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(Dix heures seize minutes)
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît! Mesdames et messieurs les députés, MM. les
accompagnateurs du ministre et des députés, je déclare la
séance ouverte.
Je voudrais vous rappeler brièvement le mandat de la commission
qui est de procéder à l'étude des crédits
budgétaires du ministère de l'Éducation, ainsi que du
ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science pour
l'année financière 1986-1987, cela en fonction d'un ordre de
l'Assemblée en date du 27 mars 1986. Je vous fais part
immédiatement que la durée totale prévue en ce qui regarde
le ministère de l'Éducation est de dix heures et, pour
l'Enseignement supérieur, de onze heures.
C'est donc dire que demain après-midi nous devrions être en
mesure d'aborder l'étude des crédits de l'Enseignement
supérieur. M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des
remplacements?
Le Secrétaire: Non, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): II faudrait
peut-être rappeler brièvement, étant donné que c'est
la première séance que nous avons, l'objet de cette
réunion: l'étude des crédits dont les modalités se
retrouvent aux articles 279 et suivants du règlement de
l'Assemblée nationale. Elle permet aux commissions permanentes de
scruter méticuleusement les divers éléments contenus dans
l'ensemble des programmes budgétaires gouvernementaux. Chacune des
commissions se doit de procéder à l'étude des
crédits correspondant aux programmes des ministères pour lesquels
elle jouit d'une compétence selon l'article 282 du règlement de
l'Assemblée nationale.
Nous allons commencer immédiatement. Je rappelle aux participants
que les commissions parlementaires, dans notre système, sont faites pour
permettre aux élus d'interroger le gouvernement, d'interroger le
ministre sur ses crédits, sur ses orientations et sur ses programmes
toujours en relation avec les prévisions de crédits.
Il est sûr que les commissions parlementaires sont des endroits
privilégiés pour que l'Opposition puisse questionner le
gouvernement et aller chercher l'information. C'est donc dire qu'il y a des
règles établies, il y a du temps alloué pour chacun des
partis qui siègent. Je reconnaîtrai toujours un droit à
l'Opposition d'aller chercher le renseignement qu'elle est en droit
d'obtenir.
Cela dit, nous allons commencer par la déclaration du ministre.
M. le ministre de l'Éducation, nous vous écoutons, si vous voulez
bien présenter à cette commission parlementaire les orientations
et les crédits de votre ministère. Je vous laisse la latitude d'y
aller par programme ou d'y aller globalement et, après cela, on verra de
quelle façon on procédera.
M. le ministre de l'Éducation.
Remarques préliminaires M. Claude Ryan
M. Ryan: M. le Président, je voudrais tout d'abord saluer
tous les députés qui sont présents à l'ouverture de
nos travaux et en premier lieu, cela va de soi, mes collègues du
côté ministériel dont je constate la présence en
grand nombre ce matin. Leur présence en grand nombre n'est qu'une
manifestation additionnelle du très grand intérêt que les
membres du caucus libéral portent aux questions d'éducation
depuis l'élection du 2 décembre dernier. Je salue
également les représentants de l'Opposition qui ont eu avec moi,
jusqu'à maintenant, des rapports empreints de courtoisie et de souci du
bien de l'éducation dans son acception la plus élevée.
Cela étant dit, je vais vous donner lecture d'une communication
que j'ai préparée. Je voudrais vous signaler un petit point, M.
le Président: les fauteuils sont assez bas ici que cela demande presque
des exercices d'acrobatie pour être assis, lire le texte et en même
temps rejoindre le micro qui est inamovible.
Une voix: Nous comptons sur vous, M. le Président, pour
relever le débat.
M. Ryan: Une dernière remarque, si vous me le permettez!
J'aurai tantôt des copies de la communication que je vais
présenter. Je pense qu'elle devrait être disponible pour vous
avant la fin de la présente heure. Ce n'est pas du tout un caprice de ma
part; c'est parce que certaines parties ont été ajoutées
à la dernière minute vu que nous voulions être sûrs
que les éléments que nous vous apporterions refléteraient
les toutes dernières
orientations. D'ici une heure les copies seront disponibles è la
fois pour tes membres de la commission et pour les représentants de la
presse qui peuvent être ici.
A l'occasion de l'examen des crédits annuels du ministère
de l'Éducation, la coutume veut que le ministre de l'Éducation
brosse à larges traits un tableau de la situation générale
de l'éducation et qu'il évoque les orientations que le
gouvernement entend imprimer à l'éducation au cours de la
prochaine année. C'est avec plaisir que j'entends me conformer à
cette coutume inspirée de l'esprit de notre régime parlementaire
dans ce qu'il a de meilleur. Je le ferai avec d'autant plus de plaisir que je
me suis, pendant plusieurs années, adonné à cet exercice
à partir du côté qui est opposé au gouvernement et
que c'est la première fois que m'échoit le redoutable honneur de
faire cet exercice au nom du gouvernement.
Je veux assurer, en passant, mes collègues de l'Opposition que
nous attacherons la plus grande importance à leurs interventions au
cours de nos travaux et que, dans toute la mesure où elles porteront
à notre attention des éléments et des problèmes que
nous aurions pu ignorer ou sous-estimer, nous en prendrons connaissance avec le
plus grand intérêt.
La coutume veut également que, sans faire le silence sur les
situations qui justifient la critique honnête, nous tentions, des deux
côtés de la Chambre, à l'occasion de cet exercice annuel,
de nous élever le plus possible au-dessus des querelles partisanes. Sans
renoncer à un droit de critique légitime à l'endroit des
gestes du gouvernement précédent et tout en étant
conscient que l'Opposition et aussi les représentants du groupe
ministériel conserveront toute leur liberté d'intervention
à mon endroit et à celui du ministère de
l'Éducation, je tenterai le plus possible dans cette intervention
liminaire d'aborder les grandes questions relatives à l'éducation
dans l'esprit d'élévation et dans ce souci très large du
bien public qui conviennent mieux que la partisanerie étroite à
l'étude des dossiers de l'éducation.
En guise d'introduction à nos travaux, je voudrais tout d'abord
vous faire part d'une toute nouvelle publication du ministère de
l'Éducation qui apporte un éclairage inédit sur
l'évolution de notre système d'enseignement au cours de la
dernière décennie. Sous le titre "Indicateurs sur la situation de
l'enseignement primaire et secondaire" - je crois que des exemplaires vous en
seront distribués très bientôt - le ministère de
l'Éducation rend publique une brochure joliment illustrée qui
fait le point sur divers sujets dont nous avons maintes fois débattu ces
dernières années. Je vous livre en gros les principales
observations qui se dégagent du tour d'horizon auquel nous invite la
publica- tion.
La publication du ministère ne nous renseigne point - je vous en
préviens tout de suite - sur la qualité de la formation
dispensée dans nos écoles. Pour mesurer vraiment la
qualité des apprentissages offerts dans nos écoles, nous ne
disposons pas à l'heure actuelle de la panoplie d'instruments dont nous
aurions besoin. À part les examens de fin d'études secondaires du
ministère de l'Éducation, tout le processus d'évaluation
des apprentissages est laissé aux écoles et aux commissions
scolaires. Il est d'autant plus important pour nous de disposer à cette
fin de certains instruments de mesure appropriés que le Québec,
en raison du caractère différent de sa tradition culturelle et de
son système scolaire particulier, n'est presque jamais compris dans les
épreuves comparatives qui ont lieu de temps à autre entre les
systèmes d'enseignement de pays industrialisés, voire entre les
systèmes d'enseignement des provinces canadiennes et des États
américains. Des indications plutôt inquiétantes nous sont
venues à ce sujet d'une enquête récente du journaliste
André Noël, de la Presse. Nous ne devons pas éviter les
comparaisons en ce domaine. Nous devons plutôt veiller à ce
qu'elles aient lieu dans des conditions capables de faire justice à tous
les pays concernés. Retenons, pour l'instant, que la performance de nos
élèves aux épreuves organisées dans quatre pays
différents par la Presse devraient nous servir d'aiguillon et nous
inviter à retrousser nos manches afin que nous puissions
améliorer notre performance à l'avenir. Si la publication du
ministère de l'Éducation ne nous renseigne guère sur le
contenu et la qualité de la formation dispensée dans nos
écoles, elle apporte, par contre, un éclairage intéressant
sur deux dimensions importantes de notre effort collectif dans le secteur de
l'éducation, à savoir la qualité de l'effort financier
consenti par la population en faveur de l'éducation et les
progrès accomplis en matière d'accès plus large à
la scolarisation.
Au plan de l'effort financier, nous avons tous, des deux
côtés de la Chambre, signalé à maintes reprises
l'ampleur des coupures effectuées depuis quelques années. Ces
coupures ont été considérables. Elle nous ont
frappés d'autant plus durement qu'elles ont été
entreprises avec une dizaine d'années de retard par rapport aux autres
provinces canadiennes. Elles ont fait d'autant plus mal qu'elles ont
été entreprises beaucoup trop tard. Ces coupures doivent
toutefois être mises en regard de la diminution spectaculaire de
clientèle qu'ont connue nos écoles primaires et secondaires. De
1971 à 1980, la population d'âge scolaire a connu une baisse de 24
%. II n'est pas étonnant, dans ces conditions, que le nombre
d'élèves inscrits dans les écoles primaires et secondaires
publiques du Québec soit passé,
au cours des dix dernières années, de plus de 1 510 310,
en 1974-1975, à 1 032 232, en 1985-1986, soit une diminution d'environ
33 %. Je vous signale qu'en Ontario, pendant la même période, la
baisse des effectifs scolaires a été de 2 000 000 à 1 800
000, à peu près 200 000. Par conséquent, le Québec
a connu, au cours de cette décennie, un recul, au point de vue des
inscriptions scolaires, attribuable à la démographie qui est une
source d'inquiétude très grande.
Qu'à la suite de cette évolution la part du budget de
l'État québécois consacré à
l'éducation ait connu, elle aussi, une diminution, il n'y a pas lieu de
s'en étonner. La part des dépenses du ministère de
l'Éducation dans les dépenses gouvernementales était de
19,6 % en 1980-1981; elle sera de 15,9 % en 1986-1987. Une part importante de
cette diminution est attribuable è la baisse de clientèle dont
nous venons de parler. Une autre partie est, cependant, attribuable à
l'effet des compressions imposées depuis quelques années. Ainsi,
si on l'évalue en dollars constants de 1981, la dépense par
élève dans les secteurs primaire et secondaire publics
s'élevait à 2648 $ en 1981; en 1986-1987, la même
dépense ne sera plus que de 2255 $, soit une baisse de 14 %. (10 h
30)
Malgré ces chiffres, certaines observations s'imposent à
nous. Nous devons, en effet, enregistrer les faits suivants. En premier lieu,
le Québec continue de consacrer à l'éducation une part
plus importante de sa richesse collective que le reste du Canada. La part du
produit intérieur brut que le Québec a consacrée à
l'éducation en 1984 était de 5,5 %. Évidemment, il s'agit
toujours de l'enseignement primaire et secondaire. Pour les autres provinces
canadiennes, cette part fut de 4,5 %. On estime à 1 000 000 000 $ la
différence entre l'effort consenti par le Québec et l'effort
consenti par les autres provinces. Deuxièmement, par comparaison avec
l'Ontario, les éléments suivants doivent être
signalés. D'abord, la dépense par élève demeure
plus élevée au Québec qu'en Ontario. En 1984-1985, le
Québec a dépensé 4350 $ pour chaque élève
des commissions scolaires, tandis que la dépense par élève
en Ontario était de 3936 $, soit un écart de 414 $. En second
lieu, le salaire moyen de l'enseignant québécois était de
32 126 $ en 1984-1985, alors que celui de l'enseignant ontarien était de
36 617 $, soit un écart de 4491 $ en faveur de l'enseignant ontarien.
Cet écart était cependant contrebalancé par une
tâche éducative et un rapport maître-élèves
sensiblement moins lourds au Québec qu'en Ontario. Le rapport
maître-élèves s'établissait, en effet, à 16,8
au Québec, contre 20 en Ontario. La tâche éducative
était de même plus lourde en Ontario: le temps de
disponibilité de l'enseignant ontarien était de 29,3 heures
contre 27 heures pour son collègue québécois, tandis que
le temps d'enseignement moyen était de 22,5 heures au primaire et de 20
heures au secondaire pour l'enseignant ontarien, contre 20 heures au primaire
et 17 heures au secondaire pour l'enseignant québécois. C'est par
ces différences que s'explique en grande partie le coût
supérieur que nous encourons par élève au Québec.
Inutile de vous dire que ces différences se traduisent par des milliers
de postes additionnels d'enseignants dans nos écoles.
Si, malgré les coupures et les compressions des dernières
années, nous continuons de payer ainsi un prix plus élevé
que les autres provinces pour l'éducation, nous avons néanmoins
la satisfaction de constater que des progrès énormes ont
été accomplis au chapitre de l'accessibilité.
Tant au niveau primaire qu'au niveau secondaire, l'incidence du retard
scolaire est en nette régression. Le taux global d'incidence du retard
scolaire était de 56,5 % en 1979; il n'était plus en 1984 que de
47,6 %. Ce taux demeure encore beaucoup trop élevé. Il accuse
néanmoins une diminution encourageante.
La persévérance scolaire accuse également des
progrès notables. Entre 1978 et 1984, le nombre de jeunes ayant
abandonné les études a diminué de plus de la
moitié, passant de 63 000 à 29 000. Une bonne partie de cette
diminution s'explique sans doute par la baisse de clientèle attribuable
à la chute de la natalité, mais il reste que la
probabilité pour un élève d'un abandon sans diplôme
de ses études au niveau secondaire est passée de 48 %, en 1978,
à 28 % en 1984. La proportion des élèves du secondaire qui
se rendent jusqu'au diplôme est aujourd'hui de 71 %, alors qu'elle
n'était que de 45,8 % en 1972.
Autre phénomène intéressant: le retour aux
études. Le nombre des élèves qui, après avoir
quitté les études, effectuent un retour aux études
régulières a triplé en 1984, passant de 4626 en 1983
à 14 531 en 1984. Plus de 7000 jeunes ont ainsi effectué un
retour aux études en 1984 dans le cadre du programme de rattrapage
scolaire destiné aux jeunes bénéficiaires de l'aide
sociale.
Le taux de scolarisation des jeunes générations fut
longtemps très inférieur au Québec par rapport à la
moyenne canadienne. Mais grâce aux efforts que nous - avons
collectivement consentis depuis 20 ans, le Québec se situe
désormais dans la bonne moyenne canadienne en ce qui touche la
scolarisation de niveau primaire et secondaire parmi sa population
âgée de 35 ans et moins. Il reste, évidemment, parmi la
population plus âgée, des tranches encore importantes qui, parce
qu'elles ont dû abandonner les
études à un âge plus avancé dans les
années antérieures, n'ont pas atteint le degré de
scolarité qui est aujourd'hui caractéristique d'à peu
près tous les jeunes qui passent à travers le système
scolaire. Mais nous approchons rapidement du stade où nous pourrons
constater avec fierté que pratiquement tous les jeunes de cette province
et, dans une génération, tous les citoyens du Québec
seront munis au moins d'une bonne formation secondaire.
L'objectif de l'accessibilité étant désormais
largement atteint en ce qui touche le niveau secondaire, nous devrons
concentrer de plus en plus nos efforts sur la recherche d'une plus grande
qualité de la formation dispensée dans nos écoles. Ainsi
que l'ont clairement établi les États généraux sur
la qualité de l'éducation, nous devons maintenant entreprendre un
effort gigantesque afin de porter la qualité de l'éducation
à un niveau sans cesse plus élevé de rigueur et
d'excellence. Nous n'aurons pas trop de toute une décennie pour
déployer à cette fin les efforts sans lesquels nos
investissements financiers considérables dans le secteur de
l'éducation risqueraient d'être en grande partie
gaspillés.
À la séance de clôture des états
généraux, j'ai proposé à cet égard une
série d'objectifs qui devraient retenir notre attention. Je me permets
de les rappeler brièvement: 1° Nous devons rechercher une plus
grande personnalisation du processus éducatif à tous les niveaux
et en particulier une meilleure relation entre le maître et les
élèves suivant des modalités propres à chaque
niveau d'enseignement. Il est vrai que nous devrons chercher à corriger
certaines situations aberrantes nées des derniers décrets, en
particulier en ce qui touche le nombre souvent trop élevé de
groupes d'élèves auxquels un professeur du niveau secondaire doit
faire face pendant une semaine. Mais il serait erroné de croire que tout
effort d'amélioration dans le sens d'une plus grande personnalisation
des rapports entre les éducateurs et les élèves doit
dépendre exclusivement de l'injection de nouvelles ressources
financières dans le système. 2° Nous devons renforcer et
améliorer la qualité des apprentissages dans les matières
de base, en particulier dans les secteurs où des faiblesses majeures ont
été clairement établies, par exemple, le français
écrit et parlé - je constate que, du côté
anglophone, on s'inquiète également de la qualité de
l'anglais enseigné dans nos écoles - les mathématiques,
les sciences, l'anglais et le français langue seconde, les connaissances
générales. Il n'est pas question de faire de l'école une
sorte de réduit où l'on n'enseignerait que les techniques de la
grammaire et des mathématiques. L'école doit également
être un milieu de vie, mais sa première fonction doit être
de plus en plus nettement le développement de l'intelligence, le
développement des connaissances et des facultés critiques de
l'enfant. 3° Nous devons renforcer à tous les niveaux, en
conséquence de ce que je viens de dire, le goût de la discipline
intellectuelle, le souci de la rigueur et la recherche du travail bien fait.
4° Nous devons faire en sorte que l'école ne soit pas seulement un
lieu où l'élève ingurgite des connaissances, mais qu'elle
soit aussi un milieu propice au développement des facultés
critiques et du goût de la connaissance, en particulier du goût de
la lecture et de l'étude. 5° Nous devons chercher à assouplir
et à alléger le régime pédagogique et les
programmes de manière à laisser une place plus large à
l'initiative et à l'adaptation, surtout au niveau de l'école.
6° Nous devons faire en sorte que l'école fournisse à
l'élève un milieu propice à une participation accrue au
processus de sa formation tant au niveau personnel qu'au niveau collectif.
7° Nous devons viser à établir une jonction plus efficace et
plus harmonieuse entre l'école et les milieux de vie et, en particulier,
entre l'école et le milieu de travail. 8° Nous devons nous doter,
comme société, de systèmes d'évaluation des
apprentissages scolaires plus raffinés et plus exigeants que ceux dont
nous disposons à l'heure actuelle. 9° Nous devons faire en sorte
que, tout en demeurant organiquement rattachée à une commission
scolaire, l'école soit de plus en plus dotée d'une
personnalité propre et d'une large autonomie dans l'exercice de son
rôle.
Ces objectifs demeurent pour l'instant généraux. Ils se
traduiront graduellement au cours des mois à venir en des orientations
précises et en des décisions concrètes que
j'arrêterai évidemment en consultation avec les fonctionnaires du
ministère de l'Éducation et les membres de la députation,
de même qu'avec les intervenants du monde scolaire, en particulier au
niveau des commissions scolaires, des syndicats d'enseignants, de tous les
groupes de parents et d'élèves qui sont engagés dans le
travail scolaire. Parmi les initiatives qui sont déjà en voie de
réalisation, je voudrais mentionner la politique de formation
professionnelle, la mise au point du régime pédagogique et la
mise en oeuvre des épreuves de français écrit à la
fin du cours primaire et du cours secondaire.
La nouvelle politique de formation professionnelle se fait attendre
depuis déjà plusieurs années. À cause des nombreux
retards dont elle a été l'objet, le secteur de la formation
professionnelle a connu ces
dernières années un déclin d'autant plus
inquiétant que ce secteur doit être à la fine pointe de
l'effort que nous devrons accomplir ensemble au cours des prochaines
années afin de former les milliers de travailleurs
spécialisés dont aura besoin en priorité notre
économie sous la poussée des changements technologiques.
Je suis heureux d'annoncer aujourd'hui que le document d'orientation que
je promettais à ce sujet en janvier dernier sera bientôt
terminé et pourra, avant l'été, être soumis à
la consultation des milieux concernés.
En me rendant à mon bureau, ce matin, je rencontrais, justement,
dans l'ascenseur du complexe G des éducateurs de l'Estrie qui avaient
été convoqués au ministère pour une séance
de consultation autour de ce document sur la formation professionnelle qui est
déjà rédigé, mais que nous cherchons à
affiner avant de le mettre en circulation publique. Ces éducateurs s'en
venaient passer une journée ou deux au ministère, comme cela se
produit continuellement, afin de venir apporter leur expérience et leur
expertise à la recherche que nous faisons ensemble.
Ce document proposera un équilibre que j'estime
intéressant entre les positions extrêmes qui se sont
affrontées jusqu'à maintenant quant à la place respective
devant être accordée à la formation générale
et à la formation spécialisée dans le secteur
professionnel. Sa mise en oeuvre exigera cependant des ressources
financières importantes tant au chapitre du renouvellement des
programmes qu'à ceux du recyclage des enseignants et de la modernisation
des équipements. J'ai confiance que nous voudrons consentir ensemble les
sacrifices nécessaires pour la revitalisation de ce secteur trop
longtemps négligé de notre enseignement secondaire.
Le régime pédagogique fera de son côté
l'objet de modifications significatives au cours des prochains mois. Dès
que les travaux sessionnels nous laisseront quelque répit, je compte
être en mesure de soumettre à cet égard des propositions
précises au Conseil supérieur de l'éducation et aux
milieux intéressés. Les changements proposés porteront,
entre autres, sur la place à accorder à la formation
professionnelle dans le régime des études, sur la place à
faire à l'enseignement des langues secondes, sur l'amélioration
de l'enseignement du français, sur l'allégement de certaines
matières, sur l'assouplissement des horaires, etc.
L'épreuve de français écrit, annoncée il y a
quelques semaines par le ministère de l'Éducation, a
déjà fait couler beaucoup d'encre. Elle nous a valu de nombreux
témoignages d'approbation en provenance des milieux les plus divers. Je
suis heureux de confirmer que le matériel préparatoire au
lancement de cette épreuve a déjà été
acheminé vers les commissions scolaires et que celles-ci se
préparent déjà à participer en juin aux
épreuves proposées. Ces épreuves ne seront qu'un volet du
programme d'action beaucoup plus vaste que nous envisageons de mettre en oeuvre
afin de valoriser la langue française dans nos écoles primaires
et secondaires. Nous voulons que l'élève qui sort de nos
écoles secondaires soit fier de sa langue. Nous voulons qu'il soit
capable de s'exprimer et d'écrire convenablement dans sa langue
maternelle. Aucun effort ne sera ménagé afin de faire en sorte
que l'élève puisse acquérir à l'école une
maîtrise plus satisfaisante de la langue française. Je rappelle
à cet égard un fait que j'ai signalé à maintes
reprises au cours des derniers mois: aux Etats-Unis, les travaux des chercheurs
les plus sérieux dans le domaine de l'éducation - je pense, par
exemple, à l'ouvrage magistral d'Ernest Boyer sur l'avenir de
l'école secondaire aux États-Unis concluent qu'il faut apporter
une importance grandissante à l'apprentissage de la langue maternelle,
même chez l'élève qui se destine à une
carrière scientifique, commerciale ou industrielle. Si cette
nécessité est reconnue par les meilleurs esprits aux
États-Unis, combien elle doit l'être davantage au Québec!
(10 h 45)
Ce ne sont là que trois exemples de l'effort de renouveau que
nous entendons poursuivre au plan pédagogique. Dans tous les domaines,
à propos de tous les programmes, à tous les niveaux de
responsabilité, l'accent sera mis sur les remises en question
nécessaires, sur la recherche résolue des améliorations
qui s'imposent, sur l'approfondissement, sur la recherche d'une plus grande
rigueur dans tous les aspects du travail d'éducation. J'estime que ce
sont là des qualités que notre peuple doit cultiver davantage
afin de pouvoir s'affirmer dans le monde d'aujourd'hui. Le système
d'enseignement ne saurait éluder ses responsabilités à cet
égard. Je fais appel à tous les intervenants du monde de
l'enseignement afin qu'ils participent avec détermination à cet
effort de rehaussement de la qualité de l'éducation au
Québec qui sera l'objectif majeur de notre gouvernement au cours des
prochaines années.
Dans le système d'enseignement, nul intervenant, à part
l'élève, n'est plus important et ne joue un rôle plus
décisif que l'enseignant. Sans reprendre ce que j'ai déjà
affirmé à maintes reprises à ce sujet, je voudrais redire
aux enseignants et aux enseignantes du Québec que le gouvernement actuel
comprend et apprécie leur travail et les reconnaît comme des
agents indispensables de l'oeuvre de renforcement de notre système
d'enseignement à laquelle il convie toute la population. Je sais bien
que
toute amélioration des rapports entre le gouvernement et les
commissions scolaires, d'une part, et les enseignants, d'autre part, passe dans
l'immédiat par la négociation des prochaines conventions
collectives. Tout en ne pouvant faire le silence sur les contraintes
budgétaires dont nous devrons tenir compte, je veux de nouveau assurer
les enseignants de notre bonne foi et de notre sincérité dans les
négociations en cours. Avec la grande majorité des enseignants,
des parents, des élèves et des administrateurs scolaires, je
souhaite que la prochaine année scolaire puisse s'ouvrir en septembre
prochain avec de nouvelles conventions collectives dûment signées
de part et d'autre. Ce serait là le plus beau cadeau que nous pourrions
faire ensemble au million d'étudiants qui fréquentent nos
écoles primaires et secondaires et qui ne demandent pas mieux que de
recevoir la formation à laquelle ils ont droit dans des conditions
optimales de tranquillité, de travail et de
sérénité. Le gouvernement est prêt, pour sa part,
à négocier loyalement pour en arriver à un résultat
positif.
Je veux vous assurer à cet égard, M. le Président,
que je suis personnellement de très près le déroulement
des négociations dans le secteur de l'éducation et que je ferai
en sorte, comme je l'ai fait jusqu'à maintenant, que tous les efforts
soient déployés pour que des contacts empreints de respect
réciproque et d'ouverture d'esprit soient maintenus avec la partie
syndicale jusqu'à la signature d'une convention collective en bonne et
due forme. Je suis heureux de vous informer que des contacts ont eu lieu,
encore ces derniers temps, entre les deux parties et que le climat des
discussions a été généralement un climat
très correct, un climat empreint de courtoisie et de dignité.
À la suite d'une rencontre que j'avais hier encore avec nos
partenaires des commissions scolaires catholiques et protestantes, je puis
affirmer qu'eux aussi souhaitent de tout coeur qu'une entente intervienne d'ici
l'été et que nous puissions entreprendre la prochaine
année scolaire dans des conditions propices à la poursuite de
l'objectif d'excellence que nous devons tous nous fixer pour l'avenir.
Au plan institutionnel, les commissions scolaires sont les partenaires
les plus immédiats du gouvernement dans le système
d'enseignement. Formées de commissaires élus au suffrage
universel par leurs concitoyens, les commissions scolaires sont de plein droit,
dans leur champ de compétence, des gouvernements locaux. Elles exercent
par ailleurs une partie importante de leur action en étroite symbiose
avec le ministère de l'Éducation. D'où l'importance que
nous leur accordons et les rapports très étroits que nous
maintenons avec les deux fédérations qui regroupent les
commissions scolaires catholiques et protestantes.
Au cours de l'année 1986-1987, nombreuses seront les initiatives
du gouvernement en relation avec les commissions scolaires.
Signalons d'abord que le processus d'intégration des commissions
scolaires de niveau primaire et de niveau secondaire continuera de suivre son
cours selon les règles que j'ai rappelées à maintes
reprises ces derniers mois, à savoir la règle du libre
consentement des commissions scolaires concernées et la règle du
maintien garanti de la qualité des services à des coûts qui
ne soient pas supérieurs à ceux d'aujourd'hui. À l'heure
actuelle, de nombreuses commissions scolaires - elles pourront donner des
détails sur cela en temps utile, pendant les travaux de la commission -
ont déjà procédé à leur intégration
sous l'empire de la Loi sur l'instruction publique; d'autres le feront à
compter de juillet 1986 et d'autres ont préféré reporter
l'opération à juillet 1987. D'autres, enfin, n'en sont point
encore venues à un accord volontaire avec leurs partenaires concernant
leur intégration. Nous laisserons les choses fonctionner ainsi pendant
encore quelques mois. Vers la fin de la présente année
budgétaire, nous tracerons un bilan des résultats obtenus. Nous
en tirerons alors les conclusions qui nous paraîtront s'imposer.
Toujours au sujet des commissions scolaires, il me fait plaisir de
confirmer que nous pourrons appliquer, à compter de 1986-1987, de
nouvelles règles pour l'allocation des subventions versées aux
commissions scolaires par le gouvernement. Le mode actuel de répartition
des ressources n'a pas été révisé depuis de
nombreuses années. Il repose sur des critères dont plusieurs
favorisent indûment certaines commissions scolaires au détriment
des autres. Grâce à la participation active de
représentants des fédérations qui regroupent les
commissions scolaires, un travail intensif a permis ces derniers mois de mettre
sur pied un nouvel ensemble de règles budgétaires qui nous
paraît mieux adapté aux réalités d'aujourd'hui. Il
me fait plaisir d'annoncer qu'à la suite de séances de travail
fébriles tenues au cours des derniers jours avec les fonctionnaires du
ministère j'ai donné l'autorisation d'appliquer dès la
prochaine année scolaire les nouvelles règles budgétaires.
Il nous reste à obtenir à cet égard l'approbation du
Conseil du trésor, lequel est saisi aujourd'hui - si mes renseignements
sont exacts - du projet que nous lui avons communiqué. Nous avons
toutefois tenu compte, en préparant cette décision, de l'impact
négatif que l'application des nouvelles règles aura sur le budget
de certaines commissions scolaires. À ces commissions scolaires, je suis
heureux de
donner l'assurance que les ajustements rendus nécessaires par les
nouvelles règles ont été sensiblement assouplis afin de
tenir compte des nombreuses suggestions qui nous avaient été
faites. Je suis également heureux d'annoncer que l'application des
nouvelles règles budgétaires sera étalée sur une
période de trois ans dans le cas des commissions scolaires qui verront
leur subvention diminuer de manière que nous puissions donner à
chaque commission scolaire ainsi concernée le temps nécessaire
pour s'adapter au nouveau régime. Le nouveau système d'allocation
des ressources sera plus juste, plus simple, plus souple. Il donnera une marge
de manoeuvre élargie aux commissions scolaires dans la gestion de leurs
ressources. Je félicite le sous-ministre de l'Éducation, M.
Thomas Boudreau, et ses collaborateurs du ministère de
l'Éducation, de même que les nombreux administrateurs de
commissions scolaires, qui ont rendu possible cette réforme du mode
d'allocation des ressources accordées aux commissions scolaires. En
même temps que nous éliminerons bien des éléments
artificiels et bien des inégalités de traitement, nous assurerons
une plus grande équité et une plus grande limpidité dans
le partage des ressources mises à la disposition des commissions
scolaires par l'État québécois.
Sous l'angle des structures, je considère que les commissions
scolaires sont appelées à évoluer tôt ou tard vers
la formule linguistique, laquelle est d'ailleurs déjà largement
établie en pratique. À Montréal et à Québec,
la poursuite de cet objectif se heurte à des obstacles majeurs d'ordre
constitutionnel dont nous devons tenir compte. À moins que nous n'ayons
l'assurance d'agir dans la légalité la plus nette, nous
n'entendons pas rouvrir à ce sujet les débats stériles et
déchirants qui ont consumé tant d'énergie ces
dernières années. Nous continuons cependant d'examiner la
possibilité de remplacer les commissions scolaires confessionnelles par
des commissions scolaires linguistiques dans les territoires qui, selon les
indications de la jurisprudence, ne sont pas des territoires
protégés au sens de l'article 93 de la Loi constitionnelle de
1867. Nous devrions en venir à des conclusions claires à ce sujet
en vue du projet de révision de la Loi sur l'instruction publique que
nous comptons déposer à l'Assemblée nationale à
l'automne de la présente année. Ce projet comprendra, en outre,
un remaniement complet du mode d'élection des commissaires
d'écoles, une définition plus nette du rôle respectif de
l'école, de la commission scolaire et du ministère de
l'Éducation ainsi que plusieurs autres modifications.
Dans un autre ordre d'idées, je ne saurais passer sous silence
deux problèmes qui exigent, à mon sens, des solutions claires et
rapides. Le premier problème nous vient de la présence dans les
écoles anglaises, surtout dans la région de Montréal, de
plusieurs centaines d'élèves dits "illégaux", qui ne
devraient pas être dans ces écoles selon les dispositions de la
loi 101 mais qui s'y trouvent quand même, la plupart depuis de nombreuses
années déjà. Certains sont maintenant rendus au
collège. Ce problème dure depuis l'automne de 1977. Il a
été la source de difficultés considérables pour les
élèves concernés, pour leurs parents, pour leurs
éducateurs, pour les commissions scolaires chargées de leur
instruction et pour le gouvernement. J'estime que ce problème a
suffisamment duré, qu'il a déjà trop pourri et que nous
devons y apporter une solution efficace en vue de la prochaine année
scolaire. Ayant reçu ces derniers jours le rapport du groupe de travail
que j'avais chargé d'examiner ce problème sous la
présidence de M. Jean-Claude Rondeau, j'espère être en
mesure de proposer bientôt une solution concrète d'ordre
législatif. L'objet de la mesure proposée sera d'effacer ce
problème de la carte et de créer un climat de confiance et de
collaboration grâce auquel de semblables situations ne se reproduiront
plus à l'avenir.
Je souhaite également proposer des modifications
législatives qui permettraient d'incorporer dans la loi 101 la clause
Canada à laquelle le Parti libéral du Québec a toujours
été attaché. À la suite d'un jugement rendu par la
Cour suprême il y a deux ans, la clause Canada s'applique
désormais, de toute manière, au Québec. Elle s'applique
cependant dans des conditions différentes de celles qui président
à l'application des autres dispositions de la loi 101. Le régime
d'application actuel ne brille ni par la franchise, ni par la limpidité,
ni par l'équité envers les personnes concernées. Nous
voulons faire en sorte que nos lois disent exactement ce que nous voulons faire
et ce que nous faisons concrètement. Je souhaite, en conséquence,
être en mesure de présenter à cette fin des modifications
législatives.
Il ne se passe guère de jour que je ne reçoive de groupes
de parents ou d'élèves, de municipalités, de corps
civiques, de groupements bénévoles et, surtout, cela va de soi,
de commissions scolaires des représentations concernant des besoins de
construction ou d'agrandissement d'écoles. À tous ces groupes,
à tous les députés qui sont souvent chargés de
faire des représentations en leur nom, je dois dire que l'année
1986-1987 ne sera pas une année faste en matière de
dépenses d'immobilisation. Le Conseil du trésor décidait
il y a quelques semaines qu'aucune initiative nouvelle ne serait
acceptée à ce chapitre, en 1986-1987. Il nous prévenait
qu'il nous faudrait nous borner à donner suite aux projets
déjà engagés ou déjà inscrits à la
programmation non sans nous inviter en même temps à couper ou
à
différer certains projets qui avaient déjà
été acceptés, mais qui ne seraient pas très
engagés ou rigoureusement nécessaires. C'est à la
lumière de cette directive sévère que nous devrons
arrêter ces temps prochains notre programme de dépenses
d'immobilisation pour 1986-1987. Le travail est évidemment très
avancé à ce moment-ci. Nous avons cherché à
établir un ordre de priorités qui respecte les choses
déjà en cours, mais qui tienne compte en même temps des
besoins les plus urgents selon le jugement du gouvernement actuel. (11
heures)
Au plan de la micro-informatique, l'année 1986-1987 sera
également marquée au coin de l'austérité. Vu les
dépenses considérables consacrées à ce poste au
cours des trois dernières années, les sommes
réservées à l'acquisition de nouveaux appareils seront
réduites, en 1986-1987, à leur plus simple expression. Nous
disposerons d'un budget très limité pour faire face à
certains besoins très pressants. L'accent sera mis, en 1986-1987, sur la
formation et le perfectionnement des maîtres, sur l'acquisition de
logiciels, sur l'expérimentation et l'innovation. Nous ne disposerons
toutefois à ces fins que d'un budget de 4 600 000 $, lequel est
sensiblement inférieur à celui que nous avions
demandé.
Vu l'importance que le gouvernement et l'opinion publique attachent
à l'effort exceptionnel de discipline et de rigueur budgétaires
auquel l'administration publique est invitée à s'astreindre en
vue du prochain exercice financier, je voudrais clore cet exposé en
présentant une vue d'ensemble des compressions qui seront
effectuées en 1986-1987 au sein des principaux services du
ministère de l'Éducation.
Les ressources totales dont disposera le ministère de
l'Éducation en 1986-1987 seront de 4 587 000 000 $ contre des
crédits de 4 530 000 000 $ et des dépenses probables de 4 501 000
000 $ en 1985-1986, soit des augmentations respectives de 1,3 % et de 1,9 %,
selon que l'on emprunte l'une ou l'autre base de comparaison, selon que l'on
prend les crédits qui avaient été déposés
l'an dernier ou notre estimation des dépenses probables à la fin
de l'exercice financier, lesquelles seront légèrement
inférieures aux crédits qui avaient été
demandés en début d'exercice. Il s'agit là de hausses
extrêmement modestes, je suis le premier à en convenir. Je
souligne que ces hausses ne tiennent pas compte de l'augmentation minimale de
3,5 % qui sera versée au chapitre des rémunérations sous
l'empire des conventions collectives à intervenir. Ce n'est pas compris
dans les chiffres que nous vous donnons. Cela viendra s'ajouter, par
conséquent. Je pense que nous devons, en toute honnêteté,
tenir compte de ce facteur si nous voulons mesurer l'effort exact qui sera fait
dans le secteur de l'éducation au cours de la prochaine année. Le
taux d'augmentation réel ne sera pas, par conséquent, de 1,3 % ou
de 1,9 %. Il sera de 1,3 % ou de 1,9 % plus le taux d'augmentation qui sera
donné pour les salaires, lesquels constituent, je pense, à
première vue, au moins 75 % des dépenses du secteur de
l'éducation. Nonobstant la remarque que je viens de faire,
l'augmentation des crédits aurait été plus
considérable en 1986-1987 si ce n'avait été des
compressions que nous nous sommes imposés pour faire face au défi
budgétaire extrêmement difficile qui se présentait au
gouvernement.
En année financière, c'est-à-dire du 1er avril 1986
au 31 mars 1987, les compressions s'élèveront en tout à 36
800 000 $. En année scolaire, elles s'élèveront à
50 000 000 $. Voici comment se répartiront ces compressions.
Tout d'abord, au programme 1, une somme de 3 000 000 $ sera
épargnée à même les dépenses d'administration
et de direction du ministère. Ces épargnes seront
réalisées dans les services de l'entretien, des communications,
des fournitures et des équipements. Par suite de cette compression et de
transferts de responsabilités et de ressources effectués vers
d'autres organismes, les crédits consacrés au ministère de
l'Éducation connaîtront, en 1986-1987, une baisse de 12,2 %.
J'insiste sur les transferts qui ont été faits. Il y en a deux.
Tout le personnel des services informatiques qui sert pour la compilation des
données relatives aux commissions scolaires a été
transféré il y a quelques mois à la GRICS, un organisme
qui est désormais sous la responsabilité de la
Fédération des commissions scolaires catholiques du
Québec, et, par conséquent, cela ne figure plus dans les
effectifs et les dépenses du ministère; de même, nous
envisageons - un projet de loi sera déposé bientôt à
cette fin - le transfert des services de production d'émissions de
télévision que nous avons au ministère vers
Radio-Québec. Alors, de ce côté-ci, également il est
tenu compte de ce transfert pour en arriver à ce pourcentage de
réduction. Je ne cherche pas par conséquent à jeter de la
poudre aux yeux. J'essaie de présenter les faits dans toute leur
réalité.
En conséquence de ces transferts surtout, les effectifs du
ministère connaîtront une diminution de 348 postes permanents et
de 83 postes occasionnels en 1986-1987.
Au programme 3, on observe une légère augmentation du
montant des subventions à l'enseignement privé. Mais, compte tenu
de l'augmentation prévue de clientèle dans ce secteur et compte
tenu aussi d'un rajustement nécessaire des bases de financement
1984-1985 et 1985-1986 pour tenir compte des coûts réels
encourus... Comme vous le
savez, les subventions à l'enseignement privé sont
données a posteriori, après que l'année a eu lieu. On
tient compte de la moyenne des dépenses qui ont été faites
l'année précédente dans les commissions scolaires. Le taux
des subventions - les subventions sont versées pour l'année
courante - est ajusté une année après. Ici, il y a un
ajustement qui s'impose pour tenir compte des dépenses réelles
des deux exercices précédents. En conséquence de tout
cela, c'est plutôt une compression de 600 000 $ que devra subir le
secteur privé.
Au programme 4 consacré à l'enseignement primaire et
secondaire, les compressions s'élèvent en tout à 20 800
000 $ sur des crédits totaux dont vous avez le montant exact dans vos
cahiers respectifs. Ces compressions se répartissent ainsi:
réduction des prêts de service, 500 000 $; resserrement des ratios
maître-élèves, 2 450 000 $; compression au chapitre des
autres personnels et des autres coûts - ce sont les personnels qui ne
tombent pas sous la catégorie "enseignants" - 9 450 000 $;
sécurité d'emploi, 2 100 000 $.
Dans la réduction d'allocations supplémentaires,
implantation coopérative de programmes dans les commissions scolaires, 1
000 000 $; insertion sociale et professionnelle des jeunes, 3 000 000 $;
micro-informatique, 1 400 000 $; autres allocations, 1 400 000 $.
À l'éducation des adultes, resserrement des règles
administratives, 7 000 000 $; diminution des allocations
supplémentaires, 2 100 000 $, et enfin, investissements des commissions
scolaires du nord, 3 300 000 $.
Ici, il s'agit plutôt de dépenses qui seront
transformées en des dépenses d'immobilisations. Nous pouvons par
conséquent les inscrire comme des compressions pour cette année
mais il n'y aura pas de réduction véritable de ressources.
En ce qui touche l'éducation des adultes, la compression de 9 100
000 $ est élevée. Elle doit cependant être mise en regard
de l'évolution spectaculaire - Je préviens mon collaborateur, M.
Luc Rhéaume, que dans le texte on a écrit "a été
levée" mais on devrait lire "est élevée". Je ne voudrais
pas qu'il y ait de malentendu qui s'érige entre nous là-dessus.
Elle est élevée. On doit cependant mettre cette compression en
regard de l'évolution spectaculaire qui s'est produite dans le budget de
l'éducation des adultes en 1985-1986. En tenant compte de ce facteur sur
lequel nous pourrons nous expliquer plus tard, les sommes consacrées
à l'éducation des adultes en 1986-1987 demeureront, malgré
la compression, fortement supérieures à ce qu'elles
étaient dans les années antérieures.
Signalons toutefois que, sur les sommes totales de 154 800 000 $ qui ont
été réservées à l'éducation des
adultes pour 1986-1987, une somme de 56 300 000 $ a été
réservée pour des dépenses de 1985-1986 dont l'imputation
fut reportée à l'exercice 1986-1987. Compte tenu de ce report et
de la compression de 9 000 000 $, c'est ainsi une somme de 107 500 000 $ qui
sera consacrée à l'éducation des adultes en 1986-1987.
Les responsables de la Direction générale de
l'éducation des adultes considèrent qu'il leur sera possible
d'accomplir une excellente besogne avec ce budget au cours de la prochaine
année.
Toujours au sujet de l'éducation des adultes, je signale enfin
que les sommes réservées aux organisations volontaires
d'éducation des adultes seront maintenues au même niveau qu'en
1985-1986 au cours de la prochaine année. Nous voulons montrer par
là que les efforts de discipline exigés du gouvernement et des
citoyens doivent s'appliquer à tous les groupes de citoyens. Nous
croyons qu'en pratiquant une discipline sévère dans la gestion de
leur budget les organismes bénévoles pourront aussi apporter une
contribution utile à l'effort de discipline entrepris par le
gouvernement.
Les sacrifices exigés du secteur de l'éducation en
1986-1987 sont lourds et exigeants. Si on les compare cependant, M. le
Président, aux sacrifices qui sont exigés des autres secteurs de
l'administration gouvernementale, ils sont loin d'être les plus
exigeants. J'ai fait l'examen de ces données à l'aide du livre
des crédits qui a été déposé à
l'Assemblée nationale ces jours derniers et j'ai pu constater comme vous
que des ministères comme celui des Affaires culturelles, celui des
Affaires municipales, celui de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentaiton, celui des Communautés culturelles et de l'Immigration,
celui des Communications, celui de l'Industrie et du Commerce ont tous dû
accepter des réductions de dépenses et non seulement des
compressions. Si l'on examine l'ensemble des ministères, on
découvre que le seul ministère qui connaisse une augmentation
importante de ses dépenses au cours de la prochaine année sera le
ministère des Finances. Les sommes réservées à ce
ministère passent de 2 900 000 000 $, en 1985-1986, à 3 500 000
000 $, en 1986-1987.
L'explication de ce fait se trouve dans les charges accrues que nous
impose d'année en année l'accroissement inconsidéré
de* notre dette collective. La part de nos revenus accrus qui aurait dû
être consacrée à l'amélioration des services, en
particulier à l'amélioration des services éducatifs et des
services sociaux, devra de nouveau être déversée au cours
de la prochaine année vers le paiement des intérêts sur
notre dette collective. Ce n'est que par une diminution
graduelle de notre endettement que nous pourrons parvenir à nous
doter de la liberté de manoeuvre dont nous avons absolument besoin dans
des secteurs vitaux comme celui de l'éducation.
Je veux croire, M. le Président, que les sacrifices que nous nous
imposons aujourd'hui seront une semence pour l'avenir. Nous acceptons ces
sacrifices comme une étape nécessaire vers une situation
où l'éducation trouvera de nouveau, pour se développer et
s'épanouir, les conditions de juste liberté et d'honnête
aisance auxquelles elle est en droit d'aspirer avec les milliers de
travailleurs qui y consacrent leur talent et leur vie. Je vous remercie.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous remercie,
M. le député d'Argenteuil et ministre de l'Éducation.
Avant de donner la parole au représentant de l'Opposition, je
voudrais faire part d'une omission que j'ai faite au début. D'abord, M.
le ministre, je voulais vous souhaiter la plus cordiale des bienvenues. Je
voudrais que vous vous sentiez chez vous au sein de cette commission. Je
voudrais aussi saluer d'une façon toute particulière les gens qui
vous accompagnent et vous assurer de la collaboration et de
l'objectivité de la commission de l'éducation.
La parole est au représentant de l'Opposition, M. le
député de Laviolette.
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: Merci, M. le Président. D'abord, je suis
heureux d'être ici ce matin avec l'ensemble de mes collègues, de
quelque côté de cette table qu'ils soient. J'aimerais dire que, si
de notre côté le nombre fait défaut, ce n'est pas, compte
tenu de ce qu'a pu dire le ministre tout à l'heure, parce que, par la
qualité... On peut avoir la quantité, mais l'inverse peut
être possible aussi. Nous devons partager notre travail à d'autres
commissions. Le député de Verchères étant
président d'une commission qui siège actuellement et Mme la
députée de Marie-Victorin étant prise à une autre
commission comme porte-parole, les gens qui sont présents ici,
même si on est peu nombreux, forment peut-être avec l'ensemble des
gens de l'Opposition la qualité dont on a besoin pour bien mener
à terme, comme le disait M. le ministre tout à l'heure, une
étude en commission qui doit être basée sur le désir
de la recherche de la qualité.
Soyez assuré, M. le Président, que c'est de ce
côté-ci ce que nous allons rechercher en essayant aussi de vous
faire part, le temps venu, des critiques que nous aurons, et nous
espérons qu'elles seront constructives. Mais on devra malheureusement en
cours de route, faire mention des lacunes du ministre et de son organisation au
ministère. Mais ce sera toujours dans un esprit très constructif.
(11 h 15)
On ne pourra pas passer sous silence -même si devant cette
commission des choses n'ont pas été dites - qu'ailleurs on accuse
l'ancien gouvernement - j'aurai l'occasion d'y revenir - de certaines actions
prises. Quant à moi le débat a été tranché
à un moment donné qui s'appelle le 2 décembre. C'est
à vous maintenant de faire en sorte que les promesses et les engagements
que vous aviez pris dans le passé soient retenus ou soient
effectués dans le futur.
Nous entreprenons donc aujourd'hui les débats sur les
crédits du ministère de l'Éducation, quelques jours
à peine après la tenue d'un événement d'une
importance majeure pour l'avenir de l'éducation au Québec: les
états généraux, on le sait, ont réuni plus de 5000
participants de toutes les régions du Québec et de tous les
secteurs de l'éducation concernés.
Il y aurait ici cependant une réserve à exprimer
concernant la représentation des tout premiers concernés, les
élèves. Ils étaient à peine 200, soit environ 4 %
de l'ensemble des participants. Certes, et j'ai eu l'occasion de le voir, ils
ont eu la possibilité de s'exprimer lors de l'ouverture des états
généraux ainsi que dans certains ateliers. Même s'ils ont
pu s'exprimer parfois crûment sur leur vécu quotidien dans nos
institutions, leur voix a quelque peu été étouffée
par la force du nombre des adultes.
Ce qui ressort des propos exprimés c'est que nous devions, comme
adultes responsables du système de l'éducation, nous mettre de
façon systématique à leur écoute et aussi favoriser
le développement de lieux et de mécanismes propices à
l'expression de leurs opinions.
J'ai eu personnellement l'occasion d'assister à ce grand forum,
de participer à certains ateliers. J'ai pu constater tout le
sérieux de cette entreprise ainsi que la volonté des divers
intervenants d'oeuvrer à l'amélioration de la qualité de
l'éducation.
Ces assises constituent à n'en pas douter un
événement unique dans l'histoire du Québec, un jalon
décisif dans l'évolution de nos institutions scolaires. Les
principaux partenaires se sont rassemblés autour d'une même table
pour échanger sur leurs expériences et sur leurs perceptions dans
une atmosphère de respect mutuel et de franchise. Ils ont pu aussi
échanger sur les moyens de s'assurer que notre système
d'éducation réponde plus adéquatement aux besoins de notre
société et fournisse ainsi aux jeunes Québécois et
Québécoises la formation qu'ils sont en droit de s'attendre.
À cet égard, le dévoilement des résultats
d'une enquête comparative auprès des élèves de chez
nous et de pays européens francophones est venu sonner une cloche
d'alarme. Il y a bien sûr de multiples
facteurs qui peuvent être invoqués pour expliquer la
piètre performance des écoliers québécois. Chose
certaine - et je pense que tout le monde est unanime sur cette question - il y
a là un défi à relever.
Il faudrait rappeler ici l'intervention de M. Harvey Weiner,
président de Provincial Association of Protestant Teachers, qui disait
qu'il était beau de se comparer avec d'autres pays mais qu'il faudrait
mieux regarder avant les objectifs que la société
québécoise s'était fixés en ce qui regarde
l'éducation. Comme il le disait, avoir dix objectifs à relever
c'est bien différent que d'en avoir cent.
Lors des états généraux, un certain nombre
d'objectifs communs ont été tracés, des consensus ont pu
être dégagés. Ce sont autant de pistes sur lesquelles
s'engager au cours des prochaines années. On a beaucoup parlé de
concertation, de partenariat. Voilà, à mon avis, ce qui est
prometteur. Par la coopération et la collaboration des individus et des
groupes intéressés, il est possible de faire beaucoup.
Ici, il serait bon de se poser la question à savoir à quel
niveau cette coopération, cette collaboration des individus et des
groupes doit s'installer.
Est-ce au niveau des organismes nationaux, est-ce au niveau des
commissions scolaires ou est-ce au niveau des écoles? Plusieurs
expériences ont été heureuses et remplies d'espoir
lorsqu'elles ont pris naissance au niveau de l'école.
Lorsqu'elles sont cependant arrivées au niveau des commissions
scolaires ou des organismes nationaux, les difficultés ont
commencé. Un exemple - je pourrai en discuter avec M. le ministre
pendant la période de questions qui nous sera dévolue lors de
l'étude des crédits - c'est l'expérience de l'école
Le Transit à Boisbriand.
On s'est aussi rallié autour de la nécessité de
voir à l'amélioration de la formation de base, notamment au
niveau du français et des mathématiques. C'est un objectif auquel
on ne peut que souscrire. La question devient plus complexe lorsqu'il s'agit de
définir les modalités concrètes. Pour sa part, le ministre
a mis en parallèle le renforcement des apprentissages de base avec
l'élimination des matières inutiles ou superflues. Il devra
préciser ce à quoi il fait allusion.
Il a aussi été question - et comment passer à
côté - d'argent et de coût. Un intervenant, toujours, si je
me souviens, M. Harvey Weiner, sous un tonnerre d'applaudissements, a fait
remarquer que l'éducation doit être considérée comme
un investissement essentiel, pour l'individu et la société. Selon
les dires, à certains égards, du critique de l'Opposition de
l'époque, devenu ministre de l'Education, l'éducation devait,
pour le gouvernement qui était en face de lui, devenir un
investissement. On aura certainement des questions à lui poser à
ce sujet.
Nous savons tous que le Québec, comme toute société
et peut-être plus encore que nos voisins, et ce, compte tenu de notre
situation particulière sur ce continent, on sait donc que le
Québec doit investir davantage dans la formation des nouvelles
générations. L'allocution du ministre de l'Éducation,
à la clôture des états généraux, est
cependant venue refroidir l'humeur des participants. Même s'il s'est
engagé à lutter auprès de ses collègues du Conseil
des ministres pour que l'éducation ait droit à sa juste part des
ressources budgétaires du gouvernement québécois, il a
dans le même souffle ajouté: "Aussi le secteur de
l'éducation doit-il assumer sa juste part des sacrifices qui seront
exigés au cours du prochain exercice budgétaire de tous les
secteurs de l'administration publique. Il doit accepter de reporter à
plus tard la mise en route de projets très importants. Il doit assumer
une part significative des compressions budgétaires
dévoilées récemment. Non seulement devrons-nous vivre en
1986-1987 avec les compressions annoncées, mais il serait illusoire,
sauf exception toujours souhaitable, de nous attendre à de nouvelles
injections significatives de fonds publics dans le secteur de
l'éducation tant que l'économie ne sera pas redevenue plus
dynamique et qu'un meilleur équilibre n'aura pas été
atteint dans les finances publiques." In extenso, le texte du ministre lors des
états généraux.
Ces propos, cependant, qui assez curieusement diffèrent
considérablement de ceux que tenait il n'y a pas longtemps le ministre,
alors qu'il occupait le poste de critique de l'Opposition en matière
d'éducation, nous mènent directement dans le vif des discussions
que nous entamons aujourd'hui à l'occasion de l'étude des
crédits.
Avant le 2 décembre, le ministre, alors critique du Parti
libéral, ne se gênait pas pour lancer les hauts cris
vis-à-vis des efforts de rationalisation budgétaire entrepris par
le précédent gouvernement. II abondait en épithètes
pour qualifier les conséquences bien entendu désastreuses,
à son avis, des décisions gouvernementales dans le domaine de
l'éducation. Il fallait injecter plus d'argent, faute de quoi le bon
fonctionnement de nos institutions scolaires se verrait compromis.
Ici, je pourrais évoquer nombre d'interventions faîtes par
le ministre à l'Assemblée nationale, de même qu'en
commission parlementaire, pour illustrer le contraste entre les propos qu'il
tenait autrefois et ceux qu'il tient maintenant. Ceci suffirait à
démontrer comment, lorsqu'il était dans l'Opposition, il a pu
leurrer l'ensemble
de tous les intervenants dans le milieu de l'éducation. Le temps
cependant étant trop court lors de l'étude des crédits, je
laisse le soin à la population de faire les comparaisons au fil des mois
et des années à venir.
Il faut se rappeler que la campagne électorale a
été le théâtre d'un déferlement de promesses
de la part du Parti libéral dans le secteur de l'éducation, dont
plusieurs ayant de fortes répercussions financières. Il
était alors question de 150 000 000 $. On se rappellera que M. le
ministre, de même que son chef, ne brillaient pas de clarté quand
il s'agissait de chiffrer leurs engagements: était-ce 150 000 000 $
annuellement, était-ce 150 000 000 $ la première année de
leur mandat ou était-ce 150 000 000 $ sur trois ans? On pourrait ajouter
les interrogations que nous pourrions avoir à ce sujet.
Quoi qu'il en soit, on a fait miroiter beaucoup de choses aux
électeurs et aux électrices, et surtout aux jeunes
étudiants et étudiantes, mais ils doivent maintenant constater
que c'était un miroir aux alouettes. Déjà la
réalisation de certains engagements a été reportée
aux calendes grecques. Je donne quelques exemples: l'âge d'entrée
à l'école qui devait être reporté à raison
d'un mois par année pendant trois ans et le nombre d'heures de
présence de l'élève à l'école au niveau
primaire qui devait être augmenté. Il faut donc comprendre que le
ministre responsable du Conseil du trésor, devant les coûts
engendrés par ces mesures, a jugé bon de forcer le ministre de
l'Éducation à reporter, sinon à complètement faire
fi de ces deux engagements.
Ici, je pourrais, en aparté, dire que la question qui se pose
aussi bien pour le ministre de l'Éducation que pour la ministre de la
Santé et des Services sociaux, c'est: est-ce qu'ils ont perdu leur
bataille face au président du Conseil du trésor?
Bien sûr, on accuse maintenant le gouvernement
précédent de toutes les calamités, de toutes les fautes.
C'est de bonne guerre, diront certains, mais ce qui l'est moins, c'est qu'on a
suscité de faux espoirs dans la population, qu'on l'a trompée.
C'est un nouveau refrain, une nouvelle cassette qu'on entend maintenant, et que
l'on va probablement entendre pendant quelque temps encore, et c'est
malheureux. M. le ministre ne devrait pas oublier qu'il n'est plus membre de
l'Opposition, mais plutôt ministre de l'Éducation. À ce
titre, nous aimerions plutôt connaître ce qu'il propose pour
l'année qui vient et aussi pour les années à venir
plutôt que de tomber dans le piège de la partisanerie. M. le
ministre, que je considère à juste titre comme un homme
honnête et bien connaissant de ses dossiers, devrait maintenant
dévoiler sa politique à long terme plutôt que de se
complaire dans son rôle passé de critique de l'Opposition.
Les parents, les étudiants et les enseignants, les commissaires
et tout le monde touché par le secteur de l'enseignement veut savoir
comment, maintenant, vous allez régler ce que vous dénonciez
comme problèmes, il n'y a pas si longtemps. Finie la critique,
maintenant passons ou passez à l'action! On vous jugera désormais
sur vos actions et non pas sur vos critiques du gouvernement antérieur.
Il ne faudrait donc pas que la population, qui a accueilli avec beaucoup de
satisfaction la nomination du député d'Argenteuil comme ministre
de l'Éducation, se sente maintenant trahie par celui qui a
soulevé beaucoup d'espoirs lorsqu'il était critique de
l'Opposition en matière d'éducation.
Depuis le mois de décembre et surtout depuis que le gouvernement
a annoncé ses compressions dans le secteur de l'éducation,
malheureusement le discours du ministre a bien changé. Maintenant, il
parle de faire l'usage le plus judicieux possible des ressources mises à
notre disposition par l'État québécois. Il s'agit
maintenant d'accepter de faire mieux avec moins, d'accepter le contexte nouveau
de rareté relative, et on y va de comparaison avec nos voisins
ontariens.
On a promis 150 000 000 $, maintenant on annonce des compressions de
près de 85 000 000 $ pour l'ensemble de l'éducation, et de
près de 33 500 000 $ en ce qui concerne plus spécialement les
niveaux primaire et secondaire. Nous aurons, bien entendu, occasion de revenir
avec des questions sur ces compressions pour en évaluer leur impact, car
les documents transmis sont loin d'être limpides à cet
égard, qu'ils viennent du Conseil du trésor ou qu'ils viennent du
ministère de l'Éducation; il y a quelques contradictions à
un moment donné.
On parle de révision du mode de calcul de la subvention de
fonctionnement pour l'enseignement primaire et secondaire public et pour
l'éducation des adultes. Il y a aussi 6 200 000 $ de rationalisation
interne et autres mesures. Ici, je pourrais ajouter qu'à la suite d'un
document qui nous a été donné vendredi par le ministre,
président du Conseil du trésor, nous aurons l'occasion de poser
des questions quant aux 6 200 000 $. Après les lectures qui nous ont
été proposées, on ne parle plus de 6 000 000 $, mais de
plus de 20 000 000 $. On voudrait savoir ce qui se cache là-dessous.
Toujours au chapitre du financement, le gouvernement a fait
connaître de nouvelles règles en ce qui concerne les commissions
scolaires. Ces nouvelles règles ont été simplifiées
et offrent aux commissions scolaires une plus grande autonomie de gestion, une
possibilité accrue de transférabilité entre les postes
budgétaires. C'est là une chose très positive.
Cependant,
le mode de calcul du coût subventionné par
élève, établi à partir de divers paramètres,
pose des problèmes particuliers à certaines commissions scolaires
et cela se traduit par des manques à gagner assez importants. Nous
aurons d'ailleurs l'occasion d'y revenir avec des questions. M. le ministre a
déjà eu de ma part, pour une commission scolaire de mon secteur,
des questions à cet effet.
On sait que le Conseil supérieur de l'éducation a
réservé un accueil assez favorable à la nouvelle
méthode d'allocation des ressources. Il a tout de même émis
quelques réserves et formulé des recommandations qui
méritent considération, notamment: de faire en sorte que les
règles budgétaires 1986-1987 prennent effectivement en compte
l'ensemble des facteurs susceptibles d'assurer une réelle
équité de traitement de toutes les commissions scolaires, petites
et grandes; de veiller attentivement aux effets concrets de l'exercice d'une
transférabilité accrue, en particulier en ce qui a trait à
l'éducation des adultes; d'accorder une attention particulière
à la gestion de la période de transition, en adoptant au besoin
des modalités souples et graduelles de mise en oeuvre. (11 h 3D)
Comme le ministre a déjà indiqué qu'il en avait
l'intention, nous aurons sûrement l'occasion de lui poser des questions
sur cette fameuse période de transition pour permettre qu'il y ait dans
sa mise en oeuvre des modalités qui soient souples et graduelles afin de
permettre aux commissions scolaires de ne pas être trop
pénalisées.
Cet aspect de transition est particulièrement important pour ne
pas pénaliser indûment certaines commissions scolaires. Â ce
propos, nous voudrons en savoir davantage quant aux intentions formulées
ce matin par M. le ministre.
Le ministre a affirmé à plusieurs reprises que
l'accessibilité des services éducatifs dans des conditions
égales pour tous constitue un objectif fondamental. C'est un objectif
que nous partageons avec lui. Les progrès enregistrés à
cet égard au Québec depuis une vingtaine d'années sont
considérables, personne ne les conteste. Le Québec se compare
donc de façon très honorable avec les autres provinces
canadiennes. Les adultes accèdent aussi beaucoup plus largement aux
établissements d'enseignement.
Le gouvernement du Parti québécois n'a pas
ménagé ses efforts sur le plan de l'accessibilité et de la
démocratisation. Il a pris d'importantes initiatives auprès de
certaines clientèles encore défavorisées sur ce plan. Nous
escomptons donc que le gouvernement actuel poursuive dans le même sens,
car il reste encore beaucoup à faire. Que l'on pense en particulier aux
élèves de milieux socio-économiques
défavorisé, aux élèves handicapés, à
l'accès des filles aux formations non traditionnelles, aux services pour
les élèves en difficulté d'apprentissage, aux
élèves en provenance de communautés ethniques et, pour
terminer, aux clientèles adultes, que ce soit sur le plan du recyclage,
de la formation générale ou de l'alphabétisation.
Il y a aussi tout le problème des décrocheurs. Encore
là, des progrès ont été réalisés.
Leur proportion a chuté significativement au cours des dernières
années. Mais cette proportion est évidemment encore trop
grande.
Comment peut-on accepter comme société que 25 % à
30 % des jeunes quittent l'école avant même d'avoir obtenu un
diplôme d'études secondaires?
Sur toutes ces questions, nous ne cesserons, comme Opposition, de
talonner le gouvernement.
J'aimerais en terminant aborder le volet, on devrait peut-être
maintenant dire la saga, de la réforme scolaire. C'est là un
chapitre qui reste encore inachevé, malgré tous les efforts
déployés par les ministres antérieurs et malgré la
volonté du gouvernement précédent. Certains jugements de
cour, des obstacles constitutionnels, sont venus - comme chacun le sait -
enrayer le processus de modernisation de nos institutions scolaires.
Toute la démarche ayant conduit à l'adoption de la loi 3
avait permis - et M. le ministre en est bien conscient - de réaliser
d'importants consensus sur des objets déterminants quant à la
structure et au fonctionnement de notre système scolaire, quant au
rôle et à la place des divers intervenants à
l'intérieur de celui-ci.
À cet égard, le gouvernement a visiblement
décidé de légiférer à la pièce. Le
ministre a jusqu'à maintenant déposé un premier projet de
loi, dans l'ensemble, peut-on dire, peu consistant. Il a annoncé son
intention d'apporter d'autres amendements, plus substantiels ceux-là,
à la Loi sur l'instruction publique. Dans la mesure où ces
amendements ou ces propositions s'inscrireront en conformité avec les
objectifs visés par la loi 3 et qu'ils traduiront par le fait même
les consensus établis, l'Opposition accueillera donc positivement ces
propositions faites par le ministre. Pensons entre autres ici: 1° à
une participation réelle des parents à l'intérieur des
mécanismes décisionnels au niveau de l'école; 2°
à la possibilité pour l'école de se doter d'un projet
éducatif adopté; 3° à la clarification du rôle
des commissions scolaires.
M. le ministre a dit que c'était dans ces voies qu'il se
dirigeait, nous en sommes heureux et nous allons l'appuyer dans la
mesure où elles reflètent les consensus qui avaient
été faits lors des nombreuses consultations sur le projet de loi
3.
Ces diverses modifications devront néanmoins procéder
d'une vision d'ensemble cohérente de la configuration à donner
à notre système scolaire. Au chapitre de l'intégration
scolaire, celle-ci avait déjà été amorcée
par le gouvernement précédent, et le processus se poursuit, j'en
suis heureux. Cela semble s'effectuer assez bien en plusieurs endroits, alors
qu'il se présente des problèmes assez sérieux ailleurs.
Nous n'examinerons pas les cas litigieux à la pièce en cette
commission parlementaire mais nous voudrions savoir comment le ministre entend
procéder afin que l'intégration des commissions scolaires locales
et régionales puisse se compléter dans les meilleurs
délais sur l'ensemble du territoire québécois.
Il reste enfin la question de la déconfessionnalisation. Le
ministre ne semble visiblement pas très pressé d'agir en ce
domaine. Selon certains propos tenus par le ministre, le gouvernement
abandonnerait même le projet de diviser les commissions scolaires sur une
base linguistique plutôt que confessionnelle. C'était pourtant
là un engagement clair de son parti lors de la dernière campagne
électorale.
Qui plus est, cela répond à la volonté de la
plupart des intervenants du milieu de l'éducation. Nos institutions
doivent pouvoir s'adapter aux réalités d'aujourd'hui, au
pluralisme et à la diversité qui caractérisent notre
société. Elles ne doivent pas consacrer le monopole de ceux qui
partagent certaines valeurs ou croyances religieuses, aux dépens des
autres.
La situation semble cependant bloquée actuellement. Le Conseil
supérieur de l'éducation a recommandé au ministre
d'inclure cette question de la confessionnalité dans le cadre de la
négociation constitutionnelle à venir entre le gouvernement du
Québec et le gouvernement fédéral. Quant à nous,
nous ne manquerons pas de dénoncer le gouvernement s'il devait en venir
à abdiquer ses responsabilités dans ce dossier.
Voilà donc quelques remarques préliminaires que je voulais
formuler. Nous entendons revenir sur ces points, auxquels d'autres viendront
s'ajouter bien entendu au cours de la période de questions qui nous est
allouée.
Je voudrais simplement terminer en disant que M. le ministre n'en a pas
été le responsable, ni les gens qui l'accompagnent ou qui lui
donnent les réponses aux questions que nous avons posées, mais,
malheureusement, on ne sait par quel imbroglio, aussi bien les questions qui
ont été posées sur les secteurs primaire et secondaire que
sur l'autre secteur qui touche ma collègue, la députée de
Chicoutimi, l'enseignement supé- rieur, la science et la technologie,
questions qui auraient pu nous permettre de travailler avec le plus de
renseignements possible, n'ont reçu, en aucune façon, de
réponse. Les informations que nous avons eues sont que les documents
proposés par le leader de notre formation politique au responsable
ministériel ne sont pas arrivés à votre niveau. Cela
faisait partie du cahier de demandes qui a été acheminé,
comme celui de tous les autres ministères, il semblerait que seul le
nôtre - je n'accuse personne au ministère... Je dis simplement que
nous n'avons pas eu ces documents nous permettant de mieux préparer les
questions que nous avions.
Nous allons donc le faire du mieux possible en vous disant que cela est
malheureux. Par les années passées, on a été
critiqué en plusieurs occasions parce que les documents n'arrivaient pas
à temps, mais au moins ils arrivaient! Ceux-là ne sont même
pas arrivés au moment où on se parle. Comme je vous le dis, c'est
quelque part entre l'envoi fait par notre leader et leur réception par
votre leader que les documents se sont perdus, semblerait-il, mais je trouve
déplorable que nous n'ayons pas eu les réponses à la
quinzaine de questions qu'on avait posées dans le document sur les
secteurs primaire et secondaire et à la trentaine de questions sur le
secteur qui touche la députée de Chicoutimi.
Je vous remercie donc, M. le Président, les membres de la
commission et M. le ministre. Nous allons procéder à
l'étude de ces crédits en suivant le cahier des crédits,
c'est-à-dire les remarques générales suivies de
l'étude programme par programme. Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je remercie le
député de Laviolette. M. le ministre de l'Éducation, vous
avez la parole. Vous n'avez pas de remarques?
M. Ryan: Pour le moment, j'aimerais mieux attendre que les autres
députés qui ont des remarques générales à
faire les fassent, s'ils le veulent. Je ne voudrais pas qu'on prenne trop de
temps et que la commission devienne un lieu où le ministre apporte les
réponses du maître à chaque fois qu'un député
parle.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Très bien.
Y a-t-il des interventions? M. le député d'Arthabaska.
M. Gardner: Si ma collègue veut parler avant moi.
Le Président (M- Parent, Sauvé): Ah!
Vous avez levé la main pour votre collègue. Mme la
députée de Jacques-Cartier.
Mme Joan Dougherty
Mme Dougherty: Merci, M. le Président. J'aimerais soulever
très brièvement trois éléments qui me semblent
très importants pour faire avancer notre discussion en ce qui concerne
l'amélioration de l'éducation. Ce sont les éléments
sur lesquels j'aimerais poser des questions plus précises lors de
l'étude des crédits, programme par programme.
Le premier sujet concerne les enfants en difficulté
d'apprentissage. Ces enfants, surtout dans ce secteur, n'ont pas
été mentionnés par le ministre, mais je crois que c'est un
aspect de notre programme d'éducation qui est très important
quand on parle de la qualité de l'éducation. Nous savons que si
nous ne réussissons pas à donner à ces enfants une
formation de qualité afin qu'ils puissent s'épanouir, au moins
dans la limite de leurs possibilités, nous aurons, premièrement,
dans l'avenir, de plus en plus de coûts vu leur dépendance des
services sociaux du gouvernement.
Il y a quelques années, nous avons adopté une politique
d'intégration des élèves en difficulté
d'apprentissage dans les classes régulières. À mon avis,
pour dire le moins, cet exercice est loin d'être une réussiste. Le
Conseil supérieur de l'éducation a publié un excellent
avis il y a quelques mois sur le statut de cette opération
d'intégration. Je crois que les succès - parce qu'il y en a
quelques-uns - et les faiblesses de ce programme sont bien identifiés
dans l'avis du Conseil supérieur de l'éducation. Je parle surtout
du problème des ressources humaines nécessaires afin d'appuyer
l'enfant et d'aider l'enseignant de cette classe régulière. J'ai
des questions à poser sur les règles budgétaires et sur
les ressources financières à accorder pour ces enfants.
Troisièmement, je crois que nous avons un grave problème
autour des définitions des catégories d'enfants. Il y a un manque
de cohérence entre les règles budgétaires, le contrat avec
les enseignants - il y a aussi des problèmes dans les ratios
maître-élèves... Je pense à l'entente entre les
enseignants et le gouvernement...
Une voix: La convention.... Mme Dougherty: Pardon? Une
voix: ...collective.
Mme Dougherty: ...la convention collective, je m'excuse. Aussi,
je crois qu'il y a un problème en ce qui concerne la formation
nécessaire aux enseignants réguliers afin qu'ils puissent
accepter et enseigner à ces enfants en difficulté d'apprentissage
à l'intérieur de leurs classes régulières. Cela est
un sujet qui me préoccupe. J'espère que j'aurai quelques minutes,
plus tard, pour poser quelques questions précises sur ces points. (11 h
45).
Le deuxième sujet que j'aimerais aborder est la question de la
nécessité de valoriser l'enseignant. On a parlé, depuis
des années, de la dévalorisation de l'enseignant dans nos
écoles. Tout le monde reconnaît qu'il y a là un
problème, mais il y a très peu de solutions proposées, des
solutions sur le plan concret. Je me demande si, peut-être, la
participation de l'enseignant dans la création et le
développement du programme n'est pas un aspect important pour valoriser
l'enseignant. Il y a plusieurs années les enseignants étaient
grandement impliqués dans le développement du programme. Ce sont
eux, essentiellement, qui ont créé le programme pour les enfants.
Aujourd'hui le gouvernement a pris cette responsabilité et les
enseignants doivent appliquer un programme créé ailleurs. Je
crois que c'est une dimension très importante, une situation qui a
grandement dévaloisé nos enseignants. J'aimerais en discuter avec
le ministre parce que ce ne sont pas les enseignants qui ont attiré mon
attention sur cette question, mais les commissions scolaires.
Le troisième point concerne les règles budgétaires.
Je parle de la réforme, des nouvelles règles budgétaires
qui sont arrivées au stade de la consultation avec les commissions
scolaires. Dans le document présenté au ministre par les
commissions scolaires protestantes j'ai été vraiment
frappée par leur consternation devant le fait que le gouvernement
était en train de proposer de nouvelles règles du jeu, concernant
les règles financières, même avant de régler le
problème du rôle, de la responsabilité et des marges de
manoeuvre respectives des différents paliers du gouvernement, les
commissions scolaires et le MEQ. Je crois que le ministre a peut-être
touché ce point en disant qu'à l'automne nous aurons une
révision de la Loi sur l'instruction publique qui définira plus
précisément le rôle des commissions scolaires, etc. Je me
demande si le point soulevé par les commissions scolaires n'est pas
valide. Il faut se pencher sur ce problème soulevé par les
commissions scolaires. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Parent (Sauvé): Merci, Mme la
députée de Jacques-Cartier. Je reconnais maintenant la
députée de Chicoutimi.
Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Vous me permettrez,
à la suite de ma collègue, de saluer les gens ici dans la salle,
les membres de la commission et également
les fonctionnaires avec lesquels j'ai eu l'occasion à plusieurs
reprises d'être en communication, ainsi que le ministre de
l'Éducation.
Le ministre ne s'étonnera certainement pas si on porte un
jugement relativement sévère sur le discours qu'il est en train
de nous tenir. Pour avoir, au cours des cinq dernières années, de
façon assez régulière, assisté aux débats de
cette commission, j'ai pu apprécier la vigueur avec laquelle le ministre
actuel de l'Éducation défendait l'éducation comme devant
être et devant demeurer une priorité. Il le faisait avec une
conviction et une sincérité qui ne faisaient pas de doute. C'est
ainsi qu'il a été perçu par tous les intervenants du monde
de l'éducation comme quelqu'un qui a des principes, qui estimait que
certaines valeurs fondamentales ne devaient pas être sacrifiées,
même au bénéfice d'un rééquilibrage
budgétaire. Il a défendu ces principes avec une énergie
telle que tous, je le répète, moi, comme présidente du
Conseil des collèges à l'époque, et différents
autres intervenants, organismes consultatifs, commissions scolaires et
enseignants, on s'est reconnu dans son discours.
Aujourd'hui, cet homme devenu ministre de l'Éducation se porte
à la défense des compressions budgétaires. Je dois dire
que, personnellement - je pense que le sentiment doit être partagé
par d'autres intervenants -je m'estime profondément déçue.
Que le président du Conseil du trésor soit en train de dire: On
coupe ici, on coupe là, et qu'il le justifie, à la limite on peut
toujours l'accepter. Que ce soit le ministre de l'Éducation qui, pendant
cinq ans, trois ans, quatre ans, nous a habitués à un tout autre
discours, il y a quelque chose, je dois dire, de décevant, parce que ce
discours, il l'a tenu en campagne électorale. II a été -
je dois dire que je l'ai apprécié, moi, comme de nombreuses
personnes - parmi les critiques officiels de l'Opposition à
l'époque, le seul à présenter un document d'orientation
sur l'éducation. Cela a été, au cours de la campagne
électorale, parmi les dossiers les plus étoffés. Il a
même amené le chef du parti à s'engager, à savoir
qu'il y aurait une injection dans l'enveloppe de l'éducation. On parlait
de 140 000 000 $. Ce chiffre a été ramené, par le chef du
parti, à des proportions que je qualifierais d'un peu plus
réalistes, soit à quelque 37 000 000 $ ou 39 000 000 $ pour la
première année. Ce discours, je le répète, comme
les autres intervenants dans le monde de l'éducation, on y a cru.
J'ajouterai également que la jeunesse y a cru. Elle y a cru parce que
c'était l'homme qui le portait, pas le parti, je pense bien. Il faut
être réaliste. Il avait une crédibilité qui donnait
à son discours beaucoup plus de crédibilité que si le
discours avait été tenu par tout autre membre de son parti. Je
pense bien qu'on peut dire cela aujourd'hui, et c'est tout à l'honneur
du ministre de l'Éducation. Sauf qu'aujourd'hui qu'est-ce qui fait que
ce ministre est en train de se porter à la défense des coupures?
Il n'est pas sans savoir, pour l'avoir dénoncé à maintes
reprises, les effets pernicieux et à long terme d'une réduction
des investissements en matière d'éducation. Les intervenants en
matière d'éducation de même que la jeunesse ont cru aux
engagements pris par le Parti libéral par la voix de l'actuel ministre
de l'Éducation. Dans ce sens-là, on a leurré la
population, mais on l'a leurrée de façon plus grave, parce que le
porte-parole était d'autant plus crédible.
Je vais revenir brièvement - j'aurais aimé qu'on ait le
texte; cela nous aurait probablement permis en même temps que nous le
présentait le ministre de retenir des éléments plus
pertinents ou percutants - sur quelques points qui m'ont frappée et que
je relève dans le discours du ministre. Là encore, il s'agit d'un
engagement que le ministre avait pris, comme critique officiel en
matière d'éducation, à l'endroit de tous les
Québécois, et je veux parler ici des commissions scolaires
linguistiques. Ce qu'on a appris par la voie des journaux, c'est que cela ne
ferait plus partie des matières qui feraient l'objet de
négociation lors des négociations constitutionnelles. Pourtant,
il y avait, il me semble, là-dessus, un engagement formel du ministre.
Je le rappelle ici -si j'ai mal compris, j'aimerais qu'on me corrige. "Sous
l'angle des structures - je reprends votre texte - je considère que les
commissions scolaires sont appelées à évoluer tôt ou
tard - dans cinq ans ou dans cent ans - vers la formule linguistique, laquelle
est d'ailleurs déjà largement établie en pratique. Â
Montréal et à Québec, la poursuite de cet objectif se
heurte..."
Une voix: ...
Mme Blackburn: Est-ce que vous permettez que je continue? Bien,
merci, M. le Président. "Â Montréal et à
Québec, la poursuite de cet objectif se heurte à des obstacles
majeurs d'ordre constitutionnel dont nous devons tenir compte. À moins
que nous n'ayons l'assurance d'agir en la légalité la plus nette
- la neutralité et la légalité -nous n'entendons pas
rouvrir à ce sujet des débats stériles et
déchirants qui ont consumé tant d'énergies ces
dernières années. Nous continuons cependant d'étudier la
possibilité de remplacer les commissions scolaires confessionnelles par
des commissions scolaires linguistiques dans les territoires qui, selon les
indications de la jurisprudence, ne sont pas des territoires
protégés au sens de l'article 93 de la Loi constitutionnelle de
1867."
Si je comprends bien, cela veut dire
qu'on va agir partout à l'exception des endroits où il y a
des problèmes réels. C'est ce que j'entends là-dedans. Et
le ministre n'est pas sans le savoir. Je ne lui apprends rien ici, sauf qu'il
est important de rappeler que les problèmes les plus cruciaux qui se
posent, par rapport à la constitution, de nos commissions scolaires sur
la foi, la confessionnalité, plutôt que sur la langue, on les
connaît dans les régions de Montréal et de Québec.
On va pouvoir agir partout sauf où cela fait mal.
En ce qui concerne les "illégaux", il est vrai qu'on n'a pas
entendu beaucoup de choses depuis le 2 décembre. Voici ce que nous dit
le ministre là-dessus et je reprends le texte: "Ce problème dure
depuis l'automne de 1977. Il a été la source de
difficultés considérables pour les élèves
concernés, pour leurs parents, pour les commissions scolaires..." Il
nous apprend également que des "illégaux" sont rendus au
collège.
Deux questions là-dessus: Comment peuvent-ils être inscrits
dans un cégep alors que, normalement, on ne reconnaît pas les
examens? Bien. Cela est une question. Cela m'intrigue un peu. L'autre question
est beaucoup plus fondamentale. Que les commissions scalaires se trouvent
prises avec ce que vous appelez des difficultés considérables,
elles en sont un peu responsables. Cela veut donc dire que... Le ministre nous
dit: La mesure qui va être proposée aura comme effet d'effacer le
problème. Effacer le problème, cela veut dire récompenser
les commissions scolaires qui n'ont pas respecté la loi 101. Cela veut
dire pénaliser - je pense qu'elles vont se le tenir pour dit -celles qui
ont choisi de la respecter.
Avant de s'en aller dans ce genre de solution, je trouve qu'il faut
être extrêmement prudent. Cela veut donc dire que les lois du
Québec, selon le gouvernement qui les adopte, n'auraient pas pour les
citoyens la même valeur. Dans certains cas, on pourrait passer outre.
À l'occasion des états généraux, on tirait
trois grandes conclusions dont une qui m'a paru ne pas être la moindre
mais qui était réclamée par l'ensemble des intervenants.
On demandait, pour ne pas dire on exigeait, une certaine stabilité. Le
ministre nous apprend qu'il allait à nouveau apporter des modifications
au régime pédagogique. Autant on peut penser que pour tenir
compte probablement - ce qu'on a pu comprendre dans le reste du discours - de
la formation de base... Il faudrait peut-être qu'on aille un peu plus
loin là-dedans. Mais ce qui me préoccupe aujourd'hui, c'est
qu'encore une fois on s'en aille modifier un régime pédagogique
qui l'a été peut-être aussi souvent qu'il y a eu
d'années au cours des 20 dernières années.
Je partagerais, et vous me permettez de les rappeler un peu, les propos
de la députée de Jacques-Cartier pour m'étonner un peu de
ces interventions non parce que je ne les endosse pas mais parce que je trouve
qu'elle joue bien le rôle de l'Opposition. Effectivement, on aurait le
goût de demander au ministre de l'Éducation d'identifier les
mesures réelles et concrètes qu'il entend prendre lorsqu'il
s'agit, par exemple, du perfectionnement des professeurs. (12 heures)
Pour l'accessibilité, il y a un discours général
que je partage. Je vois circuler les chiffres depuis peut-être les dix
dernières années. J'aurais aimé qu'on puisse nous fournir
ici - je ne sais pas si c'est disponible rapidement - ces données
ventilées en tenant compte de la langue parce que je pense que cela va
nous donner une autre lecture de la réalité des progrès
qu'on a connus au Québec en matière de scolarisation. J'aurai
l'occasion, comme membre de cette commission, de revenir sur différents
points qui ont été soulevés. En attendant, je cède
la parole à un autre. Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci beaucoup,
Mme la députée de Chicoutimi. Je reconnais maintenant le
député d'Arthabaska.
M. Laurier Gardner
M. Gardner: Je comprends que de l'autre côté de la
Chambre on doute de la sincérité de notre ministre de
l'Éducation. Vous me permettrez, quant à moi, de ne pas douter du
tout de cette sincérité et de rappeler à la
députée de Chicoutimi que notre mandat n'est pas un mandat de
cinq mois, mais de quatre ans au moins et que d'ici quatre ans nous aurons
l'occasion à cette commission de l'éducation de préciser
toutes sortes de choses. Je suis persuadé que notre ministre va faire en
sorte que le discours qu'il a fait avant les élections sera
respecté pendant les quatre ans.
Vous me permettrez, avec mon peu d'expérience parlementaire, de
faire quelques commentaires. Je n'ai peut-être pas d'expérience
parlementaire, mais j'ai quand même une vingtaine d'années
d'expérience dans l'enseignement et j'ai vécu les années
soixante. Je suis dans l'enseignement depuis 1965 et je dois rappeler aux
députés de l'Opposition, surtout au député de
Laviolette qui a quitté l'enseignement depuis quelques années,
qu'il y aurait lieu de revoir ce qui se passe dans nos écoles. Il aurait
peut-être des félicitations à adresser à notre
ministre quand il parle de plus grande personnalisation.
Il y a cinq mois à peine, j'étais dans une école
où j'enseignais à 180 élèves. Il me semble que cela
faisait six groupes de 30 élèves. Je pense que M. le
député de Laviolette aurait intérêt à
féliciter notre
ministre de mentionner la plus grande personnalisation dans nos
écoles. Il aurait aussi intérêt à féliciter
notre ministre sur les qualités d'apprentissage. Pour avoir
enseigné pendant cinq ans le français, je sais fort bien que,
lorsqu'on a quitté l'enseignement de la grammaire française, le
français s'est détérioré. Pour avoir
enseigné aussi pendant quinze ans les mathématiques, je sais fort
bien qu'à chaque année - et M. le député de
Laviolette le sait certainement -on doit revenir sur la base des
mathématiques, sur le deux plus deux donne quatre. Il aurait
intérêt à féliciter M. le ministre de
l'Éducation pour son grand désir d'améliorer les
qualités d'apprentissage.
J'ai été très heureux d'entendre notre ministre -
vous comprenez que je ne suis pas de l'autre côté de la Chambre -
parler du goût de la connaissance, du désir d'apprendre qui a
laissé la place à un laisser aller dans plusieurs écoles
du Québec. Cela s'est fait surtout depuis qu'on a manqué de
confiance aux enseignants. C'est l'autre point que je voudrais mentionner. J'ai
été très heureux, encore une fois, je le
répète, d'entendre M. le ministre de l'Éducation parler de
la confiance aux enseignants et d'espérer d'ici l'été une
entente signée, non pas un décret.
Je voudrais aussi mentionner que les nouvelles règles
budgétaires ont fait peur à nos commissions scolaires. Je connais
une commission scolaire qui subirait une grosse perte d'argent si les
règles budgétaires étaient appliquées dès
septembre et j'ai été heureux d'entendre encore une fois M. le
ministre dire que cela s'étalerait sur une période de trois ans.
Je comprends que l'Opposition n'ait pas félicité M. le ministre.
Dans une période difficile comme celle que nous vivons au point de vue
pécuniaire, je comprends qu'on ne fasse pas de nouvelles constructions,
mais encore une fois, j'ai été heureux d'entendre - et j'aimerais
qu'on le mentionne dans le Journal des débats - M. le ministre dire
qu'il n'y aura pas de faste, mais que certaines nécessités et les
programmes déjà commencés pourront se continuer.
J'ai participé moi aussi aux états généraux,
peut-être pas aux mêmes discussions que le député de
Laviolette, surtout du côté des adultes. On a parlé d'un
manque de permanence chez les enseignants dans l'éducation des adultes.
Je suis persuadé que M. le ministre va ajouter quelque chose
là-dessus dans ses commentaires. Non, je ne joue pas le rôle de
l'Opposition en disant cela, Mme la députée de Chicoutimi, mais
je pense que le ministre va certainement avoir quelque chose à nous dire
là-dessus.
J'ai aussi assisté au discours de M. Ryan lors de la finale des
états généraux et j'ai été aussi content
d'apprendre que la procédure des milieux économiquement faibles
serait retardée d'un an au moins. Ici, aujourd'hui, M. le
député de Laviolette n'a pas mentionné cela. Alors, ce
sera une question... Vous avez déjà la réponse, M. le
député de Laviolette.
M. le Président, en terminant, je voudrais mentionner dans mes
commentaires préliminaires, en espérant que j'aurai la chance de
poser certaines questions moi aussi, la fierté que j'éprouve
à être membre de ce gouvernement qui gérera la province de
Québec dans les nombreuses prochaines années et j'espère
être en congé sans solde de l'enseignement le plus longtemps
possible. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
député d'Arthabaska. Je reconnais maintenant M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. François Gendron
M. Gendron: Merci, M. le Président. Très
brièvement, je voudrais m'excuser de n'avoir pu être des
vôtres vers 10 heures, j'avais d'autres obligations. Je voudrais saluer
le ministre de l'Éducation et toute son équipe de collaborateurs
et collaboratrices avec qui j'ai eu l'honneur de travailler étroitement
pour une courte période, mais fortement appréciée
puisqu'il s'agit de gens fiables, fidèles, professionnels en termes de
mission éducative. Ils poursuivaient des objectifs qui étaient
les mêmes que tous ceux qui s'intéressent aux questions
éducatives veulent poursuivre: essayer d'offrir, dans le fond, la
meilleure offre d'apprentissage possible aux jeunes citoyens et citoyennes du
Québec qui, dorénavant, auront à assumer des
responsabilités pour lesquelles on voudrait tous qu'ils aient le
meilleur degré de préparation possible. En ce sens, je profite de
l'occasion pour remercier tous ces étroits et fidèles
collaborateurs.
Je n'ai malheureusement pas encore eu le temps de prendre connaissance
de l'entière réflexion produite par le ministre de
l'Éducation à l'ouverture de la commission. Ce qui m'a quand
même frappé, parce que j'ai eu le temps de prendre connaissance
des premières pages, c'est cette sagesse des énoncés du
ministre de l'Éducation qu'on connaît d'ailleurs comme ayant cette
habitude d'offrir aux Québécois et aux Québécoises
des réflexions importantes, des réflexions qui, normalement, ont
comme conséquence de rehausser le niveau des discussions. J'ai
été particulièrement intéressé de lire que
ce qui l'intéressait pour les crédits, c'est tous ensemble,
disait-il, de nous élever le plus possible au-dessus des querelles
vaines et partisanes, de même que d'essayer de dépasser le passage
étroit dans lequel nous conduisent de tels débats. Moi, je me
dois, en tout cas comme membre de cette commission, M. le Président, de
rappeler, parce que je l'ai en parallèle - et celui-là,
je l'ai relu à plusieurs reprises - le discours du critique de
l'Opposition l'an dernier en commission parlementaire. Je vais vous faire
grâce de vous lire cela. Cela n'a pas de bon sens, M. le
Président, qu'en quatre mois il y ait eu des écarts aussi grands
entre ce qu'on pouvait lire là et ce qu'on lit aujourd'hui. Je voudrais
l'illustrer uniquement par une couple d'exemples avant de faire, je pense, ce
qui est véritablement notre travail, de discuter de choses importantes
si on veut, tous ensemble, contribuer à l'avancement des questions
éducatives.
Alors, le député d'Argenteuil, aujourd'hui ministre de
l'Éducation, lorsqu'il était critique de l'Opposition en
matière d'éducation, donc mon vis-à-vis pour la courte
période où j'ai été ministre de l'Éducation,
avait produit un excellent document, disait-il: "Le gouvernement
Lévesque et l'éducation, un second mandat désastreux."
C'était le titre et il y allait assez raide. Il faut convenir que
parfois le ministre de l'Éducation, aujourd'hui, a l'habitude de
fouiller ses réflexions. Je voudrais quand même relater deux
choses. Je pense que c'est important. À la page 3 de son document, l'an
dernier, si vous me permettez, il disait ceci: Cela n'a pas de bon sens,
membres de la commission, que les dépenses du ministère de
l'Éducation représentaient, en 1980-1981, 20 % de toutes les
dépenses du gouvernement et 5 % de la valeur totale du produit
intérieur brut. En 1985-1986, le ministère de l'Éducation
ne se verra plus attribuer que 16,8 % des dépenses gouvernementales et
ses dépenses ne représenteront que 4,4 %. J'arrête
là parce qu'il disait: Cela n'a pas de bon sens que vous vous vantiez de
cela. Il disait qu'on était tout heureux de dire qu'effectivement la
part de l'éducation dans le budget par rapport aux dépenses
totales n'était plus la même, compte tenu d'abord d'une baisse de
clientèle très impressionnante de 24 % dans les dernières
années. C'était beaucoup plus parce que M. le
député d'Argenteuil, alors, aujourd'hui ministre de
l'Éducation, disait: C'est une tendance qui n'a pas de bon sens, M. le
Président, parce que, si on avait affaire à un gouvernement qui
s'occupe des questions éducatives, il aurait pris les mesures pour
éviter que la part du budget en éducation soit tellement en
décroissance.
Aujourd'hui, dans son document, à la page 5, par comparaison avec
l'Ontario les éléments suivants doivent être
signalés. Là, on a le per capita par élève. On
indique que le per capita par élève au Québec est
supérieur à ce qui existe en Ontario. Je voudrais juste vous
rappeler, membres de cette commission ainsi que tous ceux qui nous
écoutent, qu'il en était ainsi lors des crédits l'an
dernier. Ce n'est pas en quatre mois de gouvernement qu'on aurait
renversé ces tendances.
Je voudrais également vous rappeler qu'à la page 4 du
document du ministre de l'Éducation il dit ceci: La part des
dépenses du ministère de l'Éducation dans les
dépenses gouvernementales était de 19,6 % en 1980-1981. Il nous
avait dit dans son document qu'elle était rendue à 16,8 % en
1985-1986, quand il était critique, et il nous dit dans son document
d'aujourd'hui que les dépenses seront de 15,9 % en 1986-1987. Donc,
encore là une baisse, non pas énorme mais une baisse quand
même assez significative. Pour l'exercice budgétaire 1985-1986,
16,8 %; pour l'exercice budgétaire 1986-1987, 15,9 %. On vient de perdre
encore un point dans l'ensemble de l'assiette fiscale ou budgétaire du
gouvernement du Québec.
Je veux vous dire tout de suite que je ne ferai pas de drame sur cela.
Je vais essayer de m'en tenir aux voeux exprimés à la page 1. Si
on voulait faire de la partisanerie comme le député d'Argenteuil
en a fait l'an passé aux crédits en disant: Écoutez, vous
étiez responsables, ça n'a pas de bon sens de ne pas accorder
plus d'importance que ça à l'éducation... Non seulement ce
n'est plus la même dépense, cela a été dit lors des
états généraux et je crois que le ministre de
l'Éducation, que je connais bien, partage ce point de vue. Oui, c'est
vrai qu'avec bien des guillemets il faut considérer l'éducation
comme étant une "dépense d'investissement" pour une
société qui veut se développer et progresser. Je crois que
c'était important de démontrer l'écart. C'est
également important de dire que le Québec continue de consacrer
à l'éducation une part plus importante de sa richesse collective
que le reste du Canada. La part du produit national brut que le Québec a
consacrée à l'éducation en 1984 était de 5,5 %.
Pour les autres provinces, c'était de 4,5 %. Donc, c'est un écart
de 1 % en notre faveur. Je veux juste dire que si c'est vrai aujourd'hui,
c'était vrai il y a quatre mois, c'était vrai l'an dernier,
même si on se faisait rentrer dedans.
Il y a d'autres considérations importantes. Aujourd'hui, bon, on
publie un beau petit fascicule, que j'aurai sûrement l'occasion de lire:
Les indicateurs sur la situation de l'enseignement primaire et secondaire.
C'est un document utile pour ceux qui s'intéressent aux questions
éducatives. On mentionne là-dedans que pour ce qui est de
l'accessibilité générale, ce qui est sûrement un
objectif qu'on ne peut pas ne pas partager - on peut sûrement tous
être d'accord rapidement sur l'objectif ultime d'essayer de maximiser
l'offre de cours générale, aux niveaux primaire et secondaire,
collégial et universitaire - tant au niveau primaire qu'au niveau
secondaire, l'indice du retard scolaire est en nette régression. Le taux
global d'incidence du retard scolaire était de 56 % en 1979, il
n'était plus en 1984 que de
47,6 %. Tout le monde sait qui gérait l'État
québécois pendant cette période! Pour des gens qui avaient
un bilan désastreux, quelque part en tout cas, ils ont fait quelques
gestes positifs. Il est important aujourd'hui de rappeler que, si on a
maximisé l'accessibilité et qu'aujourd'hui le ministe de
l'Éducation cite lui-même, en page 6, à quatre mois
d'invervalle, le bon exemple du renforcement de l'accessibilité
générale à l'éducation... Bravo, M. le ministre! On
est obligé de féliciter le ministère de l'Éducation
beaucoup plus que le ministre, vous en conviendrez. La même chose: on ne
doit pas imputer toutes sortes de responsabilités à l'ancien
gouvernement là-dessus. Même chose sur le taux de scolarisation.
Le ministre de l'Éducation d'aujourd'hui se glorifie, en page 7, que le
taux de scolarisation des jeunes générations, qui fut longtemps
très inférieur au Québec par rapport à la moyenne
canadienne... Les efforts collectifs de la société, des
fonctionnaires, des différents intervenants qui se sont probablement
succédé à un rythme effréné un bout de temps
- cela, je le déplore - ont sûrement permis que le taux de
scolarisation s'améliore, que le taux de scolarisation se
développe davantage. (12 h 15)
Je voulais seulement illustrer par quelques exemples que, bon sens,
quelquefois le temps... L'ancien député de Johnson, M. Bellemare,
avait l'habitude de dire "other days, other ways". Là, on est
obligé de se rendre compte qu'en quatre mois l'écart commence
à être trop grand pour ne pas que ce soit relevé. On ne
peut pas refaire le monde en quatre mois, j'en conviens. Pourtant, on nous a
imputé toutes sortes de maux terribles lorsqu'on a ouvert les
crédits de la commission parlementaire sur l'éducation l'an
dernier.
Sur des considérations d'ordre plus général, et
très rapidement, lorsque le ministre de l'Éducation nous indique
qu'il va poursuivre des objectifs de rigueur et d'excellence, il doit
être félicité parce qu'effectivement un système
d'éducation qui veut progresser, avec les contraintes du monde moderne
et les difficultés budgétaires - qui sont réelles, par
ailleurs, nous en convenons - il est important d'avoir des objectifs de
rigueur, d'excellence, de contrôle et de planification. Pour les
prochaines années dans l'éducation, cela devra être
davantage de nous doter de mécanismes d'évaluation qui permettent
que le ministère puisse jouer davantage son rôle essentiel. Sans
être un spécialiste, je pense qu'on peut rapidement convenir que
le rôle essentiel du ministère de l'Éducation, c'est
d'essayer de mesurer le plus adéquatement possible les apprentissages
scolaires. Là où je pense qu'on a peut-être
été négligents collectivement, c'est de ne pas
s'être donné les outils, les moyens les plus efficaces possible
pour s'assurer que, dans les écoles du Québec, on soit en mesure
de contrôler véritablement et efficacement les apprentissages
scolaires. C'est fondamental, quand on a la mission de dispenser des contenus
éducatifs, d'être capable d'en faire une évaluation
précise, détaillée, signifiante, qui nous permette
d'apporter certains correctifs s'il y a lieu de le faire. Pour les prochaines
années, on va devoir mettre l'accent sur le volet qu'on avait
commencé à regarder, c'est-à-dire les mesures
d'évaluation les plus adaptées possible aux techniques modernes
qui permettent d'être certains de nos instruments de mesure et surtout du
résultat de nos évaluations, parce qu'on convient tous qu'il y a
lieu d'en faire.
Je voudrais aussi dire quelques mots sur quelques autres questions qui
m'apparaissent importantes. Le ministre de l'Éducation, lorsqu'il
était critique de l'Opposition, avait énormément
d'attention pour ce qu'il avait appelé le rapport du Conseil
supérieur de l'éducation - l'abréviation étant le
Conseil sup - concernant la condition enseignante et combien de larmes n'a-t-il
pas essayé de faire verser à bien des personnes qui
étaient attentives à ses propos. Comme nous étions
irresponsables, comme nous étions insensibles, nous disait-il, à
ce qui est fondamental pour améliorer la qualité de
l'éducation, qui est de s'assurer d'avoir énormément de
considération pour le premier intéressé dans le domaine de
l'éducation, l'instituteur, l'institutrice, le professeur, et ainsi de
suite. Il nous indiquait que, pour ce qui est du rapport du conseil
supérieur sur la condition enseignante, il avait des choses très
bien identifiées comme correctifs à être
apportés.
En particulier - là, je vais revenir sur les négociations,
à un moment donné, lors de l'étude des crédits - je
voudrais juste, comme considérations générales, dire deux
phrases sur la condition enseignante. J'ai été personnellement
renversé, étonné quand j'ai apprécié en
détail le dépôt des offres patronales - parce qu'on est
obligé d'appeler cela comme cela, même s'il n'y a pas grand-chose
là-dedans - concernant l'éducation, de n'absolument rien voir sur
deux points principaux, fondamentaux, sur lesquels le critique de l'Opposition
officielle en éducation, aujourd'hui ministre, avait insisté:
essayer de réduire le nombre de groupes-élèves
rencontrés et aussi ce qu'on appelle le maximum d'élèves
par classe.
J'écoutais le député d'Arthabaska,
fraîchement émoulu de l'enseignement, il y a quelques mois, nous
dire que ce n'est pas facile d'enseigner avec plusieurs
groupes-élèves et de rencontrer une multitude
d'élèves par classe, surtout quand on a la prétention
d'ajouter cette belle phrase, qui venait de vous, M. le ministre: Nous, le
gouvernement actuel, allons avoir énormément de souci pour la
personnalisation des
acquis d'enseignement. On va responsabiliser les enseignants, on va
personnaliser l'éducation. Si vous ne vouiez pas que ce soit juste un
discours, il va falloir que vous posiez quelques gestes précis.
Jusqu'à présent, je suis inquiet, car je n'ai pas vu grand-chose
en ce qui concerne les gestes précis et je pense au dépôt
des offres patronales sur le contenu pédagogique pour renforcer
effectivement cette possibilité de l'enseignant, de l'enseignante, du
professeur, et ainsi de suite, de ne pas rencontrer de
groupes-élèves en série et de ne pas enseigner, au
secondaire, à des groupes-élèves qui vont jusqu'à
37, 38, 40 dans une classe. On n'est pas à l'université. Si on
veut personnaliser et responsabiliser le prof, il est inimaginable, pour avoir
enseigné moi-même pendant douze ans, de faire face à plus
de 30 élèves par classe. Ce n'est pas possible, c'est impossible.
Il y a possibilité de plafonner ces maximums, si l'on s'en donne la
peine, avec les moyens modernes qu'il y a aujourd'hui, les grilles horaires et
ainsi de suite.
Sur la condition enseignante, j'aimerais éventuellement, lors de
l'étude de ces crédits, au-delà de la mécanique
d'adoption des crédits, vous entendre, parce que vous aviez de belles
suggestions. Là, j'aimerais que cela se concrétise un peu
plus.
Sur la qualité du français, je pense que, comme ministre
de l'Éducation, vous aurez à prendre des décisions
importantes parce que tout le monde convient qu'il y a lieu de faire un effort
plus marqué dans l'ensemble du système pour s'assurer que nos
jeunes -c'est relié au contrôle des apprentissages, à nos
méthodes d'évaluation... Mais dans le cas du français
comme matière fondamentale, tant du français parlé que du
français écrit, si on ne se donne pas comme mission collective de
faire un effort additionnel, je pense qu'on va rater l'objectif. C'est devenu
un problème de société, ce n'est pas uniquement un
problème d'éducation. C'est un problème qui déborde
strictement les locaux de classe, les centres administratifs des commissions
scolaires ou la préoccupation du monde de l'enseignement. Cela doit
être une préoccupation qui touche l'ensemble des intervenants de
la société qui ont à coeur, le plus possible, un
français bien parlé et bien écrit.
Quant à la formation professionnelle, je suis également un
peu inquiet, parce qu'on peut toujours prétendre que les devoirs ne sont
pas toujours faits avec le maximum d'excellence mais il me semble qu'au
Québec, actuellement, pour ce qui est des décisions qui doivent
être prises le plus rapidement possible dans le domaine de l'enseignement
professionnel, nous avions assez d'éléments pour prendre des
décisions. J'ai été étonné de vous entendre
dire dernièrement que vous vous donniez encore un délai d'un an
pour refaire le tour du Québec, reparler à tous ces gens qui ont
parlé largement. Si ce n'est pas cela, vous me corrigerez, c'est pour
cela qu'on fait cela.
Je vous ai entendu dire que dans l'enseignement professionnel, vous vous
donniez un délai d'une année pour prendre une décision par
rapport à ce qui s'impose depuis presque une année: que les
commissions scolaires aient une orientation fort précise, ce que le
Québec veut faire par rapport à une offre d'enseignement
professionnel de plus grande qualité qui permettra effectivement que nos
jeunes qui, dorénavant, iront dans des secteurs de formation
professionnelle plus longs que courts puissent avoir une formation
adéquate qui leur permette d'espérer être sur le
marché du travail, dans des emplois adaptés à la
technologie moderne et à la réalité d'aujourd'hui. Il me
semble que la plupart des intervenants qui ont eu à s'exprimer
là-dessus ont largement exprimé leur volonté collective,
à savoir qu'on ajoute une année de formation au secondaire, ce
qu'on a appelé un secondaire VI, pour permettre que la plupart puissent,
au-delà d'un diplôme d'enseignement secondaire, ajouter un
diplôme d'enseignement professionnel mais avec une formation
accélérée sur une plage de cours qui pourrait se terminer
avec l'ajout d'une année au secondaire mais que l'essentiel des jeunes
Québécois et Québécoises qui feraient le choix d'un
cours de formation professionnelle puissent terminer en secondaire VI
plutôt jusqu'en secondaire V.
Un dernier commentaire en termes d'évaluation
générale concernant la question des "clandestins". J'aimerais
également, sur ce qu'on appelle communément les "clandestins" ou
les "illégaux", que lors de cette commission parlementaire sur
l'étude des crédits, vous ayez l'occasion, M. le ministre de
l'Éducation, d'être un peu plus précis quant à vos
intentions. Encore là-dessus, entre vos magnifiques prévisions de
solution lors de la campagne électorale et l'actualisation du discours
ou l'ajustement par rapport à vos responsabilités comme ministre
de l'Éducation depuis quelques mois, on n'a pas pu avoir d'indications
concrètes sur vos intentions là-dessus. J'aimerais vous entendre
à ce sujet.
Je l'ai indiqué tantôt, j'aurai l'occasion, à
l'étude des crédits, de revenir d'une façon
peut-être plus précise sur le volet que je veux plus
particulièrement toucher, parce qu'on ne peut pas toujours rester dans
nos anciens dossiers même si cela nous plaît
énormément et que c'est intéressant. Je n'ai plus la
responsabilité du ministère de l'Éducation mais je suis
membre de cette commission avec énormément
d'intérêt. Comme j'ai la responsabilité de suivre le
dossier des négociations des secteurs public et parapublic et que
c'est sûr que le secteur de l'enseignement est un secteur très
important dans le cours des négociations, je reviendrai, au cours de
l'après-midi ou ce soir, d'une façon plus particulière,
sur toute la question des négociations avec les enseignants du primaire
et du secondaire. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous remercie,
M. le député d'Abitibi-Ouest. Je vous ferai remarquer qu'il nous
reste trois minutes. Je n'ai pas d'autres interventions, sauf de la part du
ministre de l'Éducation. Est-ce que vous voulez amorcer votre
réplique, M. le ministre?
M. Ryan: Oui, je peux l'amorcer maintenant et la continuer cet
après-midi.
Le Président (M, Parent, Sauvé): D'accord.
M. Ryan: Pas de problème.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Nous vous
écoutons.
M. Jolivet: Un instant, M. le ministre, pour votre information,
même si cela dépassait de 15 à 20 minutes, je n'aurais pas
d'objection à prolonger.
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il y a
consentement. Étant donné que nous avons commencé à
10 h 15, s'il y avait consentement, on pourrait poursuivre jusqu'à 12 h
45.
Une voix: II y a consentement, je pense, oui.
Le Président (M. Parent, Sauvé): II y a
consentement des deux côtés?
M. Ryan: II y a consentement.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Claude Ryan (réplique)
M. Ryan: M. le Président, je voudrais remercier tous les
députés qui sont intervenus dans ce débat, tant du
côté ministériel que du côté de l'Opposition.
Je me permettrai, pour commencer, de relever un certain nombre d'arguments qui
ont été soulevés du côté de l'Opposition.
Le député d'Abitibi-Ouest a hérité, si je
comprends bien, des responsabilités du Conseil du trésor en ce
qui touche l'Opposition. Je pensais qu'il nous aurait apporté le message
complet qu'il a dû apprendre depuis qu'il suit de plus près les
travaux du Conseil du trésor. Je pense que cela aurait aidé
à comprendre certaines choses qui se produisent au cours de la
période que nous traversons. Il s'étonnait tantôt de voir
que la part de l'éducation dans les dépenses totales de
l'État connaît de nouveau, cette année, une
légère chute. C'est vrai. Mais si vous avez regardé le
livre des crédits, M. le Président, vous saurez comme moi que le
seul article qui connaisse une augmentation importante dans les dépenses
de l'État au cours de l'exercice 1986-1987, c'est le fardeau de la dette
que vous nous avez laissée. C'est 550 000 000 $ qui viennent s'ajouter
en argent, "down the drain", comme on dit, pour payer la dette énorme
que vous avez accumulée sur le dos des Québécois pendant
que vous étiez au pouvoir. Ces 550 000 000 $, sur l'ensemble des
dépenses gouvernementales, si mes calculs sont exacts, cela fait
à peu près 2 %. II faut les prendre quelque part ces 2 %. Ils
sont partagés entre les différents ministères. Chacun a
été appelé à prendre sa part. C'est la grosse
source du phénomène que nous observons actuellement.
Quand nous sommes arrivés au pouvoir, le premier message que nous
avons eu comme ministres, cela a été un message de la part du
ministre des Finances qui nous annonçait que, sur la base des calculs
faits par les experts de son ministère, on devait envisager, pour
l'exercice 1986-1987, à supposer que tout eût continué au
rythme où vous étiez partis, sans rien ajouter dans nos
engagements électoraux, un déficit de 4 500 000 000 $ pour
l'année 1986-1987, contrairement aux tendances qu'avait laissé
entendre l'ancien ministre des Finances. On s'est dit: Qu'est-ce qu'on va
faire? Est-ce qu'on va laisser la dette continuer d'augmenter comme cela ou si
on va resserrer la discipline pour essayer de revenir à des habitudes
plus compatibles avec les moyens réels de la société
québécoise'?
Devant un appel comme celui-là, devant un défi aussi
terrifiant à certains points de vue, j'estimais, comme ministre
responsable de l'Éducation, que j'avais ma part à faire, que
j'avais ma responsabilité. J'ai défendu fermement les
intérêts de l'éducation dans l'étude que nous avons
faite de nos priorités budgétaires pour le prochain exercice,
mais je n'ai jamais demandé que nous soyons totalement
épargnés, parce que je n'aurais pas agi à la hauteur de
mes responsabilités. Je me suis dit que c'est ensemble que nous devons
assumer cette responsabilité. Mieux vaux l'assumer tout de suite parce
que, plus nous approchons d'une élection, plus - vous le savez comme moi
- c'est difficile de parler de discipline. On est beaucoup plus porté
à prendre toutes sortes d'engagements en temps d'élections,
autant du côté du gouvernement d'ailleurs que du côté
de l'Opposition.
Nous avons trouvé cette situation-là,
nous essayons d'y mettre de l'ordre. Cela explique le régime de
discipline par lequel nous devrons traverser avant d'en revenir -comme je l'ai
souhaité à la fin de mon intervention à un régime
de juste liberté financière, d'honnête aisance, auquel les
travailleurs du secteur de l'éducation et le million
d'élèves que nous avons dans nos écoles primaires et
secondaires sont parfaitement en droit d'aspirer. (12 h 30)
Je vous dis une chose. On a évoqué certains engagements
que nous avons pris pendant la campagne électorale. La
députée de Chicoutimi croyait voir un désaccord entre le
chef de notre parti et moi-même sur l'ampleur de ces engagements au point
de vue financier. II n'y a jamais eu de désaccord. Nous avons toujours
dit: II faut viser à injecter 150 000 000 $ de plus dans
l'éducation, au cours des quatre prochaines années.
Évidemment, quand on divisait par quatre, les journalistes disaient:
Combien allez-vous mettre pour la première année? On a dit: En
divisant par quatre, cela fait l'équivalent du montant que Mme la
députée de Chicoutimi, 37 000 000 $, 38 000 000 $... II n'y avait
aucun désaccord entre le chef du parti et moi-même, je peux vous
l'assurer.
Cette année, nous ne sommes pas capables de le faire. Il va
falloir se rattraper l'année prochaine et l'année suivante.
J'ajoute une chose, cependant, puisqu'on a voulu parler de cela. Le
gouvernement qui nous a précédés s'était
donné des cartes assez formidables au point de vue budgétaire
quand il est allé chercher de l'argent dans la poche des enseignants et
des travailleurs du secteur public. Vous êtes allé chercher, au
bas mot, 500 000 000 $, peut-être plus. Qu'en avez-vous fait? Vous vous
étiez donné une marge de crédit, une marge de manoeuvre
intéressante et vous l'avez dépensée très
rapidement. Cela n'a en aucune manière amélioré votre
performance budgétaire, loin de là. J'espère que nous ne
serons pas réduits à faire des choses comme celle-là.
J'ai offert aux enseignants une négociation loyale et l'assurance
que nous voulons de tout coeur une entente signée. Je veux vous assurer
que si nous signons une entente, ce ne sera pas pour la répudier deux
ans après, comme vous l'avez fait quand vous étiez au
pouvoir.
Je ne veux pas continuer dans cette veine. On pourrait le faire
longtemps, c'est intéressant au point de vue de l'animation de nos
échanges. Cela nous rappelle que, malgré toute notre bonne
volonté, l'engagement que nous avons chacun au service de notre parti
respectif n'est jamais totalement oublié. Ceci dit, je veux vous assurer
que les objectifs de fond que nous avons inscrits dans notre programme
politique avant l'élection demeurent les objectifs du ministre actuel du
l'Éducation. Je les ai réitérés à maintes
reprises et je crois que, si nous devons passer par cette période et que
nous le fassions dans un esprit positif, nous sommes capables de faire des
choses formidables.
Moi-même, M. le Président, j'ai dirigé autrefois,
pendant de nombreuses années, une entreprise qui disposait de moyens
très modestes. Nous faisions de grandes choses avec des moyens
très modestes. Un jour, j'ai la fierté d'apprendre qu'un journal
prestigieux des États-Unis, le Washington Post, avait envoyé un
de ses rédacteurs les plus éminents séjourner au
Québec pour examiner la situation de la presse. Il était revenu
chez lui et il avait fait un article formidable sur le Devoir qui m'avait
renversé. Lorsqu'il était revenu - c'est un homme qui avait pris
le goût du Québec - il m'avait dit: Je ne pensais jamais qu'avec
des moyens aussi limités, un journal pouvait faire des choses aussi
formidables. Il m'avait dit: Vous êtes une leçon pour nous autres.
Je ne peux pas proposer cet exemple à tout le monde, mais je crois qu'au
Québec c'est parce qu'on a compris ce point que, pendant des
générations, on a été capable de tenir,
malgré des conditions extrêmement adverses.
Aujourd'hui, de penser qu'on va toujours pouvoir rouler avec les moyens
les plus élaborés qu'il y ait, avec des dépenses plus
élevées de 1 000 000 000 $ par année que la moyenne
canadienne pour des effectifs comparables, qu'on va être capable de se
tirer d'affaire dans la course à l'excellence actuelle, je pense que
c'est nous leurrer profondément. Alors, on est invité à
passer par là. Je l'ai assumé, comme membre du gouvernement, et
je pense que vous me donnerez le crédit que je n'ai jamais émis
l'ombre d'une plainte, en public, à l'endroit de ce qui était
fait, parce que j'assume totalement la solidarité qui nous lie entre
membres du gouvernement.
Ceci dit, je veux vous assurer encore une fois que, sur les objectifs de
fond que nous avons définis, notre volonté demeure la même
que lorsque nous avons rédigé ces textes. J'espère que,
par l'effort de discipline que nous nous imposons, nous allons réussir
à nous donner les moyens de donner suite à nos engagements, non
pas sur le dos des générations à venir, mais en les
invitant à participer dès maintenant à la
responsabilité commune.
Je voudrais assurer au député d'Abitibi-Ouest, en ce qui
regarde la négociation en cours, que je serais très heureux d'en
causer avec lui, et publiquement, et privément; je lui laisse le
choix...
M. Gendron: Je vais prendre les deux.
M. Ryan: ...du genre de conversation que nous pourrons avoir.
M. Gendron: Je vais prendre les deux.
M. Ryan: Nous avons eu les deux types de conversation quand il
était ministre de l'Éducation et je pense que cela peut
être profitable pour l'un et l'autre. Suivant les situations où
nous étions placés, je pense que nous avions besoin, tantôt
d'échanges publics virils, tantôt d'échanges privés
civilisés. Nous avons toujours eu ce genre d'échanges et nous
pouvons continuer de l'avoir. Je veux dire au député
d'Abitibi-Ouest sur ce point que c'est vrai qu'il n'y a pas, dans les
propositions que nous avons déposées, tous les points dont il a
parlé. La négociation n'est pas finie. Nous étions partis
- et cela va l'intéresser spécialement - du principe
général qu'il avait imposé, qui avait inspiré
l'hypothèse de règlement que lui-même avait soumise
à son gouvernement et qui fut malheureusement refusée par le
gouvernement de l'époque. Nous sommes partis de ce document en essayant
de le suivre le plus possible. Fondamentalement, le document comportait un
certain nombre d'améliorations et on peut dire qu'il reposait sur la
reconduction de conditions générales qui avaient existé.
Cela n'était idéal pour personne. Mais déjà, on
s'était dit d'un commun accord: Mieux vaudrait une paix comme
celle-là que de recommencer à fond l'exercice extrêmement
coûteux et difficile d'une négociation sur tout l'ensemble du
contrat.
Je suis heureux de constater, malgré tout ce qui se dit en
public, que finalement, d'un côté comme de l'autre de la table, on
se rend compte que, dans ces éléments qui avaient
été travaillés à l'époque, il y en a dont on
doit tenir compte si on veut en venir à un règlement
négocié. Je crois constater - je l'ajoute à mes remarques
parce que je pense que cela complète le dossier - que du
côté syndical il y a une volonté sérieuse de trouver
un règlement négocié avant l'été. Il y en a
une de notre côté, je l'ai réitéré avec toute
la force possible. Les propositions que voudra nous faire, tant publiquement
que privément, le député d'Abitibi-Ouest, étant
donné son implication passée dans ce dossier, seront accueillies
avec énormément d'intérêt.
Je crois que ce sont les trois points principaux qui ont
été soulevés par l'Opposition. On aura l'occasion, en
cours de route, d'examiner de manière plus détaillée les
aspects particuliers qui ont pu être soulevés. Je ne veux pas
m'engager davantage là-dessus pour l'instant.
Je voudrais souligner brièvement... J'ai peut-être l'air un
peu ému, ce n'est pas cela, c'est parce qu'il fait froid dans la salle
et on gèle, M. le Président. Je ne sais pas si vous pourriez y
voir.
Je voudrais souligner les points qui ont été
soulevés par Mme la députée de Jacques-
Cartier. L'engagement de la députée de Jacques-Cartier au
service de la cause de l'éducation n'est plus à démontrer.
Elle a fait la preuve, à d'innombrables reprises ces dernières
années, de son engagement sincère et profond au service de la
cause de l'éducation. Il y a un sujet à propos duquel son
intérêt ne s'est jamais démenti et c'est celui des
élèves en difficulté d'adaptation et d'apprentissage. Mme
la députée de Jacques-Cartier avait fait partie à
l'époque, si mes souvenirs sont exacts, de la commission qui avait
préparé pour le ministère de l'Éducation un rapport
très substantiel sur ce sujet. Depuis ce temps, elle est restée
fidèle aux orientations qu'elle avait définies avec les membres
de la commission et n'a cessé d'insister auprès de nous pour que
le gouvernement assume ses responsabilités à l'endroit des
élèves en difficulté d'adaptation et d'apprentissage. Vous
avez souligné avec raison, Mme la députée, qu'il y a bien
des facteurs qui créent actuellement des contraintes à ce sujet.
Vous avez mentionné en particulier les règles budgétaires.
Les règles budgétaires, nous aurons l'occasion d'y revenir
pendant l'examen des crédits et à cette occasion, nous pourrons
vous apporter des éléments d'information en ce qui touche le
sujet des élèves en difficulté d'adaptation et
d'apprentissage. Vous avez parlé des conventions collectives. Je crois
comprendre que la CEQ, la PAPT et la PACT veulent mettre l'accent d'une
manière spéciale sur les aménagements qui seront mis au
point en faveur de l'enfance en difficulté d'adaptation et
d'apprentissage dans les prochaines conventions collectives. Nous leur avons
fait part de notre très vif intérêt pour ce sujet et si des
accommodements permettaient d'assouplir les conditions de fonctionnement de nos
écoles, d'améliorer le service fourni à ces enfants sans
entraîner de contraintes financières trop lourdes - les
contraintes ne sont pas toutes d'ordre financier, loin de là -nous
serions très heureux de collaborer à cet exercice et de faire en
sorte que la situation s'améliore de ce côté.
Vous avez souligné la nécessité d'impliquer les
enseignants dans cet exercice. Je pense que la meilleure tribune pour le faire,
c'est la négociation collective. Nous allons déployer toute
l'énergie dont nous sommes capables pour essayer de trouver un terrain
d'entente avec les enseignants sur ce point absolument névralgique des
services à fournir à l'enfance en difficulté d'adaptation
et d'apprentissage.
Je rassure le député d'Abitibi-Ouest qui est parti, mais
il sera informé de cela. Il m'a mal compris à propos de la
formation professionnelle. Vous avez bien compris tantôt que la politique
que nous avons pratiquement fini de mettre au point sera mise en circulation
pour discussion avant l'été, et pas mal avant
l'été, je pense
pouvoir dire. Nous espérons qu'elle pourra être mise en
application pour, l'année 1987-1988 comme nous l'avions annoncé
au début de janvier. Il n'y a absolument rien de changé dans
l'échéancier que j'avais tracé dès les
premières semaines qui ont suivi notre accession au pouvoir.
La députée de Chicoutimi s'est inquiétée
à propos de la constitution. Elle a peut-être un peu
mêlé les cartes dans ces choses-là. Je n'ai jamais dit que
nous ne négocierions pas ces choses-là relatives à
l'article 93. J'ai répondu à l'avis que nous avait donné
le Conseil supérieur de l'éducation - j'ai d'ailleurs
écrit au président du conseil à ce sujet - que la
recommandation serait transmise au gouvernement et qu'elle serait
étudiée à l'intérieur de la stratégie
constitutionnelle globale que le gouvernement est en train d'arrêter en
vue des négociations avec le gouvernement fédéral et les
autres provinces.
Je ne voudrais pas que l'on compte sur le ministre actuel de
l'Éducation pour négocier à la pièce l'article 93
et sacrifier sur l'autel les revendications de certains groupes du
Québec, les droits des minorités catholiques dans les autres
provinces du Canada, les droits des catholiques au Québec
également. Je veux que vous sachiez que, de ce point de vue, nous allons
prendre le problème dans une perspective d'ensemble et non pas à
la légère, comme l'avait malheureusement fait un jour mon
prédécesseur dans une déclaration imprudente qu'il avait
faite.
Nous avons appris des leçons au point de vue constitutionnel ces
dernières années. Il faut être bien sûr de notre
dossier quand nous le mettons sur la table. Je peux vous assurer que ce
point-là sera examiné dans l'ensemble des points que nous
étudions actuellement, mais il appartiendra au gouvernement dans son
ensemble de décider quelle place il occupera dans l'agenda des
négociations pour notre gouvernement et à quel moment il nous
incombera de le mettre sur la table.
Quand j'ai dit tantôt que nous examinons la possibilité de
commissions scolaires linguistiques en dehors de Montréal et de
Québec, c'est quand même un élément
considérable. Il va nous rester, je pense, 215 commissions scolaires.
Là-dessus, il y en a au-delà de 200 qui sont en dehors de
Montréal et de Québec. Si nous trouvions moyen de clarifier le
statut et le râle de ces commissions - je ne prétends pas que nous
le ferons, je dis que nous l'examinerons attentivement - nous allons faire un
progrès considérable.
Dans le cas de Montréal, aussi longtemps que nous aurons les
contraintes constitutionnelles actuelles, nous ne tenterons pas, comme l'a fait
le précédent gouvernement, de "ghettoïser" ceux qui veulent
des écoles confessionnelles à Montréal en les
réduisant en de petits territoires minables comme celui que
définissait la loi 3. C'est pour cela que la loi a été
trouvée invalide par le tribunal, parce qu'il trouvait que le traitement
que l'on faisait à des droits définis par la constitution
était indigne d'un gouvernement qui est capable de lire une
constitution. Nous Pavions dit au gouvernement à combien de reprises? On
ne nous écoutait pas. On avait raison, on le savait. Combien de fois les
tribunaux les plus élevés comme les plus modestes sont venus
confirmer les avis que l'Opposition avait émis pendant que le
gouvernement du Parti québécois était au pouvoir? Si on
nous avait écoutés, que d'économie de temps, de salive et
d'argent on aurait pu réaliser. À Montréal, il faudra
trouver d'autres manières de régler les problèmes de
façon que tout le monde y trouve son compte. Avec le dialogue, nous
serons capables. Si cela doit prendre cinq ans de plus, cela prendra cinq ans
de plus, mais nous ne forcerons pas les choses.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre de
l'Éducation, je regrette, on a déjà dépassé
notre temps. Je vous inviterais à revenir à la reprise des
travaux cet après-midi.
J'informe les membres de la commission que cette commission
siégera encore cet après-midi et en soirée pour
l'étude des crédits du ministère de l'Éducation. Je
vous remercie.
(Suspension de la séance à 12 h 45)
(Reprise à 15 h 27)
Le Président (M. Parent, Sauvé): La commission
parlementaire de l'éducation poursuit ses travaux commencés ce
matin pour l'étude des crédits du ministère de
l'Éducation. Nous entendrons le ministre de l'Éducation et nous
l'invitons à conclure son intervention en deux ou trois minutes de
façon à donner la chance aux membres de la commission
d'interroger le gouvernement sur les programmes. M. le ministre de
l'Éducation.
M. Ryan: M. le Président, dans la chaleur du débat,
nous sommes toujours influencés par la présence des
interlocuteurs. Comme le seul qui reste du côté de l'Opposition ne
m'a fait aucune difficulté ce matin, je ne me sens pas enclin à
continuer l'envolée dans laquelle j'étais engagé quand
vous m'avez interrompu inopinément avant le déjeuner.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre,
nous prenons bonne note de vos
remarques.
M. Ryan: Je voudrais avec votre permission, cependant, ajouter
une couple de précisions sur des points qui ont été
soulevés par le député de Laviolette. Il nous a fait part
des difficultés qu'il avait éprouvées à obtenir
certaines réponses ou certaines informations en préparation du
travail de la commission parlementaire. Je voudrais signaler que les
difficultés de transmission sont survenues quelque part, comme il l'a
dit, entre le bureau de son leader et le bureau du leader du gouvernement. Je
voudrais l'assurer que nous avons reçu, à la toute fin de
l'après-midi de vendredi, les demandes qu'on nous avait
acheminées. C'était impossible d'y donner suite avant le
début de la semaine. Dès la journée de lundi, les
fonctionnaires du ministère de l'Éducation se sont mis au travail
et ont fait parvenir à son bureau des réponses à un
certain nombre des questions qu'il avait posées. D'autres
réponses ont dû sans doute vous être acheminées
depuis. Je crois qu'il y a seulement une des questions que vous aviez
posées qui ne pourra recevoir sa réponse tout de suite, parce que
cela demande une compilation considérable. On va vous la donner dans les
meilleurs délais. Il y a peut-être un ou deux points sur lesquels
vous avez demandé des choses qui ne peuvent pas être
communiqués maintenant. Nous vous le dirons en bonne et due forme dans
un avenir très rapproché. J'ai bien apprécié la
nature des questions et des demandes qui nous ont été
adressées, parce que je pense que cela témoigne d'un souci de
faire un travail sérieux que j'apprécie au plus haut point.
Je voudrais maintenant, M. le Président, avant que nous
commencions, vous présenter les collaborateurs du ministère de
l'Éducation qui m'accompagnent à la table principale pour que
vous puissiez les reconnaître s'ils ont des compléments de
réponses à apporter à celles que je vous proposerai. Je
voudrais que vous les autorisiez à me compléter ou à agir
à ma place dans les cas où j'aurai besoin d'eux. Il y a bien des
points sur lesquels - le domaine est tellement vaste - nous avons absolument
besoin d'être suppléés par des fonctionnaires qui sont
beaucoup plus au courant des modalités pratiques des choses.
Alors, à ma gauche, il y a M. Thomas Boudreau, qui est le
sous-ministre en titre du ministère; à la gauche de M. Boudreau,
il y a M. Michel Stein, qui est le sous-ministre associé de foi
catholique; Mme Schlutz, qui est assise là-bas, est sous-ministre
associée de foi protestante; M. Jean-Claude Cadieux, à ma droite,
est le directeur de toute la section de la planification au point de vue
pédagogique; M. André Rousseau, qui était assis ici et qui
va revenir dans quelques minutes, est le sous-ministre adjoint en charge des
réseaux. Il y a beaucoup d'autres collaborateurs, qui sont en
arrière, qui sont également très importants dans le
fonctionnement de cette immense machine qu'est le ministère de
l'Éducation. Vous aurez peut-être l'occasion d'entendre l'un ou
l'autre ou, en tout cas, d'entendre leur nom à l'occasion des projets ou
des sujets particuliers que nous étudierons. Ceux ou celles qui sont
davantage associés à tel ou tel projet, cela nous fera plaisir de
vous les présenter. Et M. Jean-Guy Gagnon - est-ce qu'il est ici? Ah, je
ne vous avais pas vu -est sous-ministre adjoint en charge du volet des
ressources humaines au ministère de l'Éducation; c'est lui, en
particulier, qui a la charge de la coordination des négociations avec
les syndicats de travailleurs salariés qui transigent avec le
gouvernement. Je suis très heureux que M. Gagnon soit avec nous.
Tantôt, je pense que c'est le député d'Abitibi-Ouest qui
manifestait le désir d'avoir un échange de vues sur les
négociations en cours. M. Gagnon nous sera très utile pour cette
phase de nos travaux.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Vous me faites réaliser que, ce matin, je n'ai pas
présenté les membres de la commission de l'éducation. J'en
profite donc pour le faire: Mme Blackburn, députée de Chicoutimi,
qui est intervenue ce matin; Mme Bleau, députée de Groulx; M.
Bradet, député de Charlevoix; M. Cusano, député de
Viau; Mme Dougherty, députée de Jacques-Cartier; M. Gardner,
député d'Arthabaska; nous avions avec nous, ce matin, le
député d'Abitibi-Ouest, M. François Gendron, qui est
intervenu; M. Roma Hains, député de Saint-Henri; le
député de Laviolette, M. Jolivet; M. Khelfa, député
de Richelieu; M. Thérien, député de Rousseau; M. Tremblay,
député de Rimouski, et votre serviteur, Marcel Parent,
député de Sauvé.
M. le député de Laviolette.
M. Jolivet: Oui, M. le ministre, je n'ai pas voulu - je pense
qu'il faut faire bien attention à ces choses - vous accuser de quoi que
ce soit quant aux documents qu'on n'a pas reçus. On peut dire
qu'à la suite des demandes que l'on a faites à partir de
vendredi, nous sommes bien conscients de la diligence que le ministère a
mise à nous fournir les documents. Ce que je voulais dire, ce matin,
cependant, c'est que nous avions fait une demande dans l'ensemble du volume
présenté par le leader de l'Opposition au leader du gouvernement.
Quant à nous, notre document incluait l'ensemble de l'éducation.
C'est cette partie qui, malheureusement, je ne sais où, s'est perdue
entre le bureau du leader du gouvernement et le ministère. La semaine
dernière, j'avais fait mention, lors de rencontres, que je n'avais pas
tous les documents. C'était à
cela que je faisais allusion surtout, parce que les autres, vous nous
les aviez fait parvenir mercredi dernier. Comme on disait: Ils vont arriver
dans les jours qui viennent, on a attendu jusqu'à vendredi. Et comme on
ne les avait pas vendredi, on a communiqué immédiatement; c'est
là qu'on s'est aperçu qu'il y avait eu un imbroglio quelque
part.
Quant à l'autre remarque que vous avez faite, à savoir que
j'étais seul tout à l'heure, effectivement, vous avez vécu
ces mêmes phénomènes dans l'Opposition, M. le ministre. Il
y a des gens qui ont d'autres occupations. Ainsi M. Gendron est aussi le leader
adjoint, mais il viendra nous rejoindre en cours de route. D'autres
députés aussi, comme la coutume le permet lors de l'étude
des crédits, vont venir faire des interventions sur leur dossier de
comté s'il y a des demandes additionnelles qui sont faites.
La façon de procéder, maintenant, M. le
Président...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je
suggérerais, M. le député de Laviolette, qu'on y aille
programme par programme, élément par élément. La
parole est à ceux qui veulent intervenir.
M. Jolivet: Maintenant, M. le Président, avant de passer
à l'étude...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui. Discussion
générale
M. Jolivet: ...programme par programme, j'ai quand même des
préliminaires, parce qu'on a droit à des questions
préliminaires. Elles touchent l'état de la situation sur les
budgets du ministère et, de façon plus particulière, les
compressions qui nous ont été mentionnées ce matin.
On sait que les crédits, pour l'année...
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député de Laviolette, je vous reconnais pour les
préliminaires.
Compressions budgétaires
M. Jolivet: Merci. On sait que les crédits du
ministère pour l'année 1986-1987 dans les secteurs primaire et
secondaire sont de 4 587 700 000 $, soit, comme le disait le ministre, une
augmentation. Je vais me baser sur les dépenses probables de
l'année 1985-1986, telles qu'elles ont été
présentées par le cahier des crédits, donc, une
augmentation de 85 800 000 $ ou 1,9 %. On sait aussi que l'ensemble des
crédits du secteur de l'administration et des services diminue de
près de 10,8 % et que ceux du secteur de l'enseignement augmentent
d'environ 2,2 %. La subvention par élève, si on la compare en
dollars constants de 1986, baisse aussi de 3,8 % en 1986-1987.
Des compressions ont été annoncées par le
président du Conseil du trésor dans un document qui nous avait
été remis et dans lequel nous avions remarqué que, pour le
secteur de l'éducation, il y avait une révision du mode de calcul
de la subvention de fonctionnement pour l'enseignement préscolaire,
primaire et secondaire public de près de 18 200 000 $ et qu'il y avait
aussi une révision du mode de calcul de la subvention de fonctionnement
pour l'éducation des adultes d'environ 9 100 000 $, ce dont le ministre
faisait mention ce matin. Il y avait une autre partie qui parlait de
"rationalisation interne et autres mesures". C'est le document qui nous a
été présenté lors du dépôt des
crédits dans des documents à part et dans lesquels on a fait les
recherches qui s'imposaient.
Un autre document qui nous a été fourni la semaine
dernière parle toujours, quant aux compressions de l'éducation
pour l'année 1986-1987, de ces mêmes chiffres, ce qui donnerait,
au niveau des transferts aux commissions scolaires, soit pour
l'éducation des adultes ou pour l'enseignement préscolaire,
primaire et secondaire public, près de 27 300 000 $. Quant à
"rationalisation interne et autres mesures", on est toujours à 6 200 000
$.
Dans un autre document informatisé en réponse - mais qui
ne satisfait cependant pas l'Opposition - à une demande du
représentant de l'Opposition et critique du Conseil du trésor,
dont on a fait mention en commission et à l'Assemblée nationale,
qui a été préparé le 16 avril 1986 - on donnait
même l'heure: 15 heures 22 minutes 22 secondes et quelques tic-tac, comme
on disait - on parle d'autres choses. Je voudrais savoir ce qui est vrai et ce
qui ne l'est pas.
On parle de la réduction quant aux activités de 11 020 000
$ et on parle de rationalisation interne, ce dont on faisait mention, de 22 030
000 $. Le chiffre total, dans l'un ou l'autre des cas, est toujours de 33 500
000 $, mais ce qui est différent, c'est qu'on s'aperçoit que,
dans le dernier document... Comme le président du Conseil du
trésor nous a dit de poser les questions au ministre concerné, on
va vous les poser. Qu'est-il arrivé entre le document
présenté lors de l'étude des crédits à la
fin du mois de mars dernier et le document préparé au milieu du
mois d'avril qui indique des chiffres différents? Lequel des deux est
vrai?
Deuxièmement, dans le contexte où le document
informatisé serait officiel, est-ce que cela veut dire que vous avez
décidé de faire en sorte que ce soit le ministère, dans
ses services, qui subisse les réductions ou compressions et que ce ne
soient pas les commissions scolaires qui en subissent les contrecoups? Lequel
des deux documents est
le réel, d'abord?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: On va d'abord nettoyer la question que vous avez
soulevée concernant la différence entre les chiffres contenus
dans le document du Conseil du trésor et ceux que nous avons
présentés. Dans le document du Conseil du trésor, il y a
un premier chiffre qui est différent des nôtres. Cela donnait un
total de 33 500 000 $, je crois.
M. Jolivet: Les deux documents proviennent du Conseil du
trésor.
M. Ryan: Non, celui que j'ai présenté ce matin est
le nôtre.
M. Jolivet: Ce que j'ai entre les mains, c'est le document des
crédits déposé par le président du Conseil du
trésor à l'Assemblée nationale à la fin mars et le
document déposé la semaine dernière en commission
parlementaire, toujours par le président du Conseil du trésor, et
qui ne concordent pas l'un l'autre.
M. Ryan: II faudrait que vous déposiez les documents pour
que je les examine. Je ne peux pas vous répondre à 25 pieds de
distance.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Êtes-vous en
mesure de les déposer, M. le député?
M. Jolivet: Ce sont mes documents sur lesquels j'ai
travaillé. Je pensais que vous les aviez à titre de ministre. Ils
nous ont demandé de vous poser des questions sur les documents qu'ils
ont déposés. C'est ce que je fais. Je pourrais les déposer
si on en avait des copies.
M. Ryan: Écoutezl Si vous voulez les déposer, si
vous voulez que nous suspendions pendant cinq minutes, M. le Président,
je peux regarder ces documents, mais je ne peux pas vous répondre tant
que je ne saurai pas exactement sur quel document vous vous appuyez.
M. Jolivet: Écoutez! Je pourrais vous les prêter
tous les deux, si vous voulez, pour les besoins de la cause.
M. Ryan: Je vous signale une première chose qui
s'était produite. Dans le premier document qu'avait déposé
le Conseil du trésor, lors du dépôt à la Chambre, il
y avait un total de compressions pour le ministère de l'Éducation
de 33 500 000 $ et nos chiffres, c'est 36 800 000 $. Il y avait un point qui
n'avait pas été inclus dans les calculs du Conseil du
trésor. C'était la compression pour les commissions scolaires du
nord dont j'ai parlé ce matin. Comme je l'ai expliqué ce matin,
ce sont des travaux sur des écoles qui vont être répartis
sur quelques années par voie d'immobilisation plutôt que
d'être comptés comme dépenses de fonctionnement. Ici, il y
a une compression de 3 300 000 $ qui vient s'ajouter au chiffre de 33 500 000 $
initial. Cela fait 36 800 000 $. J'espère que cela règle une
partie de la difficulté.
M. Jolivet: Oisons qu'au départ, concernant le chiffre
dont on fait mention, dans les deux cas, on parle de 33 500 000 $. Dans le cas
dont vous parlez, vous dites que ce n'était pas 33 500 000 $, mais 36
800 000 $, incluant les 3 300 000 $ des commissions scolaires du nord. On prend
les chiffres que vous avez donnés. Les deux documents ne concordent pas
quant à la partie dont on fait mention; c'était "montant de la
compression" et, quand on les examine, on dit dans le document, 6 200 000 $,
"rationalisation interne et autres mesures". Dans le document, on inverse les
chiffres et on donne 22 300 000 $, si je me souviens du chiffre, au niveau de
la rationalisation, alors qu'on donne beaucoup moins au niveau des transferts
aux commissions scolaires.
M. Ryan: Je m'excuse, mais je vais vous dire une seule chose
générale là-dessus pendant que nos experts examinent les
chiffres. Il a pu arriver que des transpositions comme celle-là se
produisent parce que le Conseil du trésor s'est entendu avec chaque
ministère sur une cible de tant. Il a pu arriver qu'à un premier
stade un ministère présente une répartition X de la cible
proposée et qu'ensuite, en cours de route, un réalignement de
chiffres soit fait. Le Conseil du trésor avait dit à chaque
ministère qu'il était libre de faire les ajustements comme il le
jugerait nécessaire et que lui, ce qui l'intéressait surtout,
c'était le total de la compression dans chaque ministère de
manière qu'il puisse arriver à atteindre les objectifs qu'il
s'était fixés avec l'accord du gouvernement d'ailleurs, puisque
le Conseil du trésor n'est pas un organisme dictatorial contrairement
à l'impression que chaque ministre est parfois tenté de laisser
se propager dans la population. Il faut que ces grandes décisions soient
approuvées par le cabinet, comme le député de Laviolette
le sait d'ailleurs très bien.
Pendant que je vous donne ces explications très
générales, mes collaborateurs ici, MM. Taillon et Shedleur, sont
à vous chercher des explications plus précises. Moi, je n'ai pas
eu le temps de regarder les documents parce que je devais vous parler en
même temps, un peu comme l'ancien
président des États-Unis qui n'est pas capable de
mâcher de la gomme en même temps qu'il marche.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Je veux bien lui laisser le temps. Ce que je veux
simplement dire à M. le ministre, c'est que je suis bien conscient que
le Conseil du trésor, ce qu'il a donné, ce sont des ordres
à chacun des ministres de comprimer de tel montant. On va être
d'accord que c'est ce qu'on perçait de l'extérieur et vous me le
confirmez de l'intérieur maintenant. Donc, le Conseil du trésor,
qui est sous la responsabilité d'un ministre, propose des objectifs de
compressions budgétaires à atteindre et, à partir de cela,
chacun des ministres doit livrer la marchandise. Ce que je vous dis, c'est que
le Conseil du trésor, quand il a présenté des documents
à la fin du mois de mars dernier, a présenté, dans des
documents qui sont devenus officiels, la répartition dont je vous fais
mention: révision du mode de calcul de la subvention de fonctionnement
pour l'enseignement préscolaire, primaire et secondaire public, 18 200
000 $; révision du mode de calcul de la subvention de fonctionnement
pour l'éducation aux adultes, 9 100 000 $ - c'est ce que vous avez dit,
d'ailleurs, ce matin - rationalisation interne et autres mesures, 6 200 000 $.
Vous ajoutez à cela les commissions scolaires du nord, 3 300 000 $, et
vous me dites qu'on aurait dû lire 36 800 000 $ au lieu de 33 500 000 $.
Je suis d'accord avec vous.
Ce que je vous dis, c'est que, la semaine dernière, nous avons
voulu avoir plus de détails du président du Conseil du
trésor sur l'ensemble des compressions et on a demandé: C'est
quoi? Il nous dépose un document qui dit l'inverse en termes de
chiffres. Je veux savoir lequel des deux est vrai. Ensuite, je pourrai poser
des questions sur des chiffres sur lesquels je peux me fier. (15 h 45)
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: M. le Président, j'aurais une proposition
à faire au député de Laviolette. Je ne suis pas
chargé ici de rendre compte des documents qu'a déposés le
président du Conseil du trésor. Si je comprends bien mon mandat,
je suis chargé de vous donner des informations précises.
J'aimerais proposer que vous me permettiez de communiquer aux
députés qui sont membres de la commission le tableau dont nous
nous servons ici et qui explique les compressions selon l'économie que
j'ai suivie ce matin dans mon exposé.
Si nous pouvions avoir une suspension de cinq minutes pour que chacun
les examine de son côté, je pense qu'à partir de cela il y
a bien des questions qui pourraient être posées de manière
plus précise. Si vous voulez revenir avec la question, je n'ai pas du
tout d'objection. J'aimerais vous communiquer ce document. Je pense que cela va
rendre service à tout le monde.
M. Jolivet: Écoutez, je suis disponible pour recevoir tout
document que vous voulez bien déposer. Le président du Conseil du
trésor nous a dit que chacun des ministres sectoriels nous les
déposerait. Donc, je serais heureux de l'accepter et de prendre le temps
de l'analyser. On peut même faire autre chose, mettre de
côté la question pour qu'on ait le temps de l'analyser
peut-être à l'heure du souper et revenir ce soir. Je vous
laisserais la possibilité aussi de vérifier les deux documents
que je vous ai prêtés. On pourrait en faire des photocopies pour
que les originaux me reviennent. À partir de cela, on pourra poser des
questions plus pertinentes.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Je veux seulement vous informer, M. le Président,
que de notre côté nous n'avons pas souvenance qu'il y ait eu des
changements dans le partage des compressions que nous avons effectuées.
Nous allons vérifier de très près ce qui s'est
passé de notre côté, ce qui s'est passé du
côté du Conseil du trésor. Peut-être qu'un peu plus
tard, comme vous le dites, en fin d'après-midi ou
préférablement au début de la soirée, je serai
très heureux de vous apporter les explications que vous demandez dans la
mesure où je les aurai trouvées moi-même,
naturellement.
M. Jolivet: Parce que, M. le ministre, selon la réponse
qu'on aura sur les chiffres, il y a une différence entre vous poser une
question sur le contenu de 6 200 000 $ de rationalisation interne et autres
mesures ou vous la poser sur 23 300 000 $ à ce même chapitre.
Donc, au moment où on se parle, si vous me dites que les chiffres
dont j'ai fait mention tout à l'heure sont réels, je
considérerai que le premier document du mois de mars était celui
qui était réel avec le montant total de 36 800 000 $. Et je vous
poserai une question: Qu'est-ce que cela comporte la rationalisation interne et
autres mesures? Mais, compte tenu du fait qu'on n'a pas les chiffres finals, on
va attendre cette partie pour poser cette question.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, est-ce
qu'on procède?
M. Jolivet: On reviendra plus tard à la question avec les
documents pertinents.
Le Président (M. Parent, Sauvé): D'accord.
M. Jolivet: Je vais continuer dans mes demandes. Le ministre y a
répondu partiellement ce matin, mais je voudrais lui poser, comme membre
du Conseil exécutif, la question suivante: L'impact que l'on
connaît au moment où on se parle, puisque le président du
Conseil du trésor a dit que c'était de 3,5 % mais qu'on ne
connaît pas tant et aussi longtemps que la convention collective ne sera
pas signée... Comme le disait M. le ministre, espérons que ce
sera une convention signée. Il y aura donc à ce moment des
montants d'argent additionnels qui ne sont pas prévus, si j'ai bien
compris, au budget actuel et qui devront être prévus dans un
budget supplémentaire ou dans d'autres formules, qui équivalent
aux 3,5 %. C'est bien cela?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Le député de Laviolette sait un peu
comment ces choses-là se passent dans un gouvernement. Il y a des
provisions qui ont été faites ailleurs pour les augmentations de
salaires qui devront être versées au titre des conventions
collectives à intervenir. Mais elles ne sont pas dans les crédits
budgétaires du ministère de l'Éducation pour
l'instant.
M. Jolivet: Ce qui veut donc dire que M. le ministre nous
confirmerait que ces montants d'argent qui seront nécessaires au moment
de la signature des conventions collectives dans l'année qui vient,
puisqu'il y aura une certaine forme de rétroactivité, sont
prévus au budget général du gouvernement.
M. Ryan: Ils ne sont pas compris dans les chiffres que nous vous
présentons pour le ministère de l'Éducation. Viendra par
conséquent s'ajouter, au taux d'augmentation de 1,9 % ou 1,3 % dont j'ai
parlé ce matin, le taux d'augmentation des dépenses pour
1986-1987 par rapport soit aux crédits budgétaires de 1985-1986,
soit aux dépenses probables.
M. Jolivet: Comme on a un chiffre qui lui, au moins, est
sûr, qui est 36 800 000 $ de compressions par rapport à ce que
disait ma collègue ce matin qui ajoutait à ce qu'on a dit dans le
discours d'ouverture et qui concerne les compressions dans ce secteur, comment
le ministre peut-il concilier ces compressions avec les déclarations
qu'il faisait lorsqu'il était membre de l'Opposition sur l'effort
additionnel qu'on devait faire dans le secteur de l'éducation? J'irais
même plus loin en citant une partie de son discours de ce matin quand il
disait que ces coupures ont été considérables dans le
secteur de l'enseignement. Lorsqu'il était ici, il houspillait les
coupures dans le secteur de l'éducation. Ce matin, il disait: "Ces
coupures ont été considérables. Elles nous ont
frappés d'autant plus durement qu'elles ont été
entreprises avec une dizaine d'années de retard par rapport aux autres
provinces canadiennes. Ces coupures doivent toutefois être mises en
regard de la diminution spectaculaire de clientèle..."
En fait, le ministre vient dire ici des choses qui sont à
l'inverse de ce qu'il disait lorsqu'il était membre de l'Opposition et
qu'il nous incitait è en mettre davantage au niveau du secteur de
l'éducation pour permettre, à ce moment, de meilleures actions
dans ce secteur. Est-ce que le ministre peut me donner des réponses
à ces questions?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre de
l'Éducation.
M. Ryan: Volontiers. Je voudrais, tout d'abord, rappeler que,
lorsque j'ai dit que le Québec avait commencé en retard à
comprimer ses dépenses, je portais un jugement sur le gouvernement dont
il a fait partie. Nous avons signalé souvent au gouvernement, dont
faisait partie le député de Laviolette, que, dans les autres
provinces canadiennes, on a commencé cinq, six, sept, huit ans plut
tôt qu'au Québec à faire des compressions en anticipation
des difficultés qu'à peu près tout le monde voyait venir
sauf le gouvernement du Québec qui a toujours prétendu qu'il a
été pris par surprise par la tornade soi-disant survenue en juin
1981. C'est drôle que votre ancien ministre des Finances s'est
réveillé en juin 1981, alors que, dans tout le reste du Canada,
on était réveillé depuis cinq, six, sept ans avant. C'est
cela que je voulais dire.
Maintenant, vous me demandez comment concilier les déclarations
de l'an dernier avec les propos que j'ai tenus ce matin. Je suis très
heureux que vous me posiez la question parce que cela me permet de
compléter la réponse que je crois avoir déjà
donnée à ce sujet. La raison majeure, c'est la suivante. Quand
nous sommes arrivés au gouvernement, nous nom sommes dit comme tout
gouvernement responsable que notre premier devoir était de prendre
connaissance de la situation financière que nous avait laissée le
gouvernement dont faisait partie le député de Laviolette. Les
chiffres que nous avons trouvés n'étaient pas ceux que nous
avaient laissé entrevoir les déclarations que nous avions
entendues. Les perspectives pour l'année 1986-1987, à supposer
que tout eût continué au rythme établi, c'est-à-dire
sans aucune addition de programmes nouveaux de quelque nature que
ce soit, avec seulement l'augmentation découlant des
prévisions que pouvaient faire les ordinateurs et les experts du
ministère des Finances, établissaient que le Québec s'en
allait vers un déficit de 4 500 000 000 $ pour l'exercice 1986-1987.
Et je me souviens très bien de la séance du cabinet
où le ministre des Finances nous est arrivé avec ces chiffres.
Moi le premier, j'ai dit que c'était impossible et que j'exigeais la
preuve. Nous nous sommes mis à regarder les chiffres de beaucoup plus
près parce que d'autres collègues tenaient également
à avoir une démonstration. Nous avons dû reconnaître
que nous allions tout droit dans cette direction si un effort n'était
point fait. Alors là, nous nous sommes demandé ensemble: Oui va
faire l'effort? Vous connaissez la vieille fable, M. le Président, tout
le monde veut aller au ciel, mais personne ne veut mourir. Tout le monde
exigeait qu'on coupe, mais personne ne voulait couper. Le premier tour qui a
été fait, cela n'a pas donné des résultats
très riches, pour être franc. Il a fallu qu'on revienne une
deuxième, une troisième, une quatrième fois. Nous avons
tous été obligés de nous examiner à plusieurs
reprises.
Finalement, chacun a dû prendre sa part de responsabilité,
mais nous ne pouvions pas maintenir les dépenses au niveau où
elles auraient dû être maintenues seulement en continuant au rythme
qui était établi. C'est la réponse à votre
question. Il appartiendra au ministre des Finances de dire à quel niveau
se situera le déficit quand il va présenter son discours sur le
budget dans quelque temps, mais pour le ramener au niveau qui sera
communiqué à ce moment, il fallait qu'on fasse des gros
sacrifices dans toute l'administration gouvernementale.
Il fallait également qu'on tienne compte de certains secteurs
où des augmentations de dépenses étaient incompressibles,
inévitables. L'exemple majeur que vous en ai donné ce matin,
c'est celui du coût de la dette, l'intérêt que nous devons
payer sur la dette qui augmente cette année de 550 000 000 $.
Il a fallu prendre l'argent ailleurs. Là, nous avons
établi des priorités. Il a été clairement
établi que les deux secteurs qui seraient touchés avec le plus de
considération - c'est un terme très relatif en l'occurrence -
seraient la Santé et les Services sociaux et l'Éducation. On a
dit: On reconnaît qu'il y a des valeurs de base là-dedans. On va
être extrêmement réservé, on va y aller avec le plus
de pondération et de modération possible. Cela a donné les
résultats que vous pouvez trouver dans le livre des crédits qui a
été déposé à l'Assemblée nationale,
auquel j'ai fait allusion ce matin. Dans le livre des crédits, il est
établi très clairement que le ministère de l'Agriculture,
par exemple - dont je ne nie aucunement l'importance et dont je ne veux
minimiser en aucune manière le rôle dans le bon fonctionnement de
la société québécoise - subit non pas une
compression, mais une coupure d'à peu près 54 000 000 $. Le
ministère des Affaires culturelles subit une coupure de 7 000 000 $. Le
ministère des Affaires municipales subit une coupure de 18 000 000 $. Le
ministère des Transports subit une coupure de 85 000 000 $.
Dans tout ce paysage, le ministère de la Santé et des
Services sociaux et le ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu - on ne voulait pas toucher aux
assistés sociaux en particulier et à tous les programmes de
stimulation d'emploi que nous avons au service de la population -écopent
d'une légère augmentation et dans le même ordre, il y a
l'Éducation et l'Enseignement supérieur qui reçoivent
chacun une augmentation qui n'est pas suffisante à notre point de vue,
d'un strict point de vue objectif, mais qui, dans l'ensemble de
l'opération qui a été faite, est quand même plus
honorable que ce qu'on pourrait penser si on essaie d'isoler les chiffres et de
les sortir de leur contexte. C'est la réponse que je suis heureux
d'apporter au député de Laviolette. Je le remercie de m'avoir
posé sa question parce que cela permet de situer dans une juste
perspective les opérations qui ont été faites.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre de l'Éducation. M. le député de Laviolette.
M. Jolivet: M. le ministre, malheureusement, je ne retrouve pas
la personne que j'ai connue dans l'Opposition et qui avait des positions bien
claires sur l'ensemble des problèmes, disait-elle, dans le secteur de
l'enseignement primaire et secondaire et de l'éducation des adultes.
Je vous comprends très bien de vouloir défendre les
positions que vous avez prises comme gouvernement. Vous êtes membre du
Conseil exécutif et, à ce moment, vous avez le droit de
défendre ces positions. Que vous me rameniez ici que le déficit
était de 1 500 000 000 $ de plus que ce que vous aviez prévu, ce
n'est pas nous qui, pendant la campagne électorale, avons dit aux gens
qu'on avait une marge de manoeuvre. Ce n'est pas nous qui avons dit aux gens
pendant la campagne électorale que nous ferions toutes sortes de
promesses. Ce que je vous dis, c'est que les 1 500 000 000 $ ont
été dégonflés, cela fait longtemps. Vous nous
parlez souvent de chiffres à partir du budget 1985-1986
déposé et du budget que vous déposez en 1986-1987.
Là, vous dites: Cela fait 1 500 000 000 $ de différence. Quand
vous arrivez dans les dépenses probables qui pourront être
d'environ 3 200 000 000 $,
selon les derniers chiffres de décembre dernier dans le budget du
ministre des Finances, je dois vous dire au départ que si vous le
calculez à partir de cette base de dépenses probables versus les
dépenses que vous avez l'intention d'effectuer, ce ne sont plus les
montants dont vous faites mention.
Deuxièmement, quand le ministre des Finances, au mois de
décembre dernier, a décidé pour des raisons
électoralistes normales, si on peut le prendre comme tel, à la
suite des positions prises par le chef du Parti libéral pendant la
campagne électorale, de remettre entre les mains des gens environ 250
000 000 $ de taxes, je vous dis: D'accord, c'est 250 000 000 $ que vous avez
bien voulu mettre dans le déficit futur. Je m'excuse, je n'ai
dérangé personne, je ne voudrais pas être
dérangé. Au sujet des taxes que vous avez remises, il faut aussi
considérer que, dans bien des cas, vous les avez remises à des
gens mieux nantis qu'à des gens moins bien nantis. (16 heures)
Un autre problème dont faisait mention le ministre de
l'Énergie et des Ressources ce matin, celui d'Hydro-Québec. Quant
au coût de 30 000 000 $ chaque fois que la piastre canadienne baissait
d'un sou, que vous ayez été là ou que nous ayons encore
été là, ça aurait été le même
problème. On l'a vécu, nous aussi. Donc, on n'a rien d'autre
à faire, comme je le disais dans un autre discours, que compatir avec le
ministre des Finances sur le fait que cela va coûter de l'argent de
plus.
Cela étant dit, vouloir partir du budget de 1986-1987, ou partir
des prévisions faites par le ministre des Finances de 2 975 000 000 $,
pour ramener cela à quelque 4 400 000 000 $ pour les 1 500 000 000 $
dont vous faites mention, c'est un ballon qui a été
dégonflé il y a longtemps par tous les gens qui regardent ce
secteur. Ils disent que le gouvernement a gonflé artificiellement un
déficit et que, de l'autre côté, il est en train de le
dégonfler artificiellement. On a juste à prendre comme exemple
les 150 000 000 $ qui avaient été ajoutés à la
suite de certaines décisions administratives prises par le ministre des
Finances et dont le président du Conseil du trésor dit
maintenant: On les enlève, on les comptabilise autrement.
On se retrouve justement avec une preuve que veut faire le gouvernement
actuel dont vous faites partie, M. le ministre. C'est-à-dire qu'on avait
promis qu'on avait une marge de manoeuvre, alors que tout le monde disait au
chef du Parti libéral, à l'époque, qu'il n'y avait pas de
marge de manoeuvre, que, d'année en année, le gouvernement du
Québec qui avait précédé avait eu les mêmes
difficultés, qu'il a été obligé de faire les
mêmes formes de compressions, que vous avez, d'ailleurs,
décriées à l'époque. On vous dit aujourd'hui que
c'est ce que vous êtes en train de faire et vous trouvez tous les moyens
de le justifier en gonflant artificiellement les chiffres d'un déficit
à venir, à partir des décisions que vous avez prises et
étant donné, aussi, qu'il y a des choses qu'on ne peut pas
prévoir et qui, malheureusement, doivent être subies par quelque
gouvernement que ce soit. On se retrouve, encore aujourd'hui, avec un budget
où on va dire: C'est "moins pire" que prévu. On aura
commencé à créer une marge de manoeuvre, mais au
détriment de qui? Des étudiants, dont vous parliez alors que vous
étiez dans l'Opposition, des assistés sociaux qui ont vu leurs
prestations coupées par l'abolition de l'indexation trimestrielle. C'est
quoi, le but visé par le gouvernement?
Vous avez beau tenter de trouver tous les moyens de concilier ce que
vous aviez dit, je vous dis que vous avez proposé que le gouvernement
investisse davantage dans l'éducation et, comme le disait le
député d'Abitibi-Ouest, on s'aperçoit que vous continuez
dans la même ligne que ce que vous avez décrié dans le
passé. C'est pour cela que je vous pose la question. J'ai de la
difficulté à concilier les propos que vous avez tenus
antérieurement et ceux que vous tenez aujourd'hui.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre de
l'Éducation.
M. Ryan: Je vous ai donné des chiffres devant lesquels
nous avons été placés et vous me dites que cela a
été dégonflé; je ne sais pas par qui, je n'en ai
pas eu connaissance. Parmi les dépenses probables, vous aviez
prévu des dépenses au début de l'année - j'ai cela
ici, dans le livre des crédits qui a été
déposé - de 27 686 000 000 $. Les dépenses probables
seront plutôt de 27 230 000 000 $. Il y a une différence, ici,
d'à peu près 400 000 000 $ qui viendront s'ajouter.
C'est un des éléments dont nous nous servons pour
rétrécir cette marge de 1 500 000 000 $ qui nous menaçait.
Cela vient s'ajouter aux compressions qui ont été faites dans les
ministères. Il y aura une autre partie à trouver autrement, comme
le ministre des Finances et le premier ministre l'ont dit à plusieurs
reprises, pour qu'on arrive à maintenir le déficit à un
niveau compatible avec les véritables moyens de la société
québécoise. Ces chiffres, on n'a pas pu les inventer. Pas un
homme, probablement personne à part le député de
Laviolette ne pense que le ministre des Finances s'est discrédité
en présentant le tableau de la situation financière qu'il a
présenté. Je pense que tous ceux qui sont sérieux ont
reconnu que c'était un exposé sobre, précis et
responsable. Personne n'a dit qu'il a fait de
la démagogie avec cela; c'était sérieux.
C'est à partir de ces chiffres qui sont donnés dans
l'exposé du ministre des Finances que nous avons été
invités à faire les compressions que nous avons faites. Pour le
ministère de l'Education, les compressions sont de 36 000 000 $.
Savez-vous combien cela veut dire sur l'ensemble du budget du ministère?
C'est à peu près huit dixièmes pour cent. J'admets que
quand on est déjà serré, des fois, 1 % de compressions,
cela peut être très douloureux. C'est douloureux, mais je ne pense
pas qu'on puisse crier au meurtre et qu'on puisse crier au renversement de
philosophie à cause de ces ajustements que nous avons dû faire
devant une situation dont nous avons hérité, que cela plaise au
député de Laviolette ou non.
M. Jolivet: M. le ministre, j'essaie de me faire comprendre, mais
je pense que c'est inutile de continuer dans cette direction. Vous nous dites
que personne n'a dégonflé la somme de 1 500 000 000 $. Lorsque
vous parlez de ce déficit, c'est sur les dépenses que vous avez
l'intention de faire à partir des prévisions qui ont
été faites par le ministre des Finances au moment du
dépôt de son budget en 1985, dans lequel il disait que les
prévisions possibles du déficit pour lequel on voudrait s'assurer
qu'il n'y ait pas plus que cela, c'était 2 975 000 000 $. Quand M.
Duhaime a donné cela à l'époque, il l'a
présenté comme des objectifs à poursuivre. Mais quand vous
me dites que 1 500 000 000 $, c'est à partir de ce chiffre, moi, je vous
dis qu'entre-temps, il y a eu des réalités quotidiennes qui ont
fait qu'au bout du compte, on va arriver à un déficit d'environ 3
200 000 000 $ prévu par le budget du mois de décembre 1985 de
votre ministre des Finances. À cela s'ajoute le fait qu'il a
décidé dans son budget d'ajouter 250 000 000 $ provenant des
poches des contribuables pour des motifs imputables à des promesses
électorales de son chef. En plus, il y a des problèmes qui
existent, par exemple, ceux d'Hydro-Québec. Que vous soyez là ou
qu'on soit là, on ne peut pas prévoir dans le contexte... Ce
n'est pas nous qui déterminons la valeur du dollar canadien. Mais chaque
fois qu'un cent - le ministre de l'Énergie et des Ressources l'a dit...
C'étaient bien les chiffres qu'on avait à l'époque; il
faut donc compatir... Mais cela fait partie de décisions qui, dans
certains cas, peuvent être influencées par le gouvernement et,
dans d'autres cas, subies par le gouvernement. Dans ce contexte, il est faux de
dire que le déficit est de 1 500 000 000 $. Je dis - et il y a des
analystes qui l'ont dit - que 1 500 000 000 $, ce n'est pas vrai. Il faut
regarder la réalité quotidienne et non pas se fonder sur des
chiffres prévisionnels simplement pour nous dire que c'est cela qu'on
veut atteindre, mais faire en sorte que, finalement, au bout du compte, le
ministre décide de continuer des compressions dans son propre
ministère à la suite de ce qu'il nous a dit, mais à partir
de chiffres qui ne sont pas les chiffres réels et quotidiens.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Je ne reprendrai pas ce que vient de nous dire mon
collègue de Laviolette. Je dois dire que je suis toujours très
étonnée lorsque le ministre de l'Éducation nous tient un
discours partisan, parce qu'il me semble que je comprends mieux ou que
j'accepte mieux un certain discours partisan de jeunes députés
qui maîtrisent moins bien ces dossiers et qui se sentent tenus de
respecter la ligne du parti. Lorsque c'est quelqu'un de la compétence du
ministre de l'Éducation, je suis toujours étonnée et je me
demande à quel moment on va réussir à relever la
discussion à un niveau qui puisse un peu, comme il le souhaitait ce
matin, la dégager de ce discours partisan.
Par rapport aux prévisions de ce qu'on appelle la marge de
manoeuvre, on le sait, c'était connu, le parti le savait, elle
était inexistante. Nul autre qu'un ancien ministre du Parti
libéral l'a dit en campagne électorale. Je pense qu'il faut le
reconnaître. Pour le reste, je pense que les explications fournies par le
député de Laviolette compléteraient le tableau. Je
pourrais, évidemment, ajouter qu'il y a des décisions qui ont
été prises par ce gouvernement, qui ont comme effet de
réduire les revenus et, donc, d'augmenter le déficit. Cela, c'est
une question de choix. Moi, je n'irai pas... Que vous ayez choisi de retourner
dans les goussets des mieux nantis, plusieurs millions de dollars, selon qu'on
les prenne dans les quatre premiers mois de décembre à avril ou
dans les prochaines années, parce que c'est récurrent... Il
s'agit de décisions, de choix que vous avez faits de diminuer
l'impôt des hauts salariés, du deuxième choix que vous avez
fait d'abolir la taxe sur les assurances-vie personnelles. Voulez-vous me dire
qui se paie des primes d'assurance-vie personnelle de 2000 $ ou 3000 $? Tout le
monde? Oui, madame, tout le monde. Mais ceux qui gagnent 20 000 $ et moins,
quand vous avez réussi à leur vendre - allez voir les courtiers -
une prime d'assurance d'environ 125 $ par année, une police familiale,
c'est tout ce que vous réussissez à faire. Ils n'ont pas les
moyens de s'en offrir plus. Donc, enlever la taxe sur l'assurance... Vous
permettez que je continue?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée, vous avez la parole.
Mme Blackburn: M. le Président...
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît, monsieur. Mme la députée de Chicoutimi, vous avez la
parole.
Mme Blackburn: Je vous remercie. Ce que je veux dire, ce que je
veux contester ici, cela m'apparaît extrêmement important puisque
je suis en train de parler à un ministre qui, alors qu'il était
dans l'Opposition a contesté - probablement avec un certain bon sens par
rapport aux priorités, ce qu'il appelait ses valeurs fondamentales -des
choix de société, des choix du gouvernement, et je me dis que
c'est aujourd'hui que ce ministre vient nous justifier des dépenses qui
ont comme effet d'affecter l'éducation et les plus démunis de
notre société. Qu'en décembre, pour tenir vos engagements
électoraux, vous en ayez choisi deux qui ciblent des clientèles
relativement bien favorisées au Québec et qu'après vous
veniez nous dire qu'on est obligé de taper sur les moins bien nantis, je
trouve cette situation extrêmement déplorable. Je vais avoir le
temps d'y revenir parce qu'on va parler des coupures dans l'aide
financière aux étudiants.
On a fait état tantôt de la non-indexation de l'assistance
sociale, ce qui a pour effet d'enlever 31 000 000 $ dans les poches des plus
démunis du Québec. Alors, je me dis...
M. Cusano: M. le Président, est-ce qu'on pourrait s'en
tenir...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce sur un
point de règlement?
M. Jolivet: Cela leur fait mal.
M. Cusano: Non, non, c'est une question...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce une
question de règlement, M. le député de Viau?
M. Cusano: Non, M. le Président, j'aimerais savoir... Une
question de pertinence.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député de Viau, est-ce sur un point de règlement?
M. Cusano: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé):
Lequel?
Mme Blackburn: En vertu de quel article, s'il vous
plaît?
M. Cusano: C'est l'article du bon sens, madame.
M. Jolivet: Ah!
Mme Blackburn: Ah! M. le Président, article...
M. Cusano: II me semble que c'est une question de pertinence, M.
le Président.
Mme Blackburn: Je n'ai pas vu cela dans le règlement.
M. Cusano: On est en train d'étudier les crédits du
ministère de l'Éducation, j'aimerais qu'on s'en tienne à
cela, s'il vous plaît!
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député de Viau, je vous ferai remarquer que les séances de
la commission parlementaire pour l'étude des crédits sont quand
même un endroit privilégié pour l'Opposition pour faire
connaître son opinion sur les programmes du ministère et pour
poser les questions qu'elle veut. Il revient au président de juger de la
pertinence des questions.
Mme la députée de Chicoutimi, vous avez la parole.
Mme Blackburn: Je vais quand même me faire brève et
revenir probablement sur des questions que j'estime des plus fondamentales. Je
relèverais juste ce que nous disait le ministre de l'Éducation,
ce matin, pour le déplorer; à savoir que les décisions du
gouvernement antérieur avaient eu comme effet d'aller chercher dans les
goussets des professeurs quelque 400 000 000 $. Où irait-il les chercher
si cette action n'avait pas été prise par le gouvernement
précédent? Autant on peut le déplorer à la suite
d'un ex-enseignant, autant on peut se demander s'il est plus souhaitable
d'aller les chercher chez les assistés sociaux et chez les
étudiants les plus démunis? C'est le choix que je conteste ici,
aujourd'hui. Je pense que, comme vous êtes membre de la commission de
l'éducation, vous partagez certainement avec nous une certaine
conception de l'importance de l'éducation, alors que les
décisions qui ont comme effet de porter atteinte à
l'accessibilité et à la qualité, donc à notre
capacité de nous développer, vous devriez tous y être
extrêmement sensibles et, au premier titre, le ministre de
l'Éducation qui nous a tenu un discours que j'ai partagé.
C'est ce que je voulais dire, ce que je conteste aujourd'hui et ce que
je contesterai aussi longtemps qu'on n'aura pas corrigé la situation,
c'est un choix que ce gouvernement a fait de respecter certains de ses
engagements électoraux et d'en nier d'autres. Ceux qu'il a
décidé de nier, cela
touche, effectivement, les plus démunis.
Objectifs d'accessibilité
Cela étant dit, j'avais posé une question, ce matin, sur
laquelle j'aimerais qu'on revienne un peu, brièvement, avec le critique
officiel. On estime dans la présentation que nous faisait le ministre,
ce matin, qu'on avait pleinement atteint nos objectifs d'accessibilité.
Je pense que, comme je l'ai dit, c'est effectivement vrai, que c'est
sensiblement le discours que l'on tient. Sauf que j'aimerais que les
clientèles, les données nous soient ventilées par langues,
c'est-à-dire en tenant compte des Néo-Québécois
aussi. Cela pourrait être intéressant de savoir comment et
à quel niveau on a atteint certaines couches de la population. On sait
-on est obligé d'en tenir compte, il me semble, lorsqu'on examine ces
données - que les traditions d'éducation sont moins
présentes chez les francophones que chez les anglophones. Alors, quand
vous confondez les données concernant les anglophones et les
francophones, je pense que cela ne nous donne pas un portrait suffisamment
réaliste de ce qu'est la réalité de la population
dominante au Québec, si on veut bien admettre que les francophones sont
toujours dominants au Québec, du moins en nombre. Cela nous donnerait
probablement, pour vous et pour moi également, une meilleure lecture de
ce qu'est devenue et ce qu'est aujourd'hui l'accessibilité par rapport
à la population francophone du Québec. J'avais demandé ces
données ce matin. Cela nous permettrait de dire ensemble ici si cet
objectif est atteint et qu'on mette cela de côté pour aller viser
d'autres objectifs. (16 h 15)
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre de
l'Éducation. Je reconnaîtrai ensuite le député de
Rimouski.
M. Ryan: Je vais répondre volontiers à la question
de Mme la députée de Chicoutimi mais non sans faire remarquer
d'abord que si elle veut qu'on évite de discuter d'un point de vue
partisan, il ne faudrait pas qu'elle donne l'exemple, Elle pose une question
vertueuse à la fin de son intervention et les quatre premiers
cinquièmes de l'intervention étaient de la littérature
purement partisane.
Je voudrais simplement ajouter qu'il ne faut pas faire de leçon
aux autres si on veut faire la même chose qu'on reproche à
d'autres. Je ne trouve pas que c'est trop partisan. Je vais vous dire
franchement que j'aime bien discuter de finances publiques. Si le
président trouve que c'est dans notre mandat, on va en discuter encore.
Cela a toujours été un champ qui m'a vivement
intéressé. Quand je vous entends, Mme la députée de
Chicoutimi, faire vos considérations là-dessus, cela me fait un
petit peu sourire parce qu'il y a des pages entières du livre que vous
refusez d'ouvrir. Avez-vous ouvert le livre du déficit des
hôpitaux que vous nous avez laissé? 245 000 000 $, à tout
le moins! Le livre du déficit des universités...
Mme Blackburn: II me semble qu'on revient à un discours
partisan.
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît! On a été très large tout à l'heure, on
est large! M. le ministre.
M. Ryan: Ce n'est pas nous qui avons inventé cela. Ce
n'est pas M. Gérard D. Levesque qui a inventé ce chiffre de 80
000 000 $ ou 85 000 000 $ au 30 juin 1986.
Vous parliez des démunis. Vous étiez sur le bord des
larmes, mais le salaire minimum, vous ne vous en êtes pas occupés
pendant cinq ans quand vous étiez au gouvernement. Il est resté
le même. De ce côté-là, on pourrait
"s'éjarrer" pendant des heures et des heures, mais je vous dis que nous
avons pris connaissance d'un tableau complet. Nous en avons tiré
certaines constatations dont plusieurs n'ont pas encore émergé
à la surface et nous en sommes venus à la conclusion qu'il
fallait rapidement prendre des mesures difficiles. Là-dessus,
évidemment, nous ne pouvons pas revenir. C'est la politique que nous
avons adoptée. J'apprécie la critique qu'on en fait mais je ne
peux absolument pas faire de concession là-dessus et me laisser aller
à la moindre complaisance envers le langage que j'entends parce que je
trouve qu'il est complètement déconnecté de la
réalité concrète.
Au sujet de la question qui a été posée concernant
la répartition des effectifs scolaires suivant la langue, nous
fournirons volontiers aux membres de la commission des chiffres plus
précis à ce sujet d'ici la fin de nos travaux. Chaque
année, d'habitude, nous exigions ces chiffres-là. Nous voulions
savoir comment évoluait la clientèle de nos institutions
d'enseignement au point de vue linguistique. J'ai constaté, moi aussi,
en parcourant mon cahier ces jours derniers que les statistiques
n'étaient pas comprises dedans cette année. Quand vous avez
mentionné cela pour la première fois ce matin, je comprenais
très bien parce que j'ai éprouvé le même sentiment
à un moment donné. Je voudrais vous dire en gros que nous avons
une petite publication qui est intitulée "L'école, les gens de
l'avenir". C'est un petit dépliant qui a paru il y a quelques mois, dont
nous mettrons des exemplaires à la disposition des membres de la
commission. Là-dedans, on vous donne les chiffres pour 1980-1981 et
1984-1985, mais je pense qu'on pourra les avoir pour 1985-1986
également. En 1980-1981, le français était la langue
d'enseignement pour 1 054 074 élèves et en 1984-1985, il
l'était pour 1 020 477 élèves, c'est-à-dire une
baisse de 34 000.
Du côté anglophone, on était à 169 852 et on
est descendu à 129 470, c'est-à-dire une baisse de 40 000: une
baisse de presque 25 % du côté anglophone, une baisse infiniment
inférieure du côté francophone. La tendance des
dernières années, qui a commencé avec la loi 22 et s'est
accusée avec la loi 101, a été vers une augmentation
constante du pourcentage de ceux qui sont inscrits à l'école
française. Suivant les statistiques que nous avions eues l'an dernier,
je crois que le pourcentage était rendu, pour le primaire et le
secondaire ensemble, autour de 85 % ou 86 %. Et, seulement pour le primaire,
c'était autour de 88 % ou 89 %. Cela veut dire que les lois qui ont
été adoptées ces dernières années ont eu,
selon toute apparence, des effets positifs. Par conséquent, je puis vous
assurer que la proportion des élèves inscrits dans les
écoles françaises est sensiblement plus élevée que
la proportion des francophones dans l'ensemble de la population. Je vais
ajouter un fait qui ne manque pas d'intérêt ici. Il y a, dans nos
écoles françaises à tout le moins, au bas mot 25 000
enfants qui sont de langue maternelle anglaise et que les parents ne seraient
pas obligés d'envoyer à l'école française, mais qui
y sont envoyés parce que leurs parents veulent leur donner l'occasion de
se familiariser avec la langue du Québec, qui est le
français.
Je ne sais pas si ces données vous satisfont pour l'instant, mais
je pense que le portrait que je vous ai tracé est assez fidèle
à la réalité. Encore une fois, au cours des prochaines...
Attendez un peu! Dans votre cahier des crédits, le cahier qu'on vous a
distribué, j'étais surpris qu'il ne soit pas là parce
qu'il y était toujours chaque année. À la page 57, dans le
programme 4, vous allez... Je ne sais pas si vous l'avez retrouvé.
M. Jolivet: Oui. M. Ryan: Pardon?
Mme Blackburn: Ce n'est pas vraiment cela ma question, si vous me
le permettez.
M. Ryan: Je vais finir là-dessus. Cela va me permettre au
moins de donner cette information qui intéresse, je pense, au moins les
autres membres de la commission, si cela ne vous intéresse pas.
Pour 1985-1986, le pourcentage total des élèves inscrits
dans les écoles à l'enseignement français est de 88,84 %
et le pourcentage des élèves inscrits dans les écoles
anglaises est de 11,16 %. On voit, quand on regarde l'évolution des
clientèles, qu'il y a eu une diminution de 5,67 % du côté
anglophone et seulement de 1,81 % du côté francophone. Par
conséquent, la tendance qui existait les années
précédentes, en 1982-1983, c'était francophone à
87,19 %; c'est passé à 87,90 %, à 88,44 % et c'est rendu
à 88,84 %, pratiquement 89 %. Je pense que c'est à peu
près exactement le pourcentage que j'évoquais tantôt. Si la
question n'était pas celle-là, je m'en excuse.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Suivant la règle de l'alternance, je vais reconnaître la
députée de Chicoutirni et je reviendrai au député
de Rimouski. Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Je pense que ce sont des données qui sont
relativement connues et j'avais eu l'occasion de consulter le tableau.
Cependant, cela ne nous dit rien sur le pourcentage de francophones qui
terminent leur secondaire proportionnellement à la population
anglophone, ce qui a comme effet, lorsqu'on met les deux ensemble, de grossir
artificiellement ou de gonfler notre succès en rapport avec
l'accessibilité. Ce que je veux dire, c'est que, si vous fondez ensemble
les deux populations, anglophone et francophone, comme on sait que les
anglophones terminent dans un plus grand nombre de cas, dans une plus grande
proportion, leurs études secondaires, vous avez là une lecture
qui n'est pas réelle par rapport à la population francophone.
Est-ce que j'ai tort?
M. Ryan: La question est excellente. Je m'excuse de ne l'avoir
pas saisie du premier coup. Les données que nous possédons
à ce sujet remontent malheureusement à 1981-1982. Nous n'avons
pas de données toutes récentes là-dessus, mais nous allons
faire en sorte qu'elles soient disponibles dans un avenir pas trop
éloigné, et je pense qu'elles seront très utiles pour tout
le monde. Les données que nous avons indiquent les tendances suivantes.
Ceux qui atteignaient le diplôme d'études secondaires
régulier, le pourcentage était, entre 1980 et 1982, de 63 % chez
les francophones, de 63 % chez les anglophones et de 61 % chez les allophones.
C'était en général. Dans le secteur général,
c'était 46 % chez les francophones, 55 % chez les anglophones et 52 %
chez les allophones.
Une autre statistique qui est intéressante dans la même
veine, c'est la statistique des inscriptions au collégial, chez ceux qui
obtiennent leur certificat d'études secondaires. Ceux qui s'inscrivent
au collégial, chez les francophones toujours, entre 1980 et 1982,
c'était 44 % du total. Chez les anglophones, 52 %, chez les
francophones, 53 %.
Chez ceux et celles qui s'inscrivent au collégial et qui
obtiennent le diplôme
d'études collégiales, 27 % chez les francophones, 31 %
chez les anglophones, 25 % chez les allophones. On constate qu'au secondaire
général, le pourcentage d'obtention des diplômes est le
même chez les francophones, les anglophones et les allophones.
Au collégial, à ce moment, il y avait encore un certain
avantage des anglophones. Mais, comme la tendance vers l'égalisation
s'est accentuée au cours des dix dernières années, nous
avons toutes les raisons de présumer qu'au cours des quatre
années qui ont suivi la mise au point de ces statistiques,
l'écart a dû se rétrécir, mais je l'affirme sans
l'avoir vérifié. C'est une hypothèse que je fais qui me
paraît vraisemblable.
Le Président (M. Parent, Sauvé):
Madame... Oui, il faudrait peut-être mais par contre...
Mme Blackburn: C'est toujours par rapport à la même
question, est-ce qu'on la vide ou on passe à une autre question?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Allez, madame. Je
vous reconnais.
Mme Blackburn: Bien. Est-ce qu'il est juste de dire - en tout
cas, il me semble me rappeler des données à ce sujet - que les
francophones au cégep s'inscrivent en plus grand nombre dans les
programmes professionnels que dans les programmes d'enseignement
général qui mènent à l'université? N'est-ce
pas la même situation qui se présente dans les écoles?
M. Ryan: M. le Président, nous tenterons de fournir la
réponse à cette question à la députée de
Chicoutimi lors de l'étude des crédits du ministère de
l'Enseignement supérieur et de la Science parce que je ne l'ai point
actuellement. Ce n'est pas parce que je veux la cacher ou la retenir. Je ne
l'ai point.
Mme Blackburn: D'accord. Ce que je voudrais bien illustrer ici,
c'est qu'il me semble que ce matin on a tenu le discours suivant: on a atteint
nos objectifs d'accessibilité. Je trouve extrêmement important,
avant qu'on puisse porter un tel jugement ici, qu'on ait en main les
données qui nous permettent de le porter. La connaissance que j'ai du
dossier me laisse penser qu'on n'a pas encore atteint cet objectif
d'accessibilité et qu'il reste encore passablement de progrès
à faire si on veut égaler la province voisine ou les États
voisins.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, Mme la
députée de Chicoutimi. Je tiens seulement à faire
remarquer à la commission que nous siégeons déjà
depuis trois heures et demie que nous n'avons pas commencé à
étudier réellement les crédits du ministère de
l'Éducation. Par contre, c'est votre choix et je le respecte. M. le
député de Rimouski.
M. Tremblay (Rimouski): M. le Président, je voudrais
intervenir dans ce sens parce que depuis les trois heures et demie qu'on
discute, on a parlé du budget et on semble ramener cela au budget de la
province. Je trouve cela un peu désastreux parce qu'on est à la
commission de l'éducation. J'aimerais qu'on ramène cela à
la dimension de la commission de l'éducation et les crédits
affectés à ce ministère.
Étant donné que Mme la députée de Chicoutimi
avait déjà engagé des discussions en dehors du budget, je
pense qu'on pourrait continuer dans ce sens. Je serais très heureux de
participer, mais j'aurais voulu la rassurer sur les coupures budgétaires
du gouvernement. Toutes proportions gardées, le ministère de
l'Éducation, à mon sens, se retrouve gagnant par rapport aux
autres ministères. Nécessairement, les fins et les buts de
l'éducation ne seront drôlement pas perturbés par la petite
coupure de 36 000 000 $. J'en suis convaincu et je fais confiance au ministre
de l'Éducation actuel que les fins et les finalités de
l'éducation seront atteintes. Je suis convaincu qu'il n'y aura pas de
problèmes à ce niveau.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous remercie,
M. le député de Rimouski. M. le député de
Laviolette, je vous reconnais.
M. Jolivet: Oui. Merci, M. le Président. D'abord, ou j'ai
mal entendu ou j'ai bien entendu, mais je n'ai jamais, en aucune façon,
parlé du budget autrement que lorsque le ministre en a fait mention.
C'est lui, dans sa réponse, qui a fait mention du budget du gouvernement
du Québec. À ce moment-là, j'ai dit une chose: Faire les
comparaisons qui s'imposaient. (16 h 30)
Ce que je trouve cependant malheureux, c'est qu'on vienne me dire la
phrase que j'ai souvent entendue: Quand je me regarde, je me désole,
quand je me compare, je me console. Vous n'avez certainement pas vécu
ici en cette Assemblée pour connaître îa façon, avec
les épithètes appropriées, dont le ministre faisait
mention des discussions ici en cette commission pour nous faire la leçon
aujourd'hui.
Quant à l'autre partie qui concerne maintenant l'ensemble des
discussions au ministère comme tel, il y a toujours des questions
préliminaires et une de nos questions pour laquelle nous n'avons pas
encore de réponse et sur laquelle nous allons pouvoir revenir ce soir,
c'est: C'est quoi les
compressions? Peu importent les chiffres qu'on m'a donnés ce
matin sans autre forme que de me dire: C'est ça, ça, ça,
je veux aller plus loin dans ces compressions pour savoir ce que c'est, surtout
la partie concernant la rationalisation interne. Si le député n'a
pas compris cette chose, je lui ferai remarquer qu'il y a deux documents
contradictoires qui vont porter jugement ou bien sur les sommes d'argent
dévolues aux commissions scolaires ou au ministère. Je pense que
cela est important pour l'Opposition et pour l'ensemble de la population de le
savoir et de savoir qu'au bout de la course les décisions qui sont
prises dans un budget global ont des répercussions dans les commissions
scolaires, dans des actions à porter à chacun des niveaux des
écoles, et c'est cela qu'on veut savoir.
Formation de base
La deuxième question à laquelle je voudrais maintenant
qu'on porte attention avant de passer au premier programme comme tel, c'est la
formation de base. Depuis quelques années déjà plusieurs
intervenants spécialistes de l'éducation prônent le
renforcement de la formation de base. Ce n'est pas nouveau, même si le
ministre a annoncé qu'il y aurait des examens au secondaire V en langue
maternelle. Ce sont des choses qui avaient déjà été
prévues par l'ancien gouvernement et qui continuent, et c'est normal que
cela continue parce que je pense que c'était la logique même des
choses. L'étude comparative qu'a faite aussi un journaliste du journal
La Presse témoignait de certaines lacunes des élèves
québécois au niveau des connaissances de base.
Je faisais mention dans mon discours ce matin et on en a fait mention
à d'autres niveaux, au fait que quelqu'un a dit qu'avoir un objectif,
avoir 10 objectifs, avoir 100 objectifs, c'est quelque chose qui n'est pas
comparable selon le nombre d'objectifs qu'on se donne comme
société. Que ce soit la nécessité d'assurer une
meilleure formation de base aux élèves du primaire et du
secondaire, que cela figure au rang des consensus qui ont été
établis lors des états généraux, je pense qu'il n'y
a pas de difficulté à le bien comprendre. Je ferais même
allusion à une partie du discours du ministre lors de ces états
généraux, à la page 11, dans laquelle il disait: Mais on
va à l'école d'abord, et on ne saurait trop le souligner, pour
apprendre à lire, à écrire, à compter, à
s'exprimer. Il allait, à une autre page de son discours, parler d'un
renforcement des apprentissages dans les matières de base, en
particulier dans les matières où les faiblesses majeures ont
été clairement établies. Par exemple, le français
écrit, les mathématiques, l'anglais langue seconde et les
connaissances générales.
Le ministre enfourche donc un cheval de bataille qui est un retour aux
notions de base: "return to the basic", comme on dit à certains
endroits, à un moment donné, où on parle de ces retours
à la base même. Dans son discours aux états
généraux, il a fait mention de l'assouplissement du régime
pédagogique, des programmes, de l'élimination de matières
inutiles et superflues. Il a, comme je le disais, annoncé l'installation
d'épreuves écrites à la fin du primaire et du secondaire
selon une gradation normale pour y arriver. Souvent les gens, aux états
généraux, se posaient la question: Comment se fait-il qu'au
niveau secondaire cela prenne cinq ans pour établir un programme, mais
quand on part du secondaire I pour se rendre au secondaire V, cela prend cinq
ans? On ne le fait pas d'un coup sec. Dans ce contexte, c'est normal. Il faut
faire comprendre aux gens que l'implantation d'un nouveau programme demande un
étalement dans le temps qui, d'ailleurs, a été
demandé par d'autres. Il faut l'espacer plus loin, même sur six ou
sept ans, selon les programmes. La question que j'aimerais poser à M. le
ministre, c'est: Comment entend-il procéder à ce renforcement de
la formation de base dont il faisait mention et qu'il continue encore
aujourd'hui à mentionner?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre de
l'Éducation.
M. Ryan: Je suis content que le député de
Laviolette nous invite à nous arrêter quelques instants sur cet
objectif qui me paraît extrêmement important. Il ne s'agit pas,
encore une fois, quand on parle de l'accent sur les apprentissages de base, de
dire que l'école va devenir une espèce de couvent linguistique ou
de couvent réservé à quelques disciplines, qu'il ne s'y
passera rien d'autre chose que des exercices rigoureux et rigidement scolaires
d'apprentissage. Je pense qu'on peut avoir une école qui est un milieu
de vie intéressant pour l'élève et les enseignants en
même temps qu'elle met l'accent sur la rigueur dans les apprentissages de
base. Je pense qu'on s'entend très bien sur cela. Je suis content de
voir que le député souscrit à ces objectifs
fondamentaux.
Pour répondre à la question qu'il pose. Je dois dire,
comme il l'a signalé justement, je pense que je l'ai dit dans mon texte
ce matin, que c'est une entreprise de dix ans que nous lançons. Il n'est
pas question que, demain matin, nous allions sabrer dans tous les programmes
qui existent et que nous disions - parce que le ministre veut avoir d'autres
choses - on recommence en neuf. Non, pas du tout. On a fait toute une
opération de refonte des programmes ces dernières années.
Il y en a encore un bon nombre qui
ne sont pas implantés pendant toute la durée des
études. Il n'est pas question de tout recommencer cela, sauf que
j'insiste pour que chaque programme soit l'objet d'une révision
continuelle et que, si des points faibles sont soulignés à propos
d'un programme ou de l'autre, on n'attende pas que la prochaine période
de révision se présente pour procéder aux
améliorations qui s'imposent.
Je lisais l'autre jour dans la Presse un article rédigé
par des professeurs de mathématiques qui mettaient en cause, d'une
manière qui m'est apparue sérieuse, certains
éléments du programme de mathématiques. Je ne me souviens
pas en quelle année. Je ne suis pas un expert en enseignement de
mathématiques, je n'ai pas de jugement sur cela a priori. Mais je veux
des explications satisfaisantes sur cela, par exemple, et si les explications
satisfaisantes ne sont pas disponibles, je pense que nous devrons envisager des
améliorations parce que nous ne pouvons pas faire des expériences
malheureuses sur le dos des élèves. II faut que la population
sache qu'en fin de compte, il y a un ministre qui va veiller au grain et qui va
être un ennemi acharné de la médiocrité, de la
complaisance et du statu quo.
Pour chaque grande discipline, il y a des comités qui sont
à l'oeuvre continuellement au ministère. J'insiste auprès
des collaborateurs pour qu'ils se rapprochent le plus possible de la vie. Je
crois que c'est la députée de Jacques-Cartier qui a dit ce matin
qu'elle souhaiterait que les professeurs fussent davantage associés
à la mise au point des programmes. Les programmes sont faits en
général par des comités composés de professeurs. Ce
sont des professeurs qui sont invités. J'ai un de mes proches parents
qui a travaillé longtemps à la fabrication des programmes au
ministère de l'Éducation, qui me racontait il y a
déjà dix ans comment il procédait à la
préparation de tous ces nouveaux programmes qui ont été
mis au point. Essentiellement, c'étaient des équipes de
collaborateurs qui venaient des écoles et qui étaient fournies
par les commissions scolaires et dont la très grande majorité
était soit des conseillers pédagogiques au niveau de leur
commission scolaire, soit des enseignants dans des polyvalentes ou des
écoles primaires. De ce point de vue, cela va être la
méthode de fond qui sera suivie.
L'autre jour, je disais à M. Boudreau, notre sous-ministre, que
personnellement j'ai commencé des rencontres avec des enseignants qui
sont engagés dans chaque grande discipline. Je veux avoir les
réactions dans le champ. Ce n'est pas parce que je veux faire le travail
de notre ministère, eux ils sont beaucoup plus qualifiés que moi
pour le faire. Par exemple, l'autre soir, j'ai tenu une réunion avec des
professeurs de français.
Je voulais voir comment eux perçoivent les difficultés qui
se présentent à eux, comment ils voient les avenues qu'on
pourrait emprunter. Je prends des notes comme un écolier à ce
moment et je reviens au ministère, et quand je cause avec M. Cadieux et
son équipe, je ne suis pas là comme un innocent qui ne sait pas
quoi dire, etc. Je leur dis, moi j'étais dans le champ l'autre jour,
j'ai appris ceci, j'ai appris cela. Mon conseiller, M. Rondeau, est un expert
qui a été longtemps directeur général de la
Commission des écoles catholiques de Montréal. Il a
travaillé à l'éducation des adultes et est un
éducateur de carrière. Nous voyons à multiplier les
contacts dans les milieux réels de manière à pouvoir
apporter ce que j'appellerais du "feed-back" continuellement à nos
fonctionnaires, étant donné qu'ils se sentent
éperonnés par nous en même temps qu'ils font le travail qui
leur est propre et exclusif, et pour lequel il ne peut pas être question
que nous nous substituions à eux. C'est un peu l'approche que
j'envisage. Je ne promets pas: Vous aurez un rapport sur ceci le 31 mai et un
rapport sur ceci le 31 octobre, non pas du tout. Je vous dis que
l'éperon est en marche, l'aiguillon est au travail, et c'est de cela que
nous avons besoin dans notre système d'enseignement, un aiguillon doux
mais ferme.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Merci. Je comprends d'après la réponse
du ministre qu'il propose un plan d'ensemble pour les années à
venir, les dix années dont il fait mention. Quand on regarde les
propositions qu'il a faites et la façon dont il les a
présentées, on sait qu'il y a des choses qui vont se produire de
façon quotidienne, encore une fois, dans chacune des écoles ou
des commissions scolaires. Ayant vécu dans ces milieux, et contrairement
à ce que disait mon collègue d'Arthabaska tout à l'heure,
puisque mon épouse et moi avons six enfants dont cinq sont à
l'école élémentaire, secondaire et collégiale de
niveau public, je dois vous dire que j'ai effectivement une connaissance
très près de la réalité dans le domaine scolaire.
J'ai également eu à travailler avec les enseignants à
l'époque où j'occupais certaines fonctions dans ce domaine.
Tout cela pour vous dire qu'à la proposition de revenir aux
notions de base, on dit par le fait même qu'il devra y avoir, aux niveaux
primaire et secondaire, des matières - est-ce qu'on peut les qualifier
d'inutiles, de superflues - qui devront disparaître. Quelles seront ces
matières qui devront disparaître au cours des dix prochaines
années? Vous le savez très bien, si un professeur de
français avait, au niveau
secondaire, sept périodes au lieu de cinq - la grille horaire lui
donne cinq périodes, parce que c'est mieux pour l'informatique de sortir
cinq périodes - il serait plus content. Si le professeur de
mathématiques avait cinq périodes au lieu de trois...
Est-ce qu'on veut revenir à des formules proposées par le
lieutenant Garneau lors de la réunion des États
généraux? À quoi veut-on faire allusion quand on dit qu'on
doit revenir aux notions de base, aux matières de base et
éliminer ce dont on n'a pas besoin? Est-ce qu'on veut arriver à
une polyvalence différente de celle qu'on connaît? Quelle est
l'idée du ministre, au moins, pour nous permettre de savoir dans quelle
direction il voudrait que l'éperon fasse avancer le cheval de
bataille?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: J'apprécie beaucoup cette question. Je vais vous
donner l'exemple du secondaire, si vous permettez. Au secondaire, j'ai devant
moi la liste des cours obligatoires à l'heure actuelle. Avec cette
liste, on trouve un astérisque, il y a une liste de cours qui ont
été ajoutés depuis la promulgation du régime
pédagogique en 1981. Vous avez formation personnelle et sociale,
éducation et choix de carrière, art, écologie,
géographie générale, histoire générale,
économie familiale, géographie du Québec et du Canada,
initiation à la technologie, éducation économique,
etc.
On a ajouté toutes sortes de rubriques qui font qu'il n'y a
pratiquement plus de souplesse dans la grille horaire, et on ne veut pas
continuer. Hier matin, j'ai participé à un congrès
international organisé par l'Université McGill sur la paix et la
sécurité dans le monde. Assez curieusement, l'orateur qui m'a
précédé était l'ambassadeur canadien aux Nations
Unies, M. Stephen Lewis, qui est lui-même un ancien instituteur; vous le
savez sans doute. M. Lewis a dit, avec toute l'emphase dont il est capable -
c'est un orateur remarquablement volubile - que la paix aujourd'hui est une
chose tellement importante qu'il faudrait sabrer dans les curriculums des
écoles et faire entrer la paix là-dedans sur un cheval de
bataille, mettre la paix au coeur des préoccupations des
communautés scolaires.
Je ne savais pas qu'il allait dire cela et je parlais après lui.
Je suis revenu avec mon thème de fond, soit qu'il faut d'abord renforcer
les matières de base et qu'il faut éviter que l'école soit
mise à la remorque de toutes les croisades à la mode. J'ai dit
qu'il y a bien des matières dans lesquelles la dimension de la paix peut
trouver sa place; par exemple, l'enseignement de l'histoire. Vous n'avez
qu'à enlever tous les préjugés raciaux, religieux et
autres que véhicule dans la plupart des pays du monde, encore
aujourd'hui, l'enseignement de l'histoire. Cela, c'est une tâche
extrêmement importante et beaucoup plus utile pour l'édification
de la paix que de faire venir le président de la croisade de ci et de
ça et l'aider à faire parader les élèves pendant
une heure à l'heure du dîner ou autrement. C'était mon
thème de fond.
Dans tout ceci, il y a du nettoyage à faire, il y a de la
souplesse à mettre. Je ne vous dirai pas aujourd'hui: Je suis prêt
à enlever ceci, je suis prêt à enlever cela. Non, je vais
procéder avec méthode, avec respect des collaborateurs et tout,
mais je ne suis pas satisfait de cette prolifération de matières
de toutes sortes et de la négligence que cela entraîne pour des
apprentissages de base, et je me dis que si on peut faire quelque chose pour
améliorer cela, on va le faire résolument. En fait, c'est le
meilleur exemple que je pouvais vous donner.
Évidemment, c'est la même chose que pour les coupures. On
recevra des pétitions, un groupe qui veut garder tel cours; l'ancien
ministre de l'Éducation se souviendra d'avoir été sujet
à des pressions comme celles-là aussi. Il y en a un autre qui
voudra garder tel cours, on voudra, par exemple, mettre tel cours en
deuxième année de secondaire et ils diront: II faut que tu
déplaces tel cours. Il faudra que certains changements surviennent si on
veut plus de souplesse et mettre davantage au centre de la démarche les
matières de fond. Ce sont les exemples que je voulais donner pour
répondre à votre question. (16 h 45)
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
M. Jolivet: On pourrait passer aux programmes.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député de Rimouski.
Les programmes
M. Tremblay (Rimouski): M. le ministre, vous avez parlé
des programmes. Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu d'aller plus loin dans les
programmes? Lorqu'un programme est écrit, lorsqu'il est retourné
dans le milieu et expérimenté, est-ce qu'il n'y aurait pas lieu
de le contrôler davantage, d'aller plus loin dans la démarche pour
vérifier comment le programme est exécuté, comment il est
contrôlé, comment il est reçu par les étudiants,
pour faire l'évaluation de ce programme? En plus du programme, il y a
tout le matériel pédagogique qui doit se greffer à cela.
C'est bien beau d'avoir un programme, mais je pense qu'il faudrait aller plus
loin dans notre démarche de façon à
assurer une qualité d'enseignement. Je ne sais pas si c'est dans
la politique du ministère de scruter et d'aller plus loin que la
démarche du programme. Je comprends que les professeurs se
réunissent et établissent le programme. Ils le font parce que ce
sont des pédagogues. Mais dans la pratique et dans le vécu
quotidien, dans ce qui se passe dans le milieu, par l'expérience des
professeurs, il y a toute une pédagogie qui peut être
développée à partir de ce vécu. Est-ce que des
choses sont faites dans ce sens?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: M. le Président, je voudrais signaler que c'est
la cinquième année que je viens à l'étude des
crédits et je crois que c'est la première fois qu'on discute un
peu du contenu de l'éducation. J'en suis extrêmement heureux et je
remercie les députés qui nous orientent dans cette voie.
Sur la question que soulève le député de Rimouski,
je suis obligé de reconnaître que nous ne sommes pas très
avancés. Dès que je suis arrivé au ministère, l'un
des premiers sujets dont m'ont saisi les hauts fonctionnaires du
ministère a été tout le problème de
l'évaluation des apprentissages. Nous nous rendons compte qu'il faut
absolument - je l'ai dit dans mon discours de ce matin - mettre au point des
mécanismes beaucoup plus développés que ceux que nous
avons aujourd'hui pour assurer une évaluation sérieuse de la
qualité des apprentissages. J'aimerais, M. le Président, obtenir
la permission de demander à M. Jean-Claude Cadieux de nous dire quelques
mots là-dessus. J'aimerais que vous permettiez à M. Cadieux
d'ajouter quelques mots pour nous donner son point de vue, comme directeur de
toute la section du développement pédagogique, sur ces
questions.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Avec plaisir, M.
le ministre.
M. Jolivet: Oui, avec plaisir.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je pense que cela
fait partie du temps de parole alloué au ministre; on peut le lui
permettre.
M. Jolivet: Avant que M. Cadieux intervienne, je veux simplement
faire remarquer que l'année dernière, 90 % du temps était
prévu pour l'Opposition. Si on n'a pas parlé de ces questions, je
ne sais pas pourquoi, étant donné qu'on n'était pas dans
l'Opposition à l'époque.
M. Ryan: C'est parce qu'on n'avait pas les gens pour nous donner
les réponses du côté du gouvernement.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. Cadieux, nous
vous écoutons.
M. Cadieux (Jean-Claude): La question est vaste, M. le
Président, et je vais essayer de faire court. Il me semble qu'il y a
trois manières de s'y prendre pour renforcer l'essentiel du programme
des étudiants si la décision politique est d'aller dans ce sens.
On peut passer par l'évaluation à la fois des apprentissages et
de nos programmes. L'évaluation des apprentissages peut se faire de deux
façons: par des examens ministériels, par le renforcement des
instruments de mesure et d'évaluation qui sont à la disposition
des commissions scolaires. Il y a aussi un moyen qui consiste à se
donner ce que d'autres pays se sont donné pour être capables de
mesurer dans le temps et de façon comparative d'une
société à l'autre, c'est-à-dire des instruments
scientifiques de mesure des apprentissages qui font que, sur un cycle
donné, on calibre des épreuves qu'on fait passer aux
étudiants. D'une période à l'autre, ces épreuves
sont calibrées de manière qu'on puisse savoir si on
régresse ou si on progresse dans le domaine des apprentisssages. Cela
pour l'évaluation. La mise au point d'instruments comme ceux-là
est relativement chère. Là aussi, il y a des décisions
politiques à prendre quant à la volonté de les mettre sur
pied.
La deuxième manière d'aller dans le sens de ce qui nous
était suggéré tantôt, c'est effectivement en jouant
sur la grille horaire, en déplaçant des matières dites
plus secondaires que d'autres. Ce sont des opérations qui sont complexes
et délicates parce qu'elles ont des répercussions sur beaucoup
d'aspects du système, comme des mises en disponibilité, le
matériel didactique, etc. Mais, effectivement, il y a moyen, en jouant
sur la grille horaire, de faire place à des apprentissages plus
essentiels que d'autres.
La troisième façon, c'est par des révisions d'ordre
pédagogique et par des renforcements en ce qui concerne le
matériel didactique, comme M. le député le
suggérait tantôt. Le ministre de l'Éducation nous a bien
donné comme consigne, au ministère, de faire tout en notre
pouvoir pour que du côté des manuels scolaires, le matériel
didactique de base, en anglais comme en français, il y ait un effort
massif de fait.
Je ne sais pas si cela répond, en gros, à votre question,
M. le député. Je ne veux pas prendre le temps de la commission
plus que nécessaire.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous remercie,
monsieur. M. le député de Rimouski.
M. Tremblay (Rimouski): Si j'ai bien compris, à part les
examens d'évaluation, vous n'avez pas été plus loin dans
la démarche pour essayer d'évaluer ou de tester vos programmes,
sauf pour les examens d'évaluation qui sont généraux.
Après que le programme est fait, après qu'il rentre dans le
milieu, après que le professeur l'a enseigné, vous n'avez pas
d'autre méthode que les examens pour vérifier sa qualité
et les connaissances acquises de l'étudiant. Vous n'allez pas plus loin
que cela.
M. Cadieux: II y a des évaluations de programme, une fois
qu'il est implanté, oui. Les programmes qui ont été
implantés, dont l'implantation est terminée, ont commencé
à être évalués. C'est le cas des programmes de
mathématiques et de français.
M. Tremblay (Rimouski): Mais, ce que je veux vous faire dire ou
ce que je voudrais savoir, c'est qu'à l'heure actuelle, le
ministère de l'Éducation n'a pas été très
loin dans cette démarche de contrôle des acquis de connaissance
à partir des programmes qui ont été établis. On ne
va pas plus loin que d'avoir fait le programme, l'avoir distribué, le
faire enseigner et, ensuite, le contrôler par un test de fin
d'année ou quelque chose du genre, qui est uniforme. Cela ne va pas plus
loin que cela. Vous ne retournez pas dans le milieu, vous n'allez pas voir les
professeurs pour leur dire: Voici, est-ce qu'on remet cela en cause? Est-ce
qu'il y a des choses qui ne vont pas? Il y a des expériences qui se
font; vous ne cueillez pas ces connaissances ou ces expériences des
professeurs.
Ce que je trouve, c'est comme une directive du ministère.
Dès qu'elle est écrite et qu'elle est rendue dans le milieu, pas
de problème, le ministère a joué son rôle. Mais
souvent, la directive n'est pas comprise et elle est remplie de travers ou
quelque chose du genre. C'est un peu le même problème qui se pose
pour les programmes, dès qu'on les a écrits et qu'ils sont
envoyés dans le milieu, on dit: Tiens, notre travail est fait, on oublie
tout cela, c'est réglé. C'est peut-être là qu'on
manque. C'est qu'après qu'on a pensé avoir accompli notre devoir,
on a oublié d'aller jusqu'au bout; et au bout, c'est là qu'est le
"output", c'est là où les étudiants doivent savoir en
profiter ou pas, et on ne vérifie pas cela.
J'aimerais bien vous entendre dire qu'on va aller plus loin dans la
démarche que de faire des programmes, les envoyer dans le milieu, les
tester une fois par année, s'il y a lieu, mais aller plus loin que
cela.
M. Cadieux: Une fois les programmes implantés, il y a une
opération qui consiste à rencontrer les associations
professionnelles, les praticiens, les professeurs, à recevoir leur
"feed-back". II y a des gabarits de formulaire pour recevoir les commentaires
qui portent sur plusieurs aspects de ces programmes. C'est une fois les
programmes implantés qu'on peut mener cette opération de
façon efficace, et on l'a fait pour les programmes qui ont
été implantés en mathématiques et en
français...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Cela va, merci, M.
Cadieux.
M. Cadieux: ...l'implantation des autres programmes
n'étant pas terminée.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député de Laviolette.
L'accès des jeunes filles aux formations non
traditionnelles
M. Jolivet: Oui. Sur le programme 1, M. le ministre, j'aurais une
question que je vais remettre à plus tard; elle concerne la compression
de 3 000 000 $. Compte tenu qu'on aura les chiffres officiels dans les
documents, ce soir, on pourra la reprendre.
J'aurais deux autres questions, l'une portant sur l'accès des
jeunes filles aux formations non traditionnelles, l'autre sur les cours par
correspondance. Je laisserai à mon collègue le
député d'Abitibi-Ouest le soin de discuter des conditions de
travail des enseignants.
La question concernant l'accès des jeunes filles aux formations
non traditionnelles indique que certains progrès ont été
faits. Malgré tous ces progrès, les jeunes filles continuent de
se diriger vers des formations traditionnellement considérées
comme féminines.
Le ministère a aussi mis en place un programme, notamment une
campagne de sensibilisation pour inciter ces filles à opter pour les
formations dites non traditionnelles.
On se souviendra aussi que le Parti libéral a fait de cette
question l'objet d'un de ses 22 engagements électoraux pendant la
campagne électorale passée.
Mes questions au ministre sont les suivantes: Quelles sont les actions
que vous entendez privilégier pour que les progrès qui sont
apparus se poursuivent quand même à cet égard? Est-ce que
vous allez continuer sur la lancée actuelle ou allez-vous faire en sorte
de lancer de nouvelles initiatives? Ce sont deux questions qui nous indiquent
la volonté que le ministre aura dans cet accès des jeunes filles
aux formations non traditionnelles.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre de
l'Éducation.
M. Ryan: C'est un fait que dans les secteurs traditionnellement
masculins, la
participation féminine demeure extrêmement faible au niveau
secondaire. Au niveau collégial, on nous dit que les filles ne
représentent que 10 % des diplômés des techniques physiques
et cela continue évidemment à l'université.
Nous discutons davantage du niveau secondaire ici. Le ministère
s'est rendu compte, il y a quelques années, de cette situation. Il avait
institué en 1985 un plan triennal qui était un programme
d'incitation à une plus grande participation des femmes aux orientations
dites traditionnelles. En 1985-1986, certaines choses ont été
faites. On avait prévu à cette fin un budget de 529 000 $ dont
200 000 $ en crédits additionnels qui devaient servir à la
production d'outils de soutien pour l'organisation d'activités
d'incitation dans les écoles secondaires. Des fichiers de
conférencières, des brochures sur les métiers non
traditionnels, des guides de planification d'ateliers technologiques, des
sessions types de perfectionnement, etc.
Ensuite, il y avait des activités de recherche prévues
afin de mieux définir les objectifs et les clientèles des
activités d'incitation. Cela devait être fait en collaboration
avec d'autres ministères, en particulier ceux de l'Enseignement
supérieur et de la Condition féminine.
En 1986-1987 - je vous dis ces chiffres-là avec fierté
parce que vous verrez que nos priorités ne sont pas toujours aussi
gauches qu'on pourrait être enclin à le penser en regardant
seulement les agrégats - le budget prévu à ce chapitre est
de 679 850 $ contre 529 000 $ pour l'année scolaire actuelle qui finira
le 30 juin, dont 477 650 $ en crédits additionnels.
Cette année, on va d'abord expérimenter et mettre au point
les outils de soutien qui ont été confectionnés en
1985-1986. On aura des activités d'incitation et on mettra tout cela au
point dans quatre régions pilotes; Québec, l'Estrie,
Montréal-Centre et Abitibi-Témiscamingue.
Ensuite, le produit des recherches qui ont été faites sera
diffusé. Il est censé y avoir un colloque au cours de
l'année là-dessus. Les instruments requis sont censés
être mis au point au cours de la dernière année pour
ensuite être l'objet d'une diffusion plus large. Justement ensuite...
Est-ce que vous êtes intéressés à avoir les plans
pour 1987-1988 aussi? Là, on prévoit, comme je viens de
l'impliquer, l'implantation élargie de tout ce programme d'incitation.
Il s'agira de favoriser dans l'ensemble des commissions scolaires et des
écoles la tenue d'activités d'incitation aux carrières non
traditionnelles, ce qui implique que tout le matériel de soutien dont on
a parlé sera rendu disponible sur une très grande base et que des
allocations supplémentaires seront mises à la disposition des
commissions scolaires pour leur permettre de financer des services additionnels
nécessités par l'implantation de ce programme d'incitation. (17
heures)
Par conséquent, je crois que nous travaillons dans la direction
d'un renforcement de l'orientation des femmes vers les secteurs qui ont
été traditionnellement réservés aux hommes. C'est
une des priorités que nous avons inscrites à notre programme.
Nous en avons discuté avec le Secrétariat à la condition
féminine. Je pense que dans ces matières, le ministère de
l'Éducation est l'un des ministères les plus avant-gardistes de
l'ensemble du gouvernement.
M. Jolivet; Si je comprends bien, c'est sur la lancée qui
a été faite avec la continuité des actions pour les deux
prochaines années, du moins dans ce qu'on a comme information, et on
peut dire qu'à ce moment-là, on va renforcer au ministère
les moyens nécessaires pour amener les jeunes filles vers ces secteurs
non traditionnels.
M. Ryan: C'est cela.
Cours par correspondance
M. Jolivet: La deuxième question concerne les cours par
correspondance. Dans le cahier explicatif que vous nous avez fait parvenir, on
indique une diminution de près de la moitié des crédits
pour les cours par correspondance. On parlait, en 1985-1986, de crédits
de 4 922 000 $ alors qu'on parle, en 1986-1987, de 2 512 000 $. On sait
très bien que les inscriptions - le ministre en a fait mention ce matin
- devraient passer de 29 500 à 30 000, dont 7000 dans le cadre du
programme d'insertion sociale et professionnelle des jeunes. Est-ce qu'il
s'agit d'une coupure réelle ou s'il s'agit d'un
réaménagement des budgets que vous avez prévu à la
rubrique Cours par correspondance?
M. Ryan: Je vais être obligé d'attendre une petite
minute pour vous répondre à cela parce que je n'ai pas
moi-même la réponse à la portée de la main. Est-ce
que vous pourriez me donner la page, s'il vous plaît, dans le cahier
explicatif que nous vous avons fourni et d'où vous tirez la question que
vous nous avez posée? À quel élément?
M. Jolivet: Programme 1...
M. Ryan: Élément 1?
Une voix: Élément 3, à la page 27.
M. Ryan: Programme 1, mais quel élément?
M. Jolivet: Élément 3, à la page 27. M.
Ryan: Élément 3. D'accord.
M. Jolivet: Cours par correspondance, à la page 27.
M. Ryan: Élément 3, on va se retrouver.
M. Jolivet: Vous me dites cela, mais la question portait sur les
documents dans lesquels vous indiquez les montants d'argent qui deviennent
disponibles à cette fin, et c'est à la page 46 ou...
M. Ryan: Ce qu'on me communique à propos des cours par
correspondance, vu que c'est la question sur laquelle portait votre
intervention...
M. Jolivet: Oui, c'est que...
M. Ryan: ...c'est que, jusqu'à maintenant, nous avons un
arrangement avec la Centrale des bibliothèques, qui fournit des
instruments techniques aux bibliothèques scolaires dans tout le
Québec, en vertu duquel le ministère de l'Éducation
fournit une contribution financière annuelle substantielle au
fonctionnement de cet organisme. Je crois que la contribution est de l'ordre de
1 900 000 $. Cette contribution était comptée avec les cours par
correspondance et cela a été classé ailleurs cette
année par un souci de logique, de rationalisation qui se comprend
très bien. Alors, si vous enlevez ce montant de 4 922 000 $, vous
comprenez très bien comment nous en sommes arrivés au montant de
2 512 000 $.
M. Jolivet: C'est à la page 33 du document explicatif; je
cherchais la page exacte.
M. Ryan: Exactement.
M. Jolivet: On dit 2 512 000 $ en 1986-1987 par rapport à
4 922 000 $. Mais le montant de 1 900 000 $, vous dites qu'il est
reporté. J'ai mal compris la réponse, je m'excuse.
M. Ryan: Il a été reporté dans un autre
secteur et on va vous indiquer lequel d'une minute à l'autre.
M. Jolivet: D'accord. Pendant qu'on fait cette recherche et en
attendant que vous nous donniez la réponse, je voudrais vous reporter au
programme 1, à la page 29, où on fait un bilan pour
l'année 1985-1986. Dans les pages suivantes, on dit: "La collaboration
avec Radio-Québec s'est accentuée par l'accès à
divers services de cette société, ce qui a donné
l'occasion de démarrer plusieurs projets de production
télévisée, un projet de série destiné aux
adultes de 55 ans et plus, une suite de la série Passe-Partout, un
projet sur le français écrit et un projet sur les sciences pour
le secondaire.
De même, cette direction a entrepris le renouvellement des
émissions de la série Marché aux images par la production
d'un nouveau document en collaboration avec les directions régionales de
Radio-Québec. Vous sentez probablement venir ma question.
Les orientations en 1986-1987. On dit à la page 30:
"L'année 1986-1987 sera l'occasion d'une accentuation des
activités de production télévisée." Et, à la
page 31, on dit: "En production audiovisuelle, la production de six documents
vidéo de 15 minutes sur l'Estrie pour le programme de sciences humaines
au primaire en collaboration avec Radio-Québec - je suppose que ce doit
être régional - sera entreprise." Il faut également
souligner la production, etc.
Je vous pose la question: Dans la mesure où on a fait mention de
coupures budgétaires au ministère responsable de
Radio-Québec en l'année 1986-1987, comment pouvez-vous nous
affirmer aujourd'hui qu'il pourrait y avoir de la part de Radio-Québec
les capacités financières ou les gens nécessaires pour la
production de telles documentations qui vous deviennent nécessaires? Si
ce n'est pas Radio-Québec, qui va le faire à ce moment-là,
compte tenu des difficultés qu'aura peut-être Radio-Québec
de le produire, si on fait disparaître les stations régionales et
si en plus de cela on fait des compressions au niveau du siège social
à Montréal?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: M. le Président, je voudrais tout d'abord
apporter un complément de réponse à la question
précédente. Le montant qui était inscrit à cours
par correspondance mais qui était en fait destiné à la
Centrale des bibliothèques, à la page 33 du cahier explicatif, a
été transféré à 2, Gestion financière
et ressources matérielles.
M. Jolivet: On nous fait mention de la variation de 249 %.
M. Ryan: Oui, c'est cela. C'est une partie et s'il y a
d'autres... J'ai demandé au sous-ministre. Je savais que j'attirerais
votre attention sur une question que je ne voulais pas recevoir mais mon
honnêteté bien connue m'a empêché de garder le
silence. Alors, tantôt on donnera un complément de réponse
là-dessus, si cela vous intéresse.
M. Jolivet: Ah! Je l'ai compris. Je l'ai lu. Je sais pourquoi 249
%. J'espère que vous
allez me donner la même réponse que ce que j'ai compris,
mais vous aurez l'occasion de me répondre.
M. Ryan: Dans la mesure où c'est la vérité,
il ne peut pas y avoir de contradiction entre nous.
Je reviens à votre question à propos de
Radio-Québec, M. le Président. Avec Radio-Québec, il y a
une chose dont vous serez saisi ces temps prochains: un projet de loi sera
déposé à l'Assemblée nationale, en vertu duquel
l'équipe de production d'émissions de télévision
que nous avions au ministère de l'Éducation est
transférée à Radio-Québec avec les ressources
correspondantes au point de vue salarial et dépenses de base,
évidemment. Mais, en plus, nous avons gardé au ministère
de l'Éducation le budget de production d'émissions pour
répondre aux projets que nous avons inscrits ici.
Par conséquent, si nous avons inscrit ces projets à la
programmation 1986-1987, c'est parce que nous avons le budget pour pouvoir
passer les commandes. Dans le contrat que nous avons à passer avec
Radio-Québec - le mémoire que nous avons présenté
au Conseil des ministres a été signé conjointement par le
ministre des Communications et moi-même - dans le contrat que nous avons
ensemble, il est prévu que le ministère de l'Éducation
donne la priorité à Radio-Québec. Si Radio-Québec
était incapable de procéder à une production, le
ministère de l'Éducation est libre de passer sa commande
ailleurs. Nous avons l'engagement de donner la priorité à
Radio-Québec et nous entendons le respecter dans toute la mesure qui va
être raisonnablement possible.
Je pense que c'est là un bon exemple de tentative de
rationalisation des ressources. Encore une fois, nous voulions que notre
équipe de production soit dans un milieu de production. En même
temps, nous ne voulions pas que toute la responsabilité propre du
ministère de l'Éducation en matière de production
d'émissions proprement éducatives soit transférée
à un autre organisme dont la vocation est peut-être moins
certaine. Alors, nous avons ces arrangements qui me semblent être
trouvés très satisfaisants par le ministre des Communications et
auxquels j'ai moi-même donné mon assentiment, non sans avoir
exigé de M. Boudreau et de ses collaborateurs des explications
très détaillées.
M. Jolivet: J'ai bien compris d'ailleurs qu'à ce sujet on
disait que_ l'argent était disponible au ministère de
l'Éducation, sinon il ne serait pas dans ses crédits. La question
que je posais, c'est... Justement, la réponse que vous m'avez
donnée, c'est que, compte tenu d'autres décisions qui pourront
être prises soit par projet de loi, malheureusement, ou par d'autres
formules, vous avez donné priorité de fabrication de vos
documents audiovisuels à Radio-Québec mais que, si ce
n'était pas possible, vous le ferez faire ailleurs. La question est:
Quelle est votre optique à ce moment? Est-ce que cela se fera par
soumission si jamais Radio-Québec ne peut pas le donner ou est-ce que ce
sera à l'Office national du film? Où allez-vous le faire
faire?
M. Ryan: En toute honnêteté, je ne pourrais pas vous
répondre parce que j'espère qu'au moins pour la prochaine
année nous allons continuer avec Radio-Québec. L'équipe
qui sera transférée à Radio-Québec est très
attachée au ministère de l'Éducation. Certains des membres
de cette équipe m'avaient même dit personnellement qu'ils auraient
préféré rester au ministère de l'Éducation
et nous avons énormément confiance en leur talent. Comme nous
aurons les budgets pour financer leur activité, je ne vois pas pourquoi
on ne pourrait pas continuer à produire à Radio-Québec de
très bonnes choses pour nous.
Là où la production de certaines émissions ou de
certains programmes impliquaient la participation des bureaux régionaux
à Radio-Québec, nous serons évidemment suspendus, dans une
mesure difficile à définir pour l'instant, aux décisions
qui seront prises par Radio-Québec concernant l'avenir des
comités régionaux. Nous autres, nous marchons pour l'instant en
nous fondant sur le postulat que les choses continuent, que, si elles ne
devaient pas continuer, nous procéderons aux ajustements en temps utile,
mais pas avant le temps.
M. Jolivet: Espérons que Radio-Québec continuera
dans sa formule actuelle. Allez-y donc maintenant sur l'information que
j'aurais voulu vous demander, mais que vous avez devinée, à
l'article 2 où on parle de 249 % de variation dans le budget de gestion
financière et ressources matérielles.
M. Ryan: Je m'excuse, j'ai manqué la question.
M. Jolivet: C'était en réponse à la question
sur la variation de 249 % à Activités 2?
M. Ryan: Je pense que les explications principales sont les
suivantes. D'abord, la Centrale des bibliothèques dont je parlais
tantôt, 1 900 000 $. Il y a des loyers* que nous devons maintenant payer
à la Société immobilière du Québec en vertu
de changements qui ont été faits sous le gouvernement dont
faisait partie le député de Laviolette. Il y a des loyers au
montant de 11 800 000 $. Il y a des redevances à l'Union des
écrivains pour des textes qui sont utilisés dans des instruments
pédagogiques
pour la formation, 800 000 $. Il y a la GRICS, c'est l'organisme de
Gestion du réseau informatique des commissions scolaires, 2 300 000 $,
ce qui donne 17 900 000 $. Il y a un transfert qui est fait au ministère
de l'Enseignement supérieur et de la Science pour une valeur de 2 000
000 $, ce qui donne, net, 15 900 000 $ venant s'ajouter au montant de 5 921 000
$.
M. Jolivet: Merci. Avant de passer au député
d'Abitibi-Ouest sur les questions sur la négociation, le ministre
m'ouvre une porte d'entrée au sujet des fameux sigles. Je profite de
l'occasion pour te dire. Souvent, dans les documents, pour des
non-initiés, on a de la difficulté à comprendre ce que
veulent dire certains sigles. Il faut relire deux, trois fois et aller chercher
dans des documents antérieurs ou dans des parties antérieures. Je
vous donne l'exemple de la société GRICS. Quand on veut savoir ce
que veut dire la société GRICS, il faut trouver dans les
documents. Je ne sais pas si le ministre de l'Éducation pourrait
demander à l'ensemble de ses fonctionnaires d'écrire des
documents en écrivant les mots au complet plutôt que de
fonctionner avec des sigles. Je sais ce que cela veut dire comme
difficulté. J'ai eu l'occasion comme ministre moi-même de le
demander aux fonctionnaires de mon ministère à l'époque en
leur disant que j'avais à communiquer avec des personnes qui n'ont pas
l'accoutumance de ces sigles et dans ce contexte pourquoi ne pas accompagner
l'ensemble des textes des mots complets? L'exemple typique c'est toujours
CEGEP, qui est devenu dans la littérature habituelle "cégep",
alors qu'en réalité ce n'est pas cela du tout. Quand on le
regarde en termes français, c'est collège d'enseignement et non
pas d'étude. M. le député d'Abitibi-Ouest, je vous
cède la parole.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Ryan: Là, vous demandez une bien grosse
réforme.
M. Jolivet: C'est une habitude qu'il faut prendre.
Les négociations avec les enseignants
M. Gendron: M. le Président et membres de cette
commission, je pense que l'étude des crédits nous permet à
ce moment-ci pour quelques minutes et possiblement aussi un peu en
soirée d'interpeller le ministre de l'Éducation sur une partie
importante de l'activité de son ministère qui concerne le secteur
des négociations pour le personnel enseignant du
Québec.
(17 h 15)
Je voudrais faire un commentaire général avant de
commencer les questions précises. Ce qui étonne un peu dans le
dépôt des offres faites par le gouvernement aux enseignants et aux
enseignantes du Québec c'est que, pour un gouvernement qui avait
trouvé un répondant sur la place publique pour donner suite au
rapport des diverses constatations qui avaient été faites par le
conseil supérieur sur la condition enseignante... Et, à la suite
de ces recommandations, cedit rapport sur la condition enseignante manifestait
qu'il y avait plusieurs problèmes en éducation qui étaient
issus des décrets, selon la prétention du conseil
supérieur. Cette interprétation, bonne ou fausse, que je ne
commente pas, a trouvé un écho des plus favorables chez l'actuel
ministre de l'Éducation lorsqu'il était critique de l'Opposition,
tant à l'intérieur de débats à l'Assemblée
nationale qu'à l'extérieur de l'Assemblée nationale sur la
place publique. Une des caractéristiques des offres qui ont
été déposées, selon la prétention de ceux
qui ont reçu ces offres, c'est qu'on a carrément fait fi et on a
carrément fait abstraction des constatations du Conseil supérieur
de l'éducation et même du propre programme électoral du
gouvernement libéral. Bien sûr, je fais référence
à ce qui a été dit lors de la campagne électorale.
On constate aujourd'hui encore un écart grandissant entre le discours et
la réalité des choses, en particulier sur ce que j'ai
appelé et ce que je vais appeler les nombreuses citations
spécifiques aux difficultés que l'actuel ministre de
l'Éducation déplorait lorsqu'il était critique, concernant
la qualité de l'éducation, sur des articles spécifiques
des conventions collectives. Je me rappelle qu'au-delà des
difficultés occasionnées par les décrets le ministre de
l'Éducation mentionnait qu'il serait important à la prochaine
ronde de négociations d'apporter des correctifs substantiels à
certains éléments sur lesquels je vais revenir d'une façon
précise.
Il y a également un commentaire d'ordre général que
j'aimerais faire à ce moment et qui va se terminer par une question.
À partir du moment où le ministre de l'Éducation
d'aujourd'hui, critique de l'Opposition dans le temps, prétendait que
pour ce qui est du salaire moyen des enseignants du Québec sur la base
de 1984-1985, comparé avec l'Ontario, nous subissions un écart
négatif, c'est-à-dire que les enseignants et les enseignantes du
Québec subissaient un écart négatif de tout près de
4500 $ puisque le salaire moyen en 1984-1985 pour ce qui est des enseignants et
des enseignantes du Québec était estimé à 32 126 $
alors qu'en Ontario il était estimé
à 36 617 $, pour un écart, comme je le disais
tantôt, de 4500 $... Tout le monde a appris que les offres qui avaient
été faites aux employés des secteurs public et parapublic
étaient uniformes, égales à l'augmentation de la masse. On
a offert 3,5 % d'augmentation, ce qui, dans les faits, n'est pas réel
puisqu'il y a de la récupération à plusieurs égards
sur des incidences financières. On pourra en temps et lieu faire la
démonstration que dans plusieurs corps d'emploi il ne s'agit même
pas réellement de 3,5 % d'augmentation: dans certains cas l'augmentation
est à peine égale à 1 % ou à 1,5 %. La question
précise que je veux poser au ministre de l'Éducation sur les
salaires, puisque lui-même avait la prétention qu'à
certains endroits dans les échelles salariales pour des
catégories spécifiques d'enseignants... Je pense en particulier
à toute la catégorie des 19 ans de scolarité pour laquelle
il y a des problèmes spécifiques quand on fait les comparaisons
entre le Québec et l'Ontario. Puisque le ministre était au fait
d'abord, d'une part, en termes de salaire moyen de cet écart entre le
Québec et l'Ontario et, d'autre part, de difficultés
particulières que nous retrouvons à l'intérieur de
certains échelons et à l'intérieur de certaines
catégories, est-ce que, comme ministre de l'Éducation, avant le
dépôt des offres patronales il a défendu et
présenté à son gouvernement une demande salariale qui,
tout en étant à l'intérieur de la masse de 3,5 %, aurait
pu tenir compte de ces deux éléments que je viens de souligner:
premièrement, l'écart et, deuxièmement, les
problèmes spécifiques au niveau de l'échelon de 19 ans de
scolarité en particulier?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Cette question a été abordée dans
les échanges de propos que nous avons eus au comité
spécial du gouvernement qui a préparé les offres
patronales. Il s'est posé un gros problème. L'augmentation qui
devait être offerte était relativement faible et il fallait
coordonner cette offre avec celle qui devait être faite dans le secteur
des affaires sociales et dans le secteur de la fonction publique. Là,
nous rencontrions des problèmes structurels différents aux autres
niveaux. Il nous a été communiqué qu'il y avait des
décisions à prendre du côté de la fonction publique.
Il y a des aménagements qui doivent être envisagés aux
échelons supérieurs de manière à pouvoir corriger
la situation qui s'est créée. Le problème dont vous
parlez, c'est le même genre de problème qui est
éprouvé par des fonctionnaires rendus à un certain niveau,
qui n'ont pas avancé depuis quatre ou cinq ans à cause de toutes
les mesures qui ont été prises par le gouvernement dont faisait
partie le député d'Abitibi-Ouest, d'ailleurs.
Là, il y a des ajustements qui s'imposent, qui ne sont pas encore
arrêtés et qui ne passeront pas nécessairement tous par la
convention collective. Il y a d'autres moyens de régler certains de ces
problèmes et je sais que ces questions sont à l'étude
présentement. Par conséquent, il n'a pas été
possible d'incorporer dans les offres qui ont été
présentées les dispositions précises pour la
catégorie d'enseignants dont vous parlez.
M. Gendron: Ce que vous me dites aujourd'hui, c'est que ce n'est
pas exclu dans l'évolution des négociations.
M. Ryan: Ce sont des choses qui peuvent être
soulevées par la partie patronale et elles seront examinées par
la partie syndicale. La partie patronale devra répondre; c'est l'essence
même d'une négociation. Quand une question sensée est
soulevée par l'autre partie, il faut répondre.
C'est ma conception de la négociation, entre parenthèses.
Chaque fois qu'un point de vue judicieux est soulevé, il faut que vous
répondiez de manière judicieuse, même si c'est un peu
embarrassant pour vous,
M. Gendron: C'est justement ce que je croyais être votre
conception, vous nous l'avez dit à plusieurs reprises, et j'ai
été étonné de voir que dans les offres on n'a pas
pu retrouver votre conception puisque, dans les demandes syndicales, les
problèmes particuliers que vous venez d'évoquer étaient
connus du nouveau gouvernement. Je ne pense pas que cela fasse avancer les
choses de dire: Oui, nous avons dû prendre des décisions
difficiles. Sauf qu'on a analysé les crédits du présent
gouvernement et c'est le présent gouvernement qui est en
négociation avec les employés des secteurs public et
parapublic.
Comme ces éléments étaient connus dans les demandes
syndicales pour ce qui est des enseignants spécifiquement, la question
que je posais est: À la suite de l'analyse faite par le ministre de
l'Éducation, est-ce qu'il aurait été souhaitable non pas
nécessairement d'arriver avec un dépôt formellement
différent de celui de l'ensemble des secteurs public et parapublic, mais
de tenir compte, à l'intérieur de la masse, pour ce qui est de
l'aspect salarial, de deux éléments qui ont été
largement analysés pour nous amener à conclure qu'effectivement
il y a des choses à être corrigées, en particulier sur
l'échelon de 19 ans de scolarité?
Votre réponse est: On verra peut-être en cours de
négociation mais, pour l'instant, il n'y a pas eu de dispositions
spécifiques de déposées par le ministre de
l'Éducation aux différentes tables de négociation.
M. Ryan: Nous n'étions pas en mesure de proposer des
dispositions qui eussent pu s'harmoniser tout de suite avec les
problèmes de même nature qui se posaient dans d'autres secteurs
où doivent avoir lieu simultanément les négociations de
conventions collectives.
M. Gendron: Au-delà des questions salariales, M. le
Président, je voulais également faire un commentaire
général sur I'ensemble des autres considérations parce que
je pense que le ministre de l'Éducation et tous ceux qui sont
intéressés vont convenir que, règle
générale, la plupart des négociations avec le personnel
enseignant, en termes de points dits majeurs, ont presque toujours porté
beaucoup plus sur leurs revendications répétitives et, à
bon droit, je pense, concernant toute la question de la tâche et toute la
question de la sécurité d'emploi. Cela a toujours
été, au niveau de l'éducation, je pense, les points
majeurs. Concernant l'aspect salarial, je n'aurai pas d'autres questions pour
le moment, mais je voudrais faire un commentaire général sur le
reste.
Il est étonnant également, dans le dépôt des
offres patronales, de voir que pour des gens qui, effectivement, quand on a eu,
malheureusement, en ce qui me concerne, l'obligation de mettre fin aux
dernières négociations par des décrets, nous
suggéraient des correctifs à être apportés sur des
point spécifiques... Je l'ai évoqué tout à l'heure,
dans le dépôt des offres patronales -rapidement, à l'oeil -
sur 95 % des dépôts spécifiques relatifs, par exemple,
à l'autonomie professionnelle, à la durée de travail,
à la tâche, au nombre d'enseignants et d'enseignantes en termes de
répartition, à toute la question des conditions
particulières, des règles de formation de groupe, etc. - on
pourrait en parler longuement - de la sécurité d'emploi, de la
permanence, la plupart des dépôts, en termes d'analyse de la
partie syndicale, commencent toujours par la phrase suivante: L'offre est comme
le décret, ou: L'offre reprend essentiellement les dispositions du
décret.
Je veux juste faire un commentaire sur le fait que, pour des gens qui
ont pourfendu ces décrets - peut-être avec raison; ce n'est pas le
moment de faire l'analyse, on ne veut pas vivre dans le passé - vous
allez convenir que c'est drôlement étonnant pour nous, de ce
côté-ci de la table, aujourd'hui, que, dans 95 % des
dépôts sur des points spécifiques fondamentaux, que ce soit
la tâche, la sécurité d'emploi ou autre chose, on soit
obligé en termes d'analyse de lire qu'effectivement ces
dépôts, après analyse, reprennent exactement les
dispositions qui ont été écrites dans les décrets.
Cela m'amène à poser des questions spécifiques sur
certains éléments.
Pour ce qui est de la tâche des enseignants, il était
prévu dans le décret des augmentations de tâche chaque
année. Chaque année, il y avait une période additionnelle
d'enseignement de 45 minutes ou à peu près, d'une heure dans
certains cas, qui était prévue. Dans les deux années qui
ont suivi les dispositions du décret, même si des augmentations de
tâches étaient prévues tout autant pour l'année qui
a précédé les négociations que pour l'année
en cours, à deux reprises, le gouvernement d'alors et les ministres de
l'Éducation qui ont eu à prendre des décisions - une fois,
moi-même, et une fois, un autre collègue - avaient
décidé de ne pas donner suite aux dispositions prévues au
décret pour ce qui est de la tâche. On avait autorisé ce
qu'on appelle communément le gel de la tâche, en particulier,
puisque le rapport du Conseil supérieur de l'éducation avait
été assez clair sur cela à la suite de sa tournée
dans l'ensemble du Québec. Celui-ci ne croyait pas que, pour
l'amélioration de la qualité de l'éducation et, surtout,
pour des objectifs de personnalisation et de plus grande responsabilisation de
la relation élèves-enseignant, il y avait lieu d'augmenter la
tâche.
Le rapport maître-élèves
II y a également une revendication qui a été
constamment reprise - et je l'ai évoquée très
succinctement, ce matin, dans les considérations générales
- quant aux règles de la détermination du nombre d'enseignants.
Sur cela, il y a deux conceptions qui s'affrontent, M. le ministre de
l'Éducation. Il y a les dispositions qui existent actuellement pour
fixer ce qu'on appelle le nombre d'enseignants par commission scolaire et par
école. Il y a une revendication qui revient constamment de la part des
gens concernés que vous connaissez très bien, les ratios
maître-élèves. La question précise que je vous pose,
c'est la suivante. Puisque, dans le dépôt, vous n'avez pas cru bon
de revenir sur la disposition visant à établir le nombre maximum
d'enseignants par classe ou par commission scolaire sur la base des ratios
maître-élèves, j'aimerais savoir pourquoi vous n'avez pas
tenu compte, dans le dépôt de vos offres, de certaines remarques
qui avaient été clairement exprimées dans le rapport du
Conseil supérieur de l'éducation concernant la condition
enseignante quant à avoir des règles qui permettent de s'assurer
que le nombre d'enseignants par commission scolaire soit établi
davantage au niveau de chacune des écoles du Québec, mais avec
des dispositions très précises qui ne permettent pas à la
commission scolaire de varier avec la banque qu'elle peut dégager
lorsque ces règles sont applicables au niveau de la commission.
J'aimerais vous entendre sur les
raisons qui vous ont motivé à reprendre les dispositions
du décret plutôt que d'aller dans le sens de ia demande
syndicale.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre de
l'Éducation. (17 h 30)
M. Ryan: M. le Président, j'ai écouté avec
intérêt le député d'Abitibi-Ouest. Je voudrais
d'abord signaler que, lorsque nous proposons de maintenir en
général les conditions existantes, nous ne reproduisons pas
exactement ce qui était contenu dans les décrets de 1982. Le
député d'Abitibi-Ouest se souvient très bien
qu'après l'adoption des décrets, par une de ces lois
spéciales qu'on voyait tellement souvent dans le temps, ainsi que les
recours à la clôture qui ont été tellement
fréquents, il y avait eu une grève des enseignants. Il y a eu une
autre loi, la loi 111.
Ensuite, grâce au travail accompli en grande partie à la
commission parlementaire de l'éducation dans le temps, cela s'est
réglé en arrière du trône ici, un soir. Là,
il a été décidé de faire une conciliation. Le
gouvernement avait toujours dit non à la conciliation. Il trouvait que
c'était un terme sacrilège pour la majesté
gouvernementale. Je me le rappelle, j'étais assis où est assis le
député de Laviolette, nous avons travaillé pendant trois
jours pour leur faire comprendre que le mot conciliation, c'est un mot qui est
dans le dictionnaire français et qu'il ne contient pas d'horreur
spéciale. Je me rappelle que le ministre est venu en arrière, il
a dit: Votre conciliation, vous allez l'avoir, on a notre voyage. Il y a eu la
conciliation de M. Désilets, qui a déjà apporté des
modifications importantes au décret, des modifications tellement
substantielles que la CEQ a signé un accord incorporant ces
modifications dans le décret.
Ensuite, il y a eu le rapport du Conseil supérieur de
l'éducation, qui a donné lieu à de nouvelles modifications
et, encore une fois, à une entente signée avec la CEQ. Quand vous
avez décidé, l'année suivante, de reporter l'application
des changements concernant le nombre d'heures d'enseignement, encore là
il y a eu entente signée avec la CEO. À plusieurs reprises, la
CEQ a manifesté qu'il y avait eu des changements qui lui convenaient
puisqu'elle a apposé sa signature. Dieu sait que, lorsque cela ne fait
pas son affaire, elle n'a pas coutume de mettre sa signature. Je vous en
félicite, vous étiez là dans le temps, vous avez fait le
travail en partie, de ce côté-là. Je pense que l'Opposition
a aidé le gouvernement dans ce sens, parce qu'elle le pressait toujours
de chercher des arrangements négociés.
Ensuite, il y a eu la recherche d'une hypothèse de
règlement qui, pour l'essentiel, tendait à reconduire les
conditions existantes avec de nouvelles améliorations qui étaient
ponctuelles, mais qui ne brisaient en rien l'économie fondamentale des
textes comme ils avaient évolué depuis leur adoption à
l'état de décrets.
Quand nous sommes arrivés au pouvoir, nous avons regardé
l'ensemble des choses. Nous étions bien au courant de ce qui avait
été fait. J'avais mes conseillers au ministère de
l'Éducation qui avaient suivi le travail, avec qui je me suis mis
à causer de ces choses, évidemment; parce que, lorsque
j'étais dans l'Opposition, ils me parlaient beaucoup moins souvent.
C'était très bien aussi, ils respectaient leurs autorités
politiques du temps. J'ai constaté qu'il y avait une espèce de
consensus, qu'on s'entendait pour, de ce point de vue, avoir cette position au
départ, en général. C'est ce que nous entendions dans le
milieu aussi, c'est ce qu'on nous disait dans le milieu. Ne touchez pas
à cela, cette fois-ci. On a quelque chose, ce n'est pas la perfection,
cela commence à marcher un peu. Les écoles, cela marche mieux
depuis un an et demi, à peu près; ne touchez pas à cela,
essayez de garder l'essentiel. Cela explique ce qu'on a fait.
Maintenant, cela ne veut pas dire que nous avons écrit statu quo
avec un S et un Q majuscules et qu'il n'y a absolument rien qui puisse
être discuté là-dessus. C'est la position que nous avons
énoncée, de bonne foi. Et s'il y a des améliorations qui
sont possibles, nous allons les rechercher avec l'autre partie.
J'ai examiné...
M. Gendron: Voilà les vraies réponses à nos
questions?
M. Ryan: Alors, allez-y avec les questions. J'ai examiné
les propositions qui ont été déposées par la partie
syndicale.
M. Gendron: Je vais faire un commentaire avant de poser une autre
question, car je ne suis pas particulièrement satisfait de la
réponse. On verra à l'évolution des négociations.
Vous nous dites: Écoutez, on avait eu vent que les suites du rapport
Désilets avaient corrigé le décret. On le sait, c'est
notre administration; donc, on est parfaitement au courant de cela. On est
parfaitement au courant aussi de la conséquence du fait de ne pas
prendre la décision comme, le décret le prévoyait,
d'augmenter la tâche, mais ma question précise portait sur le
rapport maître-élèves. Je demandais pourquoi le ministre de
l'Éducation a privilégié de reconduire les dispositions
pour déterminer le nombre d'enseignants et d'enseignantes en termes de
répartition dans les écoles exactement comme c'était
prévu au décret plutôt que de faire l'analyse de la demande
syndicale qui était de les réévaluer pour des raisons
d'un
plus grand suivi et d'une moins grande capacité de variation dans
le nombre d'élèves affectés à chacune des
commissions scolaires. Est-ce qu'il n'y a pas lieu, puisqu'il y a eu certains
jeux avec cela, de revenir au ratio maître-élèves qu'on a
déjà connu?
M. Ryan: Je suis content que vous insistiez là-dessus,
mais au début votre question était plus large. Vous avez
très bien dit à un moment donné: Vous approuvez les
décrets aujourd'hui alors que vous les condamniez dans le temps. Je
voulais vous montrer que ce n'était pas exactement cela. Est-ce que cela
va?
M. Gendron: Cela va à 5 %. Une voix: À 3,5
%?
M. Ryan: II le faut bien.
Je reviens à la question relative au ratio. C'est vrai que nous
n'avons pas mis de proposition impliquant le retour au ratio dans le
dépôt patronal parce que l'estimation qui a été
faite de notre côté, c'est que la restauration du ratio
entraînerait de nouveau des "artificialités" et des accroissements
de coûts et du nombre d'enseignants, en particulier, que nous ne pouvons
pas envisager actuellement à cause des surplus que nous avons
déjà par rapport à toutes les moyennes canadiennes
disponibles. Ce n'est pas dans cette direction-là qu'il faut aller. Il
faut aller dans la direction d'une rationalisation plus ferme. Il y a
peut-être moyen de discuter à d'autres niveaux de questions qui
sont de même nature, par exemple, les moyennes et les maxima que nous
avons dans les décrets actuels. Certaines améliorations peuvent
peut-être être apportées là-dessus, la discussion
n'est pas fermée, mais le ratio à l'état pur, comme il a
déjà existé, ne nous apparaît pas comme un bon
instrument actuellement.
La tâche éducative
M. Gendron: Tout le monde est conscient que dans la tâche
éducative il y a plusieurs éléments. Il y a, bien
sûr, l'élément fondamental qu'est l'enseignement, il y a la
récupération et la correction, ce qu'on appelle l'encadrement
pédagogique ou, pour ce qui est des activités en dehors des
horaires comme tels, tout le parascolaire. En règle
générale les conventions collectives étaient
précises quant au temps consacré à la tâche
éducative proprement dite, c'est-à-dire les heures
d'enseignement. On parlait de 23 heures au préscolaire et de 20 heures
au secondaire. Cependant, pour la première fois il n'y a aucun maximum
de temps d'enseignement qui est prévu. La question précise que je
pose est celle-ci: Comment se fait-il que dans vos offres vous n'avez pas,
à ce moment-ci, déterminé un maximum de temps
consacré à l'enseignement, mais comprenant
l'entièreté de la tâche éducative? Alors qu'au
préalable il y avait un maximum de temps d'enseignement dans les
conventions et dans votre offre patronale il n'y a aucune disposition
concernant le maximum de temps d'enseignement prévu. Pourquoi?
M. Ryan: M. le Président, j'aimerais sur ce point
précis vous présenter le sous-ministre adjoint, M. Jean-Guy
Gagnon, qui vous fournira certaines explications.
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il y a
consentement des deux côtés pour l'entendre, je suis d'accord. On
a besoin du consentement des deux côtés.
M. Gendron: D'accord. Consentement.
Le Président (M. Parent, Sauvé):
Consentement.
M. Gagnon (Jean-Guy): Depuis le décret de 1982, la
tâche des enseignants est définie par une approche globale. Dans
cette tâche il y a de l'enseignement au sens strict, mais il y a les
autres fonctions telles que la surveillance, l'encadrement et la
récupération.
Dans les offres patronales qui ont précédé
l'adoption des décrets, il y avait, pour atteindre une plus grande
souplesse dans l'organisation scolaire, pour assurer une meilleure vie, une
meilleure qualité pédagogique dans les écoles, cette
demande patronale qui s'est plus tard traduite par un décret.
Il y a, à l'intérieur de la tâche de l'enseignant,
pour chacun, un maximum pour la tâche, mais c'est vrai, comme vous le
dites, qu'à l'intérieur de cela il n'y a pas de maximum pour la
partie de l'enseignement au sens strict comme il y avait avant. Il y a,
cependant, une moyenne à ne pas dépasser pour cette partie de
l'enseignement au sens strict pour l'ensemble des enseignants.
Dans les présentes offres l'approche globale de la tâche
éducative, c'est-à-dire sans placer un maximum pour la partie de
l'enseignement au sens strict, est maintenue parce que c'est toujours la
perception des commissions scolaires, que le ministère de
l'Éducation partage également, que pour des fins de plus grande
souplesse d'organisation scolaire et de meilleure qualité dans les
écoles on maintienne cette approche.
M. Gendron: Je sais l'étroite collaboration du
sous-ministre aux relations du travail, M. Gagnon, pour avoir travaillé
avec lui. Cependant, ma question au ministre était précise. Les
explications qui viennent d'être fournies me font plaisir, parce qu'on
me
répète des choses qu'on m'a déjà dites. Je
connais ces explications-là. La question que je veux poser au ministre
de l'Éducation n'est pas une question technique. C'est une question
d'orientation. Ce n'est pas du tout pour être déplaisant envers M.
Gagnon. Il a été très clair en disant: Écoutez!
C'est un choix qui a été fait pour permettre une plus grande
latitude aux commissions scolaires. Je le sais bien et c'est
précisément l'objet de ma question précise. Cette
disposition existait au préalable, soit de préciser un temps
maximal d'enseignement plutôt que l'approche dite globale ou
générale. La question que je pose au ministre, je la
répète: Est-ce à dire que, dans le dépôt des
offres, le ministre de l'Éducation a effectivement
privilégié comme orientation cette plus grande souplesse pour
donner suite à une demande qui avait été assez souvent
répétée par une des parties conjointes, ce qu'on appelle
la partie patronale, c'est-à-dire les directeurs ou les dirigeants du
monde de l'enseignement? Dans ce sens-là, je veux savoir si cette
orientation est cautionnée par le ministre de l'Éducation.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre de
l'Éducation.
M. Ryan: Je voudrais vous dire que je cautionne tout ce qui se
fait sous la signature du ministre de l'Éducation. Parfois même,
je vois dans les documents du ministère qu'on établit une
distinction entre le ministère et le ministre, et je n'aime pas
cela.
M. Gendron: Le ministre de l'Éducation a signé le
dépôt patronal aux différentes tables.
M. Ryan: II a signé le dépôt patronal et il
en est solidaire, et vous ne le verrez pas aller se plaindre en dehors.
Là-dessus, nous nous en sommes tenus aux dispositions que nous avions
cru avoir été conservées même dans
l'hypothèse d'un règlement. La CEQ a présenté une
demande qui vise à une définition différente de la
tâche éducative qui comprendrait un certain nombre d'heures
consacrées à l'enseignement proprement dit. Nous n'en sommes pas
encore rendus dans les négociations à l'étude de ces
points-là. Comme je le disais tantôt, lorsqu'on va arriver
à ce point-là, ils vont expliquer leur demande, ils vont
présenter des explications. Les esprits vont s'échanger des
opinions de part et d'autre et on verra ce que cela va donner. Mais la position
que nous avons déposée au départ, c'est celle qui consiste
à reconduire les dispositions que nous avions de ce
côté-là.
Je signale que, dans les demandes qu'on nous a faites, il y en a qui
vont plus ou moins dans l'esprit de ce que nous envisageons de faire. Vous
savez que cela existe dans les décrets; ce n'est peut-être pas
mauvais que les gens le sachent aussi. Vous savez que vous n'avez pas le droit
de convoquer un enseignant le samedi ou le dimanche à une
réunion. Je disais à M. Charbonneau, l'autre jour, mon grand
étonnement à une disposition aussi "corporatisante" que
celle-là. Il me semble qu'un enseignant est un travailleur
communautaire. Surtout quand il enseigne dans les milieux ruraux, il se passe
une foule d'événements en fin de semaine. Quand la parade passe
sur la rue principale et qu'il est assis sur son balcon avec sa femme à
ne rien faire, cela fait curieux. Je trouve que des dispositions de ce
genre-là dans nos conventions, moins on va en avoir à l'avenir,
mieux cela va être pour tout le monde. Ce n'est pas cela qui va valoriser
l'enseignant.
On veut en ajouter d'autres. Par exemple, le fait de participer à
deux ou trois réunions avec les parents le soir, il faut que cela entre
dans la tâche éducative de 27 heures comptées
mathématiquement. Franchement, il n'y aurait pas gros d'appuis de notre
côté pour des demandes comme celle-là. Je pense que c'est
inutile de le dire. S'il n'y a pas un minimum d'engagement personnel dans le
travail qu'on fait, un travail aussi exaltant que celui-là, je ne pense
pas qu'on va avancer bien gros. Alors, on part de la position qui était
celle que nous avons à l'heure actuelle. La CEQ a déposé
des demandes avec les autres centrales syndicales, la PAPT et la PACT. Quand on
va arriver aux négociations, cela va être étudié
à son mérite.
M. Gendron: Une question qui a été largement
débattue, M. le Président, et qui est très importante.
D'ailleurs, je pense que je pourrais citer abondamment le ministre de
l'Éducation...
M. Ryan: M. le Président, je ne sais pas si on voudrait me
le permettre? Bien, je le ferai après l'autre question. Ce n'est pas
grave. Je voulais ajouter un complément d'information sur un autre
aspect pour que les gens aient une idée claire de ce qu'on discute en
négociations. Si vous me donnez la permission, je vais le faire
maintenant, M. le Président; sinon, plus tard.
M. Gendron: Je n'ai pas d'objection.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Moi, non plus. (17
h 45)
M. Ryan: On a parlé du rapport du Conseil supérieur
de l'éducation sur la condition enseignante. II y a quelque temps, j'ai
demandé à une collaboratrice de mon bureau de faire un examen
systématique de toutes les recommandations qui avaient été
faites
par le Conseil supérieur de l'éducation et de voir celles
qui peuvent être traduites en des propositions concrètes pour fins
de négociations. Finalement, il n'y en avait pas beaucoup qui pouvaient
être traduites en des propositions concrètes susceptibles
d'être introduites dans un contrat collectif. Il y avait un esprit dont
on doit tenir compte là-dedans, mais celles qui pouvaient donner lieu
à des propositions concrètes étaient assez
limitées, finalement.
Maintenant, on parle beaucoup - c'est le thème que je voulais
aborder - de l'autonomie de l'enseignant. C'était dans nos engagements
électoraux. Nous voulons procurer une juste autonomie à
l'enseignant dans l'exercice de son travail professionnel. Mais là, nous
sommes en présence de demandes syndicales. Ce n'est plus de l'autonomie,
c'est de l'indépendance. On ne peut pas installer dans les écoles
une personne qui va venir dire: Je suis seule à choisir mes programmes,
mes méthodes, mes manuels, toutes mes affaires et je ne réponds
à personne d'autre qu'à moi-même. Moi, je ne veux pas de
microphone, de haut-parleur installé dans les classes pour savoir ce que
l'enseignant va dire. Il faut lui faire confiance. Je ne veux pas qu'il y ait
un principal qui passe à toutes les demi-heures pour voir ce qu'il fait.
Il faut lui faire confiance. En retour, il faut qu'il accepte de travailler
dans un ensemble; il n'est pas là comme un professionnel isolé et
indépendant des autres.
C'est là l'esprit des propositions dont j'ai pris connaissance
loyalement. J'ai dit, l'autre jour, à M. Charbonneau en toute
simplicité: II va falloir mettre de la souplesse là-dedans. On va
parler de droits de l'enseignant et nous n'avons pas peur d'en parler. On va
parler de responsabilités également parce qu'il n'y a pas de
droits sans responsabilités correspondantes. Si on peut trouver des
équilibres satisfaisants de ce côté, cela va être
très intéressant. Cela va faire avancer l'éducation.
M. Gendron: Oui. Un commentaire sur l'autonomie puisque c'est une
question de perception des choses. Malgré les bons discours lors de la
campagne électorale, en tout cas, l'analyse qui est faite par ceux qui
ont reçu vos offres, c'est qu'il n'y a rien de changé. L'offre,
comme le décret, ne prévoit absolument rien sur l'autonomie
professionnelle. C'est au moins la lecture qui est faite par ceux qui ont
reçu l'offre.
Les groupes-élèves
La question additionnelle que je voulais poser porte sur quelque chose
qui a été largement mentionné comme nécessaire et
utile pour donner un peu de garanties à la qualité de
l'éducation, c'est d'avoir des dispositions qui précisent le
nombre de groupes-élèves confiés à un enseignant ou
à une enseignante.
Encore là, à mon grand étonnement, comparé
aux discours que j'avais entendus et pour reprendre, encore là, le
ministre de l'Éducation qui, il y a quelques minutes, a dit qu'il s'agit
là d'un dépôt qui a tenu compte de l'hypothèse d'un
règlement, je tiens à vous informer, M. le ministre de
l'Éducation, que ce n'est sûrement pas le cas sur la question
précise que je vais poser puisque, dans l'hypothèse d'un
règlement, effectivement, il y avait des dispositions prévues
pour s'assurer qu'il y ait un nombre maximal de groupes d'élèves
confié à une enseignante ou à un enseignant, alors que,
dans le dépôt de vos offres, il n'y a absolument rien qui stipule
que ce nombre s'arrêtera quelque part. Je veux bien entendre des beaux
discours sur la responsabilisation, sur la nécessité d'augmenter
la qualité de l'éducation, mais de temps en temps il faut prendre
quelques moyens.
Il me semble que, dans le domaine de l'éducation, en particulier
dans l'enseignement primaire et secondaire, il est requis et il est même
urgent que le ministre de l'Éducation soit convaincu que cette demande
n'est pas du tout farfelue, mais répond à un objectif, que vous
avez vous-même véhiculé à plusieurs reprises avec
raison, celui d'offrir au personnel enseignant de meilleures garanties
d'améliorer la qualité éducative. C'est une règle
comme deux et deux font quatre. Je veux bien qu'on apprenne à compter,
mais c'est sûr que, si un professeur rencontre moins de
groupes-élèves sur une base hebdomadaire, il risque sur le plan
strictement concret d'avoir plus de temps à leur consacrer
individuellement, de personnaliser sa tâche et d'avoir un enseignement
plus individualisé.
C'est important dans le contexte d'aujourd'hui, compte tenu de toutes
sortes de facteurs que j'appellerais de distorsion ou de distraction, que ce
soit la télévision, d'un phénomène de plus grande
liberté pour toutes sortes de choses. Mais je ne veux pas refaire la
société. Strictement, sur des choses concrètes, la
question que je pose est: Comment se fait-il que, sur un point aussi
précis, aussi clair, l'offre patronale ne contienne aucune disposition?
J'aimerais vous entendre là-dessus.
Le Président (M- Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Si vous avez entendu l'allocution que j'ai faite ce
matin, vous aurez noté qu'il y avait un passage consacré
précisément à ce sujet que vient de soulever le
député d'Abitibi-Ouest. Dans le passage où je traitais de
cette question, je reconnaissais qu'il y a des correctifs à rechercher
de ce
côté. C'est ce qu'on appelle, dans le déroulement
général des négociations, des messages. Vous savez comment
cela se fait. Cela ne se fait pas nécessairement dans le premier texte
qui est mis sur la table. On aurait été bien naïf de mettre
sur la table tout ce qu'on est prêt à faire dès le premier
mouvement parce qu'on se serait fait manger la laine sur le dos. Je pense que
c'est l'explication que je vous devais.
M. Gendron: Non, je comprends cela parce que j'ai une petite
expérience des négociations. Mais entre tout mettre et commencer
95 % de ses dépôts en disant: C'est exactement ce qui était
prévu au décret et l'offre reprend le décret? Là
j'en suis uniquement sur deux, trois points essentiels reliés à
la tâche et l'autre point est relié à la question de la
sécurité d'emploi que je vais aborder dans quelques minutes. Mais
sur ce point, le ministre de l'Éducation avait encore là toutes
les indications pour ce que j'appellerais donner du contenu à une
négociation qui va être plus un résultat de la poursuite
des négociations.
Il me semble qu'offrir des maximums de groupes-élèves
rencontrant une enseignante ou un enseignant, c'est une prémisse de la
négociation pour le point qu'on discute. En effet, comme je l'ai
mentionné tantôt, c'est probablement là-dessus que le
rapport du conseil supérieur insistait le plus: si on voulait
personnaliser et responsabiliser davantage et donner de meilleures garanties
que les actes éducatifs posés aient un peu de résultats,
il fallait prévoir des maximums de groupes-élèves
rencontrés. Là, vous me dites: Écoutez, moi, dans mon
introduction ce matin, je parlais de cela. Moi, j'aimerais cela qu'à un
moment donné cela se traduise assez rapidement pour qu'entre les
intentions d'un texte d'introduction aux crédits et des
dépôts on puisse être capable d'observer ce qui est
concrètement déposé aux tables de négociation.
Pour des gens qui voulaient arriver à un résultat
négocié le plus rapidement possible, en prenant le temps qu'il
faut, on va probablement en manquer, puisque là il y a 25 séances
de négociation qui ont eu lieu. J'aurais des détails plus frais
demain matin puisqu'il y avait une rencontre de presse aujourd'hui, à 13
h 30, pour faire rapport par le président de la CECS, M. Bergeron. Il
trouve qu'ils n'ont pas grand-chose à se mettre sous la dent pour faire
avancer les négociations surtout sur des points fondamentaux comme
celui-là. Sur cela, je réitère ma question avant de passer
à autre chose. Est-ce que le ministre de l'Éducation aura
prochainement quelque chose à déposer concrètement
concernant les maximums de groupes-élèves rencontrés?
M. Ryan: La direction de la CEQ est venue nous rencontrer il y a
quelques jours. Nous avons eu une discussion très constructive. Le
message que nous leur avons donné est bien simple: Si vous voulez qu'il
se mette de la viande sur la table, ça se met à deux. C'est le
message essentiel et on ne le fera pas en négociation, ici, à la
commission parlementaire. La commission va nous rendre des services
éminents si elle s'intéresse à cette question comme le
fait le député d'Abitibi-Ouest. Je crois que c'est
extrêmement précieux, les questions qu'il nous pose. Il nous force
à aller dans nos retranchements, je l'apprécie vivement. Je vous
le dis, sur le fond, j'ai dit ce que je pensais ce matin. Sur la
stratégie, je vous réponds que je ne suis pas de votre opinion.
D'accord?
M. Gendron: C'est votre droit. J'ai une autre question sur les
règles de formation des groupes. C'est relié...
M. Ryan: J'apprécie énormément les questions
qui nous sont posées.
M. Gendron: La question que je veux débattre, encore
là, c'est exactement la même argumentation. Il y a une
différence, au niveau secondaire, entre enseigner à 30, 32
élèves et enseigner à 37 ou 38 élèves par
classe, par groupes-élèves. Toutes les revendications, à
ce jour, des gens qui ont scruté ces questions conduisent à la
nécessité d'imposer un plafond précis et définitif.
Je ne suis pas ici pour l'établir aujourd'hui. Ce sera, au secondaire,
30 élèves maximum par classe ou 32 élèves. Mais il
ne faut pas fonctionner sur cette possibilité d'avoir ce qu'on appelle
des moyennes de groupes-élèves qui, immanquablement, pour toutes
sortes de circonstances, conduisent à des abus; à un moment
donné, deux mois et demi après le début de l'année
scolaire, si on fait sortir les différents groupes-élèves
par classe, on se rend compte qu'il y a des groupes-élèves
à 32, 35 ou 37. Bien sûr, on essaie d'éviter qu'ils ne se
multiplient.
La question précise que je pose: Comment se fait-il, encore
là, que dans le dépôt, le ministre de l'Éducation
n'ait pas cru valable d'offrir carrément un nombre précis maximum
à ne pas dépasser pour que les enseignants et les enseignantes du
Québec sachent qu'en septembre 1986 leurs groupes-élèves
seraient connus en termes de limite maximale.
M. Ryan: Pour les mêmes raisons que données
précédemment, nous ne croyions pas que c'était la
manière d'engager cette négociation.
M. Gendron: Cela répond. Merci de votre
réponse.
M. Ryan: Je tiens à préciser qu'un maximum absolu
est extrêmement dangereux parce que cela peut entraîner des
rigidités et des coûts additionnels auxquels il faut penser
sérieusement. Comme je l'ai dit tantôt, nous sommes prêts
à discuter des moyennes et des maxima, mais je ne serais pas prêt
à mettre ma signature au bas de n'importe quoi, parce qu'il faut mesurer
ce que cela va entraîner comme conséquences pratiques au point de
vue budgétaire et organisationnel.
M. Gendron: M. le Président, je vous ferai remarquer que
le ministre de l'Éducation nous donne toujours d'excellentes
réflexions. Cela fait plusieurs fois que je les entends. Mais convenez
avec moi que, sur le plan pratique, cela ne change rien aux choses. Il y a un
âge limite pour l'admission à la maternelle, cela entraîne
des difficultés et des contraintes, mais on n'a pas dit six ans et
quatre jours, six ans et quinze jours. Il y a un montant limite pour
l'impôt de base. C'est le temps des rapports d'impôt. On n'a pas
dit: Cela va dépendre des cas; c'est 5180 $ ou quelque 7000 $.
Je reconnais que, lorsqu'on impose une limite, il y a des
conséquences qu'il faut regarder. Cela fait cinq ou six ans que c'est
analysé et regardé. Tout ceux qui ont étudié ces
questions conviennent que, si nous fixions un plafond de 22 ou 23
élèves par classe, ce ne serait pas réaliste. Cela
créerait plus de problèmes que de régler ce qu'on veut
améliorer et discuter. Mais quand on est autour de 30
élèves par classe au secondaire, quand on connaît les
difficultés que présente l'enseignement aujourd'hui avec des
jeunes en développement, en formation, et qu'on dit: Au nom de principes
plus fonctionnels, on va fonctionner sur la base de moyennes, je vous ferai
remarquer, M. le ministre de l'Éducation - et je suis convaincu que vous
êtes d'accord - qu'on arrondit trop rapidement les coins,
supposément au nom de difficultés administratives. Si on croit
à l'éducation, il faut poser les gestes requis pour se donner des
garanties que ce ne seront plus des moyennes-élèves, mais des
plafonds limitatifs, bien sûr, avec les inconvénients que cela
crée dans certains cas.
Pour ce qui est du maximum d'élèves par classe, on est
rendu à fixer un plafond et je pense que c'est ce qui a
été demandé par la plupart des intervenants. Vous nous
dites pour les mêmes raisons que tantôt - je comprends cela et je
ne vous reprendrai pas là-dessus - il y a toutes sortes de
considérations dont il faut tenir compte. Je peux vous dire que j'en
suis conscient et je pense que le monde de l'éducation et les gens
concernés en sont conscients. Ces analyses ont été faites
et cela existe ailleurs, des plafonds.
M. Ryan: Est-ce que je dois comprendre que le
député d'Abitibi-Ouest a renversé sa philosophie de 1982,
alors qu'il avait...
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre de
l'Éducation, vous pouvez comprendre ce que bon vous semblera, mais je
vous ferai remarquer qu'il est 18 heures et que nous devons suspendre. Nous
reviendrons è 20 heures.
(Suspension de la séance à 17 h 58)
(Reprise à 20 h 6)
Le Président (M. Parent, Sauvé): Nous étions
au programme 1. M. le député d'Abitibi-Ouest, vous avez la
parole.
M. Gendron: Merci, M. le Président. Je vais continuer mon
"inquisitoire".
Le Président (M. Parent, Sauvé):
Réquisition.
M. Gendron: Je le sais. D'habitude, il réagit.
Avant de se laisser pour la période du lunch, j'avais posé
deux questions sur des choses qui devaient, selon moi, essentiellement faire
partie du dépôt. La réponse du ministre de
l'Éducation a été qu'on verra au fil des
événements. Alors, je voudrais replacer cela là. Sa
réponse a été: On verra au cours des négociations
s'il s'agit pour nous d'offrir comme dépôt ces deux
considérations, l'une sur les maximums d'élèves par classe
et l'autre, la question des groupes-élèves rencontrés.
La sécurité d'emploi
J'irais, à ce moment-ci, sur un volet quand même
très important aussi qui est celui de la sécurité
d'emploi. Tout le monde sait qu'un des coûts importants en
éducation fait suite à la baisse très substantielle du
nombre d'élèves par classe, du nombre d'élèves tout
court, au Québec. Le nombre d'élèves par classe,
malheureusement, ce n'est pas arrivé. On sait que les coûts de la
mise en disponibilité sont élevés, puisqu'une clause dans
la convention collective permettait aux enseignants mis en disponibilité
d'avoir, pour les deux premières années, un remboursement de 100
% de leur salaire. C'est important de rectifier cette impression de plusieurs
citoyens et citoyennes du Québec qui croient que les enseignants mis en
disponibilité sont des enseignants à ne rien faire. C'est loin
d'être le cas, puisqu'en très grande majorité ces
gens-là ont quand même des responsabilités professionnelles
reliées aux tâches éducatives. Dans ce sens-là,
contrairement à la vision première de
plusieurs, il ne s'agit pas de sommes inutiles.
Voici la question que je voudrais poser. D'après ce que j'en
sais, au niveau des offres, encore là contrairement à ce qui
existait, puisque avant c'était à peu près 84 % du
traitement annuel par mois complet jusqu'au maximum de 100 %, d'après
les dépôts patronaux que je connais, dorénavant, le
traitement pour les enseignants en disponibilité passera à 50 %
la deuxième année.
Voici la question précise que je pose au ministre de
l'Éducation: Est-ce que c'est bel et bien exact que c'est cela qu'il y a
dans l'offre? Deuxièmement, quels coûts le ministère de
l'Éducation a-t-il estimé pouvoir récupérer en
termes d'évaluation financière par cette disposition dans la
perspective ou le résultat serait le même à la fin des
négociations?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: M. le Président, je me posais une question en
écoutant le député d'Abitibi-Ouest. Il me semblait que,
lorsque vous nous avez imposé la suspension d'une manière un peu
brutale à 18 heures, j'avais la parole, j'étais en train de lui
poser une question. Mais, je passe maintenant à sa question.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre de
l'Éducation, j'admets bien que j'ai mis fin aux travaux de la
commission, mais quant à vous avoir coupé la parole d'une
façon brutale, j'en doute. Mais si c'est la façon dont vous
l'interprétez, je m'en excuse bien humblement. Je vous promets que je
vais recommencer, par exemple.
M. Ryan: Mais ce n'était pas vous que je voulais attaquer,
M. le Président; c'était le député d'Abitibi-Ouest.
Je voudrais que vous soyez bien tranquille. Je n'avais absolument aucune
pensée d'agression contre vous.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Vous oubliez sûrement la dernière phrase
du président, parce qu'avant de conclure c'est le président qui
avait la parole, non pas pour ajourner les débats mais pour passer un
commentaire sur la question que vous me posiez en disant que ce n'est plus mot
qui donne réponse aux questions, c'est moi qui les pose.
M. Ryan: D'accord. C'est vrai.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, M. le
ministre de l'Éducation, nous vous écoutons religieusement.
M. Ryan: Je vais répondre à la question du
député. Sur la sécurité d'emploi, le
résumé qu'a donné le député d'Abitibi-Ouest
est exact. Le régime actuel prévoit dans le cas d'un enseignant
mis en disponibilité la rémunération à 100 % la
première année, la rémunération à 100 % la
deuxième année et la rémunération à 100 % la
troisième année. Il faut dire, pour compléter le tableau,
que le nombre des disponibles a diminué ces dernières
années. On accuse, au cours des trois dernières années, je
pense, une baisse d'environ 20 %. C'est encourageant parce que le noyau plus
difficile à régler est plus autour actuellement de 2000 que de
3000. Par conséquent, il y a eu une évolution intéressante
qui s'est produite.
Là, nous arrivons à des éléments qui seront
plus difficiles à relocaliser pour toutes sortes de raisons. Je vous
donne deux exemples: une bonne proportion des disponibles sont dans le secteur
professionnel. C'est plus difficile de recycler ces personnes quand elles ne
sont plus requises dans le secteur où elles sont. La même remarque
vaut pour les enseignants de langue anglaise catholiques. Les effectifs des
écoles anglo-catholiques ont beaucoup diminué ces
dernières années. Alors, les mises en disponibilité ont
été plus nombreuses de ce côté-là et un bon
nombre d'enseignants anglo-catholiques étaient unilingues. Par
conséquent, ils ne peuvent pas se placer facilement dans le
système d'enseignement.
Alors, nous nous sommes dit: Est-ce qu'on va continuer avec un
régime de compensation salariale à 100 % pour des personnes
à qui le système d'enseignement ne peut offrir d'autre travail
que du travail de suppléance ou du travail temporaire, comme celui
auquel faisait allusion le député d'Abitibi-Ouest? Notre
conclusion est que cela ne serait pas bon de continuer ce régime. Il
faut que nous introduisions dans le système des stimulants ou des
incitations qui vont permettre à des personnes, moyennant des
délais raisonnables, moyennant des conditions qui restent humaines,
comparé à ce qu'on observe sur le marché du travail en
général, de se rendre compte qu'il y a un problème de
réorientation qui se pose pour elles et de s'en occuper avant qu'il soit
trop tard, ne pas s'asseoir sur une situation comme celle-là qui va
rendre tout le monde malheureux, qui va les rendre malheureux, eux aussi, si on
la laisse se perpétuer indéfiniment.
Alors, la proposition que nous avons déposée comporte une
garantie de salaire pour la première année de mise en
disponibilité de 80 %, ce qui est le niveau que nous avons dans les
cégeps. Il n'y a rien de vraiment nouveau de ce
côté-là. C'est le niveau qui est défini pour les
cégeps, dans le décret des cégeps actuellement. Pour la
deuxième année, nous demandons que cela
descende à 50 % plutôt que 100 %. Alors, la raison, je vous
l'ai donnée bien simplement; c'est que, s'il y a trop de monde dans le
système d'enseignement, il faut se le dire franchement, à un
moment donné, et il faut prendre le problème de manière
franche et directe. Il faut qu'on prenne les moyens pour régler ce
problème quitte à trouver les moyens d'aider, par exemple, les
personnes intéressées à se réorienter d'une
manière positive. De ce point de vue, nous sommes très ouverts
à des mesures qui permettraient d'aider les personnes à s'en
sortir en s'orientant autrement si, vraiment, il n'y a plus de place pour elles
dans le système d'enseignement. Ce sont les différences de la
proposition qui a été déposée par la partie
patronale et la valeur de récupération que nous attachons
à cette proposition est de l'ordre de 20 000 000 $.
M. Gendron: Merci. Dans la perspective où cela demeurerait
comme cela par rapport au quantum de récupération et d'octroi en
termes de mises en disponibilité, est-ce qu'il est exact que votre offre
fait disparaître le comité national qui était prévu
dans le décret? En tout cas, selon les intervenants, ce comité
avait fait, tout compte fait, un très bon travail puisque
vous-même, M. le ministre, il y a deux minutes, vous avez
mentionné qu'il y avait eu une résorption significative et
intéressante du nombre de mises en disponibilité. Sûrement
des gens qui ont fait leur travail là-dessus, indépendamment des
structures. La question que je pose: Pourquoi avez-vous fait disparaître
le comité national?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre.
(20 h 15)
M. Ryan: M. le Président, permettriez-vous que M. Gagnon
réponde à cette question, s'il vous plaît, parce qu'il y a
certaines implications techniques sur lesquelles j'aimerais mieux
l'entendre?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce qu'il y a
consentement de la part de l'Opposition?
Des voix: Oui.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Bien, M. le
ministre.
M. Gagnon: Le traitement à 100 % que les enseignants ont
eu dans les faits, ceux du primaire et du secondaire, au cours des
dernières années, résultait de dispositions de la
convention ou du décret qui prévoyaient qu'ils avaient un minimum
garanti de 80 % de traitement, plus une bonification qui résultait de la
diminution du nombre d'enseignants en disponibilité. Or, pour fixer les
paramètres annuellement qui permettaient de déterminer cette
bonification et qui, dans les faits, ont permis aux enseignants en
disponibilité d'avoir 100 % de leur traitement, il fallait ce
mécanisme qui était le comité national. Dans l'offre qui a
été faite, maintenant, il n'est plus question d'une bonification
éventuelle des deux montants qui ne sont plus des planchers, mais qui
sont dans l'offre patronale fixes à 80 % la première année
où une personne est en disponibilité et à 50 % pour la
deuxième année. Comme il n'y a plus cette mécanique que
les familiers appelaient l'ascenseur pour bonifier, le comité s'est
trouvé emporté par cette nouvelle approche dans l'offre
patronale.
M. Gendron: Merci. Donc, le comité est disparu.
Maintenant, selon votre explication, M. Gagnon, il y a des raisons pour ce
faire puisqu'il n'y aura plus de bonification. Sur une autre mesure importante
- et là j'ai été étonné au carré -
par rapport au décret, il y avait quand même plusieurs
dispositions pour inciter, faciliter également toute la
résorption - on a appelé cela les mesures de résorption -
de la liste qui était plus importante relativement aux mises en
disponibilité. Dans le dépôt des offres, on apprend que la
disposition permettant la prise d'une préretraite n'existe plus; il y a
la disparition de la possibilité de l'offre d'une prise de
préretraite. Je voudrais savoir du ministre de l'Éducation si
c'est uniquement pour des raisons financières que cette décision
a été prise ou s'il y a également un jugement quant au
volume moindre d'instituteurs et d'institutrices qui étaient en
disponibilité et qu'en conséquence il fallait réduire le
nombre de mesures de résorption alternatives ?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui, M. le
ministre.
M. Ryan: M. le Président, je puis assurer le
député que la seule raison qui nous a motivés en faisant
cette proposition est une raison d'ordre financier. Nous avons estimé
que, pour une année, cette mesure coûtait environ 5 000 000 $, qui
sont compris, d'ailleurs, dans le 20 000 000 $ de récupération au
chapitre de la sécurité d'emploi. Il nous a semblé, dans
les conditions où nous sommes, que c'est une disposition que nous
devrions rapatrier dans le domaine "managerial" au cours de la prochaine
convention. Mais la raison est strictement financière et, si on avait
une autre manière à nous proposer pour récupérer 5
000 000 $, nous serions prêts à l'étudier parce que je
considère qu'à bien des égards c'est une mesure qui est
très positive. C'est une mesure qui permet d'assurer le renouvellement
accéléré des effectifs de la
profession enseignante qui vieillissent graduellement. Cela nous
permettait d'accélérer le processus de renouvellement et c'est
une chose qui est loin d'être rejetée ou abandonnée dans
son contenu.
M. Gendron: Justement, M. le Président, je pense que le
ministre de l'Éducation vient de toucher un point fondamental. Et, sans
être capable d'en faire l'évaluation ici, il me semble que c'est
un peu rapide, que strictement, pour une compression ou une coupure, appelez
cela comme vous voulez, de 5 000 000 $, on n'ait pas mis en parallèle
l'évaluation de ce que j'appellerais, moi, l'excellence et le
nécessaire. Excellence de cette mesure-là par rapport au
vieillissement du milieu enseignant, du corps enseignant comme on
l'appelle.
Tous les chiffres attestent que cette profession a peut-être
vieilli plus rapidement que les autres; pas seulement peut-être, les
chiffres l'attestent. C'est normal qu'à cause de la chute dramatique du
nombre des élèves il y ait des mises en disponibilité.
Depuis trois ou quatre ans, on n'est pas dans un contexte facile pour ce qu'on
appelle les promotions latérales ou les déplacements
latéraux sur le plan professionnel. En conséquence, il me semble,
M. le ministre de l'Éducation, qu'une évaluation aurait dû
être faite de ce que représentent - cela doit s'évaluer en
argent - les coûts du vieillissement du corps professoral.
Il y a aussi la nécessité de poser quelques gestes?
Là, je pense qu'il aurait été temps, M. le ministre de
l'Éducation, de dépasser votre discours très valable comme
discours, mais on manque beaucoup d'exemples à citer pour montrer que
c'est autre chose qu'un discours. S'il y a un geste concret à être
posé, ce serait bien là, si on veut permettre à quelques
jeunes d'entrer puisque, à cause de la chute dramatique du nombre
d'élèves, de moins en moins de jeunes entrent dans
l'enseignement. Dans ce sens, si on veut renouveler, si on veut permettre une
accessibilité qui ferait que, dans quelques années, on
n'augmenterait pas encore la proportion de la moyenne d'âge du corps
enseignant, il me semble que, économiquement, sans faire
l'évaluation ici même en commission parlementaire, cela
mériterait d'être évalué financièrement pour
peut-être trouver là une mesure compensatoire qui
s'équilibre rapidement par rapport à la perte de 5 000 000 $ que
vous évaluez. En effet, vous avez été très franc en
disant: C'est carrément parce que cela coûtait de l'argent et
qu'il fallait en récupérer qu'on a éliminé les 5
000 000 $, indépendamment de l'habitude que vous nous indiquez dans vos
théories, à savoir que ces évaluations doivent être
faites et que, à un moment donné, on doit les mettre dans le
plateau de la balance et dire: Laquelle des deux prenons-nous?
Je comprendrais, M. le ministre de l'Éducation, que vous ne soyez
peut-être pas en mesure de me donner cela aujourd'hui, mais j'aimerais
que vous puissiez faire connaître cette information aux membres de cette
commission et à celui qui vous parle dans la perspective, d'abord, de
montrer que cela a été regardé chez vous et que vous savez
très bien qu'en éliminant ces 5 000 000 $, il y a peut-être
un coût de vieillissement du système de 5 000 000 $, 6 000 000 $,
7 000 000 $ ou 8 000 000 $. Je ne porterai pas de jugement; avant d'en porter,
j'aimerais avoir cette évaluation. Je pense qu'elle serait
sûrement utile pour nous permettre de vous soumettre
éventuellement des suggestions concernant certaines décisions qui
doivent être prises. En tout cas, je vous le demande.
M. Ryan: M. le Président, je prends note des observations
du député. Je pense que ce sont des observations constructives
qui méritent d'être approfondies. Je voudrais ajouter seulement un
élément à la discussion. Quand nous avons pris la
décision de laisser tomber la préretraite, nous avions
également à l'esprit les conséquences anticipées du
nouveau mode de rémunération pour les mis en
disponibilité, les 80 % et les 50 %. Nous nous sommes dit qu'avec ce
mode de rémunération des vacances se créeraient plus vite
au milieu de l'échelle. Cela permettra de faire de la place et, à
ce moment, les gens avanceront dans le système. Peut-être est-il
moins nécessaire d'avoir l'autre mesure à l'autre bout de la
ligne.
Je prends note de tout ce que vous avez dit. Je pense pouvoir vous dire
que ce n'est pas le point sur lequel on fera casser la négociation.
D'accord?
L'éducation des adultes
M. Gendron: D'accord. Une question rapide concernant
l'éducation des adultes. Vous savez que, depuis plusieurs années,
c'est un secteur en évolution constante, en termes
d'intérêt pour les Québécois et les
Québécoises, peu importe leur niveau de recherche, de
scolarité ou leur âge tout court, compte tenu aussi de certaines
mesures qui ont été développées par le ministre de
l'Éducation quant à l'insertion professionnelle des jeunes, toute
la question du retour à l'école. Il ne m'a pas semblé,
mais je puis me tromper, que, dans l'offre que vous avez déposée
récemment, il y a eu ce que j'appellerais une adaptation pour le secteur
de l'éducation des adultes. Depuis plusieurs années, les
intervenants demandeurs souhaitent que ce secteur soit regardé d'une
façon particulière puisqu'on l'a toujours titré, dans les
documents de la CUQ ou autres,
sous la rubrique des emplois précaires, de ceux où la
précarité est plus grande pour toutes sortes de raisons.
Je ne veux pas faire l'ensemble de l'analyse, mais, M. le ministre, il
me semble que, traditionnellement, il ne faut pas faire des dépôts
qui n'ont aucune adaptation par rapport à l'évolution de ce
secteur. S'il est un secteur qui est en évolution ces dernières
années, c'est sûrement celui-là. Encore là, puisque,
souvent, il est important de citer Dieu le Père, vous avez fait de
nombreuses déclarations à ce sujet, depuis plusieurs
années, en disant que c'était un secteur qui avait
évolué. Dans ce sens, le moment serait sûrement venu, et ce
serait apprécié, de faire un dépôt qui tienne compte
de cette évolution des choses.
J'ai lu attentivement ce qu'on a à se mettre sous la dent, parce
qu'il y a peut-être des documents qui vous arrivent, de temps en temps,
en dessous de votre bureau qui en contient plus qu'on n'en a. Je comprends
ça, mais, selon ce qu'on a vu dans le secteur de l'éducation des
adultes, il ne m'apparaît pas que cette adaptation à
l'évolution de ce secteur ait été faite. Pensez-vous que,
prochainement, vous aurez d'autres éléments à mettre sur
la table, plus particulièrement concernant le secteur de
l'éducation des adultes?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: L'autre soir, lorsque nous avons rencontré des
représentants de la Centrale de l'enseignement du Québec, ils
nous ont soumis une liste des points auxquels ils attachent une importance
particulière dans la négociation en cours. Parmi ces points, il y
a l'éducation des adultes. Cet intérêt pour
l'éducation des adultes est relativement récent de la part de la
partie syndicale. Je me rappelle que, quand on a discuté des
décrets en 1982-1983, nous qui étions dans l'Opposition à
l'époque avions fait des représentations à propos de
certaines dispositions clés des décrets traitant de
l'éducation des adultes et nous n'avons pas eu une participation
très très dynamique de la part des centrales syndicales. Elles
nous appuyaient plutôt du bout des lèvres et elles passaient
ensuite à d'autres sujets.
Je crois que cet intérêt s'est développé
depuis et que les centrales syndicales se rendent compte, à juste titre,
qu'il y a des possibilités de développement du côté
de l'éducation des adultes, ce qui pourrait même aider pour le
problème de la surabondance d'effectifs enseignants que nous avons. Ils
reconnaissent que cela demande une préparation spéciale, etc. On
voit qu'il y a une ouverture de ce côté-là qui, à
mon point de vue, doit être accueillie d'une manière très
positive.
Je crois me souvenir que, dans l'hypothèse de règlement
à laquelle avait été associé le
député d'Abitibi-Ouest, on prévoyait la formation d'un
comité mixte pour étudier la question des statuts
précaires, comme il les a appelés tantôt. Cette notion
indique qu'on n'était pas très avancé dans la mise au
point de solutions précises. Je peux assurer le député
d'Abitibi-Ouest que, d'une part, nous sommes extrêmement conscients du
défi qui se pose à nous dans le développement de
l'éducation des adultes et que, d'autre part, l'association des
enseignants au développement de l'éducation des adultes est un
sujet qui nous intéresse au plus haut point et sur lequel nous sommes
intéressés à converser.
Je signale, enfin - je ne sais pas si c'est pour la mémoire ou
pour l'information du député, mais c'est un point qu'il n'a pas
mentionné - que dans le dépôt que nous avons fait, il y a
une proposition qui implique l'élimination du double emploi. Vous savez
que c'est une des revendications fondamentales du mouvement syndical en ce qui
touche l'éducation des adultes. On ne veut pas qu'il y ait des gens qui,
en plus d'avoir leur emploi le jour, viennent occuper des emplois le soir ou
à d'autres moments pendant qu'il y en a qui sont sur le carreau et qui
n'ont rien à faire. Sur ce point-là, dans notre
dépôt, c'est un point absolument fondamental, nous avons une
proposition qui vise à l'élimination du double emploi.
M. Gendron: C'était contenu dans l'hypothèse de
règlement. Je vous l'ai dit tantôt: Chaque fois que vous partez de
l'hypothèse de règlement, vous êtes sur la bonne piste.
C'est parce que vous avez trop oublié l'élément de
l'hypothèse de règlement.
M. Ryan: Non, je n'ai jamais rien dit contre l'hypothèse
de règlement, à ma souvenance. (20 h 30)
M. Gendron: Je n'ai pas dit que vous aviez dit des choses
contre.
Congés de maladie
Dernière question, M. le ministre, puisqu'il y a des
collègues qui veulent poursuivre sur autre chose et je pense que c'est
important de le faire puisqu'il n'y a pas seulement ce volet, mais il
m'apparaissait important de le couvrir. Ma dernière question va porter,
M. le ministre de l'Éducation, sur l'endroit où, à ma
connaissance, la récupération n'est peut-être pas la plus
forte en termes d'évaluation financière, mais sûrement la
plus forte en termes de visibilité et de récupération de
droits acquis: c'est au niveau de la couverture des congés de maladie
annuels, peu importe la formule, monnayable ou une
banque. Je vais vous poser une seule question parce que c'est
très simple à comprendre. Il y avait sept jours et vous en offrez
cinq. Ils en demandent dix. Ma question n'est pas sur cela. Est-ce que vous
pourriez déposer aux membres de cette commission des chiffres indicatifs
sur l'utilisation qui a été faite par les enseignants du primaire
et du secondaire de ces banques de congés de maladie sur la base des
cinq dernières années et, peut-être, indiquer
immédiatement à cette commission quelle était en moyenne
l'utilisation qui était faite de la banque de sept jours? C'était
l'épuisement de la banque, c'était neuf jours, trois jours,
quatre jours? J'aimerais avoir des données à ce sujet pour qu'on
puisse se faire notre propre jugement au-delà de votre décision
de réduire de sept à cinq jours. Ça serait utile, dans les
débats futurs, que nous puissions avoir cet éclairage comme
parlementaires pour éventuellement apprécier nous-mêmes
s'il s'agissait là d'une décision sous le couvercle ou non de la
pertinence à ce moment-ci?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce que le
ministre de l'Éducation est en mesure de nous fournir ces
renseignements?
M. Ryan: Non, mais je suis en mesure de fournir une
répqnse.
M. Gendron: Je voudrais vous rappeler, M. le ministre, que j'ai
demandé deux choses. Premièrement, je voudrais que ces
informations soient communiquées aux membres de la commission de
l'éducation sur la base des cinq dernières années en
termes d'utilisation de la banque des congés de maladie par les
enseignants du primaire et du secondaire et indiquer à cette commission,
présentement, l'utilisation moyenne pour la dernière
année...
M- Ryan: M. le Président, c'est exactement ce que j'allais
faire. Nos pensées se sont croisées.
M. Gendron: Alors, faites-le donc!
M. Ryan: J'attends la permission du président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre de
l'Éducation, nous vous écoutons.
M. Ryan: Tout d'abord, à la demande faite par le
député d'Abitibi-Ouest, la réponse est positive. Nous
pourrons fournir aux membres de cette commission, au cours des prochains jours,
un tableau résumant l'utilisation des congés de maladie au cours
des cinq dernières années, y compris, évidemment, la
dernière.
J'ajoute à ceci que les données, pour la dernière
année, indiquent qu'il y a eu évolution. Vous savez que le
régime a changé à la suite du rapport Désilets.
Peut-être qu'il y en a à cette commission qui ne s'en souviennent
pas aussi bien que le député d'Abitibi-Ouest. Entre
parenthèses, je ne sais pas si on a ici... C'est parce qu'on a
soulevé une question cet après-midi, je voudrais juste faire une
petite illustration parce que, à un moment donné, le
député d'Abitibi-Ouest a dit. Le ministre de l'Éducation
approuve aujourd'hui ce qu'il condamnait il y a trois ou quatre ans. Je
voudrais juste rappeler au député d'Abitibi-Ouest que le
décret que nous avons condamné, c'est ceci... Les amendements qui
ont été apportés par la suite, c'est tout ceci, c'est
à peu près les deux tiers de la somme qu'il y a là. Nous
autres, ce que nous sommes prêts à travailler, c'est ce qui a
été amélioré par la suite, pas le décret
dans son état brut, où il a été adopté par
un coup de force du gouvernement à l'époque. Maintenant, cela
c'est une parenthèse que je referme, M. le Président, sans
malice.
Depuis les accords Désilets qui ont suivi l'adoption de la loi
111, le régime était le suivant: sept jours de congé de
maladie par année avec rémunération à 100 % pendant
les sept premiers jours de l'absence et, ensuite, assurance-salaire à 85
%, la première année, et 66 2/3 %, la deuxième
année. Les jours non utilisés parmi les sept jours de
congé rémunérés à 100 % n'étant pas
monnayables. Je veux dire que, lorsque l'année est finie, s'il y a trois
jours que l'enseignant n'a pas utilisés, ils ne sont point
remboursables.
Dans nos offres, nous offrons cinq jours de congé de maladie par
année avec salaire à 75 % pendant les cinq premiers jours et
assurance-salaire, par la suite, à 70 %. Les jours non utilisés
parmi les cinq qui sont accordés deviendraient monnayables à 70
%. Ce qui nous a incités à faire cette proposition, c'est le
résultat que nous avons observé du régime institué
en 1983. Avant le régime que j'appelerais Désilets, pour ne dire
rien de négatif à propos de M. Désilets, qui est un
conciliateur formidable dont j'ai joui de la coopération à deux
reprises dans des conflits qui affectaient le monde scolaire ces derniers
temps, qui a fait un travail exceptionnellement valable, avant l'application du
rapport Désilets, le taux d'absentéisme des enseignants pour
raison de maladie était à peu près de 3,5 jours par
année. À ce moment-là, à la fin de l'année,
s'ils ne prenaient pas les jours de maladie, cela était remboursable.
Depuis l'instauration du nouveau régime, le taux d'absence annuelle est
passé à peu près à 6,8 %, cela veut dire
près de 7 jours par année. Cela a doublé. On s'est dit:
Cela n'a pas de bon sens que cela ait doublé comme cela, cela ne se peut
pas qu'il y ait eu tant de monde malade à ce point-là.
Très souvent, on a
observé dans les écoles, suivant les rapports que nous
avons eus, que les absences intervenaient plus souvent le vendredi ou le lundi
que d'autres jours de la semaine. Il y avait toutes sortes de
coïncidences. Quant on traite des milliers de cas, on fait toute une
série de constatations. Dans les périodes de chasse, c'est un peu
plus abondant que dans les périodes de stagnation de la faune.
Alors, devant cela, on s'est dit: II faut faire quelque chose. Et c'est
ce qu'on a fait. Il y a de très bonnes raisons pour justifier la
proposition que nous avons faite et ceci ne doit pas être
interprété comme signifiant de ma part que je trouve que la
proposition n'est aucunement perfectible. Nous avons mis cela sur le tapis pour
dire exactement comment nous réagissions à ce moment-là.
Mais ce sont des choses qui sont mises sur la table, évidemment; cela
fait partie de la négociation globale. Nous avons eu toutes sortes de
représentations à ce sujet depuis, mais je pense que la
justification qui sous-tend cette proposition découle strictement des
chiffres auxquels j'ai fait allusion et dont nous vous donnerons le
détail au cours des prochains jours.
M. Gendron: Alors...
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député d'Abitibi-Ouest, je vous reconnais sur la
parenthèse.
M. Gendron: Oui, sur la parenthèse. Quant à la
récente illustration du ministre de l'Éducation, je veux
seulement lui indiquer que l'un et l'autre sont nos oeuvres et, à
préférer l'un ou l'autre, nous préférons nous aussi
ce qui est non imprimé qui est correction au rapport Désilets et
au comité mixte et ainsi de suite.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. Je
reconnais la députée de Groulx.
Mme Bleau: Dans une de mes commissions scolaires du comté
de Groulx, la moyenne d'âge des enseignants est assez
élevée. J'en connais plusieurs qui devaient l'année
prochaine ou l'année suivante prendre une préretraite et
créer à ce moment-là des ouvertures pour les plus jeunes.
Je n'ai pas entendu toute votre réponse tout à l'heure car j'ai
dû m'absenter quelques minutes. Est-ce que votre décision de ne
plus avoir la préretraite est une décision définitive?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre de
l'Éducation.
M. Ryan: M. le Président, connaissant pour l'avoir
expérimenté à plusieurs reprises l'intérêt
très réel de la députée de Groulx pour les
questions de l'éducation et en particulier pour le bien-être des
enseignants, je puis l'assurer que toutes les représentations qu'on nous
fait à l'occasion de cet échange de vues seront l'objet d'un
examen attentif de ma part et de la part de mes collaborateurs.
Une voix: ...
M. Ryan: Attendons la fin.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Jacques-Cartier.
Enfants en difficulté d'apprentissage
Mme Dougherty: Je reviens à mon sujet favori. J'aimerais
demander au ministre, à l'égard des enfants en difficulté
d'apprentissage, si le MEQ encourage l'expérimentation et l'innovation
à l'égard des modèles d'intervention sur le plan de
l'organisation ainsi que sur le plan pédagogique, dans le secteur de
l'éducation spécialisée.
M. Ryan: Est-ce que... Je n'ai pas bien compris la question.
Est-ce qu'elle porte sur le nouveau mode d'allocation des ressources?
Mme Dougherty: Non. Cela touche la recherche. Je me demande si le
ministère encourage l'expérimentation et l'innovation a
l'égard des modèles d'intervention. Vous savez, il y a plusieurs
modèles, en ce qui concerne la pédagogie des enfants
arriérés, par exemple. A l'égard des modèles
d'intervention qui touchent... En ce qui concerne notre politique
d'intégration scolaire, la normalisation des enfants... Je parle de la
recherche sur les modèles et de la recherche sur les différentes
méthodes ou modes d'enseignement. Je pose cette question parce que je me
demande si le gouvernement donne vraiment assez de leadership en ce qui
concerne la pédagogie des enfants en difficulté. Le nouveau
régime pédagogique n'est pas approprié, les objectifs du
régime ne sont pas appropriés aux talents et capacités de
beaucoup d'enfants dans nos écoles. J'ai l'impression que
peut-être les écoles sont laissées à leur propre
créativité, leurs propres ressources. Il y en a quelques-unes qui
font du bon travail à cet égard mais il y en a d'autres qui
manquent de leadership. Je demande au ministre si le gouvernement encourage
d'une façon systématique l'expérimentation et l'innovation
en ce qui concerne l'enseignement à ces enfants.
Je m'intéresse particulièrement à la
possibilité de modèles où l'on utilise un personnel
diversifié, surtout pour une certaine catégorie
d'élèves. Je sais très bien que les syndicats s'opposent
à une plus grande diversification mais, si on pense à la
qualité de l'éducation, à la qualité
d'intervention au point de vue de l'enfant, il me semble qu'il y a
beaucoup de modèles que nous n'avons pas assez explorés. Je me
demande si le gouvernement donne le leadership, une espèce
d'expérimentation de modèles différents, de modèles
sur le plan des ressources humaines et sur le plan des pédagogies
différentes. Parce que, si je comprends bien, il n'y a pas vraiment une
pédagogie, un programme officiel pour ces enfants. Les commissions
scolaires sont laissées à leurs propres ressources, à
leurs propres idées, pour inventer le programme pour ces enfants. Parce
que souvent on trouve que l'on utilise une espèce de "watered down"
régime pédagogique qui n'est pas approprié aux talents de
ces enfants.
Alors, quel est le rôle, quelle est l'intention du gouvernement
à l'égard de ce leadership dont on a tellement besoin pour le
développement des programmes pour ces enfants? Et je parle de ces
enfants de façon globale. Je parle des enfants qui ont vraiment besoin
d'un programme, d'une approche différente.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: M. le Président, est-ce que vous permettriez que
M. André Rousseau, qui est sous-ministre adjoint en charge des
réseaux scolaires, donne un commencement de réponse à
cette question, après quoi j'ajouterai quelques observations?
Le Président (M. Parent, Sauvé):
Consentement. M. Rousseau. (20 h 45)
M. Rousseau (André): Mme la députée de
Jacques-Cartier fait certainement état au point de départ des
nombreux projets expérimentaux pour les modèles de services
diversifiés qui ont fait l'objet d'un développement il y a deux
ou trois ans. Il y avait environ une centaine de projets et cela
résultait et du rapport COPEX et de la politique de l'enfance en
difficulté. Ces projets ont généralement amené les
commissions scolaires à devoir engager des ressources
supplémentaires pour pouvoir répondre aux besoins très
particuliers de toutes les catégories d'enfants. Ces ressources
supplémentaires ont généralement été
maintenues à l'intérieur des budgets des commissions scolaires,
au moins pour la partie des enseignants.
Par rapport aux populations scolaires qui nécessitaient une plus
grande diversité de services, et dont vous faites état plus
particulièrement, la mission qui regroupe le ministère de
l'Éducation et le ministère de la Santé et des Services
sociaux a élaboré des plans d'intervention qui ont
été expérimentés pour les cas de déficience
mentale ou de personnes handicapées au plan intellectuel, pour les cas
de déficience sensorielle ou de personnes handicapées au plan
sensoriel et pour les cas de mésadaptation socio-affective grave. Ces
plans sont expérimentés dans quelques régions du
Québec actuellement. Le ministère de l'Éducation favorise
évidemment cette expérimentation. Il faut bien voir qu'il y a
absolue nécessité d'avoir une grande concertation avec le
ministère de la Santé et des Services sociaux, puisque, quand
nous parlons de services diversifiés, il faut récupérer
certaines ressources qui sont plutôt dans le réseau des CLSC ou
dans le réseau des CSS. C'est dans cet esprit que ces projets
s'élaborent actuellement et c'est dans cet esprit qu'ils sont
favorisés.
Nous avons une nouvelle population dans nos écoles, puisque nous
avons dénombré environ 950 élèves que nous appelons
déficients moyens ou personnes très très lourdement
handicapées qui vivaient à peu près tous, il y a à
peine deux ou trois ans, dans des institutions du réseau des affaires
sociales. Là aussi nous encourageons un certain nombre de projets
expérimentaux, non pas pour favoriser l'intégration scolaire,
mais pour favoriser l'amorce de services éducatifs à ces enfants
qui n'en recevaient pas avant qu'ils ne soient accueillis à
l'intérieur du réseau scolaire. Aussi dans le même Ordre
d'idées, dans le cadre d'une politique d'adaptation pédagogique
pour les élèves qui ont plus de difficulté au niveau
secondaire, le ministère encourage cette année les commissions
scolaires à bâtir des projets particuliers répondant aux
besoins des enfants dans le cadre de ce que l'on appelle les plans de services
particuliers aux élèves, c'est à dire des cheminements
particuliers pour les élèves. Nous investissons cette
année environ 200 000 $ sur les 300 000 $ de budget de recherche que
nous avons pour cette population.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M.
Rousseau.
Mme Dougherty: Si je comprends bien, il y a un budget
spécial accordé à ce secteur, pour la recherche. Ce n'est
pas uniquement la volonté des commissions scolaires d'accorder un
certain montant de leur budget global.
M. Rousseau: Pour les cheminements particuliers. Ce sont les
projets qui ont été privilégiés pour l'année
en cours 1985-1986 et le ministère a investi 200 000 $ sur ses 300 000 $
de budget pour fins de recherche, à ce type de projet.
Mme Dougherty: Est-ce qu'il y a un effort systématique de
diffuser les résultats de cette expérimentation? J'ai
l'impression quelquefois qu'il y a quelque chose de valeur
qui se passe dans une commission scolaire X, mais les gens de la
commission scolaire Y ne sont pas informés. Est-ce qu'il y a un effort
de la part du MEQ de diffuser les résultats prometteurs aux autres
commissions scolaires?
M. Rousseau: Vous avez bien raison, il s'agit-là d'un
problème qu'on tente de solutionner, c'est-à-dire que les projets
sont diffusés mais, cependant, les commissions scolaires sont devant des
situations tellement diversifiées qu'il y a lieu, sûrement, de
créer des carrefours pour pouvoir amener une convergence de tous ces
projets-là. Vous avez tout à fait raison, c'est une question
importante qu'il faut développer.
Mme Dougherty: Et une dernière question sur les enfants en
difficulté. Si j'ai raison, les enfants qui ne peuvent pas avoir leur
diplôme ordinaire, il n'y a pas de certificat spécial pour les
enfants spéciaux. Et je me demande si le gouvernement a
considéré l'établissement d'un certificat spécial
pour les enfants en difficulté d'apprentissage pour reconnaître
officiellement leurs accomplissements.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Rousseau: Actuellement, ces élèves
reçoivent une attestation de scolarité pour tous les cours
suivis. Ils obtiennent évidemment une attestation des cours qui ont
été suivis dans les commissions scolaires. Mais, vous avez
raison, ce n'est pas une attestation officielle provenant du ministre de
l'Éducation.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M.
Rousseau, on vous remercie beaucoup. Je reconnais maintenant le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Juste une minute, M. le Président.
M. Ryan: M. le Président.
M. Jolivet: Je pense que le ministre avait des choses à
dire, mais pour répondre à une demande qui m'a été
faite par le député de Rousseau, je lui rappelle que s'il prend
une partie rapide, comme il m'a dit, il n'y a pas de problème.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, si le
député de Rousseau demande la parole au président,
peut-être que je la lui accorderai. M. le député de
Rousseau, nous vous écoutons.
M. Thérien: Merci, M. le Président, ainsi que M. le
député de Laviolette. Une dernière question sur la
convention. Je voudrais juste réaffirmer, M. le ministre, pour
résorber un petit peu les disponibles et aussi pour apaiser mon
collègue d'Abitibi-Ouest... Est-ce que, dans les offres - il semble
calme - on a des mesures qui favorisent le temps partiel et le temps
partagé, des mesures incitatives par lesquelles les enseignants
pourraient adopter une façon ou une autre d'enseigner à temps
partiel ou séquentiel? Si oui» il y a un problème
supplémentaire à savoir que certaines conventions locales
désapprouvent ce genre...
C'est difficile de mettre en pratique le temps partagé dans
certaines commissions scolaires, mais je voudrais savoir si, dans les offres,
il y a des mesures qui favorisent le temps partiel et le temps
partagé?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre de
l'Éducation.
M. Ryan: En vertu de la loi 37, c'est un sujet qui relève,
par certains aspects, de la négociation nationale et, par d'autres, de
la négociation locale. Par conséquent, le problème ne peut
pas être réglé entièrement au plan national. Du
côté du ministère, nous encourageons des formes
d'aménagement du travail dont vous parlez. Elles sont en vigueur dans
plusieurs endroits et nous sommes intéressés à les
développer davantage dans la mesure, évidemment, ou cela peut se
faire en conformité avec les exigences des conventions collectives.
Il peut arriver que, dans la partie qui relève de la
négociation locale, des difficultés particulières se
présentent dans certains endroits, tandis que, dans d'autres, on trouve
des conditions plus favorables. Nous avons énoncé, à
plusieurs reprises, notre intention de faire la négociation actuelle
avec la loi 37, sans que nous pensions pour cela qu'elle soit parfaite, loin de
là. Nous sommes arrivés au pouvoir sur le tard. Les
échéances nous attendaient.
Vous savez qu'il fallait faire le dépôt, selon la loi 37
comme elle était, le 31 décembre. On l'a modifiée pour
différer de deux mois, mais on ne voulait pas engager un processus de
révision de la loi à ce moment-là. Alors, nous marchons
avec la loi et nous avons laissé entendre bien clairement à la
partie syndicale qu'il n'est pas question de modifier la loi pendant que la
négociation actuelle est en cours.
Cela dit, je tiens à ajouter que la loi actuelle nous crée
de gros embarras, surtout au point de vue du partage des matières de
négociation. J'ai été étonné que cela n'ait
pas été soulevé dans l'interrogatoire qui a
été conduit de manière magnifique par le
député d'Abitibi-Ouest. Je crois que c'est un autre rejeton d'une
ancienne époque. Il va falloir que des arrangements soient
aménagés, des passerelles de communication
soient aménagées pour que les gens se parlent sans se
river à la lettre de la loi 37 pour arriver à des arrangements
qui permettent d'avancer un petit peu. Or, dans la perspective de ce que vous
dites, on va retenir ce problème-là. On va essayer d'en parler
à nos partenaires des commissions scolaires pour qu'ils cherchent
à créer chez leurs associés des attitudes positives. Dans
la mesure où cela relève du plan national, c'est
déjà acquis, nous favorisons cette orientation.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous remercie
beaucoup, M. le ministre. Je reconnais le député de
Laviolette.
M. Jolivet: M. le ministre, je voudrais revenir à la
question qu'on a laissée en plan avant de passer au programme 2 en vous
disant cependant en préavis pour demain que j'aurai des questions qui
concernent des réponses que vous avez données aujourd'hui sur le
double emploi, que je trouve intéressantes. Je voudrais davantage
creuser cette question. Il y a aussi l'enseignement professionnel, le
problème qu'il y a pour les enseignants de ce niveau, à cause de
la diminution de la clientèle, de faire leur perfectionnement et la
difficulté qu'ils ont de pouvoir se classer à nouveau dans un
système différent, celui d'enseignants qui se trouvent dans
l'enseignement général.
J'ai aussi une remarque qui est la suivante, à savoir la
façon de régler les mises en disponibilité, les surplus de
personnel. J'ai cru comprendre, à moins que j'aie mal entendu, que la
façon de le faire, c'est en diminuant les sommes disponibles pour la
première et la deuxième année de la mise en
disponibilité, donc, une forme de pénalisation qui oblige - en
tout cas, c'est ce que je crois comprendre - des gens à partir plus
rapidement et à laisser l'espace à d'autres.
D'un autre côté, il y a un facteur aussi qui a permis et
qui va permettre, je l'espère, la diminution de ces personnes mises en
disponibilité par le règlement qui est survenu et qui avait
été complété par les deux gouvernements, l'ancien
et le nouveau, le nouveau qui a réglé tout dernièrement la
question de la pension pour les ex-religieux, qui ont obtenu une réponse
favorable au bout de la course.
Compressions budgétaires (suite)
Mais revenons aux compressions de cet après-midi. J'ai
demandé à M. le ministre de me donner lequel des documents
était officiel, les deux documents du Conseil du trésor. Je n'ai
pas eu de réponse verbale encore, mais j'ai reçu un document
qu'il nous a fait parvenir, tel qu'il nous l'avait proposé et qui a
été distribué à chacun des membres de cette
commission avant la suspension des travaux, à 18 heures, et qui indique
que l'ensemble des compressions, c'est un montant de 36 800 $, si j'ai bien
compris le document qui nous a été donné. J'aimerais que
le ministre me dise si j'ai bien de penser que le document qui a
été déposé au mois de mars dans les crédits,
c'était bien celui-là, et non le deuxième document qui a
été déposé jeudi passé. Après cela,
j'aurai des questions à poser.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Avant de donner la
parole au ministre de l'Éducation, pour la transcription des
débats, je déclare officiellement déposé le
document qui a été distribué cet après-midi et qui
a pour titre: "État des compressions", émanant du
ministère de l'Éducation et ayant pour grand titre: "Revue des
programmes 1986-1987."
M. le ministre de l'Éducation.
M. Ryan: M. le Président, je ne me souviens pas que nous
ayons jamais reçu, du temps où j'étais dans l'Opposition,
de documents aussi précis et complets que celui que nous avons
déposé cet après-midi pour l'information de nos
collègues de la commission. J'aurais aimé recevoir des
compliments a ce sujet, mais je sais que ce n'est pas de bonne guerre pour
l'Opposition de faire des compliments francs au gouvernement. (21 heures)
Ceci dit, c'est vrai qu'il y avait une légère
difficulté dans les documents du Conseil du trésor par rapport
aux données que nous avons présentées, nous, à la
commission, ici. Je vais essayer d'expliquer au député en quoi
consiste la difficulté. Je pense qu'on va pouvoir régler le
problème dans cinq minutes. Je crois que c'était tout simplement
un problème de chiffres qui n'avaient pas été
placés tout à fait au même endroit dans les tableaux. Je
vais vous l'indiquer non pas avec facilité, mais avec, j'espère,
clarté. Vous avez un poste, à la page 2, Compressions aux autres
personnels et autres coûts, dans le document que nous vous avons
donné, qui indique en année scolaire des compressions totales de
13 500 $ et en année financière des compressions de 9 450 000 $.
Dans le document du Conseil du trésor, on mettait seulement 6 700 000 $
ici. Si vous allez plus bas, au poste Autres allocations, pour la
différence, dans le document du Conseil du trésor, là
où nous mettons 2000 $, on mettait 4 200 000 $, et l'autre, c'est 1 400
000 $, c'est la même chose dans les deux cas.
Très bien. Selon notre document à nous, c'était 1
400 000 $ et, selon le document du Conseil du trésor, c'était 4
200 000 $ ici. La différence est dans ces deux postes,
mais c'est le même montant finalement. L'addition totale ne
présente pas de différence. C'est seulement une façon de
placer les chiffres différemment, pas autre chose. Évidemment,
dans cette question-ci, c'est le classement du ministère de
l'Éducation qui fait autorité parce que la discipline que nous
avons observée, comme je l'ai dit cet après-midi, le Conseil du
trésor fixait une cible générale et même, vous en
avez sans doute fait l'expérience quand vous étiez au pouvoir,
cela permettait de brouter un peu dans l'herbe du voisin, de faire des
suggestions, mais étant bien entendu que le ministère restait
responsable de déterminer ses choix à l'intérieur du
respect de la cible générale qui avait été
fixée. Alors, il a pu arriver que le Conseil du trésor mette un
chiffre sur une ligne au lieu de sur l'autre, mais celui qui est fiable
à ce moment-ci est celui que nous vous donnons dans notre tableau. Mais
là, je pense qu'on a au moins concilié des chiffres. Il y avait
une autre différence de 3 300 000 $ dont j'ai rendu compte cet
après-midi. C'était le montant relatif aux commissions scolaires
du nord.
M. Jolivet: Si je comprends bien le ministre - parce qu'avec les
chiffres qu'il nous donne il essaie de concilier l'ensemble -quant au document
qui nous a été présenté dans les crédits,
à la fin de mars, un document à part des autres, mais qui donnait
le montant de la compression pour l'année 1986-1987, c'est donc
réel de parler de 18 200 000 $ de compression pour la révision du
mode de calcul de la subvention de fonctionnement pour l'ensemble
préscolaire, primaire et secondaire public; d'une compression, et cela
il nous l'a dit ce matin de façon plus précise, de 9 100 000 $
sur la révision du mode de calcul de la subvention de fonctionnement
pour l'éducation des adultes; troisièmement, d'une
rationalisation interne et autres mesures de l'ordre de 6 200 000 $. Il a
ajouté qu'il y avait une erreur de 3 300 000 $ qui était la
question des commissions scolaires du nord et qui faisait un total de 36 800
000 $. Je comprends que cela est le document officiel, réel et c'est sur
cela qu'il faut se baser pour poser nos questions.
M. Ryan: Ce document-ci qui s'étale comme ceci.
M. Jolivet: J'arrive au même chiffre de 36 800 000 $. Ce
que je veux savoir, c'est qu'on dit Rationalisation interne et autres mesures:
6 200 000 $. Dans votre document, vous l'avez explicité, si j'ai bien
compris, c'est cela que je veux savoir, les 6 200 000 $ dont il a
été question à l'intérieur des chiffres dans
Rationalisation interne et autres mesures, puisqu'il paraît sur un
document officiel et que cela nous a été confirmé lors des
dépôts du président du Conseil du trésor...
M. Ryan: Regardez, nous...
M. Jolivet: Oui, je vous écoute.
M. Ryan: Le document qui fait foi des choix que nous avons faits
et qui s'appliqueront en 1986-1987 est celui que nous vous avons remis cet
après-midi.
M. Jolivet: D'accord.
M. Ryan: Le montant total est le même...
M. Jolivet: Le montant de 36 800 000 $.
M. Ryan: ...dans notre document en année financière
autant qu'en année scolaire, d'ailleurs, que pour le Conseil du
trésor moyennant l'ajustement de 3 300 000 $ dont nous avons
parlé. Pour les postes qui ont pu être intervertis ou les montants
qui ont pu être affectés à d'autres postes dans le document
du Conseil du trésor, je pense que vous êtes mieux de vous fier
aux chiffres que nous vous avons présentés. Pour nous, le montant
de la rationalisation au programme 1, c'est 3 000 000 $.
M. Jolivet: La raison pour laquelle je posais la question, M. le
ministre, c'est parce que dans les mêmes documents que nous avions, il-
était question, et cela a été confirmé par la
formule informatisée, pour l'Enseignement supérieur et la
Science, d'un montant qui était bon sur les 2 documents. Donc, cela nous
a amenés à poser la question. On nous confirme que le document
sur lequel nous avons travaillé, c'est celui que vous avez
déposé cet après-midi, qui ne comprend pas de
rationalisation interne et autres mesures autres que celles qui sont inscrites
là et qu'il faut vérifier, c'est ça?
M. Ryan: Dont je suis assuré qu'il fera autorité
auprès du Conseil du trésor.
M. Jolivet: Parfait. Donc, la question que je vais poser...
Pardon?
M. Ryan: II a été approuvé par le Conseil du
trésor ce document-là, ce matin.
M. Jolivet: D'accord. Donc, quand on va à la page 2, que
vous avez mentionnée tout à l'heure, Compressions aux autres
personnels et autres coûts, vous parlez pour l'année
financière d'une compression de 9 450 000 $. Dans le document qui a
été présenté par le Conseil du trésor,
à la page 45, document qui se retrouve dans les renseignements
supplémentaires aux crédits
du 25 mars 1986, on indique qu'en 1986-1987 - les crédits
prévus pour le fonctionnement du secteur des jeunes et des adultes sont
de 2,1 % supérieurs aux dépenses probables pour l'année
1985-1986. Cet écart s'explique principalement par la variation de
certains paramètres: vieillissement des personnels, non-indexation des
dépenses relatives aux enseignants et autres personnels, et autres
coûts. Faut-il comprendre que dans les compressions prévues ici
les 9 450 000 $ sont le même montant ou si cela s'ajoute aux chiffres
déposés?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre de
l'Éducation.
M. Ryan: C'est compris.
M. Jolivet: L'autre question concerne le resserrement des ratios
d'enseignants. Vous parlez de 2 450 000 $. Au niveau du resserrement des ratios
d'enseignants, j'aimerais avoir quelques explications. Qu'est-ce que vous
présentez? Est-ce que c'est dans la proposition que vous allez faire,
que vous avez faite? Est-ce que c'est des ratios qui sont comprimés
cette année? Qu'est que cette compression vient faire dans le
portrait?
M. Ryan: C'est un écart que nous observons à
l'expérience entre, d'une part, le nombre des enseignants et des
rémunérations calculées selon la tâche, tel que
défini par des conventions collectives, et, d'autre part, les
subventions consenties aux commissions scolaires selon les règles de
financement. Ii y a un peu d'écart qui se produit parce qu'on ne peut
pas arriver à une précision mathématique en prenant
seulement un des deux facteurs. Dans tout l'ensemble du système, cela
libère une somme que nous estimons être de l'ordre de 2 450 000 $
en année financière est de 3 500 000 $ en année scolaire.
C'est une somme que nous avons observée d'expérience, que nous
avons pu inscrire là sans que cela n'enlève rien à
personne.
M. Jolivet: Vous prétendez, par le fait même, qu'il
y aura des crédits périmés à cet espace-là
et vous le prévoyez dès maintenant.
M. Ryan: Là, on a comprimé, ça ne restera
pas comme crédits périmés.
M, Jolivet: Donc, vous ne prévoyez pas qu'il y aura des
crédits périmés parce que vous les périmez avant
même qu'ils soient là.
M. Ryan: Pas à ce poste-ci. Il y en aura peut-être
à d'autres. On va essayer d'économiser parce que nous avons
reçu la directive du Conseil du trésor de continuer à
économiser et de ne jamais fixer de frontières définitives
à notre zèle.
M. Jolivet: Je prends bonne note de votre réponse parce
qu'elle signifie que vous périmez avant même que les
crédits le soient...
M. Ryan: Non...
M. Jolivet: ...en vous disant: Nous avons observé que,
d'année en année, il y a un montant de X qui n'est pas
utilisé. On l'enlève en faisant des compressions dès
maintenant.
M. Ryan: Sur ce point précis, nous faisons une
compression.
M. Jolivet: Au sujet des compressions autres coûts - on a
parlé des personnels plus tôt - est-ce que ça fait allusion
pour les commissions scolaires aux coûts additionnels pour les
assurances, le chauffage dans les écoles, les coûts
d'énergie dans les bâtisses?
M. Ryan: Comme vous le savez, dans les règles
budgétaires qui existaient jusqu'à cette année
inclusivement, il y avait trois grandes catégories. Il y avait les
salaires des enseignants, il y avait les autres rémunérations et
il y avait les autres dépenses. Ceci, c'est une compression que nous
allons faire sur les postes 2 et 3, de 1,3 % sur un total d'environ 800 000 000
$, et c'est surtout du personnel. Les prévisions que nous faisons ont
été établies en fonction du taux d'attrition
observé. Cela nous amène à une compression de 9 450 000
$.
M. Jolivet: Est-ce que cela touche la non-indexation pour les
commissions scolaires?
M. Ryan: Le taux d'attrition, dans ces postes-là, est de
1,7 %. Comme vous le savez, pour l'exercice 1985-1986, les autres postes
n'étaient pas indexés. Ils demeurent non indexés en
1986-1987, et il y a la compression qui vient s'ajouter à cela.
M. Jolivet: Est-ce que s'ajoute aussi la non-indexation au point
de vue des assurances et du chauffage, autrement dit dans l'ensemble des
coûts des budgets des commissions scolaires relativement aux
possibilités de tranfert? Oui?
M. Ryan: Maintenant, je vous dirai juste une chose. Nous recevons
beaucoup de correspondance des commissions scolaires. J'en reçois
beaucoup personnellement. Je ne me souviens pas d'un cas où on m'ait
écrit, depuis trois ou quatre mois, pour me parler d'un sujet comme
celui là. On en parle
beaucoup dans les journaux ces temps-ci. Il y a eu sans doute des
réactions quand ils ont examiné les règles
budgétaires nouvelles, mais il n'y a pas de mouvement de ce
côté, je peux vous l'assurer.
M. Jolivet: J'ai une autre question concernant la
sécurité d'emploi. Vous parlez de 2 100 000 $ de compressions au
niveau de la sécurité d'emploi. Est-ce que cela fait partie de
vos propositions aux négociations ou si cela fait partie des
compressions actuelles qui s'ajouteront nécessairement au taux de
compression que vous allez faire dans les offres patronales?
M. Ryan: Non, ce n'est pas lié aux négociations;
c'est lié aux observations que nous tirons de l'expérience des
dernières années. Pour l'année 1985-1986, par exemple, il
y avait un budget de 5 000 000 $ à ce poste, et nous constatons que, de
facto, les dépenses réelles vont avoir été
d'à peu près 3 000 000 $. Alors, c'est une anticipation que nous
faisons que les choses vont continuer suivant le rythme observé. Encore
là, voyez-vous, ce sont des compressions, mais elles n'entraînent
pas nécessairement des diminutions de ressources effectivement
employées pour le fonctionnement des services. C'est l'explication que
vous avez demandée sur ce poste-ci.
M. Jolivet: II y a une autre question qui concerne l'insertion
sociale et professionnelle des jeunes où il y a une compression de 2 800
000 $. Dans les réponses à nos questions que vous nous avez
fournies, à la demande no 7, sur le bilan des dépenses encourues
pour favoriser le retour à l'école des décrocheurs, on
parle de l'enseignement aux jeunes pour un total d'argent
dépensé, en 1985-1986, de 6 885 000 $. Il y a la mesure pour
l'éducation aux adultes qui se chiffre à 2 160 000 $. Il y a
l'ensemble des travaux communautaires qui faisait partie des commissions
participantes, pour 1 166 000 $. Nous parlions, à ce moment-là,
d'un total, pour l'année 1985-1986, de 10 211 000 $. J'aimerais vous
poser une question. Au sujet des 2 800 000 $, est-ce qu'on doit comprendre que
le montant qui avait été dépensé - il semblerait
réellement dépensé pour l'année passée, soit
10 211 000 $, en gros - est-ce que cela veut dire que le budget de cette
année sera de 10 211 000 $ moins 2 800 000 $?
M. Ryan: La compression de 2 800 000 $ que nous faisons, c'est
sur un budget de 8 000 000 $. Cette compression s'appliquera à la
recherche et à l'expérimentation. Elle n'affectera pas les
centres existants.
M. Jolivet: Quand vous parlez de 8 000 000 $, dans les
crédits de 1985-1986, à l'enseignement aux jeunes, l'insertion
sociale et professionnelle des jeunes puisqu'il s'agit de cela, vous avez 6 885
000 $. Quand on va à l'autre, pour l'éducation aux adultes,
toujours dans la même insertion sociale et professionnelle des jeunes, il
y a un montant de 2 160 000 $. On a ensuite le poste des travaux
communautaires, qui s'adresserait à des jeunes et qui est de l'ordre de
1 166 000 $. Cela donnait 10 211 000 $, en gros. Je veux savoir si cette
année ce sera 10 211 000 $ moins 2 800 000 $? Autrement dit, est-ce
qu'on va en mettre moins dans le budget qu'on en a mis l'année
passée, puisque c'est exactement à Insertion sociale et
professionnelle de jeunes dans les documents que vous avez
présentés? (21 h 15)
M. Ryan: Je pense qu'il faut faire attention, quand nous
discutons, de ne point confondre année scolaire et année
financière. Je pense que le montant de 10 000 000 $ dont parle le
député est le montant en année financière, tandis
que nous parlons d'un montant de 8 000 000 $ en année scolaire. C'est
l'inverse.
M. Jolivet: Excusez. Vous parlez de 8 000 000 $ pour
l'année scalaire?
M. Ryan: C'est l'inverse. De 10 000 000 $ pour l'année
scolaire et de 8 000 000 $ pour l'année financière. Là,
nous parlons d'année financière.
M. Jolivet: D'accord. Allons-y d'abord sur la proposition que
vous me faites.
M. Ryan: Oui.
M. Jolivet: C'est encore pire...
M. Ryan: Regardez...
M. Jolivet: ...si c'est cela...
M. Ryan: Non.
M. Jolivet: ...puisque, dans votre année scolaire, vous
parlez de 4 000 000 $.
M. Ryan: Non, non, on parle d'année
financière...
M. Jolivet: Oui.
M. Ryan: ...le plus possible.
M. Jolivet: Écoutez...
M. Ryan: C'est la politique que nous suivons depuis le
début des travaux de la commission.
M. Jolivet: D'accord. Mais je veux bien comprendre. Vous me
dites: Les 10 000 000 $ dont je parle - dans les documents que vous nous avez
présentés -est-ce sur l'année scolaire ou l'année
financière?
M. Ryan: L'année scolaire.
M. Jolivet:Bon. Si c'est 10 000 000 $ sur l'année
scolaire je m'en vais à votre compression budgétaire totale pour
l'année scolaire, vous parlez d'une compression de 4 000 000 $. Je vous
parlais d'une compression de 2 800 000 $ sur les 10 000 000 $; là, vous
me dites que ce n'est pas 2 800 000 $ qu'on va compresser pour l'année
scolaire, mais 4 000 000 $. Donc, c'est encore pire que je pensais.
M. Ryan: Regardez, juste une petite correction. On me dit que,
pour l'année scolaire, c'est 11 000 000 $ et non pas 10 000 000 $. Le
rapport va être sensiblement le même. Je n'ai pas ma calculatrice
avec moi, malheureusement, j'en ai une qui est finie.
M. Jolivet: Bien, écoutez, j'ai fait mes calculs,
j'arrivais à 10 211 000 $ dans les documents que vous avez
présentés. Je parle de ce que vous m'avez donné. Je les ai
eus à 18 heures.
M. Ryan: Peut-être que vous n'avez pas eu le temps de voir
tous les éléments, mais je pense que je peux me fier sur le
chiffre qu'on me donne, à savoir de 11 000 000 $.
M. Jolivet: Si vous êtes capable de faire le calcul, 6 885
000 $, 2 160 000 $ et 1 166 000 $, on va arriver à 10 211 000 $, ce
n'est pas difficile à calculer.
En tout cas, ce que je veux savoir, à moins que vous ne me
donniez d'autres chiffres... Ceux que vous m'avez fournis, cela arrive à
10 211 000 $. Mais, si vous compressez 4 000 000 $, ce que je veux savoir,
c'est: Est-ce que c'est 4 000 000 $ de moins que ce qui a été
dépensé l'année dernière, oui ou non?
M. Ryan: Ce que je vous dis, la compression que nous faisons est
de 2 800 000 $ en année budgétaire, sur un total de 8 000 000
$...
M. Jolivet: C'est cela.
M. Ryan: ...et qui est le même, pour l'année
1986-1987, que ce que nous avons dépensé en 1985-1986.
M. Jolivet: D'accord.
M. Ryan: D'accord?
M. Jolivet: Si on prend ces chiffres...
M. Ryan: Oui.
M. Jolivet: ...les 2 800 000 $, cela veut dire que c'est 2 800
000 $ sur l'année financière de moins par rapport à 8 000
000 $, ce qui veut dire que, l'année prochaine, pour 1986-1987, vous
allez utiliser 5 200 000 $. Je veux donc savoir ce que cela va être.
Est-ce que c'est le nombre de bénéficiaires qui va diminuer?
Est-ce que ce sont les jeunes ou les adultes qui vont diminuer? Qu'est-ce que
c'est?
M. Ryan: Regardez, nous conservons l'enveloppe ouverte pour
l'éducation des adultes. L'enveloppe ouverte a été
instituée l'an dernier, vous le savez. Cela a entraîné une
augmentation considérable des déboursés de ce
côté.
M. Jolivet: D'accord.
M. Ryan: II a fallu recourir à des moyens inusités
pour financer une augmentation de dépenses considérable. On avait
prévu, je pense que c'est 89 000 000 $, et le montant des
dépenses est de 144 000 000 $. Comme je l'ai expliqué plus
tôt cet après-midi, il y en a une partie qu'on a été
obligé de reporter sur l'année 1986-1987. Alors, nous gardons
l'enveloppe ouverte. Par conséquent, pour la grande majorité des
cas, il n'y a pas de problème de ce côté-là, ils
vont être admis en vertu de l'enveloppe ouverte. Ce qu'il y avait ici,
c'est un budget pour l'expérimentation et l'innovation. De ce
côté-là, cela va être enlevé pour
l'année prochaine. Mais il n'y aura pas de refus de personnes qui vont
se présenter pour s'inscrire à des cours; il n'y a pas de
soin.
M. Jolivet: Espérons-le. Je reviendrai à d'autres
questions plus tard, lorsqu'on étudiera l'éducation aux adultes,
au programme 4. On y reviendra, parce qu'on parlait d'une diminution de 9 100
000 $. Nous aurons l'occasion de vous poser les questions
nécessaires.
Avec le document que vous nous avez déposé, je ferai quand
même mention d'une chose, en terminant: pour l'année
financière, c'est une diminution de 36 800 000 $. Vous avez raison de
dire qu'on a toujours discuté de ces choses-là jusqu'à
maintenant au niveau de l'année financière. Je vous ferai
remarquer que pour l'année scolaire c'est quand même une
compression de 50 100 000 $. Je pense que cela valait la peine d'au moins le
signaler, puisque vous avez eu, comme vous le dites - et je vous en remercie,
si je ne l'ai pas fait avant, je
m'en excuse - l'honnêteté de nous donner les documents,
même si je sais que comme membre de l'Opposition, dans le passé,
vous aviez aussi beaucoup de documents provenant des ministres qui vous ont
précédé à ce siège.
Donc, moi, je n'ai pas d'autres questions sur...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce qu'il y a
d'autres interventions sur le programme 1?
M. Ryan: Je voudrais juste faire un dernier commentaire, M. le
Président. Je voudrais souligner que nous avons fait tout ce qui
était humainement possible en établissant le lieu et la nature
des compressions pour éviter les compressions qui frapperaient les
clientèles. C'est cela que nous avons vu à préserver au
maximum, les clientèles. Il y a certains services qui entourent les
services fournis aux clientèles qui permettent d'ajouter de la
qualité, de mettre du raffinement, de prévoir davantage des
développements à venir de ce côté-là.
Évidemment, il y a des effets négatifs qui vont se faire sentir
au cours de l'année, que nous déplorons profondément. Mais
je pense qu'en ce qui touche les clientèles on ne pourra pas partir sur
la Grande-Allée en disant que les clientèles vont se faire
enlever leurs vêtements au cours de la prochaine année, parce que
cela ne serait pas vrai. Et on a tout fait pour que les services offerts aux
clientèles soient préservés dans leur
intégralité. Je pense que cela vaut d'être souligné
à la fin de cet examen qui nous a permis d'apporter des clarifications
que je trouve opportunes.
J'apprécie donc les questions qui nous ont été
adressées, je les apprécie au plus haut point.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, je vous
remercie, M. le ministre. Est-ce que le programme 1 du ministère de
l'Éducation, ayant pour titre Administration, et ses
éléments 1, 2, 3, 4 et 5 sont adoptés?
Une voix: Ils sont analysés. Une voix:
Adopté.
Le Président (M. Parent, Sauvé):
Adopté. M. le député de Laviolette.
Conseil supérieur de l'éducation
M. Jolivet: Oui. Nous allons passer au programme 2, Conseil
supérieur de l'éducation.
C'est une question qui touche une décision qui a
été prise par le Conseil des ministres et qui, dans tous les
organismes consultatifs, a amené le ministre... Je ne sais pas quelle
décision il a prise vis-à-vis de la décision de l'ensemble
de l'exécutif, mais comme il a dit qu'il était avec eux,
solidaire, je crois donc comprendre qu'il est d'accord pour le retrait des
jetons de présence pour les personnes qui siègent aux organismes
gouvernementaux dont, en particulier, le Conseil supérieur de
l'éducation et les autres comités consultatifs, que ce soit le
Conseil des collèges, le Conseil des universités. Est-ce qu'on
poserait une question sur une autre partie qui est demandée par des
gens, qui est l'organisme des écoles privées...
Donc, la question, c'est: Est-ce que la décision qui a
été prise par le Conseil des ministres de faire disparaître
les jetons de présence a été signifiée au Conseil
supérieur de l'éducation et aux organismes consultatifs qui sont
autour de ce Conseil supérieur de l'éducation?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre de
l'Éducation.
M. Ryan: Je vais vous raconter ce qui s'est passé. Le
Conseil exécutif a effectivement décidé il y a à
peu près deux mois que, dorénavant, la participation de citoyens
qui sont invités à siéger à des organismes
gouvernementaux se ferait à titre bénévole et gratuit.
Cela est la règle générale qui a été
établie. Maintenant, il a été prévu, lors de
l'adoption de cette nouvelle discipline, que les ministères comprenant
des organismes consultatifs où des problèmes particuliers se
poseraient auraient l'occasion de présenter un mémoire au Conseil
du trésor, afin d'obtenir une exemption totale ou partielle, suivant les
cas.
Alors, dans les discussions que nous avons eues, j'ai fait valoir les
problèmes particuliers qui se posent au Conseil supérieur de
l'éducation, à nos deux comités confessionnels. J'ai fait
valoir que, suivant les statistiques que j'avais obtenues, le taux de
participation aux travaux du Conseil supérieur de l'éducation
avait été, l'an dernier, d'à peu près 20 jours par
année, je crois. J'ai fait valoir que, parmi les personnes qui
participent au Conseil supérieur de l'éducation, il y en a qui
sont déjà des professionnels de l'éducation et qui
touchent leur rémunération de leur employeur, cela peut
être des cégeps, des commissions scolaires ou d'autres organismes
publics et, dans ces cas-là, il y a effectivement un problème de
double rémunération. Mais il y a d'autres cas où ce sont
des mères de famille, où ce sont des citoyens de revenus et de
condition modestes dont l'apport est spécialement désiré
à cause de cela.
Je me suis permis de faire valoir le cas de ma femme, qui a
siégé pendant sept ans au Conseil supérieur de
l'éducation. Il
n'y avait pas de rémunération à ce
moment-là, on payait juste les dépenses, mais elle avait un mari,
à l'époque, qui travaillait dans un journal - à cette
époque plus prospère -qui pouvait volontiers offrir cette
collaboration à l'État. Mais elle avait d'autres
collègues, à l'époque, qui n'étaient pas capables
de payer ces dépenses seuls, surtout quand on pense à une
participation de 15 à 20 jours par année. Alors on a compris
cela, au Conseil des ministres, et on chargé les ministres qui avaient
des problèmes particuliers de communiquer avec leurs organismes
consultatifs pour les inviter à soumettre leurs représentations.
Nous avons communiqué avec le président du Conseil
supérieur de l'éducation, lequel a répondu à mon
invitation en m'adressant, ces jours derniers, des représentations
concernant les membres du conseil et de ses deux comités confessionnels
et je compte étudier ces représentations ces jours prochains et,
ensuite, faire les représentations appropriées auprès du
Conseil exécutif. Je suis absolument opposé è
l'application littérale d'une telle règle. Dans le cas d'un
organisme comme le Conseil supérieur de l'éducation et des
comités confessionnels, je l'ai fait valoir avec l'énergie dont
je suis parfois capable auprès de mes collègues.
Maintenant, je vous donne juste une information complémentaire.
J'avais également demandé qu'on fasse des consultations
auprès des organismes qui relèvent du ministère de
l'Enseignement supérieur et de la Science et, de ce côté,
la réponse est différente. Au Conseil des universités, ce
sont pratiquement tous des universitaires, des professionnels ou des hommes
d'affaires qui en font partie. La réponse de ces gens-là a
été qu'ils sont plutôt indifférents et que, par
conséquent, ils ne tiennent pas du tout à ce qu'on maintienne la
politique de la rémunération. Les réponses vont varier
suivant les organismes. Dans le cas que vous avez soulevé, celui du
Conseil supérieur de l'éducation et de ses deux comités,
nous entendons faire en sorte qu'ils soient traités suivant leur
réalité propre qui n'est pas celle d'autres organismes de
l'État.
M. Jolivet: Maintenant que le ministre devra faire ses
représentations au Conseil du trésor et aussi au Conseil des
ministres, il y aura une décision qui sera prise. Il serait bon de
connaître après - parce que je ne pense pas que le ministre puisse
me donner la réponse ce soir - les résultats en termes de
coûts moindres, si je comprends bien, de la décision qui aurait
été prise en sachant qu'on fait toujours une certaine prospection
de ce qui va venir au niveau du nombre de réunions dans le passé.
On connaît à peu près le nombre de rencontres qu'il y aura
annuellement, donc on saura l'effet de l'application, si j'ai bien compris, de
la décision qui sera prise par le Conseil des ministres et le Conseil du
trésor à la suite des représentations qui sont faites. On
saura les "argents" qui seront économisés si on peut le prendre
comme tel, selon l'expression qui a été présentée
à l'époque. Donc, je prends note de la réponse de M. le
ministre et j'espère qu'il pourra nous préciser, aussitôt
qu'il l'aura, la compression qui aura lieu dans ce secteur. Peut-être
qu'il pourra nous donner ce soir - il doit le savoir - les coûts pour les
deux ou trois dernières années de ces jetons de
présence.
M. Ryan: J'ai tout cela dans un document que je n'ai pas avec moi
ce soir, malheureusement, mais je pourrai vous fournir cela demain, sans doute.
(21 h 30)
M. Jolivet: Voici l'autre question qui surgit à la suite
de ce que vous avez dit. L'étude qui va être faite pour savoir qui
- je prends l'exemple de la personne qui est au Conseil supérieur de
l'éducation, qui est dans le secteur gouvernemental, paragouvernemental
ou ces choses-là, dont le patron paye déjà le salaire,
alors que vous avez fait allusion à des femmes qui ne sont pas dans un
milieu de travail nécessairement extérieur à la maison,
mais qui ont une certaine capacité de donner toutes l'argumentation, les
recommandations qui s'imposent au Conseil supérieur de
l'éducation en particulier, puisque c'est celui-là qui nous
touche. Est-ce que ce sera du cas par cas? Y aura-t-il quelqu'un qui va
présenter cela au nom du conseil? Est-ce que chacun devra faire ses
représentations pour dire: Moi, j'y ai droit, lui n'y a pas droit? De
quelle façon cela va procéder? Est-ce que le ministre peut nous
donner plus de renseignements?
M. Ryan: Je ne peux pas vous donner de renseignements ce soir,
mais les questions que vous posez sont très pertinentes et vous pouvez
être sûr qu'elles vont être examinées
attentivement.
M. Jolivet: Tout ce que l'on souhaite, c'est que l'application de
cette décision n'ait pas pour but de dissuader des gens qui auraient une
expertise, une expérience, les connaissances permettant de faire valoir
des points au Conseil supérieur de l'éducation, que ces personnes
ne puissent pas siéger à des conseils aussi importants que
ceux-là. Dans ce sens, la mise en garde qu'on pourrait faire comme parti
de l'Opposition, c'est: assurez-vous que les personnes qui sont utiles à
la société, de quelque secteur qu'elles soient, aient la chance
d'y participer; sinon, on va se retrouver avec les gens du même niveau de
travail dans les secteurs gouvernemental, paragouvernemental ou des grosses
associations ou compagnies. À ce moment-là, on va avoir des gens
qui
auraient pu y participer, mais devant la dissuasion, ils ne viendront
pas.
M. Ryan: Si M. le député veut m'écrire
à ce sujet pour me faire part de ses représentations sous forme
plus durable encore, ce serait très utile.
M. Jolivet: On verra si on vous écrira. Je pensais que les
représentations qu'on faisait ce soir étaient déjà
des écrits dans le livre qui s'appelle le Journal des débats,
mais on va regarder cela.
L'autre question, que je n'aborderai pas ce soir parce qu'on aura
l'occasion d'y revenir...
M. Ryan: Je m'excuse, M. le Président, je faisais souvent
cela avec l'ancien ministre de l'Éducation.
M. Jolivet: Oui, je sais. J'ai lu beaucoup de correspondance,
tout dernièrement.
Une chose que je n'aborderai pas ce soir, mais qui vaut la peine qu'on y
revienne un jour ou l'autre, c'est la question du rôle et du mandat du
Conseil supérieur de l'éducation. Je faisais allusion tout
à l'heure à une autre question qui pourra revenir au niveau de
l'enseignement privé, sur la demande d'un conseil pour les écoles
privées. C'est tout pour cet élément-là.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce qu'il y a
d'autres interventions sur le programme 2? S'il n'y a pas d'autres
interventions, est-ce que le programme 2 du ministère de
l'Éducation, ayant pour titre Conseil supérieur de
l'éducation, est adopté?
M. Jolivet: Adopté.
Le Président (M. Parent, Sauvé):
Adopté. Nous passons au programme 3. M. le député
de Laviolette.
Enseignement privé
M. Jolivet: Une question qui revient ces jours-ci et pour
laquelle nous aimerions avoir des détails de la part du ministre. Il
existe depuis 1977 - lorsque M. le ministre était dans l'Opposition il
en a fait souvent mention - un moratoire sur la création de nouveaux
établissements privés. Cela n'empêche pas, bien entendu,
l'octroi de nouveau statut au titre d'institution déclarée
d'intérêt public ou d'institution reconnue pour fins de
subventions ou des changements de statut.
Le Parti libéral, à plusieurs occasions, a critiqué
le moratoire et, plus généralement, le caractère
néfaste des politiques du Parti québécois, disait-il,
à l'endroit du secteur privé. La levée du moratoire figure
parmi les vingt-deux engagements électoraux du Parti libéral du
Québec faits lors de la campagne électorale. "Le ministre a
annoncé, au début de février, devant les présidents
et les directeurs généraux des commissions scolaires, que la
levée du moratoire ne se fera pas cette année." Vous avez bien
saisi ce que j'ai entendu, du moins ce que rapportent des sources. On apprenait
le 12 avril dernier, cependant, lors du téléjournal de
Radio-Canada, qu'un permis aurait été accordé pour
l'ouverture, en septembre prochain, d'une nouvelle école privée
secondaire de 200 places à Baie-Comeau. La nouvelle a été
annoncée en conférence de presse par les instigateurs du projet
en présence du député de Saguenay.
Cependant, d'après les renseignements que nous avons, il n'y
aurait pas eu de déclaration, de confirmation officielle à la
commission scolaire de Manicouagan. Celle-ci a réagi, on s'en souvient,
au téléjournal, de façon très négative et a
signifié au ministre son opposition par lettre, compte tenu de l'impact
sur la clientèle de ses établissements scolaires publics
avoisinants déjà existants.
On se souvient que le ministre a dit, lors des États
généraux, qu'il ne devait pas y avoir - et je pense que tout le
monde en est bien conscient - de concurrence jugée déloyale entre
le secteur public et le secteur privé. On sait très bien aussi
que des gens ont critiqué le fait que les États
généraux s'adressaient surtout au secteur public de
l'enseignement. Le but de ces États généraux,
c'était de valoriser l'école publique qui, à un moment
donné, est dévalorisée aux yeux de certaines personnes. Je
pense qu'il y a une bataille qui doit se faire par d'autres et qui est celle de
leur façon de voir les choses au niveau de l'école privée.
Il y en a une autre qui doit être faite, aussi, par le secteur public,
qui dit: Nous, nous travaillons pour le secteur publie et, dans ce
contexte-là, nous devons valoriser notre travail.
Or, dans un telbec en date du 17 avril 1986, le Mouvement pour
l'enseignement privé se réjouit de l'ouverture d'une nouvelle
école privée à Baie-Comeau, On dit: "Après dix ans,
l'interdiction de créer de nouvelles écoles privées est
enfin levée par M. le ministre - on dit Claude Ryan, ici dans le texte -
qui s'était engagé à l'automne 1985..." Je ne lirai pas le
texte. Vous l'avez probablement, vous aussi. Il est signé par Yvon
Robert, président du mouvement des écoles privées. La
question que je pose à M. le ministre: Est-ce que la déclaration
qui a été faite à Baie-Comeau, dont nous avons eu
connaissance au téléjournal du 12 avril, est vraiment la
décision qu'il a prise ou s'il reste encore des discussions à ce
niveau et quelle est sa position concernant le moratoire qui existait depuis
1977?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre de
l'Éducation.
M. Ryan: II s'agit juste d'un point que je n'ai pas compris, M.
le Président, dans le début de l'intervention du
député de Laviolette. Est-ce qu'il a dit que j'aurais
déclaré quelque part que le moratoire ne serait pas
levé?
M. Jolivet: On dit, dans les documents que nous avons: "Le
ministre a annoncé au début de février, devant les
présidents-directeurs généraux des commissions scolaires,
que la levée du moratoire ne se fera pas cette année." Il n'a pas
dit que la levée ne se fera pas. Il a dit qu'elle ne se fera pas cette
année.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre de
l'Éducation.
M. Ryan: On me rappelle ici que c'était un titre
erroné d'un article qui aurait paru dans le Devoir, parce
qu'effectivement, quand je suis allé rencontrer les
présidents-directeurs généraux des commissions scolaires,
le 8 février, l'exposé que j'ai fait ne traitait pas de ce sujet.
J'ai dû recevoir une question après cela, pendant la
période de questions qui a suivie, et je ne peux pas avoir
déclaré ce que m'attribuait le titre de l'article en question
parce que je ne le pensais point.
Dans le cas de l'école secondaire privée de Baie-Comeau,
j'ai effectivement autorisé l'ouverture de cette école. Je lui ai
accordé également un statut de DIP, à compter de septembre
prochain, pour les raisons suivantes. Tout d'abord, dans les engagements de
notre parti, le seul que nous prenions à l'endroit de l'enseignement
privé était précisément celui auquel a fait
allusion le député. Nous disions que le moratoire qui interdit
depuis 1976 la création d'établissements privés
d'enseignement serait levé. J'avais décidé de faire un cas
d'espèce en vue de l'année 1986-1987. Le cas que nous avions
choisi depuis déjà plusieurs mois, c'était celui de
Baie-Comeau, et pour plusieurs raisons. D'abord, à cause de l'excellence
du projet qui nous a été soumis. Le projet a subi toutes les
étapes que subissent ces demandes. Il a été examiné
par la Direction de l'enseignement privé au ministère. Il a fait
l'objet d'un examen de la part de la Commission consultative de l'enseignement
privé et les recommandations étaient hautement favorables. En
plus, la région où sera implantée cette école n'est
pas desservie par un établissement privé. J'ai pensé que
c'était un très bon endroit pour en avoir une. Parce que les
parents qui veulent envoyer leur enfant à une école privée
sont obligés de l'envoyer à des distances considérables.
Troisièmement, il y avait un appui très général des
éléments du milieu en faveur de ce projet.
Devant cet ensemble de circonstances convergentes, le Mouvement pour
l'enseignement privé trouvait également que c'était le
projet le plus valable. Le projet était inscrit en tête de liste
des projets de la Direction de l'enseignement privé au ministère.
Devant tous ces facteurs, j'ai accordé le permis et le statut DIP
à l'école secondaire privée de Baie-Comeau, laquelle, par
conséquent, à moins de contretemps pas du tout prévisible
pour l'instant, devrait ouvrir ses portes en septembre prochain. Cette
école devrait recruter environ 200 élèves. La commission
scolaire de Manicouagan - je pense que c'est 10 000 élèves, ou
6000 élèves au moins - est parfaitement capable de continuer son
bon travail. Je crois que d'avoir cet aiguillon sur son territoire ne peut pas
lui faire de tort. Au contraire, cela peut aider à mettre une certaine
émulation que nous trouvons désirable et dont j'ai
célébré l'opportunité et même la
nécessité dans le discours que j'ai fait aux États
généraux. Quand je suis allé aux États
généraux, je l'ai fait exprès pour introduire des passages
qui traitaient des écoles privées. Ce n'était pas la place
pour en parler; ils les avaient laissés à la porte. Je voulais
être franc avec eux, je voulais être loyal et j'ai dit: On va vous
dire ce qu'on pense là-dessus aussi. Je l'ai dit aussi clairement que
j'en étais capable et les actes ont suivi. L'acte a suivi, pas les
actes.
Je voudrais ajouter une chose. Je n'entends point favoriser, encore
moins solliciter une prolifération de demandes et de réponses
favorables dans ce secteur. Nous considérons, du côté du
Parti libéral, que l'école publique demeure l'école no 1
au Québec. C'est l'école que nous devons favoriser, c'est
l'école commune, c'est l'école de tout le monde. Mais nous
trouvons que c'est bon - car nous sommes contre les monopoles, nous l'avons dit
assez souvent; qu'ils soient d'État ou qu'ils soient privés, nous
n'aimons pas les monopoles - que cet aiguillon soit planté dans notre
territoire pour favoriser une saine émulation. Nous trouvons que c'est
très bien. Mais nous ne voulons pas que tout s'en aille de ce
côté. C'est pour cela qu'il faudra toujours que des balises
demeurent, qui permettent de garder dans des limites raisonnables le
développement de ce secteur. J'espère que la meilleure
manière de contenir le développement de l'enseignement
privé, c'est de favoriser l'accession du secteur public à une
plus grande excellence. Nous allons faire tout ce qui est possible pour
favoriser cela. Cela résume l'essentiel de notre politique actuelle en
matière d'enseignement privé.
M. Jolivet: D'abord, M. le ministre, je voudrais m'excuser
d'avoir fait, peut-être, une lecture erronée de ce titre du Devoir
en
vous disant, cependant, que je vais le relire pour bien le comprendre.
Pourquoi j'ai posé la question? C'est parce que l'avant-dernier
conférencier à ce premier colloque sur l'enseignement
privé tenu è Québec, le député
libéral d'Arthabaska, M. Laurier Gardner - entre parenthèses, il
était dépêché par le nouveau ministre de
l'Éducation, Claude Ryan, pour le remplacer - a dit qu'il n'avait pas
promis la levée du moratoire. Quand cela m'est arrivé à
quelques occasions de remplacer à l'époque où
j'étais simple député, le ministre pour aller prononcer un
discours, effectivement, je le faisais au nom du ministre. Dans ce contexte, je
croyais que c'était M. le ministre qui avait demandé au
député d'Arthabaska de faire cette déclaration ou de ne
promettre en aucune façon cette levée du moratoire. Vous aurez
l'occasion d'intervenir, M. le député d'Arthabaska, tout à
l'heure, mais je dois m'adresser à M. le ministre parce que l'article le
disait comme tel et j'ai cru comprendre que c'était au nom du ministre
qu'il parlait.
Une deuxième question peut surgir parce que le ministre ne le dit
pas clairement, il laisse sous-entendre qu'il n'y a pas de levée de
moratoire. Il dit: Je continue à donner de nouveaux statuts
d'institutions déclarées d'intérêt public, je le
fais dans le cas de Baie-Comeau. J'ai cru comprendre que le ministre parle de
quelques-unes, mais pas trop. Il n'est pas question, dit-il, que j'ouvre la
valve. Quel est le nombre qu'il s'est fixé? Est-ce qu'il s'est
fixé un nombre ou est-ce qu'il dit: Je verrai? Peut-être qu'au
bout de la course, nous nous retrouverons à la fin de l'année
avec une vingtaine d'institutions additionnelles de l'un ou l'autre des
statuts. (21 h 45)
Je suis d'accord avec vous que les États généraux
avaient un but: c'était de valoriser l'excellence de l'école
publique en ne dénigrant d'aucune façon le secteur privé.
C'est ce que je fais personnellement en envoyant tous mes enfants à
l'école publique, pour des raisons personnelles. J'ai été
enseignant dans le secteur public et je continue à dire que
l'enseignement public doit être valorisé, non pas l'un contre
l'autre, mais l'un ayant aussi les capacités de donner des choses que
d'autres personnes jugent qu'elles reçoivent mieux à l'une ou
à l'autre des institutions, publiques ou privées.
Quand on parle de concurrence déloyale, il ne faudrait pas, non
plus - je regardais le nombre d'institutions dans le secteur privé -
dire qu'il n'y en a pas, parfois, dans la mesure où le secteur public
est obligé d'accepter toutes les clientèles qui viennent à
lui; il les accepte au niveau de l'enseignement général, au
niveau de l'enseignement professionnel et au niveau de l'intégration des
enfants en difficulté d'apprentissage ou autres. Quand on arrive dans
une école privée où il n'y a que les élèves
de l'enseignement général, les mêmes problèmes ne
surgiront pas dans l'une ou l'autre de ces places.
C'est simplement dans ce sens que j'aimerais savoir de la part du
ministre s'il a, effectivement, par l'annonce à Baie-Comeau, fait
l'annonce de la levée du moratoire ou s'il dit: Je vais les analyser en
vertu des pouvoirs qui me sont conférés, sans lever le
moratoire.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Dans le milieu de l'enseignement privé, je pense
que cette décision a été comprise comme une levée
du moratoire, parce que là nous permettons franchement qu'une
institution nouvelle voie le jour dans une région où il n'y en
avait point. Mais lever le moratoire ne veut pas dire qu'on ouvre la porte
à n'importe quoi. Cela ne veut pas dire qu'on ouvre la porte à
une prolifération, non plus. C'est un développement qui va rester
sous le contrôle du gouvernement, du point de vue de l'attribution de
fonds publics. En ce qui touche le permis de fonctionner, nous sommes
obligés de le donner si l'organisme répond aux conditions qu'a
définies le gouvernement en vertu d'un jugement rendu à
Trois-Rivières dans la fameuse affaire dont je ne me souviens plus du
nom, le projet...
Une voix: Mont-Bénilde.
M. Ryan: Mont-Bénilde. Mais, même si le gouvernement
a été obligé d'émettre le permis, il reste à
sa discrétion de décider si, oui ou non, des fonds seront
accordés. Je dis publiquement que les fonds seront accordés
d'abord dans la mesure où ils seront disponibles, deuxièmement,
dans la mesure où le gouvernement jugera qu'il est raisonnable de
libérer des fonds à ces fins. Nous réservons nos
décisions là-dessus.
Vous me dites: Avez-vous une limite quelque part dans votre esprit? J'en
ai certaines dans mon esprit, dans les recoins de mon esprit, que je ne mettrai
pas sur la place publique ce soir, oui, j'en ai quelques-unes. À partir
de cela, qui n'est que postulat, je suis prêt è discuter avec les
représentants de l'enseignement privé, avec les
représentants des commissions scolaires et à recevoir leurs
suggestions et leurs vues là-dessus.
Avec le temps, nous arriverons peut-être à baliser la route
d'une manière un peu plus définie. Je pense que ce ne serait pas
tout à fait le temps de faire cela encore, parce que nous y allons sur
une base très prudente. Mais il faut en même temps qu'il y ait une
indication claire de volonté et
d'intention. C'est ce que j'ai voulu faire avec ce cas; j'y ai bien
pensé et je l'ai préparé pendant plusieurs semaines.
J'avais autorisé le député de Saguenay à
être présent à cette manifestation en mon nom afin de
donner, par conséquent, à l'événement le
caractère de certitude qu'il pouvait avoir en l'occurrence, étant
donné la décision qui avait été prise. J'avais bien
vu à m'assurer que toutes les cordes étaient bien ficelées
au gouvernement à ce point de vue. Je ne voulais pas que ces gens aient
une impression qui risquerait d'être contredite par la suite.
M. Jolivet: Est-ce qu'on peut comprendre que le
député de Saguenay parlait bien au nom du ministre? Dans le cas
du député d'Arthabaska, il a peut-être parlé en
dehors de la liberté que le ministre lui avait donnée. Il aura
l'occasion de faire valoir son point tout à l'heure.
Une voix: Quand? Quand?
M. Jolivet: Je dois vous faire valoir aussi que le Mouvement pour
l'enseignement privé a déjà fait ses recommandations et il
a déjà bien compris que c'était la levée du
moratoire. Dans le contexte, j'ai essayé de bien comprendre puisque la
seule nouvelle qu'on a eue a été au téléjournal de
Radio-Canada, dans le cas de Baie-Comeau, et ensuite on n'a rien vu dans les
journaux. On a vérifié auprès de la commission scolaire
qui nous disait qu'elle n'avait pas reçu de confirmation officielle.
Il y a, quand même, des choses qu'il faut aussi considérer.
Si on enlève des places dans le secteur public, ce sont d'autres
problèmes qui seront occasionnés au secteur public. Si une
commission scolaire, en vertu de ce qui est conféré au ministre,
doit faire des représentations, elle ne semble pas les avoir faites de
façon positive à la décision du ministre. Mais je pense
que le Mouvement pour l'enseignement privé, lui, a compris que
c'était la levée du moratoire.
Vous dites que ce n'est pas nécessairement cela, mais c'est ainsi
qu'il l'a compris. On a des recommandations, des demandes de sa part. On va
jusqu'à demander d'augmenter le pourcentage dans le secteur
privé. On parle même - et cela fait suite aux propositions du
critique de l'Opposition, à l'époque -aussi de transport
scolaire. On en ajoute dans les demandes. C'est un peu comme dans un autre
secteur. Sur le plan des urgences dans les hôpitaux, j'ai vu plusieurs
demandes. Quand on a dit que c'était une des priorités
prioritaires du gouvernement actuel, on a commencé à en
demander.
Dans ce contexte, le danger qui existe, c'est que la pression qui a
été faite s'additionne et que le ministre ne puisse pas
résister à la tentation d'en accorder davantage. J'espère
que ce ne sera pas au détriment du secteur public. Les commissions
scolaires vont dire: On aura des locaux inoccupés, dont on va devoir
faire l'entretien, qu'il va falloir chauffer, etc. et cela va être remis
entre les mains d'autres qui s'appellent le secteur privé. Alors, il
faut se poser la question et s'assurer, si jamais le ministre décide
d'aller dans cette voie, qu'on ait les balises nécessaires, comme il
vient de nous le dire, et que nous espérons les meilleures possible.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Y a-t-il d'autres
interventions à ce sujet? Mme la députée de Groulx.
Mme Bleau: M. le ministre, si j'ai bien compris, vous allez et
notre gouvernement va essayer de donner les moyens au domaine public de pouvoir
se comparer au domaine privé. Je voudrais savoir s'il est vrai qu'un
enfant à l'école privée coûte moins cher au
ministère de l'Education qu'un enfant à l'école
publique.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre de
l'Éducation.
M. Ryan: M. le Président, je posais justement la
même question à mon sous-ministre au moment où la
députée de Groulx formulait la sienne.
Mme Bleau: On se rejoint.
M. Ryan: Oui, c'est pour cela que nous sommes du même
parti. Nous allons vous donner la réponse dans quelques minutes. C'est
évident que la contribution versée par élève dans
le secteur privé est sensiblement inférieure à celle qui
est versée par élève dans le secteur public. Je vais vous
donner l'écart exact. Si vous me permettez juste une petite explication,
sous la loi 56 que nous avions depuis 1968, jusqu'à 1981, les
subventions versées à une institution reconnue
d'intérêt public étaient de 80 % du coût moyen par
étudiant encouru dans le secteur public l'année
précédente. Avec la loi de 1981, le budget postélectoral
de 1981 de l'ancien gouvernement, cela a été changé et il
a été laissé au gouvernement de déterminer, chaque
année, le niveau de la subvention à l'enseignement privé.
Actuellement, le niveau moyen de la subvention DIP est à peu près
de 66 2/3 %. Dans le secteur public, je pense que, pour l'année
dernière, c'était à peu près 4125 $, selon ce que
vous m'avez dit.
Une voix: Oui, c'est cela.
M. Ryan: Les deux tiers de 4125 $, cela doit faire 2723 $. Il y a
une différence, quand même, notable.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député... l'honorable député d'Arthabaska.
M. Ryan: II faut bien noter, comme l'a dit le
député de Laviolette, pour être juste, qu'en
général les collèges privés donnent de
l'enseignement général, de la formation générale.
Il y en a quelques-uns qui donnent une formation professionnelle, mais ils sont
plus dans le secteur général et les coûts
d'équipement et de développement sont moins élevés.
Ils n'ont pas les mêmes obligations envers les enfants en
difficulté d'adaptation et d'apprentissage. Par conséquent, il y
a un certain écart dans les coûts dont on doit tenir compte quand
nous établissons le montant des subventions. Je voudrais seulement
ajouter, pour compléter ce qui a été dit tantôt,
qu'il y a également des institutions privées qui s'occupent de
l'enfance en difficulté d'adaptation et d'apprentissage et qui le font
avec une efficacité remarquable. Nous en avons une dizaine reconnues par
le ministère qui font un excellent travail de ce côté. Je
pense que, sur ce point, il n'y a pas beaucoup de gens, des deux
côtés de la Chambre, qui contesteraient l'utilité, voire la
nécessité d'institutions comme celles-là. C'est un paysage
quand même assez diversifié que nous avons et je pense que cela
nous invite à éviter des généralisations faciles.
J'apprécie beaucoup le ton avec lequel nous avons pu aborder cette
question.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre, M. le député d'Arthabaska.
M. Gardner: M. le Président, le député de
Laviolette m'a ouvert une porte. Je vais y entrer certainement. Lorsque j'ai
fait un petit discours d'à peu près quinze-vingt minutes à
Sainte-Foy, je me souviens fort bien que je ne représentais pas
officiellement le ministre de l'Éducation, même si j'aurais
été flatté de le représenter. Jamais - le
député de Laviolette aurait dû être là, je
peux certainement lui fournir le texte de mon discours, je l'ai gardé
précieusement -je n'ai dit que je représentais le ministre de
l'Éducation. J'étais au courant qu'ils avaient fait des
démarches pour avoir le ministre de l'Éducation, mais ils
n'avaient pas pu l'avoir; alors, ils se sont tournés vers moi, qui suis
un ex-enseignant, nouveau député, fraîchement
émoulu. J'y suis allé faire mon discours.
Maintenant, je me souviens fort bien de ce que j'ai dit. Je pense que ce
qui a été rapporté dans le Soleil n'était pas
conforme. Je m'excuse pour le journaliste du Soleil, mais il avait dit,
effectivement, que je représentais le ministre, ce qui était
faux. Alors, jamais je ne l'ai dit et j'aimerais bien faire acte de cela.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, la
rectification étant faite, M. le ministre de l'Éducation.
M. Ryan: Je voudrais simplement ajouter une précision pour
un peu compenser pour l'humilité du député d'Arthabaska.
C'est qu'il a été invité à parler à cette
réunion à ma suggestion, parce qu'on m'avait invité, comme
il l'a dit justement, et j'ai dit que je ne pouvais pas y aller parce que je
n'étais pas prêt à parler de l'enseignement privé,
à ce moment-là, devant cet auditoire. On m'a demandé:
Avez-vous quelqu'un à suggérer? J'ai dit: Oui, mais il ne sera
pas le représentant du ministre de l'Éducation, s'il le veut
bien, mais c'est un homme qui a toute ma confiance.
M. Gardner: M. le Président...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Fin de
l'intervention.
M. Gardner: ...en additionnelle, non? Je dois dire que je me suis
informé quand même auprès du ministère de
l'Éducation, pas auprès du ministre, pour avoir certains
renseignements afin que je n'aille pas dire des bêtises.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci beaucoup, M.
le député d'Arthabaska. On n'a jamais douté de votre
compétence...
M. Jolivet: Non, moi, non plus, d'ailleurs, je n'en ai pas
douté, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): ...dans ce
domaine.
M. Jolivet: C'est simplement pour vous dire que, si le
député m'avait invité à cette rencontre, cela
m'aurait fait un grand plaisir de l'accompagner. Comme il ne m'a pas
invité, je n'y suis pas allé. Je ne savais même pas qu'elle
existait; j'ai appris cela par le journal, après. Donc...
M. Gardner: Ce n'est pas moi qui faisais les invitations,
monsieur.
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît! S'il vous plaîtî Nous vous remercions beaucoup pour
vos interventions. Est-ce que le programme du ministère de
l'Éducation ayant pour titre Enseignement privé et portant le
numéro 3 est adopté?
M. Jolivet: Adopté. Des voix: Adopté.
Le Président (M. Parent, Sauvé):
Adopté. Nous passons à l'étude du
programme 4 du même ministère, qui a pour titre
Enseignement primaire et secondaire public.
Enseignement primaire et secondaire public
M. Jolivet: Oui. Nous nous sommes entendus pour aller
jusqu'à 22 h 30 afin de reprendre la demi-heure perdue cet
après-midi.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, de
consentement, on continue. M. le député de Laviolette.
Financement des commissions scolaires
M. Jolivet: Oui. Nous allons commencer, M. le ministre, par le
financement des commissions scolaires, si vous le voulez bien. Nous savons
qu'une nouvelle méthode d'allocation des ressources, vous en avez fait
mention, doit être appliquée pour l'année 1986-1987.
D'après les renseignements que j'ai, ce serait une des décisions
adoptées, si ce n'est pas aujourd'hui, hier, mais je pense que cela
s'est fait aujourd'hui au Conseil du trésor qui adoptait cette nouvelle
méthode d'allocation des ressources de façon officielle. Elle
était, bien entendu, en préparation avant la dernière
élection. Elle a été le fruit d'une concertation entre le
ministère de l'Éducation, ses partenaires de l'éducation,
notamment les fédérations des commissions scolaires, qu'elles
soient francophones, anglophones, protestantes ou catholiques.
Le principe, qui était l'enveloppe globale basée sur un
coût subventionné par élève, incorporait, à
ce moment-là, certaines variables, dont une possibilité accrue de
transférabilité, une simplification des règles et, ce que
le ministre a ajouté dans un projet de loi, une plus grande autonomie de
gestion des commissions scolaires. (22 heures)
Les gens dans le secteur de l'éducation ont accordé un
accueil favorable à ce nouveau mode d'allocation des ressources.
Cependant, le Conseil supérieur de l'éducation formule
quelques réserves. Il demande, notamment, que les règles tiennent
compte de l'ensemble des facteurs susceptibles d'assurer une réelle
équité pour toutes les commissions scolaires et de surveiller les
effets concrets de la transférabilité accrue sur la question de
l'éducation des adultes.
Je pense que le ministre le sait déjà, mais je veux dire
à cette commission que ces nouvelles règles posent des
problèmes particuliers à certaines commissions scolaires. Je
pourrais en nommer quelques-unes. Près de moi, je peux vous parler de la
commission scolaire régionale de la Mauricie qui a un vaste territoire
et qui, d'après les lettres qu'elle a fait parvenir au ministre et les
documents qu'elle a commis publiquement, dit qu'elle a un manque à
gagner de près de 800 000 $ et que le financement ne tient pas assez
compte de l'ensemble des dépenses dites incompressibles.
M. le ministre, cet après-midi ou ce matin - je pense que c'est
ce matin dans son discours - disait qu'il avait accordé un délai
d'étalement, qui était une des recommandations faites par le
Conseil supérieur de l'éducation, sur trois ans. La commission
scolaire régionale de la Mauricie demandait une répartition sur
cinq ans. C'est une demande qui a été faite par lettre et que
j'ai appuyée auprès du ministre. Mais on parle, compte tenu de
ces nouvelles règles si jamais elles n'étaient pas
changées, d'une difficulté financière se situant entre 1
000 000 $ et 2 000 000 $ pour cette commission scolaire.
II y avait aussi la commission scolaire protestante de Bedford qui
parlait d'un manque à gagner de 900 000 $ en vertu des règles
fondées sur les taux d'occupation, les écoles qu'elle
possède étant trop vastes; donc, il y a encore des parties
incompressibles. Il en était de même pour la commission scolaire
de Port-Royal pour un manque à gagner de 225 000 $. Il y avait aussi la
commission scolaire de Chapais-Chibougamau qui, à cause de son facteur
d'éloignement, parlait d'un manque possible de 300 000 $. Il y avait, au
niveau du Eastern Township School Board, en Estrie, un manque de 1 000 000 $
justement à cause de son grand territoire et des classes qui,
malheureusement, ne peuvent pas être soumises aux normes de
capacité maximale.
Il y en a eu une autre aussi, la commission scolaire de L'Islet, et une
dernière qui est dans ma région, la commission scolaire des
Vieilles-Forges qui, par un effet d'entraînement, est obligée de
fermer des écoles. On reviendra plus tard sur cette partie-là, la
fermeture de l'école de L'Assomption, qui fait dire à la
présidente de la commission scolaire du Cap-de-la-Madeleine qu'elle n'a
pas dit son dernier mot compte tenu des décisions prises par la
régionale, qui ont des effets sur les écoles qu'elle
contrôle.
Dans ce contexte, M. le ministre nous a dit qu'il prévoit
apporter certains ajustements - à ce que j'ai cru comprendre, il pourra
m'expliquer davantage sa position - à ces règles
budgétaires qui ont reçu, dois-je le dire, un accueil quand
même très favorable et qui, j'aime le répéter aussi,
demandent les ajustements nécessaires compte tenu de l'implication de
l'ensemble des gens touchés par ces règles
budgétaires.
Compte tenu de ces demandes venant de plusieurs commissions scolaires -
soit dit en passant, ce n'est pas l'ensemble, mais
cela est souvent dû à l'éloignement, à des
dépenses incompressibles difficiles à contrôler; il y a
aussi des classes ou des locaux qui ne peuvent pas être utilisés
à leur pleine capacité, mais dont on doit payer le chauffage,
l'électricité, etc. - est-ce que M. le ministre pourrait me dire
s'il a l'intention d'apporter des ajustements à ces règles
budgétaires? Quels sont-ils? Quel délai se donne-t-il? Va-t-il le
faire avant le début de l'année pour les commissions scolaires,
soit l'année financière ou l'année scolaire, peu importe
la façon dont il décidera? J'aimerais connaître les
réponses à ces questions et j'aurai d'autres questions
ensuite.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre de
l'Éducation.
M. Ryan: Ainsi que l'a dit le député de Laviolette,
les nouvelles règles budgétaires, après avoir
été l'objet d'une consultation dans tout le territoire,
auprès de toutes les commissions scolaires, ont fait l'objet de nombreux
ajustements au ministère au cours des dix derniers jours et ont
été soumises avec, évidemment, mon approbation au Conseil
du trésor pour approbation aujourd'hui même. Elles ont
été approuvées par le Conseil du trésor. Dès
les jours prochains, dès cette semaine elles seront adressées aux
commissions scolaires en vue de leur fournir l'instrument dont elles ont besoin
pour préparer leur budget de l'année 1986-1987, lequel doit
être terminé avant le 50 juin. Nous arriverons passablement
à temps pour fournir cet instrument nécessaire aux commissions
scolaires.
Je dois vous dire que les règles ont été
adoptées - évidemment, c'est pour la prochaine année -
moyennant un bon nombre de modifications. Par exemple, on nous avait fait
valoir que les allocations pour les espaces ne tenaient pas suffisamment compte
du facteur de l'éloignement. Il peut arriver qu'à cause de la
distance une école qui a été construite il y a 30 ans ne
soit pas capable de recevoir tout le nombre d'enfants qui avait
été prévu. Si on compte uniquement la surface
occupée, on peut être conduit à conclure que cette
école va fermer. Notre projet réduisait les allocations de ce
côté et tendait à favoriser, évidemment, les
commissions scolaires où il y a des fortes concentrations de
clientèle. Cela a été assoupli considérablement
pour tenir compte des représentations qui nous avaient été
faites.
En ce qui touche l'éducation des adultes, par exemple, on nous
avait fait de nombreuses représentations indiquant que ces règles
seraient plus ou moins adaptées à la réalité qui
évolue très vite à l'éducation des adultes. Nous
avons décidé pour la prochaine année de garder le
système actuel et de réfléchir davantage, de consulter de
nouveau.
Par conséquent, pour l'éducation des adultes, ce ne sera
pas le nouveau système proposé qui sera appliqué, mais
celui qui existe déjà.
Il y a un point fondamental dans les règles, c'est dans le calcul
des clientèles. Comme vous le savez, on calculait seulement la
moitié des diminutions de clientèle pour permettre aux
commissions scolaires de s'ajuster progressivement. De ce côté, on
s'en va vers une autre règle parce qu'on ne peut pas traîner ces
choses indéfiniment. Là, on va prendre les clientèles
à une date plus récente et on va tenir compte de
l'évolution réelle des clientèles, ce qui entraîne,
évidemment, des changements considérables dans le partage des
ressources. Moi-même, quand j'ai vu le partage des ressources qu'on
effectuait, j'ai été plutôt effrayé parce que j'ai
vu que certaines commissions scolaires allaient écoper très
lourdement tandis que d'autres allaient hériter de contributions et de
subventions considérablement accrues. Mais, en regardant de très
près tous les facteurs, le facteur de la clientèle d'un
côté... Un autre facteur que nous avons regardé
attentivement aussi, c'est la situation financière des commissions
scolaires. Il y a des commissions scolaires qui se plaignent et qui viennent
vous dire: Vous savez, nous, c'est effrayant! Mais vous regardez leur situation
financière et elles ont des surplus très confortables. Ces
surplus sont réalisés en grande partie à même les
subventions gouvernementales. On ne peut pas être complètement
indifférents à ce facteur quand on fait une opération
comme celle-ci. On a tenu compte de tous les facteurs. On en est venu à
établir un partage nouveau. Il y en avait eu un premier de fait au mois
de février, je pense; il y en a eu un deuxième le 12 mars; il y
en a eu un troisième au début d'avril et il y en a eu un
quatrième à la suite des travaux que nous avons faits
ensemble.
Pour l'information des députés, je voudrais dire que j'ai
été moi-même saisi d'au moins une bonne trentaine de cas
dont j'ai exigé que nous les examinions un par un. Cela a pris des
heures. Nous les avons examinés un par un pour être bien
sûrs que nous ne ferions d'injustices envers personne et que nous
n'imposerions pas de changement brutal qui ne tiendrait pas compte de la
réalité. Finalement, ce n'était pas facile de trouver des
ajustements qui pourraient satisfaire tout le monde. D'abord, il y avait un
taux qui avait été fixé, vous savez: une commission
scolaire ne pouvait pas perdre plus que tant, je pense que c'était 10 %
et, après cela, on l'avait baissé à 7 %, c'est ce à
quoi elle avait droit; une autre ne pouvait pas gagner plus que tant. On a
réduit ces choses. Le montant maximum qu'une commission scolaire peut
perdre est 3,5 % sur les articles 2 et 3. Le montant maximum qu'une commission
scolaire puisse gagner,
c'est 3,5 % aussi. On a baissé cela; par conséquent, cela
libère des ressources pour le partage.
Il a été décidé que, pour les commissions
scolaires qui perdraient, là on va appliquer un plan d'étalement
qui va permettre que les effets se fassent sentir en douce. Le plan
d'étalement, grand nombre de cas, va pouvoir aller jusqu'à trois
ans. J'ai des commissions scolaires dans mon comté qui vont perdre de
l'argent avec cela. Je suis obligé de reconnaître que la
clientèle a baissé dans ces commissions scolaires. Je ne peux pas
m'attendre qu'elles restent au niveau de financement où elles
étaient, excepté qu'elles vont être traitées avec
égards; cela va être étalé sur trois ans. Elles sont
parfaitement capables de s'ajuster en sachant ce qui les attend. On va avoir
une plus grande justice pour l'ensemble du système.
Dans les cas que vous avez posés, je ne pense pas que ce serait
une bonne chose d'embarquer... On pourrait discuter de chaque cas, en
particulier, ce soir. Je suis bien content que vous les ayez nommés, ce
sont tous des cas que nous avons examinés dans l'étude que nous
avons faite. Je pense que, pour chacun, nous allons arriver à des
arrangements convenables.
Dans le cas de la commission scolaire régionale de la Mauricie,
la diminution reste assez élevée; c'est moins élevé
qu'elle ne l'avait anticipé, c'est pas mal moins élevé
qu'elle ne l'avait pensé. Mais on a constaté une chose, c'est
qu'elle a un surplus qui va chercher près de 2 000 000 $. Là, il
y a une certaine marge qu'elle peut prendre, elle ne peut pas crier qu'elle est
égorgée.
On a constaté que, dans d'autres cas, il y avait des commissions
scolaires qui avaient des surplus non déclarés; elles
bâtissaient et réparaient en masse, pendant qu'il y en a d'autres
qui sont dans la dèche. On ne peut pas laisser aller un système
comme cela où les gens se disent qu'ils sont de bons administrateurs,
parce qu'ils sont assis sur un système qui comportait des
inéquités incontestables. Alors, là, on essaie
d'établir un équilibre.
Maintenant, si le député de Laviolette ou d'autres membres
de la commission ont été saisis de certains cas qu'ils voudraient
discuter avec nous, j'ai insisté pour que nous nous gardions une
certaine marge d'ajustement pour les cas très difficiles. J'ai
insisté pour qu'il y ait une bonne partie de cette marge qui
relève de l'autorité du ministre également, parce
qu'à un moment donné il peut arriver que des facteurs, que ne
peuvent pas nécessairement prévoir jusque dans le détail
les techniciens qui ont fait un travail magnifique de ce côté,
demandent un traitement spécial, nous aurons l'espace voulu pour le
faire.
M. Jolivet: Non, M. le ministre, je n'ai pas voulu dire, en
donnant ces exemples, que ce sont ces derniers dont je vais discuter. Je les
donnais, vous avez bien compris, pour soutenir l'argumentation que j'apportais.
Je dis donc que ce ne sont pas les seules commissions scolaires qui ont eu des
problèmes, il y en a plusieurs qui en ont fait mention, mais j'ai pris
celles-ci, ce soir, pour vous donner simplement des exemples.
Il est évident que, sur l'ensemble des nouvelles règles
budgétaires, j'essaie de revoir certaines discussions qu'on a eues ici,
en commission parlementaire, où on disait qu'on égorgeait les
commissions scolaires quand on a fait les règles budgétaires et
qu'on allait leur voler de l'argent qu'elles avaient acquis par les taxes. Ce
sont des discussions dont j'ai été témoin, en tant que
membre de la commission parlementaire ou, du moins, comme
vice-président, à l'époque où je suivais la
majorité des débats pour me mettre au courant de ce qui se
passait.
Mais entre cela et le faire en disant: Écoutez, on met des
règles budgétaires, on va chercher l'argent là où
il est disponible car il y a des commissions scolaires qui font des surplus
épouvantables. Dans ce cas-là, il est anormal que l'ensemble de
la population leur donne en plus des subventions avec lesquelles elles vont
faire de l'argent. M. le ministre, à l'époque, s'insurgeait
contre ces méthodes et je remarque que, ce soir, il continue dans la
même veine.
Donc, malgré les nouvelles règles budgétaires qui
sont quand même, de façon générale, bien
acceptées et bien appuyées par l'ensemble des intervenants,
j'aimerais lui rappeler une des vieilles phrases que j'utilisais lorsque je
négociais avec les commissions scolaires. Je leur disais:
Écoutez, c'est impossible - là, je m'excuse auprès des
dames, mais, dans le document que vous nous avez présenté, vous
avez dit que le masculin incluait le féminin malheureusement, à
tous les hommes au Québec de mettre une chemise de 15 de col et de 32 de
manche; il faut s'ajuster selon les circonstances. Et c'est un peu ce que
demandent les commissions scolaires.
Je prends l'exemple que je connais plus à fond parce qu'elle est
de chez moi, la régionale de la Mauricie qui demandait un
étalement sur cinq ans. Vous dites: On leur donne trois ans. Est-ce
qu'elle a demandé cinq ans pour avoir trois ans au lieu d'avoir un an?
Cela fait probablement partie de ses moyens de négociation. Mais je dois
vous dire qu'il y a aussi d'autres commissions scolaires qui, même l'an
passé... À ma connaissance, à moins que je n'aie pas suivi
à fond l'ensemble de l'éducation, la première au
Québec qui soit allée en référendum pour augmenter
sa taxe au niveau local et qui l'a effectivement gagné, ce qui est quand
même surprenant dans l'éducation, était dans le
secteur de la Haute-Mauricie; c'était pour maintenir en place des
écoles dans la perspective du regroupement. Que ce soit -je reviens
à mes vieux mots que je mentionnais lors d'une certaine loi,
dernièrement - le secteur de La Croche, le canton Langelier, que ce soit
à La Bostonnais sur la route du Lac-Saint-Jean ou en descendant vers la
région de Grand-Mère dans le secteur de Carignan, ou Grande-Anse,
des secteurs comme celui de Parent et Lac-Édouard, enfin tous ces
secteurs éloignés, ils ont réussi à augmenter leurs
taxes localement pour continuer à donner des services à des
clientèles moins nombreuses, et qui vont quand même voyager moins
compte tenu de la décision de maintenir les écoles ouvertes.
Je vous dirai aussi qu'au niveau régional - et c'est
peut-être une façon dramatique de bien l'exprimer - comme
l'exprimait la régionale de la Mauricie et d'autres le font de la
même façon, à cause de la clientèle scolaire qui a
baissé à près de 62,5 % depuis les années
soixante-dix, il y a des facteurs dont il faut tenir compte.
Que le ministre vienne me dire que la régionale de la Mauricie
est très riche, je n'en disconviendrai pas. De la même
façon, à l'époque, on disait que la commission scolaire du
Haut-Saint-Maurice était très riche, jusqu'au jour où elle
a pris la décision - en tout cas, ils seront jugés plus tard,
s'il le faut, sur cette question qui était beaucoup plus politique - de
réduire la taxe de 0,24 $ à 0,13 $ et qu'elle a été
obligée de faire un référendum, quatre ans plus tard, pour
la remonter à 0,23 $.
Je pense qu'on a connu ces phénomènes-là dans le
milieu. Il y a parfois des décisions, qui sont prises par des
administrations scolaires, qui sont plus politiques les unes que les autres. Il
reste quand même que, en ce qui a trait aux règles
budgétaires, on doit faire abstraction de ces choses-là. Je pense
que le ministre l'a bien expliqué. J'en suis heureux.
Mais je veux simplement dire au ministre que, sur l'ensemble des cas qui
sont présentés comme difficiles, tout ce que l'on espère,
c'est qu'il y ait, tout comme le Conseil supérieur de l'éducation
le propose, une formule de transition. Mais comme le ministre nous dit que cela
a été adopté au Conseil du trésor, cet
après-midi, si j'ai bien compris, j'aimerais qu'il puisse nous faire
parvenir les copies nécessaires pour qu'on puisse en faire
l'étude, comme on l'avait fait sur les règles déjà
connues, et que l'on puisse apporter les réponses aux questions qui nous
seront posées et, si nécessaire, demander au ministre d'autres
réponses aux différentes questions qui nous seront posées.
(22 h 15)
M. Ryan: M. le Président, tout d'abord, je voudrais
annoncer que, demain, nous devrions être en mesure de remettre aux
membres de la commission des copies du texte des règles
budgétaires qui ont été approuvées aujourd'hui.
Je voudrais simplement rappeler, pour l'information du
député de Laviolette, que, quand le gouvernement, dont il a fait
partie vers la fin, a exercé une ponction de 40 000 000 $, si mes
souvenirs sont bons, sur les surplus des commissions scolaires, il y a quelques
années, il l'a fait d'une manière arbitraire qui a soulevé
l'ire et les protestations les plus vives de la part des commissions scolaires,
en particulier de la Fédération des commissions scolaires
catholiques du Québec, tandis que, dans ce cas-ci, les nouvelles
règles ont été préparées avec la
participation active de la Fédération des commissions scolaires
catholiques du Québec et sont l'objet de son approbation. Je pense que
la fédération eût été très
désappointée si les nouvelles règles budgétaires
n'étaient point entrées en vigueur dès l'année
1986-1987, tellement elle est satisfaite, dans l'ensemble, des
améliorations qu'elles apportent.
M. Jolivet: Je suis d'accord avec le ministre sur cette partie.
Effectivement, s'il avait voulu continuer ce qu'il disait, cela avait
été amorcé par l'ancien ministre à la suite des
discussions qu'il y avait. Dans ce contexte, je suis heureux, je le
répète, que les discussions qui ont eu lieu amènent les
conclusions les plus heureuses possible pour les commissions scolaires, dans un
contexte où il y a une entente qui permettra, à ce
moment-là, l'étalement des difficultés qu'auront certaines
commissions scolaires à vivre avec ces nouvelles règles, en
sachant que ces modes de changement dans les règles budgétaires
révisées s'inscrivent dans une continuité des principes,
tel que vous le dites dans votre document, sur lesquels reposait le mode
d'allocation antérieur, soit le budget fermé, l'allocation
globale a priori et la transférabilité et qu'ils en accentuent
l'application.
Dans ce contexte, je peux dire au ministre que nous espérons
qu'à la suite de la décision prise par le Conseil du
trésor, s'il arrivait que des commissions scolaires fassent des
représentations en disant que ce n'est pas suffisant, on les lui
transmettra en disant, cependant, qu'il faut être conscient qu'on ne doit
pas prendre toutes les revendications qui sont faites comme du "cash". Il faut
juger de la possibilité d'une réponse favorable ou
défavorable de la part du ministre, mais il faut quand même dire
aux commissions scolaires que, dans certains cas, le ministre, parmi les
décisions qu'il a prises, a pris la bonne.
M. Ryan: Je voudrais ajouter seulement un point, M. le
Président, si vous le permettez. Je voudrais parler de l'impact des
règles budgétaires pour les commissions scolaires
protestantes. Deux commissions scolaires protestantes
bénéficieront de revenus accrus en raison de l'application des
nouvelles règles budgétaires: la Commission des écoles
protestantes du grand Montréal et la Commission scolaire protestante du
Lakeshore.
Mais les petites commissions scolaires protestantes en dehors de
l'île de Montréal nous avaient fait part de vives
inquiétudes è propos de l'impact que les règles
budgétaires auraient sur leur financement futur. Nous avons
prêté une attention particulière aux problèmes de
ces commissions scolaires: celle de Bedford a fait l'objet d'un examen
particulier, celle de Eastern Townships et la Laurentian School Board dans la
région des Laurentides que je connais davantage. Le plan de transition
que nous avons préparé permettra à ces commissions
scolaires de franchir les prochaines années avec un impact minimum. Je
pense qu'elles seront tout à fait capables de se tirer d'affaire avec
les mesures d'atténuation que nous avons mises au point en pensant
à la nécessité de tenir compte des difficultés
particulières qui les caractérisent, spécialement au point
de vue du territoire que la plupart d'entre elles ont à desservir, qui
est un territoire considérable et qui ne peut pas être
traité, pour des fins de subventions, de la même manière
que le territoire d'une commission scolaire qui oeuvre dans un grand milieu
urbain. Nous tenons beaucoup à ce que ces commissions scolaires
continuent leur travail. Elles accomplissent en général un
travail de première qualité. Je pense que le régime de
transition que nous avons mis au point, encore une fois, devrait rendre la
transition la plus douce possible pour ces commissions scolaires.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Je reconnais le député d'Arthabaska.
M. Gardner: M. le Président, j'ai posé une question
ce matin sur les milieux économiquement faibles et j'aimerais savoir
où cela en est rendu. Je veux parler de la maternelle 4 ans et du
programme Passe-Partout qui est dans les interventions éducatives
particulières. Le programme est-il reconduit pour de bon ou simplement
pour un an?
M. Ryan: La décision a été prise pour
l'année 1986-1987, comme l'a évoqué le
député d'Arthabaska. Une nouvelle carte des milieux
économiquement faibles avait été soumise pour discussion
aux commissions scolaires du Québec. Elle a donné lieu à
un concert de protestations très répandu et, en
conséquence de ces représentations qu'on nous avait faites, nous
avons décidé de continuer en 1986-1987 la même politique
que nous avions en 1985-1986. Comme nous ne vivons pas sous un régime
d'inquisition, je n'ai pas demandé que la nouvelle carte soit mise dans
la fournaise; elle reste dans les dossiers, elle pourra servir
éventuellement, mais il n'est pas dans mon intention de permettre que
cette carte soit imposée à qui que ce soit dans son état
actuel. Si jamais on doit avoir une nouvelle carte des milieux
économiquement faibles, ce ne sera pas celle que nous avons connue au
cours des derniers mois.
M. Gardner: J'en suis très heureux.
M. Jolivet: Justement, M. le ministre, c'était la question
que je voulais poser, compte tenu qu'il nous reste cinq minutes. Je vais donc
continuer. Le député d'Arthabaska...
M. Gardner: On s'occupe des économiquement faibles, nous
autres aussi.
M. Jolivet: Non, non. Cela, M. le député... M. le
ministre, vous devriez les avertir.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Évitez les
discussions de député à député. M. le
député de Laviolette, nous vous reconnaissons.
M. Jolivet: Merci. J'allais dire à M. le ministre:
Écoutez, c'est justement cela qui n'élève pas le
débat. Je n'ai dit en aucune façon qu'ici, en cette
assemblée, des personnes ne se préoccupaient pas des dossiers. Je
n'ai jamais dit cela. Je pense qu'on devrait éviter ces affirmations. Je
pense avoir fait mon travail très bien jusqu'à maintenant avec M.
le ministre, et je vais continuer comme cela.
Je disais, justement, que j'avais une question à poser sur les
prématernelles 4 ans. Il y a un budget de 9 200 000 $. Le ministre,
à la suite des représentations qui ont été faites,
a répondu aux États généraux qu'il reconduisait ce
programme pour un an; il vient de le confirmer à nouveau. J'en
étais sûr, puisque j'ai tenu pour acquise la décision qui
avait été prise par M. le ministre et annoncée aux
États généraux.
M. le ministre nous dit: Ce n'est pas mis dans la fournaise, nous
allons continuer à travailler à ce dossier. Donc, le
problème qui existait cette année est-il reporté à
plus tard ou est-ce que la proposition que nous allons faire va prévoir
des étalements? Je vous donne des exemples de commissions scolaires qui
vivent depuis une dizaine d'années avec ce régime, le
régime des maternelles 4 ans. Dans les secteurs régionaux en
particulier, on avait considéré que des jeunes méritaient
qu'on leur donne
cette socialisation par l'intermédiaire des maternelles 4 ans et,
si on avait suivi la directive actuelle, ils l'auraient presque tous perdue,
cette année, au profit de ceux de Montréal en particulier et de
Québec, en plus petit. De telle sorte que cela devenait important pour
les régionaux de réagir à cela, parce qu'on dit: Est-ce
que c'est seulement à Montréal qu'on mérite d'avoir des
maternelles 4 ans? M. le ministre a donc été sensible, il a dit:
Oui, je vais reconduire le programme cette année aux commissions
scolaires qui l'avaient déjà; nous allons continuer à
examiner ce problème-là. Mais la question qui va surgir: Est-ce
que l'année prochaine ce sont des sommes d'argent additionnelles qui
devront être demandées pour combler les lacunes ou les demandes
ailleurs, sans enlever quoi que ce soit aux groupes actuels? Ou est-ce que le
ministre va proposer de nouvelles façons de préparer cette carte
des milieux économiquement faibles? Est-ce que l'année prochaine,
le problème que l'on aurait vécu cette année, s'il avait
été appliqué, va se revoir aussi ou si la proposition que
le ministre examine actuellement aurait pour but d'ajouter à ce qui
existe déjà ou, du moins, de ne pas enlever tout ce qui existe
déjà, mais de le répartir autrement, en tenant compte
qu'il y a des acquis que les gens ne veulent pas perdre dans les milieux
déjà touchés par cette mesure?
M. Ryan: M. le Président, je vais vous mentionner un
exemple pour illustrer ma réaction. La nouvelle carte qu'on avait mise
en circulation entraînait la disparition des maternelles 4 ans que nous
avons à Lachute, dans le comté d'Argenteuil, comme vous le savez.
En vertu des calculs que l'on avait faits et qui étaient basés
sur les districts du recensement de 1981, on avait conclu que les quartiers -
je pense qu'on en a deux à Lachute - n'étaient plus des quartiers
économiquement faibles. Mon expérience m'enseigne que ces
quartiers ne sont pas plus riches aujourd'hui qu'ils ne l'étaient il y a
dix ans. C'est le même genre de conditions que l'on a et parfois, elles
sont même pires. Je m'étais dit: Je ne peux pas accepter au nom
d'un plan technocratique - je m'excuse auprès de mes collaborateurs du
ministère que je ne considère pas comme des technocrates pour
autant - même si le recensement d'Ottawa dit ce qu'il voudra, que vous
alliez sabrer là-dedans. J'ai eu des réactions d'un peu partout
disant que c'était la même chose. Je me suis aperçu que je
n'étais pas tout seul. Si on veut nous revenir avec un nouveau plan, il
va falloir que l'on réponde à ces questions. Si on n'y
répond pas mieux que cette fois-ci, le nouveau plan va prendre la
même destination. D'accord? Mes collaborateurs sont d'accord avec moi
là-dessus.
J'aime l'esprit d'initiative des fonctionnaires. Je dis cela en toute
simplicité, parce que j'aime beaucoup discuter avec eux. Qu'ils
m'arrivent même de temps en temps avec une affaire qui ne tient pas trop
debout, ce n'est pas mauvais, c'est notre "job" de leur dire que ce n'est pas
exact, cela les rend un peu plus modestes. Je tiens à ce qu'ils sachent
que j'aime qu'ils essayent des choses, parce que pour nous, lespoliticiens, quand une affaire réussit, nous sommes portés
à nous asseoir dessus et à dire: Ne dérangeons pas cela,
on a des votes de ce côté-là et cela va bien. Ce n'est pas
mauvais qu'ils nous arrivent avec des affaires qui soient plus techniques
parfois. Par exemple, les règles budgétaires frappaient mes deux
commissions scolaires à Lachute, la commission scolaire du Long Sault et
la Laurentian. Quand je suis arrivé à la première
réunion, je n'étais pas de bonne humeur. J'ai dit: Votre maudit
"scheme" - excusez l'expression - on va regarder cela de proche. On a
travaillé ensemble, franchement dans un climat de dialogue, puis on a
trouvé des arrangements. Il y a des sacrifices à faire - encore
une fois, c'est un thème de fond - qui sont très salutaires
parfois, M. le député. Mais on a trouvé des
aménagements qui sont convenables, mais là-dessus: "over my dead
body".
M. Jolivet: J'ai une petite question compte tenu du fait que le
ministre a dit que c'est reporté dans le sens que l'on maintient le
statu quo cette année. Si on avait appliqué les nouvelles
règles, est-ce que le ministre pourrait me dire le nombre
d'écoles actuelles ou de classes prématernelles actuelles qui
n'auraient pas subi le test de cette nouvelle carte? Serait-ce la
majorité? Parce que ce que l'on avait comme renseignement, c'est,
à quelques exemples près, que l'ensemble des commissions
scolaires avait déjà ces classes prématernelles. Elles les
voyaient disparaître et c'étaient d'autres qui les avaient.
Autrement dit, les 9 200 000 $ partaient d'une région et s'en allaient
à Montréal en particulier. Est-ce que c'était cela?
M. Ryan: Nous avons pris la décision avant de faire le
décompte.
M. Jolivet: D'accord.
M. Ryan: C'est comme dans une élection où il y a un
groupe qui a 80 % des voix, on arrête de compter et on dit: 11 a
gagné. C'était tellement...
M. Jolivet: Donc, nous allons terminer ce soir les questions.
Nous reviendrons demain - je le dis au ministre - en commençant par
l'intégration scolaire.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre,
nous vous remercions. Mesdames et messieurs les députés, nous
vous remercions pour cette première séance. Nous ajournons cette
séance à demain matin, 10 heures, au même endroit.
Merci.
(Fin de la séance à 22 h 30)