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Projets de loi nos 25, 24 et 30
(Quinze heures dix-sept minutes)
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente de l'éducation est réunie pour
étudier article par article le projet de loi no 25, Loi modifiant la Loi
des collèges d'enseignement général et professionnel; le
projet de loi no 24, Loi sur le Conseil des collèges, et le projet de
loi no 30, Loi modifiant la Loi de l'instruction publique.
Les membres de la commission sont: MM. Ouellette (Beauce-Nord)
remplaçant Alfred (Papineau); Goldbloom (D'Arcy McGee); Fallu
(Terrebonne) remplace Jolivet (Laviolette); Lacoste (Sainte-Anne), Mme
Lavoie-Roux (L'Acadie), MM. Le Moignan (Gaspé), Marquis
(Matapédia), Morin (Sauvé); de Bellefeuille (Deux-Montagnes)
remplace Paquette (Rosemont).
Les intervenants sont: MM. Bisaillon (Sainte-Marie), Chevrette
(Joliette-Montcalm), Desbiens (Dubuc), Gosselin (Sherbrooke), Goulet
(Bellechasse); Rivest (Jean-Talon) remplace Picotte (Maskinongé); Samson
(Rouyn-Noranda), Springa-te (Westmount).
Y a-t-il une proposition pour nommer un rapporteur?
M. de Bellefeuille: Je propose le député de
Sainte-Anne.
Mme Lavoie-Roux: Pensez-vous qu'on est d'accord?
Le Président (M. Boucher): M. Lacoste (Sainte-Anne), comme
rapporteur? Adopté.
Suivant l'ordre de la Chambre, les projets de loi doivent être
étudiés dans l'ordre des numéros 25, 24 et 30. J'appelle
immédiatement le projet de loi no 25. M. le ministre, pour les remarques
préliminaires.
Projet de loi no 25
Remarques générales
M. Morin (Sauvé): M. le Président, nous avons
devant nous un projet de loi qui a reçu l'assentiment de la Chambre en
ce qui concerne les principes qui le fondent. Nous avons maintenant à
l'étudier article par article, dans le but de l'améliorer, si
faire se peut.
Dans cet esprit, j'ai déjà fait préparer, compte
tenu de ce qui a été dit en commission parlementaire, durant le
débat de seconde lecture et de ce que j'ai pu recueillir comme
réactions dans le milieu, une série, une longue série de
modifications. Certaines sont évidemment importantes, d'autres sont
plutôt mineures.
Aussitôt que nous aborderons l'étude article par article,
après la fin des observations préliminaires des membres de cette
commission, je compte faire distribuer l'ensemble des amendements il
doit bien y en avoir une vingtaine sauf un, où il me faut obtenir
une autorisation du Conseil des ministres avant de le déposer.
Toutefois, comme il est probable que nous n'aurons pas le temps d'adopter la
vingtaine d'amendements, ni le texte définitif de tous les articles cet
après-midi, j'obtiendrai sans doute cette autorisation au début
de la semaine prochaine et, bien sûr, je la communiquerai à la
commission aussitôt.
Néanmoins, il y a du pain sur la planche, puisque j'ai à
vous proposer, au moins, cette vingtaine d'amendements, plus ceux qui ne
manqueront pas de nous venir de l'Opposition, tant officielle que moins
officielle.
A l'heure actuelle, les services de l'Assemblée sont à
reproduire le document sur les amendements en nombre suffisant pour que chaque
membre de cette commission en ait un exemplaire sous les yeux et que nous
puissions travailler d'autant mieux et d'autant plus vite. Puis-je demander
quand nous aurons ces documents?
Une Voix: Vers 15 h 30.
M. Morin (Sauvé): A la demie? Bien. Je termine sur ce mes
observations générales, M. le Président, pour permettre
aux autres députés membres de cette commission, qui auraient des
observations, à nous les communiquer.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le ministre. Mme le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Nous voilà
réunis, à cette commission parlementaire, pour l'étude
article par article du projet de loi no 25, Loi modifiant la Loi des
collèges d'enseignement général et professionnel.
M. Morin (Sauvé): Je pensais que vous alliez dire: Sur la
Grande-Allée!
Mme Lavoie-Roux: N'essayez pas de m'ama-douer!
Évidemment, on continue de procéder, pour l'étude
de ce projet de loi, avec la même précipitation que nous avons
connue depuis dix jours. Inutile de rappeler que le projet de loi a
été déposé très tardivement et il va
l'apprendre, M. le ministre que la majorité, pour ne pas dire la
totalité des organismes qui ont été convoqués
à la commission parlementaire, sur invitation du ministre, ont, tour
à tour, déploré le fait que, même s'ils avaient eu
en main le livre blanc sur les collèges, ils n'avaient eu la loi 25
à leur disposition que beaucoup plus tard. Evidemment, la loi 25 ne
correspondait pas, à bien des égards, aux intentions
exprimées dans le livre blanc. Ils ont même déploré
de ne pouvoir faire une étude en profondeur de ce projet de loi. Ceci a
été mentionné, non pas uniquement par les parents qui, je
sais, souvent n'ont pas les outils nécessaires et qui trouvent cette
tâche de franchir les étapes très
rapidement d'autant plus difficile, mais également par des
organismes, comme la Fédération des CEGEP, les conseils des
CEGEP, les présidents des conseils des CEGEP et même le Conseil
supérieur de l'éducation qui, lui, n'a pu, compte tenu des
délais, réunir tous ses membres et a dû procéder
simplement au dépôt des opinions qu'il avait émises en
février, je pense, sur le problème de la survie du Conseil
supérieur de l'éducation ou, enfin, l'agencement des
différents conseils projetés dans le livre blanc et, un peu plus
tardivement, en avril, si ma mémoire est bonne, sur le projet de livre
blanc de l'enseignement collégial lui-même.
Cette précipitation, nous l'avons eue au moment de la commission
parlementaire, alors que ces groupes se sont présentés devant
nous. Je pense que ce n'est pas se tromper beaucoup que de dire que certains
groupes, qui auraient eu des intérêts à présenter
des commentaires sur le projet de loi no 25, je pense en particulier aux
milieux de travail qui, d'ailleurs, avaient été invités
par le ministre, je pense qu'on avait convié la chambre de commerce,
l'Institut canadien pour les adultes avait également été
invité. Comme l'on sait, la large part que, du moins, le livre blanc sur
l'enseignement collégial fait ou veut faire à l'éducation
des adultes et à l'éducation permanente, du moins dans les
intentions du livre blanc sur la culture... Je pense que ce n'est pas se
tromper que de croire qu'au moins une partie de ces organismes, qui ne se sont
pas présentés, ne l'ont pas fait faute de temps pour
préparer un mémoire qui aurait été adéquat.
Je vois ici le Conseil du patronat du Québec, le Conseil de la
coopération du Québec ça aurait été
fort intéressant le Centre des dirigeants d'entreprise et
plusieurs syndicats qui, évidemment, ne sont pas venus.
Mais, quoi qu'il en soit, la Fédération des
employés des services publics, qui aurait pu être
représentée par la Confédération des syndicats
nationaux et qui a opté pour ne pas venir, envoyant plutôt un
télégramme au ministre, télégramme auquel nous
avons fait allusion pour ma part, je pense que je n'y ai jamais fait
allusion, cela peut vous surprendre, M. le ministre selon lequel
l'étude de ce projet de loi devrait être reportée à
l'automne. Elle trouvait le temps fort mal choisi pour les membres de leurs
syndicats respectifs; les étudiants ont fait également la
même remarque. C'était d'ailleurs une remarque que j'avais faite
au ministre, avant même que nous recevions ces télégrammes,
dès que les projets de loi ont été déposés,
que le moment ou la saison, si je puis dire, semblait peu propice à une
collaboration en commission parlementaire.
M. Morin (Sauvé): C'est très touchant ce
rapprochement entre vous et la CSN, madame!
Mme Lavoie-Roux: M.le Président, je...
M. Rivest: M. le Président, question de
règlement.
Mme Lavoie-Roux: ... dois vous dire que mes relations...
Le Président (M. Boucher): Excusez-moi, Mme le
député, il y a une question de règlement de la part du
député de Jean-Talon.
M. Rivest: D'abord, je demanderais au ministre de l'Education
d'être patient, de ne pas interrompre le député de L'Acadie
parce que, de toute manière, c'est peut-être touchant, ce
rapprochement du député de L'Acadie avec la CSN, mais je ne sais
pas quels sont les sentiments de la CSN, en ce moment, alors qu'elle voit le
ministre de l'Education littéralement se bloquer de toute communication
avec les milieux syndicaux.
M. Fallu: Le député intervient sur le fond et non
pas sur le règlement comme tel.
M. Rivest: Non, je demande au ministre de l'Education de
permettre au député de L'Acadie de faire son intervention.
Le Président (M. Boucher): L'intervention du
député de Jean-Talon a pour but de faire savoir qu'il ne voulait
pas que Mme le député de L'Acadie soit interrompue durant son
exposé.
Je conviens de la justesse de la question de règlement.
M. Rivest: Merci.
Le Président (M. Boucher): Mme le député de
L'Acadie, vous avez la parole.
M. Goldbloom: M. le Président, très
brièvement, sur la question de règlement. Je voudrais appuyer mon
collègue de Jean-Talon; nous n'avons pas interrompu le ministre
pendant...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
D'Arcy McGee, vous appuyez la question de règlement; j'ai rendu une
décision sur la question de règlement et j'ai redonné la
parole à Mme le député de L'Acadie.
M. Rivest: M. le Président, à ce moment-là,
le député ne faisait qu'appuyer votre décision! (15 h
30)
Le Président (M. Boucher): Vous pouvez appuyer ma
décision, je le comprends, mais elle est rendue.
M. Goldbloom: Je comprends, M. le Président, mais je
voudrais être assuré, de la part du ministre, qu'il n'interrompra
plus.
M. Morin (Sauvé): Je n'interromprai plus, Mme le
député de L'Acadie!
M. Goldbloom: S'il continue d'interrompre, nous allons parler de
l'éloignement de son parti de la CSN!
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît! Mme le
député de L'Acadie, vous avez la parole.
M. Goldbloom: ...
Le Président (M. Boucher): Merci de votre appui, M. le
député de D'Arcy McGee! Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: C'est quand même de la saine
agressivité, j'imagine, tout ça!
Je voudrais quand même réagir à la remarque du
ministre, M. le Président, qui s'étonne là je le
fais très sérieusement de ce qu'il appelle un
rapprochement du député de L'Acadie avec la CSN. J'ai
probablement évidemment toute affirmation pourrait être
infirmée par le ministre, mais enfin je peux au moins avancer celle-ci.
Il pourra soulever une question de règlement pour corriger eu
plus de contacts avec les syndicats, que ce soit de la CEQ ou de ses syndicats
affiliés, que ce soit avec la CSN ou ses syndicats affiliés, non
seulement avec leurs représentants officiels, mais également avec
leurs membres, que, sans doute, le ministre de l'Education et
député de Sauvé n'a jamais eus. Ces relations ont toujours
été fort cordiales. Je comprends que le ministre a voulu faire
une taquinerie, mais il reste quand même que ces taquineries sont
inscrites au journal des Débats et, pour ceux qui les lisent, ça
peut être interprété de bien des façons.
Pour éviter toute remarque du genre dans l'avenir, je pense qu'il
est important que ces choses soient dites, de la même façon que
j'ai toujours eu des relations cordiales et ai bien travaillé avec les
syndicats ou leurs organismes affiliés. J'ose croire que, dans l'avenir
également, ceci pourra continuer. Je pense que, à maints
égards, les enseignants, du moins ceux de l'organisme où je
travaillais avant, ont à l'occasion et même assez souvent
reconnu ces efforts de collaboration que j'ai toujours entretenus avec
eux sachant fort bien que l'éducation ou le succès de
l'éducation repose en grande partie sur ce climat de confiance et de
collaboration que l'on peut établir avec toutes ces composantes du monde
de l'éducation, qu'elles soient syndiquées ou pas, qu'elles
soient cadres, administrateurs, parents ou autres.
M. le Président, je parlais tout à l'heure de
précipitation. Je ne vous apprends rien en vous disant ça.
C'était normal, une fois que la commission parlementaire était
convoquée, nous y assistions. Je pense que nous l'avons fait et nous
l'avons fait dans un bon climat. Il y a eu quelques petits incidents où
le ministre a pris la mouche, mais ça fait partie de
l'opération...
M. Rivest: C'est son côté guerrier!
Mme Lavoie-Roux: Oui, parce que ne nous a-t-il pas dit que,
quelquefois, sous un extérieur très cordial, il se cachait un
ours? Vous vous souvenez, M. le ministre?
M. Morin (Sauvé): Oui, c'était une citation de
"Bouffon".
Mme Lavoie-Roux: Cela commence à avoir l'air de
ça.
M. Rivest: M. le Président, une question. Est-ce que le
ministre vient de qualifier sa citation?
Le Président (M. Boucher): Mme le député de
L'Acadie, vous pouvez poursuivre, l'incident est clos.
Mme Lavoie-Roux: Je disais que, durant ces audiences en
commission parlementaire où, je pense, nous avons fait notre travail
sérieusement, je ne pense pas que d'aucune façon, sauf pour des
incidents absolument mineurs, nous ayons tenté de retarder le travail de
cette commission parlementaire. Je ne me souviens pas qu'il y ait eu des
questions de procédure, de motions de toutes sortes pour retarder les
audiences, au contraire. Nous étions fort conscients du temps
limité que chacun avait pour rester dans la capitale, leurs obligations
exigeant qu'ils retournent à leur tâche le plus rapidement
possible. Je pense que ça s'est fait dans un excellent esprit. Mais nous
avions à peine terminé cette commission parlementaire que,
dès le lendemain, nous étions appelés non pas à
discuter du projet de loi no 30, tel qu'il avait été convenu,
mais bien du projet de loi no 25.
Je ne répéterai pas les remarques que j'ai faites à
ce moment, mais nous n'avions même pas eu le temps de considérer
des remarques qui nous avaient été faites durant cette commission
parlementaire, en fait, faire le sommaire des recommandations qui avaient
été faites, ce qui normalement est la chose qui est permise, pour
arriver eh deuxième lecture et tenter de tenir compte des
recommandations des gens que nous avons entendus.
Encore une fois, M. le Président, il faut encore rappeler que ces
mémoires, pour la plupart, étaient déposés
séance tenante. Je me rappelle, entre autres, du mémoire de la
CEQ, qui était quand même assez volumineux et qui nous est parvenu
le mardi midi et nous les entendions dans l'après-midi. Ce fut le cas de
la plupart des mémoires, je n'avais même pas eu le temps de les
lire au préalable.
Ceci pour bien vous décrire le climat de précipitation
dans lequel tout ceci s'est déroulé. Finalement,
évidemment, par le leader du gouvernement, homme de grande
décision dans ces opérations, on apprend que, ce matin je
tiens'bien à dire que, de ceci, je ne tiens aucunement rigueur au
ministre peut-être pas le ministre, mais ses dossiers sont
passés au feu. Au cas où vous ne le sauriez pas, maintenant, vous
le savez!
M. Morin (Sauvé): Le cabinet du ministre de la Justice a
été incendié.
Mme Lavoie-Roux: Par des mains criminelles?
M. Morin (Sauvé): II ne semble pas.
Mme Lavoie-Roux: Non, il ne faut rien dramatiser.
M. Morin (Sauvé): On fume beaucoup dans ce cabinet.
M. Rivest: Heureusement que l'Assemblée nationale avait
adopté la loi des sinistres.
Mme Lavoie-Roux: A-t-elle été adoptée ou
est-elle sur le point d'être adoptée?
M. Rivest: Cela ne sert à rien, vous savez, le
gouvernement...
Mme Lavoie-Roux: II arrive qu'on mette des choses en application
avant qu'elles ne soient officiellement adoptées.
M. Rivest: Oui, comme par exemple...
Mme Lavoie-Roux: Vous qui avez une longue expérience des
gouvernements.
M. Rivest: Est-ce que le président me permet de
répondre à la question de ma collègue?
Le Président (M. Boucher): Non...
M. Rivest: Comme, par exemple, tous ses programmes, tous ses
effectifs, tous ses budgets...
Le Président (M. Boucher): Cela va compter sur son temps,
M. le député de Jean-Talon.
M. Rivest: ... qui sont déjà en place, comme l'a
dit le ministre de l'Education, pour mettre en marche ces lois 25 et 24, avant
même qu'elles ne soient adoptées.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, là-dessus je dois
dire, ça va peut-être vous surprendre, mais je suis un peu en
désaccord avec mon collègue de Jean-Talon. Si, pour une fois, on
a des projets de loi et qu'on a prévu les sommes nécessaires pour
les mettre en application, il y a quand même certaines choses qui seront
retenues et, de toute façon on en a parlé longuement
il faut prévoir des sommes pour des budgets spéciaux, au
niveau collégial comme aux autres niveaux. Je trouve que c'est une
prévoyance louable, surtout quand on compare d'autres lois qui ont
été adoptées et qui n'ont reçu des budgets, pour ne
les mettre en application ou en vigueur que plus d'un an plus tard.
Je ne parle pas à travers mon chapeau, je parle de la loi 24,
entre autres, et de la loi 9, mais particulièrement de la loi 24, qui
fut adoptée en décembre 1978 et dont les budgets de
fonctionnement viennent d'être adoptés à la fin de mai
1979.
Nous voilà, M. le Président, ici aujourd'hui, étant
obligés, dans ce cataclysme qui est arrivé au ministre de la
Justice ou à son cabinet, de prendre la relève. Je pense que le
ministre de l'Education en conviendra. C'est normal également que,
compte tenu des remarques que le ministre a faites en deuxième lecture
et à la réplique de la deuxième lecture, alors qu'il a
indiqué certaines de ses intentions il y a au moins deux articles
de la loi 25 sur lesquels il a été très précis et
pour lesquels il doit apporter des amendements il nous oblige à
regarder de nouveau nos amendements et à les modifier en
conséquence ou à les retirer si, par le fait même, ils sont
devenus désuets.
J'avais fait part de ceci au ministre hier soir et je pense qu'il avait
très bien compris la situation. Il semble que, maintenant que les
derniers rapports que j'ai obtenus sur le cataclysme ou le sinistre dans le
cabinet du ministre de la Justice indiquent que la situation n'était pas
aussi grave et aussi considérable que l'on avait d'abord prévu et
que les dossiers ne sont pas une perte totale, au contraire, on peut encore les
utiliser. Peut-être fallait-il faire une évaluation de la
situation, M. le ministre. On sait que les évaluations, c'est un long
processus et peut-être n'avait-on pas les instruments qu'il fallait pour
procéder à ladite évaluation.
Le Président (M. Boucher): Mme le député,
sans vouloir rien précipiter, je vous ferai remarquer qu'il vous reste
une minute pour conclure vos remarques préliminaires.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais dire, en terminant, que
j'apprécie que le ministre de l'Education veuille bien déposer,
comme il l'a indiqué tout à l'heure, sa série
d'amendements, sauf un. Je comprends les circonstances. De notre
côté, je pense qu'il est important d'indiquer notre
désaccord avec cette façon d'agir qui veut que, à tout
prix, envers et contre tout, l'Opposition marche, quand le gouvernement a
décidé. Quand je dis envers et contre tout, ce n'est pas
uniquement l'Opposition. L'Opposition représente quand même aussi
les gens. D'ailleurs, comme les ministériels, je pense que tous les
législateurs représentent une partie de la population. Je veux
quand même vous dire que ces amendements que le ministre nous remettra et
dont nous prendrons connaissance avec beaucoup d'intérêt
devraient, dans les jours suivants, alors que nous serons de nouveau
réunis, probablement aider à améliorer la loi.
Là-dessus, j'assure le ministre de ma collaboration. Nous n'essaierons
pas d'empêcher l'adoption de la loi 25.
Le Président (M. Boucher): Merci, Mme le
député. M. le député de Gaspé.
M. Le Moignan: M. le Président, je crois que l'expression
serait peut-être juste de dire que cette semaine fut une véritable
semaine de l'éducation, puisque c'est déjà la
cinquième journée que nous parlons d'éducation, du moins
les membres de cette commission. Après cinq journées, nous
comprenons très bien que le ministre ait l'intention de nous soumettre
des amendements. Peut-être que
la vingtaine d'amendements que nous recevrons dans quelques minutes
auront pour effet de simplifier l'étude du projet de loi 25. (15 h
45)
On a parlé tout à l'heure de précipitation. Je ne
veux pas répéter toutes ces choses-là. Il s'agit d'en
faire une critique après avoir entendu des mémoires, après
en avoir débattu assez longuement à l'Assemblée nationale.
Je crois que l'occasion est bonne et d'ailleurs cela s'imposait on l'a
déjà dit de regarder et de faire un bilan de cette loi
adoptée par l'Union Nationale en 1967, et ensuite continuée par
le Parti libéral. Aujourd'hui, c'est le gouvernement du Parti
québécois qui nous fournit un bilan, son livre blanc, et qui
vient nous proposer d'y apporter, autant que possible, des modifications dans
le meilleur sens du mot. D'ailleurs, depuis une douzaine d'années, il y
a eu beaucoup d'articulations, beaucoup de situations tout aussi
particulières les unes que les autres.
Quand on regarde ce projet de loi et si on veut le modifier, c'est parce
qu'on veut favoriser l'enseignement on doit penser un peu à tout
ce milieu que constituent le collège, les conditions sociales et les
conditions administratives et assurer en même temps une meilleure
participation de toutes les instances concernées, de tous les groupes
qui participent à la vie du CEGEP. Le projet de loi, le ministre nous
avait d'ailleurs prévenu, avec ses amendements et avec notre idée
d'aider le gouvernement qui, lui, doit voter un projet de loi, devrait
être de nature à essayer de répondre aux attentes de tous
les groupes. Je sais que le gouvernement ne réussira pas, aucun
gouvernement, je crois bien, parce qu'il y a trop d'intérêts qui
sont souvent différents, même à l'intérieur de
l'administration d'un collège ou d'un autre organisme. En dépit
de tout cela, à la suite des articles que nous étudierons, nous
avons bon espoir que les efforts et le temps que nous aurons attribués
à l'étude des projets de loi 25, 24 et 30 ne seront pas du temps
perdu et que le tout s'avérera comme quelque chose de très
positif pour l'avenir de l'éducation.
Pour ne pas retarder et permettre d'entrer dans le vif du sujet, je
termine là, M. le Président, en ce qui me concerne, mes remarques
générales.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Gaspé. M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: M.le Président, on a, comme l'a signalé
le député de Gaspé, tout au cours de la semaine,
étudié les projets de loi 24 et 25 ainsi que le projet de loi 30,
mais particulièrement les projets de loi 24 et 25 au sujet de la
réforme des collèges. Je pense que, comme l'a signalé le
ministre dans son discours de deuxième lecture, il est sans doute temps,
après dix ans de mise en place et, dans une certaine mesure, de rodage
des collèges d'enseignement général et professionnel au
Québec, de revoir leur fonctionnement et de s'interroger sur la nature
des services qu'ils peuvent rendre à la collectivité.
Au départ, sans doute le gouvernement a-t-il été
inspiré par l'analyse propre des problèmes d'ordre
pédagogique, d'ordre administratif et d'ordre financier aussi qui
existaient ou qui, au fil des ans, se sont posés aux collèges
pour tenter d'y apporter des solutions qui aillent dans le sens de l'objectif
clairement établi et reconnu, je pense, par tous, soit celui de
l'amélioration de la qualité de l'enseignement.
M. le Président, comme il est indiqué dans le livre blanc
des collèges, je pense qu'il y a, en dehors des problèmes
internes et vécus par les différents intervenants au niveau des
collèges, une autre motivation qui a amené le gouvernement
à faire de cette réforme des collèges, certainement dans
le contexte présent, l'une de ses priorités, c'est l'attitude
générale de la population.
En effet, M. le Président, dans le livre blanc sur les
collèges, je me permettrai de vous rappeler et de rappeler au ministre,
que c'est fondamentalement en raison du jugement que, à tort ou à
raison, la population porte sur les collèges que le gouvernement a voulu
apporter les réformes qu'il a proposées à
l'Assemblée nationale au cours des dernières semaines.
Dans le livre blanc j'en cite un court extrait on pouvait
lire ce diagnostic qui m'apparaît assez juste, de l'état de
l'opinion publique à l'égard des collèges, sous la
rubrique: "L'attitude générale de la population envers
l'enseignement collégial. Les pressions ne font que s'accroître.
Nombreux écrit-on dans le livre des collèges sont
les observateurs qui notent que les CEGEP, où la collectivité a
placé tant d'argent, d'énergie et d'espoir, jouissent, dans
l'opinion publique, de moins en moins de ce qu'on pouvait appeler, au moment de
leur formation, de la chance au coureur." Je pense que le ministre a
souligné cet aspect des choses, cette nécessité, pour
n'importe quelle structure, à n'importe quel niveau du système
d'éducation, de maintenir la crédibilité des institutions
dans l'opinion publique. Si l'opinion publique n'a pas confiance ou ne
manifeste pas sa confiance dans ces institutions, c'est le rôle de ces
institutions du milieu qui risque d'être compromis. Dans ce sens,
l'initiative du gouvernement est sans doute bienvenue; d'ailleurs, la
publication elle-même du livre blanc sur les collèges, la
consultation qu'a menée le ministre à l'échelle de la
province, ainsi que le témoignage, je pense, non équivoque de
tous les intervenants au niveau de la commission parlementaire le
démontrent d'une façon absolument claire. Tous veulent travailler
ensemble à améliorer la crédibilité des
collèges dans le milieu.
Je continue un autre extrait du livre blanc: Les griefs à
l'endroit des collèges ne manquent pas. On a parlé, à tort
ou à raison, mais je pense que la critique a été assez
générale, d'un défaut de rigueur intellectuelle, de
tâtonnement, sinon d'extravagance de certaines méthodes de
travail. On a parlé de lacunes criantes dans les apprentissages de base,
comme celui de la langue maternelle, de contenus incohérents de certains
cours, sans
compter les tiraillements trop fréquents et parfois les conflits
ouverts entre les administrateurs et les syndicats.
Le livre blanc concluait que ces doléances ne nous sont que trop
familières, mais, dans ces conditions, rien d'étonnant que, un
peu partout au Québec, on s'interroge, au risque de publier
d'incontestables succès de cela aussi, M. le Président, on
en a parlé et il faut en parler sur la valeur des services
éducatifs et sociaux effectivement rendus par les collèges. On
leur demande de s'expliquer, de se justifier et de rendre compte.
Sur cet aspect premier des choses qui ont retenu l'attention, cette
semaine, dans un premier temps, de la commission parlementaire de
l'éducation, dans un second temps, de l'Assemblée nationale et,
de nouveau, de cette commission parlementaire de l'éducation, je pense
bien que, tous ici autour de la table, nous en sommes parfaitement
conscients.
Là où on doit, je pense, non pas tellement parce que mes
collègues de L'Acadie, de D'Arcy McGee, de Gaspé et
moi-même nous nous situons de ce côté-ci de la table,
c'est-à-dire du côté de l'Opposition, mais je pense qu'il
est important de marquer notre étonnement et notre regret de voir la
façon dont le gouvernement et le ministre de l'Education, en
particulier, ont procédé dans la présentation des projets
de loi 24 et 25.
Je veux simplement, dans ces remarques d'introduction, insister de
nouveau sur cette volonté partagée par à peu près
tous les groupes et tous les intervenants qui sont venus à la commission
parlementaire, sur ce souhait qu'ils auraient eu que le gouvernement permette,
sur les propositions précises des projets de loi 24 et 25, qu'un
véritable débat de fond puisse être engagé au lieu
de bousculer les membres de cette commission et les membres de
l'Assemblée nationale par une précipitation qui traduit, de la
part du ministre et du gouvernement, très certainement des
impératifs qui sont tout à fait étrangers au
bien-être de l'éducation, mais qui expriment et qui traduisent
certaines préoccupations politiques futures que la conjoncture politique
du Québec peut facilement nous inviter à identifier. En effet, on
sent que, du côté du ministre en particulier, on cherche à
se donner une marge, une liberté d'action pour l'automne ou pour le
printemps prochain de façon à lui permettre, comme sans doute il
peut légitimement y prétendre, de jouer un rôle dans le
débat politique assez fondamental qui va confronter la
société québécoise.
Je n'ai pas d'objection, M. le Président, à ce que le
ministre puisse... M. le Président, le ministre me distrait.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je voudrais
m'excuser auprès du député de Jean-Talon, mais...
Le Président (M. Boucher): Ne vous laissez pas distraire,
M. le député de Jean-Talon.
M. Morin (Sauvé): ... j'admirais son cynisme à
froid.
M. Rivest: Mon quoi?
M. Le Moignan: C'est cela qui vous réchauffe.
Mme Lavoie-Roux: Ton sinistre à froid.
M. Rivest: Ah bon! Est-ce que le ministre...
M. Le Moignan: Cela réchauffait le ministre.
M. Morin (Sauvé): Je n'ai pas dit son sinistre.
M. Rivest: Ahbon!
M. Morin (Sauvé): Son cynisme...
Une Voix: C'est à cause d'un remaniement
ministériel.
M. Morin (Sauvé): ... qu'il tient sûrement de son
ancien patron, que je reconnais chaque jour davantage.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît! M. le
député de Jean-Talon, ne vous laissez pas distraire et continuez
votre intervention.
M. Rivest: M.le Président...
Mme Lavoie-Roux: Sur une question de règlement, M. le
Président.
M. Rivest: ... question de règlement.
Le Président (M. Boucher): Mme le député de
L'Acadie, question de règlement.
Mme Lavoie-Roux: Tout à l'heure, le ministre de
l'Education m'a interrompue et maintenant il empêche mon
collègue...
Le Président (M. Boucher): Je regrette.
Mme Lavoie-Roux: ... de Jean-Talon de compléter son
intervention.
Le Président (M. Boucher): Ce n'était pas dans le
même sens que tout à l'heure, étant donné que c'est
le député de Jean-Talon qui s'est dit distrait par le
ministre...
M. Rivest: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): ... et non pas le ministre qui
a distrait le député de Jean-Talon.
M. Rivest: ... le ministre... Mme Lavoie-Roux: Je
m'excuse.
M. Rivest: J'enchaîne, M. le Président, sur ce que
je disais après cette interruption, cette froide interruption du
ministre de l'Education. Effectivement, j'ai eu l'occasion de dîner ce
midi avec un de mes anciens patrons qui je ne sais pas si
c'est celui-là... Non, c'est très important, parce que
c'est celui qui a permis...
Le Président (M. Boucher): Est-ce que c'est en relation
avec le projet de loi 25?
Mme Lavoie-Roux: Vous allez voir.
M. Rivest: Oui, vous allez voir, M. le Président. C'est
celui qui a présidé, alors même qu'il était premier
ministre, à la réforme de l'éducation dans la
foulée de je ne sais pas comment-Une Voix: La grande
foulée.
Mme Lavoie-Roux: Dans cette promotion des foulées.
M. Rivest: Oui, c'est cela. Dans la foulée, comme dirait
le député...
Une Voix: ... à l'Assemblée nationale.
M. Rivest: Non, dans un autre. Non, absolument pas.
M. Le Moignan: II y en a un autre.
Mme Lavoie-Roux: Dans d'autres lieux. (16 heures)
M. Rivest: Justement cet ancien premier ministre et cet ancien
patron auquel a fait allusion le ministre de l'Education, d'une façon
extrêmement méchante, et tout à fait injuste d'ailleurs, me
demandait ce qu'il advenait des projets de loi 24 et 25. Il m'invitait
justement à dire au ministre de l'Education, comme d'ailleurs le
ministre de l'Education du temps, au début des années 1960, l'a
fait sans doute de bonne foi, je ne dis pas que le ministre n'est pas de
bonne foi M. Lesage m'invitait à dire au ministre de l'Education
actuel qu'il s'illusionnait grandement s'il croyait vraiment apporter des
réponses concrètes à la volonté de la population au
sujet des CEGEP, cette volonté dont j'ai traduit, à partir du
livre sur les collèges, l'essentiel des préoccupations de la
population, il s'illusionnait grandement s'il croyait répondre aux
attentes de la population en ne réalisant qu'une réforme des
collèges qui est essentiellement centrée sur des structures.
Je pense que le député de Saint-Laurent, au cours du
débat en deuxième lecture, a souligné cet aspect capital
des projets de loi 24 et 25 et a dit au ministre de l'Education que les
structures, les réformes de structures ne pouvaient jamais remplacer
l'élaboration de politiques justes, qui répondent aux besoins et
surtout ne pouvaient jamais remplacer les efforts de concertation qui doivent
être faits, avec tous les intervenants du milieu, pour définir,
élaborer et mettre en oeuvre ces dites politiques.
Or, M. le Président, nous avons constaté, à la
commission parlementaire, une unanimité de tous les premiers
intéressés à la vie du CEGEP, une unanimité qui
s'est faite et qui s'est exprimée contre les projets de loi 24 et 25 du
ministre. Tous...
M. Morin (Sauvé): M. le Président, question de
privilège. C'est inexact...
Mme Lavoie-Roux: II n'y en a pas en commission, de question de
privilège.
M. Rivest: II n'y en a pas en commission.
M. Morin (Sauvé): Le député sait très
bien, M. le Président, que c'est tout à fait inexact. Plusieurs
organismes sont venus appuyer les projets de loi, avec des nuances, bien
sûr, avec des suggestions pour modifier les projets de loi. Nous avons
pris bonne note de toutes les suggestions, mais de là à dire
qu'ils ont tous, unanimement, désapprouvé les projets de loi,
c'est inexact et le député le sait.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre...
M. Morin (Sauvé): Je reconnais le procédé de
son ancien employé, M. Robert Bourassa.
M. Rivest: Mon employé maintenant?
M. Fallu: Et encore, c'est faire beaucoup d'honneur à
l'ancien premier ministre!
Le Président (M. Boucher): En vertu de l'article 96, vous
pourrez, M. le ministre, corriger les exposés du député de
Jean-Talon.
Mme Lavoie-Roux: On examinera votre bilan, M. le
député de Terrebonne, lorsque vous aurez complété
votre mandat!
Le Président (M. Boucher): IIvous reste quinze minutes sur
votre temps pour les remarques préliminaires et, à la fin, je
vous donnerai la parole.
M. Rivest: Je dois terminer à quelle heure, M. le
Président?
Le Président (M. Boucher): Vous devez terminer à 4
h 8.
M. Morin (Sauvé): Je m'excuse de l'interruption, M. le
Président, je reviendrai.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Jean-Talon, je vous redonne la parole.
M. Rivest: M. le Président, le temps que le ministre a
pris, à même mon exposé préliminaire, est-ce
que...
Le Président (M. Boucher): C'est exactement 30 secondes et
j'en tiens compte.
M. Rivest: Seulement 30 secondes? On peut dire des drôles
de choses j'allais dire des bêtises en 30 secondes.
M. Morin (Sauvé): II vaudrait mieux, au fond, que vous
oubliiez ça!
M. Rivest: Cela prend 30 secondes, au ministre, pour dire des
bêtises et des sottises.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Jean-Talon, si vous ne voulez pas perdre plus de temps sur votre temps...
M. Rivest: Oui. Le ministre de l'Education a évidemment
réagi à l'affirmation que j'ai faite. Disons que, pour couvrir
l'ensemble du réseau des CEGEP, je ne prendrai que le témoignage
pour confirmer que je n'ai pas inventé ce que j'ai dit de
l'ensemble du réseau, le porte-parole, la Fédération des
CEGEP je pense que ça couvre tous les collèges qui
disait ceci, à la page 3 du résumé de son mémoire:
"Nous voulons bien nous adonner à l'examen des principaux points de ces
deux projets de loi, en vue d'en souligner les faiblesses les plus importantes,
mais nous voulons surtout attirer votre attention sur le fait" M. le
Président, je demanderais au ministre de l'Education de bien comprendre,
c'est la Fédération des CEGEP, ce n'est pas le méchant
député de Jean-Talon qui s'adresse au ministre, non plus que
cette Opposition qui semble énerver le ministre; c'est la
Fédération des CEGEP qui parle, par ma modeste voix.
Nous voulons attirer votre attention votre, c'est l'attention du
ministre sur le fait que ce sont en parlant des projets de loi 24
et 25 de mauvaises lois, mauvaises lois cela va? mauvaises
lois virgule la Fédération des CEGEP ajoute
ajoute, M. le Président, c'est très important, sur le fait que ce
sont de mauvaises lois la Fédération des CEGEP ajoute
elle a écrit cela dans son mémoire à tous
égards cela couvre, M. le ministre, à tous égards,
passablement de terrain et que l'absence de situation d'urgence
sauf les urgences politiques dont j'ai fait état et qui sont propres et
personnelles au ministre commande, à notre avis non pas de
l'avis du député de Jean-Talon, mais de l'avis de la
Fédération des CEGEP le report nécessaire à
leur mûrissement."
M. le Président, je pense qu'un tel témoignage confond le
ministre de l'Education et surtout prouve, hors de tout doute, dans la mesure
où c'est la Fédération des CEGEP, c'est-à-dire les
représentants de tous les collèges d'enseignement
général et professionnel au Québec, que les projets de loi
24 et 25 sont de mauvaises lois à tous égards. Le jugement de la
Fédération des CEGEP est très bien posé.
Par ailleurs, M. le Président, il y a quand même eu, dans
la presse, des gens qui se sont exprimés, des gens qui, avant de
s'exprimer, ont sans doute consulté l'ensemble des personnes
intéressées à la réforme des collèges et qui
ont traduit leur profonde déception devant la façon avec laquelle
le gouvernement procédait pour les projets de loi 24 et 25. Je ne
citerai que de très courts extraits sur la manière, pas le
fond, la
Fédération des CEGEP s'est prononcée sur le fond
des projets de loi 24 et 25 dans un éditorial du Soleil, qui sont
très révélateurs de ce que nous essayons ici de dire au
ministre et de lui faire comprendre. Lise Bissonnette, dans le Devoir, dit: "Le
plus privément possible, comme d'habitude..." Je ne serais pas
prêt à endosser un jugement aussi sévère sur le
ministre, mais l'éditorialiste le dit.
M. Morin (Sauvé): Ce ne sont pas des bills privés
que je sache.
M. Rivest: "Le plus privément possible". Ce ne sont pas
des bills dont il s'agit. D'ailleurs, c'est un anglicisme; je vous le
signalerais. Ce sont des projets de loi, n'est-ce pas?
M. Morin (Sauvé): On disait bien le bill 22. Il le
méritait d'ailleurs.
M. Rivest: Vous le disiez, n'est-ce pas? Nous, on disait: La Loi
sur la langue officielle.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Jean-Talon, je regrette, mais vous avez déjà
dépassé votre temps de parole d'une minute.
M. Rivest: Oui, je vais conclure, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Rapidement.
M. Rivest: Lise Bissonnette dit: "Le plus privément
possible, comme d'habitude, le ministre de l'Education est en voie de
procéder à des changements importants dans le système de
l'éducation." Voilà une première chose. Elle indiquait,
par la suite, que ce jeu de présenter deux projets de loi, le premier
projet de loi, le no 24, n'a été déposé que pour
faire avaler le second, en plus d'imposer aux CEGEP la quasi-tutelle du
ministère de l'Education et, en particulier, celle du ministre qui est
beaucoup plus redoutée, semble-t-il, dans certains milieux. Voilà
le jugement que porte, sur la manière dont le gouvernement a
procédé, une éditorialiste du journal Le Devoir qui a
droit à son opinion. Je ne demande pas au ministre de partager l'opinion
de Mme Bissonnette, mais quand les parents, les enseignants, les
étudiants, la Fédération des CEGEP, l'Association des
collèges et les députés de l'Opposition, tous les
députés de l'Opposition, toutes les Oppositions,
représentant quelque 60% de l'électorat du Québec, ont dit
au ministre qu'il bousculait... M. le Président, si vous aviez entendu
le canadianisme que le grand Québécois vient de prononcer, je
n'oserais le répéter devant la commission mais sans doute
que...
M. le Président, je termine pour l'instant, mais j'aurai d'autres
remarques.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Jean-Talon. M. le député de D'Arcy
McGee.
M. Goldbloom: Merci, M. le Président. Je dois d'abord
reconnaître en toute sincérité l'effort fait par le
ministre en préparant de nombreux amendements au projet de loi. Il est
évident que le ministre a été à l'écoute de
ceux qui se sont exprimés là-dessus, soit en commission
parlementaire, soit à l'Assemblée nationale pendant le
débat de deuxième lecture. Le fait que le ministre nous arrive
aujourd'hui avec une vingtaine d'amendements démontre à tout le
moins que les personnes qui ont trouvé des imperfections dans le projet
de loi n'avaient pas entièrement tort. Je fais ce commentaire
général sans, pour l'instant, connaître la portée
des amendements en question.
Tout en remerciant le ministre d'avoir fait cet effort, je dois
souligner la difficulté que nous posera maintenant son geste. C'est une
difficulté que je préfère à celle de poursuivre un
débat pour le convaincre d'apporter des amendements, il a accepté
d'en faire; reste à savoir quelle en est la portée. A un projet
de loi qui ne comporte que 25 ou 26 articles, il apporte une vingtaine
d'amendements; nous aurons donc un travail considérable à
accomplir. Sous la pression de fin de session, c'est toujours une
responsabilité plus délicate d'étudier des amendements,
surtout s'ils sont importants, et arriver à la meilleure
rédaction possible d'un texte de loi et, en même temps, s'assurer
de la concordance de tout changement apporté avec ceux qui existent
déjà, non seulement dans la loi constitutive des CEGEP, mais dans
les autres lois qui forment nos statuts.
M. le Président, nous avons critiqué le ministre au cours
du débat de deuxième lecture. Il a mentionné dans ses
remarques préliminaires que le projet de loi a reçu l'assentiment
de la Chambre. C'est vrai, M. le Président, nous le savons tous, mais ce
n'était pas un assentiment à l'unanimité. Dans un domaine
comme celui de l'éducation, on regrette toujours de ne pas être
capable de donner son appui à l'unanimité à un projet de
loi important; mais, effectivement, nous avons critiqué le ministre pour
la forme de la consultation qu'il a poursuivie, pour le fait que cette
consultation était limitée à des invitations et pour le
fait que, dès la fin des consultations, le ministre a insisté
pour que la Chambre procède sans autre délai à
l'étude du projet de loi.
Je vous rappelle, M. le Président, que c'est cette semaine
même que les séances de la commission parlementaire ont eu lieu,
lundi et mardi; mercredi nous en étions à la deuxième
lecture de ce projet de loi et aujourd'hui, vendredi, nous sommes
appelés à l'étudier article par article. Le ministre nous
dit: J'ai quand même été en mesure d'analyser tout cela et
d'apporter une vingtaine d'amendements. C'est une réussite prodigieuse,
M. le Président, si, effectivement, ces amendements répondent aux
désirs, aux aspirations de ceux qui ont critiqué le projet de
loi. (16 h 15)
M. le Président, nous devons également nous interroger sur
la précipitation avec laquelle le ministre a insisté pour que
nous procédions à l'étude de ce projet de loi. Nous
croyons compren- dre que c'est parce que le ministre envisage son application
dès cet automne, dès la rentrée scolaire. Nous sommes
à moins de trois mois de cette rentrée, M. le Président,
et vous savez comme moi que la période estivale n'est pas celle de
l'année qui est la plus propice à la mise en application de
mesures importantes, surtout dans le domaine de l'éducation. On est
occupé toute l'année et l'on prend ses vacances pendant
l'été, c'est la tradition du secteur de l'éducation.
Apporter des changements importants à des institutions aussi importantes
que les collèges, pendant une période si courte et une
période qui est caractérisée par la prise de vacances, ce
n'est pas la façon idéale de procéder.
C'est pour cette raison, M. le Président vous le savez,
vous avez assisté au débat à l'Assemblée nationale
que nous avons présenté une motion de report.
M. le Président, de cette précipitation que manifeste le
ministre, je dois tirer une autre conclusion aussi, c'est que le ministre
attache une grande importance à ce projet de loi. Autrement, il serait
relativement indifférent à la vitesse de croisière de ce
débat, à la date de la mise en application de la loi. Mais,
justement, les critiques qui ont été offertes contre ce projet de
loi ont dit, en bonne mesure: Nous nous attendions à mieux que cela,
nous nous attendions à des améliorations de ce que font les
collèges, à l'amélioration des résultats obtenus
par les collèges; mais ce que nous avons est un projet de loi qui, tout
en étant l'objet d'une certaine vantardise de la part du gouvernement,
ne touche essentiellement que les structures.
Vous vous rappellerez, M. le Président, que notre collègue
de Saint-Laurent s'est exprimé là-dessus avec vigueur et
éloquence, n'en déplaise au ministre; et, puisque le ministre
lui-même aime citer les auteurs anglais, je lui dirai que "beauty is in
the eye" or in the ear "of the beholder".
M. le Président, le fait demeure qu'il y a dans l'opinion
publique depuis assez longtemps un certain mécontentement en ce qui
concerne le fonctionnement des collèges. Au début, la
nouveauté et le chambardement de la structure de notre système
scolaire ont rendu beaucoup de citoyens méfiants. Puisque de nouvelles
institutions ne répondent pas toujours, dès la première
journée de leur entrée en fonction, aux aspirations, aux
idéaux de ceux qui les observent, il était compréhensible
qu'au départ on n'intervienne pas d'une façon draconienne pour
modifier ce qui venait d'être créé. Il était donc
logique qu'après une période, une décennie...
M. Le Moignan: Le docteur n'est pas dans son rôle.
M. Goldbloom: J'essaie de ne pas regarder le ministre, M. le
Président. J'aimerais qu'il en fasse autant.
Mme Lavoie-Roux: Vous distrayez notre collègue de D'Arcy
McGee, M. le ministre.
M. Goldbloom: Au moins, M. le Président, nous sommes
encore une fois de bonne humeur.
Le Président (M. Boucher): II n'y a pas de question de
règlement là-dessus.
M. Goldbloom: Je l'espère bien.
Mme Lavoie-Roux: Sur la bonne humeur?
M. Morin (Sauvé): Si le député de D'Arcy
McGee m'avait observé avec attention, il aurait surtout vu que je
regardais l'horloge.
M. Goldbloom: Cela nous en fait deux, M. le Président.
M. le Président, il faut reconnaître que, quand des
institutions ont une clientèle nombreuse et sont sous l'observation
d'une importante proportion de la population, les plaintes, voire les
défauts, sont mis en relief et les bonnes choses, les qualités,
sont essentiellement laissées pour compte.
Je ne voudrais pas, en insistant sur le fait qu'il y a des plaintes au
sujet des CEGEP, indiquer que tout va mal et que l'on a fait erreur, il y a
onze ans, en créant ces établissements d'enseignement. Je
voudrais cependant souligner le fait qu'il y a des plaintes justifiées,
que ceux qui les formulent avaient l'espoir que la publication du livre blanc
soit suivie d'interventions dont les effets auraient été, de
toute évidence, de nature à améliorer les choses, à
corriger les lacunes, à faire dissiper les plaintes qui sont quand
même d'une certaine importance quant à leur nombre et quant
à leur contenu.
Le ministre a voulu faire croire à l'Assemblée nationale
et à l'opinion publique que ces deux projets de loi, qui portent les
numéros 24 et 25, et notamment le projet de loi no 25, sont la
réponse à cela, sont la mise en application pratique des
recommandations du livre blanc et d'autres documents, des recommandations
formulées, par exemple, par ceux qui sont venus s'exprimer devant la
commission parlementaire. Il est assez difficile pour nous d'accepter cette
qualification du projet de loi. Nous ne croyons pas qu'il va assez loin. Nous
ne croyons même pas c'est là que nous trouvons que le
gouvernement exagère un peu en se vantant de ces projets de loi et en
insistant avec tant d'acharnement sur l'adoption immédiate de ces
projets de loi...
C'est que, à part le fait que les mesures
préconisées en ce qui concerne la nomination d'enquêteurs,
d'administrateurs, de contrôleurs, constituent une réponse
à certaines plaintes qui ont été entendues, vraiment nous
regardons le texte du projet de loi, nous regardons les notes explicatives qui
brossent un portrait un peu général des objectifs visés
par le projet de loi et nous avons de la difficulté à nous
convaincre que c'est par de telles mesures, par de tels changements à la
loi existante, que nous allons vraiment améliorer les choses dans les
CEGEP et répondre aux désirs de la population du
Québec.
Nous devons constater, dans le projet de loi, un certain paternalisme,
un paternalisme général à l'égard des CEGEP et de
leurs administrations, mais aussic'est peut-être une petite
chose le législateur a pris la décision, il y a un certain
temps, de baisser de 21 ans à 18 ans l'âge de la majorité
et le droit de vote est accordé à ceux qui ont 18 ans et d'autres
droits de tout citoyen adulte sont accordés à ceux qui ont 18
ans, et c'est un peu curieux de voir que tous les droits sont accordés
sauf celui d'être élu président d'un conseil
d'administration d'un collège. Je trouve que ce n'est pas
conséquent avec l'action antérieure du législateur. Entre
parenthèses, je ne vous dis pas que j'ai nécessairement toujours
été d'accord avec la décision qui a été
prise; elle a été prise, elle fait partie de nos statuts et je
pense qu'elle devrait être respectée.
M. le Président, je vais terminer, mais avant de terminer, je
voudrais faire une proposition et la formuler sous forme de motion. Nous
entrons dans cette période extrêmement lourde des deux
dernières semaines de cette partie de la session. Nous serons
appelés à participer, à l'Assemblée nationale et
à diverses commissions parlementaires, à l'étude de toutes
sortes de projet de loi. Le gouvernement insiste sur l'importance de ces
projets de loi qui sont attribués à cette commission
parlementaire et si, aux yeux du gouvernement, ce sont des projets de loi
importants, le débat est d'une importance comparable pour les
députés de l'Opposition. Nous serons appelés à
faire une certaine rotation et, à divers moments, il est
prévisible que divers députés viendront prendre place
à cette table et voudront participer au débat sur ces projets de
loi.
Au début de chaque séance, vous indiquez les droits de
parole, vous identifiez les membres et les intervenants de la commission
parlementaire. Pendant les longues journées de cette période de
l'année, les choses se succèdent très rapidement et celui
qui a un droit de parole ici peut être appelé à aller
ailleurs et à se faire remplacer par un collègue. Il me
semblerait juste, vu l'importance de ces projets de loi, que tous les
députés puissent avoir un droit de parole à cette
commission parlementaire et je voudrais proposer la motion suivante: Que cette
commission accorde le droit de parole à tous les députés
et ce, pour toutes les séances de cette commission. (16 h 30)
M. Rivest: Est-ce que la motion est recevable?
Le Président (M. Boucher): La commission est
maîtresse de ses travaux et elle peut en disposer avant chaque commission
pour établir des règles de procédure. Alors, la motion est
recevable. M. le député de Jean-Talon, vous avez demandé
la...
M. Rivest: Est-ce que le ministre veut intervenir sur...
Le Président (M. Boucher): Sur la motion. M. Morin
(Sauvé): Non, je vais...
Le Président (M. Boucher): Je dois demander...
M. Morin (Sauvé): M.le Président, je voudrais
d'abord entendre tous les arguments qui pourraient militer en faveur d'une
pareille ineptie.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Jean-Talon, sur la motion.
M. Rivest: Très brièvement, M. le Président,
je ne veux pas retarder les travaux. J'ai entendu hier, à
l'Assemblée nationale, un intervenant s'étonner et regretter,
avec raison, que le nombre des intervenants je pense que c'était
au sujet du projet de loi 30 avait été limité.
Comme mon collègue de D'Arcy McGee vient de l'indiquer, les membres de
l'Assemblée nationale doivent participer à de très
nombreux travaux à cette période-ci de l'année.
Malheureusement, nous, de l'Opposition, regrettons que le gouvernement ait
choisi cette période-ci de l'année pour présenter des
projets de loi aussi importants. Puisque la décision du gouvernement
nous est arrivée comme cela, au mois de juin, nous ne pouvons que
l'accepter et nous plier à cette volonté ministérielle. Je
pense que, dans ce sens-là, la motion du député de D'Arcy
McGee est certainement une motion que cette commission devrait accepter.
J'ai quatre raisons, M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: Et quatre raisons, M. le ministre.
M. Rivest: Alors, c'est la première raison parce
que le ministre semblait s'intéresser aux arguments que nous avions
je reprends l'argument de mon collègue, c'est-à-dire que
j'ai repris et je ne veux pas le répéter au ministre pour ne pas
que cela me soit imputé dans mon temps de parole de 20 minutes. Je veux
simplement signaler qu'en raison de cette période particulière de
nos travaux, plusieurs députés devraient, auront normalement
à s'absenter. Mais il y a des raisons qui m'apparaissent
peut-être, en toute déférence pour mon collègue de
D'Arcy McGee, plus importantes. On sait, M. le Président, que le
réseau des collèges se situe, bien sûr, à
l'échelle de la province. On sait aussi que le ministre de l'Education a
lui-même indiqué qu'il entendait tenir compte, dans l'exercice des
pouvoirs réglementaires qu'il s'attribue en vertu de la loi, des
particularismes de chacun des collèges de la province. Il est
extrêmement important que les députés de toutes les
régions du Québec puissent venir ici à cette commission
faire valoir les particularismes de leur région, y compris le
président, et dire au ministre quels sont les besoins spécifiques
de leur collège en regard de la façon dont le ministre de
l'Education aura à exercer ses pouvoirs réglementaires.
D'ailleurs, je n'en veux que cet exemple. On a vu, lors du
témoignage je crois que c'était celui de la CEQ le
député de Gaspé souligner aux membres de la Centrale de
l'enseignement du Québec un particularisme, enfin, une donnée
très particulière du CEGEP de Gaspé, entre autres,
lorsqu'il s'agissait de faire valoir les racines ou, enfin, l'origine
socio-économique des étudiants qui fréquentaient le
collège de Gaspé et qui, en raison des caractéristiques de
cette région, démarquaient considérablement des moyennes
à l'échelle de la province.
Troisième raison, M. le Président, je pense que
c'est une raison extrêmement importante on sait également
que, dans les CEGEP, tout le problème des collèges exige
l'intervention des... On l'a vu à la commission parlementaire, la vie du
CEGEP est un milieu intégré qui fait appel, bien sûr,
à des étudiants, à des enseignants, à des
administrateurs, à des parents. Or, M. le Président, au sein
même de l'Assemblée nationale, certains députés, par
leur formation ou par leurs centres d'intérêts, ont des
compétences particulières. Il y a effectivement on l'a
déjà signalé de très nombreux
députés qui, par exemple, avant d'être élus,
étaient dans l'enseignement. On ne peut évidemment constituer une
commission parlementaire, comme la nôtre, composée uniquement
d'enseignants, mais, néanmoins je pense que c'est le sens de la
motion du député de D'Arcy McGee on devrait permettre aux
30 ou 40 députés, entre autres du parti ministériel, qui
étaient membres de la CEQ, avant d'être élus à
l'Assemblée nationale, le plus librement possible et le plus
démocratiquement possible, de venir à la commission participer
à nos travaux et témoigner de leur expérience
d'enseignants. Je pense que cela peut être un apport extrêmement
précieux pour les travaux de la commission.
De la même manière, M. le Président, il y a des
députés qui ont une expérience dans l'administration, qui
ont une formation d'administrateur et qui ont même fait carrière,
non seulement en tant qu'administrateur dans le secteur privé, mais
également dans le secteur public et parapublic. Ces
députés, qui ne seraient pas membres de la commission, peuvent
donc apporter un éclairage particulier, dès lors que l'on
discutera des aspects plus administratifs ou proprement financiers de la
réforme des CEGEP qu'envisage le ministre de l'Education.
Mon quatrième argument, M. le Président, tient à
l'importance même des projets de loi 24 et 25. Je pense qu'on peut
convenir, lorsqu'une commission comme la nôtre étudie des projets
de loi aussi importants, que l'ensemble des députés, comme
représentant de leur comté, ont un intérêt
particulier à venir participer à nos travaux.
M. le Président, ces quatre points étant
mentionnés, dans cette introduction de ma présente intervention,
je vais maintenant les développer un à un.
Mon premier point, M. le Président, c'était le point
souligné par mon collègue de D'Arcy McGee,
c'est-à-dire...
M. Fallu: ... on a compris.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Boucher): Mme le député de
L'Acadie, sur une question de règlement.
M. Fallu: L'intimidation n'est pas prévue dans le
règlement, non plus!
Mme Lavoie-Roux: Le député de Terrebonne ne sait
pas lui-même ce qu'il fait. De toute façon il a interrompu le
député de Jean-Talon; il dit que c'est de l'intimidation qu'il
faisait, mais il dit qu'il ne sait pas si l'intimidation est couverte par le
règlement. Pourriez-vous vérifier, s'il vous plaît, M. le
Président?
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît! M. le
député de Jean-Talon, si vous voulez poursuivre.
M. Rivest: M.le Président, ayant à peine
terminé mon introduction, s'il faut que les gens m'interrompent, je
crains de ne pas avoir le temps dans le court temps qui m'est alloué
de...
L'argument du député de D'Arcy McGee demande au
gouvernement de permettre à tous les députés de participer
à cette commission, d'y avoir droit de parole, parce que les
députés, étant donné la conjoncture
particulière de nos travaux parlementaires, vont devoir
s'intéresser à d'autres travaux. Ainsi, pour prendre exemple,
je ne voudrais pas compromettre et parler pour d'autres
députés moi-même, j'aurai à participer
très activement à l'étude des projets de loi 4 et 5, sur
Radio-Québec et la télédiffusion ou la programmation
éducative.
Vous savez, M. le Président, que les projets 4 et 5 sont des
projets de loi qui risquent d'être fortement controversés par
l'Opposition officielle en raison de l'imprécision de la
définition, dans les projets de loi 4 et 5, de la programmation
éducative.
Or, M. le Président, même en ce moment, lorsque, du
côté ministériel, on intervient, j'en profite pour lire une
documentation que j'ai devant moi de façon à bien me
préparer à l'étude de ces projets de loi que je devrai
étudier la semaine prochaine. J'aurai donc à m'absenter des
travaux de la commission et il faudrait que d'autres de mes collègues
puissent venir faire valoir le point de vue de l'Opposition officielle à
cette commission, lequel, dans les circonstances, je le rappelle, est le point
de vue non pas d'une opposition qui s'oppose à une mesure
ministérielle, mais qui est le point de vue des enseignants, des
parents, des administrateurs et des étudiants des CEGEP qui tous,
s'opposent aux projets de loi ou, si le ministre le veut, à des parties
tout de même essentielles du projet de loi. Cela, c'est pour le premier
argument que j'ai invoqué.
Le deuxième argument dont je voudrais parler, c'est
évidemment je l'ai mentionné brièvement,
tantôt, dans mon introduction celui du réseau d'un regard
pour que cette commission parlementaire puisse avoir une vue d'ensemble, non
seulement sur le réseau des CEGEP, mais également sur les
problèmes particuliers qui exis- tent à l'intérieur de
chacun des CEGEP, et pour cela, chaque député qui
représente un comté ou une région peut venir. Comme, par
exemple, il serait intéressant, à l'occasion de l'étude de
ces projets de loi, parce qu'un article dit que le ministre peut
décréter un programme d'intérêt national, par
exemple, dans le domaine des communications, d'entendre, de permettre au
député de Jonquière de faire valoir le point de vue du
CEGEP de Jonquière qui tient à garder ce cours à son
programme. Par ailleurs, notre ami le député de Gaspé, qui
est le collègue du député de Saint-Hyacinthe, peut
très bien venir nous dire ce que pense le député de
Saint-Hyacinthe ou ce que pense la région de Saint-Hyacinthe de ce
programme, mais je pense que le député de Gaspé dont on
reconnaît le talent, est autre chose qu'un porte-parole de son
collègue. Je pense que le député de Gaspé est
capable de parler par lui-même comme, d'ailleurs, le député
de Saint-Hyacinthe.
Il serait combien souhaitable sans, bien sûr, contester la valeur
des propos que le député de Gaspé pourrait tenir au niveau
de cette commission, que le député de Saint-Hyacinthe puisse
venir dire ici, pourquoi le CEGEP de Saint-Hyacinthe voudrait donner un
enseignement dans le domaine des communications. C'est simplement un exemple
pour illustrer l'importance qu'il y a à ce que les députés
de l'Assemblée nationale, au niveau de toutes les régions,
puissent venir s'exprimer ici, à cette importante commission, puisque
c'est quand même la commission parlementaire qui va, d'une façon
malheureusement précipitée, déterminer, définir des
orientations pour l'avenir de nos collèges d'enseignement
général et professionnel au Québec. Cela, c'est la
deuxième raison.
La troisième raison je l'ai mentionnée tantôt
dans ma courte introduction...
M. Morin (Sauvé): J'ai oublié la première;
pourriez-vous y revenir?
M. Rivest: M.le ministre, vous vous adressez au mauvais
député; la première raison, si vous suiviez les
débats, a été donnée par le député de
D'Arcy McGee.
M. Morin (Sauvé): Je m'excuse, j'avais confondu. Est-ce
que le député de D'Arcy McGee voudrait me rappeler quelle
était cette idée? La mémoire me fait défaut.
M. Rivest: M. le Président, c'est moi qui ai la parole. Je
m'excuse auprès de mon collègue de D'Arcy McGee.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre, M. le
député de Jean-Talon avait la parole.
M. Rivest: De toute façon, M. le ministre, je vais les
résumer en conclusion.
M. Morin (Sauvé): Je m'excuse, M. le Président.
M. Rivest: M. le Président, avant cette
interruption...
M. de Bellefeuille: Est-ce que son temps de parole est de 20
minutes par raison?
Le Président (M. Boucher): 20 minutes au total.
M. de Bellefeuille: Ah bon! Merci, M. le Président. (16 h
45)
Mme Lavoie-Roux: C'est du temps perdu.
M. Rivest: M. le Président...
M. Morin (Sauvé): Je m'excuse. Dans ce brouhaha, j'ai
perdu la deuxième idée.
M. Rivest: Attendez la conclusion. J'espère, M. le
Président, que je vais avoir le temps de faire ma conclusion. Est-ce que
le ministre consentira...
Le Président (M. Boucher): Allez-y, M. le
député de Jean-Talon.
M. Rivest: ... à me donner le consentement pour prolonger
mon temps pour qu'il puisse...
Le Président (M. Boucher): Non.
M. Rivest: Non. Alors, venons-en à la troisième
raison. La troisième raison, ce sont les compétences
particulières des députés de l'Assemblée nationale.
Par exemple, M. le Président, on sait que le ministre de l'Education a
eu une carrière universitaire remarquable et je peux en
témoigner. Or, ont été évoqués à la
commission parlementaire les problèmes de jonction entre les
différents niveaux d'enseignement, l'élémentaire et le
secondaire, le collégial et l'universitaire. Lorsque la
présidente du Conseil des universités est venue témoigner
à notre commission parlementaire, on a souligné cet aspect des
choses. Le ministre de l'Education a eu une carrière universitaire. Le
ministre des Affaires intergouvernementales a eu une carrière
universitaire remarquée, non remarquable, remarquée. Il pourrait
venir ici à cette commission. Il faudrait lui permettre de venir ici
à cette commission pour dire: Attention, telle orientation que vous
prenez au niveau des collèges risque de créer tel type de
problème au niveau des universités. Ce serait important d'avoir
ce point de vue comme enseignant.
Par ailleurs, on sait que, dans la deputation du Parti
québécois, il y a un plus grand nombre j'imagine, de
députés 30 ou 40 députés qui ont
été dans l'enseignement dont, sans doute, le plus grand nombre
enseignait à l'élémentaire et au secondaire. Je ne porte
pas de jugement, évidemment, sur la valeur relative de ceux qui ont
oeuvré au niveau universitaire, ceux qui oeuvrent au niveau
collégial et ceux qui ont oeuvré aux niveaux
élémentaire et secondaire, mais il faut constater que plusieurs
députés du Parti québécois n'étaient
professeurs qu'aux niveaux élémentaire et secondaire. Or, ils ont
une expérience tout à fait particulière des
problèmes de l'enseignement élémentaire et secondaire.
C'est important, alors que l'on fait la réforme au niveau des
collèges, que ces gens-là puissent venir nous donner leur
expérience propre. Par exemple, on a ici le député de
L'Acadie qui, en raison de son expérience dont le ministre aime faire
état, a une connaissance des problèmes aux niveaux
élémentaire et secondaire. Mais le député de
L'Acadie ne peut apporter à cette commission le témoignage d'une
personne qui a oeuvré dans l'enseignement. Elle a été
chargée de l'administration.
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse, j'ai été dans
l'enseignement.
M. Rivest: En tout cas, pour les fins de l'argument, vous ne
l'avez pas été. Elle a été dans l'administration.
Cependant, c'est cela qui fait ma transition sur le deuxième aspect de
mon troisième argument, parce qu'elle a été dans
l'administration d'une commission scolaire. Elle peut apporter et il faut que
les députés qui ont une expérience dans l'administration
du secteur public et parapublic puissent venir apporter on a eu
l'éclairage des enseignants cet éclairage-là
à notre commission. M. le Président, raison de plus pour
permettre à tous les députés de l'Assemblée
nationale de participer à cette commission.
Mon quatrième argument, c'était, bien sûr,
l'intérêt général de tous les députés,
étant donné l'importance de cette question.
Je vois que mon temps est sur le point de se terminer. Je ne voudrais
pas que le ministre n'ait pas le temps d'écouter la première, la
deuxième, la troisième et la quatrième raison. Alors, j'en
arrive immédiatement à ma conclusion.
Ma conclusion est très simple. Il y a quatre raisons pour
soutenir la motion du député de D'Arcy McGee. Une première
raison, celle que le député de D'Arcy McGee a lui-même
évoquée, c'est-à-dire la période
particulière des travaux qui oblige une certaine mobilité, une
certaine rotation des députés qui devront aller de
l'Assemblée nationale à une autre commission parlementaire et
à celle-ci. Une deuxième raison: que les députés de
chacune des régions pour le ministre, la deuxième raison
puissent participer à nos travaux. C'est important.
M. Morin (Sauvé): Est-ce que vous parlez des
régions administratives?
Une Voix: II n'est pas vite.
M. Rivest: Non, je crois, M. le Président, que ce
secteur...
Mme Lavoie-Roux: ... ce point-là...
M. Rivest: Je crois que ce serait faire injure à mon
argument que de donner au critère région une seule dimension
administrative.
M. Morin (Sauvé): C'est parce que dans le projet de loi
mon collègue de l'aménagement, il y aura une centaine de
régions au Québec, peut-être.
M. Goldbloom: 73. C'est très mal conçu.
M. Morin (Sauvé): Tandis que, comme le
député le sait, il y a seulement une dizaine de régions
administratives. C'est pour cela que je me demandais s'il pouvait
préciser la chose pour que nous ayons une pleine compréhension de
la quintessence de sa pensée.
M. Rivest: D'accord. Ce que nous pouvons faire pour satisfaire le
ministre, afin que nous puissions avoir des représentants des 73
régions, c'est que le ministre retarde l'adoption des projets de loi 24
et 25 pour permettre à son collègue de l'aménagement
d'adopter la définition des 73 régions et, à ce
moment-là, les 73 régions pourront venir s'exprimer. Cela ne
passera pas, alors, on est mieux de procéder maintenant.
La troisième raison: les compétences professionnelles
particulières de chacun des députés. J'ai parlé de
votre compétence dans le domaine universitaire, celle même du
ministre des Affaires intergouvernementales; moi, personnellement, je pourrais
peut-être témoigner au nom des étudiants, étant
donné que j'ai été votre étudiant, apporter le
point de vue des étudiants, Mme le député de L'Acadie peut
apporter le point de vue d'une personne compétente sur le plan
administratif. Comme cela, tout le monde pourrait participer, ainsi que les
députés du Parti québécois qui,
généralement, sauf les deux ministres que je viens de mentionner,
ont surtout, je pense, travaillé au niveau élémentaire et
au niveau secondaire je ne porte pas de jugement de valeur
là-dessus, je pense que c'est important, aussi, les niveaux
élémentaire et secondaire, mais, tout de même, il faut
reconnaître cela. Par contre, je pense que c'est très important
qu'ils nous donnent ce point de vue. Cela, c'est la troisième raison,
les compétences particulières.
Le quatrième argument, M. le Président, je termine
là-dessus...
Le Président (M. Boucher): ... le temps sur le
quatrième argument, étant donné que vous avez
dépassé votre temps.
M. Rivest: Non, je vais simplement l'énoncer pour que le
ministre en prenne note, mais je suis convaincu qu'il va être conscient,
il va pouvoir lui-même le développer. C'est simplement
l'intérêt général de tous les députés,
étant donné l'importance de cette question.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Jean-Talon. M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: Merci, M. le Président. Vous savez
très bien, vous-même, par expérience, que je n'ai jamais
l'habitude de prendre la parole sur des motions qu'on peut qualifier de
dilatoires, mais, en face d'une telle motion, de la pertinence, de
l'importance, et surtout étant donné que cette motion permet de
faire avancer le débat de façon très rapide...
Le Président (M. Boucher): N'allez pas trop vite.
M. Goldbloom: Cela, c'est la meilleure. M. Le Moignan: ...
qu'elle permet surtout... M. de Bellefeuille: La Gaspésie vous
écoute.
M. Le Moignan: II y a un manque de sérieux autour de cette
table.
Mme Lavoie-Roux: Non, le ministre rit beaucoup, d'ailleurs.
M. Le Moignan: Quand on parle d'éducation, ce n'est pas un
temps pour rigoler. D'ailleurs, le ministre, cet après-midi, se
renseigne beaucoup et je constate que ses adjoints, ceux qui viennent ici lui
prêter main forte, vont certainement tirer beaucoup de profit de cette
argumentation qui va durer à peu près trois heures. Le ministre
va partir, à 18 heures, avec un bagage de connaissances très
positives. C'est dans ce sens que je voudrais apporter une collaboration
très honnête, très franche.
L'expérience du proposeur de la motion, le député
de D'Arcy McGee qui fut jadis ministre des Affaires municipales, utilisant son
expérience d'ancien ministre je sais très bien qu'il
tenait, à l'occasion de l'étude de ses projets de loi, à
ce que tous les députés de toutes les régions du
Québec soient entendus. Le député, dans sa grande
démocratie, invitait même toutes les municipalités à
comparaître ici en commission parlementaire. Si le député
de D'Arcy McGee nous propose cette motion... Comme les gens ne sont pas
sérieux!
M. Rivest: Ils m'ont fait le même coup, j'ai eu
l'impression que, pour certains bouts, ils ne m'écou-taient pas!
M. Le Moignan: Non, ce qui est regrettable, c'est que nous sommes
en fin de session, on nous dit que notre temps est limité, que chacune
des minutes est précieuse...
M. Rivest: C'est le propre du temps, d'ailleurs, d'être
limité!
M. Le Moignan: ... et, c'est la raison pour laquelle, depuis que
nous avons débuté, cet après-midi, chacune des minutes fut
très bien employée.
Je dois souscrire à la motion, pour ces raisons. Si je ne
l'appuyais pas, je suis convaincu que, dans quelques minutes, il y aurait une
autre motion. Alors, il faudrait en finir avec celle-ci, il faudrait, je crois,
disposer de cette motion, avant
d'écouter l'autre motion que nos collèges vont nous
proposer...
M. Morin (Sauvé): D'après le règlement,
c'est, en général, comme ça que ça se passe!
M. Le Moignan: Oui, et, comme je vous le dis, j'apporte ma
collaboration pour faire avancer ce débat!
M. Rivest: Oui, mais ça ne fait pas avancer l'heure, par
exemple!
M. Le Moignan: Non, ça ne fait pas avancer l'heure, mais
je n'ai pas à vous avertir, et vous le savez déjà, vous
êtes assez psychologue pour comprendre qu'il faut employer chacune des
minutes et très précieusement, surtout ne pas les gaspiller.
On a mentionné l'idée d'accorder un droit de parole, ici
à cette commission, à tous les députés. On a
donné certains exemples et, si on veut parler du Collège de la
Gaspésie, ça, ça pourra intéresser non seulement le
ministre, qui manifeste déjà beaucoup d'intérêt pour
ce collège, parce qu'il est bilingue. En même temps, il a une
vocation nationale, parce que, si on pense à l'option
pêcheries...
M. Morin (Sauvé): ...
M. Le Moignan: ... et quand on sait qu'il y a des
étudiants qui nous viennent de toutes les parties de la province,
à ce moment, je crois que tous les autres députés auraient
intérêt à venir ici se renseigner et à nous faire
part aussi de leurs expériences.
Le député de Jean-Talon a donné comme exemple le
député de Saint-Hyacinthe; je comprends que le
député de Saint-Hyacinthe pourrait nous parler de son
école vétérinaire, c'est peut-être
intégré déjà dans les collèges, dans les
CEGEP, je ne sais pas. Il y a un hôpital vétérinaire
à Saint-Hyacinthe, il pourrait vous dire s'il y a grève en ce
moment, si les infirmières font du zèle.
Alors, il y a tellement de choses positives là-dedans, que je
crois qu'on devrait étudier cette motion avec le plus grand soin, avec
beaucoup de minutie et ne pas s'en débarrasser de façon trop
rapide.
Si le projet de loi 25 a progressé beaucoup, depuis presque deux
heures, la motion va lui donner un très bon coup de pouce, je n'en doute
pas, parce que je suis convaincu qu'il y aura des motions beaucoup plus
sérieuses qui vont s'y ajouter encore tout à l'heure, dans
quelques instants.
Si les intervenants sont limités, je ne voudrais pas prendre mes
20 minutes, parce qu'on pourrait m'accuser de contribuer à une motion
dilatoire. Dès que nous aurons disposé de cette motion...
D'ailleurs les membres du côté ministériel n'ont pas encore
donné leur point de vue, et je pense que ceci serait très
important, parce que s'il n'y a que l'Opposition pour défendre le droit
de tous les députés de se faire entendre, je crois qu'il est bon
qu'on informe tous les membres de l'Assemblée nationale que la motion du
député de D'Arcy McGee voulait justement revendiquer les droits
de chacun des députés. ( 17 heures)
Personnellement, encore une fois, je serais très
intéressé à ce que, d'ici 18 heures, tous ces
députés puissent venir se faire entendre à tour de
rôle. Ce qui est regrettable, M. le Président, c'est qu'on aurait
dû demander à la commission de l'éducation, tel qu'il
était convenu au début de cette semaine, de poursuivre ses
travaux de 20 heures à minuit. Nous aurions pu entendre les
députés présents aujourd'hui et nous aurions
été prêts, peut-être demain matin, étant
donné qu'il est impossible pour nous de quitter la capitale, à
continuer la commission, évidemment, avec le consentement de tous les
membres. Nous n'avons pas ce loisir, malheureusement, parce qu'on fait perdre,
à l'Assemblée nationale et à tous ses membres, quatre
heures de travail qui, d'après le règlement, étaient
prévues pour ce soir. C'est pour cette raison qu'il faut condenser,
qu'il faut apporter le plus d'arguments possible dans l'heure qu'il nous reste,
afin que le ministre ne puisse pas dire que les travaux n'ont pas
progressé au cours de l'après-midi. Si je parle en ce moment,
c'est de façon très positive. D'ailleurs, le député
de Terrebonne a un sourire que je n'aime pas trop. Il croit que
j'empiète sur son droit de parole, mais il sait qu'il aura la
liberté, dans quelques minutes, d'intervenir très longuement.
M. Morin (Sauvé): ...
M. Le Moignan: Je lui conseillerais d'utiliser son temps de 20
minutes. De cette façon, il ne succomberait pas à l'ennui. Il y a
un grand auteur ce n'est pas "Bouffon", ni Buffon qui a dit que
l'ennui naquit un jour de l'uniformité. Alors, il faut rompre
l'uniformité de nos travaux. Je me demande si on peut apporter un
sous-amendement à cette motion, un amendement à cette motion.
J'entendrai d'autres intervenants avant de proposer cet amendement. Comme
j'avais juré de ne pas dépasser 17 heures et que j'ai
triché de deux minutes, M. le Président, je vais céder la
parole à un autre.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Gaspé.
Une Voix: Quel est l'amendement, M. le député?
Le Président (M. Boucher): II n'a pas encore
été déposé.
Mme Lavoie-Roux: II veut entendre les autres arguments.
M. Le Moignan: Le point de vue du ministre surtout.
M. Morin (Sauvé): Avant de déposer un
sous-amendement. Très bien.
Le Président (M. Boucher): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, il me fait
plaisir...
Une Voix: Restez avec nous cet après-midi.
Mme Lavoie-Roux: ... d'appuyer la motion de mon collègue
de D'Arcy McGee pour qu'on accorde un droit de parole à tous les
députés qui voudront venir participer aux travaux de cette
commission parlementaire. Je suis convaincue, M. le Président, que nous
n'aurons pas de difficulté à convaincre le ministre et le
côté ministériel du bien-fondé de cette motion.
Certains ont dit évidemment, le ministre les a qualifiés
de mauvaise foi que les travaux de cette commission parlementaire, les
travaux qui ont entouré toute la discussion de ces projets de loi soit
en commission parlementaire, soit lors des discours de deuxième lecture,
des mauvaises langues sans doute, comme dirait le ministre, ont eu le sentiment
qu'ils étaient un peu bâillonnés. Alors, je suis certaine,
au cas où certains maintiendraient ces accusations, que le ministre
lui-même ne voudrait pas une seconde fois se voir "accusé"
entre guillemets de bâillonner maintenant les
députés qui sont ici les représentants de l'ensemble des
électeurs du Québec.
On a vu les étudiants traiter la commission parlementaire de
commission fantoche. On en a même vu d'autres s'abstenir d'y venir parce
qu'ils croyaient que cela ne faisait pas très sérieux et ils
avaient l'impression que, de toute façon, on ne les écouterait
pas et que le dérangement n'en valait pas la peine. Mais je pense que,
si le ministre acceptait je suis sûre que telle va être sa
décision finale que tous les députés qui
désirent se faire entendre puissent venir à cette commission, il
laisserait une impression peut-être moins pénible des travaux qui
ont entouré la discussion de ces projets de loi.
M. le Président, je veux dire que cette motion n'est pas une
motion comme aimerait dire le ministre d'Etat au développement
culturel superfétatoire. Ce matin peut-être que
d'autres ont eu la même occasion j'entendais à la radio,
avant de me rendre à l'Assemblée nationale, une nouvelle selon
laquelle je ne peux pas dire que cela m'a beaucoup surprise
qu'hier soir, en commission parlementaire, on avait empêché un
député de s'exprimer. Je pense qu'on doit dire qu'il s'agit d'un
député qui ne fait pas perdre de temps à
l'Assemblée nationale et je pense qu'il apporte une contribution
extrêmement valable.
M. Morin (Sauvé): ...
Mme Lavoie-Roux: Non, il était à cette commission
parlementaire, il est absent aujourd'hui. C'était le chef de
l'Opposition officielle. Ce matin, on disait, à la radio, qu'une fois de
plus, en commission parlementaire, on avait empêché le chef de
l'Opposition officielle de s'exprimer.
M. Fallu: La crainte! La crainte!
Mme Lavoie-Roux: Evidemment, on sait fort bien qu'on craint les
interventions du chef de l'Opposition officielle.
M. Rivest: C'est arrogant!
Mme Lavoie-Roux: Ce qui est le plus malheureux, M. le
Président, c'est que ce n'était pas la première fois qu'un
tel incident se produisait à l'égard du chef de l'Opposition
officielle non seulement à qui on refusait d'accorder le droit de
parole, mais qu'on empêchait de parler. Il n'y a pas si longtemps, dans
l'enceinte même de l'Assemblée nationale, par un désordre
indescriptible qui a été créé du côté
des ministériels, on a empêché le chef de l'Opposition
officielle de pouvoir répliquer à sa propre motion. Un de nos
collègues, le député de Bonaventure, qui est un
député qui siège à cette assemblée depuis
quelques instants, a même invoqué une question de privilège
à savoir qu'il n'avait jamais vu semblable chose. On sait que
peut-être je n'aime pas accuser les gens dans le public, on
a parlé d'intolérance, qu'on empêchait les gens de
s'exprimer, de faire valoir leur point de vue. Je suis convaincue que tel n'est
pas le cas du ministre qui est devant nous et qui lui, bien au contraire, va
être heureux de permettre que tous les députés qui
désireront le faire puissent se faire entendre à cette commission
parlementaire.
M. le Président, mon collègue de Jean-Talon a fait valoir
les qualités professionnelles des députés qui sont
à l'Assemblée nationale pour expliquer qu'ils pourraient avoir le
loisir de s'exprimer et qu'ils apporteraient une contribution certainement
très valable à ce débat important. Il est une
qualité dont il n'a pas parlé. En le disant, je comprends un peu
pourquoi. Je voudrais invoquer cette qualité qu'il n'a pas
invoquée. La majorité des députés, à ma
connaissance, sont aussi des parents. C'est cette qualité de parent qui
s'ajoute à leurs autres qualités professionnelles.
M. Le Moignan: ...
M. Fallu: Mme le député de L'Acadie a dit que la
majorité des députés étaient également
parents.
M. Le Moignan: La majorité, elle n'a pas dit la
totalité.
M. Fallu: Je voulais bien que vous l'ayez entendu.
M. Le Moignan: J'en pends note.
Mme Lavoie-Roux: M.le Président, c'est exact que j'ai bien
dit la majorité, du moins à ma connaissance.
M. Le Moignan: II faudrait... le député de
Jean-Talon également.
Mme Lavoie-Roux: Exactement! M. Morin (Sauvé):
Précisément!
Mme Lavoie-Roux: Précisément. Et on sait, M. le
Président, quelle importance le ministre de l'Education accorde aux
témoignages que les parents peuvent apporter dans les débats.
M. Goldbloom: M. le Président, je m'excuse d'interrompre
ma collègue, mais je voudrais vous rappeler que, hier, en Chambre, le
député de Vanier a fait preuve d'une connaissance des
accouchements qui était renversante et qui nous laisse songeurs.
M. Rivest: De Vanier?
M. Goldbloom: De Vanier, oui.
M. Rivest: Eh bien!
Mme Lavoie-Roux: A tout événement, M. le
Président, je pense que, à ce titre, les députés,
dont un grand nombre ont ou ont eu des enfants dans le réseau
collégial, sont très au fait des problèmes qui s'y
trouvent et pourraient apporter cette dimension extrêmement importante et
que, je sais, le ministre de l'Education valorise beaucoup.
Il y a une autre raison qui, je pense, a peut-être
été invoquée par mon collègue de Jean-Talon; je
pense qu'il a fait état de la course précipitée de fin de
session. Il a même signalé qu'il devra peut-être je
suis sûre que le ministre en sera désolé
lui-même s'absenter, par la force des choses, de cette commission.
M. Morin (Sauvé): De laquelle? Mme Lavoie-Roux: De
la vôtre.
M. Morin (Sauvé): Je pensais que vous parliez de cette
commission parlementaire.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais peut-être à cause...
M. Rivest: C'est votre commission, vous la dominez!
M. Morin (Sauvé): J'ai plutôt l'impression de la
subir! M. le Président, est-ce que le député de
Gaspé me prêterait son bréviaire, ça m'aiderait
à passer le temps!
M. Le Moignan: Je l'ai laissé à mon appartement, M.
le ministre!
Mme Lavoie-Roux: Mais...
M. Rivest: M. le Président, j'invoque le règlement,
traiter ainsi, d'une façon que je ne qualifie- rai pas, les
écritures que l'on trouve dans le bréviaire! Pour passer le
temps, quand même!
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, à
l'ordre! Mme le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
M. Le Moignan: On pourrait prier pour les membres du Parti
libéral pendant ce temps!
M. Goldbloom: C'est ce qui est arrivé à
Notre-Dame-des-Neiges !
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, tout le monde
m'interrompt. Rétablissez l'ordre!
Le Président (M. Boucher): Je ferai remarquer aux membres
de la commission que vous empiétez sur le précieux temps de Mme
le député de L'Acadie, avec les interventions que vous faites.
Alors, je demanderais la collaboration des membres de cette commission, pour
laisser au député de L'Acadie...
M. Le Moignan: Etant donné que les minutes sont tellement
comptées, il ne faudrait pas la déranger!
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, c'est sérieux ce
que je vais dire. Le ministre semble ça m'étonne
s'ennuyer. Je voudrais lui faire une suggestion. Plusieurs lui ont
reproché, peut-être à tort, que les projets de loi ne
concordaient pas exactement avec les intentions et, à plusieurs
égards, les intentions du livre blanc sur l'enseignement
collégial.
M. Morin (Sauvé): J'espère que vous n'allez pas me
demander de relire encore une fois l'énoncé de politique.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que, vraiment, si vous vous ennuyez et
que vous croyez perdre votre temps, ce serait l'utiliser fort utilement
M. le Président, je voudrais dire ça au ministre, par votre
intermédiaire que de faire la concordance entre les intentions du
livre blanc sur les collèges et le projet de loi 25. Peut-être que
ça inspirerait même d'autres amendements au ministre.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, la
différence c'est que ce n'est pas le député de
Gaspé pui a rédigé son bréviaire, tandis que c'est
moi qui ai rédigé l'énoncé de politique.
M. Rivest: Je croyais que ça avait été fait
en consultation!
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'il n'y a pas ce proverbe il y a
longtemps que je ne l'ai pas utilisé Vingt fois sur le
métier remettez votre ouvrage...
M. Morin (Sauvé): Remettez votre ouvrage, polissez-le et
le repolissez.
Mme Lavoie-Roux: C'est ça.
Le Président (M. Boucher): Je crois qu'on s'éloigne
de la motion du député de D'Arcy McGee et on devrait revenir sur
l'importance...
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais...
M. Le Moignan: M. le Président, on s'en rapproche.
Le Président (M. Boucher): ... que tous les
députés aient droit de parole à cette commission. Mme le
député de L'Acadie.
M. Rivest: Est-ce que vous avez accepté la motion?
Le Président (M. Boucher): Oui.
M. Rivest: Vous avez dit que tous les députés
auraient droit de parole?
Le Président (M. Boucher): J'ai dit qu'on devrait revenir
à la motion qui demande que l'on accorde le droit de parole à
tous les députés et ce, pour toutes les séances de cette
commission. Mme le député de L'Acadie. (17 h 15)
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Je profite de
l'occasion pour vous féliciter de la façon démocratique
dont vous conduisez les travaux de cette commission.
Une Voix: Est-ce que c'est une motion? Estelle
débattable?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je m'excuse...
Le Président (M. Boucher): Cinq minutes.
Mme Lavoie-Roux: Oui, ce ne sera pas long. Il faut remarquer que
j'ai été interrompue quelques fois. D'ailleurs, c'est un peu la
cause du fait que j'ai débordé de la motion à la suite de
l'intervention du ministre. Je disais justement que les collègues auront
à se déplacer d'une commission à l'autre et
peut-être ne pourront-ils venir ici que peu de temps à la fois.
Vous savez, on est un peu dans une course à relais que le gouvernement
nous impose. S'ils viennent, je pense que ce sera avec l'intention ferme de
faire valoir certains points de vue qu'ils jugent très importants.
Tout à l'heure, j'ai parlé de la qualité des
députés comme parents et mon collègue de Jean-Talon
parlait de la qualité des députés comme professionnels de
l'enseignement au niveau universitaire, au niveau collégial, comme
administrateurs, etc. Justement, il faisait état du fait que le ministre
des Affaires intergouvernementales, le député de
Louis-Hébert, pourrait apporter une contribution...
M. Rivest: On l'appelle communément l'autre Morin.
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai pas le droit d'utiliser les noms des
députés. Je connais bien les règlements, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): Comme le député
l'a prouvé en Chambre.
Mme Lavoie-Roux: Alors, il faisait état des
qualités ou de l'expérience universitaire du ministre des
Affaires intergouvernementales et député de Louis-Hébert.
Sans doute, il pourrait apporter également une contribution fort
heureuse. J'ai juste une restriction. On sait que, dernièrement
pas à ce qu'il apparaît, c'est tout à fait son droit, c'est
ce que nous essayons de faire valoir, mais je voudrais simplement faire
remarquer que le ministre des Affaires intergouvernementales a tenté
d'apporter une contribution très importante dans le comté de
Jean-Talon il n'y a pas tellement longtemps, mais a malheureusement obtenu des
résultats qui n'étaient pas très remarquables. Alors, je
ne voudrais pas que...
M. Rivest: Mais sa présence fut remarquée.
M. Le Moignan: Mais pas dans le domaine de
l'éducation.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît!
M. Le Moignan: Pas dans le domaine de l'éducation.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, M. le
député de Gaspé.
Mme Lavoie-Roux: Oui,il...
M. Le Moignan: J'ai une précision, M. le
Président.
Une Voix: II a essayé de faire...
Mme Lavoie-Roux: Oui, il est allé dans le domaine de
l'éducation. On a parlé de l'enseignement privé, à
ce moment-là. Vous vous souvenez?
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît! Une
Voix: Oui. Merci.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît! Mme le
député de L'Acadie.
Une Voix: Elle a mentionné quelque chose. M. Le
Moignan: Merci de vos précisions.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: L'enseignement privé.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: La richesse de notre patrimoine. Mme Lavoie-Roux:
M. le Président... M. Rivest: La notion de...
Mme Lavoie-Roux: ... je dois vous dire que je ne serai pas
capable de faire une synthèse aussi impressionnante de mes observations
que celle qu'a faite le député de Jean-Talon, mais, en
conclusion, je pense que le ministre voudra certainement considérer que
la commission soit la plus ouverte possible, que tous ceux qui ont une
contribution à y apporter pourront travailler à bonifier ce
projet de loi. Il souhaite certainement que tous et chacun d'entre eux ou
d'entre elles puisse se faire entendre. C'est pour ces raisons que j'ai
énumérées qu'une fois de plus je sollicite la
compréhension du ministre pour qu'il accepte la motion du
député et collègue de D'Arcy McGee, que tous les
députés puissent obtenir un droit de parole à cette
commission durant les travaux parlementaires. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): Merci, Mme le
député de L'Acadie. M. le député de
Matapédia.
M. Marquis: M. le Président, je ne serai pas bien long.
Tout ce que je veux dire, c'est que, depuis que je suis arrivé ici,
même si je suis un peu en retard, surtout à la suite de la motion,
je trouve que c'est une perte de temps inadmissible, c'est un véritable
scandale, ne serait-ce que le temps qui est perdu par les
députés, par les employés de toutes sortes. Je voudrais
faire une motion qui, je pense, est privilégiée. Si cela doit
continuer ainsi, je propose l'ajournement des travaux de la commission
immédiatement.
Mme Lavoie-Roux: M.le Président, il y a déjà
une motion sur la table.
Le Président (M. Boucher): II y a déjà une
motion sur la table.
M. Marquis: Une motion d'ajournement est censée être
privilégiée, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): La motion est
débattable.
M. Marquis: Je n'ai pas de temps à perdre ici.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Matapédia, étant donné qu'il s'agit d'une motion
privilégiée d'ajournement, si vous voulez utiliser votre droit de
parole immédiatement pour la débattre...
M. Marquis: A moins qu'on ne change de ton et qu'on ne soit
sérieux, on n'a rien à faire ici d'ici 18 heures, si cela doit
continuer ainsi.
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'elle est
conditionnelle ou si elle est formelle, votre motion d'ajournement?
Une Voix: Est-ce que vous la faites? M. Marquis: Je la
fais, oui.
M. Rivest: Est-ce qu'elle est privilégiée, M. le
Président?
M. Marquis: Je n'ai pas d'argumentation, je pense que c'est
clair.
Le Président (M. Boucher): Elle est
privilégiée.
M. Marquis: Je propose l'ajournement immédiat.
M. Rivest: M. le Président, je voudrais parler une seconde
sur la...
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'il y a des
intervenants sur la motion d'ajournement du député de
Matapédia?
M. Rivest: M.le Président, est-ce que cette motion est
privilégiée au sens du règlement?
Le Président (M. Boucher): Elle est
privilégiée au sens du règlement, c'est la motion
d'ajournement.
M. Rivest: Pour l'instant, je n'interviendrai pas, à moins
que le ministre ne veuille intervenir.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je pense
qu'effectivement la rigolade a assez duré et, en ce qui me concerne, je
suis porté à appuyer cette motion du député.
M. Rivest: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Boucher): M.le député de
Jean-Talon, sur une question de règlement.
M. Rivest: C'est une question de règlement...
Le Président (M. Boucher):... un représentant par
parti.
M. Rivest: C'est cela, il avait déjà utilisé
son droit de parole, alors le ministre n'avait pas le droit, mais puisqu'il l'a
fait...
Le Président (M. Boucher): Sur la motion d'ajournement, il
n'y a pas d'utilisation de droit de parole. La motion est débattable, un
représentant par parti.
M. Goldbloom: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, j'aimerais intervenir sur
la motion. Il est vrai que nous sommes ici depuis peu après 15 heures
cet après-
midi et que nous n'avons pas encore abordé l'étude du
premier article du projet de loi. Ayant été ici depuis beaucoup
plus longtemps que le député de Matapédia, j'ai
assisté à de nombreux débats de cette nature. Vous avez
compris je l'ai vu sur votre visage, M. le Président
dès les premiers moments de ce débat, qu'il s'agissait de ce que
le règlement permet aux députés, et notamment à
ceux de l'Opposition, c'est-à-dire d'introduire des motions soit
d'amendement, soit pour la production de documents, soit pour permettre
à l'ensemble des députés de l'Assemblée nationale
de participer aux travaux de cette commission, et que tout cela est
parfaitement légitime.
M. le Président, tout cela fait partie de ce qui est non
seulement une tradition, mais un élément fondamental de la
démocratie. Je vous ai fait remarquer, comme je l'ai fait en Chambre,
que c'est dans l'espace de quatre jours que nous sommes passés du
début des séances de la commission pour entendre les
intéressés à l'étude article par article. Si nous
étions à une période normale de l'année de
l'Assemblée nationale, nous n'aurions jamais été en mesure
de passer à travers la deuxième lecture en moins de 24 heures. Il
aurait fallu trois ou quatre journées de séances pour le
faire.
Donc, autant de raisons de permettre à l'Opposition de faire
ralentir les travaux de l'Assemblée nationale, intentionnellement,
sciemment; c'est une façon d'alerter l'opinion publique.
Je termine en disant tout simplement ceci: Que nous l'ayons fait avec le
sourire aux lèvres, c'était tout simplement une façon plus
agréable de travailler que de faire tout cela dans un esprit de
colère, dans un esprit de mépris pour qui que ce soit. Aussi bien
sourire et même rire, de temps en temps, M. le Président, en
accomplissant notre devoir.
C'est le droit strict de l'Opposition de faire ce que nous avons fait.
L'intention n'avait pas besoin d'être explicitée en paroles, tout
le monde a deviné ce qui se passait, le ministre autant que n'importe
qui, le député de Terrebonne autant que n'importe qui. Nous avons
échangé, d'un côté et de l'autre de cette table, des
plaisanteries. Mais, M. le Président, si c'est, en quelque sorte,
contraire au règlement de la Chambre et aux bonnes relations qui
devraient exister entre les députés de cette Chambre, même
si nous ne partageons pas les mêmes idées politiques, bien c'est
non seulement triste, mais c'est tragique que nous soyons taxés de ne
pas prendre au sérieux notre travail. Le ton a été
différent de celui que nous empruntons normalement, cela est vrai, mais,
M. le Président, si nous devons travailler toujours sous tension, ce
n'est pas du tout une façon agréable et ce n'est pas bon pour la
santé des membres de cette Assemblée.
M. le Président, je comprends que le député de
Matapédia soit malheureux et qu'il veuille...
Mme Lavoie-Roux: Je ne l'avais jamais entendu intervenir à
une commission parlementaire avant aujourd'hui. On se trouve toujours un
héros!
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît!
M. Goldbloom: ... mettre fin à nos travaux, parce qu'il
trouve qu'il est scandalisé par le ton que nous avons emprunté.
Mais, je termine, M. le Président, en disant que...
Une Voix: ...
M. Goldbloom: Je reprends, M. le Président. Je termine en
disant tout simplement que nous aurions pu être extrêmement
désagréables à l'endroit du ministre, nous aurions pu
accuser le gouvernement de toutes sortes de choses, de péchés, de
mauvaises intentions, d'incompétence et de tout ce que l'on aurait pu
imaginer comme épithètes; nous avons préféré
faire cela agréablement.
Je pense, M. le Président c'est un peu à mon corps
défendant que je le dis que c'est un compliment à
l'endroit du ministre et c'est certainement un compliment à votre
endroit, M. le Président, que nous ayons préféré
adopter ce ton plutôt que d'être en colère et de nous
stresser nous-mêmes par l'intensité de nos sentiments. Etant
appelés à être souvent tendus et stressés dans
l'accomplissement de notre tâche parlementaire, il est tout à fait
normal et humain je pense que ce n'est pas une mauvaise chose pour le
parlementarisme non plus que nous nous détendions, de temps en
temps, tout en tenant compte du contenu du projet de loi. Il est clair que,
dès que nous serons de plain-pied dans l'étude de...
M. Fallu: ...
M. Goldbloom: ... ce projet de loi...
M. Fallu: II faut bien, nous aussi, avoir un peu d'humour!
M. Goldbloom: ... nous allons faire ce travail avec tout le
sérieux possible.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de D'Arcy McGee. M. le député de
Gaspé, voulez-vous intervenir au nom de votre parti sur la motion
d'ajournement?
M. Le Moignan: Mon avion, hélas! je viens de le manquer,
alors...
M. Rivest: Prenez vos 20 minutes! (17 h 30)
M. Le Moignan:... pour employer le temps qui m'est alloué
pour me rendre à l'aéroport et pour oublier ces déboires,
je serai forcé de demeurer à Québec ce soir. Je dois donc
dire que la colère, c'est une mauvaise conseillère. Alors, je
vais essayer de demeurer très calme et suivre les conseils du
médecin, parce que le stress est dangereux.
M. Rivest: Pardonnez-lui.
M. Le Moignan: Dans mon cas, étant donné que je
suis porté à faire de l'hypertension, je dois toujours demeurer
très calme. Je suis d'accord avec les arguments du député
de D'Arcy McGee. Quand on travaille et qu'on est toujours de mauvaise humeur,
le travail n'est pas productif. Ce n'est pas le "fun" comme on dit. Quand je
pense à Péguy je n'ai pas les textes, mais on a tous lu
Péguy quand il parle du travail, il dit: De mon temps, tout le
monde chantait. Le travail était une joie. Je pense qu'on a
travaillé cet après-midi dans la joie. Cela arrive tellement peu
souvent. Quand on a vu ces scènes disgracieuses de l'Assemblée
nationale où tout le monde était fâché, alors que le
président rappelait à l'ordre sans cesse, cet après-midi
le président s'est reposé. Comme je l'ai dit tout à
l'heure, ce travail a permis au ministre de se documenter, de se renseigner.
Cela va simplifier les discussions quand nous reprendrons un jour, la semaine
prochaine peut-être, l'étude du projet de loi 25 article par
article. Parfois, on dit: Plus on est de fous, plus on s'amuse. Je ne sais pas
si les fous étaient tous du même côté cet
après-midi.
M. de Bellefeuille: M. le Président, je me demande si le
député de Gaspé me permettrait de lui poser une
question?
M. Le Moignan: Oui, allez-y.
M. de Bellefeuille: C'est que le député de
Gaspé a cité Péguy. Je voudrais...
M. Le Moignan: Je l'ai mal cité, oui.
M. de Bellefeuille: ... savoir s'il connaît cette autre
citation de Péguy qui a dit: Homère est nouveau ce matin et le
journal d'aujourd'hui est déjà vieux. Je pense qu'elle s'applique
au journal des Débats.
M. Le Moignan: Je me suis...
M. Lalonde: C'est une citation péquiste.
M. de Bellefeuille: "Péguyste ".
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, je vous ferai remarquer que la motion, pour permettre
à tous les députés de se faire entendre, n'est pas encore
adoptée.
M. Lalonde: Si j'ai le consentement, je peux...
Une Voix: M.le député de
Marguerite-Bourgeoys...
M. Le Moignan: M. le Président, je n'aime pas qu'on vienne
m'interrompre au milieu d'un débat aussi...
M. Lalonde: C'est l'émotion.
M. Le Moignan: ...académique et aussi important.
Mme Lavoie-Roux: Je vous ai averti de nos intentions, M. le
ministre, dès la première minute de mon intervention.
Le Président (M. Boucher): Allez-y, M. le
député de Gaspé.
Mme Lavoie-Roux: Peut-être pas pour la première.
M. Le Moignan: Je suis d'accord un peu avec le
député de L'Acadie quand elle a mentionné que, dans une
commission parlementaire, on avait refusé, je crois, au chef de
l'Opposition officielle son droit de parole. Je trouve ceci tellement
regrettable parce que c'est le seul, à l'Assemblée nationale, qui
soit infaillible. D'ailleurs, c'est le seul qui a été
inspiré et c'est très regrettable que justement c'est
là que je suis d'accord avec la motion antérieure tous les
députés, surtout quand on brime un député, nous
n'en avons qu'un seul à l'Assemblée nationale...
Le Président (M. Boucher): M.le député de
Gaspé, puis-je vous faire remarquer que nous sommes sur la motion
d'ajournement.
M. Le Moignan: Je ne suis pas prêt à ajourner tout
de suite, M. le Président. On avait promis de travailler jusqu'à
18 heures et j'ai indiqué tout à l'heure que chaque minute que
l'on perd retarde nos travaux.
M. Rivest: M. le Président, j'ai une question de
règlement. Est-ce qu'il n'y a pas un ordre de la Chambre qui a
été accepté pour que la commission siège de 15
heures à 18 heures? Je me demande si la motion du député,
au niveau de cette commission, peut contredire un ordre de la Chambre.
Le Président (M. Boucher): En commission parlementaire, un
membre de la commission peut proposer une motion d'ajournement.
M. Rivest: Malgré un ordre formel de la Chambre?
Le Président (M. Boucher): Absolument.
M. Rivest: Mon Dieu! C'est puissant une commission
parlementaire.
Le Président (M. Boucher): C'est cela.
M. Le Moignan: Je vais reprendre mes propos, M. le
Président.
Une Voix: ...
M. Le Moignan: La sagesse, la tempérance, ces grandes
vertus doivent présider nos délibérations. Je crois que,
cet après-midi, nous avons agi avec beaucoup de modération et ce
n'est pas souvent qu'on voit le ministre s'amuser en com-
mission parlementaire. Aujourd'hui, il a eu du plaisir, justement. C'est
parce qu'il a eu du plaisir que, ce soir, il va pouvoir se reposer d'une
façon plus détendue, de même aussi, peut-être, mon
bon ami le député de Matapédia, mais je vois qu'il
commence à sourire, il commence à comprendre, et il va nous
apporter tout à l'heure le fruit de ces cogitations.
M. Morin (Sauvé): Je dois dire, M. le Président,
que, par moments, c'était aussi bon que Alice au pays des
merveilles.
M. Le Moignan: Je vois que d'autres me font signe, ils veulent
avoir la parole. Je vais résumer mon intervention...
Le Président (M. Boucher): Est-ce que les membres de la
commission sont prêts...
M. Le Moignan: Je vais seulement résumer, si vous
permettez, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, oui, il
vous reste encore cinq minutes.
M. Le Moignan: Quelqu'un a dit, un jour: Le ridicule tue. Je dis
que c'est faux parce que, si c'était vrai, il ne resterait plus
personne.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le
député de Matapédia.
M. Marquis: M. le Président, pour reprendre un certain
nombre d'expressions que j'ai entendues, le député de D'Arcy
McGee a parlé de travail, il a parlé d'accomplir un devoir. Si on
appelle travailler ce qu'on a fait depuis quelques heures, si on pense avoir
accompli un devoir, tant mieux, mais je dois vous avouer que je ne suis pas
encore disposé à être un bon parlementaire si c'est cela
être un bon parlementaire.
Il a été question de tristesse, de colère, etc. En
ce qui me concerne, ce qui est triste, ce qui est tragique, je pense bien,
c'est la perte de temps qu'on a vécue depuis, entre autres, le
débat de la motion pour faire parler tous les députés.
Pour reprendre une remarque du député de L'Acadie, c'est
peut-être vrai que je ne suis pas intervenu souvent. A la commission de
l'éducation, évidemment, cela se résume bien souvent
à un long dialogue entre le ministre et le député de
L'Acadie. Cela ne veut pas toujours dire qu'on n'aurait pas des choses à
dire, mais ce que j'avais à dire, je l'ai dit à
l'Assemblée nationale à quelques reprises. Ce qui me
préoccupe, en plus d'être parlementaire, c'est également de
travailler pour mon comté. Quand on représente un comté
comme Matapédia, je pense qu'on a du travail. Pendant qu'on perd notre
temps en commission, on ne règle pas les problèmes de nos
comtés.
Il y a aussi le fait que, pour retourner dans mon comté, cela
prend un minimum d'à peu près cinq heures de route. Si j'avais pu
en sauver une demi-heure cet après-midi, cela aurait été
tant mieux. Ce n'est pas le cas de tout le monde, mais c'est mon cas.
En résumé, je n'ai peut-être pas le sens de l'humour
du député de L'Acadie, mais je suis capable d'être
sérieux, je suis capable de rire quand c'est le temps, mais, quand cela
dépasse les bornes, je crois que c'est de mon devoir de le dire.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Matapédia.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Boucher): Question de règlement,
Mme le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je regrette que le
député de Matapédia ait cinq heures de voyage à
faire, mais ce n'est quand même pas nous qui l'avons obligé
à rester ici cet après-midi, et peut-être que la prochaine
fois, quelqu'un qui habite plus près de Québec pourrait rester.
Il ne peut quand même pas nous le reprocher, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Terrebonne, question de règlement.
M. Fallu: Je demande que vous mettiez cette motion aux voix.
Le Président (M. Boucher): J'allais justement demander si
les membres sont prêts à voter sur la motion d'ajournement du
député de Matapédia.
Mme Lavoie-Roux: Appel nominal.
Le Président (M. Boucher): Appel nominal. M. le
député de Beauce-Nord... il n'est pas ici. M. le
député de D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Terrebonne.
M. Fallu: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Lacoste: Pour.
Le Président (M. Boucher): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: Pour des raisons personnelles, pour.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Matapédia.
M. Marquis: Pour.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Sauvé.
M. Morin (Sauvé): Pour.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: Pour, M. le Président.
M. Rivest: Moi, je n'ai pas droit de vote? Mme Lavoie-Roux:
Intervenant.
Le Président (M. Boucher): Vous êtes intervenant, M.
le député de Jean-Talon.
M. Rivest: ... qu'il y en a qui...
Le Président (M. Boucher): La motion d'ajournement est
donc acceptée et la commission ajourne ses travaux sine die.
Fin de la séance à 17 h 40