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(Dix heures huit minutes)
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît!
La commission permanente de l'éducation continue l'étude
des crédits du ministère de l'Enseignement supérieur et de
la Science. Lors de la suspension des travaux, nous en étions à
l'étude du programme 6. C'est donc dire qu'en principe, il reste
à étudier les programmes 7, 8 et 2 d'ici la fin de nos travaux
qui devraient normalement se clore vers la fin de l'avant-midi.
Au moment où j'ai interrompu les débats, jeudi dernier, la
parole était à la députée de Chicoutimi, Mme
Blackburn.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Je veux ajouter que
dans les programmes qu'on aura à examiner, il y a le programme 6, je
croîs que vous l'avez sauté. Il y a les programmes 6, 7, 8 et
2.
Enseignement universitaire (suite)
Le Président (M. Parent, Sauvé): Non, j'ai dit que
nous étions à étudier le programme 6 et qu'il nous restait
les programmes 7, 8 et 2,
Mme Blackburn: Très bien, merci.
Vous comprendrez que reprendre comme ça le débat, alors
qu'on l'a laissé jeudi dernier en fin de journée, c'est un peu
plus difficile. Mais vous permettrez peut-être, pour qu'on puisse se
replonger, que l'on revienne sur la ventilation de l'enveloppe qu'on a faite,
le document que vous nous avez présenté et qui établit les
coupures ou les compressions à partir soit de l'année
financière ou de l'année scolaire.
Une question qui ne demandera probablement pas de longs
développements: Lorsqu'on parle d'année financière et
d'année scolaire, est-ce que l'année financière scolaire
des universités débute bien le 1er juin contrairement au
collège, qui elle serait au 1er juillet? Est-ce que cela est juste? Pour
les universités, cela débute le 1er juin?
M. Ryan: Oui, c'est exact.
Mme Blackburn: Bon, c'est exact. Donc, c'est cela. Je n'avais pas
entendu. Cela veut dire que lorsqu'on parlera par exemple des effets de la
non-indexation, on comptera cela sur dix mois par rapport à votre budget
et non pas sur neuf? Cela va, j'ai bien compris. Très bien. Quand vous
avez fait le calcul pour l'année scolaire, évidemment, il a
été fait sur dix mois et non sur neuf également.
M. Ryan: Pour l'information de la députée de
Chicoutimi et des autres membres de la commission, les explications sur ce
sujet sont fournies dans le cahier explicatif qui a été remis aux
membres de la commission, en particulier au point no 6, page 21. Je pense qu'on
a, aux pages 21 et 22, les données essentielles dont nous pouvons
éprouver le besoin.
Mme Blackburn: Est-ce que c'est seulement une information
à savoir que l'enveloppe de base subit une compression de 1,5 %?
M. Ryan: Regardez...
Mme Blackburn: Est-ce que cela a été traduit en
pourcentage?
M. Ryan: Attendez une minute. On va vous répondre avec
précision là-dessus. On va prendre nos chiffres ensemble; je
pense que c'est ce qu'il y a de mieux à faire.
Si vous voulez, nous allons partir du début. À la
première page du programme 6, nous avons les données
générales, les subventions de fonctionnement...
Mme Blackburn: Ma question voulait seulement... J'ai
consulté passablement tous ces tableaux. Ce que je voulais savoir, c'est
si cela avait été traduit en pourcentages.
M. Ryan: Non.
Mme Blackburn: Pour ma part et probablement pour les autres, je
pense que la façon la plus simple de comprendre c'est ce que cela peut
signifier comme augmentation ou réduction de l'enveloppe, mais toujours
en termes de pourcentages. Cela nous dit peu de chose de savoir que ce sont
quelques millions de dollars sur une enveloppe de 900 000 000 $, par exemple;
tandis que si on nous dit que c'est un pourcentage de 1,5 % de l'enveloppe,
c'est un peu plus significatif.
M. Ryan: Je m'excuse. Voulez-vous
répéter la question, s'il vous plaît?
Mme Blackburn: Je voulais savoir si la compression de 18 600 000
$ représente bien, comme me l'ont dit les représentants des
universités - je suis allée un peu aux nouvelles,
également - le pourcentage de 1,5 % des compressions dans l'enveloppe
des universités?
M. Ryan: Je ne peux pas vous le dire présentement. On va
faire des calculs et on vous le dira dans cinq minutes, madame.
Mme Blackburn: Bien. D'accord.
On pourrait peut-être faire le même exercice sur les effets
de la non-indexation. Selon l'information que j'ai obtenue de trois
universités, les dépenses autres que la masse salariale
représentent des variations d'entre 22 % et 25 % de l'enveloppe. Donc,
la non-indexation affecte, dépendamment des universités, entre 20
% et 22 % de leur budget. Est-ce qu'on est d'accord là-dessus?
M. Ryan: C'est sujet à vérification. L'autre jour,
on vous a donné des chiffres sur les autres dépenses. Les
dépenses autres que les salaires sont de 20 %.
Mme Blackburn: Selon certaines universités, c'est plus.
Mais si le ministre me le dit...
M. Ryan: Oui, c'est possible, mais on vous donne...
Mme Blackburn: ...on peut penser qu'il a un éclairage
qu'elles n'ont pas.
M. Ryan: C'est cela. On vous donne la moyenne et c'est 20 %.
Mme Blackburn: Ce qui a comme effet de réduire ce que
j'appellerais un manque à gagner d'environ 1 %.
M. Ryan: Attendez un petit peu là. Comment calculez-vous
cela?
Mme Blackburn: Vous avez l'enveloppe globale d'environ 960 000
000 $. C'était un montant de 966 000 000 $. D'accord?
M. Ryan: Oui.
Mme Blackburn: Alors, vous prenez le pourcentage variable de 20 %
à 25 % et la plupart des universités se situeraient à 23 %
environ.
M. Ryan: Non, on vous a répondu 20 % tantôt. Vous
avez demandé combien c'était.
Mme Blackburn: C'est selon l'information...
M. Ryan: On vous a répondu 20 %...
Mme Blackburn: ...que les universités me fournissent.
M. Ryan: C'est parce que vous parlez de 1 % et je ne comprends
pas.
Mme Blackburn: Si vous étalez la non-indexation sur
l'ensemble de l'enveloppe, on calcule 4,5 %...
M. Ryan: Non, c'est 3,1 % pour l'année 1985, ce n'est pas
4,5 %. C'est la norme, c'est ce qui est sorti des statistiques de Statistique
Canada.
Mme Blackburn: D'accord. M. Ryan: D'accord.
Mme Blackburn: Vous conviendrez quand même avec moi qu'on
va acheter les livres cette année et que c'est l'indexation de cette
année qui va subir les effets du coût de la vie de 1986-1987, et
non pas de 1985- 1986, au moment où l'on s'apprête à faire
des achats.
Ils n'auront pas la réduction de 1 % que l'on calcule ici d'une
façon un peu détachée de la réalité.
M. Ryan: Le 1 % c'est votre chiffre à vous, je ne l'admets
pas.
Mme Blackburn: Le vieillissement, l'indexation a
été établie à 1,3 %.
M. Ryan: Oui, d'accord.
Mme Blackburn: Alors, ce que l'on me dit toujours dans les
universités, particulièrement dans les universités
où le corps professoral est plus âgé, la
réalité est davantage de 1,7 %. Est-ce juste? Probablement que
vos fonctionnaires le sauraient.
M. Ryan: C'est le taux général appliqué pour
l'ensemble du corps enseignant à tous les niveaux du système
d'enseignement.
Mme Blackburn: D'accord.
M. Ryan: II se peut qu'au niveau universitaire le taux de
vieillissement soit un peu plus élevé, ce n'est pas
impossible.
Mme Blackburn: Alors, selon les universités, il y aurait
là un manque à gagner de l'ordre de 0,4 %.
M. Ryan: On peut faire...
Mme Blackburn: À présent, toujours...
M. Ryan: M. le Président, sur ce point-
ci, on m'assure que le taux que les universités invoquent ne fait
l'objet d'aucune vérification jusqu'à maintenant.
Mme Blackburn: J'ai pris la parole des universités, je
dois vous dire.
M. Ryan: En tout cas, elles ne nous ont pas soumis de documents
avec preuve à l'appui sur ce point-là.
Mme Blackburn: Bien. Là on parle de ce que les
universités auront comme ressources ou ce que représentent les
compressions aux différents postes. Il y a également la
décision de réduire les dépenses et les programmes de
développement de la micro-informatique de 2 300 000 $. Par rapport
à ce programme, le président de la CREPUQ déclarait que
l'on avait, à la fois par rapport à nos équipements et par
rapport à la micro-informatique, un retard qu'il qualifiait de 20
à 25 années sur les industries.
Ce qu'on nous dit, c'est que les universités devront, même
si on a coupé 2 300 000 $ dans ce budget, poursuivre un programme
d'achat des équipements de micro-informatique à moins de vouloir
rendre encore plus pénible ou plus menaçant cet écart
entre les équipements qui sont dans les universités et ce qu'on
retrouve de façon générale dans l'industrie. Le
président de la CREPUQ dénonçait ce fait en le comparant.
Il estimait que les équipements dans tes universités
étaient, et de loin, en retard à la fois sur les commissions
scolaires, dans les écoles, dans les collèges. Il disait que sur
les industries c'est de l'ordre de 20 à 25 années de retard.
On peut penser que si les universités, conscientes de ce fait et
du retard que cela occasionne sur la qualité de la formation, voudront
aussi continuer à acquérir des équipements. Donc, dans les
compressions des enveloppes, cela constitue, pour certaines universités,
un handicap important.
J'aurais aimé savoir si vous aviez des données sur le
coût des assurances. Je l'ai demandé pour les collèges. On
m'a dit on vous les fournira et je ne les ai pas eues. Je suis allée aux
nouvelles. J'ai des informations de deux grandes universités sur le
coût des primes d'assurance. Cette année, selon une
université anglophone - je vois la députée de
Jacques-Cartier - les primes d'assurance doubleraient. Il faut savoir que juste
l'assurance responsabilité, qui n'est pas l'assurance sur les immeubles
et les équipements, peut se chiffrer entre 600 000 $ et 700 000 $. Si
vous doublez... Je n'ai pas besoin de vous faire le calcul.
Je voudrais savoir à la fois si on a les informations par rapport
à cette question et si, dans l'hypothèse où les primes
d'assurance responsabilité doublaient, ce que cela représente
comme compressions ou manque à gagner dans l'enveloppe du fonctionnement
ou des autres dépenses?
M. Ryan: Mme la députée de Chicoutimi a
soulevé une question au sujet des assurances. Je vais lui donner des
éléments de réponse dans quelques instants.
Dans une partie préalable de son intervention, elle a
parlé des achats de micro-ordinateurs qui seront faits dans les
universités au cours de la présente année, l'année
1986-1987. Nous avons bien indiqué dans les crédits qu'une
compression avait été instituée à ce
niveau-là et que, par conséquent, il faudra que les
universités procèdent avec infiniment de prudence, au cours de
l'année actuelle, en matière d'achat d'équipements. J'ai
bien dit au début des débats de la commission que nous ne
permettrions pas que les déficits continuent à s'accumuler comme
ce fut le cas au cours des dernières années. Je tiens à le
dire de manière bien claire. S'il y a des cas très
spéciaux qui se posent et qu'on doive encourir des déficits, il
faudra en parler avec le ministère avant. Nous ne voulons pas être
mis devant le fait accompli, parce qu'il m'apparaît assez paradoxal que,
d'un côté, on multiplie la publicité et les
démarches pour recruter de la clientèle, comme si on était
une entreprise en pleine expansion et qu'en même temps de l'autre
côté on aille se lancer dans des déficits. Il va falloir
qu'on s'assoie. C'est le but de la commission parlementaire qui va
siéger sur le financement des universités au cours des mois
à venir. Je tiens à être explicite sur ce sujet. Je ne veux
pas qu'on nous mette devant des faits accomplis, fût-ce au nom des
idéaux les plus nobles.
En matière d'équipements universitaires, Mme la
députée de Chicoutimi parlait d'un retard accumulé. C'est
vrai qu'au cours des neuf dernières années il s'est
accumulé un retard considérable à cause des
problèmes de sous-financement dont nous avons parlé souvent
à cette commission, que j'ai soulevés à maintes reprises
moi-même. À ma grande surprise, j'apprenais l'an dernier, lors des
travaux de la commission parlementaire qui examinait les crédits du
ministère de l'Enseignement supérieur, qu'on ne disposait pas,
nulle part, d'un tableau complet de la situation des universités en
matière d'équipements. Une commission a été
créée. Cette commission est au travail présentement. Elle
est en train d'établir un programme en vue de dresser un inventaire
complet de la qualité et du degré de modernité ou de
vétusté des équipements dont disposent nos
universités pour accomplir leur travail. Ce relevé n'a pas encore
été lancé formellement. On est encore à fignoler
les virgules et les accents. Cela prend beaucoup de temps dans ce
milieu-là. J'espère qu'on
pourra le lancer le plus vite possible et que, sur la base d'une
connaissance complète de ce dont nous disposons, nous pourrons ensuite
établir des politiques plus rationnelles qui permettront de rattraper du
temps perdu. Ce qu'on doit éviter par-dessus tout, c'est que chacun se
lance dans toutes les directions au nom de la dernière visite qu'il est
allé faire à Chicago ou à San Francisco. Qu'on sache
où on s'en va. Qu'on prenne des décisions éclairées
et judicieuses. On a bien des stocks d'équipements qui traînent
dans des institutions d'enseignement actuellement. Cela a été
acheté par des professeurs zélés ou des administrateurs
plus pressés qu'éclairés et c'est nous, les contribuables
du Québec, qui avons payé tout cela. Je tiens donc à le
dire clairement, je voudrais qu'on marche avec discipline et ordre dans ces
choses-là. Malheureusement, on a des retards énormes à
combler, mais il faudra qu'on sache où appliquer des efforts de
manière que ce soit vraiment profitable. Il n'y a pas d'indexation pour
les autres dépenses. Nous n'avons pas reçu de
représentations particulières des universités en ce qui
touche l'augmentation des primes d'assurance. Je pense que Mme la
députée de Chicoutimi a tout à fait raison de signaler
qu'il y aura fort probablement des hausses au chapitre des polices d'assurance
si les universités sont l'objet du même traitement que les autres
institutions. Au niveau des commissions scolaires, nous avons appris qu'il y a
des hausses importantes qui sont en vue, comme dans les municipalités
d'ailleurs.
Dans les autres dépenses, il y a peut-être d'autres postes
qui vont connaître certaines diminutions ou encore, rester au même
niveau. Si on pense par exemple aux dépenses pour l'énergie, avec
la chute du prix du pétrole, il y a de bonnes chances que des
dépenses en 1986-1987, loin de progresser, connaissent peut-être
une certaine diminution. Il y aura peut-être un jeu de compensation qui
va se faire là, mais il n'y a personne qui envisage d'augmentation
substantielle des coûts de l'énergie avec la réduction des
prix qui semble devoir s'installer à demeure, au moins pour l'avenir
prévisible. Mais de toute manière, la réponse à la
question de Mme la députée de Chicoutimi est que nous n'avons pas
reçu de représentation spéciale au sujet des assurances et
que nous n'avons pas prévu non plus de disposition spéciale dans
le budget à cette fin.
Mme Blackburn: Bien. Avant de revenir sur cette question des
assurances, je voudrais juste relever et commenter la remarque du ministre
selon laquelle il s'étonne de la publicité qui est faite pour
recruter des nouvelles clientèles dans les universités, alors
qu'on connaît la situation financière des universités. Il
me semble qu'entre ce discours et l'inquiétude ou les
préoccupations qui ont été celles de l'Opposition
officielle au cours des dernières années, à savoir qu'on
devait mettre en oeuvre une réelle politique d'accessibilité aux
études supérieures, je dois dire que lorsque les
universités continuent à rechercher des clientèles et
à avoir des politiques d'accessibilité, cela me réjouit.
Je ne serais pas pour dire le contraire aujourd'hui.
Par ailleurs, à la fois, on peut s'inquiéter du
vieillissement des équipements, comme l'a fait le ministre alors qu'il
était dans l'Opposition, et cependant on peut aussi s'inquiéter
d'une volonté de ce que pourrait être une ingérence du
ministère dans le développement des universités,
particulièrement dans leur politique d'achat. Il me semble que cela
aussi était un thème qui était fort cher au ministre alors
qu'il était à l'Opposition. J'espère qu'il sera à
cet égard aussi vigilant qu'il invitait son prédécesseur
à l'être.
Pour ce qui est des... Vous dites ne pas avoir eu de
représentations des universités quant à la croissance des
primes d'assurance. Est-ce que l'on doit entendre que si vous en aviez, il y
aurait des ajustements à l'enveloppe?
M. Ryan: Pas cette année. (10 h 30)
Mme Blackburn: Bien. Une autre... Cela peut sembler mineur, mais
la conjoncture actuelle a aussi comme effet de réduire le pouvoir
d'achat des universités, en particulier lorsqu'il s'agit d'achat de
volumes à l'étranger et également l'acquisition de
certains produits chimiques. On connaît, par rapport à ces deux
produits, à la fois les volumes et les produits chimiques, une
augmentation que l'on situe entre 18 % et 35 %, alors que l'on sait que
l'enveloppe n'est même pas indexée. Là-dessus, a-t-on des
données approximatives qui viennent confirmer ce que l'on m'a dit ou si
c'est exagéré?
M. Ryan: Regardez, ce sont des données du marché.
Elles sont incontestables.
Mme Blackburn: C'est dû à... peut-être, si
vous me permettez, c'est particulièrement dû à la baisse du
dollar canadien.
M. Ryan: M. le Président, pour l'achat de volumes, je
pense que ce que dit la députée de Chicoutimi est évident.
Il suffit d'acheter des volumes aux Etats-Unis régulièrement pour
se rendre compte que cela nous coûte beaucoup plus cher que quand on les
achète à partir du Canada. Seulement que la conversion du dollar
canadien en dollar américain augmente le prix de votre volume de 35 %,
tout de suite en partant. Alors, cela est vrai pour les
universités comme pour moi quand j'achète mes volumes aux
États Unis.
Mme Blackburn: Je trouve que vous n'avez pas compris.
M. Ryan: C'est une des contraintes inhérentes à la
situation dans laquelle nous sommes.
Mme Blackburn: Peut-on dire qu'en tenant compte de ces
différences, en décomposant ici l'enveloppe des
universités, la compression n'est pas de 18 000 000 $ mais de 30 000 000
$?
M. Ryan: Non, cela, je ne veux pas...
Mme Blackburn: Je pense que ce n'est pas ici que l'on va
s'entendre, M. le Président. J'aimerais cependant que l'on me fasse la
démonstration que ce n'est pas cela. Mais je pense bien que l'on n'aura
pas le temps aujourd'hui de le faire, et sûrement que le ministre aura
l'occasion de dire, probablement ailleurs ou à la presse, que j'erre
là-dessus, jusqu'à ce que les universités viennent
confirmer l'analyse qu'elles sont en train de faire et sur laquelle je fonde
mes avancés.
M. Ryan: M. le Président...
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. leministre.
M. Ryan: ...je ne veux pas interrompre Mme la
députée de Chicoutimi, si elle n'a pas terminé, je vais
attendre qu'elle ait fini.
Mme Blackburn: C'est beau.
M. Ryan: J'apprécie la ligne de conduite que semble
vouloir suivre la députée de Chicoutimi: elle ne veut pas que
l'on recommence à zéro le débat de chiffres que l'on a
fait la semaine dernière de manière très
détaillée. Je pense qu'il y a des points sur lesquels il y a des
différences d'interprétation qui vont rester. Nous autres, nous
présentons les données comme nous les avons conçues. C'est
évident que quand on parle par exemple des achats de volumes, les
universités traversent une période d'années de vaches
maigres actuellement avec la dévaluation du dollar canadien, et quand on
sait que la très grande majorité des volumes que doivent
acquérir les bibliothèques universitaires doivent être
obtenus de l'étranger, c'est évident que les possibilités
d'enrichissement des bibliothèques universitaires sont réduites.
Je ne peux pas nier cela et je le déplore profondément
moi-même. Je crois qu'il faut se préparer à des
années de vaches grasses qui reviendront, nous l'espérons, dans
les meilleurs délais, mais tant qu'elles ne reviendront pas, nous sommes
obligés, è l'exemple du reste du pays, d'accepter des choses
comme celle-là.
On peut les appeler par le nom qu'on voudra, mais là on remet en
question - il ne faut pas l'oublier - tout le problème du niveau de vie
canadien. C'est une situation dont les conséquences se
répercutent dans tous les aspects de notre vie. Vous pourrez prendre
votre salaire et le mien, ce serait la même chose. II ne faut pas non
plus cultiver le calcul de ces choses d'une manière masochiste. Il faut
faire attention de ne pas verser dans la culture extrêmement
détaillée des moindres frustrations des uns et des autres. Je
comprends très bien la situation des universités. Même en
supposant que le montant que vous invoquez puisse être admis pour fins de
discussion à un autre niveau, je vous réponds encore une fois que
sur l'ensemble du budget des universités qui dépasse 1 000 000
000 $, le Québec fait quand même un effort considérable
dans les conditions extrêmement difficiles où les décisions
doivent être prises.
Je rappelle qu'au cours de la période à venir, le
gouvernement attache tellement d'importance au financement des
universités qu'il va confier à cette commission parlementaire le
soin de faire un examen approfondi de la situation financière des
universités, non seulement des revenus mais aussi des dépenses
évidemment, de manière que la commission puisse examiner les
améliorations possibles. Si le gouvernement demande à la
commission d'entreprendre ce mandat par l'entremise de l'Assemblée
nationale, c'est parce qu'il est très soucieux d'agir de manière
que les universités soient mieux en mesure de s'acquitter efficacement
de leur mission. C'est aussi parce que le gouvernement est conscient qu'il
existe actuellement des limites qui mettent en péril la vocation
même de l'université dans certains secteurs.
Mme Blackburn: Je suis heureuse d'entendre le ministre nous dire
que la situation actuelle met en péril la qualité de la recherche
et de la formation de nos établissements. C'est ce qui explique mon
étonnement quand je constate qu'il n'a pas réussi à
défendre sensiblement au moins le même niveau de financement que
celui qui avait été accordé l'an passé. On se
rappellera que l'an passé - je crois que le ministre se rappellera
très bien - il y avait eu une indexation des dépenses de
l'enveloppe des universités et un ajout d'un budget aux fins de
redressement de 37 000 000 $. À l'époque, le ministre disait que
c'était un faible mouvement de redressement du financement des
universités et qu'il faudrait continuer cette relance sur plusieurs
années. D'ailleurs, cela a été confirmé par le
Conseil des universités qui estimait qu'il y
avait un manque à gagner dans l'enveloppe des universités
de quelque 150 000 000 $, C'est un avis qui a été rendu en
décembre ou en janvier dernier. La compression de cette année a
comme effet - je crois que le ministre peut le reconnaître - d'annuler
l'effort de redressement entrepris l'an passé.
Les équipements
J'aimerais peut-être qu'on poursuive en parlant des
équipements, c'est ce qui inquiète le plus. Il y a trois grandes
questions qui inquiètent le plus le réseau collégial
actuellement: les équipements -laboratoires, bibliothèques - le
renouvellement du corps professoral - excusez-moi - du réseau
universitaire. On nous a donné, à la suite d'une question, la
ventilation des dépenses effectuées en 1985-1986, au chapitre des
équipements et la liste des projets approuvés ou à
l'étude pour 1986-1987. J'aurais aimé peut-être qu'on
examine cette liste pour savoir lequel de ces projets sera effectivement
réalisé au cours de la présente année.
M. Ryan: Est-ce que c'est...
Mme Blackburn: Vous avez la liste, ici: Enveloppe
budgétaire annuelle pour l'acquisition et le remplacement
d'équipement mobilier, pour l'acquisition d'équipement
scientifique - micro-ordinateurs, bibliothèques et ainsi de suite. Vous
avez une liste qui nous a été fournie à la suite d'une
question qu'on vous avait posée.
M. Ryan: Très bien. Allô! Excusez-moi. Mme
Blackburn: Oui.
M. Ryan: La question de Mme la députée de
Chicoutimi porte sur la réponse qui a été donnée
à l'une des questions que nous avait adressées l'Opposition en
préparation de cette discussion, si j'ai bien compris.
Mme Blackburn: Oui.
M. Ryan: Très bien. Peut-être que, à partir
de la réponse qui a été fournie à la
députée de Chicoutimi, on pourrait donner quelques explications
additionnelles. Ainsi que j'ai eu l'occasion de le dire souvent depuis le
début de nos travaux, nous avons reçu du Conseil du
trésor, il y a quelques semaines, une directive nous enjoignant de ne
pas présenter ce qu'on appelle, dans le langage technique des
technocrates de l'administration, des initiatives nouvelles,
c'est-à-dire des projets nouveaux d'immobilisations qui n'auraient pas
déjà figuré sur des listes antérieures. On nous a
demandé, en complément, de réexaminer les projets qui sont
inscrits sur la liste des projets en parachève- ment, déjà
approuvés ou ayant fait l'objet de travaux à un stade ou à
l'autre afin de voir s'il n'y aurait pas moyen d'élaguer dans ces
projets également, de manière à réduire
sensiblement les dépenses d'immobilisations, au cours de la prochaine
période.
Alors, sur la base de ces données, nous avons dû
réaligner notre programme de dépenses d'immobilisations pour la
prochaine année. Nous avons soumis au Conseil du trésor un projet
de programmes révisé que je ne peux pas communiquer pour
l'instant parce qu'il est actuellement à l'étude. 11 n'a pas
encore été approuvé et nous attendons une décision
à ce sujet dans des délais rapprochés. Dans la
réponse que nous avions donnée à la députée
de Chicoutimi, nous indiquions les projets qui avaient été
inscrits à la programmation pour la période 1985-1990. Comme vous
le savez, les projets d'immobilisation des universités sont
établis sur une base de cinq ans, renouvelable ou sujette à
révision année après année, évidemment. Nous
indiquions d'un côté la participation financière du
ministère pour l'année 1985-1986 et la participation
financière pour l'année 1986-1987. Quant à l'année
1985-1986, ce sont des choses maintenant du passé.
Ce qui est mentionné dans la colonne de gauche; par exemple,
l'enveloppe consentie pour l'acquisition de micro-ordinateurs a
été versée; la première subvention de 500 000 $
à l'université Concordia pour la construction d'une
bibliothèque; l'autorisation de 1 259 000 $ à l'École des
Hautes - Études Commerciales de Montréal pour son agrandissement;
l'autorisation de 374 000 $ à l'Université de Montréal
pour l'acquisition d'une ferme à Saint-Hyacinthe; le montant de 1 000
000 $ pour l'agrandissement de l'École polytechnique; le montant de 900
000 $ pour la phase 2, du campus de l'UQAM, à Montréal. C'est un
projet total de 46 000 000 $, je pense. L'INRS-Santé, un montant de 2
800 000 $ pour sa relocalisation à Pointe-Claire; un montant de 933 000
$ pour l'acquisition et le réaménagement de l'école
Émile-Nelligan par l'École de technologie supérieure; ce
qui fait un total de 62 041 000 $.
Pour l'année 1986-1987, en ce qui a trait aux projets qui sont en
marche, je crois bien pouvoir vous assurer qu'ils vont continuer. Nous avons
inscrit dans les projets que nous avons soumis au Conseil du trésor la
continuation des travaux pour la bibliothèque à
l'université Concordia, pour la bibliothèque des sciences
humaines de l'Université de Montréal également; pour
l'Université du Québec à Montréal, cela continue
également; l'École polytechnique aussi.
Mais nous devons recevoir la décision du Conseil du
trésor, car chaque projet va faire l'objet d'un examen minutieux au
Conseil du trésor. Comme je le disais tantôt, nous
recevrons les décisions dans un avenir rapproché.
Mme Blackburn: Est-ce que je comprends bien? Je pense bien que
les deux colonnes représentent les deux années d'un plan
quinquennal d'immobilisations. Cela va. C'est ce qui était prévu
pour l'année 1985-1986 et ce qu'on avait projeté pour
l'année 1986-1987. Si je comprends bien, ce qu'on nous présente
aujourd'hui et ce qu'on nous a présenté tant pour les
écoles que pour les collèges que pour les universités, au
plan des immobilisations, c'est que les compressions pourraient être plus
élevées encore que ce qui est annoncé. Par exemple, quant
à l'enveloppe de 46 000 000 $ prévue cette année et
destinée à l'acquisition, au remplacement d'équipements
mobiliers, à la rénovation ou réaménagement des
édifices, le Conseil du trésor pourrait décider demain
matin que ses priorités sont ailleurs et que l'enveloppe n'est plus que
de 25 000 000 $. Donc, on n'est pas capable de nous donner aujourd'hui le
portrait réel de ce que seront les compressions dans l'enveloppe des
universités au chapitre des équipements.
M. Ryan: Dès que nous aurons les décisions à
ce sujet, il nous fera plaisir de vous les communiquer. Mais je pense que Mme
la députée de Chicoutimi sait très bien que l'étude
des dépenses d'immobilisations ne fait pas partie du cadre
régulier de l'étude des crédits pour l'année en
cours. Le gouvernement précédent a toujours été
extrêmement avare de renseignements là-dessus, en commission
parlementaire, à l'étude des crédits. (10 h 45)
Mme Blackburn: Et on suit son exemple?
M. Ryan: Mais, là, les décisions ne sont pas
prises. Même si je voulais vous les communiquer... Et pour le reste, pour
accéder à l"'inner sanctum", comme vous le savez, il faut gagner
l'élection. C'est ce que l'on nous a enseigné pendant neuf
ans.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député de Laviolette?
M. Jolivet: C'est juste une question que je voudrais poser
à M. le ministre. Je comprends très bien M. le ministre de nous
dire aujourd'hui ce qu'il nous dit à partir du fait qu'il réagit
de la même façon que, semble-t-il, réagissait l'ancien
gouvernement. L'autre question, je ne la lui poserai pas, je la connais
dès l'abord; elle concerne le fait que, pour pouvoir décider, il
faut être élu. C'est justement ce que je lui disais. Maintenant,
c'est le temps de décider, ce sont eux qui sont élus. Mais ce que
j'aimerais savoir... Je vais aller plus loin dans ma question. Il y a un
montant global de 16 700 000 $. Je sais très bien que c'est un plan
quinquennal, révisable tous les ans; on connaît la même
chose au transport, les programmes de cinq ans c'est comme cela, sauf
qu'à un moment donné il y a des priorités de
changées, compte tenu que le ministre, après analyse des
dossiers, décide d'avoir des priorités différentes ou que
le Conseil du trésor décide de refuser des priorités que
le ministre avait soulignées. Mais il est important de savoir ceci:
Est-ce que l'enveloppe de 76 700 000 $ prévue pour l'année
1986-1987, au moins dans cette fourchette, on peut penser aujourd'hui que cela
va rester dans l'équivalence ou si demain matin on va se retrouver avec
50 000 000 $? C'est peut-être cela, la question. C'est quoi?
Pouvez-vous au moins nous dire que vous allez défendre quelque
chose qui se situe à environ 75 000 000 $ ou si vous allez
défendre comme ministre 50 000 000 $ ou si le Conseil du trésor
va vous obliger à aller à 50 000 000 $? C'est la question que
l'on aimerait savoir.
M. Ryan: Ma liste d'achats est assez élevée. Je
vais la défendre avec toute la fermeté dont je suis capable.
Une voix: ...
M. Jolivet: Avoir confiance, la question n'est pas là, Mme
la députée, ta question est de savoir si le Conseil du
trésor, avec le ministre responsable, va avoir encore une fois raison
sur le ministre de l'Éducation, comme il a eu raison sur la ministre de
la Santé et des Services sociaux et comme il va avoir raison à
d'autres niveaux. C'est la question que l'on se pose: Qui va avoir raison dans
ce gouvernement-là? Ceux qui normalement doivent défendre les
idées qu'ils ont combattues et qu'ils ont défendues depuis quatre
ou cinq ans environ ou celui qui est arrivé à la dernière
minute et qui va leur dire comment les dépenses publiques vont se faire,
selon le système Provigo ou selon le système Providence?
Une voix: Vous en aviez un, vous: M. Bérubé.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce que le
député de Laviolette a posé une question au ministre?
M. Jolivet: J'ai posé une question, mais je connais la
réponse, c'est qu'il ne me le dira pas.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, je
reconnais la députée de Chicoutimi.
M. Ryan: Je voudrais simplement dire au député de
Laviolette que les choses que nous avions déjà autorisées
nous n'entendons pas les abandonner en cours de route. Je pourrais vous dire
sans verser dans l'indiscrétion que tous les projets qui avaient
été autorisés l'an dernier, surtout ceux qui ont
été mis en route, qui ont entraîné des
dépenses, nous entendons continuer d'en favoriser la
réalisation.
Il pourra peut-être arriver dans un cas comme dans l'autre que
l'étalement dans le temps soit modifié de manière à
tenir compte de contraintes comme celles qui vous sont devenues
familières et font partie de l'héritage que vous nous avez
laissé.
M. Jolivet: J'ai fait la même petite réflexion, M.
le ministre, au député de Richelieu qui disait que, quand on
connaît la réponse, on ne pose pas la question. C'est simplement
pour lui dire que dans l'étude des crédits il est bon de
connaître aussi la réponse de la bouche du ministre pour pouvoir
confronter au cours des années qui viennent... Il apprendra cela en
politique, qu'il faut savoir poser des questions même si on sait la
réponse pour que l'on ait la réponse de celui qui est en face de
nous et qui, dans deux ou trois ans, aura à y répondre.
M. Khelfa: Si je comprends bien...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Si on veut
éviter des discussions face à face comme cela.
M. Khelfa: Ce ne sont pas des discussions, c'est une...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous reconnais,
M. le député de Richelieu, si vous voulez parler.
M. Ryan: M. le Président, je voudrais vous signaler que
j'ai été interrompu sans que votre intervention bienveillante
vienne protéger mes droits.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je m'excuse, M. le
ministre.
M. Ryan: Je n'en suis point...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mais je dois vous
dire, M. le ministre, qu'on fait face ici à un problème
d'audition. On entend très mal. Je ne sais jamais si vous avez
terminé votre intervention ou si vous la continuez. J'aimerais cela, si
on pouvait monter le volume, M. l'ingénieur du son.
M. Ryan: Allo.
Le Président (M. Parent, Sauvé): J'entends
très bien, M. le ministre.
M. Ryan: Lorsque le député de Laviolette m'a
interrompu - fort bienveillamment, j'en conviens - j'étais en train de
l'assurer que les projets de développement en matière
d'immobilisation que nous avons autorisés l'année
dernière, dans le secteur universitaire, vont être
continués s'il n'en dépend que du ministère de
l'Enseignement supérieur et de la Science.
Dans la liste que nous avons soumise au Conseil du trésor, tous
ces projets sont compris. L'étalement dans le temps de la
réalisation de l'un ou de l'autre pourra subir certaines modifications,
mais le moins possible, encore une fois. Il pourrait arriver qu'un projet qui
devait se réaliser sur trois ans se réalise plutôt sur
quatre ans, par exemple. Ce n'est pas une tragédie irréparable.
Je pense que cela peut faire partie des ajustements nécessaires.
Cela étant dit, je pense que le député a pas mal le
maximum d'information qu'on puisse livrer actuellement. Je n'aurais pas voulu
surtout qu'on termine ce chapitre de notre discussion en laissant chez lui
l'impression qu'on n'aurait pas voulu répondre à ses questions.
C'est le dernier souci que je voudrais laisser percer dans l'esprit du
député de Laviolette. Je suis extrêmement
intéressé à lui fournir toute l'information que je puis
lui fournir.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Vous avez
terminé, M. le ministre? Je reconnais Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Je dois vous dire que j'endosse la
préoccupation du député de Laviolette. Les
déclarations qui nous sont venues - plusieurs d'entre elles touchent
l'enseignement universitaire et en particulier l'enseignement collégial
- ont été faites soit par le ministre des Finances, soit par le
président du Conseil du trésor ou encore par le ministre du
Commerce extérieur. Que le député de Laviolette
s'interroge sur la capacité de défendre les budgets
d'immobilisation dans les universités, je pense que cela ne devrait
surprendre personne.
Je voudrais juste ajouter que par rapport aux équipements, c'est
la grande préoccupation des universités. Le président de
la CREPUQ, je le répète, s'en est inquiété
ouvertement récemment au moment où on annonçait les
budgets et les compressions dans l'enveloppe budgétaire des
universités. On doit dire aujourd'hui que la qualité de la
recherche et de la formation est à la baisse et que des budgets de cet
ordre ne nous permettent pas de conserver un niveau de qualité qui
serait souhaitable dans nos établissements.
Il faisait allusion, en particulier, aux équipements et plus
particulièrement à l'état
des bibliothèques. On sait que dans les bibliothèques en
Ontario - parce qu'on aime bien se comparer à l'Ontario - le ratio c'est
135 livres-élève, alors qu'au Québec, c'est 90
livres-élève. Je voudrais juste inviter le ministre à
être aussi vigoureux, pour ne pas dire à l'occasion aussi
virulent, pour défendre ses budgets au Conseil du trésor qu'il
l'a été lorsqu'il était critique officiel de
l'Opposition.
Renouvellement du corps professoral
J'aimerais aborder une autre question et c'est la deuxième grande
préoccupation des universités: le renouvellement du corps
professoral. Cela touche un peu l'indexation pour le vieillissement. Dans les
universités -je retrouve mes chiffres - selon une étude qui a
été faite par l'Institut national de la recherche, l'âge
moyen des professeurs en 1986 est de 46 ans. On retrouve seulement 10 % des
professeurs qui ont moins que 35 ans. Par ailleurs, on en trouve 25 % qui ont
plus de 55 ans. Ce qui expliquait l'inquiétude du président de la
CREPUQ qui parlait de sclérose des universités.
Est-ce que le ministre pense que, à moins que les
universités optent pour l'endettement, elles seront en mesure de mettre
en place, avec les budgets de cette année, un minimum de conditions
favorisant le renouvellement du corps professoral dans les
universités?
M. Ryan: Je crois qu'il y a un facteur qui a contribué
à accentuer la situation dont parle la députée de
Chicoutimi, c'est la loi qui a été adoptée, il y a
quelques années, au sujet de l'âge de la retraite. Cela
crée une situation... Je respecte les droits des personnes qui
décident de continuer à demeurer salariées à temps
complet à l'université, passé l'âge de 65 ans. Cela
contribue à augmenter l'âge moyen des professeurs d'une
manière qui ne devrait pas étonner la députée de
Chicoutimi vu que cette loi fut adoptée sous le gouvernement
précédent.
Dans les mesures budgétaires de cette année, il n'y a pas
de dispositions spéciales pour le renouvellement du corps enseignant
suivant un programme comme celui qu'avait proposé le Conseil des
universités. Les mesures proposées par le Conseil des
universités, qui consistaient à prévoir un certain
pourcentage du budget, chaque année - c'était 1% par
année, si mes souvenirs sont bons - pour l'engagement de nouveaux
professeurs, pour un programme d'injection de 109 dans les effectifs
enseignants à l'université. C'est un programme très
intéressant que nous souhaitons mettre en vigueur tôt ou tard.
Dans les conditions où nous étions placés cette
année, c'était malheureusement impossible. J'espère que
dans les universités mêmes, on trouvera des accommodements
administratifs et autres qui permettront à des professeurs
d'expérience de continuer à mettre leur expertise au service de
l'université, tout en s'accommodant de régimes de travail
à temps partiel ou à périodes limitées permettant
ainsi de libérer pour des recherches et d'accentuer le processus de
renouvellement du personnel.
Nous constatons entre autres que l'âge moyen des professeurs au
Québec demeure inférieur d'un an ou deux à l'âge
moyen des professeurs d'universités en Ontario. Je signale ce point pour
l'information de Mme la députée de Chicoutimi. Nous ne sommes pas
en arrière sur ce point, nous sommes un peu en avance sur l'Ontario. Par
conséquent, nous ne sommes pas encore au bord de la tragédie.
C'est un problème préoccupant.
Je signale un autre point à l'attention de la
députée de Chicoutimi. Avec le programme d'action structurante
que nous poursuivons en 1966-1987, dans lequel nous allons injecter plusieurs
millions de dollars au cours de la prochaine année, cela va permettre de
créer 180 postes de professeurs-chercheurs. C'est la voie qu'avait
retenue l'ancien gouvernement pour favoriser le renouvellement. Il avait
lancé le programme d'action structurante, il y a trois ans. Ce programme
s'est poursuivi en 1985-1986 et va continuer en 1986-1987. L'ensemble des
postes nouveaux créés, grâce au programme d'action
structurante, est de plusieurs centaines. C'est peut-être la
réponse la plus positive que je puisse apporter à la
députée de Chicoutimi en ce qui touche les initiatives de
l'année 1986-1987.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre, je
reconnais le député de Richelieu.
M. Khelfa: M. le Président, j'aurais une question et je
n'ai pas la réponse. Vous savez, je n'ai pas l'expérience du
député de Laviolette, mais, quand même... Une question au
ministre. Comment peut-on stimuler et influencer l'augmentation du taux de
recherche dans les universités? On sait que la recherche est en baisse
d'une façon assez remarquable. Je ne veux pas invoquer l'ancien
gouvernement avec sa façon de stimuler la recherche, ce serait
très facile de le dire. Est-ce qu'on pourrait influencer la recherche et
les chercheurs pour qu'ils soient vraiment intéressés dans des
domaines qui aideront la société québécoise et
l'amélioration du niveau de vie? Â moins que vous n'ayez la
réponse, M. le député de Laviolette.
M. Ryan: J'apprécie énormément cette
question, parce qu'elle nous fait déboucher constructivement sur l'un
des aspects les plus
importants de nos débats.
M. Khelfa: C'est involontaire. (11 heures)
M. Ryan: On discute beaucoup du développement de la
recherche dans nos universités et à juste titre. J'ai
souligné dans mes remarques liminaires la semaine dernière qu'il
ne faut pas pousser le culte de la recherche jusqu'à minimiser
l'importance fondamentale du travail d'enseignement, surtout au niveau du
premier cycle. Je pense qu'il faut assurer une très bonne formation au
niveau du premier cycle, et si tous les professeurs se disaient: moi je vais
enseigner seulement trois ou quatre heures par semaine pour faire de la
recherche, à ce moment-là l'université passerait à
côté d'une de ses missions tout à fait premières qui
est la formation de jeunes professionnels, munis d'une préparation
universitaire dans toutes les grandes disciplines du savoir.
Cela étant dit, la qualité de l'enseignement de premier
cycle lui-même, à plus forte raison la qualité de
l'enseignement de deuxième et troisième cycle dépend
fondamentalement de la qualité de la recherche qui se fait dans
l'université. On ne veut pas de professeurs qui vont seulement venir
réciter les manuels rédigés par d'autres. Cela prend des
professeurs qui vont être capables de créer un enseignement
original en s'appuyant sur les travaux des autres évidemment, mais aussi
sur leurs propres travaux. De ce point de vue, on signale que dans nos
universités, sur bien des points nous ne sommes pas toujours à
l'avant-garde de ce qui se fait à travers le Canada. Nous avons des
secteurs nombreux où nous avons des retards à rattraper. Il y en
a d'autres où nous avons une certaine avance.
Je pense que les indications les plus récentes que nous ayons
reçues là-dessus sont venues du rapport Lacroix qui a
été fait à l'Université de Montréal. Sous la
direction du professeur Lacroix, un groupe de travail a fait un inventaire de
l'activité des professeurs de l'Université de Montréal en
matière de recherche, et les constatations auxquelles il en est venu
étaient plutôt sévères. On constatait que sur bien
des fronts, cette institution, qui passe pourtant pour l'une de nos plus
avancées en matière de recherche, traînait la patte et
avait des retards à rattraper.
Maintenant, du point de vue gouvernemental, parce que je pense que c'est
l'objet de la question qui a été posée, il y a une chose
qu'on ne peut pas faire, la vie intellectuelle, on ne stimule pas cela par des
discours de politiciens. Souvent, c'est le contraire qui arrive. Les discours
de politiciens réussissent à asphyxier la vie intellectuelle
quand ils ne sont pas la plus vivante illustration du phénomène.
La vitalité intellectuelle doit prendre racine et se développer
à l'intérieur de chaque institution. Il doit y exister un climat
d'émulation, un climat de goût de la vie de l'esprit, qui va
produire des travaux intéressants. Ces dernières années,
dans notre système d'enseignement en général, on s'est
trop assis sur des protections de type corporatiste. On s'est trop
préoccupé d'obtenir la sécurité alors que
l'ensemble de la société n'en n'avait pas, on créait des
secteurs protégés, et je dirais même
surprotégés. Que je sache, la vie intellectuelle n'a pas tendance
à prospérer dans un climat de surprotection. Il faut qu'elle soit
un petit peu mise au défi pour se manifester. Les idées
politiques les plus neuves viennent rarement des gouvernements. Elles viennent
de l'Opposition quand elle a eu le temps de se faire la main à son
rôle. Cela prend quelques années.
Mme Blackburn: Je dirais la même chose pour un ministre qui
entre en fonction.
M. Ryan: C'est sûr, au moins il arrive avec le bagage de
l'Opposition qui peut être précieux à long terme, mais
îl faut qu'on lui donne le temps. J'en reviens à ceci. Je pense
que de ce point de vue, il y a une responsabilité qui doit être
carrément attribuée au milieu universitaire lui-même. Ce
que je dois dire, à l'honneur des gouvernements québécois
depuis une dizaine d'années, c'est qu'en matière de recherche,
ils ont fait un travail considérable. En matière d'appui
financier à la recherche, le Québec accomplit présentement
un effort qui est plus élevé que celui de toute autre province.
Les principaux moyens par lesquels le Québec accomplit ce travail
d'appui à la recherche, il y a d'abord le Fonds FCAR dont on va
peut-être parler un peu plus tard dans nos travaux, dont la
présidente est ici avec nous, Mme Quérido. Le Fonds FCAR dispose
chaque année, de montants - l'année dernière
c'était à peu près 30 000 000 $ - pour appuyer la
recherche de différentes manières, en particulier pour fournir
des subventions à équipes de chercheurs dans nos
universités, et pour fournir des bourses d'études à des
étudiants de deuxième et troisième cycle. En plus il y a
le programme d'action structurante. Je tiens à le mentionner parce que
c'est un point sur lequel la députée de Chicoutimi n'avait pas
intérêt à insister. En 1984-1985, les
déboursés étaient de 2 788 000 $. En 1985-1986, ils ont
été de 7 146 000 $ et en 1986-1987, ils seront de 11 300 000 $,
11 300 000 $. Souvent les personnes qui vont bénéficier de ce
fonds sont les mêmes qui n'auront pas la petite indexation dont a
parlé la députée tantôt. II va peut-être y
avoir des compensations de ce côté pour ceux qui sont à
l'avant-garde de la recherche. Cela va permettre de faire des acquisitions
d'instruments de travail qui,
autrement, n'auraient peut-être pas été
disponibles.
C'est la même chose pour les subventions qui viennent du Fonds
FCAR. Cela permet de compléter, de suppléer à des carences
des budgets réguliers. Alors, en plus, il y a des subventions qui sont
accordées aux équipes performantes. Tout cela donne pour
l'année 1986-1987, un montant total de soutien financier à la
recherche, en provenance directe du gouvernement, de 43 000 000 $. Cela
n'inclut pas, évidemment, le fonds de recherche sur la santé qui
relève de l'autorité de la ministre de la Santé et des
Services sociaux et qui dispose de ressources considérables. Alors pour
ce qui concerne le ministère de l'Enseignement supérieur et de la
Science, 42 936 000 $ exactement, soit une augmentation de crédits de
12,2 % pour l'année en cours. Alors, je pense que l'on peut constater, a
l'examen de ces chiffres, que le gouvernement met ses priorités à
la bonne place finalement et que la où c'est vraiment vital, le ministre
de l'Enseignement supérieur et de la Science, contrairement à
l'impression que voudrait créer la députée de Chicoutimi,
a défendu les bons intérêts de nos universités.
En tout cas, je souligne ces chiffres qui font partie, je pense, de
renseignements portés à la connaissance des
députés. Si, par hasard, ils n'avaient pas été
compris dans le cahier explicatif, je fournirai volontiers une copie de ces
renseignements et je veux vous assurer, surtout, que cette politique de soutien
financier à la recherche, nous allons la maintenir, nous allons la
continuer. J'examinais, hier, la liste des équipes qui
bénéficient actuellement de l'aide du programme d'action
structurante. Dans tous les domaines du savoir, dans les domaines surtout qui
sont à la fine pointe de la recherche, nous avons des chercheurs
québécois qui peuvent continuer leurs travaux grâce
à l'intervention de l'un ou l'autre de ces programmes qui seront non
seulement maintenus mais amplifiés en 1986-1987.
Mme Blackburn: Est-ce que le ministre... Merci. Je dois dire que
je...
Le Président (M. Parent, Sauvé):
Excusez, Mme la députée de Chicoutimi, le
député de Laviolette a manifesté l'intention d'intervenir.
Cédez-vous votre droit de parole à votre collègue?
Mme Blackburn: J'aurais juste une petite information, si vous
permettez.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Chicoutimi, nous vous écoutons.
Mme Blackburn: J'apprécie les efforts qui sont
consacrés au soutien à la recherche. Le ministre pourrait-il nous
dire si c'est sensiblement ce qui était prévu dans le plan de
développement des programmes d'action structurante? On sait que
c'était prévu. La première année, vous aviez 2 200
000 $, je pense, ensuite la seconde année, 7 000 000 $ et la
troisième 11 000 000 $. Ces données n'étaient-elles pas
déjà prévues au plan de développement de mise en
place de ces actions structurantes?
M. Ryan: C'est sûr, mais il fallait libérer les
ressources.
Mme Blackburn: Bien. Je voulais juste...
M. Ryan: Madame, il fallait libérer les ressources
financières. On avait prévu, sous l'ancien gouvernement, un
paquet de choses au chapitre des dépenses. On nous a engagés en
matière d'immobilisations scolaires, je vous l'ai dit, pour quasiment
toute l'année 1986-1987. Il n'y a rien de plus facile, mais le
véritable effort consiste à trouver l'argent qui a
été indiqué dans des programmes. Nous avons
libéré cette année, intégralement, les sommes qui
étaient requises pour compléter le programme de soutien à
40 équipes de recherche. Et je suis heureux d'annoncer que les
équipes qui bénéficieront du programme pour l'année
1986-1987 feront l'objet d'une communication publique au cours du mois de juin,
probablement.
Mme Blackburn: Sur cette question des programmes d'action
structurante, le choix des équipes avait fait l'objet de critiques de la
part de l'Opposition qui disait que l'on était en train d'orienter la
recherche dans les universités et que le soin de gérer le
programme d'actions structurantes devrait être davantage laissé,
par exemple, au Fonds FCAR. Est-ce que le ministre a envisagé cette
possibilité de laisser à un organisme un peu plus neutre le choix
des prochaines équipes de même que celui des subventions qui
seront accordées au Fonds FCAR?
M. Ryan: Regardez, je pense qu'il faudrait distinguer deux choses
ici. Quand nous avions fait la critique du gouvernement au sujet du programme
des actions structurantes, je n'avais pas manifesté d'inquiétude
particulière quant au danger que le ministre lui-même veuille
venir choisir dans la Faculté de médecine celui qui devrait
être l'objet d'une aide financière. La critique avait porté
sur ceci: C'est que, normalement, un programme comme celui-là aurait
dû être institué sous l'égide du Fonds FCAR, comme on
l'appelait à l'époque. Le gouvernement avait décidé
de le faire directement sous son égide à lui. Nous avions dit:
Mais c'est une manière, en même temps qu'on pratique les
compressions, d'infléchir
les décisions des universités dans tel et tel sens et pour
le gouvernement de s'ingérer pas mal directement dans les
décisions de développements prioritaires que prendront les
universités.
Je constate après coup que le choix des équipes
bénéficiaires de subventions s'est fait suivant des conditions
qui sont satisfaisantes pour moi, c'est-à-dire qu'on forme des
comités de sélection, formés d'experts choisis à
l'extérieur du gouvernement, de manière à assurer qu'un
choix objectif et impartial sera fait. Je n'ai pas entendu de critique quant
à l'impartialité des choix qui ont été faits
jusqu'à maintenant. De ce point de vue, tant mieux! J'ai constaté
que le Fonds FCAR et le Conseil des universités ont été
invités à participer à ce travail. Par conséquent,
une des inquiétudes que nous avions a été
considérablement atténuée.
Pour l'avenir je crois que, là, il y a un problème de
redéfinition des interventions. On ne peut pas continuer des programmes
comme celui-là sous l'autorité immédiate et directe du
ministre. Il faut qu'on trouve un moyen d'intégrer davantage les
organismes subventionnaires et qu'on tienne compte davantage du Conseil des
universités. Comme vous le savez le programme avait été
lancé par un ancien ministre sans même que le Conseil des
universités ait été consulté alors même qu'on
était en pleine période de compressions en profondeur, beaucoup
plus coupantes que celles d'aujourd'hui; le ministre était venu un beau
jour de décembre, si mes souvenirs sont bons, annoncer ce programme.
Personne n'était au courant et personne n'avait été
consulté. J'espère qu'on ne fera plus de chose comme
celle-là et qu'on va trouver moyen d'intégrer ce type
d'interventions à l'intérieur de l'économie des fonctions
confiées à la fois au ministère et aux organismes
subven-tionnaires et consultatifs.
Mme Blackburn: Le ministre admet quand même que les choix
étaient bons puisqu'il poursuit l'oeuvre amorcée par son
prédécesseur.
M. Ryan: Oui.
Mme Blackburn: Je laisserais le...
M. Ryan: Regardez, M. le Président, c'est vrai, mais cela
n'élimine pas la difficulté fondamentale que nous avions
soulignée, loin de là!
M. Jolivet: M. le Président...
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: ...contrairement à ce que les gens pensaient
de l'autre côté, que je n'avais rien à dire parce que
j'avais laissé parler ma collègue qui est la critique officielle
du Parti québécois sur la question des crédits
postsecondaires et universitaires, j'ai des choses à dire. Cependant, je
serai bref. J'ai des réflexions et peut-être une question, si le
ministre juge que ça vaut la peine d'y répondre. D'abord, en ce
qui touche la question de la continuité des programmes au fonds des
parties structurantes. Quand le ministre dit qu'effectivement on avait
prévu des montants d'argent à long terme dans un plan et qu'il ne
fait que continuer l'oeuvre, il est évident qu'on ne voulait en aucune
façon se féliciter de l'avoir fait, quelles que soient les
difficultées qui peuvent survenir. Dans ce sens, donc, je crois
comprendre que le ministre n'a pas à se vanter, d'une certaine
façon, des montants d'argent qui sont là. C'est parce qu'ils
étaient prévus dans le plan.
D'un autre côté, il parle du plan d'équipements. Il
en a fait mention au chapitre scolaire et à d'autres chapitres. Je dois
dire que quand on a un plan quinquennal, on a un plan quinquennal et on essaie
de le poursuivre, d'année en année, à partir des
priorités qui ont été établies par le
ministère à la suite des consultations qui ont été
faites. Donc, il n'a pas à nous accuser d'avoir prévu, pour
l'année qui vient, des choses pour lesquelles il nous dit, actuellement,
autant sur le plan universitaire et collégial que pour le primaire et le
secondaire, qu'il a l'intention de les regarder à sa façon et de
les changer, si c'est nécessaire, selon les budgets qui lui sont
accordés par le Conseil du trésor. Je ne vois pas pourquoi il
s'offusque qu'on ait placé et prévu des investissements à
long terme. S'il y a un plan quinquennal, il y a un plan quinquennal. Sinon,
cela ne sert à rien de faire des plans quinquennaux. Aussi bien dire
qu'on a des plans qu'on révise annuellement.
Dans ce contexte, à mon avis, il est encore dans la partie
critique de l'Opposition de l'époque. Il devrait maintenant passer
à l'action et arrêter de dire qu'un gouvernement agit normalement
en prévoyant. Dans ce sens, il va agir de la même façon
dans les années qui viennent. On va avoir à critiquer,
peut-être, les choix qu'il va faire. Mais il y aura aussi un plan
quinquennal à prévoir. Des montants d'argent seront prévus
pour les années à venir et il y aura un changement de
gouvernement et l'autre gouvernement sera pris avec des décisions qu'il
aura prises comme ministre ou que son gouvernement aura prises. Mais d'une
façon ou d'une autre, c'est la logique même d'un plan
quinquennal.
Je voudrais revenir une dernière fois sur la critique du ministre
se pensant toujours dans l'Opposition. Il dit: Le gouvernement antérieur
a adopté une loi sur
l'âge de la retraite. J'en conviens avec lui. La proposition que
nous ' avions faite, à l'époque, permettait à des gens qui
avaient 65 ans et plus de ne pas Être, d'une certaine façon,
pénalisés à cause de l'âge qui n'est plus un
critère justifiant la mise à la porte ou la mise à la
retraite. On a permis à des gens de pouvoir continuer à
travailler tout en profitant du régime de rentes du Québec.
Cependant, il oublie de dire qu'il y a une deuxième loi qui a aussi
été adoptée. Celle-ci permettait à ceux qui, avant
l'âge de 65 ans, voulaient prendre leur retraite, de le faire. On a
essayé de négocier avec le fédéral cette
possibilité au chapitre du régime de retraite du
fédéral. Le Québec a été obligé de le
faire seul par le régime des rentes. On a permis à une personne
d'accéder à la retraite dans les conditions qu'elle désire
et au moment où elle le désire, en-deçà de
l'âge de 65 ans, selon les principes prévus par la loi
adoptée. Donc, il y a deux lois qui donnaient des effets
différents. Le ministre dit: On a adopté une de ces lois qui
permet à quelqu'un de 65 ans et plus de pouvoir continuer à
travailler et de recevoir les prestations de la Régie des rentes. Est-ce
que le ministre peut me dire -peut-être qu'il ne l'a pas aujourd'hui, il
me le fournira plus tard - dans le passé, quels sont les gens qui,
obligatoirement, prenaient leur retraite à 65 ans? Dans certains cas,
des gens pouvaient même continuer parce que le patron le permettait. Il
n'y avait pas une obligation au point de dire: S'il a 65 ans, il doit
arrêter de travailler. Est-ce que le ministre peut me fournir le nombre,
du côté universitaire en particulier, de gens qui, malgré
l'âge de 65 ans, continuent à travailler? Quelle a
été la recrudescence par rapport à l'augmentation
prévue à la suite de la loi qu'on a adoptée? En plus de
cela, aussi, quelle a été la contrepartie de ceux qui ont pris
une retraite plus rapide compte tenu de la deuxième loi? Peut-être
que la façon dont il nous répond serait différente si on
connaissait ces chiffres sur la moyenne d'âge au niveau universitaire. Il
ne pourrait plus simplement accuser l'ancien gouvernement d'avoir permis
à des gens de continuer à travailler tout en recevant les
prestations de la Régie des rentes après 65 ans. Je pense que ce
serait plus logique de sa part que de continuer à être dans
l'Opposition. (11 h 15)
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Je n'ai pas les chiffres, ce matin. Je vais demander
qu'on les collige et qu'on les mette à la disposition du
député dès qu'ils seront prêts.
Mais je voudrais lui dire que, a priori, je ne pense pas me tromper
beaucoup en lui disant que la proportion de ceux qui seront attirés par
la perspective de rester plus longtemps salariés au salaire d'un
professeur d'université sera probablement plus élevée que
la proportion de ceux qui seront attirés par la retraite
prématurée au taux du régime de rentes du Québec.
Je pense que le député de Laviolette, avec son gros bon sens
très bien connu, va facilement convenir avec moi de la
probabilité de ce raisonnement. Mais on vérifiera avec les
statistiques et il me fera plaisir de rectifier mon tir, si mes pronostics
étaient erronés.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Avant de donner la parole à un autre intervenant, je voulais
rappeler aux membres de la commission que, normalement, nos travaux devraient
se terminer à 11 h 30. Mais j'informe les membres de la commission que
nous accusons un retard d'environ 50 minutes. Je sollicite la permission des
membres des deux côtés de la commission pour poursuivre nos
travaux jusqu'à 12 h 20.
M. Jolivet: Accordé.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce qu'il y a
consentement?
Mme Blackburn: Accordé. M. Jolivet:
Accordé.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Du
côté ministériel, est-ce qu'il y a consentement?
Des voix: Consentement.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, nous
continuerons nos travaux jusqu'à 12 h 20, ce qui mettra fin à
l'étude des crédits du ministère de l'Éducation, de
l'Enseignement supérieur et de la Science. Je reconnais maintenant le
député de Richelieu.
M. Khelfa: Merci, M. le Président. J'aurais une question
à adresser au ministre, au chapitre de l'âge des professeurs
d'universités. On dit que la moyenne d'âge est plus
élevée dans nos universités québécoises.
Est-ce que la moyenne d'âge élevée affecte la
qualité de l'enseignement dans nos universités?
M. Ryan: C'est parce qu'on dit que la période de
productivité au point de vue de la recherche n'est pas illimitée.
La période de productivité est plus forte quand le professeur
arrive à la maturité et jusqu'à un certain âge. Il
paraît qu'à partir d'un certain âge, la productivité
est moins forte. Il y a beaucoup d'exceptions à cette constatation
soi-disant une observation commune. Mais d'après les données que
nous avons, à partir d'un certain âge, la productivité, en
matière de recherche créatrice surtout, tend à
diminuer.
M. Khelfa: Est-ce que cela a trait à l'âge ou au
nombre d'années d'expérience?
M. Ryan: Je croyais que les deux allaient pas mal ensemble. Je
croyais, quand on acquérait une année d'expérience, que
l'on vieillissait aussi d'une année.
M. Khelfa: Ce n'est pas comme en politique. Malheureusement, le
député de Laviolette n'est pas là. Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce que vous
avez terminé, M. le député de Richelieu?
M. Khelfa: Oui.
Le Président (M- Parent, Sauvé): Merci. Je
reconnais Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackbum: Ce n'est pas une question; c'est simplement un
commentaire. On pourra adopter le programme 6 ensuite. Je vois qu'il y a des
gens qui sont venus pour qu'on discute aussi un peu d'autres dossiers comme le
Fonds FCAR et le Conseil consultatif.
Le Président (M. Parent, Sauvé):
D'accord. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur le programme
6?
Mme Blackburn: Une dernière, si vous permettez.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui, madame.
Les politiques fédérales
Mme Blackburn: Cela concerne toute la question du financement,
enfin les politiques fédérales en matière de
péréquation. Je sais et vous avez fait état à la
fois des inquiétudes et de l'intention que vous aviez de
défendre, avec la vigueur qu'on vous connaît, la quote-part de la
province de Québec en matière d'enseignement supérieur. On
connaît et on a dénoncé depuis fort longtemps... Je pense
qu'il faut se rappeler là-dessus que l'actuel ministre partageait en
partie, à tout le moins, les positions prises par le gouvernement du
Québec en matière de transferts et dénonçait ce
qu'il qualifiait d'ingérence du gouvernement fédéral en
matière d'enseignement supérieur. Il y a eu beaucoup de choses de
dites là-dessus et je ne voudrais pas que l'on pense que parce que
l'Opposition ne s'attarde pas davantage à cette question, que nous n'en
sommes pas pour autant préoccupés. J'espère que puisqu'il
y aura des négociations constitutionnelles, qu'on parlera de la "clause
Canada", particulièrement de la loi 101, qu'on renégociera
certaines modifications - je pense en particulier le droit d'établir des
commissions scolaires linguistiques - que l'on pourra un peu contrer cette loi
C-96 qui a été adoptée, et dont on a connu les principales
orientations tout récemment. Que l'on ne se retrouvera pas
pénalisés au Québec, ce qui viendrait confirmer ce que
l'on disait souvent: le doute que l'on avait à l'endroit de ce
fédéralisme rentable. J'espère que l'on pourra nous
prouver que ce n'est pas le cas et que le gouvernement - cela reste à
vérifier et à prouver - estime être un bon
négociateur. J'espère et je lui souhaite beaucoup de
succès dans cette négociation. Alors, pour ma part, j'aurais
terminé sur le programme 6.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre,
vous voulez réagir?
M. Ryan: Oui. Je voudrais dire un petit mot sur l'intervention
que vient de faire la députée de Chicoutimi. Elle
s'inquiète de la rentabilité du fédéralisme. Elle a
peut-être raison de s'inquiéter de ce que le
fédéralisme soit devenu un peu moins rentable depuis que l'on a
à Ottawa un gouvernement qui a été élu avec l'appui
du Parti québécois.
M. Jolivet: Ce n'est pas une intervention cela?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Aviez-vous
terminé, M. le ministre?
M. Ryan: Non, non.
M. Jolivet: II a mal commencé.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Un instant, s'il
vous plaît!
M. Ryan: C'était évidemment une remarque...
Le Président (M. Parent, Sauvé): C'est que vous
avez fait une pause, M. le ministre, et j'ai cru que vous aviez terminé,
mais je vous reconnais quand même.
M. Ryan: Non, c'était une introduction qui demandait un
certain temps de réflexion pour l'Opposition.
Le Président (M. Parent, Sauvé): À la longue
je vais m'habituer à votre rythme.
M. Ryan: Je continue. C'est absolument vrai que, en
matière de paiements de péréquation, les politiques du
gouvernement fédéral actuel prolongent celles qui avaient
été retenues par le gouvernement libéral
précédent et les aggravent d'un certain point
de vue, surtout avec C-96 dont a parlé la députée
de Chicoutimu
Le ministre des Finances a souligné ce phénomène
dans sa présentation de la situation financière du Québec.
Je suis sûr, sans être dans les secrets des dieux, qu'il va y
revenir à l'occasion de son discours sur le budget plus tard cette
semaine.
M. Jolivet: Ou la semaine prochaine.
M. Ryan: Ou la semaine prochaine; quand nous aurons la date
précise...
Mme Blackburn: Sinon, il va falloir...
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît!
M. Ryan: On laisse cela aux stratèges politiques. Nous, on
s'occupe d'éducation.
M. Jolivet: Cela ne paraissait pas tout à l'heure, au
début de l'intervention.
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît, M. le député de Laviolettel Cela a bien
été depuis le début, continuons.
M. Ryan: Je veux vous assurer que nous avons l'oeil au grain.
Déjà, de concert avec les ministres de l'Éducation des
autres provinces, je suis intervenu à une couple de reprises
auprès du gouvernement fédéral pour souligner nos
très vives inquiétudes à ce sujet. Je veux vous assurer
que d'autres interventions seront faites au cours des prochaines semaines pour
assurer que toutes les représentations auront été soumises
au gouvernement fédéral afin de l'amener à réviser
sa position.
J'ai toujours soutenu - je suis fort à l'aise pour en parler de
nouveau aujourd'hui -que même si l'éducation est la
compétence exclusive des provinces, il est impensable que l'enseignement
supérieur puisse se développer au Canada sans une participation
financière importante du gouvernement fédéral. Les
universités font tellement partie du tissu de la vie sociale,
économique, culturelle, scientifique canadienne, qu'il est impossible
pour le gouvernement fédéral de s'acquitter convenablement de ses
responsabilités si les universités ne fonctionnent pas à
un niveau d'excellence très élevé.
Il est reconnu depuis de nombreuses années, à cause de
cela, qu'une participation financière du Parlement fédéral
est nécessaire. Il s'agit d'en aménager les modalités de
façon à protéger intégralement la compétence
souveraine des provinces en ce qui concerne l'organisation de l'enseignement et
de la recherche universitaire, la dispensation de l'enseignement et, surtout,
la qualité de l'enseignement.
Il y a un gros problème qui se profile à l'horizon, je
voudrais en dire un petit mot parce que c'est très rare que nous ayons
l'occasion de discuter ces questions. Le gouvernement fédéral
verse des sommes aux provinces en vertu de la formule qu'on appelle le "block
funding". Ces sommes sont versées aux provinces, elles s'en vont dans le
fonds consolidé du revenu des provinces et elles peuvent être
affectées à n'importe quel objet sans qu'on puisse
vérifier si elles sont employées pour les fins pour lesquelles
elles furent versées.
Il est arrivé que, d'après des études du
gouvernement fédéral, tandis que le Québec accordait aux
universités une part de ces ressources bien supérieure à
ce qu'elles touchent en subventions fédérales, dans d'autres
provinces on versait moins aux universités que ce que l'on recevait. Les
gens se sont dit, du côté du gouvernement fédéral -
je pense qu'on peut comprendre cette question, on peut comprendre qu'elle ait
surgi dans les esprits - ils se sont dit: comment pourrait-on arriver à
obtenir des assurances que les fonds qui sont orientés vers les
provinces pour le développement de l'enseignement universitaire
serviront à cette fin-là? II y avait des protestations. Imaginez
des provinces comme la Colombie britannique, qui était l'une des
principales provinces en faute de ce côté-là. Les
professeurs et les recteurs des universités de Colombie britannique
faisaient des interventions auprès de leurs députés
fédéraux. Ils disaient: il y a des fonds du gouvernement
fédéral qui viennent à Victoria, mais ils ne servent pas
pour le fonctionnement et le développement des universités. Les
hommes et les femmes politiques fédéraux se disent: qu'est-ce
qu'on va faire face à cela? C'est une question qui n'est pas
résolue, pour l'instant. Une question qui demeure suspendue dans l'air
et à laquelle, nous, de notre côté, sommes disposés
à chercher des réponses honorables.
Un exemple de réponse a été donnée dans le
domaine de l'assurance-maladie. Quand on a fait la Loi de l'assurance-maladie,
à Ottawa, on a établi 4 ou 5 normes nationales, je ne m'en
souviens pas, moyennant le respect desquelles une province est autorisée
à participer au régime. Dans le domaine de l'enseignement
post-secondaire, on n'a rien de ce point de vue. Il y a peut-être des
normes qu'on pourrait chercher, honnêtement, de bonne foi, sans agiter
toujours l'épouvantail de l'assimilation ou de la domination, etc. de
bonne foi, comme Canadiens voulant que des ressources accrues de la
communauté servent pour le fonctionnement et le développement des
universités. (11 h 30)
Nous n'avons pas commencé encore des conversations. Cela fera
partie de la stratégie générale du gouvernement dans ses
relations avec le gouvernement fédéral. En
tant que ministre de l'Enseignement supérieur et de la Science,
je n'ai pas l'esprit fermé à des discussions comme
celles-là qui permettront d'assurer que, dans le plein respect de la
compétence propre de chaque ordre de gouvernement, nous puissions nous
fournir mutuellement des assurances plus sérieuses quant à la
destination des fonds en question et quant à l'usage qui en sera fait
pour l'amélioration de l'enseignement et la recherche universitaire dans
chacune des provinces. C'est une question extrêmement importante et qui
se profile à l'horizon. Et je veux vous assurer, M. le Président,
que le gouvernement se prépare à continuer de manière
vigoureuse les interventions qu'il a déjà faites dans ce domaine,
dans le but à la fois de défendre notre souveraineté
propre en matière universitaire et collégiale et d'obtenir que le
Parlement fédéral consacre à l'enseignement
post-secondaire une part plus élevée de ressources que celle
qu'il est disposé à y affecter actuellement.
Je voudrais compléter cet exposé en rappelant... Il y en a
qui disent: nos collèges et nos universités c'est financé
par Ottawa, c'est financé par le gouvernement fédéral. Ce
n'est pas vrai. La part du financement global de nos collèges et de nos
universités, tout compte fait, qui vient des subventions
fédérales de péréquation c'est à peu
près 20 %. Il faudrait ajouter à cela, pour être
honnête, la part qui nous vient des points d'impôt que nous avons
récupérés à Québec, mais que nous avons
récupérés avec le consentement d'Ottawa, qui pourrait
toujours les reprendre s'il le voulait. Ce sont des consentements qui sont
quand même permanents. Nous considérons que c'est à nous,
nous avons raison. Eux considèrent que c'est une concession qu'ils ont
faite, c'est une position qui se défend également. Abstraction
faite de cela, les paiements de péréquation c'est 20 %: c'est
beaucoup, mais de là à dire qu'on dépend exclusivement des
subventions fédérales, je pense qu'il y a une marge qu'on ne
devrait pas franchir.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce qu'il y a
d'autres interventions sur le programme 6.
Mme Blackburn: Oui.
Le Président (M. Parent, Sauvé):
Madame.
Mme Blackburn: Je dois dire que j'apprécie la
précision du ministre à l'effet que les mesures adoptées
par Ottawa récemment ont d'abord été appliquées
sous le gouvernement libéral. Et je voudrais l'assurer que c'est
vraiment en toute sincérité que je souhaite bonne chance au
ministre dans ses négociations, même si cela devait nous faire la
preuve que le fédéralisme peut, à l'occasion, être
rentable.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Autres
interventions pertinentes au programme 6 du ministère de l'Enseignement
supérieur et de la Science?
Mme Blackburn: Adopté sur division.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce que le
programme 6 du ministère de l'Éducation, de l'Enseignement
supérieur et de la Science est adopté?
M. Jolivet: Sur division.
Fonds pour la formation des chercheurs et l'aide
à la recherche
Le Président (M. Parent, Sauvé): Adopté sur
division. Nous procédons immédiatement à l'examen des
crédits du programme 7.
Mme Blackburn: Formation de chercheurs et action
concertée.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: M. le Président, vous me permettrez d'abord
de saluer la présidente du fonds, Mme Quérido, et peut-être
à l'avance de nous excuser du peu de temps finalement qui va être
consacré à l'étude de son budget, budget de la FCAR. Comme
j'ai déjà eu, par expérience, l'occasion de vivre des
situations assez comparables, on est toujours un peu, beaucoup
déçu du peu de temps que les commissions parlementaires
consacrent à l'examen des différents organismes reliés au
ministre de l'Education et de l'Enseignement supérieur. Je voudrais
l'assurer que ce n'est pas par manque d'intérêt; c'est davantage
par manque de temps et aussi parce que vous comprendrez certainement
très facilement que lorsqu'on examine les budgets de l'Éducation,
de l'Enseignement supérieur et de la Science, cela comporte des
décisions fort importantes et très nombreuses.
J'ai fait un peu état tantôt du fait que l'Opposition
estimait que ce qui concernait la recherche, particulièrement le
programme d'actions structurantes aurait dû être confié
à la FCAR. On a eu la réponse du ministre.
Ce que l'on constate dans votre budget, c'est l'abolition du programme
d'aide à l'édition de manuels. Alors, j'aimerais peut-être
que l'on m'explique un peu quelles ont été les principales
actions l'an passé et quels groupes vont particulièrement
être touchés par l'abolition de ce programme.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre de
l'Éducation, de l'Enseignement supérieur et de la Science.
M. Ryan: M. le Président, puisque la question de la
députée de Chicoutimi porte sur des faits qui se sont produits au
cours de la dernière année, je ne sais pas si vous auriez
objection à ce que j'invite Mme la présidente du Fonds FCAR, Mme
Quérido, à répondre à cette question. Je voudrais
en même temps lui souhaiter la bienvenue et exprimer mon
appréciation pour l'excellent travail qu'elle accomplit dans cette
fonction qu'elle occupe.
Le Président (M. Parent, Sauvé): J'ai besoin du
consentement des deux côtés pour écouter Mme
Quérido.
M. Jolivet: Consentement.
Le Président (M. Parent, Sauvé):
Madame, nous vous écoutons.
Mme Quérido (Christiane): Mme la députée m'a
demandé une question concernant le programme d'aide à
l'édition de manuels du premier cycle, lequel était en vigueur
depuis huit ans au ministère et a été administré
par le Fonds FCAR depuis 1981.
Ce programme avait pour objectif de fournir au milieu universitaire, et
surtout pour l'enseignement de premier cycle, des manuels de langue
française dans des secteurs jugés prioritaires où les
manuels en langue française étaient moins disponibles. Ce
programme avait une enveloppe de 273 000 $ par année. Bon an, mal an, il
permettait de publier une vingtaine ou une trentaine d'ouvrages dans le
secteur. Nous avons appris que ce programme était aboli cette
année au moment où le concours pour l'année 1986-1987 se
déroulait. Nous avons donc dû arrêter les comités
d'évaluation et faire le bilan du programme, c'est-à-dire des
engagements qui avaient déjà été pris,
considérant des manuels en voie d'édition, etc.
Vous m'avez demandé les conséquences de l'arrêt de
ce programme. Je crois que nous faisons faire maintenant un bilan
général de ce programme, de son impact et un peu des malaises que
peut susciter sa disparition. Il faut dire que c'était un programme
modeste quant à l'enveloppe budgétaire par rapport aux effets
anticipés et aux effets escomptés. Que l'on pense surtout
à des secteurs comme la chimie, la physique et les sciences naturelles
où la documentation en langue anglaise à ce jour est très
abondante. Ce n'est pas avec un programme de cette enveloppe que nous pouvions
véritablement avoir un impact pour offrir dans des secteurs de sciences
naturelles en particulier une documentation de premier cycle suffisamment
abondante pour que nous puissions affirmer que tes étudiants disposent
de références pédagogiques suffisantes en français.
Je crois qu'il y avait déjà un problème quant à
l'enveloppe par rapport à des objectifs qui étaient des objectifs
très louables mais il y avait une disproportion. Ce que nous voyions
depuis quelques années, c'était que finalement peu de demandes de
manuels nous venaient des secteurs vraiment prioritaires et de plus en plus de
demandes nous venaient des secteurs moins prioritaires comme les
humanités ou les lettres où la documentation en langue
française est déjà assez abondante. Donc, je crois que la
décision de mettre un terme à ce programme provenait de la
pertinence de ce programme, peut-être pas de la pertinence de ses
objectifs globaux, mais de la pertinence de ce programme, eu égard aux
moyens financiers dont il disposait.
Mme Blackburn: Si je comprends bien la présidente, c'est
que le programme pouvait être pertinent sauf que les budgets
alloués étaient insufîssants, somme toute, on dit:
Plutôt que de ne pas en avoir assez, on est mieux de ne pas en avoir du
tout. Est-ce que j'exagère un peu?
Mme Quérido: Je pense que de pouvoir avoir l'objectif, au
moment où on l'a eu, d'offrir aux étudiants de premier cycle
à l'université une littérature de langue française,
c'est en soi un objectif pertinent. Mais, dans le contexte
nord-américain et dans certains secteurs, pour atteindre cet objectif, -
si c'était un objectif qu'on voulait maintenir - il se peut qu'il faille
le repenser par des moyens totalement autres que le programme qui existait.
Mme Blackburn: Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Un instant,
madame. M. le ministre.
M. Ryan: Oui, sur ce point, je suis content de la réponse
qui a été donnée par la présidente du Fonds FCAR,
parce que je ne voudrais pas que la députée de Chicoutimi
s'imagine un instant que nous allons investir des fortunes à traduire
tous les ouvrages en langue anglaise dont ont besoin nos étudiants
d'université. Il faudra qu'ils apprennent à les lire en anglais
la plupart du temps. Il y en a trop dans chaque discipline. Le gros de la
production, aujourd'hui, est en langue anglaise, dans la plupart des grandes
disciplines scientifiques.
On avait laissé entrevoir, il y a une dizaine d'années, un
rêve purement mythologique, à mon point de vue, que l'on pourrait
traduire tout cela en français pour nos étudiants
d'université. C'est vraiment sombrer dans le rêve. Je pense qu'il
faut se mettre les pieds à terre solidement et se dire qu'il y a
quelques ouvrages de qualité tout à fait exceptionnelle dont on
pourra peut-être aider la publication en français
mais, sauf pour des cas exceptionnels, ce n'est pas une politique que le
ministre actuel entendra favoriser au niveau universitaire. Il y a des moyens
beaucoup plus judicieux que celui-là d'employer les ressources
limitées dont nous disposons.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée.
Mme Blackburn: Autant on peut être d'accord avec le
ministre, lorsqu'on parle de traduction de manuels en sciences ou d'ouvrages
scientifiques en science de la nature, lorsqu'il s'agit de sciences humaines
cependant, on comprendra que, même en lisant relativement bien l'anglais,
il y a une structure, une compréhension de texte qui est variable.
C'est votre décision mais j'espère qu'à terme,
d'ici à quelques années, ce n'est pas quelque chose que l'on
déplorera et qu'on ne se retrouvera pas devant un retard même
mineur mais que nous serons obligés de rattraper au cours des
années suivantes.
Le fonds a procédé, en 1985-1986, à
l'évaluation de deux programmes principaux: Équipes et
séminaires; bourses d'études de l'enseignement supérieur.
Ces deux programmes représentent les deux tiers des crédits
à eux seuls. On a retrouvé le bilan dans le plan de
développement de 1986-1989. Je me demandais si vous pouviez nous envoyer
des copies de ces travaux?
Mme Quérido: Vous faites référence au plan
que le fonds a déposé en septembre dernier?
Mme Blackburn: ...en commission. Mme Quérido:
D'accord.
Mme Blackburn: Est-ce que, à la FCAR, les équipes
de recherche ou les chercheurs qui sont actuellement dans les
collèges... Quelle est la portion de votre budget? Si je me souviens
bien, au moment où on a créé la FCAC, qui est devenue la
FCAR, il y avait ce que l'on appelait le volet émergence de la recherche
en enseignement collégial. Cela a été prolongé
d'une année ou deux et actuellement j'imagine que ce volet n'existe
plus, mais est-ce que la pratique est demeurée? Est-ce que l'on
retrouve...
Mme Quérido: Le programme AXEIR, qui est le programme pour
la recherche dans les collèges et pour les chercheurs sans affiliation
institutionnelle, avait originairement été mis en route pour une
période de trois ans. Ensuite, il y a eu une prolongation de deux ans
parce que les intervenants, à la fois ceux du collégial, le
ministère et le fonds, considéraient que c'était une
période trop courte pour voir vraiment l'impact de ce programme. Il est
à la fin de sa cinquième année et actuellement nous
procédons à un bilan général de ce programme. Les
conseils et les fédérations des collèges ont aussi une
réflexion sur le devenir de la recherche et de la politique globale de
la recherche dans les collèges. Cette année devra être une
année de décisions à la fois par rapport au devenir de ce
programme et, je dirais, pour la politique générale de la
recherche dans les collèges, y compris les nouvelles interventions et
les nouveaux secteurs des sciences spécialisées et
technologiques. (11 h 45)
Mme Blackburn: Bien.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, madame. Y
a-t-il d'autres interventions sur le programme?
Mme Blackburn: J'ai terminé pour ma part, parce qu'il nous
reste encore les conseils consultatifs et l'Office des professions.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Vous avez
terminé? M. le ministre? Excusez-moi.
M. Ryan: Oui, M. le Président. Je voudrais dire un mot,
avant que l'on quitte ce sujet, pour souligner que le gouvernement attache une
très grande importance au maintien d'un organisme subventionnaire qui
fonctionne, pour employer une expression familière, "at arm's length",
à une certaine distance du gouvernement, qui puisse par
conséquent procéder à l'attribution de subventions
destinées à la recherche et à l'activité
universitaire dans un climat d'indépendance ou d'impartialité
hautement souhaitable.
Des ajustements ont déjà été faits à
la FCAR à la suite de l'adoption de la loi qui créait le
ministère de l'Enseignement supérieur et de la Technologie,
surtout quand on a créé le ministère de la Science et de
la Technologie. D'autres ajustements s'imposeront peut-être, mais nous
les ferons en tenant compte de cette considération fondamentale que j'ai
énoncée à savoir que nous tenons au maintien d'un
organisme de ce type.
Cette année, vous remarquez que le budget de l'organisme demeure
stationnaire, nous le maintenons au même niveau. C'est à la fois
en raison des circonstances financières que nous connaissons et,
deuxièmement, parce que le fonds lui-même a préparé
un plan triennal d'action qui doit faire l'objet d'un examen attentif au cours
des semaines à venir. Il est actuellement à l'examen au Conseil
des universités. Nous-mêmes en avons été saisis et
je n'ai pas eu personnellement le temps de l'examiner
encore. Je veux que le Conseil des universités fasse son travail.
Je ne veux pas le devancer là-dedans.
Le plan triennal, je veux en assurer Mme la présidente, sera
l'objet d'un examen très attentif et au terme de cet examen, nous serons
heureux de vous faire part de nos conclusions. J'espère que nous
pourrons compter longtemps sur votre collaboration. Merci beaucoup.
Mme Blackburn: Peut-être une dernière petite
intervention. Je me demandais si, finalement... Cela me rassure d'entendre le
ministre nous affirmer qu'il estimait le travail fait par cet organisme. Je
semble devoir comprendre qu'il n'a pas l'intention d'en revoir la structure ou
de l'abolir.
Je signalais tantôt qu'on a cette surprenante habitude, depuis
quelques mois, de faire annoncer des décisions qui touchent
différents ministères par le président du Conseil du
trésor. Il ne l'a pas dit en Chambre, il ne l'a pas dit aux
universités, il l'a dit aux administrateurs à l'occasion d'une
réunion de l'Association canadienne des conseillers en administration,
pas la semaine dernière, l'autre semaine. C'est la tribune qu'il a
choisie pour annoncer qu'il avait constaté que la multiplicité
des structures en recherche tant pour l'octoi de subventions que pour
l'exercice direct de la recherche le surprenait. J'en passe un peu. Il dit: "II
y a lieu de procéder là aussi à une réorganisation
majeure et à un réexamen de nos priorités." Tout cela
annoncé par le président du Conseil du trésor. Je me
demandais si le ministre était associé à la
déclaration et s'il ne l'était pas, s'il le serait aux
négociations qui entoureraient ce réaménagement.
M. Ryan: La députée de Chicoutimi me doit une
fière chandelle d'avoir allumé sa vigilance au moment où
celle-ci allait s'éteindre.
Mme Blackburn: J'ai allumé... Il faudrait
comprendre...
M. Ryan: La députée de Chicoutimi allait passer
à l'autre sujet sans autres considérations tantôt.
N'eût été du signal que je lui ai donné
discrètement de venir à mon secours, elle fût
demeurée silencieuse.
Mme Blackburn: Je me promettais, M. le ministre, d'y revenir,
soyez-en assuré.
M. Ryan: J'ai pris connaissance, avec intérêt, des
propos attribués au président du Conseil du trésor dans
cette allocution dont a fait mention la députée de Chicoutimi.
Comme la députée de Chicoutimi le sait sans doute, le
président du Conseil du trésor préside un comité
qui a été formé par le premier ministre et qui est
chargé de l'examen de l'ensemble des structures gouvernementales, dans
le but de présenter des recommandations qui permettront d'en simplifier
quelque peu l'extrême et impénétrable complexité. Le
président du Conseil du trésor, dans cet esprit, reçoit
des avis d'un peu partout. Il a parlé parfaitement, par
conséquent, dans la ligne d'un mandat qui lui a été
donné, en faisant cette causerie, l'autre jour. Il lui arrive de faire
des suggestions, des recommandations. Il a fait, déjà, des
représentations au cabinet au sujet de changements qui pourraient
être envisagés, éventuellement. Toutes les suggestions
qu'il a faites ont été référées à
chaque ministre compétent pour que celui-ci les examine et fasse,
à son tour, rapport au gouvernement. C'est un processus qui est en
cours, actuellement.
Vous aurez remarqué que, quand j'ai parlé tantôt du
Fonds FCAR, j'ai dit: II se pourrait que des ajustements soient
nécessaires. Nous n'excluons pas, a priori, la possibilité
d'ajustements qui pourraient être inspirés d'un souci de plus
grande rationalité. Mais, sur le fond, sur le principe d'un organisme
subventionnaire, fonctionnant "at arms length, from the Minister", je suis en
mesure de vous dire que ce sont des positions de fond qui ne seront point
altérées. Pour le reste, on regarde toutes ces choses. Je pense
que c'est très bon qu'un regard frais soit posé sur les
structures gouvernementales et que nous arrivions à un nouvel
équilibre en commettant, ici ou là, parfois, certains
excès de langage qui ne resteront heureusement pas dans les structures,
à chaque fois.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce qu'il y a
d'autres interventions sur le programme 7 du ministère de l'Enseignement
supérieur et de la Science? Ce programme est-il adopté?
Mme Blackburn: Sur division.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Adopté sur
division. Mme Quérido, nous vous remercions beaucoup.
M. Ryan: Ils sont contre la recherche.
Le Président (M. Parent, Sauvé):
Maintenant, nous amorçons l'étude du programme 8 du
même ministère.
Organisation et réglementation des
professions
Mme Blackburn: Peut-être que, pour l'amorcer, je
reprendrais les propos du ministre qui disait que, effectivement, il
s'était doté d'un comité de sages et de
bénévoles qui a comme mandat particulier de réexaminer les
structures... Je m'excuse,
peut-être avant de poursuivre. Est-ce que c'est le
programme...
Le Président (M. Parent, Sauvé): C'est le programme
8.
Mme Blackburn: C'est celui de l'office. Donc, je reviendrai et on
reviendra sur le rôle dévolu à ce comité de
bénévoles.
Office des professions
Je voudrais saluer le président de l'Office des professions, lui
dire qu'on est heureux de le voir là et peut-être faire un peu ce
que j'ai fait tout à l'heure avec la présidente du Fonds FCAR,
lui demander de nous excuser du peu de temps, finalement, qu'on pourra
consacrer à l'étude du dossier de l'Office des professions. J'ai
pris connaissance avec beaucoup d'intérêt du document que vous
nous avez fourni pour la défense des crédits 1986-1987, qui, je
pense, a cette qualité qu'il nous fait faire rapidement le tour à
la fois de la loi et du mandat de l'office, de même que de ses travaux et
de ses principales orientations pour l'année qui se termine et celle qui
débute. Je ne doute pas que l'office nous fera parvenir en temps utile
le résultat des différents travaux qui sont actuellement en
cours, tant sur la publicité que sur la tarification des honoraires. Je
vais davantage attacher mes quelques questions autour de ce qui m'est parvenu,
qui n'est pas contenu dans ce rapport mais qui est venu à mes
oreilles.
Peut-être en partant d'abord du budget, je voudrais
vérifier... Je dois dire que je n'ai pas le budget en main, la feuille a
dû glisser dans un autre dossier, mais je sais que l'office avait comme
responsabilité d'administrer une espèce de budget
discrétionnaire qui était généralement
octroyé aux différentes corporations professionnelles pour
surtout faire de la formation. Je pense que le maximum des enveloppes
était de 15 000 $, et cela constituait une enveloppe de quelque 178 000
$ au total. Je me demandais si cette enveloppe était maintenue.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: M. le Président, je salue avec plaisir M.
Desgagné, président de l'Office des professions. Il pourra me
compléter ou me corriger au besoin. Je crois que la
députée de Chicoutimi fait allusion au programme de subventions
aux corporations professionnelles. C'est un programme qui est versé
à certaines corporations qui sont moins anciennes, moins solidement
établies ou composées de membres moins nombreux que d'autres
corporations et qui ont besoin d'un certain supplément financier pour
pouvoir s'acquitter de leur tâche d'intérêt public. Le
rôle des corporations dans notre législation, comme vous le savez,
c'est de veiller à l'intérêt public et de veiller à
ce que la qualité des services rendus aux citoyens par des membres d'une
corporation donnée soit à un niveau conforme aux exigences de la
profession. Il y a certaines associations professionnelles qui n'ont pas les
reins assez solides pour assurer ces fonctions en s'appuyant sur leurs seules
ressources financières. Le gouvernement leur fournit une certaine aide
qui fait partie de ce programme de subventions dont vous parlez et dont le
montant total est d'environ 175 000 $, c'est-à-dire 178 000 $ pour
l'année 1985-1986.
Récemment, nous avons reçu de M. Desgagné une liste
de suggestions concernant les subventions pouvant être accordées
à des corporations pour l'année 1986-1987. Je vous dis en toute
vérité que cette liste nous a été retournée
par le Conseil du trésor avec une demande de plus amples explications
qui lui seront fournies ces jours prochains. Je compte bien qu'après que
des explications requises auront été fournies nous pourrons
très bien continuer ce programme. J'espère vivement que nous
pourrons le continuer parce que des corporations bénéficiaires
reçoivent une aide qui est justifiée à mon point de vue
par l'état de développement où elles se trouvent.
Deuxièmement, j'ai toutes les assurances voulues que la
détermination du montant des subventions et te choix des corporations
bénéficaires sont établis par l'Office des professions
suivant des critères d'impartialité qui nous protègent de
tout soupçon de partisanerie ou d'ingérence. Je pense qu'un
malentendu s'est glissé en cours de route et j'aurais souhaité
pouvoir le corriger avant la séance de ce matin; malheureusement, je
n'en ai pas eu le temps. C'est une chose que nous corrigerons prochainement. Je
ne pense pas qu'il y ait de difficultés.
Mme Blackburn: Si je comprends bien, c'est que, dans
l'hypothèse où le Conseil du trésor estimerait que ce
budget n'est plus justifiable, ça viendrait s'ajouter à la
compression de 5,1 %.
M. Ryan: Je devrais le confesser, madame.
Mme Blackburn: Ce que je retire de cette information, c'est qu'on
est en train déjà d'identifier ce que seront les crédits
périmés tantôt.
M. Ryan: Si Mme la députée de Chicoutimi veut
m'adresser une question en Chambre d'ici une couple de semaines, elle pourra
avoir la réponse à son interrogation. Elle verra que ses craintes
sont souvent très
éloignées de la réalité.
Mme Blackburn: Bien. Je voudrais bien savoir qui le
détient à ce moment-ci. M. le Président, l'autre question
a trait à...
Le Président (M. Parent, Sauvé):
Détient quoi?
Mme Blackburn: L'éclairage céleste.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Chicoutimi.
M. Ryan: Je n'ai pas compris, mais je ris quand même.
Une voix: Les illégaux.
Mme Blackburn: Je connais un peu la procédure de
nomination des présidents ou des présidentes des comités
de discipline. Je sais que ceux qui désirent poser leur candidature sont
invités è le faire par le biais d'une publication. Je pense que
c'est la publication du Barreau. Ensuite, il y a un comité de
sélection. Cette responsabilité a toujours été
laissée à l'Office des professions qui fait des suggestions au
ministre de l'Éducation ou au ministre de l'Enseignement
supérieur et de la Science qui lui suggère des noms de personnes
aptes à occuper ces fonctions. Ce sont des mandats de deux ans. Il y a
40 corporations professionnelles. Généralement, je ne sais pas si
chacune a son comité de discipline, mais je sais que toute la
démarche a été faite et qu'on a informé les
corporations que les nominations ne sauraient tarder. C'était au mois de
novembre. Des gens des corporations sont venus me voir pour me dire:
Écoutez, on n'a pas encore eu de nouvelles de cela et les nominations
tardent. Est-ce qu'on pourrait nous dire ce qui se passe dans ce dossier? (12
heures)
M. Ryan: Volontiers. Quand nous sommes arrivés au pouvoir,
chacun dans son ministère et chacune aussi a constaté qu'on
devait procéder rapidement à des nominations. Au ministère
de l'Enseignement supérieur et de la Science, il y en avait un grand
nombre qui devaient être faites. Alors, on m'a présenté des
listes de toutes sortes au sujet desquelles je me suis interrogé. Je
regardais ces listes et, parfois, j'étais étonné, pas
nécessairement de manière péjorative, parfois de
manière agréable. D'autres fois, je m'inquiétais, je me
disais: Sur quelles bases a-t-on procédé à ce choix? Mon
premier souci a été de vérifier les cas où
j'étais obligé de faire la nomination. Il y a des cas où
j'y suis obligé par la loi. Ce sont des nominations, par exemple,
à des conseils d'administration des cégeps. On dit: II y a deux
membres qui sont choisis par le corps professoral. Quand même cela ne
ferait pas mon affaire, je n'ai qu'une chose à faire, je les nomme.
À moins qu'il n'y ait des délits criminels dont je pourrais les
accuser, je n'ai pas de temps à perdre à faire ces
enquêtes. Alors, il y a toute une série de nominations auxquelles
j'ai procédé de manière, pour ainsi dire, automatique.
C'est le genre de rôle que la loi confie aux ministres. C'est très
intelligent, mais c'est comme cela.
Il y en a d'autres sur lesquels ce n'était pas aussi clair. On
m'a remis toute une liste de noms pour des présidences de comités
de discipline et des présidences de suppléance, également
dans ces comités de discipline. J'ai demandé comment cela
s'était fait. Pour être franc avec vous, je n'étais pas au
courant. On m'a dit: L'office a procédé à des
consultations, il y a eu des affichages. Tout cela a été bien
fait. Voici ce qui en est.
J'ai regardé la loi, puis tout ce qui est écrit dans la
loi, c'est que le gouvernement procède à la nomination des
présidents de comités de discipline. Ils disent que c'est le
gouvernement, non l'office. L'office, quand on veut que ce soit lui, on lui
donne une tâche précise. Les fonctions de l'office sont
définies dans la loi. C'est là une fonction qui relève du
gouvernement. Si le ministre veut consulter l'office, lui donner la charge de
faire les procédures de consultation, il a le droit de le faire. S'il ne
veut pas le faire, c'est son droit le plus strict. Il n'y a rien dans la loi
qui l'oblige à procéder comme cela.
Moi, devant cela, je me suis dit que j'aimerais mieux procéder
autrement. Je n'aime pas qu'on ait délégué cette
chose-là à l'Office des professions. J'ai beaucoup de respect
pour M. Desgagné et pour le travail qu'il accomplit, mais je veux qu'il
fasse le travail que la loi lui confie et non pas celui que le ministre devrait
normalement faire et dont il veut se débarrasser sur lui. Ce n'est pas
cela, l'esprit de la loi.
J'ai regardé des choses. Je me suis aperçu que ces gens
dont le mandat expirait le 31 décembre, leur mandat continue tant qu'ils
n'ont pas été remplacés. Par conséquent, il n'y a
de vacuum nulle part. Mon intention - je vais vous le dire franchement, j'en ai
parlé avec M. Desgagné ces jours derniers - c'est de
procéder moi-même aux consultations qui devront conduire aux
nominations. Je souhaite pouvoir recommander au Conseil exécutif ces
jours prochains, probablement la semaine prochaine, que le mandat de ceux qui
avaient été nommés sous le décret
précédent soit allongé d'un an et qu'ensuite d'autres
nominations soient faites pour le 1er janvier 1987, de manière que tout
le monde soit satisfait et que la loi soit observée comme elle est
écrite.
Mme Blackburn: Si je comprends bien, le travail qui a
été effectué par - je dois dire que vous m'étonnez
- l'Office des professions pour faire des propositions pour la nomination des
présidents de comités de discipline est complètement
réduit à zéro. Cela veut dire aussi que c'était si
urgent qu'on revienne sur cette façon de faire, parce qu'on sait que les
mandats sont échus tous les deux ans, que cela ne pouvait pas attendre
la prochaine nomination. L'urgence était trop grande et la
crédibilité de l'office insuffisante.
M. Ryan: Vous trouvez que... Je m'excuse de vous interrompre, je
vais attendre la fin.
Mme Blackburn; L'urgence était grande qu'on revoie ce
mécanisme. Je ne peux m'expliquer cette urgence que pour deux
raisons: ou on veut intervenir directement sur le choix ou on estime que
l'organisme qui a fait la recommandation n'est pas crédible.
M. Ryan: Madame, j'estimais urgent d'assumer toutes les
responsabilités que me confère la loi, y compris celle-là.
Je l'ai fait sans pour autant porter de jugement sur le travail de l'Office des
professions dans la mesure où il est accompli à
l'intérieur des fonctions que lui attribue la loi.
Mme Blackburn: Donc, le ministre met fin à ce qui
était devenu un peu une tradition, soit de confier à l'office
cette responsabilité. En même temps, le ministre, contrairement
à un discours qu'il nous tient sur la nécessité de faire
faire une certaine démarche de sélection ou d'évaluation
un peu plus loin que des officines politiques, estime que, dans ce cas des
comités de discipline, il est préférable que ce soit fait
directement par le ministre et par son cabinet.
M. Ryan: Par les moyens qu'il jugera appropriés et qui
peuvent être très objectifs aussi.
Mme Blackburn; Une réponse comme celle-là
m'amène à mettre en doute la rigueur qu'on reconnaît
habituellement au ministre. Il y a des moments où cela étonne.
D'ailleurs, ce n'est pas la première fois que j'ai à
m'étonner au cours de cette commission parlementaire des discours
tellement divergents qu'on a entendus alors qu'il était dans
l'Opposition et de ce qu'on entend maintenant qu'il est au pouvoir.
M. Ryan: Sur ce point, c'est un peu comme pour la nomination des
juges. Ce n'est pas le Conseil de la magistrature qui nomme les juges au
Québec. Ce n'est pas le Conseil consultatif de la justice. C'est le
gouvernement sur recommandation du ministre de la Justice. C'est ça qui
va se faire dans ce cas-ci. Ce sera le gouvernement sur recommandation du
ministre de l'Enseignement supérieur et de la Science. C'est une
fonction assimilable à une fonction de magistrature finalement. Ce sont
des présidents de comités de discipline. Je crois que c'est bon
que cela se fasse comme ça. Il y a de très bonnes raisons qui
justifient cette orientation. Je ne voudrais pas créer des cauchemars
dans l'esprit de la députée de Chicoutimi pour une chose qui
redresse tout simplement la situation en parfaite conformité avec la
loi.
Mme Blackburn: Je n'ai jamais, M. le Président,
douté un moment - je connais la loi - que la responsabilité
relevait du ministre titulaire. Cependant, puisque le ministre en fait
état, comme dans le cas des comités de sélection pour la
nomination des juges, c'est apparu au précédent gouvernement
comme une façon de dépolitiser ce genre de nomination.
M. Ryan: Merci.
Mme Blackburn: Cela avait été, d'ailleurs, assez
apprécié de la part des... Après des réserves -
j'en sais quelque chose, j'étais membre du premier comité - cela
avait été apprécié dans le milieu. Sauf que cela
nous indique exactement où s'en va le gouvernement par rapport aux
nominations...
M. Ryan: Cela n'a pas empêché...
Mme Blackburn: ...et aux démotions.
Une dernière question. On connaît la décision, en
tout cas, la directive qui aurait été adressée aux
différents organismes touchant les jetons de présence ou ce qu'on
appelait l'allocation de présence aux gens qui n'étaient pas
membres de l'office ou des différents conseils qui ne sont pas membres
de la fonction publique. Il y a une directive qui, selon certains organismes,
aurait été écrite et, selon d'autres, aurait
été verbale. Alors, j'imagine qu'il y a quelques membres de
l'office qui sont touchés par cette directive.
M. Ryan: M. le Président, la députée de
Chicoutimi fait allusion à une décision qui a été
prise par le Conseil exécutif du gouvernement de ne plus verser
d'allocation de présence ou d'honoraires aux personnes qui sont
invitées à siéger à des organismes consultatifs
chargés d'aviser le gouvernement ou encore à des conseils
d'administration de sociétés ou d'organismes gouvernementaux.
Cette décision a fait l'objet d'un débat, de plusieurs
débats même, au Conseil des ministres et, finalement, elle a
été adoptée il y a quelques semaines. Maintenant, il a
été décidé, en même temps que la
décision était adoptée, que les ministres responsables
d'organismes présentant des situations spéciales pourront
présenter un mémoire au Conseil du trésor et faire les
propositions qui sont appropriées.
Dans le cas de l'Office des professions, on m'a fait part des
difficultés que l'application intégrale de la directive
gouvernementale pourrait causer pour trois des cinq membres de l'office. Le
président et le vice-président sont
rémunérés d'une manière différente. Mais
dans le cas des trois autres membres, la directive gouvernementale vient
s'appliquer d'une manière immédiate et, je dirais, avec beaucoup
d'effet.
Le président de l'office m'a fait des représentations
à ce sujet. Il m'a fait valoir que le genre de contribution
apporté par ces personnes est assimilable en tous points à celui
qui est apporté par une personne salariée. C'est vraiment une
prestation professionnelle que ces personnes fournissent au travail de l'office
et qui peut être assimilée au travail qu'elles accompliraient au
service d'un client ou d'un autre élément de la
société.
Je me propose de faire prochainement des représentations
auprès du Conseil du trésor pour que le cas de ces personnes soit
l'objet d'un examen spécial et d'un traitement approprié, parce
que je considère qu'elles fournissent une contribution qui peut et doit
être assimilée à une contribution professionnelle. Je serai
très heureux de soumettre des représentations spéciales au
Conseil du trésor dans cette perspective.
Mme Blackburn: Le critère choisi, c'est lorsque la
personne qui occupe ces fonctions exerce une activité qui peut
être assimilée à ce que serait une contribution de cette
personne lorsqu'elle exécute ses fonctions. Je pense à quelqu'un,
par exemple, qui est à l'éducation des adultes à temps
partiel, qui siège au Conseil supérieur de l'éducation ou
à l'Office des professions. Comment allez-vous évaluer cela?
Je pense à la personne qui est mère de famille, qui est au
foyer et qui siège à des organismes consultatifs. Comment
allez-vous calculer? Est-ce que sa valeur marchande va être moins
élevée que celle de l'avocat, du médecin ou du notaire?
J'essaie de voir un peu comment vous allez pouvoir appliquer ce genre de...
M. Ryan: Je m'étonnais que la députée de
Chicoutimi n'ait pas soulevé cette question lorsque nous sommes
passés pardessus le programme, je pense que c'est 2 qui...
Mme Blackburn: On n'est pas passé encore.
M. Ryan: Vous avez du temps encore? Mme Blackburn:
Oui.
M. Ryan: II ne reste pas grand temps. Il reste cinq ou dix
minutes.
Mme Blackburn: C'est pour cela que j'en parle!
M. Ryan: Très bien. Mais on le soulève maintenant
et, vu qu'il reste peu de temps, je pense que le président va être
un peu tolérant sur la pertinence. Je veux vous assurer que je fais un
examen très spécial du Conseil supérieur de
l'éducation et de ses deux comités confessionnels.
J'ai demandé que les présidents de ces organismes me
soumettent des mémoires que j'ai reçus maintenant à ce
sujet, sauf dans un cas; le comité protestant ne m'a pas encore
envoyé son mémoire. Mais les deux autres, le comité
catholique et le conseil supérieur, l'ont fait. Je pense que le
gouvernement voudra comprendre qu'une personne qui siège au Conseil
supérieur de l'éducation est appelée à donner douze
à vingt jours de son temps dans une année. Quand c'est une
personne qui est déjà une employée du secteur de
l'éducation, disons un administrateur de commission scolaire ou un
directeur d'école, si son salaire est payé pendant qu'il va
siéger au Conseil supérieur de l'éducation, on peut se
poser des questions sur l'opportunité de lui verser une double
rémunération parce que, cette journée-là, elle va
s'asseoir sur une autre chaise à Québec ou à
Montréal.
Mais, dans le cas des personnes comme celles que vous avez
mentionnées, cela demande une considération toute
spéciale. Je ne suis pas en mesure de dire aujourd'hui quelle
recommandation précise je soumettrai prochainement au Conseil du
trésor, mais je suis en mesure d'affirmer que je demanderai au Conseil
du trésor - je l'ai déjà fait d'ailleurs - formellement et
par écrit, sous la forme d'un mémoire, que ces cas soient l'objet
d'une attention spéciale et d'un traitement approprié.
Mme Blackburn: Ce que je comprends, c'est qu'on sera soucieux de
voir s'il y a équité entre les décisions touchant
l'abolition des jetons de présence et les allocations qui, semble-t-il,
seraient payées au comité, dit bénévole,
responsable de conseiller les différents ministres sur, par exemple, la
déréglementation.
M. Ryan: La députée de Chicoutimi verse dans une
entreprise qui n'a pas eu trop de place dans nos travaux jusqu'à
maintenant. C'est une insinuation facile à l'endroit des membres du
comité qui est chargé d'examiner les structures gouverne-
mentales. À la Chambre, jeudi dernier, si mes souvenirs sont
exacts, le premier ministre a dit qu'il irait aux renseignements et qu'il
fournirait les informations appropriées à la Chambre. Je ne suis
pas du tout mandaté pour répondre à des questions autres
que celles qui se posent dans le secteur de l'enseignement supérieur et
de la recherche pour le moment. Dans ce secteur, si la députée a
des problèmes de cette nature à soulever, je serai très
heureux de les examiner avec elle. Si elle n'en a pas, je lui serais
reconnaissant de passer à autre chose.
Mme Blackburn: On n'a pas dû assister à la
même séance. (12 h 15)
M. Jolivet: M. le Président, puis-je avoir la parole?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous reconnais,
monsieur.
M. Jolivet: Oui, simplement, M. le ministre, pour
renchérir sur ce que Mme la députée de Chicoutimi dit, il
est quand même bon qu'on aille aussi à la prospection, qu'on
vérifie ce que l'on est en train de faire avec la question des jetons de
présence. Mais je dois vous dire que le président du Conseil du
trésor a lui-même, à la suite de ce que le premier ministre
a dit en Chambre... Souvenez-vous qu'à la fin de la période de
questions il est venu avec une réponse additionnelle et, à ce
moment-là, il a laissé l'impression que les gens n'étaient
pas payés et que ce n'était pas une décision prise. Prenez
le cas de Reynold Langlois -cela a été accepté par le
président du Conseil du trésor, qui l'a dit à des gens la
semaine dernière - qui est effectivement payé 400 $ par jour pour
donner des avis juridiques, des avis d'avocat à un comité dit
bénévole dont il est lui-même membre. Cela a
été accepté.
La deuxième chose, c'est qu'on a dit que, pour les deux cas, M.
Migué et M. Dussault, il y avait une demande du ministre de la Justice
auprès du Conseil du trésor. Donc, s'il y avait une demande,
c'est qu'on avait l'intention de les payer au même titre que l'autre. En
conséquence, il n'y a pas de décision prise, c'est ce que disait
le président du Conseil du trésor.
Nous sommes soucieux d'aller plus loin auprès de vous, afin de
savoir si on a l'intention de remplacer les jetons de présence par
quelque chose d'autre, possiblement comme ce qu'on paie actuellement à
M. Reynold Langlois. Je pense que c'est normal qu'on pose la question et qu'on
ait votre opinion comme ministre responsable des organismes consultatifs et de
l'Office des professions.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Si vous me permettez de compléter l'exposé
que j'ai donné tantôt, je n'avais pas fini. Il y a d'autres
organismes. Nous avons procédé à des consultations
auprès de tous les organismes consultatifs rattachés au
ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science et au
ministère de l'Education. Nous avons consulté le Conseil des
universités et le Conseil de la science et de la technologie
également. Les avis que nous recevons ne sont pas les mêmes. Du
côté du Conseil des universités, on m'informe que cela ne
créerait pas de gros problèmes si on appliquait la directive du
gouvernement de manière pratiquement intégrale, parce que ce sont
pratiquement tous des universitaires ou des gens du milieu des affaires
-quelques-uns siègent à cet organisme - ou des gens
rémunérés par des organismes. Il y en a un, par exemple,
qui a fait un travail formidable ces dernières années, c'est M.
Léo Vigneault, qui est secrétaire général de l'UPA
et qui est au Conseil des universités. C'est un homme qui n'est pas
passé par l'université, à ma connaissance, mais dont le
président du Conseil des universités m'a dit, à plusieurs
reprises, qu'il apportait une contribution remarquable. Ce qui m'a d'autant
plus intéressé que nous l'avons formé nous-mêmes,
dans les mouvements de jeunes d'autrefois, qui étaient une très
bonne école aussi.
On m'a dit qu'à ce niveau il n'y aurait pas de problème
majeur. S'il n'y en a pas, tant mieux. Mais je veux assurer le
député que sa question mérite un examen attentif, parce
que, d'un côté, il faut bien se rendre compte d'une chose: II peut
arriver qu'une personne fasse partie, à titre bénévole,
d'un comité du gouvernement et qu'on lui dise: II faudrait que tu fasses
un travail particulier, on aurait besoin de toi, tu es la personne la plus
compétente sur tel aspect. On aurait besoin d'un travail spécial
de toi. Est-ce que cela veut dire, parce qu'elle fait partie d'un comité
bénévole, qu'elle ne pourra plus faire affaires avec le
gouvernement d'aucune manière? Pour prendre l'exemple qu'a cité
l'Opposition, M. Dussault, dont la compétence juridique et
constitutionnelle est une des plus hautement reconnues dans tout le pays,
est-ce que cela veut dire que, si on lui donne le moindre mandat, il ne peut
plus faire partie d'aucun comité consultatif du gouvernement . à
titre gratuit? Est-ce que cela veut dire que, s'il accepte de faire partie d'un
comité, il ne pourra plus recevoir aucun mandat du gouvernement qui
comportera une rémunération? Je pose la question à
l'Opposition, je ne l'ai point résolue dans mon esprit. C'est la
question qui se pose. Je pense qu'il faut la regarder soigneusement parce qu'il
y a un certain nombre de personnes dont la
compétence est tellement spéciale et exclusive qu'un
gouvernement ne peut pas s'en passer. Si le gouvernement me demandait:
Aimez-vous mieux voir une compétence comme M. Dussault dans un
comité consultatif gratuitement et vous priver de toute l'aide qu'il
pourrait nous apporter au plan professionnel? Je conseillerais au premier
ministre de garder ses cartes dans son jeu et de recourir à M. Dussault
quand il en aura besoin, de trouver un autre membre pour le comité
purement bénévole. En tout cas, c'est une question qui a
été soulevée et qui est légitime. J'espère
que l'Opposition comprend que nos préoccupations sont légitimes
également et, en avançant, je pense qu'on clarifiera la ligne de
démarcation de manière que les choses soient claires. II y avait
une zone d'obscurité dans ce qui a été soulevé.
J'apprécie qu'on l'ait fait. C'est le rôle de l'Opposition de le
faire publiquement et c'est notre responsabilité de clarifier des choses
publiquement également.
En ce qui touche les organismes relevant du ministre de l'Enseignement
supérieur et de la Science dont nous étudions les crédits
à l'heure actuelle, je pense qu'il n'y a aucun problème et aucune
intention du genre de celle que suggérait le député de
Laviolette.
M. Jolivet: M. le Président...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous remercie,
M. le ministre. Je reconnais une dernière intervention. M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Je n'ai pas d'objection à ce qu'on utilise les
meilleures ressources disponibles. Ce que je dis, même si M. Dussault a
été candidat malheureux du Parti libéral, je n'ai pas
d'objection à ce qu'on utilise ses services s'il est aussi
compétent que tous les autres. Ce n'est pas ce que je dis. Je dis qu'il
fait partie d'un comité bénévole. Je parle de lui parce
que c'est l'exemple que M. le ministre m'a donné, même si la
décision n'est pas encore finale au Conseil du trésor. Qu'on le
prenne et qu'il se donne à lui-même, dans un comité
bénévole, des conseils à partir des décisions qu'il
prend lui-même à un autre niveau et qu'il soit payé pour le
faire, je pense qu'on s'interroge sur le fait qu'il soit en conflit
d'intérêts. C'est un peu cela qu'on peut peut-être se poser
comme question. Est-ce qu'il est en conflit d'intérêts dans le
contexte où il a accepté de faire partie d'un comité
bénévole? S'il veut être payé, s'il est apte
à donner des conseils au gouvernement à l'intérieur des
mécanismes habituels d'engagement, je n'ai pas d'objection. Qu'il le
fasse, qu'il soit payé selon les coutumes, mais de là à
venir nous faire croire qu'il fait partie d'un comité
bénévole et qu'en plus il est payé je pense qu'il y a des
limites à ce qu'on peut appeler un conflit quand même difficiles
è accepter.
D'un autre côté, je dois vous dire aussi que ce que nous
avons appris - et c'est encore le ministre du Conseil du trésor qui l'a
dit - il y a d'autres demandes pour d'autres comités comme
ceux-là pour des gens qui doivent donner des opinions professionnelles.
Je n'ai pas d'objection à ce qu'on ait des budgets dans ce
sens-là. C'est évident, on va devoir ajouter des gens qui d'une
façon ou d'une autre ont des opinions professionnelles à donner.
Je ne pense pas que cela doive être bénévole, que cela soit
un avocat, un notaire ou peu importe la personne. Tout ce que je dis, je mets
en contrepartie ce qu'on a dit. Il y a des bénévoles qui
siègent à un comité bénévole, on apprend
qu'ils sont payés pour se donner des propres renseignements ou des
propres opinions professionnelles, et à côté de cela il y a
des personnes qui peuvent être utiles. Vous avez fait mention d'une
personne qui n'a pas eu un niveau...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous invite
à conclure.
M. Jolivet: Je pense que je n'ai pas pris mes vingt minutes, M.
le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Vous avez
dépassé votre temps.
M. Jolivet; Je m'excuse.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Selon les ententes
qui existent, vous avez dépassé votre temps...
M. Jolivet: Le temps de la commission.
Le Président (M. Parent, Sauvé): On devait terminer
à 12 h 20, on s'était entendu pour terminer à 12 h 20.
M. Jolivet: Excusez-moi.
Le Président (M. Parent, Sauvé): J'ai reconnu une
dernière intervention. Je ne vous coupe pas la parole, je vous invite
à conclure rapidement. J'écouterai le ministre après cela
et on terminera les travaux.
M. Jolivet: Je pensais que vous aviez dit mon propre temps, c'est
le temps de la commission. D'accord. Sur cela, je dis tout simplement qu'en
contrepartie il y a des gens qui participaient à des comités et
qui avaient des jetons de présence à l'époque, pour
différentes raisons. M. le ministre a mentionné qu'une personne,
même sans avoir suivi un cours universitaire, est quelqu'un qui est
capable de donner des opinions
personnelles et de les faire valoir. Dans ce sens-là, les jetons
disparaissant, comment va-t-on les remplacer, si cela a pour but de les
remplacer de la même façon qu'on en a remplacé d'autres.
Peut-être qu'on aura des questions à poser plus tard.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre,
une dernière intervention.
M. Ryan: M. le Président, je pense que je ne
répondrai pas à l'intervention du député, sauf pour
dire qu'à mon point de vue les personnes dont il a parlé
n'étaient pas en conflit d'intérêts. Elles l'auraient
été si elles s'étaient, comme membres d'un comité
consultatif, donné un mandat, mais j'imagine bien qu'un mandat devait
être donné par le ministre dans ce cas-là. Il y a des
questions à éclaircir. Je ne voudrais pas qu'on porte de jugement
sans avoir fait l'examen complet du problème. Je voudrais assurer le
député qu'il pourra compter entièrement sur moi pour
combattre toute forme de conflit d'intérêts, dans la mesure
où on en fera la preuve, évidemment.
Pour le reste, je voudrais simplement remercier tout d'abord le
président de la manière extrêmement compréhensive et
indulgente en même temps que réaliste dont il a conduit nos
travaux ou présidé à leur déroulement. Je voudrais
remercier les membres du groupe ministériel de leur présence
assidue, de leur patience exemplaire dans les conditions où ils
étaient appelés à participer. Ils n'avaient pas de marge
très grande d'intervention. Je sais qu'il y avait
énormément de problèmes et je veux les assurer que je suis
à leur disposition en tout temps. Je remercie très cordialement
les députés de l'Opposition pour l'excellent travail qu'ils ont
accompli. Je veux les assurer que j'ai écouté leurs interventions
avec beaucoup d'intérêt et que, sur plusieurs points, ils nous
auront aidés à prendre une conscience plus aiguë de nos
devoirs. J'espère que le climat de collaboration que nous avons eu
pourra se maintenir.
J'ajoute un mot enfin pour les personnes qui m'ont assisté;
d'abord, les hauts fonctionnaires du ministère. M. Limoges a
malheureusement dû quitter tantôt parce qu'il va me
représenter à une réunion à Toronto. Je veux
assurer tous les autres fonctionnaires qui l'accompagnaient, les
présidents d'organisme et, en particulier, Mme Quérido, qui est
venue ce matin, et M. Desgagnés, de ma collaboration cordiale dans la
poursuite des objectifs du ministère et du gouvernement.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Avant de procéder à l'adoption des deux derniers
éléments du programme, je dois reconnaître Mme la
députée de Chicoutimi, qui voulait réagir elle aussi.
Mme Blackburn: Je vais essayer d'être brève. Je veux
dire que j'apprécie, comme le ministre, le travail du président
de même que le travail des membres de la commission. Je me permets de le
dire parce que je suis aussi membre d'une autre commission dans laquelle le
travail de l'Opposition de faire valoir ses opinions est beaucoup plus
difficile. Je dois reconnaître qu'ici vous nous avez laissé
largement la place et je l'apprécie.
Je voudrais remercier également les membres de la commission de
même que les personnes qui se sont rendues disponibles pour nous apporter
les informations complémentaires. Cependant, je demeure
préoccupée par rapport aux décisions qui ont
été prises et qui, à mon avis et à l'avis de
plusieurs, risquent d'aggraver considérablement la situation dans les
universités et dans les collèges du Québec. Situation qui,
on le sait, pour plusieurs d'entre nous, est relativement précaire et
dont, selon certains, la qualité de l'enseignement et de la recherche ne
serait plus ce qu'elle devrait être depuis déjà quelques
années. L'effort de redressement qui avait été consenti
l'an dernier, je me souviens, est annulé quasi totalement cette
année par les compressions et par la non-indexation.
On aura probablement d'autres surprises - le ministre nous le disait
sans nous le dire - sur les budgets affectés aux immobilisations sur
lesquels tout n'est pas clarifié la-dessus puisque les décisions
finales n'ont pas été prises.
Il y a un autre fait qui me préoccupe particulièrement.
Depuis le 16 décembre, disons, quant aux questions touchant
l'enseignement supérieur, soit l'enseignement dans les collèges
et universités, et l'éducation de façon
générale, plusieurs volets de ces programmes, lorsqu'on parle de
modifications, ont été annoncés soit par le
président du Conseil du trésor, le ministre des Finances ou
encore le ministre du Commerce extérieur. C'est le ministre du Commerce
extérieur qui nous dit...
M. Ryan: M. le Président, je veux juste poser une question
de règlement.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre,
question de règlement.
M. Ryan: Je nie la véracité des affirmations que je
viens d'entendre.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, Mme la
députée de Chicoutimi...
M. Ryan: Mme la députée peut émettre des
opinions. Les décisions concernant le ministère de l'Enseignement
supérieur ont été
annoncées par le ministre de l'Enseignement supérieur et
non pas par d'autres ministres. D'autres ministres ont le droit de dire des
choses en public et nous sommes un gouvernement où la liberté
d'expression existe, mais pour les décisions, c'est le ministre
concerné qui les a prises et les a annoncées; s'il y a des cas
contraires, j'aimerais les connaître.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, votre mise
au point a été enregistrée, M. le ministre. Je vous invite
à conclure rapidement, Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Très bien. Alors, c'est du ministère
du Commerce extérieur que l'on apprend que la recherche doit servir le
profit.
M. Ryan: C'est l'opinion d'un homme.
Mme Blackburn: M. le Président, c'est l'opinion de M.
MacDonald.
M. Ryan: Ah oui.
Mme Blackburn: C'est le ministre du Revenu qui nous parle de la
tarification comme une source de revenu et qui a pour effet particulier de
limiter la surconsommation.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Chicoutimi, lorsque j'ai cru que vous aviez un droit
de conclure et de répondre aux commentaires du ministre,
c'étaient des commentaires de l'ordre de celui que le ministre a fait.
On doit se rencontrer à la toute fin d'une commission. Vous avez eu
droit d'intervenir pendant toute cette commission, ce qui a été
dit. Vous avez eu la chance. Le ministre a dit que j'ai été
indulgent. J'ai tenté d'être juste et de reconnaître les
droits de l'Opposition, mais il ne faudrait quand même pas pousser trop
fort.
Mme la députée de Chicoutimi, je vous invite à
conclure rapidement.
Mme Blackburn: Je vais terminer là-dessus. J'espère
que dans l'année qui s'amorce on verra des décisions
orientées davantage du ministère de l'Éducation que du
Conseil du trésor.
J'ai apprécié, je le répète, travailler avec
vous. On vous a dit, je ne le sais pas, peut-être au début de
l'automne...
Le Président (M. Parent, Sauvé):
Laissez-moi la chance de dire que j'aimerais moi aussi continuer
à apprécier travailler avec vous.
Mme Blackburn: Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M- Parent, Sauvé): Merci, Mme ta
députée. Est-ce que le programme 8 du ministère de
l'Enseignement supérieur et de la Science est adopté?
Des voix: Sur division.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce que le
programme 2 est adopté?
Des voix: Sur division.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce que les
programmes de l'Enseignement supérieur et de la Science, en omettant le
programme 4, sont adoptés?
M. Jolivet: Sur division.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre, je
vous remercie beaucoup de votre disponibilité. Messieurs et mesdames les
membres de la commission, je vous remercie de votre collaboration. Messieurs
les experts. La commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 31)