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Etude des crédits du ministère de
l'Education
(Quinze heures dix-huit minutes)
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'éducation est réunie pour
étudier les crédits budgétaires du ministère de
l'Education. Les membres pour la séance d'aujourd'hui sont: M. Alfred
(Papineau); M. O'Neill (Chauveau), qui remplace M. Brassard (Lac-Saint-Jean);
M. Dussault (Châteauguay), M. Fallu (Terrebonne), M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys), M. Le Moignan (Gaspé), M. Morin (Sauvé),
M. Paquette (Rosemont), M. Rivest (Jean-Talon).
Les intervenants sont: M. Bertrand (Vanier), M. Charbonneau
(Verchères), M. Desbiens (Dubuc), M. Fontaine (Nicolet-Yamaska), Mme
Lavoie-Roux (L'Acadie); M. Brassard (Lac-Saint-Jean), qui remplace M. O'Neill
(Chauveau); M. Picotte (Maskinongé), M. Samson (Rouyn-Noranda).
Le rapporteur était M. Dussault (Châteauguay).
M. le ministre.
Dépôt de documents
M. Morin (Sauvé): M. le Président, hier, dans leurs
exposés liminaires, les membres de cette commission, et en particulier
deux membres de l'Opposition, le député de Marguerite-Bourgeoys
et le député de Gaspé, ont soulevé un certain
nombre de questions et demandé que je dépose un certain nombre de
documents, ce que je suis tout à fait disposé à faire.
Avec votre permission, je remettrai aux membres de cette commission le nouveau
programme de français pour le niveau secondaire, le projet de
régime pédagogique, le calendrier d'implantation des programmes,
et, document que j'avais annoncé également, la nouvelle
méthode d'allocation des ressources. Je pense que tous ces documents
sont d'intérêt pour les membres de cette commission.
En second lieu, au sujet du discours du budget du ministre des Finances
et des réductions prévues au budget de l'Education, nous avons la
documentation nécessaire. Nous pourrons la remettre également
à tous les membres de la commission.
Pour ce qui est des conseils d'orientation, nous sommes également
en mesure de fournir une fiche sur la question. On nous a posé
également beaucoup d'autres questions, mais je ne suis pas en mesure de
répondre immédiatement à toutes. Je puis, cependant, vous
assurer que d'ici vendredi nous aurons probablement rempli toutes les commandes
qu'on a bien voulu nous faire parvenir ou nous mentionner.
Donc, pour l'instant, M. le Président, je m'en tiendrai au
nouveau programme de français, au projet de régime
pédagogique, au calendrier d'implantation, aux nouvelles méthodes
d'allocation des ressources, aux réductions budgétaires
prévues et à la question des conseils d'orientation.
Avec votre permission, je vais faire distribuer ces documents.
Une Voix: On les avait demandés à la salle 91-A.
Alors, ils s'en viennent.
M. Morin (Sauvé): Les documents se trouvant en ce moment
à la salle 91, on va nous les apporter et je pourrai les faire
distribuer aussitôt.
M. le Président, cela étant dit, est-ce que je pourrais
demander une précision au député de Marguerite-Bourgeoys?
Il a affirmé hier que plusieurs parties importantes du plan d'action ont
été mises en échec par les négociations. Je me suis
trouvé un peu interdit devant cette affirmation, parce qu'effectivement
aucune partie importante du plan d'action n'a été remise en
question, encore moins mise en échec par les négociations.
Si le député de Marguerite-Bourgeoys veut bien
préciser sa pensée et nous dire de quelle façon il pense
que les négociations ont pu restreindre la portée du plan
d'action ou de ses objectifs, je serais en mesure de lui répondre et de
lui donner tous les apaisements nécessaires. Mais s'il se contente d'une
affirmation générale, sans préciser sa pensée, je
ne suis même pas en mesure de lui répondre, sauf, de façon
tout aussi générale, qu'il est faux de prétendre que
plusieurs parties importantes du plan d'action ont été mises en
éhec par le résultat des négociations. C'est tout à
fait inexact.
Notre souci, durant toutes ces négociations nationales, a
été de préserver à tout prix les objectifs
essentiels du plan d'action et je crois que nous y avons réussi, tant
sur le plan pédagogique que sur le plan de l'organisation de la vie dans
les écoles. C'est peut-être, d'ailleurs, une des raisons pour
lesquelles, par moments, les négociations ont connu quelques
difficultés puisque le gouvernement s'était bien promis qu'en
aucune façon le plan d'action ne devrait être remis en question
par le résultat des négociations.
J'invite le député de Marguerite-Bourgeoys à
être un peu plus précis. Nous avons eu beau gratter pour tenter de
répondre à sa question; nous n'avons pas trouvé
d'objectifs du plan d'action qui aient été mis en échec
par les négociations.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, je ne sais pas si le ministre
se prépare à d'autres fonctions. Il est celui qui pose les
questions, maintenant. Je vais quand même tenter de me
référer à ce que j'ai dit hier dans les observations
préliminaires. J'ai fait référence au plan d'action, au
livre orange, et j'ai posé la question au ministre à savoir s'il
était exact que certains des objectifs de ce plan d'action aient
été mis en échec par les négociations, par le
résultat, ou enfin mis de côté ou sévèrement
modifiés par les négociations.
Le ministre vient de nous répondre par une
dénégation générale. Aucun des objectifs du plan
d'action, dit-il, n'a été modifié par la
négociation ou la dernière ronde des négociations. Alors,
je prends sa réponse...
M. Morin (Sauvé): ... encore moins mis en
échec.
M. Lalonde: ... pour la vérité, jusqu'à
nouvel ordre. Nous arriverons au plan d'action plus tard et je pourrai poser
des questions plus précises en ce qui concerne réellement les
parties très détaillées du plan d'action. Je ne pense pas
que ce soit à moi non plus à répondre à ces
questions-là, j'aimerais plutôt, M. le Président...
M. Morin (Sauvé): Mais si, ce serait à vous,
puisque vous avez fait une affirmation générale, M. le
député. Nous essayons de voir ce que vous voulez dire parce qu'on
voudrait bien pouvoir vous répondre.
M. Lalonde: Je regrette, je n'ai pas fait d'affirmation, j'ai
posé une question. Le ministre n'a peut-être pas relu la
transcription des Débats, j'ai posé une question. Le ministre dit
que c'est faux. Que voulez-vous de plus? N'êtes-vous pas sûr de
votre réponse?
M. Morin (Sauvé): J'aimerais pouvoir vous répondre
de façon plus précise.
M. Lalonde: Vous avez fait une grande dénégation
générale en attendant la question supplémentaire, à
savoir laquelle va trouver la vérité. C'est ça?
M. Morin (Sauvé): Non, vous avez fait une affirmation
générale.
M. Lalonde: Non, je ne vous soumettrai pas à un
contre-interrogatoire, soyez tranquille, soyez en paix. Ne soyez pas nerveux.
Quand on arrivera à ce chapitre-là, je poserai des questions plus
précises. Maintenant, je préférerais poursuivre ce qu'on a
discuté hier soir. On en était à la CECM et surtout au
point qui est très important, qui était la question fondamentale
du conflit, c'est-à-dire la qualité de l'enseignement.
M. Morin (Sauvé): Mais, M. le Président...
M. Lalonde: Et nous reviendrons au plan d'action. Justement,
c'est d'ailleurs dans ce même chapitre-là que j'aurai des
questions à poser au ministre sur la qualité de l'enseignement.
Il dit que c'est son objectif premier.
Qu'est-ce que la qualité de l'enseignement pour lui? Est-ce que
cela se traduit seulement dans son plan d'action? Est-ce que le budget est une
illustration de cette priorité qui est la qualité de
l'enseignement? Est-ce que c'est pour cette raison que nous avons 37,5%
d'augmentation, ne serait-ce qu'à l'enseignement primaire et secondaire?
C'est peut-être pour cela.
M. Morin (Sauvé): Sûrement en partie, mais il ne
faut pas toujours juger de la qualité par la quantité,
assurément.
M. Lalonde: C'est en partie à cause du budget.
M. Morin (Sauvé): La quantité aide quelquefois la
qualité. M. le Président, je veux bien remettre la chose à
plus tard, seulement j'ai été un peu étonné de la
façon dont le député, hier soir, insinuait que le plan
d'action avait été mis en échec par les
négociations. Je répète que ce n'est pas exact. J'invite
le député à se faire plus précis pour que je puisse
éventuellement lui donner des réponses plus précises. S'il
ne veut pas toucher de cela maintenant, passons à autre chose,
mais...
M. Lalonde: C'est-à-dire que je vais l'aborder, si vous me
le permettez, étant donné que c'est moi qui pose les questions,
si vous permettez, dans le cadre plus large, comme je le répète,
de la qualité de l'enseignement. Le ministre vient de nous dire que
l'augmentation spectaculaire des crédits à l'enseignement
primaire et secondaire public de 37,5% était une des illustrations de
cette priorité que son ministère donne à cet objectif de
la qualité de l'enseignement.
J'aimerais, M. le Président, examiner justement cette
augmentation. On passe de 1979-1980 à 1980-1981 d'un montant de $2 134
000 000 à $2 934 000 000, donc une augmentation d'environ 37%.
Là-dessus, si on analyse cette augmentation, on trouve tout d'abord $292
200 000 pour la prise en charge par le gouvernement des impôts autonomes
des commissions scolaires. C'est l'impact direct de la réforme de la
fiscalité municipale que le ministre de l'Éducation a
acceptée, mais dont l'initiative est due au ministre des Finances et au
ministre des Affaires municipales. Donc, $292 000 000 ici.
Deuxièmement, $285 100 000 qui représentent le coût
de l'année scolaire 1978-1979 dont le paiement avait été
différé l'an dernier par le ministre des Finances.
Troisièmement, $208 000 000, hausse normale des coûts et
réévaluation de l'estimation du coût de l'année
scolaire à venir, de sorte qu'il nous reste une augmentation
réelle de 1,31%.
De cette augmentation de 37%, on tombe à une augmentation
réelle de 1,31%, et je commence à me poser la question. Je
comprends que la qualité de l'enseignement on ne la doit pas seulement
à la quantité, ni aux chiffres ni aux nombres mais il reste quand
même que le ministre nous doit des explications à savoir comment
il va mettre en oeuvre cet objectif, cette priorité de la qualité
de l'enseignement alors qu'il n'accorde qu'une augmentation de 1,3% à
son budget de l'enseignement primaire et secondaire. (15 h 30)
Deuxièmement, il y a les coupures. On vient justement de nous...
Est-ce qu'on l'a dans ces documents? Le ministre a promis de nous donner un
document concernant les coupures annoncées par le ministre des Finances.
Est-ce que cela nous
a été remis, M. le ministre? Est-ce qu'on a ça
là-dedans?
M. Morin (Sauvé): Je crois que ça va venir; je l'ai
annoncé tout à l'heure. C'est également dans le document
vert que vous avez reçu.
M. Lalonde: Quelle page?
M. Morin (Sauvé): C'est ce que nous allons vous dire dans
un instant. Cela se trouve aux pages A-82 et A-83.
Le Président (M. Lacoste): Si vous me permettez, M. le
ministre.
M. Morin (Sauvé): Oui.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, il me semble qu'on est actuellement justement dans le
programme 4; pour les fins du journal des Débats, j'appelle le programme
4.
M. Lalonde: Sûrement, appelez, appelez.
Enseignement primaire et secondaire public
M. Morin (Sauvé): M. le Président, est-ce que je
puis maintenant répondre aux interrogations du député de
Marguerite-Bourgeoys?
Tout d'abord, je voudrais lui indiquer que, lorsqu'on parle de
qualité de l'enseignement, certes, cela suppose que l'Etat donne suite
à ses intentions en finançant un certain nombre de programmes qui
vont dans le sens de cette qualité. Mais souvent, la qualité
tient à des éléments qui sont beaucoup moins quantifiables
qu'on ne le pense. Par exemple, la qualité de l'enseignement va tenir au
projet éducatif de l'école, elle va tenir au réseau de
rapports qui sont tissés autour de l'élève par les
parents, les maîtres, la direction de l'école. La qualité
va tenir à la précision des programmes, à l'excellence
relative des méthodes d'enseignement, à l'innovation
pédagogique.
J'ai donné suffisamment d'exemples pour montrer que la
qualité de l'enseignement est une chose difficile à cerner. Et il
est concevable qu'on arrive à une très haute qualité
d'enseignement avec des moyens, somme toute, assez modestes, comme il est tout
à fait concevable qu'on arrive à un enseignement de mauvaise
qualité tout en dépensant des milliards. Les deux choses ne vont
pas nécessairement de pair. Au Québec, nous sommes dans un
réseau qui connaît une décroissance dramatique sur le plan
du nombre. J'ai expliqué hier que cette décroissance se ralentit
quelque peu à l'heure actuelle. Elle est tombée de 4% à
3,6%. Elle peut encore tomber à 3,4% ou 3,5%. Mais nous sommes tout de
même dans une phase de décroissance qui nous pose de gros
problèmes, qui signifie que l'existence de certaines écoles est
remise en cause, que des postes d'enseignants sont remis en cause.
Néanmoins, il faut, dans cette conjoncture extrêmement
difficile sur le plan démographique et, par voie de conséquence,
sur le plan financier, assurer une qualité croissante de
l'enseignement.
Je ne voudrais pas qu'on juge cette qualité rien que par la
quantité du budget. Je ne dis pas que c'est complètement
étranger. Je ne dis pas cela. Mais tout de même.
Considérons, à la page A-82 du cahier, les demandes
additionnelles qui ont été accordées dans la revue de
programme. Nos interventions en milieu défavorisé, $4 000 000.
Voilà une dépense qui va directement favoriser la qualité
de l'enseignement dans ce milieu précis. Le plan de développement
de l'éducation chrétienne, $490 000. Encore là, je pense
qu'on peut parler de qualité de l'enseignement. L'enseignement des
langues d'origine, $450 000.
Voyez, ce ne sont pas des sommes exorbitantes, mais elles vont loin
quand elles sont bien utilisées par des gens compétents. Autre
mesure, les services particuliers aux élèves en difficulté
d'apprentissage couverts par les ententes entre les ministères des
Affaires sociales et de l'Education, y compris le budget expérimental de
l'école Joseph-Charbonneau, $2 600 000.
Autre exemple, l'exemption de l'enseignement religieux, $600 000. Les
cours de récupération au primaire, voilà peut-être
l'exemple le plus clair d'une mesure destinée à améliorer
la qualité de l'enseignement, la récupération au primaire,
$200 000.
Voilà donc, M. le Président, l'essentiel de ma
réponse au député de Marguerite-Bourgeoys. La
qualité de l'enseignement, on ne peut nier qu'elle tienne certainement
à un certain niveau de dépenses. Je pense que c'est Saint-Thomas
qui disait qu'un peu de confort ne nuit pas à la vertu, est même
nécessaire à la vertu. De même pourrait-on dire que des
budgets suffisants sont nécessaires à l'excellence de la
pédagogie, mais tout n'est pas dans le montant d'argent qu'on y met. On
peut facilement gaspiller des sommes énormes en les mettant entre les
mains de gens non compétents et je vous assure qu'il existe un certain
nombre de personnes qui sont prêtes à dépenser des montants
considérables pour des résultats plutôt minables.
Nous avons tenté de faire fructifier au maximum tous les montants
qui nous ont été accordés à la revue de programmes.
Je reviens encore, avant de terminer ma réponse, sur les
éléments principaux de notre effort, des programmes plus
précis. Je vous ai fait remettre le programme de français du
secondaire qui est un modèle du genre, qui a été fait en
collaboration avec les principaux intéressés, avec les
enseignants eux-mêmes, avec les spécialistes et qui, à
l'heure actuelle, est fort bien reçu dans le réseau.
Je vous ai parlé, hier, dans mon exposé liminaire, des 38
programmes c'est bien cela, M. Thériault qui sont en voie
d'élaboration active à l'heure actuelle et qui seront prêts
d'ici deux ans.
On peut dire que, d'ici quelques années, tous les programmes du
primaire et du secondaire auront été refaits. Quand on sait ce
qu'étaient les
programmes-cadres, eh bien, je pense qu'il s'agit là de mesures
qui ne coûtent pas les yeux de la tête, mais qui pourtant sont
essentielles à la qualité de l'enseignement.
De même, nous avons annoncé des mesures favorables à
l'innovation pédagogique; nous avons créé une revue qui
n'existait pas pour favoriser justement une meilleure pédagogie. Et
puis, il y a tout le perfectionnement des enseignants sur lequel je n'ai pas
à revenir, auquel le ministère consacre, depuis des
années, des sommes considérables, des dizaines de millions de
dollars qui, bien sûr, porte fruits à terme.
Voilà, M. le Président. Je pense que je vais
m'arrêter là. Je pense avoir fait la démonstration que la
qualité de l'enseignement est vraiment notre premier souci.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, une toute petite question
importante, mais une grande réponse pleine de voeux pieux, une
déclaration ronflante.
M. Morin (Sauvé): Ah non! ce ne sont pas des voeux pieux,
c'est en voie de réalisation.
M. Lalonde: Tout le monde est pour la vertu et la
maternité, naturellement. Qu'est-ce que le ministre a fait de
précis, sauf son plan d'action? Qu'il le dise, si c'est cela. Qu'est-ce
qu'il propose pour 1980-1981? Des programmes nouveaux? Qu'il le dise, c'est
tout!
M. Morin (Sauvé): Avez-vous écouté mon
exposé hier?
M. Lalonde: Naturellement, c'est normal qu'on revoie les
programmes de temps à autre. Le ministre nous réfère
à la page 82 de son bouquin vert. C'est bien le style qu'on retrouve. On
dit ici, à la page A-82: Demande additionnelle accordée. Il
s'agit d'injections de ressources en 1980-1981 pour des nouvelles mesures.
Là, on donne les détails, on élabore. Interventions en
milieux défavorisés: $4 100 000, etc. Au deuxième
paragraphe, paragraphe h, compressions: A la demande du Conseil du
trésor, certaines compressions aux demandes initiales du MEQ ont
dû être effectuées. Leur impact est de $4 100 000 pour
l'année scolaire 1979-1980, $38100 000 pour 1980-1981, et $30 000 000
sur les crédits de 1980-1981. Il n'y a pas de détail. Qu'est-ce
qui a été refusé? Qu'est-ce qu'il y avait d'aussi...
M. Morin (Sauvé): Pouvez-vous tourner une page de votre
cahier?
M. Lalonde: Oui.
M. Morin (Sauvé): La page A-83, vous avez toute la
liste.
M. Lalonde: Où retrouve-t-on les $38 100 000 à la
page 83?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je vais
décrire par le menu, s'il le faut, exactement où sont les
compressions que nous avons dû effectuer. Ce sont des totaux. Je vais
donner des détails.
M. Lalonde: Le ministre vient d'affirmer qu'on retrouve à
la page suivante les détails. Je regrette, mais j'ai cherché la
somme de $38 100 000 pour l'année scolaire 1980-1981 et je ne la trouve
pas. Elle est assez mystérieuse, d'ailleurs, cette page 83. J'attends
les explications du ministre.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je suis tout
à fait disposé à donner le détail. Je vais
même énumérer en quoi ont consisté ces compressions.
Il faut d'abord que je vous explique que le ministre des Finances a
demandé à l'Éducation, étant donné la
croissance assez considérable du budget, étant donné
toutes les suites de la réforme fiscale pour le système
d'enseignement, de faire une compression de $30 000 000 sur un budget de
près de $3 000 000 000. Nous l'avons fait volontiers, parce qu'il est
bon qu'un ministère, de toute façon, revoie ses priorités
de temps à autre, revoie ce qu'il fait et essaie d'innover, de trouver
de nouvelles priorités, de remplacer celles qui ont fait leur temps par
de nouvelles. Cela nous a donc permis de faire un certain élagage. Par
exemple, cette année, nous n'indexerons pas ce n'est pas qu'on
réduise les montants certaines approbations spécifiques
relatives aux conseillers pédagogiques. Cela représente des
crédits de $2 600 000 et de $4 700 000. Nous allons réduire
l'ajout prévu pour le droit à l'exemption de l'enseignement
religieux. Autrement dit, nous allons consacrer $600 000 à la chose, et
on a retranché aux crédits 1980-1981 $400 000 sur le montant de
$1 200 000 qui était prévu.
Nous avons réaménagé les modalités de ce
qu'on appelle le Programme de perfectionnement des maîtres du
français, pour un montant de $400 000, toujours aux crédits
1980-1981. Nous avons décéléré d'autres mesures du
plan de développement de l'enseignement des langues, pour $500 000. Nous
avons réduit l'ajout prévu pour les cours de
récupération au primaire, compte tenu des crédits non
utilisés de l'an dernier et de ceux qui sont prévus pour cette
année, pour $800 000. Nous avons... Et surtout le gros montant
évidemment...
Mme Lavoie-Roux: Excusez-moi, M. le Président...
Le Président (M. Lacoste): Mme la députée de
L'Acadie.
M. Morin (Sauvé): Oui.
Mme Lavoie-Roux: ... je n'ai pas compris le plan du
développement des langues, pour $500 000, et le dernier, je ne l'ai pas
compris, je m'excuse.
M. Morin (Sauvé): L'ajout prévu pour les cours de
récupération, étant donné qu'il y avait eu des
crédits non utilisés...
Mme Lavoie-Roux: A l'élémentaire, ça?
M. Morin (Sauvé): Oui, c'est ça, au primaire.
Mme Lavoie-Roux: Vous veniez de vanter ça comme une de vos
réalisations.
M. Morin (Sauvé): On a tout de même
dépensé plus d'un million de dollars et il y a eu...
M. Rivest: Par la porte d'en arrière.
M. Morin (Sauvé): II y a des crédits qui sont
inutilisés parce que tout simplement le réseau ne les utilise
pas, ne sait pas les utiliser. Cela arrive.
M. Rivest: C'était consacré à la
qualité...
M. Lalonde: C'est ça, oui.
M. Morin (Sauvé): Oui.
M. Lalonde: Cela en prend beaucoup.
M. Morin (Sauvé): Et enfin, le montant le plus
considérable, c'est le report des minutes additionnelles d'enseignement,
au primaire, d'une année.
Mme Lavoie-Roux: Ah!
M. Lalonde: Ah!
(15 h 45)
M. Morin (Sauvé): Nous avions prévu l'étaler
sur quatre ans, ajouter donc... Vous vous souviendrez que le plan d'action
ajoute deux heures au primaire. On passe de 23 à 25 heures. Nous avons
décidé de le faire sur trois ans, au lieu de quatre ans, à
la suite de la demande du ministre des Finances et de l'augmenter de trois fois
40 minutes à compter de l'an prochain, ce qui permet, pour les
crédits de 1980-1981, d'épargner $12 100 000. Evidemment, comme
on le reporte sur l'année prochaine et qu'on l'étale sur trois
ans au lieu de quatre, on va arriver aux mêmes résultats dans
quatre ans, c'est-à-dire que ce qui avait été prévu
à l'origine, savoir que, d'ici quatre ans, il y aurait deux heures
d'enseignement de plus au primaire, sera réalisé dans les
délais que nous nous étions impartis.
Je pense avoir donné presque toutes les coupures. Ah! il y a
également l'étalement de la subvention pour les élections
de Montréal, qui représente une coupure de $1 100 000.
Mme Lavoie-Roux: Excusez-moi, M. le ministre. Je sais bien que je
suis atteinte de surdité, mais je n'ai pas compris votre dernière
remarque.
M. Morin (Sauvé): Au lieu de payer la subvention pour les
élections...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): ... à Montréal, au lieu de
la payer en une année, nous la payons sur trois ans.
Mme Lavoie-Roux: Ah!
M. Morin (Sauvé): On l'étale.
Une Voix: Prochain gouvernement.
M. Lalonde: C'est comme ça qu'on fait des trous.
M. Morin (Sauvé): Comment ça? Expliquez-vous.
M. Lalonde: Ecoutez, on va être obligé
d'emprunter...
M. Morin (Sauvé): Cela n'a rien à voir. M.
Lalonde: ... encore... M. Morin (Sauvé): Non...
M. Lalonde: ... parce que vous allez étaler, comme vous
dites.
M. Morin (Sauvé): Non, ça n'a rien à voir
avec l'écart budgétaire.
M. Lalonde: Quelqu'un devra payer.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce comme ça que ça se faisait
pour les élections scolaires précédentes? Ou est-ce que
cela a été payé chaque année?
M. Morin (Sauvé): La pratique a varié d'une
élection à l'autre. Quelquefois c'était
étalé...
Mme Lavoie-Roux: C'est seulement la troisième, ça
n'a pas dû varier beaucoup.
M. Morin (Sauvé): Oui, c'est la même chose pour
toutes les commissions scolaires, c'est-à-dire que pour l'ensemble des
commissions scolaires, puisqu'il n'y a que le tiers des commissaires de
réélus, ou, enfin, qui peuvent être en élection
chaque année, il y a un étalement sur trois ans.
Mme Lavoie-Roux: ... s'applique...
M. Morin (Sauvé): Dans le cas du Conseil scolaire de
l'île, aux élections précédentes, la subvention
avait été versée pour un seul...
Mme Lavoie-Roux: C'est ça, c'est ce que je pense.
M. Morin (Sauvé): Mais, pour l'élection
précédente, il y avait eu un certain étalement aussi.
Mme Lavoie-Roux: En 1973...
M. Morin (Sauvé): Étant donné,
évidemment, que c'est souvent payé aux états financiers
après beaucoup de discussions par rapport aux coûts et autres et
c'est la même chose pour cette année.
Mme La voie-Roux: C'était la première fois qu'ils
faisaient une élection scolaire à ce moment-là au Conseil
scolaire de l'île en 1973.
M. Morin (Sauvé): C'est exact.
M. Lalonde: M. le Président, j'aurais une question
à poser au ministre. Il nous dit que $30 000 000 de coupures ont
été faites. J'ai cru entendre comparer ces $30 000 000 aux $3 000
000 000 du coût du réseau. Est-ce qu'il y a d'autres coupures dans
le ministère ou si ce sont les seules? Est-ce seulement en rapport avec
le programme 4 du budget ou si ce sont toutes les coupures?
M. Morin (Sauvé): Non, c'est l'ensemble des coupures.
M. Lalonde: L'ensemble des coupures.
M. Morin (Sauvé): Le ministère des Finances nous a
demandé de faire des coupures de $30 000 000 cette année.
M. Lalonde: Sur un budget de $5 000 000 000, on a des coupures de
$30 000 000.
M. Morin (Sauvé): Oui, vous pouvez faire le pourcentage,
si ça vous amuse.
M. Lalonde: Cela ne m'amuse pas, ça m'attriste, parce que
je lis le discours du budget du ministre des Finances je le relis
et je comprends que celui-ci a le verbe un peu imagé de temps à
autre. Il dit ceci: "II va de soi, cependant, à la suite de la
révision qui a dû être faite du coût de l'enseignement
primaire et secondaire et que nous avons longuement expliquée, que le
ministère est appelé à sabrer ce ne sont pas de
grands coups de sabre que vous donnez actuellement dans toute une
série de ses anciens programmes et que dans ces conditions la mise en
place du plan d'action soit plus lente que prévue et que des
éléments existants du budget soient appelés à de
fortes réductions". On a une réduction de $30 000 000 sur $5 000
000 000.
M. Morin (Sauvé): Tout d'abord, commençons par dire
que les $5 000 000 000 c'est le budget total de l'éducation, y compris
les universités, les collèges, l'enseignement des adultes,
l'enseignement privé, l'administration du ministère. Donc, ce
n'est pas là-dessus. Il faut d'abord décanter tout ce qui n'est
pas primaire et secondaire.
Comme je le disais tout à l'heure, ça représente
$30 000 000 sur, grosso modo, $3 000 000 000.
M. Lalonde: 1%.
M. Morin (Sauvé): Et, ensuite, il faut comprendre qu'il
s'agissait des approbations spécifiques du ministère, lesquelles
sont de $150 000 000 et, quand on l'envisage sous cet angle, ça fait $30
000 000 sur $150 000 000. C'est, effectivement, un chiffre assez
impressionnant. En tout cas, le ministère...
M. Lalonde: Ecoutez, vous pouvez comparer ça avec des
oranges et des pommes aussi vous savez.
M. Morin (Sauvé): ... a trouvé l'opération
délicate et difficile, mais on nous avait demandé de le faire et
nous avons estimé que nous pouvions le faire. Nous avons donc
répondu à la demande du ministre des Finances.
Mme Lavoie-Roux: Si vous me le permettez, M. le
Président...
Le Président (M. Lacoste): Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux:... est-ce que quelqu'un du ministère se
rappellerait il faudrait que j'aille voir dans mes livres ce qui
avait été ajouté l'an dernier au plan financier à
l'élémentaire et secondaire, mis à part l'indexation des
salaires et ces choses-là, l'application de la convention collective? Je
pense que c'était loin d'être $30 000 000, et cette année
on coupe $30 000 000. Il n'y avait pas eu d'indexation l'an dernier.
M. Morin (Sauvé): On va vérifier et on va le
retrouver dans le livre des crédits de l'an dernier. Mon souvenir est
que cela dépassait de $30 000 000 les demandes additionnelles qui
avaient été accordées l'an dernier pour les secteurs
primaire et secondaire. On peut faire la vérification rapidement.
Mme Lavoie-Roux: Cela voudrait dire que c'était... On
verra, parce que c'est assez intéressant de faire la comparaison. Cette
année, on est allé retrancher $30 000 000, ce qui serait à
peu près l'équivalent de ce qui avait été
ajouté en initiatives nouvelles l'an dernier.
M. Morin (Sauvé): Je pourrais peut-être ajouter que
la coupure de $30 000 000 s'est faite après avoir établi le
coût de la mise en oeuvre du plan d'action. Si on prend, par exemple, les
$12 000 000 de crédits à cause du report d'une année de
l'ajout des 30 ou 40 minutes d'enseignement par semaine au primaire...
Mme Lavoie-Roux: Là-dessus, je suis d'accord avec
vous.
M. Morin (Sauvé): ... ce sont $12 000 000 qui ne sont pas
une coupure par rapport à une réalité, mais par rapport
à notre prévision. Nous avons sabré dans ce qu'on peut
appeler nos prévisions de développement de priorités.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais revenir, M. le Président, sur
une des premières coupures ou restrictions budgétaires qui ont
été faites dans les $30 000 000 dont on vient de parler. Elles
s'élevaient à $2 600 000 qui était la non-indexation, si
j'ai bien compris, soit de leur salaire ou de la rubrique ou du nombre de
conseillers pédagogiques. Cela se traduit en une coupure de combien de
conseillers pédagogiques?
M. Morin (Sauvé): C'est $2 600 000 au chapitre du salaire
des conseillers pédagogiques, de leur perfectionnement et des
expériences qu'ils avaient entreprises. Or, dans certains cas, plus
particulièrement en français et en éducation physique, les
expériences qui étaient vraiment terminées, nous en avions
les évaluations. En ce qui concerne le perfectionnement, il y a quand
même une certaine limite, à un moment donné, étant
donné que plusieurs de ces conseillers pédagogiques sont devenus
permanents dans les commissions scolaires depuis plusieurs années.
Alors, ici c'est, à toutes fins pratiques, un transfert d'argent pour
pouvoir permettre le développement d'autres priorités.
Mme Lavoie-Roux: Mais est-ce que cela veut dire une diminution du
nombre de conseillers pédagogiques?
M. Morin (Sauvé): Pas nécessairement.
Mme Lavoie-Roux: Pas nécessairement, oui ou non?
M. Morin (Sauvé): C'est-à-dire que l'enveloppe n'a
pas été indexée à ce chapitre. Alors, pour la
commission scolaire qui utilisait cette enveloppe strictement pour des fins
salariales, il y a donc une coupure, mais c'est une enveloppe qui regroupait
à la fois les montants nécessaires pour les fins salariales,
l'expérimentation et le perfectionnement.
Mme Lavoie-Roux: Vous ne le saurez pas, évidemment, avant
quelques mois, le nombre de conseillers pédagogiques qui ont
peut-êtrre été enlevés, à la suite de cette
coupure-là. C'était un des points que le ministre de
l'Éducation mettait de l'avant l'an dernier, et avec raison d'ailleurs,
pour parler de la qualité de l'enseignement.
M. Morin (Sauvé): Nous n'avons jamais subventionné
totalement les salaires des conseillers pédagogiques. Il y a toujours eu
une participation de la commission scolaire. Nous pourrions certainement vous
faire part du nombre de conseillers pédagogiques qui ont
été mis en disponibilité au 1er mai dernier.
Nous avons déjà un rapport préliminaire, mais il
n'y en a pas beaucoup et c'est lié beaucoup plus souvent à la
décroissance, parce qu'un conseiller-culté, c'est devenu
maintenant pratiquement une tradition dans toutes les commissions
scolaires.
Il y a une autre considération, si vous me permettez d'ajouter
une réflexion, la transférabilité des budgets que nous
sommes en train d'instaurer par le truchement des règles
budgétaires fera en sorte qu'une commission scolaire pourra se donner
plus de conseillers pédagogiques si elle en ressent le besoin.
Connaissant la rigidité des enveloppes et des budgets, vous comprendrez
qu'elle n'avait pas cette liberté d'action.
Désormais, nous avons voulu faire en sorte qu'une commission
scolaire puisse, selon ses besoins et la perception des besoins qu'elle a,
mettre plus d'argent sur les conseillers pédagogiques plutôt que
sur autre chose. C'est ça aussi que nous visons avec la
transférabilité.
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, la transférabilité
n'est quand même pas une chose nouvelle de cette année,
peut-être que vous l'élargissez.
M. Morin (Sauvé): Considérablement, oui.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas une chose nouvelle; d'ailleurs,
l'île de Montréal, depuis longtemps, se payait des animateurs
avant même que le ministère ne le fasse. Ce n'est pas une chose
qui est nouvelle. Ce qui m'inquiétait, c'est de savoir de quelle
façon ceci affectait le nombre de conseillers pédagogiques.
Même s'il y a la transférabilité, si vous tenez compte du
faible taux d'indexation qui est accordé aux commissions scolaires et du
fait que durant les années antérieures il n'y en a même pas
eu je ne suis pas pour revenir là-dessus, on en a discuté
longuement l'an dernier leur marge de manoeuvre ne doit pas être
très grande, j'imagine, même pour appliquer ce principe de
transférabilité.
L'autre question que j'ai à poser, vous aviez diminué le
montant que vous aviez prévu pour la préparation, je pense, ou
l'ajout de personnel pour ceux qui se prévalent du droit à
l'exemption de l'enseignement religieux. Pouvez-vous nous donner d'abord les
chiffres de ce qui a été utilisé l'an dernier, du nombre
d'écoles ou d'enseignants que ceci veut dire ou de quelle façon
on s'en prévaut dans l'ensemble de la province? Est-ce que vous avez des
données précises là-dessus, parce que c'est un
problème qui devient de plus en plus aigu? C'est peut-être le
temps d'avoir des réponses précises.
M. Morin (Sauvé): Je regrette, nous n'avons pas ici ces
données, sauf qu'elles sont compilées au ministère et nous
pourrons vous les faire parvenir.
Mme Lavoie-Roux: Touchant cette question particulière ce
matin je ne sais pas si le président me dira que je vais à
rencontre du règlement, mais ordinairement, ils sont assez
tolérants aux crédits de l'éducation, je dois l'admettre,
le reconnaître le ministre de l'Éducation...
M. Morin (Sauvé): Si vous permettez, un complément
de réponse au sujet de l'exemption...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): Vous alliez changer de sujet...
Mme Lavoie-Roux: Ce n'était pas tout à fait
différent, vous auriez pu... en tout cas, allez-y.
M. Morin (Sauvé): Ecoutez, je voulais simplement vous dire
que les montants que nous avons injectés l'an dernier ont
été fort utiles et ont permis d'améliorer
considérablement, dans un grand nombre de commissions scolaires,
l'exemption de l'enseignement religieux et, bien sûr, son remplacement
par de l'enseignement d'ordre moral, la formation morale, comme nous
l'appelons. J'ai reçu justement une lettre de la présidente
de...
Mme Lavoie-Roux: De l'AQADER.
M. Morin (Sauvé): ... l'AQADER qui nous exprime sa
satisfaction à la suite des résultats obtenus par ces mesures. Je
me permets de la lire. "Au cours de la dernière année scolaire,
le ministère de l'Éducation a publié, via le service
d'enseignement catholique, des dépliants au sujet de l'exemption de
l'enseignement religieux, tant au niveau primaire qu'au premier cycle du
secondaire. Ce moyen nouveau mis à la disposition des commissions
scolaires a permis, dans plusieurs régions du Québec, un premier
débloquage d'information, par exemple, à Trois-Rivières,
à la commission scolaire des Mille-Iles, etc.. "Nous désirons
attirer ici votre attention sur quelques suggestions visant à
améliorer cette précieuse information de façon à la
rendre acceptable et profitable à tous les milieux." (16 heures)
Donc il y a, de la part de l'AQADER qui nous fait un certain nombre de
suggestions utiles, l'expression d'une certaine satisfaction à la suite
de ces mesures. On pourra cependant plus tard, ou demain, vous donner des
chiffres qui sont, si ma mémoire est bonne, assez impressionnants sur le
nombre d'exemptions que cela a permis. On y reviendra, si vous voulez, une fois
qu'on aura les chiffres.
Il semble que vous l'avez à la page A-26 de votre cahier
vert.
Mme Lavoie-Roux: Je vous remercie.
Est-ce que tous les montants ont été utilisés? Je
dois dire qu'il y a certainement un point dans le livre vert où on peut
retrouver cela, mais je ne l'ai pas regardé. Est-ce que tous les
montants ont été utilisés?
M. Morin (Sauvé): Nous avons été
obligés d'en ajouter quelque peu en utilisant les périmés
d'autres postes. On a ajouté quelque $200 000 à ce qui
était prévu l'an dernier, pour l'exemption de l'enseignement
religieux, disons. Cette année, nous ajoutons moins que ce que nous
avions prévu.
Mme Lavoie-Roux: Vous aviez prévu $400 000, je pense, de
plus.
M. Morin (Sauvé): Des crédits de $2 400 000 seront
disponibles pour répondre aux demandes. L'année dernière,
nous avions prévu $1 700 000. Il y a donc une augmentation de $700 000.
Evidemment, cela ne comprend pas ce que les commissions scolaires peuvent faire
dans les endroits où il y a un nombre suffisant d'élèves
pour constituer des groupes. A ce moment-là, elles n'ont pas à
venir chercher des subventions du ministère de l'Éducation.
Mme Lavoie-Roux: II y a plusieurs écoles... Je comprends
que vous m'avez donné les chiffres. Mais j'avais demandé
également par région, pour avoir un peu le portrait de la
province.
M. Morin (Sauvé): 843 écoles.
Mme Lavoie-Roux: 843 écoles, mais on ne sait pas
où...
M. Morin (Sauvé): Mais nous avons les détails. Nous
pourrons les...
Mme Lavoie-Roux: 136 commissions scolaires ont demandé des
subventions. Est-ce qu'il y a des endroits où il y a des enfants en
nombre suffisant pour qu'il y ait des groupes qui puissent avoir un professeur
régulier?
M. Morin (Sauvé): Au secondaire, oui. Même au
secondaire I et au secondaire II, de plus en plus. Au primaire, c'est moins
fréquent, sauf qu'il y a des regroupements qui ont été
possibles. Pour retrouver 30 élèves dans un milieu donné,
dans une paroisse ou dans un district de municipalité, c'est plus
difficile. Mais il y a eu des regroupements qui ont été
réalisés, ou interécoles ou à l'intérieur
d'une même école.
Mme Lavoie-Roux: Du point de vue des régions et du tableau
de la province, vous pourriez nous donner cela un peu plus tard?
M. Morin (Sauvé): Oui. Nous avons le détail des
subventions pour chaque commission scolaire. Et puisque les commissions
scolaires devaient présenter des projets, nous avons une synthèse
de l'analyse de tous ces projets. Elle pourra vous être disponible.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Lacoste): Auparavant, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, je vais reconnaître le
député de Chauveau.
M. O'Neill: C'est sur un thème un peu différent.
Mais j'aurais voulu poser quelques brèves questions sur le
problème de la confessionnalité. Nous verrons autre chose
après, si vous le voulez.
Je voudrais savoir d'abord, de la part du ministre de
l'Éducation, quelles conclusions il tire des événements
qui se sont passés à Montréal autour de l'école
Notre-Dame-des-Neiges, ce passage d'une école officiellement
confessionnelle à pluraliste et un retour. C'est une décision de
la Commission des écoles catholiques; il y a eu une position du Conseil
supérieur de l'éducation. C'est bien cela?
M. Morin (Sauvé): Du comité catholique.
M. O'Neill: Du comité catholique du Conseil
supérieur. Je pose la question: A partir de ce qui s'est produit
là, à partir des difficultés que les gens ont eu à
affronter, comment voyez-vous l'avenir, spécialement sur l'île de
Montréal, dans ce domaine?
Mme La voie-Roux: C'est une bonne question.
M. Morin (Sauvé): C'est une très bonne question.
J'osais espérer qu'elle vienne sur le tapis le plus tôt possible.
,
Mme Lavoie-Roux: C'est ce que nous allions faire.
M. Morin (Sauvé): Ce sont des questions vraiment
fondamentales. Je suis heureux que le député de Chauvreau ait
soulevé cette question. Commençons, voulez-vous, par poser le
problème. Est-il possible de faire en sorte que le système
scolaire du Québec, tel qu'il est constitué actuellement,
étant confessionnel, puisse répondre, dans certaines
régions, certains quartiers de Montréal, à la
diversité nouvelle qui se manifeste dans l'école?
A venir jusqu'à ces dernières années, vous savez
qu'on ne pouvait pas soutenir que l'école francophone était
très pluraliste; on peut même dire que l'école francophone,
pendant des années, a refusé de recevoir tous ceux qui
n'étaient point catholiques et francophones. C'est d'ailleurs là
l'une des causes profondes de nos difficultés pour rendre le milieu
francophone plus accueillant, particulièrement à l'endroit des
nouveaux arrivants.
J'osais espérer, avec le comité catholique, qu'il serait
possible de faire en sorte que l'école catholique s'adapte dans les
quelques endroits où le problème se posait et, notamment,
à l'école Notre-Dame-des-Neiges à Montréal; j'osais
espérer qu'il serait possible de faire gérer cette
évolution nécessaire par les commissions existantes. Le
réseau des écoles, à Montréal comme ailleurs, mais
à Montréal en particulier, est extrêmement fragmenté
déjà. S'il était possible d'éviter de le fragmenter
davantage en pleine décroissance démographique, eh bien, j'en
serais très heureux. Je ne parlerai pas pour le comité catholique
qui avait ses raisons à lui de faire en sorte que l'école
catholique se montre plus accueillante et que là où
c'était nécessaire elle devienne pluraliste, plutôt que de
s'en tenir à l'exemption, comme cela a été le cas
jusqu'ici.
Ce voeu que j'ai exprimé publiquement à plusieurs
reprises, de pouvoir faire évoluer l'école confessionnelle
là où c'est requis vers des formes plus ouvertes, semble
être partagé par le comité catholique. C'est la raison pour
laquelle le comité catholique estimait que la requête des parents
de l'école Notre-Dame-des-Neiges était justifiée; c'est la
raison pour laquelle le comité catholique a décidé de
retirer la déclaration de confessionnalité ou de
catholicité si vous voulez, de cette école en particulier. Me
plaçant davantage d'un point de vue administratif, ma réflexion
allait dans le même sens, bien que, sur le plan religieux, je partageais
entièrement les préoccupations du comité catholique. Me
plaçant davantage sur le plan administratif, il me paraissait qu'il
n'était pas utile de fragmenter un réseau déjà
fortement fragmenté. J'osais espérer qu'il fût possible,
à la Commission des écoles catholiques de Montréal, de
continuer à administrer des écoles qui ne fussent pas strictement
catholiques, mais qui puissent être multiconfessionnelles.
Là-dessus, un groupe de parents, devant l'évolution
à l'école Notre-Dame-des-Neiges, a pris sur lui de porter la
question devant les tribunaux et le juge Deschênes nous a répondu
d'une manière très originale, dans un jugement
rédigé de façon très originale, que la chose
n'était pas possible, qu'en vertu de l'article 93 du British North
America Act, la Commission des écoles catholiques de Montréal ne
peut administrer que des écoles catholiques. Cela soulève
immédiatement un certain nombre de problèmes. Je pense que Mme la
députée de L'Acadie doit les voir venir comme moi. Il y a
déjà un certain nombre d'écoles non confessionnelles qui
sont administrées par la CECM et la question se pose de savoir si la
CECM peut continuer de les administrer et, si ce n'est pas la CECM, qui va
administrer ces écoles?
Là-dessus, le juge Deschênes a fait des suggestions dans le
sens qu'il faudrait créer un secteur autre, à côté
du secteur catholique et du secteur protestant, un troisième secteur
chargé d'administrer des écoles autres. Voilà une
suggestion qui va demander beaucoup de réflexion de la part du
comité catholique, du Conseil supérieur de l'éducation et
du ministère.
Nous avons commencé cette réflexion. Au Conseil
supérieur, on a l'intention, je crois, de me faire un avis sur la
question. Le comité catholique est en débat à l'heure
actuelle, bien sûr, puisque cela met en cause sa compétence,
puisque d'après le jugement, si je l'ai bien compris, le comité
catholique n'aurait pas la compétence requise constitutionnellement
parlant pour déclarer que les écoles de la CECM sont catholiques
ou ne sont pas catholiques. Elles le sont de droit, d'après le jugement,
même si elles ne le sont pas toujours de fait.
Au point où nous en sommes, M. le député, j'ai
commencé moi-même une réflexion sur la question pour savoir
si je dois proposer au gouvernement, dans le courant de l'été ou
au début de l'automne, de créer ce troisième secteur.
Évidemment, je ne suis pas le seul à réfléchir sur
la question. Le jugement, je dois dire, fait beaucoup
de ronds dans l'eau, à l'heure actuelle. Je ne pense pas
m'aventurer en disant que la Conférence des évêques se
penche également sur ce problème, que la CECM elle-même
doit se demander par moments comment elle a été
entraînée dans cette affaire devant les tribunaux qui,
administrativement, risquent d'être fort gênants pour son
administration. Ce qui me porte fortement à hésiter, c'est la
fragmentation du réseau scolaire. Or, on sait que toute la question de
la restructuration, à laquelle au moins deux gouvernements se sont
éreintés, pourrait être annulée par les tribunaux du
jour au lendemain, exactement comme la décision du comité
catholique.
Mme Lavoie-Roux: Dans ce temps, les conseillers juridiques ne
disaient pas cela.
M. Morin (Sauvé): A mon avis, si vous me demandez mon avis
sur le plan constitutionnel, je pense qu'il y a de très graves doutes
sur la cons-titutionnalité des projets de restructuration scolaire, dans
la mesure du moins où on prétendrait enlever des
compétences à la CECM et au PSBGM, enfin aux commissions
scolaires qui sont protégées par l'article 93 et,
particulièrement, les commissions scolaires de Montréal et de
Québec.
Mme Lavoie-Roux: Le député...
M. Rivest: On pourrait peut-être les mettre en tutelle.
M. Morin (Sauvé): Justement, ce n'est pas une solution
durable. Du moment qu'on peut obtenir les résultats requis en fin
d'année, c'est déjà beaucoup. Je vais m'arrêter
là pour l'instant, simplement pour dire au député de
Chauveau et au député de L'Acadie qui, je sais, est sensible
à cette question, que s'ils ont des observations à me faire part
publiquement, devant cette commission, je serais très heureux de les
entendre. Je dirai pour l'instant, je me contenterai de dire que je suis
perplexe devant la création d'un troisième réseau qui ne
pourrait qu'affaiblir ceux qui existent déjà
numériquement, par exemple, et que je vais, avec le comité
catholique, avec le Conseil supérieur, chercher une solution d'ici
l'automne.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Chauveau.
M. O'Neill: M. Paquette avant, je reviendrai après.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: C'est une question additionnelle sur le même
sujet. J'avais toujours compris l'article 93 de la constitution comme
garantissant le droit à l'enseignement dans des écoles
protestantes ou dans des écoles catholiques aux parents qui en
manifestaient le désir. Est-ce que le jugement du juge Deschênes a
pour effet de dire qu'il serait impossible de créer, par exemple, sur
l'île de Montréal, des commissions scolaires linguistiques ou des
commissions scolaires unifiées qui maintiendraient quand même des
réseaux d'écoles, un réseau d'écoles catholiques et
un réseau d'écoles protestantes?
Mme Lavoie-Roux: ... je pense. (16 h 15)
M. Morin (Sauvé): Oui, M. le député...
M. Paquette: Autrement dit, est-ce que cela découle du
fait que la Commission des écoles catholiques de Montréal est
définie comme catholique et à ce titre...
M. Morin (Sauvé): Oui.
M. Paquette: ... elle ne peut gérer que des écoles
catholiques.
M. Morin (Sauvé): Voilà! exactement. C'est une des
grosses difficultés que fait naître le jugement du juge
Deschênes. Je me contenterai de dire que ce jugement, que nous allons
porter en appel pour faire préciser...
M. Paquette: Ah bon! c'est ce que j'allais vous demander.
M. Morin (Sauvé): ... un certain nombre de points: Par
exemple, devons-nous retirer à la CECM les écoles non
confessionnelles qu'elle a créées et qu'elle administre
actuellement? C'est une des conséquences du jugement.
Mme Lavoie-Roux: Excusez-moi. Je me demandais si elle en avait
plusieurs qui étaient non confessionnelles.
M. Morin (Sauvé): Ce n'est pas un nombre
considérable...
Mme Lavoie-Roux: On ne sait même pas lesquelles.
M. Morin (Sauvé): J'ai demandé qu'on
établisse la liste...
Mme Lavoie-Roux: Je ne me souviens pas...
M. Morin (Sauvé): Je pourrai éventuellement vous la
signaler.
Une Voix: Ce n'est pas de sa faute, ça.
M. Morin (Sauvé): Toutes les écoles qui ont
été construites depuis 1974, pour lesquelles la commission
scolaire n'a pas demandé de reconnaissance, sont non
confessionnelles.
Mme Lavoie-Roux: Mais...
M. Morin (Sauvé): Pour le comité catholique.
Mme Lavoie-Roux: Ah oui! c'est ça, parce qu'en 1974, on
les avait toutes reconnues, je me souviens.
M. Morin (Sauvé): Oui et, comme ils n'en ont pas reconnu
depuis, techniquement, les écoles ne le sont pas.
Mme Lavoie-Roux: Les autres ne le sont pas.
M. Morin (Sauvé): Alors, est-ce qu'il faut retirer
à la CECM l'administration de ces écoles? Le jugement
soulève des problèmes considérables. C'est pourquoi il va
falloir aller en appel pour faire clarifier ces aspects-là; parce que
cela a des conséquences administratives que peut-être tout le
monde n'avait pas prévues, y compris la CECM, je pense.
M. Lalonde: Ne faudrait-il pas aussi profiter de la prochaine
ronde de négociations constitutionnelles pour clarifier ces choses? Je
compte sur le ministre pour aller à Ottawa et défendre...
M. Morin (Sauvé): Bien, nous allons...
M. Lalonde: ... déposer un dossier et le soumettre
peut-être même à la commission parlementaire.
Mme Lavoie-Roux: ...
M. Morin (Sauvé): Je pense bien que ça fera partie
du dossier constitutionnel, mais, avant ça, on va demander tout de
même à la Cour d'appel de nous donner des précisions, parce
qu'il y a des conséquences à très court terme; tandis
qu'une révision constitutionnelle, vous savez, ça peut
s'échelonner sur un certain temps.
M. Rivest: Ah bon!
M. Lalonde: Cela dépend du gouvernement.
M. Rivest: Et de la volonté politique.
M. Lalonde: Oui.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
M. Rivest: C'est exprimé très clairement.
M. Morin (Sauvé): Voilà un autre débat. Si
vous voulez qu'on y passe, je suis tout à fait prêt à
m'engager sur cette voie, seulement, ça pourrait durer un peu plus
longtemps que prévu.
M. Paquette: C'est étonnant qu'il n'y ait aucun
gouvernement qui ait pensé à ça avant.
M. Morin (Sauvé): En réponse...
M. O'Neill: M. le Président...
Le Président (M. Lacoste): M. le
député...
M. Morin (Sauvé): ... à M. le député
de Rosemont, je dirai que le jugement du juge Deschênes laisse planer un
doute considérable sur la possibilité, par exemple, d'instaurer
des commissions scolaires en se fondant sur la langue plutôt que sur la
religion. Le jugement nous dit bien que ce ne sont pas les écoles qui
sont catholiques, c'est le réseau administratif lui-même, c'est la
commission scolaire qui est catholique et dont les droits sont
protégés par l'article 93.
J'avoue que beaucoup de constitutionnalistes ne pensaient pas cela, mais
désormais, nous avons, de la part d'une excellent juriste, un jugement
qui prête à réfléchir.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Chauveau.
M. O'Neill: M. le Président, je voudrais poser une autre
question au ministre. Il a dit que, dans le passé... enfin, il a dit:
Jusqu'ici, la façon dont étaient organisées et
administrées les écoles confessionnelles de langue
française compliquait beaucoup l'intégration, à la
collectivité francophone du Québec, des enfants venant de ce
qu'on appelle le milieu allophone.
Est-ce que ces difficultés existent toujours, à cause du
statut de l'école?
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): Elles ne sont pas entièrement
surmontées. Seulement, je dois vous dire que plusieurs des enfants
allophones appartiennent à des communautés qui ont tenu à
se donner leurs propres écoles.
Le député de Chauveau sait, par exemple, que les citoyens
grecs orthodoxes de Montréal ont leurs propres écoles que nous
avons réussi, d'ailleurs, à associer à la CECM.
Voilà une autre question qui est mise en cause par le jugement. La CECM
peut-elle s'associer des écoles orthodoxes grecques, donc, non
catholiques, au sens strict du mot? Est-ce qu'il va falloir remettre en cause
tous les accords d'association et de rapprochement à l'intérieur
du système scolaire? Autre conséquence assez funeste, je pense,
qui n'avait peut-être pas été prévue par la CECM et
par les parents qui ont soulevé cette question.
D'autre part, il existe le système d'exemption, actuellement, qui
est consacré par la loi et qui existe de façon assez
satisfaisante dans les faits, surtout depuis que le ministère accorde
des fonds pour faciliter l'exercice du droit à l'exemption.
Il y a encore, je Jois dire, des écoles qui résistent.
J'en connais, plusieurs députés en connaissent. Elles
reçoivent dans leur bureau des parents qui viennent protester de ce que
le droit à l'exemption de leurs enfants n'est pas respecté, la
directrice de l'école se contentant de dire aux parents qui demandent
l'exemption: "Oh, vous savez, ça ne peut pas faire de tort à
l'enfant". Cela est assez fréquent. C'est pour ça que nous avons
fait cette politique pour aider, pour mieux reconnaître le droit des
parents qui désirent l'exemption de l'obtenir.
Toujours est-il que là où le problème se pose
davantage, c'est-à-dire dans une ville comme Montréal, l'exercice
du droit à l'exemption progresse, ce qui permet à l'école
catholique francophone de recevoir beaucoup de jeunes allopho-nes et de les
intégrer, je pense, assez harmonieusement en définitive au milieu
francophone.
Il est bien clair cependant que si on interprète le jugement du
juge Deschênes strictement, si, désormais, la Commission des
écoles catholiques de Montréal ne peut administrer que des
écoles catholiques et si, par hasard, arrivent à la direction de
la CECM des esprits qui ont une attitude restrictive à l'endroit du
droit d'exemption, parce que ça existe il y a des gens... bon
la conséquence pourrait être de freiner la capacité
de l'école catholique française d'accueillir les jeunes
allophones.
C'est une question qui se pose actuellement et c'est un autre aspect de
la question que vous souleviez tantôt, M. le député de
Chauveau, à savoir si on doit créer un troisième secteur
autre.
M. O'Neill: M. le Président, le ministre a, à
quelques reprises, exprimé justement sa crainte devant un
phénomène de fragmentation qui serait accentué par la
création d'un troisième réseau. Il est au courant, d'autre
part, qu'a circulé un projet ou une théorie, depuis quelque
temps, de ce qu'on appelle l'école ramifiée. Est-ce que cette
crainte de la fragmentation l'inciterait peut-être à faire
analyser de plus près cette théorie concernant l'école
ramifiée?
M. Morin (Sauvé): Oui, c'est déjà fait, M.
le député, puisque vous savez que ces projets ont cours depuis
déjà trois ou quatre ans, à ma connaissance, sinon
davantage. Mais le problème de l'école ramifiée, la
solution du moins de l'école ramifiée suppose une restructuration
de l'ensemble du système scolaire, et cela, je crois, n'est pas possible
dans le contexte constitutionnel actuel.
M. O'Neill: C'est le régime fédéral qui
empêche ça?
M. Morin (Sauvé): C'est la vieille constitution de 1867
qui oui, oui... comporte évidemment des réponses
à des problèmes qui existaient à ce moment-là.
C'étaient des garanties dont on avait besoin dans le Haut-Canada et dans
le Bas-Canada, qui, évidemment, ne correspondent plus à la
problématique de 1980.
M. O'Neill: Une dernière question, pas tout à fait
sur cela, mais qui le rejoint indirectement. Hier on a déploré le
fait qu'il y avait actuellement dans le réseau d'enseignement un surplus
de 1600 enseignants, à ce qu'on dit. Je voudrais poser la question
suivante. Je dis qu'on "a déploré", mais on pourrait aussi dire
que c'est une chose merveilleuse, que c'est un mémoire potentiel qui
pourrait être mis au service de la qualité de l'enseignement.
Est-ce qu'on fait actuellement des études sur la possibilité de
mieux utiliser, en fonction de la qualité de l'enseignement, cette
réserve d'un personnel dont le nombre réel dépasse les
normes?
Par exemple, tout à l'heure vous avez parlé des ajouts
qu'il fallait payer pour le cas de l'exemption de l'enseignement religieux,
etc. Est-ce qu'il y a une possibilité de puiser dans cette banque parce
que, en somme, au lieu de considérer ça comme un malheur, on
pourrait considérer ça comme un bonheur, c'est-à-dire une
banque remarquable qui nous permettrait d'augmenter la qualité de
l'enseignement? Et comme on va les payer, parce que c'est maintenant bien dans
votre budget, pourquoi ne pas en profiter? Est-ce que vous avez des projets sur
la façon de profiter le mieux possible de cette banque
d'enseignants?
Mme Lavoie-Roux: Bien, ce n'est pas une banque.
M. Morin (Sauvé): Ecoutez, la réponse est oui, de
la façon suivante. Le système de sécurité d'emploi
fait en sorte qu'une fois possédant la sécurité, une fois
qu'il a franchi les étapes le conduisant à la
sécurité, l'enseignant possède une garantie d'emploi
à vie dans les 50 kilomètres de l'établissement où
il enseigne. Cela signifie que, s'il n'est pas replacé à
l'intérieur de ce cercle, il est à la disponibilité de
l'école où il se trouvait à l'origine lorsqu'il a
été mis en surplus, en disponibilité. L'école peut,
bien sûr, utiliser, ils ne resteront pas à rien faire,
l'école peut utiliser ses excédents ou ces personnes qui sont en
sécurité d'emploi sur place. Pour plus de détails, je vais
prendre conseil, si vous le permettez.
Une des premières tâches qui incombent au personnel qui est
en surplus est d'assurer la suppléance pour les enseignants qui sont
absents. C'est une plaie dans les écoles secondaires plus
particulièrement, mais aussi dans les écoles primaires. La
permanence du personnel qui assure la suppléance, donc
l'intégration et l'implication à l'intérieur de
l'équipe d'école, et aussi plusieurs mesures du plan d'action,
que ce soient les mesures d'encadrement des élèves, que ce soit
même l'ajout de temps d'enseignement pour les élèves qui
auraient certaines difficultés. Ce sont là toutes les mesures du
plan d'action qui pourraient être mises en oeuvre sans qu'il n'y ait de
subvention supplémentaire par l'utilisation du personnel en surplus.
M. O'Neill: Voilà.
M. Morin (Sauvé): A cause de l'évolution possible
des services nécessaires aux élèves, le gouvernement et
les fédérations n'ont pas hésité à offrir
une sécurité d'emploi à 50 kilomètres.
Le Président (M. Lacoste): Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas une banque de 1600 enseignants qui
sont là en attente, ce sont des gens qui ont été
intégrés ou qui seront inté-
grés dans le système où vous avez établi un
plafond au nombre d'élèves dans les classes secondaires et ainsi
de suite. Ce ne sont pas 1600 enseignants qui sont dans la rue à
attendre à la porte.
M. O'Neill: C'est là quand même. C'est comme une
force.
Mme Lavoie-Roux: C'est une question de ratio dans le fond. M. le
Président...
M. Morin (Sauvé): Mme le député, je sais que
ce n'est pas à moi de poser les questions dans cette commission
parlementaire, mais...
Mme Lavoie-Roux: Je sais que vous aimez toujours m'en poser
quelques-unes. Je me souviens de cela.
M. Morin (Sauvé): Je serais très heureux de
connaître votre point de vue sur toute la question confessionnelle. Il
paraît que vous êtes restée un peu silencieuse. Cela
m'étonne parce que c'est une question qui ne peut pas ne pas
évoquer votre intérêt. Quelle est votre attitude sur cette
question? J'aimerais la connaître, je ne vous le cache pas.
M. Lalonde: Quelles seraient les propositions du ministre?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je ne tomberai pas dans
le piège du ministre. Je le connais. La première année
j'étais plus naïve, mais...
M. Morin (Sauvé): Je ne vois pas où est le
piège. On vous demande votre opinion.
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est cela. D'ailleurs, si au moins des
fois vous en teniez compte. Je vous ai fait des tas de suggestions sur
l'enseignement professionnel, les milieux défavorisés,
l'éducation des adultes et je vous assure que cela ne bouge pas
beaucoup. Alors, mes suggestions je les garde pour d'autres...
M. Rivest: M. le ministre c'est parce que vos questions sont
généralement piégées.
M. Morin (Sauvé): Ah! Allons.
Mme Lavoie-Roux: Mais, sérieusement, pourquoi je vous
demandais de nous donner le tableau provincial, si vous voulez, là
où se trouvaient des enfants qui demandaient l'exemption ou dont les
parents demandaient l'exemption, je pense que c'est un problème
général auquel il faut réfléchir, parce qu'il y a
peut-être des solutions qui se retrouvent plus facilement si vous avez
des noyaux plus importants et, ensuite, il y a le grand problème
général de la restructuration. Je pense qu'on n'a pas à
vous donner votre programme de restructuration scolaire. C'est vous qui
êtes au pouvoir. Il semble que vous ayez beaucoup craint depuis quatre
ans d'y toucher, parce que vous aviez reçu, du Conseil scolaire de
l'île de Montréal cela vous a été remis
un rapport qui est dans le frigidaire depuis ce temps-là. Ce
rapport n'était pas si mauvais que cela.
M. Morin (Sauvé): II n'était d'aucune
utilité.
Mme Lavoie-Roux: Quelle arrogance.
M. Lalonde: Vous l'avez remplacé par quoi?
Mme Lavoie-Roux: Vous l'avez remplacé par quoi?
M. Lalonde: Quelles sont vos intentions pour la restructuration
sur l'île de Montréal?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, puisqu'on me
pose la question très directement, je vais y répondre
directement. A la lumière du jugement Deschênes.
M. Rivest: Vous l'attendiez.
M. Morin (Sauvé): Ce n'est pas nous qui l'avons
requis.
Mme Lavoie-Roux: Au moins, vous pouvez rendre hommage aux parents
qui l'ont sollicité.
M. Morin (Sauvé): A la lumière du jugement
Deschênes, il va être extrêmement difficile d'envisager autre
chose que la fragmentation du système scolaire à Montréal
et la restructuration scolaire. (16 h 30)
De toute façon, j'ai toujours eu, sur le plan constitutionnel,
les doutes les plus exprès sur cette question de restructuration. Je
pense que c'est assez connu, je l'ai déjà dit publiquement.
M. Lalonde: Maintenant, vous avez...
Mme Lavoie-Roux: II faudrait relire le journal des Débats,
les positions que vous avez prises. Vous n'étiez pas là au moment
de la loi 62, mais sur la loi...
M. Morin (Sauvé): La loi 22, oui.
Mme Lavoie-Roux: La loi 27, vous étiez là.
M. Morin (Sauvé): La loi 27, non.
Mme Lavoie-Roux: La loi 28, pardon.
M. Morin (Sauvé): La loi 28, oui.
Mme Lavoie-Roux: Vous étiez dans l'Opposition, à ce
moment-là.
M. Morin (Sauvé): Oui, bien sûr.
Mme Lavoie-Roux: Alors, ce sera peut-être
intéressant de voir vos opinions constitutionnelles à ce
moment-là.
M. Lalonde: II change d'idée, des fois.
M. Morin (Sauvé): Je m'excuse, ce n'était pas ma
responsabilité à ce moment-là. Bien que j'aie...
Mme Lavoie-Roux: Vous n'étiez pas...
M. Morin (Sauvé):... suivi le débat, je n'y avais
pas participé. Mais je puis vous dire que... non écoutez, je vous
dis bien simplement que sur le plan constitutionnel, j'ai toujours eu les
doutes les plus exprès, et encore, je parle par euphémisme, sur
la possibilité de toucher au système scolaire montréalais,
tel qu'il existe et tel qu'il est garanti par l'article 93, dans le
régime actuel, bien sûr.
M. Lalonde: M. le Président, je demanderais au ministre,
si vous permettez, pour lui donner réellement l'occasion de faire valoir
ses opinions, il a eu des doutes dans le passé, là, il se trouve
devant une situation qu'il déplore, maintenant que le gouvernement
actuel a un mandat très clair de la population d'aller négocier
le fédéralisme renouvelé, étant donné la
décision du premier ministre de se rendre à la demande des autres
chefs politiques du Canada, est-ce que le ministre a mis à
l'étude, immédiatement après le référendum,
un programme de propositions concernant cette question en particulier et
d'autres, pour s'assurer que la négociation du fédéralisme
renouvelé, à laquelle il va participer, contienne des
propositions qui reflètent les aspirations de la majorité des
Québécois. Est-ce qu'il pourrait nous soumettre, à la
commission parlementaire de l'éducation, de telles propositions dans un
délai rapide, par exemple, au cours de l'été?
M. Morin (Sauvé): Non. Il faudra d'abord que je
procède j'ai commencé à une consultation de
tous les milieux intéressés. Il me faut, par exemple, obtenir
l'avis du Conseil supérieur, l'avis du comité catholique, il me
faudra sûrement rencontrer aussi la conférence des
évêques avant de me faire une idée sur ce qui est
souhaité. Je n'ai même pas parlé de la
Fédération des commissions scolaires que je devrai rencontrer
également là-dessus, le Conseil supérieur de l'île
de Montréal, pour me faire une idée de ce qui est souhaitable
dans les circonstances.
Après ça, je ferai une recommandation au Conseil des
ministres. J'ai dit tout à l'heure que j'espérais la faire au
début de l'automne, me donnant l'été pour y
réfléchir et procéder aux consultations. Ce n'est que
lorsque je me serai fait une idée de ce qui est souhaitable qu'on verra
si une modification constitutionnelle est requise pour donner suite aux
conclusions auxquelles j'en serai venu.
M. Lalonde: M. le Président, son collègue, le
ministre d'État au Développement culturel, a déjà
exprimé au moins un commencement d'avis à l'effet qu'il faudra
repenser un jour la division confessionnelle du système scolaire. Est-ce
que le ministre s'apprête à le consulter aussi?
M. Morin (Sauvé): Nous en avons déjà
parlé, bien sûr, ça fait partie de toutes les consultations
auxquelles je dois procéder. Eventuellement, toute la question doit
venir devant le Conseil des ministres, puis être débattue à
la lumière des avis que nous aurons reçus.
M. Lalonde: Est-ce que le ministre de l'Éducation favorise
aussi cette réforme dans le sens proposé par le ministre
d'État au Développement culturel?
M. Morin (Sauvé): Quand j'aurai terminé ma
réflexion, je vous donnerai une réponse.
Mme Lavoie-Roux: II voudrait que je donne ma réponse tout
de suite.
M. Lalonde: Vous voulez que le député de l'Acadie
donne des réponses tout de suite, mais vous n'êtes même pas
capable de nous donner le commencement d'une.
M. Morin (Sauvé): Comme je l'ai dit, je
préférerais d'abord procéder aux diverses consultations
que j'ai annoncées.
M. Rivest: Juste une question. Quand le ministre d'Etat au
Développement culturel émet une opinion, en tant que ministre, ce
n'est pas une opinion personnelle, il n'exprime pas, à ce
moment-là, l'opinion du gouvernement. C'est bien ce que le ministre nous
indique quand il parle de changer la division, mettre la division du
système scolaire sur d'autres bases que la base confessionnelle?
M. Morin (Sauvé): II y a divers avis au sein du Conseil
là-dessus...
M. Rivest: Le Conseil des ministres est divisé.
M. Morin (Sauvé): ... mais c'est ma
responsabilité...
M. Rivest: Le Conseil des ministres est divisé sur la
question.
M. Morin (Sauvé): Non, nous n'avons pas encore eu de
discussion en tant que Conseil des ministres sur cette question.
M. Lalonde: Quelle est l'opinion du ministre
là-dessus?
M. Morin (Sauvé): Je vous ai dit que j'allais d'abord
procéder aux consultations et ensuite faire rapport au Conseil des
ministres. On verra par la suite.
M. Lalonde: Je n'ai pas demandé la décision finale.
Je voudrais connaître votre opinion personnelle. Il y a quatre ans que
vous êtes là.
M. Morin (Sauvé): Je vous ai dit tout à l'heure, en
réponse au député de Chauveau, quels sont les
termes de ma réflexion à l'heure actuelle. Je n'ai pas
l'intention de dire quoi que ce soit de plus, tant que je n'aurai pas
terminé ma réflexion.
M. Rivest: Cela se voit.
Le Président (M. Lacoste): Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Dans le même domaine et je suppose
que là encore cela va être la question constitutionnelle il
y a deux problèmes particuliers. Je pense que j'en avais soulevé
un l'an dernier. Je voudrais savoir s'il a été corrigé.
Vous vous souviendrez qu'il y avait un professeur de l'Université du
Québec, un enseignant de religion hindoue quelconque, je ne sais pas
laquelle précisément...
M. Lalonde: Une autre religion.
Mme Lavoie-Roux: Une autre religion. Cet enseignant avait
sollicité un emploi dans une commission scolaire catholique, à
Baldwin-Cartier plus précisément, et ses enfants, quand il est
arrivé ici je ne sais pas s'ils étaient de langue
anglaise, mais de toute façon avaient dû être
intégrés à l'école française, comme le
prévoit la loi 101. Et ce diplômé de l'Université du
Québec, quand il a voulu se chercher un emploi, n'a pas pu en trouver
parce que les règlements du comité catholique prévoyaient
qu'il fallait qu'il soit d'abord catholique et que c'était simplement
dans le cas où il manquerait un enseignant que l'on pouvait embaucher un
enseignant d'une autre foi.
Et le ministre de l'Éducation avait indiqué en Chambre, si
ma mémoire est bonne, qu'il se proposait de discuter de ce
problème avec le comité catholique, pour tenter de corriger cette
situation.
Je voudrais savoir où il en est dans ses démarches.
M. Morin (Sauvé): Disons que le comité catholique,
depuis plusieurs mois, à la suite de la parution du plan d'action et de
l'évolution de la situation, est en train de réviser, d'examiner
la possibilité de la révision de son règlement.
Mais en ce qui concerne l'obligation de professer, d'être de foi
catholique pour enseigner, il faut bien comprendre que c'est une obligation
pour être affecté à l'enseignement religieux. Mais pour
d'autres matières, ce n'est pas une obligation stricte. Le
règlement du conseil catholique autorise une commission scolaire
à engager un professeur qui n'est pas de religion catholique pour
enseigner d'autres matières, lorsqu'elle n'en trouve pas,
évidemment.
Mme Lavoie-Roux: Mais il faut d'abord prioritairement qu'elle
engage quelqu'un de foi catholique, même si c'est pour enseigner les
mathématiques?
M. Morin (Sauvé): Prioritairement, c'est-à-dire que
si la compétence...
Mme Lavoie-Roux: Mais c'est le règlement.
M. Morin (Sauvé): A compétence égale ou
à compétence supérieure, dans l'esprit du
règlement, oui. Mais il n'y a pas d'obligation stricte.
Mme Lavoie-Roux: Non, parce qu'ils peuvent, s'ils n'en ont pas
d'autres. Mais il reste que le problème était réel et que
cela mettait cet enseignant parce qu'il en a parlé, comme
d'autres dans une situation insolite. Cela fait pas loin de deux ans que
le ministre nous avait dit qu'il tenterait d'entreprendre des démarches
auprès du comité catholique pour corriger cette situation. Et
vous me dites que vous êtes encore dans le début des
démarches, au milieu ou à la fin?
M. Morin (Sauvé): C'est-à-dire que le comité
catholique après avoir reçu du ministère de
l'Éducation, de même que de la Ligue des droits de la personne, de
même que de plusieurs autres organismes, aussi de plusieurs commissions
scolaires en ce qui concerne la difficulté d'appliquer la clause
d'exemption d'enseignement religieux, plutôt que de permettre un choix
entre l'enseignement religieux et l'enseignement moral, le comité
catholique a décidé d'analyser l'ensemble de ces situations pour
ensuite faire des recommandations au gouvernement, s'il y a lieu, pour modifier
son règlement.
Mme Lavoie-Roux: II y a un autre point, dont on a entendu parler
hier ou avant-hier, concernant des parents qui ont voulu se présenter
comme commissaires d'écoles, et ce, dans la ville de Québec, si
je ne m'abuse, et qui n'ont pas pu le faire parce que, j'imagine, ils n'ont pas
voulu déclarer qu'ils étaient de foi catholique. J'aimerais
demander au ministre ce qu'il entend faire dans un cas comme
celui-là.
M. Morin (Sauvé): Je crains bien que sous l'empire de la
constitution actuelle du British North America Act, nous soyons un peu dans une
impasse. En effet, il faut être catholique romain pour être
commissaire d'écoles à la CECQ et c'est un état de fait
qui existe depuis 1861, c'est-à-dire avant le British North America
Act.
M. Rivest: La constitution, c'est cela.
M. Morin (Sauvé): Bien oui, je pense que le
député de Jean-Talon va se souvenir que l'article 93 du BNA Act a
reconnu que, la situation existant auparavant, depuis 1861, elle devait
demeurer telle quelle. L'article 93 donne la garantie à la CECM,
à la CECQ, que les droits et privilèges qu'elles
possédaient avant sont littéralement gelés. Or, à
l'heure actuelle, cette obligation, cette exigence est inscrite à
l'article 5 de la charte de la CECQ et seuls les représentants des
comités de parents au primaire et au secondaire pourraient être
membres du conseil et du comité exécutif de cette commission
scolaire sans être catholiques romains, mais sans droit de vote.
On se souviendra que, depuis le projet de loi no 30, des
représentants des comités de parents siègent au conseil
des commissaires. L'obligation ne s'applique pas à eux, mais elle
s'applique à tous ceux qui veulent se porter candidats à un poste
de commissaire par les voies ordinaires. Il faudrait, pour que cela puisse
être modifié, que l'article 93 du British North America Act soit
amendé.
Le Président (M. Lacoste): Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, comme le ministre est
fort compétent dans ces questions constitutionnelles je devrais
le savoir, mais je ne le sais pas ou je ne m'en souviens plus dans le
cas de la commission protestante, j'imagine qu'il fallait aussi que les
commissaires soient protestants.
M. Morin (Sauvé): Oui.
Mme Lavoie-Roux: A un moment donné, il y a eu une
espèce... Est-ce qu'une commission pourrait d'elle-même permettre
que des commissaires non catholiques soient admissibles, parce que, dans le cas
de la commission scolaire protestante, il y a à peu près deux,
trois ou quatre ans, on a permis à des gens, à des
Israélites, enfin à des gens de foi hébraïque, de se
présenter comme commissaires d'écoles. Je me demandais quel
arrangement avait été fait et si ceci ne pouvait pas être
répété dans ce cas-là.
M. Morin (Sauvé): Evidemment, les institutions peuvent
quelquefois évoluer tacitement, parce que personne ne soulève la
question.
Mme Lavoie-Roux: Ah! c'est cela.
M. Morin (Sauvé): Mais je pense que Mme le
député de L'Acadie peut songer spontanément à des
organismes qui auraient tôt fait de poser la question aux tribunaux si,
par hasard, se présentaient à la CECM des gens qui se diraient
d'une foi différente.
M. Rivest: Qu'est-ce que vous voulez dire?
Mme Lavoie-Roux: Vous ne pouvez quand même pas m'imputer
ces choses-là, en toute honnêteté, n'est-ce pas?
M. Rivest: Votre ombre.
Mme Lavoie-Roux: C'est mon ombre, comme ils disent.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: On parle beaucoup de l'aspect de la constitution et de
la loi. Le ministre, en excellent juriste qu'il est, est très soucieux
de cet aspect des choses.
M. Morin (Sauvé): Je me méfie toujours quand le
député de Jean-Talon me fait des compliments.
M. Rivest: Oui. Pourquoi? Je ne fais que cela. Je voudrais
inviter le ministre à une logique dont il fait toujours preuve et
à nous indiquer quelle est la situation présente des
illégaux à Montréal...
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre. M. Rivest:
... ceux-là qu'il appelle illégaux.
M. Morin (Sauvé): Je suis tout à fait consentant
à changer de sujet complètement.
M. Rivest: A moins que les gens n'aient pas terminé... Je
peux suspendre ma question, si vous n'avez pas fini.
M. Morin (Sauvé): Non, je suis prêt à y
répondre maintenant. Il existe effectivement, dans le secteur anglophone
de la CECM, un certain nombre d'élèves qui sont appelés
illégaux ou quelquefois clandestins.
M. Rivest: Combien y en a-t-il, M. le ministre? Avez-vous des
données là-dessus?
M. Morin (Sauvé): D'après les dernières
nouvelles que j'en ai eues il y a quelques mois, le nombre a beaucoup
diminué depuis deux ans et il n'en resterait plus à l'heure
actuelle que 700 ou 800. Mais comme la CECM elle-même n'a pas
été capable de vérifier, de procéder à la
vérification, je pense que ce chiffre doit être pris sous toutes
réserves. (16 h 45)
II y a des gens qui ont peut-être intérêt à
grossir le problème, qui ont donné des chiffres plus
considérables, mais, d'après ce que nous en savons, ce doit
être de cet ordre, 700 ou 800.
Mme Lavoie-Roux: Mais il n'y en a pas seulement à la
CECM.
M. Morin (Sauvé): Le problème est probablement
appelé à se résorber de lui-même d'ici quelques
années, parce qu'on m'a laissé entendre qu'il n'y a pas de
nouveaux illégaux. Autrement dit, ce sont ceux qui étaient
déjà à l'école anglaise ou qui ont
été inscrits du moins à l'école anglaise au moment
où la Charte de la langue française est entrée en vigueur,
ceux qui étaient déjà inscrits ont eu tendance à y
rester. C'est de là que vient ce problème qui, je crois, encore
une fois, va se résorbant.
La situation de ces élèves est la suivante: comme ils sont
clandestins, ils ne sont pas inscrits d'abord, donc ils n'apparaissent pas au
décompte des élèves de la CECM et, forcément, la
CECM ne reçoit pas de subvention pour ces élèves qui,
littéralement, n'existent pas sur les listes. Ils ne sont tout
simplement pas inscrits, parce que la CECM n'est pas en mesure de les inscrire
puisqu'on ne les porte pas à sa connaissance.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais seulement faire remarquer au
ministre, puisqu'il insiste beaucoup sur la CECM, qu'il sait probablement qu'il
y en a dans d'autres commissions scolaires aussi.
M. Morin (Sauvé): On a dit cela, mais, apparemment, ce
n'est pas exact. Le seul endroit où cela se pourrait, ce serait le
PSBGM, mais le PSBGM, je dois dire, a fait des efforts assez remarquables pour
résoudre ces problèmes depuis deux ans, et en particulier depuis
un an et quelques mois, depuis qu'il a accepté de se conformer à
la loi. Je crois qu'il le fait en toute bonne foi.
Maintenant, il y a une autre conséquence pour les
élèves qui sont clandestins, qui ne sont pas inscrits, c'est le
fait que les résultats d'examens ne sont pas remis à ces
élèves. D'abord, forcément, lorsqu'ils sont clandestins,
ils n'ont pas de résultat, mais lorsque nous arrivons à en
dénicher un certain nombre on en a repéré
quelques-uns à gauche et à droite lorsque nous arrivons
à le faire grâce aux ordinateurs du ministère, nous
retenons les résultats. Je puis vous dire que, tant pour le secteur
public que pour le secteur privé, nous avons tenté de savoir ce
qu'il en est.
A l'heure actuelle, nous avons découvert 186 élèves
au secteur public qui sont dans cette situation et à qui nous ne faisons
pas parvenir de résultat.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Pour l'avenir immédiat, vous laissez aller le
problème, si je comprends bien.
M. Morin (Sauvé): La seule solution possible vous
vous souviendrez que ce n'est pas la première fois qu'on me pose cette
question; elle m'a été posée en Chambre tant et tant de
fois la seule façon de régler ce problème, ce
serait soit de mettre la police dans les écoles, soit que la commission
scolaire prenne ses responsabilités et demande une injonction aux
tribunaux. Or, certaines commissions scolaires l'ont fait. Je pense, par
exemple, à la commission scolaire des Manoirs qui a réglé
son problème simplement en faisant appel à l'injonction et aux
tribunaux.
M. Rivest: II n'y a pas l'article 14 également de la Loi
de l'instruction publique non? dans ce cas?
M. Morin (Sauvé): Non, je ne le pense pas. Je pense qu'il
appartient vraiment à la commission scolaire de régler ce
problème.
M. Rivest: Non, c'est un article... Il faut l'utiliser
parfois.
M. Morin (Sauvé): Nous n'avons pas du tout l'intention de
mettre la police dans les écoles pour régler ce
problème.
M. Rivest: L'article 14 de la Loi de l'instruction publique, ce
n'est pas la police.
M. Morin (Sauvé): Et alors?
M. Rivest: Est-ce que vous ne pourriez pas...
M. Morin (Sauvé): Cela mènerait sans doute à
des solutions de cet ordre, de toute façon. Nous n'avons pas l'intention
de brusquer qui que ce soit. C'est un problème qui va se résorber
de lui-même, qui est en voie de résorption.
M. Lalonde: Qu'est-ce que vous voulez dire par résorber?
Ils ne disparaîtront pas ces gens?
M. Rivest: Ils vont vieillir.
M. Morin (Sauvé): Forcément, comme je l'ai
indiqué, il n'y a pas de nouveaux élèves clandestins.
Il y avait un nombre à l'origine qui va diminuant, parce que ces
élèves, dans six ans, il y en aura, en principe...
M. Rivest: Mais oui, qu'est-ce qui va leur arriver
concrètement, dans six ans, à ces gens-là?
M. Lalonde: Ils n'auront pas de diplôme. M. Rivest:
Qu'est-ce qu'ils vont faire?
M. Morin (Sauvé): Cela, c'est le problème de ces
parents-là, justement.
M. Lalonde: Non, des élèves. Ne parlez pas des
parents, mais des élèves.
M. Morin (Sauvé): Des élèves, aussi, oui,
bien sûr.
M. Lalonde: Et du ministre aussi, je pense.
M. Morin (Sauvé): Le problème, je ne sais pas
comment il va se régler, sauf qu'on a observé que certains de ces
enfants sont passés dans les collèges anglophones du
Québec, sans la moindre difficulté.
Mme Lavoie-Roux: Alors, il faudrait mettre les collèges
anglais sous tutelle.
M. Morin (Sauvé): Est-ce que vous me le
suggérez?
M. Lalonde: On n'a pas besoin...
Mme Lavoie-Roux: Je ne sais pas. J'imagine que cela a dû
vous traverser l'esprit.
M. Rivest: Vous n'avez pas vu le point d'interrogation...
Le Président (M. Lacoste): Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Une question sur la qualité de
l'enseignement. Le ministre apparemment en parle beaucoup. On a vu qu'il avait
diminué
certaines ressources qui, évidemment, vont toucher à la
qualité de l'enseignement.
Mais je voudrais revenir au rapport de l'enquêteur qui a
été nommé par le ministre à la CECM, samedi
après-midi, peu importe. A la page 18 du rapport...
M. Morin (Sauvé): II a été nommé
mercredi, le 28.
Mme Lavoie-Roux: Oui, peut-être, oui. Au bas de la page 18
du rapport, on lit: "En souscrivant au rapport de médiation, elle aurait
apporté une solution équitable au litige". On parle de la
commission. "De l'avis du ministère de l'Education, ce rapport
était acceptable dans les circonstances. Le sous-ministre en titre, M.
Jacques Durand, l'a expressément déclaré au directeur
général. Bien que constituant un recul patronal relativement au
régime de l'ancienne convention collective, la recommandation de M.
Blain respecte un équilibre raisonnable dans la réconciliation
des critères d'ancienneté et de capacité. Par rapport
à l'ensemble des commissions scolaires du Québec, la
recommandation du médiateur s'avérait, somme toute, une
proposition satisfaisante".
J'ai essayé de comprendre ce paragraphe. D'une part, on parle de
recul patronal relativement au régime de l'ancienne convention et,
d'autre part, on semble dire: Écoutez, ce n'est pas si grave que
ça, puisque, de toute façon, ça va ressembler à ce
qui se passe dans l'ensemble des commissions scolaires du Québec. On
sait fort bien que tout le litige est relié à la question de la
capacité.
Je sais fort bien que, dans la convention finale qui a été
signée, il est convenu que dans le cas de l'orthopédagogie c'est
soumis à un tribunal d'arbitrage, dans le cas de l'enseignement
professionnel de la musique et de la natation, c'est soumis à un
arbitrage ad hoc, ou enfin, à un arbitrage sommaire.
Mais il reste que je voudrais qu'on m'explique quelle est la nature de
ce recul et ce que l'enquêteur a voulu dire quand il dit: C'est un recul,
mais, par contre, par rapport à l'ensemble des commissions scolaires du
Québec, c'est une proposition satisfaisante?
M. Morin (Sauvé): Je pense que la première chose
dont il faut se souvenir, c'est qu'à la convention nationale, cette
fois-ci, la notion de capacité a été clairement
exprimée et introduite et elle apparaît dans la convention
collective. Donc, il n'est plus possible de tenir compte uniquement de
l'ancienneté pure, mais il faut à la fois tenir compte de
l'ancienneté et de la capacité.
Sous l'ancienne convention collective et en particulier en vertu des
conventions locales qui avaient été signées dans plusieurs
commissions scolaires, seule l'ancienneté pure jouait. Donc, la
convention collective locale signée dimanche après-midi par
l'administrateur, par rapport à la situation qui existait sous les
anciennes conventions locales dans un grand nombre d'autres commissions
scolaires, constitue un progrès net.
Mme Lavoie-Roux: Mais pas pour la CECM.
M. Morin (Sauvé): Pour ce qui est de la CECM
elle-même, la convention locale signée la dernière fois
permettait à la CECM de poser un grand nombre d'exigences
spécifiques dans plusieurs cas. Il nous est apparu c'est
l'opinion que j'ai fait connaître à la CECM après une
analyse exhaustive du rapport de médiation au ministère de
l'Éducation que, bien que la CECM, en vertu de ce rapport de
médiation, ne puisse plus poser un aussi grand nombre d'exigences
spécifiques, l'essentiel, quant à la notion de capacité,
était préservé.
Pourquoi est-ce que l'essentiel était préservé? En
raison même du rapport du médiateur qui précise qu'un
professeur, détenteur d'un brevet A, en vertu même du brevet qui
lui a été décerné par l'Etat on doit se
rappeler que ces brevets ne sont plus décernés depuis
l'année 1969 peut enseigner toutes les disciplines.
Deuxièmement, le médiateur a introduit la notion de poste
analogue. La notion de poste analogue, de l'avis même de la CECM, ne pose
aucune difficulté pour tout le secteur préscolaire, pour tout le
secteur primaire, titulaire, pour les spécialistes au primaire, mais
pourrait poser des difficultés dans le cas du secondaire, parce qu'un
poste analogue est défini de la façon suivante: Un professeur qui
a déjà occupé un poste analogue peut, à l'occasion
d'une mutation ou d'une réaffectation ou d'une affectation, se voir
précisément confier un poste d'enseignement dans une
matière qu'il a déjà enseignée, même si ce
n'est pas la matière pour laquelle il a obtenu son brevet d'enseignement
ou si ce n'est pas la matière de sa spécialité.
Il faut que, préalablement, il ait été, à
une autre occasion, affecté à l'enseignement de cette
matière. Donc, il nous apparaissait que la notion de poste analogue
étant satisfaisante pour tous les niveaux pouvait poser certaines
difficultés pour l'enseignement secondaire.
Il nous apparaissait par ailleurs et il nous apparaît toujours
qu'une fois référé à l'arbitrage tout le
problème de l'orthopédagogie, il faut attendre le résultat
de l'arbitrage. Pour ce qui est de la natation, de la musique et du secteur
professionnel long, étant donné qu'il y a possibilité
d'entente entre les deux parties et si impossibilité d'entente,
référence à un conseil d'arbitrage, là aussi, nous
avions les garanties suffisantes.
Il peut rester quelques cas, mais il nous apparaît que le
mécanisme est d'une nature telle qu'il peut permettre de régler
ces cas et que ce n'était pas pour quinze, vingt, ou une trentaine de
cas hypothétiques qu'il fallait mettre en péril tout le rapport
de médiation, qui, encore une fois, à notre avis, sauvait
l'essentiel et assurait un exercice véritable de la notion de
capacité par la définition en particulier du poste analogue et
par la possibilité pour la CECM d'avoir des exigences spécifiques
pour un secteur extrêmement important qui est celui du professionnel et
également des exigences spécifiques dans le cas de la natation et
de la musique.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je remercie le
sous-ministre pour ces explications. D'abord, je voudrais savoir où il
va chercher son chiffre de 30 cas hypothétiques. Quand vous parlez d'un
professeur qui a enseigné, par exemple, les mathématiques en
secondaire I, l'anglais en secondaire I, cela lui permet d'aller enseigner les
mathématiques et l'anglais en secondaire V. Il y a cette
possibilité-là, alors que vous savez fort bien qu'il y a une
très grande différence entre enseigner les mathématiques
en secondaire I et la préparation, de même que pour l'anglais et
je pourrais tomber dans d'autres matières, comme les sciences, que ce
soit le Chem Study ou le PSSC, etc. Vous me dites qu'à partir du brevet
général ces gens-là sont aptes à enseigner toutes
ces matières-là et je soutiens, pour ma part, qu'il y a là
une brèche sérieuse à la qualité de
l'enseignement.
Je vais vous donner un exemple précis. Dans une école
où il y a l'enseignement des mathématiques par ordinateur, il y a
quelques écoles qui ont ce type de programme-là, je me souviens,
il y a quelques années, d'un professeur qui devenait en surplus, qui
était le dernier entré dans l'école et qui était
justement le professeur apte à enseigner les mathématiques,
à les programmer. Parce que justement il y avait cette clause de
dérogation dans des cas très précis, cela permettait de le
garder et de déclarer le deuxième en surplus. Je pense que ceci
respectait les besoins réels des étudiants. Je voudrais que vous
me fassiez la démonstration que des professeurs qui enseignent, par
exemple, les mathématiques et l'anglais en secondaire I sont de facto
aptes à enseigner ces mêmes matières en secondaire V, alors
que vous savez fort bien que la majorité des professeurs de langue
seconde, par exemple, en secondaire I ne parlent même pas l'anglais,
comment pourraient-ils enseigner le programme d'anglais du secondaire V?
Et je pourrais multiplier les exemples dans des matières...
Evidemment, ce n'est pas courant, mais quand vous donnez comme clé de
capacité uniquement le brevet général, on pourrait tomber
dans des attitudes aussi cocasses que celle de gens qui ont toujours
enseigné à l'élémentaire et qui pourraient se
retrouver à enseigner au secondaire III, IV ou V. (17 heures)
Je pense qu'il n'y a pas de problème pour un enseignant de
l'élémentaire de passer au secondaire I et II. Là-dessus,
je vous le concède. Sauf, peut-être, l'exploration technique, avec
laquelle je ne suis pas familière. Mais pour le reste, je pense qu'on
ouvre une brèche. C'est un recul qu'on a fait faire, quand même,
possiblement, non seulement à la CECM, mais à bien d'autres
commissions qui avaient retenu certains critères de capacité pour
faire faire un gain, et c'est 100 000 élèves le ministre
nous a dit que c'est 100 000 élèves pour peut-être
rapprocher vers la moyenne d'autres commissions scolaires qui ne s'en
étaient pas souciées ou qui n'éprouvaient pas les
mêmes besoins parce qu'elles n'ont pas le même nombre de
professeurs en surplus. C'est une particularité de la CECM, vous en
conviendrez, et qui peut-être n'existe pas dans certaines commissions
scolaires en développement sur la rive sud, autour de Joliette ou je ne
sais trop où, à Terrebonne, etc. Je tiens à protester et
à regretter, en dépit des paroles du ministre qui dit: La
qualité de l'enseignement à tout prix, qu'il ait accepté
qu'une brèche aussi sérieuse soit faite quant à la
qualification des professeurs, dans des domaines qui demeurent, je le
reconnaiss, quand même assez précis, qui peuvent certainement
être plus nombreux que 30. Même si c'était 30 professeurs
qui, au secondaire, vont voir 150 élèves, cela représente
combien d'élèves? C'est déjà un nombre
impressionnant d'élèves. Evidemment, vous avez dit 30 comme
exemple, cela peut aussi bien être 100 et 200, comme cela pourrait
être... Je ne pense pas que ce soit cinq ou dix, de toute
façon.
M. Morin (Sauvé): Je pense que le premier progrès
réside dans le fait que le critère de la capacité est
maintenant un critère qui doit être respecté dans toutes
les négociations locales, alors que sous l'ancienne convention il
était possible de n'avoir que celui de la capacité. Donc, premier
progrès dans tout le Québec, le critère de la
capacité doit jouer partout, premier élément.
Deuxièmement, si on revient précisément à la CECM,
il y a deux clés: il y a la clé du poste analogue et il y a la
clé du brevet A. Le détenteur d'un brevet A, en vertu même
du brevet qu'il a reçu de l'Etat, est habilité à enseigner
dans toutes les matières.
Mme Lavoie-Roux: Voyons donc!
M. Morin (Sauvé): On ne peut pas nier cela. Le brevet lui
donne ce droit.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais vous savez bien qu'en pratique ce
n'est pas cela. Vous dites qu'on n'en donne même plus depuis 1967.
M. Morin (Sauvé): Dans les faits, le détenteur du
brevet A a reçu une formation polyvalente. En général
c'est un professeur qui a acquis une longue expérience et qui est donc
capable, plus qu'un professeur plus jeune, de se recycler et de préparer
un enseignement valable. Deuxièmement...
Mme Lavoie-Roux: C'est un principe qu'on pourrait discuter
longtemps.
M. Morin (Sauvé): Deuxièmement, et je pense que
c'est important de le souligner, nous avons, comme vous le savez, refait les
programmes pour l'enseignement primaire. Nous avons rappelé tous les
programmes qui étaient dispensés dans les universités,
après avoir fait un devis qui a fait l'objet d'une consultation
auprès des universités et auprès des commissions
scolaires, et on nous a dit que les spécialistes au primaire ce
n'était plus nécessaire, qu'il fallait former des
généralistes.
Mme Lavoie-Roux: Je ne vous ai pas parlé du primaire.
M. Morin (Sauvé): On est en train de faire la même
opération pour le secondaire. Les mêmes commissions scolaires qui
tiennent tant à certaines exigences spécifiques et pointues sur
la capacité nous disent qu'effectivement la voie de l'avenir, en
formation des maîtres, c'est une formation polyvalente et en particulier
une formation psychopédagogique plus valable pour les professeurs de
l'enseignement secondaire. C'est précisément le sens dans lequel
le document s'oriente. Donc, il m'apparaît que l'essentiel,
effectivement, dans la négociation locale à la CECM, a
été sauvegardé à la fois par le respect du brevet
A, par la notion de poste analogue, et correspond parfaitement, à la
suite des consultations qui ont été faites au ministère,
aux orientations qu'on nous conseille de suivre de toute part quant à la
formation primaire, mais également aux professeurs du secondaire,
c'est-à-dire une bonne formation psychopédagogique et à la
fois une formation générale, et non plus une formation
spécialisée en physique, en chimie ou en mathématique.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Morin (Sauvé): Je pourrais peut-être ajouter un
élément. Je pense que tout le monde s'entend pour dire que les
critères de capacité et d'ancienneté, pour le niveau
primaire, ne posaient pas de problème.
Mme Lavoie-Roux: Je ne me suis pas chicanée
là-dessus.
M. Morin (Sauvé): Au niveau secondaire, dans les offres de
la CECM, je crois que nous avons voulu plus particulièrement tenir
à conserver les mêmes exigences que celles qui existaient à
la fin de la négociation de 1976 pour la réaffectation,
l'affectation et la mutation.
Or, il y a eu un changement très important par la
négociation provinciale qui a amené 37 champs au niveau
secondaire. En 1976, il n'y avait que cinq champs, ce qui veut dire que, quand
une commission scolaire comme la CECM et plusieurs autres commissions scolaires
engageaient ou recrutaient du nouveau personnel, affectaient des gens dans
certaines disciplines et lorsqu'il y avait un surplus, elles étaient
obligées de faire des non-réengagements pour ces enseignants
qu'elle venait d'engager, puisque c'était l'ancienneté pure.
Maintenant, il y a 37 champs qui viennent respecter la formation, la
capacité et la compétence des enseignants. Ces 37 champs ont fait
partie des offres depuis le début et c'est la distribution qui avait
été acceptée par les commissions scolaires et par le
ministère de l'Éducation. Or, les brevets A, qui ne sont plus
émis depuis 1969, ne sont pas habituellement parmi les professeurs
nouvellement engagés, ce sont des gens qui ont leur
sécurité d'emploi et l'existence de 37 champs les
protègent dans leur propre compétence. Cela veut dire que seront
mis en disponibilité seulement les nouveaux arrivés qui sont
spécialisés, parce qu'il n'y a plus de formation
générale à l'université et ces détenteurs de
brevets spécialisés ne pourront pas être
réaffectés à un autre champ parce qu'ils n'en ont pas la
capacité au point de vue juridique.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Président (M. Laberge): Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: ... je voudrais réagir aux propos des
sous-ministres Rousseau et Girard. Dans le dernier cas, vous dites que les
professeurs qui vont être mis en disponibilité sont des
professeurs qui arrivent avec cette nouvelle formation qui, à moins que
ce soit arrivé la nuit dernière, il y a six mois... Les principes
sont là, je suis d'accord avec ce que M. Girard a dit, qu'on veut
s'orienter vers une formation générale, etc., quoiqu'il va
toujours rester, je crois, dans les sciences aux secondaires IV et V,
probablement un besoin de gens qui auront au moins une majeure dans la chimie,
la physique ou dans des programmes particuliers. Enfin, je ne veux pas entrer
là-dedans.
Dans le cas de la CECM, vous savez fort bien que l'âge moyen des
enseignants est d'au-delà de 40 ans et que les gens sont mis en
disponibilité alors même qu'ils ont 13 ans à 15 ans
d'expérience. Il ne s'agit pas de jeunes diplômés qui
sortent tout frais émoulus de l'université. C'est un
problème qui est quand même particulier.
Pour revenir à ce que disait l'autre adjoint du ministre, je
voudrais lui faire remarquer que c'est vrai, c'est l'orientation dont on parle,
mais l'orientation c'est à l'avenir. Dans le moment présent, vos
gens avec des brevets A ne sont pas habilités pour tout le
réseau, quelle que soit la matière. Il faut quand même que
le sous-ministre l'admette. C'est souhaitable, c'est ce vers quoi vous vous
orientez, c'est ce vers quoi vous travaillez, parfait. Mais il reste que, dans
le moment, si un brevet A peut enseigner, pas à peu près
n'importe quoi, mais n'importe quelle matière, à tous les niveaux
d'enseignement, je voudrais bien que vous m'en fassiez la
démonstration.
M. Morin (Sauvé): II faudrait tout de même admettre
que nous avons fait en sorte que le détenteur d'un brevet A ne puisse
pas, par exemple, se retrouver du côté du professionnel.
Mme Lavoie-Roux: Ah bien oui! je pense bien. C'est
déjà ça, oui d'accord. Mais vous ne répondez pas
aux autres points soulevés.
M. Morin (Sauvé): Vous savez que ça n'était
pas le cas dans certaines commissions scolaires.
Mme Lavoie-Roux: Si, pour récupérer celles qui
traînaient de la patte, vous allez couper dans celles qui essaient
d'assurer une qualité de l'enseignement, je trouve que c'est une
drôle de moyenne qu'on vise, quand on parle de qualité
d'enseignement, M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): Mme le député faisait
allusion justement aux enseignants qui ont déjà 10 ans, 15 ans
d'expérience...
Mme Lavoie-Roux: 13 ans et 15 ans.
M. Morin (Sauvé):... qui ont des brevets
généraux et qui risquent de se trouver mis à pied du jour
au lendemain. A-t-elle pensé à ça aussi? Et qui sont
légalement qualifiés?
Mme Lavoie-Roux: C'est ça, vous avez fait un choix. Vous
avez fait un choix.
M. Morin (Sauvé): Voilà. Je crois que ce
choix...
Mme Lavoie-Roux: Au moins, ne nous dites pas que c'est toujours
la qualité de l'enseignement que vous défendez.
M. Lalonde: Le légalisme versus la qualité.
M. Morin (Sauvé): Nous pensons que la qualité de
l'enseignement n'en est pas diminuée. Nous pensons que nous avons fait
un choix raisonnable. Nous pensons que le médiateur a trouvé une
bonne solution. Il y a, d'un côté, bien sûr, les abus que
peut entraîner l'absence de qualifications, mais il ne faut pas oublier
aussi les abus do l'arbitraire. Quand il y a trop de possibilités
d'arbitraire, on tombe dans d'autres abus.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que cela avait créé des
problèmes?
M. Morin (Sauvé): Et je pense qu'on a trouvé un
juste milieu qui est raisonnable, dans les cir-constances. Et j'ajoute, M. le
Président, que la première des caractéristiques d'un
enseignement de quai té, c'est de finir l'année et de faire
passer les examens aux élèves.
Mme Lavoie-Roux: Oui, oui.
M. Morin (Sauvé): Vous alliez peut-être
l'oublier.
Mme Lavoie-Roux: Non, du tout. Ne faites pas digresser la
discussion. M. le Président, je demande au ministre de ne pas tenter de
faire digresser la discussion.
M. Morin (Sauvé): C'est un problème très
concret. La qualité de l'enseignement, la première des
qualités de l'enseignement, c'est d'abord de mener l'enseignement
à son terme et de ne pas priver des élèves de secondaire
IV ou V, et surtout de secondaire V, qui sont finissants, de leur
diplôme.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je pense qu'hier le
député de Marguerite-Bourgeoys a fait la démonstration
qu'on aurait pu même intervenir plus tôt pour ne pas prendre ce
risque catastrophique sur lequel on était tous d'accord.
M. Morin (Sauvé): II n'a rien démontré du
tout.
M. Rivest: Vous ne l'avez pas compris, mais il l'a tout de
même démontré.
M. Morin (Sauvé): A vos yeux. D'ailleurs, vous
n'étiez pas là.
M. Rivest: Mais j'ai confiance au député.
Mme Lavoie-Roux: Je vais conclure, M. le Président, en
disant que le ministre, la seule réassurance qu'il a pu me donner, c'est
qu'on a des garanties pour l'orthopédagogie et pour l'enseignement
professionnel long. C'est peut-être une chose qu'il faut
reconnaître à la CECM, parce qu'elle s'est battue pour cela.
La deuxième chose est que je regrette et pourtant j'ai de
l'estime pour les deux adjoints et, à certains égards, pour le
ministre aussi...
M. Lalonde: Un instant, n'allons pas trop loin.
M. Morin (Sauvé): Allons donc! Vous allez semer la zizanie
chez les vôtres, madame.
Mme Lavoie-Roux: Attendez, vous n'avez pas entendu la fin.
M. Morin (Sauvé): In cauda venenum.
Mme Lavoie-Roux: J'ai été vraiment
estomaquée de lire le rapport de l'enquêteur, et je le relis
à la page 18, qui lui-même admet que c'est un recul patronal pour
ramener au niveau de la moyenne le fonctionnement des commissions scolaires,
que pour faire ceci on sacrifie la qualité de l'enseignement et on prend
des risques considérables.
Et ce que je regrette, c'est que deux sous-ministres je l'ai dit
tout à l'heure pour lesquels j'ai de l'estime, se soient faits
les défenseurs d'une telle position et ceci, avec la
bénédiction d'un ministre de l'Éducation qui crie à
tue-tête, tous les jours: Je suis pour la qualité de
l'enseignement. C'est tout ce que j'ai à dire, M. le
Président.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, permettez-moi de
ne pas laisser passer ces dernières observations du député
de L'Acadie. Bien sûr, l'enquêteur fait sien l'avis selon lequel,
par rapport à l'ancienne convention, cela peut constituer un recul. Mais
je ne crois pas que par rapport à des critères de qualité
de l'enseignement, cela constitue un recul.
Et je vais vous dire ceci, madame: Vous semblez prendre bien à la
légère le sort d'un enseignant qui a peut-être dix-sept ans
ou seize ans d'expérience, qui a enseigné peut-être
plusieurs matières et qui risque de se retrouver sur le pavé, en
appliquant les critères de l'ancienne convention de la CECM.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je pense que je dois
faire une mise au point. J'avais dit que
c'était mon point de conclusion. Je voudrais d'abord savoir si
cette possibilité de clause dérogatoire qui existait dans
l'ancienne convention a créé ces catastrophes, dont vient de nous
parler le ministre de l'Éducation, des enseignants qui se retrouvent sur
le trottoir après treize ou quinze ans. Je pense que ce n'est pas le
cas. Mais par contre, on s'est assuré, par cette clause, de la
possibilité de confier à l'enseignant qualifié
l'enseignement de telle ou telle matière précise. Si cela avait
soulevé des problèmes, je pense qu'on aurait pu le dire. Mais je
ne pense pas que cela ait soulevé des problèmes.
M. Morin (Sauvé): Oui, cela en a soulevé. Sinon
l'Alliance n'aurait jamais fait une bataille rangée comme
celle-là.
Mme Lavoie-Roux: Mais l'Alliance voulait strictement le
critère d'ancienneté. Vous le savez, M. le ministre. (17 h
15)
M. Morin (Sauvé): Mais ils n'ont pas obtenu strictement le
critère d'ancienneté, c'est bien la caractéristique du
résultat qui a été obtenu par la médiation. Mme le
député de L'Acadie me demande s'il y a eu effectivement de tels
cas. Je crois qu'il y en a eu mais, ce qui était grave, c'est que, de
plus en plus, on arrivait à des classes d'enseignants qui avaient 15
ans, 16 ans, 17 ans et, chaque année, davantage d'années
d'expérience. C'est cela qui commençait à être
très grave. Je suis persuadé que la solution intervenue est la
bonne et qu'elle va ramener la paix.
Mme Lavoie-Roux: Elle va ramener la paix au prix de la
qualité de l'enseignement, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Marguerite-Bougeoys.
M. Lalonde: M. le Président, Mme la députée
de L'Acadie vient de faire une démonstration éclatante d'une
autre brèche ouverte par le ministre lui-même dans le domaine de
la qualité de l'enseignement. On a tout d'abord connu des
réductions de ressources financières. On a vu jusqu'à quel
point la définition de qualité d'enseignement du ministre
était floue, était en fait tout à fait
inconséquente. Un autre exemple tout à fait pertinent et
récent, il y a quelques jours à peine, qui va encore
réduire la qualité de l'enseignement pour une clientèle
considérable. On sait que cela peut toucher une centaine de milliers
d'enfants.
Je voudrais en soulever un autre, M. le Président. Il s'agit de
la formation scientifique, au secondaire. Quelques semaines à peine
avant la publication de l'énoncé d'orientation et du plan
d'action pour la mise en oeuvre d'une politique québécoise de la
recherche scientifique, un mémoire qui a d'ailleurs été
présenté au ministre de l'Education affirmait que la formation
scientifique est menacée au Québec. Je présume que le
ministre l'a reçu. C'est un mémoire préparé par
MM. Gaston-J. Beaudoin, Normand Brisebois, René Dubé et
Laurent Pellerin. Ce sont quatre coordonnateurs provinciaux de l'enseignement
des sciences rattachés à quatre CEGEP du Québec qui font
valoir que la relance du système scolaire québécois
esquissée dans les livres blanc, vert et orangé sur
l'enseignement se fera au détriment de la culture scientifique des
jeunes Québécois.
Je voudrais d'abord demander au ministre s'il a reçu, s'il a pris
connaissance de ce mémoire dont les auteurs soutiennent que la politique
du gouvernement du Québec assurera aux étudiants au niveau
secondaire une formation tronquée, amputée
d'éléments essentiels à une éducation moderne. Je
cite encore une partie de ce mémoire. "De toute évidence, la
formation générale présentera des carences au plan des
connaissances scientifiques élémentaires, situation
irréversible pour les étudiants qui terminent leur cycle
d'étude à ce niveau".
Je voudrais tout d'abord demander au ministre s'il a pris connaissance
de ce mémoire; deuxièmement s'il en accepte les conclusions et
les données il y a plusieurs données sur lesquelles on
pourra revenir contenues dans ce mémoire; troisièmement
comment il a l'intention de donner suite aux demandes contenues dans ce
mémoire et, enfin, s'il peut concilier les intentions de son
gouvernement en matière de développement, par exemple, de la
recherche scientifique on sait qu'il y a un effort de réflexion
qui est fait par son collègue, en particulier, le ministre d'État
au Développement culturel et l'insuffisance de la formation
scientifique des jeunes Québécois, d'autre part, telles que mises
en évidence par ce mémoire.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, nous avons
effectivement été très sensibles à ce
mémoire. Bien que le projet du plan d'action ait déjà
amélioré sensiblement l'enseignement des sciences nous avons
voulu l'améliorer encore davantage à la lumière des
représentations qui nous ont été faites.
A l'heure actuelle, il faut d'abord considérer qu'il y a des
sciences obligatoires au primaire, ce qui est une initiation aux sciences au
primaire, ce qui n'était pas le cas auparavant. De surcroit...
Mme Lavoie-Roux: Avant que vous n'arriviez, M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): Avant que...
Mme Lavoie-Roux: Avant que vous n'arriviez.
M. Morin (Sauvé): Oui.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Morin (Sauvé): Ensuite, au niveau secondaire.
Désormais, l'enseignement des sciences sera obligatoire à tous
les degrés. Nous avons décidé d'envoyer en consultation un
régime pédagogique dans lequel nous avons ajouté un
module
de trois périodes pour les sciences expérimentales, si ma
mémoire est bonne. En plus de cela, en secondaire III, IV et V, il y
aura un ou des blocs d'enseignement scientifique qui seront disponibles. Enfin,
pour coiffer le tout, une autre nouveauté, pour obtenir le certificat
d'enseignement secondaire, il faudra avoir réussi les examens du
ministère dans ces domaines. Donc, la conclusion générale
qui se dégage de tout cela peut-être voudra-t-on ajouter
quelques détails à cet exposé général
je pense qu'il en ressort un renforcement, somme toute, important des exigences
à l'endroit de la formation scientifique.
Je pourrais peut-être ajouter, si vous le permettez, que, dans le
plan d'action, la répartition des matières qui était
indiquée l'était pour toutes les catégories
d'élèves, incluant le professionnel long. Or, il est bien clair
que, pour les élèves qui s'engagent dans une voie professionnelle
longue, ils ne peuvent pas répondre aux mêmes exigences que ceux
qui s'engagent en formation générale vers des études
collégiales, à l'égard de la formation scientifique. Ce
qui veut dire que le projet du plan d'action n'indiquait que les minimums en
termes de sciences expérimentales, mais il y avait toujours des
possibilités d'option pour pouvoir ajouter du temps, alors que, dans le
projet de régime pédagogique, après avoir eu ces
remarques, il est proposé le projet est actuellement en
consultation une organisation pour le professionnel long, une
organisation pour le professionnel court et une organisation pour la formation
générale, en ayant toujours des passerelles pour passer d'un
niveau à l'autre; ce qui veut dire que le temps consacré
actuellement en formation scientifique à des élèves qui se
dirigent vers le collégial est énorme. Il ne sera pas
diminué pour eux, mais, pour ceux qui s'en vont en formation
professionnelle, c'est clair que déjà ils ont très peu
d'heures en formation scientifique et, par le projet de régime actuel,
il y aura une augmentation de ce nombre d'heures. C'est pour cela que
nos...
Mme Lavoie-Roux: Par rapport à ce qui existait?
M. Morin (Sauvé): Par rapport à ce qui existait, il
y aura, pour les élèves de formation professionnelle...
Mme Lavoie-Roux: Non, le cours général, ceux qui
s'en vont du côté scientifique.
M. Morin (Sauvé): II y a une obligation d'écologie
en secondaire I, de sciences naturelles en secondaire II, de biologie en
secondaire III, et une obligation de chimie-physique en secondaire IV ou V,
plus la possibilité de prendre des cours optionnels qui viennent ajouter
à cette formation.
Mme Lavoie-Roux: Des blocs de cinq ou de trois?
M. Morin (Sauvé): C'est-à-dire que les blocs ne
sont pas obligatoirement de trois. Maintenant, en secondaire I, II et III, ce
seront généralement des blocs de trois pour une semaine de cinq
jours, et en IV et V, ce seront plus particulièrement des blocs de six.
Il sera possible aussi, même en III, d'avoir des blocs de six.
Mme Lavoie-Roux: Pour un étudiant qui part de secondaire
I, qui se rend en secondaire V et qui se dirige vers une carrière
scientifique. Parce qu'il y avait déjà des cours
d'écologie et de biologie en secondaire I, en secondaire II; ils
n'étaient peut-être pas obligatoires, je l'ignore. Pour le
cheminement de cet élève, comparativement à ce qui
existait, pour celui qui était en formation générale,
est-ce qu'il va avoir plus d'heures ou moins d'heures de cours ou si c'est la
même chose?
M. Morin (Sauvé): Dans le projet de régime actuel,
il n'y a pas de diminution et il y a possibilité d'augmenter le nombre
d'heures.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, je remercie le ministre et le
sous-ministre d'avoir répondu de façon aussi positive à la
question que j'ai posée, qui avait été posée par
d'autres naturellement. Nous ne nous faisons que l'écho d'autres
intervenants. De façon générale, la réaction
à cette demande et à d'autres est positive. Maintenant,
j'aimerais...
M. Morin (Sauvé): Oui, forcément; dans toutes les
consultations que nous faisons, notre intérêt, c'est de voir
comment le milieu réagit, puisque, tôt ou tard, c'est le milieu
qui va appliquer ce régime pédagogique. Il faut qu'il soit
accepté et voulu par le milieu.
M. Lalonde: Bon, voilà! J'aimerais toutefois qu'on me
donne un peu plus de détails sur les objectifs, par exemple, le temps
minimal consacré aux sciences naturelles, aux sciences
expérimentales, parce que ces comparaisons, jusqu'à maintenant,
ont été très défavorables au Québec par
rapport à d'autres provinces. Par exemple, le même mémoire
mentionne qu'après neuf années d'études, ce qui
équivaut au niveau secondaire III, le temps minimal d'enseignement des
sciences s'établit comme suit d'une province à l'autre: en
Ontario, 360 heures; en Alberta, au Manitoba, en Saskatchewan, au
Nouveau-Brunswick et en Colombie-Britannique, 342, tout près de 360. Au
Québec, on tombe à 180, à peu près la
moitié, et, entre les deux, il y a 256 pour la Nouvelle-Ecosse.
Est-ce que ce que vous proposez naturellement, on ne peut pas en
prendre connaissance, vous dites que c'est à l'état de
consultation aura pour effet de nous rapprocher de ce qui existe
ailleurs? Si on veut aller voir ce qui se fait, par exemple, aux
États-Unis, c'est 4 20 heures.
M. Morin (Sauvé): Vous savez, les projets de
régimes pédagogiques ont été déposés.
Mainte-
nant, en ce qui concerne les comparaisons, c'est toujours dangereux. Si
vous comparez une école secondaire de l'Ontario, qui n'offre que
l'enseignement général, avec le projet gouvernemental qui situait
le minimum pour les élèves de l'enseignement
général et de l'enseignement professionnel, vous comprendrez que
vous retrouviez ce type d'écart. Il faudrait comparer les
élèves de formation professionnelle de l'Ontario avec les
élèves de formation professionnelle du Québec.
Nous avons rencontré assez fréquemment cette association
qui a présenté de nombreux mémoires dans toutes les
régions et nous avons, je pense, corrigé plusieurs de ces
comparaisons en comparant le même type d'écoles.
M. Lalonde: Maintenant, pourriez-vous nous donner des chiffres
à propos de ces comparaisons corrigées tel que vous l'avez
fait?
M. Morin (Sauvé): Je ne les ai pas par coeur, sauf que,
par l'exemen du projet de régimes, nous pourrions vous fournir demain le
nombre de minutes qu'un élève de formation
générale, qui se dirige...
M. Lalonde: Obligatoires, pas optionnelles.
M. Morin (Sauvé): C'est-à-dire qu'en Ontario
c'était obligatoire et optionnel aussi.
M. Lalonde: Boni Admettons...
M. Morin (Sauvé): Parce qu'en secondaire IV et V, vous
pouvez obliger tout le monde à prendre physique, chimie et biologie,
comme vous pouvez dire: On va se contenter de la chimie et de la physique et
vous pourrez faire plus de chimie, plutôt que de faire de la biologie.
Cela peut être très variable. Mais nous pouvons vous fournir les
chiffres, le nombre de minutes de formation scientifique pour les
élèves qui se dirigent vers le collégial.
M. Lalonde: Je vous remercie. Vous pourriez peut-être nous
donner ces chiffres un peu plus tard.
Maintenant, est-ce qu'il existe encore un écart, d'après
vous, après les corrections apportées, défavorable pour le
Québec et est-ce que la proposition que vous faites, qu'on retrouve dans
le document de consultation que vous venez de nous distribuer, va corriger cet
écart et va mettre le Québec sur un pied au moins comparable avec
les autres?
M. Morin (Sauvé): Ecoutez, il faudrait faire les calculs
pour vérifier s'il y a des écarts avec certaines provinces
canadiennes, mais jusqu'à ce jour, puisque nous maintenons, à
toutes fins utiles, le statu quo à l'égard des contenus de nos
programmes et de nos objectifs, on devrait se comparer avantageusement, en
termes de temps, avec les autres provinces canadiennes à cet
égard.
M. Rivest: En ce moment?
M. Morin (Sauvé): Oui.
M. Rivest: Ma question s'adresse au ministre: Est-ce qu'au niveau
de la conférence des ministres de l'Education, ce genre... Je pose la
question parce que dans le domaine scientifique le Québec, à
juste titre, à plusieurs égards, a un passé qui a eu
énormément de lacunes et de carences dans son enseignement et qui
a entraîné à l'échelle du pays, au titre de la
politique scientifique, de l'aide aux chercheurs, des disparités dont on
a eu raison de souligner le caractère carrément
défavorable au Québec. Une des explications qu'on évoque
souvent pour justifier ce phénomène, c'est notre
intérêt relativement beaucoup plus faible que les autres parties
du Canada dans le domaine scientifique en tant que tel. (17 h 30)
Probablement qu'une des meilleures manières, en plus des
négociations qui peuvent exister au niveau politique, de corriger un
pareil écart, c'est justement de développer, comme le
ministère de l'Éducation l'a sans doute fait au cours des
dernières années et comme il le fait maintenant d'une
façon beaucoup plus intensive avec la nouvelle politique. Est-ce que
là-dessus, au niveau de la conférence des ministres de
l'Éducation, ce genre de problème est évoqué?
Est-ce que le ministre a constaté que dans ce domaine de la science et
de la recherche, enfin des carrières scientifiques, nos retards
historiques dans ce domaine-là étaient aussi considérables
qu'on pouvait l'évoquer dans les discussions libres qu'on peut avoir
là-dessus?
M. Morin (Sauvé): Mon impression générale,
lorsque nous en avons parlé au sein du CMEC et, effectivement, il
nous arrive d'en parler était qu'au Québec la
réforme scolaire n'avait pas encore entièrement atteint ses
objectifs et qu'en termes de formation scientifique, comme dans certains autres
domaines, nous avions été tellement occupés à
scolariser massivement les jeunes du secondaire et du collégial que le
résultat, sur le plan de la qualité, n'était pas toujours
ce qu'il aurait dû être. D'où, d'ailleurs, toute la
démarche du livre vert et du plan d'action, de la révision des
programmes et de la révision du régime pédagogique tout
entier dans la perspective où je la décrivais tout à
l'heure.
Il y a un sujet qui revient de temps à autre au Conseil des
ministres de l'Éducation, qui est ce qu'ils appellent dans les autres
provinces le "core curriculum", c'est-à-dire le programme de base que
les provinces anglophones en particulier ambitionnent de se donner: un
même programme de base à travers tout le Canada. Ce serait non
seulement pour le domaine scientifique, ce serait pour tous les domaines.
Vous voyez tout de suite que c'est plus facile dans le domaine
scientifique que dans le domaine des sciences humaines ou de l'histoire, par
exemple. Spontanément, on voit que c'est plus facile. D'ailleurs, nous
avons accepté de nous associer à ces travaux, en particulier pour
les mathématiques et un autre sujet, la physique, justement parce
que, dans le domaine scientifique, il est peut-être plus facile
d'en venir à des attitudes parfaitement objectives parce qu'elles sont
parfaitement aseptisées sur le plan humain. Je dois dire que le
Québec est tout à fait disposé à discuter de
ça avec les autres provinces, à condition, bien sûr, qu'il
n'y ait pas là quelque chose d'obligatoire. Or, par moments, se profile
derrière cette idée du "core curriculum", chez certains
Anglo-Canadiens, peut-être pas chez mes collègues les ministres de
l'Éducation, mais dans certains secteurs de l'enseignement au Canada
anglais, l'idée que le gouvernement fédéral devrait
intervenir dans le dossier pour imposer des programmes d'une mare à
l'autre.
Naturellement le Québec et je pense que j'aurais
peut-être là-dessus l'appui du député de L'Acadie
n'a pas voulu se placer dans des perspectives comme celle-là.
Cependant, nous sommes disposés à discuter de la chose avec nos
collègues, c'est commencé d'ailleurs, dans des domaines qui ne
posent pas trop de problèmes d'objectivité. Donc, la
réponse au député de Jean-Talon c'est oui, le Conseil des
ministres de l'Education commence à se pencher sur des questions comme
celles-là et le Québec est prêt à jouer le jeu, il
peut même en retirer certains avantages, parce qu'il n'est pas mauvais
que nos programmes d'enseignement scientifique, par exemple, ne soient pas trop
différents de ceux qui se donnent dans une autre langue dans les autres
provinces ou même dans une autre langue ici même au
Québec.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Chauveau.
M. O'Neill: M. le Président, je voudrais demander à
M. le ministre si c'est exact ce qu'on entend dire à certaines occasions
que l'aide fédérale à la recherche scientifique au
Québec a tendance à favoriser plutôt les universités
anglophones.
M. Morin (Sauvé): Les universités anglophones ont
obtenu dans le passé une large part des fonds fédéraux
destinés à la recherche au Québec. Nous pourrons, si vous
le disirez, au moment où nous aborderons l'étude des
crédits de l'enseignement supérieur, vous fournir peut-être
là-dessus des chiffres. Ce serait peut-être plus prudent de ma
part de faire sortir les chiffres et de les étudier avec vous à
ce moment-là. Je sais que cette tendance-là a été
observée.
Maintenant, il y a plusieurs raisons à cela. Le fait que les
universités anglophones ont des traditions plus anciennes de recherche
scientifique, le fait qu'elles aient souvent des contacts plus étroits
avec le gouvernement...
M. Lalonde: L'équipement, par exemple.
M. O'Neill: Peut-être parce qu'ils se connaissent entre
eux.
M. Morin (Sauvé): ... qu'elles considèrent comme
étant leur gouvernement national, alors que les francophones ont
plutôt tendance à se tourner vers Québec, par exemple,
vers...
M. Rivest: A 60% vers Ottawa.
Mme Lavoie-Roux: A 60%.
M. Lalonde: Aux derniers chiffres.
M. Rivest: Ce sont les chiffres qu'on connaît.
A moins que le ministre ait d'autres chiffres. Ce sont les
dernières statistiques qu'on connaît.
Mme Lavoie-Roux: Si on soustrait ceux pour le déblocage,
cela fait seulement 30%.
M. Morin (Sauvé): Je pense que si on devait tirer du
dernier sondage l'idée que les Québécois se tournent vers
Ottawa pour tout dans la mesure...
M. Rivest: II appelle cela un sondage.
Mme Lavoie-Roux: Un sondage, cet événement
historique.
M. Lalonde: C'est épouvantable. Un événement
historique, il appelle cela un sondage.
M. Morin (Sauvé): Le référendum. Je pense
que si on devait en tirer la conclusion que les Québécois... M.
le Président, je n'arrive pas à me faire entendre.
M. Lalonde: Vous n'arriverez pas à vous faire comprendre
non plus.
M. Morin (Sauvé): Non, pas de vous en particulier, je
pense. Si on devait en tirer la conclusion que les Québécois se
tournent vers Ottawa pour tout à 60%, il faudrait leur abandonner 60% de
l'enseignement. Ce n'est pas du tout notre intention. Peut-être nos amis
d'en face le feraient-ils. C'est une autre affaire. Dans la perspective du
livre beige, évidemment, tout fout le camp.
M. Rivest: Non. Notre perspective est plutôt, dans ce
domaine-là, de se tourner vers la conférence des ministres de
l'Éducation qui, dans le cadre d'un sain fédéralisme
renouvelé que nous épousons tous autour de cette table... Je ne
veux pas entraîner les membres de la fonction publique au niveau
politique; maintenant il y a unanimité entre nous. Alors, il faut
continuer, il faut plutôt se tourner vers... C'est le sens de ma
question, inviter le ministre à se tourner plutôt du
côté du forum de la conférence des ministres de
l'Éducation et, comme il l'a très bien dit, en penant toutes les
précautions nécessaires pour ne pas que le gouvernement
fédéral s'immisce d'une façon ou de l'autre dans le
travail des ministres de l'Éducation de toutes les provinces du
Canada.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je ne veux pas
lier contestation avec le député de Jean-Talon sur ce qui
pourrait constituer une saine confédération et un sain
confédéralisme.
M. Lalonde: Fédération, vous voulez dire.
M. Morin (Sauvé): Non, on dit la
confédération canadienne et je pense que c'est une excellente
appellation qui est tout un programme politique d'ailleurs.
M. Lalonde: Vous avez étudié.
M. Morin (Sauvé): II faudrait d'abord s'entendre,
peut-être, évidemment, sur les termes. Je n'ai pas l'intention,
donc, de m'engager dans une discussion de cet ordre-là. Je veux
simplement dire qu'effectivement, nous aussi, nous appuyons fortement le
Conseil interprovincial des ministres de l'Education. Nous y avons
été très présents. J'ai même
présidé aux destinées de cet organisme pendant un certain
temps et, à mon avis, le Québec aurait intérêt
à s'y associer et à y travailler. Je l'ai d'ailleurs dit à
plusieurs reprises, quel que soit l'avenir constitutionnel.
M. Rivest: A s'y inscrire au lieu de s'associer. M. Lalonde:
Pas s'associer, cela a été rejeté.
M. Morin (Sauvé): S'y associer, comme nous le faisons
actuellement.
M. Rivest: A s'y inscrire.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Chauveau.
M. O'Neill: M. le Président, étant donné que
le ministre de l'Education sera, à titre de membre du Conseil des
ministres mêlé sans doute de très près à
l'incertaine aventure...
M. Rivest: C'est de la nostalgie. Un peu d'enthousiasme au
moins.
M. O'Neill:... du fédéralisme prétendument
renouvelé, je voudrais savoir si...
Mme Lavoie-Roux: Mais vous, vous êtes pour
l'indépendance.
M. O'Neill: Oui, madame. Je voudrais savoir si c'est son
intention de revendiquer qu'on respecte les droits exclusifs du Québec
dans le domaine de l'enseignement supérieur et de la recherche
scientifique?
Est-ce dans vos intentions, dans les efforts que vous allez faire dans
cette aventure incertaine du renouvellement du fédéralisme, de
revendiquer les droits exclusifs du Québec en matière
d'enseignement supérieur et de recherche scientifique?
M. Morin (Sauvé): Assurément, M. le
Président. Comme nous l'avons affirmé à plusieurs
reprises, sur ce plan, il existe des revendications en quelque sorte
traditionnelles du Québec. Évidemment, dans le livre beige, il y
a plusieurs compromis avec ces revendications traditionnelles et...
M. Rivest: Entre autres?
M. Morin (Sauvé): Je pense à certains secteurs
comme la langue, par exemple, la langue d'enseignement. Vous n'en avez pas
beaucoup parlé et j'espère qu'on va pouvoir en parler justement
pour dénoncer le recul considérable que constitue sur ce plan le
livre beige du gouvernement fédéral...
Mme Lavoie-Roux: On peut en parler.
M. Morin (Sauvé): ... de même pour la question des
richesses naturelles, cette...
Mme Lavoie-Roux: Là vous n'êtes pas tout à
fait dans l'éducation aux richesses naturelles.
M. Morin (Sauvé): Bon! D'accord, laissons de
côté les richesses naturelles pour ne parler que du secteur
culturel, mais la langue d'enseignement, c'est tout de même une
préoccupation majeure.
Mme Lavoie-Roux: Ah, vous pouvez encore la garder!
M. Morin (Sauvé): Si on suit... Evidemment, je donne une
certaine étendue à la question du député de
Chauveau...
M. Rivest: Oui, parce qu'il parlait de recherche et
d'enseignement universitaire.
M. Morin (Sauvé): Sur ce plan, j'ose espérer, je
n'en suis pas absolument sûr, étant donné les abandons dans
d'autres domaines, qu'il y aura un front commun de tous les partis au
Québec pour faire respecter les revendications du Québec dans le
domaine de ses compétences universitaires et dans le domaine de la
recherche scientifique. Je n'en suis pas sûr.
M. Rivest: Dans le contexte actuel, abandon pour abandon, nous
n'entendons certainement pas abandonner les positions traditionnelles du
Québec à ce titre, mais la population ayant décidé
d'un abandon peut-être beaucoup plus considérable qui est celui de
la souveraineté-association, c'est la situation présente.
M. Morin (Sauvé): Je vais m'en remettre à ce qui a
été dit en Chambre...
Mme Lavoie-Roux: Ils ne l'ont pas abandonnée, ils ne
l'avaient jamais adoptée.
M. Morin (Sauvé): ... pour les attitudes du gouvernement
là-dessus, mais chose certaine, dans cette négociation qui va
devoir se dérouler, je pense qu'il est bien clair que si on devait se
fier à nos amis d'en face, il n'y aurait pas de bien grandes garanties,
sur plusieurs plans, pour l'avenir du Québec. Je pense que c'est avec le
gouvernement actuel qu'il y a de véritables garanties que ne seront pas
consenties des abandons majeurs...
M. Rivest: C'est à ton tour, la, la, la, la!
Mme Lavoie-Roux: II y a une garantie d'impasse avec le
gouvernement actuel.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je voulais
apprendre au député de Jean-Talon...
M. Rivest: Revenons aux crédits, M. le
Président.
M. Morin (Sauvé): ... qu'il se donne des cours de musique
dans nos écoles, et même à l'Université de
Sherbrooke, étant donné qu'il ne voudrait peut-être pas
retourner à la maternelle.
M. Rivest: Parce que nous n'avons eu pour professeur que vos
chants, à l'Assemblée nationale.
Mme Lavoie-Roux: Surtout que maintenant qu'on a assuré que
le professeur de violon va enseigner le violon et le professeur de chant, le
chant.
M. O'Neill: Je voudrais simplement demander au ministre de
l'Education si ça veut dire qu'en dépit des abandons et des
concessions qui sont inscrites dans le livre beige, il espère quand
même avoir l'appui de l'Opposition officielle, face à Ottawa, pour
ce qui est de revendiquer les droits du Québec sur le plan de
l'enseignement supérieur.
Mme Lavoie-Roux: ... connaîtra vos propositions
globales.
M. Morin (Sauvé): Nous souhaitons vivement, dans les
attitudes que nous sommes appelés à prendre devant ce qui risque
d'être une offensive centralisatrice au cours des mois et des
années qui viennent, pouvoir compter sur...
Mme Lavoie-Roux: Comme celle de votre gouvernement.
M. Morin (Sauvé): ... l'Opposition au cours des
années qui viennent.
M. Rivest: Vous compterez à 60%.
M. Morin (Sauvé): Ce sera déjà quelque
chose. Enfin, je suis persuadé... vous savez qu'ayant été
dans l'Opposition quelque temps, mais n'ayant point l'intention d'y retourner,
je puis dire que nous comptons beaucoup...
M. Lalonde: Vous ne vous présentez pas aux prochaines
élections?
M. Morin (Sauvé):... sur l'Opposition au cours des
années qui viennent.
M. Lalonde: M. le Président, M. le Président...
Mme Lavoie-Roux: II faut dire que dans le comté de
Sauvé, ce fut une véritable hécatombe aussi. Je comprends
que le ministre hésite à se représenter.
M. Morin (Sauvé): Cela n'a pas été...
M. Rivest: Le député va nous annoncer qu'il ne se
représente pas à la prochaine élection?
M. Morin (Sauvé): Cela a été... M.
Lalonde: M. le Président...
M. Rivest: Vous êtes très tolérant, M. le
Président.
Mme Lavoie-Roux: Le comté qui avait le vent dans les
voiles pour le oui.
M. Morin (Sauvé): ... un résultat fort
intéressant.
M. Rivest: M. le Président, le ministre nous a
entraînés dans une discussion politique qui n'a pas sa place dans
les crédits.
Le Président (M. Laberge): A ce moment-là, je vais
donner la parole au député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, on va laisser le ministre
essayer de démêler son paradoxe ou le paradoxe de son parti
à l'égard du renouvellement du fédéralisme
canadien.
J'aimerais le ramener maintenant à ses oignons et parler d'une
question à propos de laquelle il est parfaitement souverain dans le
domaine de sa compétence, compétence...
Mme Lavoie-Roux: Le drapeau.
M. Lalonde: Je ne parle pas du trou, parce qu'on ne retrouve pas
le ministre dans le trou. Il est trop grand, le trou. Je veux parler des
bibliothèques scolaires. Dans un document intitulé "Le personnel
professionnel dans les bibliothèques d'écoles
élémentaires et secondaires, éléments du
problème" et remis au ministre, la Corporation des
bibliothécaires professionnels revient à la charge pour
dénoncer l'état pitoyable des bibliothèques en milieu
scolaire et réclamer un véritable plan de développement
des bibliothèques scolaires au Québec. Dans ce dossier, la
Corporation des bibliothécaires du Québec formule diverses
recommandations visant à permettre aux bibliothèques scolaires de
jouer leur véritable rôle auprès de la population.
Je cite une partie du mémoire: "Quinze ans après le
rapport Parent, plus de dix ans après la mise en oeuvre de la
réforme scolaire, les bibliothèques d'écoles primaires et
secondaires sont encore dans un état de sous-développement grave
et subissent, dans les dernières années, un recul
caractérisé." (17 h 45)
Mme Lavoie-Roux: Caractéristique du gouvernement.
M. Lalonde: Selon le président de la corporation, le noeud
du problème est le désordre et l'étroitesse qui
président à l'engagement et au licenciement du personnel
professionnel travaillant en milieu scolaire. Enfin, la Corporation des
bibliothécaires professionnels recommande de donner au service des
bibliothèques d'enseignement un mandat d'animation des services
documentaires à l'école et de le doter des structures
adéquates pour remplir ce mandat.
Je demande au ministre quel sort il entend réserver aux
recommandations de la corporation.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, bien sûr,
ce mémoire était intéressant et reflétait aussi les
intérêts professionnels de ceux qui l'avaient soumis. Je pense que
certaines observations étaient exactes, notamment que les
bibliothèques scolaires ne sont pas suffisamment
développées au Québec. Mais, de là à dire
qu'il y a eu un recul au cours des récentes années, je pense que
c'est inexact. Au contraire, la préoccupation, notamment à
l'endroit des nouveaux bâtiments scolaires, des nouvelles écoles,
a été constamment de les équiper de bibliothèques.
Ce qui a manqué cependant dans bien des cas, c'est l'achat des livres
par les commissions scolaires. J'ai moi-même été
témoin, depuis trois ou quatre ans j'ai pu constater que quelquefois de
très belles salles de bibliothèque étaient à
moitié vides ou qu'on y trouvait quelques rayons de livres. Je pense en
particulier à des écoles primaires. Les commissions scolaires
n'avaient pas vu à meubler...
Mme Lavoie-Roux: ... aider beaucoup.
M. Morin (Sauvé): ... et à remplir les rayons avec
des livres.
Mme Lavoie-Roux: II faut leur donner un peu d'argent, voyons!
Une Voix: Ils achètent des appareils à photocopie
et ils font du pillage là-dedans.
M. Lalonde: Le ministre avait refusé une indexation
valable.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, c'est une tout
autre affaire.
Mme Lavoie-Roux: Mais ce sont des ressources.
M. Morin (Sauvé): C'est une tout autre affaire et, comme
chacun le sait, les commissions scolaires avaient tout de même le loisir
de s'équiper.
Mme Lavoie-Roux: II fallait qu'ils chauffent leurs
écoles.
M. Morin (Sauvé): Mais ce n'était souvent pas la
première préoccupation de commissaires qui étaient
quelquefois beaucoup plus préoccupés par des questions de brique,
de béton, de contrats et d'huile à chauffage plutôt que par
des questions pédagogiques.
Mme Lavoie-Roux: La chanson Parlez-moi d'amour, la brique et le
béton.
M. Morin (Sauvé): Mais c'est une des questions de l'avenir
que de savoir si on va réussir à se donner des commissaires, des
commissions scolaires qui sont plus sensibles aux questions pédagogiques
qu'aux questions matérielles. C'est un de nos problèmes à
travers le Québec.
Mme Lavoie-Roux: Vous ne les aidez pas beaucoup.
M. Morin (Sauvé): Je pense bien que l'expérience du
député de L'Acadie devrait lui en avoir enseigné au moins
autant que cela. Je vais...
M. Lalonde: Vous ne faites pas confiance au régime
démocratique qui...
M. Morin (Sauvé): Je m'excuse, je n'ai pas terminé
ma réponse, M. le député, si vous permettez.
M. Lalonde: Oui.
M. Morin (Sauvé): Vous pourrez à votre tour prendre
la parole. Je vais demander qu'on complète ma réponse.
M. Lalonde: Excusez-moi, je pensais que le président
était assis.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): Sur le plan du développement des
bibliothèques scolaires, il est certain que les revendications que
formulent les associations spécialisées, notamment le
mémoire auquel vous faites allusion, sont fondées à
plusieurs égards.
M. Lalonde: Ah bon!
Mme Lavoie-Roux: Bravo!
M. Lalonde: Le ministre se rétracte.
M. Morin (Sauvé): Vous être traître, M. le
député. Je pense que, pour ce qui a trait...
M. Rivest:... avec les nuances dont le ministre a fait
état précédemment.
M. Lalonde: Cela paraît au nom du ministre, ce que vous
dites actuellement, c'est pour cela que je dis cela.
M. Morin (Sauvé): Je pense que, pour ce qui a trait au
personnel professionnel, le ministère ne détermine quand
même pas les normes d'embauche, le nombre de bibliothécaires, le
nombre de spécialistes de bibliothèques. C'est une
première
chose. Il appartient aux commissions scolaires de déterminer
combien de bibliothécaires on engage, combien de techniciens on engage,
etc. Il est bien évident que les corporations professionnelles
revendiquent largement, revendiquent souvent d'avoir plus de
spécialistes dans les bibliothèques.
Je pense qu'il faut tenir compte d'une chose. Au cours des
dernières années, dans les conventions collectives, dans les
divers niveaux d'enseignement, on a allégé graduellement, par
exemple, la tâche des enseignants en se fondant notamment sur
l'importance pour les enseignants de pouvoir encadrer leurs
élèves dans les activités hors classe, dont les
activités à la bibliothèque. C'est assez important. Prenez
un CEGEP qui est bien organisé, cela peut avoir quatre
bibliothécaires professionnels ou quatre bibliothécaires de
référence, et c'est un gros CEGEP bien organisé. On peut
bien en mettre six ou en mettre huit, mais, du même souffle, on
allège les tâches des enseignants graduellement pour qu'ils
accompagnent leurs élèves à la bibliothèque, pour
qu'ils les assistent et pour qu'ils les pilotent dans leur lecture. Je pense,
quand on parle des bibliothèques scolaires, que les professionnels se
trouvent en somme dans leur spécialité, notamment ceux des
bibliothèques. Quand ils nous disent que les bibliothécaires sont
moins nombreux qu'ils ne l'étaient, ils ne font pas état du fait
que, du même souffle, on a investi des millions pour alléger les
tâches des enseignants, pour permettre un encadrement supérieur,
lorsqu'ils viennent aux bibliothèques, notamment. C'est assez important,
je pense. Dans le cadre des ressources générales dans une
école, si chaque professeur a été allégé
depuis quelques années, ce sont des frais considérables et je
pense qu'il faut en tenir compte.
Pour ce qui est des collections dans les écoles, c'est
très variable. Il s'agit d'entrer dans une école secondaire de
taille comparable à une autre pour voir, avec les mêmes
ressources, les mêmes budgets, la différence importante
d'organisation de la bibliothèque.
Je pense, quand vous avez fait le lancement de la politique des milieux
défavorisés à l'école... Comment s'appelle cette
école de Montréal?
Une Voix: Pierre-Dupuy.
M. Morin (Sauvé): Pierre-Dupuy. La conférence de
presse était dans la bibliothèque. C'était impressionnant
de voir cette bibliothèque d'une école secondaire de quartier
relativement défavorisé de Montréal.
Mme Lavoie-Roux: Qui a été construite sous l'ancien
gouvernement et bien équipée à ce moment-là.
M. Morin (Sauvé): Quant à moi, j'ai trouvé
que la bibliothèque était bien équipée et que la
bibliothèque avait des collections intéressantes, mais je pense
que cela illustrait le fait qu'une commission scolaire a pris la
décision de mettre l'argent là-dedans plutôt que dans
d'autres choses.
Mme Lavoie-Roux: Une bonne commission scolaire.
M. Morin (Sauvé): Ce que je veux dire sur cela, dans le
fond, c'est que..
M. Rivest: Un mauvais ministre, mais une bonne...
M. Morin (Sauvé): Ce que je veux dire sur cela dans le
fond, c'est que, s'il y a un domaine qui illustre les choix que font les
commissions scolaires, c'est bien le domaine des bibliothèques. C'est
pareil pour les collèges et c'est très variable.
Une Voix: Ce serait votre place.
M. Morin (Sauvé): Cela dit, je pense qu'il y a des
rattrapages à faire.
Mme Lavoie-Roux: Dans une bibliothèque?
M. Morin (Sauvé): II y a des rattrapages à faire
dans certains endroits, et il y a des budgets de rattrapage qui ont
été alloués dans beaucoup de commissions scolaires et dans
beaucoup de collèges.
M. Lalonde: Merci. Excusez-moi, je ne veux pas vous
interrompre.
M. Morin (Sauvé): Non, je pense que, quant à moi,
c'est la description de la situation que je fais.
M. Lalonde: Etant donné que vous avez, au début de
votre intervention, mentionné que ce mémoire contenait plusieurs
recommandations valables, est-ce que vous pourriez en donner des détails
et les préciser, et deuxièmement, dire quelle suite le
ministère va donner à ces recommandations?
M. Morin (Sauvé): Simplement, elles ont été
acheminées, si j'ai bonne mémoire, à la suite d'une
rencontre que j'ai eue moi-même avec les associations professionnelles,
à l'occasion de laquelle j'ai attiré leur attention sur
l'intention du ministre d'énoncer une politique de développement
des bibliothèques dans le cadre du plan d'action. C'est annoncé
dans le neuvième chapitre du plan d'action, cet énoncé de
politique à venir. Cela fait partie des projets de travail pour la
prochaine année. C'est à cette occasion qu'ils ont
préparé un mémoire préliminaire dans lequel ils
nous disent qu'avant même qu'on le fasse, qu'on ne commence les travaux
d'élaboration d'une politique, ils aimeraient attirer notre attention
sur un certain nombre de problèmes. Cela fait un certain temps que j'ai
vu le texte, M. le député, je ne me souviens pas exactement du
contenu. Je peux vous rappeler une chose exacte dont je me souviens, c'est le
débat qu'ils font là-dedans sur l'importance d'avoir ou de ne pas
avoir des professeurs bibliothécaires, comme ils ont dans certaines
écoles de Montréal, notamment. Je me sou-
viens de cela, en particulier, parce qu'ils s'opposaient vite à
cette bonne idée, parce que les professeurs ne sont pas dans la
même corporation. Je me souviens de cela.
Le ministre leur a envoyé une réponse assez
élaborée à la suite de ce mémoire. Il leur dit
qu'il prend acte de leurs recommandations dans le cadre des travaux qui sont
faits. Il leur dit qu'ils seront consultés dans le cadre de
l'élaboration de la politique. Quant à la politique, elle est en
élaboration présentement. C'est le Service général
des moyens d'enseignement à Montréal qui pilote le dossier. Le
dossier a connu une première version, une table des matières
complète, une première version qui n'est pas encore en
circulation, qui est une version de travail. C'est au cours de 1980-1981
normalement qu'on devrait commencer à rendre publics les
éléments de cette politique.
M. Latonde: Merci beaucoup. Justement le plan d'action au
chapitre 9 qui traite des bibliothèques scolaires est peu loquace
à cet égard. Je vais vous lire le paragraphe 9.4.2 qui dit ceci:
"Le ministère est conscient que les besoins exprimés par les
enseignants et, plus encore, par les professionnels responsables des
bibliothèques ce sont justement d'eux qu'on parle
exigeraient en réponse un effort encore plus considérable de sa
part" de la part du ministère. Le plan d'action continue ainsi:
"II estime que le temps est venu de faire le point sur l'état des
bibliothèques et d'élaborer pour l'avenir des politiques plus
explicites que celles qui ont cours actuellement". Ce plan d'action a quand
même été déposé au premier trimestre 1979,
c'est-à-dire que cela fait un an. Il me semble qu'on est en droit
d'avoir au moins un certain nombre d'éléments concrets de cette
politique.
M. Morin (Sauvé): On vient de vous dire, M. le
député, que le Service général des moyens
d'enseignement y travaille en ce moment, qu'il existe même
déjà une version de travail, un premier document de travail qui
circule pour fins internes et que, cette année, nous avons l'intention
de mener ce dossier à terme, comme nous l'avons fait pour les autres
politiques annoncées dans le plan d'action. Par exemple, nous avions
annoncé une politique à l'endroit des milieux
économiquement faibles. Elle est maintenant publique.
Mme Lavoie-Roux: C'est aussi une politique faible.
M. Morin (Sauvé): Non, elle est assez substantielle, si
vous vous donnez la peine de la lire. Evidemment, nous n'avons pas la
prétention, l'éducation agissant seule, de régler le
problème de la pauvreté au Québec.
Mme Lavoie-Roux: Je connais cela aussi.
M. Morin (Sauvé): C'est un problème
considérable et il faudra...
Mme Lavoie-Roux: Vous avez raison.
M. Morin (Sauvé): ... une action multisectorielle et sur
une longue période de temps pour arriver à régler ce
problème au Québec, si jamais on y arrive. Mais
l'éducation peut faire beaucoup pour les milieux
défavorisés, sur le plan pédagogique en particulier, et
c'est cela que nous avons proposé.
De même, nous annoncions, dans le plan d'action, une politique
à l'endroit de l'enfance en difficulté d'adaptation et
d'apprentissage. C'est fait maintenant. Puis, nous avons aussi annoncé
une politique complémentaire de la formation professionnelle. Cette
fois, c'est assez avancé puisque nous sommes en consultation
préliminaire sur un document de travail. Il y aura un colloque au
début de l'automne sur la formation professionnelle, un colloque
où l'on retrouvera, à la manière du sommet de Montebello,
des intervenants du monde du travail, tant patronaux que syndicaux, dans
l'espoir d'en venir à une nouvelle politique de la formation
professionnelle avant la fin de l'année.
Donc, les travaux avancent. Évidemment, Rome ne s'est pas
bâtie en une journée et l'éducation, au Québec, ne
verra pas tous ses problèmes réglés en trois coups de
cuillère à pot, mais il n'empêche que nous avons beaucoup
progressé, je pense, depuis trois ans et que nous allons continuer de le
faire, toujours à la lumière de cet énoncé de
politique, de ce plan d'action qui nous met du pain sur la planche pour
plusieurs années.
Mme Lavoie-Roux: L'éducation est absolument statique.
M. Rivest: Est-ce que vous avez fini?
M. Lalonde: Oui.
M. Rivest: Une dernière précision dans les dossiers
qui avancent... Il me reste trois minutes, M. le ministre. Rassurez-vous; quand
je vais vous dire le sujet que j'aborde, l'enseignement privé...
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas fini sur l'enseignement
secondaire.
M. Rivest: Non? Alors, je reviendrai. Mme Lavoie-Roux:
Non.
M. Morin (Sauvé): Oui, mais il y aura un moment où
vous pourrez vous livrer à votre défense traditionnelle de
l'enseignement privé.
M. Rivest: Non.
M. O'Neill: Votre clientèle
préférée.
M. Morin (Sauvé): Mais, en attendant...
M. Rivest: Non, M. le Président, ce n'est pas la
défense traditionnelle. Je m'inscris dans une continuité
historique.
M. Morin (Sauvé): C'est ce que je voulais dire. Nous
aurons l'occasion...
M. Rivest: C'est à la mode. La seule chose, c'est que je
ne fais qu'appuyer les efforts que le ministère fait depuis maintenant
près de quatre ans. On ne peut pas me dire que je m'inscris dans la
foulée du programme du Parti québécois, mais de la
nouvelle version où on tente maintenant de protéger
l'enseignement privé contrairement au programme. C'est une
deuxième page que vous devriez arracher. La première sur la
souveraineté-association et la deuxième l'enseignement
privé. Mais où est-ce que cela en est rendu
sérieusement?
M. Morin (Sauvé): Je ne veux pas aborder ce débat
tout de suite, M. le Président, parce que nous allons empêcher la
députée de L'Acadie de s'intéresser à
l'enseignement public...
M. Lalonde: Ah! vous avez peur!
M. Morin (Sauvé): Je sens qu'il y a là un conflit
au sein de l'Opposition.
M. Rivest: Non, c'est complémentaire. Nous avons chacun
nos accents.
M. O'Neill: II y en a une au moins qui s'intéresse
à l'enseignement public, laissez-la faire.
M. Morin (Sauvé): II ne faudrait pas que le
député de Jean-Talon fasse un filibuster du débat sur
l'enseignement public qui est en cours.
Nous y viendrons donc en temps et lieu à l'enseignement
privé. D'ailleurs, le député de Jean-Talon connaît
d'ores et déjà les réponses que j'ai déjà eu
l'occasion de lui donner à de si nombreuses reprises à
l'occasion...
M. Lalonde: Ah! ce sont les mêmes déjà! M.
Rivest: Les mêmes?
M. Lalonde: Un aveu d'impuissance et d'échec.
M. Morin (Sauvé):... puisque nous sommes à
préparer une politique qui...
M. Lalonde: Encore?
M. Morin (Sauvé): Oui, oui, comme sur bien d'autres
sujets, celle-là va venir, je pense, avec l'automne.
M. Rivest: A l'automne.
M. Lalonde: L'automne de quelle année?
M. Rivest: En fait quelle décennie?
M. Morin (Sauvé): On pourrait y revenir lorsque nous
aborderons l'enseignement privé.
Mme Lavoie-Roux: II est 18 heures, M. le Président.
M. Morin (Sauvé): Est-ce que Mme la députée
de L'Acadie a encore des questions sur le public?
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais il est 18 heures.
Le Président (M. Lacoste): II est 18 heures. Nous allons
suspendre nos travaux jusqu'à 20 heures ce soir.
Suspension de la séance à 18 heures
Reprise de la séance à 20 h 19
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Nous reprenons les travaux de la commission permanente de
l'éducation. Au moment de la suspension des travaux, cet
après-midi, nous étions toujours au programme 4. Est-ce que le
programme 4 est adopté?
Mme Lavoie-Roux: Non.
Le Président (M. Lacoste): C'est seulement le rôle
du président...
Mme Lavoie-Roux: De poser les bonnes questions.
Le Président (M. Lacoste): ... de poser les bonnes
questions.
M. Lalonde: On pourrait peut-être voter. Si on votait.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais peut-être revenir, si vous me
le permettez, M. le Président, juste un instant... Est-ce que c'est
commencé?
Le Président (M. Lacoste): Oui, Mme la
députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: C'est sur les bibliothèques. Je ferai
remarquer, M. le Président, au ministre de l'Éducation que ce qui
est apparu même à son sous-ministre comme étant une bonne
bibliothèque à l'école Pierre-Dupuy est attribuable au
fait que ces écoles de construction relativement récente avaient
un fonds d'amortissement pour les bibliothèques, ce qui a permis de
doter ces bibliothèques d'un meilleur équipement que
peut-être d'autres qui sont plus vieilles. A part cela s'ajoute, à
la CECM, le fait qu'avec la diminution de la population il s'opère un
transfert de livres d'une école à l'autre et, comme la CECM a
diminué de la moitié, et d'une grosse moitié par rapport
à l'ensemble du Québec, c'est une situation qui la favorise au
plan des bibliothèques. Il faudrait peut-être, à la suite
de la demande de mon collègue de Marguerite-Bourgeoys, se demander quel
effort est fait dans le sens des bibliothèques, parce
qu'on l'a abordée à peu près tous les ans cette
question des bibliothèques.
J'ai une question précise, quand même. Au niveau
élémentaire, il y avait un programme de subventions qui
étaient accordées selon les projets qui étaient soumis par
les commissions scolaires. Est-ce que ce programme de subventions continue
d'exister?
M. Morin (Sauvé): Oui, ce programme a été
maintenu et est maintenu.
Mme Lavoie-Roux: Cela implique combien d'argent disponible? Je
suis sûre que c'est dans le cahier, mais je ne l'ai pas
regardé.
M. Morin (Sauvé): Pour le chiffre absolu, on va le
chercher.
Mme Lavoie-Roux: L'ordre de grandeur.
M. Morin (Sauvé): C'est un per capita. Cela fonctionne
encore per capita. J'espère que c'est dûment enregistré aux
Débats, que ce n'est pas une blague du député de
Marguerite-Bourgeoys; cela rehausse tellement le niveau des discussions.
M. Lalonde: Vous aviez une réponse à donner?
M. Morin (Sauvé): Elle vient. Le montant est de $500
000.
Mme Lavoie-Roux: A l'élémentaire, il y a environ
500 000 élèves, ou 600 000.
M. Morin (Sauvé): Entre 500 000 et 600 000 en gros,
oui.
Mme Lavoie-Roux: Cela ne fait pas beaucoup d'argent per
capita.
M. Morin (Sauvé): C'est surtout pour les petites
écoles; c'est un programme qui est destiné aux écoles de
250 élèves et moins, je crois.
Mme Lavoie-Roux: Vous avez continué ce programme, mais
vous n'avez pas investi davantage, cette année, dans ce programme pour
les bibliothèques.
M. Morin (Sauvé): Effectivement, nous n'avons pas
augmenté ces montants simplement parce que le budget de
l'Éducation a connu une croissance substantielle, comme le
député le sait, et comme nous avons dû couper ailleurs,
nous n'avons pas pu, non plus, augmenter les montants comme ceux-là.
Mme Lavoie-Roux: En parlant de coupures, si vous me permettez, je
vous avais demandé un chiffre, avant le dîner, à savoir ce
qui avait été investi l'an dernier, les initiatives nouvelles ou
les sommes nouvelles, mises à part, évidemment, l'augmentation
possible de la clientèle aux classes d'accueil, l'indexation des
salaires, mais strictement au niveau de l'éducation pour essayer de
comparer avec les $30 000 000 qui ont été coupés cette
année. Est-ce que vous avez trouvé ce chiffre?
M. Morin (Sauvé): II y a une première liste des
demandes additionnelles, mais on la complète actuellement. Ce sont des
demandes additionnelles approuvées de façon spécifique,
mais cela dépassait $16 000 000.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela; je l'ai, c'est $16 000 000; cette
année, on coupe de $30 000 000.
M. Morin (Sauvé): Oui, $30 000 000 sur $150 000 000.
Mme Lavoie-Roux: Vous savez, M. le ministre, c'est votre
rôle de nous dire, comme on progresse beaucoup et qu'on fait de gros
efforts et que l'an dernier vous avez fait des efforts de $16 300 000 et que
cette année vous vous voyez réduits à en couper $30 000
000; cela annule un peu...
M. Morin (Sauvé): Oui, mais enfin, il faut aussi tenir
compte des diminutions de clientèle et, en second lieu, il faut tenir
compte aussi de ce que je disais tout à l'heure sur la qualité de
l'enseignement. Toute la qualité de l'enseignement ne tient pas dans les
chiffres. Elle tient dans la pédagogie, elle tient dans les programmes,
les manuels que nous sommes en train de faire rédiger. Elle tient
à mille et une choses qui ne sont pas toutes chiffrables en dollars.
Mme Lavoie-Roux: Là-dessus, on ne se chicanera pas, M. le
Président. Mais il reste que lorsque vous regardez cela parce que
là, il s'agit vraiment de $16 300 000 qui étaient pour de
nouvelles actions découlant du livre vert cette année, le
montant de $30 millions coupe quand même dans des services de nature
pédagogique: récupération à
l'élémentaire, conseillers pédagogiques, moins le montant
de $12 000 000. On pourrait peut-être le réduire davantage
à $18 000 000, ce montant de $30 000 000. Lorsque le sous-ministre dit
qu'il y avait un montant de $12 000 000 prévu à
l'élémentaire pour ajouter des enseignants, je suis d'accord sur
ce sujet. Cela s'annule.
M. Morin (Sauvé): II y a d'autres coupures qui sont sur
des prévisions. Il y a d'autres coupures du même genre.
Mme Lavoie-Roux: II faut être modestes, je pense, dans
l'évaluation de l'expansion.
Une question sur le régime pédagogique au secondaire. Vous
aviez prévu, dans le plan d'action, sauf pour le français et les
mathématiques, dans une certaine mesure, que les enseignants auraient
désormais des blocs d'enseignement de trois périodes au lieu de
cinq. Qu'est-ce qui
advient de ce projet, compte tenu des résultats des
négociations?
M. Morin (Sauvé): II faut d'abord corriger parce que
depuis la fin de la négociation de 1976, nous n'avions plus de blocs de
cinq. C'étaient des blocs de cinq sur six jours et, dans plusieurs cas,
des blocs de quatre également.
Mme Lavoie-Roux: Oui, je sais. J'avais déjà
déploré qu'on soit passé de cinq à quatre et
maintenant vous passez à trois.
M. Morin (Sauvé): C'est-à-dire que dans le projet
de régime pédagogique, globalement, nous maintenions le
même nombre de minutes par semaine. Il n'y avait pas une diminution du
nombre de minutes par semaine.
Mme Lavoie-Roux: Non, mais du nombre de minutes d'enseignement
dans une matière donnée.
M. Morin (Sauvé): Dans le projet de grille horaire,
c'est-à-dire la répartition du temps, il était
prévu, dans le plan d'action, de consacrer beaucoup plus de temps aux
mathématiques et au français et de consacrer moins de temps
à certaines disciplines.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
M. Morin (Sauvé): Après la dernière
consultation qui a été faite sur le projet de régime
pédagogique, eh bien, il y a des réaménagements qui sont
proposés. Il faut bien comprendre que le régime
pédagogique impose la grille-matières, c'est-à-dire la
répartition des matières. Le régime pédagogique ne
crée aucune obligation à l'égard de la grille-horaire,
c'est-à-dire la répartition du temps. Le matières sont
imposées. Ce sont les mêmes matières que celles qui
étaient prévues dans le plan d'action, mais il y a eu des projets
de répartition du temps différents qui ont été
soumis pour pouvoir être en cohérence avec les changements
possibles, en termes de règles de certification ou en termes
d'obligation de ne pas arriver à des groupes de trois périodes
pour chaque matière, comme on avait prévu dans la première
hypothèse du plan d'action.
Ces grilles ont été soumises aux commissions scolaires. On
a déjà quelques projets. On parle évidemment d'une
implantation sereine à partir de 1981, mais elles sont et elles
demeurent indicatives. Mais les blocs de trois, pour certaines matières,
demeurent, mais il y a aussi des blocs de six et il y a aussi des arrangements
sur six ou sur sept jours, selon les moyens choisis par les commissions
scolaires.
Mme Lavoie-Roux: C'est qu'à la négociation vous
n'avez pas pu retenir le principe que vous aviez mis de l'avant dans le livre
orangé. (20 h 30)
M. Morin (Sauvé): Mais là, il y avait un gros
malentendu. Ce que le plan d'action imposait, c'était la
grille-matières, la répartition des matières. Le
gouvernement, dans sa politique à l'égard des écoles
primaires et secondaires, avait prévu des obligations de l'enseignement
de certaines matières pour les onze degrés du primaire et du
secondaire. Il n'y avait aucune obligation à l'égard de la
répartition du temps dans la grille-matières, mais la Centrale
des enseignants et la PAPT ont pris connaissance de la grille et ont
contesté cette grille, comme répartition du temps, non pas comme
répartition des matières. C'est là que nous nous sommes
assis avec les centrales et également avec les commissions scolaires
pour imaginer d'autres types de répartition du temps qui ne
créeraient pas des surplus d'enseignants que je qualifierais
d'artificiels.
C'est-à-dire parce qu'on diminue considérablement le
nombre d'heures par semaine pour une matière donnée, on
crée des surplus dans cette matière, d'autant plus que les 37
champs venaient possiblement, par des mécanismes, augmenter le nombre de
surplus dans certaines matières si on adoptait cette grille. Alors, il
n'y a pas eu de compromis de fond sur la répartition des
matières. Il y a eu des aménagements, des assouplissements de
projets parce que la grille-horaire du plan d'action était indicatrice,
c'était un projet. Il y a eu des modifications à ce projet, des
assouplissements pour bien affirmer la volonté du ministère de
l'Éducation qu'il n'était pas question d'imposer à toutes
les écoles du Québec une grille-horaire, c'est-à-dire une
répartition du temps identique à partir de 1980 ou 1981.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que la lettre d'entente n'indiquait pas
que, justement, vous ne l'imposiez pas au niveau provincial, mais que ceci
devait se discuter localement, à savoir le nombre de périodes par
bloc d'enseignement, sauf le français, peut-être, et les
mathématiques.
M. Morin (Sauvé): La lettre d'entente ne venait, à
toutes fins pratiques, qu'affirmer ce qui était déjà
inscrit dans le plan d'action, c'est-à-dire...
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais bien voir où c'est inscrit
dans le plan d'action.
M. Morin (Sauvé): ... la grille-horaire n'était pas
imposée, elle était indicatrice.
Mme Lavoie-Roux: Pourquoi avez-vous fait votre grille avec des
trois périodes ou des cinq ou six périodes?
M. Morin (Sauvé): Parce que c'était le
modèle...
Mme Lavoie-Roux: C'était toujours indicatif, cela?
M. Morin (Sauvé): C'était indicatif, mais c'est le
modèle qui avait été privilégié au cours de
la consultation. C'est la répartition des matières qui
était obligatoire, la grille-horaire étant indicatrice.
Mme Lavoie-Roux: Maintenant, il me semble qu'au niveau local,
à certains endroits, on puisse décider que ce soient des blocs de
trois périodes dans certaines matières, mais selon les endroits
ou selon ce que le milieu décidera. Est-ce qu'il n'y a pas une
différence dans l'élaboration d'un programme, que ce soit
d'histoire, de géographie, quand on fait un programme en fonction de
blocs de trois périodes ou quand on fait un programme en fonction de
blocs de cinq périodes? Est-ce que vous allez faire deux types de
programme? Qu'est-ce que vous allez faire?
M. Morin (Sauvé): C'est-à-dire que pour les fins de
certification, pour pouvoir obtenir un diplôme d'enseignement secondaire,
il faudra que l'élève obtienne un certain nombre de
crédits pour chacune des matières. Chacun de ces crédits
équivaut à l'équivalent de 180 heures. Alors, la
répartition de ces heures, au cours de chacune des années, peut
être laissée à la discrétion de la commission
scolaire.
Mais quand la commission scolaire aura couvert un certain nombre
d'unités qui est l'équivalent de 180 heures,
l'élève pourra subir un examen et obtenir un crédit. Par
le projet de régime pédagogique, et c'est la consultation qui
nous a amenés à faire cette hypothèse qui est soumise
encore et qui sera soumise au Conseil supérieur de l'éducation,
par cette consultation, nous proposons de changer le modèle de
certification.
Au lieu de faire subir strictement des examens de fin d'études
secondaires pour chacune des matières, toutes les matières
pourront être comptabilisées pour les fins de certification, que
ce soit de secondaire I, de II, de III, de IV ou de V et chaque crédit
correspond à un certain nombre d'heures, mais la distribution de ces
heures, au cours des années, pourra être variée. Alors,
c'est une autre formule très souple qui, finalement, pourrait
s'appliquer si les résultats de la consultation confirment que c'est
là le meilleur moyen.
Le Président (M. Lacoste): Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Mais j'ai l'impression que, ou je vous comprends
mal ou vous n'avez pas répondu à ma question. Quand vous dites
que des programmes sont faits, basés... C'est qu'un programme
d'histoire, il va être soit de 50 heures ou de 30 heures ce n'est
pas exact comme nombre selon qu'il y a des blocs de cinq périodes
pour l'histoire ou des blocs de trois périodes.
Est-ce que vous allez faire deux programmes différents, selon
que, par exemple... Même si c'est une addition de crédits à
la fin, il reste que, pour l'obtention de certains crédits, il faut que
ça corresponde à un programme donné et ces programmes
vont-ils varier selon que... C'est là que je ne vous suis pas.
M. Morin (Sauvé): Pour être certifié en
français...
Mme Lavoie-Roux: Non, j'aimerais mieux les blocs de trois
périodes et de cinq périodes.
M. Morin (Sauvé): Oui, mais, voici: Selon le projet du
régime pédagogique, pour être certifié en
français, disons qu'il faille obtenir 24 crédits.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): 24 crédits multipliés par
X heures, par crédit. Les programmes qui sont des programmes
séquentiels, qui se suivent les uns les autres...
Mme Lavoie-Roux: Oui, je comprends ça.
M. Morin (Sauvé): ... pourront évidemment
être suivis pour le nombre d'heures prévu à
l'intérieur des crédits. Une année, dans une école
ou dans une commission scolaire, on pourra faire moins d'heures; l'année
suivante, il faudra en faire plus...
Mme Lavoie-Roux: D'accord, ça va pour...
M. Morin (Sauvé): ... pour arriver au total sur les cinq
ans qui équivaut au nombre de crédits, donc au nombre d'heures
prévues pour être certifié.
Mme Lavoie-Roux: Mais est-ce qu'en français, ce n'est pas
quand même une règle générale que, par exemple, il
faille, je ne sais pas combien de crédits vous avez parlé
de 24?
Cela, c'est dans l'ensemble de la province. Alors, il se peut, comme
d'ailleurs, même à l'élémentaire, il y a des
endroits où on fonctionne comme ça, du moment que le programme
est couvert dans le premier cycle et dans le deuxième cycle, cela peut
dépendre de l'adaptation locale. Cela va pour le français quand
vous avez comme plan général un plan identique pour l'ensemble de
la province, mais quand vous arrivez dans des matières où vous
dites qu'il y a cette flexibilité et qu'on pourra choisir de faire des
blocs de trois, des blocs de quatre ou des blocs de cinq, à ce
moment-là, il vous faut des programmes différents. Votre
programme de français est complet, il couvre...
M. Morin (Sauvé): II y a un programme...
Mme Lavoie-Roux: A moins que ce ne soit plus exigé que le
programme de français soit identique, enfin dans une certaine mesure,
quant aux objectifs pour l'ensemble de la province.
M. Morin (Sauvé): II y a des objectifs obligatoires pour
chaque programme et des objectifs qui sont indicatifs. Maintenant, si vous
prenez un programme qui n'existe qu'à un degré, prenons
l'écologie...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): ... eh bien, ce programme sera fait pour
l'équivalent de trois périodes par semaine si, dans le projet de
grille, ce sont trois périodes qui sont retenues. Le même
programme pourra être donné en six périodes sur un
semestre; s'il n'y a pas de suite d'une année à l'autre, il
pourra être donné dans un semestre, ce qui, évidemment,
créera moins de difficultés dans le cadre de la distribution des
tâches des enseignants et ce qui n'augmentera pas le nombre de groupes
d'élèves à chaque enseignant. C'est également cette
souplesse qui est ajoutée. C'est-à-dire que c'est fait pour trois
périodes-année ou six périodes-semestre.
Mme Lavoie-Roux: Alors, il n'y a plus de cinq. C'est soit trois,
soit six.
M. Morin (Sauvé): Oui, c'est possible d'avoir trois ou
six. Oui, c'est possible.
Mme Lavoie-Roux: C'est ce que vous donnez, ce ne peut pas
être trois-cinq ou trois-quatre...
M. Morin (Sauvé): Ce peut être trois-cinq aussi. Si,
dans un milieu donné, avec un groupe d'élèves plus forts,
on considère qu'on peut réussir à réaliser des
objectifs en cinq périodes dans un programme qui est prévu pour
six... La commission scolaire doit réaliser des objectifs. Le temps
je pense qu'on se comprend bien peut évidemment varier
selon le type d'élèves, les groupes d'élèves que
nous avons. Il y a cette souplesse qui est là. Ce sont les objectifs qui
sont imposés, ce sont les matières par année qui sont
imposées.
En ce qui concerne le temps, il y a une très grande souplesse et
il y a plusieurs projets de répartition des matières qui
circulent déjà et qui circuleront.
Mme Lavoie-Roux: Mais votre point de repère, c'est soit
trois, soit six.
M. Morin (Sauvé): Oui, mais six sur six jours, ce qui fait
l'équivalent de cinq sur cinq jours. Le projet qui semble le plus
populaire actuellement et qui semble créer le moins d'impact en termes
de répartition de tâches des enseignants, ce sont les blocs de
trois ou de six périodes sur six jours.
Mme Lavoie-Roux: A six périodes, évidemment, ils
voient bien moins d'élèves.
M. Morin (Sauvé): Alors, quand c'est trois
périodes, cela pourrait être fait dans un semestre, cela fera six
périodes au lieu de trois sur l'année et d'autres blocs seront de
six périodes pour toute l'année sur six jours.
Mme Lavoie-Roux: Alors, c'est une assez grosse modification par
rapport à ce qu'il y avait dans le plan d'action.
M. Morin (Sauvé): Mais non. Encore une fois, dans le plan
d'action, ce qui était obligatoire, c'est la répartition des
matières et non pas du temps. Si vous prenez la peine de lire, vous
verrez que nous avons pris bien soin de ne pas nous figer dans le ciment pour
ce qui est de la grille horaire. Nous savions que cela poserait des
problèmes. En fait, c'est un des premiers problèmes qui
m'attendaient au ministère quand je suis arrivé.
M. Lalonde: II n'est pas déjà
réglé?
M. Morin (Sauvé): II a été
réglé dans les mois qui ont suivi, mais il traînait depuis
longtemps.
M. Lalonde: II doit s'ennuyer tout seul.
M. Rivest: Honneur au mérite.
M. Morin (Sauvé): Je ne vous le fais pas dire.
M. Lalonde: II doit s'ennuyer tout seul, réglé
comme cela.
Le Président (M. Lacoste): Vous vouliez, ajouter quelque
chose?
Mme Lavoie-Roux: Vous nous avez remis tout à l'heure le
règlement concernant le régime pédagogique au secondaire.
Pour chacune de ces matières, simplement en termes de crédits et
en termes de minutes, cela équivaut à quoi un crédit?
M. Morin (Sauvé): Vous avez la définition du
crédit dans les définitions à 1,4. Un crédit, c'est
une unité de formation correspondant à un programme
d'études établi pour une durée équivalent
normalement à 30 heures. S'il y a six périodes, ça fait
180.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Morin (Sauvé): Normalement. Ce n'est pas strict, cela
pourra varier dans certains milieux. Cela pourra être un petit peu moins
ou un petit peu plus selon le nombre d'élèves sauf que c'est
quand même une norme qui est présentée, une balise.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que le programme
4...
M. Lalonde: J'aurais quelques questions à poser, M. le
Président, avant de disposer du programme 4. Il y a la condition
féminine au ministère de l'Éducation. On a reçu les
effectifs féminins en réponse... Le personnel féminin au
ministère, évolution 1977-1980. En 1977, nous étions
à 984 membres. Cela a baissé à 957 en 1978. Il y a eu un
saut à 1076 en 1979 et tout à coup un recul à 995 en 1980.
Je tiens compte des commentaires peu élogieux que Mme la ministre
responsable de la Condition féminine a déjà tenus à
propos du ministère de l'Éducation, et je la cite: Le 6 mars
dernier, Mme Payette disait: "Combien il est long d'entrer les
considérations relatives à la
condition féminine dans la machine de l'éducation!" La
machine, j'imagine qu'elle voulait parler de l'appareil et non pas du ministre.
Est-ce que le ministre pourrait nous expliquer les raisons de ce déclin,
de ce recul qui devrait, en fait, le rendre honteux à l'égard de
sa collègue?
M. Morin (Sauvé): Pendant qu'on cherche les chiffres, je
voudrais vous faire part d'une ou deux observations là-dessus. Vous
savez que nous avons maintenant une coordonnatrice de la condition
féminine au ministère. (20 h 45)
M. Lalonde: Comme tous les ministères.
M. Morin (Sauvé): J'imagine, je ne suis pas sûr que
tous en aient.
M. Lalonde: Ou presque.
Mme Lavoie-Roux: Ceux qui sont à vocation...
M. Lalonde: Ceux qui ont besoin de corrections
spéciales.
M. Morin (Sauvé): Non, parce que...
Mme Lavoie-Roux: Cela leur en aurait pris deux au
ministère de l'Education.
M. Morin (Sauvé): Non, je dois dire que...
M. Rivest: Une pour l'élémentaire, une pour le
secondaire...
Mme Lavoie-Roux: Et une pour le ministre.
M. Morin (Sauvé): ... le score du ministère n'est
pas si mauvais que cela, historiquement.
M. Rivest: Le score, dites-vous? M. Morin (Sauvé):
Oui.
Mme Lavoie-Roux: Je vois qu'il n'y a plus de sous-ministre
féminin, par exemple.
M. Morin (Sauvé): Ah! il n'est pas dit, cependant, qu'il
n'y en aura pas.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas rapide!
M. Morin (Sauvé): Mme Baron, hélas, nous a
quittés.
Mme Lavoie-Roux: Vous pouviez prévoir son
départ.
M. Morin (Sauvé): Cependant, vous aurez certainement
noté, Mme le député de L'Acadie, que deux des trois
présidents des trois conseils, le Conseil supérieur de
l'éducation, le Conseil des collèges et le Conseil des
universités, sont effectivement des femmes et je crois que ces conseils
s'en portent très bien.
Mme Lavoie-Roux: Vous avez fait un peu de progrès depuis
la première année.
M. Lalonde: Vous concédez que cela va bien malgré
que ce soient des femmes.
M. Morin (Sauvé): C'est vous qui dites cela. Je n'ai pas
dit cela, je considère que ces nominations ont été
excellentes.
Mme Lavoie-Roux: La journée où vous l'avez
décidé, on en était sûr, mais cela vous prenait
beaucoup de temps à vous décider.
M. Morin (Sauvé): Non, souvent, vous savez, maintenant que
les postes sont ouverts par concours, c'est peut-être une partie de
l'explication des chiffres que donnait le député de
Marguerite-Bourgeoys, et qu'on va m'apporter.
M. Lalonde: Est-ce que vous prétendez que les femmes sont
moins méritantes d'obtenir les postes?
M. Morin (Sauvé): C'est-à-dire que, quand il y a
des concours, on ne sait jamais comment cela va tourner parce que cela se fait
avec jury et cela dépend du nombre de candidats ou de candidates qui se
présentent. Or, cela est très variable.
M. Lalonde: II y a des concours de circonstances, comme le disait
Yves Michaud.
M. Morin (Sauvé): Dans un certain nombre de concours qui
ont eu lieu récemment, je pense qu'il n'y a pas eu beaucoup de
candidates. Peut-être que le sous-ministre peut donner plus de
détails là-dessus.
M. le Président, le document que nous cherchons, nous allons
l'avoir dans quelques instants; cela devait être étudié
avec le programme de la gestion ministérielle. On a effectivement le
taux de croissance de l'effectif féminin au ministère au cours
des dernières années. Je pense qu'il est important de
préciser, par ailleurs, que nous avons été un des premiers
ministères à nommer une coordonnatrice pour la condition
féminine. Le rôle de la coordonnatrice est double, c'est à
la fois de donner suite aux différentes recommandations qui touchent le
ministère de l'Éducation dans le rapport "Égalité
et indépendance" et également de voir à ce que la
proportion des femmes au ministère de l'Éducation aille en
augmentant.
Par ailleurs, je voudrais donner des exemples précis de
situations qui se présentent. Lorsque des postes de cadres s'ouvrent au
ministère, évidemment, il y a des candidats qui se
présentent et les candidats sont ou exclusivement masculins, ou des deux
sexes. Ce que l'on peut constater au ministère de l'Éducation,
c'est qu'aux derniers concours que nous avons ouverts pour des postes de cadres
importants, il y a eu effectivement peu ou pas de femmes qui se sont
présentées. Or, étant donné la mécanique de
recrutement dans la fonction publique, il ne nous est pas possible
d'aller chercher une femme si aucune femme ne se présente
à un concours, qu'il s'agisse d'un concours de promotion,
c'est-à-dire d'un concours à l'intérieur de la fonction
publique, ou d'un concours de recrutement qui est un concours qui fait appel
à la population en général. Je pourrais donner des
exemples précis de postes où on aurait souhaité avoir des
femmes et où, malheureusement, aucune femme ne s'est
présentée.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, est-ce que je peux
suggérer que parfois on peut susciter des candidatures de femmes; cela
ne veut pas dire qu'elles seront choisies, évidemment, mais on peut les
encourager.
M. Morin (Sauvé): Je pourrais répondre
là-dessus, M. le Président, qu'à plusieurs reprises, au
ministère, l'un ou l'autre d'entre nous, à l'occasion de
l'ouverture d'un poste, avons suggéré que des candidats
féminins se présentent.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'elles ont peur de vous?
M. Morin (Sauvé): Là-dessus je pourrais
répondre parce que j'ai moi-même fait de nombreuses
démarches, notamment...
M. Lalonde: C'est un aveu d'échec.
M. Rivest: Ce n'est peut-être pas le meilleur canal.
M. Morin (Sauvé): Pourtant, à l'occasion, j'ai eu
des prix de consolation parce que certaines ont tout de même
accepté.
M. Rivest: Nommez-les.
M. Morin (Sauvé): Je dois dire, blague à part, M.
le Président, que souvent des femmes qui auraient la compétence
pour occuper des postes, et même de hauts postes au ministère,
pour diverses raisons, n'acceptent pas.
Je vais vous donner quelques exemples parce qu'ils sont encore tout
frais à ma mémoire, puisque j'ai eu l'occasion de rencontrer des
personnes pour les intéresser à des postes de sous-ministres
adjoints, et pas des postes de dernier rang, mais de tout premier rang.
Je ne nommerai personne, bien sûr, mais je vais vous donner les
raisons. L'une d'entre elles ne pouvait pas quitter le poste qu'elle avait
parce qu'il aurait fallu déménager à Québec et elle
ne voulait pas le faire, son mari travaillant dans la région où
elle se trouve actuellement.
Mme Lavoie-Roux: Elle était soumise à son mari.
M. Morin (Sauvé): C'est son choix à elle. Mme
Lavoie-Roux: Oui. Je blague.
M. Morin (Sauvé): Je ne sais pas si vous allez la
blâmer de l'avoir fait. Je serais très heureux de savoir ce que
vous auriez fait dans les circonstances.
Mme Lavoie-Roux: Moi, je suis venue à Québec.
M. Lalonde: Applaudissements.
Une Voix: On ne vous en fait pas grief.
M. Morin (Sauvé): On ne vous en fera pas grief.
M. Lalonde: C'est M. Lavoie-Roux...
M. Morin (Sauvé): M. Bourassa l'avait
présenté une fois "M. La Voirie".
Mme Lavoie-Roux: Non, c'était Mme "La Voirie".
M. Morin (Sauvé): C'était Mme "La Voirie ".
D'autres raisons m'ont été données, comme par
exemple le sentiment qu'éprouvent ces personnes que ces postes
n'étaient pas faits pour elles, vraiment des femmes dont j'étais
convaincu qu'elles avaient toute la compétence requise. Mais devant le
poste, elles ont hésité et, finalement, elles l'ont
refusé.
Il y a mille et une raisons, mais je puis vous dire que nous avons fait
des efforts et que nous étions surveillés, de plus; nous tenions
beaucoup à donner le bon exemple. Malheureusement, cela n'a pas toujours
été possible.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: La coordonnatrice au sein du ministère, quelle
est la nature exacte de sa fonction? Est-ce un rôle simplement de
surveillance, d'incitation, est-ce qu'elle est intégrée au
ministère au point d'avoir non seulement une présence, mais une
participation directe aux décisions qui sont prises? Et
deuxièmement, pour la mise en oeuvre des diverses recommandations du
rapport Égalité ou Indépendance, est-ce qu'il y a des
effectifs, d'une part, et d'autre part, des budgets dont elle dispose?
M. Morin (Sauvé): Elle est intégrée au
ministère. Elle relève du sous-ministre adjoint à la
planification. Au moment de son engagement, j'ai eu l'occasion de la
rencontrer. Son rôle est double. Son rôle est double dans le sens
suivant: son premier rôle, c'est de voir à ce que les suites qui
doivent être données au ministère de l'Éducation en
relation avec le rapport Égalité ou Indépendance le
soient. A cet égard, elle peut entrer en contact et demander des
rapports à chacune des directions générales. Son
rôle, en fait, est de vérifier comment s'implante chacune des
recommanda-
tions, à quel rythme s'implante chacune des recommandations et de
fait, elle fait, de façon trimestrielle, un rapport au bureau des
sous-ministres pour nous indiquer comment, de fait, et à quel rythme
sont données les suites du rapport Égalité ou
Indépendance.
De plus, je lui avais demandé de veiller à susciter
précisément des candidatures féminines pour les principaux
postes qui s'ouvrent au ministère de l'Education.
M. Rivest: A quelle date est-elle entrée en fonction?
M. Morin (Sauvé): Elle est entrée en fonction il y
a maintenant près d'un an.
M. Rivest: Ces rapports qu'elle remet de temps à autre au
bureau des sous-ministres, évidemment, ce sont des rapports
internes?
M. Morin (Sauvé): Oui.
M. Rivest: On ne peut pas en prendre connaissance pour mesurer
les progrès réels du ministère de l'Éducation au
titre de la condition féminine?
M. Morin (Sauvé): Ce que l'on pourrait sans aucun doute
déposer, ce sont la liste des recommandations touchant le
ministère de l'Éducation dans le rapport Égalité ou
Indépendance, et les mesures qui ont été prises par le
ministère pour y donner suite. Il y a un document qui existe et qui
pourrait être déposé.
M. Rivest: Qui pourrait être déposé.
Le Président (M. Lacoste): Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Où en êtes-vous dans le travail de
la mise à jour des manuels scolaires, qui était une des
recommandations parmi les plus importantes? Vous êtes rendus à
quel pourcentage? Est-ce que c'est l'élémentaire ou le
secondaire? Où en êtes-vous?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je pourrais
d'abord informer cette commission qu'à la mi-juin je vais rendre public
justement le plan d'action du ministère, pour ce qui est de la condition
féminine. Nous avons avec la coordonnatrice... et dans la foulée,
pour utiliser l'expression qu'aime bien la députée de
L'Acadie...
Une Voix: Je ne la déteste pas moi non plus, vous
savez.
M. Morin (Sauvé): ... de l'énoncé de
politique sur la condition féminine, nous allons rendre publics tous nos
objectifs à réaliser au cours des prochaines années. Pour
ce qui est des manuels, c'est commencé, mais peut-être pourra-t-on
vous donner plus de détails.
M. Lalonde: Avant, avez-vous accéléré
l'élimination des Yvette, depuis quelques jours, des manuels
scolaires?
Mme Lavoie-Roux: Je pense qu'il n'était plus au
programme.
M. Lalonde: II n'était plus au programme.
Mme Lavoie-Roux: Je ne sais pas. Est-il encore au programme?
M. Morin (Sauvé): Ce manuel, je ne saurais vous dire.
Mme Lavoie-Roux: Moi non plus.
M. Morin (Sauvé): C'est peut-être une relique du
passé, mais il reste encore.
M. Rivest: Quelle relique?
Mme Lavoie-Roux: C'est le ministre qui vit dans le
passé.
M. Rivest: Quelle relique, M. le Président?
M. Morin (Sauvé): Je ne parlais pas... Pourquoi? Vous avez
senti que je vous visais?
M. Rivest: Non, mais la relique des Yvette, nous avons beaucoup
de...
Mme Lavoie-Roux: Mais sérieusement...
M. Morin (Sauvé): Je ne sais pas comment cela va
être enregistré, mais...
M. Lalonde: Sous réserve.
M. Morin (Sauvé): Puis-je continuer la réponse?
On a beaucoup parlé de la question des stéréotypes
sexistes dans le matériel scolaire, les manuels et autres documents. Je
pense que cela fait quand même quatre ans que cette question est
concrètement décrite. Il y a quatre ans, le Conseil du statut de
la femme ou l'organisme qui en tenait lieu avait publié un premier
document sur cette question. Le ministère de l'Éducation a mis au
point un instrument de dépistage de tout ce qui est
stéréotype et abus de ce côté-là. C'est un
document qui a été d'abord rodé entre spécialistes,
entre les gens qui s'occupent des manuels scolaires, en n'oubliant jamais que
les manuels scolaires, ce sont des éditeurs privés qui les
publient, ce n'est pas le ministère de l'Éducation. On a une
fonction d'approbation des manuels, mais on a aussi une fonction
d'éducation des éditeurs là-dedans.
Présentement, on a terminé ce travail-là. On
dispose d'une grille qui a été validée, d'un instrument
d'examen des manuels et des outils pédagogiques qui a été
validé, qui est maintenant reconnu par les spécialistes comme un
objectif bon
et utile. On l'a diffusé largement auprès des
éditeurs et on s'en sert intérieurement pour l'examen des manuels
scolaires quant aux stéréotypes non seulement sexistes, mais
autres aussi. Il y a les stéréotypes raciaux, par exemple, il y a
des stéréotypes de différents pays. On se sert d'un outil
d'analyse des instruments pédagogiques qui semble donner actuellement un
résultat intéressant pour les nouveaux manuels, pour ceux qui
seront réédités et pour les instruments
pédagogiques que l'on fait à neuf et qui seront
réédités également.
Ce travail est avancé, il est terminé à toutes fins
utiles. C'est quelque chose de disponible que ces outils-là.
Je voudrais ajouter que Mme le ministre responsable de la Condition
féminine a exprimé sa satisfaction à plusieurs reprises,
récemment, à l'égard du travail accompli par le
ministère, aussi bien pour les instruments de travail...
Mme Lavoie-Roux: II y a des fois où elle se satisfait
facilement.
M. Morin (Sauvé): Non, elle est plutôt exigeante.
L'expérience que nous en avons, c'est qu'elle ne lâche pas
facilement.
Mme Lavoie-Roux: A l'égard de certaines
législations, c'est étonnant comme elle semble...
M. Rivest: Les pensions alimentaires.
Mme Lavoie-Roux: Les pensions alimentaires, pour ne parler que de
celle-là.
M. Morin (Sauvé): Cela s'en vient les pensions
alimentaires. Vous aurez l'occasion de faire un beau débat
là-dessus.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais elle se satisfait de peu.
M. Lalonde: Elle est décriée par tout le monde.
Mme Lavoie-Roux: Elle se satisfait de peu.
M. Morin (Sauvé): Allons, allons. On verra bien lors du
débat. Mme le ministre de la Condition féminine a plutôt la
réputation de ne pas lâcher facilement. Vous souvenez-vous comment
elle a dû vous tenir tête au sujet de l'assurance automobile, vous
qui défendiez...
Mme Lavoie-Roux: Je n'étais pas dans le débat.
M. Rivest: C'est le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Morin (Sauvé): Votre parti l'était.
M. Lalonde: Pas de personnalité, s'il vous
plaît!
M. Morin (Sauvé): Elle a su lui tenir tête et elle
sait défendre ses idées. Il me fait d'autant plus plaisir de vous
faire savoir qu'elle est satisfaite du travail du ministère de
l'Education.
Mme Lavoie-Roux: Pour ce qui touche l'orientation scolaire, le
choix des options, etc., je pense que dans le plan d'action, c'est à
partir de l'an prochain que c'est offert, tant pour l'enseignement familial que
pour l'exploration technique; enfin ce serait en vigueur pour tout le monde. Je
pense que cela devait commencer en 1981, si je ne m'abuse. C'est quand
même au premier niveau du secondaire. Qu'en est-il du reste, du point de
vue de l'orientation professionnelle dans un sens large? (21 heures)
M. Morin (Sauvé): J'ai parlé de l'information
scolaire et professionnelle de façon générale.
Le ministère a décidé, tout récemment, de
créer un centre d'information scolaire et professionnelle qui
relève précisément du sous-ministre adjoint à la
planification et qui a pour but de coordonner toutes les activités du
ministère en information scolaire et professionnelle et de faire le pont
précisément entre ce qui se fait principalement au secondaire et
ce qui se fait au collégial, sans négliger pour autant ce qui
peut se faire au collégial face aux carrières universitaires. La
décision a été prise de le créer. Le coordonnateur
a été nommé. La coordination se fait actuellement. La
décision de créer un centre, c'était
précisément pour attacher une plus grande importance à
l'information scolaire et professionnelle, et surtout pour coordonner les
différentes activités des différentes directions
générales à l'intérieur du ministère.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que je ne me suis pas fait comprendre
très bien. C'était au point de vue de l'orientation sexiste qui
se fait dans les écoles.
M. Morin (Sauvé): Pour ce qui est de cette question, Mme
la députée, inutile de vous dire que le ministère de
l'Education n'est là-dedans qu'un incitateur. Les orienteurs, les
spécialistes en information scolaire sont dans les écoles, sont
dans les réseaux scolaires. Ce que nous pourrons faire dans ce domaine,
nous pouvons d'abord, par divers moyens, dont les revues du ministère,
rappeler aux conseillers en orientation, aux professeurs d'information scolaire
l'importance d'être avisés, d'être avertis quant à
tout ce qui est comportement sexiste dans le domaine de l'information et de
l'orientation. Nous le faisons par les bulletins spécialisés du
ministère. Nous le faisons également dans le cadre des
monographies que nous préparons.
Dans le domaine de l'information et de l'orientation scolaires, le
ministère de l'Éducation a d'abord un rôle de coordination
des productions de monographies, de programmes d'enseignement, de campagnes de
publicité, de campagnes d'orientation. Il ne peut qu'être
incitatif par rapV
port aux commissions scolaires, aux CEGEP, aux universités. Nous
le faisons dans la mesure même où à cet égard nous
n'avons pas autorité directe sur les gens des réseaux. C'est un
groupe passablement sensible à ce problème que celui des
orien-teurs professionnels, parce qu'il y a beaucoup de gens qui ont des
formations en psychologie dans ce domaine. Une des actions concrètes que
nous avons faites cette année, en étroite collaboration avec le
Conseil du statut de la femme et avec des organismes féministes,
également, du milieu québécois, cela a été
le lancement d'un jeu éducatif qui s'appelait "Vire-Vie", qui est une
traduction d'un jeu américain qui se joue en équipe par des
adolescents et des adolescentes et qui a justement comme objectifs, outre ceux
d'aider à faire les choix de carrière, de sensibiliser les jeunes
aux conséquences d'un comportement sexiste dans le domaine de
l'orientation et de l'information scolaires. C'est ce que nous faisons dans ce
domaine. Nous ne pouvons suppléer, évidemment, aux orienteurs qui
sont dans les écoles et aux gens d'information scolaire et
professionnelle. On est cependant en assez étroit rapport avec les
professeurs d'information scolaire, qui sont assez actifs dans ce domaine.
Mme Lavoie-Roux: Auprès des enseignants, en
général?
M. Morin (Sauvé): Là aussi, on ne peut être
qu'incitatif, si vous permettez, M. le ministre.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que vous avez posé des gestes? Je
comprends que vous avez fait un travail intéressant auprès des
orienteurs, mais auprès de l'ensemble des enseignants?
M. Morin (Sauvé): Auprès de l'ensemble des
enseignants, pour les sensibiliser au problème sexiste, je peux donner
un exemple. Dans la revue du ministère de l'Éducation, la revue
qui paraît mensuellement, Informeq, il y a un article mensuel
actuellement sur les problèmes de sexisme et de comportements sexistes
dans les écoles. Ce n'est peut-être pas fulgurant, mais c'est une
action concrète et répétitive.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que tous les professeurs reçoivent
cette revue?
M. Morin (Sauvé): Que je sache, ceux qui veulent la
recevoir s'y abonnent. L'Informeq n'est pas envoyée, que je sache,
d'autorité. Les gens qui s'y abonnent personnellement la
reçoivent, et de deux, les écoles et les commissions scolaires en
reçoivent un certain nombre d'exemplaires qui sont disponibles.
Il faut ajouter aussi que la CEQ s'est donné tout un programme de
lutte contre les stéréotypes et que la CEQ est parmi les groupes
les plus insistants auprès du ministère pour que nous extirpions
des manuels tous les stéréotypes. Donc, je pense que c'est une
bonne chose que cela vienne de la base elle-même, que les enseignants
eux-mêmes y soient sensibilisés par d'autres enseignants et par
leur centrale syndicale.
On pourra voir également, au programme collégial et au
programme universitaire où on a des statistiques sur le taux de
fréquentation de la population féminine, qu'au collégial,
actuellement, la proportion est de 50-50 ou à peu près 50-50,
autant de filles que de garçons qui fréquentent le réseau
collégial, et, pour l'universitaire, des statistiques démontrent
que le taux de fréquentation féminine va en augmentant
d'année en année.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Il faudrait quand même voir les
orientations de ces 50% ou de ces deux 50% à l'intérieur des
CEGEP ou des universités. Je pense qu'au niveau des universités
il y a des modifications... enfin, on voit que ça change. Au niveau des
CEGEP, je suis peut-être moins certaine que le changement soit aussi
important que ce qui se produit au niveau des universités.
M. Morin (Sauvé): Si vous parlez de la répartition
entre les options professionnelles, par exemple, et les options
générales...
Mme Lavoie-Roux: Et puis...
M. Morin (Sauvé): ... et la répartition à
l'intérieur des options professionnelles...
Mme Lavoie-Roux: C'est ça, le choix des options...
M. Morin (Sauvé): ... et les options
générales.
Mme Lavoie-Roux: ... côté sciences,
côté lettres, du côté professionnel
également.
M. Morin (Sauvé): Oui, soit, mais il faut tout de
même tenir compte du fait qu'il y a eu un progrès vraiment
très sensible, puisqu'au niveau universitaire, la majorité est
maintenant aux femmes. Il y a plus de 50% de femmes. Et cette situation tranche
avec celle que nous avons connue il y a à peine 20, 22 ou 23 ans quand
j'ai commencé à enseigner...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): ... où, dans une classe de 350
étudiants, vous aviez peut-être cinq ou six femmes.
Mme Lavoie-Roux: Mais il reste...
M. Morin (Sauvé): Maintenant, même dans les
facultés traditionnelles, ça atteint la moitié.
Mme Lavoie-Roux: Je ne pense pas que ce soit le cas dans les
facultés de génie et dans les facultés de sciences. La
médecine... je ne sais pas si on la considère dans les
sciences...
M. Morin (Sauvé): Médecine, droit...
Mme Lavoie-Roux: ... mise à part, mais dans les sciences
pures, en génie, je ne suis pas du tout
sûre. Je pense que ça reste encore très bas, et cela
peut dépendre de l'orientation au niveau collégial... le vieux
mythe que les femmes n'ont pas l'esprit mathématique, par exemple, et
qu'on ne les oriente pas beaucoup dans cette direction.
M. Morin (Sauvé): C'est vrai que le député
de L'Acadie est très fort en pourcentage.
Mme Lavoie-Roux: ...
M. Lalonde: C'est de la discrimination.
M. Rivest: Avez-vous terminé, madame? A l'occasion du
conflit avec les professionnels du gouvernement, le syndicat des professionnels
avait rencontré pas mal de collègues de l'Assemblée
nationale, et un des éléments des demandes qu'ils nous avaient
adressées concernait justement les professionnels de sexe féminin
à l'intérieur du gouvernement qui subissaient, d'après ce
qu'on nous a dit, une certaine discrimination, en particulier certaines
catégories de professionnels où l'on retrouve beaucoup plus de
femmes. Est-ce qu'il y a eu dans le règlement au niveau du
ministère de l'Éducation... Vous n'avez pas d'idée? Des
rattrapages? On nous parlait de nécessité de rattrapages...
M. Morin (Sauvé): Ecoutez, on aura le document demain sur
l'évolution de la composition par secteur des proportions
féminine et masculine à l'intérieur du
ministère...
M. Rivest: Au niveau des professionnels...
M. Morin (Sauvé): De mémoire mais je
voudrais vérifier, c'est sous toute réserve la proportion
de femmes à l'intérieur du groupe professionnel a augmenté
au ministère de l'Éducation.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président?
Le Président (M. Lacoste): Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: C'est une question sur laquelle je reviens
presque annuellement. Où en êtes-vous dans les politiques ou dans
la politique que vous mettez de l'avant quant à l'éducation
sexuelle dans les écoles?
M. Morin (Sauvé): Oui, M. le Président,
madame...
Mme Lavoie-Roux: C'est qu'on n'a pas l'impression qu'il y ait une
volonté claire afin de structurer un programme cohérent dans ce
domaine. Ceci me semble d'autant plus important que, dans une nouvelle qui
avait été publiée par le MAS je crois je pense
qu'il y a peut-être eu une mauvaise interprétation... en tout cas,
là-dessus, vous pourrez peut-être nous éclairer on
songeait à distribuer les contraceptifs dans les écoles
secondaires. Vous avez dû voir ça dans les journaux. Mais, en
fait, ce n'est pas ça le fond de ma question. C'est vraiment la
première partie de ma question qui...
M. Morin (Sauvé): Oui. M. le Président, je pense
qu'il faudrait peut-être que je décrive d'abord un peu le contexte
dans lequel les travaux ont été effectués en
matière d'éducation sexuelle.
Ce projet de programme se situe à l'intérieur de ce que
nous appelons la formation personnelle et sociale des deux niveaux, aussi bien
au primaire qu'au secondaire. Il en constitue une dimension avec quatre autres,
puisque la formation personnelle et sociale est également
constituée de l'éducation familiale, du civisme, de
l'éducation à la consommation et de l'éducation à
la santé.
En 1971, le ministère avait offert un projet de programme
expérimental aux commissions scolaires sur ces cinq volets. En 1976 la
Diges avait publié un document intitulé "Éducation
sexuelle", élément d'un programme pour les écoles
catholiques de niveaux élémentaire et secondaire. Ce document
devait inspirer, devait aussi encadrer les initiatives locales et, la
même année toujours en 1976 le comité
catholique du Conseil supérieur de l'éducation avait
publié une réflexion approfondie sous le titre:
"L'éducation sexuelle dans les milieux scolaires catholiques du
Québec".
Par la suite, nous avons eu le livre vert qui a annoncé
clairement l'intention du ministère de donner au programme de formation
personnelle et sociale des objectifs précis, y compris ce qu'on appelle
l'éducation sexuelle. Un programme qui serait approprié, à
caractère obligatoire, aux niveaux primaire et secondaire.
En février 1979 nous avons publié notre plan d'action,
l'énoncé de politique sur l'école québécoise
qui est venu confirmer ce choix, lequel avait d'ailleurs fait l'objet d'un
certain consensus pendant les tournées que j'ai effectuées
à travers le Québec et nous disions ceci dans "L'école
québécoise, énoncé de politique et plan d'action":
"En rendant obligatoire au niveau primaire les objectifs de formation
personnelle et sociale, ce programme devant toutefois être
intégré le plus possible à l'ensemble des activités
éducatives du primaire." Et nous ajoutions: "... en déterminant
pour le secondaire une période/semaine à chaque degré du
secondaire pour le programme de formation personnelle et sociale dont une place
pour l'éducation sexuelle."
Nous avons donc procédé, dans la foulée de ce plan
d'action, à la rédaction d'un projet révisé de
formation personnelle et sociale. Ce projet est toujours en préparation,
mais il a avancé depuis l'an dernier en particulier.
Avec l'approbation du sous-ministre adjoint du secteur primaire et
secondaire qui pourra peut-être nous donner plus de détails dans
un instant, nous avons fait une mise à l'essai en 1979-1980 dans un
certain nombre de classes et d'écoles du Québec. Ces essais
veulent vérifier à la fois le bien-fondé des orientations
du programme et de son contenu, de même que son degré
d'application au plan pédagogique et administratif.
La version finale du projet de programme devait être
complétée en décembre 1980, une fois que toutes les
consultations auront été effectuées. Je dois dire que nous
espérons que cette version sera approuvée pour février
1981 et lancée officiellement soit en mai ou en octobre 1981.
A compter de cette date, ce sera le début de l'implantation de ce
programme à toutes ses phases: information, sensibilisation,
préparation des agents éducatifs, application graduelle du
programme selon les possibilités du milieu, parce que nous voulons
également tenir compte du milieu. Tous les milieux ne sont pas
disposés de la même façon devant ce programme qui sera,
cependant, dans notre esprit, obligatoire.
Nous faisons l'hypothèse que tous les établissements
d'enseignement devraient normalement appliquer ce programme en septembre 1982
ou 1983 au plus tard. Nous pensons que l'évolution des divers milieux,
d'ailleurs, se prête actuellement à l'implantation d'un tel
programme. (21 h 15)
Je pourrais peut-être uniquement ajouter qu'au cours de cette
année nous faisons également l'inventaire de ce qui se fait, des
programmes qui sont appliqués et des initiatives qui sont prises. C'est
la deuxième fois que nous faisons cet inventaire, parce que
déjà le programme de 1971 était un programme-cadre, mais
quand même un peu plus précis que bien d'autres programmes-cadres
et l'orientation qui avait été formulée par le
comité catholique du Conseil supérieur de l'éducation
venait en situer les orientations. Aussi le ministère des Affaires
sociales avait préparé quelques instruments.
Mme Lavoie-Roux: Qui n'ont pas eu de succès.
M. Morin (Sauvé): C'est-à-dire que les premiers
instruments ont peut-être été quelque peu provocateurs,
mais ils ont été améliorés. Il y a une meilleure
sensibilisation qui s'est faite. Il y a de moins en moins de résistance
à ce genre de programme, en autant, évidemment, que les
orientations, que les valeurs fondamentales sont respectées par tous les
agents qui l'utilisent.
Mme Lavoie-Roux: Si je comprends bien, c'est à partir de
l'automne 1980 que ceci va être... Ou avez-vous dit 1981?
M. Morin (Sauvé): J'ai dit 1981, je crois.
Mais, cette année, il y a mise à l'essai du nouveau projet
dans une trentaine d'écoles primaires et dans quatre ou cinq
écoles secondaires; nous faisons l'inventaire également de toutes
ces écoles et de toutes ces classes qui appliquent le programme de 1971
qu'ils ont souvent adapté avec un comité d'école, avec
l'infirmière de l'école ou du personnel et des parents.
Mme Lavoie-Roux: Qui va être responsable des cours au
secondaire? Vous prévoyez une heure par semaine ou une
période/semaine à chaque niveau du secondaire. Qui va être
responsable? Je pense qu'à l'élémentaire, l'approche, que
ce soit plus intégré et tout cela, me semble une chose plus
naturelle, mais, au secondaire, qui sera responsable?
M. Morin (Sauvé): Au premier cycle du secondaire, ce sera
la même chose qu'au primaire, c'est-à-dire le titulaire, puisque,
comme vous le savez, nous avons des projets de création de postes de
titulaires.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais ils ne sont pas encore en
application.
M. Morin (Sauvé): Non, mais on espère qu'à
ce moment-là il y aura déjà des titulaires, en septembre
1981, dans une bonne partie des classes secondaires du premier cycle. Pour ce
qui est du secondaire IV et du secondaire V, cela fait partie de ce qu'on
appelle l'encadrement.
Mme Lavoie-Roux: Encadrement?
M. Morin (Sauvé): Des tâches d'encadrement des
enseignants.
Mme Lavoie-Roux: Alors, vous voulez dire que les enseignants...
ça pourrait être le professeur de mathématiques. Remarquez
bien qu'il peut très bien faire cela, mais il n'y aura pas de
spécialistes ou de... Enfin, tout enseignant pourra être
responsable en secondaire IV et en secondaire V.
M. Morin (Sauvé): Oui.
Le programme sera un outil qui soutiendra l'enseignant. Il y aura, en
plus du programme, de nombreux instruments.
Mme Lavoie-Roux: Mais quelle sera la préparation des
enseignants? Il reste que, quand vous arrivez, par exemple, dans une commission
scolaire où le personnel est plus âgé et qu'il n'a jamais
fait cela... On parlait des enseignants qui avaient 20 ou 25 ans
d'expérience. Il y en aura peut-être qui le feront très
bien, mais quelle préparation allez-vous donner aux enseignants? Si vous
ne voulez pas que cela suscite de la résistance dans les premiers trois
mois...
M. Morin (Sauvé): Pour l'implantation de tous les
programmes, il y a des mesures diversifiées de perfectionnement qui sont
prévues et, pour ce programme en particulier, il s'adressera aux
maîtres qui sont les plus expérimentés, aux
éducateurs qui vont jouer un rôle d'encadrement. Il n'y a pas de
titulaire au deuxième cycle du secondaire, mais il y a du temps de
prévu pour des activités de ce type-là, comme du temps
prévu pour l'information scolaire et professionnelle et pour la
formation personnelle et sociale. On ne prévoit pas
nécessairement un modèle unique d'une période par semaine
de formation personnelle et sociale. On
peut prévoir des demi-journées par mois ou par deux mois.
Déjà, dans les expériences que nous vivons, il y a des
situations qui sont très diversifiées. C'est un enseignant qui
assume une responsabilité pour sept, huit ou dix groupes
d'élèves et qui couvre ce type de programme en plus d'une
certaine fonction d'encadrement ou autre.
Des spécialistes dans ce domaine délicat, c'est entendu
que nos centres de formation n'en ont pas créé, mais nous croyons
que ce sont des documents et des programmes qui devraient être
utilisés par des éducateurs qui sont expérimentés
et qui peuvent, avec les outils, les instruments qu'on aura et les
périodes de sensibilisation et de perfectionnement, développer ce
type d'enseignement.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que l'Université du Québec
ne forme pas des...
M. Morin (Sauvé): Des sexologues, oui. Mais disons que la
première qualité de l'enseignant en éducation sexuelle,
c'est d'être éducateur. S'il est éducateur et sexologue, il
a deux compétences qui lui permettront évidemment de mieux
réaliser les objectifs, probablement.
Mme Lavoie-Roux: Enfin, on verra l'an prochain où vous en
serez rendus.
M. Lalonde: M. le Président, si vous me permettez...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: ... j'ai seulement quelques questions
particulières et quelques autres d'ordre général. Je veux
parler du conflit scolaire à Povungnituk. Le ministre sait de quoi je
parle...
M. Morin (Sauvé): Oui.
M. Lalonde: ... à plusieurs reprises, des questions lui
ont été posées. Le seul problème, c'est que cela
fait deux ans que ça dure. Il y a le quart de la population inuite du
Québec qui vit dans cette situation; c'est un problème scolaire
épineux et ce problème est né de leur refus de
reconnaître l'entente de la Baie-James et, par conséquent, la
Commission scolaire Kativik créée en vertu de l'entente pour
remplacer l'ancienne commission scolaire du Nouveau-Québec. L'attitude
du ministère de l'Éducation nous laisse croire qu'on a simplement
décidé de laisser soit pourrir, soit mourir le
problème.
Est-ce que le ministre pourrait nous annoncer des décisions
énergiques? Pas nécessairement des mises en tutelle; cela, on en
a assez.
M. Morin (Sauvé): II y en a eu plusieurs
déjà, des mesures énergiques.
M. Lalonde: Cela lui a pris deux jours à mettre la CECM en
tutelle et cela prend deux ans pour laisser pourrir un problème à
Kativik. Est-ce qu'il pourrait nous expliquer son attentisme à cet
égard?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, comme vous le
savez, l'entente de la Baie-James intervenue avec les Cris et les Inuits en
1975 avait pour effet de créer une Commission scolaire Kativik et une
commission scolaire crie. Ce sont nos prédécesseurs qui avaient
négocié cette convention, on s'en souviendra. L'une des
difficultés qui est née de la convention réside dans le
fait que trois villages inuits n'étaient pas d'accord avec l'entente
intervenue sous l'ancien gouvernement. On se souviendra d'ailleurs comment
l'ancien gouvernement avait traité ces dissidents, ceux de Povungnituk,
d'Ivujivik et de Saglouc.
Sur le plan scolaire, les choses ont pu s'arranger partout, sauf
à Povungnituk, et nous nous sommes trouvés devant la situation
suivante: parce qu'ils refusaient l'entente, les Inuit de Povungnituk
refusaient également d'accepter l'autorité de la Commission
scolaire Kativik. Les choses se sont compliquées rapidement en
1977...
M. Rivest: Sous le nouveau gouvernement.
M. Morin (Sauvé): C'était la conséquence de
l'entente que vous aviez signée.
M. Lalonde: II y arrive.
Mme Lavoie-Roux: Et le fédéral n'a pas quelque
chose à faire là-dedans?
M. Lalonde: Pourquoi ne les avez-vous pas mis en tutelle?
M. Morin (Sauvé): II était prévu que nous
transférions à la Commission scolaire Kativik les actifs
immobiliers, en tout cas, de la Commission scolaire du Nouveau-Québec,
ce qui a effectivement été fait, sauf qu'à Povungnituk,
les habitants de l'endroit ont refusé de reconnaître ce transfert
puisqu'ils refusaient l'autorité de la Commission scolaire Kativik.
De plus, les gens de Povungnituk refusaient de reconnaître les
envoyés de la Commission scolaire Kativik ou les enseignants qu'elle
aurait pu engager.
Il a donc fallu, dans un premier temps, continuer d'offrir les services
de la Commission scolaire du Nouveau-Québec, si ma mémoire est
bonne. Autrement dit, nous avons continué de fournir les services. Nous
n'avions pas à mettre qui que ce soit en tutelle. Nous n'avions
qu'à donner les services, pendant une première année, dans
des locaux qui appartenaient à la Commission scolaire du
Nouveau-Québec et que nous avons mis à la disposition de la
population de Povungnituk.
Donc, nous avons fait preuve, je pense, de la plus grande souplesse et
nous avons tenté de répondre aux besoins réels de la
population.
Cependant, les gens de Povungnituk exigeaient du gouvernement
québécois que nous créions pour eux une commission
scolaire dissi-
dente, une commission scolaire distincte de la commission Kativik.
Nous avons pris conseil auprès des conseillers juridiques du
gouvernement qui ont confirmé notre impression première que la
chose était impossible par rapport aux obligations imposées au
gouvernement du Québec par l'entente de la Baie James.
Devant l'impossibilité de créer une autre commission
scolaire et parce que nous sommes soucieux de respecter l'entente, même
si ce n'est pas nous qui l'avons signée mais nous
considérons qu'elle lie le gouvernement du Québec, quels que
soient les changements qui peuvent intervenir nous avons proposé
d'autres solutions aux gens de Povungnituk. En fait, deux solutions ont
été proposées à l'automne et n'ont pas fait encore
l'objet d'une réponse vraiment définitive de la part des gens de
Povungnituk. D'abord, une école associée à la Commission
scolaire Kativik. L'association est une technique qui sera sans doute connue de
Mme la députée de L'Acadie, puisque la CECM l'a pratiquée
dans le passé et la pratique encore aujourd'hui.
Mme Lavoie-Roux: Quoi?
M. Lalonde: L'association. Pas la
souveraineté-association.
Mme Lavoie-Roux: Non, pas la souveraineté,
l'association.
M. Lalonde: Cela ne marche pas. M. Rivest: ... moins
à la mode.
Mme Lavoie-Roux: La souveraineté, de moins en moins.
M. Morin (Sauvé): C'est que ce n'est pas un type de
solution qu'aurait favorisée le député de L'Acadie. Dans
le temps, cela s'est pratiqué à la CECM, croyez-le ou non, et
cela permet à une école de conserver une très large part
d'autonomie par rapport à la commission qui administre
l'école.
Mme Lavoie-Roux: Nous étions flexibles.
M. Morin (Sauvé): Nous avons également offert une
autre solution qui est une entente entre la Commission scolaire du
Nouveau-Québec et la Commission scolaire Kativik pour que nous puissions
continuer, pour que la Commission scolaire du Nouveau-Québec puisse
continuer à offrir certains services. Mais je dois dire que cette
seconde solution n'a pas l'air de plaire beaucoup à la commission
Kativik.
De toute façon, nous attendons une réponse des dissidents
à l'heure actuelle. Nous n'avons pas eu de réponse claire
à cette offre et nous osons espérer que nous aurons d'ici
l'automne prochain, d'ici la prochaine année scolaire, une
réponse. Autrement, il faudra sans doute continuer à vivre
d'expédients. Les expédients, cependant, se sont
révélés utiles jusqu'ici. Je ne sais pas qui a dit qu'il
n'y avait de permanent que le temporaire, mais jusqu'ici les enfants de
Povungnituk ont eu de facto une école et des enseignants à leur
disposition, de sorte qu'ils n'ont pas perdu complètement leur
année scolaire, en dépit des événements qui ont pu
se produire à l'occasion.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je remercie le ministre de sa réponse qui
confirme sa position dans beaucoup de dossiers, c'est-à-dire qu'il
attend. Il attend que cela se règle.
M. Morin (Sauvé): II faut d'abord que cela se règle
entre les dissidents et Kativik.
M. Lalonde: Déjà une proposition a
été faite l'automne dernier, dit-il, et nous sommes
déjà rendus à l'été suivant et il est
prêt à attendre jusqu'à l'automne prochain la
réponse des gens de Povungnituk. Entre-temps, le ministre pourrait-il
nous donner des détails sur la proposition qu'il a faite et à
laquelle il attend une réponse? (21 h 30)
M. Morin (Sauvé): Oui, on va vous donner les
détails.
Nous avons déjà l'exemple, comme disait M. le ministre, de
la CECM qui administre ou qui voit à l'application des règlements
et des normes du ministère de l'Education à l'égard de
l'Ecole Socrates qui est une école associée, qui a sa pleine
liberté d'action, qui est autonome, mais qui est associée
à la CECM et qui est donc financée par la Commission scolaire de
la CECM.
Pour plus particulièrement deux des trois villages dissidents,
ils ont leur propre établissement, les établissements devront
appartenir à la Commission scolaire Kativik, mais nous avons offert aux
parents de diriger l'école et d'être associés à la
Commission scolaire Kativik. Puisqu'il s'agit d'un problème entre
Inuits, par cette association, les dissidents pourraient avoir l'école
qu'ils désirent, avec son propre projet éducatif, sans
dépendre, pour ce qui concerne le contenu, de la Commission scolaire
Kativik. C'est une hypothèse. Nous avons même invité les
dissidents à nous rencontrer à Québec. Nous avons
même voulu les amener à des écoles associées de
Montréal pour qu'ils puissent se rendre compte du degré
d'autonomie que ces écoles avaient.
La deuxième hypothèse, c'est celle qui a été
adoptée la première année, mais qui a été
refusée par Kativik depuis, c'est-à-dire que ces écoles
soient administrées à nouveau par la Commission scolaire du
Nouveau-Québec, par entente, comme il y a de nombreuses commissions
scolaires qui n'offrent pas le service à une partie de sa population et
qui préfèrent signer une entente avec une autre commission
scolaire. Mais ce sont des divergences entre Inuits. Nos moyens d'action
à cet égard sont limités, parce que les Inuits veulent
régler leurs problèmes entre eux. La Commission scolaire
Kativik les a représentés, lorsqu'il y a eu des
négociations et probablement qu'on a cru, à l'époque, que
ces dissidents pourraient normalement revenir à éliminer ou
à aplanir les divergences avec la Commission scolaire Kativik alors que,
finalement, cela s'est envenimé. Mais cette année et
l'année dernière, les cours ont été donnés.
Nous avons, par la Commission scolaire du Nouveau-Québec, vu à
l'engagement d'enseignants, d'un directeur d'école et la Commission
scolaire Kativik a laissé tous les équipements à
l'intérieur de ces écoles qui sont actuellement utilisées
aux fins éducatives.
M. Lalonde: Mais, même si c'est un problème entre
Inuits, comme vous dites, est-ce que le ministère ne se sent pas quand
même responsable de voir à ce que des services scolaires
adéquats soient donnés à cette population? Je le
présume, étant donné l'offre faite par le
ministère. Est-ce que le ministère est en mesure de porter un
jugement sur la qualité de l'enseignement qui est donné, par
exemple, à Povungnituk ou à Ivujivik? Est-ce réellement
une véritable scolarisation qui est offerte à cette population,
d'après le ministère?
M. Morin (Sauvé): Nous pensons que oui, parce que les
enseignants qui sont mis à la disposition des gens de Povungnituk sont
des enseignants de qualité. Il faudrait cependant, pour donner une
réponse complète au député, que nous puissions
faire la comparaison avec les autres écoles de la Commission scolaire
Kativik. J'imagine qu'il doit y avoir autant d'évaluations possibles
qu'il y a de villages et qu'il y a d'écoles et qu'il y a d'enseignants.
Donc, nous n'avons pas pu, depuis deux ans, procéder à une
évaluation vraiment systématique pour la simple raison que nous
sommes devant un conflit entre Inuits et que nous devons aborder ces
questions-là avec une très grande délicatesse. Nous
n'avons pas à trancher ce conflit pour les Inuits. Tout ce que nous
pouvons faire, c'est essayer de fournir les services en dépit des
circonstances dans lesquelles ils se trouvent. Nous allons continuer de faire
tous les efforts possibles pour leur donner ces services.
M. Lalonde: Mais le ministre vient de dire que le
ministère n'était pas en mesure de faire une évaluation
systématique de la qualité de l'enseignement qui est offert
à la population là-bas, mais le ministère a-t-il
tenté de faire une évaluation?
Est-ce qu'il a dépêché des représentants sur
les lieux pour se rendre compte? Est-ce qu'il y a eu une analyse quelconque?
Est-ce que, si une telle analyse a été faite, le ministre
accepterait de la déposer, de la distribuer aux membres de la
commission?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, la Commission
scolaire du Nouveau-Québec, qui a assuré temporairement les
enseignements, bien sûr, suit ces écoles comme elle suit les
autres écoles. Je n'ai pas vu, personnellement, de rapport. Si le
député veut un aperçu d'ensemble plus complet, il pourra
toujours lire dans le cachier vert les pages A-33 à A-35où nous donnons quelques chiffres, notamment le nombre
d'enseignants, les budgets qui sont prévus. Elles lui donneront une
idée de l'ampleur de l'effort que nous avons consenti en faveur des
commissions scolaires amérindiennes.
M. Lalonde: Le ministre affirme que personne de son
ministère n'a été dépêché sur place
pour faire une évaluation ou un examen de situation.
M. Morin (Sauvé): Je n'affirme pas cela du tout.
M. Lalonde: II devrait le savoir.
M. Morin (Sauvé): Nous avons effectivement une personne au
ministère qui est responsable, M. Falardeau, qui s'est rendu sur place
pour essayer de trouver des solutions aux problèmes qui se posaient, et
qui les a trouvées d'ailleurs. Je ne sache pas, à moins qu'on
m'apprenne le contraire, qu'il y ait eu une évaluation
particulière des résultats des enfants de Povungnituk. Je pense
que la Commission scolaire du Nouveau-Québec a dû agir dans ce cas
comme elle agit partout dans ses autres écoles. Si le
député veut absolument avoir des résultats, savoir comment
les enfants ont réussi ou n'ont pas réussi, on pourra
sûrement se renseigner, mais ces questions sont très
particulières. Nous n'avons pas ici à Québec les
résultats individuels de chaque enfant de la Commission scolaire Kativik
ou de la Commission scolaire du Nouveau-Québec. On peut, cependant,
obtenir ces chiffres ou ces résultats, si cela vous
intéresse.
M. Lalonde: Oui, j'aimerais beaucoup parce que des rumeurs dans
le milieu là-bas sont dans le sens que les activités scolaires de
Povungnituk et d'Ivujivik ne pourraient être considérées
comme de la scolarisation proprement dite. Il appartient au ministère de
s'assurer, pour ne pas laisser pourrir davantage une telle situation, que tel
n'est pas le cas.
M. Morin (Sauvé): Là-dessus, je pense qu'il faut
préciser qu'il y a un responsable au ministère pour les
commissions amérindiennes et cries qui s'en occupe de façon
spécifique; que le ministère a pris des dispositions
spécifiques également M. Falardeau au cours de la
dernière année et au cours de l'année qui vient
relativement à la construction d'écoles. Il y a également
des mesures qui ont été prises au plan pédagogique. J'en
cite une, par exemple, le programme d'histoire. Au moment du sommet avec les
Amérindiens, il avait été convenu que sur le programme
d'histoire, ils seraient consultés. Ils sont, de fait, consultés
actuellement. De façon plus spécifique, pour l'année
1980-1981, nous avons prévu 209 enseignants au-delà des rapports
maître-élèves prévus dans les conventions
collectives pour apporter une atten-
tion spécifique précisément aux
élèves amérindiens ou inuits.
M. Lalonde: On ne parle pas des dissidents. Cela comprend les
autres.
M. Morin (Sauvé): Je viens aux dissidents. Il y a des
mesures générales qui sont prises par le ministère pour
s'assurer de la qualité de l'enseignement et pour tenir compte des
conditions particulières des enseignements dispensés aux
Amérindiens ou dispensés aux Inuits. Pour ce qui est des
dissidents, je pense que la situation a été clairement
exposée et que le problème est exclusivement un problème
de rapports difficiles entre un groupe dissident ou un groupe majoritaire. La
qualité de l'enseignement dispensé aux dissidents ou qui
était dispensé aux dissidents avant que le problème ne se
présente est d'une nature comparable à ce qui se fait ailleurs.
Les mesures qui ont été prises, de façon
générale, à l'égard des élèves
amérindiens ou des élèves cris sont de la même
nature dans l'ensemble des deux commissions scolaires, et les efforts qui sont
faits pour adapter l'enseignement aux conditions particulières l'ont
été à l'égard de ces étudiants aussi. Sauf
que ce qui est arrivé, c'est qu'à un moment donné, le
groupe de dissidents a décidé qu'il ne voulait plus relever de la
commission scolaire qui avait été créée et ne
voulait plus d'une association comme autrefois avec la Commission scolaire du
Nouveau-Québec. Donc, il fallait trouver une solution ah hoc.
On a exposé tantôt les moyens qui ont été
pris, à la suite de nombreuses rencontres qui ont eu lieu entre M.
Falardeau et les dissidents, dont les rapports ont été faits
à M. Rousseau, à moi-même et dont on a eu l'occasion de
discuter avec M. Morin, et de nombreuses rencontres qui ont eu lieu avec le
secrétaire responsable au Conseil exécutif des Amérindiens
et des Cris, M. Gour-deau. Mais nous avons eu de nombreuses rencontres sur la
situation particulière qui prévalait là pour nous rendre
compte finalement qu'il n'était pas possible d'imposer une solution.
M. Lalonde: Non, c'est-à-dire...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: ... sans être d'accord, je comprends ce que le
sous-ministre en titre vient de dire sous l'oreille attentive du ministre, que
rien dans les rapports qui ont été faits au ministère
n'indique que la qualité de l'enseignement dispensé aux
dissidents soit différente, soit moins bonne que celle de l'enseignement
dispensé aux autres Inuits...
M. Morin (Sauvé): Je... Oui?
M. Lalonde: ... et dans tous les rapports que vous avez eus de
vos fonctionnaires.
M. Morin (Sauvé): Je pense que ce qui a pu se produire
à l'occasion, c'est que l'école n'a pas toujours
fonctionné normalement, surtout, je pense que c'était l'automne
dernier, les parents, à un moment donné, il me semble, avaient
choisi de fermer l'école ou de retenir...
M. Lalonde: A Saglouc.
M. Morin (Sauvé): ... leurs enfants chez eux.
M. Lalonde: Cela, c'est à Saglouc. Je n'ai pas encore
touché cette situation. Enfin, si le ministre veut le faire.
M. Morin (Sauvé): Oui, mais je pense que ça ne
s'est pas produit seulement à Saglouc, ça s'est produit à
Povungnituk, si ma mémoire est bonne, également.
Bien sûr, les jours de classe manqués ne se retrouvent
à peu près jamais, pas plus dans le Nord que dans le Sud, de
sorte qu'il se peut que, de ce point de vue, il y ait eu des lacunes, des
carences, mais le ministère ne peut pas forcer les parents à
envoyer leurs enfants dans les écoles sous ces latitudes et il doit se
montrer respectueux de ces milieux, de sorte que nous ne pouvons pas compenser
pour des événements comme ceux-là.
Cela mis à part, compte tenu des jours d'enseignement qui ont
été dispensés aux jeunes Amérindiens, aux jeunes
Inuits, je pense que la qualité de l'enseignement ne doit pas être
moins bonne que celle qui se donne ailleurs.
M. Lalonde: Le ministre vient de répéter ce que le
sous-ministre avait dit plus tôt à savoir que le ministère
ne possède aucune indication, dans les rapports qui lui ont
été faits, selon lesquels la qualité de l'enseignement aux
dissidents serait moins bonne que celle dispensée aux autres Inuits.
M. Morin (Sauvé): Avec les réserves que je viens
d'exprimer par rapport au nombre de jours d'enseignement qui ont pu être
manqués, nous n'avons pas de rapport à cet effet et si le
député de Marguerite-Bourgeoys en a, eh bien, qu'il nous le fasse
savoir.
M. Lalonde: Je veux savoir ce que le ministre sait. C'est
à lui de répondre aux questions.
M. Morin (Sauvé): Je pense y avoir répondu.
M. Lalonde: Je pense que j'ai été quand même
assez précis pour indiquer au ministre quelles étaient nos
inquiétudes. Il y a beaucoup de...
M. Morin (Sauvé): Oui, mais, enfin, vous laissez entendre
que la qualité ne serait pas ce qu'elle est ailleurs. Dites-nous
où est le problème. Déposez les éléments de
preuve que vous possédez et nous allons les regarder.
M. Lalonde: Vous-même avez décrit la situation comme
étant une situation tout à fait spéciale...
M. Morin (Sauvé): Bien oui. M. Lalonde: ...
particulière... M. Morin (Sauvé): Difficile, oui. M.
Lalonde: Difficile. M. Morin (Sauvé): Oui.
M. Lalonde: Alors, c'est déjà un
élément qui peut nous faire poser la question à savoir si
le résultat de cette situation difficile, c'est que les enfants ne
reçoivent pas une scolarisation qui mérite ce nom, ce mot?
M. Morin (Sauvé): Je pense, M. le Président...
M. Lalonde: Je pose la question. Le ministre dit: Non, on n'a
aucune indication à cet effet. Je répète la question et le
ministre s'en tient à sa déclaration.
M. Morin (Sauvé): C'est juste. Evidemment, il faudrait
tenir compte, dans un contexte aussi tendu que celui-là, des
répercussions des événements et des tensions entre le
village de Povungni-tuk et la Commission scolaire Kativik, de même
qu'avec l'ensemble des autres communautés inuit majoritaires. J'imagine
que ces tensions doivent avoir des conséquences d'ordre psychologique
pour les enfants; c'est tout à fait possible. Mais, dans la mesure
où nous avons pu rendre service. (21 h 45)
Notre rôle se borne à cela, essayer de trouver des
solutions ad hoc à des problèmes qui ne dépendent pas de
nous. Dans la mesure où nous avons pu rendre des services, je crois que
ces services étaient de bonne qualité.
M. Lalonde: Dans quelle mesure la situation à Saglouc
diffère-t-elle de celle qui existe à Po-vungnituk et à
Ivujivik?
M. Morin (Sauvé): D'après ce que j'en sais, la
situation a été moins grave à Saglouc qu'à
Po-vungnituk. Il semble que ce soit à Povungnituk que la tension ait
été la plus vive.
M. Lalonde: Oui, mais est-ce qu'à Povungnituk il n'y a
quand même pas un enseignement qui est dispensé par plusieurs
dizaines de professeurs, alors qu'à Saglouc un certain nombre d'enfants
ont cessé la fréquentation scolaire depuis deux ans?
M. Morin (Sauvé): II est possible que certains parents
n'aient pas respecté l'obligation scolaire, mais...
M. Lalonde: Ce serait une centaine d'élèves.
M. Morin (Sauvé): Je ne connais pas le chiffre, je ne
pense pas que ce soit tant que ça. Si le député veut me
dire où il a pris les chiffres, je puis les faire vérifier.
M. Lalonde: Non, ce n'est pas à moi à vous dire
où je prends les chiffres, c'est à vous de les trouver. J'imagine
que vous savez de quoi vous parlez, j'espère en tout cas, sauf quand on
parle du trou...
M. Morin (Sauvé): Alors, si vous me posez la question, je
pourrai obtenir des chiffres précis.
M. Lalonde: II semblerait...
M. Morin (Sauvé): Mais c'est très difficile, je
crois, à établir...
Mme Lavoie-Roux: C'est comme les illégaux. M. Lalonde:
C'est comme les illégaux.
M. Morin (Sauvé): ... lorsqu'on n'envoie pas les enfants
à l'école, dans des milieux où se pratique une certaine
autonomie de gestion sur tous les plans. Ce sont des milieux qui ne sont pas
administrés par une commission scolaire du sud, ce sont des
communautés qui prétendent s'administrer elles-mêmes. Il
est très difficile pour le gouvernement de mettre ses gros pieds dans
cette porcelaine.
M. Lalonde: Je comprends que le gouvernement a l'habitude de
mettre ses gros sabots un peu partout où il n'a pas d'affaires, mais
dans ce cas-là, il me semble que, d'après les réponses du
ministre, celui-ci fait preuve d'une méconnaissance au moins partielle
de la situation. Je l'invite à porter beaucoup plus d'attention à
cette situation qui est difficile et peut-être justement parce qu'elle
est difficile.
Deuxièmement, même héritée on
hérite toujours nos problèmes des autres,
généralement le ministre n'a aucune justification à
laisser pourrir cette situation, depuis près de quatre ans maintenant,
simplement en disant: On n'a pas eu de réponse depuis l'automne dernier
et on va attendre à l'automne prochain...
M. Morin (Sauvé): Non, nous maintenons le contact,
mais...
M. Lalonde: Et ses réponses en ce qui concerne Saglouc me
laissent songeur.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, d'après
ce que nous en savons et à moins que le député ne
dépose des faits qui aillent en sens contraire, la situation la plus
difficile, le problème le plus délicat s'est posé à
Povungnituk et non pas à Saglouc.
D'autre part, il y a à ce problème un aspect politique
indéniable en ce sens que ce n'est pas seulement la question scolaire
que soulèvent les
Inuits de ces villages dissidents, mais c'est toute la question de leur
gouvernement sur le plan municipal, sur le plan des affaires sociales, comme
sur le plan de l'éducation, de sorte que l'affaire relève non
seulement du ministère de l'Éducation, nous avons fait tout notre
possible pour fournir les services, mais elle relève aussi du niveau
politique.
A ce niveau, je crois que les problèmes demeurent
considérables puisqu'il s'agit d'un refus de la part de ces trois
villages de reconnaître l'entente signée par le gouvernement
Bourassa. Vous vous souviendrez que cette entente avait été
négociée, dans une large mesure, par l'un de vos
collègues, M. Ciaccia.
M. Lalonde: Pardon?
M. Morin (Sauvé): M. Ciaccia, oui.
M. Lalonde: Oui, très bien, oui, Ciaccia.
M. Morin (Sauvé): C'est la prononciation.
M. Lalonde: Votre prononciation.
Mme Lavoie-Roux: C'est avec Pélo qu'il a appris cette
nouvelle...
M. Morin (Sauvé): Non, c'est en fréquentant les
milieux italiens et en entendant les collègues de M. Ciaccia l'appeler
par son nom. J'ose espérer que les gens que je rencontre dans ces
milieux savent comment prononcer leur langue.
M. Lalonde: C'est une entente d'ailleurs dont on ne rougit pas,
au contraire, qui est un modèle, même en Amérique du Nord,
dans le traitement des populations autochtones.
M. Morin (Sauvé): Oui, sauf que vous n'avez pas
réglé ce problème-là et...
M. Lalonde: II y a quatre ans que vous êtes là,
réglez quelque chose, quand même.
M. Morin (Sauvé): ... il nous faut bien vivre avec et tant
qu'il y aura de la dissidence, nous n'aurons pas d'autre choix que de tenter
très délicatement de fournir des services.
M. Rivest: C'est la seule chose...
M. Lalonde: En attendant que les autres la règlent pour
vous, d'accord.
M. Rivest: II faut être juste parce que dans le dossier de
la Baie James, c'est la seule chose que vous avez appuyée,
l'entente.
M. Lalonde: C'est vrai.
M. Morin (Sauvé): Nous avions appuyé
l'entente...
M. Rivest: ... vous étiez contre.
M. Morin (Sauvé): ... sauf un chapitre. Enfin, ce
n'était pas un chapitre qui relève de l'éducation,
donc...
Mme Lavoie-Roux: Ils n'avaient pas...
M. Rivest: Non, ils étaient contre le projet de la Baie
James.
M. Lalonde: Oui, ils étaient contre cela.
Mme Lavoie-Roux: Pourtant ils en ont parlé tout le temps
de la campagne référendaire comme étant le grand
accomplissement du Québec. Cela m'étonne.
M. Rivest: Le nucléaire.
M. Morin (Sauvé): Nous étions contre... M. le
Président, si tous les membres de l'Opposition jacassent entre eux, on
ne va pas s'entendre beaucoup. Nous étions, de façon
générale, en faveur de l'entente. D'ailleurs on se souviendra que
nous y avons contribué; nous avons même fait des propositions de
changement en commission parlementaire qui ont été
agréées par M. Ciaccia.
M. Rivest: On a le droit de causer ensemble, de temps à
autre, non? Quel euphémisme.
Mme Lavoie-Roux: Je croyais que les Québécois
étaient nés pour un petit pain.
M. Morin (Sauvé): Le seul élément où
nous n'étions pas d'accord, c'était le traitement
réservé, justement, aux dissidents.
Mme Lavoie-Roux: Ça me fait penser à...
M. Lalonde: On pourrait prononcer cela comme M. Duplessis
prononçait Lucchesi.
Mme Lavoie-Roux: Vous savez la fin de l'histoire.
M. Morin (Sauvé): Je n'osais pas le dire.
M. Lalonde: M. le Président, j'aurais un autre
problème à soulever qui intéressera davantage le
député de Papineau, j'en suis sûr. Il s'agit de la
sécurité dans le transport scolaire, M. le Président. Le
résultat d'une enquête du bureau des écoles protestantes du
grand Montréal...
Mme Lavoie-Roux: II est déprimé depuis le
résultat du référendum.
M. Lalonde: ... révèle que les chauffeurs d'autobus
d'écoliers du secteur desservi par la BEPGM ont relevé 10 637
véhicules qui ont dépassé ou croisé leur autobus en
position d'arrêt avec leurs clignotants en action. A la suite de cette
enquête, le bureau demandait au ministère de l'Éducation
d'élaborer un programme de sécurité scolaire
intégré au programme d'étude, au programme
régu-
lier de l'école, deuxièmement de rendre obligatoire
à tous les élèves la participation annuelle à deux
exercices d'évacuation de l'autobus, troisièmement de fournir des
fonds pour le développement des programmes de formation de conducteurs
et pour former le personnel en charge de ces programmes de
sécurité et enfin de créer un comité de
sécurité formé de chacune des commissions scolaires de
l'île qui aurait le mandat d'élaborer ce programme de
sécurité. Je sais qu'en ce qui concerne la sécurité
routière en général le gouvernement a formé un
comité spécial devant la situation catastrophique qui s'est
développée depuis quelques années sous ce
gouvernement.
En ce qui concerne le transport scolaire de façon
particulière, est-ce que le ministre entend donner suite à ces
recommandations qui visent avant tout la sécurité de tous nos
écoliers?
M. Morin (Sauvé): Comme vous le savez, le gouvernement a
créé un conseil de la sécurité routière
auquel le ministère de l'Éducation est associé, il en fait
même partie, parce que, effectivement, depuis plusieurs années et
pas seulement depuis trois ou quatre ans, le transport scolaire cause des
problèmes notamment au niveau des accidents.
Mme Lavoie-Roux:... ne sont pas réglés. Cela va
vous prendre un autre mandat.
M. Morin (Sauvé): Je sais que le sous-ministre a eu
l'occasion de participer à deux ou trois réunions de ce conseil
où se sont effectués des travaux de nature
préparatoire.
M. le Président, pour ce qui est de la préparation des
élèves ou des étudiants à la sécurité
routière, nous en avons discuté au comité
sous-ministériel et l'attitude a été la suivante. Comme
vous le savez, la plupart des ministères, chaque fois qu'un
problème se pose, demandent que le ministère de
l'Éducation mette au point un programme. Il n'est pas possible de mettre
au point autant de programmes pour répondre à autant de besoins
particuliers. Par ailleurs, ce que le ministère de l'Éducation a
déposé c'est l'ensemble des cours qui sont donnés, tant
à l'éducation des adultes qu'au niveau collégial ou au
niveau secondaire dans le domaine de la sécurité routière
et surtout le ministère a proposé que certains guides
pédagogiques puissent être utilisés ou puissent être
préparés pour sensibiliser les élèves à la
sécurité routière. C'est en marche; cela a
été déposé à l'une de nos dernières
réunions.
Pour ce qui est du contrôle des véhicules en
eux-mêmes, vous comprendrez que ce n'est pas la responsabilité du
ministère de l'Éducation, mais la responsabilité du
ministère des Transports. Par ailleurs, pour ce qui est, comme je viens
de le dire, de la sensibilisation des étudiants, notre proposition a
été non pas de faire un programme spécifique étant
donné la grille-horaire qui existe déjà, mais plutôt
de nous servir de guides pédagogiques qui sont des outils
extrêmement intéressants et de sensibiliser les professeurs
à la nécessité de sensibiliser les étudiants
eux-mêmes, les élèves du secondaire en particulier au
phénomène de la sécurité routière.
M. Lalonde: Est-ce que le ministre croit que ces démarches
répondront aux attentes exprimées par le bureau et les autres
milieux? Il semble que ce soit plutôt une incitation à
sensibiliser les uns qui sensibiliseront les autres. Cela m'apparaît un
peu indirect comme...
M. Morin (Sauvé): II faut comprendre que c'est un
problème qui intéresse plusieurs ministères, pas seulement
l'Éducation. Cela intéresse, évidemment, le
ministère des Transports puisque c'est lui qui est responsable du
transport scolaire; au premier titre, c'est le ministère des Transports.
Le ministère de l'Éducation peut apporter, bien sûr, sa
propre contribution, notamment par les moyens qui sont les siens,
c'est-à-dire l'éducation. D'autres observations nous sont
parvenues, pas seulement du Bureau des écoles protestantes, mais de
certaines autres commissions scolaires et je puis vous dire que le conseil a
l'intention de prendre connaissance de tout cela et d'agir le plus vite
possible. C'est la première fois qu'un conseil de la
sécurité routière va être créé pour
s'occuper, justement, de ces problèmes. Auparavant, c'était le
laisser-faire le plus complet; sous l'ancien gouvernement, c'est comme si ces
problèmes n'avaient pas existé.
M. Lalonde: Ce qui est faux, M. le Président, étant
donné que le ministre, dans des situations semblables,
préfère dire des inexactitudes que de s'occuper de ses propres
problèmes. Il se souviendra que la loi pour le port de la ceinture de
sécurité a été adoptée sous l'ancien
gouvernement. Oui, justement, on s'attache au Québec. J'inviterais le
ministre à tenter de persuader ses collègues de faire appliquer
cette loi de façon un peu plus attentive, et la sécurité
routière au Québec s'en portera mieux.
M. Morin (Sauvé): Je voudrais simplement ajouter, avec la
permission du député de Marguerite-Bourgeoys, que, dans notre
effort de sensibilisation des élèves, le ministère de
l'Éducation a accepté de participer à la semaine nationale
de la sécurité routière qui se déroulera du 23 au
28 septembre prochain.
M. Lalonde: Vous êtes bien bon, merci beaucoup. Vous avez
accepté de participer avec une grande condescendance...
M. Morin (Sauvé): Nous faisons modestement notre part.
M. Lalonde: Une étude commandée au Conseil du
trésor en 1979 aurait suggéré que le secteur du transport
scolaire revienne sous la coupe de l'Éducation en 1980. Cette
étude devait faire l'objet d'une étude plus approfondie par un
comité tripartite composé de délégués du
minis-
tère de l'Éducation, de la Fédération des
commissions scolaires du Québec et des membres du Conseil du
trésor. Cela, c'est déjà quelque chose qui date d'un an au
moins. Enfin, les premières nouvelles qu'on a eues de cette étude
datent du 31 mars 1979. Est-ce que le ministre peut nous dire si cela fait
partie de l'orage d'études qui sont encore en suspens à son
ministère?
M. Morin (Sauvé): Non, je pense que cela aboutit à
une décision. En effet, une hypothèse de travail qui avait
été mise de l'avant était de rendre le transport scolaire
au ministère de l'Éducation et, dans notre esprit, cela
signifiait aux commissions scolaires. Le Conseil du trésor a fait
entreprendre des études pour savoir comment les coûts pourraient
se comparer entre la solution actuelle et l'autre solution hypothétique.
Par la suite, je sais qu'il y a eu également un comité
présidé par mon collègue, le ministre M. Léonard,
qui s'est penché sur les diverses hypothèses qui lui
étaient soumises et qui a conclu que le transport scolaire devrait
rester là où il est, c'est-à-dire au ministère des
Transports. Cela a été la conclusion.
Mme Lavoie-Roux: Vous vous trouvez encore avec les mêmes
anomalies qu'autrefois.
M. Morin (Sauvé): Comment dire? Il n'y a pas d'excellentes
solutions dans le domaine du transport scolaire, tout le monde connaît
les périls que cela peut comporter; il n'y a que la moins mauvaise des
solutions et la moins mauvaise, c'est de laisser...
M. Lalonde: C'est celle à laquelle le ministre de
l'Education n'est pas associé. C'est cela que vous voulez dire?
M. Morin (Sauvé): Non, nous y sommes associés par
le biais du conseil de la sécurité routière.
M. Lalonde: Non, l'étude commandée au Conseil du
trésor suggérait que tout le secteur du transport scolaire
revienne sous la coupe du ministère de l'Éducation. (22
heures)
M. Morin (Sauvé): C'était une hypothèse de
travail et elle n'a pas été retenue parce que la conclusion
semble avoir été qu'au point de vue des coûts, cela
n'était pas avantageux et d'autre part, les services organisés
par le ministère des Transports sont mieux planifiés qu'ils ne le
seraient s'ils étaient confiés aux commissions scolaires.
M. Lalonde: Mais ils rencontrent moins de trous qu'au
ministère de l'Éducation, sûrement moins grands.
M. Morin (Sauvé): Le député s'entend fort
bien à mêler les sauces, mais cela ne fait pas avancer beaucoup le
débat.
M. Rivest: Quelles sont les réflexions qui vien- nent
à l'esprit du ministre ou du ministère en constatant
qu'au-delà de 80% des commissaires d'écoles ont été
réélus par acclamation et que l'on prévoit que la
participation aux élections scolaires j'excepte la discussion
qu'on a déjà eue à cause de la période
référendaire sera relativement faible?
M. Morin (Sauvé): Je puis vous faire part de
réflexions préliminaires où il entre à la fois des
éléments négatifs et des éléments
positifs.
Tout d'abord, je dois dire que je pense qu'il existe une certaine crise
dans l'administration des commissions scolaires. J'ose espérer, par
contre, que les deux nouvelles lois que nous avons adoptées il y a
quelque temps avec la participation de l'Opposition, le projet de loi no 30 et
le projet de loi no 71, qui étendent les compétences des
commissions scolaires, de même que nos règles budgétaires,
qui assurent une plus grande transférabilité des montants d'un
budget à l'autre, seront de nature à résoudre une partie
de cette crise.
Toutefois, il y a un aspect de la crise qui n'est pas résolu et
qui tient à la conception que beaucoup de citoyens se font du travail
des commissions scolaires. Ce dont nous avons besoin de plus en plus, c'est de
commissaires soucieux de pédagogie, soucieux du bon fonctionnement de
l'école et beaucoup moins de construction, de terrains, de zonage, de
brique et de béton.
M. Rivest: Et de trous.
M. Morin (Sauvé): Et de tout ce que vous voudrez qui est
autre chose que de la pédagogie.
M. le Président, malheureusement, trop de commissaires ne se
soucient pas de pédagogie.
Mme Lavoie-Roux: Sur quoi basez-vous, M. le ministre, ces grandes
affirmations que vous faites?
M. Morin (Sauvé): C'est l'expérience...
Mme Lavoie-Roux: Vous faites une dépréciation
générale de tous les commissaires d'écoles à partir
de quoi?
M. Morin (Sauvé): Non, non. Loin de moi! Je suis dans les
éléments négatifs et je vais en venir maintenant aux
éléments d'espoir dans un instant.
M. Lalonde: Vous êtes bien bon.
M. Morin (Sauvé): J'ai cru constater depuis quatre ans,
puisque j'ai tout de même été amené à
fréquenter beaucoup de commissaires et de commissions scolaires, qu'un
certain nombre se soucient de pédagogie, mais que le
phénomène inverse est très répandu. Beaucoup de
commissaires n'ont pas de connaissances pédagogiques. Ils ont souvent
même une scolarité assez limitée eux-mêmes. Ceci est
pour l'aspect négatif.
M. Lalonde: Elitique!
Mme Lavoie-Roux: II ne sont pas instruits.
M. Morin (Sauvé): A côté de cela, il y a des
éléments nouveaux qui sont encourageants, par exemple, le fait
qui a été souligné par M. Mon-geau, de la
Fédération des commissions scolaires tout récemment, que
de plus en plus de parents émanant des comités d'école et
des comités de parents se portent candidats à la commission
scolaire. Ils sont de plus en plus nombreux. Et même plus
récemment, M. Mongeau faisait observer que les parents je ne sais
pas si les députés sont intéressés à ce
que...
M. Lalonde: Ils sont intéressés par autre chose que
ce que vous dites.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
M. Rivest: Jusqu'à maintenant, pas beaucoup.
M. Morin (Sauvé): Si vous me laissez venir à mes
conclusions, on pourra peut-être avoir un dialogue intelligent.
Mme Lavoie-Roux: C'était déjà 85% des
parents avant la loi 30.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, j'ai pris
connaissance des réflexions de M. Mongeau avec un certain optimisme. Je
crois qu'il a raison de souligner que c'est de bon augure que de plus en plus
de commissaires parents nommés depuis quelques mois, en vertu du projet
de loi no 30, sont maintenant intéressés à se porter
candidats...
Mme Lavoie-Roux: Cela a toujours été cela dans le
passé.
M. Morin (Sauvé): A titre de commissaires d'écoles
comment dire? élus...
Mme Lavoie-Roux: Franchement, ils se sont fait
récupérer.
M. Morin (Sauvé): ... comme le sont tous les commissaires
sous l'empire de la Loi de l'instruction publique...
Mme Lavoie-Roux: C'est effrayant...
M. Lalonde: M. le Président, le ministre me permettrait-il
une question?
M. Morin (Sauvé): ... de sorte que... Un instant! je
veux...
M. Lalonde: C'est important, parce que, là, vous
êtes en train de vous enfoncer.
M. Morin (Sauvé): Est-ce que cela porte exactement
là-dessus?
M. Lalonde: Oui, là-dessus. Quelles sont les statistiques
du ministère ou du ministre pour ce qui concerne la proportion des
commissaires qui ne sont pas parents?
M. Morin (Sauvé): Je pense que nous avons quelque part des
chiffres là-dessus. Effectivement, j'en ai vu passer il y a quelque
temps. On pourrait certainement vous les procurer.
Mme Lavoie-Roux: Avant la fin de la commission.
M. Morin (Sauvé): Oui, peut-être pour demain. Je
pense que ces chiffres existent; je les ai déjà vus. Mais c'est
encourageant ce phénomène des membres de comités de
parents et d'écoles qui se portent candidats.
Mme Lavoie-Roux: Mais cela existait avant votre loi 30.
M. Morin (Sauvé): C'est un phénomène de plus
en plus répandu...
Le Président (M. Fallu): Le prochain intervenant.
Mme Lavoie-Roux: D'accord, pour rectifier des choses.
M. Morin (Sauvé): ... de sorte que, M. le
Président, je suis porté...
M. Lalonde: Le président n'a pas le droit de parole
ici.
M. Morin (Sauvé): .. à être optimiste avec
les nouvelles compétences conférées aux commissions
scolaires par le projet de loi.
Mme Lavoie-Roux: C'est effrayant.
M. Morin (Sauvé): II y aura peut-être lieu
éventuellement de s'interroger sur la date la plus favorable aux
élections. Elle a été changée à plusieurs
reprises. Actuellement, les élections ont lieu au mois de juin. D'aucuns
prétendent qu'elles devraient avoir lieu au mois de septembre ou
d'octobre. Mais il n'est pas du tout démontré que cela
améliorerait la participation des parents.
M. Rivest: Comme autre mesure...
Le Président (M. Fallu): La parole est à Mme la
députée de L'Acadie.
M. Rivest: Mme la députée de L'Acadie, on vous
cède la parole.
Mme Lavoie-Roux: Non, je ne veux pas. Est-ce qu'il est encore
à parler sur les élections?
M. Rivest: Seulement une dernière question. Mme
Lavoie-Roux: Oui et j'y viendrai après.
M. Rivest: Est-ce que vous permettez que je termine à
cette condition?
Le Président (M. Fallu): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Vous êtes bien bon.
Le Président (M. Fallu): C'est mon rôle d'être
bon.
M. Rivest: Le ministère, en dehors de ses
réflexions pessimistes et d'autres pleines d'espoir inspirées par
M. Mongeau, a-t-il d'autres mesures qu'il envisage pour justement essayer de
renforcer l'exercice d'une démocratie, comme disait un
prédécesseur du ministre, peut-être un peu plus virile au
niveau des commissions scolaires?
M. Morin (Sauvé): Le projet de loi no 71 n'a pas encore
fait sentir tous ses effets. Il a été adopté en
décembre 1979, il y a à peine six mois. Donc, il faut donner, je
pense, un ou deux ans à la nouvelle loi pour pouvoir juger de ses
effets.
M. Rivest: Je signale au ministre qu'il y a peut-être un
phénomène analogue à celui des commissions scolaires. Dans
les municipalités, je pense que cela va relativement mieux, mais dans
les institutions de santé, cette réforme qui a été
apportée au début des années soixante-dix, cette
participation électorale au niveau de l'administration des centres
d'accueil, etc., aussi tourne à vide en très grande partie
également. N'y a-t-il pas un phénomène peut-être
beaucoup plus profond que celui qu'on peut évoquer par des mesures qui
risquent d'être superficielles finalement?
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): Si le député a des
suggestions à nous faire, qu'il les fasse. J'ai entendu plusieurs
hypothèses récemment, notamment que nous devrions modifier le
caractère des commissions scolaires, par exemple, en leur donnant des
conseils d'administration semblables à ceux qu'on trouve dans les CEGEP.
A la réflexion, j'ai pensé qu'il valait mieux maintenir le
système actuel et tenter de remotiver les commissaires en
étendant les compétences des commissions scolaires. Je sais qu'il
court dans le milieu toutes sortes d'hypothèses de ce genre-là.
Si le député de Jean-Talon en a, je suis prêt à les
écouter.
M. Rivest: Justement, compte tenu de ces
hypothèses-là la dernière n'est peut-être pas
tellement pratique dans le contexte actuel le ministère a-t-il un
dossier là-dessus? Y a-t-il une réflexion qui s'effectue quelque
part au ministère ou est-ce la réflexion du ministre?
M. Morin (Sauvé): Nous avons entrepris une longue
réflexion avec la Fédération des commissions scolaires au
sein du comité mixte qui découlait de la grande conférence
de janvier 1979 sur les responsabilités des commissions scolaires, parce
que, dans notre esprit, c'est dans une large mesure une question de
responsabilité et surtout de responsabilité
pédagogique.
M. Rivest: D'accord.
M. Morin (Sauvé): Plus les commissions scolaires auront
des responsabilités et, notamment, des responsabilités d'ordre
pédagogique, plus nous pensons qu'elles attireront des
éléments dynamiques et compétents.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Dernière question. Est-ce que le ministre
pourrait jeter un coup d'oeil encore là par analogie du
côté des mesures que son collègue, le ministre des Affaires
municipales, a présentées je pense qu'elles sont
maintenant devant la Chambre au titre du renforcement de l'exercice de
la démocratie au niveau des municipalités.
M. Morin (Sauvé): Oui, j'ai pris connaissance de ce
projet, et notamment, de l'élargissement des conseils municipaux qui,
dans certains cas, passent de six à seize, par exemple, dans les villes
qui ont quelque 100 000 habitants. Dans le secteur d'éducation, je ne
suis pas sûr que ces mesures soient transposables telles quelles, parce
que nous avons déjà des organismes scolaires qui sont trop
nombreux, notamment, des régionales où on a jusqu'à 50 et
70 et même 89 commissaires, ce qui, évidemment, devient un
organisme à peine gouvernable.
M. Lalonde: C'est un Parlement.
M. Morin (Sauvé): Oui, c'est presque un Parlement. On nous
a fait observer qu'en général, il se produit le
phénomène suivant: Ce ne sont pas les commissaires qui
mènent, mais ce sont les permanents, ce sont les fonctionnaires qui, en
définitive, mènent ces commissions.
Mme Lavoie-Roux: C'est comme le ministère de
l'Education.
M. Rivest: Où cela?
M. Lalonde: Dieu nous en garde!
M. Morin (Sauvé): C'est un phénomène que le
ministère a eu l'occasion d'analyser à plus d'une reprise.
Mme Lavoie-Roux: C'est un bon terrain
d'expérimentation.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Cette question qui semblait anodine de la part du
député de Jean-Talon, quand même soulève un
problème fondamental. L'évolu-
tion de la démocratie scolaire, ces dernières
années, a créé, en fait, ce que le ministre lui-même
appelle une crise. Cela n'a pas été réduit, au contraire,
par la réforme de la fiscalité municipale qui a vu les
commissions scolaires dépouillées littéralement de tout
pouvoir financier, quoique celui qu'elles possédaient jusqu'alors
fût quand même assez marginal ou enfin illusoire, dans une certaine
mesure.
M. Morin (Sauvé): Je ne vous le fais pas dire.
M. Lalonde: II reste qu'un grand nombre de personnes sont
inquiètes de l'évolution que le ministère entend prendre
dans la réforme des commissions scolaires. En réponse à
une question que j'avais posée à l'Assemblée nationale
avant le référendum vous savez le référendum
de 60% de non au premier ministre, pour nous assurer que le
référendum ne coïncide pas avec la période
électorale dans le monde scolaire, le ministre de l'Education, dans une
sorte de réponse additionnelle, avait dit qu'il songeait à faire
une réforme, de toute façon, qui rendrait les élections ou
le problème électoral plutôt secondaire. Est-ce que le
ministre pourrait nous...
M. Morin (Sauvé): Ce n'était pas tout à fait
cela. Enfin, terminez la question!
M. Lalonde: C'est ce que j'ai compris. Est-ce que le ministre
peut s'engager ici, premièrement, à consulter, et au besoin,
à faire même une enquête publique sur le sort de la
démocratie, non seulement dans le domaine scolaire, mais dans ce que le
député de Jean-Talon mentionnait, toute l'expérience
depuis une dizaine d'années dans le secteur des centres d'accueil, des
centres hospitaliers, soit faire une enquête publique vous nous
demandiez des propositions soit une consultation en profondeur avant de
proposer une réforme qui pourrait faire souffrir la démocratie
dans ce secteur?
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, ce dont il a
été question à l'Assemblée, c'est essentiellement
de la question de la date des élections. Effectivement, il se fait une
certaine réflexion. J'ai eu l'occasion moi-même d'en parler
à l'occasion avec des commissaires. A quel moment devrait avoir lieu la
date? Autre modalité: Est-ce que tous les commissaires ne devraient pas
être élus ensemble, au lieu de renouveler par tiers, comme c'est
le cas dans un grand nombre de commissions scolaires à l'heure actuelle?
Est-ce que le fait de les élire tous ensemble ne permettrait pas une
démocratie plus vivante au niveau scolaire? (22 h 15)
Ces questions, nous les examinons à l'heure actuelle et je ne
prendrai certainement pas de décision cependant sans en avoir
traité longuement avec la Fédération des commissions
scolaires. J'estime que c'est à la fédération qu'il
revient de participer activement à ces décisions.
Je ne pense pas que ces problèmes en particulier aient
été très approfondis au sein du comité mixte, parce
que nous étions très absorbés et par les
responsabilités, la question des responsabilités qu'il fallait
trancher c'est celle-là sur laquelle la fédération
mettait l'accent et par la question également du financement, la
question des règles budgétaires.
Il reste le volet effectivement de l'avenir des commissions scolaires.
C'est le troisième thème qui était prévu à
la suite de la conférence Québec-commissions scolaires.
M. Lalonde: Parce qu'il y a le cinquième rapport qui
était dans la foulée d'un livre coloré je ne me
souviens plus quelle couleur du ministère de
l'Aménagement.
Mme Lavoie-Roux: ... vert, celui-là.
M. Lalonde: C'est un livre vert, probablement...
Mme Lavoie-Roux: Vert.
M. Lalonde: ... et ce cinquième rapport, qui avait
été caché par le gouvernement, s'est trouvé
à un moment donné sur mon bureau, et on a découvert...
M. Morin (Sauvé): II n'a pas dû être
très bien caché.
M. Lalonde: ... que la proposition, que l'hypo-thèse qui
était inscrite, en fait, dans ce cinquième rapport, voulait que
la mission éducative soit confiée, dans cette grande
réforme, à une espèce de commission non élue d'un
nouveau gouvernement régional à caractère municipal
élargi, de même que toute la mission sociale, c'est-à-dire
de services de santé, soit aussi confiée à une commission
non élue. Est-ce que le ministre peut, d'emblée,
déjà, catégoriquement rejeter cette hypothèse et
nous assurer que ce seront des organismes démocratiques,
c'est-à-dire formés de personnes élues directement par la
population qui vont continuer de s'occuper de ces missions?
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): Cette hypothèse n'a pas
été retenue, M. le Président. Il y en avait plusieurs
autres qui n'ont pas été retenues davantage et le premier
ministre a eu l'occasion, lorsqu'il est allé rencontrer les commissions
scolaires en congrès, de leur dire que la décision du
gouvernement était de maintenir des commissions scolaires élues.
Peut-être conviendra-t-il, au cours des discussions sur l'avenir des
commissions scolaires, à condition que le comité mixte puisse
reprendre ses réunions, puisqu'il n'en tient pas à l'heure
actuelle, que je sache, en tout cas, en raison des contestations devant les
tribunaux, ce qui retarde nos travaux. Mais si on peut...
Mme Lavoie-Roux: Pour une fois, ce n'est pas de notre faute.
M. Morin (Sauvé): ... enfin reprendre les travaux
dans notre esprit, le plus rapidement sera le mieux eh bien, nous
pourrons peut-être discuter des modalités d'élection, par
exemple, des commissaires. Mais, dans notre esprit, les commissions scolaires
sont là pour y rester.
Le Président (M. Lacoste): Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'ai
écouté le ministre de l'Éducation avec suffisamment
d'attention pour bien réaliser que son analyse des commissions scolaires
ou du rôle des commissaires est pour le moins biaisée. Je le dis
et je le crois profondément. Il n'y a pas de gouvernement qui ait autant
travaillé à la dévalorisation des commissions scolaires
que le gouvernement actuel. Quand...
M. Morin (Sauvé): Le projet de loi no 71 dit le
contraire.
M. Lalonde: Whoa! Allons donc!
Mme Lavoie-Roux: Vous savez fort bien que, dans le projet de loi
no 71, on a remis jusqu'à maintenant que pour un certificat
médical, entre autres... Ce n'était plus le ministère de
l'Éducation qui en était responsable, l'examen médical des
enfants, mais c'étaient les commissions scolaires, ce qu'elles faisaient
depuis, je ne sais pas, des années. Vous savez que ce sont des
miettes.
Mais toute votre attitude a été de dévaloriser
constamment les commissions scolaires et les commissaires. On n'a eu
qu'à entendre le discours que vous venez de nous tenir il y a à
peu près dix minutes. Quand le ministre vient nous dire qu'il a de
l'espoir parce qu'il a fait adopter la loi 30 et que, tout à coup, les
parents qui ont été nommés... Quand a-t-elle
été adoptée exactement, la loi 30? J'oublie.
M. Morin (Sauvé): En juin 1979. M. Lalonde: II y un
an.
Mme Lavoie-Roux: II y a un an... et que ça, ça va
servir au renouvellement des commissaires d'écoles. M. le ministre
savait fort bien, au moment où il a fait adopter sa loi 30, que la
très grande majorité des commissaires venaient déjà
des comités d'école et que cette espèce de nouveau
commissaire qu'on a ajouté, qui était censé être la
conscience du milieu, on lui avait annoncé qu'il se ferait
récupérer très vite, et c'est d'ailleurs ce que le
ministre vient de nous annoncer puisque maintenant ils sont déjà
candidats aux élections scolaires.
Dans le fond, on n'a rien changé et les choses demeurent les
mêmes. Quand le ministre dit que les commissaires d'écoles ne
s'occupent que de briques, béton et chauffage,
électricité...
M. Morin (Sauvé): J'ai dit que ça changeait fort
heureusement.
Mme Lavoie-Roux: Je ferai remarquer au ministre que ceci est
changé et a évolué depuis longtemps et qu'on n'a pas
à reprocher aux commissaires d'écoles qu'ils soient plus ou moins
instruits. Ils sont élus par le peuple et ils représentent
justement la société d'où ils émanent et les
milieux d'où ils émanent, et je ne vois pas pourquoi le ministre
pense qu'il faille dire qu'ils ne pensent qu'au béton parce qu'ils ne
sont peut-être pas suffisamment instruits. Je trouve ça...
M. Morin (Sauvé): Je n'ai pas dit ça, c'est vous
qui le dites, madame, c'est vous qui le dites.
M. Lalonde: Suffisant.
Mme Lavoie-Roux: ... suffisant. C'est ce que vous avez dit, M. le
ministre.
M. Lalonde: Ah oui! On peut relire le journal des
Débats.
Mme Lavoie-Roux: Et tous les gestes qui ont été
posés par le ministre de l'Education ou le ministère de
l'Education...
M. Lalonde: A moins que vous vouliez vous rétracter.
Mme Lavoie-Roux: ... depuis que ce gouvernement a
été là, toutes les décisions qui ont
été prises, ont toujours été prises au
détriment des commissions scolaires. D'ailleurs on a mis sous le
boisseau le rapport V auquel mon collègue de Marguerite-Bourgeoys
faisait allusion, parce que politiquement ce ne serait pas trop bon d'aller
trop vite.
M. Rivest: Avant le référendum.
Mme Lavoie-Roux: Avant le référendum, surtout. Mais
là, je viens d'entendre le sous-ministre qui nous dit: "La
troisième phase du fameux comité commission scolaire du
comité conjoint c'est l'avenir des commissions scolaires". C'est fort
intéressant.
M. Morin (Sauvé): Cela a été convenu avec la
fédération au moment de la grande conférence. Donc, ce
sont eux qui nous ont demandé...
Mme Lavoie-Roux: D'ailleurs cette grande conférence...
M. Morin (Sauvé): Je veux préciser ce
point-là, c'est important.
Mme Lavoie-Roux: Oui, allez.
M. Morin (Sauvé): Parce qu'il ne faudrait pas que vous
laissiez les membres de cette commission sous une idée fausse.
Mme Lavoie-Roux: On ne voudrait surtout pas, parce que ça
ne vous arrive jamais, à vous.
M. Morin (Sauvé): C'est à la demande de la
fédération que nous avons créé ce comité
mixte et que nous lui avons donné le mandat auquel vous venez de vous
référer. Bon.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Bon! Je suis fort aise de vous
entendre dire que c'est à la demande de la fédération que
vous aviez créé ce comité conjoint parce que je vous ai
entendu parler en Chambre des initiatives que vous aviez prises alors que cela
a été sous la pression de la Fédération des
commissions scolaires et des commissions scolaires que, finalement, vous avez
mis en marche une promesse qui avait été faite au moment du
sommet des municipalités et vous aviez dit aux commissions scolaires:
"Tenez-vous tranquilles, on vous en fera un" et là, elles ont
poussé dessus. Il a fallu qu'elles fassent encore pression pour que le
fameux comité conjoint se mette en marche lui-même, qu'il ait ses
rencontres, alors que vous discutiez de l'avenir des commissions scolaires.
Et je pense que le ministre vient de récidiver d'une façon
épouvantable en disant: Ils ne sont pas très instruits, ce qui
les intéresse c'est la brique et le béton, mais il y a de
l'espoir depuis que j'ai ma loi 30. Et là, tout à coup, ce seront
des parents autour de la table des commissaires. Mais il y a un bout à
exagérer! Je connais les limites des commissaires. Il y a eu une
évolution, compte tenu, justement de l'évolution qu'il y a eue
dans la société en général, peut-être du fait
qu'il y a aussi plus de femmes qui s'impliquent dans les commissions scolaires,
cela a aussi contribué à créer d'autres
intérêts peut-être que la brique et le béton au cours
des années.
M. Morin (Sauvé): C'est une autre lueur d'espoir.
Mme Lavoie-Roux: Mais que le ministre se sente si instrumental
dans la revalorisation des commissions scolaires, j'aimerais lui voir poser
d'autres gestes que ceux qu'il pose constamment à leur endroit et
d'autres jugements à l'endroit des commissaires.
Je pense que je n'ai rien exagéré, c'est exactement les
choses telles qu'elles sont.
M. Morin (Sauvé): M. le Président...
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): ... il y a des choses que je ne peux
tout de même pas laisser passer et je voudrais simplement rappeler
à Madame le député que jamais auparavant il n'y a eu une
conférence de l'ordre de celle que nous avons organisée avec les
commissions scolaires en janvier 1979. C'est un premier fait. Jamais il n'y a
eu de grandes rencontres au sommet de cette sorte et ça ne pouvait pas
venir de la part d'un gouvernement qui estimait que les commissions scolaires
sont sans conséquence. Au contraire.
Deuxièmement, nous avons rendu permanents les comités
patronaux pour fins de négociations. Ces comités sont
désormais permanents. Que je sache, ils ne l'étaient pas
auparavant. Cela non plus n'est pas un symptôme de négligence
à l'endroit des commissions scolaires ou un signe que nous les traitons
avec mépris. Au contraire, nous nous associons à elles pour les
négociations de façon permanente. Ensuite, en dépit de
tout ce que vous direz sur la loi 71, je pense qu'elle constitue un
progrès, et, d'ailleurs, la...
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai pas parlé de la loi 71, j'ai
parlé de....
M. Morin (Sauvé): D'ailleurs, la fédération
avait fait des demandes au comité mixte et la loi no 71 a répondu
à ces demandes. Donc, on ne peut pas dire que nous n'avons pas
été sensibles aux demandes des commissions scolaires. Ce sont
elles qui nous ont demandé d'inscrire dans la loi toute une série
de pouvoirs. Nous l'avons fait. Maintenant, on viendrait nous reprocher de
n'avoir pas agi? Il y avait des années et des dizaines d'années
que jamais la liste des pouvoirs des commissions scolaires n'avait
été mise à jour, modernisée. C'est fait maintenant.
Enfin, il y a aussi, et ce n'est pas négligeable, les nouvelles
modalités d'allocation des ressources qui vont accorder une plus grande
autonomie de gestion aux commissions scolaires. Cela fait tout de même
toute une série de faits qui, je pense, tendent à
démontrer le contraire de ce que vient d'affirmer le
député de L'Acadie.
Le Président (M. Lacoste): Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, d'abord, je voudrais
rappeler que le sommet je pense qu'il ne s'appelait pas sommet
celui-là la conférence le sommet c'était bon
pour les municipalités, les autres c'était une conférence
conférence-commissions scolaires...
M. Morin (Sauvé): Nous l'appelons le sommet.
Mme Lavoie-Roux: Mais le titre était:
Conférence-commissions scolaires ministère de l'Education
on ne se disputera pas là-dessus. Quand harcelé par la
fédération des commissions scolaires, qui n'avait pas
été invitée au sommet justement du gouvernement et des
municipalités, le ministre a dit...
M. Morin (Sauvé): Je m'excuse, elle avait
été invitée. Elle était présente.
Mme Lavoie-Roux: Après que tout le monde s'eut battu pour
qu'elle soit finalement invitée, un nombre très limité,
etc.
M. Morin (Sauvé): Je ferai observer que la
réciproque ne s'est pas appliquée aux municipalités au
moment de la conférence Québec-commissions scolaires.
Mme Lavoie-Roux: Les municipalités l'ont-elles
demandé?
M. Lalonde: Elles avaient déjà eu leur sommet.
Mme Lavoie-Roux: Elles avaient déjà eu leur
gâteau, alors. De toute façon...
M. Morin (Sauvé): Vous pourriez en parler aux
municipalités.
Mme Lavoie-Roux: De toute façon, si vous voulez qu'on
parle des municipalités, on fera venir le ministre des Affaires
municipales, pour le moment on parle d'éducation. Alors, il a fallu,
après cela, que la fédération des commissions scolaires
revienne à la charge, combien de foisl, pour que finalement à la
fin de janvier on tienne une fameuse conférence-commissions
scolaires-ministère de l'Éducation, et vous savez comment a
été menée cette conférence. J'en ai
déjà fait la description. Je n'y reviendrai pas. C'est une
première chose.
M. Morin (Sauvé): Cela a été une
conférence qui a connu un très grand succès, pour autant
que je suis concerné, qui a mené à la création du
comité mixte, qui a mené au changement contenu dans le projet de
loi no 71.
Mme Lavoie-Roux: Je vous enverrai les coupures de presse et les
impressions des commissions scolaires à cet effet, M. le ministre.
Peut-être que vous serez moins optimiste sur ce que vous avancez.
M. Morin (Sauvé): Je pense que si vous collectionnez
toutes les coupures de presse, vous allez avoir un tableau complet. Si vous ne
découpez que ce qui fait votre affaire pour décrire...
M. Lalonde: Le tableau complet est en défaveur du
ministère. Oui, avouez-le.
M. Morin (Sauvé): Ce n'est pas l'impression que nous en
avions, sûrement pas.
M. Lalonde: Souvenez-vous de ce que la fédération
des commissions scolaires est venue vous dire, M. le ministre, lors de
l'étude de la loi no 57. Souvenez-vous. Vous ne vous en souvenez
pas?
M. Morin (Sauvé): Vous parlez de la réforme
fiscale. C'est une autre affaire.
M. Lalonde: Non, ce n'est pas une autre affaire. Vous vous
cachiez derrière le ministre des Finances pour tenter de vous excuser de
dépouiller les commissions scolaires d'à peu près tout
pouvoir financier.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, s'il faut ouvrir
ce dossier, je suis tout à fait prêt à suivre le
député de Marguerite-Bourgeoys, quoique je ne suis pas sûr
que cela fasse avancer beaucoup la cause des commissions scolaires, puisque de
toute façon le gouvernement antérieur, à propos de la taxe
normalisée, avait déjà commencé à la
réduire. C'est le ministre des Finances du gouvernement Bourassa qui,
chaque année, enlevait de $0.05 à $0.10 à la taxe
normalisée. C'était une taxe qui n'avait plus de local que le
nom. Elle était fixée par Québec et, comme vous le savez,
il ne restait plus que la perception, laquelle était souvent faite par
les municipalités. Alors, qu'on ne vienne pas nous demander de nous
apitoyer sur le transfert de l'impôt scolaire normalisé.
Le Président (M. Lacoste): Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: C'est par contre à l'initiative du
gouvernement actuel qu'on a bien pris soin de geler le pourcentage de surtaxe
qu'on a laissé aux commissions scolaires. Il ne doit pas dépasser
un certain sommet. Ce qu'il leur restait de marge...
M. Morin (Sauvé): Sauf s'il y a consultation de la
population par la commission scolaire.
M. Lalonde: Oui, mais c'est enlevé à l'organisme
lui-même, le pouvoir.
Mme Lavoie-Roux: Tout ce que vous avez pu faire pour les
contrôler, votre gouvernement l'a fait, M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): A compter du moment où on avait
transféré l'impôt scolaire normalisé, on ne pouvait
pas permettre aux commissions scolaires de taxer ad libitum parce qu'elles
auraient réoccupé instantanément quasiment tout le champ
de l'impôt scolaire normalisé et, à terme, probablement
tout le champ de l'impôt scolaire libéré aux fins
municipales.
Mme Lavoie-Roux: Elles sont tellement irresponsables que,
même si vous les aviez subventionnées pour toutes les
dépenses dites normalisées, comme tel est le cas, elles auraient
été assez irresponsables pour recommencer à occuper d'une
façon totale le champ de taxation ou de l'impôt foncier. Voyons
donc! (22 h 30)
M. Morin (Sauvé): Vous savez...
Mme Lavoie-Roux: C'est la mesure de la confiance que vous avez
à leur endroit, M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je pense que Mme
le député de L'Acadie sait fort bien que certaines commissions
scolaires se payaient jusqu'à 30% d'excédent de leurs
dépenses nettes sous forme d'impôt.
M. Lalonde: Elles sont élues...
Mme Lavoie-Roux: Elles s'étaient fait
réélire, non?
M. Morin (Sauvé): Le danger, c'était de revenir
à la situation qui prévalait avant la réforme scolaire
où il y avait des commissions scolaires riches parce qu'elles avaient
une assiette fiscale considérable, et des commissions scolaires
défavorisées.
Mme Lavoie-Roux: Ne retournez pas à MathuV salem.
M. Morin (Sauvé): Toute la réforme scolaire a eu
pour objet d'égaliser les conditions entre les commissions scolaires et
de faire en sorte que les régions défavorisées puissent se
donner un enseignement de qualité qui soit au même niveau que
celui des régions favorisées. On voudrait revenir en
arrière là-dessus? Je reconnais bien là les attitudes
sociales de l'opposition libérale.
M. Lalonde: M. le ministre, permettez-moi. Votre réforme,
qui permet le référendum, permet aussi à un milieu plus
favorisé de dépenser davantage. Alors, qu'est-ce que vous avez
à dire là-dessus?
M. Morin (Sauvé): Tout simplement que la compensation en
faveur des milieux défavorisés ou, disons, économiquement
faibles, se fait maintenant par les subventions, par tête, et ne changent
pas d'une région à l'autre à travers tout le Québec
en provenance du gouvernement. Plus, selon les dernières règles
de financement que le gouvernement veut appliquer, une
péréquation supplémentaire en faveur des commissions
scolaires les plus défavorisées.
M. Lalonde: Cette égalisation des ressources existait
même avant la réforme fiscale; vous savez très bien que
c'est depuis la réforme scolaire que cela existe, justement pour
empêcher que les milieux plus favorisés puissent offrir une
qualité de services plus grande que les milieux moins favorisés.
Ce n'est quand même pas le Parti québécois qui a
inventé cela, premièrement. Deuxièmement... laissez-moi
terminer.
M. Morin (Sauvé): Nous continuons dans la même
direction.
Mme Lavoie-Roux: C'est ce que la loi 71 a fait, M. le
ministre.
M. Lalonde: C'est-à-dire que vous le permettez par un
référendum, de sorte que vous dépouillez l'organisme
démocratique lui-même de toute ressource. Je vais vous citer, M.
le ministre.
M. Morin (Sauvé): Depuis quand un référendum
dépouille-t-il...
M. Lalonde: Laissez-moi terminer. D'après un journal, le
Courrier-Sud du mardi 15 avril 1975, vous avez dit: "Tout se passe comme si le
gouvernement pour exercer un contrôle complet sur le Québec
voulait dépouiller les organismes lo- caux de toute initiative et de
toute ressource." M. le ministre, regardez-vous, c'est un miroir, c'est ce que
vous avez fait dans le domaine scolaire depuis trois ans et cela empire
à mesure que cela continue. C'est pour cela qu'on vous demande quelles
sont vos intentions en ce qui concerne la réforme scolaire.
M. Morin (Sauvé): Non seulement cela, mais si je peux tout
de même répondre à cela, Mme le député de
L'Acadie...
Mme Lavoie-Roux: Je me fais...
M. Morin (Sauvé): Non seulement nous n'avons pas
dépouillé les commissions scolaires d'un impôt qui
était fixé par Québec de toute façon, mais nous
intervenons encore plus qu'auparavant par le truchement de la
péréquation pour celles qui sont les plus
défavorisées. Donc, nous poussons plus loin l'égalisation
des chances en faveur de celles qui n'ont pas toujours les mêmes sources
financières que les commissions scolaires les plus avantagées.
Non seulement cela, mais pour les régions où l'on trouve des
milieux économiques faibles, nous avons fait une politique
spéciale qui vient encore compléter et encore compenser..
Mme Lavoie-Roux: Ah oui! Voulez-vous qu'on vous encense pour cela
aussi?
M. Rivest: Qu'on apporte l'encens.
M. Morin (Sauvé): Ce serait une nouveauté, tout de
même. Je crois que le gouvernement a adopté d'excellentes
politiques dans ce domaine et je ne vois pas pourquoi je n'en ferais pas
état.
Mme Lavoie-Roux: Sauf qu'on est un peu en retard sur ce qui
existe.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, enfin, ce serait
une nouveauté que de soutenir qu'une commission scolaire qui, pour
augmenter ses impôts, doit consulter la population, que ce n'est pas
démocratique, voyons! C'est exactement le contraire. Les commissions
scolaires peuvent augmenter leur impôt au-delà des 6% de leurs
dépenses nettes, mais à la condition de consulter les
contribuables. Est-ce qu'on peut imaginer un processus plus démocratique
que cela?
Le Président (M. Lacoste): Mme la députée de
L'Acadie.
M. Rivest: Que de vertus!
Mme Lavoie-Roux: Je voulais seulement ajouter pour terminer, M.
le Président, dans ce tableau que j'ai tenté brièvement de
dresser pour démontrer l'attitude du gouvernement actuel à
l'égard des commissions scolaires, que le dernier geste qu'il a
posé je ne veux pas parler de la tutelle touchant les
élections scolaires de l'île de Montréal... on a
réussi à la réveiller.
M. Lalonde: Une bonne petite chicane.
Mme Lavoie-Roux: Pour ce qui est du dernier geste qui a
été posé quant aux dates des élections scolaires
sur l'île de Montréal et probablement à l'extérieur
de Montréal où elles ont lieu je pense que dans le cas de
la Commission scolaire de Québec, c'est le même régime
qu'à la Commission scolaire de l'île de Montréal
deux semaines après le référendum, alors que nous vous
l'avions signalé et que vous voulez et dites que la démocratie
s'exerce le plus possible, que vous disiez qu'il fallait une plus grande
participation de la population aux élections scolaires, vous
décidez, envers et contre tous, de maintenir la date des
élections scolaires quinze jours après le
référendum. Et vous avez le résultat que vous avez.
C'est la première fois, par exemple, qu'à la CECM il y a
des gens qui sont élus par acclamation, ce qui ne s'était jamais
vu alors qu'il y avait toujours une lutte électorale. Je pense que c'est
sain en démocratie et lorsqu'on commence, sur l'île de
Montréal, à créer cette attitude que les gens vont se
faire élire par acclamation dans les commissions scolaires, je trouve
cela regrettable.
Dans ceci, le gouvernement actuel a sa part de responsabilités.
Il aurait dû déplacer la date des élections scolaires. Tous
vos discours au sujet de l'exercice de la démocratie scolaire sonnent un
peu faux quand on voit les gestes que vous posez, M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, la
décision qu'a prise le gouvernement, je pense, était
fondée, parce que le fait de reporter les élections à
l'automne aurait entraîné une série de conséquences
fort complexes.
Mme Lavoie-Roux: C'est toujours ainsi.
M. Morin (Sauvé): Oui, puisque forcément il aurait
fallu revoir tout le système.
M. Rivest: C'est vous qui avez décidé de la date du
référendum. Cela fait trois ans que vous aviez
décidé de la date du référendum. Vous auriez
dû prévoir ça.
Mme Lavoie-Roux: Vous auriez pu les retarder d'un an.
Le Président (M. Lacoste): La parole est au ministre de
l'Education.
M. Morin (Sauvé): Non, parce qu'il y aurait eu des
conséquences en chaîne, étant donné qu'il y a des
renouvellements dans plusieurs commissions scolaires, des renouvellements
chaque année. Il aurait donc fallu remettre les élections
d'année en année.
M. Lalonde: C'est comme un deuxième
référendum.
M. Morin (Sauvé): Et cela s'est avéré
finale- ment, quand nous avons consulté les milieux
intéressés, bien plus compliqué que nous ne le pensions.
Et à tout prendre, nous avons décidé de maintenir la date.
Je crois que c'était une bonne décision.
Mme Lavoie-Roux: Avec les résultats qu'on
connaît.
M. Rivest: Oui, de beaux résultats!
M. Morin (Sauvé): On verra qui sera élu. On verra
comment seront gérées les commissions scolaires. De toute
façon, ce n'était pas tellement brillant du temps du gouvernement
antérieur. Les taux de participation n'ont jamais été
très rutilants, hélas!
Mme Lavoie-Roux: Au moins, il y avait des luttes
électorales et je pense que cela demeure sain en démocratie,
qu'une opposition puisse se manifester au moment des élections.
M. Morin (Sauvé): Si vous voulez des explications, M. le
Président, je vous conseillerais d'avoir un entretien, soit avec Mme
Biche ou avec M. Taddeo, qui pourront peut-être vous dire les sources
d'un certain désenchantement chez les commissaires de la CECM.
Mme Lavoie-Roux: Vous êtes tout à fait en dehors du
problème. Vous pouvez faire de la personnalité, d'autant plus que
vous parlez de deux de mes bons amis. Je n'ai pas à aller les voir pour
leur demander ce qu'ils en pensent. Ce n'est pas le problème que je
soulève. Ce n'est pas le cas de Mme Biche, ce n'est pas le cas de M.
Taddeo, ce n'est pas le cas de M. Montigny, dont on a mentionné le nom
dans le journal. Ce n'est pas cela le problème. Le problème c'est
que vous avez saboté l'élection scolaire sur l'île de
Montréal en particulier, pour l'année 1980.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, Mme le
député de L'Acadie a droit à ses opinions et elle a le
droit de les énoncer publiquement aussi. Mais je ne crois pas que ce
soit le cas. Je crois qu'il faut chercher les sources ailleurs. J'en ai
indiqué au cours de mes réflexions ce soir. J'ai tenté de
cerner le problème et je pense qu'il va falloir reprendre cette question
avec la Fédération des commissions scolaires, au sein du
comité mixte, quand nous allons enfin aborder la question de l'avenir
des commissions scolaires.
M. Lalonde: M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je voudrais revenir au coup de force du ministre en
ce qui concerne la CECM, la mise en tutelle un peu caractérisée,
parce que ce n'est pas une véritable mise en tutelle. On s'est servi de
cet article pour forcer une commission
scolaire à signer une convention collective qu'elle ne voulait
pas signer.
J'avais deux questions précises. Une m'était
inspirée par le rapport de Lucien Bouchard, daté du 1er juin
1980, où il exprime des opinions concernant la négociation au
niveau local. Ses remarques apparaissent à la page 11 de l'exemplaire
que j'ai. Il dit, par exemple, vers la fin du paragraphe: "La malheureuse
expérience vécue par les Montréalais en cette fin
d'année scolaire aura au moins servi à attirer l'attention
publique sur les détestables retombées de la négociation
locale et à s'interroger sur la pertinence de leur maintien".
On sait, M. le Président, qu'un certain nombre de questions sont
laissées à la négociation locale, une fois la
négociation provinciale complétée. Pour le bon entendement
de ceux qui liront la transcription des débats, la négociation au
niveau provincial équivaut à ce que le ministre appelle la
négociation nationale.
Mme Lavoie-Roux: Avant le 20 mai.
M. Lalonde: Même après le 20 mai, on
répète cela.
M. Rivest: II n'a pas compris le message.
M. Lalonde: Non. Je demande au ministre s'il est d'avis que le
gouvernement devrait laisser un certain nombre de questions à la
négociation locale ou s'il croit, comme le suggère ce
n'est pas une proposition formelle le rapport de l'enquêteur, que
tout devrait être réglé au niveau du gouvernement de la
province de sorte que la négociation soit entièrement
centralisée.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, la question
effectivement est soulevée par l'enquêteur et il parle à ce
sujet, au sujet des négociations locales, d'espèce de
match-revanche auquel la loi convie les parties locales au lendemain de chaque
ronde nationale. Eh bien! je puis dire au député de
Marguerite-Bourgeoys que la réflexion est déjà
amorcée sur ces négociations locales. Bien sûr, celles-ci
ne sont pas terminées et il nous reste à suivre
l'expérience jusqu'au bout avant de faire une évaluation
complète. Mais, d'ores et déjà, je pense que le
gouvernement se pose des questions sur la valeur de ces négociations
locales et surtout le fait qu'elles ouvrent le droit à la grève
et donc qu'elles soient source de conflits. M. Bouchard, qui était l'un
des auteurs du rapport Martin-Bouchard, on s'en souviendra, a là-dessus,
de toute évidence, des vues très précises dont il nous
fait part et le gouvernement va certainement être obligé de se
pencher sur l'avis de l'enquêteur.
D'autre part, le Conseil du trésor lui-même,
l'Éducation, enfin tous ceux qui ont été associés
à la négociation, de même que le comité patronal
devenu permanent ont l'intention d'entreprendre une réflexion
approfondie là-dessus. Faudra-t-il modifier la loi 55? Je ne connais pas
encore la réponse. A la suite de la réflexion que nous avons
l'intention de faire après la fin des négociations locales, le
Conseil du trésor, le ministre de l'Éducation, le ministre des
Affaires sociales aussi et surtout le ministre de l'Éducation, parce que
c'est surtout chez nous qu'il y a ces négociations locales, allons
devoir faire rapport au gouvernement et éventuellement proposer de
nouvelles règles du jeu, mais nous n'en sommes pas encore là.
M. Lalonde: Si je comprends bien, le ministre n'écarte pas
la possibilité d'une centralisation encore plus grande dans le domaine
des négociations?
M. Morin (Sauvé): Oui, il y a d'autres hypothèses
de travail dont d'ailleurs nous avions été saisis il y a de cela
un an ou deux, à l'époque où nous avons contribué
à la rédaction de la loi 55. L'une des hypothèses de
travail était la suivante: Nous pourrions organiser au niveau local des
arrangements ou permettre des arrangements locaux qui ne donneraient pas
ouverture au droit de grève, par exemple, plutôt que de
véritables négociations locales qui souvent, comme le dit Me
Bouchard, sont des sortes de match-revanche ou l'une ou l'autre partie tente de
reprendre ce qu'elle a dû peut-être laisser aller au niveau
national. (22 h 45)
M. Lalonde: M. le Président, si vous permettez...
Mme Lavoie-Roux: II y avait aussi une autre dimension, c'est
qu'ils n'ont pas de marge de manoeuvre. Cela aussi était inclus dans le
rapport de M. Bouchard. Cela rend la négociation difficile au niveau
local, parce que tout ayant été à peu près
déterminé au niveau provincial, il n'y a pas beaucoup de marge de
manoeuvre pour faire des concessions de part et d'autre. Cela aussi est un
élément important.
M. Morin (Sauvé): Non, il y a tout de même une
certaine marge de manoeuvre...
Mme Lavoie-Roux: C'est le rapport de M. Bouchard qui dit
cela.
M. Morin (Sauvé): Oui. Il y a tout de même une
certaine marge de manoeuvre au niveau local. La preuve en est que les solutions
qui interviennent d'une commission à l'autre ne sont pas toujours
exactement les mêmes sur chacun des seize points de la négociation
locale. Je vous ferai observer également que tous les points qui ont
fait partie de la négociation locale, en définitive, ont
été convenus entre les parties, c'est-à-dire entre la
Fédération des commissions scolaires, d'une part, et d'autre
part, la CEQ.
M. Lalonde: Quand même, le fait d'avoir la
négociation locale, la possibilité de régler au niveau
local un certain nombre de problèmes a
probablement réduit l'impact de la grève catastrophique
que le ministre a connue dans son secteur en janvier. S'il avait fallu
régler tous les détails, il est fort possible que les
négociations auraient été plus longues, et la
grève, encore plus épouvantable.
M. Morin (Sauvé): C'est effectivement une hypothèse
de travail vraisemblable. Je n'en disconviendrai pas.
M. Lalonde: Deuxième volet de ma question: Un certain
nombre de commissions scolaires attendaient le règlement de la CECM
avant de prendre position dans leur propre négociation locale. Est-ce
que le ministre est prêt à faire le même coup de force
auprès des autres commissions scolaires qui attendaient le
règlement de la CECM pour les forcer à accepter le
règlement que le ministre a favorisé?
M. Morin (Sauvé): Ce n'est qu'au bout d'un très
long processus de rapprochement des parties tenté par le
ministère du Travail que le gouvernement en est venu à la
solution que vous savez, qui vient d'ailleurs d'être appuyée
je ne sais pas si le député a eu l'occasion de lire son
quotidien favori ce matin, ou en tout cas, le quotidien favori de son chef et
de constater à quel point la démarche du gouvernement, en
définitive, répondait à des impératifs, à
des besoins réels. Ce n'est qu'au terme d'une longue
démarche...
Mme Lavoie-Roux: Avez-vous lu ces édito-riaux sur votre
opération en milieu défavorisé?
M. Morin (Sauvé): Bien sûr que je les ai lus. Ils
étaient...
Mme Lavoie-Roux: Oui, et dans d'autres domaines aussi.
M. Morin (Sauvé): Oui, dans plusieurs domaines.
M. Lalonde: L'école Pierre-Laporte...
Mme Lavoie-Roux: Oui, sur l'école Pierre-Laporte...
M. Morin (Sauvé): Oui, dans plusieurs domaines, bien
sûr. Nous en tenons compte aussi.
Mme Lavoie-Roux: Sur la restructuration scolaire...
M. Lalonde: On peut vous en envoyer des copies, si vous
voulez.
M. Morin (Sauvé): Oui, nous en tenons compte.
Mme Lavoie-Roux: Sur l'enfance inadaptée? M. Morin
(Sauvé): J'ajouterai que ce n'est qu'au terme de ce long
périple que le gouvernement peut envisager une solution comme
celle-là, c'est-à-dire qu'il faudrait qu'intervienne la
conciliation, et éventuellement, si la conciliation échoue
peut-être est-ce moins probable que la conciliation échoue,
maintenant que nous savons exactement ce qui a été convenu
à Montréal il faudrait passer par la médiation et
épuiser toutes les possibilités de rapprochement fournies par le
Code du travail. Nous n'en sommes pas là encore dans les autres
commissions scolaires.
Mme Lavoie-Roux: L'article 99 du Code du travail, vous ne l'avez
pas épuisé.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Papineau.
M. Alfred: Je suis surpris de voir que c'est la
députée de L'Acadie qui pose des questions sur le comportement du
gouvernement concernant ce que le gouvernement a posé pour sauver les
110 000 élèves de l'île de Montréal. J'aurais
compris, bien sûr, que le député de Marguerite-Bourgeoys,
un avocat, qui ne comprend rien aux systèmes d'éducation, pose
ces questions, mais...
M. Rivest: C'est flatteur pour le ministre, ce que vous venez de
dire!
M. Alfred: II a enseigné longtemps.
M. Lalonde: On m'a enseigné encore plus longtemps.
M. Alfred: II a enseigné longtemps le droit
constitutionnel. Il sait ce qu'est la pédagogie.
Mme Lavoie-Roux: Peut-être était-il naturellement
bon pédagogue, mais ce n'est pas le propre des professeurs
d'université d'être de bons pédagogues. Il avait
peut-être cela, comment dit-on...
M. Rivest: Non, Mme la députée, il était
très bon.
Mme Lavoie-Roux: Oui! ...
Le Président (M. Lacoste): La parole est au...
Mme Lavoie-Roux: Quelle note le député de
Jean-Talon avait-il eue?
M. Rivest: 87%.
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre!
M. Lalonde: Mais, c'est presque un référendum.
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre! M. le
député de Papineau.
M. Alfred: Ma surprise est d'autant plus grande que, si ces
messieurs d'en face...
M. Lalonde: Madame.
M. Alfred: ... M. le député de Marguerite-Bourgeoys
et Mme la députée de L'Acadie, bien sûr, avaient vu que le
gouvernement avait laissé les 110 000 élèves de
l'île de Montréal sans rien faire...
Mme Lavoie-Roux: Mais je ne sais pas de quoi vous parlez.
M. Alfred: ... à ce moment-là...
Mme Lavoie-Roux: On a discuté de ça cet
après-midi, M. le député de Papineau.
M. Alfred: Non! Laissez-moi parler, madame.
A ce moment-là, on aurait pu dire: Quel gouvernement on a! Un
gouvernement, bien sûr, qui ne prend pas ses responsabilités.
Maintenant que le gouvernement a pris ses responsabilités de
gouvernement, vous le traitez, bien sûr, de gouvernement de tutelle, de
mettre ceci et cela...
Mme Lavoie-Roux: De quoi?
M. Alfred: Ce que vous vouliez dire tout à l'heure, vous
deux, là, vous et votre confrère, le député de
Marguerite-Bourgeoys.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Alfred: Je suis très malheureux de voir, quand
même, votre manque de responsabilités quand le gouvernement prend
ses responsabilités.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Président (M. Lacoste): Mme la député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: ... je ne veux pas entrer dans une controverse
avec le député de Papineau, mais comme il nous accuse de manque
de responsabilités, je pense que c'est quand même un sens des
responsabilités de jouer notre rôle d'Opposition et de questionner
le gouvernement sur les gestes qu'il a posés.
M. Alfred: Mais posez donc des questions intelligentes!
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre! Mme Lavoie-Roux:
Bon! Parfait, merci!
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Morin (Sauvé): Non, mais il faut ajouter que le
député de Papineau a parfaitement raison. Si nous n'avions pas
pris nos responsabilités, aujourd'hui, vous seriez à nous
critiquer et à nous dire: Voilà un gouvernement qui ne prend pas
ses responsabilités, qui ne règle pas les problèmes. Et de
quoi ne nous rebattriez-vous pas les oreilles ce soir si nous n'avions pas
réglé la question?
M. Rivest: Allons donc! Allons donc!
M. Lalonde: Si le ministre veut rouvrir le dossier...
Mme Lavoie-Roux: On peut recommencer.
M. Lalonde: ... on peut lui refaire la même argumentation,
les mêmes arguments qu'hier soir.
M. Rivest: Ah! oui, reprenons ça! Mme Lavoie-Roux:
Reprenons!
M. Lalonde: Si vous aviez fait autre chose qu'attendre...
M. Morin (Sauvé): Si vous avez du temps à perdre,
n'est-ce pas, vous nous en avez déjà suffisamment fait perdre
comme ça.
M. Lalonde:... que le problème se règle de
lui-même ou que d'autres le règlent pour vous, à ce
moment-là, peut-être qu'on aurait pu le régler à
l'Assemblée nationale quelques jours avant le dimanche, 1er juin, par un
coup de force absolument inacceptable...
Mme Lavoie-Roux: A une heure du matin.
M. Lalonde: ... à une heure du matin, alors que les
responsables de la Commission des écoles catholiques de Montréal
n'étaient même pas avisés de l'existence même de la
tutelle et que...
M. Morin (Sauvé): Ah! non, je regrette! Mme
Lavoie-Roux: Allons donc!
M. Lalonde: C'est ce qu'on a appris. Dites-nous à quelle
heure vous avez appelé.
Mme Lavoie-Roux: A quelle heure les avez-vous appelés?
M. Lalonde: A quelle heure avez-vous appelé les
responsables de la Commission des écoles catholiques de
Montréal?
M. Morin (Sauvé): Je puis savoir l'heure exacte.
M. Lalonde: Vous ne le savez pas.
M. Morin (Sauvé): Je ne l'ai pas à l'esprit,
là, mais je sais qu'ils ont été avisés.
M. Lalonde: A quelle heure? Mme Lavoie-Roux: Aquelle heure?
M. Morin (Sauvé): Je pourrai vous le dire demain. Je vais
essayer de le savoir.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'il y a quelqu'un de vos adjoints qui
le sait peut-être?
M. Lalonde: Oui, il y en a plusieurs autour de vous qui sont ici.
Informez-vous.
M. Morin (Sauvé): Non, je vais certainement me renseigner;
je vous le dirai demain.
M. Lalonde: A quelle heure le directeur général de
la Commission des écoles catholiques a-t-il été
informé?
M. Rivest: On peut suspendre si vous voulez vous informer.
M. Morin (Sauvé): Je vous le dirai demain. Je puis
certainement obtenir le renseignement.
Mme Lavoie-Roux: C'est étonnant que vous ne l'ayez
pas.
M. Rivest: Oh! Le ton vient de changer! M. Lalonde: Oui,
on est moins... Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): Je sais qu'ils en ont été
avisés, cependant.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que... Mme
Lavoie-Roux: Une fois que ce fut signé.
M. Lalonde: Oui, tout était signé. Pourquoi le
ministre a-t-il accepté de payer ou de forcer la Commission des
écoles catholiques de Montréal à payer la moitié
des jours de grève, d'après ce qu'on a pu apprendre ce
n'est peut-être pas tout à fait la moitié; c'est quatre
jours et demi ou cinq jours et demi aux grévistes, alors qu'ils
n'avaient pas parlé, contrairement aux principes les plus
élémentaires des relations de travail? Pourquoi?
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, il a
été convenu que quatre jours et demi seraient
récupérés pour les élèves qui sont en fin
d'année pour pouvoir leur faire passer des examens dans les conditions
qui soient les meilleures possible.
M. Lalonde: A quelle date a lieu l'examen?
Mme Lavoie-Roux: A quelle date a lieu la
récupération?
M. Morin (Sauvé): Les examens doivent commencer, je crois,
le 11 exactement.
Mme Lavoie-Roux: II n'y a pas d'examens le 9 juin au
ministère?
M. Morin (Sauvé): Ce qui a été convenu, dans
le protocole de retour au travail, c'est que quatre jours et demi sur les neuf
jours étaient récupérés par les enseignants. Les
autres quatre jours et demi étaient coupés. Les quatre jours et
demi qui sont payés sont payés pour de la
récupération spécifique. Nous avons fait les proportions
par rapport à la charge totale de l'enseignant au primaire et de la
charge totale de l'enseignant au secondaire. Ce qui est une première
dans le cadre d'un protocole de retour au travail, c'est la façon dont
la récupération doit être faite; il s'agit bien de
récupération d'enseignement ou d'encadrement aux
étudiants. Les modalités doivent être convenues entre le
directeur de l'école et les enseignants, à défaut
d'entente entre les enseignants et le directeur de l'école, celui-ci
décide lui-même la façon dont la récupération
sera faite.
M. Lalonde: Est-ce que la récupération doit
être faite avant le début des examens?
M. Morin (Sauvé): La récupération doit
être faite d'ici le 20 juin.
M. Lalonde: D'ici le 20 juin. Alors, on va
récupérer une fois que la moitié des examens auront
été terminés.
M. Morin (Sauvé): Non, la récupération peut
se faire avant le début des premiers examens qui commencent le 11 juin
et, comme cela peut se faire habituellement, il y a de la
récupération entre les examens puisque ceux-ci ne se tiennent pas
tous les jours. Donc, entre la rentrée au travail qui s'est faite le 2
juin et la période du 20 juin, nous avons calculé qu'il y avait
une large possibilité de récupérer les 20 heures pour les
enseignants du primaire, et les 20 périodes de 50 minutes pour les
enseignants du secondaire.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Président (M. Lacoste): Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: ... est-ce que vous nous dites que, lorsque les
élèves ne sont pas en examen, en admettant que les examens
commencent le 11, les après-midi ou les journées où il n'y
a pas d'examen, normalement, le professeur n'est pas à l'école et
ne travaille pas. Puisque vous dites qu'ils vont récupérer ces
journées-là.
M. Morin (Sauvé): Ils peuvent à la fois
récupérer ces journées-là ou ils peuvent
récupérer de façon spécifique, auprès des
étudiants qui ont le plus besoin de récupération, en
dehors des périodes régulières.
M. Lalonde: Oui, mais si, de toute façon...
M. Morin (Sauvé): Ce sera convenu entre le directeur et
les enseignants.
M. Lalonde: ... entre les examens, alors qu'il n'y avait pas de
cours, les professeurs devaient quand même être au travail, ils
étaient payés pour être là, pourquoi les payer
doublement parce qu'ils vont faire un travail de récupération qui
est causé par leur grève? Pendant cet
après-midi-là, par exemple, disons que le 12, dans
l'après-midi...
Mme Lavoie-Roux: Alors que, normalement, ils doivent être
à l'école.
M. Lalonde: Oui.
M. Morin (Sauvé): Mais c'est du nouveau, parce que c'est
ce que votre gouvernement a toujours fait, il me semble. Vous n'avez pas eu
d'autre comportement. Je m'étonne un peu des questions un peu hypocrites
du député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Ecoutez, je regrette, au lieu de vous cacher
derrière les autres, répondez donc aux questions qu'on vous
pose.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'ai eu connaissance
d'une longue grève de classification en 1971 et il n'y a pas eu
la grève avait eu lieu au mois de janvier ou au mois de février
de jours de récupération et les professeurs n'ont pas
été payés. Je pense que, s'il y a de ces messieurs...
M. Morin (Sauvé): II n'y a pas eu de
récupération non plus.
Mme Lavoie-Roux: II n'y a pas eu de récupération,
mais il faut quand même avoir des jours pour faire de la
récupération. Et une fois les examens finis, la
récupération, entre vous et moi...
M. Lalonde: Quatre jours et demi dans trois semaines, il faut le
faire.
Mme Lavoie-Roux: Dans quinze jours, maintenant.
M. Morin (Sauvé): Non, dans 20 jours.
M. Alfred: ... au niveau de la semaine de travail, ce n'est pas
un cadeau.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que le programme 4 est
adopté?
M. Lalonde: M. le Président...
M. Morin (Sauvé): Vous ne perdez pas le nord, M. le
Président.
M. Lalonde: Je ne sais pas si on a d'autres questions
spécifiques, mais...
Mme Lavoie-Roux: J'en ai.
M. Lalonde: ... j'aurais une question, Mme la
députée.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Le Président (M. Lacoste): Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: C'est très court, c'est simplement au
point de vue technique. Je pense que c'est la loi 71 ça va faire
plaisir au ministre on y prévoit que le comité
d'école doit être consulté obligatoirement sur certaines
matières ou sur certains sujets et entre autres sur les fermetures
d'écoles. Est-ce qu'on peut me dire quelle est la sanction je ne
sais pas si on peut parler de pénalité ou quel est le
recours je pense que c'est le mot le plus juste que les parents
ont ou qui est prévu lorsque les parents ne sont pas
consultés?
M. Morin (Sauvé): II n'y a pas d'amende dans la loi, si
c'est ça que vous voulez savoir.
Mme Lavoie-Roux: C'est pour ça que je dis recours
plutôt qu'amende, c'est pour ça que j'ai corrigé mon
terme.
M. Morin (Sauvé): Non, à vrai dire, ce sont
plutôt des sanctions d'ordre moral, comme toujours dans les questions
d'éducation. Nous ne pouvions pas, d'autant que la consultation est une
question difficile à définir quant à la quantité.
Nous avons voulu tout simplement rappeler aux commissions scolaires qu'elles
ont l'obligation morale et maintenant juridique, mais avant tout morale, de
consulter les parents sur un certain nombre de questions.
Si elles ne le font pas, les sanctions sont essentiellement d'ordre
moral, et peut-être aussi d'ordre électoral.
Mme Lavoie-Roux: II n'y a pas de recours possible?
M. Morin (Sauvé): Non, que je sache, il n'y a pas de...
Vous voulez dire, par exemple, au ministère? Quoique j'imagine
que...
Mme Lavoie-Roux: Vous rendez la consultation obligatoire sur
certains sujets, elle n'est pas faite, alors...
M. Morin (Sauvé): Ecoutez, il y aurait toujours...
Mme Lavoie-Roux: ... qu'est-ce que font les parents?
M. Morin (Sauvé): ... bien sûr, des recours devant
les tribunaux, mais ce n'est pas une façon de régler des
problèmes scolaires, même si on en a abusé depuis quelque
temps, de ces recours devant les tribunaux. Bien sûr que, techniquement,
je pourrais vous répondre...
Mme Lavoie-Roux: II y a toutes sortes de tribunaux...
M. Morin (Sauvé): ... que les comités de parents ou
d'école peuvent s'adresser aux tribunaux pour obtenir une injonction
contre la commission scolaire...
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais c'est très compliqué
pour eux.
M. Morin (Sauvé): C'est très compliqué pour
eux et c'est pour ça que je dis qu'il s'agit avant tout d'obligation
morale. (23 heures)
Mme Lavoie-Roux: Je ne veux pas désappointer le ministre;
j'étais d'accord d'ailleurs sur ces points de consultation quand on a
discuté du projet de loi.
M. Morin (Sauvé): Je pense, si ma mémoire est
bonne.
Mme Lavoie-Roux: Je n'avais pas compris, à ce
moment-là, que... C'est parce qu'il y a des cas qui ont
été portés à mon attention et on m'a
demandé: Qu'est-ce qu'on fait. J'ai dit: Je ne le sais pas. C'est pour
cela que je m'informais. Il semble qu'il n'y ait pas...
M. Morin (Sauvé): Sauf qu'évidemment ces
choses-là, si la loi n'est pas respectée, vont finir par se
savoir et j'imagine que cela pourrait peut-être même être de
nature à amener plus de monde à s'intéresser aux
commissions scolaires et à se faire élire. Le manque de
satisfaction des citoyens par rapport aux commissions scolaires peut être
un facteur qui amène un certain intérêt à l'endroit
de ce qui se passe dans ces commissions scolaires.
Mme Lavoie-Roux: C'est ce que vous avez observé à
Montréal.
M. Morin (Sauvé): A Montréal, je puis plus
difficilement juger la situation, mais l'ancien président de la
Commission des écoles catholiques de Montréal pourrait
peut-être nous expliquer ce qui se passe à Montréal. Ce
serait intéressant. Je suis sûr qu'elle a des idées sur la
question.
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai pas à répondre à
cela. C'est vous qui avez porté des jugements et moi je ne les ai pas
mis en tutelle. C'est une question. La deuxième que je voulais
poser...
M. Morin (Sauvé): J'ajouterai simplement que
peut-être que si vous aviez été là il n'y aurait pas
eu de tutelle, peut-être que vous auriez compris les choses de
façon différente.
Mme Lavoie-Roux: J'aurais protesté en tout cas. Mais plus
sérieusement, que faites-vous à l'égard c'est ma
dernière question, vous savez, j'en aurais beaucoup d'autres du
problème des décrocheurs. Ne me citez pas votre plan d'action, je
sais que c'est dedans, quelques projets, et je pense que c'est $270 000 qui
seront affectés à des projets du secondaire. Mais le
problème est beaucoup plus général, vous le savez, M. le
ministre, que celui des milieux défavorisés qu'on qualifie
d'économiquement faibles. Je sais que lors de la première et de
la deuxième année de l'étude des crédits il avait
été question que votre gouvernement ou que le ministère
dépose une politique, maintenant vous appelez cela un plan d'action,
mais qu'il y ait certaines mesures. Est-ce que vous n'avez jamais publié
quelque chose sur le sujet ou est-ce que c'est encore à l'état de
réflexion?
M. Morin (Sauvé): Je dois vous dire qu'il y a des chiffres
fort intéressants...
Mme Lavoie-Roux: Oui, les chiffres...
M. Morin (Sauvé): ... sur les abandons scolaires dans les
écoles des commissions scolaires de 1972-1973 à 1977. On pourrait
peut-être même le faire distribuer. Je pense que cela
intéresserait effectivement Mme le député. Je vois que
vous l'avez déjà.
Mme Lavoie-Roux: On vient de m'en remettre une.
M. Morin (Sauvé): On vient de vous le donner, bon. Vous
aurez pu constater, à la lecture de ce document, qu'il y a eu une
certaine j'allais dire amélioration stabilisation depuis
1972 jusqu'à 1977. Vous verrez plusieurs tableaux; notamment il y en a
un à la page 21 qui est assez explicite. Il y a des graphiques un peu
partout qui tendent à démontrer que le phénomène
décroît légèrement en particulier depuis 1976,
même 1975. Il a eu tendance à se stabiliser en 1977. Quand je dis
qu'il a diminué, on est tout de même passé de plus de 60
000 à 42 479. Il y a un tableau à la page 23 qui est
également intéressant sur le nombre des abandons scolaires de 15
ans et moins et des 16 ans et plus de 1972-1973 à 1977. Alors, vous avez
en bas les quinze ans et moins et au dessus les 16 ans et plus, et vous voyez
que dans les deux cas il y a une décroissance. Donc, je n'oserais pas
parler d'une amélioration. Disons que le phénomène a
baissé.
Maintenant, qu'envisageons-nous comme mesure? D'abord, nous y
consacrons, cette année, des montants assez importants et nous
préparons un instrument qu'on pourrait appeler psychopédagogique,
ici au ministère de l'Éducation, pour tenter de voir venir les
abandons scolaires. Cet instrument pourrait être utilisé en
particulier par les orienteurs et on pourrait aussi envisager de le distribuer.
Enfin, cela fait partie de nos projets à l'heure actuelle.
De plus, le ministère encourage le centre Mariebourg qui, je
pense, doit être connu de Mme le député de L'Acadie
puisqu'il est situé pas tellement loin de sa propre circonscription
électorale, centre qui, justement, fait depuis deux ou trois ans des
expériences de récupération de l'abandon scolaire avec un
succès fort intéressant jusqu'ici. Ce centre Mariebourg s'est vu
octroyer
quelques dizaines de milliers de dollars, encore cette année,
pour conduire à bien ses expériences... Je crois que la CECM le
finance également en partie. C'est une sorte d'entreprise conjointe
entre le ministère de l'Education et la CECM.
Mme Lavoie-Roux: En fait, ce document que vous m'aviez promis en
1977, lors de l'étude des crédits, vous êtes encore en
réflexion.
M. Morin (Sauvé): Non, on peut même vous le
distribuer, il est terminé.
Mme Lavoie-Roux: Bon! J'aimerais bien cela. M. Lalonde:
Déjà!
M. Morin (Sauvé): Cela a abouti, de même,
d'ailleurs, que cette étude fort intéressante.
Mme Lavoie-Roux: Comme je ne l'ai pas lu attentivement, est-ce
que vous avez examiné d'une façon particulière ce
phénomène d'abandon scolaire chez les enfants qui sont
passés par les classes d'accueil au secondaire, particulièrement
chez les Haïtiens? Je pense que ce serait intéressant, je vous le
fais comme suggestion, je pense qu'il faudrait peut-être...
M. Alfred: ... je suis impliqué.
Mme Lavoie-Roux: Non, je m'informais du point de vue de l'abandon
scolaire, si on avait examiné la proportion du phénomène
chez les enfants qui étaient passés par les classes d'accueil au
niveau secondaire, parce qu'ils arrivent en secondaire II, III, IV ou V, et
plus particulièrement chez les enfants de la communauté
haïtienne. C'était cela, ma question.
M. Alfred: Si le président me le permet...
M. Morin (Sauvé): Je voudrais dire simplement et je
pense que M. le député de Papineau est déjà au
courant que la communauté haïtienne s'intéresse
beaucoup à ce problème. Nous, au ministère de
l'Éducation, traitons de tous les problèmes d'abandon, y compris
ceux-là.
M. Alfred: Y compris ceux des Haïtiens.
M. Morin (Sauvé): Nous n'avons pas voulu faire...
M. Alfred: De discrimination.
M. Morin (Sauvé): ... jusqu'ici de spécial pour
cela parce que nous savons que la communauté haïtienne s'en occupe.
D'ailleurs, je crois savoir qu'elle aura des représentations à
nous faire là-dessus.
Mme Lavoie-Roux: Je répète quand même ma
question concernant les enfants qui sont passés par les classes
d'accueil du secondaire.
M. Morin (Sauvé): D'ailleurs, pour être sûr
que les problèmes spécifiques des enfants d'origine
haïtienne soient traités et parviennent à notre
connaissance, j'ai voulu, comme vous le savez, nommer un représentant de
cette communauté au Conseil supérieur de l'éducation. Je
pense que c'est de nature, également, à aider à
résoudre ce genre de problème, comme beaucoup d'autres
problèmes pédagogiques qui se posent, notamment aux tout jeunes
Haïtiens arrivés de fraîche date et qui n'ont pas toujours
une connaissance très approfondie de la langue et qui, effectivement,
doivent aller en classe d'accueil avec des résultats quelquefois
mitigés.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Papineau.
M. Alfred: C'est un peu vrai, cependant, que les Haïtiens
récemment arrivés parlent la langue de leur mère, le
créole. Cependant, je dois dire à Mme la députée de
L'Acadie que ces gens sont plus francophonisables parce que, même si on
parle le créole, on l'apprend très vite le français. N'en
déplaise à Mme la députée de L'Acadie, j'ai un
papa, dont je suis fier, qui a été à l'école deux
ans, j'ai une mère qui a été à l'école deux
ans et je pense que mon français est aussi standard que le sien. Je ne
voudrais en aucune façon, par exemple, qu'on discrimine les petits
Haïtiens qui arrivent ici et qu'on leur donne un privilège
contrairement aux autres immigrants qui arrivent au Québec. C'est la
meilleure façon de faire de la discrimination au Québec.
Mme Lavoie-Roux: Je ne veux pas ajouter grand-chose, mais
simplement pour le journal des Débats, je pense qu'on a saisi le sens de
ma préoccupation à l'égard des enfants immigrants. C'est
tout ce que je veux ajouter.
M. Alfred: Je pense que la préoccupation de Mme la
députée de L'Acadie est politique; mais chez Jean Alfred, elle
est viscérale.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, est-ce que le ministre de
l'Éducation a l'intention de respecter le programme du Parti
québécois en ce qui concerne l'âge de 18 ans comme
étant celui auquel le gouvernement devrait étendre la
période de scolarisation obligatoire? C'est un article qui est dans le
programme du Parti québécois depuis de nombreuses années.
En fait, j'en ai ici un exemplaire, j'ai été obligé d'en
déchirer une couple de pages, mais il y a encore celles-là. Je
veux savoir si je peux la conserver.
M. Morin (Sauvé): Du moins, avons-nous un pro-gramme. Le
jour où vous en aurez un, autre que le livre beige, vous pourrez
peut-être parler avec quelques vraisemblances. Dans le cas que vous venez
de soulever, M. le député, vous vous sou-
viendrez que, en vue de réaliser par étapes ce point de
notre programme, nous avions proposé, dans le livre vert...
Mme Lavoie-Roux: C'est l'arc-en-ciel.
M. Morin (Sauvé): Je vois que j'évoque chez le
savant député de Jean-Talon des contextes autres que...
M. Lalonde: Le député de Jean-Talon était en
train de me dire que ça n'a pas été un succès, ce
que le Parti québécois a tenté de réaliser par
étapes jusqu'à maintenant.
M. Rivest: Ce qui est inscrit dans ce programme-là.
M. Morin (Sauvé): Enfin, dans le cas qui nous
occupe...
Mme Lavoie-Roux: C'est une autre forme d'étapisme, ces
livres aussi.
M. Morin (Sauvé): Dans le cas qui nous occupe, je pense
que n'importe qui qui a trempé dans les questions de l'éducation
sait que c'est le lieu par excellence de l'étapisme. Parce qu'on ne peut
pas changer les choses du jour au lendemain. Il faut mettre le temps requis
pour le faire de sorte que je n'ai pas...
Mme Lavoie-Roux: II faut laisser mûrir. M. Lalonde:
Mais ne laissons pas pourrir.
M. Morin (Sauvé): Oui, bien sûr, et je n'ai pas
abandonné cette stratégie pour ce qui est de l'Education.
M. Rivest: ... de l'Éducation, c'est
intéressant.
M. Morin (Sauvé): Au contraire, je trouve que depuis que
je suis là, j'ai eu l'occasion à bien des reprises de me rendre
compte à quel point les étapes sont nécessaires, surtout
quand on rencontre des mentalités comme celles qu'on trouve du
côté de l'Opposition. Il faut y aller par étapes.
M. Lalonde: Vous faites partie de l'aile conservatrice,
d'après ce que je peux voir.
M. Morin (Sauvé): Et, M. le Président, dans le cas
qui nous occupe...
Mme Lavoie-Roux: Je pense que pour le journal des Débats,
il faudrait rectifier ça.
M. Morin (Sauvé): Bon, écoutez, est-ce qu'on
pourrait en venir à la question, même s'il se fait tard? Nous
avons voulu réaliser en deux étapes cet aspect du programme et,
dans le livre vert, j'avais fait inscrire la scolarité obligatoire
jusqu'à 17 ans, alors qu'à l'heure actuelle, elle est de 16 ans.
Mais, durant la consultation, nous nous sommes rendu compte qu'à travers
tout le Québec la population n'était pas prête à
accepter cette année supplémentaire de scolarité
obligatoire. Cela a été presque unanime dans presque toutes les
régions. On nous a déconseillé, pour l'instant du moins,
parce que personne ne donnait d'avis pour le long terme ni même pour le
moyen terme, mais à court terme, on nous a fortement
déconseillé, dis-je, dans l'état actuel de la
pédagogie dans nos écoles, d'ajouter une année
supplémentaire qui aurait pu provoquer, selon certains de nos
interlocuteurs, des cas d'abandon encore plus nombreux. De sorte que nous
avons, à la réflexion, décidé de ne pas, pour
l'instant, mettre en oeuvre cette réforme. Mais, nous avions
l'intention, c'était notre intention initiale de la prolonger
jusqu'à 17 ans. Elle est, pour l'instant... (23 h 15)
Une Voix: Oui.
M. Morin (Sauvé): Pour l'instant donc il n'en est pas
question, mais on verra plus tard s'il n'y a pas lieu d'y revenir.
M. Rivest: Y a-t-il encore des problèmes je sais
qu'il y en avait il y a quelques années au titre des poursuites
sur la base de la scolarité obligatoire, pour les parents, par exemple,
qui organisaient...
M. Morin (Sauvé): II y a toujours quelques cas. M.
Rivest: Combien?
M. Morin (Sauvé): Oui, il y a toujours quelques cas, bien
sûr, mais c'est insignifiant par rapport à la masse des
enseignants. Il y a des amendes qui sont infligées à des parents
récalcitrants à l'occasion, mais enfin ce sont des chiffres
infimes.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Papineau.
M. Alfred: Pour compléter ce que le ministre a dit, je
suis surpris de voir que ceux ou celles qui sont censés être
pédagogues et administrateurs ont oublié que le changement devait
être planifié. En anglais, comme ils sont, bien sûr, des
gens qui savent très bien manipuler cette langue-là, on dit "the
planning change". C'est comme cela qu'on appelle cela. C'est très
normal; la position du ministre est tout à fait conforme à la
réalité québécoise, à la
réalité humaine. On ne bouscule pas les choses.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, j'espère que le
ministre a d'autres prétextes que le risque d'abandon pour refuser
d'aller de l'avant dans son programme qui, semble-t-il, a été
quand même réfléchi. Naturellement, plus vous allez
élever l'âge de la scolarisation obligatoire, plus les chances
d'abandon grandissent. Cet argument, a contrario,
nous amène à l'absurde. Baissez l'âge obligatoire et
vous allez avoir moins d'abandon aussi. Cela dépend quel objectif vous
poursuivez. Si vous poursuivez une plus grande scolarisation de la population,
il me semble que c'est l'objectif que vous devriez suivre. Si vous poursuivez
l'objectif d'avoir le moins d'abandon possible, à ce moment-là,
cela devient quand même un peu ridicule. J'espère qu'il y a
d'autres objectifs que le gouvernement poursuit.
M. Morin (Sauvé): Entendons-nous bien. Les gens nous ont
dit que, dans l'état actuel de la pédagogie dans nos
écoles, il valait mieux être prudent. Il est évident que,
d'ici quelque temps, quand tout ce que nous avons mis en marche pour nous
assurer d'une plus grande qualité de l'éducation aura pu porter
ses fruits, quand les programmes auront changé, non seulement au niveau
primaire, mais, graduellement, jusqu'au secondaire V, quand la mesure
transitoire que nous avons prise, qui s'appelle le secondaire VI du
côté professionnel, aura porté ses fruits également,
la situation sera sans doute mûre pour ajouter une année à
la scolarité obligatoire et, éventuellement, une autre. Mais,
pour l'instant, les pédagogues consultés, les parents, les
administrateurs scolaires j'ai bien mentionné les parents,
n'est-ce pas? tous nous ont déconseillé, tant que la
qualité, tant que nos réformes en faveur de la qualité de
l'éducation n'auront pas porté leurs fruits, d'adopter une telle
mesure.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, pour ce qui me concerne, on
aurait plusieurs autres questions, mais on a beaucoup d'autres programmes
à étudier. Il nous reste seulement deux périodes demain.
Je ne sais pas si le ministre a été mis au courant des
mêmes négociations dont on m'a informé, à savoir
que, pour étudier les crédits des...
Une Voix: Corporations.
M. Lalonde: ... corporations professionnelles, on nous a
demandé de prendre à même le temps qui était
alloué à l'Éducation. En accélérant un peu,
je pense qu'on peut le faire. J'avais accepté, si cela va, si le
ministre...
M. Morin (Sauvé): Je suis à votre disposition...
M. Lalonde: Enfin, le leader...
M. Morin (Sauvé): Du moment que vous avez le sentiment
d'avoir le temps nécessaire, je suis à votre disposition. On ne
m'a pas fait part de la décision définitive, mais d'un projet qui
consistait à étudier les crédits de l'Office des
professions demain soir, m'a-t-on dit.
M. Lalonde: Oui. Au départ, cela devait être
étudié vendredi, mais en l'absence du ministre, d'après ce
qu'on nous a dit.
M. Morin (Sauvé): Oui, parce que je dois être
à l'inauguration d'un CEGEP anglophone de la région de
Montréal. J'avais pris cet engagement il y a très longtemps. Le
CEGEP m'a fait savoir que ce serait une sorte de catastrophe si je n'y
étais pas...
M. Lalonde: J'en conviens.
M. Morin (Sauvé): ... d'autant plus qu'on va inaugurer un
certain nombre de pavillons.
M. Lalonde: Remarquez que je n'ai pas posé de question sur
la raison de l'impossibilité du ministre d'être avec nous vendredi
soir.
M. Morin (Sauvé): C'était celle-là...
M. Lalonde: Pour accommoder le ministre et pour être
sûr qu'on puisse étudier les crédits de l'Office des
professions avec le ministre, nous avons accepté de consacrer la
première séance de demain, après la période des
questions, à l'Office des professions cela donne à peu
près une heure et demie et de consacrer l'après-midi et la
soirée à l'éducation, de sorte...
M. Morin (Sauvé): Volontiers.
M. Lalonde: ... que si on pouvait terminer le programme 4, qui
est le plus considérable au niveau des crédits au moins, ce soir,
on pourrait se pencher sur le reste demain.
M. Morin (Sauvé): En ce qui me concerne, très
volontiers.
M. Lalonde: Ce sera ainsi dans cette perspective, même si
on a plusieurs autres questions, et malgré le taux d'insatisfaction
énorme, très élevé dans l'Opposition à
l'égard des réponses que le ministre nous a données. Au
fond, la constante de l'étude des crédits de l'enseignement
élémentaire et secondaire, c'est la brèche ouverte par le
ministre dans la qualité de l'enseignement. Il a d'abord sa
définition de "qualité de l'enseignement" qui est
nébuleuse; c'est un amas de voeux pieux, de déclarations
ronflantes et vides de sens concret. D'autre part, les réductions de
crédits, l'entente imposée par le ministre à la Commission
des écoles catholiques de Montréal, comme l'a si bien
démontré Mme la députée de L'Acadie cet
après-midi, l'attentisme du ministre à plusieurs égards,
dans plusieurs programmes, l'allongement de la période d'implantation du
plan d'action, tout nous fait craindre le pire en ce qui concerne la
qualité de l'enseignement.
En plus de cela, le trou reste inexpliqué. Nous avons tout de
même obtenu un aveu du ministre à savoir que l'erreur venait
plutôt de l'analyse à son ministère, et non pas du
soi-disant retard des commissions scolaires à remettre leurs
états finan-
ciers. Donc, en ce qui concerne le trou, nous sommes condamnés
à attendre le rapport du vérificateur. J'ai demandé au
ministre hier s'il avait une indication plus précise de la date de ce
rapport. Nous n'avons pas eu de réponse. J'ai demandé aussi de
nous remettre la consolidation préliminaire des coûts de
l'année 1976-1977. On nous a dit hier qu'on allait considérer
cette possibilité. Nous n'avons pas de réponse. Donc,
l'étude de ces crédits se termine, en ce qui concerne
l'élémentaire et le secondaire, dans un climat plutôt
sombre, mais nous allons passer à autre chose.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, avant de quitter
ce programme, tout en respectant les conclusions que le député de
Marguerite-Bourgeoys a bien voulu tirer pour sa part de l'étude des
crédits du primaire-secondaire, je voudrais tout de même rappeler
que la qualité de l'enseignement demeure notre principale
préoccupation et que nous avons mis en marche un certain nombre de
mesures qui, tôt ou tard, vont faire sentir leurs effets. Je pense, en
particulier, aux nouveaux régimes pédagogiques qui seront
bientôt mis en vigueur, aux nouvelles grilles-matières, aux
programmes renouvelés, aux manuels...
Mme Lavoie-Roux: II est renouvelé lui aussi... M.
Lalonde: II faut du renouvellement.
M. Morin (Sauvé): Oui, les programmes
révisés ou renouvelés. C'est en cours d'ailleurs. On vous
a fait distribuer les programmes de français. J'espère que vous
avez pu jeter un coup d'oeil là-dessus.
Mme Lavoie-Roux: J'aurais aimé avoir vos programmes
d'histoire nationale et de géographie nationale, M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): Ils s'en viennent également. Vous
les aurez en temps et lieu.
Mme Lavoie-Roux: Ils ne sont pas prêts.
M. Morin (Sauvé): Non, je crois qu'ils sont en
rédaction, à l'heure actuelle.
Mme Lavoie-Roux: Qu'est-ce qu'on enseigne dans le moment?
M. Morin (Sauvé): II y a un programme expérimental,
mais justement...
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'on pourrait l'avoir?
M. Morin (Sauvé): Oui.
Mme Lavoie-Roux: C'est le document de consultation "Histoire
nationale", secondaire IV. Parfait.
M. Morin (Sauvé): Je suis heureux de voir que vous
êtes mieux documentée que vous n'osiez le croire. Toutes ces
mesures vont finir par produire leureffet, mais, évidemment, on ne peut
pas les appliquer toutes pêle-mêle au cours d'une même
année. L'étalement des nouveaux programmes, par exemple, va
devoir se faire sur quelques années, parce qu'au primaire, par exemple,
les enseignants ne peuvent pas absorber tous les nouveaux programmes d'un seul
coup. Ce n'est pas possible. Ils sont titulaires et ils enseignent toutes les
matières. Donc, il a fallu étaler dans le temps, de même au
secondaire, quoique le problème soit moins important. Au secondaire, il
faut tout de même échelonner l'entrée en vigueur des
nouveaux programmes sur deux ou trois ans.
Mais je pense que je puis affirmer en terminant que tous ces efforts
considérables du ministère et je veux rendre hommage, puisque
nous terminons le primaire et secondaire, non seulement au sous-ministre
responsable du secteur qui a déployé une énergie sans
bornes depuis deux ans pour faire progresser la qualité de
l'enseignement, mais je veux rendre hommage aussi à tous ceux qui sont
dans les diverses sections comme, par exemple, à la pédagogie,
aux programmes, qui travaillent d'arrache-pied depuis que le plan d'action a
été rendu public, pour le réaliser, pour le mettre en
oeuvre.
Je dirai, M. le Président... Non, je tiens à dire ces
choses-là, parce que ça va faire bientôt quatre ans que je
suis dans ce ministère dont on m'avait dit toutes sortes de choses avant
que j'y entre, et je constate qu'en dépit du fait que les effectifs ont
baissé de 10% depuis trois ans, comme, d'ailleurs, plusieurs autres
ministères nous ne sommes pas les seuls à avoir
contracté leurs effectifs en dépit de cela, jamais un
ministère n'a autant travaillé, du haut en bas.
C'est vraiment je le dis avec tout le détachement dont je
suis capable, toute la sincérité dont je suis capable un
ministère admirable, oui. Je pense que ces choses-là doivent
être dites de temps à autre, parce qu'on pense toujours que les
hommes politiques...
Mme Lavoie-Roux: C'est ça que je me demande...
M. Morin (Sauvé): ... par définition doivent
prendre tous les inconvénients, tous les problèmes qui ont cours
dans leur secteur et aussi, ils voudraient bien, par moments, prendre tout le
crédit de ce qui va bien. Ce ne sera pas mon cas cette fois-ci. Je pense
que tous ceux qui travaillent au ministère doivent partager les
félicitations qui ne manqueront pas de venir et, déjà,
viennent du monde de l'enseignement, notamment pour tout ce qui a
été fait pour le régime pédagogique et les
programmes.
Le Président (M. Lacoste): Donc...
M. Morin (Sauvé): Je vous remercie, M. le
Président.
Le Président (M. Lacoste): ... le programme 4...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, me per-mettriez-vous une
question?
Le Président (M. Lacoste): Mme la députée de
L'Acadie, ensuite, le député de Papineau.
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse, à la suite de la conclusion
du ministre, je n'aurais pas voulu rompre le charme. Je dois dire que j'endosse
le témoignage qu'il fait à l'égard des fonctionnaires du
ministère de l'Éducation qui sont souvent tiraillés entre
beaucoup de pressions, etc.
Mais, je reviens sur le trou... Je ris, parce qu'on en a tellement
parlé, mais la question est quand même sérieuse.
M. Morin (Sauvé): Quand même.
Mme Lavoie-Roux: Oui, en dépit de... Hier, quand on nous a
expliqué la façon dont vous établissiez le budget
vous me corrigerez si j'ai mal compris ou si je déforme j'ai cru
comprendre que les difficultés que vous avez eues venaient du fait que
vous aviez basé vos prévisions budgétaires pour
l'année 1978-1979 sur ce que vous aviez comme données pour
1975-1976...
M. Morin (Sauvé): C'est exact, oui.
Mme Lavoie-Roux: En fait, c'était un des points.
M. Morin (Sauvé): Lesquelles données
n'étaient pas exactes, en définitive.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): Elles étaient faussées par
toutes sortes d'événements, dont les grèves de l'automne
1976.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Je pense que le ministre avait
indiqué aussi qu'il y avait des états financiers qui
étaient arrivés en retard, qui avaient ajouté aux
problèmes...
M. Morin (Sauvé): Enfin, tout le système, quoi!
Mme Lavoie-Roux: Bon! C'est parce que je relisais la page A-63 du
budget de l'an dernier vous ne l'avez peut-être pas entre les
mains, mais je peux vous en faire lecture j'essayais d'établir
concordance entre les explications que vous m'avez données et les
explications sommaires, tel que c'est intitulé ici: Explications
sommaires, calcul des coûts du système. On explique que les
coûts du système se composent, évidemment, de revenus et de
dépenses, etc.
Dans le deuxième paragraphe, vous ajoutez: Pour calculer les
coûts du système lors de la revue des programmes, on a d'abord
révisé les coûts du système des années
antérieures pour lesquelles les états financiers étaient
devenus disponibles, l'année scolaire 1975-1976 et l'année
scolaire 1976-1977.
M. Morin (Sauvé): Les deux. Oui préliminaires. (23
h 30)
Mme Lavoie-Roux: On a révisé ensuite les
coûts du système des années scolaires 1977-1978 et
1978-1979 et on a calculé le coût du système de
l'année suivante 1979-1980 en se basant sur les éléments
suivants: Les états financiers, les calculs des règles, les
relevés de clientèle et d'effectifs pour 1977 et 1978, les
prévisions de clientèle et d'effectifs pour 1978-1979 et
1979-1980 et les taux d'indexation prévus par les conventions
collectives ou la politique salariale, la PAS, en tout cas. Il semble
qu'à ce moment-là vos prévisions pour 1979-1980 n'aient
pas été fondées uniquement sur les états financiers
de 1975-1976, puisque vous signalez ici que vous avez fait des
révisions, que vous aviez les états financiers de 1976-1977 en
main. J'ai eu de la difficulté à établir une concordance
entre ceci et l'explication qui m'a été donnée hier.
M. Morin (Sauvé): Oui, c'étaient des états
préliminaires, mais je pense qu'on va vous donner plus
d'explications.
La concordance s'explique plus précisément par les
informations ou les explications qui ont été données hier.
Pour l'année 1979-1980, nous nous sommes servi des états
financiers consolidés 1975-1976...
Mme Lavoie-Roux: Et non pas 1976-1977...
M. Morin (Sauvé):... et des états
préliminaires 1976-1977, sauf que les états préliminaires
1976-1977 ne contenaient pas à ce moment-là certaines
informations qui sont arrivées par la suite, qui étaient
imputables entre autres à la mise en application, en 1976-1977, d'une
nouvelle convention collective qui avait été signée
à l'automne 1976, à l'application du nouveau système
d'information financière qui était entré en vigueur au
cours de l'année 1976-1977 et qui avait provoqué de mauvaises
imputations dans la comptabilisation des commissions scolaires et, enfin,
également, à certaines informations qui n'étaient pas
complétées relativement à l'application de la loi 22 pour
l'année 1976-1977, en particulier pour les commissions scolaires de
l'île, ce qui était un élément que j'avais omis
d'ajouter hier.
Effectivement, le budget 1979-1980 était basé sur les
états financiers consolidés et finals 1975-1976 et les
états financiers, version préliminaire, 1976-1977. C'est à
l'automne 1979, au moment où nous avons préparé le budget
1980-1981 et où nous nous sommes servi des états financiers
consolidés 1976-1977 et des états financiers préliminaires
1977-1978, que nous avons découvert, en comparant cette fois-là
avec ceux de...
Mme Lavoie-Roux: C'est parce que 1976-1977 n'étaient que
préliminaires.
M. Morin (Sauvé): Préliminaires.
Mme Lavoie-Roux: Hier, vous n'en aviez pas fait mention. On avait
l'impression que vous aviez uniquement travaillé avec les états
financiers de 1975-1976.
M. Morin (Sauvé): Non, je pense avoir dit hier que nous
avions travaillé à la fois avec 1975-1976 et la version
préliminaire de 1976-1977, qui était plus incomplète que
par les années antérieures et pour les années
ultérieures, en raison du fait qu'il y avait eu la signature d'une
convention collective, la mise en application d'un nouveau système
d'information financière, et des données qui, pour les
commissions scolaires de l'île, sont arrivées très tard et
qui étaient relatives à l'application de la loi 22.
Mme Lavoie-Roux: Actuellement, est-ce que vous pourriez nous
donner pas sur-le-champ, vous pourrez l'apporter demain la
clientèle exacte dans le secteur de l'enfance inadaptée?
M. Morin (Sauvé): Un relevé pour quelle
année?
Mme Lavoie-Roux: Sans le vouloir, tous ceux que vous m'avez
donnés, de 1976-1977 à cette année, par la force des
choses étaient inexacts. Vous vous souvenez, on avait passé
beaucoup beaucoup de temps à savoir combien avaient été
réintégrés dans le secteur, combien étaient servis
par le dénombrement flottant, enfin toutes ces modalités que vous
connaissez. Est-ce que demain on pourrait nous donner...
M. Morin (Sauvé): La clientèle de l'enfance en
difficulté d'adaptation et d'apprentissage pour l'année
1976-1977?
Mme Lavoie-Roux: Non, vous n'avez pas plus loin que
1976-1977?
M. Morin (Sauvé): C'est-à-dire que les
données pour la clientèle en difficulté d'adaptation et
d'apprentissage pour le budget 1980-1981...
Mme Lavoie-Roux: Non, non.
M. Morin (Sauvé): ... sont les consolidés de
1976-1977, les préliminaires de 1977-1978. Mais nous avons des
clientèles qui apparaissent dans le cahier pour l'enfance en
difficulté d'adaptation et d'apprentissage à la page 74.
Mme Lavoie-Roux: Pour l'année...
M. Morin (Sauvé): Pour l'année 1979-1980.
Mme Lavoie-Roux: Et celles-là sont exactes?
M. Morin (Sauvé): Celles-là sont exactes, sous
réserve de vérifications à faire pour être
assuré que toutes les consolidations ont été faites.
Je ne suis pas sûr, il faudrait vérifier que toutes les
consolidations ont été faites. Mais, comme il s'agit des
données 1979-1980, il reste vraisemblablement des vérifications
à faire.
Je crois qu'on ne peut pas vous dire que ce sont des chiffres tout
à fait définitifs, mais ce sont des chiffres vraisemblables.
Mme Lavoie-Roux: Des corrections ont été
apportées parce que vous travailliez sur des données qui
étaient inexactes jusqu'à tout récemment.
M. Morin (Sauvé): C'est-à-dire que les
données qui ont été constatées pour l'année
1976-1977 et vérifiées sont maintenant intégrées
par la suite. C'est ce qui nous a permis de constater ce qu'on avait
souligné hier: une croissance pour l'enfance en difficulté
d'adaptation et d'apprentissage, mais pour les troubles légers,
étant donné que pour les troubles graves d'apprentissage la
proportion demeure à peu près constante.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Papineau.
M. Alfred: Je dois dire aussi que les compétences que le
ministre de l'Éducation a constatées au niveau des fonctionnaires
qui travaillent au ministère de l'Éducation, sont aussi
constatées par ceux du côté ministériel. Le
député de Papineau s'en aperçoit aussi, d'autant plus que
de temps en temps il appelle, il vérifie des choses. Les compliments que
le ministre de l'Éducation attribue je le dis humblement aussi
à nos fonctionnaires, ceux du parti ministériel les leur
attribuent aussi.
Ce qui est plus important aussi, c'est que je me suis rendu compte que
nos fonctionnaires au niveau du ministère de l'Éducation
travaillent pour le gros bon sens et essaient de créer dans les
commissions scolaires et dans les écoles une certaine ambiance où
nos jeunes Québécoises et nos jeunes Québécois ont
le goût d'apprendre. Je pense que tout ce que le ministre de
l'Éducation vient de dire ne peut que nous flatter et nous faire voir
que nous avons aussi un corps de fonctionnaires qui travaillent
réellement pour la promotion du système éducatif
québécois.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que le programme 4 avec
ses éléments est adopté?
M. Lalonde: Une question; j'avais demandé...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: ... de nous distribuer la consolidation
préliminaire 1976-1977. Est-ce que vous l'avez?
M. Morin (Sauvé): La consolidation préliminaire
1976-1977, nous l'avons.
M. Lalonde: Préliminaire. Vous allez nous la distribuer
maintenant? Merci.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que le programme 4 avec
tous ses éléments est adopté?
M. Morin (Sauvé): Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. J'appelle le
programme 5.
M. Lalonde: Est-ce qu'on revient au programme 1 ou si on continue
au programme 5?
Enseignement collégial public
M. Morin (Sauvé): Nous avions convenu qu'après le
programme 4 nous passions au programme 5, le postsecondaire et, en particulier,
l'enseignement collégial. Je suis tout à fait disposé
à vous faire part dès maintenant, si nous en avons le temps, de
quelques remarques préliminaires qui seront, je m'empresse de l'ajouter,
plus brèves que celles que j'ai eu l'occasion de donner lors de la
présentation des crédits du primaire et du secondaire.
Si vous le voulez bien, j'aborderai maintenant l'enseignement dans les
collèges publics du Québec. L'an dernier, lors de la
défense des crédits du ministère, j'ai fait état de
la nouvelle politique qui avait été rendue publique quelques mois
auparavant, c'est-à-dire à l'automne 1978, ce que nous appelions
notre projet du gouvernement à l'endroit des CEGEP.
J'en avais également profité pour tracer rapidement les
objectifs auxquels le thème central de ce projet, qui était le
renouveau pédagogique, nous conviait, c'est-à-dire nouveaux
programmes, recherche, innovation, formation professionnelle, règlements
internes des collèges, qualité des services, notamment. Nous
voulions consolider les acquis, bien sûr, mais, également,
favoriser la qualité de l'enseignement, le renforcement des
responsabilités pédagogiques et administratives locales,
l'éducation permanente et le développement des services
généraux à la collectivité.
L'année écoulée a donc été
consacrée à des travaux préparatoires en vue du nouveau
régime pédagogique. De grandes mesures législatives ont
posé les fondements du renouveau pédagogique. La Loi modifiant la
Loi des collèges est venue offrir des possibilités et des
pouvoirs nouveaux aux collèges, tout en établissant un partage
plus net des responsabilités entre les collèges et le
ministère. Quant à la loi créant le Conseil des
collèges, maintenant en place et à l'oeuvre, elle a confié
à ce nouvel organisme la responsabilité majeure en matière
d'évaluation du fonctionnement des CEGEP. Vous aurez noté que le
projet de loi 25 sur les collèges qui, l'an dernier, avait
soulevé plusieurs difficultés est maintenant
considéré comme étant fondamentalement bien orienté
par ceux-là mêmes qui s'en étaient faits les critiques
à l'époque.
A cet égard, qu'on me permette de citer un extrait d'une lettre
que m'adressait le directeur général de la
Fédération des collèges en décembre dernier,
c'est-à-dire quelques mois après l'adoption de la loi dont je
viens de faire état: "Nous croyons que la Loi des collèges telle
qu'adoptée représente un progrès certain par rapport
à la précédente."
C'est là, je pense, M. le Président, un témoignage
important qui réjouira ceux qui ont été témoins de
la façon dont certains ont abordé l'étude de ce projet de
loi à l'époque. En outre, nous avons complété ces
mesures législatives par l'adoption, l'an dernier également, de
plusieurs autres mesures plus ponctuelles dans la foulée de
l'énoncé de politique. Par exemple, dix nouvelles corporations
d'enseignement général et professionnel ont été
créées, remplaçant la plupart des collèges
régionaux actuels et répondant à une volonté
unanime des milieux concernés. J'ai eu l'occasion de remettre
moi-même aux présidents des conseils d'administration de ces dix
nouveaux collèges les documents, les lettres patentes les
constituant.
Deuxièmement, un programme de bourses d'incitation
destinées à encourager les étudiants qui se destinent
à l'enseignement professionnel à choisir certaines
spécialités pour lesquelles le marché de l'emploi est
meilleur, a été mis en place. Troisièmement, un programme
de stages en industrie à l'intention des enseignants du secteur
professionnel a commencé de fonctionner. Quatrièmement, un
programme de production de matériel didactique écrit
destiné à l'enseignement professionnel a été
lancé. Cinquièmement, nous avons mis en place un programme
d'encouragement aux auteurs de matériel pédagogique, de
matériel didactique, et nous avons créé à leur
intention un prix parrainé par moi-même. J'ai eu l'occasion
d'attribuer ce prix pour la première fois il y a quelques mois.
Nous avons, en sixième lieu, consenti un élargissement de
la gratuité scolaire aux adultes du secteur collégial en
injectant $3 700 000 supplémentaires pour défrayer les
études à temps partiel dans certaines spécialités.
Septièmement et enfin, nous avons mis en place de nouvelles
règles de financement qui permettent dorénavant aux
collèges de mieux assurer l'encadrement pédagogique et
administratif des adultes.
Il est remarquable que ces mesures aient pu être mises en oeuvre
en pleine période de négociations; c'est pourtant ce qui s'est
produit. Ce que j'ai décrit constitue d'ores et déjà des
réalisations du ministère au cours de l'année
dernière. Je pense qu'il me faut dire quelques mots des ententes
collectives de travail qui viennent d'être signées dans ce
secteur. J'ai déjà eu l'occasion de vous entretenir de l'heureux
dénouement des négociations collectives lors de mon exposé
sur les programmes d'enseignement primaire et secondaire. L'essentiel de mes
propos pourrait être repris quant aux négociations du
réseau des col-
lèges, tant en ce qui a trait à la rapidité de leur
déroulement qu'çn ce qui concerne l'acceptation par les syndicats
intéressés des ententes intervenues. C'est, je crois, une
première que de voir des offres acceptées en définitive
par les enseignants. Dans les collèges, l'ensemble des ententes respecte
les objectifs que le gouvernement et ses partenaires s'étaient
fixés.
Du côté syndical, il faut noter des améliorations
très nettes à la sécurité d'emploi, aux droits
parentaux, à la charge de travail des enseignants et à leur
perfectionnement. Enfin, en conformité avec les orientations du projet
du gouvernement à l'endroit des CEGEP, des ententes permettent de rendre
les collèges plus responsables devant la collectivité,
d'accroître le rôle des départements tout en respectant la
liberté pédagogique des enseignants et d'améliorer le
processus de sélection des professeurs.
L'année qui vient sera dans la foulée des mesures
législatives de l'an dernier, celle des grandes mesures
réglementaires. En effet, le nouveau projet de règlement des
études et des régimes pédagogiques vient tout juste
d'être transmis au Conseil des collèges en vue d'obtenir son avis.
De même, les collèges doivent être consultés sous peu
sur cette pierre angulaire du renouveau pédagogique.
Parallèlement, en réponse à un souhait explicite des
collèges, le ministère de l'Éducation élabore
actuellement plusieurs projets de règlements-cadres qui seront eux aussi
transmis aux collèges eux-mêmes et au Conseil des collèges
dans le courant de l'année. Ces règlements-cadres porteront
notamment sur le régime de vie étudiante dans les
établissements, le contenu des rapports annuels que les collèges
doivent me transmettre, les états financiers et les démarches de
vérification externe. Les ententes qu'un collège peut conclure
avec d'autres organismes à des fins d'enseignement feront l'objet
également d'un règlement qui leur sera transmis.
Quand je parle de l'année qui vient comme devant être celle
du renouveau pédagogique, je pense également à une
série d'autres mesures de renouvellement du régime
pédagogique. Au renouvellement, il faut en effet ajouter des
réalisations prochaines comme la mise en place d'une nouvelle politique
de l'enseignement du français, l'élaboration d'une politique
ministérielle de formation professionnelle, qui, d'ailleurs, comme je
l'ai signalé, s'étendra également au niveau primaire et
secondaire, l'élaboration de nouveaux contenus de cours de philosophie,
la préparation des nouveaux cours consacrés aux institutions du
Québec et les cours complémentaires dans le domaine des
mathématiques. Il faut également songer à la
création d'un ou deux centres spécialisés qui doivent
être conçus dès le départ comme des lieux
d'excellence. Enfin, il faut penser à l'accélération que
nous voulons imprimer au programme de production du matériel didactique
et à l'accroissement du soutien à l'innovation
pédagogique.
Nous en sommes présentement à l'étape prévue
depuis quelques années où la clientèle régu-
lière des collèges risque de décroître,
légèrement, à coup sûr, mais sûrement. En
1980-1981, cette baisse sera de l'ordre de 1,5%. Pour éviter que cette
baisse n'ait des effets néfastes sur la qualité des services
éducatifs ou ne conduise à une sous-utilisation du personnel et
des équipements existants, les collèges seront appelés
à s'associer à la démarche gouvernementale en vue
d'accroître le taux de scolarisation des jeunes de 17 à 19 ans par
la hausse du taux de passage entre les niveaux secondaire et collégial.
Les collèges s'attacheront également à accueillir plus
largement encore la clientèle adulte puisque d'autres techniques
professionnelles offriront la gratuité scolaire aux étudiants
adultes à temps partiel. Un effort particulier sera également
consacré à réviser la distribution des enseignants dans le
réseau ainsi qu'à répartir et à utiliser au mieux
les ressources humaines et physiques disponibles. D'autres efforts seront faits
en matière d'accessibilité, notamment par le biais d'une
formation professionnelle plus décloisonnée, par le biais d'une
politique d'éducation des adultes et par une meilleure application des
recommandations du Conseil du statut de la femme.
Une fois tracé ce portrait des défis auxquels nous sommes
confrontés dans l'immédiat, puis-je en terminant faire le point
sur les données quantitatives les plus récentes concernant le
réseau collégial? A la suite de la création de dix
corporations nouvelles, le réseau des collèges d'enseignement
général et professionnel est maintenant composé de 40
établissements francophones et de six anglophones. Quant à la
clientèle desservie, elle sera, en septembre prochain, composée
de 115 000 étudiants réguliers à temps complet, ce qui
constitue une diminution, comme je l'ai souligné il y a un instant, de
1,5% par rapport à l'an dernier. Par ailleurs, nous prévoyons
accueillir au-delà de 23 000 étudiants adultes, à temps
complet, dans les CEGEP.
Un mot sur le personnel requis pour le bon fonctionnement des
établissements, pour dire que 8500 enseignants et 6630 employés
d'autres catégories constituaient, l'an dernier, le personnel de ces
établissements.
Enfin, pour ce qui est des crédits de l'enseignement
collégial, ils seront de plus de $759 millions, ce qui comprendra les $3
600 000 nécessaires au fonctionnement de la Direction
générale de l'enseignement collégial au ministère
même. Ces crédits représentent une augmentation d'environ
16% par rapport à l'an dernier.
Permettez-moi, en terminant, M. le Président, de présenter
aux membres de cette commission qui le connaissent sûrement
déjà le sous-ministre adjoint au secteur post-secondaire, M. Pier
Van Der Donckt qui doit être accompagné du directeur
général de la DIGEC, M. Jean Pronovost, M. Desmeules,
également, des affaires financières, ainsi que M. Jean-Guy
Ouellet.
M. le Président, j'aurais pu m'étendre davantage sur les
priorités de l'an dernier, celles de l'année qui vient, mais
comme le temps alloué aux crédits cette année est
plutôt restreint, je préfère
maintenant m'en remettre aux questions des membres de la commission.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, je remercie le ministre de
ces remarques que j'ai pu suivre à même les données que
l'on retrouve au chapitre B du cahier vert. Maintenant, étant
donné que nous devons ajourner dans environ huit minutes, je n'ai pas
l'intention non plus de faire des déclarations liminaires, au
départ, là-dessus pour les mêmes raisons que celles qui ont
été exprimées par le ministre. Mais avant de passer
à des questions, si on ajournait simplement, on pourrait commencer
directement là-dessus demain après-midi.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je n'en
disconviendrai pas, il se fait tard. Cela donnera d'ailleurs l'occasion aux
membres de la commission de prendre connaissance des cahiers et ça
pourra peut-être simplifier le nombre des questions demain.
Le Président (M. Lacoste): Avec le consentement de tout le
monde, nous allons ajourner nos travaux sine die.
Fin de la séance à 23 h 53