligatoire sera beaucoup plus vaste que dans un programme d'histoire
générale. Un programme de mathématiques pourra, à
toutes fins utiles, avoir un contenu unique à l'échelle du
Québec pour 90% de ses contenus, alors qu'en histoire régionale,
ce sera pour 10% de ses contenus. Il faut tenir compte de la diversité
des groupes d'élèves, de la diversité des démarches
des maîtres. Alors, le programme a donc une partie obligatoire en ternies
de contenu et d'objectifs, mais il laisse beaucoup de place et beaucoup de
souplesse parce que c'est impossible d'enseigner à des groupes
d'élèves de la même façon et avec un même
contenu à l'échelle du Québec. Ce serait ne pas respecter
la diversité, or, la démarche éducative doit respecter
évidemment cette diversité.
De plus, les guides pédagogiques ne sont que des soutiens que les
maîtres vont enrichir eux-mêmes. Il n'est pas question que le
ministère de l'Education prépare des guides pédagogiques
pour l'ensemble du Québec et les impose et en devienne
propriétaire. Ce sont là des dossiers dynamiques qui sont
enrichis constamment par les maîtres eux-mêmes, des cahiers
à anneaux que l'on distribue à tous les maîtres du
Québec et qui pourront être enrichis par les expériences
connues par tous les maîtres du Québec qui veulent les diffuser et
les communiquer à l'ensemble de leurs collègues et le manuel
scolaire est préparé à partir d'un devis qui a
été fait par ceux qui ont la responsabilité de
l'éducation au Québec.
Ce ne sont pas les tiers qui publient des manuels scolaires, mais bien
des manuels préparés à partir de devis qui sont la
responsabilité du ministère de l'Education à
l'intérieur d'un gouvernement qui fixe les objectifs, les
finalités et les orientations. C'est la démarche qui est
proposée à l'intérieur du document. Toute la notion
d'évaluation se situe aussi en termes de soutien aux maîtres. Il
n'est pas question d'aller contrôler ce que fait le maître. Il est
question pour le ministère de l'Education d'évaluer la
qualité de l'enseignement du français en quatrième
année dans toutes les écoles du Québec. Il ne s'agit pas
d'aller évaluer les maîtres, mais la qualité de
l'enseignement.
Quand on a des objectifs précis, on peut aller évaluer si
la qualité de l'enseignement est satisfaisante. On n'évalue pas
le maître, on évalue de façon sectorielle ou l'enseignement
d'une langue, ou l'enseignement des mathématiques ou autre chose.
Donc, nos services de mesure-évaluation auront, comme l'indique
le plan d'action, des responsabilités d'évaluation, de programme
d'évaluation et également d'apprentissage à
l'échelle du Québec et viendront soutenir le maître dans sa
propre démarche d'évaluation qui est toujours difficile
également. C'est l'esprit des chapitres 7, 8 et 9 du plan d'action.
Est-ce que cela répond à votre question?
M. Paquette: Est-ce qu'au niveau local, au niveau de
l'école... Parce que, dans le plan d'action, on a également cette
idée du projet éducatif de l'école; il y a plusieurs
dimensions à ce projet éducatif, l'une d'entre elles est
très certainement la pédagogie. Contrairement à ce que
disait mon collègue de Papineau tantôt, il arrive parfois qu'il
faille choisir le contenu en fonction d'objectifs généraux et,
pour atteindre certains objectifs généraux, il y a plusieurs
contenus possibles, plusieurs contenus souhaitables qui peuvent dépendre
des conditions locales, qui peuvent dépendre aussi des connaissances,
des habiletés des équipes d'enseignants.
Est-ce qu'il y aura une certaine marge de manoeuvre qui va rester au
niveau des équipes pédagogiques dans les écoles,
même au niveau du contenu?
M. Morin (Sauvé): II y a déjà de
prévu, dans l'école québécoise, pour ce qui est, si
on peut parler mathématiquement, de la grille horaire, une certaine
marge de manoeuvre qui va permettre de
mettre l'accent sur telle matière, tel type d'activités
plutôt que tel autre. Je ne sais pas si c'est à ça que le
député pense principalement. C'est un aspect de la question, ce
n'est pas le seul. Les programmes eux-mêmes vont comporter, si ce sont
les programmes que le député a à l'esprit, des contenus
qu'on pourrait appeler clés, c'est-à-dire des contenus
obligatoires, cette espèce de minimum qu'on voudrait que tout petit
Québécois reçoive de l'école, qu'il soit de Hull ou
de Gaspé, ou encore de Sherbrooke ou de Chicoutimi. (20 h 45)
Mais, à côté de ça, il y aura des contenus
d'enrichissement, des contenus indicatifs, plusieurs, au choix de l'enseignant
et, éventuellement, au choix de l'école ou de l'équipe
d'enseignants qui, au sein d'une école, veut se donner une
activité de groupe ou une approche de groupe. Tout ça est
possible. En tout cas, tout ça est souhaitable.
Dans nos programmes, nous allons prendre soin de bien distinguer ces
deux aspects, la clé et l'enrichissement. Est-ce à ça que
le député pense?
M. Paquette: En bonne partie. Je pense que, si tout se fait avec
la participation du milieu, des conseillers pédagogiques des
régionales, on peut être assuré que ces
préoccupations vont transparaître dans les instruments que le
ministère va préparer. J'ai une question dans un autre ordre
d'idées, en ce qui concerne les matières de l'enseignement
élémentaire et secondaire. Le député de L'Acadie a
fait état de ses préoccupations quant au nombre de minutes
accordées à la langue seconde; le député de
Gaspé, un peu plus nationaliste, plutôt que de nous parler de la
langue seconde, nous a parlé du nombre de minutes accordées
à l'histoire nationale et aux institutions politiques, à la
connaissance du système politique également.
Je vais vous poser une question qui est tout à fait incongrue,
qui n'a rien à voir avec le débat politique actuel, la
constitution, la langue seconde qui préoccupe le député de
L'Acadie et l'histoire nationale qui préoccupe le député
nationaliste de Gaspé.
Je vais vous demander quelle place on fait aux sciences et aux
mathématiques. Je pense que c'est bien beau d'avoir des langues à
sa disposition, mais si on est capable de parler en plusieurs langues de pas
grand-chose, il faut se demander ce que cela va donner en termes de
compétence technique des Québécois et comme
possibilité de favoriser le développement de la technologie au
Québec, dans la foulée également de la politique de la
recherche scientifique qui a été annoncée par le
ministère du développement culturel.
Est-ce qu'on a, dans les matières scientifiques, une proportion
équivalente? Il y a une chose qui m'inquiète, ce sont les
périodes de trois heures par semaine. Il me semble que dans certaines
matières, il puisse être beaucoup plus difficile, dans les
matières scientifiques, de respecter un cadre comme celui-là. Je
me demande si le cadre n'est pas trop rigide.
Donc, deux questions, une en termes d'importance globale qu'on va
accorder aux matières scientifiques dans le programme d'enseignement
élémentaire et secondaire, et la deuxième: Est-ce que la
nouvelle grille horaire n'a pas tendance à défavoriser un peu
plus les matières scientifiques que les autres?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, effectivement,
comme certains opinants l'ont dit autour de la table, c'est une question
importante, la place des sciences. Je voudrais vous dire que le
député rejoint là des préoccupations dont nous
avons beaucoup entendu parler durant la tournée sur le livre vert.
Je voudrais le rassurer immédiatement en prenant tout d'abord le
niveau primaire. Je pense qu'on peut parler d'une véritable
revalorisation des sciences au niveau primaire. Par exemple, les maths, les
heures consacrées aux mathématiques sont considérablement
augmentées. Je n'ai pas fait le compte et peut-être pourrons-nous
entrer dans ce détail, si cela vous intéresse. Mais pour le
niveau primaire, on voit cinq heures/semaine pendant tout le premier cycle, et
quatre heure/semaine pendant tout le second cycle. C'est plus
qu'auparavant.
De plus, nous tentons de faire une place qui n'existait pas aux sciences
de la nature et aux sciences expérimentales. C'est ainsi, par exemple,
qu'on verra que les sciences de la nature se voient consacrer au premier cycle,
et dès le premier cycle, une heure par semaine, tandis qu'au second
cycle, il s'agit d'une heure et demie par semaine, pour les trois années
du second cycle.
Pour ce qui est maintenant du niveau secondaire, on ne peut pas dire
qu'il y ait de gros changements au niveau des heures ou du total des heures,
quoique nous avons décidé que des mathématiques,
désormais, il y en aurait durant toutes les années du secondaire,
y compris le secondaire V. Cela est un changement important qui nous
était réclamé d'ailleurs par les enseignants, notamment
par leurs associations professionnelles, dans le domaine des sciences et des
mathématiques.
Il était possible auparavant de passer à travers
l'enseignement du secondaire V, l'enseignement collégial et
l'université sans jamais refaire de mathématiques. Nous avons
décidé que cela n'avait aucun sens. Je vous avoue que les cheveux
m'ont dressé quand j'ai découvert la chose en arrivant au
ministère, parce que c'est un détail que j'ignorais. Nous avons
décidé qu'il y aurait des mathématiques en secondaire V,
qu'il y en aurait au CEGEP pour ceux qui n'en reçoivent pas d'une autre
façon dans leur concentration ou dans leur spécialisation. Donc,
renforcement, si on considère l'ensemble du cours, le primaire, le
secondaire et le collégial, du temps consacré aux
mathématiques.
A l'heure actuelle, il faut souligner que seulement 12% des
élèves choisissent les sciences expérimentales au
deuxième cycle du secondaire. Or, nous avons décidé que
ces sciences et, notam-
ment, la biologie seraient obligatoires aux fins de certification, ce
qui veut dire que tout le monde sera obligé d'en prendre. Ce
n'était pas le cas jusqu'ici: 12% des élèves, n'est-ce
pas, il faut être conscient de la situation qui existe actuellement.
Donc, nos règles de certification vont nous permettre de dire des
choses qui ne sont pas inscrites dans ces horaires, parce qu'elles vont rendre
obligatoires des choses qui ne sont pas nécessairement indiquées
comme étant obligatoires. Elles vont nous permettre de redresser cette
situation.
Voilà, de manière générale, M. le
Président, la réponse que je peux donner au député.
S'il désire plus de détails, nous sommes à sa
disposition.
M. Paquette: Peut-être une autre question concernant les
trois périodes par semaine. Sauf erreur, la plupart des matières,
sinon toutes, doivent entrer dans le cadre de blocs de trois périodes
par semaine. Est-ce que ce n'est pas un peu embêtant,
particulièrement pour des matières scientifiques où on
doit prévoir des heures de laboratoire? Est-ce que les heures de
laboratoire sont prévues dans les blocs de trois périodes?
M. Morin (Sauvé): Oui, les heures de laboratoire sont
prévues. Maintenant, il faut penser à cette école pour
tous. Il n'y a que 12% des élèves au deuxième cycle qui
prennent la chimie, la physique, la biologie, l'une ou l'autre. Les blocs de
trois périodes constituent ce qu'on pourrait appeler un bloc minimal.
Pour les élèves qui se dirigent vers des concentrations
scientifiques, il y a toujours possibilité d'ajouter des blocs
optionnels pour augmenter le nombre d'heures de sciences expérimentales
par semaine. La grille-matière qui est là, la répartition
du temps qui est proposée s'adresse à l'ensemble et, d'ailleurs,
elle n'est qu'indicative. Elle s'adresse à l'ensemble, mais il faut
prévoir qu'il y a des concentrations et la souplesse de cette grille
pourra permettre d'augmenter le nombre de périodes pour les
élèves qui veulent en avoir plus.
Etant donné qu'on augmente le nombre d'obligations, on ne peut
quand même pas multiplier les exigences, sinon il y aura peu
d'élèves qui termineront leur cours secondaire. Alors, il s'agit
d'une répartition du temps générale, mais les
concentrations permettront aux élèves qui ont plus d'aptitudes ou
qui feront des choix d'en faire davantage en termes de temps. C'est cela
l'option qui a été retenue à la suite de la
consultation.
M. Paquette: On a parlé tantôt du support
pédagogique à l'enseignant dans son travail. Il y a une autre
chose sur laquelle je me pose des questions, et je ne suis pas le seul. C'est
plutôt au niveau des offres patronales à la table de
négociation, qui ont été déposées et qui
concernent les budgets qui étaient autrefois protégés dans
les commissions scolaires pour le perfectionnement des maîtres. Sauf
erreur, dans les offres patronales actuellement, on propose de supprimer cette
disposition de la convention collective. Est-ce qu'il y a d'autres
mécanismes compensatoires qui vont permettre d'augmenter le support
pédagogique aux enseignants en termes de perfectionnement?
M. Morin (Sauvé): Je pense que la réponse à
la question, ce ne sont pas que les budgets prévus disparaissent, mais
que les budgets prévus ne sont plus destinés uniquement aux
enseignants. Les budgets prévus par tête seront répartis
tant pour le personnel de soutien que pour le personnel professionnel, que pour
le personnel enseignant. Il appartiendra à chaque commission scolaire de
déterminer en concertation avec les représentants des
différents milieux de quelle façon ces budgets pourront
être répartis. C'est la nature de l'offre faite.
M. Paquette: Puisque les budgets s'adressent à de plus
nombreuses catégories de personnes, est-ce que les budgets offerts sont
les mêmes ou s'ils ont été augmentés?
M. Morin (Sauvé): Les budgets n'ont pas été
augmentés.
M. Paquette: Ce sont les mêmes budgets. Il y a plus de
catégories de personnels qui y ont accès.
M. Morin (Sauvé): Pour être très clair, il
s'agit d'une mise en commun des budgets qui existaient jusqu'à
maintenant, tant les budgets qui étaient destinés aux enseignants
que ceux qui étaient destinés au personnel de soutien et au
personnel professionnel.
M. Paquette: Ah bon! D'accord. Une autre question qui concerne la
pédagogie, c'est l'encadrement des étudiants. On parle dans le
plan d'action de diverses formules de tutorat, de titula-riat. Quel est
l'échéancier d'application de ces mesures et quelles en sont les
modalités d'implantation?
M. Morin (Sauvé): II est clair que vous touchez là
une question qui, à toutes fins utiles, trouvera sa réponse
à la fin de la négociation. Dans l'offre du gouvernement, il est
prévu que la tâche d'instituteur sera suffisamment souple pour
qu'on puisse permettre également de l'utiliser comme ressource
d'encadrement dans les écoles, de manière que, pour chaque groupe
d'élèves, il y ait au moins un homme-synthèse qui puisse
communiquer avec l'élève, qui puisse communiquer avec l'ensemble
des enseignants spécialistes qui travaillent avec un élève
et qui puisse également communiquer avec la direction et avec les
parents. C'est cet homme-synthèse, c'est cet homme-orchestre, c'est ce
chef d'orchestre...
Mme Lavoie-Roux: ... une femme aussi, de temps en temps!
M. Morin (Sauvé): Au primaire, elles sont vraiment en
très grande majorité.
Mme Lavoie-Roux: J'espère qu'il y en a au secondaire
aussi.
M. Morin (Sauvé): Au secondaire, cela représente
55%.
Mme Lavoie-Roux: Cela fait cinq fois qu'il dit un
homme-synthèse.
M. Paquette: II y a une autre question qui concerne l'objectif de
décentralisation qui, lui aussi, à mon avis, est
extrêmement important sur la qualité de l'enseignement. On a vu
dans les négociations entre le gouvernement et les commissions scolaires
le désir des commissions scolaires de récupérer des
responsabilités, de se libérer des normes, des contrôles du
ministère. Ma préoccupation, c'est qu'on ne se retrouve pas avec
55 ou 60 petits ministères de l'Education qui vont être tout aussi
bureaucratiques et centralisateurs face aux écoles, face aux milieux que
desservent ces écoles et face aux équipes de travailleurs de
l'enseignement qui y oeuvrent. De ce côté, tant dans les
discussions avec les commissions scolaires que dans l'application du plan
d'action qu'au niveau du budget, quelles sont les mesures qui pourraient
permettre que la décentralisation ne s'arrête pas au niveau des
commissions scolaires, mais se rende également au niveau de
l'école? (21 heures)
M. Morin (Sauvé): Les grandes mesures que nous avons
prévues dans le plan d'action tendent, pour répondre à
cette tendance qui pourrait se faire jour si la décentralisation que
nous prônons par ailleurs se réalisait, consistent à mettre
l'accent sur l'école. L'école doit également jouer un
rôle et pas seulement la commission scolaire. C'est pourquoi nous avons
proposé que l'école se donne je prends un exemple; il y en
aurait plusieurs un comité, un conseil de coordination où
on trouverait non seulement les enseignants et la direction, mais
également des parents. Eventuellement, au second cycle du secondaire, on
pourrait aussi imaginer la présence d'élèves qui
pourraient prendre un certain nombre de décisions sur la vie de
l'école, sur la vie interne de l'école, sur la marge de manoeuvre
dont dispose l'école et qui pourraient, de la sorte, donner à
chaque école sa teinte particulière, ce que nous appelons son
projet éducatif.
Le gouvernement, dit le plan d'action, entend modifier
éventuellement la Loi de l'instruction publique, en vue de permettre de
préciser par règlement le statut et les fonctions du directeur de
l'école. Là encore, c'est dans la perspective d'une
revalorisation de l'école. Nous voulons également, dit le plan
d'action, permettre la création de conseils d'orientation c'est
ce que je disais il y a un instant et enfin permettre à une
commission scolaire de déléguer des pouvoirs au directeur de
l'école et au conseil d'orientation.
Bien sûr, on me dira que tous les milieux ne sont pas prêts
à entreprendre une telle démarche. C'est exact. Il y a des
milieux où, déjà, le conseil d'orientation est en voie de
création, où on a des projets éducatifs. Mais, dans la
grande majorité des milieux, ce n'est pas encore le cas, et on
connaît même des milieux où aucun chemin n'a même
été fait pour valoriser les comités de parents ou
d'école, par exemple.
Donc, il y a beaucoup de chemin à faire dans certains milieux
pour en arriver à des objectifs comme ceux-là, sauf qu'il sera
peut-être plus facile, dans le cas du statut et des fonctions du
directeur d'école, d'avoir une politique qui émanerait du
gouvernement et qui consisterait, législa-tivement ou par
règlement, à définir ce statut et ces fonctions.
Je ne sais pas si je réponds à la question du
député. S'il veut plus de précisions, je les donnerai
volontiers.
M. Paquette: Je pense que le problème qui est ressenti,
entre autres au niveau d'une commission scolaire qui est peut-être dans
une situation particulière, qui est particulièrement gigantesque,
qui est la CECM, c'est qu'il y a énormément d'insatisfaction,
tant au niveau des directeurs d'école qu'au niveau des parents et des
enseignants qui s'impliquent dans l'école et qui, parfois, ont de la
difficulté à faire la différence entre les normes qui sont
imposées par la commission scolaire et les normes du ministère.
Du point de vue de l'école, que la bureaucratie vienne de plus
près ou vienne de Québec, la différence est relativement
minime.
La difficulté, c'est que je me pose cette question
si on se contente d'augmenter, peut-être, les responsabilités du
directeur d'école, celui-ci est quand même un fonctionnaire
engagé par la commission scolaire et la commission scolaire peut se
dire, démocratiquement: Nous, nous avons été élus
par la population et nous voulons garder un contrôle assez grand sur nos
fonctionnaires qui sont directeurs d'école, s'il n'y a pas,
parallèlement, certains pouvoirs décisionnels qui sont
donnés justement à ces conseils de coordination ou ces conseils
d'orientation de l'école...
Dans le plan d'action, sauf erreur, on nous parle d'implantation
progressive, qui est une excellente chose parce que tous les milieux ne sont
pas prêts en même temps, mais on nous parle aussi de conseils
d'orientation qui sont uniquement consultatifs. Je me demande, dans ce
contexte, comment une véritable décentralisation pourra
paraître acceptable, même aux commissions scolaires qui, en somme,
confieraient des responsabilités extrêmement importantes à
un de leurs fonctionnaires au niveau de l'école sans qu'il y ait un
certain encadrement du milieu en termes de conseils d'orientation qui sont
décisionnels sur certaines questions.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, les directeurs
d'école sont certes nommés par la commission scolaire et ils en
dépendent étroitement. C'est une de leurs revendications que le
statut de directeur d'école soit revalorisé et qu'ils
puissent
jouir d'une certaine autonomie dans leur école, et non plus
être totalement à la merci de la commission scolaire. Nous pensons
que c'est une revendication professionnelle valide, légitime, à
condition, bien sûr, que cela n'aboutisse pas à exclure le droit
de regard des commissions scolaires, à condition que cela ne consiste
pas non plus à éliminer le rôle des enseignants ou le
rôle des parents. Il est évident que ce rôle et ces
fonctions de directeur, nous allons les redéfinir, les préciser,
mais nous allons aussi faire du directeur une certaine charnière, il va
falloir qu'il accepte de dialoguer avec le milieu, avec les enseignants et,
éventuellement, il devra participer et peut-être même
être la cheville ouvrière du conseil d'orientation de son
école.
Nous n'avons pas dit que le conseil d'orientation serait un
comité consultatif, pas du tout. Dans notre esprit, ce serait un conseil
qui aurait des pouvoirs limités mais réels et à qui
seraient délégués des pouvoirs, comme je l'ai
indiqué il y a un instant, par la commission scolaire. A mon avis, cela
pourra varier d'un milieu à l'autre, mais nous pourrons faciliter les
choses, même peut-être législativement, en autorisant,
à certaines conditions, l'école à organiser son conseil
d'orientation. On devine tout ce qu'il faudra de patience et de collaboration
entre les divers agents de l'école pour arriver à établir
de tels conseils d'orientation. Il y a des milieux où tout le monde est
prêt, sauf les parents, il y a des milieux où tout le monde est
prêt, sauf les enseignants. Rapprocher tout le monde sera donc une
tâche considérable, mais nous pensons que c'est à cette
condition que l'école pourra vraiment vivre pleinement et être
bien intégrée, bien enracinée dans son milieu.
Autrement dit, si nous voulons que l'école reflète son
milieu, si nous voulons mettre l'école dans le milieu, il faut, dans une
certaine mesure, mettre le milieu dans l'école.
M. Paquette: M. le ministre, si je comprends bien, vous allez
laisser à la discrétion de chaque commission scolaire le soin de
déléguer des pouvoirs aux conseils d'orientation, mais est-ce que
c'est votre intention de prévoir un certain nombre de pouvoirs
décisionnels à ces conseils d'orientation, quitte à ce que
les délais d'application diffèrent d'une commission scolaire
à l'autre?
M. Morin (Sauvé): Oui.
M. Paquette: Ce que je crains, c'est que la
décentralisation se fasse en deux étapes, du ministère
vers les commissions scolaires et des commissions scolaires vers les
écoles, et que la deuxième étape ne se fasse jamais dans
certains milieux.
M. Morin (Sauvé): Je pense que vous mettez le doigt sur
quelque chose d'important, M. le député. A mon avis, il faudra
que tout cela se fasse dans une démarche à peu près
simultanée en ce sens qu'au moment où nous
décentraliserons les pouvoirs de gestion vers les commissions scolaires,
il faudra en même temps que nous traitions du statut et des fonctions du
directeur, que nous mettions déjà en marche la possibilité
d'organiser des conseils d'orientation et que le ministère apporte le
soutien nécessaire aux milieux pour favoriser cette implantation.
Autrement dit, tout cela doit être mené de front si nous
voulons aboutir à un équilibre entre les divers niveaux de
responsabilités. Le ministère ne peut se départir de
certains pouvoirs au profit des commissions scolaires sans s'assurer qu'au
niveau de l'école certaines responsabilités soient
également exercées, se rendent jusqu'au niveau de
l'école.
M. Paquette: M. le Président, je n'ai pas d'autre
question, je vous remercie.
Le Président (M. Boucher): Merci. Mme le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Bon, j'étais à la veille de me
retirer. Je voudrais revenir sur deux points, j'aimerais avoir des
réponses brèves. On pourrait peut-être en passer plus.
J'ai devant moi pour mon information un plan provisoire
d'un programme en histoire nationale en date d'octobre 1978,
préparé par le Comité d'histoire nationale de la
Société des professeurs d'histoire du Québec. Est-ce une
information exacte ou fausse, c'est ce que j'aimerais me faire confirmer ou
infirmer, que ce programme-là serait dans un certain nombre de classes
dans la province?
M. Morin (Sauvé): Est-ce qu'on pourrait nous
préciser exactement la nature du document?
Mme Lavoie-Roux: C'est ce que je viens de vous lire: un plan
provisoire d'un programme en histoire nationale...
M. Morin (Sauvé): Par la société des
professeurs d'histoire?
Mme Lavoie-Roux: Le Comité d'histoire nationale de la
Société des professeurs d'histoire du Québec.
M. Morin (Sauvé): Ecoutez! Il est fort possible
qu'à l'heure actuelle, étant donné que nous encourageons
la chose, de nombreuses associations professionnelles d'enseignants travaillent
sur des plans, sur des programmes. Ce sont des documents qui,
éventuellement, seront très utiles au ministère, mais,
vraiment, je ne sache pas que ce document soit connu du ministère, en
tout cas je vois que M. Thériault me signale que non. Le sous-ministre
adjoint n'en a pas entendu parler non plus. Pour ma part, je ne l'ai jamais
vu.
Mme Lavoie-Roux: II me ferait plaisir de vous en remettre copie.
Vous pourriez faire la vérification, c'est pour ça que je pose
cette question.
M. Morin (Sauvé): Oui.
Mme Lavoie-Roux: Je ne suis pas historienne, mais si vous lisez
je vous laisse le soin de le lire vous constaterez qu'en bas de
chaque page, vous avez le point d'arrivée du programme. Franchement, si
c'est comme ça qu'on enseigne l'histoire ou qu'on se propose de
l'enseigner, sans plus de nuances, ça pourrait être passablement
inquiétant. Je vous en ferai... Peut-être que quelqu'un pourrait
en faire une copie immédiatement et vous le remettre...
M. Morin (Sauvé): J'aimerais beaucoup en avoir une copie,
mais je tiens à vous dire qu'en ce qui concerne le ministère, le
programme d'histoire dont je vous ai parlé ce matin a été
soumis la semaine dernière, je pense, au comité catholique pour
son approbation. Ce n'est sûrement pas ce document, c'est un document
plus considérable d'ailleurs.
Mme Lavoie-Roux: Paraît-il qu'on en a une autre copie, on
vous l'apportera demain matin. J'apprécierais, dès que cet autre
programme d'histoire sera appliqué, sera accepté par qui de
droit, en avoir une copie.
M. Morin (Sauvé): Cela va de soi. Nous prendrons les
mesures pour qu'immédiatement il vous soit communiqué. Il va sans
dire que nous n'y avons aucune objection. Mais je tiens à dire que le
milieu, à l'heure actuelle, qui est très divers, travaille
beaucoup et dans toutes les directions...
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre, je n'ai pas d'objection que les
professeurs d'histoire je pense que ça leur revient se
penchent sur ce problème-là, mais, même s'il y a des
initiatives prises dans le milieu pour penser des programmes d'histoire, est-ce
que ceci veut dire qu'ils peuvent être à l'essai dans certaines
classes? C'est ça que je vous demande.
M. Morin (Sauvé): Non, pas à notre connaissance. Je
veux bien vérifier la chose, mais je vois que la personne responsable me
dit que non.
Mme Lavoie-Roux: Parfait, si c'est ça, il n'y a pas de
problème. La deuxième question, je voulais revenir sur
l'exemption de l'enseignement religieux et le problème qui se pose
à Notre-Dame-des-Neiges. Evidemment, c'est un problème assez
délicat. J'ai cru comprendre que le ministre disait: Ce que nous
souhaitons, c'est que l'école catholique soit la plus accueillante
possible, etc. Tout le monde est d'accord avec ça, tout le monde est
pour la vertu, mais finalement, est-ce que je comprends bien que, d'un statut
d'école catholique, elle glisserait vers un statut d'école
multiconfessionnelle? Je ne suis pas contre les écoles
multiconfessionnelles, mais il m'apparaît que l'hésitation
je n'appuie pas toutes les positions qui ont été prises à
l'égard de cette question-là pose le problème
suivant: Est-ce que le ministre dit: Les commissions scolaires catholiques
éventuellement pourront administrer des écoles
multiconfessionnelles? Est-ce la position du ministre? (21 h 15)
M. Morin (Sauvé): M. le Président, il existe
déjà, dans plusieurs commissions scolaires catholiques, des
écoles non confessionnelles. Il y en a une qui fonctionne à
Sainte-Foy depuis un an ou deux et qui ne pose pas de problème.
Mme Lavoie-Roux: Mais vous ne parlez pas d'écoles non
confessionnelles.
M. Morin (Sauvé): C'est-à-dire qu'en
réalité, elles sont multiconfessionelles. étant
donné que les enfants, dans cette école, peuvent faire appel
à de l'éducation religieuse de l'extérieur. C'est la
commission scolaire, normalement, qui demande au comité catholique la
révocation d'un statut qui ne lui paraît plus opportun. Elle peut
faire cela pour toutes sortes de raisons, j'imagine. Elle peut demander la
révocation du statut parce que la clientèle le lui demande
majoritairement, par exemple. Elle peut faire cela parce qu'il lui paraît
qu'il lui est impossible d'assurer l'éducation religieuse dans telle ou
telle école parce qu'elle n'a pas le personnel pour le faire. Cela ne
s'est pas encore produit, mais, qui sait, ça pourrait se produire, une
commission scolaire catholique estimant qu'en toute vérité, elle
doit demander la révocation, si elle n'est pas capable d'assurer la mise
en oeuvre du statut.
Cela signifie effectivement, et j'aimerais bien qu'on me signifie les
opinions qu'on pourrait avoir sur la question, que les commissions scolaires
catholiques pourraient être amenées à gérer un
certain nombre d'écoles multiconfessionnelles, non pas neutres, mais
multiconfessionnelles, ce qui permettrait notamment à l'école
catholique ou à l'école protestante de s'assurer que
l'enseignement religieux catholique est assuré dans ces écoles
pour les enfants qui veulent recevoir cet enseignement ou dont les parents
veulent qu'ils reçoivent cet enseignement.
Je vous avoue qu'en ce qui me concerne, je suis enclin, non seulement
enclin, mais d'avis que nous devons organiser des choses comme ça dans
toute la mesure du possible. L'alternative est la création de
commissions scolaires neutres ou multiconfessionnelles. En ce qui me concerne,
je ne suis pas disposé à franchir un tel pas.
Mme Lavoie-Roux: Dans quelle mesure le comité catholique
du Conseil supérieur de l'éducation s'est-il prononcé
à ce sujet? D'abord, une sous-question qui aurait peut-être
dû être la première, est-ce que, dans le cas de
l'école dont vous parlez à Sainte-Foy, il y a eu
révocation d'un statut d'école catholique?
M. Morin (Sauvé): Non, le statut d'école catholique
n'avait jamais été accordé, et il ne l'a pas
été non plus. Je sais qu'il y a quand même eu un
débat pour savoir s'il devait être accordé ou pas, il ne
l'a pas été. Donc, il existe à l'heure
actuelle un certain nombre de cas d'écoles qui n'ont jamais
été reconnues comme étant catholiques et qui sont
administrées par des commissions scolaires catholiques.
Mme Lavoie-Roux: Comme d'ailleurs un certain nombre
d'écoles privées qui sont soi-disant catholiques, mais dont
personne ne sait qu'elles ne sont pas officiellement reconnues, parce que
personne n'a demandé la reconnaissance. Mais, est-ce qu'il n'y aurait
pas lieu de demander, dans un cas comme celui-là, l'avis du
comité catholique du Conseil supérieur de l'éducation?
M. Morin (Sauvé): Je crois savoir, madame, que le
comité catholique s'apprête à dire publiquement ce qu'il
pense de la question. C'est une affaire de quelques jours, je pense. Je ne
voudrais pas anticiper ces déclarations en me faisant son
interprète, par exemple. Bien sûr, j'ai une idée de ce
qu'il va dire, puisque j'en ai discuté longuement, notamment avec le
président du comité catholique. Mais c'est sa démarche et,
lors de notre dernier entretien, il était encore question de reprendre
une dernière fois la rédaction du texte qui devrait être
publié d'ici quelques jours.
D'ailleurs, je vois une dépêche qu'on me tend, datée
du 7 mai...
Mme Lavoie-Roux: Hier?
M. Morin (Sauvé): C'était hier, en fin de
journée, je crois, et qui dit ceci: "En marge de la demande en
révocation du caractère confessionnel de l'Ecole
Notre-Dame-des-Neiges à Montréal, le comité catholique du
Conseil supérieur de l'éducation tiendra, mercredi le 9 mai
demain, donc à 14 heures, au 600 rue Fullum, à
Montréal, une conférence de presse. A cette occasion, le
comité catholique indiquera les critères qui doivent guider ceux
qui ont à considérer, à un titre ou à un autre, une
demande de révocation de caractère confessionnel d'une
école catholique."
Mme Lavoie-Roux: D'accord. On va attendre la réponse.
M. Morin (Sauvé): Le suspense durera donc jusqu'à
demain après-midi et, si vous le désirez, on pourrait y revenir
même si nous avons adopté le programme; je n'ai pas d'objection,
M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: Non. C'est parce que je pense que c'est une
situation qui place une commission scolaire catholique dans une situation
délicate. A ce moment-là, c'est un changement. On lui demande de
gérer un autre type d'école. Je pense qu'il y a une question de
principe et c'est pour cela que je trouve que c'est bon que le comité
catholique du Conseil supérieur se prononce sur une question comme
celle-là, pour éviter toute ambiguïté.
M. Morin (Sauvé): Je crois que cela pourrait éviter
beaucoup de malentendus, d'autant plus que je crois que ces gens adoptent une
démarche assez ouverte, somme toute, qui tient compte du pluralisme
croissant du milieu.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'aimerais revenir au
plan d'action. Au chapitre 3 du plan d'action, je voudrais demander au
ministère de l'Education, comme employeur, qu'est-ce qu'il entend mettre
de l'avant, dans les prochaines négociations, pour favoriser la mise en
place du projet éducatif dans les écoles. Cela aura
nécessairement des répercussions sur les conditions de travail
des enseignants, si on parle d'un projet éducatif spécifique, ou
enfin assez spécifique, pour chacune des écoles.
Ceci me porte à vous citer ce qu'il y a à la page 04 et
qui rejoint, dans le fond, les régimes pédagogiques. Cela
pourrait toucher au régime pédagogique d'une école. Je
vais le retrouver. Vous citez vous-même, dans le livre des
crédits: Pour septembre 1980, on envisage de permettre aux commissions
scolaires, si les prochaines conventions collectives rendent cela possible,
d'augmenter le nombre hebdomadaire de minutes d'activités à
l'école primaire et de disposer d'une marge de manoeuvre locale.
Dans le fond, le projet éducatif, l'innovation
pédagogique, le conseil d'orientation, ce sont des projets du plan
d'action qu'on ne peut pas dissocier des prochaines conventions
collectives.
M. Morin (Sauvé): Oui.
Mme Lavoie-Roux: Quelles sont les mesures qui sont mises de
l'avant?
M. Morin (Sauvé): La première condition, M. le
Président, quant à l'établissement d'un projet
éducatif dans l'école, c'est évidemment une certaine
stabilité dans les effectifs enseignants. Là où
règne l'incertitude quant à l'avenir, il est toujours difficile
de trouver la sérénité requise pour parler de projets
éducatifs. C'est pourquoi, dans les prochaines négociations, nous
avons déjà fait des ouvertures importantes du côté
de la sécurité d'emploi.
Je n'ai pas l'intention, bien sûr, d'entrer dans tous les
détails. Cela doit se passer aux tables de négociation. Mais je
puis dire à Mme le député que nous songeons à une
sécurité régionale plutôt qu'à une
sécurité s'étendant à l'ensemble du Québec,
dans un premier temps du moins. Donc, on voit qu'il y a là, de la part
du gouvernement, une tentative d'enlever cette épée de
Damoclès qui se trouve au-dessus de la tête des enseignants,
chaque premier mai notamment. On a vu cela encore, dans une certaine mesure,
cette année, quoique nous ayons pris des mesures importantes pour
diminuer...
Mme Lavoie-Roux: Pour dégonfler, comme vous dites.
M. Morin (Sauvé): Pour dégonfler, oui, le nombre
d'enseignants qui ont eu à être mis à pied.
Le lien qu'il peut y avoir entre la convention collective et le projet
éducatif, c'est, d'abord et avant tout, cette stabilité du monde
enseignant. Plus techniquement maintenant, et tournant les pages du plan
d'action, pour tenter de voir où se trouvent les liens que recherche le
député, je dirais que, dans la répartition des
matières, il y a une marge de manoeuvre, dans l'école primaire
notamment, de deux à quatre heures par semaine au premier cycle, de
zéro à deux heures au second cycle et puis, dans l'école
secondaire, également, une certaine marge de manoeuvre qui va permettre
à l'école de se donner ses couleurs à elle, qui va
permettre à l'école de se donner un projet éducatif qui
reflète ses besoins, qui reflète les besoins du milieu.
Au secondaire, oui. Au secondaire, bien sûr, cette marge de
manoeuvre est indicative. Elle est beaucoup moins spécifique qu'elle ne
l'est au niveau primaire.
Mme Lavoie-Roux: Elle est beaucoup moins grande d'ailleurs. Il ne
reste pas une grande marge.
M. Morin (Sauvé): Non, parce que, naturellement, il y a
beaucoup de matières à enseigner et tous les enseignants sont
venus nous dire à tour de rôle que leur matière
était la plus importante et qu'il fallait lui donner naturellement plus
d'heures. D'ailleurs, dès que nous diminuons l'enseignement donné
à une matière, qu'il s'agisse des "maths", qu'il s'agisse de
l'anglais, tout de suite, il se trouvera des gens pour dire que nous ne devons
pas faire cela. On a vu cela autour de cette table aujourd'hui même.
Forcément, si on veut rendre justice à toutes les
matières et leur reconnaître leur importance, les marges de
manoeuvre, je vous assure qu'elles ne sont pas faciles à
dégager.
Néanmoins, c'est un élément important du projet
éducatif.
Mme Lavoie-Roux: Bon! Ce que vous nous dites, M. le ministre,
c'est que...
M. Morin (Sauvé): La souplesse dans la tâche aussi,
Mme le député, fait partie des prochaines négociations.
Vous savez que les enseignants sont censés être disponibles
pendant un certain nombre d'heures chaque semaine. Cette disponibilité
était divisée en heures d'enseignement et autres tâches,
comme, par exemple, l'encadrement, tandis que désormais nous proposons
qu'il y ait une plus grande souplesse de façon justement à
pouvoir respecter le projet éducatif de chaque école qui ferait
que l'enseignant mettrait à la disposition de la commission scolaire et
de l'école 23 heures sans qu'on distingue les heures d'enseignement et
les heures consacrées à d'autres activités.
Le résultat des négociations nous dira évidemment
s'il s'agit là d'un projet raisonnable et rationnel.
Mme Lavoie-Roux: En conclusion, je pense qu'on peut dire, que si
les 25 heures à l'élémentaire ou au primaire sont
acceptées, le ministre a déjà dit qu'il prévoyait
des enseignants supplémentaires pour combler cette
différence.
M. Morin (Sauvé): C'est exact.
Mme Lavoie-Roux: II y aura peut-être possibilité
d'une certaine flexibilité, entre deux et quatre heures.
Quant au niveau secondaire, les possibilités de projet
éducatif seront assez limitées.
Maintenant, je voudrais qu'on me dise quelle est la différence
entre ce fameux projet éducatif que l'on retrouve dans le plan d'action
et les projets éducatifs qu'on retrouve déjà à
l'intérieur de passablement d'écoles. Quelle est la
différence entre les deux?
M. Morin (Sauvé): Mais il y a une très grande
parenté. Nous nous sommes même inspirés de certains projets
éducatifs qui ont cours déjà dans le milieu. Je pense en
particulier à une commission scolaire comme Morilac qui pratique
déjà le projet éducatif dans ses écoles, qui tente
de se donner même un projet éducatif en tant que commission
scolaire. Nous avons fait faire beaucoup de recherche là-dessus et nous
nous en sommes inspirés. Pourquoi? Parce que le projet éducatif
par essence est diversifié. Il s'adapte aux circonstances de chaque
école et de chaque commission scolaire.
Donc, la parenté est directe, M. le Président. Nous
pensons qu'on doit suivre l'exemple de ces commissions scolaires qui se sont
déjà donné des projets éducatifs. D'ailleurs, ils
varient énormément d'une commission scolaire à l'autre. On
n'en trouve pas deux où le projet éducatif est le même.
Cette souplesse et cette diversité sont souhaitées par le
ministère.
Mme Lavoie-Roux: La question que je pose, c'est qu'il reste
que... Je prends, par exemple, les milieux défavorisés où
il y a de nombreux projets éducatifs. Je pense à des
écoles, comme l'école-atelier, à l'école, je ne
sais pas son nom celle-là, l'école Cherrier etc., où vous
avez des projets éducatifs. Il y avait quand même plus de
flexibilité, compte tenu qu'on pouvait adapter les programmes aux
besoins des écoles. Là, je rejoins peut-être que
cela se révélera une fausse inquiétude la limite
qui sera mise au développement des projets éducatifs par le moyen
de contenus quand même assez lourds à l'élémentaire
et d'autres exigences, par exemple, les examens d'évaluation, etc., non
pas que je sois contre l'évaluation, etc., on est pour cela aussi, mais
cela va avoir un impact sur la possibilité de projets éducatifs
qui tiennent vraiment compte des différents milieux. En tout cas, on le
vivra.
M. Morin (Sauvé): Non, je voudrais relever cela,
madame...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): ...parce que nous n'entendons pas mettre
en cause ou en danger des projets éducatifs, tels que certains types
d'écoles alternatives, comme on les appelle quelquefois, qui ont cours
en ce moment, par exemple, à la CECM. Ces projets peuvent continuer et
même se développer. La CECM est même libre d'en mettre
d'autres sur le chantier. Ce sont là des expériences que nous
croyons fort utiles, que nous sommes à évaluer, d'ailleurs, pour
voir si on doit les maintenir, les perpétuer ou les développer.
Le plan d'action ne remet pas du tout en cause ce type
d'expériences.
Mme Lavoie-Roux: Au niveau des principes, je suis d'accord avec
vous, M. le ministre, mais au niveau pratique, il y a quand même ce
danger avec des évaluations régulières qui devront
être faites dans les écoles. On sait que dans certaines
écoles, ceci est plus difficile. Il faudrait quand même prendre
garde, parce qu'on a des mesures plus rigoureuses pour le contenu, pour
l'évaluation, etc., de ne pas marginaliser des enfants qui le sont
déjà. C'est quand même un écueil. Je vous assure que
dans certains milieux, il va falloir être très prudent dans
le...
Mme Lavoie-Roux: Je ne suis pas sûr de saisir ce que vous
dites, Mme le député. Je veux être bien sûr que je
vous ai compris. Est-ce que vous étiez en train de nous dire que ces
écoles, comme l'école-atelier ou les autres expériences
qui ont cours actuellement, pourraient marginaliser les enfants?
Mme Lavoie-Roux: Non, ce n'est pas ce que je dis. Le plan
d'action dit: II faut des contenus plus précis, il faut des
évaluations plus rigoureuses. Enfin, il y a quelques règles de
cette nature, ce qui fait que, dans les milieux défavorisés, ou
même dans un milieu moins défavorisé où vous avez
quand même une clientèle plus hétérogène
qu'ailleurs je n'ai pas de lieu géographique précis
à vous donner, mais cela se présente on peut marginaliser
davantage certains enfants.
M. Morin (Sauvé): Je suis sensible à l'observation.
Il va de soi que des programmes plus précis, une évaluation plus
méthodique, cela ne va pas sans des moyens donnés aux
écoles de certains milieux d'améliorer la qualité de leur
enseignement. Ces nouveaux programmes, ces nouvelles méthodes
d'évaluation ou ces méthodes peut-être plus
fouillées qu'auparavant n'existent pas dans un vide ou isolées.
Elles font partie de tout un ensemble de mesures destinées à
intervenir en faveur des milieux défavorisés, de mesures qui
consistent à renfoncer, par des conseillers pédagogiques,
certaines commissions scolaires. Il faut voir cela comme un tout.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que j'ai peut-être eu
réponse à cette question, mais je veux être bien certaine.
Ce matin, j'ai demandé: A quel moment pourrait-on nous donner un
échéancier, des règlements, enfin des lois, etc.? On m'a
dit: Probablement, d'ici trois semaines, mais assurément avant la fin de
juin, c'est-à-dire avant que nous partions. Est-ce qu'à ce
moment, on pourra nous dire, d'une façon précise, par exemple,
à quel moment on proposera une nouvelle loi pour définir le
rôle ou une modification à la Loi de l'instruction publique pour
définir le rôle du directeur d'école, le rôle du
conseil d'orientation? Enfin, toutes ces mesures seront-elles indiquées
d'une façon claire, la participation des parents? Est-ce qu'on aura
vraiment l'échéancier pour chacune de ces lois si elles
requièrent des modifications à la loi actuelle?
M. Morin (Sauvé): Faisons des distinctions, si vous
voulez.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): Pour ce qui est de la présence
des parents à la commission scolaire, j'aimerais procéder assez
rapidement, voire même avant la fin de cette partie de la session. C'est
devant le Conseil des ministres actuellement. Je ne sais pas encore ce que le
Conseil des ministres va en dire, mais je pourrai tenir le député
au courant de l'évolution de ce dossier. Il se pourrait donc qu'on se
trouve devant certaines modifications très précises, très
limitées, très restreintes à la Loi de l'instruction
publique pour les prochaines semaines.
Pour ce qui est de la meilleure définition du rôle du
directeur et de ses fonctions, pour ce qui est de la possibilité de
créer des conseils d'orientation dans les écoles, alors,
ça ira probablement à l'automne pour les textes et
peut-être, je pense, en tout cas c'est le calendrier que je me
suis donné pour l'instant au printemps prochain pour la
législation.
C'est que, là, nous sommes à débattre la question
à savoir si nous devons revoir de fond en comble la Loi de l'instruction
publique. Je n'écarte pas qu'à l'automne, et avant Noël,
nous ayons un projet de refonte globale de la Loi de l'instruction publique. Je
n'en suis pas sûr, cependant, parce que c'est une tâche
énorme. Je pense que Mme le député a une idée de ce
que ça peut signifier comme labeur.
Mme Lavoie-Roux: Ce doit être au moins aussi
compliqué, sinon davantage, que le Code du travail, ma foi! Cela a
peut-être moins d'implication parce qu'il y a tellement de choses
désuètes et tout ça, mais, enfin, passons.
Alors, est-ce qu'on peut conclure qu'aux niveaux
élémentaire et secondaire, la seule loi prévisible, d'ici
la fin de la session, ce serait possiblement touchant la participation des
parents et pas d'autres aspects du plan d'action.
M. Morin (Sauvé): Non pas du plan d'action, que je sache,
mais, cependant, il pourrait y avoir une ou deux choses découlant de la
conférence
Québec-commissions scolaires, et aussi, des dispositions pour
faciliter l'aliénation des écoles vacantes. Le projet que j'ai
présenté au Conseil des ministres corrige, amende quelques
articles de la Loi de l'instruction publique.
Mme Lavoie-Roux: Vous l'aviez déposé dans le
96.
M. Morin (Sauvé): Justement, il y a des choses du 96 pour
ce qui est, par exemple, des écoles, de l'aliénation des biens
excédentaires, qui se trouvaient dans 96 et que nous allons probablement
la décision n'est pas prise ramener devant
l'Assemblée.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais juste donner un conseil au ministre.
Je ne dis pas que je lui donnerais mon assentiment, mais il faudrait au moins
s'assurer que toutes les parties qui devaient être touchées par un
tel projet d'échange soient des parties consentantes. Je vais clarifier
ceci. Peut-être qu'une commission scolaire ou le Conseil scolaire de
l'île de Montréal serait prêt à donner son
bâtiment ou son terrain pour $1 à la condition que la ville de
Montréal s'engage à la réciproque, ce qui n'a jamais
été le cas jusqu'ici, et qui a été un des
principaux écueils à cette politique.
M. Morin (Sauvé): Le problème, M. le
Président, c'est qu'il y a beaucoup d'écoles vacantes, de biens
excédentaires dans le domaine scolaire, il n'y en a pas tellement dans
le domaine municipal, de sorte qu'on peut bien exiger une
réciprocité qui demeurerait entièrement théorique
et qui aurait peu de chance de s'appliquer dans les faits. Les
municipalités n'ont pas de bâtiments excédentaires.
Mme Lavoie-Roux: Elles ont des terrains, par contre.
M. Morin (Sauvé): Elles peuvent avoir des terrains, c'est
exact, mais c'est surtout du côté des commissions scolaires,
avouons-le, qu'en raison...
Mme Lavoie-Roux: Oui...
M. Morin (Sauvé): ... de la dénatalité, il
se trouve des bâtiments et des terrains excédentaires.
Mme Lavoie-Roux: Là-dessus, je suis d'accord avec le
ministre, mais il faudrait qu'il songe aussi que ce sont des avoirs qui, au
moment des emprunts, servent de garantie aussi aux commissions scolaires.
Enfin, on discutera de ça quand ça viendra, mais je veux juste
lui dire quels sont mes...
M. Morin (Sauvé): Je note les conseils de Mme le
député.
Mme Lavoie-Roux: Parce que c'est ça qui a toujours un peu
achoppé. Au chapitre IX de votre plan d'action, où en
êtes-vous rendus dans les travaux concernant les bibliothèques et
l'élaboration des politiques plus explicites? Si on peut me
répondre brièvement? C'est M. Arpin?
M. Morin (Sauvé): Sur la politique de développement
des bibliothèque, le chapitre IX du plan d'action annonce que le
ministère va faire des travaux dans ce domaine. Les travaux se font au
Service général des moyens d'enseignement, pour l'instant. Ce que
nous avons de fait, c'est un document préliminaire d'inventaire de la
situation qui a fait l'objet d'une consultation à l'interne du
ministère de l'Education. Faire l'évaluation de la situation des
bibliothèques, c'est difficile, parce que, d'abord, on traite de choses
bien différentes, d'un réseau et d'un niveau à l'autre,
c'est bien connu, autant si le plan d'action s'applique au primaire et au
secondaire et autant si le ministère de l'Education veut faire le tour
de cette question, il devra le faire par comparaison des différents
réseaux, des différents niveaux.
Il y a d'abord le problème des ressources disponibles, des
collections disponibles, des conditions de travail du personnel; c'est bien
connu que c'est lié en particulier à la condition des
bibliothèques, c'est lié au choix que font les commissions
scolaires lorsqu'elles ont à réaffecter des sommes d'argent ou
lorsqu'elles ont à faire des priorités locales. Les
bibliothécaires en particulier ou les spécialistes de la
bibliothèque revendiquent, par exemple, des statuts ou des garanties de
contingentement de leur profession qui leur sont particulières par
rapport à d'autres corporations comme les psychologues orienteurs ou les
conseillers en programmes de toutes sortes.
On est actuellement au stade d'exploration dans le dossier, on n'est pas
rendu très loin, pour tout dire. Le projet est de pouvoir déposer
au ministre un dossier dans ce domaine au mois d'octobre ou de novembre
prochain.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que le ministère entend mettre des
fonds supplémentaires à la disposition des commissions scolaires
pour mettre leurs bibliothèques scolaires à jour? Ne me parlez
pas du million de dollars que vous voulez continuer pour
l'élémentaire, c'est une petite partie du problème. Est-ce
que des fonds supplémentaires sont prévus?
M. Morin (Sauvé): Au moment où on fait l'inventaire
de la situation, on serait bien malvenu, je pense, de pouvoir annoncer qu'on a
des fonds supplémentaires à gauche ou à droite. Pour le
moment, nous en sommes à faire le point. Le premier débat
à faire, c'est la conception même de la bibliothèque au
primaire et au secondaire, par exemple, où, très souvent, on
développe des bibliothèques de type collégial ou
universitaire au secondaire. On a vu tantôt des débats sur la
pédagogie qui se sont faits autour de la table. Il est évident
que la question des bibliothèques est d'abord liée à un
problème de conception pédagogique de la bibliothèque. Je
crois, quand les travaux seront plus avancés, ceux qui les font
seront en mesure de faire des recommandations au ministre sur les
priorités financières à établir dans le domaine des
bibliothèques, mais, pour le moment, on n'est pas rendu là.
Mme Lavoie-Roux: Au chapitre 10 de l'innovation
pédagogique, une seule question; j'en aurais plusieurs, mais je vais me
limiter à une. On dit que le ministère de l'Education
privilégiera, dans ses opérations, son rôle de soutien
à l'innovation pédagogique. Quelle sera la marge de manoeuvre des
commissions scolaires dans la définition des projets de recherche?
M. Morin (Sauvé): Présentement, Mme le
député, les projets de recherche qui sont subventionnés
dans les commissions scolaires le sont à partir d'un examen des demandes
des commissions scolaires. Autant que je sache, la marge de manoeuvre, quant
à l'élaboration des projets, est assez grande. C'est sûr
que, si on dispose de $1 million, de $800 000 ou de $700 000 qu'on peut donner
en projets d'innovation pédagogique dans les commissions scolaires, on
doit établir des critères et les appliquer par rapport à
des demandes qui sont beaucoup plus grandes, tant au secondaire qu'au
collégial d'ailleurs.
Le chapitre sur l'innovation porte également, me semble-t-il, sur
la conception qu'on doit se faire de l'innovation à l'intérieur
des activités habituelles de l'enseignement et des commissions
scolaires, et beaucoup plus que sur l'ajout qui est intéressant de
projets spécifiques.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que vous avez je sais que vous en
avez déjà certains critères établis à
l'intérieur du ministère pour accepter ou rejeter les demandes?
Est-ce qu'il y aurait possibilité d'avoir une copie de ces
critères?
M. Morin (Sauvé): Bien sûr, on peut vous fournir
ceux du secondaire et ceux du collégial également qui sont,
à ma connaissance, publics et connus des gens des commissions scolaires
et des collèges.
Mme Lavoie-Roux: Bon! Au chapitre 11, on parle du
développement d'une politique pour l'enseignement pré-scolaire.
Vous êtes à la réviser pour la rendre publique tout
l'enseignement pré-scolaire à l'automne ou je ne sais
quand, mais vous parlez également de ressources d'encadrement
pédagogique des enseignants oeuvrant au pré-scolaire. Quelles
sont les ressources que vous prévoyez? Sont-elles dans le budget actuel
ou seront-elles dans le budget de l'an prochain? (21 h 45)
M. Morin (Sauvé): Pour les bibliothèques?
Mme Lavoie-Roux: Non, on est rendu dans l'enseignement
pré-scolaire.
M. Morin (Sauvé): Pour l'encadrement. Nous
prévoyons tout d'abord pour l'enfance en difficulté des
ressources particulières dans chaque direc- tion régionale pour
le développement des projets pour les handicapés sensoriels en
pré-scolaire, quatre ans et cinq ans, pour développer le
préscolaire pour les enfants en difficulté parce que nous savons
qu'il n'y avait pas d'obligation pour les commissions scolaires d'inscrire les
enfants en difficulté. Le plan d'action propose que soient
créées des obligations, donc, un soutien, là.
Deuxièmement, chaque direction régionale devra avoir son
personnel pour assurer l'encadrement du personnel qui oeuvre au
pré-scolaire.
Mme Lavoie-Roux: Merci. Je voudrais passer à l'enfance en
difficulté d'adaptation et d'apprentissage. J'aimerais demander si le
ministère de l'Education, dans sa révision des programmes,
actuellement, tient compte...
Une Voix: II y avait un "stop".
Mme Lavoie-Roux: II faut bien s'amuser un peu... tient compte de
l'objectif d'intégration des enfants en difficulté
d'apprentissage dans l'élaboration des programmes, parce que vous devez,
comme philosophie enfin celle qui a été adoptée
intégrer ces enfants-là. Dans quelle mesure allez-vous en
tenir compte dans vos devis pédagogiques pour vos manuels scolaires,
entre autres, et toutes vos directives, etc?
M. Morin (Sauvé): Dans le cadre de la mise en oeuvre de la
politique, nous avons des équipes entières qui ont cette
responsabilité d'adaptation, qui sont présentes à
l'élaboration, aux implantations en ce qui concerne les programmes
d'étude. En ce qui concerne les manuels scolaires, le soutien à
l'édition devrait normalement commencer par ce type de priorité,
étant donné que la clientèle est peu populeuse.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas sûr qu'on se soit compris.
Vous dites cela a été adopté qu'on
intégrerait le plus grand nombre possible d'enfants ayant des troubles
d'apprentissage à l'intérieur des classes
régulières. Dans quelle mesure, dans l'élaboration de vos
devis pédagogiques, de l'édition de vos manuels scolaires,
tiendra-t-on compte de cette dimension de l'intégration à venir
des enfants en difficulté d'apprentissage?
M. Morin (Sauvé): Je ne pense pas, M. le Président,
que cela signifie, par exemple, que la nature des manuels va s'en trouver
modifiée, mais je pense que les enseignants vont devoir utiliser
peut-être des méthodes adaptées à ces
clientèles. Pour ce faire, ils vont avoir besoin d'appui, de
soutien.
Par exemple, l'enfant en difficulté qui n'arrive pas à
suivre le rythme des autres, nous prévoyons qu'il pourra être
sorti d'une classe pendant un certain temps, confié à des
techniques que vous connaissez bien, qui peuvent être celles du
dénombrement flottant, puis retourné à la classe pour
reprendre le même chemin que les autres par la
suite. Autrement dit, les techniques que nous allons utiliser pour ces
enfants ne sont pas celles du manuel ou du guide pédagogique, ce sont
des méthodes pédagogiques spéciales, adaptées aux
circonstances de ces enfants.
Mme Lavoie-Roux: Dans la révision de vos programmes, je
comprends que le manuel scolaire je me suis peut-être mal
exprimé mais dans la révision des programmes en
général, c'est quand même une dimension
supplémentaire dont il va falloir tenir compte.
M. Morin (Sauvé): Evidemment, ce ne sont pas toutes les
écoles, j'imagine, il y en aura sans doute beaucoup si notre politique
est un succès. Mais nous n'avions pas pensé que ce serait en
agissant sur les guides pédagogiques ou sur les programmes que nous
poumons répondre à ce type de problème. Si Mme le
député a des recommandations à nous faire, je les
écouterais avec beaucoup de sympathie. Voulez-vous ajouter quelque
chose?
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai pas de recommandation à faire,
c'est quand même une dimension additionnelle au fonctionnement de la
classe régulière. Dans la mesure... évidemment, si ce sont
seulement ceux qui souffrent d'apprentissage léger et qu'on
s'était trompé, on les avait mis dans les classes de rattrapage
ou où vous voudrez, cela ne présente pas de problème. Mais
je pense qu'on désire aller plus loin que ça dans
l'intégration de ces enfants aux classes régulières. Ceci
peut vouloir dire des modifications même au régime
pédagogique, jusqu'à un certain point, à
l'intérieur d'une classe, dépendamment du nombre d'enfants qui
s'y retrouveraient.
M. Morin (Sauvé): Notre intention n'était pas
tellement de modifier ou d'en tenir compte dans la fabrication ou dans
l'élaboration des programmes, mais bien davantage dans
l'élaboration des guides pédagogiques et au niveau de la
formation et du perfectionnement des maîtres. Déjà, les
universités ont été prévenues que les programmes
initiaux de formation des maîtres devraient tenir compte de cette
nouvelle orientation et les programmes spécifiques de recyclage pour les
maîtres en tiendront compte également.
Mme Lavoie-Roux: Et les guides pédagogiques. D'accord.
M. Morin (Sauvé): Autrement dit, c'est dans les
méthodes qu'il faudra s'adapter et non pas dans, par exemple, des choses
comme les programmes et les manuels.
Mme Lavoie-Roux: M. le député de Gaspé, il
me reste deux minutes et il vous restera vos dix minutes.
Dans le cas des budgets qui sont prévus pour l'enfance en
difficulté d'apprentissage, je vois qu'il y a un ajout de ressources de
$5 000 085 pour le développement proprement dit et $4 016 000 pour les
conseillers pédagogiques. Est-ce qu'on pourrait m'articuler ça,
le plan de développement proprement dit? A quoi touchez-vous? C'est
quand même minime, pour vos quelque 100 000 enfants, ce n'est pas
beaucoup $10 millions.
M. Morin (Sauvé): En fait, les $10 millions, c'est
simplement de l'additionnel, il ne faut pas oublier que toutes les ressources
actuellement présentes dans le système demeurent. Donc, les
ressources additionnelles que le ratio maître-élèves
particuliers apporte continuent. Les sommes supplémentaires qui sont
là sont en grande partie destinées à ce qu'on a
appelé les projets d'expérimentation ou les projets pilotes, qui
sont, comme le disait M. le ministre cet après-midi, une implantation
ordonnée.
Le montant de $5 millions prévu pour les projets pilotes,
à la fois pour les quatre ans, pour la diversification des intervenants,
et pour les 16-21 ans, mange ce montant de $5 millions. Mais, en même
temps, pendant deux ans c'est $5 millions par année on
implante de nouveaux services, avec de nouveaux personnels. Et cela signifie
qu'ensuite, après évaluation, il faudra étendre,
généraliser les services qu'on aura jugés
nécessaires, soit pour les quatre ans, soit pour les 18-21 ans, soit par
rapport au personnel non enseignant, moniteurs, aides, spécialistes en
réadaptation, qu'on aura intégré.
Deuxièmement, le montant de $4 200 000 est donné pour
aider les commissions scolaires à engager ou à maintenir un
coordonnateur. De plus, il y a $37 000, je crois, pour le développement
pédagogique, pour l'ajout de personnel, cette fois à la Direction
du développement pédagogique, pour le service des programmes et
le service de réadaptation scolaire, pour permettre de préparer
les instruments de sensibilisation, les guides, tout ceci est au
ministère.
Toujours au ministère, il y a aussi un budget à peu
près équivalent pour la Direction générale des
réseaux, afin de compléter le nombre de personnes
nécessaires pour que, dans chaque direction régionale, on ait une
personne directement responsable de la concertation entre commissions
scolaires, entre commissions scolaires et organismes du ministère des
Affaires sociales, pour le développement des services aux enfants en
difficulté.
Il y a, de plus, l'équivalent de deux postes pour le
développement d'instruments de mesure et d'évaluation, à
la Direction générale du service de mesure et
d'évaluation, et il y a aussi $100 000 pour la disparition des
barrières architecturales, mais c'est vraiment une goutte d'eau, c'est
un point de départ, parce que, en fait, avant de défendre des
budgets, il faut les défendre, quand on est capable de les
dépenser, et il fallait d'abord faire l'inventaire de ce qui existe dans
l'ensemble des commissions scolaires, pour s'assurer qu'il y ait au moins,
comme point de départ, une école sans barrières
architecturales dans chaque commission scolaire.
Mme Lavoie-Roux: Je peux vous assurer qu'il y en a plusieurs
à Montréal.
M. Morin (Sauvé): Je le sais.
Mme Lavoie-Roux: Je reviendrai demain matin. J'ai promis au
député de Gaspé de lui laisser la parole.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: J'ai bien l'impression que Mme le
député de L'Acadie aura des questions en réserve sur le
programme 4, demain matin.
M. Morin (Sauvé): J'aurais bien souhaité,
cependant, que nous adoptions ce programme 4 ce soir, II ne faut pas oublier
tout ce qui nous reste à voir, les autres niveaux d'enseignement, qui ne
doivent pas être négligés, l'éducation des adultes,
l'aide financière aux étudiants aussi. Ce sont là des
questions non négligeables.
Mme Lavoie-Roux: Jusqu'à vendredi, 18 heures, M. le
ministre?
M. Morin (Sauvé): Quand vous voudrez, mais je crois qu'il
est prévu qu'on ne dépasse pas 13 heures le vendredi,
normalement.
Mme Lavoie-Roux: Je le souhaiterais bien.
Le Président (M. Boucher): Si les membres sont d'accord
pour continuer après 22 heures, s'il ne reste pas tellement de
questions, on pourrait terminer le programme 4.
M. Le Moignan: Personnellement, je n'en ai pas pour tellement
longtemps, cela dépend de vous.
Mme Lavoie-Roux: ... 22 heures.
M. Morin (Sauvé): Je serais sûrement disposé
à continuer quelques minutes, si cela pouvait nous permettre d'adopter
le programme 4.
Mme Lavoie-Roux: Non, malgré ma bonne
volonté...
Le Président (M. Boucher): II n'y a pas consentement.
Mme Lavoie-Roux: Non pas que je ne veuille pas donner mon
consentement, mais on pourrait continuer jusqu'à minuit.
M. Le Moignan: Je pense que je vais peut-être poser
quelques brèves questions. Les réponses seront peut-être
brèves.
Je commence par une question terre à terre. Je dis qu'elle est
peut-être terre à terre pour nous ici, mais elle n'est pas terre
à terre pour les intéressés. C'est que j'ai reçu
plusieurs lettres; probablement que le Parti libéral et le ministre en
ont reçu également. L'une d'elles concerne le régime de
retraite. Cela doit présenter des difficultés énormes, je
ne le sais pas. L'une de ces lettres dit ceci, entre autres: "Depuis 1975, les
maires et conseillers des municipalités possèdent un
régime de retraite. Malgré les nombreuses représentations
de notre fédération et des commissions scolaires, les
commissaires d'école attendent toujours qu'un régime de retraite
existe en leur faveur." Maintenant, la question que je me pose, c'est s'ils
sont là pour deux ans, cinq ans, huit ans, dix ans. Ils sont tout de
même soumis à des élections. Ils peuvent rester là
seulement deux ou trois ans. Ce régime de retraite, est-ce que cela
suppose un nombre minimal d'années?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, il est question
effectivement de ce régime de retraite des commissions scolaires, mais,
personnellement, je n'ai pas encore pris de décision définitive
dans ce dossier. Nous n'avons donc pas, bien que des projets existent et
même soient très avancés... Je peux même dire qu'il
existe un projet de loi, mais je ne suis pas persuadé, personnellement,
que le moment est venu de trancher cette question.
Nous avons, à l'heure actuelle, trop d'autres questions plus
urgentes à régler, dans le domaine pédagogique notamment,
de sorte que cela viendra en temps et lieu, peut-être l'automne prochain,
peut-être plus tard. Je ne suis pas déterminé encore.
M. Le Moignan: Ces commissaires doivent tout de même
oeuvrer un certain nombre d'années comme commissaire avant de pouvoir
payer tout ce que comporterait un tel plan. Est-ce que cela doit
représenter certaines difficultés d'ordre pratique?
M. Morin (Sauvé): Bien sûr qu'il faudra contribuer
pendant un certain temps pour avoir droit à des bénéfices
en vertu de ce projet, mais encore une fois, il n'a pas encore
été adopté. Je m'interroge sur ce projet à l'heure
actuelle.
M. Le Moignan: Maintenant, on a beaucoup parlé lors de
l'étude des crédits des Communications et dans tous les
ministères qu'il y a de la publicité qui se fait un peu partout.
Au ministère de l'Education, est-ce que cela représente beaucoup,
si on parle des niveaux primaire et secondaire, quel est le genre de
publicité ou le type, et le reste?
M. Morin (Sauvé): On pourrait le retrouver rapidement,
mais on a fait une liste exhaustive des contrats de publicité qui ont
été donnés pour l'ensemble du ministère de
l'Education, tant au primaire et secondaire qu'aux autres niveaux. De
mémoire, aux niveaux primaire et secondaire, la principale campagne de
publicité cette année a porté sur le plan de
développement physique au primaire. On en a eu une autre au
collégial. Pour
le CEGEP, cela se fait. Ce sont les deux principales campagnes de
publicité, mais on a une liste exhaustive qu'on pourrait donner aux
membres de la commission.
M. Le Moignan: Peut-être demain matin, oui. J'aurais une
autre question sur l'intégration des commissions scolaires, à la
suite de lettres que j'ai reçues, mais j'ai oublié de les relever
aujourd'hui. Il y avait certaines plaintes, soit qu'au local, on ne s'entende
pas, je crois que cela se règle de façon locale ou cela
dépend du ministère de l'Education, l'intégration des
commissions scolaires au primaire et au secondaire... (22 heures)
M. Morin (Sauvé): Oui, je pense qu'il serait bon de faire
le point sur cette question. On nous demande quelquefois: Pourquoi avez-vous
reporté à 1980 l'intégration de certaines commissions
scolaires qui avaient déjà obtenu un accord de principe pour
1979? Il y a plusieurs raisons à cela, et je vais vous en indiquer
quelques-unes. Le moment tardif de la demande et les nombreuses
démarches que les commissions scolaires n'auraient pu terminer pour
assurer un bon départ à la commission scolaire
intégrée est le premier motif. Ensuite, le fait que la nouvelle
politique d'intégration n'ait pas encore été
publiée et qu'à l'heure actuelle, nous procédons à
une consultation au sujet du projet de politique auprès justement, de
nos commissions scolaires, au sein de ce comité mixte
Québec-Commissions scolaires dont nous avons parlé plus tôt
aujourd'hui.
Une autre raison, c'est que le suivi à assurer au livre vert,
"L'école québécoise", qui vient d'être rendu public
en mars, nous oblige également à ralentir peut-être un peu
la marche de l'intégration. Mais le principe demeure. Vous savez que
depuis que je suis là, j'ai favorisé l'intégration, parce
que je pense que, pédagogiquement, il est bon que le primaire et le
secondaire relèvent d'une même commission scolaire. Ce mouvement
va sans doute se poursuivre, mais, à l'heure actuelle, nous sommes
à définir une nouvelle politique. Nous nous sommes aperçus
qu'il y avait beaucoup de demandes, des possibilités
considérables, et ça nous a amenés à
réfléchir à toute la démarche pour la mettre au
clair. C'est ce que nous sommes en train de faire à l'heure
actuelle.
M. Le Moignan: Ce que je... Oui?
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Gaspé, vous pourrez continuer vos questions demain...
M. Le Moignan: Oui, j'en aurai quelques-unes. Il m'en reste trois
ou quatre.
Le Président (M. Boucher): ... parce que nous sommes
à l'heure de l'ajournement.
La commission ajourne ses travaux à demain, 10 heures.
Fin de la séance à 22 h 2