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Etude du projet de loi no 71
(Douze heures vingt-six minutes)
Le Président (M. Lacoste): La commission permanente de
l'éducation est réunie pour étudier article par article le
projet de loi no 71, Loi modifiant de nouveau la Loi sur l'instruction
publique.
Les membres de cette commission sont: M. Desbiens (Dubuc) qui remplace
M. Alfred (Papineau), M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys) qui remplace M.
Goldbloom (D'Arcy McGee), M. Brassard (Lac-Saint-Jean) qui remplace M. Jolivet
(Laviolette), M. Fallu (Terrebonne) qui remplace M. Lacoste (Sainte-Anne), Mme
Lavoie-Roux (L'Acadie), M. Le Moignan (Gaspé)...
M. Grenier: M. Le Moignan est remplacé par moi. C'est un
membre ou deux qu'on a? Alors M. Le Moignan sera...
Le Président (M. Lacoste): Donc, M. Grenier
(Mégantic-Compton) remplace M. Le Moignan (Gaspé), M. O'Neill
(Chauveau) remplace M. Marquis (Matapédia), M. Morin (Sauvé), M.
Paquette (Rosemont).
Les intervenants sont: M. Charbonneau (Verchères) qui remplace M.
Bisaillon (Sainte-Marie), M. Bertrand (Vanier) qui remplace M. Chevrette
(Joliette-Montcalm), M. Alfred (Papineau) qui remplace M. de Bellefeuille
(Deux-Montagnes), M. Dussault (Châteauguay) qui remplace M. Desbiens
(Dubuc), M. Gosselin (Sherbrooke), M. Goulet (Bellechasse), M. Picotte
(Maskinongé), M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Springate (Westmount); M.
Goulet (Bellechasse) est remplacé par M. Le Moignan (Gaspé).
M. Lalonde: M. le Président, si vous me permettez,
concernant les intervenants, étant donné qu'on a eu un avis
très court à savoir qu'on siégerait ce matin, je n'ai pu
faire de consultations à savoir si les intervenants, soit le
député de Maskinongé et le député de
Westmount seraient disponibles aujourd'hui. Puis-je solliciter le consentement
de la commission pour les remplacer s'il y a lieu, à compter de quinze
heures?
M. Morin (Sauvé): Je n'ai aucune objection à la
chose, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): Consentement, d'accord. Le
rapporteur de cette commission peut-il être désigné par les
membres?
M. Morin (Sauvé): Je proposerai M. le député
de Dubuc.
Le Président (M. Lacoste): Donc, M. le
député de Dubuc sera le rapporteur. La commission étudie
article par article le projet de loi no 71. J'appelle donc l'article 1. M. le
ministre avez-vous des commentaires généraux à formuler
auparavant?
Remarques générales
M.
Jacques-Yvan Morin
M. Morin (Sauvé): M. le Président, permettez-moi de
faire part à cette commission de quelques commentaires très
généraux et très brefs au moment d'entreprendre
l'étude article par article de ce projet de loi.
Vous vous souviendrez que le livre vert sur l'enseignement primaire et
secondaire et la consultation qui a eu lieu après sa publication ont
amené le gouvernement et le ministère de l'Education à
proposer un plan d'action pour l'école québécoise. Le
projet de loi que je vous soumets aujourd'hui propose des modifications
à la Loi sur l'instruction publique et traduit la volonté
exprimée dans le plan d'action d'assurer le renouveau de l'école
primaire et de l'école secondaire, de favoriser la réalisation
d'un projet éducatif dans chacune de nos écoles et d'y assurer la
participation des agents du milieu. (12 h 30)
L'école y est définie pour la première fois en vue
de lui donner enfin un statut. Elle constitue une entité
institutionnelle à l'activité de laquelle participent les
élèves, les enseignants, les autres membres du personnel et les
parents. Chaque école pourra désormais affirmer son
caractère propre et se donner un projet éducatif qui lui soit
particulier, qu'elle élaborera et réalisera progressivement. La
mise en place d'un conseil d'orientation de l'école constitue un moyen
nouveau en vue d'assurer la participation et une action concertée des
divers agents du milieu. Il est institué à la demande du
président du comité d'école, d'un enseignant de
l'école élu à ces fins et du directeur ou responsable de
l'école. Le conseil d'orientation ne remet pas en cause l'existence du
comité d'école ou du conseil où se retrouvent
déjà les enseignants et le directeur de l'école. C'est
ainsi, par exemple, que le comité d'école et le comité de
parents seront désormais consultés obligatoirement sur
l'organisation, les orientations propres et le projet éducatif de
l'école. En outre, le projet de loi prévoit une très
grande souplesse quant à la composition et au fonctionnement du
comité d'école et du conseil d'orientation afin de mieux se
conformer à la volonté exprimée par le milieu. Le projet
de loi accorde une attention spéciale au directeur de l'école et
précise ses responsabilités qui regardent la bonne marche de
l'école et la réalisation de son projet éducatif.
Les commissions scolaires occupent également une place
très importante dans ce projet de loi. Le gouvernement, comme vous le
savez, a beaucoup réfléchi à leur rôle dans la
société québécoise depuis la conférence
Québec-commissions scolaires de janvier 1979 et dans la foulée de
cette conférence, pour reprendre une expression chère au
député de L'Acadie, le gouvernement...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, une question de
règlement.
Le Président (M. Lacoste): Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: J'ai changé le terme. Le ministre de
l'Education a un autre terme qu'il affectionne beaucoup, c'est
"charnière", tout le monde devient charnière quelque part,
à condition que ce ne soit pas charnier.
M. Morin (Sauvé): Je laisse les propos macabres au
député de L'Acadie. Ce qui nous intéresse, du
côté du gouvernement...
M. Lalonde: Dans ce charnier, on peut mettre toutes les
commissions scolaires d'ailleurs.
M. Morin (Sauvé): ... c'est la vie dans les écoles
en particulier. La vie effectivement, se fait par la participation des groupes
qui vivent dans l'école et des parents qui y envoient leurs enfants. Or,
entre tous ces groupes, pour que les rapports soient le plus harmonieux
possible, il convient qu'il y ait effectivement des charnières, des
personnes qui font le lien entre les groupes.
Je n'aurai donc aucune hésitation, dans la foulée du livre
vert, d'utiliser l'expression charnière.
Mme Lavoie-Roux: D'installer des charnières.
M. Morin (Sauvé): A la suite de la conférence, les
fédérations de commissions scolaires, par la voix d'un
comité de travail mixte, ont participé très
étroitement à l'élaboration de ce projet de loi. M. le
Président, j'ai nommé, au début de mon discours de
deuxième lecture, tous les organismes qui nous ont prêté
leur concours. C'est la raison pour laquelle le projet est remarquablement bien
reçu par la plupart des intervenants, des agents dans le domaine de
l'éducation.
L'autonomie de gestion des commissions scolaires est garantie par une
énumération beaucoup plus complète de leurs
responsabilités et de leurs pouvoirs. C'est d'ailleurs à leur
demande que nous y avons procédé. Ce sera la première fois
que seront définis, dans la loi, des pouvoirs et des
responsabilités, comme les suivants: s'assurer que les écoles
dispensent aux enfants soumis à leur compétence et aux adultes
domiciliés dans leur territoire, des services éducatifs et
culturels en conformité des dispositions de la loi et des
règlements, que ce sera la première fois que nous
préciserons que les commissions scolaires vont assurer l'application des
régimes pédagogiques et des programmes d'études, mais
également en adapter les contenus facultatifs et les enrichir selon les
besoins et les priorités du milieu. On trouvera encore dans ce projet de
loi de nouvelles dispositions d'ordre technique qui portent sur l'assurance des
édifices et des biens meubles, la négociation des emprunts, les
manuels scolaires, le matériel didactique, le recensement des enfants et
le contrôle des absences.
Avant de procéder à l'étude de ce projet, M. le
Président, permettez-moi de vous présenter les fonctionnaires du
ministère de l'Education et de mon cabinet qui ont été
associés de très près à toute cette démarche
de consultation et de concertation avec le milieu.
En premier lieu, M. le sous-ministre adjoint, responsable du secteur
primaire et secondaire, ancien sous-ministre associé de foi catholique,
M. André Rousseau; en second lieu, M. Bertrand Thibault, qui a
été particulièrement responsable de la rédaction
technique du projet de loi; Me Simard, conseiller juridique du ministère
de l'Education, et M. Claude Benjamin, de mon cabinet, qui a également
fourni un effort considérable pour que le projet de loi no 71 puisse
aboutir à temps devant l'Assemblée et devant cette commission. Je
vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): Je vous remercie, M. le
ministre. M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Fernand Lalonde
M. Lalonde: M. le Président, plus modestement et sans
faire la lecture des notes explicatives du projet de loi, à moins que ce
soit le discours de troisième lecture que le ministre vient de nous
présenter, je vous dirai que nous avons adopté le principe de ce
projet de loi, que nous avons, de l'Opposition officielle, concouru avec le
gouvernement sur les quelques principes les plus importants qui sous-tendent ce
projet de loi.
Nous en avons souligné aussi les failles, les faiblesses
principales. Nous sommes maintenant au stade de l'examen des modalités
qui vont devoir être examinées avec beaucoup d'attention, parce
que des principes, même quand ils reçoivent l'appui unanime ou
presque de l'Assemblée nationale, peuvent être sans lendemain si
les modalités d'application ne sont pas réalistes et ne sont pas
décrites avec beaucoup de rigueur, et nous voulons, quant à nous,
de l'Opposition officielle, donner sa chance à ce projet de loi.
Il y a une ombre au tableau tout rose que vient de nous décrire
le ministre, selon son habitude. C'est l'absence des enseignants dans le
débat actuel. J'ai demandé au leader du gouvernement, il n'y a
pas tellement de jours, s'il allait donner suite au télégramme
que la Centrale de l'enseignement du Québec a fait parvenir le 6
décembre et par lequel la CEQ exige une commission parlementaire sur
l'étude du projet de loi no 71 amendant la Loi de l'instruction
publique. Vous me permettrez de m'y référer de façon assez
précise dans cette intervention. Je lis ce télégramme: "La
Centrale de l'enseignement du Québec a demandé au ministre de
l'Education de surseoir à l'adoption du projet de loi 71 amendant la Loi
de l'instruction publique et de tenir une commission parlementaire sur cette
question."
On sait quelle a été la réponse du gouvernement.
Cela a été non.
Je poursuis la lecture: "Dans un télégramme adressé
à M. Jacques-Yvan Morin et dont copie a
été envoyée à MM. René
Lévesque, Claude Charron, Claude Ryan et Rodrigue Biron, le
président de la CEQ, Robert Gaulin, indique que rien ne justifie
l'adoption à la vapeur de ce projet de loi qui n'entrera pas en vigueur
avant la rentrée scolaire de 1980-1981. "Le président de la CEQ
considère fort déplorable l'habitude du gouvernement de faire
adopter les projets de loi relatifs à l'éducation à la
vapeur et en fin de session. "Nous croyons que l'éducation est un
domaine important qui mérite mieux que la bousculade des mois de
décembre et de juin", écrit-il au ministre.
Je poursuis la lecture: "Rappelant que l'essentiel du projet de loi
les conseils d'orientation dans les écoles est
inapplicable sans la collaboration des personnels de l'enseignement dont plus
de 9000 seront appelés à s'impliquer dans ces structures
nouvelles, Robert Gaulin indique que la CEQ comprendrait mal que
l'Assemblée nationale refuse d'entendre les représentants de ces
travailleurs. "La centrale, qui signifie son intention de déposer un
mémoire substantiel sur ce projet de loi, demande au ministre un
délai raisonnable pour procéder à certaines consultations
et formuler ses recommandations."
Je poursuis encore ce télégramme: "Par ailleurs, le
président de la CEQ note dans le projet de loi un certain nombre
d'articles qui viendraient modifier les conditions de travail des membres de la
centrale. Il rappelle au ministre de l'Education son engagement à ne pas
procéder unilatéralement à des modifications des
conditions de travail sans passer par les tables de négociation. "Enfin,
de rappeler Robert Gaulin, nous ne croyons pas que la consultation faite autour
du livre vert ait mis un terme à tout débat sur
l'éducation à l'Assemblée nationale et empêche
désormais toute discussion sur le mérite des projets de loi."
Le télégramme se termine par ce paragraphe: "La CEQ a
inscrit la question à l'ordre du jour de la réunion de son
conseil général qui se réunit à Montréal
à compter du 12 décembre c'est aujourd'hui et elle
devra prendre certaines mesures à cette occasion si le ministre devait
refuser le débat normal et indispensable qu'elle réclame."
M. le Président, je pense que les membres de cette
Assemblée pourraient s'entendre sur un certain nombre de questions,
à savoir qu'au-delà des idéologies, des opinions, des
orientations politiques des enseignants, individuellement, les syndicats de la
centrale, une opinion peut être partagée par tous les membres,
à savoir que, dans une bonne mesure, le succès de ce projet de
loi dépend de l'accord de tous les agents du milieu, comme dit le
ministre. On pourrait aussi, je crois, être unanime sur l'importance des
enseignants dans le milieu, dans les agents du milieu mentionnés par le
ministre.
C'est donc à ce titre que je demande au ministre s'il ne
considère pas important de donner suite à cette demande ou d'y
donner suite dans une forme un peu différente, à savoir
d'entendre les représentants de la CEQ au début de nos travaux,
en commission parlementaire, avant d'aborder l'étude article par
article. Premièrement, nous avons été appelés
à nous réunir en ce 12 décembre, à midi et quelques
minutes, un peu par surprise. En fait, nous venons à peine à
cette Assemblée nationale, quelques minutes auparavant d'adopter le
principe. Je comprends que le leader du gouvernement a un calendrier assez
chargé à organiser. Je ne lui en tiens pas rigueur, mais il reste
que c'est assez inusité qu'un projet de loi important comme celui-ci
soit immédiatement bousculé dans les travaux de cette Chambre
à la commission parlementaire, à l'étude article par
article, tout de suite après son adoption en principe.
Cela pourrait sembler être une précipitation aux yeux des
membres de la CEQ, une précipitation qui serait justement de nature
à éviter la consultation qu'ils réclament. On sait, par
ailleurs, que le gouvernement n'a pas fini de régler ses
problèmes avec la CEQ en ce qui concerne les négociations. Tous
les membres de cette Assemblée et de cette commission en sont
conscients.
Je pense que tous les membres, aussi, reconnaîtront que
l'Opposition officielle, pour une, n'a pas attisé le feu, n'a pas
tenté de mettre de l'huile sur le feu de cette situation difficile dans
laquelle le gouvernement se trouve après la caducité de la loi
62, à savoir que les enseignants ont maintenant
récupéré le droit de grève qui leur avait
été enlevé et qu'ils ont respecté. Il faut tenir
compte de cette situation de négociations au coeur de laquelle le
gouvernement se trouve placé actuellement. (12 h 45)
II faut tenir compte du fait qu'il y a eu des votes de grève pour
le mois de janvier. Compte tenu de toute cette précipitation où
un projet de loi a été déposé... on pourra me
rappeler la date.
Mme Lavoie-Roux: La veille de la date limite qui est
allouée pour la fin de session.
M. Lalonde: A la fin de novembre, le dernier jour de
novembre.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): Dans les délais requis.
M. Lalonde: Oui, il a été déposé le
dernier jour de novembre, le 30 novembre, et nous sommes au 12 décembre,
onze jours et quelques heures après le dépôt de ce projet
de loi en première lecture. Déjà, le débat de
deuxième lecture est terminé. Le ministre conviendra quand
même qu'on ne s'est pas traîné les pieds, nous avons
exprimé nos opinions, il y a eu quelques intervenants, mais ce n'est
pas...
M. Morin (Sauvé): Vous aviez si peu à dire.
Mme Lavoie-Roux: Attendez que nous arrivions... C'est un jugement
de valeur.
M. Lalonde: M. le Président, je ne sais pas si le ministre
désire avoir une très agréable...
Mme Lavoie-Roux: D'ailleurs, lui aussi avait très peu
à dire, sauf faire l'histoire du développement du système
d'éducation au Québec.
M. Lalonde: Oui. En fait, c'était un beau tableau peint en
rose, M. le Président, comme d'habitude.
Mme Lavoie-Roux: Le ministre propre, propre, propre.
M. Lalonde: Oui, c'est toujours la faute des autres. Quand on
décapite et dépouille les commissions scolaires, M. le
Président, c'est le plan de M. Parizeau, le plan du ministre des
Finances, le plan cher au ministre des Finances. Il n'est pas là, le
ministre de l'Education; pourtant, on est en train de couper les ailes des
commissions scolaires. Enfin, on a un ministre propre, propre, propre, mais il
faudrait quand même qu'il assure à ces délibérations
un climat serein.
M. le Président, je demande au ministre, pour augmenter
l'assurance du succès de cette loi, pour ne pas attiser inutilement les
relations, les mauvais rapports qui existent actuellement, pour ne pas
compromettre davantage les négociations dans le domaine de
l'enseignement... je répète que le télégramme parle
justement du projet de loi et d'un certain nombre d'articles de ce projet de
loi qui viendraient modifier les conditions de travail des membres de la
centrale. Raison de plus, M. le Président, d'être prudent. Et,
aussi, pour enlever cette apparence de précipitation que le
déroulement de nos travaux commence à nous donner, à
prendre, cette apparence de précipitation que le déroulement de
nos travaux prend de plus en plus, comme si on voulait éviter un
débat.
Je demande au ministre s'il ne consentirait pas à inviter les
membres de la CEQ à venir nous rencontrer avant d'aborder l'étude
article par article de ce projet de loi. Nous pourrons facilement, une fois
cette étape nécessaire, je pense, conclue, traversée, nous
pourrons sûrement aborder l'étude de ce projet de loi avec
beaucoup plus d'assurance et nous allons de toute façon terminer ce
projet de loi, quoiqu'il ne soit pas tellement nécessaire non plus,
puisqu'il entre en vigueur seulement en 1980 et non pas le 1er janvier. Je
pense que c'est une étape nécessaire. C'est ma première
demande.
Je vais faire les autres de sorte que le ministre pourra y
répondre complètement. Il y a un projet de loi actuellement, le
projet de loi no 57, qui est à l'étude à la commission
parlementaire des affaires municipales. C'est un projet de loi qui nous
intéresse au plus haut point dans le domaine scolaire. C'est le projet
de loi qui, à toutes fins utiles, muselle et ligote les commissions
scolaires et en fait de vulgaires organismes administratifs. Le ministre de
l'Education conviendra que nous sommes intéressés au plus haut
point à certains articles de ce projet de loi.
Je trouve d'ailleurs très désagréable de devoir
quitter la commission des affaires municipales où j'avais
commencé l'étude article par article pour venir ici ce matin, non
pas que ce projet de loi ne soit pas important, le projet de loi no 71 est
très important, mais je ne prévoyais pas qu'il serait
appelé aussi rapidement. Ce n'était pas dans le calendrier que le
leader du gouvernement nous avait distribué cette semaine. Il y avait
une absence, la possibilité d'une deuxième commission, mais il
n'était pas indiqué que le projet de loi no 71 serait
appelé cette semaine.
Je demande au ministre donc, comme deuxième demande, de ne pas
faire siéger cette commission-ci, la commission de l'éducation,
lorsque la commission des affaires municipales abordera l'étude des
articles 323 et suivants, je pense, enfin, ceux qui concernent les commissions
scolaires.
Nous allons faire une demande plus formelle s'il le faut à ce
moment-là. Il y a aussi deux demandes, M. le Président, plus
simples, c'est tout d'abord si le ministre a des amendements à apporter,
je le prierais de nous remettre le texte au début des travaux, comme
cela se fait de façon traditionnelle, pour nous permettre de
préparer, de façon plus articulée, notre travail. Enfin,
les règlements. On sait que ce projet de loi prévoit des
règlements, que des règlements seront adoptés par le
gouvernement à divers titres. Tout d'abord à l'article 3, un
règlement pour établir le régime pédagogique dans
les écoles sous le contrôle des commissaires ou syndics
d'école, c'est extrêmement important. A l'article 9 aussi, je
crois... Un instant, je vais consulter davantage.
Mme Lavoie-Roux: A l'article 481.
M. Lalonde: Donc, à l'article 48, qui modifie l'article
481: "Le gouvernement peut, par règlement, déterminer la nature
des services éducatifs spéciaux visés dans l'article 480,
c'est-à-dire les services éducatifs spéciaux aux enfants
incapables, en raison de déficience physique ou mentale, et de profiter
de l'enseignement donné dans les classes ou cours réguliers".
C'est un règlement qui est très important et que nous aimerions
avoir dans les meilleurs délais. Enfin, il y a un autre article
où j'ai vu des règlements, M. le Président,
peut-être que le ministre pourra me le rappeler. Ce sont ces
règlements dont nous aimerions prendre connaissance dans les meilleurs
délais, comme cela se fait de plus en plus, étant donné
l'augmentation des pouvoirs réglementaires du gouvernement. Nous
aimerions qu'on nous les remette s'ils sont prêts ou qu'on nous indique
quand ils seront prêts, de sorte que cela puisse jeter un
éclairage additionnel à nos délibérations.
Dans l'ensemble, M. le Président, nous aborderons, une fois ces
demandes acceptées, l'étude des modalités dans le but d'en
améliorer l'application, d'en favoriser la rigueur et l'articulation,
pour assurer un meilleur fonctionnement possible dans toute sa structure qui
devient de plus en plus complexe de l'école et des comités, des
conseils. Il y a peut-être un problème d'encombrement qu'il
faut éviter, compte tenu naturellement des difficultés de
rodage inévitables, mais c'est à nous de prendre la
responsabilité d'assurer le plus rapidement possible le succès de
cette loi. Nous aurons aussi des questions sur le projet éducatif qui
est au centre de toute cette loi et qui n'a reçu de la part du ministre,
dans le libellé de la loi, qu'un traitement assez superficiel. Merci, M.
le Président.
Le Président (M. Lacoste): Le député de
Mégantic-Compton.
M. Fernand Grenier
M. Grenier: M. le Président, très
brièvement, afin qu'on puisse terminer pour 13 heures et reprendre nos
activités à l'heure prévue cet après-midi.
Je voudrais également faire part au ministre, l'Union Nationale
l'a dit hier, qu'on est heureux de voir arriver ce projet de loi qui
réglera un certain nombre de problèmes au Québec. Nous
avons pris connaissance de la demande qui a été faite par la CEQ
du Québec, par M. Gaulin, et dont nous a fait part le
député de Marguerite-Bourgeoys; j'y reviendrai dans quelques
instants.
Nous avons également pris connaissance de la demande qui est
venue de M. Pontbriand, président de l'Association des parents de la
province de Québec, la Fédération du comité de
parents. M. Pontbriand nous disait: "Ce projet de loi permettra de favoriser
davantage la participation des parents que vous représentez à
l'Assemblée nationale à la définition des objectifs
particuliers à l'école de leurs enfants."
J'y répondais, à ce moment-là, dans un des
paragraphes de la lettre ici: "J'ai l'impression que cette loi répondra
à votre demande, du moins aux chapitres auxquels vous vous
intéressez: la participation des parents, la définition des
objectifs particuliers à l'école des enfants. Pour le reste de la
loi, nous y verrons plus clair à son dépôt." J'y
répondais en date du 25 novembre 1979.
Que la CEQ s'inquiète de sa non-participation à cette
commission parlementaire, alors qu'on aurait dû la rencontrer, puisque
c'est un groupe joliment important pour l'application de cette loi... Je
rappelais au ministre, hier, dans mon discours de deuxième lecture: La
Centrale des enseignants du Québec, après consultation, nous a
révélé que ce projet de loi était un "melting-pot"
que le ministre de l'Education servait à l'Assemblée nationale."
Je rappelais ensuite que le projet de loi réglait d'autres
problèmes, après les avoir énumérés.
J'ai également rappelé au ministre hier que celui-ci n'a
pas l'impression de signer une partie de la convention collective de la CEQ en
proposant les articles 48, 480, 481, 482, 483 et 484, quand il est dit à
l'article 480, entre autres, qu'une commission scolaire doit offrir des
services éducatifs spéciaux aux enfants incapables, en raison de
déficience physique ou mentale, de profiter de l'enseignement
donné dans les classes ou cours réguliers; on a l'impression
qu'il s'agit là d'un point qui est en conflit avec la CEQ.
Et on continue, à l'article 481 : "Le gouvernement peut, par
règlement, déterminer la nature des services éducatifs
spéciaux visés dans l'article 480".
A l'article 482, on continue: Ces enfants sont admis à recevoir
ces services après consultation de leurs parents, des instituteurs
attachés à ces services et du personnel concerné.
Vous avez également les articles 483 et 484 où se trouvent
des arguments fort valables. On dit, d'une façon bien spécifique
à l'article 484: Acette fin, l'engagement d'un enseignant peut
être fait, nonobstant l'article 200, pour moins d'une année
scolaire.
A partir de là, si ce n'est pas touché de très
près aux négociations qui sont en cours avec la CEQ, je me
demande ce que c'est. Ne pas accepter de rencontrer les gens de la CEQ, ce
n'est certainement pas de nature à aplanir les difficultés qui
existent autour de cette commission.
Je terminais en disant au ministre: ... quoique nous demandions au
ministre de bien vouloir amender ou suspendre les articles qui viennent
directement en conflit avec les présentes négociations de la
convention collective de la CEQ.
Des raisons ont été invoquées par l'Opposition
officielle et il y a celles qui s'ajoutent ici aujourd'hui. Je pense que les
deux partis de l'Opposition ont témoigné hier leur appui à
l'ensemble de ce projet de loi, mais dans les deux cas s'est ajoutée
chez nous une autre recommandation au ministre qui a été faite
par le député de Gaspé et qui répondait aux
inquiétudes de Mme Adeline Mathieu, qui est la présidente de
l'Association des parents catholiques du Québec. C'est le
député de Gaspé qui soulevait certains problèmes
devant le ministre auxquels il a répondu partiellement hier soir. Mais
il me semble que si on rencontrait à cette commission, non pas des
journées de temps, puisque nous sommes dans une période de
bousculade de fin de session qui est régulière chaque
année c'est le cas au mois de juin également si on
demandait quelques heures pour rencontrer ces groupes, j'ai l'impression qu'on
aplanirait pas mal de difficultés. En tout cas, cela fournirait autour
de cette table l'information dont on a besoin.
Je vois le ministre rigoler pendant que je souligne l'importance de
rencontrer ces groupes. J'admets que le ministre a des informations de
première main. C'est dans l'ordre. Il est le ministre de l'Education; il
est le tuteur de l'éducation. Mais je pense que le ministre doit
accepter que, du côté de l'Opposition, on ne peut pas avoir les
mêmes informations. On n'a que celles qu'il veut filtrer et nous
donner.
A partir de là, il serait peut-être fort intéressant
qu'on rencontre ces groupes ici. Je n'en ferai pas une objection à
l'étude de ce projet de loi, mais il me semble que, pour donner une
information plus adéquate aux membres de l'Opposition, il eut
été intéressant de rencontrer ici les
gens de la CEQ, de même que le groupe de Mme Adeline Mathieu, des
parents catholiques du Québec. (13 heures)
Ceci dit, M. le Président, je serai prêt à reprendre
l'étude article par article à la reprise cet
après-midi.
Mme Lavoie-Roux: C'est l'heure de la suspension.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre, pour votre
réplique. Il vous reste exactement une minute.
M. Jacques-Yvan Morin
M. Morin (Sauvé): M. le Président, contrairement
à ce qui vient d'être dit, il m'importe d'affirmer que ce projet
de loi n'a fait l'objet d'aucune précipitation. Tout d'abord, il est en
préparation depuis des mois. Je voudrais souligner le fait que nous
avons été témoins, autour de ce projet de loi, d'une
concertation soutenue depuis le printemps dernier. Tous les organismes que nous
avions invités ont accepté de se joindre à nous pour
étudier le projet de loi. Je les ai nommés hier, en Chambre, mais
on peut résumer la chose en disant que tous les milieux de
l'éducation étaient représentés.
Nous avions également invité, dès le printemps
dernier, la CEQ à se joindre à ce comité consultatif. Sa
réponse a tardé pendant quatre mois, pendant que les travaux se
déroulaient. Lorsqu'elle est venue, au début de l'automne, la
réponse était non. La CEQ s'est abstenue, pour des motifs qui lui
appartiennent, de participer au travail d'équipe entre tous les agents
de l'éducation qui a caractérisé ce projet de loi et qui
fait qu'aujourd'hui, il est accepté très largement dans tous les
milieux de l'éducation.
De plus...
Le Président (M. Lacoste): Y a-t-il consentement ou
non?
M. Morin (Sauvé): Oui, je pourrai continuer cet
après-midi.
Le Président (M. Lacoste): D'accord.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, à quelle
heure devrons-nous nous revoir?
Le Président (M. Lacoste): La commission suspend ses
travaux pour reprendre cet après-midi à 15 heures.
Suspension de la séance à 13 h 2
Reprise de la séance à 15 h 14
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre, s'il vous
plaît! Nous reprenons le débat sur le projet de loi no 71, Loi
modifiant de nouveau la Loi sur l'instruction publique. Au moment de la
suspension des travaux ce matin, la parole était au ministre de
l'Education. M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, au moment
où nous nous sommes quittés, j'en étais à faire
part à la commission de ma réaction aux propos du
député de Marguerite-Bourgeoys, lequel avait insinué que
nous n'avions pas pris la peine de consulter la Centrale des enseignants du
Québec au sujet de ce projet de loi. Or, comme j'ai commencé
à le dire, bien au contraire, nous avons tout fait pour obtenir la
participation de cette centrale à la rédaction de chacune des
clauses de ce projet de loi. L'invitation envoyée au printemps dernier a
finalement été refusée à l'automne, de sorte que
nous avons dû procéder à la rédaction du projet de
loi avec ceux qui avaient bien voulu accepter de se concerter pour que ce
projet de loi reflète la volonté de l'ensemble du milieu.
M. Lalonde: Est-ce que le ministre me permettrait une
interruption? J'ai oublié d'indiquer au président quels seraient
les intervenants, à moins qu'on ne le fasse à la fin de votre
intervention. On peut poursuivre et on le fera après. Je ne veux pas
qu'on l'oublie.
M. Morin (Sauvé): J'ai reçu encore tout
récemment des représentations des principaux et des parents. Hier
soir, je rencontrais les parents pour m'assurer que la rédaction
actuelle convient, rencontre leur volonté. Nous avons, à la suite
de cette rencontre, décidé de retoucher le projet de loi sur
certains points mineurs. La semaine dernière, j'ai procédé
de la même façon avec les principaux. Je suis prêt, bien
entendu, et toujours disposé à rencontrer la CEQ. Je leur ai fait
savoir que je recevrais même, comme cela a été le cas pour
les autres participants, volontiers un mémoire de leur part et que j'en
tiendrais certainement le compte le plus rigoureux.
Dans le cas de la CEQ, l'invitation datait du 4 avril 1979. Elle a
été faite par une lettre adressée au président par
un membre de mon cabinet, et la réponse n'est venue que le 14 septembre.
Je puis vous lire le paragraphe de la lettre le plus important, je crois qu'il
pourrait être intéressant de le consigner au journal des
Débats. La lettre du 14 septembre se lit comme suit: "Le bureau national
de la centrale, à sa réunion du début juin, a
décidé de ne pas participer à ce comité
consultatif. Nous préférons faire connaître notre avis
directement au ministre dans le cadre de rencontres bilatérales. Vous
savez, d'autre part, que nous avons marqué des réserves
importantes sur toute la question des projets éducatifs et des conseils
d'orientation."
Le dernier alinéa de cette lettre explique peut-être la
raison pour laquelle la Centrale des ensei-
gnants du Québec voudrait rouvrir le dossier auquel elle a
refusé de participer. C'est que, en réalité, elle
n'accepte ni l'idée de projets éducatifs, ni l'idée de
conseils d'orientation. C'est sur la philosophie profonde que la centrale a les
réserves les plus expresses, allant de la sorte à l'encontre du
livre vert, de la consultation qui s'ensuivit et du plan d'action. C'est la
philosophie même du gouvernement que récuse la Centrale des
enseignants du Québec, et c'est un peu, j'imagine, le même chemin
que le député de Marguerite-Bourgeoys est en train de
prendre.
M. Lalonde: Vous venez de me déclarer anathème, je
pense.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je voudrais
ajouter que c'est là la vraie raison des réserves
exprimées par la CEQ car, contrairement à ce qu'indique le
télégramme qu'elle nous a fait parvenir et dont a fait
état le député, tout à l'heure, ce projet de loi
n'a rien à voir avec la négociation, même si d'aucuns
voudraient mêler les cartes et s'assurer que nous avons le plus de
grabuge possible.
Quels que soient les motifs invoqués, ce projet est tout à
fait distinct de la négociation collective. Il ne comporte pas de
conséquences pour la tâche des enseignants et s'il en comportait,
par hasard, alors cela ferait l'objet de discussions à la table de
négociations. Mais, encore une fois, ce n'est pas le cas et on voudra
bien regarder les articles qui sont invoqués dans le
télégramme, on voudra bien les regarder de très
près et on constatera que ce projet de loi n'empiète pas sur la
négociation collective.
Je voudrais maintenant protester contre quelques insinuations au sujet
de la convocation de cette commission parlementaire. Le député de
Marguerite-Bourgeoys a laissé entendre qu'il avait été
pris par surprise par cette convocation. Je voudrais lui dire, si on ne lui a
déjà dit, que M. Pitre, de son parti, de même que M.
Gélinas, qui, je crois, travaille pour l'Union Nationale, savent depuis
vendredi dernier que cette commission pouvait être convoquée
aujourd'hui. Il y avait comme on dit un trou dans l'horaire et les
représentants du leader du gouvernement ont fait savoir à ce
moment-là qu'il pourrait y avoir des séances de la commission de
l'éducation dès aujourd'hui sur le projet de loi no 71.
Pour ce qui est des séances de la commission auxquelles le
député de Marguerite-Bourgeoys voudrait ne point participer parce
qu'il serait appelé dans une autre commission qui traite du projet de
loi no 57, je lui dirai que cela ne relève pas de ma compétence,
il faudra s'en remettre au leader du gouvernement.
Lorsque je suis allé aux renseignements tout à l'heure
pour savoir si la chose était possible, on m'a fait observer que le
député de Marguerite-Bourgeoys n'a pas la responsabilité
de l'autre projet, du projet no 57, et que c'est le député de
Laval, M. Jean-Noël Lavoie, qui est le porte-parole de l'Opposition
officielle à la commission parle- mentaire qui traite du projet de loi
no 57, de sorte que je présume que cela permet aux deux commissions de
siéger ensemble, de siéger au même moment si la chose est
nécessaire.
Je pourrais faire le même raisonnement, M. le Président, et
demander que les séances de cette commission soient suspendues puisque
moi aussi je suis intéressé par le projet de loi no 57, vu qu'il
a des incidences sur les commissions scolaires, bien sûr. Dans toute la
mesure du possible, je serai présent lors des séances de l'autre
commission.
Pour ce qui est des règlements, M. le Président, je
voudrais rassurer les députés de l'autre côté de la
table. Il y en a en somme deux qui découlent de ce projet de loi, mais
avant d'être rendus publics, ils doivent faire l'objet d'une consultation
auprès du Conseil supérieur de l'éducation. Donc, ils ne
viendront devant le gouvernement lui-même qu'une fois que le Conseil
supérieur de l'éducation aura eu l'occasion de faire entendre sa
voix et de donner son avis sur le dossier. Si l'on veut cependant se faire une
idée du contenu de ces règlements, rien n'est plus simple, il n'y
a qu'à prendre connaissance du plan d'action. Les règlements
seront la traduction fidèle du plan d'action comme ce projet de loi,
d'ailleurs, veut l'être.
Enfin, M. le Président, je voudrais souligner le fait qu'en
dépit des réserves de la Centrale des enseignants du
Québec au sujet des conseils d'orientation, la chose se pratique
déjà dans plusieurs commissions scolaires du Québec. Bien
sûr, ces pratiques ne sont pas appuyées sur des textes de loi,
mais des parents, des enseignants, des administrateurs d'ores et
déjà se réunissent dans certaines écoles du
Québec pour tenter d'élaborer en commun un projet éducatif
pour leur école. Cela se fait déjà et nous nous sommes
même inspirés des projets éducatifs d'un certain nombre de
commissions scolaires et d'écoles. Ce projet de loi n'est donc pas
entièrement une nouveauté. Il s'appuie sur l'expérience de
plusieurs commissions scolaires et c'est la raison d'ailleurs pour laquelle
nous sommes arrivés en quelques mois à un projet qui constitue un
juste équilibre entre tous les agents de l'éducation, parents,
enseignants, élèves, administrateurs et commissions
scolaires.
Je pense donc qu'il est possible de l'étudier et de passer au
travers dans des délais raisonnables. Bien sûr, certaines
dispositions sont assez complexes, puisque nous créons de nouveaux
organismes, nous définissons leur compétence, leur
fonctionnement, mais nous avons déjà vu dans le passé,
devant cette commission parlementaire, des projets encore plus complexes que
celui-là. Je vous remercie.
Le Président (M. Lacoste): Nous allons maintenant
procéder...
M. Lalonde: A la nomination, en remplacement d'intervenants, s'il
vous plaît, M. le Président...
Le Président (M. Lacoste): D'accord.
M. Lalonde: Le député Rivest de Jean-Talon et le
député Mathieu de Beauce-Sud remplaceront les
députés Picotte de Maskinongé et Springate de
Westmount.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce qu'il y a
consentement?
M. Lalonde: On me l'avait donné ce matin, pour le
changement.
M. Fallu: Pas sur les noms.
M. Lalonde: Pas sur les noms, sur le changement.
Le Président (M. Lacoste): Nous allons maintenant
procéder à l'étude du projet de loi...
M. Rivest: Maintenant que la chose est faite, le
député de Jean-Talon, si vous permettez, M. le Président,
voudrait soulever une question de règlement.
Le Président (M. Lacoste): Le député de
Jean-Talon sur une question de règlement. Non? Nous allons maintenant
procéder à l'étude du projet de loi no 71.
M. Rivest: J'ai une question de règlement, j'attends le
ministre.
Mme Lavoie-Roux: II est à la loi 57.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon, sur une question de règlement.
Notes explicatives
M. Rivest: Ce ne sera pas très long, M. le
Président, c'est simplement, au début des travaux, pour exprimer
notre étonnement de voir la façon dont les notes explicatives de
ce projet de loi ont été rédigées. Je n'en fais pas
un drame, sauf que je pense qu'on s'en est étonné, au moins par
des manifestations au niveau de l'Assemblée nationale, mais il existe
une pratique, voulant qu'on ne serve pas d'argumentation dans les notes
explicatives. Or, quand je vois dans le texte, "l'école y est
définie pour la première fois en vue de lui donner un statut",
quand je vois qu'on prend la peine de préciser que le conseil
d'orientation ne remet pas en cause l'existence du comité d'école
ou du conseil, c'est de l'argumentation. Ensuite, lorsqu'on voit qu'on prend la
peine et la précaution de dire que les commissions scolaires occupent
également une large place dans ce projet, c'est un jugement, leur
autonomie de gestion...
Enfin, je ne veux pas allonger inutilement, mais il me semble qu'au
niveau... C'est la première fois, remarquez...
Mme Lavoie-Roux: C'est une justification du ministre.
M. Rivest: Oui, je crois que le ministre... C'est la
première fois que je remarque cette façon de rédiger les
notes explicatives et je ne pense pas que ce soit l'endroit pour faire une
telle argumentation. Je pense que l'on doit, comme on le fait beaucoup plus
sobrement à la page 4, décrire un peu ce qu'apporte ce projet de
loi et cela suffit amplement. Le ministre doit faire son argumentation au
niveau de son discours en deuxième lecture.
Le Président (M. Lacoste): Pour bien justifier, M. le
député de Jean-Talon, votre message est passé pour les
notes explicatives, mais je ne vois pas quel règlement de la commission
est visé. (15 h 30)
M. Lalonde: C'est le règlement de l'Assemblée
nationale.
Le Président (M. Lacoste): ... quel règlement de
l'Assemblée nationale a été mis en doute à
l'étude du projet de loi no 71, article par article.
M. Rivest: L'article 4, lorsqu'on parle des coutumes, M. le
Président. C'est absolument exorbitant dans la façon de
présenter. Je comprends que le ministre était conscient, au
moment où il lisait les notes explicatives, qu'il y avait la
télévision et qu'il voulait faire passer son message, mais
c'était inutile de rassurer tout le monde.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): Je n'en ferai pas un plat. Les exemples
que le député a choisis lui-même démontrent qu'il
s'agit de faits et non pas d'arguments. Quand on dit que l'écoie y est
définie pour la première fois, c'est exactement le cas.
M. Rivest: A quel article du projet de loi dit-on que les
commissions scolaires occupent également une large place dans ce
projet?
M. Morin (Sauvé): C'est tout simplement un fait, une
question de fait, puisque la moitié, sinon davantage, du projet de loi,
est consacré aux commissions scolaires.
M. Rivest: On dit qu'il y a une grande souplesse. C'est une
question d'opinion. Il y a des gens qui peuvent prétendre le contraire.
C'est de l'argumentation.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je pense bien
qu'on peut avoir des points de vue différents là-dessus de part
et d'autre de cette table. De notre point de vue, ce sont là des faits
et il n'y a aucune argumentation là-dedans. De toute façon, il
est beaucoup trop tard pour modifier ces notes explicatives qui ont
été acceptées par les conseillers juridiques du
gouvernement.
M. Rivest: M. le ministre, les conseillers juridiques, c'est le
ministre qui en est responsable.
M. Lalonde: M. le Président, sur la question de
règlement. Vous avez peut-être, sans rendre de
jugement, commencé à exprimer une certaine réaction
à la question de règlement. Je vous invite à relire
parce que vous le connaissez sûrement presque par coeur l'article
116 de notre règlement qui dit ceci, au premier paragraphe: "1. Un
projet de loi autre qu'un projet de loi de subsides ou un projet de loi
visé à l'article 113 doit être accompagné de notes
explicatives exposant sommairement son objet. Ces notes..."
M. Morin (Sauvé): ... exactement cela.
M. Lalonde: Laissez-moi terminer. Vous ne connaissez pas
l'article 116? Relisez-le.
M. Morin (Sauvé): Mais nous l'avons appliqué
rigoureusement.
M. Lalonde: "... ne doivent contenir aucun argument ni
exposé de motifs." M. le Président, il est sûrement trop
tard pour les refaire ces notes-là. De toute façon, on n'est pas
appelé ici...
M. Rivest: On pourrait peut-être forcer le ministre
à les refaire. C'est un excellent exercice pour lui, de
sobriété, de rigueur.
M. Lalonde: M. le Président, lorsqu'un ministre ne sait
plus la différence entre des faits et des arguments, cela commence
à être inquiétant.
M. Rivest: C'est la fin d'un régime, que voulez-vous?
M. Grenier: II connaît cela lui!
M. Rivest: Non, c'est vrai, on a fait cela en 1975. Je m'en
rappelle.
M. Morin (Sauvé): Le député de Jean-Talon a
une longue expérience des fins de régime.
M. Rivest: Le député...
Mme Lavoie-Roux: C'est que le projet de loi n'est pas assez
substantiel. Il faut ajouter l'argumentation pour prouver qu'il contient
vraiment...
M. Rivest: Oui, c'est cela.
M. Lalonde: M. le Président, j'ai une motion à
présenter.
M. Paquette: Je suis d'accord là-dessus que c'est la fin
d'un régime. Le référendum s'en vient.
M. Brassard: La fin du régime fédéral.
M. Rivest: Mais, M. le Président, je voudrais que vous
vous prononciez sur la question de règlement et sur l'article 116.
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre, messieurs! Je vais
la considérer comme une question de directive que je vais prendre en
délibéré et je vous donnerai les raisons.
M. Lalonde: Les résultats de votre...
Le Président (M. Lacoste): Les résultats.
M. Rivest: Pourrait-on peut-être demander de suspendre la
commission jusqu'au moment où...
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est le préambule. Le
Président (M. Lacoste): Non, à la fin. M. Rivest: Oui,
vous avez accepté.
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre! Nous sommes
maintenant... M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
Motion demandant la convocation de la CEQ
M. Lalonde: M. le Président, vous verrez l'insatisfaction
de notre côté aux propos du ministre par la motion que je veux
présenter avant d'aborder l'étude de l'article 1. J'ai
invité le ministre à répondre à notre demande sans
devoir recourir à une demande formelle, mais puisque l'entêtement
du ministre est évident, nous allons lui donner une seconde occasion de
réfléchir. Je fais la motion suivante: Que cette commission
invite les représentants de la Centrale des enseignants du Québec
à se faire entendre devant cette commission, le jeudi 13 décembre
1979 à 11 h 30 afin de renseigner les membres de cette commission.
Je vous remets la copie. C'est-à-dire je n'en ai pas de copie;
vous pourriez peut-être la faire photocopier.
Le Président (M. Lacoste): Que cette commission invite les
représentants de la Centrale des enseignants du Québec à
se faire entendre devant cette commission, le jeudi 13 décembre 1979
à 11 h 30, afin de renseigner les membres de cette commission. M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, seulement quelques remarques.
J'ai déjà exposé, ce matin, les raisons pour lesquelles je
pense que cette commission devait élargir le débat et ouvrir la
porte à un des agents du milieu extrêmement important pour
l'implantation de ce projet de loi. En effet, la Centrale des enseignants du
Québec a demandé à être entendue. J'ai transmis
cette demande, mais le ministre l'avait sûrement reçue. J'ai fait
une demande formelle à l'Assemblée nationale il y a quelques
jours pour qu'on reçoive la CEQ avant le débat en deuxième
lecture de ce projet de loi. Cela aurait été le temps le plus
propice, le plus cohérent de les entendre, mais on me l'a refusé.
Nous avons donc procédé à l'étude en
deuxième lecture. Ce projet de loi a été adopté
presque unanimement. De notre côté, nous avons appuyé les
principaux éléments de principes qui sont contenus dans ce projet
de loi. Il y en avait suffisamment pour nous permettre de voter en faveur,
mais
le ministre sait très bien et les membres de l'autre
côté de la table, dont plusieurs viennent du monde de
l'enseignement, que le succès de cette démarche, et en
particulier le succès du projet éducatif, dépend largement
de l'implication et de l'appui des enseignants au niveau de toutes les
écoles. C'est la raison pour laquelle j'ai invité le ministre, ce
matin, à poser un geste additionnel qui est tout à fait conforme
à nos traditions. Encore récemment, pas plus tard que lundi,
avant-hier, le ministre de l'Education lui-même était
présent à une commission parlementaire convoquée pour
l'étude article par article du projet de loi no 57, mais au début
des travaux, des organismes ont été invités à se
faire entendre. C'est là qu'on a entendu l'Union des
municipalités, l'Union des conseils de comté et la
Fédération des commissions scolaires catholiques de
Québec. Donc, ce n'est pas du tout en dérogation ni avec nos
règlements, ni avec nos traditions.
En réponse à mon invitation, le ministre a dit ceci: Nous
avons invité la CEQ à faire partie du groupe de travail qui a
préparé le projet de loi. La CEQ a pris quatre mois avant de
répondre. Lorsque sa réponse nous est parvenue, a dit le
ministre, elle était négative. Fort bien. C'est parfaitement le
droit de la CEQ ou d'un autre organisme ou d'individus de ne pas accepter les
instruments de consultation qui sont offerts par le gouvernement. Quand un
instrument de consultation ne fonctionne pas, on en prend un autre. Celui qui
est tout indiqué, au moment où nous abordons l'étude
article par article, c'est celui d'inviter la CEQ à notre commission
parlementaire. Je suis convaincu que le ministre a communiqué avec la
CEQ, mais nous n'avons pas communiqué de la même façon.
On n'a pas, en ce qui concerne le projet de loi, la même
connaissance des arguments, des positions, des orientations de la CEQ que celle
que le ministre peut avoir. Je douterais même que les
députés de l'autre côté de la table aient
participé aux mêmes exercices que le ministre a dû faire
relativement à la CEQ.
Le ministre ajoute que l'objection de la CEQ est à ce point
importante, fondamentale, qu'il a l'impression, ou même la certitude, que
la CEQ s'objecte au principe même du conseil d'orientation et du projet
éducatif. M. le Président, c'est encore plus grave que je
pensais; c'est beaucoup plus grave, et le ministre nous fait part d'une
situation qui, d'avance, condamne son projet, le condamne à la pire
faillite, à moins que cette commission puisque le ministre en est
incapable fasse une dernière tentative de récupérer
ces agents importants dans la mise en place de ce projet de loi. Je pense que
c'est un mépris à l'égard de la commission dont le
ministre se rend coupable en rejetant du revers de la main cette occasion
dernière qui nous est donnée d'entendre la CEQ.
Je ne vous relirai pas le texte du télégramme qu'on nous a
envoyé. Ce n'est pas, non plus, parce que nous avons parti pris avec la
CEQ ou avec son idéologie, ses positions, ses opinions, son orientation
à l'égard du projet de loi. Premièrement, nous ne le
savons pas et, deuxièmement, nous ne pouvons pas le présumer. Il
reste que, comme membres de cette commission, c'est notre devoir le plus
élémentaire, après avoir identifié ce
problème qui est grave, de tenter de le régler. Nous allons
devoir, si la motion est refusée, légiférer dans la
certitude exprimée par le ministre à savoir que les enseignants
représentés par la CEQ sont carrément contre le principe
même de ce qui est le noeud de ce projet de loi, c'est-à-dire le
projet éducatif.
M. Morin (Sauvé): ...
M. Lalonde: Est-ce que ce n'est pas ce que vous avez dit
tantôt?
Mme Lavoie-Roux: Vous l'avez dit, tantôt.
M. Morin (Sauvé): La CEQ n'a pas voulu participer; cela ne
veut pas dire que les enseignants ne sont pas déjà dans des
projets éducatifs au niveau local.
M. Lalonde: Ce que j'ai dit, si le ministre veut bien
écouter au lieu de lire, c'est que le ministre nous a dit que la CEQ
était contre le principe même du conseil d'orientation et du
projet éducatif. Est-ce que ce n'est pas ce que le ministre nous a dit
tantôt?
M. Morin (Sauvé): C'est ce qu'ils indiquent dans leur
lettre.
M. Lalonde: Bon, ils indiquent cela dans leur lettre. Raison de
plus d'essayer de dénouer cette impasse. Si la CEQ...
M. Morin (Sauvé): Pouvez-vous dire cela sans rire.
M. Lalonde: M. le Président, le ministre rit de cette
situation...
M. Morin (Sauvé): Je pense que le député de
L'Acadie a fort bien compris.
M. Lalonde:... alors qu'il s'en va à l'aveuglette dans un
cul-de-sac. Nous, on a le droit, et c'est notre devoir de nous inquiéter
de cette situation et de tenter, en recevant ici les membres de la CEQ, comme
ils ont demandé de le faire... Ils ne refusent plus, comme ils l'ont
fait à l'égard du ministre, de participer à nos travaux.
Ils ont refusé, dit le ministre et je le crois, c'est écrit dans
une lettre de la CEQ, refusé de participer au groupe de travail du
ministre.
Bon, c'est un fait, on ne peut pas le nier, il faut en tenir compte tel
qu'il est, mais la CEQ a changé d'attitude et maintenant elle est
prête à nous rencontrer. Est-ce que le ministre constate
ça? La CEQ est maintenant prête à nous voir, à nous
parler. Si le ministre le constate, il a reçu le
télégramme que j'ai reçu. A ce moment-là, il me
semble, M. le Président, que c'est faire preuve
d'irresponsabilité au point de vue du gouvernement et ce serait
faire preuve d'irresponsabilité de législateurs de la part des
députés qui voteraient contre cette motion que de refuser de les
recevoir, d'écouter ce qu'ils ont à dire. Cela ne présume
pas qu'on va partager leurs opinions, pas du tout. En fait, j'accorde à
tous les membres ici assez de sens de responsabilité pour leur donner la
liberté ou penser qu'ils ont la liberté de penser et de
décider s'ils seront d'accord ou non avec les opinions exprimées
par la CEQ. Donc, ça ne présume pas du tout d'un accord ou d'un
désaccord avec ce que la CEQ a à nous dire. Il m'apparaît
que, surtout dans le contexte actuel des négociations qui ne sont pas
tout à fait terminées d'après ce que je comprends,
après la fin de l'application de la loi 62 pour laquelle tous les
membres de cette commission ont voté, sauf peut-être un il
y a peut-être un membre ici autour de la table qui s'est abstenu de voter
pour la loi 62, mais quand même cette loi-là était
votée par la majorité, alors c'était la loi applicable et
depuis que cette loi n'est plus en vigueur, loi à laquelle d'ailleurs la
CEQ ou les enseignants en général se sont pliés
malgré le fait que d'autres syndiqués ne l'aient pas fait
que les enseignants ont maintenant le sentiment de s'être fait jouer un
peu par la loi 62 en la respectant. C'est un sentiment qui est assez
répandu. (15 h 45)
Les négociations, le ministre ne nous en a pas fait part depuis
quelques jours. Nous n'avons pas non plus posé de questions
jusqu'à maintenant nous allons devoir le faire bientôt
pour ne pas compromettre les négociations qui ont cours
actuellement, j'espère, dans le domaine de l'enseignement. Mais on sait
qu'il y a une menace de grève au mois de janvier.
Dans ce contexte-là, il me semble que c'est tout à fait
irresponsable de la part du ministre de refuser d'inviter simplement les gens
à la barre ici, dans ce forum le plus démocratique qui soit, le
forum des élus, l'extension de l'Assemblée nationale. Alors il me
semble que c'est une proposition qui devrait d'emblée recevoir l'appui
enthousiaste des membres de cette commission et surtout de ceux qui sont de
l'autre côté de la table et qui se piquent soit de s'abstenir de
voter pour des lois du gouvernement qui ont quelque chose à faire dans
le domaine syndical, soit d'appartenance passée ou présente au
domaine syndical ou au domaine scolaire.
Je m'explique mal et j'aimerais savoir, par exemple, ce que le
député de Terrebonne en pense, du fait que la CEQ veut se faire
entendre ici et que son ministre semble vouloir refuser cette invitation.
J'ai hâte de voir ce qu'il a à dire là-dessus. Je
veux savoir ce qu'il a à dire. Il est souvent très bavard le
député de Terrebonne. Qu'est-ce qu'il a à dire
là-dessus?
Mme Lavoie-Roux: ...
M. Lalonde: Naturellement, le député de Rosemont a
la parole directe. Je suis sûr qu'il va nous dire exactement ce qu'il
pense. On va voir où il se situe relativement à cette motion,
à la droite ou à la gauche.
Mme Lavoie-Roux: Ils ont été rappelés
à l'ordre en fin de semaine.
M. Fallu: Question de règlement, M. le
Président.
Mme Lavoie-Roux: Fini ou restez chez vous!
M. Fallu: Je voudais savoir qui a droit de parole en cette
salle.
Mme Lavoie-Roux: C'est le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Fallu: Ses confrères l'interrompent
continuellement.
Mme Lavoie-Roux: II n'y voit pas d'objection.
M. Lalonde: Je n'ai pas entendu d'interruption, M. le
Président, de ce côté-ci, mais j'entends un silence
éloquent de l'autre côté, silence qui, j'espère,
sera brisé par les interventions bien pertinentes du
député de Terrebonne et du député de Rosemont.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys...
M. Lalonde: Naturellement, j'invite les autres aussi à se
faire entendre, mais c'est important ici, M. le Président, parce que
cela peut jeter de l'ombrage sur l'atmosphère des travaux de cette
commission, cela peut créer une situation de malaise: l'on saura qu'on
ne sait pas tout et qu'on légifère en méconnaissance de
cause et contre la volonté d'un des agents les plus importants dans le
domaine scolaire, c'est-à-dire les enseignants. Merci, M. le
Président.
M. Brassard: ... de tout nous dire sur votre caisse
électorale? Change pour change.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le Président, j'ai bien sûr
supporté... si cela ne vous dérange pas. Je ne vous
dérange pas?
Mme Lavoie-Roux: Non, non.
M. Grenier: Je voudrais signaler que ce matin j'ai apporté
mon appui en demandant que la CEQ vienne témoigner devant cette
commission, mais de là à vouloir insister pour qu'elle vienne
demain, à la lecture de son télégramme, ce n'est pas
exactement ce qu'elle nous a demandé. J'ai une copie du
télégramme ici et la Centrale de l'enseignement du Québec
vous demande officiellement de surseoir à l'adoption du projet de loi no
71 au cours de la présente session et de tenir une com-
mission parlementaire sur ce projet de loi qui modifie la Loi de
l'instruction publique.
Elle continue: Ce projet de loi a été déposé
dans le flot des projets de loi. Ce projet de loi apporte des modifications et
on demande que ce soit remis à une autre session. Je n'ai pas la
certitude que la CEQ serait prête à venir demain.
Dans un autre ordre d'idées, je pense que si elle doit venir
demain, il faudrait être prêts à la recevoir parce que ce
matin... Remarquez bien que j'ai demandé au ministre si c'était
possible qu'on la rencontre. Il m'a dit qu'elle n'avait pas largement
manifesté le désir de collaborer au projet de loi. C'est le
groupe qui en a peut-être le moins manifesté le désir, mais
si l'Opposition officielle demande de le recevoir, il ne faudrait pas qu'on
lise après-demain matin dans les journaux ce qu'on lit sur le projet de
loi no 57. On dit: Ce sont les libéraux qui ont le plus insisté
en Chambre pour que l'Assemblée nationale entende une dernière
fois les représentations des commissions scolaires et des
municipalités urbaines et rurales à propos du projet de loi no
57. Or, ils sont apparus bien mal préparés et leur contribution
aux travaux de la commission, si elle a été...
M. Rivest: Qui a écrit cela?
M. Grenier: ... substantielle en temps ne restera pas dans
l'histoire par sa profondeur d'argumentation.
M. Lalonde: C'est un péquiste qui a écrit cela,
c'est certain.
M. Morin (Sauvé): Effectivement, c'était
lamentable, M. le Président.
M. Grenier: On termine en disant: II faut dire que les
libéraux ont perdu leur spécialiste des questions, l'ancien
ministre Victor Goldbloom.
Je veux bien aussi qu'on reçoive la CEQ, je veux bien qu'on en
discute, mais de là à prendre le temps permis par nos
règlements, à savoir vingt minutes chacun pour argumenter, pour
dire qu'elle doit venir demain, je pense qu'il vaudrait mieux qu'on passe
à l'étude du projet de loi, parce que c'est une bataille perdue
d'avance, d'abord, et deuxièmement, le ministre nous a dit que le leader
l'avait autorisé à continuer le débat. J'ai l'impression
qu'on va le continuer ici.
Il vaudrait mieux, je pense, prendre plus de temps pour faire
l'étude article par article, mettre notre temps là où
c'est important et ne pas être pris, à la fin du débat,
comme ces concessions qui se font tout le temps à la fin des
débats, alors qu'on arrive avec un paquet d'articles qu'il faut accepter
à toute vapeur à la fin. C'est là qu'on fait des erreurs,
c'est là qu'on passe des choses qui sont importantes, comme on le fait
à d'autres commissions parlementaires ou durant les périodes de
décembre et de juin, on est obligé d'accepter des choses à
la vapeur à la fin, et des articles qui mériteraient d'être
étudiés.
J'ai fait ce matin mon boniment, comme tout le monde, pour dire qu'on
serait intéressé à avoir la CEQ devant nous, mais de
là à utiliser le reste de l'après-midi pour faire valoir
au président de la commission qu'on devrait faire venir la CEQ demain,
il faudra d'abord vérifier si on est capable de les recevoir et de leur
poser des questions pour ne pas se faire dire la même chose.
Deuxièmement, s'ils ne sont pas intéressés à venir,
tout à coup. C'est important de le vérifier.
M. le Président, j'endosse la proposition de rencontrer les gens
de la CEQ, mais il me semble que ça se règle en un coup de
téléphone et si c'est possible, on peut le faire. Je suis
disponible demain, qu'on prenne une couple d'heures pour les recevoir, s'il y a
lieu, mais de là à argumenter une partie de l'après-midi
pour savoir si on doit ou pas, ça peut se régler ailleurs et
c'est autour d'un téléphone que ça peut se faire.
Le Président (M. Lacoste): Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'entendais les
réflexions du député de Mégantic-Compton qui dit
que le gouvernement...
M. Brassard: ... bonne contribution.
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre, s'il vous
plaît! La parole est à la députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. J'entendais le
député de Mégantic-Compton qui disait que la CEQ ne
voudrait peut-être pas venir parce que ce qu'elle a demandé c'est
de surseoir et d'être entendue en commission parlementaire.
Je veux d'abord indiquer qu'il n'est pas dans notre esprit de demander
de surseoir au projet de loi, mais que par contre, on pourrait peut-être,
à la suite de l'audition de la CEQ, aborder ce projet de loi d'une
façon plus sérieuse et présenter, également, des
amendements qui amélioreraient le projet de loi. Je pense que c'est dans
cet esprit que c'est fait.
Si on demandait à la CEQ de venir demain, je doute fort que ses
représentants refuseraient de venir demain, même si le
délai n'est que de 24 heures. Je pense qu'il y a une chose ici qui est
assez inquiétante. Amon point de vue, on n'insiste pas pour que la CEQ
vienne ici pour le plaisir de dire que ça va prendre une heure et qu'on
va entendre la CEQ. La CEQ représente l'agent le plus important dans une
école, elle représente les enseignants. Je crois sentir chez le
gouvernement, on l'a vu à l'occasion de la loi 62, cette tendance
à vouloir dire que finalement, la CEQ ne représente
peut-être pas tellement les enseignants, puisque même le ministre
de l'Education a dit tout à l'heure: Ecoutez, la CEQ n'est
peut-être pas d'accord avec le projet éducatif, mais il y a des
enseignants qui le sont, il y a déjà des projets éducatifs
dans les écoles. On essaie de développer cette attitude de la
part du gouvernement et c'est assez étonnant de la part de ce
gouvernement qui se disait très respectueux des institutions de
travailleurs dans la province.
Je ferai remarquer au ministre que si on examine les votes que la CEQ ou
les membres de la CEQ, les syndicats membres de la CEQ ont pris à
l'égard des offres gouvernementales, on ne peut pas dire, à ce
moment-là, que les membres de la CEQ sont détachés de
leurs chefs syndicaux. Les résultats qui sont sortis de ces votes
indiquent, dans une proportion très élevée... On pourra me
corriger, mais on me dit que cela va chercher dans les 87% ou 90% de
résultat de ce vote qui a été pris sur les offres
gouvernementales dans la présente négociation. On ne peut pas
parler de votes qui sont pris... Autant ils se sont dissociés ou ils ont
refusé une grève illégale et je pense qu'à
ce moment-là, ils ont fait preuve de responsabilité autant
ils ont tenté d'affirmer, d'une façon très ferme, leur
désaccord, du moins quant à certaines parties ou certaines offres
gouvernementales qui touchent particulièrement la tâche des
enseignants.
Je ne voudrais surtout pas me rendre aux arguments il pourra
toujours, au bout de la ligne, refuser que nous les entendions à
cet argument qu'il y a une dissociation entre la CEQ et ses membres.
Il y a également un peu, et ceci fut fort bien souligné
par Mme Bissonnette dans un éditorial du Devoir récemment, quand
elle a analysé le refus très élevé de l'ensemble
des enseignants aux propositions gouvernementales en disant
qu'évidemment, peut-être non seulement peut-être,
mais certainement une partie des enseignants avaient de la sympathie
à l'égard de l'option constitutionnelle du gouvernement, mais il
ne faudrait pas que le gouvernement, quand il s'agit des conditions de travail
des enseignants, s'imagine qu'à ce moment-là le reste ne devient
plus important et qu'on puisse s'appuyer sur ce sentiment que le gouvernement
croit déceler chez un certain nombre d'enseignants, pour un peu les
mettre à l'écart.
Je pense que le point que mon collègue de Marguerite-Bourgeoys a
fait valoir et là-dessus, je ne le dis pas pour prendre 20
minutes, je le dis parce que j'en ai la conviction profonde c'est
que...
M. Morin (Sauvé): Ce serait une coïncidence si vous
preniez vingt minutes.
Mme Lavoie-Roux: Absolument.
M. Rivest: C'est bon que le ministre le note.
Mme Lavoie-Roux: J'ai la conviction profonde que la pierre
d'achoppement d'un des objets de la loi qui est celui de mettre sur pied
pas de mettre sur pied, parce qu'il existe dans un très grand nombre
d'écoles et là-dessus, j'y reviendrai à d'autres occasions
mais de formaliser dans une loi le projet éducatif. Ce serait la
collaboration ou la non-collaboration des enseignants. Et je pense qu'à
cet égard le gouvernement ne devrait pas prendre de chance.
Le ministre a fait état du fait qu'il avait invité la
CEQ à se rendre à cette table de consultation. C'est un
fait, le ministre l'a cité dans sa lettre, la CEQ a refusé. Je
pense que là aussi il faut tenir compte ce n'est pas la
première fois que la CEQ refuse de participer à des
mécanismes de consultation. Cela fait peut-être un peu partie de
sa façon de voir les choses, la façon dont elle établit
ses relations avec l'Etat-patron. Là-dessus, il peut y avoir une part
d'idéologie.
Mais d'un autre côté, je pense qu'on peut difficilement
blâmer la CEQ de refuser certaines consultations quand on voit la
façon dont le ministère de l'Education a conduit la consultation,
pour ne citer qu'un exemple, dans le cas de la réforme de la
fiscalité... Je pourrais prendre 40 minutes, si je le voulais le
règlement ne me le permet pas pour décrire la façon
je pense que ce n'est pas nécessaire, tout le monde le sait
dont la consultation s'est faite auprès de la
Fédération des commissions scolaires. (16 heures)
Je pense que c'est là un exemple. On peut bien parler beaucoup de
consultations, mais quand elles ne riment à rien et le
gouvernement en a fait une démonstration fort probante dans le cas du
fameux sommet commissions scolaires-gouvernement ceux qui
déjà ne sont pas très tentés de participer à
des consultations, soit pour des raisons idéologiques ou autres, ils se
sentent assez découragés et je pense que c'est assez facile de
comprendre, du moins à cet égard, le refus de la CEQ.
Ensuite, je sais que le ministre, je le disais tout à l'heure, ou
le gouvernement a cette tendance à dissocier les syndicats de leurs
membres en disant: Ils ne sont pas tout à fait représentatifs ou
à poser des gestes qui indiquent qu'ils ne sont pas tout à fait
représentatifs. Je voudrais mettre le ministre en garde contre la
nécessité d'éviter d'alimenter les préjugés
qu'une partie de la population, malheureusement, entretient à
l'égard d'un certain nombre d'enseignants, des fois sans nuance à
l'égard de l'ensemble des enseignants ou à l'égard des
enseignants, si vous voulez. Je pense que l'attitude du ministre qui dit: Ils
n'ont pas voulu venir. Nous procédons et nous agissons. C'est une
attitude qui m'apparaît un peu désinvolte. Je pense que les
enseignants ont montré un sens des responsabilités au moment de
la loi 62. Ils préfèrent venir en commission parlementaire. Je
dois vous dire que je préférerais beaucoup les entendre en
commission parlementaire que de les entendre dans les officines du gouvernement
ou du ministre, parce qu'on a eu d'autres exemples où les comptes
rendus, qu'on a entendus de la part du ministre et d'autres qui nous ont
été rapportés ne coincident pas toujours très
exactement. D'ailleurs, c'est l'Assemblée nationale, ce sont les
députés qui doivent tenter d'améliorer, de corriger un
projet de loi et tenter de tenir compte de toutes les opinions, mais le
ministre de l'Éducation n'a jamais voulu, dans tout le domaine du
système scolaire, accepter que quelqu'un vienne ici faire des
représentations, depuis qu'il est ministre de l'Education, sauf dans
le cas des CEGEP. Et encore, ce fut sur invitation, M. le
député de Terrebonne qui se propose d'intervenir et de
protester.
M. Morin (Sauvé): Mais il y a aussi le cas de la Loi sur
le Conseil supérieur de l'éducation.
Mme La voie-Roux: Ah! Mais mon Dieu! Il a fallu, ce
matin-là, vous tenir sur une motion de deux heures avant que vous ne
cédiez pour que le Conseil supérieur de l'éducation se
fasse entendre, merci. Je m'en souviens fort bien.
M. Morin (Sauvé): Et là encore, le conseil...
Une Voix: Ah oui! Arracher votre consentement.
Mme Lavoie-Roux: II a fallu arracher votre consentement.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je reviendrai
là-dessus par la suite, mais il est bien clair que le conseil...
M. Lalonde: Question de règlement, M. le Président.
Qui a le droit de parole?
M. Morin (Sauvé): Vous le savez, le conseil n'avait pas
l'habitude de venir devant la commission.
Le Président (M. Lacoste): La...
Une Voix: C'est la loi du conseil qui était à
protéger.
Le Président (M. Lacoste): Enfin, je rappelle aux membres
de la commission parlementaire l'article 160 de notre règlement. La
parole est à la députée de L'Acadie. Mme la
députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, quand le ministre dit:
II n'était pas dans les habitudes ou il n'était pas dans les
coutumes du Conseil supérieur de l'éducation de venir devant les
commissions parlementaires, c'est exact. Je me souviens même que,
à l'occasion de l'étude du projet de loi no 101, il a justement
demandé de ne pas venir pour des raisons sur lesquelles je ne reviendrai
pas, mais, à ce moment-là, c'était sur une demande
précise du Conseil supérieur de l'éducation d'être
entendu qu'il a fallu que l'Opposition officielle fasse un débat pour
que finalement, peut-être pas devant les discussions de l'Opposition
officielle, du moins le ministre ne l'admettrait pas, mais au moins devant
l'opinion publique...
M. Lalonde: Propre, propre.
Mme Lavoie-Roux:... il a dû céder et accepter que le
Conseil supérieur de l'éducation vienne se faire entendre en
commission parlementaire.
M. le Président, je vais arrêter ici mes remarques pour
simplement dire que les enseignants sont peut-être les agents de
l'éducation les plus importants à l'intérieur de
l'école; ce sont eux qui ont un contact direct, journalier, quotidien
avec les enfants et, très souvent, avec les parents et je pense qu'on
peut toujours imputer des motifs à la CEQ, mais je pense que devant leur
demande qui s'est faite assez pressante, je vois mal les motifs du ministre de
l'Education de recevoir ceux qui jusqu'à présent, en tout cas
officiellement, selon les conventions et les mécanismes de travail,
représentent, que le ministre aime cela ou pas, les enseignants.
J'arrête ici mes propos.
J'espère encore que le ministre de l'Education va se rendre
à nos arguments. Je n'ai pas tout à fait terminé. Je
voudrais ajouter que tout à l'heure le ministre de l'Education a dit:
Oh! Cela ne touche en rien à la présente négociation. Je
ne lui nommerai de mémoire que deux points où je pense qu'il
s'agit de sujets qui peuvent faire l'objet de discussions au moment de la
négociation: d'abord, l'article qui touche la réglementation
affectant l'enfance exceptionnelle. On sait fort bien qu'il y a
présentement dans la convention des dispositions particulières,
par exemple, touchant le ratio quant aux différentes catégories
d'enfants que l'on étiquette d'exceptionnels. Il y a là un point
qui les touche quand même. Il y en a un autre qui je ne me
prononce pas sur le fond a également des répercussions sur
la négociation, celui du rôle que les enseignants sont
appelés à jouer quant à l'absence des étudiants.
Désormais, c'est le professeur... Comme je vous le dis, ce n'est pas sur
le fond. Personnellement, là-dessus, je pense que c'est, dans les
limites normales d'absentéisme, le rôle de l'enseignant. Je le dis
tout de suite, je n'y ai pas d'objection, mais on ne peut pas nier, par contre,
que ceci n'est pas actuellement dans les conditions de travail des enseignants.
Voilà un second point où, par cette loi, si on l'accepte telle
quelle, on pose des gestes qui interviennent dans le déroulement normal
de la négociation.
Je voudrais surtout éviter au ministre qu'au mois de janvier
je le dis sincèrement, je pense que nos écoles ont
échappé jusqu'à maintenant à une contestation
généralisée, à une grève qui demeure fort
possible devant la demande de la CEQ... Le ministre rit, mais je suis
très sérieuse... Que le ministre réalise le fait suivant:
Pourquoi prendre des risques qui sont inutiles et qui vont pénaliser non
pas le ministre oui, peut-être, parce qu'il trouverait cela un peu
embarrassant à la longue mais qui vont surtout pénaliser
les enfants si on n'assure pas ou si on ne met pas en place toutes les
conditions qui permettent que la fin de cette négociation avec les
enseignants se déroule de la façon la plus satisfaisante
possible, et ceci, dans l'intérêt d'abord des enfants, et pourquoi
pas aussi, parce qu'on reconnaît que les enseignants demeurent l'agent
principal d'éducation dans les écoles... Merci.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Je voudrais appuyer à mon tour la motion du
député de Marguerite-Bourgeoys et en profiter pour souligner
notre regret de voir l'état des rapports qui sont en train de
s'installer entre le ministre de l'Education et la Centrale des enseignants du
Québec. Ce n'est pas la première fois dans une commission
parlementaire que le ministre indique son intention de ne rien entendre de la
part de la CEQ sous prétexte que la CEQ a une démarche
idéologique différente de celle du gouvernement. On se surprend
de cette attitude nouvelle de la part du ministre de l'Education, parce qu'on
se rappelle les rapports très étroits que le député
de Sauvé, avant qu'il soit ministre de l'Education, avait avec la CEQ
ici même sur la colline parlementaire chaque fois que la CEQ manifestait
son désaccord, par le moyen de manifestations, avec des projets
gouvernementaux. On voyait très fréquemment...
M. Morin (Sauvé): Je m'excuse, c'est sur une question de
privilège. Pourriez-vous spécifier les événements
auxquels vous vous référez, parce que, pour ma part, je ne m'en
souviens pas?
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre...
M. Lalonde: II n'y a pas de question de privilège.
M. Rivest: On voyait descendre le chef de l'Opposition de
l'époque devant le parlement pour aller s'adresser et appuyer les
revendications de la Centrale des enseignants du Québec.
M. Morin (Sauvé): J'espère que vous pourriez
spécifier la chose parce que je me souviens avoir rencontré de
nombreux groupes, mais pas ceux-là.
M. Rivest: Vous les avez rencontrés, du temps où
vous étiez chef de l'Opposition, devant le parlement, probablement en
1972, lors de la manifestation du Front commun, en 1976 ou je ne sais pas
trop...
M. Morin (Sauvé): N'importe quelle année, au
fond.
M. Rivest: Oui, c'est cela, vous étiez constamment...
M. Fallu: Vous avez toujours eu les deux pieds dans les plats,
comme gouvernement.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon, j'aimerais qu'on revienne à la motion
présentée par votre collègue de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: C'est très pertinent.
M. Rivest: C'est très pertinent, M. le Président.
On a vu le ministre de l'Education appuyer la CEQ contre le gouvernement et on
se serait...
M. Brassard: En quelle année?
M. Rivest: ... attendu que le député de
Sauvé, devenu ministre de l'Education, établisse, entre la CEQ et
le nouveau gouvernement, des rapports meilleurs que ceux qui existaient avec
l'ancien. Beaucoup de gens...
M. Morin (Sauvé): Ils sont meilleurs.
M. Rivest: Oui, ils sont meilleurs, M. le Président, et
c'est exactement le point que je vais faire. On se rappellera que le 5 juin
1979 puisque le ministre de l'Education veut avoir des dates la
CEQ s'est présentée devant une commission parlementaire au sujet
du projet de loi sur les collèges. Le ministre de l'Education a tenu,
à ce moment-là, a vraiment mis cartes sur table
c'était l'expression qu'il employait alors pour rejeter du revers
de la main les représentations de la CEQ. Encore faut-il lui donner
crédit et être juste pour le ministre de l'Education puisque,
alors il avait osé, dans sa grandeur d'âme, entendre la CEQ lors
d'une commission parlementaire.
Néanmoins, je voudrais simplement rappeler l'attitude du ministre
de l'Education face à la CEQ. Je vais simplement citer quelques extraits
où le ministre de l'Education, le 5 juin 1979, semblait
déjà avoir perdu ses illusions face à la CEQ puisque la
CEQ demandait de retarder le projet de loi, et le ministre disait: "Vous nous
demandez, en somme, de reporter l'adoption de ces projets de loi à
l'automne, mais, au fond, mettons les cartes sur la table comme vous le
disiez il y a un instant c'est le retrait total des projets de loi que
vous souhaitez." Le ministre poursuivait: "Que nous soyons en avril, en mai ou
en novembre, vous nous demanderez toujours de retarder les choses parce que, au
fond, ce que vous souhaitez, c'est de torpiller le projet." C'est une
excellente démarche de la part d'un ministre de l'Education face
à des intervenants aussi importants que le monde de l'enseignement.
A tout événement, le ministre continuait, et c'est
là qu'on retrouve un peu les sentiments que le ministre a
exprimés tantôt, au début des séances de cette
commission. Le ministre se faisait même moralisateur pour la CEQ. Il lui
disait ceci: "Vous avez adopté, depuis un certain temps, quatre ans ou
cinq ans, peut-être au-delà, une certaine démarche, une
certaine grille de lecture qui n'est pas la nôtre, qui a donné le
manuel du 1er mai..."A l'époque, pour le Parti québécois,
lorsque les députés libéraux soulevaient cette question en
Chambre, les membres du Parti québécois se scandalisaient des
dénonciations que Louis-Philippe Lacroix faisait du manuel du 1er mai,
mais je retrouve assez curieusement, dans la bouche même du
député de Sauvé, ce que Louis-Philippe Lacroix disait, ce
qui constituait des horreurs, à l'époque.
Je reprends, pour que le ministre comprenne bien à quelle
enseigne il loge désormais. Voici ce qu'il disait aux gens de la CEQ:
"Vous avez adopté, depuis un certain temps, quatre ou cinq ans
au moment où M. Lacroix était député
peut-être un peu au-delà, une certaine démarche, une
certaine grille de lecture qui n'est pas la nôtre, qui a donné le
manuel du 1er mai, qui a donné l'école de masse, qui a
donné les tout derniers rejetons sur les CEGEP. Cette lecture de la
réalité n'est pas la nôtre, c'est une analyse disait
également M. Lacroix, à l'époque, Louis-Philippe
marxiste et marxisante." Louis-Philippe Lacroix était un être
absolument épouvantable de dire une telle chose à la CEQ, et je
retrouve le nouvel allié du ministre actuel de l'Education, M.
Louis-Philippe Lacroix, qui reprend exactement, dans les mêmes termes,
les accusations: "une analyse marxiste et marxisante". Vous êtes tout
à fait libre. Peut-être que M. Lacroix n'allait pas aussi loin que
le ministre de l'Education, je dois en convenir.
(16 h 15)
Mme Lavoie-Roux:... ministre de l'Education.
M. Rivest: Je tiens à vous l'affirmer... D'adopter cette
analyse, si le coeur vous en dit. "Mais", et là le ministre se fait
menaçant, disait-il, "ne vous attendez pas que le gouvernement vous
appuie dans cette démarche. C'est une idéologie que nous ne
partageons pas" comme disait M. Lacroix, je pense, à
l'époque "elle transpire dans la plupart de vos documents,
quelquefois plus occulte, quelquefois plus ouvertement." Alors, le ministre
résigné n'est-ce pas dans cette histoire d'amour qui est
malheureusement terminée entre lui, député de
Sauvé, et la CEQ, concluait: "Autrement dit, nous ne pouvons jamais
avoir raison". Le "nous" est gouvernemental. "Poserons-nous le geste noir, nous
aurions dû faire le blanc. Ferions-nous blanc, nous aurions dû
poser le geste noir. Si nous adoptons, par souci de réalisme, diverses
teintes de gris, c'est toujours la mauvaise parce que vous aimez mieux les
idées à l'état pur."
Cette attitude qui, à mon avis... Je dois être juste pour
lui, le ministre à ce moment-là, avait vraiment perdu son
contrôle. D'ailleurs il a fallu que le ministre d'Etat au
Développement culturel vienne nuancer, dans un style...
Mme Lavoie-Roux: Et certains députés
d'arrière-ban...
M. Rivest: ... également, qui avait trouvé que le
ministre de l'Education... Mais on retrouve c'est ce qui est important
de retenir derrière...
Mme Lavoie-Roux: ... pas cette commission-là.
M. Rivest: ... cette obstination d'aujourd'hui du ministre de
l'Education la même attitude de fond. Et ce que ma collègue a
souligné de façon très sérieuse, je pense, c'est
que cela ne peut pas être bon pour l'éducation au Québec,
le type de rapports qui est en train de s'installer entre le ministre de
l'Education et la CEQ.
Mon collègue de Mégantic-Compton a fait état du
télégramme de la CEQ, mais je demande au mi- nistre de
l'Education qu'y a-t-il de si déraisonnable dans cette demande de la CEQ
lorsqu'elle dit j'ai ici le télégramme qui a
été envoyé par la CEQ... Le président de la CEQ
indique que rien ne justifie l'adoption à la vapeur de ce projet de loi
qui n'entrera pas en vigueur avant la rentrée scolaire de 1980-1981. Le
président de la CEQ considère fort déplorable l'habitude
du gouvernement de faire adopter les projets de loi relatifs à
l'éducation à la vapeur et en fin de session? C'est une plainte
tout à fait légitime, qui a été faite dans le
passé par d'autres et qu'on retrouve adressée aujourd'hui au
ministre de l'Education du Parti québécois. "Nous croyons, dit le
président de la CEQ, que l'éducation est un domaine important qui
mérite mieux que les bousculades des mois de décembre et de
juin". C'est exactement de la même façon que le ministre a
procédé au sujet de la Loi des collèges: on était
à quelque quinze jours avant l'ajournement de la session au moment
où on étudiait ça.
Mme Lavoie-Roux: La loi 30...
M. Rivest: La même chose pour la loi 30. Et on se retrouve
aujourd'hui dans la même situation. La CEQ poursuit: "Qu'est-ce qu'il y a
de déraisonnable, de la part de la CEQ, de demander un certain
délai pour lui permettre d'examiner davantage les conséquences de
ce projet de loi? La CEQ ajoute un élément additionnel qui
m'apparaît sérieux, en tout cas, rappelant que "l'essentiel du
projet de loi, les conseils d'orientation dans les écoles, est
inapplicable sans la collaboration du personnel de l'enseignement, dont plus de
9000 seront appelés à s'impliquer dans ces structures
nouvelles".
Il me semble que ce n'est pas une demande absolument comme dirait
le ministre, si on reprend ses termes du 5 juin qui sont inspirés par
des idéologies qui faisaient grand-peur à l'époque
à M. Lacroix et que le ministre de l'Education et député
de Sauvé endosse aujourd'hui une analyse marxiste et
marxisante... Qu'y a-t-il de si marxiste et marxisant dans une demande aussi
légitime de la part de la CEQ?
La centrale poursuit; elle explique la raison pourquoi la centrale
demande ça, "elle signifie son intention de déposer un
mémoire substantiel sur ce projet de loi". Elle ne veut pas faire peur
au ministre avec son idéologie, elle demande le droit de déposer
un mémoire substantiel. Il me semble que ce sont des interlocuteurs
valables, la CEQ, quels que soient les excès de langage qu'a pu
commettre le ministre à l'endroit de la CEQ le 5 juin dernier, elle
demande au ministre un délai raisonnable pour procéder à
certaines consultations et formuler ses recommandations. Il me semble que c'est
une demande qui apparaît légitime à sa face même.
Ensuite, le président de la CEQ note dans le projet de loi un
certain nombre d'articles qui viendraient modifier les conditions de travail
des membres de la centrale. Le ministre nous dit: Bien non. On veut bien croire
le ministre, mais ce serait drôlement
intéressant d'entendre la CEQ là-dessus. Au moins, qu'on
ait la chance d'entendre la CEQ pour connaître son point de vue. Je ne
pense pas que îa CEQ en venant ici tienne nécessairement des
propos marxistes ou marxisants lorsqu'elle parlera des conséquences
qu'à son point de vue le projet de loi a sur les conditions de travail
des enseignants.
Alors, M. Gaulin conclut: Nous ne croyons pas que la consultation faite
autour du livre vert ait mis un terme à tout débat sur
l'éducation à l'Assemblée nationale et empêche
désormais toute discussion sur le mérite des projets de loi.
M. le Président, je me demande ce qui peut bien amener le
ministre aujourd'hui à s'obstiner à refuser d'entendre la CEQ. Le
ministre, je le comprends, est dans un climat de négociation avec la
CEQ, mais, néanmoins, ce serait peut-être... Je me demande ce que
le ministre va gagner au juste en rejetant comme il l'a fait de façon
absolument cavalière la demande de la CEQ d'être entendue et le
droit de la CEQ de présenter un mémoire, dit-elle, substantiel
sur le projet de loi. Elle en a présenté un sur la loi 70, la Loi
sur les collèges. Le ministre le lui a permis, le ministre a
exprimé son désaccord dans un style bien à lui, qui
était sans doute inspiré de l'ancien député des
Iles-de-la-Madeleine, mais peu importe. J'aimais mieux, franchement...
Je suis convaincu qu'il y a des collègues, les membres de la CEQ,
du Parti québécois, le député de Terrebonne
non, ce n'est pas un ancien membre de la CEQ? enfin, le
député de Rosemont ou du Lac-Saint-Jean, qui aimaient beaucoup
mieux le ministre quand il se promenait allègrement bras dessus, bras
dessous avec la CEQ que de voir leur ministre de l'Education endosser les
propos de M. Louis-Philippe Lacroix d'une façon aussi évidente et
d'une façon aussi patente, non seulement les endosser dans le texte du 5
juin 1979 que j'ai cité, mais adopter une attitude... M. Lacroix
là-dessus avait des attitudes assez fortes et assez vigoureuses, viriles
même, comme disait l'ancien ministre de l'Education, mais le ministre
actuel de l'Education m'apparaissait, du moins du temps où il
m'enseignait, beaucoup plus souple, beaucoup plus nuancé, beaucoup plus
articulé que ces voies qui risquent finalement de ne déboucher
sur strictement rien de bon pour l'éducation.
Je ne parlerai pas pendant 20 minutes pour dire cela, mais je tenais
néanmoins à rappeler ces citations que le ministre a
adressées à la CEQ. Je pense que la CEQ se les rappelle
également. Je veux simplement terminer en disant que je partage
l'inquiétude manifestée par la députée de L'Acadie
selon laquelle ce type de rapport qui est en train de s'installer ce
n'est pas la première fois qu'on est face à cette attitude du
ministre de l'Education ce type de rapports, à tous
égards, n'est pas bon pour l'éducation. Il n'était pas bon
ce type de rapports lorsqu'il s'est installé comme cela sous l'ancien
gouvernement. Je n'ai aucune espèce d'hésitation à
l'affirmer, mais, néanmoins, il y a beaucoup de gens en 1976 qui ont
dit: Avec le nouveau gouvernement, avec les amitiés particulières
que le ministre de l'Education, entre autres, a avec les syndicats, en
particulier la CEQ, il va s'installer un climat beaucoup plus serein; on va au
moins prendre ce pari-là. Je dois conclure, je pense, surtout me
rappelant la déclaration du premier ministre devant le conseil
provincial du Parti québécois...
M. Paquette: Le conseil national.
M. Rivest: Pardon, national... selon laquelle ce gouvernement
avait perdu ses illusions. Je pense que c'est une illusion que vous aviez mise
dans la tête et l'esprit de l'ensemble des Québécois que
vous pouviez avoir des rapports avec, entre autres, la CEQ, avec les milieux
syndicaux, bien meilleurs que ceux qui ont existé sous l'ancien
gouvernement. Aujourd'hui on le constate dans tous les domaines, vous n'avez
strictement rien réglé. Je dois reconnaître que le premier
ministre a été assez courageux d'admettre que les causes
actuelles de cette morosité, c'est le moins que l'on puisse dire, qui
s'est installée dans les rangs du parti ministériel tient
précisément à votre incapacité d'avoir simplement
tenu parole sur l'amélioration des rapports que doit avoir un
gouvernement, un ministre de l'Education avec les représentants
syndicaux et les organisations syndicales du monde de l'enseignement. Sur ce
plan-là également, c'est un échec et un échec que
la population ne cesse de vous signifier, comme elle vous l'a signifié
dans les récentes élections partielles au Québec. Vous
allez devoir vivre avec cette attitude, pour un certain temps encore, un temps
qui est de plus en plus court.
Des Voix: Bravo.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que la motion du
député de Marguerite-Bourgeoys... M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je sais que ces
sparages sont de bonne guerre, mais il y a une chose qui me blesse
profondément et que j'ai beaucoup de difficulté à
accepter, c'est lorsque le député de Jean-Talon me rappelle qu'il
fut jadis mon élève. Il y a beaucoup d'avanies que je puis
accepter.
M. Rivest: Et de framboises.
M. Morin (Sauvé): Beaucoup d'avatars que je puis
accepter.
M. Rivest: Une excellente chanson dans Les 400 coups qui
s'appelait Avanies et framboises.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon, je vous rappelle l'article 100, exactement.
Mme Lavoie-Roux: Vous n'avez pas le droit de parler de
framboises.
Le Président (M. Lacoste): La parole est au ministre de
l'Education. M. le ministre.
M. Lalonde: ... échec.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, le rappel que le
député de Jean-Talon me fait, à l'occasion, de ces
années d'université qui devraient être pour moi un souvenir
si joyeux s'assombrit dès qu'il me rappelle l'année où il
fut devant moi un élève dissipé, aussi dissipé
qu'il l'est maintenant dans cette commission.
M. Rivest: C'est faux, M. le Président, il m'a
donné 88%. Il a porté un jugement, 88% et je suis prêt
à déposer mon bulletin à l'Assemblée nationale.
Mme Lavoie-Roux: C'était un élève
brillant.
M. Lalonde: Est-ce que vous retirez vos paroles, M. le
ministre?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, souvent, les
élèves dissipés obtiennent de bonnes notes, au hasard des
questions qui sont posées dans les examens.
Je reconnais la démarche de l'Opposition libérale, c'est
la même que celle qu'elle a adoptée, au moment des projets de loi
sur les collèges, sur le Conseil des collèges, démarche
qui a échoué, fort heureusement. Il s'agit, si j'ai bien compris,
de faire échec au gouvernement, quels que soient les mérites ou
les démérites des projets de loi. Il s'agit, si faire se peut, ce
n'est pas toujours possible, d'empêcher l'adoption des projets de loi qui
sont, quant à ceux qui intéressent les collèges et les
écoles, fort bien perçus de la population.
Toute la démarche, au mois de juin, qui a été si
pénible, c'était essentiellement ça. Aussi, je ne m'en
formaliserai pas outre mesure cette fois-ci, même si tout cela devait se
transformer, comme c'est déjà le cas, en filibuster. Avec
patience, nous allons tenter d'expliquer la démarche du gouvernement et
les raisons pour lesquelles nous avons adopté le chemin que nous voulons
parcourir. Ce serait, je pense, pénaliser ceux qui ont accepté de
participer aux travaux du comité consultatif et du comité mixte;
ce serait pénaliser les organismes qui, pendant des mois, se sont
astreints, semaine après semaine, à des rencontres, à des
séances de travail en vue de perfectionner ce projet de loi, en vue
d'améliorer chaque article du projet qui est devant cette
commission.
Tous les organismes, dès notre invitation, se sont donné
la peine, au printemps, au mois d'avril, tous les organismes sans exception,
sauf un, se sont donné la peine de venir contribuer à nos
travaux. Ce sont: l'Association des enseignants catholiques, la
Fédération des comités de parents, la
Fédération des commissions scolaires catholiques du
Québec, l'Association des directeurs généraux des
commissions scolaires, l'Association des cadres scolaires du Québec,
l'Association des conseillers en orientation du Québec, la
Fédération des principaux du Québec et d'autres
encore.
Ces organismes se sont donné la peine de participer, de
confronter leurs vues à celles des autres. C'est pour ça que nous
avons devant nous un projet de loi très équilibré et qui
tient compte du statut, des intérêts, des fonctions de tous les
intervenants dans le système d'éducation scolaire. (16 h 30)
Chacun de ces organismes nous a soumis un mémoire substantiel,
pour employer le langage que l'on retrouve dans le télégramme de
la CEQ. Et ils se sont efforcés de nous faire parvenir ces
mémoires en temps utile, au moment où ils savaient que le projet
de loi était en préparation, c'est-à-dire depuis des mois.
Nous avions invité également la CEQ à se joindre à
nous. Mais selon une pratique qui remonte à l'un de mes
prédécesseurs, c'est-à-dire à M. François
Cloutier, la CEQ a décidé de ne plus participer aux
comités proposés par le gouvernement. C'est une attitude dont "je
pense" mon prédécesseur, membre de l'ancien gouvernement
libéral, se plaignait à l'occasion.
Si nous allions maintenant, au dernier moment, alors que tout le monde
s'est mis d'accord, que tout le monde a participé honnêtement, a
accepté de confronter ses vues à celles des autres, si nous
allions accepter au dernier moment de permettre à un organisme qui a
refusé systématiquement sa coopération, de venir à
la commission parlementaire pour tenter de refaire ou de défaire ce qui
résulte du travail des autres, je pense que ce serait
profondément injuste pour les autres organismes qui, eux, ont
joué le jeu de la participation et ont même accepté
quelquefois de faire des concessions, de mettre de l'eau dans leur vin. Cela a
été le cas des principaux, des parents et des commissions
scolaires, pour tenter d'arriver à un projet de loi qui fasse la juste
part à chacun des intervenants.
M. le Président, je me refuse à pénaliser ceux qui
ont accepté de participer aux travaux, ceux qui ont peiné pendant
des semaines et des mois pour mettre au point ce projet de loi. Il y avait un
moment pour participer et aussi pour accepter la confrontation avec les autres.
Cela fait six mois que cela dure. Ce projet de loi n'est pas né
spontanément. Ce projet de loi, de fait, est sur le métier
à tisser du ministère de l'Education depuis deux ans maintenant,
c'est-à-dire depuis le livre vert, depuis la consultation qui nous a
confirmé certaines options du livre vert et depuis la publication du
plan d'action.
Je n'accepte pas, comme le ferait volontiers l'Opposition
libérale et je rejoins là-dessus les propos du
député de Mégantic-Compton de pénaliser ceux
qui acceptent le jeu social, ceux qui acceptent de confronter leurs vues, au
moment où ils sont invités à le faire, pour donner la
préférence à un organisme qui a refusé ce jeu au
moment où il fallait l'accepter.
M. le Président, le député de L'Acadie a fait
valoir que la loi apporterait des changements dans le domaine de l'enfance
exceptionnelle. Je veux lui faire remarquer qu'il n'en est rien et que les
articles qui se trouvent dans le projet de loi correspondent à deux
articles dont elle voudra bien prendre connaissance et qui se trouvent
déjà dans la Loi de l'instruction publique. Ce sont les articles
481 et 482 du projet de loi sur l'instruction publique. Le seul but de
l'inclusion, dans le projet de loi, d'articles qui sont, à toutes fins
utiles, calqués sur les articles 480 et 481, c'est d'assurer la
correspondance avec le projet de loi no 9 que nous appelons maintenant la loi
no 9.
Nous reconduisons dans les faits les anciens articles 481 et 482 et nous
ne modifions pas les principes qui président aux services qui sont
offerts aux enfants en difficulté d'apprentissage. Si même
c'était le cas, ce que je nie, s'il y avait des conséquences pour
la tâche des enseignants, dans le projet de loi, c'est aux tables de
négociations que cela devrait se régler et non pas en commission
parlementaire. Constamment la CEQ nous dit: Allons aux tables de
négociations, ne faisons pas de débats publics. J'en suis. J'en
conviens volontiers. Mais c'est une raison additionnelle pour laquelle s'il y
avait, par hasard, dans ce projet de loi ce que je nie des
conséquences pour la tâche des enseignants, ils n'ont qu'à
nous le soumettre aux tables et nous en négocierons à l'endroit
qui est prévu par la loi pour régler ces problèmes.
Je ne m'étendrai pas plus longtemps. Je pense avoir
déjà expliqué suffisamment la position du gouvernement et
je demanderais instamment à l'Opposition libérale de trouver des
arguments autres que celui-là ou meilleurs que celui-là, si elle
désire absolument retarder les travaux de la commission parlementaire et
empêcher l'adoption de ce projet de loi.
Je me souviens très bien, on a fait allusion au passé. Le
député de Jean-Talon s'est amusé quelque peu à
vouloir me mettre en contradiction avec les gestes que je posais à
l'époque, mais les gestes auxquels il se référait, je ne
les ai tout simplement pas posés, puisque je n'étais pas
responsable, dans l'Opposition, des questions touchant l'éducation. Cela
m'aurait beaucoup intéressé de l'être, mais j'avais
déjà toutes les questions financières, toutes les
questions ayant trait au secteur économique par-dessus les questions
constitutionnelles.
M. Lalonde: Vous aviez le nucléaire aussi.
M. Morin (Sauvé): J'avais la responsabilité des
crédits d'Hydro-Québec et bien d'autres encore de sorte que je
n'avais pas l'occasion, malheureusement je le constate aujourd'hui
de m'intéresser aux questions d'éducation. Cela aurait
constitué pour moi une expérience extrêmement utile pour
les décisions que j'ai à prendre, par moment, dans les dossiers
qui sont aujourd'hui de ma responsabilité, mais je ne m'en occupais pas
à l'époque tout simplement parce que j'étais débor-
dé comme chef de l'Opposition par des dizaines d'autres dossiers.
M. le Président, ce n'est pas la première fois que la
Centrale des enseignants du Québec refuse de participer au jeu
démocratique et au jeu de la discussion; cela remonte déjà
à l'ancien gouvernement. La centrale n'a pas changé ses
attitudes; je le regrette profondément. Si elle désire vraiment
me faire connaître ses voeux, elle sait que je puis être
rencontré en tout temps. D'ailleurs, j'ai eu l'occasion de la rencontrer
au cours des semaines passées, des semaines dernières pour parler
de toutes sortes de choses. Je suis prêt également à parler
de cela, comme j'en ai parlé avec tous les autres agents de
l'éducation qui ont demandé à me rencontrer pour
m'entretenir de ce projet de loi. Je vous remercie.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, tout d'abord je veux dissiper
une impression fausse du ministre. Nous n'avons pas l'intention de retarder
l'adoption de ce projet de loi. Je pense que la question sur laquelle nous nous
penchons actuellement doit prendre le temps que l'entêtement du ministre
et du parti ministériel nous oblige à prendre. C'est
naturellement aussi de bonne guerre pour le parti ministériel d'accuser
l'Opposition de filibuster dès la minute où on commence à
s'opposer un peu plus vigoureusement à l'entêtement du ministre et
du gouvernement.
Le ministre dit ne pas vouloir pénaliser les artisans du projet
de loi, mais, M. le Président, qu'est-ce qu'on fait ici? Est-ce qu'on
n'est pas ici justement afin de faire partie du jeu démocratique auquel
le ministre faisait référence tout à l'heure? Est-ce que
ce n'est pas ici le jeu démocratique? Est-ce qu'on pénalise les
artisans du projet de loi en examinant chaque article actuellement?
M. le Président, ces propos sont parfaitement méprisants
à l'égard justement de la commission parlementaire et de ceux qui
veulent s'y faire entendre. Je le déplore. Le refus du ministre est
méprisant à l'égard des enseignants et de
l'Assemblée nationale. Il préfère les consultations
organisées, les consultations bien encadrées, cuisinées,
enveloppées qui ont fait dire à la Fédération des
commissions scolaires catholiques du Québec qu'il n'y a pas eu de
consultation véritable sur la réforme de la fiscalité
scolaire, ou plutôt sur son abolition pratique. C'est ce genre de
consultation en catimini dans les officines ministérielles que le
ministre préfère, mais, je regrette, nous ne pouvons pas accepter
cela. Ce serait nier l'existence et la raison d'être de la commission
parlementaire et de l'Assemblée nationale. Je pense que le ministre a
oublié que son projet de loi il en a saisi l'Assemblée
nationale le projet de loi ne lui appartient plus. Il appartient
à l'Assemblée nationale et nous avons reçu un mandat ici
de l'examiner et de l'améliorer si c'est possible. C'est ce que nous
voulons faire en entendant un organisme extrême-
ment important pour le succès de ce projet de loi-là, qui
n'a pas accepté le choix du ministre quant à la consultation,
mais qui a le droit, comme tout autre citoyen, de se faire entendre ici. Ce
n'est pas porter jugement sur son refus, qui peut être déplorable
ou non, que d'accepter actuellement son offre de venir se faire entendre
ici.
M. le Président, le mépris et l'arrogance du gouvernement,
et le ministre a terminé justement ses propos en disant: Je suis
prêt à recevoir la CEQ à mon bureau si elle le
désire, mais quels propos pédants! C'est épouvantable! Il
refuse à la commission parlementaire, mais il est prêt, lui, de la
hauteur de sa sérénissime certitude, de la hauteur de sa
certitude, à recevoir avec grande condescendance ceux à qui il
refuse, à l'Assemblée nationale, d'être entendus ici.
M. le Président, c'est ce mépris et cette arrogance qui
ont isolé le gouvernement de la population tel que les élections
partielles l'ont répété et répété.
J'espère que vous n'allez pas l'oublier. Pourtant, le premier ministre
était venu nous dire le lendemain des élections partielles: Oui,
nous avons péché, nous allons nous réformer. Ecoutez-le,
votre permier ministre, et réformez-vous. Ce qu'on vous demande, ce
n'est pas d'accepter toutes nos idées, mais au moins d'accepter le jeu
démocratique. Pénalité pour pénalité,
pénalité des artisans du projet de loi ou pénalité
au succès du projet de loi, le ministre a choisi la dernière
pénalité.
Le Président (M. Lacoste): Mme la députée de
L'Acadie, il vous reste quatre minutes.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je vais donner
brièvement deux points. Le ministre dit que nous répétons
le même scénario que nous avons fait au mois de juin à
l'égard des lois 24 et 25, mais le ministre a déjà
oublié qu'à l'égard des lois 24 et 25, il y avait une
opposition généralisée de tous les agents qui fonctionnent
à l'intérieur des CEGEP, quand ces projets de loi ont
été déposés. C'était notre rôle
d'essayer que ces gens puissent avoir voix au chapitre, premier point.
Deuxièmement, je dois vous dire, si cela peut rassurer le ministre, que
ce n'est pas du tout notre intention aujourd'hui de vouloir empêcher
l'adoption du projet de loi. Je pense que notre attitude en deuxième
lecture, hier soir, l'a prouvé amplement. Par contre, comme l'a
signalé le député de Marguerite-Bourgeoys, je pense qu'il
est de notre responsabilité de nous assurer que le processus
démocratique puisse avoir lieu. Troisièmement, en regard de la
réfutation du ministre quant aux articles 480 ou 481, touchant l'enfance
spéciale, je voudrais qu'au moins le ministre examine les articles 481,
482 et même 483. On aura l'occasion un peu plus tard de le faire. A
l'article 481, on dit: Le gouvernement peut, par règlement,
déterminer la nature des services éducatifs. Si on examine celui
qui est présentement dans la loi, ces classes spéciales doivent
être dirigées conformément aux règlements
édictés à leur égard, ces règlements devant
être approuvés par le gouvernement avant d'avoir vigueur et effet.
Ce qui laisse entendre que localement, on pouvait édicter des
règlements, mais que, désormais, le gouvernement pourrait prendre
l'initiative d'édicter ces règlements. Deuxième point: la
façon de les dispenser. Voilà une nouvelle disposition qui
n'était pas incluse dans la Loi de l'instruction publique, du moins
telle que le ministre y fait référence présentement.
Il y avait également dans l'article 483 une possibilité
pour toute commission scolaire de faire les dépenses nécessaires
pour les classes spéciales. Je sais que, dans les faits, ce
n'était pas nécessairement comme cela, à cause des normes
qui, avec le temps, sont entrées dans la pratique, mais il reste que,
quand on regarde l'article 483 actuel qui est présenté, ceci
disparaît. Dans le fond, c'est encore quelque chose qu'on vient, de par
la loi, formaliser comme retrait de responsabilité ou de latitude qu'on
accordait aux commissions scolaires, du moins au moment où, par
l'intention du législateur, cet article de la Loi de l'instruction
publique fut adopté.
M. le Président, je regrette de dire on aura l'occasion
d'y revenir que la réfutation du ministre me semble un petit peu
attaquable, je n'oserais pas dire qu'elle est complètement fausse,
mais...
M. Lalonde: Elle est complètement fausse.
Mme Lavoie-Roux: ... je pense que cela a été une
réfutation un peu trop facile de l'argument que j'avais avancé.
Merci, M. le Président. (16 h 45)
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que la motion
présentée par le député de
Marguerite-Bourgeoys...
Mme Lavoie-Roux: Vote enregistré.
Le Président (M. Lacoste): "Que cette commission invite la
Centrale des enseignants du Québec à se faire entendre devant
cette commission, le jeudi 13 décembre 1979, à 11 h 30, a.m.,
afin de renseigner les membres de cette commission. '
M. Lalonde: Qu'on fasse l'appel nominal. M. Fallu: M. le
Président, une directive. Le Président (M. Lacoste): M. le
député...
M. Fallu: II vous est loisible de corriger de votre propre
initiative une motion pour qu'elle soit recevable, comme vous le savez. Est-ce
que vous pourriez prendre en considération une faute de français
qui s'est glissée? On ne doit pas dire 10 h 30 a.m., mais 10 h 30
seulement.
M. Lalonde: M. le Président, si c'est une question de
directive, j'aimerais quand même souligner réellement et avec
beaucoup d'enthousiasme la contribution extraordinaire que le
député de Terrebonne vient d'apporter à nos débats.
Il a refusé de se prononcer...
Mme Lavoie-Roux: De se mouiller.
M. Lalonde: ... de se mouiller, mais je trouve que c'est
très appréciable.
Le Président (M. Lacoste): Nous allons suspendre pour
quelques minutes pour avoir ma feuille d'enregistrement des votes.
M. Lalonde: On suspend?
Le Président (M. Lacoste): Pour deux ou trois minutes.
M. Lalonde: Oh oui! Suspension de la séance à 16 h
47
Reprise de la séance à 16 h 51
Le Président (M. Lacoste): Au moment de la suspension,
nous étions à prendre...
Des Voix: Vote.
Le Président (M. Lacoste): ... le vote. J'appelle donc le
vote sur la motion présentée par le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Desbiens (Dubuc).
M. Desbiens: Contre.
Le Président (M. Lacoste): M. Lalonde
(Mar-guerite-Bougeoys).
M. Lalonde: Pour.
Le Président (M. Lacoste): M. Brassard
(Lac-Saint-Jean).
M. Brassard: Contre.
Le Président (M. Lacoste): M. Fallu (Terrebonne).
M. Fallu: Contre.
Le Président (M. Lacoste): Mme Lavoie-Roux (L'Acadie).
Mme Lavoie-Roux: Pour.
Le Président (M. Lacoste): M. Grenier
(Mégantic-Compton).
M. Grenier: Pour.
Le Président (M. Lacoste): M. O'Neill (Chauveau). Vous
êtes membre de la commission.
M. O'Neill: Contre.
Le Président (M. Lacoste): M. Morin (Sauvé). M.
Morin (Sauvé): Contre.
Le Président (M. Lacoste): M. Paquette (Rosemont).
M. Paquette: Contre.
Le Président (M. Lacoste): Donc, la motion du
député de Marguerite-Bourgeoys est rejetée par six voix
contre, trois pour.
M. Lalonde: Les masques sont tombés.
Le Président (M. Lacoste): Donc, nous sommes...
Mme Lavoie-Roux: Notre motion était sérieuse.
Le Président (M. Lacoste): ... maintenant à
l'étude du...
M. Morin (Sauvé): Je pense qu'effectivement les masques
sont tombés, mais il y en a encore qui en portent à cette
table.
Le Président (M. Lacoste): Nous sommes maintenant à
l'étude du projet de loi no...
Mme Lavoie-Roux: ...
Le Président (M. Lacoste): ... 71, article par article.
J'appelle donc...
Motion pour production de document
Mme Lavoie-Roux: Non, j'ai une autre motion
préliminaire.
Le Président (M. Lacoste): Mme la députée de
L'Acadie.
M. Morin (Sauvé): C'est un "filibuster".
Une Voix: J'espère qu'elle est plus sérieuse que la
première.
M. Lalonde: Ah, la première n'était pas
sérieuse?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, qu'on attende d'entendre
la motion avant de juger si elle est superflue au moins. J'espère qu'ils
interviendront sur le débat et ne seront pas simplement des spectateurs
passifs...
M. Lalonde: Et muets...
Mme Lavoie-Roux: ... qui sont là en cas de vote.
Le Président (M. Lacoste): Mme la députée de
L'Acadie, vous aviez une motion à présenter à la
commission?
Mme Lavoie-Roux: Que cette commission invite le ministre de
l'Education à distribuer dans les plus brefs délais
l'échéancier du plan d'action promis en mai 1979 pour juin 1979,
aux membres et intervenants de cette commission.
M. Morin (Sauvé): Voulez-vous la relire, M. le
Président?
Le Président (M. Lacoste): Que cette commission invite le
ministre de l'Education à distribuer dans les plus brefs délais
l'échéancier du plan d'action promis en mai 1979 pour juin 1979
aux membres et intervenants de cette commission.
J'aimerais entendre la députée de L'Acadie sur la
recevabilité de cette motion. M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Cela fait partie de la nature des motions
préliminaires de nature à accélérer les travaux de
la commission qui est appelée à étudier un projet de loi.
On a vu, par exemple, des motions acceptées pour inviter le ministre
à distribuer parce que vous savez qu'il n'y a pas de
dépôt de documents en commission aux membres les projets de
règlement, les amendements ou les motions formelles qui ont
été acceptées en d'autres lieux. J'ai fait partie de
plusieurs commissions qui ont dû recourir justement à des motions
formelles pour obtenir, pas toujours avec succès, une action de la part
du ministre en question; alors, c'est parfaitement recevable. Cela s'est fait
pour la loi 70 sur l'amiante, je ne sais pas si vous étiez là,
vous étiez président, je pense, vous vous souviendrez donc
sûrement de la jurisprudence à laquelle vous avez
participé, pour accepter celle-ci, qui est de la même nature.
Le Président (M. Lacoste): En fait, le président de
la commission juge recevable la motion présentée par Mme la
députée de L'Acadie.
Mme la députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Cela va être très court, M. le
Président, si cela peut rassurer les membres du côté
ministériel. Ce matin, il y a une drôle d'expression que
j'entendais à l'Assemblée nationale. On parle de poulailler. Cela
me semble que c'est rendu dans le comté de...
M. Lalonde: Lac-Saint-Jean. Mme Lavoie-Roux:
Lac-Saint-Jean.
M. Lalonde: C'est malheureux pour la population qui mérite
mieux que cela.
Le Président (M. Lacoste): Mme la députée de
L'Acadie...
M. Lalonde: Ils vont se reprendre la prochaine fois.
Le Président (M. Lacoste): ... vous avez la parole sur la
motion, votre propre motion.
M. Brassard: L'arrogance de l'Opposition.
M. Lalonde: Ce n'est pas de l'arrogance, c'est une promesse.
M. Brassard: J'espère que vous viendrez faire un tour
pendant la campagne électorale. Je vous attends.
Le Président (M. Lacoste): Mme la députée de
L'Acadie, c'est à vous la parole. M. le député de
Lac-Saint-Jean, je vous rappelle, je crois que vous connaissez l'article 100.
Donc, Mme la députée de L'Acadie.
M. Brassard: L'article 100, je n'ai pas mon règlement
ici.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, cela va être
très rapide. Il y a, dans le projet de loi qui nous est
présenté, certaines dispositions qui touchent le régime
pédagogique. On dit même que le comité d'orientation et le
directeur de l'école auront des responsabilités en vue de veiller
à l'application du régime pédagogique. Alors, on sait fort
bien que ce régime pédagogique va avoir une influence
considérable, et non seulement le régime pédagogique.
Tout, même le projet éducatif et le conseil d'orientation, tout se
situe, comme le dit si bien le ministre de l'Education, dans le sillage...
M. Lalonde: II y a la foulée et le sillage. Ce n'est pas
la même chose.
Mme Lavoie-Roux: Ils ne veulent pas dire la même chose non
plus. Le sillage de la foulée de la consultation sur le livre vert, je
vais le garder pour le comité d'orientation qui va servir de
charnière entre les parents et la communauté et l'école.
Mais là, on badine. J'avais demandé, lors de l'étude des
crédits, au début ou à la fin du mois de mai, au ministre
de l'Education: Le ministre peut-il nous dire, compte tenu que l'école
québécoise est un plan d'ensemble, si le ministre va d'abord
publier, en regard des moyens d'action, la forme que prendra l'application du
plan d'action, les lois, les directives, les règlements, les
circulaires? Parce que je pense que tout cela a une influence, par exemple, sur
cette fameuse autonomie, que ce soit des commissions scolaires, que ce soit des
écoles, et on n'en connaît pas la nature jusqu'à
maintenant. Ce document m'apparaît absolument important parce qu'à
ce moment-ci la population et particulièrement les gens qui oeuvrent
à l'intérieur de l'école ou des commissions scolaires;
c'est d'ailleurs, je pense, une partie des difficultés ou une partie des
questions qui seront soulevées par la CEQ dans la négociation
à savoir à quel moment ce nouveau plan d'action qui modifie la
grille horaire va, somme toute, avoir une influence possible sur la tâche
et la répartition des tâches à l'intérieur des
écoles. Il y a aussi les administrateurs à l'intérieur des
écoles qui se demandent quand ceci va s'appliquer, quelle influence cela
va
avoir sur le fonctionnement de nos écoles. J'ajoutais, M. le
Président, que le document m'apparaît absolument important parce
que dans le moment où la population, les gens qui oeuvrent à
l'intérieur des écoles, des commissions scolaires, sont dans une
situation de confusion à savoir qui ou qu'est-ce qui va arriver en
premier lieu, le ministre, tout à l'heure, a dit: Dans les prochains
mois il y aura des lois. Est-ce que le ministre peut préciser
également les délais qu'il prévoit et quelle sera la
nature de ces lois?
Plus précisément, à ce moment-là, le
ministre de l'Education me répondait: "M. le Président, je
donnerai une réponse générale à cette question et
ensuite je demanderai au sous-ministre adjoint de vous donner quelques
renseignements supplémentaires. Je voudrais d'abord dire, Mme le
député de L'Acadie, que l'échéancier de la mise en
oeuvre de toutes les mesures du plan d'action sera rendu public d'ici quelques
semaines, peut-être même d'ici à la fin du mois".
M. Lalonde: Dans le mois de décembre ça?
M. Rivest: Quelle date? (17 heures)
Mme Lavoie-Roux: Non, c'était au 8 mai 1979. Alors, pour
obtenir plus d'assurance, c'était même un peu tard, avant que nous
nous quittions. Et le ministre de répondre: "Assurément, je puis
vous assurer que ce sera avant la fin de la session, mais je dis même
peut-être d'ici la fin du mois de mai. Nous y travaillons très
fermement en ce moment".
M. Rivest: Quand est-ce qu'on l'a reçu?
Mme Lavoie-Roux: "J'aurais souhaité que ce soit
terminé pour cette commission parlementaire, mais, malheureusement,
ça ne l'est pas tout à fait. Nous allons le rendre public. Donc,
on saura où nous allons, à quel rythme et comment."
M. Lalonde: On l'a reçu au mois de juin, je pense?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je ne veux pas parler
plus longuement, il reste que l'échéancier de ce plan d'action,
ce qui est prévu, est important quant à la discussion de fond de
ce projet de loi, c'est le sens de ma motion.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que la motion
présentée par la députée de L'Acadie ... M. le
ministre.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, très
brièvement. Je voudrais faire observer à cette commission que la
motion du député de L'Acadie n'a absolument rien à voir
avec le projet de loi. L'échéancier des diverses mesures
prévues dans le plan d'action est tout à fait distinct, puisqu'il
s'agit de questions comme les programmes d'études, le perfectionnement
des maîtres, du projet de loi devant cette commission.
Je ne vois pas très bien le lien qu'il pourrait y avoir. De toute
façon...
M. Lalonde: Question de règlement, M. le
Président...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: J'ai été patient, M. le
Président, mais, pour protéger l'institution que vous
représentez, je pense que vous devez rappeler à l'ordre le
ministre, qui met en doute le bien-fondé de votre décision, quand
vous avez déclaré recevable la motion du député de
L'Acadie.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, sur le plan du
règlement, déclarer une motion recevable ne veut pas dire qu'elle
est pertinente au débat.
M. Lalonde: Je regrette, lisez votre règlement.
M. Morin (Sauvé): Non, je regrette, M. le
Président. Cela peut être une motion qui est recevable quant
à sa forme, mais ce n'est pas à la présidence à
décider si oui ou non...
Mme Lavoie-Roux: Mais si elle est étrangère... Si
elle est étrangère.
M. Morin (Sauvé): ... ce n'est pas à la
présidence à décider si oui ou non une motion est
pertinente par rapport au fond de la question. C'est de ça que nous
parlons.
M. Rivest: Je pense que le ministre peut expliquer pourquoi il
n'est pas en mesure de déposer l'échéancier, mais, de
là à dire que la demande de la députée de L'Acadie
n'a aucun rapport avec le présent projet de loi, constitue vraiment un
désaveu de la décision de la présidence... Il peut
expliquer en quoi cet échéancier ne lui paraît pas
nécessaire dans les circonstances actuelles, très bien, nous
allons l'écouter avec intérêt. Mais, de là à
remettre en cause votre décision, je pense qu'il y a des principes qu'il
faut sauvegarder.
M. Lalonde: C'est un désaveu.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je reconnais
tout à fait que cette motion était recevable, mais, de là
à dire qu'elle est pertinente sur le fond, il y a une marge, et c'est
à la commission d'en décider, comme vous le savez.
Je voudrais ajouter que, de toute façon,
l'échéancier en question, qui comporte un très grand
nombre de mesures, fait l'objet, à l'heure actuelle, à la fois de
démarches auprès du milieu et notamment auprès de la CEQ
en ce qui concerne le perfectionnement des maîtres, auprès de
très nombreux enseignants, en ce qui concerne les programmes,
évidemment, auprès de leurs associations professionnelles, pour
tenter de mettre au point des programmes qui soient vraiment acceptés
par le milieu, au départ.
De plus, cet échéancier est à l'étude en ce
moment au sein du ministère et on me dit qu'il me reste au moins deux
étapes à franchir avant que je n'en sois saisi en tant que
ministre. Donc, de toute
façon, il me serait absolument impossible de déposer, dans
les jours qui viennent, au cours des séances de cette commission, de
distribuer, comme on me le demande, l'échéancier des travaux du
ministère en ce qui concerne la mise en oeuvre du plan d'action.
Pour ce qui est des projets de loi, je puis dire au député
de L'Acadie que tous ceux qui découlent du plan d'action ont maintenant
été soumis à l'Assemblée et que le projet de loi no
71 est le dernier découlant du plan d'action. Il y aura peut-être
d'autres projets de loi, c'est bien possible. Par exemple, vous savez que nous
avons le projet de refonte de la Loi de l'instruction publique dans son entier,
mais ce n'est pas un projet qui découle du plan d'action. C'est un vaste
projet...
Mme Lavoie-Roux: Je ne veux pas le mettre dedans, d'accord. C'est
autre chose.
M. Morin (Sauvé): ... qui va certainement s'étendre
sur un an ou deux ans.
Mme Lavoie-Roux: Je ne veux pas le mettre dedans, d'accord. C'est
une autre chose, cela. D'accord.
M. Morin (Sauvé): De même, nous avions
indiqué, au mois de juin, au moment de la comparution du Conseil
supérieur de l'éducation, qu'éventuellement, il faudrait
repenser la coordination des activités des trois conseils qui existent
maintenant, c'est-à-dire le Conseil des universités, le Conseil
des collèges et le Conseil supérieur. Mais ce sont là des
projets qui viendront en leur temps. Ils ne sont pas prêts. Ils sont
à l'étude. Ils cheminent en ce moment. Je viens justement de
recevoir l'avis du Conseil supérieur de l'éducation sur l'avenir
du conseil, sur les projets de loi qui pourront en découler. Donc, je
peux dire à Mme le député de L'Acadie qu'en ce qui
concerne le plan d'action et l'énoncé de politique sur les
collèges, toute la législation qui avait été
prévue est maintenant soit adoptée, soit devant la commission
parlementaire. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. On pourrait faire
un long débat à savoir si c'était pertinent ou non au
projet de loi. Il reste que, dans la section IV du projet de loi que nous avons
devant nous, on donne entre autres, comme responsabilité aux directeurs
d'école ce n'est d'ailleurs pas une responsabilité
nouvelle, par contre, on la définit d'une façon plus
précise de s'assurer de l'application du régime
pédagogique, et, à plusieurs autres endroits, par exemple, les
parents seront consultés sur la façon dont sera appliqué
ce régime pédagogique.
Dire que ce n'est pas pertinent, je pense que c'est également
pertinent, compte tenu que si ce qui n'est pas encore déterminé,
cela viendra fort probablement sous forme de directives, sous for- me de
règlements; c'était le sens de ma question au mois de mai, quelle
serait la part des règlements, des directives et des projets de loi,
ceci a une influence sur l'autonomie de gestion des commissions scolaires.
Est-ce qu'on viendra continuellement avec des directives, des
règlements, etc.
Mais ce que je retiens de tout ceci, évidemment, je ne peux pas
gronder le ministre, c'est qu'il avait été très
enthousiasme au mois de mai...
M. Lalonde: Très enthousiaste!
Mme Lavoie-Roux: II était plein d'enthousiasme! Il
était même allé au-delà de ce que je lui demandais
en disant: Assurément, je puis vous assurer que ce sera avant la fin de
la session, mais je dis même peut-être d'ici la fin du mois de
mai.
M. Rivest: Mais est-ce qu'on peut demander au ministre ce qui l'a
empêché il a sans doute des raisons de nous fournir
cela comme il l'a indiqué?
M. Lalonde: De tenir sa parole.
M. Morin (Sauvé): C'est parce que nous avons
décidé de procéder à une consultation sur
l'échéancier lui-même auprès des organismes et
auprès du Conseil supérieur de l'éducation. Cette
consultation est terminée, je pense, dans le cas du Conseil
supérieur, mais elle ne l'est pas dans le cas des autres organismes.
Donc, nous ne sommes pas en mesure de vous présenter le résultat
maintenant.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que vous êtes présentement
en consultation avec la Fédération des commissions scolaires
catholiques du Québec, quant à cet échéancier?
M. Morin (Sauvé): Exactement.
Mme Lavoie-Roux: Tout ce que je peux dire, c'est que j'accepte la
décision du ministre.
M. Lalonde: II chemine.
Mme Lavoie-Roux: En regrettant toutefois qu'il n'ait pu tenir ses
promesses qui, je suis certaine, à ce moment-là, étaient
faites de bonne foi.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que la motion...
Mme Lavoie-Roux: Ecoutez, M. le Président... Elle est
là, elle va y rester.
Une Voix: Pour les archives.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, le ministre nous disait
que, présentement, il songe à faire une coordination
différente des trois conseils qui existent présentement, soit le
Conseil supérieur, le Conseil des collèges et le Conseil des
universités.
Peut-il nous dire à ce moment-ci s'il a mis de côté
l'idée qui avait été avancée qu'on établisse
un conseil pour l'enseignement primaire et secondaire?
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): La réflexion sur ce point est
toujours en cours. Je viens de recevoir, il y a quelques jours, l'avis du
Conseil supérieur sur la question. Je l'ai parcouru, mais, en raison des
projets de loi qui sont devant l'Assemblée, en raison des
négociations qui ont cours en ce moment, je n'ai pas vraiment eu le
temps de réfléchir à la question.
Je remets donc cette réflexion au moment où nous aurons pu
terminer les projets de loi et mener à bien la négociation. Alors
seulement, j'ouvrirai ce dossier à nouveau pour tenter de dégager
les orientations qui s'imposeront.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Lacoste): La motion
présentée par Mme la députée de L'Acadie est-elle
adoptée?
M. Lalonde: Adopté.
Des Voix: Adopté.
M. Morin (Sauvé): Rejeté, M. le
Président.
Le Président (M. Lacoste): Rejeté. La motion de Mme
la députée de L'Acadie est rejetée. Nous sommes
maintenant...
Mme Lavoie-Roux: Elle est rejetée sur division.
Le Président (M. Lacoste): Sur division, c'est cela.
M. Rivest: On a rejeté une promesse du ministre.
Le Président (M. Lacoste): II y a maintenant lieu
de...
M. Lalonde: Le ministre a rejeté sa promesse.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Je lui ai rendu service, parce que je l'ai
dégagé d'une promesse en faisant cette motion-là.
M. Lalonde: On n'est pas des...
M. Rivest: Ce n'est pas la première promesse de...
M. Lalonde: II l'a ravalée.
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre! Il y aurait
maintenant lieu...
M. Rivest: M. le député de Beauce-Sud pourra
témoigner des promesses dont ils se sont dégagés.
Une Voix: Vous avez une longue liste.
Le Président (M. Lacoste): MM. les députés,
il y aurait maintenant lieu d'étudier le projet de loi no 71 article par
article.
M. Lalonde: M. le Président, seulement avant de l'aborder,
j'avais posé quatre questions. Le ministre a refusé d'entendre la
CEQ. Il a dit qu'il serait présent à l'étude du projet de
loi no 57 pour les articles qui affectent les commissions scolaires.
C'était, en fait, une demande que je lui faisais.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je m'excuse, sur
une question de privilège.
Mme Lavoie-Roux: II n'y en a pas. M. Lalonde: De
règlement.
M. Morin (Sauvé): Je voudrais tout simplement être
sûr que le député ne me fait pas dire ce que je n'ai pas
dit. J'ai dit que je serais présent dans la mesure du possible à
la discussion qui entoure le projet de loi no 57 pour la simple raison qu'il se
pourrait que je sois retenu par ce projet-ci qui est de nature
pédagogique et donc à mes yeux prioritaire.
Mme Lavoie-Roux: Quelle belle excuse!
M. Lalonde: M. le Président, tout de suite je peux
annoncer...
M. Rivest: Parfois il parle mieux que Louis-Philippe Lacroix.
Mme Lavoie-Roux: J'ai dit: Quelle belle excuse!
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Non, on pourra aider le ministre à ce
moment-là en lui faisant une petite motion pour suspendre les travaux de
cette commission pour nous transporter tous à la commission des affaires
municipales, pour permettre au ministre d'assister aux funérailles des
commissions scolaires.
Troisième question, les amendements, ou la quatrième.
Enfin, je pense qu'on a reçu une série d'amendements.
M. Brassard: Vous avez commencé la mise au tombeau.
M. Lalonde: Pour ce qui concerne les règlements, le
ministre a abordé cette question dans sa réponse. Je pense qu'il
est dans l'impossibilité de les produire maintenant, je crois, parce
qu'il doit
les soumettre au Conseil supérieur de l'éducation. C'est
cela qu'il a dit, n'est-ce pas?
M. Morin (Sauvé): Ils doivent être soumis au Conseil
supérieur et, éventuellement, au Conseil des ministres. Ce n'est
que lorsque le Conseil des ministres en aura délibéré que
je connaîtrai leur forme finale et que je pourrai éventuellement
les rendre publics.
M. Lalonde: Le ministre peut-il seulement nous donner une
précision de l'époque on n'ose plus parler de mois, ni
d'années où il pense être en mesure de rendre publics
ces règlements? Avant qu'il réponde, je me permets de l'aider, de
le protéger. Qu'il se souvienne des promesses qu'il a faites non
seulement pour l'échéancier, mais pour l'enseignement
privé.
M. Morin (Sauvé): Je ne peux malheureusement pas prendre
d'engagement, parce qu'il y a toujours la consultation et la consultation peut
durer quelquefois et, généralement, elle dure plus longtemps que
nous ne l'avions prévu, parce que tout le monde n'est pas
nécessairement d'accord, chacun nous fait ses représentations et
il faut discuter aussi avec les organismes qui nous soumettent leur avis. Nous
sommes souvent appelés à modifier nos projets pour tenir compte
de leurs représentations. Tout cela prend évidemment beaucoup de
temps. D'ailleurs, le projet de loi que nous avons devant nous, c'est le fruit
de six mois de travail. S'il avait été possible de l'apporter
devant l'Assemblée au printemps dernier, nous l'aurions fait. J'aurais
préféré le faire en même temps que les autres
projets de loi portant sur les collèges, par exemple, parce que cela
forme un tout. Mais la consultation a ses exigences et je puis vous dire...
M. Lalonde: On l'a vu cet après-midi. Elle a ses exigences
et ses libertés.
M. Morin (Sauvé): Elle a surtout ses exigences. Je ne
prendrai pas d'engagement, par exemple, sur le régime
pédagogique, ni sur les services éducatifs spéciaux qui
doivent aller devant le Conseil supérieur de l'éducation, lequel
prendra le temps qu'il voudra prendre pour passer au travers.
Mme Lavoie-Roux: Conserver le Conseil supérieur de
l'éducation, parce que cela vous sert de paravent.
M. Lalonde: C'est très commode.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, si nous
procédons à des consultations en invitant les organismes, on nous
le reproche en disant que ce n'est pas public, et si nous procédons
à une consultation publique auprès du Conseil supérieur de
l'éducation, on nous fait encore le reproche de le faire, de sorte
que... (17 h 15)
M. Rivest: C'est ce que vous disait la CEQ.
M. Morin (Sauvé): Donc, je ne prendrai pas d'engagement
quant au moment où ces règlements seront prêts. J'avoue ne
pas le savoir à l'heure actuelle.
M. Lalonde: Une dernière question. Je comprends la
prudence du ministre vis-à-vis des promesses qu'il a dû ravaler au
cours des dernières années concernant l'échéancier,
l'enseignement privé et tout le reste, mais...
Mme Lavoie-Roux: Et les hypothèses de
décentralisation.
M. Lalonde: ... est-ce que le ministre pourrait me donner une
idée...
M. Morin (Sauvé): Je vous avouerai que je suis quand
même assez fier d'avoir pu soumettre, quelques mois après la
parution du livre blanc sur les collèges et du plan d'action sur les
écoles primaires et secondaires, le projet de loi.
M. Lalonde: Voilà pour la fierté! Est-ce que le
ministre pourrait répondre à une dernière question? Je
constate l'impossibilité dans laquelle il est de faire une promesse ou
de prendre un engagement relativement aux règlements. Est-ce qu'il s'est
fixé un objectif en ce qui concerne la mise en vigueur de ce projet de
loi no 71 ? Est-ce qu'il pense que la structure que ce projet de loi invente
pourra être disponible au milieu scolaire pour l'année scolaire de
1980-1981?
M. Morin (Sauvé): Tout dépend de quelle partie du
projet de loi le député parle. S'il s'agit des
responsabilités des commissions scolaires, ces dispositions vont entrer
en vigueur en même temps que le projet de loi, c'est-à-dire dans
les prochains jours qui suivront la fin de la session, quand le
lieutenant-gouverneur en conseil aura apposé ses initiales au projet de
loi. Pour ce qui est du projet éducatif, il existe déjà.
Plusieurs commissions scolaires s'en sont déjà donné et le
processus va continuer, épaulé un peu mieux par cette loi. Si je
me tourne maintenant vers les conseils d'orientation, ils pourront commencer
dans les prochains mois, mais j'attire l'attention du député sur
le fait que ces dispositions sont facultatives.
M. Lalonde: Sont permissives, oui.
M. Morin (Sauvé): Elles sont facultatives et elles ne vont
donc pas du jour au lendemain modifier la vie dans les écoles. Nous
avons voulu je l'ai dit longuement en deuxième lecture
nous adapter à chaque milieu et faire en sorte que ce soient les agents
de l'éducation dans chaque école, parents, enseignants, enfants,
les élèves même, commissaires, administrateurs, principaux
qui décident ensemble d'instaurer un conseil
d'orientation. Non seulement cela, mais ils pourront même demander
à la commission scolaire de prévoir une composition
différente de celle que nous indiquons dans la loi. Avec cette
souplesse, je ne puis vraiment pas dire à compter de quel moment les
commissions scolaires vont vouloir se servir de ces dispositions. Certaines le
font déjà sans même l'appui de la loi.
M. Lalonde: Ce n'est pas ce que j'ai demandé. Quand les
commissions scolaires auront-elles le loisir de s'en servir,
c'est-à-dire pour le conseil d'orientation, par exemple, quelles que
soient les modalités, la définition de l'école et ces
choses?
M. Morin (Sauvé): Techniquement, j'imagine qu'il faudra
tout de même que les commissions scolaires prennent quelques mois pour se
familiariser avec le projet de loi. Il faudra également que le
ministère rencontre les commissions scolaires, les directeurs
généraux, les présidents des commissions scolaires pour
les mettre au courant du projet de loi, pour aussi leur expliquer sa
portée. Cela a déjà été fait, mais une fois
le projet de loi adopté par l'Assemblée, il y aura
peut-être quelques petites modifications par rapport au projet actuel, de
sorte qu'il faudra que des explications complètes soient données
au milieu avant qu'il ne procède. Cela peut signifier qu'au cours des
prochains mois, déjà les commissions scolaires pourront se
prévaloir de ce projet de loi.
Le Président (M. Lacoste): D'accord. Mme la
députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Président (M. Lacoste): J'aimerais, peut-être
pour les membres de la commission parlementaire, soulever la difficulté
qu'a actuellement la présidence. J'en suis rendu à l'article 1 ou
presque.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais on peut poser des questions
préliminaires?
Le Président (M. Lacoste): En fait, je pense que tous les
membres ont eu, à volonté, une discussion générale
au début. M. le député de Marguerite-Bourgeoys a
discuté, M. le député de Mégantic-Compton aussi; il
y a eu une réplique de M. le ministre, il y a eu des motions, etc.
M. Lalonde: Consentement pour une dernière question, M. le
Président.
Le Président (M. Lacoste): M. le... M. Lalonde:
Très courte.
Mme Lavoie-Roux: Je voulais demander au ministre ce qu'il
adviendrait si, compte tenu de la décision qui a été prise
tout à l'heure, à cette commission, la CEQ recommandait à
ses membres, d'une façon générale, de ne pas participer au
conseil d'orientation, et aussi compte tenu de la lettre que vous nous avez
lue, dans laquelle on faisait allusion au fait que les enseignants pourraient
s'opposer enfin, je cite par coeur mais, du moins, que la CEQ
était contre la création d'un conseil d'orientation.
J'associe cette question à celle du député de
Marguerite-Bourgeoys qui vous demande d'établir un
"échéancier", entre guillemets, à savoir quand ceci pourra
se mettre en branle, parce que ce sera une condition fondamentale pour que la
loi puisse être appliquée justement.
M. Morin (Sauvé): Comme vous le savez, M. le
Président, les attitudes qui prévalent au moment de l'adoption du
projet de loi et celles qui s'instaurent après l'adoption du projet sont
souvent différentes.
Mme Lavoie-Roux: Heureusement!
M. Morin (Sauvé): Par exemple, au mois de juin, on se
souviendra que les représentants de la CEQ s'étaient
opposés aux dispositions qui portaient sur la composition du conseil
d'administration des collèges. Or, depuis, ces dispositions sont
entrées en vigueur et tout le monde en est parfaitement satisfait. Il
n'y a eu de difficulté nulle part, de sorte qu'on peut prévoir
qu'une fois ce projet de loi adopté, il entrera lentement mais
sûrement dans les moeurs. Nous ne sommes pas pressés parce que ce
sont là des démarches pédagogiques qui doivent
s'échelonner dans le temps.
De plus, on se souviendra que, dans le cas du livre vert, il y avait eu
une consigne de la CEQ, si ma mémoire est bonne, de s'abstenir de
participer aux débats qui ont entouré le livre vert. Dans les
faits, les enseignants ont massivement participé à la
consultation sur le livre vert, de sorte que tout est relatif dans ce
domaine.
Je m'attends donc qu'une fois adopté, le projet de loi ne
soulève pas de difficulté majeure, quant à moi.
M. Rivest: C'est comme les infirmières à propos de
la loi 62.
Définitions
Le Président (M. Lacoste): J'appelle donc l'article 1.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, l'article 1 du
projet de loi, au fond, n'a d'autre objet que d'ajouter deux définitions
à l'article 1 de la Loi sur l'instruction publique, la définition
du mot "personnel de cadre" et celle du mot "projet éducatif". En effet,
comme vous le savez, un peu à la manière britannique, nos projets
de loi commencent, la plupart du temps, par une énumération de
définitions. C'est une technique législative que celle qui veut
qu'on définisse, au début d'un projet de loi, tous les mots et
toutes les expressions qu'on emploiera par la suite.
Or, dans les chapitres qui suivent et qui se trouvent dans le projet de
loi no 71, nous utilisons deux expressions qui ne sont pas définies dans
la Loi sur l'instruction publique, les expressions "personnel de cadre" et
"projet éducatif". C'est la raison pour laquelle nous avons pensé
qu'il serait utile d'inscrire ces deux définitions dans l'article 1 avec
les autres définitions. Les mots "personnel de cadre" désignent
les cadres de la commission scolaire, le directeur et le directeur adjoint de
l'école. C'est une précision utile. De même, les mots
"projet éducatif" désignent une démarche par laquelle
l'école précise ses objectifs propres, se donne un plan d'action,
le réalise et le révise périodiquement avec la
participation de tous les agents concernés.
Cette expression de "projet éducatif", bien connue dans les
milieux de l'enseignement, qui fait l'objet de longs propos dans le livre vert,
puis d'un certain nombre de conclusions dans le plan d'action, n'était
pas définie dans la Loi sur l'instruction publique et il était
donc utile qu'elle le soit.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Dans l'étude d'un projet de loi, à
plusieurs reprises, des commissions parlementaires ont cru sage de suspendre
l'examen des définitions et de l'aborder après les autres
articles parce qu'à mesure qu'on traverse les articles un à un,
on peut avoir un éclairage différent sur les termes qu'on veut
utiliser. Je n'ai pas d'objection à l'aborder maintenant, mais à
plusieurs reprises on est obligé de revenir sur des articles qui avaient
déjà été adoptés. On l'a fait sur le projet
de loi no 57, justement, il y a quelques jours encore. Je suggère
simplement, si le ministre croit que c'est sage. On peut aussi ajouter à
ce moment-là à l'article 1 des expressions, des termes ou des
mots qui ne sont pas définis et qu'on retrouve dans la loi. C'est plus
facile à ce moment-là, si on ne s'est pas déjà
prononcé sur l'article 1.
M. Morin (Sauvé): Si, à la lecture du projet de
loi, à l'étude du projet de loi article par article, le
député de Marguerite-Bourgeoys relève des expressions que
nous n'avons pas définies, qui ne se trouvent pas définies dans
la loi existante sur l'instruction publique, je n'ai aucune objection à
ce qu'en conclusion on y revienne pour ajouter éventuellement, pour peu
que ce soit utile et opportun, à la liste existante.
Toutefois, comme nous allons justement étudier le projet de loi,
il convient de connaître ces deux expressions au départ et si
elles ne sont pas claires, il convient de s'en expliquer. Je proposerai donc
que nous y procédions tout de suite.
M. Lalonde: Ça va, je voulais simplement le
suggérer.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 1 est
adopté?
M. Lalonde: C'est-à-dire que je pense qu'il est bon
d'adopter paragraphe par paragraphe. Le 29e article ou paragraphe de l'article
1 ne fait pas de difficulté en ce qui me concerne. On pourrait l'adopter
maintenant.
M. Morin (Sauvé): Bien.
M. Fallu: Je voudrais une explication technique. Est-ce qu'il
s'agit bien du 29e ou du 28e? Parce que "Statuts révisés
1978"...
M. Morin (Sauvé): Le projet de loi no 57 qui est devant
une autre commission parlementaire ajoute le 28e paragraphe.
M. Fallu: Parfait.
M. Lalonde: Vous voyez la difficulté, M. le
Président? Le député de Terrebonne sûrement se
ralliera à l'Opposition officielle pour reprocher au gouvernement
d'avoir imposé à l'Assemblée nationale d'étudier de
façon séparée deux projets de loi qui amendent la
même loi. On se retrouve dans un chaos de cette façon-là,
on se demande où est l'article 28...
M. Morin (Sauvé): Le député...
Une Voix: II n'y a pas de chaos, il n'y en a que dans l'esprit
des députés.
M. Lalonde: C'est tout à fait irrégulier,
maintenant, il semble que ce soit la seule façon... la façon
selon laquelle le ministre est habitué d'agir parce que comme ça,
ça divise les forces, vous savez.
Le Président (M. Lacoste): Mme la députée de
Lavoie-Roux.
M. Lalonde: Non, de L'Acadie!
Mme Lavoie-Roux: ...
M. Lalonde: Dans quelques années.
Mme Lavoie-Roux: On laissera l'histoire juger.
M. Lalonde: Soyons patients quand même. Le
Président (M. Lacoste): Le paragraphe 29.
Mme Lavoie-Roux: C'est simplement une remarque
générale. Ce n'est pas d'aucune façon pour tenter de
diminuer le projet de loi du ministre. Je pense que le fait d'inscrire les mots
"projet éducatif" ou enfin de l'officialiser...
M. Lalonde: On est à 29, on ne l'a pas encore
adopté.
Mme Lavoie-Roux: Oui, oui. Ah, vous êtes à l'article
29. Le personnel de cadre?
M. Lalonde: Est-ce qu'on l'adopte?
M. Morin (Sauvé): Nous l'avons adopté je pense.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que le paragraphe 29 est
adopté?
M. Morin (Sauvé): Oui.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. Paragraphe
30.
Mme Lavoie-Roux: Je disais que d'inclure le terme "projet
éducatif" qui, en quelque sorte officialise ce qui se passait dans les
écoles, je pense que c'est bon, parce que là où
peut-être certaines écoles étaient fautives quant à
la fixation d'objectifs précis qu'elles devaient atteindre, je pense que
ça peut être un stimulant ou ça peut être incitatif.
Mais il ne faudrait quand même pas par ça laisser croire, et par
la propagande qui entoure toute cette question de projet éducatif...
d'ailleurs le ministre l'a admis et on pense généralement au
terme "projet éducatif" quand on identifie une école avec un
projet qui sort vraiment des règles générales ou qui
s'identifie comme étant un type d'école plutôt qu'un autre.
(17 h 30)
Mais il ne faut pas oublier que de tout temps, peut-être avec
moins d'éclat, les écoles ont eu des projets éducatifs qui
leur étaient propres. Déjà, à l'intérieur
d'une école, il y avait un directeur d'école, il y avait des
enseignants, il y avait d'autre personnel et je pense que si on remontait dans
l'histoire, on retrouverait peut-être passablement d'écoles qui se
distinguaient, compte tenu de leur milieu, compte tenu de la clientèle
qu'elles servaient. Mais même dans une région maintenant plus
urbaine, plus homogène, il y a toujours eu, j'ose espérer en tout
cas, de la part de la très grande majorité des principaux et des
enseignants, un souci, en début d'année, de se fixer des
objectifs propres qui tenaient compte de leur clientèle, qui tenaient
compte aussi, ceci peut-être d'une façon officielle plus
récemment, des représentations que les parents faisaient. Alors,
je veux bien qu'on mette le projet éducatif, je trouve que c'est
excellent, dans un sens incitatif, dans le sens de rendre peut-être plus
formelle une démarche; mais il ne faudrait pas créer l'impression
que s'appelle un projet éducatif seulement celui qui pourra
s'officialiser comme étant l'école-atelier, l'école
mi-temps, musique, pédagogique, ou l'école Jonathan. Je pense que
le projet éducatif est quand même... La définition d'un
projet éducatif ou d'objectifs on ne l'appelait peut-être
pas projet éducatif ... mais une démarche pour se fixer
des objectifs propres, un plan d'action, existe depuis "toujours", entre
guillemets, dans nos écoles.
Alors, c'était simplement parce que je ne veux pas que tout
à coup la population pense que, par- ce qu'on a officialisé le
terme "projet éducatif", il va se passer quelque chose de miraculeux
dans les écoles. Je pense que de remettre cela dans son contexte
réel est important, ce qui n'enlève rien au mérite de
l'inclure ou de l'officialiser dans un projet de loi, surtout à titre de
mesure incitative à des endroits où on était moins... Il
pouvait arriver que peut-être on allait un peu "va comme je te pousse",
mais je pense que les directions d'école et des enseignants depuis de
nombreuses années, surtout depuis que le mode de fonctionnement des
écoles a évolué de toute façon avec une plus grande
participation de chacun, et qu'on n'est plus au temps où le principal
disait à un enseignant: Tu es dans ta classe et toi tu es dans cette
classe-là et tout le monde devait se rapporter comme étant un
docile membre du personnel... Ces projets éducatifs, somme toute, ont
toujours existé. C'était simplement la remarque
générale pour remettre vraiment dans son vrai contexte ce qu'on
doit entendre par projet éducatif.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le Président, j'aimerais savoir ici... Je
m'excuse, dès que j'ai entendu en haut qu'on abordait l'article 1, je
suis descendu. On a peut-être précisé pendant que je
descendais, mais j'aimerais savoir, que le ministre nous précise ce que
c'est exactement son projet éducatif. Je sais que les titres ronflants,
ce n'est pas ce qui manque par le temps qui court, puisque la communication
dans ce ministère-là comme ailleurs...
M. Morin (Sauvé): M. le député, je ne
voudrais pas que vous partiez sur une mauvaise piste. Ce n'est pas mon projet
éducatif, c'est celui que chaque école va se donner.
M. Grenier: D'accord.
M. Morin (Sauvé): Je ne fais que fournir un cadre
juridique dans tout cela.
M. Grenier: Ce que je veux savoir c'est le projet éducatif
qui est ici, à l'article 1, j'aimerais que le ministre nous le donne,
que ce ne soit pas seulement un titre ronflant, qu'il dise sa définition
du projet éducatif, la définition qu'on a ici dans la loi, celle
que se donnent les écoles, peu importe, mais ce projet éducatif,
en quoi consiste-t-il exactement, avoir plus de précision, parce
qu'à mon sens c'est resté vague encore.
M. Morin (Sauvé): Ça ne peut pas être
beaucoup plus précis que le texte qui est dans la loi, parce qu'il faut
que ce soit suffisamment général pour être adaptable
à presque toutes les circonstances, à presque tous les milieux,
même à tous les milieux. Bien sûr, la démarche est
abstraite, je l'ai dit hier dans ma réplique à la fin de la
seconde lecture du projet de loi, la loi est abstraite, la définition du
projet éducatif est abstraite, mais il va appartenir aux divers milieux
scolaires de mettre
de la vie là-dedans, de se donner des objectifs dans chaque
école, de définir des orientations, ce qui ne se fait pas
à l'heure actuelle.
Je dirais même qu'il y a des commissions scolaires et des
écoles où ça se fait, dans certaines régions que
vous connaissez, je pense à la commission scolaire Morilac, ça ne
doit pas être tellement loin de chez vous, M. le député. Eh
bien, dans cette commission scolaire, d'ores et déjà, les
parents, les enseignants, les administrateurs se rencontrent pour tenter de
donner un sens à ce qu'ils font dans les écoles, se donner des
orientations, mieux cerner en quoi, de quelle façon l'école peut
répondre aux besoins spécifiques de chaque milieu.
M. Grenier: On a déposé tout à l'heure une
seconde motion qui venait de l'Opposition officielle, dans laquelle on
demandait en tout cas parmi les questions qui ont été
posées au ministre, on demandait le dépôt des
règlements.
J'aimerais savoir si le ministre posera, au moment des
règlements, une espèce de jalon ou des balises qui nous
permettront d'avoir une meilleure idée de ce que seront les projets
éducatifs.
M. Morin (Sauvé): Ce ne sera pas dans les
règlements, je pense, qu'on va trouver une meilleure définition
du projet éducatif, parce que celle-ci, de toute façon, demeurera
toujours très générale. Cependant, le ministère a
l'intention de mettre à la disposition des milieux de l'enseignement,
des commissions scolaires, de tous les organismes, un certain nombre de
documents pour les aider à définir leurs projets
éducatifs. Par exemple, les questions qu'on doit se poser quand on veut
se donner un projet éducatif, dans un milieu donné, quelles sont
les valeurs que le milieu devrait privilégier? Voilà une question
qui a trait au projet éducatif. Est-ce que l'école sera de tel
type, sur le plan pé-dagoqique ou sur le plan confessionnel? Est-ce
qu'on mettra l'accent sur telle série de valeurs plutôt que sur
telle autre?
Voilà des questions que chaque milieu devrait pouvoir
déterminer, par lui-même, non pas pour s'éloigner
totalement du projet éducatif national, parce qu'il y en a un
également, non pas pour s'éloigner de tous les programmes
définis par le ministre de l'Education, mais pour les
interpréter, pour définir, par exemple, ce que sera le contenu
éducatif des programmes, par rapport aux besoins de la région et
de la commission scolaire.
Mais le projet éducatif, M. le Président, c'est un concept
très vaste et je ne pense pas qu'on puisse l'épuiser, à
moins de définir tous les projets éducatifs qui ont cours
déjà ou qui auront cours dans l'ensemble des écoles
québécoises. C'est, si vous le voulez, une coquille, mais ce sont
les gens qui vont mettre la vie là-dedans, ce sont les parents, les
enseignants, les administrateurs qui, se réunissant, vont donner une
couleur locale à leur école, vont pouvoir, en quelque sorte,
permettre au milieu de s'approprier son école. L'école sera
beaucoup moins une abstraction comme elle l'est souvent à l'heure
actuelle, malheureusement, par rapport au milieu où elle est
censée vivre.
M. Grenier: C'est bien sûr que l'objectif du ministre est
bon, il est difficile d'en discuter dans le moment puisqu'on n'a aucune balise
qui permette de voir vers quoi s'en iront les différentes régions
avec leurs écoles, mais justement, ça me semble un peu trop vague
pour que ça inspire et que ça décide des gens de
région de travailler ensemble sur un projet qui est aussi vague que
celui-là. Il me semble qu'on aura besoin, dans un autre document, on dit
qu'on soumettra certaines pièces, mais il me semble qu'on aura de la
difficulté à s'astreindre à une somme de travail qui
permettra de donner...
Mme Lavoie-Roux: C'est un... qu'on donne à la
réalité.
M. Grenier: II me semble qu'on aura de la difficulté
à donner une couleur locale à notre région avec un projet
aussi vague que celui-là.
M. Morin (Sauvé): M. le député, j'attire
votre attention, si vous me le permettez, sur les pages 35 et suivantes du plan
d'action, jusqu'à 39, où on décrit le projet
éducatif qui existe déjà, qui est déjà une
réalité quotidienne dans beaucoup de milieux, les étapes
de ce projet et par la suite, les moyens d'y arriver par les agents du projet
éducatif et le conseil d'orientation, qui, vous le savez, constitue un
autre chapitre de ce projet de loi.
Donc, il y a déjà pas mal de texte, certains nous
reprochent même d'en avoir trop mis en circulation sur ce thème du
projet éducatif.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Terrebonne.
M. Fallu: Notre rôle, M. le Président, est un peu
académique, cet après-midi, puisqu'à l'ouverture de cette
loi, à l'article 1, nous avons à définir des termes. Ce
n'est pas inutile parce que nous aurons à fixer une tradition qui existe
dans le milieu, et pour laquelle il y avait un certain flottement. Il est
utile, strictement d'un point de vue administratif, de s'entendre dans une
société, pour l'intelligence des termes. Le mot projet
éducatif, à plusieurs endroits, prend des connotations
linguistiques différentes. Dans son acception la plus
générale, il est vrai, que le projet éducatif est compris
comme le projet éducatif de l'école. J'ai observé, dans
deux commissions scolaires pour le moins où le mot projet
éducatif prenait le sens de projet éducatif de la commission
scolaire. Dans certaines écoles, j'ai noté qu'au lieu de projet
éducatif, on utilisait le mot projet pédagogique qui avait,
à toutes fins utiles, la même signification pour les gens du
milieu.
Qu'importe le fait qu'on ait à se réunir aujourd'hui,
qu'on ait à outiller le milieu, à réaliser ce qu'il a
envie de faire. On s'entend aussi pour qu'il y ait cette cohérence
verbale à travers tout le Québec. Donc, le mot sera fixé
et fera partie de l'intelligence de tous les Québécois.
Ce que je veux souligner en deuxième lieu, c'est le rappel qu'a
fait Mme la députée et je voudrais d'ailleurs l'en remercier. Le
projet éducatif
existe en de très nombreux endroits, sous des formes multiples,
quelquefois embryonnaires, comme cette réunion de début
d'année ou de fin d'année qui fait le bilan ou fait la relance.
Souvent c'est aussi embryonnaire que cela, mais c'est déjà un
début de projet éducatif.
Ce sont ces réunions multiples qui se tiennent à
l'école ou dans l'école, ou auprès de l'école,
lorsque les commissaires, par souci de meilleure représentation
auprès de leur population, vont d'école en école tenir
leurs réunions et à chaque fois, avec la direction, avec les
enseignants, avec les parents, discutent et arrêtent certaines mesures
ensemble de ce qui sont déjà des embryons de projets
éducatifs. Quelquefois cela va beaucoup plus loin et de nombreuses
expériences, voir même des colloques complets comme celui auquel
je faisais allusion hier soir à l'Assemblée nationale, le
colloque de Rouyn qui s'est tenu au mois de novembre, qui portent
essentiellement sur les réalisations. Ce sont des colloques bilans.
Donc, le projet de loi, c'était ce que Mme la
députée nous soulignait tantôt, de ce point de vue, n'a
rien de neuf. Il officialise simplement, non seulement en officialisant le mot,
l'expression, le terme, en l'arrêtant dans une terminologie, mais bien
davantage, en fait un engagement du gouvernement à aider, à
soutenir, soit par exemple par ce qu'on appellerait en d'autres lieux une
grille d'analyse pour que chacun puisse, dans son milieu, voir comment il peut
réfléchir à établir un projet éducatif. Ou
en fournissant des outils, en favorisant la tenue de colloques sur le
thème des projets éducatifs, en favorisant un encadrement au
niveau régional, pour qu'on suscite à ce niveau donc
l'outil appartient au ministère à ce moment-là, dans les
régions la création de documents ou la mise en commun de
documents ou d'expertises du milieu.
Bref, le projet de loi crée pour ainsi dire une obligation au
gouvernement, au ministère de l'Education, de soutenir le milieu,
l'élan du milieu. Il ne crée rien; il ne fait qu'appuyer ce que
déjà le milieu a entrepris. Non seulement nous sommes des
académiciens, mais aussi des pourvoyeurs, pour que la
société puisse mieux réaliser selon ses propres directions
ce qu'elle a déjà choisi.
M. Lalonde: Vote!
Le Président (M. Lacoste): Auparavant, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, votre collègue de
Beauce-Sud a demandé la parole. M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: Oui, merci, M. le Président. Je voudrais
d'abord dire au ministre que tout ce qui touche le monde de l'éducation
m'intéresse au plus haut point, même si je suis un profane. Je le
reconnais, ne n'ai pas de lien avec le monde de l'éducation, avec les
commissions scolaires, sauf que j'ai des enfants qui commencent à aller
à l'école.
Une Voix: C'est très important.
M. Mathieu: Je comprends que le terme "projet éducatif"
est un concept abstrait. Je comprends cela. C'est de la nature même de ce
concept d'être abstrait, mais ce que je voudrais demander au ministre,
c'est si cette démarche de projet éducatif s'adresse seulement
à la clientèle normale de l'école. Je regrette, je n'ai
pas en ma possession le document qu'il a en main dans le moment. Est-ce une
démarche qui s'adresse seulement à la clientèle de
l'école, à ceux qui sont les élèves, ou est-ce que
cela peut déborder le cadre de l'école pour embrasser le cadre
d'une communauté, d'une paroisse, comme, par exemple, dans le projet
éducatif, le cas où des parents désireraient se donner des
cours dans tel secteur pour développer telle orientation? Est-ce que
cela pourrait également faire partie du projet éducatif,
même si ces personnes n'étaient pas officiellement des
élèves réguliers de l'école?
M. Morin (Sauvé): Le projet éducatif porte d'abord
sur les enfants, qui sont la clientèle régulière de
l'école. C'est d'abord à eux que nous pensons et, bien sûr,
ils seront associés eux-mêmes, par le truchement du conseil
d'orientation, au second cycle du secondaire, à la démarche, mais
c'est également un moyen d'amener le milieu à dire quelle image
il veut que l'école se donne dans son milieu. Pour les enfants du niveau
primaire, notamment, ce sont évidemment les parents qui sont les plus
intéressés à définir les orientations de
l'école, à dire ce qu'ils attendent de l'école pour leurs
enfants. Au niveau primaire, généralement, on ne s'attend pas que
les enfants puissent avoir des idées suffisamment précises
là-dessus pour qu'on puisse s'y référer.
Pour ce qui est de l'éducation aux adultes, c'est plutôt
à la commission scolaire qu'on va trouver ce genre de
préoccupation, plutôt qu'au conseil d'orientation de
l'école, qui réunit les enseignants, les parents, le principal,
les professionnels non enseignants. C'est au niveau de la commission scolaire
qu'il pourra y avoir un projet éducatif à l'intention des
adultes. D'ailleurs, cela existe déjà dans plusieurs commissions
scolaires. Mme le député de L'Acadie pourrait nous faire part de
l'expérience de la CECM, qu'elle a eue sous sa présidence pendant
quelques années.
Si je ne suis pas clair, que le député n'hésite pas
à me poser des questions.
M. Mathieu: Oui, M. le ministre, cela a éclairci ma
notion, mon concept. Parfois, il peut y avoir un projet éducatif pour
une certaine communauté qui, une fois ancré chez les
élèves, déborde le cadre de toute la
communauté.
M. Morin (Sauvé): Vous voulez dire que par le truchement
des parents et des enseignants, tout le milieu se trouve peu à peu
imbriqué dans la démarche. Ce n'est pas exclu. Je vais même
proposer... Oui, cela se fait déjà, comme le dit le
député de L'Acadie. Je vais même proposer tout à
l'heure une légère modification à l'article 54.2 pour
prévoir au sixième alinéa que deux personnes
supplémentaires pourront être nommées par le conseil
d'orientation s'il le désire, après consultation du comité
d'école et du conseil d'école, deux personnes qui pourront venir
du milieu, de façon que le conseil ne soit pas seulement
représentatif de l'école elle-même et des parents, mais
qu'il puisse déborder, comme vous semblez le suggérer je
pense que c'est ce que vous voulez dire sur le milieu ambiant. Non
seulement, ce n'est pas à exclure, mais c'est à souhaiter.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, c'est avec beaucoup de
sympathie, faute d'un mot plus juste qu'en ce qui me concerne, j'ai
examiné le projet du ministre et qui trouve sa forme, si on peut parler
de forme, à ce stade, dans ce qu'on appelle le projet éducatif.
Tout d'abord, dans la démarche du livre vert qui, malheureusement, et
plusieurs l'ont signalé, ne va pas jusqu'au bout de son examen parce que
le projet éducatif ne trouve que quelques pages, quelques paragraphes,
pour tenter de nous l'expliquer. Cela avait déjà
été remarqué par le Conseil supérieur de
l'éducation qui souhaitait que la consultation sur le livre vert
permette de dégager un concept de projet éducatif d'école
plus limpide et mieux situé dans l'ensemble du système scolaire.
J'ai cité quelques passages de cet avis lors de mon discours en
deuxième lecture, je n'y reviendrai pas. Le ministre nous invite
à lire attentivement les pages 35 et suivantes du plan d'action pour
avoir une description encore plus élaborée, peut-être un
effort plus articulé d'encadrement de ce concept. Je l'ai fait à
plusieurs reprises. J'ai cherché à voir comment on pourrait, sans
créer un corridor trop étroit, ramasser quand même cette
notion d'une façon plus précise.
Par exemple, à l'article 365, à la page 36 du plan
d'action, on met très honnêtement en garde contre une
possibilité de confusion, et je lis ce paragraphe: "La diversité
même de ces données souligne la complexité de la
planification du projet éducatif." Ce paragraphe vient à peu
près au centre du chapitre sur les étapes du projet
éducatif. On nous met en garde. "La diversité même de ces
données souligne la complexité de la planification du projet
éducatif. Elle fait aussi comprendre qu'on pourrait aboutir à une
mosaïque confuse de plans les plus disparates si l'on perdait de vue qu'un
système d'éducation doit assurer à chaque enfant et
à chaque jeune citoyen le cadre nécessaire à la bonne
conduite de sa vie. C'est pourquoi la volonté d'innover doit se
tempérer de prudence et d'un réel souci de coordination."
Je veux bien, je pense d'ailleurs que cette mise en garde est tout
à fait pertinente, mais lorsque je cherche dans la loi, je ne retrouve
pas ces balises que le ministre avait souhaité que le milieu se donne
pour ne pas tomber dans la confusion, dans cette mosaïque confuse de plans
les plus disparates. J'ai examiné, je ne sais à combien de
reprises, la définition qu'on nous offre actuelle- ment et qu'on examine
le projet éducatif pour tenter de trouver un cadre plus concret.
Vous savez, M. le Président, les seuls mots qui me viennent
à la mémoire sont: "Qui trop embrasse mal étreint". Je
crains qu'en voulant conserver ce caractère vaste que le ministre
mentionnait tantôt, on ait plutôt recours à ce
caractère vague qui permet d'avoir cette mosaïque confuse de plans
les plus divers. Je ne sais pas si le ministre... J'imagine que ça a
été assez difficile de trouver une définition de la nature
de celle qu'on peut retrouver dans une loi qui emploie une langue qui, quand
même, ne doit pas être trop littéraire. Je me demande si on
ne pourrait pas, dans cette définition, trouver quelque chose de plus
concret.
Deuxièmement, c'est d'autant plus, je pense, pertinent, M. le
Président, de s'imposer cet effort de rigueur que le projet
éducatif peut rester ou devenir simplement un mot magique que plusieurs
intervenants d'ailleurs, dans la consultation, ont employé. Cela peut
n'être que la récupération du vocabulaire par le milieu, et
maintenant par le ministre.
Quand on connaît le carcan budgétaire des commissions
scolaires et, fatalement, des écoles, quand on connaît les taux
des règlements ministériels, la mise en curatelle publique des
commissions scolaires par la loi 57, commissions scolaires qui sont interdites
pour prodigalité appréhendée...
Mme Lavoie-Roux: C'est vrai ça, c'est bien dit.
M. Lalonde: Interdites pour prodigalité
appréhendée.
M. Morin (Sauvé): II y a longtemps que le
député n'a pas pratiqué son droit.
M. Lalonde: Oui, mais moins longtemps que le ministre.
M. Morin (Sauvé): II devrait connaître le sens du
mot curatelle à tout le moins.
M. Lalonde: II sait... Oui, j'avais mis "tutelle", je vais vous
le montrer, M. le ministre. J'avais mis "tutelle" et je l'ai effacé pour
"curatelle". Quand on a une tutelle, on est encore vivant. La curatelle, on est
peut-être sur le point de devenir un être...
Mme Lavoie-Roux: A la porte du charnier.
M. Lalonde: Pour le curateur au ventre, mais, aussi, on soumet
à la curatelle publique les biens de ceux qui sont disparus. Alors,
c'est ce qu'on fait avec les commissions scolaires qui ont été
traitées comme des personnes interdites pour prodigalité
appréhendée. Quand on connaît les directives...
Mme Lavoie-Roux: C'est bien dit. Personnes interdites pour
prodigalité appréhendée.
M. Lalonde: J'avais dit présumée, mais
appréhendée ça fait plus peur, il me semble. Ils ont
tellement peur des commissions scolaires que j'imagine que ça
décrit davantage la réalité. Quand on connaît les
directives, les conventions collectives, on en a parlé, je ne sais pas
ce que le ministre va faire avec les conventions collectives pour permettre
quand même que des projets éducatifs naissent dans le milieu, en
conformité avec toutes les contraintes des conventions collectives.
Tout ce cadre très contraignant risque de condamner un projet ou
enfin le projet éducatif tel que conçu par la loi, tel que
décrit par la loi à une très courte vie ou à ne pas
voir le jour à moins qu'on puisse ramasser davantage la
définition. Mais j'avoue qu'après l'examen des documents que j'ai
fait, l'examen de cette définition, tout ce que je peux faire, c'est de
demander au ministre si ses services n'auraient pas trouvé une autre
définition qui pourrait rendre plus concret ce concept qui, pour
être vaste, risque d'être trop vague. D'ailleurs, cela a
été demandé par le député de
Mégantic-Compton, tantôt. Lui aussi se sent mal à l'aise
dans cette définition. On ne voudrait pas que ce soit strictement de la
récupération de vocabulaire. Je voudrais que ce soit un
succès. Mais comment le baliser, comment l'encadrer au moins pour lui
faire prendre une relation avec la réalité? On peut faire de
beaux discours sur le projet éducatif, on en a entendu, on en a lu, j'ai
lu de beaux discours sur le projet éducatif, mais tenter de traduire
cela dans la réalité, ce qui est le devoir non pas des
académiciens que nous sommes, M. le Président, j'aimerais bien
l'être pour quelques minutes, mais malheureusement, la triste
réalité fait de nous des législateurs, et la loi doit
être autre chose que de la littérature, elle doit être un
instrument d'action.
M. le Président, avant de terminer...
Mme Lavoie-Roux: Les trois personnes ne sont jamais là
quand on discute...
M. Lalonde: ... je voudrais rappeler le rôle des
enseignants tel que le plan d'action du ministre nous le décrit à
la page 38, paragraphe 373, j'aurais dû probablement y faire
référence plus tôt lorsque j'ai présenté ma
motion, j'aurais sûrement pu convaincre le député de
Terrebonne entre autres. Je lis: "Les enseignants sont au coeur même de
l'acte pédagogique ou éducatif. Ils sont chargés non
seulement d'enseigner, mais aussi de choisir des situations éducatives
et des méthodes pédagogiques les plus appropriées aux
objectifs à atteindre. Ils sont ceux qui doivent dans l'entourage
immédiat des enfants les assister dans leur cheminement propre. (18
heures) "Pour toutes ces raisons, ils peuvent contribuer éminemment
à la conception et à la réalisation du projet
éducatif..." Je serais allé plus loin, M. le Président,
j'aurais dit qu'il n'y a pas de projet éducatif qui se conçoive
sans la contribution des enseignants au départ, dans la planification
même. Alors, M. le Président, pour toutes ces raisons, je vais
demander au ministre si, à 20 heures, lorsque nous reviendrons, il
pourrait nous faire des suggestions pour tenter de nous rassurer en ce qui
concerne la définition de projet éducatif?
Le Président (M. Lacoste): II est maintenant 18 heures,
nous suspendons nos travaux jusqu'à ce soir, 20 heures.
Suspension de la séance à 18 h 1
Reprise de la séance à 20 h 17
Le Président (M. Lacoste): La commission permanente de
l'éducation est réunie pour étudier le projet de loi no
71. Au moment de la suspension de nos travaux, la parole était au
ministre de l'Education.
M. Rivest: M. le Président, avant que le ministre ne
prenne la parole, est-ce que vous auriez délibéré durant
l'heure du dîner afin de voir si effectivement les notes explicatives au
projet de loi, qui ont été soumises, étaient conformes
à l'article 116 du règlement?
Le Président (M. Lacoste): M. le député,
j'ai bel et bien pris en délibéré votre demande de
directive au sujet de l'article 116 de notre règlement. Il se lit comme
suit: "Un projet de loi autre qu'un projet de loi de subsides ou un projet de
loi visé à l'article 113 doit être accompagné de
notes explicatives exposant sommairement son objet. Ces notes ne doivent
contenir aucun argument, ni exposer de motif."
Il faut se rappeler, M. le député de Jean-Talon ainsi que
M. le député de Marguerite-Bourgeoys, que nous sommes
actuellement en commission parlementaire de l'éducation. L'ordre de la
Chambre est d'étudier le projet de loi no 71, article par article.
L'article 117 de notre règlement se lit aussi comme suit et il s'adesse
directement à la première lecture du débat à
l'Assemblée nationale: "La motion de première lecture d'un projet
de loi et la présentation du texte du projet à
l'Assemblée, après qu'il a été remis au
président, le député qui la propose, lit les notes
explicatives accompagnant le projet de loi ou en donnant un
résumé. La motion est décidée sans débat ni
amendement et la deuxième lecture est inscrite aux affaires du
jour."
En fait, la question que vous soulevez aurait dû l'être
dès la première lecture à l'Assemblée nationale.
C'est ma directive.
M. Rivest: Je respecte votre décision, mais j'en
appellerai à qui de droit.
Le Président (M. Lacoste): Vous ne pouvez pas en appeler
à qui de droit, M. le député de Jean-Talon.
M. Grenier: Le ministre a-t-il déposé le document
du résultat scolaire de l'élève Rivest?
M. Rivest: M. le Président, question de règlement,
il n'y a pas de dépôt de document en commission parlementaire.
Une Voix: J'aimerais qu'il soit déposé...
M. Lalonde: On ne peut même pas déposer...
M. Morin (Sauvé): Le député de Jean-Talon
l'a échappé belle!
Mme La voie-Roux: Vous pensez que sa note était moins
bonne que ça?
M. Morin (Sauvé): En droit international, je dois dire que
le député de Jean-Talon avait manifesté quelque
intérêt, mais c'est moins sûr pour les autres
matières.
M. Rivest: J'étais très bien.
Le Président (M. Lacoste): La parole est au ministre de
l'Education...
Mme Lavoie-Roux: II faudrait peut-être relever les
notes...
M. Rivest: II y avait M. Trudeau par exemple qui me donnait de
très mauvaises notes.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon... M. le ministre.
M. Grenier: II donne maintenant mauvaise impression.
Le Président (M. Lacoste): ... d'après les travaux
au paragraphe 30e.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, puisque vous
m'avez donné la parole, je m'en saisirai pour répondre au
député de Marguerite-Bourgeoys qui s'interrogeait sur le projet
éducatif au moment où nous nous sommes quittés, vers 18
heures.
Le député s'est contenté, je pense, beaucoup trop
de s'en tenir à l'article 1 du projet de loi et de buter sur la
définition quelque peu abstraite qui est donnée du projet
éducatif. S'il s'était donné la peine de lire tout le
projet de loi, les articles qui suivent, il aurait vu comment sera mis en
oeuvre ce projet éducatif et notamment, à l'occasion des articles
portant sur le Conseil d'orientation.
Le projet de loi, en effet, précise la façon, le
mécanisme qui sera utilisé pour mettre le projet de loi en
vigueur. C'est cela qui compte parce que le projet de loi tel que défini
sur le papier, c'est une abstraction, il deviendra vivant seulement au moment
où les principaux intervenants dans l'école, qu'il s'agisse du
comité d'école, constitué par les parents ou du conseil de
l'école constitué par les enseignants se retrouvant autour du
principal et de quelques autres personnes, voudront définir ensemble les
orientations, les objectifs propres à leur école, se donneront un
plan d'action qu'ils réviseront périodiquement avec la
participation de tous les agents concernés.
Si le député, notamment, veut bien se reporter à la
page 10 du projet de loi, au chapitre consacré au conseil d'orientation,
article 54.1 et suivants, il verra que les commissions scolaires se voient
confier la responsabilité de préciser leur politique à
l'égard du projet éducatif de chaque école. C'est ce que
disent, notamment, les articles 51.1 à 54.10.
Donc, il faut se référer à la structure
concrète décrite dans le projet de loi, pour comprendre ce que
sera le projet éducatif. Dans la définition qui en est
donnée à l'article 1, comme d'ailleurs dans le plan d'action,
nous sommes en face de simples schémas fort abstraits qui ne peuvent pas
nous dire ce que sera véritablement un projet éducatif. Pour le
savoir, il faudrait que le député de Marguerite-Bourgeoys aille
faire une tournée dans une commission scolaire, comme Morilac, par
exemple, ou qu'il aille voir à la CECM dans certaines écoles,
voir comment celle-ci s'est donné un véritable projet
éducatif, à caractère propre. Voilà ce que je
voulais dire en réponse au député de Marguerite-Bourgeoys,
M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, je serais tenté de
parodier Cyrano et de dire: C'est un peu court, jeune homme!
J'attendais la suite, M. le Président. Je pose une question sur
le contenu et le ministre me répond sur le contenant. Je lui demande ce
qu'est un projet éducatif et il me répond ce qu'est le conseil
d'orientation. Voilà, M. le Président, le progrès de la
réflexion du ministre sur ce qui est censé être le centre
même, le noeud de ce projet de loi.
Naturellement, j'avais demandé au ministre, sans partisanerie
je pense qu'il en conviendra lui-même de nous aider
à rationaliser, à comprendre davantage, à encadrer un peu,
à rendre un peu plus concrète la définition de "projet
éducatif". Il me réfère à l'article 54.1, en fait
au nouvel article proposé par le projet de loi, à l'article 15,
à savoir le conseil d'orientation. J'ai lu et relu, examiné,
trituré cet article et, quand j'arrive au projet éducatif, je le
retrouve à l'article 54.5, qui détermine les fonctions du conseil
d'orientation et, au deuxième alinéa, je lis ceci, comme vous, M.
le Président, que le conseil d'orientation a pour fonction de participer
à l'élaboration du projet éducatif.
M. Rivest; Le ministre l'a informé tout à
l'heure.
M. Lalonde: Est-ce qu'on doit appeler le médecin?
M. Rivest: Non, le leader est reparti. M. Lalonde: Comme
il était venu!
M. Morin (Sauvé): Connaissant le député de
Marguerite-Bourgeoys, le leader était satisfait de savoir que nous
avions abordé l'article 1.
M. Rivest: II n'a pas contesté encore.
M. Morin (Sauvé): Avec 88% en droit international, il sait
quand les choses sont barbantes.
M. Lalonde: Vous savez que la flatterie ne vous mènera
nulle part!
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Le projet éducatif, je le retrouve,
effectivement, comme le ministre m'a invité à le faire, à
l'article 54.5, à savoir que le conseil d'orientation a pour fonction de
participer à l'élaboration du projet éducatif, mais
qu'est-ce que cela ajoute? On a la coquille. J'emploie le mot du ministre, la
coquille, mais le contenu, qu'en est-il? Je sais que des écoles ont
déjà des projets, ont mis en oeuvre des projets, je le sais. Si
le ministre croit qu'il doive, comme ministre de l'Education de toute la
province, offrir, proposer à la population un projet éducatif au
niveau de l'école, encore faudrait-il qu'il puisse en définir un
certain nombre d'éléments. Or, tout ce que nous avons, parce que
nous devons revenir, et vous allez me rappeler à l'ordre bientôt,
je le présume, à l'article 1, à la définition des
mots "projet éducatif" qui désignent une démarche par
laquelle une école précise ses objectifs propres, se donne un
plan d'action, le réalise et révise... Est-ce qu'on dit "revise"
ou "révise"? Enfin, j'en laisse...
M. Morin (Sauvé): L'un ou l'autre se dit ou se disent.
M. Lalonde: ... le révise périodiquement avec la
participation de tous les agents concernés.
On n'est pas plus avancé, parce que le ministre me répond
par une coquille. Je ne peux pas aller plus loin. Le ministre n'a pas de
réponse à nos interrogations. Nous avons quand même
soulevé un problème réel, un problème concret,
problème auquel vont faire face toutes les commissions scolaires et
toutes les écoles, à savoir ce qu'est le projet
éducatif.
Maintenant, M. le Président, je voudrais quand même tenter
d'améliorer la définition en recourant au plan d'action. En
effet, dans le plan d'action, lorsqu'on parle du projet éducatif, on le
définit de la façon suivante: "Le projet éducatif
constitue une démarche dynamique par laquelle une école,
grâce à la volonté concertée des parents, des
élèves, de la direction et du personnel, entreprend la mise en
oeuvre d'un plan général d'action." Si vous disséquez
cette définition, vous allez en retrouver les éléments,
dans une bonne mesure, à l'article 1, sauf que, pour une raison que je
ne connais pas et que le ministre pourra m'expliquer... (20 h 30)
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Oui, j'attends que le ministre ait terminé sa
lecture, M. le Président. Lorsque nous parlons des agents
concernés dans la définition à l'article 1, M. le
ministre, est-ce que le ministre est d'accord pour dire que les agents
concernés sont bien les parents, les élèves, la direction
et le personnel, et personne d'autre?
M. Morin (Sauvé): La composition du conseil d'orientation
se trouve à l'article 54.2, et nous aurons quelques modifications
à y apporter, mais, si le député veut se
référer à cet article, il y trouvera déjà
passablement d'informations.
M. Lalonde: M. le Président, je fais appel, justement, au
document du ministre qui définit le projet éducatif comme
étant le résultat d'une démarche par laquelle une
école, grâce à la volonté concertée des
parents, des élèves, de la direction et du personnel... Il y a
quatre agents bien définis dans le plan d'action. Pourquoi ne pas les
définir dans la loi?
M. Morin (Sauvé): Parce que la commission scolaire
intervient également dans le projet éducatif; il peut y avoir
d'autres intervenants, également. Mais, personne...
M. Lalonde: Si je comprends bien votre plan d'action, votre
document orange est incomplet.
M. Morin (Sauvé): Non, il fait allusion au rôle de
la commission scolaire également.
M. Lalonde: Pas dans la définition que l'on retrouve du
projet éducatif.
M. Morin (Sauvé): Les personnes que le
député de Marguerite-Bourgeoys a mentionnées sont
évidemment les principaux intervenants, il n'y a pas de doute
là-dedans. Et si le député de Marguerite-Bourgeoys avait
voulu continuer de lire ce qu'il a devant lui, le plan d'action à la
page 35, il aurait eu la réponse à la question qu'il soulevait
tout à l'heure. Je me permets de citer le passage, parce qu'il est
suffisamment explicite par lui-même, pour répondre à la
question du député: "Résultante constante des besoins et
des aspirations d'un milieu, point de convergence de ces forces vives, une
telle dynamique celle du projet éducatif suppose que ce
projet n'est jamais complètement achevé ou fixé dans le
temps, mais qu'il peut s'adapter aux circonstances". Et suit la phrase
clé: "Aucun modèle unique ne saurait lui être imposé
puisque la responsabilité d'un développement autonome est propre
à chaque milieu". Et le plan d'action continue: "A cet égard,
l'enrichissement progressif, tiré de chaque expérience,
apparaît comme plus prometteur que toute tentative de dicter un
modèle idéal". Ce que tente de faire le député de
Marguerite-Bourgeoys, consciemment ou inconsciemment, je ne sais trop, c'est de
dicter un modèle unique dans lequel tout le monde serait enfermé.
Cela, nous nous sommes fait dire pendant la consultation, que les agents de
l'éducation n'en voulaient pas. Ils veulent la possi-
bilité d'un projet extrêmement souple qui puisse être
adapté à toutes les circonstances. C'est la raison pour laquelle
nous en sommes venus à la définition qui se trouve dans l'article
premier.
M. Lalonde: M. le Président, quels sont les autres agents
concernés, pour employer la définition un peu bizarre du
ministre?
M. Morin (Sauvé): II pourrait y avoir le personnel non
enseignant de l'école. Il ne faudrait pas oublier le personnel non
enseignant. Il a quelquefois des compétences extrêmement
importantes, ensuite il y a...
M. Lalonde: Oui, excusez-moi, mais quand on parle du personnel
dans le livre orange, dans le plan d'action, on parle du personnel et non pas
du personnel enseignant.
M. Morin (Sauvé): C'est exact. Mais, si le
député veut bien se reporter à l'article 54.2, il
constatera qu'au septième alinéa, avec la modification que nous
avons proposée qui, je pense, a été portée à
la connaissance de nos vis-à-vis. Nous disons: "Un commissaire, ou un
parent supplémentaire nommé par la commission scolaire si elle le
désire. " On fera ajouter: Mais sans droit de vote, puisque le parent
qui siège aux commissions scolaires n'a pas droit de vote, de même
que le commissaire ou le parent qui serait nommé par la commission
scolaire n'aurait pas droit de vote.
Mme Lavoie-Roux: Quel sens de l'équité!
M. Morin (Sauvé): C'est la Fédération des
comités d'écoles et de parents qui nous a demandé la
chose.
Mme Lavoie-Roux: Non pas que je veuille leur donner le sens de
l'équité et que je veuille leur donner le droit de vote, mais
c'est la comparaison qui m'amuse.
M. Lalonde: M. le Président, je regrette d'insister, nous
ne sommes pas des académiciens, comme l'aurait souhaité le
député de Terrebonne dans sa seule intervention cet
après-midi, mais il reste que nous sommes requis de faire une loi.
Est-ce que le ministre pourrait, si je peux avoir son attention... Est-ce que
le ministre pourrait être d'accord avec moi, à savoir que les
agents concernés sont les membres du conseil d'orientation.
M. Morin (Sauvé): Les parents sont des membres fort
importants au conseil d'orientation.
M. Lalonde: Ma question est: Est-ce que les agents
concernés, mentionnés dans la définition que nous sommes
en train d'étudier actuellement, sont les membres du conseil
d'orientation?
M. Morin (Sauvé): Est-ce que le député de
Marguerite-Bourgeoys voudrait me préciser sa question? Je n'en saisi pas
le sens.
M. Lalonde: Les agents concernés peuvent, enfin ce concept
d'agents concernés peut donner lieu à toutes sortes de
discussions et de contestations, à savoir ce qu'est un projet
éducatif quand il va s'agir de décider, par exemple, si la
commission scolaire, ou l'école à même les fonds de la
commission scolaire devrait financer le plan d'action d'un projet
éducatif. Or, la question peut être posée: Quels sont les
agents concernés? Je veux simplement préciser, parce qu'on a
besoin de rigueur un peu, M. le Président. Est-ce que les agents
concernés sont les membres du conseil d'orientation?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, la
difficulté c'est qu'il n'y aura pas de conseil d'orientation dans toutes
les écoles alors qu'il pourrait très bien y avoir des projets
éducatifs là où il n'y a pas de conseil d'orientation.
Effectivement, à l'heure actuelle, il existe des projets
éducatifs dans des écoles où il n'existe pas de conseil
d'orientation. Donc, les deux choses sont indépendantes. Bien sûr,
le conseil d'orientation va être l'instrument privilégié et
les écoles qui en seront dotées trouveront plus facile de se
donner un projet éducatif, mais la présence du conseil
d'orientation n'est pas nécessaire à l'existence d'un projet
éducatif. Donc, on ne peut pas remaner les deux choses exactement sur le
même pied.
M. Lalonde: M. le Président, nous sommes dans le domaine
de la littérature, alors je vais poser la question suivante au ministre:
Quels sont les agents concernés autres que ceux qui seraient membres du
conseil d'orientation dans une école où il y a un conseil
d'orientation?
M. Morin (Sauvé): II y aurait sûrement, d'abord, au
premier chef, le directeur de l'école ou le responsable de
l'école, naturellement s'il n'y a pas de directeur.
M. Lalonde: Je regrette, si vous me permettez, M. le
Président, j'ai dit: Qui serait partie des agents concernés
autres que les membres d'un conseil d'orientation? Or, le directeur est membre
d'un conseil d'orientation.
M. Morin (Sauvé): M. le Président...
M. Paquette: M. le Président, j'arrive mal à saisir
où veut en venir le député de Marguerite-Bourgeoys. Je ne
sais pas s'il en a à la technique législative ou s'il trouve la
définition trop imprécise. Il me semble que c'est assez normal
dans un projet de loi, au début d'un projet de loi, de définir un
terme qui se tient en soi. Le projet éducatif, c'est, en quelque sorte,
la planification de l'école, ses objectifs, son plan d'action, son
programme pour une certaine période donnée. Après
ça, on laisse les autres articles du projet de loi préciser
comment le projet éducatif va être élaboré. Alors,
plus loin, on fait une place au conseil d'orientation.
La réponse à la question du député de
Marguerite-Bourgeoys, à savoir quels sont les agents concernés,
c'est sûr que le législateur va décider de les mettre dans
le reste de la loi...
M. Lalonde: Où?
M. Paquette: Entre autres, à l'article concernant le
conseil d'orientation, mais il n'y a rien qui exclurait qu'on mette d'autres
articles, théoriquement ce n'est pas l'objectif du projet de loi
mais il n'y a rien qui exclurait qu'on mette d'autres objectifs. Moi, je
n'en ai pas, vous, vous en avez peut-être, je ne sais pas.
Tout ce que je dis, c'est que ce terme, une définition, c'est une
abréviation, "projet éducatif" remplace un certain nombre
d'autres mots. Alors, quand on va le retrouver dans le reste du projet de loi,
on saura que les deux mots, "projet éducatif" signifient ce qui est
là. Je vous avoue que je ne vois pas le problème, à moins
qu'on ne trouve la définition trop imprécise. Est-ce que c'est
ça?
M. Lalonde: D'abord, j'ai trouvé la définition trop
imprécise, j'ai demandé au ministre de nous en offrir une autre
et il ne l'a pas fait ce soir.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, qu'est-ce que le
député de Marguerite-Bourgeoys craint? Il semble craindre qu'il y
ait des influences extérieures à l'école. Je n'arrive pas
à discerner exactement sa crainte. S'il voulait bien la mettre sur la
table, on pourrait en discuter et, à ce moment-là, je pourrais
peut-être avoir une proposition.
M. Lalonde: Non, ce n'est pas une crainte, premièrement.
On nous a demandé, les députés ici, on nous a
invités à faire une loi et non pas de la littérature,
comme le député de Terrebonne nous a invités à le
faire comme académiciens. Une loi, une loi qui se tienne.
M. Morin (Sauvé): Soyez sérieux.
M. Lalonde: Ils nous ont traités d'académiciens.
Bravo. Mais une fois qu'on est revenu sur le plancher des vaches, c'est une loi
qu'on nous propose de faire.
M. Morin (Sauvé): Vous parlez pour vous-même.
M. Lalonde: Est-ce que c'est cela que vous nous proposez de faire
ou bien de la littérature? Si c'est de la littérature, il
faudrait nous le dire tout de suite. Il y a d'autre chose. Si c'est une loi qui
va permettre au milieu scolaire de réellement se développer en
fonction des instruments qui sont proposés par la loi, on a besoin,
à ce moment-là d'une certaine rigueur. Sinon, qui va permettre
à une commission scolaire de financer, par exemple, un plan d'action? Un
plan d'action, ce sera quoi? Est-ce que ce sera un projet éducatif si ce
n'est pas proposé par tous les agents concernés, et qui seront
les agents concernés qui auront fait les interventions
nécessaires pour permettre à une commission scolaire de
décider de financer, donc de consacrer des fonds publics, l'argent de la
population à un projet éducatif? Il faut une certaine rigueur. Ce
n'est pas de la littérature. Si vous me dites que c'est de la
littérature simplement pour éviter un autre problème,
à ce moment-là, on continuera à faire de la
littérature.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, le
député de Marguerite-Bourgeoys se défend de faire de la
littérature, mais plus il parle et moins on comprend ce qu'il veut dire.
Est-ce qu'il voudrait être clair? Est-ce que c'est l'expression "agents
concernés" qui le fatigue? Peut-il me dire pourquoi?
M. Lalonde: Parce que dans votre plan d'action vous avez
défini quatre agents alors que vous ne voulez pas le faire dans la
loi.
M. Morin (Sauvé): Mais ils sont définis ailleurs
dans la loi. Les définitions ne sont pas faites pour clore les
choses.
M. Lalonde: Où dans la loi "agents concernés"
est-il défini?
Mme Lavoie-Roux: Donnez un exemple.
M. Morin (Sauvé): Je pense que je commence à
discerner la crainte du député de Marguerite-Bourgeoys. Je me
demande enfin j'espère que je la comprends est-ce que si
à la place de "agents concernés", nous disions "la participation
des élèves, des parents, du personnel de l'école et de la
commission scolaire", est-ce que cela répondrait à son
anxiété? (22 h 45)
M. Lalonde: M. le Président, l'anxiété est
un grand mot. Je comprends que le ministre était un peu abasourdi par
l'Opposition actuellement. Il s'est fait un peu brasser cet après-midi.
Il faudrait le rassurer, M. le Président; sa loi il va l'avoir
éventuellement.
M. Morin (Sauvé): J'en étais sûr.
M. Lalonde: Alors, rassurez-vous. N'appelez pas votre psychiatre,
cela va bien. Cela va bien, nous sommes tous en famille.
M. Morin (Sauvé): Je vous en prie, nous ne sommes pas en
famille; nous sommes en commission parlementaire.
M. Lalonde: En famille démocratique, quoi! Mme
Lavoie-Roux: En famille parlementaire.
M. Lalonde: M. le Président, étant donné...
Je ne veux pas enquiquiner le ministre.
Le Président (M. Lacoste): Je demanderais aux...
M. Paquette: Est-ce qu'on pourrait revenir au projet de loi et
avancer un peu? Est-ce que le député pourrait proposer un
amendement s'il veut régler le problème? On est obligé
d'inventer ses préoccupations. Est-ce qu'il pourrait nous dire quelles
sont ses préoccupations et faire un amendement?
M. Lalonde: Est-ce que le ministre, par exemple, accepterait de
remplacer les mots "agents concernés" par les mots "membres d'un conseil
d'orientation"?
M. Morin (Sauvé): Non, pour la raison que j'ai
indiquée tout à l'heure. Le projet éducatif peut exister
là où il n'y a pas de conseil d'orientation.
Cependant, pour couper court, si cela peut rassurer le
député de Marguerite-Bourgeoys, je serais prêt à
dire "avec la participation des élèves, des parents, du personnel
de l'école et de la commission scolaire". Autrement dit, ce ne sont pas
de très bonnes techniques législatives, il faut bien l'avouer,
parce qu'alors que c'est une définition, en réalité, nous
disposons, nous énonçons une règle, ce qui n'est pas
souhaitable. Je vois que le député de Jean-Talon n'est pas sans
partager mon point de vue là-dessus.
M. Rivest: Je n'ai jamais dit cela, M. le Président. Tout
de même!
M. Morin (Sauvé): II opinait du bonnet.
M. Paquette: Cela veut dire qu'il est contre.
M. Morin (Sauvé): II n'y a pas d'amendement encore. Je ne
sais pas si cela répondrait...
Une Voix: ... l'Opposition officielle.
Mme Lavoie-Roux: C'est beaucoup mieux.
M. Lalonde: C'est beaucoup mieux, parce que... Vous vous amusez.
Je vois le ministre qui se bidonne.
Une Voix: Ne faites pas de projection, je vous en prie. Ne faites
pas de projection quand même.
Une Voix: C'est lui qui s'amuse.
M. Lalonde: Je comprends que c'est après le dîner,
mais quand même! M. le Président, il faudrait que le ministre
constate que nous sommes en train de faire une loi. A ce moment-là,
c'est dans la définition de projet éducatif qu'on va
réellement ramasser les éléments pour pouvoir
définir la notion de projet éducatif. Apart cela, dans tous les
autres articles, c'est de la structure. Tout le reste, c'est la coquille. C'est
maintenant qu'on doit déterminer ce qu'est un projet éducatif. Si
le ministre veut bien remplacer les mots "agents concernés" et faire
preuve de rigueur en les définissant d'une façon plus
précise, à ce moment-là, je serai d'accord.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, ce n'est pas de
la très bonne technique législative, parce qu'on ne doit pas,
dans une définition, énoncer des règles de droit, mais,
néanmoins, pour que nous puissions aller de l'avant et ne pas nous
accrocher dans les fleurs du tapis, je propose de remplacer les mots "de tous
les agents concernés" par les mots "des élèves, des
parents, du personnel de l'école et de la commission scolaire".
Mme Lavoie-Roux: Je serais heureuse que ce soit
précisé dans ce sens-là. Je vais vous dire bien
honnêtement la raison.
M. Morin (Sauvé): Ah! enfin.
Mme Lavoie-Roux: En tout cas, la mienne; je ne sais pas si c'est
celle de mon collègue.
Le Président (M. Lacoste): Peut-être auparavant, Mme
la députée de L'Acadie, pour les fins du journal des
Débats et du secrétariat, serait-il bon de dire que nous allons
remplacer, au paragraphe 30°, à la quatrième ligne, les mots
"de tous les agents concernés" par les mots "des élèves,
des parents, du personnel de l'école et de la commission scolaire".
C'est bien cela? L'amendement du ministre est-il adopté?
M. Grenier: Quel article amendez-vous? M. Rivest: C'est la
définition...
M. Grenier: Oui, du premier article d'agents concernés.
Cela se reporte à quel article, dites-vous, M. le Président?
Le Président (M. Lacoste): Le paragraphe 30°, à
l'article 1.
M. Lalonde: Je ne voudrais pas mettre un frein à
l'enthousiasme du ministre. Au niveau élémentaire, au
primaire...
M. Paquette: C'est pour cela...
M. Morin (Sauvé): Voilà le député de
Marguerite-Bourgeoys qui découvre les embûches de sa
composition.
M. Fallu: II vient de découvrir qu'il...
M. Lalonde: Non, M. le Président, les élèves
au niveau secondaire.
Une Voix: C'est vous qui l'avez proposé.
M. Lalonde: Oui, c'est vous qui l'avez proposé, des
élèves au niveau secondaire.
M. Paquette: II ne faut jamais aller au devant des désirs
de l'Opposition car peut-être n'en a-t-elle pas.
Le Président (M. Lacoste): Je reçois l'amendement.
Nous allons discuter sur l'amendement maintenant.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. On discute sur l'amendement.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: Même si le ministre vient de nous proposer
un amendement, si on veut discuter de l'amendement, il est encore incomplet,
parce qu'il a certainement oublié certains agents. Quand on regarde
l'article 30, quand on parle d'agent concerné, je suis sûr que Mme
la députée de L'Acadie va être d'accord avec moi, si on
pense au milieu de l'éducation, ce sont tous les agents concernés
dans une école, ceux qui y vivent, ceux qui y ont affaire, ceux qui y
participent. Si le ministre commence à nous en donner une
énumération de quatre, il va en oublier un cinquième et un
sixième...
M. Lalonde: Le personnel comprend...
Mme Lavoie-Roux: Le personnel comprend tous les gens de
l'école.
M. Le Moignan: Non, mais on sait très bien, dans un projet
éducatif, pour autant qu'on le regarde en fonction un peu de la vie de
l'école, dans le sens qu'on essaie de le définir dans un projet
collectif... Si le ministre en met quatre, il en oublie, il va falloir apporter
un autre amendement pour le compléter plus tard. Comme agents
concernés, on a tous ceux qui participent à la vie d'une
école. Je ne vois pas pourquoi les mots "agents concernés"... Si
le ministre commence à capituler à chaque mot, vous n'avez pas
fini.
M. Fallu: Laissez "agents concernés".
M. Le Moignan: Oui, gardez "agents concernés", mais ce ne
sont plus des agents de l'école.
M. Lalonde: Vous êtes contre l'amendement du ministre?
M. Le Moignan: Je suis contre l'amendement du ministre.
M. Rivest: Pas contre l'amendement, mais contre l'amendement du
ministre.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'amendement du
ministre de l'Education... Mme la députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais parler deux minutes. Je
préfère l'amendement du ministre à ce terme très
général des "agents concernés". Je comprends que cela pose
un problème. Est-ce que cela pose un problème au niveau
élémentaire? Il reste qu'il y a quand même un certain
jugement qui doit être exercé par l'école. Je pense que ce
n'est pas le problème majeur. Je trouve qu'à ce moment, cela
situe bien les responsables du projet éducatif qui doivent être
des gens de l'école, enfin, ils doivent toujours se
référer au cadre plus général de certains
règlements de la commission. Il n'y aura pas nécessairement un
représentant de la commission scolaire non plus dans le projet
éducatif, mais c'est possible. Je trouve que cela ouvre... cela peut
être, selon les milieux, un représentant de la commission scolaire
qui soit attaché à un département de services
spéciaux. Je trouve que c'est assez large et que... Par exemple, vous
disiez peut-être cela en riant, mais je pense que dans une école
comme Joseph-Charbonneau elle n'est pas encore ouverte il se peut
fort bien que le chauffeur d'autobus soit une personne importante pour le
transport des handicapés.
M. Brassard: ... "agents concernés" d'abord?
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais à ce moment, il fait partie du
personnel de la commission scolaire.
M. Desbiens: II ne fait pas partie du personnel comme tel, il est
engagé par un contractuel.
Mme Lavoie-Roux: Non, pas dans ce cas. M. Lalonde: Pas
dans ce cas. M. Desbiens: Non?
M. Morin (Sauvé): De toute façon, si Mme le
député de L'Acadie est satisfaite de cet amendement, je le
maintiendrais parce que même si les élèves du niveau
primaire ne sont pas au conseil d'orientation, ils peuvent néanmoins
participer à un projet éducatif. Ils peuvent être
consultés par les enseignants, par les parents, de sorte qu'ils peuvent
être associés au projet éducatif. Ils sont eux-mêmes
des agents de l'éducation, puisqu'ils contribuent au processus de leur
propre éducation. Donc, je n'aurais pas d'objection, au fond, à
ce qu'on s'en tienne à ce que j'ai proposé.
Mme Lavoie-Roux: D'ailleurs, les enfants de
l'élémentaire je ne le dis pas à la blague, je le
dis sérieusement, ceux qui ont des jeunes enfants ou ceux qui n'en ont
pas s'en souviendront à partir de la troisième
année environ, un enfant commence à être assez critique de
ce qui se passe dans l'environnement, etc. Je me souviens d'une
expérience en Colombie-Britannique où un groupe d'enfants de
septième année évidemment, chez nous, ce serait la
sixième avait fait des représentations quant à
l'organisation de l'école, le conseil des commissaires. Ce n'est pas
impossible que dans une école élémentaire, les
aînés de l'école élémentaire soient
associés au régime de vie organisé à
l'intérieur de l'école.
M. Morin (Sauvé): II faudrait que cela fasse l'objet d'une
consultation.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le Président, je pense qu'on ne pourrait
pas accepter un amendement qui rétrécirait le terme de "agents
concernés" que nous avons ici. C'est évident qu'on peut
argumenter encore pendant quatre heures ça fait quatre heures
qu'on est là mais le terme que nous avons là est tout
à fait correct. Si on voulait se mettre à préciser, c'est
là qu'on se tromperait. On peut, bien sûr, parler de directeur,
d'enseignants et de parents, mais, à un moment donné, on peut
arriver avec une proposition, aussi, pour les chauffeurs de fournaise, les
balayeurs et tout le monde autour.
Mme Lavoie-Roux: C'est tout cela, le personnel de
l'école.
M. Lalonde: Et après? Qu'est-ce que vous avez contre
cela?
M. Grenier: Je n'ai rien contre cela, mais quand on parle
d'agents concernés, il ne faut pas, juste pour le plaisir de se trouver
des mots, arriver et vouloir... Personne ne va vouloir le faire, ni le
député de Marguerite-Bourgeoys, ni le ministre, ni moi, personne
ne va vouloir faire une liste, c'est bien évident. Nous sommes aux
termes et définitions, alors pourquoi vouloir argumenter encore une
autre heure, faire perdre le temps de la commission pour parler...
Mme Lavoie-Roux: On est d'accord.
M. Lalonde: Le ministre et nous sommes d'accord.
M. Grenier: Ah bon!
M. Lalonde: Alors, nous acceptons l'amendement du ministre.
M. Grenier: Si vous êtes d'accord, votons et passons
à l'article 2.
M. Lalonde: Nous sommes d'accord avec l'amendement du
ministre.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'amendement du
ministre, au 30° paragraphe, à la quatrième ligne, qui
consiste à remplacer les mots "de tous les agents concernés" par
"des élèves, des parents, du personnel de l'école et de la
commission scolaire" est adopté?
M. Lalonde: Adopté. Mme Lavoie-Roux:
Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que...
M. Grenier: Sur division, il y a des députés
ministériels qui manifestent une réserve.
Mme Lavoie-Roux: Enfin, on a l'amendement.
Le Président (M. Lacoste): Sur division, de quel
côté?
Une Voix: Toi, tu n'as pas droit de vote.
M. Brassard: Ce n'est pas au sein du parti
ministériel.
M. Grenier: Oui, mais c'est étrange, on vient de nommer
les quatre ou cinq agents qu'on veut avoir...
M. Lalonde: C'est adopté!
M. Grenier: Un instant, M. le Président. On nomme, par cet
amendement, les quatre ou cinq agents, je viens de me faire dire par le
député de Marguerite-Bourgeoys qu'on exclut, à ce
moment-là, les balayeurs et les chauffeurs de fournaise.
Mme Lavoie-Roux: Ils font partie du personnel.
M. Lalonde: Le personnel de l'école, ça comprend
les balayeurs.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela, c'est le concierge, c'est
l'aide-concierge.
M. Grenier: Ah oui!
Le Président (M. Lacoste): Donc, l'amendement du ministre
est adopté. Est-ce que le paragraphe 30 est adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté tel
qu'amendé.
M. Lalonde: Je pense que le ministre a demandé la parole.
Non? J'avais compris...
Le Président (M. Lacoste): Le paragraphe 30 est
adopté tel qu'amendé.
Mme Lavoie-Roux: II ne succombe pas à la tentation.
M. Rivest: C'est un homme fort!
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 1 est
adopté?
M. Morin (Sauvé): Oui, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): Adopté tel
qu'amendé. L'article 2.
M. Lalonde: Adopté.
Nouveau titre
M. Morin (Sauvé): M. le Président, l'article 2
n'indique qu'un nouveau titre...
M. Lalonde: Adopté.
M. Morin (Sauvé): ... dans la seconde partie de la loi, et
je propose qu'il soit adopté incontinent.
M. Lalonde: J'avais dit adopté.
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse, M. le Président...
M. Fallu: Votre collègue a dit adopté.
Mme Lavoie-Roux: Non, écoutez, je voudrais quand
même des explications. Si je comprends bien, le titre de ladite loi
demeure "du ministre et des sous-ministres des visiteurs d'écoles
des inspecteurs d'écoles"... Je comprends que ça reste,
comme titre, dans un des chapitres.
M. Morin (Sauvé): C'est un titre qui ne...
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais un titre, des visiteurs
d'écoles et des inspecteurs d'écoles, il n'y en a plus de
cela?
M. Morin (Sauvé): II y en a encore dans la Loi sur
l'instruction publique, pour le cas où vous ne le sauriez pas.
M. Lalonde: Bien oui, saviez-vous que vous êtes visiteurs
d'écoles?
M. Fallu: Vous êtes visiteur?
M. Lalonde: Ah oui! nous sommes tous visiteurs, tous les membres
de l'Assemblée nationale sont des visiteurs.
M. Rivest: Oui?
M. Lalonde: Tu ne savais pas cela!
Mme Lavoie-Roux: Bien, encore...
M. Fallu: Les tuteurs sont des visiteurs...
M. Morin (Sauvé): II n'était pas fort en droit
scolaire.
M. Rivest: Tu as le droit d'aller visiter les écoles.
M. Lalonde: Tous les lundis, je visite mes écoles.
M. Fallu: A l'article 22, M. le Président, si vous
permettez que j'en fasse lecture: "Sont visiteurs pour toutes les écoles
du Québec: a)les membres du Conseil supérieur de
l'éducation, de ses comités et commissions; b)les membres de la
Législature.
M. Paquette: Cela, c'est nous. Ensuite, qu'est-ce qu'il y a? Le
sous-ministre et les sous-ministres.
M. Lalonde: Oui. Vous ne saviez pas cela!
Mme Lavoie-Roux: Qu'en est-il des inspecteurs d'écoles,
alors?
M. Morin (Sauvé): Les inspecteurs sont encore dans la loi,
mais je ne pense pas que ces dispositions soient très utilisées
à l'heure actuelle.
Mme Lavoie-Roux: Vous voulez les maintenir, M. le ministre?
M. Morin (Sauvé): Nous ne sommes pas encore à la
refonte de la Loi sur l'instruction publique.
Une Voix: Pas ce soir.
Mme Lavoie-Roux: Ah bon! pas ce soir!
M. Rivest: Est-ce que le ministre s'engage, à l'occasion
de la refonte de la Loi sur l'instruction publique...
Mme Lavoie-Roux: II ne sera plus au pouvoir, à ce
moment-là.
M. Rivest: C'est cela, malheureusement. M. Fallu: En juin
1980.
M. Rivest: D'ailleurs, c'est tellement vrai que l'ancien
gouvernement avait déjà inscrit cette position dans un discours
inaugural.
Mme Lavoie-Roux: De quoi? D'enlever les...
M. Rivest: De réformer complètement la Loi sur
l'instruction publique.
Mme Lavoie-Roux: Tout le monde est d'accord là-dessus.
M. Lalonde: L'article 2 est adopté.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 2 est
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): L'article 2 est adopté.
L'article 3. (21 heures)
M. Morin (Sauvé): M. le Président, à
l'article 3, nous nous reportons à l'article 16 de la Loi de
l'instruction publique qui est modifié par l'insertion, après le
paragraphe sixième, du premier alinéa, du suivant: "7. Pour
établir le régime pédagogique dans les écoles, sous
le contrôle des commissaires ou syndics d'écoles." Alors, si
l'on
veut bien se reporter à l'article 16, on verra qu'il s'agit du
pouvoir de réglementation du gouvernement qui peut faire des
règlements pour un certain nombre de choses intéressant
l'organisation, l'administration, la discipline des écoles, et nous
ajoutons donc le pouvoir d'établir le régime pédagogique
dans les écoles, sous le contrôle des commissaires ou syndics
d'écoles. C'est une disposition qui découle également du
plan d'action et du livre vert, la possibilité d'établir un
régime pédagogique. Cela existe déjà naturellement.
Ceux qui sont familiers avec le système scolaire savent qu'il existe
déjà des règlements, mais nous voulons nous assurer que le
fondement juridique de ces règlements est clairement défini dans
la loi.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Est-ce que le ministre pourrait nous proposer une
définition de "régime pédagogique"?
M. Morin (Sauvé): Je n'entreprendrais peut-être pas
de vous donner une définition de ce qu'est un régime
pédagogique, mais j'aimerais vous en décrire les composantes
peut-être. Il faudrait se reporter au plan d'action toujours et notamment
à ce qu'on appelle l'organisation de l'école secondaire, au
chapitre 13. Alors là, si le député de
Marguerite-Bourgeoys veut bien faire un peu de lecture, il verra qu'il est
prévu que le niveau secondaire est composé de deux cycles, qu'il
comporte un calendrier scolaire, un contenu de formation et quant à la
formation générale et quant à la formation professionnelle
et qu'il contient également, à partir de la page 150, la
répartition des matières et du temps normalement consacré
à chacune.
Et dans les pages qui suivent, il verra que, pour toutes les
années du niveau secondaire, nous avons prévu des cours
obligatoires, des cours à option et des cours professionnels. C'est cela
un régime pédagogique.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que le ministre pourrait nous indiquer
à quel moment il entend modifier ou enfin procéder à un
début de modification parce que je sais que probablement, compte tenu de
ce qu'il y a dans le livre orange, ça ne pourra pas se faire en bloc, si
on veut. Quand prévoit-il commencer à procéder à la
modification du régime pédagogique tant à
l'élémentaire qu'au secondaire?
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre. M. Morin
(Sauvé): Les projets sont presque prêts maintenant au
ministère. Ils doivent maintenant, d'ici quelques semaines, prendre le
chemin du Conseil supérieur de l'éducation et sans doute
voudrons-nous également consulter la plupart des grands agents de
l'éducation... les agents concernés...
M. Lalonde: Sur division.
M. Morin (Sauvé): Et par la suite, j'imagine dans le
courant de l'été prochain, une fois que nous aurons eu le
bénéfice de l'avis du conseil supérieur, le Conseil des
ministres sera appelé à adopter le régime sous forme de
règlements, ou les régimes, puisqu'il y en aura sans doute un
pour le primaire et un pour le secondaire. Ils seront ensuite envoyés
dans les écoles pour que, pendant l'année 1980-1981, tous les
agents concernés puissent en prendre connaissance et se familiariser
avec les détails et apprendre à vivre avec le nouveau
régime pédagogique.
Ces choses-là, comme vous pouvez le constater dans le plan
d'action sont assez complexes, et comme elles entraînent non pas un
chamboule-ment complet de ce qui existe déjà mais des
modifications importantes, il faut que tout le monde ait le temps de s'en
pénétrer, de sorte que nous ne pensons pas que les régimes
pédagogiques entrent en vigueur avant l'automne 1981. C'est d'ailleurs
l'objectif que nous nous étions fixé il y a déjà
belle lurette.
Mme Lavoie-Roux: Et, à ce moment-là,
successivement, secondaire I, secondaire II, etc.
M. Morin (Sauvé): A compter de ce moment-là,
exactement comme le dit le député de L'Acadie, d'abord la
première année du secondaire, l'année suivante la
deuxième, et ainsi de suite, jusqu'à ce qu'on aboutisse à
la création d'un secondaire VI du côté professionnel.
Le Président (M. Lacoste): Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, est-ce que le ministre
pourrait nous dire, je ne veux quand même pas le mettre dans une
situation difficile, et il refusera de me répondre...
M. Lalonde: II peut faire cela tout seul très bien.
Mme Lavoie-Roux: Oui, enfin.
Le Président (M. Lacoste): Je rappellerais au
député de Marguerite-Bourgeoys l'article 100.
M. Lalonde: C'était une remarque personnelle, M. le
Président, mais non pas moins convaincue. C'est là la
différence.
Mme Lavoie-Roux: D'ailleurs, cette question, je la lui avais
posée à l'étude des crédits. Dans le
déroulement actuel des négociations, prévoit-il ou
subsiste-t-il des difficultés qui pourraient affecter
le régime pédagogique tel qu'il est vu dans le plan
d'action? Deuxième question, est-ce qu'à l'égard du
professionnel court, le ministre entend appliquer le plan d'action tel qu'il
est prévu dans le livre orange? Appliquer, je devrais dire le
régime pédagogique tel que prévu dans le livre d'action
pour le professionnel court, parce qu'il y a quand même certaines
critiques soulevées à savoir qu'ils sont peut-être encore
un peu laissés pour compte. Je comprends qu'on a voulu leur donner plus
de formation générale mais que cela semble finalement être
encore un secteur qui restera, du point de vue du bien des enfants, assez
faible.
M. Morin (Sauvé): Comme le député de
L'Acadie s'en souviendra, les résultats de la dernière
négociation, celle de 1976, sur le plan du régime
pédagogique, étaient plutôt catastrophiques en ce sens que
la convention a été quelque peu bâclée à la
fin sans tenir compte des conséquences pédagogiques qu'elle
pouvait comporter, de sorte, par exemple, qu'on s'est ramassé avec une
diminution des heures d'enseignement au primaire, une diminution telle que nous
avions moins et nous avons encore, à l'heure actuelle, moins d'heures
d'enseignement au primaire qu'aucun autre pays au monde. De même, au
niveau secondaire, les conséquences pour les règlements, le
règlement 7, par exemple, ont été vraiment un
casse-tête épou-vantable. Cela a été le premier
problème, je pense, que j'ai trouvé sur mon bureau en arrivant au
ministère de l'Education. Cela nous a pris quelques mois pour en sortir.
Je ne sais pas si jamais on est arrivé vraiment à une solution
parfaitement satisfaisante. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle nous avons
tenté de repenser le régime pédagogique et la
grille-matières.
Bien sûr, la nouvelle grille-matières comporte un certain
nombre de contraintes, de conséquences que nous voulons explorer, que
nous avons commencé d'explorer, que nous explorons à l'heure
actuelle au niveau des tables de négociation. Ce n'est un secret pour
personne que les enseignants nous ont demandé de leur donner certaines
garanties quant aux conséquences de la nouvelle grille-matières
sur leur tâche. Nous avons offert, à l'article 8.1.03 de nos
offres, dont le député de L'Acadie a peut-être pris
connaissance, d'inscrire une clause dans la convention qui dit qu'aucun
règlement, aucune directive du ministère de l'Education ne
saurait avoir pour effet de modifier la tâche de l'enseignant telle que
stipulée dans la convention collective, du moins pas sans son
consentement.
Nous avons donc offert une garantie de principe aux enseignants,
laquelle est arbitrable puisqu'elle est dans la convention collective. Nous
pensons donc avoir répondu à une certaine anxiété
qui se faisait jour chez les enseignants. Je ne veux pas aller plus loin dans
la description des tractations qui ont eu lieu avec les syndicats
d'enseignants, parce que ce serait transporter la table de négociation
en commission parlementaire. Je pense que ce ne serait pas opportun de le
faire.
Mme Lavoie-Roux: Je suis d'accord avec la dernière
remarque du ministre. Il y a quand même, dans le nouveau régime
pédagogique, des points très particuliers qui sont
soulevés. Ce n'est pas la première fois que je les soulève
auprès du ministre: la question du titulaire au premier cycle, la
multiplication des groupes au deuxième cycle, surtout au deuxième
cycle.
M. Morin (Sauvé): Au secondaire...
Mme Lavoie-Roux: Oui, au deuxième cycle du secondaire, je
parle toujours du secondaire. Est-ce que le ministre a bon espoir que ceci
puisse se régler, que le régime pédagogique, tel que
prévu, puisse être mis en place? Une troisième question; il
y avait aussi le problème des champs d'enseignement et on pourrait faire
toutes les démonstrations du transfert, si le terme est français,
d'un enseignant d'une matière à l'autre. Le ministre avait dans
ses intentions de tenter de corriger les répercussions plus ou moins
satisfaisantes qui résultaient de la convention actuelle. Alors, est-ce
que le ministre a bon espoir que ces points se règlent? Est-ce qu'il y
tient encore?
M. Morin (Sauvé): J'ai bon espoir, M. le Président,
en réponse au député de L'Acadie, de régler ces
points, effectivement. Nous en traitons, je pense que ce n'est pas trahir un
secret d'Etat, en ce moment même, au sein du comité patronal, et
je puis dire qu'il en sera sûrement question aux tables de
négociation. Mais je ne veux pas m'aven-turer plus loin, puisque
ça fait l'objet justement de ces négociations.
Mme Lavoie-Roux: Ces points sont encore en
négociation.
M. Morin (Sauvé): Oui, précisément.
Mme Lavoie-Roux: Sur le professionnel court, je vous avais
posé une question, est-ce...
M. Morin (Sauvé): En gros, le régime
pédagogique, à moins que nous ne recevions des contre-indications
du Conseil supérieur de l'éducation, est celui qui est
prévu dans le plan d'action.
Mme Lavoie-Roux: Au Conseil supérieur de
l'éducation, vous avez également soulevé une
difficulté quant au rattachement du secondaire VI. Est-ce que le
ministre persiste à le maintenir à l'intérieur du
deuxième cycle du secondaire? Eux, ils le voyaient davantage
relié à l'éducation des adultes ou dans un autre...
M. Morin (Sauvé): Nous persistons à le tenir dans
l'orbite du secondaire, du deuxième cycle du secondaire. Pour nous,
c'est vraiment la continuation du secondaire professionnel, du secondaire V
professionnel et dans notre esprit, il s'agit d'un approfondissement des
matières du secondaire V avec la possibilité de stage dans les
milieux de travail.
En ce moment, nous sommes, vous le savez, à étudier une
nouvelle politique de l'enseignement professionnel dans laquelle nous nous
penchons justement, sur cette question des stages des jeunes dans le milieu de
travail. Le secondaire VI serait une sorte, passez-moi l'expression, de
charnière, entre l'enseignement et le monde du travail.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): Le député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, il y a un aspect qui n'a pas
été touché par la députée de L'Acadie, et,
je pense, c'est un article important, parce que le régime
pédagogique est un élément extrêmement important de
toute politique scolaire. En ce qui concerne la grille de matières, il y
a des commissions scolaires régionales qui ont fait, ces
dernières années, d'énormes efforts de renouveau,
d'adaptation pédagogique aux besoins des étudiants et de leur
milieu, qui ont élaboré des plans d'études, des documents
pédagogiques correspondants et qui se sont donné un régime
un peu particulier. (21 h 15)
Est-ce que le régime pédagogique va avoir un certain
caractère de souplesse de façon à respecter ses acquis,
parce qu'il peut y avoir des acquis très importants dans certains cas,
et est-ce qu'il y aurait lieu d'établir aussi un mécanisme
d'appel au cas où une commission scolaire...? Est-ce qu'il y aurait lieu
d'établir également un mécanisme d'appel au cas où
une commission scolaire se sentirait lésée, serait en
désaccord avec certains aspects du régime pédagogique et
voudrait évoquer une espèce de statut particulier, ce qui
pourrait être intéressant de lui accorder dans certains cas?
M. Morin (Sauvé): M. le Président...
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): Le député de Rosemont
évoque une possibilité fort intéressante d'un projet
éducatif spécial. Le député de L'Acadie a fait
allusion à plusieurs écoles de Montréal qui,
déjà, se sont donné des régimes qu'il n'est pas
question de bouleverser. S'il veut bien se référer au paragraphe
13.9 du plan d'action, je crois que la réponse précise à
sa question s'y trouve. Je me permets de la lire: "II revient à la
commission scolaire de déterminer, s'il y a lieu, une adaptation locale
de la répartition du temps consacré à chaque
matière et d'expliquer les écarts entre la répartition
prévue et de celle indiquée dans ce plan d'action. Toutefois, la
marche de manoeuvre ne peut pas compromettre la poursuite des objectifs
déterminés par le ministère pour l'ensemble du cours
secondaire et pour chaque année, ni entraîner la disparition d'une
matière obligatoire. Donc, il y a un minimum pour tous les
Québécois. Mais ce qui compte, ce sont les objectifs. Il peut y
avoir plusieurs façons d'arriver à un objectif, de sorte que nous
ne sommes pas fétichistes, il n'y a pas de modèle unique. Il y a
des orientations. Il y a, bien sûr, des objectifs bien
déterminés. Mais nous l'avons dit et répété,
ce ne sont pas là des carcans. Il y aura possibilité d'adaptation
locale.
Le Président (M. Lacoste): Votre collègue de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: M. le Président, si je vais à
l'encontre du règlement, vous me rappellerez. L'article à
l'étude, le septièmement, question, est-ce que cela va permettre
au ministère s'il n'y a pas d'autres moyens ailleurs de
faire en sorte d'établir une espèce de réglementation pour
voir à ce que les étudiants puissent, quand ils quittent
l'école avec un titre de secrétaire ou quelque chose comme cela,
être capables d'écrire en français? Moi, une chose qui
m'angoisse énormément, M. le ministre, peut-être que je
suis hors d'ordre, si je le suis, qu'on me le dise, moi, à mon bureau,
j'engage du personnel. Il faut entraîner notre personnel pendant deux
ans, leur fournir le dictionnaire, leur grammaire et leur donner des cours
à tous les jours. Imaginez-vous, cela nous prend deux ans, des fois
trois ou des fois, c'est non récupérable. Je ne sais si cet
article, si c'est par cela que vous pouvez améliorer la situation ou
s'il y a d'autre chose. J'espère que le ministre est conscient de ce
problème. C'est une lacune très grave.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): Oui, parfaitement, M. le
Président. Nous avons même déclaré, il y a deux ans,
lorsque je suis arrivé aux affaires de l'éducation que l'une des
toutes premières priorités du gouvernement, assurément du
ministre aussi, c'était le français. Depuis lors, nous avons
ajouté d'autres priorités, notamment les mathématiques,
mais la première, c'était le français. Ce n'est pas
grâce à cet alinéa 7 qu'on peut y arriver, mais en
refaisant des programmes plus précis que ceux que nous avions
auparavant. Et en ayant des règles de certification plus exigeantes.
C'est ce vers quoi nous nous dirigeons. Je vais vous donner une idée de
ce que cela peut donner. Il y a deux ans, contrairement aux attitudes qui
avaient été les siennes dans le passé, l'Association des
professeurs du Québec a décidé qu'il y avait une norme du
français. Jusque là, il n'y avait pas de normes. On estimait que
l'enfant parlait comme il s'exprimait et qu'on n'avait pas à le corriger
parce qu'on aurait pu traumatiser l'enfant si on l'avait corrigé.
Heureusement, les enseignants de français ont changé leur
attitude et maintenant, ils se sont donné une norme qui s'appelle "Le
français correct d'ici", le français correct. Je crois qu'ils
utilisent aussi l'expression "le français standard d'ici".
C'est très important que nous ayons une norme, parce que, sur
cette norme, nous avons pu bâtir un nouveau programme qui a
remplacé ce
qu'on appelait autrefois les programmes cadres qui tenaient en une
quarantaine de pages. Désormais, le programme de français que
nous avons élaboré avec les enseignants, avec les
spécialistes de l'enseignement du français, comporte 592 pages.
Il est sorti depuis quelques mois. Il est en rodage dans les écoles et
les nouvelles que nous en avons sont excellentes. Il est très bien
reçu dans le milieu. C'est par des moyens comme ceux-là que nous
allons arriver à renforcer cet enseignement et je partage le souci du
député de Beauce-Sud. M. le Président, si les jeunes ne
savent ni lire, ni écrire ou ne savent pas suffisamment lire ou
écrire en sortant de l'école secondaire, c'est à
désespérer de l'avenir du Québec, bien sûr.
Le Président (M. Lacoste): Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je pense que les efforts
qui peuvent être faits dans ce sens-là sont heureux et sont
nécessaires, mais je voudrais simplement rappeler au ministre qu'il y
avait des commissions scolaires qui avaient des programmes cadres quand
même très développés et la difficulté
subsistait.
M. Morin (Sauvé): C'est vrai.
Mme Lavoie-Roux: C'est quand même un effort qu'il faut
faire pour tout le monde...
M. Morin (Sauvé): C'est cela.
Mme Lavoie-Roux:... mais il y a d'autres facteurs qu'on identifie
encore mal, à savoir pourquoi ces difficultés d'apprentissage de
la langue française ou de la langue anglaise, pour d'autres pays, enfin,
on devrait dire de la langue maternelle. Mais, pour revenir à la
question du député de Rosemont, vous savez, vous avez cette
petite phrase qui dit: Vous l'avez mentionné à 13.9. "Il revient
à la commission scolaire de déterminer, s'il y a lieu,
l'adaptation locale de la répartition du temps consacré à
chaque matière et d'expliquer les écarts... et celles
indiquées dans le plan d'action." Ensuite, on ajoute: "Toutefois, la
marge de manoeuvre ne peut pas compromettre la poursuite d'objectifs
déterminés et tous les cours obligatoires doivent y être."
C'est une grille extrêmement chargée, la marge de manoeuvre, au
secondaire. Là-dessus, on peut écrire cela; on peut le souhaiter,
mais, entre la réalité et les souhaits qui sont faits là
je pense que tout le monde veut bien faire je pense que ceci est
un des éléments qui compromettent le plan éducatif, enfin
au moins dans certaines de ces dimensions. Quand il vous faut faire deux blocs
de français, deux blocs de mathématiques, un bloc de ceci et un
bloc de cela et que cela s'additionne et que cela fait 1500 minutes par
semaine, on peut même se poser des questions: De quelle façon
pourrons-nous serrer davantage les matières quand pour plusieurs
matières, sauf pour les mathématiques, du moins jusqu'en
secondaire IV et, pour le français, jusqu'en secondaire V, les autres
matières ne comportent plus que trois périodes? Il devient
extrêmement difficile de les restreindre ou de les comprimer davantage,
si on veut quand même donner au moins dans chacune de ces
matières-là un minimum. Peut-être peut-il être mieux
organisé avec des nouveaux programmes, etc., mais il faudrait que
personne ne s'illusionne sur la marge de manoeuvre du secondaire. Ce n'est pas
mon opinion, c'est une opinion que j'ai eue de plusieurs sources. Je pense que
la difficulté est là. Enfin, je ne veux pas continuer
là-dessus, mais il ne faut quand même pas non plus créer
trop d'illusions.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Terrebonne.
M. Fallu: M. le Président, il semble même qu'il y
ait dans le livre blanc, dans le plan d'action, une sorte d'opposition entre la
première partie du chapitre 13 et la deuxième partie, de ce point
de vue-là, ce qui constitue le régime pédagogique, puisque
c'est de cela dont on parle.
J'allais dire qu'entre ce qui est déterminé comme
orientation dans la première partie et la scénarisation qui en a
été faite, on croit reconnaître que, d'une part, il y a la
souplesse et, d'autre part, il n'y a plus aucune liberté, en fait
presque plus, ou à vrai dire...
Je crois qu'il s'agit du mode de présentation plus qu'autre
chose. Je vais tâcher de m'expliquer. Il faut se souvenir qu'on a des
niveaux différents. Je vais simplifier en trois mots: les objectifs, les
cours et les minutes, les objectifs étant des objectifs nationaux qui
auront nécessairement une souplesse. Entendons-nous, il y aura des
objectifs à atteindre d'une façon obligatoire, d'autres qui
seront proposés, qui seront soumis à titre indicatif. Cela se
traduira nécessairement par des cours, puisqu'il y a une concordance
entre objectifs nationaux et cours. Toutefois, les cours sont transmis, sont
fabriqués par le milieu selon des méthodologies, selon des modes
d'apprentissage, selon des rites d'apprentissage qui font que, entre l'objectif
et le cours, il y a une souplesse qui se transmet par des minutes. Les minutes
sont plus ou moins longues...
M. Lalonde: Longues et non pas nombreuses.
M. Fallu: ... pardon, nombreuses, non pas longues, sauf que la
"scénarisation" nous donne l'impression que c'est un absolu.
"Scénarisé" autrement, l'objectif national est le
français. Le cours est donc un cours de français. On nous propose
que pour atteindre cet objectif, cela pourrait prendre six périodes de
cinquante minutes, c'est-à-dire trois cents minutes par semaine. C'est
une "scénarisation". Il arrive que dans la commission scolaire X, ils
ont déjà, par exemple, dans l'histoire nationale ou la
géographie générale, ou les mathématiques, ou la
langue seconde, des objectifs spécifiques à leur milieu, qui
correspondent à une méthodologie, à un mode
d'apprentissage, à des
équipements qu'ils se sont donnés, à de la
formation du personnel dont ils se sont équipés dans le
passé. Ils déterminent chez eux que l'apprentissage de l'objectif
du français de niveau secondaire, première année, se
transmettra, selon certaines méthodologies, en moins de trois cents
minutes et qu'en comparaison, chez eux, ils auront donc, au lieu de 150
minutes, 190 minutes ou 200 minutes d'autre chose. Elle est là, cette
souplesse.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je pense qu'on pourrait
continuer cette discussion et cette fois-ci, peut-être est-elle
académique pendant très longtemps, mais il reste qu'il y a
quand même des programmes qu'il faut couvrir, première des
choses.
M. Fallu: D'abord, des objectifs à atteindre.
Mme Lavoie-Roux: Des objectifs à atteindre, mais les
programmes sont aussi faits en fonction de certains objectifs à
atteindre au plan national, pour utiliser une expression qui vous est
chère.
M. Rivest: Oui, provincial.
Mme Lavoie-Roux: En tout cas, peu importe. Ensuite, on pourrait
souhaiter, ce que le député de Terrebonne indique, qu'un milieu
dise: Au lieu de prendre 100 minutes de géographie nationale, au lieu
d'en faire 150 minutes, on en fait 100 minutes, mais ceci a une
répercussion sur les tâches des enseignants, ce qui fait que si
vous donnez 100 minutes, votre enseignant est libéré pour 50
minutes qu'il affectera à quoi et à quelle matière? Vous
avez la répercussion en chaîne. De toute façon, je vois
difficilement, quand vous avez un bloc... Vraiment, si on prend le secondaire
I, celui que j'ai devant moi, si on veut donner une initiation aux arts,
à l'écologie, même la langue et la culture d'origine
doivent être donnés en deça des heures et des minutes
prévues.
M. Fallu: Oui, je sais.
Mme Lavoie-Roux: Même cela...
M. Fallu: Ce n'est pas nécessairement cela quand
même.
Mme Lavoie-Roux: Cela veut dire qu'on est tellement
comprimé par le temps que même pour ceux-là, c'est
difficile. Quand on arrive à des blocs de trois périodes, je vois
difficilement qu'on puisse les diminuer davantage. Maintenant, on a
établi un régime homogène, si je peux dire, du point de
vue de la distribution des élèves dans les classes. On a
enlevé les voies. A ce moment, vous avez une classe où il faut
tenir... Tantôt, vous disiez qu'il faut tenir compte des rites, à
moins qu'on n'arrive à de l'enseignement programmé...
M. Paquette: Individualisé.
Mme Lavoie-Roux: ... individualisé. Je pense qu'il va
être extrêmement difficile d'avoir beaucoup de marge pour la
grille-horaire du secondaire, mais enfin, on peut arrêter là. (21
h 30)
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: J'avais commencé par demander au ministre une
définition du régime pédagogique, on s'est un peu
écarté du sujet. Le ministre m'a répondu en disant qu'il
pouvait le faire en décrivant le contenu. Si je comprends bien la
réponse, il n'est pas prêt à inscrire dans la loi une
définition de régime pédagogique, alors qu'elle nous a
été demandée par certains milieux scolaires comme
étant une chose souhaitable. Je ne sais pas si le ministre peut y songer
davantage.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je ne pense pas
qu'il soit souhaitable, ni nécessaire, de définir, dans la loi,
le régime pédagogique. Les pédagogues s'entendent sur le
contenu de cette notion qui reste tout de même assez large et qui doit
rester souple, également. Il s'agit, bien sûr, des objectifs de
l'école, comme je l'ai rappelé, tout à l'heure, en me
fondant sur le plan d'action, sur l'ensemble des services éducatifs, y
compris les services d'enseignement, les services personnels, les services
d'encadrement j'avais oublié de mentionner l'encadrement, tout
à l'heure.
M. Lalonde: Oui, j'allais y référer plus tard.
M. Morin (Sauvé):... et un ensemble de règles
d'organisation pédagogique de l'école. Je pense que personne,
dans le monde de l'éducation, n'ignore le contenu du régime
pédagogique et je ne pense pas qu'il soit nécessaire de le
définir dans la loi.
Je proposerais, M. le Président, avec votre permission, que nous
passions à l'adoption de ce septième alinéa en ajoutant un
mot, cependant.
M. Lalonde: Ah bon!
M. Morin (Sauvé): Oui, pour le préciser.
Après le mot "écoles", j'ajouterais le mot "placées". De
sorte que le septimo se lirait comme ceci: "Pour établir le
régime pédagogique dans les écoles placées sous le
contrôle des commissaires ou syndics d'école."
Mme Lavoie-Roux: Ah! cela veut dire qu'il y en a qui ne seraient
pas placées sous le contrôle.
M. Morin (Sauvé): Non, c'est tout simplement que si nous
ne mettons pas cette précision, la lecture, à première
vue, indique qu'on établit le régime sous le contrôle des
commissaires et syndics d'école.
M. Lalonde: Ce qui ne serait pas tellement... Mme Lavoie-Roux:
Un projet éducatif!
M. Lalonde: Ce serait même souhaitable.
M. Rivest: Les commissaires sont quand même les agents
concernés.
M. Lalonde: Oui, ils sont près du milieu.
Mme Lavoie-Roux: Je suis d'accord avec votre amendement.
M. Rivest: D'accord.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'amendement...
M. Morin (Sauvé): Mme le député de L'Acadie
a compris qu'on ne peut pas avoir un régime pédagogique d'une
école à l'autre parce que les enfants ne pourraient même
plus changer d'école.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'amendement du
ministre de l'Education, au 7e paragraphe...
M. Lalonde: Oui, adopté, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste):... à la première
ligne...
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): ... après le mot
"écoles", ajouter le mot "placées" est adopté?
M. Lalonde: Oui, l'amendement est adopté. J'aurais
seulement une dernière question. Le ministre, dans son livre orange,
dans son plan d'action...
Mme Lavoie-Roux: Dans votre plant d'orangers!
M. Lalonde: ... et d'énoncé de politiques...
M. Rivest: J'aime bien l'expression "livre orange".
M. Lalonde: Le ministre nous dit, dans les moyens d'action
c'est peut-être une promesse qui ressemble au calendrier, mais enfin...
Il nous dit: "Un nouveau régime pédagogique sera mis
progressivement en oeuvre à compter de septembre 1980 pour le niveau
primaire", c'est à la page 139, et on retrouve la même promesse
à la page 159 pour l'école secondaire, à savoir qu'un
régime pédagogique uniforme est prévu pour les deux
premières années du cours secondaire et, au paragraphe 6: "Un
nouveau régime pédagogique s'appliquera progressivement à
compter de septembre 1980."
M. Morin (Sauvé): J'ai indiqué que c'était
plutôt septembre 1981, en réponse au député de
L'Acadie, tout à l'heure.
M. Lalonde: C'était tellement enveloppé que je ne
l'ai pas vu passer, M. le Président, mais déjà un an
d'écart. C'est à cause de la consultation, et tout et tout?
M. Morin (Sauvé): Justement à cause de la
consultation.
M. Lalonde: Merci au Conseil supérieur de l'Education!
M. Rivest: Une fois de plus.
M. Lalonde: Encore une fois, il sauve le ministre, il le
cache.
Mme Lavoie-Roux: ... on l'a dans le livre jaune, je pense.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article...
Mme Lavoie-Roux: J'aurais une dernière question...
Le Président (M. Lacoste): Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: J'aurais une dernière question sur le
régime pédagogique. Le régime pédagogique, ou le
plan d'action, le plan d'action du ministre...
M. Lalonde: Le livre orange.
Mme Lavoie-Roux: ... indique dans la grille horaire de
l'élémentaire que l'enseignement de la langue seconde ne peut
débuter avant le deuxième cycle de l'élémentaire,
c'est-à-dire à partir de la quatrième année pour
parler le langage de tout le monde. Par contre, il existe déjà
des expériences qui se poursuivent dans certaines commissions scolaires,
où l'enseignement de la langue maternelle, en ce qui touche le secteur
francophone, débute avant la quatrième année. Est-ce que
la mise... Pour l'enseignement des langues secondes, le ministère estime
qu'il ne doit pas imposer une formule unique et il encourage
particulièrement pour la fin du second cycle, divers types de recherches
et d'expériences, mais qu'il ne doit pas y avoir de formule unique.
Par contre, la grille horaire prévoit que ça ne doit
débuter qu'en quatrième année. Qu'arrive-t-il des endroits
où, déjà, il y a... et pour ne pas prendre le ministre
dans un piège, je vais lui dire ce qu'il m'a dit à l'étude
des crédits. De toute façon, après ça, même
s'il ne tient pas ses promesses, je l'absous facilement
M. Lalonde: C'est une absolution par minute, M. le
Président, sans pénitence.
Mme Lavoie-Roux: Je lui avais posé la question:
Qu'advient-il des commissions scolaires? Il y
en a un certain pourcentage qui, dans les écoles primaires,
commencent l'enseignement de l'anglais en première année ou, pour
d'autres, cela s'échelonne... Qu'advient-il des expériences?
Est-ce qu'on continue à les autoriser?
Ici, on indique que c'est vraiment au début du deuxième
cycle de l'élémentaire. Le ministre m'a répondu qu'il
fallait faire ces expériences, que tout le monde faisait ses
expériences, qu'il fallait agir avec prudence. Nous voulons continuer
d'expérimenter...
M. Lalonde: Et la consultation aussi.
Mme Lavoie-Roux: Les expériences vont donc continuer
jusqu'à ce qu'elles nous aient apporté des résultats
probants. Pour les autres, les cas où il n'y avait pas une
expérience en cours, nous nous attendons que la commission scolaire
accepte le règlement et fasse commencer l'apprentissage de la langue
seconde en quatrième année plutôt qu'en cinquième
année comme ce sera le cas pour tout le monde. Est-ce que c'est toujours
la position du ministre?
M. Morin (Sauvé): Elle n'a pas changé d'un iota. Je
voudrais simplement rappeler cependant à Mme le député de
L'Acadie que l'impact de cette mesure dans le plan d'action est d'abord et
avant tout d'avancer l'enseignement de la langue seconde d'une année,
puisqu'à l'heure actuelle, comme on le sait, il commence seulement en
cinquième année. Il commencera désormais en
quatrième année.
M. Rivest: Je pense...
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que je pourrais juste terminer ça?
Le ministre me dit que là où il y a des expériences, on
les continue et il n'y a pas... Qu'est-ce qu'il entend par continuer les
expériences?
M. Morin (Sauvé): A les continuer, ne pas les
arrêter comme dit le député de Rosemont.
Mme Lavoie-Roux: Alors comment expliquez-vous ici une directive
qui a été envoyée par la direction régionale de
Montréal sous le nom de M. Guy Dozois, qui s'adresse à un
directeur général: "En effet, l'école
québécoise, énoncé de politique et plan d'action
stipulent clairement au chapitre 12..." Je n'insiste pas. "Il est donc
évident, M. le directeur général que le ministère
ne peut d'une part, autoriser la mise en oeuvre de nouveaux projets je
suis d'accord avec ça non plus que la poursuite des
expériences actuellement en cours."
M. Rivest: Donc, on les arrête.
M. Morin (Sauvé): Je m'excuse, pourriez-vous nous donner
tous les détails parce que c'est important de savoir de quoi il
s'agit.
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est pour ça que je l'ai
apportée. Il s'agit d'une lettre en date du 27 août 1979, sous la
signature du directeur régional par intérim, M. Guy Dozois,
direction régionale de Montréal, qui est adressée au
directeur général de la Commission des écoles catholiques
de Montréal, et je vous lis le paragraphe: "II est donc évident,
M. le Directeu général, que le ministère ne peut, d'une
part, autoriser la mise en oeuvre de nouveaux projets, non plus que la
poursuite des expériences actuellement en cours. Dans ce dernier cas,
les élèves actuellement impliqués dans cette
expérimentation pourront la terminer, mais aucun nouvel
élève ne peut être admis dans une de ces classes.
J'espère, M. le Directeur général..."
M. Morin (Sauvé): II s'agit de savoir si vraiment il
s'agit d'expériences, parce qu'il y a eu des autorisations
données ces dernières années, mais quelquefois à
titre d'expériences et les expériences sont terminées. Il
se peut très bien qu'elle soit terminée. Alors, il faudrait voir
de quelle expérience particulière il s'agit.
Mme Lavoie-Roux: Ace compte-là, quand je vous
écoute parler, M. le ministre, je ne sais pas à quelle
expérience précise on fait allusion.
M. Morin (Sauvé): Mais à quelle école?
Mme Lavoie-Roux: J'imagine que c'est l'expérience pilote
qui avait été faite à la CECM, à l'école
Saint-Emile, il faudrait vérifier, on doit être rendu maintenant
à la cinquième année, j'imagine ou la quatrième
année. Ils avaient commencé en première. C'étaient
les parents qui, en totalité, avaient accepté qu'on fasse un
projet pilote qui a été suivi de très près par le
département de l'enseignement des langues secondes de la CECM.
M. Morin (Sauvé): Est-ce que cette lettre vise Saint-Emile
en particulier?
Mme Lavoie-Roux: Quand on parle d'expérience
d'enseignement de la langue maternelle, de la langue seconde à la CECM,
en ont-ils d'autres? je l'ignore. Ecoutez: "Je me suis entretenu au
téléphone aujourd'hui avec M. Claude Martin de la commission
scolaire relativement à certains projets expérimentaux de
l'enseignement de l'anglais, langue seconde avant la quatrième
année. En effet, votre commission scolaire poursuit depuis quelques
années de telles expériences et la question se pose à
savoir si ces projets peuvent être maintenus. Je dois, à cet
égard, confirmer l'information"... etc.
M. Morin (Sauvé): Si vous voulez bien me transmettre
copie. Est-ce une lettre ou une directive?
Mme Lavoie-Roux: C'est une lettre. M. Morin (Sauvé):
Signée?
Mme Lavoie-Roux: Signée par le directeur
régional.
M. Morin (Sauvé): Si vous voulez bien m'en remettre une
copie, j'essaierai d'obtenir la réponse, parce que je ne sais pas
exactement de quelles expériences il s'agit. Il semble assez difficile
de déterminer quelles écoles tombent sous le coup de cette
lettre. Je vais essayer de m'en assurer. Je ne voudrais pas non plus...
Mme Lavoie-Roux: Comme c'est la seule copie j'aimerais bien qu'on
m'en fasse une et qu'on me la remette.
M. Morin (Sauvé): Maintenant, Mme le député
de L'Acadie, je vais tenter de répondre à toutes ces questions
qui sont plutôt, cependant, vous l'avouerez, de la nature qui
répond...
Mme Lavoie-Roux: De l'étude des crédits. M.
Morin (Sauvé): Oui, exactement.
Mme Lavoie-Roux: Mais il reste qu'on parle de régime
pédagogique. Je comprends que... Mais je n'en fais pas un débat
de 20 minutes. Je vous souligne le problème, M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): J'en prends bonne note et je vais
essayer de tirer cela au clair.
M. Grenier: Ici, bien sûr que cela a pris, depuis quelques
minutes, l'allure de débats qu'on tient en commission pour
l'étude des crédits et c'est un peu à la suite de ces
débats qu'on tient depuis quelques minutes que je voudrais m'infor-mer
auprès du ministre de ces expériences qui se font. On sait que la
période de minutes a été raccourcie au secondaire et par
contre le ministre a répondu déjà à la Chambre
qu'on avait ajouté, à ce moment-là, l'enseignement dans
une classe additionnelle au niveau du primaire. J'aimerais que le ministre
puisse nous dire aujourd'hui, étant donné qu'on étudie cet
impact du régime pédagogique, s'il est satisfait de
l'expérience jusqu'à maintenant et si cela donne davantage que
cela pouvait donner avec les minutes additionnelles qu'on donnait au niveau
secondaire.
M. Morin (Sauvé): La réforme, au niveau primaire,
le passage de 23 à 25 heures, n'est pas encore en vigueur. Vous vous
souviendrez que c'est à la suite de la dernière
négociation qu'on est tombé de 25 à 23 heures. Il n'y a
pas de pays au monde qui ait 23 heures. Nous sommes à l'avant-garde du
monde civilisé pour le peu de nombre d'heures que nous donnons au
primaire. Il y a des pays où cela va jusqu'à 27, 29 et même
35 heures. AMontréal, il y a des écoles confessionnelles
particulières où il se donne 35 heures par semaine. Les enfants
travaillent dans ces écoles. J'ai donc proposé au gouvernement de
revenir à 25 heures, parce que cela avait supprimé, à
toutes fins utiles, un certain nombre de matières, cette diminution des
heures d'enseignement, mais c'est très coûteux. Chaque fois qu'on
ajoute une heure d'enseignement, ce sont des millions qui tombent, parce que
cela veut dire tant d'enseignement de plus dans le système. Je pourrais
même donner au député, s'il veut être patient, une
idée des coûts. Alors, nous avons décidé
d'échelonner l'augmentation de 23 à 25 heures sur quatre ans, une
demi-heure par année. Cela va commencer, je pense, l'an prochain. En
septembre 1980, nous commençons l'allongement de la semaine de
l'élève, non pas de l'enseignant, ce serait évidemment
scandaleux, mais de l'élève. (21 h 45)
Je ne sais pas si j'ai répondu au député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: J'ai compris qu'en fait, il était difficile de
donner le résultat d'expériences puisqu'on est à les
faire, elles ne sont pas faites.
M. Morin (Sauvé): Cela, à proprement parler, ce ne
sont pas des expériences, M. le député, c'est une
décision gouvernementale de revenir aux 25 heures que nous avions
à l'époque. On a déjà même plus que ça
dans les écoles.
M. Grenier: Est-ce que le ministre est de cette école que
la langue, c'est tout ça qu'est le principe, je pense, il y a deux
écoles de pensée fort différentes, est-ce que vous
êtes d'avis qu'une langue seconde, le français ou l'anglais,
s'apprend mieux au primaire qu'au secondaire?
M. Morin (Sauvé): Les discussions là-dessus sont
infinies, M. le député.
M. Grenier: Oui, mais je vous demande votre opinion, la
vôtre, parce qu'il y a deux écoles de pensée fort
différentes.
Mme Lavoie-Roux: Je vais vous la donner l'opinion du
ministre.
M. Morin (Sauvé): Oui, vous allez l'avoir si vous la
voulez. Tout dépend du milieu, M. le député. Dans un
milieu culturellement plus nourri, effectivement, l'enfant peut commencer
beaucoup plus jeune l'apprentissage d'une langue seconde. Dans un milieu
culturellement appauvri, et nous en comptons beaucoup au Québec, la
chose est beaucoup plus difficile et elle est même dangereuse avant le
secondaire. De sorte que quand on fait un régime pédagogique, on
tranche pour la moyenne, on ne peut pas toujours se permettre les raffinements
qui font que dans tel milieu, peut-être culturellement plus à
l'aise, parce que matériellement plus à l'aise, on commencerait
plus tôt l'apprentissage de l'anglais alors que dans d'autres milieux
où on a de la difficulté à parler le français avant
la fin du primaire, il peut être risqué de faire faire aux enfants
l'apprentissage d'une langue seconde. Parce qu'il peut arriver, comme cela
arrive, que les deux syntaxes se mêlent et vous savez ce que ça
donne. "Le boss que je travaille pour "et" la fille que je sors avec".
M. Grenier: Ce que vous me donnez, ce sont des constatations
qu'on vous a faites, mais pendant ce temps, j'aimerais savoir si vous
êtes d'opinion ça, c'est la constatation qu'on vous a
donnée de milieux moins favorisés votre opinion à
vous pour orienter... on sait que la diminution qui s'est faite au secondaire,
d'ailleurs, vous n'êtes pas sans en avoir eu connaissance...
M. Morin (Sauvé): Ecoutez, mon opinion, c'est qu'il
faudrait avoir des régimes d'enseignement selon les milieux. Or, un
gouvernement peut se permettre de s'adapter dans une certaine mesure au milieu,
c'est ce que nous voulons faire par le projet éducatif, mais il ne peut
pas faire un régime pédagogique pour chaque milieu, pour chaque
commission scolaire et pour chaque école. Ce n'est pas concevable.
D'ailleurs, il est obligé de prendre une règle médiane et
de trancher un peu la poire entre ceux qui voudraient commencer avec le lait de
la nourrice et ceux qui voudraient en faire à l'université
seulement.
Il y en a qui soutiennent que ce n'est pas nécessaire de faire de
l'anglais avant le collégial ou le secondaire.
Mme Lavoie-Roux: C'est un peu sexiste.
M. Morin (Sauvé): Je n'ai fait allusion à aucun
député, M. le Président.
M. Fallu: C'est le député de Marguerite-Bourgeoys
qui se sent visé.
M. Grenier: M. le Président, j'aimerais que le ministre,
qui est parti dans une bonne veine, nous dise également...
M. Lalonde: Try me!
M. Grenier: Est-ce que le journal des Débats pourra
couper? Cette fois, on s'amuse vraiment en famille.
Une Voix: L'enregistrement...
M. Grenier: M. le Président, le ministre qui était
parti dans une bonne veine...
M. Lalonde: Une bonne veine.
Mme Lavoie-Roux: On était au lait maternel.
M. Grenier: J'aimerais qu'il nous dise s'il a constaté que
les cours d'immersion qui sont donnés principalement en langue seconde
chez les anglophones donnent des résultats intéressants et si ces
cours d'immersion sont donnés pour la langue seconde également
chez les francophones, s'il peut nous faire une comparaison qui nous
permettrait un éclairage important.
M. Morin (Sauvé): M. le député, que je
sache, il est trop tôt pour se prononcer sur les résultats de
l'immersion. Nous en sommes au tout début de ces expériences et
déjà, il se produit une certaine résistance, chez une
commission scolaire que je ne nommerai pas, où les parents commencent
à trouver qu'on va peut-être trop vite.
Avant de me prononcer là-dessus, j'aimerais vraiment voir
l'évaluation de ce qui se fait dans les écoles anglaises du
Québec par le truchement de l'immersion. De toute façon, je ne
pense pas que ce soit utile, dans les écoles françaises du
Québec, comme technique. C'est peut-être compréhensible
pour les anglophones qui doivent apprendre à vivre en français au
Québec, mais je pense que si nous arrivons à donner un bon
enseignement d'anglais, dès la quatrième année du
primaire, lequel enseignement se continuerait pendant le secondaire, comme vous
pouvez le voir dans les projets de programme...
Mme Lavoie-Roux: Un peu amoindris par exemple.
M. Morin (Sauvé): Quand même...
Mme Lavoie-Roux: II y a moins d'enseignement en anglais au
secondaire qu'il y en avait. Il y en aura moins qu'il y en a.
M. Morin (Sauvé): Encore une fois, il y a la
possibilité avec la flexibilité qu'on a mentionnée tout
à l'heure, d'en prendre un peu plus.
Mme Lavoie-Roux: II y a moins de sciences, moins d'anglais. S'ils
veulent se préparer, il n'y a plus de place pour en prendre.
M. Morin (Sauvé): II y a tout de même, en
règle générale, 150 minutes par semaine.
Mme Lavoie-Roux: C'est moins qu'avant.
Le Président (M. Lacoste): A ce stade-ci, nous sommes
présentement à l'article 3. Nous sommes très loin de
l'article 3.
M. Morin (Sauvé): Enfin, je voudrais simplement dire aux
députés, en terminant, qu'avec un bon enseignement de l'anglais
et nous sommes à organiser, vous le savez, du perfectionnement
des maîtres dans ce domaine on peut espérer que d'ici
quelques années, nous aurons fortement redressé cet enseignement
qui laisse fort à désirer.
M. Grenier: On vit des expériences dans nos
régions, en bordure des frontières américaines, Maine,
Vermont, New Hampshire, dans les moments actuels, peu importent les frousses
qu'on peut faire parfois, qu'elles viennent d'un bord ou l'autre de la Chambre,
c'est qu'il nous revient des Américains vivre au Québec. Vous
n'êtes pas sans savoir cela. Depuis quelques mois... C'est une question
tout à fait pertinente, je pense, qui s'ajuste à cela et le
ministre va être au courant d'un nouveau programme qui est donné
dans des écoles secondaires. Ces Américains qui entrent au
Québec depuis quelques mois, qui reviennent parce que le salaire
est bien supérieur à celui qu'ils gagnent aux Etats-Unis, ce sont
nos franco-américains qui reviennent avec des enfants qui n'ont pas
appris le français. Ils sont en train d'apprendre leur français
dans des groupes qui n'ont pas le nombre requis, ce sont des groupes de huit ou
dix à l'occasion.
Mme Lavoie-Roux: Non.
M. Grenier: Non. Ce sont des cadres d'accueil.
M. Morin (Sauvé): Ce sont des mesures
spéciales.
M. Grenier: Des mesures spéciales qui sont
accordées au niveau des polyvalentes. Est-ce que c'est un programme qui
est subventionné globalement au niveau de chacune des commissions
scolaires ou si c'est analysé cas par cas?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, effectivement,
c'est réglé cas par cas, à la demande de la commission
scolaire.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 3 est
adopté?
M. Morin (Sauvé): Adopté.
Le Président (M. Lacoste): L'article 3 est adopté.
L'article 4.
L'école, son directeur et le directeur
adjoint
M. Morin (Sauvé): L'article 4, M. le Président,
comporte cinq articles qui définissent l'école, son directeur et
le directeur adjoint. Je ne me donnerai pas la peine de lire ces articles que
vous avez tous sous les yeux. Je me contenterai de vous dire que l'article 32.1
donne une définition de l'école, que l'article 32.2
reconnaît la compétence de la commission scolaire dans
l'établissement de l'école, pour mieux affermir l'autonomie de la
commission scolaire, que l'article 32.3 définit le rôle, les
fonctions du directeur, du responsable de l'école, que l'article 32.4
définit de façon plus précise les droits, les obligations
et les pouvoirs du directeur ou du responsable de l'école. Une douzaine
de points viennent préciser ces fonctions. Enfin, l'article 32.5
précise que le directeur adjoint exerce ses fonctions sous
l'autorité du directeur de l'école. Voilà, M. le
Président. Et comme il s'agit de la mise en oeuvre du plan d'action, je
pense que tous les députés autour de cette table auront
déjà lu ce plan d'action et connaîtront donc la
genèse de ces articles.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, je pense qu'on doit aborder
cet article paragraphe par paragra- phe. Pour ce qui concerne l'article 32.1,
on retrouve avec bonheur la définition de l'école qui est une
entité institutionnelle sous l'autorité d'un directeur ou d'un
responsable, s'il n'y a pas de directeur, destiné à assurer,
d'une manière ordonnée là, on voit bien
l'héritage de l'ancien député des Iles-de-la-Madeleine que
continue le ministre de l'Education, l'ordre...
Une Voix: Ah oui! "law and order".
M. Lalonde: ... "law and order" d'une manière
ordonnée l'éducation des élèves et à
l'activité de laquelle participent les élèves, les
enseignants et les autres membres du personnel et les parents.
M. le Président, je suis prêt à adopter cet article
32.1, à moins que d'autres...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: J'aurais une remarque. Je ne veux pas insister
là-dessus, mais cela ajoute quoi cet article?
M. Morin (Sauvé): Tous les milieux nous ont demandé
une définition de l'école.
M. Rivest: Non, ce n'est pas cela, seulement cette particule
"d'une manière ordonnée". Je n'en fais pas un drame. C'est
sûr que le ministère va faire cela...
Mme Lavoie-Roux: C'est pour empêcher le
désordre.
M. Rivest: Cela doit. En tout cas!
M. Morin (Sauvé): La réponse du
député de L'Acadie vaut autant qu'une autre.
M. Rivest: Que la vôtre?
M. Lalonde: Donc autant que la vôtre.
Mme Lavoie-Roux: II trouve que la discussion est superflue.
M. Morin (Sauvé): Adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Lacoste): Le paragraphe 32.1 ?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Le paragraphe 32.1,
adopté. Le paragraphe 32.2.
M. Morin (Sauvé): J'ai évoqué, au sujet de
cet article, l'autonomie des commissions scolaires. Cet article, bien
sûr, reflète un voeu de la Fédération des
commissions scolaires: Qu'il soit clairement établi que l'école
est établie par la commission scolaire.
M. Lalonde: C'est très bien. Nous sommes d'accord avec
cette reconnaissance de l'autorité des commissions scolaires pour le peu
qu'il en reste.
M. Morin (Sauvé): Bien, adopté, M. le
Président.
Mme Lavoie-Roux: Un instant! Une minute!
Le Président (M. Lacoste): L'article 32.2 est-il
adopté?
Mme Lavoie-Roux: Non, une minute, M. le Président!
L'école est établie par la commission scolaire quand même
à l'intérieur de la Loi sur l'instruction publique.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: Cela va.
Le Président (M. Lacoste): Cela va. L'article 32.2 est-il
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
M. Morin (Sauvé): Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Le paragraphe 32.2,
adopté. Le paragraphe 32.3.
M. Morin (Sauvé): Comme je l'ai expliqué, M. le
Président, cet article définit les fonctions, les
responsabilités du directeur de l'école ou du responsable
d'icelle. J'ai terminé mes explications.
M. Lalonde: II y a seulement le deuxième alinéa, M.
le Président, où l'on dit que le directeur de l'école
participe également à l'élaboration des objectifs et des
politiques de la commission scolaire. Est-ce l'intention du gouvernement
d'innover ou de corriger une situation?
M. Morin (Sauvé): Une situation très inégale
d'une commission scolaire à l'autre, mais il est certain que, dans
certains milieux, d'ores et déjà, les principaux, les directeurs
d'école participent activement à l'élaboration des
objectifs et des politiques de la commission scolaire. Il y a d'autres milieux
qui sont beaucoup plus fermés à ce genre de participation et les
principaux, en particulier, nous ont demandé de faire en sorte qu'il
soit clair qu'ils ont le droit de participer de la sorte à
l'élaboration des objectifs et des politiques de leur commission
scolaire. Après en avoir discuté avec les autres agents de
l'éducation, nous avons pensé que c'était une bonne
idée.
Le Président (M. Lacoste): Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: J'imagine que ceci peut se faire par le
truchement d'une association repré- sentant les directeurs
d'école dans une commission. Evidemment, l'exemple auquel je pense: si
vous avez 150 directeurs d'école dans une commission scolaire, cela
n'implique pas je veux m'assurer de cela que chaque directeur
d'école, personnellement, participe à l'élaboration des
objectifs... Enfin, est-ce qu'on...
M. Morin (Sauvé): Cela peut se faire de plusieurs
façons et, notamment, par le truchement d'une association, bien
sûr. (22 heures)
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais à partir de cela? M.
Lalonde: Ce n'est pas ce que cela dit.
Mme Lavoie-Roux: Tel que rédigé, je me demande...
On pense à une grosse commission. Même dans une ville comme
Sherbrooke, où il peut y avoir 35 directeurs d'école, j'imagine,
ou 40. Est-ce que c'est clair?
M. Lalonde: C'est à peu près cela, une
trentaine...
M. Morin (Sauvé): II y a aussi, Mme le
député de L'Acadie s'en souviendra, des comités de gestion
au sein des commissions scolaires, auxquels siègent les directeurs
d'école. Il y a plusieurs façons d'organiser cette participation.
Nous n'avons pas voulu nous enfermer dans un modèle unique. C'est pour
cela que nous l'avons rédigé de cette façon. Est-ce que
cela a été accepté par la Fédération des
commissions scolaires?
Mme Lavoie-Roux: Je ne connais pas le langage juridique.
M. Rivest: Je pense que, techniquement, je comprends l'intention
du ministre.
Le point que souligne mon collègue de L'Acadie, est-ce que cela
voudrait dire, si on prend Sherbrooke, où il y en a plusieurs, que
chaque directeur d'école pourrait effectivement demander de participer
à l'élaboration des objectifs et politiques de la commission
scolaire?
Mme Lavoie-Roux: Oui, je sais que cela existe. Apartir de cet
article, est-ce qu'un directeur d'école pourrait exiger... C'est
simplement ma préoccupation, ce n'est pas...
M. Morin (Sauvé): Dans les faits, cela s'organise de
plusieurs façons.
Mme Lavoie-Roux: Oui, je suis d'accord.
M. Morin (Sauvé): L'étape de gestion qui
réunit les directeurs d'école et les OG, les directeurs
généraux de la commission scolaire. Il peut y avoir, dans une
commission scolaire qui est plus vaste qu'une autre, une association de
directeurs d'école.
Mme Lavoie-Roux: C'est seulement la rédaction.
M. Morin (Sauvé): Nous l'avons rédigé de
façon générale pour que tous ces procédés,
toutes ces façons de faire...
M. Rivest: Elles sont incluses dans votre...
M. Morin (Sauvé): ... pour qu'elles soient
respectées. Il se fait déjà des choses de ce genre. Les
principaux nous ont demandé de le dire pour que ce soit clair partout.
La Fédération des commissions scolaires nous a dit: Oui.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: J'aimerais connaître du ministre, parce qu'on
tranche sans aucun doute le cas Miljours, à l'article 4, paragraphes
32.3 et 32.4... Evidemment, j'y ai fait allusion pendant qu'il était
occupé. C'est certainement ici qu'on tranche le problème du cas
Miljours qu'on a vécu et que j'ai repris hier en Chambre. J'aimerais
savoir, en gros, quelle sera la tâche tout à fait nouvelle, et
là où le directeur général devra prendre
l'autorité qu'il n'avait pas... Quels sont les points,
précisément, dans sa nouvelle définition de
tâche?
M. Morin (Sauvé): Je peux vous indiquer les points qui
sont relativement nouveaux pour l'ensemble des directeurs, parce que certains
avaient pris déjà des initiatives dans le sens du projet
éducatif, que d'autres n'avaient pas prises. Prenons les paragraphes un
par un. Au paragraphe 32.4: II s'assure que l'école se donne une
orientation propre ou un projet éducatif. Ce ne sont pas tous les
directeurs d'école qui ont fait cela jusqu'ici. Certains l'ont fait,
d'autres ne l'ont pas fait. Nous leur donnons pour fonction de le faire. Il met
en oeuvre des mesures conformes aux orientations déterminées pour
l'école. Ils le font déjà assurément.
Troisièmement, il s'assure de l'application du régime
pédagogique établi en vertu du paragraphe 7 dont nous avons
parlé plus haut. Il le fait déjà. Quatrièmement, il
choisit les manuels scolaires et le matériel didactique. A l'heure
actuelle, ce n'est pas si clair que cela. On verra plus loin que les parents
sont associés à ces choix également.
M. Grenier: C'est une tâche qui était
attribuée à qui antérieurement?
M. Morin (Sauvé): Cela peut dépendre des
commissions scolaires.
M. Grenier: Encore là ça jouait.
M. Rivest: Est-ce que là-dessus, il y aurait plus de
précisions dans la politique que le ministère est en train
d'élaborer autour des manuels scolaires?
M. Morin (Sauvé): Non, c'est dans le plan d'action.
M. Rivest: C'est plutôt dans le plan d'action. M.
Grenier: On continue.
M. Morin (Sauvé): On pourrait continuer comme cela pour
tous les autres, mais...
M. Grenier: J'aimerais qu'on le passe. Cela va bien. On en a
presque la moitié de fait.
M. Rivest: Continuez donc au paragraphe 5. M. Grenier:
C'est bon.
M. Morin (Sauvé): Cinquièmement, il s'assure du
contrôle des absences des élèves. Je pense qu'il le faisait
déjà.
M. Grenier: C'est cela.
M. Morin (Sauvé): Nous aimerions ajouter un
paragraphe...
M. Lalonde: Excusez-moi, M. le Président. Est-ce qu'on est
rendu à 23.4?
M. Grenier: Non.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre, nous...
M. Morin (Sauvé): C'est parce que cet article 4, fait un
tout. Le député de Mégantic-Compton voulait avoir quelques
détails sur l'article 32.4. Avec votre permission, je vais vous faire
distribuer un nouveau paragraphe, un sixièmement qui va dire: "II
informe le comité d'école sur l'ensemble des services offerts par
l'école." Il le fait déjà, mais les parents nous demandent
de le préciser.
Mme Lavoie-Roux: Je suis d'accord avec cela.
M. Rivest: On ajoute?
M. Morin (Sauvé): On ajoute, oui. Le sixièmement du
projet devient septièmement, et ainsi de suite. 7°. "Il voit
à ce que les parents soient régulièrement informés
sur les progrès de leur enfant et sur les services éducatifs
offerts par l'école." Cette fois, il s'agit de l'information à
chaque parent, et non pas au comité d'école où se
réunissent l'ensemble des parents.
M. Rivest: Pour l'élève, particulier.
M. Morin (Sauvé): C'est cela, c'est un service
particularisé. 7° devient 8°. "Il soumet à l'approbation
de la commission scolaire et administre le budget de l'école et lui en
rend compte." Cela, c'est relativement neuf parce que, jusqu'ici, on ne peut
pas dire qu'il y ait eu, dans la plupart des écoles que nous
connaissons, les budgets d'école. Désormais, l'école sera
une entité, elle aura une personnalité, elle aura donc un budget.
Bien sûr, ce ne
sera pas un budget énorme, mais elle en aura un. C'est le
principal, donc...
Mme Lavoie-Roux: Elle en a toujours eu. M. Lalonde: Au
niveau de l'école?
M. Morin (Sauvé): Pas de façon garantie par la loi,
que je sache. Non, c'est vraiment neuf.
M. Grenier: M. le Président, c'est bien cela, c'est bien
le directeur général qui fait cela.
M. Morin (Sauvé): Non, le directeur de l'école.
M. Grenier: D'accord, le directeur de l'école, je
m'excuse.
M. Morin (Sauvé): Le directeur général,
c'est au niveau de la commission scolaire.
M. Grenier: C'est un budget de quel ordre, à peu
près?
M. Rivest: Quel est le cadrage ou le barème? Le
ministre...
Le Président (M. Lacoste): Juste un instant, messieurs les
députés. On a l'intention de présenter un
amendement...
M. Rivest: On lit l'article, simplement.
Le Président (M. Lacoste): Oui, mais on n'est pas
rendu...
M. Grenier: Un instant! On est à cet article, globalement,
on demande des questions sur chacun des éléments et, par la
suite, on reviendra pour les voir un par un. On demande tout simplement ce
qu'il y a de neuf dans le rôle du directeur général et ce
qui existait déjà. Le ministre nous donne une estimation de cela
et, par la suite, on prendra l'article au début.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Mégantic-Compton, nous sommes présentement à l'article
32.3. Je pense qu'on doit discuter de l'article 32.3, sinon...
M. Lalonde: On a répondu que...
Le Président (M. Lacoste):... le ministre nous
présente un amendement à l'article 32.4 et on n'est pas encore
rendu à l'article 32.4.
M. Morin (Sauvé): Je m'en excuse.
Le Président (M. Lacoste): Je pense qu'il faudrait
peut-être revenir à l'article 32.3, l'adopter et, par la
suite...
Mme Lavoie-Roux: Vous avez raison, M. le Président.
M. Morin (Sauvé): Me permettez-vous, cependant,
d'ajouter... Il y a encore un renseignement que je dois au député
de Mégantic-Compton au sujet du cas Miljours. C'est
précisément pour régler ce genre de cas que nous avons
adopté, à la page précédente, la 29e
définition: "les mots personnel de cadre désignent les cadres de
la commission scolaire", et on a ajouté le directeur et le directeur
adjoint de l'école. Vous voyez, le cas Miljours tournait sur une
question de définition, en partie, du moins, et nous l'avons
réglé de cette façon.
M. le Président, je m'en remets à vous pour savoir si on
doit revenir à l'article 32, paragraphe 3. Je suis prêt à
l'adopter, je ne sais pas si...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: La seule question que j'avais à poser
concernant le deuxième alinéa qui édicte que le directeur
de l'école participe également, etc. C'est un pouvoir que cet
alinéa contient.
M. Morin (Sauvé): Non, c'est une
responsabilité.
M. Lalonde: C'est une responsabilité. Donc, son
défaut de participer, pour une raison ou pour une autre, n'aurait pas
pour résultat d'entacher la validité des actes, des politiques,
des objectifs et de la programmation.
M. Morin (Sauvé): Pas que je sache. M. Lalonde:
Bon!
M. Morin (Sauvé): Comme vous le voyez, il n'y a pas de
sanction à cela; ce sont des obligations de comportement, et non pas des
obligations de résultats.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 32...
Une Voix: II a été à la bonne école.
M. Rivest: 88%.
Mme Lavoie-Roux: II va avoir 90% la prochaine fois.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que le paragraphe 32.3
est adopté?
M. Lalonde: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): Le paragraphe 32.3 est
adopté.
M. Lalonde: Maintenant, on peut passer au paragraphe 32.4.
Le Président (M. Lacoste): Au paragraphe 32.4, vous aviez
un amendement, M. le ministre.
M. Lalonde: De très grandes lacunes.
M. Morin (Sauvé): Oui, j'ai ajouté un nouvel
alinéa 6°. Est-ce qu'on l'a fait distribuer?
Une Voix: Oui.
M. Morin (Sauvé): Tout le monde l'a sous les yeux. Je
pense qu'il est suffisamment clair: "II informe le comité d'école
sur l'ensemble des services offerts par l'école." Nous avons voulu qu'il
y ait on me pardonnera encore l'expression une charnière
entre l'école et le comité d'école.
Mme Lavoie-Roux: Le comité d'école et le
directeur.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre, si je comprends
bien, vous faites un nouveau sixièmement qui se lit comme suit: "6°.
Il informe le comité d'école sur l'ensemble des services offerts
par l'école." L'ancien sixièmement demeure, qui sera maintenant
numéroté 7° et ainsi de suite. D'accord. Est-ce que
l'amendement du ministre est adopté?
M. Lalonde: Fatalement.
Le Président (M. Lacoste): L'amendement du ministre est
adopté.
M. Grenier: ... le ministre pourrait compléter
l'information...
M. Rivest:... nos collègues nous ont rattrapés.
M. Grenier: Maintenant que nos ligues de droite nous ont
rattrapés...
M. Lalonde: Notre extrême gauche à l'Union Nationale
était quelque...
M. Rivest: Non, j'étais solidaire.
M. Lalonde: J'aurais une question, M. le Président, je
m'excuse, si on veut avancer un peu, j'aimerais qu'on fasse un peu de
progrès d'ici minuit.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que le paragraphe
32.4...
M. Lalonde: Conformément aux politiques et
règlements de la commission scolaire...
M. Morin (Sauvé): Oui.
M. Lalonde: Quelles sont les politiques, est-ce que ça
réfère à des réalités écrites qu'on
peut vérifier et pourquoi, si ce n'est pas là une
réalité écrite ou vérifiable, est-ce que ce n'est
pas de la littérature?
M. Morin (Sauvé): M. le Président...
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Morin (Sauvé):... toute commission scolaire adopte
normalement, par voie de résolution, des politiques. Mme le
député de L'Acadie, qui a présidé une commission
scolaire, sait, par exemple, qu'elle va se donner une politique d'achat des
manuels scolaires et d'autres politiques également pour le bon
fonctionnement de la commission. C'est une allusion à ces politiques,
écrites généralement sous forme de résolutions,
adoptées, par la commission.
M. Lalonde: Pourquoi ne pas dire conformément aux
résolutions et règlements de la commission scolaire?
M. Morin (Sauvé): Non, parce que le mot politique est
consacré dans le jargon et dans la pratique des commissions
scolaires.
M. Lalonde: Mais le contenant c'est la résolution, le
contenu c'est la politique. Alors pourquoi ne pas référer
à quelque chose de vérifiable? Il y a des politiques qui
pourraient être le résultat d'attitudes, de traditions, alors que
si on veut quand même réduire... Là, on parle d'obligations
du directeur.
M. Morin (Sauvé): Effectivement ça revient
passablement au même et je serais...
M. Lalonde: Sauf que c'est plus clair pour le directeur que ce
à quoi...
M. Morin (Sauvé): Je ne verrais pas d'objection sur le
plan juridique à dire: conformément aux règlements et
résolutions de la commission scolaire.
M. Lalonde: Parce qu'il s'agit d'obligations du directeur et
à ce moment-là, au moins, on a le cadre plus clair, à
savoir ce à quoi le directeur doit se...
M. Morin (Sauvé): Oui, je pense qu'on vient de me signaler
une difficulté et le député de L'Acadie allait sans doute
la soulever, c'est que dans certaines commissions scolaires, la commission peut
déléguer à son directeur général le pouvoir
d'adopter certaines politiques et cela n'est pas fait par voie de
résolution. Donc...
M. Lalonde: A ce moment-là ce ne sont pas des politiques
de la commission, ce sont des politiques du directeur.
M. Morin (Sauvé): C'est par voie de
délégation...
Mme Lavoie-Roux: Délégation.
M. Lalonde: Ah, quel monde! Allez, allez, je vous laisse.
M. Morin (Sauvé): Le député de
Marguerite-Bourgeoys découvre l'éducation.
M. Lalonde: J'ai fait 25 ans dans des institutions, M. le
ministre.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que le paragraphe 32.4
est adopté?
Mme Lavoie-Roux: Non, non, non, non.
Le Président (M. Lacoste): Mme la députée de
L'Acadie.
M. Rivest: Tu en as doublé combien?
Mme Lavoie-Roux: C'est ce que j'allais lui demander.
M. Lalonde: Ce que je voulais éviter, c'est que le
directeur ne sache pas à quel saint se vouer.
M. Rivest: II y a toujours le ministre de l'Education qui est
disponible.
M. Morin (Sauvé): Encore des allusions sexistes.
M. Lalonde: ... s.a.i.n.t
Mme Lavoie-Roux: Non, c'est une discrimination religieuse.
M. Lalonde: Une autre question...
M. Grenier: ... au chef de l'Opposition officielle, il est en
contact direct avec En-Haut, lui.
M. Lalonde: Oui, vous êtes jaloux. Vous aimeriez bien que
le vôtre le soit. Cela vous aiderait.
M. Rivest: Vous en auriez grand besoin. (22 h 15)
M. Morin (Sauvé): M. le Président, oui, revenons
à des choses sérieuses.
M. Lalonde: ... je voudrais vous poser la question suivante: On
dit: Le directeur ou le responsable exerce les obligations suivantes... Est-ce
qu'on exerce des obligations? On exerce des droits, des pouvoirs, mais on
ajoute "obligations". Parce qu'au fond, quand on lit les paragraphes, ce sont
des obligations, ce ne sont pas des droits, ou à peu près. Je ne
vois pas pourquoi, d'ailleurs, on parle de droits ou de pouvoirs, ce sont des
obligations.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, cela peut
très bien être un pouvoir ou un droit lorsqu'il s'agit, par
exemple, de choisir les manuels scolaires...
M. Lalonde: C'est une obligation.
M. Morin (Sauvé):... ou encore réglementer la
régie interne de l'école.
M. Lalonde: II a le devoir de choisir les manuels scolaires.
M. Morin (Sauvé): Oui, mais les directeurs d'école
vous diront qu'eux le considèrent, non seulement comme une obligation,
ou disons une responsabilité ou une fonction, mais également
comme un droit. Ils veulent être sûrs que cela soit dit de
façon explicite.
M. Lalonde: Fatalement.
Mme Lavoie-Roux: Mais à l'intérieur de la liste du
ministère quand même. Il faut que les manuels aient
été approuvés par le ministère. C'est une
liberté relative. D'ailleurs cela se comprend.
M. Grenier: M. le Président, on était rendus tout
à l'heure à l'analyse qu'on faisait de la fonction du directeur
de l'école, on était rendus à l'alinéa 9,
c'est-à-dire le nouvel alinéa 9. Est-ce qu'on pourrait
compléter jusqu'à l'article 12?
M. Morin (Sauvé): Bien sûr.
M. Grenier: A savoir sa responsabilité nouvelle, si on se
rappelle la question, ce qu'il y a de nouveau et ce qui existait
antérieurement.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, au
neuvième alinéa le directeur se voit confier la
responsabilité de réglementer l'utilisation des locaux de
l'école en l'absence d'un conseil d'administration. Il possède,
à l'heure actuelle, cette compétence, nous ne faisons que la
confirmer. A l'alinéa 10, il réglemente la régie interne
de l'école. C'est déjà le cas, mais cela n'avait jamais
été dit clairement. Onzièmement, il favorise
l'établissement d'un conseil d'orientation, ça c'est du neuf,
puisque le conseil d'orientation sera institué par la loi, nous le
verrons un peu plus loin. Enfin, douzièmement, il exerce les autres
droits, pouvoirs et obligations qui lui sont délégués en
vertu de l'article 187. Il s'agit de la Loi de l'instruction publique, ainsi
que les fonctions qui lui sont attribuées en vertu du cinquième
alinéa de l'article 191. Si vous voulez vous reporter à la Loi
sur l'instruction publique, M. l'adjoint parlementaire, qui a la loi devant
lui, pourra vous dire exactement à quoi se réfèrent ces
articles 187 et 191. Ce sont des articles qui délèguent des
pouvoirs.
M. Grenier: Je reviens à l'alinéa 7, qui est devenu
8: II soumet à l'approbation de la commission scolaire et administre le
budget de l'école et lui en rend compte. Est-ce que c'est bien cela
qu'on veut dire?
M. Morin (Sauvé): C'est bien cela que nous voulons dire.
Jusqu'ici certaines grosses commis-
sions scolaires donnent des budgets à leurs écoles. Je
pense qu'à la CECM c'est déjà un fait depuis de nombreuses
années. Mais dans d'autres commissions scolaires, dont les revenus ne
sont pas aussi considérables, ou qui n'ont pas une assiette fiscale
aussi favorable...
Mme Lavoie-Roux: Cela peut être une question
d'attitude.
M. Morin (Sauvé): Cela peut aussi être une question
d'attitude, j'en conviens. Les commissions scolaires ne donnent pas de budget
à leurs écoles. Désormais, nous prenons les moyens pour
que chaque école ait un budget, mais naturellement, c'est la commission
scolaire qui décidera du budget en fonction de la grandeur de
l'école, du nombre d'élèves inscrits. Bien sûr,
conformément à ses politiques et à ses
règlements.
M. Grenier: C'est selon la réglementation de
l'école elle-même. Il se peut qu'elle ne le donne pas à
certains directeurs, que le directeur ne l'ait pas.
M. Morin (Sauvé): C'est conformément aux politiques
et aux règlements de la commission. Donc, une commission peut encore
s'entêter et n'en pas donner, mais ce projet de loi, qui ne comporte pas,
à vrai dire, de sanction, favorise la chose.
M. Lalonde: M. le Président...
M. Grenier: Parce qu'il y a quand même...
M. Morin (Sauvé): Si vous me permettez, M. le
Président, j'avais quelque chose à dire à la suite d'une
intervention du député de Marguerite-Bourgeoys. Je pense que dans
le cas du mot "obligations", il a raison, on n'exerce, pas une obligation,
alors nous dirions volontiers "fonctions". Cela aurait le même sens, ce
serait beaucoup plus précis et ça répondrait à son
objection.
Le Président (M. Lacoste): II s'agit de changer, à
la quatrième ligne, du premier paragraphe, le mot "obligations" par le
mot "fonctions".
M. Morin (Sauvé):A la suggestion du
député.
M. Lalonde: Je vous ferai envoyer un certificat de l'Office de la
langue française demain matin.
M. Grenier: "Obligations" par "fonctions".
Le Président (M. Lacoste): Par "fonctions", au pluriel,
avec un "s". Est-ce que l'amendement du ministre est adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté.
Mme Lavoie-Roux: J'ai d'autres questions à poser.
M. Lalonde: Moi aussi, j'en aurais une, si vous permettez. Sur le
nouveau paragraphe 10 qui était l'ancien paragraphe 9, il
réglemente la régie interne de l'école. Est-ce que
ça comprend la conduite des élèves, le comportement des
élèves?
M. Morin (Sauvé): Oui, c'est une allusion à la. vie
quotidienne de l'école, au comportement des élèves,
effectivement. On verra plus loin que les parents, quand nous aborderons les
fonctions du conseil d'orientation, que celui-ci aura son mot à
dire.
M. Lalonde: C'est justement le but de ma question, parce que je
suis tout à fait d'accord que le directeur réglemente la
régie interne de l'école, y compris le comportement ou la
conduite des élèves. Mais je retrouve à l'article 54.6, ce
qu'on retrouve à l'article 15 du projet de loi, à la page 11, que
"le conseil d'orientation est, en outre, chargé de faire des
règlements relatifs à la conduite des élèves."
Est-ce que le ministre ne trouve pas une possible et même probable
contradiction ou conflit entre...
M. Paquette: A la deuxième ligne...
Le Président (M. Lacoste): Le député de
Rosemont.
M. Paquette: ... je pense qu'à la deuxième ligne de
l'article 32.4, il est bien spécifié, "compte tenu des fonctions
du conseil d'orientation."
M. Morin (Sauvé): C'est exact.
M. Paquette: Je pense qu'à ce moment-là, les
décisions du conseil d'orientation ont priorité.
M. Morin (Sauvé): C'est cela. Le député de
Rosemont a raison, le paragraphe introductif renvoie à l'article
54.6.
M. Lalonde: Je remercie le député de Rosemont, il
n'y a pas de conflit, parce que le directeur arrive en second lieu, c'est le
conseil d'orientation qui a la première décision sur la conduite
des élèves.
M. Morin (Sauvé): Sur ce point-là.
Mme Lavoie-Roux: Quand il n'existe pas, c'est le principal.
M. Lalonde: Oui.
Le Président (M. Lacoste): Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Quatrièmement, "il choisit les manuels
scolaires et le matériel didactique." Il existe je ne sais pas si
c'est dans toutes les écoles, mais normalement, ça devrait
exister dans toutes les écoles soit un conseil de maîtres,
un conseil pédagogique ou enfin, il y a diverses formulations ou
désignations pour indiquer le
comité qui réunit les professeurs. Quand il n'y avait pas
de règle, c'était établi par la coutume, le fait que les
manuels scolaires et le matériel didactique étaient choisis en
consultation avec les professeurs. De fait, je pense que le résultat
pratique était probablement, dans la majorité des cas, que le
professeur, à n'importe quel niveau, choisissait les manuels scolaires
et le matériel didactique qui y était associé.
Ici, ce qui m'inquiète ça ne m'empêchera pas
de dormir, M. le Président il y a un problème réel,
je ne vois pas, à moins qu'on me l'explique, comment ceci va
s'articuler. Parce qu'avant, comme je le disais, ça se faisait, selon
certains arrangements à l'intérieur de l'école. Est-ce que
c'était prévu, dans la convention collective, dans certains
cas?
M. Morin (Sauvé): Oui, ça l'est effectivement. Les
enseignants ont le droit d'être consultés.
Mme La voie-Roux: Ils ont le droit d'être
consultés.
M. Morin (Sauvé): Oui.
Mme La voie-Roux: Cela ne leur enlève pas leur droit
d'être consultés.
M. Morin (Sauvé): Absolument pas.
Mme Lavoie-Roux: Dans les faits, je pense que la plupart d'entre
eux les choisissent et reçoivent l'approbation du directeur de
l'école. Cela ne modifie rien.
M. Morin (Sauvé): Vous avez raison, Mme le
député et j'ajouterais que l'économie de la loi, c'est de
ne pas porter atteinte à la convention collective.
Je voudrais cependant ajouter un nouvel élément au
casse-tête du député avant peut-être de donner la
parole au député de Rosemont et attirer votre attention sur la
page suivante à l'article 51.1. Le comité d'école peut
demander à...
Mme Lavoie-Roux: Ils doivent être consultés
là-dessus.
M. Morin (Sauvé): ... être obligatoirement
consulté sur le choix des manuels scolaires et du matériel
didactique pour les matières qu'il précise. Donc, vous avez une
consultation du comité d'école, consultation des enseignants,
mais c'est le principal qui a l'autorité administrative.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, je conçois que cette
question est réglée par la convention, mais je me demande si cela
ne donnerait pas plus de clarté à la loi de l'inclure ici,
c'est-à-dire de choisir les manuels scolaires et le matériel
didactique après consultation des enseignants. Il me semble que c'est
une question qui dépasse la simple négociation collective,
c'est-à-dire que le gouvernement pourrait affirmer par cet article que
c'est une chose nécessaire, que cela doit se faire.
M. Rivest: Si c'est dans la convention collective et que vous
mettez cela...
M. Paquette: Que ce soit retiré à un moment
donné?
M. Rivest: Non, ce n'est pas cela. C'est que si vous mettez cela
dans le projet de loi, cela peut varier, ils peuvent en demander plus que la
consultation. D'après ce que le ministre a dit, c'est dans la convention
collective. Cela peut évoluer et si vous le mettez dans la loi, à
ce moment-là, vous vous trouvez à le figer. Au moins enlevez cet
élément du champ de la convention collective.
M. Morin (Sauvé): La raison m'était donnée
à l'oreille par le député de Terrebonne qui me faisait
observer que, dans le cas des parents, ils n'ont pas de convention collective,
c'est pour cela que nous sommes obligés d'inscrire la consultation
obligatoire dans la loi. Tandis que, dans le cas des enseignants, la convention
collective leur assure cette consultation, mais elle peut varier quant aux
modalités. Je serais réticent à inscrire ici une mesure
qui pourrait aller à l'encontre d'une convention collective
éventuelle et les enseignants nous diraient avec raison: Vous avez
porté atteinte à nos droits acquis ils sont toujours
acquis quand on parle de conventions collectives et vous ne pouvez pas,
de la sorte, modifier notre convention collective.
M. Paquette: Je voudrais simplement faire une remarque pour
conclure. Personnellement, je pense que les manuels scolaires et le
matériel didactique devraient être choisis par les enseignants. Je
trouve cela abusif, ce 4°. Je pense qu'au niveau collégial, ce sont
les enseignants qui choisissent. Maintenant, je ne veux pas en faire un plat,
parce que j'imagine...
Le Président (M. Lacoste): Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, si vous me le permettez.
Je l'ai soulevé parce que je trouvais qu'il était certain qu'ils
devaient avoir une place dans le choix, mais que ce soit uniquement
décidé par les enseignants sans... qu'au moins, que ce soit
décidé en collaboration avec tous les agents ensemble. Parce
qu'un moment donné, si on veut respecter les parents tout ce que
le ministre dit, c'est de toujours respecter les parents, d'ailleurs j'en suis
convaincu si un moment donné, des manuels scolaires rencontraient
la réprobation des parents pour quelque motif que ce soit, il y a une
mise en garde ou des balises à mettre.
M. Morin (Sauvé): II y a une autre raison et elle est fort
importante, une raison matérielle, bas-
sèment matérielle. Au niveau collégial, les manuels
sont payés par les étudiants, tandis qu'aux niveaux primaire et
secondaire, c'est l'Etat qui paie la facture. Il doit donc avoir son mot
à dire.
M. Paquette: C'est dans le cadre des politiques et
règlements de la commission scolaire.
M. Morin (Sauvé): De toute façon, les enseignants
ont le droit d'être consultés.
Mme Lavoie-Roux: En autant qu'ils sont consultés et qu'on
est assuré, de par la convention, qu'ils le sont.
M. Morin (Sauvé): Cela, vous pouvez en être
assurée. La convention collective le dit en toutes lettres. Il y aurait
même grief, j'imagine, si cette disposition de la convention collective
n'était pas observée par le directeur ou par la commission
scolaire.
M. Grenier: M. le Président, quand vous regardez, on
pourrait faire un parallèle entre l'article 4, 5 et 1. Il est bien
sûr qu'à l'article 5, s'il exerce un contrôle sur les
absences des élèves, c'est certainement avec la collaboration des
enseignants. Cela ne peut pas se faire autrement. Est-ce qu'on doit l'ajouter
à l'article 4 et ne pas le mettre à l'article 5? Si on le met
à l'article 4, je ne vois pas pourquoi on ne le mettrait pas à
l'article 5. La convention doit aussi prévoir cela. On sait que c'est un
contrôle absolument essentiel qui doit être fait par les
enseignants. (22 h 30)
Le Président (M. Lacoste): Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, évidemment, si on
l'ajoutait au quatrièmement j'ai perdu un peu des propos du
député de Rosemont ce serait ajouter un membre de phrase
ou une disposition qui n'existe peut-être pas pour 1, 2, 3, 4. Je
n'aurais pas objection à ce qu'on ajoute "en consultation avec les
enseignants". C'est superfétatoire, compte tenu de la convention, mais
il me semble... Oui, je l'ai appris, j'ai été longtemps à
étudier le projet de loi 101.
M. Rivest: Vous l'avez le vocabulaire du ministre.
Mme Lavoie-Roux: Non, c'est celui du... Voyons, voyons. Lui,
c'est la foulée, la charnière-Une Voix: Et le sillage.
Mme Lavoie-Roux: ... et le sillage. Une Voix: ...
superfétatoire.
Mme Lavoie-Roux: Cela, c'est le ministre d'Etat au
développement culturel et, l'autre chose, c'est marqué "au coin
de".
M. Rivest: Ah bon!
Mme Lavoie-Roux: Tout est marqué "au coin de".
M. Rivest: II n'y a jamais rien de rond.
M. Morin (Sauvé): Eh bien! ce projet de loi sera
marqué "au coin du député de L'Acadie".
Mme Lavoie-Roux: Mais ce n'est pas à vous, cela appartient
à l'autre ministre. J'ai posé la question. On a blagué,
mais...
M. Morin (Sauvé): Non, je m'y oppose très
franchement, parce que je crains que les enseignants nous disent que nous
mettons dans la loi des dispositions qui peuvent empiéter sur la
convention collective...
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Morin (Sauvé): ... et, en plus de cela, ils pourraient
nous dire qu'on alourdit leurs tâches.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Rivest: Le ministre doit vivre des événements
que la commission ignore. Il a des réflexes incroyables, n'est-ce
pas?
M. Grenier: II a eu l'orientation du ministre de
l'Agriculture.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Grenier: II a eu l'orientation du ministre de l'Agriculture
qui avait dit qu'il n'y avait pas de distribution de lait à cause de
l'augmentation du beurre.
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre, messieurs! La parole
est au député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, si on peut tenter
d'accélérer un peu les travaux de cette commission, on a
fait...
M. Morin (Sauvé): C'est tout de même paradoxal que
ce soit le député de Marguerite-Bourgeoys qui s'exprime ainsi,
mais je veux bien en convenir.
M. Lalonde: Malgré les paradoxes, on verra que le
député de Marguerite-Bourgeoys...
M. Paquette: II nous a fait perdre au moins cinq heures. C'est
vrai qu'on commence à toucher des questions importantes.
Mme Lavoie-Roux: Question de règlement. Le
député de Rosemont affirme des choses qui ne sont pas exactes.
Cinq heures! quand même.
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre madame, messieurs! La
parole est au député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: On a fait une analogie entre le paragraphe 4 et le
paragraphe 5. Au paragraphe 5, on dit que le directeur s'assure du
contrôle des absences des élèves et on a ajouté un
article un peu plus loin, l'article 278, c'est-à-dire l'article 42 de la
présente loi qui remplace l'article 278 de la Loi sur l'instruction
publique qui donne à l'enseignant le devoir d'indiquer au directeur ou
au responsable de l'école les nom et prénom d'un
élève qui est absent de l'école. Cette obligation de tenir
les absences est donc inscrite dans le projet de loi.
Mme Lavoie-Roux: On est rendu au même point là.
M. Lalonde: Enfin, je sais que le ministre ne veut alourdir la
tâche de l'enseignant en ce qui concerne l'article 4. Je veux simplement
ajouter ceci, M. le Président, en ce qui me concerne, avant d'adopter
l'article 32.4: Les commissions scolaires ont exprimé un
désaccord avec l'intention du gouvernement de définir les droits,
pouvoirs et fonctions du directeur ou du responsable, exprimant par cela le
danger d'intrusion du gouvernement dans une fonction de gestion des commissions
scolaires. Je tiens à faire état de ce désaccord tout en
disant, en ce qui me concerne, que je pense que les précautions prises
par le ministre dans le libellé de l'article 32.4 prennent soin de cette
inquiétude, parce que, quand on dit "conformément aux politiques
et règlements de la commission scolaire", on respecte l'autorité
de gestion, l'autonomie de gestion de la commission scolaire.
M. Morin (Sauvé): Mais la fédération nous a
demandé de préciser la chose.
M. Lalonde: C'est dans le sillage de cette inquiétude que
je voulais quand même faire état de cette inquiétude des
commissions scolaires et même pourrait-on aller jusqu'à dire que,
si une politique ou un règlement d'une commission scolaire interdisait,
par exemple, que le directeur choisisse les manuels scolaires et le
matériel didactique ou l'un ou l'autre des sous-paragraphes, à ce
moment, le directeur ou le responsable n'aurait pas ce pouvoir, parce que ce ne
serait pas conforme aux politiques et règlements.
M. Morin (Sauvé): La chose est exacte, mais dans les
faits, nous ne pensons pas que des conflits pareils seront fréquents.
Ils seront plutôt exceptionnels.
M. Lalonde: C'est la seule raison de mon intervention.
M. Morin (Sauvé): Oui. Si vous me permettez, M. le
Président, je vais tout de même revenir à l'article 42
auquel s'est référé le député de
Marguerite-Bourgeoys et lui rappeler que l'article 278 comporte
déjà exactement la même obligation. Nous l'avons
rédigé autrement pour le moderniser en quelque sorte. Je me
permets de lire le vieil article: "L'instituteur ou le directeur de toute
école doit chaque semaine, pendant que l'école est en
activité, donner au contrôleur d'absences les nom, prénom,
âge et adresse de tous les enfants inscrits à cette école
et qui ont été absents ou expulsés, et fournir sur demande
tout autre renseignement que le contrôleur d'absences exige." On voit
qu'il y a dans cet article 278 un aspect désuet. C'est la raison pour
laquelle nous l'avons rédigé de façon beaucoup plus
moderne, compte tenu aussi du rôle du directeur de l'école, tel
que nous l'avons défini à l'article 32.4.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que le paragraphe... Mme
la députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Toujours sur le paragraphe 5, "il s'assure du
contrôle des absences des élèves". Je comprends fort bien
que par ce paragraphe, comme d'ailleurs, par d'autres dispositions que l'on
verra plus tard, on fait disparaître, ou enfin, je pense qu'on dit que ce
n'est plus nécessaire d'engager des contrôleurs d'absences.
L'obligation n'est plus là d'engager des contrôleurs d'absences.
Je sais fort bien que le rôle ou la vocation des contrôleurs
d'absences a évolué avec les années, avec
l'évolution des mentalités, etc. Quand on demande au directeur de
s'assurer du contrôle des absences des élèves, quel sens
précis lui donne-t-on? Je pense qu'il y a une différence entre
l'obligation qui est faite à l'enseignant de dire: Lundi, il manquait
tel ou tel élève dans ma classe. Il en fait le rapport au
principal, mais souvent, surtout dans les cas d'absentéisme plus
chroniques on sait que les taux d'absentéisme, je n'ai plus les
statistiques en tête, mais c'est assez élevé, dans un
pourcentage assez élevé aussi d'étudiants quelles
sont les obligations du directeur d'école dans le sens de la
prévention et de la correction de l'absentéisme dans son
école? Est-ce que le terme "contrôle" veut simplement dire
contrôle des jours de classe?
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): La réponse, Mme le
député, est la suivante: Comme vous le savez, la loi
prévoit la fréquentation obligatoire jusqu'à un certain
âge. Il faut simplement s'assurer que les présences et les
absences sont notées. C'est l'enseignant qui y procède. A l'heure
actuelle, c'est le cas, en vertu de l'article 278, dont nous rajeunissons le
texte. Nous avons précisé que c'est le directeur qui s'assure que
la chose est effectuée, que ces absences sont notées, puisqu'il
n'y a plus de contrôleur des absences. Si un élève
s'absente trop souvent, bien sûr, nous ne le disons pas là
explicitement, mais le paragraphe suivant va permettre au directeur de
s'aboucher avec les parents et de les tenir informés sur les
progrès de leurs enfants, mais aussi sur leurs problèmes. Il
devra également, en vertu de l'article 278, faire rapport à la
commission scolaire des cas les plus graves.
S'il se produit des cas d'abandons scolaires ou d'absences trop
fréquentes, le directeur aura sûrement recours aux services du
personnel non enseignant, soit des psychologues, soit des conseillers
d'orientation, pour tenter d'aider le jeune à régler son
problème. C'est de cette façon, dans les faits, que les choses
vont se régler, mais on ne peut pas dire tout cela dans un projet de
loi.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, le ministre a...
Mme Lavoie-Roux: Je reviendrai après, allez-y.
M. Paquette: D'accord. Je m'excuse auprès du ministre de
revenir au quatrième paragraphe. Je pense qu'effectivement il y a un
terme qui est mal choisi. Je tiens compte de toutes les remarques qui ont
été faites lors de ma première intervention, mais dans
tous les articles on dit: II s'assure de l'application du régime
pédagogique, il s'assure du contrôle des absences des
élèves et voit à ce que... Il me semble qu'au
quatrième paragraphe on devrait lire: II s'assure du choix des manuels
scolaires et du matériel didactique. Cela m'appa-raît beaucoup
plus souple. Il y a beaucoup de modalités dans les commissions scolaires
actuellement. Je vous en donne une. Aune commission scolaire régionale,
les manuels scolaires et le matériel didactique sont
élaborés par des équipes d'enseignants, après
consultation. Qu'est-ce qui arriverait si, en vertu de ce nouveau pouvoir qu'on
donne au directeur d'école, le directeur de l'école X disait:
Moi, tout ce travail, ça ne m'intéresse pas, c'est le manuel X
que je veux voir?
Là, on peut se poser des questions sur, je m'excuse, la
compétence. Il faut que les bonnes choses soient faites par les bonnes
personnes. Un directeur d'école peut être un ancien professeur de
français; il peut être très compétent dans cette
matière, mais très peu dans d'autres. Cela me semble abusif de
dire que le directeur choisit. Je préférerais qu'on indique qu'il
s'assure du choix des manuels scolaires et du matériel didactique. Il y
a le comité d'école qui doit être obligatoirement
consulté, si on le demande, à un article suivant.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je suis vraiment
peiné de ne pouvoir concourir. Il faut que la décision se prenne
quelque part. Si on lui confie pour tâche seulement de s'assurer que le
choix est effectué, il n'est pas clair où se trouve le pouvoir de
décision, lequel de toute façon est toujours encadré par
les règlements et les politiques de la commission scolaire. Si nous
donnons des responsabilités qui ne sont pas précises, je sais
très bien ce qui va se produire: les politiques et les règlements
de la commission scolaire vont devenir plus restrictifs et ce sera la
commission scolaire qui dira: C'est moi qui choisis.
M. Rivest: Le danger...
M. Grenier: M. le Président...
M. Morin (Sauvé): II y a donc un danger que l'école
ne retrouve pas, à travers le directeur, appuyé d'une part par
les enseignants et de l'autre par les parents, que l'école ne retrouve
pas l'autonomie que nous tentons de lui. donner.
M. Grenier: M. le Président, je pense qu'il faut une ligne
de décision quelque part. On doit être capable de la rejoindre et
on doit surtout être capable de la saisir. Le public doit être
capable de la saisir, les parents doivent être capables de la saisir. Je
pense que ce rôle revient au directeur. Peut-être que dans dix ans
on trouvera des choses aussi drôles qu'on en trouve dans l'ancienne
réglementation, mais dans le contexte actuel du Québec je pense
qu'il est correct que les enseignants soient consultés et qu'une
décision se prenne au niveau du directeur général. On ne
doit plus revivre la proposition du député de Rosemont, en
tout cas, la discussion qu'il amène, ce n'est peut-être pas une
proposition la situation où des enseignants décident
eux-mêmes, certains enseignants, à l'encontre de l'ensemble des
enseignants, que c'est, par exemple, le "Manuel du premier mai" qu'on va
enseigner dans sa classe.
M. Rivest: Le ministre a...
M. Grenier: Je pense qu'il faudrait que ça vienne
d'ailleurs. Du côté de l'article 4, je pense qu'on peut
difficilement s'opposer au fait que ce soit...
M. Rivest: Où étiez-vous? Il était
d'accord.
Mme Lavoie-Roux: Avec le "Manuel du premier mai"?
M. Grenier: Du côté de l'article 5... je reviens sur
l'article 5, M. le Président. A l'article 278, on assure que
l'enseignant doit... On ne vous dérange pas? "L'enseignant doit indiquer
au directeur ou responsable de l'école les nom et prénom d'un
élève qui est absent de l'école." Je pense que de cette
façon...
M. Paquette:... choisit le "Manuel du premier mai"?
M. Grenier: Justement, c'est ce que j'ai dit au début. On
doit être capable de saisir une ligne d'autorité quelque part. Je
pense que du côté du directeur général... On a
parlé du cas Miljours tout à l'heure. On n'aura peut-être
plus de cas Miljours avec ce point qu'on est en train de faire. Il y a vraiment
une description de tâche du directeur général. Il
était extrêmement compliqué, pour une commission scolaire,
de saisir quel était le rôle du directeur général,
et on en a un, on est en train d'en écrire un.
Si le directeur général devait décider des choses
qui vont à ('encontre du désir et des buts des commissions
scolaires, à ce moment-là on
change de directeur général. Cela se fait. Le directeur
d'école, si vous voulez, je m'excuse, je venais d'un autre secteur
où on l'appelait le directeur général.
Je pense qu'on se donne quelque chose de bien ici. On détermine
quelque chose, on donne une façon de saisir des lignes
d'autorité. Je voudrais prévenir le ministre en passant sur
l'article 5 que le contrôle des absences, on le fait, on le fera à
l'étude des crédits, mais il ne faudrait pas qu'on s'imagine que
tout est rose de Québec, que tout va bien. C'est loin d'être
ça, c'est bon qu'on le sache, c'est loin d'être ça. Il y a
un très grand nombre de professeurs qui ne se badrent pas de ça
dans les écoles. Ils ne font pas le travail, ils ne prennent pas les
absences.
M. Fallu: II faudrait rappeler, M. le Président...
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que, dans la convention actuelle, ce sont
les professeurs qui le font? Je comprends que dans la loi...
M. Fallu: ... l'article 279 qui stipule des poursuites sommaires
et des amendes n'excédant pas $20 à l'instituteur.
M. Rivest: $20?
M. Grenier: Mais il reste une chose. Je pense que tout est
là, quand on aura déterminé assez clairement, comme on est
en train de le faire, je pense, ça travaillera peut-être mieux. Il
ne faut pas revenir sur le passé, je pense, mais de travailler avec les
outils qu'on se donne là, ça ira beaucoup mieux dans certains
milieux.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que le paragraphe 30...
Mme la députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: J'ai d'abord demandé une question, je
m'excuse, M. le Président, quand ce n'était pas à mon
tour. Est-ce qu'on peut me dire, si dans la convention actuelle, l'enseignant
est responsable du contrôle des absences?
M. Morin (Sauvé): C'est l'article portant actuellement le
no 8103 qui, dans les offres du gouvernement doit être devenu 8104...
Mme Lavoie-Roux: ... C'est tout le chapitre sur la
tâche.
M. Morin (Sauvé): Le chapitre de la tâche, oui.
Effectivement le contrôle des absences fait partie de la tâche de
l'enseignant.
Mme Lavoie-Roux: Mon autre remarque sur le contrôle des
absences des élèves, et là il faudrait que je revise...
Vous me dites que dans la Loi de l'instruction publique... Est-ce que c'est
écrit dans la Loi de l'instruction publique que le directeur
d'école doit informer une instance supérieure du contrôle
qu'il fait... Pas nécessairement du contrôle qu'il fait, mais des
cas problèmes? Je veux faire une remarque au ministre. Il arrive que
dans les écoles les enfants disparaissent tout simplement.
M. Grenier: Ils se déguisent en courant d'air. Mme
Lavoie-Roux: Non, ce n'est pas ça... M. Lalonde: Les 3000
illégaux. M. Rivest: Les illégaux.
M. Lalonde: Les illégaux du ministre, on va en parler tout
à l'heure.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'était pas là mon intention,
M. le ministre, on...
M. Rivest: Mais comment contrôlez-vous les absences?
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre, MM. les
députés. La parole est à la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, le problème que
je veux porter à l'attention du ministre c'est le fait que souvent des
directeurs d'école, ou même une équipe d'école
trouvent que c'est plus simple quand l'enfant abandonne parce que souvent, s'il
abandonne, il a créé auparavant des problèmes et c'est
comme ça, quand je parle d'enfants qui disparaissent, c'est dans ce
sens-là, dans le cas de l'abandon scolaire. Egalement dans le cas de
l'absentéisme, je ne sais pas comment ça fonctionne dans d'autres
commissions scolaires, mais il y a aussi des cas d'absentéisme
absolument chroniques qu'on abandonne aussi, on finit pas les ignorer et, petit
à petit, ils ont disparu eux aussi. Est-ce que c'est assez rigoureux
dans la Loi de l'instruction publique qu'une communication
régulière se fasse avec les autorités de la commission
scolaire, que ce soit par le truchement de la direction générale
ou ailleurs, pour qu'on puisse s'assurer qu'on a vraiment un contrôle des
absences qui soit efficace? C'est un problème réel, ça
n'est pas...
M. Morin (Sauvé): Oui. Non, je conviens avec le
député de L'Acadie que c'est un problème réel que
celui de l'abandon scolaire. Il y a plusieurs cas, que je connais
personnellement, d'enfants de citoyens de mon comté, qui ont
abandonné l'école et que nous tentons de ramener peu à peu
à l'école à travers des expériences comme celle de
M. Quiviger au Centre Mariebourg, qui tente de récupérer; c'est
un projet avec la CECM, justement.
Mme Lavoie-Roux: Ceux qu'on connaît, ça va bien,
mais ceux qu'on ne connaît pas. Parce qu'on dit: Ils ont quitté
l'école. En fait cela a commencé par un problème
d'absentéisme, qui est devenu chronique, et finalement l'étudiant
est parti. Comme cela a solutionné des problèmes à
l'intérieur de l'école, je n'ose pas dire qu'on est heureux de
l'oublier, mais on l'oublie dans les faits.
M. Morin (Sauvé): Mais, Mme le député, il y
a deux dispositions qui ont été adoptées par le
gouvernement jusqu'ici et qui tendent à régler ce
problème. D'abord, plus tard, si nous adoptons l'article 278,
deuxième paragraphe, le directeur ou responsable de l'école doit
en faire rapport à la commission scolaire alors que dans l'ancien
article 278 cette obligation n'est pas précisée. Voilà une
première réponse. Deuxièmement, dans la Loi sur la
protection de la jeunesse, une obligation est faite de rapporter toute absence.
Vous voyez, voilà deux dispositions qui sont infiniment plus
précises qu'auparavant. Est-ce qu'elles porteront fruit? Il faut se fier
aux directeurs d'école, il faudra leur montrer qu'ils ont une obligation
nouvelle à cet égard, et il faut compter sur l'application de la
Loi sur la protection de la jeunesse.
Mme Lavoie-Roux: D'accord, je crois que ce sont de bonnes
réponses, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: Un dernier petit point sur le nouveau
onzièmement. "Il favorise rétablissement d'un conseil
d'orientation". Je me demande si ce ne serait pas indiqué d'ajouter
qu'il doit également mettre à sa disposition toutes les
informations nécessaires pour l'exercice de ses responsabilités,
de la même façon qu'on demande au comité, qu'on lui fait
l'obligation d'informer le comité d'école sur l'ensemble des
services. Ici, je pense qu'on devrait lui faire l'obligation d'aider le
fonctionnement du conseil d'orientation en mettant à sa disposition
toutes les informations nécessaires. A moins que ce ne soit prévu
ailleurs.
M. Morin (Sauvé): Le député de Rosemont a
raison de poser la question. Est-ce que c'est nécessaire cependant de
préciser la chose puisqu'il en est le président, le directeur est
le président du conseil d'orientation. Forcément, s'il veut que
cela fonctionne et j'imagine que s'il en convoque un c'est parce qu'il
désire que cela crée un nouveau climat dans l'école
forcément, il va avoir tendance à donner l'information
requise.
Le Président (M. Lacoste): Adopté?
M. Lalonde: Un instant, M. le Président, j'essaie de me
retrouver. J'essaie de trouver le cheminement...
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que je pourrais
suggérer quelque chose au député? Tout dépend du
temps qu'on prévoit utiliser pour le paragraphe 32.4. Est-ce qu'on ne
pourrait pas adopter justement les sous-paragraphes un, deux, trois...
M. Lalonde: C'est justement, je suis à un. M. le
Président, réellement, si le ministre règle mon
problème à un, on va pouvoir voguer allègrement à
travers le reste du projet.
M. Morin (Sauvé): Qu'est-ce que c'est votre
problème?
M. Lalonde: Notre problème c'est votre projet.
J'essaie de suivre le cheminement laborieux du projet éducatif
dans les dédales de votre projet de loi. D'abord, je le retrouve
à la définition, c'est déjà fait. Ensuite, je le
retrouve à 32.4.1 où le directeur s'assure que l'école se
donne une orientation propre ou un projet éducatif. Alors, favorisons la
clarté. On a les deux, l'un ou l'autre. Ensuite, je vais au
comité d'école qui doit être consulté sur le projet
éducatif et son contenu. Là, on tente, on laisse croire que le
projet éducatif c'est autre chose que le contenu, mais je passe
là-dessus. A51.1.
Mme Lavoie-Roux: C'est la coquille d'oeuf.
M. Lalonde: Le comité de parents à 52.1 n'est
consulté ni sur le projet éducatif ni sur l'orientation propre,
mais sur les objectifs propres.
M. Morin (Sauvé): Mais c'est parce que vous ne savez pas
ce que c'est qu'un comité de parents, M. le député.
M. Lalonde: Oui, je sais ce que c'est. J'ai lu la loi.
M. Morin (Sauvé): Oui, dites-nous cela. M. Lalonde:
J'ai lu votre loi ad nauseam.
M. Morin (Sauvé): Alors, dites-nous le.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que le député de
Marguerite-Bourgeoys pourrait traduire en français "ad nauseam"?
M. Lalonde: Non, M. le Président. Je ne peux pas le
traduire en français.
M. Morin (Sauvé): Son chef lui a dicté la
traduction l'autre jour.
Mme Lavoie-Roux: J'étais absente.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, j'invite le
député de Marguerite-Bourgeoys à étaler sa
connaissance du système scolaire et à nous entretenir du
comité de parents et de la différence qu'il y a entre un
comité de parents et un comité d'école.
M. Lalonde: M. le Président, si le ministre ne le sait pas
à ce stade-ci, réellement, je comprends qu'il a regretté
lui-même de n'avoir pu étudier les questions d'éducation
alors qu'il était chef de l'Opposition. Il a lui-même avoué
que ça lui aurait donné une expérience fort valable dans
ses fonctions actuelles. Mais s'il ne le sait pas, ce n'est pas à moi
qu'il va le demander.
M. Morin (Sauvé): Je me demandais si le
député le savait parce que sa question indique qu'il ne le sait
pas.
M. Lalonde: II reste, M. le Président, que dans son projet
de loi... Qui a le droit de parole, M. le Président?
Le Président (M. Desbiens): La parole était au
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Merci, M. le Président. M. Grenier: On
va avoir de l'ordre.
M. Lalonde: Est-ce que le ministre pourrait nous faire,
très brièvement, très brièvement, comme le
président de l'Assemblée vous le demande dans vos
réponses, M. le ministre, la différence, dans son esprit, entre
les orientations propres, les objectifs propres, le projet éducatif et
son contenu?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, dans le cas du
directeur de l'école, nous avons voulu faire en sorte que le directeur,
s'il a sous sa présidence un comité d'école, puisse, bien
sûr, conformément aux dispositions que nous trouverons plus loin,
amener le conseil d'orientation à se donner, à définir un
projet éducatif. Mais si le conseil d'orientation n'existe pas, nous
avons voulu ajouter une nuance et faire en sorte que le directeur
d'école s'assure que l'école se donne une orientation propre ou
un projet éducatif.
Les mots se recoupent, bien sûr, les expressions se recoupent,
mais nous avons voulu simplement ajouter une précision. Elle est faite
pour ajouter simplement, éclairer le principal, le directeur
d'école, mais à vrai dire, ce n'est pas absolument essentiel
d'ajouter l'orientation propre.
M. Lalonde: Alors, ce n'est pas essentiel d'ajouter l'orientation
propre.
M. Morin (Sauvé): C'est une addition qui vient enrichir
les fonctions du directeur.
M. Lalonde: Ecoutez, M. le Président, je remercie le
ministre des précisions qu'il m'a données, je ne peux pas avouer
être beaucoup plus éclairé, sauf que de plus en plus, je
m'aperçois qu'il y a un certain aspect littéraire à cette
loi.
M. Morin (Sauvé): Peut-être que le
député ne m'a pas entièrement compris, M. le
Président. Il se peut qu'une école n'ait pas de projet
éducatif, non seulement qu'elle n'ait pas de conseil d'orientation, mais
qu'elle n'ait pas de projet éducatif. A ce moment-là, il est de
la responsabilité du directeur de s'assurer que l'école a au
moins son orientation propre. Vous aurez remarqué que nous avons mis
l'un ou l'autre. Voilà.
M. Rivest: Une dernière question...
M. Lalonde: Un instant, M. le Président, je n'ai pas
terminé. On dit, "chaque année, au début de l'année
scolaire, le comité d'école doit déterminer, parmi les
objets suivants, ceux sur lesquels il doit être consulté, les
orientations propres maintenant, c'est au pluriel, ce n'est pas
l'orientation, mais les orientations le projet éducatif et son
contenu." Un peu plus loin, à l'article 52.1, en ce qui concerne le
comité de parents, des objectifs propres.
Est-ce que le ministre peut me recouper la cohérence
là-dedans?
M. Morin (Sauvé): Dans le cas du conseil d'orientation,
nous avons voulu spécifier les deux, tout simplement. Justement, il y a
un renvoi de l'un à l'autre, sauf que dans un cas, nous l'avons mis au
singulier et dans l'autre cas, au pluriel, mais ça pourrait aussi bien
être l'un que l'autre.
M. Rivest: Nous l'avions remarqué, figurez-vous.
M. Morin (Sauvé): J'en suis très heureux, votre
perspicacité m'étonne chaque jour davantage.
M. Lalonde: Vous n'avez pas fini.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, il n'y a pas de
contradiction entre l'article 54.5 et l'article 32.4. (23 heures)
M. Lalonde: Non, M. le Président.
M. Morin (Sauvé): Ils sont complémentaires l'un de
l'autre.
M. Lalonde: M. le Président, je suis prêt à
concéder qu'il n'y a pas de contradiction entre les deux articles, mais
il y a de plus en plus de contradiction entre le ministre et la
réalité. Si c'est de la littérature, M. le
Président, on va laisser le ministre en lui souhaitant bonne chance.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que le paragraphe 32.4
est adopté?
M. Rivest: Une question rapide au sujet des absences. Le ministre
de l'Education est chargé de l'application de la Loi de l'instruction
publique. Comme on l'a signalé à l'article 278 du présent
projet de loi, on dit que le directeur doit faire rapport à la
commission scolaire au sujet des absences. Est-ce que le ministre est inquiet
ou s'informe de temps à autre de la façon dont le directeur
d'école, les commissions scolaires... s'assure que les dispositions de
la loi, au titre du contrôle des absences, sont appliquées dans le
cas des quelque 2000, ou je ne sais trop, illégaux qui sont actuellement
dans des commissions scolaires sur l'île de Montréal?
M. Morin (Sauvé): Anotre connaissance, il n'y a pas 2000
illégaux.
M. Rivest: II y en a 3000?
M. Morin (Sauvé): Non, il y en a quelques centaines
à l'heure actuelle. Cela a beaucoup
diminué, d'après ce que nous en savons en tout cas. Il ne
faut pas se fier à tous les chiffres qui sont lancés dans le
public là-dessus.
M. le Président, nous parlons de ces choses avec les commissions
scolaires, bien sûr, mais strictement parlant, ce sont les commissions
scolaires qui, en vertu de la Loi de l'instruction publique, sont responsables
de ces questions. Cela fait partie de leur autonomie administrative. Le
ministre, lui, est chargé de l'application de la Loi sur le
ministère de l'Education. Cela ne fait pas partie de mes fonctions de
m'assurer des absences. Cependant, cela fait partie de mes fonctions de
m'inquiéter d'un problème qui prend de l'ampleur, comme celui qui
est signalé par le député de Jean-Talon, et bien
sûr, je suis l'évolution de ce problème.
M. Rivest: Est-ce qu'ils sont considérés comme
absents ou présents? Est-ce qu'il y a une responsabilité quelque
part, est-ce que vous vous inquiétez de cela?
M. Morin (Sauvé): Non, la CECM... Mme Lavoie-Roux:
Ils sont annihilés.
M. Morin (Sauvé): ... a tenté, par divers moyens,
d'en avoir le coeur net. Mais elle s'est frappée le nez à des
portes closes ou encore à une hostilité telle...
Mme Lavoie-Roux: De la part des parents.
M. Morin (Sauvé): ... de la part des enseignants et de
certains directeurs d'école, anglo-catholiques...
Mme Lavoie-Roux: Et de certains parents.
M. Morin (Sauvé): ...où en définitive, elle
n'a pas pu procéder à la vérification qu'elle avait
entreprise.
M. Rivest: Mais à partir du moment où on va
préciser, par un texte de loi, que le directeur ou le responsable de
l'école s'assure du contrôle des absences des
élèves?
M. Morin (Sauvé): II faut que ce soit des
élèves inscrits.
M. Rivest: Au sens de la loi?
M. Morin (Sauvé): Au sens de la loi.
M. Lalonde: C'est-à-dire que le ministre des Finances fait
des simulations et le ministre de l'Education fait de la dissimulation.
M. Morin (Sauvé): Que c'est vilain.
M. Lalonde: II fait même disparaître 2000
illégaux, il n'en reste plus que quelques centaines.
M. Morin (Sauvé): Ça veut être
méchant.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 32,
paragraphe 4 est adopté?
M. Morin (Sauvé): Merci, M. le Président. Nous
abordons l'article 32...
Le Président (M. Lacoste): Je n'ai pas encore entendu le
mot "adopté".
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): L'article 32, paragraphe 4 est
adopté. L'article 32, paragraphe 5?
M. Morin (Sauvé): L'article 32, paragraphe 5. Oui, c'est
un titre. Adopté.
Le Président (M. Lacoste): L'article 32, paragraphe 5 est
adopté.
M. Morin (Sauvé): Cela nous amène à
l'article 5.
Le Président (M. Lacoste): Un instant, nous devons adopter
l'article 4 avant.
Est-ce que l'article 4, tel qu'amendé, est adopté?
M. Morin (Sauvé): Adopté. M. Rivest: Est-ce
qu'on peut en reparler? Mme Lavoie-Roux: ... dans vingt minutes. M.
Morin (Sauvé): Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): L'article 4 est adopté.
L'article 5?
M. Lalonde: Pour que cela marche un peu. Adopté.
Le Président (M. Lacoste): L'article 5 est
adopté.
Mme Lavoie-Roux: Le ministre voulait nous donner des exemples
pour l'article 5.
Le Président (M. Lacoste): L'article 6.
M. Lalonde: Moi, j'avais une copie du programme du Parti
québécois, M. le Président...
M. Rivest: Vous faites un...
M. Lalonde: ... que je lis, des fois, le soir...
Mme Lavoie-Roux: Surtout pas pour vous endormir!
M. Lalonde: ... devant un film d'horreur. On a dit, il y a
plusieurs années, en fait, répété récem-
ment que le Parti québécois voulait rendre la
scolarisation obligatoire jusqu'à l'âge de 18 ans.
Une Voix: Oui!
Age de la fréquentation scolaire
M. Lalonde: Mais oui. Je vois l'article 33, ici, qui maintient
l'âge scolaire à seize ans. Le ministre peut-il nous dire s'il a
changé le programme proprio motu?
M. Morin (Sauvé): Oui, je vais faire parvenir la
dernière édition du programme au député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Ah! le programme a changé aussi. Vous changez
cela à la mesure que le pouvoir vous engraisse.
M. Fallu: Bien oui!
M. Paquette: Parce qu'on en a un, nous autres. Le congrès
peut le changer.
M. Rivest: Vous en avez un. Il n'est pas gros.
M. Morin (Sauvé): De toute façon, ce qui a
été déterminant, M. le Président, c'est la
consultation dans la foulée du livre vert. Comme il y a eu une
excellente charnière entre la population et le ministre, nous avons
décidé de fixer l'âge de la fréquentation scolaire
à seize ans. Voilà l'explication.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Oui. Plusieurs représentations sont
adressées, de temps à autre, aux députés au sujet
de l'admission à l'école à l'âge de cinq ans.
Certains parents demandent que ce soit devancé. Le ministre a-t-il une
attitude définitive? J'imagine qu'il est au courant de ces
représentations qui sont adressées, à l'occasion, aux
députés. J'imagine que ces mêmes représentations
sont parvenues au ministère de l'Education également.
M. Morin (Sauvé): Oui, effectivement, M. le
Président. Il y a plusieurs années déjà, sous
l'ancien gouvernement comme sous celui-ci, des parents demandaient que la date
soit repoussée. Bien sûr, la date pour l'information des
députés est le 1er octobre. Il se trouve toujours des parents
dont les marmots sont nés le 2 octobre qui demandent évidemment
une exception en disant: Pourquoi ne feriez-vous pas une exception pour une
journée? Si nous le faisions, ceux du 3 octobre auraient tôt fait
de rappliquer, etc.
M. Lalonde: Nous ne pouvons pas régler cela par
règlement.
M. Morin (Sauvé): II a fallu indiquer une date, comme on
doit malheureusement le faire quelque- fois dans la législation.
Certains parents nous ont dit: Mais alors reportez donc la chose au 1er
novembre. Bien sûr, ceux du 2 novembre vont nous faire la même
observation que ceux du 2 octobre, fatalement. Ensuite, on nous a
suggéré d'aller jusqu'au 1er décembre et jusqu'au 1er
janvier, mais nous nous sommes rendu compte qu'il y avait un coût
à cela. Chaque fois qu'on retarde d'un mois, il faut prévoir $6
millions de plus. Je n'ai pas réussi jusqu'ici à persuader
certaines autorités qu'il était utile de retarder de la sorte
cette date du 1er octobre qui remonte d'ailleurs à l'ancien gouvernement
et à déposer sur la table $18 millions d'un seul coup pour
retarder les choses au 1er janvier. Nous avons donc maintenu, le gouvernement a
décidé de maintenir le 1er octobre.
M. Rivest: Vous vous êtes inscrit dans la foulée de
l'ancien gouvernement.
M. Morin (Sauvé): Dans le sillage.
M. Grenier: Vous pourriez vous faire aider par votre
collègue des Affaires sociales avec ses cliniques de planification et
régler tout cela avant le 1er octobre.
M. Rivest: La planification familiale ne pourrait pas vous
être d'un grand secours.
M. Morin (Sauvé): J'en parlerai à mon
collègue des Affaires sociales.
Le Président (M. Lacoste): Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: J'ai écouté la réponse du
ministre que d'ailleurs il m'avait déjà donnée dans des
rencontres antérieures mais, quand il dit que ceci implique des
dépenses de $6 millions, par année je ne le mets pa en
doute, j'imagine que le chiffre est exact, que les calculs ont
été faits est-ce que ces $6 millions qui sont
versés à ce moment-ci, c'est un choix que le gouvernement fait
quant à la dépense de ces $6 millions, parce qu'à l'autre
bout, à un moment donné, la dépense sera...
M. Rivest: Ils vont finir plus tôt, vous allez alors
récupérer $6 millions.
Mme Lavoie-Roux: C'est une dépense enfin qui
s'étale dans le temps et il faudra, de toute façon,
dépenser les $6 millions à un moment ou à un autre.
M. Morin (Sauvé): Avez-vous songé qu'avant qu'il ne
le récupère, il pourrait s'écouler de nombreuses
années et qu'il faudrait alors indexer le montant?
Mme Lavoie-Roux: Vous voulez badiner. Il reste que ce n'est pas
$18 millions qu'on mettrait immédiatement.
M. Lalonde: Immédiatement. M. Morin (Sauvé):
Effectivement-Mine Lavoie-Roux: On mettrait $6 millions par
année, si on l'étendait d'un mois par année, qui seraient
récupérés à l'autre extrême.
M. Morin (Sauvé): Voici la réponse, aussi simple
que je puis la concevoir. Si nous avions $6 millions pour l'éducation en
ce moment, il y aurait bien d'autre chose à faire avec que cela. Ce
n'est pas une priorité. Il y a bien d'autres questions
pédagogiques que nous pourrions régler avec ces $6 millions.
M. Lalonde: Seulement une question de cohérence. A
l'article 19 qui précise les devoirs de la commission scolaire, au 19e
paragraphe, on a ajouté les services culturels aux services
éducatifs. Pourquoi ne le faisons-nous pas à l'article 6,
paragraphe 33, par souci de cohérence? Cela va?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, nous sommes dans
la fréquentation obligatoire et non pas dans l'éducation aux
adultes.
M. Lalonde: Non, à l'article 19, paragraphe 19, on dit: La
commission scolaire est tenue de s'assurer que les écoles dispensent aux
enfants soumis à leur compétence non seulement aux
enfants, mais aux adultes et aux adultes domiciliés dans leur
territoire des services éducatifs et culturels en conformité des
dispositions de la loi et des règlements, et leur en assurer
l'accès, alors qu'à l'article 33 on n'a pas de service culturel.
C'est strictement une question de cohérence.
M. Morin (Sauvé): Non, M. le Président, dans le cas
de l'article 33, nous parlons de fréquentation scolaire obligatoire. Cet
article vise avant tout la discussion en a témoigné
la question de l'âge de la fréquentation...
M. Lalonde: Au quatrième paragraphe...
M. Morin (Sauvé):... tandis que dans le cas du paragraphe
19 de l'article 189 modifié par notre article 19, il s'agit de services
éducatifs et culturels aux adultes domiciliés dans leur
territoire.
M. Lalonde: Je regrette, M. le Président, mais l'article
19, à moins que je ne lise pas bien, se lit comme suit: "De s'assurer
que les écoles dispensent aux enfants soumis à leur
compétence et aux adultes domiciliés dans leur territoire des
services éducatifs et culturels..." Donc, c'est aux enfants aussi.
M. Morin (Sauvé): M. le député, c'est parce
que nous avons voulu éviter de dire: Dispensent aux enfants soumis
à leur cmpétence des services éducatifs et aux adultes
domiciliés dans leur territoire des services éducatifs et
culturels.
M. Lalonde: Je regrette, mais ce n'est pas ce que ça dit.
Si c'est l'intention du ministre, il va falloir qu'il le libelle autrement.
M. Morin (Sauvé): Oui, mais c'est dans le cas des adultes,
M. le Président, que les services peuvent être non seulement
confinés à l'éducation, mais peuvent être des
services culturels.
M. Lalonde: Mais ce n'est pas ce que dit l'article 19, je
regrette.
M. Morin (Sauvé): A moins de répéter et de
l'alourdir indûment, nous n'en voyons pas la nécessité.
Nous pensons que c'est conforme, d'ailleurs, aux pratiques qui ont cours dans
le réseau.
M. Grenier: M. le Président...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Le ministre a répondu à une question
tout à l'heure en disant que des parents dont l'enfant est né le
2 octobre veulent faire reculer la date en novembre, si c'est le 2 novembre.
Est-ce qu'il y a des demandes assez pressantes pour reculer d'une année
complète, à quatre ans, par exemple? On me dit que oui, on me dit
que c'est partagé, principalement dans les grands centres.
M. Morin (Sauvé): Très franchement, il y a
plusieurs mois que je n'ai pas entendu parler de cette question, c'était
tout à fait sporadique. Il y a, bien sûr, des personnes qui
aimeraient que l'enfant de quatre ans ait la maternelle à plein temps.
En réalité, là encore c'est une question de coûts.
Les coûts sont considérables parce que maintenant ils sont
couverts par la convention collective et nous ne pouvons pas, dans
l'état actuel des choses, faire autre chose que ce qui est prévu,
c'est-à-dire la maternelle cinq ans et, maintenant, la maternelle quatre
ans dans les cas où c'est prévu par la loi et les
règlements.
Je veux rassurer le député, peu à peu, au fur et
à mesure, j'imagine que les possibilités budgétaires vont
se préciser, il va se produire pour la maternelle ce qui est en train de
se produire pour les garderies avec le projet de loi que nous avons
adopté l'autre jour, c'est-à-dire qu'il va y avoir
inévitablement de plus en plus de services, y compris dans les
commissions scolaires. (23 h 15)
Le Président (M. Lacoste): L'article 6 est-il
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): L'article 6 est adopté.
L'article 7?
M. Morin (Sauvé): L'article 7 modifie l'article 34 de la
Loi de l'instruction publique et, désor-
mais, cet article se lirait comme suit: "Toute commission scolaire est
tenue d'admettre dans ses écoles tout enfant d'âge scolaire
placé en conformité des dispositions de la Loi sur la protection
de la jeunesse (L.R.Q., c.D-34) comme vous le voyez, c'est une
disposition de concordance ou encore de la Loi sur les services de
santé et les services sociaux (L.R.Q., c.S-5), dans les limites du
territoire soumis à sa juridiction, je crois qu'on veut dire
"à sa compétence", les territoires soumis à sa
compétence, la juridiction, ce sont les tribunaux et ce, au
même titre que tout autre enfant qui y est domicilié. Le ministre
peut cependant, pour des raisons qu'il juge valables, libérer
partiellement ou totalement une commission scolaire de cette obligation."
Mme Lavoie-Roux: M. le Président... Une Voix:
Adopté tel qu'amendé?
M. Lalonde: On peut adopter l'amendement maintenant.
M. Morin (Sauvé): Le mot "compétence" à la
place de "juridiction".
M. Lalonde: Le Président peut-il noter l'amendement?
Une Voix: Nous avons adopté un amendement, M. le
Président, à votre insu.
Le Président (M. Lacoste): Un instant.
M. Morin (Sauvé): Oui, au lieu du mot "juridiction" le mot
"compétence".
Le Président (M. Lacoste): A la 5e ligne, au lieu du mot
"juridiction", le mot "compétence". L'amendement est-il
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. L'article 7, Mme
la députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je conçois bien qu'on adapte cet article
aux dispositions de la Loi sur la protection de la jeunesse. Il s'agit d'un
article qui est dans la Loi de l'instruction publique depuis longtemps. "Le
ministre peut cependant, pour des raisons qu'il juge valables, libérer
partiellement ou totalement une commission scolaire de cette obligation". Au
moment où cet article 7 fut rédigé, on était assez
large probablement quant à ce type d'exemption. Le terme demeure
très vague, "des raisons qu'il juge valables", mais je vois qu'on le
conserve dans le nouveau texte. Le ministre peut-il nous donner des exemples de
raisons qu'il jugerait valables?
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, c'est une
question hypothétique. Je ne me prononce que lorsque j'ai des cas
concrets devant moi.
M. Lalonde: Quelles sont les raisons valables?
M. Morin (Sauvé): II faudrait que j'aie un cas concret
devant moi. Or, depuis que je suis là, à ma connaissance, il n'y
a pas eu de telles dispenses ou libérations.
Mme Lavoie-Roux: II n'y en a pas eu un seul.
M. Lalonde: Ni par vous, directement, ou par vos
fonctionnaires?
M. Morin (Sauvé): Pas que je sache. Nous pouvons
vérifier la chose une deuxième fois, si le député
désire le savoir, mais je l'aurais su puisque le texte dit bien
clairement "le ministre".
M. Lalonde: Oui, mais il y a toutes sortes de textes... il n'y en
a pas?
M. Morin (Sauvé): Non, on m'affirme qu'il n'y en a pas.
Effectivement, je l'aurais vu passer.
Le Président (M. Lacoste): L'article 7 est-il
adopté? Mme la députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: D'un autre côté, dans l'article 33,
l'article précédent, les commissaires sont tenus d'admettre tout
enfant domicilié dans la municipalité. Ici, il y a cette
restriction. Le ministre dit qu'il ne l'a jamais exercée. Pourquoi la
conserve-t-on dans la loi?
M. Morin (Sauvé): Tout simplement parce qu'il peut se
produire des circonstances où une commission scolaire demanderait
à être libérée partiellement ou totalement de cette
obligation. Il pourrait y avoir des circonstances évidemment de nature
exceptionnelle où cette commission scolaire devrait être
exemptée. C'est donc une soupape de sûreté, mais nous
pensons qu'elle doit demeurer là. Elle était déjà
dans l'ancien article 34.
Mme Lavoie-Roux: Oui, je sais. D'accord.
Le Président (M. Lacoste): L'article 7 est-il
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): L'article 7 est adopté
tel qu'amendé. L'article 8, M. le ministre.
Nombre de quartiers
M. Morin (Sauvé): Cet article modifie l'article 48 de la
loi actuelle, en remplaçant les quatre premières lignes du
paragraphe a) du premier alinéa, par les suivantes: petit a).
Mme Lavoie-Roux: On ne l'avait pas entendu encore!
M. Morin (Sauvé): J'attendais la réaction.
M. Rivest: Nous l'attendions depuis longtemps.
M. Morin (Sauvé): J'ai trouvé qu'elle tardait
à venir, cette fois-ci.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais c'est la première fois que vous
l'utilisez, ce sera un troisième terme, M. le ministre. Petit a).
Le Président (M. Lacoste): Petit a). M. Morin
(Sauvé): Petit a)! M. Lalonde: Un petit tas?
M. Morin (Sauvé): Le député de
Marguerite-Bourgeoys vient de la comprendre.
M. Rivest: II ne l'a jamais entendue, celle-là.
M. Lalonde: C'est parce que je fais référence
à d'autres situations. Allez, et ne nous enquiquinez pas.
M. Grenier: Question de règlement. Il y a ici, avec nous,
des commissaires qui ont l'intention de se présenter
députés, je pense. Ils disent que ce serait plus payant et que
ça a l'air plus "le fun".
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je voudrais
saluer les commissaires qui sont venus assister à nos travaux. J'ose
espérer qu'ils ne sortiront pas de cette salle entièrement
découragés par ce dont ils auront été
témoins.
Mme Lavoie-Roux: Non, non.
M. Morin (Sauvé): Je veux les rassurer, l'humour,
quelquefois un peu douteux, de cette commission permet néanmoins de
faire avancer le travail. En définitive, comme vous pouvez le constater,
le texte de loi s'en trouve quelquefois, par hasard,
amélioré.
M. Rivest: Par hasard!
M. Lalonde: Par un cheminement mystérieux.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, nous
étions à dire petit a)... c'est comme à
l'université, je suis toujours sûr d'avoir un succès avec
celle-là. Pour l'élection...
Mme Lavoie-Roux: Evidemment, vous vous pensez à la
faculté.
M. Morin (Sauvé): Pour l'élection des commissaires
d'école, le nombre de quartiers est déterminé selon le
nombre d'enfants sous leur juridiction, âgés de 5 à 12 ans,
suivant des renseignements fournis par le ministre ou, à défaut,
d'après le recensement scolaire qu'ils peuvent effectuer à ses
frais. Il varie de 9 à 19, d'après le tableau suivant. Alors, si
vous vous reportez à la loi, vous verrez le tableau, effectivement.
C'est l'article 48. Le tableau dit que le nombre d'enfants détermine le
nombre de quartiers: moins de 2000 enfants, 9 quartiers. Vous avez ici une
échelle qui vous mène à 6001 enfants et plus,
déterminant un nombre de 19 quartiers.
M. Rivest: Une question. Cette échelle n'a pas posé
de problèmes, vous n'avez pas eu de représentations des
commissions scolaires?
Mme Lavoie-Roux: C'est ce qui existe dans les faits...
M. Morin (Sauvé): C'est ce qui existe dans les faits,
comme le député de L'Acadie le sait, et ça ne pose pas de
problèmes. Si on nous avait demandé de le modifier, nous aurions
été trop heureux d'entendre les doléances et les
remontrances des intéressés.
M. Grenier: M. le Président...
Mme Lavoie-Roux: Je pense qu'il faudrait dire, M. le
Président, qu'en général, à ma connaissance, les
commissaires ont toujours utilisé, pour leurs territoires respectifs, le
nombre maximum de commissaires prévus par la loi pour permettre la
meilleure représentation possible. Là où sont les plus
grandes commissions scolaires, on en a, en général, 19, et je
pense que c'est la règle qui est suivie à peu près
généralement par les commissions scolaires.
M. Grenier: M. le Président, sur cette règle qu'on
applique depuis déjà un certain nombre d'années, on voit
que c'est toujours par chiffres impairs. Il y a sans doute deux raisons
à cela. Par exemple, avoir une commission scolaire qui compterait 12
représentants pour 2000 à 2500, est-ce que c'était la
raison d'avoir des nombres impairs à cette table ou si c'était
surtout pour ne pas multiplier, pour arriver avec un de plus? On voit que, dans
certaines commissions scolaires, cela pourrait accommoder passablement,
parfois, que d'arriver avec un commissaire de plus.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je pense que
dans tout organisme élu, il est bon que le nombre des personnes soit
impair. Je ne dis pas que ça règle tous les problèmes
parce que, souvent, il suffit qu'il manque un commissaire pour qu'on se
retrouve avec un nombre pair, mais dans la majorité des situations, on a
plus de chances d'éviter les cas d'égalité de votes si le
nombre des commissaires est impair.
M. Grenier: C'est la raison majeure, c'est la raison
principale.
M. Rivest: C'est pourquoi, d'ailleurs, il y a 110
députés à l'Assemblée nationale.
M. Morin (Sauvé): C'est pourquoi il sera possible,
désormais, qu'il y en ait davantage, et on pourrait souhaiter que le
nombre soit impair. De fait, je pense, le chiffre prévu est de 121.
M. Rivest: Oui.
M. Morin (Sauvé): Mais comme le président ne vote
pas, nous serons de retour au dilemme soulevé par le
député de Jean-Talon.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, c'est seulement une
question... Il semble qu'il ait été suggéré,
à un moment donné, au sous-comité des
responsabilités, que l'on délaisse la référence aux
renseignements fournis par le ministre ou, à défaut,
d'après le recensement scolaire qu'ils peuvent effectuer à ces
fins.
En ajoutant cette référence aux renseignements fournis par
le ministre ou par le recensement qui peut être fait, le gouvernement
empêche les commissions scolaires de recourir à d'autres sources
de renseignement, comme le recensement municipal, les recensements paroissiaux,
etc. On me dit que les commissions scolaires, naturellement, sont d'accord avec
l'objectif de ne pas obliger la commission scolaire à organiser un
recensement chaque année. Mais est-ce qu'il n'appartiendrait pas
à la commission scolaire de déterminer par quel moyen elle
obtiendra le nombre d'enfants de cinq à douze ans et, comment le
ministre peut-il être, au niveau local, mieux informé que la
commission scolaire de ce nombre d'enfants, alors qu'il n'y a plus d'obligation
de faire ce recensement annuel?
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, les services
informatiques permettent désormais d'avoir des renseignements beaucoup
plus précis que ce n'était le cas autrefois et, de plus en plus,
le SIME, lorsqu'il marche, nous permet de...
M. Lalonde: Est-ce qu'il fonctionne annuellement?
M. Morin (Sauvé): Lorsqu'il fonctionne... En ce moment, il
fonctionne et très bien, d'ailleurs, nous permet d'avoir des
renseignements quelquefois fort précis et, d'ailleurs, nous n'avons pas
voulu nous enfermer justement dans cette unique source de renseignements,
à défaut des renseignements fournis par le ministre, alors qu'on
aura recours, comme c'était le cas dans l'ancien article 48, au
recensement scolaire.
M. Lalonde: Et, à défaut de recensement scolaire,
est-ce qu'on pourrait permettre à la commission scolaire d'obtenir ces
renseignements autrement?
M. Morin (Sauvé): Oui. Depuis deux ans, il existe un
arrêté en conseil qui précise qu'on a recours au registre
des Affaires sociales.
M. Lalonde: Mais ce n'est pas dans la loi.
M. Morin (Sauvé): Non, ce n'est pas dans la loi, parce que
c'est un arrangement administratif.
M. Lalonde: Oui, mais comment peut-on le faire si ce n'est pas
permis par la loi?
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): C'est l'arrêté en conseil
qui le permet.
M. Lalonde: En vertu de cet article?
M. Morin (Sauvé): Non, ce n'est sûrement pas en
vertu de cet article. Cela doit être en vertu d'une autre disposition de
la loi.
M. Lalonde: Ah! La zizanie s'est installée dans le camp
ennemi, M. le Président.
M. Morin (Sauvé): II est possible que ce soit une entente
interministérielle.
Une Voix: Ce n'est pas un arrangement administratif...
M. Morin (Sauvé): De toute façon, M. le
Président, il est facile d'en avoir le coeur net. J'aurai le
renseignement pour la prochaine séance de la commission.
M. Lalonde: Alors, on suspend l'article 8?
M. Morin (Sauvé): Non, pas du tout. J'allais même
suggérer qu'on y remplace le mot "juridiction" par le mot
"compétence" dans la deuxième ligne.
Le Président (M. Lacoste): Avant de...
M. Morin (Sauvé): Mais, M. le Président, je puis
vous assurer que ces dispositions, que nous allons adopter, seront celles qui
auront force de loi. Evidemment, le député a soulevé une
question hypothétique. Il a dit: S'il n'y a pas de recensement scolaire.
Mais, en réalité, il faut qu'il y ait un recensement
scolaire.
M. Lalonde: Mais il y a une dispense. M. Morin (Sauvé):
Dans certains cas, oui. M. Lalonde: Oui. M. Morin (Sauvé):
C'est exact.
Le Président (M. Lacoste): Auparavant, est-ce que
l'amendement du ministre à la deuxième...
M. Morin (Sauvé): Oui, mais s'il y a dispense, c'est que
le ministre possède les renseignements.
Le Président (M. Lacoste): ... ligne, pour remplacer le
mot "juridiction" par le mot "compétence", est adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté.
M. Morin (Sauvé): Je propose, M. le Président, que
l'article soit adopté également et je m'engage à fournir
la réponse à la question qui m'a été
posée.
M. Paquette: M. le Président...
M. Lalonde: Qui est d'ailleurs, un peu académique, parce
que, quelle que soit l'origine de l'information, si le ministre tient cette
information, ça devient des renseignements fournis par le ministre.
M. Rivest: Pourquoi ne lui avez-vous pas donné la
réponse avant de poser la question?
M. Lalonde: II faut lui mettre la réponse dans la
bouche.
M. Morin (Sauvé): On ne peut rien cacher au
député de Marguerite-Bourgeoys.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 8 est
adopté?
M. Lalonde: Fatalement.
Le Président (M. Lacoste): L'article 8 est adopté
tel...
M. Paquette: J'avais demandé la parole.
Le Président (M. Lacoste): Oui, je m'excuse auprès
du député de Rosemont.
M. Paquette: Pour notre information, est-ce que l'article 48 et
les deux ou trois articles qui concernent la délimitation des quartiers
scolaires sont les seuls qui touchent, en quelque sorte, la carte
électorale des commissions scolaires? Il n'y a pas d'autre loi, nulle
part, qui affecte ça?
M. Morin (Sauvé): Non, je pense qu'effectivement, ce sont
les seules dispositions relatives à la détermination des
quartiers.
M. Paquette: Simplement, je m'inquiétais de la
possibilité d'une inégalité trop grande de population
entre les différents quartiers, parce que la loi ne fait pas devoir aux
commissions scolaires d'oberver une certaine égalité de
représentation. Mais je ne sais pas si les conseillers du ministre
pourraient regarder ça, voir s'il n'y aurait pas lieu...
M. Rivest: J'avais un peu, si vous permettez, la même
préoccupation. C'est pour ça que j'ai posé la question, au
début, à savoir si, au niveau des commissions scolaires, ou
à l'expérience, cette disposition avait posé quelques
problèmes, il semble que non, ou des problèmes du type dont le
député de Rosemont a parlé.
M. Morin (Sauvé): Pas dont j'ai entendu parler. Mais le
député de Rosemont a néanmoins raison. C'est un
problème qu'il faudrait creuser. Je voudrais d'abord m'assurer de savoir
s'il y a des inégalités, non, je sais qu'il y en a...
M. Grenier: II doit certainement y en avoir un dans le
Bas-du-Fleuve, où on a fermé les villages.
M. Morin (Sauvé): On ne m'en a jamais parlé en tant
que ministre, mais je me souviens qu'il y a quelques années, ce
problème avait été évoqué en ma
présence. Je voudrais dire au député de Rosemont que je
note le problème, je demande qu'on le note et, forcément, au
moment de la révision, de la refonte de la Loi de l'instruction
publique, il faudra repenser peut-être ce système.
Une Voix: Très bien.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 8 est
adopté? L'article 8 est adopté tel qu'amendé. Article
9.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, à
l'article 9, nous avions un petit papillon.
Le Président (M. Lacoste): Oui, c'est vrai. M. Morin
(Sauvé): Vous l'avez. Comité d'école
Le Président (M. Lacoste): Je vais lire l'amendement du
ministre à l'article 9, qui se lit comme suit: "Le directeur ou le
responsable de l'école et, si l'école n'a pas de conseil
d'orientation, un représentant élu à cette fin par les
enseignants de l'école, sont membres du comité d'école.
Toutefois, ils n'ont pas le droit d'y voter, ni d'être nommés
président ou délégué au comité de
parents."
Est-ce que l'amendement est adopté?
M. Lalonde: Naturellement, M. le Président, c'est une
amélioration, parce que la désignation, on ne sait pas quelle
forme elle prenait. L'amendement est adopté?
M. Morin (Sauvé): C'est plus précis.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que le nouvel article 9
est adopté?
M. Lalonde: Est-ce que le ministre pourrait nous expliquer la
raison de son amendement?
M. Morin (Sauvé): Oui, M. le Président. Vous aurez
noté que, dans l'article 50, il est dit que le directeur ou le
responsable de l'école et un représentant désigné
par les instituteurs de l'école sont membres du comité
d'école. Ils n'ont pas toutefois le droit d'y voter. Nous reprenons
cette disposition pour la préciser. Nous ajoutons la précision
suivante: dans le cas où l'école n'a pas de conseil
d'orientation, puisqu'étant sur le point
de créer, dans le chapitre suivant, des conseils d'orientation,
il faut prévoir le cas où ils n'auront pas encore
été créés.
Donc, le directeur et le représentant de l'école et,
là où le conseil d'orientation n'existe pas, un
représentant élu à cette fin par les enseignants de
l'école sont membres du comité d'école, autrement dit,
c'est pour tenir compte du fait qu'il y aurait un conseil d'orientation et pour
préciser que le représentant sera élu et non pas
désigné par les enseignants.
M. Lalonde: M. le Président, je remercie le ministre. Je
constate, comme nous tous, que le directeur a le droit, qu'il y ait ou non un
conseil d'orientation, d'être membre du comité d'école et,
d'après l'article 15, le nouvel article 54.2, il a aussi le droit
d'être membre du conseil d'orientation.
Pourquoi empêche-t-on une représentation d'enseignants au
comité d'école au cas où il y a un conseil d'orientation?
Est-ce que la concertation que l'on souhaite entre toutes ces unités de
la structure que l'on met en place ne serait pas plutôt favorisée
par la présence d'un enseignant à ces deux niveaux?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, plus il y a de
charnières entre les divers agents de l'éducation, mieux
ça vaut. Les parents tiennent beaucoup à ce qu'il y ait un
représentant désigné et élu par les enseignants au
comité d'école, là où l'école n'a pas de
conseil d'orientation. Si l'école en a un, si j'ai bien compris la
suggestion du député de Marguerite-Bourgeoys, il nous dit:
Même s'il y a un conseil d'orientation, pourquoi n'y aurait-il pas un
enseignant au...
M. Lalonde: Au comité d'école.
M. Morin (Sauvé): ... comité d'école.
M. Lalonde: Là, vous l'éliminez. Il y en a deux au
conseil d'orientation, mais s'il y a un conseil d'orientation, vous
éliminez la représentation de l'enseignant qui est quand
même extrêmement importante au comité d'école. Je me
demande quelle est la rationalisation de ça. Etant donné qu'on
souhaite qu'il y ait une concertation, il me semble que ça pourrait
être plus facile.
M. Morin (Sauvé): Je pense que je vais me ranger à
l'avis du député de Marguerite-Bourgeoys. Ce n'est pas
fréquent, mais je pense qu'il a raison. Il n'y a pas de raison pour que,
même si le conseil d'orientation existe, il n'y ait pas un
représentant élu à cette fin par les enseignants de
l'école au comité d'école.
M. Lalonde: Alors, que faites-vous avec l'article maintenant? En
fait, je pense qu'on peut conserver la formulation actuelle.
Le Président (M. Lacoste): On pourrait simplement retirer
l'article.
M. Lalonde: Retirer l'article.
M. Morin (Sauvé): Regardons la...
M. Lalonde: Le deuxième alinéa... Elu...
M. Morin (Sauvé): II y a le mot "élu" qui est
important. Donc, on pourrait tout de même maintenir la rédaction
actuelle. Il y a le mot "instituteur" aussi qui est modifié.
M. Lalonde: Oui, mais il est modifié par un article
général omnibus à la fin de toute façon.
M. Morin (Sauvé): Oui.
M. Lalonde: En fait, si vous conservez l'article 9, modifiez-le
en enlevant la virgule et les mots "si l'école n'a pas de conseil
d'orientation,".
M. Morin (Sauvé): Oui, je pense que c'est la façon
la plus simple de régler le problème. Nous enlevons donc tout ce
qui se trouve entre les deux virgules.
M. Lalonde: Non, y compris les deux virgules.
M. Morin (Sauvé): Y compris les deux virgules
également. Donc...
M. Lalonde: Plus l'amendement de "élu". Vous l'avez...
M. Morin (Sauvé): Et nous maintenons la modification
à l'effet que le représentant des enseignants est élu
à cette fin. Voilà.
Le Président (M. Lacoste): Pour les fins du journal des
Débats, le nouvel article se lirait comme suit: "Le directeur ou le
responsable de l'école et un représentant élu à
cette fin par les enseignants de l'école sont membres du comité
d'école. Toutefois, ils n'ont pas le droit d'y voter ni d'être
nommés président ou délégué au comité
de parents". C'est bien ça?
M. Lalonde: Elu... Il y a eu un amendement du ministre.
Le Président (M. Lacoste): Je vais répéter:
"Le directeur ou le responsable de l'école et un représentant
élu à cette fin par les enseignants de l'école sont
membres du comité d'école. Toutefois, ils n'ont pas le droit d'y
voter ni d'être nommés président ou
délégué au comité de parents". C'est bien
ça?
M. Lalonde: Parfait.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que le nouvel amendement
est adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 9, tel
qu'amendé, est adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté tel
qu'amendé. Article 10?
M. Morin (Sauvé): Est-ce qu'il y a un papillon? Je ne
pense pas.
M. Grenier: Non. Je m'excuse. C'est à 51. On est rendu
à 51 ici, mais ce sera l'article 51.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre, sur l'article
10.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, dans le cas de
cet article 10, nous ajoutons un paragraphe d) que vous avez sous les yeux
à rénumération existante. Le début se lit comme
ceci: "Tout comité d'école a pour fonction "d) d'étudier
tout objet sur lequel la commission scolaire, le directeur ou le responsable de
l'école, ou le conseil d'orientation le consulte ou doit le consulter
et, sur demande, d'émettre un avis."
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 10 est
adopté?
M. Lalonde: M. le Président, je voudrais seulement poser
quelques questions.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Etant donné la création du conseil
d'orientation, la présence du comité d'école, du
comité de parents, les fonctions qui existent d'après l'article
51 actuel du comité d'école, est-ce qu'il n'y a pas de ces
fonctions qui semblent un peu anachroniques ou faire double emploi? On
retrouve, par exemple, au paragraphe c) qu'on semble vouloir conserver: faire
à la direction de l'école toute recommandation propre à
assurer le meilleur fonctionnement possible de l'école. C'est
très vague.
M. Morin (Sauvé): Oui, mais c'est très utile aussi.
Il y a beaucoup de comités d'école qui ont utilisé ce
paragraphe pour faire des recommandations au directeur.
M. Lalonde: Prenons le sous-paragraphe a). Je voudrais simplement
soulever le problème: "De stimuler par des moyens appropriés la
participation des parents excellent et du milieu en
général à l'amélioration des services
éducatifs de l'école". Or, on sait que le projet éducatif
va aller dans le même sens, de façon peut-être plus
précise, plus ponctuelle. Est-ce qu'il ne peut pas y avoir un conflit ou
un double emploi?
M. Morin (Sauvé): Non, puisqu'il s'agit bien du
comité d'école et non pas du conseil d'orientation.
M. Lalonde: Naturellement.
M. Morin (Sauvé): Nous pensons que le comité
d'école doit pouvoir se référer au milieu en
général et traduire les besoins du milieu. Eventuellement, les
discussions qui vont avoir lieu au comité d'école auront leur
répercussion au conseil d'orientation, probablement, mais nous ne voyons
pas de raison de modifier ce paragraphe pour une raison très simple:
quand quelque chose ne pose pas de problème, on ne voit pas de raison de
le modifier.
M. Lalonde: Bon! Conservatisme...
M. Grenier: M. le Président, ici à d), on dit que
tout comité d'école a pour fonction d'étudier tout objet
sur lequel la commission scolaire, le directeur ou le responsable de
l'école, ou le conseil d'orientation le consulte ou doit le consulter
et, sur demande... Mais si le comité décidait d'émettre un
avis, est-ce qu'il devrait attendre la demande de la commission scolaire, du
responsable de l'école, du directeur ou du conseil d'orientation? Ce
serait peut-être bon de spécifier dans la loi ici: "... sur
demande ou s'il le juge à propos".
Une Voix: C'est l'ancien paragraphe d).
M. Morin (Sauvé): L'ancien paragraphe c). "De faire
à la direction de l'école toute recommandation propre à
assurer le meilleur fonctionnement possible de l'école."
M. Lalonde: Est-ce qu'on ne pourrait pas étendre ça
au conseil d'orientation, de faire des recommandations non seulement au
directeur, à la direction, mais aussi au conseil d'orientation?
M. Grenier: C'est-à-dire qu'il ne l'est pas là,
mais...
M. Lalonde: Pour assurer la cohésion dans la foulée
du plan d'action.
M. Morin (Sauvé): Non, mais le paragraphe d) introduit le
conseil d'orientation, et je pense que cela est amplement suffisant. Il faut
éviter, le plus possible, de modifier les lois lorsque ce n'est pas
nécessaire. (23 h 45)
M. Rivest: Un peu de tact.
M. Lalonde: Ecoutez, c'est un conservatisme...
M. Rivest: Soyons sérieux un peu, M. le ministre.
M. Lalonde: Ecoutez, à côté de conservatisme,
l'ancien député de Iles-de-la-Madeleine serait à
l'extrême-gauche.
Une Voix: Ils se sont fait battre aussi.
M. Lalonde: Autrement dit, vous ne connaissez pas les raisons
pour lesquelles ça ne marchera pas et vous voulez attendre de les
connaître.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, de toute
façon, les membres du comité d'école seront
représentés au conseil d'orientation et vous pensez bien qu'il va
s'établir, entre les membres du conseil et du comité, des
contacts fréquents, les uns retournant consulter leur comité
d'école, retournant consulter les autres constamment.
M. Rivest: Avec ce comité-là, qui est contraint,
j'espère qu'il va y avoir des locaux pour faire des réunions,
parce que ça va se réunir au niveau de l'école, ça
va être épouvantable.
M. Lalonde: Non, non, ça va être des rapports
tellement fréquents que le conseil d'orientation doit se réunir
deux fois par année.
M. Rivest: II n'y aura plus de portes, M. le ministre, il ne va y
avoir que des charnières.
M. Morin (Sauvé): Ce qui vous manque, c'est une bonne
poignée.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 10 est
adopté?
M. Lalonde: Inévitablement.
Le Président (M. Lacoste): Article 10, adopté.
Article 11.
M. Morin (Sauvé): Nous abordons cette fois, M. le
Président, un article fort important puisqu'il touche aux
compétences du comité d'école. Jusqu'ici, ce comité
qui existait ne faisait pas l'objet d'une consultation obligatoire. La loi
l'avait établi, mais les commissions scolaires n'étaient pas
contraintes d'avoir recours à ce comité d'école. Nous
avons voulu, à la demande pressante de la Fédération des
comités de parents et après avoir consulté tous les autres
intervenants du milieu, déterminer un certain nombre de sujets parmi
lesquels, chaque année, le comité d'école pourra
déterminer ce qui l'intéresse particulièrement et à
propos desquels il entend être consulté.
La liste, vous l'avez sous les yeux et j'aurai un papillon qui ajoutera
un dixième élément à la consultation obligatoire,
qui se lira comme suit: "Le choix des activités visées à
l'article 255.1," plutôt que dans...
L'article 255 du paragraphe 1...
M. Lalonde: Cela apparaît à l'article 35 du projet
de loi.
M. Morin (Sauvé):... apparaît à l'article 35
du projet de loi, exactement comme vient de le dire le député de
Marguerite-Bourgeoys.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'amendement du
ministre, en ajoutant le paragraphe suivant, "dixièmement, le choix des
activités visées là l'article 255.1", sera
adopté?
M. Morin (Sauvé): II s'agit des activités qui ne
font pas partie des programmes d'étude, qui favorisent la
réalisation des objectifs propres à la commission scolaire ou
à l'école. On entend par là, par exemple, les classes de
neige, les activités de plein air à propos desquelles les parents
nous ont indiqué leur volonté d'être consultés.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Lalonde: M. le Président, nous avons un petit
problème. Nous étudions actuellement une partie seulement des
amendements que ce gouvernement propose à la Loi sur l'instruction
publique, le projet de loi no 57, on l'a vu plus tôt. On en retrouve
aussi au projet de loi no 77. Ainsi, au projet de loi no 77, au chapitre VI, on
dit que l'article 32.4 de la Loi sur l'instruction publique est modifié.
J'espère que ce n'est pas un de ceux qu'on a encore modifiés
aujourd'hui. D'autres seront appelés à corriger nos erreurs, M.
le Président.
Mais à l'article 255.1, on en retrouve un autre, dans le projet
de loi no 77. Il va falloir que le ministre nous dise lequel on choisit.
M. Morin (Sauvé): Nous allons nous entendre très
facilement. On m'a signalé la chose tout à l'heure. Le
nôtre deviendra l'article 255.2.
M. Rivest: On ne sait pas si cela se compare avec le 255.1.
M. Lalonde: Tout à coup ils l'éliminent, eux. M.
Rivest: II faudrait peut-être nous avertir.
M. Morin (Sauvé): II faudra nous concerter tout simplement
et selon la commission qui terminera ses travaux la dernière...
M. Rivest: Pressons.
M. Lalonde: Je suis prêt à la concertation et
même au concert, mais c'est une cacophonie à laquelle on assiste
actuellement. Le projet de loi no 57 étudie une partie de loi...
M. Rivest: Le rapport est déposé. M. Lalonde:
Le rapport est déposé?
Une Voix: Oui.
M. Grenier: L'article no 10 qu'on vient d'ajouter, en fait, c'est
l'article 255.1 au complet? C'est cela?
M. Morin (Sauvé): II se réfère à
l'article 255.1 de ce projet, mais il sera peut-être
numéroté 255.2 à cause du projet de loi no 77.
M. Grenier: D'accord. Mais c'est ce qu'on inclut
intégralement, dans le moment? Comme numéro 11? Quand on dit que
les commissaires et les syndics d'écoles peuvent exiger des
bénéficiaires le paiement des sommes requises pour financer les
activités, peuvent exiger?
M. Morin (Sauvé): II s'agit des activités non
prévues au programme. Par exemple, j'ai parlé des classes de
neige.
M. Grenier: Oui, les classes de neige.
M. Morin (Sauvé): Les parents nous ont dit: On nous
demande de payer pour ces classes de neige, mais on ne nous consulte jamais
pour savoir quand nous les voulons et pourquoi nous les voulons. Il est donc
normal qu'on les consulte et que les parents qui ont à assumer le
coût de ces classes puissent se prononcer sur la question.
M. Paquette: Cela couvre aussi les services de garde, M. le
ministre, j'imagine?
M. Morin (Sauvé): Dans la mesure où il y aurait des
coûts pour les services de garde, j'imagine que cela couvrirait la chose.
Il faudrait s'assurer de ce qui a été adopté.
M. Paquette: II faudrait mettre les deux articles, à ce
moment-là.
M. Morin (Sauvé): II faudrait s'assurer de ce qui a
été adopté par l'autre commission, attendre le rapport
peut-être demain et, à la prochaine séance de cette
commission, en tenir compte.
M. Rivest: ... parce que pour eux aussi, cela a pu avoir...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je ne sais pas si l'article 255.1 qui est contenu
dans le projet de loi no 77 a été adopté tel quel, mais il
semble y avoir une contribution prévue au deuxième alinéa.
Ils peuvent, à cette fin on parle des commissaires exiger
une contribution du titulaire de l'autorité parentale ou d'une autre
personne déterminée par règlement, en vertu de cette
loi.
Peut-être qu'il y aurait lieu de référer aux
deux.
M. Paquette: II faudrait mettre le choix des activités
à l'article 255.1 et à l'article 255.2.
M. Lalonde: 255.1 et 255.2.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, il se peut aussi
il faudra vérifier exactement les textes adoptés par
l'autre commission qu'il y ait, pour la garderie de l'école, un
conseil consultatif.
M. Paquette: Oui, il y en a un.
M. Morin (Sauvé): II ne faudrait pas non plus multiplier
les points de consultation parce que cela deviendrait inexplicable.
M. Lalonde: Est-ce que les parents sont représentés
à cet autre conseil?
M. Grenier: Oui.
M. Morin (Sauvé): Exactement.
M. Lalonde: Vous commencez à être occupé,
n'est-ce pas?
M. Rivest: Vous allez manquer de parents pour vos commissions
à un moment donné.
M. Morin (Sauvé): Le problème à l'heure
actuelle, c'est qu'on manque plutôt d'enfants dans les écoles.
M. Lalonde: M. le Président, c'est presque drôle.
C'est épouvantable. Votre loi, dont vous êtes responsable de
l'application, est amendée à gauche et à droite et nous
sommes ici en train d'étudier quelque chose, de changer à gauche,
de modifier à droite.
M. Rivest: C'est un gouvernement mêlé.
M. Lalonde: Heureusement que je suis de bonne humeur.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, il suffit d'un
peu de coordination pour s'y retrouver. Si les députés de
l'Opposition ne s'y retrouvent pas, nous essaierons de les aider. Ils sont
d'ailleurs des adjoints actifs...
M. Lalonde: M. le Président, étant donné que
le ministre s'y retrouve, je lui donne avis aussi que son article 32.4 que nous
venons d'adopter est doublé d'un jumeau, l'article 32.4 dans le projet
de loi no 77. Lui, il s'y retrouve.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le Président, je reviens sur mon expression
ici "exiger des bénéficiaires le paiement des sommes requises
pour financer les activités". Il faudrait quand même
réaliser qu'on touche là au principe de la gratuité
scolaire. Le ministre nous a donné l'exemple des classes de neige.
Est-ce que cela ne pourrait pas s'étendre aussi à autre chose?
C'est loin d'être précis dans ce qu'on a là.
M. Morin (Sauvé): Non, nous pourrons le discuter au moment
où nous y viendrons, mais vous aurez noté que le texte est
précis. Il s'agit d'activités non incluses dans les programmes
d'étude. Or, la gratuité scolaire s'applique aux programmes
d'étude, naturellement. Il s'agit bien d'activités qui se situent
en dehors des horaires
normaux et en dehors des activités prévues dans les
programmes.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, je voudrais simplement
ajouter que j'ai déjà eu un cas concret, à mon bureau de
comté, où un comité d'école justement voulait
organiser une activité non prévue et ne pouvait pas le faire. Les
parents étaient prêts à débourser une certaine
somme. C'était impossible de le faire, compte tenu des règlements
de la commission scolaire. Là, on ouvre la porte à ce genre de
chose. Je pense qu'il faut laisser de la place à l'initiative du milieu.
Si le milieu veut se donner des services supplémentaires à ceux
que le ministère de l'Education...
M. Grenier: C'est un point de vue qui est bon, ce que vous donnez
là, je pense bien, sauf que je voyais à l'opposé de cela
que, si on avait voulu faire financer des activités déjà
existantes, si on donnait l'autorité de faire financer des
activités déjà existantes...
M. Morin (Sauvé): Non, il n'en est pas question, je peux
vous rassurer entièrement...
M. Grenier:... Je veux dire par là des activités
parascolaires, même pas nécessaires, pas requises.
M. Morin (Sauvé): Dès que cela fait partie des
programmes scolaires, cela doit être gratuit aux termes de la loi.
M. Lalonde: M. le Président, je ne veux pas interrompre le
ministre, mais je pense qu'on est en train de discuter de l'article 255.1.
J'aurais des représentations à faire là-dessus.
M. Morin (Sauvé): C'est le député de
Mégan-tic-Compton...
M. Grenier: Je m'excuse, je ne vais pas à rencontre du
règlement. C'est un 10° qu'on vient d'ajouter à l'article 11
si on suit exactement ce que vous nous avez donné là.
M. Lalonde: ... consulté sur ces sujets-là. Quant
au mérite, je pense que je partage certaines inquiétudes du
député, j'ai des représentations à faire sur
l'article lui-même, sur l'article 255.1. J'aimerais...
M. Grenier: Je pense bien qu'on accepte ce 10°.
M. Morin (Sauvé): ... activités visées dans
l'article 255.1...
M. Lalonde: Qu'il soit consulté là-dessus, parfait,
d'accord.
M. Morin (Sauvé): ... et nous ferons l'ajustement
nécessaire une fois qu'on saura quel est le numéro de l'article
qui a été adopté dans l'autre commission.
Le Président (M. Lacoste): L'amendement du ministre est-il
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): L'amendement est
adopté.
M. Lalonde: M. le Président, seulement quelques mots sur
l'article tel qu'amendé, en fait, avant son adoption. Je suis convaincu
que chaque comité d'école va donner la liste complète, la
"shopping list" des choses sur lesquelles il va exiger d'être
consulté. Je pense que cela n'engage à pratiquement rien de
l'adopter tel quel. Cela donne une indication des obligations de ceux qui
doivent maintenant consulter le comité d'école.
Le Président (M. Lacoste): L'article 11 est-il
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Avant, pourrait-on avoir une copie de l'amendement
qu'on vient de...
M. Morin (Sauvé): Ah oui! assurément, M. le
député, on va y voir! Tenez, la voilà.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Est-ce que cette espèce de
chassé-croisé entre les différentes commissions... Demain,
le ministre croit-il être en mesure de nous éclairer sur ce qui
arrive des articles qui sont amendés à gauche et à droite?
Oui, demain? A la commission?
Le Président (M. Lacoste): L'article 11 est-il
adopté?
M. Grenier: Oui, je trouve l'occasion tout à fait
favorable, M. le Président, pour qu'on ajourne nos travaux. Il est rendu
minuit et on a les idées passablement moins claires.
Le Président (M. Lacoste): L'article 11 est adopté,
tel qu'amendé.
M. Paquette: il y a le député de
Marguerite-Bourgeoys qui va rester en retenue, après minuit.
M. Lalonde: Avez-vous consulté le comité
d'école?
Une Voix: Une question d'orientation.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): Mais, M. le Président, nous avons
adopté à peu près le quart du projet de loi, ce qui est de
bon augure.
Le Président (M. Lacoste): Consentement. La commission
parlementaire de l'éducation ajourne ses travaux sine die.
Fin de la séance à 23 h 59