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Projet de loi no 25
(Vingt heures vingt-deux minutes)
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente de l'éducation est réunie pour
poursuivre l'étude article par article des projets de loi 24, 25 et
30.
Les membres de la commission sont: M. Alfred (Papineau), M. Goldbloom
(D'Arcy McGee) remplacé par M. Forget (Saint-Laurent); M. Jolivet
(Laviolette) remplacé par M. Fallu (Terrebonne); M. Lacoste
(Sainte-Anne), Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), M. Le Moignan (Gaspé)
remplacé par M. Brochu (Richmond)...
Mme Lavoie-Roux: Une minute! Vous êtes rendu loin dans vos
noms et je ne vous ai pas écouté, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): Je vais revenir
immédiatement. M. Marquis (Matapédia), M. Morin (Sauvé),
M. Paquette (Rosemont).
Mme Lavoie-Roux: II y a M. Forget qui remplace monsieur...
Le Président (M. Marcoux): C'est fait. M. Goldbloom
(D'Arcy McGee) est remplacé.
Mme Lavoie-Roux: II y a monsieur...
Le Président (M. Marcoux): Cela va pour la suite.
Mme Lavoie-Roux: M. Saint-Germain remplace M. Rivest.
Le Président (M. Marcoux): M. Rivest n'est pas membre de
la commission, alors...
Mme Lavoie-Roux: Comme intervenant.
Le Président (M. Marcoux): II va remplacer M.
Springate?
Mme Lavoie-Roux: Et M. Picotte est remplacé par M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys).
Le Président (M. Marcoux): Cela va.
Les intervenants sont: M. Bisaillon (Sainte-Marie), M. Chevrette
(Joliette-Montcalm), M. de Belle-feuille (Deux-Montagnes), M. Desbiens (Dubuc),
M. Gosselin (Sherbrooke), M. Goulet (Bellechasse) remplacé par M.
Grenier (Mégantic-Compton)...
M. Brochu: Voilà! voilà!
Le Président (M. Marcoux): Voyez-vous, je vous devine.
M. Brochu: Vous avez une science infuse, M. le
Président.
Le Président (M. Marcoux): C'est cela. M. Picotte
(Maskinongé) remplacé par M. Saint-Germain (Jacques-Cartier); M.
Samson (Rouyn-Noranda), je pense qu'il n'a pas de remplaçant; M.
Springate (Westmount) remplacé par M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys).
Composition du conseil (suite)
Nous avions adopté l'article 3, et je m'apprêtais à
appeler l'article 4. Y a-t-il consentement?
M. Morin (Sauvé): Oui, M. le Président. Puis-je
vous demander la parole?
Le Président (M. Marcoux): Je pensais que vous me
proposiez de l'adopter.
M. Morin (Sauvé): Avant d'en proposer l'adoption, comme il
se doit, il me faut vous donner quelques explications sur les raisons pour
lesquelles nous désirons ajouter à l'article 10 un alinéa
pour qu'un membre qui fait partie du conseil à titre de parent
d'étudiant du collège continue d'en faire partie jusqu'à
l'expiration de son mandat, même s'il perd cette qualité,
c'est-à-dire même s'il n'est plus parent d'un
collégien.
En d'autres termes, s'il arrive qu'un étudiant laisse le
collège, le parent peut néanmoins terminer son mandat. On nous a
demandé cette modification de la loi de plusieurs parts, et notamment de
la part des parents, parce qu'il arrivait qu'en cours d'année un
étudiant quitte le CEGEP. Le parent perdait alors sa qualité, en
tout cas, il se posait des questions d'ordre juridique sur sa capacité
de continuer à siéger.
C'est la raison pour laquelle nous avons décidé d'accepter
cette suggestion des parents et de faire en sorte que leur mandat ne vienne pas
à expiration, si par hasard leur fils ou leur fille quitte le CEGEP.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'article 4 sera
adopté?
M. Brochu: Est-ce que c'est seulement pour l'année en
cours, à ce moment? Est-ce que c'est comme cela que cela fonctionne?
M. Morin (Sauvé): Cela dépend de son terme, cela
dépend de la longueur de son mandat. Supposons que c'est un mandat de
deux ans, pour les parents c'est un mandat de deux ans.
M. Brochu: II peut compléter à ce moment tout son
mandat.
M. Morin (Sauvé): II complète son mandat de deux
ans. Supposons qu'elle est au milieu de son mandat, elle a une année de
faite, le fils a un accident de la route et il quitte le CEGEP brutalement,
pendant un an ou deux peut-être, la personne qui occupait le fauteuil de
parent au CA, au conseil d'administration, va continuer jusqu'à
l'expiration de son mandat, c'est-à-dire qu'elle va faire une
autre année.
M. Brochu: Ah,bon!
M. Morin (Sauvé): Nous pensons que si la personne perd sa
qualité de parent, elle n'en perd pas autant sa capacité de
réfléchir sur les problèmes du CEGEP et de contribuer
à l'administration du collège.
M. Brochu: Sa qualité d'administrateur. M. Morin
(Sauvé): Voilà. M. Brochu: D'accord.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, dans le cas d'un parent
d'étudiant du secteur professionnel qui pourrait être là
pour trois ans, à ce moment ce serait un renouvellement de mandat,
j'imagine? Parce que la loi prévoit deux ans pour un parent.
M. Morin (Sauvé): Oui, c'est cela. Il pourrait y avoir
renouvellement de mandat, mais il faudrait qu'il y ait renouvellement de
mandat, parce qu'on ne veut pas non plus tomber dans l'autre extrême qui
serait de figer les postes pour des durées trop longues. Il faut qu'il y
ait quand même un roulement.
Mme Lavoie-Roux: De toute façon, je pense que nous sommes
d'accord sur l'esprit de cet article qui répond vraiment aux demandes
des parents.
Je pense qu'on est prêt à l'adopter, mais si vous me
permettez. Je sais qu'on ne peut pas faire marche arrière, mais je
voudrais souligner simplement au ministre pour qu'il y
réfléchisse, sur l'article 3, il pourra l'examiner, c'est
toujours possible de présenter lui-même un autre amendement au
moment du rapport à l'Assemblée nationale. Quelqu'un me faisait
remarquer que, hier soir, nous avons adopté dans le cas des
étudiants qui siègent au conseil d'administration, dans le cas
des étudiants adultes, qu'ils devaient être étudiants
adultes à temps plein.
M. Morin (Sauvé): Oui.
Mme Lavoie-Roux: Et apparemment, dans certains collèges,
le nombre d'étudiants adultes à temps plein peut être
très très restreint. Je ne veux même pas en discuter plus
longuement, vu qu'on va adopter une loi, aussi bien l'adopter pour qu'on
prévoie ces situations. C'est simplement la remarque que je voulais
faire.
M. Morin (Sauvé): D'accord. On m'a signalé ce
problème et j'ai commencé d'y penser. Je ne me suis pas encore
fait une idée définitive, pour ne rien vous cacher. Il est vrai
que dans certains CEGEP, il y a peu d'étudiants adultes à temps
plein. D'un autre côté, dans d'autres régions du
Québec, ils sont au contraire très nombreux.
Mme Lavoie-Roux: II y en a beaucoup, c'est cela.
M. Morin (Sauvé): Ce que nous avons voulu éviter
parce qu'on choisit toujours entre deux grands inconvénients
quand on légifère c'est qu'un étudiant qui passe
trois mois dans le CEGEP, parce que cela arrive aussi, il y a des cours
très restreints dans le temps, ne se fasse élire comme
représentant des étudiants adultes. Remarquez que cela risque peu
de se produire à cause du scrutin secret que nous avons institué,
mais on ne voudrait pas prendre de chance. On sait qu'il peut toujours y avoir,
il y a toujours un risque de manipulation, et on voudrait être sûr
que ceux qui représentent les étudiants adultes sont
d'authentiques étudiants adultes. Il en existe et même s'ils sont
en nombre restreint, au moins, on sait qu'ils sont vraiment
intéressés à recevoir une éducation
complémentaire. Ce n'est pas juste en passant, quelqu'un qui prend un
cours. Evidemment, il va y en avoir beaucoup désormais, parce que cela
va être gratuit de plus en plus, même pour ceux qui prennent moins
que quatre cours, cela va être gratuit pour tout le monde, en
commençant par le professionnel, comme le député de
L'Acadie le sait. (20 h 30)
Nous voudrions éviter, en d'autres termes, que des gens qui ne
sont pas vraiment foncièrement intéressésà
l'éducation des adultes, ne fassent partie des CA. Pour nous, ce poste
doit aller à des gens qui sont vraiment des étudiants adultes,
d'authentiques étudiants adultes, donc à temps plein. C'est le
raisonnement que je me tiens en ce moment, mais puisque le député
m'y invite, je suis prêt à en parler avec mes conseillers.
D'ailleurs, je leur ai demandé d'y penser.
Mme Lavoie-Roux: L'autre point qui a été
porté à mon attention, et probablement qu'il l'a
été également à l'attention du ministre, est cette
définition d'un étudiant adulte. Nous, de façon
générale, on le comprend comme un étudiant qui a
arrêté ses études pendant une période d'un an ou
davantage, et qui retourne aux études. Mais est-ce qu'un étudiant
adulte au plan je ne sais pas si je peux dire juridique tout
étudiant de 18 ans et plus, pourrait être considéré
comme étudiant adulte et qu'à ce moment ça crée du
point de vue de l'objectif que vous voulez atteindre, M. le Président,
que le ministre voulait atteindre, enfin, je ne veux pas étirer la
discussion là-dessus... Mais vaut autant prévoir ce genre de
difficulté pendant qu'il en est encore temps, parce que c'est facile de
corriger ça d'ici une semaine. Je voulais signaler...
M. Paquette: ... des étudiants inscrits au service
d'éducation permanente, d'éducation aux adultes.
Mme Lavoie-Roux: Je pense qu'il y a encore un peu de confusion,
je ne sais pas.
M. Morin (Sauvé): Nous allons regarder ça.
M. Saint-Germain: M. le Président, est-ce que ça
arrive assez souvent qu'une personne qui représente les étudiants
et qui se fait remarquer par son dévouement, son assiduité aux
assemblées, et ainsi de suite, que lorsque l'étudiant finit son
cours ou laisse le collège, est-ce que ça arrive qu'il devienne
représentant du milieu, soit nommé par des corps
socio-économiques ou comme représentant de... est-ce que
ça arrive assez souvent ou si c'est rare?
M. Morin (Sauvé): Cela ne doit pas être
fréquent. Je ne pourrais vraiment pas jurer que ça n'arrive
jamais, mais je puis jurer que ce n'est pas fréquent, parce que
l'étudiant qui quitte le CEGEP est aux prises avec la vie et doit se
tailler une place dans l'économie, dans la vie sociale, et il a bien
d'autres chats à fouetter que de rester, dans la plupart des cas, membre
d'un conseil d'administration.
M. Saint-Germain: Je me suis peut-être mal exprimé.
Je parlais des parents de cet étudiant ou d'un parent de cet
étudiant qui est au conseil d'administration.
M. Morin (Sauvé): Je ne dirais pas que c'est très
fréquent. Mais ça arrive que quelqu'un qui a siégé
comme parent, devienne, par la suite, comme on dit,
socio-économique.
M. Saint-Germain: Parce qu'en fait, quelqu'un qui est là
comme représentant des parents... le cours est de deux ans. Alors, si
quelqu'un est nommé au conseil d'administration, ça veut dire que
l'étudiant a déjà, au moins, commencé son
cours.
M. Morin (Sauvé): Oui.
M. Saint-Germain: Alors, deux ans étant un grand maximum,
avant qu'une personne ne soit familière avec les technicités de
l'administration du collège et ainsi de suite, la procédure, la
connaissance des problèmes, du moment qu'elle les connaît un peu,
le terme est fini.
M. Morin (Sauvé): Je vais vous dire quelque chose M. le
député. Il arrive pas souvent, peut-être
qu'un collège me fasse savoir que telle personne qui faisait partie du
conseil devrait être renouvelée ou prendre son poste à un
titre différent au sein du conseil parce que ses services ont
été remarqués. Cela s'est produit au collège
d'Ahuntsic, encore, il y a deux ou trois mois, où on m'a demaandé
de renouveler une personne en particulier, parce que son apport à la vie
du collège avait été très remarqué, et je
l'ai renouvelé. Par souci d'assurer une certaine continuité, on
ne doit pas constamment renouveler les personnes.
M. Saint-Germain: Parce que si mon argumentation ou ce que je
vous dis est valable relativement au terme très court, le stage
très court d'un parent au niveau du conseil d'adminis- tration, en fait,
la représentativité ou l'influence des parents au sein de
l'administration, s'il n'y a pas un minimum de continuité, est par le
fait même affaibli, si vous voulez, quel que soit le nombre de parents
qui font partie du conseil d'administration.
M. Morin (Sauvé): Savez-vous, c'est un peu le même
phénomène qu'on peut observer dans les commissions scolaires. Ce
n'est pas un phénomène qui a pris toute l'ampleur qu'il aurait
dû, peut-être là-dessus, j'aurai peut-être une
discussion avec Mme le député de L'Acadie mais beaucoup de
membres de comités de parents, non pas beaucoup, mais certains membres
de comités de parents deviennent commissaires par la suite, certains. Je
souhaiterais, pour ma part, qu'il y en eût beaucoup plus.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je m'excuse
d'interrompre le ministre. Je dis cela sous toute réserve. Est-ce qu'on
n'estime pas, maintenant... non, pas nécessairement des comités
de parents, mais des parents, et même des comités de parents dans
une proportion de près de 70%.
M. Morin (Sauvé): Non, ce n'est pas si élevé
que cela. Je pourrais vous donner le pourcentage. Je l'ai vu il y a quelques
mois; cela n'atteint pas 70%.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'article 4 sera
adopté?
Mme Lavoie-Roux: Adopté, M. le Président. Le
Président (M. Marcoux): L'article 5.
M. Morin (Sauvé): L'article 5, M. le Président,
fait l'objet, pour ce qui est du second alinéa de l'article 12, d'une
proposition légèrement différente de celle que nous avions
prévue au départ. Si je puis le faire distribuer...
Mme Lavoie-Roux: Ne l'aurions-nous pas reçu dans...
M. Morin (Sauvé): II se peut que vous l'ayez
déjà.
Mme Lavoie-Roux: II a été remodifié.
M. Morin (Sauvé): Nous l'avons retravaillé.
Cependant, avant de vous parler des modifications, commençons par
nous entretenir de l'article 11 de la loi qui est modifié par l'article
5 que nous abordons maintenant. On y dit que, sous réserve de l'article
10, les membres d'un conseil demeurent en fonction jusqu'à ce qu'ils
soient nommés de nouveau ou remplacés. Il se produisait assez
fréquemment des intervalles entre la fin du mandat d'un membre d'un
conseil d'administration et la nomination de son successeur. On a vu des
moments où cela pouvait atteindre six semaines, voire deux mois,
à cause de la lourdeur, et on a vu
cela fait déjà quelque temps de cela les
choses traîner pendant plusieurs mois, pour une raison très
simple: le mécanisme d'élections est fort complexe. Il doit y
avoir élection localement, la DIGEC doit être informée de
la chose, elle fait un tri s'il s'agit de socio-économique, le ministre
va au Conseil des ministres avec son projet d'arrêté en conseil,
l'arrêté en conseil est passé et va chez le
lieutenant-gouverneur; c'est une paperasse terrible. Pendant ce
temps-là, personne ne siège au conseil, de sorte que, souvent, au
conseil d'administration, il manque automatiquement un membre, deux membres,
trois membres.
Nous avons voulu corriger cette lacune en... Bien sûr, la
disposition existait déjà, mais nous la rendons plus
précise. Nous faisons en sorte qu'il soit clair, désormais, que
tant qu'il n'est pas remplacé, un membre reste en fonction. Comme cela,
il n'y aura plus de hiatus; du moins, il ne risquera plus de se produire des
hiatus comme cela a pu arriver à l'occasion. Voilà l'objet de cet
article 11, M. le Président.
Quant au douzième, je vais me permettre de vous en donner
lecture, ainsi que du paragraphe que nous avons modifié. "Une personne
qui fait partie d'un conseil ne doit pas avoir, directement ou indirectement,
par elle-même ou son associé, un intérêt dans un
contrat avec le collège, en retirer un avantage ou accepter un don, une
rémunération ou une promesse en rapport avec ses devoirs." C'est
évidemment pour prévenir les conflits d'intérêts que
nous avons ajouté cette disposition.
Ce texte est à peu près le même que celui qu'il y
avait auparavant. Ce qui est modifié dans cet article, ce n'est pas
tellement ce premier alinéa que le second. Je vous ai fait distribuer le
texte, je me permets d'en donner lecture: "Le présent article ne
s'applique pas à l'actionnaire d'une compagnie constituée de
bonne foi, ni à un membre du personnel d'un collège qui fait
partie du conseil, à l'égard de son contrat d'engagement.
Cependant, un membre du personnel d'un collège qui fait partie du
conseil peut prendre part aux délibérations, mais ne peut voter
sur toute question concernant son engagement et ses conditions de travail ou
celles concernant l'engagement et les conditions de travail de la
catégorie d'employés à laquelle il appartient" on
continue, et c'est l'élément neuf par rapport à ce qui se
trouvait dans le second alinéa "sauf pour le directeur
général, le directeur des services pédagogiques et la
personne responsable des services aux étudiants, un membre du personnel
d'un collège, qui fait partie du conseil, ne peut voter sur toute
question concernant l'engagement et les conditions de travail d'autres
catégories d'employés."
Si je peux résumer tout cela, ça veut dire que le
directeur général ne votera pas sur ses propres conditions
d'engagement ou ses propres conditions de travail, mais il pourra voter sur les
conditions des autres catégories de personnel. Quant aux autres
catégories de personnel, elles ne pourront pas voter elles
pourront participer à la discussion, elles peuvent prendre part aux
délibérations sur leurs conditions de travail, ni sur cel-
les des autres catégories d'employés du collège. C'est
évidemment, on l'a deviné pour éviter les
conflits d'intérêts et les combinaisons qui peuvent toujours se
produire, quand on permet à des gens de se prononcer sur leurs propres
conditions de travail ou sur celles de leurs collègues.
M. le Président, je n'irai pas plus loin dans mes explications
pour l'instant. Si les membres de cette commission ont des questions à
me poser, je tenterai d'y répondre.
Le Président (M. Marcoux): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que l'article est
amélioré par rapport à la formulation de l'article
original et même du premier amendement. Cela répond, au moins en
partie, à la difficulté qui avait été
soulevée, probablement par la CEQ, à savoir que, finalement
oui, je pense que c'était la CEQ, en fait...
M. Morin (Sauvé): L'Opposition l'avait soulevée
aussi.
Mme Lavoie-Roux: Oui? Alors, tant mieux. Quoique je pensais que,
peut-être si vous vous souvenez, M. le ministre, ça me
revient la CEQ donnait un sens très large à l'exclusion
des délibérations, parce qu'elle disait: C'est bien difficile
qu'on ne traite pas, dans un collège, quelque chose qui ne nous touche
pas d'une façon directe ou indirecte. Je pensais qu'elle lui donnait
peut-être un sens... Mais, enfin, là n'est pas le point.
A ce moment-ci, vous leur permettez de continuer de prendre part aux
délibérations, parce qu'il pourrait se perdre bien du temps
à décider si ça affecte ou n'affecte pas leurs conditions
de travail et décider si on les fait sortir ou pas. Je pense qu'il y
aurait peut-être eu autant de temps qui se serait perdu à faire
ça qu'à discuter du problème lui-même.
Je vois que, évidemment, dans un collège, on peut
identifier deux catégories de types d'employés. D'une part, ceux
qui sont syndiqués, et je pense qu'on en prend soin... Ou celles
concernant l'engagement et les conditions de travail, selon la catégorie
à laquelle il appartient. Mais, en ce qui a trait au personnel de cadre,
le directeur général, évidemment, est hors cadre
si j'interprète bien, il semble qu'on lui permette de voter sur
les conditions de travail d'autres catégories d'employés, alors
que, à l'inverse, le personnel syndiqué je suis d'accord
pour qu'il ne se prononce pas, surtout qu'il est souvent à
l'intérieur, pas nécessairement de la même unité
syndicale, mais... Pourquoi, lui, ne pourrait-il pas se prononcer à
l'égard du personnel de cadre, quand on discute de conditions
d'engagement ou du choix du directeur de services pédagogiques ou de
problèmes reliés au directeur de services pédagogiques, de
la personne responsable des services aux étudiants? C'est qu'il me
semble qu'on crée, en somme, deux classes; d'un côté, les
syndiqués je suis d'accord avec ce que vous proposez pour eux
et
d'un autre côté, le personnel de cadre, mais lui, pourra se
prononcer sur les conditions des employés syndiqués, tandis que
l'inverse ne me semble pas se produire. (20 h 45)
M. Morin (Sauvé): Je voudrais être bien sûr
que j'ai compris la question de Mme le député de L'Acadie. S'il
s'agit du personnel de cadre, autre que le DG, le DSP et la personne
responsable des services aux étudiants, il n'a pas droit de vote,
puisqu'il fait partie du personnel du collège. Donc, il est exclu par la
dernière phrase. Je vous laisse quelques secondes pour relire la
dernière phrase. Vous verrez sa portée.
Mme La voie-Roux: Mais vous dites: sauf pour le directeur
général, le directeur des services pédagogiques et la
personne responsable des services des étudiants, un membre du personnel
d'un collège. Mais à ce moment, il ne sera pas membre du conseil
d'administration, ce membre du collège, tandis que les trois autres sont
membres du conseil d'administration.
M. Morin (Sauvé): Oui, c'est exact.
Mme Lavoie-Roux: Alors, les trois autres peuvent se prononcer ou
même voter sur des conditions de travail reliées au personnel
syndiqué.
M. Morin (Sauvé): Aux autres catégories de
personnel.
Mme Lavoie-Roux: Mais est-ce qu'inversement, le personnel
syndiqué qui siège au conseil d'administration pourrait voter sur
les conditions de travail du directeur des services pédagogiques?
M. Morin (Sauvé): La réponse est non, parce que le
personnel syndiqué, tout le personnel d'ailleurs, syndiqué ou non
syndiqué du collège qui serait membre du conseil
d'administration, par exemple à titre de PNE ne peut pas voter
d'après ces dispositions sur les conditions d'engagement et les
conditions de travail du DG, du directeur des services pédagogiques et
la personne responsable des services aux étudiants, pas plus qu'elle ne
peut voter sur les autres catégories de personnes à l'emploi du
collège. Et on comprend pourquoi: si des gens qui travaillent sous
l'autorité du DG, du DSP, pouvaient se prononcer sur leurs conditions de
travail, il pourrait y avoir là des occasions peut-être de faire
des pressions sur ces personnes.
Mme Lavoie-Roux: C'est peut-être un point que je ne connais
pas. Le directeur général est hors cadre. Je pense qu'il est
engagé selon des conditions particulières, et ses tâches
sont entières. Mais est-ce le cas du directeur des services
pédagogiques et de la personne responsable des services aux
étudiants? Sont-ils aussi hors cadre ou ne font-ils pas partie de
l'association des cadres? Le directeur général est hors cadre,
mais ce que je vous demande précisément, le directeur des
services pédagogiques et la personne responsable au service des
étudiants sont-ils du personnel hors cadre au même titre que le
directeur général?
M. Morin (Sauvé): La réponse est conforme à
votre intuition, madame. Le DG est hors cadre, mais le DSP et le DSAE sont
cadres. Ils ont le statut de cadres. Ils sont également membres du
conseil d'administration et c'est à ce titre que nous avons pensé
qu'ils ne devaient pas se prononcer sur leurs propres conditions de
travail...
Mme Lavoie-Roux: Je suis d'accord avec ça.
M. Morin (Sauvé): ... mais qu'ils pouvaient le faire sur
les autres, parce qu'ils sont en position de connaître beaucoup de choses
sur le fonctionnement quotidien du collège.
Mme Lavoie-Roux: Je suis d'accord avec ça, M. le
Président, mais le personnel syndiqué qui siège au conseil
d'administration, qu'il ne se prononce pas sur ses propres conditions de
travail, on s'entend, je suis d'accord avec ça. Mais qu'eux ne puissent
pas se prononcer sur les conditions de travail prenons ça comme
exemple; il y a d'autres sujets du personnel qui, lui, peut se
prononcer, peut voter sur des décisions relatives aux conditions de
travail du personnel syndiqué... Ma question est très simple.
Est-ce qu'il y a un équilibre parfait? Parce que c'est tout du monde qui
siège au conseil d'administration et à ce moment, ne
crée-t-on j'oublie le directeur général mais
pour les deux autres catégories d'employés des conditions
différentes de fonctionnement à l'intérieur du conseil
d'administration?
M. Morin (Sauvé): La réponse est oui. Les statuts
ne sont pas semblables, parce que nous avons estimé que le DG, le DSP,
la DSAE ont des postes de responsabilité à l'intérieur du
collège et que nous ne pensons pas qu'il y ait lieu de les
empêcher de voter sur ces questions. Par ailleurs, l'inverse nous
paraîtrait risqué.
Mme Lavoie-Roux: Je peux comprendre les intentions du ministre et
ie ne veux pas lui imputer aucun esprit de discrimination. Cela semble
être une prudence qu'il veuille exercer, mais la prudence doit s'exercer
quant à la façon dont ceci sera reçu par le personnel
syndiqué qui siégera au conseil d'administration absolument au
même titre, que le personnel de cadre. Je veux seulement éviter
que, quand on percevra cette réalité, cela ne crée de
conflits inutiles.
M. Lalonde: Question de règlement, M. le Président.
Est-il exact que c'est le député de Papineau qui est rapporteur
de la commission?
Le Président (M. Marcoux): II faudrait que je...
M. Lalonde: Je voulais que le rapport soit quand même assez
exact et fidèle, M. le Président. Merci.
Le Président (M. Marcoux): Si je comprends bien, vous
voulez...
M. Alfred: Ecoutez la grande démonstration du
député de L'Acadie.
M. Morin (Sauvé): Est-ce que je peux interrompre une
seconde, M. le Président, parce que je veux revenir à la question
de Mme le député de L'Acadie?
Le Président (M. Marcoux): Vous n'interrompez
personne.
M. Morin (Sauvé): Je pensais qu'on vous avait
demandé la parole, je m'excuse.
Si je comprends bien Mme le député, elle nous dit
qu'à l'exception du DG qui est hors cadre, il n'y a pas de raison pour
laquelle le DSP et le DSAE devraient se prononcer sur les conditions de travail
des autres employés, alors que ces autres employés ne peuvent pas
se prononcer sur leurs conditions de travail.
Mme Lavoie-Roux: Je veux des conditions égales pour tout
le monde.
M. Morin (Sauvé): Oui.
Mme Lavoie-Roux: Dans un sens ou dans l'autre, mais que ce soit
la même règle pour tout le monde.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, pour sauver du
temps, je vais accepter le point de vue de Mme le député de
L'Acadie, et nous allons nous en tenir au DG, nous allons laisser tomber le DSP
et le DSAE, de sorte qu'on amputerait le texte de deux lignes. Nous
enlèverions "le directeur des services pédagogiques et la
personne responsable des services aux étudiants" dans le texte. On
enlèverait "pour" et cela donnerait "Sauf le directeur
général, un membre du personnel d'un collège qui fait
partie du conseil ne peut voter..."
Mme Lavoie-Roux: Alors, merci... M. Morin (Sauvé):
Nous l'acceptons.
Mme Lavoie-Roux: Dans le cas du directeur général,
je pense, d'ailleurs, que son rôle à l'intérieur du conseil
d'administration l'oblige, simplement dans l'élaboration des mandats
patronaux et tout cela, de devoir participer et probablement de voter. En fait,
je n'entrerai pas là-dedans, cela prendrait quelqu'un qui connaît
la loi 55 mieux que je ne la connais. Je pense que cela règle ce
problème.
M. Saint-Germain: M. le Président, si vous le permettez.
La formation d'un conseil d'administration d'un CEGEP, c'est tout de même
un peu particulier, relativement, par exemple, à ce qu'on est
habitué de voir ou de comprendre, traditionnellement, comme étant
un conseil d'administra- tion. Je dis cela en ce sens que, si on prend en
particulier, par exemple, une commission scolaire pour faire des
comparaisons afin de me faire comprendre un peu plus facilement il n'y a
aucun doute que les commissaires qui sont responsables de l'administration
voient dans le directeur général et dans le directeur des
services pédagogiques, et s'il y a une personne responsable du service
aux étudiants au niveau d'une commission scolaire donnée, ils
voient dans ces personnes des conseillers de premier choix dans la prise de
bien des décisions. Même pour la fixation de salaires, de
conditions de travail, pour essayer de comprendre la qualité des
services rendus par un groupe d'employés ou certains professeurs
classés de différentes façons, ce sont des conseillers
privilégiés; ils connaissent habituellement bien le milieu.
Là, au niveau des CEGEP, ces conseillers
privilégiés, qui devraient du moins être conseillers
privilégiés à cause de leur connaissance profonde du
milieu, étant à l'intérieur même de
l'administration, cela change beaucoup de choses. Là, pourtant, vous les
empêchez. Je n'ai pas d'expérience de l'administration pratique
des CEGEP, mais j'ai bien l'impression que tout ceci, à
l'intérieur des conseils d'administration, crée des tensions ou
peut même engendrer des conflits de personnalité ou des choses
semblables. Parce que ces gens-là, par leurs fonctions, qui sont des
conseillers privilégiés, voilà qu'ils tombent
administrateurs. Il y a là un conflit d'intérêts, il me
semble. Même si certaines personnes n'ont pas le droit de vote sur la
fixation de leur propre salaire, bien souvent, indirectement, cela revient au
même, parce qu'il y a certainement une relation dans les salaires. On ne
peut pas payer, je suppose bien, un directeur des services pédagogiques
plus qu'on ne paie un directeur général. Je suppose que c'est le
directeur général qui a une rémunération
élevée. Il y a tout de même une relation. Si on
élève le salaire de l'un, on élève indirectement le
salaire de l'autre. Je me demande si, depuis que les CEGEP existent, vous avez
bien fait les observations à ce point de vue-là, sur les tensions
et les difficultés que cela peut créer à
l'intérieur même des administrations.
M. Morin (Sauvé): On ne peut pas dire qu'il y ait eu des
études qui ont été faites là-dessus, M. le
Président, mais, bien sûr, nous entendons parler assez souvent de
ce qui existe au sein des CA. C'est un peu dans la nature des choses. Une fois
qu'on a fait l'option en faveur d'une gestion participative ou participatoire,
selon les goûts, forcément, il naît des tensions lorsqu'on
met en présence des gens qui ont des intérêts à
défendre, surtout lorsque ceux-ci se présentent munis d'un
certain mandat dont ils ne peuvent pas s'éloigner, mais c'est un peu
dans la nature des choses. Il faut en prendre son parti et espérer qu'en
améliorant, par exemple, le fonctionnement, en équilibrant
davantage les présences, comme nous l'avons fait hier,
péniblement, on arrive à...
Mme Lavoie-Roux: Malheureusement, jusqu'à un certain
point.
M. Morin (Sauvé): J'allais me réjouir de l'aveu de
Mme le député de L'Acadie. En améliorant, par des
retouches, le système, on peut espérer qu'il fonctionnera mieux.
Si, par hasard, nous faisons fausse route, il y aura toujours des gens pour
venir après nous, que ce soit du même parti ou d'un autre, pour
corriger les choses. Nous avons fait le pari que la gestion participative est
une bonne chose en soi, et nous avons fait un pari sur la maturité
croissante des intervenants dans le système des CEGEP. Je ne sais pas si
j'ai répondu à la question du député. Elle
était très générale.
M. Saint-Germain: Oui, c'est vrai, ma question était
très générale et c'était un peu voulu, comme la
réponse du ministre, d'ailleurs. Mais ce que le ministre dit au point de
vue de la participation du milieu, qu'on a voulu prendre un risque et qu'un
autre ministre pourra l'améliorer s'il y a lieu, c'est que le risque a
déjà été pris il y a un certain nombre
d'années passées. Je me souviens, j'étais à
l'Assemblée nationale lorsque cette loi a été
votée, et c'était emballant!
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Jacques-Cartier. Je ne suis pas sûr que la discussion que vous avez
entreprise soit reliée à l'article que nous sommes en train
d'étudier, en ce sens que je pense qu'elle semble toucher davantage
l'article 3 que nous avons discuté hier, mais vous pouvez toujours... Je
n'ai pas d'objection absolue. J'ai laissé aller la première
partie de la question parce qu'hier, vous n'étiez pas avec nous, et cela
pouvait faire le lien entre les deux, mais... (21 heures)
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, question de
règlement, je ne veux surtout pas mettre...
Le Président (M. Marcoux): II n'y a pas de
décision, c'est juste une interrogation.
Mme Lavoie-Roux: ... votre interrogation en question, mais il
reste qu'on est toujours dans le fonctionnement. On est à établir
des conditions de bon ou de mauvais fonctionnement d'un conseil
d'administration d'un collège. Alors, il me semble que la question
soulevée par mon collègue de Jacques-Cartier paraît
pertinente.
M. Saint-Germain: Tout ça est relié,
nécessairement, M. le Président, je pense bien.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, question de
règlement; notre secrétaire est endormi.
M. Saint-Germain: Là, par exemple, on n'est plus
sûr. Là, M. le Président, ça ne peut plus
fonctionner.
Le Président (M. Marcoux): Si j'ai bien compris,
c'était le secrétaire de la commission.
Mme Lavoie-Roux: Non.
M. Morin (Sauvé): J'avoue que c'est un jugement sommaire
et radical sur les propos que tenait le député de
Jacques-Cartier!
M. Saint-Germain: J'espère que ce n'est pas sa
façon de porter un jugement sur les interventions.
Le Président (M. Marcoux): Je vous laisse la parole et
revenons au plus vite à l'article 5.
M. Saint-Germain: Cela pourrait leur être donné.
M. Forget: C'est une autre interprétation, M. le
Président. C'est qu'il méditait profondément sur la
portée des paroles du député de Jacques-Cartier.
Le Président (M. Marcoux): C'est la même
réflexion exprimée différemment, si j'ai bien compris.
M. Saint-Germain: Je disais que j'étais à
l'Assemblée nationale lorsque cette législation a
été votée et ça a été voté
unanimement. Cela a donné lieu à de l'enthousiasme. Sur papier,
c'était beau. C'était la démocratie en marche.
C'était une soi-disant décentralisation et ainsi de suite. De
toute façon, sur papier, c'était difficile de s'y opposer, si
vous voulez. D'ailleurs, il n'y a pas eu d'objection. Ceci dit, ça fait
déjà dix ans tout de même que ça existe. C'est
dommage de vous entendre dire qu'on n'a pas fait de recherches ou
d'études, si vous voulez, pour constater dans les faits, avec cette
longue expérience de dix ans, jusqu'à quel point tout ceci a pu
créer des tensions, des tensions qui se sont réellement
reflétées sur la qualité de l'administration des
CEGEP.
Il y a un autre facteur. Je ne sais pas si je suis dans le sujet, M. le
Président, mais ces gens au point de vue pécuniaire ne sont
responsables de leurs dépenses qu'au ministère, non pas
directement vis-à-vis des contribuables. Lorsqu'on dépense
l'argent public et qu'on n'a pas la responsabilité d'expliquer ces
dépenses au public qui paie, je crois qu'il y a un bris assez important
au point de vue de notre système. On dit toujours que celui qui paie a
droit de représentation. On entend indirectement que celui qui paie,
ceux qui dépensent cet argent sont responsables à celui qui
paie.
Je crois que le ministère et je sais bien que ça
aurait pu même se faire, bien avant votre nomination, par un autre
ministre dans le passé je crois qu'on aurait dû observer
CEGEP par CEGEP si ce que je viens d'énumérer, en fait, ne
créera pas de difficultés.
M. Morin (Sauvé): M.le Président, du point de vue
de la gestion financière à laquelle le député fait
allusion cela a été suivi de très près et sauf
quelques exceptions, nous ne pensons pas qu'il y ait eu de graves
incorrections sur le plan financier ou budgétaire dans le réseau
des CEGEP depuis qu'ils ont été créés. C'est vrai
qu'il y a eu des tensions au sein des conseils d'administration. C'est vrai que
de temps à autre on nous a signalé des difficultés, mais
je ne pense pas qu'on puisse dire année après année et en
scrutant les états financiers de chaque collège comme ils sont
scrutés par la DIGEC, je ne pense pas qu'on puisse dire qu'on ait
noté des abus notoires, je ne pense pas.
M. Saint-Germain: Ne croyez-vous pas... On s'aperçoit, par
exemple, et j'ai déjà entendu dire par certains ministres de
l'Education: Lorsque ça va bien dans un CEGEP, qu'on n'a pas de
difficulté et que les services scolaires fonctionnent normalement, on
dit que le collège est bien administré par son conseil
d'administration, qu'il y a là un bon conseil d'administration. Mais,
d'un autre côté, quand le collège se trouve en
difficultés, soit à cause de grèves, soit à cause
de difficultés comme on en a eu à propos des laboratoires de
chimie les "commandos du pif" comme on les a appelés etc.,
qu'est-ce qui arrive? C'est que tout de suite, on rend le ministre responsable;
la population, les journaux, les éditorialistes. Tout de suite, on fait
appel au ministre de l'Education et on le rend responsable de toutes les
difficultés ou d'un manque d'autorité sur les CEGEP. C'est
ça?
Alors, je pense que même la population, dans une telle situation,
sent qu'il y a là une autorité qui est floue, une autorité
qui est...
Le Président (M. Marcoux): Je m'excuse, M. le
député de Jacques-Cartier; disons que ce n'est vraiment pas par
malveillance, mais l'essentiel de l'article 5 touche la question des conflits
d'intérêts qui pourraient se poser entre...
Mme Lavoie-Roux: Mais, là, il y avait conflit
d'intérêts; d'ailleurs, le ministre pourra en
témoigner.
Le Président (M. Marcoux): ... l'appartenance à un
conseil d'administration et les décisions qui peuvent...
M. Saint-Germain: C'est ça, c'est exactement ce que je
dis, M. le Président. C'est que si ces conflits d'intérêts
font que, souvent, la direction est paralysée dans ses décisions,
c'est parce qu'il y a un groupe qui a un parti pris, qui a des collègues
à défendre ou qui a des intérêts personnels, du
moins indirectement, à défendre, dans les discussions. Cela
diminue l'autorité de la direction et qu'est-ce qui arrive? Puisque le
directeur, entre autres, fait partie de la direction et qu'il connaît les
difficultés qu'il y a à l'intérieur de l'administration,
il les connaît, il en fait partie il semble bien, alors,
qu'il n'ait plus là d'autorité, que personne ne puisse agir, que
tout soit paralysé.
Si je reviens à la comparaison que je faisais avec les
commissions scolaires, le directeur, qui est le responsable à la
commission scolaire, s'il se sent appuyé par celle-ci, va agir. Il a un
patron, et si le patron lui fait confiance, si le patron l'appuie, il va faire
valoir son autorité et il va faire appel en toute confiance au conseil
d'administration et rendre ses comptes à ce conseil d'administration.
Mais, dans un CEGEP, c'est tout à fait différent; le directeur se
sent paralysé s'il n'a pas un appui solide, lorsque le collège
est en difficultés, de son conseil d'administration; il se sent un peu
perdu.
M. Morin (Sauvé): Je prends note des observations du
député de Jacques-Cartier, mais j'y répondrai par un
commentaire de portée générale.
Depuis onze ans qu'existent les CEGEP, maintenant, les gouvernements qui
nous ont précédés, et le nôtre, ont pris le risque
de la participation. A tout prendre, en dépit des difficultés et
des "commandos du pif", étant donné qu'il y a 46
établissements, dont certains fonctionnent fort bien, je pense que ce
risque a valu et vaut encore la peine d'être couru.
Est-ce qu'il faudrait retenir de cette expérience les seuls
échecs? Il faut bien reconnaître qu'il y en a eu, mais combien de
succès également, combien de problèmes ont
été discutés et réglés grâce à
la participation? Problèmes qui n'auraient peut-être pas
trouvé de solution raisonnable, s'il n'y avait pas eu la participation
et la présence, à la table du conseil d'administration, des
intéressés eux-mêmes? Que le député de
Jacques-Cartier se pose la question. Je pense qu'il devra admettre que. pour un
échec, il y a bien des succès; il y a beaucoup de nos CEGEP qui
fonctionnent remarquablement bien, qui font du bon travail. Autrement, la
société québécoise serait encore bien plus bancale
qu'elle ne peut l'être.
M. le Président, me permettez-vous d'attirer l'attention de mes
collègues sur un autre petit changement qui découle un peu...
Mme Lavoie-Roux: Non.
M. Morin (Sauvé): ... de ceux que nous avons
adoptés tout à l'heure? Si nous enlevons le texte que j'ai
indiqué précédemment, il faudrait également
enlever, à mon avis, "l'engagement et" dans l'avant-dernière
ligne, parce qu'autrement, l'effet serait d'empêcher tout le monde de se
prononcer sur l'engagement du directeur général; or, ce n'est pas
souhaitable. Donc, il faudrait enlever...
Mme Lavoie-Roux: Concernant les conditions de travail d'autres
catégories d'employés.
M. Morin (Sauvé): Exactement.
Le Président (M. Marcoux): L'amendement sera
adopté?
M. Morin (Sauvé): De notre côté,
adopté, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'article 5 tel
qu'amendé il y a deux amendements, le
premier est de biffer le mot "pour" et "le directeur des services
pédagogiques et la personne responsable des services aux
étudiants", et également de biffer les mots "l'engagement et"
sera adopté?
Une Voix: Adopté tel qu'amendé, M. le
Président.
M. Lalonde: M. le Président, j'ai vu le
député de Rosemont qui vous invitait à le
reconnaître.
M. Paquette: M. le Président, je ne voudrais pas allonger
le débat...
Le Président (M. Marcoux): Je m'excuse.
M. Paquette: C'est simplement que je ne vois absolument pas
pourquoi seul le directeur général pourrait voter sur les
conditions de travail d'autres catégories d'employés. Je voulais
simplement le souligner. Il semble que tout le monde peut parler, mais
là on parle simplement du droit de vote, je ne vois pas ce que cela
change. Je suis bien prêt à adopter l'article quand
même.
M. Morin (Sauvé): Merci, M. le député de
Rosemont. M. le Président, nous considérons que cet article est
adopté.
Mme Lavoie-Roux: Si vous considérez que...
M. Lalonde: Cela dépend de nous, cela ne dépend pas
du ministre.
Mme Lavoie-Roux: Je comprends l'inquiétude du
député de Rosemont. J'étais tellement heureuse que le
ministre reconnaisse au moins le bien-fondé du raisonnement que je
faisais que je n'ai peut-être pas saisi que, dans le fond, au lieu
d'enlever aux cadres le droit de voter pour les syndiqués, pour avoir
une règle de jeu identique pour tout le monde, peut-être
serions-nous allés dans une meilleure direction je ne
m'étendrai pas, je veux vraiment être constructive en
donnant à chacun le droit de vote pour la catégorie
opposée d'employés plutôt que de soustraire tout le monde
à ce droit de vote? Je pense que c'est cela l'inquiétude du
député de Rosemont.
M. Paquette: De toute façon, M. le Président, le
ministre est pressé d'en sortir; je le comprends d'ailleurs, alors
laissons...
M. Lalonde: vous avez peut-être des questions
importantes.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'article 5 tel
qu'amendé sera adopté?
M. Morin (Sauvé): Adopté, M. le
Président.
Mme Lavoie-Roux: Adopté.
M. Forget: A l'unanimité, M. le Président.
M. Morin (Sauvé): Je remercie mon collègue de
Saint-Laurent.
Le Président (M. Marcoux): L'article 6 sera-t-il
adopté?
M. Morin (Sauvé): Je sais qu'après les fleurs peut
venir le pot.
M. Forget: Loin de moi cette intention, M. le
Président.
M. Morin (Sauvé): L'article 6, M. le Président,
abroge l'article 13 de la loi. Je ne sais pas si vous avez besoin
d'explications; si tel est le cas, on pourra toujours me poser la question.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que...
M. Morin (Sauvé): II s'agit de concordance, c'est parce
que nous l'avons dit ailleurs.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président...
M. Lalonde: ...
M. Forget: L'article 13.
M. Lalonde: A quel article avez-vous dit que vous abrogiez
l'article 13?
M. Morin (Sauvé): Al'article 6 du projet de loi 25.
M. Lalonde: Comment se fait-il que l'article 13 dit: "Les droits
et les pouvoirs d'un collège sont exercés par le conseil", alors
que le nouvel article 8 dit: "Un collège est administré par un
conseil"?
M. Morin (Sauvé): Nous avons discuté de cela en
votre absence, que nous regrettions profondément, veuillez le
croire.
M. Lalonde: J'espère que...
M. Morin (Sauvé): Et nous avons adopté l'article 8
tel qu'il est régidé, quoique, en votre absence que nous
regrettions, je vous prie de le croire, Mme le député de L'Acadie
nous avait fait là-dessus, également, quelques observations.
Mme Lavoie-Roux: Pas très longues parce que...
M. Morin (Sauvé): Mais c'était suffisant pour nous
éclairer.
M. Forget: Mais non pas pour vous convaincre.
M. Morin (Sauvé): Non point.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Saint-Laurent. (21 h 15)
M. Forget: C'est ce que l'on peut déplorer, M. le
Président. Or, M. le Président, comme le ministre, lors de
l'explication qu'il a donnée à la nouvelle rédaction de
l'article 8 de la loi, si ma mémoire est bonne, nous a dit
qu'essentiellement il n'y avait pas d'incompatibilité entre le langage
utilisé dans l'article 8 et le langage anciennement utilisé par
le projet de loi, mais comme malgré tout il y a deux formulations qui
sont différentes, il nous semble qu'il serait plus clair que le
législateur n'ait pas l'intention de faire de modification de substance,
si tout en conservant l'article 8 dans sa nouvelle rédaction, tel que
l'a proposé le ministre, nous nous assurions que la disposition
essentielle qui se retrouve à l'article 13 de la loi soit
conservée en éliminant seulement le dernier bout de phrase qui
effectivement présente une difficulté d'interprétation
parce qu'il est assez difficile de savoir quelles sont ces personnes qui font
partie du collège. Rien dans la loi ne permet de donner un sens clair
à cette expression. Mais il serait possible, M. le Président, de
maintenir le premier membre de phrase qui dit: "Les droits et les pouvoirs d'un
collège sont exercés par un conseil", et remplacer...
M. Morin (Sauvé): ... dans l'article 8, par exemple.
M. Forget: Oui.
M. Morin (Sauvé): D'accord.
M. Forget: Ou alors à la place du point-virgule, ou alors
formé par l'article 8 et le garder dans son intégralité,
ce bout de phrase.
M. Morin (Sauvé): Alors, les droits et les pouvoirs d'un
collège sont exercés par un conseil formé...
M. Forget: Conformément à l'article 8. M. Morin
(Sauvé): Suivant l'article 8. M. Forget: Suivant l'article
8.
M. Morin (Sauvé): Oui, c'est acquis, M. le
Président.
Le Président (M. Marcoux): Alors, le nouvel article 6 se
lirait comme ceci: L'article 13 de ladite loi est amendé et
remplacé par le suivant: Les droits et les pouvoirs d'un collège
sont exercés par...
M. Morin (Sauvé): Un conseil formé suivant
l'article 8.
M. Lalonde: M. le Président, est-ce que le ministre
continue à regretter mon absence ou ma présence?
M. Morin (Sauvé): Je demeurerai là-dessus aussi
impénétrable qu'un sphinx.
Le Président (M. Marcoux): Article 6, adopté?
M. Forget: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): Article 7?
Mme Lavoie-Roux: Là, on va laisser le ministre
s'exprimer.
M. Morin (Sauvé): A l'article 7 qui modifie l'article 14,
nous remplaçons celui-ci par le suivant, mais avec une
légère modification. Est-ce qu'on a fait distribuer cet
article?
Mme Lavoie-Roux: II était dans la série, je
crois.
M. Morin (Sauvé): C'est exact. Nous enlevons quelques
mots. Nous enlevons dans les deuxième et troisième lignes, "qui
sont âgés d'au moins 21 ans et", de sorte que désormais
l'article se lirait comme suit: "Le conseil choisit chaque année son
président parmi ceux de ses membres qui ne font pas partie du personnel
du collège ou n'y sont pas étudiants". C'est d'ailleurs, on s'en
souviendra, une suggestion qui nous a été faite en commission
parlementaire et par l'Opposition également, si ma mémoire est
bonne.
M. Forget: C'est une heureuse modification, M. le
Président, d'autant plus que, comme il n'y a aucune limite sur le nombre
d'échecs des étudiants inscrits au CEGEP, cela voulait dire que
pour être nommé membre d'un conseil d'administration, étant
étudiant, il y avait une simple formalité à remplir qui
était d'échouer suffisamment souvent et on se qualifiait à
une fonction au conseil d'administration. Je pense qu'ayant compris cette
conséquence inopinée, je crois que le ministre est fort bien
avisé d'éliminer cette discrimination qui ne peut viser que la
clientèle étudiante du CEGEP que l'on admet pourtant comme membre
à part entière du conseil d'administration.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, nous sommes
prêts à faire cette modification.
Le Président (M. Marcoux): Le premier alinéa est
adopté. Est-ce que le deuxième alinéa est
adopté?
M. Morin (Sauvé): Au deuxième alinéa, il y a
un amendement que nous avons fait distribuer, et qui se lit comme ceci:
On comprendra l'importance de ces modifications dans un conseil qui sera
établi de façon paritaire "Le président a droit de
vote. En cas d'égalité des voix à une assemblée du
conseil, le vote du président est prépondérant. Nous
estimons que cette disposition est nécessaire pour débloquer les
décisions du conseil pour le cas où il y aurait
égalité des voix".
M. Saint-Germain: Lorsque le ministre dit que le vote du
président est prépondérant, je pense qu'il veut dire que
le président a un deuxième vote.
M. Morin (Sauvé): C'est ce que cela veut dire en
procédure, selon les règles de la procédure que nous
connaissons. C'est cela.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'alinéa sera
adopté? Le nouvel alinéa: "Le président a droit de vote,
et en cas d'égalité des voix à une assemblée du
conseil, le vote du président est prépondérant".
Adopté?
M. Morin (Sauvé): Adopté, M. le
Président.
M. Forget: M. le Président, j'aimerais bien comprendre le
sens de cette... je comprends que quand il y a partage égal, ça
s'applique quelles que soient les règles de quorum aux réunions
du conseil. Est-ce cela ou s'il y a une exigence minimale? Parce qu'on peut
imaginer des situations où l'application d'une telle règle est
assez odieuse. Si le nombre de membres d'un conseil d'administration n'est pas
astreint à des règles de quorum, il pourrait y avoir de
très petites réunions et si, en plus de ça, s'ajoute le
mécanisme du vote prépondérant, on a vraiment une
situation assez odieuse. Est-ce qu'il y a quelque part, dans la loi, une
règle de quorum qui détermine la validité des
décisions?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, le
règlement qui régit ces matières prévoit que le
quorum, c'est la moitié plus un.
M. Forget: Donc, le quart des membres, pourvu que le
président les accompagne, peut emporter une décision?
M. Morin (Sauvé): C'est exact, mais cela est courant dans
l'administration. Si, par hasard, il n'y a pas quorum, comme cela se produit
aussi bien dans l'administration des affaires, des entreprises, que dans
l'administration des associations, cela se produit assez souvent, même en
assemblée, et nous pensons que le vote prépondérant du
président, même s'il n'est pas toujours agréable à
exercer nous en avons eu un exemple l'autre jour à cette
commission même ce vote prépondérant est
nécessaire. C'est un inconvénient, mais il est absolument
nécessaire.
M. Forget: C'est-à-dire que nous n'avons pas eu l'exemple
d'un vote prépondérant. Nous avons eu l'exemple d'un vote du
président, ce qui est autre chose. Le président a voté et
s'est joint à une majorité qui n'existait pas autrement. Nous
aurions eu une situation inverse s'il y avait eu un vote de quatre à
trois trois pour les ministériels, que le président avait
appuyés et, malgré tout, c'est la décision des
ministériels qui l'avait emporté. Est-ce qu'on peut nous donner
l'exemple de situations ou d'institutions où cette règle du vote
prépondérant s'applique, parce que c'est une règle
très forte?
M. Morin (Sauvé): Oui, mais elle se trouve, par exemple,
dans le cas de Victor Morin. C'est une règle assez
générale.
M. Forget: Et sans qualification, encore une fois, quant au
quorum, dans le cas du...
M. Morin (Sauvé): Le quorum va varier d'une association ou
d'un organisme à l'autre et le quorum de l'assemblée ne sera pas
celui, non plus, du conseil d'administration.
M. Forget: Précédemment, est-ce que le conseil
d'administration d'un CEGEP pouvait déterminer que le président
avait vote prépondérant par ses règlements internes?
M. Morin (Sauvé): La réponse que je puis vous
faire, je viens d'avoir le renseignement c'est que, dans certains
cas, le président ne vote pas; dans certains collèges, on a
privé le président de son droit de vote. Nous voulons qu'il soit
clair qu'il a le droit de vote.
M. Forget: Oui, mais il y a une espèce de "trade off"
là-dedans; quand un organisme peut, par son règlement interne,
décider qu'il choisit de donner un vote prépondérant,
comme règle de décision, à son président, il peut
en même temps adopter des règles de quorum qualifiées et
dire que s'il y a moins que 60% des membres, ces règles ne jouent pas.
On peut imaginer toutes sortes... De toute façon, c'est un choix qui est
fait en tenant compte de toutes les possibilités.
Je m'inquiète un peu, comme législateur et
indépendamment des circonstances locales, que nous
prédéterminons une règle de décision aussi forte
sans, par ailleurs, pouvoir influencer tout le reste du règlement.
Remarquez que je ne souhaite pas que nous fassions les règlements
régissant les délibérations des conseils d'administration
des CEGEP. Ce que je veux dire, c'est que nous affectons un
élément, dans un ensemble de règles de décision
alors que, d'expérience, vous nous dites que les conseils
d'administration ont déterminé ces choses différemment.
Alors, ma question serait: Dans le fond, on a vécu des
inconvénients majeurs que ne pouvait pas surmonter un collège.
Autrement dit: Est-ce que les collèges sont si imprévoyants, dans
la détermination de leurs règles de décision, qu'il faille
que le législateur se substitue à eux?
J'ai de très grandes réserves, M. le Président,
à ce qu'on mette dans la loi des choses qui appartiennent aux
règles de procédure interne d'un conseil d'administration. Il y a
toutes sortes de circonstances; il y en a qui fonctionnent en milieu
semi-urbain où les règles de quorum sont peut-être plus
difficiles à faire respecter, ne serait-ce que parce que, à
certains mois de l'année, il y a des gens qui doivent se
déplacer. J'imagine qu'on essaie d'assurer une certaine
représentativité géo-
graphique dans des endroits comme, par exemple, un CEGEP à
Rivière-du-Loup; ce ne seront pas tous des gens qui vivent à
Rivière-du-Loup, etc. Dans les villes, c'est une règle
différente et il me semble que
l'hétérogénéité du milieu aussi, la
légitimité d'une décision imposée par un vote
prépondérant du président ne sera pas mise en doute dans
un milieu homogène. Dans un milieu qui est marqué par des
tensions, ça peut faire sauter la boîte, parce qu'on dira quand
même: II y avait vraiment une opinion très partagée et
c'est par cette espèce de levier artificiel qu'on a arraché une
décision.
M. Morin (Sauvé): Je vais tenter de répondre
brièvement au député. D'abord, le quorum, dans les
circonstances, ne peut pas être plus que la moitié plus un,
autrement nous donnons une arme redoutable à certains groupes qui
pourraient empêcher le quorum de se réunir et qui pourraient donc
bloquer tout le système. Il faut donc que nous adoptions un quorum du
style de ceux qu'on trouve dans les règles d'application
générale, et la moitié plus un nous a paru à
l'expérience d'ailleurs et nous paraît être le quorum
le plus raisonnable. C'est la première considération.
La seconde est celle-ci: Dans un système paritaire, il faut qu'il
y ait un vote prépondérant; d'où la décision de le
donner au président. Qu'on retourne le problème dans tous les
sens, de toutes les façons qu'on le voudra, on en reviendra toujours
à ce système, parce que c'est le seul qui soit rationnel par
rapport au type de conseil d'administration devant lequel nous nous
trouvons.
M. Forget: Oui, juste une remarque. Vous avez peut-être
raison de dire que ce serait donner le contrôle à un groupe
minoritaire que de hausser le quorum à plus que la moitié plus
un, je suis d'accord avec le ministre là-dessus, M. le Président.
Mais, d'un autre côté, donner le vote prépondérant,
dans un tel contexte, c'est aussi donner le contrôle possiblement
à un groupe minoritaire, parce que, finalement, ce que l'on dit, c'est
que les opinions sont suffisamment partagées, il y a toujours dans une
réunion des gens qui ne viennent pas, donc il y a là une personne
qui a deux votes effectivement. (21 h 30)
M. Morin (Sauvé): Oui, mais c'est le président.
M. Forget: ... bien oui, c'est le président, je veux bien,
mais il reste que ce n'est qu'un homme ou une femme. Ce n'est qu'un des
membres; il a un titre, mais il appartient, il se range dans l'un des deux
camps de cette fameuse parité. C'est aussi lui donner un instrument que
l'on refuse à un autre groupe. Il semble qu'il n'y a pas de
symétrie dans ce raisonnement. On privilégie, on parle de
parité, mais quand vient le moment, dans le fond, de trancher le noeud
gordien, on le tranche dans un sens bien déterminé, dans le sens
des préférences et des options que représente le
président qui doit être un membre de l'extérieur.
Donc, le ministre se rallie assez largement à notre point de vue,
mais au lieu de le faire carrément comme nous le lui proposions hier, il
le fait par ce moyen qui en est un un peu indirect, un peu en diagonale. Ce
n'est pas la voie directe.
M. Morin (Sauvé): C'est une règle qu'on trouve dans
presque tous les codes de procédures.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, si vous me le
permettez.
Le Président (M. Marcoux): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: J'ai vécu assez longtemps avec un vote
prépondérant; ce n'est pas toujours facile à exercer. Mais
tout le monde sait que je ne suis pas une spécialiste de la
procédure il me semble que j'ai toujours observé que dans
un conseil d'administration et ceci rejoint la préoccupation de
mon collègue de Saint-Laurent on prévoit ordinairement un
nombre qui soit impair, 13, 15, 19, ou 21.
M. Morin (Sauvé): On connaît l'habileté de
notre collègue de L'Acadie en arithmétique.
M. Lalonde: II faudrait arrêter de calculer s'il vous
plaît; il faudrait arrêter les calculs quand même.
Le Président (M. Marcoux): C'est deux à
zéro!
Mme Lavoie-Roux: A tout événement, il me semble,
d'après mon observation et d'autres pourront me corriger, ceux qui
ont... non pas sur les nombres impairs eux-mêmes, mais sur ce principe
qu'un conseil d'administration et qu'un comité exécutif soit
formé d'un nombre impair, pour justement empêcher que celui qui
préside soit trop souvent mis dans la position d'exercer son vote
prépondérant, alors qu'avec un nombre de 20, l'occasion va se
présenter plus souvent qu'il sera obligé d'exercer ce vote
prépondérant et il sera mis dans une situation plus difficile que
nécessaire, parce qu'un vote prépondérant devrait vraiment
s'exercer le moins souvent possible dans une assemblée
délibérante formée de collègues qui, à tous
égards, sont absolument égaux. On n'y a pas pensé, mais
ça m'étonne qu'on ait choisi 20 au lieu de choisir 19 ou 21. On
est arrivé à 20, parce qu'on a voulu de bonne foi essayer de
combler, d'équilibrer le conseil d'administration. Mais je ne suis pas
sûre que partir du principe d'un conseil d'administration formé
d'un nombre pair de membres soit bon, surtout quand on accorde un vote
prépondérant. Quelqu'un me fait remarquer que s'il y a un nombre
impair, il n'y a pas de vote prépondérant. S'il y a un nombre
impair, les risques sont moins grands ou les occasions sont moins grandes,
normalement, que le président soit obligé d'utiliser son vote
prépondérant. Je le répète: je pense que le
président doit
utiliser le moins possible dans une assemblée
délibérante formée de pairs ce vote
prépondérant, et j'aimerais que quelqu'un qui est plus à
la page que moi nous informe davantage. Il me semble que, d'une façon
générale, on prévoit un nombre impair, on prévoit
un vote prépondérant qui soit utilisé parce qu'il y a
absence. En tout cas, un nombre impair diminue le plus possible l'utilisation
du vote prépondérant.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je voudrais
simplement faire observer, si on me le permet que nous ne prévoyons pas
que ces situations seront fréquentes. Il ne faut pas oublier que la
composition du conseil d'administration est très variée, que
désormais il y aura un représentant du personnel non enseignant,
un représentant des étudiants adultes et le directeur
général, le directeur des services pédagogiques, la
personne responsable des services aux étudiants. Donc, on peut vraiment
dire un conseil d'administration venant de tous les horizons de
l'intérieur et de l'extérieur du CEGEP. Nous ne prévoyons
pas que des votes à égalité se produiront souvent, mais
ils peuvent toujours se produire. Il suffit qu'il manque un membre dans une
assemblée, ou que ce soir-là l'assemblée ait un nombre
pair de membres pour que cela se produise; cela se produira à
l'occasion. Nous pensons que, pour les cas où cela se produirait, il
faut qu'il y ait un vote prépondérant du président.
M. Lalonde: M. le Président, je vais répondre
à certaines inquiétudes qui ont été
exprimées de ce côté-ci de la table. Je pense que
l'objectif qu'on recherche à l'assemblée
délibérante, c'est qu'une décision soit prise chaque fois
qu'une question est soulevée, et de là le vote
prépondérant. Je pense que malgré les inconvénients
ou les difficultés que cela peut comporter pour un président...
Mme le député de L'Acadie l'a soulevé, ayant
été présidente à la Commission des écoles
catholiques de Montréal, elle a sûrement dû, à
l'occasion, exercer son vote prépondérant. C'est justement un
argument en faveur du vote prépondérant.
Mme Lavoie-Roux: ...
M. Lalonde: II importe une responsabilité
particulière, il doit donc être exercé avec d'autant plus
de circonspection, de prudence, et le moins souvent possible.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
M. Lalonde: Mais la règle générale d'une
assemblée délibérante, c'est que l'équilibre, s'il
existe, doit être brisé en faveur d'une décision.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
M. Lalonde: II est vrai que le fait qu'un conseil comme celui-ci
qui est de nombre pair si on additionne les paragraphes de l'article 8,
on arrive à 20, je crois... Au fond, que vous ayez un nombre de 21, de
19 ou de 20, dans les faits, concrètement, vous n'aurez jamais le
même nombre de personnes à chaque assemblée, c'est
d'ailleurs pour cela qu'il y a un quorum, pour avoir au moins un minimum. Je
pense que le quorum de la moitié plus un est un quorum
honnête.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Lalonde: Je pense que c'est même un quorum qui est
exigeant, dans une certaine mesure. On voit, dans des entreprises, des quorums
de conseils d'administration beaucoup moins élevés, trois, quatre
ou un tiers alors que là, vous êtes toujours sûr d'avoir une
majorité de représentants. La parité, naturellement, fait
qu'il peut arriver à l'occasion que ce soient les représentants
d'une catégorie qui vont constituer le quorum ou la majorité.
Cela, c'est l'accident qui peut arriver, c'est une situation qui peut se
présenter exactement de l'autre côté à la prochaine
réunion.
M. Morin (Sauvé): Cela peut se produire à
l'intérieur d'une même réunion, qu'on ait 21 personnes au
début, 20 par la suite, 16 par la suite, 13 par la suite.
M. Lalonde: Parfaitement. Ce que je veux dire, c'est que si tous
les membres sont convoqués, ils peuvent être pris par une
tempête de neige, mais on présume que chaque membre, normalement,
a l'occasion de se rendre à la réunin, d'y participer, d'exprimer
son point de vue et de voter. En ce qui concerne les préoccupations du
député de L'Acadie sur la parité, sur le fait qu'on ait un
nombre pair, je pense que dans les faits, concrètement, ce n'est pas une
préoccupation qui se traduit par des problèmes; je ne pense
pas.
Je suis prêt à défendre mon opinion encore plus
rigoureusement, mais Mme le député de L'Acadie me présente
une argumentation plus sérieuse.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Président (M. Marcoux): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: II y a deux problèmes que je voudrais
soulever.
M. Morin (Sauvé): ... le deuxième.
Le Président (M. Marcoux): Un nombre pair.
Mme Lavoie-Roux: Le problème de l'utilisation du vote
prépondérant, je pense que là-dessus, le
député de Marguerite-Bourgeoys dit qu'il devrait être
utilisé le moins possible. C'est rare que tous les gens vont être
là, mais je dois vous dire que quand un vote important survient,
à ce moment-là, à moins de circonstances exceptionnelles,
tous les gens se rendent.
M. Paquette: ... se pencher sur la probabilité.
Mme Lavoie-Roux: Tous les gens se rendent et vous avez, à
ce moment-là, 20 personnes, ou 10, ou 8, selon le nombre de membres du
conseil d'administration. S'il est vrai que dans les circonstances anodines ou
qui n'ont pas de conséquences trop graves, des gens s'absenteront plus
facilement, c'est un peu comme certains députés à
l'Assemblée nationale. C'est assez normal. De toute façon, je
pourrai continuer de discuter mon différend avec le député
de Marguerite-Bourgeoys. Mais je voudrais poser une autre question au ministre.
Il l'a soulevée. Il a dit: Nous avons pensé que la moitié,
plus un, forme un quorum raisonnable. Nous pensons que c'est un minimum parce
qu'on ne voudrait pas risquer que tout l'engrenage soit bloqué parce
qu'il s'absenterait, ou les gens n'y seraient pas, ils pourraient
empêcher le conseil d'administration de fonctionner, mais peut-il me dire
s'il a fait la vérification à savoir si quelqu'un qui s'abstient
lors d'un vote est considéré absent ou pas, et s'il est
considéré comme absent, à ce moment-là, même
si vous aviez quatorze personnes à votre assemblée...
M. Morin (Sauvé): Non, M. le Président, la
réponse est nette, sauf dans le cas du conseil de sécurité
des Nations-Unies, une abstention n'est pas une absence. Une abstention est un
vote d'abstention de la part d'une personne présente.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je vais essayer de
relever deux jugements, qui, en fait...
M. Alfred: Votre collègue.
Mme Lavoie-Roux: ... ont été rendus et qui sont
contradictoires. Je ne pense pas que ce soit rendu à la Cour
suprême pour trancher le dilemme, mais on n'a jamais établi, je
pense, d'une façon certaine, si on devait considérer comme absent
ou pas, quelqu'un qui s'abstenait. Il y a eu les tenants du oui, il y a eu les
tenants du non. Je suis contente que le ministre joue; la Cour suprême,
il l'a réglé le problème, sauf aux Nations-Unies.
M. Morin (Sauvé): Mais, M. le Président, c'est que
dans une même soirée, un même membre peut, étant
présent, voter sur une proposition et s'abstenir sur l'autre. On voit
bien que ce serait absurde de le considérer comme absent en cas
d'abstention.
M. Forget: II y a peut-être une nuance qu'on pourrait
apporter.
M. Morin (Sauvé): L'Opposition a trouvé là
un bon sujet de débat qui va prendre un autre bon quart d'heure.
M. Lalonde: Pas du tout. J'espère que le ministre ne
regrette pas déjà ma présence. Non?
M. Morin (Sauvé): Non, pas jusqu'ici.
M. Lalonde: Pas jusque là. Je n'ai fait que l'appuyer
jusqu'à maintenant.
Mme Lavoie-Roux: D'ailleurs, M. le Président, le
député de Marguerite-Bourgeoys ne s'oppose pas au ministre; il
s'oppose à sa collègue de L'Acadie. Alors, ce n'est pas
inquiétant.
M. Morin (Sauvé): II ne s'oppose pas, il la conseille
délicatement. J'ai observé qu'il le faisait avec beaucoup de
gentillesse et de doigté. On ne peut pas en dire autant du
député de Saint-Laurent, qui est quelquefois un peu brutal.
M. Lalonde: C'est la meilleure!
M. Forget: M. le Président, je vais essayer de corriger
cette malheureuse impression.
M. Lalonde: II faudrait avoir les caméras, s'il vous
plaît!
M. Forget: Dans le cas d'un vote, puisque les votes se prennent
successivement, je me demande si la question du député de
L'Acadie, parce que nous avons eu un aparté tout à l'heure, ne
prend pas un sens plus aigu lorsqu'une personne, non pas ne s'abstient pas, ne
pose pas un vote d'abstention, mais s'absente au moment d'un vote en
particulier, en étant physiquement présente, sort de la salle de
réunion, alors qu'on sait, par ailleurs, par les minutes, par le
procès-verbal, qu'elle a été présente au
début de la réunion et à la fin, qu'elle a
participé à d'autres votes, mais que dans un vote, en
particulier, elle ne s'abstient pas, elle ne vote pas, tout simplement. A ce
moment-là, le vote prépondérant joue, j'imagine.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, si une personne
s'absente autrement que pour les quelques minutes habituelles, j'imagine que
quelqu'un va soulever la question du quorum, si tant est que le quorum soit
touché.
M. Forget: C'est cela.
M. Saint-Germain: M. le Président...
Le Président (M. Marcoux): Je pense qu'on serait
peut-être prêt à voter.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que la précaution...
M. Lalonde: Un instant, le président ne peut quand
même pas "bulldozer" l'Opposition comme cela. (21 h 45)
Le Président (M. Marcoux): Dieu m'en garde!
M. Saint-Germain: D'ailleurs, un quart d'heure, c'est si peu.
M. Lalonde: C'est que le député de Jacques-Cartier
a des choses à dire.
M. Saint-Germain: Puisqu'il semble y avoir importance du vote
prépondérant ou non, relativement au nombre d'administrateurs
présents est-ce
qu'on a obtenu des statistiques sur les présences ou les absences
aux réunions des conseils d'administration?
M. Morin (Sauvé): Je m'excuse auprès du
député de Jacques-Cartier; pourrait-il reprendre la fin de sa
question?
M. Saint-Germain: Est-ce qu'on a obtenu des statistiques sur les
absenses aux conseils d'administration, lors des différentes
réunions?
M. Morin (Sauvé): Non, M. le Président, dans un
système décentralisé, cela relève essentiellement
des collèges. Le ministère n'est pas équipé pour
poursuivre des enquêtes sur la façon dont on est présent ou
absent aux conseils d'administration des collèges. Il arrive parfois
qu'il y ait des problèmes; on nous les signale à ce moment et
nous tentons de les régler; mais, de façon
générale, non, nous ne tenons pas de fichier sur cette
question.
M. Saint-Germain: Mais ne croyez-vous pas qu'il y aurait
peut-être une certaine importance d'en avoir. Ce serait d'ailleurs simple
au point de vue comptabilité; il y aurait cette question de savoir, par
exemple, s'il serait important si on avait ces statistiques
d'avoir un vote prépondérant ou non pour le président,
mais il y a un autre élément qui pourrait peut-être entrer
en ligne de compte. Avec le temps on aurait peut-être pu constater que
certains groupes de gens qui représentent, par exemple faisons un
exemple pratique si vous le voulez les professeurs sont présents
d'une façon plus constante que ceux qui représentent les parents.
Le professeur peut avoir, comme les parents, des enfants aux études au
CEGEP, et en plus c'est son gagne-pain. Alors, il peut être doublement
motivé dans la qualité de l'administration du CEGEP, tandis que
le parent a tout de même un élément de moins au niveau de
la motivation. Il aurait peut-être été valable d'avoir des
statistiques là-dessus.
M. Morin (Sauvé): Je regrette, M. le Président,
nous n'en avons pas, parce que, encore une fois, c'est un système
décentralisé et ce serait, je crois, mal perçu par les
collèges si nous allions leur demander des rapports sur des questions
comme celles-là.
M. Forget: On se borne à leur donner le vote
prépondérant.
Mme Lavoie-Roux: Mais c'est quand même, M. le
Président, un problème qui a été soulevé par
des groupes qui sont venus devant nous, cette question que souvent, pour
diverses raisons, les gens qui venaient de l'extérieur pouvaient
être plus facilement absents que les gens de l'intérieur. Le
problème que le député de Marguerite-Bourgeoys
soulève a été soulevé, ici, en commission
parlementaire.
Une Voix: ...
Mme Lavoie-Roux: M. le député de Jacques-Cartier.
Qu'est-ce que j'ai dit?
M. Alfred: M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Papineau.
M. Alfred: Je vais être d'une délicatesse
extrême. Je suis sûr que Mme le député de L'Acadie va
me comprendre. Au nom du bon Dieu; pourrions-nous voter?
M. Lalonde: C'est un vote prépondérant que vous
voulez avoir, vous, là?
Le Président (M. Marcoux): II y a un membre de la
commission qui me demande de vous demander, si j'ai bien compris, d'adopter
l'article 7.
M. Saint-Germain: Une seconde, M. le Président. Je crois
tout de même, malgré la décentralisation, comme vous dites,
que ce sont des choses qui ont une certaine importance, parce que même si
c'est décentralisé, il arrive que c'est l'Assemblée
nationale qui est responsable des modifications qu'on apporte à cette
loi. Ce sont là, à mon avis, des statistiques qui pourraient
certainement éclairer les délibérations et éclairer
le ministre aussi sur les décisions à prendre; cela me semble
tout à fait évident.
M. Morin (Sauvé): Nous n'avons pas de statistiques, je
l'ai dit, et je pense que ce serait vraiment mal reçu que nous tentions
d'enrégimenter les collèges dans ce genre d'enquête. Mais
je puis dire au député de Jacques-Cartier que, lorsque, à
l'occasion, il surgit des problèmes réels, nous en entendons
parler. L'une des raisons pour lesquelles nous demandons à la commission
d'instituer ce vote prépondérant, c'est justement parce
qu'à l'occasion, il y a des problèmes insolubles
d'égalité et que ce vote prépondérant va justement
trancher l'un des problèmes qu'on nous a signalés.
M. Lalonde: Les seules conclusions auxquelles pourront nous
porter les statistiques sur les présences, actuellement ou dans le
passé, ce serait d'opter pour un quorum qualifié,
c'est-à-dire un minimum de représentants de chaque
catégorie, ce qui serait un piège terrible parce qu'à ce
moment-là une catégorie qui conteste n'aurait qu'à ne pas
être représentée à l'assemblée pour paralyser
complètement l'administration. Imaginez, par exemple, les 30 membres de
l'Assemblée nationale qui doivent être présents pour faire
le quorum lorsque les commissions parlementaires ne siègent pas. Si nous
avions un quorum qualifié, par exemple, s'il fallait qu'il y ait un
minimum de cinq membres du Parti libéral, ce serait très facile
pour
le Parti libéral naturellement, ce ne serait pas son but,
ni son intention. On sait jusqu'à quel point c'est un parti
démocratique, qui est en faveur de...
Le Président (M. Marcoux): Je m'excuse, sauf erreur...
M. Lalonde: C'est sur le quorum.
Le Président (M. Marcoux): ... il n'est pas question du
quorum à l'article 7.
M. Lalonde: On n'a parlé que de cela, M. le
Président, le vote prépondérant, le quorum et tout
cela.
Le Président (M. Marcoux): C'est vrai. M. Lalonde:
Alors...
Le Président (M. Marcoux): Faut-il en parler encore
longtemps?
M. Lalonde: Non, mais j'aime bien appuyer le ministre
là-dessus parce que je sais qu'il pense au code Victor Morin et à
tout cela. Il faut l'appuyer parce qu'il est un peu isolé. S'il fallait,
par exemple, qu'à l'Assemblée nationale on ait un quorum
qualifié, dans le sens que le quorum de 30 membres doive comprendre cinq
députés de l'Opposition officielle, ce serait l'enfance de l'art
pour l'Opposition officielle de paralyser là n'est pas son
intention, M. le Président, on sait jusqu'à quel point le Parti
libéral est un parti démocratique qui favorise la discussion
publique, et je ne veux pas parler de l'Union Nationale...
Mme Lavoie-Roux: ...
M. Lalonde: ... elle aurait sûrement les mêmes
intentions ce serait facile de paralyser complètement pour une
catégorie. Admettons, par exemple, qu'on dise: Sur les 20 membres, il y
a trois enseignants. Tout à coup, il y a un problème qui est
soumis selon l'ordre du jour de la prochaine assemblée qui concerne les
enseignants et eux prévoient une décision défavorable. Ce
serait très facile pour les enseignants de ne pas participer à la
réunion pour briser le quorum. Je suis parfaitement d'accord avec le
ministre qu'il faut avoir un quorum honnête et il m'apparaît que la
moitié plus un, c'est très bien. Il faut aussi avoir un vote
prépondérant. Je regrette, le député de
Saint-Laurent a émis un certain nombre de doutes sur la sagesse d'une
telle décision, mais je suis en faveur du principe que
l'assemblée délibérante doit faire plus que
délibérer, elle doit décider. Si l'exercice, de temps
à autre on a entendu le témoignage quasi dramatique du
député de L'Acadie relativement...
Mme Lavoie-Roux: N'exagérons rien!
M. Lalonde: ... à ses expériences comme
présidente d'un organisme important. Même si c'est un exercice
souvent difficile à faire, le vote prépondérant, je pense
que c'est important de le conserver.
Je voulais, M. le Président, à ma première
présence à cette commission, exprimer mon accord le plus complet
avec le ministre sur cet article.
Le Président (M. Marcoux): ... rendre inoubliable.
M. Forget: Je voulais convaincre mon collègue qu'il a
tort, M. le Président, mais je m'en abstiens.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'alinéa
suivant sera adopté?
Mme Lavoie-Roux: Vous vous souvenez où on est rendu.
Le Président (M. Marcoux): "Le président a droit de
vote en cas d'égalité des voix à une assemblée du
conseil; le vote du président est prépondérant."
Est-ce que l'amendement est adopté?
M. Morin (Sauvé): Adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'article 7 tel
qu'amendé sera adopté?
M. Morin (Sauvé): Oui, M. le Président. Mme
Lavoie-Roux: Oui.
Commission pédagogique Le Président (M. Marcoux):
L'article 8.
M. Morin (Sauvé): Ce qui nous amène à
l'article 8, lequel modifie l'article 17 de la Loi des CEGEP. Cet article est
remplacé, dans son premier alinéa, par le suivant: "Le conseil
établit une commission pédagogique dont la fonction principale
est de l'aviser sur l'organisation et le développement de
renseignement."
A l'heure actuelle, le texte se lit comme ceci: "le conseil
établit une commission pédagogique dont la fonction principale
est de l'aviser sur l'organisation et le développement de l'enseignement
et sur les nominations aux fonctions de direction pédagogique." Nous
avons quelque peu restreint le texte, parce que, de fait, ça correspond
davantage aux réalités vécues dans le réseau.
Voilà l'explication, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'article 8 sera
adopté?
Mme Lavoie-Roux: Un instant, M. le Président. On sait que
la formation de la commission pédagogique à l'intérieur
des collèges a créé plusieurs problèmes quant
à sa composition. Il
semble que le député de Rosemont soit un peu du même
avis. Il semble qu'en certaines occasions, sans rien vouloir dramatiser pour ne
pas traumatiser mon collègue de Marguerite-Bourgeoys...
M. Lalonde: J'ai peur.
Mme Lavoie-Roux: ... que, des fois, on ait passé plus de
temps ou d'heures à se demander qui ferait partie du conseil que,
peut-être, de s'attaquer à des problèmes véritables.
Je pense que je n'exagère pas; c'est une réalité. Dans
l'article actuel de la loi, comme vous le dites, vous avez voulu le simplifier.
Mais, on disait: "Les membres de cette commission sont nommés par le
conseil, mais au moins trois doivent être choisis par les personnes
désignées par les professeurs du collège". Là, vous
enlevez cette disposition, si je comprends bien, et il restera au conseil de
décider de lui-même de la composition de la commission
pédagogique. Je voudrais savoir si, en modifiant l'article 17 de la
façon dont on le fait, on va corriger les difficultés que l'on
rencontrait, quant à la formation de la commission pédagogique.
Il y a aussi eu des...
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: Je ne sais pas si j'ai mal compris, mais il me
semble que l'amendement proposé par le ministre ne touche pas... il
touche seulement le premier alinéa. On remplace le premier
alinéa.
M. Morin (Sauvé): Le deuxième alinéa demeure
intact.
Mme Lavoie-Roux: Bon.
M. Forget: ... est-ce qu'on enlève les nominations?
Pourtant, les nominations sont mentionnées à l'article 20. Donc,
le pouvoir demeure.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'on change quelque chose?
M. Lalonde: Rien du tout.
M. Forget: C'est de la concordance.
M. Morin (Sauvé): De fait, c'est de la concordance, et
c'est aussi pour tenir compte de la façon dont les choses sont
effectuées dans le concret.
M. Forget: Ce qui veut dire que la commission pédagogique
ne leur donne pas d'avis sur les nominations aux fonctions de direction
pédagogique?
M. Paquette: M. le Président, à l'article 17, on
parle des nominations aux fonctions de direction pédagogique, ce qui est
assez large, sauf erreur; il y a le directeur des services pédagogiques,
et on pourrait comprendre aussi, dans cette catégorie, les adjoints. Il
y a des CEGEP qui se donnent des chefs de secteur, des directeurs de services
d'éducation aux adultes. Je pense que l'article 8 a pour effet de
restreindre. Je ne dis pas que je suis d'accord avec ça; je vous dis que
c'est ça que ça fait.
M. Forget:... de restreindre aux directeurs des services
pédagogiques.
M. Paquette: En enlevant ça, on arrive à l'article
20 et on dit que le conseil d'administration, dans la nomination du directeur
général et du directeur des services pédagogiques, doit
prendre avis. Donc, ça veut dire que la commission pédagogique
sera consultée sur la nomination du directeur des services
pédagogiques, mais seulement...
M. Forget: Mais seulement de celui-là.
M. Paquette: ... de celui-là et du directeur
général; ce qui est aussi indiqué, à mon avis.
M. Morin (Sauvé): Si on se reporte à l'article 20,
c'est exactement ça.
Mme Lavoie-Roux: La composition de cette commission
pédagogique, évidemment, varie d'un collège à
l'autre.
M. Morin (Sauvé): C'est de la décentralisation,
parce que ça varie beaucoup d'un collège à l'autre, et
c'est souhaitable qu'il en soit ainsi. Ceci dit, je suis sûr que vous
n'allez pas nous recommander d'en préciser les membres. (22 heures)
Mme Lavoie-Roux: Non. M. le Président,
premièrement, rectifions les choses. Que le ministre ne nous dise pas
que c'est de la centralisation qu'il vient d'ajouter, parce que c'était
déjà tel quel dans l'exercice, alors c'était
décentralisé. Le problème que j'ai voulu soulever, tout le
monde sait qu'il y a des problèmes qui surgissent à
l'intérieur de cette commission pédagogique; je voulais demander
au ministre: Est-ce qu'on les a examinés, est-ce qu'on en a
identifié les causes, est-ce que ça n'a pas
présenté suffisamment de problèmes pour qu'on s'y attache
davantage? C'était le sens de ma question, M. le Président.
M. Forget: J'ai deux petites questions, M. le
Président.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Premièrement, on parle, dans le deuxième
alinéa, des personnes qui doivent être choisies par les personnes
désignées par les professeurs du collège. Si je comprends
bien, il n'y a aucune règle d'incompatibilité;
c'est-à-dire que les membres qui sont désignés par le
corps professoral, pour siéger au conseil d'administration, peuvent
être les mêmes par le corps profes-
soral, pour siéger au conseil d'administration, peuvent
être les mêmes personnes qui siègent à la commission
pédagogique? Il n'y a pas d'incompatibilité?
M. Morin (Sauvé): Non, il n'y a pas
d'incompatibilité, mais, dans les faits, ça ne se produit pas. En
fait, moi, je ne connais pas de cas; je ne sais pas si le député
de Rosemont en connaît, mais je ne connais pas de cas où cela
s'est produit, parce que ce sont des fonctions quand même assez prenantes
et je ne pense pas qu'une même et seule personne puisse envisager de
courir de l'un à l'autre.
M. Forget: On prévoit que le directeur des services
pédagogiques est membre ex officio de la commission pédagogique;
c'est fort louable. Ce que l'on ne prévoit pas, me semble-t-il, c'est
que le président de la commission pédagogique est, d'office,
membre du conseil; il n'y a pas de lien, via le conseil d'administration, entre
la commission pédagogique et le conseil. Le seul lien qui existe, c'est
via un permanent, via un cadre qui est le directeur...
M. Morin (Sauvé): Des services pédagogiques. M.
Forget: ... des services pédagogiques. M. Morin (Sauvé):
C'est ça.
M. Forget: N'est-il pas dommage, en un sens, et peut-être
un peu paradoxal, que dans des structures, qui sont des structures de
direction, entre lesquelles il doit exister une imbrication, j'estime le
conseil de direction, qui a une responsabilité générale,
et une commission pédagogique que la charnière entre ces
deux organismes soit un cadre qui prend son mandat de l'un ou de l'autre selon
les sujets. Il me semblerait plus normal que le président de la
commission pédagogique qui devrait avoir certaines qualités,
comme on dit que le président du conseil doit être un membre de
l'extérieur... Peut-être une disposition analogue devrait-elle
exister, de manière à s'assurer que c'est effectivement la
commission qui pilote et que la commission n'est pas à la remorque du
directeur des services pédagogiques, mais qu'elle a, au contraire, un
accès privilégié au conseil d'administration? On dit: II
n'y a pas d'incompatibilité, mais ça ne se fait pas au niveau des
membres; donc la seule charnière, c'est ce permanent. Je trouve que
c'est...
M. Morin (Sauvé): C'est voulu, M. le Président,
c'est voulu.
M. Forget: Je sens que c'est voulu, mais je pense qu'il y a
là une faiblesse au niveau du rôle du conseil d'administration et
même de la commission pédagogique; c'est une faiblesse.
M. Morin (Sauvé): Selon le point de vue; selon la
façon dont nous l'envisageons, la personne qui est la plus au fait des
problèmes pédagogiques dans le collège, c'est le DSP. Il
est quelquefois, d'ailleurs, président de la commission
pédagogique; quelquefois il préfère ne pas l'être.
Mais c'est le permanent responsable de ces questions. A notre avis, c'est lui
qui doit siéger et, si on connaît le fonctionnement des
collèges, ça saute aux yeux, c'est lui qui doit siéger au
conseil d'administration.
M. Forget: M. le Président, je vais faire une analogie qui
va faire ressortir le caractère paradoxal de cette situation. Je sais
que ce n'est pas le cas dans les CEGEP, mais dans un grand nombre de structures
administratives, par exemple pour prendre une analogie que j'ai
tirée à plusieurs reprises hier, entre le réseau des
affaires sociales et le réseau de l'éducation, il y a quand
même un même contexte d'institution publique il y a, dans
les établissements du réseau des affaires sociales, en vertu de
la loi, un comité de vérification. Un comité de
vérification est un sous-comité une commission si l'on
veut du conseil d'administration, dont les membres, de par la loi,
doivent être choisis en-dehors des membres du personnel qui sont
présents à ce conseil d'administration, ce doit dont être
des gens de l'extérieur.
Nous avons dans le cas des CEGEP la situation qui prévaudrait si,
dans le cas d'un comité de vérification, c'était le
comptable ou le directeur des finances de l'établissement qui serait le
président du comité de vérification et qui serait la seule
charnière ou le seul lien de communication entre ce comité de
vérification et le conseil d'administration. Ce serait une situation qui
serait caractérisée tout de suite comme étant une pure
aberration, puisque le rôle du comité de vérification,
constitué de membres extérieurs, est d'agir comme le chien de
garde en quelque sorte, le contrôleur, le vérificateur,
l'aiguilleur d'une activité bien précise qui a des dimensions
techniques et qui a aussi des dimensions de responsabilité face au
public. Ils doivent pouvoir, le président du comité de
vérification doit pouvoir faire son rapport directement au conseil
d'administration dont il est lui-même membre, de manière que
justement cette relation soit immédiate et directe et que ça se
fasse au niveau si l'on veut politique plutôt qu'au niveau administratif,
toute proportion gardée, bien sûr. Il me semble que la
préoccupation académique ressortit à la même
dimension double. Il y a l'aspect de la cuisine, c'est-à-dire tous les
moyens pris pour donner suite à des préoccupations
académiques: l'aménagement des horaires de cours,
l'aménagement d'un tas d'exigences sur le plan de la coordination des
programmes de vérification, de docimologie, etc.
Il y a ces préoccupations, donc il y a une intendance à
laquelle doit veiller le directeur des services pédagogiques. Mais il y
a aussi le problème d'un comité pédagogique de voir
à ce que les objectifs, l'objectif par excellence du collège qui
est d'atteindre un certain niveau de qualité et d'excellence dans le
domaine de son enseignement, de s'assurer de la qualité des admissions,
de la qualité des engagements des professeurs, etc.,
que tout ceci soit fait dans une perspective de responsabilité
publique. Pour exercer vraiment son rôle, il serait capital, à mon
avis, que celui qui est le porte-parole de ce comité, ne soit pas le
fonctionnaire responsable de l'application de ses politiques. C'est la
meilleure façon ce que l'on fait là pour affaiblir
la dimension pédagogique au sein des CEGEP. Encore une fois, cette
analogie que j'ai faite avec les comités de vérification montre
bien que, si on confiait au comptable en chef ou au directeur des finances
d'une institution le soin de présider un comité de
vérification et de faire rapport au conseil d'administration, on dirait:
C'est une tentative de blanchir tout ce qui se fait, c'est une tentative pour
ne pas poser des questions pertinentes et pour ne pas exercer la
responsabilité qui est celle du conseil d'administration.
Mais ce qui vaut pour les finances, ce qui vaut pour l'administration,
ça vaut à plus forte raison pour la dimension pédagogique
et académique, et je pense qu'on s'y prend décidément par
le mauvais bout. Ce n'est pas ça qu'il faut faire, si vraiment on veut
faire autre chose que de donner des coups d'encensoir à ce qui se fait
déjà. C'est bien clair que ce n'est pas le directeur des services
académiques qui sera le plus exigeant, s'il y a des problèmes.
S'il n'y a pas de problèmes, on n'a pas besoin d'un comité
pédagogique. Si on peut faire confiance au directeur pour qu'il fasse
tout ce qu'il faut pour assurer les objectifs du collège, il n'y a pas
besoin de cette cinquième roue de charette. On présume que dans
certains cas, il a besoin d'être aiguillonné, orienté,
contrôlé et aidé dans le développement de politiques
académiques. A ce moment, il faut donner à ce comité un
moyen d'intervention, un moyen de se faire entendre directement et de
répercuter au sein d'un conseil d'administration, sans le détour
du directeur des services pédagogiques, les préoccupations qui
lui sont propres.
Cela m'apparaît une dimension fondamentale de tout ce
problème. Je sais que le ministre n'amende pas cette partie de
l'article, mais je trouve désolant de voir que cette question n'ait pas
fait l'objet d'un examen plus en profondeur.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je suis contente que le député de
Saint-Laurent ait soulevé ce problème. Ce ne sera pas long. Je
sais que c'est aussi une préoccupation probablement du côté
ministériel. On est quand même ici pour tenter d'articuler le
mieux possible le fonctionnement du conseil d'administration avec la commission
pédagogique entre autres, sachant fort bien que dans certains endroits
il y a eu des problèmes de tiraillement et je pense que le
député de Saint-Laurent a bien cerné le
problème.
J'aimerais faire une suggestion au ministre. Je la fais de bonne foi, je
n'ai pas d'amendement à lui proposer et je pense que, de son
côté, il n'en a pas sur le champ, et il ne voudra peut-être
pas, non plus, en présenter. Mais, si on suspendait ce 17, c'est
l'article 8, jusqu'à demain matin ou demain après-midi, afin
qu'on réfléchisse de part et d'autre, peut-être que le
ministre décidera que, compte tenu de différentes consultations
qu'il a eues, il préfère le laisser comme ça, je
l'accepterai et je le respecterai, mais je me dis: Si on se donnait la nuit et
qu'on le suspendait jusqu'à demain, pour qu'on réfléchisse
de part et d'autre.
Le Président (M. Marcoux): L'article 8 est suspendu.
L'article 9.
Programme d'intérêt national
M. Morin (Sauvé): A l'article 9, nous ajoutons un nouvel
article qui sera numéroté 17a et qui se lirait comme ceci:
c'est une conséquence directe de l'énoncé du livre blanc
"le ministre peut reconnaître l'intérêt
national...
Le Président (M. Marcoux): Non, vous avez un nouvel
article, n'est-ce pas?
Mme Lavoie-Roux: Vous avez été très sage,
d'ailleurs.
M. Morin (Sauvé): Oui, pardon, ça a
été modifié: "A la demande d'un collège, le
ministre peut accorder un statut particulier à un programme
d'enseignement professionnel qui exige un encadrement et une organisation
spécifiques. Ce collège peut constituer un comité
chargé de l'organisation de la gestion d'un tel programme d'enseignement
professionnel et, à cette fin, lui conférer par règlement
les pouvoirs nécessaires." On nous avait fait des représentations
sur la rédaction du projet initial et on nous avait fait valoir,
notamment, que cette expression "d'intérêt national" était
ambiguë et pouvait être interprétée de diverses
façons. Nous nous sommes rendus à ces arguments et nous
préférons utiliser l'expression "statut particulier",
voilà une expression qui va plaire du côté libéral,
assurément, à un programme d'enseignement professionnel exigeant
un encadrement ou une organisation spécifique. Je suis sûr que le
député de Rosemont va vouloir me proposer
"indépendance-association" à la place, mais je l'inviterais
à réfléchir à la chose, au moins jusqu'à
demain, si possible, et j'invite les membres de cette commission à se
pencher sur cet article, telle que la nouvelle rédaction vous en est
proposée.
M. Forget: A première vue, M. le Président,
ça me semble une décision par laquelle le ministre a fait preuve
de qualité de "statemanship", mais, sous bénéfice
d'inventaire, à moins que mes collègues, évidemment, ne
découvrent un vice caché dans ce nouvel emballage.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que vous avez lu les deux paragraphes ou
est-ce simplement le premier que vous avez lu?
M. Morin (Sauvé): J'ai lu les deux, mais le second
découlant, en quelque sorte, du premier, je l'ai lu rapidement.
Mme Lavoie-Roux: Quoique c'est peut-être dans le second
je suis d'accord, M. le Président que la correction la
plus importante a été apportée. Je m'explique, c'est que
le paragraphe original était qu'un collège pouvait, avec
l'autorisation du ministre, constituer un comité chargé... Non,
c'était le premier paragraphe; c'est que, désormais, c'est
à la demande du collège.
M. Morin (Sauvé): C'est ça.
Mme Lavoie-Roux: Alors que, antérieurement, c'était
le ministre...
M. Morin (Sauvé): C'était le ministre agissant
proprio motu.
Mme Lavoie-Roux: A l'initiative du ministre. Alors, nous
souscrivons totalement à cette amélioration et vous y avez
même mis un complément en modifiant votre "intérêt
national" par le "statut particulier", ce qui ne veut pas dire que nous
souscrivions au statut particulier dans un autre domaine; il faut toujours
être prudent.
Le Président (M. Marcoux): Le nouvel article 9 sera
adopté?
M. Morin (Sauvé): Adopté, M. le
Président.
M. Paquette: M. le Président, je ne veux pas retarder
l'adoption...
Mme Lavoie-Roux: C'est la souveraineté-association?
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: ... bien sûr, ni vous parler de
souveraineté-association, ce soir, à cette heure tardive, mais je
me demande pourquoi on spécifie "programme d'enseignement
professionnel". Bien sûr, il y a des besoins là, mais je me
demande si un tel mécanisme ne pourrait pas s'appliquer à des
programmes d'éducation populaire qu'un CEGEP voudrait mettre sur pied,
qu'on jugerait particulièrement novateur, et qu'on voudrait encourager
tout particulièrement?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, si je puis me
permettre d'esquisser une réponse. Il s'agit, bien sûr, de projets
bien particuliers, en général fort coûteux, comme par
exemple, le pilotage à Chicoutimi, la marine à Rimouski, des
projets de cette envergure qui, en général, sont fort
coûteux. Jusqu'ici ils ont été restreints à
l'enseignement professionnel, et notre jugement est qu'ils doivent être
restreints à l'enseignement professionnel. (22 h 15)
C'est la raison pour laquelle nous avons rédigé l'article
de cette façon.
M. Paquette: M. le Président, c'est simplement pour dire
qu'on pourrait aussi trouver des programmes coûteux dans le domaine de
l'éducation populaire.
M. Lalonde: Je suis parfaitement d'accord avec vous.
M. Paquette: Je ne vois pas pourquoi on n'ouvrirait pas
ici...
M. Lalonde: Est-ce que vous vous rangez quand même?
Le Président (M. Marcoux): L'article 9 est-il
adopté?
M. Forget: Un instant, M. le Président, juste une question
d'information. J'aimerais savoir d'une façon plus concrète ce que
le ministre vise par cette disposition. D'une part, nous savons que les
programmes sont approuvés par le ministre, les budgets également,
et la prestation dans un collège en particulier de programmes est
approuvée par le ministre. La main droite doit donc savoir ce que la
main gauche fait. Comment pourrait-il se faire qu'un collège ait la
permission du ministre de donner un programme donné et qu'il ne
reçoive pas déjà dans son budget les sommes
nécessaires à sa prestation?
M. Morin (Sauvé): II les reçoit, M. le
Président. A partir du moment où un tel programme reçoit
un statut particulier, à partir du moment où est
créé, comme nous le disons dans l'énoncé de
politique, un centre spécialisé, des budgets sont prévus
à cette fin, des budgets spécifiques.
M. Forget: C'est déjà le cas.
M. Morin (Sauvé): C'est déjà le cas.
M. Forget: Alors, qu'est-ce qu'on gagne, en pratique,
concrètement, par cette nouvelle disposition?
M. Morin (Sauvé): C'est que le collège peut prendre
l'initiative de demander au ministre de créer un tel centre
spécialisé.
M. Forget: J'imagine qu'il peut le faire sans être
autorisé spécialement par une loi, sans demander de donner un
nouvel enseignement; par exemple, le programme de communications.
M. Morin (Sauvé): C'est exact. Nous voulons donner un
statut à ces centres spécialisés, alors qu'à
l'heure actuelle, dans la loi existante, ils n'ont pas d'existence
légale reconnue, ils ne sont pas mentionnés. Nous voulons les
mettre en relief.
M. Forget: Je vois.
M. Saint-Germain: Dans la loi actuelle, si on prend le
deuxième paragraphe: "Le collège peut constituer un comité
chargé de l'organisation et de la gestion d'un tel programme
d'enseignement professionnel et, à cette fin, lui conférer par
règlement les pouvoirs nécessaires." Est-ce que cela existe
actuellement dans la loi ou est-ce nouveau?
M. Morin (Sauvé): Non, cela est nouveau. Au fond, vous
répondez fort bien à la question du député de
Saint-Laurent. Maintenant qu'on reconnaît ce statut particulier, il
pourra y avoir un mode de gestion particulier. C'est là qu'est
l'intérêt de la chose, qui n'échappera pas au
député de Saint-Laurent. Le programme pourra être
administré par un comité hautement spécialisé
où on verrait, par exemple, des spécialistes de l'industrie
intéressée dans le bois ouvré, dans les pêcheries,
faire partie du conseil de gestion de cette option ou de ce centre
spécialisé.
M. Saint-Germain: M. le Président...
M. Forget: C'est une réponse à cet ancien grief de
la disparition du rôle des comités paritaires pour l'enseignement
professionnel, dans un certain sens. C'est une façon d'intégrer
les milieux professionnels à la gestion d'instituts
spécialisés de technologie dans tel ou tel domaine.
M. Morin (Sauvé): C'est plus que cela, mais cela permet de
répondre à ce grief, en passant.
M. Forget: En passant.
M. Saint-Germain: Etant donné qu'il y a des changements
technologiques tellement rapides dans notre société, j'imagine
que depuis dix ans, il est arrivé que dans le rayon d'activités
d'un CEGEP se soit développée une industrie ou qu'il y ait eu un
besoin de techniciens spécialisés dans un domaine donné et
que lors de la fondation du CEGEP il n'y avait là aucune
nécessité. La nécessité s'est créée,
si vous voulez, de par la fondation de nouvelles industries. Est-ce que c'est
arrivé?
M. Morin (Sauvé): Je m'excuse, j'avais l'esprit
occupé par une question subsidiaire; je m'excuse auprès du
député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Pour vous donner un exemple pratique, j'imagine
qu'un CEGEP comme celui de Saint-Hyacinthe, dans son secteur
d'activités, va s'occuper des techniques du lait ou du fromage parce
que...
M. Morin (Sauvé): C'est concevable.
M. Saint-Germain: C'est concevable. A Gaspé, ce serait la
pêche ou les techniques de la pêche.
M. Morin (Sauvé): Oui. Dans le cas de Saint-Hyacinthe, M.
le député, ce serait l'école de médecine
vétérinaire et ce serait l'école de technologie agricole
plutôt que le CEGEP; mais je vois où vous voulez en venir.
M. Saint-Germain: C'est cela. Est-ce qu'il est arrivé,
depuis les quelque dix ans que les CEGEP existent, qu'il se soit
développé, pendant cette période, soit par des
investissements, l'établissement d'une usine ou d'une industrie
nouvelle, qu'on ait eu à modifier la programmation du CEGEP pour
satisfaire aux besoins de techniciens?
M. Morin (Sauvé): Constamment, M. le député.
On ne peut pas toujours répondre à toutes les demandes, mais la
plupart des centres spécialisés qui existent ont
été formés à la suite de requêtes provenant
d'un secteur socio-économique ou de l'autre.
M. Saint-Germain: Mais est-ce que cette modification de la loi
n'est pas pour faire face à ces besoins qu'on ne peut pas prévoir
aujourd'hui mais qui vont exister demain?
M. Morin (Sauvé): Assurément. On prévoit que
le collège va être approché, par exemple, par l'industrie.
Prenons le bois ouvré dans la région de Victoriaville. C'est
exactement cela qui s'est produit. Le collège pourra donc s'adresser
à nous désormais, appuyé par, j'imagine, un secteur
socio-économique, pour demander de créer un centre
spécialisé. Si ses arguments sont bien étayés, si
le besoin est réel, je n'aurai aucune raison de refuser la
création de ce centre spécialisé.
M. Saint-Germain: J'ai l'impression, M. le Président,
qu'au niveau de l'enseignement professionnel dans les CEGEP il n'y a pas de
relation ou très peu de relations entre l'industrie et l'enseignement
même du CEGEP. Est-ce que j'ai raison lorsque j'affirme qu'il y a peu de
relation ou de coopération entre...
M. Morin (Sauvé): Je m'excuse, M. le Président,
mais je dois détromper le député. De plus en plus, et
depuis des années, il existe des dizaines de comités où on
voit oeuvrer côte à côte des enseignants et des
représentants d'un milieu socio-économique précis,
même de milieux d'entreprise.
M. Saint-Germain: Puisque vous avez choisi la région de
Victoriaville, que vous semblez connaître, je suppose que vous me parlez
d'ameublement.
M. Morin (Sauvé): Je ne la connais pas mieux que vous, M.
le député, mais...
M. Saint-Germain: Quelle est la relation de fait qui existe entre
le CEGEP qui oeuvre à Victoriaville et l'industrie de l'ameublement de
Victoriaville? Est-ce qu'il y en a une en fait?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, il y a des
rapports constants. Il y a même un comité auquel
participent des représentants de l'industrie du meuble à
Victoriaville qui constamment permet à ces enseignements d'être
à la pointe et de répondre le mieux possible aux besoins du monde
du travail.
M. Saint-Germain: Dans le cadre actuel de la loi, est-ce que ce
comité a une responsabilité qui lui est donnée, soit par
règlement du collège ou directement par la loi, ou formez-vous ce
comité en vue de structurer la relation qui doit exister entre
l'enseignement et l'industrie? Est-ce cela?
M. Morin (Sauvé): C'est-à-dire que cela va
permettre cela. Le second alinéa, vous le faisiez observer tout à
l'heure, va permettre exactement cela.
M. Saint-Germain: Mais cela n'a pas semblé être la
motivation principale de votre première déclaration, si j'ose
dire, M. le ministre. Il y avait là...
M. Morin (Sauvé): Je n'ai peut-être pas
été aussi complet que j'aurais dû l'être, mais la
lecture du deuxième alinéa le montre bien.
M. Saint-Germain: II me semble que de plus en plus il devra y
avoir entre les CEGEP et ceux qui oeuvrent au niveau de la production dans
l'industrie une coopération marquée. Autrement, les professeurs
du niveau professionnel seront perdus dans très peu de temps. Ils ne
pourront pas suivre ou ils ne pourront pas avoir l'expérience des
techniques nouvelles.
M. Morin (Sauvé): C'est la raison pour laquelle, M. le
député, dans l'énoncé de politique sur les
collèges, nous prévoyons des retours en usine, à des
stades différents de la vie de l'enseignant du secteur professionnel
pour qu'il puisse constamment se retremper dans les dernières
techniques.
M. Saint-Germain: Cela fait plusieurs fois, M. le
Président, que j'attends...
M. Morin (Sauvé): Je sais que cela intéresse
particulièrement le député. Cela fait effectivement
plusieurs fois qu'il en parle en commission parlementaire. Eh bien, ce soir, il
trouve au moins une réponse partielle à une de ses
préoccupations dans cet article 17a.
M. Saint-Germain: Actuellement, est-ce qu'il y a des professeurs
qui sont dans les usines pour se recycler, au moment où l'on se
parle?
M. Morin (Sauvé): II ne doit pas y en avoir beaucoup,
mais, avec le livre blanc, avec l'énoncé de politique, il va y
avoir une organisation de stages dans l'industrie.
M. Saint-Germain: Mais cela ne se fait pas actuellement?
M. Morin (Sauvé): Cela se fait, bien sûr, mais ce
n'est pas systématique, tandis que nous voulons l'organiser de
façon suivie et systématique.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'article 9 sera
adopté?
M. Morin (Sauvé): Adopté, M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Adopté. Article 10.
Règlements
M. Morin (Sauvé): Ce qui nous amène à
l'article 10, lequel modifie l'article 18 de la loi actuelle. C'est un article
assez long dans lequel il y a eu de multiples observations et nous vous
proposons, comme vous pouvez le voir dans les feuilles polycopiées qui
ont été distribuées, de supprimer le paragraphe d) du
premier alinéa et de renuméroter en conséquence les
paragraphes e) à k) qui deviendront naturellement d) à j).
M. le Président, c'est un article qui prévoit que le
lieutenant-gouverneur en conseil peut adopter des règlements
généraux concernant un certain nombre de dispositions qui
intéressent la vie des collèges, notamment, les règlements
qu'un collège doit adopter, les programmes d'étude, l'admission
des étudiants, les examens, les diplômes, la qualification du
personnel pédagogique, les limites financières à
l'intérieur desquelles un collège peut acquérir, louer,
construire, agrandir un immeuble sans l'autorisation du lieutenant-gouverneur
en conseil, la comptabilité, la vérification, les registres qu'il
doit tenir, les renseignements qu'il doit fournir dans son rapport annuel, les
avantages sociaux, la rémunération et les autres conditions de
travail des membres du personnel qui ne sont pas membres d'une association
accréditée, les conditions, les modes d'aliénation des
biens meubles et immeubles excédentaires, la procédure de
nomination, de renouvellement du mandat et de destitution du directeur
général, les pouvoirs connexes ou accessoires qui peuvent
être exercés par le collège.
Suivent cette énumération, deux paragraphes qui se
trouvent à la page 13 du projet de loi. Le lieutenant-gouverneur en
conseil peut également adopter un règlement pour
déterminer les pouvoirs que le ministre peut exercer à
l'égard des matières visées dans le paragraphe b) du
premier alinéa, c'est-à-dire les programmes d'études,
l'admission des étudiants, les examens et les diplômes. Enfin, un
dernier alinéa qui se lit comme suit: "Les règlements
adoptés en vertu du présent article entrent en vigueur à
la date de leur publication dans la Gazette officielle du Québec ou
à toute date ultérieure qui y est fixée".
M. le Président, je sais que ces dispositions ont
déjà fait couler pas mal d'encre, pour ne pas dire de salive, et
je ferai observer que nous nous en sommes tenus à l'essentiel des
pouvoirs que doit posséder le gouvernement pour s'assurer
qu'il existe un minimum de cohésion, de cohérence dans
l'enseignement collégial. Le reste, nous l'avons renvoyé, comme
nous l'avons dit déjà, comme on le verra plus loin, aux
collèges eux-mêmes qui peuvent faire des règlements sur un
certain nombre de matières. Nous n'avons conservé là que
ce qui relève à proprement parler de la compétence du
gouvernement dans sa responsabilité d'assurer entre les collèges
un minimum de cohésion et d'uniformité. Cela ne signifie pas que
nous ne sommes pas respectueux des collèges et de la personnalité
de chaque collège. Au contraire, les dispositions permettent, comme on
l'a vu dans l'article que nous venons d'adopter, que les collèges se
donnent une personnalité bien à eux, voire des centres
spécialisés qui leur soient propres.
On trouve dans cet article vraiment ce qui est l'essentiel pour que le
ministère puisse exercer à l'endroit des collèges, ses
responsabilités. Merci le Président.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Saint-Laurent. (22 h 30)
M. Forget: Particulièrement aujourd'hui, M. le
Président, après avoir déposé à
l'Assemblée nationale un projet de loi sur le pouvoir
réglementaire, je me trouverais impardonnable de ne pas soulever des
éléments qui frôlent le paradoxe, que l'on retrouve dans
cet article. Il y a là, selon le ministre, des dispositions minimales
pour s'assurer une cohérence et une uniformité modeste des
collèges entre eux et une conformité essentielle des programmes
et des pratiques des différents collèges avec les politiques
gouvernementales.
Permettez-moi de douter, sans douter de la parole du ministre, mais
permettez-moi de différer d'avis quant aux caractères minimaux de
règles qui ne peuvent être énumérés que par
une dizaine de paragraphes et qui couvrent tous les aspects importants du
fonctionnement des collèges.
La première remarque que je veux faire, c'est que, sur un strict
point de vue de soi-disant décentralisation, le territoire couvert par
tous ces pouvoirs réglementaires ne laissent pratiquement rien aux
collèges comme champ propre de décisions. En effet, si l'on
couvre, par exemple, les programmes d'études, l'admission des
étudiants, les examens et les diplômes, on a couvert presque tout
ce qui touche les étudiants. Il n'y a pas grand-chose d'autre qui les
affecte, sauf les études, la question de leur admission et la question
de leur sortie, en quelque sorte. C'est à peu près complet.
Quant au personnel pédagogique, on traite de ses qualifications,
et les conventions collectives, négociées par le gouvernement,
par ailleurs, et qui n'ont pas besoin d'être mentionnées ici,
traitent de leurs conditions de travail et de promotion, de renvois, de mises
à pied, etc., et de toutes les règles relatives aux griefs, aux
avantages sociaux, etc. Donc, à la fois du côté des
étudiants et du côté du personnel, certains
prétendent qu'il s'agit là des deux composantes essentielles d'un
collège, on a déjà tout réglé par des
règlements gouvernementaux. Bien sûr, on n'a pas
déterminé quel étudiant allait dans quel collège et
qu'est-ce qu'il étudie, il faut quand même bien laisser une petite
marge à la fantaisie individuelle, mais, à part ça, tout
est déjà décidé.
Mais on n'est pas satisfait, il faut également déterminer
dans quelle mesure le collège peut échapper à la
règle générale à l'effet que tous les actifs
physiques, les immeubles, les modifications aux locaux, les baux, etc., sont
déterminés, en règle générale, par le
ministère, mais à l'intérieur de limites, d'ailleurs
modestes, que le ministère va déterminer lui-même, par ses
règlements. Bien sûr, là, il y a une petite zone qui est
laissée à la discrétion; on a parlé d'une limite de
$25 000; on sait que, de nos jours, il n'y a pas grand-chose qui se fait
à l'intérieur de $25 000, même pas l'achat d'un
équipement important pour le laboratoire, donc, il s'agit là
d'une pitance, d'une chose extrêmement limitée.
Pour ce qui est de la comptabilité, de la vérification,
des registres à tenir, des rapports et des statistiques, tout ça
est déterminé par le ministre; les renseignements qui sont inclus
dans le rapport annuel sont également déterminés par le
règlement. Pour ce qui est des cadres inclus dans les paragraphes
h) et j) on détermine les conditions d'emploi, d'engagement,
d'avantages sociaux, les conditions de travail, la procédure de
nomination, le renouvellement du mandat, la destitution; donc, on
contrôle tout par la réglementation. Autrement dit, c'est la
notion d'une convention collective pour les cadres, à toutes fins
utiles, qui est établie par règlement, c'est une espèce de
décret tenant lieu de convention collective pour les cadres. Il n'est
plus question pour un collège de recruter, selon la procédure qui
est la sienne et adaptée au milieu qui est le sien, en fonction de
critères de rémunération qui reflètent les
conditions du milieu; tout ceci est décidé par le
ministère, via la réglementation.
Pour ce qui est des autres choses qu'un collège pourrait vouloir
déterminer lui-même, mais qu'on ne peut pas spécifier parce
qu'on ne sait pas exactement ce que cela pourrait être, on dit: Le
règlement va déterminer. Qu'est-ce qu'il peut faire d'autre que
ce que la loi l'autorise déjà à faire qui est de nature
connexe ou auxiliaire? Même sur le plan de sa structure administrative,
de sa réglementation interne, de la création par exemple de
comités consultatifs ou autres pour différents programmes, pour
différentes tâches administratives, la création de postes
de cadres, la structure administrative, là aussi on lui dit ce qu'il
doit faire, quel règlement il doit adopter; non pas quel
règlement il peut adopter, mais quel règlement il doit
adopter.
M. le Président, je pense qu'on a évidemment autant de
définitions de minimum qu'il y a d'esprits qui se penchent sur le
problème, mais les esprits qui, au ministère de l'Education, se
sont prononcés sur la définition du minimum, on peut dire que ce
sont des maximalistes. C'est un minimum qui est à la fois un maximum
parce qu'il échappe à ma capacité et à mon
imagination. Je
veux bien croire que je n'en ai peut-être pas autant que le
ministre de l'Education, mais il échappe à mon imagination le
pouvoir d'imaginer un autre domaine où on pourrait faire des
règlements. Ce n'est pas une plaisanterie. Je suis incapable...
Mme Lavoie-Roux: Mais au cas où on oublierait...
M. Forget: ... de penser à un domaine nouveau qu'on
pourrait ajouter à cette liste. Il n'y en a plus. On a
épuisé la liste du possible et de l'imaginable. Quand on nous
dit: c'est le minimum, qu'on nous permette de sourire. Ce n'est pas un minimum,
c'est un maximum et c'est intervertir les mots. C'est absolument
incroyable.
Mais on ne se limite pas à cela, M. le Président.
L'avant-dernier paragraphe est une perle extraordinaire, un abus
caractérisé dans l'utilisation du pouvoir réglementaire.
On dit non seulement que le gouvernement va pouvoir faire tous ces
règlements, mais dans la question politique par excellence de la
distribution des pouvoirs entre le gouvernement d'une part et les
collèges d'autre part, on dit même cela. Ce n'est pas dans la loi,
c'est dans la réglementation faite par le gouvernement. Autrement dit,
tout ce qui est dans la loi ne compte pas parce qu'on peut, par ce paragraphe,
arbitrer entre le collège et le ministère et pas par la loi,
encore une fois, par un simple règlement. Des domaines qui normalement
tomberaient sous le champ de responsabilité, s'il est possible d'en
imaginer encore, du conseil d'administration du CEGEP, par règlement
peuvent devenir des sujets sur lesquels, dans le cas du paragraphe b), bien
sûr, le gouvernement peut dire: Non. Malgré que l'article 18 de la
loi donne ce pouvoir au ministre, effectivement, on peut changer cette
affectation-là. C'est une décision fort capitale et ce n'est pas
normal que ceci soit déterminé par règlement. C'est une
disposition substantive importante dans une loi que la distribution des
pouvoirs entre pouvoir réglementaire du ministre et pouvoir
réglementaire des CEGEP qui peut être affectée par le
pouvoir réglementaire du ministre lui-même. C'est un abus, cela ne
s'explique pas parce qu'il ne s'agit pas d'une bagatelle. Il s'agit non pas
d'une question de conditions et modes d'aliénation des biens meubles et
des histoires dans ce genre-là où on pourrait imaginer que c'est
du troisième ordre d'importance, il s'agit de savoir qui, du ministre ou
du CEGEP, peut avoir un impact déterminant sur la question des
programmes d'études, de l'admission des étudiants, les examens et
les diplômes. La loi ne permet pas de le trancher, c'est le
règlement qui le tranchera, le règlement peut varier, il n'y a
pas de débat, il n'y a pas de débat à l'Assemblée
nationale, il n'y a pas nécessairement de préavis. Tout ceci va
se faire sur le coin de la table en fonction des besoins du moment, tels que
perçus par le ministère et le gouvernement. Cela, M. le
Président, ce n'est pas acceptable.
Il n'est pas acceptable non plus que dans le dernier alinéa de
cet article on se contente de reproduire la règle édictée
il y a onze ou douze ans à l'effet que des règlements n'ont pas
besoin d'être prépubliés, qu'il n'y a aucun délai de
publication. On n'a pas besoin de donner dans la Gazette officielle un avis de
l'intention de changer la réglementation sur des aspects aussi capitaux
de la vie des collèges, et qu'abruptement cette mise en vigueur de
règlements modifiés se fasse sur simple publication dans la
Gazette officielle du Québec. C'est là une pratique qui est
absolument condamnable.
Je ferai remarquer, M. le Président, que mes remarques,
jusqu'à maintenant, se sont bornées à essayer de tracer un
tableau d'ensemble de cet article, de montrer qu'il a un champ beaucoup trop
vaste et que, deuxièmement, une de ses dispositions ne permet même
pas à quelqu'un qui lit cet article de savoir qui, finalement, du
ministre ou du CEGEP, a l'autorité sur les sujets contenus au paragraphe
b), les programmes d'études, l'admission des étudiants, les
examens et les diplômes. C'est sujet à un ballottement continuel
au gré du ministre. C'est une disposition qui devrait être un
article distinct de la loi et il devrait y avoir une disposition de la loi qui
dise: Voici de quelle façon ce sera fait une fois pour toutes. Si on
veut changer l'équilibre, il faut modifier la loi.
Ce n'est pas rien que de dire tout à coup: Le collège peut
faire des règlements sur les examens et les diplômes, et tout
à coup dire: Non, ce n'est plus lui, ce sera désormais le
ministère de l'Education. Attention! Ce n'est pas du tout un
détail, c'est quelque chose de central.
Outre ces observations générales, il reste que chacun des
paragraphes pose un nombre presque incalculable de problèmes, et
même les paragraphes qui se trouvaient dans l'ancienne rédaction.
Par exemple, le premier, l'alinéa a) dit: "Le lieutenant-gouverneur en
conseil peut adopter des règlements généraux concernant
les règlements qu'un collège doit adopter." C'est le genre de
clause qui est, à la limite, passable, dans une loi créant une
nouvelle institution pour laquelle on n'a vraiment aucune idée du genre
de règlements qui pourront un jour être nécessaires, si on
veut protéger, en quelque sorte, ses arrières. Au moment de la
création des collèges, il y a douze ans, on pouvait concevoir,
étant donné qu'il s'agissait d'un animal nouveau dans la
ménagerie, qu'il faudrait quand même se donner une certaine
souplesse. Après douze ans d'exercice de ce nouveau concept, on sait
quels sont les règlements qu'un CEGEP doit adopter.
Peut-être a-t-on appris qu'on n'a pas besoin de l'exiger,
peut-être est-ce un concept vide de sens, peut-être que, de toute
façon, avec tout ce qu'il y a dans les autres paragraphes, on n'a
véritablement pas besoin d'exiger qu'un CEGEP adopte un règlement
pour créer, je ne sais quoi, un comité consultatif sur
l'utilisation de l'équipement sportif. Est-ce que c'est vraiment
nécessaire? La question d'opportunité se pose, à savoir si
on doit obliger les CEGEP à exercer leurs responsabilités d'une
façon prédéterminée par la loi. On dit qu'on fait
confiance à leur sens des
responsabilités, mais dans des domaines où on n'a pas
l'intelligence des problèmes de préciser exactement ce qu'on
veut, on dit: Le lieutenant-gouverneur en conseil pourra édicter des
exigences sur un sujet non spécifié. Il me semble qu'on pourrait
savoir, pour vraiment comprendre ce premier alinéa, ce qu'on a
effectivement mis sous cette rubrique depuis douze ans et quelle est la
fréquence des changements.
Combien de fois les règlements édictés à
l'origine pour dire aux CEGEP: Voici les règlements que vous devez
adopter, ont été modifiés. S'il arrivait qu'ils n'aient
été modifiés qu'une fois ou deux sur une période de
douze ans, je crois que l'argument qu'il est nécessaire d'avoir de la
souplesse et que, par conséquent, il est nécessaire que les
règlements spécifient ceci plutôt que la loi, tomberait
ipso facto. Si c'est seulement en 1969 qu'on a dit: II faut qu'un CEGEP fasse
un règlement sur la procédure interne de son conseil
d'administration, le quorum, la fréquence des réunions et Dieu
sait quoi, si on ne l'a fait qu'une fois et que c'est resté
inchangé depuis 1968, de grâce, qu'on le mette dans la loi et
qu'on cesse de prétendre qu'il sera nécessaire d'ajouter
constamment à cette liste et de la modifier sans cesse. Il est
très clair, que l'expérience de douze ans aurait fait la preuve
qu'il s'agit là d'une exigence stable qui n'est pas sujette à
modification. (22 h 45)
Encore une fois, dans une clause comme celle-là, parce qu'elle
est vague, parce qu'elle ne renferme aucun des critères qui pourraient
servir à juger si oui ou non le pouvoir réglementaire est
utilisé de manière abusive ou non, il importe à
l'expérience de tirer la ligne et de dire: Voici, maintenant que
l'expérience de douze ans nous a appris qu'il n'y a pas de changement,
décrivons dans la loi ces exigences et enlevons au Conseil des
ministres, au lieutenant-gouverneur en conseil un pouvoir arbitraire dont il
n'a pas besoin parce que c'est de ça dont il s'agit; c'est un
pouvoir dont il n'a pas besoin ou alors, qu'on nous démontre
qu'il s'en est servi régulièrement pour modifier ces exigences.
Mais je serais fort surpris qu'on l'ait changé souvent. Je pense que ce
n'est probablement pas le cas. De toute façon, le ministre pourra
probablement nous éclairer là-dessus.
Pour ce qui est du paragraphe, M. le Président, je
préfère peut-être à ce moment-ci différer mes
remarques parce que je crois qu'il serait peut-être opportun, pour qu'une
discussion intelligente la plus concise et la plus au point possible soit faite
sur l'ensemble de ces pouvoirs réglementaires, que l'on concentre nos
remarques sur chacun des alinéas successivement, autrement, on ne s'y
retrouvera plus, étant donné l'immensité de la liste qui
est devant nous; je pense qu'il serait plus facile de le faire.
Alors, vis-à-vis l'alinéa a): Quelle est la substance de
la réglementation que l'on vise? Quelle a été la
fréquence des modifications? A la lumière de cela, on pourra
juger s'il est opportun que ce pouvoir soit conservé ou plutôt
transformé dans un énoncé de la loi qui serait beaucoup
plus régulier, parce qu'il enlèverait un pouvoir
discrétionnaire, évidemment, non nécessaire à ce
moment, du Conseil des ministres.
Le Président (M. Lacoste): M. le
député...
Mme Lavoie-Roux: Cela faisait un bout de temps que j'essayais
d'avoir votre attention. Allez-y.
Le Président (M. Lacoste): ... de Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, sur cette question, j'ai une
position un peu intermédiaire entre celle que le député de
Saint-Laurent vient d'exprimer et celle exprimée par le ministre. Je
l'ai dit à l'occasion du débat de deuxième lecture et j'ai
mentionné que je trouvais extrêmement important que le projet de
loi décentralise les pouvoirs. Contrairement au député de
Saint-Laurent, cependant, je ne pense pas que cet article centralise quelques
petites questions. Mais essentiellement, on y retrouve des
éléments qui sont dans la loi 21 actuellement, d'autres qui sont
dans la loi du Conseil supérieur de l'éducation, par exemple,
l'article d), dont le ministre a déjà les pouvoirs.
Je m'attacherai principalement, M. le Président, à mon
avis, à un élément clef: c'est la question des pouvoirs
résiduaires. Je pense qu'il est plus ou moins utile de se donner la
peine de faire une liste de pouvoirs que le ministre se réserve. Si on
dit, par exemple, à l'article k), les pouvoirs connexes ou accessoires
que peut exercer un collège est de la responsabilité du ministre,
c'est reconnaître implicitement que le collège n'a que les
pouvoirs. Ils lui sont attribués explicitement à l'article
suivant, c'est-à-dire à l'article 19.
M. Forget: ... un collège a les pouvoirs connexes ou
accessoires nécessaires pour l'accomplissement des fins qui sont
énumérées dans la loi. On pourrait les lui attribuer sans
en faire dépendre l'attribution du ministre.
M. Paquette: M. le Président, si le député
de Saint-Laurent me laissait terminer, il comprendrait mon raisonnement. Mon
raisonnement est le suivant: il faut inscrire à l'article 18 la liste
des pouvoirs qui sont vraiment essentiels, qui sont d'intérêt
public, et je pense qu'il n'y en a pas trop, si on reconnaît que tous les
autres qui ne sont pas explicitement mentionnés relèvent de la
compétence du conseil d'administration.
A ce moment, M. le Président, l'article k) ne serait plus
nécessaire. Je pense qu'on devrait je m'excuse, je vais
déborder un peu sur l'article suivant voir les deux articles un
peu en relation l'un avec l'autre. Le ministre, je pense, assouplit les choses
quand, à l'article suivant, il remplace le fait que les
règlements du collège n'ont effet qu'à compter de leur
approbation par le ministre.
Dans l'amendement qu'il nous a proposé, il nous dit que ces
règlements entrent en vigueur après dépôt
auprès du ministre. Autrement dit, le
ministre, dorénavant, souhaite être tout simplement
informé des règlements par le collège et ne désire
plus les approuver. Voilà, à mon avis, un pas dans la bonne
direction. Ce n'est pas suffisant. Je pense qu'il faut également dire,
à cet article, que sur toutes les questions, sauf celles prévues
à l'article 18, qui sont de la compétence du ministre, le conseil
peut adopter des règlements.
A ce moment, l'article k) n'est plus nécessaire,
c'est-à-dire que le ministre n'aura plus à attribuer des champs
de compétence aux collèges. Pour moi, c'est un
élément essentiel.
J'aimerais souligner également que, sur le plan de la
conformité avec l'énoncé de politique contenu dans le
livre blanc, je pense que l'intention du ministre est de consacrer l'autonomie
des collèges. Il est important que les collèges aient une
autonomie. Une telle modification m'ap-paraît importante. Il y a aussi
les enseignants qui peuvent craindre qu'on réduise le champ de
négociation, l'aire de négociation de la convention collective.
Plusieurs représentations ont été faites. Si le ministre
précisait les pouvoirs dont il a vraiment besoin il a
probablement besoin de la plupart des choses qui sont là; je ne vais pas
aussi loin que le député de Saint-Laurent je ne pense pas
qu'on augmente énormément les compétences
déjà spécifiquement attribuées dans une loi ou dans
l'autre au ministre; des petites choses s'ajoutent comme l'article g);
l'article i) me paraît essentiel, c'est nouveau et ça
m'apparaît essentiel. La clef, à mon avis, c'est de laisser tous
les pouvoirs résiduels, qui ne seront pas mentionnés à
l'article 18, à la compétence du collège.
Contrairement à ce qu'a dit le député de
Saint-Laurent, je pense que l'article a) est nécessaire. Je comprends
que l'article a) était encore plus nécessaire au début de
la création des CEGEP, mais, dans un contexte où les conseils
auraient les pouvoirs résiduaires, il pourrait arriver que, dans
certaines matières vitales pour l'intérêt public, l'un ou
l'autre collège n'exerce pas ce pouvoir réglementaire. Le
ministre pourrait avoir besoin, à l'avenir, il est très
difficile de prévoir comment vont évoluer les collèges
à l'avenir d'exiger que tous les collèges passent un
règlement sur une question donnée, sans leur dire comment ils
devront faire ce règlement, mais simplement en leur spécifiant
l'objet du règlement.
Le Président (M. Lacoste): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Voulez-vous y aller, M. le ministre? Si vous
avez des corrections à apporter, peut-être que ça me
permettra de discourir moins longuement.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): Je voudrais simplement donner quelques
indications sur l'origine des pouvoirs qui sont reconnus au gouvernement
pas au ministre, au gouvernement par ce nouvel article 18.
Pour avoir une vue complète des choses je pense que le
député de Saint-Laurent ne l'avait pas au moment de son
intervention il faut tenir compte non seulement de l'actuel article 18
de la Loi des CEGEP, mais également de l'article 28 de la Loi
créant le Conseil supérieur de l'éducation, qui
reconnaît également au ministre cette fois au ministre, pas
au gouvernement un certain pouvoir de réglementation.
Si le député de Saint-Laurent avait mis côte
à côte l'article 18 de la loi précitée et l'article
28 du Conseil supérieur de l'éducation, il aurait vu qu'il y a
relativement peu de neuf dans l'article que nous proposons, sauf ce qui peut
découler du livre blanc, de l'énoncé de politique, comme,
par exemple, une disposition à laquelle je ne m'attends pasà
l'encontrer beaucoup d'opposition, la nécessité pour un
collège de fournir un rapport annuel et la nécessité pour
le ministre...
Mme Lavoie-Roux: On est d'accord sur cela, M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): ... de réglementer cette chose.
De même, la question des avantages sociaux. Il y a onze ans, quand les
collèges ont été créés, il y avait beaucoup
moins d'avantages sociaux qu'aujourd'hui. C'est devenu un problème dans
le concret de chaque jour, la rémunération, les avantages
sociaux, les membres du personnel qui ne sont pas syndiqués. Nous avons
désormais ce qu'on appelle des PAS, des politiques administratives et
salariales. Il faut leur donner une base juridique solide. Nous pensons que
c'est nécessaire. Nous l'avons dit dans un certain nombre de documents
gouvernementaux. De même, la question des conditions des modes
d'aliénation des biens-meubles et immeubles excédentaires d'un
collège. On veut que le collège puisse en disposer, mais à
l'intérieur d'un cadre général qui sera le
règlement. Donc, tout n'est pas, là-dedans, de nature
centralisatrice, quoiqu'on ait pu en dire, ces règlements, souvent, vont
avoir pour objet de décentraliser vers des collèges un certain
nombre de décisions. De même pour le paragraphe k) auquel le
député de Rosemont a fait allusion; dans notre esprit, c'est un
paragraphe qui permet une plus grande décentralisation puisque cet
article est fait pour définir des pouvoirs connexes et accessoires que
peut exercer un collège, non pas que peut exercer le ministre ou le
gouvernement, mais que peut exercer un collège, sauf que nous pensons
qu'il est essentiel que le gouvernement ne perde pas complètement le
contrôle de pouvoirs qui pourraient surgir de façon inattendue au
moment où on les attend le moins, et qui pourraient constituer des
problèmes graves pour le gouvernement ou pour le ministère de
l'Education. D'ailleurs, cet article k) vient en ligne droite de l'ancienne
loi, et le paragraphe portait la numérotation e), alors que,
désormais, ce sera j) dans la nouvelle loi. Tout cela pour dire, M. le
Président, que j'oserais aller jusqu'à penser que ce
système qui fait que le gouvernement peut réglementer un certain
nombre de dispositions portant sur la vie des CEGEP, est indispensable à
la décentralisa-
tion. Si nous voulons décentraliser, il faut pouvoir le
réglementer. C'est indispensable. Autrement, on peut très bien
aboutir à une pagaille complète.
M. Lalonde: C'est paradoxal.
M. Rivest: C'est enregistré au journal des
Débats.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, d'ailleurs, le
paragraphe a) le dit tout de suite. D'emblée, le gouvernement peut
adopter des règlements permettant à un collège d'adopter
des règlements qui lui soient propres.
M. Lalonde:... merci beaucoup, M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): Je vois que ma démonstration a
été limpide, et que même les membres de l'Opposition l'ont
comprise. Merci, M. le Président, merci aux membres de cette commission
de leur compréhension rapide de mes arguments.
M. Lalonde: Vous terminez cela là?
M. Rivest: C'est le seul élément de
décentralisation?
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est cela. M. Rivest: C'est
formidable.
Le Président (M. Lacoste): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je dois être une
bien mauvaise élève, mais le ministre ne m'a pas convaincue du
tout qu'il faille imposer des règlements aux collèges pour que
ces derniers puissent être décentralisés. Il y a une
remarque générale que je voudrais faire. Est-ce qu'il n'y a pas
une espèce de proverbe: Quand je me regarde je me désole, quand
je me compare je me console. (23 heures)
M. Lalonde: II n'y a pas de fumée sans feu.
Mme Lavoie-Roux: On m'a souvent entendue protester... d'ailleurs,
hier, j'ai exprimé un voeu, M. le Président, à celui qui
occupait votre fauteuil. Je ne sais pas si c'était un règlement
pour qu'un autre règlement... en tout cas, j'ai dit au président
de l'assemblée qu'après 23 heures on trouvait les travaux
pénibles, mais il ne semble pas que le message ait été
fait, la procédure demeure la même. Mais, plus
sérieusement, j'ai souvent protesté contre la centralisation
qu'on imposait aux commissions scolaires. Mais quand je regarde la façon
dont fonctionnent les CEGEP, je trouve ça encore pire. Vous êtes
peut-être de mon avis, M. le Président?
C'était amusant d'entendre le ministre, quand on discutait du
transfert de l'impôt foncier scolaire vers l'impôt foncier
municipal, dire: Mais vous savez fort bien que même sans pouvoir de
taxation, on peut être fort autonome. Vous n'avez qu'à regarder
les CEGEP et les universités. Ils n'ont pas de pouvoir de taxation et
ils sont, à mon point de vue, bien plus il ne m'écoute pas
de toute façon je vais vous parler à vous...
M. Lalonde: Je vais essayer de me convaincre.
Mme Lavoie-Roux: ... bien plus autonomes que les commissions
scolaires. Mais ce dont je me rends compte, c'est qu'ils n'ont ni pouvoir de
taxation ni autonomie. Ils ont ni l'un ni l'autre. Le député de
Saint-Laurent a expliqué longuement ses objections sur cette question de
règlement, et je ne veux pas revenir sur les mêmes détails.
Mais l'argumentation du ministre, à savoir que dans le a), en
particulier, le lieutenant-gouverneur en conseil peut déterminer les
règlements qu'un collège doit adopter, me semble pour le moins
exagérée. Il nous dit: Les autres sont sans conséquence et
le seul amendement, la seule modification qu'il présente, c'est
l'annulation du d), les procédures et les normes de construction,
d'aménagement. Evidemment, les règlements sur les
procédures et les normes de construction, je pense que c'est sans grande
conséquence que de les enlever. Ce n'est pas là que le bât
blesse le plus, puisque, de toute façon, j'ai déjà eu
l'occasion de le dire, ce ne me semblait pas nécessaire dans le contexte
actuel de la construction et des problèmes de construction et
d'aménagement ou même de location d'un immeuble.
M. le Président, nous avons des amendements à
présenter. Alors, je pense qu'il est assez superflu de vouloir expliquer
à a), b), c), d), e), f) et g) ce qui nous apparaît inutile ou
nous apparaît devoir être modifié. Mais j'aimerais quand
même au préalable, avant que nous n'abordions chacune des
rubriques, que le ministre nous dise ce qu'il en est... Je sais qu'il ne peut
pas déposer de règlements à l'heure actuelle. Mais il
existe, j'imagine, des règlements, puisque déjà ceci
était fait par la loi 21, il existe des règlements touchant les
programmes d'études, les conditions d'admission des étudiants,
les examens et les diplômes.
D'abord, est-ce que ce serait possible d'obtenir copie de ces
règlements touchant les programmes d'études que la loi lui
accordait déjà? Je pense que c'étaient davantage des
directives de la DIGEC qu'une réglementation. Evidemment, ce
n'était pas une réglementation du lieutenant-gouverneur en
conseil à ce moment. Peut-il nous dire s'il a présentement
commencé à élaborer sans que ce soit des règlements
définitifs, tout ce qui touche le b), parce qu'on a vraiment là
tout ce qui touche le régime pédagogique des collèges, les
programmes d'étude, l'admission d'étudiants, les examens, les
diplômes. Quelle assurance peut-il nous donner, s'il doit
déterminer les programmes pour assurer une certaine coordination...
jusqu'où ira-t-il dans ce type de règlements? Laissera-t-il aux
collèges, à l'extérieur de ce grand cadre de programmes
d'études, l'initiative de prévoir eux-mêmes certains
programmes et même l'élaboration du contenu de certains
programmes?
On est vraiment un peu devant l'inconnu et je ne veux pas revenir pour
lui dire: Déposez-nous des règlements qui ne sont pas
préparés. Est-ce qu'il pourrait au moins nous donner des grandes
balises où ceci se situe? J'admets qu'il puisse y avoir un
règlement touchant les diplômes. C'est quand même l'Etat, le
gouvernement ou le ministère de l'Education qui accorde les
diplômes. Quand il nous parle de l'admission des étudiants, est-ce
qu'il reste dans des règles aussi générales à
savoir qu'un étudiant doit avoir complété son enseignement
secondaire ou avoir un diplôme d'enseignement secondaire ou quelque chose
d'équivalent? Ou va-t-il rentrer davantage dans la question de
contingentement et d'autres modalités auxquels les étudiants
pourraient être soumis quant à leur admission dans les
collèges?
Ma question précise, est-ce que le ministre de l'Education peut,
à ce moment-ci, déposer si ce n'est pas sous forme de
règlement, sous forme de directive ou sous forme de règlement
touchant le régime pédagogique, celui qui existe
présentement? Est-ce qu'on peut l'obtenir?
M. Morin (Sauvé): Vous voulez que je dépose
l'annuaire de l'enseignement collégial?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): C'est possible. Je vais demander qu'on
apporte l'annuaire de l'enseignement collégial pour le déposer
devant cette Assemblée.
Mme Lavoie-Roux: Où en êtes-vous dans la
préparation de ces règlements...
M. Morin (Sauvé): On en est en ce moment aux tout premiers
travaux internes de déblaiement; nous pensons que ce sera prêt
pour l'automne.
Mme Lavoie-Roux: On y reviendra peut-être en b), mais
pouvez-vous nous donner quand même le cadre de ce que vous appelez les
règlements sur les programmes d'étude? Je vous pose une question
précise. Que vous déterminiez certains programmes d'étude
qui soient le grand cadre général, nous le savons mais
est-ce que vous permettez aux collèges de prévoir eux-mêmes
certains programmes?
M. Morin (Sauvé): Oui, bien sûr et
l'énoncé de politique prévoit qu'il y aura une
certification locale pour des programmes qui sont décidés
localement, mais pour ce qui est du DEC, ce qui relève du diplôme
reconnu par l'Etat, signé par le ministre, ça requiert
évidemment une réglementation qui...
Mme Lavoie-Roux: Qui réponde à certaines
exigences.
M. Morin (Sauvé): ... réponde à certaines
exigences de l'Etat, autrement, le DEC ne serait plus un diplôme d'Etat
comme ça l'est actuellement.
Mme Lavoie-Roux: Pour l'admission des étudiants, quelles
sont vos grandes... est-ce que c'est relié aux études
préalables ou est-ce qu'on laissera aux collèges la latitude
d'admettre certaines catégories d'étudiants qui ne
correspondraient pas nécessairement au cadre qui aurait
été déterminé par le ministre?
M. Morin (Sauvé): Mais oui, c'est d'ailleurs le cas
actuellement. Il faut, pour entrer dans un collège, avoir un
diplôme d'études secondaires, mais il peut y avoir des
équivalences.
Mme Lavoie-Roux: A l'égard par exemple de l'admission
de...
M. Morin (Sauvé): D'ailleurs, Mme le député,
si je dépose l'annuaire des collèges devant vous demain, vous
verrez qu'il y a déjà des dispositions prévues sur toutes
ces questions. Elles ne changeront pas, sauf dans la mesure où il faut
les adapter aux circonstances; cela existe déjà.
Mme Lavoie-Roux: Cela, je suis d'accord, M. le Président,
mais je répète ce que j'ai dit à l'Assemblée
nationale, on peut garder un statut quo, prendre ce qui existe
présentement et ne pas le modifier. L'expérience et quand
même l'âge qu'ont pris les collèges devraient
peut-être inciter le ministre à élargir ce qui existe
présentement, c'est-à-dire à le rendre peut-être
moins rigoureux que ce qui existe présentement.
M. Morin (Sauvé): C'est ce que nous faisons avec la
possibilité d'une certification locale et de choix de cours par les
collèges.
Mme Lavoie-Roux: Oui. M. le Président, je pense que pour
ma part je vais terminer mes remarques. Il y a peut-être de mes
collègues qui veulent faire d'autres remarques sur cette motion de
réglementation. Nous pourrons par la suite aborder, rubrique par
rubrique, là où on veut présenter des motions.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Papineau.
M. Alfred: M. le Président, j'ai écouté
l'argumentation de l'Opposition et l'argumentation de mon collègue.
Contrairement à ce qu'ils pensent, à ce qu'ils disent, je pense
que l'article 10 témoigne du réalisme.
J'ai l'impression que les notions de centralisation sont mal
comprises.
M. Forget: II me semblait aussi.
M. Alfred: Peut-être volontairement mal comprises.
Mme Lavoie-Roux: Certainement.
M. Alfred: D'ailleurs, je lis: "... peut adopter des
règlements généraux..." Ou laisse toute une marge pour
cette décentralisation. Décentralisation n'est pas synonyme de
vague. Décentralisation ne veut pas dire faire n'importe quoi, car, si
on ne mettait pas cela, je suis sûr que l'Opposition nous aurait
reproché de laisser le vague, le n'importe quoi, le laisser-aller. On se
demanderait quelle serait la valeur du diplôme qui aurait
été donné, etc.
M. Forget: Cela, M. le député, ce n'est pas de la
décentralisation, c'est de la paranoïa.
M. Alfred: Et je pense que l'argumentation que soutient
l'Opposition...
Mme Lavoie-Roux: N'est pas fondée.
M. Alfred: ... dénote un manque de réalisme dans sa
façon de voir les choses. Si c'est de cette façon que vous avez
élaboré le programme-cadre pour les polyvalentes, nous comprenons
pourquoi nous faisons face à des élèves médiocres
maintenant. Ce que nous voulons, c'est l'excellence, que le diplôme
délivré par l'Etat soit un véritable diplôme. Si
nous ne faisons pas cela, nous allons être jugés par les
Québécois eux-mêmes.
M. Lalonde: Comme dans Jean-Talon et dans Argenteuil.
M. Alfred: Allons donc!
Mme Lavoie-Roux: Mais voyons donc, allons donc!
M. Lalonde: Oui, le ministre laisse ses marques.
Mme Lavoie-Roux: II y a des droits d'auteur à cette
expression, voyons!
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Papineau.
M. Alfred: II n'y a rien là qui empêche une saine et
véritable décentralisation, à mon humble avis.
M. Lalonde: Très humble, sûrement.
M. Alfred: Et ce serait manquer à notre devoir d'Etat que
de laisser un article vague; chaque collège pourrait faire ce qu'il
voudrait, n'importe où. A ce moment-là, le collège de
Rimouski pourrait arriver avec n'importe quoi, le collège de Hull, etc.
Il n'y aurait pas de balises générales à
l'intérieur de cela correspondant aux normes minimales et à des
choses à observer.
Contrairement à ce que vous dites, je pense qu'il y a place ici
et je ne veux pas que mes collègues ou l'Opposition me traitent
de "sui-veux", parce que je défends un réalisme que je trouve
normal.
M. Saint-Germain: On s'en voudrait. M. Lalonde: Jamais on
ne ferait cela.
M. Alfred: Personnellement, ce que nous recherchons dans
la...
M. Forget: Nous respectons votre liberté de penser.
M. Alfred: Ce que nous recherchons dans l'amélioration de
notre système, c'est le gros bon sens, la rigueur et l'excellence. Et
cela implique, à l'intérieur des normes générales,
un certain encadrement pour que l'on sache où on s'en va.
M. Lalonde: ...
Mme Lavoie-Roux: A l'intérieur des normes
générales, un autre encadrement. (23 h 15)
M. Alfred: Allons donc! Je suis sûr que Mme le
député de L'Acadie, quand elle était présidente de
la CECM tenait un tout autre langage. Je suis sûr, par exemple, que vous
aussi vous avez dénoncé le programme-cadre de français que
les professeurs ne comprenaient pas et tout le monde faisait n'importe quoi.
Vous avez aussi dénoncé cela. Je vous invite, M. le
Président...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Papineau, il y a une question de règlement par Mme le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Nos services pédagogiques avaient
développé un programme institutionnel, M. le
député.
M. Morin (Sauvé): Ce n'est pas une question de
règlement.
Mme Lavoie-Roux: C'est parce qu'il me dit que j'avais
dénoncé le programme-cadre, mais on l'avait habillé le
programme-cadre. Je n'ai pas eu à le dénoncer.
Le Président (M. Lacoste): Question de...
M. Alfred: Je vais terminer en vous disant...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Papineau.
M. Alfred: M. le Président, je vais terminer. En
pédagogie, il faut toujours revenir avec cette notion de
réalisme, cette notion de bon sens...
Mme Lavoie-Roux: Je suis d'accord.
M. Alfred: ... cette notion de rigueur. Ce que nous visons...
Mme Lavoie-Roux: L'excellence.
M. Alfred: ... c'est de former des Québécois
compétents, capables de faire face aux réalités
d'aujourd'hui. La raison pour laquelle personnellement j'opte pour cela, c'est
qu'il n'y a rien qui soit ici encadrant, qui soit paralysant dans cet
article.
Le Président (M. Lacoste): Le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: M. le Président, seulement une courte
question pour m'éclairer tout de même. On commence à
l'article 18 par: "Le lieutenant-gouverneur en conseil peut adopter les
règlements généraux concernant..." Vous avez
rénumération. Après le paragraphe k), vous avez deux
autres alinéas. "Le lieutenant-gouverneur en conseil peut
également adopter un règlement". Là, vous ne parlez pas de
règlement général. "... pour déterminer les
pouvoirs que le ministre peut exercer à l'égard des
matières visées dans le paragraphe b)." Est-ce que cela veut dire
nécessairement qu'on peut adopter des règlements relativement au
paragraphe b) pour un CEGEP en particulier? Est-ce pour cela que vous enlevez
le règlement général? Est-ce que c'est cela que cela veut
dire au point de vue de la législation?
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): Je ne saisis pas la question de M. le
député.
M. Saint-Germain: Au lieu d'inscrire le paragraphe k) et de
continuer avec le paragraphe I), vous inscrivez un autre paragraphe
détaché...
M. Morin (Sauvé): Oui.
M. Saint-Germain: Cela ne rejoint pas l'article 18, la
première phrase de l'article: "Le lieutenant-gouverneur en conseil peut
adopter des règlements généraux concernant:" Là,
vous faites l'énumération a), b), c), d). Le premier paragraphe
en haut ne rejoint pas la première phrase de l'article 18. Ais-je
raison?
M. Morin (Sauvé): Effectivement, c'est un alinéa
différent.
M. Saint-Germain: Là, vous dites: "Le
lieutenant-gouverneur en conseil peut également adopter un
règlement.
M. Forget: Non pas un règlement général.
M. Saint-Germain: Vous ne dites pas "général", vous
dites "un règlement" tout simplement, "pour déterminer les
pouvoirs que le ministre peut exercer à l'égard des
matières visées dans le paragraphe b)." Puisque vous ne dites pas
"général", est-ce que ce règlement pourrait s'adresser
à un CEGEP en particulier?
M. Morin (Sauvé): Non, je ne pense pas que ce soit le cas,
M. le Président. Il s'agit d'un règlement qui préciserait,
qui autoriserait le ministre à énoncer des matières,
à énoncer, dis-je, le contenu des programmes d'étude, les
règles d'admissions des étudiants, les examens et les
diplômes. Cela n'exclut pas qu'il puisse y avoir des règles
particulières dans certains CEGEP, qu'il puisse y avoir des
règles additionnelles dans certains CEGEP.
M. Saint-Germain: Vous semblez faire, d'après la
rédaction de l'article, une différence entre un règlement
général et un règlement tout court. Pourquoi laissez-vous
tomber... Je suppose qu'il y a des règlements qui peuvent être
généraux et il y en a d'autres qui ne le sont pas.
M. Morin (Sauvé): II n'y a aucune espèce de
différence dans ce contexte-là entre un règlement et un
règlement général, parce que cela dépend de ce
qu'on met dans l'un ou dans l'autre.
M. Saint-Germain: Oui, mais alors pourquoi...
M. Morin (Sauvé): Vous voulez dire que. juridiquement, M.
le député, l'expression règlement général"
n'a pas de sens particulier; cela dépend de ce qu'on met dedans.
Une Voix: ... général.
M. Morin (Sauvé): C'est une indication qu'on donne sur la
portée du règlement, mais il n y pas. quelque part, défini
dans une loi d'interprétation le sens des mots "règlement
général", par rapport au mot "règlement".
M. Saint-Germain: Pourquoi le mettez-vous à l'un et
l'enlevez-vous à l'autre? Quelle en est la raison?
M. Morin (Sauvé): On pourrait tout aussi bien enlever
"généraux" dans le premier paragraphe. Cela reviendrait au
même.
M. Saint-Germain: Cela a exactement le même sens.
M. Morin (Sauvé): Cela dépend du contenu des
règlements. On a préféré ajouter le mot
"généraux" pour indiquer que cela déterminerait de
façon globale le contenu des règlements qui suivent, de la liste
qui suit. Le mot "général" n'est pas obsolument essentiel. Vous
pouvez le demander à vos collègues juristes. Tout dépend
du contenu.
M. Forget: Ce n'est pas évident que quand on nomme un mot,
cela a le même sens que quand on l'inclut. Il y a une règle
d'interprétation, à savoir qu'il faut trouver un sens à
des différences voulues par le législateur.
M. Morin (Sauvé): Dans ce cas, je ne pense pas qu'il y en
ait, tout dépend de ce qu'on met dedans.
M. Saint-Germain: De toute façon, tout en parlant sur un
article précédent, j'avais demandé au ministre s'il y
avait des statistiques relativement aux présences aux assemblées
générales du conseil d'administration, et s'il y avait des
statistiques sur les différents groupes, concernant la présence
de différents groupes en particulier. Il m'avait répondu que non;
il ne pouvait certainement pas aller jusque là, parce que ce serait
aller trop loin, que ce serait même un peu humilier, si vous voulez, les
CEGEP, les administrations des CEGEP et que ce serait une intrusion de
l'autorité du ministre dans l'administration quotidienne de ces
institutions. Quand je lis cet article, franchement, je suis un peu surpris,
parce qu'avec tout ce qu'il y a là, je me demande bien... Il y a tout ce
qu'il faut pour demander ces renseignements. Je m'attends bien que les membres
du conseil de direction sachent pertinemment que, par l'inclusion de l'article
18 dans leur loi, le ministre ne met pas cela pour rien. Il a beau dire que ces
règlements et que cette autorité du lieutenant-gouverneur en
conseil ou du ministre sont inclus dans différentes lois, je ne crois
certainement pas que, s'il se donne la peine de l'inclure comme tel et comme
amendement à la loi, il le fait simplement pour faciliter la
compréhension ou pour un caprice en passant, parce qu'il sait
pertinemment qu'un tel article peut entraîner un long débat.
De toute façon, en lisant cet article, je crois qu'on a une
preuve tout à fait évidente que le ministre a porté un
jugement, si vous voulez, sur le comportement et sur la qualité
administrative des CEGEP depuis les douze ans qu'ils existent. Je ne vois pas
comment interpréter de tels pouvoirs que le lieutenant-gouverneur en
conseil veut se donner, comme le ministre. C'est même une centralisation
à l'extrême. Ce serait probablement plus facile d'inscrire dans un
article ce qui reste d'autorité aux administrateurs des CEGEP que
d'énumérer l'autorité du gouvernement. Oui, acheter des
craies, des crayons, des brosses, déneiger les entrées,
déglacer les trottoirs. Il reste qu'à part cela, leur
liberté d'action se trouve restreinte à la limite.
Ce que je trouve un peu surprenant, c'est que nous avons un gouvernement
qui, constamment, parle de décentralisation. Dans ses actions surtout au
niveau de l'éducation, il centralise d'une façon qui, à
mon avis, est exagérée. Pour quelle raison le gouvernement et le
ministre, s'ils croient que c'est là la solution aux problèmes
des CEGEP tout le monde sait qu'il y en a et la population l'admet
ne disent-ils pas simplement à la population que cette
décentralisation externe de ces institutions n'a pas fonctionné,
qu'avec le temps, l'expérience a été faite qu'on ne
pouvait pas avoir une décentralisation aussi osée ou aussi
extrême et qu'il était dans l'intérêt de la jeunesse
et dans l'intérêt de la population que le gouvernement prenne sous
son autorité l'administration des CEGEP de cette façon? Le
débat serait ouvert. C'est une opinion qui peut se défendre, mais
on pourrait faire le débat au niveau où il devrait porter et la
population serait bien renseignée.
On a la même chose au niveau des commissions scolaires, et la
population, vous savez, à la longue, se rend compte de toutes ces choses
et se rend compte, à un moment donné, où est
l'autorité. Je ne doute pas que chaque fois qu'il y aura des
difficultés au niveau des CEGEP, la population en appellera au ministre
et ce sera sa seule solution, à part ça. Ce sera absolument la
seule façon... Il sera le seul capable de solutionner les
problèmes qui se créeront, parce que, quelle que soit la
qualité de l'administration locale, avec cette centralisation à
Québec, il aura des problèmes sérieux et l'administration
locale n'en aura aucune responsabilité, tout à fait aucune.
C'est un pas en arrière. Je me demande bien quel
intérêt, à part ça, les hommes et les femmes
qualifiés qui aimeraient oeuvrer au niveau de l'administration de ces
institutions, quel intérêt et quelle motivation ces gens
compétents trouveront-ils à passer des heures et des
soirées à étudier les différents dossiers qu'ils
auront à connaître s'ils veulent être des administrateurs au
courant des problèmes et quand ils s'apercevront après
l'étude du dossier, que la solution appartient au ministre qui est le
seul possesseur de l'autorité. C'est une façon... Cette
façon d'agir, on ne fait jamais d'erreur en disant qu'elle fait
simplement "démotiver" la participation que le milieu pourrait avoir
dans l'administration des CEGEP, parce que c'est un peu comme les commissions
scolaires, comme je le disais. On s'aperçoit, à chaque
élection, au niveau des commissions scolaires, que la population ne se
donne pas la peine d'aller voter, ne s'intéresse guère à
ces élections, ne s'intéresse pas à ces nominations de
commissaires et ainsi de suite, parce que les gens, les citoyens savent
pertinemment que l'autorité des commissaires d'écoles est
tellement diluée, tellement limitée que c'est pratiquement une
perte de temps que de se tenir au courant des problèmes, d'analyser la
qualité des candidats et de se donner la peine d'aller déposer
son bulletin dans l'urne.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, j'imagine que le
député de Jacques-Cartier sait que nous parlons...
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): ... du projet de loi no 25 portant sur
les collèges.
M. Saint-Germain: Oui. Je fais des parallèles, M. le
Président, et je dis que...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Morin (Sauvé): Vous devriez plutôt faire des
barres parallèles.
M. Saint-Germain: ... et je...
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que vous en faites souvent, M. le
ministre? Oui, c'est très bien.
M. Lalonde: Je vous vois plutôt sur un "trampoline",
vous.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Moi, je ne dirais pas comment je le vois, je
vous en prie, M. le Président, parce que vous me feriez retirer mes
paroles.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Papineau, question de règlement.
M. Lalonde: ... les barres parallèles...
M. Alfred: Si le député de Jacques-Cartier peut
nous faire grâce des autres propos qu'il a à tenir.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Papineau, ce n'était pas une question de règlement.
M. Saint-Germain: Qu'est-ce qu'il dit?
Mme Lavoie-Roux: II vous demande de lui faire grâce des
autres questions...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Ah! c'est un homme qui aime l'autorité
et la centralisation, mais il s'attaque à un sujet qui ne se soumet pas
facilement. Si le député de Papineau ne me trouve pas
intéressant, il peut se retirer et personne ne va en souffrir.
Le Président (M. Lacoste): Sur l'article...
M. Saint-Germain: Je continue. (23 h 30)
Je disais que c'est une décentralisation sans limite et,
d'ailleurs la population lui en tiendra compte, soyez-en assuré, parce
que je crois qu'on doit agir, en face de la population, avec un minimum de
franchise, un minimum de transparence, comme vous l'avez tellement dit souvent
dans l'Opposition. Mais il faut être transparent, il faut que les hommes
en autorité aient assez de sincérité intellectuelle pour
dire à la population où ils vont, quel est leur programme et
quelles sont leurs priorités, leur décrire les problèmes
et leur décrire honnêtement les solutions qu'on peut apporter aux
différents problèmes. Ici, vous dites à la population:
Nous, nous décentralisons le système éducatif. C'est
absolument faux et ça me surprend qu'un ministre de l'Education puisse,
avec un petit sourire sur le coin des lèvres, avec une
élégance dans son langage que tout le monde admet, avec une telle
froideur, dire des choses qui sont absolument contraires à la
vérité et qui abuse de sa crédibilité et du
prestige que son poste lui donne pour faire des déclarations qui ne
peuvent qu'induire la population en erreur. Soyez donc simplement honnête
intellec- tuellement, dites donc simplement à la population que vous
avez constaté, depuis que vous êtes en poste, que les CEGEP ne
fonctionnent pas, fonctionnent mal. Dites-leur le résultat de vos
observations et dites quelle est votre programmation en toute franchise et en
toute vérité, quelle sorte de solution vous voulez apporter et
dites donc à la population ce que vous croyez.
M. Morin (Sauvé): C'est pour ça que nous avons fait
un énoncé de politiques.
M. Saint-Germain: Et dites donc à la population que c'est
simplement au niveau du ministère de l'Education et du ministre qu'on
peut réellement établir, dans les CEGEP, un minimum
d'autorité, un minimum de discipline et un minimum d'économie au
point de vue argent. Mais dites-le donc et dites donc à la population:
Maintenant, c'est nous qui administrons les CEGEP, c'est nous au
ministère de l'Education qui exerçons l'autorité et si
vous avez des choses à nous dire ou si vous avez une façon plus
efficace de solutionner le problème, on va vous écouter.
Je crois que peut-être dans ces conditions, la population vous
suivrait, mais je ne crois pas qu'en agissant comme vous le faites dans le
moment la population puisse vous prendre au sérieux. Aller dire, en
pleine commission parlementaire, que, avec l'article 18, vous
décentralisez; c'est prendre les gens du Québec pour de purs
imbéciles qui sont prêts à accepter, de qui que ce soit,
une déclaration qui est absolument fausse et fausse à leur face
même. C'est même humiliant, à un certain moment, M. le
Président, d'entendre une telle déclaration.
M. Alfred: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Papineau, sur une question de règlement.
M. Alfred: M. le Président, je suis sûr que Mme le
député de L'Acadie ne partage pas les opinions de M. le
député de Jacques-Cartier. Qu'elle nous le dise, parce que je
vois ça dans son sourire.
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre, M. le
député de Papineau; ce n'était pas une question de
règlement.
M. Saint-Germain: Comme je déteste, M. le
Président, toutes sortes d'autorités aussi directes, je n'ai
demandé à personne pour faire la déclaration que je fais
là.
M. Alfred: ...
Le Président (M. Lacoste): M. le député
de...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): Sur une question de
règlement, Mme le député de L'Acadie?
Mme Lavoie-Roux: Oui, question de règlement.
Le Président (M. Lacoste): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que j'ai dit, non seulement ici, mais
à l'Assemblée nationale parce que c'est le
député de Papineau qui m'a interrogée, M. le
Président que je ne croyais pas que, dans les dispositions qui
étaient prévues dans la loi 25, on s'en allait vers une
décentralisation. Là-dessus, je n'ai pas encore changé
d'idée.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Vous voulez que je continue? Ce n'est pas
suffisant? Je peux continuer, si vous le voulez, mais je pensais que...
Le Président (M. Lacoste): Vous aviez terminé?
M. Saint-Germain: Je pense que j'ai été clair, j'ai
été transparent.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Marg uerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, je veux simplement dire
quelques mots pour expliquer l'appui que j'ai donné tantôt au
ministre sur la question du vote prépondérant et du quorum.
Je l'ai appuyé entièrement, M. le Président, au nom
des principes que j'ai énoncés. Je pense que je n'ai rien
à retirer là-dessus, mais il faut quand même que je vous
livre le fond de ma pensée. La motivation que j'avais de confier autant
de liberté à ce conseil d'administration, c'est que ça ne
veut absolument rien dire. Qu'on donne un quorum de 5%, 50%, 95%, trois votes
prépondérants, tout ce que vous voudrez, tout ce qu'on fait du
conseil d'administration par le pouvoir de réglementation prévu
par l'article 10, c'est un gardien. Le conseil d'administration sera un
portier, un concierge, il fera l'entretien, le déneigement, il signera
les chèques aussi, à moins que le ministre lui retire ce pouvoir.
Ce n'est pas un conseil d'administration, M. le Président, c'est un
conseil ou un comité de gérance. C'est un gérant avec pas
beaucoup de pouvoirs et non seulement pas beaucoup de pouvoirs, mais
surveillé au-dessus de l'épaule constamment. Alors, lorsqu'on
vient nous dire qu'on fait de la décentralisation, c'est de la
comédie, simplement.
Par exemple, le paragraphe b) de l'article 18, est du pur maquillage,
quand on lit le deuxième alinéa qui dit que: "le
lieutenant-gouverneur en conseil peut également adopter un
règlement pour déterminer les pouvoirs que le ministre peut
exercer à l'égard des matières visées par le
paragraphe b) du premier alinéa. Alors, j'ai rarement vu dans un texte
législatif une violation de l'esprit, non pas de la lettre, mais de
l'esprit du principe qu'on exprime dans, par exemple, la rédaction et
l'interprétation des lois de Me Louis-Philippe Pigeon, un vieux principe
"delegatus non potest delegare", c'est-à-dire celui qui s'est vu
déléguer un pouvoir ne peut pas le déléguer
lui-même. On le fait de façon légale dans cet
article-là. J'ai rarement vu dans un même article le
législateur qui donne le pouvoir au lieutenant-gouverneur en conseil, au
gouvernement, qui, lui, peut le donner au ministre. Généralement
on a la décence de le donner directement au ministre. C'est d'autant
plus comique que vous savez très bien, comme moi, que le
règlement non pas général mais particulier du
deuxième alinéa, sera préparé,
révisé, corrigé, revu par le ministre de l'Education qui
le présentera au Conseil des ministres. Le règlement se fera
peut-être biffer une virgule ici ou là, mais ce dernier se donnera
lui-même les pouvoirs qu'on prétend dans cet article confier au
lieutenant-gouverneur pour ensuite les remettre au ministre.
C'est un des articles qui nous a le plus motivés dans
l'opposition que nous avons faite depuis le début de l'étude de
ce projet de loi parce qu'il témoigne d'une volonté du
gouvernement de centraliser. Comme le député de Jacques-Cartier
le disait tantôt, si c'est le choix du gouvernement de centraliser en
matière de CEGEP, au moins, qu'on ait la décence de le dire. On
pourra à ce moment-là juger à son mérite le choix
du gouvernement. On pourra discuter en toute connaissance de cause et
peut-être même arriver aux conclusions auxquelles d'autres
gouvernements sont arrivés et des gouvernements libéraux.
Qu'on pense, par exemple, dans le domaine de la santé où
il y a eu une centralisation pour assurer une qualité minimale de
services au travers tout le territoire. En éducation aussi, au moment de
la réforme. Mais est-ce que nous recommençons à
zéro actuellement? Est-ce que le bilan est si noir qu'on doive
maintenant recourir aux moyens les plus exceptionnels comme celui de la
centralisation qu'on retrouve dans cet article 10? Mais qu'on le dise au moins.
Je n'ai rien entendu dans le discours du ministre qui justifie ce dernier de
proposer au gouvernement, et le gouvernement de recourir à la
centralisation, d'imposer ce qu'il impose à ces institutions qu'on
voudrait voir jouir d'une mesure assez large de liberté qui, à
mon sens, est essentielle pour voir se dégager un certain degré
d'excellence auquel faisait appel le député de Papineau
tantôt.
Ce n'est pas en enrégimentant les 46 institutions à
l'intérieur d'un corridor très restreint, très
contraignant qu'on va réussir à leur faire sentir qu'elles ont un
défi à relever. Les conseils d'administration, les enseignants,
les cadres, on ne pourra pas les motiver en les obligeant à s'enfouir
dans l'entonnoir des règlements de l'article 10. A mon sens, c'est un
mauvais choix de centralisation.
Ce qui est pire, c'est que le gouvernement fait la centralisation en
disant le contraire. Heureusement, ceux qui sont venus ici en commission
parlementaire je n'ai pas eu le bonheur d'assis-
ter à ces débats, mais j'en ai eu des rapports très
éloquents ont démontré que personne n'était
dupe. Ce maquillage que le ministre nous présente en prêchant la
décentralisation et en faisant la centralisation n'a trompé
personne jusqu'à maintenant. Naturellement, le député de
Papineau a dit tantôt une grande vérité: Les
Québécois nous jugeront. J'ai tenté de lui rappeler
Jean-Talon et Argenteuil, pourtant, qui ne sont pas si loin. Il me semble que
le député de Papineau et d'autres députés autour de
cette table devraient, avant de se mettre au lit, le soir, tous les soirs, se
répéter plusieurs fois: Argenteuil, Jean-Talon, Argenteuil,
Jean-Talon, pour réellement prendre les leçons de cette
raclée épouvantable que le Parti québécois a eue
dans Jean-Talon et Argenteuil. C'est là que les Québécois
se sont prononcés.
M. Alfred: Question de privilège. J'ai été
mal interprété.
M. Lalonde: Je me demande comment il fait ce n'est quand
même pas du masochisme que le député de Papineau pratique
pour faire appel au jugement des Québécois, alors que nous
avons justement...
M. Alfred: Est-ce que M. le député me permet une
question?
M. Lalonde: Oui, avec plaisir.
M. Alfred: M. le Président, je voudrais demander au
député s'il pense quotidiennement à
l'événement historique du 15 novembre 1976?
M. Lalonde: M. le Président, oui, j'y pense, et j'ai pris
des leçons le 15 novembre 1976. La remontée absolument
extraordinaire du Parti libéral depuis le 16 novembre 1976
témoigne de la prise de conscience des Québécois devant le
danger de la centralisation, du socialisme, de l'interventionnisme...
M. Alfred: Le socialisme? Vous étiez socialiste?
M. Lalonde: ... de l'interventionnisme du gouvernement qui veut
imposer à la société québécoise un
schéma étouffant, hermétique. On l'a vu dans tous les
autres... Malgré tout, en éducation, jusqu'à maintenant,
le ministre avait fait preuve d'une allure beaucoup plus raisonnable. Il est
malheureux que les projets de loi 24, 25 et 30 soient ses premiers gestes
législatifs importants depuis qu'il est nommé ministre. Je me
serais attendu à autre chose parce que, jusqu'à maintenant, il
avait démontré une certaine capacité de représenter
tout le jeu des valeurs que les Québécois aiment conserver et
perpétuer, corriger et améliorer, mais perpétuer au niveau
fondamental, surtout dans le domaine de l'éducation. Je croyais que le
ministre s'identifiait assez bien, malgré les allures de ses
collègues dans d'autres domaines, à ce que notre système
d'éducation comporte de meilleur, qu'il s'attachait avec assez de
facilité à ce qu'il y a de fondamental et de vécu dans le
système.
Malheureusement, il apparaît que le système des CEGEP est
en bien mauvaise posture, malgré le fait que le ministre ne nous en ait
pas fait part, puisqu'il décide, de par l'article 10, d'intervenir
directement, d'autorité, dans à peu près tout ce que peut
faire un collège. (23 h 45)
Exemple: à l'article 6, on voulait abroger l'article 13 où
quand même le conseil d'administration trouvait la source de son
autorité, le fondement de sa fonction, lorsqu'on dit, à l'article
13 qu'on a tenté d'abroger, mais qu'on a modifié, je crois, plus
tôt, il y a quelques minutes, "les droits et les pouvoirs d'un
collège sont exercés par un conseil formé par...". On fait
référence au nouvel article. On a tenté de l'enlever et
cela aurait été logique, avec par exemple, l'article i) qui est
devenu probablement h) de l'article 10, à savoir que c'est le
gouvernement maintenant qui va déterminer les conditions et les modes
d'aliénation des biens meubles et immeubles excédentaires d'un
collège.
Quand on parle de droits et de pouvoirs d'un organisme, d'une
corporation, cet exercice de ces droits est fait par un conseil. Ces droits
comprennent le pouvoir de disposer des biens, des actifs. Ici, on met
littéralement en tutelle des corporations supposément
indépendantes, en leur disant: Vous ne pourrez pas disposer de vos
biens, comme vous l'entendez, suivant votre bon jugement, suivant
l'évaluation que vous avez faite vous-même de la situation,
à savoir s'ils sont excédentaires, est-ce que vous voulez vous en
départir maintenant ou plus tard et lesquels. Non, on aura par
règlement des conditions et des modes d'aliénation des biens
meubles et immeubles excédentaires.
Encore une fois, on ne le retrouvait pas dans la loi
précédente, on ne retrouve pas cet article non plus dans la loi
du conseil supérieur. Ici aussi, encore, on vient d'enlever un bras au
conseil d'administration. Je me demande comment le ministre peut, avec tous ces
articles, tous ces pouvoirs additionnels qu'il veut donner au gouvernement par
cette loi, encore nous dire qu'il recherche la décentralisation dans le
domaine des CEGEP.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: J'avais posé une question spécifique au
ministre lors de mon intervention et si nous avions sa réponse, cela
nous aiderait à aborder une proposition précise d'amendement que
nous avons vis-à-vis de l'alinéa a) de cet article, qui traite du
pouvoir du lieutenant-gouverneur en conseil d'édicter quels sont les
règlements que les CEGEP doivent adopter. Je vais répéter
la question précise que j'ai posée. Quels sont les
règlements qui ont été adoptés depuis douze ans en
vertu de ce pouvoir qui existait déjà? Quelle est la
fréquence de leur modification?
M. Morin (Sauvé): Jusqu'ici aucun règlement n'a
été adopté pour préciser quel règlement un
collège doit adopter.
M. Forget: Fort de ce renseignement qui concorde un peu avec ce
que nous pouvions deviner intuitivement, je ferais l'amendement suivant,
à savoir que le paragraphe 18 de l'article 10 soit modifié en
retranchant le sous-paragraphe a). Il est clair qu'un pouvoir qu'il n'a pas
paru bon à trois ou quatre gouvernements successifs d'utiliser pendant
une période de douze années...
M. Morin (Sauvé): Cela n'était pas de bons
gouvernements...
M. Forget:... est un pouvoir... Mais vous avez deux ans et demi
pour corriger cette erreur, M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): II nous reste deux ans et demi, en
effet.
Mme Lavoie-Roux: Vous avez l'intention d'avoir un mandat de cinq
ans?
M. Morin (Sauvé): Cela ne m'étonnerait pas que cela
puisse durer comme cela, cela peut être aussi bien...
Mme Lavoie-Roux: Six ans, si c'est possible.
M. Morin (Sauvé): ... quatre ans ou cinq ans. Non, la
limite légale est de cinq ans, comme chacun le sait.
M. Forget: II y a même une interprétation qui veut
dire qu'on peut rester six ans.
M. Morin (Sauvé): Mais nous ne sommes pas encore... Non,
non le mandat juridique est de cinq ans, comme vous le savez. Il y a d'autres
gouvernements ailleurs qui ont pratiqué la politique du long terme.
M. Forget: Du long terme, oui. Néanmoins, M. le
Président, je persiste à croire que, si un pouvoir existe qui a
été manifestement abusif à sa face même et
qu'à l'expérience on n'a pas jugé prudent d'utiliser,
raison de plus pour s'en débarrasser, parce qu'il crée une
ambiguïté. Il permettrait au ministre, sans faire le sacrifice
d'aucune réglementation actuellement en vigueur, de dire: Voici un
pouvoir de moins que j'ai, mais dont je n'ai jamais eu besoin, ni mes
prédécesseurs. Je crois que ce serait déjà quelque
chose de gagné.
M. Morin (Sauvé): Est-ce que le député est
au fait que ceci nous est demandé par la Fédération des
CEGEP?
M. Forget: Indépendamment des demandes qui sont
présentées, j'aimerais savoir puisque le ministre y a fait
allusion à quelles fins précises la
Fédération des CEGEP désirait que le ministre utilise un
tel pouvoir?
M. Morin (Sauvé): Parce qu'à l'heure actuelle il y
a risque d'arbitraire dans la façon dont certains CEGEP adoptent des
règlements ou ne les adoptent pas. Il serait utile, aux yeux de la
Fédération des CEGEP, que certains règlements soient
adoptés par tous les collèges, bien sûr, avec adaptation
dans tous les cas, chaque collège adaptant le règlement qui lui
sied, mais étant obligé de se le donner.
M. Forget: M. le Président, si j'étais à la
place du ministre de l'Education, je conseillerais à la
Fédération des CEGEP d'en convaincre ses membres, parce qu'il
m'apparaît assez inusité qu'une association représentative
demande au ministre d'intervenir, alors que ses membres ont jugé bon de
ne pas le faire et de ne pas le faire de façon uniforme. Je crois que,
si on croit à la "décentralisation", on laisse aux gens le
pouvoir de différer d'avis et même de se tromper, parce que c'est
ça la décentralisation. Il faut envisager le fait que les
organismes décentralisés ne feront pas les choses que l'on croit
opportun qu'ils fassent, si on était à leur place. L'argument
selon lequel ils n'agissent pas tous de la même façon et la
démonstration même que ce pouvoir réglementaire n'est pas
opportun, puisqu'ils jugent approprié d'utiliser un pouvoir
réglementaire de façon divergente, encore une fois, on n'a pas
fait de démonstration autre que de dire que ce n'est pas uniforme.
Je m'en fous que ce ne soit pas uniforme. C'est la nature de la chose de
ne pas être uniforme. A moins qu'on nous démontre que le manque
d'uniformité met en péril un objectif d'intérêt
public. Or, on est bien embêté de nous en citer un seul. Que l'on
fasse des règlements quant à la fréquence des
séances du conseil d'administration et que l'on dise que dans un cas
c'est douze par année et dans un autre cas dix par année,
ça m'est complètement égal, cette disparité. Si on
juge dans un CEGEP que c'est dix ou douze et qu'on a soi-disant je dois
présumer de bonnes raisons de le faire, il ne nous appartient pas
de déjuger les conseils d'administration qui sont légitimement
désignés, ou alors, qu'on administre à leur place,
carrément.
M. le Président, je pense que cet amendement est indiqué
par le fait même que c'est un pouvoir qui n'a jamais été
utilisé. C'est un pouvoir qui, s'il était utilisé, est
formulé de manière abusive et qui pourrait mener à des
empiétements non nécessaires dans le faible domaine d'autonomie
qui reste au CEGEP. Pour cette raison, je pense que nous n'avons pas besoin de
ce pouvoir. Le ministre n'en a pas besoin. L'intérêt public peut
être défendu sans un tel pouvoir.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais juste
ajouter un mot pour appuyer la motion du député de Saint-Laurent.
Je n'en suis pas certaine, et le ministre ne m'a pas convaincue quand il a dit:
C'est pour répondre ou c'est une demande que la Fédération
des CEGEP nous a faite. Je pense ne pas me tromper, le ministre pourra me
contredire, en disant qu'il est fort possible que la Fédération
ait exprimé le désir
qu'un cadre soit donné aux programmes d'études, au moins
un cadre général. La population en divers endroits a
exprimé des observations quant au fait que les examens ne
répondaient pas à certains standards, dans certains
collèges.
Que le ministre dise: Si je dois certifier ou décerner des
diplômes, je veux quand même savoir, au moins, dans quel contexte
de programme d'études cela se place, au moins dans un sens très
large, mais on y reviendra au paragraphe b). Je pense que là-dessus, il
se peut probablement que des représentations ont
été faites fort bien que dans les faits il y ait
peut-être un trop grand décalage entre des standards de
fonctionnement ou de compétences des divers collèges.
Quand on a un article aussi large que... le lieutenant-gouverneur va
adopter des règlements pour déterminer les règlements
qu'un collège doit adopter, je trouve qu'à ce
moment-là...
M. Morin (Sauvé): Madame...
Mme La voie-Roux: Vous ne donnez aucune indication, sauf qu'il
peut y en avoir dans le domaine du régime pédagogique. Il y en a
d'autres...
M. Morin (Sauvé): C'est la vie étudiante, les
achats, une série de choses comme cela.
Mme Lavoie-Roux: Je comprends, M. le ministre, qu'ils fassent des
règlements de cet ordre, politique d'achat, etc.
M. Morin (Sauvé): Soit dit en passant, Mme le
député, cette technique par laquelle le lieutenant-gouverneur
établit une liste de règlements qui doivent être
adoptés, c'est courant dans la législation, pour le cas où
vous ne le sauriez pas.
Mme Lavoie-Roux: Peut-être, mais je ne sais pas si c'est
courant vis-à-vis d'une corporation qu'on dit autonome, ou qu'on dit
vouloir décentraliser. Je pense que quand on veut décentraliser,
on fait le moins de règlements possible, on fait ceux qui sont
essentiels, ceux qui apparaissent fondamentaux; j'ai cité dans le cas de
votre certification... Là, vous dites: Les règlements qu'un
collège doit adopter. Qu'ils fassent des règlements à
savoir comment ils vont procéder avec leurs achats, quel type de
soumissions ils vont faire, leur procédure de soumissions. Ils vont le
faire eux-mêmes, à moins que ce soit un conseil d'administration
tout à fait irresponsable.
M. Forget: Ou dites-le dans la loi, si c'est si important.
Mme Lavoie-Roux: Ou...
M. Forget: Dites dans la loi qu'ils doivent faire des
règlements sur les achats.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Forget: D'accord. On saura de quoi on parle. Mais ne dites pas
qu'on va décider peut-être un jour si cela nous plaît de le
décider ou pas, qu'ils vont peut-être faire des règlements
et être obligés de faire des règlements sur les achats. Ou
c'est important ou cela ne l'est pas, mais qu'on arrête de taponner.
Mme Lavoie-Roux: Ou encore, si vous voulez...
M. Forget: Cela fait douze ans que vous avez le pouvoir et vous
ne l'utilisez pas.
M. Alfred: Douze ans?
M. Forget: Alors, on sait de quoi on parle ou on ne le sait pas.
Quand même!
M. Morin (Sauvé): La loi vous autorisait tout le temps que
vous étiez là à faire des règlements sur les
règlements qu'un collège doit adopter, et vous n'en avez jamais
usé. Qui taponnait, M. le député?
M. Forget: Là, la loi est ouverte. Est-ce qu'elle a
été ouverte tous les ans ou pas? Vous prenez l'initiative
d'ouvrir la loi, le problème se pose. On n'est quand même pas pour
faire une loi pour supprimer un pouvoir qu'on n'utilise pas, mais une fois que
la loi est ouverte, on examine la question à son mérite.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je voudrais
simplement donner l'avis qui est contenu dans le mémoire que nous a
soumis avec tant d'objectivité la Fédération des CEGEP.
Cela se trouve à la page intitulée: Les enjeux véritables.
Je me permets de citer deux passages qui vont expliquer très bien
l'expérience des directeurs généraux puisque c'est d'eux
dont il s'agit. La Fédération des CEGEP, ce sont, en
réalité, des directeurs généraux. "Dans un premier
temps, la Fédération des CEGEP réaffirme le principe
d'autonomie des collèges préconisé par le rapport Parent
et traduite par la constitution de corporations autonomes au sens de la loi.
Pour que ce principe ne reste pas lettre morte dans la réalité
quotidienne des collèges et pour respecter les rôles respectifs du
ministère et des collèges, la Fédération des CEGEP
recommande que la Loi des collèges reflète les données
suivantes:
Que ces prérogatives du ministère se traduisent
obligatoirement par des règlements. L'expérience vécue des
dix dernières années nous a appris que l'absence de
réglementation afférente à la loi 21 avait laissé
place à une série de directives et, par conséquent,
à une centralisation de plus en plus poussée du
ministère."
M. Forget: Ah! bien oui!
Mme Lavoie-Roux: Pourquoi remplacer des directives par des
règlements qui vont être aussi astreignants que l'étaient
les directives?
M. Morin (Sauvé): Non, justement, ils seront beaucoup
moins variables et arbitraires parce qu'ils feront l'objet d'une
réglementation qui sera faite par le collège lui-même.
M. Forget: M.le Président...
M. Morin (Sauvé): En l'absence de règlements
adoptés par les collèges, nous avons eu des directives au temps
de votre bon gouvernement. M. Forget: M. le Président, il est 24
heures.
Le Président (M. Marcoux): La commission permanente de
l'éducation ajourne ses travaux sine die.
Fin de la séance à minuit