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Projet de loi no 25
(Douze heures onze minutes)
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente de l'éducation est réunie pour
poursuivre l'étude article par article du projet de loi 25, Loi
modifiant la Loi des collèges d'enseignement général et
professionnel.
Les membres de cette commission sont: M. Alfred (Papineau)
remplacé par M. Clair (Drummond); M. Goldbloom (D'Arcy McGee)
remplacé par M. Forget (Saint-Laurent); M. Jolivet (Laviolette), M.
Lacoste (Sainte-Anne), Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), M. Le Moignan (Gaspé)
remplacé par M. Brochu (Richmond).
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse, mais je pense que le
député de Gaspé est en route. En tout cas, vous le
recorrigerez.
Le Président (M. Marcoux): Avec votre consentement.
Mme Lavoie-Roux: Avec notre assentiment. Nous sommes très
ouverts. Je ne sais pas si le ministre serait d'accord.
Le Président (M. Marcoux): M. Morin (Sauvé), M.
Paquette (Rosemont) remplacé par M. Fallu (Terrebonne).
Les intervenants sont: M. Bisaillon (Sainte-Marie), M. Chevrette
(Joliette-Montcalm), M. de Bellefeuille (Deux-Montagnes), M. Desbiens (Dubuc),
M. Gosselin (Sherbrooke), M. Goulet (Bellechasse), M. Picotte
(Maskinongé) remplacé par...
Mme Lavoie-Roux: Remplacé par M. Rivest (Jean-Talon).
Le Président (M. Marcoux):... M. Rivest (Jean-Talon), M.
Samson (Rouyn-Noranda), M. Springate (Westmount)...
Mme Lavoie-Roux: Remplacé par M. Goldbloom (D'Arcy
McGee).
Le Président (M. Marcoux): ... remplacé par M.
Goldbloom (D'Arcy McGee).
M. Marquis: M.le Président.
Le Président (M. Marcoux): Je vous soupçonne de
quelque chose, mais je vais vous accorder la parole tout de même.
M. Marquis: Merci, M. le Président. Je voudrais tout
simplement souhaiter la bienvenue à un groupe d'étudiants,
à peu près 40 ou 45. Il y a un autre groupe qui est à
l'Assemblée nationale parce qu'il est arrivé en retard à
cause des problèmes d'autobus. Ces jeunes, de secondaire I et II,
accompagnés de six de leurs enseignants, viennent de la paroisse de
Saint-François-Xavier-des-Hau-teurs, située à peu
près à 250 milles d'ici. C'est leur premier voyage à
Québec et c'est également le premier groupe, comme mon
comté est éloigné je l'ai dit vendredi dernier
que je reçois cette année et cela me fait plaisir de leur
souhaiter la bienvenue. Ils vont assister à quelques minutes de cette
commission parlementaire.
Le Président (M. Marcoux): Je suis convaincu que vos mots
de bienvenue sont partagés par tous les membres de la commission.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, cela fait chaud
au coeur de voir qu'il y a encore des jeunes dans Matapédia. Cela fera
moins d'écoles à fermer.
Mme Lavoie-Roux: M.le Président...
Le Président (M. Marcoux): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Cela me fait particulièrement plaisir que
des jeunes du comté de Matapédia viennent visiter la commission
de l'éducation ce matin, d'autant plus que, bien involontairement,
vendredi dernier, j'ignorais que le député de la Matapédia
avait à parcourir quelque... Il vient de dire 250 milles.
Le Président (M. Marcoux): Lui, c'est plus loin
encore.
Mme Lavoie-Roux: C'est plus loin.
Le Président (M. Marcoux): 275.
Mme Lavoie-Roux: 275. En tout cas, il avait quelque quatre ou
cinq heures de voiture à faire.
M. Morin (Sauvé): C'est encore plus impressionnant en
kilomètres.
Mme Lavoie-Roux: C'est vrai.
Le Président (M. Marcoux): Nos étudiants parlent
maintenant en kilomètres. Nous autres, nous sommes des vieux de la
vieille, qui parlons encore en milles.
Mme Lavoie-Roux: Des vieux de la vieille... M. Morin
(Sauvé): Non, pas tant que cela...
M. Le Moignan: M. le Président, je suis presque jaloux que
ces gens-là n'aient que 250 milles à faire.
Mme Lavoie-Roux: Vous ne voulez pas le devenir.
M. Le Moignan: Etant donné que Gaspé, c'est
à 450 milles, je me console, je suis très fier de les voir ici,
ce matin. Plus que cela...
Le Président (M. Marcoux): Bienvenue aux citoyens de
Saint-François-Xavier-des-Hauteurs. Ce sera le député Le
Moignan (Gaspé) qui sera membre de la commission de l'Education pour
l'Union Nationale aujourd'hui. (12 h 15)
Mme Lavoie-Roux: On est content de revoir le député
de Gaspé.
Le Président (M. Marcoux): Après ses
préocu-cupations dans les communications, il nous revient en pleine
forme. Le ministre m'invite à revenir à l'article 8 que nous
avions suspendu et qui est tanné d'être suspendu.
M. Morin (Sauvé): Oui. M. le Président...
Mme Lavoie-Roux: Le ministre...
M. Morin (Sauvé): Les deux, à vrai dire.
M. Rivest: Avant que nous commencions, je voudrais
déterminer mon statut pour la journée.
Mme Lavoie-Roux: Intervenant.
Le Président (M. Marcoux): Votre statut est celui
d'intervenant, il a été déterminé.
M. Rivest: Sans droit de vote?
Le Président (M. Marcoux): Oui, mais vous avez le droit de
proposer...
M. Rivest: Ahbon!
Le Président (M. Marcoux): ... de faire des motions,
d'intervenir aussi souvent que vous le désirez ou presque, etc.
M. Le Moignan: Vous n'avez pas besoin d'invitation pour cela.
M. Morin: A la lettre, M. le Président?
Le Président (M. Marcoux): Oui, à la lettre.
M. Forget: Pourvu qu'il demande la permission au
président.
Le Président (M. Marcoux): Je sais qu'il le fait toujours,
sauf exception.
M. Rivest: La commission doit siéger jusqu'à quelle
heure?
Le Président (M. Marcoux): On a un mandat de siéger
jusqu'à minuit.
M. Rivest: Ah bon! on a le temps.
Le Président (M. Marcoux): Comme vous demeurez dans le
comté de Jean-Talon, je pense qu'à minuit et quinze, vous pourrez
être de tout repos.
M. Rivest: Non, je crois que je vais commencer à
travailler vers 5 h 30.
Demande du Conseil supérieur de
l'éducation
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, puis-je apporter
à l'attention de la commission un fait nouveau que le ministre
probablement connaît déjà? On vient de me communiquer ou on
vient de communiquer au bureau du leader parlementaire de l'Opposition
officielle un télégramme du Conseil supérieur de
l'éducation, réuni en séance extraordinaire le 14
juin...
Une Voix: Hier.
Mme Lavoie-Roux: Hier, c'est le 15 juin aujourd'hui. ... à
Trois-Rivières, qui a adopté une résolution qui a
reçu l'appui de ses comités et commissions en assemblée
plénière. Je ne le lirai pas au complet, pour ne pas prendre
inutilement de temps, mais je vais quand même lire le quatrième
paragraphe ils ont de grandes réserves sur le projet de loi 24
qui crée le Conseil des collèges, à savoir qu'est-ce qu'il
adviendra du Conseil supérieur de l'éducation. Je ne lis que le
quatrième paragraphe, ce serait beaucoup plus long. Dans les
circonstances, compte tenu des interrogations qu'ils ont eues depuis quelque
temps et, particulièrement, à cette réunion
spéciale qu'il a tenue à Trois-Rivières, hier, le Conseil
supérieur de l'éducation demande d'être entendu maintenant
en commission parlementaire spéciale, bien qu'il eût
souhaité ne pas devoir recourir à cette mesure.
M. Morin (Sauvé): Je m'excuse, madame, mais on m'a
communiqué ce texte également, et le Conseil supérieur
demande à me rencontrer. C'est une alternative. Ou bien une commission
parlementaire spéciale qu'il n'est pas question évidemment de
convoquer, au point où nous en sommes, ou me rencontrer. J'ai
accepté de le rencontrer et mon acceptation lui a déjà
été communiquée.
Mme Lavoie-Roux: Si on m'avait laissé lire le paragraphe
au complet... Je vais le recommencer. "Dans les circonstances, le conseil
demande d'être entendu maintenant en commission parlementaire
spéciale, bien qu'il eût souhaité ne pas devoir recourir
à cette mesure." Je pense que son premier souhait, c'est d'être
rencontré en commission parlementaire spéciale. A défaut,
il demande d'être reçu sans délai par le ministre de
l'Education avant l'adoption du projet de loi 24, dans une entrevue dont il
fera connaître les résultats."
M. le Président, je me demande vraiment pourquoi... D'ailleurs,
c'est un voeu que nous avions exprimé la semaine dernière, au
début des
audiences, où les gens se sont fait entendre sur les projets de
loi 24 et 25, qu'on l'invite de nouveau. C'est très obscur, pourquoi il
ne s'est pas représenté, même s'il y a une lettre je
ne l'ai pas en main, et vous non plus probablement disant qu'il valait
peut-être mieux pour le conseil de ne pas se présenter. Devant
cette demande de cette instance de l'éducation qui, jamais, pour des
raisons qu'on a toujours décrites comme étant des raisons
politiques, pour ne pas se trouver dans un conflit politique ou qui pourrait
avoir des couleurs partisanes on sait que, malgré toute notre
bonne volonté, de part et d'autre, cela arrive quelquefois il a
toujours refusé de venir ici, il a refusé de venir dans le
contexte de la loi 101 la semaine dernière. J'entretiens des doutes sur
la raison exacte pour laquelle il a finalement décidé de ne pas
se présenter. A tout événement, il faut tenir compte de la
demande qui est devant nous.
La création du Conseil des collèges, on ne peut pas
oublier ceci: C'est le projet de loi no 24. On va l'aborder, au plus tard lundi
matin. Moi, je pense qu'il serait normal de les rencontrer avant que nous
n'abordions le projet de loi no 24. Je voudrais, à cet égard, M.
le Président, citer un précédent. Je pense que mon
collègue de Saint-Laurent pourra corroborer, mais je ne crois pas me
tromper là-dessus.
Au moment où il y a eu des auditions parlementaires de tenues sur
le projet de loi no 9, un groupe n'avait pu se faire entendre. Enfin, les
circonstances, il faudrait les réviser, mais il ne s'était pas
présenté en commission parlementaire. Il s'agissait d'un groupe
de personnes sourdes. Nous avons convenu de les recevoir dans une séance
spéciale, qui a été fermée, non pas parce qu'on ne
voulait pas qu'elle soit publique, mais à cause du délai, etc.
Alors, ce ne serait pas une première, même si la commission
parlementaire comme telle a été officiellement fermée,
disons, mardi soir, il y a huit jours, que nous puissions, compte tenu de la
demande qui est devant nous, les recevoir avant l'ouverture du débat,
l'étude article par article du projet de loi no 24.
M. le Président, je pense que c'est le rôle de l'Opposition
officielle ici de se faire le porte-parole de ce groupe qui a adressé ce
télégramme à tout le monde et qui indique bien: Notre
souhait, c'est que nous soyons reçus d'une façon spéciale.
Ces gens reconnaissent que ce sera spécial, parce qu'ils ne se sont pas
prévalus de la commission parlementaire de la semaine dernière.
Mais, si ceci était impossible... Je voudrais quand même inviter
le ministre de l'Education à être très ouvert sur ce
problème. Il ne s'agit pas d'un petit organisme, enfin, dont on n'entend
jamais parler ou qui occupe peu de place dans le domaine de l'éducation.
Il s'agit vraiment d'une instance supérieure en éducation, le
Conseil supérieur de l'éducation, et je demanderais au ministre
d'être très ouvert et de ne pas mettre de côté
immédiatement cette possibilité que nous puissions entendre ces
personnes dans le climat le plus serein possible.
Je pense que tous les gens de la commission ici qui devront se prononcer
sur le projet de loi no 24, et j'ai d'ailleurs... Ce n'est pas un
problème que je viens de trouver. Je pense que j'en ai fait une partie
relativement importante de mon intervention en deuxième lecture et des
questions précises au sujet de l'avenir du Conseil supérieur de
l'éducation. Ils nous demandent de les entendre. Encore une fois, je
sollicite la compréhension et l'ouverture d'esprit du ministre à
cet égard.
Le Président (M. Marcoux): M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, le Conseil
supérieur de l'éducation a toujours été libre de
répondre à l'invitation qui lui a été
adressée comme aux autres organismes. Dans le passé, il avait
choisi de ne pas venir devant la commission pour des raisons que le
président, M. Beauchemin, a eu l'occasion d'expliciter. Il estime que le
conseil est consultatif auprès du ministre de l'Education et qu'il n'a
pas à venir en commission parlementaire.
J'ai toujours laissé de toute façon, je n'avais pas
le choix, puisque c'est un organisme autonome la plus grande
liberté au conseil de venir ou de ne pas venir en commission
parlementaire. Cette fois-ci, à la suite de mon invitation, le conseil a
refusé de venir, tandis que le Conseil des universités, de son
côté, acceptait de venir, et nous avons eu le privilège
d'entendre la présidente, Mme Paule Leduc. Il était loisible au
Conseil supérieur de l'éducation de venir à ce
moment-là, nous avons tenu deux journées spéciales pour
entendre tous les intervenants qui étaient invités.
Par la suite, dans des circonstances qui demeurent obscures...
Mme Lavoie-Roux: J'avais exprimé un voeu...
M. Morin (Sauvé): ... le conseil, semble-t-il, a
hésité à venir ou à ne pas venir et, en
définitive, vous a adressé une lettre, que j'ai aperçue
devant vous l'autre jour, et dont vous avez donné lecture, je crois, aux
termes de laquelle le conseil déclarait ne pas vouloir comparaître
devant la commission. Cela fait donc deux refus de comparaître.
J'estime que, dans les circonstances, il a eu toutes les chances
voulues, sur le même pied que les autres organismes, sur le même
pied que le Conseil des universités de se faire entendre. Je
conçois que le conseil supérieur se pose des questions sur son
avenir à la suite de la création du Conseil des collèges.
Cela est normal. D'ailleurs, il y a deux semaines, maintenant, j'ai
rencontré des délégués du conseil, sous la
présidence de M. Beauchemin, et je leur ai demandé un avis sur la
question. Ils doivent me revoir avec cet avis et je ne prendrai pas de
décision avant d'avoir reçu leur avis sur leur propre avenir.
J'ai dit cela publiquement, d'ailleurs, comme je le leur ai dit de vive
voix.
Je voudrais donc me montrer très ouvert, mais lorsqu'un organisme
sérieux, ou qui prétend l'être refuse à deux
reprises l'invitation que vous lui faites, lorsque vient le moment de
l'étude article
par article, il est trop tard. Cependant j'ai signifié au
président de l'organisme, étant donné que la
résolution demandait une rencontre avec le ministre de l'Education, que
j'étais à sa disposition et je les recevrai sans doute lundi.
Merci, M. le Président.
M. Forget: M. le Président, sur le même sujet...
Le Président (M. Marcoux): M. le député...
Avant, M. le député de Saint-Laurent.
M. Forget: ... je ne peux pas faire autrement que relever la
dernière remarque que vient de faire le ministre qui se comporte,
vis-à-vis de son Conseil supérieur de l'éducation, d'une
façon assez paradoxale dans les circonstances. Il a dit: Un organisme
qui se prétend sérieux, en laissant croire que, quant à
lui, son jugement était fait quant au caractère sérieux de
l'organisme. Il semble baser ce jugement sévère sur le Conseil
supérieur de l'éducation sur le fait qu'il y a eu un changement
d'idée, changement du jugement que le Conseil supérieur de
l'éducation a porté sur le caractère de gravité de
la loi 24, quant à son rôle et son mandat. Je pense qu'il est tout
à fait normal qu'un organisme comme le Conseil supérieur de
l'éducation évolue sur un sujet comme celui-là à la
faveur d'un débat qui a certainement lieu dans son sein, quant à
la signification, le sens, les conséquences d'une mesure
législative qui n'est pas encore loi, qui n'existe encore qu'à
l'état de projet. Je ne suis pas sûr, M. le Président, face
à cette dernière communication provenant de Conseil
supérieur de l'éducation, que le ministre puisse vraiment
afffirmer j'aimerais du moins l'entendre d'une autre source que
le conseil a pu se considérer tout à fait libre de venir ou de ne
pas venir.
Il est bien clair que dans le cas du Conseil des universités, son
existence n'était pas en jeu. Le Conseil des universités, dans le
fond, est un observateur désintéressé de la question
entourant la création d'un conseil des collèges. Cela ne
l'affecte pas, ça ne peut que poser des problèmes de relations,
de communications, de coordination, mais ça ne pose pas le
problème de son existence.
Or, dans le cas du Conseil supérieur de l'éducation, le
projet de loi 24 pose carrément le problème de son existence, du
moins dans la forme et avec le mandat, la mission qu'il a eue jusqu'à
maintenant. On peut penser que les membres du conseil qui sont certainement
très soucieux de ne pas avoir l'air de jouer un rôle dans un
débat politique, aient préféré au départ,
peut-être avec le désir de ne pas heurter le ministre, prendre une
attitude extrêmement réservée, en attendant pour voir si le
reste du débat, au niveau de l'Assemblée nationale, et les autres
interventions n'amèneraient pas des changements sans
nécessité d'intervention directe du Conseil supérieur de
l'éducation.
Mais, voyant que les échéances se raccourcissent, voyant
qu'il semble que le gouvernement n'a pas l'intention de modifier ses
orientations de manière substantielle, ceux qui, en son sein,
étaient les plus inquiets, ont probablement réussi à
emporter le sentiment de la majorité et ils nous adressent maintenant
une demande précise de se faire entendre. Je pense qu'il est tout aussi
désagréable de procéder à l'adoption du projet de
loi 24 sans les entendre qu'il le serait à un tribunal de juger du sort
d'une partie sans l'avoir écoutée.
Je ne suis pas entièrement rassuré par le fait qu'une
rencontre privée aura lieu entre le ministre et le Conseil
supérieur de l'éducation. On sait ce que donnent ces rencontres
privées. S'il y a consensus, c'est merveilleux, mais s'il y a des
divergences qui subsistent après la rencontre, comme c'est fort possible
dans ce cas-ci, nous aurons deux versions des événements, nous
aurons la version du Conseil supérieur de l'éducation et nous
aurons les propos rassurants, sans aucun doute, on peut déjà les
prévoir, du ministre disant qu'il a pris connaissance des
inquiétudes, mais qu'il a rassuré sur la pureté de ses
intentions, les membres du Conseil supérieur de l'éducation ou
des affirmations de cet acabit.
Nous avons eu il y a quelques mois une expérience analogue des
rencontres privées, lorsqu'il s'agit du débat entourant
l'adoption d'une loi, entre des organismes, autonomes ou non, et le ministre
responsable de l'adoption de la loi, donnent des résultats
extrêmement ambigus, pour ne pas dire des résultats qui ont
tendance à fausser le débat et fausser la perception que le
public peut avoir du problème, des véritables enjeux et des
positions respectives des parties.
M. le Président, je pense que nos travaux nous obligent
normalement à siéger en commission parlementaire, lundi, toute la
journée. Le ministre dit qu'il veut rencontrer le Conseil
supérieur de l'éducation lundi. Il devra donc s'absenter de la
commission perlementaire pour rencontrer ces gens. Pendant la rencontre, la
commission ne pourra pas procéder à l'étude article par
article du projet de loi...
M. Morin (Sauvé): Je m'excuse, c'est inexact ce que vous
dites.
M. Forget:... à moins de vouloir les convoquer à
sept heures le matin, ou après minuit. Il me semble que, sans gaspiller
de temps, et peut-être même en faisant l'économie d'un
débat à l'Assemblée nationale...
M. Morin (Sauvé): Vous pouvez toujours constater l'heure
à laquelle nous avons commencé ce matin.
M. Forget:... donc, en gagnant du temps, tout compte fait, le
ministre pourrait accepter une rencontre qui nous permettrait de
vérifier si, effectivement, la qualité du dialogue entre le
ministre et son Conseil supérieur de l'éducation est telle que
l'on peut dormir sur ses deux oreilles. C'est sans aucun doute le message que
le ministre va vouloir tirer de cette rencontre. Rassurez-vous, madame et
messieurs de l'Opposition, tout est en
bonnes mains, nous nous sommes entendus avec le Conseil supérieur
de l'éducation et, comme par magie, ces gens sont d'accord avec
l'adoption de la loi ou, s'ils ne sont pas totalement d'accord, ils sont
d'accord avec son esprit et c'est mineur les divergences qui subsistent.
Nous voudrions pouvoir être témoins pour constater si, oui
ou non, cette version rose, rassurante de la situation est la bonne. Remarquez,
M. le Président, que le ministre a le droit d'être en
désaccord avec son conseil. Il a le droit d'être en
désaccord avec son conseil. Mais c'est ici qu'on touche un point assez
fondamental de la façon de procéder de ce gouvernement. Il
pourrait nous dire et c'est légitime pour un gouvernement de le
faire Voici un avis du Conseil supérieur de l'éducation
qui est carrément contre l'adoption du projet de loi 24, à cause
de ses retombées sur le Conseil supérieur de l'éducation,
mais, nonobstant un tel avis, nous avons décidé de passer
outre...
M. Morin (Sauvé): Je m'excuse, mais jamais le Conseil
supérieur n'a dit qu'il était carrément contre l'adoption
du projet de loi 24.
M. Forget: II ne l'a pas dit, justement, mais il est inquiet.
M. Morin (Sauvé): Vous exagérez.
M. Forget: II est inquiet. Et son inquiétude va s'exprimer
comment?
M. Morin (Sauvé): Bien sûr, mais ce n'est pas une
raison pour se faire entendre après les autres, après avoir
refusé deux fois d'être invité.
M. Forget: Je pense que le ministre, dans toute cette affaire, M.
le Président, et puisque le ministre insiste pour replacer le
débat sur ce terrain, on doit se rendre compte que le conseil
lui-même dit qu'il est gravement préoccupé. Mais non
seulement est-il gravement préoccupé, mais c'est injuste pour le
ministre de faire grief au conseil de sa retenue jusqu'à maintenant,
dans un débat qui a inévitablement des implications et des
retombées politiques. Je pense que le ministre aurait pu, si le Conseil
supérieur avait pris une autre attitude, le blâmer, en disant:
Voici que le conseil, qui a un rôle de conseiller sur le plan
pédagogique, sur le plan des orientations de l'éducation, se
mêle de politique. Ces gens ont été prudents, ils ont
été réservés, ils ont été discrets,
espérant que le débat et la réflexion du ministre
l'amèneraient peut-être à modifier ses conclusions.
Mais voici qu'on a la preuve qu'il y a une véritable
inquiétude. Et je reviens à ma proposition de tout à
l'heure. Même si cette inquiétude va au point d'être en
désaccord total; par hypothèse, si le Conseil supérieur de
l'éducation en venait à dire au ministre: Nous ne sommes pas
d'accord avec cette loi, nous nous y opposons avec la dernière
énergie, nous croyons qu'il s'agit d'une erreur, le ministre a encore le
droit de tenir à l'adoption de la loi 24. Nous ne lui nions pas ce
droit. Mais il serait intéressant de comprendre et de connaître
qu'effectivement, il y a un désaccord et que le ministre prendra ses
responsabilités face à un tel jugement.
Il n'est pas très franc de dire qu'il n'est plus opportun que le
conseil se prononce en public, qu'il a raté son occasion, qu'il se ferme
donc toute espèce d'avenue d'expression publique, qu'il "prenne son
trou", pour employer un langage vulgaire, puisqu'il n'a pas saisi au vol la
perche qu'on lui a tendue il y a une semaine. Il faudra peut-être
entendre le Conseil de l'éducation pour savoir quel était le
contexte dans lequel il a opposé ce refus. Ce n'est certainement pas un
refus frivole. Ce n'est certainement pas une invitation qu'il a refusée
pour des raisons d'irresponsabilité. Et si cela devait en être
ainsi, comme semble le suggérer le ministre en disant que ce n'est
peut-être pas très sérieux que cette histoire du Conseil
supérieur de l'éducation, c'est un organisme qui n'a
peut-être pas tout le sérieux qu'il faudrait, eh bien, mon Dieu!
on en jugera nous-mêmes plutôt que d'avoir ces insinuations du
ministre qui semblent vouloir dégonfler d'avance un désaccord
possible avec le Conseil de l'éducation.
Il y a ici une question de transparence, d'honnêteté du
gouvernement face à un organisme officiel qui n'est pas un organisme
consultatif créé selon la fantaisie du ministre...
Mme Lavoie-Roux: Ah non!
M. Forget: ... avec des gens qu'il désigne selon des
invitations dont il prend l'initiative. Il y a une loi qui crée ce
conseil. Ce conseil a été créé par une loi, par le
législateur. Ce n'est pas un ensemble de contractuels du gouvernement
qui lui font un rapport pour usage domestique. C'est un organisme officiel qui
a un mandat public qui lui est conféré par le législateur
et qui a le droit, au moment où son mandat et presque son existence dans
tout un domaine de l'enseignement est mis en question, de se faire entendre par
l'Assemblée nationale, quand il le demande de manière formelle.
Lui opposer le fait qu'il ne l'a pas fait dans le passé pour lui
dénier ce droit, c'est, de la part du ministre, une tentative pour
utiliser un prétexte, simplement un prétexte pour nier
l'évidence qui nous amène à conclure que cet organisme a
le droit d'être entendu.
C'est dans ce sens, M. le Président, à moins que le
ministre nous indique qu'il est prêt à changer son fusil
d'épaule là-dessus, que nous voudrions présenter une
motion formelle, de manière à appeler chacun des membres de la
commission à se déclarer, à montrer ses couleurs
relativement à cette question-là: "Que cette commission
c'est le texte de ma motion, M. le Président invite le Conseil
supérieur de l'éducation à se faire entendre devant cette
commission, le lundi 18 juin 1979, à 10 heures A.M." Donc, au tout
début de nos travaux, c'est une audience qui pourrait se faire en
l'espace d'une heure, une heure et demie au
maximum et, après, nous reprendrions le cours normal de nos
travaux. Il ne s'agit pas d'inviter tout le monde, toute la ville de
Québec ou toute la province, mais un organisme privilégié
par le législateur, pour donner des conseils au gouvernement.
Le Président (M. Marcoux): A moins qu'il n'y ait
consentement pour étudier cette motion, cette motion, à cette
étape-ci de nos travaux, n'est pas recevable.
M. Rivest: Peut-on argumenter sur la recevabilité?
Le Président (M. Marcoux): Oui.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Le Président (M. Marcoux): Si...
M. Rivest: Ce sera très court, c'est simplement parce que
je crains que le président de cette commission...
Le Président (M. Marcoux): Oui, cela a besoin d'être
très court, parce que...
M. Rivest: ... déclare irrecevable cette motion sous je ne
dirai pas le prétexte, pour être déférent à
l'endroit de la présidence, mais enfin sur la base que nous sommes
présentement à étudier le projet de loi 25 et que la
demande...
Le Président (M. Marcoux): Non. Cela pourrait être
un des...
M. Rivest: Oui, mais le mandat de la commission est
d'étudier les projets de loi 24 et 25.
Le Président (M. Marcoux): Oui, mais ce n'était pas
principalement sur...
M. Rivest: Bon, alors...
Le Président (M. Marcoux): Ce n'était pas là
le principal appui, l'argument suivant, c'est que nous en sommes à
l'étude article par article. Selon les précédents de
toutes les commissions, la commission peut vouloir faire motion, peut
désigner entendre les invités, mais, à ce moment, il faut
que cela concerne un objet précis, puisque l'étude en
deuxième lecture en est déjà faite, etc. La
deuxième raison, vous l'avez indiquée vous-même.
Actuellement, la loi que nous étudions n'est pas relative au Conseil des
collèges. Celle-ci viendra, je ne sais pas à quel moment de nos
travaux. La motion visant à inviter...
M. Forget: M. le Président, est-ce que je pourrais plaider
un peu sur la recevabilité par rapport à un article précis
de notre règlement?
Mme Lavoie-Roux: Avant que vous ne rendiez votre décision,
M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): Si vous voulez plaider le plus
brièvement possible.
M. Forget: Oui. L'article 154, auquel, implicitement, vous faites
allusion, dit, au premier paragraphe: En commission plénière ou
élue, après la deuxième lecture, on ne peut discuter que
les détails d'un projet de loi et il ne peut y avoir audition publique
que devant une commission élue, pourvu que celle-ci y consente. Or, pour
qu'une commission y consente, il faut qu'elle soit saisie d'une motion qui
sollicite son consentement. Autrement, évidemment, l'article n'a aucun
sens. S'il n'est jamais possible à une commission de faire une motion
pour solliciter le consentement, l'article n'a pas d'effet, n'a pas
d'application. Donc, je pense qu'on peut plaider sur le fond de la motion, mais
il me semble que cet article suggère effectivement que des motions pour
faire siéger en commission élue pour avoir des auditions
publiques devant une commission élue, après la deuxième
lecture, sont recevables. Evidemment, elles sont aussi rejetables sur un vote,
bien sûr, mais si elles ne peuvent pas être
présentées, je ne sais pas quel sens il faut donner à
l'article 154, premier alinéa.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Saint-Laurent, vous savez très bien qu'il y a des motions qui peuvent
être faites, mais qui peuvent être jugées recevables ou non
recevables. Lorsqu'elles sont jugées recevables, elles peuvent
être battues ou...
M. Forget: C'est cela.
Le Président (M. Marcoux): En ce qui concerne celle-ci,
votre argumentation ne m'a pas convaincu, à moins qu'il y ait
consentement des membres de la commission pour étudier la motion, la
motion n'est pas recevable. Nous sommes rendus à l'étude d'un
article précis, l'article 10 du projet de loi modifiant la Loi des
collèges d'enseignement général et professionnel. Nous
sommes rendus dans l'étude du détail, article par article, du
projet de loi, d'autant plus que ce projet de loi ne concerne pas le conseil
des collèges...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Marcoux): Question de
règlement.
Mme Lavoie-Roux: C'est plutôt une question de directive,
avant que vous ne rendiez votre décision, parce que je sais
qu'après, je ne me permettrais pas de la contester.
M. Morin (Sauvé): Je croyais que vous aviez rendu votre
décision, M. le Président...
Mme Lavoie-Roux: Non, elle n'est pas rendue.
M. Morin (Sauvé):... ou est-ce que je me trompe?
Le Président (M. Marcoux): J'étais en train de la
rendre.
M. Forget: Vous exposiez des considérants.
Le Président (M. Marcoux): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: C'est pour avoir des éclaircissements. Je
comprends mal qu'il faille obtenir le consentement de la commission pour
pouvoir présenter une motion, et de juger de sa recevabilité ou
de sa non-recevabilité sur un consentement ou un non-consentement. Cela
veut dire que, désormais, toutes les... Peut-être que mon
raisonnement est un peu...
M. Morin (Sauvé): Bircornu.
Mme Lavoie-Roux: Biscornu, si vous voulez, ou raccourci; en tout
cas, je le fais de bonne foi, M. le Président. Par exemple, on voit,
à l'article 155 qu'en commission, aucune motion n'est annoncée.
Quand la motion arrive, s'il faut obtenir le consentement préalablement,
il n'y a plus aucune motion, à mon point de vue, si j'interprète
bien, qu'on puisse vous présenter, parce qu'elle pourra toujours
même être refusée sur cette base que... Je vois le
député de Terrebonne, je ne voudrais pas... Qu'un
député ministériel dise: II n'y a pas de consentement.
C'est à ce moment-là que je me demande si on ne paralyse pas tous
les travaux de la commission. Je trouve difficile cette interprétation.
Si vous regardez 155, en commission, aucune motion n'est annoncée...
Le Président (M. Marcoux): Je vais vous citer un
précédent pour vous convaincre...
M. Fallu: M. le Président, si vous permettez, très
brièvement, deux toutes petites remarques.
Le Président (M. Marcoux): Oui. M. Fallu: La
première... Un moment!
Le Président (M. Marcoux): M. le député,
puisqu'il n'y a pas eu d'intervention sur la recevabilité de la part du
parti ministériel...
M. Fallu: Oui, la première, je voudrais réfuter
l'argumentation de Mme le député de L'Acadie, du seul fait qu'il
ne s'agit pas d'obtenir le consentement des membres de la commission pour toute
motion. Il s'agit bien dans l'article 154, d'obtenir consentement pour
l'audition publique, alors qu'on est à l'étude article par
article...
M. Forget: Non, mais...
M. Fallu: D'un... De deux, je croyais...
M. Forget: ... ce n'est pas ce consentement dont il est
question.
M. Fallu: ... que M. le député de Saint-Laurent
avait compris que le consentement ne serait pas donné. Quant à
nous, M. le Président, je crois que M. le ministre vous avait
demandé de rappeler l'article 7 et je crois que c'était
ça, ce matin, que nos travaux devaient nous amener à faire, parce
que nous sommes littéralement, en l'occurrence, allésà
l'encontre du règlement pendant maintenant près de trois quarts
d'heure.
Le Président (M. Marcoux): Je suis suffisamment
informé...
M. Forget: M. le Président, je me demande s'il ne serait
pas mieux de suspendre, parce que je connais des précédents. J'ai
participé à d'autres commissions parlementaires, en particulier
celle des richesses naturelles, sur le projet de loi no 70, et il a
été décidé, par la présidence, à ce
moment-là, que des motions de la nature de celle que nous
présentons peuvent être faites en tout temps, qu'elles sont
recevables, soit pour demander, inviter le ministre à faire
connaître aux membres de la commission des documents qui sont en sa
possession, soit pour inviter des gens à venir faire une
déposition devant la commission sur des sujets qui concernent
l'étude article par article et, bien sûr, la commission je
me permets de vous le rappeler a été saisie des trois
projets de loi 24, 25 et 30, et ces trois projets de loi sont pertinents
à nos travaux. Bien sûr que si on attend qu'on ait fini tous les
projets de loi pour inviter le Conseil supérieur, ce sera
peut-être pertinent, mais ce sera peut-être trop tard. Si on veut
qu'il vienne lundi, il faut que ce débat ait lieu ce matin ou
aujourd'hui, parce qu'autrement, on manque le bateau complètement. C'est
dans ce contexte, M. le Président...
Le Président (M. Marcoux): En fait, vous êtes en
train de confirmer, d'une certaine mesure, que la motion pourrait être
reçue lorsque nous entamerons l'étude du projet de loi no 25,
mais que, dans le cours des travaux actuellement, à moins d'un
consentement...
M. Fallu: II n'y a pas de consentement, M. le
Président.
Le Président (M. Marcoux): Parce que je veux citer un
précédent. Le 5 novembre 1974, une décision a
été rendue, qui dit ceci: "Dans l'économie de notre
règlement, l'audition publique en commission se fait
immédiatement après la première lecture, avant l'adoption
du principe même de la loi. Lorsqu'on entendra par exception des
témoins en commission élue après la deuxième
lecture, ce ne sera que pour recevoir certaines explications...
Mme Lavoie-Roux: Bon, bien, c'est bien ça! Des Voix:
Bon, bien...
Le Président (M. Marcoux):... sur des
particularités de cette loi."
M. Rivest: On veut simplement entendre le Conseil
supérieur de l'éducation nous faire part de ses
inquiétudes...
Le Président (M. Marcoux): Sur l'ensemble...
M. Rivest:... relatives à un aspect du projet de loi no
25, la création du Conseil des collèges. C'est tout ce qu'on
veut. C'est tout ce que demande le Conseil supérieur de
l'éducation, d'ailleurs.
Le Président (M. Marcoux): Pour être certain que la
décision sera prise en toute équité en tenant compte de
tous les précédents, je prends la motion en
délibéré et je rendrai ma décision finale à
15 heures.
M. Rivest: Est-ce que je peux intervenir brièvement sur la
motion?
Le Président (M. Marcoux): Non, la motion est prise en
délibéré jusqu'à 15 heures; à 15 heures, je
rendrai ma décision.
M. Fallu: M. le Président, je voudrais quand même
vous rappeler que, dans votre prise de décision, vous devez tenir compte
de deux considérants, non seulement du fait que la motion soit
recevable, mais également du consentement.
M. Rivest: M.le Président, il est permis au
député de Terrebonne d'intervenir après avoir dit que vous
preniez la motion en délibéré, mais ce n'est pas permis au
député de Jean-Talon.
Le Président (M. Marcoux): Si vous voulez le faire en
trente secondes, comme lui, je vous le permettrai.
M. Rivest: Le ministre de l'Education, tantôt, a dit que le
Conseil supérieur de l'éducation était un organisme
très important et qu'après avoir refusé à deux
reprises d'être entendu par la commission, il ne voyait pas pourquoi il
pourrait maintenant se rendre à la demande qui a été
formulée. Moi, je vois le contraire, M. le Président. Si le
Conseil supérieur de l'éducation, à deux reprises, a
effectivement indiqué son intention de ne pas être entendu par la
commission et qu'il se ravise...
Le Président (M. Marcoux): Je m'excuse, vous plaidez comme
si la motion avait été reçue.
M. Rivest: Non, je plaide sur la recevabilité, pour
montrer toute l'importance de la décision que vous allez avoir à
prendre.
Le Président (M. Marcoux): Vous êtes en train de
donner toutes les bonnes ou mauvaises raisons qui pourraient être
invoquées pour voter pour la motion.
M. Rivest: C'est cela, pour vous montrer l'importance de la
motion et comment vous devez être prudent avant de décider dans un
sens ou dans l'autre.
Le Président (M. Marcoux): En somme, les propos que vous
tenez concernant le contenu de la motion et non sa recevabilité.
M. Rivest: Non...
Le Président (M. Marcoux): J'ai pris la motion en
délibéré. Maintenant, j'appelle à nouveau l'article
8.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, pour ce qui est
de l'article 8 que vous venez d'appeler...
M. Forget: Question de règlement. J'assure le ministre que
je ne veux pas faire de procédurite ici, mais il est question
d'établir un précédent, par la décision que vous
allez rendre à 15 heures, qui deviendra, à ce moment-là,
partie des précédents de l'Assemblée nationale, et cela a
une très grande importance, non seulement pour les travaux de cette
commission, mais comme on s'en rend bien compte, pour l'ensemble des travaux
des commissions parlementaires. L'importance que nous attachons à la
décision que vous allez rendre est telle qu'il serait peut-être
opportun, à ce moment-ci, de faire une motion en vertu de l'article 161,
deuxième alinéa, lequel vise à faire rapport à
l'Assemblée nationale de l'état de nos travaux et à
demander à la présidence de l'Assemblée nationale de
statuer sur la question qui fait l'objet du litige.
Nous avons observé, au cours des dernières semaines, des
tentatives répétées des députés
ministériels pour donner une interprétation étroite
à l'article 154 dans plusieurs commissions. Nous ne voudrions pas
qu'à l'occasion de ce débat, à 15 heures, la guillotine
tombe je parle au figuré, bien sûr que la porte se
ferme et que cette question soit tranchée, à moins qu'on y
accorde toute l'importance qui doit lui être accordée,
étant donné son implication pour le déroulement des
travaux parlementaires dans un très grand nombre de circonstances.
Il arrive bien souvent, M. le Président, qu'au cours des travaux
d'une commission parlementaire, sans remettre en question d'aucune
manière le principe d'un projet de loi, nous ayons besoin de
lumières qui doivent nous venir de l'extérieur d'une commission
parlementaire. C'est fréquent, je crois que tous les membres des
commissions parlementaires, indépendamment des lignes de partis, doivent
souhaiter que cette possibilité-là demeure la plus large
possible.
M. Fallu: Question de règlement.
M. Forget: J'ai la parole, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): J'entends actuellement une
question de règlement du député de Saint-Laurent...
M. Fallu: J'avais cru qu'il était en train de
présenter une motion, et j'aurais demandé qu'il la formule, parce
que si c'est une question de règlement, elle dure un peu longtemps.
M. Forget: Oui, nous allons la formuler en bonne et due forme au
moment approprié.
Le Président (M. Marcoux): M. le député
de...
M. Forget: Que le député de Terrebonne ne
s'inquiète pas, ceci sera fait, mais j'en expose les
considérants. J'essaie aussi d'expliquer que nous ne cherchons pas
à bloquer nos travaux, mais nous avons une responsabilité, comme
formation d'Opposition, à nous assurer qu'un peu par accident et au
hasard d'un débat particulier, où l'affaire peut sembler sans
importance, qu'on ne tranche pas une question de procédures
parlementaires qui va constituer un précédent qu'on nous servira
à toutes les sauces chaque fois qu'il sera question d'obtenir, pour une
commission parlementaire, un éclairage sur une question de
détails qui ne met pas en doute une orientation déjà
adoptée en deuxième lecture, mais qui nous permet une meilleure
intelligence, des implications de tel ou tel article dans un projet de loi.
Jusqu'à maintenant, nous avons bénéficié et
je pense que nous n'en avons pas abusé, mais nous avons
bénéficié de cette liberté de présenter des
motions en cours d'étude qui avaient précisément pour but
de faire ressortir que telle ou telle question doit avoir un éclairage
particulier et qu'une invitation doit être adressée à un
groupe, qu'un document doit être mis à la disposition de
l'Assemblée nationale et jamais n'avons-nous été astreints
à demander un consentement unanime. Jamais. Si votre décision
était pour aller dans ce sens-là après
délibération à 15 heures, comprenez que nous n'avons plus
de recours. Nous n'avons plus aucun recours, ça devient une règle
de procédure de l'Assemblée nationale et ça limite
considérablement le pouvoir des commissions parlementaires de faire ce
genre de motions.
Pour satisfaire les inquiétudes du député de
Terrebonne, je vais énoncer formellement la motion que nous faisons et
qui est dans le sens suivant: En vertu de l'article 161, paragraphe 2 de notre
règlement, que cette commission fasse un rapport spécial à
l'Assemblée nationale et demande à celle-ci de délimiter
l'interprétation de l'article 154, paragraphe 1 de notre
règlement.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je ne sache pas
que cette motion soit recevable. Elle n'est pas plus recevable que l'autre.
Elle tend à court-circui-ter votre décision, M. le
Président.
Le Président (M. Marcoux): Sur la recevabilité?
M. Fallu: Sur la recevabilité.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Terrebonne.
M. Fallu: M. le Président, la présidence, c'est de
fait connu en parlementarisme, est indivise. De telle sorte que la sentence,
devrais-je dire, ou l'interprétation du règlement que vous ferez
cet après-midi est indifférenciée d'une sentence ou d'un
jugement que pourrait porter le président de l'Assemblée
nationale, puisqu'à moins d'un vote majoritaire à
l'Assemblée nationale, on ne peut renverser, non seulement un article du
règlement, mais une interprétation du règlement.
Ce que le député de Saint-Laurent veut faire, c'est
décider par antériorité, que votre sentence sera
négative, d'une part, et que non seulement il en appellera à la
commission, mais il annonce déjà qu'il a l'intention de prendre
les grands moyens et de vous amener à l'Assemblée nationale pour
contester votre décision par un vote à l'Assemblée
nationale. Voilà à peu près le processus qu'est en train
d'enclencher le député de Saint-Laurent. Je crois que pour le
moment, je dis bien pour le moment, il serait au moins prudent de rejeter cette
motion, de la rejeter d'office, comme président, quitte à ce que
le député de Saint-Laurent, une fois que votre décision
aura été rendue, se serve des privilèges qui sont
déjà prévus par notre règlement, soit un appel ici
même ou un appel à l'Assemblée nationale.
En conséquence, vous devez, du revers de la main, pour le moment,
renvoyer cette motion à l'inspiration du député.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Président (M. Marcoux): Sur la recevabilité de
la motion?
Mme Lavoie-Roux: Oui, M. le Président. L'article 161,
paragraphe 2, de notre règlement se lit comme suit: "Une commission
peut, en tout temps, faire à l'Assemblée des rapports
spéciaux ou intérimaires sur une motion qui ne peut être
faite qu'une seule fois au cours d'une séance." Je pense que la motion
qui vient d'être faite, de faire un rapport spécial à
l'Assemblée, me semble tout à fait conforme non seulement
à l'esprit, mais à la lettre du règlement, c'est
prévu ici.
Je n'ajouterai rien. Cela me semble tout à fait régulier.
Avant de décider de la non-recevabilité, je pense que, là
encore, il m'apparaît que si votre décision allait dans le sens de
la non-recevabilité, on mettrait en question un autre point de notre
règlement. C'est tout ce que je voulais dire, M. le
Président.
Le Président (M. Marcoux): On conteste la
recevabilité de la motion suivante du député de
Saint-Laurent: En vertu de l'article 161.2 de notre règlement, que cette
commission fasse un rapport spécial à l'Assemblée et
demande à celle-ci de délimiter l'interprétation de
l'article 154.1 de notre règlement.
Compte tenu que j'avais déjà pris la décision de
prendre en délibéré la première motion, et que
cette motion est relative à la décision que j'avais prise de
prendre en délibéré la première, je prends en
délibéré également cette motion et, à 15
heures, je rendrai une décision dans le cas des deux motions, sur la
recevabilité des deux motions.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président.
M. Morin (Sauvé): M.le Président, puisque vous avez
appelé l'article 8 tout à l'heure, me per-mettrez-vous de
commencer immédiatement, pour profiter de chaque minute qui nous est
allouée, la discussion sur cet article qui avait été
suspendu, de commun accord, durant la soirée d'hier. (13 heures)
Nous avons bien réfléchi à l'idée qui a
été mise de l'avant par l'Opposition officielle au sujet de
l'article 17 de la loi existante, l'idée selon laquelle le
président de la commission pédagogique d'un collège soit
membre, d'office, du conseil d'administration.
Il nous paraît que la personne qui doit faire charnière
entre la commission pédagogique et le conseil d'administration doit
être la personne qui connaît le mieux les questions
pédagogiques, en raison de ses fonctions. En d'autres termes, la
charnière la plus efficace entre les deux organismes au sein d'un
même collège peut se faire par le truchement du DSP, comme nous
l'avions prévu plus tôt, lorsque nous avons accepté
ensemble l'article 3 modifiant l'article 8 de la Loi des collèges.
Le DSP est membre ex officio de la commission pédagogique. Il en
suit donc toutes les délibérations. Il est est-il besoin
de le rappeler? celui qui, par ses fonctions, a la meilleure
connaissance de l'état pédagogique du collège et c'est lui
qui est appelé, par l'article 8, tel que nous l'avons modifié,
à siéger au conseil d'administration. Nous avons retourné
la question dans tous les sens et il nous paraît que notre
première proposition, celle qui se trouve dans le projet de loi, est
encore la meilleure.
On pourrait discuter ad vitam aeternam, bien sûr, mais nous
pensons que c'est, entre plusieurs choix qui s'offrent à nous, le moins
mauvais.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais simplement
demander la suspension, parce que je voudrais intervenir sur ce
point-là, non pas pour faire durer le débat, je peux en assurer
le ministre, mais il me reste des points d'interrogation que je voudrais lui
souligner quand on reprendra nos débats à 15 heures.
Le Président (M. Marcoux): La commission suspend ses
travaux...
M. Morin (Sauvé): M. le Président, est-ce que cela
peut vraiment être 15 heures? Je ferais observer simplement ceci à
l'Opposition. Je ne sais pas si c'est par stratégie dilatoire ou non, je
ne lui prête pas d'intention, mais, il y a deux jours, nous avons perdu
vingt minutes et, hier, nous avons perdu une demi-heure à attendre les
membres de l'Opposition. Les séances ont commencé on ne
pourra pas me contredire, cela doit être noté au
procès-verbal respectivement avec vingt et trente minutes de
retard sur l'horaire prévu. Je puis dire aux députés de
l'Opposition que, du temps où nous étions nous-mêmes dans
l'Opposition, quand nous faisions de l'obstruction systématique,
à tout le moins, nous étions à nos sièges et nous
faisions notre devoir aux heures requises.
Le Président (M. Marcoux): La commission suspend ses
travaux jusqu'à 15 heures.
Suspension de la séance à 13 h 3
Reprise de la séance à 15 h 15
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre, s'il vous
plaît! La commission de l'éducation va poursuivre l'étude
du projet de loi 25, Loi modifiant la Loi des collèges d'enseignement
général et professionnel.
Décisions du président
Avant d'aborder l'article 9 qui était suspendu et sur lequel nous
avions recommencé à discuter, l'article 9 ou 10, non l'article 8,
je voudrais rendre les décisions suite aux deux motions que j'avais
prises en délibéré. La première motion se lisait
comme ceci: Que cette commission invite le Conseil supérieur de
l'éducation à se faire entendre devant cette commission lundi, le
18 juin 1979, à 10 heures. C'était à la suite du plaidoyer
qui avait été fait par Mme le député de L'Acadie,
indiquant que le Conseil supérieur de l'éducation voulait
être entendu, spécialement sur la loi 24, créant le Conseil
des collèges et les implications que cette loi pouvait avoir sur
l'avenir du Conseil supérieur de l'éducation.
Après consultation, après réflexion, je juge que
cette motion n'est pas recevable, pour deux raisons principales:
Premièrement, nous sommes entrés d'emblée dans
l'étude article par article du projet de loi 25, et à ce moment,
la commission a le pouvoir d'entendre des personnes ou des groupes, mais
concernant des sujets spécifiques; ordinairement, la commission entend
des experts sur des sujets précis. Deuxièmement, l'objet
principal qui motivait la motion avait trait au projet de loi no 24 que nous
aborderons soit dans les heures qui viennent ou dans les journées qui
viennent. C'est pourquoi je juge, pour le moment, cette motion, de
portée générale et ayant trait à un aspect
particulier, non recevable pour le moment.
Quant à la deuxième motion qui se lisait comme ceci: En
vertu de l'article 161.2 de notre règlement, que cette commission fasse
un rapport spécial à l'Assemblée nationale et demande
à celle-ci de délimiter l'interprétation de l'article
154.1 de notre règlement. Encore là, après mûre
réflexion, après consultation, je rends la décision
suivante: En vertu de l'article 65.2 qui se lit comme ceci: "Le
président peut également modifier dans sa forme une motion pour
la rendre recevable", je vais modifier la motion pour la rendre recevable dans
l'esprit suivant: La motion, telle que modifiée, se lirait comme ceci:
Que cette commission fasse un rapport intérimaire à
l'Assemblée nationale. Je remplacerais le mot "spécial" par le
mot "intérimai-
re", en supprimant les mots "et demande à celle-ci de
délimiter l'interprétation de l'article 154.1 de notre
règlement". Pourquoi supprimer la dernière partie de la motion?
C'est que, d'une part, je suis convaincu que, soit qu'on veuille en appeler de
la décision de la présidence concernant la première motion
et je suis convaincu que ce n'est pas l'intention des membres de cette
commission ou qu'on conteste la décision de la présidence,
parce que je viens précisément de rendre une décision
interprétant l'article 154.1. Si on demande, à ce
moment-là, de faire un rapport spécial et demander une
interprétation de l'Assemblée nationale concernant 154.1 et que
ça ne concerne pas la première motion, à ce
moment-là, la demande de directive devient une demande de directive sur
un cas hypothétique, donc, sans objet.
Il y a un troisième motif, c'est en vertu de l'article 43, qui se
lit comme ceci: "Le président se prononce sur les questions de
règlement au moment où il le juge à propos et peut
demander des directives à l'Assemblée ou la laisser se prononcer.
"Lorsque le président rend sa décision, il indique ce qui la
justifie et il n'est pas permis de la critiquer, ni de revenir sur la question
décidée; il en est de même lorsque le président
décide de laisser l'Assemblée se prononcer sur une question."
Il est clair, dans cet article, qu'il revient à la
présidence de l'Assemblée nationale, ou au président de la
commission, d'interpréter le règlement. A ce moment-là, la
motion, telle que reformulée et qui est jugée recevable, est la
suivante: Que cette motion fasse un rapport intérimaire à
l'Assemblée nationale.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, puis-je vous
demander quel serait l'objet de ce rapport intérimaire à
l'Assemblée nationale, quel serait le contenu de ce rapport?
Le Président (M. Marcoux): Voici pourquoi je fais la
distinction entre rapport spécial et rapport intérimaire. La
motion originelle parlait de rapport spécial et, évidemment,
avait trait à la deuxième partie de la motion indiquant
qu'à la suite de la prise de décision de la présidence
concernant la première motion, on voulait une
réinterprétation de la décision de la présidence.
Comme, évidemment, il n'y a pas de possibilité d'appel de la
décision de la présidence cela devient un cas
hypothétique à ce moment-là, le rapport
spécial n'avait pas d'objet. C'est pourquoi, pour rendre la motion
recevable, comme le président peut reformuler une motion pour la rendre
recevable, j'ai remplacé le mot "intérimaire" par le mot
"spécial".
Un rapport intérimaire, c'est un rapport d'étape sur les
travaux tels qu'ils ont été faits jusqu'à maintenant,
depuis le début. La motion ainsi rédigée est recevable.
Evidemment, à ce moment-là, c'est aux membres de la commission de
la voter ou de la rejeter.
M. Forget: M.le Président, j'aimerais faire une demande
d'éclaircissement ou de directive relativement à votre
première décision. Si je comprends bien, votre décision
est à l'effet de considérer notre première motion comme
prématurée.
Le Président (M. Marcoux): C'est-à-dire...
M. Forget: Si c'est votre interprétation, il en
découle certaines conséquences pour nous. Si j'ai mal compris
qu'il fallait me corriger, il y aura peut-être d'autres
conséquences relativement à la deuxième motion en
particulier.
Le Président (M. Marcoux): En ce qui concerne la
première motion, quand je dis qu'elle est prématurée,
c'est que, compte tenu du moment où elle pourrait être
présentée à nouveau, du contexte, des motifs qui peuvent
être invoqués à ce moment-là, la présidence
jugera, à ce moment-là, si elle est recevable. C'est la
réponse que je vous fais.
M. Forget: Ce que j'avais à l'esprit je me suis
peut-être mal exprimé, M. le Président c'est que
vous ne dites pas, dans cette décision, qu'elle est irrecevable parce
qu'elle nécessiterait un consentement unanime. Si on se souvient...
Le Président (M. Marcoux): Sur ceci, je vais être
très clair. Je ne dis pas qu'à ce moment-là,
hypothétiquement, elle nécessiterait un consentement unanime.
M. Forget: Je vois. Vous ne le dites pas? Le Président
(M. Marcoux): Jene le dis pas.
M. Forget: D'accord.
Comme c'était là le point principal qui nous avait
poussés à présenter la motion d'un rapport
intérimaire à l'Assemblée nationale pour pouvoir
débattre de cette question de règlement, il semblait absolument
vital que la question du consentement unanime ne fasse pas partie des
précédents de l'Assemblée nationale. Comme vous n'avez pas
rendu une décision dans le sens de faire du consentement unanime une
condition à la recevabilité, je pense qu'effectivement, la
deuxième motion devient sans objet parce que c'était pour faire
éclaircir ce point-là que nous avions fait cette deuxième
motion.
Le Président (M. Marcoux): Oui, je dois reprendre et,
à ce moment-là, je considérerai que c'est mon dernier
commentaire sur les deux. Lorsque j'ai demandé ce matin s'il y avait
consentement unanime, c'était que nous étions rendus à
l'article 10 du projet de loi 25 et, que votre motion concernait les travaux
généraux de la loi 24. A ce moment-là, pour
présenter une motion générale à un article sur un
sujet particulier, je jugeais, comme tous les autres présidents qui
m'ont précédé à cette table depuis de multiples
décennies, qu'elle n'était pas recevable à moins d'un
consentement unanime.
M. Forget: A ce moment-là.
Le Président (M. Marcoux): Tout est temporel, M. le
député de Saint-Laurent.
M. Forget: D'accord.
Le Président (M. Marcoux): J'aurais une question à
poser au député de Saint-Laurent. Compte tenu des modifications
que j'ai apportées à sa motion, est-ce qu'il juge utile qu'elle
soit encore débattue ou s'il préfère la retirer?
M. Forget: Non, pour l'instant, nous allons la retirer, M. le
Président, conservant, bien sûr, notre liberté, le moment
opportun, de soulever ce point-là à nouveau si c'est
nécessaire. Je fais réserve de ce droit parce qu'on mentionne
très clairement, à l'article en question, qu'on ne peut faire
cette motion qu'une fois au cours d'une même séance. Alors, je
présume que l'occasion de lui redonner vie, en quelque sorte, ne se
présentera pas durant la séance actuelle, mais si jamais nous en
arrivions à la loi 24 durant la première séance, je
voudrais bien qu'il soit clair que c'est la même motion dont il serait
question, parce qu'autrement, on serait perdant des deux
côtés.
Le Président (M. Marcoux): De toute façon, quand
nous serons...
M. Morin (Sauvé): II est loisible aux
députés de l'Opposition de faire à nouveau la même
motion en temps et lieu, vous en jugerez...
Commission pédagogique
Le Président (M. Marcoux): Je crois que toute la cause a
été maintenant entendue...
M. Morin (Sauvé): Bien.
Le Président (M. Marcoux): ... et que nous pouvons revenir
à l'article 8.
M. Morin (Sauvé): C'est ce que je souhaitais de tout
coeur.
Le Président (M. Marcoux): Mme le député de
L'Acadie avait quelques questions à vous poser, c'est pourquoi je lui
donne la parole sans plus tarder.
Mme Lavoie-Roux: D'abord, je veux quand même remercier le
ministre d'avoir réfléchi et d'avoir accepté hier que cet
article-là soit suspendu... Pourquoi riez-vous, M. le
Président?
Le Président (M. Marcoux): Parce que je suis
fatigué. Il y a des mots, à une certaine heure du jour, qui ne
suscitent pas le rire, mais à d'autres moments de la
journée...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, autant je m'attriste que
vous soyez fatigué, autant je me ré- jouis de cet aveu qui vous
rendra certainement plus indulgent quand, à 10 h, 10 h 30, 11 h, 11 h
30, 11 h 45, ce soir, probablement que...
Le Président (M. Marcoux): Vous rirez, vous aussi.
Mme Lavoie-Roux: ... nous aussi, nous sentirons le poids de la
fatigue accumulée. J'espère que je ne vous ferai pas rire une
autre fois.
M. le Président, je remerciais le ministre d'avoir
accepté, hier, de suspendre l'article 17 pour examiner de quelle
façon on pourra l'améliorer. La raison pour laquelle je l'avais
demandé je ne veux pas revenir à tout ça, parce que
ça prendrait du temps. Il sait, comme moi d'ailleurs, qu'il existe
parfois des relations difficiles dans le fonctionnement, d'abord à
l'intérieur de la commission pédagogique, mais laissons-le de
côté pour le moment c'était pour discuter aussi de
communications entre la commission pédagogique et le conseil
d'administration du collège. Je l'ai sous forme de motion, mais pour ne
pas qu'on soit obligé de voter pour ou contre, je vais le faire à
titre de suggestion.
De notre côté, on a essayé de trouver un moyen. Il y
a certaines considérations que le ministre m'avait faites, que je
partage à bien des égards, et c'est pour ça que je suis
prise dedans.
Je vais la lire telle que formulée, je n'en fais pas une motion,
ce serait qu'on ajoute un alinéa. Je ne voudrais pas la faire sous forme
de motion. J'espère que c'est bien compris: Que le conseil doit prendre
en considération toute question que lui soumet la commission
pédagogique. Cela pourrait être un deuxième alinéa,
si le ministre est accueillant à ceci. A tort ou à raison, M. le
Président, on dit souvent que ça ne se rend pas toujours, les
représentations qui sont faites à la commission
pédagogique, au conseil d'administration. Ceci éviterait qu'on
ajoute des membres supplémentaires au conseil d'administration et
permettrait peut-être de corriger cette lacune.
Je pense que, de part et d'autre, on déplore... Je le fais
strictement à titre de suggestion, si le ministre veut y
réfléchir quelques secondes, s'il préfère que je le
fasse sous forme de motion,... je n'ai jamais été aussi souple.
(15 h 30)
M. Morin (Sauvé): L'idée de votre proposition, ce
serait de faire en sorte que le conseil d'administration prenne obligatoirement
en considération toute recommandation...
Mme Lavoie-Roux: Toute question. La formulation...
M. Morin (Sauvé): ... qui lui viendrait de la commission
pédagogique.
Mme Lavoie-Roux: Je me répète encore une fois. Ce
qui est à la commission pédagogique ne se rend pas toujours au
conseil... à tort ou à raison. Cela n'est pas toujours
discuté. On dit même que cela ne se rendrait pas, ce sont
peut-être des
accusations injustes, je ne veux rien affirmer d'une façon
absolue. Mais cela n'est pas toujours discuté et cela ne se rend pas
toujours. De cette façon, je pense qu'on corrigerait
peut-être.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Terrebonne.
M. Fallu: On a besoin, à ce moment-ci, d'un
éclaircissement de la mécanique interne. C'est peut-être
étrange de ne retrouver, dans la loi des CEGEP, que l'article 17, qu'on
le rétrécisse ou non, à savoir qu'on dit qu'il existe une
commission pédagogique et rien d'autre. Ce droit de gérance,
comme on dit en vocabulaire courant, a été concédé
par le biais de la négociation et la mécanique de la formation de
la commission pédagogique et de son fonctionnement interne à la
grandeur du CEGEP est prévue par la négociation. Je m'excuse, je
n'ai pas la convention collective sous la main. Obligatoirement, les
procès-verbaux de la commission pédagogique sont
déposés au conseil d'administration et on doit en prendre
connaissance.
D'une façon nécessaire, les avis, les recommandations, les
opinions de la commission pédagogique se rendent au conseil
d'administration. S'ils ne se rendent pas, il y a quelqu'un, un fonctionnaire
interne, qui ne fait pas son ouvrage.
Deuxièmement et c'est prévu par la convention
collective ce droit de gérance a été
accordé, a été laissé entre les mains du syndicat
et, obligatoirement, le conseil d'administration doit donner réponse. Il
n'est pas toujours dit que la réponse qui est donnée est à
la satisfaction de la commission pédagogique. C'est autre chose. Mais
par ce mécanisme qui a été négocié, donc qui
est inscrit comme étant un droit acquis dans les conventions, ce que
vous souhaitez doit être fait. Il reste à apprécier, d'une
institution à l'autre, comment les transmissions se font ou les
appréciations, par la suite, se font au conseil d'administration.
Je ne verrais pas, en conséquence, l'utilité d'enlever par
le biais d'une loi, un droit de gérance qui a déjà
été concédé à la partie syndicale. Cela fait
partie et je crois que c'est à bon escient que cela avait
été concédé de toute la notion de
participation. Il est un fait que je m'en suis plaint d'ailleurs, ici
même, on l'aura remarqué les professeurs sociaux de
l'interne, au sens le plus plein du terme, notamment les premiers agents,
étudiants et professeurs, n'ont pas en main le conseil d'administration,
mais, en revanche, à d'autres niveaux, notamment à la commission
pédagogique, ils ont une part participante dans laquelle ils sont
largement majoritaires. Ne siège à toutes fins utiles à la
commission pédagogique que le directeur des services
pédagogiques, et tous les autres sont des étudiants, des PNE et
des professeurs.
C'est là que se joue vraiment la participation dans la
boîte.
Mme Lavoie-Roux: II semble quand même que cette suggestion,
parce qu'elle est toujours à l'état de suggestion et je n'en
ferai pas une motion formelle à moins qu'on en arrive à une
décision commune dans ce sens-là, ne contredise pas ce que vous
dites. C'est vrai que tous les procès-verbaux arrivent, je ne mets par
cela en doute. Même en admettant qu'ils arrivent partout et que tout le
monde soit très diligent à les acheminer au bon endroit, on ne
mettra même pas cela en doute, il reste que, quand vous recevez un
procès-verbal avec bien des choses dedans, à moins qu'on attire
votre attention sur un point particulier qui a ce problème, il peut
arriver, compte tenu des ordres du jour, enfin ou une foule d'autres raisons,
que peut-être une question qui mériterait au moins de la
considération n'en reçoive pas du conseil d'administration.
Même là, je vais invoquer de bonnes intentions de la part de ceux
qui les mettent de côté, c'est peut-être simplement qu'ils
sont surchargés. Je n'impute rien à qui que ce soit.
En tout cas, c'est un peu l'engagement que j'avais pris vis-à-vis
du ministre. C'était dans le but d'améliorer. S'il juge que cela
ne changera rien, s'il ne le juge pas opportun, on peut simplement l'oublier,
c'et aussi simple que cela.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je crois qu'il
faut reconnaître que Mme le député de L'Acadie est fort
bien intentionnée en proposant cette addition à l'article 17.
Toutefois, dans la mesure où la convention collective règle le
problème, dans la mesure aussi où les CA sont obligatoirement
saisis des recommandations émanant de la commission pédagogique,
je dois vous dire qu'il me paraîtrait peu opportun d'alourdir encore la
législation. Dieu sait que cette loi est lourde et complexe, et je ne
vois pas vraiment l'utilité de l'alourdir en répétant ce
qui est déjà acquis et en souffletant quelque peu les conseils
d'administration en leur disant: Vous n'avez pas compris ce qui était
dans la convention collective. On va vous le dire dans la loi. Je n'en vois pas
l'utilité, très franchement.
Lorsque Mme le député de L'Acadie fait une suggestion qui
est vraiment opportune, nous l'accueillons immédiatement. Elle se
souviendra de l'article 13 hier, où nous avons
réintégré les dispositions qui avaient été
supprimées, mais, cette fois, je suis réfractaire à
l'idée d'alourdir, d'ajouter des choses qui, à toutes fins
utiles, sont acquises.
Mme Lavoie-Roux: Ecoutez, je suis probablement d'accord avec le
ministre, dans le sens que les gens devraient respecter ce qui existe dans les
conventions étudiées dans le sens large, dans les modes de
fonctionnement d'une institution, mais, comme je savais que cela avait
créé des problèmes à plusieurs reprises... Vous
avez raison en disant que c'est superflu. Je me suis dit: Le problème
étant réel, est-ce qu'on peut le corriger? Je n'insisterai pas
davantage. C'était dans le but d'essayer de corriger. Les gens devraient
être assez responsables pour prendre leurs responsabilités
c'est un peu de la redondance.
Il y a quand même un autre point que je voudrais soulever...
M. Fallu: Est-ce que vous me permettez, madame, pour teminer ce
point?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Fallu: Je vous remercie d'avoir souligné cet aspect; il
est réel, cela fait partie de la vie quotidienne, je dirais même
des rapports de force qui se vivent à l'intérieur du conseil
d'administration. Il arrive même concrètement qu'un groupe ou
l'autre doive, au moment de planifier l'ordre du jour, du moins quand un
règlement interne ou une politique interne n'a pas fait que ce soit le
conseil exécutif qui ait planifié d'office et d'une façon
uni-voque l'ordre du jour, il arrive qu'à la table même du conseil
d'administration, on finisse par obliger le conseil d'administration à
se saisir en priorité des suggestions ou des procès-verbaux de la
commission pédagogique.
C'est un fait que, souvent, les affaires pédagogiques sont
négligées, très souvent à cause d'un
mécanisme que les conseils d'administration se sont donné
eux-mêmes dans leur propre ordre du jour. Je crois que, pour qui veut
nous entendre aujourd'hui, les administrations, j'allais dire les
collèges, d'une façon globale, à savoir toutes les parties
qui y sont représentées et qui sont représentées au
conseil d'administration, devraient prendre note du message que les
législateurs sont en train de leur passer; qu'ils donnent une place
peut-être un peu plus grande à la table du conseil
d'administration aux affaires pédagogiques, parce qu'au fond, c'est un
peu cette dimension que votre remarque voulait souligner.
Mme Lavoie-Roux: Sauf qu'il faudrait peut-être leur envoyer
copie de notre discussion. Je ne les blâmerais pas s'il n'y avait pas
beaucoup de gens... Mais peut-être que les conseils d'administration vont
lire les débats sur les lois 24 et 25. En tout cas, j'en reste
là.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'article 8 sera
adopté?
M. Morin (Sauvé): Oui, M. le Président. Mme
Lavoie-Roux: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): L'article 9 étant
adopté, nous en étions à l'article 10.
M. Morin (Sauvé): Nous revenons à cet article.
Règlements
Le Président (M. Marcoux): C'est cela. Est-ce que
l'article 10 sera adopté? Dans combien d'heures?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, si vous vous souvenez,
il y avait une motion sur la table qu'avait faite, au moment de quitter, le
député de Saint-Laurent. Moi, je voudrais dire quelques mots
là-dessus. Evidemment, on peut reprendre toute l'argumentation qui a
été faite et dire pourquoi, M. le Président, nous
examinons d'une façon très soignée l'article 10 comme nous
l'avons fait pour l'article 3. Ce sont là deux articles fondamentaux.
L'article 3, sur la composition du conseil d'administration, je ne le
reprendrai pas, M. le Président, ne vous inquiétez pas. L'article
10 était, je pense, l'autre sujet fondamental qui posait un
problème dans le projet de loi no 25.
Nous avons déjà abordé hier cette question
d'adopter des règlements. On est prêt à mettre "que le
lieutenant-gouverneur, à l'égard de certains autres points de
l'article 10, est justifié d'adopter des règlements
généraux". Mais quand on ajoute, aux points qui sont
détaillés ici, aux rubriques qui sont détaillées
ici, un premier article voulant que le lieutenant-gouverneur puisse adopter les
règlements qu'un collège doit adopter, là on
reviendra probablement un peu avec la même remarque à k), quoique
c'est un peu différent on se dit: Le ministre ou, enfin, le
lieutenant-gouverneur en conseil hésite à faire confiance, dans
ce sens que, peut-être, on aura oublié quelque chose, quelque
part.
Mon collègue de Saint-Laurent, hier, avait dit au ministre: Les
collèges ont quand même une vie qui peut varier entre huit et dix
ans ou sept et dix ans, selon l'âge des collèges. Y aurait-il une
sorte d'expertise qui veut que des règlements reviennent couramment? Si
vraiment le gouvernement veut être bien sûr qu'on en adopte
à l'égard de certains points, qu'il nous les signale. Mais il
semble avoir été impossible pour le ministre de rendre
réponse là-dessus, sauf pour dire: Ce serait bon qu'il y en ait
pour la procédure des achats, qu'il y en ait pour la vie
étudiante. Moi, je me dis: Si un collège ne fait pas de
règlements pour la vie étudiante, ou n'adopte pas, enfin, ne
formule pas des conditions qui toucheraient la vie étudiante ou au
fonctionnement de la vie étudiante à l'intérieur du
collège, quand bien même le lieutenant-gouverneur dirait: II faut
que vous fassiez... Cela me semble tellement essentiel. Il y a la
pédagogie et les étudiants. D'ailleurs, il y a le directeur des
services aux étudiants qui, maintenant, sera au conseil
d'administration. Il ne l'était pas avant. Même les quelques
collèges qui n'en ont pas, sept ou huit, comme le sous-ministre nous a
mentionné l'autre jour et pour lesquels on dit qu'il n'y a vraiment pas
d'excuses, même financières, pour qu'ils ne s'en donnent pas,
là, franchement, si, eux, n'ont pas le souci de dire qu'il faut des
règlements, des règles de jeu pour les étudiants, et non
pas des règles nécessairement dans le sens de mettre les
étudiants au pas, mais pour que leur vie à l'intérieur du
collège soit une vie potable et une vie raisonnable, je me dis:
Même si on ajoutait ce genre de règlement, je ne vois vraiment pas
ce que cela ajoute. Ce sont les deux points que vous nous aviez
mentionnés, la vie étudiante et les procédures
d'achat.
Vis-à-vis des procédures d'achat, maintenant, dans les
institutions publiques et parapubliques, ce n'est pas nouveau que les gens
doivent procéder par soumissions, que les institutions se don-
nent leurs propres règles de procédure d'achat. En tout
cas, là-dessus, moi, je pourrais vous dire qu'on en avait adopté
de sérieuses où j'étais et personne ne nous avait dit d'en
adopter. On l'a fait nous-mêmes. On ne peut pas acheter sans dire: II y a
une procédure d'achat. Sans ça, on s'ouvre à toutes sortes
de critiques. On s'ouvre à toutes sortes de... C'est ça que je me
dis. Le ministre ou le lieutenant-gouverneur veut aller jusque dans les
détails...
M. Morin (Sauvé): ...
Mme Lavoie-Roux: Je comprends que vous n'irez pas dans les
détails de la procédure d'achat, mais vous dites: II faut que
vous adoptiez des procédures d'achat. (15 h 45)
M. Morin (Sauvé): Entendons-nous bien, madame, si vous me
permettez.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): Le lieutenant-gouverneur en conseil,
lorsqu'il adopte un tel règlement, comme c'est prévu dans de
multiples autres lois ce n'est pas une clause exceptionnelle, c'est une
clause quasiment d'usage dit: Les collèges devront adopter des
règlements sur: a)les politiques d'achat; b)la vie étudiante;
c)... et ainsi de suite.
Le collège fait ce qu'il veut, il adopte le règlement qui
lui convient, à la condition, bien sûr, qu'il soit conforme aux
règles générales qui existent dans la législation.
Il ne peut pas, par exemple, décider, s'il y a une loi qui interdit
d'acheter des matières dangereuses, qu'il va en acheter. Je prends un
exemple farfelu en pensant à certains cas que nous avons eus. Le
collège adopte la réglementation qui fait son affaire, qui sied
à ses besoins et à ses propres circonstances, mais il doit
adopter un règlement, il ne peut pas refuser d'adopter un
règlement. C'est cela l'esprit de la chose.
Mme Lavoie-Roux: Je saisis bien, M. le ministre, que c'est cela
l'esprit de la chose, mais je me dis que vous avez des conseils
d'administration qui vont devoir rendre des comptes, certainement en f) et en
g). Il y a aussi d'autres moyens que vous vous donnez par le Conseil des
collèges et ainsi de suite. C'est quand vous laissez aussi larges que
cela les règlements qu'un collège doit adopter. Là, je
reviens à la remarque du député de Saint-Laurent, hier.
Vous dites: Le lieutenant-gouverneur en conseil dit seulement qu'un
collège doit adopter des règlements touchant la procédure
d'achat, la vie étudiante et tout cela, mais est-ce qu'on ne devrait
pas, à ce moment-là, pour ne pas le rendre trop large, trop
grand... Un jour, vous aurez peut-être énuméré la
procédure d'achat, la vie étudiante ou quoi que ce soit d'autre
et dire: Oui, mais il y a ce type de règlement auquel on n'a pas
pensé pour les collèges qui vous permet d'allonger votre
liste.
M. Morin (Sauvé): Précisément, s'il
naît un nouveau problème et que nous décidons de ne pas le
réglementer depuis Québec, pour faire une réglementation
uniforme, il faut que nous puissions faire en sorte que chacun ait son
règlement, obligatoirement.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais est-ce qu'à ce moment-ci vous
n'avez pas une liste quand même exhaustive du type de règlement
que vous voulez qu'un collège se donne? On a dix ans
d'expérience, on doit quand même voir l'éventail de ces
règlements. S'il en survenait un cinquième, un sixième ou
un septième, si vous tenez absolument à garder le a), vous
pourrez toujours le faire modifier en conséquence.
M. Forget: M. le Président, j'attendais, pour prendre la
parole, que le conciliabule entre le ministre et son conseiller aboutisse, mais
il ne semble pas... je ne sais même pas si on parle de cela. Alors, je me
dois de dire que, malgré tout ce que j'ai entendu, ce qui est fort peu
de choses de la part du ministre, je suis loin d'être convaincu qu'il a
besoin de cet alinéa en disant: Le fonctionnement, cela n'a jamais
été utilisé, les cas qu'il nous mentionne sont des cas
assez minables, dans le fond, parce que, encore une fois, il s'agit de
questions qui n'ont pas fait l'objet de problèmes, apparemment, depuis
deux ans et demi qu'il est ministre de l'Education, il n'a pas jugé bon
de se prévaloir de ce pouvoir. Ce sont des cas hypothétiques et,
pour employer le même langage que vous avez employé
vous-même en rendant votre décision tout à l'heure, comme
c'est un cas hypothétique, c'est sans objet, ce pouvoir.
Si jamais il y avait une raison d'imposer des règles plus
restrictives aux CEGEP du Québec, parce qu'on avait constaté un
abus grave et sérieux, une négligence coupable de la part des
CEGEP, ce sont les seules circonstances dans lesquelles il serait
légitime que le gouvernement leur impose des obligations nouvelles. Ce
n'est pas simplement de spéculer et d'envisager des possibilités,
on a eu assez de temps pour spéculer, on a eu dix ans et on s'est rendu
compte que ce n'est pas la peine de spéculer. Le ministre, très
clairement, laisse entendre que si, un jour, un problème grave se
présente, une négligence caractérisée, un abus
sérieux, il trouverait commode de pouvoir exiger des collèges
qu'ils passent des règlements à ce sujet. Mon Dieu, si vraiment
c'est le cas, il serait peut-être approprié que la loi soit
amendée pour imposer cette nouvelle restriction mais rien de ce qu'il a
dit ne permet de croire que ce sera le cas, à quelque moment que ce
soit.
Si vraiment il y avait un abus grave, une négligence
caractérisée, pas de la part d'un CEGEP, parce qu'à ce
moment-là, il est possible de faire une enquête pour voir qui a
failli dans ses responsabilités, il faut traiter comme un cas
particulier ce qui est un cas particulier et ne pas prendre prétexte
pour faire des lois pour régler un problème. Donc, il ne s'agit
pas d'un problème dans un CEGEP, il s'agit d'un abus grave, d'une
pratique négligente qui serait généralisée
dans plus d'un CEGEP. A ce moment-là, ce n'est pas en imposant le devoir
aux CEGEP en général de faire des règlements sur ce sujet
hypothétique... Le ministre dispose dans les autres paragraphes de
suffisamment de pouvoirs pour remédier directement par un
règlement du ministère aux difficultés qui seraient ainsi
soulevées. Et s'il n'en dispose pas encore une fois qu'il
s'agisse d'un problème grave, d'un abus caractérisé et
généralisé chez plus d'un CEGEP il faudrait amender
la loi, on le fait pour beaucoup moins que ça. L'Assemblée
nationale se penche sur des cas de successions par des lois privées. Je
pense bien que s'il y a un abus grave et généralisé dans
les CEGEP pour lequel la loi n'a pas prévu de sanction ou de correctif,
il ne serait pas déplacé que l'Assemblée nationale se
penche sur le sujet et sur la solution que le ministre aura à proposer
à ce moment-là.
C'est de la mauvaise prévention que cet article-là, c'est
une façon de créer une atmosphère malsaine dans les
relations entre le ministère de l'Education et les CEGEP. Il y a bien
des choses qui vont de travers dans cette loi sur les CEGEP, et plus je me
penche sur la question, plus je suis impressionné, M. le
Président. C'est un domaine avec lequel je n'ai pas entretenu
d'étroites relations que la législation et la
réglementation des politiques du ministère de l'Education
relatives aux CEGEP. C'est un sujet qui est largement en suspens depuis la
fondation des CEGEP et, volontairement, tout le monde s'est un peu dit qu'il
fallait donner une certaine chance d'accumuler l'expérience et
d'évaluer les politiques établies il y a une dizaine
d'années là-dessus, mais le tableau qui s'en dégage est
loin d'être impressionnant. J'aurai d'ailleurs l'occasion d'y revenir au
sujet des autres paragraphes du présent article.
On a ici une cible très facile, un pouvoir qui est clairement non
nécessaire, même pas utile, et je ne peux faire autrement que
d'appuyer à nouveau et avec encore plus de conviction que j'en avais
hier soir lorsque j'ai fait la motion, parce que, encore une fois, les
arguments du ministre sont loin de m'impressionner, de recommander à nos
collègues de la commission d'appuyer cet amendement et de retrancher le
sous-paragraphe a) du paragraphe 18 de l'article 10.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Brièvement, je veux appuyer la motion et
l'argumentation du député de L'Acadie et du député
de Saint-Laurent, en ajoutant simplement que, dans l'exercice des pouvoirs
réglementaires, on sait que, sur le plan parlementaire, ces questions
sont maintenant de plus en plus contestées dans le sens que je pense
qu'on a tout intérêt, autant du côté gouvernemental
que du côté de l'Assemblée nationale, et même des
instances qui font l'objet de l'exercice du pouvoir de réglementation de
la part du gouvernement, à restreindre dans des cadres les plus
limités possible l'exercice du pouvoir réglementaire et surtout
pas à l'étendre à des horizons dont on ne sait à
peu près pas ce sur quoi ils peuvent déboucher réellement.
D'autant plus que, comme on l'a signalé, ce pouvoir qui existe au
paragraphe a) n'a jamais été utilisé.
Je voudrais simplement demander au ministre ce qu'apporte de plus le
paragraphe a) en regard du paragraphe k) du même article lorsqu'il dit
que le lieutenant-gouverneur peut faire des règlements sur les pouvoirs
connexes ou accessoires que peut exercer un collège. Si vraiment le
ministre...
M. Morin (Sauvé): La différence, M. le
député, est très simple et un homme de votre
expérience aurait pu, sur simple lecture, en prendre connaissance. Dans
le premier cas, il doit adopter les règlements qui sont prévus
dans l'arrêté en conseil; dans le deuxième cas, il peut les
adopter. C'est-à-dire que, dans le premier cas, c'est obligatoire...
M. Rivest: C'est le collège, dans le premier cas, qui
adopte les règlements, c'est ça. Les règlements qu'un
collège doit adopter...
M. Morin (Sauvé): Oui.
M. Rivest: Je suis d'accord avec ça, mais... C'est
ça, c'est le mot "peut". Mais quelle est la différence exacte,
quels sont les règlements que le collège doit adopter par rapport
aux règlements qu'il peut adopter et, effectivement, quels sont les cas
où le collège a dû adopter un règlement par
opposition aux cas où il a simplement pu en adopter,
concrètement?
M. Morin (Sauvé): Prenons comme exemple un cas concret.
Dans la foulée du...
Mme Lavoie-Roux: Cela me fait plaisir.
M. Morin (Sauvé): Je n'avais pas utilisé cette
expression depuis quelque temps, je vois que j'ai réussi...
Mme Lavoie-Roux: Vous vous sentiez nostalgique.
M. Morin (Sauvé): ... à réveiller le
député de L'Acadie. Dans la foulée, disais-je, de
l'énoncé de politique sur les collèges, nous pensons que
l'étudiant devrait se voir conférer un droit d'appel des notes
qui lui sont données par tel ou tel professeur, droit d'appel qui
n'existe pas dans la plupart des institutions à l'heure actuelle. Il y a
des collèges qui, pour diverses raisons, n'ont pas de tels
règlements et qui peut-être ne sont pas intéressés
à s'en donner, parce qu'à l'intérieur du collège,
il y a peut-être des éléments qui ne veulent pas que
l'étudiant ait un droit d'appel de sa note.
Nous voulons être en mesure de rendre obligatoire pour les
collèges le fait de se donner un règlement comportant un droit
d'appel pour l'étudiant; c'est un exemple. Nous savons que, si nous ne
pouvons pas forcer tous les collèges à le faire, il
y en a qui ne le feront pas. Nous avons lieu de croire que...
Voilà un exemple bien clair.
M. Rivest: Cet exemple répond à l'argument qui a
été évoqué par mes collègues, dans le sens
que, même si cela n'a jamais été utilisé, vous avez
donné un cas où, effectivement, le lieutenant-gouverneur en
conseil a l'intention de l'utiliser pour obliger tous les collèges
à adopter un règlement accordant un droit d'appel. Est-ce qu'il y
en a d'autres ou si c'est la seule justification?
M. Morin (Sauvé): II peut y en avoir d'autres, mais c'est
l'exemple qui me vient à l'esprit spontanément. C'est de cet
ordre, de toute façon. Nous avons aussi mentionné les achats; il
faut que tous les collèges aient des règlements concernant les
achats, que ce soient leurs règlements adaptés à leurs
circonstances, mais qu'ils en aient un et qu'on sache à quoi s'en tenir;
autrement, on se pose des questions.
M. Rivest: Je comprends mieux avec les exemples que le ministre
donne, mais est-ce qu'à ce moment-là... Ce règlement,
c'est une question de jugement et du traitement, de l'interprétation
concrète que le ministère lui donnera, mais la façon dont
ce paragraphe a) est rédigé peut aller très loin dans le
sens du respect de l'autonomie des collèges. Dans le sens que, si vous
fixez des droits, si vous décidez qu'il y aura des droits d'appel, que
tous les collèges doivent se donner un règlement dans ce sens,
ça peut ne pas correspondre, pour des raisons locales. Si vous parlez de
questions d'achat, ça ouvre la porte à toutes sortes
d'interventions du ministère. C'est le caractère, c'est la
rédaction très générale.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, n'importe quelle
disposition législative, si elle est utilisée de façon
idiote, peut mener à des résultats idiots.
M. Rivest: Je n'ai jamais dit qu'elle était... Je n'ai pas
parlé d'idiotie, mais j'ai simplement dit que cela constituait, la
façon dont ce paragraphe est rédigé, un
élément restrictif à chaque cas. Je ne prétends pas
que le ministère de l'Education va utiliser ça de façon
irresponsable, nullement, mais, tout de même, c'est un
élément additionnel qui vient à l'encontre ou qui limite
l'autonomie des conseils d'administration des collèges. (16 heures)
M. Morin (Sauvé): On peut tenir le raisonnement inverse.
Et c'est exactement le raisonnement inverse qui nous a menés à
cette disposition. Par exemple, il y a des collèges où il n'y a
pas de droit d'appel sur la question de l'admission. C'est important
l'admission, la carrière d'un jeune peut en dépendre. Nous
pensons je prends une hypothèse nous disons dans un
énoncé de politique que l'étudiant devrait avoir un droit
d'appel sur un refus d'admission. Autrement dit, un réexamen. Il y a des
collèges qui ne veulent pas entendre parler de cela. Toujours par
hypothèse, naturellement.
Mme Lavoie-Roux: ... M. le Président.
M. Morin (Sauvé): De sorte qu'au lieu... Le droit d'appel
n'est...
Mme Lavoie-Roux: Les admissions.
M. Morin (Sauvé): Oui, mais pas nécessairement le
droit d'appel, de sorte que nous ne voulons pas réglementer cette
affaire de manière centralisée. Quelle serait la façon la
plus simple? Le député l'a devinée. Le ministère
fait un règlement qu'il présente au lieutenant-gouverneur en
conseil, dans lequel il est dit: L'étudiant a droit d'appel et voici la
mécanique de l'appel: il devra présenter tel genre de document,
de demande, auprès du secrétaire général du
collège, le conseil d'administraton devra faire ceci ou cela. Et on
entre dans le détail. C'est la même chose pour tout le monde, ce
qui est une manière de centraliser.
Nous savons que chaque collège a ses us et coutumes, ses
mécaniques, alors nous disons: Que chaque collège se
débrouille, mais qu'il y ait un droit d'appel sur l'admission.
M. Rivest: Autrement dit, vous entendez vous en servir simplement
pour définir ou décrire l'objet énoncé...
M. Morin (Sauvé): Enumérer des objets sur lesquels
un collège doit se donner des règlements. C'est tout.
M. Fallu: M.le Président.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Terrebonne.
M. Fallu: Je n'étais pas avec vous au moment où
vous avez abordé l'article. Sans doute qu'il y a eu des
considérations de nature très générale. Si vous
m'en permettez une, j'arriverai effectivement à l'objet qui fait partie
de notre délibération. Il faudrait bien savoir que, pour
quelqu'un qui a vécu dans un CEGEP, le projet de loi 25, par son article
18, est le soulagement par excellence. Le fait que l'on sache ce que le
ministre a le droit de faire, ce que les collèges ont le droit de faire,
ce que le ministre parce que ce sont toujours des pouvoirs
délégués, il faut toujours s'en souvenir aura le
droit de faire, ce que le collège a le droit de faire, ce que le
ministre a le droit d'imposer aux collèges de faire, mais sans qu'il le
fasse pour eux, c'est enfin la liberté. C'est le cadre de la
liberté à venir. Actuellement, étant donné que la
loi 21 était une loi-cadre, il faut s'en rappeler, puisqu'il n'y avait
rien de prévu au niveau de la réglementation, en
conséquence, le ministre était libre de faire tout
règlement qu'il voulait. C'était cela toute la dynamique de la
loi 21. La pratique a voulu, les dix années de pratique ont voulu qu'il
n'y ait pas eu de règlement. Il faut souligner que c'était
l'article 18a de la loi 21. Il n'y a rien de neuf.
Cela ne s'est pas passé ainsi. Il n'y a pas un mot de
changé, sauf que le ministre n'a jamais dit
sur quoi il fallait que les collèges fassent des
règlements. Ou à la limite, il y a eu des directives au lieu d'un
règlement qui disait quel règlement il fallait faire. Il y a eu
des directives, suivies plus ou moins, parce que chacun se foutait de la gueule
de tout le monde là-dedans. Comme il s'est établi des rapports
assez vicieux entre les institutions et la DIGES, il s'agissait que la
directive arrive pour qu'elle soit assez souvent mise au panier. Je veux dire
les choses comme elles sont.
Je vais vous donner un exemple. Il y a eu une directive qui faisait
partie d'un nouvel esprit au Québec, sur lequel tout le monde est
parfaitement d'accord, la politique d'achat. Une directive s'en va dans les
CEGEP et un an après, c'est quoi le résultat? Sur 46 il y a 23
collèges qui ont adopté une politique. Je dis bien une politique
et non pas un règlement, une politique d'achat.
Je conclus donc cette première partie. Le fait d'avoir, dans la
loi maintenant, bien édictés les pouvoirs du ministre, cela vient
enfin régler le pouvoir d'autonomie des collèges. Le ministre a
donc tel pouvoir. Les autres pouvoirs, c'est le collège qui les a. C'est
enfin cela la liberté, parce qu'avant, le ministre avait tous les
pouvoirs et, dans le concret, cela avait été laissé aux
fonctionnaires.
J'arrive au paragraphe a). Explicitons bien. Le paragraphe a) on va le
comparer, si on veut, à ce qui se passe dans les commissions scolaires.
Je vais prendre deux exemples. Le lieutenant-gouverneur en conseil peut faire
des règlements: pour l'organisation, l'administration, la discipline des
écoles publiques et des écoles sous le contrôle du
ministère de l'Education. Je regrette, on n'a pas cela ici. Au
contraire, le ministre ne fera pas les règlements relativement à
la discipline, par exemple, mais il pourra néanmoins dire aux
collèges: Vous devez faire un règlement sur tel objet.
Autre...
Mme Lavoie-Roux: Cela va venir, cela va venir.
M. Fallu:... obligation qui est faite au ministre dans la Loi de
l'éducation publique pour déterminer les jours de congé
qui doivent être donnés dans les écoles. Vous vous rendez
compte! Qu'est-ce qui en est au niveau du CEGEP? Le CEGEP adopte un calendrier
scolaire, mais chaque CEGEP adopte son calendrier scolaire. J'imagine bien que
le ministre, en l'occurence, n'a même pas besoin d'édicter la
série de règlements qu'il veut faire adopter par un
collège-Mine Lavoie-Roux: Cela n'est pas sûr.
M. Fallu:... A la limite, il le fait, mais le contenu n'est pas
là, alors qu'au contraire, pour ce qui a trait aux commissions
scolaires, le lieutenant-gouverneur peut déterminer les jours de
congé qui doivent être donnés dans les écoles. On
est là dans deux univers tout à fait différents.
Mme Lavoie-Roux: II exige qu'il y ait tant de jours
d'école, mais il ne décide pas des jours de congé.
M. Fallu: Peut-être la pratique est telle, oui, je veux
bien. Bref, ce qu'on veut souligner, c'est que le paragraphe a) n'est pas une
entrave aux collèges, d'une part...
Mme Lavoie-Roux: II faut qu'il y ait tant de jours de classe.
M. Fallu: ... puisqu'il ne détermine pas les
règlements comme tels, il est par ailleurs une clef qui est
nécessaire pour l'avenir, parce qu'il y a des choses qui changent dans
une société. Prenons le paragraphe i) qui est maintenant
introduit comme venant du ministre. Le ministre dorénavant va
édicter les conditions et les modes l'aliénation des biens,
meubles et immeubles excédentaires d'un collège. Pourquoi cela?
Cela nous vient d'une inspiration relativement récente, d'un
phénomène de dénatalité au niveau
élémentaire et secondaire...
Mme Lavoie-Roux: Cela mijote au ministère de
l'Education.
M. Fallu:... qui est en train de se répercuter... Mme
Lavoie-Roux: ... au moins.
M. Fallu: ... ou qui se répercutera bientôt sur le
CEGEP. Est-ce qu'il faut qu'on aligne cette poli-tique-là sur celle de
l'élémentaire et du secondaire? Peut-être, peut-être
pas. Peut-être que le ministre pourrait, de son choix, dire: Au lieu de
les faire, je vais donner cela comme l'un des pouvoirs réglementaires
que je donnerai aux collèges. Peut-être. On lui demandera s'il a
fait un choix.
Autres dimensions qui viennent des préoccupations qui
évoluent dans une société...
Le Président (M. Marcoux): Je me demande s'il n'y aurait
pas avantage à ce que vous restreigniez vos propos à l'amendement
qui est proposé actuellement.
M. Fallu: J'avais demandé un peu la permission,
étant donné que c'était la première fois que...
Le Président (M. Marcoux): Disons que j'ai...
M. Fallu: Mais j'achève, de toute façon, M. le
Président.
Mme Lavoie-Roux: Soyez aussi généreux à son
endroit que vous l'êtes...
M. Fallu: Merci de plaider en ma faveur.
On a parlé de politique d'achat. Tantôt ce sera quoi? Tout
le livre blanc donne une orientation aux CEGEP ou propose une orientation aux
CEGEP vers l'ouverture sur le milieu. Or, on sait qu'actuellement les CEGEP
doivent réserver, entre autres, leurs locaux en priorité presque
absolue. Il y a même des consignes, des directives qui sont
venues du ministère depuis quelques années sur
l'utilisation des locaux. Mais, si on s'en va vers une politique d'ouverture
sur le milieu, peut-être que, tout à l'heure, le ministre devra,
par un arrêté en conseil, dire que les CEGEP devront
dorénavant se doter d'un règlement relatif à l'usage des
locaux pour la population, dans cet esprit-là, et il paiera la note en
conséquence par le biais des allocations budgétaires.
Bref, cela permet de s'adapter à la vie et de garder quand
même, de la part du gouvernement, comme il le fait pour la disposition
des biens immobiliers, la politique d'achat dans certains autres cas. Et
pourquoi pas, tantôt, la politique de location de locaux dans un esprit
de service, mais en respectant l'autonomie du collège? C'est un peu tout
cela la dynamique, non seulement de l'article 18 dans son entier, mais
précisément du sous-article a). Si je peux demander une faveur,
ce serait qu'il nous fasse la lecture de l'amendement qui, à ce que je
crois comprendre, est déposé sur la table.
Le Président (M. Marcoux): Le paragraphe a).
M. Fallu: C'était de biffer le paragraphe a). Je crois
avoir fait la démonstration qu'au contraire, on en a besoin.
Le Président (M. Marcoux): Question de
règlement?
M. Rivest: Oui, simplement une précision. Le
député de Terrebonne disait: Ceux qui ont vécu dans le
CEGEP accueillent l'article 18, comme je ne me rappelle pas son
expression une bénédiction ou une libération.
Le Président (M. Marcoux): Je doute que ce soit une...
Vous semblez vous orienter plutôt vers... Il vous reste du temps.
M. Rivest: Je voudrais référer le
député deux secondes, vous allez voir au
mémoire de la CEQ, qui parle spécifiquement de l'article 18, un
peu dans le sens de l'amendement même et des interventions qui l'ont
soutenu. Je voudrais le référer également à la page
11 du mémoire des parents, qui craignent justement pour l'autonomie des
CEGEP, le référer à la page 6 du mémoire de la
fédération qui traite de cette question. Je voudrais finalement
le référer à la page 7 du mémoire du conseil
d'administration des CEGEP qui parle spécifiquement de l'article 18 dans
le sens des préoccupations soulevées par la motion d'amendement
du député de L'Acadie. C'est peut-être une
bénédiction pour le député, qui a
déjà vécu dans le milieu, mais les organismes apportent un
éclairage différent de celui du député.
M. Fallu: II y a énormément de confusion à
propos de l'article 18. C'est drôlement impressionnant de voir tout
à coup apparaître une telle liste de pouvoirs
réglementaires dans une loi, mais il faut savoir
concrètement...
M. Rivest: C'est ce que les organismes savent. Ce n'est pas
simplement parce qu'il y avait une liste imposante. Ils savent que c'est une
limitation à la liberté. C'est ce qu'ils disent dans leur
mémoire.
M. Fallu: Au contraire. C'est une limitation aux pouvoirs
discrétionnaires que le ministre possède présentement.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M.le Président, l'argument du
député de Terrebonne est manifestement basé sur une fausse
perception de la loi et du caractère des obligations qui
découlent de règlements adoptés par le
lieutenant-gouverneur en conseil. Lorsqu'il dit: Nous sommes dans un
régime où le ministre peut tout faire par directive, et, alors,
quelle que soit la longueur de la liste des règlements, c'est moins que
ce qu'il peut faire par directives. Donc, c'est une libération. C'est
basé sur un sophisme ce raisonnement. Cela rappelle un peu, à la
limite, ce que l'on découvrait à la porte d'entrée des
camps de concentration durant la guerre: Le travail vous libère. Selon
le député de Terrebonne, ce n'est pas: Le travail vous
libère. On devrait dire: La réglementation vous libère.
C'est une fausse prémisse, parce que les directives du ministre n'ont
pas d'assises légales très assurées. En dehors de
l'administration publique, les directives ministérielles ne sont que des
indications, elles ne lient personne, parce que rien dans les lois ne donne
à un ministre le pouvoir d'agir par voie de directives, sauf sur les
employés de l'Etat, sauf sur les fonctionnaires qui font partie de la
fonction publique, à qui, à titre de patron, essentiellement, il
peut donner des directives.
Pour ce qui est d'organismes autonomes tels que les CEGEP, qui sont des
corporations au sens du Code civil, des directives ne sont que l'expression de
l'intention du voeu du ministre et peuvent avoir une influence morale
considérable. Les CEGEP peuvent choisir de ne pas les contester, mais
ils peuvent également les mettre de côté, les ignorer. Ce
n'est pas liant, cela ne lie personne. Un règlement, au contraire, est
une source de nullité des actes qui sont faits en contravention du
règlement. C'est donc un sophisme que de dire que passer d'une directive
sur un même sujet à une réglementation, c'est une
libération. Ce n'est pas une libération, c'est un asservissement,
qui ne peut se justifier que si le ministère peut faire la preuve,
encore une fois, qu'il y a eu des abus caractérisés et
généralisés par des CEGEP. Lorsque le ministre dit, en se
donnant des airs de prononcer une évidence, que les CEGEP doivent avoir
un règlement sur les achats, il s'agit là d'une affirmation qui a
l'air d'aller de soi. (16 h 15)
Toute personne bien pensante va dire: Effectivement, il serait
souhaitable qu'il y ait des règles précises pour
déterminer les modalités d'achat et qu'en particulier, on ait des
règles qui prévoient des soumissions publiques et l'adjudication
de
soumissions à celui qui fait l'offre la plus avantageuse pour le
CEGEP. Cela peut vouloir aller de soi, mais là n'est pas le
problème. Là n'est pas du tout le problème.
Le Problème est de savoir si, oui ou non, le ministre et le
gouvernement et l'Assemblée nationale peuvent faire confiance à
des organismes qu'on appelle des corporations que constituent les CEGEP. On met
un soin fou, on a des conciliabules, des concertations, de la participation
pour savoir quelle est la formule exacte qu'il faut obtenir entre les gens de
l'extérieur, les gens de l'intérieur dans un conseil
d'administration. On met un soin terrible dans toutes sortes de mémoires
et on nous dit: Peut-être qu'il faudrait un membre de plus de tel groupe
et un autre de moins de tel autre groupe pour respecter un sain
équilibre dans cet organisme extraordinaire qu'on appelle un conseil
d'administration de CEGEP. Mais quand vient le temps de savoir si cet
organisme, si savamment constitué, est capable de prendre des
décisions qui respectent en gros ce que la plupart des gens
considèrent l'intérêt public, par exemple, dans la
procédure d'achat, on dit: Ah non! ces gens-là sont absolument
incapables de prendre des décisions responsables. Nous, du gouvernement,
nous savons ce qu'il faut. Nous savons ce qu'il faut et nous allons le leur
imposer. C'est pénible d'entendre ça. Mais on peut le dire
seulement si le ministre peut nous démontrer que, durant les deux
dernières années ou presque les trois dernières
années où il a été à l'Education, il a
observé que la procédure d'achat des CEGEP, d'un CEGEP, de deux
CEGEP, de trois CEGEP est telle qu'il faille vraiment que le ministre prenne
les choses en main pour leur imposer une procédure, qu'ils sont
incapables ou trop irresponsables pour l'assumer eux-mêmes.
C'est ça, la démonstration qu'il faut faire. Mais on se
garde bien de le dire. On dit: En général, il faut une
procédure d'achat. Si nous le pensons ici, pourquoi assumons-nous que
les membres des conseils d'administration sont trop irresponsables, manquent de
maturité, de sens commun ou de simple honnêteté pour le
faire eux-mêmes?
M. Morin (Sauvé): M.le Président, il fut un temps
où, pour faire de l'obstruction systématique, ce qu'on appelle un
"filibuster", on permettait aux députés de lire la Bible ou des
poèmes. Eh bien, on devrait revenir à ce temps-là.
M. Forget: Ce serait moins embarrassant pour le ministre.
M. Morin (Sauvé): Et le député devrait...
M. Rivest: Question de règlement.
M. Morin (Sauvé): ... pouvoir lire la Bible, ce serait
plus intéressant que le babillage auquel il vient de se livrer.
Le Président (M. Marcoux): II y a une question de
règlement.
M. Rivest: Question de règlement.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Je pense, M. le Président, qu'au nom du
député de Gaspé, je tiens à protester...
M. Le Moignan: Non, il n'a pas parlé du bréviaire
aujourd'hui. Il a parlé de la Bible.
M. Rivest: Oui, je tiens à protester, parce que le
député de Gaspé n'a pas donné l'ombre de
l'apparence d'une intention lointaine de faire ici un "filibuster". Evidemment,
les députés de l'Opposition officielle s'inscrivent dans la
foulée du député de Gaspé, M. le
Président.
M. Le Moignan: Je suis obligé de le subir. Une Voix:
Pourrais-je...
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'amendement sera
adopté?
Mme Lavoie-Roux: Vote.
Une Voix: Si vous permettez, M. le Président...
M. Morin (Sauvé): Vote, oui.
Mme Lavoie-Roux: Vote nominal.
Le Président (M. Marcoux): L'amendement proposé par
le député de Saint-Laurent visait à biffer le paragraphe
a) de l'article 10 de l'article 18 de l'ancienne loi.
M. Clair (Drummond)? M. Forget (Saint-Laurent)? M. Jolivet (Laviolette)?
M. Lacoste (Sainte-Anne)?
M. Lacoste: Contre.
Le Président (M. Marcoux): Mme Lavoie-Roux (L'Acadie)?
Mme Lavoie-Roux: Pour.
Le Président (M. Marcoux): M. Le Moignan
(Gaspé)?
M. Le Moignan: Pour, oui.
Le Président (M. Marcoux): M. Marquis
(Matapédia)?
M. Marquis: Contre.
Le Président (M. Marcoux): M. Morin (Sauvé)?
M. Morin (Sauvé): Contre.
Le Président (M. Marcoux): M. Fallu (Terrebonne)?
M. Fallu: Contre.
Le Président (M. Marcoux): La motion est défaite
par 4 contre 2. Nous revenons à l'article original. Est-ce que l'article
original sera adopté?
Mme Lavoie-Roux: M.le Président, j'ai une autre motion
d'amendement sur le a).
Le Président (M. Marcoux): Sur le a)? Ahbon! Mme
Lavoie-Roux: C'est bien le a)?
Le Président (M. Marcoux): Oui, nous revenons à la
proposition originale.
Mme Lavoie-Roux: Que le sous-paragraphe a) du paragraphe 18 de
l'article 10 soit modifié en remplaçant le mot "doit" par le mot
"peut". La raison de ceci, M. le Président, c'est que ça
m'apparaît au moins un compromis. Est-ce que vous voulez juger de la
recevabilité d'abord, la première des choses?
Le Président (M. Marcoux): C'est que...
Mme Lavoie-Roux: Excusez-moi. Je ne voulais pas...
M. Morin (Sauvé): Ce n'est pas brillant, mais c'est
recevable.
M. Fallu: N'ayez aucune hésitation, M. le
Président.
Le Président (M. Marcoux): J'aurais pu avoir une
hésitation si on en avait contesté la recevabilité,
mais...
M. Fallu: Cela change un mot, mais ça ne change pas la
proposition.
Le Président (M. Marcoux): Disons qu'il est recevable.
Mme Lavoie-Roux: Disons que!
Le Président (M. Marcoux): Non, mais il y a consentement
unanime, de toute façon.
Mme Lavoie-Roux: Non, écoutez!
Le Président (M. Marcoux): II est recevable, il est
reçu.
Mme Lavoie-Roux: Bon! M. le Président, vous savez que tous
les amendements que nous apporterons aux différents points de l'article
10 qui sont mentionnés, pas nécessairement à tous,
à plusieurs d'entre eux, c'est dans un esprit de décentralisation
et de respect, le plus possible, de l'autonomie des collèges.
D'ailleurs, hier, le ministre de l'Education nous lisait un passage du
mémoire de la Fédération des CEGEP qui voulait des
règlements. Enfin, on pourra revenir là-dessus. Il y a une chose
aussi qu'ils ont dit, c'est de régénérer l'autonomie des
collèges. Je vous assure que ce sera une
régénération plutôt faible. A tout
événement, c'est dans l'esprit d'améliorer là
où c'est possible.
Tantôt, on va aller au paragraphe b), je ne suis pas prête
à faire sauter tout le paragraphe b); je l'ai d'ailleurs indiqué
hier soir. Je pense qu'en lisant les règlements qu'un collège
peut adopter, s'il survient des problèmes le collège peut
adopter des règlements sur a), b), c), d), e), f), g), h) et
qu'un collège n'y réfléchit pas ou prend la
décision de ne pas en faire, je pense que le ministre se sera quand
même acquitté de ses responsabilités en disant: On vous
avait quand même averti qu'il était prudent de faire des
règlements dans tel ou tel domaine. Vous avez jugé bon de ne pas
en faire. Dans le fond, ce que vous ferez, à ce moment-là, ce
sera uniquement d'attirer l'attention du conseil d'administration des
collèges sur des points qui apparaissent au ministre de ne pas devoir
être laissés de côté. On sait que, pour le moment,
ceux qu'on nous a énumérés, la liste n'est pas très
longue, mais on ne reviendra pas là-dessus.
A ce moment-là, je pense qu'on conserverait au collège le
plus d'autonomie afin de porter son propre jugement; dans un collège,
peut-être que d'avoir des règlements portant sur tel ou tel objet,
cela s'impose plus que dans un autre collège, mais, au moins, on
laisserait la latitude au collège et on
régénérerait un peu plus ou un peu mieux leur autonomie.
Ce sont les remarques que je voulais faire sur cet amendement.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'amendement
proposé par Mme le député de L'Acadie sera
adopté?
M. Morin (Sauvé): Non, M.le Président.
M. Fallu: M.le Président, si vous permettez...
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Terrebonne, et ensuite M. le député de Jean-Talon.
M. Fallu: M.le Président, avoir réagi
peut-être un peu plus tôt, je vous aurais sans doute fait un long
plaidoyer sur la non-recevabilité de l'amendement, mais qu'importe. Je
prierais Mme le député de relire l'article 19 de la loi 21 qui se
lit: "Un collège peut, sous réserve des dispositions de la
présente loi et des règlements généraux
adoptés en vertu de l'article 18, faire les règlements
concernant..." et la liste qui était déjà là,
c'est-à-dire l'autonomie interne des collèges, les pouvoirs
réglementaires arrachés au ministre et concédés aux
collèges c'est ce qu'on appelle faire de l'autonomie puisque
c'est l'Assemblée nationale qui possède les pouvoirs dans le
domaine de l'éducation et ces pouvoirs donnés aux
institutions, on prétend en allonger la liste.
Si on inscrit, à l'article 18a, "peut" plutôt que "doit",
il y a antinomie complète. Ou encore, il y a peut-être un autre
principe; peut-être que tout à l'heure, quand on sera à
l'article 19, on pourra en
discuter, ce seraient tous les pouvoirs résiduaires
confiés aux collèges. Cela, c'est un autre problème et je
ne crois pas que ce soit celui que vous vouliez souligner.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): Je ne veux pas interrompre le
député de Terrebonne, mais s'il me permettait une question, vous
me citez l'article de la loi 21, l'article existant. Il s'agit de la
régie interne de son conseil...
M. Fallu: Mais, autre chose, de tout ce qui est ajouté
maintenant avec le nouvel article 11, par exemple, la poursuite...
Mme Lavoie-Roux: La régie interne, la nomination, les
fonctions, les pouvoirs des membres de son personnel, la gestion de ses biens.
Vous allez voir qu'on vient restreindre ça par l'article 18, de toute
façon. La composition du comité exécutif et de la
commission pédagogique, la durée du mandat de leurs membres et de
l'étendue de leurs pouvoirs de poursuivre ces fins... Et si on veut
rester dans un esprit de latitude du collège de pouvoir exercer ces
choses, même si ceci s'ajoutait à d'autres choses, c'est dans le
même esprit que je dis que les règlements d'un collège...
c'est-à-dire que le lieutenant-gouverneur fasse d'autres
règlements, s'il y tient absolument, mais que le collège pourra
ou non faire ces règlements, tel que le lieutenant-gouverneur en conseil
le lui suggère.
C'est vrai que vous avez peu là, mais ça ne couvre pas...
Ici, c'est la porte ouverte, les règlements que le collège doit
adopter, tandis que l'article 19, c'est prescrit d'une façon très
précise, ce que le collège peut faire. Je pense qu'on ne se
comprend pas.
M. Fallu: Très juste. Il faut bien saisir une chose.
Actuellement, tout collège peut la loi lui a déjà
accordé ce pouvoir pour la poursuite de ses fins, et c'est
très général, établir des politiques. Appelons cela
règlements ou politiques. La plupart des collèges ont
adopté une terminologie selon laquelle on dit des politiques
plutôt que des règlements adoptés par le conseil
d'administration. Qu'importe... Il arrive que les collèges peuvent
adopter pour la poursuite de leurs fins des tas de règlements ou de
politiques. Ils ont déjà ce pouvoir, on n'a pas à le leur
accorder.
Le sens de l'article a) qui était déjà d'ailleurs
dans la loi 21, fait une distinction fondamentale, qui n'a jamais
été exercée certes par le ministre, mais qui, un jour ou
l'autre, doit être exercée, sans ça, c'est l'arbitraire
devant lequel on se trouve, ou encore, c'est un manque de cohésion
à travers le réseau. On distingue donc les règlements que
les collèges doivent adopter, mais, encore là, la loi à
laquelle chacun est soumis est libératrice, il ne faut pas l'oublier.
J'entendais le député de Saint-Laurent tout à l'heure nous
parler de réglementation qui venait asservir, mais je dis que la loi
libère, pourvu qu'elle soit la même, et elle nous libère de
qui...
Mme Lavoie-Roux: On pourrait entrer dans un débat
là-dessus.
M. Fallu: ... la loi? Elle nous libère, et je veux le dire
tel que tout le monde le pense dans le réseau, des fonctionnaires. Vous
ne connaissez pas l'asservissement qui existe, madame, c'est
épouvantable...
Mme Lavoie-Roux: Je le sais, je le sais fort bien.
M. Fallu: On n'aura pas besoin de se conter... Bref. Les
collèges seront donc dorénavant...
Mme Lavoie-Roux: Les pauvres fonctionnaires, ils en prennent pour
leur rhume.
M. Fallu:... par le biais d'un affichage dans la Gazette
officielle, par le biais d'une proposition au Conseil des ministres, etc., ils
sauront donc les règlements qu'ils doivent adopter. Ils les adopteront
eux-mêmes et, d'autre part, ils savent quels règlements ils
peuvent adopter.
Le Président (M. Lacoste): M.le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Je n'ai pas l'intention d'intervenir sur cet article.
La seule chose que je ferai remarquer au ministre, c'est que, maintenant que
l'article... si l'amendement du député de L'Acadie était
adopté, je reviens à la question que j'ai posée de
façon prématurée, les règlements qu'un
collège peut adopter, alors, je ramène le ministre au paragraphe
k) dans lequel on lit les pouvoirs connexes et accessoires que peut exercer un
collège.
Le Président (M. Lacoste): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Le député de Terrebonne nous
faisait remarquer qu'à l'article 19 de la loi actuelle, le
collège peut faire des règlements, on le retrouve d'ailleurs dans
le paragraphe II de l'article 10, pour la poursuite de ses fins. (16 h 30)
S'il peut faire des règlements pour ses fins, est-ce que ceci ne
comprend pas le fait qu'il puisse lui-même faire des règlements
pour la vie étudiante, pour la politique d'achat et qu'on n'a pas besoin
de le remettre et de le spécifier au paragraphe a), vous ferez des
règlements pour la vie étudiante, pour les services d'achat,
notre énumération semble toujours s'arrêter à ces
deux points, mais je suis prête à admettre qu'il y en a
peut-être deux ou trois autres auxquels personne ne pense dans le
moment.
Le ministre tient à le garder, son règlement, mais
pourquoi ne met-il pas le mot "peut"? Dans le cas de l'article 19, c'est le mot
"peut", pourquoi faut-il que là, ce soit le mot "doit"?
M. Morin (Sauvé): On vous l'a expliqué en long et
en large.
M. Fallu: II y a une distinction fondamentale entre les deux. Je
crois que les CEGEP, sont à la fois, contrairement aux
universités, des administrations autonomes ou qui ont une vie propre,
mais elles font également partie de réseaux, contrairement
à l'université ou à l'inverse des commissions scolaires,
où il y a une très grande uniformité. Donc, il y a une
spécificité aux CEGEP, ce sont non pas seulement des
institutions, mais des institutions dans un réseau, de telle sorte
que... je vois venir la discussion: qu'est-ce qu'on va faire en b) avec les
programmes d'études, ou l'admission des étudiants, les examens ou
les diplômes?
Parce que si on reconnaît l'autonomie, on s'en va vers
l'éclatement du réseau. On a effectivement, par le biais de ce
pouvoir réglementaire, un minimum, madame, que vous donniez des conseils
d'en enlever sur chacun des points, je suis prêt, pour ma part, à
négocier le tout, point par point, j'en conviens. Mais il faut un
pouvoir réglementaire de nature réseau. Le mot "doit" au fond
à l'article a), c'est la notion même du réseau qui est
là.
Mme Lavoie-Roux: Regardez, M. le Président, on entre tous
les deux dans un dialogue, ça va être ma dernière remarque,
j'admets avec vous que le lieutenant-gouverneur peut adopter des
règlements généraux, on va entrer dans le b) par accident,
touchant les programmes d'études, les diplômes, c'est le ministre
qui va accorder ces diplômes et touchant, à la rigueur on
en discutera tout à l'heure l'admission des étudiants. Je
peux voir aussi qu'il fasse des règlements touchant la
comptabilité, la vérification des registres à tenir, c'est
l'aspect financier, ce sont les contribuables qui paient, il faut qu'ils soient
responsables à celui qui fournit les fonds et c'est le gouvernement
représentant les contribuables.
Je suis d'accord avec vous, mais où je ne suis pas d'accord,
c'est quand on laisse cette porte ouverte et qu'on ne fait pas une
énumération qui nous convainque. Cela ne veut pas dire que je
veux qu'on abolisse de a) à k), pas jusqu'à z). Là-dessus,
je vous rejoins, particulièrement dans la question des programmes
d'études. Vous le verrez tout à l'heure. Ecoutez, on va continuer
jusqu'à minuit à parler de ça. Je pense que ça me
semble superflu, on a demandé de l'enlever, j'ai voulu en réduire
la portée pour essayer de donner plus de responsabilités en
disant: Les règlements qu'un collège peut adopter, mais je vois
bien que je ne vous en fais pas reproche, on ne se rejoint pas
là-dessus. C'est aussi bien d'en terminer là, M. le
Président.
M. Morin (Sauvé): Ce serait de
l'irresponsabilité.
Mme Lavoie-Roux: Je ne sais pas si c'est une question de
règlement, c'est une...
M. Rivest:... dans le milieu de l'enseignement qui ont
demandé de reporter la loi, c'est ça?
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais bien qu'il retourne auprès
des CEGEP pour leur demander ce qu'ils pensent de l'article a) du 18.
M. Morin (Sauvé): Je me doute bien que plusieurs ne seront
pas d'accord, puisqu'on va pouvoir désormais les contraindre à
adopter certains règlements dont ils se passeraient volontiers. Mais
c'est justement la portée de l'article.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'amendement visant
à changer le mot "doit" par le mot "peut... est-ce que l'amendement
visant...
Mme Lavoie-Roux: Cela sonne beaucoup pour le quorum.
M. Morin (Sauvé): Rejeté, M. le
Président.
Le Président (M. Marcoux): ... à changer les
mots...
M. Morin (Sauvé): Le quorum est pénible le vendredi
après-midi.
Mme Lavoie-Roux: C'est ça. Nous, on a quorum, on est
chanceux.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'amendement visant
à changer le mot "doit" par le mot "peut"...
Mme Lavoie-Roux: Vous êtes un privilégié.
Le Président (M. Marcoux):... le paragraphe a) sera
adopté?
M. Morin (Sauvé): Rejeté, M. le
Président.
Le Président (M. Marcoux): Rejeté. Alors, nous
revenons à la proposition originale.
M. Rivest: M.le Président, j'invoque le quorum.
Mme Lavoie-Roux: Ecoutez, c'est parfait, le vote sur l'article
a). Je ne vous ferai pas cela, M. le ministre. Ne vous inquiétez pas et
laissez aller vos collègues en paix. Je n'abuserai pas de la situation.
On ne fera pas de mauvais coup, allez-y en toute quiétude.
M. Rivest: Allez-y en toute sécurité. Mme
Lavoie-Roux: Juré.
M. Rivest: On le promet. Allez-y, M. le député.
Mme Lavoie-Roux: Je vous donne ma parole. S'il y a un vote, on
ira sonner la cloche pour vous appeler.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'article 10 sera
adopté?
Mme Lavoie-Roux: Pardon, nous sommes rendus à b), M. le
Président.
Le Président (M. Marcoux): Je n'avais pas d'amendement
devant moi, alors je revenais à l'article original.
M. Morin (Sauvé): Vous comptiez sans l'enthousiasme du
député de L'Acadie qui adore travailler le vendredi
après-midi, et même le vendredi soir.
Le Président (M. Marcoux): Elle s'est
échappée tantôt. Elle a dit qu'on en avait jusqu'à
minuit sur cet article.
M. Rivest: Le vendredi soir... Est-ce qu'on siège ce soir?
Oui?
M. Morin (Sauvé): Hélas!
M. Rivest: N'y a-t-il pas moyen de se rebeller?
Mme Lavoie-Roux: On va attendre à ce soir.
M. Rivest: Je trouve le ministre de l'Education bien docile face
au leader.
M. Morin (Sauvé): Devant le devoir, que pouvons-nous
refuser?
M. Le Moignan: La Chambre ne siège même pas.
Mme Lavoie-Roux: La Chambre ajourne les travaux. Et c'est pour
cela, M. le ministre, que je suis sûre qu'à moi, vous n'avez pas
voulu raconter quelque chose qui n'était pas exact, mais je pense que le
leader vous a raconté quelque chose qui n'était pas exact, quand
il l'a dit.
M. Morin (Sauvé): A moins qu'il n'ait changé
d'idée.
Mme Lavoie-Roux: C'est depuis ce matin qu'on ajourne la Chambre
à 18 heures et quand il a fait valoir qu'il aurait besoin de nous pour
faire le quorum de l'autre côté... De toute façon, c'est en
dehors du sujet.
M. Le Moignan: Tous les gros bonnets ne siègent pas en
soirée.
Le Président (M. Marcoux): On va aborder le paragraphe b),
si j'ai bien compris.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais poser des
questions au ministre. Peut-il nous indiquer, au moins dans les grandes lignes,
ce qu'il veut dire par les programmes d'étude? Je pense qu'il faut qu'il
y ait des programmes d'étude. Qu'est-ce qu'on enseigne au
collégial? Est-ce qu'on enseigne la gymnastique uniquement? Ou est-ce
qu'on enseigne des programmes du secondaire? Ou est-ce qu'on enseigne les
programmes de premier cycle de l'université? Je pense qu'il faut qu'il y
ait des programmes qui soient situés quelque part.
Dans quel cadre entendez-vous réglementer ceci, M. le ministre,
le cadre large, pas dans les détails?
M. Morin (Sauvé): Justement, M. le Président, cela
tombe bien, cette question. Vous m'aviez demandé hier à quoi
pouvait ressembler la réglementation des cours, des programmes
professionnels et je vous avais promis de déposer devant la commission
les cahiers de l'enseignement collégial pour l'année qui
s'achève, c'est-à-dire l'année 1978-1979, qui vont
constituer pour vous une lecture de chevet tout à fait spéciale,
surtout...
Mme Lavoie-Roux: Après minuit ce soir. M. Morin
(Sauvé): Après minuit ce soir.
Mme Lavoie-Roux: Je vous remercie quand même, cela va
peut-être rafraîchir ceux que j'ai qui datent, qui sont
antérieurs.
M. Morin (Sauvé): C'est-à-dire que ceux-ci, vous
pourrez les consulter en commission, puisque je les dépose devant la
commission. Et si vous tenez à avoir une copie personnelle
dédicacée, je le ferai avec plaisir.
Le Président (M. Marcoux): Vous savez très bien que
nous n'avons pas le droit de déposer des documents, alors c'est une
distribution.
Mme Lavoie-Roux: Mais savez-vous, M. le ministre, que ceux qui
vont m'intéresser encore davantage seront ceux de 1980-1981 parce qu'on
va avoir les nouveaux cours. C'est du vieux, relativement.
M. Morin (Sauvé): Disons que c'est l'héritage du
passé.
Mme Lavoie-Roux: C'est l'héritage du passé. On fera
la comparaison avec le...
M. Morin (Sauvé): Un lourd héritage.
Mme Lavoie-Roux: Et, malgré vous, il faut le porter
encore.
M. le Président, ce que je veux demander au ministre d'une
façon pratique, c'est que, dans son règlement des programmes
d'étude, il veut strictement s'en tenir... Par exemple, je prends les
techniques médicales, c'est la première page que j'ai ouverte, ce
sera modifié. En quelle année allez-vous modifier
l'équilibre des cours de formation, le régime pédagogique
quant aux cours obligatoires, aux cours de concentration et aux cours
complémentaires? En quelle année allez-vous faire cela?
M. Morin (Sauvé): Pour répondre à la
question que vous posiez tout à l'heure, madame, et à celle qui
vient la compléter maintenant, je pourrais vous lire un extrait d'un
document de travail du ministère qui se situe dans la foulée de
l'énoncé de politique.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Morin (Sauvé): On y lit ceci: "Le régime
pédagogique des collèges d'enseignement général et
professionnel constitue l'ensemble des règles qui président
à l'organisation des études. De façon plus
spécifique, il définit les dispositions qui régissent
l'admission aux études collégiales, les programmes de formation,
l'évaluation des étudiants, la reconnaissance des
études."
D'ici juin, le 30 juin 1979, c'est-à-dire d'ici la fin du mois,
nous avons prévu élaborer un premier jet de règlement
portant sur le régime pédagogique, une sorte de règlement
sur les études collégiales. Ce sera du neuf. Ce sera probablement
un document très important pour l'orientation des CEGEP.
Ensuite, il y aura enfin, nous prévoyons, nous ne sommes
pas tout à fait fixés une période de consultation
des établissements au niveau collégial et des organismes
intéressés jusqu'en octobre 1979. A tout le moins, nous pensons
faire appel au Conseil des collèges que nous allons créer pour
nous donner son avis sur ce projet de régime pédagogique, de
sorte que, si tout va bien, la nouvelle version pourrait entrer en vigueur en
février 1980.
Mme Lavoie-Roux: Pour ce qui est du contenu des cours, le
ministère ne réglementera pas le contenu des cours. Il y a le
contenu quant aux crédits. Cela n'est pas le contenu des cours
eux-mêmes, mais les programmes de cours, ce que chacune des options
comporte en termes de crédits, etc., mais pour ce qui est des contenus
de cours, cela reste la responsabilité, ce sera révisé
à l'intérieur des collèges, c'est ce que je crois
comprendre.
M. Morin (Sauvé): II faut vous expliquer que, pour chaque
discipline, il y a une sorte de comité ou de commission
pédagogique qui est constituée bien sûr d'enseignants
élus...
Mme Lavoie-Roux: Venant des collèges.
M. Morin (Sauvé): ... par leurs pairs, en provenance des
collèges, comme vous dites...
Mme Lavoie-Roux: Qui travaillent avec la DIGEC.
M. Morin (Sauvé): ... qui travaillent avec la DIGEC. Et ce
procédé qui a donné d'assez bons résultats dans le
passé, nous allons continuer d'y faire appel.
Par exemple je vous donne un exemple, parce qu'il est important;
il porte sur un sujet qui a fait couler de l'encre l'an dernier le
comité pédagogique de philosophie va procéder, en
1980-1981, à l'instigation du ministère, à
l'élaboration des plans d'études cadres des cours de philosophie
en fonction des objectifs qui sont définis dans l'énoncé
de politique. Vous savez que l'énoncé de politique revendique
pour l'étudiant le droit d'avoir accès à un
éventail de connaissances philosophiques sur l'ensemble des grands
systèmes.
Malheureusement, nous savons que, dans certains coins, certainement pas
dans la majorité des collèges, mais dans certains
établissements, les choses ont tourné de telle sorte que les
étudiants sont surtout initiés à un système
plutôt qu'à un autre. Nous voulons, avec la coopération des
enseignants de philosophie, repenser l'enseignement de cette matière,
mais nous allons respecter, là aussi, la décentralisation et la
responsabilité des principaux intéressés,
c'est-à-dire les enseignants de philosophie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, dans un cas de
divergence, j'allais dire de distension, j'aime mieux dire de divergence...
Prenons comme exemple ce comité de philosophie qui se penchera sur les
programmes de philosophie. Je pense que l'économique pourrait être
un autre cours aussi où il pourrait y avoir des divergences d'opinions
assez prononcées, même à l'intérieur du groupe de
professeurs. Quand il y a un cas de divergence, qui tranche à ce
moment-là? A un moment donné, il faut que vous produisiez le
cours. (16 h 45)
M. Morin (Sauvé): C'est encore plus compliqué que
cela, madame, parce que nous avons pris l'engagement, à Montebello, de
consulter non seulement la partie patronale, mais la partie syndicale et les
principaux agents de la coopération pour être sûr que ce
programme sur l'économie du Québec va être complet et
donner un aperçu général de tous les aspects de la
question.
Le ministre n'a pas l'intention de trancher lorsqu'il y aura
désaccord, mais je pense que nous allons pouvoir en venir à un
consensus. Evidemment, il faudra que tout le monde fasse des concessions de
part et d'autre, mais c'est possible. La preuve, c'est qu'on y a réussi,
dans une certaine mesure, dans le passé, pas parfaitement, mais on y a
réussi tout de même dans de nombreuses disciplines. Nous avons
pris des exemples, bien sûr, comme la philosophie, parce que Mme le
député sait qu'il y avait là des problèmes...
Mme Lavoie-Roux: L'économique en est un autre qui peut,
dans le même sens... Il y a d'autres programmes où c'est moins
litigieux.
M. Morin (Sauvé): D'ailleurs, la plupart des programmes
vont demeurer ce qu'ils sont.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela. Je posais la question à
savoir qui tranche, parce que... Reprenons le cas de l'économique. Ce
sont les professeurs d'économie, j'imagine, dans les collèges,
parce qu'il se donne des cours d'économique pour ceux qui vont dans les
sciences humaines, etc., qui vont être regroupés avec des gens de
la DIGES et qui vont élaborer un contenu de cours qui sera soumis, comme
disait le ministre, aux différents organismes syndicaux et patronaux. A
ce moment, vous travaillez par consensus jusqu'au moment où...
M. Morin (Sauvé): Maintenant, il faut bien dire que tout
le monde est intéressé à ce que ces cours se donnent.
Donc, tout le monde a hâte qu'on aboutisse, mais on ne peut pas aboutir
et le programme ne peut pas être mis en route sans le consentement du
ministre...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): ... de sorte que tant que le ministre
n'est pas satisfait, il n'y a pas de feu vert. Donc, j'admettrai bien
candidement qu'il y a là certainement l'occasion pour le ministre de
mettre son grain de sel dans la discussion.
Mme Lavoie-Roux: Oui, je ne l'en blâme pas pour cela, mais
je voulais seulement connaître le processus. Un autre aspect touchant le
régime pédagogique, vous allez peut-être penser que je suis
à côté du sujet, mais tout ceci est dans le b) dans le
fond, c'est le régime pédagogique, le b). Avant de faire une
motion, je n'en ai qu'une seule, pour vous encourager, et je n'aurai
peut-être pas à la faire, si j'ai des explications
satisfaisantes...
M. Morin (Sauvé): Nous sommes tout ouïe.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas du chantage que je veux faire.
M. Morin (Sauvé): L'idée ne nous aurait jamais
effleurés.
Mme Lavoie-Roux: Non, j'en suis sûre. Tout le monde admet
qu'il nous faut de grands cadres. Vous réalisez qu'on ne
s'arrêtera pas... Il fait chaud, M. le ministre, n'est-ce pas? Je suis
bien d'accord. Par contre, sur le contenu des cours, j'admets le processus, il
me semble régulier. Personne n'a toute la science infuse pour dire que
c'est tel homme ou telle femme qui décide du contenu d'un tel cours.
Quand on arrive, par exemple, au régime pédagogique et que le
ministre détermine une répartition différente du
régime pédagogique, j'ai soulevé la question en Chambre et
le ministre a rétorqué évidemment, je ne pouvais
pas lui donner de réplique Oh! Le député de
L'Acadie ne veut pas de cours de mathématiques. Quelle honte! Tout le
monde veut des mathématiques, mais le député de L'Acadie
n'en veut pas. Vous saviez fort bien que ce n'était pas le point
principal que je soulevais.
M. Morin (Sauvé): Ce n'était pas votre
intention?
Mme Lavoie-Roux: Non. Je ne voudrais pas entrer dans le sujet,
parce qu'il y a eu de grandes études de faites sur l'usage des
mathématiques comme instrument de sélection. On va laisser cela
de côté, M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): C'est un autre beau débat.
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est cela. C'est pour cela que je
n'entrerai pas dedans. C'était l'équili- bre des cours à
l'intérieur du régime pédagogique. Vous avez reçu,
M. le ministre, un avis provenant de plusieurs sources, entre autres, du
Conseil supérieur de l'éducation de la Fédération
des CEGEP, vous l'avez reçu, je pense, des parents, vous l'avez
reçu, si je ne m'abuse, de la CEQ, selon lequel ce régime
pédagogique, que vous vous prépariez à adopter, non pas
dans le sens d'une décentralisation, parce que c'est vous qui allez
l'imposer, déséquilibre le régime pédagogique tel
qu'il existe aujourd'hui. Je ne veux pas qu'on entre dans le mérite ou
le démérite du régime pédagogique actuel quant
à la formation ou à l'équilibre des différents
blocs, mais, quand je parle de centralisation quant aux programmes
d'études, c'est par ce truchement qu'à ce moment-là, le
ministre, en dépit du fait qu'il nous dit: Je décentralise, ne me
semble pas tenir compte des représentations qui lui ont
été faites à l'égard du régime
pédagogique et de la réorganisation de l'équilibre des
blocs dans les CEGEP. Vous m'assurez que vous voulez bien décentraliser,
mais vous vous gardez le droit quand même de dire comment ces blocs vont
être équilibré, alors que les besoins peuvent être
différents d'un collège à l'autre, selon la
clientèle qu'ils servent.
M. Morin (Sauvé): II ne faudrait pas oublier, M. le
Président, que c'est le ministre qui accorde le diplôme.
Mme Lavoie-Roux: Oui. M. Morin (Sauvé): Donc...
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais vous ne tenez quand même pas
compte, à ce moment-là, des avis qui vous ont été
donnés là-dessus.
M. Morin (Sauvé): Ahoui!
Mme Lavoie-Roux: Oui?
M. Morin (Sauvé): Oui, bien sûr.
Mme Lavoie-Roux: De quelle façon?
M. Morin (Sauvé): Je vous ai indiqué tout à
l'heure que nous procédions à des consultations. Nous n'allons
pas faire ça en vase clos, parce que nous savons quel serait l'effet.
Alors, à l'heure actuelle...
Mme Lavoie-Roux: Votre décision n'est pas finale?
M. Morin (Sauvé): Nous travaillons en ce moment et, comme
vous le voyez, les opinions sont diverses. Il faut même faire des
colonnes, pour comparer toutes ces opinions les unes avec les autres. Donc, il
va falloir tenir compte de tout ça, bien sûr.
Mme Lavoie-Roux: Alors, votre opinion n'est pas totalement
arrêtée quant au régime pédagogique...
M. Morin (Sauvé): Ahnon!
Mme Lavoie-Roux: ... sur l'équilibre entre les
différents blocs...
M. Morin (Sauvé): Ah! pour ça, vous voulez dire
pour les crédits?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): Oui, ça, il faudrait que le
Conseil des collèges remette profondément en question tout cela
et avec de bonnes raisons pour m'amener à changer d'idée. Mais
c'est ma responsabilité, ça. Le Conseil des collèges
pourra me dire: Nous sommes plutôt de tel avis ou de tel autre avis.
J'entends cependant lui soumettre tout le régime pédagogique,
après que cette consultation aura eu lieu, c'est-à-dire que le
projet que je soumettrai au conseil aura déjà très
largement fait l'objet d'échanges et reflétera déjà
des comment dire? accommodements avec nos interlocuteurs.
Mme Lavoie-Roux: Alors, ce régime pédagogique sera
soumis au Conseil des collèges, de toute façon...
M. Morin (Sauvé): Oui.
Mme Lavoie-Roux: ... et votre idée n'est pas totalement
arrêtée, selon... Vous la retiendrez peut-être ou non, mais,
au moins, vous allez aller en consultation auprès du Conseil des
collèges.
M. Morin (Sauvé): Ah! mais j'y tiens beaucoup, parce
qu'étant donné la qualité des personnes que nous comptons
nommer à ce conseil, je compte avoir un avis vraiment important et
définitif sur la question.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que le ministre a des noms en
tête?
M. Morin (Sauvé): Pour ne rien vous cacher, oui...
Mme Lavoie-Roux: Alors...
M. Morin (Sauvé): Mais je ne la regardais pas à ce
sujet-là, quoique si le député était
intéressée, elle n'aurait qu'à me le laisser savoir.
Mme Lavoie-Roux: Non, mais parce que vous devez consulter...
M. Morin (Sauvé): Je pensais plutôt...
Mme Lavoie-Roux:... un tas d'organismes sur la nomination et vous
avez déjà des noms en tête, M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): Ah! Parce que, déjà, on
m'a fait des suggestions.
Mme Lavoie-Roux: Vous avez déjà consulté des
groupes?
M. Morin (Sauvé): Dès le lendemain de la
publication du livre blanc, les suggestions ont afflué.
Mme Lavoie-Roux: Oui?
M. Morin (Sauvé): Oui. Mais, pour le député
de L'Acadie, je penserais plutôt au primaire ou au secondaire, à
la rigueur.
Mme Lavoie-Roux: Bon! D'accord!
M. Morin (Sauvé): C'est là que son
expérience se situe.
Mme Lavoie-Roux: Bon!
M. Morin (Sauvé): Cela n'a rien de dérogatoire, M.
le Président. Je m'empresse de rassurer le député. Je
considère que le primaire et le secondaire sont le fondement de toutes
choses.
Mme Lavoie-Roux: Oui. J'ai peut-être un peu
d'expérience, M. le Président, au niveau universitaire. Alors,
c'est pour votre intérêt.
M. Rivest: Je pense bien que le ministre de l'Education enverrait
allègrement le député de Jean-Talon à
l'universitaire.
M. Morin (Sauvé): Non, à la commission de
l'enseignement privé.
M. Fallu: M.le Président...
Mme Lavoie-Roux: Là, il n'y aura pas beaucoup de pouvoirs
parce qu'elle est sous l'effet d'un moratoire depuis deux ans.
M. Morin (Sauvé): Oui, mais avec les contacts du
député de Jean-Talon, avec le réseau d'influence qu'il
possède, je suis sûr qu'il aurait tôt fait de nous bousiller
cette commission comme il a pu le faire dans d'autres cas.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
M. Rivest: ...
Mme Lavoie-Roux: Puisque le ministre a fait des suggestions quant
aux personnes qui pourraient être nommées au Conseil des
collèges...
M. Morin (Sauvé): Pour l'enfance en difficulté
d'apprentissage, je songeais au député de Saint-Laurent.
Mme Lavoie-Roux: Vous allez tous nous liquider.
M. Morin (Sauvé): Sa vaste expérience dans ce
domaine pourrait nous être utile.
Mme Lavoie-Roux: Pour la commission de l'enseignement
privé, si vous cherchez un nouveau président...
M. Le Moignan: J'ai peur que le ministre m'envoie à la
prématernelle.
Une Voix: Ou au comité catholique.
Mme Lavoie-Roux: Dans le fond, c'est peut-être là
que ce serait le plus gratifiant.
M. Fallu: C'est la distribution des prix aujourd'hui.
M. Rivest: Vous n'avez rien eu?
M. Forget: On va mettre les ministérielles à la
garderie, de toute façon.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, comme suggestion pour la
présidence de la commission de l'enseignement privé, il y a une
personne qui est en disponibilité, qui serait fort intéressante,
elle a montré beaucoup d'intérêt...
M. Morin (Sauvé): PasM.Claude Ryan?
Mme Lavoie-Roux: C'est la candidate du Parti
québécois dans le comté de Jean-Talon.
M. Morin (Sauvé): Que je sache, elle est très
occupée en ce moment.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Terrebonne.
M. Rivest: Elle croit à l'éducation...
M. Fallu: Je m'excuse de revenir à des choses
sérieuses.
M. Morin (Sauvé): Oui...
Mme Lavoie-Roux: C'est le ministre qui nous a
entraînés sur cette pente légère.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Terrebonne.
M. Fallu: II semble que les vendredis doivent toujours nous
réserver des airs de gaieté.
Le Président (M. Marcoux): Je vous ai dit que mon rire se
communiquerait tout au long de la soirée.
M. Le Moignan: Le ministre nous a dit vendredi dernier qu'il
était malsain de travailler dans le stress.
M. Fallu: Oui. Le député de Matapédia m'a
dit tout à l'heure qu'il se préparait à travailler dans la
joie ce soir.
M. Rivest: A quelle heure devient-il génial,
déjà?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je me demande si
cinq minutes d'interruption ne nous permettraient pas de revenir à un
peu plus de sérénité.
M. Le Moignan: Oui, M. le ministre, j'appuie.
Le Président (M. Marcoux): Je pense que cela
vaudrait...
Mme Lavoie-Roux: C'est pour se détendre. Une Voix:
Suspendu pour cinq minutes.
Le Président (M. Marcoux): La commission accepte de
suspendre les travaux pendant quelques minutes.
Mme Lavoie-Roux: Unanimement. Suspension de la séance
à 16 h 58
Reprise de la séance à 17 h 23
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre, s'il vous
plaît! Nous en étions au paragraphe b) je crois?
Mme Lavoie-Roux: L'admission des étudiants, je voudrais
que le ministre nous dise si ça va toucher uniquement, par exemple, les
exigences du point de vue certification du secondaire, pas certification mais
exigence à l'égard des adultes, ou est-ce que vous pouvez aller
dans plus de détails que ceci? Cela me semble à la fois un
minimum et un maximum, dans les règlements du ministère.
M. Morin (Sauvé): Cela ne peut pas être aussi
exigeant que le certificat d'études secondaires, M. le Président.
En réalité, nous sommes obligés, dans la perspective qui
consiste à favoriser la scolarisation la plus poussée possible
des jeunes, d'ouvrir beaucoup plus que cela. En réalité,
quiconque a 19 ans et a des aptitudes peut aller au collège et obtenir
les prêts et bourses nécessaires. De sorte que nous n'avons pas du
tout l'intention de modifier cette accessibilité, mais encore faut-il
que ce soit prévu dans les règlements. Il nous faut un
règlement général d'admission des étudiants.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que le règlement pourrait
être, par exemple, de nature aussi générale que d'avoir
obtenu un certificat d'études secondaires ou avoir
complété des études équivalentes, qui est la
formule privilégiée dans le cas des universités pour les
étudiants plus vieux, que dans le cas des adultes qu'il faille au moins
avoir 19 ans? Est-ce que ça pourrait se limiter en gros à peu
près à ceci?
M. Morin (Sauvé): Ce serait sans doute un peu plus
compliqué que cela et je vais me permettre de vous dire ce qu'il y aura
dans ce règlement, ça se trouve à la page 48 du livre
blanc, sous le titre: L'admission aux études collégiales: "Seront
admissibles aux études collégiales les candidats
détenteurs d'un certificat d'études secondaires, CES
général ou professionnel et dans le cas des adultes, tout
candidat âgé de 19 ans, ayant une préparation jugée
suffisante. La formulation de cette condition générale
d'admission devrait lever certaines hésitations actuelles au sujet des
diplômés de l'enseignement secondaire professionnel dont
l'accès au collège est loin d'être toujours facile, comme
aussi au sujet de l'âge à partir duquel un candidat peut
être admis selon les modalités prévues pour les
adultes".
Ensuite vous avez une série de critères plus
détaillés, des conditions particulières...
Mme Lavoie-Roux: ... c'est ce qui m'inquiète.
M. Morin (Sauvé): ... pour certains programmes.
Maintenant, il faut que j'explique que ai-je votre attention, madame?
parce que le paragraphe 3 est très important...
Mme Lavoie-Roux: Oui, je vois bien ça.
M. Morin (Sauvé): II s'agit de rendre publics les
critères particuliers, les conditions particulières d'admission
exigées pour certains programmes, qu'ils soient publics et connus. C'est
le collège qui fera cela en adoptant son règlement de conditions
particulières. Ce que nous visons, c'est que ce soit public. A l'heure
actuelle, le candidat ne sait pas toujours pourquoi on lui refuse l'admission.
Je pense au pilotage, je crois effectivement qu'il y a un règlement de
conditions particulières dans ce cas-là. Admettons qu'il n'y en
ait pas un et que les candidats y soient refusés sans qu'on leur
précise qu'ils n'ont pas la vue suffisante. Le candidat aurait de bonnes
raisons d'être révolté par le refus qu'on lui oppose, sans
motif.
Donc, le règlement permettra de rendre publiques les conditions
particulières d'admission et on ne pourra pas s'éloigner de ces
conditions pour refuser un candidat. C'est ça, l'idée.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, sans que chaque
collège rende publiques ses conditions particulières d'admission,
je pense que ça doit être ouvert, je n'ai pas d'objection et
là, c'est le collège qui les fixe, ces conditions. Dans le
deuxièmement, si on se réfère à votre politique,
vous décrivez la règle générale en haut et à
2, vous dites: "Le ministre pourra ajouter certaines conditions
particulières à chaque programme." Est-ce que ça ne vous
donne pas une ouverture vous permettant de réglementer passablement de
choses, peut-être pas toujours avec nécessité?
M. Morin (Sauvé): Toujours sous la condition que le
ministère sera raisonnable. Toutes les lois, on tient pour acquis
qu'elles seront appliquées raisonnablement. Si, par exemple, nous
exigeons un diplôme d'ingénieur pour entrer en musique
quoique on devrait peut-être le faire, je vois que le
député de Jean-Talon acquiesse.
M. Rivest: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Un diplôme de musique pour entrer en
génie, M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): Ou l'inverse. Je ne pense pas que nous
allions jusque là, voyez-vous. Mais, par exemple, pour entrer dans
certains domaines où il y a des prérequis indispensables en
mathématiques, il faut que nous puissions le préciser. Autrement,
nous amenons des jeunes dans des impasses.
M. Forget: Si mon collègue a terminé... Cette
notion de règlement, quant aux admissions, me pose un certain nombre de
problèmes, M. le Président. Je comprends fort bien que selon la
conception actuelle du ministre, et d'ailleurs de ses
prédécesseurs j'imagine, nous ayons dans le domaine
collégial un diplôme d'Etat, une espèce de garantie
d'homogénéité des diplômés. On dit qu'ils
sont tous jugés selon les mêmes critères et il y a une
espèce de garantie de qualité qui est donnée par le
ministère, par ses contrôles sur les diplômes, les
programmes et les examens. Je peux le comprendre. Il s'agit, en quelque sorte,
de créer une obligation de résultat, si on veut, pour employer
une expression bien connue du ministre, sans aucun doute. Il s'agit de dire:
Voici ce que vous devez faire, à quels résultats vous devez
arriver sur le plan académique, quant au produit final, quant au
résultat final de vos efforts d'éducation collégiale.
Là où je me pose de sérieuses questions, c'est que
l'on veuille également avoir des exigences ministérielles sur le
plan des moyens; on crée non seulement des obligations de
résultats, mais simultanément des obligations de moyens, de
prendre tel et tel moyen, alors qu'il semblerait suffisant de préciser
ce que l'on veut comme objectif et de laisser une large liberté aux
collèges pour adopter des moyens différents. (17 h 30)
Or, il me semble que les exemples que vient de donner le ministre sont
de nature à empêcher qu'un étudiant ne soit pas
accepté, pour des motifs qui ne lui seraient pas adéquatement
expliqués. C'est tout à fait légitime. D'ailleurs, on
pourrait le formuler beaucoup plus directement en disant que, dans les
admissions, les collèges doivent motiver leurs décisions. Mais,
indépendamment de cela, il reste que je pense qu'il y a une
espèce de maladie proprement québécoise, dans le domaine
des critères d'admission, qui m'inquiète beaucoup. J'en ai vu le
fonctionnement au niveau universitaire, quand j'y étais comme
professeur. Je l'ai vu et je le vois maintenant dans cette discussion des
critères d'admissibilité au niveau collégial.
Je vais donner l'exemple de ce que j'ai à l'esprit. Il arrive,
dans tous les pays, et j'espère que
c'est également le cas au Québec, que vous avez des jeunes
qui ont un potentiel absolument exceptionnel. Ceci se retrouve assez souvent,
quoique la fréquence soit basse, mais elle est quand même
significative, dans le domaine des mathématiques. Vous avez des jeunes
qui, à treize et quatorze ans, sont non seulement capables, mais
désireux de prendre des cours de niveau collégial et même
plus, qui, rendus à quinze ou seize ans, sont tout à fait
prêts pour s'inscrire à des cours de niveau universitaire. J'ai
moi-même bénéficié, dans des universités
étrangères, de professeurs de mathématiques
supérieures qui avaient des doctorats en mathématiques et qui
avaient 22 ou 23 ans, et ce dans les meilleures universités
américaines. Au Québec, ces gens-là seraient encore au
CEGEP, ou peut-être plus, non, ils n'auraient pas terminé leur
baccalauréat universitaire. Quels que soient leurs efforts, on leur
aurait fait des objections. J'ai connu des gens ici, au Québec, qui ont
fait des pieds et des mains pour des parents qui avaient le bonheur d'avoir des
jeunes qui avaient ainsi sauté des étapes et qui étaient
tout à fait capables de continuer dans cette voie, et qui se faisaient
poser des barrières innombrables, de telle importance qu'ils ont
dû finalement envoyer ces jeunes à l'étranger pour leur
permettre, à l'étranger, une flexibilité qui était
impossible au Québec.
Je crois que nous payons très lourdement, parce que tout le monde
sait que, par exemple, dans le domaine des mathématiques en particulier,
l'esprit humain est ainsi fait que si nous ne nous adaptons pas à notre
système, à cette réalité, le sommet, la pointe de
l'esprit humain, pour le développement et la créativité en
mathématiques, s'atteint vers 21, 22 ans. Après, c'est le
déclin, la vieillissement commence à ce moment-là assez
malheureusement, et les grandes découvertes mathématiques ont
été faites par des esprits très jeunes. C'est un exemple
que je donne, mais on le retrouve plus dans le domaine des
mathématiques, parce que c'est plus facilement contrôlable. C'est
visible. Dans le domaine de la littérature, on peut dire: Bien oui,
c'est un jeune qui aime beaucoup lire et qui a lu énormément. On
le perçoit peut-être moins bien. Mais un jeune de quatorze ans qui
peut résoudre des intégrales du quatrième degré,
cela attire l'attention. Ce n'est quand même pas courant. Quand cela
arrive, c'est très important pour l'intérêt national bien
compris de donner toute la chance possible. Or, notre système a
tellement de barrières qu'il n'est pas possible, par exemple, à
un jeune qui est au secondaire de s'inscrire au cours de mathématiques
du CEGEP. Je connais des gens qui l'ont essayé et cela n'a pas
été possible.
Que des jeunes qui sont au CEGEP pour le français, la
géographie ou l'histoire, etc., mais soient capables de prendre des
cours de doctorat en mathématiques supérieures, ou en
statistiques, ou en recherche opérationnelle, cela non plus, on ne voit
pas cela au Québec, à moins que tout le monde n'accepte de fermer
les yeux, mais, vous savez, les gens sont assez tatillons, ils veulent souvent
empêcher qu'on leur fasse des reproches, les formules de financement sont
liées à tout cela, il y a des complications administratives. On
ne sait pas trop bien, dans ces immenses structures, qui a le pouvoir de
prendre les décisions, mais on a toujours l'impression que, de toute
façon, si ce n'est pas approuvé par le ministre personnellement,
cela ne peut pas se faire, parce qu'effectivement, les lois, les
règlements et les directives sont pleins d'indications de
discrétion ministérielle, et seulement de discrétion
ministérielle.
Je pense, M. le Président, qu'on devrait réfléchir
sérieusement dans l'optique même d'un diplôme d'Etat quant
à la possibilité d'assouplir énormément les
règles d'admission. Il y a cette application particulière d'une
règle, un minimum de 19 ans. Pourquoi 19 ans? Si quelqu'un a les
aptitudes nécessaires, s'il a la motivation pour faire des études
collégiales, mettons de côté tout ce bel ordonnancement qui
vaut probablement dans 75% des cas, qui règle les problèmes
administrativement et on n'a pas besoin de se poser de question. Mais il y a un
nombre de cas malgré tout sensible, et ces cas-là, c'est, pour le
Québec de demain, la ressource sur laquelle il faut compter. C'est ce
qui nous permettra d'occuper une place dans les domaines scientifiques, par
exemple. Il est, à mon avis, tragique qu'on ne puisse pas faire plus
pour ces jeunes. On devrait avoir un contexte administratif dans le domaine de
l'éducation qui serait beaucoup plus stimulant dans ce domaine-là
que ce n'est le cas actuellement.
Je demanderais au ministre que, dans toute cette question de
réglementation ministérielle, il se borne donc, me semble-t-il du
moins, c'est la chose à faire, à créer des obligations de
résultats et à insister très fort pour que
l'étudiant à qui on va donner le diplôme, le DEC, que cet
étudiant puisse, au minimum, satisfaire à certaines exigences de
connaissances, d'habileté, etc., selon les domaines, mais qu'on laisse
largement aux collèges le soin de les déterminer, selon les
milieux, les individus mêmes, avec une marge de manoeuvre qui est,
à mon avis, sans frein, qui devrait être sans frein, parce que ce
sont des organismes responsables.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, j'ai suivi
l'argumentation du député avec beaucoup d'intérêt.
Il y a beaucoup de vrai dans ce qu'il a dit. Il a mis le doigt sur un
problème réel, mais, d'un autre côté, il faut une
réglementation. Qu'elle soit souple, qu'elle soit largement ouverte sur
la réalité, j'en conviens. J'ose espérer que l'esprit qui
l'anime dans les propos qu'il vient de tenir nous inspirera également
quand nous ferons les règlements en question, mais il faut tout de
même, pour que l'arbitraire soit réduit au minimum, un
règlement. Que ce règlement soit souple plutôt que rigide,
je veux bien en convenir et je crois que je devrai tenir compte des
observations du député, mais, cela dit, la loi ne peut pas
spécifier que le règlement devra être souple. Elle dit
simplement qu'il y aura un règlement et elle fait confiance, dans une
certaine mesure, aux gens, au jugement des gens qui auront à
rédiger les règlements. Si le
ministre ou si ses adjoints ne sont pas suffisamment informés et
qu'ils adoptent de mauvais règlements, eh bien! tôt ou tard, ils
auront à en rendre compte devant la société, et tôt
ou tard, ils auront à en payer le prix. C'est comme cela que notre
système fonctionne. On ne peut pas légiférer la
souplesse.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je ne serai pas longue
là-dessus, parce qu'il est 17 h 40. Le point que vient de soulever le
député de Saint-Laurent, je ne peux m'empêcher de
l'appuyer. D'ailleurs, on l'a abordé de façon différente.
Quand on aborde la question de l'absence de voix maintenant, comment on fait de
l'enrichissement au niveau secondaire, etc.
M. Morin (Sauvé): J'accepte le point de vue du
député.
Mme Lavoie-Roux: Ce que le député de Saint-Laurent
dit, il y a une formulation que j'appelle générale ici, que les
candidats détenteurs d'un certificat d'études secondaires, etc.,
et dans le cas d'un adulte, un candidat âgé de 19 ans et plus. Il
faudrait trouver moyen, et je pense que vos gens sont assez imaginatifs pour
cela, de laisser une porte ouverte pour répondre à des
catégories d'étudiants qui se situeraient dans ce dont le
député de Saint-Laurent vient de parler. C'est tout...
M. Morin (Sauvé): Oui. D'ailleurs, la Commission
d'études sur les universités vient de dire quelque chose qui
ressemble à cela.
M. Forget: Je veux ajouter un mot. Le ministre dit: Le
règlement ne peut pas être souple. Le règlement existe ou
n'existe pas. Il faut qu'il soit bien fait. On ne peut pas
légiférer la souplesse. Je ne suis pas tout à fait
d'accord dans ce sens. Plus on déplace vers le haut d'une
hiérarchie, l'endroit où doivent être
évaluées les dérogations parce que tout
règlement peut comporter un pouvoir de dérogation plus on
le met haut dans la hiérarchie, plus la dérogation est difficile
et moins la souplesse peut effectivement exister. On peut décourager la
souplesse. Il y a une tradition au Québec, qui n'existe pas partout
ailleurs, d'interpréter à la lettre des règlements, comme
le ministre le sait très bien.
M. Morin (Sauvé): Je suis d'accord, en un mot comme en
cent. C'est la raison pour laquelle nous avons renvoyé à
l'article suivant, l'article 19, qui définit la compétence
réglementaire des CEGEP eux-mêmes. Nous ajoutons un paragraphe e)
qui dit: Sous réserve du paragraphe b) dont nous discutons en ce moment,
c'est-à-dire de conditions très générales et
très souples, le collège peut arrêter les conditions
particulières d'admission des étudiants ou de certaines
catégories d'étudiants. Cela répond exactement à la
préoccupation du député de s'élever le moins
possible dans la hiérarchie des compétences et de coller le plus
possible aux réalités. Donc, ces deux paragraphes doivent
être vus comme étant complémentaires. Le ministre, lui,
s'assure qu'il y a une certaine égalité à travers
l'ensemble du système. On ne peut tout de même pas avoir des
critères qui soient tellement différents d'un collège
à l'autre qu'on aboutirait à des injustices ou à des
déplacements de clientèle parce qu'il serait plus facile
d'accéder au collège de Rimouski qu'à celui de
Rivière-du-Loup. On forcerait les gens à voyager inutilement.
Donc, il faut qu'il y ait des critères d'application
générale. C'est ce que vise l'article "18, au paragraphe b). Il
faut aussi s'adapter aux conditions particulières, aux circonstances
particulières de chaque milieu. C'est ce que vise l'article 19,
paragraphe e).
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, c'est le paragraphe b)
qui va prendre le plus de temps. Je veux encourager le ministre. Je suis
d'accord avec lui pour dire que les collèges ont une latitude pour
définir certaines conditions particulières d'admission des
étudiants. C'est toujours sous réserve du paragraphe b).
M. Morin (Sauvé): Du paragraphe b). C'est-à-dire
des règles générales.
Mme Lavoie-Roux: Oui, des règles générales.
Il reste que si la définition ici est une définition
générale, à l'article 1, "détenteur d'un certificat
d'études secondaires ou 19 ans ou études équivalentes" il
y aurait danger que cette catégorie d'étudiants que mentionne le
député de Saint-Laurent ne puisse pas permettre à un
collège de les admettre, parce que là, c'est quand même
très large. C'est l'âge, la certification, on fait exemption de la
certification si on est adulte de 19 ans et, justement, le groupe qui veut ce
service comprend peut-être des gens qui n'auraient même pas
complété leur certification du secondaire, qui n'auraient pas 19
ans, mais qui seraient peut-être des élèves qui devraient
être admis néanmoins au collège dans les programmes de
mathématiques plus avancées, etc., ou d'autres programmes, quant
à ça.
J'attire simplement votre attention, pour ne pas le formuler ce soir,
que même si le e), évidemment, permet des conditions
particulières d'admission, je pense que ceci a été
prévu peut-être bien davantage à l'égard
d'équivalences possibles pour l'éducation des adultes ou
même des programmes particuliers qu'on voudrait faire pour les milieux
défavorisés ou, enfin, ces choses, dans la perspective du
député de Saint-Laurent. C'est pour ça que j'attire votre
attention sur l'âge et la certification qui resteraient probablement les
règles générales et c'est peut-être ça que
ça va introduire... une autre dimension qui ne pourrait pas être
freinée si jamais les collèges voulaient faire des...
Vous savez, M. le Président ça va être ma
dernière remarque là-dessus on est tombé dans une
dialectique, et ce n'est pas vous que j'en tiens responsable, mais certains
syndicats disant que c'était élitiste de vouloir permettre que
des gens
avec plus d'aptitudes ou avec des talents particuliers... On a eu
tendance, ou on a tendance à vouloir niveler, pas nécessairement
par la base, mais au moins par le milieu, et il y a eu beaucoup de pressions de
faites dans ce sens-là. Il faut penser maintenant aux
conséquences que ça peut entraîner et qui vont
peut-être devenir de plus en plus aiguës, au fur et à mesure
qu'on dit: On nivèle, tout le monde est pareil.
En tout cas, c'est tout ce que j'avais à dire, mais c'est une
dialectique qui a des inconvénients. Elle a été
motivée par des excès, mais il ne faut pas tomber dans les autres
excès. (17 h 45)
Sur la question...
M. Morin (Sauvé): J'ai pris bonne note des propos de Mme
le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Sur les examens, M. le Président
je n'aurai pas de questions sur les diplômes, parce qu'il faut que vous
les certifiez mais qui fait les examens et quelle sorte de
réglementation envisagez-vous du point de vue des examens? N'oubliez pas
que vous avez une commission d'évaluation de prévue qui va faire
l'évaluation des politiques institutionnelles, évaluer le
personnel, etc.
Quand vous parlez d'examens, qu'avez-vous en tête?
M. Morin (Sauvé): M.le Président, ce sont les
collèges eux-mêmes qui préparent les examens et
procèdent à l'évaluation de leurs étudiants. Ils
ont donc des politiques d'évaluation, enfin, quand les choses vont
bien.
Désormais, nous n'avons pas l'intention de changer ce
système fondamentalement, mais les politiques d'évaluation des
collèges seront évaluées à leur tour par le Conseil
des collèges.
Mme Lavoie-Roux: Ah! D'accord. On y reviendra demain.
M. Morin (Sauvé): C'est un des rôles essentiels du
Conseil des collèges de renforcer ces politiques d'évaluation des
collèges. Les examens ne peuvent pas être tous
préparés au centre. A d'autres niveaux, nous le faisons, pour
d'autres raisons, mais, au niveau des collèges et des
universités, cet aspect de la question est hautement
décentralisé, quoique, naturellement, nous voulons tout de
même pouvoir réglementer la façon dont la chose se passe,
nous n'allons pas jusqu'à définir le contenu des examens, mais il
faut un règlement qui permette de dire: Les collèges
procèdent à l'évaluation de leurs étudiants, les
méthodes leur appartiennent, quoique, désormais, elles feront
l'objet d'une évaluation. On verra si les collèges ont des
techniques, des politiques d'évaluation suffisantes.
Pour le cas où un collège aurait des doutes sur la
question et cela est arrivé, le conseil d'administration, la
commission pédagogique peut avoir des doutes il pourra s'adresser
au service d'évaluation pour obtenir une évaluation de ce qu'il
fait et, éventuellement, pour l'aider à corriger son tir. Mais le
collège sera toujours enfin, tant que nous serons là,
c'est la politique énoncée dans le livre blanc
responsable, en première ligne, de l'évaluation des
étudiants et donc des examens.
Il y a des conseils d'administration, à l'heure actuelle, qui
n'ont pas de politique d'évaluation; nous voulons qu'ils s'en donnent
une. Pour ce qui est du contenu de cela, je vous renvoie au cahier de
l'enseignement collégial dont je vous parlais tout à l'heure, les
renseignements généraux, justement aux articles 23 et suivants,
donnent des détails sur l'évaluation du travail de
l'étudiant et de l'enseignement.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je vous ferai remarquer
que j'ai eu un esprit prévoyant hier soir, parce que, maintenant, on m'a
repris mon programme pour que vous puissiez vous en servir. Je m'excuse, c'est
une accusation injuste.
M. Morin (Sauvé): C'est à la page 1.13, et vous
allez voir à quoi peut ressembler un règlement, vous allez voir
que ce n'est pas le détail de l'examen.
Cela dit, à l'article 23: "Chaque cours comprend un examen final
administré sous la responsabilité du ministère de
l'Education." Article 24, on nous dit que la note minimale de réussite
d'un cours est de 60% et ainsi de suite. La raison, évidemment, c'est
qu'il y a une question de justice distributive et que les règles ne
doivent pas varier trop d'un collège à l'autre, parce qu'on ne
pourrait plus les comparer et on ne saurait plus exactement ce que vaut le
diplôme; d'où le besoin d'une réglementation
générale. On ne coupe pas.
Mme Lavoie-Roux: Mais vous avez l'article 23: "chaque cours
comprend un examen final administré sous la responsabilité du
ministère de l'Education"...
M. Morin (Sauvé): Oui, mais le ministère de
l'Education a délégué cette compétence aux
collèges.
Mme Lavoie-Roux: Vous l'avez déléguée aux
collèges.
M. Morin (Sauvé): Mais c'est sous sa
responsabilité, en ce sens que, si jamais je me persuadais, au moment de
signer les diplômes, que les examens n'étaient pas de
véritables examens, j'hésiterais peut-être à mettre
ma signature sur le diplôme.
Mme Lavoie-Roux: Quand on regarde les articles 23, 24, 25, ceux
qui touchent l'évaluation, je pense que c'est raisonnable. La seule
chose, c'est que vous dites: à l'article 23, je l'ai
déléguée.
M. Morin (Sauvé): Je m'excuse, j'ai manqué la
question de Mme le député.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que ça fait assez longtemps que
le député de Gaspé veut faire une motion, je vais lui
laisser la chance...
M. Le Moignan: C'est votre conseiller, je n'ai rien à voir
là-dedans, c'est M. Larivière...
M. Rivest: C'est M. Larivière qui a dérangé
M. le ministre.
Le Président (M. Marcoux): J'avais la même
interrogation. On sait que c'est "Rosalie" qui accorde les contrats, mais je
voulais savoir quelle machine signait le diplôme.
Mme Lavoie-Roux: Oui, parce que c'est "Rosalie" qui accorde les
contrats et qui signe les diplômes.
M. Le Moignan: Je ne suis pour rien là-dedans.
M. Rivest: C'est Jacques-Yvan qui accorde les diplômes.
M. Morin (Sauvé): Ce n'est pas "Rosalie" qui fait passer
les examens.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Rivest: II y a peut-être une "morinette" quelque part,
au sens du ministre des Affaires sociales.
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai pas d'autres questions sur le projet de
loi. Mes interrogations étaient au sujet des examens parce que je
voulais être certaine que ceci reste la prérogative des
collèges, parce qu'il y a des tas de considérations qui entrent
en ligne de compte et de divergences, de différences. Je n'ai pas
d'autres questions sur le b). Vous m'assurez que le régime
pédagogique sera soumis au nouveau Conseil des collèges?
M. Morin (Sauvé): Oui. Je l'ai dit publiquement
d'ailleurs, Mme le député, je ne pourrais me dédire
qu'à mes risques et périls.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Mais parfois, ça vous arrive;
je ne veux pas mettre en doute votre parole dans ce cas-ci.
M. Morin (Sauvé): Je suis sûr que vous êtes
là pour me surveiller.
Mme Lavoie-Roux: Parfois, j'ai d'autres préoccupations, M.
le ministre.
M. Morin (Sauvé): C'est vrai?
Mme Lavoie-Roux: J'allais dire heureusement.
M. Morin (Sauvé): Moi qui croyais avoir votre
entière attention. C'est bien triste, vous me faites des
infidélités avec le ministre des Affaires sociales depuis quelque
temps.
Mme Lavoie-Roux: Avez-vous des questions, vous autres?
M. Rivest: Non.
Mme Lavoie-Roux: Bon, ils sont tous satisfaits, M. le
Président. Le paragraphe b) est adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Marcoux): Puisque vous avez dit que vous
n'aviez pas d'autres questions, je pensais que...
Mme Lavoie-Roux: Non, non.
Le Président (M. Marcoux): Paragraphe b), adopté.
Paragraphe c). On va continuer à l'étudier comme ça et on
l'adoptera... quand il n'y a pas d'amendement.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. La qualification du personnel
pédagogique. Une question, M. le ministre, est-ce que ceci n'est pas
établi par le biais des conventions collectives? Cela l'est dans le cas
des enseignants du domaine scolaire.
M. Fallu: II n'a jamais été mis en application pour
les enseignants du niveau collégial. Chaque collège, j'allais
dire, en l'occurrence, chaque département, puisqu'il appartient aux
départements d'embaucher, a lui même dressé ses conditions
d'admission, ses conditions générales...
Mme Lavoie-Roux: De qualification de personnel.
M. Fallu: ... de qualification de personnel enseignant, toujours.
La qualification professionnelle, notons bien qu'il s'agit, dans le domaine de
la pédagogie, des études pédagogiques, c'est-à-dire
la certification, en d'autres mots. Dans le passé, ici on pourrait faire
état des statistiques qui paraissent dans le livre blanc il y a
eu une condition d'ordre général qui est devenue une tradition,
c'est-à-dire, pour le moins, un premier niveau d'études
universitaires, sinon un second.
Mme Lavoie-Roux: Non, excusez, je ne veux pas brusquer le
député de Terrebonne. Ce que je veux savoir apparemment,
vous êtes l'expert là-dedans; je dis ça, c'est une
reconnaissance qu'il y ait une exigence d'études... Ils
deviennent impossibles M. le Président, ce n'est vraiment pas ma
faute.
Le Président (M. Marcoux): Votre courtoisie suscite le
rire. Je pense que je proposerais de suspendre...
M. Morin (Sauvé): Non.
M. Fallu: Non, il reste quatre belles minutes encore.
Mme Lavoie-Roux: Surtout pas, M. le député de
Gaspé. Non.
M. Morin (Sauvé): Je suis sûr que les
députés peuvent se ressaisir.
Mme Lavoie-Roux: Ce que j'ai demandé, vous me dites que ce
n'est pas fait par le biais des conventions collectives. Donc, il semble,
d'après votre réponse que ce soit un diplôme de premier
cycle, deuxième cycle, université, ça ne
m'intéresse pas. Cela pourrait m'intéresser, mais pas pour la
question que je vous pose. Vous dites que ce sont les collèges qui
déterminent la qualification, ou les exigences de qualifications.
M. Morin (Sauvé): Les exigences.
Mme Lavoie-Roux: Les exigences de qualification. Pourquoi
introduire ici, en c), la qualification du personnel pédagogique,
puisque vous avez en 18 les règlements qu'un collège doit
adopter. Est-ce qu'ils ne devraient pas, à ce moment-là,
être couverts par le a), un collège doit adopter des
règlements quant à la qualification de son personnel
pédagogique?
M. Morin (Sauvé): Non, M.le Président, pour une
raison très simple. Cela ne doit pas varier d'un collège à
l'autre, parce qu'on va avoir des niveaux inégaux de compétence.
Il faut donc, conformément à ce que nous avons dit dans
l'énoncé de politique sur la formation des enseignants, qu'il
soit déterminé par le gouvernement un certain nombre d'exigences,
avant qu'on puisse enseigner dans un CEGEP.
Et nous disons, à la page 62 de l'énoncé de
politique: De ces principes découlent des conséquences
différentes, selon qu'il s'agit de nouveaux professeurs et de ceux qui
sont déjà à l'emploi des collèges. Pour les
premiers, il y a lieu d'établir des critères minimaux de
formation et d'embauche c'est-à-dire pour les nouveaux
professeurs pour les uns comme pour les autres, de déterminer de
nouveaux objectifs de perfectionnement et de recyclage.
Donc, pour que nous puissions donner suite à ces critères
minimaux de formation et d'embauche, il faut que nous puissions le faire par
règlement, applicable à tous les collèges. Par exemple,
nous pensons que tout enseignant au niveau collégial devrait
désormais avoir à son compte 30 crédits de
pédagogie et pas seulement une spécialisation dans la chimie ou
dans la littérature.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'on a la même exigence pour les
professeurs de l'enseignement professionnel?
M. Morin (Sauvé): Cela s'applique aux deux.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que les universités sont en mesure
de répondre à cette demande de tous les enseignants de
l'enseignement professionnel?
M. Morin (Sauvé): Ils vont devoir bien sûr refaire
leur programme, s'adapter. D'ailleurs, il en est question dans le rapport de la
CED, la Commission d'étude sur les universités, dont nous devrons
tenir compte.
Mme Lavoie-Roux: 18 heures a sonné, n'est-ce pas?
L'angélus vient de sonner, M. le Président? D'accord, donnez-moi
la réponse. Vous vouliez ajouter quelque chose?
M. Morin (Sauvé): J'allais dire qu'il y a en ce moment
deux exemples d'expérience que nous entreprenons du côté
professionnel, mais j'allais ajouter que je n'étais pas très
sûr que ces exemples soient particulièrement bons. Je suis heureux
que l'angélus ait sonné, M. le Président, pour ne pas
avoir à m'étendre sur la question.
Mme Lavoie-Roux: On pourrait y revenir.
M. Le Moignan: M. le Président, avant la suspension,
j'aurais une motion à formuler, qui sera probablement amendée par
le député de Jean-Talon. La motion se lit: (18 heures)
Le Président (M. Marcoux): II vous reste... Il est 17 h
59.
Mme Lavoie-Roux: Une minute, oui.
M. Le Moignan: Trente secondes, vingt secondes.
Le Président (M. Marcoux): Oui, c'est cela, il est 17 h
59.
M. Le Moignan: Sans explication, voici la motion; pour
hâter les travaux, c'est le but premier: Que le député de
L'Acadie et le député de Sauvé se retirent ensemble,
qu'ils échangent, confrontent et surtout harmonisent et fassent rapport
à la commission, lundi matin, et que la commission fasse ensuite rapport
à l'Assemblée nationale.
Une Voix: Adopté.
M. Le Moignan: Le député de Jean-Talon a un
amendement.
M. Rivest: Ajouter les mots "en s'adjoignant les services du
député de Saint-Laurent au besoin."
M. Morin (Sauvé): II va nous falloir un chaperon. Je
propose le député de Gaspé.
Le Président (M. Marcoux): Si j'ai bien compris, la
commission suspend ses travaux jusqu'à 20 heures.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que je peux faire une autre motion? C'est
qu'on donne congé au député de Matapédia, parce que
je me suis sentie coupable toute la fin de semaine dernière, et je
voudrais qu'il s'en aille chez lui.
M. Marquis: M. le Président, j'apprécie beaucoup
l'offre que me fait le député de L'Acadie, mais comme je me rends
à Saint-Jean plutôt qu'à Amqui, ce soir ou demain matin, je
peux rester avec vous jusqu'à la fin.
Mme La voie-Roux: Ah! vous vous rendez moins loin que moi, c'est
moi qui devrais quitter la première.
Le Président (M. Marcoux): La commission suspend ses
travaux jusqu'à 20 heures.
Suspension de la séance à 18 h 2
Reprise de la séance à 19 h 38
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre, s'il vous
plaît! La commission parlementaire de l'éducation reprend
l'étude article par article du projet de loi no 25, à 19 h 38,
heure normale de l'Est.
Mme Lavoie-Roux: C'est déjà commencé?
Le Président (M. Marcoux): Oui, c'est déjà
commencé. Vous êtes en retard de 20 secondes. Article 10.
M. Rivest: Adopté!
Le Président (M. Marcoux): Parfait. Adopté. Article
11.
Mme Lavoie-Roux: Non, écoutez là.
Le Président (M. Marcoux): Je m'excuse. Je ne savais pas
qu'il y avait de la division dans l'Opposition. Je savais qu'il y avait
plusieurs partis, mais...
Mme Lavoie-Roux: C'est effrayant comme j'ai de la pression des
deux côtés.
Le Président (M. Marcoux): C'est parce que...
Mme Lavoie-Roux: D'abord, il y a un amendement au paragraphe
d).
Le Président (M. Marcoux):... c'est un de mes anciens
collègues étudiants.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas cela, on était sur la
qualification du personnel pédagogique.
Le Président (M. Marcoux): Nous étions au
paragraphe c).
Mme Lavoie-Roux: Bon, écoutez...
M. Morin (Sauvé): Nous en avons déjà
beaucoup parlé.
Mme Lavoie-Roux: Oui, oui. Il y a juste une question. Vous dites
qu'il faut des qualifications de base pour permettre que tout le monde ait un
enseignement de même niveau dans tous les collèges. Par contre,
vous avez ajouté qu'il était possible que les collèges
puissent aussi se donner, au-delà des normes qui seraient
établies ou enfin des règles générales, des
règles de qualification de personnel.
M. Morin (Sauvé): D'embauche.
Mme Lavoie-Roux: A l'embauche seulement.
M. Morin (Sauvé): Pour les nouveaux.
Mme Lavoie-Roux: Pour les nouveaux, parce que...
M. Morin (Sauvé): Parce que, pour les anciens, bien
sûr, c'est le perfectionnement qui est la clef de la qualité. Pour
les nouveaux, nous avons l'intention de faire en sorte qu'ils aillent chercher
30 crédits de pédagogie, de façon que ce ne soit pas
uniquement des spécialistes de telle ou telle matière, mais
également des personnes initiées aux questions d'ordre
pédagogique.
Mme Lavoie-Roux: Bon. La seule chose qui m'inquiète, M. le
Président, c'est dans le cas du développement de
l'éducation permanente où je vois votre sous-ministre qui
me fait de gros yeux évidemment, on pourra faire appel à
des gens qui n'auront pas nécessairement les qualifications officielles,
mais qui pourront répondre à certaines exigences, compte tenu de
la clientèle qu'on voudra intégrer à ce niveau. Est-ce que
tout sera assez souple pour permettre...?
M. Morin (Sauvé): Oui, justement. Nous savons bien que les
critères applicables à l'éducation permanente ne sont pas
exactement les mêmes. Naturellement, nous sommes l'objet de pressions,
comme vous le savez, pour intégrer le plus possible l'éducation
permanente à l'éducation régulière pour ce qui est
des personnels parce qu'il est, dans une certaine mesure, légitime, de
la part des enseignants du secteur régulier, de vouloir
pénétrer dans l'éducation des adultes, cela leur
assurerait sans doute des postes supplémentaires et une plus grande
sécurité d'emploi. Il n'est pas sûr que nous puissions
intégrer radicalement toute l'éducation des adultes de la sorte.
Il faudrait toujours qu'il y ait une marge de souplesse si on veut aller
chercher quelqu'un à l'extérieur pour venir donner tel type
d'enseignement.
Mme Lavoie-Roux: Et cette marge de souplesse, vous l'assurez
à chacun des collèges.
M. Morin (Sauvé): Oui. Il faut dire que c'est, dans une
certaine mesure, aussi, objet de négociations. Donc, il n'y a pas que
les règlements qui interviennent. La négociation collective joue
un grand rôle dans ce secteur. Mais je puis vous dire que la souplesse
doit exister; dans notre esprit, la souplesse est de rigueur, si je puis
m'exprimer de la sorte.
Mme La voie-Roux: Si je comprends bien, tout ceci est
présentement déposé pour les négociations, toute la
question de la qualification du personnel.
M. Morin (Sauvé): Non...
Mme Lavoie-Roux: En ce qui a trait à l'intégration,
éducation permanente, éducation régulière.
M. Morin (Sauvé): Cela va faire l'objet, bien sûr,
de négociations.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'il y a des offres qui sont
déposées là-dessus, présentement?
M. Morin (Sauvé): Oui, mais je préférerais
ne pas m'étendre sur cette question, si c'était possible, M. le
Président.
Mme Lavoie-Roux: Je respecte cela, M. le Président et...
à moins que mes collègues n'aient des questions.
M. Rivest: L'invitation me va très bien...
M. Forget: Je vais attendre le déroulement productif de
nos travaux.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Marcoux): Le paragraphe d).
M. Morin (Sauvé): C'est donc...
Le Président (M. Marcoux): Le paragraphe d) est
supprimé.
M. Morin (Sauvé): Le paragraphe d) est
supprimé.
Le Président (M. Marcoux): Le paragraphe e).
Mme Lavoie-Roux: Au paragraphe d), est-ce vous que vous n'avez
pas une modification...
Le Président (M. Marcoux): J'ai reçu un amendement
visant à le supprimer. Alors, il est supprimé.
M. Forget: On ne peut pas en discuter, si je comprends bien.
Le Président (M. Marcoux): Non, parce qu'on a tenu pour
acquis que les amendements du ministre étaient intégrés au
point de départ. Le paragraphe e).
Mme Lavoie-Roux: De toute façon...
M. Morin (Sauvé): Vous dites dommage, dommage...
Mme Lavoie-Roux: Mais quand même, on pourrait au
moins...
M. Morin (Sauvé): ... comme un entrepreneur de pompes
funèbres se penchant sur un malade qui tarde à mourir.
M. Forget: Sur un cadavre disparu.
Le Président (M. Marcoux): Au paragraphe e), les limites
financières.
Mme Lavoie-Roux: Je pense qu'on en a discuté hier ou
avant-hier à l'occasion de l'article 2, si je ne m'abuse. Alors...
Le Président (M. Marcoux): f)
Mme Lavoie-Roux: Ne me pressez pas.
Le Président (M. Marcoux): Jamais. (19 h 45)
Mme Lavoie-Roux: D'accord. En f), la comptabilité, on est
d'accord; g)?
Le Président (M. Marcoux): Je vous suis. Mme
Lavoie-Roux: Pas de problème.
M. Forget: Quels sont ces renseignements, M. le ministre, qu'un
collège devra fournir dans son rapport annuel et qui ne le sont pas
actuellement par quelques-uns?
M. Morin (Sauvé): Par exemple, les enseignements qu'il a
dispensés pendant l'année, le nombre d'élèves
inscrits à ces enseignements, les différents projets d'innovation
qu'il pourrait avoir à l'esprit, les recommandations qu'il fait au
ministre ou au gouvernement au sujet de la vie dans le collège, des
statistiques vitales sur les étudiants, les enseignants, le
personnel.
Le Président (M. Marcoux): Le paragraphe h)
maintenant?
Mme Lavoie-Roux: Oui. Le ministre peut-il nous dire ce qu'on veut
dire par "les autres conditions de travail des membres du personnel..."? Enfin,
j'ai une vague idée, mais...
M. Morin (Sauvé): Oui, mais dès que j'aurai
mentionné l'expression, Mme le député saura de quoi il
s'agit. C'est la PAS.
Mme Lavoie-Roux: Ah!
M. Morin (Sauvé): La politique administrative et salariale
qui s'applique au personnel qui n'est pas syndiqué; autrement dit, le
personnel de cadre qui, vous le savez, fait l'objet, chaque année, d'une
politique administrative et salariale. Cette disposition va lui servir de
fondement juridique car, à l'heure actuelle, nous faisons des PAS sans
fondement juridique.
Mme Lavoie-Roux: Ne me dites pas que vous êtes presque dans
l'illégalité!
M. Morin (Sauvé): Non, pas exactement. Une Voix: Le
ministre est-il...
M. Morin (Sauvé): Non, à vrai dire, comme je l'ai
dit, j'ai tous les pouvoirs, sans vouloir me vanter, à titre de ministre
de l'Education. La PAS ne repose pas sur des bases juridiques solides, ce qui
ne nous a pas empêchés depuis cinq ou six ans d'en négocier
une, à toutes fins utiles; d'en élaborer une, pardon.
M. Forget: Oui, c'est plus correct.
M. Morin (Sauvé): Ceux qui ont été
mêlés à ces choses sauront de quoi je parle.
M. Forget: C'est plus correct.
Mme Lavoie-Roux: Comme cela fait partie d'un ensemble, il n'y a
rien que je puisse faire sauter. Il y en avait une partie que je voulais
enlever.
M. Morin (Sauvé): i).
Mme Lavoie-Roux: i). M. le Président, j'aurais une motion
d'amendement, à savoir que l'on retranche le paragraphe i).
M. Rivest: Qu'on retranche le paragraphe i)?
Mme Lavoie-Roux: C'est devenu le paragraphe h).
Le Président (M. Marcoux): Nous allons continuer.
Tantôt, il y avait une motion globale pour la modification de...
Une Voix: Oui.
Le Président (M. Marcoux): ... La motion est
reçue.
M. Forget: Est-ce que vous voulez qu'on plaide sur la
recevabilité?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je vais laisser
Mme le député de L'Acadie...
Le Président (M. Marcoux): Non, elle est reçue.
M. Morin (Sauvé):... exposer les motifs de son amendement,
mais je voudrais la prier de faire preuve de beaucoup d'éloquence car il
sera difficile de me convaincre d'adopter cet amendement.
M. Forget: Sait-on jamais.
Mme Lavoie-Roux: Je ne peux garantir mon éloquence, M. le
Président. Si on s'en réfère au principe des fonctions
d'un conseil d'administration qui doit, entre autres choses, gérer des
biens, je pense que, dans un contexte de responsabilités qu'on veut
donner aux membres d'un conseil d'administration ou à un conseil
d'administration, et dans un contexte aussi de corporation soi-disant autonome
on sait que c'est peut-être un petit peu galvauder dans le cas des
CEGEP il m'appa-raît qu'on pourrait moins faire confiance aux
administrateurs sur cette question des conditions et modes d'aliénation
des biens meubles et immeubles excédentaires d'un collège.
On pourrait imaginer des situations où des gens pourraient en
tirer profit, mais il y a quand même d'autres conditions
d'admissibilité ou d'admission au conseil d'administration du
collège qui explicitent bien que d'aucune façon les gens ne
doivent être en conflit d'intérêts avec les actes
administratifs qu'ils posent Je pense qu'on prend soin de cela. C'est dans
l'article 12, je pense. A moins que le ministre puisse m'expliquer quelle est
sa motivation pour que ceci soit retenu comme un privilège du
lieutenant-gouverneur en conseil, je maintiens ma motion que l'article soit
retranché.
M. Morin (Sauvé): Nous allons commencer, si vous le voulez
bien, par faire une distinction entre la façon dont ont
été construits les établissements des collèges et
ceux des commissions scolaires. Depuis quelques années, c'est l'Etat
qui, à ses frais, construit les écoles primaires et secondaires
mais, il y a quelques années, ce n'était pas le cas; chaque
commission scolaire construisait à ses frais, obtenait quelquefois une
subvention de l'Etat, mais, en général, la règle
était qu'elle devait trouver elle-même les fonds pour construire.
Dans le cas des collèges, c'est le contraire qui s'est produit.
Même les anciens collèges privés qui sont devenus CEGEP ont
dû être achetés par l'Etat, directement par l'Etat. C'est le
gouvernement du Québec qui a créé littéralement de
toutes pièces le réseau des CEGEP. Les régions n'ont pas
eu à payer, sauf évidemment par leurs taxes, comme tout le monde.
C'est l'Etat qui a mis le réseau sur pied. Si, par hypothèse, il
se produit, à gauche ou à droite un suréquipement dans
notre réseau, c'est-à-dire qu'un collège, peu à
peu, se vide à cause, par exemple, du phénomène de la
dénatalité, ou, encore, si la planification du gouvernement a
été prise en défaut comme ce fut le cas pour un
collège assez célèbre situé dans l'ouest de
l'île de Montréal qui n'est occupé que du tiers environ, un
collège flambant neuf...
Mme Lavoie-Roux: Le collège André-Lauren-deau.
M. Morin (Sauvé): Exactement. S'il se produit des
situations comme celle-là, allons-nous laisser le collège
disposer d'un bien public à sa guise ou d'une partie d'un bien public
à sa guise, sans qu'il y ait la moindre règle de comportement?
C'est impensable. Il ne s'agit pas non plus de lui dire: Vous allez vendre
telle chose de telle façon ou vous allez la louer de telle façon
à tel prix, mais il s'agit de mettre des balises qui vont faire que le
collège ne fera pas n'importe quoi qui passe par la tête de tel
administrateur à qui il prend la fantaisie
de louer la moitié du collège à un entrepreneur
quelconque. Il faut qu'il y ait vraiment des règles
générales de comportement. Ce n'est que cela que nous visons par
cet alinéa i) mais nous pensons que c'est indispensable. Il y a une
obligation pour le gouvernement, qui a enfoui beaucoup de fonds publics, comme
vous le savez Mme le député, dans la construction des CEGEP, une
obligation de bon usage des fonds publics et des biens-fonds publics. Je pense
que j'ai tout dit.
M. Rivest: Est-ce qu'il y a dans ce que le ministre a l'intention
de faire à première vue je ne sais si ma
collègue de L'Acadie me contredira il me semble que la raison
fournie par le ministre m'apparaît très valable des points
d'arrimage? Je suppose que la base sur laquelle le ministère va
procéder... Est-ce que ça se rattache à une pratique, par
exemple, au niveau du ministère des Travaux publics? Quels sont les
objectifs? Est-ce qu'il y a des priorités sur la disposition que vous
pouvez imposer aux collèges, par exemple? C'est-à-dire ne pas
vendre à n'importe qui dans certaines régions compte tenu des
besoins en équipement? Est-ce qu'on pourrait favoriser davantage un
groupe ou un autre service gouvernemental?
M. Morin (Sauvé): II y a, en ce moment, une politique qui
vient d'être élaborée, que nous ne pouvons que proposer aux
collèges c'est ce que nous faisons lorsqu'ils veulent
disposer, par vente ou location, d'un bien-fonds ou d'un équipement
d'ailleurs. Cette politique est relativement nouvelle et elle a
été faite en collaboration avec les Travaux publics, mais aussi
avec le bureau du premier ministre.
Une Voix: ...
M. Morin (Sauvé): Oui, parce que ça va devenir un
problème; avec le suréquipement, ça va devenir un
problème croissant.
M. Rivest: ... vous voulez dire...
M. Morin (Sauvé): Je m'excuse, avec le Conseil
exécutif, bien sûr. D'ailleurs la personne responsable vous est
connue, je pense. Elle était déjà au service des
gouvernements du Québec depuis plusieurs années, il s'agit de M.
Gilles Bergeron...
M. Rivest: Oui.
M. Morin (Sauvé): ... qui est un grand spécialiste
de toutes ces questions-là.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président... Excusez-moi, vous
n'aviez pas fini.
M. Morin (Sauvé): Non, j'ai répondu.
Mme Lavoie-Roux: Ces règlements généraux
vont être soumis au Conseil des collèges pour consultation. Si
vous vous souvenez, le Conseil des collèges du Québec
j'oublie le titre exact l'Association des collèges du
Québec a soulevé la question, à savoir dans quelle mesure
ils seraient soumis aux décisions, pardon... aux effets de la
consultation du Conseil des collèges. Le ministre a répondu
vous me corrigerez si je me trompe qu'il lui semblait que la loi
24 les couvrait, mais peut-être que ce n'était pas très
clair, etc. Ma question précise est celle-ci: Est-ce que, par le
truchement d'un règlement qui serait adopté ici sur
l'aliénation et l'utilisation des immeubles excédentaires d'un
collège, on se trouverait à réglementer également,
dans ce domaine-là, les collèges privés?
M. Morin (Sauvé): Non, la réponse est que cette loi
n'est applicable qu'aux CEGEP, aux collèges publics.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Est-ce que le fait que le Conseil des
collèges... Est-ce que... Ecoutez, je suis fatiguée... Est-ce que
les collèges privés vont échapper aux actions du Conseil
des collèges? C'est aussi simple que ça. Alors, si oui, il n'y a
pas de problème; sinon, il y en a.
M. Morin (Sauvé): Oui. On se souviendra que nous avons
déjà parlé de cette question la semaine dernière,
au moment où nous avons entendu les comparants et nous allons proposer
des modifications à la loi 24 pour justement préciser ces
questions. Mais, pour ce qui est de l'aliénation des biens meubles et
immeubles, rassurez-vous, c'est un règlement sur lequel l'article 14 du
projet de loi sur le Conseil des collèges ne prévoit pas que
j'aurai à consulter le Conseil des collèges. C'est beaucoup plus
dans l'ordre pédagogique et dans l'ordre de la répartition des
programmes d'enseignement, des budgets, des projets de création de
nouveaux collèges que j'aurai à consulter nécessairement
le Conseil des collèges, mais non pas sur une question comme
celle-là.
Mme Lavoie-Roux: Alors, vous me donnez l'assurance, M. le
ministre, que, directement ou indirectement, le paragraphe i) de l'article 10
ne s'appliquera pas aux collèges privés.
M. Morin (Sauvé): Je puis vous en donner l'assurance.
Mme Lavoie-Roux: C'est tout ce dont j'ai besoin.
Le Président (M. Marcoux): Comme il y a un amendement,
vous le retirez?
Mme Lavoie-Roux: Je pense qu'il faudrait, à ce
moment-là, que je retire mon amendement. (20 heures)
Le Président (M. Marcoux): L'amendement, visant à
biffer le paragraphe i), est retiré. Nous passons à j).
M. Rivest: La procédure...
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Quelle est la procédure exactement? Qu'est-ce
que cela vise, dans le texte de loi? Qu'est-ce que vous avez en tête,
d'une façon précise, pour la procédure? Le
mécanisme, la règle, le respect des règles,
l'audition...
M. Morin (Sauvé): II s'agit avant tout du mécanisme
et, bien sûr, des règles qui régissent ce mécanisme.
Comment met-on en nomination pour ces postes de directeur général
et de DSP? Comment élit-on? Qui consulte-t-on?
M. Forget: J'ai écouté la réponse que le
ministre faisait à mon collègue de Jean-Talon. Je compare ce
texte avec le texte qui le précède dans le règlement
actuel, dans l'article 18 actuel. On parle de l'engagement du personnel de
direction. Le lieutenant-gouverneur en conseil peut faire des règlements
relativement à l'engagement du personnel de direction.
M. Morin (Sauvé): C'est cela.
M. Forget: On élargit donc sensiblement l'envergure de la
procédure réglementaire qui est envisagée. On
l'étend de deux façons: premièrement, il ne s'agit pas
seulement de la nomination ou de l'engagement, il s'agit du renouvellement de
mandat et de la destitution du directeur général, donc deux
questions qui sont extrêmement délicates. On peut comprendre assez
facilement que dans la nomination, on veut s'assurer, puisqu'il s'agit d'une
charge publique ou presque, qu'il y ait des avis, que ce soit un processus un
peu ouvert de nomination...
M. Morin (Sauvé): Oui.
M. Forget: ... peut-être pas jusqu'à aller au point
de procéder à des affichages et des choses très complexes,
mais malgré tout, s'assurer que, d'une façon ou d'une autre, le
fait soit connu que le poste est ouvert et qu'on cherche à le combler et
qu'on procède de la façon la plus objective possible à ces
nominations. Cela va assez bien. C'était, sous une forme ou sous une
autre, à la fois dans l'ancien règlement et ce sera dans le
nouveau.
M. Morin (Sauvé): J'attire votre attention sur le fait que
dans l'ancien règlement, l'expression était très
générale, voire vague...
M. Forget: Oui, on veut la préciser.
M. Morin (Sauvé):... et que le personnel de direction, en
définitive, pouvait être interprété comme incluant
tout le personnel de cadre, alors que nous avons voulu le restreindre, et non
pas élargir, comme vous le disiez tout à l'heure.
M. Forget: Ah bon! C'est une précision importante. On
envisageait que le personnel de direction comptait plus que les trois quarts de
supérieurs. Cela s'étendait même aux cadres
intermédiaires, en quelque sorte.
M. Morin (Sauvé): Oui. Il y avait le problème de
définir ce qu'est le personnel de direction. Nous avons
décidé que ce n'était pas pratique, mais les DG et les
DSP, eux, sont venus nous voir. Ils nous ont demandé une
procédure spécifique pour les mettre à l'abri de
l'arbitraire. C'est cela l'explication.
Que c'est beau de voir cela! Vous ne trouvez pas, M. le
Président? Le fleurdelisé battant sous la brise.
M. Forget: Oui, c'est beau de le voir battre,
particulièrement ce soir. La procédure de nomination...
M. Rivest: C'est le côté poétique du
ministre.
Le Président (M. Marcoux): ... hors des murs ou dans les
murs?
M. Forget: Dans les murs. La procédure de nomination
envisagée, est-ce qu'elle est déjà
déterminée, dans l'esprit du ministre, comme étant une
procédure analogue au concours de la fonction publique ou si on
permettra, dans ces règlements, au conseil d'administration qui a une
nomination à faire... Je pense en particulier aux CEGEP dans les
régions excentriques où il peut très bien ne pas
être suffisant de publier des annonces dans les journaux et d'attendre
tout simplement que quelqu'un veuille bien poser sa candidature.
Il faut parfois dans certains CEGEP une attitude un peu plus dynamique
de la part du conseil d'administration, à moins de vouloir se contenter
de ce qui se présente, mais parfois ce n'est pas optimal. Il serait
dommage que la procédure adoptée dans les règlements soit
si rigide qu'un conseil d'administration ne puisse pas battre les buissons, en
quelque sorte, pour faire s'envoler l'oiseau rare, ne puisse pas créer
une espèce de comité pour susciter des candidatures, faire les
entrevues préalablement à la procédure de choix.
M. Morin (Sauvé): C'est tout à fait cela. M.
Forget: C'est tout à fait cela.
M. Morin (Sauvé): C'est ce dont il s'agit; bien que cela
ne sera jamais aussi développé qu'un concours de la fonction
publique, il faut tout de même qu'il y ait publication du poste vacant ou
du poste qui va s'ouvrir. Eventuellement, s'il y a pléthore de
candidats, il faut qu'il y ait un jury.
M. Forget: Oui, alors je ne me suis pas fait comprendre, M. le
Président.
Ce que je crains dans les règlements, c'est que l'on copie la
procédure de la fonction publique qui s'adresse, évidemment,
à des postes à
Québec ou à Montréal, plus souvent à
Québec, très largement, et qui peut se payer le luxe, ou du moins
qui s'imagine facilement pouvoir se payer le luxe, d'attendre la candidature
appropriée. Dans le cas de CEGEP dans les régions
éloignées, il y a un problème, c'est que la publication
des avis, la plupart du temps, ce n'est pas suffisant. Il faut un peu courtiser
un certain nombre de candidatures.
M. Morin (Sauvé): Oui.
M. Forget: Le danger, c'est qu'un règlement qui dirait que
cela doit être publié, quelque chose de très rigide,
empêcherait le conseil d'administration...
M. Morin (Sauvé): Non, non.
M. Forget: ... d'envoyer une délégation de trois de
ses membres à la chasse, en quelque sorte, pour susciter des
candidatures.
M. Morin (Sauvé): Je comprends très bien la nature
de votre question et il est évident que la procédure ne sera pas
de nature à empêcher la recherche de candidats valables. Ce serait
aberrant dans certaines circonstances, comme vous le faites observer.
M. Forget: C'est cela.
M. Morin (Sauvé): Ce seront des règles minimales,
qui ne seront pas dénuées de souplesse.
M. Rivest: Comme d'habitude. M. Forget: Comme
d'habitude.
M. Rivest: C'est la règle de ce projet de loi. Mme
La voie-Roux: M. le Président...
M. Rivest: C'est dans la foulée du projet de loi.
M. Morin (Sauvé): Cela va presque trop bien.
Mme Lavoie-Roux: C'est une commission souple.
M. Rivest: Pleine de rebondissements.
Mme Lavoie-Roux: Je comprends l'intention du paragraphe j), mais
est-ce que c'est suffisant? Il n'en existait pas du tout de procédure de
destitution, c'est surtout la procédure de destitution qui est
importante dans ceci. Je pense bien que c'est l'objectif principal qu'on tente
de rejoindre.
M. Morin (Sauvé): Ou de renouvellement.
Mme Lavoie-Roux: Oui, il y a le renouvellement aussi.
Est-ce que ceci met vraiment le directeur général à
l'abri des conflits qu'on a connus dans un CEGEP pas très loin d'ici,
l'an dernier ou il y a deux ans?
M. Morin (Sauvé): L'an dernier.
Mme Lavoie-Roux: L'an dernier. J'ai l'impression qu'on peut
mettre ces procédures en place, c'est peut-être bon de les mettre,
mais dans les faits, finalement, à moins qu'il ne s'agisse d'un acte
illégal ou criminel d'un directeur général, c'est toujours
un jeu de conflits ou de rapport de force. Enfin, c'est toujours bien
d'être pour la vertu, mais est-ce que vous pensez que cela corrige
vraiment?
M. Morin (Sauvé): Nous pouvons au moins essayer. A l'heure
actuelle, il n'y a pas de règle.
Mme Lavoie-Roux: II n'y a rien. Il n'y a absolument aucune
règle.
M. Morin (Sauvé): Non, et les DG nous ont demandé
justement de faire en sorte qu'ils soient un peu mieux protégés,
parce que nous avons eu, comme M. le sous-ministre me le fait observer, des cas
pénibles. Nous avons eu quelques cas pénibles.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, le ministère des
Affaires sociales a une espèce de droit d'appel auprès d'un
comité comment l'appelle-t-on? de recours, ont droit de
recours en tout cas.
M. Morin (Sauvé): De même pour les directeurs
généraux des commissions scolaires, il y a, en vertu de la PAS,
un droit d'appel.
Mme Lavoie-Roux: Et ceci existe pour les directeurs
généraux... Est-ce que cela va exister maintenant?
M. Morin (Sauvé): Cela pourra exister, oui. Mme
Lavoie-Roux: Cela pourra exister.
M. Morin (Sauvé): De toute façon, il y a des
procédures d'appel.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Marcoux): Alors, k)?
M. Rivest: Oui, à k), M. le ministre, finalement, c'est la
même question. Est-ce que cela a été utilisé
déjà?
M. Morin (Sauvé): Non. Tenez-vous beaucoup à ce que
cela saute?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): Beaucoup?
M. Rivest: D'abord, je trouve que c'est une drôle de
rédaction, des pouvoirs connexes ou accessoires.
M. Morin (Sauvé): Nous allons le laisser aller, dans ce
cas. Nous allons vous faire une fleur pour finir cet article.
Mme Lavoie-Roux: On va faire la motion pour au moins avoir...
M. Rivest: Je vais faire la motion pour m'en donner le
mérite devant l'histoire.
Mme Lavoie-Roux: L'histoire des CEGEP.
Le Président (M. Marcoux): La petite ou la grande?
M. Rivest: M.le Président, je propose que...
M. Fallu: Vous n'aurez toutefois pas le plaisir de voter en
faveur.
M. Rivest: Malheureusement, mais ce sera l'unanimité qui
accompagnera ma première motion! Que le premier alinéa du
paragraphe 18 de l'article 10 soit modifié en retranchant le
sous-paragraphe k) devenu j).
Le Président (M. Marcoux): L'amendement est-il
adopté?
M. Morin (Sauvé): L'amendement est adopté, M. le
Président, à "l'humanité"!
Pouvoirs du ministre
Le Président (M. Marcoux): L'alinéa suivant,
pouvoirs du ministre.
M. Forget: II me semble que ce paragraphe ou cet alinéa,
je ne sais plus trop bien quelle est l'étiquette de ces
désignations, il me semble que cette disposition, pour dire le moins,
est un peu outrancière. On détermine, dans le paragraphe b), ce
sur quoi le lieutenant-gouverneur en conseil peut adopter des
règlements, quant au programme d'études, à l'admission des
étudiants, aux examens et aux diplômes.
L'article suivant, l'article 19 de la loi, dit que, relativement au
paragraphe d) de l'article 18, le conseil d'administration du collège
peut déterminer les conditions particulières d'admission des
étudiants ou de certaines catégories d'étudiants. Donc, ce
qui n'est pas prévu par les règlements du lieutenant-gouverneur
en conseil, le conseil d'administration du CEGEP peut le faire. Ce sont
déjà deux dispositions qui ne sont pas faciles
d'interprétation parce qu'il faudra se poser la question chaque fois,
devant un geste précis que veut poser un conseil d'administration de
CEGEP, si le domaine a déjà été occupé en
quelque sorte par une réglementation du ministre ou du Conseil des
ministres.. Cette occupation du champ ne découle pas
nécessairement du fait qu'il y a une disposition précise dans le
règlement adopté par le lieutenant-gouverneur en conseil. Le
défaut de faire une disposition précise est également une
décision du Conseil des ministres. Le conseil d'administration du
collège ne pourra donc pas remplir tous ces interstices dans les
règlements du Conseil des ministres. Il y a des domaines qui pourront au
moins faire le sujet d'interprétations diverses, prêter à
des litiges, etc.
Voilà que, comme troisième complication, on a cet
avant-dernier paragraphe de l'article 18. On dit que le lieutenant-gouverneur
en conseil peut adopter un règlement pour déterminer non pas une
exception comme telle au paragraphe b) du même article, non pas pour
spécifier ce que signifie vraiment le paragraphe e) de l'article 19 de
la loi, mais pour dire sur quel sujet le ministre peut faire changer la
signification des règlements mentionnés au paragraphe b) de
l'article 18. C'est même difficile à expliquer, pour être
bien sûr qu'on se comprend. Je pense que ce sera assez difficile à
vivre. Il me semble qu'on peut... Le ministre lui-même a dit: On souhaite
une meilleure répartition des responsabilités entre les CEGEP et
le ministre. C'est, en effet, tout à fait logique et plajsible qu'on
souhaite une bonne et claire distribution des responsabilités;
évidemment, à quel point le partage est fait, on l'a
débattu toute la journée. (20 h 15)
Quel que soit le point de partage, il demeure que l'introduction d'une
disposition en vertu de laquelle on donne non pas au Conseil des ministres,
mais au ministre, par un règlement qui dit que c'est
véritablement le ministre qui va pouvoir faire ces
changements-là, le pouvoir de changer le partage, par décision
ministérielle et non pas par règlement, introduit une
troisième dimension. Pour connaître une situation donnée
relativement aux questions de programmes d'étude, d'admission, d'examens
et de diplômes, il faudra se poser trois questions: Quels sont les
règlements édictés par le gouvernement? Quels sont les
règlements, les ordonnances et les décisions rendus par le
conseil d'administration du CEGEP? Et le ministre n'a-t-il pas, par un moyen
d'ailleurs que l'on n'indique pas, puisqu'il n'y a plus de support formel... Ce
n'est pas une résolution, ce n'est pas une ordonnance, cela peut
être une lettre, cela peut même être une déclaration
verbale. De quelle façon le ministre a-t-il modifié le sens qu'il
faut lire dans le paragraphe b) de l'article 18? On va très loin dans le
sens du discrétionnaire, de l'arbitraire et, ce qui est peut-être
encore plus grave, de l'arbitraire invérifiable. Il s'agira
d'alléguer que le ministre a exercé, à l'égard des
matières visées dans le paragraphe b) du premier alinéa,
certains pouvoirs par directives, par lettres, par télégrammes,
pour mettre en doute l'interprétation des règlements.
Je crois, M. le Président, qu'il s'agit là de ce qu'on
appelle, en droit réglementaire, une utilisation abusive et exorbitante
du pouvoir réglementaire. Humblement, je suis d'avis qu'un tel pouvoir
n'est probablement même pas soutenable devant les tribunaux, parce qu'il
y a des exemples...
M. Morin (Sauvé): Avec les précisions qui sont
données dans la loi ici?
M. Forget: Oui.
M. Morin (Sauvé): Je ne pense pas que delegatus non potest
delegare s'appliquerait.
M. Forget: Non, pas cette règle-là, mais d'autres
règles qui se sont développées dans la jurisprudence
relativement au pouvoir réglementaire qui font qu'une utilisation de ce
genre, aussi exorbitante au droit commun du pouvoir réglementaire, doit
être interprétée... Les tribunaux ne l'invalideraient pas
nécessairement directement, mais priveraient une telle clause de son
sens, en faisant toutes les distinctions qui s'imposent et en disant: Oui,
c'est vrai, en théorie, la loi dit cela, c'est tout à fait vrai,
mais la façon dont cela a été exercé, etc.. cela
dépasse manifestement l'intention du législateur. On peut
s'attendre qu'un tribunal interprète une telle clause si restrictivement
qu'en pratique, elle risque de ne rien vouloir dire. De toute façon,
elle crée soit au plan légal, soit au plan du contenu même,
un doute très considérable, parce que ce paragraphe ne dit pas
comment le ministre va exercer son pouvoir. Il ne dit pas comment, pour le
justiciable, pour celui qui administre le règlement, celui-ci peut
s'assurer si, oui ou non, le ministre a exercé son pouvoir. Il fait face
à un fardeau de preuve déraisonnable pour toute personne qui
n'est pas censée connaître toute la correspondance du
ministre.
M. Morin (Sauvé): Non! non!
M. Forget: C'est une utilisation qui n'est pas raisonnable, M. le
ministre, du pouvoir réglementaire, c'est un pouvoir abusif, clairement
abusif.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, on pourrait tout
aussi bien soutenir que c'est courant, dans l'administration publique, ces
pouvoirs délégués au ministre par arrêté en
conseil et, dans beaucoup de pays d'ailleurs, c'est une technique bien connue.
Je pense au décret d'application en France dont mon collègue, le
ministre de l'Education nationale, fait un usage abondant d'ailleurs. Ce n'est
pas que je veuille m'inspirer des expériences d'ailleurs...
Mme Lavoie-Roux: J'espère que non, M. le
Président.
M. Morin (Sauvé):... mais je crois que ce n'est pas, comme
le dit le député de Saint-Laurent, exorbitant du droit commun ou
rarissime qu'on procède de la sorte. Je voudrais cependant bien
comprendre la nature de l'objection du député. Si c'est au
principe même qu'il en a, alors nous pourrons difficilement être
réconciliés l'un avec l'autre, mais, s'il veut me faire
préciser la façon dont je devrai, à titre de ministre de
l'Education, exercer les pouvoirs qui me seraient conférés par
règlement, alors c'est une autre affaire et je veux bien qu'on en
discute. Il utilisait tout à l'heure un vocabulaire qui est assez
courant dans l'administration du Québec. J'ai l'impression que le mot le
plus exact ici serait probablement la "directive". Si c'est cela qu'il veut me
faire préciser, je veux bien que nous en parlions, mais je ne suis pas
sûr de la portée de ce qu'il a dit.
M. Forget: Non, M. le Président, il doit être
très clair que c'est une objection fondamentale et de principe. Je crois
qu'il est complètement irrégulier et anormal que l'on puisse
donner, dans une loi, à un ministre, le pouvoir de modifier un
règlement.
M. Morin (Sauvé): Mais non, il ne s'agit pas de cela.
M. Forget: C'est exactement de cela dont il s'agit.
M. Morin (Sauvé): Mais non.
M. Forget: On dit, d'une part: Le conseil des ministres va faire
des règlements sur les admissions, par exemple, et, dans un autre
paragraphe, on dit: Le conseil des ministres peut modifier l'application...
"pour déterminer les pouvoirs que le ministre peut exercer à
l'égard des matières visées," etc.
M. Morin (Sauvé): Ah!
M. Forget: Bien, les pouvoirs, cela peut être des pouvoirs
réglementaires, cela peut être des pouvoirs de modifier des
règlements. Ce n'est pas restreint.
M. Morin (Sauvé): Point du tout.
M. Forget: Alors, de quels pouvoirs s'agit-il?
M. Morin (Sauvé): II s'agit d'un pouvoir circonscrit par
les règlements généraux adoptés en vertu de
l'article "18, paragraphe b). Autrement dit, le ministre n'a pas le droit
d'excéder les dispositions du règlement général. Il
ne peut qu'appliquer le règlement général et rendre des
règles plus spécifiques. C'est parce que nous voulons qu'il y ait
un système à trois étages qui permet de raffiner de plus
en plus les dispositions. D'abord, au niveau de l'arrêté en
conseil, ce qu'on pourrait appeler le décret général, qui
définit les principes fondamentaux, la réglementation
fondamentale; à l'intérieur des balises posées par cette
réglementation générale, le ministre peut procéder
à l'application des règles générales et les rendre
plus spécifiques. Enfin, le collège lui-même...
M. Forget: Ah! oui, mais en les rendant plus...
M. Morin (Sauvé): ... comme on le verra à l'article
suivant, peut encore ajouter à cela, lui-même, en toute autonomie,
des conditions particulières dans certains domaines, notamment,
comme on l'a dit tout à l'heure, l'admission des étudiants
ou de certaines catégories d'étudiants.
M. Forget: M. le Président, de deux choses l'une: ou il
s'agit d'application des règlements dans la forme dans laquelle le
Conseil des ministres les a adoptés. Alors ce paragraphe est inutile
puisqu'une autre disposition de la loi assure que le ministre de l'Education
est responsable de l'application de la loi, donc il est responsable de
l'application de chacune de ces dispositions.
M. Morin (Sauvé): Voilà!
M. Forget: C'est une chose. Mais...
M. Morin (Sauvé): Mais il faut un fondement juridique
à cette action d'application.
M. Forget: Bien oui, mais il existe, de toute façon, parce
que la loi désigne le ministre comme responsable de l'application de la
loi. S'il est responsable de l'article 1, il est également responsable
de l'article 18, donc on n'a pas besoin d'y ajouter. Cela, c'est une
possibilité. Mais je ne pense pas qu'on ait besoin de ce paragraphe.
Donc, il y a une autre possibilité. Et comme l'a suggéré
le ministre dans sa réponse, il s'agit non pas d'appliquer le
règlement tel qu'il a été approuvé par le Conseil
des ministres, il s'agit comme il l'a dit de le préciser.
Or, préciser un texte par un texte plus détaillé, c'est
modifier le texte original. On le sait très bien, on fait des
amendements, à l'Assemblée nationale, tous les jours, pour
préciser un texte, pour lui donner des dispositions plus
particulières. On appelle cela un amendement. Ce n'est rien d'autre
qu'un amendement. On peut, bien sûr, vouloir dire que c'est de
l'application, si on définit dans le début de la loi que
l'application inclut des amendements qui visent à préciser un
premier texte législatif.
M. Morin (Sauvé): Bon. Deux choses: premièrement,
il faut qu'il soit clair que j'ai une base juridique certaine lorsque je veux
appliquer le principe que le député vient de mentionner,
c'est-à-dire lorsque je veux appliquer la loi. D'un autre
côté, je me rends compte que le souci du député
n'est pas sans fondement, en ce sens qu'il faut que ce soit clair que c'est
dans l'application des règlements généraux et non pas
quelque chose qui pourrait allerà l'encontre de. Alors, je pense qu'on
pourrait résoudre cette équation en modifiant le texte pour dire
ceci: Le lieutenant-gouverneur en conseil peut également adopter un
règlement pour déterminer les pouvoirs que le ministre peut
exercer dans l'application des matières visées ou des
règlements visés. Dans l'application des règlements
visés par le paragraphe b) du premier alinéa.
M. Forget: Oui...
M. Morin (Sauvé): Je pense qu'on se rapproche
déjà de votre préoccupation.
M. Forget: Oui, mais j'aimerais avoir une explication. Ces
pouvoirs qui peuvent être édictés par le Conseil des
ministres, j'imagine qu'ils seraient énoncés par le Conseil des
ministres dans le respect de toutes les autres dispositions de la loi.
C'est-à-dire que ce n'est pas, indirectement, une façon de
modifier à nouveau les pouvoirs du conseil d'administration du
CEGEP...
M. Morin (Sauvé): Voyons, M. le député.
M. Forget: Non, mais je crois que c'est bien de le dire, parce
que si le Conseil des ministres peut modifier les pouvoirs du ministre, il peut
les modifier aux dépens d'un autre organisme. Des pouvoirs, cela ne se
crée pas, cela s'enlève, cela se redistribue.
M. Morin (Sauvé): Vous savez bien que dans la
hiérarchie des compétences, on ne peut pas allerà
l'encontre de la loi qui vous délègue le pouvoir, c'est
impossible.
M. Forget: Je suis heureux de l'entendre dire dans ce contexte
particulier.
M. Morin (Sauvé): Les tribunaux auraient tôt fait de
sortir le ministre sur la tête.
M. Rivest: Quel est le texte que propose le ministre? "Dans
l'application de la loi"? La particule seulement qui est...
Le Président (M. Marcoux): C'est de biffer "à
l'égard des matières" et de le remplacer par "exercer dans
l'application des règlements visés dans le paragraphe b)".
M. Rivest: Des règlements visés?
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'amendement sera
adopté?
M. Morin (Sauvé): Cela va? Bon! Nous n'avons pas perdu
notre temps dans ce cas-là.
M. Forget: A défaut de mieux, en ce sens que
entendons-nous bien c'est une amélioration sur le texte actuel
dans la mesure où cela clarifie qu'il s'agit d'appliquer des
règlements visés au paragraphe b) plutôt que de les
modifier. Je m'étonne encore que le ministre sente ce besoin, parce que
je n'en ai pas vu la démonstration très claire.
M. Morin (Sauvé): Je vous dis que j'en ressens le besoin
pour fonder solidement en droit les règles d'application des
règlements généraux, autrement je vais être
obligé de tout envoyer au Conseil des ministres et cela va être un
appareil énorme. Je pense qu'il vaut mieux un système subtil,
à la condition comme vous me l'avez fait spécifier
que ce soit clairement dans l'application des règlements. Autrement dit,
je ne peux pas m'éloigner des règlements
généraux.
Mme Lavoie-Roux: Je laisse les juristes...
M. Rivest: La dernière raison qu'a donnée le
ministre, est-ce que, effectivement, ce n'est pas votre première
motivation? Est-ce que très souvent, dans l'exercice de vos fonctions,
vous aviez à émettre une directive et que vous étiez
obligé de passer par le Conseil des ministres? C'est de là que
c'est venu.
M. Morin (Sauvé): Je voudrais vous faire observer que cela
répond plutôt à une préoccupation de la
Fédération des collèges plutôt qu'à une
préoccupation du ministre, parce que l'autre appareil est trop lourd et
on est toujours en train de remonter au Conseil des ministres avec des
périodes interminables. La Fédération des collèges
nous a représenté qu'il fallait quelque chose de plus souple qui
fonctionne un peu plus rapidement.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, après avoir
entendu les savants échanges de mes collègues juristes de part et
d'autre de la table, je vais aborder cela sur le plan pratique. Depuis le
début, même si on est parti d'un texte de loi qui, dans les faits,
ne décentralise pas, mais vient... Attendez une minute!
M. Morin (Sauvé): Pourquoi avez-vous dit cela? Cela allait
si bien!
Mme Lavoie-Roux: Non, je ne veux pas créer de querelle,
restez calme.
M. Morin (Sauvé): Alors, abstenez-vous d'aborder ce sujet
parce que nous soutenons, de notre côté, que ce projet de loi,
dans une large mesure, décentralise des pouvoirs qui, jusqu'ici,
étaient entre les mains du ministre.
Mme Lavoie-Roux: De toute façon, on sait qu'on
enlève d'une main pour le mettre dans l'autre, mais que cela se situe
toujours... Mais ce n'était pas cela, mon point. En dépit de
cette base d'une loi que nous rejetons, on s'est quand même
efforcé de se faire donner des garanties verbales, parce qu'on n'a pas
les règlements en main et qu'il était difficile d'articuler dans
de telles énumérations des amendements qui viennent restreindre,
car on ne sait vraiment pas quels seront les règlements
généraux. (20 h 30)
Ce qui m'apparaît dans le paragraphe qui est ici: Le
lieutenant-gouverneur accepte des règlements généraux, et
je pense qu'on s'est entendu que ce seraient des balises larges pour ne pas
venir restreindre le jugement et le pouvoir de décision à
l'intérieur de ces grandes balises des conseils d'administration. Mais,
tout à coup, j'ai l'impression qu'on arrive avec un autre pouvoir qui se
situe entre les deux, un autre niveau qui se situe entre les deux. Même
s'il reste à l'intérieur des grandes balises, il va venir,
à toutes fins utiles, dans l'application, restreindre au moins l'esprit
qu'on a essayé de défendre depuis le départ. Vous pourrez
restreindre passablement et c'est simplement à l'intérieur de ces
pouvoirs que les collèges pourront de nouveau agir. Je pense que c'est
un élément qui vient enlever ce désir de
décentralisation, diminuer ce grand désir de
décentralisation du ministre. En tout cas, il y a un
intermédiaire qui vient se placer entre le lieutenant-gouverneur et le
collège et qui vient même qui ne déborde pas les
pouvoirs que le lieutenant-gouverneur lui donne les circonscrire si bien
que la latitude des collèges pourra s'en trouver diminuée.
M. Morin (Sauvé): Ecoutez! Prenons un exemple. C'est
encore la meilleure façon de nous clarifier les idées. Le
règlement général nous dit que le certificat ou le
diplôme d'études collégiales, le DEC, pourra être
obtenu à telles conditions d'ordre général. On
s'aperçoit par la suite qu'il y a des étudiants handicapés
qui ne peuvent pas suivre l'éducation physique qui, vous le savez, est
obligatoire au niveau des CEGEP. Un crédit et quelque ou deux
crédits même, je ne sais plus.
Mme Lavoie-Roux: Deux.
M. Morin (Sauvé): Deux crédits. Est-ce qu'on va
donner le diplôme à cet étudiant handicapé, oui ou
non? Il est évident que là il y a une règle d'application
un peu plus subtile, mais qui n'est pas applicable à tel collège.
Elle est applicable à tous les collèges. On ne peut pas faire
d'exception pour les handicapés de Limoilou par rapport à ceux
d'André-Laurendeau. C'est ce genre de raffinement, de détail par
rapport aux principes généraux que nous avons à l'esprit
dans cet article.
M. Forget: M. le Président, c'est un terrain fort
dangereux dans lequel le ministre s'engage, comme je l'ai souligné
d'ailleurs cet après-midi, je l'ai fait sourciller, j'ai sûrement
frappé un point sensible, et je sais que j'ai frappé un point
sensible, parce que j'ai eu des responsabilités analogues dans le
passé, et je sais très bien que les ministres responsables de
réseaux dits décentralisés émettent force
directives qui n'ont pas de force exécu-toire.C'est là le
problème que le ministre de l'Education veut résoudre. Il veut
avoir des règlements, sans aucun doute, d'ailleurs abondants, mais il
sait très bien que ce n'est pas suffisant et que d'autres instruments
sont nécessaires. Il s'interroge sur la valeur juridique des directives
du ministère de l'Education et voilà une occasion en or de donner
une assise juridique à des directives. Mais trop, c'est trop, M. le
Président. Il reste que les directives sont valables...
M. Morin (Sauvé): Si j'en abuse, je vais... M. Forget:
... à titre indicatif.
M. Morin (Sauvé): ... provoquer des levées de
boucliers. Si j'en abuse.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais...
M. Morin (Sauvé): Je n'ai pas l'intention d'abuser de
cela.
M. Rivest: Oui, mais il faut protéger le ministre.
M. Forget: L'utilisation de directives, de toute façon,
dans le contexte envisagé, avec un effet exécutoire en vertu
d'une loi, les rend équivalentes aux règlements, ce qui resserre
encore plus l'étau sur chacun des établissements
inévitablement. Il y a une immense différence entre des
directives qui ont valeur d'indication, d'intention du ministère, de
politique ministérielle, et un règlement dont l'infraction
entraîne une pénalité que l'on peut poursuivre sur simple
poursuite sommaire. Il est clair que les gens ne veulent pas se placer dans
l'illégalité, même si parfois ils sont en désaccord
pour d'excellentes raisons avec des politiques, des attitudes
ministérielles. C'est là tout le problème, M. le
Président. Bien sûr qu'on peut imaginer qu'étant assis dans
le fauteuil du ministre, le ministre dit: Mon jugement est meilleur que le leur
et je veux qu'il ait force de loi. Mais si tel est le cas, on va rouvrir tout
le grand débat. On n'a aucune intention de le rouvrir. Mais c'est
là un article... Je pense que le ministre de l'Education serait bien en
peine de me citer un précédent dans nos lois du Québec
pour une mesure de ce genre. Je serais curieux, de tout façon, d'en
connaître une autre.
M. Morin (Sauvé): Non, je n'en ai pas sous la main, mais
je sais que cela existe.
Mme Lavoie-Roux: Je pense qu'il y en a un. M. Morin
(Sauvé): J'ai déjà vu des...
Mme Lavoie-Roux: Savez-vous où il existe? Si ma
mémoire est bonne, c'est dans la loi 101 où il y a un pouvoir
"surréglementaire" d'accordé au ministre...
M. Morin (Sauvé): Mais j'en connais d'autres que je n'ai
pas sous la main.
M. Forget: II ne doit pas y en avoir foison.
M. Morin (Sauvé): De deux choses l'une: ou bien c'est le
minitre qui est responsable il l'est devant la Chambre aussi ou
bien ce sont les fonctionnaires qui font les directives. C'est aussi simple que
cela parce qu'il en faut. Alors, qui va le faire, qui va avoir le pouvoir, qui
va l'exercer?
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais s'ils ne suivent pas la directive,
cela n'aura pas les mêmes conséquences que s'ils ne suivent pas la
vôtre.
M. Rivest: Vous avez des conséquences juridiques.
M. Morin (Sauvé): Oui, mais le problème est qu'on
aboutit vraiment à des impasses.
Mme Lavoie-Roux: Donnez-nous donc un exemple.
M. Morin (Sauvé): Je pourrais vous donner des exemples de
directives...
M. Forget: Vécus.
M. Morin (Sauvé): ... dont on ne connaît pas
exactement le bien-fondé juridique au ministère de l'Education.
Je ne voudrais pas en donner trop parce que cela donnerait peut-être des
idées à des tas de gens.
Mme Lavoie-Roux: II n'y a personne.
M. Morin (Sauvé): Ces choses s'en vont au journal des
Débats.
Mme Lavoie-Roux: C'est vrai.
M. Rivest: On peut faire une motion pour suspendre la
publication.
Mme Lavoie-Roux: La publication de 20 h 30 à 20 h 45.
M. Morin (Sauvé): De toute façon, tout ceci pour
dire que c'est certainement fort intéressant comme débat
juridique, mais j'estime, comme ministre de l'Education et parce que je veux
éviter justement la prolifération des directives des
fonctionnaires, que le ministre doit pouvoir se porter responsable de ces
directives d'application.
Le Président (M. Marcoux): Mme le député de
L'Acadie dit qu'elle a un amendement à proposer, mais, avant,
techniquement, il y a déjà un amendement présenté
par le ministre en vue de remplacer "à l'égard des
matières visées...
Mme Lavoie-Roux: L'application est adoptée.
Le Président (M. Marcoux):... dans l'application des
programmes... Cela va?
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Marcoux): Pour être bien clair pour
le journal des débats, les mots "à l'égard des
matières visées" seront remplacés par "dans l'application
des règlements visés", dans le paragraphe b) du premier
alinéa.
M. Rivest: J'aurais une question à poser au ministre, si
vous le permettez, pour prendre le problème complètement à
l'envers. Pourquoi est-ce simplement nécessaire le ministre a
défendu le besoin ou, enfin, a exprimé le besoin d'assise
juridique pour l'excercice des pouvoirs réglementaires
prévus à b) alors que ce ne l'est pas pour les autres?
Mme Lavoie-Roux: Voilà le secret! M. Morin
(Sauvé): Non. Mme Lavoie-Roux: Limoilou.
M. Morin (Sauvé): A moins que vous ne vouliez
l'étendre aux autres cas?
M. Rivest: Non, je dis que je reprenais la même question,
la même inquiétude que j'exprimais, mais en prenant le
problème à l'envers.
M. Morin (Sauvé): Justement, nous avons voulu que cela
soit restreint en ce qui concerne les programmes d'étude, l'admission
des étudiants, les examens et les diplômes, parce que ce contexte
est toujours changeant et qu'il doit y avoir de la souplesse là-dedans,
tandis que...
M. Rivest: Ce sont les autres. Je comprends.
M. Morin (Sauvé): Les autres règlements n'ont pas
besoin de la même souplesse ni des mêmes raffinements constants.
Par exemple, la vérification...
M. Rivest: Non, la qualification du personnel
pédagogique.
M. Morin (Sauvé):... la comptabilité, etc. Non, ce
n'est pas nécessaire pour les autres, sinon nous l'aurions
ajouté.
M. Forget: Sûrement, il n'y a aucun doute
là-dessus.
M. Rivest: J'avais consulté le député de
Saint-Laurent. J'ai dit: Je vais lui poser cette question. Il a dit que c'est
parce que ce n'est pas nécessaire pour les autres.
Mme Lavoie-Roux: J'ai cru comprendre que cela ne s'appliquera pas
aux autres parce que les mêmes problèmes ne se posent pas pour les
autres, mais cela touche quand même l'article b) qui est relié
à tout le régime pédagogique et c'est là que se
sont trouvés les problèmes les plus considérables. Je ne
pense pas qu'il y ait eu de grands détournements de fonds ou de trop
mauvaises administrations peut-être même jamais de mauvaise
administration financière des collèges. En tout cas, cela
n'a jamais été un problème. C'est pour cela que cela ne
s'applique qu'à l'article b), M. le député de Jean-Talon.
M. le Président, je voudrais faire motion pour que le paragraphe 18 de
l'article 10 soit modifié en retranchant le deuxième
alinéa. Sans entrer dans de grands détails parce que cela a
déjà été fort développé,
personnellement... Vous la recevez?
Le Président (M. Marcoux): Oui, il est toujours loisible
de demander de biffer un paragraphe. Oui, c'est reçu.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Marcoux): C'est recevable.
Mme Lavoie-Roux: Je voulais surtout qu'on ne perde pas de
temps.
M. Forget: C'est recevable, il n'y a pas de doute.
Le Président (M. Marcoux): A moins que votre conseiller ne
soit pas d'accord avec ma décision. Je suis réceptif à un
plaidoyer.
M. Forget: Par député interposé.
Mme Lavoie-Roux: Comme on l'a dit tout à l'heure, il y a
deux raisons: la première c'est qu'il m'apparaît que par
ça, le ministre vient ajouter ce que j'appellerais dans mon langage et
non un langage juridique, une sorte de pouvoir "sur réglementaire" qui
vient restreindre la latitude des collèges...
Une Voix: Pouvoir "sous-réglementaire".
Mme Lavoie-Roux: Oui, ça dépend du point de vue
où on se place. Mais le deuxième point que je voudrais faire
valoir, et celui-là n'est pas du tout relié à une
considération juridique ou relié à une distribution de
pouvoirs, je voudrais faire remarquer au ministre qu'il sait qu'il y a beaucoup
d'opposition chez les syndicats ou les syndiqués à l'égard
de projets de loi qui, non seulement dans celui-ci, mais dans l'autre, vont
venir exercer et je pense que le ministre va l'admettre des
contrôles beaucoup plus grands. Je ne suis pas nécessairement
contre, mais c'est surtout contre ça qu'à la fois la CSN et la
CEQ en ont, si on se réfère à leur mémoire. Je me
demande pourquoi maintenir un paragraphe qui crée cette impression
et peut-être que dans les faits c'est exact chez les gens
que le ministre ou l'Etat veut contrôler. Et c'est pour moi ajouter un
paragraphe qui va créer des problèmes, va créer plus de
résistance que peut-être tenter de résoudre ce que le
ministre voudrait résoudre par ça.
M. Morin (Sauvé): Je comprends l'argumentation de Mme le
député de L'Acadie, mais s'agis-sant des programmes
d'études, de l'admission des étudiants, des examens et des
diplômes, ce n'est pas encore le syndicat qui réglemente cela.
Mme Lavoie-Roux: Non, je vous permets vos grands
règlements.
M. Morin (Sauvé): D'autre part, vous avez vu la masse que
ça représente. Je pense que je vous en ai fait tenir des
exemplaires.
Mme Lavoie-Roux: Une petite masse comparée à
d'autres...
M. Morin (Sauvé): Oui, sans doute, mais il faut qu'il y
ait suffisamment de souplesse dans le système pour que je n'aie pas
constamment à remonter au Conseil des ministres avec, toutes les
semaines, des liasses...
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais vous allez modifier ça
constamment. Allez-vous publier ça quand vous allez modifier
ça?
M. Morin (Sauvé): Oui, bien sûr.
Mme Lavoie-Roux: On va prendre connaissance dans la Gazette
officielle de toutes ces directives-là?
M. Morin (Sauvé): Mais bien sûr! Dans la Gazette
officielle c'est une autre affaire, mais dans des publications comme celle que
vous avez sous les yeux, sûrement. La Gazette officielle est
réservée aux arrêtés en conseil.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Terrebonne.
M. Fallu: Je vais dire ce que j'ai dit cet après-midi,
nous sommes en fait devant une sorte de syndrome réglementaire.
Mme Lavoie-Roux: Vous avez raison parce qu'il y en a
beaucoup.
M. Rivest: II y a un projet de loi qui a été
déposé à l'Assemblée nationale. Excellent,
d'ailleurs, une thérapie.
M. Fallu: Comment est-ce que ça se passe dans la vie
quotidienne, la question des programmes, le b), les programmes d'études,
l'admission des étudiants, les examens et les diplômes?
Les programmes d'études, trompons-nous pas, il s'agit des
programmes, c'est-à-dire les cadres, non pas les contenus. Les
programmes d'études déterminent donc le nombre de crédits
qui doivent être alloués, dans les matières
générales, dans un cadre, dans le cadre d'un cours professionnel,
etc. On n'entre donc pas dans les détails. On ne dit pas qui doit donner
ces cours-là. Est-ce que ce sont les gens de chimie, de biochimie, de
chimie industrielle ou quoi que ce soit. On n'entre pas dans ces
détails, c'est ailleurs.
Ces cadres-là, actuellement, viennent évidemment d'en
dehors des collèges. C'est édité. Donc, ce n'est pas le
collège pour le moment qui détermine ça. Quand
l'étudiant s'inscrit dans un CEGEP à un programme, ce n'est pas
le CEGEP qui a déterminé le programme, à moins que ce ne
soient les programmes institutionnels, mais c'est ailleurs et c'est toujours
permis. Même qu'on en donne davantage aux collèges par la loi, on
décentralise davantage.
Les programmes officiels viennent d'ailleurs, mais la mécanique
de ça n'a jamais flanché et il n'y a jamais eu de contestation,
ni de grève, ni de moyens de pression ou très peu, parce que les
programmes comme tels sont du ressort du ministre. C'est lui qui les
édite, mais qui les fabrique? Ce sont les comités de professeurs
ou encore des comités mixtes, industrie et professeurs. Il y a une
dynamique à l'intérieur des CEGEP, qui est malheureusement
inconnue pour l'immense majorité des citoyens du Québec, qu'on
appelle la coordination. (20 h 45)
Les professeurs n'ont jamais réclamé un droit syndical sur
la coordination, ils ont toujours eu ce droit-là. Ils n'ont jamais
grevé là-dedans, ça n'a jamais été objet de
contestation à travers le Québec. Ce qu'ils demandent
actuellement, c'est qu'on leur conserve exactement les mêmes droits.
J'inviterai le ministre, d'ailleurs, à être très prudent
à ce propos. Il faut vraiment que les contenus de programmes, les
aménagements des programmes, l'autorisation d'enseignement des
programmes à une discipline et à une autre restent l'objet de
décisions de la part des enseignants eux-mêmes, par le biais de la
coordination, coordination qu'on appelle également coordination de la
coordination, c'est-à-dire l'assemblée des diverses
coordinations.
Il y a une dynamique qui remonte à l'intérieur de cela. A
un moment donné, il faut que quelqu'un édite et qu'il
édite à chaque année ces choses. Plus que cela, il faut
même qu'il édite les programmes qui appartiennent aux
collèges eux-mêmes. Le ministre doit le faire ou quelqu'un, au
niveau du ministère, doit, à un moment donné, prendre cela
et le rendre officiel de quelque façon que ce soit, parce qu'on vit dans
un drôle d'imbroglio actuellement. Nos cahiers d'enseignement
collégial j'en vois des exemplaires devant vous, madame
n'ont aucun caractère officiel. On se présente devant une
université quelque part ailleurs dans le monde et on dit: Qu'est-ce que
c'est? Est-ce officiel? Ce n'est pas officiel, c'est édité par
l'Editeur officiel ou un imprimeur qui a reçu un contrat, mais ce n'est
pas un règlement. C'est une directive, en somme, rien d'autre. Il n'y a
jamais eu de règlement des études collégiales. Cela n'a
jamais été élevé à un niveau juridique.
Depuis des années qu'on cherche à le faire et enfin, on le fera,
mais sans enlever la dynamique de base, et cela, j'en préviens le
ministre, parce qu'il y aura une commission parlementaire spéciale, si
on fait sauter les coordinations.
Mme Lavoie-Roux: II prend des engagements à votre endroit,
M. le ministre. Vous êtes mieux de le surveiller.
M. Morin (Sauvé): Je peux vous dire qu'il n'est pas
question de faire sauter les coordinations. On ne pourrait pas travailler sans
cela. C'est simple! Je peux donner un autre exemple: Les comités
pédagogiques en question, chaque année, me font des douzaines de
recommandations; ainsi, pour accéder au cours de mathématiques
512, il fallait auparavant tel préalable; on pourrait ajouter tel
autre préalable pour mettre plus de souplesse dans le
système. Nous ne pouvons pas remonter au Conseil des ministres avec cela
chaque année. Que faisons-nous? Des directives de fonctionnaires. Est-ce
que la base juridique est certaine? Est-ce que les collèges sont
obligés de respecter ces principes qui sont censés être
applicables à l'ensemble du réseau? C'est douteux, sur le plan
juridique, à l'heure actuelle.
M. Fallu: Si vous me permettez un exemple.
M. Morin (Sauvé): Nous fondons juridiquement une chose
nécessaire.
M. Fallu: Si vous me permettez une illustration. J'ai un cas de
comté présentement. C'est une demoiselle qui a maintenant une
maîtrise, mais n'a toujours pas son DEC, parce qu'il y a un cours qui lui
est contesté dans sa grille.
Mme Lavoie-Roux: Je me demande si elle ne m'a pas écrit,
votre demoiselle. L'histoire m'est familière, de toute façon.
M. Fallu: Oui, mais enfin.
Mme Lavoie-Roux: C'est peut-être un classique.
M. Forget: Si tout cela est tellement souple, cela ne devrait pas
causer de problème.
M. Morin (Sauvé): II faut sans doute continuer d'assouplir
le système.
M. Forget: Une fois qu'on a sa maîtrise, on n'a
ordinairement pas besoin de prouver qu'on a fini l'école primaire.
M. Rivest: Quand on a 19 ans, au sens du règlement, on n'a
pas besoin de faire la preuve qu'on a eu 12 ans.
M. Forget: Je m'inquiète un peu de ceux qui exigent des
preuves de ce genre au nom de la souplesse.
M. Morin (Sauvé): Prenez le député de
Saint-Laurent, il n'a jamais fait de secondaire, personne ne peut le constater,
cela ne se voit pas.
M. Forget: On peut même se demander si j'ai fait le
primaire parfois.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'amendement
proposé par Mme le député de L'Acadie sera adopté?
L'amendement de Mme le député de L'Acadie...
Mme Lavoie-Roux: Appel nominal.
Le Président (M. Marcoux): Appel nominal.
M. Forget: Ah oui!
M. Rivest: Je n'ai pas le droit de vote.
Le Président (M. Marcoux): C'est la première fois
que j'entends un commentaire sur la demande d'appel nominal.
M. Forget: II faut observer pour apprendre!
M. Morin (Sauvé): Allons-y, M. le Président,
voulez-vous?
M. Rivest: M. le Président, est-ce qu'on peut faire une
motion pour que je remplace M. Le Moignan (Gaspé)?
Mme Lavoie-Roux: II nous a dit qu'il pensait exactement comme
nous. C'est pour cela qu'il quittait ce soir.
M. Morin (Sauvé): Le cher abbé.
Le Président (M. Marcoux): M. Clair (Drummond)?
M. Rivest: On va lui dire. Espérons qu'il ne lit pas le
journal des Débats.
Le Président (M. Marcoux): M. Forget (Saint-Laurent)?
M. Forget: Pour, bien sûr, avec ou sans diplôme.
Le Président (M. Marcoux): M. Jolivet (Laviolette)? Aux
fins du journal des Débats de biffer le dernier "pour". M. Lacoste
(Sainte-Anne).
M. Morin (Sauvé): Absent.
Le Président (M. Marcoux): Mme Lavoie-Roux (L'Acadie).
Mme Lavoie-Roux: Pour.
Le Président (M. Marcoux): M. Le Moignan (Gaspé).
M. Marquis (Matapédia).
M. Marquis: Contre.
Le Président (M. Marcoux): M. Morin (Sauvé).
M. Morin (Sauvé): Contre.
Le Président (M. Marcoux): M. Fallu (Terrebonne).
M. Fallu: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): La motion est rejetée
trois à deux.
Mme Lavoie-Roux: Je vois qu'on a gardé suffisamment de
députés pour ne pas risquer d'être mis en minorité,
mais on a changé les députés. C'est
intéressant.
M. Forget: On en a de plus souples. Mme Lavoie-Roux: Oui.
Ils sont présents.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, un peu de
sérieux, si nous voulons avancer.
Le Président (M. Marcoux): Nous sommes rendus au dernier
alinéa...
M. Fallu: II ne la comprend pas, cette dernière. Le
Président (M. Marcoux): ... de l'article 10.
Mme Lavoie-Roux: J'ai une motion d'amendement, M. le
Président.
Le Président (M. Marcoux): Oui, madame.
Mme Lavoie-Roux: Je vais la lire tout de suite pour ne pas perdre
de temps.
Que le paragraphe 18 de l'article 10 soit modifié en
remplaçant le troisième alinéa par le suivant: "Tout
projet de règlement en vertu des alinéas précédents
est publié dans la Gazette officielle du Québec avec avis
qu'à l'expiration d'au moins 60 jours suivant cette publication, M sera
soumis pour approbation au lieutenant-gouverneur en conseil. Le
règlement visé dans les alinéas précédents
entre en vigueur le jour de la publication dans la Gazette officielle du
Québec soit d'un avis signalant qu'il a reçu l'approbation du
lieutenant-gouverneur en conseil, soit en cas de modifications par ce dernier
du texte définitif ".
Je pense que vous la recevez, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): Oui. La motion est
recevable.
M. Morin (Sauvé): M.le Président, avant que ce
pigeon ne prenne son envol, je voudrais...
M. Rivest: Le pigeon d'argile.
M. Morin (Sauvé): ... tout de suite protester contre la
rigidité qu'on va insuffler dans l'appareil gouvernemental de
l'éducation. Nous avons déjà ajouté une
étape qui va nous prendre du temps, nous allons devoir aller devant le
Conseil des collèges, qui va se pencher sur les règlements et qui
va nous donner son avis. Voyez-vous cela, s'il faut ajouter maintenant des
délais supplémentaires? Nous n'en sortirons jamais.
Le surmenage existe déjà, ce serait de l'inertie,
là, parce qu'on ne pourrait plus bouger. Il faudrait se prendre des mois
à l'avance, un an d'avance, pour aboutir au moindre résultat dans
ce domaine. Je proteste, M. le Président.
M. Forget: Figurez-vous, M. le Président que, dans les
lois sociales, et ceci depuis presque dix ans maintenant, les délais de
prépublication des règlements sont de 90 jours. Et, de
mémoire d'homme, cela n'a jamais tué le ministre ni aucun de ses
fonctionnaires et cela n'a rien empêché d'important.
Mme Lavoie-Roux: Je pense qu'il doit y avoir des situations aussi
urgentes là qu'il puisse y en avoir en éducation.
M. Morin (Sauvé): Voyez-vous, c'est que, dans le domaine
des affaires sociales, je ne sais pas si vous procédez à des
consultations antérieures, mais nous, ces règlements sont
l'aboutissement de tellement...
M. Forget: Antérieurs et postérieurs.
M. Morin (Sauvé): ... de consultations qu'on n'en
sortirait plus.
Mme Lavoie-Roux: Ah bien là, par exemple! Si vous voulez
nous remettre sur un terrain glissant, M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): M.le député de Terrebonne
a expliqué tout à l'heure comment les programmes sont
rédigés, par exemple, dans les comités
pédagogiques.
M. Fallu: II y a un rythme de trois ans.
M. Morin (Sauvé): Pour avoir un programme, c'est
effectivement un rythme de trois ans. A mon avis, vous avez là toute la
sécurité requise, et, de toute façon, il ne faut tout de
même pas tenir pour acquis que le ministre de l'Education va se jeter
dans des difficultés en ne respectant pas les exigences de participation
du milieu ou encore en ne respectant pas l'obligation qui lui sera faite
d'aller devant le Conseil des collèges.
M. Forget: A plus forte raison, M. le Président, s'il y a
une telle consultation, on fait certainement la consultation sur un texte, on
ne fait pas la consultation en l'air, on ne fait pas la consultation sur des
hypothèses, des suppositions, des rêveries, on présente un
texte pour une vraie consultation. Si on fait une consultation pendant trois
ans, on peut certainement publier ce texte pendant 60 jours et continuer les
consultations pendant ces 60 jours. Cela ne change donc strictement rien aux
procédures.
M. Morin (Sauvé): C'est de la paperasse. M. Forget:
Ah! voilà!
M. Morin (Sauvé): Comme vous en aviez l'habitude au
ministère des Affaires sociales.
M. Forget: Voilà, c'est de la paperasse.
Comparons les volumes de paperasse et je suis sûr que l'Education
gagne 100 milles à l'heure dans n'importe quel domaine.
Mme Lavoie-Roux: Même vos fonctionnaires trouvent que c'est
très drôle, M. le ministre. Vous savez que le monde de
l'éducation est très politique aux fins de composition.
M. Rivest: Pour promouvoir la paperasse.
Mme Lavoie-Roux: Oui, franchement, là. M. Rivest:
Promouvoir.
Mme Lavoie-Roux: Ce sont des gens qui pensent beaucoup et qui
écrivent beaucoup.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'amendement
proposé par Mme le député de L'Acadie sera
adopté?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, ne bousculez pas les
choses.
Le Président (M. Marcoux): C'est parce que je n'avais pas
de demande d'intervention, Mme le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je serais même prête à faire
un compromis, à le réduire à 30 jours. Le premier argument
que le ministre a utilisé a été des retards indus.
D'ailleurs, ce n'est pas pour tous les programmes, c'est pour les
règlements du lieutenant-gouverneur.
M. Forget: C'est cela, les renseignements qu'un collège
doit fournir dans son rapport annuel.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Forget: Je pense que c'est possible de publier cela 60 jours
avant de les édicter. Pour la procédure de nomination, de
renouvellement du mandat et de destitution du directeur général,
je pense que 60 jours, cela ne tuera personne. On ne les changera quand
même pas tous les six mois. On le fera une fois et, dix ans après,
ils seront encore en vigueur. La comptabilité, la vérification et
les registres à tenir, si jamais on veut en changer, il serait
peut-être bon d'avertir les comptables des collèges pour qu'ils se
préparent, etc. Donc, l'argument qu'on nous a donné ne fait pas
très sérieux.
Mme Lavoie-Roux: Les comités de coordination, ce n'est pas
cela que ça va toucher.
M. Fallu: J'aurais une question à poser. Est-ce qu'une
telle publication se ferait en même temps ou consécutivement
à une demande d'avis au Conseil des collèges, notamment pour ce
qui a trait aux paragraphes b) et c) du premier alinéa?
Mme Lavoie-Roux: On serait libre de choisir la formule qu'on
veut. Peut-être que consécutivement serait
préférable parce qu'on aurait pu tenir compte de l'avis du
Conseil des collèges avant d'édicter les règlements pour
les publier dans la Gazette officielle. Par contre, je pense que ce seraient
deux groupes qui viendraient ou qui pourraient faire des
représentations: d'une part, la population et plus
particulièrement les gens intéressés à
l'éducation et, d'autre part, l'avis du conseil pourrait permettre des
modifications heureuses.
M. Forget: Quand on pense et le député de
Sauvé n'était pas membre de l'Assemblée nationale à
cette époque qu'avec le mauvais gouvernement qui a
précédé le sien, à l'occasion de deux projets de
réglementation dont il a sûrement entendu parler, dont un, en
particulier, visait le réseau des Affaires sociales, les
règlements adoptés en vertu de la Loi sur les services de
santé et les services sociaux ont été publiés dans
la Gazette officielle et non seulement y a-t-il eu 90 jours d'avis, tel
qu'exigé par la loi adoptée l'année
précédant l'adoption des règlements, mais il y a eu une
commission parlementaire où nous avons entendu plus de 100
mémoires sur les projets de réglementation. Ce n'est pas le seul
exemple; il y a eu un autre ministère également qui a
préparé un projet de réglementation où il y a eu
des auditions publiques en commission parlementaire avec préparation de
mémoires, comme s'il s'agissait d'un projet de loi. Tout le monde savait
très bien que la réglementation dans ces domaines est presque
aussi importante et, de toute façon, elle a le même effet que les
projets de loi. C'était pourtant le gouvernement soi-disant pourri qui a
précédé le gouvernement actuel qui s'est quand même
exposé à cette discussion, qui a permis une participation
publique avec un délai qui a rejoint à peu près huit ou
neuf mois, dans ces cas. Pourquoi ne serait-il pas possible...
M. Morin (Sauvé): Pourri... pourri... enfin, mauvais,
quoi!
M. Forget: Enfin, oui. Mauvais, pourri, corrompu, tout ce qu'on
veut!
Mme Lavoie-Roux: Là, on est en face d'un gouvernement
soi-disant démocratique.
M. Forget: On s'est dit: On est sur un cran supérieur
maintenant, on va gouverner publiquement, avec beaucoup de participation et,
dès qu'on pose la question d'un délai de 30 jours, c'est
excessif. Pourtant, on a des expériences vécues. Il y a moins de
dix ans, à l'Assemblée nationale, on faisait les choses beaucoup
plus ouvertement. On prenait un soin beaucoup plus grand d'entendre les gens.
On n'avait pas peur de rencontrer les gens face à l'Opposition sur des
projets de règlement. J'aimerais bien voir lequel de vos
collègues aurait cette audace. Je suis sûr d'avance qu'il n'y en
aura aucun parce qu'il n'y en a pas plus que deux ou trois qui seraient
capables de se tenir debout, de toute façon, dans des circonstances
comme celle-là. Il faut quand même que ces choses soient dites,
à l'occasion.
Mme Lavoie-Roux: II semble que le ministre...
M. Rivest: C'est de l'obstruction bureaucratique...
Mme Lavoie-Roux: ... n'ait pas été...
M. Rivest: ... qui traduit l'esprit, la souplesse du
ministre.
Mme Lavoie-Roux:... influencé par les propos de mon
collègue de Saint-Laurent et ça ne m'étonne pas. Le
ministre a surtout peur que le monde de l'enseignement ait un lieu ou une
occasion, parce que ça ne sera pas nécessairement une commission
parlementaire, où on puisse poser des questions sur les
règlements qu'il va édicter. (21 heures)
M. Morin (Sauvé): Le Conseil des collèges va
être ce lieu-là justement.
Mme Lavoie-Roux: Ah! si vous le traitez comme le Conseil
supérieur de l'éducation, je vous assure que cela promet.
M. Rivest: Oui, cela promet.
M. Forget: Vous allez avoir des candidats nombreux.
M. Rivest: Oui.
M. Morin (Sauvé): Je le traiterai comme je traite le
Conseil des universités et le Conseil supérieur de
l'éducation.
M. Rivest: Ah!
M. Morin (Sauvé): Oui, à condition qu'il sache ce
qu'il veut.
M. Rivest: Ah! le Conseil supérieur de l'éducation
ne le sait pas.
M. Morin (Sauvé): Dans l'affaire de la...
M. Rivest: Quand on ne veut pas la même chose que le
ministre, on ne sait pas ce qu'on veut, c'est cela.
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est un peu cela.
M. Morin (Sauvé): Dans la question de la comparution?
M. Rivest: Non, c'est une philosophie.
Mme Lavoie-Roux: En tout cas, je regrette que le ministre ne se
rende pas à une motion qui est tout à fait
régulière, qui est presque dans les habitudes du Parlement et de
la législation.
M. Rivest: C'est débattable vingt minutes.
Mme Lavoie-Roux: Pardon? M. Rivest: C'est
débattable.
Mme Lavoie-Roux: C'est débattable vingt minutes, mais plus
on va débattre, plus il va avoir peur.
M. Rivest: Oui, parce qu'il se retranche, il se cale dans son
fauteuil.
Mme Lavoie-Roux: Le fond de la chose, c'est que le ministre a
peur, j'en suis convaincue.
Une Voix: On peut voter tout de suite.
Mme Lavoie-Roux: Je ne veux surtout pas qu'il parte
traumatisé.
M. Rivest: Non.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce qu'on va prendre le
projet initial à soixante jours?
Mme Lavoie-Roux: C'est cela la vérité, vous savez,
il a peur.
M. Rivest: Avant qu'on passe au vote, je voudrais au moins que le
journal des Débats enregistre le sourire satisfait du ministre face aux
attaques de l'Opposition.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que la motion
d'amendement...
M. Morin (Sauvé): C'est parce que j'ai peur.
Le Président (M. Marcoux): Alliez-vous faire la motion
qu'on inscrive des photos?
M. Rivest: Non, heureusement, au moins, le journal des
Débats ne transmet pas cela.
Mme Lavoie-Roux: C'est la télévision.
Le Président (M. Marcoux): Je mets maintenant aux voix la
motion d'amendement du député de L'Acadie dans le sens que le
paragraphe "18 de l'article 10 soit modifié en remplaçant le
troisième alinéa par les suivants: "Tout projet de
règlement en vertu des alinéas précédents est
publié dans la Gazette officielle du Québec avec avis qu'à
l'expiration d'au moins soixante jours suivant cette publication il sera soumis
pour approbation au lieutenant-gouverneur en conseil. Les règlements
visés dans les alinéas précédents entrent en
vigueur le jour de leur publication dans la Gazette officielle du
Québec, soit d'un avis signalant qu'il a reçu l'approbation du
lieutenant-gouverneur en conseil, soit en cas de modification par ce dernier du
texte définitif." Est-ce que la motion d'amendement sera
adoptée?
Mme Lavoie-Roux: Vote nominal?
Le Président (M. Marcoux): Vote nominal. M. Alfred
(Papineau)?
M. Rivest: Absent.
Mme Lavoie-Roux: Les absents, vous les appelez aussi?
Le Président (M. Marcoux): Pardon, il est remplacé
par M. Clair (Drummond). M. Clair (Drummond)?
Mme La voie-Roux: Absent aussi.
Le Président (M. Marcoux): M. Forget (Saint-Laurent)?
M. Forget: Pour.
Le Président (M. Marcoux): M. Jolivet (Laviolette)?
Mme Lavoie-Roux: Absent. M. Rivest: Absent.
Le Président (M. Marcoux): M. Lacoste (Sainte-Anne)?
Mme Lavoie-Roux: Absent. M. Rivest: Absent.
Le Président (M. Marcoux): Mme Lavoie-Roux (L'Acadie)?
Mme Lavoie-Roux: Pour.
Le Président (M. Marcoux): M.Le Moignan
(Gaspé)?
Une Voix: Absent.
Le Président (M. Marcoux): M. Marquis
(Matapédia)?
M. Marquis: Contre.
Le Président (M. Marcoux): M. Morin (Sauvé)?
M. Morin (Sauvé): Contre.
Le Président (M. Marcoux): M. Paquette...
Mme Lavoie-Roux: Absent.
Le Président (M. Marcoux): ... pardon, M. Fallu
(Terrebonne)?
M. Fallu: Contre.
Le Président (M. Marcoux): La motion est rejetée.
Nous revenons à l'article 10. L'article 10, tel qu'amendé,
sera-t-il adopté?
Mme Lavoie-Roux: Appel nominal, M. le Président, ou le
même vote plutôt que de le répéter. Adopté.
Appel nominal. Le même vote.
M. Morin (Sauvé): Le même vote, mais
renversé.
M. Rivest: Non, le même vote, c'est cela.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Vous avez accepté, M. le
Président, le même vote.
M. Rivest: Vous l'avez accepté, M. le Président. Le
ministre n'a pas le droit d'en appeler de votre décision. Le
président a dit adopté.
Mme Lavoie-Roux: Oui. M. Rivest: L'article est
biffé.
M. Morin (Sauvé): L'article est adopté,
sûrement.
Le Président (M. Marcoux): L'article est adopté
avec le même vote inversé.
L'article 10 est adopté avec amendement. Article 11?
M. Morin (Sauvé): M. le Président...
Mme Lavoie-Roux: Vous avez un bel amendement, je le sais.
M. Morin (Sauvé): ... nous avons un amendement qui,
j'imagine, va répondre à certaines des angoisses de
l'Opposition.
Mme Lavoie-Roux: Cela va sauver du temps, M. le
Président.
M. Morin (Sauvé): J'en suis très heureux, car nous
n'en avons point à perdre.
Le Président (M. Marcoux): Pardon, sur l'article 10, j'ai
oublié de faire adopter une petite motion: que les paragraphes e)
à j) du premier alinéa soient respectivement
renumérotés d) à k). C'est adopté?
M. Morin (Sauvé): De d) à i). Nous avons
supprimé k), c'est donc de d) à i).
Le Président (M. Marcoux): De d) à i)...
renumérotés d) à i).
M. Morin (Sauvé): C'est cela. Autrement dit e) à
j)...
Le Président (M. Marcoux): D'accord, cela va. M. Morin
(Sauvé): ... sont renumérotés d) à i).
Le Président (M. Marcoux): Cela va. Maintenant, l'article
11. Vous avez un amendement?
Conditions d'admission des étudiants
M. Morin (Sauvé): Oui, M. le Président, je l'ai
fait distribuer il y a déjà quelque temps. L'article 19 de la loi
existante est modifié: a) par le remplacement du paragraphe a) du
premier alinéa par le suivant: a) Sa régie interne, notamment la
procédure de désignation des membres du conseil visés dans
les paragraphes b) à f) maintenant du premier
alinéa de l'article 8. Notez bien: de b) à f) dorénavant.
Petit b) cela faisait toujours rire mes étudiants, dans le temps
où le député de
Jean-Talon était parmi ceux-ci, quand je disais petit a).
M. Forget: Oui.
M. Morin (Sauvé): Ils adoraient cela, un petit a).
M. Rivest: Vous remarquerez que je n'ai pas ri.
M. Morin (Sauvé): Non, je l'ai remarqué et j'ai
pris soin de ne pas dire petit a). Petit b): Par le remplacement du paragraphe
e) du premier alinéa par les suivants: e) Sous réserve du
paragraphe b) du premier alinéa de l'article 18, les conditions
particulières d'admission des étudiants ou de certaines
catégories d'étudiants. C'est exactement ce qui se trouvait dans
le projet de loi imprimé. Enfin, f), ce serait, je pense, la même
chose également. Voilà!
M. le Président, nous continuons. Nous ajoutons, après le
paragraphe g), le paragraphe c) qui se lit comme suit: Par le remplacement du
deuxième alinéa par le suivant: Ces règlements n'entrent
en vigueur qu'après leur dépôt auprès du
ministre.
Mme Lavoie-Roux: Bon, petit b), petit a), petit c).
Le Président (M. Marcoux): C'est adopté, si j'ai
bien compris votre intention?
Mme Lavoie-Roux: La conclusion nous convient.
Le Président (M. Marcoux): L'article 11 est adopté
tel qu'amendé?
Mme Lavoie-Roux: Bon, on a évité cette
fois-là au moins 60 minutes de débat.
M. Morin (Sauvé): C'est vrai?
Mme Lavoie-Roux: Oui, cela a été de la bonne
prévoyance.
M. Morin (Sauvé): Vous m'en voyez très heureux. Il
faut convenir que lorsque l'Opposition a du sens, on peut s'incliner devant la
chose.
M. Forget: Parfois.
Le Président (M. Marcoux): Article 11 adopté tel
qu'amendé. Article 12.
Directeur général et directeur des
services pédagogiques
M. Morin (Sauvé): Al'article 12, nous avons
également des modifications.
Mme Lavoie-Roux: Une autre...
M. Morin (Sauvé): Oui, c'est différent, comme vous
pourrez le voir. L'article 20 de ladite loi est modifié par le
remplacement du premier alinéa par le suivant: "20. Le conseil,
après avoir pris l'avis de la commission pédagogique, nomme un
directeur général et un directeur des services
pédagogiques pour une période d'au moins trois ans et d'au plus
cinq ans. L'avis de la commission pédagogique n'est toutefois pas requis
pour la nomination du premier directeur général et du premier
directeur des services pédagogiques".
M. Forget: Pourquoi, comme dirait quelqu'un que j'ai bien connu.
Pourquoi, M. le Président?
M. Morin (Sauvé): Pourquoi le changement intervenu? Parce
que nous avions prévu une période de cinq ans et qu'on nous a
représenté que c'était là un terme qui, dans
certains cas, pouvait s'avérer trop long; on désirait plus de
souplesse dans l'administration du CEGEP et dans la nomination des directeurs
généraux et des DSP. Nous avons donc prévu qu'ils
pouvaient être nommés pour un minimum de trois ans et un maximum
de cinq ans.
M. Rivest: Mme la député de L'Acadie me faisait
remarquer qu'on assiste littéralement à une foulée de
souplesse dans ce projet de loi. Toujours le même argument, c'est de la
souplesse.
M. Forget: Je suggérerais d'ailleurs qu'on fasse imprimer
le texte final de la loi sur une substance élastique.
M. Rivest: Vous n'avez pas le droit, cela constitue une
dépense...
M. Forget: Je retire cette motion, M. le Président.
M. Morin (Sauvé): II faudrait découper le
député de lamelles.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que le nouvel article
sera adopté?
M. Rivest: Quant à moi, devant autant de souplesse...
Mme Lavoie-Roux: Vous pourriez l'envoyer, après cela, dans
un laboratoire de CEGEP pour examen microscopique.
M. Morin (Sauvé): M. le Président...
M. Rivest: Est-ce que c'est adopté?
Le Président (M. Marcoux): J'ai posé la
question.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Adopté.
Mme La voie-Roux: L'article 13.
Le Président (M. Marcoux): Adopté?
Une Voix: Oui.
Le Président (M. Marcoux): L'article 14.
M. Rivest: C'est un règlement, cela.
Mme Lavoie-Roux: C'est moins bien, cela.
Rétribution pour les cours
M. Morin (Sauvé): M. le Président, nous modifions
la loi en ajoutant, après l'article 24, un article 24a, qui se lit comme
suit: "Le lieutenant-gouverneur en conseil peut adopter un règlement
pour étendre l'application du premier alinéa de l'article 24
si vous vous référez à l'article 24, vous verrez
qu'il s'agit de la rétribution pour les cours qui sont donnés
dans un collège à un étudiant dont l'occupation principale
est d'y recevoir en personne l'enseignement général ou
professionnel à d'autres catégories d'étudiants et
déterminer les cours auxquels ces étudiants doivent être
inscrits." Le règlement entrerait en vigueur à la date de sa
publication dans la Gazette officielle du Québec.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
M. Morin (Sauvé): II s'agit, en gros, de mettre en oeuvre
la gratuité de l'éducation aux adultes. C'est l'objet de ce
paragraphe.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, dans le livre blanc sur
l'enseignement collégial, on parle de cette gratuité scolaire
pour les adultes. Je pense qu'il s'agit d'une question de principe. Je trouve
qu'à ce moment-ci, on vient limiter ce principe en y ajoutant: Et
déterminer le cours auquel ces étudiants doivent être
inscrits. Est-ce qu'il n'existerait pas d'autres moyens, dans la foulée
des règles budgétaires, qu'on puisse arriver au même but
que celui poursuivi par le ministre? Ce qui me gêne dans le fait qu'on
détermine les cours auxquels ces étudiants doivent être
inscrits, cela peut actuellement varier d'un collège à l'autre,
à moins que le gouvernement ait déjà fait son lit et dise:
Pour le moment, ce sera la gratuité scolaire pour telle catégorie
ou tel type d'enseignement, disons professionnel par rapport à
général; en fait, ce sont les deux grandes catégories.
Ma motion pour ne pas perdre de temps serait que le
premier alinéa du paragraphe 24a de l'article 14 soit modifié en
retranchant, dans les troisième et quatrième lignes, tous les
mots après le mot "étudiants". Cela se lirait ainsi: "Le
lieutenant-gouverneur en conseil peut adopter un règlement pour
étendre l'application du premier alinéa de l'article 24 à
d'autres catégories d'étudiants."
M. Morin (Sauvé): Je vais expliquer pourquoi ce n'est pas
praticable. Je comprends très bien.
Au fond, vous invitez le gouvernement à aller directement
à la gratuité générale de l'éducation des
adultes; ce serait l'effet de cet amendement. Or, ce n'est pas possible, parce
que le ministre des Finances a dit au ministre de l'Education, cette
année: Nous acceptons le principe de la gratuité de
l'éducation des adultes, mais nous allons y aller en deux ou trois
étapes, deux ou trois ans. Cette année, voici $3 500 000, et pas
un sou de plus, pour commencer la mise en oeuvre de cette gratuité.
Donc, je n'ai pas le choix, il faut que je l'applique et j'ai dû faire
des choix.
Nous nous sommes interrogés, nous avons consulté pour
savoir par quel type d'enseignement nous devrions commencer. Nous avons
décidé que les exigences du professionnel se faisaient sentir
davantage que le secteur général, et nous avons
décidé de commencer par le professionnel, certains aspects du
professionnel; peu à peu, nous allons rendre gratuite toute
l'éducation des adultes. C'est la raison pour laquelle je suis
obligé de maintenir cette disposition parce que, si j'allais approuver
l'amendement du député de L'Acadie, j'aurais de graves
différends avec le ministre des Finances. (21 h 15)
Mme Lavoie-Roux: Mais vous n'aimeriez pas cela affronter le
ministre des Finances et tenter de gagner votre point, cette
fois-là?
Une Voix: M. le Président.
M. Rivest: D'ailleurs, M. le Président, je pense que
l'amendement du député de L'Acadie n'est pas recevable.
Mme Lavoie-Roux: Veux-tu te tenir tranquille! D'ailleurs, je le
savais.
M. Morin (Sauvé): Oui.
Le Président (M. Marquis): Après l'explication du
ministre, effectivement.
Mme Lavoie-Roux: C'est moi qui ai soufflé cela au
député de Jean-Talon.
M. Fallu: De fait, étant donné que cet amendement
suppose une dépense... Mais, si vous me le permettez, ce n'est pas
à ce niveau-là. On sait que l'amendement n'est pas recevable.
J'aimerais quand même ajouter un tout petit renseignement. S'il fallait
qu'il n'y ait pas cette partie de la phrase, "et déterminer les cours
auxquels", tout étudiant adulte pourrait donc réclamer en
droit...
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est cela.
M. Fallu: ... d'avoir des cours qui sont à peu près
inaccessibles comme, par exemple on va toujours prendre le même
exemple qui revient autour de la table le pilotage. Alors, à la
limite, c'est physiquement impossible.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais il y a quand même les conditions
d'admission qui viennent restreindre cela.
M. Fallu: Oui.
Une Voix: C'est exact.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je pense que jamais le
président n'a déclaré acceptable ou non acceptable ma
motion, si ma mémoire est bonne.
Le Président (M. Marquis): Effectivement.
M. Fallu: M. le Président, je plaide la
non-recevabilité puisqu'il y a des implications...
Mme Lavoie-Roux: Ne plaidez pas trop longtemps. On est tous
d'accord.
M. Fallu: Voilà.
Le Président (M. Marquis): Alors, vous retirez
l'amendement, Mme le député de L'Acadie?
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais j'aurais quand même deux
questions à poser. La première de quelle façon... Il est
tard, hein? Je pourrais peut-être vous téléphoner...
M. Morin (Sauvé): Nous achevons.
Mme Lavoie-Roux: ... pour demander l'explication.
M. Morin (Sauvé): Prenez courage.
Mme Lavoie-Roux: $3 500 000, sans critiquer ce montant, ce n'est
quand même pas considérable. Comment allez-vous déterminer
les cours et de quelle façon ceci va-t-il contraindre les
collèges à se soumettre, non plus à des programmes, mais
à des cours que vous aurez déterminés?
M. Morin (Sauvé): Oui, mais il faut bien comprendre que le
ministre ne fait pas cela dans le vide. Cette semaine même, le
sous-ministre a rencontré les coordonnateurs de l'enseignement
professionnel de tous les collèges et c'est avec eux qu'il a
examiné les besoins, et c'est avec eux que nous examinons les secteurs
où il serait le plus opportun de faire porter les $3 500 000. Le
sous-ministre m'indique d'ailleurs que les collèges auront des choix
à faire eux-mêmes. Il y aura de la souplesse; les collèges
eux-mêmes pourront dire: Nous privilégions tel secteur
plutôt que tel autre.
M. Rivest: La souplesse encore.
M. Morin (Sauvé): C'est cela, la
décentralisation!
Mme Lavoie-Roux: Mon Dieu!
M. Fallu: Le montant de $3 500 000 n'est pas
élastique.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président.
M. Rivest: Oui, c'est cela.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'il n'y aurait pas avantage ou ne
serait-il pas moins restrictif de dire "déterminer les programmes"
plutôt que "déterminer les cours"?
M. Morin (Sauvé): Non, je crois que c'est un choix qui a
été fait pour des motifs techniques. A l'intérieur des
programmes, il y a des cours, tel, tel et tel cours, et nous voulons
désigner nommément des cours.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais, en tout cas, on entrerait dans un
grand débat. Est-ce que vous ne voulez pas aussi permettre que des gens
puissent s'inscrire à un programme?
M. Morin (Sauvé): Cela ne l'exclut pas.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'un individu pourra être
admissible, par exemple, à plus d'un cours à l'intérieur
d'un programme?
M. Morin (Sauvé): Oui, bien sûr.
Mme Lavoie-Roux: Je ne me chicanerai pas là-dessus. C'est
vous autres qui aurez le problème.
M. Rivest: C'est un cri d'abandon!
Mme Lavoie-Roux: On veut vous aider malgré vous
autres!
M. Morin (Sauvé): Nous aurons le problème
longtemps.
Une Voix: Oh!
Mme Lavoie-Roux: Qu'est-ce qu'il dit?
Le Président (M. Marcoux): L'article 14 est-il
adopté?
Mme Lavoie-Roux: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): L'article 15?
M. Morin (Sauvé): L'article 15, M. le Président,
est retranché à la suite de...
Mme Lavoie-Roux: Vous l'avez réinscrit à l'article
2.
M. Morin (Sauvé): Oh! Ne soyez pas méchante, Mme le
député de L'Acadie. Nous l'avons assoupli avant de le
réinscrire à l'article 2.
Mme Lavoie-Roux: Quelle admission, hein? Cela est...
M. Morin (Sauvé): Oui je l'admets volontiers. Mme
Lavoie-Roux: Bon!
M. Morin (Sauvé): J'admets volontiers qu'il avait besoin
d'être assoupli.
Le Président (M. Marcoux): L'article 15, comme il est
retiré, retiré. L'article 16? On reprend la renumérotation
à la fin.
Suspension des pouvoirs
M. Morin (Sauvé): A l'article 16, vous avez
également un nouveau texte qui s'étend sur une page
complète et un haut de page. Nous avons ajouté dans le texte
"après la tenue d'une enquête faite en vertu de l'article 28a". On
se rappellera que pendant les audiences, on nous a fait observer que la
nomination d'un enquêteur ou encore d'un contrôleur financier
était une mesure draconienne qui devait se situer dans la foulée
d'une enquête. Vous avez bien entendu, Mme le député de
L'Acadie?
Mme Lavoie-Roux: Oui, je vous écoutais.
M. Morin (Sauvé): Dans la foulée d'une
enquête. C'est pourquoi nous avons...
Mme Lavoie-Roux: Ils peuvent s'enfoncer dans la foulée
d'une enquête.
M. Morin (Sauvé): ... modifié l'article 26 qui,
désormais, se lira comme ceci, enfin, se lira comme ceci si les
députés en conviennent: "Le lieutenant-gouverneur en conseil
peut, après la tenu d'une enquête faite en vertu de l'article 28a,
ordonner que les pouvoirs d'un conseil soient suspendus pour la période
qu'il détermine et nommer un administrateur qui en exerce les pouvoirs
lorsque: là nous spécifions...
M. Rivest: a)
M. Morin (Sauvé): Cela, c'est un petit a. ... a) un
collège s'adonne à des pratiques ou tolère une situation
qui sont incompatibles avec la poursuite de ses fins; b) un collège
encourt une dépense qui n'est pas prévue au budget
approuvé par le ministre ou qui n'a pas été
spécialement autorisée par le ministre en vertu de l'article 25.
Le lieutenant-gouverneur en conseil peut alors destituer toute personne qui
fait partie du conseil." Plus tard, nous verrons le cas du contrôleur
financier. Si vous avez besoin d'explications, je vous les donnerai
volontiers.
Mme Lavoie-Roux: Non. L'objectif du ministre a été
de se rendre à une demande qui a été exprimée ici,
la plus importante étant qu'on ne mette pas le collège en tutelle
avant qu'il y ait eu enquête. Est-ce que ce n'est pas cela, la demande
qui avait été formulée?
M. Morin (Sauvé): C'est cela. Une Voix: On va faire
un tour?
M. Morin (Sauvé): Un billet doux!
Mme Lavoie-Roux: Je ne vous dirai pas de qui il vient.
M. Morin (Sauvé): II se fait tard, il se fait tard.
Enfin!
Mme Lavoie-Roux: Qu'est-ce que cela veut dire? M. le ministre,
sérieusement, je pense que vous voulez vous rendre à une demande,
je l'ai dit, je ne suis pas pour revenir là-dessus. Il y a quand
même trois articles. J'aurais aimé tenter de faire une
coordination entre les trois articles. Il y a 28a, il y a 28b, il y a 26, celui
dont on parle. L'amendement que vous apportez modifie en fait l'article 26
où vous faites d'abord enquête et ensuite...
M. Forget: La tutelle est précédée d'une
enquête.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela. Elle ne l'était pas dans le
cas présent.
M. Forget: Non.
Le Président (M. Marcoux): Le nouvel article 16 sera
adopté?
M. Forget: Adopté.
Mme Lavoie-Roux: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): L'article 17.
Mme Lavoie-Roux: Cela me semble régulier.
M. Morin (Sauvé): Je crois effectivement que cela se passe
de commentaires.
Le Président (M. Marcoux): Alors, l'article 17 est
adopté?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): L'article 18?
Mme Lavoie-Roux: Dans l'article 18... Excusez-moi, c'était
l'article 27a sur lequel j'avais une question.
M. Morin (Sauvé): Revenons-y, M. le Président, je
n'ai aucune objection.
Rapport annuel.
Mme Lavoie-Roux: Je dois dire que vous êtes plus souple que
le ministre des Affaires sociales. "Ce rapport doit aussi contenir tous les
renseignements prescrits par règlement...". Vous faites
référence au règlement adopté en vertu de l'article
10.
M. Forget: Si on me le permet, M. le Président, je
remarque que, vis-à-vis cette disposition, on veut encore nous accabler
de papiers. Je m'interroge vraiment sur l'utilité du dépôt
à l'Assemblée nationale de tous ces rapports annuels.
Véritablement, je ne voudrais pas avoir l'air de renoncer pour
l'Assemblée nationale à un droit à l'information, mais je
crois que, ces rapports étant à la disposition du ministre, il y
aurait peut-être une formule qui les rendrait accessibles à toute
personne intéressée, pourvu qu'ils soient entre les mains du
ministre. Alors, il me semble que c'est d'abord provoquer des dépenses
publiques parce qu'il faut faire un certain nombre de copies, etc., et,
franchement, cette multiplication de rapports annuels qui nous tombent sur la
tête à l'Assemblée nationale prend des proportions
complètement ridicules à mon avis.
M. Morin (Sauvé): Est-ce que le député de
Saint-Laurent serait d'accord si nous disions: Que le collège envoie son
rapport au Conseil des collèges et au ministre et...
M. Forget: Où il peut être consulté par
quiconque y a un intérêt ou...
M. Morin (Sauvé): Mais qu'est-ce que nous avions
décidé plus tôt? Est-ce qu'il n'y avait pas un rapport
annuel dans les règlements... Oui, d'accord. Nous n'avons pas
spécifié que le rapport serait déposé devant
l'Assemblée.
Est-ce que M. le député de Saint-Laurent voudrait bien
convenir qu'il devrait cependant être envoyé au Conseil des
collèges et au ministre?
M. Forget: Je suis tout à fait d'accord et je souhaiterais
même mais je ne sais pas comment le formuler qu'on dise
quelque part que ce n'est pas un document confidentiel, en ce sens que si
jamais on veut en prendre connaissance, c'est un document public, pour
éviter toute ambiguïté, mais sans obliger que chaque
document public soit distribué à tous les membres de
l'Assemblée nationale qui vont leur faire prendre le côté
du panier. Inévitablement, on imagine 48 ou 50 collèges...
M. Morin (Sauvé): Oui. Pouvons-nous suspendre pour la
rédaction, M. le Président. Cinq minutes.
Le Président (M. Marcoux): Oui. Nous poursuivons avec 18.
Il y a un projet d'amendement?
M. Morin (Sauvé): Oui. A l'article 18, j'ai fait
distribuer une modification à l'article 28a et il faut lire 28a et 28b
ensemble. Voulez-vous? J'espère que j'ai l'attention des
députés. Dans le cas de 28a, il s'agit de l'enquêteur.
C'est le ministre qui le nomme, c'est la même chose que pour les
commissions scolaires en somme, l'article 13 de la Loi de l'instruction
publique, tandis que dans 28b, il s'agit de nommer un contrôleur, c'est
encore le ministre. Mais plus loin, lorsqu'on aborde 29a... attendez, je
m'excuse, lorsqu'on aborde la tutelle qu'on a mentionnée avant,
c'était le lieutenant-gouverneur en conseil. Donc, il y a une gradation
dans les mesures que l'on peut prendre lorsqu'un collège s'en va de
travers.
M. Rivest: S'il y avait seulement un problème d'ordre
pédagogique, il n'y aurait pas lieu, évidemment... Le
contrôleur, c'est pour les fins financières.
M. Morin (Sauvé): Voyez-vous, à l'heure actuelle
je vais vous donner l'explication je n'ai qu'un pouvoir de
tutelle. Autrement dit, j'ai un marteau-pilon...
M. Rivest: C'est brutal!
M. Morin (Sauvé): ... c'est brutal pour quelquefois
résoudre des problèmes qui requièrent des solutions
beaucoup plus nuancées.
M. Rivest: Plus souples.
M. Morin (Sauvé): Plus souples. Avec ces dispositions, je
serai en mesure d'intervenir de façon plus souple.
M. Forget: D'ailleurs, je pense qu'on peut dire que ces mesures
sont inspirées de très près de mesures analogues qui
existent dans le domaine de la législation sociale et j'ai eu l'honneur
d'introduire une mesure relativement aux contrôleurs, dans le projet de
loi sur les services de santé et les services sociaux en 1974.
M. Morin (Sauvé): Pour ne rien vous cacher, je pense que
nos conseillers juridiques s'en sont inspirés.
M. Forget: Oui, je crois que c'est la copie conforme de la
disposition correspondante dans la loi.
M. Rivest: L'oeuvre du gouvernement antérieur.
M. Forget: Oui, c'est ça. M. Rivest: Ah bon! Eh
bien!
M. Morin (Sauvé): Pour une fois, je veux bien
concéder qu'il s'est fait à l'occasion des choses valables.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que, si j'ai bien
compris, les articles 18 et 19 seront adoptés?
M. Morin (Sauvé): Adopté. Une Voix:
Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Avec amendements
évidemment. (21 h 30)
Société fournissant les services
auxiliaires
M. Morin (Sauvé): Avec les amendements prévus.
Nous abordons maintenant l'article 20. Nous avons là aussi
quelques amendements qui s'étendent cette fois sur deux pages
complètes. Je pense que nous allons prendre les paragraphes un par un,
comme on me le conseille; autrement, nous n'arriverons pas à nous y
retrouver.
D'abord, l'article 29a: "Le lieutenant-gouverneur en conseil peut,
à la requête d'au moins deux collèges et sur la
recommandation du ministre, instituer, par lettres patentes sous le grand
sceau, une corporation, ci-après appelée "la
Société", ayant pour objet de fournir des services auxiliaires
aux collèges qui en font partie. Ces services autres que l'enseignement
sont énumérés dans la requête".
L'explication de cette disposition est que nous voulons faire en sorte
que deux ou plusieurs collèges puissent se donner des services communs.
Nous y faisons longuement allusion dans l'énoncé de politique sur
les collèges. Cet article est destiné à donner un
fondement juridique et à permettre la création d'une
société qui aura pour objet de fournir ses services aux
collèges.
Plutôt que de lire tout l'article 20, je préférerais
qu'on s'arrête sur chaque alinéa, à chaque nouvel article,
et qu'on nous arrête, s'il est nécessaire.
Le Président (M. Marcoux): Alors, nous commençons
par l'article 29a. A ce moment, est-ce qu'il y a des questions ou des
commentaires sur l'article 29a?
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse, si je fais répéter le
ministre, peut-être qu'il l'a dit. J'aurais une question
préalable. Je n'ai pas d'objection à ce qu'il procède
comme il l'a laissé entendre. Pourquoi crée-t-on ou, enfin,
insère-t-on dans la loi un article qui est quand même assez
impressionnant? Evidemment, quand vous enlevez l'article 29a, tout le reste en
découle presque naturellement. Est-ce qu'il n'existe pas
présentement la possibilité pour un collège ou pour deux
collèges de s'associer et de créer des ententes?
M. Morin (Sauvé): L'explication est qu'effectivement,
à l'heure actuelle, il existe des ententes, prenons le SRAM, mais...
Mme Lavoie-Roux: II n'avait pas de base juridique.
M. Morin (Sauvé): ... comme les collèges ne sont
pas autorisés à faire des ententes, comme il n'y a pas de
fondement juridique, ce sont des personnes qui se réunissent pour former
le SRAM, corporation privée. Nous voulons que ce soient désormais
des corporations publiques, dont le personnel pourra être assimilé
au personnel des CEGEP, tandis qu'à l'heure actuelle, ce personnel ne
l'est pas. C'est pour régulariser la situation, permettre que la
société qui résultera de la mise en commun de services par
deux collèges soit également de nature publique.
M. Rivest: M. le ministre, à l'occasion des travaux
où on a entendu les intervenants, on a constaté une
inquiétude, entre autres, qui venait de la CEQ sûrement, sur la
possibilité on a évoqué cela spécifiquement
de constituer, le danger qu'il y aurait d'interpréter ou de
donner à cette pratique de la création de sociétés
d'aboutir à créer un nouveau type de collège.
M. Morin (Sauvé): Non, il s'agit...
M. Rivest: On a évoqué ce danger. Je ne sais pas
exactement quel...
M. Morin (Sauvé): Oui, je sais bien qu'on peut imagier,
derrière toutes les dispositions d'une loi ou d'un projet de loi, les
pires desseins, les plus noirs.
M. Rivest: Ce ne sont pas nécessairement les pires
desseins, mais...
M. Morin (Sauvé): Ce n'est pas du tout le cas. Il s'agit
vraiment de services auxiliaires. Ah, oui! Je vois! Ce que la CEQ craint, c'est
le regroupement des enseignements, ce qu'elle appelle la régionalisation
des enseignements, parce qu'on imagine les conséquences pour l'emploi,
tandis que cet article exclut nommément les questions liées
à l'enseignement. Il s'agit bien de services auxiliaires...
M. Rivest: Autres que l'enseignement.
M. Morin (Sauvé): ... ici, vous voyez, dans la
dernière ligne, autres que l'enseignement. Donc, cela devrait rassurer
la CEQ.
M. Forget: C'est-à-dire que l'interprétation de
l'article 29a porte peut-être à ambiguïté, de la
façon suivante. C'est que l'on dit, d'une part: instituer, par lettres
patentes, une corporation ayant pour objet de fournir des services auxiliaires
aux collèges qui en font partie. Alors ces services auxiliaires peuvent
être, par extension, des services d'enseignement auxiliaires.
Mme Lavoie-Roux: Par exemple en informatique...
M. Forget: Et là, c'est l'autre phrase seulement qui est
relative aux services qui sont énumérés dans la
requête. Mais là, on dit: Ces services autres que l'enseignement
sont énumérés dans la requête, ce qui peut pouvoir
s'interpréter en disant que, sur la requête, on ne mentionne que
les services autres que l'enseignement et on n'a pas besoin de mentionner les
services d'enseignement que l'on regroupe.
Mme Lavoie-Roux: Et on ne l'exclut pas. M. Forget: Mais on
ne l'exclut pas. M. Rivest: ... M. Forget: Non, je pense
que...
Mme Lavoie-Roux: Non, c'est simplement clarifié.
M. Forget: Je prends la parole du ministre, mais...
M. Morin (Sauvé): Non, je pense que le
député a quelque chose d'important. M. le Président, le
député a raison. Il y a une ambiguïté. M. le
député, nous vous donnons raison, mais il y a une petite
difficulté; c'est que si on met l'enseignement tout de suite
après services auxiliaires, cela va faire de l'enseignement un service
auxiliaire. Je m'explique; on pourrait régler le petit problème
que vous soulevez de la manière suivante; on pourrait dire: ayant pour
objet de fournir aux collèges qui en font partie des services autres que
l'enseignement. Ces services sont énumérés dans la
requête.
M. Forget: Excellent.
Mme Lavoie-Roux: Très bien.
M. Morin (Sauvé): Qu'il en soit ainsi.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que vous pouvez
répéter?
M. Morin (Sauvé): Je répète, M. le
Président. Voulez-vous que je le fasse sous forme de motion ou
voulez-vous que je laisse le député le faire sous forme de
motion?
Mme Lavoie-Roux: On va laisser faire... M. Forget: Allez,
M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): Que l'on modifie l'article 29a de
façon qu'il se lise désormais comme suit; je le lis au long;
comme cela, il n'y aura pas de difficulté: "Le lieutenant-gouverneur en
conseil peut, à la requête d'au moins deux collèges et sur
la recommandation du ministre, instituer, par lettres patentes sous le grand
sceau, une corporation, ci-après appelée "la
Société" jusque-là l'article est
intégralement celui que nous avons dans le projet de loi ayant
pour objet de fournir aux collèges qui en font partie des services
autres que l'enseignement. Ces services sont énumérés dans
la requête ".
Le Président (M. Marcoux): Un instant! Est-ce que la
motion d'amendement proposé par le ministre... M. le
député de Terrebonne.
M. Fallu: J'aurais une question incidente. Je veux la prendre
d'une façon très pragmatique. Est- ce qu'il serait loisible,
à partir de ces sociétés, de faire, non seulement des
ententes entre les collèges, mais également des ententes avec le
réseau des affaires sociales. J'illustre par un propos. Chez nous, par
exemple, il y a une buanderie qui est absolument remarquable, dont on a
hérité du vieux séminaire. Bref, on s'en sert actuellement
en parallèle avec des institutions secondaires dans le coin...
Mme Lavoie-Roux: Vous vous en servez comme salle de jeu?
M. Fallu: ... et le centre d'accueil. Enfin, ce sont des
prestations de services qu'il faudrait peut-être repenser sous forme de
sociétés non pas seulement entre des collèges, cette fois,
mais entre des agents du réseau social et peut-être même en
poussant davantage.
M. Morin (Sauvé): Oui, je suis bien d'accord, seulement,
il faudrait que j'aille chercher le consentement du ministre des Affaires
sociales pour ajouter...
Mme Lavoie-Roux: II parait que c'est très facile, vous
vous entendez si bien!
M. Morin (Sauvé): Nous nous entendons bien, mais il reste
que nos fonctionnaires doivent débattre de la chose.
Mme Lavoie-Roux: Parfois, ils s'entendent moins bien, les
fonctionnaires.
M. Morin (Sauvé): Ils pourraient s'entendre un peu moins
bien.
M. Rivest: ... les communications.
M. Morin (Sauvé): De sorte qu'en mettant les choses au
mieux, il y en aurait tout de même pour quelques semaines.
Mme Lavoie-Roux: Oui, je suis bien d'accord. Je pense qu'on est
mieux de céder ce soir.
M. Fallu: J'en conviens.
M. Morin (Sauvé): Merci, M. le député, vous
nous...
Mme Lavoie-Roux: A moins que l'adoption du projet puisse attendre
la fin de l'été...
M. Fallu: Le prochain projet de loi.
Mme Lavoie-Roux: ... permettant d'aller faire de la
consultation.
M. Rivest: A la prochaine réforme des CEGEP, vous
reviendrez, M. le député.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que le programme 29a tel
qu'amendé sera adopté?
M. Fallu: Adopté. Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): Adopté. Article 29b. Là,
nous avons fait une légère modification pour tenir compte des
observations qu'on nous avait faites. Le deuxième alinéa de
l'article 29b sera modifié. Je me permets de lire l'article tel qu'il se
lira désormais: "Les collèges requérants
présentent, avec la requête, les règlements qui doivent
régir la Société." Ensuite, vous passez au texte
polycopié. "Ces règlements indiquent notamment là,
il faut supprimer la virgule la composition et les pouvoirs de la
Société, le mode de répartition du paiement des
dépenses de cette dernière entre les collèges qui en font
partie et ses règles de régie interne, le mode de nomination de
ses administrateurs et la durée de leur mandat, et la possibilité
pour d'autres collèges de faire partie de la Société et de
bénéficier des services qu'elle dispense." C'est l'explicitation
de ce qui précède.
M. Forget: Si vous me permettez, M. le Président, j'aurais
une petite suggestion à faire au ministre sur la forme, parce qu'il me
semble qu'une expression qui se trouve au deuxième alinéa
reflète un peu la confusion de deux idées différentes. Je
pense ici au mode de répartition du paiement des dépenses, ce qui
est une assez curieuse formule. Il y a deux choses. Je pense qu'on vise la
répartition des dépenses et le mode de paiement. Ce sont deux
notions complètement différentes.
Mme Lavoie-Roux: Félicitations! Il est bien, n'est-ce pas,
le député de Saint-Laurent?
Le Président (M. Marcoux): ... le mode de
répartition et de paiement des dépenses?
M. Morin (Sauvé): Non,non, non!
Mme Lavoie-Roux: Non, non, non! Vous êtes un profane, M. le
Président.
M. Morin (Sauvé): IIs'agit bien, comme le
député l'indique, de la répartition des
dépenses.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
M. Morin (Sauvé): Forcément, si on répartit
les dépenses, on va répartir le paiement.
M. Forget: On va répartir le paiement, oui, mais à
moins qu'on veuille aussi que dans les règlements on fasse des
précisions quant au mode de paiement comme, par exemple, une
périodicité. Chacun des partenaires doit, tous les quinze jours,
etc. payer sa part.
M. Morin (Sauvé): On voit que vous venez des Affaires
sociales, M. le député!
M. Forget: Je ne sais pas. Ce n'est pas moi qui ai inventé
ce texte, mais j'essaie de lui donner un sens intégral.
M. Morin (Sauvé): C'est bien. Je pense qu'il faut convenir
que l'expression "du paiement" est de trop, est superfétoire.
Mme Lavoie-Roux: Ah, mon Dieu! De grâce! Je veux bien
accepter la foulée, mais pas le superfétatoire.
Le Président (M. Marcoux): On supprime les mots "du
paiement"?
M. Morin (Sauvé): Oui.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que le paragraphe 29b
sera adopté tel qu'amendé?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): Oui, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): Article 29c. (21 h 45}
M. Morin (Sauvé): L'article 29c, nous l'avons
également modifié et il se lirait désormais comme suit, le
texte se trouve dans le document polycopié: "Les règlements
visés par l'article 29b de même que leurs modifications n'ont
effet qu'à compter de leur approbation'par le ministre." Il s'agit du
contrôle habituel de ce genre d'entreprise.
Mme Lavoie-Roux: D'accord, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): L'article 29c est
adopté. Article 29d?
M. Morin (Sauvé): L'article 29d est tel qu'imprimé.
Il n'y a pas de modification dans le document polycopié. "Les lettres
patentes désignent le nom de la société, les noms des
premiers administrateurs, le lieu de son siège social et ses objets.
Elles peuvent aussi contenir toute autre disposition conciliable avec la
présente loi." C'est évidemment du droit commun.
Mme Lavoie-Roux: D'accord, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): Article 29d, adopté.
Article 29e?
M. Morin (Sauvé): Pour l'article 29e, nous
référons encore au texte imprimé: "A la requête de
la Société, le lieutenant-gouverneur en conseil peut, sur la
recommandation du ministre, délivrer des lettres patentes
supplémentaires modifiant ces lettres patentes ou ces lettres patentes
supplémentaires." C'est encore là une disposition de droit
commun.
Le Président (M. Marcoux): L'article 29e est-il
adopté?
Des Voix: Adopté.
M. Morin (Sauvé): L'article 29f: "Un avis de la
délivrance des lettres patentes ainsi que des lettres patentes
supplémentaires doit être publié à la Gazette
officielle du Québec." Cela va encore de soi.
Le Président (M. Marcoux): Adopté? Une Voix:
Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Adopté. Article 29g?
M. Morin (Sauvé): A l'article 29g, il y a une
légère modification. Voulez-vous vous référer, pour
ce qui est du deuxième alinéa, au polycopié, de sorte que
le texte 29g se lirait désormais comme ceci: "La Société
est une corporation au sens du Code civil et elle peut en exercer tous les
pouvoirs en outre des pouvoirs spéciaux que lui confère la
présente loi. Elle peut notamment emprunter et hypothéquer ses
biens immeubles."
Ensuite, nous passons au polycopié: "Dans l'exercice de ses
pouvoirs, la Société est assujettie aux mêmes autorisations
auxquelles sont soumis les collèges. Toutefois, le budget de la
Société n'est pas soumis à l'approbation du ministre."
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, ce n'est pas que j'aie
une objection, mais le budget de la société n'est pas soumis
à l'approbation du ministre, parce qu'il fait déjà partie
du budget des collèges. Est-ce que c'est cela?
M. Morin (Sauvé): C'est cela, oui, parce que chacun
apporte sa contribution.
Mme Lavoie-Roux: La première phrase du premier paragraphe,
est-ce que cela ne fait pas une sorte de double autorisation, parce que, de
toute façon, cette nouvelle société a quand même des
liens avec les collèges d'où les initiatives vont venir? Est-ce
que cela ne fait pas...
M. Rivest: Cela fait omnibus un peu comme ouverture: Assujettie
aux mêmes... C'est le même principe, au fond, que les budgets.
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est cela, les budgets, on dit que cela
appartient aux collèges et on vous laisse l'initiative.
M. Rivest: Finalement, les choses qu'on vise vont venir des
collèges, mais...
Mme Lavoie-Roux: Mais, pour le reste...
M. Rivest: Je pense que vous n'avez pas le choix, par exemple, M.
le ministre. Si le ministre veut conserver un certain regard sur ces
sociétés-là...
Mme Lavoie-Roux: II ne l'aurait pas par le truchement des
collèges...
M. Rivest: Oui, mais indirectement. Il ne pourrait pas, parce que
c'est une société qui a une personnalité juridique
indépendante.
Mme Lavoie-Roux: Elle est indépendante, oui.
M. Morin (Sauvé): Exactement. Mme Lavoie-Roux:
D'accord.
Le Président (M. Marcoux): Article 29g, adopté avec
amendement?
M. Morin (Sauvé): Oui.
Mme Lavoie-Roux: L'article 29i, cela vient en fait
à...
M. Morin (Sauvé): Pour ce qui est de l'article 29h,
maintenant, M. le Président: "Le personnel de la Société
bénéficie de la rémunération, des avantages sociaux
et des autres conditions de travail applicables au personnel des
collèges qui en font partie." C'est pour protéger le personnel de
ces sociétés qui, à l'heure actuelle, ne l'est point, qui
a même...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'aurais quand
même une question. Je n'ai pas d'amendement, parce que... Il reste qu'il
va y avoir du personnel de collèges différents qui sera
intégré dans une nouvelle société ou dans une
nouvelle corporation. Il va y arriver avec des...
M. Morin (Sauvé): Ce n'est pas du personnel qui vient des
collèges.
Mme Lavoie-Roux: On va tirer du personnel, par exemple, de deux
collèges. Une partie du personnel sera tirée de deux
collèges, en tout cas, disons en partie, peut-être la
totalité. Vous allez le mettre dans une nouvelle société
ou dans une nouvelle corporation qu'on a décrite comme étant
indépendante. De quelle façon va-t-on protéger les droits
acquis syndicalement ou autrement de ce nouveau personnel qui devra être
intégré à cette nouvelle société et qui peut
y arriver avec, jusqu'à un certain point, des conditions
différentes, peut-être pas sur la rémunération mais
sur...
M. Rivest: Surtout le personnel...
Mme Lavoie-Roux: Cela me fait penser je vous fais la
comparaison quand il a fallu intégrer, au moment de la
création du conseil scolaire de l'île de Montréal, le
personnel qui venait de commissions scolaires différentes dans une
nouvelle unité. Je ne sais pas si c'est une analogie qui est juste, mais
cela a créé passablement de problèmes et il faudrait
peut-être avoir une assurance que les droits acquis, je ne sais pas,
soient protégés.
M. Morin (Sauvé): Oui. Le principe que nous entendons
suivre, M. le Président, c'est le respect intégral des droits
acquis par les syndiqués. Mais, naturellement, pour en arriver à
cela, il va falloir signer des protocoles qui vont permettre...
M. Forget: Oui.
M. Morin (Sauvé): ... aux employés de ne pas perdre
le statut qu'ils avaient, les avantages qu'ils avaient.
M. Rivest: Je comprends la démarche du ministre mais,
évidemment, dans la mesure où cette partie de loi, cette
création de sociétés, est intégrée à
une autre loi, de la façon dont l'article est rédigé, on
voit très bien et le ministre précise ses intentions
mais l'expérience pratique risque de soulever des
problèmes, il va peut-être y avoir des incongruités que je
n'imagine pas, je ne pourrais pas vous en citer...
Mme Lavoie-Roux:... au moment de la loi 71.
M. Rivest: ... mais les expériences passées,
prenez, par exemple, la nationalisation de l'électricité, on
disait encore la semaine dernière qu'il y avait encore des
problèmes d'employés, de fonds de retraite, les anciens
employés de la Shawinigan qui étaient... Vous savez, il y a eu
plusieurs expériences dans le gouvernement et je doute, je vois que les
intentions du ministre sont claires mais, pour ma part, parce qu'on ne pourrait
peut-être pas élaborer un autre projet de loi, le faire d'une
façon aussi courte, je suis convaincu qu'il va y avoir des
problèmes.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, si on faisait
référence à la loi 71 j'avais l'intention de le
faire, mais je n'ai pas eu le temps il me semble qu'il y avait une
disposition dans la loi pour protéger le personnel au moment de ces
intégrations.
M. Morin (Sauvé): Oui, mais, dans les faits, il n'y aura
de problème réel que dans le cas du surplus à cause de ce
qu'on appelle...
Mme Lavoie-Roux: Du personnel de soutien.
M. Morin (Sauvé): ... le "bumping", vulgairement.
Mme Lavoie-Roux: Oui, oui.
M. Morin (Sauvé): II n'y aura pas de problème pour
les cadres, les enseignants, les PNE. Il n'y en aura pas.
Mme Lavoie-Roux: C'est le soutien.
M. Morin (Sauvé): C'est seulement au niveau du soutien et
c'est justement grâce au protocole que je mentionnais tout à
l'heure qu'on va arriver à régler ces problèmes. Dans la
pratique, on ne peut pas prévoir tout ce qui peut arriver dans la loi;
on sait qu'il va y avoir des cas un peu difficiles de négociation mais,
au moins, on a prévu les principes applicables et on sait dans quel
esprit on va négocier ces protocoles. On ne peut pas faire plus que
cela.
Mme Lavoie-Roux: En tout cas, on vous a souligné le
problème, M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): Oui, oui, je vous en remercie. Mais je
pense que nos conseillers juridiques se sont penchés là-dessus et
estiment que l'article tel qu'il est va nous permettre...
Mme Lavoie-Roux: Bon, d'accord, si tout est bien.
Le Président (M. Marcoux): Article 29h, adopté?
M. Forget: Oui.
M. Morin (Sauvé): Article 29h adopté.
Le Président (M. Marcoux): Article 29i, il y a un
amendement.
M. Morin (Sauvé): Al'article 29i, il y a un amendement
dans le polycopié. L'article 29i se lirait comme ceci: "Les sommes
nécessaires aux investissements et au fonctionnement de la
Société sont payées par les collèges qui en font
partie à même leur budget approuvé par le ministre." Nous
avons ajouté le mot "investissements" pour que ce soit clair que ce
n'était pas seulement le fonctionnement qui était
visé.
Le Président (M. Marcoux): Adopté avec
amendement?
M. Morin (Sauvé): Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): Article 29j.
M. Morin (Sauvé): Pour ce qui est de l'article 29j, il n'y
a un changement qu'au troisième alinéa. Je vais donc lire d'abord
les deux premiers alinéas qui se trouvent dans le projet imprimé.
"Le lieutenant-gouverneur en conseil, à la requête de la
Société, et sur la recommandation des collèges qui en font
partie et du ministre, peut annuler sa charte." "Cette annulation prend effet
le soixantième jour suivant la publication d'un avis à cet effet
à la Gazette officielle du Québec."
Enfin, pour le troisième paragraphe, on voudra bien se
référer au polycopié: "La Société est alors
dissoute et après le paiement de ses dettes et l'exécution de ses
obligations, ses biens sont répartis entre les collèges qui en
font partie au moment de la dissolution suivant entente entre ces
collèges. A défaut d'entente, la répartition des biens
entre ces collèges est effectuée par le ministre."
On nous avait demandé ce qui arrivait si les collèges ne
s'entendaient pas lors de la dissolu-
tion. Il est vrai que c'est un peu fendre les cheveux en quatre, parce
qu'il faudrait commencer par créer ces sociétés avant de
les dissoudre, mais nous avons voulu répondre à l'objection en
disant que s'il n'y avait pas entente, le ministre réglerait. Il faut
bien que quelqu'un tranche le noeud gordien.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que le paragraphe 29j
tel qu'amendé est adopté?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, on s'inquiète
parce qu'on pense que cela pourrait retarder les choses et la publication.
Franchement, on devrait apporter un amendement pour...
M. Rivest: Oui, cela risque de retarder, de compliquer...
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'article 20 tel
qu'amendé sera adopté?
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Morin (Sauvé): Adopté? Merci, M. le
Président; merci, madame et MM. les députés.
Rapport annuel (suite)
Pouvons-nous revenir à l'article 17 que nous avions laissé
la patte en l'air?
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que vous ouvrez une boîte de
Pandore?
M. Morin (Sauvé): Pas de pendards, de Pandore!
Nous enlèverions le deuxième paragraphe de l'article 27a
et nous le remplacerions par le suivant: "Le ministre transmet ce rapport au
Conseil des collèges dans les 30 jours suivant sa réception." Le
rapport annuel des collèges...
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas ici, d'accord, je ne m'en occupe
pas.
M. Morin (Sauvé): ... que je reçois et que je
devais déposer devant l'Assemblée nationale... Le
député de Saint-Laurent a fait un discours d'une grande
éloquence pour me persuader, la main sur le coeur, que la chose
n'était point nécessaire. Nous avons donc convenu qu'il suffirait
que le ministre communique ces rapports au Conseil des collèges, que
cela serait utile, d'où l'amendement que je relis. Il s'agit seulement
du deuxième amendement de l'article 27a: "Le ministre transmet ce
rapport au Conseil des collèges dans les 30 jours suivant sa
réception."
M. Forget: Cela évite la paperasserie. Je suis d'accord
avec cet amendement. Je pense que le ministre peut cependant me donner
l'assurance que, dans son esprit, cela demeure des documents publics.
M. Morin (Sauvé): Si c'est remis au Conseil des
collèges, à moins qu'on ne le spécifie.
Mme Lavoie-Roux: Spécifiez donc que cela demeure des
documents publics.
M. Rivest: Et que ces documents sont disponibles sur demande.
Mme Lavoie-Roux: Ces documents sont des documents publics...
M. Rivest: Et ces documents sont disponibles sur demande...
Mme Lavoie-Roux: Non, non. M. Morin (Sauvé): Non,
attendez!
Mme Lavoie-Roux: Ils sont des documents publics.
Une Voix: Est-ce qu'on dit cela dans une loi?
Mme Lavoie-Roux: Ils sont des documents publics?
M. Forget: Pourquoi pas?
Mme Lavoie-Roux: C'est court: Ils sont des documents publics.
M. Morin (Sauvé): Les collèges vont le publier
eux-mêmes, dans la réalité.
M. Forget: Ils sont imprimés, j'imagine.
M. Morin (Sauvé): C'est approuvé par les conseils
d'administration avant la transmission.
M. Forget: Plus forte raison pour ne pas les déposer
à l'Assemblée nationale.
M. Rivest: Est-ce que le ministre pourra garder en mémoire
l'expérience de cet article pour l'Office des professions, lorsqu'il se
lève avec enthousiasme pour déposer un à un les rapports
des professions.
Mme Lavoie-Roux: ...
M. Morin (Sauvé): Cela m'aurait fait 47 occasions de plus
de me lever en Chambre.
Le Président (M. Marcoux): Nous revenons à
l'article 21.
Mme Lavoie-Roux: 48 apparitions à la
télévision.
M. Morin (Sauvé): Voyez tout ce temps gratuit que je
perds, que j'ai cédé.
Mme Lavoie-Roux: Au député de Saint-Laurent.
M. Morin (Sauvé): Au fond, vous me portez à douter
des motifs du député de Saint-Laurent.
M. Forget: Je n'y avais honnêtement pas pensé.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, l'article 27a
pourrait-il être adopté?
Une Voix: Adopté.
M. Morin (Sauvé): L'article 27a tel que modifié
dans son second alinéa, pourriez-vous le faire adopter?
Le Président (M. Marcoux): L'article 27a tel que
modifié... C'est plutôt l'article 17 tel qu'amendé qu'il
faudrait adopter.
M. Morin (Sauvé): C'est exact. C'est l'article 17 du
projet de loi.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'article 17 tel
qu'amendé sera adopté?
Une Voix: Oui, adopté.
Permutation
Le Président (M. Marcoux): Avec amendements. L'article 21,
maintenant.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, nous approchons
du terme.
M. Rivest: Pas d'enthousiasme.
M. Morin (Sauvé): II ne faut pas vendre la peau de l'ours
avant qu'il ne soit tué.
Mme Lavoie-Roux: Non, parce que je pense que tout ceci devrait
être soumis à la consultation du Conseil supérieur de
l'éducation. (22 heures)
M. Rivest: Est-ce qu'il n'y a pas un avis de quelques membres du
conseil?
M. Morin (Sauvé): Bien, l'article 75...
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'article 21 sera
adopté?
M. Morin (Sauvé): Est-il nécessaire que je le lise?
Je ne le pense pas.
Mme Lavoie-Roux: Non. L'article 22. Le Président (M.
Marcoux): L'article 22.
Mme Lavoie-Roux: Ah! Vous avez apporté une
modification.
M. Morin (Sauvé): A l'article 22, il y a une
légère modification. Remplacer dans la septième
ligne...
Une Voix: Non, c'est cela maintenant.
M. Morin (Sauvé): Pardon! On m'apporte une nouvelle
version qui se lirait comme ceci. Est-ce qu'elle a été
distribuée? Article 22: "Le mandat des membres d'un collège
nommés en vertu du paragraphe c) du premier alinéa de l'article 8
de la Loi des collèges d'enseignement général et
professionnel, tel qu'il se lisait avant la date d'entrée en vigueur du
projet de loi no 25, et en fonction à cette date, prend fin. Ces
vacances sont comblées suivant l'article 8 de ladite loi,
remplacé par l'article 4, par un membre du personnel de soutien et par
la personne responsable des services aux étudiants du collège."
Il s'agit évidemment d'assurer la transition entre l'ancien
régime de représentation au CA et le nouveau régime.
Mme Lavoie-Roux: II y a seulement un problème, M. le
Président, que je voudrais soulever. La façon dont on
procède en fonction de l'article 8 de ladite loi, comment la transition
va-t-elle se faire entre la formation du nouveau conseil d'administration par
rapport à l'ancien conseil d'administration? Il faudrait que j'aie ma
loi 21. Je l'avais examinée. Ce qui en ressortait, c'est que ceux qui
étaient éliminés c'est un mauvais terme, mais je
suis trop fatiguée pour en trouver un autre les premiers ou ceux
qui sortaient ou qui devaient se retirer les premiers sont les cooptés.
Les cooptés, le plus souvent, sont de l'extérieur; pas
nécessairement de l'extérieur, mais je pense qu'ils sont le plus
souvent de l'extérieur. Et les premiers qui reviennent dans le conseil,
durant cette période de transition, ce sont les étudiants
inscrits à l'éducation des adultes et la personne responsable des
services aux étudiants du collège. A moins que le ministre
aimerait que je lui refasse toute la longue dissertation qu'on a faite au sujet
de l'article 3, ce dont je doute fort, je lui soulignerai simplement que,
pendant la période de transition, on va se retrouver non pas avec sa
parité tellement souhaitée, mais peut-être une
disproportion en faveur des gens de l'interne.
M. Morin (Sauvé): Expliquez-moi comment cela pourrait se
produire?
Mme Lavoie-Roux: Attendez! Vos cooptés s'en vont les
premiers, en vertu de l'article 4.
M. Morin (Sauvé): Oui.
Mme Lavoie-Roux: Ces vacances-là sont comblées par
un étudiant inscrit à l'éducation des adultes et la
personne responsable des services aux étudiants du collège qui,
autrefois, ne siégeaient pas. Jusqu'au moment où les autres aient
fini leur mandat et soient remplacés, et qu'on arrive à la
nouvelle formule, enfin au nouvel équilibre qui a été
décidé par l'article 3, est-ce qu'il n'y aurait pas je
vais vous le poser sous forme de question une période de temps X
où l'équilibre se ferait en faveur des représentants de
l'interne? Vous n'auriez pas votre 10-10 tout de suite.
M. Morin (Sauvé): Essayons d'imaginer les circonstances,
les deux cooptés voient donc leur mandat prendre fin et prennent leur
place un membre du personnel de soutien et ce qu'on appelle...
Mme Lavoie-Roux: On peut lui demander où il s'en
allait.
M. Morin (Sauvé): ... le DSAE ou la personne responsable
des services aux étudiants du collège. Donc, deux personnes qui
peuvent être considérées comme étant de l'interne. A
l'heure actuelle, l'équilibre est comme on le sait
10...
Mme Lavoie-Roux: 10-10.
M. Morin (Sauvé): Non.
Mme Lavoie-Roux: Non pas l'actuel, excusez.
M. Morin (Sauvé): L'équilibre actuel...
Mme Lavoie-Roux: Oui, excusez-moi.
M. Morin (Sauvé): ... c'est 10-9. 10 de l'extérieur
et 9 de l'interne. De sorte qu'il pourrait y avoir, pendant certaines phases de
transition, étant donné qu'on ajouterait 2 à 9, il
pourrait y avoir 11 d'un côté et 9 de l'autre.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela, c'est ce que j'ai voulu
signaler.
M. Morin (Sauvé): C'est exact.
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai pas d'amendement à vous proposer.
Vous trouvez peut-être que c'est une inquiétude
injustifiée, mais je me demande si vous...
M. Morin (Sauvé): A l'heure actuelle, l'équilibre
est plutôt de onze et huit.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): Donc, le changement proposé par
cet article a pour effet de faire dix et neuf pendant une courte période
de transition.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que cela ne pourrait pas aller
jusqu'à un an? En tout cas, M. le ministre, vous allez nous ramener cela
en troisième lecture.
M. Morin (Sauvé): J'aimerais vider cette question tout de
suite tout de même, parce qu'effectivement, s'il y a là une... Je
ne pense pas remarquer que cela empêche les collèges de
fonctionner.
Mme Lavoie-Roux: II faut que cela soit accueilli le mieux... Les
gens vont s'accrocher après cela au lieu de s'accrocher peut-être
après l'essentiel, même si je ne suis pas d'accord avec
l'essentiel qui a été adopté. Cela ne sert à rien
de...
C'est le genre de choses que les gens vont peut-être remarquer
immédiatement.
M. Rivest: Vous pourrez y revenir en troisième
lecture.
Mme Lavoie-Roux: En troisième lecture, M. le ministre,
vous pourrez y revenir et prendre la décision que vous voudrez.
M. Morin (Sauvé): Oui, mais il faut tout de même que
nous adoptions un article ce soir.
M. Rivest: On va l'adopter comme cela.
Mme Lavoie-Roux: On va l'adopter comme cela et vous allez tenter
de voir s'il y a des corrections à y apporter.
M. Rivest: Parce que vous risquez de reperdre les
mathématiques.
M. Morin (Sauvé): Je vais y réfléchir et
tenter de vous proposer en troisième lecture... J'aurais
préféré que nous réglions cela ce soir cependant.
Voulez vous que nous suspendions pendant que nous faisons les autres?
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Morin (Sauvé): Je pense que quand on va voir l'ensemble
du système, on s'apercevra qu'il n'y a pas de problèmes.
M. Rivest: Non?
M. Morin (Sauvé): Non parce que l'un des nouveaux
socio-économiques va pouvoir être nommé
immédiatement. Il vient des commissions scolaires. Celui des
universités ne devrait pas prendre beaucoup de temps non plus. Je pense
que cela peut être effectué d'ici la fin de l'été.
Donc, il n'y aura pas de véritable période de transition,
où les majorités vont être fluctuantes.
M. Fallu: Surtout avec les pouvoirs de nomination qui ont
été remis au ministre plutôt qu'au Conseil des ministres.
Cela va accélérer le processus.
Mme Lavoie-Roux: Et surtout avec tous les pouvoirs
décentralisés, il n'y a vraiment pas lieu de... Avec toute la
souplesse.
Une Voix: C'est pour l'automne.
M. Morin (Sauvé): Je ne pense pas vraiment qu'il y ait de
problèmes. De toute façon, je vais faire examiner la chose
à fond et nous en reparlerons en troisième lecture s'il y a
lieu.
Le Président (M. Marcoux): L'article 22 sera adopté
tel qu'amendé?
Mme Lavoie-Roux: II n'a pas été...
Le Président (M. Marcoux): La nouvelle proposition.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. M. Forget: Adopté. M.
Rivest: L'article 23.
M. Morin (Sauvé): A l'article 23, il y a une
légère modification de concordance, M. le Président. Il
s'agit de remplacer, dans la quatrième ligne de l'article 23 du projet
de loi, le chiffre 3 par le chiffre 4, parce que nous avons ajouté
comme vous vous en souviendrez un article au début.
Désormais, l'article 23 se lirait comme ceci: La désignation d'un
professionnel non enseignant suivant le paragraphe c du premier alinéa
de l'article 8 de la Loi des collèges d'enseignement
général et professionnel, remplacé par l'article 4 ne peut
avoir lieu avant qu'une vacance survienne parmi les quatre enseignants
nommés en vertu du paragraphe b) du premier alinéa de l'article 8
de ladite loi, tel qu'il se lisait avant l'entrée en vigueur du projet
de loi no 25.
Là, évidemment, l'équilibre auquel les
députés de l'Opposition faisaient allusion n'est pas
modifié, puisque, comme on le sait, le PNE remplace un enseignant, et le
PNE remplacera l'enseignant lorsque le mandat de celui-ci comme on
disait dans l'ancien droit viendra à son terme.
Maintenant, est-ce que c'est adopté?
Le Président (M. Marcoux): L'amendement est pour
substituer l'article 4 à l'article 3. Adopté?
M. Morin (Sauvé): Adopté. Mme Lavoie-Roux:
Adopté.
M. Morin (Sauvé): J'ai maintenant deux petites additions
à vous suggérer. 23a et 23b.
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre, vous exagérez.
M. Morin (Sauvé): Ce sera très court, très,
très court, parce que ce sont des mesures transitoires. 23a
est-ce que ç'a été distribué?
Mme Lavoie-Roux: C'est ça, les petites additions?
D'accord.
M. Morin (Sauvé): Oui. La nomination d'une personne parmi
les personnes recommandées par les institutions d'enseignement
supérieur suivant le paragraphe a) du premier alinéa de l'article
8 de la Loi des collèges d'enseignement général et
professionnel remplacé par l'article 4, ne peut avoir lieu avant qu'une
vacance survienne parmi les cinq personnes nommées en vertu du
paragraphe a) du premier alinéa de l'article 8 de ladite loi tel qu'il
se lisait avant la date d'entrée en vigueur du projet de loi no 25.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que ce nouvel
alinéa 23a sera adopté?
Des Voix: Adopté.
M. Morin (Sauvé): Et on insérera donc à la
fin de l'article la date de l'entrée en vigueur du projet de loi no 25.
23b. La désignation d'un étudiant inscrit à titre
d'étudiant adulte suivant le paragraphe e) du premier alinéa de
l'article 8 de la loi des collèges d'enseignement général
et professionnel remplacé par l'article 4 ne peut avoir lieu avant
qu'une vacance survienne parmi les deux étudiants nommés en vertu
du paragraphe b) du premier alinéa de l'article 8 de ladite loi tel
qu'il se lisait avant le... et on insérera la date de l'entrée en
vigueur du projet de loi no 25.
Mme Lavoie-Roux: On fait confiance au ministre sur le 23a et le
23b.
M. Morin (Sauvé): Cela ne touche absolument pas
l'équilibre qui préoccupe nos amis d'en face puisqu'un
étudiant adulte prend la place d'un étudiant
régulier...
M. Rivest: Nos amis sont venus... c'est la première
fois... Juste avant l'article 25. Cela a été long, mais c'est
arrivé.
M. Morin (Sauvé): A 24, plutôt.
M. Rivest: C'est ça, juste avant 25, c'est ce que je
dis.
M. Morin (Sauvé): 24. Les règlements adoptés
par le lieutenant-gouverneur en conseil et les collèges en vertu de la
Loi des collèges d'enseignement général et professionnel
avant la date d'entrée en vigueur du projet de loi no 25, demeurent en
vigueur et s'appliquent aux collèges dans la mesure où ils sont
conciliables avec la présente loi, jusqu'à ce qu'ils soient
modifiés ou remplacés par des règlements adoptés en
vertu de la présente loi.
C'est pour assurer la continuité de la réglementation
existante. Je pense que...
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'article 24 sera
adopté?
M. Morin (Sauvé): Adopté.
Le Président (M. Marcoux): L'article 25.
M. Morin (Sauvé): La présente loi entre en vigueur
le jour de sa sanction.
Le Président (M. Marcoux): Adopté?
M. Rivest: Non, M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: Nous avons deux motions.
M. Rivest: Oui, un amendement, j'ai une motion: que l'article 25
soit modifié en remplaçant les mots "jour de sa sanction" par les
mots "premier juillet 1980".
M. Morin (Sauvé): Proposez-le, M. le député,
mais...
M. Rivest: C'est fait, M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): ... nous ne pouvons certainement pas
retarder l'application d'une loi qui est attendue avec tant de hâte dans
le réseau...
M. Forget: Avec une brique et un fanal.
M. Rivest: Avec une brique et un fanal. C'est pour la protection
du ministre.
Mme Lavoie-Roux: Une minute! On peut parler...
M. Rivest: Elle est débattable.
Mme Lavoie-Roux: Nous avons droit chacun à 20 minutes.
Oui...
M. Rivest: Oui.
Mme Lavoie-Roux: N'oubliez pas que nous avons commencé
à 7 h 40.
M. Rivest: Maintenant, c'est 11 h 30, au sens du
règlement.
Le Président (M. Marcoux): L'ordre de la Chambre...
M. Morin (Sauvé): Cela n'a pas été
précisé. (22 h 15)
Mme Lavoie-Roux: J'en conviens. Mais, M. le ministre, ce sera
très très court. Je pense que c'est peut-être imprudent, si
cette loi devait être sanctionnée le 30 juin, par exemple, que
toutes les autres dispositions d'abord, que les collèges
eux-mêmes n'aient pas le temps de faire toutes les adaptations
nécessaires... Je sais qu'au début, on a fait valoir cet argument
et que le ministre nous a dit: C'est le meilleur temps, ce sont les vacances,
etc., il n'y a pas d'étudiants. Oui, au début, quand on en a
parlé.
M. Morin (Sauvé): Je ne me souviens pas avoir fait de tels
commentaires.
Mme Lavoie-Roux: Vous ne m'obligerez quand même pas
à relire tout le journal des Débats... Quand je le trouverai,
l'an prochain, je vous le montrerai, M. le ministre. Je ne pense pas que je
déforme trop vos paroles. Ce serait prudent de donner un délai
convenable pour l'application de la loi, d'abord pour permettre une
période d'adaptation des mentalités. Je pense que cela ne sera
pas de trop. Je le dis sincèrement. Qu'il y ait un peu moins de
résistance ou que la résistance s'use, que la brique soit moins
grosse et le fanal moins brillant.
M. Morin (Sauvé): Je vous dis avec non moins de
sincérité que le plus tôt cette loi s'appliquera, le plus
tôt nous pourrons commencer à travailler dans le sens de la
qualité de ce qui se fait dans nos collèges.
Mme Lavoie-Roux: Alors, c'est le choix du ministre.
M. Morin (Sauvé): De façon très
déterminée.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que la motion
d'amendement sera adoptée?
M. Morin (Sauvé): Non, M. le Président. Le
Président (M. Marcoux): Rejeté. Mme Lavoie-Roux: Vote
nominal. Le Président (M. Marcoux): Vote nominal?
Mme Lavoie-Roux: Non, c'était une motion
sérieuse.
Le Président (M. Marcoux): Quels sont ceux qui sont pour
la motion d'amendement visant à remplacer les mots "jour de sa sanction"
par les mots "premier juillet 1980"? M. Clair (Drummond)?
Mme Lavoie-Roux: Absent.
Le Président (M. Marcoux): M. Forget (Saint-Laurent)?
M. Forget: Pour.
Le Président (M. Marcoux): M. Jolivet (Laviolette)?
Mme Lavoie-Roux: Absent.
Le Président (M. Marcoux): M. Lacoste (Sainte-Anne)?
Mme Lavoie-Roux: Absent.
Le Président (M. Marcoux): Mme Lavoie-Roux (L'Acadie)?
Mme Lavoie-Roux: Pour.
Le Président (M. Marcoux): M. Le Moignan (Gaspé)?
M. Marquis (Matapédia)?
M. Marquis: Contre.
Le Président (M. Marcoux): M. Morin (Sauvé)?
M. Morin (Sauvé): Contre.
Le Président (M. Marcoux): M. Fallu (Terrebonne)?
M. Fallu: Contre.
Le Président (M. Marcoux): La motion est rejetée
par trois voix contre deux.
Mme Lavoie-Roux: Cela a failli passer.
M. Rivest: Est-ce qu'on peut parler maintenant sur la motion
principale?
Le Président (M. Marcoux): Vous avez tous les droits.
M. Morin (Sauvé): Avant l'adoption de l'article 25, oui,
bien sûr.
M. Rivest: Mme le député de L'Acadie, vous avez des
commentaires?
Mme Lavoie-Roux: Non, mais on a une autre motion.
M. Rivest: Non, je ne pense pas qu'on ait une motion. J'avais
pensé peut-être de soumettre ce projet de loi à l'avis du
Conseil supérieur de l'éducation, mais je n'en ferai pas une
motion formelle. Néanmoins, j'aimerais entendre des commentaires du
ministre à cet égard...
Mme Lavoie-Roux: A cet égard.
M. Morin (Sauvé): II y a beaucoup de choses auxquelles ce
projet de loi fait allusion qui vont devoir aller devant le Conseil des
collèges, c'est sûr. D'autre part, avant d'énoncer notre
politique, avant de rédiger l'énoncé de politique qui sert
de fondement à ce document, nous en avons beaucoup causé avec le
milieu. J'ai rencontré les DG, les DSP, mes fonctionnaires; tous ceux
qui rédigeaient, toute l'équipe qui rédigeait les
premières ébauches de l'énoncé de politique a eu
des entretiens de longue durée avec tous les intéressés.
Nous en avons même discuté avec la Fédération des
CEGEP à plusieurs reprises et ouvertement, et en séance publique.
J'ai moi-même participé à certaines de ces séances,
de sorte que j'estime avoir soumis à cette commission parlementaire un
projet de loi qui, bien que n'étant pas parfait, puisque nous avons
accepté les amendements, reflète quand même les besoins de
l'heure. S'il ne répond pas aux besoins de l'heure, nous le saurons
très rapidement et, d'ici quelque temps, il faudra revenir devant
l'Assemblée.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, compte tenu de l'heure,
je m'abstiendrai de faire des commentaires ce soir. Je me reprendrai à
l'occasion de la troisième lecture.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'article 25 sera
adopté?
M. Morin (Sauvé): II sera adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Marcoux): J'ai une autre proposition
à vous faire. C'est de renuméroter les articles 16 à 25,
de les renuméroter respectivement de 15 à 24.
Mme Lavoie-Roux: Adopté.
M. Morin (Sauvé): Adopté.
Le Président M. Marcoux): C'est selon nos... C'est
habituel. Je vais demander au rapporteur de cette commission de faire rapport
à l'Assemblée nationale que la commission de l'éducation a
complété l'étude article par article du projet de loi no
25 et qu'elle l'a adopté avec amendements.
Maintenant, j'appellerais, selon l'ordre de l'Assemblée, le
projet de loi no 24, Loi créant le Conseil des collèges.
Mme Lavoie-Roux: Nous nous retirons, M. le Président.
M. Morin (Sauvé): Mme le député de L'Acadie
pourrait faire une motion, ce serait plus simple.
Mme Lavoie-Roux: Pourquoi?
M. Rivest: Le ministre a peur de faire une motion, peur de la
fureur de son leader parlementaire qui va le punir d'avoir terminé.
Qu'il la fasse.
M. Morin (Sauvé): Continuons, M. le Président, je
suis tout à fait disposé. Il nous reste encore une heure et demie
de travail.
Mme Lavoie-Roux: Motion d'ajournement.
Le Président (M. Marcoux): II y a une motion proposant
l'ajournement de nos travaux. La motion est proposée par le
député de L'Acadie. Est-ce que cette motion est
adoptée?
M. Rivest: Appuyée par le ministre.
M. Morin (Sauvé): Elle sera adoptée, M. le
Président.
Le Président (M. Marcoux): La commission ajournera donc
ses travaux à lundi 10 heures, à la salle 81-A.
Fin de la séance à 22 h 22