Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
Etude des crédits du ministère de
l'Education
Etude du projet de loi no 281
(Dix heures huit minutes)
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente de l'éducation est réunie pour
étudier les crédits du ministère de l'Education pour
l'année financière 1979/80.
Les membres de la commission sont: M. Guay (Taschereau) qui remplace M.
Alfred (Papineau); M. Rivest (Jean-Talon) qui remplace M. Goldbloom (D'Arcy
McGee); M. Laberge (Jeanne-Mance) qui remplace M. Jolivet (Laviolette); M.
Lacoste (Sainte-Anne), Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), M. Goulet (Bellechasse) qui
remplace M. Le Moignan (Gaspé); M. Marquis (Matapédia), M. Morin
(Sauvé), M. Paquette (Rosemont).
Les intervenants sont: M. Bisaillon (Sainte-Marie), M. Chevrette
(Joliette-Montcalm), M. de Bellefeuille (Deux-Montagnes), M. Desbiens (Dubuc),
M. Gosselin (Sherbrooke), M. Picotte (Maskinongé), M. Samson
(Rouyn-Noranda), M. Springa-te (Westmount).
A l'ajournement d'hier, nous avions adopté le programme 7. Pour
poursuivre le plan de travail, nous en serions au programme 3, Aide
financière aux étudiants.
M. le ministre.
Aide financière aux étudiants
M. Morin (Sauvé): M. le Président, me
per-mettrez-vous quelques considérations d'ordre préliminaire?
Même s'il dispose de moyens limités, le gouvernement a reconnu le
bien-fondé des demandes qui avaient été
énoncées par les étudiants et par leurs organismes
représentatifs au cours de l'automne dernier, et en particulier celles
qui concernent l'étudiant qui n'a pas trouvé de travail au cours
de l'été, ou qui se trouve en chômage à la fin de
ses études. Ce sont là des problèmes très graves
auxquels ni le ministère de l'Education, ni le gouvernement ne pouvaient
demeurer insensibles.
Les décisions prises par le Conseil des ministres relativement au
régime des prêts et bourses pour l'année scolaire 1979-1980
représentent un montant supplémentaire de bourses de l'ordre de
$3 500 000 auquel il faut ajouter le coût d'autres nouvelles mesures qui
représentent des déboursés supplémentaires de $1
400 000. L'ensemble des mesures prises pour 1979/80, c'est-à-dire pour
l'année qui va commencer, amènera donc plus de $4 800 000
additionnels sous forme de bourses.
Il serait peut-être utile que je décrive les cinq mesures
que le gouvernement entend prendre au cours de l'année qui vient pour
améliorer ce régime et pour faire en sorte qu'il réponde
davantage aux besoins des étudiants. Je vous rappelle- rai
brièvement le contenu de cinq nouvelles mesures prises pour cette
année.
Tout d'abord, l'aide accordée aux étudiants va tenir
davantage compte du chômage d'été chez les
étudiants. La contribution exigée de celui qui n'a pas
travaillé au cours de l'été va diminuer d'environ 10%,
c'est-à-dire tomber de 50% à 40% du revenu minimum prévu
pour cet étudiant, compte tenu du nombre de semaines de
disponibilité au travail. Tout le monde connaît les
modalités d'attribution des bourses et sait que l'étudiant est
présumé être disponible au travail pour un certain nombre
de jours, compte tenu des dates où se terminent ses examens et des dates
de la rentrée scolaire. De même la contribution exigée de
l'étudiant dont les revenus d'emploi ont été
inférieurs au revenu minimum sera égale à son revenu
réel, auquel s'ajoutera 40% de la différence entre ce revenu
réel et le revenu minimum.
Cette mesure qui, je crois, n'est évidemment pas complète,
qui ne va certainement pas aussi loin qu'il eût été
souhaitable de le faire si nous avions eu plus d'argent à notre
disposition, si nous n'avions pas été en période
d'austérité financière, nécessitera tout de
même une dépense supplémentaire de près de $2
millions, plus exactement $1 900 000 au chapitre des bourses. Elle vise
particulièrement les étudiants qui ne peuvent trouver un emploi
pendant la période estivale.
En second lieu, le mode de remboursement des prêts sera
modifié pour l'étudiant qui se trouve en chômage à
la fin de ses études. Le gouvernement est très sensible au fait
qu'il est parfois difficile à l'étudiant même ces
temps-ci je dois dire que c'est particulièrement difficile de
trouver un emploi dès la fin de ses études.
J'ai souligné, dans mes remarques préliminaires, il y a
deux jours à quel point le niveau de scolarisation de l'étudiant
est important par rapport au chômage. Celui qui se contente de faire des
études secondaires risque d'essuyer un taux de chômage de l'ordre
de 15% à 16%. Celui qui fait des études collégiales peut
se heurter à un taux de chômage de l'ordre de 7% à 8% et
celui qui va jusqu'à l'université en sortant se heurte à
un taux de chômage beaucoup moindre, de l'ordre de 5%. Donc, si on va au
collège on a deux fois plus de chances de ne pas être en
chômage que si on n'a fait que le secondaire. Si on va à
l'université, on a trois fois moins de risques d'être en
chômage que si on a fait que des études secondaires.
Donc, à l'heure actuelle, et particulièrement pour les
jeunes qui terminent le secondaire et le collégial, il est quelquefois
difficile de trouver de l'emploi et, pour tenter d'alléger le fardeau de
ces étudiants, nous entendons procéder à des
aménagements administratifs qui visent à reporter le moment du
début des remboursements de prêts et le moment où les
intérêts seront à la charge de l'étudiant. Cela nous
paraît être le minimum qu'on pouvait faire dans les
circonstances.
Troisièmement, les bourses seront plus importantes que les
prêts. Dans le passé, et jusqu'à 1976, les prêts
étaient beaucoup plus importants que les bourses. Il nous a paru que
cela créait là un problème d'endettement pour les
étudiants. On sait bien qu'il peut y avoir un certain endettement, mais
il ne faut pas que ça devienne anormal, il ne faut pas que
l'étudiant ait le sentiment, à la fin de ses études, qu'il
se trouve devant des montants tellement importants que ça le
décourage au moment même de se mettre au travail. (10 h 15)
Nous avons fait en sorte que le taux d'indexation du prêt, qui
devait être de 10% en 1979-1980, c'est-à-dire le taux
d'augmentation des prêts, soit de nouveau réduit à 6,5%
cette année. L'effet de cette mesure, c'est de faire en sorte qu'il y
ait moins de prêts et qu'il y ait plus de bourses. Le fait de limiter
à 6,5% cette augmentation entraîne un déboursé de $1
500 000 en bourses. Cette mesure permet de maintenir l'effort gouvernemental
déjà entrepris qui vise à augmenter la part relative de
l'aide aux étudiants sous forme de bourses.
En quatrième lieu, il y aura diminution de la contribution
requise des parents et augmentation des allocations de subsistance pour tous
les étudiants. Ces mesures vont coûter aux contribuables
québécois $1 400 000. L'exemption accordée aux parents
dans le calcul de leur contribution aux études de leurs enfants sera
donc portée de $6200 à $6800. Cette mesure, évidemment,
parce que c'est le but même des prêts-bourses, va profiter surtout
aux familles défavorisées, aux familles les plus démunies
sur le plan financier. Les allocations hebdomadaires de subsistance aux
étudiants du niveau collégial seront également
augmentées.
Par exemple, l'allocation hebdomadaire accordée à un
étudiant qui réside chez ses parents et qui prend ses repas
à l'extérieur du foyer familial, va être porté de
$22.35 à $22.40. Quant à l'étudiant non résident,
son allocation hebdomadaire est portée de $66.65 à $74.30.
Enfin, il y aura augmentation du maximum de la bourse pour les
étudiants qui ont charge de familles monoparentales. C'est un
problème qui prend de l'ampleur depuis quelques années et auquel
nous avons été sensibilisés, notamment par des organismes
qui veulent protéger ce qu'on appelle pudiquement les familles
monoparentales, c'est-à-dire, pour parler franc, les jeunes femmes
abandonnées avec charge d'enfants.
Mme Lavoie-Roux:... aussi, M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): Oui, mais c'est plus rare, madame. Je ne
nierai pas qu'il arrive que le garçon soit abandonné, mais, en
général, il semble que ce soient plutôt les femmes qui
soient victimes de ce genre de traitement. Je pense bien que vous ne pourrez
pas le nier.
Mme Lavoie-Roux: N'entrons pas là-dedans, laissons
faire.
M. Morin (Sauvé): De toute façon, que ce soit la
femme...
Mme Lavoie-Roux: Vous prenez la part des femmes, mais vous
montrez de la compassion à leur endroit. Je vous laisse aller, M. le
ministre.
M. Morin (Sauvé): Ce n'est pas une question de compassion,
c'est un question de droit. Nous avons pensé qu'il fallait vraiment se
pencher sur ce problème et faire en sorte que le maximum de bourse, qui
atteignait seulement $5000 l'an dernier, soit augmenté, de façon
que ces familles dites monoparentales puissent recevoir jusqu'à $8000
par année, selon le nombre d'enfants et selon la situation familiale de
la personne abandonnée.
Voilà, M. le Président, les mesures que nous avons voulu
prendre. Ce n'est pas encore le Pérou, comme j'ai eu l'occasion de le
dire, ce n'est pas encore la solution à tous les problèmes. Ce
sont cependant des améliorations au régime qui doit continuer
d'être amélioré chaque année, de façon que
nous collions le plus près possible aux problèmes réels
des étudiants.
Vous aurez remarqué que, dans les cinq mesures que j'ai
énumérées, nous tentons de coller de très
près à la réalité des problèmes,
c'est-à-dire au sous-emploi des jeunes, à la question des
familles monoparentales, à la contribution des parents, etc.
Voilà, M. le Président, ce que j'avais à dire par
manière d'introduction à cette question. Maintenant, j'attends
les questions.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le ministre. Mme le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Je suis fort
heureuse d'avoir la chance de répondre pendant qu'il y a encore ici ce
qui m'apparaît être un certain nombre d'étudiants. Le
ministre nous a répété, à plusieurs occasions, que
le système de prêts et bourses tenait compte de l'inflation et que
les étudiants n'étaient pas pénalisés.
Pourtant, quand on examine de près le tableau
présenté à la page E-15 du document des
crédits...
M. Morin (Sauvé): Je n'ai pas dit cela, je m'excuse, je ne
voudrais pas que vous partiez sur une idée qui est inexacte. Je n'ai
jamais...
Mme Lavoie-Roux: Vous l'avez dit dans le passé, n'est-ce
pas?
M. Morin (Sauvé): Non, pas comme vous venez de le
dire.
Mme Lavoie-Roux: Non, comme...
M. Morin (Sauvé): Si vous me faites dire une bêtise,
naturellement, ensuite c'est facile de me matraquer. Je n'ai pas dit cela.
Mme Lavoie-Roux: Non, ce que vous dites, c'est que vous avez
toujours indexé au coût de la vie en tenant compte de
l'augmentation du nombre des étudiants. Est-ce bien là l'opinion
que vous avez émise dans le passé?
M. Morin (Sauvé): Nous avons, dans le passé, tenu
compte le plus possible du coût de la vie, mais je dois dire que...
D'ailleurs, souvenez-vous de votre propre gouvernement, ce n'était pas
brillant non plus, n'est-ce pas?
M. Rivest: C'était plus brillant dans votre programme
électoral quand vous promettiez la gratuité à tous les
niveaux.
M. Morin (Sauvé): Oui, maintenant, on l'a à tous
les niveaux, sauf au niveau universitaire et cela coûte 10% de ces cours
à l'étudiant. On va faire sauter ces 10% un jour ou l'autre.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, comme le ministre a dit
tout à l'heure je reprends l'intervention de mon collègue
ce n'est pas le Pérou et ce n'est surtout pas le programme du
Parti québécois, mais je ne veux quand même pas être
partisane, je veux qu'on examine les chiffres objectivement.
Ainsi, en 1978/79, d'après vos nouvelles estimations, je pense
qu'on peut dire que les prêts subventionnés au niveau
collégial ont subi une baisse de 1,8% et, au niveau universitaire, une
baisse de 2,54%. Si l'on regarde maintenant le programme des bourses, les
nouvelles estimations 1978/79 nous permettent de dire que les bourses au niveau
collégial ont diminué de 0,27% et, au niveau universitaire, de
15,97%. Si on jette un coup d'oeil sur les prévisions, pour 1979/80,
pour l'année qui vient, en supposant un taux d'inflation de 8,96%, tel
qu'il était en mars dernier, et si l'on tient compte qu'on semble
s'acheminer au cours des six premiers mois vers un taux d'inflation semblable,
nous remarquons une baisse de 3,65% au niveau des prêts pour le secteur
collégial et une baisse de 3,39% pour le secteur universitaire.
Pour ce qui concerne le secteur des bourses, l'on remarque pour la
première fois, depuis l'arrivée au pouvoir du gouvernement
péquiste, que les bourses au collégial vont augmenter
réellement de 8,53%, mais qu'au niveau universitaire, les bourses vont
connaître une diminution de 4,10%.
Je veux quand même reconnaître de façon tout à
fait objective ce que le ministre a dit, que l'accent est mis sur une
augmentation des bourses et une diminution des prêts, ce qui veut dire
qu'à plus long terme, les étudiants auront moins à
rembourser que lorsque l'accent était mis sur les prêts. Je le lui
accorde tout à fait. Il faut se rappeler que les étudiants, eux,
quand ils vivent l'année 1979-1980 ou 1980-1981, quand ils vivent une
année scolaire, ils vivent quand même avec l'argent qui est
à leur disposition. Je me réfère ici à votre
communiqué de presse du 19 décembre 1978, où vous disiez,
en réponse aux étudiants qui, à ce moment, pour un certain
nombre, manifestaient dans les collèges, et je cite le communiqué
de presse qui émane de votre ministère: "Le gouvernement n'estime
pas avoir été négligent dans le domaine de l'aide
financière aux étudiants. A cet égard, il convient de
rappeler que, depuis deux ans, le montant total des bourses a augmenté
de 71,3%, alors que les sommes consacrées à l'ensemble du
régime des prêts et bourses progressaient de 50%." Je ne conteste
pas ces chiffres.
M. Morin (Sauvé): Ce serait le "boutte"!
Mme Lavoie-Roux: Attendez la fin! Vous pouvez crâner, mais
si vous prenez en considération l'augmentation du nombre
d'étudiants et les fonds spéciaux de $10 millions qui avaient
été versés pour les étudiants de Laval qui avaient
une session de rattrapage à faire on se souvient qu'à ce
moment, ils avaient fait l'objet d'une subvention spéciale...
M. Morin (Sauvé): ...
Mme Lavoie-Roux: Non, laissez-moi finir mes calculs, M. le
ministre. Si vous tenez compte de l'inflation, à ce moment, vous vous
retrouvez non pas devant une augmentation de 71,3%, parce que si vous
soustrayez, d'une part, l'augmentation du nombre d'étudiants qui compte
pour 47,6%, et que vous y ajoutez le taux d'indexation de 24,96%, vous arrivez
en fait à une baisse de 0,76%. Je pense que ces chiffres, nous les avons
calculés avec beaucoup de soin.
M. Morin (Sauvé): L'augmentation des étudiants
était de combien? 47,6%?
Mme Lavoie-Roux: Au niveau des bourses.
M. Morin (Sauvé): Du nombre d'étudiants? Jamais de
la vie!
Mme Lavoie-Roux: Des étudiants qui ont reçu des
bourses.
M. Morin (Sauvé): D'une année sur l'autre? Jamais
de la vie!
Mme Lavoie-Roux: Cela porte sur trois ans.
M. Morin (Sauvé): Ah! Vous avez une drôle de
façon...
Mme Lavoie-Roux: Mais vos 71,3% portent sur trois ans, M. le
ministre, dans votre communiqué de presse, sur trois exercices.
M. Morin (Sauvé): On va calculer ça de nouveau,
parce que l'augmentation dont nous avons fait le calcul n'atteint pas ce
taux-là.
Mme Lavoie-Roux: On l'a pris dans votre livre des
crédits.
M. Morin (Sauvé): A quelle page?
Mme Lavoie-Roux: Tout ceci, M. le Président, comme seule
question précise au ministre, parce que je pense qu'on a utilisé
déjà passablement de temps lors des débrayages de
l'automne, est-ce que le ministre ou le gouvernement ne croit pas qu'il devrait
au moins maintenir le pouvoir d'achat des étudiants, quand on sait qu'en
particulier le prix du logement et de la nourriture augmente à un rythme
accéléré?
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je suis heureux
que Mme le député reconnaisse le fait que les prêts aient
diminué et que nous ayons tenté d'augmenter les bourses
systématiquement. Maintenant, pour ce qui est des 71%, je vais demander
qu'on fasse les calculs de façon précise. Parce qu'effectivement,
jamais, dans l'histoire des prêts et bourses, il n'y avait eu une telle
augmentation. Depuis que nous sommes là depuis 1976 cette
augmentation de 71%, c'était vraiment spectaculaire; ça ne s'est
jamais vu auparavant.
Mme Lavoie-Roux: Pour trois ans toujours, M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): Sur trois ans... Mme Lavoie-Roux:
Oui, d'accord.
M. Morin (Sauvé): Mais prenons les trois années
précédentes et je vous assure que ça ne donne pas des
chiffres de cet ordre. Vous pourriez le calculer, si ça fait votre
affaire.
Mme Lavoie-Roux: II y a même eu une progression continue au
niveau du CEGEP, de l'université et des étudiants.
M. Morin (Sauvé): Oui, sûrement, et ça, ce
n'est pas nié. Il y a une partie de l'augmentation des 71% qui est due
au fait qu'il y a plus d'étudiants. Dieu merci! il y a plus
d'étudiants qui vont au collège et il y en a plus qui vont
à l'université. Mais ce n'est pas dû seulement à
ça. C'est dû aussi au fait qu'on a voulu, justement, tenir compte
de l'augmentation du coût de la vie. D'ailleurs vous-même, vous
avez mentionné l'augmentation du coût de la vie là-dedans.
Bon! On l'a eue à l'esprit.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'on a tenu compte en totalité de
l'inflation?
M. Morin (Sauvé): On a essayé d'en tenir compte le
plus possible.
Mme Lavoie-Roux: Le plus possible.
M. Morin (Sauvé): Maintenant, comme vous le savez... Oui,
mais ce n'est pas comme si vous étiez blancs comme neige et comme si le
gouvernement antérieur, lui, avait toujours appliqué des
principes comme ça. Ce n'est pas vrai.
Mme Lavoie-Roux: Mais, M. le Président...
M. Morin (Sauvé): Jamais on n'avait augmenté les
bourses de cette façon-là.
Mme Lavoie-Roux: ... je ne suis pas au gouvernement; vous
êtes au gouvernement.
M. Morin (Sauvé): Oui, et moi, je vous dis que nous avons
augmenté les prêts-bourses de manière à tenir compte
non seulement de l'augmentation du nombre d'étudiants, mais
également de l'augmentation de coût de la vie. Chose certaine,
c'est que, si l'économie avait été en meilleur
état, si on n'avait pas été en période de
contraction financière, je pense que le gouvernement aurait
été capable de faire encore davantage. Pour l'année
courante, par-dessus les quelque $120 millions que cela coûtait
déjà, il était difficile de mettre plus que les $4 800 000
que le gouvernement a décidé d'ajouter.
Bien sûr, on peut toujours faire plus et nous allons continuer
d'améliorer ce système le mieux possible, chaque année. Il
y a aussi d'autres priorités sociales, j'ai eu l'occasion de le dire aux
étudiants quand je suis allé les voir dans les CEGEP et les
écoles secondaires. Il y a des priorités de développement
économique. (10 h 30)
J'ai expliqué aux étudiants que si, en sortant de leurs
études, ils voulaient trouver des emplois, il fallait qu'on investisse
lourdement dans le développement économique, cela reste vrai. Au
cours des années qui viennent, on va constamment être
obligé de faire des choix. On en donne pour le développement
économique, on en donne pour les prêts et bourses, on en donne
pour le développement social, il faut distribuer les fonds dont on
dispose le plus parcimonieusement et le plus économiquement possible
parce que, comme vous le savez, l'argent ne court pas les rues.
Si on investissait au taux réel de l'inflation les
dépenses admissibles dans le calcul des prêts, les bourses en
seraient peut-être réduites. Je vous fais cette observation en
passant, par rapport à ce que vous avez dit tout à l'heure au
sujet des prêts. Nous ne voulons pas que les bourses soient
réduites; au contraire, nous voulons que les prêts descendent et
que les bourses augmentent.
Encore une fois, depuis que nous sommes-là, les bourses sont plus
importantes que les prêts et augmentent sans cesse par rapport aux
prêts. Quand vous étiez là, les prêts étaient
plus importants que les bourses. Ceci est démontrable
statistiquement.
Mme Lavoie-Roux: D'ailleurs, je pense que j'en ai fort bien
convenu, M. le ministre. Je pense qu'il était aussi important de faire
cette mise au point parce que, quand on procède avec des
communiqués comme le vôtre; je ne l'ai pas contesté et je
ne le contesterai pas... Je pense
qu'à ce moment-là, il faut quand même que la
population se rende compte, en dépit des efforts je vais le dire
encore, puisque cela vous fait plaisir; il y a plus d'accent sur les bourses
que sur les prêts... Je suis aussi prête à reconnaître
l'effort que vous allez faire cette année en fonction des familles
monoparentales, mais je tiens à rappeler que j'avais soulevé ce
problème avec passablement de conviction l'an dernier, si vous vous
souvenez bien, de même que j'avais fait d'autres représentations
à l'égard des étudiants qui viennent des régions
éloignées, etc.
M. Morin (Sauvé): Est-ce que je peux vous donner une autre
précision?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): Je viens de faire faire des calculs. Au
niveau collégial, pour l'année qui vient, par rapport à
l'année dernière, au niveau collégial, les bourses
augmentent de 10% et au niveau universitaire, de 15%, en moyenne. Evidemment
cela dépend des revenus de chaque étudiant, cela dépend
des revenus de sa famille, etc. En moyenne, c'est une augmentation de 10% aux
collèges et de 15% aux universités.
Mme Lavoie-Roux: Mais, encore une fois, quand vous prenez la
moyenne et que vous ne tenez pas compte de l'inflation ni de l'augmentation,
les chiffres sont différents.
Je vous demande, M. le ministre, de vérifier de nouveau. Je vous
l'ai dit tout à l'heure clairement, pour cette année, pour la
première fois depuis l'arrivée au pouvoir du gouvernement, les
bourses du niveau collégial vont augmenter de 8,53% et vont
connaître une diminution au niveau universitaire de 4,10%. De fait, quand
on y inclut le taux d'inflation et quand on y inclut aussi la hausse des
étudiants.
De toute façon, cela n'infirme en rien jusqu'à maintenant
ce que j'ai avancé tout à l'heure au sujet de votre
communiqué; quand on le décortique il semble bien que cela ne
correspondait pas tout à fait à la même
réalité que celle qui était avancée.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je maintiens ce
communiqué dont nous avions pesé chaque mot. Je le maintiens
intégralement. Le gouvernement n'a pas à avoir honte de ce qu'il
a fait depuis qu'il est là pour les prêts et bourses. Il en est
même assez fier. Jamais auparavant on a vu une augmentation comme
celle-là, jamais.
M. Rivest: C'est très beau, mais en autant que cela
corresponde aux besoins des étudiants. C'est beau qu'un gouvernement
fasse mieux que l'autre ou moins bien que l'autre. Peu importe, ce qui compte
ce sont les besoins des étudiants. C'est dans ce sens qu'il faut placer
le débat.
M. Morin (Sauvé): C'est exact. Sur ce plan aussi, nous
pensons qu'avec les moyens dont nous disposons, nous avons fait des choses qui
collent au réel et qui répondent aux besoins les plus
urgents.
M. Rivest: C'est de l'autosatisfaction, cela ne règle pas
le problème des étudiants.
M. Morin (Sauvé): Cela n'est pas de l'autosatisfaction,
c'est simplement de répondre à des critiques que je juge non
fondées.
M. Rivest: Vous n'avez pas répondu aux chiffres que madame
vient de citer.
Mme Lavoie-Roux: L'autre chose, M. le Président, si vous
me permettez de le dire, ce sera la dernière. Si je regarde, en 1978/79,
vous avez donné plus en prêts, soit $57 millions, que vous n'avez
donné en bourses, soit $53 millions. Cette année, vous donnerez
davantage en bourses, à moins que vous n'en périmiez en cours de
route, selon vos estimations. Je pense que c'est la première
année que vous allez donner davantage en bourses qu'en prêts.
M. Morin (Sauvé): Non.
Mme Lavoie-Roux: Ecoutez...
M. Morin (Sauvé): Reportez-vous...
Mme Lavoie-Roux: 1978/79, en 1977/78, il y avait $2 millions de
différence.
M. Morin (Sauvé): C'est parce qu'il y avait une
différence entre les prévisions et le résultat final.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): C'est une question budgétaire,
évidemment.
Mme Lavoie-Roux: Celui de 1977/78 évidemment il y avait
les $10 millions qui étaient une subvention spéciale. Il faudrait
peut-être...
M. Morin (Sauvé): II faudrait s'expliquer
là-dessus. J'espère que vous n'en faites pas un reproche au
gouvernement.
Mme Lavoie-Roux: Non, non, mais c'est parce que nous avons
dû en tenir compte dans nos calculs, c'est dans ce sens.
M. Morin (Sauvé): Je veux bien, mais il faut qu'on
comprenne de quoi il s'agit. Les universités, celle de Laval et celle du
Québec à Montréal, avaient connu une grève de
plusieurs mois. On s'en souviendra. C'était un héritage que
j'avais sur mon bureau en arrivant au ministère. Plusieurs mois. Nous
avons dû, parce que les étudiants avaient été
victimes de cela, forcément compenser la perte du travail
d'été pour nombre d'entre eux qui n'ont pas pu travailler cet
été-là parce que les cours ont duré jusqu'au mois
de juin dans certains cas.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): II ne faudrait quand même pas
avoir l'air de dire qu'on a eu tort de faire ça.
Mme Lavoie-Roux: Ecoutez, M. le ministre, je n'ai jamais
laissé entendre d'aucune façon que vous ayez eu tort.
M. Morin (Sauvé): Très bien.
Mme Lavoie-Roux: Que ce soit très clair.
M. Morin (Sauvé): Bien, c'est clair désormais et je
me réjouis de la chose.
Mme Lavoie-Roux: Je vous ferai remarquer que, quand nous
calculons vos $71 300 000, le montant total des bourses, je n'ai pas exclu les
$10 millions de ce montant pour arriver à l'estimation d'une baisse de
0,76%. Si je les avais exclus, la baisse aurait été davantage,
alors je ne les ai pas exclus, je les ai laissés, mais je le souligne
comme un élément spécial. Je n'ai plus rien à dire,
M. le ministre.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: M. le Président, très brièvement.
Vous comprenez pourquoi...
M. Morin (Sauvé): Je m'excuse, M. le député,
il y a des renseignements plus précis que le directeur des prêts
et bourses pourrait donner sur la question d'indexation. Je pense que c'est
important, l'indexation au coût de la vie et tout ça. Si vous
voulez, je ne veux pas vous empêcher de poser votre question, M. le
député, mais ça pourrait éclairer le débat
encore davantage.
Pour l'indexation du budget de dépenses admises, nous avons une
méthodologie précise d'indexation qui tient compte des taux qui
nous sont donnés par Statistique Canada et le Bureau de la statistique
du Québec. Nous prenons ces taux, nous les appliquons au panier de biens
étudiant lui-même. Nous en déduisons six taux
différents selon la situation précise de l'étudiant, s'il
est au collégial ou à l'université, s'il est
résident ou s'il est non résident et sa catégorie de
résident. Si bien que les taux réels d'inflation sont
appliqués à chacun des étudiants, chacun des budgets
étudiants. Pour 1979/1980, nous avions donc six taux différents
d'indexation qui allaient d'environ 2% jusqu'à 11,3% à celui qui
a un panier de biens étudiant différent selon qu'il est
non-résident, universitaire, etc.
Si on fait la moyenne et avec la pondération du nombre
d'étudiants, parce que dans le régime de prêts et bourses,
il y a beaucoup plus d'étudiants bénéficiaires qui sont
des non-résidents, le budget de dépenses admises de
l'étudiant a été indexé d'environ 10%.
Mme Lavoie-Roux: En moyenne toujours.
M. Morin (Sauvé): En moyenne. Mais, pour certains
étudiants, c'est une indexation de 3%, parce que dans leur situation
à eux, leur budget de dépenses admises a subi une inflation
réelle de 3%, selon la nature des biens qu'ils ont dans leur panier,
s'ils n'ont pas, par exemple, de logement...
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'on pourrait avoir cette grille
d'indexation que vous utilisez?
M. Morin (Sauvé): Bien sûr, madame. Parce que vous
savez comme moi que c'est le logement qui a subi une hausse très
considérable ou l'alimentation.
Mme Lavoie-Roux: L'alimentation, c'est certain.
M. Morin (Sauvé): Pour l'étudiant qui est
résident chez lui, le coût d'indexation est appliqué
à ses parents, mais comme il n'a pas à défrayer des
dépenses d'alimentation, ça ne paraît pas dans son panier
de biens à lui, ça va paraître dans le panier de biens de
l'étudiant qui est non-résident. C'est pour ça qu'on a six
taux différents d'indexation.
Je pensais que c'était de nature à éclairer le
débat, parce que si on ne connaît pas la complexité des
calculs, on peut se lancer dans toutes sortes de calculs...
Mme Lavoie-Roux: Vous n'avez quand même pas refusé
les calculs que j'ai avancés, M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): J'ai demandé qu'on
vérifie. On va y voir. Je serais prêt à entendre la
question de M. le député.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Merci, M. le Président. Pour aujourd'hui, vous
avez compris, je remplace mon collègue de Gaspé qui a dû
s'absenter.
M. le ministre, tout à l'heure, dans vos commentaires au
début de l'étude de ce programme, vous avez dit quelque chose
comme: Nous tenons compte du chômage d'été, avant
d'attribuer une bourse d'étudiant; s'il a travaillé ou s'il n'a
pas travaillé, la bourse ne sera pas la même. J'ai cru comprendre
que s'il n'avait pas travaillé, il y aurait un genre de
pondération, que l'étudiant aurait moins en pourcentage que s'il
avait travaillé. Je veux bien me rassurer si j'ai compris. Je ne sais
pas si vous avez entendu ma question.
M. Morin (Sauvé): Je m'excuse, je donnais des instructions
pour qu'on fasse un certain calcul.
M. Goulet: Si vous voulez que je reformule la question, je
comprends très bien, M. le ministre. Je répéterai
brièvement ma question. Tout à l'heure, dans vos commentaires,
vous avez dit quelque
chose comme: Le calcul de la bourse de l'étudiant sera en
considération du fait qu'il a travaillé ou non, qu'il y aurait
une certaine pondération. J'ai cru comprendre que si l'étudiant
n'avait pas travaillé, par exemple, il recevrait peut-être moins
en bourse, en pourcentage, que s'il avait travaillé. Est-ce que j'ai
bien compris, ou si c'est le contraire?
M. Morin (Sauvé): Non, c'est plutôt le
contraire.
M. Goulet: II recevra plus en bourse, s'il n'a pas
travaillé, ce qui serait normal. Mais c'est bien ce que vous avez
dit.
M. Morin (Sauvé): On va vous donner les
détails.
L'étudiant qui ne travaille pas l'été, on lui
impute quand même un montant minimum. C'est ce montant minimum qui sera
réduit, de telle sorte que l'étudiant qui, effectivement, n'a pas
travaillé, recevra l'an prochain une bourse plus considérable que
celle qu'il aurait reçue au cours de cette année. La
différence est de 10%, c'est-à-dire que le taux est
modifié de 50% à 40%.
M. Goulet: M. le Président, j'aimerais demander au
ministre de l'Education s'il a fait des démarches auprès de son
collègue du Travail, de façon à s'assurer que le placement
étudiant sera peut-être plus fonctionnel qu'il ne l'est
actuellement. Lors de mon passage à mon bureau de comté, lundi,
j'ai constaté qu'il y a beaucoup d'employeurs qui ne se prévalent
pas de ce système, parce qu'il est trop complexe et qu'il ne
répond pas à leurs besoins.
Si j'amène cela sur la table, ce matin, c'est effectivement parce
que si l'étudiant ne travaille pas, parce que l'employeur trouve le
système très complexe et ne veut pas s'en prévaloir, il va
s'en aller plutôt chercher des hommes au niveau du programme PAT, le
programme aide au travail, et engager des assistés sociaux plutôt
que des étudiants.
A ce moment-là, si l'employeur n'embauche pas d'étudiants,
il y aura plus d'étudiants en chômage et vous devrez donner plus
de bourses. Pourquoi? Parce que le système de placement étudiant
n'est pas adéquat, surtout dans les régions rurales ou à
faible densité de population.
M. Morin (Sauvé): Oui. M. le Président,
évidemment, le placement étudiant relève de mon
collègue le ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre.
Néanmoins, il y a des contacts et, en particulier, on s'échange
des chiffres, de manière que les gens du Travail aient une idée
de ce qui se passe à l'Éducation et vice versa. Vous savez que le
gouvernement a décidé de consacrer des montants spéciaux
cette année au placement étudiant. Mais comme cela relève
du Travail, je serais mal placé pour vous donner plus de détails
ou pour commenter ce fait. Je sais cependant, parce que j'ai vu passer la
décision au Conseil des ministres, qu'il y a eu une augmentation, et
même que des montants spéciaux ont été mis à
la disposition du Service de placement des étudiants au ministère
du Travail.
M. Goulet: Mais, pour le dernier volet de ma question, je ne sais
pas si vous avez un élément de réponse, ou si vous croyez
y avoir répondu. Le système étant complexe, l'employeur va
préférer embaucher un assisté social et se
prévaloir d'un autre programme qui est plus adéquat, ou d'un
autre programme, au niveau d'un autre gouvernement, ou même d'un autre
ministère provincial et, au lieu d'embaucher un étudiant,
embauchera une autre personne. Alors, qui est pénalisé? C'est
l'étudiant. L'étudiant étant pénalisé, vous
devrez donner plus de bourses l'an prochain, parce que le programme ne
répond pas... C'est ce petit bout-là. Je ne veux pas savoir s'il
va s'en donner plus ou moins, mais c'est au niveau du principe. (10 h 45)
M. Morin (Sauvé): Oui. Effectivement, les
mécanismes sont passablement compliqués, comme vous le faites
observer. Il y en a dans toutes les directions. Cela n'est pas toujours aussi
coordonné que cela devrait l'être et surtout, dès qu'on
arrive en présence de deux gouvernements qui pataugent dans les
mêmes plates-bandes, cela devient compliqué, parce qu'il y a les
programmes fédéraux, les programmes provinciaux et au niveau
provincial, effectivement, il y a plusieurs programmes.
En ce qui concerne les programmes étudiants, je sais qu'il y a
une préoccupation, mais elle n'est pas dans mon ministère, elle
est surtout au Travail, de mieux coordonner les programmes et surtout qu'il y
ait davantage d'argent pour les étudiants. Je ne pense pas qu'on ait
quelque chose à ajouter, parce que cela relève vraiment du
Travail.
M. Goulet: Mais ce que je vous demandais, c'est de faire
pression, de nous aider à faire pression auprès de votre
collègue du Travail, de façon que ce soit plus adéquat et
que vous ayez besoin de moins de crédits pour les bourses aux
étudiants, parce qu'ils auront travaillé durant
l'été. C'est là le but premier de ma question.
Si vous permettez, M. le Président, une deuxième question.
Lorsqu'on parle de bourses au niveau primaire, j'imagine que c'est seulement
dans le cas des familles monoparentales, tel que vous l'avez mentionné;
je ne vois absolument pas d'autres endroits ou d'autres cas où on
pourrait distribuer des bourses au niveau primaire, parce que le programme
parle de primaire et de secondaire. Au secondaire, je comprends qu'il y a
différents dossiers à un moment donné qu'il faut
étudier, mais, au niveau primaire, à part les familles
monoparentales, je ne vois pas où on peut donner des bourses.
M. Morin (Sauvé): Non.
M. Goulet: Non, ce n'est pas cela, je fais erreur?
M. Morin (Sauvé): II n'y a pas de bourses au niveau
primaire. La bourse, dans le cas des familles monoparentales, M. le
député...
M. Goulet: La bourse aux étudiants...
M. Morin (Sauvé): ... elle est donnée à la
personne qui veut retourner aux études et qui a été
laissée avec charge d'enfants. Prenons, par exemple, un cas concret.
M. Goulet: M. le ministre, je comprends. Ici, on parle de bourses
aux étudiants de l'enseignement primaire et secondaire, aux
étudiants, non pas aux parents d'étudiants. La dame qui a un
enfant, je comprends cela, mais l'autre? Je parle au niveau du principe.
M. Morin (Sauvé): Au niveau primaire, M. le
député, ce sont des bourses destinées aux enfants
handicapés.
M. Goulet: Parfait. C'est seulement à ce
niveau-là?
M. Morin (Sauvé): C'est cela.
M. Goulet: Une dernière question. Dans le calcul des
bourses, naturellement, je ne m'embarquerai pas dans le paquet de chiffres ou
la guerre de chiffres qu'on a mentionnée d'un côté ou de
l'autre de la table. Je pensais que, ce matin, c'était
réservé au salon bleu, au niveau de l'économie, mais
est-ce qu'on peut conclure ou est-ce qu'on doit conclure que, même s'il y
a augmentation cette année, quelle que soit l'augmentation, soit les
chiffres véhiculés par Mme le député de L'Acadie ou
par le ministre de l'Education, l'étudiant, au niveau collégial,
peut-être à la fin du secondaire, mais surtout au niveau
collégial, ne dispose pas de plus d'argent qu'il n'en disposait? Je veux
dire si on calcule l'augmentation, par exemple, suivant l'indice du coût
de la vie. Autrement dit, il ne peut pas faire plus avec son argent que ce
qu'il faisait l'an passé, même s'il y a une augmentation. Je pense
que c'est cela l'essentiel. Que ce soit 3% ou 2%, ce n'est pas cela que
l'étudiant veut savoir, c'est s'il dispose de plus d'argent en bourse ou
en prêt.
M. Morin (Sauvé): M. le député, il va tout
de même disposer, si on parle de moyenne... Voulez-vous? On ne peut
guère parler que de moyenne parce que chaque cas est particulier. Si
vous regardez le tableau de la page E-15, vous allez constater que la moyenne
des prêts, au niveau collégial, passe de $680 à $718 et que
la moyenne des bourses passe de $1145 à $1329.
Au niveau universitaire, les prêts passent de $1013 à $1071
et les bourses passent de $1351 à $1514.
M. Goulet: M. le Président, ma question est beaucoup plus
courte que cela, je m'excuse.
M. Morin (Sauvé): Oui.
M. Goulet: Son pouvoir d'achat, au niveau de l'aide totale, le
prêt et la bourse, selon les chiffres que monsieur nous a
apportés, est-il augmenté ou diminué ou est-il
sensiblement le même?
M. Morin (Sauvé): II est sensiblement le même, je
pense...
M. Goulet: Le même.
M. Morin (Sauvé): ... peut-être
légèrement augmenté, mais le budget de dépenses
admises de l'étudiant est indexé, comme on l'a expliqué il
y a un instant, en tenant compte de l'inflation, de sorte que, pour cette
année à moins que je ne me trompe, la moyenne est de 10%, la
moyenne d'augmentation est de 10%.
Mme Lavoie-Roux: Vous tenez compte de l'augmentation du nombre
des étudiants, 14,5%.
M. Goulet: Non, je ne veux pas aborder ces chiffres. Je comprends
ce que madame veut dire.
M. Morin (Sauvé): Je pense qu'on est en train de confondre
deux séries de chiffres. Je ne pense pas que l'on puisse affirmer, comme
le fait le député de L'Acadie, qu'il faut tenir compte dans le
calcul, du montant moyen de prêts ou de bourses que recevrait
l'étudiant, de l'augmentation du nombre des étudiants.
L'augmentation du nombre des étudiants n'y est pas du tout
reliée, parce que nous recevons les demandes et les demandes sont
analysées suivant la grille qu'on s'est donnée. Automatiquement,
le nombre de prêts accordés chaque année et le nombre de
bourses accordées chaque année augmentent. Quand la moyenne du
prêt et que la moyenne de la bourse augmentent, cela signifie que le
montant total consacré au service des prêts et bourses
augmente.
Mme Lavoie-Roux: Oui, d'accord, c'est simple.
M. Goulet: C'est exactement la réponse que je voulais
entendre, parce que même si on a $5 millions de plus au niveau de l'aide
aux étudiants, s'il y a 30 000 ou 50 000 étudiants de plus, cela
n'a aucun rapport. C'est de savoir le pouvoir d'achat de l'étudiant. En
a-t-il davantage qu'il en avait antérieurement? Vous dites: Augmenter
sensiblement, qu'est-ce que c'est 0,001% ou 0,002%, selon les calculs de
monsieur, 2%, 5%?
M. Morin (Sauvé): Ecoutez, pour vous donner une
idée, vous ferez le calcul vous-même par rapport à
l'augmentation du coût de la vie. C'est 10% aux collèges, et 15%
dans les universités. Les 15% aux universitaires leur donnent de la
marge par rapport à l'augmentation du coût de la vie.
M. Goulet: Si je pose la question, c'est parce que, à mon
bureau de comté, régulièrement j'imagine que c'est
la même chose pour les autres plusieurs étudiants, je ne
vous dis pas tous mais la plupart, qui se sont présentés, di-
saient: M. le député, cela nous coûte plus cher.
Nous disposons de moins d'argent cette année que nous n'en disposions
l'an passé. C'est seulement au niveau de ce principe que je parle.
M. Morin (Sauvé): M. le député, cela peut
dépendre de plusieurs facteurs. Cela peut dépendre des revenus
des parents, qu'ils se soient améliorés ou qu'ils aient
baissé. Si les revenus des parents ont baissé, cela va se
traduire dans la bourse.
M. Goulet: Non, exactement dans les mêmes conditions, le
même nombre d'étudiants, le même nombre d'enfants...
M. Morin (Sauvé): Alors là, il y a quelque chose
qui ne va pas dans leurs calculs...
M. Goulet: II y avait quelque chose.
M. Morin (Sauvé): II faudrait que vous me le signaliez,
que vous m'apportiez le cas. D'ailleurs, les députés m'en
apportent constamment des cas et j'y vois. Parfois, il y a des erreurs.
Normalement, avec ce que nous ajoutons chaque année, ils sont
censés se retrouver à peu près au même niveau. On
tient compte du coût de la vie.
M. Goulet: Je ne voudrais pas que cette argumentation soit une
plainte en elle-même, parce que personnellement, chaque fois que j'ai eu
affaire au niveau du service des prêts et bourses, je peux dire que nous
avons eu des réponses toujours adéquates. Je ne veux pas dire
qu'on acceptait la demande, mais au moins, on nous répond. S'il y a un
service où on donne une belle réponse, je pense qu'on peut rendre
hommage à ceux qui s'en occupent.
Une dernière question, c'est peut-être un cas particulier,
mais quand même. Vous dites que, cette année, les bourses vont
avoir tendance à augmenter comparativement aux prêts qui vont
diminuer. Je voudrais savoir, parce que j'ai vu, je ne dirais pas plusieurs,
mais certains cas. Lorsque l'étudiant abandonne en cours de route, vous
calculez d'abord le prêt et non pas la bourse. S'il a eu, par exemple,
$1000 de prêt et $1000 de bourse, au lieu de dire: Tu nous dois $500 au
niveau du prêt, et garde $500 de bourse, il a la moitié de son
année scolaire d'écoulée, vous demandez d'abord les $1000
de prêt et vous ne lui donnez pas un sou de bourse. Il me semble que ce
n'est pas normal. S'il y a cinq mois d'écoulés dans son
année scolaire, les parents ont fait les mêmes dépenses, et
surtout dans nos régions les plus éloignées des grands
centres, l'étudiant a dû et souvent doit conserver un loyer, parce
qu'il a signé un bail jusqu'au mois de juillet et ainsi de suite. Il
mériterait quand même une partie de la bourse. Vous faites le
calcul d'abord avec le prêt, et ensuite, les derniers montants
envoyés sont les montants de la bourse.
M. Morin (Sauvé): C'est un fait que le prêt
précède toujours la bourse dans le montant total de l'aide, et
que si l'étudiant abandonne en cours d'année, c'est entendu
qu'à partir du moment où il abandonne, il n'a plus droit à
recevoir de l'aide financière comme étudiant. C'est un fait que
si l'étudiant abandonne au milieu de l'année, s'il abandonne en
janvier, par exemple, il a déjà droit, par ailleurs, à un
montant de bourse, à une portion de sa bourse, parce qu'on divise le
montant total de l'aide financière en quatre versements.
Les étudiants qui reçoivent les plus gros montants de
bourses reçoivent quatre versements d'aide, le premier en septembre est
du prêt; en décembre, une portion de la bourse; en janvier, une
autre portion de la bourse et, en mars, une autre portion de la bourse.
Dépendant du moment où il arrête ses études, les
paiements ou les versements d'aide financière cessent.
M. Goulet: C'est ma dernière intervention, M. le
Président. Je comprends que les bourses sont pour les étudiants
et on veut que les étudiants terminent, naturellement, leur cours avec
un diplôme, s'il y a lieu, mais les gens qui sont pénalisés
dans ce cas-là, souvent, ce ne sont pas les étudiants. Parce que
lorsqu'ils abandonnent, ils s'en vont sur le marché du travail, mais ce
sont les parents qui avaient organisé leur budget pour un an et
s'attendaient d'avoir X. Parfois, ils ont dû emprunter même
à une caisse populaire... En tout cas, ce sont des cas que j'ai
vécus. Je ne vous dirais pas des milliers de cas, mais plus d'un, et on
est obligé, rendu à Noël, de rembourser à 100%. On
avait prévu rembourser $500; on doit en rembourser $1000 ou $1200. C'est
là la différence. Ce sont des cas...
Je me demande pourquoi, si l'élève n'a pas fait la
moitié de son année, on ne dit pas: Rembourse-nous la
moitié du prêt et voici la moitié de ta bourse, au lieu de
rembourser le prêt au complet et dire: La bourse, c'était pour les
derniers mois.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je vais
réfléchir à ce que le député vient de dire.
C'est vrai qu'il y a peut-être un problème de justice
distributive. Evidemment, je vois des périls, parce que... Il y a des
dangers et il va falloir peser ça. Parce qu'on pourrait
évidemment commencer des années seulement pour toucher... Cela
pourrait aussi, peut-être, favoriser l'abandon scolaire. Cela, il faut
toujours faire attention de ne pas favoriser l'abandon scolaire. Dieu sait que
c'est un grave problème. Mais je trouve que le député met
le doigt sur un problème réel et on va l'examiner.
M. Goulet: Je vous remercie, M. le Président. J'ai voulu
souligner au ministre ces lacunes. Je ne veux pas dire que j'ai la solution
complète parce que les deux ou trois arguments qu'il vient d'invoquer
sont tout à fait justifiés et justifiables. Mais, quand
même, lorsque nous prenons les cas un par un, on s'aperçoit qu'il
y a quelque chose qui manque.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Bellechasse.
M. le député de Jean-Talon.
M. Rivest: Oui, dans son dernier rapport ou même
l'avant-dernier, je crois, le Vérificateur général a fait
des remarques sur le ministère de l'Education au sujet de
l'administration des prêts et bourses. Est-ce qu'il y a eu des mesures
ou, enfin, de quelle façon en avez-vous tenu compte...?
M. Morin (Sauvé): Ecoutez, on pourrait déposer les
mesures qui ont été prises. On a fait parvenir, tout
récemment, une lettre au Vérificateur général,
décrivant les mesures qui avaient été prises à la
suite du rapport qui avait été fait et lui-même a
constaté que les mesures prises corrigeaient les lacunes sur le plan
administratif ou de la tenue des comptes qui avaient été
soumises.
M. Rivest: II y a une loi fédérale des prêts
et bourses, n'est-ce pas, qui, je crois, a été refusée par
le gouvernement du Québec en 1964. Il y a un système de
compensation qui est prévu...
M. Morin (Sauvé): Seulement sur les prêts, M. le
député; il n'y a pas de bourses au niveau
fédéral.
M. Rivest: Oui, la Loi des prêts, excusez-moi.
M. Morin (Sauvé): C'est une des carences du
fédéralisme que vous défendez.
M. Rivest: Pardon?
M. Morin (Sauvé): C'est une des carences du
fédéralisme que vous défendez.
M. Rivest: Moi, je défends le
fédéralisme?
M. Morin (Sauvé): Vous ne l'avez pas défendu
récemment?
M. Rivest: Je crois que non. Moi, j'essaie de promouvoir le
fédéralisme, non pas de le défendre.
Mme Lavoie-Roux: Elle est bonne!
M. Rivest: Je sais que ces paiements sont transmis directement...
Je pense qu'ils apparaissent aux comptes budgétaires à
l'élément "revenu de transferts du gouvernement du Canada". Je
voudrais savoir, pour la dernière année en cours, parce qu'il y a
un système de compensation qui est accordé au Québec, quel
est le montant que le gouvernement du Québec a touché du
fédéral? J'ai le chiffre de 1977, mais c'était pour les
treize dernières années. On me disait que le Québec avait
retiré $76,2 millions en 1977, mais c'était pour les treize
années précédentes. Je ne sais pas, mais ça faisait
à peu près une moyenne de $5 millions par année. Est-ce
que ce serait juste?
M. Morin (Sauvé): En ce moment ça augmente
évidemment tranquillement d'année en année nous
percevons à peu près $15 millions sur les $115 millions ou $120
millions que ça peut coûter. Le montant auquel vous faites
allusion, je pense que c'est un montant consolidé pour plusieurs
années.
Si vous désirez avoir les chiffres, année par
année, on peut vous les donner.
M. Rivest: C'est tout simplement ceci: Au cours des
dernières années, de quel ordre sont ces paiements?
M. Morin (Sauvé): En ce moment, ils sont à $15
millions. Voilà justement... En 1966/67, ça n'a pas
été versé à ce moment-là, mais
c'était $1 230 000; en 1967... Allons tout de suite, si vous le voulez,
parce que ça monte tranquillement, en 1975/76, $13 190 000 et en
1977/78, $13 558 000 et enfin, cette année, c'est de l'ordre de $15
millions, me dit-on pour un total de $102 088 043.87. (11 heures)
M. Rivest: C'est cela. J'appelle cela du
fédéralisme rentable.
M. Morin (Sauvé): Ce n'est pas très rentable. M.
Rivest: Non? Pour $102 millions? M. Morin (Sauvé): Ecoutez...
Mme Lavoie-Roux: $102 millions?
M. Morin (Sauvé): Toucher $15 millions sur les $120
millions que cela coûte au Québec...
M. Rivest: Par rapport à l'augmentation que vous accordez,
en quoi est-ce que...
M. Morin (Sauvé): C'est...
M. Rivest: ... chaque année par rapport à
l'augmentation et à l'enrichissement que vous mettez dans le
système.
M. Morin (Sauvé): Non, cela coûte plus cher que cela
d'année en année.
M. Rivest: Je comprends, vous faites un effort, mais cet effort,
est quand même appuyé par cette compensation.
M. Morin (Sauvé): Ce qu'il faut voir, c'est quand
même l'effort global que fait le Québec. Les autres provinces, je
crois, doivent toucher des montants autrement plus intéressants. $15
millions par rapport à nos besoins, ce n'est rien.
M. Rivest: C'est 12,5% de l'aide, d'après les chiffres
qu'on me donne.
M. Morin (Sauvé): Oui, c'est cela.
M. Rivest: Ce n'est pas rien, vous venez de dire que
c'était rien.
M. Morin (Sauvé): Entendons-nous! Par rapport à la
dépense totale, on préférerait que ce soit beaucoup plus
élevé que cela. J'imagine que si le gouvernement
fédéral notamment donnait des montants pour les bourses et pas
seulement pour les prêts, cela...
M. Rivest: Accepteriez-vous que le gouvernement
fédéral développe un programme de bourses?
M. Morin (Sauvé): Certainement pas, cela doit demeurer
strictement québécois, mais je pense que nous avons droit
à une compensation.
M. Rivest: Vous ne pouvez pas demander au gouvernement
fédéral de ne pas avoir de système de bourses. On ne peut
pas gagner des deux côtés.
M. Morin (Sauvé): La logique du député est
"bizarroïde".
M. Rivest: Pardon?
Mme Lavoie-Roux: Moins que celle du ministre.
M. Morin (Sauvé): Ce n'est pas comme cela que vous allez
promouvoir...
M. Rivest: Vous dites, d'un côté, qu'il ne donne pas
de bourses, et de l'autre, vous dites que s'il en donne, évidemment, on
ne les acceptera pas. C'est l'un ou l'autre.
M. Morin (Sauvé): ... vous allez promouvoir le
fédéralisme. Si le gouvernement fédéral mettait des
montants pour les bourses et les transférait au Québec
d'ailleurs, je crois que c'est vous qui aviez insisté pour que les
transferts soient faits au fonds consolidé du Québec, n'est-ce
pas, c'est de votre fabrication, ce système il serait opportun
que des bourses soient versées dans le reste du Canada et qu'il y ait
une compensation fiscale donnée au Québec. Je pense que là
on pourrait se retrouver d'accord.
M. Rivest: D'accord.
Mme Lavoie-Roux: Adopté, M. le ministre, si vous
êtes d'accord.
Le Président (M. Boucher): Le programme 3 est
adopté?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): Allons...
Mme Lavoie-Roux: II nous reste une heure.
Le Président (M. Boucher): Nous passons au programme 8,
enseignement privé. M. le ministre.
Enseignement privé
M. Morin (Sauvé): Oui, M. le Président, j'aurais
quelques remarques de style préliminaire, dont j'aimerais vous faire
part; elles seront très courtes. Je pense qu'il faudrait faire
état de quelques faits saillants relatifs à l'enseignement
privé, en particulier pour l'année écoulée.
Depuis 1975 et surtout depuis le printemps 1978, le dossier de
l'enseignement privé a été examiné à la
lumière des résultats de l'application de la loi de 1968 et,
selon certaines orientations fondamentales comme celles de
l'énoncé de politique et du plan d'action que nous avons mis au
point pour les niveaux primaire et secondaire, de même que les
orientations du projet du gouvernement à l'endroit des CEGEP.
Le ministère du développement culturel, sous la gouverne
de mon collègue, le Dr Laurin, travaille activement sur le dossier du
développement des services d'adaptation scolaire en rapport avec le
ministère de l'Education et, selon toute vraisemblance, le gouvernement
sera en mesure de faire connaître les orientations choisies avant les
vacances de l'été 1979.
Par ailleurs, des travaux s'effectuent...
Mme Lavoie-Roux: On va encore avoir...
M. Morin (Sauvé): Eté 1979, c'est tout proche.
Mme Lavoie-Roux:... plusieurs rapports avant les vacances
d'été 1979.
M. Morin (Sauvé): Oui, vous allez avoir au moins deux
rapports majeurs, vous allez avoir celui-là et vous allez avoir celui de
la commission d'étude sur les universités.
Mme Lavoie-Roux: On va avoir aussi l'échéancier du
plan d'action.
M. Morin (Sauvé): C'est exact. Vous n'en dormirez pas de
l'été, chère madame, avec toute cette lecture de
chevet.
Mme Lavoie-Roux: L'échéancier, je ne sais pas si ce
sera aussi volumineux que cela, on verra.
M. Morin (Sauvé): Par ailleurs, des travaux s'effectuent
également sur les règlements qui devront accompagner et
compléter toute nouvelle législation se rapportant à
l'enseignement privé. L'état actuel des travaux qui nous
conduisent à la révision de l'enseignement privé traduit
le fait que notre priorité, ces derniers temps, a porté sur la
relance et l'amélioration du système public. Maintenant que les
plans de développement mentionnés plus haut, concernant le
primaire et le secondaire, l'adaptation scolaire et le collégial, ont
été rendus publics et que tout est mis en oeuvre pour les mettre
en pratique à partir de 1979-1980, les travaux relatifs à
l'enseignement privé peuvent être accélérés,
compte tenu du fait que les orien-
tations du secteur public sont maintenant connues.
Pour donner un aperçu des travaux qui ont été
entrepris, je mentionnerai qu'en 1978, il y a eu notamment simulation
d'hypothèses de subvention aux institutions privées, de
façon à connaître les effets éventuels de certains
modes de subvention, toute une série d'hypothèses.
Deuxièmement, recherche de critères, de reconnaissance pour les
institutions de l'enseignement secondaire général et pour les
écoles de culture personnelle, qui soulèvent beaucoup de
problèmes. Troisièmement, recherche de critères de
distribution des options professionnelles de niveau collégial entre le
niveau public et le secteur privé et entre les secteurs privés.
Quatrièmement, révision des articles mêmes de la loi, au
chapitre de la protection de la clientèle, des sanctions à
appliquer pour assurer un meilleur respect de la loi; des règles pour
octroyer ou révoquer les statuts, etc. Cinquièmement, il y a eu
consultation entre les ministères de l'Education et des Affaires
culturelles quant à l'encadrement éventuel des écoles de
métiers d'art et d'artisanat, à partir d'une loi
révisée de l'enseignement privé. Enfin, il y a eu
consultation entre le ministère de l'Education et le groupe de travail
mis en place pour préparer la législation relative aux sports, de
façon à préciser l'action du ministère
auprès des écoles de sports et de loisirs sportifs.
Je dirai deux mots également, mais très rapidement,
étant donné que le temps nous presse et que nous voulons
également avoir le temps de jeter un coup d'oeil sur la
législation privée portant sur le Séminaire de
Québec, sur la politique linguistique du gouvernement à
l'égard des écoles ethniques. Je pense que cela va
intéresser tous les membres de la commission.
A la maternelle, les écoles dispensant la totalité des 750
minutes-semaine de cours en français peuvent obtenir le statut
d'intérêt public, avec évidemment les subventions
afférentes. Pour obtenir le statut pour fins de subvention, la
reconnaissance pour fins de subvention, elles doivent dispenser l'enseignement
en français pendant au moins 480 minutes-semaine. Nous avons donc une
politique qui tend à la francisation des écoles destinées
à ces groupes. Au niveau primaire, on exige un minimum de 1050
minutes-semaine, sur les 1380 en français, pour accorder un statut
d'intérêt public. Pour être reconnues pour fins de
subvention, les écoles doivent avoir commencé à donner
leurs cours en français pour une durée de 600 minutes-semaine en
1977-1978; 720 minutes-semaine en 1978-1979; 780 minutes-semaine en 1979-1980
et 840 minutes-semaine en 1980-1981. Enfin, pour être reconnue
école française, à l'égard de l'application de la
loi 101, une école doit satisfaire aux exigences qui ont
été déterminées à l'endroit des institutions
qui désirent être déclarées d'intérêt
public.
Donc, une fois qu'on a atteint les exigences que j'ai indiquées,
c'est-à-dire à la maternelle 780 minutes-semaine et au primaire
1050 minutes-semaine, une école privée est
considérée comme étant désormais francisée,
pour les fins de la loi 101. Toutes ces règles ont fait qu'en 1978-1979,
le statut de certaines écoles a été modifié. Par
ailleurs, la politique du ministère de l'Education à
l'égard des écoles ethniques a commencé à
être mise en place graduellement à partir de 1974-1975. L'objectif
poursuivi concrètement est de permettre aux élèves
concernés de pouvoir entreprendre et réussir, après le
cours primaire, des études secondaires en français. Comme
l'année 1979-1980 marquera l'arrivée dans ces conditions,
d'élèves en sixième année du primaire, nous
prévoyons mesurer en fin d'année, par des tests et examens
appropriés, dans quelle mesure les objectifs ont été
atteints.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: J'ai trois questions très brèves.
On attend toujours le fameux rapport.
Au cours de la campagne électorale de Jean-Talon, il y a eu une
déclaration faite. Je ne veux pas revenir au détail de cette
déclaration qui aurait donné lieu, selon les journaux, à
un certain commentaire du ministre de l'Education voulant qu'on modifierait
peut-être le programme du Parti québécois à
l'égard de l'école privée.
Est-ce que c'est toujours possible?
M. Morin (Sauvé): Evidemment, ça ne relève
pas de moi. Cela relève des membres en congrès.
Mme Lavoie-Roux: Mais vous aviez exprimé quelque chose
dans cet esprit.
M. Morin (Sauvé): Oui, j'entends, tous les jours, des
membres me dire qu'ils voudraient qu'il y ait modification au programme. Est-ce
qu'elle sera acquise? Cela dépendra naturellement des membres. Ce n'est
pas un programme fabriqué en salle close par des spécialistes.
C'est un programme fait par les membres. Donc, je ne saurais vous dire d'avance
quel serait le résultat de ce que d'aucuns souhaitent.
Mme Lavoie-Roux: Pour le journal des Débats, on vient de
me passer le texte, ça va être moins vague que ce que j'ai dit
plus tôt. C'est rapporté, ce n'est pas une citation du ministre:
II est bien possible que le programme du Parti québécois doive
être amendé lors du congrès de juin pour rendre conforme
aux politiques que prépare le gouvernement Lévesque relativement
aux institutions d'enseignement privé... C'est ce qu'a indiqué
hier le ministre de l'Education, M. Jacques-Yvan Morin. Le Devoir du 21 avril
1979.
M. Morin (Sauvé): C'est paraphrasé, mais ça
ne trahit pas ce que j'ai dit en Chambre.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Deuxième question. Le premier
ministre a dit à l'Assemblée na-
tionale, le 15 décembre 1978, en réponse à une
question du député de Gaspé: La seule chose que je
pourrais dire en parlant de l'école privée, et qui devrait vous
rassurer, c'est qu'il n'est pas question, ni de près, ni de loin,
d'empêcher l'enseignement privé de fonctionner le plus
efficacement possible. Quand viendront les énoncés de politique,
s'il y a lieu, ce sera pour améliorer la situation, mais certainement
pas pour brimer des gens qui ont un droit fondamental au système
d'éducation qu'ils préfèrent.
Est-ce que la politique qui doit être, je pense qu'elle est
même rendue devant le Conseil des ministres, si je ne m'abuse, pour
discussions, va...
M. Morin (Sauvé): Elle n'est pas encore devant le Conseil
des ministres.
Mme Lavoie-Roux: Excusez-moi. Est-ce qu'elle va tenir compte de
cette affirmation, de ce principe que le premier ministre a affirmé
savoir qu'on ne brimera pas ce droit fondamental des gens au système
d'éducation qu'ils préfèrent?
M. Morin (Sauvé): Je crois qu'on peut dire que de
façon générale, cet énoncé est exact.
Mme Lavoie-Roux: Troisième question. Vous vous
souviendrez, il aurait fallu que je revoie le journal des Débats, je
n'ai pas les noms des écoles en tête, sauf une dans la
région d'Oka. Lors de l'étude des crédits de 1977/78, on
vous avait soumis un certain nombre de cas qui avaient reçu une
recommandation favorable de la Commission consultative de l'enseignement
privé. Il y a évidemment le moratoire. Est-ce que vous avez
l'intention de lever le moratoire, surtout que ces institutions ont reçu
un appui favorable de cette commission consultative pour que si la demande est
toujours devant vous, elles puissent s'organiser à temps pour septembre?
Il s'agissait d'un cas à Oka, celui des Frères de l'instruction
chrétienne. Ces derniers ne demandaient même pas de subvention,
simplement de pouvoir ouvrir cette école privée.
Ce sont les seules questions que j'ai, M. le ministre.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
Mme Lavoie-Roux: On me dit que c'est l'an dernier que j'ai
soulevé la question d'Oka. (11 h 15)
M. Morin (Sauvé): Pour ce qui est de la création de
nouvelles écoles, il a été décidé on
s'en souviendra que le ministère consulterait les commissions
scolaires directement concernées dans la région. On s'est
aperçu en effet que, pour ce qui est des situations existantes, elles
n'ont pas pour effet, puisqu'elles existaient souvent avant même le
développement du système public, de bouleverser, du jour au
lendemain l'école publique, ou la clientèle de l'école
publique, tandis que, si on ouvre tout à coup une nouvelle institution
privée, dans un secteur, quel qu'il soit, une ville, de quelque grandeur
qu'elle soit, on bouleverse automatiquement les clientèles de
l'école publique. Il se peut même et des cas m'ont
été signalés que s'il y avait eu ouverture d'une
nouvelle école privée, l'école publique aurait pu
être littéralement fauchée en deux, et on se serait
trouvé devant de graves problèmes de financement de
l'école publique, voire même de fermeture de l'école
publique ou de regroupement des élèves de l'école publique
dans d'autres bâtiments.
Bref, j'ai estimé qu'il était nécessaire de
consulter les autorités régionales, les autorités
scolaires régionales, avant de consentir quelque nouveau permis ou
quelque nouveau statut que ce soit.
On se souviendra que j'ai consulté les commissions scolaires au
sujet de l'ouverture de nouvelles écoles, à Matane, à
Sorel, à Rimouski et à Roberval. Dans chacun de ces cas, ou
plutôt, pour être plus précis, dans trois de ces cas, on m'a
répondu: M. le ministre, si vous consentez à l'ouverture de ces
nouvelles institutions, cela aura des conséquences très graves
pour la clientèle du public et pour le financement du public.
Dans le quatrième cas, on m'a donné un avis ni chair ni
poisson à savoir qu'on voulait bien qu'il s'ouvre une nouvelle
institution privée, à condition que le ministère continue
de subventionner l'école publique au même taux qu'avant, ce qui
est évidemment impossible. Si la clientèle diminue dans les
institutions privées, forcément les subventions vont diminuer.
Ceci était une autre façon de dire: M. le ministre, cela va avoir
un effet considérable sur nos clientèles; ce que voyant, j'ai
refusé. Il n'y avait pas de moratoire là-dessus. J'ai
refusé d'accorder les statuts qu'on me demandait.
Et, depuis lors, les événements n'ont fait que confirmer
la sagesse de cette façon de procéder. Nous allons maintenant
vers une nouvelle politique. Pour ce qui est d'Oka, étant donné
qu'il ne s'agit pas d'un statut, mais d'un simple permis, le dossier est en
marche. Il est en marche.
Mme Lavoie-Roux: Ils l'auront à temps pour qu'ils puissent
ouvrir...
M. le Président, c'est plutôt à vocation
particulière, cette école, je pense, dans le cas d'Oka", n'est-ce
pas?
M. Morin (Sauvé): Je ne voudrais pas prendre le moindre
engagement, M. le Président. Le dossier chemine. Il est complet
maintenant. Il va maintenant s'en aller à la Commission consultative de
l'enseignement privé. Vous savez que nous avons une commission
consultative. Et, après cela, il restera à voir ce que nous
déciderons.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: J'aurais quelques questions sur ce chapitre. Est-ce
que cela représente un gros problème, le fait que les
élèves qui s'inscrivent à l'école privée au
début de l'année, et qu'au cours
de l'année veulent être transférés au
réseau public, qu'ils sont renvoyés ou des choses comme cela? Le
budget, au niveau des écoles, c'est avant le 30 septembre, sauf erreur,
pour le personnel et les budgets également.
Pour avoir oeuvré une dizaine d'années dans
l'enseignement, j'ai déjà vécu ces
problèmes-là, mais est-ce que c'est général, est-ce
que cela représente un gros pourcentage au niveau de l'insatisfaction
des maîtres, si vous voulez, et également de l'insatisfaction de
l'administration locale des commissions scolaires?
M. Morin (Sauvé): Effectivement, la dernière fois
qu'on a étudié cette question, nous avons constaté qu'il y
avait là un problème. Je suis heureux que le député
le souligne devant la commission. Bien sûr, ce ne sont pas des chiffres
énormes par rapport aux clientèles globales. Par exemple, dans
cette étude, on constatait que 1300 cas avaient été
notés j'allais utiliser une vieille expression, celle qu'on
appelle la mise à la porte de renvoi de l'école
privée, mais, par ailleurs, en cours d'année, 700
élèves avaient été acceptés dont certains,
j'imagine, pouvaient venir de l'enseignement public. L'impact total
était donc de 0,6% de la clientèle.
On me dira que ce sont des chiffres statistiquement peu importants,
mais, j'ajouterais que 1300 cas, pour chacun de ces individus-là,
c'était vraiment très grave et pour les parents aussi. Il ne faut
pas oublier les parents. C'est donc un problème sur lequel on s'est
penché à propos de l'école privée. L'école
publique n'a pas ce privilège, elle doit garder l'enfant et l'enfant a
le droit d'y retourner, même si, à l'occasion, il peut être
éloigné pour quelques jours par manière de sanction.
L'école privée a donc là un privilège qui peut
paraître exorbitant et j'avoue que, dans la nouvelle politique je
ne veux pas annoncer quoi que ce soit à cet égard en
rédigeant la nouvelle politique, nous nous sommes penchés sur ce
problème. Est-il légitime je ne fais que poser la question
aujourd'hui, parce que vraiment il faut que toutes les hypothèses
passent par le CMPDC, le Conseil des ministres, avant que je puisse rendre
publique la politique, mais la question est bien posée est-il
légitime, dis-je, que l'institution privée puisse jouir d'un
privilège que ne possède pas l'école publique et renvoyer,
en cours d'année, quelques centaines d'élèves? Est-ce un
privilège justifié?
Mme Lavoie-Roux: La situation est-elle encore celle-ci, M. le
ministre?
M. Morin (Sauvé): J'avoue qu'il se peut que, depuis un an
ou deux, il y ait eu une diminution, parce que les écoles privées
savent ce que j'en pense personnellement. J'ai même évoqué
la chose en public à l'occasion.
Si vous voulez, on peut essayer d'établir des chiffres, je ne
pense pas qu'on les ait sous la main.
Mme Lavoie-Roux: Je ne veux surtout pas prolonger, M. le
ministre, c'était une remarque.
M. Goulet: Ma question, M. le Président, c'était au
niveau du principe. Je pense que c'est un problème de fond. C'est
l'endroit choisi pour en parler. Je suis content de voir que le ministre
comprend le problème, si vous voulez. Je ne le mettais pas en doute du
tout, mais c'est un problème et je me demande si je ne suis pas
contre les écoles privées, loin de là, vous connaissez ma
position et la position de notre parti même au début, pour
pouvoir avoir le droit de donner de l'enseignement privé, certaines
écoles privées n'ont pas ramassé une banque
d'étudiants pour, pendant l'année, faire une sélection en
disant: Nous ne gardons que ces étudiants qui font notre affaire au
niveau de la discipline, etc. C'est extrêmement difficile, après
cela, de comparer le réseau public et le réseau privé
à tous les points de vue, à partir de...
M. Morin (Sauvé): Je me réjouis beaucoup que le
député ait soulevé ce problème. Je crois qu'il y a
eu, comme on l'a souligné il y a un instant, amélioration de la
situation en ce sens que les renvois d'élèves par les
institutions privées sont plus rares qu'ils ne l'étaient. Mais
enfin, au dernier calcul, c'était quand même 1300 par
année, donc, il y a un problème. Je peux assurer le
député que, dans la future politique, nous allons nous pencher
sur ce problème. Je répète qu'en principe, il ne me
paraît pas légitime qu'une institution privée
possède un privilège que n'ont pas les écoles publiques de
renvoyer en cours d'année des élèves. L'impact sur
l'élève et sur sa famille peut être terrible.
M. Goulet: Cela répond très bien à ma
question. Au niveau de l'école privée également, est-ce
qu'il est possible ou est-ce que vous avez un moyen de contrôle?
D'accord, l'école privée est subventionnée per capita, 60%
ou 80%, je ne me souviens pas par coeur. Cela dépend... Est-ce que c'est
possible que des élèves ou des individus qui veulent avoir
accès à des examens ou à l'obtention d'un diplôme
puissent, sans avoir suivi de cours je ne dis pas que c'est
général, mais vous savez le problème que je veux toucher
puissent s'inscrire à des examens par le biais d'une école
privée l'école ne sera peut-être pas
subventionnée moyennant certains arrangements, et puissent avoir
accès à l'examen de fin d'année au même titre que
ceux qui ont suivi le cours pendant toute l'année? Est-ce que vous avez
un moyen de contrôle là-dessus? Autrement dit, si je prends une
centaine d'étudiants répartis au niveau du Québec, dans
toutes les écoles privées j'en passe un ou deux par
école, cela ne paraîtra pas...
M. Morin (Sauvé): Oui, effectivement...
M. Goulet: Le ministre sait très bien, et on peut le
nommer... J'ai hâte de voir comment sera résolu le fameux
problème de Lac-Etchemin dans mon comté où...
M. Morin (Sauvé): La réponse est celle-ci:
Effectivement, on peut se présenter aux examens
dans certaines institutions privées pour subir les examens et
obtenir un diplôme. Cela existe. C'est un élément de
souplesse qui permet à des gens qui n'ont pas pu suivre, par exemple, un
enseignement régulier, qui leur permet de se présenter et
d'obtenir le diplôme. Cependant, il faut prendre garde qu'il n'y ait
là un moyen de contourner la loi. Le député aura compris
que je fais allusion, en particulier, aux élèves qui
fréquentent l'école anglaise, à l'encontre de la Charte de
la langue française...
M. Goulet: C'est exactement le même problème.
M. Morin (Sauvé):... et qui ensuite essaient de se
présenter à l'examen et de se faire donner un diplôme par
le truchement d'une institution privée. Nous avons identifié,
à l'heure actuelle, une cinquantaine de cas de détournements de
la loi. Bien sûr, j'aime autant vous dire que nous allons nous pencher
sur chacun de ces cas. En ce qui me concerne il me reste à
prendre avis des conseillers juridiques pour être sûr de la
décision que j'aurai à prendre mais, en ce qui me
concerne, je vais avoir tendance à appliquer le principe
général qu'on ne peut pas utiliser une loi aux fins de
détourner une autre loi, de passer à côté d'une
autre loi. Quitte à vérifier la chose auprès de mes
conseillers juridiques, si je découvre que des institutions
privées servent indirectement à passer à côté
de la loi 101, de la Charte de la langue française, je n'aurai pas
beaucoup d'hésitation à sévir.
M. Goulet: M. le Président, une dernière question,
plutôt sous forme de remarque. Je sais que nous sommes très
limités par le temps. M. le ministre a dit tout à l'heure: Si
nous avions donné les permis d'école privée à
certains endroits dans la province, nous fermions automatiquement...
M. Morin (Sauvé): Automatiquement, c'est beaucoup dire,
mais oui, nous risquions de...
M. Goulet: On risquait je pense que c'est le mot de
fermer certaines écoles publiques. Une telle affirmation... D'accord, on
se pose des questions au niveau de certains aspects de l'enseignement public,
mais je pense qu'il est grand temps de s'en poser et d'agir. Quand on est rendu
ministre de l'Education et qu'on fait une telle affirmation, c'est parce que
les services que donne l'enseignement public ne sont pas adéquats et
sont remis en question par une population. C'est ce que vous avez avoué
indirectement en faisant une telle affirmation. Si cela va aussi loin que cela,
lorsqu'on donne le choix...
M. Morin (Sauvé): Je ne fais pas de tels aveux. Je vais
tenter tout de même de répondre à la question du
député, parce que c'est une bonne question. D'une part, il existe
de bonnes écoles publiques, de moins bonnes et de médiocres. De
même, il existe de bonnes, voire d'excellentes écoles
privées, il en existe de moins bonnes et il en existe de
médiocres. J'ai même été obligé d'en fermer
quelques-unes depuis deux ans en raison des abus qu'on pratiquait à
l'égard de la clientèle. (11 h 30)
Deuxièmement, il faut constater que l'école publique
à certains moments, et en raison d'événements qui sont
parfois extérieurs, donne une image moins bonne que celle qu'elle
devrait donner en réalité. Il y a même d'excellentes
écoles publiques qui, en raison, par exemple, d'un arrêt de
travail, vont créer chez les parents une image très
négative. Je n'en déduis pas pour autant que le seul refuge
possible, ce soit l'enseignement privé. Je l'ai dit tout à
l'heure. Le gouvernement n'a pas l'intention de mettre fin au financement des
écoles privées. Cela a été dit plusieurs fois
publiquement et l'énoncé de politique sera fondé sur le
maintien des écoles privées, du moins de celles qui sont de
qualité.
Quand une école privée existe depuis, quelquefois, avant
même la création du ministère de l'Education, avant la
réforme scolaire, on ne peut pas dire qu'elle nuit à
l'enseignement public, sûrement pas, ni financièrement, ni, bien
sûr, sur le rapport du nombre. Mais si nous ouvrons une nouvelle
école privée, alors, c'est le devoir du gouvernement de mesurer
l'impact sur le réseau public et si, comme cela a été le
cas dans les dossiers que j'ai mentionnés tout à l'heure, la
commission scolaire régionale fait savoir au ministre qu'elle s'oppose
à l'ouverture d'une nouvelle école privée parce que cela
aura pour effet vraisemblablement d'amputer sa clientèle du tiers ou de
la moitié, avec des conséquences incalculables pour la
pédagogie, particulièrement au niveau secondaire, alors
là, je suis obligé de prendre mes responsabilités et je
suis obligé de faire respecter à l'avenir, l'intérêt
et les droits du réseau public. C'est tout ce que j'ai voulu dire.
Je n'admets pas pour autant que, dans tous les cas, l'école
publique soit si mauvaise qu'il faille absolument ouvrir une école
privée. Il y a d'excellentes écoles publiques. Evidemment, si
vous me parlez de tel ou tel cas, ce serait une autre affaire.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Très rapidement. Je conclus des remarques du
ministre qu'à toutes fins utiles, l'élément de programme
du Parti québécois est abandonné, celui qui devait
conduire à l'abolition du secteur privé, dans la mesure où
le ministre vient juste de dire que le gouvernement s'était maintenant
engagé à maintenir le système privé d'enseignement.
A tous égards, même si le prochain congrès du Parti
québécois maintenait cette chose-là, le gouvernement s'est
clairement exprimé, par la voix du ministre ce matin, comme par celle du
premier ministre dans la citation qu'a rapportée le député
de L'Acadie. Est-ce que cela est bien clair?
M. Morin (Sauvé): Je pense qu'on peut dire clairement que
la décision du gouvernement, c'est de maintenir l'enseignement
privé. Je crois que c'est clair.
M. Rivest: Sans égard à ce qui peut survenir
à l'intérieur du Parti québécois quant à
l'élément de programme précis au sens contraire?
M. Morin (Sauvé): Pour ce qui est des modifications au
programme, je ne peux pas en répondre, parce que ce sont les membres qui
décideront cela.
M. Rivest: Oui, mais...
M. Morin (Sauvé): Ce sont les membres qui le
décideront. Ce n'est pas le ministre de l'Education, ni même le
premier ministre qui peut modifier le programme du Parti
québécois.
M. Rivest: C'est ça, mais, peu importe le programme du
Parti québécois ou le programme de quelque autre parti, le
gouvernement actuel entend maintenir le système de l'enseignement
privé. Cela, c'est clair.
M. Morin (Sauvé): Le député de Jean-Talon
est bien placé pour le savoir, puisque son propre parti n'a jamais
respecté beaucoup les programmes qu'il rendait publics avant les
élections...
M. Rivest: Admettez au moins qu'on les a respectés sur
l'enseignement privé.
M. Morin (Sauvé): Aviez-vous dit quelque chose
là-dessus? Oui?
M. Rivest: Oui, clairement. M. Morin (Sauvé):
Bon!
M. Rivest: Cela, c'est très important de l'établir.
Le gouvernement est définitivement engagé à maintenir le
secteur privé de l'enseignement, quoi qu'il arrive au programme du Parti
québécois...
M. Morin (Sauvé): Un instant!
M. Rivest: ... de mener à l'abolition. Oui ou non, c'est
clair.
M. Morin (Sauvé): Un instant! Un instant! Je ne suis pas
apte à prendre des engagements au nom du gouvernement.
M. Rivest: Mais...
M. Morin (Sauvé): En réponse à des questions
qui m'ont été posées en Chambre ou encore ici dans cette
commission parlementaire, je dis qu'à l'heure actuelle, à ma
connaissance, la décision du gouvernement, c'est de maintenir
l'enseignement privé.
M. Rivest: Mais ce n'est pas ce que vous avez dit
tantôt.
M. Morin (Sauvé): Mais je ne suis pas apte parce
que le gouvernement n'a pas encore défini sa politique. Les travaux qui
ont cours en ce moment au ministère de l'Education ne sont pas rendus au
Conseil des ministres à dire: Le Conseil des ministres a
décidé telle chose.
M. Rivest: Alors...
M. Morin (Sauvé): Donc, ne me demandez pas de prendre des
engagements au nom du gouvernement.
M. Rivest: Peut-être que le ministre de l'Education... je
le comprends très bien. Je vais me retrancher du côté du
premier ministre qui, je pense, peut parler au nom du gouvernement. Lorsqu'il
dit: "La seule chose que je pourrais dire et qui devrait rassurer le
député de Gaspé et les gens concernés, c'est qu'il
n'est pas question, ni de près, ni de loin, d'empêcher
l'enseignement privé de fonctionner et de fonctionner le plus
efficacement possible." Quand le premier ministre a affirmé cela, est-ce
qu'il parlait, d'après vous, au nom du gouvernement?
M. Morin (Sauvé): J'imagine que lorsqu'un premier ministre
fait une déclaration de ce genre, il entend bien que son gouvernement en
vienne à ses conclusions.
M. Rivest: Dans l'esprit de docilité dont parlait le chef
du Parti libéral, hier, à l'Assemblée nationale, son
ministre de l'Education va respecter cet engagement du premier ministre.
M. Morin (Sauvé): Si la décision du Conseil des
ministres est conforme à la déclaration du premier ministre
c'était en Chambre, je crois...
M. Rivest: Oui, le 15 décembre 1978.
M. Morin (Sauvé): Alors, sûrement que cette
politique sera celle qui sera appliquée.
M. Rivest: Sans égard à ce que les gens du Parti
québécois décideront ultérieurement...
M. Morin (Sauvé): II faut effectivement, comme dans
certains autres dossiers, comme le député le sait très
bien, faire une distinction entre les responsabilités du parti et les
responsabilités du gouvernement.
M. Rivest: A cet égard, je vais être juste à
l'endroit du ministre parce que je trouve que c'est assez logique, d'ailleurs,
c'est la politique qu'il a suivie à propos des bourses. Même si on
promettait la gratuité scolaire, le ministre a contredit
l'élément de programme et je suis d'accord, d'ailleurs
avec son attitude parce qu'il y a des contraintes budgétaires et il
respecte cela. Peu importe ce que le Parti québécois dit, vous
avez la responsabilité du gouvernement et vous prenez vos engagements.
C'est cela?
M. Morin (Sauvé): Je pense que vous tentez là de
raidir les attitudes de...
M. Rivest: II y a beaucoup d'inquiétude dans le milieu,
vous savez.
M. Morin (Sauvé): Là, vous faites de la politique
avec les questions d'éducation.
M. Rivest: Non, absolument pas. M. Morin (Sauvé):
C'est votre droit.
M. Rivest: II y a énormément d'inquiétude
dans le milieu. Je ne veux pas référer à cela, mais vous
savez que j'ai été dans une campagne électorale dans un
comté où il y a beaucoup d'institutions privées, je vous
jure et d'ailleurs, juste ce qui est survenu dans la campagne l'a
illustré abondamment qu'il y a une inquiétude
sérieuse dans les milieux d'enseignement privé à l'endroit
des visées réelles du Parti québécois.
M. Morin (Sauvé): Vous avez tout fait pour les
attiser.
M. Rivest:... parce que ce n'est pas moi qui ai parlé le
premier de l'enseignement privé.
M. Morin (Sauvé): Non, mais quand quelqu'un, dans une
réunion ça nous a été rapporté
devant des religieuses qui rentraient de l'Ouganda, va leur dire: Vous voyez ce
que cela donne, l'indépendance, je pense qu'il y a là des coups
en bas de la ceinture. Il ne faut pas s'étonner que les malheureuses
soeurs aient voté libéral.
M. Rivest: Les malheureuses.
Mme Lavoie-Roux: Question de règlement, M. le
Président. Cette affirmation que vient de faire le ministre de
l'Education a été faite en Chambre par le premier ministre
lui-même et il a dit que c'était un député. On lui a
dit: Nommez-le, le député. Le premier ministre a bien dit: Cela a
été par personne interposée, etc.
M. Morin (Sauvé): Oui, mais...
Mme Lavoie-Roux: N'arrivez pas avec la même affirmation,
à moins de le prouver noir sur blanc.
M. Morin (Sauvé): Oui.
Le Président (M. Boucher): Je crois que...
M. Guay: Sur la question de règlement...
Le Président (M. Boucher): Sur la question de
règlement, je peux prendre une décision tout de suite, nous ne
sommes pas au niveau des crédits du ministère de l'Education
lorsque nous parlons de ces questions.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Guay: M. le Président, je vous ferai remarquer que le
député de L'Acadie...
Le Président (M. Boucher): Je pense qu'on s'éloigne
du sujet.
M. Guay: ... a soulevé une question de règlement et
il me semble qu'on peut s'exprimer, à tout le moins...
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît! Oui, M.
le député de Taschereau.
M. Guay: Indépendamment de la campagne dans Jean-Talon,
j'ai fort bien lu... Je n'ai aucune hésitation à le nommer, c'est
dans les journaux. Le député de Saint-Laurent qui est un
spécialiste de ce genre d'insinuation par en bas, à
Trois-Rivières, allait comparer la situation du Québec à
celle du Biafra.
M. Rivest: Ah! Trois-Rivières.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Taschereau...
Mme Lavoie-Roux: C'est rendu à Trois-Rivières,
maintenant.
Le Président (M. Boucher): Je regrette...
M. Guay: Ce n'était pas la première ni la
dernière fois, vous n'avez pas d'autres arguments que
ceux-là.
Mme Lavoie-Roux: On nous avait dit que c'était au cours de
la campagne électorale.
Le Président (M. Boucher): Je regrette, M. le
député de Jean-Talon, si vous voulez revenir sur le sujet.
M. Rivest: Je veux simplement conclure. Je pense que sur
l'enseignement privé, la décision du gouvernement est maintenant
irrévocable, on maintient l'enseignement privé, peu importe ce
que dira le Parti québécois.
M. Morin (Sauvé): Non. M. Rivest: Non?
M. Morin (Sauvé): Encore une fois, vous tentez de faire
dire au premier ministre plus qu'il n'en a dit. Il a exprimé l'intention
de son gouvernement...
M. Rivest: "II n'est pas question, ni de près ni de loin,
d'empêcher l'enseignement privé de fonctionner et de fonctionner
le plus efficacement possible."
M. Morin (Sauvé): Bon, cela c'est... M. Rivest:
Cela veut dire quoi?
M. Morin (Sauvé): C'est la déclaration du premier
ministre. Autant que je sache, elle est valable...
M. Rivest: Bon!
M. Morin (Sauvé): ...et autant que je sache, la politique
qui sera énoncée par le gouvernement d'ici quelque temps sera
conforme...
M. Rivest: Elle sera conforme à cela.
M. Morin (Sauvé):... mais il faut attendre que cette
politique soit énoncée publiquement pour pouvoir répondre
à votre question. Voilà.
Maintenant, pour ce qui est...
M. Rivest: Donc...
M. Morin (Sauvé):... de la gratuité scolaire, le
programme...
M. Rivest: Le ministre est hors du sujet, on parle maintenant de
l'enseignement privé. Les bourses, on vient de les terminer, c'est le
programme précédent.
M. Morin (Sauvé): C'est le député qui a
apporté, comme vous le savez, la question.
Le Président (M. Boucher): On demeure dans le domaine des
crédits, je pense.
M. Morin (Sauvé): Le député finasse. Mme
Lavoie-Roux: A deux...
M. Morin (Sauvé): Pour ce qui est de la gratuité
scolaire...
Mme Lavoie-Roux: Amin... Comment s'appel-le-t-il? Amin Dada.
M. Morin (Sauvé): ... si je peux avoir l'oreille du
député de L'Acadie. Pour ce qui est de la gratuité
scolaire, le programme n'est pas abandonné, loin de là. Mais, en
raison des contraintes financières, nous n'avons pu prendre cette
année une décision en faveur de la gratuité scolaire
totale au niveau universitaire. Toutefois, nous avons vu augmenter les
prêts-bourses, comme on l'a vu, de 15% au niveau universitaire. Ce qui
aide évidemment. Comme vous le savez, pour les étudiants qui sont
dans le besoin, nous leur remboursons les frais de scolarité; n'oubliez
pas cela non plus. Donc, on est très près de la gratuité
scolaire, au niveau universitaire, d'autant plus que le coût réel
par étudiant est dix fois supérieur à ce que paie
l'étudiant. L'étudiant, en fait, ne paie qu'un dixième du
coût réel de sa scolarité. Donc, on est tout près de
la gratuité universitaire et je crois qu'on va y aboutir un jour ou
l'autre.
M. Rivest: Je conclus donc que, vis-à-vis de l'avenir de
l'enseignement privé, malgré les déclarations du premier
ministre et celles même que le ministre de l'Education a faites ce matin,
il y a encore un espèce de flottement dû à la
décision qu'auront finalement à prendre les gens du Parti
québécois.
M. Morin (Sauvé): C'est la raison pour laquelle j'ai
mentionné, à l'occasion, que des membres souhaitaient que le
programme soit modifié.
M. Rivest: D'autres souhaitaient qu'il ne soit pas
modifié.
M. Morin (Sauvé): Sans doute, est-ce que le
député de Jean-Talon a des contacts dans ces milieux?
M. Rivest: Non, c'est parce que, pour les institutions
d'enseignement...
M. Morin (Sauvé): Ces milieux qui lui sont
anathèmes d'habitude.
M. Rivest: Oui, oui, j'ai d'excellents contacts dans le Parti
québécois, beaucoup d'amis. Mais ce que je veux dire...
Mme Lavoie-Roux: J'espère que vous en avez dans le Parti
libéral, M. le ministre.
M. Rivest: La seule chose que je veux dire, et je pense que c'est
le point important, les institutions privées qui existent
d'accord, oublions celles à venir doivent savoir de la part du
gouvernement si elles existent pour longtemps encore, d'une façon que ce
soit définitif? Mais actuellement, il y a une insécurité
pour ne pas parler d'incertitude, n'est-ce pas? Vous savez cela.
Deuxièmement...
M. Morin (Sauvé): C'est ce que vous dites. Vous avez la
responsabilité de vos propos.
M. Rivest: Non, c'est parce que je suis obligé,
malheureusement, de...
M. Morin (Sauvé): Non, je pense qu'il y a plutôt une
incertitude, une insécurité que vous tentez de créer. Ce
qui n'est pas la même chose.
M. Rivest: A ce moment, endossez la déclaration du premier
ministre et dites-nous que, peu importe ce que le Parti québécois
décidera au début de juin, l'enseignement privé sera
maintenu au Québec.
M. Morin (Sauvé): J'ai répondu à cette
question tout à l'heure.
M. Rivest: Voulez-vous me répéter la
réponse, s'il vous plaît?
M. Morin (Sauvé): J'ai dit que, selon les
déclarations du premier ministre, la déclaration en Chambre, je
crois, selon ce que j'ai moi-même déclaré, l'intention du
gouvernement en ce moment est de maintenir l'enseignement privé. La
politique qui devrait être rendue publique d'ici quelques semaines sera
sans doute conforme à ces énoncés, quitte à ce que
pour les détails, surtout pour ce qui est du financement, il y ait des
changements dans le système.
M. Rivest: Très bien. Alors, c'est en ce moment, lorsque
ce moment sera passé, cela pourra changer, c'est cela?
Mme Lavoie-Roux: Bon...
M. Rivest: Juste un autre élément de question. Il y
a une notion qui m'a... Je ne sais pas, peut-être que le ministre va
l'élaborer dans son énoncé de politique, lorsqu'il parle
des institutions existantes. Je ne demande pas au ministre de donner des
détails, mais qu'a-t-il voulu dire au mois d'avril, au moment
où j'étais occupé, le 25 avril, cinq jours avant la date
que vous connaissez à l'Assemblée nationale, lorsqu'il a
parlé des institutions privées existantes, en disant ceci: "Nous
faisons une distinction entre des établissements existants, qui sont
quelquefois de caractère historique, qui font partie de notre
patrimoine, etc." Pour les institutions privées existantes, que vient
faire cette distinction d'institutions qui font partie du patrimoine
historique?
M. Morin (Sauvé): II y a effectivement des institutions
qui existent depuis fort longtemps. Certains remontent même aux origines
historiques de ce pays. Je pense peut-être justement...
Mme Lavoie-Roux: C'est le temps...
M. Morin (Sauvé): ... pour ce qui est du petit
Séminaire, dont j'espère nous aurons le temps de parler tout
à l'heure, il remonte à 1663. Il y a donc, parmi les institutions
privées, des établissements qui présentent un
caractère historique et qui, de ce fait, ont droit à un respect
particulier. C'est tout ce que cela veut dire. (11 h 45)
M. Rivest: Dernier élément de question. Vous savez
que, le 1er mai, le collège Driscoll a finalement décidé
de cesser ses activités. Je ne reviendrai pas, parce que j'ai lu les
ébats parlementaires du ministre de l'Education, sur les
éléments du dossier, sauf que...
M. Morin (Sauvé): Je pense que vous n'auriez pas
intérêt, parce que vous défendriez une fort mauvaise
cause.
M. Rivest: Oui, laquelle?
M. Morin (Sauvé): Si vous avez vu le débat en
Chambre, vous avez vu le jugement de la Commission de l'enseignement
privé sur ce collège.
M. Rivest: Oui et j'ai lu également le jugement qui a
été rendu contre le ministère de l'Education par les
tribunaux et j'ai surtout entendu le jugement de la population du comté
de Jean-Talon par rapport à la valeur et aux services que le
collège Driscoll a rendus à la communauté de Québec
pendant au-delà de 25 ans.
M. Morin (Sauvé): C'est possible que cela ait
été une institution convenable pendant plusieurs années.
C'est possible. Mais j'avais à juger et mon prédécesseur,
M. Bienvenue, avait à juger en fonction de la date où on lui
présentait une demande de statut.
M. Rivest: D'accord.
M. Morin (Sauvé): Mon prédécesseur, M.
Bienvenue, a jugé que cette institution ne remplissait pas les
critères qui pouvaient justifier le ministre de lui accorder un statut.
Je pense que le député doit savoir ça. C'était,
à mon avis, une décision fondée et c'est la raison pour
laquelle je l'ai maintenue. Encore une fois, cette fois, je vais le dire au
député, il a fait de la politique avec cette question pendant
l'élection et, à mon avis, c'était
répréhensible; il fait de la politique avec tout et c'est bien
dans la manière de son ancien patron.
M. Rivest: Vous ne faites jamais ça.
M. Morin (Sauvé): Nous tentons, lorsque nous traitons de
questions d'éducation, de traiter de questions d'éducation et de
pédagogie, point.
M. Goulet: M. le Président...
M. Rivest: Une question pratique pour terminer. Qu'est-ce qui
arrive aux étudiants et des étudiantes qui étaient au
collège Driscoll, est-ce que le ministère de l'Education s'est
intéressé à leur sort?
M. Morin (Sauvé): Effectivement, M. le Président,
il y avait, comme il y en a toujours dans ces décisions difficiles
à prendre, des élèves qui risquaient de faire les frais
d'une décision difficile. Nous avons dû, vous le savez,
régler cette affaire hors cour, nous l'avons réglée hors
cour, cela a été accepté par les parties pour
régler un litige qui avait trois ans. Ce règlement a pour but
d'accorder des subventions pour 1976-1977, de maintenir l'école sous
permis pour l'année 1978-1979, d'abandonner les recours sur le jugement
de la Cour supérieure et d'accorder le DEC, le diplôme
d'études collégiales, aux élèves qui ont
terminé leurs études chez Driscoll en juin 1976, s'ils
réussissent aux examens auxquels ils seront soumis dans les
matières pour lesquelles un résultat a été
accordé par équivalence par le collège Driscoll. L'un des
points que nous avions à reprocher à ce collège,
c'était d'accorder des équivalences d'une façon un peu
trop, me permettra-t-on le mot, libérale.
M. Rivest: C'est dans un sens non politique.
Mme Lavoie-Roux: Excellent.
M. Morin (Sauvé): Dans un sens pédagogique.
M. Rivest: C'est entendu dans un sens pédagogique,
n'est-ce pas? Un dernier élément, la clientèle scolaire
qui allait au Driscoll, où va-t-elle se diriger au début de
l'année scolaire? Pour les
cours de formation de secrétariat bilingue, où vont-elles
aller s'inscrire, ces jeunes filles, pour obtenir cette formation, dans la
région ou tout près où était situé le
collège?
M. Morin (Sauvé): II y a des élèves qui
terminent cette année au Driscoll, elles vont obtenir leur DEC; un
certain nombre d'entre elles n'avaient fait qu'une année, alors, selon
les informations qu'on a eues, elles s'inscrivent dans les CEGEP, Limoilou,
Sainte-Foy...
M. Rivest: II y a des équivalences de cours. M. Morin
(Sauvé): Absolument.
M. Rivest: II n'y aura aucun problème pour ces
étudiantes.
M. Morin (Sauvé): Non. Les études qui ont
été faites au Driscoll en 1975-1976, 1976-1977, 1977-1978 sont
reconnues légalement, ont été faites avec un statut, sont
légales. Il n'y a eu aucun problème là-dessus. Il y en a
qui doivent terminer leur programme et, à ce moment-là, elles
vont terminer dans une école publique ou dans une autre école
privée qui donne le même programme; elles vont terminer l'an
prochain.
M. Rivest: Très bien, merci.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Très rapidement, M. le Président.
Personnellement, je suis extrêmement satisfait des réponses que le
premier ministre a données en Chambre, ainsi que le ministre de
l'Education, quant à dissiper l'insécurité qui peut
exister au niveau des écoles privées. Même si je n'avais
pas confiance je le dis en guise de boutade au ministre ou
à qui que ce soit, j'ai confiance à la population, dans ces
écoles. Et je suis content d'entendre le ministre dire qu'il y a
différents types d'écoles privées. Il y a une
différence entre les écoles privées auxquelles la
population fait confiance depuis 200 ou 300 ans, et qui offrent des bons
services, tels le collège de Lévis, le Séminaire de
Québec, le couvent Jésus-Marie. Il y a une différence
entre ces derniers et les écoles à trente sous. Et je suis
content que le ministre, avec les autorités du ministère de
l'Education, puisse mettre de l'ordre là-dedans, quel que soit le
programme du Parti québécois, de l'Union Nationale ou du Parti
libéral, qu'on ne fasse pas de politique avec cela et qu'on aille
au-delà de la pédagogie, si on peut y aller. Je suis
extrêmement heureux. Il y a une différence entre des écoles
à trente sous. Il y a de la protection pour le consommateur, il devrait
y avoir de la protection pour les étudiants.
M. Morin (Sauvé): Oui.
M. Goulet: II y a des institutions au Québec, qu'on ne met
plus en doute, parce que la popula- tion leur fait confiance, elles lui ont
donné des bons services. Je pense à une institution que j'ai
fréquentée, même si cela ne paraît peut-être
pas, le Collège de Lévis; ou encore, on n'a jamais mis en doute
le Séminaire de Québec, je parlais tout à l'heure des
institutions qui appartiennent à la communauté
Jésus-Marie, Notre-Dame-du-Perpétuel-Secours et bien d'autres.
Mais il y a certaines écoles à trente sous qu'on devrait
fermer.
Sans être contre l'enseignement privé, à un moment
donné, cela prend de l'ordre là-dedans. À une certaine
époque, quels que soient les gouvernements qui se sont
succédé, je ne veux lancer la pierre à personne, on
donnait des permis d'école privée, parce que c'était
rentable et que certains directeurs d'écoles fournissaient à la
caisse électorale de différents partis. Qu'on mette de l'ordre
là-dedans. Je pense que s'il faut protéger le consommateur, on
doit d'abord protéger l'étudiant.
M. Morin (Sauvé): Je remercie le député de
son intervention. Je crois qu'elle est bien fondée et qu'elle est
respectueuse des nuances. Je n'ai qu'une nuance à apporter. Le
gouvernement doit aussi défendre l'enseignement public dans cette
affaire. A cet égard, j'ai été étonné que,
du côté libéral, on laisse le député de
Jean-Talon poser des questions là-dessus, alors que j'aurais
été très heureux d'entendre l'ancienne présidente
de la CECM, une commission scolaire publique, nous faire part de ses
idées sur le secteur public et le secteur privé. C'eût
été fort intéressant.
Mme Lavoie-Roux: On va recommencer le débat.
M. Morin (Sauvé): Mais je crois qu'elle a cru devoir
rester à l'écart du débat.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, vous allez me donner une
seconde, n'est-ce pas?
M. Rivest: Vous l'invitez à une discussion
pédagogique encore.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît!
M. Morin (Sauvé): Oui. Etant donné le niveau
où vous avez placé les choses, je pense que c'eût
été intéressant d'entendre l'opinion pédagogique de
Mme le député.
Le Président (M. Boucher): II ne faudrait quand même
pas s'étendre éternellement, étant donné
qu'à 12 h 30, nous devons entendre les gens du Séminaire de
Québec.
Mme Lavoie-Roux: J'ai posé trois brèves questions
sur ce sujet. Mais puisque le ministre insiste, et pour ne pas prendre
davantage de temps, je vous référerai, M. le ministre, aux
observations que j'ai faites, au moins à deux reprises, deux
années consécutives, sur l'enseignement privé et
l'enseignement public, dans le journal des Débats. Je vous y
réfère.
M. Morin (Sauvé): Croyez-vous fondée la
consultation lorsqu'on nous demande, au ministère de l'Education,
d'ouvrir une nouvelle école privée? Croyez-vous que je sois
fondé à consulter les commissions scolaires sur l'impact que cela
peut avoir sur leur clientèle et sur leur financement?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je pense que je n'ai pas
à prendre de position sur cette question. Que le ministre fasse son nid,
qu'il consulte le plus possible, mais que, de temps en temps, il écoute
ceux qu'il a consultés. C'est le message que je veux lui laisser.
Adopté, M. le Président.
M. Morin (Sauvé): C'est une façon
élégante de se tirer d'affaires. Je respecte l'attitude du
député.
Mme Lavoie-Roux: Je pourrai la commenter, votre politique,
lorsqu'elle sera rendue publique, M. le ministre. Cela me fera
extrêmement plaisir.
M. Morin (Sauvé): J'aurais été heureux de
savoir, ne serait-ce que parce que nous avons des décisions à
prendre, quelle est l'opinion du député de L'Acadie, sur cette
petite question.
Mme Lavoie-Roux: Je vous ai dit de consulter tous ceux que vous
voudrez, mais, quelquefois, écoutez la consultation.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que le programme 8 est
adopté?
Mme Lavoie-Roux: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Nous passons
maintenant à la planification. M. le ministre.
Mme Lavoie-Roux: Excusez-moi, je me demande...
Le Président (M. Boucher): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: C'est une proposition que je veux faire au
ministre. Il nous reste une demi-heure. Je ne veux pas vous empêcher, si
vous aviez un exposé à faire, de le faire, M. le ministre. Mais
j'aimerais qu'on agisse assez rapidement et qu'on soit obligé de
conclure, par certaines questions générales qui n'ont pas
été touchées et, pour ma part, je vais faire très
brièvement.
Le Président (M. Boucher): Si je comprends bien, Mme le
député de L'Acadie, vous voudriez passer immédiatement
à la période des questions?
Mme Lavoie-Roux: Non, je ne veux pas empêcher le ministre
de faire...
Le Président (M. Boucher): Désirez-vous attendre
l'exposé?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je vais me
trouver sur la même longueur d'onde que Mme le député de
L'Acadie. Ce ne sera pas la même chose que pour la consultation des
commissions scolaires et je crois, avec elle, qu'il y aurait
intérêt à ce qu'on passe directement à la
période des questions.
Toutefois me permettez-vous? justement en
réponse...
Mme Lavoie-Roux: Oui, certainement.
M. Morin (Sauvé):... à des questions que vous avez
posées hier de déposer quatre documents, j'avais promis que je le
ferais. Il y a d'abord la liste des cadres et adjoints aux cadres
féminins...
Mme Lavoie-Roux: Oui, merci.
M. Morin (Sauvé): ... qui intéressait
particulièrement Mme le député, ensuite le sommaire des
projets de coopération, ensuite la question de la santé des
étudiants à l'Ecole Gentilly...
Mme Lavoie-Roux: Publiquement, si ce n'est pas long, j'aimerais
que peut-être vous me le disiez en quelques mots. Si c'est trop long,
laissez faire, je vais prendre... Est-ce que le problème a
été résolu? C'est ce qui m'intéresse.
M. Morin (Sauvé): La commission scolaire fait des
études en ce moment sur cette question et n'a demandé
jusqu'à présent aucune participation au ministère de
l'Education.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que dans le compte rendu du journal, ce
qui avait été rapporté n'était peut-être pas
tout à fait exact.
M. Morin (Sauvé): C'est possible. En tout cas, je vous
donne une réponse par écrit sur cette question.
Mme Lavoie-Roux: Merci.
Application de la loi 101
M. Morin (Sauvé): Si vous voulez, on pourra y revenir en
d'autres occasions. Enfin, il y a aussi un document sur l'application de la loi
101...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): ... sur le nombre d'admissibles, le
nombre d'inadmissibles pour les années 1977/78 et jusqu'à
1979/80. Elle verra que tous les chiffres sont là. Je les
dépose.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que vous avez également au moins
l'estimation du nombre d'étudiants qui ne se retrouvent pas dans le
secteur français, qui se retrouvent dans un secteur anglais et qui
devraient être dans le secteur français, vous savez, qui ne sont
pas admissibles selon les termes de la loi?
M. Morin (Sauvé): Effectivement, il y a des chiffres sur
les inadmissibles.
Mme Lavoie-Roux: C'est seulement ce chiffre que j'aimerais
avoir.
M. Morin (Sauvé): Voulez-vous me donner le document s'il
vous plaît! Pour l'année 1979-1980, 224 ont été
déclarés inadmissibles, 4939 sont admissibles, 1495 cas sont
à l'étude et 161 cas ont été retournés,
parce que les demandes étaient incomplètes.
Mme Lavoie-Roux: Ma question était mal exprimée,
j'en conviens, M. le Président. Je n'aime pas parler d'enfants
illégaux, c'est pour cela que je fais tellement de périphrases
pour arriver à poser ma question. Quelle est votre estimation du nombre
d'enfants qui ne se trouvent pas dans le bon secteur d'enseignement en tenant
compte de l'application de la loi 101?
M. Morin (Sauvé): C'est une allusion aux clandestins.
C'est cela que vous voulez dire? Ceux qui se trouveraient par exemple...
Mme Lavoie-Roux: Oui, les enfants clandestins ou illégaux.
Cela me répugne un peu. C'est pour cela que je fais des
périphrases.
M. Morin (Sauvé): II faut bien les nommer d'une
manière ou d'une autre.
Mme Lavoie-Roux: Mais vous avez compris, de toute
façon.
M. Morin (Sauvé): Même sous l'empire de la loi 22,
il y avait des illégaux...
Mme Lavoie-Roux: Je le sais fort bien. M. Morin
(Sauvé): ... et des clandestins.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Je voudrais avoir le nom.
M. Morin (Sauvé): Le nom?
Mme Lavoie-Roux: Le nombre, pardon.
M. Morin (Sauvé): Je suis heureux que vous vous contentiez
du nombre, parce que pour le nom... Le problème, c'est que, comme il
s'agit de clandestins, nous n'avons qu'une idée générale
du nombre. D'après ce que la CECM a pu nous dire, en faisant une
enquête à partir des inscriptions qui avaient été
faites chez elle et dont elle a perdu la trace par la suite, il s'agirait, aux
dernières nouvelles, de 700 à 800 enfants.
Mme Lavoie-Roux: Ce sont encore quelques centaines d'enfants. M.
le ministre, vous nous parlez de la CECM. Je ne veux pas entrer dans une
discussion, mais j'aimerais aussi que vous obteniez des chiffres dans les
autres commissions sco- laires de l'Ile de Montréal et même
à l'extérieur de l'île de Montréal et aussi dans le
secteur protestant.
M. Morin (Sauvé): Mme le député,
là-dessus, je n'ai aucune objection à ce que vous me signaliez
des cas qui seraient portés à votre attention. En autant que je
suis...
Mme Lavoie-Roux: Dans les commissions scolaires de l'île de
Montréal, la rive sud et la rive nord. (12 heures)
M. Morin (Sauvé): ... concerné et nous avons
fait des études tout de même sur cette question il n'y en
a, en ce moment, qu'à la CECM. Si vous m'affirmez qu'il y en a ailleurs,
j'aimerais que vous me donniez des précisions, pour que je puisse faire
enquête. Je suis prêt à faire enquête.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je demande simplement au
ministre qu'il s'assure... Je vais vous poser la question autrement: Vous
êtes-vous assuré qu'il n'y en a pas ailleurs?
M. Morin (Sauvé): Oui, nous avons posé la question
et nous avons l'assurance qu'il n'y en a pas ailleurs.
Mme Lavoie-Roux: Dans aucune commission scolaire?
M. Morin (Sauvé): En dehors de la CECM. Mme
Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): Je peux vérifier si toutes les
commissions scolaires ont été approchées, mais je le
pense, et je vous donnerai une réponse aussitôt que je le saurai,
de façon définitive.
Mme Lavoie-Roux: La seule raison...
M. Morin (Sauvé): J'apprécierais beaucoup, si vous
avez des faits à me rapporter, que vous les disiez ouvertement, ce
serait plus simple.
Mme Lavoie-Roux: Je pense, M. le Président, que la
question que j'ai posée au ministre était tout à fait
légitime. Vous êtes-vous assuré dans chacune des
commissions scolaires? L'autre...
M. Morin (Sauvé): Oui, je crois.
Mme Lavoie-Roux: La raison pour laquelle je soulève ce
problème, c'est que, quelles que soient les raisons, je ne veux pas
rentrer dans le débat de la loi 101, mais c'est que c'est quand
même inquiétant je ne me place pas sur un plan politique,
M. le ministre sur le fait qu'il y a quand même, qu'il pourrait y
avoir 700 ou 800 enfants qui se trouvent année après année
dans une situation irrégulière.
M. Morin (Sauvé): Vous savez qu'il y avait
également des illégaux de la loi 22 et que c'était le
même problème.
Mme Lavoie-Roux: J'ai dit spécifiquement que je ne voulais
pas en faire une question de politique, que c'était comme cela sous la
loi 22, s'il y en avait plus ou moins, nullement! J'ai une seule
inquiétude. Vous avez dit ici qu'on parle de pédagogie, qu'on
parle du bien-être des enfants. Je m'inquiète sérieusement
de 700 ou 800 enfants, pour le moment, c'est ce que vous avez estimé,
qui se trouvent année après année dans une situation
irrégulière. Pour l'avenir de ces enfants, cela
m'inquiète.
M. Morin (Sauvé): Je m'en inquiète
également. Je tiens là-dessus à confirmer les
inquiétudes du député de L'Acadie. C'est très grave
pour ces enfants, qui ne reçoivent pas de notes officielles du
ministère, qui n'auront pas de diplôme, et auxquels on ne peut pas
en accorder, parce que, tout simplement, ils ne sont pas à
l'école où ils devraient être. Je m'en inquiète, je
tiens à le dire au député de L'Acadie. D'autre part, si le
député a des suggestions à me faire sur la façon de
procéder pour rectifier la situation, en dehors de mettre la police dans
les écoles, je serais très heureux, et la CECM, qui est son
ancienne commission scolaire, serait également très heureuse
d'obtenir de telles suggestions.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je n'avais pas
l'intention de faire des suggestions au ministre là-dessus, mais je peux
lui en faire une. Je pense qu'on peut conclure cela encore appellerait
des nuances que la majorité, sinon la totalité, mais la
très grande majorité de ce que le ministre appelle des
clandestins sont des enfants de parents qui étaient arrivés ici
même avant la loi 22. La plupart des nouveaux qui arrivent passent tous
par les classes d'accueil, ou enfin, dépen-damment... Le problème
se situe vis-à-vis d'un noyau d'enfants dont nous avions discuté
amplement lors de l'étude de la loi 101, je ne veux pas reprendre le
débat. Cela semble être une réalité qu'ils
aient raison, qu'ils aient tort qui devient quand même un
problème difficile. Peut-être qu'à ce moment, il faudrait
que le gouvernement lui-même réexamine la situation des enfants
à qui la loi s'est appliquée, et que la même chose ait lieu
pour la loi 22, pour bien vous montrer que je ne fais pas de partisanerie avec
cela, M. le ministre vous m'aviez demandé une suggestion
pour ces enfants ou pour ces parents à qui la loi s'est appliquée
rétroactivement, que ce soit avant la loi 22 ou avant la loi 101. C'est
la seule suggestion que j'ai à faire, M. le Président.
M. Morin (Sauvé): Le danger d'une telle solution, c'est de
donner aux enfants et aux parents qui se sont pliés à la loi le
sentiment qu'ils se sont trompés et qu'ils ont eu tort de se plier et de
respecter la loi, et qu'il y a deux poids et deux mesures, et qu'on passe
l'éponge sur des actes qui ont constitué un véritable
défi à la loi du pays. C'est très dangereux quand on
s'engage sur une pente comme celle-là. On ne sait pas où cela
peut mener.
Il y a peut-être des centaines de parents qui se sont
conformés à la loi, en dépit du fait qu'ils
n'étaient pas d'accord avec la loi, qui s'y sont conformés et
qui, tout à coup, viendraient peut-être nous dire: M. le ministre,
ou qui s'adresseraient au gouvernement en disant: Ce qui est bon pour les uns
est bon pour les autres. Si c'était bon pour ceux qui ont
défié la loi, c'est bon également pour nous. Donc,
laissez-nous mettre nos enfants à l'école anglaise. Donc, il faut
bien mesurer.
Mme Lavoie-Roux: ... cette chose-là, M. le
Président, et puisque le ministre fait allusion à la loi, on a eu
aussi les exemples de la loi 23 ou la loi 253 où le gouvernement a
décidé, pour des fins qu'il a jugées valables, de lever,
enfin...
Mais, quoi qu'il en soit, ce que je dis au gouvernement, c'est qu'il
pourra arriver un moment, peut-être, ou même ceux qui ont
obéi à la loi et sont maintenant dans les écoles
françaises seront probablement heureux d'avoir pris cette
décision...
M. Morin (Sauvé): Sûrement.
Mme Lavoie-Roux:... et même s'il y avait une espèce
d'amnistie pour tous ceux d'avant la loi 22 ou la loi 101, ça ne veut
pas dire que tout ce monde-là s'en irait à l'école
anglaise. Je pense que la plupart d'entre eux, à ce moment-ci, se sont
adaptés. Il y a aussi les changements généraux... Mais je
ne veux pas continuer là-dessus, j'ai d'autres questions. Vous nous
demandiez une suggestion, j'ai essayé de vous en faire une.
M. le Président, très brièvement, est-ce qu'on
pourrait nous remettre les surplus budgétaires par commission scolaire?
Parce qu'hier, le ministre de l'Education disait: Vous savez, Mme le
député de L'Acadie, il y a des commissions scolaires qui ont des
surplus et qui pourront puiser dans leur surplus pour compenser la
non-indexation des dépenses.
M. Morin (Sauvé): Ce n'était pas tout à fait
le raisonnement.
Mme Lavoie-Roux: Je vous permets de...
M. Morin (Sauvé): Elles pourront faire ça,
naturellement, mais ce n'est pas ça que j'avais dans l'idée.
C'était pour indiquer que la non-indexation n'a pas eu pour effet
d'appauvrir les commissions scolaires au point qu'elles ne puissent pas boucler
leur budget. Vous voyez, le raisonnement est un peu différent.
Mme Lavoie-Roux: D'accord, mais il reste que j'ai
vérifié les commissions scolaires de l'île de
Montréal et il y a des commissions scolaires qui, cette année,
sur les huit de l'île de Montréal, ont
des déficits. Il y en a qui ont des surplus, il y en a qui ont
des déficits. Le mécanisme n'est pas aussi simple que ça
et je voudrais le savoir pour l'ensemble de la province, parce qu'il y a
peut-être des chances que celles de l'île de Montréal aient
été un peu plus à l'aise que les autres commissions
scolaires de la province.
M. Morin (Sauvé): Vous parlez évidemment des
déficits ou de surplus accumulés.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): Nous allons vous fournir les chiffres.
Je ne pense pas qu'on puisse le faire immédiatement, mais au cours des
jours qui viennent.
Autonomie financière des commissions
scolaires
Mme Lavoie-Roux: Je pense que c'est peut-être... Ah oui!
Une seule dernière question que je voudrais vous poser et
j'espère que le ministre va pouvoir la... J'en aurais beaucoup d'autres
sur le transport, etc. Il y a tellement de sujets qu'on n'a pas couverts! C'est
de nous faire un compte rendu du travail du comité commissions scolaires
et gouvernement, pour essayer peut-être de préciser un peu... Je
sais qu'ils se sont rencontrés, etc., et cela a été
formé à la suite de telle ou telle chose. Je sais qu'il y a deux
sous-comités, un comité de finances et un comité qui
touche davantage à la décentralisation administrative.
M. Morin (Sauvé): On partage, pour être exact, les
responsabilités entre le ministère et les commissions
scolaires.
Mme Lavoie-Roux: Bon! Pouvez-vous me faire le point sur l'un et
l'autre de ces deux comités?
M. Morin (Sauvé): Je n'ai pas encore reçu leurs
rapports. Ils n'ont pas été portés à ma
connaissance, mais je puis vous décrire la problématique qui leur
avait été soumise.
Tout d'abord, pour ce qui est du comité financier, ou du
sous-comité traitant des aspects financiers. La problématique
était la suivante: L'impôt foncier normalisé ayant
été transféré aux municipalités, comment
pouvons-nous aménager une marge d'autonomie financière pour les
commissions scolaires en ce qui concerne la taxation pour les fins non
subventionnées par l'Etat?
Je ne connais pas, à l'heure actuelle, les conclusions du
comité. J'imagine que, d'ici quelques semaines au maximum, nous allons
recevoir ses conclusions puisque le ministre des Finances a fermement
l'intention de modifier les règles financières pour qu'elles
soient applicables à l'année qui vient.
Il y avait diverses hypothèses. On se demandait comment
aménager cette marge de manoeuvre et faire en sorte qu'elle ne soit pas
illimitée, comment pouvait-on mettre un frein ou, certains disaient, un
plafond aux dépenses non subventionnées, de façon que la
commission scolaire ne puisse pas occuper tout le champ laissé libre par
le transfert de l'impôt normalisé. C'était le premier
problème.
Le second était celui du partage des responsabilités,
comme je l'ai indiqué il y a un instant, entre le ministère et
les commissions scolaires. J'avais, à la fin de la rencontre
Québec-commissions scolaires, indiqué mon accord avec un certain
nombre de principes que les commissions scolaires et la
fédération avaient énoncés, au moins dix sinon
douze points majeurs par lesquels nous étions prêts à
reconnaître que les commissions scolaires devraient avoir cette
compétence et que cela devrait être énoncé dans une
loi de l'instruction publique révisée.
On s'est penché, au sein de ce comité, sur des textes plus
précis. On a tenté de rédiger ce qui pourrait devenir des
éléments de la nouvelle loi. Je n'ai pas devant moi, parce qu'on
ne me les a pas remis, les textes exacts qui ont fait l'objet d'un accord.
Malheureusement, M. André Rousseau, le sous-ministre adjoint aux niveaux
primaire et secondaire n'est pas parmi nous, parce qu'il pourrait sans doute
apporter les compléments d'information.
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre, je comprends que vous ne pouvez
pas donner de détails, vous n'avez pas le rapport complet devant
vous.
M. Morin (Sauvé): Même pas partiel.
Mme Lavoie-Roux: Même pas partiel. Pouvez-vous simplement,
pour boucler la boucle de ce problème, nous dire quel est
l'échéancier de votre ministère à l'égard de
décisions plus définitives, si on peut dire.
M. Morin (Sauvé): Pour ce qui est des aspects financiers,
on pourrait en venir à des conclusions définitives dans les deux
semaines qui viennent. Pour ce qui est du partage des responsabilités,
cela pourrait être légèrement plus long, mais pas
tellement.
Questions générales
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Un autre tout petit problème
que je voudrais soulever, je voudrais simplement revenir là-dessus.
Evidemment, on parle de décentralisation vers les commissions scolaires
ou d'autre partage des responsabilités. Ce dont les commissions
scolaires se plaignent depuis des années, c'est du grand nombre de
directives qui proviennent du ministère à tort ou à
raison; en tout cas, je l'ai vécu et vous n'étiez pas sous ce
gouvernement, alors je me sens tout à fait à l'aise pour le dire.
On me dit que cela n'a pas diminué, mais peut-être
augmenté. Enfin, vous allez me dire: Là, vous faites un jugement
de valeur, madame.
A tout événement, je trouve étrange je vous
en ai donné un exemple au cours de l'étude des
crédits que quand vous ajoutez $1 100 000 à
l'encadrement, vous définissiez dans quel terme ces $1 100 000 vont
se... vous tenez compte des populations, d'accord, mais il faut que ce soit
dans tel type d'école. Ce serait un exemple de décentralisation
où les commissions scolaires auraient pu décider: Peut-être
telle école qui est moins considérable, mais parce qu'elle a des
problèmes particuliers... Si on doit, disons à 7, qu'ils les
mettent où il leur semble le plus opportun de les mettre. C'est un
exemple.
On me dit c'est une information que j'ai eue qu'on aurait
envoyé une directive à la CECM je ne sais pas si on a fait
la même chose pour le PSBGM voulant que le 22 mai, qui est jour
d'élections, les écoles devaient rester ouvertes. La CECM, que je
sache, avait respecté son calendrier scolaire, ses 180 jours de classe,
il lui restait même quelques jours supplémentaires qu'elle
pourrait utiliser. L'an dernier, on les a laissées fermées pour
la journée des élections scolaires; pourquoi cette année,
compte tenu que la plupart des écoles sont utilisées pour les
bureaux de scrutin... Les journées de scrutin, surtout dans les grands
centres, il y a beaucoup de va-et-vient, de voitures, etc. Je me dis que c'est
un tout petit exemple où on pourrait laisser la responsabilité au
niveau local de décider. Si les écoles n'avaient pas
respecté leur calendrier, même encore on pourrait se poser
d'autres questions.
Elles ont respecté leur calendrier et on arrive avec une
directive alors qu'elles ont décidé de les fermer: Ouvrez vos
écoles. Ce sont des exemples de choses qui, je pense, ne me paraissent
pas en conformité avec les objectifs que le ministère nous dit
vouloir atteindre dans le sens d'une décentralisation. (12 h 15)
M. Morin (Sauvé): Tout d'abord, je ne peux pas vous dire
de façon exacte si le nombre de directives a augmenté depuis
trois ou quatre ans. Je puis vous dire, cependant, que les commissions
scolaires ont eu beaucoup de lecture depuis deux ans. Elles ont dû
participer...
Mme Lavoie-Roux: Depuis plusieurs années.
M. Morin (Sauvé): ... à la consultation sur le
livre vert. Il y a le plan d'action, il y a les nouveaux programmes, il y a les
nouveaux guides pédagogiques, il y a les règlements
pédagogiques qui vont venir maintenant dans la foulée du plan
d'action. Donc, forcément, dans un ministère qui travaille
à un immense renouveau pédagogique, où tout est axé
désormais sur la pédagogie, cela fait beaucoup de papier. Je
regrette que cet aspect des choses paraisse lourd à certains, mais c'est
inévitable.
Pour ce qui est des politiques qui sont énoncées dans le
plan d'action et qui nous amène à dégager des budgets, il
s'agit bien de priorités nationales, j'entends, de priorités
applicables à l'ensemble du Québec, selon certains
critères et en fonction des politiques énoncées dans le
plan d'action. Quand nous allons au Conseil du trésor et que nous
voulons obtenir des fonds nouveaux, de l'argent nouveau, nous sommes
obligés de défendre centimètre par centimètre notre
terrain et d'expliquer pourquoi nous voulons cet argent. Le Conseil du
trésor, parce qu'il est scrupuleux sur le plan des deniers publics,
exige des affectations précises. Autrement, si cela n'est pas un
objectif précis, il va nous dire: Eh bien! que cela aille dans les
subventions générales. C'est la raison pour laquelle nous sommes
obligés d'imposer un certain nombre de normes de portée
nationale. C'est la raison pour laquelle on a dû opter pour les grosses
écoles, par le nombre, par exemple, pour l'adjonction d'adjoints aux
principaux. Donc, ce sont des politiques nationales et non seulement
l'Education le considère de cette façon, mais aussi le Conseil du
trésor. Pour ce qui est maintenant de...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé):... la fermeture des écoles, on va
vous donner quelques détails supplémentaires.
La directive nous a été demandée par les
commissions scolaires. C'est à la suite de nombreux appels
téléphoniques que nous avons eus que nous avons
décidé d'émettre une directive qui est en tout point
semblable à celle qui avait été émise au moment des
élections fédérales de 1972. J'ai vu le texte de cette
directive, c'est dommage que je ne l'aie pas devant les yeux. Mais je suis
à peu près sûr que la directive est assez souple et qu'elle
demandait tout simplement aux commissions scolaires de tenir compte de leur
calendrier pédagogique.
Mme Lavoie-Roux: Si c'est dans ce sens, je retire ce que j'ai
dit, parce que c'est une information que j'ai reçue de bonne foi. Tant
mieux, si c'est comme cela. Je me ferai le porte-parole en sens inverse. Mais,
à prendre la démonstration que le ministre vient de nous faire,
je pense qu'il n'y aura que peu de place pour la responsabilité
locale.
Je comprends que vous allez au Conseil du trésor, qu'il est
très méticuleux et qu'il dise: Vous voulez dégager un
budget de $1 million pour de l'encadrement. S'il faut que tout cela soit au
point où on fasse exactement... Dans le fond, ce que vous plaidez, c'est
qu'il y a besoin d'encadrement dans les écoles. Vous dégagez $1
million pour de l'encadrement. Que vous le partagiez équitablement dans
l'ensemble de la province, je suis totalement d'accord avec vous. Mais quand
vous dites qu'une commission scolaire ne peut juger de ses besoins, pour savoir
si le appelons-le principal ou adjoint au directeur pour les besoins de
la cause doit être affecté à l'école A
plutôt qu'à l'école C, autant dire que si vous ne pouvez
pas gagner cela au Conseil du trésor, M. le ministre, il n'y en aura pas
de centralisation.
M. Morin (Sauvé): Mme le député, je ne
voudrais pas que nous nous méprenions. Nous ne
disons jamais à une commission scolaire: Vous allez l'affecter
à une telle école, à l'école
Barthéle-my-Viger plutôt qu'à l'école
Edouard-Montpetit.
Mme Lavoie-Roux: Non, non, mais là, c'est limité
aux polyvalentes.
M. Morin (Sauvé): Oui, parce que le malaise que nous avons
identifié pendant la tournée sur le livre vert, c'étaient
les polyvalentes, et le ministère n'a pas un million à mettre sur
des écoles qui sont plus petites et où le problème se pose
moins. On a identifié un problème global, les polyvalentes avec
leur manque d'encadrement. Donc, l'argent ira aux polyvalentes d'abord. Quand
on en aura plus, l'an prochain, sans doute, on pourra peut-être
être plus souple et un moment viendra où les commissions
scolaires, bien sûr, intégreront tout ça dans les sommes
qu'elles reçoivent régulièrement et elles pourront en
disposer à leur façon. Mais, pour l'instant, il y avait une
priorité urgente, appelons ça l'urgence polyvalente, si vous
voulez.
Mme Lavoie-Roux: Même si vous dites que c'est dans les
polyvalentes, que c'était l'urgence polyvalente, vous enlevez encore aux
commissions scolaires, aux administrations locales, le droit de juger si leurs
besoins en encadrement sont situés dans un type d'écoles
plutôt que dans un autre ou dans une école plutôt que dans
une autre. Quand j'ai dit, a, b, c, d, j'ai peut-être
exagéré, parce que c'est vrai que ce n'était pas a, b, c,
d. Le raisonnement demeure le même, c'est qu'il n'y a pas de latitude
pour la commission scolaire.
Je termine ici mes propos, M. le Président, je voudrais justement
prendre cinq minutes pour tirer une conclusion, à moins que vous vouliez
ajouter autre chose là-dessus, M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): Je vais vous laisser conclure,
après quoi, je conclurai peut-être moi-même.
Mme Lavoie-Roux: Cela vous permettra de refaire
l'opération que vous avez faite au début de l'étude de ces
crédits. Quand le pouvoir changera de côté, ce seront
peut-être d'autres qui auront le dernier mot.
M. Morin (Sauvé): Dans dix ans ou quinze ans, je ne serai
plus là.
Mme Lavoie-Roux: Laissons à la population le soin d'en
décider.
A tout événement, M. le Président, je voudrais
d'abord, en terminant, remercier tous les fonctionnaires du ministère de
l'Education et je voudrais également remercier le ministre. Je pense
que, comme à l'accoutumée, on a fait le travail dans le temps qui
nous était donné, avec le plus d'intérêt et de
diligence possible, mais c'est toujours difficile en éducation.
Une fois ces bonnes choses dites, j'ai presque l'envie de relire mes
notes d'introduction. Je pense que des choses que j'ai affirmées...
M. Morin (Sauvé): Gardez-vous-en, je serais obligé
de refaire le même exposé. Cela pourrait être inutilement
long.
Mme Lavoie-Roux: Je trouve que c'est extrêmement important
de revenir, d'une certaine façon et moins longuement, à ce
premier exposé. Je pense que, de toutes les affirmations que j'ai faites
à ce moment-là, il n'y en a pas qui se soient trouvées
erronées. Le ministre a essayé de faire dévier mes propos
sous forme d'accusation vis-à-vis de ses fonctionnaires. Je le
répète, à ce moment-ci, mes propos ne s'adressaient pas
aux fonctionnaires, ils s'adressaient au ministre et au gouvernement dont il
fait partie. Les fonctionnaires exécutent ce que les gouvernements leur
demandent de faire et je sais, j'espère que, quelquefois, ils essaient
de s'opposer à certaines décisions, même des meilleurs
gouvernements ou des ministres des meilleurs gouvernements.
Ma conclusion finale est la même que mon introduction,
l'éducation n'est pas une priorité pour le gouvernement actuel.
Ceci, nous l'avons prouvé au niveau des commissions scolaires sur la
question de cette indexation. Quand on voit que, pour la même
période, l'année 1979/80, le ministre des Finances
reconnaît la nécessité d'indexer de 8,2% les crédits
des ministères pour les fournitures, parce que cette augmentation, selon
le ministre des Finances, est justifiée par la hausse des tarifs
postaux, de l'huile à chauffage, de l'électricité, du
téléphone, de l'entretien, etc., il ne juge pas à propos
de le faire pour les commissions scolaires ou pour les écoles, ce qui
implique toute la série de coupures inopportunes et de choix vraiment
douloureux pour les commissions scolaires.
Pour les CEGEP, le même problème s'est posé, et pour
les universités, hier soir, nous l'avons vu, en dépit des
chiffres c'est-à-dire que les chiffres qui étaient avancés
sur papier étaient exacts, mais, quand on les décortique, on a
encore réalisé et le ministre l'a admis lui-même
qu'il y a aussi, du côté des universités, des
compressions.
Je ne regrette pas le fait, on en a discuté hier, de l'absence de
politiques qui nous semblaient urgentes, l'éducation des adultes,
où on en est toujours à des actions ponctuelles, en l'absence
d'une politique, l'enseignement professionnel qui est encore un point
extrêmement douloureux pour les milieux défavorisés. Le
ministre parlait hier soir du grand bond en avant que le Québec a fait
en éducation. Là-dessus, je suis pleinement d'accord. J'avais
l'impression que c'était une espèce de réminiscence qu'il
avait de son voyage en Chine, quand je l'ai entendu utiliser cette
expression.
Mais ce grand bond, je pense le ministre n'en conviendra pas,
parce que ce ne serait pas bien politiquement il a surtout
été fait sous les anciens gouvernements et que celui-ci prenne
des initiatives nouvelles, avec les budgets qu'il a en main, cela me semble
normal. Mais on fonctionne au ralenti, en autant que je peux en juger.
Je voudrais quand même souligner, d'une façon positive, la
publication du programme de
l'enseignement du français. Je pense que c'est un effort des deux
dernières années, c'est un effort dans la bonne direction, mais,
il faut bien l'admettre, il a quand même été
épaulé par les efforts qui ont été mis dans le plan
de développement des langues et par les initiatives qui avaient
déjà été prises localement, à plusieurs
endroits, et sur lesquelles le ministre était d'accord.
Mais je pense qu'il faut extrêmement regretter que, pendant qu'on
a des sommes aussi ridicules à consacrer à des problèmes
aussi sérieux que l'absentéisme et les décrocheurs, une
somme de $339 000 pour l'ensemble de la province; à l'encadrement des
écoles, une somme de $1 100 000 pour l'ensemble des écoles de la
province, alors qu'il s'agit là de deux grandes priorités et que
tous les grands discours autour de l'accessibilité, nous en avons
discuté hier, aux études collégiales et aux études
universitaires, sont quand même conditionnés par les mesures que
l'on veut prendre pour solutionner ces problèmes importants et que, en
même temps, on ajoute, dans le personnel des cabinets des ministres, du
personnel supplémentaire, que l'on multiplie les voyages à
l'étranger, les délégations et les missions à
l'étranger, le ministre nous dise: Nous sommes en période
d'austérité. D'accord, M. le ministre, vous êtes en
période d'austérité. Mais quand on est en période
d'austérité, c'est là qu'il faut, d'une façon toute
particulière, évaluer quelles sont ces priorités.
La responsabilité d'un gouvernement, quelle que soit l'origine de
ses élèves ou de ses étudiants, c'est de travailler
à donner à chacun d'entre eux des chances équivalentes et
dans la mesure du possible.
Là-dessus, je voudrais juste faire une petite parenthèse.
J'avais l'intention de le faire, mais je n'ai pas eu le temps de parler des
programmes d'enseignement de la langue d'origine. Je voudrais dire au ministre
que l'attitude punitive qu'il a prise à l'égard des écoles
anglophones en ne leur accordant pas la permission d'avoir des classes
où on enseignerait la langue d'origine, me semble tout à fait en
opposition avec et là, ce n'est plus le livre vert le plan
d'action du gouvernement et vous me permettrez de citer. "Les groupes ethniques
qui comptent un nombre suffisant de membres dans une école donnée
pourront bénéficier d'un enseignement de la langue, de la
culture, de l'histoire de leur pays d'origine." Je suis d'accord avec cela, M.
le ministre. "Ce faisant, l'Etat québécois manifeste son souci
d'observer la règle de la Charte des droits et libertés de la
personne, selon laquelle les personnes appartenant à des
minorités ethniques ont le droit de maintenir et de faire progresser
leur propre vie culturelle avec les autres membres de leur groupe." (12 h
30)
Quand on sait qu'il y a à Montréal des écoles qui
regroupent des populations ethniques, qu'elles soient grecques, qu'elles soient
italiennes ou d'autres origines pour un pourcentage de 90% à 95% et
qu'on leur refuse, en contradiction avec les principes qui sont
énoncés ici, le droit d'avoir des cours ou enfin d'avoir un peu
d'enseignement dans leur langue d'origine, je dis: Voilà une
contradiction flagrante et je dois ici dénoncer l'esprit punitif du
ministre de l'Education. Peut-être révisera-t-il sa position cette
année. En dernier lieu, M. le Président...
Le Président (M. Boucher): Mme le député de
L'Acadie, je dois vous demander votre collaboration, étant donné
qu'une demi-heure avant la fin de la séance on doit passer à
l'étude du projet de loi 231. Je vous demanderais de conclure le plus
rapidement possible.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Un dernier point que je voulais
souligner il y en avait beaucoup d'autres, le temps nous manque
c'est le chômage. "La situation économique actuelle
caractérisée par la rareté des emplois et le chômage
des jeunes influence la vie de l'école et, malheureusement, amène
les jeunes à percevoir l'école comme inutile." Ceci, c'est une
citation du Conseil supérieur de l'éducation. La
référence m'est revenue. Ce n'est pas de mon propre cru, c'est la
citation du Conseil supérieur de l'éducation dans son dernier
rapport. Je pense qu'il y a encore des problèmes extrêmement
sérieux, d'abord dans le domaine de l'éducation pour atteindre
cet objectif de véritable démocratisation et également au
plan du marché du travail, que le gouvernement fasse tous les efforts
possibles pour résoudre ce problème angoissant du chômage
des jeunes qui est plus élevé ici que dans toutes les provinces
qui se situent à l'ouest du Québec. Il était, aux
dernières statistiques, de l'ordre de 18,8%.
M. le Président, le ministre nous dira qu'il y a eu $25 millions
mis de côté pour combattre le chômage des jeunes. Il faut
quand même rappeler que ces $25 millions ne sont pas uniquement
destinés aux jeunes. Je prierais aussi le ministre qu'en dehors de ces
mesures ponctuelles qui sont bonnes en soi il réexamine ce rapport qui
est à l'intérieur du ministère de l'Education sur les
causes de chômage, un rapport assez intéressant dont j'ai pris
connaissance il y a un certain temps.
En terminant, je veux assurer une fois de plus le ministre que je
considère l'éducation comme une priorité dans toute
société et que le Québec ne peut pas se permettre de
rester à un moment fixe; il a encore trop de progrès à
accomplir, compte tenu des retards énormes et accumulés que le
Québec avait il y a à peine vingt ans, quinze ou vingt ans.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Bellechasse. Très brièvement, s'il vous plaît.
M. Goulet: Oui, très brièvement, M. le
Président. Vu que je n'ai remplacé mon collègue de
Gaspé que pour la présente séance, je limiterai mes
commentaires de la fin à des mots de remerciements, M. le
Président, à vous et aux membres de la commission et
j'espère de tout coeur que les députés unionistes qui ont
participé aux travaux
de cette commission auront contribué, et ce dans le corridor de
l'objectivité et au moins dans une proportion de 6%, à la bonne
marche de l'éducation au Québec et surtout à la bonne
marche du ministère responsable de cette éducation. Voilà,
M. le Président. Je vous remercie.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Bellechasse. M. le ministre, le mot de la fin.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je remercie les
députés de leurs paroles de conclusion. Permettez-moi,
très brièvement, de relever un ou deux points sur lesquels je
serais moins d'accord que sur d'autres.
Pour ce qui est du programme d'enseignement des langues d'origine,
programme qui connaît en ce moment une vogue certaine et qui est promis
à une expansion considérable, particulièrement à
Montréal, il faut bien comprendre que la réserve dans
l'application de ce programme ne porte que sur les commissions scolaires ou la
commission scolaire où, dans les écoles anglaises, en
l'occurrence les écoles anglo-catholiques, on tolère la
présence et on favorise même la présence
d'élèves, contrairement aux dispositions de la Charte de la
langue française.
Partout ailleurs, dans les autres commissions scolaires anglophones, ou
protestantes ou catholiques, peu importe, le PELO est disponible et il
s'applique. Cette réserve est due au fait qu'à mon avis ces
deniers publics que nous dépensons pour le PELO, programme qui est tout
de même assez coûteux, ne doivent pas servir dans des écoles
où se trouvent des enfants, contrairement à la Charte de la
langue française. Il n'y a là aucune exclusive à l'endroit
des écoles anglophones, seulement à l'égard des cas
où on peut constater une situation illégale.
Cela étant précisé, je voudrais maintenant faire un
commentaire plus général. Mme le député de L'Acadie
disait que l'éducation ne semble pas... Non, elle affirmait que
l'éducation n'est pas une priorité pour le présent
gouvernement.
Mme Lavoie-Roux: Je le maintiens, M. le Président.
M. Morin (Sauvé): Le premier ministre pourtant, à
bien des reprises, notamment dans les discours inauguraux qu'il a
prononcés, a eu l'occasion de dire que ce gouvernement avait plusieurs
priorités, bien sûr, mais que parmi les principales, se trouvaient
le développement économique et l'éducation.
Les travaux que nous avons mis en marche depuis trois ans me paraissent
garants de notre souci d'améliorer, notamment, la pédagogie. On a
laissé entendre au début de cette commission que le gouvernement
n'avait rien fait. C'est peut-être de bonne guerre sur le plan politique,
mais je suis obligé de constater que jamais le ministère n'a
été plus actif sur le plan pédagogique, en particulier.
Jamais, auparavant, on a vu un tel remue-ménage en faveur d'un renouveau
pédagogique. Ce n'est pas jeter l'opprobre sur les gouvernements qui ont
précédé de constater qu'ils ont eu à faire face
à des problèmes d'un autre ordre. Sans doute, fallait-il
construire le réseau collégial, le réseau des
écoles secondaires, des polyvalentes, dont on parlait il y a un instant.
On a beaucoup mis l'accent sur la brique et le béton. C'était
l'époque, c'était nécessaire, mais dorénavant,
l'époque est venue, le moment est venu de nous pencher sur les aspects
pédagogiques, c'est-à-dire sur ce qui se fait à
l'intérieur de chaque école et de chaque collège et
même de chaque université. On a laissé entendre que les
chiffres d'augmentation du budget trahissaient une sorte d'abandon à
l'égard de l'enseignement. Si on ne considère que les subventions
du gouvernement a l'égard des organismes des divers niveaux
d'enseignement, on constate qu'elles croîtront de 14,2% en 1978-1979, et
ce, en dépit des contraintes budgétaires, en dépit des
difficultés...
Mme Lavoie-Roux:... font pression, M. le Président.
M. Morin (Sauvé):... et en dépit d'une diminution
de 4% de la clientèle scolaire. Je mets au défi quiconque de
démontrer que ces chiffres ne sont pas exacts.
Mme Lavoie-Roux: Cela se convertit par de la compression.
M. Morin (Sauvé): Si le point de comparaison devient le
budget global du ministère de l'Education, on y trouve une injection
additionnelle de $100 millions, en dépit, encore une fois, de la baisse
de la population scolaire. J'admettrai volontiers, avec Mme le
député de L'Acadie, qu'il reste beaucoup à faire pour
compléter ce que j'appelais le grand bond pédagogique en avant.
Je vous assure que nul n'en est plus conscient que moi, ayant à mettre
en oeuvre, désormais, au cours des mois et des années qui
viennent, un plan d'action qui fait suite à un livre vert sur
l'enseignement primaire et secondaire, à un énoncé de
politique à l'endroit des collèges, et bientôt, sans doute,
le rapport de la commission d'étude sur les universités, sans
parler du rapport sur l'enseignement privé, sans parler de
l'étude sur l'enseignement professionnel et de l'étude qui s'en
vient sur l'éducation des adultes. C'est là une tâche
immense, j'en suis très conscient. Je suis conscient aussi qu'il est
très difficile d'être à la hauteur de cette tâche,
pour qui que ce soit, dans le passé comme dans l'avenir.
Mme Lavoie-Roux: J'ai d'ailleurs été toujours
très indulgente à votre endroit, M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): Ce sera dans quelques jours, exactement
dans deux jours, le quinzième anniversaire du ministère de
l'Education.
Mme Lavoie-Roux: J'y serai, M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): Je suis heureux de savoir que Mme le
député de L'Acadie accepte mon invitation de participer à
ces réjouissances, car ce devrait être des réjouissances en
dépit de tous nos problèmes. Il nous faut...
Mme Lavoie-Roux: Un ministère créé sous une
administration libérale, M. le ministre.
M. Morin (Sauvé):... à coup sûr,
reconnaître... M. Rivest: L'administration
précédente.
M. Morin (Sauvé): ... que l'Union Nationale a
créé les CEGEP et il faut reconnaître que tous ensemble,
vous nous avez légué de beaux problèmes au moment
où nous sommes arrivés.
M. Rivest: Pourquoi seulement des problèmes?
M. Morin (Sauvé): Nous tentons...
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'on vous a légué
seulement les problèmes et non les réalisations?
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît! S'il
vous plaît!
M. Morin (Sauvé): M. le Président, si on veut bien
me permettre de conclure.
M. Rivest: M. le Président, je m'excuse auprès du
ministre, mais j'ai encore de la difficulté à comprendre sa
pédagogie.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît! Le temps
passe...
M. Morin (Sauvé): M. le Président, permettez-moi de
conclure tout simplement que cette affaire de l'éducation, cette
préoccupation de l'éducation, doit, je pense, transcender les
intérêts de partis. Je constate qu'effectivement, les
gouvernements précédents ont apporté leurs briques
à la construction de l'édifice. Je constate qu'il reste beaucoup
de problèmes à régler. Nous allons faire notre possible
pour que... En tout cas, j'ai l'intention, personnellement, de faire mon
possible pour que, lorsque je quitterai ce ministère dans quelques
années, je le laisse dans un état meilleur que celui dans lequel
je l'ai trouvé.
Mme Lavoie-Roux: Pas de partisanerie! Pas de partisanerie!
M. Rivest: Bon! Bon!
M. Morin (Sauvé): II nous faut tout simplement...
Mme Lavoie-Roux: Ah! c'est donc difficile, M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): Mme le député, me
permet-triez-vous de conclure...
Mme Lavoie-Roux: Oui, certainement.
M. Morin (Sauvé): ... s'il vous plaît, je ne vous ai
pas interrompue tout à l'heure, en dépit de ce que vous pouviez
avoir à dire.
Je voudrais simplement conclure en disant que nous vivons, à
l'heure actuelle il faut le souligner à l'occasion de ce 15e
anniversaire une seconde phase, en quelque sorte, de la réforme
scolaire et de la l' évolution tranquille. La première phase en a
été une de construction davantage matérielle; nous devons
entrer maintenant dans une seconde phase qui sera consacrée au
développement pédagogique. Voilà ce qui explique tous nos
efforts, toutes nos entreprises depuis deux ans et, sans doute, pour les
années qui viennent.
Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le ministre...
M. Morin (Sauvé): Puis-je déposer, à
l'intention des membres de la commission, un document qui fait le tour des
problèmes de l'éducation en 1979-1980, dans lequel j'ai
puisé, d'ailleurs, plusieurs de mes observations et qui est
intitulé cela servira de complément aux propos que je
tenais il y a un instant "Renouveau pédagogique, le temps de
l'action". Je le dépose, M. le Président, et je demande qu'on en
remette un exemplaire à tous les membres de la commission.
Le Président (M. Boucher): Alors, les programmes 1 et 2
sont adoptés?
M. Morin (Sauvé): Adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): Je déclare donc les
crédits du ministère de l'Éducation, en ce qui concerne
les programmes 1 à 8 inclusivement, adoptés.
Maintenant, comme l'indiquait l'ordre de la Chambre concernant la
commission de l'éducation, nous devrons entendre les proposeurs d'un
projet de loi privé no 281, Loi concernant le Séminaire de
Québec.
Je prierais les gens qui sont dans la salle de s'approcher au centre
pour nous faire part de leurs observations.
Comme il y aura un rapport en Chambre, nous devons nommer un rapporteur
pour le rapport du projet de loi privé. M. le député de
Taschereau, vous voulez bien être rapporteur pour-Messieurs, si vous
voulez vous identifier et présenter vos commentaires sur le projet de
loi no 281.
Les gens vont s'identifier et, par la suite, je reconnaîtrai le
député de Taschereau.
Projet de loi no 281
M. Bouchard (Jean-Marie): M. le Président, messieurs les
membres, messieurs les députés, mon nom est Jean-Marie Bouchard,
procureur pour le Séminaire de Québec.
Le Président (M. Boucher): Si vous voulez approcher le
micro, s'il vous plaît.
M. Bouchard: Je suis accompagné, pour la
présentation du projet de loi, de trois chanoines les insignes
disparaissent, mais les réalités demeurent M. le chanoine
Drouin qui est le supérieur général du séminaire,
M. le chanoine Dugal qui est le procureur du séminaire et M. le chanoine
Simard qui est le procureur adjoint aux forêts du séminaire. (12 h
45)
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Taschereau.
M. Guay: M. le Président, nous avons souvent coutume de
dire, dans ce Parlement, que le Parlement de Québec est le plus vieux
Parlement de langue française au monde. Malgré tout cela et
à cause de cela, ce n'est pas souvent que nous accueillons, au sein de
ce Parlement, des institutions qui sont plus vieilles que ce Parlement. C'est
pourtant l'occasion qui nous est fournie ce matin d'accueillir des
représentants du Séminaire de Québec, institution
fondée en 1663 par Mgr de Laval. Je regardais tantôt, en
écoutant les débats, la toile de Charles Huot au-dessus du dais
et j'ai cru reconnaître Mgr de Laval qui, dans la toile de Charles Huot,
veillait sur les délibérations de cette commission.
C'est une heureuse coïncidence, on a évoqué
tantôt, en présence de nos invités, des institutions
à caractère patrimonial. La première et la plus importante
d'entre toutes, c'est le Séminaire de Québec. Il s'agit d'une
institution qui, comme on le sait, à travers les siècles, a
été témoin de chaque époque de l'évolution
de la Nouvelle-France et du Québec et qui a constamment fourni aux
enfants du Québec, et aux enfants de Québec en particulier, une
éducation de qualité.
Je voudrais, avant de céder la parole, par votre entremise, M. le
Président, à M. Drouin ou à M. Bouchard, selon le cas,
remercier le ministre de l'Education de la disponibilité qu'il a
manifestée afin que ce projet de loi puisse être entendu dans les
meilleurs délais, et également le député de
L'Acadie et le député de Gaspé, qui est absent ce matin et
qui est remplacé par le député de Bellechasse, et mon
nouveau collègue et néanmoins ami, le député de
Jean-Talon, pour avoir bien voulu, eux aussi, qu'on puisse entendre ce projet
de loi dès ce matin, profiter de la séance de la commission
permanente de l'éducation pour que le projet de loi 281 puisse franchir,
je l'espère bien, l'étape de la commission et que, le plus
rapidement possible, la Loi concernant le Séminaire de Québec
puisse être adoptée par l'Assemblée nationale du
Québec.
Sans plus tarder, M. le Président, à moins que...
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Taschereau. Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Je voudrais
simplement prendre deux minutes, d'abord pour m'excuser, je devrai quitter
l'assemblée. Heureusement, un député qui s'est fait
élire dans la région de Québec restera ici pour vous
entendre, mais je ne voulais quand même pas quitter sans vous expliquer
que j'avais... On a accepté de vous entendre ce matin, ce n'était
pas prévu et j'avais d'autres engagements. Je suis tout à fait
heureuse de vous saluer et de vous voir ici à l'Assemblée
nationale. Sans faire référence aux faits historiques auxquels le
député de Taschereau a évoqués, je veux vous
souhaiter la bienvenue ici de la part de l'Opposition libérale. Inutile
de vous dire que vous aurez la collaboration de mon collègue de
Jean-Talon pour faire que ce projet de loi, tel que l'a expliqué le
député de Taschereau, procède dans les délais les
plus rapides parce que j'ai pu comprendre que cela vous créait certains
embêtements qui deviennent de plus en plus aigus. Alors, je vais me
retirer, je suis heureuse de vous saluer.
Le Président (M. Boucher): Merci, Mme le
député. Alors, M. Bouchard.
M. Bouchard: M. le Président, Messieurs les membres du
comité, très brièvement je vais vous donner une esquisse
des difficultés qui sont sous-jacentes au dépôt du projet
de loi que vous avez devant vous. Comme M. le député l'a
annoncé tout à l'heure, le Séminaire de Québec
remonte à 1663, en vertu de lettres patentes émises
personnellement par Louis XIV.
Le Séminaire de Québec se définit, de par ses
termes mêmes, comme étant la plus vieille corporation de
l'Amérique du Nord. Parce que les lettres patentes octroyées par
Louis XIV couvraient tout le territoire de l'Amérique du Nord et
faisaient que le Séminaire de Québec était l'institution
à laquelle étaient rattachés tous les prêtres
chargés d'évangéliser la Nouvelle-France, avec comme
conséquence que la seule structure de base qui existe à
l'intérieur de cette charte historique, sur laquelle le séminaire
repose toujours, sans autre loi qui puisse l'aider, c'est la structure qui
prévalait au XVIIIe siècle. En fait, Louis XIV n'a que
consacré dans ces lettres patentes l'édit qui avait
été lancé par Mgr de Laval lui-même et qu'il avait
obtenu de Rome, dans le temps.
La charte de base prévoyait évidemment le mode
organisationnel qui était en cours à ce moment et qui
était beaucoup teinté de droit canonique, celui existant au
sortir du Moyen-Age. Tout était centré sur l'autorité de
l'évêque qui avait un pouvoir considérable sur l'ensemble.
La charte prévoit même que les prêtres qui font partie de la
corporation comme telle sont également les prêtres qui sont dans
les paroisses comme curé, de telle sorte que le point de rattachement se
faisait dans les paroisses, mais par l'entremise de la corporation comme
telle.
Le séminaire s'était vu octroyer le pouvoir par le roi de
prélever des fonds, des dîmes en somme
de prélever exactement la même source de revenu que ce qui
était reconnu à des institutions religieuses comme telles. Au
fond, en incorporant le séminaire, Louis XIV avait simplement
incorporé cet immense diocèse sous forme corporative en
s'inspirant du Séminaire des missions étrangères de Paris
qui existait à Paris en 1663. Le séminaire s'est
développé en marge de son cadre juridique, en se donnant par
l'entremise de son supérieur qui était l'archevêque de
Québec, des règlements de régie interne.
Les règlements de régie interne ont été
édictés en août 1768 par Mgr Briand, en juin 1928 par son
Eminence le cardinal Rouleau et enfin en juin 1939 par le cardinal Villeneuve.
C'est là la seule structure qui a permis jusqu'à maintenant au
séminaire de fonctionner.
En 1843, par la loi VII Victoria, chapitre 55, on a donné
à la corporation un pouvoir qui était celui de détenir des
biens. On l'a fait en s'inspirant très largement du mode qui existait
à ce moment-là, c'est-à-dire en créant une
espèce de fiduciaire, en transformant le conseil en espèce de
fiduciaire pour détenir les biens mais on n'a rien modifié quant
à la structure du séminaire, on n'a rien modifié quant
à l'organisation pour la prise de décision et surtout, on n'a
rien modifié en ce qui concerne le pouvoir d'alinéation.
Le séminaire, étant une institution tellement vieille que
jusqu'à tout récemment, comme toute institution religieuse qui
s'inspire beaucoup plus de droit canonique que de dispositions civiles ou
corporatives, n'a pas connu de difficulté majeure sur le plan civil,
même si sur le plan strictement juridique, il nage dans la pleine
illégalité depuis des années. Mais il y a quelque temps,
le séminaire a reçu une offre pour vendre une étendue de
terrain considérable sur lequel devait être érigé un
centre commercial pour lequel plusieurs millions devaient être
dépensés.
La finance qui devait étudier le projet a demandé au
séminaire de donner sa documentation juridique pour justifier ses titres
et les titres ont été refusés. Et pour cause, c'est que
l'on a allégué que le séminaire, en vertu de sa charte de
Louis XIV qui avait franchi les étapes historiques, mais sans
modification en cours de route, ne détenait pas les pouvoirs juridiques
nécessaires pour donner un titre de propriété valable.
Deuxièmement, on a allégué, j'ai concouru
personnellement à ces deux prises de position juridique qui me
paraissaient indéfendables, que le cadre organisationnel qui a permis au
séminaire depuis tant d'années de prendre des décisions
qui visaient des particuliers, des tiers, tout le monde, est d'une
validité douteuse pour ne pas dire complètement illégale,
parce qu'encore une fois, le cadre prévu dans la charte de Louis XIV
n'est plus potable, n'est plus possible au siècle dans lequel nous
sommes.
Avec la conséquence que le séminaire a même
été forcé d'affronter un débat judiciaire, des
procédures ont été intentées et, heureusement, nous
avons réussi à obtenir un règlement hors cour pour
régler cet aspect du dossier. Tout récemment, une offre semblable
était faite au séminaire pour se départir d'une
quantité de terrains. Je n'ai pas besoin de vous dire que nous ne
pouvions l'accepter, que nous ne pouvons l'accepter, et que nous ne pouvons
prendre le risque, encore une fois, de nous créer la même
situation. Je terminerai en vous disant que le séminaire actuel rejoint,
quant à ses objectifs, celui qui a été fondé par
Mgr de Laval, c'est-à-dire le grand séminaire et le petit
séminaire. C'est pourquoi il est essentiel d'obtenir, dans notre charte,
un pouvoir de réglementation pour gérer ces deux grandes branches
d'institution que constitue le séminaire et qui lui permettent
d'atteindre sa fin.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. Bouchard. M. le
ministre.
M. Morin (Sauvé): Me permettez-vous de me tourner
brièvement vers une disposition particulière du projet de loi et
de vous demander également, Me Bouchard, si vous avez pu obtenir les
renseignements que je vous avais demandés lorsque vous m'avez
présenté, vous m'avez exposé, les objets du projet de loi
privé qui nous est soumis?
Est-ce que vous avez pu obtenir les renseignements?
M. Bouchard: Oui, je vous les ai transmis.
M. Morin (Sauvé): Ils ne m'ont pas encore
été remis. Est-ce que vous en auriez, par hasard, une copie avec
vous?
M. Bouchard: Bien sûr. Je vous ai donné, au hasard,
trois pages de lois adoptées par l'Assemblée nationale du
Québec, depuis 1964, qui comportent une disposition identique.
M. Morin (Sauvé): Fort bien. S'il était possible de
faire photocopier le document à l'intention de tous les membres de la
commission, je pense que cela pourrait être utile. Voulez-vous remettre
l'original? On vous le rendra. On va en faire des copies immédiatement
pour tout le monde. Cela portait plus particulièrement sur les pouvoirs
et privilèges de l'article 18. Etait-ce bien l'article 18?
M. Bouchard: Dix.
M. Morin (Sauvé): C'est cela, l'article 10, qui dit que
"Les corporations constituées en vertu des lois de la province sont
autorisées à constituer des fondations avec la corporation ou
à faire des donations à la corporation ou à
exécuter les engagements que ces fondations ou donations comportent,
pourvu qu'il en soit ainsi décidé par les administrateurs de
telles corporations à la majorité des voix au cours d'une
assemblée des administrateurs, convoquée à cette fin et
à laquelle il y a quorum."
Je m'étais interrogé sur le caractère de cette
disposition. Serait-il exceptionnel ou en trouverait-on des exemples dans les
autres lois, qui mon-
treraient qu'il s'agit là d'une disposition de caractère
normal? Je vois que Me Bouchard m'a fait parvenir des renseignements.
Désirez-vous faire quelques commentaires là-dessus, Me
Bouchard?
M. Bouchard: Brièvement, le but de l'article 10, qui est
un article complémentaire à l'article 9, c'est, au point de vue
corporatif, pour bien s'assurer que les corporations qui font des dons au
séminaire aient le pouvoir de le faire en vertu de la Loi des compagnies
du Québec ou même de la Loi des compagnies fédérale.
Pour éviter toutes les formalités d'avoir à se faire
approuver par l'assemblée des actionnaires, etc., le législateur
favorise, dans beaucoup de corporations privées, le pouvoir de donner
à ces corporations-là, pour faciliter la donation.
M. Morin (Sauvé): M. le Président...
M. Rivest: Excusez-moi, M. le ministre, seulement une...
M. Morin (Sauvé): Sur le même point?
M. Rivest: Non, c'est parce qu'on a deux textes, celui-ci et on
nous a remis un autre texte qui est simplement une photocopie et on voit qu'il
y a des différences de rédaction. Lequel est le...
Une Voix: C'est celui-là, c'est le bill.
M. Bouchard: C'est le projet de loi qui a été
déposé.
M. Rivest: Parce que, même à l'article 10, dans le
projet qu'on nous avait distribué, l'article 10 était
préfacé de la disposition suivante: "Nonobstant toutes les
dispositions législatives contraires et incompatibles..." On ne la
retrouve pas dans le texte...
M. Bouchard: Exactement. C'est par suite d'une évolution
des greffiers en loi de l'Assemblée nationale du Québec. Je
m'étais inspiré des autres dispositions dont je vous donne le
texte. On me dit que, depuis ce temps-là, on a modifié le style
de cet article.
M. Morin (Sauvé): Bien. Nous allons prendre connaissance
du document lorsque vous l'aurez fait polycopier. Peut-être y
reviendrai-je tout à l'heure.
L'autre article sur lequel j'avais une question, vous vous en
souviendrez, c'était l'article 18 qui énumère les
pouvoirs. Je m'excuse. C'est cela, c'était l'article 18 au terme duquel
la corporation faisait des règlements pour une autre corporation qui est
celle du petit séminaire, lequel a été constitué
par lettres patentes le 19 mars 1969.
Je m'étais interrogé sur cette façon de
procéder. En quelque sorte, il y a là une
délégation de pouvoirs. Vous vous souviendrez que je
m'étais demandé dans quelle mesure cela n'allait pas à
l'encontre de la jurisprudence en ce qui concerne la maxime delegatus non
potest delegare. Pourriez-vous, Me
Bouchard, devant cette commission, nous expliquer la portée de
cette disposition? (13 heures)
M. Bouchard: Le Séminaire de Québec, par les
objectifs qui le caractérisent, ne se qualifiait pas pour les fins de
subventions d'enseignement privé, parce que, suivant les règles
et la loi qui régit actuellement le ministère, une corporation ne
peut être reconnue pour fins d'enseignement privé que si ses
objets se limitent expressément à ce qui est prévu dans la
loi pour fins de qualification. Dans le temps, les autorités du
ministère de l'Education ont dit que les objectifs du séminaire,
qui étaient ce que je vous ai décrit tout à l'heure,
à savoir le petit et le grand séminaire et la communauté
des prêtres du séminaire, ne se qualifiaient pas pour les fins de
cette loi-là.
Il y avait deux possibilités, suivant les suggestions faites par
le ministère de l'Education, soit par un bill privé, demander au
séminaire de créer une filiale qui, elle, pourrait obtenir les
subventions du ministère de l'Education, soit encore s'incorporer en
vertu de la loi générale de la partie III de la Loi des
compagnies et ne prévoir dans cette loi que les objectifs prévus
dans la loi. C'est la solution qui a été retenue par le
Séminaire de Québec. C'est une coquille juridique. Le petit
Séminaire de Québec ne détient rien. C'est simplement une
forme juridique qu'il fallait obtenir pour nous qualifier pour les fins du
ministère.
Cela crée des difficultés très sérieuses,
parce que tous les biens appartiennent au séminaire. Tout est au nom du
Séminaire de Québec, mais il fallait faire un rattachement au
point de vue juridique pour obtenir une charte qui se qualifie pour les fins de
l'enseignement privé. Nous avons actuellement au séminaire
à faire face à des difficultés, dans le sens que le
séminaire, comme toute institution d'enseignement qui se respecte et qui
veut évoluer, reçoit des demandes de la part des parents, de la
part des étudiants, de la part des professeurs pour avoir une structure
qui s'apparente de plus en plus aux structures de corporations publiques,
c'est-à-dire avoir des représentations de parents au conseil
d'administration et à différents comités. Avec la partie
III de la Loi des compagnies, vous le savez, je ne peux rien faire. Je ne peux
pas prévoir de mécanismes semblables pour permettre une
sous-délégation à des niveaux décisionnels pour
répondre à ces attentes.
D'un autre côté, nous ne pouvions pas et là,
je devais respecter une règle sacro-sainte de l'Assemblée
nationale depuis fort longtemps faire en sorte que le petit
Séminaire de Québec devienne une filiale du séminaire,
parce que cela ne se fait pas. Juridiquement, cela peut se faire, mais
techniquement, l'Assemblée nationale s'est toujours refusée
à ce qu'il y ait des filiales de corporation sans but lucratif.
Il fallait donc trouver une espèce de formule imaginative
quelconque d'une part pour respecter cette exigence, faire en sorte que le
petit séminaire se qualifie pour le ministère de l'Education et
trouver le joint pour permettre d'adapter le petit
Séminaire de Québec, selon les demandes faites par des
parents, professeurs, étudiants. Ce que nous avons trouvé, en
accord avec les officiers légistes de l'Assemblée nationale,
c'est de permettre que le petit séminaire, tout en conservant son
autonomie totale, ait ses règlements édictés par le
Séminaire de Québec. Nous pourrions prévoir, à ce
moment, dans les règlements du séminaire applicables au petit
séminaire, toute la souplesse dont nous avons besoin pour faire face
à nos objectifs.
Le Président (M. Boucher): A ce stade, étant
donné que nous dépassons 13 heures, je dois demander le
consentement des membres pour prolonger après 13 heures.
Consentement?
M. Morin (Sauvé): Volontiers. Je suis sûr que mes
collègues vont y consentir également.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): Bien! Je vous pose une dernière
question, Me Bouchard. Peut-on tenir pour acquis que les pouvoirs qui sont ceux
du Séminaire de Québec, d'après ce projet de loi, sont
ceux que détient normalement une corporation de cette nature?
M. Bouchard: C'est exact, M. le ministre. Dans la
rédaction de ce projet de loi privé, je me suis scrupuleusement
conformé à à peu près tout ce qu'on trouve de
législations, de projets de lois privés, de corporations
religieuses et d'enseignement depuis 1964. Vous avez le grand cadre et vous
avez même presque le mot à mot de certaines législations,
encore une fois, parce que beaucoup de ces dispositions ont subi
l'épreuve du temps et ont été approuvées dans le
temps par les conseillers techniques de l'Assemblée nationale, de telle
sorte que nous n'avions pas à innover là où ce
n'était pas nécessaire.
M. Morin (Sauvé): En ce qui me concerne, M. le
Président, je suis satisfait de ce que ce projet de loi soit conforme
aux canons ordinaires de la législation, et je dirais à messieurs
les chanoines et à Me Bouchard que je suis très heureux que nous
ayons pu, en attachant la chose à l'étude des crédits,
trouver un petit moment qui nous permît de régler le
problème, parce que nous étions devenus tout à fait
conscients qu'il était urgent d'adopter ce projet de loi, eu
égard aux intérêts du Séminaire de
Québec.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: M. le Président, juste en rapport avec
l'article 21 en particulier, dans ce genre de législation, je comprends
qu'on valide d'un trait tous les actes, les contrats, les engagements et les
transactions qui ont été faits sous l'empire de l'ancien
régime juridique.
Il y a toujours la question du droit des tiers. Je comprends que vous
ayez évoqué certaines con- testations judiciaires qui ont
été réglées, vous me dites, hors cour. Mais est-ce
que cela, dans votre esprit, doit régler, de la même façon,
certains droits que des tiers pourraient avoir en vertu de l'ancien
système et qui ne se seraient pas encore manifestés? Vous
comprenez ce que je veux dire? Dans ce sens-là, un article comme
celui-là peut, d'une façon théorique je n'ai pas de
cas et j'imagine que vous n'en avez pas vous-même en tête
soulever, peut causer préjudice à des tiers. Est-ce que cet
aspect du problème a été discuté avec les
légistes du gouvernement?
M. Bouchard: M. le député, si vous remarquez bien
le dernier membre de phrase de cet article, nous n'avons pas voulu ratifier de
façon absolue les contrats, mais parce que notre corporation, au fond,
s'appuyait sur des règlements de régie interne, nous avons dit:
Pour respecter l'équité, ce que nous avons fait sera valable dans
la mesure où tout aura été fait conformément aux
règlements alors existants. Nous respectons la règle de
l'équité et si nous avons respecté nos règlements
de régie interne, nous avons agi de bonne foi. Si nous avons contrevenu
à nos propres règlements, l'article ne couvre pas cela et le
contribuable a encore recours, théoriquement, contre nous.
M. Rivest: De toute façon, tous ces actes, les
règlements auxquels vous vous référez, vous
procédiez en vertu de ces règlements. Avec cette réserve,
je crois que vous avez...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Mon collègue, le député de
Gaspé et prêtre, ayant pris connaissance de ce projet de loi,
l'ayant étudié en profondeur, recommande aux membres de la
commission de l'appuyer dans sa forme actuelle. Il va de soi que 316 ans
d'existence, les pouvoirs et les structures ne sont plus appropriés aux
besoins actuels et je pense que le temps est venu de modifier ou de
perfectionner, de rendre cela plus adéquat.
Je veux profiter des quelques secondes qui sont mises à ma
disposition pour féliciter les gens du Séminaire de
Québec, institution qui, depuis au-delà de 300 ans, rend des
services inestimables à la population. J'irais même jusqu'à
dire que cette institution qui n'a jamais cessé de poursuivre les buts
que lui avait donnés Mgr de Laval lui-même et que si notre
Amérique du Nord est devenue si convoitée dans le monde entier,
je pense que c'est dû, en bonne partie on peut aller
jusque-là à la première institution sur ce
continent, soit le Séminaire de Québec. C'est pourquoi, au nom de
mon parti, il me fait plaisir d'appuyer ce projet de loi et, encore une fois,
de remercier et de féliciter Me Bouchard et MM. les chanoines.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que les articles 1
à 22 du projet de loi 281 ainsi que le préambule sont
adoptés?
M. Rivest: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Le projet de loi 281, Loi
concernant le Séminaire de Québec, est donc adopté. Je
prie le rapporteur de la commission d'en faire rapport à
l'Assemblée nationale au nom des membres de la commission.
Je remercie, au nom de tous les membres de la commission, MM. les
chanoines et Me Bouchard.
M. Drouin (Marcel): Si vous me permettez un mot, M. le
Président, je remercie tous les membres de cette commission. Mon
discours sera très bref. Le merci le plus cordial. Donc, le
Séminaire de Québec est une institution qui fait partie du
patrimoine du Québec, comme a dit M. le ministre.
C'est une institution privée, comme a dit M. le
député de Jean-Talon, et, enfin, c'est une maison qui a
contribué à la fondation du collège de Lévis, comme
a dit M. le député de Bellechasse. Encore une fois, je vous dis
le merci le plus cordial. Nous avons tout de même un passé et nous
espérons que l'avenir sera semblable à celui-là. Je
remercie même Mme le député de l'Acadie, qui est
disparue.
Le Président (M. Boucher): Au nom des membres de la
commission, je remercie MM. les chanoines et Me Bouchard. La commission ajourne
ses travaux sine die.
Fin de la séance à 13 h 11