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(Dix heures six minutes)
Crédits du ministère de
l'Éducation (suite)
Le Président (M. Parent, Sauvé): 5i vous voulez
prendre place avec vos collaborateurs, nous allons débuter. La
commission parlementaire de l'éducation poursuit l'étude des
crédits du ministère de l'Éducation. Nous en sommes rendus
au programme 4, ayant pour titre Enseignement primaire et secondaire public- La
parole est au député de Laviolette. M. le
député.
Enseignement primaire et secondaire public
(suite)
Intégration scolaire
M. Jolivet: M. le ministre, j'avais dit hier soir en nous
quittant que nous reprendrions avec l'intégration scolaire. Donc, je
vais tenir l'engagement que j'avais pris hier. On sait très bien que
l'ensemble du processus qui n'est pas nouveau d'ailleurs... En effet,
même sous l'égide de la Loi sur l'instruction publique, avant
même qu'on ait des discussions sur l'intégration en vertu du
projet de loi 3, il y avait déjà des processus
d'intégration qui avaient été faits. D'ailleurs, plusieurs
commissions scolaires avaient fait des demandes en ce sens, mais le
ministère demandait toujours qu'il y ait un consensus en vertu de la Loi
sur l'instruction publique et disait à cette époque-là
qu'il devait y avoir des commissions scolaires de taille raisonnable pour
donner des services de qualité à l'ensemble de la
clientèle. Donc, le problème d'intégration n'est pas
nécessairement un problème politique. Je ne parle pas de
politique en vertu de partis politiques, le gouvernement ou l'Opposition. Je
parle de politique générale des commissions scolaires où
on dit qu'il y a une qualité de l'éducation qui doit être
donnée à l'ensemble des jeunes étudiants et
étudiantes de niveaux primaire et secondaire.
Donc, ce processus avait été enclenché, il y avait
des commissions scolaires qui avaient procédé en vertu de la Loi
sur l'instruction publique. Est arrivée la fameuse loi 3 qui avait
amené des décisions gouvernementales, mais qui, malheureusement,
ont été arrêtées compte tenu de la décision
des juges qui a été prise sur la loi 3. Mme la
députée de Chicoutimi, hier, mentionnait que, dans certaines
circonstances, des décisions comme celles-là qui avaient des
effets positifs sur l'ensemble des régions du Québec à
cause des problèmes vécus d'abord à Montréal et
à Québec, mais à Montréal en particulier, avaient
dû être retardées.
Nous sommes donc revenus au processus de la Loi sur l'instruction
publique. Selon les chiffres qui nous ont été communiqués,
nous avions demandé des documents, des détails qui vont nous
être fournis bientôt pour nous permettre de faire les comparaisons
qui s'imposent. Sur les 234 commissions scolaires, on en compte
présentement 66 qui sont intégrées avec l'enseignement
primaire-secondaire. Pour 1986-1987, on prévoit que douze commissions
scolaires régionales sont en processus d'intégration volontaire,
ce qui devrait entraîner une diminution de 19 commissions scolaires.
De façon générale, les territoires qui avaient
été prévus, basés en grande partie sur les
territoires des municipalités régionales de comté en vertu
de la loi 3, sont respectés. Il y a cependant quelques problèmes
qui surgissent à travers le Québec. Le Parti libéral
s'était lui-même engagé à fusionner les commissions
scolaires primaire et secondaire et le ministre de l'Éducation a
déclaré qu'il privilégiait l'intégration
volontaire, mais qu'il n'a pas l'intention de forcer la main là
où pour le moment il y a mésentente. Je fais mention de
l'engagement électoral du Parti libéral à la page 20 de
son document et c'est le 23e engagement: les commissions scolaires du niveau
primaire et les commissions scolaires du niveau secondaire seront
regroupées en des commissions scolaires appelées à fournir
l'enseignement aux niveaux primaire et secondaire. Donc, le ministre
privilégie pour le moment - et il nous l'a dit hier dans son discours -
une intégration volontaire.
Cependant, il est conscient - on en a parlé à
différentes occasions - que ce processus d'intégration scolaire
va présenter de sérieuses difficultés à certains
endroits. On peut parler de façon plus spécifique de la
région que je connais qui est la Mauricie -ou du Lac-Saint-Jean ou de
l'Estrie, où dernièrement on apprenait que des commissions
scolaires commençaient à accepter le processus volontaire, donc,
semblaient se plier à ce que le ministre demandait. Là où
il sera volontaire, ce sera
au 1er juillet 1987. Dans d'autres cas, cela pourra être entendu
que c'est au 1er juillet 1988. Mais une chose est certaine, c'est qu'en fin de
compte il va y avoir nécessairement des résistances dans
certaines régions du Québec.
Le ministre dit: J'agirai lorsqu'il y a consensus. Est-ce que cela veut
dire, pour lui, lorsqu'il y aura large consensus ou lorsqu'il y aura un
consensus minimum? Quelle est l'interprétation qu'il fera? De quelle
façon devra-t-il procéder si jamais, malgré tout cela, il
y a difficulté? Le ministre connaît très bien le dossier de
la région de la Mauricie où il a demandé, comme dans
quelques endroits au Québec, de retarder le processus qui avait
été enclenché pour permettre ce consensus. Au lieu de
l'intégration prévue au 1er juillet 1986, il a demandé de
la reporter d'au moins un an, ceci lui permettant de faire les discussions avec
les commissions scolaires pour les amener à faire cette
intégration volontairement.
Compte tenu du fait que, malgré tout cela, il arrivera que des
commissions scolaires refuseront pour des raisons différentes d'un
endroit à l'autre, de faire l'intégration, de quelle façon
le ministre agira-t-il? De quelle sorte de consensus a-t-il besoin pour agir,
pour donner le feu vert à l'intégration?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre de
l'Éducation.
M. Ryan: II serait peut-être bon, M. le Président,
qu'à ce moment-ci on procède à un certain
résumé de la situation et des perspectives qui s'offrent à
nous en relation avec l'intégration des commissions scolaires de niveau
primaire et de niveau secondaire. Ensuite, je pense que la réponse
à la question précise qui a été formulée par
le député sera plus facile à énoncer.
Comme vous le savez, à la fin de l'année 1984-1985, nous
avions en tout au Québec 246 commissions scolaires. À la fin de
l'année 1985-1986, de l'année scolaire actuelle, il en restera
234. Et à compter du 1er juillet, un certain nombre de commissions
scolaires procéderont à leur intégration, ce qui
amènera le nombre des commissions scolaires à 215. Par
conséquent, le processus est en marche, de réduction du nombre
des commissions scolaires et de remplacement graduel des commissions scolaires
régionales par des commissions scolaires intégrées,
offrant de manière intégrée l'enseignement primaire et
l'enseignement secondaire à des clientèles
généralement réparties sur des territoires plus
restreints.
Les commissions scolaires qui avaient déjà fait leur
intégration volontaire au 1er juillet 1985 sont les suivantes: Matane-La
Tourelle, cela avait entraîné la disparition de la
régionale des Monts. Black-Lake, Disraéli, Thetford-Mines avait
entraîné la disparition de la régionale de l'Amiante.
Troisième cas, Charlesbourg-Des Ilets, la régionale qui est
disparue est Jean-Talon. Quatrième cas, Beauport,
Côte-de-Beaupré, Chutes Montmorency, la régionale
Orléans cessait d'exister par le fait de l'intégration. Ensuite,
la commission scolaire régionale des Bois-Francs cessait d'exister le
1er juillet 1985 pour faire place à des commissions scolaires
intégrées à Victoriaville, Prince-Daveluy, Jean-Rivard et
Warwick. La régionale Lanaudière a fait place, le 1er juillet
dernier, à deux commissions scolaires intégrées,
Berthier-Dautraie et Nord-Joli. La régionale Papineau a fait place
à la commission scolaire Seigneurie et à la commission scolaire
Vallée-de-la-Lièvre dans la région de la Petite Nation et
de Buckingham comme vous le savez. Joutel-Matagami offre désormais
l'enseignement de manière intégrée, mais la
régionale Harricana n'a pas cessé d'exister pour autant. Il en va
de même des commissions scolaires de Gagnon et de Schefferville qui sont
intégrées, mais la commission scolaire régionale du Golfe
continue d'exister. (11 h 15)
La commission scolaire régionale Eastern Townships a fait place
à la commission scolaire St. Francis annexée à Lennoxville
District qui devient Eastern Townships. C'est intégré ici, il n'y
a pas de changement majeur de ce côté-là au point de vue
légal.
Il y a des commissions scolaires qui vont procéder à leur
intégration normalement au 1er juillet 1986. L'autorisation leur a
été donnée de procéder à la mise au point de
protocoles d'entente concernant les services qui devront être
dispensés sur une échelle régionale, les conditions qui
seront faites au personnel affecté par les changements structurels, etc.
Il n'y a aucune de ces commissions scolaires où l'autorisation
définitive a été donnée, parce que nous nous
réservons d'apprécier les protocoles d'entente qui seront soumis
à l'examen du ministre. Jusqu'à ce jour, il n'y a aucun protocole
d'entente qui m'a été soumis pour examen de manière
officielle.
Cependant, les fonctionnaires du ministère suivent de près
les tractations qui ont cours dans les commissions scolaires concernées
et m'informent que, de manière générale, les
négociations vont bon train dans la plupart de ces commissions scolaires
et qu'on peut présumer que l'on pourra procéder à compter
du 1er juillet 1986 à l'intégration dans les cas suivants: la
régionale Baie-des-Chaleurs qui sera remplacée par les
commissions scalaires intégrées Tracadièche et
Ristigouche, Val d'Accueil et Monseigneur Matte. La régionale
Bas-Saint-Laurent sera remplacée par les commissions scolaires
intégrées la Mitis et la Neigette. La régionale Charlevoix
sera remplacée par les
commissions scolaires intégrées du Gouffre et
Laure-Conan.
La régionale Tilly sera remplacée par les commissions
scolaires intégrées suivantes: Marie-Victorin et
Lotbinière, Chaudière-Etchemin-Sainte-Foy. La régionale
Carignan sera remplacée par deux commissions scolaires
intégrées, Sorel et Tracy. La régionale Châteauguay
Valley sera remplacée par la commission scolaire intégrée
Ormstown et Lake St. Louis-Châteauguay. La régionale Lignery sera
remplacée par deux commissions scolaires, Brossard-Laprairie et
Napiervilie. La régionale Honoré-Mercier sera remplacée
par Saint-Jean sur Richelieu, Marieville, d'Iberville, Des Rivières,
quatre commissions scolaires intégrées. La commission scolaire
régionale de l'Outaouais sera remplacée par les commissions
scolaires intégrées suivantes: Outaouais-Hull, Gatineau et
Champlain ensemble, Aylmer-Pontiac et la commission scolaire dissidente
Portage-du-Fort. La régionale Harricana sera remplacée par les
commissions scolaires intégrées Quévillon,
Barraute-Senneterre et Amos. La régionale du Golfe cessera d'exister et
sera remplacée par Port-Cartier, Sept-Îles et Louis-Joliet.
Il y a le cas de la régionale de l'Estrie que je dois ajouter
à cette liste. Les discussions sont très avancées entre
les commissions scolaires concernées qui composent actuellement la
commission scolaire régionale de l'Estrie. Ces commissions scolaires
sont au nombre de six. Je peux dire qu'officiellement elles paraissent
être unanimes dans le désir de réaliser
l'intégration, mais nous leur avons dit avec insistance que nous
attendrions, avant de prendre une décision, de connaître le
contenu d'un protocole éventuel d'entente. Nous avons eu des
représentations très fortes des professionnels non enseignants,
des administrateurs scolaires, des enseignants syndiqués, des parents du
niveau secondaire nous prévenant contre les conséquences
négatives qui pourraient découler pour la qualité de
l'enseignement d'une intégration faite dans les conditions qu'on peut
envisager actuellement. C'est pourquoi nous avons dit que, tout en voulant
traiter cette région sur le même pied que les autres, en voulant
éviter de lui infliger toute forme de statut particulier qui pourrait
paraître inégal par rapport à celui qui a été
accordé aux commissions scolaires des autres régions, nous
veillerions avec un soin particulier à vérifier le contenu du
protocole d'entente qui pourra nous être soumis dans un avenir
très prochain. Il faut que ces protocoles nous arrivent dans un avenir
très prochain; autrement, il sera trop tard. Tout cela sera
reporté au 1er juillet 1987 dans la meilleure des hypothèses.
Maintenant, parmi les commissions scolaires régionales qui, pour
le moment, continuent d'exister ou dont le cas n'a pas été
réglé clairement, je mentionne les suivantes: la commission
scolaire régionale du Grand-Portage, la commission scolaire
régionale Louis-Fréchette; dans ces deux cas, des accords
étaient déjà intervenus, mais on nous a informés,
depuis quelques mois, que cesdits accords n'existaient plus, les commissions
scolaires ayant adopté des résolutions pour annuler celles
qu'elles avaient adoptées antérieurement dans le sens de
l'intégration.
Parmi les projets d'intégration qui sont présentement en
suspens, je mentionne les suivants: la régionale Louis-Hémon au
Lac-Saint-Jean. Dans ce cas-ci, les commissions scolaires locales, qui font
partie de la régionale, avaient toutes adopté des
résolutions demandant l'intégration. Mais, les conditions dans
lesquelles allait se faire l'intégration nous paraissaient
périlleuses pour la qualité de l'éducation. Nous avons
procédé à des vérifications avec les commissions
scolaires concernées. Je pense pouvoir dire en toute
vérité que, sur la foi des conseils que nous leur avons
donnés, elles ont accepté de reporter d'un an la mise en
application de leur projet d'intégration. Par conséquent, pour
l'année 1986-1987, la régionale Louis-Hémon va continuer
de fonctionner et les commissions scolaires locales aussi, à leur
niveau. Il y a le cas qui intéresse particulièrement le
député de Laviolette, la régionale de la Mauricie.
M. Jolivet: Je la connais et je connais le problème.
M. Ryan: Pardon?
M. Jolivet; Je connais le problème, en plus.
M. Ryan: Je pensais que vous aviez ajouté que vous
étiez d'accord avec moi!
M. Jolivet: J'ai dit, M. le ministre, et j'ai
répété - là, je parle à titre de
député -que, maintenant, c'est vous qui avez les décisions
à prendre, prenez-les; j'aurai à les critiquer si je ne suis pas
d'accord.
La régionale de la Mauricie
M. Ryan: Merci! Comme vous le savez, nous le faisons volontiers.
Alors, dans le cas de la régionale de la Mauricie, je dois rappeler des
événements un peu troublants. Après que le gouvernement
précédent eut annoncé qu'il ne prendrait aucune
décision sans l'accord de toutes les parties intéressées,
il adoptait, vers la fin de la dernière campagne électorale, un
décret instituant l'intégration de deux commissions scolaires,
celle de Normandie et celle du Haut-Saint-Maurice. Nous nous sommes
trouvés aux prises avec ce décret, il n'y avait pas accord
des autres parties concernées.
Lorsque j'ai pris la responsabilité du ministère de
l'Éducation, j'ai décidé que, pour l'année
1985-1986, l'intégration se ferait sur la base volontaire que
définit la Loi sur l'instruction publique, c'est-à-dire moyennant
le consentement unanime des commissions scolaires concernées. Alors,
j'ai constaté que, de ce côté, il n'y avait pas
consentement unanime. J'ai fait faire des médiations, des
intermédiations et, même, j'ai fait des interventions personnelles
auprès des commissaires concernés. Finalement, j'ai
communiqué avec ces gens et j'ai demandé il y a quelque temps -
il n'y a pas longtemps, je pense que c'est juste avant Pâques, je pense
que je les ai vus le Vendredi saint, pour rendre la situation peut-être
encore plus éloquente - aux deux commissions scolaires qui
étaient plus particulièrement intéressées à
l'intégration de sacrifier leurs aspirations sur l'autel du bien
générai et de bien vouloir consentir à ce que le
gouvernement décide de différer d'un an l'application du
décret qui avait été adopté en novembre dernier,
sans doute avec l'approbation du député de Laviolette.
M. Jolivet: Est-ce que le ministre me permettrait ceci afin
d'avoir une meilleure discussion de ce dossier? Je ne voudrais pas y aller de
façon précise sur celui-là, dans le sens où la
question n'était pas de connaître des cas précis.
D'ailleurs, la liste que vous avez lue tout à l'heure, celle qui est
déjà acceptée et l'autre qui s'en vient, c'est une liste
qu'on avait demandée; on nous a dit qu'on nous la ferait parvenir.
Malheureusement, il y a eu un imbroglio. On nous a dit qu'on aurait cette
liste. Vous nous l'avez lue, mais vous savez que le Journal des débats
ne paraîtra que très tard et j'aurais besoin de ces documents le
plus rapidement possible afin de voir l'évolution du dossier.
Mais, dans le cas de la régionale de la Mauricie, je ferais
remarquer au ministre qu'une décision a été prise au
niveau de la régionale, autorisant les commissions scolaires à
faire la demande. Et dans le cas de La Tuque, en particulier, cette demande ne
causait pas problème. Là où il y a problème, et
malheureusement on arrive dans une dialectique politique dans le milieu, chez
nous, entre la commission scolaire de Normandie et celle de Shawinigan-Sud,
qu'on appelle Val-Mauricie, et Grand-Mère. Et cela, M. le ministre le
connaît très bien. Je ne veux pas entrer dans ces détails,
parce que ce n'est pas le but de la rencontre de ce matin. C'est seulement pour
vous dire qu'effectivement il y avait une décision des commissions
scolaires, par la régionale de la Mauricie qui était plus que
majoritaire, elle était presque unanime. Dans le cas de La Tuque, elle
était unanime; dans le cas de Normandie, majoritaire. Mais je dois vous
dire que si on a agi, c'est parce que les gens avaient pris la décision.
Qu'ils aient reculé en cours de route parce qu'il y a eu un changement
de gouvernement, cela, écoutez on est bien conscient de ce
problème.
M. Ryan: M. le Président, est-ce que vous me permettez? Je
suis content que vous terminiez votre intervention par cette évocation
du changement de gouvernement parce que cela a signifié dans bien des
cas un retour à la liberté de penser.
M. Jolivet: M. le ministre, je dois vous dire qu'à ce
niveau, c'est simplement pour vous rappeler les problèmes qui existent.
Peut-être que je pourrais enclencher sur cette partie, j'avais dit tout
à l'heure que je poserais une question. Vous savez très bien
qu'il y a eu un conflit à la commission scolaire du Haut-Saint-Maurice
au niveau du transport scolaire. Je dois vous dire en même temps qu'il
s'est produit des événements, lundi soir, à la commission
scolaire du Haut-Saint-Maurice. Huit commissaires sur treize ont
démissionné en bloc, justement à la suite de ces
événements. Mais, soit dit en passant, sans qu'on fasse l'analyse
complète, l'autopsie complète des décisions, les gens ont
fort probablement eu en "background" ce que j'ai appelé le dossier Don
Quichotte, à La Tuque, où on fonçait à fond de
train, peu importent les décisions du ministre de l'Éducation
actuel sur l'intégration, alors que, dans le cas de Normandie, on a fait
le "low profile", on a décidé de fonctionner de façon
différente. Mais c'étaient deux tactiques qui étaient
prises dans le milieu pour essayer de forcer la main à un niveau ou
à l'autre. Parce que dans le cas de la rencontre avec les commissaires
qui, si je ne me trompe pas, était ta journée du lavement des
pieds, le Jeudi saint, c'était aussi en même temps le
problème: la commission scolaire du Haut-Saint-Maurice n'était
pas invitée à cette rencontre, M. le ministre.
M. Ryan: C'est vrai. On doit dire, pour donner le dossier
complet, que j'avais rencontré la commission scolaire du
Haut-Saint-Maurice dans les jours qui ont précédé et que
je lui avais dit, comme il s'agissait de son cas, que je rencontrerais les
autres pour les consulter afin de savoir si elles consentaient à ce
qu'on lui donne le statut particulier qu'elle demandait. J'avais dit, moi: Si
les autres n'ont pas d'objection, nous ferons un cas spécial pour
celle-là, étant donné le facteur distance qui est,
évidemment, de toute première importance dans ce cas-là.
Après cela, je me suis rendu compte, en rencontrant les quatre autres
commissions, qu'elles ne voulaient pas donner
le consentement.
M. Jolivet: Ma question portait, sur l'ensemble du dossier, il ne
s'agissait pas d'entrer dans ces cas personnels. Je pense qu'on a eu l'occasion
de s'en parler. C'est simplement pour vous dire que, malgré ce qu'on a
pu dire, je m'occupe des dossiers de mon comté. Lors d'une autre loi
proposée en Chambre, je vous posais... Le but du ministre et du
ministère était d'arriver è 150 commissions scolaires,
environ. Au moment où on se parle, on va être rendu à peu
près à 215 avec les acceptations. La question que je pose et que
j'ai posée - le reste étant des choses que je pourrais avoir par
document, il n'est pas nécessaire d'en faire état ici
-c'était: Comment le ministre, dans le cas où il n'y aurait pas
consentement, va-t-il agir? Et quand va-t-î! agir? Est-ce que c'est
après l'année qui va s'écouler, c'est-à-dire 1988,
et non pas 1987, parce qu'il y a toujours des délais à respecter
ou est-ce en 1987? Est-ce que le ministre a l'intention d'agir par loi -je ne
pense pas qu'il puisse agir par réglementation dans ces cas-là -
pour forcer une intégration qu'il juge nécessaire dans des
milieux donnés?
Vous parlez de la Mauricie; je pourrais vous parler des Vieilles-Forges.
Je sais très bien que le problème de la Mauricie est lié
aux Vieilles-Forges. On ne peut pas accorder en Mauricie des choses qu'on va
refuser aux Vieilles-Forges, et vice-versa. Dans la mesure où
l'intégration aux Vieilles-Forges aurait pour but, à la
commission scolaire de Chavigny, d'avoir peu d'immobilisations, la commission
scolaire régionale des Vieilles-Forges, Trois-Rivières en
particulier, serait prise avec des immobilisations qui profitent à
d'autres. Dans ce sens-là, vous connaissez très bien le
problème de Louiseville, Chavigny, Pointe-du-Lac, Trois-Rivières,
Cap-de-la-Madeleine et autres.
M. Ryan: M. le Président, je crois que j'étais en
train de donner un résumé de la situation, tantôt, lorsque
j'ai volontiers consenti à être interrompu par le
député de Laviolette. Je vais compléter le tableau, cela
ne sera pas long, puis je vais répondre à sa question en
conclusion, comme je l'avais annoncé au début de mon
intervention, s'il veut bien consentir à cela. Je pense que,
étant donné que j'ai commencé à donner la
situation, cela peut se terminer assez vite, on va avoir le tableau complet
pour tout le monde. (10 h 30)
Alors, j'avais commencé à donner des cas où cela
n'est pas réglé et où nous n'avons pas de choses claires
en vue pour l'avenir prévisible. J'ai parlé de
Louis-Hémon, j'ai parlé de la Mauricie et là je ferme la
parenthèse sur la Mauricie, quoiqu'on pourrait en parler pendant toute
la journée. Le cas des Vieilles-Forges a été
mentionné par le député de Laviolette, un cas très
aigu, comme il le sait très bien, sur lequel par conséquent nous
n'avons pas de perspective d'intégration dans l'avenir
prévisible, à court terme. La régionale de Chambly.
Tantôt j'ai nommé la régionale Meilleur, j'ai fait une
erreur. À la régionale Meilleur, il est survenu des complications
en cours de route et nous n'envisageons pas que l'intégration va se
faire pour le 1er juillet 1986, parce qu'encore une fois il y a eu ce
phénomène que des gens ont repensé à la
décision qu'ils avaient prise dans un contexte tout à fait
différent. Ne l'oublions point, c'était le contexte de la loi 3,
qui par la suite a été jugée inconstitutionnelle par les
tribunaux. Cela a amené plusieurs commissions scolaires à
reconsidérer la décision qu'elles avaient prise. Dans ce cas-ci,
il est arrivé des pépins. Eastern Québec, Lac Saint-Jean,
Péninsule, Lapointe, Chaudière, Chauveau, Pascal-Taché,
Tardivel, Provencher, Blainville-Deux-Montagnes, Vau-dreuil-Soulanges, Yamaska,
La Vérendrye, Gaspésia, South Shore, Western Québec. Par
conséquent, il y a encore beaucoup de travail à faire, comme vous
le constatez. Beaucoup de travail se présente à nous, à la
suite justement du nouveau climat qui a découlé des
événements à la fois judiciaires et politiques de la
dernière année.
En réponse à la question du député,
maintenant que nous avons brossé un tableau à peu près
complet - et des renseignements vous seront distribués au cours de la
matinée sur tout cela, de manière que vous puissiez les avoir
à votre disposition sans délai - nous avons décidé,
pour l'année courante, que tout continue sous l'empire de la Loi sur
l'instruction publique comme elle existe, c'est-à-dire que ça
demande le libre consentement des commissions scolaires concernées pour
que nous autres, nous fonctionnions.
Après que nous aurons terminé l'exercice,
c'est-à-dire à compter de l'automne prochain - et moi, le
délai que je me fixe c'est l'hiver de 1987; à l'hiver de 1987, au
début de 1987, nous allons faire un inventaire, nous allons voir
où nous en sommes. Nous allons alors nous demander quels sont les pas
à franchir pour aller plus loin si nous continuons dans cette direction
de manière résolue. Je ferai rapport à la commission
parlementaire, à la Chambre, à l'opinion publique
également. Pour le moment, nous nous en tenons à la politique que
nous avons énoncée quand nous avons pris le pouvoir. Je pense que
ce genre de situation que nous avons va permettre que l'intégration se
fasse peut-être dans des conditions de consentement plus approfondi de la
part des intéressés. Je ne porte pas de jugement sur ce qui a pu
se faire avant. Nous autres, peut-être que nous serons
obligés de prendre des responsabilités au terme de
l'opération actuelle. Je ne préjuge de rien pour l'instant. Je
dois souligner avec force que j'ai continuellement insisté, depuis que
je suis impliqué directement dans l'opération, pour que le
premier critère ce soit le maintien d'une qualité acceptable
d'éducation dans toutes les régions du Québec et non pas
le désir de satisfaire à l'ego de certains commissaires
d'écoles qui puissent être intéressés par exemple
à avoir un empire plus complet sur les affaires scolaires de leur
territoire. Notre premier souci n'est pas de créer de petits empires
mais de faire en sorte que la responsabilisation des commissions scolaires se
fasse, que l'intégration des enseignements se fasse moyennant des
garanties satisfaisantes au point de vue de la qualité des
enseignements.
M. Jolivet: Je vous remercie, M. le ministre. Donc, je dois
comprendre que l'intégration de celles qui seront réticentes pour
des raisons diverses et que le ministre examinera au printemps 1987 devra se
faire normalement en 1988, selon des décisions qui devront être
prises à ce moment-là. Je termine la question de
l'intégration, oui?
M. Ryan: Mais je ne voudrais pas que vous me fassiez dire plus
que je n'ai dit. J'ai dit que nous examinerons la situation à l'hiver de
1987 et nous tirerons les conclusions qui s'imposeront. J'ai bien dit: si nous
considérons à ce moment-là qu'il faut pousser
davantage...
M. Jolivet: C'est cela.
M. Ryan: ...dans la ligne de l'intégration. Mais si, d'ici
ce temps, on m'arrivait avec toutes sortes de problèmes découlant
de la manière dont l'intégration se sera faite et qu'on me
disait: faites attention, regardez votre affaire comme il faut... Tout à
coup, un certain nombre de commissions scolaires intégrées me
diraient: ça ne marche pas notre patente, le genre d'arrangements
régionaux qu'on a ce n'est pas bon, c'est bloqué ici et
là. On se garde des portes ouvertes de ce côté-là
pour examiner la situation. On les suit de très près.
À ce sujet, je voudrais peut-être exprimer un
témoignage d'appréciation à l'endroit de mes
collaborateurs du ministère de l'Éducation, d'un
côté mon cabinet politique et de l'autre côté les
fonctionnaires, pour la présence presque quotidienne qu'ils ont à
ces situations. C'est vraiment une équipe volante. Quand une situation
surgit quelque part, ils sont rendus là le jour même ou le
lendemain. Us nous font rapport immédiatement. Ils vont là non
pas pour imposer des choses ou dire que le ministre veut ceci ou cela. Le
ministre leur a dit qu'il ne sait pas lui-même. C'est pour cela qu'il y a
un problème. Ils vont là pour examiner les choses et ils font
rapport. Je pense que les commissions scolaires qui ont reçu la visite
de nos représentants sont très heureuses de la manière
dont elles ont été traitées. Elles voient que c'est vrai
qu'on les respecte.
M. Jolivet: Je termine sur cette question de l'intégration
en disant que j'espère que les commissions scolaires se mettront
d'accord le plus rapidement possible sur la meilleure formule
d'intégration pour le milieu en vue d'une éducation de
qualité aux jeunes Québécois et
Québécoises.
D'un autre côté, je vais vous poser une dernière
question concernant le problème qui a surgi justement à la suite
de ces phénomènes à La Tuque, en Haute-Mauricie. Juste un
dernier détail. Quelles sont les décisions prises par le
ministre, étant donné que la commission scolaire existe toujours
légalement, sauf qu'il n'y a pas assez de commissaires pour former le
quorum qui ont les pouvoirs de prendre rapidement les décisions qui
peuvent s'imposer? Est-ce que le ministre a donné des pouvoirs, comme
j'y faisais un peu allusion ce matin, plénipotentiaires au directeur
général? Est-ce qu'il a l'intention de convoquer une
élection générale rapidement pour les postes à
combler? Est-ce qu'il a l'intention d'en nommer d'office, compte tenu des
pouvoirs qui lui sont conférés?
M. Ryan: J'ai appris hier qu'un commissaire avait
été l'objet d'un vote de blâme de la part des parents pour
son comportement pendant la grève du transport scolaire et que, devant
ce blâme, il a démissionné. Il a été suivi
dans son geste par sept autres commissaires, y compris le président de
la commission scolaire. Ce qui fait que sur une commission scolaire de treize
membres élus il y en a une majorité qui a
démissionné. Nous sommes placés devant cette
situation.
J'attends un avis juridique écrit de nos conseillers,
aujourd'hui. Si l'avis juridique va dans le sens que nous prévoyons, il
faudra nommer un administrateur intérimaire de la commission scolaire
dès aujourd'hui. Ma plume est prête à fonctionner.
Dès que j'aurai reçu l'avis juridique dont j'estime avoir besoin,
nous procéderons à la nomination d'un administrateur
extraordinaire de la commission scolaire.
En deuxième lieu, je pense que nous procéderons dans les
meilleurs délais à une nouvelle élection scolaire, parce
que je ne veux pas prendre la responsabilité de nommer huit commissaires
d'un coup, comme la loi m'autoriserait à le faire. Étant
profondément imbu des principes de la démocratie libérale,
je pense qu'il appartient aux citoyens eux-mêmes de procéder au
remplacement des
commissaires démissionnaires, et qu'il n'appartient pas au
gouvernement de s'ingérer dans ce processus.
Par conséquent, dans les meilleurs délais, nous devrions
convoquer une élection mais, avant de prendre une décision, je
verrai è recueillir l'avis du député de Laviolette.
J'espère que, cette fois-là, il aura un avis plus explicite
à me donner que dans une autre situation à laquelle nous avons
fait face ensemble, il y a quelques semaines.
M. Jolivet: M. le ministre, j'avais dit que ce n'était pas
à vous que j'avais à donner ces renseignements, c'était
à un autre ministre, le ministre du Travail, à qui j'avais
à les donner. S'il m'avait écouté à
l'époque, trois semaines plus tôt, le problème aurait
été réglé plus rapidement.
Simplement pour vous donner une nouvelle que vous avez peut-être,
mais pour les besoins de la cause. Quant à l'intégration, la
décision prise par la commission scolaire du Haut Saint-Maurice d'aller
de l'avant, après le conflit des autobus scolaires, dans la nomination
du directeur général de la nouvelle commission scolaire
intégrée... Lors de la démission de lundi soir, juste
avant la démission, ils avaient rescindé la résolution.
Peut-être que vous ne le savez pas mais je pense que c'est
intéressant.
M. Ryan: Je voudrais accueillir cette nouvelle avec beaucoup de
joie, parce que j'avais reçu un télégramme vers la fin de
la semaine dernière m'informant qu'un décret du Conseil
exécutif du Québec n'avait pas l'air de les déranger, eux
autres. J'avais demandé l'avis de nos conseillers avant d'agir mais cela
m'inquiétait beaucoup. Je suis bien content de voir qu'ils
étaient revenus à une vision plus sensée des choses et
qu'ils avaient rescindé cette résolution. Je vous remercie de la
nouvelle que vous m'apportez parce que je n'en étais point au
courant.
M, Jolivet: Sur la question de l'intégration, j'ai
terminé pour te moment, M. le Président.
M. Ryan: Je voudrais juste confirmer là-dessus que le
Conseil des ministres, effectivement, à une réunion tenue il y a
deux semaines, a décidé que la mise en application du
décret adopté en novembre 1985 était
différée jusqu'à juillet 1987.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Pour les besoins
de la transcription du Journal des débats, nous accueillons le
député de Chicoutimi...
Des voix: De Lac-Saint-Jean.
Le Président (M. Parent, Sauvé): De
Lac-Saint-Jean.
Une voix: II paraît qu'il ne faut pas les
mélanger.
M. Brassard: Merci, M. le Président.
M. Jolivet: C'est simplement pour dire que la question qui sera
posée par le député concerne un dossier personnel au
niveau de...
M. Brassard: C'est un dossier de comté.
M. Jolivet: Excusez-moi. Un dossier de comté...
M. Brassard: Cela va.
M. Jolivet: II n'y a pas de problème. Mais cela touche les
constructions.
École Notre-Dame-du-Lac-Desbiens
M. Brassard: N'étant pas membre de la commission, si je
viens ici c'est certainement parce que c'est pour un dossier de comté.
Il s'agit, vous le savez sûrement, M. le ministre, du dossier de
l'école Notre-Dame de Desbiens qui fait partie de la commission scolaire
régionale de Lac-Saint-Jean, la commission scolaire ayant
décidé, il y a quelques semaines, pour l'année scolaire
1986-1987 de fermer l'école. C'est une école de secteur avec
environ 200 étudiants de niveau secondaire 1, II et III.
À la suite de cette décision, il y a eu une sorte de
mouvement au sein de la population contre cette décision de fermeture.
Cela a même pris la forme d'une grève scalaire, en quelque sorte,
puisque les parents ont gardé leurs enfants à la maison pendant
une vingtaine de jours. Je vous signale que les enfants sont retournés
à l'école ce matin. Je pense qu'on vous a sûrement
avisé de cela. Il y a eu une réunion des parents hier soir et la
décision a été prise de faire réintégrer
l'école à leurs enfants.
Je sais aussi qu'il y a eu des rencontres entre des membres de votre
cabinet politique de même qu'avec le sous-ministre, M. Rousseau, et des
représentants du milieu; des contacts, également, avec la
commission scolaire, dont le président, en particulier, M. Tremblay. La
question est très simple et complexe en même temps parce que
décider de fermer une école, vous le savez sûrement comme
ministre de l'Éducation, c'est une décision qui relève de
la commission scolaire, c'est de la juridiction de la commission scolaire. Par
conséquent, le ministère de l'Éducation, dans des cas
comme cela, ne peut pas, je pense, imposer une décision ou une solution
différente de celle préconisée par la commission scolaire.
Donc, la seule voie possible, c'est celle de la
discussion, de la négociation avec les parties pour en arriver
à une solution acceptable.
Je voudrais savoir ceci du ministre: Quelles sont les pistes de solution
qui existent relativement à ce dossier? Est-ce que, par exemple, il
compte utiliser les nouvelles règles de financement qui vont s'appliquer
à partir de l'année scolaire 1986-1987, je pense? Compte-t-il
utiliser les nouvelles règles de financement pour en arriver à
une solution qui soit à la fois acceptable pour les parents qui veulent
maintenir ouverte cette école et aussi pour la commission scolaire qui,
il faut le reconnaître, fait face à des difficultés
financières réelles? Elle a résorbé un
déficit assez élevé. Donc, il faut aussi prendre en
considération ce volet de la problématique. Comment
envisagez-vous ce problème? Quelles sont les pistes de solution que vous
comptez ouvrir pour essayer d'en arriver à une solution acceptable pour
les parties?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: M. le Président, je suis content de voir que le
député de Lac-Saint-Jean nous parle de ce problème parce
que je crois que c'est la première fois qu'il m'en parle depuis que le
problème existe.
Dès que nous avons été saisis du conflit qui avait
surgi là-bas entre les parents et la commission scolaire, les officiers
du ministère et de mon cabinet se sont mis à l'oeuvre pour
établir le contact avec les intéressés,
c'est-à-dire d'un côté les parents et de l'autre
côté la commission scolaire régionale pour chercher d'abord
è comprendre le problème, à voir exactement quelle
était la nature de la situation qui avait surgi là-bas et,
deuxièmement, pour les aider à chercher des solutions. (10 h
45)
Ainsi que le député de Lac-Saint-Jean l'a souligné,
la responsabilité juridique, dans une situation comme celle-là,
relève de la commission scolaire. Il incombe à la commission
scolaire, en vertu de la Loi sur l'instruction publique, de dispenser
l'enseignement sur son territoire, sur des modalités qu'elle juge
compatibles avec ses ressources et avec les obligations qu'elle a envers la
population de tout le territoire. Mais il arrive souvent que la commission
scolaire dise, non sans raison, qu'elle est acculée à telle ou
telle décision en raison des politiques de financement du
ministère de l'Éducation et qu'elle nous renvoie la balle. Les
parents, quand ils se heurtent à un mur du côté de la
commission scolaire, ont un réflexe très compréhensible
qui les incite à venir frapper à la porte du
ministère.
Je me souviens, il y a à peu près un mois et demi,
j'étais au restaurant du Mini-Débat, au sous-sol du parlement, et
il y avait un groupe qui était là un midi. Les gens sont venus me
rencontrer et ils m'ont dit: On s'en vient justement vous voir à
Québec, M. Ryan. J'étais étonné parce que je n'en
avais pas entendu parler. C'étaient des gens de Desbiens qui s'en
venaient poser le problème de leur école. J'avais une très
grosse journée cette journée-là, je leur ai dit: Prenez
contact avec M. Rondeau, il va être bien content de vous rencontrer, et
les officiers du ministère également. Ils ont eu des contacts qui
se sont multipliés par la suite.
Je pense que notre rôle, dans une situation comme celle-là,
c'est d'essayer de mieux faire comprendre aux commissaires d'écoles le
point de vue des parents qui sont affectés et de faire comprendre aux
parents d'une manière plus approfondie les préoccupations des
commissaires d'écoles et, surtout, de les amener à chercher
ensemble les éléments de solution possible. Là, c'est ce
que nous faisons.
Vous avez annoncé que les enfants, après plusieurs
semaines d'absence de l'école, même de l'école primaire
d'après ce que j'ai compris, sont rentrés à l'école
ce matin. Je pense que le député sait comme moi que c'est en
grande partie grâce au travail de médiation qui a
été accompli par M. Rondeau et M. Rousseau, et qui va continuer
d'ailleurs. Là, au cours des prochains jours, les deux parties ont
accepté de collaborer avec des représentants du ministère
à la recherche d'hypothèses de solution au problème de
planification financière à la commission scolaire
régionale. On va étudier, avec la commission scolaire
régionale, tout le dossier financier qui accompagne cette
décision et l'explique. J'espère qu'en discutant ensemble on va
trouver des solutions. Nous allons être là pour aider. À un
moment donné, s'il arrive qu'on voie les responsabilités qui nous
incombent sous un jour différent, nous nous poserons des questions
aussi. Mais, pour le moment, c'est comme ça que le problème se
pose.
Je veux vous signaler un autre exemple, si vous me le permettez, qui va
aider à comprendre l'approche du ministère dans ces cas. Nous
avons eu un cas très douloureux de fermeture d'école
anglo-catholique dans la ville de Laval il y a quelque temps. La
décision était prise d'une manière irrévocable,
c'était final et, là, nous sommes intervenus un peu de la
même manière dans le dossier. Nous avons aidé les parties
à se parler entre elles et une solution a été
trouvée pour la période qui s'en vient immédiatement et
qui est acceptable à toutes les parties. On a décidé sur
une base plus longue... Là, la tentation des commissions scolaires
catholiques dans bien des endroits, c'est de se délester de leurs
responsabilités envers leurs élèves anglophones et de les
confier à des
commissions scolaires protestantes sans même se demander s'il n'y
aurait pas des choses qui pourraient être faites pour les garder sous la
responsabilité de commissions scolaires catholiques et leur dispenser
des services auxquels ils ont droit. Dans cette région, on va amener des
commissions scolaires catholiques du territoire à se poser des questions
à savoir s'il n'y aurait pas certaines mises en commun à faire.
Des fois, une commission scolaire catholique va parler tout de suite à
la commission scolaire protestante pour faire une entente avec elle et il ne
lui vient pas à l'idée de parler à la commission scolaire
catholique voisine pour voir si elles ne pourraient pas se mettre
peut-être trois ou quatre commissions scolaires catholiques ensemble pour
trouver une solution. C'est bien plus facile de pelleter le problème
dans le jardin de l'autre.
Alors, on est à la recherche d'avenues peut-être
inédites de ce point de vue, mais c'est le genre de rôle que le
ministère de l'Éducation peut remplir dans des situations comme
celles-là. Une chose est sûre, il ne faut pas commencer à
dire: Là, c'est très bien, gardez-la ouverte et nous allons
mettre tant d'argent de plus dans le dossier. Si on fait cela à une
place, il faut le faire à l'autre et à l'autre. Je crois que par
le processus de responsabilisation et de dialogue que j'ai
évoqué, c'est la meilleure manière dont nous puissions
rendre service. Les commissions scolaires qui ont eu à transiger
là-dessus avec nous se sont rendu compte que c'était notre
approche et elles l'apprécient.
M. Brassard: M. le Président, je suis évidemment
parfaitement d'accord avec le ministre quand il indique que le processus qui
doit être suivi est celui du dialogue et de l'échange entre les
parties. Je suis d'autant plus d'accord - on l'a sûrement informé
de ce fait - que ce problème n'est pas nouveau; il a déjà
surgi il y a deux ou trois ans. La commission scolaire avait pris une
décision semblable. Le ministère de l'Éducation, via le
bureau régional et le sous-ministre également, s'était
impliquée et je m'étais intéressé aussi au dossier.
Finalement, la commission scolaire a modifié sa décision il y a
deux ou trois ans. Cela s'est fait par la voie du dialogue et de
l'échange, comme vous l'indiquez. Je suis d'accord avec vous, mais je
veux simplement vous signaler que le problème a déjà surgi
et qu'il va falloir qu'on trouve de nouvelles pistes parce que l'examen de la
situation financière de la commission scolaire a déjà
été fait par le bureau régional et par le ministère
de l'Éducation. Le problème du déficit de cette commission
scolaire n'est pas nouveau, il est connu maintenant depuis plusieurs mois. Il y
a eu également de la part du ministère un examen approfondi de la
situation financière de la commission scolaire pour tenter de trouver
des moyens et des solutions visant à résorber ce déficit.
Par conséquent, l'opération qui est enclenchée -je tiens
à le signaler, vous en êtes sûrement conscient - ce n'est
pas une opération qu'on peut qualifier de nouvelle parce qu'il y a
déjà eu un examen de la situation financière de la
commission scolaire. C'est une opération qui est reprise en
espérant qu'un nouvel examen, une nouvelle analyse va peut-être
permettre de trouver des solutions qui vont satisfaire les parties, mais ce
n'est pas une opération nouvelle.
La dernière question là-dessus, je ne veux pas prendre
trop de temps de la commission non plus, c'est simplement ce que j'ai
posé au début, vous n'y avez pas répondu: Est-il possible,
par le biais des nouvelles règles budgétaires qui vont
s'appliquer à partir de l'année scolaire 1986-1987, de ces
nouveaux paramètres de financement, d'identifier, de trouver des
solutions à un problème comme celui-là qui permettrait
à la commission scolaire de garder l'école
Notre-Dame-du-Lac-Desbiens ouverte ou si, vraiment, de ce côté, il
y a peu de chance de trouver une solution à ce problème?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre de
l'Éducation.
M. Ryan: Nous venons tout juste d'adopter les nouvelles
règles budgétaires. Nous avons examiné l'impact qu'elles
auraient sur le financement de la commission scolaire régionale du
Lac-Saint-Jean et des commissions scolaires locales qui en font partie. Il y a
aussi un régime de transition que nous avons mis au point et qui va
atténuer certaines conséquences que cela pourrait avoir. Il faut
regarder cela à la lumière de la situation financière des
commissions scolaires concernées également.
En ce qui touche le problème plus immédiat que vous posez,
nous aurons une définition des éléments qui s'appliquent
à votre situation, qui va permettre de regarder le problème avec
compréhension.
M. Brassard: Juste une petite... Vous vous donnez...
M. Ryan: M. le Président, j'aimerais que nous en
venions... Je me souviens qu'un jour un ancien ministre de l'Éducation
du gouvernement précédent, je pense que c'était M.
Jacques-Yvan Morin, avait annoncé une politique au nom du gouvernement
en matière de fermetures locales. Il avait dit: On ne fermera plus les
écoles locales. Son dernier successeur du côté de l'ancien
gouvernement, qui est ici ce matin, le député d'Abitibi-Ouest, se
rend compte que
c'est une politique qui n'est pas applicable dans les circonstances
d'aujourd'hui. On n'avait pas prévu que les effectifs
déclineraient aussi spectaculairement dans certains endroits à ce
moment-là. C'est un problème qui me préoccupe
particulièrement vu les nombreux cas dont j'ai été saisi
au cours des derniers mois. J'espère trouver une solution,
peut-être à l'automne, après qu'on aura eu le temps de
voir, d'une manière plus concrète, tout l'impact des nouvelles
règles budgétaires, avec des éléments d'une
politique qui serait peut-être plus explicite que ce que nous avons
actuellement de ce point de vue-là.
Je ne pense pas que ce soit satisfaisant pour le ministre de
l'Éducation de dire tout simplement: Cela, c'est ia
responsabilité de la commission scolaire, qu'elle s'arrange avec. On a
une responsabilité quand il y a des situations qui surgissent. Je vais
essayer de la définir plus clairement au cours des mois à venir.
Mais, pour le moment, je ne suis pas en mesure d'en dire davantage.
M. Brassard: Une toute petite question, M. le Président.
Qu'est-ce que le ministère se donne comme délai pour faire le
réexamen avec les parties, de la situation financière de la
commission scolaire?
M. Ryan: Je pense que, de notre côté, cela va assez
vite. Je tiens à le souligner, il y a une atmosphère
d'efficacité, au ministère de l'Éducation, à
laquelle je collabore volontiers. Je pense qu'on peut dire que les choses ne
traînent pas en longueur. C'est pourquoi le premier examen va se faire
à la commission scolaire régionale dès la semaine
prochaine. Dès la semaine suivante, il y aura examen, au besoin, avec
les commissions scolaires locales également. Cela ne traînera
pas.
M. Brassard: Donc, quinze jours, trois semaines.
M. Ryan: Oui.
M. Brassard: Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre et M. le député de Lac-Saint-Jean. Je reconnais
maintenant le député de Richelieu.
M, Khelfa: Merci, M. le Président. Si je peux retourner au
dossier de l'intégration et poser une question au ministre sur un point
bien précis... M. le ministre, vous avez mentionné que la
régionale Carignan sera intégrée et modifiée et
qu'il y aura deux commissions scolaires, Sorel et Tracy.
Si je me réfère à la dernière campagne
électorale, le porte-étendard du Parti québécois a
créé des attentes malgré que c'est lui qui a imposé
cette intégration. Il a créé ces attentes en disant que,
à la place de deux commissions scolaires, la région sera
dotée d'une seule commission scolaire. Le processus de cette
intégration s'est fait par une forme d'imposition politique de la part
de l'ancien gouvernement. À l'heure actuelle, dans le milieu, à
la suite de la campagne électorale et des promesses du Parti
québécois de l'époque, il y a eu... C'est vrai, je sais
qu'il n'est plus là. Mais il nous rappelle nos engagements, nous lui
rappelons les siens, qui sont plus nombreux que les nôtres.
J'aimerais poser la question suivante au ministre: Est-ce que
l'intégration, dans le cas de la régionale Carignan, est un
processus terminé, qui sera mis en vigueur le 1er septembre 1986, d'une
façon non révocable, ou bien s'il pourra y avoir une sorte de
modification afin d'avoir une seule commission scolaire sur le territoire?
M. Ryan: Avec plaisir. Je vais essayer de répondre
à la question du député de Richelieu. Dans le cas de
Richelieu, la demande a été faite pour la création de deux
commissions scolaires intégrées. L'autorisation a
été donnée de procéder aux tractations en vue d'en
venir à ce résultat. Les derniers renseignements qui me
parviennent m'indiquent qu'un projet de protocole a été
déposé à la Direction régionale du ministère
de l'Éducation. Il est actuellement à l'examen et ce projet de
protocole devrait me parvenir dans un avenir rapproché. Alors, si le
protocole répond aux exigences que nous avons en général,
nous donnerons l'autorisation de procéder à compter du 1er
juillet 1986, parce que je veux que nous procédions de la même
manière partout. Je ne veux pas que nous donnions l'impression que les
critères changent, selon que nous sommes dans un territoire où
nous avons telle sympathie politique ou telle autre, etc. Je veux que ce soit
la même chose partout. (11 heures)
Maintenant, à supposer que cela se fasse, ce n'est jamais
définitif et irrémédiable. S'il arrivait au bout d'un,
deux ou trois ans que les deux commissions scolaires intégrées
veuillent fusionner pour former une commission scolaire intégrée
à une échelle territoriale plus large, je pense que ce serait
examiné avec beaucoup de sympathie par l'actuel ministre de
l'Éducation. J'ai un réflexe, je vous le dis franchement. Je
trouve que, dans un certain nombre de cas, les commissions scolaires
intégrées vont être trop petites et elles vont se rendre
compte que cela crée des problèmes. Je ne voulais pas
défaire tout ce qui a été fait jusqu'à maintenant.
On a procédé dans une certaine voie. J'essaie de contenir les
choses le plus possible. Si on me disait, dans un cas
ou l'autre: On s'est aperçu, à l'expérience, que ce
serait mieux d'avoir une base territoriale plus large, il n'y aurait pas de
résistance de ma part. Au contraire,' je vais examiner cela avec
beaucoup de sympathie.
M. Khelfa: Juste pour compléter. Je sais que nous
étions pas ma! orphelins, malgré que le comté était
au pouvoir. Depuis l'arrivée du parti libéral au pouvoir, nous
avons eu un Cégep à notre dimension qui était
demandé depuis 1978. Malgré la conjoncture financière,
nous avons obtenu un agrandissement d'envergure qui répond aux besoins.
C'est ce soir que l'on parle de cela?
Mais, M. le député de Laviolette, je vous donne une
primeur.
M. Ryan: Le député pourra venir le redire ce soir,
ça nous fera bien plaisir.
M. Khelfa: Merci, M. le ministre.
Le Président (M. Parent, Sauvé): La
députée de Jacques-Cartier.
M. Jolivet: Je m'excuse, M. le Président, pourquoi
ça ne serait pas moi en alternance?
Le Président (M. Parent, Sauvé): La règle de
l'alternance n'existe pas réellement. Elle existe dans les principes et
dans la coutume. Je pense que j'ai donné une opinion lorsqu'on a
commencé les travaux. J'ai dit que je reconnaissais le principe que les
commissions parlementaires sont un endroit privilégié pour
l'Opposition pour interroger le gouvernement et tout cela. Il ne faut quand
même pas oublier qu'il y a une majorité de députés
qui ont été élus et qui peuvent intervenir. Je ne pense
pas que, dans mes décisions, j'aie brimé l'Opposition dans son
droit de parole. J'ai reconnu, tout à l'heure, immédiatement le
député de Lac-Saint-Jean, qui a fait son intervention et,
maintenant, je reconnais la députée de Jacques-Cartier.
M. Jolivet: M. le Président, juste pour bien clarifier la
situation. Je ne voulais pas mettre en doute votre décision. Je voulais
simplement savoir pourquoi et vous m'avez donné une réponse. Je
vous dis cependant que je suis d'accord pour que Mme la députée
de Jacques-Cartier, qui a une question à poser, la pose dans les 10 % de
temps qu'ils ont à leur disposition.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Jacques-Cartier va poser sa question dans le temps
qu'elle a à sa disposition.
Les professionnels non enseignants
Mme Dougherty: Comptez les minutes; Merci, M. le
Président.
M. le ministre, c'est bien reconnu que les problèmes, les enfants
en difficulté, toutes sortes de difficultés augmentent dans nos
écoles. Je parle des difficultés sociales, des difficultés
sur le plan pédagogique, difficultés de comportement. En
même temps, malgré cette croissance d'élèves avec
des problèmes dans nos écoles, on a vécu, depuis des
années, une diminution du personnel qui s'occupe principalement de ces
enfants. Je parle des conseillers pédagogiques et des professionnels non
enseignants. C'est évident qu'à cause des coupures
budgétaires depuis plusieurs années, ces catégories de
personnel étaient particulièrement vulnérables parce
qu'elles n'étaient pas protégées; il n'y avait pas de
ratio, pas de règles de jeu spécifiques pour les protéger
et les commissions scolaires n'avaient pas le choix. Elles ont coupé
dans ces catégories de personnel parce que c'était une de leurs
seules catégories où il y avait une certaine marge de manoeuvre
budgétaire.
J'aimerais savoir d'abord quelle est la situation actuelle en ce qui
concerne... Je n'ai pas vu les chiffres dans le cahier. Je crois que,
l'année dernière, on a vu l'évolution de cette
catégorie de personne! par rapport à d'autres effectifs dans nos
commissions scolaires. Le pourcentage a diminué depuis longtemps.
J'aimerais savoir quelle est la situation actuelle, le pourcentage ou le ratio
du personnel non enseignant par rapport au personnel enseignant.
Deuxièmement, est-ce que nous avons des chiffres qui comparent la
proportion de ces catégories de personnel par rapport à la
proportion en Ontario?
Le troisième volet de ma question, c'est: Quel sera l'impact des
règles budgétaires à l'égard de ces
catégories de personnel? Est-ce que l'impact probable sera de diminuer
davantage la proportion? Est-ce que l'impact assurera une stabilisation de ces
personnels? Quel en sera l'impact? Je crois que lorsque l'on parle de toutes
les difficultés que nous avons dans les écoles, les
décrocheurs, les mesures qu'on essaie de prendre pour enrayer une
augmentation de ces décrocheurs, toutes ces mesures de prévention
qui sont tellement nécessaires, je crois qu'il faut examiner de
près la disponibilité du personnel qualifié pour leur
aider.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre de
l'Éducation.
M. Ryan: M. le Président, tout d'abord, je voudrais
signaler à la députée de Jacques-Cartier que, dans le
cahier explicatif remis aux membres de la commission parlementaire en vue de
l'étude des crédits à laquelle nous procédons, elle
trouvera, en pages 44 et 45, les données - au programme 4 - qu'elle a
demandées concernant l'évolution des
personnels de chaque catégorie au cours des neuf dernières
années.
En ce qui concerne les professionnels non enseignants, on constate que
les effectifs sont passés de 4138 en 1976-1977 à 3357 en
1985-1986, soit, pour cette période, une diminution de 18,9 %, alors que
la clientèle a connu une diminution de 20,9 %. Par conséquent,
suivant ces chiffres du moins, le glissement n'a pas été aussi
spectaculaire que certaines affirmations qu'on entend couramment pourraient le
laisser entendre.
Ensuite, je crois que la députée a demandé des
renseignements sur l'évolution de la clientèle des enfants en
difficulté d'adaptation et d'apprentissage. Il y a eu une augmentation
de ce point de vue. On constate que, seulement entre 1984-1985 et 1985-1986, il
y a eu une augmentation de 9643 élèves considérés
comme en difficulté d'adaptation et d'apprentissage, soit 9,7 %. Alors,
nous avons un tableau ici, que je pourrai volontiers mettre à la
disposition des membres de la commission, sur l'évolution des
clientèles en difficulté d'adaptation et d'apprentissage, par
catégorie. Je pense que cela va vous donner un tableau complet. On va
voir que c'est vraiment un problème auquel la députée de
Jacques-Cartier a raison de s'intéresser de manière aussi
approfondie et sur lequel elle a encore doublement raison d'attirer constamment
notre attention. Franchement, devant les chiffres qui ont été
soumis à mon attention, je me suis rendu à l'évidence.
Je voudrais, encore une fois, exprimer ma vive appréciation pour
l'inquiétude que manifeste à ce sujet la députée de
Jacques-Cartier. Le problème est aigu, il est en croissance. Il fait
appel à notre intervention.
Je vois que la députée de Jacques-Cartier fait un signe.
Je voulais maintenant indiquer en quoi les nouvelles règles
budgétaires vont nous permettre d'agir sur ce problème, d'une
manière que je souhaite plus efficace. Mais, si la députée
de Jacques-Cartier a des précisions à me demander sur ce qui a
déjà été dit, je n'ai pas d'objection à me
laisser interrompre à ce moment-ci et à compléter ma
réponse ensuite.
Mme Dougherty: M. le ministre, je sais que le nombre d'enfants
identifiés en difficulté d'apprentissage a augmenté pour
plusieurs raisons, mais je parle aussi d'autres problèmes. On sait
très bien que nous avons de plus en plus d'enfants de familles
monoparentales. On a des décrocheurs et de la drogue, toutes sortes de
problèmes qui sont reflétés dans nos écoles et qui
ne sont pas parmi les 10 %. Il y a plus de problèmes que les 10 %. Je
n'ai pas examiné les règles budgétaires en détail -
j'ai vu quelques réactions aux premières versions - mais
j'aimerais assurer que le personnel nécessaire pour s'occuper de ces
enfants, de ces problèmes et de ces difficultés est
adéquat et qu'encore une fois on ne va pas préjuger des
possibilités des commissions scolaires d'embaucher, d'avoir parmi leur
personnel un personnel adéquat pour s'occuper de ces enfants. Je ne
suggère pas quelque chose de précis, mais je crois que les
règles budgétaires sont la clé dans l'administration d'une
commission scolaire.
Indirectement, les règles budgétaires imposent certaines
priorités aux commissions scolaires. Les règles
budgétaires déterminent les secteurs où la commission
scolaire a une certaine marge de manoeuvre et les secteurs où il n'y a
pas de marge de manoeuvre. Donc, ce que je demande, c'est: Est-ce qu'en
préparant les règles budgétaires on était sensible
à ce problème? Si le résultat des règles
budgétaires était de diminuer encore notre capacité de
servir ces enfants, cela serait un résultat très regrettable.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Justement, je complète ma réponse en
abordant le troisième volet auquel j'allais m'adresser. Dans les
nouvelles règles budgétaires, il y a des changements qui visent
à tenir compte des considérations comme celles qui viennent
d'être émises par Mme la députée de Jacques-Cartier.
Les rapports maître-élèves qui déterminent
l'allocation budgétaire concernant les enseignants qui oeuvrent en
adaptation scolaire ont été rajeunis en tenant compte du taux
d'incidence et du type d'élèves en difficulté
observés en 1984-1985 pour chacune des écoles. Auparavant, les
données utilisées étaient celles de l'année
1982-1983. Comme il y a eu augmentation, c'est évident que cela va
affecter le rapport maître-élèves d'une manière qui
va permettre d'améliorer les services disponibles parce qu'il va y en
avoir plus.
Deuxièmement...
Mme Dougherty: Vous parlez des classes spéciales, n'est-ce
pas? Le "waiting" donné à chaque enfant?
M. Ryan: Oui.
Mme Dougherty: Mais je parle de tous les problèmes dans
les classes régulières qui ne sont pas
nécessairement...
M. Ryan: Oui, mais on va commencer par celui-là, on va
déjà faire beaucoup. C'est évident qu'il peut arriver que
des problèmes de mésadaptation surviennent dans les cas les plus
inattendus. Là on est obligé de parler ici d'abord des
problèmes qui peuvent être catégorisés comme tels.
L'autre problème, il va falloir s'y adresser également. Cela fait
partie de l'organisation générale que l'on va
faire dans les écoles.
(11 h 15)
Je continue ma réponse. En deuxième lieu, le nouveau mode
d'allocation permet un changement important en tenant compte désormais
de l'incidence de la clientèle des élèves en
difficulté d'adaptation et d'apprentissage - cela va intéresser
particulièrement la députée de Jacques-Cartier - dans le
financement du personnel autre qu'enseignant, de même que dans les autres
coûts encourus par la commission scolaire: matériel didactique,
équipement, etc. On va tenir compte de cela. Je pense que cela va
permettre d'enrayer certains glissements qui étaient à l'oeuvre
dans de trop nombreux endroits. Ainsi, une des variables qui aideront à
déterminer le montant de l'allocation, ce sera le poids de la
clientèle en difficulté sur la clientèle totale de chacune
des commissions scolaires. Les anciennes règles ne tenaient pas compte,
dans ces secteurs, du type d'élèves en difficulté.
Là, il y a quelque chose de spécial.
En troisième lieu, nous avons vu à exempter des
compressions le montant des allocations supplémentaires qui est
consacré à l'adaptation scolaire en vue principalement du
financement de centres spécialisés pour ces clientèles. Je
pense que c'est une autre illustration de ce que je disais hier: de
manière très générale, les compressions n'auront
pas d'effet direct sur les services offerts aux clientèles; nous avons
vu à ce qu'elles soient effectuées dans des régions que
j'appellerais périphériques. Au service à la
clientèle proprement dite, il faudra surveiller pour qu'il n'y ait pas
trop de glissements de ce côté parce que cela rejoindrait les
clientèles tôt ou tard. Mais de manière très
générale, il n'y aura pas beaucoup de matière pour des
campagnes larmoyantes sur la détérioration des services aux
clientèles, parce que nous voyons de manière très
générale à les maintenir. Franchement, c'est très
exceptionnel que les clientèles soient frappées directement.
M. Jolivet: Est-ce que le ministre pourrait me permettre une
remarque à ce moment-ci?
M. Ryan: Volontiers.
M. Jolivet: II y a deux choses - je voudrais passer è
d'autres étapes après - que je voudrais mentionner au ministre.
À la page 44, quand il parlait de la diminution de 18,9 % au niveau du
personnel non enseignant, et en faisant mention du nombre
d'élèves qui diminue de près de 20 %, j'aimerais lui faire
remarquer que ce sur quoi les gens posent leur diagnostic, ce n'est pas sur la
comparaison entre ces deux chiffres, mais c'est plutôt en comparaison
avec le chiffre à la doite des 20,9 %, qui est une diminution de 5,7 %
au niveau des cadres et hors cadres des commissions scolaires. Ils disent: Vous
enlevez du personnel proche de chacun des enfants, mais vous en laissez
davantage aux cadres et hors cadres. Comme les commissions scolaires ont pour
effet de réintégrer l'élémentaire et le secondaire,
on devrait faire disparaître une partie de ce personnel et on ne le voit
pas dans les chiffres.
La deuxième partie sur l'aide à la clientèle
scolaire, le ministre et M. Rousseau, qui est là depuis un bon moment,
j'aurais quasiment voulu faire une boutade en lui disant tout à l'heure
de peut-être aider à l'intégration
élémentaire-secondaire du secteur de Chambly d'où il
provient il y a plusieurs années déjà... Simplement de
bien faire remarquer que la Commission scolaire de Shawinigan, à
l'époque des années soixante à soixante-dix environ, avait
utilisé les règles budgétaires qu'on appelait à
l'époque, les moyens des ratios. Une des questions qui se posaient dans
le milieu: Comment se faisait-il qu'à Shawinigan il y avait beaucoup
d'enfants, presque 30 % à 40 % des enfants, qui étaient en
difficulté d'apprentissage léger, profond ou autre? On disait:
À Shawinigan y a-t-il un problème majeur, pourquoi? C'est parce
qu'ils ont été intelligents, ils ont utilisé à ces
fins les règles budgétaires, les ratios, et à partir de
cela ils préservaient leur personnel qui était en diminution
à l'époque.
Tout le monde connaît cela. Si le ministre veut me dire qu'il
favorise cela, je pense qu'on reviendrait en arrière. Ce n'est pas cela
je pense qu'il favorise. Dans ce contexte, j'aimerais bien lui faire remarquer
qu'on peut bien ne pas vouloir avoir de débats larmoyants sur les
difficultés de ces étudiants, mais il ne faudrait pas qu'on
utilise ce moyen pour gonfler artificiellement le personnel et en particulier,
à l'époque, les cadres.
M. Ryan: Je remarque que le député a fait une
observation intéressante en parlant du sous-ministre adjoint à la
direction des réseaux quand il a dit qu'il ne semblait pas être
prophète en son pays. Il ne semble pas l'avoir été plus
que le député de Laviolette dans son territoire.
M. Jolivet: Sur l'intégration, non! En aucune
façon. D'ailleurs, doit-on dire que ce problème résulte
des années soixante?
M. Ryan: Apparemment il y a seulement le territoire d'Argenteuil
qui échappe à ces exceptions, parce que chez nous tout est
synonyme de paix et de concorde.
M. Jolivet: Ah bon!
M. Ryan: Je ne sais pas, je suis absent un peu plus depuis
quelque temps, j'espère que cela continue de bien aller. Cela
étant fermé, je pense que le député souligne un
écueil très réel auquel nous sommes sensibles. Il y a deux
choses qu'il a soulignées. Il y en a une qui n'est pas tout à
fait reliée à ce que nous devons discuter. Oui, cela l'est. Quand
il a souligné les chiffres à la colonne de droite, disant que la
réduction dans les cadres scolaires avait été pas mal plus
basse que celle qui est survenue dans d'autres colonnes, il y a des
explications qui sont contenues dans le cahier dont il a sans doute pris
connaissance aussi. Il y a une partie de ces explications qui est juste.
L'autre partie peut être discutable.
Évidemment, cela fait partie des responsabilités qui sont
attribuées de par la loi aux commissions scolaires. Il ne faut pas que
nous allions nous substituer à elles dans toutes ces décisions.
Tout le problème de "overhead cost", les frais d'administration
générale dans notre système d'enseignement, en est un qui
doit nous préoccuper et sur lequel nous devons conduire
périodiquement des études indépendantes.
Je ne veux pas mettre en cause la bonne volonté de mes
collaborateurs immédiats mais, si je leur demande si notre machine est
trop grosse en général, ils vont être portés
à me dire qu'elle n'est pas assez grosse. À bien des endroits, si
nous étions mieux équipés, nous ferions un meilleur
travail. Nous avons tous ce réflexe. Cela va être une de mes
responsabilités de faire certaines études indépendantes
pour qu'on voie si, du point de vue de ces frais de "overhead" dans notre
système, il n'y a pas des allégements qui peuvent être
recherchés. Le point qu'a souligné le député
justifierait des vérifications et des analyses approfondies, nous en
sommes conscients. C'est un point, par conséquent, très pertinent
dans notre discussion.
Sur le deuxième point, il y a un danger. C'est évident que
certaines commissions scolaires, voyant que les allocations ne seront pas les
mêmes pour les élèves en difficulté d'adaptation et
d'apprentissage, pourront être tentées d'augmenter ou de gonfler
même artificiellement le nombre de ces élèves pour soutirer
plus d'argent sous forme de subventions. C'est un point dont nous sommes
conscients, auquel nous sommes sensibles et sur lequel nous allons veiller de
manière particulièrement vigilante au cours des mois à
venir. C'est un écueii que le député a souligné
avec beaucoup de raisons et que je note soigneusement.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Chicoutimi.
Les articles scolaires des enfants des assistés
sociaux
Mme Blackburn: Le ministre a probablement été
informé de la démarche de l'Organisation populaire des droits
sociaux de la région de Montréal. Ce groupement réclame
que ce qu'on appelle les frais pour matériel scolaire pour les enfants
des assistés sociaux passent de 35 $ à 100 $. On sait qu'il y a
quelque 143 380 enfants au Québec du primaire et du secondaire qui sont
touchés, qui sont enfants d'assistés sociaux, donc qui sont
touchés par cette mesure. Je sais pertinemment que la décision ne
relève pas du ministère de l'Éducation. Elle relève
du ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du
revenu. J'aimerais savoir si le ministre a pris connaissance de cette demande.
Est-ce qu'il a fait des interventions auprès de son collègue au
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu
et est-ce qu'il y a des décisions qui ont été prises sur
cela?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Je suis au courant des représentations qui ont
été faites par le groupement dont Mme la députée de
Chicoutimi parle et aussi par d'autres groupements. C'est une question qui me
préoccupe, au sujet de laquelle notre ministère a
déjà fait des représentations au ministère de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu. Je suis reconnaissant
que vous me rappeliez ce point. Je vais en parler de nouveau à la
première occasion avec mon collègue, le ministre de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu, pour lui faire part de
mon vif désir qu'on tienne compte de la situation de ces parents.
Mme Blackburn: Vous comprendrez, je pense bien, puisque vous avez
partagé assez rapidement mon point de vue, que 35 $ pour faire son
entrée à l'école à l'automne, cela établit
une distinction très nette entre ces enfants et les autres enfants qui
entrent à l'école. On nous dit qu'il y a certains enfants et des
professeurs qui attendent plusieurs jours, voire des semaines, avant que les
étudiants, les jeunes puissent acquérir le matériel
scolaire jugé indispensable. Vous l'avez compris, toute la question qui
touche l'accessibilité aux études pour les jeunes issus de
milieux défavorisés me préoccupe particulièrement.
Il me semble là qu'il y a une mesure qui mériterait qu'on la
corrige dans les meilleurs délais. Est-ce que ce sera 75 $ ou 100 $,
comme le demande l'Organisation populaire des droits sociaux? Je ne saurais pas
le dire. Je ne saurais pas le fixer. Mais il me semble important qu'on se
penche là-dessus pour qu'il y ait quelque chose de fait avant la
rentrée scolaire.
M. Ryan: Mme la députée de Chjcoutimi peut compter
que je vais intervenir auprès du ministre responsable pour lui faire
part des préoccupations qu'elle a soumises à notre commission et
que je partage entièrement.
Mme Blackburn: Merci.
M. Ryan: Je me souviens que j'étais intervenu à ce
sujet dès le temps où j'étais dans l'Opposition. Je l'ai
fait en arrivant au gouvernement également. Mais, ces derniers temps, le
problème n'avait pas été rappelé à mon
attention et je suis bien content que cela ait été fait ce
matin.
Mme Blackburn: Merci.
M. Jolivet: Maintenant, M. le Président, est-ce que je
peux passer à une autre étape? Oui?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Allez, M. le
député de Laviolette.
Construction des équipements
M. Jolivet: C'est l'étape de la construction et des
équipements. Dans votre document explicatif, à la page 36, vous
avez parlé de la programmation de 1985-1986, du plan triennal de
conservation et, de développement des équipements de 1985
à 1988, qui a été établi à partir des
recommandations des directions régionales et selon les décisions
du ministre de l'Éducation. C'est ainsi que 13 nouveaux projets ont
été autorisés pour un montant de 18 400 000 $ au programme
Ajouts d'espaces. Quelque 259 projets ont été également
autorisés pour un montant de 12 000 000 $ au programme
Amélioration des écoles, 32 de ces projets avec agrandissement,
pour un montant de 6 400 000 $, et 227 projets sans agrandissement, pour un
montant de 5 600 000 $. On mentionne aussi les évaluations du parc
immobilier scolaire qui sont en cours de réalisation de façon
à permettre d'assurer une plus grande adaptation des bâtiments aux
besoins pédagogiques et administratifs actuels et à venir.
Dans votre document, à la page 25, dans le programme 4 cette
fois-ci - tout a l'heure, c'était dans le programme 1 qu'on faisait les
mentions générales - on parle des parachèvements et des
initiatives nouvelles. Les parachèvements comprenaient les
déboursés prévus en 1985-1986 pour les projets de toute
nature autorisés avant le 30 juin 1985 et pour les treize projets
d'ajouts d'espaces autorisés en 1985-1986. On parle aussi de l'enveloppe
pour la conservation des équipements, c'est-à-dire l'acquisition,
le remplacement du mobilier, de l'appareillage, de l'outillage, le maintien en
bon état des biens immobiliers et certaines mesures spéciales,
telle l'adaptation scolaire, les déboursés, etc. On dit tout
cela, avec la micro-informatique et les autres projets dits hors enveloppe
à cause de vices de construction ou, dans certains cas, d'actes de Dieu
ou de difficultés lors de feux où des choses semblables peuvent
arriver.
On dit; Les crédits d'immobilisation, cette année,
cependant, passent de 24 800 000 $ en 1985-1986, è 22 000 000 $ en
1986-1987, soit une diminution de près de 12 %. Selon le sommaire des
plans de conservation et de développement des équipements, des
déboursés de 150 300 000 $ sont donc prévus en 1986-1987
par rapport è 205 000 000 $ en 1985-1986. Ceci va s'expliquer par une
diminution de 28 000 000 $, d'après ce qu'on a comme renseignement, pour
les projets découlant des plans précédents, soit une
coupure de 22 400 000 $ prévue pour la micro-informatique et 6 000 000 $
pour l'amélioration des écoles.
De plus, il est précisé dans le cahier explicatif que ce
plan d'équipements comporte des déboursés pour les
parachèvements. On entend dire que des discussions ont
présentement cours au sein du gouvernement pour de nouveaux
investissements. Hier, le ministre nous disait autre chose. C'étaient
les renseignements que nous avions avant la déclaration qu'il faisait
hier. Dans le discours du ministre, on disait que les ressources totales du
ministère font en sorte que, finalement, l'année 1986-1987 ne
sera pas une année faste en matière de dépenses
d'immobilisations, le Conseil du trésor ayant décidé
qu'aucune initiative nouvelle ne serait acceptée à ce chapitre.
Il faudra nous borner à donner suite aux projets déjà
engagés ou inscrits à la programmation, a dit le ministre, non
sans chercher à couper ou à différer certains projets qui
ne seraient pas très engagés ou rigoureusement
nécessaires. (11 h 30)
La question qui se pose alors est à savoir si... Dans le plan de
1985 à 1988 et pour les années qui suivent, il y avait une
programmation prévue. Dans cette programmation, il y a des
améliorations et des constructions qui vont être faites parce
qu'elles sont déjà trop engagées pour être
arrêtées. D'autres vont être arrêtées et
d'autres encore, probablement. La question va survenir: Est-ce que le ministre
a fait des changements par rapport à ce plan? Pour le savoir, il
faudrait qu'il nous donne d'abord le plan de 1985 à 1988, pour les
années 1985-1986, 1986-1987 et 1987-1988, quels sont les projets qui
étaient prévus et qui ont été
réalisés, selon ce qu'il dit, les projets déjà
engagés ou inscrits à la programmation ou encore ce qu'il a
coupé, ce qu'il a changé dans la programmation qui avait
été faite, pour qu'on sache effectivement si les projets
qui avaient été prévus vont l'être avec des
retards dans certains cas ou s'ils ont été changés pour
d'autres que le ministre a pris le soin de bien examiner et de faire des
changements à la programmation. Ce sont donc les réponses que je
voudrais avoir, de la part du ministre, aux questions que je pose.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre de
l'Éducation.
M. Ryan: M. le Président, le député
soulève un problème qui est très intéressant pour
notre commission au sujet duquel, dans les commissions parlementaires
auxquelles j'ai participé dans te passé, nous avions toujours une
minceur de renseignements, qui était une source de déception
considérable. Vous le savez, on nous disait généralement
que les décisions en ces matières allaient être prises
quelques mois plus tard. Jamais, sauf exception très rare, on n'ouvrait
d'horizons vraiment substantiels quant aux intentions gouvernementales dans ce
domaine.
Je voudrais rappeler tout d'abord ce qu'a évoqué le
député concernant le contexte dans lequel nous serons
appelés à prendre certaines décisions. Nous avons
reçu, comme je l'ai rappelé dans mon allocution liminaire hier,
une directive du Conseil du trésor demandant que nous nous abstenions de
présenter toute demande d'initiatives nouvelles pour l'année
1986-1987, "initiatives nouvelles" étant une expression technique pour
définir des projets qui n'étaient pas inscrits à la
programmation auparavant, que nous voudrions ajouter à celle qui
était déjà prévue. On nous disait, en outre,
d'examiner les projets déjà engagés ou approuvés
afin de voir à éliminer ceux qui ne seraient pas absolument
essentiels. Cela a donné lieu évidemment à des
interprétations variées. Une directive qui est prise à
partir d'en haut se heurte souvent à la sinuosité du réel
et demande à être interprétée pour être
très bien comprise. Il y a eu des discussions, non seulement avec notre
ministère, mais avec d'autres également qui étaient
affectées par cette directive. Nous avons classé tout ce que nous
avions dans nos carnets sous différentes catégories. Nous avons
fait un examen approfondi de tout. Il y avait des projets qui étaient
déjà sous contrats. Il n'était pas question de sabrer
là-dedans. D'autres étaient en soumissions très
avancées. Il y avait un fort préjugé voulant que les
choses puissent continuer. D'autres étaient en phase 1, 2 ou 3 selon nos
définitions techniques. La phase 1 est le stade des esquisses, la phase
2, ce sont les plans et devis préliminaires et, la phase 3, ce sont les
plans et devis définitifs. Pour tous ceux qui étaient en phase 3,
on s'est dit: II ne faut pas trop jouer là-dedans, on va essayer de
garder ces choses-là et recommander que cela continue. Dans le cas de
ceux qui étaient en 2 et en 1, cela laisse un peu plus de marge, on
s'est dit: On va regarder ces choses-là. Il y avait des problèmes
qui ont été soumis à notre attention et qui, parfois,
évoquaient des situations peut-être plus urgentes que d'autres qui
avaient pu être retenues par le gouvernement précédent,
selon les examens objectifs qui pouvaient être faits. Nous sommes en
train de regarder cela.
Une chose que nous avons recommandée au Conseil du trésor
qui n'a pas encore fait l'examen de ces choses-là - cela va venir dans
une semaine ou deux, je pense - c'est qu'il laisse une certaine marge. C'est
lui qui va fixer le plafond au-delà duquel nous ne pourrons pas aller,
alors qu'il laisse une certaine marge de souplesse à l'intérieur
de ce plafond pour qu'il puisse y avoir un peu de mobilité. Si nous
avons découvert qu'il y a un endroit où les enfants
étudient au grand air, tandis que, dans un autre endroit, on avait un
projet qui était raisonnablement justifié mais moins urgent,
qu'on puisse faire certaines adaptations nécessaires.
C'est l'esprit dans lequel nous travaillons. La très grande
majorité des projets qui avaient été inscrits à la
programmation demeure sans conséquence, parce qu'ils étaient
déjà rendus à une phase passablement avancée; mais
il y a un résidu. Disons qu'il y a 50 projets, il y en a 10 qui vont
être possibles. Là il va falloir faire des choix qui seront
arrêtés à la lumière des critères que nous
nous sommes imposés. Il y aura certains cas, ce seront des jugements
d'opportunité. On ne peut pas arriver à une précision
mathématique dans ces choses-là. Il y aura certains choix qui
devront être faits et dont certains pourront être pénibles
pour certains et réjouissants pour d'autres, évidemment.
Nous avons réduit au strict minimum ce que j'appellerais le "hard
core", le résidu de ces situations à l'intérieur
desquelles nous devrons faire un choix. C'est comme cela que l'opération
s'est déroulée jusqu'à maintenant et que nous entendons la
mener à terme dans les meilleurs délais.
M. Jolivet: Je comprendrais M. le ministre s'il me disait que si
jamais il avait des obligations pour ajout à cause de l'augmentation de
la clientèle, cela deviendrait un des critères plus prioritaires
que si c'était une réparation non urgente ou un ajout non urgent.
Je comprendrais le ministre aussi s'il me disait: II y a eu un feu. Il faut que
j'agisse rapidement et que, en conséquence, je dois
réaménager mon budget. La question que je posais est: Est-ce que
le ministre, dans la partie dont il faisait mention depuis le début de
cette commission où il est prêt à fournir des
renseignements, est prêt à nous fournir d'abord le plan 1985-
1988, les prévisions des objectifs à poursuivre 1985-1986,
1986-1987 et 1987-1988, nous dire non... Donc je n'irai pas plus loin dans ma
question, sachant que M. le ministre ne veut pas me répondre par des
documents me permettant de faire une analyse comme critique de
l'Opposition.
M. Ryan: Non.
M. Jolivet: Je n'irai pas plus loin dans ma question, puisque M.
le ministre me fait signe de la tête que non, mais je voudrais cependant
vous signaler des choses qui pourraient survenir. Je vais prendre un exemple
qui existe encore chez moi, M. le ministre, pour vous le donner. Il y a des
rumeurs à savoir que l'école qui s'appelle le Pavillon
d'enseignement professionnel de Grand-Mère pour la commission scolaire
régionale de la Mauricie ferme ses portes l'automne prochain. Donc, les
étudiants seront transportés à Shawinigan-Sud ou à
Shawinigan, selon les options, ou même à Saint-Tite. D'un autre
côté, la commission scolaire de Grand-Mère, semblerait-il,
au niveau d'une école qui s'appelle Saint-Louis-de-Gonzague, se serait
vu signaler certaines difficultés pour cette bâtisse pour la
santé et la sécurité des jeunes étudiants. En
conséquence, les rumeurs circulent à Grand-Mère de la
fermeture et même de la démolition possible de la bâtisse
qui renferme l'école élémentaire Saint-Louis-de-Gonzague.
La commission scolaire de Grand-Mère se porterait acquéreur de la
bâtisse de la commission scolaire de Grand-Mère pour en faire son
centre administratif. Au moment même où on n'a même pas
discuté de ce que devra être l'intégration. Je mets le
ministre au courant de cette situation et je sais très bien, compte tenu
de ce qu'il nous a expliqué jusqu'à maintenant, qu'il va porter
une attention spéciale pour que la commission scolaire ne se porte pas
acquéreur d'une bâtisse alors qu'elle devra en
débâtir une autre, ne sachant même pas ce qu'elle va devenir
dans un an, deux ans ou trois ans.
C'est simplement une petite remarque en passant. Je sais que ma
collègue de Chicoutimi a des questions à poser sur les
équipements avant que je passe à autre chose.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Très brièvement, vous me permettrez
de parler...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Un instant! M. le
ministre, vous voulez répondre aux remarques du député de
Laviolette?
M. Ryan: Oui.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Nous vous
écoutons.
M. Ryan: Tout d'abord, je ne peux pas lui donner les documents
qu'il demandait, parce que ce sont actuellement des documents de travail. Par
conséquent, ce sont des documents internes au ministère; mais
dès que nous aurons pris les décisions nécessaires, il me
fera plaisir de communiquer aux membres de la commission la liste des projets
qui ont été retenus au point où nous en sommes. Cela
devrait venir. Je ne peux pas fixer d'échéancier, mais
d'ici...
M. Jolivet: Ce n'était pas dans ce sens-là que je
posais ma question, c'était pour comparer avec ce qui avait
été décidé et ce que vous allez décider. Si
j'ai bien compris, vous me donnerez simplement des décisions
finales.
M. Ryan: Oui, évidemment. Le reste, si vous avez le temps
de relire toutes les promesses électorales qui ont été
faites par l'ancien ministre de l'Éducation, vous allez trouver la liste
que vous cherchez. Il avait anticipé pas mal...
M. Jolivet: Je pourrais faire l'inverse aussi et lire les
promesses électorales du Parti libéral.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Un instant, s'il
vous plaîtl M. le député de Laviolette, il ne faudrait
quand même pas que vous fassiez un dialogue comme cela. M. le ministre de
l'Éducation, vous avez la parole.
M. Ryan: Je voulais simplement signaler que l'ancien gouvernement
avait pris, en notre nom, des engagements qui dépassaient les limites de
son mandat et que, par conséquent, nous sommes obligés
d'introduire un certain tempérament là-dedans.
Deuxièmement, je le remercie d'avoir porté à mon attention
les développements appréhendés du côté de
Shawinigan et de Grand-Mère. J'ai pris note des renseignements qu'il m'a
apportés. Nous allons examiner la situation incessamment. Je tiens
à lui rappeler que des décisions de cette nature ne pourraient
pas être prises sans l'autorisation préalable du ministère.
Par conséquent, il y a une double assurance ici, l'assurance de notre
vigilance bien démontrée et, deuxièmement, l'assurance de
l'autorisation que nous devons donner en vertu de la loi.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre,
étant donné la qualité de votre réponse, je donne
l'occasion au député de Laviolette, s'il a d'autres remarques...
Non,
ça va. Je reconnais Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Je pense bien que ce ne sera pas très long
parce que j'imagine que pour la question que je voulais poser, la
réponse sera trouvée dans ces documents dits internes. Il y avait
des projets qui étaient passablement avancés et d'autres qui
l'étaient moins, à la commission scolaire Valin. Je pense
à trois projets, en particulier. J'imagine qu'ici vous ne pouvez pas
faire état de vos décisions.
M. Ryan: De quels projets voulez-vous parler?
Mme Blackburn: II s'agissait d'agrandissements à la
commission scolaire Valin. Il s'agissait également, à la
commission scolaire de Chicoutimi, de construction. J'ai vu que, pour ce qui
est de la construction, cette école de Laterrière fait partie des
projets qui ont été demandés par les commissions
scolaires, pour 1986-1987, et l'analyse est en cours pour certains. Est-ce que
je peux savoir si les décisions sont prises concernant
Laterrière? Et ensuite, on pourrait peut-être voir les autres
projets.
M. Ryan: Dans le cas de la commission scolaire Valin, pourquoi
étions-nous saisis de deux projets? Si mes souvenirs sont bons, il y en
a au moins un qui est examiné avec grande sympathie parce qu'il s'agit
de la troisième étape d'un même projet qui doit, par
conséquent, arriver à terme tôt ou tard. J'espère
plus tôt que plus tard.
Mme Blackburn: Vous êtes incapable de me dire si cela va
être plus tôt que plus tard.
M. Ryan: Dès que nous aurons arrêté la liste
définitive, nous allons pouvoir vous le dire, mais là je vous dis
que c'est sur la liste des choses que nous examinons très
sérieusement.
Mme Blackburn: Parce qu'ils en étaient à la
troisième étape... Ce qui avait d'abord été
demandé, c'était une école de douze classes. Finalement,
devant ce qui semblait être des difficultés financières,
des compressions additionnelles en éducation, la commission scolaire
s'était contentée, pour le moment, de huit classes, dont une
partie des équipements pouvait être défrayée par la
municipalité.
M. Ryan: On avait trois projets en provenance de la commission
scolaire Valin. Trois projets.
Mme Blackburn: Saint-Henri, Vanier et Le Roseau, je pense.
M. Ryan: Dès qu'on va avoir arrêté la liste
définitive des projets qui sont retenus pour 1986-1987, il nous fera
grand plaisir de vous informer de nos décisions. Je dois vous dire
qu'ils sont sur la liste. Nous avons l'oeil sur ces projets. Je peux vous dire,
je pense bien, qu'il y en a une partie qui sera retenue. Il y en a
déjà un qui est réglé. Tout ce qui regarde le
centre administratif, cela est réglé.
Mme Blackburn: Oui.
M. Ryan: Sur les deux autres, je pense qu'il y en aura au moins
un qui sera retenu. Je ne peux pas vous dire davantage pour l'instant. Nous
sommes bien saisis du besoin très réel qu'il y a de ce
côté.
Mme Blackburn: Merci.
M. Ryan: En ce qui concerne l'école de Laterrière,
qui relève de la commission scolaire de Chicoutimi, il s'agit en
l'occurrence d'un engagement qui avait été pris par mon
prédécesseur, le député d'Abitibi-Ouest, qui avait
promis la construction de cette école, mais à même le
budget de 1986-1987 sur lequel il n'avait aucune autorité. Je pense que
vous admettez cela avec moi.
Mme Blackbum: Oui. Je rappellerais que l'engagement a
également été pris par le candidat libéral dans le
comté.
M. Ryan: Qui n'est pas ministre de l'Éducation, à
ma connaissance. Il n'est même pas député.
Mme Blackburn: Mais il devait parler au nom de quelqu'un.
M. Ryan: Cela fait partie du résidu sur lequel nous nous
penchons et au sujet duquel on vous donnera des décisions dès
qu'elles auront été prises.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Je reconnais M. le député de Laviolette. (11 h 45)
Éducation des adultes
M. Jolivet: Je vais passer à un autre sujet, M. le
ministre, l'éducation aux adultes. J'étais heureux hier quand M.
le ministre a parlé de l'éducation aux adultes et, au programme
4, à la page 7 des documents explicatifs, dans la parenthèse
j'avais marqué "enseignants, ce qu'on appelait à l'époque
enseignants plein jour et enseignants plein soir", pour ne pas dire pleine nuit
dans certains cas. Donc le ministre a fait mention justement, lors de la
discussion sur les
négociations, de la fameuse demande qui revient continuellement
sur le double emploi.
Je suis content que le ministre ait fait cette mention hier parce que
c'est une demande qui, à mon avis, permet ce qu'un député
du gouvernement demandait hier soit la possibilité de partage de temps
pour le personnel pour éviter les mises en disponibilité ou le
congédiement de certaines personnes. Je fais cette mention
immédiatement en disant que si le ministre peut concrétiser cela
dans une formule pour la convention collective mais aussi pour les commissions
scolaires... parce qu'il va peut-être falloir un jour utiliser le
numéro de l'assurance sociale pour bien vérifier, car on ne
connaît dans une commission scolaire que le jour où l'horaire
permet de faire de telle heure à telle heure et le soir de telle autre
à telle autre heure et on peut faire double emploi. II s'agit de faire
en sorte que deux personnes de la même famille n'aient pas quatre
salaires qui rentrent à la maison. Dans ce sens, cette question est
délicate et difficile à régler mais je suis heureux que le
ministre en ait fait mention et je voulais, comme il nous a demandé hier
de le faire de temps à autre, le féliciter de l'avoir
introduite.
Je dirais cependant que dans les renseignements généraux
qui nous ont été présentés par le président
du Conseil du trésor et dans les documents qui nous sont
présentés par le ministre de l'Éducation, soit au
programme 1 dans les généralités, où on fait
mention de l'ensemble de ce dossier, on parle, à la page 39, de
"l'analyse des impacts de l'ouverture de l'enveloppe et de l'inscription
d'environ 30 000 jeunes adultes de plus à l'éducation des
adultes, principalement dans le cadre de l'insertion sociale et professionnelle
des jeunes et du rattrapage scolaire", dont les 7000 dont on faisait mention
aussi. Ce n'est donc pas si mauvais pour un gouvernement qu'on accusait de ne
pas avoir permis à des jeunes de revenir dans des moyens
d'employabilité et je vous dis simplement que ce n'est pas sous votre
règne que ces choses sont faites. Je suis heureux que vous les
continuiez parce que, effectivement, ce sont des choses qui permettent à
des jeunes d'aller chercher une formule d'employabilité.
Cependant les crédits de l'enseignement aux adultes, dit-on,
passent de 89 100 000 $ à 154 800 000 $, soit, dit-on dans les chiffres,
une augmentation de près de 65 700 000 $. Et là on se gargarise
en disant que c'est extraordinaire l'augmentation qu'on fait. Mais le ministre,
dans les réponses qu'il a données, a dit que cette majoration est
cependant attribuable, pour une valeur de 34 600 000 $, au report des
coûts additionnels de l'année 1985-1986 au budget, aux
crédits de 1986-1987. Le ministre nous a dit - je vais appeler cela la
formule de bar ouvert - que ne pouvant pas, compte tenu de la décision
qu'il a prise sur l'éducation aux adultes, prévoir dans le budget
de . donner en cours les deniers qui vont être dépensés, il
doit les reporter sur l'année suivante. Ce sont donc des choses qui sont
normales, quel que soit le gouvernement en place et en conséquence on
n'a pas à se gargariser du fait qu'une augmentation de près de 65
700 000 $ équivaut à un montant extraordinaire. Cependant il faut
tenir compte que pour l'année 1986-1987, quand on regarde tout cet
ensemble, les subventions prévues à cet effet sont
inférieures de 4 300 000 $ à celles établies pour
l'année scolaire 1985-1986. Le Parti libéral dit et disait placer
l'éducation des adultes parmi ses priorités. Le ministre a
souvent critiqué les orientations du gouvernement
précédent en cette matière, notamment, le rattachement de
la formation professionnelle au ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu. Il a dénoncé l'absence de
politique d'éducation des adultes, disait-il à l'époque.
Il a promis l'élimination des frais de scolarité pour les adultes
inscrits aux cours de formation professionnelle au secondaire. Je dois dire que
c'était déjà un engagement qui était une
réalité, donc il ne s'agissait pas d'en faire en engagement
puisque cela existait et ce n'est pas le Parti libéra! qui l'avait mis
en place.
Dans le document que M. le ministre donnait à l'occasion de la
campagne électorale, on lisait: Le Québec s'emploiera toutefois
avec énergie à faire reconnaître et à assurer dans
les faits, sa compétence prioritaire dans tout le domaine de
l'éducation des adultes, y compris la formation professionnelle. On aura
certainement l'occasion de revenir au niveau de la formation professionnelle
lors de d'autres discussions. Mme la députée de Chicoutimi aura
l'occasion de revenir sur la formation, au niveau de l'Enseignement
supérieur et de la Science.
J'aurais peut-être une petite question qui pourrait entrer dans le
sujet. Il y a un comité technique conjoint Québec-Canada et les
autres provinces sur la question. Nous avons entendu dernièrement le
ministre fédéral Benoît Bouchard, de Lac-Saint-Jean,
annoncer qu'il voulait avoir une politique globale canadienne sur l'ensemble de
l'enseignement supérieur.
Nous avons aussi entendu parler d'autres ministres
fédéraux, sur la forêt, pour une politique nationale de la
forêt. Nous avons entendu parler de la récupération que le
Parti libéral voudrait donner du Centre de placement du Québec,
Centre Travail-Québec, au fédéral, pour éviter des
coûts.
Nous entendons parler de différentes choses... à
l'environnement... Nous entendons parler dans différents
ministères, d'une
politique nationale quelque part au fédéral. Les ministres
actuels du gouvernement libéral sont-ils, et le ministre de
l'Éducation en particulier, dans cette veine de dire: Oui, si le
fédéral veut le prendre, pour nous éviter des coûts,
nous leur laisserons à condition de nous assurer certaines garanties. Ou
est-ce que le ministre a l'intention de défendre énergiquement la
position traditionnelle du Québec sur la question de l'éducation
des adultes, de l'enseignement professionnel, au niveau postsecondaire?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre de
l'Éducation.
M. Ryan: À la question du député de
Laviolette je réponds oui, le gouvernement du Québec
défend les meilleurs intérêts du Québec en ce qui
touche les programmes d'appui à la formation professionnelle mis de
l'avant par le gouvernement fédéral. L'une des
représentations majeures que nous avons faites à maintes reprises
au cours des derniers mois porte justement sur le pourcentage des contributions
fédérales qui doit être affecté à de la
formation donnée dans les établissements scolaires.
Vous savez qu'un des objectifs principaux du dernier programme
fédéral, c'était de divertir une partie importante des
sommes des budgets de formation, vers les entreprises. Nous insistons pour que
la proportion qui allait du côté des établissements de
formation soit maintenue. Autrement, nous exposerons nos institutions de
formation aux quatre vents. Nous les obligerons à faire des
investissements considérables, à se doter de personnel
compétent, et d'une année à l'autre, suivant le caprice
d'une demande le plus souvent mal éclairée et mal
orientée, on sera obligé de marcher en zig-zag, d'introduire un
élément d'instabilité, d'insécurité dans le
système d'enseignement, ce qui est tout à fait inacceptable.
Par conséquent, nous insistons très fermement sur ce
point. Nous sommes parfaitement d'accord, le ministre de la Main-d'Oeuvre et de
la Sécurité du revenu et moi-même, sur la primauté
de cet objectif.
M. Jolivet: Est-ce que M. le ministre voudrait me dire aussi,
à la deuxième question, s'il a l'intention de nous proposer,
compte tenu de ce qu'il a dit alors qu'il était dans l'Opposition et
maintenant qu'il est ministre et qu'il a le pouvoir d'agir à ce niveau,
la vision qu'il avait de l'éducation, au Service de l'éducation
des adultes, dans la mesure où il veut présenter une politique
globale ou une politique quelconque? Est-ce que c'est l'intention du
ministre?
M. Ryan: J'apprécie vivement cette question dont le
député sait sans doute qu'elle est très délicate.
Le problème du partage des responsabilités entre les deux
principaux ministères concernés, celui de la Main-d'Oeuvre et de
la Sécurité du revenu et celui de l'Éducation -
j'ajouterais celui de l'Enseignement supérieur et de la Science, pour
les collèges - en ce qui touche la formation professionnelle, est une
des questions auxquelles se sont heurtés avec une impuissance relative
tous les gouvernements depuis au-delà d'une vingtaine
d'années.
Les mesures instituées par le gouvernement
précédent n'ont point contribué, loin de là,
à clarifier la situation. Elles ont au contraire, à mon humble
avis, contribué à la rendre davantage confuse. Une fois que des
situations sont installées dans le secteur gouvernemental, tout le monde
sait qu'il n'est pas facile de les corriger, même de les examiner
objectivement. Il suffit de mentionner qu'on veut faire un examen pour que tout
de suite des conciliabules se tiennent dans les restaurants de la
Grande-Allée pour essayer de scruter les intentions profondes de ceux
qui ont osé mentionner un mot, examen objectif. Cela fait peur à
bien des gens.
Dans ce cas-ci, mon collègue le ministre de la Main-d'Oeuvre et
de la Sécurité du revenu et moi-même avons des rapports de
collaboration très cordiaux. Nous savons qu'il y a des questions
à examiner, mais nous ne voulons pas faire de perturbation inutile. Nous
ne voulons pas faire de gestes prématurés, nous voulons que les
questions soient étudiées en temps utile dans un esprit de
collaboration et d'objectivité qui permettra peut-être de
rattraper les choses claires quelque part dans le processus. Mais pour
l'instant, nous fonctionnons jour après jour, semaine après
semaine, chaque ministère cheminant suivant les responsabilités
qui lui ont été attribuées en vertu de la politique rendue
publique par le gouvernement précédent, il y a à peu
près deux ans.
On me fait part de difficultés qui surviennent dans
différents endroits, de problèmes d'application qui ne sont pas
simples. Nous essayons de fonctionner dans le plein respect que nous devons
avoir pour les autres ministères concernés, en particulier celui
dont j'ai parlé. J'espère que quand la bonne foi de tout le monde
aura été parfaitement établie, nous pourrons aborder les
questions de fond dans un esprit constructif. Je ne voudrais pas être
complice d'une situation qui aboutirait à créer des
ministères parallèles dans les mêmes champs d'intervention
gouvernementale, parce que cela implique non seulement des querelles inutiles,
mais des multiplications de coûts que la société
québécoise et son gouvernement n'ont absolument pas le droit de
se permettre dans le contexte de contrainte financière dont nous n'avons
cessé de parler
depuis des jours.
M. Jolivet: J'aurais deux courtes questions sur le même
sujet. Je me réserve le droit, avec Mme la députée de
Chicoutimi, de discuter de la formation professionnelle au niveau de
l'Enseignement supérieur, de la Science et de la Technologie, lors de la
séance de ce soir. Est-ce que mes chiffres sont réels quand on
dit que ce n'est pas 65 700 000 $ cette année, mais 67 500 000 $ moins
les 34,6 %? Donc, l'augmentation provient d'une politique qui était
quand même intéressante, puisque vous la continuez, et que le "bar
ouvert" dont je faisais mention tout à l'heure existera l'année
prochaine aussi. Donc, l'augmentation du service aux adultes n'est pas une
augmentation pour cette année, c'est une augmentation en tenant toujours
compte, d'année en année, de l'année qui vient de
s'écouler. C'est cela?
M. Ryan: Votre observation est très juste, et nous avions
souligné, à l'époque où nous étions dans
l'Opposition, notre accord avec cette politique particulière de l'ancien
gouvernement. C'est pourquoi je suis très heureux de donner l'assurance
que nous la continuons en 1986-1987.
M. Jolivet: Comme vous avez des contacts très cordiaux,
m'avez-vous dit tout à l'heure, avec le ministre de la Main-d'Oeuvre et
de la Sécurité du revenu, j'aimerais faire mention d'un petit
problème - c'est le seul problème dont je vais traiter dans le
domaine de la formation professionnelle - qui touche les jeunes qui retournent
aux études. Actuellement, en vertu de l'entente et des règlements
qui existent pour l'aide à des jeunes assistés sociaux et en
particulier pour des familles monoparentales, une première inscription
est faite, par exemple, au secondaire général. Là, je
touche un sujet qui a été discuté lors de la
réunion des États généraux, dans un des ateliers
auxquels j'ai participé sur la formation profesionnelle. Il y a des
jeunes qui, pour des raisons diverses, décident d'aller au secteur
technique parce qu'ils n'ont pas l'intention de continuer au niveau du
cégep et que la technique qu'ils vont apprendre au secondaire - on
parlait du secondaire V, secondaire VI, peu importe -leur permettra d'entrer
sur le marché du travail avec l'équipement nécessaire.
Il y a un problème technique qui surgit, surtout pour les
familles monoparentales. Une fois qu'ils sont inscrits au
général, ils décident en cours de route de ne pas aller au
cégep, ils demandent une réorientation au niveau professionnel.
J'avais le cas d'une personne qui suivait un cours technique dans le domaine du
secrétariat. Comme elle était au niveau général et
qu'elle voulait aller au niveau technique, on lui dit: Tu peux y aller, il n'y
a pas de problème, il n'y a aucune difficulté, la commission
scolaire accepte. Sauf que, lorsqu'elle s'adresse à l'aide sociale pour
obtenir une aide additionnelle pour des besoins spéciaux parce qu'elle
s'est réintégrée aux cours de formation, cette personne se
fait dire: Tu n'auras rien de cela. N'étant plus équipé,
on lui dit: Tu aurais droit à cela pour un an et demi, pour trois
sessions environ, si tu allais au cégep. Elle dit: Moi, je n'ai pas
l'intention d'aller au cégep; j'ai l'intention d'aller là. (12
heures)
Je veux juste mentionner ce problème qui pourrait, à mon
avis, trouver solution dans la mesure où on dit qu'effectivement,
après vérification auprès des gens qui sont conseillers en
orientation auprès de la commission, pour cette personne, c'est dommage,
mais l'orientation qu'elle prend, c'est la meilleure dans les circonstances. On
devrait lui permettre d'avoir un suivi continuel et d'avoir le même
montant auquel elle aurait droit. Sinon, ce qui va arriver, elle va cesser les
études; elle n'est pas intéressée d'aller plus loin. En
arrêtant les études, elle retombe sur l'aide sociale, alors
qu'elle veut s'en sortir et qu'un des moyens qui avaient été mis,
avec le nombre de personnes dont on a fait mention - près de 7000 jeunes
qui retournent sur le marché du travail - c'est quelqu'un qui pourrait
devenir employable dans un an et demi ou deux ans... J'aimerais que le ministre
en fasse mention auprès de son collègue de la Main-d'Oeuvre et de
la Sécurité du revenu.
M. Ryan: M. le Président, si le député de
Laviolette voulait m'adresser une note écrite à ce sujet
contenant toutes les précisions nécessaires, cela me faciliterait
les choses. J'interviendrai très volontiers auprès de mon
collègue de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu
afin de plaider cette cause après de lui. Cette cause me semble
très légitime.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Hier, au moment
où le ministre nous parlait de l'éducation des adultes, il a
parlé d'un manque de subventions généralement consenties
aux organismes volontaires d'éducation populaire. Je n'ai pas
très bien saisi s'il nous a dit que ces organismes auraient à
participer aux compressions ou si on les avait épargnés. Est-ce
que le ministre pourrait me répondre?
M. Ryan: Le montant total de l'aide réservée aux
OVEP est le même en 1986-1987 qu'en 1985-1986. Dans un certain sens, il y
aura un certain effort de compression à
faire par eux. À supposer que nous en ajoutions un, deux, trois
ou quatre à la liste des organismes bénéficiaires de
subventions, cela voudra dire que le montant de la subvention pour chacun
pourra être légèrement diminué. Mais nous n'avons
fait aucun partage pour l'instant. Il est beaucoup trop tôt. Nous sommes
en train de mettre au point, avec la participation des
intéressés, un nouveau mode de définition des
critères qui doivent présider au partage. Ce que j'ai dit, hier,
c'est que le montant total des sommes disponibles à cette fin demeure au
même niveau qu'en 1985-1986. Ce que j'ai voulu indiquer en disant qu'ils
pourraient peut-être faire leur part de sacrifices, c'est ceci: II m'est
arrivé d'examiner la façon dont on confectionne les demandes.
J'ai examiné les dossiers de demandes soumises. On va vous dire, par
exemple: Pour une heure de cours, cela coûte tant, un montant arbitraire,
disons que c'est 20 $; c'est arbitraire; on est dans le domaine du
bénévolat dans une grande mesure. Cela pourrait être 21 $,
cela pourrait être 19 $; ce ne sont pas des normes qui sont fixées
de manière absolument immuable, pourvu qu'on soit le moindrement
réaliste. Je leur dis: À ce niveau, quand même vous
n'épouseriez pas les catégories qu'on est obligé de suivre
avec nos ordinateurs à Québec, il y a des chances que votre
patente marche pareil. S'il y avait un peu plus de souplesse dans leur
approche, cela aiderait beaucoup à la fin. Quelquefois, j'ai
remarqué que les organismes qui transigent avec le gouvernement prennent
très vite les mauvaises habitudes du gouvernement et ne gardent pas les
bonnes qu'ils pourraient avoir. De ce point de vue, s'ils veulent faire preuve
d'un peu plus de souplesse, je pense qu'il y a moyen de faire une utilisation
très judicieuse des sommes qui seront mises à leur
disposition.
Le Président (M. Parent, Sauvé): II n'y a pas
d'autres interventions?
M. Ryan: Je vous dis cela, parce que j'ai fait moi-même
autrefois de ces choses-là quand j'étais dans des mouvements de
jeunesse. On transigeait avec le gouvernement, ici à Québec. Le
ministère de la Jeunesse à l'époque nous disait: Nous,
c'est 25 $ l'heure qu'on vous donne pour les cours. Or, on faisait tous du
bénévolat. On écrivait: Claude Ryan, dix cours dans la
semaine, 250 $. Je ne touchais pas un sou; cela allait à l'organisation
générale. Mais les fonctionnaires étaient contents, il y
avait des initiales au bout de la formule. Il y a beaucoup de cela dès
qu'un système devient général. Je dis è ces
organismes: Faites au moins votre part au point de vue souplesse -vous
êtes capables - et cessez de nous faire des grandes thèses qui
n'ont pas de rapport avec la réalité. Il y a des livres qu'on
remet au gouvernement et il y a des pratiques qu'on a dans le concret. Ce n'est
pas du mensonge, c'est du conformisme de mauvais aloi, mais on est
obligé de vivre avec un peu de cela.
M. Jolivet: On a réglé cela, M. le ministre...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui, M. le
ministre.
M. Jolivet: On a réglé cela, M. le ministre, au
niveau des programmes.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député de Laviolette, demandez-vous la parole?
M. Jolivet: Oui, oui.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député de Lavioiette.
M. Jolivet: Au chapitre des PADEL, au ministère du Loisir,
de la Chasse et de la Pêche, déjà un pourcentage de
bénévolat de 20 % est prévu, selon les formules
appropriées. C'est dans le circuit habituel. Je voudrais en arriver
à une question dont j'ai fait mention au ministre lors de mon discours
du début concernant les écoles alternatives. J'avais parlé
de l'école Le Transit.
J'ai reçu une documentation très volumineuse sur ce
dossier. Je l'ai lue avec beaucoup d'attention. J'ai parlé avec la
personne responsable du dossier pour les parents à cette école.
J'ai vu les difficultés qu'a comportées la mise sur pied d'un
dossier comme celui-là. J'ai aussi lu avec beaucoup d'attention le
discours prononcé par M. L'Allier sur les difficultés des cas
comme ceux-là, lors du colloque sur l'école Le Transit.
Effectivement, on a parlé, dans l'ensemble des états
généraux, de choses différentes, de difficultés, je
ne dirais pas des expériences, mais des choses parfois heureuses qui
permettent à des gens des écoles, comme le ministre semble dire,
du projet éducatif, des gens ont cru à cela, ils ont
fonctionné à l'intérieur de cela. Il y a eu, au
départ, un directeur qui était d'accord avec la formule et qui a
fonctionné avec les parents, les étudiants et les enseignants,
jusqu'à ce que la commission scolaire, pour diverses raisons, pour des
décisions qu'elle a le droit de prendre d'ailleurs, décide
d'imposer le directeur d'école plutôt que de suivre la
procédure qui avait été établie. Cela a fait que
l'année a été plus difficile. Les gens ont eu l'impression
qu'on avait pour but de quasiment faire tomber le projet et on semble dire que,
non, l'année prochaine cela n'existera pas.
La jeune fille qui est venue, lors des états
généraux, donner son expérience à l'atelier de
départ nous expliquait le goût qu'elle avait et les joies qu'elle
éprouvait à fonctionner dans ce genre de travail.
Il est évident que cela a eu pour effet aussi que des
étudiants ne se sont pas intégrés et ont repris le cycle
normal des autres formes d'enseignement des écoles. Mais, une chose est
certaine, c'est que le ministre semble dire, en tout cas j'ai cru le
comprendre, qu'il n'était pas en désaccord avec des choses qui
peuvent être un projet éducatif dans une école. Les parents
ont fait appel à la commission scolaire et au ministère. Le
ministère dit: Écoutez, quant à nous, ce dossier est une
décision de la commission scolaire. Nous n'avons pas l'intention
d'intervenir à l'intérieur du dossier. C'est ce que j'ai cru
comprendre, à moins que je fasse erreur. Je sais qu'il y a eu des
rencontres et des discussions. Le ministre est-il conscient de cette
difficulté qui va arriver pour la réintégrer, si jamais
l'école fermait, dans le sens qu'elle est actuellement, dans le cycle
normal des écoles dites traditionnelles, dans la mesure où ils ne
sont peut-être pas prêts à le faire immédiatement,
compte tenu de l'expérience qu'ils étaient en train de faire
ensemble...
C'est une première question que j'ai. Selon les réponses
que le ministre me donnera, j'en aurai peut-être d'autres.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: M. le Président, étant donné que
cette école est dans le territoire que représente la
députée de Groulx à l'Assemblée nationale, il me
serait très utile d'entendre le point de vue de la députée
de Groulx avant de répondre à la question du député
de Laviolette, si celui-ci veut bien consentir.
M. Jolivet: Oui.
M. Ryan: C'est bien.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Groulx.
Mme Bleau: Dans le cas du transit, M. le ministre et les gens de
son ministère ont rencontré, à plusieurs occasions, la
commission scolaire, les parents et les professeurs. J'ai assisté, entre
autres, au colloque dont vous avez parlé tout à l'heure. Je peux
vous dire que tout a été tenté pour obtenir un
rapprochement entre les deux parties, la commission scolaire, les parents et
les élèves de l'école Le Transit. Chacun, jusqu'à
la fin, est demeuré braqué sur ses positions et il n'y a rien eu
à faire.
Je pense que le ministre a regretté, tout comme moi, ce qui est
arrivé à l'école Le Transit qui s'était
avérée une école absolument importante dans le cas de
certains enfants qui n'arrivaient pas à s'intégrer dans les
écoles normales. Tout a été tenté, mais ce qu'on ne
voulait pas à l'école de transit, c'est un directeur nommé
par la commission scolaire qui avait droit de regard sur les budgets de
l'école en question. C'est ce que les parents et les professeurs n'ont
pas voulu accepter. La commission scolaire n'a pas voulu revenir sur ses
positions non plus. C'est ce qui a fait que l'école de transit est
tombée. Nous le regrettons énormément, moi la
première, parce que après avoir rencontré les parents et
les enseignants à plusieurs occasions, je dois vous dire que
j'espérais un règlement. Nous avons même, en colloque
régional...
M. Jolivet: M. le Président...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui, M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Je sais tout cela, j'ai lu tout cela, j'ai
parlé avec le monde et ce n'est pas ce que je veux savoir. Ce que je
veux savoir...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Un instant!
M. Jolivet: Écoutez! J'ai donné une permission.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député de Laviolette, vous avez donné une permission.
Voulez-vous conclure rapidement, maintenant? Très bien.
M. Jolivet: J'aimerais cela parce que... Je la connais,
l'histoire.
Mme Bleau: Nous avons même reçu en colloque
régional tous les députés de la région et, M. le
ministre, tout le monde de l'école Le Transit. On a vraiment
essayé par tous les moyens possibles d'arriver à une entente et
cela ne s'est pas fait.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, Mme la
députée de Groulx.
M. le ministre de l'Éducation.
M. Jolivet: Comme elle a répondu à la place du
ministre, j'aimerais bien faire une petite remarque avant que le ministre
réponde, parce que ma question ne concernait pas cela du tout. Je sais
cela, j'ai tout lu cela, j'ai parlé avec Mme Paquin. Ce n'est pas cela
que je veux savoir. Ce que je veux savoir, c'est que, compte tenu justement
qu'il n'y a pas de possibilité pour la commission scolaire et les
parents... Je regarde le projet éducatif, je sais tout le
cheminement qu'il y a eu, je sais que, finalement, la direction de la
commission scolaire, pour des raisons qui lui appartiennent, a
décidé de nommer elle-même le directeur alors que cela ne
fonctionnait pas comme cela dans le projet présenté.
À partir de cela, je pose ma question: Dans le contexte où
cette difficulté existe, où le ministre semble dire è des
répondants - par qui que ce soit, je ne le sais pas, ou par ses
sous-ministres - qu'ils ne peuvent rien faire parce que c'est une
décision de la commission scolaire, je comprends cela, madame. Je
voudrais savoir si le ministre a une idée de ce qu'il croit de ces
écoles alternatives. Est-ce qu'il a l'intention d'intervenir de
façon additionnelle auprès des commissions scolaires pour dire:
Oui, je crois en ces projets-là et, si j'y crois, je donne les
ressources nécessaires et les moyens nécessaires de fonctionner.
Ou bien dit-il: Je me cache sous la responsabilité de la commission
scolaire pour ne pas bouger. C'est ce que je veux savoir, le reste de
l'histoire je la sais.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre de
l'Éducation.
M. Ryan: Mais cela ne paraissait pas quand on vous a
écouté tantôt. C'est pour cela que j'ai trouvé
très utiles les précisions que nous a fournies la
députée de Groulx.
M. Jolivet: M. le ministre, ne faites pas de la politicaillerie,
là.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député de Laviolette!
M. le ministre de l'Éducation, vous avez la parole.
M. Ryan: Elle n'a dit que la moitié des choses qui ont
été faites dans ce dossier-là par le ministre et ses
collaborateurs, y compris les députés de la région.
En réponse à votre question, je dois vous dire ceci: "If
it comes down", si cela se ramène à la question à savoir
qui doit nommer le directeur d'une école, je suis obligé de vous
répondre que c'est la commission scolaire. Si c'est cela le
problème, ma réponse c'est: la commission scolaire. C'est
clair.
S'il y a une entente entre la commission scolaire et un groupe
particulier en vertu de laquelle la commission scolaire acceptera une
suggestion qui lui est faite par un groupe, je suis prêt à
regarder cela avec toute la bienveillance possible, mais, dans ce
cas-là, il n'y a évidemment pas eu d'entente. Si cela se
ramène à la question de oui ou non, de blanc ou noir, je dois
faire mon choix du côté de la commission scolaire et je ne cherche
pas à me cacher, à ce moment-là, je le fais franchement,
à regret, mais suivant les indications que la loi me donne.
L'autre jour, j'ai rencontré M. Éthier, le
président de la commission scolaire. Je l'ai rencontré quelque
part - je ne me rappelle pas où, ce n'était pas dans un bar -je
pense que c'était à une réunion...
Mme Bleau: Au sommet économique.
M. Ryan: Au Sommet économico-social des Laurentides
justement. Il m'a dit: J'aimerais vous voir, cela fait longtemps qu'on ne s'est
pas vus. J'ai dit: Je vais arrêter chez vous dès qu'on aura fini
l'étude des crédits de nos ministères et de nos projets de
loi qui sont assez nombreux comme vous le savez. Je me propose de faire une
visite et si je peux rouvrir ce dossier-là avec lui pour essayer de
l'acheminer vers une solution plus satisfaisante que celle qui se dessine
actuellement je vais le faire avec plaisir.
Je dois rendre hommage à mes collaborateurs, surtout à Mme
la députée de Groulx, à mon collaborateur M. Rondeau, au
sous-ministre adjoint, M. Rousseau, qui ont vraiment déployé tous
les efforts humainement possibles dans ce dossier-ci pour favoriser une
solution qui eut été plus satisfaisante, et nous ne sommes pas
découragés encore. (12 h 15)
M. Jolivet: Je suis heureux d'entendre le ministre dire qu'il va
se faire d'autres tentatives. Le but de ma question, c'est d'essayer de voir
s'il y a moyen, avec les discussions qu'il pourrait avoir avec le
président de la commission scolaire, de régler ce
problème. J'en suis très heureux. Je dis à M. le ministre
qu'hier, dans mon discours, je disais qu'il y a eu, au niveau de
l'école, beaucoup de projets qui ont été pleins d'espoir,
pleins d'avenir, mais aussitôt qu'ils arrivaient au niveau d'organismes
supérieurs, là, cela bloquait bien raide.
Que ce soit au niveau des commissions scolaires, et même au niveau
syndical, il y a des problèmes qui existent. La question que j'ai
posée, c'était: Est-ce que M. le ministre, à la suite de
ce qu'on a dit aux états généraux et ailleurs, croit
à des écoles alternatives? Si oui, quels sont les moyens qu'il a
l'intention de prendre? Un des exemples frappants, c'est l'école Le
Transit. Pour justement dépasser ce qu'il me disait ce matin, à
savoir que parfois il reçoit des recommandations de ses fonctionnaires
et qu'après analyse et discussions il arrive à leur faire
comprendre que c'est une décision peut-être un peu trop
technocrate, dans la réalité des choses, on devrait en arriver
à faire en sorte que les gens puissent agir dans des cadres moins
rigides que ceux-là.
Je vais donner un exemple vécu aux
états généraux d'un directeur d'école qui
parlait de la convention collective. Il disait: Effectivement, j'ai des
problèmes d'adaptation en ce qui concerne mes étudiants. Mais la
convention dit: L'enseignant est responsable du rattrapage de ses
étudiants. Il a dit: Quand je fais cela, l'enseignant est en arrêt
de travail dans le sens qu'il fait autre chose parce qu'il n'est pas dans sa
classe, mais l'élève est dans la classe. Pendant ce temps,
l'autre professeur, qui pourrait s'occuper de ses étudiants, est dans
l'autre classe. Au lieu de dire "ces élèves", comme la convention
le prévoit, pourquoi ne dirait-on pas "les élèves de
l'école" et, ensemble, les enseignants et la direction de l'école
ont prévu un moyen d'aider le rattrapage scolaire tout en respectant
l'idée générale de la convention collective, mais non pas
la lettre.
Donc, l'esprit et non pas la lettre. Dans ce sens-là, dans le cas
de l'école Le Transit, M. le ministre me dit que les espoirs ne sont
peut-être pas tous éteints, qu'il y a une flamme qui est encore
là et que, s'il pouvait convaincre la commission scolaire, comme il le
dit, avec les pouvoirs qu'elle a, tant mieux pour les étudiants et les
parents.
Je vous dis au départ que, si jamais l'école Le Transit
fermait, avec l'expérience qu'ils ont vécue, l'intégration
de ces jeunes dans un cycle régulier de l'école pourrait
être plus difficile, compte tenu de ce qu'ils ont vécu depuis
presque deux ans, dans certains cas. Si le ministre me dit que, oui, il croit
à des choses autres que le cadre rigide des présentes
façons d'agir et qu'il verra comme ministre à prendre position et
le faire savoir aux commissions scolaires, peut-être qu'un jour, à
l'intérieur des règles budgétaires, on pourrait voir des
rêves faits à l'école devenir des réalités
dans un avenir rapproché.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre,
voulez-vous réagir? D'autres interventions?
Les élèves "illégaux"
M. Jolivet: J'en ai une autre, M. le Président. Cela
concerne la question des "illégaux" dont on a fait mention hier. Si j'ai
bien compris le ministre dans son intervention, j'ai cru comprendre qu'il avait
une attitude législative, mais aussi une autre qui pouvait être
réglementaire ou dans le sens de décisions qui peuvent être
prises administrativement. Mais les rapports que nous avons ce matin et les
interviews que nous avons entendues nous laissent perplexes. Nous avons aussi
dans le rapport de presse d'aujourd'hui quelqu'un, le député de
Viau, qui semble être l'adjoint du ministre sur ces questions et qui,
dans l'interview qu'il a accordée, a parlé d'amnistie
générale.
Je ne reprendrai pas ici les propos tenus par ma collègue, la
députée de Chicoutimi, sur les difficultés qui pourraient
être engendrées, non plus les éditoriaux qui ont couru
à l'époque de la première annonce faite par le ministre
sur la question des "illégaux". J'aimerais savoir laquelle des positions
il faut bien retenir. Je devrais dire au départ que, normalement, on
devrait retenir celle du ministre, mais comme son adjoint a parlé et a
travaillé dans le dossier on s'en est inquiété. Est-ce que
le ministre veut effectivement, par une loi, faire l'amnistie
générale ou s'il veut trouver une autre formule permettant de
régler le problème, comme il le disait au mois de
décembre, de façon à être juste et équitable
pour l'ensemble de ces étudiants?
Une question qui nous est venue à l'oreille, c'est l'histoire des
cégeps. Comment se fait-il que des étudiants qui n'ont pas obtenu
leur diplôme d'études secondaires puissent se retrouver au
cégep? En vertu de quel principe? Est-ce que M. le ministre pourrait
répondre à ces questions?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre,
avant que vous répondiez, j'aimerais attirer l'attention de la
commission sur le fait qu'il est actuellement pratiquement 12 h 25. J'avais
l'intention, à 12 h 25, de demander l'adoption des programmes et
l'adoption du budget. S'il y avait consentement des deux côtés, je
serais prêt à aller jusqu'à 12 h 35. Mais, à 12 h
25, je vais vous demander s'il y a consentement. S'il n'y a pas consentement,
nous allons procéder à l'adoption du budget. M. le ministre de
l'Éducation.
M. Jolivet: M. le Président, je voudrais demander une
permission.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui.
M. Jolivet: Je vais vous dire qu'après vérification
- je n'ai pas eu le temps de vous le dire, M. le Président, je m'excuse,
j'étais occupé à préparer et à
écouter les interventions - que nous avons commencé effectivement
à 10 h 10 et que nous aurions jusqu'à 12 h 40 pour nos dix
heures.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, s'il y a
consentement on pourra aller jusqu'à 12 h 40 et, à 12 h 35 je
demanderai le vote. Je reconnais le ministre de l'Éducation.
M. Ryan: J'aurai besoin de tout le temps qu'il reste pour
résumer le problème.
M. Jolivet: Je n'ai pas compris, M. le ministre.
M. Ryan: J'aurai besoin de tout le temps qu'il nous reste pour
résumer le
problème. J'espère que je trouverai le temps d'en venir
aux conclusions.
M. Jolivet: Mon collègue de l'Abitibi avait une
question.
M. Ryan: Ainsi que vous le savez, M. le Président, le
problème des élèves appelés "illégaux"
remonte aux tout premiers temps de la mise en application de la loi 101,
c'est-à-dire à la fin de l'été et à
l'automne de 1977. À cette époque, de nombreux parents de la
région de Montréal en particulier et des parents qui
étaient surtout d'origine autre que française ou anglaise ont eu
l'impression que le gouvernement, en adoptant la loi 101 dans les dispositions
que nous lui connaissons, avait rompu un contrat social qui avait existé
jusque là, avait changé en cours de route les règles du
jeu qu'ils avaient connues.
La plupart d'entre eux étaient venus s'établir au
Québec dans les années qui avaient précédé
l'adoption de la loi 101 et avaient fonctionné sous un régime
législatif auquel ils étaient habitués. Tout à
coup, une guillotine est tombée à leurs yeux, dans leur esprit,
avec la loi 101 qui changeait radicalement les règles du jeu, qui
introduisait même la division dans les familles à bien des
endroits. Puis, il y en a qui ont décidé, non parce qu'ils
étaient des malfaiteurs - je pense qu'il est bien important de
comprendre cela clairement au départ - et des gens qui
méprisaient la loi, mais parce qu'ils estimaient que leurs droits
n'étaient pas respectés, d'agir autrement que le prescrivait la
loi.
Et ce sentiment était tellement fort à l'époque -
je n'y peux rien, je n'étais pas responsable de l'éducation
à l'époque, j'étais journaliste au Devoir - qu'il s'est
organisé tout un système, avec la participation des parents, la
participation des enseignants, la participation des directeurs d'école.
Je ne vais pas plus loin parce que je ne peux pas en dire davantage mais je ne
serais pas surpris qu'il y ait eu une certaine participation à d'autres
niveaux aussi. Les enfants ont été acceptés dans des
écoles anglaises. De facto, ils ont reçu la formation qui est
donnée dans ces écoles. Ils ont cheminé depuis 1977. C'est
pour cela qu'il y en a qui sont rendus maintenant au bout du système. Il
y en a quelques-uns qui sont rendus dans les cégeps, il y en a un grand
nombre qui sont rendus au niveau secondaire.
Le gouvernement, après avoir adopté la loi 101, avait la
responsabilité de voir à son application. Il s'est
révélé impuissant. Il a essayé. Parfois, on avait
l'impression qu'il faisait ce qu'on appelle en anglais du "shadow boxing". Il
faisait semblant. Il n'a jamais touché au problème.
C'était un gouvernement. Un gouvernement, c'est puissant. Il avait les
moyens d'agir. Il ne l'a pas fait.
Il a laissé pourrir, moisir ce problème pendant des
années, si bien que nous sommes arrivés au pouvoir... C'est le 12
décembre de facto que nous avons été assermentés.
Jusqu'au 12 décembre, c'est l'ancien gouvernement qui était en
place avec le problème sur les bras. Qu'est-ce qu'on va faire avec
cela?
D'abord, il fallait voir où en étaient les choses. Nous
avions tous des soupçons quant aux forces qui étaient
derrière cette situation. Il y avait des groupes de parents, des
enseignants, des directeurs d'école, des administrateurs, des
intervenants sociaux de différentes sortes.
J'ai vu, dès mon arrivée au ministère de
l'Éducation, à établir des contacts directs avec ces gens,
afin de me saisir de la situation de la façon la plus concrète
possible. Voyant que la situation était assez complexe, j'ai
décidé de former un groupe de travail dont j'ai confié la
présidence à M. Jean-Claude Rondeau pour différentes
raisons mais, en particulier, parce que M. Rondeau, qui a été
directeur générai de la Commission des écoles catholiques
de Montréal pendant trois ans, avait eu à se saisir assez
directement de ce problème et était déjà par
conséquent très familier.
Il avait l'attitude d'esprit et d'approche qui me paraissait convenable
pour diriger un groupe comme celui-là. J'ai invité d'autres
personnes à faire partie du groupe, dont le député de
Viau, M. Cusano, dont le directeur général adjoint des
écoles à la Commission des écoles catholiques de
Montréal, M. Macchia Godena, dont M. Jeff Polenz.
M. Polenz était responsable des questions d'éducation au
groupe Alliance Québec. C'est un homme qui a été pendant
sept ans attaché au syndicat des enseignants de la commission scolaire
du Lakeshore et que j'ai engagé à mon cabinet politique vers la
fin de janvier, si mes souvenirs sont bons. J'ai demandé à M.
Polenz, qui avait une très bonne connaissance du dossier, de faire
partie du groupe de travail également.
En plus de cela, il y avait M. Jerry Brown, qui est le directeur des
services anglophones au ministère de l'Éducation. Je lui ai
demandé de faire partie du groupe. Il y a peut-être une autre
personne dont vous trouverez le nom d'ailleurs dans un document dont je vais
vous parler maintenant.
Alors, j'ai demandé à ce comité: Faites l'examen de
tout le problème. Rencontrez tous ceux qui sont concernés par le
problème. Établissez-moi un état des faits.
Présentez-moi des recommandations dans les meilleurs délais. Je
leur ai demandé de me soumettre un rapport pour le 31 mars. Cela a
été un petit peu plus long qu'on pensait. Le comité m'a,
de fait, soumis son rapport la semaine dernière. J'ai été
saisi du rapport - je ne sais pas si c'est mardi, mercredi ou jeudi - la
semaine dernière et j'en ai pris
connaissance avant la fin de la semaine.
Là, je me suis trouvé devant des recommandations dont le
contenu sera dévoilé - je pense pouvoir vous le dire -demain.
J'ai causé avec M. Rondeau ce matin. Il n'avait pas eu le temps de lire
le rapport de manière précise. Je l'ai fait ce matin en me
levant. J'en ai fait une deuxième lecture, c'est-à-dire une
lecture encore plus soigneusement annotée que la première et j'ai
demandé à M. Rondeau de prendre les dispositions voulues pour que
le rapport soit rendu public demain.
M. Jolivet: À la fin de la journée?
M. Ryan: Peut-être.
M. Jolivet: Selon la coutume?
M. Ryan: Ce n'est pas ma spécialité, ce genre de
calcul. Vous savez qu'il n'a jamais été caractéristique de
ma manière d'agir.
M. Jolivet: Non, mais je parle du Parti libéral.
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît, M. le ministre de l'Éducation, vous avez la parole.
M. Ryan: C'est un document qui va être rendu public sous la
responsabilité du ministre de l'Éducation. Alors, là, vous
établirez vos calculs et s'il y a des procès d'intention à
me faire, vous me les ferez la semaine suivante. Le rapport sera rendu public
demain avec les recommandations qu'il contient à mon intention et comme
il sera rendu public demain, je ne peux pas aller plus loin aujourd'hui dans
les précisions que je vais vous donner.
Mais je pense que les délais sont assez courts pour que le
député puisse considérer en toute tranquillité que
nous ne voulons rien cacher, que nous ne voulons rien retarder et que nous ne
voulons rien compliquer.
Je me permets de compléter ma réponse en disant qu'il
employait un terme que je n'aime pas beaucoup, le terme "amnistie". Quelles
fautes ont commises les élèves dont nous parlons? Je prendrai mes
décisions et je ferai mes recommandations en pensant aux
élèves. Il y a des parents qui sont déjà morts
parmi ceux qui ont pris la décision de les mettre ici où
là.
Je n'entends pas me prononcer sur le sort ou l'avenir des parents.
J'entends me prononcer sur le cas des élèves. Jamais je
n'emploierai le mot "amnistie" pour parler de ces élèves. Ce que
je veux, c'est que ces élèves, dont la très grande
majorité est déjà rendue en cinquième,
sixième, septième, huitième, neuvième et
dixième année puissent avoir le droit aux services d'instruction
qui sont dispensés par le gouvernement du Québec et les
organismes qui le complètent au niveau local et régional dans des
conditions d'égalité raisonnables. C'est cela le problème
auquel nous avons à faire face et les recommandations dont on m'a saisi
vont dans ce sens. (12 h 30)
Le premier point dont je veux tenir compte, ce sont les
élèves qui sont concernés. Un deuxième souci dont
je devrai tenir compte, c'est celui qui m'amène à
considérer que nous devons résoudre ce problème une fois
pour toutes cette année. Je ne voudrais pas, pour tout l'or du monde,
que nous abordions la prochaine année scolaire avec encore ce
problème sur les bras parce qu'à ce moment il va traîner
une année de plus. Si nous le laissons traîner encore une autre
année, il va traîner une autre année et une autre
année, comme sous le gouvernement précédent. Cela a
traîné neuf ans sous le gouvernement précédent. Ce
ne sera pas neuf sous le gouvernement libéral, ce ne sera même pas
une année, si cela dépend seulement de moi.
M. Jolivet: M. le ministre peut-il me permettre de dire que ce
n'est pas moi qui ai pris le mot amnistie. Dans un texte qui est paru, j'ai
simplement fait référence à ce qui est écrit ce
matin. Ce n'est pas moi du tout. C'est écrit: "Amnistie
générale pour les illégaux de l'éducation."
M. Ryan: Je suis sûr que, connaissant l'esprit
libéral parfois qui refuse de se définir comme tel du
député de Laviolette, tout comme moi, il refusera d'appliquer ce
mot aux élèves dont nous essayons d'assurer l'avenir dans les
meilleures conditions possible. Je suis bien content de voir que...
M. Jolivet: Sauf que l'article dit que c'est le
député de Viau qui a fait en sorte que la décision du
gouvernement, laquelle découle, etc. "L'adjoint parlementaire du
ministre de l'Éducation a apporté cette précision
après que le ministre Claude Ryan eût fait part de son intention
de présenter un projet de loi concernant les "illégaux"..." Donc,
je ne fais que rapporter ce qui est écrit ce matin.
M. Ryan: M. le Président, dès que nous sortirons de
cette séance, je vais voir à rencontrer le député
de Viau me munissant d'un bon dictionnaire.
M. Gendron: M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre de l'Éducation. M. le député d'Abitibi-Ouest, je
vous reconnais pour une courte intervention.
M. Gendron: Très rapidement, M. le Président. Je
pense que c'est un problème majeur qui doit être
réglé. C'est un problème qui dure, je pense que tout le
monde en est conscient. Ce qui est étonnant dans ce dossier, c'est
qu'au-delà de l'appellation, que je trouve très dangereuse,
d'amnistie générale, à ce moment-ci, qui ouvre la porte
à d'autres illégalités, la question précise que je
voudrais poser au ministre de l'Éducation est la suivante: Ne
trouve-t-il pas que dans ce dossier il est très dangereux d'être
d'accord sur une espèce de prime au non-respect d'une loi? J'ai
été étonné. Je connais également l'esprit
libéral dans tous les sens du terme du ministre de l'Éducation,
au sens partisan et au sens libéral du terme, et je n'en reviens pas.
Ces gens n'ont rien fait de spécial, ils sont tout simplement en
non-conformité avec une loi. Comme cela se passait comme cela avant, en
termes d'habitude, il est arrivé une loi qui a changé leurs
habitudes de vie. Je veux juste vous dire, M. le ministre de
l'Éducation, que c'est toujours comme cela chaque fois qu'une loi est
adoptée, cela change des habitudes de vie. C'est pour cela qu'à
un moment donné un Parlement doit adopter des lois.
La question que je vous pose: Ne trouvez-vous pas qu'il y a d'autres
façons d'envisager le règlement du problème? Ne serait-il
pas interprété comme une espèce de prime au non-respect
d'une loi? Je pense que c'est très dangereux pour l'avenir. J'aimerais
vous entendre en deux phrases là-dessus. Est-ce qu'en ayant cette
attitude de vouloir régler rapidement le problème, en disant: On
vous donne l'absolution collective... À ce moment, dès demain, il
y a peut-être des parents qui seront intéressés à
ouvrir la porte à leurs enfants qui actuellement respectent la loi, qui
sont en conformité avec la loi du Parlement et qui pourront dire: Si
c'est bon pour tous ceux qui ont dérogé à une loi du
Québec, on peut faire de même à partir de demain et
demander qu'ils puissent s'inscrire à l'école anglaise.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député d'Abitibi-Ouest, si vous voulez avoir la
réponse...
M. Gendron: Oui, j'arrête.
Le Président (M. Parent, Sauvé): ...vous êtes
mieux d'arrêter votre question. M. le ministre de l'Éducation, en
conformité avec nos règles, si nous voulons adapter les budgets,
il vous reste environ une minute, une minute trente pour répondre.
M. Ryan: Je ne pense pas que je dépasserai cette
période. La réponse est très simple: S'il existait
d'autres moyens de régler le problème, l'ancien gouvernement, qui
comprenait des gens très intelligents dont le député
d'Abitibi-Ouest et le député de Laviolette, les aurait
trouvés depuis longtemps. Il a eu tout le temps voulu pour les trouver,
pour les proposer. S'il a eu des retours de conscience depuis le 2
décembre, il pourra nous soumettre des représentations
là-dessus que nous étudierons. Je lui dis de se
dépêcher parce que le temps se fait court.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre,
nous vous remercions. Mmes et MM. les députés, le temps est
pratiquement écoulé. Nous venons d'étudier les
crédits du ministère de l'Éducation. Est-ce que le
programme 4 est adopté?
M. Jolivet: M. le Président, j'aurais eu encore beaucoup
d'autres questions, mais le temps étant limité, je
réserverai à d'autres occasions les questions que nous avons,
soit sur des projets de loi, soit sur des...
Adoption des crédits
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce que le
programme 4 est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Parent, Sauvé):
Adopté. Est-ce que le programme 5 est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Parent, Sauvé):
Pardon?
M. Jolivet: Sur division. M* Gendron: Sur division.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Le programme 5 est
adopté sur division?
M. Gendron: Oui.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Adopté sur
division. Est-ce que les crédits présentés par le
ministère de l'Éducation sont adoptés?
M. Jolivet: Sur division.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Adopté sur
division.
Alors, mesdames et messieurs, M. le ministre, et les personnes qui ont
accompagné le ministre, je vous remercie beaucoup de votre
collaboration.
La commission parlementaire de l'éducation suspend ses travaux,
à moins d'avis contraire de la part de la Chambre, jusqu'à 20 h
30 ce soir, où elle étudiera les crédits du
ministère de l'Enseignement
supérieur et de la Science. M. le ministre.
M. Ryan: Me permettez-vous brièvement, avant de nous
quitter, d'adresser mes remerciements à tous ceux qui nous ont
assistés pendant ces deux jours. D'abord à vous-même, pour
la manière magistrale dont vous avez conduit nos travaux, ensuite au
personnel qui vous assiste, au porte-parole de l'Opposition et à ses
collègues qui ont fait un travail éminemment constructif,
à mes collègues du côté ministériel qui ont
été d'une assiduité et d'une présence exemplaire,
malgré des arrangements fort discutables, qui ont porté atteinte
à leur droit d'intervention dans nos débats et sans que
l'Opposition en soit responsable. Ce sont des problèmes que nous avons
à régler entre nous.
Je voudrais remercier de manière tout à fait
spéciale mes collaborateurs du ministère de l'Éducation,
les fonctionnaires du ministère de l'Éducation, M. Boudreau, son
équipe de sous-ministres adjoints à laquelle est venu s'ajouter
aujourd'hui M. Trempe, qui n'était pas avec nous hier parce qu'il
était en voyage, et tous les fonctionnaires qui étaient ici
également, de même que mon personnel politique.
Je voudrais féliciter et remercier tout le monde de cet
échange de vue très constructif que nous avons pu avoir.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Très bien,
M. le ministre. Je reconnais une dernière intervention du
député de Laviotette.
M. Jolivet: Merci, M. le Président. D'abord merci pour
l'ensemble des interventions qui ont été faites de notre part.
Nous avons fait les interventions les plus susceptibles de faire avancer le
système d'éducation au Québec. Je remercie aussi les
collaborateurs du ministre au niveau de l'organisme sous-ministériel et
autre, en leur disant qu'ils vont vivre comme nous un changement de
mentalité. C'est ce que le ministre nous a dit. Elle sera
différente de celle qu'ils ont connue depuis quelques années pour
certains, et avec lesquelles nous avons eu à travailler dans le
passé.
Je suis heureux de la façon dont se sont déroulés
les travaux de cette commission. Je n'ai en aucune façon
empêché qui que ce soit de l'Opposition -même je leur ai
permis de poser des questions, conformément à cette
décision à 90-10 qui permet à l'Opposition de vraiment
faire son travail dans les meilleures conditions possibles. Donc, merci
à tout le monde et à la prochaine.
(Suspension de la séance à 12 h 39)
(Reprise à 20 h 37)
Crédits du ministère de
l'Enseignement
supérieur et de la Science
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît! La commission permanente de l'éducation est
réunie pour l'étude des crédits du ministère de
l'Enseignement supérieur et de la Science. Onze heures sont
prévues pour l'étude des crédits de ce
ministère.
Avant le début de l'étude des crédits, je voudrais
informer les membres de la commission qu'il y a un petit litige concernant le
programme 4. On n'a pas encore clarifié de quelle façon ledit
programme pourra être critiqué, soit par notre commission ou par
une autre commission. Étant donné que nous en sommes à la
première séance sur les crédits du ministère de
l'Enseignement supérieur et de la 5cience, on aura le temps durant la
matinée ou la journée de demain de clarifier la situation.
M. le ministre, je vous souhaite la bienvenue au nom des membres de la
commission. J'accueille aussi et je souhaite la bienvenue à toutes les
personnes qui vous accompagnent. La commission est réunie pour
étudier vos crédits et je répète ce que j'ai
annoncé lorsque nous avons étudié les crédits du
ministère de l'Éducation, que le président de la
commission considère que cette commission est l'endroit
privilégié pour se renseigner, pour interroger le gouvernement
sur ses objectifs et sur ses orientations budgétaires.
Comme le veut la coutume parlementaire, c'est aussi l'endroit
privilégié, pour le parti de l'Opposition encore plus,
d'interroger le ministre et le gouvernement sur leurs intentions.
Sur ce, M. le ministre, nous vous écoutons.
M. Ryan: Ce ne sera pas long.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Pendant que vous
préparez vos papiers, M. le ministre, on pourrait peut-être en
profiter pour présenter les membres de cette honorable commission.
À ma gauche, Mme Blackburn, députée de Chicoutimi,
accompagnée de M. Jolivet, député de Laviolette. À
ma droite, Mme Joan Dougherty, députée de Jacques-Cartier, M.
Gardner, député d'Arthabaska, M. Cusano, député de
Viau, Mme Bleau, députée de Groulx, M. Thérien,
député de Rousseau, et M. Tremblay, député de
Rimouski. Tous ces députés sont ici pour vous écouter
religieusement, M. le ministre.
Remarques préliminaires
M. Claude
Ryan
M. Ryan: M. le Président, il me fait bien plaisir que nous
soyons réunis pour l'étude des crédits du ministère
de l'Enseignement supérieur et de la Science. Nous avons fait au cours
des deux derniers jours l'examen des crédits budgétaires du
ministère de l'Éducation.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre de
l'Éducation, je m'excuse, mais Mme la députée de
Chicoutimi s'informe si vous avez un texte à remettre. Le texte de votre
discours est-il prêt ou sera-t-il déposé? Sera-t-il remis
à un certain moment?
M. Ryan: Le texte de l'intervention que je ferai ce soir n'est
pas complètement terminé. Il sera remis demain aux membres de la
commission.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre...
M. Ryan: Peut-être sera-t-il enrichi des choses que j'aurai
entendues. Mais, blague à part, il vous sera remis au cours de la
journée de demain.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre.
M. Ryan: Les membres vont être obligés de faire
comme les anciens journalistes faisaient, de sortir leur crayon et de prendre
quelques notes. Je pense que c'est un exercice qui peut être très
intéressant aussi.
Une voix: Une dictée?
M. Ryan: Pas au niveau universitaire, M. le
député.
M. le Président, l'étude des crédits
budgétaires du ministère de l'Enseignement supérieur et de
la Science revêt un caractère particulier non seulement en raison
du changement de gouvernement survenu en décembre dernier et des
nouvelles orientations politiques et administratives qui en découlent,
mais aussi en raison des changements que le gouvernement a décidé
d'apporter au mode de direction politique des organismes qui, a
l'intérieur du gouvernement, sont chargés de la mission
éducation.
Je voudrais, en premier lieu, ce soir, donner un portrait de la
situation générale qui prévaut dans les secteurs relevant
de l'autorité du ministère de l'Enseignement supérieur et
de la Science, ainsi que des orientations que le gouvernement entend poursuivre
au cours de la prochaine année. De la même façon que nous
l'avons fait pour l'étude des crédits du ministère de
l'Éducation, je souhaite que les grandes questions relatives à
l'enseignement supérieur et à la science puissent être
débattues par l'Opposition et les députés
ministériels avec le plus d'élévation et de
sérénité possible. L'expérience nous enseigne que
les critiques et les divergences découlant d'échanges
marqués du souci véritable de l'intérêt public sont
infiniment plus précieuses que des débats empreints de
mesquinerie et de partisanerie étroite.
Avant d'engager plus avant le débat, je voudrais rappeler quelque
peu les circonstances dans lesquelles nous avons été
appelés à travailler au cours des quatre derniers mois qui ont
marqué le changement de gouvernement. Nous sommes arrivés avec
une approche très optimiste, croyant que nous aurions à traiter
avec une situation dont les paramètres nous étaient apparus
à un certain niveau, aussi longtemps que nous étions dans
l'Opposition. Mais la première révélation qui nous a
été faite à notre arrivée au pouvoir, après
quelque trois ou quatre semaines, cela a été la
révélation d'une situation financière beaucoup plus
difficile que nous ne l'avions anticipée. Je ne veux pas rouvrir le
débat que nous avons fait au cours de la journée d'hier à
ce sujet, mais je veux ajouter, pour l'information des députés,
que la période, je dirais d'anxiété, de recherche
fiévreuse, que nous avons traversée a été
particulièrement pénible dans le secteur de l'enseignement
supérieur. Peut-être parce qu'au cours des dernières
années les compressions exercées de ce côté ont
été plus lourdement ressenties que celles qui ont
été effectuées du côté de l'enseignement
primaire et secondaire, peut-être aussi parce que - bien des
témoignages nous en assurent - on était rendu de ce
côté à un point au-delà duquel il devient
très difficile de faire des compressions sans risquer d'attaquer la
substance même de la vie collégiale et de la vie universitaire, et
de compromettre, par conséquent, la qualité de notre
développement tant au plan professionnel qu'au plan scientifique.
Nous avons cherché par tous les moyens à faire en sorte
que ce secteur puisse assumer la part de sacrifices qui était requise de
lui par le gouvernement, tout en veillant, dans toute la mesure du possible,
comme nous l'avons fait pour le secteur de l'enseignement primaire et
secondaire - je pense que nous en avons fait la démonstration assez
éclatante au cours des deux derniers jours - en veillant è
éviter que les services à la clientèle ne soient
réduits ou diminués.
Je pense qu'il y a des zones que j'appellerais
périphériques à l'intérieur desquelles il est
toujours dangereux de faire des compressions parce que des choses qui se
passent là conditionnent grandement ce qui se déroule dans
l'opération même, dans l'acte d'enseignement, dans l'acte de
recherche qui
va se faire dans un laboratoire. Mais, si on coupe trois
secrétaires dans le bureau d'un recteur, cela ne compromet pas
nécessairement les travaux de recherche d'un physicien nucléaire.
Non. Si on enlève le chauffeur de M. Untel ou de Mme Unetelle, je ne
pense pas qu'on compromette l'avenir de la nation.
Nous avons essayé de chercher dans ces zones des objets qui
pourraient se prêter aux compressions qui nous ont été
demandées. Évidemment, le résultat de l'opération a
été que la cible première qui s'est dégagée
de notre travail a été les coupures faites au chapitre des
prêts et bourses. On en parlera tantôt. Nous l'avons fait
après mûre considération de tous les facteurs
impliqués dans la situation. Plus nous examinions l'ensemble de la
situation, plus nous étions obligés de conclure que de ce
côté-là la société québécoise
ne fait pas l'effort équilibré, l'effort balancé qu'on
peut observer dans les autres provinces du Canada. On s'est dit que, si
certains ajustements peuvent se faire, cela ne sera pas nécessairement
un suicide national. Nous aurons l'occasion d'en reparler plus tard, y compris
dans l'exposé que je vais faire. C'est là une première
remarque liminaire que je voulais soumettre à votre attention.
Il y en a une deuxième aussi. Vous remarquerez que, dans l'examen
que nous vous proposons de faire - évidemment, les questions que vous
soulèverez, les interventions que vous ferez des deux côtés
de la Chambre pourront prendre une tout autre tournure - les observations que
nous avons à vous communiquer à ce stade-ci ne portent pas tant
sur la substance même de l'activité universitaire ou
collégiale que sur l'encadrement dans lequel se dispense la formation
collégiale et universitaire et dans laquelle s'exerce l'activité
de recherche scientifique.
Nous avons fait une constatation lors de l'étude des
crédits du ministère de l'Éducation. Pour la
première fois, je pense, dans l'histoire de l'examen annuel des
crédits du ministère, nous avons discuté beaucoup plus
cette année des contenus de l'éducation et des choses qui nous
intéressent vraiment comme hommes et femmes politiques finalement, la
qualité même de l'éducation. En ce qui regarde les
collèges et les universités, nous pourrons sûrement avoir
des échanges intéressants là-dessus. Mais celui qui vous
parle, à son titre de ministre, n'est pas encore rendu au stade
où il se sentirait prêt à vous soumettre des observations
solides de ce côté.
Il a fallu que nous nous débattions pendant deux ou trois mois
dans toutes ces discussions relatives aux compressions et à
l'aménagement du budget. Il a fallu que nous voyions à beaucoup
de problèmes pressés qui s'étaient accumulés depuis
plusieurs mois et qui ont surgi depuis le mois de décembre dernier. Il y
en a quelques-uns qui sont loin d'être réglés encore.
Tout ceci pour vous expliquer que, après quatre mois de pouvoir,
je ne pense pas qu'il serait sage, je ne pense pas qu'il serait vrai, je ne
pense pas qu'il serait utile que je prétende vous donner la vue de fond
à laquelle nous tendons comme gouvernement et dont, j'espère
bien, nous pourrons débattre dans des échanges semblables au
cours des années à venir.
On se pose des questions. C'est facile de parler de ce qu'on va faire de
la formation courte, par exemple. Il y a des gens, même dans l'appareil
gouvernemental, qui ont déjà tiré des conclusions du
rapport qui a été fait par le Conseil des universités
là-dessus. Je les trouve bons parce que le Conseil des
universités lui-même n'en a pas tiré encore. Il nous a
soumis un résumé des faits qu'il a observés.
Lui-même ne s'est pas aventuré dans les contenus. Il n'en
était pas capable encore avec les données qu'il avait. Il y en a
au gouvernement qui étaient déjà prêts à
tirer des conclusions qui engageaient l'avenir pour 25 ans. Il a fallu leur
dire que ce n'est pas comme cela qu'on travaille. On l'a dit bien amicalement,
parce que je pense qu'on a un gouvernement où les gens se parlent
franchement et amicalement.
C'est ce genre de travail qu'il a fallu que nous fassions, un travail de
débroussaillage. Il faut dire que nous n'avions pas été au
pouvoir depuis neuf ans. Cela n'aide pas, non plus, dans certaines choses. Je
voudrais ajouter une dernière remarque à ce sujet: ceux qui
veulent savoir quelles sont nos orientations en date d'aujourd'hui, je pense
qu'ils ne sauraient mieux faire que relire le document d'orientation que notre
parti a publié pendant la campagne électorale qui contient un
chapitre rédigé à la suite de longues études et
réflexions et de nombreuses consultations. Dans l'ensemble, ce chapitre,
comme les autres de ce document d'orientation, est encore la plate-forme de
notre parti et l'objectif vers lequel nous tendons comme gouvernement.
Cela dit, je continue mon exposé à partir des notes que
j'ai devant moi. Le ministère de l'Enseignement supérieur a connu
depuis la fin de 1984 de nombreux changements de structures qu'il importe de
rappeler avant d'aborder les solutions propres aux secteurs regroupés
sous ma responsabilité. Le gouvernement précédent
décidait tardivement, en décembre 1984, de détacher les
secteurs de l'enseignement collégial, de l'enseignement et de la
recherche universitaire, ainsi que de l'aide financière aux
étudiants, du ministère de l'Éducation et de les regrouper
avec le ministère de la Science et de la Technologie au sein d'un
nouveau ministère. Le ministère de l'Enseignement
supérieur, de la Science et de la Technologie créé
à ce moment se voyait aussi attribuer un titulaire distinct de
celui du ministère de l'Éducation. Le gouvernement d'alors
consacrait ainsi le principe d'une direction bicéphale de notre
système d'enseignement québécois.
Le Parti libéral du Québec s'était opposé
fortement à l'époque à la division du ministère de
l'Éducation d'où découlait la rupture de l'unité de
direction politique. Tout en réservant notre jugement sur les
structures, nous croyons important qu'une seule autorité politique ait
compétence sur l'ensemble des niveaux d'enseignement du système
d'éducation québécois. Cela, afin d'éviter que ne
se créent des divergences et des incohérences dans les choix
politiques d'un gouvernement qui pourraient avoir pour effet de priver le
Québec d'une vision intégrée des orientations qu'il doit
poursuivre en matière d'éducation. Cette vision unifiée
est importante non pas pour les structures elles-mêmes qui ne sont que
des instruments au service des dirigeants et de la population, mais bien pour
assurer que les étudiants, qui cheminent et chemineront pour passer d'un
niveau d'enseignement à un autre, puissent le faire dans un cadre
où les objectifs propres à chaque niveau, aux niveaux primaire et
secondaire, aux niveaux collégial et universitaire, voient les
différentes phases de leur cheminement s'imbriquer harmonieusement les
unes dans les autres dans un ensemble de finalités communes.
C'est pourquoi le 12 décembre dernier, conformément
à l'engagement qu'avait pris le Parti libéral du Québec en
période électorale... Il me vient une remarque à l'esprit.
Depuis deux jours, cela fait déjà un certain nombre d'engagements
qui sont réalisés. Il y en a quelques-uns qui ne le sont pas
encore. L'Opposition se chargera de nous les rappeler tantôt. Mais il y
en a un bon nombre qui sont déjà réalisés, un
nombre encore plus grand qui sont en voie de réalisation. Je ferme la
parenthèse. C'est pourquoi, le 12 décembre, le premier ministre
nommait à titre de ministre de l'Éducation et de ministre de
l'Enseignement supérieur et de la Science un seul et même
titulaire. Les premiers mois d'exercice de cette double fonction m'ont
démontré que cette orientation est sage et fonctionnelle. Dans
plusieurs secteurs, comme la formation professionnelle, l'éducation des
adultes, la formation des maîtres, les seuils et prérequis de
passage d'un niveau à un autre, l'étude des problèmes
communs à plusieurs niveaux, comme l'enseignement des sciences, la
qualité du français écrit ou parlé,
l'équilibre à établir dans la répartition des
dépenses de l'État pour fins d'immobilisations, par exemple, il
est nécessaire que des orientations arrêtées à un
palier puissent être analysées à la lumière des
conséquences précises qu'elles entraîneraient à un
autre palier.
Pour ne prendre qu'un exemple, si nous devions avoir au niveau
universitaire des installations qui soient à la fine pointe de la
modernité alors que nous aurions encore, dans nos campagnes, des
écoles qui seraient complètement impropres à
l'éducation, il y aurait sûrement un déséquilibre
qu'il ne serait pas facile de corriger.
Ceux qui ont l'expérience du pouvoir savent très bien que,
sous notre système de gouvernement, une fois qu'une
responsabilité est exercée par un ministère, la
coordination horizontale est une chose extrêmement difficile. On en parle
beaucoup, on multiplie les structures, mais, finalement, chaque ministre tient
à ses responsabilités et est happé par elles à
compter du moment où il est appelé à les exercer. La
coordination est beaucoup plus difficile qu'on ne peut se l'imaginer
théoriquement.
En plus de se retrouver sous l'autorité d'un ministre qui assume
à la fois la responsabilité de l'enseignement primaire et
secondaire et de l'enseignement supérieur et de la science, le
ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science, avant
même d'avoir complété une seule année comme
entité autonome unique, a été invité à se
départir d'une partie de ses activités et de ses services au
profit d'un autre ministère. Cela, c'est une autre situation qui a surgi
avec la formation du nouveau gouvernement, qui n'était pas aisée
à gérer.
En confiant au nouveau ministre du Commerce extérieur la
responsabilité du développement technologique, le chef du
gouvernement se devait de prévoir le transfert de certains programmes,
de budgets et de personnel qui se retrouvaient alors au sein du
ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science et qui
devaient être transférés de l'autre côté. De
concert avec mon collègue, le ministre du Commerce extérieur et
du Développement technologique maintenant, M. MacDonald, j'ai
cherché les éléments qui pourraient nous permettre de
procéder à un partage, à la fois rationnel, fonctionnel et
économique. C'est une opération qui était d'autant plus
difficile pour nous deux que nous n'étions pas vraiment familiers avec
les opérations d'un bon nombre des entités dont nous
étions appelés à discuter.
Il s'est créé sous la responsabilité du
ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science, ces
dernières années, un bon nombre d'organismes nouveaux: le Centre
de recherche, par exemple, le Centre d'application des découvertes
scientifiques avec lesquels nous n'étions pas vraiment familiers. On
peut bien se réunir dans un bureau, un soir, et décider que telle
chose devrait s'en aller dans la colonne de droite et l'autre, dans la colonne
de gauche, mais si on veut travailler sérieusement, ce n'est pas ainsi
que les choses se font.
Nous en sommes venus à établir un
principe de base qui a présidé au partage que nous avons
fait et dont nous aurons l'occasion de parler lors de nos échanges. Nous
nous sommes dit: Au point de vue de l'enseignement, il n'y a pas de
problème; l'enseignement collégial, l'enseignement
supérieur, la recherche qui est faite dans les universités ne
donnaient lieu à aucune discussion. C'était clairement entendu
entre nous que cela restait sous la responsabilité du ministère
de l'Enseignement supérieur et de la Science. Lorsqu'arrivaient, par
exemple, des cas comme le Centre des applications pédagogiques de
l'ordinateur, le Centre pour l'informatisation de la production au
Québec, le Centre pour la valorisation de la biomasse, on peut
épiloguer là-dessus, mais il n'y a pas d'autre manière de
voir clair que d'essayer de comprendre ce qui se passe là-dedans.
Le critère que nous avons retenu, finalement, était le
suivant. On s'est dit: Là, où un centre ou un service fonctionne
à partir de ressources financières et humaines qui émanent
surtout du système d'enseignement, cela va rester rattaché au
ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science et
là où un centre fonctionne à partir de ressources qui
émanent surtout de l'industrie ou de l'entreprise, même s'il a des
rapports avec les universités ou les collèges, ce sera
plutôt déversé de l'autre côté. (21
heures)
II a été convenu également qu'une large place
serait laissée à l'évolution possible. Il pourrait arriver
qu'un centre, aujourd'hui, soit rattaché davantage à
l'université en raison des ressources qu'il en tire tant au plan humain
qu'au plan financier, mais que, dans cinq ou dix ans, sa situation soit
différente, qu'il devienne davantage en symbiose avec l'entreprise et
l'industrie. Les transferts pourront se faire. Ce ne sont pas des dogmes que
nous avons établis, ce sont des critères pratiques en vue d'un
partage judicieux et sérieux.
C'est pourquoi le ministère de l'Enseignement supérieur et
de la Science conservera la responsabilité des activités
reliées à l'approfondissement et à la diffusion des
connaissances scientifiques, ainsi que des activités de recherche
exclusives aux universités et aux centres de recherche
créés en vertu de l'article 12 de la loi sur le ministère
de l'Enseignement supérieur et de la Science. Le ministère du
Commerce extérieur et du Développement technologique
héritera pour sa part des activités qui visent le soutien direct
à la recherche dans l'industrie. Il assumera également la
responsabilité de l'entente Canada-Québec en matière de
développement scientifique et technologique. Nous discutions ce matin,
à un comité ministériel, du nouveau plan de
développement spatial canadien qui a été soumis à
l'examen des gouvernements provinciaux par le gouvernement
fédéral. Il y a à peu près un an ou deux, ce plan
aurait été soumis au ministère de l'Enseignement
supérieur, de la Science et de la Technologie. Il nous avait
été effectivement soumis, mais, maintenant, la
responsabilité principale est assumée dans ce domaine par le
ministère du Commerce extérieur et du Développement
technologique et le ministère des Communications. Nous sommes en
étroite relation avec ces deux ministères. Nous leur offrons
notre collaboration. Mais ce secteur, où l'on vise surtout, par la
nouvelle politique canadienne, à développer des structures
industrielles qui vont pouvoir s'intégrer dans les grands programmes
nord-américains de développement spatial, nous paraît
relever plus du monde de l'entreprise et de l'industrie même s'il est, de
toute évidence, de très haute connaissance scientifique.
En ce qui a trait aux activités conjointes qui se multiplient
entre les institutions d'enseignement et l'industrie, elles relèveront
de l'autorité de l'un ou l'autre ministère suivant que l'effort
en ressources humaines, matérielles et financières proviendra en
majeure partie des maisons d'enseignement ou encore des entreprises qui ont des
liens d'association avec les maisons d'enseignement. Un projet de partage pour
la période à venir est présentement à
l'étude au Conseil du trésor. Il doit être soumis sous peu
au Conseil des ministres, mais je pense que, dans l'ensemble, le
résumé que j'ai donné est assez fidèle, et, lors de
la période de discussion que nous aurons, nous pourrons vous donner les
précisions que vous voudrez sur les transferts précis qui ont
été faits. On conçoit dans ces conditions que des
énergies considérables aient été consenties au
cours des quatre derniers mois afin de réaménager le
fonctionnement interne du ministère et de l'adapter au changement de
structures qui avait été décidé par
l'autorité politique.
Je voudrais maintenant dire qu'étant sauf ce principe de
l'unité de direction politique des réseaux d'éducation au
Québec, qui demeure une position de fond du gouvernement actuel, le
gouvernement n'entend procéder avec aucune précipitation à
la fusion structurelle du ministère de l'Éducation et du
ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science. Cette
question reste ouverte dans notre esprit. Nous ne l'avions jamais
résolue avant de prendre le pouvoir. Nous trouvions que le gouvernement
précédent avait procédé avec beaucoup trop de
précipitation, et nous ne voudrions pas faire le mouvement inverse avec
la même précipitation. Par conséquent, nous examinons les
choses avec tout le temps voulu. Nous voulons que nos collaborateurs du
ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science se sentent
à l'aise, qu'ils fassent leur travail avec le plus d'application
possible. Ces
questions ne sont pas des questions dominantes dans notre esprit.
Dès que nous verrons clair, cependant, il pourrait arriver que nous
tirions des conclusions et que nous en fassions part au chef du gouvernement de
même qu'à tous ceux qui pourront avoir une contribution à
faire dans le débat. Mais, pour le moment, par conséquent, ce
n'est pas une question qui nous occupe pendant les heures de la nuit.
Je voudrais dire un mot sur l'enseignement et la recherche au niveau
universitaire. Les universités assument une mission fort exigeante au
sein des sociétés modernes. Cela est d'autant plus vrai pour le
Québec que, communauté francophone minoritaire dans un ensemble
nord-américain essentiellement anglophone, nous disposons d'institutions
de haut savoir qui sont pour nous un outil privilégié de
formation et de développement sur les plans intellectuel, social,
culturel, économique, voire politique. Nous sommes tous conscients, des
deux côtés de la Chambre, de la place exceptionnelle qu'occupent
nos universités dans le développement de notre
société. C'est pourquoi comme société nous avons
investi des ressources énormes dans les universités depuis 20
ans. Nous demeurons convaincus pour notre part que, sans les universités
et sans des universités en bonne santé, le Québec ne
pourra pas occuper la place qu'il est en droit de revendiquer dans l'ensemble
du monde nord-américain et des pays industrialisés.
Le Conseil des universités nous rappelait, dans son récent
avis qu'il m'a remis au début de janvier dernier sur les orientations du
financement universitaire, que les universités vivent
présentement une situation de crise à laquelle il faut tenter de
toute urgence de trouver une solution afin de leur permettre de s'acquitter
honorablement de leur mission. Pour illustrer ce constat que le Conseil des
universités formulait pour la nième fois dans ce dernier avis, en
1984-1985, les universités ont enregistré un déficit de
fonctionnement s'élevant à 48 700 000 $ comparativement à
un déficit de 13 300 000 $ en 1983-1984. Le déficit
accumulé par l'ensemble du réseau universitaire s'élevait,
à la fin de 1984-1985, à 45 500 000 $.
Cette année financière 1984-1985 est cruciale car elle
marque un tournant important pour la santé financière des
institutions universitaires. En effet, nous pouvons dire que, depuis 1984-1985,
l'ensemble des universités du Québec ont épuisé les
réserves dont elles disposaient. Dorénavant, les déficits
de fonctionnement viennent s'ajouter automatiquement aux déficits
accumulés du réseau. Jusqu'à 1984-1985, il y avait un
surplus accumulé, des réserves accumulées qui permettaient
d'absorber en tout ou en partie les déficits mais, depuis ce temps, ce
n'est pas la situation qui se présente.
J'ai causé à de nombreuses reprises avec les dirigeants
d'institutions qui étaient réputées naguère - il
n'y en a pas tellement au Québec, vous les reconnaîtrez facilement
- pour la richesse de leurs "endowments", de leurs fonds de dotation permettant
à des étudiants ou à des chercheurs de poursuivre leur
développement, de poursuivre des travaux spécialisés. Ces
réserves que ces institutions avaient pu constituer pendant des
générations ont été joliment érodées
au cours des dernières années. Il reste des fonds de dotation qui
ne sont pas négligeables, qui sont "earmarked", comme on dit, qui sont
marqués de manière précise pour telle et telle fin. Mais
des fonds qui pourraient être utilisés à des fins
générales d'équilibre budgétaire ou de
rééquilibre du financement institutionnel, il n'en reste pas
beaucoup.
Suivant les prévisions que le Conseil des universités
établissait dans l'avis qu'il me donnait au début de
l'année, la situation était destinée à s'aggraver
en 1985-1986 car on anticipait pour l'année courante qui va finir le 30
juin un déficit de fonctionnement dépassant les 30 000 000 $, ce
qui allait porter le déficit accumulé des universités
à plus de 80 000 000 $. On connaît les conséquences
pénibles de cette situation. Je pense que tout le monde a entendu parler
de ce qui s'est passé à l'Université de Sherbrooke au
cours des dernières semaines. L'Université de Sherbrooke fait
face à un déficit accumulé qui est considérable. Le
recteur et ses collègues, pour enrayer le phénomène
d'érosion qui se produisait sous leurs yeux, avaient
décidé de fermer certains départements. Il en est
résulté une réaction très dure de la part de la
communauté universitaire. Ils ont été obligés de
revenir sur leur décision, mais le problème n'est pas
réglé à cause de cela. Le problème est toujours
là.
On pourrait faire le tour des universités. Je vous le dis en
toute simplicité, une des plus grandes gênes que j'ai
éprouvées depuis que nous sommes au pouvoir, c'est la gêne
de rencontrer des recteurs d'université qui, je le sais, viennent me
parler de problèmes extrêmement difficiles et qui, je le sais,
sont bien mal à l'aise pour m'en parler, parce qu'ils sont au courant
aussi de la situation. C'est leur devoir de m'en parler et c'est mon devoir de
les écouter. Les conditions d'une solution ne sont pas faciles à
réunir à court terme.
L'Ontario a réussi à se rapprocher de la moyenne
canadienne dans ses efforts en vue de redresser la situation financière
de ses universités. L'Ontario, comme vous le savez, avait glissé
durant ces dernières années. L'Ontario, qui a toujours
donné le ton dans l'ensemble canadien en matière de
dépenses pour le haut savoir, pour les
services hospitaliers et pour la santé, est passé
pratiquement au dernier rang ces dernières années et a
commencé, comme je l'ai dit ce matin ou hier, sa campagne de
restrictions budgétaires environ sept ou huit ans avant le
Québec. Mais elle a commencé à remonter depuis une couple
d'années et, pendant ce temps-là, nous, on continue de
descendre.
Le Québec traîne toujours de l'arrière par rapport
à l'Ontario. Ainsi, les dépenses totales de fonctionnement par
étudiant étaient supérieures de 6,5 % au Québec, en
1981-1982, par rapport à l'Ontario. Aujourd'hui, elles sont
inférieures de 7,4 % au Québec. Cela est pour l'année
1985-1986, par conséquent, pour une année dont la
responsabilité ne relève pas du gouvernement actuel. On est
passé de 8596 $ par étudiant en 1981-1982 à 9478 $ en
1985-1986, alors qu'en Ontario on passait de 8073 $ en 1981-1982 à 10
230 $ en 1985-1986.
Si le Québec veut maintenir une position quelque peu
concurrentielle par rapport à l'ensemble de ses partenaires canadiens en
matière de développement universitaire, il lui faut
procéder rapidement à des redressements afin de contrer ce
processus d'érosion qui afflige le secteur universitaire. Le Parti
libéral du Québec s'est engagé à réviser
l'ensemble de la situation financière des universités è
l'aide des travaux d'une commission parlementaire qui aurait pour mandat
d'énoncer les voies les plus propices à emprunter dans le
contexte de discipline budgétaire que nous connaissons tous.
Le gouvernement, dans le cadre des travaux qu'il propose en 1986-1987,
fera donc motion demain, devant l'Assemblée nationale, afin de confier
à la commission parlementaire de l'éducation le mandat
d'étudier les orientations que devrait retenir le gouvernement en
matière de financement universitaire à compter de l'année
1987-1988.
Selon le mandat qui lui sera confié demain par l'Assemblée
nationale, puis-je souhaiter, la commission devra se pencher en particulier sur
les sujets suivants. Premièrement, le niveau des subventions aux
universités et leur répartition entre les établissements;
deuxièmement, l'endettement des institutions universitaires;
troisièmement, la participation du gouvernement fédéral au
financement des universités; quatrièmement, les sources de revenu
des universités autres que les subventions gouvernementales;
cinquièmement, les modalités de l'aide financière aux
étudiants; sixièmement, les frais directs et indirects de la
recherche, le financement de la recherche à l'intérieur des
universités et, de manière plus particulière, les nouveaux
modes de collaboration entre les universités, les centres de recherche
publics et privés et l'entreprise publique et privée. (21 h
15)
Un autre volet du mandat est la gestion des ressources humaines et
matérielles des universités. Enfin, un dernier volet, les modes
de concertation entre les établissements universitaires,
particulièrement en ce qui a trait à la rationalisation des
programmes offerts et à l'identification des champs d'enseignement et de
recherche jugés prioritaires.
La question du niveau des subventions gouvernementales ainsi que des
autres sources de financement et du mode d'allocation des ressources est
déterminante dans la recherche de solutions aux difficultés
budgétaires que connaissent les universités. Les perspectives des
finances publiques pour les prochaines années ne nous permettent pas
d'envisager que les problèmes que connaissent actuellement les
universités pourront se résorber uniquement et exclusivement par
une hausse du niveau de financement. Des actions importantes devront aussi
être consenties en ce qui touche la réduction des déficits
universitaires et la rationalisation des programmes, des services et des
activités des universités.
Je pense que nous devrons établir très clairement à
l'occasion de ce travail qui se fera au cours des prochains mois qu'il est
absolument inadmissible que des institutions à caractère public
puissent accumuler année après année des déficits
comme on en a vus dans différents secteurs de l'administration
paragouvernementale et dans le secteur parapublic au cours des dernières
années. Je pense qu'il faut que nous revenions - dans le secteur de
l'éducation nous allons le faire -à des règles de
discipline beaucoup plus sévères. Si nous décidons qu'il
n'y a pas d'argent une année, il n'y aura pas d'argent et personne ne
doit se croire affublé d'un mandat qui lui permettrait d'aller endetter
pour l'avenir l'ensemble de la collectivité québécoise,
surtout s'il n'a pas été élu par les citoyens.
En 1986-1987, le ministère, après avoir
complété une étude détaillée des
états financiers de chaque université, entend établir avec
chacune d'entre elles des modalités d'un plan de redressement qui
permettraient de corriger la situation que nous connaissons en cette fin
d'année 1985-1986. J'attends également des universités
qu'elles entreprennent dès maintenant de se concerter et pas seulement
d'en parler, afin de mieux cerner les voies d'un développement rationnel
pour l'avenir, d'identifier les secteurs où des économies de
déploiement doivent s'effectuer et d'identifier aussi les secteurs
où il y a peut-être lieu de mettre fin à certaines
activités de manière que, là où elles continueront
d'exister, elles puissent se déployer à un niveau qui permette
d'atteindre le seuil minimum d'excellence sans lequel on n'a d'universitaire
que le papier et non pas le contenu.
Dans le secteur universitaire comme dans les autres, la
société québécoise est en droit d'exiger un
développement planifié et ordonné. Je m'excuse, M. le
Président, je me cite moi-même mais ce ne sera pas long. "Dans la
mesure où les universités voudront assurer elles-mêmes, par
le jeu d'une concertation librement consentie, les émondages et les
mises en commun que requerra une participation responsable, elles auront
l'appui du Parti libéral. Si elles devaient faillir à la
tâche, le Parti libéral n'hésitera pas à
réclamer que le gouvernement prenne ses responsabilités." Ces
mots, je les prononçais à l'occasion d'un discours tenu à
l'Université de Montréal le 17 octobre dernier, juste à la
veille ou au lendemain du déclenchement de la campagne
électorale.
Nous avons insisté dans nos discours, comme l'Opposition nous l'a
rappelé à juste titre depuis deux jours, sur la
nécessité d'un effort plus libéral de la part du
gouvernement pour l'éducation parce que, historiquement, la
générosité envers l'éducation a toujours
été identifiée au Parti libéral, comme le sait
très bien mon ami de Laviolette. Nous avons également
insisté pour signaler que cet effort demandé à la
collectivité par l'entremise de son gouvernement doit s'accompagner d'un
effort de discipline et de rationalisation de la part de ceux qui sont
chargés de réaliser la mission universitaire dans les
universités.
Tandis que les universités entreprendront ces réflexions,
je me permets de les inviter à porter une attention toute
particulière à la nécessité d'une promotion accrue
des études de baccalauréat. Le taux de diplomation au niveau du
baccalauréat chez les personnes âgées de 20 à 24 ans
a légèrement augmenté entre 1981-1982 et 1985-1986,
passant de 3,37 % à 3,70 %. 11 y a lieu de se réjouir de cette
augmentation. Cependant, l'écart avec l'Ontario s'est accru en faveur de
l'Ontario. Tandis que le taux progressait de 4,58 % à 5,06 %,
l'écart est passé de 1,21 % à 1,36 % au cours de la
période 1981-1982 à 1985-1986. En contrepartie, nous avons
progressé par rapport à l'Ontario au chapitre des
diplômés du deuxième et du troisième cycle chez les
personnes âgées de 25 à 29 ans. De 0,61 % en 1981-1982,
nous sommes passés à 0,71 % en 1985-1986, tandis que, pendant la
même période, l'Ontario passait de 0,98 % à 0,96 %, soit
une légère diminution. Mais, si l'augmentation du taux de
diplomation chez les 25-29 ans pour le deuxième et les troisième
cycle est significative et encourageante pour le Québec, vous constatez
comme moi que l'écart entre le Québec et l'Ontario, en ce qui
touche le nombre des diplômés de deuxième et
troisième cycle, demeure encore trop grand pour que nous puissions
être vraiment satisfaits.
Ces objectifs dont je viens de parler sont intimement reliés. Les
études et les recherches de deuxième et troisième cycle
assurent certainement le développement et le rayonnement des
connaissances et aussi le prestige d'une institution, mais c'est surtout le
premier cycle, la formation au niveau du baccalauréat, qui est la raison
d'être première, en pratique, dans l'ordre concret, de
l'université. Sur les 155 546 étudiants équivalence temps
complet dénombrés aux inscriptions de l'année scolaire
1985-1986, 133 104 étaient inscrits au premier cycle, soit 85,6 % de la
clientèle universitaire. C'est ce contingent d'étudiants de
premier cycle qui fournira demain les chercheurs, les étudiants
diplômés dont nous avons un grand besoin, mais ce sont surtout ces
étudiants du premier cycle qui se retrouveront assez bientôt sur
le marché du travail, dès la fin de leurs études de
baccalauréat.
Ce rôle de formation et de préparation au marché du
travail est tout aussi crucial pour notre société et pour la
mission de l'université que ne l'est la promotion de la recherche
fondamentale et appliquée. Un nombre important de rapports en provenance
des États-Unis illustrent l'effort que nos voisins du Sud
déploient ces années-ci pour la revalorisation de l'enseignement
universitaire de premier cycle, non pas au détriment de la recherche,
mais bien en reconnaissant le rôle de préparation, le lieu de
maturation et d'éclosion pour les carrières de chercheurs qui
doivent s'exercer au niveau des études de premier cycle. Nous aurions
tort, par conséquent, dans le choix des orientations et des
priorités que nous devons retenir pour les universités, de ne pas
tenir compte de cet objectif fondamental. Aux États-Unis, M. le
Président, on a constaté une tendance dans les études de
premier cycle. Une spécialisation ultrapoussée est souvent la
négation de tout humanisme véritable. Il y a un mouvement
très fort à l'heure actuelle pour qu'un meilleur
équilibrage se fasse à ce niveau de façon que les
professionnels qui sortent de l'université soient aussi, dans une
certaine mesure, des humanistes. Je pense que c'est vrai pour nous aussi. Nous
pourrions nous inspirer avec profit de ce mouvement d'un retour aux sources qui
s'effectue aux États-Unis non seulement, comme nous l'avons vu depuis
deux jours, au niveau de l'enseignement primaire et secondaire, mais aussi au
niveau de l'enseignement supérieur.
Malgré la situation difficile des finances publiques, les
crédits budgétaires pour les universités affichent, pour
1986-1987, une hausse de 3,6 % par rapport aux crédits de 1985-1986. Les
crédits prévus pour 1986-1987 représentent ensemble un
montant au total de 1 147 300 000 $. On prend toujours les deux points de
comparaison, soit les crédits qui avaient été inscrits
dans le
livre des crédits déposé l'an dernier vers le mois
de mars, et les dépenses probables. Par rapport aux crédits
déposés l'an dernier, augmentation de 3,6 %. Par rapport aux
dépenses probables que nous croyons devoir enregistrer à la fin
de l'année de l'exercice budgétaire, les crédits 1986-1987
sont en hausse de 4,2 %. C'est un peu plus haut que le taux de l'inflation.
Le ministère n'a pas modifié la formule de financement des
universités pour l'année 1986-1987. Comme le gouvernement s'y
était engagé, nous préférons attendre, avant de
faire cet exercice, les conclusions de la commission parlementaire de
l'éducation.
L'enveloppe des subventions aux universités tiendra compte
cependant du financement des clientèles additionnelles, pour un montant
de 27 600 000 $. Cela est très important. Quand nous avons fait nos
discussions avec le Conseil du trésor et le gouvernement, nous avons
bien insisté qu'il fallait partir de l'objectif du maintien du niveau de
financement de l'année 1985-1986, qui avait connu, comme vous vous en
souvenez, des améliorations notables par rapport aux six années
précédentes.
Les deux grandes améliorations apportées en 1985-1986
avaient été d'abord le plein financement des clientèles
additionnelles. Par plein financement, il faut s'entendre. Les
clientèles des disciplines identifiées au virage technologique,
je pense que c'était 70 %, et les autres, 50 %. On calcule que le cent
quarante et unième mille étudiant coûte moins cher que le
premier. C'était quand même un niveau d'augmentation jugé
acceptable par les universités. Nous avons insisté pour que ce
soit maintenu.
L'autre montant, l'an dernier, c'était l'indexation. Avec
l'indexation, il y avait l'équivalent de 34 000 000 $, 35 000 000 $. En
tout cas, cela faisait en tout un ajustement qui était beaucoup plus
satisfaisant que ce qui avait eu lieu avant. Nous avions souhaité
pouvoir maintenir cela intégralement. Ce que nous avons réussi
à maintenir, c'est la base de financement de l'an dernier. Avec
l'augmentation normale... Ce sont les mêmes membres de la commission qui
ont étudié les crédits du ministère de
l'Éducation. Je leur ai dit que nous avions fait une projection de ce
que serait l'augmentation de dépenses, en ne tenant compte que du
mouvement qui était déjà imprimé au fonctionnement
des institutions et des services gouvernementaux. Dans le secteur
universitaire, si nous avions suivi cela, l'augmentation des dépenses
aurait été supérieure de 15 000 000 $ è ce que nous
avons inscrit. Au lieu d'être 1 147 300 000 $ cela aurait
été 1 162 000 000 $.
Alors, nous avons réussi à sauver l'essentiel. Nous avons
sauvé le financement des clientèles additionnelles. Nous avons
sauvé une partie de l'augmentation du reste des dépenses. Quand
vous calculez 15 000 000 $ sur un total de 1 100 000 000 $, je ne crois pas
qu'il y ait lieu de crier à la catastrophe. Nous aurions mieux
aimé que ce fût 15 000 000 $ de plus mais il fallait tenir compte
de l'ensemble des secteurs. Le principe que le gouvernement s'était
imposé c'est que chaque secteur devait porter une part de
responsabilité, pas la même dans chaque secteur. Les routes ont
été coupées beaucoup plus que l'éducation et les
hôpitaux. Le ministère de l'Industrie et du Commerce a subi des
coupures beaucoup plus sévères, des vraies coupures. Nous, il n'y
a pas de coupures, il y a une légère compression. Nous l'avons
dans le livre des crédits qui a été déposé
et dont nous avons déjà parlé. Pour les
universités, c'est ceci: Nous avons voulu maintenir le financement des
clientèles additionnelles.
Le gouvernement continue aussi d'assurer le financement de certaines
actions prioritaires pour un montant de 15 800 000 $. Le programme d'actions
structurantes, commencé il y a maintenant deux ans, entrera dans sa
troisième année. Nous y consacrerons, en 1986-1987, un montant de
11 300 000 $ dont 8 000 000 $ pour le maintien des 29 équipes
déjà en place, et 3 200 000 $ pour la création de 11
nouvelles équipes. (21 h 30)
Les services à la collectivité se voient attribuer un
montant de 300 000 $, le Fonds de développement pédagogique se
voit accorder 1 200 000 $. Pour les locations d'espaces supplémentaires,
une somme additionnelle de 3 000 000 $ est prévue en 1986-1987.
Les crédits budgétaires comportent cependant une
compression en crédits budgétaires de 15 500 000 $, ainsi
répartie: réduction des dépenses générales
de base, 11 000 000 $; annulation des subventions forfaitaires pour les
programmes de perfectionnement des maîtres en français et des
maîtres en enseignement professionnel, 900 000 $ - Sur ma feuille il y a
eu une erreur de transcription, c'était marqué 9 000 000 $, je
voyais tout de suite la députée de Chicoutimi s'inquiéter
avec raison - programme de développement de la micro-informatique, 3 200
000 $; programme de résidences multidisciplinaires en art dentaire, 240
000 $; programme de formation des maîtres de niveau collégial, 37
500 $.
La compression sera imputée à chaque université au
prorata de l'importance de ses dépenses de base par rapport à
l'ensemble des dépenses de toutes les universités. Comme je l'ai
dit tantôt, nous aurions aimé apporter des ajustements au mode de
partage des subventions entre les universités parce que le mode de
partage que nous avons est un mode qui est fondé sur ce que nous
appelons la méthode historique, c'est-à-dire qu'à
un moment donné, il y a peut-être une quinzaine d'années
maintenant, on a établi un système de financement des
universités à partir du point ou chaque université en
était à ce moment. On a ajouté, après cela, suivant
certains critères qui n'étaient pas toujours absolument
égalitaires, mais en partant de cette base, de manière que des
universités qui avaient pu avoir l'air d'avoir une avance pendant
longtemps pouvaient la conserver, on a ajouté d'autres critères
et favorisé certains types d'universités plutôt que
d'autres. Finalement, on se retrouve aujourd'hui avec une espèce de
mélange qui défie toute explication rationnelle.
Il y a des universités qui sont traitées très
inégalement par rapport à d'autres. Je mentionne quelques cas en
particulier. Vous avez le cas de l'Université Concordia. Quand on parle
de déficit universitaire, c'est un facteur important.
L'Université Concordia fait face à une demande croissante au
cours des dernières années, mais la subvention par
étudiant qu'elle reçoit est bien plus basse que celle que
reçoit l'Université de Montréal ou l'Université
Laval. L'Université du Québec à Montréal
reçoit une subvention per capita qui est plus basse. L'Université
McGill, cela a été démontré par les travaux qui ont
été faits, reçoit des subventions qui sont
proportionnellement inférieures à celles que reçoivent
d'autres institutions de niveau comparable. Nous sommes très conscients
de ces inégalités qui ont été créées
par des décisions prises en toute bonne foi, je pense, pour des raisons
qui ont pu être valables a une époque ou l'autre.
Nous ne pouvons pas commencer à corriger cela cette année.
Le gouvernement précédent avait fait une tentative en ce sens, je
pense qu'il y a deux ans de cela. Je ne sais pas si les porte-parole qui sont
à la table s'en souviendront. Je pense que non parce qu'ils sont
plutôt récents à cette table-ci. Le gouvernement avait
tenté de faire une ponction à même l'enveloppe de
financement des universités. Il avait dit: On va réserver un
montant - je pense que c'était 6 000 000 $, 7 000 000 $ ou 8 000 000 $,
je ne me souviens pas, pour le redistribuer aux institutions qui sont
défavorisées dans le partage des subventions. Là,
ç'a été un tollé de protestations parce que, comme
il ne mettait pas d'argent frais dans le système, cela veut dire qu'il
l'enlevait à d'autres. Alors, il y a eu tellement de protestations qu'on
a été obligé de reporter cette opération à
plus tard.
Nous autres mêmes n'avons pas osé l'entreprendre cette
année. Tant que nous ne pourrons pas mettre un peu plus d'argent dans le
système... D'une manière ou d'une autre, c'est une
opération qui va être très difficile que ce recalibrage des
subventions de manière qu'il y ait une égalité
véritable dans le partage des subventions. Je dis, à l'intention
des institutions qui sont défavorisées par le mode de partage
actuel, que nous comprenons leur situation et que nous sommes résolus
à y apporter un remède, mais qu'il va falloir nous donner encore
un peu de temps pour que nous disposions des ressources voulues pour le
faire.
Je voudrais dire un mot, maintenant, sur l'aide financière aux
étudiants, sujet qui est d'actualité au Québec
présentement. Le ministère de l'Enseignement supérieur et
de la Science entend maintenir, en 1986-1987, les orientations fondamentales
que nous avons au Québec, depuis plusieurs années, en
matière de soutien du gouvernement aux personnes qui s'engagent dans des
études supérieures. Nous entendons garantir la même
accessibilité au régime des prêts et bourses. Nous
entendons également apporter le support informatique adéquat pour
la gestion du système d'aide financière.
Il nous a fallu constater en arrivant au pouvoir l'échec
coûteux de l'implantation du système informatisé
Girafe-2000. Nous allons déployer tous les efforts nécessaires
afin d'assurer l'efficacité administrative du système
d'attribution de l'aide financière aux étudiants.
L'enveloppe des crédits accordés à l'aide
étudiante en 1986-1987 est de 280 000 000 $. Cela représente une
augmentation de l'ordre de 5 000 000 $ par rapport aux crédits de
1985-1986 et de 10 000 000 $ par rapport aux dépenses probables de
1985-1986. Cette augmentation se traduira par une augmentation de l'aide
moyenne disponible pour chaque étudiant, d'environ 3,5 %. Heureuse
coïncidence avec le montant de l'augmentation qui est offerte dans les
propositions patronales aux organismes syndicaux qui négocient
présentement avec le gouvernement. Je crois que ce résultat est
arrivé a posteriori et n'était pas voulu d'avance, mais nous
sommes très heureux de cette coïncidence qui témoigne de la
rationalité de nos politiques.
M. Jolivet: ...pour bien des choses.
M. Ryan: Merci. La volonté du gouvernement de prendre ses
responsabilités face à la situation financière difficile
de l'État se traduit par des compressions au niveau de l'aide
financière. Ces compressions ne remettent toutefois pas en cause les
caractéristiques fondamentales de notre système des prêts
et bourses. Ces compressions vont chercher, nous l'avons dit à maintes
reprises, 24 300 000 $. Essentiellement, nous avons dû convertir en
prêt une somme de 270 $ qui était versée jusqu'à
maintenant sous forme de bourse.
L'indexation des paramètres qui servent au calcul de l'aide sera
de 2 % au lieu de 3,1 %. J'ajoute à ceci qu'en plus de
l'indexation proprement dite nous faisons entrer en ligne de compte,
pour établir le montant de l'aide financière versée aux
étudiants, des facteurs que nous appelons des facteurs d'alourdissement,
c'est-à-dire des facteurs qui établissent le seuil des besoins de
l'étudiant à partir de conditions qui lui sont propres. Par
exemple, on dit, pour établir ces besoins: on va postuler qu'il a
travaillé tant de semaines pendant l'été. S'il a
gagné tel salaire, il faut qu'il déclare tout ce qu'il a
gagné mais, à supposer qu'il n'a pas gagné des revenus
clairement identifiés, on va prendre le salaire minimum. Comme le
salaire minimum n'a pas évolué depuis cinq ans parce que le
gouvernement l'a laissé gelé là pendant ce temps, cela
veut dire que le seuil des besoins augmente.
On tient compte également de l'incidence du chômage et de
quelques facteurs comme ceux-là. Cela fait que le montant réel de
l'ajustement au coût de la vie est plus élevé que 2 %- Cela
va être beaucoup plus proche de 4 % que de 2 %. C'est pour cela que si on
veut dire qu'il y a une réduction de l'indexation de 3,1 % à 2 %
il faut être très prudent parce que, de fait, l'ajustement
réel va être plus élevé et la preuve en est que le
montant moyen de l'aide qui va être versée à
l'étudiant va augmenter de 3,5 %. Ça, je pense que c'est
important de s'en souvenir, parce qu'on entend toutes sortes de choses, ces
temps-ci, qui n'ont pas beaucoup de rapport avec la réalité
véritable.
Ce que nous demandons aux étudiants n'a rien
d'exagéré. Comme vous le savez, dans les autres provinces, l'aide
financière se répartit en moyenne comme ceci: 70 % sous forme de
prêts, 30 % sous forme de bourses. Au Québec, c'est 50 % sous
forme de prêts, 50 % sous forme de bourses. Alors, avec les changements
que nous allons apporter, je crois que le pourcentage pour les bourses va
descendre à 46 % et le pourcentage réservé aux prêts
va monter à 54 %. Nous sommes encore bien en deçà des
normes canadiennes.
Nous avons calculé ce qu'est le niveau d'endettement moyen d'un
étudiant qui sort des études et qui entre sur le marché du
travail. Nous entendons toutes sortes de choses là-dessus aussi. Et,
à entendre certaines choses qui sont formulées publiquement, on
croirait que l'étudiant sort des études avec des dettes de 10 000
$, 15 000 $ ou 20 000 $. Ce n'est pas le cas. Le niveau moyen d'endettement de
l'étudiant qui relève du régime des prêts et bourses
est de l'ordre d'à peu près 3000 $ quand il sort des
études. Et nous avons constaté une chose, c'est qu'il n'est pas
pressuré du tout par les obligations de remboursement qui lui sont
faites, parce que la grande majorité réussissent à
acquitter leur dette beaucoup plus vite que ne le prévoient les normes
de remboursement établies par le gouvernement.
Par conséquent, il y a ici une marge de souplesse que nous
pouvons nous permettre.
Et nous avons établi que l'endettement additionnel qui
découlera des ajustements que nous faisons cette année va donner
à peu près, pour un étudiant ou une étudiante qui
irait acquérir une formation professionnelle de niveau collégial,
trois années d'études, un endettement additionnel de 780 $
à la fin de la période; et pour celui ou celle qui irait chercher
un baccalauréat, cinq ans d'études y compris le collégial,
c'est 1285 $. Si vous calculez que l'inflation va jouer là-dedans et que
cela n'est pas compté - sa dette n'augmente pas au rythme de
l'inflation, elle va rester au montant où elle était quand il a
fait son prêt - et que, tout compte fait, ses chances de s'engager sur le
marché du travail sont beaucoup plus élevées que
l'étudiant ou l'étudiante qui sort du secondaire, même du
collège, à ce moment-là, je pense que les conditions ne
sont pas étouffantes. En plus, vous savez comme moi que s'il ne trouve
pas à s'employer tout de suite sur le marché du travail sa dette
est gelée au montant où elle était et il peut commencer
à rembourser après, et, tant qu'il n'a pas trouvé un
emploi sur le marché du travail, si mes souvenirs sont exacts,
l'intérêt est défrayé par le gouvernement.
Je ne pense pas qu'on va pouvoir faire de grosses révolutions
avec ces changements. Je crois qu'on aurait mieux aimé ne pas les faire,
mais je pense et je rappelle cela souvent, quand on connaît la situation
dans un comté comme le comté d'Argenteuil... Je rencontre des
travailleurs de mon comté régulièrement et combien j'en
recontre dont le revenu moyen est de 12 000 $, 15 000 $, 16 000 $ ou 18 000 $
par année, qui sont bien contents de travailler avec un revenu comme
celui-là, et c'est avec les taxes de ces citoyens qu'on finance toutes
sortes de programmes. Il faut qu'à un moment donné on se mette
les pieds à terre, je pense bien, et qu'on se dise: On va essayer
d'équilibrer les charges, les désavantages d'une manière
un peu plus équitable et surtout de manière que celui qui a moins
puisse respirer un peu plus librement.
Ce sont des considérations, je pense, qui nous sont assez
familières mais qu'il n'est pas mauvais de rappeler dans un contexte
comme celui d'aujourd'hui, surtout à la veille d'une journée
comme celle que nous passerons ensemble demain à Québec.
Quelques mots sur l'enseignement collégial, M. le
Président. Le réseau des collèges d'enseignement
collégial et professionnel célébrera en 1987 sa
vingtième année d'existence. C'est un réseau unique qui
joue un rôle charnière entre les études secondaires et
l'enseignement universitaire et qui assure en même temps la formation de
techniciens hautement qualifiés, prépare par milliers chaque
année des jeunes aux études
universitaires. Le niveau collégial a connu un
développement phénoménal depuis que le rapport Parent en a
recommandé la création. Nous retrouvons aujourd'hui dans 46
cégeps et campus publics une clientèle de 138 000
étudiants, équivalence temps complet, alors qu'on en trouvait
à peine 58 000 en 1967. À ces 138 000 étudiants qu'on
retrouve dans les collèges publics, il faut en ajouter à peu
près 20 000 dans les collèges privés. (21 h 45)
Cet anniversaire sera le moment propice pour faire le point sur certains
aspects de la mission des collèges. Ces institutions, qui regroupent
presque autant d'étudiants que les universités et qui
représentent un investissement presque aussi important que les
universités, n'ont pas fait l'objet d'une attention aussi soutenue de la
part des pouvoirs publics si on compare l'attention que les pouvoirs publics
ont accordée aux niveaux primaire et secondaire et au niveau
universitaire. Il serait essentiel au cours des mois à venir de donner
une plus juste place dans nos préoccupations aux institutions
d'enseignement collégial. Personnellement, je me propose de visiter un
bon nombre d'institutions d'enseignement collégial au cours de la
prochaine année, parce que je pense que c'est la responsabilité
des parlementaires, surtout ceux qui ont des charges ministérielles, de
connaître de plus près ces institutions qui rendent des services
précieux et qui exigent des sacrifices considérables de la part
de notre communauté.
L'un des premiers aspects à privilégier sera sans
contredit une meilleure connaissance des résultats et des performances
enregistrés par les étudiants au cours de leurs études
collégiales. Au ministère de l'Éducation, nous faisons
cette année un effort pour faire connaître certains indicateurs de
performance qui aident le public à se faire une idée sur les
progrès accomplis au cours des dernières années. Nous en
sommes encore à des balbutiements dans ce domaine. Nous en sommes encore
à des données qui traitent surtout de l'accessibilité et
qui n'ont pas encore de prise sur la qualité même des
apprentissages qui sont faits dans notre système scolaire. Alors, a
fortiori, les initiatives s'imposeront à cet égard au niveau des
collèges.
En matière d'évaluation de la formation donnée dans
les collèges, je pense que nous en sommes encore à pied d'oeuvre
et nous avons beaucoup de travail à faire. Au chapitre de l'abandon
scolaire, nous observons, entre 1979 et 1984, un taux moyen de 20 % entre la
première et la deuxième année des programmes de deux ans
du secteur général. C'est beaucoup. Pour les programmes de trois
ans du secteur professionnel, 25 % des étudiants inscrits abandonnent
à la deuxième année. À l'inscription de la
troisième année, nous perdons en moyenne 40 % des
étudiants présents en première année. Ce taux est
en légère baisse au secteur général, mais il est en
hausse au secteur professionnel. Les étudiants prennent plus de temps
è compléter leurs études que ne le prévoient les
programmes. La durée moyenne des études afin d'obtenir le
diplôme est en hausse. En 1980, on mettait en moyenne 4,3 sessions pour
compléter un programme du secteur général. En 1983, on en
était rendu à 4,4 sessions. Au professionnel, la durée
moyenne passe de 6,2 à 6,5 sessions pour la même période.
De plus, 7 % des étudiants inscrits pour une année donnée
mettent un an de plus que ne l'exigent les programmes pour compléter
leurs études et 2 % mettent deux ans de plus.
Le taux de diplomation des étudiants du collégial est
passé quant à lui - j'attire votre attention sur ces chiffres -
de 65,9 % en 1976 à 60,9 % en 1980. Il semble que ce taux se soit
stabilisé autour de 60 %. Devons-nous conclure que 40 % des
étudiants du collégial ne compléteraient pas leurs
études ou échoueraient à la fin des études? Ces
données sont suffisamment inquiétantes pour que nous consacrions
des efforts importants au cours de la prochaine année afin de
préciser notre perception de ces phénomènes, d'en
identifier les causes et de mettre en route les éléments de
solution. Cela est d'autant plus important que la clientèle
étudiante dans les cégeps tend maintenant è se stabiliser
après avoir connu une progression constante jusqu'à il y a
environ deux ans. Si la proportion d'échecs devait se maintenir à
son niveau actuel, cela veut dire que chaque année nous devrions accuser
au niveau collégial un taux d'échecs de 55 000 étudiants,
ce qui est absolument renversant.
Pour l'année 1986-1987, nous procéderons à une
évaluation systématique de l'expérience des premiers
centres spécialisés, centres qui ont été mis sur
pied ces dernières années afin d'évaluer la pertinence et
l'atteinte des objectifs qui étaient visés lors de la
création de ces centres. Nous serons à même de
compléter l'étude d'impact sur l'expérience des
sous-centres d'enseignement collégial en régions afin d'en
arriver à déterminer une politique d'accès è
l'enseignement collégial en régions. Des révisions
importantes aux programmes préuniversitaires des sciences humaines et
des sciences de la nature viendront donner suite aux consultations entreprises
à partir de documents d'orientation qui sont déjà rendus
publics depuis plusieurs mois. Nous prendrons en considération les
commentaires et les avis reçus des intervenants du milieu, de même
que ceux du Conseil des collèges. Dans l'ensemble, le cadre de
révision des programmes devra tenir compte des indica-
tions que nous aurons relevées quant aux performances du
système collégial. De même, au cours de la prochaine
année, un document d'orientation sur la recherche en milieu
collégial sera soumis à la consultation.
Les crédits de l'enseignement collégial sont en hausse
pour 1986-1987, passant de 893 000 000 $ à 935 000 000 $, soit une
augmentation de 4,2 %. Mais cette augmentation comporte un ajustement technique
qui permet de maintenir le financement des collèges è un niveau
constant, è la suite d'un surfinancement qui avait été
consenti par le Conseil du trésor, en 1984-1985, et qui diminuait
d'autant les subventions nécessaires en 1985-1986.
Les collèges, comme l'ensemble des secteurs de l'administration
publique, doivent assumer une certaine compression. En 1986-1987, cette
compression sera de l'ordre de 5 400 000 $. Elle est répartie ainsi. Sur
la base générale des subventions aux collèges, une
compression de 1 000 000 $ est effectuée. Ensuite, on retrouve les
compressions suivantes: réduction des achats de logiciels dans le
programme de développement de micro-informatique: 1 700 000 $. On a
beaucoup moins de quincaillerie, cette année, à tous les niveaux.
On a beaucoup acheté ces dernières années.
Réduction du volume des cours financés à
l'éducation des adultes: 1 600 000 $. Réduction du volume des
cours financés en sessions d'été: 1 000 000 $. D'autres
postes plutôt mineurs. Secteur des sciences. Les crédits du
programme 4 seront étudiés au cours de nos travaux. Nous ferons
part à ce moment du détail des activités et des
compressions qui s'imposent.
Je termine par un mot sur le Fonds FCAR dont les activités sont
reconduites pour l'essentiel en 1986-1987. Le plan triennal
préparé en 1985-1986 par le fonds m'a été remis au
mois de janvier. Je n'ai pas encore eu le temps d'en faire un examen
systématique avec mes collaborateurs. C'est un examen que nous ne
pourrons pas faire avant l'été. L'évaluation de ce
programme d'activités réparties sur trois ans sera faite, par
conséquent, d'ici à l'automne et, à partir de cette
évaluation, nous serons en mesure d'établir les orientations
futures du Fonds FCAR.
Je ne sais pas quelles structures seront retenues pour ce fonds dans
l'avenir. Un effort de révision de bien des structures gouvernementales
est présentement en cours au gouvernement et je pense que des questions
seront posées à propos d'un organisme comme celui-ci. Mais, de
manière générale, l'activité fondamentale qui a
été assumée par le fonds, au cours des dernières
années, va continuer. Nous avons absolument besoin d'un organisme
dispensateur de subventions de bourses d'études et de recherche comme
celui-là et nous entendons faire en sorte que cette activité
continue et se maintienne a un niveau élevé, au cours des
prochaines années.
Je termine ici, M. le Président. Je m'excuse d'avoir
été un petit plus long que je ne l'avais prévu et je veux
vous remercier de votre bienveillance.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Ah! vous n'avez
pas été long, M. le ministre. Pour votre information, vous avez
pris une heure et quinze minutes; c'était édifiant. Je remets la
parole è la députée de Chicoutimi.
Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Je dois dire que
j'hésite un peu à prendre la parole. L'an passé, en
relisant le Journal des débats des commissions parlementaires, un
ministre disait: Je me demande si on peut accuser l'Opposition de
cruauté mentale. Il parlait de la longueur des débats. Alors, je
ne voudrais pas être accusée de cruauté mentale.
Je vais quand même présenter un certain nombre de
considérations. Je voudrais d'abord, si vous me le permettez, saluer
ceux et celles qui se sont ajoutés ici ce soir, en particulier les
collaborateurs, les hauts fonctionnaires du ministère. J'en reconnais et
j'en connais plusieurs et il me fait toujours plaisir de les rencontrer. J'ai
eu l'occasion, à plusieurs reprises, de constater leur niveau de
compétence.
Mon prédécesseur à ce siège, l'actuel
ministre de l'Éducation, disait à cette commission parlementaire
l'an passé: C'est le devoir de l'Opposition de faire la critique la plus
impitoyable des gestes du gouvernement.
M. le Président, je veux placer ces quelques
considérations préliminaires à l'étude des
crédits de 1986-1987 du ministère de l'Enseignement
supérieur et de la Science à l'enseigne de la qualité et
de l'accessibilité. La qualité de la recherche et de la formation
dispensée dans nos institutions d'enseignement collégial et dans
nos universités et la possibilité d'accéder aux
études postsecondaires pour les différents membres de notre
collectivité, quelle que soit leur condition, sont des objectifs qui, il
me semble, doivent guider l'action gouvernementale et, bien entendu, celle du
ministre de l'Enseignement supérieur et de la Science.
Bien que l'actuel gouvernement soit encore bien jeune, le ministre de
l'Éducation est, quant à lui, loin d'être un novice dans le
domaine. En effet, depuis plusieurs années, d'abord dans le dossier de
l'éducation des adultes, puis comme porte-parole officiel de
l'Opposition en matière d'éducation, le député
d'Argenteuil a défendu avec vigueur et énergie les principes
qu'il jugeait fondamentaux, voire essentiels. Ses grands thèmes: la
qualité de l'enseignement,
l'accessibilité des enfants des milieux socio-économiques
faibles aux études postsecondaires, la promotion de l'éducation
des adultes, la gratuité au cégep, la nécessité
d'un environnement et d'un équipement propices à la poursuite
d'une formation adéquate, l'excellence, et j'en passe. C'est pourquoi,
je le rappelle, la population en général, les réseaux
d'éducation, les divers intervenants, le monde de l'éducation se
sont réjouis de cette nomination, et je dois dire, ce gouvernement
étant élu, que je partageais ce sentiment comme j'ai eu
l'occasion de l'exprimer à quelques reprises.
Cet homme jouissait, auprès des différents intervenants du
domaine de l'éducation et de la population en général,
d'une grande crédibilité. Il avait su se faire le
défenseur de valeurs partagées par ces derniers. Tous voyaient
donc en lui un homme capable de respecter ses engagements, capable de faire
respecter par son parti les engagements qu'il avait pris en son nom.
Cet homme est ministre aujourd'hui. Qu'en est-il maintenant de ces
valeurs et de ces principes pour lesquels il s'est si ardemment battu, plus
particulièrement alors qu'il était critique officiel de
l'éducation? Aujourd'hui, on nous annonce des coupures de près de
90 000 000 $ dans l'enveloppe de l'Éducation, dont quelque 24 300 000 $
dans l'aide financière aux étudiants, 15 500 000 $ dans le
financement des universités, 8 000 000 $ dans celui des cégeps,
et ajoutons des frais de scolarité pour les cours d'été
dans les collèges.
On me répétera sans doute, comme l'a fait tantôt le
ministre, qu'en campagne électorale le présent gouvernement
n'était pas au courant de l'état réel des finances du
Québec. Pourtant, et on va le répéter pour la
dizième et peut-être la centième fois, les membres du
gouvernement d'alors, les fonctionnaires, les économistes, les
journalistes, tous étaient en mesure d'évaluer cette situation et
tous s'entendaient pour dire que la marge de manoeuvre était
inexistante. (22 heures)
En dépit des avis de tous, ce parti prenait de nombreux
engagements, et plus particulièrement è l'endroit de la jeunesse
du Québec. Je m'étonnais encore tantôt, en écoutant
le ministre de l'Éducation nous dire qu'ils ignoraient la situation
financière du Québec. Permettez-moi d'être un peu
sceptique. Quand vous me répétez ignorer cette situation, comment
pouvoir porter un peu de crédibilité à cela quand vous
savez pertinemment qu'un gouvernement qui décide ce que le gouvernement
précédent a décidé par rapport aux employés
de l'État, à savoir d'aller chercher des centaines de millions
dans des engagements conventionnés, cela nous en a tous dit très
long sur l'état des finances du Québec et j'imagine qu'à
ce moment-là vous étiez aussi un peu branchés.
Certains de ces engagements, d'ailleurs, ont été
réitérés en Chambre à l'ouverture de la session
alors que, de son aveu même, le gouvernement connaissait l'état
des finances du Québec. C'est écrit en toutes lettres dans un
document déposé lors de l'ouverture de la session. Je dis donc
que ces engagements pris et réitérés par le ministre de
l'Éducation ont été reçus par les jeunes comme
parole d'évangile, si vous me permettez l'expression. Le jeunes y ont
cru et, au risque de me répéter, ils y ont cru parce que le
porte-parole était crédible et parce que, quand on a 18 ou 20
ans, on ne demande qu'à croire. Aujourd'hui, ils se trouvent devant la
dure réalité des faits: on les a leurrés.
Ce que je trouve déplorable - je pense que le ministre doit me
comprendre -condamnable même dans cette attitude, c'est qu'elle aura
comme effet de miner le peu de crédibilité que les jeunes
accordaient encore en la parole des aînés. Je m'étonne
d'entendre le ministre défendre les coupures dans l'aide
financière aux étudiants. À l'entendre, je suis en train
de penser qu'il est en train d'essayer de se convaincre en même temps
qu'il est en train d'essayer de nous convaincre que c'est une bonne
décision. Je trouve cela déplorable parce que les jeunes qui ont
déjà peu confiance dans les aînés risquent de la
perdre totalement. Ensuite, on s'étonnera de voir la jeunesse peu
engagée, individualiste, défaitiste, voire cynique. La jeunesse
serait, selon le Parti libéral, la nouvelle question nationale,
disions-nous en campagne. Si on en juge par les gestes posés par ce
gouvernement è son endroit, on peut s'interroger sur l'avenir de cette
nation.
Après d'autres, je dirai que l'éducation ne doit pas
être considérée, surtout par le ministre, comme une
dépense, mais bien comme un placement. L'éducation, c'est la voie
privilégiée, pour ne pas dire unique, d'émancipation d'un
peuple, de développement économique d'une société.
Toute action qui vient mettre un frein à l'accessibilité aux
études constitue une entrave à notre développement futur.
On ne semble pas avoir compris que l'arme la plus efficace contre le
chômage est encore la scolarisation.
La décision de respecter certains engagements - je le
répète ici parce qu'on a fait état avec raison de la
situation financière du Québec - prise par ce gouvernement, c'est
son droit, on peut la respecter, mais, à mon avis, elle demeure
extrêmement discutable. En décembre, on convoquait un peu à
la hâte - je pense qu'on est tous capables ici de l'admettre - la Chambre
pour présenter un document qui, finalement, pour l'essentiel, permettait
au gouvernement d'annoncer - cela faisait un
beau cadeau de Noël et cela préparait bien les
élections du chef - qu'il respectait ses engagements. C'est une
décision qui a coûté 169 000 000 $ et qui va coûter
169 000 000 $ au cours des prochaines années - c'est récurrent -
alors qu'on est en train de défendre des coupures en éducation.
C'est là que je mets en doute les choix de ce gouvernement et c'est
là que les jeunes ont raison de les contester.
Cela veut donc dire que les décisions qu'on a prises, qui ont eu
comme effet de retourner des montants d'argent à ceux qui ont les plus
hauts salaires au Québec, qui ont eu comme effet d'abolir la taxe sur
l'assurance-vie personnelle... Allez demander à vos courtiers qui peut
se payer les plus hautes primes, les primes les plus élevées en
assurance-vie personnelle? Ce sont les haut salariés.
Quand on vient ensuite me dire qu'il est normal que les jeunes les plus
démunis du Québec contribuent à l'effort de compression,
vous admettrez avec moi qu'il y aurait peut-être eu lieu de l'exercer
ailleurs ou autrement.
En coupant 24 300 000 $ dans les prêts-bourses le gouvernement
libéral met en péril les résultats de 20 années
d'efforts soutenus visant à doter le Québec d'un système
d'éducation plus démocratique et plus accessible. En posant ce
geste, il vient de frapper les plus démunis de notre système.
À ceux qui en doutent, je pense que les fonctionnaires pourraient
expliquer que ceux qui peuvent avoir accès à la totalité
du prêt - d'ailleurs, il faut d'abord qu'ils aient accès au
prêt pour avoir droit à la bourse - ce sont effectivement les plus
démunis.
Il faut savoir que les critères d'admission à l'aide
financière tiennent compte de plusieurs paramètres, comme le
rappelait tantôt le ministre, mais que le premier, celui qui conditionne
tous les autres... Je peux continuer?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Vous avez la
parole, madame.
Mme Blackburn: Je vous remercie, M. le Président. C'est
peut-être parce qu'ils sont réveillés.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Peut-être.
Peut-être êtes-vous assez dynamique pour les réveiller,
comme vous le dites. Je vous félicite.
Mme Blackburn: Je disais donc que le critère qui
conditionne tous les autres, c'est le revenu des parents ou encore celui de
l'étudiant s'il est autonome. La base de calcul du revenu qui
établit l'accès à ce régime se situe en
deçà de ce qui est estimé comme étant le seuil de
la pauvreté par
Statistique Canada. De plus, dans ce calcul, on tient compte de revenus,
comme le rappelait le ministre tout à l'heure, que l'étudiant est
censé tirer d'un emploi d'été. Je dirais que même au
salaire minimum il n'est pas certain que les jeunes vont se trouver un emploi
d'été. Dans ces conditions, que les jeunes
bénéficiaires refusent de contribuer à l'effort collectif
de compression, cela ne devrait étonner personne.
Pour justifier les coupures au régime d'aide financière
aux étudiants et aux étudiantes, le gouvernement nous rappelle
que notre régime est plus généreux ici que chez nos
voisins. Si je voulais être un peu maligne, je dirais, comme l'a fait le
président de la Commission Jeunesse du Parti libéral: Le parti
savait tout cela avant les élections.
En effet, nos jeunes voisins issus de milieux démunis s'endettent
plus qu'ici et, on le sait, les États voisins et l'Ontario connaissent
malgré tout une meilleure performance en matière de
scolarisation. Comme on sait, d'ailleurs, que bientôt le gouvernement va
utiliser les mêmes arguments pour hausser les frais de scolarité
à l'université.
Comment tirer une telle conclusion sur la seule base d'un
étudiant pour un étudiant, qu'il soit d'ici ou d'ailleurs, sans
tenir compte du contexte socio-économique et culturel qui nous distingue
de nos voisins, contexte qui, d'ailleurs, a fondé le choix de moyens
particuliers ici au Québec au regard de nos voisins?
Qu'est-ce qui nous distingue de nos voisins et qui justifie le choix de
moyens particuliers? Je me contenterai d'énumérer quelques faits:
un taux de chômage de 18 % chez les moins de 30 ans, des emplois
d'été rares et des décisions gouvernementales qui
viendront encore les réduire l'été prochain, une tradition
d'éducation moins forte chez les francophones au Québec, le
ministre le sait, le phénomène, d'ailleurs, s'observe chez les
francophones hors Québec. Et s'il est besoin d'ajouter, je vous
rappellerai que l'Institut de recherche CD. Howe nous disait que la richesse
collective per capita accuse chez nous un retard de 25 % sur la province
voisine et stagne à ce niveau depuis 1971. Autant de faits qui
expliquent que notre régime se doit d'être plus
généreux si on veut donner un minimum de chances aux jeunes issus
de milieux socio-économiquement faibles d'avoir accès aux
études supérieures.
Dans ces conditions, on comprendra que la perspective d'un endettement
de 1734 $ par année d'études risque de constituer un frein pour
ces jeunes issus de milieux défavorisés où, on le sait et
le ministre le sait, l'encouragement à poursuivre des études
supérieures est faible et la stimulation est pour ainsi dire absente
dans le milieu familial.
Ajoutons à cela que pèse sur eux la menace d'une hausse
des frais de scolarité à l'université. On peut
déjà prévoir que le gouvernement ira chercher sa caution
chez certains intervenants à l'occasion de la commission parlementaire
que le ministre nous a annoncée tout à l'heure sur le financement
des universités. Curieuse attitude, d'ailleurs, que celle du ministre
qui, l'an dernier, il n'y a même pas tout à fait un an parce que
c'était en mai, à cette commission parlementaire,
réagissant à l'annonce du gel des frais de scolarité
à l'université, déclarait: "Nous ne pouvons que nous
réjouir étant donné la position très ferme
adoptée à ce sujet par notre formation politique lors du
congrès d'orientation tenu en mars dernier." J'ajouterais, si besoin
était - vous y étiez - que cette position a été
réitérée en Chambre le 16 décembre dernier.
Pour 1986-1987, il semble bien qu'on épargnera les
étudiants du niveau universitaire. On aurait pu s'en réjouir si
le ministre ne venait pas de nous annoncer que la gratuité à
l'enseignement collégial risque bientôt de n'être plus qu'un
souvenir. Périlleux privilège que le pouvoir, nous disait hier le
ministre de l'Éducation, en cette Chambre. En effet, je dois constater
qu'il métamorphose une personne. Défenseur acharné de la
gratuité au niveau collégial pour toutes les clientèles,
jeunes et adultes, à temps complet ou à temps partiel, c'est la
même personne qui vient d'imposer des frais de scolarité de 45 $
à 75 $ par cours pour les cours d'été. En plus, comme s'il
fallait en ajouter, il déclare: "Cela ne fera mourir personne. Ce ne
sera pas un suicide national. On ne les égorge pas." Je suis en train de
me demander si c'est ça, finalement, la mesure de ce gouvernement.
Les frais de scolarité pour les cours d'été
affecteront, on le sait, les plus démunis de notre
société, ceux qui n'auront pas l'argent pour payer ces cours de
rattrapage. Le ministre sait-il vraiment ce que représentent ces cours
d'été? Je le sais fort informé et fort savant de la
quasi-totalité des dossiers de l'éducation, mais j'en doute par
rapport à cette décision. Ces cours d'été
répondent à des besoins spécifiques d'une clientèle
(fin de DEC pour entrer sur le marché du travail ou aller à
l'université, rattrapage, insertion ou réinsertion dans la
séquence normale des cours du programme -pour ceux qui connaissent cela
un peu, il y a des cours qui se donnent par séquences -désir
d'accélérer sa formation). Â la limite, on impose à
cette clientèle une et peut-être même deux sessions
additionnelles. A-t-on évalué les économies
réalisées en regard des coûts générés
par le prolongement des études? (22 h 15)
Par ailleurs, le président du Conseil du trésor - et le
ministre tout à l'heure en faisait état - déclarait la
semaine dernière vouloir prendre des mesures contre ceux et celles qu'il
appelle les éternels étudiants. Le ministre s'inquiétait,
d'ailleurs, de ceux et celles qui prolongent d'une année leurs
études. On comprendrait mieux cette décision d'examiner cette
situation si, en même temps, on n'était pas en train de mettre des
entraves qui auront comme effet de prolonger les études.
Le ministre de l'Éducation a-t-il été
informé des décisions du président du Conseil du
trésor? J'ai quasiment eu ma réponse tout à l'heure, je
pense que oui. J'espère qu'en temps et lieu il nous fera part de la
décision à ce sujet-là. Il m'a semblé lire dans la
déclaration du président du Conseil du trésor une autre
trouvaille de ce comité de bénévoles.
Par ailleurs, il faut se rappeler que le gouvernement actuel, qui se
plaît à comparer le système universitaire de l'Ontario
à celui du Québec, le sait: le Québec accuse - d'ailleurs,
le ministre le rappelait tout à l'heure - un retard encore
élevé, considérable même, au chapitre des premier,
deuxième et troisième cycles universitaires. Ces mesures ne sont
pas faites pour améliorer notre performance.
Ce que le gouvernement doit comprendre, c'est que ce qu'il refuse
d'investir aujourd'hui en éducation, il devra en payer la note demain.
On sait depuis longtemps, en effet, qu'un faible taux de scolarisation a
tendance à confiner l'individu dans le ghetto du chômage, de
l'aide sociale, bref dans la pauvreté. Dans une étude
menée dans la région de Montréal, on notait que les
personnes possédant moins de huit années d'études avaient
un taux de chômage deux fois plus élevé, soit 30 %, que
celles qui avaient terminé leurs études secondaires, soit 14 %,
alors que ces dernières avaient aussi un taux de chômage deux fois
plus élevé que les diplômés universitaires.
Le lien entre le chômage, la pauvreté et le niveau de
scolarité est donc très étroit et ce qui n'est pas investi
dans un cas aujourd'hui sera un jour ou l'autre investi dans l'autre. Si la
scolarisation est une arme efficace contre le chômage et la
pauvreté, toute action ayant pour effet de freiner l'accès des
plus démunis aux études universitaires et collégiales doit
être vue comme un refus de donner aux jeunes les outils
nécessaires pour assurer leur avenir.
Non seulement le gouvernement libéral ne tient-il pas ses
engagements, mais il n'hésite pas à poser des gestes qui auront
des conséquences tragiques pour l'avenir de nos jeunes. En sabrant dans
le régime d'aide financière, en levant des frais de
scolarité au collégial, en menaçant de sanctions ceux qui
prolongent leurs études, le gouvernement hypothèque l'avenir des
jeunes et, par le fait
même, celui du Québec.
J'aimerais maintenant aborder la question cruciale du financement de nos
institutions d'enseignement collégiales et universitaires à la
lumière de l'objectif que tous devraient viser, celui d'une plus grande
qualité de la formation et de l'accessibilité. Il ne s'agit pas
de prétendre que la qualité est uniquement fonction du
financement, mais tous conviendront qu'elle en dépend largement. C'est,
d'ailleurs, en ces termes que M. le ministre s'exprimait en commission
parlementaire lorsqu'il disait: "Vu les effets très coûteux de ces
politiques - en parlant des compressions budgétaires - sur la
qualité de l'enseignement et de la recherche, sur le processus de
renouvellement du personnel enseignant et sur la qualité des
équipements... le programme annoncé pour 1985-1986 (l'ajout de 37
000 000 $ dans l'enveloppe des universités) ne saurait être que
l'amorce très modeste d'un programme de redressement qui devra
s'échelonner sur plusieurs années." Il ajoutait: "Toute
augmentation des crédits accordés aux universités doit
être accueillie avec soulagement."
Qu'est-ce que nous apprend la lecture des cahiers de crédits
déposés par le président du Conseil du trésor? Que
les budgets accordés au financement des universités sont
amputés de 15 500 000 $. Mes remarques à ce sujet seront de deux
ordres. D'abord, on ne peut que s'étonner que le ministre ait
endossé ces compressions en se présentant en quelque sorte
auprès des différents représentants du monde de
l'éducation comme le sauveur de l'éducation. Ces compressions
auraient moins frappé ce secteur par rapport à d'autres champs
d'activités gouvernementales, nous l'a dit encore tout à l'heure
le ministre. Alors, il faut se demander quelle était la menace, et de
qui et de quoi le ministre a-t-il sauvé l'éducation,
l'enseignement supérieur. Il l'aurait sauvé de son propre
gouvernement, des crocs acérés, si vous me permettez
l'expression, du président du Conseil du trésor. Si, pour le
Parti libéral, l'éducation devait être une priorité
au moment où on a fait les choix en décembre dernier - l'actuel
ministre n'a pas manqué de le clamer depuis plusieurs années,
notamment à l'occasion de la campagne électorale - alors, comment
se fait-il qu'il doive se faire le protecteur de l'éducation
vis-à-vis des membres de son gouvernement?
Par ailleurs, lorsqu'il affirme que l'Éducation et l'Enseignement
supérieur ont été épargnés comparativement
à d'autres ministères, il faut signaler que nos institutions
scolaires, plus particulièrement les universités et les
collèges - et le ministre le sait - ont eu à assumer au cours des
dernières années un effort important de rationalisation
budgétaire. Cela, tout le monde le reconnaîtra. Dans ce contexte,
les compressions additionnelles n'ont pas besoin d'être faramineuses pour
affecter lourdement le bon fonctionnement de nos établissements et
compromettre la relance amorcée l'an passé.
À une époque pas si lointaine, le ministre, alors critique
de son parti, ne se gênait pas pour accuser le gouvernement d'avoir, par
des compressions, selon lui, "arbitraires et sauvages" - je le cite -
acculé les universités à une véritable crise
financière. Il ne manquait pas de qualificatifs pour décrire leur
situation jugée insupportable, intenable à divers égards,
entre autres, en ce qui concerne les équipements, les
bibliothèques et le renouvellement du corps professoral.
Il reprochait au gouvernement d'avoir diminué les subventions per
capita en dollars constants. Le ministre actuel tenait à peu près
le même discours en ce qui concerne les collèges.
En résumé, un discours alarmiste au cours des
dernières années, beaucoup de promesses à l'occasion de la
campagne électorale et maintenant, à peine quelques mois plus
tard, le ministre entonne, lui aussi, l'hymne des compressions, de la
participation de tous, y compris les jeunes - j'ajoute démunis, -
à la réduction du déficit. Est-ce que le ministre signifie
par là que la situation est moins difficile que ce qu'il laissait
entendre alors qu'il siégeait dans l'Opposition ou plutôt que les
besoins sont pressants, mais que, finalement, les priorités sont
ailleurs?
Sur la question plus précise du financement des
universités, le Parti libéral s'est engagé à
instaurer une nouvelle méthode de financement devant reposer sur des
données fiables et comparables et ceci, après un débat
public approfondi en commission parlementaire, commission, d'ailleurs, que nous
a annoncée le ministre. C'est avec plaisir que nous participerons
à ces travaux de façon constructive. Le cadre actuel comporte
assurément des lacunes importantes auxquelles il convient de
remédier. Le ministre sait, cependant, que l'exercice est
nécessairement périlleux, compte tenu de la diversité et
de la complexité des paramètres à faire intervenir pour en
arriver à un mode équitable de répartition. Les
débats tenus à l'occasion de la commission parlementaire
convoquée à l'automne 1984 sur cette question du financement des
universités témoignent de la difficulté de réaliser
un consensus à ce sujet.
Une autre question qui doit nécessairement nous préoccuper
dans le contexte actuel, c'est le vieillissement du corps professoral. Le
Conseil des universités a, il y a déjà quelque temps,
attiré l'attention à ce sujet. Dans un document d'orientation, le
député d'Argenteuil évoquait l'importance d'un
renouvellement et d'un
rajeunissement du corps professoral. Mais cela apparaît
difficilement conciliable avec la compression imposée aux
universités.
Il y a deux dimensions qui sont liées de très près
à la qualité de la formation. Ce sont le perfectionnement des
enseignants et des enseignantes et les besoins qui s'expriment, notamment dans
les collèges, besoins auxquels les mécanismes en place
n'apportent pas toujours les réponses adéquates.
Concernant l'évaluation - le ministre y a fait allusion tout
à l'heure - on le sait, il reste beaucoup à faire. Les politiques
institutionnelles d'évaluation des apprentissages dans les
collèges sont à se mettre en place. J'aimerais savoir - et nous
aurons l'occasion d'y revenir - quel suivi le ministre entend apporter à
ces dossiers et quelle part il entend prendre dans l'établissement des
politiques institutionnelles d'évaluation.
Permettez-moi de formuler quelques remarques et interrogations relatives
à l'organisation même du ministère. Le ministre nous en a
assez longuement parlé tout è l'heure. Je dois dire que
j'étais un peu étonnée qu'il débute son discours en
parlant des structures, mais passons. On se rappelle que le gouvernement
précédent avait procédé, en 1984, à la
division du ministère de l'Éducation en deux entités
distinctes: l'une responsable de l'enseignement préscolaire, primaire et
secondaire; l'autre responsable des niveaux collégial et universitaire,
à laquelle venait fusionner le ministère de la Science et de la
Technologie.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Chicoutimi, je regrette de vous interrompre. Dans
quelques secondes, il sera 10 h 30. Alors, je sollicite le consentement des
deux côtés de l'assemblée pour qu'on puisse continuer
jusqu'à 10 h 40 étant donné les dix minutes que nous avons
perdues au début. Il y a consentement de l'autre côté?
Consentement. Je m'excuse, Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Parlant toujours de
la division du ministère, sans revenir ici sur les différents
arguments qui fondaient une telle décision, on ne peut manquer de
souligner que bon nombre d'intervenants du milieu de l'enseignement
supérieur ont exprimé leur satisfaction de transiger avec un
interlocuteur désigné, entièrement voué à ce
secteur. Au fait, j'estime - et on l'estimait aussi alors - que l'attention que
requièrent les nombreux dossiers, la complexité des questions est
telle que cette attente des milieux de l'enseignement collégial et
universitaire nous semble encore aujourd'hui tout è fait
légitime. Ajoutons que les deux ministères se sont donné -
je pense que le ministre a pu l'apprécier - à divers niveaux des
liens de concertation et de coordination assurant l'unité et
l'intégration des politiques. Le ministre nous disait il y a un moment
qu'il n'entendait pas pour le moment, dans l'immédiat, refusionner ces
deux ministères bien qu'il n'y ait qu'une seule direction. Pour avoir
relu les débats de la Chambre au moment où le gouvernement
prenait la décision de diviser ces ministères, on se rappellera
que l'actuel ministre de l'Éducation, alors critique et porte-parole
officiel en matière d'éducation en Chambre
dénonçait le gouvernement, l'improvisation dans ce dossier, le
fait qu'il n'ait pas consulté, le fait qu'il n'ait pas tenu de
débat sur cette question.
Je voudrais juste souhaiter, s'il y a des modifications aux structures,
qu'il tienne ces débats, ces consultations qu'il a déploré
ne pas avoir été tenus à l'époque.
Par ailleurs, l'actuel ministre de l'Éducation, de l'Enseignement
supérieur et de la Science avait mal accueilli cette division. Pour
l'instant, il cumule deux portefeuilles, sans qu'on sache trop s'il a
l'intention de mettre son projet de fusion à exécution. C'est
quasiment le premier engagement que le ministre avait pris; il l'a en partie
réalisé puisqu'il dirige les deux ministères. (22 h
30)
M. Ryan: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé):
Question de règlement, M. le ministre de l'Éducation.
M. Ryan: Est-ce que la députée me permettrait de
rectifier une affirmation qu'elle vient de faire et qui est fausse?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre de
l'Éducation, vous aurez l'occasion, au moment de... Vous avez eu le
temps de faire vos...
M. Ryan: Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je reconnais la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Généralement, on attend que la
présentation soit terminée et, si on estime avoir
été mal interprété, on intervient. J'ai appris cela
dans mes trois mois.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Sans commentaires,
Mme la députée. Vous avez la parole, Mme la
députée.
Mme Blackburn: Je vous remercie. Je pensais que le
président était là.
II m'apparaît un peu paradoxal que le ministre, qui se faisait
l'apôtre du regroupement que l'on sait et qui le défend encore
aujourd'hui, ait dû assister au dépeçage de son
ministère de l'Enseignement supérieur, de la Science et de la
Technologie. Il a gardé la Science, on le sait; il a perdu la
Technologie devenue le Développement technologique dont hérite le
ministre du Commerce extérieur. Évidemment, la question qui se
pose tout de suite est: Y a-t-il une rationalité derrière cette
décision, une décision annoncée au moment de la nomination
des membres du Conseil des ministres et de la répartition des diverses
attributions, une décision, selon toute apparence, improvisée?
J'ai hâte d'entendre les réactions du ministre de l'Enseignement
supérieur et de la Science à ce sujet.
La fusion du ministère de la Science et de la Technologie
à l'Enseignement supérieur répondait à des
objectifs très précis. Si j'avais un moment, je rappellerais les
propos de Mme la députée de Jacques-Cartier là-dessus qui
reconnaissait que cette fusion visait, entre autres, à permettre le
renforcement des liaisons, la création de ponts entre
l'université et l'entreprise, à la fois en ce qui concerne la
formation de la main-d'oeuvre qualifiée et le développement de la
recherche. Ceci ne peut qu'être fructueux compte tenu des retards que
connaît le Québec à cet égard. En somme, il
s'agissait d'une meilleure coordination entre les efforts de
développement scientifique et technique avec nos institutions
d'enseignement supérieur qu'assurent à la fois des missions de
formation et de recherche.
Et voilà que le gouvernement a décidé de couper la
science et la technologie comme s'il s'agissait d'une poire que l'on peut
couper en deux. La ligne de partage -je pense que, tantôt, on en a eu un
peu un aperçu - entre les divers éléments, les diverses
activités qui seraient, d'un côté, à
caractère scientifique et, de l'autre côté, à
caractère plutôt technologique, est loin de pouvoir se tirer
aisément. D'après les renseignements que l'on a pu obtenir, c'est
loin d'être évident au sein même de la direction science et
technologie du ministère.
Pourquoi séparer? C'est la question que l'on se pose. Il y a
différentes conceptions, d'ailleurs, et le ministre les connaît
sûrement, différentes pratiques, si l'on regarde ce qui se passe
ailleurs, quant à la place de la mission science et technologie à
l'intérieur de l'organisme gouvernemental. On la retrouve
généralement soit dans un ministère autonome
rattaché à l'Enseignement supérieur ou rattaché
à un ministère à vocation industrielle.
Mais tenons-nous bien, le gouvernement a choisi d'innover: le
Développement technologique est relié au Commerce
extérieur, pas à l'Industrie et au Commerce, mais au Commerce
extérieur. Probablement que le dossier du ministre du Commerce
extérieur n'était pas assez imposant. On veut bien croire que la
compétitivité de nos entreprises et leur effort de recherche -
développement sont reliés à leurs capacités
exportatrice mais vous admettrez que le choix a de quoi laisser songeur.
Avant de terminer, j'aimerais formuler quelques remarques et
interrogations en ce qui concerne les accords Québec-Canada en
matière d'éducation. On peut s'interroger sur l'avenir de ceux-ci
dans les prochaines années à en croire M. Benoît Bouchard,
secrétaire d'État au gouvernement fédéral. Selon ce
dernier, en effet, il serait temps de redéfinir le rôle
présentement joué par le gouvernement central. Dans une entrevue
qu'il accordait à la Presse le 14 avril dernier, M. Bouchard
prétendait, en effet, que ce rôle ne devait plus se limiter
à fournir de l'argent aux provinces sans vérifier où vont
les fonds. Tout en portant un jugement sévère, d'ailleurs, sur la
qualité de l'éducation, il déclarait: "On donne de
l'argent aux provinces, qui nous disent de ne pas nous mêler de leurs
affaires et nous ne sommes pas sûrs que les fonds vont bien à
l'éducation."
En raison des caractéristiques qui lui sont propres et des
différences considérables entre les systèmes
d'éducation québécois et canadien-anglais, il importe que
le Québec conserve cette liberté d'action dans le domaine de
l'éducation. À ce chapitre, nous attendons la réaction du
ministre.
Permettez-moi de revenir, en conclusion, sur les principes fondamentaux
sur lesquels doit reposer toute politique d'éducation, principes qui,
quoi qu'en dise le ministre, sont actuellement grandement menacés. Je
parle, bien sûr, de l'accessibilité et de la
démocratisation de l'enseignement postsecondaire. Les efforts faits en
ce sens, au cours des dernières années, n'ont d'ailleurs pas
été sans résultats. La population étudiante de nos
établissements, tant collégiaux qu'universitaires, a connu des
progressions plus que significatives avec la réforme de
l'éducation. Le taux de passage du secondaire au collégial est en
croissance. Le taux d'accès des jeunes générations aux
études supérieures a aussi augmenté pour se situer
à un niveau qui se rapproche de celui, entre autres, de l'Ontario. On
sait, cependant, que les programmes courts comptent chez nous pour une part
beaucoup plus importante de la fréquentation des études
universitaires, le programme de certificat en particulier.
De plus, la démocratisation de l'éducation postsecondaire
est loin d'être un objectif atteint comme en font foi les écarts
importants dans l'accessibilité selon les milieux
socio-économiques d'origine, aussi, selon les régions. D'autres
groupes, comme
les handicapés, certains groupes ethniques, rencontrent des
obstacles dans leur cheminement scolaire également. En somme, Il y a
encore beaucoup à faire à ce chapitre pour réaliser une
véritable égalité des chances.
Les choix à faire en cette matière sont
nécessairement fonction d'un équilibre à réaliser
entre les besoins, les exigences posées par la qualité de la
formation souhaitée et les moyens que nous pouvons, comme
société, y consacrer. La répartition des ressources dont
dispose le gouvernement entre ses différentes missions est, par
définition, le fruit de l'arbitrage. Mais celui-ci ne peut faire
abstraction d'un contexte où seront de plus en plus sanctionnés
les États qui n'auront pas consacré le maximum d'efforts et de
ressources à la scolarisation de leur population, à la formation
d'une main-d'oeuvre qualifiée. Ce sont là les exigences d'une
forte concurrence internationale d'une ère de changements technologiques
accélérés.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci beaucoup,
Mme la députée de Chicoutimi. Il est exactement 22 h 40. La
commission parlementaire sur les états financiers de l'Enseignement
supérieur et de la Science ajourne ses travaux à demain matin, 10
heures. Maintenant, demain matin, dans l'ordre, je reconnaîtrai la
députée de Jacques-Cartier et le député de
Laviolette. M. le ministre de l'Éducation.
M. Ryan: À demain matin.
Le Président (M. Parent, Sauvé): À demain
matin. Bonne soirée.
(Fin de la séance à 22 h 39)