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(Dix heures douze minutes)
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît!
La commission parlementaire de l'éducation poursuit ses travaux
sur l'étude des crédits du ministère de l'Enseignement
supérieur et de la Science. À l'ajournement de nos travaux, hier
soir, j'avais informé la commission que je reconnaîtrais, dans
l'ordre, la députée de Jacques-Cartier et le député
de Laviolette. Mme la députée de Jacques-Cartier. M. le
ministre.
M. Ryan: M. le Président, je crois que, en vertu de nos
règlements, le ministre a droit de réplique après une
intervention qui a été faite par un député. Vous
devinez que je suis très désireux de répliquer à la
députée de Chicoutimi, mais j'accepterai volontiers de le faire
après que tous les députés auront fait l'intervention
générale qu'ils voudraient faire. Je pense que cela peut
épargner du temps à la commission et que cela suit le
modèle qu'on s'était suggéré hier.
Le Président (M. Parent, Sauvé): J'avais cru
comprendre, M. le ministre, d'agir de la même façon que nous
avions et que vous aviez agi lors de l'étude des crédits du
ministère de l'Éducation. Mme la députée de
Jacques-Cartier. Monsieur...
M. Jolivet: M. le Président, j'invoque le
règlement. Je comprends que la coutume, dans les commissions
parlementaires sur les crédits, permet un premier tour de table et que
le ministre réplique à la fin de ce premier tour de table, et non
à chacune des interventions, sinon le règlement ne serait pas
respecté.
Le Président (M, Parent, Sauvé): Je pense que le
ministre vient de clarifier...
M. Jolivet: Oui, je le sais, mais...
Le Président (M- Parent, Sauvé): ...et qu'il vient
de répondre dans le même sens que vos inquiétudes semblent
le démontrer.
M. Jolivet: Sauf que M. le ministre a dit qu'il avait le droit de
répliquer chaque fois. Moi, je vous dis que l'habitude et la coutume, ce
n'est pas cela.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors,
M. le député de Laviolette, si vous voulez, on
n'entreprendra pas de débat sur la perception, étant donné
qu'il n'y a pas encore de conflit ni d'affrontement. Mme la
députée de Jacques-Cartier.
Mme Joan Dougherty
Mme Dougherty: Je m'excuse, M. le ministre, cela va être
très bref. Hier soir, après avoir accusé le ministre
d'être alarmiste, la députée de Chicoutimi, dans son
discours, a annoncé l'apocalypse!
M. le Président, mes commentaires seront très brefs, mais
j'aimerais dire quelques mots sur la mission de l'Enseignement supérieur
et de la Science, parce que je crois que cette mission est la plus noble et
peut-être la plus importante de toutes les missions gouvernementales.
Pour moi, l'essentiel de cette mission vise le développement de nos
ressources humaines. Notre défi est de faire notre possible afin de
créer les conditions propices à éduquer, à former
et à libérer toutes les capacités intellectuelles et
créatrices des citoyens les plus compétents de notre
société. C'est la seule façon de sécuriser notre
avenir Je suis convaincue que notre force intellectuelle, culturelle et morale,
notre qualité de vie ainsi que notre force économique
dépendent, et dépendront plus que jamais à l'avenir, de la
qualité, de la créativité et du dynamisme de nos
ressources humaines.
Les changements technologiques rendent la mission de nos cégeps
et de nos universités, et surtout de nos efforts scientifiques, de plus
en plus stratégiques. Nous savons tous que la révolution
technologique s'accélère et qu'elle marque, et marquera,
profondément nos vies. Notre capacité de concurrencer au sein
d'une économie mondiale en voie de transformation rapide
entraînera de nouvelles demandes au niveau du savoir et du talent de nos
citoyens et de leur facilité d'adaptation à un marché en
perpétuel mouvement. Notre survie économique et notre
qualité de vie dépendront de la façon dont nous ferons
face aux défis.
Malgré l'importance que nous accordons à cette vaste
entreprise, il faut absolument vivre en dedans de nos moyens limités.
L'esprit d'entrepreneurship et d'innovation qui est tellement important dans le
domaine économique devrait être nourri également dans le
monde de l'éducation et dans le
monde scientifique. Dans le contexte actuel, il est essentiel que chaque
participant fasse sa part. Pour les étudiants, ne pas demander un "free
ride" sur le dos de l'ensemble de notre société pourrait
être perçu comme un signe de maturité.
Hier soir, la députée de Chicoutimi a essayé de
faire la preuve que nous avions changé d'avis, que nous avions
changé de priorités depuis notre venue au pouvoir. J'aimerais
assurer la députée qu'elle a tort. Nos priorités, nos
convictions n'ont pas changé. C'est la disponibilité des moyens
financiers qui a diminué. C'est cette dure réalité qui
nous oblige à faire encore plus avec moins de ressources
financières.
En ce qui concerne la nécessité de renforcer les liens
entre les universités et l'industrie, je n'ai pas changé d'avis,
je veux tout simplement dire que "there are many ways to skin a cat". Je crois
que tous les membres de cette commission, ainsi que tous ceux qui travaillent
au ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science,
partagent la responsabilité particulière de valoriser cette
mission importante de la poursuite de l'excellence et de valoriser l'importance
de cette mission dans l'esprit de tous les citoyens du Québec. C'est
dans cet esprit, M. le Président, que je participe aux travaux de cette
commission.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je remercie Mme la
députée de Jacques-Cartier. Avant de donner la parole au
député de Laviolette, je lirai pour l'information des membres de
la commission l'article 287 de notre règlement de l'Assemblée
nationale: "Le président ou le ministre qui répond de ses
crédits en commission peut intervenir aussi souvent qu'il le
désire." Alors, je remercie beaucoup le ministre d'attendre à la
fin et je l'informe aussi que j'appliquerai certainement la règle du
maximum de 20 minutes dans les réponses du ministre. M. le
député de Laviolette.
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: Cela va être un peu plus dur, parce que, si
j'ai bien compris le ministre hier, qui a souvent dit à des ministres
précédents qu'ils arrivaient ici non préparés et
que les ministres n'avaient pas fait tout leur devoir, j'ai cru comprendre dans
le début du préambule hier de son discours d'une heure et quart
que lui-même ne se sentait pas tout à fait préparé.
Il lui manquait des notes qu'il n'a pu mettre sur papier pour nous faire son
discours. En conséquence, au lieu de prendre quarante-cinq minutes ou
une heure, il a pris une heure et quart. Mais, en tout cas, passons.
J'ai aimé le début de son intervention quand il adit que, dans les crédits du ministère de l'Education, aux
niveaux préscolaire, primaire, secondaire, public et privé, quant
aux journées et aux heures qui avaient précédé, on
avait plus que jamais parlé d'éducation. Je voudrais rappeler,
que, lorsque nous avons abordé les remarques générales
mardi matin, le député de Rimouski est intervenu en disant qu'il
trouvait drôle qu'on ne parvienne pas à parler de
l'éducation et qu'on parle seulement d'argent, alors que nous parlions
de la politique générale du ministère. Malheureusement, il
faut parler de cet argent qui a des incidences sur le travail des enseignants,
sur la qualité de l'enseignement, sur les besoins qu'ont les jeunes
d'avoir une accessibilité à l'éducation.
Je remarque que le ministre m'a donné raison, à moi plus
qu'au député de Rimouski. Le ministre s'est lui-même
jeté une pierre dans les jambes en disant que dans le passé on ne
parlait pas beaucoup d'éducation alors qu'il était lui-même
à 90-10, dans l'Opposition, capable de parler de l'enseignement et de
l'éducation. Il a répliqué à cela en disant que les
réponses nous manquaient. Malheureusement, les gens qui l'accompagnent
sont les mêmes que ceux qui nous accompagnaient dans le passé. Je
fais seulement une remarque préliminaire en disant que je le remercie
d'avoir, dans l'Opposition, parlé beaucoup d'éducation pendant
les dix heures de l'étude des crédits pour les niveaux
préscolaire, primaire et secondaire.
Les députés d'en face ont réagi aux propos de ma
collègue de Chicoutimi, critique de l'Opposition pour l'enseignement
postsecondaire, l'enseignement supérieur et les sciences. J'ai
été un peu scandalisé de voir des gestes quand elle a
parlé de ceux qui subissent les contrecoups, dans les secteurs
collégial et universitaire, des décisions du gouvernement en
place, alors qu'elle a parlé des plus démunis.
J'ai été scandalisé quand, de l'autre
côté, on riait à chaque fois qu'elle utilisait le mot
"démuni". Quand on parle... Madame, je n'ai dérangé
personne; je n'aimerais pas être dérangé.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député de Laviolette, vous avez la parole.
M. Jolivet: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé):
J'invite les membres de la commission è écouter d'une
façon attentive les commentaires du député de
Laviolette.
M. Jolivet: Or, quand on a parlé des plus démunis
et qu'on regarde le système des prêts et bourses, ce n'est
certainement pas aux fils et aux filles de ceux qui gagnent des salaires
élevés que l'on donne un prêt et une bourse. En
conséquence, ceux qui sont
les plus touchés par les décisions gouvernementales qui
ont été prises concernant ce secteur sont les plus
démunis.
Mme la députée de Chicoutimi, contrairement à
plusieurs d'entre vous de l'autre côté, parlait
d'expérience hier, étant donné qu'elle a été
assise souvent là où sont assis les gens qui viennent entendre
les discussions ici, puisqu'elle a été à un niveau
très important de décision au Conseil des collèges. Dans
ce contexte, ce qu'elle disait, c'était du vécu, du réel.
Ce n'étaient pas des hypothèses en l'air. Dans ce contexte, quand
on parle du budget, je pense qu'on a le droit de s'interroger sur les
décisions qui ont été prises par ce gouvernement et
surtout par cet homme qui, à l'époque où il était
dans l'Opposition, représentait beaucoup.
Mme la députée a dit avec justesse que cet homme
représentait, pour l'ensemble des étudiants, des parents, enfin
le monde de l'éducation, la possibilité de régler les
problèmes que les gens vivaient, comme il disait. Cependant, entre les
paroles qu'il disait à l'époque et les gestes qui sont
posés maintenant, c'est l'inverse qu'on connaît. Quand j'ai
parlé de budget, et comme Mme la députée de
Jacques-Cartier vient de le dire, on disait qu'on a voulu amener l'apocalypse.
Je dois vous dire que c'était, de l'autre côté, l'enfer
qu'on vivait ici, parfois, et qu'on exprimait, semblerait-il.
Mais quand je regarde le budget tel que présenté dans les
documents officiels, à la fois ceux du ministre des Finances et ceux du
président du Conseil du trésor, je constate que la
décision prise par ce gouvernement, par exemple, de ne pas privatiser la
Société des alcools du Québec signifie 50 000 000 $ de
moins dans les coffres du gouvernement. Le fait d'avoir énoncé
des politiques au niveau des taxes sur l'assurance individuelle, le
pétrole, dans les zones périphériques, de l'ensemble des
sommes qui ont été données aux hauts salariés par
rapport aux bas salariés, c'est près de 220 000 000 $, incluant
la question de la SAQ. 220 000 000 $ que ce gouvernement -et je lis à la
page 35 du document du ministre des Finances: Dans l'énoncé des
politiques budgétaires de décembre dernier, 1985, le gouvernement
a devancé d'un an la réduction des taux marginaux d'imposition
des revenus des particuliers - ce n'est pas marqué, mais je vous le dis:
c'est surtout pour les riches - réduit le taux de la taxe sur le
carburant dans les régions périphériques et
éliminé une partie de la taxe sur les primes d'assurance,
diminuant ainsi le fardeau fiscal des Québécois de façon
notable. C'est sa décision, je peux contester sa décision, mais
je dois dire que c'est sa décision. Écoutez bien ce qu'on y dit:
II a agi - en parlant du gouvernement au mois de décembre 1985 - de
cette façon en toute connaissance de cause vis-à-vis de la
situation budgétaire de 1986-1987 car il était et il demeure
convaincu que telle était la voie à suivre pour rendre plus
concurrentielle la fiscalité québécoise. Je
répète: toujours pour les hauts salariés.
Quand madame la députée de Chicoutimi vient parler qu'on
touche aux plus démunis, je voudrais que, de l'autre côté,
on ne rie pas parce que c'est la réalité et je trouve cela, quant
à moi, scandalisant de voir des gens rire des plus démunis. Je ne
parlerai pas de ceux qui, comme nous, ont les salaires nécessaires pour
payer aux jeunes, sans avoir besoin de prêts et bourses... Je parle de
ceux qui, justement parce qu'ils n'auront pas les moyens, s'endetteront
à plus long terme. Je dis que ce sont eux qui n'auront pas
d'accessibilité. C'est cela qui est important, l'accessibilité
à un régime.
On a contesté auprès du ministre la façon dont les
coupures ont été faites au niveau des secteurs public et
parapublic en 1982-1983. J'ai dit que - je le répète partout et
je proviens de ce milieu - je n'ai pas eu peur d'aller recontrer les gens de ce
milieu, les enseignants et tous les autres. Contrairement à ce que le
ministre semble sous-entendre quand il dit: Moi, je vais voir les personnes
dans leur milieu, je peux lui dire que, nous aussi et moi aussi, je vais voir
les gens dans leur milieu et je parle avec eux et, si je ne suis pas d'accord
avec eux, je vais le leur dire.
Nous avons pris des décisions qui nous ont coûté des
votes à la dernière élection, et on les a prises en toute
connaissance de cause, nous aussi, avec les difficultés que cela
comportait, mais selon les besoins et, aujourd'hui, vous devriez nous remercier
parce que, si nous n'avions pas fait ces gestes, ce sont d'autres impôts
et taxes qu'on aurait dû prélever encore à des plus
démunis ou, encore, si on ne l'avait pas fait du tout, il vous
manquerait 2 000 000 000 $ dans le budget actuel. Cependant, c'étaient
des coupures directes, connues. On en a subi le contrecoup, mais laissons faire
cela, c'est vous maintenant qui êtes au bâton. C'est vous qui avez
à dire, par vos gestes, comment vous allez réagir. Or, je trouve
que les coupures que l'on fait ici de façon moins directe sont j'irais
même jusqu'à dire plus pernicieuses.
Certaines choses sont dites par un ministre, d'autres par un autre
ministre et, quand on les met ensemble, on s'aperçoit que cela touche
toujours la même clientèle, les plus démunis.
Il y a des étudiants et des étudiantes qui sont trop
longtemps au cégep malgré que la loi leur permet d'être
là pendant cinq ans avec des prêts et bourses. Ils peuvent
être là plus longtemps sans prêts et bourses, et on leur
dit: Comme vous êtes là trop longtemps,
on va s'organiser - c'est le président du Conseil du
trésor qui parle - pour que vous ne restiez pas longtemps dans le
système et on va vous empêcher, dans certains cas, d'aller
chercher une spécialité après avoir fait le cours
général, pour ceux qui s'aperçoivent que, quant à
eux, le plus haut qu'ils peuvent aller c'est au niveau du cégep, selon
leur décision personnelle.
On leur dit: Cependant, si tu veux faire ton cégep plus
rapidement, on va te couper encore d'une autre façon, on va te facturer
des frais de scolarité pour les cours d'été, parce qu'il y
en a qui vont chercher des séquentiels aux cours d'été.
Quand on fait cela, ce sont des deux côtés qu'on gruge sur l'os de
ces plus démunis. En plus de cela, on s'en va leur dire: Au niveau des
prêts et bourses, nous vous donnons le même montant, même on
l'augmente en moyenne de 3,5 %, alors que, dans d'autres documents, on parle de
2,3 % ou 2,1 %, si je ne me trompe pas. (10 h 30)
En plus de cela, on leur dit: Ce n'est pas grave, on ne vous
égorgera pas, on ne vous écorchera pas, on va juste augmenter
votre endettement à long terme en disant: On vous donnera le même
montant, mais en prêts plus qu'en bourses. Donc, au bout de la course, on
va permettre à des jeunes d'avoir des difficultés à long
terme et de payer plus tard plutôt que d'avoir aujourd'hui les
capacités de pouvoir s'inscrire. Dans ce cas, il y a des jeunes qui
n'iront pas aux études et qui ne continueront pas. Je parle de secteurs
éloignés comme le mien, ma région, la région de La
Tuque. Je sais ce que cela veut dire pour des parents qui envoient un enfant au
cégep. En passant, je vous dis que cela a des effets sur des
cégeps: comme celui de Shawinigan par rapport è
Trois-Rivières. Si le jeune sait qu'après avoir fini son cours
à Trois-Rivières il va aller à l'université, il
s'installe pour longtemps dans un appartement. S'il va à Shawinigan, il
devra refaire la même chose deux ans ou trois ans plus tard, selon le
cégep où il va. À ce stade, il faut faire attention aux
gestes que vous allez poser parce qu'ils auront des effets pernicieux à
plus long terme et ils visent des gens qui ont des difficultés et qui
sont les plus démunis.
M. le ministre nous accuse - je pense qu'il devrait retirer son
accusation - de ne pas avoir augmenté le salaire minimum. Il sait dans
quelles circonstances ces décisions ont été prises et pour
quelles raisons elles ont été prises, dans le contexte difficile
que nous avons vécu tout le monde, à quelque niveau que ce soit,
que ce soit au niveau fédéral, au niveau des nations occidentales
ou des nôtres. Le ministre sait très bien que son collègue,
le ministre de l'Industrie et du Commerce et des petites et moyennes
entreprises, alors critique de l'Opposition à l'industrie et au
commerce, a proclamé à plusieurs occasions, en déchirant
sa chemise en Chambre, que le salaire minimum était trop haut et qu'il
n'aurait jamais dû être augmenté dans les années
où on l'a augmenté, mais cela était dans les années
où on pouvait l'augmenter. Au lieu de nous accuser de ne pas l'avoir
fait, il pourrait au moins nous dire - comme il nous a été
demandé de le faire lorsque c'était possible de le faire - que
nous avons suivi des propositions faites par l'Opposition à
l'époque en disant: Oui, vous avez peut-être raison dans le
contexte économique des années 1981, 1982, 1983 et des
années qui ont suivi. Oui, peut-être qu'on ne doit pas l'augmenter
et on ne l'a pas fait.
Je terminerai en disant que M. le ministre nous a accusés de ne
pas avoir fait de consultations, d'avoir agi trop vite dans ta scission du
ministère en deux secteurs: primaire, secondaire et préscolaire
d'avec le secteur de l'enseignement supérieur, de la science et de la
technologie. A une réflexion de la députée de Chicoutimi,
M. le ministre a dit: Oui, on a fait des consultations. Nous travaillons, nous,
de façon très amicale. Nous avons entre confrères, entre
collègues, des rencontres et des discussions, et c'est très
amical. Ce qui ne l'a pas empêché de faire quand même une
intervention sur une partie de la science et de la technologie hier, en sachant
qu'on va reprendre ce sujet avec son collègue du Commerce
extérieur mercredi soir prochain, en sachant aussi qu'à la
réflexion qu'a faite la députée de Chicoutimi le ministre
a dit: Oui, on a fait des consultations, et que de l'autre côté on
s'est mis à rire. Je voudrais bien savoir quelles sont ces
consultations. Auprès de qui ces consultations ont-elles
été faites? Est-ce que ce sont des consultations très
larges ou si ce sont des consultations à la suite de la décision
du premier ministre de scinder ces ministères. Après cela, on
agit et, administrativement, à l'intérieur des ministères,
ces décisions sont des décisions politiques. Ce sont des choix
idéologiques qui sont différents des nôtres, qui, d'une
façon ou d'une autre, sont des divergences qui peuvent exister et qui
sont des idéologies sur la façon de voir les choses. Dans ce
contexte, je dis tout simplement à M. le ministre que nous aurons
énormément de questions à poser dans les heures qui
restent sur les crédits de l'Enseignement supérieur et de la
Science. Nous reviendrons au niveau de la technologie mercredi soir prochain.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
député de Laviolette. M. le ministre de l'Éducation.
M. Claude Ryan (réplique) M. Ryan: M. le Président,
je voudrais
tout d'abord remercier ma collègue de Jacques-Cartier pour
l'exposé extrêmement senti qu'elle a fait tantôt.
C'était un exposé bref, mais dans lequel il y avait plus de
substance que dans tout ce qu'a dit l'Opposition depuis au-delà d'une
heure qu'elle parle. Je pense qu'on a pu voir, en écoutant la
députée de Jacques-Cartier, que les propos peuvent
drôlement être plus authentiques quand ils viennent d'une personne
qui a étudié les dossiers que lorsqu'ils viennent de personnes
qui, pour des raisons qu'on peut comprendre, ont une côte à
remonter et qui cherchent à compter des points, comme d'autres ont
essayé de le faire à d'autres époques,
évidemment.
Il y a eu bien des accusations qui ont été portées
au cours des interventions faites par les porte-parole de l'Opposition. Je
n'entends point répliquer sur le même ton. J'entends revenir au
ton serein et constructif que nous avons pu conserver pendant l'examen des
crédits du ministère de l'Éducation. Vous comprendrez
cependant que, avant d'entrer dans des débats plus concrets,
j'éprouve le besoin de faire certaines mises au point pour que les
choses soient clairement entendues.
Il y a un premier point qu'il faut clarifier. Nos amis de l'Opposition
déchirent leurs vêtements en public avec un zèle qui serait
exemplaire s'ils étaient au service d'une meilleure cause. Ils parlent
comme si on avait fait des coupures qui vont accumuler les victimes le long des
routes. Je pense qu'ils n'ont pas étudié le dossier comme il le
faut. S'ils avaient étudié le dossier de manière
approfondie, ils ne feraient pas les affirmations qu'ils font.
On va prendre les chiffres bien simplement. Les dépenses du
gouvernement, au cours du prochain exercice, vont augmenter, en tout, de 3,8 %.
Je pense qu'on s'entend là-dessus, c'est dans le livre des
crédits. Savez-vous que les dépenses du ministère de
l'Éducation - de l'Enseignement supérieur et de la Science - vont
augmenter de 3,5 % par rapport aux crédits de la dernière
année; que celles des universités vont augmenter de 3,6 %; que
celles du collégial, de 4,7 %? Maintenant, si vous comparez cela aux
dépenses probables, cela est beaucoup plus important. On n'est plus au
30 avril 1985; on est au 24 avril 1986. Alors, le chiffre qui compte, c'est le
chiffre des dépenses probables à la fin de l'exercice. Ce n'est
pas ce qu'avait anticipé le président du Conseil du
trésor, dans le temps, avec toute la marge d'erreur qu'on lui
connaissait à part cela.
La comparaison, pour le ministère de l'Enseignement
supérieur et de la Science, c'est 6,3 % de plus qu'il y a cette
année, 1986-1987, par rapport aux dépenses probables de
1985-1986. Pour les universités, c'est 4,2 % de plus. Pour les
collèges, c'est 7,2 % de plus. Dans le cas des collèges, je dois
ajouter un petit crochet. L'an dernier, le montant de la subvention a
été légèrement inférieur parce qu'on avait
une récupération à faire, par rapport à
l'année précédente, qu'on avait faite par ajustement.
Alors, ici, le taux exact va peut-être chercher entre 4 % et 5 %. Ce ne
sont pas des pourcentages qui témoignent qu'on aurait sacrifié
ces ministères et les deux secteurs dont nous parlons, par rapport
à l'ensemble du gouvernement.
Il y a une chose que je vais ajouter. Comme je pense que la
députée de Chicoutimi est intéressée à
travailler ces chiffres, si elle prend le livre des crédits, elle va
faire une constation. Elle va constater que, au ministère des Finances,
on a une augmentation considérable cette année. On a une
augmentation de crédits qui est de l'ordre d'au moins 555 000 000 $.
Quand vous allez dans le livre des crédits pour voir ce que cela veut
dire, vous trouvez qu'il y a une partie qui va sur l'augmentation de la dette -
ce sont des choses qui ne nous étonnent pas - et une autre partie qui va
aller au fonds de suppléance, c'est une partie assez
considérable, cela va chercher dans les 600 000 000 $, si mes souvenirs
sont exacts. Pourquoi est-ce que c'est là, cela? II y en a une partie -
je pense que c'était un secret de polichinelle - qui est un montant mis
de côté pour les augmentations salariales qui vont découler
des négociations dans le secteur public. Il y en a d'autres parties qui
sont ailleurs. Nous avons bien indiqué, quand nous avons
présenté les chiffres, que le montant que nous donnons ici ne
comprend pas les augmentations salariales qui seront données dans les
universités et dans les collèges. Alors, ajoutez les
augmentations salariales à l'augmentation que je vous donne et vous
arrivez, dans le cas des universités, en comparant toujours aux
dépenses probables de l'exercice terminé le 31 mars, à un
taux d'augmentation supérieur à 8 %. Je ne vois pas où il
y a matière à verser des larmes, à lancer les hauts cris
et à jouer au scandale. Cela, c'est pour l'ensemble du ministère,
mais pour les universités prenez 4,2 % plus 2 % ou 2,5 %, et cela va
vous donner entre 6,5 % et 7 %. Et pour les collèges, 7,2 %, enlevez au
moins 2,5 % pour l'ajustement dont j'ai parlé tantôt et ajoutez
2,5 %, vous allez arriver autour de 6,5 % si je calcule bien. C'est cela, le
vrai taux d'augmentation réelle. On peut bien jouer avec les chiffres
comme on voudra, mais à un moment donné il faut s'asseoir et
faire le calcul de tout ce qui va aller dans ce secteur au cours du prochain
exercice. Vous allez nous dire que nous avons changé d'opinion, que nous
avons sacrifié nos convictions. Je vous réponds que vous ne savez
pas compter. C'est aussi bête que cela.
De plus, je vais vous dire une autre
chose. Cela, vous en êtes très conscient, j'en suis
sûr. On parle tous de la marge de manoeuvre du gouvernement. On a raison
d'en parler, évidemment. Mais la marge de manoeuvre du gouvernement a
été compromise depuis neuf ans par le régime que nous
avons connu jusqu'au 2 décembre. Là, je vais rappeler des
chiffres grosso modo et je vous défie, je défie les porte-parole
de l'Opposition de me réfuter sur ces points précis. En
1975-1976, le fardeau de la dette dans les dépenses du gouvernement
québécois était d'à peu près 4,7 % à
5 % de l'ensemble des dépenses. C'était autour de 500 000 000 $.
Savez-vous combien il est dans le budget de cette année? C'est au bas
mot 10 % et cela va aller chercher au bas mot 2 700 000 000 $, cinq fois plus
dans l'espace de neuf ans. La marge dont nous parlons tous, elle est là.
Vous l'avez engloutie dans l'endettement qui est votre
spécialité. Ce n'est pas tout, ça. Je ne compte pas
là-dedans la dette de 245 000 000 $ des hôpitaux, qui n'est
comptée nulle part. Ce sont des sommes qu'il va falloir aller chercher
ailleurs. La dette des universités, je ne l'ai pas comprise
là-dedans. Le déficit actuariel de la Commission de la
santé et de la sécurité du travail n'est pas compris
là-dedans.
C'est ça le vrai problème financier dont nous vous parlons
et c'est pour cela que cette année il fallait nous imposer un effort de
discipline spéciale. Malgré cet effort, je viens de donner des
chiffres tantôt qui sont plus éloquents, me semble-t-il, que
toutes les sornettes que j'ai entendues dans les interventions des porte-parole
de l'Opposition.
J'apprécie hautement le souci qu'on a exprimé du
côté de l'Opposition pour le maintien de l'objectif de
l'accessibilité de l'enseignement secondaire, collégial et
supérieur. Dans la mesure où l'Opposition tient un langage
responsable sur ce thème, elle a des choses à faire valoir
auprès du gouvernement. Elle peut nous signaler avec pertinence des
faiblesses qui méritent d'être corrigées; elle peut nous
communiquer des constatations qu'elle a faites sur le terrain ou auprès
des institutions qui nous feront prendre conscience de certaines carences. Nous
réagirons à des choses comme celles-là dans un esprit que
je souhaite positif. Mais une grande généralisation à
caractère démagogique, je ne pense pas que cela va faire avancer
beaucoup le débat, à ce moment-ci. Je pense que c'est important
de le préciser dès le début de nos échanges pour
qu'on sache très bien à qui on va avoir affaire de ce
côté-ci de la table. Nous n'entendons pas nous laisser
impressionner par ce genre de propos.
Je donne un autre exemple. On a parlé des bourses
d'accessibilité. Tout cela, c'est magnifique et nous sommes d'accord sur
le fond, encore une fois. Il n'y aura pas de chicane entre nous sur ce
point-là. Mais la députée de Chicoutimi et le
député de Laviolette ont bien pris soin de ne point parler d'un
chiffre qui est capital dans ce débat. Combien d'argent le gouvernement
va-t-il injecter dans l'économie au titre des bourses et des prêts
au cours de l'année 1986-1987, qui est l'année qui nous
préoccupe? C'est 457 000 000 $, suivant nos prévisions, et cela
pourrait être plus, suivant la demande, parce qu'il y a une marge de
flexibilité, d'élasticité dont nous devons tenir compte.
Comparé à 404 000 000 $ de dépenses probables en
1985-1986, c'est une augmentation des sommes qui seront effectivement mises
entre les mains des étudiants de 13 %. On ne parle pas de ce
chiffre-là. C'est bien plus facile de jouer seulement sur un volet du
dossier et d'essayer de se faire du capital avec cela. Ça, c'est la
réalité. (10 h 45)
On a dit également, et on l'a démontré avec
chiffres à l'appui, que le montant moyen de l'aide que chaque
étudiant va recevoir augmentera de 3,5 %. C'est le même montant
qui est offert pour les salariés des secteurs public et parapublic. On
ne traite pas les étudiants d'une manière inférieure aux
autres. Vous me direz: D'où vient la différence entre les 3,5 %
et les 13 %? Le gros de la différence vient de l'augmentation de
clientèle qu'on va avoir et de l'augmentation des seuils de besoins dont
nous allons tenir compte ainsi que j'en ai parlé dans mon intervention
d'hier.
Je donne un autre exemple d'intervention facile. On essaie de faire des
gorges chaudes avec les frais de scolarité pour les cours
d'été au niveau collégial. Tout ce que nous avons fait du
côté du gouvernement, on n'a pas dit: Vous allez payer 1 $ de plus
l'heure. On a dit aux collèges: Le montant de la subvention qui vous
était accordée était à 2,44 $ l'heure, pour cette
année, ce sera 1,62 $ l'heure pour les cours d'été.
Maintenant, à vous de prendre vos initiatives. C'est à vous de
prendre vos responsabilités.
Savez-vous ce qui est arrivé? On m'informe que les cégeps
dans la région de Québec ont retroussé leurs manches, se
sont mis au travail au lieu de se lamenter dans le Soleil et ailleurs, et ils
ont constaté que, en ajustant le nombre de personnes dans des groupes
d'élèves, ils pouvaient très bien arriver à
fonctionner avec leurs cours d'été en maintenant le même
tarif d'inscription que l'année dernière. Il n'a pas
été question de ceux-là dans les interventions qu'on a
entendues. Dans les cégeps de la région de Québec, si j'ai
été mal informé, on pourra me le dire, voilà
comment les choses se passent.
Maintenant, on m'assure, chez les fonctionnaires du ministère -
je l'ai dit à
plusieurs reprises depuis une semaine, je le répète parce
qu'on aura l'occasion d'y revenir aussi, je le répète très
brièvement -que dans le cas des étudiants qui, étaient des
étudiants à temps régulier pendant l'année et qui
doivent s'inscrire pour une session d'été pour des fins de
rattrapage - il a pu y avoir de la mortalité dans leur famille, un
échec, un problème de santé, on ne porte pas de jugement
là-dessus - les frais qu'ils encourront, là où il y en
aura - parce qu'on constate qu'il y a des endroits où il n'y en aura pas
et qu'il y aura eu beaucoup de salive dépensée pour rien - ils
vont pouvoir ajouter ces dépenses dans l'établissement de leur
seuil de besoins, les choses qui vont être considérées pour
la détermination du montant d'aide financière auquel ils vont
avoir accès. Cela veut dire qu'on va transférer de l'argent du
côté de ceux qui en ont réellement besoin. Que ceux qui
n'en ont pas vraiment besoin, qui sont capables de se suppléer
autrement, cela va être, dans certains cas, un léger
supplément qui ne sera pas du tout de nature, encore une fois, à
créer des catastrophes.
Je pense que cela aide à replacer les choses dans une juste
perspective. Je pense que cela aide surtout à mesurer l'effort de
compréhension que mes collègues du gouvernement ont
manifesté à l'endroit des représentations qui leur ont
été faites par le titulaire du ministère de l'Enseignement
supérieur et de la Science. Nous avons discuté, quand nous avons
établi nos prévisions de dépenses, dans un climat de
collaboration et de respect mutuel. Il fallait que chacun fasse sa part. Si je
n'étais pas prêt à faire ma part, je n'ai pas d'affaire
à rester dans ce club. C'est aussi simple que cela. Il fallait que
chacun fasse sa part loyalement, mais en défendant ce qu'il
considérait comme vital dans le secteur qui lui était
confié par le premier ministre.
Je pense que les résultats que je vous donne sont des
résultats - cela pourrait être mieux, mais comparons à
l'ensemble de ce qui va se passer dans le secteur public -dont nous avons lieu
d'être relativement satisfaits et sur la base desquels nous avons tout
intérêt à décider de travailler véritablement
plutôt que de gémir interminablement.
M. le Président, c'est le sens de l'intervention que je voulais
faire à ce moment-ci. Je puis vous assurer que nous essaierons de
répondre de notre mieux à toutes les questions qui nous seront
posées.
Je voudrais simplement ajouter un dernier point en réponse
à ce que disait le député de Laviolette tantôt. Il a
mentionné que, hier soir, mon intervention était un peu plus
longue que d'habitude. Il me connaît mal encore. C'est vrai qu'elle
était un peu plus longue que d'habitude, je m'en excuse. J'avais des
choses qui me sont venues à l'esprit en cours de route, pas parce que je
n'étais pas préparé, j'avais tout un texte devant moi,
mais je voyais que du côté de l'Opposition il y avait une
compréhension spéciale à cultiver sur tel ou tel point. En
bon éducateur, je me disais que parfois on fait comprendre un point de
caractère général en donnant quelques bons exemples. Si
les exemples étaient de trop et que les leçons étaient
déjà comprises, je m'en excuse. On va essayer d'être plus
bref et de compenser au cours des heures qui nous restent. Merci beaucoup.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre de l'Éducation. Je reconnais maintenant la
députée de Chicoutimi.
Discussion générale
Mme Blackburn: À écouter les propos du ministre, je
m'étonne quasiment de le voir encore en commission tant il estime que
l'Opposition est mal informée, mal préparée et, en plus,
il semble qu'on n'ait pas bien compris les leçons du maître, hier
soir. Il se dit lui-même bon éducateur. Peut-être aussi
est-on sourds.
Je ne voudrais pas répliquer à la réplique. On
risquerait de perdre notre temps. J'ai cependant apprécié le fait
que te ministre nous dise qu'il reconnaît qu'il n'y avait pas de marge de
manoeuvre; il nous dit que, au cours des dix dernières années le
précédent gouvernement s'est attaché à ne plus en
laisser. Alors, c'est donc reconnaître que l'on savait qu'il n'y avait
pas de marge de manoeuvre. Au moins, on a appris cela.
J'aimerais dire que, par rapport à l'ignorance de l'Opposition,
on va essayer d'apprendre vite, je vous le promets. Sur certains dossiers -
cela m'étonne d'entendre le ministre dire cela particulièrement
celui portant sur l'aide financière aux étudiants, si ma
mémoire est fidèle, trois recommandations qui visent à
bonifier le régime d'aide financière aux étudiants, et qui
apparaissent dans le programme du parti, reprennent textuellement des
recommandations du Conseil des collèges que je présidais au
moment où a émis cet avis. On doit être deux
incompétents dans ce domaine-là.
Je veux croire le ministre lorsqu'il nous dit que, avec le budget que
l'on vient de consentir aux universités, aux collèges et aux
étudiants à la recherche, on a vraiment amélioré la
situation. Pour moi, les données ne sont pas encore suffisamment claires
et les prochaines questions me permettront de voir un peu comment on ventile
les budgets. Mais, je dois le répéter, malheureusement, on a eu
les données un peu tardivement.
On nous parle de compressions totales à l'enseignement dans les
collèges et les universités; dans un cas - les collèges -
est-ce exact que l'on parle de 8 000 000 $?
M. Ryan: Excusez, M. le Président. Il y a peut-être
une chose sur laquelle il faudrait s'entendre tout de suite. Des fois on parle
en années scolaires, d'autres fois, on parle en années
budgétaires. Je crois que le montant de 8 000 000 $ vaut pour
l'année scolaire, tandis que, quand nous parlons en années
budgétaires, je crois que cela est de 5 400 000 $.
Mme Blackburn: Sauf qu'il faut bien comprendre que les
collèges vont vivre sur l'année scolaire. Donc, on s'entend pour
dire que la compression est de 8 000 000 $ dans l'enveloppe des
collèges? Cela va comme cela?
M. Ryan: Non. Pour l'année budgétaire - je pense
que l'examen des crédits, c'est pour l'année budgétaire -
c'est 5 400 000 $. Vous pouvez dire 8 000 000 $ et je vais vous écouter
quand même.
Mme Blackburn: Est-ce que le ministre veut nous dire par
là que le collège ou l'université qui va vivre avec ces
compressions-là pourra essayer de vivre sur neuf mois?
Une voix: C'est juste.
Mme Blackburn: Bien. Alors on va comprendre, je pense bien...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Quand la
députée de Chicoutimi interroge le ministre, espère-t-elle
une réponse immédiatement?
Mme Blackburn: Non.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Non? Très
bien. Madame, vous avez la parole, je m'excuse.
Mme Blackburn: Les collèges, donc, on dit 8 000 000 $ pour
l'année parce qu'il faut bien comprendre qu'il va falloir qu'ils vivent
pendant douze mois avec. 8 000 000 $ pour l'année scolaire 1986-1987.
Pour l'année scolaire, la compression dans les enveloppes des
universités ne serait pas de 15 500 000 $, mais de 18 600 000 $.
M. Ryan: Quand on va arriver aux programmes qui traitent des
universités, on va voir cela.
Mme Blackburn: Pardon?
M. Ryan: Quand on va arriver aux programmes qui traitent des
universités, on va examiner cela.
Mme Blackburn: Mais je voulais qu'on procède de
façon plus globale, puis on va revenir aux universités. On
reviendra ensuite par programme. Parce que je voudrais, tantôt, que l'on
parle des mêmes choses.
M. Ryan: Vous me demandiez quoi pour les universités?
Mme Blackburn: Je demandais si la compression de 15 400 000 $
pour l'année budgétaire s'élevait effectivement à
18 600 000 $ lorsqu'on parle de l'année scolaire.
M. Ryan: Pour l'année scolaire, 18 600 000 $.
Mme Blackburn: Oui, c'est juste? Dans un document que
déposait le président du Conseil du trésor, il
établissait deux catégories de crédits
périmés: les crédits périmés courants,
crédits périmés qui... On sait comment on procède
dans les ministères. On va chercher ces crédits
périmés, en août, septembre, octobre et cela permet de
payer les dépassements dans d'autres enveloppes.
Généralement, ces crédits périmés - au cours
des dernières années c'était entre 400 000 000 $ et 700
000 000 $ - servent à engager ce qu'on appelle les crédits
additionnels qu'on a votés en Chambre.
On a une deuxième catégorie de crédits qu'on
appelle des crédits périmés nets. Ils viennent s'ajouter
aux crédits périmés courants. Dans le document du
président du Conseil du trésor, il estime à 175 000 000 $,
les crédits périmés nets. Je pense que c'est assez logique
que ces crédits périmés nets soient partagés entre
les différents ministères sensiblement au prorata de leur
enveloppe. Cela veut dire que, proportionnellement à l'enveloppe du
ministère de l'Éducation et du ministère de l'Enseignement
supérieur et de la Science, ils devront ajouter aux crédits
périmés courants leur quote-part de crédits
périmés nets. Cela veut donc dire que l'on voit
déjà, sans être en mesure de les identifier, des budgets
qu'on ne sera pas autorisé à dépenser. Est-ce que
ça va?
M. Ryan: M. le Président, les prévisions de
crédits périmés ont été établies en
bonne partie sur la base de l'expérience des années
antérieures. Il va y avoir des économies. Il y en a eu du
côté même de notre ministère l'an dernier. Nous ne
sommes pas morts. Moi, j'en suis très fier. Si nous pouvons en
réaliser de nouveaux au cours de l'année qui vient de commencer,
nous en serons très heureux également. Mais je veux vous dire une
chose, il n'y a aucune cible qui a été imposée à
aucun ministère particulier à ce titre-là, pour
l'instant.
Le ministre des Finances, quand il va tracer son budget de concert avec
le président du Conseil du trésor, aura établi le
montant qu'il voudra trouver de cette manière-là. Suivant
les revenus que le ministre des Finances ira chercher, ce montant pourra
être quelque peu flexible, peut-être, en cours de route. Mais pour
le moment il n'y a aucun partage qui a été fait, aucune
imposition particulière, et chaque ministère entreprend
l'année sur la base des crédits qui lui ont été
attribués dans l'établissement du livre des crédits.
Ça va?
Mme Blackburn: Ce que le ministre nous dit, c'est que pour
l'instant le Conseil du trésor n'a pas indiqué le secteur, ni le
pourcentage de crédits nets que le ministère aura à
périmer. Bien.
M. Ryan: Pardon?
Mme Blackburn: Ce que vous nous avez dit, c'est que pour
l'instant le Conseil du trésor ne nous a pas indiqué - parce
qu'il y a les 175 000 000 $ de provisions -comment ni à quels secteurs
seraient demandées ces compressions pour obtenir des crédits
périmés.
Je voudrais juste...
M. Ryan: Je m'excuse! J'ajoute un point de réponse
à cela. Pour résumer, j'ai bien dit que nous n'avons pas
reçu d'indication à cet effet...
Mme Blackburn: Pour l'instant, oui, c'est ce que j'ai
compris.
M. Ryan: Oui, oui et que je n'en attends pas dans un avenir
prévisible. (11 heures)
Mme Blackburn: Le ministre qui est dans le réseau depuis
déjà plusieurs années a pu constater au cours des
années... Je relis ses déclarations à cette commission et
je me dis... Messieurs, dames, c'est édifiant, vous devriez les lire.
Quand on parle d'exagérations verbales de l'Opposition, cela nous
donnerait une bonne idée des dépassements qui se faisaient
à l'époque. Cela nous permettrait peut-être de mesurer avec
plus de justesse le genre d'intervention qu'on est en train d'essayer de
faire.
Le ministre a une bonne connaissance à la fois des règles
administratives et des règles qui président à
l'établissement des budgets. Là, son sous-ministre pourrait
probablement le confirmer. On sait que depuis quatre ans les règles
d'établissement des budgets se sont raffinées et que
l'écart entre les crédits votés et les dépenses
probables se resserre constamment. On commence à mieux voir ce que cela
prend à peu près pour faire fonctionner nos systèmes.
À l'exception de grands projets qui ne se réalisent pas, un dans
l'autre les crédits sont calculés de façon beaucoup plus
serrée qu'ils ne l'étaient dans le passé parce qu'on s'est
donné des méthodes, des moyens et que l'informatique est
rentrée aussi, il ne faudrait pas l'oublier. Donc, si je comprends bien,
lorsqu'on établit notre comparaison de budgets ou de crédits
à voter en rapport avec ce qu'on appelle les dépenses probables,
étant donné que l'écart année après
année se rétrécit, est-ce que cela ne constitue pas
effectivement une diminution dans l'enveloppe?
M. Ryan: M. le Président, je voudrais tout d'abord
signaler è la députée de Chicoutimi que, si nos critiques
furent vigoureuses quand nous étions dans l'Opposition, elles reposaient
sur des chiffres exacts et bien compris que le gouvernement n'a jamais
été capable de réfuter dans nos débats. Tandis que
ce matin je crois vous avoir fait la preuve que toute la base sur laquelle
repose votre attaque magnifique n'est pas fondée. C'est là qu'est
le gros problème.
Mme Blackburn: Alors, expliquez-moi, M. le professeur.
M. Ryan: On vous l'a expliqué et, si vous avez une
réfutation à donner aux chiffres qui vous ont été
donnés ce matin en ce qui concerne l'augmentation réelle des
crédits qui seront accordés au ministère de l'Enseignement
supérieur et de la Science pour la prochaine année, nous serons
très heureux d'en prendre connaissance. J'ai bien dit, si vous tenez
compte de toutes les sommes qui vont aller dans ce secteur, que la critique que
vous faites, si éloquente et bien présentée soit-elle,
repose sur des fondements ténus et même faux.
Pour ce qui regarde les crédits périmés, au cours
du dernier exercice, il y en a eu pour 50 000 000 $ au ministère de
l'Enseignement supérieur et de la Science. C'est quand même assez
considérable. C'est une proportion qui n'est pas négligeable dans
l'ensemble des crédits périmés du gouvernement. Cela a
été fait sans que rien ne soit enlevé à aucun
programme qui fonctionnait. II est arrivé que certains programmes aient
été prévus. On avait prévu leur
déclenchement au cours de l'année. Toutes sortes de facteurs ont
empêché qu'ils ne soient lancés suivant
l'échéancier qui avait été dressé à
ce moment. Ce sont des sommes qui n'ont pas été
dépensées et qui ont été retournées dans le
trésor commun pour les fins générales du gouvernement.
Dans aucun cas ça n'a été une véritable
réduction de programmes. Il y a toujours des marges comme
celles-là. Le gouvernement est une entreprise assez considérable.
Je dirais qu'il y a assez de volatilité, également, dans l'action
gouvernementale pour qu'il y ait une certaine marge d'incertitude dans les
projets qu'on trace au
début d'une année. Conséquemment, à la fin
de l'exercice, il arrive des résultats en plus ou en moins qui
revêtent une certaine importance. Je ne pense pas que ce soit vrai qu'on
s'en va vers une disparition graduelle de ce facteur dans le fonctionnement
gouvernemental. Sur la foi des chiffres que nous avons pour le dernier
exercice, je crois qu'il reste un élément important.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Au sujet des crédits qu'on est en train de
discuter, est-ce qu'on peut me dire si les compressions qu'on a
identifiées tiennent compte de la non-indexation de l'enveloppe? Je vais
m'expliquer tout de suite: est-ce qu'il y a indexation des dépenses
autres que salariales et est-ce que les coupures en tiennent compte?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre de
l'Éducation.
M. Ryan: Les autres dépenses...
Mme Blackburn: Autres que la masse salariale.
M. Ryan: ...ne seront pas indexées cette année.
Mme Blackburn: Bien. Et on ne tient pas compte de la
non-indexation dans les deux blocs, les trois plus gros morceaux des
compressions.
M. Ryan: Non.
Mme Blackburn: D'accord. Parce que cela ne constitue pas une
compression.
M. Ryan: Non.
Mme Blackburn: Parce que cette année l'indice du
coût de la vie devrait être à 0.
M. Ryan: Non, il ne sera pas à 0, évidemment.
Mme Blackburn: Bien.
M. Ryan: Mais il y a bien des choses qui seront utilisées
peut-être un petit peu plus longtemps.
Mme Blackburn: Bien.
M. Ryan: On fait cela quand on a une marge de liquidités
moins forte dans une famille ou dans une entreprise. Parfois, il y a des objets
qu'on voudrait remplacer et qui durent un petit peu plus longtemps; on
s'arrange pour tirer un meilleur parti de tout ce qu'on utilise.
Évidemment, la remarque que je vous ai faite ne vaut pas pour les
prêts et bourses. À propos des prêts et bourses, comme vous
le savez, il y a deux formes d'indexation qui jouent. Il y a d'abord
l'indexation de 2 %; en plus, il y a des facteurs d'alourdissement dans
l'établissement du seuil des besoins.
Mme Blackburn: Bien. Alors, ce que je comprends - et le ministre,
je pense, va être d'accord avec moi, on ne peut pas être d'accord
sur tout, mais j'imagine qu'on va être d'accord sur quelques
éléments - ...
Une voix: Au moins.
Mme Blackburn: ...c'est que les augmentations dans les enveloppes
ne correspondent qu'à une augmentation des activités normales
qu'on ne peut pas compresser. Par exemple, il serait difficile et gênant
de bloquer l'admission dans les collèges pour payer moins de bourses.
Donc, les augmentations sont dues en grande partie, dans les enveloppes des
collèges et des universités - excluons pour le moment celles des
prêts et bourses - à une augmentation des activités. On
s'entend là-dessus?
M. Ryan: Non. Je ne comprends pas très bien le sens de la
question.
Mme Blackburn: Parce que vous nous dites: II n'y a pas
diminution, il y a augmentation. Si vous comparez, on a même une
augmentation d'environ 3 %. Évidemment, il y a là-dedans
l'augmentation des activités à l'aide financière. Il y a
ce qu'on a donné aux médecins internes et résidents, qui
vient prendre une autre partie et qui explique l'augmentation.
Donc, en somme, si on se comprend bien, l'augmentation dont vous faites
état est due à l'augmentation de certaines activités qu'on
ne pouvait pas arrêter de grandir comme cela. Par exemple, au programme
Aide financière aux étudiants, l'essentiel de l'augmentation
vient du fait qu'il y a une croissance des clientèles admissibles
à l'aide financière.
M. Ryan: Oui. Il y a l'augmentation des clientèles. Il y a
le vieillissement des personnels également qui entre
là-dedans.
Mme Blackburn: Oui, il y a ces deux postes-là. D'accord.
Cela va.
M. Ryan: II y a des augmentations d'échelle. C'est
compris.
Mme Blackburn: On ne peut pas dire que ces augmentations
permettent aux institutions d'ouvrir de nouvelles activités, de
créer de nouveaux programmes. Cela ne leur
en laisse pas plus dans les poches. Bien. Merci.
M. Ryan: II pourrait y avoir de nouveaux programmes
d'institués, mais ils devront être institués à
même un financement qui consisterait en un prélèvement.
Mme Blackburn: Maintenant, si on faisait l'exercice suivant: on
sait que certaines dépenses de fonctionnement vont augmenter. Par
exemple, l'énergie sera augmentée sur autorisation de la Chambre.
L'électricité augmentera de 5,4 %, si ma mémoire est
fidèle. On sait également que les
assurances-responsabilité dans les institutions ont doublé dans
plusieurs cas, pour ne pas dire dans tous les cas. On ne parle pas de petits
chiffres. Ce sont des affaires de 100 000 $, 150 000 $ et 200 000 $. C'est la
même chose pour l'énergie. Vous avez là deux postes
où on ne s'est pas demandé si on indexerait ou pas les
enveloppes. Le premier a augmenté à la suite d'une
décision du gouvernement et le deuxième a augmenté
à la suite d'une décision des courtiers d'assurances. On est
d'accord là-dessus?
M. Ryan: C'est parce que je ne sais pas où nous en sommes,
M. le Président. Je n'ai pas d'objection, si la députée de
Chicoutimi veut qu'on examine le budget des collèges, on va le faire. On
est rendu dans les dépenses de chauffage et d'assurances. Je n'ai pas
d'objection, mais, si on pouvait avoir un peu d'ordre dans notre discussion,
cela fonctionnerait plus efficacement.
Mme Blackburn: Parfois, un bon déblayage du terrain nous
permet ensuite de rouler un peu plus vite.
M. Ryan: Mais, quand on est rendu... Écoutez, on peut
engager une discussion sur l'évolution du coût de l'huile à
chauffage, on peut faire cela.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: C'est cela, vous voulez me faire dire toutes sortes de
choses, mais il faut que vous mesuriez - cela n'a pas l'air d'être votre
fort - les implications des questions que vous posez.
Mme Blackburn: II faudra demander cela aux universités et
aux collèges...
M. Ryan: En tout cas, cela n'a pas paru jusqu'à
maintenant.
Mme Blackburn: ...ils vont le savoir tantôt. Permettez?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Ce que je voudrais faire comme exercice, c'est:
peut-on me dire le pourcentage de cette enveloppe qui est prévu pour les
salaires, de manière qu'on puisse identifier ce qui est normalement
prévu pour les autres dépenses? C'est environ 80 % qui sont
habituellement prévus pour les salaires.
M. Ryan: Environ 80 %, je pense qu'on ne fait pas une grosse
erreur.
Mme Blackburn: On peut donc dire que 20 % des 2 489 000 000 $ -
cela donne quelques millions - ne sont pas indexés. On reviendra
tantôt au personnel. Ces autres dépenses ne sont pas
indexées.
M. Ryan: M. le Président, on parle des dépenses de
salaires dans les collèges. On était dans les dépenses de
chauffage dans les collèges et là, on est rendu aux
dépenses générales du ministère de l'Enseignement
supérieur et de la 5cience...
Mme Blackburn: Non, monsieur.
M. Ryan: ...comprenant les collèges et universités.
Là, vous voulez nous faire faire un pourcentage pour un poste
particulier de dépenses dans les collèges par rapport à
l'ensemble des dépenses du ministère. Je n'ai pas d'objection. On
peut trouver n'importe quel pourcentage, mais il faudrait savoir où on
s'en va.
Mme Blackburn: Ce que je veux savoir, si vous le permettez - et,
à mon avis, je pense que ma démarche est claire, sauf qu'elle est
dérangeante pour le ministre et je le comprends - c'est ce qu'on coupe
effectivement dans les universités. J'estime -et je pense que c'est le
jugement que vont porter les universités et les collèges
tantôt que lorsqu'on n'indexe pas, c'est une coupure. Donc, il est
important de savoir, proportionnellement à l'enveloppe, ce qui n'est pas
indexé, de manière à savoir effectivement ce que les
collèges et les universités seront en mesure de consacrer aux
dépenses de fonctionnement. C'est là où je m'en
allais.
M. Ryan: Nous avons donné la réponse
générale tantôt: les autres dépenses ne sont pas
indexées.
Mme Blackburn: Bien.
M. Ryan: Je pense que cela répond à tout le
problème.
Mme Blackburn: A-t-on estimé ce que
la non-indexation - d'abord, on va le faire comme cela -
représentait comme coupure dans ces enveloppes?
M. Ryan: Je vais faire faire un calcul là-dessus et, plus
tard dans la journée, on aura un montant précis à vous
donner. J'aimerais autant ne pas mettre de chiffre sur la table à
l'aveuglette.
Mme Blackburn: Très bien, je vous remercie.
M. Ryan: Si on l'a ce matin, on vous le donnera dans la
matinée; sinon, cet après-midi.
Mme Blackburn: J'aimerais qu'on passe à présent, de
façon plus précise, à l'administration
générale.
Le Président CM. Parent, Sauvé): Quel programme
voulez-vous en particulier?
Mme Blackburn: Je vais vous dire cela, je pense que c'est le
programme 1.
Administration
Le Président (M. Parent, Sauvé): On commence
l'étude des crédits au programme 1.
Je voudrais seulement vérifier une chose, Mme la
députée de Chicoutimi. Êtes-vous d'accord que les
crédits soient étudiés de la façon suivante, tel
que nous en avons parlé ce matin entre le secrétaire et les
représentants de votre parti: le programme 1, le programme 3, le
programme 5, le programme 5 et le programme 7, en mettant de côté,
temporairement j'entends, le programme 8 qui est le dernier et le programme 4
dont on sait qu'il va être étudié par une autre commission
parlementaire? D'accord? (11 h 15)
Mme Blackburn: M. le Président, le programme 2, je
pense.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Les programmes 1,
2, 3, 5, 6 et 7.
Mme Blackburn: Le programme 2, sur les organismes consultatifs,
je pense que cela allait à mardi, de même que l'Office des
professions.
Le Président (M. Parent, Sauvé): D'accord.
Mme Blackburn: L'autre, c'était?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Le programme
8.
Mme Blackburn: Le FFCAR?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je le redis encore
une fois pour que ce soit bien clair: On étudie les programmes 1, 3, 5,
6 et 7.
Mme Blackburn: Oui.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Chicoutimi, nous vous écoutons.
Mme Blackburn: On étudie le programme 7 seulement mardi
prochain. Je voudrais bien que ce soit clair.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui. Je ne vous
limite pas dans le temps. Je ne mets pas de balise dans le temps.
Mme Blackburn: C'est seulement parce que les programmes 2 et 7
s'en vont mardi.
Le Président (M. Parent, Sauvé): C'est cela.
Mme Blackburn: Cela va bien.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, nous
amorçons l'étude des crédits du programme 1.
Mme Blackburn: Cela demande peut-être une explication. Si
on a trouvé souhaitable de parler de l'Office des professions et des
organismes consultatifs seulement la semaine prochaine, c'est parce que ces
personnes n'avaient pas été prévenues à temps, nous
ont-elles dit, de l'étude des crédits. Elles trouvaient
préférable de reporter l'étude des crédits à
la semaine prochaine.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Un instant, Mme la
députée de Chicoutimi. Je vous ferai remarquer que l'Office des
professions, c'est le programme 8. Ce n'est pas le programme 7.
Mme Blackburn: Oui. Le programme 7, c'est le FFCAR.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Le programme 7,
c'est le Fonds pour la formation de chercheurs et l'aide à la
recherche.
Mme Blackburn: Alors, mardi, trois programmes, les programmes 2,
7 et 8.
Le Président (M- Parent, Sauvé): Cela va?
Fusion des ministères
Mme Blackburn: Cela va. Une question d'ordre plus
général pour revenir brièvement à la
décision qu'on nous a annoncée hier. Je
dois dire que, faute d'avoir eu le document en main, je n'ai pas saisi
l'ensemble des propos du ministre sur la décision touchant la fusion des
deux ministères: Enseignement supérieur et Science avec le
ministère de l'Education. Il nous a dit, si je me souviens, que pour le
moment il y a deux ministères, mais qu'il n'y a qu'une direction.
J'aimerais rappeler qu'au moment où il y a eu division du
ministère je me souviens des propos du ministre, alors critique de
l'Opposition, qui estimait que l'on ne pouvait pas procéder à une
division du ministère sans consultation et sans un débat public
sur la question. Cela va faire deux ans au printemps que le ministère a
été divisé. Est-ce que le ministre pense respecter ses
engagements électoraux et fusionner à nouveau ces
ministères?
M. Ryan: M. le Président, cela fait un an et quatre mois
que le ministère de l'Enseignement supérieur a été
détaché du ministère de l'Éducation. C'était
arrivé juste avant le congé de Noël, à une
période où tout le monde partait en vacances, où on
pouvait éviter la discussion le plus possible, croyait-on apparemment du
côté gouvernemental, comme vous vous en souvenez, Ce que nous
avons dit dans notre programme électoral, c'est ceci, à l'article
19: "La direction politique du système d'enseignement sera
confiée à un ministre de l'Éducation doté des
pouvoirs nécessaires pour assurer l'accessibilité et la
qualité des services à tous les niveaux et assurer
l'intégration et l'unité des politiques et des programmes entre
les divers niveaux d'enseignement."
M. le Président, quand nous avons rédigé cet
engagement, nous avons bien veillé à ne pas régler avant
de l'avoir examiné attentivement le problème de la dualité
des structures. Ce qui nous apparaissait essentiel, c'était
l'unité de direction politique, laquelle s'est réalisée
dès la formation du gouvernement et laquelle est toujours là. Par
conséquent, l'engagement que nous avions pris a été tenu
immédiatement. Nous n'en avons pas pris d'autre que celui-là.
Sur le reste, nous observons, nous analysons, nous nous interrogeons,
nous écoutons. Le débat, ce n'est pas à moi de
décider s'il va y en avoir un, il est en cours, on peut le faire ce
matin, on peut le faire la semaine prochaine. Vous avez toute latitude, autant
du côté des députés ministériels que des
députés de l'Opposition, pour faire valoir vos vues. Tout le
monde sait - nous l'avons dit publiquement - que cette question est à
l'examen. Lorsque nous en viendrons à des conclusions, elles seront
communiquées suffisamment à l'avance pour que tout le monde ait
le temps de réagir. C'est l'état où en est la question en
toute objectivité. Nous ne sommes pas liés davantage que suivant
les limites que je viens d'indiquer.
Mme Blackburn: Je veux bien comprendre que le débat est
sur la table. Est-ce que le ministre, de façon plus formelle, a
l'intention de consulter les principaux intéressés, de faire une
évaluation avec eux du peu de temps qu'ils ont vécu avec deux
ministres et en même temps avec deux ministères? Est-ce qu'il a
l'intention de procéder à une consultation plus formelle sur
cette question?
M. Ryan: La rumeur voulait à l'époque que plusieurs
des hauts fonctionnaires concernés aient été pris par
surprise par la décision qui fut annoncée d'une manière
très subite. Je peux vous assurer que ce ne sera pas le cas cette
fois-ci. Déjà, tous les fonctionnaires concernés savent
qu'ils peuvent venir communiquer leur opinion à ce sujet, en tout temps.
Nous en avons discuté à des réunions de travail, à
plusieurs reprises, et l'examen se poursuit dans un climat de dialogue presque
quotidien qui, par conséquent, par sa nature même est de nature
à prévenir les effets de surprise que la députée de
Chicoutimi redoute avec raison en se souvenant de l'expérience qui s'est
produite il y a un an et demi.
De ce point de vue, je pense pouvoir affirmer que les décisions
ne seront pas prises dans le dos des intéressés. C'est nous qui
les prendrons, pas eux. Mais elles seront prises après que leur point de
vue aura été largement recueilli et entendu.
Mme Blackburn: M. le Président, je reconnais l'importance
qu'ont et que doivent avoir les hauts fonctionnaires dans une telle
décision. Je pense que je sais aussi quels sont ceux qui sont
intéressés ou qui ont réagi de façon, je dirais,
plus favorable, ce sont les universités, les collèges en
particulier. Je pensais également à eux et je ne vous ai pas
entendu nous en parler.
M. Ryan: Ces questions ont été discutées
avec les organismes intéressés déjà de
manière informelle. Elles continuent d'être à l'ordre du
jour des échanges que nous avons avec eux. Je leur ai bien laissé
entendre que nous n'avions pas d'opposition dogmatique ou doctrinaire en ces
matières et que, s'ils avaient des points de vue à nous faire
valoir, ils sont toujours les bienvenus.
Mme Blackburn: Si je comprends bien, il n'y aura pas de
consultation formelle parce que, si on se le rappelle bien, c'était un
des principaux reproches que faisait l'Opposition au gouvernement, l'absence de
consultation formelle, de débat public, nous disait-on, sur cette
question. C'était cela ma question. Si j'ai bien compris, on va
pouvoir
passer à autre chose.
M. Ryan: M. le Président, j'aimerais bien que la
députée de Chicoutimi me laisse résumer moi-même ce
que j'ai dit. D'habitude, c'est beaucoup plus clair.
J'ai dit qu'on ne procéderait pas de la manière...
Mme Blackburn: Très respectueux! M. Ryan:
...subreptice et subite...
Mme Blackburn: Cela doit rendre méprisant quand on est
ministre.
M. Ryan: ...qu'avait empruntée l'ancien gouvernement. Il
peut très bien arriver que nous décidions, par exemple, dans un
message inaugural, de déclarer qu'un projet de loi sera
présenté pour procéder à l'unification des deux
ministères et là vous aurez tout le temps voulu pour
réagir. Ce sera annoncé avec des délais raisonnables. La
plus grande forme de consultation qu'on puisse envisager dans une
société démocratique, c'est le dépôt d'un
projet de loi au Parlement.
Ce n'est pas ce qu'a fait le gouvernement précédent. Il a
changé tout cela, il a appliqué sa décision tout de suite
et on a été obligé de légiférer
rétroactivement pour légitimer ce qu'il avait fait à la
sauvette. Je vous dis que nous ne ferons pas de chose comme celle-là.
Nous allons le faire au grand jour et en procédant de manière
plus ouverte, en donnant plus le temps aux réactions de se faire
entendre. De là à dire: On érige une consultation formelle
pour savoir comment on doit diriger les affaires de l'État, non, nous
n'irons pas jusque-là. Je ne pense pas que ce serait approprié.
Tous ceux qui ont des points de vue à faire connaître - la
députée de Chicoutimi a très justement mentionné la
Fédération des collèges, la Conférence des recteurs
et des principaux des universités, la Fédération des
associations de professeurs d'universités, les syndicats qui regroupent
les enseignants des cégeps et tous les autres organismes
intéressés - en tout temps, sur ces choses-là, nous serons
très intéressés à les entendre.
Mme Blackburn: Vous me permettez de m'étonner et, à
la fois, de m'amuser, finalement, des propos du ministre lorsqu'il parle
d'improvisation au moment où le gouvernement précédent a
pris ces décisions. Comment pourrait-on qualifier la décision du
gouvernement de scinder Science et Technologie? Il me semble que c'est
sensiblement le même procédé.
M. Ryan: ...que seuls nous aurons. Mme Blackburn: Je
cherche encore et je fais confiance au ministre pour nous expliquer d'une
façon fort limpide la cohérence qu'il y a en dessous de cela.
Retenons-le bien, ce n'est pas à l'Industrie et au Commerce, c'est au
Commerce extérieur. Cela ne se voit nulle part au monde, mais le
Québec a quelque chose de particulier, probablement.
M. Jolivet: On a des patenteux -ici. Mme Blackburn:
D'autant plus... M. Jolivet: Fais attention!
Mme Blackburn: Vous savez, je me rappelle et je cite les paroles
de la députée de Jacques-Cartier qui, l'an passé, avait
fait la critique sur le dossier de la recherche. Elle déplorait la
faiblesse, pour ne pas dire l'absence de liens entre les universités et
les entreprises et les industries. Elle nous disait qu'elle estimait que,
finalement, retrouver réunis ensemble Science et Technologie, cela
devait favoriser ces rapports et que c'était heureux comme
décision. Il y a loin entre ce qu'on a entendu l'an passé et la
décision qui m'apparaît un peu hâtive de diviser Science et
Technologie et, surtout, je le rappelle, de rattacher le développement
technologique au Commerce extérieur. Il faut préciser ici, pour
les gens qui sont moins familiers avec ce dossier, que ce sont des dossiers qui
touchent les stages en entreprise, la création d'emplois scientifiques,
l'encouragement à la recherche industrielle, donc directement
liés aux entreprises et non pas, il me semble, ou de très loin,
à tout le moins, au commerce extérieur.
Faut-il le rappeler, la décision a été prise en
décembre - cela fait bien quatre mois, si je sais encore compter
jusque-là -et on attend toujours le projet de loi. Est-ce que le
ministre a l'intention d'en déposer un prochainement? Je préviens
tout de suite M. le Président qu'il ne s'agit pas d'examiner les
crédits de cette enveloppe parce qu'ils seront examinés à
une autre commission comme cela s'est fait l'an passé, mais je trouve
important que les membres de cette commission sachent, d'une part, l'importance
- cela a l'air relativement bénin lorsqu'on le présente comme
cela - d'avoir mis ensemble ces deux volets du développement de la
science et de la technologie et, d'autre part, les effets de la division.
M. Ryan: M. le Président, il y a bien des points dans
l'intervention de la députée de Chicoutimi. Tout d'abord, je
pense qu'il y avait un certain nombre de services et de programmes à
l'intérieur du ministère de l'Enseignement supérieur, de
la Science et de la Technologie, comme on l'appelait à l'époque,
qui, comme je l'ai signalé hier soir, se rattachent plus au domaine de
l'industrie
et de l'entreprise.
Mme Blackburn: Oui.
M. Ryan: Je vous donne un exemple: le programme de
création d'emplois scientifiques en industrie.
Mme Blackburn: Oui. (Il h 30)
M. Ryan: Je pense qu'on peut établir assez facilement que
c'est un programme qui a davantage sa place dans un ministère à
vocation économique. Il n'est pas nécessairement à sa
place dans un ministère voué à l'enseignement
supérieur et au développement de la recherche. On avait une
agence qui avait été créée en même temps que
le ministère de la Science et de la Technologie, l'AQVIR, l'Agence
québécoise de valorisation industrielle de la recherche. C'est
une agence dont le but est de favoriser la création de produits
industriels à partir des fruits de la recherche. On s'est dit: Cela
regarde davantage le secteur de l'entreprise et de l'industrie.
Il y en avait un autre, Bio-Méga. Cela a été le
regroupement de laboratoires qui étaient fermés par des
entreprises pharmaceutiques. On a décidé de maintenir cette
activité de recherche directement orientée vers la
création de produits industriels. On s'est dit: Cela regarde
plutôt le secteur de l'entreprise. Je pense que c'est le rationnel, la
justification fondamentale de l'option qui a été faite. Je pense
que c'est sain.
Maintenant, la députée se demande: Est-ce que cela aurait
dû être envoyé à Industrie et Commerce ou si
c'était une bonne chose de l'envoyer au ministère du Commerce
extérieur? Une question légitime qu'elle pourra très bien
poser, dans une autre commission, à ceux qui ont pris la décision
ou à ceux qui sont chargés de l'exécuter. C'est une
question qui pourrait très bien être posée au ministre du
Commerce extérieur, au premier ministre, à l'occasion de
l'étude de leurs crédits. Je ne suis pas responsable de cette
décision. Je pense qu'elle doit être examinée au lieu
approprié.
En ce qui touche le ministère dont j'ai la responsabilité,
dont nous discutons ce matin, je crois vous avoir fourni la justification
fondamentale de l'opération qui a été faite, qui n'est pas
terminée d'ailleurs et sur laquelle, en temps utile, je serai
très heureux de vous fournir tous les renseignements que vous pourrez
requérir sur le point où nous en sommes et sur les intentions que
nous pouvons avoir.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: M. le Président, je voudrais d'abord m'excuser
si de temps en temps j'utilise ma voix qui est plus forte. La Providence m'a
donné une voix très forte, je l'utilise quand je suis convaincu.
Dans ce contexte, je peux paraître choqué, mais je ne lui suis
pas. Je pense que j'ai des convictions à défendre et je vais les
défendre avec la voix que je possède.
D'un autre côté, pour un peu dérider les
débats de ce matin, j'aimerais dire au ministre que dans la mesure
où il nous dit qu'il pourrait nous donner des cours, comme nous sommes
au niveau universitaire, au niveau des cégeps, j'espère qu'il va
me les donner de façon à ce que ce soit des cours de niveau
universitaire et cégep et non pas à me reprendre comme un enfant
de préscolaire ou d'élémentaire.
Sur la question qui nous préoccupe en particulier, le ministre
dit: L'ancien gouvernement a décidé, à la dernière
minute, de présenter une division du ministère de
l'Éducation. Soit! On l'a vécu à d'autres niveaux.
À un moment donné, il est arrivé des ministres
délégués dont l'un, par décret, avait le mandat de
créer ou, du moins, avait une hypothèse de créer un
ministère; je vous donne un exemple typique, le ministre
délégué au Tourisme qui a créé le
ministère du Tourisme. On s'en souvient, cela ne fait pas tellement
longtemps.
Nous avons eu, en même temps, le ministre
délégué aux Forêts, poste que j'ai occupé. Le
ministre délégué avait comme mandat de mettre en place une
politique et de prévoir l'ensemble des travaux de reboisement et des
travaux sylvicoles à être faits, mais n'avait pas le mandat, par
le décret gouvernemental, de créer un ministère. Cela ne
veut pas dire qu'en fin de compte, dans sa politique forestière, il ne
pouvait pas prévoir des choses semblables. Ce ne sont pas des
décisions qu'on a prises, mais je dois dire que c'est la logique normale
des choses. Le Conseil exécutif, par le premier ministre,
détermine des choses comme celles-là. En fin de compte, dans ce
cas, il n'y avait pas de mandat de créer un ministère.
D'une façon ou d'une autre, cela n'a pris personne par surprise,
cela faisait longtemps que ces choses se discutaient, et les gens disaient: On
devrait faire ceci, on devrait faire cela. Quand est arrivé le
ministère de l'Éducation divisé en deux secteurs, c'est de
la même façon que nous avons procédé. C'est la
façon normale d'une décision du Conseil exécutif qui doit
être normalement ratifiée par une loi, ce qu'on appelle la loi
constitutive du ministère. Cette loi constitutive du ministère
fait en sorte que lorsqu'un ministre arrive avec un mandat précis de
créer un ministère ou de ne pas créer un ministère,
à ce moment, la façon de procéder à
l'intérieur du ministère est bien différente. La machine
au sujet de l'appui à la création du ministère et à
la
préparation du projet de loi créant la loi constitutive du
ministère, c'est une chose. Et l'autre, comme je disais au niveau du
ministre délégué aux Forêts, c'était une
politique forestière. Dans ce cas, deux façons différentes
de procéder et d'agir.
Dans le cas du ministère de l'Éducation, le ministre
devrait savoir que, lorsque le premier ministre a pris une décision de
créer ces ministères, de les rassembler, de les diviser, de les
changer, de mettre des ministres délégués sans aucun
pouvoir par rapport à ceux qu'on avait dans notre temps, peut-être
le genre de ministre d'État au niveau fédéral... Je donne
un exemple typique, celui du ministre délégué aux
Forêts. Actuellement, quand arrivent les gros dossiers, c'est le ministre
de l'Énergie et des Ressources qui prend le beau gâteau et quand
c'est la partie la plus difficile, c'est le ministre
délégué aux Forêts qui l'a. C'est la façon
dont se divise la camaraderie, la façon habituelle, semblerait dire M.
le ministre, d'agir dans ce gouvernement. On se parle. Je m'aperçois
qu'il y en a un qui parle plus fort que l'autre, qui draine plus que l'autre et
que le ministre délégué n'est en fait qu'un adjoint
parlementaire avec un salaire plus fort. C'est tout simplement ce que je
vois.
Dans ce contexte, pourquoi le ministre aujourd'hui, pourrait-il nous
accuser des mêmes gestes qu'il a posés? Il dit: Dans le cas de la
science et de la technologie, vous poserez la question de la technologie au
ministre responsable. Nous la lui poserons. Pourquoi va-t-il présenter
un projet de loi? Effectivement, il n'aura pas le choix, il va devoir
présenter quelque chose. Ou bien il est un ministre
délégué. Ce n'est pas ce que j'ai compris.
En ce qui concerne l'enseignement supérieur et la science et
l'éducation primaire, secondaire et préscolaire, la question que
nous avons posée au ministre c'est: Est-ce qu'il y aura un
ministère qui sera scindé et un seul ministère où
si les deux ministères continueront à fonctionner? Même
dans le cas où il ne scinderait pas les deux ministères, compte
tenu qu'il y a une partie de technologie qui lui a été
enlevée, il va falloir qu'il y ait un projet de loi quelque part qui
vienne créer ce ministère de la technologie ou quelque chose
d'autre. Dans ce contexte-là, le ministre n'agit pas différemment
des autres. Il dit: Dans le cas de la technologie, je ne suis pas responsable.
C'est le premier ministre et le ministre qui a été nommé
qui en sont responsables. Mais dans son cas à lui, s'il n'est pas
responsable, il y en a au moins un qui est responsable et c'est le premier
ministre.
Si on suit la logique de ce qu'il a dit jusqu'à maintenant, c'est
parce qu'il a fait des représentations au moment où il a
été demandé pour aller à un ministère, pour
que ce ministère soit rapatrié et qu'il forme peut-être,
à long terme - on le verra par un projet de loi qu'il déposera
s'il le désire - un seul et même ministère. Donc, qu'il ne
nous accuse pas de faire des choses rétroactives. C'est ainsi que cela
fonctionne partout et cela a toujours fonctionné ainsi. Nous lui avons
dit: Vous avez fait des consultations. Hier, j'ai remarqué que les gens,
et je le répète, avaient souri quand ma collègue de
Chicoutimi a fait une demande dans son discours préliminaire. Le
ministre a dit: Oui, on a fait nos consultations. J'ai alors ajouté, un
peu de façon camarade, de façon amicale - comme il le fait avec
ses collègues - j'ai ajouté, ce matin, qu'il a parlé de
science et de technologie, en sachant très bien que son collègue
aura à en parler. Il a peut-être pris les devants, je ne sais pas.
En tout cas, on se pose la question sur la façon dont lui, comme
ministre, il voit cette division de science et technologie.
Donc, il n'a pas agi de façon différente des autres. Il a
agi de la même façon. II devra, s'il désire faire un
ministère scindé, présenter un projet de loi. Les
consultations qu'il dit avoir faites, nous les verrons lorsqu'il
déposera le projet de loi. Est-ce qu'il aura l'intention avant, dans un
avant-projet ou dans le projet de loi lui-même, de présenter une
demande à la commission parlementaire pour entendre les gens, ou bien
s'il le fera à sa façon et quand arrivera le projet de loi, il
dira: Maintenant, allons-y, procédons à l'adoption du principe et
l'étude article par article. Qu'il ne vienne pas accuser
l'administration précédente d'agir de la même façon
qu'il le fait actuellement.
Je terminerai en disant que j'ai trouvé un peu drôle, tout
à l'heure, quand nous avons parlé de technologie... Quand Mme la
députée de Chicoutimi dit qu'il y a une différence entre
l'Industrie et Commerce et le Commerce extérieur, on m'a fait signe de
l'autre côté en disant: On va chercher la technologie de l'autre
côté. Encore une fois, je vous dis que je trouve cela un peu
insultant pour les Québécois qui ont des idées, nos
"patenteux" dans nos régions, qui ont la capacité, par l'AQVIR,
de continuer à prévoir la façon dont le Québec va
se développer. Je trouve cela insultant qu'on vienne me dire qu'on
envoie cela au Commerce extérieur, par les signes qu'on m'a faits, qu'on
va chercher à l'extérieur. C'est évident qu'on va devoir
aller à l'extérieur, mais de grâce n'oublions pas
l'intérieur qui est encore plus important.
M. Ryan: M. le Président, on a entendu les propos, je
dirais plutôt des propos de cuisine administrative et législative,
qui ne nous éclairent pas beaucoup sur le fond du problème. Quand
le gouvernement précédent a décidé de scinder les
deux ministères, il venait rompre un principe qui avait
été
reconnu universellement au Québec depuis le rapport de la
commission Parent, celui de l'unité de direction politique du
système d'enseignement. Ce n'était pas une décision de
pure administration et de pur changement de paragraphe dans les lois,
c'était une décision politique fondamentale. Nous avons
reproché au gouvernement d'avoir pris cette décision, un soir
quelques jours avant Noël, d'avoir distribué les récompenses
au ministre avant le départ pour les vacances. On s'est trouvé
pris avec ce problème ensuite. Quand on a légiféré,
plusieurs mois plus tard, déjà toute la machine était en
marche, on ne pouvait plus arrêter cela. Ce que nous faisons, nous
rétablissons l'unité de direction politique et nous disons: Nous
allons agir prudemment avec les structures. Nous ne ferons pas de guerre de
structure en partant. Nous voulons que le travail continue. Nous allons
entendre tous les points de vue et nous agirons quand le fruit sera mûr.
Nous n'avons pas de détermination préconçue quant à
ce que seront les structures éventuelles. C'est le fond du
problème.
J'ai dit tantôt que je ne voudrais pas que vous pensiez qu'on
déplace les responsabilités. Quand nous reviendrons discuter la
semaine prochaine, à Science et technologie, comme les crédits
sont encore inscrits au nom du ministère de l'Enseignement
supérieur et de la Science, c'est moi qui vais rendre compte de ces
crédits, j'inviterai mon collègue, M. le ministre du Commerce
extérieur et du Développement technologique à
m'accompagner pour qu'il puisse donner certaines explications sur des
orientations toutes récentes qu'il peut vouloir communiquer. Mais c'est
moi qui communiquerai les choses au nom de notre ministère. Il n'y aura
pas de déplacement de responsabilités.
J'entendais votre tirade finale à caractère
patriotique.
M. Jolivet: Ah!
M. Ryan: Nous y sommes très sensibles. C'est pour cela que
le ministère de l'Industrie et du Commerce a, lui aussi, une vocation
très importante en matière technologique. Comme vous le savez, la
SDI, la Société de développement industriel, accorde la
très grande majorité de ses prêts à des entreprises
qui présentent des projets à forte teneur de progrès
technologique. Vous savez également que le Centre de recherche
industrielle du Québec, le CRIQ, qui est ici en banlieue de
Québec, continue à relever du ministère de l'Industrie et
du Commerce. Par conséquent, il y a une dimension de
développement technologique qui regarde le commerce extérieur. Il
faut quand même être réalistes, c'est peut-être les
trois quarts. On se dit: Que le ministre qui a cette responsabilité
sache que cette dimension est très importante dans son travail et qu'il
mette l'accent sur cela. On l'invite à mettre l'accent sur cela et de la
part de l'autorité gouvernementale c'est très bien. Il n'y a pas
du tout eu de décisions disant: C'est seulement ça et l'autre n'a
plus d'affaire à cela. Il va s'occuper seulement des boutiques
artisanales, etc. Ce n'est pas du tout la manière dont le partage est
fait. Le gouvernement actuel et surtout son chef qui a quand même
examiné ces questions attentivement depuis de nombreuses années
sont un peu plus avertis que ça et ils sont capables de prendre des
conseils à des meilleures sources que celles qui auraient pu les
conduire à faire des choses comme celles que redoute à juste
titre le député de Laviolette. Je peux l'assurer que nous sommes
sur la même longueur d'onde à ce point de vue. Par
conséquent, il peut revenir à son ton de voix normal qui est
déjà assez puissant comme tel.
Le Président (M. Parent, Sauvé):
D'autres interventions? Mme la députée de Chicoutimi.
Les compressions budgétaires
Mme Blackburn: Dans le programme 1, administration
générale, je ne retrouve pas -peut-être nous l'avez-vous
fourni - un tableau d'ensemble des budgets du programme 01. Je le vois
détaillé par activités: direction, administration interne,
etc., mais je n'ai pas la vision d'ensemble du programme pour voir
l'évolution de ce programme. Je ne sais pas si quelqu'un a le
tableau.
M. Ryan: M. le Président, je crois que la
députée de Chicoutimi fait allusion à ce qu'elle trouve en
page 29 au programme 01.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Vous avez tous les
chapitres. Le sommaire des crédits: direction, administration interne,
administration de l'aide financière, administration de l'enseignement
supérieur. C'est à la page 29.
M. Ryan: Pardon?
M. Jolivet: Ce n'est pas la bonne page.
Le Président (M. Parent, Sauvé):
Programme 1.
Mme Blackburn: Pourtant, j'ai bien le programme 1.
Le Président (M. Parent, Sauvé):
Programme 1.
Mme Blackburn: Sauf que je ne l'ai pas.
M. Ryan: Savez-vous...
Mme Blackburn: Je vais l'emprunter à mon voisin.
M. Ryan: ...il y a une inversion qui s'est faite ici. Je vous
comprends très bien parce que j'ai eu le même problème.
D'ordinaire, on a ce tableau au début de chaque programme et ensuite on
va voir les explications. Ici, il faut croire que c'est la méthode
inductive. On nous fait travailler d'abord les détails et après
cela on nous donne...
Mme Blackburn: Ils ont dû vouloir boycotter la commission.
(11 h 45)
M. Ryan: ...la synthèse suivant la méthode
chère à l'université.
Mme Blackburn: Pour éviter qu'il y ait trop de questions.
Je ne l'ai pas. D'accord.
M. Jolivet: Ce n'est pas la bonne page 29, en plus.
Mme Blackburn: Mais non, ce n'est pas la bonne page, cela n'a pas
de rapport, la 29 que j'ai...
M. Ryan: Cela va?
Mme Blackburn: Cela va, je l'ai ici, avec celui de M. Tônu.
Alors, est-ce que l'on pourrait ventiler un peu cette enveloppe-là, les
compressions, à quelle place elles se situent, et en même temps
nous dire dans quelle proportion elles vont affecter les postes d'occasionnels
par rapport aux postes de permanents?
M. Ryan: M. le Président, j'aurais peut-être une
suggestion ou une proposition à faire à la députée
de Chicoutimi, si elle voulait la considérer.
Si la députée de Chicoutimi voulait que nous ayons un
échange de fond sur les compressions, j'aimerais vous demander une
suspension de cinq minutes et on pourrait vider cette question-là comme
il faut, toute la question des compressions, puis, pour l'examen des programmes
qui vont suivre, cela va simplifier les choses énormément. Je
n'ai pas d'objection à ce que l'on procède comme cela.
Je voudrais bien m'entendre avec mes collaborateurs qui m'entourent,
cependant. Si la députée acceptait que l'on procède de
cette manière-là... Je me soumets à sa conclusion,
à l'avance, mais on prendrait cinq minutes, je demanderais cinq minutes
de suspension pour que l'on puisse vous donner cette synthèse-là,
rapidement.
Mme Blackburn: Oui, sauf que c'est un peu ce que je tentais de
faire tantôt et que l'on n'a pas réussi, à ce qu'il me
semble. II n'y a pas de problème. Je vais...
M. Ryan: Cela va?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, on suspend
les travaux dix minutes.
M. Ryan: Merci. (Suspension de la séance à 11 h
47)
(Reprise à 11 h 58)
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît!
Alors, la commission de l'éducation sur l'étude des
crédits du ministère de l'Enseignement supérieur et de la
Science reprend ses travaux.
La parole était à la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Oui.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, si vous
vouliez, Mme la députée de Chicoutimi...
Mme Blackburn: On va entendre les explications?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce que le
ministre est prêt à répondre aux interrogations de la
députée de Chicoutimi?
M. Ryan: M. le Président, avec grand plaisir, je vais
essayer de donner un tableau complet des compressions qui ont été
instituées dans l'ensemble du ministère et aussi dans chacun des
secteurs. S'il y a des points qui ne sont pas clairs dans la
présentation que je ferai, évidemment, j'essaierai de les
clarifier avec l'apport de mes collaborateurs qui m'entourent et que je
voudrais vous présenter à ce moment-ci, en m'excusant de ne
l'avoir point fait plus tôt.
Tout d'abord à ma gauche, ici, il y a M. Camille Limoges,
sous-ministre en titre du ministère de l'Enseignement supérieur
et de la Science. À la gauche immédiate de M. Limoges, il y a M.
Pierre Boisvert, sous-ministre adjoint à l'administration et en
particulier à l'aide financière aux étudiants. A la gauche
de M. Boisvert, il y a M. Guy Létourneau, sous-ministre adjoint à
la science. À ma droite est M. Jacques Lanoux, directeur
général par intérim de la direction de l'enseignement
collégial. Et à côté de M. Lanoux, il y a M.
Robillard, qui est responsable de la section des universités. Et la
sous-ministre adjointe à l'enseignement
supérieur est Mme Michèle Fortin, qui est actuellement en
voyage. Et j'avais tantôt à mes côtés - et ce n'est
pas parce que je lut ai demandé de s'en aller mais c'est parce qu'il est
toujours tenté de s'effacer - mon directeur de cabinet, M. André
Fortier.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Nous
remercions...
M. Ryan: Peut-être parce qu'il aime trouver un peu de
liberté un petit peu plus loin de son ministre, des fois. Mais cela
m'apporte toujours des résultats intéressants quand il
s'éloigne un petit peu. Il va dans le champ, il va chercher des choses
intéressantes.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, au nom des
membres de la commission, M. le ministre, je voudrais accueillir ces
collaborateurs qui vous accompagnent et puis leur dire qu'il nous fait plaisir
de les avoir avec nous.
M. Ryan: Pour passer aux compressions, M. le Président, je
voudrais tout d'abord évoquer le fait que chaque année, avant
d'établir les projections de l'année suivante, on procède
à l'intérieur du gouvernement à ce qu'on appelle un plan
de rangement, c'est-à-dire que l'on met de côté un certain
nombre de choses sur lesquelles la poussière s'était
accumulée, au sujet desquelles on n'est plus aussi assurés qu'il
faille les maintenir à tout prix. Les ministères sont
invités à le faire et ils l'ont été cette
année avec une insistance particulière, avant même que l'on
fasse les projections de dépenses pour l'année suivante.
Dans le cas du ministère de l'Enseignement supérieur et de
la Science, cet exercice avait donné lieu aux résultats suivants.
Au programme 1, Administration, un total de 816 000 $. Là-dedans, il y
avait une diminution de la masse requise à la catégorie
Traitements. II y avait réduction dans les activités
reliées aux communications, aux impressions, aux reprographies, aux
services contractuels, réduction du budget des occasionnels,
réduction d'un ensemble d'activités à la direction
générale des études collégiales, révision
à la baisse de protocoles d'entente avec la RAMQ et la CREPUQ...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Est-ce qu'il serait possible d'avoir un texte pour
suivre?
M. Ryan: Non, pas pour l'instant. Je vous donnerai un tableau,
d'ici la fin de la journée, des principaux chiffres compris ici. Vous
aurez tous les chiffres dont on peut avoir besoin.
Donc, un total de 816 000 $ ici. Au programme 2, Consultation, il y
avait une légère réduction dans des activités du
Conseil des collèges et du Conseil des universités. Au Conseil
des collèges, il y en avait pour 61 000 $, au Conseil des
universités, pour 60 000 $, pour un total de 121 000 $.
Enfin, au FFCAR, le plan de rangement avait entraîné la
disparition de différentes petites activités pour un total de 91
000 $.
Tout cela ensemble donnait un total -si mes souvenirs sont bons - de 1
028 000 $. Cela est une toile de fond. Avant que le rouleau compresseur des
compressions proprement dite s'abatte sur le malheureux ministère de
l'Enseignement supérieur et de la Science, il y avait cet
arrière-plan qui, d'ailleurs, a été présent dans
l'ensemble du gouvernement et qui témoigne du sérieux de
l'opération. Cela a été fait à plusieurs
étages et je pense pouvoir dire que, dans un sens, ce n'est pas fini
parce que nous sommes invités à le faire tous les jours. Chaque
fois que l'on voit un papier qui n'a pas d'affaire là, on est
invité à essayer de le mettre de côté au lieu de le
mettre dans le panier. Cela est l'esprit dans lequel le président du
Conseil du trésor essaie de nous former ou de nous réformer.
Alors, j'en viens aux compressions proprement dites, aux mesures de
compression des crédits consacrés à l'aide
financière aux étudiants. Je pense que nous avons parlé
amplement de cette compression, mais je résume brièvement. Il y a
deux choses: l'indexation des paramètres de calcul de l'aide à 2
% plutôt que de 3,1 % environ pour l'inflation et, ensuite, il y a la
conversion de 270 $ additionnels de bourse en prêt. II y avait
déjà un montant de 130 $ qui avait été converti de
cette manière sous le gouvernement précédent. Le total du
rendement de cette compression est de 24 300 000 $.
Je continue. Les compressions au secteur de la science. Il y a d'abord
un programme que nous abolissons cette année, c'est le Programme
étudiant(e)s stagiaires en science et en technologie dans les
entreprises, un programme de 1 400 000 $ en 1985-1986. La raison principale -
nous y viendrons quand nous discuterons sur le chapitre de la science - la
raison principale est que ce programme faisait double emploi avec un programme
fédéral de beaucoup plus grande envergure. On a trouvé que
faire duplication ici, ce n'était pas le bon endroit. Par
conséquent, ce programme est supprimé.
Il y a une réduction dans les crédits mis de
côté pour la Maison des sciences et de la technologie.
Originellement, il aurait dû y avoir des crédits de 4 000 000 $.
Nous avons fait ici une compression de 2 800 000 $.
Comme vous le savez et comme nous aurons l'occasion d'en parler avant
longtemps, le gouvernement s'interroge sérieusement sur
l'opportunité de maintenir ce projet et une décision sera prise
et ensuite communiquée à ce sujet d'ici à deux semaines au
plus tard. Nous avons examiné le projet sous tous ses aspects et la
question reviendra très probablement au Conseil des ministres la semaine
prochaine. De toute manière, il y a une compression de 2 800 000 $ qui a
été inscrite dans notre liste de compressions.
Ensuite, nous avons décidé d'abolir le Centre
québécois de recherche sur la bureautique et les organisations
dont la création était prévue au titre des centres de
recherche qui pouvaient être créés, je pense que c'est en
vertu de l'article 12 de la loi constitutive du ministère. Pour
celui-là, on n'a pas supprimé grand-chose parce qu'il
n'était pas lancé encore. On a décidé qu'on n'avait
pa9 les moyens de le lancer. Il y a déjà beaucoup d'autres
organismes qui sont engagés dans cette voie et, celui-là, on a
décidé de ne pas le lancer. Par conséquent, ici nous avons
inscrit 5 400 000 $. Je fonctionne toujours en année
budgétaire.
Au chapitre des collèges, les compressions suivantes ont
été instituées. La micro-informatique: 1 600 000 $
s'appliquant au programme d'encadrement ou virage technologique en
micro-informatique.
Réduction des volumes financés à l'éducation
des adultes: 1 562 000 $; réduction des volumes financés en cours
d'été, c'est l'objet de l'inquiétude particulière
de la députée de Chicoutimi, et je la comprends, tout en
étant assuré qu'avec les explications fournies ce matin, son
inquiétude sera sensiblement allégée: 1 000 000 $;
réduction de l'enveloppe de base des collèges: 1 000 000 $.
L'enveloppe de base, encore une fois, disons qu'on avait le financement de l'an
dernier et avec l'évolution normale, on pouvait prévoir les
coûts si tout restait là, disons que cela a augmenté de 5
%. C'était 800 000 000 $; cela ferait 850 000 000 $, on enlève 1
000 000 $ sur l'enveloppe de base, c'est ce que cela veut dire. Ensuite,
réduction du programme d'évaluation institutionnelle, ce doit
être des sommes qui sont versées aux collèges pour les
aider à mettre en pratique les politiques d'évaluation
institutionnelle, 136 000 $ et réduction du programme d'insertion
sociale et professionnelle des jeunes, 140 000 $,
La députée de Chicoutimi a soulevé une
question plus tôt à laquelle je suis heureux d'apporter une
réponse à ce moment-ci. Elle a demandé si on veut lancer
des nouveaux cours, par exemple, dans les collèges, comment cela va se
faire? J'ai répondu tantôt: par voie de prélèvement.
Les prévisions que nous avons inscrites dans nos calculs à cette
fin sont de 1 300 000 $. Il y aurait une somme de 1 300 000 $ qui serait
prélevée à même la masse budgétaire pour le
financement des nouveaux programmes susceptibles d'être institués
au cours de l'année. Il pourrait arriver que d'autres programmes
tombent. Il pourrait arriver qu'il n'en tombe point non plus, mais il y a un
montant de 1 300 000 $ que nous estimons devoir être requis pour financer
des nouveaux programmes. La manière de les financer peut varier à
l'infini, mais, en tout cas, il y a cela de prévu dans notre total de la
compression, pas de compression, c'est un prélèvement.
Je continue. Par conséquent, ce montant on ne doit pas l'ajouter
aux autres. On peut l'ajouter aux fins du débat, c'est une autre chose,
chacun est maître de ses catégories dans le débat, mais
pour nos catégories inventées d'ailleurs sous le gouvernement
précédent, c'est un prélèvement, non pas une
compression. Je ne sais pas si le Quillet peut nous aider à faire la
distinction complète entre les deux, mais c'est comme cela que c'est
présenté.
Mme Blackburn: On va se demander si vous...
M. Ryan: Pardon?
Mme Blackburn: On va se demander si vous allez pouvoir changer
d'avis là-dessus, à savoir si c'est une compression ou un
prélèvement.
M. Ryan: Si j'en arrive à la conclusion que les deux mots
veulent dire la même chose, l'année prochaine, il n'y aura qu'un
mot.
Mme Blackburn: On va s'entendre.
M. Ryan: Oui. Là, je ne suis pas sûr, je suis dans
le doute.
Mme Blackburn: Du moment où vous donnez la même
signification que vous y donniez l'an passé.
M. Ryan: Mais j'entendrai le point de vue de mes collaborateurs
avant. Cela va prendre un gros dictionnaire. Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre de
l'Éducation.
Mme Blackburn: Comme les plans de rangement, c'est un
euphémisme.
M. Ryan: Alors, compressions budgétaires dans le
réseau universitaire. Ici vous avez la réduction à
même l'enveloppe de base de 14 700 000 $. C'est le même principe
que j'ai expliqué tantôt pour les collèges.
Évidemment c'est en année scolaire.
On me dit que c'est en année universitaire, c'est-à-dire
au 30 juin. Une année budgétaire, ce serait un peu moins. Cela va
être une différence d'une couple de millions probablement. C'est
important. En tout cas, pourvu que vous ayez la nuance encore une fois. Je
fonctionne sur la base de l'année budgétaire. Il y a une
exception dans ce cas-ci. On vous donnera les ajustements plus tard dans la
journée pour que toutes les additions puissent se faire dans les
mêmes colonnes.
Alors ici, réduction de l'enveloppe de base, 14 700 000 $;
annulation des subventions forfaitaires pour les programmes de perfectionnement
des maîtres de français, des maîtres de l'enseignement
général, 1 200 000 $; ensuite, programme de développement
de la micro-informatique, 2 300 000 $; ensuite, programme de résidence
multidisciplinaire en art dentaire et programme de formation des maîtres
de niveau collégial, 400 000 $.
M. le Président, nous avons terminé le bilan des
compressions, parce que cela rend compte de toutes les compressions
instituées au sein du ministère pour l'année
budgétaire 1986-1987. Nous avons même ajouté aux
données relatives aux compressions, les données relatives au plan
de rangement et au prélèvement.
Le Président (M. Parent, Sauvé): On vous remercie,
M. le ministre de l'Éducation. Je reconnais Mme la députée
de Chîcoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. En administration,
il me semble, rationalisation interne, 1 400 000 $. Est-ce qu'on peut nous dire
quels sont les programmes ou les activités qui seront
particulièrement touchés? (12 h 15)
M. Ryan: Je crois que la question de la députée de
Chicoutimi a été posée à partir de chiffres fournis
par le Conseil du trésor. II faudrait qu'on fasse alors le même
exercice qu'on a fait pour le ministère de l'Éducation. Il
faudrait qu'on reprenne ces chiffres. Je vous donnerai une réponse au
début de l'après-midi parce que ce sont des problèmes de
transposition de données. Il a pu arriver qu'au Conseil du trésor
on mette les données sous une ligne plutôt que sous une autre,
sans que cela ait aucun effet sur la réalité, le Conseil du
trésor étant plus intéressé aux agrégats
qu'au contenu détaillé de chaque mesure.
Je pense que la répartition que je vous ai donnée comme
porte-parole du ministère est celle à laquelle on doit se fier.
Ce n'est pas du tout pour minimiser l'importance du Conseil du trésor;
au contraire. C'est pour reconnaître qu'eux nous donnent une certaine
latitude dans l'attribution selon les différents postes de
dépenses de la cible générale qui a été
établie par consentement mutuel.
Mme Blackburn: Bien.
M. Ryan: Si la députée voulait me signaler
l'endroit exact où elle a puisé ce chiffre, nous lui fournirions
volontiers l'explication lors de la reprise des travaux, cet
après-midi.
Mme Blackburn: C'est dans les documents du Conseil du
trésor.
M. Ryan: À moins qu'elle ne soit plus
intéressée, cet après-midi, à reprendre les travaux
en discutant des prêts et bourses.
Mme Blackburn: C'est ce qui était prévu, je dois
dire. Ce que vous dites, c'est que... Même si, pour le moment, on ne
s'entend pas sur les chiffres, est-ce qu'on est capable et en mesure de me dire
quels services ou quels programmes du ministère seront affectés
par les compressions, parce que ici on parle de 816 000 $? C'est le premier
chiffre que vous m'avez donné tantôt et cela ne correspond pas au
montant de 1 400 000 $. Enfin, on pourra y revenir. Vous m'avez dit que cela
touche particulièrement les traitements. J'aurais voulu savoir si c'est
pour le personnel occasionnel ou le personnel permanent. Dans quelle
proportion?
M. Ryan: M. le Président, je voudrais qu'il soit bien
clair que les données comprises sous le plan de rangement ne font pas
partie des compressions. C'est un autre élément que j'ai
ajouté, sans que la question ait été posée à
ce sujet, pour que les députés disposent d'une information
complète. Cela n'a pas de rapport, non plus, avec les chiffres du
Conseil du trésor. Je ne voudrais pas qu'on se mêle dans les
chiffres.
Mme Blackburn: Oui, d'accord. Est-ce que...
M. Ryan: Cela étant acquis, si vous voulez qu'on vous dise
en quoi consistent les détails de la réduction qui a
été faite dans le plan de rangement au poste des traitements, je
vais demander au sous-ministre, M. Limoges, avec votre permission,
évidemment, de vous donner les précisions qu'il a à
portée de la main.
Mme Blackburn: Peut-être en même temps pourrait-il me
dire si, dans le montant prévu de 1 400 000 $ qu'on a vu dans les
cahiers du président du Conseil du trésor, vient s'ajouter un
montant de 816 000 $ dans le plan de rangement. Parce que je ne suis pas
certaine de bien comprendre.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce qu'il y a
consentement?
Mme Blackburn: Oui, bien sûr.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. Limoges,
sous-ministre au ministère de l'Enseignement supérieur et de la
Science.
M. Ryan: Mais, juste avant que M. Limoges réponde, je
voudrais préciser, pour la députée de Chicoutimi, que les
chiffres du Conseil du trésor rendaient compte des compressions. Par
conséquent, ils ne parlaient pas du plan de rangement. Les compressions
sont un problème. Il a pu y avoir là-dedans une
répartition des postes différente au Conseil du trésor de
celle que vous avez ici, mais cela reste dans le grand total des
compressions.
Mme Blackburn: D'accord.
M. Ryan: Le plan de rangement, c'est autre chose.
Mme Blackburn: Cela vient s'ajouter.
M. Ryan: Le plan de rangement a précédé les
compressions.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. Limoges.
M. Limoges (Camille): Au plan de rangement, en ce qui a trait aux
traitements, les effectifs réguliers correspondent à 264 000 $;
les effectifs occasionnels, à 16 100 $. Le reste du montant de 816 000
$, c'est-à-dire 536 000 $ environ, correspond à des
dépenses de fonctionnement, enfin, celles qu'a
énumérées le ministre tout à l'heure:
communications, reprographie, matériel didactique, etc.
Mme Blackburn: C'est l'explication de ce que vous appelez le plan
de rangement. Mais cela n'a pas de rapport avec le montant de la compression.
Parce qu'on me dit que le plan de rangement était décidé
avant que ne soit annoncée la compression.
M. Limoges: Oui, c'est exact. Les compressions se sont
ajoutées à l'exercice du plan de rangement.
Mme Blackburn: Donc, si je comprends bien, est-ce que j'ai raison
d'additionner les deux montants?
M. Limoges: Comme ce fut dit tout à l'heure, nous allons
faire l'exercice durant l'heure du lunch. Mais a priori, je dirais non, on ne
peut pas les additionner à cause de la façon dont le Conseil du
trésor a comptabilisé les deux exercices.
Mme Blackburn: J'ai pris connaissance avec beaucoup
d'intérêt des objectifs du ministère, concernant la
division de l'administration, et j'avais quelques questions d'ordre plus
général, mais sur lesquelles j'aimerais quand même avoir
une réaction. La DGRU prévoit s'engager ou se donner une
équipe d'évaluation des programmes de recherche. Comme on parle
beaucoup de rationalisation, le Conseil des universités a comme mandat -
je pense bien que cela fait partie de sa loi - de faire l'évaluation de
certains programmes et de certains centres de recherche.
Par ailleurs, une remarque que je retrouvais, il y a deux ans dans les
débats en commission parlementaire, touchait la pertinence de
créer des organismes, de faire beaucoup de recherche dans nos
ministères. La question qui était posée était:
Est-ce qu'il n'y aurait pas intérêt à diminuer
considérablement la recherche effectuée dans les
ministères pour la faire effectuer dans les centres de recherche ou dans
les facultés? J'ajoute à cela le discours que tenait la
députée de Jacques-Cartier l'an passé, discours
appuyé par le ministre à savoir... Nous y reviendrons.
C'était beaucoup plus sur la question de l'orientation de la recherche
ou de l'influence que devait ou ne devait pas exercer le ministre de
l'Éducation sur les orientations de la recherche au Québec.
Pour revenir... il me semble qu'il y a un chevauchement entre
l'équipe de recherche qui doit faire l'évaluation de la recherche
au ministère, le FCAR qui en fait pour une partie en même temps
qu'il donne des subventions, et le Conseil des universités.
M. Ryan: Est-ce que je pourrais demander à la
députée à quelle page du cahier explicatif elle a pris cet
extrait qu'elle porte à notre attention pour que je puisse
répondre en tenant compte du contexte? D'abord je veux m'assurer que
nous sommes toujours au programme 1.
Mme Blackburn: Oui. Nous sommes dans le programme 1.
Peut-être que les fonctionnaires se souviennent où ils l'ont
placé.
M. Ryan: Dans ces cahiers, on revient sur les mêmes
thèmes à des endroits différents. C'était seulement
pour fins d'identification, ce n'est pas du tout pour vous tendre un
piège. C'était pour voir si je n'étais pas tombé
dans un piège moi-même.
M. le Président, en réponse à la question de la
députée de Chicoutimi, je serais enclin à dire ceci. Nous
sommes extrêmement préoccupés par le progrès de
travaux et de mécanismes pouvant permettre à notre
société de mieux apprécier la qualité du travail de
formation qui se fait à tous les niveaux, y compris au niveau
universitaire.
Je pense qu'il n'est pas indifférent à un gouvernement qui
finance presque entièrement le coût de la formation
dispensée à l'université, de savoir si la formation est
bonne ou non, si on forme de bons avocats, de bons scientifiques, de bons
médecins, de bons ingénieurs, de bons administrateurs
d'entreprise. Je pense que si la collectivité, par
l'intermédiaire du gouvernement, met autant d'argent dans les
institutions universitaires, elle a non seulement le droit, mais le devoir de
s'interroger sur la qualité de la formation qui y est
dispensée.
Le gros problème qui se présente à nous, c'est
celui de déterminer la manière dont ce travail sera fait. Une
tradition du monde occidental qui est vieille de plusieurs siècles veut
que l'institution universitaire jouisse d'une grande autonomie, parce qu'elle
est considérée, à juste titre, comme l'un des sanctuaires
de la liberté de l'intelligence. À ce titre, elle doit être
respectée par les pouvoirs autant économique, politique que
culturel et autres. Cela a toujours été la politique des
gouvernements québécois, depuis l'essor moderne des
universités qui a commencé avec la révolution tranquille,
de respecter l'intégrité des universités et l'autonomie de
leur fonctionnement.
Par conséquent, il ne suffit pas qu'un nouveau ministre arrive en
poste et ne soit pas satisfait de la formation qu'il a pu recevoir à
l'université dans son temps pour qu'on décide d'abolir ou de
modifier radicalement l'école où il a eu le malheur de passer. Il
faut qu'on ait des mécanismes qui permettent de garantir que
l'évaluation se fera dans le plein respect de l'institution
universitaire.
La meilleure façon que nous avons conçue pour cheminer
dans cette direction consiste à donner plus de responsabilités au
Conseil des universités et à l'encourager dans la nouvelle voie
qu'il a commencé d'ouvrir depuis une couple d'années et qui
consiste à instituer des études sectorielles. Le Conseil des
universités a fait une étude très poussée au cours
des deux dernières années sur la formation qui est
dispensée dans nos écoles de génie. Il a regardé
les programmes, il a regardé tous les mécanismes de travail qui
sont à l'oeuvre à l'intérieur de nos écoles de
génie. Il a fait des comparaisons avec ce qui se fait ailleurs au Canada
et il a tiré un certain nombre de conclusions.
D'abord, il a publié un rapport monumental qui comprend toutes
les données de faits qu'on peut souhaiter obtenir sur ce sujet. Il en a
tiré un certain nombre de conclusions qui sont ensuite transmises
à la fois au gouvernement... Il fait rapport au ministre de
l'Enseignement supérieur et de la Science qui, lui, transmet ces
conclusions au gouvernement. Il a transmis ses recommandations également
aux universités et aux écoles concernées. Ensemble - je
dirai ensuite les autres moyens dont dispose le gouvernement à cet
égard - tout ce monde-là est supposé essayer de chercher
les progrès qui ont été indiqués par la recherche
accomplie.
Un autre projet de recherche très important est en marche
actuellement au Conseil des universités. Ce projet porte sur l'ensemble
des cours et initiatives de formation et de recherche qui sont menés
sous la responsabilité des établissements universitaires dans le
domaine de l'éducation. On a voulu faire un bilan de tout ce qui se fait
de formation universitaire et de recherche universitaire en relation avec
l'éducation. Ce projet-là, d'après ce que j'ai pu
comprendre, a progressé moins vite que le premier parce que la
matière était plus difficile à réunir et
peut-être aussi que l'interprétation donnera lieu à des
problèmes plus complexes. C'est un projet qui est en marche
également et dont j'ai bien hâte, personnellement, surtout
à titre de ministre de l'Enseignement supérieur et de la Science,
de connaître les résultats.
Je voudrais profiter de l'occasion pour dire que ce volet relativement
récent de l'action du Conseil des universités m'intéresse
au plus haut point. Je voudrais féliciter le président du Conseil
des universités, qui est présent ce matin, de la
détermination avec laquelle il a ouvert cette avenue. Je voudrais le
féliciter aussi de courir le risque, parfois, de publier des chiffres
qui donnent lieu à de la polémique. Certaines conclusions du
Conseil des universités ont été contestées, parfois
à juste titre, par les victimes ou les institutions concernées,
pour employer un langage plus euphémique.
Moi, ce que j'aime du Conseil des universités, c'est qu'il prend
des risques. Il n'attend pas d'avoir atteint la perfection pour nous saisir de
certaines inquiétudes qu'il peut entretenir. Il fait de bons travaux,
qu'il met sur la table. Si la méthode n'est pas bonne, il est
exposé à la discussion publique. Cela ne reste pas dans les
tiroirs du ministre, c'est public et les gens peuvent réagir. À
propos de l'étude qui a été faite sur la formation courte,
j'ai à peu près 2000 pages de réactions
d'universités dont je dois prendre connaissance. Elles m'ont
été communiquées ces derniers temps. Mot, je trouve cela
excellent. C'est comme cela qu'une démocratie se développe, par
le choc des idées et l'affrontement des interprétations
différentes qu'on peut avoir de la réalité.
Alors, ma réponse à la députée de Chicoutimi
sur ce point-là, c'est que nous devons regarder cet aspect du
problème avec beaucoup d'intérêt et que nous disposons d'un
instrument perfectible, sans doute, mais excellent dans sa performance
récente qui nous permet d'envisager que nous allons faire
des progrès dans la voie d'une évaluation plus
réaliste de notre performance. Quand nous aurons à notre
disposition des instruments d'évaluation plus réalistes, nous
serons en mesure de tirer des conclusions dans la direction d'une plus grande
rationalité. Si on nous dit: On a 25 endroits où se dispense de
la formation dans tel domaine et il y en a 5 qui sont vraiment
équipés pour faire un travail universitaire, cela va nous poser
des problèmes. On va être obligé de se demander si on ne
ferait pas mieux d'en avoir un peu moins et d'en avoir de meilleurs. Là,
on pourra commencer à se poser ces problèmes. Mais tant que les
questions sont posées par un ministre ou par un sous-ministre, cela ne
peut pas aller bien loin parce que la tradition de l'indépendance
universitaire est trop forte pour que l'opinion d'une seule personne,
fût-elle le ministre de l'Enseignement supérieur, soit de nature
à l'ébranler sérieusement. Je pense qu'avec ce processus,
auquel d'ailleurs, je veux le reconnaître avec gratitude, ont
participé de bon gré les universités, on a un instrument
pour avancer.
Ceci dit, je crois qu'à l'intérieur du ministère on
a un bon nombre de fonctionnaires- Vous avez vu le nombre quand on a
présenté les chiffres, à la fin de la documentation, au
programme 1. Il y en a un bon nombre qui font de la recherche à longueur
de journée là-dedans. Ils ne passent pas leur temps à
aller écouter ce que disent les professeurs, dans les
universités, quand ils donnent leurs cours; ce n'est pas notre
mentalité. Ils ne passent pas leur temps à aller vérifier
ce que fait un recteur dans sa journée. Ils travaillent sur des
données qui leur sont fournies continuellement par les
universités, données que nous recueillons dans les autres
provinces et dans d'autres pays également, et ils essaient de voir
comment on pourrait améliorer le mode général de
l'organisation de l'enseignement universitaire, chez nous. Il arrive qu'ils
vont se dire, en voyant des chiffres ou des données qui leur arrivent
par leurs divers formulaires: II n'y aura pas trop de gens ici, il n'y aura pas
trop de gens là. Ils vont poser le problème.
Il se fait également, au ministère, de la recherche
à caractère plus immédiatement utile pour les fins des
décisions administratives et budgétaires que nous sommes
appelés à prendre, mais nous n'avons pas de service de recherche
gratuite, au ministère de l'Enseignement supérieur et de la
Science, qui serait complètement coupé des objectifs fonctionnels
quotidiens. Je serais d'accord avec la députée de Chicoutimi pour
considérer qu'il ne faut pas multiplier de tels services dans nos
ministères. II y a d'autres endroits où ce genre de travaux de
recherche peuvent se faire dans des conditions de liberté plus grande,
peut-être, ou dans un environnement qui est plus propice au
développement de ce type d'activité. Ce serait ma réponse
à la question de la ministre... de la députée. J'anticipe,
madame. Parfois, cela arrivait qu'on faisait des erreurs comme celle-là
à mon endroit quand j'étais dans l'Opposition. Je ne m'en excuse
pas, au contraire, c'est un compliment que je vous fais. J'espère que
ces renseignements vont satisfaire la députée.
Mme Blackburn: Je vois que je dois malheureusement dire...
Le Président (Parent, Sauvé): Mme la
députée de Chicoutimi, M. le ministre de l'Education, on a
déjà dépassé de quatre minutes la limite de temps
prévue pour cette session de la commission parlementaire de
l'éducation. Donc, je suspends les travaux jusqu'après la
période des affaires courantes. Normalement, à moins d'avis
contraire de la part du leader du gouvernement, les membres de la commission
devront se retrouver ici.
(Suspension de la séance à 12 h 34)
(Reprise à 15 h 22)
Le Président (M. Parent, Sauvé):
Veuillez prendre place! La commission parlementaire de
l'éducation poursuit ses travaux. Nous en sommes à l'étude
du programme 1 du ministère de l'Enseignement supérieur et de la
Science. Je ne me souviens pas qui avait la parole. M. le député
de Laviolette?
M. Jolivet: C'est cela.
Le Président (M. Parent, Sauvé): C'est cela.
M. Jolivet: Merci, M. le Président. C'était ma
collègue qui avait la parole, mais je lui ai demandé la
permission d'intervenir parce que je voudrais bien qu'on clarifie une situation
qui s'est produite à l'Assemblée nationale tout à l'heure,
quand le ministre a accusé l'Opposition de donner des chiffres
erronés. Je voudrais bien lui faire remarquer qu'hier, à la
commission de l'éducation, sur l'élémentaire, le primaire
et le secondaire, nous avions des chiffres qui nous avaient été
donnés par le Conseil du trésor et il a fallu que le ministre
rectifie ces chiffres à partir du fait que les documents que nous avions
pour travailler, et que nous avons eus, dans certains cas, à la
dernière minute, ne nous indiquaient pas un montant de 3 300 000 $.
Donc, on ne peut avoir cité aucun chiffre erroné, on a pris les
chiffres qui étaient là. Je voudrais bien que M. le ministre
comprenne une chose, c'est que nous devons travailler avec les chiffres qu'il
nous a lui-
même fournis et nous ne faisons qu'avoir des
interprétations différentes sur les effets que les chiffres qu'il
produit indiquent.
Je prends, par exemple, le communiqué de presse "Effort de
redressement budgétaire, les étudiants invités à
faire leur juste part", qui est en date de... Il n'y a pas de date dessus,
malheureusement, mais il a comme source Luc Rhéaume, attaché de
presse du cabinet du ministre de l'Enseignement supérieur et de la
Science. On a pris les chiffres; on voulait savoir ce que le communiqué
voulait dire à partir des chiffres qu'il donnait. On y dit: "Bien que le
montant de l'aide totale ne sera pas réduit, mais plutôt
augmenté - ce que le ministre nous indique depuis un bout de temps,
à 3,8 %, en moyenne, pour ce qui est des étudiants, et à
13 %, comme il le disait, à l'Assemblée nationale - les
étudiants seront touchés par une légère diminution
dans le taux d'inflation, un ajustement de 2 % au lieu de 3,1 %."
C'est ce sur quoi on posait nos questions ce matin. On disait au
ministre: C'est quoi, cela, par rapport aux chiffres que vous avez
donnés et pour lesquels on a une interprétation
différente? Mais qu'on ne vienne pas nous dire... Je pourrais
peut-être faire une farce en passant, en disant: Est-ce parce que Mme la
députée vient de Chicoutimi, qu'elle est du Lac-Saint-Jean et
qu'elle serait plus mal informée, selon certains dires d'autrefois,
qu'on s'insurge contre elle en disant qu'elle donne des chiffres
erronés? Je ne pense pas que ce soit l'interprétation qu'on doive
faire. Je voudrais, dans les faits, que le ministre constate au moins une
chose, c'est que les chiffres que nous donnons, nous les citons à partir
des documents qu'il nous a fournis. Nous le questionnons et nous ne donnons en
aucune façon des chiffres erronés. Je pense que, au moins, M. le
ministre devrait avoir la gentillesse de rectifier ce qu'il a dit
là-dessus. Je n'en demande pas tant, mais au moins qu'il ne
répète pas continuellement qu'on donne des chiffres
erronés, alors qu'on part des chiffres qu'on nous donne soit au Conseil
du trésor, soit au ministère comme tel. En effet, je vous
souligne la même difficulté que nous avons eue hier au niveau du
primaire et du secondaire. Dans le document qui nous a été fourni
par le Conseil du trésor, sur lequel on a eu à travailler depuis
un bout de temps et qui est le seul que l'on connaissait avant les documents
nouvellement reçus, on indique: Rationalisation interne et autres
mesures au niveau de l'Enseignement supérieur et de la Science, incluant
les organismes, un montant de 1 400 000 $ de compressions. Dans ce
sens-là, ce sont les chiffres que l'on veut éclaircir. S'il nous
dit: II y a eu une erreur, ce n'est pas cela qui est bon, c'est plutôt
les chiffres que je vous donne, on va comprendre. L'erreur ne vient pas de
nous, mais des documents que l'on nous a fournis et sur lesquels, de bonne foi,
nous avons eu à travailler. C'est dans ce sens-là que je voulais
faire ma mise au point.
Le Président (M. Parent, Sauvé): La mise au point
étant faite, M. le ministre, vous pourriez réagir.
M. le ministre de l'Éducation.
M. Ryan: Évidemment, quand j'ai fait ma
déclaration, je pensais à des erreurs beaucoup plus grosses que
celles que j'ai entendues au cours surtout de la présente journée
et pas du tout à ces points particuliers.
Il y a une chose qui m'a profondément inquiété dans
ce que je viens d'entendre, c'est l'idée voulant qu'il ne me soit venu
à l'idée, un jour passé, de vouloir blesser nos
concitoyens du Lac-Saint-Jean et du Saguenay. Je ne peux pas avoir eu une telle
pensée, ayant moi-même eu le grand privilège de vivre
à Dolbeau et à La Baie pendant ma jeunesse. Un jour, j'avais eu
des paroles amicales à leur endroit qui furent mal
interprétées et qui m'ont hanté pendant longtemps. Je
remercie le député de m'avoir fourni l'occasion de rappeler ces
souvenirs historiques et magnifiques. D'ailleurs, je dois aller à
Dolbeau prochainement et j'aurai le grand plaisir de rencontrer une personne
qui vit encore, ma première maîtresse d'école, qui
était de Dolbeau.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre de
l'Éducation, avant de continuer, j'aurais un renseignement à vous
demander.
On vient de me remettre un document qui a pour titre: "Les compressions
budgétaires au ministère de l'Enseignement supérieur et de
la Science." J'imagine que c'est à la suite de la demande de la
députée de Chicoutimi, ce matin. Voulez-vous le déposer
officiellement ou seulement comme document d'information? 5i vous voulez le
déposer, je vais le recevoir comme document déposé
à la commission.
M. Ryan: M. le Président, si cela est votre désir,
je m'y soumets volontiers. On m'avait demandé des renseignements ce
matin. Je les ai donnés et j'ai ajouté que, pour être
encore plus serviable, nous étions prêts a les fournir par
écrit. C'est ce que nous faisons au début de
l'après-midi.
Le Président (M, Parent, Sauvé): Alors, nous allons
les déclarer documents déposés. Je vais les
reconnaître comme tels.
M. Ryan: Je crois que les députés vont trouver dans
ce document une synthèse à peu près complète de ce
que l'on peut appeler les compressions.
M. Jolivet: Pourrais-je demander au ministre si le document que
j'ai demandé sur l'intégration scolaire s'en vient? Je n'ai rien
reçu encore.
M. Ryan: Merci de m'avoir rappelé cela. Je vais demander
tout de suite à un collaborateur d'y voir.
Le Président (M, Parent, Sauvé): Alors, Mme la
députée de Chicoutimi, nous vous écoutons.
Mme Blackburn: M. le Président, je dois dire que je suis
heureuse que le ministre profite de cette occasion pour dire qu'il n'a pas tant
de préjugés que cela à l'endroit des gens de ma
région, parce que j'allais finir par croire qu'il continuait à
véhiculer cette image-là.
Au moment où l'on s'est quitté, j'avais posé une
question sur les travaux du Conseil des universités, du FFCAR et de
cette équipe de recherche que le ministère avait mise sur pied
l'an passé et qui semblait devoir poursuivre ses travaux cette
année, en m'interrogeant sur un chevauchement possible des
activités de ces différents organismes.
Je voudrais corriger l'impression que j'ai peut-être eue à
tort. Ma remarque ne voulait pas mettre en cause, ni contester la valeur et la
qualité des travaux du Conseil des universités. Je pense bien
qu'ici les membres de l'assemblée comprendront que j'ai la plus haute
estime à la fois pour la personne qui occupe le poste, l'organisme, la
qualité de ses travaux et le niveau de ses préoccupations. Alors,
je voudrais que cela soit clair. Mais comme on sait qu'il y aura ce que l'on
appelle une rationalisation au plan des différents organismes de
recherche, c'était, il me semble, une question qui était
pertinente, compte tenu, évidemment, aussi des préoccupations qui
avaient été manifestées par l'Opposition, à
l'époque, ici.
Il me resterait, pour clore le débat sur le programme 1, une
question qui pourra être reprise dans le volet de l'enseignement
collégial. Il y avait, quand je suis arrivée au Conseil des
collèges, un budget qui devait être de quelque 500 000 $. Il s'est
un peu détérioré au cours des années. Je pense que,
l'an passé, il devait rester environ 200 000 $ dans ce budget, qui
devaient être consacrés à l'évaluation
institutionnelle. J'ai cru comprendre, ce matin, qu'il n'y aurait plus de
budget dans l'enveloppe de la DGEC pour répondre à des demandes
des collèges touchant le développement d'outils ou favorisant une
démarche d'évaluation institutionnelle. Est-ce que j'ai bien
compris?
M. Ryan: Oui, vous avez bien compris.
Mme Blackburn: Je dois dire que cela m'étonne. Si vous le
permettez, on y reviendra quand on en sera à l'enveloppe des
collèges, parce qu'il me semble avoir déjà entendu des
propos là-dessus et en avoir lu également, indiquant qu'il
était extrêmement important qu'on poursuive la démarche
d'évaluation institutionnelle dans les collèges. Je me dis que le
peu de moyens qu'il leur restait me semblent leur être enlevés. On
va avoir de la difficulté - en même temps, il y a des compressions
budgétaires - à pousser nos demandes ou à avoir plus
d'exigences quant à l'évaluation institutionnelle, si on ne leur
offre absolument aucun moyen. Alors, c'était ma remarque.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, je remercie
Mme la députée de Chicoutimi. Je reconnais, maintenant, Mme la
députée de Groulx.
Mme Bleau: M. le ministre, je reviens un peu en arrière, a
notre séance de ce matin, quand M. Jolivet nous a accusés, ni
plus ni moins, d'avoir souri...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Groulx, j'attire votre attention sur un petit
détail. Il est de règle, en commission parlementaire comme
à l'Assemblée nationale, d'identifier les députés
par le nom de leur comté.
Mme Bleau: Pardon!
M. Jolivet: C'est un beau comté.
Mme Bleau: Bien, le député de Laviolette.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Le
député du comté de Laviolette a un très beau nom,
mais celui du comté de Laviolette est aussi beau.
Mme Bleau: C'est bien. Je n'ai pas aimé qu'on accuse les
membres du Parti libéral, les députés qui sont assis ici,
d'avoir souri quand on a parlé, de l'autre côté, des
démunis ou des moins nantis. D'abord, parce que j'ai toujours fait
partie de cette catégorie, je ne suis pas gênée de cela du
tout. Je n'aime pas surtout qu'on s'apitoie continuellement sur cette
catégorie de gens et je pense que ceux-ci, non plus, n'aiment pas qu'on
s'apitoie sur leur sort. Je pense qu'ils ont assez de fierté, tout comme
moi, pour qu'on ne les plaigne pas sans arrêt, d'autant plus que notre
fierté et notre travail, pour beaucoup d'entre nous, font qu'on s'en
sort, un jour ou l'autre.
Alors, c'était une simple mise au point. Je ne voudrais pas que
la population s'imagine que, du côté du Parti libéral, on
dédaigne cette catégorie de gens, au contraire. Alors, ce n'est
que cette mise au point que je voulais faire.
M. Jolivet: Très bien.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, Mme la
députée de Groulx. Je reconnais le député de
Laviolette.
M. Jolivet: Donc, très bien, M. le Président. Je
peux dire que, quant à moi, provenant d'une famille de douze enfants,
j'ai aussi vécu ces difficultés. Ce n'était pas dans ce
sens que j'intervenais, ce matin; c'était surtout sur le fait que,
lorsque Mme la députée, qui a le droit et le devoir de
défendre des gens qu'on vient... J'écoutais "Skin the Cat", ce
matin; il y a différentes façons de "skinner le cat". Je vais le
prendre en bon québécois. Cela veut dire que je n'ai pas
accepté cela, non plus. J'ai dit: Est-ce qu'on égorge ou est-ce
qu'on écorche?
Entre-temps, j'aimerais revenir à ce que je disais tout à
l'heure à M. le ministre. Hier, j'ai retransmis à M. le ministre,
parce qu'on me l'avait demandé lors de la commission de
l'éducation concernant l'enseignement primaire et secondaire, un
document informatisé provenant du Conseil du trésor, qui a
été déposé à la commission du budget et de
l'administration, la semaine dernière et qu'a fait l'objet d'une
discussion en Chambre. On y indiquait les mêmes sources et les
mêmes montants d'argent que le document que l'on vient de donner à
des gens, tout à l'heure, afin de vérifier les 1 400 000 $. C'est
le document du Conseil du trésor et celui-là, par rapport
à celui de l'enseignement primaire et secondaire, il concorde. Le
document informatisé et celui-là concordent.
Cependant, vous allez comprendre qu'on vient de me donner un document;
j'ai eu le temps d'y jeter un coup d'oeil rapide et il ne concorde pas. Je veux
savoir lequel des deux est bon. Après cela, on ne pourra peut-être
pas nous accuser d'avoir des chiffres erronés; je vous donne le document
de la DGF, Direction générale du financement du ministère,
avril 1986. On ne peut pas avoir des sources plus rapides que cela. Vous avez
déposé ce document tout à l'heure, M. le Président,
à la suite de la demande que nous avions faite.
Indiquez les compressions budgétaires du ministère de
l'Enseignement supérieur et de la Science. Les compressions 1986-1987
effectuées au ministère de l'Enseignement supérieur et de
la Science sont constituées comme suit - et on les donne toutes - pour
un total de 50 592 300 $. Je vous pose une seule question: Est-ce que,
maintenant, c'est le document avec lequel nous devrons vivre, puisque le
document qui nous a été déposé par le Conseil du
trésor, qui est informatisé en plus, indique une compression de
52 200 000 $? C'est différent de ce qu'on a vécu hier, parce que
hier le Conseil du trésor indiquait 33 500 000 $ et le ministre me
disait que c'était 36 800 000 $, il manquait 3 300 000 $. Quand on vous
a dit, tout à l'heure, qu'on travaillait avec les chiffres que vous nous
donniez, c'est avec cela qu'on travaille. Si, malheureusement, vous
interprétez qu'on donne des chiffres erronés, il faudrait
peut-être vérifier si c'est vous qui nous les fournissez. C'est la
question que j'ai à poser: Concordance entre les deux, lequel des deux
est le réel, maintenant?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Votre question est
posée. M. le ministre de l'Éducation.
M. Ryan: Je vais faire une brève consultation, M. le
Président, afin d'être bien sûr que je n'induis pas le
député en erreur. Je vais lui répondre dans deux
secondes.
On va essayer d'établir quel est l'écart entre les
chiffres que nous avons distribués tantôt et ceux que vous aviez
sur le document du Conseil du trésor, que je n'ai pas en ma possession.
Est-ce que la différence est de l'ordre de 2 000 000 $?
M. Jolivet: Environ. Une voix: Oui.
M. Jolivet: C'est 52 200 000 $ par rapport à 50 992 300
$.
M. Ryan: Je crois que la différence, M. le
Président, vient du fait que, dans les données du Conseil du
trésor, les chiffres concernant les universités étaient en
année universitaire, tandis que, dans le document que nous vous donnons,
tout a été transposé en année
budgétaire.
M. Jolivet: C'était donc la question de Mme la
députée de Chicoutimi, ce matin, qui parlait d'année
scolaire ou d'année financière des universités; vous
l'avez rappelée à l'ordre en lui disant de revenir à
l'année budgétaire.
M. Ryan: Ce matin, j'ai bien dit: On peut prendre la base que
l'on veut, pourvu qu'on le dise et qu'on ne joue pas avec les deux en
même temps.
M. Jolivet: On ne jouait pas, on posait des questions et
c'était cela qu'on posait comme question.
M. Ryan: Mais, ce matin, on s'en allait dans la confusion. J'ai
dit: Je marche avec l'année budgétaire tout le long. C'est
là qu'une petite confusion s'est créée dans les
données du Conseil du trésor, d'après ce que nous pouvons
voir.
M. Jolivet: Donc, le vrai chiffre final,
c'est 50 592 300 $.
M. Ryan: Oui. Il y a deux autres points qu'il faudrait ajouter,
si vous voulez que ce soit complet. 11 n'y a rien pour l'Office des
professions. Dans les données du Conseil du trésor, je pense
qu'il y avait 135 000 $ pour l'Office des professions. Il faut l'ajouter
à notre montant. En plus, pour le Fonds FCAR, il y a 220 000 $. Eux
avaient mis cela dans le plan de rangement et nous l'avons mis dans les
compressions. Si on tient compte de tout cela...
M. Jolivet: Le FFCAR est prévu, M. le ministre.
M. Ryan: Oui, dans notre plan de compressions. Mais, eux
l'avaient mis dans leur plan de rangement.
M. Jolivet: D'accord.
M. Ryan: On ne le mettra pas deux fois, évidemment.
M. Jolivet: D'accord.
M. Ryan: On ne le mettra pas deux fois. C'est juste pour vous
prévenir.
M. Jolivet: D'accord.
M. Ryan: Cela va? Alors, cela complète. Je demande
à nos collaborateurs de vérifier encore de plus près et,
si d'autres précisions se présentaient au cours de
l'après-midi, nous vous en ferons part immédiatement.
M. Jolivet: D'accord. M. Ryan: Cela va?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, est-ce
que...
M. Ryan: Encore une fois, pour le choix de l'année, je
prends l'année budgétaire, c'est le mandat de la commission.
Mais, si quelqu'un prend l'année scolaire ou universitaire, pourvu qu'il
m'en avertisse clairement et qu'il marche avec cela sur toute la ligne,
j'admets que c'est parfaitement légitime aussi, mais ce n'est pas aussi
pertinent, à mon humble point de vue.
M. Jolivet: M. le ministre, la proposition faite par Mme la
députée de Chicoutimi, ce matin, donnait les deux chiffres. Elle
vérifiait les deux chiffres, l'année financière ou
budgétaire et l'année scolaire, d'une part. Et on avait l'exemple
en ce qui regarde l'enseignement primaire et secondaire, hier,, que,
l'année scolaire, c'est une chose et que, l'année
financière, budgétaire gouvernementale, c'en est une autre, mais
que les chiffres, pour les gens, s'appliquent dans la vie réelle et la
vie réelle, c'est l'année scolaire.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Cela termine la
discussion et les interventions sur le programme 1 du ministère de
l'Enseignement supérieur et de la Science. Est-ce que le programme 1 et
ses éléments 1, 2, 3, 4 et 5 sont adoptés?
M. Jolivet: Sur division. (15 h 45)
Le Président (M. Parent, Sauvé): Adopté sur
division. On enchaîne avec le programme 3.
Aide financière aux étudiants
Mme Blackburn: Avant d'aborder toute la question de l'aide
financière, question sur laquelle, je pense bien, il n'y a plus de
secret par rapport aux écarts de perception qui nous séparent du
ministre, il me semblerait important, pour qu'on puisse porter un jugement le
plus éclairé possible sur les effets des différentes
mesures touchant les étudiants, d'avoir un état relativement
complet de la situation des jeunes au Québec, c'est-à-dire leur
accès au niveau de l'enseignement supérieur, collège et
université, de même qu'aux premier, deuxième et
troisième cycles, parce que c'est de ces étudiants qu'on
parle.
C'est hier que j'ai demandé s'il existait des données
comparatives entre la situation du Québec et de l'Ontario. Le ministre
va sûrement encore rn'accuser de faire de la démagogie, mais on
nous compare si souvent à l'Ontario que, désormais, j'ai
l'impression que, pour être beau et fin, il faudra surtout ressembler
à nos voisins. Qu'on se le tienne pour dit: désormais, on est
ontarien. Hors de cela, point de salut! Je vous jure que j'ai l'impression que
cela nous arrange un complexe. Nivelons nos différences, calquons nos
politiques sur les leurs, sans tenir compte de nos différences. Autant
je suis favorable à une attitude qui veut qu'on se compare pour savoir
un peu où on s'en va, autant j'accepte mal de penser que toutes nos
politiques comme Québécois doivent être calquées sur
les politiques de l'Ontario. Il me semble qu'on a des différences.
J'en ai exprimé quelques-unes hier soir dans le texte de
présentation qui vous ont peut-être échappé. Quand
on parle du taux d'endettement de nos jeunes, quand on parle des effets qu'il y
aura ou qu'il n'y aura pas par rapport è des mesures - par exemple,
l'endettement - il faut savoir qu'on ne s'adresse pas aux mêmes
clientèles. Un jeune Québécois, je dirais surtout
francophone, a moins de tradition d'éducation qu'on n'en retrouve
à la fois chez les Américains et
chez les Ontariens anglophones. On retrouve également une
tradition moins forte d'éducation chez les francophones hors
Québec. On n'en sort pas, c'est un fait, et n'importe qui qui a
examiné un peu cela le sait.
On est plus pauvre collectivement de 25 %, c'est un autre fait. Je pense
bien que personne ne le niera et que là-dessus on ne viendra pas me dire
que j'ai des chiffres erronés. Le taux de chômage chez les jeunes
est de l'ordre de 18 %. Ce sont des différences. C'est ce que j'appelle
nos différences qui ont justifié, au cours des années,
qu'on se donne un régime d'aide financière plus
généreux. Parce qu'endetter de 5000 $ ou 6000 $ un jeune Ontarien
qui peut plus rapidement entrer sur le marché du travail a moins de
conséquence qu'endetter notre jeune Québécois qui risque -
et on sait ce que cela pose comme stress, comme pression - d'être six
mois ou un an sans se trouver de travail. Ce sont nos différences. Elles
ne sont pas flatteuses, elles ne sont pas honorables, mais ce sont des
faits.
À présent, les données que j'ai en mémoire
je ne pourrais pas vous les énumérer sur un tableau, puis vous
les présenter comme cela - il faut se rappeler que j'ai
été six ans au Conseil des collèges, on en a vu passer
quelques-unes des données - c'est qu'on accuse encore un retard
réel chez les francophones québécois par rapport au genre
de programmes dans lesquels on s'inscrit. Nos jeunes francophones
québécois s'inscrivent davantage dans des programmes
professionnels; chez les anglophones, plus massivement dans les programmes
généraux qui les mènent à l'université. Les
données existent au ministère; j'espère qu'on va pouvoir
nous les fournir, parce que c'est de cela que nous parlons. On le sait, 28 % -
je le donne de mémoire parce que je l'ai vu récemment - de nos
jeunes s'inscrivent dans des programmes de certificat, chez les francophones,
alors que, dans les universités anglophones au Québec, c'est
négligeable, c'est 2 % ou 3 %.
Mme la députée de Jacques-Cartier l'an passé
rappelait - et ce n'est pas pour me rassurer - que les étudiants en
génie inscrits en maîtrise, deuxième et troisième
cycles, dans nos universités québécoises, il y en avait 2
000, sauf cette différence entre les francophones et les anglophones: 1
000 d'entre eux étaient dans les universités anglophones, alors
que cela représente à peu près 25 % ou 26 % de la
clientèle totale de l'université. Nos différences, elles
sont là. Je n'essaie pas de faire de la politique là-dessus, je
ne suis pas très politicienne, sauf que je suis convaincue de cela et
que cela me préoccupe profondément quand on prend des mesures qui
risquent - qui risquent, je dis bien - de porter atteinte aux progrès
qu'on a réussi à faire au cours du temps.
D'autres données qu'on n'a pas - elles sont moins
récentes, celles-là, je pense que les dernières datent de
la fin des années soixante-dix - c'est au sujet des jeunes issus de
milieux socio-économiquement faibles; ils sont encore
sous-représentés dans nos universités et dans nos
collèges. On le sait, ils paient plus en impôts pour ces
services-là qu'ils n'en consomment. Ils ne sont proportionnellement pas
plus représentés qu'ils ne l'étaient en 1968. Ils sont
plus nombreux, mais on est tous plus nombreux.
C'est cela, les faits, au Québec, et je me dis qu'on ne peut
traiter cela à la légère. Si c'était possible,
j'aurais aimé avoir des données là-dessus qui nous
auraient peut-être permis de vous convaincre qu'il existe encore des
écarts par rapport à la scolarisation des francophones au
Québec. Les fonctionnaires ont cela en main. Concernant les francophones
et les anglophones, pour les cégeps, ceux qui sont inscrits dans les
programmes, l'enseignement professionnel, l'enseignement général,
ceux qui sont diplômés, la proportion de ceux qui en sortent avec
un diplôme, selon la langue. Je ne parlerai pas, évidemment, de
l'écart qui existe encore entre les filles et les garçons; je
pense que c'est une autre question et que ce n'est pas très relié
à l'aide financière. J'aimerais aussi je l'ai vu dans un rapport
récent du Conseil des universités qui parlait de la formation
courte dans les universités, qu'on me fournisse le pourcentage de nos
jeunes au Québec qui sont inscrits dans les programmes courts, dans les
programmes de deuxième cycle, de troisième cycle et selon la
langue. Je voudrais qu'on puisse comparer cela avec l'Ontario parce qu'on veut
faire des comparaisons avec l'Ontario. Moi, je veux bien et, malheureusement,
la connaissance que j'ai de ce dossier me laisse penser qu'elles vont nous
être défavorables.
À ma connaissance, le ministère n'a pas de données
récentes là-dessus. J'aimerais, toutefois, savoir, s'il y en a eu
plus récemment - cela fait déjà, quand même, six
mois que j'ai quitté sur les jeunes issus des milieux
socio-économiquement faibles - est-ce qu'on a des données - et
qui ont accès aux études collégiales universitaires. On
dit de façon générale qu'on a le sentiment qu'il y en a
plus, je serais peut-être d'accord avec cela. Là-dessus, je n'ai
pas de données récentes. Les données que j'ai datent de
1978-1979.
J'aimerais avoir une autre donnée puisqu'on se compare. Quel est
le pourcentage des jeunes Ontariens qui ont accès à l'aide
financière? On sait que, dans nos universités et dans nos
collèges, c'est de l'ordre de 50 %. Cela va nous donner un indice de la
pauvreté relative de nos étudiants. Il se peut qu'il y en ait
plus, je ne le sais pas. Il me semble, avant de porter un jugement sur les
effets qu'aurait ou n'aurait pas une augmentation de
l'endettement des jeunes, qu'il faut connaître la situation.
Je vais brièvement aborder une autre question qui n'est pas - je
le sais - dans ce dossier, mais c'est une question préliminaire. C'est
toute la question des frais de scolarité pour les cours
d'été. J'ai appris avec plaisir et bonheur, juste avant le lunch
à midi, que, dans la région de Québec, ils sont
certainement très admirables puisqu'ils ont réussi, avec moins
d'argent, à maintenir le même nombre d'heures de cours.
Je trouve cela tout à fait intéressant, sauf que, à
ma connaissance et selon l'information qu'on m'a donnée et que je
détiens de collèges, dans la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean, il semble qu'il y aurait une entente: c'est 0,50 $
l'heure. Cela vient en plus des frais d'inscription parce que, dans certaines
régions, même pour s'inscrire aux cours d'été, il y
a un minimum de frais de 12 $. Cela varie d'un collège à l'autre;
c'est entre 12 $ et 20 $ pour les frais d'inscription. Ils vont payer 0,50 $
l'heure, ce qui veut dire qu'un cours de 45 heures coûtera 22,50 $. Il
faut savoir que le cours de français, par exemple, c'est 45 heures;
celui de mathématiques, c'est 75 heures. Alors, si vous avez besoin de
prendre un cours de rattrapage en mathématiques, ce sera donc 37,50 $.
Cela, c'est dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean. J'estime
qu'effectivement ce n'est peut-être pas cher quand on a l'argent dans ses
poches.
Dans la région de l'Abitibi, on m'apprend que c'est 1 $ l'heure.
Dans la région de Montréal, les collèges m'ont dit que
c'est également 1 $ l'heure. Est-ce qu'on a des données plus
récentes qui nous laissent voir une situation plus favorable? Je ne le
sais pas. Là, je m'interroge. Cela veut dire 45 $ ou 75 $, par cours,
pour les étudiants. Je m'interroge, sur le fait que certains
étudiants pourront choisir de ne pas s'inscrire à ces cours et
cela aura un effet direct sur la durée des études. On sait que la
durée des études a un rapport direct avec le coût de
l'enseignement collégial, cela m'apparaît évident. Si vous
êtes cinq ans dans un collège, cela coûte plus cher.
D'ailleurs, le ministre nous l'a dit ce matin. Sur cela aussi, on convient de
la même chose.
Pour ceux qui sont assez bien nantis, moyennement nantis dans une
famille où sans être riches, où on n'est pas en train
d'attendre ses fins de mois, au 30 ou au 31 du mois, ce ne sera pas trop
pénalisant. Mais, pour ceux qui sont toujours à la
dernière "cenne", 35 $, 75 $, 45 $, c'est trop. Il n'iront pas. Ils vont
prolonger leurs études.
C'est un peu comme le cas qu'on a cité, hier, quand on parlait
des assistés sociaux; on leur donne 35 $ par enfant qui va à
l'école pour acheter le matériel scolaire. On sait bien que c'est
pas cher, 35 $. Ce n'est pas beaucoup pour nous qui sommes ici. Personne ne
ferait un drame si cela partait de chez nous, sauf que, lorsque cela part des
poches de gens qui vivent sous le seuil de la pauvreté, cela a des
effets. C'est juste cela que j'essayais de faire comprendre. Il semble que je
n'ai pas été comprise.
À présent, est-ce qu'il est possible d'avoir les
données dont je parle et, si on les a, est-ce qu'il serait possible de
les distribuer, de les déposer?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre.
(16 heures)
M. Ryan: La plupart des données que demande la
députée de Chicoutimi, M. le Président, ne sont pas
immédiatement disponibles. Nos fonctionnaires verront, en retournant
dans leurs bureaux, s'il est possible de colliger ces données dans un
avenir relativement rapproché. Si oui, nous serons très heureux
de les transmettre aux députés qui font partie de la commission.
Pour le moment, la plupart des données qui ont été
demandées ne sont pas disponibles sous la forme où elles ont
été demandées.
Par exemple, en ce qui concerne l'accès à
l'université, il y a des statistiques qui sont déjà
disponibles dans le cahier explicatif, au programme 6, où vous allez
trouver un certain nombre de statistiques. Le raffinement par origine
linguistique ou par région géographique n'est pas établi
dans ces données. Je ne pense pas que nous soyons en mesure de vous les
fournir dans un avenir prévisible. La plupart des autres données
qui ont été demandées sont des données qui ne
manquent pas d'intérêt, loin de là. Je ne pense pas que
nous les ayons à notre disposition maintenant.
Mme Blackburn: Est-ce que le ministre a en main les
données comparatives Québec-Ontario pour le pourcentage
d'étudiants qui ont accès à l'aide financière.
Est-ce qu'on sait dans quelles proportions?
M. Ryan: Au Québec, c'est 39,4 %. Mme Blackburn:
Excusez-moi?
M. Ryan: Au Québec, 39,4 % des étudiants inscrits
au collège et à l'université ont accès au
régime de prêts et/ou bourses. En Ontario, c'est 38,6 %. J'ai un
autre chiffre ici qui peut peut-être vous intéresser. Il est
relié directement à nos soucis, mais peut-être pas
directement à vos questions.
Le taux de l'endettement annuel moyen pour un étudiant qui sort
des études au Québec et pour un étudiant qui sort des
études dans le reste du Canada. Le taux d'endettement moyen
annuel, au Québec, 1464 $ et dans les autres provinces, 2450 $. Je
tiendrais à souligner... Non, je ferai des commentaires tantôt.
Vous me demandiez seulement si j'avais ces données à fournir.
C'est le point où nous en sommes. J'ai indiqué que dans le cahier
explicatif, au programme 6, au sujet de l'accessibilité à
l'université, il y a des données intéressantes. Tout ce
que nous pourrons colliger de données complémentaires, je demande
à nos fonctionnaires, dans les meilleurs délais, de le mettre
à votre disposition et à la disposition des députés
qui font partie de la commission, y compris celui qui parle.
Mme Blackburn: Est-ce qu'on a les données sur le
chômage des jeunes en Ontario?
M. Ryan: Oui. Attendez une minute, on va vous donner cela.
Je regrette, je n'ai pas de données comparatives entre le
Québec et l'Ontario et les autres provinces à ce sujet. Vous
voulez parler du taux de chômage en général ou du taux de
chômage des diplômés?
Mme Blackburn: De façon générale chez les
jeunes.
M. Ryan: II y a beaucoup de données qui existent. Nous
avons une grande quantité de sources...
Mme Blackburn: Oui.
M. Ryan: ...y compris les sources gouvernementales. Je ne l'ai
pas à la portée de la main. Mais, c'est bien facile à
obtenir. Je pense que nos services de recherche respectifs peuvent nous
procurer cela très rapidement.
Mme Blackburn: Oui, parce que je sais que le taux de
chômage moyen est de l'ordre de 8 %, ou 10 %?
M. Ryan: D'à peu près 12 %, 11 % maintenant. Il a
baissé un peu. C'est entre 10 % et 11 % pour l'instant, je pense.
Mme Blackburn: Si j'ai l'air de m'écarter du sujet, j'y
reviens. Pour bien comprendre ce que cela veut dire il faut bien être en
mesure de comparer ce qui est comparable. Donc, taux de chômage,
endettement collectif, richesse collective sont des données, il me
semble, qui devraient nous parler.
J'ai ici les diplômés du collégial, selon le sexe,
le secteur et la langue. Je ne vous les donnerai pas tous mais, si vous voulez,
on peut les faire photocopier; c'est tiré du document "Études et
analyses 76-82", issu du ministère de l'Éducation... de
l'Enseignement supérieur, plus probablement. Dans l'ensemble, chez les
anglophones, au général, 3094; au professionnel, 734. Chez les
francophones, au général, 15 475 et, au professionnel, 12 451. Si
vous comptez rapidement, vous allez voir que la différence est
extrêmement grande; vous en avez 700 sur 3000 contre 12 000 sur 15 000.
Actuellement, au professionnel, c'est environ 50-50 dans les collèges
francophones, 50% professionnel et 50% général. Il y a encore un
écart; cela ne fait qu'illustrer l'écart qu'on retrouve chez les
inscrits dans nos universités. C'est ce que je voulais illustrer. Pour
les programmes du deuxième et du troisième cycle, l'écart
qui avait été souligné par la députée de
Jacques-Cartier l'an passé - qui partait d'un commentaire ou d'un
article assez récent de Mme Bissonnette, du Devoir - il n'a pas dû
se résorber au cours de la dernière année.
Donc, ce que je voulais illustrer par mon propos, c'est qu'il y a un
écart considérable, encore aujourd'hui, d'une part, entre les
Québécois de langue française et de langue anglaise, et
entre le Québec, de façon générale, et l'Ontario.
Quand vous décomposez et que vous comparez uniquement les francophones
du Québec par rapport aux anglophones ontariens, vous retrouvez
quasiment la même situation qu'entre nos francophones et les anglophones
au Québec. Le ministre devrait être assez d'accord - je ne pense
pas que ce soit très erroné - avec ce que j'avance là.
Tout ça pour illustrer que ce n'est pas simplement pour mener une
belle bagarre qu'on est en train de questionner le ministre sur ses intentions,
sur la possibilité qu'il revienne sur la décision prise à
l'égard des coupures à l'aide financière aux
étudiants. Les étudiants que j'ai rencontrés ce midi me
disaient: Si, au moins, la coupure avait été réinvestie
dans l'éducation. Si, au moins, cela avait eu comme avantage
d'améliorer un peu notre régime. Si les 25 000 000 $ qu'on est en
train de couper dans les universités -c'est un peu plus que cela - et
les collèges, si, au moins, on nous les avait laissés pour
améliorer la qualité de nos services, on aurait peut-être
compris. L'aide financière, malgré ce qu'en dit - et je partage
son avis - la députée de Groulx... Je suis aussi issue, et c'est
juste pour relancer mon collègue de gauche, d'une grande famille: nous
étions quatorze, dans la baie des Chaleurs. Quand vous parlez de la
pauvreté et des familles à faibles revenus, je peux vous en
parler avec beaucoup d'aisance.
Si vous permettez, on pourrait reprendre. Est-ce qu'il y aura
possibilité d'avoir quelques données sur les statistiques que
j'ai demandées avant la fin de la commission?
M. Ryan: Je vais consulter les fonctionnaires du ministère
là-dessus et je pourrai vous donner une réponse plus tard, mais
je ne le pense pas.
Mme Blackburn: J'ai un document ici, qui est une comparaison des
différentes provinces. Je viens juste d'en prendre connaissance. Je
pense que cela pourrait être assez éclairant. Cela nous donne les
inscriptions, dans les différentes provinces, aux premier,
deuxième et troisième cycles et la source, c'est Statistique
Canada. On pourrait en faire des copies et le faire distribuer.
M. Ryan: M. le Président.
Mme Blackburn: II faudrait que je voie la dateégalement, 1983-1984.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: C'est un document qu'on vous a remis?
Le Président (M. Parent, Sauvé): II n'est pas
déposé, M. le ministre.
M. Ryan: Est-ce que c'est nous qui avons remis cela à la
députée de Chicoutimi?
Mme Blackburn: Non, M. le ministre.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Non, M. le
ministre.
M. Ryan: Cela m'aurait étonné parce que, en
général, les documents de Statistique Canada sur les
données universitaires ne sont pas toujours les plus fiables. Il y a des
questions de définition, là-dedans, qui sont assez complexes et
les problèmes n'ont pas tous été résolus encore.
Par conséquent, il faut faire attention quand on utilise Statistique
Canada pour des données universitaires.
Je sais que le Secrétaire d'État du Canada a
déposé récemment, en vertu d'une loi adoptée l'an
dernier, un rapport au Parlement fédéral sur l'effort des
provinces en matière d'enseignement postsecondaire. Les ministres de
l'enseignement postsecondaire des différentes provinces qui se sont
réunis dans le Conseil des ministres de l'Éducation du Canada ont
écrit au Secrétaire d'État fédéral pour le
prévenir des dangers de raisonnement ou de démonstration qui
reposeraient sur des données de Statistique Canada, justement, en
matière de statistiques universitaires. On en prendra connaissance avec
intérêt quand même. Je ne veux pas que vous pensiez que je
veux que ce soit jeté au feu, pas du tout. On en prendra connaissance
avec intérêt, si vous voulez nous le communiquer.
Mme Blackburn: J'en ai cependant un autre dont la source est le
Conseil des universités sur la formation courte dans l'enseignement
supérieur.
M. Ryan: Avez-vous les recommandations du Conseil des
universités là-dessus?
Mme Blackburn: Sur la formation courte?
M. Ryan: Oui.
Mme Blackburn: J'ai pris les données qui
m'intéressaient le plus, c'est-à-dire les données
statistiques sur la performance des jeunes Québécois en
matière de scolarisation. Je dois vous le dire - d'ailleurs, vous en
faisiez état ce matin - il y a des documents du Conseil des
universités qui ne réjouissent pas toujours les
universités en régions. Je dois dire que ce document, à ma
connaissance...
M. Ryan: Vous êtes passée par... Mme Blackburn:
...n'a pas été déposé. M. Ryan:
Pardon?
Mme Blackburn: Je veux dire que l'avis du Conseil des
universités n'a pas été déposé ici.
D'ailleurs, c'est un document de consultation.
M. Ryan: On a vu que cela n'intéressait pas l'Opposition,
on est passé par-dessus le programme 2.
Mme Blackburn: Non, je pense que le ministre veut faire un humour
que je trouve juste drôle un peu. On le voit mardi...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Vous me permettrez
de ne pas porter de jugement sur le sens de l'humour. Je ne le ferais jamais,
Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: II en porte sur mon manque d'information, je peux
toujours en porter sur son sens de l'humour.
M. Jolivet: Pas avec ce qu'on a vécu à
l'Assemblée nationale cet après-midi.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Ne me demandez
pas, à moi, de porter un jugement sur le sens de l'humour du
ministre.
Mme Blackburn: Vous n'êtes pas sans savoir que, cet
après-midi, il y a déjà plusieurs milliers
d'étudiants à l'extérieur qui, et je le
répète, de bon droit contestent
et expriment leur indignation devant cette décision. Au risque de
me répéter, je vais rappeler qu'il s'agissait d'engagements
fermes. Je vais répéter que ce gouvernement a fait un choix entre
les promesses et les engagements qu'il accepterait de respecter et les
promesses et les engagements qui ne méritaient pas d'être
respectés. Il semble bien, on est obligés de le constater, que
l'aide financière aux étudiants était parmi les promesses
qui ne méritaient pas d'être respectées ou qu'on entendait
peut-être déjà ne pas respecter. (16 h 15)
Par ailleurs, d'autres promesses, comme le rappelait mon collègue
de Laviolette, ont été respectées. Il s'agit des promesses
touchant les hauts salariés, une réduction de la table
d'impôt et l'abolition de la taxe sur les assurances-vie personnelles.
Remarquez que, personnellement, je me serais réjouie si on avait aboli
cette taxe sur les assurances collectives parce que cela aurait rejoint tous
les travailleurs - j'ai hâte de voir votre budget - et davantage ceux qui
ont des revenus moins élevés. Qu'on choisisse d'enlever la taxe
sur les assurances-vie personnelles - on le sait et je le répète,
et si vous n'êtes pas convaincus et que vous demandez à
l'être, allez voir les courtiers et ils vous le diront - cela touche les
hauts salariés. On a délibérément choisi de faire
une ponction de 169 000 000 $ dans l'enveloppe. Je me prends à
rêver, en me disant: Qu'est-ce qu'on aurait pu faire, qu'est-ce que ce
gouvernement aurait pu faire s'il n'avait pas mis l'argent là? Je pense,
par exemple, aux soins dentaires. Je pense, par exemple, à l'indexation
des prestations de bien-être. Je pense, par exemple, à l'aide
financière aux étudiants. Cela ne fait pas un total de 169 000
000 $. Des étudiants m'ont demandé - et je trouve que c'est
important - de souligner que, malgré qu'ils ne soient pas ici,
présents sur la colline parlementaire, ils étaient solidaires de
la contestation des étudiants. Ce sont les étudiants du
collège de l'Abitibi-Témiscamingue. Ils s'expliquent: De toute
façon, même si on voulait y aller, vous comprendrez qu'avec la
distance on n'a pas les moyens. L'engagement qui avait été pris
par le gouvernement d'améliorer le sort des jeunes ou de tenir compte de
la situation des jeunes en milieu éloigné, comme on le sait, n'a
pas été tenu. Sauf qu'ils occupent actuellement le bureau du
député d'Abitibi-Ouest. M. le ministre, ils me prient de vous
saluer et d'exprimer leur désir de vous voir accéder aux demandes
des étudiants de revenir sur cette décision.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre,
est-ce que vous désirez réagir ou est-ce qu'on continue
l'étude?
M. Ryan: Non, j'aimerais réagir un peu, M. le
Président. Je me demandais si cela allait prendre fin un bon jour. Je
cherchais le lien dans cette démonstration et il n'était pas
toujours facile à voir.
Mme Blackburn: C'est comme l'exposé d'hier soir.
M. Ryan: Nonobstant ces impressions, je pense que vous vous
attendez à ce que je discute du fond. On va essayer de le faire.
Justement, pendant que la députée terminait son exposé,
j'avais sous les yeux un article qui paraissait le 7 avril dernier dans le New
York Times. J'avais quasiment envie d'acheter un numéro du New York
Times pour la députée, cela aurait pu allonger sa liste de
documents et de citations sans trop de rapport avec le sujet, mais j'en ai
trouvé un ici dans le dossier que j'avais colligé l'autre jour en
lisant mon numéro du New York Times. C'est intitulé comme suit:
"Colleges to raise tuition by 7 % to 8 % putting some total bills over 16 000
$." Ici, je vous cite seulement un extrait: "American colleges and universities
are planning to raise tuition charges next fall by an average 7 % to 8 %. About
the same rate as last year according to a spot check. The total bill for
tuition, room and board at the most expensive private colleges will exceed 16
000 $. For example, students and their families will pay 16 040 $ for the
coming year, at Yale, 14 580 $ at Vassar College and 10 230 $ at Russel Sage."
Et cela continue. On constate qu'aux États-Unis, dans les
universités d'État, on paie évidemment moins cher que dans
les universités privées. Mais, dans les bonnes
universités, aujourd'hui, les frais de participation d'un
étudiant pour une année scolaire sont d'environ 14 000$, 15 000 $
ou 16 000 $. Là-dessus, il y a à peu près 9000 $ ou 10 000
$ qui vont pour les frais de scolarité. Le reste est pour la pension.
Pour nous, ici, c'est 500 $. En plus, nous fournissons une aide
financière à 40 % des étudiants qui sont inscrits au
collège et à l'université. Une aide financière dont
le niveau moyen est plus élevé que partout ailleurs au Canada. Je
crois que nous avons tiré de cette politique le maximum de
résultats qu'elle pouvait engendrer. La députée a dit
elle-même tantôt que deux facteurs qui devaient nous
inquiéter. Elle a mentionné qu'au point de vue de la
représentation des classes sociales à l'université la
situation n'a pratiquement pas évolué depuis 1968, ai-je cru
l'entendre dire; elle aurait pu dire depuis 1962. Nous avons des études
au gouvernement qui établissent que depuis 1962, malgré cette
multiplication de politiques plus libérales que partout ailleurs au
Canada, nous n'en sommes pas tellement à un autre stade aujourd'hui que
nous l'étions il y a 25 ans. Il doit y avoir
quelque chose d'autre. Il doit y avoir des questions à se poser.
Le lien de causalité entre ces politiques et le résultat
recherché n'est pas toujours clair. Peut-être qu'au lieu de
gémir sur certaines modifications qui peuvent avoir pour effet de
permettre au gouvernement de donner un peu plus en bourses à ceux qui en
ont vraiment besoin, de donner un peu moins en bourses à ceux qui sont
capables d'assumer un fardeau d'endettement un petit plus lourd,
peut-être qu'au lieu de gémir là-dessus on pourrait
chercher à améliorer encore le régime. Je n'ai pas
entendu, dans tout l'exposé qu'a fait la député de
Chicoutimi, une proposition constructive. J'ai entendu des propositions de
statu quo, je n'ai pas entendu une proposition constructive. Comment
pouvons-nous améliorer notre régime de financement des
études universitaires de manière que l'objectif
d'accessibilité soit atteint avec plus d'efficacité, en
même temps que la qualité de l'enseignement, au lieu d'être
menacée comme elle l'a été par les politiques du
gouvernement précédent, soit vraiment sauvegardée? C'est
le vrai problème qui nous confronte et c'est un problème à
deux volets. On veut d'un côté favoriser l'accessibilité,
et de l'autre côté on veut développer une qualité
élevée. On veut faire tout cela avec une population dont la
députée nous disait, erronément à mon sens, qu'elle
serait de 25 % moins riche qu'en Ontario. Je pense que l'écart est plus
autour de 10 % avec l'Ontario. Je ne pense pas que ce soit de 25 %, en tout cas
on pourra discuter quand on aura des statistiques et si je me trompe... On ne
discutera pas de cela longtemps mais j'inscris cela pour le dossier pour qu'on
puisse vérifier. À plus forte raison, si c'est 25 %, et que nous
ayons des frais supérieurs par citoyen, autant que par étudiant,
pour les universités, pour les collèges, pour les hôpitaux,
pour les autres services publics, la question revient, où allons-nous
prendre l'argent? Où allons-nous prendre l'argent? Nous sommes tous
imbus de dispositions généreuses, mais allons-nous continuer
d'endetter le Québec au rythme qui a été
caractéristique du gouvernement précédent et qui a fait
passer la dette du Québec - 3 000 000 000 $ ou 5 000 000 000 $; quand
ils sont arrivés je pense qu'elle était à 3 000 000 000 $
- à au-delà de 25 000 000 000 $? On ne peut pas continuer comme
cela, de toute évidence, parce que les revenus du gouvernement ne
progressent pas à ce rythme, ni le produit intérieur brut. C'est
là qu'est le problème, c'est ce qui nous confronte comme
difficulté. C'est évidemment que si je voulais dire qu'il n'y a
aucun rétrécissement dans l'accessibilité aux bourses je
conterais un énorme mensonge. Ce n'est pas du tout mon intention. Il y a
une modification qui fait que l'étudiant voulant profiter de
l'accès au collège et à l'université devra accepter
des responsabilités un petit plus lourdes pour les premières
années de son séjour sur le marché du travail à la
fin de ses études. Je crois que le fardeau de la preuve, ici, consiste
à montrer qu'il y aura des conséquences sérieuses. Nous
soutenons qu'il n'y aura pas de conséquences sérieuses. Il y a
des sacrifices. Il est évident que cela aurait été mieux
de maintenir le statu quo du point de vue de l'étudiant et du point de
vue du gouvernement aussi. Le gouvernement n'aurait pas de difficultés,
il serait bien content, il pourrait se féliciter. Mais quand arriverait
la fin de l'exercice, qu'il voudrait se présenter sur le marché
de l'emprunt, avec des dettes encore accrues, il se ferait dire: on ne peut
plus vous prêter, vous n'êtes pas solvable, comme peuple, comme
société. Est-ce que c'est cela l'idéal de fierté
auquel veut en arriver l'Opposition? Nous autres, nous voulons une
fierté véritable qui donne de bons services et qui, en même
temps, repose sur non pas l'indépendance formelle que vous recherchiez,
mais la vraie indépendance qui vient d'un portefeuille en santé.
Quand on a le portefeuille en santé, on n'a pas peur de faire partie de
la fédération canadienne. Quand on a le portefeuille tout de
travers, on peut nourrir n'importe quelle idée et on s'en fiche. Je vous
dis que nous cherchons un peu plus de santé. Encore une fois, c'est le
but même de tout cet exercice. Nous croyons que les mesures que nous
proposons sont les plus saines que nous pouvions prendre dans ce secteur.
Je dois ajouter ceci, M. le Président. J'ai rencontré
à deux reprises les représentants des organismes étudiants
qui manifestent, aujourd'hui, devant l'Hôtel du Parlement. Je les ai
reçus à mon bureau à Montréal, il y a une dizaine
de jours. Je les ai de nouveau rencontrés en compagnie du premier
ministre, vendredi dernier, au bureau du premier ministre, à
Montréal. Nous avons discuté avec eux, la première fois,
pendant près de deux heures et, vendredi dernier, au bureau du premier
ministre, pendant une heure et demie. Nous les avons écoutés
attentivement. Je pensais qu'ils viendraient nous faire la preuve des
conséquences des mesures que nous avons instituées et j'ai
été obligé de leur dire, à la fin de chacune des
deux rencontres, que je n'avais entendu aucune démonstration
sérieuse. J'ai entendu des craintes. Il y a des spécialistes de
marketing des craintes et des frayeurs collectives et je ne suis pas
obligé d'identifier de quel côté ils se trouvent. Nous
autres, nous préférons "marketer" la confiance et le sens des
responsabilités. Le sens de la discipline. Je leur ai dit: Donnez-nous
la démonstration claire des conséquences que vous envisagez. Ils
n'ont pas été capables. Franchement, ils n'avaient
pas de démonstration. Ils n'avaient pas de chiffres
sérieux. Je regrette de le constater. Je leur ai dit, à la fin:
Si vous avez d'autres éléments, nous en prendons connaissance
avec énormément d'intérêt, mais, pour le moment,
c'est là que nous en sommes du point de vue des groupes
étudiants. Ils avaient des propositions à soumettre. Ils en
avaient. Je vais vous dire franchement, Ils n'ont pas osé les mettre sur
la table, parce que je pense que, tout à coup, ils ont commencé
à comprendre qu'un ou deux zéros de plus, cela commence à
faire des chiffres. Il y en a une proposition, elle est publique, je peux bien
l'évoquer. On dit qu'il faudrait donner le statut d'autonomie à
tous les étudiants qui ont passé l'âge de 18 ans. J'ai
demandé s'ils étaient intéressés à nous
donner des détails à ce sujet. Ils ont répondu: Pas
aujourd'hui. Je comprends parce que les calculs que nous avons faits
établissent que cela coûterait à peu près 600 000
000 $ par année pour faire cela. Je ne peux pas envisager des choses
comme celles-là sérieusement. Je pense que tout le monde le sait.
On n'a pas pu avoir de discussion à ce niveau. Il va falloir que cela
vienne. Il va falloir que nous nous retrouvions. Je ne sais pas quel jour.
Apparemment, ce ne sera pas aujourd'hui. Cela va venir un bon jour et je pense
que nous serons ouverts à un dialogue constructif.
D'ailleurs, nous savons tous que la révision du régime des
prêts et bourses est à l'ordre du jour du ministère. C'est
une entreprise que nous entendons mener à bien d'ici un an ou deux avec
le concours de tous les intéressés. Nous allons accueillir toutes
les idées positives qu'on voudra bien formuler de ce côté.
Je veux assurer la députée de Chicoutimi que les trois points
inscrits au programme électoral du Parti libéral du Québec
demeurent à notre programme. Ce sont trois points que nous entendons
incorporer dans les modifications qui seront faites au régime de
prêts et bourses. Si vous les examinez comme il faut, ces trois
points-là, vous constaterez que ce sont des points qui peuvent
être appliqués graduellement et dont le coût total n'est pas
du tout astronomique ou quasi astronomique comme je l'ai mentionné
tantôt. Il faudrait que ce soit bien clair que nous n'abandonnons
aucunement ces trois objectifs qui avaient été mis dans notre
programme électoral. Au contraire, nous considérons toujours que
c'était des objectifs raisonnables et sains.
Maintenant, j'ajoute juste, en terminant, quelques données
additionnelles, parce que je pense que nous essayons de compiler ensemble un
dossier de données objectives à ce sujet. J'apprécie le
souci de la députée de Chicoutimi de ce
côté-là et je suis prêt à collaborer avec elle
parce que le dossier au bout de la ligne doit être le même et, du
côté de l'Opposition et du côté du gouvernement,
parce que les chiffres sont ultimement les mêmes. On peut se tromper de
bonne foi pendant un certain temps ou de mauvaise foi de part ou d'autre, mais,
à un moment donné, on se dit, quand on est de bonne foi: Voici le
chiffre. Au sujet des comparaisons avec le Québec et l'Ontario, il y a
deux, trois ou quatre ans, on était obligés d'émettre des
doutes et des questions parce que la méthode n'était pas encore
au point. Depuis ce temps-là, on a fait du progrès sur beaucoup
d'aspects et, aujourd'hui, il y a des choses qui peuvent se comparer plus
facilement parce qu'on a réussi à faire un peu de nettoyage dans
les méthodes de travail. (16 h 30)
Je donne deux éléments qui peuvent venir s'ajouter
à ce dossier. Je pense que c'est un critère dont tout le monde va
convenir qu'il est très sain et très raisonnable, les
dépenses universitaires en pourcentage du PIB. De ce que chaque citoyen
produit de biens et de services au Québec, quelle proportion va pour les
dépenses universitaires? En Ontario, c'est 1,2 % du produit
intérieur brut qui va pour les dépenses universitaires. Au
Québec, c'est 1,4 %. C'est une grosse différence quand on
connaît le genre d'agrégat que représente le produit
intérieur brut.
Le pourcentage des subventions gouvernementales dans les dépenses
totales des universités, c'est un autre point. Quand on parle de l'aide
financière aux étudiants en Ontario, il ne faut pas oublier que
là-bas les frais de scolarité sont beaucoup plus
élevés qu'au Québec. Au Québec, la moyenne des
frais de scolarité est d'environ 550 $. En Ontario, c'est entre 1200 $
et 1500 $. Nonobstant cela, le montant de l'aide est plus élevé
au Québec qu'en Ontario. Je pense qu'on doit reconnaître qu'il y a
un supplément de 700 $ en bourses indirectes qui vient s'ajouter pour
tous les étudiants qui fréquentent une université
québécoise, en raison de la différence dans les frais de
scolarité. Je pense qu'on admet cela sans discussion, du moins je
l'espère.
Cela donne les résultats suivants. Le pourcentage des revenus que
les universités de l'Ontario retirent sous forme de subventions
gouvernementales est de 59 %. Au Québec, c'est 72 %. Cela veut dire que
le gouvernement fait quand même des sacrifices considérables au
nom des citoyens - il n'a pas de mérite, l'argent ne lui appartient pas
- pour assurer le fonctionnement et le développement des
universités. On peut faire mieux encore et on va essayer par tous les
moyens raisonnables et honorables. Je voudrais quand même signaler ces
faits, pour que nous soyons bien conscients qu'il y a énormément
de données dont il faut tenir compte, si l'on veut brosser un bilan
juste et impartial.
Encore une fois, et je termine par cela, M. le Président, je
pense que, en ce qui
touche l'aide financière aux étudiants, ce que nous
demandons comme ajustement cette année n'affecte en rien les sommes
liquides mises à la disposition des étudiants. Au contraire, il y
aura augmentation de 13 % dans le volume de la masse financière mise
à la disposition des étudiants de collèges et
d'universités du Québec en 1986-1987, sous forme de prêts
et de bourses.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre, je
reconnais la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: J'aurais le goût de réagir à
plusieurs points. Je ne voudrais pas reprendre tout le débat mais,
lorsque le ministre parle du manque de confiance et de discipline des jeunes,
je dois dire qu'on leur a donné un douteux exemple de la confiance
qu'ils pouvaient avoir dans les promesses des adultes. J'hésiterais un
peu à parler de confiance.
La fierté vient effectivement de l'épaisseur du
portefeuille. Je pense bien qu'on peut aussi un peu s'entendre
là-dessus, quoique j'espère qu'elle est aussi ailleurs, notre
fierté. Mais, la santé et l'épaisseur d'un portefeuille,
c'est très relié au niveau de scolarisation également.
Le ministre nous dit - et j'ai les données - que l'aide
financière, cette année, connaîtra une croissance de 13 %.
Il faudrait lui rappeler qu'en 1985-1986 c'était 17 %, en 1984-1985, 14
%, en 1983-1984, 21,9 $, en 1982-1983, 28 %. C'est, depuis 1979, la plus basse
augmentation. Il ne faut quand même pas s'exciter avec cela.
La question des frais de scolarité. L'article que vous me citiez
tout à l'heure est-il d'avril de cette année? M. le ministre,
vous me permettez?
M. Ryan: Oui, oui.
Mme Blackburn: Vous savez, les données que nous a fournies
le ministre sont des données qui sont connues et, je dois ajouter, des
données qui étaient connues au moment où le Parti
libéral a pris ses engagements. Il n'y a rien de nouveau. Les
données sur les frais de scolarité, la différence des
frais de scolarité entre l'Ontario et le Québec, c'était
connu avant. Le taux d'endettement des jeunes, on n'a pas attendu
l'élection du Parti libéral pour sortir des données
là-dessus. Ce sont des choses qui étaient connues au moment
où on a pris les engagements.
J'aurais quelques brèves questions et, ensuite, je laisserai la
parole aux autres.
Premièrement: Est-ce que le ministre a l'intention d'amender ce
qu'on appelle le ratio prêts-bourses? Actuellement, il est de 54/46, soit
54 pour les prêts et 46 pour les bourses, alors qu'il nous rappelle
qu'en
Ontario c'est 69/31. Est-ce que le ministre a l'intention d'amener cela
au même niveau que celui de l'Ontario? D'abord, cette question-là
et ensuite deux petites.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre de
l'Éducation.
M. Ryan: Je veux attendre que la commission parlementaire de
l'éducation ait pu faire le travail qui lui sera confié à
compter de la semaine prochaine sur le financement des universités avant
d'en venir à des conclusions sur une question comme celle que m'a
adressée la députée de Chicoutimi. Nous avons pris des
dispositions pour l'année 1986-1987, dispositions qui sont connues. En
ce qui touche les années à venir, je voudrais que la commission
parlementaire ait eu le temps d'avancer dans son travail et peut-être
d'envisager certaines avenues d'améliorations qu'elle pourrait
être intéressée à nous recommander en temps utile,
c'est-à-dire vers l'automne prochain. Comme le mandat de la commission
comportera, entre autres, l'examen de deux sujets: l'aide financière aux
étudiants et les revenus des universités autres que les
subventions, je pense que la question qu'a posée la
députée de Chicoutimi sera une question tout à fait
importante dans les travaux de la commission parlementaire. Par respect pour la
commission parlementaire, je ne voudrais pas que du côté du
pouvoir exécutif nous tirions des conclusions avant que celle-ci n'ait
eu le temps de s'acquitter de son mandat.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre, je
reconnais la députée de Chicoutimi et je reconnaîtrai,
immédiatement après, la députée de Jacques-Cartier.
Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Vous avez dit que la commission parlementaire
entreprendrait ses travaux à l'automne. La commission parlementaire de
l'éducation que vous nous avez annoncée ce matin siégerait
possiblement en septembre ou octobre.
M. Ryan: Vous m'embarrassez profondément, M. le
Président, parce que je ne peux pas répondre à une
question qui relève de votre compétence.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Non, pour
l'information de la députée de Chicoutimi, la commission
parlementaire décidera, elle, de son horaire de travail. On se
consultera et on décidera à quel moment.
Mme Blackburn: J'avais cru entendre dire le ministre que
c'était la proposition qu'il s'apprêtait à faire en
commission.
Le Président (M. Parent, Sauvé):
Habituellement, les commissions parlementaires siègent soit sous
la direction de l'Assemblée nationale qui lui donne des mandats et des
dates précises ou elles se donnent un échéancier. Il y a
deux possibilités.
Mme Blackburn: Sur proposition du ministre.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Pardon?
Mme Blackburn: Sur proposition du ministre.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je dois dire que
les coutumes parlementaires et mon expérience me disent que ce n'est pas
impossible.
M. Ryan: Un bon président!
Mme Dougherty: Bien. J'aurais juste une réaction. J'ai un
peu sursauté parce que j'avais mal compris, cela m'arrive et
généralement je le reconnais, je n'ai pas besoin qu'on me le
dise. J'avais cru entendre que le ministre songeait à réunir la
commission dans les prochaines semaines et là je m'inquiétais,
parce que je n'ai pas une grosse équipe pour commencer à me
préparer pour aller suivre les débats, de façon
adéquate, en commission parlementaire. Je m'inquiétais
également sur la capacité à la fois des jeunes et des
différents intervenants de se préparer s'il n'y avait pas
suffisamment de délai. Cela va? On peut être assuré
là-dessus. Ce ne sera pas dans les prochaines semaines?
Le Président (M. Parent, Sauvé): J'ai l'intention
de proposer - je peux l'annoncer immédiatement - à la commission
parlementaire et au leader du gouvernement que la commission parlementaire sur
l'éducation, qui sera vraisemblablement, selon les avis du ministre,
appelée à étudier le financement des universités,
commence à siéger vers la dernière semaine du mois
d'août, de façon à pouvoir faire le travail dans des
délais raisonnables.
Mme Blackburn: Je vous remercie, M. le Président,
et...
M. Ryan: M. le Président, juste à propos de la
commission parlementaire, me permettriez-vous de faire une remarque
additionnelle?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous
écoute, M. le ministre.
M. Ryan: Pardon?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous
écoute.
M. Ryan: Je voudrais dire que nous avons fait obtenir aujourd'hui
à l'Opposition un document qui définit le mandat devant
être attribué à la commission parlementaire par
l'Assemblée nationale pour l'étude du financement des
universités. Nous aurions été très heureux de le
déposer à l'Assemblée nationale dès aujourd'hui
mais l'Opposition nous a demandé de l'étudier de son
côté de manière approfondie et nous avons consenti à
ce que le document ne soit déposé qu'au début de la
semaine prochaine pour faire plaisir à l'Opposition et profiter au
maximum de ses suggestions.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Le
président de la commission parlementaire sur l'éducation, M. le
ministre, apprécie beaucoup que vous l'ayez fait pour faire plaisir
à l'Opposition. Je vous reconnais ces intentions-là et
j'apprécie que vous l'ayez communiqué aux deux côtés
de cette commission parlementaire.
Cette commission parlementaire - vous m'avez ouvert des portes et j'en
profite pour en parler - se voudra une commission d'étude qui aura pour
but de recommander - c'est ce que je demanderais à la commission de se
donner pour mandat - au gouvernement et à l'Assemblée nationale
des moyens pour assainir le financement des universités et d'aider les
universités à poursuivre leur mission. Alors, je peux vous
assurer qu'elle va se faire d'une façon sérieuse, d'une
façon très recherchée et que nous allons fouiller des
dossiers de façon que l'on puisse faire le point, une fois pour toutes,
sur le financement des universités au Québec.
M. Jolivet: M. le Président, pour clarifier la situation.
Oui, je sais, c'est sur ce point-là.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Ayant eu à présider des commissions
parlementaires, je veux juste dire ce qui s'est probablement passé. Le
ministre, normalement, ne peut pas présenter de motion. C'est le leader
de votre formation politique qui a probablement discuté avec notre
leader et c'est à ce niveau-là que se fait la discussion. Nous,
on vient juste d'être avertis qu'il y avait un mandat et on va s'informer
de notre côté aussi pour discuter avec notre leader, comme
d'ailleurs vous devrez le faire à votre niveau.
M. Ryan: Chez nous, la coordination est meilleure.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je
reconnais la députée de Jacques-Cartier.
M. Jolivet: Pour une fois que c'est égal.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Aviez-vous
terminé, Mme la députée de Chicoutimi?
M. Jolivet: C'est la même.
Mme Blackburn: Une petite question qui sera la dernière
sur ce programme. Les compressions à l'enveloppe de l'aide
financière sont de 24 300 000 $.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci. Les engagements - et, tout de suite, je me
permets de le rappeler au ministre - qui sont pris, ce n'est pas seulement
trois, c'est cinq, M. le ministre. Je n'en ai cité que trois en Chambre
cet après-midi, mais il y avait cinq engagements que vous aviez pris sur
l'aide financière.
Je peux vous les rappeler, je les ai ici, mais vous les avez
également, certainement. Les engagements qui avaient été
pris par le Parti libéral étaient évalués à
environ 25 000 000 $. Les coupures que l'on vient de faire sont de 24 300 000
$. Est-on en train de proposer comme démarche future, quand on va
modifier l'aide financière aux étudiants, de faire payer dans la
même enveloppe les améliorations que l'on pourrait donner à
d'autres points? Donc, est-on en train de dégager ce que j'appellerais
les marges de manoeuvre à même l'enveloppe budgétaire de
l'aide financière pour payer les engagements? Autrement dit, te Parti
libéral est en train de faire payer, par les étudiants, les
engagements pris par le parti, à même leur propre enveloppe et les
avantages qu'ils avaient antérieurement. Est-ce la ligne que l'on entend
prendre ou si...
M. Ryan: Tout d'abord, je pense que la question repose sur une
prémisse qui est très contestable...
Mme Blackburn: Cela, je vous l'accorde. (16 h 45)
M. Ryan: ...parce que la députée parle d'une
coupure de 24 000 000 $ alors que, pour nous, il n'y a pas de diminution du
volume d'argent mis à la disposition des étudiants en 1986-1987,
mais augmentation. Et je souligne au passage que, dans une de ses observations
tantôt, la députée mentionnait des taux d'augmentation qui
ont effectivement été réalisés dans des
années antérieures. Mais ce qu'il aurait fallu mentionner pour
être complet, c'est que dans ces années-là l'augmentation
de la clientèle était plus grande, tandis que là, depuis
deux ou trois ans, la clientèle est stable. Par conséquent, si
vous ajoutez 13 % de plus dans un exercice où la clientèle
demeure grosso modo la même, cela veut dire qu'il va y avoir plus de
monde dans cette même clientèle qui va avoir accès aux
prêts et bourses que ce n'était le cas antérieurement.
Donc, il y a une amélioration "in-built", comme on dit, qui est
inhérente aux changements mêmes qui sont opérés, et
qu'on ne doit pas négliger. Je pense que nous allons nous entendre sur
ce point-là.
Maintenant, j'en reviens à l'autre question de la
députée. Je trouve quatre engagements dans le programme
électoral du Parti libéral du Québec en matière de
prêts et bourses, et non pas cinq; j'en trouve quatre. Ces quatre
engagements demeurent à notre programme et nous entendons les incorporer
au régime des prêts et bourses à mesure que nous allons en
faire l'amélioration et l'ajustement aux besoins d'aujourd'hui. Je ne
sais pas quelles seront les proportions au bout de la ligne entre prêts
et bourses. Ce sont des choses qui vont être étudiées sous
tous les aspects. Il y a des raccordements que je souhaiterais vivement pouvoir
faire avec la fiscalité. Prenez, par exemple... Je vous pose juste une
question. Cela, c'est une opinion, mais que je veux faire examiner de
très près. La partie remboursement, on pourrait peut-être
envisager un jour, au moins partiellement, qu'elle soit déductible du
revenu imposable; cela serait une chose qui serait très raisonable.
À ce moment-là, cela allégerait le fardeau. Il y a bien
des choses qui peuvent être faites. Je ne vaudrait pas qu'on pense que,
parce qu'une avenue semble avoir donné toute sa mesure, toutes les
autres avenues sont bloquées. Il y a beaucoup d'exploration qui reste
possible et nous allons le faire en essayant d'incorporer ces articles de notre
programme dans notre politique. Je pense pouvoir dire à la
députée, finalement, que ce n'est pas juste échanger
quatre trente sous pour une piastre que nous voulons faire, mais que nous
voulons améliorer le régime. Cette année, nous sommes
obligés de faire un changement qui donne lieu à des critiques,
à mon point de vue, exagérées. Mais, quand même, je
voudrais donner l'assurance à la députée que mon intention
n'est pas celle que, par sa question, elle voulait vérifier.
Mme Blackburn: Vous me permettrez de corriger quand même,
avant de laisser la parole à d'autres, une affirmation que me donne
ici... Alors qu'on a, je pense, le même document en main, cela
m'étonne un peu. À l'aide financière, le nombre de
bénéficiaires en 1985-1986 était de 120 300; il est
prévu cette année être à 131 700. C'est ce qui
explique, évidemment, la hausse de l'enveloppe financière et cela
ne s'explique
pas par la bonification apportée à l'enveloppe. Cela
s'explique .par une hausse de la clientèle, des
bénéficiaires prévisibles.
M. Ryan: Je pense qu'on a expliqué ce point-là
à plusieurs reprises.
Mme Blackburn: Je voudrais juste dire au ministre - et
ià-dessus je conclurai - qu'au cours des dernières années
le régime d'aide financière aux étudiants s'est
constamment amélioré et il était - et c'est
extrêmement important pour nous - indexé. On lui a apporté
différentes modifications, importantes et intéressantes, à
l'occasion des demandes et réclamations faites soit par la direction des
services aux étudiants, soit par les étudiants eux-mêmes.
C'est avec plaisir que je m'associerai aux travaux de la commission
parlementaire pour examiner avec attention les différentes propositions
qui seront mises sur la table à ce moment-là. Je dois dire, et
cela ne m'étonne pas autrement, que de voir que la question de l'aide
financière aux étudiants apparaît à la commission
parlementaire sur le financement des universités ne nous laisse plus
aucun doute, si tant est qu'on en avait, sur l'intention du ministère,
du ministre de hausser les frais de scolarité. Sinon, je ne vois pas
beaucoup le rapport étroit qu'il pourrait y avoir entre l'aide
financière aux étudiants et le financement des
universités. Je participerai donc avec beaucoup d'intérêt
et d'attention, et de façon positive, aux travaux de la commission sur
le financement des universités, sur le volet également de la
révision des règles de l'aide financière aux
étudiants. Je dirais, comme mon prédécesseur, que c'est le
devoir de l'Opposition de faire une critique impitoyable des gestes du
gouvernement.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre de
l'Éducation.
M. Ryan: ...dans lequel je me suis reconnu: une critique
impitoyable des gestes du gouvernement et non pas des intentions. Dans la
mesure où cela va être une critique des gestes, cela va faire
notre affaire amplement, si nous agissons mal...
Mme Blackburn: C'est ce qu'on a...
M. Ryan: J'espère que vous nous fouetterez avec toute la
sévérité dont nous vous savons désormais capable.
Je voudrais ajouter seulement une chose. Vous avez donné un exemple, il
y a quelques minutes à peine, de ce qui est plutôt un
procès d'intention qu'une critique objective. Parce qu'on inscrit les
prêts et les bourses au programme des travaux de la commission dans le
cadre du mandat qui lui sera attribué, cela veut dire qu'il y aura des
changements dans les frais de scolarité? Est- ce bien cela qui a
été dit?
Mme Blackburn: Est-ce que le ministre pourrait alors nous
réaffirmer ce qu'il a affirmé en Chambre et qu'on a pu
communiquer aux jeunes du Québec, qu'il y aura un gel des frais de
scolarité pour la durée de son mandat? Parce que je serais tout
à fait... Cela me consolerait beaucoup de ce qui arrive aux jeunes.
M. Ryan: M. le Président, je pense qu'il y a des
arénas pour le patinage de fantaisie, mais ici c'est est un lieu de
discussion et on va rester sur la question qui était posée. La
députée dit: qu'on inscrit cela à l'ordre du jour, cela
veut dire qu'on va faire cela. Je veux lui dire que pour un esprit
libéral ce n'est pas comme cela qu'on marche. On inscrit une question
à l'ordre du jour et, par définition, on ne sait pas quelle sera
la réponse, autrement on n'inscrirait pas la question à l'ordre
du jour. On donnerait la réponse tout de suite. On inscrit la question
justement parce qu'on veut que l'imagination et l'esprit des
députés se mettent au travail. D'ailleurs, dans le mandat qui
sera donné, il y a une chose que je veux dire pour la consolation de la
députée de Chicoutimî, le gouvernement a prévu, dans
sa sagesse, que le ministre de l'Enseignement supérieur sera membre de
la commission pour les fins de ce mandat-là. On va pouvoir se retrouver
ensemble avec tout le plaisir que cela comporte. Je vais assurer la
députée de Chicoutimi que, quand ces différents points ont
été inscrits au programme, il n'y en a aucun qui a
été inscrit alors que les conclusions étaient faites
d'avance. Les questions sont ouvertes, cependant. À propos des frais de
scolarité, la députée de Chicoutimi n'est pas sans savoir
que le Conseil des universités dont elle a célébré
tantôt la louange...
Une voix: ...
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre,
vous avez la parole.
M. Ryan: ...que le Conseil des universités, dont la
députée de Chicoutimi célébrait justement les
louanges tantôt, me remettait un rapport peu après que nous
eussions eu cette brève session parlementaire, au mois de
décembre, dans lequel il me disait, avec force insistance, que nous
devions nous réexaminer très sérieusement sur le
financement des universités. Moi-même, au début, je me suis
dit: Ils veulent nous tendre un piège. J'étais un peu surpris
quand M. L'Écuyer est venu me porter ce rapport. Je lui ai dit que
j'allais l'étudier attentivement. Je l'ai lu consciencieusement et je me
suis dit qu'étant donné le respect que j'ai pour cet
organisme... Il y a un argument qui m'a frappé beaucoup dans le
rapport du Conseil des universités, c'est qu'il dit: On frappe à
la porte du gouvernement depuis huit ans et on se fait toujours dire non. On se
fait toujours dire qu'il n'y a plus de possibilités de ce
côté. Il faut regarder d'autres avenues. Je ne pensais pas qu'il y
avait des vérités a ce point-là dans ce raisonnement. Mais
je pense que c'était le point de vue d'un homme et d'un organisme qui
ont fait des expériences instructives.
Alors, la question, à la suite de ces interventions,
c'était une des interventions et c'est peut-être la plus
importante qui a été faite, nous a porté à nous
réexaminer et à dire: Oui, nous allons regarder ce
problème de nouveau et nous allons le faire avec l'aide des
parlementaires qui sont habilités, par leur mandat, à le faire
avec nous. Alors, il n'y a pas de conclusion écrite d'avance, M. le
Président. La conclusion sera écrite par les
députés appelés à faire partie de la commission et
en qui j'ai entièrement confiance quant au jugement et au sens des
responsabilités.
Le Président (M. Parent, Sauvé.): Je vous remercie,
M. le ministre de l'Éducation. Je reconnais maintenant Mme la
députée de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: J'aimerais simplement corriger certains faits
soulevés par la députée de Chicoutimi, il y a quelques
minutes, quelques heures peut-être. La députée de
Chicoutimi a joué, tout à l'heure, avec toutes sortes de chiffres
afin d'arriver à certaines conclusions à l'égard du
progrès des anglophones par rapport aux francophones au niveau de
l'éducation supérieure. Je crois qu'il faut être
très, très prudent en jouant avec ces chiffres, en tirant des
conclusions avec ces chiffres parce que l'analyse que la députée
nous a présentée a oublié certaines situations, certains
faits importants.
D'abord, si on analyse la proportion d'élèves dans le
secteur professionnel dans nos cégeps par rapport au cours qui
mène à l'université, c'est vrai que, dans la
communauté anglophone, il y a une tradition, une longue tradition vers
l'université et non vers l'éducation professionnelle. C'est
intéressant parce que, aujourd'hui, dans la communauté
anglophone, on fait beaucoup d'efforts pour convaincre les jeunes qu'il y a
d'autres choses è faire que d'aller à l'université. On
essaie de les convaincre qu'il leur faut considérer des études
professionnelles au lieu d'accéder aux universités d'une
façon automatique.
Maintenant, il faut examiner et peut-être qu'on pourrait demander
aux gens du ministère de nous faire une liste des cours disponibles dans
les cégeps anglophones sur le plan professionnel. Je n'ai pas de liste
ici, je n'ai pas de chiffres pour prouver mon point, mais je crois qu'il y a
beaucoup de cours qui n'existent pas du tout dans les cégeps
anglophones. Le contrôle du trafic aérien, par exemple.
Ce qui se passe, c'est qu'il y a beaucoup d'anglophones qui vont
à Ryerson en Ontario pour avoir accès aux cours professionnels en
anglais. Je crois que c'est un fait avec lequel les anglophones vivent, mais
c'est quelque chose qu'on doit examiner. La différence entre la
proportion des élèves qui choisissent les cours professionnels et
la proportion dans l'autre secteur, il faut l'examiner pour voir quelles sont
les raisons de ces choix.
Le deuxième point, c'est que la députée de
Chicoutimi a parlé de 2000 étudiants en génie au
Québec. Ce n'est pas du tout vrai. D'abord, elle a cité et fait
référence a mes paroles lors de l'étude des
crédits, l'année dernière, quand j'ai discuté de
l'avis du Conseil des universités sur le sous-développement de la
recherche scientifique dans nos universités francophones.
Proportionnellement, et c'est le rapport de 1983, elles ne reçoivent pas
leur part des subventions fédérales pour la recherche. (17
heures)
J'ai cité un article de Lise Bissonnette: Surplus de 2000
étudiants de maîtrise et de doctorat en sciences naturelles et
génie au Québec, la moitié seulement sont inscrits dans
des institutions de langue française. Je ne parle pas des gens en
génie, au premier cycle, il y a une grosse différence. Je parle
de ceux qui s'occupent de la recherche, pour démontrer le retard dans la
recherche dans les universités francophones.
Si on veut arriver à votre conclusion que les francophones sont
en retard, il faut d'abord regarder combien d'élèves en
génie nous avons au premier cycle. Il est bien possible - je n'ai pas
les chiffres ici - que, proportionnellement à la population anglophone
et francophone, il y ait plus d'élèves en génie dans les
universités anglophones mais il ne faut pas oublier une chose, il faut
aussi se demander combien de francophones sont dans les facultés de
génie. Â McGill, par exemple, il y en a un gros pourcentage. Quand
on parle d'université anglophone et d'université francophone, les
élèves ne sont pas nécessairement anglophones et
francophones. Et, à l'inverse, on trouve beaucoup d'anglophones dans les
universités francophones.
Donc, il y a d'autres faits qu'il faut examiner avant de tirer des
conclusions erronées et quelquefois dangereuses.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci.
Mme Blackburn: Je voudrais seulement corriger quelque chose.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Le
député de Laviolette avait demandé la parole un
instant.
Mme Blackburn: On pourra faire sortir la transcription des
débats. J'ai relu textuellement ce qui était dans le Journal des
débats.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui, M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Oui, M. le Président, une dernière
tentative, malgré qu'elle sera peut-être perdue au moment
où elle aura été faite, concernant l'ensemble des besoins
qu'ont les jeunes. Quand Mme la députée de Chicoutimi faisait
mention des chiffres, elle ne le faisait pas à partir de l'impression
qu'elle pouvait avoir. Mme la députée de Jacques-Cartier dit: Je
n'ai pas les chiffres, mais il me semble que... Mme la députée de
Chicoutimi ayant acquis au Conseil des collèges une expérience
lui permettant d'affirmer des choses, il y a quand même une marge
à aller dire qu'elle ne sait pas ce dont elle parle dans les
comparaisons qu'elle fait!
Je ne veux pas en faire un drame, je veux seulement voir si les
documents que nous avons sont encore les bons. Il y a un document qui a
été produit en octobre 1965 et qu'on a intitulé - je
m'excuse du terme -"Ryan", parce que c'était le document
présenté par le critique de l'Opposition à
l'époque. À la page 51 de ce volume qui a été
rédigé sur l'ensemble de l'éducation au Québec, ce
monsieur, cet homme disait: Il faudra accroître davantage l'accès
aux études supérieures et bonifier en conséquence le
régime des prêts et bourses, s'il y a lieu, en procédant au
besoin par étapes.
J'en conviendrai qu'il a dit que ce n'était pas demain matin
qu'il doit faire cela, mais par étapes. Il nous disait tout à
l'heure qu'il y avait quatre engagements. Le document m'en indique cinq. J'ai
cinq paragraphes numérotés 1, 2, 3, 4 et 5. Il indiquait les
étapes ou les propositions qu'il entendait faire et, en
conséquence, quand on parle, on parle du document qui nous a
été présenté et qui est connu. C'est
indiqué: "Hausser la déduction pour la contribution des parents
pour permettre à un plus grand nombre d'étudiants issus de
familles à revenu modeste d'avoir accès aux prêts et
bourses. Deuxièmement, mettre sur pied un régime de prêts
sans intérêt pour les étudiants à temps partiel." On
s'aperçoit même qu'on va exiger des étudiants à
temps partiel, dans certains cas, des frais de scolarité qu'on ne leur
réclamait pas avant. "Troisièmement, permettre l'accès aux
étudiants du secteur professionnel du secondaire au régime des
prêts et bourses dans la mesure où ces étudiants doivent
quitter leur résidence. Quatrièmement, tenir compte, dans
l'allocation des montants d'aide, des coûts supplémentaires que
doivent défrayer les étudiants provenant des régions
éloignées ou devant résider dans une autre
ville.11 Quand j'ai lu cela, j'étais heureux, surtout pour le
secteur de la Haute-Mauricie, quant à moi. "Cinquièmement,
permettre l'accès aux prêts pour les fins d'acquisition
d'équipement nécessaire à la poursuite de certains
programmes d'études." Je n'ajouterai pas la sixième qui a
été prise par son chef et qui indiquait qu'il devrait y avoir une
indexation des prêts et bourses, qui avait déjà
été accordée par le Parti québécois
longtemps avant.
M. le ministre a dit aussi qu'il n'y avait pas eu d'évolution
depuis 1962 pourquoi devrait-on gémir, etc.? Ce n'est pas parce qu'il
n'y a pas eu d'évolution qu'on ne doit pas se poser de questions et
qu'on ne doit pas permettre qu'il y ait aussi des changements. Est-ce que c'est
parce que le système de prêts et bourses ne permet pas, justement,
une évolution? Il faudrait se poser la question et peut-être qu'on
aura l'occasion, lors de la commission parlementaire, d'examiner cela. Quand on
regarde l'ensemble des données statistiques qui proviennent de
l'Enseignement supérieur et de la Science, programme 3, qui nous ont
été fournies - ce n'est pas nous qui les avons sorties - à
la page 10, on indique certaines données qui nous donnent une
évolution de la clientèle et qui nous donnent aussi une
évolution du volume des prêts et bourses émis,
séparément, avec le volume total de l'aide financière, et
on s'aperçoit qu'il y a eu des changements en cours de route. Là,
on décide, en 1986-1987, d'émettre à une clientèle
prévisible, qui sera de près de 11 500 de plus... J'ai
appelé cela le bar ouvert, parce qu'on ne sait pas combien de gens vont
s'inscrire et il y a de fortes chances qu'au bout de la course on doive en
mettre plus ou moins, mais ce sont des prévisions qu'on fait. On
s'aperçoit que, là, on a décidé d'ajouter à
un endettement, au bout de la course, pour les étudiants qui viendront
s'inscrire aux prêts et bourses, parce qu'on va donner plus au niveau des
prêts qu'on ne donnera au niveau des bourses. Ce sont des
décisions qui ont été prises par le gouvernement à
partir d'un montant d'à peu près 24 000 000 $ de moins.
M. le ministre dit: Non, ce n'est pas vrai, il y a une
augmentation de 404 000 000 $ à 457 000 000 $, donc, une augmentation de
13% du volume total, et il y a, avec les modifications, qui étaient
d'ailleurs prévisibles, qui avaient été enclenchées
et qui s'insèrent dans le portrait, 3,5% à l'aide individuelle.
Le ministre dit: Oui, mais on n'égorge pas le monde, on ne
les fera pas mourir et il dit aux jeunes, lorsqu'il a des rencontres
avec eux: Écoutez, si vous voulez en parler, organisez-vous en
associations. À un moment donné, on a vu ça dans les
journaux, on a entendu ces choses-là.
Les jeunes disent: Écoutez, on est aux études, on a
déjà un montant d'argent dont on a fait mention. Tout le monde le
dit comme tel. M. le ministre dit que ce n'est pas vrai, mais nous, on pense
que c'est toujours la même chose. Dans les compressions qui nous ont
été présentées -et là, ça devient le
document officiel - cet après-midi, on parle, dans le programme 3, Aide
financière aux étudiants, de 24 300 000 $. C'est prévu par
l'indexation de 2% des paramètres de calcul de l'aide plutôt que
selon le taux prévu de 3,1% pour l'inflation; conversion 270 $
additionnels de bourses en prêts, portant la conversion totale de 130 $
à 400 $. Donc, il y a vraiment quelque chose qui nous indique qu'il y a
24 300 000 $ de comprimés. Cela voudrait dire que, si j'agissais comme
la personne qui dit: J'ai perdu 10 $, parce qu'elle pensait en avoir
trouvé 20 $ et qu'elle en a trouvé seulement 10 $, la même
chose pourrait se dire ici. Les jeunes s'attendaient à avoir plus
d'argent et, malheureusement, on leur dit: Non, vous allez être
comprimés de 24 300 000 $.
Au bout de la course, on dit à ces jeunes: En plus, vous allez
devoir - et là, c'est un autre ministre qui parle - diminuer votre temps
d'études, parce que nous croyons que vous restez trop longtemps dans le
système scolaire cégépien. Nous allons, d'un autre
côté, vous dire: Durant l'été, si vous allez aux
études, on va vous demander, désormais - cela dépendra des
collèges, cela dépendra de la façon dont ils le mettront
en pratique - des frais additionnels de scolarité pour
l'été qui vient. Quand je parlais de temps partiel, je faisais
allusion à ceux qui vont chercher des cours durant l'été
et non pas à ceux qui sont, en vertu du régime,
considérés comme partiels même durant l'année par
rapport à ceux qui sont jugés à temps plein.
Quand on me dit tout cela, que ce n'est pas si grave, que nous devons
participer à l'effort collectif de l'ensemble budgétaire
gouvernemental et qu'on nous demande un effort qu'on demande à d'autres,
personnellement, je n'ai rien contre, à condition qu'on me dise au bout
de la course que l'effort a été demandé à tout le
monde de la même façon.
M. le ministre dit: Moi, écoutez, je suis le ministre de
l'Éducation, j'ai le devoir, si je suis en collégialité
avec des gens au niveau du consensus pris au niveau ministériel et de
l'exécutif... Il dit: Écoutez, je ne suis pas pour me sortir de
cela, non, non. Comme il le disait hier, tout le monde veut aller au ciel, mais
personne ne veut mourir, d'une certaine façon. Tout le monde veut que
l'on coupe, mais à condition que ce ne soit pas chez lui. Dans ce
contexte-là, il dit: Moi, j'ai pris la résolution comme ministre,
premièrement, de dire: Si tout le monde coupe, mot aussi, je vais
couper, puis on va essayer de répartir cette coupure-là. C'est ce
que j'ai compris du ministre. J'exagère peut-être? Non, je ne
pense pas. Je pense être dans la réalité de ce qu'il a dit
jusqu'à maintenant.
Et, quand il dit ces choses, il dit aux étudiants: Voici votre
quote-part à payer pour le déficit gouvernemental. Il base cela
sur des chiffres - et je l'ai dit - qui étaient gonflés. On a dit
dans des éditoriaux qu'effectivement il y avait des chiffres qui
étaient placés dans une colonne quand c'était M. le
ministre des Finances qui parlait et qui étaient décrochés
d'une autre colonne quand c'était le président du Conseil du
trésor qui parlait. Puis, au bout de la course, 150 000 000 $
étaient disparus quelque part, mais ils étaient là. En
tout cas, c'est ce que l'on a compris jusqu'à maintenant.
Entre-temps, on dit: Écoutez, on prévoyait dans le budget
de M. Duhaime un montant de X au niveau du déficit pour l'année
1986-1987. On révise les chiffres et on dit maintenant: Nous autres, on
prévoit 1 400 000 $ ou 1 500 000 $ sur ces 1 500 000 $, il y avait une
partie qui était due au fait d'Hydro-Québec, qu'on le veuille ou
non. Vous auriez été là, on aurait été
là; on aurait subi les mêmes conséquences. Vous avez encore
quelque 200 000 000 $: avec la SAQ, avec l'argent que vous avez
décidé de remettre entre les mains d'autres personnes, à
peu près 169 000 000 $, soit un total d'à peu près 220 000
000 $ qui est votre responsabilité. Je disais ce matin - et allez voir
à la page 35 du document présenté par le ministre des
Finances - que c'est en toute connaissance de cause qu'on l'a pris, connaissant
le déficit qui était prévisible pour l'année
1986-1987.
Ce que l'on dit, ce que les jeunes disent, c'est que vous venez nous
chercher une ponction de X millions de dollars. On peut diverger d'opinion, on
peut vraiment dire que l'un a raison et l'autre a tort. Mais, en tout cas, je
pense qu'on prend ces montants-là comme tels, puisqu'ils sont dans des
documents officiels de compressions. Les jeunes disent: Pourquoi venir les
chercher chez nous, alors qu'au mois de décembre, dans une
décision que vous avez prise comme gouvernement, vous avez remis entre
les mains des hauts salariés des montants d'argent par des
déductions d'impôt? Cela a été à partir du
1er avril 1986 - souvenez-vous de la décision du 15 décembre
dernier -au lieu du 1er janvier 1986.
Au 1er janvier 1986, tout salarié qui aurait eu la
déduction prévue par le budget
de M. Duhaime, à l'époque, l'aurait eue à la source
même, dans les tablés d'impôt présentées aux
employeurs. Les employeurs, au mois de décembre, se sont fait dire: Ne
prenez pas celle-là, prenez toujours l'ancienne, vous ferez cela au 1er
avril. Des gens, au 1er avril, n'ont pas eu ces déductions à la
source parce que les employeurs disent: Écoutez, l'informatique, c'est
parti, c'est difficile, cela va coûter trop cher, attendez donc. Vous
ferez votre rapport d'impôt au mois de janvier ou de février 1987
et vous aurez...
M. Gardner: M. le Président...
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député d'Arthabaska, s'il vous plaît, vous enfreignez le
règlement.
M. Gardner: C'est sur une question de règlement.
M. Jolivet: Quel règlement, monsieur? M. Gardner:
L'article 211. M. Jolivet: C'est quoi, cela?
M. Gardner: "Tout discours doit porter sur le sujet en
discussion" et on est rendu, M. le Président, à discuter des
finances de M. Gobeil.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député d'Arthabaska, j'ai entendu les discours des deux
côtés; j'ai entendu le discours du ministre, j'ai entendu le
discours des gens de l'Opposition et j'ai entendu les discours du
côté ministériel. À mon avis, il n'y a pas
d'écart flagrant à ce moment-ci, comparativement à ce que
j'ai entendu depuis que je suis ici.
M. le député de Laviolette, vous avez la parole.
M. Jolivet: J'ai peur un peu, M. le Président; quand vous
dites qu'il n'y a pas d'écart flagrant, c'est que, d'après vous,
il y en aurait un.
Le Président (M. Parent, Sauvé): À
peine.
M. Jolivet: D'accord. Donc, moi, je ne pense pas que ce sont les
chiffres dont a fait mention le ministre au départ. Et cela ne me
déstabilisera pas, M. le député, ne vous dérangez
pas, je suis bien calme. Je vous dis simplement, M. le ministre, que
vis-à-vis de tout cela, vous avez des choix qui ont été
faits. Les gens disent: Écoutez, dans le budget du ministre des
Finances, c'est indiqué comme tel que ce sont les hauts salariés
qui vont avoir une bonne partie de cette quote-part de 169 000 000 $. Les
jeunes disent: Pourquoi, au mois de décembre, avez-vous pris la
décision de remettre des montants d'argent dans les poches des plus
hauts salariés et venez-vous nous en enlever à nous, en nous
disant: Vous autres, vous vous endetterez à plus long terme? C'est la
question que les gens posent et on essaie de vous dire... M. le
député de Rousseau, ne faites pas trop de gestes, vous savez que
je n'aime pas cela. (17 h 15)
M. Gardner: II nous enlève notre concentration.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député de Laviolette, vous avez la parole. J'invite les
députés du côté ministériel à
être respectueux envers les intervenants comme les intervenants de
l'Opposition le sont à votre égard quand vous avez la parole. M.
le député de Laviolette, je vous écoute.
M. Jolivet: Merci beaucoup à nouveau, M. le
Président. Je sais que c'est frustrant d'être du côté
du pouvoir quand on n'a pas l'occasion de poser les questions, on l'a
vécu dans le passé.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous invite
à demeurer dans la pertinence du débat.
M. Jolivet: Lors de l'étude des crédits, c'est le
rôle de l'Opposition de poser des questions. Face à cela, M. le
ministre, ce que les jeunes disent, c'est: Pourquoi avez-vous - peu importe la
façon dont vous nous le dites, aujourd'hui - renié des
engagements fermes qui avaient été pris pour avoir des votes le 2
décembre dernier? Aujourd'hui, au pouvoir, vous remettez, encore une
fois, la cassette normale et habituelle, etc., en disant: C'est la faute de
l'Opposition actuelle, qui était au pouvoir à l'époque.
C'est la faute de l'ancien gouvernement. Votre chef avait dit qu'il
n'utiliserait jamais cette façon de voir les choses et cela n'a pas
été long que le naturel est revenu au galop et que, en
conséquence, on se fait resservir cela.
Je vous dis: Pour moi, c'est classé net, fret, sec, comme on dit
chez nous. Les gens ont décidé, le 2 décembre, que c'est
vous qui alliez gouverner. D'accord, je l'accepte; je l'ai accepté.
À partir de cela, vous allez gouverner, mais à partir de
l'ensemble des engagements que vous avez pris. Vos choix, vous avez le droit de
les faire, mais j'ai le droit, comme membre de l'Opposition, de les critiquer.
Au nom des jeunes du Québec - je m'excuse de le dire ainsi - des plus
démunis, de ceux qui ont de la difficulté à poursuivre
leurs études... J'en connais, à La Tuque, ma collègue en
connaît, dans son coin, et vous tous en connaissez, chez vous. Ces jeunes
-
ils n'ont même pas l'occasion de le dire autrement que dans leur
coin, chez eux -disent: Donnez-nous la chance de continuer.
Si on se pose des questions sur l'évolution, depuis 1962, des
clientèles au niveau du cégep, au niveau universitaire, dans le
secteur francophone du Québec, dans le secteur anglophone du
Québec et anglophone de l'Ontario en faisant des comparaisons, on a les
chiffres dont la députée de Chicoutimi a donné le contenu
tout à l'heure. La députée de Jacques-Cartier disait ne
pas posséder les chiffres pour le prouver, je pense que les jeunes
auraient encore raison de dire: M. le ministre, on connaît le sens de la
justice qui vous gouverne, on connaît la façon dont vous avez
présenté les dossiers dans le passé. S'il vous
plaît, est-il encore possible, au moment où on se parle, de
demander au président du Conseil du trésor de réviser la
coupure budgétaire qui est faite aux prêts et bourses et de nous
permettre de l'avoir pour continuer? C'est dans ce sens que notre demande est
faite et voyez, M. le député d'Arthabaska, combien tous ces
éléments se joignent l'un à l'autre: les finances, les
crédits budgétaires et ce que les gens vivent. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. M. le
ministre de l'Éducation.
M. Khelfa: Comme c'était beau!
M. Ryan: M. le Président, je voudrais, tout d'abord, faire
une précision. Le député de Laviolette a cité un
document d'orientation que j'ai publié pendant la campagne
électorale. Je comprends que cela lui ait été
glissé par son recherchiste à la dernière minute; il n'a
pas eu le temps de lire tout le document. Il a encore eu moins le temps de
prendre connaissance d'un autre document qui le complétait.
M. Jolivet: M. le Président, je me dois d'intervenir parce
qu'on me prête des intentions. Ce document, effectivement, je ne l'avais
pas en ma possession, mais je l'ai en haut, je l'ai lu et relu.
M. Ryan: II y en un autre.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député de Laviolette.
M. Ryan: Je m'excuse, je ne voulais pas prêter
d'intentions. J'avais cru constater un fait, mais c'était
peut-être simplement un oubli, M. le député.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre de
l'Éducation, je vous reconnais.
M. Ryan: S'il a lu ce document, ce que je lui concède
volontiers, il y en a un autre qu'il n'a pas lu et qui est plus important pour
le sujet dont il parlait. C'est un document qui s'intitule "Les engagements
électoraux du Parti libéral du Québec." Vous allez voir
qu'il y en avait quatre. L'autre, c'était un document d'orientation qui
n'engageait pas le parti comme tel. C'était un résumé de
toutes les bonnes choses que le député d'Argenteuil avait dites
au cours des quatre années précédentes. Les engagements
électoraux étaient ici; on vous a passé le mauvais
document.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Jolivet: Est-ce que ces engagements incluaient
l'indexation?
M. Ryan: Pardon!
M. Jolivet: Ce document inclut-il l'indexation?
M. Ryan: Non, parce qu'elle...
M. Jolivet: Donc, cela en fait cinq.
M. Ryan: ...était déjà
réalisée, celle-là, M. le député.
M. Jolivet: Ah oui! C'est une erreur de votre chef.
M. Ryan: M. le député, d'après ce vous avez
dit, elle était déjà réalisée; cela fait
qu'on a tenu compte du débat électoral. Cela a été
fait dans la chaleur du débat électoral avec un maximum de
raisons. Par conséquent, je pense que le député admet
volontiers la légère erreur qui avait été faite et
il pourra dire à la députée de Chicoutimi que
c'était quatre et non pas cinq. Cette question de détail
étant réglée, on va venir au fond pour ce qu'il en reste.
Ha! Ha! Ha!
J'écoutais le député de Laviolette et
j'étais bien attentif à son appel ultime, mais, au moment
où j'allais être tenté de céder aux sentiments
très nobles qu'il voulait rallumer chez moi, je me suis demandé
quelles étaient les raisons qu'il avait avancées et là
j'ai constaté qu'il avait ressassé les mêmes arguments que
nous avions entendus tout l'après-midi et que malheureusement il n'avait
pas apporté de facteurs vraiment nouveaux qui auraient pu nous inviter
et, encore plus, nous induire, avec toute la force qu'on aurait pu souhaiter,
à réviser la position qui a été prise. Je l'ai
écouté avec intérêt et, encore une fois, je partage
entièrement le souci qu'il a très sincèrement
exprimé, j'en suis sûr, pour ceux qui sont moins favorisés
au point de vue économique. Il en a dans son comté. La
députée de Chicoutimi en a dans le sien, de même que la
députée de Groulx,
le député de Richelieu qui était ici tantôt,
le député d'Arthabaska. Même la députée de
Jacques-Cartier a dans son comté des citoyens qui n'ont pas gros de
ressources pour l'instruction de leurs enfants. Moi, dans le comté
d'Argenteuil, inutile de vous dire que non seulement la plupart de mes gens
sont dans cette situation, mais, en plus, ils n'ont un accès
immédiat ni à un cégep, ni à l'université
à plus forte raison; ils sont obligés de voyager pour avoir
accès à la formation collégiale. Par conséquent, je
pense que nous comprenons tous ces problèmes qui se présentent et
que nous avons tous l'obligation de chercher ensemble des mesures qui
permettraient d'améliorer les chances.
Maintenant, d'autre part - cela, malheureusement, c'est un point qui
n'était pas dans l'équation qu'on nous a présentée
tantôt, sinon par une sorte de brève et incomplète
évocation - il faut penser à l'équilibre d'ensemble de nos
finances publiques. Et c'est sûr que, si on isole la compression de 24
000 000 $ que nous faisons du côté des prêts et bourses, on
se dit: Pourquoi cela? On aurait pu éviter cela. C'est entendu. Mais, si
on la situe dans l'exercice d'ensemble que nous avons dû faire au
gouvernement, je pense qu'elle prend sa véritable signification; c'est
la contribution loyale du secteur de l'éducation. Nous ne voulions pas,
nous autres, qu'un secteur échappe à l'action du
gouvernement.
Tantôt, quand je vous écoutais faire le plaidoyer pour les
milieux plus défavorisés, je me disais que, vu que les
résultats n'ont pas changé depuis 20 ans, vu que nous avons
à peu près exactement la même composition sociale, la
classe étudiante universitaire que nous avions il y a 24 ans, en 1962,
peut-être qu'il y a un rééquilibrage à faire de
toutes ces mesures et que, dans ce rééquilibrage, ceux qui ont
plus de moyens seront davantages appelés à se financer sous forme
de prêts. Ceux qui ont moins de moyens, peut-être... Il faudra que
tous acceptent une bonne partie d'aide financière sous forme de
prêts, il ne faut pas se faire d'illusions, parce que recevoir une
formation universitaire, c'est se qualifier pour toucher un revenu plus
élevé que la moyenne une fois qu'on est entré sur le
marché du travail.
On va chercher cela ensemble. Je pense que, pour cette année, il
n'y aura pas de changements. Â la suite des discussions que nous avons
eues, je ne suis pas en mesure de faire - je ne suis pas assez convaincu pour
le faire - des recommandations au Conseil des ministres pour changer la
décision qui a été prise. Mais je vais écouter ce
qui va se dire à la commission, je vais suivre de très
près les travaux qui vont continuer de se faire au ministère de
l'Enseignement supérieur et de la Science et j'espère qu'au cours
des prochains mois nous pourrons prendre connaissance des propositions
détaillées de l'Opposition sur la réforme du régime
de prêts et bourses de manière qu'il soit peut-être moins
éloigné par plusieurs aspects de ce que l'on observe dans le
reste du Canada et aussi qu'il réponde peut-être de manière
plus efficace aux problèmes dont sont sincèrement
préoccupés, j'en suis convaincu, les deux porte-parole de
l'Opposition que nous avons entendus et, évidemment, tous les
porte-parole du côté du gouvernement.
C'est la réponse que j'apporterais au député de ce
point de vue. Je pense qu'il y a eu des exposés faits de bonne foi. Je
peux vous assurer que nous allons tout faire pour que le taux de
fréquentation des études supérieures continue d'être
élevé au Québec et augmente encore, si possible, tout en
nous souvenant - c'est un point qui a été signalé par la
députée de Jacques-Cartier et qui n'a peut-être pas
été souligné assez dans nos travaux - que, d'après
des études sérieuses qui ont été faites, la
très grande majorité des emplois qui seront créés
par suite des changements technologiques au cours des années à
venir vont requérir des travailleurs qui auront reçu une
formation spécialisée de niveau secondaire.
Il faut faire attention également à ne pas préparer
une société où les gens vont tous s'en aller vers des
professions libérales, car qu'on ne sera pas capable de les absorber
ensuite. Nous savons tous qu'au point de vue des effectifs médicaux nous
sommes obligés de contingenter les inscriptions parce que,
déjà, le Québec a une moyenne de médecins par 1000
de population beaucoup plus élevée que l'ensemble du Canada.
Comme ce sont des professionnels au modeste revenu de 100 000 $ à 200
000 $ par année, nous ne pouvons pas multiplier cette catégorie
de citoyens, malgré toute l'estime que nous avons pour elle,
au-delà de ce que la société est capable d'absorber. De ce
point de vue là, on est loin d'avoir tous les éléments en
main pour avoir une politique absolument certaine. Il faut qu'elle s'ajuste
continuellement.
On parlait des anglophones tantôt. M. Lanoux me signalait, pendant
que Mme Dougherty parlait, qu'au niveau collégial les options
professionnelles à la disposition des étudiants des cégeps
anglophones sont nombreuses, très diversifiées. Au niveau
secondaire, il y a un gros problème. Il y a un sous-équipement
des options professionnelles du côté anglophone qui est chronique
et lamentable. Cela peut expliquer qu'ils s'en aillent tous vers une autre voie
parce qu'il n'y a pas autant d'ouvertures pour eux de ce côté.
Aujourd'hui, ce n'est pas aussi facile pour eux de se loger sur le
marché du travail au Québec que cela a pu l'être à
d'autres époques. Ils ont des problèmes aussi. Ils ont des
problèmes très
sérieux parmi leur jeunesse également. Cela nous
intéresse autant, nous. Français, Anglais, s'ils sont citoyens du
Québec, ce sont nos frères, et nous avons la même
responsabilité envers eux, qu'ils soient de langue française ou
de langue anglaise, parce que nous sommes tous des citoyens égaux devant
la loi, égaux en droit.
Cela dit, j'apprécie énormément rapport que chacun
a voulu fournir au débat sur les prêts et bourses. S'il n'y a pas
autre chose à dire sur ce sujet, je n'ai pas d'objection à passer
à un autre programme. Nous sommes encore une fois à la
disposition de l'Opposition.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député de Rimouski.
M. Tremblay (Rimouski): M. le Président, je pense que le
ministre de l'Éducation a démontré très clairement
la situation difficile dans laquelle on a pris les finances de la province et
que cela a eu une répercussion sur l'ensemble des services et des
ministères. Mais l'Opposition a bien compris aussi combien nous avons
été généreux vis-à-vis du ministère
de l'Éducation en ne coupant pas, bien au contraire, mais en lui donnant
des avantages supplémentaires par rapport aux autres ministères,
toutes proportions gardées. Il faut bien comprendre que vous nous avez
laissé, au niveau de l'enseignement supérieur, des
universités, un beau déficit de 80 000 000 $. C'est vous, pendant
les neuf dernières années, qui avez laissé accumuler ces 9
000 000 $ et là, on est pris. Vous nous les avez pelletés, en
fait. C'est un pelletage. Cela allait bien. Je pense que c'est
l'intérêt et la détermination du présent
gouvernement de mettre un frein à cette escalade des déficits.
Nous voulons mieux gérer les fonds qui sont attribués aux
universités et nous assurer qu'il n'y aura pas une surenchère ou
une escalade de ces déficits. (17 h 30)
Je voudrais bien savoir, M. le ministre, si on peut espérer, dans
un laps de temps convenable, que ces déficits accumulés auront un
terme un jour et dans combien de temps. Deuxième chose, j'aimerais bien
savoir, et aller plus loin dans ma démarche, sur quelles bases ou
comment les universités sont financées et s'il y a moyen de
corriger ou d'apporter des solutions à ce déficit qui est un peu
désastreux parce que cela incite quasiment à la mauvaise gestion,
certaines universités. Savoir que, à chaque fois qu'il y a un
déficit, le gouvernement l'absorbe, ça invite quasiment à
faire des déficits pour se payer plus de services. J'aimerais qu'on
corrige ces situations. J'aimerais bien vous entendre parler un peu dans ce
sens.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre de
l'Éducation.
M. Ryan: Cela demande réflexion. Je remercie le
député de Rimouski de cette question fort pertinente et du rappel
très utile qu'il a fait du fait incontestable que ce déficit a
été pelleté dans la cour du nouveau gouvernement par le
gouvernement défait le 2 décembre. Je pense que cela est un fait.
Je voyais le député de Laviolette feindre de s'étonner.
Connaissant sa sincérité profonde, je suis sûr qu'il
reconnaît l'évidence de ce fait et qu'il le regrette
profondément dans son for intérieur.
Blague à part, quand j'ai été saisi de la
situation,...
M. Jolivet: C'était une blague.
M. Ryan: ...mon premier mouvement, comme celui de toute
personnalité politique placée dans les mêmes circonstances,
a été de dire qu'il fallait que le gouvernement s'occupe de cela,
que cela n'avait pas de bon sens. Savez-vous qu'il y a des gens qui m'ont dit
qu'il y avait des universités qui ont passé à travers la
crise sans faire de déficit? Ils m'ont dits c'est nous autres qui allons
payer ces affaires-là. Parce qu'on a bien administré, parce qu'on
a été responsables, parce qu'on a surveillé nos affaires,
vous allez pelleter le déficit des autres dans notre cour à nous
autres, en réduisant nos subventions, finalement, pour aider ceux qui
ont encouru des déficits, et très, très librement, dans
certains cas. Cela m'a posé un problème. Je me suis dit: II va
falloir faire une étude de chaque situation. Chaque situation a son
histoire propre, ses causes, ses circonstances particulières. C'est au
bout d'un certain temps qu'on pourra tirer des conclusions appropriées.
Je pense que dans certains cas il est possible que des mesures
remédiatrices soient indiquées. Dans d'autres cas, il faudra que
les institutions prennent sur leurs épaules le fardeau du remboursement
de la dette, sous la forme d'un plan de redressement qu'elles devront s'imposer
pendant un certain nombre d'années. Nous allons étudier la
situation avec chacune des institutions concernées dans l'espoir de
pouvoir mettre au point un régime à la fois de redressement et de
financement qui permettra à nos universités de se
développer, à l'avenir, dans des conditions de santé
financière plus grandes.
Je pense au recteur d'une université que je connais très
bien pour l'avoir fréquenté moi-même, qui hérite
d'une situation où l'université a un déficit
accumulé considérable. Lui, il a été habitué
à fonctionner toute sa vie dans des institutions où le budget
était équilibré. Ce n'est pas intéressant. On a une
responsabilité. On ne peut pas lui mettre tout le fardeau sur le dos, il
arrive. Il faut qu'on examine toute la
situation avec chacune des universités. La commission
parlementaire aura l'occasion de le faire. Nous prendrons nos
responsabilités en temps utile.
M. Tremblay (Rimouski): M. le Président...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Une dernière sous-question? Allez, M. le député
de Rimouski.
M. Tremblay (Rimouski): N'y aurait-il pas moyen d'aller plus loin
dans la démarche, parce que ce qui m'intéresse, c'est le mode de
financement des universités. Il y a un per capita, je présume, et
il y a autre chose. Je voudrais savoir si, pour les équipements, le
matériel didactique, les laboratoires, on y va en fonction des demandes
exprimées par les universités ou si on y va suivant une
clientèle à desservir. Si on y va suivant les demandes des
universités, je m'interroge...
Mme Blackburn: M. le Président, si vous le
permettez,..
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: ...on est en train d'examiner le programme...
M. Gardner: Quel règlement? M. Jolivet: Le
même que toi?
Mme Blackburn: Le même que vous avez utilisé
tantôt, 91
Une voix: 211.
Mme Blackburn: C'est ça, 211. Je voulais juste dire au
député de Rimouski que, ce soir, demain ou mardi, on va aborder
l'étude des crédits des universités. Je pense que les
questions seraient plus pertinentes quand on sera à ce programme.
C'était l'objet de ma réflexion.
M. Tremblay (Rimouski): C'est parce que je voulais un peu...
Mme Blackburn: On est actuellement au programme portant sur
l'aide financière.
M. Tremblay (Rimouski): C'est parce que je voulais un peu changer
de propos. Depuis ce matin qu'on entend cela.
M. Jolivet: Là, ce n'est vraiment pas pareil.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Un instant, un
instant, M. le député.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
Le Président (M. Parent, Sauvé): Un instant, M. le
député de Laviolette. M. le député de Rimouski,
est-ce que votre intervention est terminée?
M. Jolivet: Pour le moment.
M. Tremblay (Rimouski): Pour le moment, oui.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce que la
réponse du ministre est terminée?
M. Ryan: M. le Président, est-ce qu'on me permettrait de
compléter ma réponse...
Le Président (M. Parent, Sauvé):
D'accord.
M. Ryan: ...lorsque nous serons è discuter des
universités?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Je vous reconnais pour une courte intervention, M. le
député d'Arthabaska.
M. Gardner: Très courte, M. le Président. Je
voudrais m'excuser pour la fougue de tout à l'heure. J'aimerais
mentionner que je n'aime pas trop cela quand le député de
Laviolette parle au nom des jeunes. Il n'y a pas que l'Opposition qui peut
parler au nom des jeunes. Je dois dire, M. le Président, que, nous
aussi, nous pouvons parler au nom des jeunes. Je ne voudrais pas que cela reste
dans les livres, dans les archives, que seul le député de
Laviolette le fait. Je dois dire, M. le Président, que la règle
qui veut qu'on ne parle que 10 % du temps seulement nous empêche de
parler au nom des jeunes ici.
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît, M. le député d'Arthabaska! Si vous voulez parler au
nom des jeunes, rien ne vous empêche de le faire et vous auriez pu le
faire à plusieurs occasions, chaque fois que vous avez pris la parole.
Est-ce que le programme...
Une voix: On recommence!
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. te
député de Laviolette.
M. Jolivet: II n'est pas question de commencer un débat.
Je n'ai pas fait cela pour dire que vous ne parliez pas au nom des jeunes. J'ai
simplement dit que moi, je me faisais l'interprète de ceux qui m'ont
demandé de le faire, comme j'ai le droit, en tant que
député, de le faire, d'autant plus que moi aussi, j'ai deux
enfants qui iront à l'université l'an prochain et je sais qu'avec
le salaire que nous recevons comme députés,
malheureusement ou heureusement, on n'aura pas droit à des
prêts et bourses. Donc, je ne parlais certainement pas au nom des miens,
mais plutôt au nom des plus démunis. Jamais je n'aurais voulu dire
que vous n'en parliez pas.
Je n'en ai pas beaucoup entendu parler depuis un bout de temps. J'ai
seulement lu des articles de journaux qui disaient qu'on défendrait
certaines affaires à l'Assemblée nationale, mais je n'en ai pas
entendu beaucoup, en tout cas, dans mon coin, parce qu'on est de la même
région, M. le député d'Arthabaska.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
député de Laviolette. S'il vous plaît, s'il vous
plaît, s'il vous plaît! Est-ce qu'il y a d'autres interventions
concernant le programme 3?
Mme Blackburn: Une dernière intervention et, ensuite, avec
votre autorisation, on pourra passer à l'adoption du programme 3. Je
dois vous dire que j'ai le sentiment d'avoir essayé le plus
honnêtement possible de vous convaincre que ce n'était pas le
meilleur endroit, ni la meilleure décision de ce gouvernement. J'a dit
hier que ce que je trouve déplorable, c'est que les jeunes, à
tort ou à raison - vous me dites qu'ils n'ont pas raison, je pense
qu'ils ont raison - estiment avoir été trompés. Ce que je
trouve déplorable - je le répète, j'ai eu l'occasion
d'échanger un peu avec le ministre, hier - c'est qu'ils sont d'autant
plus meurtris que le porte-parole, je le répète était
crédible et ils l'ont cru sincèrement. Ils l'ont cru
sincèrement et de façon très honnête.
Ce qui m'étonne, aujourd'hui - et je pense qu'on pourra conclure
là-dessus, c'est qu'on peut comprendre que le ministre soit
obligé d'effectuer des compressions. Je pense que l'Opposition, de
façon générale, l'a admis. Mais qu'il se fasse le
défenseur de ce genre de coupures en les justifiant, c'est pour cela que
les jeunes estiment qu'ils sont méprisés et parce qu'on utilise
un langage dur à leur endroit: "On ne vous écorchera pas, on ne
vous égorgera pas, cela ne fera pas mourir la nation." C'est ce que les
jeunes ont de la difficulté à supporter du ministre et ils ont
l'impression d'avoir été méprisés.
Je vais terminer ici. Je l'ai répété tant de fois,
mais je pense que ce qui marquera davantage cette décision, que les
jeunes garderont longtemps l'impression d'avoir été
trompés par quelqu'un pour qui ils avaient beaucoup d'estime. Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député de Richelieu.
M. Khelfa: M. le Président, je trouve un peu bizarre,
depuis le commencement, que ce soit une séance de "garrochage" et de
démolition d'une personne; on vise une personne, on essaie de
discréditer une personne d'une façon continuelle. Est-ce que
c'est cela, le rôle de l'Opposition? Si vous ne le savez pas,
référez-vous aux rôles et techniques réelles. On ne
doit jamais essayer de toucher l'intégrité d'une personne. Tout
ce que vous essayez de faire, c'est de toucher la crédibilité
d'une personne qui travaille avec acharnement, d'une façon
sérieuse et continuelle pour le mieux-être du système,
comme tel. Si vous continuez a faire cela, on pourra faire de la
démagogie, faire comme vous, être à votre image.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député de Richelieu, nous sommes actuellement en train de
discuter les états financiers...
M. Khelfa: Ce n'est pas de la discussion sur les états
financiers qu'ils font.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Nous sommes en
train, M. le député de Richelieu, d'étudier les
crédits du ministère de l'Enseignement supérieur et de la
Science.
M. Khelfa: M. le Président, juste pour terminer.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député, je veux bien écouter vos opinions et vos
réflexions sur la qualité des débats.
M. Khelfa: Ce n'est pas une opinion, c'est un fait.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Par contre, je
vous ferai remarquer qu'il y a d'autres forums qu'ici en commission
parlementaire pour amorcer ce genre de débat. Je le reconnais, vous avez
le droit d'amorcer un débat comme celui-là, mais je vous
demanderais, pour la bonne conduite de cette commission parlementaire et pour
l'accélération de nos travaux, de garder ces remarques pour une
tribune qui est plus appropriée. J'avais dit que j'accordais une
dernière intervention. Je demande donc l'adoption du programme 3 du
ministère de l'Enseignement supérieur de la Science. Est-ce que
le programme 3 est accepté?
Des voix: Sur division.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Accepté sur
division. Nous enchaînons avec le programme 5 du ministère de
l'Enseignement supérieur et de la Science.
Enseignement collégial Mme Blackburn: Ce matin, nous
avions
demandé la ventilation des différentes dépenses et
on m'a dit: On y reviendra lorsqu'on examinera le programme 5 sur
l'enseignement collégial. D'une part, on nous a dit que l'enveloppe
n'est pas indexée, sauf qu'il y a des sommes qui sont
réservées pour les négociations. Donc, pour l'enveloppe de
la masse salariale, il y a des provisions. Est-ce que c'est juste?
On a décidé qu'on prenait une pause?
Le Président (M. Parent, Sauvé): II n'y a pas de
pause, madame, vous avez la parole. Personne n'est obligé de s'asseoir
et d'écouter un autre intervenant. Allez, madame, on vous
écoute.
Mme Blackburn: Est-ce qu'on est en mesure de me dire quel
pourcentage représentent les dépenses autres que les
salaires?
M. Ryan: Oui. M. le Président, sur l'ensemble des
dépenses des cégeps, les dépenses autres que les salaires
représentent à peu près 12% à 13%,
c'est-à-dire un total de 80 000 000 $.
Mme Blackburn: 80 000 000 $. Cela veut donc dire que... (1? h
45)
M. Ryan: La non-indexation entraînerait une somme de 3 200
000 $ à peu près.
Mme Blackburn: 3 200 000 $. Donc, cela vient s'ajouter à
la compression de 8 000 000 $.
M. Ryan: Regardez, cela, c'est dans votre esprit. Les 8 000 000
$, vous êtes en année universitaire et non pas en année
financière. Vous êtes en année financière, c'est
très bien. Ça, c'est vous qui l'ajoutez. Ce n'est pas moi.
Mme Blackburn: Est-ce qu'on peut être en mesure d'affirmer
ici que, pour les budgets, si on veut se comprendre là-dessus, on a dit
80 000 000 $ à 4 %, cela donne 3 200 000 $ à peu près?
C'est ce qu'on nous dit pour la non-indexation.
M. Ryan: C'est ça. On l'a mis à 4 % même si
le taux d'inflation en 1985 a été de 3,1 %. On l'a mis à 4
% pour les fins du calcul, parce qu'on présume...
Mme Blackburn: Ça donne 3 000 000 $?
M. Ryan: 3 200 000 $.
Mme Blackburn: 3 200 000 $. C'est bien cela?
M. Ryan: Le postulat que nous retenons ici, c'est un postulat
suivant lequel l'augmentation des dépenses pour le genre d'articles
qu'on achète ou de services sous ce poste est un peu plus
élevée que l'inflation en général. Ce n'est pas le
panier à nourriture chaque semaine. Ce sont des objets dont les prix ont
monté un peu plus vite que le prix des articles qui entrent dans le
calcul de l'indice du coût de la vie.
Mme Blackburn: Donc, si le ministre ne reconnaît pas qu'il
s'agit d'une coupure, d'une diminution de la capacité de se procurer des
biens que la non-indexation... Est-ce qu'on peut convenir de cela?
La non-indexation doit avoir comme effet de ne pas être en mesure
de se procurer les biens qu'on se procurait.
M. Ryan: Le problème qu'il faut souligner ici, c'est que
le genre de biens et de services qu'on va se procurer sous cette
catégorie de dépenses...
Mme Blackburn: Oui.
M. Ryan: ...ne sont peut-être pas tous aussi indispensables
que le sont les dépenses pour la nourriture et le vêtement, par
exemple. Le rythme de remplacement...
Mme Blackburn: Bien.
M. Ryan: Le rythme de remplacement de beaucoup de biens et de
services qui servent sous cette catégorie dont on peut avoir besoin
n'est pas nécessairement le même que pour les choses qui entrent
directement dans le calcul du coût de la vie. Là, il y a des
économies qui peuvent être faites par les
intéressés. Ce n'est pas une question mécanique,
technocratique. Il faut cesser de raisonner comme cela si on veut que les gens
s'habituent à l'économie, aussi. Par conséquent, je pense
qu'on n'a pas raison de classer cela. Ce n'est pas du même genre que les
autres compressions, celle-là.
Mme Blackburn: Bien. Dans ces dépenses autres, on trouve
des dépenses majeures qui ont augmenté de façon
considérable cette année et probablement que vos fonctionnaires
sont en mesure de nous dire dans quelle proportion. Il s'agit de
l'électricité. Je sais que, suivant les collèges, il y a
eu des protocoles avec Hydro en ce sens que c'était modulé au
prix du mazout. Il y a également les assurances-responsabilité
qui, elles, dans la plupart des cas, ont doublé. Pour donner une
idée aux gens qui sont ici de ce que cela représente, une prime
d'assurance pour un collège moyen, prenons celui de Lévis-Lauzon,
est-ce qu'on a...?
M. Ryan: On va prendre les renseigne-
ments. Si on peut vous fournir quelques exemples, on le fera
volontiers.
Mme Blackburn: Bien. L'autre point que je voulais aborder, c'est
que, pour avoir été observatrice à une autre table, on
sait que quand vous êtes dans l'incompressible - et je vois un ex-D.G.,
il sait ce que cela veut dire - il y a certaines dépenses que vous ne
pouvez pas comprimer. Par exemple, les assurances. Par exemple, l'entretien
ménager. Ça en prend un minimum. Par exemple, certaines
fournitures dans les laboratoires.
Un directeur général de cégep me disait
qu'en-deçà d'un minimum on ne pouvait pas descendre. Si j'ai
besoin d'un lapin, en avoir seulement la moitié d'un, cela ne m'arrange
pas. Au cours des années, on a réduit constamment, constamment,
et les collèges - et le ministre le reconnaît; il le reconnaissait
à tout le moins l'an passé - ont été l'objet de
compressions considérables depuis déjà sept ans. Donc, la
marge qu'il y avait, en 1974-1975, on devait être aux alentours de 58 %
pour la masse salariale et de 42 % pour les budgets de fonctionnement autres
que la masse salariale. Aujourd'hui, de l'aveu du ministre, on se situe aux
alentours - cela n'est pas certain - de 10 % à 12 %. Quand vous n'avez
plus que 10 % ou 12 % de votre enveloppe pour le fonctionnement, cela devient
extrêmement serré et, à moins que quelqu'un ici dans cette
salle se lève pour me dire et me faire la démonstration que cet
argent-là, ces coupures-là et la non-indexation n'auront pas
d'effets sur la capacité du collège de se procurer, par exemple,
des volumes à la bibliothèque, d'entretenir correctement ses
équipements, ses ameublements, moi, je serais étonnée.
Alors, si on continue , vous avez une réduction du volume
financé à l'éducation des adultes, une réduction du
volume financé aux cours d'été, une réduction de
l'enveloppe de base de 1 471 000 $, une réduction également du
programme d'évaluation institutionnel, 200 000 $ - cela veut dire que
l'on fait disparaître complètement ce poste-là - et une
réduction du programme d'insertion sociale et professionnelle des
jeunes. Pourrais-je savoir quel était le budget consacré à
ce poste l'an dernier?
M. Ryan: Je m'excuse, j'ai été...
Mme Blackburn: Le budget consacré au poste, au programme
"Insertion sociale et professionnelle des jeunes", c'étaient les 200 000
$ que l'on a là?
M. Ryan: C'est un budget de 2 000 000 $, cela.
Mme Blackburn: C'est parce que je ne les ai pas par
année.
M. Ryan: Regardez, c'est un budget de 2 000 000 $.
Mme Blackburn: C'était sur un budget de 2 000 000 $, donc,
il y a une coupure de 200 000 $...
M. Ryan: Une compression. Mme Blackburn: On reste
avec...
M. Ryan: M. le Président, je voudrais que l'on
établisse très nettement la différence entre une coupure
et une compression. Une compression n'est pas une coupure, parce qu'une
coupure...
Mme Blackburn: Cela ne fait pas disparaître...
M. Ryan: ...c'est si on prend un programme qui... Disons que l'on
aurait eu 1000 $ l'an dernier et qu'on dise: On coupe de 500 $ l'an prochain.
Si c'était un programme qui devait normalement monter à 1300 $ et
que l'on fasse une diminution de 100 $, là, il y a une compression de
$100, mats il se trouve à y avoir une augmentation de 200 $. J'ai
remarqué qu'il y avait une confusion dans... Je comprends cela parce que
je l'ai fait pendant un bon bout de temps moi-même et ce n'est pas du
tout parce que je veux me montrer plus fin qu'un autre, pas du tout, mais, des
fois, il peut arriver qu'une compression soit synonyme de coupure aussi.
Mme Blackburn: Voilà, il me semble.
M. Ryan: Oui, mais pas souvent. En générai, c'est
plutôt dans le sens où j'en ai parlé. C'est qu'une fois
tenue en compte l'augmentation qui serait intervenue normalement si le
programme avait continué de suivre son cours, là, on fait une
compression.
Mme Blackburn: Je m'amuse toujours un peu et, d'ailleurs, je me
rappelle avoir entendu, un jour, le président du Conseil du
trésor nous tenir tout un discours sur le fait que la modification dans
les termes et le langage, pour représenter une réalité,
pouvait nous présenter cette réalité comme étant
plus ou moins menaçante. Un terme que j'adore et qui est entré
dans le langage, c'est ce qu'on appelle le plan de rangement. Je trouve cela
beau. Coupure ou compression, on peut penser que, de toute façon, il y a
une diminution d'activités.
M. Ryan: II me semble que dans chaque entreprise on fait le
ménage à la fin de l'année. On dit: on se met au point, on
se débarrasse de tout le bois mort, on met notre affaire au point.
Mme Blackburn: M. le Président...
M. Ryan: Ce n'est pas nécessairement une diminution. C'est
un exercice de santé. C'est cela qu'on appelle un plan de rangement. On
se débarrasse des vieilles affaires dont on n'a plus besoin.
Mme Blackburn: M. le ministre, je suis tout à fait
d'accord avec vous, sauf que, ce que je voulais dire, c'est que pour parler
d'une politique de planification, à présent, on parle d'un plan
de rangement; pour parler d'une politique d'évaluation ou d'un plan de
développement, on parle d'un plan de rangement. C'était juste sur
le terme que j'en avais et non pas sur la réalité. Je suis
d'accord avec vous qu'à un moment donné il faut faire du
ménage et dans ces programmes et, des fois, dans sa maison.
M. Ryan: Je m'excuse. Juste pour la compréhension
mutuelle, parce que mon sous-ministre me fait une observation. Un plan de
rangement, ce sont des activités. À la fin de l'année, on
se dit: qu'est-ce qui est moins prioritaire dans tout ce qu'on fait? On les
range par ordre de priorité et on se dit: s'il y a des choses dont on
doit se débarrasser, ça va être ceci. Quand c'est rendu le
20e au bas de la liste, il y a de bonnes chances que ce soit non seulement pas
prioritaire, mais pas nécessaire.
Mme Blackburn: Bien. Alors, si on...
Le Président (M. Parent, Sauvé):
Excusez-moi, Mme la députée de Rimouski, de
Chicoutimi...
Mme Blackburn: C'est beau Rimouski, n'est-ce pas?
Le Président (M. Parent, Sauvé):
Chicoutimi, c'est un bel endroit. Je vous fais remarquer qu'il est 17 h
59 à peu près. Normalement, nous devrions ajourner nos travaux
à 18 heures. Je vous demande le consentement, de façon à
récupérer du temps que nous avons perdu, pour aller
jusqu'à 18 h 30. Est-ce qu'il y a consentement?
M. Ryan: Je serais volontiers disposé à laisser du
temps à la députée de Chicoutimi pour qu'elle aille
encourager les quelques manifestants qui sont dehors.
Le Président (M. Parent, Sauvé): On vous remercie
de votre générosité.
M. Ryan: Pour leur dire qu'elle est entièrement de leur
avis et qu'elle ne s'occupe pas du tout de la bonne santé des finances
publiques du Québec.
Mme Blackburn: Ce serait probablement moins menaçant pour
moi que pour d'autres.
M. Ryan: Si je suis... Apparemment, ce ne serait pas pour
beaucoup de monde, parce qu'il n'y a pas l'air d'y avoir trop de monde.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je reconnais la
députée de Chicoutimi.
M. Ryan: On est à votre disposition, M. le
Président. Jusqu'à 18 h 30?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui. Merci, je
l'apprécie.
Mme Blackburn: Si je fais un calcul, la compression prévue
est de 8 000 000 $. On peut ajouter - je pense que c'est dans l'ordre des
choses tout à fait acceptables - que la non-indexation constitue une
compression additionnelle de 3 200 000 $. On est d'accord là-dessus? On
peut également ajouter - je pense que le ministre va être d'accord
avec moi pour ne pas faire de longs débats là-dessus - que les
prélèvements dans l'enveloppe de base de 1 300 000 $, aux fins de
développement, constituent également, pour les collèges,
une compression.
M. Ryan: M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Est-ce que la députée me demandait si
j'étais d'accord?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Chicoutimi, c'est bien ça, la question?
Mme Blackburn: Pour faire l'analyse qu'on vient de faire.
M. Ryan: Je ne peux pas être d'accord, parce qu'encore une
fois il y un certain mélange qu'il faudra d'abord dissiper. La
députée parle en années scolaires et, si elle veut parler
en années scolaires, il faudrait tout mettre en années scolaires.
Il y a des données, la non-indexation, par exemple, si elle veut la
mettre là, c'est son droit, mais nous la calculions en années
budgétaires. De même que...
Mme Blackburn: D'accord. À ce moment-là, ce serait
juste un peu plus élevé.
M. Ryan: Non. En années budgétaires, la compression
est de 5 400 000 $ et non pas 8 000 000 $. C'est cela que je voulais surtout
rappeler.
Mme Blackburn: Est-ce que le ministre est en train d'essayer de
nous faire croire
qu'à un moment donné on va faire vivre les collèges
pendant juste neuf mois? Je pense qu'on tombe dans quelque chose qui. On va
s'entendre. La compression, pour...
M. Ryan: La partie que nous avons à payer pour
l'année qui est écoulée, les trois premiers mois...
Mme Blackburn: Oui, oui. (18 heures)
M. Ryan: ...et qui sont les trois derniers mois de l'année
des collèges, cela fait douze mois de toute manière. On est
à l'étude des crédits budgétaires. Notre
responsabilité - le mandat le dit assez explicitement - c'est
d'étudier les dépenses qui vont être faites en 1986-1987,
soit l'année budgétaire. Les compressions pour l'année
budgétaire sont de 5 444 000 $ et non pas 8 000 000 $. Nous avons
donné tout le détail de ces montants. Si la députée
veut ajouter la non-indexation. Pour les fins du débat, je pense que
c'est un exercice que je lui reconnais absolument le droit de faire, mais
auquel je ne souscris pas, et j'ai donné, tantôt, les raisons pour
lesquelles je n'y souscris pas. Ce n'est pas nécessaire de les
répéter parce que j'ai constaté une chose: même si
je répète une chose, dix fois, cela ne change pas
grand-chose.
M. Jolivet: Nous autres non plus.
M. Ryan: Non, je sais bien. On va les répéter une
couple de fois...
Mme Blackburn: Je l'ai fait comme cent fois et cela n'a rien
changé.
M. Jolivet: Cela n'a rien changé.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député de Laviolette, s'il vous plaît.
Mme Blackburn: Je vais reprendre brièvement, pour les fins
des personnes ici présentes, l'impact que représente une coupure
ou une compression même mineure lorsque vous êtes rendus dans ce
qu'on appelle l'incompressible. C'est qu'il y a des dépenses et elles
sont de plus en plus nombreuses, parce qu'on a continué à
réduire, qu'on ne peut pas ne pas faire. Donc, on les fait où on
peut et à quelle place les fait-on? On les fait dans les
bibliothèques. On les fait dans le support aux étudiants. On les
fait dans les acquisitions, à l'audiovisuel et dans les laboratoires. On
les fait donc dans la pédagogie.
J'aimerais revenir brièvement sur une question qui me
préoccupe. J'en ai fait état, c'est celle de la réduction
des volumes financés en cours d'été. On va encore
chercher, chez les étudiants, 1 471 000 $. La Loi sur les
collèges d'enseignement général et professionnel - cela
mériterait probablement une interprétation - à l'article
24 de la loi 25 adoptée en 1978 dit: "Un collège ne peut exiger
aucune rétribution pour les cours qui y sont donnés à un
étudiant dont l'occupation principale est d'y recevoir en personne
l'enseignement général ou professionnel de niveau
collégial visé à l'article 2." Quand on parle de cours
d'été, dans nos collèges du Québec, la pratique est
la suivante: 45 heures de cours, comme je vous l'ai expliqué, ou 75
heures dépendant de la matière et données sur trois
semaines. Cela veut donc dire 15 heures de cours par semaine. On estime que le
travail personnel, dans la plupart des programmes, de ratio, est 1-2. Donc, on
estime que c'est entre 15 et 30 heures de travail personnel selon la
matière. À 30 heures par semaine ou à 45 heures par
semaine, l'étudiant est estimé être au collège, aux
études à temps plein et son activité essentielle, c'est
d'être étudiant. La loi sur les collèges prévoit
que, dans ces cas-là, on n'a pas le droit d'imposer des frais de
scolarité. Est-ce que le ministre a examiné cette question et
peut-il nous dire l'interprétation qui en a été faite?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre de
l'Éducation.
M. Ryan: Tout d'abord, je voudrais faire une remarque sur la
partie plus générale de l'intervention que la
députée de Chicoutimi vient de faire.
Dans l'ensemble, je crois que le budget des collèges va chercher
autour de 800 000 000 $. L'ensemble des compressions que nous faisons,
même en ajoutant la non-indexation, pour les fins de la discussion, je
pense que cela s'élève à 8 000 000 $. 8 000 000 $ sur 800
000 000 $ cela fait 1 %. Franchement, dans des institutions qui ont des budgets
aussi considérables que ceux-là! Vous avez la liste des
subventions qui sont données pour le fonctionnement des cégeps,
voulez-vous me la passer une minute, s'il vous plaît? Quand un
cégep qui a un budget de 15 000 000 $ ou 20 000 000 $, 1 %, il y a
toujours possibilité de...
Regardez - je suis allé peut-être un peu fort - je prends
le collège d'Ahuntsic à Montréal, c'est un budget total de
9 000 000 $; le cégep André-Laurendeau, 5 748 000 $; le
cégep Bois-de-Boulogne, 5 576 000 $; le collège Champlain, 8 644
000 $, etc. Quand nous sommes rendu à des budgets de cet ordre, je
croîs que... Ce n'est pas idéal, évidemment. Cela fait en
tout 1 %. Si nous regardons la compression qui a été prise
à même l'enveloppe de base, c'est 1 000 000 $. Et 1 000 000 $ sur
800 000 000 $ ce n'est pas fort. Je ne sais pas combien cela fait? Cela fait un
huitième pour cent. Cela fait 0,0125, etc. Ce n'est pas beaucoup. Je ne
crois pas qu'on puisse parler
de pressurisation jusqu'au point où la survie même ou le
bon fonctionnement serait menacé. Je pense qu'il y a un effort de
discipline qui peut être demandé. Ce n'est pas l'idéal.
Nous sommes en situation difficile. Nous avons essayé de répartir
les responsabilités de la manière la plus large, la plus
responsable et la plus équitable possible. Nous en sommes arrivés
à cela. C'est pour la remarque générale qu'a
préfacée l'intervention de la député de
Chicoutimi.
La question qui terminait l'intervention portait sur le financement des
cours d'été. Vous avez évoqué le principe qui parle
de la gratuité de l'enseignement dans la loi. C'est une citation qui est
exacte. La question qui se pose c'est l'application de ce principe, suivant
l'interprétation que l'on peut tirer du régime
pédagogique. Le régime pédagogique embrasse les sessions
régulières et, au niveau des sessions régulières,
je pense que le principe que vous évoquez s'applique et continue de
s'appliquer. La loi n'a pas été modifiée.
Dans ce cas-ci, il y a deux catégories d'étudiants. Il y a
ceux qui étaient étudiants réguliers pendant
l'année académique, il y a ceux qui sont étudiants
à temps partiel et de qui, de toute manière, une contribution
financière est exigée. Il y a des précisions qui devront
être apportées sur ce point. Je ne prétends pas que la
question soit... Il y a une expression anglaise qui dit: "Crystal clear", clair
comme du crystal. Je ne prétends pas cela. Nous avons demandé
à nos conseillers de nous fournir leur interprétation sur ces
points, de manière à nous indiquer exactement les limites de
l'intervention qui est possible dans ce domaine, à la lumière du
texte de loi que vous avez cité et du régime des études
collégiales. Je pense que le point que la député de
Chicoutimi a soulevé n'affecte pas une masse d'argent très
importante, mais demande à être examiné à fond. Nous
allons poursuivre l'examen là-dessus et je serai très heureux de
vous tenir au courant du résultat des études qui sont en
cours.
Mme Blackburn: Je reconnais, avec le ministre, qu'une coupure,
nous dit-il, de 1 % sur un budget de 8 000 000 $ c'est peu. C'est 80 000 $. Ce
n'est pas énorme. Mais quand on est au seuil de la pauvreté dans
certains secteurs, ce n'est pas l'importance, c'est le fait qu'il faille le
porter.
M. Tremblay (Rimouski): Ils ne sont pas pauvres.
Mme Blackburn: Je voudrais revenir... De la même
façon, il nous dit une compression... J'ai de la difficulté
à voir que ce n'est pas une coupure parce qu'il me semble que cela
devrait réduire les activités s'il n'y a pas quelqu'un d'autre
qui payait pour cela. Une compression de 1 471 000 $ dans les cours
d'été, ce n'est pas catastrophique. Quand même, cela
représente une coupure de quel ordre? Le budget des cours
d'été était d'environ 3 500 000 $.
M. Ryan: II était de 4 300 000 $. Mme Blackburn: De
4 300 000 $?M. Ryan: Oui.
Mme Blackburn: Et vous en coupez 1 400 000 $, le tiers.
M. Ryan: Oui, c'est cela.
Mme Blackburn: Le tiers. Donc, on admet cela au moins. On
convient là-dessus, que dans ce poste budgétaire, on en a
coupé le tiers.
M. Ryan: 1 000 000 $, l'année financière.
Mme Blackburn: C'est le tiers.
À présent, sur un autre point que je n'ai pas
réussi à faire clarifier, peut-être parce que je n'ai pas
donné la chance au ministre de le faire. Il va certainement le faire
avec plaisir. À quelle place se logent, selon le ministre, les
prélèvements aux enveloppes de base des collèges? Est-ce
qu'on ajoute cela aux compressions, aux coupures?
M. Ryan: Ici, il n'y a pas d'argent qui est enlevé dans le
réseau, parce qu'il y a des phénomènes de
développement. Je vais vous donner un exemple concret: Disons qu'on
déciderait d'ajouter une nouvelle option au cégep de
Saint-Jérôme, il faudrait qu'on trouve le moyen de la financer
à même l'enveloppe globale que nous avons. Un montant a
été mis de côté pour les autorisations d'ouvrir les
nouvelles options qui seront accordées au cours de l'année; au
total, c'est 1 300 000 $.
Le réseau ne perd pas d'argent du tout, mais pour les options qui
sont déjà en place, il y aura ce montant de moins à
répartir pour leur financement.
Mme Blackburn: Donc, on peut ajouter cela dans les
compressions.
M. Ryan: Non, pas exactement.
Mme Blackburn: D'abord, dans la compression que le
collège, lui, qui ne bénéficie pas d'une nouvelle option,
devra subir. Je ne me trompe pas en disant cela?
M. Ryan: Mais, tous ces...
Mme Blackburn: Donc, si je veux juste
me faire comprendre, ce sont tous les collèges du Québec
qui vont payer pour une option, par exemple, qu'on implantera à
Sainte-Foy.
M. Ryan: Oui.
Mme Blackburn: Bien. Alors, nous n'aurons pas l'argent, si j'ai
bien compris.
M. Ryan: Ce montant sera réparti sur l'enveloppe de chaque
collège. Un petit peu moins d'argent sera disponible pour chaque option
existante. Je pense que c'est évident.
Mme Blackburn: Donc, pour un collège donné,
même celui qui bénéficie d'un nouveau programme, cela
constitue une compression.
M. Ryan: Non.
Mme Blackburn: II me semble que j'avais entendu le discours
inverse.
M. Ryan: Non, regardez, si vous voulez dire que...
Mme Blackburn: À l'époque, vous étiez moins
informé.
M. Ryan: Non, je ne me fatigue pas avec cela du tout. Je vous ai
dit que cela serait pris à même les ressources qui sont
distribuées entre les collèges. Je pense que c'est clair.
Mme Blackburn: Est-ce que vous admettez quand même que cela
a un effet direct sur l'enveloppe de chacun d'eux?
M. Ryan: Pour les cours existants, oui, pas pour l'enveloppe du
collège pour une année. Pour les cours qui existaient
déjà, il est évident qu'il va y en avoir un petit peu
moins, si on en ajoute de nouveaux qui sont financés avec le même
montant global. Personne ne fait de miracle.
Mme Blackburn: Le collège qui ne connaîtra pas de
développement cette année, connaîtra donc une diminution de
son enveloppe par rapport à cela?
M. Ryan: Oui, même le collège qui fait du
développement, pour ses cours déjà existants,
écopera de cela aussi.
Mme Blackburn: Bien. M. Ryan: C'est clair.
Mme Blackburn: On a bien compris. Selon l'analyse que j'en fais,
la compression totale cette année sera de l'ordre de 12 500 000 $.
M. Ryan: Attendez un petit peu. Voulez-vous me donner vos
montants particuliers? Là, je ne vous suis pas.
Mme Blackburn: 8 000 000 $...
M. Ryan: Mais non! On est en année budgétaire.
C'est là que vous retombez dans le vieux vice.
Mme Blackburn: À moins que le ministre ne puisse prendre
un engagement formel, à savoir qu'il ne reconduira pas sensiblement les
mêmes règles cette année. S'il était capable de me
dire que, pour la première partie de l'année, celle entre le 1er
avril et le 1er juillet, c'est sensiblement la même enveloppe qu'on a.
Vous admettrez qu'il y a une compression relativement mineure, à ce
qu'on nous dit: 8 000 000 $ Donc, c'est sensiblement la même
enveloppe avec laquelle ils sont obligés de vivre pendant ces trois
mois-là.
M. Ryan: Mais...
Mme Blackburn: L'un dans l'autre, on admet que c'est une coupure
de 12 000 000 $. (18 h 15)
M. Ryan: Non, madame. M. le Président, je pense que j'ai
dit assez clairement...
Mme Blackburn: Allez demander cela aux collèges.
M. Ryan: ...que les compressions pour l'année
budgétaire...
Mme Blackburn: Bien.
M. Ryan: ...sont de 5 400 000 $, à quoi viennent s'ajouter
un prélèvement de 1 300 000 $ pour les programmes nouveaux qui
seront institués et le montant implicite de 3 200 000 $ au titre de
l'inflation pour les dépenses autres que les salaires, la non-indexation
pour les dépenses autres que les salaires. Si je compte bien, à
supposer que l'on veuille faire cette addition-là, cela fait autour de 8
000 000 $. C'est pour cela que la députée peut bien continuer de
prendre l'autre manière de calculer, c'est son droit, mais, si elle me
demande si je suis d'accord, je lui dis non et je n'ai aucune condition
à accepter pour lui dire non. C'est non.
Mme Blackburn: Au moins, vous venez de convenir dans votre calcul
que les 1 300 000 $ constituaient une compression.
M. Ryan: Je n'ai pas dit cela, Mme la députée. J'ai
dit que, tenant compte de tous les impacts...
Mme Blackburn: Bien.
M. Ryan: ...si on veut les additionner, cela fait B 000 000 $,
c'est sûr, et je ne refuse pas cette addition-là.
Mme Blackburn: Cette année...
M. Ryan: Ce que je ne veux pas, c'est qu'elle s'en aille à
travers le Québec dire que j'ai dit que c'était 12 000 000 $.
Cela, ce n'est pas vrai.
Mme Blackburn: Cette année, on n'avait pas dans nos
cahiers le sommaire des plans d'équipement. Est-ce possible de l'avoir?
On l'avait l'an passé; j'ai celui de 1985-1986. Est-ce disponible?
M. Ryan: Non, il n'est pas disponible pour l'instant.
Mme Blackburn: Pourrait-on savoir pourquoi?
M. Ryan: Oui. J'ai mentionné déjà à
un autre stade de nos travaux que nous avons reçu la directive du
Conseil du trésor de réexaminer les projets d'investissement que
nous avions dans nos cahiers, une directive qui nous enjoignait
également de ne pas proposer d'initiatives nouvelles et de faire
même un certain ménage dans des projets qui étaient
déjà inscrits à la programmation triennale de 1985-1988.
Alors, nous sommes à compléter l'exercice et, dans un avenir
prochain, nous soumettrons au Conseil du trésor les propositions que
nous aurons mises au point à ce sujet et nous essaierons de tenir compte
de tous les besoins qui nous apparaissent urgents dans différentes
institutions collégiales du Québec et d'en proposer la
réalisation partielle ou totale dès l'année 1986-1987.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Une autre
intervention?
Mme Blackburn: Dans les compressions, vous avez une compression
qui touche à l'enveloppe qui était destinée à
l'évaluation institutionnelle.
M. Ryan: Oui. Voici, on me fait part qu'il s'agit là d'un
programme qui était déjà en vigueur depuis cinq ans, comme
Mme la députée de Chicoutimi semble le savoir très bien.
Ce programme était en vigueur au ministère en vue d'aider les
collèges à se doter des outils nécessaires pour mettre en
oeuvre chez eux des politiques d'évaluation institutionnelle. Les
collèges avaient été avisés qu'ils avaient jusqu'au
1er juillet 1986 pour se doter d'une politique d'évaluation des
apprentissages dans leurs domaines de compétences respectifs. Alors, le
programme a eu son utilité, il a fait son temps. Il a rendu les services
que l'on attendait de lui. Les collèges ont pu en
bénéficier pendant cinq ans pour se doter des outils
appropriés en matière d'évaluation et, maintenant, le
programme est terminé, nous l'enlevons de la liste.
Mme Blackburn: Dois-je comprendre par là que le ministre
estime que les politiques institutionnelles d'évaluation sont dans un
état suffisamment avancé dans les collèges du
Québec pour que l'on puisse passer à autre chose?
M. Ryan: Nous entendons suivre de très près le
travail qui se fait de ce côté-là et continuer d'apporter
aux collèges le soutien le plus immédiat possible pour que
continue à se développer ce travail très important qui ne
doit pas connaître encore de développements. Nous sommes loin
d'être rendus au bout de la corde là-dedans, nous
commençons.
Mme Blackburn: Je n'apprendrai rien au ministre...
M. Ryan: J'ajouterai juste une chose si Mme la
députée me le permet. Si mes fonctionnaires, à la suite
des contacts qu'ils auront avec les collèges, devaient me faire rapport
qu'une nouvelle forme de programme est nécessaire pour promouvoir
davantage cet aspect de la vie des collèges, j'examinerai la
recommandation avec beaucoup d'attention, parce que c'est un point fondamental
sur lequel Mme la députée de Chicoutimi a fait beaucoup de
travail quand elle était présidente du Conseil des
collèges. Je pense que l'importance de ce travail doit être
reconnue.
Mme Blackburn: Je vous remercie, M. le ministre. Cependant, vous
me permettrez de m'inquiéter, parce que je sais que vous connaissez la
complexité d'une démarche d'évaluation. Ce qui a
été fait en matière d'évaluation des
apprentissages, je ne dirais pas que c'était facile à faire, mais
cela n'exigeait pas un appareillage aussi élaboré et aussi
complexe que lorsqu'on veut faire de l'évaluation de programmes, de
l'évaluation institutionnelle, de l'évaluation de façon
générale et de l'évaluation de personnel, d'enseignement.
C'est beaucoup plus complexe. Cela demande un minimum, de soutien. Est-ce que
le ministre a l'intention d'accorder ce soutien et de quelle manière?
Au-delà des encouragements dont les collèges auront certainement
besoin, parce qu'on n'a pas vu beaucoup d'empressement, on ne s'est pas
bousculé aux portes pour faire de l'évaluation dans certains
secteurs. Par ailleurs, il s'en fait beaucoup dans d'autres, je dois le
reconnaître. Mais cela
demanderait, à ce moment-ci, des investissements
considérables. D'autant plus qu'on parle - avec raison je pense - de la
qualité de l'éducation dans nos établissements de tous les
niveaux. Ce n'est pas particulier aux collèges, mais c'est aussi dans
les collèges. Il me semble que, si on ne se donne pas les outils et si
on ne donne pas aux collèges le minimum de soutien autre que moral, il
va être difficile pour eux de continuer à travailler, à
élaborer, chacun dans ses établissements, des politiques
institutionnelles d'évaluation.
M. Ryan: M. le Président, je pense honnêtement que
les collèges, dans l'ensemble, savaient que ce programme avait
été établi sur une base quinquennale et qu'il était
arrivé à son terme. Je n'ai eu aucune représentation de la
part d'aucun collège, ni de la fédération d'ailleurs, sur
ce point précis de nos décisions budgétaires pour la
prochaine année en matière de dépenses. Maintenant, j'ai
constaté une chose dans mon travail, surtout depuis que je suis
responsable du ministère. Je le constatais moins lorsque j'étais
dans l'Opposition, parce que des fois, on pense qu'on est seul à avoir
contact avec gens-là, quand ils viennent nous voir. J'ai constaté
qu'ils sont en contact à peu près continu avec le
ministère et avec la Direction des études collégiales.
Là, il y a un soutien qui se fait continuellement par les contacts
qu'ils font ici. Il y a quelques cégeps qui ont des problèmes
actuellement. J'ai rencontré encore au restaurant du Parlement, à
midi, des représentants d'un cégep d'une région
plutôt excentrique qui a un problème. Ils étaient ici. Ce
sont des gens que je connais très bien. Je ne savais même pas
qu'ils étaient ici. Je les ai vus le mois dernier à Québec
encore. Vous savez que les bureaux sont très, très largement
ouverts. Ils peuvent venir discuter de leurs problèmes en tout temps.
Ils le font plus abondamment que je le pensais. Par conséquent, je pense
que cette dimension-là, nous allons y voir à travers ces contacts
nombreux, quotidiens et cette participation à toutes sortes de groupes
de travail que facilite le réseau de relations, déjà
très élaboré et qui rattache nos collèges au
ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science. C'est un
point que j'avais beaucoup signalé dans mes contacts avec nos
fonctionnaires. Je vais insister pour que le volet de l'action
collégiale continue de se développer, de manière qu'on
puisse avoir une pleine confiance à la formation qui est donnée
dans chaque collège.
Mme Blackburn: Effectivement, j'ai eu l'occasion de regarder
fonctionner un peu plus ce réseau-là que les autres. Les
collèges ont, de façon générale, un excellent
soutien de la part de la Direction générale de l'enseignement
collégial. Il y a des gens là qui ont une longue
expérience. Généralement, ils font preuve de beaucoup de
disponibilité. Même comme conseil, je n'ai jamais eu à
déplorer ou à exiger des choses. On a toujours eu une excellente
collaboration. On doit les en féliciter et les remercier. Cependant, je
voudrais juste dire au ministre que les collèges ne font pas de
représentations pour s'élever contre la coupure du budget
destiné à l'évaluation institutionnelle. On peut s'en
inquiéter. Je vais passer...
M. Ryan: Je signalerai seulement sur ce point, si vous me
permettez, qu'il ne s'agit pas d'une coupure, mais d'un programme qui
était terminé.
Mme Blackburn: En rangement M. Jolivet: Un plan de
rangement.
M. Ryan: Pardon? M. Jolivet: Un plan de rangement.
M. Ryan: Non il était terminé, celui-là.
Quand tu as fait un programme pour cinq ans, tu ne fais pas une sixième
année avec.
Mme Blackburn: Vous connaissiez toute la petite histoire de ce
progamme-là. Projet de construction. Vous commencez à avoir
faim?
Le Président (M. Parent, Sauvé): II reste encore
trois minutes. Vous avez trois minutes encore.
Mme Blackburn: Bien. Alors, ventre affamé n'a pas
d'oreilles. On recommencera après, avec l'autorisation du
Président.
Le Président (M- Parent, Sauvé): Alors la
commission de l'éducation sur l'enseignement supérieur et la
science suspend ses travaux jusqu'à 20 heures et j'invite les
participants à être ici à 20 heures précises.
Un instant. M. le ministre.
M. Ryan: Pouvons-nous savoir à quelle heure nous finirons
nos travaux ce soir?
Le Président (M. Parent, Sauvé): À 22
heures, M. le ministre.
M. Ryan: Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Vous êtes
d'accord?
M. Ryan: Oui.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, je tiens
à vous remercier beaucoup, M. le
ministre, d'avoir accepté le prolongement de 30 minutes. C'est
que nous accusons un retard de 47 minutes que l'on va combler mardi matin. On
va être capables de rattraper le temps perdu.
M. Ryan: 45 minutes de retard? Même avec la demi-heure?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Non, maintenant,
nous sommes en retard de 17 minutes seulement.
M. Ryan: Seulement 17 minutes à rattraper, c'est
correct.
(Suspension de la séance à 18 h 27)
(Reprise à 20 h 25)
Le Président (M. Parent, Sauvé): La commission
parlementaire sur l'éducation continue ses travaux. Nous en
étions à l'étude du programme 5 du ministère de
l'Enseignement supérieur et de la Science.
Nous vous saluons, M. le ministre.
Mme la députée de Chicoutimi, nous vous
écoutons.
Gatineau, Limoilou, baie des Chaleurs
Mme Blackburn: Le ministre nous a dit qu'il n'était pas en
mesure de déposer le plan d'immobilisation. Quelqu'un hier nous a
lancé, si j'ai bien compris, une primeur. Il y aurait la construction
d'un cégep dans la région de la Gatineau. Comme c'est
déjà annoncé le ministre pourrait peut-être nous le
confirmer, en même temps qu'il pourrait nous dire ce qu'il en est des
demandes dans le dossier de Limoilou-Charlesbourg, de même qu'un
sous-centre dont il était question ici même l'an dernier, dans la
région de la baie des Chaleurs.
M. Ryan: Juste une minutel Ce ne sera pas long.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: M. le Président, la question de Mme la
députée de Chicoutimi porte sur le campus Gatineau du
cégep de l'Outaouais et, ensuite, si j'ai bien compris...
Mme Blackburn: Sur le dossier Limoilou-Charlesbourg.
Également, on avait fait état, l'an passé, de la
pertinence de songer à la construction d'un sous-centre dans la baie des
Chaleurs dont le site était à déterminer.
Évidemment, il y a toute la question des sous-centres qui sont
actuellement en opération.
M. Ryan: En ce qui concerne le campus Gatineau, l'ancien
gouvernement dont faisait partie le député de Laviolette avait
adopté -c'est en septembre ou octobre - un décret autorisant la
construction d'un pavillon du cégep de l'Outaouais, è Gatineau.
Ce décret précisait que la valeur de la construction qui pourrait
se faire à Gatineau serait de plus de 8 000 000 $. Je pense que
c'était 8 700 000 $. Mais il n'y a rien eu de fait après. Il y
avait eu beaucoup de décisions de ce genre d'adoptées dans les
semaines qui ont précédé le dernier rendez-vous
électoral et plusieurs, comme je l'ai souligné ces jours
derniers, anticipaient même sur les engagements de l'année
1986-1987. Dans ce cas-ci, le décret avait été
adopté, mais ce n'était pas encore une autorisation de
procéder. Il y avait des travaux préliminaires à faire. En
particulier, il fallait préciser les conditions dans lesquelles serait
acquis le terrain sur lequel serait construit l'éventuel pavillon de
Gatineau. Puis, les choses ont traîné. Le terrain n'était
pas disponible tout de suite. Il y a eu des complications. Au cours des
derniers temps, les autorités municipales ont fini par livrer le
terrain. Il reste encore quelques étapes à franchir avant que
tout cela soit vraiment terminé. À partir de là, la balle
est dans le camp du gouvernement. Le problème se pose comme ceci: ainsi
que j'ai eu l'occasion de le dire à plusieurs reprises, le Conseil du
trésor, dans la directive qu'il adressait à plusieurs
ministères, dont celui de l'Enseignement supérieur, demandait
qu'aucune initiative nouvelle ne soit ajoutée au programme de
construction d'immobilisations pour 1986-1987 et demandait qu'un
émondage soit fait dans les projets déjà inscrits à
la programmation l'année précédente, dans la mesure
où ces projets n'étaient pas engagés d'une manière
qui était difficilement renversable.
Ainsi que je l'ai dit plus tôt dans la journée, nous sommes
à compléter un ordre de priorités parmi les projets qui
avaient déjà été inscrits sur nos listes et qui
sera soumis au Conseil du trésor d'ici à une semaine ou deux. Le
campus de Gatineau figure sur cette liste et j'espère vivement que nous
obtiendrons l'approbation nécessaire pour procéder. Les
autorités du cégep de l'Outaouais et de la ville de Gatineau
attendent cette décision avec une patience exemplaire. J'espère
que leur patience ne sera pas éprouvée au-delà du
raisonnable.
Mme Blackburn: Est-ce que le ministre peut nous dire s'il s'agira
d'un campus ou d'un collège autonome?
M. Ryan: D'un campus, le campus du collège de l'Outaouais
sans doute. On ne sait pas. C'est un campus qui avait été
prévu pour avoir 600 places. Maintenant, les gens de Gatineau parlent
déjà de besoins de 800
ou 900 places, mais, pour le moment, le projet qui avait
été envisagé était de 600 places et les choses en
restent là.
Mme Blackburn: Est-ce que le ministre a examiné la
question suivante, à savoir quel est l'avantage d'avoir un campus
plutôt qu'un collège?
M. Ryan: II y a plusieurs avantages. D'abord, au début, il
y a tout l'avantage de participer à la tradition déjà
établie du cégep. Dans le cas de Gatineau, il y aura une
harmonisation des options qui devra être effectuée entre les deux
endroits où il y aura des implantations collégiales. Nous croyons
que cela pourra se faire dans une meilleure atmosphère et dans de
meilleures conditions, si l'implantation qui se fait à Gatineau est un
campus plutôt qu'un cégep autonome. Au point de vue
dépenses, il n'y a pas de différence monumentale. On pense que
cela peut s'équivaloir. Mais, pour le moment, nous favorisons un campus
et je pense que les gens de Gatineau ont compris que c'était la voie
à suivre pour l'instant. Il n'y a pas de gros débat
là-dessus.
Mme Blackburn: L'expérience qui a été
vécue par les collèges régionaux, à l'exception du
collège Champlain, a été plutôt, je dirais, sans
être complètement négative, n'a pas été
très positive dans ce sens que les collèges ont fini par
réclamer un statut de collège autonome parce qu'ils y trouvaient
des avantages importants. Je dirais que l'avantage le plus important du statut
de collège autonome, c'est que ça crée un dynamisme et ce
que j'appellerais une concurrence de bon aloi. C'est le seul commentaire que je
ferai là-dessus. Je pense que le ministre et la population de Gatineau
ont assez bien évalué la situation en pensant ou en envisageant
la construction d'un collège de 800 ou 900 places, parce que si on
compare l'accès aux études collégiales dans ce secteur,
c'est relativement plus bas. Donc, il y aurait de la place à la fois
pour de nouveaux programmes et à la fois pour des places, d'où un
campus relativement important.
M. Ryan: Dans la région de l'Outaouais, il y a un gros
problème pour les options professionnelles, c'est une grosse carence
à ce point de vue. Si nous pouvons avoir deux implantations fonctionnant
à l'intérieur du même ensemble, pour commencer, cela va
favoriser des décisions plus rationnelles de ce côté. Pour
l'avenir, les choses resteront ouvertes. Je pense bien qu'il n'y aura personne
qui pourra décider à partir de Québec, cela restera
toujours à tel statut.
Mme Blackburn: Le fait que ce soit un collège autonome ou
un campus, j'allais dire que ça n'a pas ou peu d'influence sur le devis
pédagogique. Le devis pédagogique est décidé
généralement par le ministère, à savoir quels
programmes vont être implantés, lorsqu'il s'agit d'un
collège. Pour un campus, évidemment, cela se fait davantage en
concertation avec le collège.
L'autre question touche... Lui aussi, il est réclamé. On a
bien démontré, je pense, qu'il serait temps d'intervenir dans ce
dossier, sont le cégep de Limoilou qui réclame un agrandissement.
Là, évidemment, vous connaissez mieux que moi, je pense bien, les
débats au sujet du site.
M. Ryan: Est-ce que la question est terminée?
Mme Blackburn: Oui, oui.
M. Ryan: Le cégep de Limoilou - tout le monde en convient
- a un besoin aigu d'agrandissement. Les plans avaient été faits,
au début, pour un agrandissement sur l'emplacement actuel et un
emplacement voisin. Cela présentait des inconvénients
sérieux du point de vue de l'utilisation du territoire, du point de vue
de certaines de voies de circulation qui passaient de ce côté.
Finalement, il a été envisagé d'utiliser un pavillon du
côté de Charlesbourg - ce qu'on appelle l'École des sourds
- c'est un grand local qui est pratiquement inoccupé depuis un bon bout
de temps et qui avait été considéré comme un
endroit intéressant pour l'implantation d'un pavillon du cégep de
Limoilou. Cela posait des problèmes parce que l'emplacement choisi n'est
pas très propice au point de vue géographique. Même les
élèves de Charlesbourg fréquentant cette institution
auraient été obligés de se déplacer d'une
manière sensible. C'est loin de la partie développée.
Il y avait un autre problème que cela posait, c'est l'avenir des
services collégiaux dans cette région. Le cégep de
Limoilou projetait d'installer plusieurs options professionnelles lourdes
à Charlesbourg. On se demandait si c'était l'endroit pour faire
ça et si ce n'était pas mieux de le faire à Limoilou.
Là, cela a reposé tout le problème. Pour le moment, il
reste trois ou quatre options.
Il faut une implantation à Charlesbourg, selon nous. Est-ce que
ce sera un pavillon de cégep plutôt général? Est-ce
que ce sera un cégep autonome? Est-ce que ce sera la voie qui avait
été retenue dans le projet qui était sur la table quand je
suis arrivé au ministère: option lourde à l'École
des sourds? Est-ce que ce sera un développement complet du
côté de Limoilou? Pour le moment, ces options restent ouvertes,
mais nous en venons à la conclusion que c'est bien difficile de prendre
une grosse décision concernant un cégep particulier sans
établir
un plan d'ensemble pour les cégeps de la région de
Québec.
Nous sommes également saisis de demandes d'agrandissement du
cégep François-Xavier-Garneau et du cégep de Sainte-Foy.
Il y a d'autres problèmes qui se posent dans la région du
côté du Séminaire de Québec, vous en avez entendu
parler par les journaux, récemment. J'en suis venu à la
conclusion qu'il faudrait avoir un plan d'ensemble pour qu'on sache ce qu'on va
faire avec Garneau, avec Sainte-Foy, avec Limoilou, du côté de
Charlesbourg, et pour établir des projets qui vont nous servir de guides
pour les dix années a venir. Nous avons une bonne idée de ce que
sera la clientèle étudiante au cours de la période
à venir.
Évidemment, si nous voyons cela dans une perspective plus longue,
cela hausse la mise un peu. Cela veut dire que ce qui avait été
envisagé comme devant se faire à un certain niveau financier
devrait coûter un peu plus cher, pas tellement, mais un peu plus cher.
Sur une base de quatre ou cinq ans, il y aurait des dépenses plus
considérables à envisager. Ce sont les problèmes dont je
dois saisir le Conseil du trésor prochainement. J'opterais pour une
solution qui offre les garanties d'un développement ordonné pour
plusieurs années à venir, de manière qu'on ne se trouve
pas année après année avec un petit bout de rallonge
à faire ici et une rallonge à faire là, que tout cela se
fasse à l'intérieur d'un plan d'ensemble qui nous permettrait de
savoir où nous allons, qui serait fait en coordination avec les
autorités régionales, les autorités des cégeps
concernés, etc. C'est une proposition assez lourde, mais
déjà nous avons eu beaucoup de conversations en ce sens et nous
préférons que les choses attendent deux ou trois mois de
manière que ce plan puisse être mis au point et approuvé
par les autorités compétentes, en particulier par le Conseil du
trésor et le Conseil exécutif du gouvernement.
Nous avons consacré beaucoup de temps à cette question,
nous l'avons examinée sous tous ses angles. Nous avons fait, refait et
refait des projets avec des fonctionnaires du ministère qui ont
été d'un zèle exemplaire à ce sujet. Je pense que
nous en viendrons à un programme qui va avoir vraiment du bon sens pour
plusieurs années à venir.
La région de Québec a de grands besoins qui n'ont pas
trouvé les réponses qu'il eût fallu au cours des
dernières années. Je ne fais pas de politique avec cela, mais je
pense que cela s'impose à l'attention de l'observateur qui prend acte du
dossier. Nous allons essayer de mettre au point le plan d'action qui permettra
de répondre à ces problèmes.
Mme Blackburn: J'ai lu dans vos documents que vous étiez
à faire l'évaluation des sous-centres régionaux. La rumeur
voudrait qu'il y en ait quelques-uns qui soient menacés de fermeture,
est-ce juste? Les centres régionaux qu'on retrouve à Amos,
Mont-Laurier, Chibougamau et aux Îles-de-la-Madeleine, continueront-ils
de fonctionner à l'automne? Ou pense-t-on sérieusement de fermer
l'un ou l'autre?
M. Ryan: II n'est pas question de fermer un seul des quatre
sous-centres qui existent actuellement. Nous sommes en train de faire une
évaluation de l'expérience des sous-centres. Alors, il y a ces
quatre sous-centres que vous avez mentionnés avec exactitude:
Mont-Laurier, Amos, Chibougamau, les Îles-de-la-Madeleine. D'abord, je
dirai une chose: Nous n'autorisons pas pour l'instant l'implantation de
nouveaux sous-centres autres que ces quatre-là, parce que nous voulons
d'abord faire le point sur l'expérience des sous-centres et nous
demander si c'est viable. Il ne s'agit pas seulement de se demander si c'est
viable; il faut aussi décider si on est prêt à mettre les
ressources nécessaires pour les développer. Fonder un
sous-centre, une première année de cégep dans une couple
d'options, une deuxième année, cela va assez bien, mais je vous
donnerai un exemple tout à l'heure qui va vous montrer que les choses se
compliquent assez vite. Nous n'autorisons pas le développement d'autres
sous-centres, pour l'instant, avant d'avoir fait le point de la manière
la plus précise possible sur les quatre expériences en cours.
Je vous donne l'exemple de Mont-Laurier que je connais davantage. Il y a
un sous-centre qui fonctionne bien à Mont-Laurier depuis deux ans. Une
chose intéressante, c'est qu'il s'est noué une collaboration
très intéressante avec la commission scolaire là-bas,
surtout pour l'enseignement des techniques forestières qui
intéresse particulièrement le député de Laviolette.
On fait des choses intéressantes là-bas et on veut
développer un centre d'excellence au secondaire mais qui jouirait du
soutien du sous-centre collégial. On nous a fait une demande pressante
pour ajouter une troisième année en techniques administratives.
J'ai reçu une série de lettres très émouvantes de
la part des élèves qui sont en techniques administratives, en
deuxième année. Il y en a une trentaine qui m'ont écrit.
Je ne sais pas si les professeurs avaient corrigé les lettres, mais
toutes étaient dans un français impeccable. (20 h 45)
Nous sommes disposés à autoriser la continuation jusqu'en
troisième année, mais nous ne sommes pas capables de mettre des
ressources nouvelles là-dedans cette année. C'est pourquoi nous
avons été obligés de dire au cégep de
Saint-Jérôme: Vous pouvez y
aller si vous êtes capables de trouver les ressources qu'il faut.
Mais, si on développe le moindrement, il y a un problème de
locaux qui se pose. Ils sont actuellement installés dans des locaux de
la commission scolaire Pierre-Neveu et, s'il fallait agrandir, cela pose tout
le problème de l'installation et la commission scolaire aura besoin de
certains de ces locaux. C'est une grosse décision qu'on ne prendra pas
tout de suite.
Du côté d'Amos, comme vous le savez, il y a d'autres
centres de la région qui voudraient avoir un service semblable. Il y a
Val-d'Or qui est représenté par un ministre à
l'Assemblée nationale, il y a Senneterre également. On ne sait
pas. Pour le moment, il n'y a rien de changé dans le sous-centre est,
à Amos. L'affaire va être étudiée très
sérieusement avant que quoi que ce soit se fasse.
Du côté des Îles-de-la-Madeleine, je ne suis pas en
mesure de vous dire qu'il y a des changements dans l'air de ce
côté. Je pense qu'il n'y en a pas. Cela va très bien,
d'après ce que M. Lanoux me dit...
À Chibougamau, on m'informe que le directeur du cégep de
Saint-Félicien aurait laissé entendre aux gens de Chibougamau
qu'il n'y a peut-être pas assez de clientèle pour justifier le
maintien du sous-centre. Nous n'avons été aucunement
associés à cette démarche et n'avons point donné
notre aval aux propos qui auraient pu être tenus à cette occasion.
Un préjugé favorable reste plutôt en faveur du sous-centre.
Si nous sommes éventuellement saisis d'un dossier là-dessus, il
faudra bien l'examiner, mais, pour le moment, dans notre dossier, ce
sous-centre continue. Il avait été question d'autres
sous-centres. Il y a une demande pressante qui est venue du côté
de la baie des Chaleurs. On m'informe que le gouvernement
précédent, en septembre ou octobre dernier, avait dit non
à ce projet. Cela reste a l'étude pour nous, mais je ne pense pas
qu'il y aura une décision de prise d'ici à deux ou trois mois
là-dessus. C'est une décision qui sera prise plus tard en vue de
l'autre année.
Mme Blackburn: Dans le cas de La Tuque?
M. Jolivet: C'est l'ancien cégep de monsieur qui est
à l'arrière, là-bas.
Mme Blackburn: M. Farrier. Une voix: Dans quel
comté? M. Jolivet: Le mien.
M. Ryan: Est-ce que, M. le Président, le
député de Laviolette consentirait à ce qu'on laisse parler
M. Farrier là-dessus?
M. Farrier (Jean-Guy): En fait, il n'y a pas eu de demande
officielle de la part du cégep parce que le cégep avait
commencé par rencontrer des gens de La Tuque pour s'enquérir s'il
y avait une clientèle suffisante. Mais, finalement, cela n'a pas
donné les fruits escomptés de la part des gens de La Tuque et il
n'y a pas eu de demande officielle présentée au ministère
non plus.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre,
pour le Journal des débats, pourriez-vous bien identifier la
dernière personne qui vient de parler, s'il vous plaît? C'est M.
Jean-Guy Farrier, directeur...
M. Ryan: ...au service des ressources matérielles...
Le Président (M. Parent, Sauvé): ...au service des
ressources matérielles...
M. Ryan: ...à la Direction des études
collégiales.
Le Président (M. Parent, Sauvé): ...à la
Direction des études collégiales de votre
ministère.
M. Ryan: Oui.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci.
Perfectionnement du personnel
Mme Blackburn: J'aimerais parler brièvement du
perfectionnement du personnel. Dans les orientations de 1986-1987, on nous
apprend - parlant de la formation et du perfectionnement du personnel - que des
orientations seront proposées afin de définir la priorité
à accorder à la formation et au perfectionnement du personnel.
Vous n'êtes pas sans avoir pris connaissance de l'étude du Conseil
des collèges sur la condition enseignante. De nombreux problèmes
y sont relatés tant par rapport au perfectionnement que par rapport
à la qualité des locaux, problèmes d'ailleurs que vous
souligniez l'an passé comme critique de l'Opposition. On est en
période de négociation. On peut penser qu'une partie des
propositions ou des moyens susceptibles de favoriser le perfectionnement, cela
pourrait faire partie d'une entente négociée. Comme je sais que
vous êtes particulièrement sensible à toute la question du
perfectionnement des enseignants, je dirais que, dans les collèges, il
se pose un problème au niveau de l'enseignement professionnel où,
comme on le sait, les connaissances sont vite dépassées par la
technologie. Il y a donc besoin de mises à jour de connaissances, de
recyclage et de perfectionnement. Je me demandais si vous aviez une politique
autre que des orientations
è proposer.
M. Ryan: Pour être bien franc avec vous, M. le
Président, je n'ai pas eu le temps de m'arrêter à ce
problème-là personnellement, au cours des quatre derniers mois.
Nous avons eu de très nombreux problèmes d'organisation et de
planification pour des questions d'immobilisation, de compression, de budget,
etc. En plus, nous avons dû préparer la stratégie du
gouvernement dans les négociations collectives présentement en
cours. Je pense bien qu'avant de pouvoir examiner le problème de la
formation dans une perspective un petit peu renouvelée, il faut d'abord
traverser la phase de la négociation collective. C'est notre
priorité en ce qui regarde les enseignants. Si on voulait parler d'autre
chose actuellement, ils nous diraient: Amene-z-les donc à la table de
négociation et on verra. On va vider tout ce qu'on peut vider à
la table de négociation et, ensuite, on aura l'esprit plus à
l'aise pour aborder des problèmes comme celui-ci. La, on ne pourra pas
marcher cela de front avec le reste actuellement, sauf qu'un certain nombre de
programmes étaient déjà en place continuent et
continueront également au cours de la prochaine année. Si vous
n'aviez pas d'objection, M. Lanoux pourrait donner quelques précisions
à ce sujet-là.
M. Lanoux (Jacques): Les programmes qui existaient en 1985-1986
demeurent. Avec la négociation de la prochaine convention collective, on
espère apporter des améliorations quant au recyclage des
enseignants, surtout pour ceux qui travaillent dans les programmes en
révision. On espérait apporter, de ce
côté-là, des améliorations parce que, actuellement,
on a un programme de recyclage pour les enseignants mis en
disponibilité. On voudrait réviser ce programme pour l'orienter
plus directement vers un poste de travail à la suite du recyclage.
Deuxièmement, comme je vous l'ai dit, on voudrait mettre en place un
nouveau programme de recyclage qui s'adresserait aux enseignants qui ne sont
pas mis en disponibilité, mais qui travaillent dans des programmes qu'on
est en train de réviser. Cela viendrait s'ajouter au programme de
perfectionnement qui existe déjà. Il y a donc du perfectionnement
au niveau local puisqu'on verse 148 $ par enseignant dans chaque
collège. Au niveau provincial, on a trois programmes de
perfectionnement: le programme de perfectionnement collectif de courte
durée, le programme de stage en entreprise et celui dont je vous ai
parlé tantôt: le recyclage de longue durée, qui peut
même aller jusqu'à trois ans pour les enseignants mis en
disponibilité.
Ce qu'on voudrait ajouter, c'est le volet du recyclage pour des
enseignants dans les programmes actuellement en révision ou qui
viendront en révision dans un avenir très proche.
Mme Blackburn: À propos de l'évaluation, vous
dites: "Un plan d'action précisant les champs dans lesquels les
collèges adopteront des politiques institutionnelles d'évaluation
sera présenté aux collèges." C'est de l'autorité du
ministère d'indiquer les champs d'intervention ou les champs
d'application de la politique institutionnelle d'évaluation. C'est en
page 17 de votre document. Il me semble qu'en même temps qu'on parle
d'évaluation - on en parle passablement, ce que je ne déplore pas
- on a coupé les budgets. Il me semble qu'on ne s'est pas laissé
beaucoup de moyens et je m'inquiète à savoir si on pourra aller
au-delà des intentions.
M. Ryan: En ce qui touche l'évaluation, déjà
le travail au niveau des institutions est avancé. Il s'est fait beaucoup
de choses au cours des dernières années et, au point où
c'est rendu, on estime qu'avec le support que peut apporter le
ministère, les institutions sont en mesure de développer des
instruments pour les différentes formes d'évaluation qui peuvent
être nécessaires à leur niveau, et mon ministère
peut servir de lieu de rencontres, de lieu d'inspiration et de soutien pour ce
travail. Mais, pour le moment, il n'est pas envisagé de programme
d'injection d'argent là-dedans. Si des demandes sont
présentées à la suite de travaux qui seraient faits au
cours des prochains mois, nous les examinerons. Pour l'année 1986-1987,
nous mettons les ressources nombreuses du ministère au service des
collèges intéressés. C'est ce qui sera notre principale
forme d'engagement.
Mme Blackburn: Ces ressources nombreuses, pourrait-on me dire de
quel ordre elles sont? Et qui sont-elles? Ne pas les nommer, je n'en
demanderais pas autant. Mais le budget qu'on entend affecter à cela, que
peut-il représenter?
M. Ryan: Je ne parlais pas de cette manière-là. Je
me dis que plusieurs fonctionnaires de la Direction des études
collégiales, sont capables de donner un très bon coup de main
pour aider les collèges dans le travail de mise au point des instruments
d'évaluation dont ils peuvent avoir besoin, et ils seront disponibles.
Dans l'exercice de leurs fonctions, ils vont pouvoir rendre des services
précieux.
Mme Blackburn: Est-ce que le ministre entend mettre à
contribution la commission de l'évaluation du Conseil des
collèges?
M. Ryan: Oui. Je pense que c'est un
organisme qui peut être utile. Il a hésité un peu.
On a suivi avec intérêt ses hésitations pendant un certain
nombre d'années, mais il semble que, depuis un an ou deux, cela veuille
se préciser mieux.
Formation en sciences humaines
Mme Blackburn: J'aborderais à présent une question
qui a fait l'objet d'une publication récente. C'est la formation en
sciences humaines dans les cégeps. Le Conseil des collèges a
rendu public récemment un avis sur cette question, qui fait suite
à une demande d'avis adressée par le ministre. Ce devait
être votre prédécesseur. Cependant je ne saurais vous le
dire. Je pense que vous connaissez assez bien le problème que pose
l'enseignement en sciences humaines dans les collèges, la quasi-absence,
de programmes de formation en sciences humaines, le fait que les programmes en
sciences humaines comportent moins de crédits que les programmes en
sciences de la nature et probablement, également, a-t-on porté
à votre attention le fait que les diplômés en sciences
humaines de plus en plus avaient... Certaines universités avaient
tendance à préférer ou à donner la
préférence aux étudiants diplômés en sciences
de la nature, même dans les programmes en sciences humaines à
l'université. On reproche beaucoup à ce programme de manquer de
rigueur, de manquer de contenu et, évidemment, comme il comporte moins
de crédits que le programme qui mène aussi à un DEC
général, celui en sciences de la nature, on l'estime de moins
bonne qualité. Il y a un certain nombre de recommandations qui ont
été faites par le Conseil des collèges là-dessus.
J'aimerais que le ministre réagisse et m'indique s'il a l'intention
prochainement de donner suite à ces recommandations et dans quel
sens.
M. Ryan: Jusqu'à maintenant, M. le Président, je
n'ai pas eu le temps d'entrer personnellement dans les questions reliées
aux programmes. La dernière fois que je me suis intéressé
activement aux programmes, c'est lors de la mise au point du règlement
des études collégiales, il y a deux ou trois ans et c'est un des
points que je compte faire à l'été. Mais, d'ici à
l'été, je n'aurai pas le temps... tant que la session ne sera pas
terminée. C'est une très grosse entreprise et je ne veux pas
m'engager dans ce travail qui est trop exigeant. Je n'en aurais
matériellement pas le temps. (21 heures)
Des travaux de refonte très importants sont engagés,
autant en ce qui regarde les sciences de la nature que les sciences humaines.
Des documents ont été mis en circulation par le ministère
à ce sujet dont j'ai à peine commencé à prendre
connaissance moi-même. Si vous vouliez, j'aimerais demander à M.
Lanoux de nous dire où en sont ces choses. J'ai commencé à
recevoir des représentations de professeurs de telle ou telle
discipline, de personnes qui sont intéressées aux cégeps,
des parents et des élèves, parfois, qui me disent: Regardez de
très près cette question, il y a des grosses décisions qui
sont à la veille de se prendre et on ne voudrait pas que des
décisions se prennent qui engagent l'avenir d'une manière
irréparable ou d'une manière erronée. Alors, il n'y aura
aucune décision importante qui va se prendre sans qu'on en parle avec
moi. Dès qu'on aura passé la période de très grande
activité qui va continuer d'exister, pour nous du gouvernement, jusqu'au
mois de juin, c'est une question dans laquelle je compte m'engager de beaucoup
plus près.
Mme Blackburn: Peut-être, juste pour votre information,
selon l'avis du Conseil des collèges, le projet qui a été
soumis pour avis au conseil ne se conformerait pas au règlement des
études sur le régime pédagogique du collégial, en
ce sens qu'il ne comporte pas un bloc ministériel uniforme pour
l'ensemble des collèges, tel que le prévoit le régime
pédagogique du collégial. Cela nous apparaît une faiblesse
suffisamment importante pour qu'on ne tarde pas à prendre des
décisions dans ce dossier quoique, je pense bien, le ministre a dû
se le faire dire, sinon il va l'apprendre, c'est un secteur dans lequel la
Direction générale de l'enseignement collégial a
tenté d'intervenir, a fait de nombreuses consultations depuis plusieurs
années.
Il est difficile de bâtir, de construire un programme sans heurter
à la fois les convictions de certaines personnes ni risquer
également d'avoir des effets sur certains emplois de l'enseignement
collégial. Il n'en demeure pas moins que, quand on parle d'enseignement
collégial de niveau général, il y a là un
problème certain et la crédibilité des finissants dans ce
programme est mise en doute parfois même par les universités,
selon ce qu'on me dit, dans certaines facultés.
J'aimerais que vous me parliez...
M. Ryan: M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: J'avais demandé que M. Lanoux puisse fournir
quelques explications là-dessus. Je ne sais pas si...
Mme Blackburn: Oui. Non. Cela va. Je n'avais pas entendu.
Oui.
M. Ryan: ...la députée de Chicoutimi
serait intéressée.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M.
Lanoux, nous vous écoutons.
M Lanoux: En ce qui regarde l'avis du Conseil des collèges
que nous avons reçu... Bon, je ne pense pas que ce serait l'endroit pour
faire un débat mais, entre autres, je pense que nous aurons à
faire un débat avec le conseil sur l'opinion qu'il manifeste voulant que
le régime pédagogique émette une obligation quant à
la forme du bloc ministériel. On aura sûrement une bonne
discussion avec les gens.
Ce qui se passe à l'heure actuelle, c'est que depuis
déjà quelques années ce travail est en marche. À
l'heure actuelle, le ministère est en consultation auprès des
collèges, auprès du Conseil des collèges, auprès
des universités sur des orientations de ces deux programmes. On n'est
pas encore rendu à l'étape de les faire. On est encore à
l'étape des orientations que ces programmes devraient prendre.
Alors, nous avons reçu de la part des collèges, de la part
de la Fédération des cégeps et, depuis quelques jours, de
la part du conseil... Les universités vont nous répondre aussi
parce que nous avons prévu terminer la consultation sur les orientations
pour l'été. Le travail va se poursuivre durant l'année
1986-1987 parce qu'il faudra maintenant, à la suite de cette
consultation sur les orientations, qu'il y ait des décisions qui soient
prises, premièrement, sur l'orientation qu'on va retenir et ensuite il
faudra construire les cours de ces programmes.
Effectivement, il y a de nombreuses représentations, surtout de
la part des enseignants de mathématiques à qui on fait un peu
moins de place dans le programme des sciences de la nature et à qui
aussi on fait peut-être un peu moins de place au niveau du programme des
sciences humaines. Du côté des enseignants de biologie, de
physique et de chimie, il semblerait bien que les orientations du programme des
sciences de la nature soient intéressantes pour eux. Du
côté des sciences humaines, en plus des professeurs de
mathématiques, il y a des enseignants qui dispensaient des cours dans
des disciplines très petites qui, eux, pourraient voir leurs cours
disparaître dans une orientation qui pourrait être retenue, qui
diminuerait le nombre de cours à l'intérieur desquels les
étudiants pourraient choisir. C'est l'état de la situation. Nous
continuons à recevoir les avis des gens et les universités
devraient nous fournir leur avis très bientôt aussi. À la
suite de cela, il y aura des décisions qui devront être prises sur
les orientations; en 1986-1987, la préparation des programmes
eux-mêmes sur lesquels il y aura ensuite une autre consultation.
Mme Blackburn: Si je comprends la demande d'avis qui a
été faite touchant le programme en sciences humaines, ce
n'était pas un programme qu'on avait l'intention d'implanter,
c'était tout simplement un programme qui était à
l'état d'ébauche.
M. Lanoux: C'est-à-dire que la consultation qui est faite
à l'heure actuelle porte sur des orientations à donner au
programme de sciences humaines et au programme des sciences de la nature. Ce
n'est pas une consultation sur le programme lui-même, mais sur les
orientations.
Mme Blackburn: Est-ce que vous envisagez relever le plafond de 24
unités pour le rapprocher des 32 unités, comme c'est le cas dans
les sciences de la nature?
M. Lanoux: Cela va faire partie des décisions qui devront
être prises.
L'éducation de adultes
Mme Blackburn: Bien. Là, je dois dire que le temps passe.
Il y a deux dossiers qui me préoccupent et je suis certaine qu'ils ont
dû retenir l'attention du ministre, quand on connaît un peu son
passé. C'est la question de l'éducation des adultes. D'une part,
il y a une diminution qui peut, au premier regard, paraître importante.
On sait que c'est un transfert de fonds au MMOSR. On passerait dans les cours
subventionnés de 16 000 000 $ à 10 000 000 $, avec une diminution
de quelque 4,7 %. Je dis cela de mémoire. Je n'ai pas les données
vraiment sous les yeux, mais je vais les trouver. Je voudrais qu'on m'explique
sur quoi porte la diminution et pourquoi on a cru utile de transférer
des budgets au ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu?
M. Ryan: On va partir des compressions parce que c'est
peut-être la meilleure introduction pratique qu'on puisse trouver pour
répondre à la question de la députée. Juste une
minute, il faut que je sorte mon dossier des compressions, je pensais que
c'était fini...
Mme Blackburn: Page 32 de votre document.
M. Ryan: ...je ne voudrais pas jouer les apprentis sorciers. Bien
des choses sont encore reliées à des transferts qui ont
été faits par suite de la création du ministère. Si
vous n'avez pas d'objection, on pourrait demander à M. Lanoux de nous
expliquer ce qui est à la page 32 du cahier explicatif et qui a
suscité votre question.
Mme Blackburn: Oui.
M. Ryan: Si vous voulez, on va demander à M. Lanoux de
nous fournir les explications et si ce n'est pas satisfaisant, on continuera
par la suite.
Le Président (M. Parent, Sauvé): ...
Mme Blackburn: Le transfert, on en parle ailleurs. Il
n'apparaît pas ici. Je me demande s'il n'apparaît pas dans ce que
vous nous avez fourni.
M. Lanoux: Vous retrouvez à la page 32, à
l'élément 3, Formation des adultes. Cet élément 3
est apparu l'année dernière ou l'année auparavant. Cela
résulte du transfert de la DGEA à la DGEC. Le programme de 10 700
000 $, c'est un programme qui finance de l'encadrement, des projets
spéciaux et un peu de volumes aussi, comme dans l'autre budget de
l'éducation des adultes qui était l'ancien budget de la DGEC qui
est toujours là et dans lequel, effectivement, nous faisons une
compression en crédits de 1 500 000 $. Dans l'élément 3,
Formation des adultes, il y a une compression de 200 000 $ qui est faite sur
les projets d'ISPJ pour lesquels il y a un budget de 2 000 000 $ à
l'intérieur des 10 700 000 $. ISPJ, ce sont les programmes d'insertion
sociale et professionnelle des jeunes pour lesquel on a un budget de 2 000 000
$ à l'intérieur des 10 700 000 $ qui sont là. La
compression de 200 000 $ est faite sur le budget de 2 000 000 $ de l'ISPJ. Vous
avez ensuite un transfert, et d'autres, qui fait que ce budget en 1986-1987
sera de 10 200 000 $. La compression qui touche le réseau n'est que de
200 000 $. La question du transfert et la question des ajustements en rapport
avec les pénitenciers fédéraux ne touchent pas le
réseau. L'an passé, ce budget était effectivement à
10 400 000 $. Ce qui fait qu'il se retrouve à 10 700 000 $, ce sont des
écritures. Il était de 10 400 000 $, nous lui appliquons une
compression de 200 000 $ et il se retrouve à ce moment à 10 200
000 $, tel qu'il est là. Les autres choses ce sont de simples
écritures.
Mme Blackburn: Lorsque vous nous dites que ce sont des
écritures, est-ce que tout simplement, on nous dit qu'il y a eu des
périmés, ce qui expliquerait la différence?
M. Lanoux: Ce sont des transferts. C'est l'utilisation d'un
budget à la DGEC, par exemple pour l'IRAT qui est l'Institut de
recherche appliquée sur le travail. Il y avait dans cette enveloppe des
choses qui n'étaient pas pour le réseau et qui touchaient les
pénitenciers fédéraux, sauf que cela passait par !a DGEC
pour fins de financement. C'est pour cela que je vous dis que ce sont de
simples écritures. Ce qui était pour le réseau l'an
passé, c'était 10 400 000 $. Là, avec la compression qu'on
fait de 200 000 $, cela nous donne un budget de 10 200 000 $.
M. Ryan: Parmi les autres postes ici, si vous me permettez...
Mme Blackburn: Oui.
M. Ryan: ...sur la ligne suivante, c'est écrit: IRAT.
Mme Blackburn: Oui.
M. Ryan: C'est l'Institut de recherche appliquée sur le
travail. C'est un organisme de recherche qui est parrainé conjointement
par des centrales syndicales et qui est subventionné principalement par
le gouvernement, par le ministère de l'Éducation pendant
plusieurs années et depuis un an et demi, par le ministère de
l'Enseignement supérieur et de la Science. Nous continuons, en
1986-1987, de leur verser une subvention qui va de l'ordre de 200 000 $. J'ai
rencontré les dirigeants des centrales syndicales à ce sujet. Je
leur ai dit que s'ils sont intéressés à ce que cet
institut continue, ils devront faire leur part. (21 h 15)
C'est bien beau de se vanter qu'on a un Institut de recherche
appliquée sur le travail, mais quand les centrales syndicales mettent
seulement environ 20 000 $ à 25 000 $ là-dedans par année,
cela ne témoigne pas d'un très grand intérêt. Nous
leur avons dit que nous ferions notre part encore cette année. J'ai
invité mon collègue, le ministre du Travail, à faire une
part également. Il leur a été très clairement
indiqué que, à moins que les centrales syndicales n'augmentent
sensiblement leur contribution, la participation du gouvernement serait
probablement remise en cause dans l'avenir. La réaction a
été positive. Nous devons les revoir avant longtemps pour pousser
les conversations plus loin. Mon objectif, c'est que ce soit financé
à 50-50 par les centrales syndicales et le gouvernement. Je suis
personnellement très favorable. "Personnellement", je ne devrais pas
dire cela comme ministre, je m'excuse. Je ne voulais présumer de rien
devant un entourage aussi imposant. Je suis très favorable à
l'existence d'un organisme de recherche qui soit en dehors de ce que
j'appellerais, les mafias universitaires, en dehors des conformismes et des
conventions établies. On est venu me voir avec un plan. L'institut a
végété un peu depuis un an ou deux. Il a fait du bon
travail depuis sept ou huit ans. Dans ce plan, on ne pouvait rien faire
à moins de s'y mettre à dix. Évidemment, on mettait tous
des salaires d'universitaires. Je leur ai dit que, à mon humble point de
vue, ils pouvaient commencer avec moins de dix. S'ils avaient les bons
individus, ils pouvaient
faire du bon travail. Je vois que Mme la députée et M. le
député ont l'air d'avoir un bon jeune recherchiste, je le vois se
démener continuellement. Il me rappelle le jeune recherchiste que
j'avais autrefois et qui est devenu mon directeur de cabinet.
M. Jolivet: Jamais!
M. Ryan: Ce n'est pas nécessaire d'être dix. Quand
on a un bon homme, il peut faire beaucoup de travail. Deux personnes peuvent
faire beaucoup de travail et trois, encore plus. Mais quand je vois des
technocrates qui viennent me dire; On ne peut rien faire à moins
d'être dix et avoir une secrétaire ici et un adjoint là et
trois ou quatre bureaux là, je leur dis...
Mme Blackburn: C'est parce qu'ils n'ont jamais travaillé
dans l'Opposition.
M. Ryan: ...comme disait un ancien premier ministre du Canada:
Allez vous rhabiller! Il y a des gens qui peuvent faire des choses à
meilleur coût et, quelquefois, meilleures. Je pense que nous nous sommes
compris là-dessus, nous nous sommes parlé bien franchement et
j'espère de tout coeur que nous pourrons trouver un mode de
collaboration qui va permettre que cet institut existe pendant longtemps et
rende des services. Il faut que des travaux de recherche objectifs se fassent
pour déterminer l'impact des structures économiques, politiques
et sociales sur la vie des travailleurs, examiner les conditions dans
lesquelles les travailleurs exercent leur métier, se déploient
socialement, civiquement etc. Cette formule peut être excellente et nous
sommes prêts à la soutenir en respectant au maximum les garanties
d'indépendance dont elle a besoin.
Reconnaissance des acquis non scolaires
Mme Blackburn: Une question qui touche la formation,
l'éducation des adultes. C'est toute la question qui vous est
chère également, je pense, celle de la reconnaissance des acquis
non scolaires. Le Conseil des collèges a donné un avis fort
important sur cette question. À ma connaissance, c'est peut-être
un peu tôt, mais je n'ai pas vu la réaction du ministère
là-dessus. Sauf que je vois dans les réalisations majeures de
l'an dernier - je ne sais pas si cela s'est poursuivi cette année -c'est
en page 5 - Poursuite des travaux en vue de préciser les
modalités de reconnaissance des acquis scolaires et non scolaires.
M. Ryan: Pouvez-vous répéter la question s'il vous
plaît? J'ai manqué les derniers passages.
Mme Blackburn: C'est toute la question tournant autour de la
reconnaissance des acquis scolaires et non scolaires. Le Conseil des
collèges a donné sur cette question un avis relativement
important, important évidemment par son contenu, mais aussi par ce que
cela suppose et ce que cela représente pour les étudiants
adultes. Je voyais que, en 1985-19B6 - peut-être l'avez-vous
répété ailleurs, il faudrait que je le retrouve - dans les
réalisations majeures, on parlait de soutien à des groupes
cibles, en page 5: Poursuite des travaux en vue de préciser les
modalités de reconnaissance des acquis scolaires et non scolaires.
J'aurais aimé savoir où en étaient les travaux et si on
entendait poursuivre la démarche cette année. Oui, je la retrouve
dans Orientations 1986-1987 en page 8. Je voudrais que vous fassiez un peu
état de l'avancement des travaux, et de votre réflexion à
ce sujet, et voir si on a commencé à élaborer des
outils...
M. Ryan: Oui. Vous avez dit que c'était dans les
orientations.
Mme Blackburn: ...et, par la même occasion, si vous
entendez réagir à l'avis du Conseil des collèges.
M. Ryan: M. le Président, la députée de
Chicoutimi a peut-être appris par l'étude de l'histoire que je fus
associé à cette idée de la reconnaissance des acquis bien
avant, sans doute, qu'elle ne soit active dans la vie publique,
c'est-à-dire au début des années soixante. Lorsque la
commission Parent fut formée, le président de la commission
était venu me voir un jour pour me demander si j'accepterais de
présider une commission spéciale sur l'éducation des
adultes. J'avais accepté, comme les gens qui collaborent avec le
gouvernement aujourd'hui, à titre bénévole, avec d'autres
qui étaient furieux contre moi à cause de cette condition. Nous
avions accepté de travailler à mettre au point un programme
d'éducation des adultes qui serait proposé à la commission
Parent et que celle-ci proposerait ensuite au gouvernement. Le programme que
nous avions soumis à la commission Parent fut accepté. Ensuite,
il devint la base de la politique gouvernementale et ce fut le début du
développement de l'activité des commissions scolaires dans le
domaine de l'éducation des adultes, le début de l'essor
contemporain de l'éducation des adultes sous l'égide des
commissions scolaires. Nous avions recommandé que l'objectif premier de
la société québécoise devrait être de
procurer une formation secondaire à toute sa population jeune et adulte.
Nous avions recommandé que les commissions scolaires soient
utilisées à cette fin. Parmi les recommandations qui
accompagnaient notre programme, il y en
avait une qui portait sur la reconnaissance des acquis. Nous avions
constaté dès ces années que des personnes qui voulaient
reprendre des études après les avoir abandonnées se
heurtaient à des exigences académiques qui étaient
beaucoup plus de type bureaucratique que de nature à faciliter la
diffusion de la connaissance et de la culture. Nous avions recommandé au
gouvernement dès cette époque, il y a près de 25 ans, de
mettre au point des systèmes de reconnaissance des acquis
expérientiels, professionnels et autres, à l'intention des
personnes qui voulaient poursuivre leur formation.
Les choses ont évolué très lentement. Aujourd'hui,
au niveau secondaire, on commence à disposer d'instruments de mesure qui
permettent aux commissions scolaires recevant une personne désireuse de
poursuivre sa formation de lui donner une équivalence, de la situer dans
l'échelle des cours qui lui restent à suivre en tenant compte au
maximum de l'expérience qu'elle a pu acquérir. Au niveau des
collèges, on s'est fixé l'objectif de mettre au point un
système de reconnaissance des acquis. On s'était dit au
début: II ne faut pas que cela se fasse uniquement par chaque
institution, parce qu'on risquerait d'arriver avec autant de systèmes
qu'il y a d'institutions. Il faut des normes nationales et, en même
temps, il faut une grande souplesse d'application. Déjà, en vertu
du régime des études collégiales, une institution dispose
d'une marge considérable pour reconnaître des acquis aux personnes
qui veulent s'inscrire comme étudiants chez elle. Mais je pense que,
déjà, on a mis au point un certain nombre d'instruments. On va
continuer de travailler dans ce sens.
J'ai justement reçu ces derniers temps une invitation... Je pense
qu'il y a une association de la reconnaissance des acquis au niveau
collégial qui va tenir son congrès annuel au mois de juin. On m'a
invité comme conférencier à l'ouverture du congrès
et j'ai dit que j'irais et que je profiterais de ce rendez-vous pour mettre au
point tout ce qui existe au ministère de ce point de vue et tout ce que
je peux avoir moi-même à proposer de concret et de positif. Par
conséquent, si M. Lanoux voulait ajouter des précisions sur des
choses qui ont pu se faire au cours des derniers mois, je l'apprécierais
beaucoup. En ce qui me touche, vous avez l'indication de mon orientation et
vous en aurez davantage au mois de juin, à l'occasion de cette rencontre
que j'aurai avec les personnes engagées dans le secteur.
Mme Blackburn: Est-ce qu'il est trop tôt pour nous dire
dans quel sens vous entendez répondre à l'avis du conseil? Cela
nous donnerait à peu près une orientation.
M. Ryan: II y a tellement de dossiers, M. le Président,
qui sollicitent mon attention actuellement que celui-là, je l'ai mis de
côté pour le rendez-vous qui s'en vient. Un soir, je vais sortir
toute la chemise, je vais lire toutes les pièces ensemble. Les lire en
pièces détachées, il y a des choses qui portent sur 50
sujets, on ne retient rien. C'est tout classé dans un dossier et je vais
le sortir en préparation de cela. En même temps, on va faire le
tour de nos affaires, on va mettre nos politiques au point et...
Mme Blackburn: Toujours sur cette question de l'éducation
des adultes, le Conseil des collèges - tantôt on parlera du
Conseil des universités, quand on sera au volet "universités" - a
présenté l'an passé un rapport: "Le cégep de
demain", dans lequel le conseil recommandait que l'on reconnaisse dans la
mission des collèges la mission de services à la
collectivité et la mission de recherche et d'éducation des
adultes parce que la loi 3, dont on connaît le sort, malheureusement,
reconnaissait le droit des adultes à l'éducation secondaire, dans
la Loi des commissions scolaires. Je sais qu'à l'époque vous
étiez relativement favorable à une modification de la loi des
collèges pour qu'on reconnaisse explicitement pour les collèges
le droit des adultes à l'enseignement collégial.
Alors, ma question est la suivante: Est-ce que le ministre, à
présent qu'il a le pouvoir de le faire, a l'intention d'y donner suite,
comme il nous l'avait suggéré à l'époque?
M. Ryan: II y a deux volets dans la question, si je l'ai bien
comprise. Il y a d'abord le volet de l'éducation des adultes et le
volet...
Mme Blackburn: Reconnaissance dans la loi des collèges de
l'éducation des adultes.
M. Ryan: Oui, et il y a le volet recherche également?
Mme Blackburn: Oui, et services à la
collectivité.
M. Ryan: Trois volets, là. Mme Blackburn: Oui.
M. Ryan: En ce qui touche à l'éducation des
adultes, je pense que je n'ai aucune hésitation à vous dire que
c'est une fonction essentielle des collèges. La formation que dispensent
les collèges doit être à la disposition de la population et
pas seulement des élèves qui y sont inscrits. Par
conséquent, il y a un élargissement continuel des perspectives
à rechercher. Maintenant, est-ce que nous sommes en mesure actuellement
de
dire que toutes les formes d'enseignement ou de développement
intellectuel ou personnel qui sont offertes par les collèges devraient
être offertes gratuitement à la population? Non, nous ne sommes
pas en mesure de dire cela pour l'instant. Je crois que, dans le gouvernement
actuel, il y a un souci de rentabilité des services publics qui est une
dimension importante. Quand on arrive à ce niveau, cela va prendre des
analyses de la clientèle. Quand les gens sont rendus à vouloir
acquérir une formation de niveau collégial, cela veut dire qu'ils
ont déjà dépassé le secondaire et, si ce sont des
adultes engagés dans la vie, il y a des chances que ce soient des
personnes qui ont quand même un niveau de revenu supérieur
à la moyenne ou, au moins, dans la très bonne moyenne. Il faudra
examiner tout cela avant de décider que cela peut être offert
complètement gratuitement. C'est pourquoi, avant d'inscrire dans la loi
que c'est un droit pour tout le monde qui doit être accessible dans des
conditions de gratuité complète, cela va prendre un examen de la
clientèle actuelle et éventuelle assez rigoureux et là, je
pense qu'on sera plus en mesure d'apporter une réponse. Mais tout ce qui
pourra être fait pour encourager le développement de
l'éducation des adultes dans les collèges va l'être sous le
titulaire actuel du ministère de l'Enseignement supérieur et de
la Science. On va regarder la loi. Si des changements peuvent être faits,
je vais examiner cela attentivement. Je ne voudrais pas que ce soient des
changements qui vont engendrer des ambiguïtés non plus quant aux
possibilités réelles du gouvernement. Je verrai des textes de ce
côté-là. On va essayer d'en mettre au point et, si on peut
trouver des formulations qui ont la souplesse voulue pour tenir compte des
autres dimensions dont je viens de parler, on le fera volontiers.
En ce qui touche à la dimension recherche, pour l'instant, je
pense que la part du ministère se borne surtout à mettre à
la disposition des collèges des ressources très limitées,
qui permettent peut-être quelques projets de recherche chaque
année dans une institution. Il y en a qui commencent à parler
d'une vocation de recherche pour les collèges. Il faudrait que cela soit
bien, bien - j'allais employer un néologisme - ponctualisé. Il
faudra que ce soit fait en fonction de besoins précis. (21 h 30)
Pour l'instant ce qui apparaîtrait le plus souhaitable serait
peut-être que les activités de recherche spécialisée
se fassent du côté de la formation professionnelle. Il y a
là quelque chose d'original qui peut être fait. Commencer à
développer des centres de recherche en histoire, en sociologie, en
droit, en ceci et en cela, je pense qu'on ne peut pas le faire, parce que les
gens diront: Je fais de la recherche, je ne fais plus de l'enseignement.
Déjà le nombre d'heures d'enseignement n'est pas
considéable dans les cégeps. C'est le plus bas de tout le Canada,
comme vous le savez, alors on ne veut pas que cela baisse encore. Je ne serais
pas partisan de cela. Mais que des fonctions de recherche
spécialisée dans certains endroits, disons qu'on a le centre
d'ordinique à Sainte-Thérèse mais qu'il y ait là
une fonction de recherche qui vienne se greffer là-dessus, il y a
peut-être des choses intéressantes à fouiller de ce
côté-là. Mais on ne voudrait pas s'en aller "at large" et
dire: Maintenant il y a une vocation de recherche qui vient se greffer à
cela qui est aussi importante que les autres. Ce n'est pas dans ma conception
des choses actuellement. Je suis ouvert à la persuasion, je vous parle
en toute candeur.
Ayant examiné ces choses-là, j'ai lu attentivement le
rapport sur le collège de demain. J'avais cru comprendre que
c'était une entrée en matière, qu'il y aurait d'autres
pièces qui suivraient. Je ne sais pas s'il y en aura d'autres, mais je
l'espère. J'attends les autres en tout cas, parce que seulement sur la
base de cette pièce il y avait des choses très
générales dans le document, je ne pense pas que cela puisse
servir de fondement pour formuler des politiques complètes.
Je prends le troisième volet, le service à la
collectivité. Il y avait une vieille expression latine autrefois qui
nous permettait de nous sortir de bien des situations difficiles. On disait:
Oui, secundum quid. Cela voulait dire: oui, sous certains aspects. Cela ne veut
pas dire un oui inconditionnel, finalement. Je ne suis pas en faveur du
collège fourre-tout et je ne suis pas en faveur des institutions qui se
donnent des missions universelles dans la société. Je ne compte
pas sur le collège pour réformer la vie municipale,
réformer les partis politiques, réformer la vie syndicale et
tout. Je trouve que si le collège marche très bien comme
collège, qu'il s'acquitte très bien de sa mission, il aura un
rayonnement dans la collectivité en même temps. On n'a pas besoin
de lui pour organiser les locataires à tous les coins de rue, pour
organiser les policiers, etc. Qu'il fasse son ouvrage comme il faut et qu'il
soit disponible pour la communauté, soit par le truchement de certains
professeurs spécialisés dans telle ou telle discipline, soit
parfois par le collectif étudiant qui voudra se charger de certaines
tâches au service de la collectivité, je trouverais cela
admirable. Mais j'ai lu tellement de littérature facile sur la mission
collective de l'université, la mission de ceci ou de cela au service de
la collectivité que je suis un petit peu sceptique et
réservé là-dessus, pour être franc avec vous.
J'ai lu ce qu'il y avait dans le rapport sur le cégep de demain
là-dessus. Cela n'a pas réussi à vaincre une certaine
réserve que
j'ai qui ne demande pas mieux que d'être combattue et
éliminée s'il y a lieu mais cela prendra une bonne
argumentation.
Je vous donne un exemple d'une chose intéressante que j'ai vue
mais qui est en même temps sujet de polémique. Dans mon
comté on a deux cégeps qui sont à la frontière: le
cégep Lionel-Groulx et le cégep Saint-Jérôme. On a
eu le cas des expropriés de Mirabel qui a occupé la scène
de l'actualité depuis déjà une quinzaine d'années.
Ces gens ont fait montre d'une persévérance remarquable et ils
ont fini par emporter certains résultats signalés au cours de la
dernière année. On espère que cela continuera
jusqu'à la fin d'ailleurs. Savez-vous que ces gens-là ont
été assistés depuis au moins une douzaine d'années
par un professeur de cégep à Saint-Jérôme, qui a
passé longtemps pour un communiste, pour un agitateur mais qui
était un animateur très précieux au sein du groupe,
désintéressé, qui n'a jamais cherché la vedette,
qui avait été libéré par son cégep dans une
mesure X pour faire un travail comme celui-là. J'aime mieux un travail
accompli par un individu comme celui-là, à sa place, à
l'intérieur de sa discipline à lui, au service d'une cause
très concrète que toute une série d'activités
extérieures, superficielles qui auraient pu être instituées
par le cégep. Je trouve que c'est un exemple intéressant de
services à la collectivité, et s'il y a un petit budget au
cégep qui lui permet de dire: Vous allez être libéré
pendant, disons, la moitié du temps l'année prochaine pour un
travail au service de la collectivité, parce que vous avez
été demandé - pas parce que vous êtes envoyé
en mission - par la collectivité. Je trouve cela intéressant.
Mais j'aime bien sous ce volet, autant en ce qui regarde les universités
que les collèges, vérifier ce qu'on met sous le vocable. Cela
dit, ma réponse est affirmative, comme je vous le disais, sous certains
aspects.
Mme Blackburn: Je ne pense pas que les collèges
péchaient par défaut d'offrir trop de services à la
collectivité à ce jour. La préoccupation que j'avais et
que j'ai exprimée à l'occasion - j'ai eu l'occasion de le faire
longuement - c'était plutôt, à l'inverse, que trop de
collèges se cantonnaient exclusivement à leur mission
d'enseignement, en étant relativement fermés aux populations
environnantes, en ne facilitant pas l'accès aux équipements.
C'était relativement courant. Il est certain que si on prend des cas
particuliers... Je vois le député de Rimouski hocher la
tête. Je connais le collège et on y a de bons rapports avec la
population. Comme quoi il ne faut pas conclure que tous les collèges
vont bien parce que son collège voisin est excellent. Cela ne veut pas
dire pour autant que les collèges vont mal, mais le fait que cette
obligation ne soit pas contenue, cela peut permettre à un collège
d'être complètement fermé sur lui-même. D'ailleurs,
ici souvent, on a déploré le peu de rapports que les
collèges avaient entretenu, par exemple, avec les entreprises.
Pour ce qui est de la recherche, il n'a jamais été dans
l'intention des collèges, pas plus que du conseil, à
l'époque, de faire des centres de recherche en biologie, en sociologie
ou en physique dans les collèges. C'était exclusivement ou quasi
exclusivement, pour ce qui concernait les collèges, de la recherche en
application technologique, de l'aide aux PME et, évidemment, la
possibilité pour les professeurs chercheurs des collèges, de
travailler conjointement avec les équipes de recherche universitaire, ce
qui se fait déjà d'ailleurs.
Je m'étonne un peu de la réaction, de la réponse du
ministre, parce que je me réjouissais d'avoir trouvé, dans son
document d'orientation d'il y a environ un an. La vocation communautaire des
cégeps sera expressément inscrite dans le mandat confié
à ces institutions par la loi des collèges et les ressources pour
exécuter ces mandats seront accordées. Il nous disait d'ailleurs
la même chose sur l'éducation des adultes. Et il n'y a pas si
longtemps, il estimait que la gratuité devait couvrir non seulement le
secondaire, mais également le collège, pour tout citoyen du
Québec.
Comme il m'a dit tout à l'heure que cela prendrait une longue et
très longue discussion pour que je puisse le convaincre, ou que nous
puissions le convaincre, de la nécessité d'inviter les
collèges à être un peu plus accessibles à leur
collectivité, je pense que ce n'est pas le lieu, la place ici, pour
faire ce genre de débat. Mais il me semble qu'on devrait avoir une
attention particulière à cette dimension, de ce que pourrait
être la mission des collèges, pour qu'ils soient davantage et
mieux au service des collectivités environnantes.
M. Ryan: Si vous me permettez une précision, M. le
Président. Ce que je voulais signifier tantôt, c'est que je me
méfie des "blue prints" généraux, des grands plans qu'on
enverrait, à partir de Québec, partout en disant: Maintenant,
vous avez une mission obligatoire au service de la communauté et vous
allez faire ceci et vous allez faire cela; il va y avoir tel volet. Je me
méfie de cela comme de la peste. Dans la mesure où il y a des
initiatives véritables qui rendent des véritables services, qui
sont circonscrites, qui ne servent pas de prétexte à des gens
pour se détourner de leur mission véritable, je pense que nous
avons une responsabilité véritable. Tout ce que vous citiez
tantôt, cela vaut à 100 %. C'est seulement cette précision
que je voulais mettre. Il faut éviter que cela serve de prétexte
pour n'importe
quoi et que cela serve de. prétexte pour envoyer des directives
à partir d'en haut qui vont faire se créer des superstructures un
peu partout. Il ne faut pas commencer à avoir un directeur de ceci et un
assistant-directeur et un secrétaire de cela, qui ne commencent à
travailler que lorsqu'ils ont rempli toutes les cases, ne laissent plus
d'argent pour faire quoi que ce soit, une fois qu'on a rempli les cases. Je me
méfie de cela comme de la peste. Cela a été le grand vice
des gouvernements depuis 20 ans autant à Québec qu'à
Ottawa.
Subventions aux collèges privés
Mme Blackburn: Une dernière question sur l'enveloppe des
collèges. Je terminerai là-dessus et nous pourrons commencer
à examiner la ventilation du programme 6, celui des universités.
Je vois, à la page 23, dans vos orientations 1986-1987: Révision
du mode de subventions aux institutions privées. Est-ce que le
gouvernement, le ministre a l'intention de relever le niveau des enveloppes des
établissements privés de niveau collégial? Il y avait un
moratoire sur l'ouverture des institutions privées. Est-ce que le
ministre a l'intention, en ce qui concerne les collèges, de contingenter
dans les programmes professionnels, comme c'est le cas dans les collèges
publics?
M. Ryan: II n'y a aucune hausse de l'enveloppe, cela va de soi,
n'est-ce pas?
Mme Blackburn: Pas pour cette année, mais je veux dire
que, du moment où on est en train de réviser le mode de
subvention, est-ce qu'on peut penser qu'en 1987-1988 ce serait une
révision à la hausse?
M. Ryan: Bien, on ne sait jamais, mais cela ne dériverait
pas de cet exercice-ci. Ce serait le résultat d'une décision
politique. Ce qui est envisagé ici, c'est une révision des
critères qui président au partage des subventions entre les
institutions, à l'établissement des règles qui aident
à déterminer les subventions.
Mme Blackburn: La seconde question était: Est-ce
que...
M. Ryan: Maintenant...
Mme Blackburn: Est-ce que le ministre...
M. Ryan: ...il ne semble pas y avoir... Oui?
Mme Blackburn: Est-ce que le ministre a l'intention de
contingenter les inscriptions dans les programmes professionnels dans les
établissements privés? Peut-être pour expliquer
brièvement. On sait, par exemple, que certains programmes professionnels
comme techniques de garde à l'enfance ou techniques de garderie sont
dispensés dans un collège public contingenté. Le
collège voisin, qui est privé, les donne et s'il y a 400 demandes
d'admission il prend 400 étudiants. Évidemment, quand on parle de
planification de la formation, cela pose un problème.
M. Ryan: Regardez, en pratique, actuellement nous avons une
quarantaine d'institutions privées qui jouissent d'une reconnaissance du
ministère pour fins de subvention. Dans l'ensemble, nous ne sommes pas
inondés de demandes actuellement. Il n'y a pas de gros problèmes
qui se posent de ce côté-là. II y a certains cas. Nous en
avons réglé un récemment. Il y avait le collège
O'SuIlivan à Montréal qui était reconnu seulement RFS et
qui demandait d'être reconnu DIP, qui avait toutes les qualifications
voulues pour l'être. Dès qu'est arrivé un trou dans la
liste de ceux qui étaient subventionnés, nous l'avons
reconnu.
Il y en a un autre qui fait des pressions actuellement. C'est le
collège La Salle. Il est déjà reconnu DIP, je pense, pour
le secteur mode, si je ne me trompe pas. Il voudrait l'être pour d'autres
secteurs également. Ma collègue, la députée de
Jacques-Cartier est allée le visiter récemment. Elle m'a soumis
un rapport extrêmement positif. Elle a trouvé qu'il s'y fait des
choses formidables. J'aurai l'occasion de le voir probablement demain parce que
je dois aller visiter le cégep André-Laurendeau demain. Comme le
collège La Salle est dans ce district, je vais aller le voir
également. On va regarder.
Pour le moment, il n'y a pas de budget disponible pour de l'expansion de
ce côté.
Mme Blackburn: Ce n'était pas vraiment le sens de ma
question.
M. Ryan: Non, mais on en vient à l'autre aspect
là.
Mme Blackburn: Oui.
M. Ryan: C'est en guise d'introduction cela. Votre question, je
le sais bien, portait sur le contingentement. Alors, actuellement, la loi ne
nous permet pas de contingenter les inscriptions dans les établissements
privés. Nous ne pouvons pas dire, par conséquent: Vous prendrez
tant d'élèves; vous ne dépasserez pas tel nombre ou tel
nombre. Excepté qu'évidemment, par le biais de la reconnaissance
pour fins de subventions, nous disposons d'un pouvoir de marchandage qui est
loin d'être négligeable. M. Lanoux m'assure que, de manière
générale, on discute les questions d'inscriptions avec les
établissements concernés et on en vient à
peu près toujours à des accords qui sont faits de part et
d'autre pour que les situations soient satisfaisantes.
Il y a peut-être des cas, dans certains endroits, de concurrence
qui peut apparaître excessive ou inégale. À ce moment, si
vous voulez les porter à notre attention, nous les examinerons. S'il y a
des correctifs à apporter, nous les apporterons. Mais notre position de
fond, c'est que la présence d'institutions privées dans le vaste
secteur de l'éducation collégiale est une bonne chose. Nous ne
sommes pas favorables au monopole. Par conséquent, qu'il y ait cet
aiguillon dans l'ensemble du champ de la formation collégiale, pourvu
qu'il soit appelé à se développer de manière
ordonnée, qu'il ne s'embarque pas dans une concurrence sauvage,
déraisonnable, c'est une bonne chose que nous sommes disposés
à encourager, mais toujours à l'intérieur de limites
raisonnables qui ne seront pas nécessairement écrites ou
déterminées officiellement, mais qui seront
déterminées par un sens pratique qui nous évitera d'aller
au-delà d'une certaine limite.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce qu'il y a
d'autres interventions sur le programme 5 du ministère de l'Enseignement
supérieur et de la Science? Est-ce que le programme...
M. Ryan: Juste un complément d'information. Je pense que
Mme la députée de Chicoutimi avait cité le cas des
techniques de garderie comme exemple peut-être de concurrence, je dirais,
mal équilibrée, favorisant démesurément les
institutions privées. On m'informe que, depuis juin 1985, cette option
n'est plus contingentée au public. (21 h 45)
Mme Blackburn: Tout ce que je veux exprimer là, c'est que
lorsqu'on invite le ministère - et les gens du ministère
connaissent ce discours - à limiter les inscriptions dans certains
programmes dits moins prometteurs d'avenir où le taux de placement est
moins élevé, on peut tenir un discours là-dessus lorsqu'on
a la possibilité de contingenter. Comme on ne contrôle pas les
inscriptions, par exemple, en techniques de bureau, en techniques de garde
à l'enfance, de garderie, vous avez une surproduction, si je peux
m'exprimer ainsi, de finissants. C'était essentiellement
là-dessus que j'en avais et pas exclusivement sur le fait que ça
puisse constituer une concurrence déloyale. Simplement, si vous
contingentez à des endroits sous prétexte d'éviter qu'on
forme trop de finissants dans un domaine donné et que le privé
peut en former sans être contingenté, il me semble qu'il y a
quelque chose là qui est "discutable". Essentiellement c'était
l'objet de ma remarque.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce qu'il y a
d'autres interventions sur le programme 5? Est-ce que le programme 5 du
ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science est
adopté?
Mme Blackburn: Sur division. Enseignement
universitaire
Le Président (M. Parent, Sauvé): Adopté sur
division. Nous enchaînons avec le programme 6.
Mme Blackburn: Au programme 6 nous recommencerons, si vous
permettez, l'exercice que nous avons fait tout à l'heure pour le
programme des collèges.
Une voix: Dur exercice!
Mme Blackburn: Un dur exercice me dit-on. Je vais peut-être
le commencer de façon...
Une voix: 1 000 000 000 $.
Mme Blackburn: Oui. 1 400 000 000 $ environ.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Un gros
exercice.
Mme Blackburn: Oui, c'est un bon exercice. On voit toujours... et
je dois reconnaître dans cela qu'il y a un effort... Je voudrais
remercier les gens de la Direction générale de l'enseignement
collégial.
M. Ryan: Est-ce qu'il nous quitte déjà!
Mme Blackburn: II nous quitte déjà! Aussi
tôt? La soirée commençait.
M. Gardner: Est-il méchant ou si ce sont des farces?
Mme Blackburn: II y a toujours les deux colonnes, année
financière et année scolaire. Malgré ce que nous disait le
ministre qui contestait ces chiffres de 8 000 000 $ pour l'année
scolaire, c'est toujours bien indiqué, à moins qu'on vienne me
dire le contraire... il faudrait qu'on me justifie pourquoi on a indiqué
que, sur l'année scolaire, cela représentait une compression de 8
000 000 $ alors que le ministre nous dit: Non, ce n'est pas cela, c'est 5 400
000 $. Il faut savoir pour ceux qui ne sont pas familiers avec la
mécanique, que c'est évalué sur neuf mois lorsque l'on
parle de 5 400 000 $, sauf que cela va avoir des effets sur douze mois dans un
collège ou dans une université. Donc, si on comprend bien les
chiffres qui sont ici, les compressions budgétaires dans l'enveloppe
des universités seraient de l'ordre de 18 600 000 $ pour
l'année scolaire allant de juillet à juillet. Cela va. Est-ce que
cette enveloppe est indexée?
M. Ryan: Non.
Mme Blackburn: À part le vieillissement où on a
vu...
M. Ryan: Les salaires c'est à venir.
Mme Blackburn: Pardon?
M. Ryan: Les salaires c'est à venir.
Mme Blackburn: Les salaires c'est à venir.
M. Ryan: Oui.
Mme Blackburn: Dans les salaires... je sais que les
collèges, à cet égard, se trouvent favorisés, parce
que la négociation étant faite provincialement, c'est l'ensemble
des conventions qui se retrouvent payées, lorsqu'il s'agit de
rembourser. Comme ce n'est pas la même règle qui joue dans les
universités, est-ce qu'on pourrait m'expliquer la différence que
cela peut constituer, au moment où on va verser ces subventions dans les
universités qui auront eu une négociation?
M. Ryan: Auriez-vous objection à ce que M. Michel
Robillard, qui m'accompagne...
Mme Blackburn: Bien oui!
M. Ryan: ...et qui est chargé de ces choses-là sur
le plan technique, donne une réponse à cette question
précise?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-il ici, M.
Robillard?
M. Ryan: Oui, il est à mes côtés.
M. Robillard (Michel): Dans le cas des universités, nous
accordons au niveau des masses salariales des augmentations comparables
à celles des réseaux public et parapublic et, essentiellement,
à celles des réseaux collégial, primaire et secondaire.
À ce moment-ci, les indexations ont été faites pour le
vieillissement, et c'est compris dans l'enveloppe. En ce qui concerne les
salaires, sur la base des négociations qui sont en cours et sur des
propositions qui sont d'environ 3 % à 3,5 %, les ajustements se feront
à la suite des négociations qu'il y aura dans les réseaux.
C'est sur cette base-là que se fera l'ajustement. Maintenant, il est
assez difficile à ce moment-ci de spéculer sur le résultat
de l'ensemble des négociations. À partir d'une masse salariale
d'environ 800 000 000 $, vous pouvez faire vos conjectures sur ce que pourrait
être ce montant.
M. Ryan: Si M. Robillard s'est exprimé clairement, je
crois comprendre que l'ajustement interviendra à partir de l'expiration
d'une convention collective dans une université, n'est-ce pas?
Mme Blackburn: Oui. Cela ne vient pas nécessairement
à échéance en même temps que dans les réseaux
publics.
M. Robillard: Pour être très précis, ce sera
ajusté vers le 1er décembre de l'année qui vient de se
terminer, 1985, puisque les conventions venaient à terme à ce
moment-là et, donc, l'ajustement va aussi être rétroactif
aux six mois qui vont s'écouler dans l'année 1985-1986.
Mme Blackburn: Comme on sait que, dans les collèges, les
conventions collectives sont obligées de respecter l'ensemble des
enseignants qui sont déjà conventionnés, je sais qu'il y a
un écart entre... Même si on donne les 3 % ou 3,5 %, selon ce qui
sera négocié, il y a un manque à gagner dans le transfert
pour la masse salariale dans les universités, si on compare cela avec ce
qui se passe dans les collèges, par exemple. Est-ce que je me
trompe?
M. Robillard: Je ne saisis pas exactement le sens de votre
question. La politique gouvernementale vis-à-vis des universités
est fort simple, elle est basée, au fond, sur l'autonomie de gestion des
universités. Nous accordons aux universités un accroissement de
la masse salariale équivalant à celle observée dans les
autres réseaux et elles ont ensuite l'autonomie pour négocier,
gérer leur personnel et leurs conventions collectives en
conséquence. Donc, elles doivent normalement avoir aussi la
responsabilité de gérer ces conventions collectives à
l'intérieur des enveloppes qui leur sont allouées.
Mme Blackburn: Au-delà de l'augmentation de 3,5 % - on
pourra la fixer à cela; cela va finir par ressembler à cela - il
y a quand même les autres avantages qui sont généralement
consentis dans les conventions collectives. On sait, par exemple, que les
avantages qui pourraient être consentis dans la convention collective des
professeurs de cégep... On ne va consentir aux universités que
les 3 % sur la masse salariale. Les autres dépenses liées
à d'autres avantages ne sont pas couvertes; il n'y a pas de provision
pour cela.
M. Robillard: Ce qui est prévu, comme je le disais tout
à l'heure, c'est une hausse équivalant au résultat des
négociations collectives dans les réseaux et le taux de
vieillissement a déjà été accordé.
Alors, 1,3 % pour le vieillissement est déjà accordé.
Supposons que 3,5 % soit le résultat... Ici, évidemment, c'est
une prévision. Alors, vous faites l'addition et ce1a vous donne un ordre
de grandeur. Mais, là encore, il faut attendre le résultat des
conventions collectives, des négociations pour pouvoir donner des
chiffres très précis.
Mme Blackburn: J'ai bien compris cela, sauf que, lorsqu'on fait
une négociation, au-delà de l'augmentation de la masse salariale
il y a certainement des coûts qui sont produits par d'autres avantages.
C'est ma question.
M. Robillard: Les montants qui sont accordés sont
complets. Il n'y a rien à ajouter aux masses salariales et au
vieillissement. Les avantages sociaux sont compris au complet dans les taux qui
sont donnés. Alors, il n'y a pas d'autres ajustements.
Mme Blackburn: L'enveloppe des universités, c'est 1 000
000 000 $...
M. Ryan: C'est 1 147 000 000 $.
Mme Blackburn: C'est J 147 000 000 $. On nous dit que l'enveloppe
des dépenses de la masse salariale, c'est 800 000 000 $. Cela veut dire
qu'on a environ...
M. Ryan: Non, il y a le fardeau de la dette là-dessus. Je
pense que c'est à peu près...
Mme Blackburn: C'est de l'ordre de 357 000 000 $, les autres
dépenses.
M. Robillard: À la page 30, madame, vous avez la
répartition les dépenses admissibles dans les universités
qui sont considérées pour établir les règles
budgétaires. Pour répondre plus précisément
à la question de tout à l'heure, il faut comprendre que, dans les
masses salariales que nous indexons de 3 % ou 3,5 %, sont compris les avantages
sociaux de sorte que les avantages sociaux sont aussi indexés de ce
même pourcentage.
Mme Blackburn: Donc, vous avez une provision dans l'enveloppe
pour ces dépenses?
M. Robillard: Exactement.
Mme Blackburn: Alors, lorsqu'on parle des autres dépenses,
c'est à peu près 360 000 000 $.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Chicoutimi, il est 22 heures et la commission
ajourne...
M. Jolivet: M. le Président, juste avant qu'on ajourne, vu
les délais encourus, on est arrivé à 20 heures, vous vous
en souvenez...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui, je le sais.
C'est 19 h 45, pour votre information.
M. Jolivet: Oui, mais disons que le début de la commission
était à 20 heures. J'aimerais savoir pour la semaine prochaine,
mardi...
Le Président (M. Parent, Sauvé): C'est ce que je
m'apprêtais à vous dire.
M. Jolivet: Allez-y, dans ce cas-là.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, je
m'apprête à vous dire que nous suspendons nos activités
jusqu'à mardi matin, 10 heures, à la salle
Louis-Hippolyte-Lafontaine où normalement nous devrions siéger
entre 10 heures et midi. Mais nous prendrons le temps voulu pour terminer et
pour donner à l'Opposition le temps qu'il lui faut.
Je m'excuse, c'est ici, à la salle du Conseil législatif,
de 10 heures à 11 h 30. Je m'excuse.
Nous allons continuer à ce moment-là l'étude du
programme 6, plus les programmes 2, 7 et 8. On va reprendre le temps perdu
à ce moment-là.
(Fin de la séance à 22 heures)