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(Dix heures huit minutes)
Le Président (M. Parent, Sauvé): A l'ordre, s'il
vous plaît! La commission permanente de l'éducation reprend ses
travaux. Je déclare officiellement ouverte cette journée
d'audiences. M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaires: Oui, M. le Président. M. Gil
Rémillard (Jean-Talon) remplace M. R0ma Hains (Saint-Henri). Ce matin,
M. Lawrence Cannon (La Peltrie) remplace Mme Bleau (Groulx).
Le Président (M. Parent, Sauvé): II me fait plaisir
de vous accueillir au sein de cette commission.
Ce matin, la commission de l'éducation, toujours dans le cadre du
mandat qui lui a été confié par l'Assemblée
nationale le 19 juin dernier, savoir tenir une consultation
générale sur les orientations et le cadre de financement du
réseau universitaire québécois pour l'année
1987-1988 et pour les années ultérieures, accueille
l'Université Laval, qui a son siège social dans la région
de Québec, qui est une institution prestigieuse dans l'histoire de
l'éducation au Québec. Après l'Université Laval,
nous accueillerons la Confédération des associations des
étudiants et étudiantes de l'Université Laval.
Cet après-midi, à 15 heures, la commission entendra
l'Université du Québec à Rimouski, suivie de l'Association
des diplômés de l'Université du Québec à
Rimouski, ainsi que du Syndicat des chargés (es) de cours de
l'Université du Québec à Rimouski.
En soirée, à compter de 20 heures, nous rencontrerons le
groupe d'organismes de la région 01.
C'est l'ordre du jour de la séance de travail qui commence ce
matin.
M. le député de Laviolette.
M. Jolivet: II y a des rumeurs selon lesquelles le premier
ministre viendrait à la commission pour nous parler des frais de
scolarité.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député de Laviolette, j'ai bien entendu vos remarques et je ne
dis pas qu'elles sont pertinentes.
Nous accueillons l'Université Laval, son porte-parole et son
recteur, M. Jean-Guy Paquet. M. Paquet, nous vous remercions beaucoup d'avoir
répondu à l'invitation de la commission de l'éducation de
venir aider les députés à chercher la meilleure solution
possible ou à pousser le plus loin possible leurs recherches dans le but
d'améliorer le financement de nos universités et, aussi,
d'étudier les orientations de l'ensemble du réseau universitaire
du Québec.
Tel qu'il a été entendu avec le secrétaire de la
commission, la commission a environ une heure et demie à consacrer
à l'Université Laval. On m'informe que vous avez prévu
environ quinze minutes pour la présentation verbable. Le reste du temps
sera utilisé en échanges de propos entre vous-même, les
gens qui vous accompagnent et les membres de la commission.
Voilà, M. Paquet. Si vous voulez bien nous présenter les
gens qui sont avec vous à la table ou qui ont cru bon venir avec vous
pour épauler le mémoire de l'Université Laval.
Immédiatement après, si vous voulez enchaîner en nous
présentant votre mémoire. Encore une fois, sentez-vous bien
à votre aise. Le but ultime de cette commission, c'est la recherche de
l'information. Plus il y aura d'échanges, plus ils seront précis,
mieux ce sera pour l'ensemble du réseau universitaire
québécois. M. Paquet, nous vous écoutons.
Université Laval
M. Paquet (Jean-Guy): Merci, M. le Président. Je voudrais
d'abord remercier tous les membres de cette commission pour l'occasion qu'ils
founissent à l'Université Laval ce matin de se faire entendre sur
le sujet important qu'est le financement de3 universités.
Puisque vous avez demandé, M. le Président, que je vous
présente le siège social de l'Université Laval, il est au
complet autour de cette table. J'ai avec moi le vice-recteur Gervais, à
l'enseignement et à la recherche, le vice-recteur Dufour, à
l'exécutif, le vice-recteur Trotier, à l'administration et aux
services, et à l'extrême gauche, le vice-recteur De Celles, aux
affaires professorales et étudiantes.
Vous me permettrez aussi, madame, messieurs les membres de la
commission, de vous présenter, en arrière de moi, les autres
membres de la direction de l'université. Il
s'agit des doyens, doyennes, directeurs et directrices d'écoles
ainsi que des présidents de commissions qui sont membres du conseil de
l'Université Laval. Sont aussi avec nous pour appuyer
l'Université Laval - et je les en remercie - les maires des
municipalités suivantes: Ancienne-Lorette, Beauport, Cap-Rouge,
Charlesbourg, Loretteville, Lac-Beauport, Sainte-Foy, Sillery,
Val-Bélair, Vanier, Lévis, Saint-Romuald, Lauzon et le maire de
Sainte-Marie-de-Beauce. M. le maire de Québec et M. le président
de (a communauté urbaine, MM. Pelletier et Rivard, me prient de les
excuser étant è l'extérieur de Québec; ils auraient
bien aimé être avec vous.
Enfin, je voudrais associer à l'Université Laval les
représentants de nos syndicats de professeurs et d'employés qui
sont ici ce matin. Je crois comprendre que, tout à l'heure, vous aurez
l'occasion d'entendre les représentants des étudiants. J'ajoute
que les représentants de certains cégeps de la région sont
également ici: Lévis-Lauzon, Sainte-Foy,
François-Xavier-Garneau, La Pocatière et St. Lawrence.
M. le Président, mesdames, messieurs les membres de la
commission, l'Université Laval vous a présenté en juin
dernier un court mémoire sur sa position concernant la question du
financement des universités. Notre perception des attentes de la
commission ne nous a pas incités, dans ce mémoire de juin
dernier, à y faire état ni de nos nombreuses réalisations
ni de nos difficultés à poursuivre notre mission universitaire.
Nous sommes pourtant fiers de l'oeuvre de planification systématique que
nous menons à l'Université Laval depuis près de dix ans;
de nos efforts pour rendre plus accessibles aux Québécois et
Québécoises les études universitaires,
particulièrement celles du baccalauréat; de nos progrès
remarquables en recherche, tant dans le domaine des sciences pures et
appliquées, des sciences humaines que des sciences de la santé;
du développement des études de deuxième et de
troisième cycles, une priorité pour la société
québécoise qu'a permis ce progrès de la recherche chez
nous; de la qualité et du dynamisme de notre corps professoral et de
l'arrivée dans nos murs, au cours des dernières années,
d'un nombre important de nouveaux professeurs; de nos nombreuses
réalisations dans le domaine de la coopération internationale; de
nos projets de collaboration de toute nature avec le milieu régional et
de l'appui que ce milieu accorde à nos initiatives. La présence
ici ce matin des personnes que j'ai mentionnées
précédemment en témoigne éloquemment.
Nous sommes fiers aussi de la promotion faite à
l'intérieur de l'Université Laval de la condition féminine
et de la condition étudiante. Nous sommes fiers de nos efforts pour nous
adapter de façon responsable aux contraintes budgétaires qui nous
ont été imposées. Nous sommes également fiers du
succès de notre campagne de souscription, autant dans la
communauté universitaire qu'à l'extérieur de celle-ci,
campagne dont l'objectif de 25 000 000 $ sera atteint et même
dépassé.
Enfin, nous sommes fiers, et ce n'est pas peu dire, de la contribution
de nos administrateurs, de nos professeurs, de nos étudiants, de nos
professionnels, de nos employés de bureau et de métier à
la réalisation des objectifs dans des conditions aussi difficiles que
celles qui sont les nôtres.
La liste des obstacles rencontrés Hans la poursuite de ces
objectifs pourrait être aussi longue. Il serait bien facile de
s'étendre ici en lamentations. Nous résisterons à la
tentation. Notre mémoire décrit déjà les
difficultés que nous avons aujourd'hui à fonctionner dans des
conditions incertaines et dramatiquement contraignantes. Nous ne commenterons
pas plus longtemps cette situation devenue très précaire et dont
les membres de la commission sont sûrement convaincus. Mais qu'on nous
comprenne bien. Ce n'est pas parce que nous omettons de les
énumérer que les difficultés financières furent
moindres pour nous et ce n'est pas parce que nous avons choisi de les affronter
en recherchant l'équilibre budgétaire qu'elles furent moins
sévères. Bien au contraire, l'équilibre financier que nous
nous sommes imposé jusqu'à maintenant nous a amenés
à subir ces compressions, ces sous-indexations, ces
prélèvements dans toute leur rigueur.
Nous avons déjà démontré dans notre
mémoire comment les compressions et prélèvements ont
considérablement réduit nos dépenses subventionnées
malgré une hausse importante de notre clientèle
étudiante.
Permettez-moi d'illustrer la chose autrement à l'aide de quelques
chiffres. De 1980-1981 à 1984-1985, soit en cinq ans, le nombre
d'étudiants en équivalence temps complet inscrits à
l'Université Laval est passé de 21 683 à 25 961, soit une
augmentation de 19,8 %. Le nombre de diplômes décernés
annuellement aux trois cycles est passé de 5788 à 6423, soit une
augmentation de 11 %. Le nombre de doctorats décernés
annuellement est passé de 72 à 107, soit une augmentation de 48,6
%. Le montant des subventions de recherche obtenues est passé, en
dollars constants, de 17 400 000 $ à 23 800 000 $, soit une augmentation
de 32,1 %.
Pendant cette même période, au fonctionnement, la
subvention gouvernementale par étudiant équivalent à temps
complet est passée, elle, en dollars constants, de 5272 $ à 3853
$, soit une réduction de 26,9 %. Â l'investissement, la subvention
annuelle par étudiant équivalent à temps complet est
passée, en dollars constants, de 323 $ à 196 $, soit une
autre
réduction de 39,2 %.
Devant le sens très concret qu'il nous a fallu donner à
l'expression "faire plus avec moins", vous comprendrez san3 peine l'esprit qui
nous animait en rédigeant le mémoire qui vous a été
transmis en juin dernier. L'essentiel de la position que ce mémoire
présente s'exprime comme suit. L'équilibre budgétaire
à l'Université Laval n'est plus possible, et, malgré nos
efforts, nou3 nous engageons maintenant et de façon définitive,
si rien n'est fait, dans la voie des déficits chroniques importants.
L'Université Laval a souscrit et souscrira aux objectifs
prioritaires qu'énonceront les politiques gouvernementales à
venir. Elle ne peut croire ni accepter que les moyens mis à sa
disposition pour ce faire puissent l'obliger à choisir entre ses
responsabilités publiques et ses obligations universitaires
d'excellence.
Une gestion responsable des fonds publics ne peut s'exercer sans un
cadre adéquat: l'incohérence entre les objectifs proposés
et les moyens fournis disperse les énergies; les fluctuations
imprévisibles et répétées des règles de
financement empêchent toute planification; l'insuffisance criante des
ressources démobilise les éléments les plus dynamiques.
C'est pourquoi nous osons exiger l'avènement rapide d'une formule de
financement claire, transparente, juste, cohérente et stable. Mais nous
exigeons aussi que par le financement et par tous les autres moyens dont
dispose le gouvernement québécois, on privilégie
concrètement, systématiquement et constamment la qualité
universitaire. Ce n'est qu'autour de cette conviction profonde qu'on arrivera
à réunir dans une oeuvre commune tous les intervenants
universitaires. Les ressources actuellement disponibles sont trop minces pour
qu'on les répartisse autrement que selon ce critère
fondamental.
Force nous est cependant d'admettre que la situation économique
actuelle limite les ressources et ne permet pas à la fois et en
même temps: premièrement, de corriger tous les effets de la
détérioration passée du financement universitaire;
deuxièmement, d'indexer au taux réel la croissance des
subventions gouvernementales; troisièmement, de couvrir
financièrement la croissance des clientèles universitaires;
quatrièmement, de maintenir le gel des frais de scolarité et,
cinquièmement, d'assurer le développement de la recherche et des
études de deuxième et de troisième cycles.
Le financement des universités, au cours des prochaines
années, exigera que l'on fasse des choix. Il nous faudra aussi accepter
de vivre une période de transition et de stabilisation. C'est à
partir de ces constatations que l'Université Laval formule aujourd'hui
ses recommandations. Notre proposition sort peut-être des sentiers
battus, mais elle nous est dictée par l'urgence et l'acuité des
problèmes dont on a fait état devant cette commission. C'est une
solution que nous avons murie et qui veut tenir de la multitude des points de
vue et des particularités à concilier. Nous croyons que la
solution que nous proposons est une solution pratique, collectivement
acceptable et rapidement applicable.
Il ne s'agit pas ici de se dissocier des organismes et des autres
établissements qui vous ont présenté des mémoires.
Chacun, on le sait, a mis beaucoup d'efforts à exposer de façon
précise les points de vue dont il jugeait importants de saisir cette
commission. Le3 membres de cette commission ont sans doute déjà
noté la foi unanime en l'université qui inspire tous les
témoignages entendus. De ce côté, ta concordance des avis
est extraordinaire. De l'intérieur comme de l'extérieur, tous
reconnaissent que l'université est indispensable et que les missions
qu'elle assure sont essentielles au développement du Québec. II
va sans dire que l'Université Laval partage entièrement cette
foi. Nous sommes aussi convaincus que nos prédécesseurs du
rôle unique et fondamental que joue l'université dans toute
société moderne, et dans la nôtre en particulier. C'est
dans les universités en effet, et c'est uniquement là, que sont
formés les professionnels qui, chacun dans son domaine, vont continuer
de fournir et de raffiner l'expertise collective si chèrement acquise et
si nécessaire à notre développement. C'est encore dans les
universités, et c'est uniquement là, que l'on réussit
à faire de la recherche tout en formant des jeunes à la
recherche, combinant ainsi harmonieusement l'avancement des connaissances et la
préparation de la relève.
C'est le travail des universitaires, entre autres, qui garde dynamique
la vie intellectuelle, rendant plus de gens capables de comprendre notre monde
si complexe et mieux à même aussi de s'y tailler une place et de
participer à la résolution des problèmes qui le
confrontent. C'est dans les universités aussi que l'on scrute le
passé et qu'on en reprend de façon critique les enseignements.
C'est là qu'on intègre les découvertes et les
progrès réalisés ailleurs. C'est souvent par l'entremise
des universités qu'on arrive à faire pénétrer dans
notre milieu les innovations étrangères. Nous sommes donc,
à l'Université Laval, plus fermement que jamais
décidés à répondre à ces attentes et
à fournir à la société les résultats qui
justifient les investissements que nos concitoyens font chez nous.
C'est dans cette optique et pour tenir compte de la conjoncture
économique difficile actuelle que nous avançons les propositions
qui suivent. Nous recommandons
que chaque année, pour les trois prochaines années, un
montant de 10 000 000 $ soit intégré à la base de
financement des universités pour défrayer une partie des frais
indirects de recherche subventionnée et corriger ainsi le
non-financement passé en ce domaine.
Deuxièmement, nous recommandons que, pour les trois prochaines
années, les enveloppes annuelles d'investissement soient
augmentées de façon substantielle par rapport aux dispositions du
plan quinquennal actuel, c'est-à-dire d'au moins 60 000 000 $.
Il faudra aussi s'assurer que cette augmentation libère les
budgets de fonctionnement des dépenses d'investissement qui ne devraient
pas leur être imputées.
Troisièmement, nous recommandons que le niveau de la subvention
gouvernementale attribuée à chaque université en 1986-1987
soit garanti à chacune pour les trois prochaines années, sans
compressions ni prélèvements, avec une indexation annuelle
conforme aux politiques gouvernementales.
Quatrièmement, nous recommandons que, si le gouvernement n'est
pas en mesure d'assurer pour ces troi3 ans le financement des clientèles
additionnelles, soient assouplies dans ce cas les règles
gouvernementales concernant les droits de scolarité et que les
universités soient autorisées à déterminer
elles-mêmes, à l'intérieur de certaines limites, le niveau
de ces "droits, en les modulant possiblement selon les secteurs disciplinaires.
Nous recommandons que soit accrue en conséquence l'enveloppe des
prêts et bourses aux étudiants.
Nous recommandons que les universités s'engagent alors fermement
à ne pas réduire de façon significative, au cours de cette
période, leurs clientèles étudiantes et que dans
l'éventualité où, ces règles ayant
été appliquées, le ministre jugerait opportun de corriger
de façon particulière la situation financière de l'un ou
l'autre établissement universitaire, il obtienne l'avis du Conseil des
universités sur la question et que toute correction soit assurée
à même une enveloppe distincte et séparée de celles
répondant aux recommandations précédentes.
Enfin, nous recommandons, en conséquence, que pour l'application
des recommandations qui précèdent, chaque université
présente au ministre dans tes meilleurs délais un plan
d'équilibre financier, fasse rapport annuellement du nombre de ses
diplômés par cycle et par secteur disciplinaire, et qu'elle soit
en mesure, au terme de ces trois ans, de soumettre au ministre un plan de
développement pour la période triennale suivante.
Ces huit recommandations, M. le Président, vous le constaterez,
portent sur l'ensemble du système universitaire. Il nous reste un point
à faire valoir qui concerne l'Université Laval et la
région de Québec. Je veux parler des subventions accordées
aux universités pour construire ou acquérir des bâtiments.
Depuis dix ans, à ce chapitre, l'Université Laval n'a reçu
que 18 525 000 $ alors que les universités de la région de
Montréal ont obtenu 106 093 000 $. Depuis 1981-1982, aucune somme
à ce chapitre n'a été accordée à
l'Université Laval.
Par ailleurs, le plan quinquennal du ministère de l'Enseignement
supérieur et de la Science pour les cinq prochaines années ne
prévoit rien non plus pour la région de Québec sur les 79
000 000 $ qui seront consentis à ce qu'on appelle les projets en
parachèvement. Ces sommes iront sans doute à la région de
Montréal. (10 h 30)
Nous avons lancé une campagne de souscription l'an dernier pour
nous aider à construire les édifices dont nous avons le plus
grand besoin, mais cela ne sera clairement pas suffisant. Il est donc,
d'après nous, plus que temps que la région de Québec
reçoive une part plus équitable de l'enveloppe destinée
aux constructions universitaires. Les partenaires de l'Université Laval
et la région de Québec le réclament à bon
droit.
M. le Président, madame, messieurs les membres de la commission,
mes collègues et moi-même serons maintenant heureux de
répondre à vos questions concernant notre mémoire,
concernant les recommandations d'aujourd'hui ou encore de répondre aux
questions sur tout autre sujet que les membres voudraient bien nous poser. Je
vous remercie.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. Paquet,
de l'exposé que vous nous avez fait. Merci aussi pour les
recommandations claires et précises que l'on retrouve à la fin de
votre synthèse.
Vous avez pris vingt minutes pour votre exposé. On avait dit que
c'était environ une heure et demie. Encore une fois, le temps ne sera
pas un maître inflexible pour nous. Nous allons commencer la
période d'échange de propos. Je reconnais le ministre de
l'Enseignement supérieur et de la Science.
M. Ryan: M. le Président, il me fait plaisir tout d'abord
de signaler la présence à mes côtés, ce matin, de
mon collègue le député de Jean-Talon qui est en même
temps ministre des Affaires internationales et ministre
délégué aux Affaires intergouvernementales canadiennes et,
également, la présence de quelques députés de la
région de Québec. Il y a, entre autres, le député
de La Peltrie - on ne les nomme pas ici - le député de Vanier, le
député de Charlevoix, successeur de M. Raymond Mailloux, le
député de Rimouski, le député d'Arthabaska et le
député de Sherbrooke.
Nous sommes tous intéressés au travail
qui se fait à l'Université Laval pour bien des raisons.
Tout d'abord, parce que l'Université Laval, c'est l'université
mère au Québec, c'est l'université d'où a
procédé la vie universitaire au Québec; elle a
été à l'origine de tout le système d'enseignement
que nous avons au Québec. Je pense que tous ceux d'entre nous qui ont eu
un cheminement assez long dans les affaires intellectuelles, sociales,
politiques ou économiques ont rencontré sur leur chemin,
dès leurs premiers pas dans la carrière, l'Université
Laval. Je me souviens que moi-même, il me fut donné d'avoir mes
premiers contacts avec l'Université Laval dès la fin des
années quarante. Mes contacts furent avec la Faculté des sciences
sociales que dirigeait alors le père Georges-Henri Lévesque. J'ai
eu la chance de travailler étroitement avec le père
Lévesque et ses collègues pendant plusieurs années dans le
secteur de l'éducation des adultes. Dès cette époque, on
pouvait se rendre compte, par la Faculté des sciences sociales de Laval,
que l'université est à la fois un foyer de connaissance et de
recherche, un foyer d'approfondissement de la connaissance et également
un foyer de rayonnement et de changement social. Une connaissance ne peut
progresser sans que ce progrès ait un impact sur la nature des rapports
sociaux, la structure des institutions sociales. Je pense que l'exemple qu'a
donné la Faculté des sciences sociales est
particulièrement éloquent à cet égard, sans
négliger les nombreux exemples qu'on pourrait tirer d'autres secteurs de
l'activité intellectuelle.
Je voudrais souligner en particulier, à l'occasion de votre
passage parmi nous, M. le recteur, l'exemple que vous avez donné
à plusieurs points de vue au cours des dernières années,
en particulier en matière de discipline budgétaire. Comme vous le
signaliez dans votre mémoire, les contraintes ont pesé lourdement
sur l'Université Laval comme sur les autres institutions universitaires,
mais à l'Université Laval, jusqu'à tout récemment,
on a réussi, à force de discipline et
d'ingéniosité, à finir l'exercice avec des budgets
équilibrés. Je pense que la communauté doit vous en
être reconnaissante et vous en exprimer son appréciation.
Il y a déjà plusieurs années également que
l'Université Laval donne un exemple de leadership en matière de
planification. Nous parlons tous très souvent de planification et de
rationalisation depuis le début des travaux de la commission. Comme vous
le rappeliez, l'Université Laval a donné l'exemple en se dotant,
dès l'année 1984, d'un plan triennal de développement qui
a produit, dans les cas que vous avez cités, des résultats
intéressants et encourageants pour l'avenir.
Je signale également que l'Université Laval a
décidé de se prendre en main en matière de financement.
Elle n'a pas attendu la bienveillance du gouvernement pour se donner une
campagne de souscription dont les résultats, d'après ce que nous
entendons dire, sont extrêmement intéressants. J'espérais
que vous concluiez de ces résultats, M. le recteur, que
l'Université Laval pourrait se passer de contribution gouvernementale en
matière d'investissement pour les quelques années à venir,
mais vous nous avez rappelé judicieusement qu'elle a été
tout à fait sous-traitée au cours des dernières
années.
J'espère que nous pourrons faire, dans le secteur universitaire,
ce que nous avons accompli dans le secteur collégial au cours de la
dernière année. Nous avons doté la région d'un plan
de développement des installations au point de vue collégial qui
va valoir pour les cinq ou dix prochaines années, et j'espère
bien que, dans l'examen que nous ferons de nos programmes d'investissement pour
les prochaines années, l'Université Laval trouvera la place qui
lui revient de droit. Je vous remercie d'avoir signalé ce point.
J'aurais préféré que vous nous disiez qu'il n'y avait
aucun besoin, mais je pense que le rappel que vous avez fait était
très pertinent et fort justifié.
Concernant la présentation que vous nous avez faite ce matin - je
serai bref parce que mon collègue, le député de
Jean-Talon, doit partir assez tôt; il y a un événement qui
le retient vers la onzième heure et je voudrais bien qu'il puisse
intervenir avant de partir, étant donné les liens qui l'ont
rattaché longtemps à l'Université Laval et qui le
rattachent encore, je pense bien - je voudrais signaler que votre intervention
arrive à point nommé dans le cheminement de cette commission
parlementaire. Depuis déjà près d'un mois, nous entendons
toutes sortes de représentations au sujet de la situation
financière des universités. Là-dessus, votre
mémoire ajoute une pièce nouvelle au dossier. On ne peut pas dire
qu'il innove littéralement. La situation qu'on nous a
présentée est à peu près négative partout et
le dossier que vous nous apportez vient s'ajouter à cela, un peu
à mon regret parce que, depuis que nous sommes entrés en
fonction, je dois vous dire que vous nous avez peu ennuyés avec ces
choses. Vous les avez portées vous-mêmes. Nous vous en sommes
reconnaissants.
Ce matin, le témoignage public que vous apportez vient ajouter
à ceux que nous avons entendus jusqu'à maintenant, mais surtout,
alors que nous devons commencer à nous interroger sérieusement
sur les conclusions que nous devrons tirer de ces multiples rencontres tenues
avec tous les établissements universitaires et de nombreux groupements
qui s'intéressent à leur bonne santé, vous nous apportez
dans votre complément de présentation de ce matin un ensemble de
recommandations qui sont un
véritable plan d'action, un plan d'action audacieux, qui a un
caractère radical et que nous pourrons souligner tout à
l'heure.
Je veux vous assurer qu'à titre de ministre de l'Enseignement
supérieur et de la Science j'étudierai avec le plus vif
intérêt les propositions contenues dans votre mémoire et
j'aurai la chance tantôt de vous interroger à ce sujet. Afin de ne
pas engager la discussion dans des voies qui pourraient être longues et
priver mon collègue de Jean-Talon du plaisir qu'il aura à
intervenir ce matin, je voudrais, avec la permission du président et de
l'Opposition, demander l'autorisation de passer la parole à mon
collègue à même le temps qui nous est imparti pour qu'il
puisse faire son intervention en toute liberté et, ensuite, disposer de
son temps comme il l'entendra.
M. Jolivet: M. le Président, l'Opposition, à la
demande du ministre, est bien heureuse d'accorder le droit de parole au
ministre des Relations internationales, espérant cependant qu'il ait pu
rester avec les étudiants, mais on va comprendre que son temps est
peut-être limité et on lui donne donc ce droit.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
député de Laviolette de la collaboration que vous accordez
à la présidence dans la conduite de ses travaux. Je reconnais
maintenant le député de Jean-Talon.
M. Rémillard: Merci, M. le Président. Je voudrais
tout d'abord remercier l'Opposition de sa collaboration. Je dois, de fait,
m'absenter à 11 heures pour un événement majeur, et je
m'en excuse.
M. le Président, je ne suis pas un membre régulier de
cette commission, mais je dois vous dire que j'ai suivi très
attentivement jusqu'à présent les travaux de votre commission,
parce qu'à cette commission vous discutez des questions parmi les plus
importantes auxquelles la société québécoise est
confrontée. Vos travaux sont donc de très grande importance.
Je me retrouve ici ce matin avec vous avec un intérêt tout
à fait particulier, devrais-je dire, parce qu'il s'agit de
l'Université Laval, une université où j'ai enseigné
pendant treize ans et où, je dois le dire, je suis toujours professeur
mais en congé sans traitement. La politique est ce qu'elle est. Je suis
donc en congé sans traitement. C'est une permanence quand même
bien relative, vous me direz, Mme Blackburn, mais il demeure que j'ai donc cet
intérêt ce matin qui m'amène à intervenir en ce qui
regarde l'Université Laval.
Je voudrais tout d'abord, M. le recteur, vous féliciter pour la
très grande qualité de votre mémoire qui est à
l'image de votre université, une université très
consciente de sa responsabilité, responsabilité, bien sûr,
en fonction de son rôle d'éducation, mais aussi en fonction de son
rôle social, politique et économique dans la région.
Je voudrais aussi souligner la présence de nombreux maires de la
région, comme vous l'avez fait au tout début, M. le recteur, qui
sont ici pour appuyer l'Université Laval, ce qui démontre fort
bien la très grande importance de l'Université Laval comme
institution dans la région de Québec. Comme tout à l'heure
mon collègue le ministre de l'Éducation le soulignait,
l'Université Laval est la plus ancienne université francophone
d'Amérique. C'est, en quelque aorte, le berceau de cette culture
francophone qui se développe en Amérique et, comme telle,
l'université a un rôle tout à fait particulier à
jouer. C'est un rôle qui est fondé sur l'excellence, c'est un
rôle que, jusqu'à présent, l'université tente de
relever comme défi avec, bien sûr, les moyens dont elle peut
disposer. Ses moyens sont limités, j'en conviens, parce que le contexte
fait qu'on doit pouvoir composer avec les circonstances économiques,
mais on doit aussi souligner -et là encore, tout à l'heure le
ministre de l'Éducation le soulignait très à propos - le
fait que l'administration de l'université s'est toujours fait un devoir
de présenter un budget équilibré. Il ne faudrait pas,
quand même, qu'elle se retrouve pénalisée parce qu'elle a
réussi à équilibrer ses budgets. C'est une
réalité avec laquelle il faut composer et c'est tout à
l'honneur de l'université et de son administration.
Il y a des défis qui sont là maintenant et qui sont ceux
de toute université mais, d'une façon particulière, qui
sont pour l'Université Laval un défi de l'excellence qui se situe
à différents niveaux. Il y a, bien sûr, la question du
rôle du professeur. Lorsqu'on parle de l'université, c'est la
qualité de l'enseignement, l'accessibilité aussi mais, lorsqu'on
parle de la qualité de l'enseignement, il faut penser que le travail du
professeur est celui d'enseigner, celui aussi de faire de la recherche, c'est
la responsabilité de recevoir les étudiants, de les diriger et de
diriger les mémoires. Il ne faudrait pas oublier non plus cette autre
dimension du rôle du professeur, soit celle de participer activement
à la vie sociale, politique, économique de son milieu. Les
professeurs d'université ont, en général, cette
responsabilité.
Lorsqu'on parle de la charge de travail des professeurs, je dois vous
dire qu'il m'apparaîtrait tout à fait inopportun d'augmenter cette
charge pour le moment. Il ne faut pas considérer la charge du professeur
en fonction strictement des six heures de cours qu'il doit donner, mais il faut
considérer le travail très important qu'il doit faire en
préparation de ses cours, pour
recevoir les étudiants et, faire de la recherche. J'insiste aussi
sur cette autre dimension qui m'apparaît particulièrement
importante, la contribution d'un professeur d'université à la vie
sociale, politique et économique de son milieu. Dans ce
contexte-là, M. le Président, je dois dire que la charge du
professeur d'université qui veut s'acquitter d'une façon
consciencieuse de ses responsabilités, elle est lourde, elle est
extrêmement stimulante, mais elle est lourde. (10 h 45)
Bien sûr qu'il peut y avoir des professeurs d'université,
comme cela existe dans toute autre profession, qui ne font pas d'une
façon adéquate exactement leur travail. Mais je crois que
l'université est là pour stimuler ces professeurs et je
considère, entre autres, que ce qui se fait à l'Université
Laval est particulièrement significatif de la qualité du travail
que peuvent faire les professeurs, tant aux fonctions de la recherche que de
l'enseignement, que de la participation des professeurs à la vie de leur
société.
Quelquefois, nous avons une certaine difficulté à trouver
le point d'équilibre entre le travail d'enseignement comme tel et le
rôle de chercheur. Il faut faire attention pour que le rôle de
chercheur ne vienne pas finalement minimiser le rôle d'enseignant. Nous
sommes tentés - il faut le dire, comme professeur à bien des
occasions j'ai aussi eu à vivre ces expériences - de donner
beaucoup d'importance à la recherche. Il faut donner de l'importance
à la recherche mais il ne faut pas que l'importance que l'on donne
à la recherche soit au détriment de cours bien
préparés et de l'accessibilité du professeur aux
étudiants.
Il y a donc, parmi ces défis que l'université doit
relever, certainement le défi de la qualité de l'enseignement. Il
y a bien sûr la recherche. On a mis beaucoup d'emphase sur la recherche,
et avec raison, mais il ne faut pas oublier aussi la qualité de
l'enseignement, ce contact direct tout à fait privilégié
que doit avoir l'étudiant avec le professeur.
On peut aussi parler de la permanence des professeurs. Là encore,
c'est une question très délicate, M. le Président. Il ne
faut pas que les professeurs soient les otages des étudiants pas plus
qu'ils ne doivent être à la merci d'une administration.
L'université, c'est un lieu de réflexion, d'expression libre pour
les professeurs qui veulent exprimer des idées nouvelles. On doit
être particulièrement soucieux de protéger à
l'université cette liberté totale d'expression.
L'université doit être un lieu privilégié pour la
liberté d'expression. Dans ce contexte, on peut parler des
différents aspects qui sont reliés à la question de la
permanence mais il demeure quand même qu'il faut être
extrêmement prudent sur cette question.
L'université aussi, dans son défi de l'excellence, doit
voir à évoluer et à prendre une dimension qui
l'amènerait à participer sur la scène internationale
peut-être d'une façon plus active qu'elle ne l'a fait
jusqu'à présent. On a vu que depuis les dernières
années l'université prend une part importante à
l'organisation de conférences internationales, reçoit des
séminaires, reçoit aussi des professeurs de l'étranger, de
plus en plus, reçoit beaucoup d'étudiants qui nous viennent de
partout de l'étranger. C'est une excellente chose. J'espère que
le projet de l'université de créer un institut de
coopération internationale pourra aboutir dans un avenir prochain.
Je sais aussi que l'Université Laval fait partie du conseil
d'administration du Centre international d'arbitrage qui doit probablement
être inauguré prochainement à Québec. Ce Centre
international d'arbitrage sera un centre où des firmes oeuvrant sur la
scène internationale ou d'autres organismes pourront venir ici à
Québec pour avoir un arbitrage sur certains différends qu'ils
peuvent avoir. Ce Centre international d'arbitrage sera aussi un centre de
formation des arbitres et l'Université Laval aura certainement un
rôle important à jouer dans ce contexte.
De même, je sais que l'Université Laval appuie grandement
nos efforts pour que l'UNESCO puisse avoir ce bureau à Québec,
pour que l'UNESCO puisse avoir un bureau d'information qui aura une vocation
nord-américaine et qui permettra, en étroite collaboration avec
l'université, de développer cette relation de l'université
avec le monde international par des conférences, des séminaires
d'envergure internationale.
Voilà, M. le Président, les quelques points que je voulais
souligner. J'aimerais soulever une question qui m'intéresse à
bien des niveaux comme député de la région. J'aimerais
demander, relativement aux intentions de l'université en ce qui regarde
son expansion du côté du Vieux-Québec, s'il y a des
développements à ce sujet et, si l'université a encore ces
intentions, de quelle façon elle entend les réaliser?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. Paquet.
M. Paquet: Merci. Comme vous le savez, l'université a tenu
pour acquis qu'elle devait être accessible le plus possible aux
clientèles qui veulent s'y inscrire. Elle a aussi adopté comme
une de ses priorités la revitalisation du Vieux-Québec et a bien
l'intention de revenir au Vieux-Québec s'y installer pour offrir ses
services. C'est dans ce contexte que nous avons indiqué notre
désir de vouloir occuper les espaces qui seront libérés au
vieux Séminaire de Québec
au cours des prochaines années. Très concrètement,
l'Université Laval a déjà loué un certain nombre de
locaux au vieux Séminaire et certaines équipes
déménageront dans ces locaux sous peu.
Nous avons aussi l'intention, au cours des prochaines années,
d'occuper progressivement les locaux qui deviendront disponibles en y logeant
des équipes ou les centres de recherche ou des unités qui
pourraient avantageusement s'y retrouver. C'est notre contribution à la
revitalisation du Vieux-Québec, et je pense que c'est une mission qui
revient à l'Université Lavai de faire en sorte que ce secteur
soit animé par des étudiants, par des professeurs et non pas
seulement par des administrateurs qui s'y retrouveront. Le processus est en
cours. Les discussions ont eu lieu et auront lieu. Il s'agira pour nous
d'occuper progressivement des espaces libérés au vieux
Séminaire. C'est toujours dans notre intention de le faire.
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il n'y a pas
d'autres interventions... Je m'inquiétais, M. le recteur, du fait que
les professeurs de l'Université Laval n'avaient pas soumis de
mémoire, comme on a vu dans d'autres universités. Après
avoir entendu mon collègue de Jean-Talon, je conclus qu'ils ont
peut-être cru plus intéressant et plus valable pour eux
d'infiltrer la commission. Je reconnais maintenant la députée de
Chicoutimi, porte-parole de l'Opposition en matière
d'éducation.
Mme Blackburn: Merci. À la remarque du président,
je me demandais si certains jeunes, en particuliers les jeunes du Parti
libéral seraient d'accord avec une certaine forme de permanence.
Une voix: Congé sans traitement.
Mme Blackburn: M. le recteur, messieurs, au nom de l'Opposition,
il me fait plaisir de vous recevoir à cette commission. Recevoir les
représentants de la plus vieille université française en
Amérique du Nord, la plus vieille en Amérique du Nord de
façon générale et française de plus, c'est revenir
aux sources, et je trouve cela extrêmement important. Comme le rappelait
le ministre tout à l'heure, l'Université Laval, c'est en fait au
Québec le premier foyer de la vie universitaire, et, en ce sens, les
progrès importants que le Québec a accomplis au cours des
derniers siècles, je pense qu'on vous en doit une large part.
Vous avez, comme le soulignait aussi le ministre, réussi dans des
conditions difficiles à boucler votre budget. Je dois dire ici ce qui
m'apparaît important peut-être de souligner, c'est la
capacité que vous avez démontrée de faire des
levées de fonds avec la participation générale de la
population, mais plus particulièrement avec celle de vos
diplômés et de vos étudiants actuels. On voit rarement ce
qu'on a vu à l'Université Laval, c'est-à-dire les
étudiants inscrits à l'université, participer de
façon aussi active à une levée de fonds. Si je ne m'abuse,
ils ont eu une contribution fort importante et extrêmement
intéressante. Cela témoigne plus, je pense, que les jugements
qu'on pourrait porter ici de l'attachement que vos étudiants
diplômés ont à l'endroit de votre université-,
Sûrement que cela a un rapport avec la qualité des services que
vous leur offrez.
J'aimerais, comme mes deux collègues ici de la commission
parlementaire ont parlé plus longuement qu'ils ont interrogé, que
vous me permettriez, sans plus tarder, de passer aux questions. J'estime que
l'importance d'une commission parlementaire, ce n'est pas exclusivement
d'entendre les membres exprimer leurs sentiments, mais nous permettre d'avoir
des éclairages additionnels sur des mémoires que vous venez nous
présenter.
Vous avez un déficit relativement bas, moins impartant, à
tout le moins, que certaines grandes universités avec un profil
pédagogique assez comparable. Si je pense aux grandes universités
de Montréal comme l'Université McGill ou l'Université de
Montréal, vous avez à peu près les mêmes programmes,
donc, on pourrait penser éprouver aussi les mêmes
difficultés financières. Cependant, vous avez réussi, avec
une gestion extrêmement serrée, à joindre les deux bouts de
façon à ne pas avoir un déficit ou un dépassement
trop important. D'abord, j'aimerais avoir votre opinion sur deux questions: sur
les règles d'allocation des ressources qui étaient
proposées à la formule de 1984 et, en excluant évidemment
les budgets d'immobilisation, quel est le manque à gagner de
l'Université Laval?
M. Paquet: Merci, madame. Comme vous l'avez souligné,
toutes les universités ont été touchées lors des
compressions et des prélèvements que nous avons connus au cours
des cinq ou six dernières années. À ce titre,
l'Université Laval a été touchée exactement de la
même façon que les universités dont vous avez fait mention
tout à l'heure, autant lorsqu'on compare les compressions que nous avons
subies et qui s'appliquaient à toutes les universités que des
prélèvements que nous avons aussi subis. Les universités
que vous avez mentionnées étant du même type que
l'Université Laval, je pense que nous avons toutes trois, comme les
autres, été touchées également. Malgré tout
nous avons réussi à maintenir une situation budgétaire
assez saine quoique cette année nous nous engageons pour la
première fois dans un déficit de fonctionnement qui peut
devenir chronique et qui deviendra chronique si rien n'est fait.
Je vais laisser le soin au vice-recteur Trotier de répondre plus
explicitement à votre question et aussi de parler de la question des
immobilisations.
M. Trotier (Louis): Merci, je pourrais peut-être commencer
par expliquer brièvement pourquoi l'Université Laval se retrouve
dans une situation financière qui est certainement beaucoup plus saine
que celle de la plupart des autres universités? Elle a été
frappée par les mêmes contraintes que les autres
universités du Québec, Toutefois, vous l'avez dit, grâce
à une gestion rigoureuse, elle s'en est tirée. Je pense que c'est
parce qu'elle a commencé très tôt à réagir
à ces contraintes budgétaires. Dès 1978, alors qu'on se
trouvait encore dans les bonnes années, l'Université Laval
gérait se3 affaires de façon très serrée et faisait
des surplus qu'elle accumulait. Lorsque les années difficiles sont
arrivées, au début des années quatre-vingt,
l'Université Laval s'est aperçue vers 1981 que si elle ne
réduisait pas son niveau de dépenses et si elle continuait de
faire des budgets au même rythme que les années
précédentes, elle se retrouverait, trois ans plus tard, au 31 mai
1984, avec un déficit accumulé de 45 000 000 $. Nous avons pris
le taureau par les cornes, si vous me permettez l'expression, et au 31 mai 1984
je peux vous dire que l'Université Laval avait un équilibre
budgétaire parfait. Nous avions 200 000 $ de déficit
accumulé au 31 mai 1984 plutôt que 45 000 000 $ que nous avions
estimés. Dès le départ, nous nous sommes imposé des
coupures très sévères qui ont été
récurrentes et nous avons réussi à nous priver de 45 000
000 $ pendant ces trois années. Depuis 1984, malheureusement, nous avons
recommencé à connaître quelques déficits. Il a fallu
relâcher un peu la pression parce que nous ne voulions pas que
l'université devienne exempte de la force de se comprimer et nous avons
voulu faire quand même une certaine relance au prix d'un léger
déficit, mais cela nous a semblé nécessaire. Les
règles budgétaires qui avaient été proposées
en 1984 nous convenaient fort bien, sauf pour ce qui concerne les frais
indirects de la recherche. Nous estimons qu'une université comme
l'Université Laval, qui développe beaucoup la recherche, se
pénalise elle-même, en quelque sorte, sur le plan financier
puisqu'à chaque fois que nous accueillons de nouvelles subventions de
recherche cela crée une pression sur nos ressources. Vous n'ignorez pas,
je pense, que l'Université Laval a eu particulièrement du
succès dans les grandes actions structurantes et nous en avons recueilli
un grand nombre. À la blague je disais à mon collègue,
vice-recteur à l'enseignement et à la recherche, M. Gervais,
qu'il était temps qu'il arrête d'avoir du succès, parce
qu'il était en train de nous ruiner. Mais cela traduit tout à
fait la situation. Plus vous avez des subventions, plus vous avez du
succès, et plus vous êtes en train de vous créer des
difficultés financières. Donc, nous estimons que les
règles de 1984, si on y ajoutait un montant important quand même
pour rencontrer et permettre de faire face aux frais indirects
créés par la recherche, cela nous conviendrait. (11 heures)
Pour ce qui est des immobilisations, votre question est
évidemment un peu difficile. Au fond, je devrais répondre que nos
besoins sont quasiment illimités. Le manque à gagner est
difficile à estimer, mais nous avons chiffré, il y a quelques
semaines, les projets que nous avons et qui nous paraissent importants en y
faisant des priorités. L'ensemble des projets qui devraient se
réaliser sur une période de quelques années se chiffrait
à près de 50 000 000 $. Nous avons l'intention de construire
trois pavillons et de faire une annexe au pavillon de foresterie. H y a la
location ou l'acquisition dans le Vieux-Québec et des
réaménagements de locaux. L'université a quand même
construit un campus à partir de 1948 et certains de ses pavillons
commencent à vieillir. Nous avons essayé de bien les entretenir,
mais ce n'est pas facile. Nous avons découvert, récemment, des
problèmes très importants qui mettent en péril la
santé et la sécurité de notre personnel. Cela est
lié à des questions de ventilation dans des pavillons avec des
laboratoires. Hier même, je peux vous dire qu'au conseil exécutif,
nous avons voté un montant de 1 000 000 $ seulement pour corriger les
problèmes de ventilation dans une aile de notre pavillon de la
Faculté des sciences, le pavillon Vachon, où se trouvent des
laboratoires de chimie et de biochimie. L'estimation pour l'ensemble de ces
corrections se chiffre approximativement à 6 000 000 $; donc, 6 000 000
$ seulement pour corriger des systèmes de ventilation et éviter
des problèmes de santé et de sécurité à
notre personnel. C'est un exemple que je cite parmi d'autres.
Les équipements scientifiques à l'Université Laval,
comme dans toutes les universités, sont souvent désuets. Je ne
parle pas des équipements pour la recherche. Ce sont les professeurs
eux-mêmes qui obtiennent des subventions ou des contrats de recherche et
qui, à l'aide de ces subventions, renouvellent leur équipement
scientifique et font l'acquisition de l'équipement nécessaire.
Mais pour l'enseignement, en général, les équipements
scientifiques ont été acquis au moment de la construction des
pavillons. Donc, un pavillon construit il y a 20 ans a été
équipé à neuf avec ce qu'il y avait de plus moderne; 20
ans plus tard, ils ont
presque le même équipement.
Les subventions d'investissement que nous recevons, puisqu'il faut les
partager entre les réaménagements, les rénovations, les
équipements et les mobiliers de toutes sortes, nous permettent de
renouveler que d'une façon absolument dérisoire les
équipements scientifiques pour l'enseignement que nous possédons
déjà. Seulement faire face aux croissances de clientèles
nous oblige à acquérir de nouveaux équipements et pour les
anciens, on continue de s'en servir et il n'est pas rare d'entendre nos
étudiants nous dire qu'ils n'ont jamais vu des appareils comme cela, par
exemple quand ils étaient au cégep, parce qu'on a des vieux
appareils d'il y a 20 ans. Vous savez que les équipements scientifiques
ont une durée de vie peut-être de sept ou dix ans maximum. Dans
certains de nos départements, comme en génie électrique ou
en génie mécanique, on nous montrait que nous renouvelons
actuellement les équipements scientifiques au rythme de 1 %. Ce qui
voudrait donc dire que c'est comme s'ils avaient une vie de 100 ans alors
qu'ils devraient avoir une vie d'environ sept ou dix ans. Cela traduit, si vous
voulez, la très grande insuffisance des moyens que nous avons pour le
renouvellement en particulier de l'équipement scientifique.
Vous voyez, c'est pour la santé et la sécurité, les
équipements scientifiques en particulier, en plus des projets
d'expansion. On a un bien grand campus et l'Université Laval semble une
institution bien installée et pourtant, elle déborde. En fait, il
nous faut absolument ajouter des espaces. C'est devenu le problème
majeur de l'université. Je crois que tous les doyens pourraient en
témoigner: le problème de l'espace est devenu le problème
le plus crucial actuellement à l'Université Laval.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Très
bien.
Mme Blackburn: M. le Président, la Chambre de commerce et
d'industrie du Québec métropolitain s'est présentée
ici devant cette commission, il y a quelques jours, et faisait largement
état de l'importance de l'Université Laval dans la grande
région de Québec, du rôle que pouvait jouer et jouait cette
université et de ses retombées économiques.
J'aimerais que vous nous parliez un peu plus longuement de toute la
question de la concertation, concertation avec le milieu, des services qu'on
appelle les services aux collectivités, les relations
université-entreprises de même qu'avec les cégeps de la
région. Y a-t-il des lieux de concertation dans certains programmes? On
a fait largement état à cette commission parlementaire des
pratiques de concertation entre les universités dans la région de
Montréal, mais souvent avec des universités du Québec.
Est-ce qu'il y a une pratique semblable ici à l'Université
Laval?
M. Paquet: Je vais répondre à votre première
question, madame, laissant à mon collègue Gervais le soin de
parler de concertation avec les cégeps et les autres
universités.
En ce qui concerne votre premier point, c'est exact que depuis plusieurs
années l'Université Laval s'est donnée comme
priorité d'aider au développement économique de la grande
région de Québec. C'est en ce sens que nous avons lancé
des invitations à des organismes comme la Chambre de commerce et
d'industrie du Québec métropolitain, à l'INRS, au CRIQ et
ainsi qu'à la Société Inter-Port pour former ce qu'on a
convenu d'appeler le GAATIQ, le groupe d'action pour l'avancement technologique
et industriel de la région de Québec.
Je pense que ce groupe, qui a pris naissance à la suite du sommet
de septembre 1983 à Québec, a eu un rôle capital à
jouer en ce sens qu'il a permis de sensibiliser les intervenants de la
région de Québec au problème de son développement.
Il a permis aussi une concertation qui était absolument
nécessaire et qui a été fructueuse avec les organismes
comme la chambre de commerce et les autres qui j'ai cités.
Vous savez que c'est à la suite du sommet et grâce à
cette concertation que nous avons réussi à amener dans la
région de Québec la création de l'Institut national
d'optique du Conseil national de recherche, un investissement de 16 000 000 $.
C'est encore grâce a cette concertation avec les intervenants du milieu
que nous avons lancé l'idée du Parc technologique, qui est en
voie de prendre forme et à laquelle nous nous intéressons
beaucoup.
C'est encore grâce à cette concertation avec la chambre de
commerce qu'on a pu avancer l'idée, que M. le ministre Rémillard
mentionnait tout à l'heure, d'un centre d'arbitrage international dans
lequel l'Université Laval est impliquée.
Je pense qu'il était temps, après plusieurs années,
et c'était demandé, que l'université s'implique dans le
développement de son milieu. C'est ce que nous avons fait, avec des
résultats concrets, espérant que d'autres viendront aussi se
confirmer au cours des prochaines années.
De ce côté, je pense que nous avons établi ici,
grâce à cette concertation, un modèle qui est en train de
s'exporter non seulement dans la région de Montréal - on parle de
création d'un genre de GAATIQ dans la région de Montréal -
mais on reçoit même des demandes des autres parties du Canada de
gens s'informent à savoir quelle est la formule que nous avons
adoptée,
comment on a procédé. Ils voudraient bien nous copier en
quelque sorte. Donc, cette concertation a été très
heureuse pour la région de Québec et profitable.
Je vais demander à mon collègue Gervais de parler de la
concertation avec les cégeps et aussi avec les universités de
l'Est du Québec avec lesquelles nous sommes en rapport.
M. Gervais (Michel): M. le Président, je suis très
heureux que la question de Mme Blackburn me donne l'occasion de parler de ce
dossier où, je pense, l'Université Laval a réussi des
choses assez extraordinaires.
En juin 1984, le recteur de l'université, M. Jean-Guy Paquet, et
M. Alexandre Prévost, le directeur général du cégep
François-Xavier-Garneau, convoquaient conjointement une rencontre des
représentants de l'Université Laval et des représentants
de tous les cégeps de la région 03. Les objectifs de cette
rencontre étaient d'étudier les modalités de collaboration
et de concertation entre les cégeps et l'Université Laval.
Les points qui ont été abordés lors de cette
rencontre, je vous en donne quelques exemples: La politique d'admission de
l'Université Laval, l'admission des détenteurs de DEC
professionnel, les modalités de collaboration en recherche et les
différents problèmes d'harmonisation ou de duplication entre les
cégeps et l'université.
Ce sommet a été, je crois, un succès incontestable
et des suites très concrètes ont été données
à cette rencontre. Je vous en donne quelques exemples: D'abord, il y a
eu une entente avec le cégep Garneau et le cégep Sainte-Foy pour
l'offre de cours de langue. On nous disait, depuis quelques années, que
les universités offraient des cours qui n'étaient pas de niveau
universitaire et, notamment, l'exemple qui revenait toujours était celui
des cours élémentaires d'anglais, d'espagnol ou autres.
Or, nous avons pris, là aussi, le taureau par les cornes, et nous
avons dit: Les gens ont raison, ce n'est pas à l'université de
faire cela; il suffit de s'entendre avec les cégeps de la région
pour qu'ils offrent eux-mêmes ces cours, ce qui est fait maintenant. De
telle sorte qu'un étudiant qui se présente à
l'Université Laval pour suivre un cours d'anglais, on lui fait passer un
examen; s'il n'est pas de niveau intermédiaire, il a la
possibilité de s'inscrire au cégep.
Un autre dossier où il y a eu aussi beaucoup de progrès,
est celui de l'admission des détenteurs de DEC professionnel. Vous savez
que souvent tes meilleurs diplômés de ce programme sont
intéressés à changer de parcours et à s'orienter
vers l'enseignement universitaire. Dans trois facultés notamment, il y a
eu beaucoup de progrès à ce chapitre. Je mentionne la
Faculté des sciences et de génie, dans les programmes de
génie, la Faculté des sciences de l'agriculture et de
l'alimentation, pour ce qui est des diplômés de l'Institut de
technologie agricole et la Faculté de foresterie et de
géodésie qui est en discussion, à ce sujet, avec le
cégep de Sainte-Foy.
Je mentionne aussi une entente formelle avec le cégep de
Lévis-Lauzon pour l'offre, nous espérons à l'automne 1987,
d'un programme de baccalauréat en technologie de la productique et une
entente que nous venons d'approuver et qui sera signée dans les
prochains jours avec le cégep de Thetford pour la recherche
minière. Je mentionne aussi une entente de principe entre notre centre
de recherche en nutrition et le cégep de Sainte-Foy dans le domaine de
la biotechnologie et un dossier important, l'obtention d'une subvention du
Centre québécois de l'information de la productique dans un
projet qui associe l'Université Laval à des industries de la
région et à trois cégeps de la région 03,
nommément le cégep de Lévis-Lauzon, celui de Limoilou et
le cégep de La Pocatière.
Ce sont là quelques exemples. Je dois aussi mentionner un
colloque qui s'est tenu récemment sur les modalités de
collaboration entre les cégeps et l'université au plan de la
recherche. Ce sont là quelques exemples dans un dossier qui
évolue positivement de semaine en semaine et qui prend une telle ampleur
que nous avons même dû demander à un de nos professeurs de
s'en occuper car nous n'en pouvions plus, un professeur du Département
de génie mécanique qui est en relation constante avec les
cégeps de la région.
Voilà quelques exemples qui illustrent cette concertation avec
les cégeps que nous avons voulu promouvoir et un objectif qui a
reçu, dans les cégeps de la région 03, un accueil
très favorable, avec les suites que je viens de mentionner.
Pour ce qui est des relations avec les autres universités du
Québec, vous savez que notre plan d'action mentionne comme une
priorité cette concertation avec les universités de l'Est du
Québec. Je crois que les plus beaux exemples de concertation sont ceux
qui ont trait aux rapports de l'Université Laval avec - cela vous fera
plaisir - l'Université du Québec à Chicoutimi. Il y a deux
exemples particulièrement éloquents du genre de collaboration que
nous voulons avoir avec les universités de l'Est du Québec, qui
se situe plutôt au niveau des études avancées et de la
recherche. Les deux exemples en question sont l'accord intervenu avec
l'Université du Québec à Chicoutimi pour lui permettre
d'offrir à Chicoutimi, avec ses professeurs, notre maîtrise en
linguistique. Il y avait là, jugions-nous, un corps professoral tout
à fait compétent pour offrir notre programme de maîtrise
en
linguistique, et ces professeurs avaient une grande affinité avec
les nôtres puisqu'ils avaient, pour la plupart, été
formés chez nous et avaient des relations constantes avec nos
collègues.
Je mentionne surtout la création, avec l'Université du
Québec à Chicoutimi, qui est le maître d'oeuvre
là-dedans, et l'Université McGill,d'un centre de recherche unique
au monde, la SOREP, un centre de recherches en génétique des
populations. C'est là, je crois, un fleuron de la concertation
interuniversitaire au Québec. Les discussions sont en cours avec mon
homologue, le vice-recteur à l'enseignement et à la recherche de
l'Université du Québec à Chicoutimi sur d'autres projets
de collaboration possibles. Je mentionne aussi les discussions qui ont eu
cours, avec succès, avec l'Université du Québec à
Trois-Rivières, pour la question de l'offre des cours dans la
région de Québec. Là-dessus, nous sommes parvenus à
une entente avec cette université.
Je devrais mentionner aussi, au-delà de l'Est du Québec,
des relations avec d'autres universités, comme McGill, par exemple. Vous
connaissez peut-être l'existence du GIROQ, un centre interuniversitaire
de recherches en océanographie, et des discussions sont actuellement en
cours avec l'Université de Sherbrooke pour l'offre conjointe de notre
programme de maîtrise et de doctorat en
télédétection.
Je m'arrête là. Ce sont là simplement quelques
exemples qui illustrent notre volonté de concertation avec les autres
universités du Québec et principalement, bien sûr, avec les
universités de l'Est du Québec.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci,
monsieur.
Mme Blackburn: Dans votre présentation, M. le recteur,
votre huitième recommandation veut que chaque université
présente au ministre, dans les meilleurs délais, un plan
d'équilibre financier et fasse rapport annuellement du nombre de ses
diplômés par cycle et par secteur disciplinaire. Je comprends bien
que vous nous suggérez qu'à l'avenir, la mesure de la
productivité soit la diplomation. On connaît la situation de la
diplomation actuellement au Québec: Bien qu'on ait un nombre d'inscrits
aussi grand, toute proportion gardée qu'en Ontario, au niveau de la
diplomation des premier, deuxième et troisième cycles, on est
vraiment très déficitaires et, particulièrement, dans les
universités francophones. (11 h 15)
D'ailleurs, à ce sujet, on a entendu ici l'Union des
gradués inscrits à Laval qui a fait état d'un certain
nombre de difficultés qui sont à la fois d'ordre
économique, d'encadrement et un certain nombre de questions de cette
nature. J'aurais deux questions à vous poser, ta première
étant: Est-ce que vous avez mis en place une politique ou des mesures
qui vous permettraient de mieux cerner l'importance de ce
phénomène chez vous, à l'université? Où en
sont les démarches dont on nous informait? Les diplômés
nous disaient qu'à la suite du dépôt d'un avis du
comité paritaire sur la situation des diplômés et ce
qu'aurait pu être un protocole d'entente entre l'université et les
gradués, il y a eu un rapport déposé en décembre
1985, l'Université Laval a formé un comité pour
rédiger une déclaration des droits fondamentaux des
étudiants, avec une emphase particulière sur la reconnaissance
des droits et des propriétés intellectuelles. Évidemment,
comme cela n'est pas étranger au taux de diplomation, j'aimerais savoir
où en est rendu ce dossier.
M. Paquet: Merci, madame. Vous avez souligné à
juste titre que le problème des universités
québécoises et, notamment, des universités francophones,
en est un de diplomation. On a fait depuis 25 ans des efforts énormes au
Québec pour accroître l'accessibilité aux
établissements universitaires avec le résultat que le taux de
fréquentation des universités est plus élevé que
dans certaines provinces et, notamment, l'Ontario. Ce n'est pas le cas du taux
de scolarisation où les universités québécoises et,
notamment, les universités francophones tirent de l'arrière. On
diplôme toujours, toute proportion gardée, moins
d'étudiants qui finissent au baccalauréat; on a moins
d'étudiants qui terminent leur maîtrise et moins
d'étudiants qui vont jusqu'au doctorat. Voilà pourquoi
l'Université Laval a mis comme priorité, au cours des
dernières années, l'inscription et la diplomation à la
maîtrise et au doctorat pour permettre au Québec d'effectuer ce
rattrapage quant au nombre des diplômés à la maîtrise
et au doctorat.
Je pense que nous avons relativement bien réussi à
l'Université Laval. Nous sommes passés d'un taux de diplomation
au doctorat, par exemple, de l'ordre de 65 ou 70, à un taux
dépassant 100 doctorats par année. Cette année, par
exemple, nous aurons diplômé 123 étudiants au doctorat;
c'est une augmentation d'au-delà de 100 % par rapport à ce que
nous avions il y a cinq ans. La diplomation au baccalauréat, à la
maîtrise et au doctorat suppose l'encadrement des étudiants,
notamment ceux de deuxième et troisième cycles. C'est un domaine
auquel l'Université Laval a l'intention de consacrer beaucoup
d'énergie au cours des prochaines années. Le problème de
l'encadrement des étudiants de maîtrise et de doctorat est un
problème qui nous préoccupe. La durée des études de
maîtrise
et de doctorat nous préoccupe, C'est une de nos
préoccupations premières de faire en sorte que nos professeurs
aient les moyens de pouvoir mieux encadrer nos étudiants de façon
que la diplomation puisse s'accroître et que les étudiants soient
mieux en mesure de poursuivre leurs études de maîtrise et de
doctorat dans un temps raisonnable.
Vous avez abordé la question des droits fondamentaux des
étudiants. Je vais demander au vice-recteur De Celles qui s'occupe de ce
dossier de vous en parler.
M. De Celles (Pierre): C'est il y a près de deux ans que
l'UGIL déposait un document sur le statut de chercheur étudiant
ou d'étudiant chercheur. Ce document a été reçu par
le Conseil de l'Université qui a demandé les avis des grandes
commissions de l'université, soit la commission des affaires
étudiantes, la commission de la recherche, le conseil de l'École
des gradués. Ce dossier a cheminé pour être maintenant,
comme vous l'avez mentionné, englobé dans un dossier plus vaste,
celui de faire adopter par le conseil de l'université une
déclaration des droits fondamentaux des étudiants. Le
comité paritaire, étudiants et autres membres de la
communauté universitaire, professeurs et administrateurs, a
progressé dans ses travaux et c'est au cours du prochain mois que sera
déposé, pour consultation de la communauté universitaire,
un projet de déclaration des droits fondamentaux des étudiants.
Ce projet fera sûrement état des questions que les
étudiants gradués ont soulevées. Je pense notamment
à la question de la propriété intellectuelle relative
à leurs travaux de recherche.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous remercie,
monsieur.
Avant de reconnaître le ministre de l'Enseignement
supérieur et de la Science, j'ai eu une demande du député
de Vanier, une demande de consentement de la part des deux côtés
pour une très courte intervention. Est-ce qu'il y a consentement?
M. Jolivet: M. le Président, tout en constatant que
certains députés de Québec ne sont que de passage ici et
qu'ils n'auront pas la chance d'écouter Ies étudiants,
l'Opposition lui donne quand même la permission.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
député de Laviolette. M. le député de Vanier.
M. Lemieux: Je vous remercie, M. le député de
Laviolette, et j'oublie la fin de votre intervention.
M. le recteur, comme député de la région de
Québec, je dois vous dire que je dois quitter dans quelques minutes
puisque je préside actuellement la commission du budget et de
l'administration chargée d'étudier l'évolution des
finances publiques du Québec avec le ministre des Finances. Vous
comprendrez que c'est d'autant plus important si on regarde la page 4 de votre
mémoire où vous nous dites que l'équilibre
budgétaire n'est plus possible et que, malgré vos efforts, vous
vous engagez maintenant et de façon définitive, si rien n'est
fait, dans la voie des déficits chroniques importants.
Je veux que vous sachiez que nous sommes très sensibles, les
députés de la région de Québec, à vos
préoccupations et que, même si, physiquement, ils ne sont pas
présents, intellectuellement, ils sont très très
près. Nous discuterons au caucus de l'ensemble du dossier de
l'Université Laval et soyez assurés que nous serons là
pour faire valoir à M. le ministre de l'Éducation les
préoccupations de l'Université Laval. L'absence de l'ensemble des
députés de Québec s'explique du fait qu'ils sont retenus
par leur travail. Je vous dis qu'ils sont présents et beaucoup plus
près que vous ne pensez. Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
député de Vanier.
Je reconnais maintenant le ministre de l'Enseignement supérieur
et de la Science. M. le député d'Argenteuil.
M. Ryan: Oui, surtout. M. le Président, je voudrais
revenir sur des questions fondamentales que soulève le mémoire de
l'Université Laval à propos du financement. Dans la
première version de votre mémoire que vous nous aviez
adressée dès le mois de juin, vous aviez des passages importants
concernant la concurrence sauvage - pour reprendre vos propres termes - que se
sont livrée les universités au cours des dernières
années en matière de recrutement de clientèles nouvelles.
Vous disiez que les méthodes de financement utilisées par le
gouvernement avaient encouragé cette concurrence aveugle entre les
universités qui les portait à chercher par tous les moyens
à accroître leurs effectifs étudiants afin
d'accroître leur accès à des subventions gouvernementales.
Je voudrais vous demander s'il y a un lien entre les propositions que vous
déposez aujourd'hui et ce problème-là. Est-ce que vous
voyez une façon de réaménager la formule de financement
des universités qui permettrait de mettre un frein à cette
concurrence aveugle qui a malheureusement existé trop longtemps et qui,
selon votre mémoire, n'est pas terminée, d'ailleurs?
M. Paquet: Merci, M. le ministre. Notre proposition contenue dans
le mémoire que nous déposons aujourd'hui vise essentiellement
à permettre aux universités, pour les trois
prochaines années, de vivre une période de stabilisation
et de rationalisation pour qu'on ait le temps de faire le point sur les divers
dossiers et notamment sur celui que vous avez évoqué, il ne faut
pas se le cacher, pour deux raisons: d'abord, parce que les universités
ont connu des prélèvements et, pour une autre, parce que
c'était payant d'inscrire des étudiants à
l'université. Nous avons connu une période de
développement un peu irrationnel du réseau et nous avons connu
cette course aux clientèles qui a fait en sorte que les
universités du Québec se sont appauvries collectivement en
faisant cette course aux clientèles. Les budgets étant
limités et, devant augmenter le nombre d'étudiants pour
être financées, nous nous sommes appauvries collectivement en ce
sens que le coût par étudiant a diminué et que nous avons
dû faire des économies d'échelle extraordinaires pour
arriver à boucler nos budgets.
C'est un problème réel que celui du développement
du réseau universitaire. D'ailleurs, il y a quelques années, dans
une lettre que j'adressais au ministre Bérubé, j'avais
posé le problème en termes très clairs. Je demandais au
ministre de saisir le Conseil des universités à ce
moment-là du problème du développement des
universités dans la région 03 de façon à
éviter cette course aux clientèles et cette compétition
qui s'était installée entre les universités parce que les
règles de financement nous y invitaient.
Je demanderais au vice-recteur Dufour peut-être de traiter
davantage de cette question, puisque cela touche directement les questions
budgétaires et d'équilibre budgétaire.
M. Dufour (André): M. te ministre, la proposition que nous
faisons précisément au point 3, c'est d'assurer la garantie d'une
stabilité des subventions pour les prochaines années, permettant
ainsi aux administrateurs universitaires ou d'universités de planifier
à partir d'une donnée stable.
Comme nous le mentionnons, cela implique que l'on évite des
prélèvements - je pense que les membres de cette commission ont
déjà entendu parler de cette formule des
prélèvements qui visait à couvrir les coûts
engendrés par la croissance. Dans le mémoire que nous avons
déposé, à la page 4, nous y faisons
référence. La croissance des uns était payée par
les prélèvements chez tous, mais on venait combler le
prélèvement par les coûts de croissance dans les
universités qui réussissaient à se développer.
C'est cette situation, dans une donnée de budget fermé,
où on fait payer par tout le monde la croissance chez certains, qui a
conduit à ce qu'on a appelé l'anarchie et, peut-être plus
négatif que cela, au manque de collaboration entre certaines
institutions.
Il fallait une certaine dose de courage pour dépasser ces
questions et rechercher la collaboration d'autrui. Nous croyons qu'en
évitant cet écueil nous allons faciliter la concertation et
permettre une attitude beaucoup plus sereine sur des bases plus solides.
M. Ryan: Cela ne me semble pas trop clair dans les
recommandations que vous nous avez présentées. Est-ce que vous
iriez jusqu'à recommander au gouvernement qu'il devrait remettre en
cause le principe du financement des clientèles additionnelles en faveur
d'autres modes de financement des universités qui pourraient garantir
cette stabilité dans la discipline et dans l'ordre? Allez-vous
jusque-là, parce que ce n'est pas clair dans les recommandations que
j'ai lues?
M. Dufour (André): Dans la recommandation 4, M. le
ministre, c'est ce que nous abordons en disant que si le gouvernement n'est pas
en mesure d'assurer le financement des clientèles additionnelles,*
puisque dans la recommandation précédente nous avons
demandé qu'il n'y ait pas de prélèvements, alors si le
gouvernement n'est pas en mesure, nous demandons que soient assouplies les
règles sur les droits de scolarité pour qu'on soit
autorisé à les hausser, mais à l'intérieur de
certaines limites et en modulant selon les secteurs.
M. Ryan: Je vais être plus clair. Si on vous donnait le
choix entre une recommandation qui proposerait de mettre de côté
chaque année un montant de 10 000 000 $ pour le financement des
coûts indirects de ta recherche et une autre recommandation qui dirait
qu'il faut maintenir le financement des clientèles additionnelles,
est-ce que je dois comprendre que vous privilégieriez la première
voie: le financement des coûts de la recherche?
M. Dufour (André): Oui. C'est le choix que nous avons
fait, M. le ministre.
M. Ryan: Est-ce que je dois comprendre également que la
deuxième recommandation que vous faites, soit l'augmentation des budgets
d'investissements, laquelle entraîne évidemment pour le
gouvernement des déboursés annuels au chapitre de la dette,
passerait aussi avant le financement des clientèles additionnelles?
M. Paquet: Exact.
M. Ryan: C'est très important que cela soît clair,
parce que je pense que c'est fondamental.
J'aimerais que vous me disiez une chose là-dessus. J'aimerais que
vous nous expliquiez comment la méthode de finance-
ment des clientèles additionnelles que nous avons suivie depuis
quelques années... Juste entre parenthèses, au cours des deux
dernières années, il n'y a pas eu de prélèvements,
c'est de l'argent neuf qui a servi au financement des clientèles
additionnelles. Est-ce que la méthode que nous avons suivie a eu un
rôle causal dans le phénomène de la concurrence aveugle et
de la multiplication souvent artificielle des clientèles? Est-ce qu'il y
a un lien de cause à effet entre ce mode de financement des
clientèles additionnelles et le mal que vous avez dénoncé
dans votre mémoire?
M. Dufour (André): Je ferai la distinction suivante. Le
mode de financement ou la méthode de financement en elle-même est
neutre. On peut être satisfait ou non des secteurs, des barèmes
qui étaient utilisés, mais ce qui venait déranger tout le
système, c'est le fait que pour financer, pour payer le financement qui
découlait de la croissance des étudiants, on faisait des
prélèvements dans l'enveloppe de base des unités. C'est
donc plus le financement de la méthode que la méthode de
financement qui causait des problèmes. (11 h 30)
M. Ryan: Comme ce financement a changé depuis deux ans, le
problème n'est plus le même aujourd'hui.
M. Dufour (André): Évidemment.
M. Ryans: Nonobstant ces changements, si vous aviez le choix
parmi les recommandations que vous faites au gouvernement, vous les mettriez
dans l'ordre où elles sont ici, dans le même ordre d'importance.
Maintenant, j'aimerais juste un mot d'explication. Dans l'hypothèse
où le financement des clientèles additionnelles cesserait... Il y
a un facteur qui peut donner une certaine plausibilité à cette
hypothèse, c'est le fait que dans les projections que nous
établissons, nous n'entrevoyons pas d'augmentation substantielle des
clientèles de nos universités au cours des prochaines
années; même, à compter de deux ou trois ans, nous
entrevoyons plutôt une diminution. Par conséquent, c'est une
perspective qui est loin d'être déraisonnable. Dans la perspective
où cela cesserait, vous demandez une certaine marge de manoeuvre pour
les universités en matière de frais de scolarité. Vous
parlez même de la possibilité d'un financement modulaire.
J'aimerais que vous nous donniez quelques explications sur la position de votre
université à ce sujet.
M. Paquet: Évidemment, M. le ministre, on propose, on
suggère que les universités soient autorisées à
augmenter dans une certaine limite les frais de scolarité uniquement
s'il n'y a pas suffisamment de fonds pour couvrir toutes les priorités
qui sont indiquées dans le document. Si tel est le cas, on voudrait
pouvoir les moduler suivant les secteurs disciplinaires. Il est bien connu
qu'un étudiant dans une Faculté de médecine - on ne manque
pas de candidat pour l'inscription en médecine - coûte beaucoup
plus cher qu'un étudiant en sciences sociales ou en administration.
Pourtant, ils paient les mêmes frais de scolarité qui sont
à ce niveau depuis une dizaine d'années.
Dans le cas où les montants d'argent ne seraient pas suffisants
et où les clientèles ne seraient pas financées, on
suggère qu'on examine ta possibilité d'augmenter les frais de
scolarité modérément et en tenant compte des disciplines.
Bien sûr, les critères resteront à définir. Les
discussions devront avoir lieu. Mais les universités ont tellement
besoin d'argent qu'il faut examiner toutes les possibilités pour pouvoir
aider et si possible soulager leur sous-financement.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
recteur. Je reconnais maintenant le député de Laviolette.
M. Jolivet: Merci. Une première question à M. le
recteur. Nous avions visité ensemble l'an passé, au moment du 75e
anniversaire de la Faculté de foresterie et de géodésie,
le secteur de la forêt de Montmorency, ce joyau des Laurentides, comme on
l'appelait et comme on l'appelle encore. Il y a eu des rumeurs à savoir
que vous aviez des difficultés, que d'autres universités
étaient prêtes à prendre en charge l'ensemble du secteur et
que même, si on se fie aux rumeurs qui circulent, une compagnie
papetière pourrait s'en rendre propriétaire, ou du moins
utilisatrice, de telle sorte que la forêt ne serait plus ce qui est
prévu par votre organisme.
D'un autre côté, l'université a fait
énormément dans le secteur. On a dit qu'elle avait diminué
ses coûts en fermant le service d'hôtellerie, mais il reste quand
même que les autres parties du centre de recherche qui est là...
J'aimerais savoir - il n'y a pas seulement le ministère de l'Education,
je veux dire de l'Enseignement supérieur et de la Science qui a une
forme de responsabilité, mais aussi le ministre
délégué aux Forêts - de votre part où en est
rendu le dossier. Quelles est la possibilité pour l'université de
continuer à faire le travail qu'elle a fait depuis nombre
d'années dans ce secteur pour les années à venir?
M. Dufour (André): Je pense que pour répondre
à votre question, je ne mettrai pas de côté votre
connaissance antérieure du dossier et j'irai droit au but. Nous avons
mis fin, de concert avec notre Faculté de foresterie, à certaines
activités qui n'ont rien à voir en soi avec l'aménagement
ou la
sylviculture. II s'agit de fermer le service de résidence et de
cafétéria. Dans l'analyse qui a précédé
cette décision, nous avons pris toute mesure nécessaire pour
sauvegarder les activités de recherche et même développer
de nouvelles méthodes pour satisfaire aux besoins de ceux qui avaient
à aller en forêt. On a même maintenu ouvert le centre
éducatif qui est précisément financé durant
l'été par une subvention du ministère des Forêts.
Nous sommes présentement à voir avec les autorités
d'autres intervenants de la région qui ont des intérêts en
foresterie.
Vous comprendrez en ce sens que loin de nous laisser animer par des
rumeurs, nous cherchons plutôt à inviter les vrais intervenants,
ceux qui ont, comme nous, besoin d'une forêt expérimentale pour
former des partenaires. Déjà, la forêt était ouverte
à beaucoup d'autres intervenants. Je dirai, nous voulons le faire sur
une base structurée comme nous l'avons déjà fait dans
beaucoup d'autres domaines. Nous avons pris cette décision à
grand regret. Mais je reviendrai pratiquement à une question
antérieure. Comment se fait-il que vous ayez maintenu un
équilibre financier? Eh bien! c'est en prenant des mesures aussi
difficiles que ça, dans le cas de la station agronomique il y a six ans,
et je pourrais dire avec beaucoup de fierté que je constate aujourd'hui
que notre Faculté des sciences de l'agriculture s'est
développée avec d'autres types de participation plutôt
qu'en se limitant à cet endroit. C'est de la même façon que
nous voulons aider notre Faculté de foresterie à se donner des
associations et à trouver des lieux de formation pratique qui lui
permettent de maintenir sa réputation actuelle. Mais la forêt
n'est pas fermée. Nous croyons même être en mesure, dans les
prochaines semaines, de faire état des grandes innovations faites par
les professeurs de la faculté en matière d'aménagements
informatisés.
M. Jolivet: Je vous remercie de la réponse que vous me
donnez parce que, effectivement, c'est une préoccupation qui me hante.
Une deuxième question qui a trait à une question que j'ai
posée à un organisme qui est venu devant nous, la Chambre de
commerce et d'industrie du Québec métropolitain avec une
sous-question qui était la suivante. L'Université Laval n'ayant
pas voulu la prendre à l'époque, je ne sais pas si actuellement
elle prendrait l'École nationale d'administration publique? On m'a
répondu que, si vraiment l'Université Laval avait dit non
à une telle proposition venant du gouvernement, elle le regretterait
peut-être un jour. J'aimerais avoir votre commentaire.
M. Paquet: M. le Président, je ne voudrais pas revenir sur
le passé, ce qui nous intéresse c'est l'avenir. En ce qui
concerne l'ENAP, nous n'avons pas l'intention de régler les
problèmes des universités en s'attaquant aux structures du
réseau universitaire. Il n'est pas de notre intention d'annexer ou
d'intégrer l'ENAP à l'Université Laval» Je pense que
l'ENAP a une mission, un rôle à jouer. Elle le joue bien» Je
pense qu'elle a encore une place dans le réseau universitaire
québécois» Si l'ENAP voulait venir loger sur le campus, on
pourrait l'accommoder en maintenant la structure actuelle. Je crois que ce ne
serait pas mauvais pour la collaboration entre notre université et les
autres universités et notamment l'ENAP. Il y aurait sûrement des
échanges intéressants à développer - il en existe
actuellement - avec l'ENAP et nos facultés d'économique et nos
facultés d'administration. On pourrait bien sûr l'accommoder. Mais
il n'est pas question de s'attaquer à la structure même du
réseau universitaire et d'intégrer l'ENAP à
l'Université Laval.
M. Jolivet: Une dernière petite question avant de donner
à d'autres la chance de poser les dernières. Elle concerne la
recommandation numéro 2 que j'ai bien comprise. Mais je veux m'assurer
que c'est bien ce que j'ai compris en faisant la lecture. Vous proposez que le
plan quinquennal actuel soit augmenté de 60 000 000 $ et non pas,, si on
faisait une lecture rapide, de 1B0 000 000 $?
M. Paquet: C'est 20 000 000 $ par année pour chacune des
trois années. Comme ce ne sont pas des budgets récurrents, cela
fait 60 000 000 $ qui s'additionnent aux prévisions actuelles.
M. Jolivet: Je vous remercie.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous remercie.
Je reconnais maintenant la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Vous avez
brièvement abordé la question des autres sources de financement
tout à l'heure. Je dois dire que, sur cela, votre présentation me
laisse un peu perplexe. Vous semblez opposer qualité universitaire
à accessibilité. Je ne suis pas certaine; c'est à la page
4 de votre mémoire. Vous dites concrètement presque au dernier
paragraphe: "...mais nous exigeons aussi qu'au travers du financement et par
tous les autres moyens dont dispose le gouvernement québécois, on
privilégie concrètement, systématiquement et constamment
la qualité universitaire". Ensuite, vous dites: "Force nous est,
cependant, d'admettre que la situation économique actuelle limite les
ressources et ne permet pas à la fois et en même temps
de corriger tous les effets de la détérioration
passée, d'indexer au taux réel, de couvrir financièrement
la croissance des clientèles et de maintenir le gel des frais de
scolarité...". À la question du ministre sur une modulation des
frais de scolarité selon les disciplines, à l'intérieur
d'une fourchette, selon ce que j'ai compris, vous dites: Oui, des frais de
scolarité, mais y aller modérément. Je dois dire que cette
question controversée des frais de scolarité ne l'est pas
exclusivement ici où on oppose frais de scolarité et
accessibilité.
D'abord, par rapport à cette question controversée - ce
n'est pas qu'ici qu'elle l'est - à une question posée au ministre
sur l'engagement du gouvernement libéral à l'effet de geler les
frais de scolarité, il répondait: Lorsqu'on s'aperçoit
qu'on a fait une erreur, il serait irresponsable de persévérer
dans l'erreur. Je crois que son chef, si je prends la parole du ministre, est
en train de persévérer dans l'erreur.
Cependant, selon certaines études, quand on parle de frais de
scolarité, il y aurait des effets sur l'accessibilité. Ma
question est la suivante: Doit-on hausser l'accessibilité,
accroître le nombre d'inscrits et de diplômés? Peut-on
raisonnablement envisager cet objectif en même temps qu'on hausserait les
frais de scolarité?
M. Paquet: M. Gervais.
Mme Blackburn: Une dernière petite question. Vous ne
faites pas état d'autres sources de financement. Cela m'a un peu
étonnée. La seule que vous envisagez finalement et un
redressement dans la base de financement; vous n'envisagez pas d'autres sources
de financement que celle-là.
M. Paquet: M. Gervais.
M. Gervais: M. le Président, je pense qu'il ne faut pas
confondre recherche de la qualité universitaire et élitisme et
qu'il y a moyen de concilier une poursuite raisonnable de
l'accessibilité en maintenant la qualité des études
universitaires. Là-dessus, il me semble que l'Université Laval en
a fourni une preuve éloquente. Cette année, par exemple, nous
accueillerons à l'université plus de 35 000 étudiants et
nous ne les accueillons pas seulement sur le campus. Nous en avons plus de 2000
qui sont inscrits à des cours de l'enseignement
télévisé ou hors campus.
Cependant, lorsqu'on parle d'accessibilité, il faut se demander
ce que l'on rend accessible. Est-ce que l'on rend accessibles des programmes de
qualité, des programmes complets de premier cycle conduisant à
l'obtention d'un grade, ce qui contribue à l'amélioration de la
scolarisation de la population au si tout ce que l'on rend accessible, ee sont
des programmes courts dont on peut s'interroger en certains cas sur leur niveau
universitaire? Â cet égard, je dois mentionner que, à
l'Université Laval, en plus des 35 000 inscrits dont je viens de parler,
inscrits à l'enseignement régulier de premier, deuxième et
troisième cycles, nous avons 12 000 inscriptions à des
activités que nous appelons des activités de l'extension qui sont
des activités non créditées qui ne donnent donc pas droit
à des crédits universitaires et qui ne sont pas financés
par le gouvernement. Là-dessus, l'étude du Conseil des
universités sur les programmes courts a mis en lumière des faits
qui devraient retenir, à mon sens, l'attention des membres de cette
commission. J'affirme ceci: Dès lors qu'une université n'a pas
une distinction claire entre l'enseignement crédité et
l'enseignement d'extension, ou qu'on l'appelle d'un autre nom s'il le faut, il
est certain que l'on retrouve dans l'enseignement crédité et
financé par le gouvernement des activités qui ne devraient pas y
être. Donc, je dis, accessibilité, oui, mais accessibilité
a des programmes de qualité et accessibilité à des
programmes qui conduisent à l'obtention de grades universitaires de
baccalauréat, de maîtrise et de doctorat.
Quant à savoir si une augmentation modulée des frais de
scolarité contribuerait à la diminution de
l'accessibilité, je pourrais faire état d'autres études
qui affirment le contraire, à savoir que l'augmentation des frais de
scolarité n'entraîne pas de diminution de l'accessibilité,
du moment que celle-ci est accompagnée d'une politique d'aide
financière aux étudiants acceptables. (11 h 45)
Je mentionne aussi que lorsqu'on parte de modulation des frais de
scolarité, il y a là aussi un élément important.
Quand vous avez 2000 demandes d'admission dans un programme de médecine
qui en accueille 146, je doute que l'augmentation des frais de scolarité
entraîne une diminution de l'accessibilité ou une modification de
l'accessibilité à un tel programme. Bref, selon d'autres
études, il n'y a pas de lien direct entre augmentation des frais de
scolarité, du moment qu'elle est raisonnable, et
accessibilité.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous remercie
M. Gervais et s'il n'y a pas d'autres interventions de la part de la
députée de Chicoutimi, je l'inviterais à conclure.
Mme Blackburn: J'aurais peut-être, avant de conclure, deux
petites interventions, mais cela va être inclus à
l'intérieur. Vous nous dites avoir en votre possession des études
qui démontreraient qu'il n'y a pas de rapport entre une hausse des frais
de scolarité... Il n'y a pas d'effet de
"désincitation". Serait-il possible d'en avoir des copies? Est-ce
que cela touche le Québec? Est-ce que c'est une étude
québécoise? Il faut savoir, quand on parle de frais de
scolarité et d'incitation à la poursuite d'études
universitaires, qu'il y a des situations qu'il faut considérer au
Québec mais qui sont différentes de celles de l'Ontario et des
États-Unis. On n'a pas - je vais le répéter - les
mêmes traditions d'éducation ou de fréquentation
universitaire.
Si c'était possible, je pense que tous les membres de la
commission seraient intéressés. S'il y a une telle étude
qui existe, personne depuis qu'on est ici, ne nous a affirmé aussi
clairement qu'il y avait de telles études qui existaient. Cela
m'intéresse particulièrement.
Vous avez parlé d'augmenter modérément les frais de
scolarité, cela voudrait dire quoi?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le recteur.
M. Paquet: L'étude à laquelle on fait allusion,
madame, c'est celle dont fait état le Conseil des universités
qui, dans son rapport qui a été déposé ici,
mentionne qu'il est loin d'être évident qu'une augmentation des
frais de scolarité se traduit invariablement par une décroissance
de la clientèle. Cela est d'autant plus vrai qu'il est possible de
neutraliser les impacts négatifs par des mesures appropriées.
C'est l'étude du Conseil des universités qui reprend une
étude antérieure qui a déjà était faite il y
a une quinzaine d'années. C'est là-dessus qu'on s'appuie pour
dire qu'il n'y a pas nécessairement de lien entre une croissance des
frais de scolarité et l'accessibilité. C'est le Conseil des
universités qui le dit.
Vous avez fait état tout à l'heure des autres revenus.
J'avais oublié d'y répondre. Je pense que nous envisageons une
diversification, à l'Université Laval, des sources de revenu:
d'abord, par les revenus de notre campagne de souscription, c'est bien
évident; d'autre part, par la Fondation de l'Université Laval qui
va nous apporter des revenus additionnels, par exemple, pour aider des
étudiants aux deuxième et troisième cycles, au niveau d'un
système de bourses qu'on va mettre en place. Et, aussi, nous essayons
d'accroître nos revenus de toute autre source possible: en
économisant, par exemple, dans des services ou en augmentant les frais
de stationnement à l'Université Laval. Cela aussi
génère des revenus qui permettent d'éponger nos
déficits.
Y avait-il une autre question? Il y avait une autre question, mais je
l'ai oubliée.
Mme Blackburn: C'était votre modulation, l'augmentation
des frais de scolarité, ce que j'avais compris.
M. Paquet: Nous avons inscrit dans le mémoire qu'il
fallait poser des limites. Si jamais on voulait augmenter les frais de
scolarité, il faudrait qu'il y ait un corridor à
l'intérieur duquel les universités seraient obligées
d'agir si c'est nécessaire. La modulation, c'est en fonction des
disciplines, compte tenu des coûts très différents qui
existent entre les disciplines du secteur des sciences expérimentales,
médicales en particulier, et celui des sciences humaines»
Mme Blackburn: M. le recteur, au nom de ma formation politique,
je voudrais vous remercier pour votre participation aux travaux de cette
commission parlementaire. Je voudrais en même temps excuser l'absence du
député de Lévis qui aurait aimé être des
nôtres. Ce que je suis chargée de vous dire, c'est qu'il est
retenu en commission parlementaire précisément sur
l'évolution des finances du Québec, comme porte-parole officiel
en ces matières. C'est vraiment pour cette raison qu'on n'a pas le
plaisir de l'avoir avec nous et il s'en excuse.
 présent, je voudrais peut-être brièvement
revenir un peu sur ce qui s'est dit et cela n'enlève en rien la
qualité et la compétence que l'Université Laval a
démontrées dans le développement de l'enseignement
supérieur et je dirais du Québec de façon
générale.
La question qui se pose aujourd'hui à cette commission
parlementaire et à laquelle le ministre nous invite à
répondre, c'est: Est-ce que l'éducation au Québec est
toujours une priorité? Est-ce qu'elle l'est pour ce gouvernement?
Le ministre qui, alors qu'il était porte-parole de l'Opposition,
a dénoncé a démontré de façon violente les
coupures et les compressions dans les universités, n'a pas réussi
à contrer le président du Conseil du trésor et, cette
année, c'est 34 000 000 $ de coupures additionnelles que les
universités ont dû subir.
Essentiellement, notre exercice veut convaincre le Conseil des ministres
de l'importance d'investir en éducation, et particulièrement en
enseignement supérieur. Je dis convaincre le Conseil des ministres, mais
plus particulièrement, évidemment, le président du Conseil
du trésor. Par ailleurs, reconnaître que l'enseignement
supérieur est une priorité, c'est reconnaître que, si le
Québec veut demeurer compétitif, on devra hausser la
scolarité des Québécois. Même si on me dit qu'on a
réussi à démontrer le contraire, que des frais de
scolarité n'auraient pas nécessairement d'effets négatifs
sur l'accessibilité, j'hésiterais à aller aussi loin que
cela, je me dis qu'il faut être prudent. Si on maintient l'objectif
d'accessibilité pour accroître notre productivité au
Québec, je répète qu'il faut être prudent
vis-à-vis des mesures qui
auraient comme effet de freiner l'accès à l'enseignement
supérieur. Tout comme vous, je pense qu'il ne faut pas opposer
accessibilité et qualité. Quand on parle d'accessibilité,
je pense qu'il faut que ce soit clair, il s'agit d'accès à des
services de qualité. Je pense bien que ce n'est pas autrement que nous
serons compétitifs.
Je voudrais vous remercier infiniment pour votre participation aux
travaux de cette commission. Cela a permis à tous d'avoir une meilleure
connaissance de l'Université Laval, qui reste souvent, je ne dirais pas
timide, mais qui ne fait pas souvent état du genre de collaboration et
des rapports qu'elle entretient particulièrement - ce sont ceux que je
connais le mieux - avec les cégeps du Québec, avec les
cégeps de la grande région de Québec et avec
différentes universités.
Je voudrais également remercier les personnes qui vous
accompagnent, de même que tous les maires, les doyens et vice-recteurs de
l'université et les présidents de syndicats, également.
Cela témoigne d'un climat particulier dans cette université et de
l'importance que les différents corps publics attachent à la
présence de l'université et au travail qu'elle accomplit.
Le Président (M- Parent, Sauvé): Merci, Mme la
députée de Chicoutimi. Je reconnais maintenant le ministre de
l'Enseignement supérieur et de la» Science.
M. Ryan: M. le Président, je voudrais tout d'abord
signaler que monsieur Réjean Doyon, le député de
Louis-Hébert, aurait bien aimé être avec nous ce matin,
mais il est présentement hospitalisé. Il ne pourra pas, par
conséquent, être la cible des critiques du député de
Laviolette. Il en va de même du ministre des Transports, qui est
occupé par son mandat et qui ne peut pas être parmi nous ce matin,
même si, de coeur, il est avec l'Université Laval depuis
très longtemps.
Je voudrais tirer quelques éléments, je pense, qui doivent
être retenus de la rencontre de ce matin et sur lesquels l'Opposition a
beaucoup de difficulté à arrêter son attention. Vous dites,
à la page 4 de votre mémoire: Nous devons admettre que la
situation économique actuelle nous empêche de choisir toutes les
bonnes choses en même temps.
Nous voudrions tous corriger des effets de la
détérioration du financement universitaire qui a
été le fait du gouvernement précédent. Nous
voudrions tous indexer au taux réel la croissance des subventions
gouvernementales. Nous voudrions tous continuer à financer la croissance
des clientèles universitaires. Nous voudrions tous maintenir le gel des
frais de scolarité -personne n'a le monopole de la vertu dans le royaume
des intentions. Nous voudrions tous assurer le développement de la
recherche et des études de deuxième et troisième cycles.
Nous voudrions tous favoriser l'accès optimal de la formation
universitaire à nos concitoyens. Mais il faudra faire des choix, car
nous ne pouvons pas faire tout cela en même temps.
Je pense que je dois remercier l'Université Laval d'avoir eu le
courage de le dire franchement à cette commission: On ne peut pas tout
faire en même temps. Nous avons fait cette constatation, surtout
étant aux prises avec l'héritage énormément
déficitaire qu'on nous a laissé.
Deuxièmement, vous dites: Les politiques de l'avenir doivent
trouver le moyen de mettre l'accent sur la qualité.
On peut dire que, de manière générale, dans notre
système d'enseignement depuis un quart de siècle, nous avons
beaucoup mis l'accent sur la quantité. Les budgets ont augmenté
de manière phénoménale de façon
générale. Les clientèles également. Les effectifs
enseignants se sont multipliés au cours des 25 dernières
années. Mais, nous arrivons à un carrefour où il faut que,
de manière beaucoup plus ferme que par le passé, beaucoup plus
lucide, plus systématique aussi, nous mettions l'accent sur la
qualité. J'ai retrouvé cette exhortation dans votre
mémoire d'une manière très vigoureuse.
À la page 4, vous dites: "Mais nous exigeons aussi qu'au travers
du financement -pas à côté, parce qu'en voie
parallèle, on peut faire n'importe quoi - et par tous les autres moyens
dont dispose le gouvernement québécois, on privilégie
concrètement, systématiquement et constamment la qualité
universitaire."
Je pense que c'est un des mandats de la commission de regarder comment,
par le biais du financement et des autres politiques, on peut promouvoir
constamment et systématiquement la qualité. Cela nous oblige
à une troisième réflexion qui est non moins importante que
les autres. On ne peut pas s'aventurer là-dedans sans avoir au moins
l'esprit ouvert à l'examen de toutes les avenues qui s'ouvrent à
nous. C'est ce que je déplore du côté de l'Opposition,
depuis le début des travaux de la commission. Les gens de l'Opposition
ont des fixations sur deux ou trois points qui sont des fixations
légitimes en temps ordinaire. Si nous étions en période de
croissance comme il y a quinze ans, je les comprendrais parfaitement.
J'entendais la députée de Chicoutimi demander: Est-ce qu'il y a
des études? Bien oui, il y en a. il y a des travaux qui ont
été faits par M. Lemelin, économiste depuis longtemps au
Québec, sur ce sujet. La commission Bovey en Ontario a commandé
des études qui sont disponibles sur ce sujet. Elle a tiré des
conclusions. Ce ne sont pas des études définitives et absolument
complètes,
mais il y a de bonnes études et je pense qu'on doit au moins les
connaître avant de poser des questions là-dessus. Je vous dis que,
de notre côté, nous essayons d'examiner toutes les avenues avec un
esprit ouvert; il n'y a pas de conclusions de tirées.
Je vais finir sur un point qu'a soulevé notre collègue
tout à l'heure. Elle s'inquiétait de ' contradictions apparentes
entre des propos qu'a tenus récemment le premier ministre du
Québec et des propos que j'ai sans doute tenus moi-même, de mon
côté. Je pense que, si nous avons fait une erreur, il faut le
reconnaître. Je pense que ce serait le comble de
l'irresponsabilité que de dire: J'ai faît une erreur et, pour mon
honneur et ma fierté, je ne la reconnaîtrai jamais. C'est
parfaitement ridicule! Votre ancien chef, je l'ai dit l'autre jour, avait
coutume de nous dire en Chambre que seuls les imbéciles adoptent une
attitude comme celle-là.
Deuxièmement, si on l'a reconnu - ce qui n'est pas fait encore,
nous sommes encore en cheminement, je tiens à vous prévenir de
cela, M. le député de Laviolette - il s'agit d'arrêter
ensuite la manière qu'on va choisir pour corriger une erreur. Le premier
ministre a dit l'autre jour: Si jamais nous devions conclure que nous avons
fait une erreur, nous irions à notre congrès national. Il a dit
que nous passerions par une instance démocratique. Vous devriez le
féliciter de privilégier les voies démocratiques. Ce n'est
généralement pas le genre de critiques que nous pouvons entendre
- de votre côté.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Ryan: Par conséquent, tout ce que vous avez dit, M. le
recteur, ainsi que les collègues qui vous accompagnent, surtout au
chapitre des recommandations, nous allons l'examiner très
sérieusement en pensant à ces trois éléments. Je
pense que vous nous donnez un coup de pouce très utile ce matin dans le
cheminement que nous faisons, au moins d'un côté de la table, vers
la recherche de solutions concrètes, applicables à compter de
l'année 1987-1988. Je voudrais, dans cet esprit, vous remercier
très cordialement de cette magnifique contribution que vous avez
apportée à notre recherche ce matin, vous offrir mes voeux de
développement pour l'Université Laval et vous assurer de ma
cordiale collaboration.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Merci, Mme la députée de Chicoutimi. M. le recteur,
ainsi que tous les gens qui vous accompagnent, les membres de la commission
vous disent merci de la collaboration que vous nous avez accordée. Nous
suspendons immédiatement nos travaux pour accueillir dans quelques
minutes la
Confédération des associations d'étudiants et
d'étudiantes de l'Université Laval.
(Suspension de la séance à 12 heures)
(Reprise à 12 h 4)
Le Président (M. Parent, Sauvé): La commission
parlementaire de l'éducation reprend ses travaux et accueille la
Confédération des associations d'étudiants et
d'étudiantes de l'Université Laval. Le porte-parole est M.
François Houle, secrétaire général.
CADEUL
M. Houle, ce matin, on a remis aux membres de la commission
parlementaire un nouveau mémoire. Est-ce un nouveau mémoire ou un
mémoire corrigé? C'est très important pour les membres de
la commission qui ont déjà étudié un
mémoire.
M. Houle (François): C'est un mémoire
corrigé, M. le Président, dans son orthographe autant que dans sa
syntaxe.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Par contre, rien
n'est changé dans le fond.
M. Houle: Notre position demeure sensiblement la même.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Très bien.
Je vous remercie beaucoup d'avoir répondu à notre invitation, M.
Houle. La commission a environ une heure à consacrer à votre
association. C'est donc dire que nous devons terminer à 13 heures.
 12 h 50, j'inviterai dans l'ordre les deux porte-parole des partis
politiques à conclure au nom de leur formation politique. On m'a dit
qu'à la suite des échanges de propos que vous avez eus avec le
secrétaire de la commission il avait été entendu que vous
prendriez quinze minutes pour nous présenter votre mémoire et
qu'une période d'environ 40 ou 45 minutes serait consacrée aux
échanges de vues avec les membres de la commission. Si vous voulez bien
nous présenter les gens qui vous accompagnent et enchaîner avec
votre présentation.
M. Houle: À mon immédiate gauche, M. le
Président, c'est-à-dire à votre droite, M. Pierre Boucher,
qui a participé à la recherche, à la rédaction et
à l'argumentation; M. Kouassy 5ylvestre Tanga, qui est secrétaire
aux affaires financières de notre corporation; M. Richard Foy, à
mon extrême gauche, qui est secrétaire aux affaires
administratives et responsable du dossier prioritaire de l'emploi; à ma
droite, M. Bernard Côté, secrétaire aux affaires
pédagogiques; à sa droite, M. Daniel Gauthier,
secrétaire à l'information.
Je voudrais d'abord, en mon nom personnel, ainsi qu'au nom de ceux qui
m'accompagnent, faire parvenir mes plus sincères condoléances
à M. François Gendron, membre de cette commission et ex-ministre
de l'Éducation, qui est affligé de mortalité dans sa
famille, et au député de Louis-Hébert, M. Réjean
Doyon, des voeux de prompt rétablissement.
M. le Président, M. le ministre de l'Éducation, de
l'Enseignement supérieur et de la Science, mesdames et messieurs les
députés, la Confédération des associations
d'étudiants et étudiantes de l'Université Laval, que
j'appellerai CADEUL pour le reste de la lecture, est heureuse de prendre part
aux travaux de cette commission parlementaire sur le financement des
universités. Notre mémoire ne prétend pas faire la
description d'études statistiques. Il s'inspire plutôt de discours
tenus par les autres intervenants, ainsi que d'opinions
répétées par les milliers d'étudiants qui se sont
exprimés lors de nos diverses consultations. Nous ne sommes ni
fatalistes, ni pour le moins naïfs» Nous espérons, cependant,
que cette fois l'exercice parlementaire ait plus de chance d'aboutir que le
précédent.
Permettez-moi, d'abord, M. le Président, de présenter
notre confédération qui regroupe plus de 30 000 étudiants
inscrits à Laval. La CADEUL est incorporée depuis 1981 en vertu
de la troisième partie de la Loi sur les compagnies et
accréditée en 1983 selon les mesures transitoires de la loi 32.
Son objectif principal est de défendre les intérêts de ses
membres auprès des instances universitaires et gouvernementales et de
leur offrir des services répondant à leurs besoins.
Les priorités de la confédération pour
l'année 1986-1987 iront dans le sens de l'accroissement et du
renouvellement de la participation étudiante, dans celui du soutien des
gens d'action et des projets qui visent l'amélioration de la formation
universitaire et de no3 possibilités d'emploi. Nous sommes fiers
d'étudier à l'Université Laval et nous voulons promouvoir
chez nos membres un esprit positif d'appartenance à leur campus.
Notre confédération entretient aussi des relations avec
les autres associations étudiantes universitaires et collégiales
du Québec et elle est un membre actif du Regroupement des associations
étudiantes universitaires du Québec.
Nous sommes conscients que le problème du sous-financement des
universités québécoises demeure complexe. Cependant,
à entendre les différents intervenants qui ont
défilé depuis quelques semaines devant cette commission, on a
l'impression qu'il faudra une politique particulière pour
accroître le prestige de chaque université, de chaque
région et de chaque déficit. Ces derniers semblent laisser peu de
place à un discours d'ensemble remettant en cause l'efficacité
réelle du système universitaire. Jamais nous n'accepterons que la
question du financement des universités soit traitée sans tenir
compte de la qualité de notre formation et de ta valeur de notre
diplôme.
Permettez-moi donc, M. le Président, de souhaiter que les membres
de cette commission de l'éducation soient suffisamment
éclairés non seulement pour recommander au gouvernement du
Québec des solutions efficaces aux réels problèmes de
l'université québécoise, mais aussi pour enrayer bon
nombre de culs-de-sac qui bloquent notre société.
L'université, plus que jamais une nécessité pour la
communauté. L'éducation, pour une communauté, est un
investissement important, un peu comme un barrage hydroélectrique ou
toute autre infrastructure de développement. De par sa nature, ce genre
d'investissement n'assure pas un rendement élevé à court
terme. Ce n'est qu'avec le temps que ce placement prouve sa rentabilité.
Mais, tout comme un barrage ne peut longtemps être laissé à
l'abandon, l'enseignement supérieur ne peut tolérer d'être
longtemps mis à l'écart, laissé pour compte, sans que la
trame même du tissu social en soit affectée.
Le président de la CREPUQ, la Conférence des recteurs et
des principaux des universités du Québec, remarquait justement,
dans une lettre qu'il adressait aux chefs des principaux partis politiques lors
de la dernière élection de 1985, que "ce sont les
sociétés les plus scolarisées, Japon, États-Unis,
pays Scandinaves, qui se sont le mieux tirées de l'importante crise
économique que nous venons de traverser."
Historiquement, le financement des universités témoigne de
l'intérêt collectif envers les perspectives d'avenir de toute
société. Au Québec, l'évolution du financement
public du réseau universitaire a connu trois grandes phases: une
première phase de développement que nous qualifions d'anarchique
et de faste. Une période à la fois pénible et emballante
où tout était à faire et à créer. Mais, une
fois ces infrastructures mises en place, la période sombre des coupures
et des désindexations de toutes sortes lui a succédé.
Le déclin du financement de l'empire universitaire. Le
Québec a, jusqu'à récemment, fourni un remarquable effort
financier afin de se doter d'un réseau d'enseignement supérieur
moderne. Au début de l'année, le Conseil des universités
remarquait que le Québec consacrait 2,9 % de son produit
intérieur brut à l'enseignement postsecondaire. Ceci se compare
avantageusement à la norme canadienne qui est de 2 %. C'est à la
fois beaucoup et très
peu. Beaucoup si l'on se contente de cette comparaison boiteuse, mais
peu si l'on se compare avec les États-Unis, le Japon et les autres pays
à l'économie florissante, réservant une part importante de
leur produit intérieur brut à l'éducation postsecondaire.
Mais, depuis quelques années, les sources de financement des
universités tendent à se tarir. "De 1978-1979 à 1984-1985,
la part des dépenses gouvernementales que constituent les subventions
octroyées aux universités aura connu une diminution de plus de 25
%♦ Les subventions aux universités en 1978-1979 étaient
égales à 4,6 % des dépenses gouvernementales. Elles n'en
représentent plus cette année que 3,4 %."
Durant la même période, les universités on vu leur
population augmenter sans cesse. Le coût unitaire d'un étudiant au
Québec diminue donc proportionnellement. En dollars constants, de
1978-1979 le coût de production d'un étudiant universitaire
était évalué par le ministère à 5759 $ par
an; en 1984-1985, on n'accordait plus aux universités que 4500 $ pour le
même étudiant et l'université, tout à l'heure, vous
disait que c'était un peu moins. Étant consciente des coûts
reliés à la formation, la CADEUL comprend mal cette
diminution.
Les universités n'ont pu se limiter aux contraintes qu'on leur
imposait et, comme le réseau hospitalier, elles accumulent depuis
quelques années des déficits de fonctionnement
considérables sur lesquels nous souhaiterions que cette commission se
penche sérieusement. À la fin de l'exercice financier de
l'année 1983-1984, le déficit accumulé des
universités était de 3 000 000 $. Un an plus tard, il
s'établissait à près de 50 000 000 $ et il sera
vraisemblablement supérieur cette année.
Le déficit des universités est inégalement
réparti dans tout le réseau. Certaines institutions s'affichent
depuis longtemps comme les championnes des déficits. Plusieurs d'entre
elles ne se sont même pas souciées d'appliquer les mesures de
restrictions budgétaires. L'Université Laval reste dans le
peloton, malgré ses efforts de restrictions, avec un déficit de 4
000 000 $ cette année. Plusieurs facteurs expliquent une telle
disparité. Les coûts de l'infrastructure régionale, le
sous-financement des budgets d'investissement qui, selon la CREPUQ, occasionne
des frais supplémentaires de 20 000 000 $ par an en frais de location.
Les recteurs pointent aussi du doigt les modifications constantes que le
gouvernement a apportées à la formule de financement. Toutefois,
ces mêmes recteurs ne s'entendent pas sur une formule
appropriée.
Mais n'est-ce pas cette facilité qu'ont les administrateurs
universitaires à contourner la formule de financement du gouvernement
qui a induit une crise, par ailleurs, très prévisible?
Dans le rapport que le comité d'étude sur
l'université et la société québécoise
publiait en mai 1979, les auteurs remarquaient "une conjonction presque
parfaite entre la demande gouvernementale de main-d'oeuvre pour les
diplômés d'université et l'offre qu'engendrait le
système lui-même."
Au même moment, Dandurand et Fournier, dans leur étude sur
les conditions de vie de la population étudiante, notaient que
l'importance relative de certains secteurs tendait à diminuer.
C'était le cas du secteur des sciences dont la fréquentation
s'affaiblissait proportionnellement, passant de 30 % à 18,4 %.
La Fédération des associations de professeurs notait, dans
le mémoire qu'elle présentait lors de la dernière
commission parlementaire consacrée à l'étude du
financement des universités, qu'en 1983-1984 plus de 80 % des nouvelles
clientèles s'étaient inscrites dans des secteurs liés au
virage technologique. Ceci contraste fortement avec les habitudes de
distribution observées jusqu'alors.
Cela est d'autant plus dangereux que ces secteurs impliquent des
coûts par étudiant plus importants que ceux qui, auparavant,
accaparaient l'essentiel des nouvelles clientèles. Cette pression
supplémentaire appliquée aux finances universitaires, si elle
n'est pas justement compensée par l'État, ne pourra que
déboucher sur un contingentement de ces secteurs. Cette mesure inique a,
d'ailleurs, été mise de l'avant lors du récent
congrès des Jeunes libéraux. La CADEUL croit que le
contingentement général est une mesure d'un autre âge qui
ne peut cohabiter avec le concept de l'accessibilité. Elle mérite
donc d'être dénoncée. (12 h 15)
Malgré le recul évident du financement des
universités, le gouvernement accapare une part toujours plus grande du
produit intérieur brut. Dans le mémoire que présentait la
FAPUQ en 1984, les auteurs remarquaient que "même lorsqu'il est soucieux
de réduire ses dépenses, le gouvernement s'approprie une part de
plus en plus grande du produit intérieur brut de 23 % à 27 %
depuis 1976-1977, mais ta portion réservée à
l'enseignement supérieur décline et ne représente plus que
0,9 % après avoir atteint le sommet de 1,1 % en 1978."
Le Conseil des universités a, quant à lui, sonné
l'alarme dès 1981. En 1983-1984, il récidivait en
annonçant que les compressions atteignaient le seuil critique. Cinq ans
plus tard, l'alarme sonne toujours, comme si le maître de la maison avait
déserté les lieux. Les coupures, elles, demeurent.
Apparemment, tout le monde prend son temps et l'incompressible se
tasse.
Bien sûr, on prétextera la récession
économique, le virage technologique ou Dieu sait quoi. Mais il reste que
l'effort de guerre appelé par le Conseil du trésor s'est fait
plus marqué dans le secteur universitaire que dans les autres secteurs
du système scolaire. Manque de communication ou manque de confiance?
Toujours est-il que les gouvernements qui se sont succédé ont
pris à la légère les hauts cris des administrateurs
universitaires.
Nous baignons présentement dans le troisième âge du
financement du réseau universitaire. Cette période se
caractérise par la recherche d'un équilibre nouveau entre les
bailleurs de fonds du réseau. Alors que la taille de l'enveloppe
consacrée par les fonds publics à l'éducation
postsecondaire diminue de plus en plus, les universités continuent
d'assumer des rôles et des missions d'enseignement toujours aussi
essentiels.
Cette crise apparente du financement des universités n'est donc
qu'un symptôme, symptôme d'une maladie beaucoup plus grave dont on
doit se méfier au plus haut point: la perte de légitimité
des universités québécoises. Si celles-ci ne devaient plus
répondre aux besoins de la société, elles perdraient toute
crédibilité et, sans cette dernière, elles ne seraient
plus qu'un terrain où s'affrontent des intérêts
corporatistes n'ayant plus d'idéal en commun.
Des universités qui doivent être légitimées
par la communauté. La crise vécue par les universités
québécoises n'est pas que financière. Nous croyons qu'il
s'agit plutôt d'une crise de légitimité profonde. Dans les
années de crise économique, la société attendait de
toute évidence des solutions émergeant du milieu universitaire.
Malheureusement, ce dernier n'a pas pu répondre à ces
légitimes attentes. La structure du développement de propositions
nouvelles et les penseurs du niveau universitaire n'ont pas su innover. Ainsi,
nous croyons que» si les universités voient leurs revenus
diminués, c'est parce qu'elles ne sont plus à la hauteur des
attentes placées en elles. Nous croyons que, si le ministre de
l'Éducation n'arrive plus à convaincre ses collègues du
Conseil des ministres et plus particulièrement le président du
Conseil du trésor de la nécessité d'injecter les sommes
réclamées par les universités, c'est
précisément qu'ils ont tous perdu confiance en elles. Les
contribuables s'interrogent, eux aussi, sur la performance des
universités face à leur rôle dans la recherche de
réelles solutions à la crise sociale et économique que
nous traversons encore.
L'État, à la fois juge et partie dans cette affaire, tente
maintenant de redresser une situation qu'il a lui-même induite. Le
financement indifférencié laissait aux administrateurs la
possibilité de se dégager des marges de manoeuvre, si minimes
qu'elles puissent être, en contournant de toutes sortes de façons
l'esprit des règles de financement. Sauront-ils encore une fois
contourner les nouvelles règles de financement?
Mais comme le Parti libéral du Québec s'est engagé,
lors de la campagne électorale, à rénover la formule de
financement du réseau universitaire, la CADEUL espère que l'on
trouvera enfin une solution à ce délicat problème. S'il
est vrai qu'il nous faut retenir des leçons de l'histoire, alors, il
faudra comprendre qu'on ne peut limiter la réforme du financement des
universités à un quelconque dépoussiérage des
paramètres d'évaluation des coûts de formation. Certaines
universités s'accommoderaient probablement d'une nouvelle course aux
têtes de pipe. En ce qui nous concerne, nous ne pouvons l'accepter.
Une université à l'heure d'une gestion excellente. Dans un
article publié dans le Soleil du 4 juillet 1986, Claude Masson,
professeur d'économie à l'Université Laval, distingue deux
types de crise financière: un type conjoncturel et un type structurel.
Si la solution des crises appartenant au type conjoncturel tient plus à
un "wait and see" prudent, celle appartenant au type structurel
nécessite pour l'organisation voulant survivre une profonde
révision des perceptions antérieures de la réalité
dans laquelle elle s'inscrit. À notre sens, l'université
québécoise a de plus en plus besoin de cette révision et
de ce nécessaire réajustement. La CADEUL espère que la
commission parlementaire de l'éducation recommandera des solutions
justes et équitables allant dans le sens d'une meilleure planification
budgétaire et d'une gestion plus transparente.
Les universités québécoises seront appelées
à relever de nouveaux défis. Bien que l'élément
financier soit un facteur important dans l'atteinte de l'excellence
universitaire, comme étudiants, usagers des établissements
d'enseignement, nous sommes partagés entre notre crainte de voir les
deniers publics mal gérés et notre volonté de voir nos
institutions disposer des ressources nécessaires à un
enseignement de qualité.
Depuis un certain temps, la CADEUL "questionne" la gestion
universitaire. Avant d'injecter de nouvelles sommes dans le financement des
universités, ces dernières devraient répondre publiquement
de leur gestion et désormais faire preuve d'un peu plus de transparence.
En effet, il est toujours difficile d'obtenir des budgets de fonctionnement
ventilés. Ces renseignements devraient être publics.
Deuxièmement, nous croyons que les universités devraient
donner des garanties quant à l'utilisation de ces nouvelles sommes
indiquer leurs priorités, leurs objectifs et les
choix de société qui les légitimisent. La CADEUL
croit que le nouveau mode de financement ne doit pas servir de prétexte
pour combler le déficit des universités, particulièrement
montréalaises, dont la gestion est douteuse. Les règles
budgétaires devraient plutôt encourager les universités
dans leurs efforts de rationalisation des dépenses et de diversification
des sources de financement.
Face à l'avenir, la CADEUL croit que l'université devrait
revoir ses missions* Certains services financés à même les
fonds universitaires ne sont pas à la hauteur, car ils sont en constant
déficit. C'est le cas, à l'Université Laval, du service
alimentaire et des Presses de l'Université Laval qui accumulent,
malgré la règle de l'autofinancement des services, le quart du
déficit de l'institution l'année dernière. Nous croyons
que les universités devraient se pencher rapidement sur une politique de
faire-faire étudiant ou régional et ainsi consacrer leurs
énergies et leurs ressources aux missions primordiales d'enseignement et
de recherche.
Deuxièmement, il apparaît évident que le choix qui
aurait l'impact le plus positif sur la qualité de notre formation serait
celui qui affecterait des ressources suffisantes au niveau des
équipements, des outils de soutien pédagogique, des
bibliothèques et des laboratoires. La CADEUL croit aussi que le
gouvernement du Québec doit encourager et promouvoir les initiatives
d'achats regroupés de matériel pédagogique et ce, dans
tous les domaines d'études. Déjà, l'expérience
concluante des étudiants des facultés d'ingénierie, des
sciences administratives et économiques ont permis à plusieurs
centaines d'étudiants, au moyen d'un prêt sans
intérêt, d'acquérir des outils adéquats pour leur
formation.
La CADEUL comprend mal qu'une institution financée par des
deniers publics n'ait pas mis en place des mécanismes
d'évaluation de ses ressources humaines. En tant qu'usagers des
établissements, nous savons que les étudiants sont disponibles
pour contribuer activement et quotidiennement à une
évaluation.
La CADEUL se réjouirait de la venue d'une politique de
préretraite pour les bâtisseurs du système universitaire
québécois moderne. Nous parlons, bien sûr, des professeurs
qui ont présidé à l'une des réformes les plus
importantes des dernières décennies: la création d'un
réseau universitaire moderne et accessible.
Des universités plus près de la communauté par la
diversification du financement. L'apport privé dans le financement des
universités, du moins par rapport à la norme ontarienne, accusait
en 1982-1983 un retard de trois points. Comme on l'apprenait dans le dernier
numéro du Devoir économique d'octobre 1986, l'industrie concentre
ses ressources à l'interne, n'accordant que 3,7 % de ses dépenses
à l'externe, c'est-à-dire aux universités. L'apport du
financement privé est nettement insuffisant. Nous croyons que le
ministre doit encourager ceux qui, comme à l'Université Laval,
ont fait l'effort de solliciter l'entreprise privée. Même si les
campagnes de financement ont leur rôle et leur utilité, elles
n'injectent aucune somme dans le budget de fonctionnement des
universités. Par des mesures fiscales, te gouvernement doit stimuler
l'entreprise privée à investir dans le savoir-faire
universitaire, c'est-à-dire la recherche et le développement.
Une court mot qui n'apparaît pas sur . le mémoire, mais qui
était dans la première version, concernant l'apport
fédéral qui tend à se réduire aussi bien dans le
secteur des paiements de péréquation que dans celui du
financement de la recherche. C'est la "désimplication" notée chez
les gouvernements provinciaux qui motive, selon la FAPUQ, ce retrait du
financement fédéral. "Ce désir est d'autant plus
impérieux qu'il a vu ses transferts en espèces, pour le
Québec en particulier, croître au rythme annuel d'environ 12 %,
soit deux fois plus rapidement que les subventions québécoises de
fonctionnement aux universités."
Ces compressions représentent 2 000 000 000 $ de pertes pour le
Québec en cinq ans» On ne peut donc que s'inquiéter de
l'allure que prennent tes choses. Selon ta CADEUL, il est de la
responsabilité du ministre de l'Éducation d'exiger sa juste part
des paiements de transfert, tout en préservant leur caractère
inconditionnel.
L'évolution des prêts et bourses doit être
interprétée en tenant compte de la distribution des prêts,
ce qui n'est pas une dépense de l'État sauf en ce qui concerne
l'intérêt payé, par rapport à la bourse qui, elle,
représente une dépense réelle. À cet égard,
on note, depuis quelques années, un net transfert de fonds de la bourse
au prêt. Ceci représente, en fait, une participation accrue des
étudiants les moins favorisés d'entre nous.
Ces pratiques n'étonneront personne dans cette salle. Elles ont
été dénoncées par le Conseil des
universités, par la Fédération des associations de
professeurs des universités du Québec et la Conférence des
recteurs et des principaux des universités du Québec dans un
autre contexte. Mais ce que tous ces intervenants semblent ou feignent
d'ignorer, c'est que les étudiants ont subi, eux aussi, les assauts
répétés d'un État en manque de deniers.
Nous ne devons pas oublier la place que prennent les frais
afférents dans notre contribution au financement du réseau
universitaire. Le ministre les connaît car il a récemment permis
aux administrations universitaires de les hausser d'un montant
forfaitaire de 100 $. Â titre d'exemple, à
l'Université Laval, sans que l'administration se soit prévalue de
cette permission ministérielle, il n'en demeure pas moins que les
étudiants du département d'informatique paient quelque 20 $ de
plus par session. Ne s'agit-il pas là d'un début de modulation
des frais disciplinaires?
La baisse de la disponibilité des équipements.
L'importance des contributions indirectes des étudiants est
sous-évaluée. Des coûts croissants associés à
des diminutions notables de services grèvent la capacité de payer
des étudiants. La première étape de rationalisation des
services éducatifs a affecté la disponibilité des
équipements. Le Département de cinéma à
l'Université Laval ne répare plus une caméra seize
millimètres. Depuis, évidemment, elle ne se brise plus;
conséquemment le cours qui faisait appel à cette caméra
est disparu du contenu du programme.
Au Département d'informatique, des fortes restrictions
appliquées aux heures d'ouverture ont fait des travaux pratiques des
tâches particulièrement pénibles en période de forte
utilisation.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M.
Houle, je m'excuse, je ne voudrais pas briser votre rythme de
présentation. Je veux juste faire une petite mise au point. Il y a
déjà 20 minutes d'écoulées et vous êtes rendu
à la page 22 et vous en avez 34. Je ne veux pas empêcher votre
présentation, mais je dois vous dire que le temps pour les
échanges avec les membres de la commission sera, automatiquement,
très limitée. Je vous ai informé qu'à 13 heures il
va absolument falloir suspendre les travaux de la commission. Libre à
vous de continuer l'exposé, mais je vous signale que les membres de la
commission - peut-être pas celui-ci qui est votre nouveau mémoire
dans lequel vous m'avez indiqué qu'il n'y avait que des corrections
d'orthographe ou de style - en ont déjà pris connaissance. Libre
à vous de continuer ou de synthétiser votre
présentation.
M. Houle: Dans ce cas, M. le Président, je vais simplement
souligner aux membres de la commission que le meilleur reste à venir.
Donc, nous allons poursuivre rapidement.
Vous m'aviez arrêté à quel endroit? On a même
observé des queues se formant dès sept heures le matin alors que
les locaux n'ouvraient que deux heures plus tard.
En biochimie, les 300 étudiants de 1er cycle n'ont pas
accès à des appareils essentiels à leur travaux de
laboratoire. Selon nous, c'est inacceptable. Ces données font que nous
nous interrogeons quant à la pertinence d'une telle dégradation
des services de soutien pédagogique.
Personne n'est sans savoir que, historiquement, les notes de cours nous
étaient distribuées gratuitement à l'intérieur de
nos cours. Or, maintenant, on doit les payer. Les conséquences sont
très graves puisque les notes de cours sont moins volumineuses et
coûtent plus cher.
Le premier réflexe des administrateurs en manque de marge de
manoeuvre, c'est de maximiser le rendement des investissements. Comme on ne
pouvait enlever les professeurs des classes, on a ajouté des
étudiants. L'interaction pédagogique nécessite une
disponibilité minimale de la part du professeur. La croissance
vertigineuse des ratios professeurs-élèves, en plus de
déshumaniser le contact pédagogique, affecte la nature même
de l'enseignement qui devient de plus en plus théorique.
Face à un enseignement plus théorique, le besoin d'une
bibliothèque aux fonds riches, disposant de ressources suffisantes
à son actualisation, se fait sentir davantage. Malheureusement, c'est
là une autre dépense identifiée comme compressible. Selon
la CREPUQ, les universités québécoises sont celles qui
disposent du moins de ressources au Canada. Ce sont elles aussi qui disposent
du plus petit budget d'acquisition de nouveaux volumes et périodiques.
À l'Université Laval, le budget d'acquisition stagnait depuis bon
nombre d'années.
 un enseignement de plus en plus théorique s'ajoute aussi
un laisser-aller visible des instruments élémentaires de
recherche, car la recherche souffre, elle aussi, de sous-alimentation. À
cet effet, nous référerons les membres de la commission au
mémoire déposé précédemment par l'Union des
gradués inscrits à Laval. (12 h 30)
M. le Président, les étudiants n'ont pas pu, à
l'encontre des idées généralement admises, se tenir
à l'écart des retombées de cette crise. Ils ont même
été les premiers à en être affectés.
Affectés par des contraintes de plus en plus nombreuses diminuant le
nombre de professeurs, la disponibilité des locaux et des laboratoires,
la mise à jour des bibliothèques et par des modifications au
régime des prêts et bourses qui, ne l'oublions pas,
représente le second élément fondamental, avec le gel des
frais de scolarité, de la politique de démocratisation et
d'accessibilité à l'éducation supérieure au
Québec.
La CADEUL croit que toute révision du niveau des frais de
scolarité devrait engager l'atteinte d'un nouveau consensus dans la
société québécoise.
Un sujet qui intéressera particulièrement le premier
ministre et le ministre de l'Éducation et ministre de l'Enseignement
supérieur et de la Science, la hausse des frais de scolarité est
pour nous une fausse solution. Depuis 1982, la contribution des
étudiants n'a pas diminué. C'est au nom de
l'accessibilité, depuis quinze ans, que les frais de
scolarité n'ont pas augmenté non plus. Il serait dommage, en
effet, de faire payer aux étudiants des frais de scolarité
supplémentaires avec de l'argent qu'ils n'ont pas, ou peu. Mais, on nous
dira qu'il faut aussi faire notre part pour la société, ce avec
quoi nous sommes d'accord. Or, nous croyons que la meilleure contribution que
les étudiants peuvent apporter à la société, c'est
leur potentiel et leur ,. dynamisme, malheureusement trop souvent
sous-utilisés. Nous voulons être attentifs aux besoins nouveaux de
la société et ce, dans le cadre de notre formation.
Oans notre désir de participer justement à la
société, nous trouvons sympathique l'idée originale
déjà exprimée d'un impôt universitaire.
Également, c'est principalement pour que les étudiants fassent
leur part envers la société que nous avons créé le
Centre étudiant de services communautaires. En faisant l'acquisition
d'une formation plus pratique, mieux adaptée aux attentes du
marché du travail, les étudiants contribuent à
l'amélioration de la société. Voilà une mesure
positive qui maximise les réels points forts des étudiants. Le
gouvernement doit encourager fortement les étudiants qui offrent leur
potentiel à la communauté.
Nous voulons une réforme pédagogique branchée sur
les besoins de la communauté. Outre la transparence de la gestion, il
est important que l'université procède aussi à une large
réforme dans le secteur pédagogique. Un des défis les plus
importants auxquels doit faire face l'université consiste à
augmenter sa présence et son dynamisme dans la société en
cessant de s'enfermer dans une tour d'ivoire inaccessible et isolée.
La CADEUL croit qu'il est important que l'université ouvre
davantage la porte à une participation plus grande des divers agents
socio-économiques dans la vie de la communauté universitaire.
L'université ne peut plus vivre en vase clos. Ainsi, nous profitons de
l'occasion pour encourager l'Université Laval dans son rôle actif
pour le développement socio-économique de la région de
Québec et de l'Est du Québec.
En matière d'emploi, nous croyons que l'université a une
responsabilité face à cette question. D'une part, nous constatons
que bon nombre d'employeurs ou de corporations professionnelles se plaignent,
à tort ou à raison, des lacunes de la formation. D'un autre
côté, ce sont les étudiants qui s'interrogent sur la valeur
réelle du diplôme qu'ils obtiennent. Ainsi, la CADEUL verrait d'un
bon oeil que, lors de l'engagement et de la promotion du corps professoral, on
accorde un souci particulier aux professeurs invités provenant du
secteur privé.
De son côté, la CADEUL entend agir vigoureusement dans le
domaine de l'emploi. D'ici à la fin de 1987, elle proposera aux
étudiants de l'Université Laval la création d'un fonds
d'investissement à l'emploi. Nous souhaiterions vivement voir les
gouvernements et les institutions s'impliquer dans cette initiative pouvant
permettre la création d'entreprises et, conséquemment, d'emplois
pour les diplômés et les jeunes en général.
Le Centre étudiant de services communautaires un projet concret
qui rapproche l'université de la communauté et qui maximise le
potentiel des étudiants. La CADEUL pense que l'université doit
faire place à une dynamisation des contenus de cours et des programmes,
ainsi qu'à une plus grande ouverture sur les besoins nouveaux de notre
société. Dans son désir de retrouver sa
légitimité, l'université doit opter de plus en plus pour
une formation pratique, mieux adaptée aux attentes des étudiants,
de même qu'aux exigences du marché du travail. C'est pourquoi nous
réclamons un accès plus large à des stages pratiques dans
le cadre de notre formation.
De plus, les étudiants revendiquent une formation plus
adéquate débouchant sur des expériences pratiques. Nous
avons le goût de nous impliquer davantage et d'apprendre mieux afin de
sortir du cercle vicieux: pas d'expérience, pas d'emploi; pas d'emploi,
pas d'expérience. La CADEUL a mis sur pied, il y a trois ans, le Centre
étudiant de services communautaires. Ce centre favorise une mise en
commun des ressources universitaires en permettant aux étudiants
d'acquérir une formation pratique dans le cadre de leur cheminement
pédagogique. L'augmentation des surfaces de contact entre
l'université et la communauté ne peut qu'être
bénéfique pour la qualité et la pertinence de notre
formation.
Malheureusement, de telles initiatives sont trop peu encouragées.
Les universités sont réticentes à s'associer au CESC et
les professeurs hésitent à s'impliquer à fond dans une
réévaluation de leurs tâches en participant à des
expériences de coordination et de supervision de telles
expériences pratiques. Pourtant, leur recherche ne pourrait que s'en
trouver ainsi facilitée.
La CADEUL a récemment tendu la main à l'Université
Laval afin que cette dernière s'implique davantage dans ce carrefour
d'innovation pédagogique. D'abord, par un soutien financier, bien
sûr, mais aussi en établissant dans chaque programme de 1er cycle
au moins un cours qui permettrait aux étudiants qui le désirent
d'effectuer un projet de services à la communauté. La CADEUL
appuie ainsi le RAEU dans sa démarche auprès du gouvernement du
Québec, particulièrement du ministre de l'Éducation, pour
faire financer te CESC par le biais du Fonds des services aux
collectivités. Nous croyons que la contribution des professeurs aux
projets d'implication pédagogique devrait être
davantage reconnue et valorisée dans leur convention
collective.
La CADEUL est d'avis qu'un système d'éducation public qui
coûte aux contribuables près de 1 000 000 000 $ par année
doit aussi contribuer à former des citoyens et des citoyennes plus
responsables du présent et de l'avenir. C'est pourquoi nous insistons
sur la reconnaissance de la participation des usagers aux différentes
structures de l'université. Or, après de nombreux efforts pour
faire reconnaître juridiquement la place des associations
étudiantes comme partenaires à part entière, nous sommes
maintenant très étonnés des recommandations du rapport
Gobeil qui proposent d'abolir le comité de surveillance de la loi 32. La
CADEUL ne croit pas qu'il faille maintenant abolir les quelques droits de
participation des étudiants et de leurs associations aux
décisions déjà reconnus par la loi. Cette loi ne
coûte pas très cher au gouvernement non plus. Au contraire, nous
croyons qu'il est plutôt temps de s'attarder à enrichir par
d'autres droits, dont celui d'évaluer les professeurs.
En conclusion, cette révision du mode de financement des
universités doit être une occasion de revoir certaines de nos
mentalités. Elle doit nous permettre du même coup de donner aux
études universitaires un nouveau souffle afin de répondre aux
besoins de la société. L'université
québécoise doit relever ce nouveau défi afin de retrouver
cette crédibilité et cette légitimité qui, seules,
peuvent lui permettre d'atteindre cette excellence que nous sommes tous en
droit d'attendre. En espérant que nos remarques et propositions
trouveront chez vous une oreille attentive et qu'elles contribueront à
faire en sorte que l'université québécoise retrouve une
véritable place dans le développement de la
société, M. le Président, madame, messieurs les membres de
la commission, nous vous remercions de votre attention.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. Houle.
Je reconnais maintenant le ministre de l'Enseignement supérieur et de la
Science.
M. Ryan: II nous a fait plaisir de vous écouter, M. Houle.
Vous nous avez présenté un mémoire qui est abondant, qui
aborde un grand nombre de sujets que nous n'aurons malheureusement pas le temps
de discuter en profondeur vu que la lecture a pris un temps assez
considérable.
Je voudrais simplement vous poser une question. Vous dites, à la
page 26 de votre mémoire: "Avant d'injecter de nouvelles sommes dans le
financement de ces universités, le gouvernement devrait exiger que les
universités répondent publiquement de leur gestion et fassent
preuve d'un peu plus de transparence." Il y a déjà un mois que
nous discutons des universités, qu'elles sont sur la place publique et
que nous pouvons leur poser toutes les questions que nous voulons. Nous les
avons invitées à faire un effort de présentation de leur
gestion qui est quand même assez détaillée. J'aimerais que
vous nous précisiez ce que vous voulez dire par cela. Quelle sorte de
tribunal envisageriez-vous? Quelles sortes de délais verriez-vous?
À la page suivante, vous dites qu'il faudrait acheter des
équipements, qu'il faudrait mettre pas mal d'argent sur les
équipements. Est-ce qu'on va attendre que tout cela soit fini, que
toutes les vérifications soient terminées ou si on va
procéder à cela dans un avenir prochain, à supposer qu'il
y ait des ressources, sur la provenance desquelles je vous interrogerai
ensuite.
M. Houle: Vous avez reconnu devant cette commission que
l'Université Laval, dans un contexte général, est assez
bien gérée. Toutefois, la transparence de la gestion des
universités apparaît comme une revendication traditionnelle des
étudiants de Laval, parce qu'il nous a toujours été
difficile, dans notre opération calepin noir et crayon, d'obtenir des
budgets ventilés et très détaillés. Et même
l'université, à certains niveaux, ne sait pas exactement comment
les montants sont dépensés dans chacun des départements.
Lors de la dernière commission parlementaire sur cette question, la
méfiance entre les administrations universitaires et le ministre de
l'Éducation était équivoque, parce que le gouvernement a
de la difficulté à savoir exactement où va l'argent. Nous
croyons que cet argent provient des fonds publics et que la gestion doit donc
en être transparente. C'est dans ce sens que nous avons abordé
cela.
Pour ce qui est du matériel pédagogique, nous pouvons
commencer dès demain matin, si vous le désirez. Depuis plusieurs
années, les étudiants demandent au gouvernement... Nous sommes
prêts à faire notre part et à assumer une partie des
coûts reliés à de nouveaux équipements
pédagogiques. Nous voudrions que le gouvernement donne accès
à tous les étudiants, dans tous les domaines, à des
prêts sans intérêt, comme il le fait dans le domaine de
l'ingénierie, des sciences administratives et économiques, afin
que ces derniers puissent avoir accès à du matériel
pédagogique. On parlait de micro-ordinateurs dans ce cas-ci. Il y a un
bon nombre de départements à l'Université Laval où
les étudiants auraient besoin de ce matériel essentiel à
leur cheminement pédagogique et à leur entrée sur le
marché du travail aussi. C'est dans ce sens-là que nous
émettions cette proposition.
M. Ryan: Très bien, je vous remercie. Juste une remarque.
J'ai trouvé qu'il y avait bien des propositions qui méritent un
examen attentif dans votre mémoire. Il y a une dimension qui m'a
semblé faire totalement défaut, cependant, je vous le souligne en
toute franchise. On n'a pas du tout l'impression que vous avez tenu compte de
ce qui se passe dans le monde qui nous entoure. Je donne deux exemples. Vous
dites; Nous autres, c'est l'université accessible et publique. En lisant
le texte, on a l'impression que vous sous-entendez que cela veut dire gratuit
ou tout proche de la gratuité. Vous savez très bien qu'aux
États-Unis il y a des universités publiques qui exigent des frais
de scolarité pas mal plus élevés que ceux que nous
demandons au Québec, qui sont en moyenne de 1200 $ à 1500 $ par
année. C'est public quand même.
Un autre point, vous parlez de la participation des étudiants au
financement des universités. Il y a une certaine contribution des
étudiants, mais je crois qu'on doit convenir qu'elle est plus basse que
dans le reste du Canada par une grosse marge et cela, à deux titres
différents. D'abord, au titre des frais de scolarité. Nos frais
de scolarité sont de deux à trois fois moins élevés
que dans le reste du Canada et, en plus, l'aide financière que nous
donnons aux étudiants au Québec, dans l'ensemble, en tenant
compte de tous les facteurs, représente un effort financier qui surpasse
de 70 % celui déployé par l'ensemble des autres provinces du
Canada. Je porte ces faits à votre attention parce que je ne les ai pas
trouvés dans votre présentation. J'aimerais que vous nous disiez
si on devrait en tenir compte dans la recherche d'un nouveau consensus dont
vous parlez ou si on doit continuer d'en faire abstraction.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. Houle.
M. Houle: Le gel des frais de scolarité, M. le
Président, fait objet d'un consensus dans la société
québécoise depuis une quinzaine d'années. C'est pourquoi
nous le mentionnons. On sait que l'université, c'est un sujet - juste
à voir le nombre de mémoires déposés devant votre
commission -qui intéresse bon nombre d'intervenants: le clergé,
les corporations professionnelles, les régions, les institutions
bancaires, les universités et les villes. Nous croyons que si le
gouvernement décidait de dégeler ces frais de scolarité il
devrait d'abord et avant tout obtenir un nouveau consensus dans la
société, compte tenu que cela faisait déjà l'objet
d'un consensus.
Les conséquences du dégel des frais de scolarité
provoqueraient sans doute un exode vers des universités mieux
qualifiées aux États-Unis, qui coûtent la même chose,
comme vous venez de le dire. Deuxièmement, si les étudiants ne
contribuent pas davantage à l'heure actuelle au financement du
réseau universitaire, c'est parce qu'ils n'en ont pas les moyens. Le
ministre reconnaîtra avec moi que seulement trois étudiants sur
dix ont accès soit à un prêt, soit à une bourse.
Nous ne croyons pas que l'augmentation des frais de scolarité soit la
meilleure façon de faire contribuer toute une catégorie de
citoyens qui n'a pas les moyens financiers, simplement. Alors, nous offrons au
ministre un certain nombre d'avenues qui permettraient de nous impliquer et de
contribuer au développement de la société, sans que ce
soit nécessairement bêtement financier.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. Houle.
Je reconnais maintenant la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. M. le
président, messieurs, il me fait plaisir de vous recevoir ici. Je me
permets de faire une remarque que je n'ai pas faite mais que j'aurais le
goût de faire chaque fois qu'il se présente quelqu'un ici. II doit
y avoir 50 % de filles dans votre université et on n'en voit pas
beaucoup à votre table. Remarquez que c'est probablement la même
chose pour les administrations.
Bien. Vous avez remarqué tout à l'heure que le ministre,
lorsqu'on n'est pas d'accord avec se3 propos, fait des interventions
partisanes, parfois je dirais un peu plus proches de... quasiment mesquines
pour essayer de discréditer les propos des personnes dont il ne partage
pas l'opinion. C'est une façon comme une autre, souvent, j'ai
remarqué, d'essayer de distraire l'attention de son vis-à-vis sur
tes questions qu'on lui pose. Alors, lorsqu'on lui pose des questions
embarrassantes, évidemment sa fuite c'est l'attaque. Je trouve cela
intéressant à regarder aller. (12 h 45)
De toute façon, il a eu la même attitude à votre
endroit lorsqu'il a dit: Écoutez, vous n'avez parlé ni des frais
de scolarité, ni de l'aide financière, c'est-à-dire le
fait que les frais de scolarité sont à deux ou trois fois plus
élevés dans les autres provinces, de même que l'aide
financière est ici plus généreuse. La réponse
facile, c'est de dire que ce sont toutes des données que le ministre
connaissait avant le 2 décembre.
C'est un choix de société. Il le connaissait
également. C'est un choix de société que le gel des frais
de scolarité. Je m'étonne que le ministre continue à
insister beaucoup sur cette question du moment que son chef, le premier
ministre, a semblé nous indiquer, ce n'est pas décidé,
qu'il reviendrait devant les instances du parti advenant qu'il souhaite
modifier le
programme de son parti touchant le gel des frais de scolarité.
Alors, cela m'étonne qu'il continue, si tel est le cas, à
insister pour avoir l'opinion des différents intervenants devant cette
commission.
Vous permettrez. Dans votre mémoire, vous faites un certain
nombre de commentaires, de remarques, de recommandations. Je pense que c'est
votre mémoire qui explique de façon... En tout cas, il nous
laisse songeur quand vous dites qu'il y a une crise de financement, mais que
celle-ci s'explique par une crise de légitimité des
universités. C'est vrai que, tels que vus à cette commission
parlementaire, les efforts qu'on essaie, je pense bien légitimement et
de façon honnête, de faire pour essayer de faire comprendre que
l'éducation doit demeurer une priorité - et, à cet
égard, je pense bien qu'on s'entend de part et d'autre de la table -
démontrent que cela n'est plus aussi évident que cela l'a
déjà été.
Vous parlez beaucoup de la contribution des étudiants. Deux
questions. Vous en avez une sur l'impôt étudiant. Je voudrais
avoir un peu vos commentaires là-dessus, la proposition qui est celle
des jeunes de la Commission jeunesse du Parti québécois. Vous
parlez également du Centre étudiant de services communautaires.
Je trouve cette initiative particulièrement intéressante. Je sais
que le RAEU avait demandé, si ma mémoire est fidèle,
à cette commission parlementaire un fonds spécial qui pourrait
être accordé, non pas par le biais du budget de
l'université mais qui viendrait d'autre source. Pourriez-vous expliquer
ce que pourrait être ce fonds, sa provenance et peut-être nous dire
les difficultés que vous semblez éprouver à faire
reconnaître la valeur de ces projets?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. Houle.
M. Houle: Nous avions mis sur pied le Centre étudiant de
services communautaires afin de permettre des expériences pratiques
à titre expérimental. La conclusion qu'on tire après trois
ans, c'est que la demande étudiante existe et la demande du milieu aussi
existe. Donc, c'est une façon extraordinairernent utile de rapprocher
l'université des besoins nouveaux de la société, surtout
à une époque où on parle beaucoup du retrait de
l'État au niveau de certains services à la population. On se
rappellera - le ministre a fait état plus de bonne heure dans la
journée de la Faculté des sciences sociales de
l'Université Laval -que, dans les années quarante, dans tes
années cinquante, les étudiants en service social avaient des
stages pratiques non pas supervisés par le clergé ou quoi que ce
soit, mais des stages pratiques dans la communauté, dans le cadre de
leur formation. Donc, on formait des travailleurs qui étaient
prêts à relever les défis du marché de l'emploi.
Deuxième élément d'ordre plus philosophique. Si la
formation universitaire que nous obtenons à l'université,
à l'heure actuelle, ne nous permet pas, pour toutes sortes de raisons,
d'avoir accès au marché du travail, c'est-à-dire que le
gouvernement ne nous engage plus ou que les corporations professionnelles et la
structure de l'entreprise privée ne sont plus capables d'accueillir
cette masse de nouveaux travailleurs qualifiés, nous disons simplement
aux autorités: Nous aimerions, dans le cadre de notre formation
universitaire, avoir des outils qui nous permettent nous-mêmes de nous
prendre en main une fois qu'on aura notre diplôme, tout au moins pour que
les diplômés universitaires cessent d'attendre des emplois qui, de
toute évidence, n'existent pas.
Ce n'est pas la reprise économique, semble-t-il, qui va
créer tellement de nouveaux emplois. Nous voulons obtenir des outils et
le CESC est un des moyens mais n'est pas le seul - je veux qu'on le souligne
très bien. Le financement du Centre étudiant de services
communautaires, il a été l'objet de quelques subventions
gouvernementales ces dernières années. Nous ne croyons pas que ce
soit la seule voie, cependant. Alors, nous voulons dire au ministre et aux
membres de la commission que nous allons nous-mêmes, les
étudiants, mettre la main dans notre poche pour faire vivre ce Centre
étudiant de services communautaires, pour la première fois en
1987. Nous avons aussi demandé à l'Université Laval de
s'associer à nous justement pour que les autorités universitaires
soient partie prenante d'un projet d'ouverture à la collectivité
et le ministre a discuté durant ses nombreuses rencontres avec les
porte-parole nationaux du Regroupement des associations étudiantes
universitaires de la possibilité, et même de sa sympathie envers
le projet - de faire financer le Centre étudiant de services
communautaires à même un fonds qui existe dans le budget du
ministère de l'Éducation, qui s'appelle le Fonds des services aux
collectivités, si je ne m'abuse.
Pour ce qui est de l'impôt universitaire, nous trouvons
l'idée originale. Si les membres de la commission et le gouvernement
étaient prêts à en discuter, nous trouverions que cette
idée aurait sa place dans la discussion. Elle aurait sa place parce
qu'elle est sérieuse et elle est responsable, c'est-à-dire que si
nous ne pouvons pas payer maintenant à cause de notre situation
économique précaire - un bon nombre sinon la majorité
d'entre nous vivons sous le seuil de la pauvreté, faut-il le rappeler -
nous serions prêts - parce qu'il faut faire notre part dans la
société, c'est évident - à contribuer au
financement des universités, mais une fois que nous aurions un
emploi et que nous aurions une condition économique décente.
C'est ce qui existe à l'heure actuelle, les citoyens qui sont
allés dans tes universités à l'époque où
c'était facile de se trouver un emploi contribuent au financement des
universités par leurs impôts. Alors, que notre
génération soit un peu plus imposée, je pense que cela va
être le cas de toute façon.,.,. Je ne sais pas quelle était
la norme, 1 %, 1,5 %, que notre impôt serve à remercier la
société de nous avoir donné une formation de
qualité, on n'est pas rébarbatif à cela.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme
la députée de Chicoutimi, si vous voulez conclure.
Mme Blackburn: Écoutez, le président m'invite
à conclure.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Remarquez bien,
madame, que je vous invite à conclure pour autant que j'administre dans
le respect de nos règles. Si vous voulez un consentement pour
déborder, je n'ai pas d'objection» Je ne veux pas que vous vous
sentiez limitée, mais nos règles nous demandent de terminer pour
13 heures. Alors, je vous demande de conclure dans un délai d'environ
quatre minutes.
Mme Blackburn: Je veux bien. J'ai peut-être une courte
question et, ensuite, je vais brièvement conclure. Vous parlez beaucoup
de la nécessité d'un rapprochement avec l'industrie et avec le
monde du travail. Ne craignez-vous pas qu'une formation qui serait trop
modelée sur les attentes du marché du travail pourrait vous
desservir, finalement?
M. Houle: Oui. Nous prenons bien garde de toujours mentionner,
dans la même phrase qui fait appel aux exigences du marché du
travail, les attentes des étudiants. C'est un secret de polichinelle de
vous dire ici aujourd'hui que les étudiants souhaitent avoir une
formation qui soit très adaptée. Le ministre a demandé des
cas précis à quelques collègues de l'Université de
Montréal et du RAEU. Les membres de la commission ne sont pas sans
savoir que des étudiants sortent avec des diplômes
d'ingénieur et tout ce qu'ils trouvent à faire dans notre
société, c'est du travail de technicien. Donc, ce n'est pas
revalorisant. Les corporations professionnelles se targuent continuellement de
la piètre qualité de la formation universitaire, alors, prenons
les dispositions pour que cela cesse!
Mme Blackburn: Brièvement et avec une réponse aussi
brève sur le contingentement, vous vous opposez à la position qui
est défendue par la Commission jeunesse du
Parti libéral qui propose de contingenter.
Voudriez-vous un peu nous expliquer votre position?
M. Houle: Nous avons inclus cela dans notre mémoire,
étant un peu surpris de voir le ministre plus tôt ce mois-ci, au
début de la commission parlementaire, dialoguer avec les
aînés en disants: II faut arrêter de dire aux jeunes que
s'ils ne vont pas à l'université ils sont finis. Sauf que nous
sommes persuadés que, plus les jeunes pourront avoir accès
à l'université ou aux études supérieures, mieux
notre société s'en sentira. Le contingentement, dans cet ordre
d'idées, est une mesure d'un autre âge. Depuis quinze ans, nous
avons fait des efforts au Québec pour qu'un plus grand nombre possible
de jeunes puissent avoir accès à une formation universitaire.
Cela ne doit être, d'aucune façon, remis en question.
Mme Blackburn: Écoutez, je vais être brève.
Messieurs, je vous remercie infiniment de votre participation aux travaux de
cette commission. Votre mémoire est bien structuré. Il nous
propose un certain nombre de solutions fort intéressantes de même
qu'il fait une lecture de la réalité de votre université
intéressante à plusieurs égards. Je trouve que des
initiatives comme celle du Centre étudiant de services communautaires
méritent particulièrement à la fois notre encouragement et
le support de l'État quand c'est possible - le vôtre est
déjà acquis - de même que celui de l'université. Je
vous remercie infiniment au nom de l'Opposition officielle.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci beaucoup,
Mme la députée. Je reconnais maintenant !e ministre de
l'Enseignement supérieur et de la Science.
M. Ryan: Je voudrais vous remercier également de la
rencontre que nous avons eue avec vous, de l'effort que vous vous êtes
imposé afin de présenter vos vues à la commission
parlementaire.
Du côté ministériel, nous vous laissons davantage
sur une interrogation que sur une flatterie. Le gros problème qui se
présente à nous est le suivant. Nous convenons avec vous que
l'effort de transparence et de reddition de compte doit être
intensifié dans tous les secteurs de la société, y compris
évidemment les universités. Vous avez fait un certain nombre de
propositions de ce côté, nous en avons entendu d'autres
également. J'ai été frappé dans l'ensemble par le
caractère modéré des propositions que vous avez faites
à cet égard, ce qui les rend beaucoup plus dignes d'examen
à mon humble point de vue. Il y a des choses qu'on va examiner. On n'a
pas eu le temps d'en
discuter, malheureusement, mais c'est bon.
La question qui me vient à l'esprit est la suivante, je vous l'ai
dit tantôt implicitement: Doit-on attendre que ce cheminement ait
été fait avant d'examiner un problème qui nous est
présenté avec une unanimité presque complète par
tous ceux et toutes celles qui se présentent devant la commission,
c'est-à-dire le problème du financement actuel des
universités et des retards que nous sommes menacés de prendre
dans bien des secteurs, en particulier dans celui que vous avez
mentionné, le secteur des équipements, des laboratoires, des
bibliothèques et tout cela? On vous sait gré d'avoir
souligné ce point-là, c'est l'un des aspects les plus aigus.
Votre recommandation sur ce point rejoint l'une des recommandations qu'a faites
l'Université Laval ce matin et j'ai compris - je ne crois pas
m'être trompé là-dessus - que, quand l'Université
Laval demande qu'on augmente les budgets d'investissements et qu'on donne une
place plus juste à l'Université Laval, elle inclut les
acquisitions d'équipements dans cette recommandation. Ce sont des points
que nous retenons. Ma question demeure. Je crois que l'opinion va exiger que
nous agissions assez rapidement. D'un autre côté, il y a des
problèmes de long terme qu'il faut examiner avec le temps
nécessaire. Et il y a une troisième question. Pour
répondre à toutes les attentes immédiates, les ressources
sont limitées et il faut voir comment on va trouver les moyens de mettre
au point des solutions acceptables. Là-dessus, si vous voulez poursuivre
la recherche avec nous, vous êtes les bienvenus. S'il y a d'autres
idées qui vous viennent que celles que vous nous avez
communiquées qui étaient plutôt de caractère
restrictif, je le comprends d'ailleurs, je ne vous en blâme pas, c'est
votre droit le plus strict que je respecte, s'il y a d'autres idées que
vous avez à nous proposer ou des réponses à des points que
nous avons pu soulever, le débat peut continuer en ce qui nous touche.
Merci beaucoup.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. M. Houle, nous vous remercions beaucoup d'avoir accepté notre
invitation de venir dialoguer avec les membres de la commission parlementaire
sur l'éducation. Celle-ci suspend ses travaux jusqu'à 15 heures
alors qu'elle accueillera l'Université du Québec à
Rimouski.
(Suspension de la séance à 12 h 59)
(Reprise à 15 h 8)
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît!
La commission permanente de l'éducation, toujours dans le cadre
du mandat qui iui a été confié par l'Assemblée
nationale, à savoir tenir une consultation générale sur
les orientations et le cadre de financement du réseau universitaire
québécois pour l'année 1987-1988 et pour les années
ultérieures, reprend ses travaux et accueille, cet après-midi,
l'Université du Québec à Rimouski, dont le porte-parole
est M. Guy Massicotte, qui en est le recteur.
M. Massicotte, nous vous souhaitons la bienvenue et nous vous remercions
d'avoir répondu à l'appel de la commission de l'éducation
pour venir échanger avec nous sur les sujets qui nous
intéressent. La commission a prévu vous entendre pendant environ
une heure et demie. On m'informe, à la suite des échanges que
vous avez eus avec le secrétaire de la commission, que vous
prévoyez environ quinze minutes pour la présentation et la
synthèse de votre mémoire. Le reste du temps sera consacré
à l'échange entre les membres de la commission et les gens qui
vous accompagnent. Le temps sera réparti également entre les deux
formations politiques.
Je veux aussi, M. Massicotte, vous inviter à vous sentir à
l'aise; sentez-vous à Rimouski à Québec, faites comme chez
vous. Le but de cette commission est de recueillir le plus de renseignements
possible et nous voulons que cela se fasse en toute simplicité, mais
toujours à l'intérieur des règles qui nous
régissent.
M. Massicotte, je vous demanderais de nous présenter les gens qui
vous accompagnent et d'enchaîner immédiatement avec la
présentation de votre mémoire.
Université du Québec à Rimouski
M. Massicotte (Guy): M. le Président de la commission, M.
le ministre, madame et messieurs les membres de cette commission, je voudrais
tout d'abord vous remercier de nous donner l'occasion d'exposer notre point de
vue dans le cadre de vos travaux sur l'avenir des universités au
Québec. Je voudrais vous présenter les personnes qui
m'accompagnent. À mon extrême droite, M. Gilles Dagneault, qui
occupe une fonction de direction à la compagnie
Québec-Téléphone, qui est également
président de la Chambre de commerce de Rimouski et qui, très
bientôt, siégera à notre conseil d'administration comme
représentant du milieu.
 ma droite, M. Jean Lebel, vice-recteur à l'enseignement
et à la recherche. Avant d'occuper cette fonction, il était
directeur du Département d'océanographie; c'est donc un
océanographe, et il représente une discipline très
importante dans notre université. À ma gauche, M. Bertrand
Maheux; il est vice-recteur à l'administration et aux finances. M.
Maheux a eu une longue
carrière dans l'entreprise privée. Il s'est
intéressé depuis longtemps à l'université comme
membre de notre conseil d'administration et, il y a trois ans, il est devenu
responsable de l'administration et des finances. À mon extrême
gauche, Mme Linda Jones, responsable des relations avec le milieu
régional. Mme Jones a une formation dans le secteur des affaires
sociales et elle travaille à l'université depuis plusieurs
années dans différents dossiers*, Depuis quelques mois, elle
occupe cette nouvelle fonction hautement stratégique à
l'université de travailler à établir des collaborations
soutenues avec les organismes et les entreprises dans notre région.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Madame, messieurs,
bienvenue. M. le recteur.
M. Massicotte: II y a deux dimensions que j'aimerais souligner
dans notre présentation, ici, cet après-midi. Je voudrais vous
parler tout d'abord du modèle de développement de
l'Université du Québec à Rimouski. Nous croyons que toute
réflexion ou toute étude ou toute question relative au
financement doit être examinée en fonction du type
d'établissement dont on veut assurer le financement d'une façon
satisfaisante. Dans un deuxième temps, j'aimerais considérer plus
spécifiquement les questions de financement, puisqu'il s'agit là
d'une dimension majeure du mandat de cette commission.
L'Université du Québec à Rimouski se
considère comme une université au sens plein du terme et bien
enracinée dans son milieu. Nous ne voyons pas là une
contradiction, mais bien plutôt une complémentarité.
J'aimerais, autour de cette notion d'université au sens plein du terme
et bien enracinée dans son milieu, vous parler un peu de ce qu'on fait
et de ce qu'on est, de façon que vous ayez une meilleure idée du
profil de notre université et de sa personnalité. Une
université au sens plein du terme et bien enracinée dans son
milieu, cela veut dire des programmes de 1er cycle dans les principales
disciplines de base. Il ne s'agit pas, dans une université située
à Rimouski, dans le Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie,
d'être présent dans toutes les disciplines mais bien dans un
certain nombre que nous considérons comme essentielles, soit pour
répandre aux besoins de notre clientèle étudiante, soit
pour réaliser le plus complètement possible la mission
universitaire. Cela veut dire des programmes de qualité comparable
à ce qu'on trouve dans d'autres universités, parce qu'il serait,
je pense, tout à fait inadmissible qu'on donne des diplômes
à des étudiants ou à des étudiantes qui n'auraient
pas la même qualité de formation qu'ils pourraient recevoir dans
d'autres universités. Cela veut dire des programmes qui prennent en
compte des problématiques régionales. Donc, nous essayons de
concilier le caractère général d'un programme de 1er
cycle, le caractère comparable d'un programme de 1er cycle avec une
certaine coloration, une certaine adaptation à de3 problématiques
proprement régionales qui seront celles qu'auront à vivre nos
diplômés une fois sur le marché du travail.
Cela veut dire également des programmes de 1er cycle
extensionnés sur le territoire en fonction des besoins et des
ressources. Nous pensons, en effet, que la clientèle sur le
marché du travail, laquelle est captive par la nécessité
même que les étudiants et étudiantes ont de gagner leur
vie, a droit à la formation universitaire. Et, dans les limites des
ressources et dans les limites que l'État devra fixer en termes
d'accessibilité, nous pensons que nous avons la responsabilité de
répondre à ces besoins.
Une université au sens plein du terme et bien enracinée
dans son milieu, cela veut dire également des programmes de 2e cycle et
des activités de recherche dans certains domaines. Encore là,
compte tenu de la taille de l'établissement et du potentiel
démographique de notre région, il serait absolument illusoire de
penser s'engager dans un très grand nombre de domaines. C'est pourquoi
nous avons, à l'Université du Québec à Rimouski,
identifié un certain nombre de domaines très précis qui,
à notre avis, ne font pas double emploi avec ce que l'on retrouve dans
d'autres universités mais qui nous permettent d'avoir un
développement complet.
Les deux domaines, vous les connaissez. En général, ils
sont bien connus, il s'agit de l'océanographie et du
développement régional. À côté de ces deux
axes, il y a quelques programmes, deux ou trois, de 2e cycle qui nous
permettent de donner accès aux études avancées et à
la recherche à l'ensemble de nos professeurs et à l'ensemble de
nos étudiants.
Nous avons défini notre 2e cycle de façon telle que, d'une
part, cela ne fasse pas double emploi avec ce qui se fait ailleurs et, d'autre
part, que ce soit suffisamment large, suffisamment multidisciplinaire pour
permettre à nos professeurs et à nos étudiants qui le
désirent d'accéder aux études avancées. Cela nous
paraît essentiel pour assurer la qualité même et le
dynamisme même de l'institution.
Il serait, à notre avis, absolument impossible d'attirer les
meilleurs professeurs et les meilleurs étudiants si on n'avait pas cette
possibilité pour eux d'oeuvrer au niveau des études
avancées. C'est avec cette préoccupation que nous avons
établi un certain nombre de programmes d'études avancées,
programmes, comme vous l'avez sans doute remarqué par l'identification
de
nos axes de développement, océanographie et
développement régional, qui rejoignent des préoccupations,
qui rejoignent des besoins, qui rejoignent des objectifs de
développement de notre région. Et cela, évidemment, c'est
tout à fait normal puisqu'une université au sens plein du terme
et bien enracinée dans son milieu, c'est nécessairement une
université qui, tout en recherchant à assumer la plénitude
de la mission universitaire, se préoccupe de le faire en tenant compte
du milieu, finalement, de l'endroit, de la société ou de
l'environnement, de l'écologie, dans lequel elle est
implantée.
Une université comme la nôtre contribue aussi au
développement du milieu. Elle y contribue par la formation. C'est la
première priorité, c'est la première préoccupation
lorsqu'on parle de développement du milieu: former les ressources
humaines. Cela se traduit, bien entendu, par une hausse de la scolarisation et
cela a été démontré notamment dans le
mémoire soumis par l'Université du Québec,
également par le maintien en région de l'expertise de nos
diplômés et, bien entendu, par le fait qu'il se trouve en
région une institution regroupant des personnes hautement
qualifiées qui assurent une présence scientifique et technique de
haut niveau dans un milieu donné.
Nous pensons que cette formation est la pierre d'assise de
l'université et de son râle socio-économique dans une
région. Il serait, à notre sens, tout à fait
inapproprié et contre-indiqué au plan même de
l'équilibre des finances publiques que d'avoir dans des régions
des populations dépendantes de l'assistance sociale ou de tout autre
forme de programmes gouvernementaux. Il faut donner aux régions les
moyens de se développer, de se prendre en main, de jouer leur rôle
au sein de l'économie de la société
québécoise et la clé de tout cela nous apparaît
être des personnes hautement qualifiées.
Nous jouons également un rôle de support au
développement du milieu par une formation adaptée aux besoins du
marché du travail ou aux besoins du type d'économie ou
d'activité que nous avons dans notre région dans le respect, tout
de même, comme je le disais au point de départ, d'une certaine
comparabilité de nos programmes avec ce que l'on peut trouver dans
d'autres universités puisqu'il serait absolument contre-indiqué
d'enfermer nos étudiants dans des ghettos où un diplôme de
l'UQAR ne serait pas valable dans d'autres régions ou dans d'autres
marchés d'emploi.
Nous contribuons également par la recherche, notamment, sinon
exclusivement, par nos axes de développement, l'océanographie et
la gestion des ressources maritimes qui lui est étroitement
reliée, et le développement régional, entendu à la
fois au sens de l'étude des processus de développement et des
sciences ou des techniques de support à un certain nombre de projets ou
de travaux; je pense à tout le secteur des ressources naturelles,
à la petite et la moyenne entreprise qui forment le tissu
socio-économique de notre région.
Au-delà de tout cela, il y a une contribution plus directe que
nous appelons chez nous de collaboration université-milieu, mais
là je voudrais insister beaucoup sur le fait que cette mission est
entièrement autofinancée. Nous ne demandons pas ou plutôt
nous n'utilisons pas les fonds gouvernementaux pour cette mission. Nous la
finançons par projet, par contrat, par commandite. Ce sont finalement
ceux qui en bénéficient qui paient ce que cela coûte
à l'université pour assumer cette mission. Peut-être le
gouvernement pourrait-il considérer l'hypothèse de financer cette
mission? Nous ne le demandons pas dans le contexte actuel. Nous pensons que
nous avons cette responsabilité de supporter le développement
plus directement dans notre région. Je pense que le fait que nous
trouvons le financement auprès des usagers montre bien la pertinence de
cette mission pour l'Université du Québec à Rimouski.
C'est là en quelques mots, si vous voulez, notre profil
institutionnel. Vous remarquerez que nous ne nous définissons pas comme
une université régionale. Nous avons des prétentions
à être une université au sens plein du terme, mais nous ne
nous définissons pas non plus comme une université
générale ou comme une université comme on peut en trouver
dans les grands centres où il y a une base démographique
suffisante pour justifier une université complète. Nous nous
définissons comme une université qui organise son
développement autour d'un certain nombre de domaines assez
limités, et qui répond bien à la problématique du
milieu dans lequel elle est implantée. C'est assez original. Cela
n'entre pas dans les catégories faciles que certains groupes veulent
imposer comme vision du monde universitaire, mais c'est ce qu'on est
après une vingtaine d'années d'existence.
Dans un deuxième temps, j'aimerais aborder plus
spécifiquement les problèmes de financement. Cela correspond
d'ailleurs à la dernière partie de notre mémoire qui n'est
pas très longue ou très détaillée, mais qui veut
mettre en relief un certain nombre de choses qui nous apparaissent tout
à fait essentielles.
Nous avons donc quatre recommandations ou quatre suggestions, quatre
demandes à vous présenter ou à vous soumettre. La
première concerne une infrastructure minimale. On pense qu'une
université, une institution, quelle qu'elle soit, a besoin d'une
infrastructure de base. Puisque notre clientèle est petite, il est
bien
entendu que le coût per capita de l'infrastructure est
élevé. Je pense que c'est très logique et très
facile à comprendre: moins il y a d'étudiants dans une
institution, plus le coût d'un certain nombre de fonctions de base est
élevé, et on devrait reconnaître ce fait. Les compressions
des dernières années nous ont amenés à
réduire cette infrastructure d'une façon importante,
significative, et nous pensons que présentement nous fonctionnons dans
des conditions nettement discriminantes par rapport à ce qu'on peut
vivre dans d'autres établissements. Dans notre mémoire, nous
donnons un certain nombre d'exemples.
Un deuxième point que nous voulons mettre en relief, c'est celui
de la productivité. Depuis le régime des compressions
budgétaires dans le monde universitaire, évidemment, les
universités ont réagi en augmentant la productivité et
cela s'est fait essentiellement par l'augmentation de la moyenne
d'étudiants par cours. Toutes les universités vous ont
présenté à ce sujet des chiffres. Nous en citons nous
aussi. Notre moyenne d'étudiants par cycle, par groupe-cours au 1er
cycle est passé de 19 à 29 en cinq ans, ce qui représente
une augmentation de productivité de 50 %. Il faut bien prendre
conscience, toutefois, des limites de ce phénomène ou de ce
processus d'accroissement de la productivité. Il y a un certain nombre
de programmes dans notre institution qui seront nécessairement à
petite clientèle et ce sont les programmes de sciences fondamentales.
Jusqu'à maintenant, nous avons réussi à les faire vivre en
exerçant une certaine forme de péréquation interne,
c'est-à-dire que les programmes à plus haute clientèle ont
des moyennes supérieures, ce qui permet de faire vivre des programmes
à plus petite clientèle. Il y a un contrat social dans notre
université qui permet de maintenir cette péréquation, mais
il y a des limites qu'on ne pourra pas franchir. Il vient un temps où
les professeurs d'administration, notamment, n'acceptent plus de se voir
attribuer des charges doubles ou triples de celles d'autres collègues
dans d'autres départements. Là, il y a pour nous un signal qui
s'allume selon lequel il faut faire attention de ne pas aller trop loin. Donc,
à ce moment, la survie d'un certain nombre de programmes, en chimie, en
physique, en sociologie ou en géographie, se trouve compromise. Pour
nous, ce sont des programmes essentiels pour répondre aux besoins de
notre population et pour poursuivre l'exercice de notre mission universitaire.
Nous demandons donc que le gouvernement tienne compte dans ses politiques, dans
ses normes de financement du fait que, dans une petite université, il y
a nécessairement des programmes qui doivent demeurer et pour lesquels
les subventions sont insuffisantes, c'est-à-dire qu'on n'arrive pas
à avoir assez d'étudiants pour justifier les coûts des
ressources qui sont nécessaires au maintien de ces programmes»
Un troisième élément que nous faisons valoir, c'est
celui du territoire. Là-dessus, beaucoup de choses se disent, c'est
extrêmement complexe. J'aimerais prendre quelques minutes pour vous dire
quelle est notre analyse de cela. D'abord, il faut bien dire que les besoins
existent. Nous ne créons pas, nous n'inventons pas de besoins sur le
territoire? nous répondons actuellement peut-être à la
moitié des besoins qui s'expriment. Quand je dis "qui s'expriment", cela
ne s'exprime pas seulement d'une façon gratuite comme cela, cela
s'exprime dans des pétitions, dans des lettres aux journaux, par des
visites à nos bureaux, cela s'exprime même par des coups de
téléphone au bureau du recteur et, tout récemment, cela
s'est exprimé par des résolutions des MRC et par la formation de
regroupements de citoyens. Je crois que le Regroupement des citoyens de la
Côte-Nord est passé vous voir. Il y a donc un certain nombre de
demandes réelles sur les territoires, et justifiées la plupart du
temps, et que nous ne pouvons pas satisfaire.
A l'intérieur de cette situation, nous essayons de faire le
maximum, donc de répondre le plus possible aux besoins qui s'expriment.
Là, nous frappons deux difficultés importantes. Dans un certain
nombre de domaines, il n'y a» pas suffisamment d'étudiants dans un
endroit donné et, quand je dis dans un endroit donné, c'est dans
un territoire donné puisque les étudiants et étudiantes
parcourent parfois des distances relativement considérables pour
assister à un cours. Par exemple, je pourrais parler de la
Gaspésie et de toute la zone de Matane et Sainte-Anne-des-Monts. C'est,
pour un groupe d'étudiants donné, le même territoire,
c'est-à-dire qu'ils vont accepter des formules où un cours se
donne à Matane et ce sont les étudiants de Sainte-Anne-des-Monts
qui se déplacent; le cours suivant se donnera à
Sainte-Anne-des-Monts et ce sera l'inverse. On a donc mis au point un certain
nombre de formules pour esssayer de constituer des groupes-cours avec un
nombre raisonnable d'étudiants. Or, malgré tout, comme vous
connaissez sûrement la situation de dispersion de la population
étudiante et de la population globale sur la Côte-Nord, en
Gaspésie et même dans le Bas-Saint-Laurent, cela devient
extrêmement difficile de faire des groupes-cours de 30 étudiants,
ce qui représente notre moyenne d'équilibre entre les revenus et
les dépenses.
C'est ce qui nous a amenés, d'ailleurs, à nous
étendre vers l'ouest où, là, les étudiants sont
présents beaucoup plus densément et où c'est possible de
donner des cours à 40, 45, 50 étudiants. Donc, nous avons
établi une péréquation, géographique
celle-là. J'ai parlé de la péréquation
disciplinaire tout à l'heure sur ile campus, mais sur le
territoire nous avons établi une péréquation
géographique en donnant des cours dans des territoires où il y
avait plus d'étudiants et où nous formons des groupes-cours de
40, 50 et parfois 60 étudiants. Ce qui nous permet de maintenir des
cours de 12, 15, 18 étudiants dans d'autres parties du territoire. Il y
a là un équilibre extrêmement fragile et il faut être
conscient que si on devait perdre une partie de ce puzzle, si vous voulez,
c'est l'ensemble qui risquerait de s'effondrer. (15 h 30)
L'autre difficulté que nous rencontrons c'est celle des
programmes dits à grande clientèle. Essentiellement, dans notre
cas, ce sont les sciences de l'administration et les sciences de la
santé où il y aurait dans l'ensemble du territoire suffisamment
d'étudiants dans un territoire donné pour faire des groupes-cours
avec un nombre suffisant d'étudiants. Là, le problème que
nous rencontrons c'est le manque de professeurs, parce que nous pensons que,
lorsque dans un département ou dans un secteur disciplinaire
donné cela dépasse 50 % ou 60 % de chargés de cours, nous
avons des problèmes de qualité. Or, nous sommes très
soucieux de maintenir une qualité comparable pour les étudiants
du territoire par rapport à ce que l'on trouve sur le campus. Ce qui
nous amène donc à refuser de dispenser des enseignements, non pas
parce qu'il n'y aurait pas un nombre d'étudiants suffisant, mais bien
parce que l'on n'a pas suffisamment de professeurs et que les subventions
données pour les clientèles additionnelles sont tout à
fait insuffisantes pour engager des professeurs. Cela nous amène donc
à renoncer, si vous voulez, à servir ces clientèles avec
les conséquences que cela a.
C'est en fait pourquoi notre demande est que le gouvernement reconnaisse
cette réalité. Cela sera une décision politique de voir
s'il peut faire plus ou s'il doit faire moins. Mais ce que nous aimerions c'est
qu'au moins il reconnaisse qu'il y a là un problème important et
qu'il en tienne compte dans ses directives ou dans ses modes de
financement.
Finalement, nous insistons sur le fait que malgré toutes ces
compressions que nous avons connues, et elles ont été fort
impartantes... Pour vous donner quelques images, si vous voulez, nous estimons
à environ 1 500 000 $ les compressions que nous avons connues dans les
quatre ou cinq dernières années, toutes choses étant par
ailleurs égales. Ce qui veut dire qu'aujourd'hui nous avons un budget
d'environ 20 000 000 $ et que nous aurions 21 500 000 $ pour faire exactement
la même chose s'il n'y avait pas eu ces compressions. C'est donc
relativement important. On a fait ces compressions puisque, à toutes
fins utiles, notre budget est équilibré. On les a faites au prix
d'un certain nombre de sacrifices. Ce que nous voulons dire à cette
commission c'est que si cela devait continuer, eh bien, il y aurait des choses
qui ne pourraient plus se faire, soit en termes de quantité, il faudrait
donc couper dans un certain nombre de services, soit en termes de
qualité, et si on devait diminuer davantage la qualité, eh bien,
c'est le caractère comparable des services que l'on peut offrir à
Rimouski qui serait mis en question. Pour nous c'est absolument essentiel, s'il
doit y avoir une université, elle doit donner des choses de
qualité égale à ce que l'on peut trouver dans d'autres
universités.
C'est pourquoi notre première demande, et à la limite cela
serait notre seule demande, c'est qu'il faut que les compressions cessent. Ce
régime de compressions des dernières années a fait subir
à nos institutions des pressions, du stress, de3 tensions
extrêmement dommageables, et il faudrait absolument que les compressions
cessent.
Nous soulignons également la dimension des déficits dans
les autres établissements, mais nous n'avons pas à nous faire les
juges de ce que d'autres ont décidé de faire. Nous pensons que
nous avons fait nos devoirs, que nous avons travaillé très dur
pour équilibrer nos budgets, que nous avons imposé des sacrifices
très lourds à nos professeurs et nos étudiants. Nous
aurions peut-être pu, comme d'autres, nous fixer un niveau de
dépenses plus élevé; nous ne l'avons pas fait et nous ne
voudrions pas que cela vienne nous pénaliser maintenant. Ce serait
extrêmement démotivant pour tout le monde.
En conclusion, j'aimerais rappeler l'importance que nous attachons - le
"nous" ne représente pas seulement les universitaires de
l'Université du Québec à Rimouski, mais une bonne partie
de la population de l'Est du Québec - au maintien et au
développement de l'Université du Québec à Rimouski
dans sa spécificité, c'est-à-dire une université de
petite taille qui continuera d'oeuvrer dans un nombre limité de domaines
autant que passible complémentaires à ce qui se fait ailleurs,
mais dans des domaines, d'une part, bien articulés, qui ont une bonne
prise avec les besoins ou les caractéristiques de notre région et
qui, d'autre part, ne sont limités absolument en rien quant au niveau
d'excellence, quant au dépassement intellectuel et scientifique qui doit
motiver, qui doit inspirer tout établissement universitaire.
M. le Président, je vous remercie d'avoir écouté
notre présentation et mes collègues et moi sommes à votre
disposition pour répondre à vos questions et échanger des
propos avec vous.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M.
Massicotte. Je reconnais maintenant le ministre de l'Enseignement
supérieur et de la Science.
M. Ryan: M. le Président, il nous est agréable de
recevoir aujourd'hui M. le recteur de l'Université du Québec
è Rimouski et les gens qui l'entourent à la table des
témoins de cette commission parlementaire. Je voudrais joindre à
mes mots de bienvenue des sentiments de même nature qu'éprouve
sans doute notre collègue, le député de Rimouski, qui
siège à la commission parlementaire de l'éducation avec
une grande assiduité depuis le tout début de nos travaux. Il
n'est pas ici comme un membre de passage aujourd'hui, il est ici comme membre
régulier. Je suis sûr que si nous disposions de plus de temps de
chaque côté il aurait souvent eu des points de vue et des
questions à adresser de façon beaucoup plus fréquente
à ceux qui viennent nous rencontrer.Mais nous vivons à
l'intérieur d'un cadre de temps extrêmement limité, et nous
sommes tous obligés de nous contraindre. Cela n'empêche pas que la
participation du député de Rimouski, comme d'ailleurs celle de
ses collègues d'autres comtés qui font partie de la commission, a
été remarquablement assidue.
Je voudrais également saluer la présence du
député de Matapédia qui, lui, fait partie de votre
territoire à n'en point douter. Je m'aperçois que le
député de Lévis n'est pas ici; vous revendiquez
Lévis comme extension légitime de votre territoire. On vous
posera peut-être des questions là-dessus, mais on
s'aperçoit qu'il est encore occupé à d'autres commissions,
évidemment, auxquelles il accorde priorité; c'est son droit.
Mme Blackburn: N'exagérons rien.
M. Jolivet: II aurait été ici si vous l'aviez
demandé, par exemple.
M. Ryan: Nous avons des députés d'autres
comtés, de notre côté, qui s'intéressent
également à Rimouski, même s'ils représentent des
régions non moins intéressantes du Québec. Cela comprend,
évidemment, le député d'Argenteuil. Nous n'avons pas
d'université dans notre comté; nous sommes obligés de nous
diriger vers Montréal, Ottawa et l'Université du Québec
à Hull. Mais nous suivons avec beaucoup d'intérêt le
travail qui se fait chez vous et, personnellement, je connais depuis longtemps
le milieu de Rimouski. J'avais coutume d'y aller il y a de nombreuses
années et j'avais remarqué, dès les premiers temps de mon
engagement dans le travail actif, qu'il y avait une forte tradition
intellectuelle à Rimouski qu'incarnait la personnalité de
l'archevêque du temps, Mgr Courchesne, qui fulminait souvent contre
certaines tendances que nous représentions, nous, d'une autre partie du
Québec, mais qui avait quand même une grande force intellectuelle
et qui a créé un climat d'exigence dans son milieu qui
était remarquable. J'ai eu l'occasion de le constater en particulier...
Vous avez eu longtemps à Rimouski un Grand séminaire qui
était un foyer de vie intellectuelle tout à fait remarquable et
je n'ai pas été étonné quand l'Université du
Québec a décidé qu'elle aurait une constituante à
Rimouski. C'était un lieu tout indiqué par sa longue tradition
intellectuelle et par son site géographique, de même que par son
rayonnement Hans toute la région du Bas-Saint-Laurent et de la
Gaspésie.
Dans votre mémoire, il y a une chose qui m'a vivement
intéressé, c'est la conception que vous présentez du
rôle de votre université en région. Comme vous l'avez assez
justement dit tout à l'heure, à mon point de vue, vous ne
présentez pas l'Université du Québec à Rimouski
d'abord comme une université régionale, mais comme une
université en région. Le travail de rayonnement et de service de
l'université dans la région, vous le voyez en prolongement de ses
missions fondamentales. Je pense qu'il y a des clarifications dans votre
mémoire qui font suite à des échanges que nous avons
déjà eus à la commission qui me paraissent très
pertinentes. On aurait dit que vous étiez avec nous la semaine
dernière et que vous nous apportiez, aujourd'hui, les fruits de votre
réflexion. J'enregistre ces choses avec beaucoup d'intérêt.
Je pense que ce sont des observations qui nous seront très utiles pour
l'avenir.
Une chose que j'ai remarquée également dans votre
mémoire, c'est le rôle qu'ont joué deux institutions dans
les décisions qui furent prises à propos du développement
de votre université, c'est-à-dire l'Université du
Québec et le Conseil des universités. On a beaucoup entendu
parler jusqu'à maintenant d'absence de coordination, d'absence de
rationalité. C'est comme si tout s'était fait d'une
manière complètement improvisée alors que ce n'est pas le
cas. Il y a eu quand même beaucoup de travail de planification d'accompli
dans le passé. C'est sûr que les autorités de
l'Université du Québec n'ont pas laissé proliférer
les constituantes sans examiner la géographie des territoires qui
allaient être desservis et aussi les besoins des populations. Pour le
Conseil des universités, c'est la même chose quand il est
appelé à donner un avis. Il exprime d'abord un avis sur le fond
des projets qui lui sont présentés, mais il n'est pas
indifférent à des considérations comme celles qui l'ont
amené à émettre des avis quelquefois
réservés sur des projets pour lesquels il aurait pu avoir, par
ailleurs, beaucoup d'attrait.
Je mentionne ces points, parce que c'est rafraîchissant de les
entendre et que cela nous permet d'entrevoir qu'il sera possible de continuer
le développement de nos universités en région dans
l'avenir tout en sachant très bien, comme vous l'avez judicieusement
rappelé, qu'elles ne pourront pas être des universités
complètes au sens fort du terme et, deuxièmement, qu'elles ne
seront pas non plus de simples universités régionales au sens
étroit du terme. Je pense que la ligne juste est entre les deux. C'est
ce que vous cherchez et nous allons essayer de vous encourager et de vous aider
dans ce sens.
J'ai noté les faits que vous apportez à la page 33 de
votre mémoire - je cite la page à dessein parce que c'est une des
plus éloquentes de tout le document - quant aux conséquences
concrètes qui ont découlé pour votre université des
mesures de compressions et de restrictions budgétaires des
dernières années. Je pense que l'énumération que
vous apportez dans votre mémoire à ce sujet est très
éloquente. Elle parle par elle-même. Ce n'est pas
nécessaire de s'étendre davantage là-dessus mais je veux
vous signaler que je l'ai soigneusement notée et que cela fera partie du
bilan que nous tirerons à la fin de nos travaux.
Je voudrais vous adresser une question. Je veux laisser un petit peu de
temps pour mes deux collègues qui sont plus immédiatement de
votre région. Je voudrais tout d'abord vous dire que je trouve que
Lévis, ça commence à être une extension un peu
excessive d'un territoire qui est desservi par l'Université du
Québec à Rimouski. Vous sembliez dire à un moment
donné que vous financiez d'autres activités à même
celles-là. Cela fait curieux pour quelqu'un qui regarde cela de
l'extérieur. Il nous semble que Québec est moins loin de
Lévis que Rimouski. Je vous pose la question, vous pourrez
répondre tantôt. Vous dites: On aimerait voir confirmé
notre mandat sur l'ensemble de notre territoire. J'aimerais que vous me disiez
ce qu'est votre territoire. Est-ce le Bas-du-Fleuve et la Gaspésie ou si
cela va jusqu'en face de Québec?
Deuxièmement - je vous pose la question tout de suite parce que
c'est la seule que je vous adresserai, autrement cela prendra tout le peu de
temps qui nous est attribué - vous dites: II y a un certain plancher de
programmes qu'il faut qu'on ait pour mériter le titre
d'université, même si certains de ces programmes n'attireront pas
les clientèles qui répondraient toujours aux minima fixés
par les technocrates ou par les grandes moyennes nationales par exemple.
J'aimerais que vous me donniez des exemples concrets de cette
situation-là chez vous, le genre de programmes que vous devez maintenir
même s'ils attirent une clientèle plus faible que ce qu'on serait
en droit d'attendre normalement et me dire s'il y a des points sur lesquels il
y a absolument besoin de développements chez vous dans un avenir
prévisible.
J'ai regardé la liste des demandes qui sont en instance chez nous
et j'en ai trouvé seulement deux. II y en a une en particulier à
propos d'un doctorat en éducation qui a été
présentée conjointement avec d'autres universités. Je vous
présente la même réponse qu'on a présentée
aux autres qui sont venus ici. L'affaire est à l'étude. Le
Conseil des universités s'est montré favorable et nous
étudions l'affaire au niveau du ministère. Aucune décision
n'a été prise pour l'instant à ce sujet-là.
Vous aviez soumis un projet de maîtrise en développement
régional qui a fait l'objet d'une approbation de notre part, au
ministère, en juillet dernier. Il restera à prévoir les
modalités d'implantation. J'aimerais que vous nous disiez
peut-être où vous en êtes rendus. Je n'ai pas connaissance
d'autres points. S'il y en a d'autres qui doivent nous être soumis avant
longtemps, peut-être avez-vous certaines indications à nous
donner.
Encore une fois, la principale question est: Quel est ce plancher de
programmes que vous estimez absolument nécessaire pour que
l'Université du Québec à Rimouski accomplisse sa mission
de base?
M. Massicotte: Je vais commencer par la question de Lévis.
Oisons que nous avons été attirés dans la région de
Lévis, de proche en proche, par des demandes qui nous avaient
été faites. Graduellement, on a implanté un certain nombre
d'activités. On l'a fait principalement pour répondre à
des besoins qui s'exprimaient et aussi, on le dit bien honnêtement, parce
que cela nous permet de dégager des surplus financiers avec lesquels
nous finançons l'infrastructure du campus mais, d'une façon plus
significative, la décentralisation dans notre territoire plus naturel
qui est celui du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie. C'est donc pour
nous une source d'équilibre financier et nous pensons que cela ne
dérange personne, que cela ne devrait déranger personne ou que,
si cela dérangeait d'autres institutions, elles n'auraient qu'à
prendre la place. L'Université Laval, par exemple, qui est située
tout près de ce territoire, est dix fois plus grosse que
l'Université du Québec à Rimouski; et Lévis, pour
parler de cet exemple, est en face de l'Université Laval. (15 h 45)
Or, vous vous imaginez bien que, si l'Université Laval
était intéressée à desservir cette région,
cela ne serait pas long et cela ne serait pas difficile: on ne serait plus dans
le décor. Je pense qu'on n'est absolument pas de taille pour
compétitionner avec l'Université Laval. Sauf que nous pensons
que
l'Université Laval a d'autres priorités, d'autres
perspectives de développement. Elle est présente dans tous les
grands domaines du savoir humain. Ils ont des facultés professionnelles,
ils ont des doctorats, ils font beaucoup de coopération internationale
et, pour le Québec, c'est très bien, c'est excellent.
Nous, nous avons développé une expertise dans
l'enseignement sur le territoire, dans l'enseignement à distance»
Et nous pensons qu'il y a donc là une source de
complémentarité assez forte entre deux institutions qui ont des
profils et des savoir-faire différents et qui ne se marchent pas sur les
pieds, parce qu'il y en a une qui fait un certain nombre de choses et l'autre
fait autre chose. Il y a quelques années, cette question a
été discutée avec des fonctionnaires du ministère
puisque nous, on se disait: Écoutez, on est là parce que cela
répond à des besoins, mais on est là aussi parce que c'est
la source de notre équilibre financier. Si on pouvait trouver une autre
solution pour maintenir notre équilibre financier on se retirerait sans
problème. Et on avait avancé un certain nombre
d'hypothèses auprès des fonctionnaires. II y a eu deux
réactions à cela. D'abord, les fonctionnaires n'ont pas
continué ia discussion. Mais le milieu de Lévis, lui, s'est
organisé. Aussitôt qu'il y a eu des rumeurs -et cela
c'étaient vraiment des négociations que je qualifierais de
très secrètes, puisque même on n'en avait pas
informé notre conseil d'administration on voulait seulement tâter
le pouls - aussitôt que cela s'est su, les étudiants et les
diplômés de Lévis se sont regroupés en association
pour faire pression sur nous pour que nous ne quittions pas. C'est pour vous
dire que nous, nous avons l'impression, sinon même la certitude, qu'on
est désiré là, qu'on fait un bon travail, qu'on ne nuit
à personne et qu'on va chercher là une certaine forme
d'équilibre financier qui nous permet d'être présent d'une
façon un petit peu plus satisfaisante sur la Côte-Nord, en
Gaspésie et dans le Bas-Saint-Laurent par le simple fait du transfert,
de l'interfinancement que représentent ces clientèles.
Maintenant, il est bien certain que - d'ailleurs, c'est nous-mêmes qui
avions mis la question sur la table il y a à peu près trois ans -
que ces choses-là se discutent dans n'importe quel contexte, notre
région naturelle c'est, bien entendu, le Bas-Saint-Laurent et la
Gaspésie.
Quant au plancher de programmes, nous pensons qu'à l'heure
actuelle nous avons à peu près ce plancher minimal. Je vais vous
donner deux situations, disons que je vais parler de trois choses qui vont nous
permettre de faire un petit peu le tour de cette question.
Il y a quelques années, nous avions pensé à
implanter une programmation en psychologie, que nous n'avons pas. Nous pensons
que cela aurait été important de le faire parce qu'il y avait
beaucoup de demandes étudiantes dans ce sens et parce que nous avions le
corps professoral pour le faire. Nous avons une bonne douzaine de psychologues
qui ont des Ph.D. en psychologie, et c'était au moment où la
pression des sciences de l'éducation diminuait. Donc, on
considérait qu'on avait les ressources, qu'on avait l'expertise et qu'on
avait les besoins. Le Conseil des universités nous a dit non. On n'en a
pas fait un plat. On a dit: c'est un cas limite. Et on a accepté cette
décision. On ne l'a jamais remise en question et le dossier de
psychologie a été mis de côté, et on continue de
penser que ce n'est pas un programme essentiel.
Il y a un autre exemple dans le même sens. C'est celui du
génie. On ne donne pas de programmation en génie à l'heure
actuelle, et on en discute périodiquement. On pense à l'heure
actuelle qu'un département de génie est utopiques dans le
contexte du financement actuel, on ne voit pas comment on pourrait demander et
obtenir qu'il y ait un programme de sciences appliquées à
Rimouski au 1er cycle. Mais, tout de même, il y a dans notre
région un certain nombre de personnes qui souhaiteraient cela. Si on
pense au développement à long terme de nos entreprises, il serait
intéressant qu'on puisse avoir cela. Donc, il faut essayer de trouver
des formules différentes, plus économiques, plus
réalistes. Il y a deux choses qui sont sur la table actuellement, deux
hypothèses de travail, une qui consisterait à donner une
première année de génie à Rimouski en utilisant des
cours qui pour la plupart se donnent déjà dans des programmes de
physique ou de mathématiques. Ensuite, par une entente avec une autre
université, les étudiants iraient continuer et faire leur
deuxième et leur troisième années à
Trois-Rivières, à Chicoutimi ou ailleurs. On pense que, s'ils ont
commencé leur processus de formation à Rimouski, les chances
qu'ils reviennent ensuite dans notre région sont un peu plus fortes, et,
également, qu'on va faciliter l'accessibilité au génie par
la population de notre région s'il y a une année qui peut
être faite à Rimouski même.
L'autre hypothèse de travail que nous avons, c'est avec
l'École de technologie supérieure parce qu'il y a dans la
région le cégep technique qui est bien développé
à Rimouski, notamment, mais aussi dans d'autres cégeps du
territoire. Il y a beaucoup d'intérêt, cela a été
vérifié, pour que des diplômés de collège,
notamment du secteur professionnel, puissent faire le baccalauréat de
technologie supérieure. Alors, il y a un dossier qui est à
l'étude qui nous permettrait de faire un partnership à trois pour
en implanter une partie ou, peut-être, tout le
bac de technologie. Cela reste à voir. Dans un premier temps,
cela serait sûrement une partie et les étudiants iraient ensuite
à Montréal compléter le programme. Là, cela se
ferait à trois parce que les cours pourraient se donner au cégep
de Rimouski qui a toute l'infrastructure physique. Une bonne partie des cours
serait des cours qu'on donne déjà dans nos programmes de chimie,
de physique, de mathématiques et d'informatique et il y aurait quelques
autres cours qui pourraient se donner à Rimouski même. Ensuite,
comme je le disais, les étudiants pourraient compléter les
parties plus spécialisées à l'École de technologie
supérieure de Montréal. Mais nous nous occuperions des stages, ce
qui aurait l'avantage considérable de ramener ces étudiants dans
des entreprises de la région et de leur permettre ensuite de travailler
au développement de ces entreprises.
Vous voyez que, dans le domaine du génie, même si on
pourrait considérer que c'est vraiment dans cette gamme minimale, on ne
va pas jusque-là pour des raisons de réalisme et qu'on cherche
des solutions alternatives.
Une troisième situation. On se met dans le cadre de programmes
que nous avons et que nous voulons garder. C'est principalement le cas des
programmes de chimie et de physique parce que les professeurs qui dispensent
les cours de chimie et de physique sont nos océanographes. On a un
département d'océanographie qui regroupe une quinzaine de
professeurs plus un certain nombre d'attachés de recherche. Ces
professeurs donnent leur tâche de 1er cycle en chimie et en physique et
leur tâche d'études avancées au niveau de la maîtrise
et du doctorat en océanographie. Pour un certain nombre
d'étudiants et d'étudiantes, ils amorcent leur formation en
océanographie dans ces programmes de chimie et de physique. Il y a aussi
la biologie, mais la biologie n'est pas un programme à petite
clientèle. Il y a beaucoup d'étudiants. Nous pensons que, compte
tenu de notre profil de développement, on doit maintenir des programmes
de chimie et de physique à Rimouski.
On pourrait dire la même chose du côté des sciences
humaines avec les programmes de sociologie ou de géographie, mais
jusqu'à maintenant, en tout cas, le nombre d'étudiants dans ces
programmes justifiait pleinement le maintien du programme. Encore une fois, les
seuls cas vraiment plus difficiles qu'on a connus dans les dernières
années, ce sont la chimie et la physique. Cela a été aussi
les mathématiques, mais avec l'arrivée de l'informatique,
hé bien! les mathématiques reprennent beaucoup de
popularité et c'est moins problématique.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci,
M. Massicotte. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Mme la
députée de Chicoutimi, porte-parole officiel de l'Opposition en
matière d'enseignement supérieur et de sciences.
Mme Blackbum: Merci, M. le Président. M. Massicotte,
madame, messieurs, cela me fait plaisir de voir que vous avez accepté
l'invitation qui vous a été faite de venir en commission
parlementaire. Comme j'ai eu l'occasion de le souligner à quelques
reprises, il est extrêmement important qu'on entende ici la voix des
différents intervenants, de ceux qui font l'université, comme de
reux qui sont usagers ou clients des universités. Je pense que la voix
des universités en régions et non pas des universités
régionales est extrêmement importante. Je comprends, comme
d'ailleurs l'a fait l'Université du Québec à Chicoutimi,
la nécessité, pour ne pas dire l'urgence, qu'on fasse ce genre de
distinction, parce que, quand on pense université régionale, cela
contient un élément assez réducteur; on voit un peu
où cela s'en allait, c'est-à-dire l'université
régionale, on peut limiter ça au 1er cycle. Je pense bien que
vous avez rapidement compris ce que cela apportait comme préjugé.
Il est important de faire cette distinction. Les universités en
régions doivent demeurer des universités générales
avec la mission fondamentale d'enseignement et de recherche.
Votre mémoire nous donne une vision assez intéressante et
complète à la fois des programmes que vous offrez et des
sacrifices que vous avez dû consentir pour maintenir un minimum de
programmes. Vous situez l'importance que constitue l'université en
régions. C'est un instrument vital de développement et un
instrument de prise en charge individuelle et collective de son
développement. Dans ce sens, votre intervention nous a permis de voir et
de donner un meilleur éclairage par rapport au rôle que vous jouez
en régions. Tant et aussi longtemps qu'on n'aura pas compris ce
rôle indispensable d'une université en régions qui a un
effet direct sur la capacité des régions de se prendre en charge,
donc, de diminuer ce que constitue leur poids dans le fardeau des
différents services, on n'aura rien compris. Alors, je suis assez
heureuse de votre présentation.
J'aimerais qu'on passe rapidement. J'ai quelques questions. Je dois dire
que vous avez une vision assez intéressante de l'implication de votre
université dans le développement du milieu. Par ailleurs j'aurais
voulu comprendre - vous émettez une insistance et il y a tellement de
réserve une fois que vous avez défini votre mission qu'on a un
peu plus de difficulté à distinguer ce qui en est de la mission
régionale. Ma question est la suivante. Je comprends que
vous y mettiez beaucoup de réserve, parce que le ministre - c'est
son droit - en a émis un certain nombre par rapport à ce que
devrait être la mission de services aux collectivités, et
particulièrement dans les régions, en s'inquiétant du fait
qu'on pourrait tantôt grossir la mission des universités en les
retrouvant un peu partout. Donc, on peut comprendre que votre réserve se
justifie par cela; mais, par ailleurs, cela ne me permet pas de voir, dans ce
que vous dessinez comme étant le rapport université-milieu, si
dans les règles d'allocation des ressources il devrait y avoir un
paramètre qui tienne précisément compte de ce volet de la
mission de l'Université du Québec à Rimouski, services aux
collectivités. Si oui -peut-être l'avez voua dit - il y a
effectivement un paramètre qui tient compte de cela, à combien
évaluez-vous cela? Ou quel pourcentage de l'enveloppe les services aux
collectivités ou la mission de développement régional
pourraient-ils représenter?
M. Massicotte: Notre hésitation et nos réticences
viennent d'un certain nombre de motifs. Il y en a qui ont trait à la
mission même de l'université. Est-ce que c'est dans la mission
même d'une université de faire ce genre de choses? Et il y en a
qui nous viennent des ressources, c'est-à-dire que, dans une
période où on n'a pas ce qu'il faut pour faire l'essentiel,
est-ii raisonnable de faire plus que l'essentiel? C'est pourquoi nous avons
opté pour une stratégie prudente et d'autofinancement.
L'autofinancement, cela doit être tout de même nuancé
puisque vous savez que dans la tâche des professeurs il y a un volet de
services à la collectivité. Notre stratégie de gestion de
ressources humaines consiste à "prioriser" les fonctions d'enseignement
et de recherche. Mais, lorsqu'on est en présence de professeurs qui, par
goût, par aptitude, s'intéressent à des travaux
plutôt reliés directement au développement des entreprises
ou des organismes ou des milieux, nous les encourageons. Il y a donc là,
pour cette tranche de tâche des professeurs qui vont dans le milieu, une
certaine forme de prise en charge par l'État de cette fonction.
Également, nous avons un certain nombre de personnes dans
l'université qui ont, pour une partie plus ou moins importante de leur
tâche, cette responsabilité. C'est le cas de Mme Jones, qui est
ici avec nous aujourd'hui, qui est payée dans l'enveloppe globale, qui
fait un tas d'autres choses dans l'université, et qui a cette
responsabilité de travailler à des dossiers plus directement
reliés au développement du milieu. Cela représente une
certaine somme d'argent, qu'il serait difficile de chiffrer, mais ce n'est pas
très important, c'est peut-être 4 % ou 5 % du budget au grand
maximum. (16 heures)
Pour le reste, nous avons opté pour une stratégie
d'autofinancement. Ce sont donc des subventions de l'OPDQ, ce sont des contrats
d'entreprises, ce sont toutes sortes d'activités pour lesquelles les
usagers doivent payer un tarif, des frais d'inscription et ainsi de suite.
Le gouvernement devrait-il financer plus largement cette mission? Je
pense que c'est au gouvernement de donner la réponse à cela. Vous
savez qu'en Ontario le rapport Bovey prévoyait un certain montant qui
devait être donné pour cette fonction aux universités des
régions. Évidemment, si le gouvernement du Québec
décidait de nous financer pour cela, on saurait très bien
utiliser cet argent correctement, mais, dans l'état actuel des choses,
nous pensons qu'il faut valoriser, améliorer la qualité du 1er
cycle et de la formation au niveau de la maîtrise comme principale
priorité pour le Québec.
À cet égard, nous nous sommes imposé une autre
contrainte au niveau de la collaboration université-milieu, c'est celle
de la formation pratique. Là-dessus, j'ai un dada personnel que je ne
cesse de répéter à mes collèguesï S'il n'y a
pas une dimension de formation pratique dans une intervention de support au
développement du milieu, il faut s'interroger sur la pertinence de la
présence de l'université dans cette affaire-là.
Là-dessus, je ne veux pas juger les autres, je ne veux pas dire
qu'ailleurs on ne peut pas faire autrement et que cela ne peut pas être
bien; chacun fait ses choix. Mais en ce qui concerne Rimouski, nous attachons
énormément d'importance, lorsqu'on est dans un dossier de
collaboration université-milieu, à la présence
d'étudiants, d'étudiantes ou de diplômés
récents dans ces interventions parce que nous pensons que cela vient
compléter notre mission de formation dans le sens de la formation
pratique, et Dieu sait que les étudiants reprochent aux
universités cette absence de préoccupation pour la formation
pratique.
Ce n'est pas un dossier facile parce qu'on nous réclame en
même temps plus de formation fondamentale. Alors, à un moment
donné, on vient qu'on ne sait plus si c'est la formation fondamentale ou
la formation pratique qui est importante. On essaie, nous, de résoudre
la difficulté en disant: II y a une partie de l'enseignement qui se fait
dans la structure même des programmes et qui doit viser à la
formation fondamentale, à la formation générale, et on
essaie d'associer à cela un certain nombre d'opportunités pour
nos étudiants et étudiantes de se frotter à des
réalités du milieu à travers des projets d'intervention,
à travers des collaborations avec des entreprises ou des organismes de
façon qu'ils ou elles acquièrent à travers ces
expériences un complément de formation qui est de nature à
réduire le fossé entre leur
passage à l'université et leur accès au
marché au travail.
Mme Blackburn: Merci, M. le recteur. En réponse à
la question à savoir s'il devrait y avoir, dans l'allocation des
ressources, un paramètre touchant les services à la
collectivité en tenant compte de la situation particulière d'une
université en régions, vous nous avez dit: C'est au gouvernement
de décider. Cela, j'en conviens, sauf que j'aurais aimé avoir
votre propre opinion là-dessus. Est-ce souhaitable? Est-ce vraiment plus
dans cette direction... Sûrement que le ministre nous fera part de ses
décisions un moment donné.
M. Massicotte: Là-dessus, je ne peux pas répondre
beaucoup plus que ce que j'ai dit, à savoir que, si le gouvernement nous
donnait cette mission et nous donnait des ressources financières pour le
faire, nous saurions très bien les utiliser. On ne gaspillerait pas ces
sommes-là. Des demandes nous sont faites d'entreprises qui n'ont pas les
moyens de payer. Il y a des organismes qui n'ont pas accès aux
ressources universitaires, aux ressources scientifiques et qui devraient
l'avoir. Si on avait des subventions, croyez-moi, on ne gaspillerait pas ces
sommes. Sauf que, dans le contexte actuel, vu de Rimouski, avec les
difficultés que nous avons à équiper convenablement notre
bibliothèque, à donner un choix de cours raisonnable aux
étudiants, à avoir des équipements de laboratoire
acceptables, cela ne peut pas être, pour nous, notre priorité
financière.
Mme Blackburn: Vous faites état dans votre mémoire
de l'importance du rôle joué à la fois par le Conseil des
universités dans la planification du réseau, de même que
par le siège social de l'Université du Québec. Alors, on y
revient. Vous connaissez la recommandation visant à abolir le
siège social de l'UQ. Qu'est-ce que cela représente pour vous et
qu'est-ce que cela pourrait signifier dans l'hypothèse où cette
recommandation serait retenue?
M. Massicotte: Là-dessus, il y a vraiment deux choses dont
il faut tenir compte: il y a l'aspect services collectifs qui sont
assumés par le siège social et qui ne sont pas, à vrai
dire, une mission de siège social, et il y a une dimension de
coordination du réseau. Je laisserai tout à l'heure chacun des
vice-recteurs illustrer un peu ce que cela veut dire, les services collectifs,
par rapport à l'enseignement, à la recherche, à
l'administration et aux finances. Pour ma part, je vous dirai que je suis un
inconditionnel du réseau de l'Université du Québec. J'ai
commencé ma carrière à l'UQAM, je l'ai poursuivie à
Rimouski, j'ai fréquenté des comités et des instances de
coordination du réseau depuis dix ou douze ans. C'est une richesse
collective inestimable que cette capacité que nous avons de mettre de
l'expertise en commun, de nous appuyer les uns sur les autres pour
réaliser dans des conditions parfois très difficiles la mission
universitaire.
Le siège social, pour moi, est une question mai posée
à cet égard. Ce qui est la vraie question, c'est: Doit-il y avoir
ou non un réseau de l'Université du Québec? À cela,
ma réponse est oui et je pense que les succès collectifs de
l'Université du Québec démontrent cela d'une façon
péremptoire. Pour faire vivre ce réseau, cela prend bien quelque
part une instance de coordination et c'est là qu'arrive la dimension du
siège social, non pas dans sa fonction de services collectifs, mais dans
sa fonction d'instance de coordination et de planification.
Pour ce qui est des services collectifs, cela pourrait être
à Montréal ou n'importe où. C'est une boîte qui
donne des services et, là-dessus, M. Maheux ou M. Lebel pourraient vous
donner des exemples du type d'interaction que nous avons avec le siège
social en tant que dispensateur de services.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui, monsieur.
M. Maheux (Bertrand): Je pourrais me permettre d'ajouter des
exemples assez précis. Dans le cadre, par exemple, de la gestion des
avantages sociaux de l'ensemble de nos personnels, le fonds de retraite
constitue un investissement ou un actif présentement de l'ordre de 200
000 000 $. Il faut qu'il soit vraiment géré par des
spécialistes du domaine et il nous apparaît difficile de croire
que nous pourrions nous retirer et gérer ce fonds d'une façon
unilatérale, car nous devrions le faire à des coûts
beaucoup plus considérables. Il en est de même dans le cas des
assurances collectives. C'est aussi un domaine qui nécessite, par
exemple, des demandes de propositions ou des appels d'offres aux deux ans. Cela
requiert des devis précis; cela requiert aussi une expertise très
précise, une expertise dispendieuse. Lorsque l'on peut partager les
coûts entre différents participants, évidemment, cela
coûte beaucoup moins cher.
L'autre exemple, c'est l'utilisation ou le développement de
l'informatique. Vous comprendrez bien qu'une petite université pourrait
se payer difficilement le développement de programmes d'informatique de
gestion des clientèles, de gestion financière, de gestion des
personnels; le seul développement de ces programmes constitue des
dépenses de l'ordre de 1 000 000 $, cela pour avoir un nouveau
programme, sans compter le coût des équipements ou des
ordinateurs, alors que nous utilisons collectivement un ordinateur
à distance avec des terminaux et des micro-ordinateurs.
Un autre élément où nous partageons collectivement
de l'expertise, il s'agit des stratégies de financement, de
contrôle des coûts et des moyens que nous pouvons nous donner
collectivement pour tenter d'utiliser le plus efficacement possible les sommes
mises à notre disposition» Ce genre d'échanges et de
travaux collectifs nous permet d'obtenir l'expertise ou d'échanger des
points de vue sur les expertises et aussi d'avoir du développement qui
se fait dans une constituante pour être transféré
après coup à l'ensemble des constituantes. Donc, il y a un effet
de synergie qui est assez substantiel à cause du regroupement de
plusieurs constituantes autour d'une équipe directrice.
Mme Blackburn: Bien. Oui?
M. Lebel (Jean): Est-ce que je pourrais dire quelques mots de la
coordination de l'enseignement et de la recherche? Compte tenu du fait que
chaque constituante est construite sur la même structure, il devient
très facile d'avoir des collaborations dans les études du 1er
cycle et du 2e cycle au moment où l'on veut préparer de nouveaux
programmes ou encore évaluer des programmes existants. Les organismes de
concertation, que cela soit chez les doyens ou chez les vice-recteurs, sont
appuyés par la vice-présidence à l'enseignement et
à la recherche qui nous fournit les services d'experts pour
l'évaluation de nos dossiers. Soyez assurés que, lorsqu'un
dossier quitte l'Université du Québec pour aller en examen au
Conseil des universités, il a été étudié de
tous côtés et, à ce moment-là, il pourrait
être accepté presque sans discussion au niveau du Conseil des
universités.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. Mme la
députée.
Mme Blackburn: Vous parlez dans votre mémoire - j'essaie
de trouver la page - de ce qui a été au Québec une
politique d'accessibilité. C'est è la page 8 de votre
mémoire. Vous parlez, évidemment, des frais de scolarité
comme étant une mesure visant à accroître
l'accessibilité. Il y a une question qu'on ne pose pas souvent ici parce
qu'on semble douter qu'il y ait un rapport entre une hausse des frais de
scolarité et l'accessibilité. Je pense effectivement qu'il y en a
peu si on va dans des universités où les gens sont relativement
fortunés, mais dans une université en régions, juste pour
avoir une idée de ce que cela peut vouloir dire, quel est le pourcentage
de vos clientèles qui a droit à l'aide financière?
M. Massicotte: Au dernier relevé, c'était 90 %.
Mme Blackburn: La réponse, à mon avis, est
très éloquente parce que, du moment où vous parlez de la
hausse des frais de scolarité dans une région aussi
défavorisée, j'ai peine à penser que cela n'aurait pas
d'effet sur l'accessibilité. Je reconnais avec le ministre qu'il y a
dans cette région, comme dans quelques autres -je pense à la
mienne en particulier - ce qu'on appelle des traditions d'éducation. Il
n'en demeure pas moins que la situation économique impose un frein
certain.
C'est une question que je n'ai pas pensé poser aux autres, mais
cela m'intéressait d'en connaître la réponse. Nous avons
certainement des données sur l'aide financière aux
étudiants et nous sommes quand même capables d'établir des
rapports, quant à la situation économique des étudiants,
entre les universités en régions et les grandes
universités.
À présent, dans le mémoire qui nous a
été soumis par le Conseil des universités, on s'interroge
sur le mode de gestion participative qu'on s'est donné dans les
différentes universités, la place qu'occupent les gens de
l'interne par rapport aux organismes socio-économiques. Dans le
vôtre, vous faites une large place à la gestion participative, je
pense, aux pages 25 et 26. Alors que le Conseil des universités propose
de raffermir l'autorité des gestionnaires, vous auriez tendance à
privilégier une démarche qui intègre davantage les
différents acteurs au sein de l'université. Voulez-vous me donner
votre position là-dessus?
M. Massicotte: Je pense que c'est une question difficile qu'il
faut faire attention à ne pas poser avec des termes de
référence, disons, d'une culture qui a été
relativement importante au Québec dans les années soixante-dix,
alors qu'on a vécu une période de très grande
contestation. Bien entendu, si on fait la lecture de la gestion participative
à travers les valeurs, les attitudes d'une société aussi
contestataire que l'a été la société
québécoise des années soixante-dix, je comprends
très bien, dans une période de compressions, dans une
période de restrictions où il faut resserrer le fonctionnement
autour d'objectifs très précis, que l'on sonne un peu l'alarme et
qu'on dise: II faut plus de pouvoirs aux gestionnaires.
Ce qui est écrit là-dedans se situe dans un autre
environnement culturel qui n'est plus, à mon avis, celui de la
contestation pour la contestation, mais celui de l'utilisation maximale de nos
ressources humaines. Ce discours rejoint celui de toutes les entreprises
modernes qui veulent être productives et qui sont productives. (16 h
15)
On m'a déjà accusé de pratiquer un peu la gestion
à la japonaise. Pour la personne qui le disait, c'était une
insulte, mais je l'ai pris pour un compliment. Je pense qu'effectivement, si
nous voulons tirer le meilleur résultat de nos ressources humaines - et
une université, c'est essentiellement des ressources humaines; il n'y a
pas de machine, de capital physique, il n'y a que du capital humain, des
personnes qui ne demandent pas mieux que de travailler, que de créer -
c'est notre responsabilité de les encadrer dans ce sens, et on ne peut
pas faire travailler des intellectuels par des ordres ou par des commandements.
On ne peut que les faire travailler en les associant à un certain nombre
de projets ou de priorités collectives. C'est le sens du passage que
vous avez cité dans notre mémoire.
Le Président (M. Parent, Sauvé): D'accord, M.
Massicotte. Je reconnaîtrai maintenant dans l'ordre, le
député de Rimouski, le député de Laviolette et,
s'il y a consentement, le député de Matapédia. M. le
député de Rimouski.
M. Tremblay (Rimouski): M. le Président, M. le ministre,
chers collègues, M. Massicotte, vous comprendrez que je suis très
fier de vous voir ici avec les représentants de l'Université du
Québec à Rimouski pour venir donner votre point de vue sur le
mode de financement des universités en régions. Je pense que
l'Université du Québec, malgré son jeune âge et sa
taille, a su se tailler une place enviable et qu'elle a compris très
vite que le développement de cette université pouvait se faire
tout particulièrement avec l'océanographie, parce que nous
étions tout près de la mer, près du golfe et de
l'océan Atlantique.
Dans cette perspective, est-ce que vous entrevoyez un avenir très
prometteur pour votre université? Est-ce que vous pensez que c'est
l'élément moteur par excellence pour développer votre
université à partir de cet axe de développement majeur par
rapport à d'autres? Votre maîtrise en développement
régional, c'est une chose, mais dans la vocation que vous donnez
à l'Université du Québec à Rimouski, vocation
d'université dans une région et, surtout, lorsque vous affirmez
que vous avez voulu avoir une université au sens plein du terme, je
pense que vous avez tout de même une vocation très importante
à développer avec l'océanographie.
M. Massicotte: Il y a trois éléments que j'aimerais
souligner par rapport à cette question. Le premier, c'est que, dans un
sens proprement universitaire, il est certain que l'océanographie nous a
permis un développement vertical et a dynamisé l'institution sur
un certain nombre de plans, puisque nous avons des professeurs qui exercent la
totalité de la mission universitaire. Ils enseignent au 1er cycle, au 2e
cycle, ils font de la formation de chercheurs, de la recherche, ils obtiennent
des subventions importantes, ils vont dans les grands congrès, et cela
sert d'émulation pour l'ensemble des professeurs de l'université
qui voient là un modèle à suivre.
Sur un deuxième plan, à partir d'une conception assez
étroite de l'océanographie qui était les sciences
naturelles du milieu marin, on a débordé dans le sens de la
gestion des ressources maritimes. On a Hit: Ce n'est pas tout de bien
connaître le milieu physique, le milieu biologique de la mer, mais il
faut aussi être capable d'en exploiter les ressources d'une façon
intelligente et cela, non seulement en fonction des captures, mais
également en fonction de la transformation. Cela nous a donc
amenés à développer une section de gestion des ressources
maritimes et, ma foi, cela oriente aussi un certain nombre d'autres,
disciplines, du côté de l'administration, de la santé et de
la sécurité au travail, des sciences biologiques qui trouvent
dans le milieu marin ou dans les entreprises reliées à la
transformation des produits marins un champ de travail, un champ d'expertise
à développer. Cela donne à notre université une
orientation très précise qui est tout à fait
complémentaire et ne vient pas faire double emploi avec ce que font
d'autres universités dans le système québécois.
Sur un troisième plan maintenant, nous rejoignons des
priorités de développement de l'ensemble de la région.
Sans l'océanographie à Rimouski, il n'y aurait pas eu l'Institut
Maurice-Lamontagne, à Sainte-Flavie. Or, l'Institut Maurice-Lamontagne,
à Sainte-Flavie, ce sont 200 ou 300 professionnels de la recherche, ce
sont des investissements considérables du gouvernement
fédéral. Ce sont aussi des retombées dont on a peine
encore à voir toute l'importance qu'elles auront. Mais on sait qu'elles
auront une importance, parce qu'on sait très bien ce qui s'est
passé ailleurs, à Bedford, à Patricia Bay, en Colombie
britannique. On sait que ce genre de centre de recherche relié à
une université par des collaborations scientifiques a toutes sortes de
retombées économiques.
Donc, l'océanographie nous amène à une
solidarité, à une interaction non seulement avec de3
priorités de développement universitaire, mais avec des
priorités de développement socio-économique de toute une
région. On a peine à voir toute l'extension que cela pourrait
avoir si on pense, par exemple, à toute la question des entreprises de
pêche, de transformation de produits maritimes, de produits marins. II y
a, à l'heure actuelle, dans l'Est du Québec, une reprise en main
de l'industrie de la pêche
très importante. Nous sommes associés de très
près à toutes ces restructurations. Je ne vois pas de limites,
finalement, à cela. La contribution qu'apportera l'Est du Québec
à la société québécoise sera largement
axée sur les ressources, sur les richesses maritimes et
l'université est tout à fait au coeur de cette
problématique.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci beaucoup, M.
le recteur.
Je reconnais maintenant le député de Laviolette.
M. Jolivet: Je vais être rapide, M. le Président,
mais je ne peux pas m'empêcher de dire aux gens de Rimouski qui sont ici
que, malgré le fait que votre député était d'accord
avec les gens de l'Opposition, le gouvernement a refusé qu'on aille dans
votre région. On aurait aimé se déranger et aller vers
vous plutôt que l'inverse.
Le Président (M. Parent, Sauvé): On sait
très bien que vous ne pouvez pas vous en empêcher et ce que je
sais très bien, c'est que je ne peux jamais vous en empêcher.
M. Jolivet: D'une façon ou d'une autre, je sais que vous
étiez d'accord, vous aussi, et que vous auriez aimé cela.
Trève de plaisanteries, allons à la question que je veux poser.
Vous avez quand même piqué un peu ma curiosité,
malgré la réponse que vous avez donnée, avec la question
de Lévis. Je viens aussi d'une région éloignée qui
recourt à l'Université du Québec à
Trois-Rivières, qui a des possibilités d'étendre ses
services dans la Haute-Mauricie. D'un autre côté, je sais que,
pour les besoins de la cause aussi, ils se sont dirigés vers
Saint-Hyacinthe, Sorel et la rive sud du Saint-Laurent. Dans ce contexte de
services à la population, les gens de l'université, au lieu de
demander à la population de se déplacer, se sont
déplacés vers le milieu. Dans le contexte de Lévis, comme
le ministre en faisait mention tout à l'heure, je m'inquiète un
peu. Je connais un peu le principe qu'ont les Universités du
Québec d'aller chercher des clientèles que d'autres ne veulent
pas aller chercher ou que d'autres ne veulent pas desservir. Pourquoi est-ce
vous qui avez à desservir cette clientèle et non pas
l'Université Laval?
M. Massicotte: En fait, c'est nous parce qu'on nous a
demandé d'être là. C'est à nous qu'on s'adresse pour
avoir des cours. Comme je le disais, cela fait notre affaire jusqu'à un
certain point.
Je pourrais demander à M. Lebel de vous expliquer
concrètement comment se déroule une décision d'implanter
un cours, un programme. Cela permet de mieux comprendre pourquoi on est
là.
M. Jolivet: D'accord.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce l'objet de
votre intervention, M. le député?
M. Jolivet: M. Lebel va continuer la réponse.
M.Lebel: En fait, je ne peux pas tirer de gloire de ce
modèle. Ce sont mes prédécesseurs qui l'ont mis sur pied.
La gestion de l'enseignement en régions se fait à partir du
principe qu'on veut assurer les étudiants qui s'inscrivent à un
programme qu'on les accompagnera jusqu'à la fin de leur programme et
qu'on ne les laissera pas tomber. Par contre, on met des exigences. Un niveau
minimal d'étudiants doit demeurer à l'intérieur du groupe
pour que l'enseignement se maintienne. Donc, les étudiants connaissent
ces conditions et dans chacune des régions nous avons un agent de
liaison qui est un employé parfois à temps partiel, parfois
à temps plein. Il a une secrétaire qui s'occupe de recueillir les
demandes des gens et de les rassembler en groupe. On nous achemine ces demandes
à l'Université du Québec à Rimouski pour la
formation de ce qu'on appelle une cohorte, la cohorte étant le groupe
d'étudiants qui chemineront à l'intérieur d'un même
programme, du début à la fin. À chaque session - à
partir de cette année, ce sera seulement une fois par année -
l'ensemble des demandes est acheminé à notre commission des
études qui regarde l'historique des régions, les besoins des
populations, et voit si la prestation de services a diminué ou
augmenté. À partir des dossiers présentés, à
partir des ressources disponibles - parce que, comme le mentionnait le recteur
tout à l'heure, on répond habituellement à environ 50 %
des demandes - la commission des études prend la décision
d'autoriser telle ou telle nouvelle cohorte dans les régions.
Donc, c'est là notre modèle de fonctionnement. Ce qu'on
expliquait tout à l'heure, c'est que notre présence à
Lévis nou3 permettait d'obtenir des moyennes d'étudiants par
cours suffisamment élevées qui nous permettaient d'avoir des plus
petits groupes dans des régions beaucoup moins densément
peuplées comme la Gaspésie. Malgré ses gros groupes - on a
avec nous le responsable du bureau de Lévis aujourd'hui, il pourrait en
témoigner - Lévis n'est pas choyée par la commission des
études. On considère ses demandes sur le même pied. Ce
n'est pas parce qu'il va y avoir plus d'étudiants dans ces groupes qu'on
les considère prioritaires. On essaie d'avoir une
péréquation dans l'ensemble de la région et d'offrir un
niveau de services à peu près égal pour chacun des
sous-centres.
M. Jolivet: Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. Est-ce
qu'il y a consentement pour une dernière courte intervention de la part
du député de Matapédia?
M. Jolivet: Oui, M. le Président. Je vais lui permettre un
passage à cette commission.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Étant
donné que nous ne sommes pas allés à Rimouski, vou3
permettrez qu'il intervienne ici.
M. Jolivet: Oui. D'accord.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député de Matapédia.
M. Paradis (Matapédia): Merci, M. le député
de Laviolette. Ce n'est pas véritablement une question que j'ai à
poser à l'Université du Québec à Rimouski par
l'intermédiaire de son recteur. C'est tout simplement pour
témoigner de l'implication de l'Université du Québec
à Rimouski dans son milieu. À ce titre, j'aimerais citer en
exemple le recteur lui-même qui siège à un conseil
d'administration à Amqui, de façon tout à fait
bénévole pour aider à structurer le développement
économique de la Vallée de la Matapédia. Je pense que
c'est tout à son honneur.
J'aimerais dire à quel point l'Université du Québec
en régions, plus particulièrement chez nous, c'est important
compte tenu des déficiences structurelles qu'on peut retrouver au niveau
du développement régional. Quand on va chercher des ressources
humaines de cette qualité qui s'impliquent dans le développement,
je pense qu'on peut être assuré que ce développement se
prendra en main et s'articulera éventuellement.
Ce n'est pas véritablement une question que j'avais à
poser, mais un commentaire pour témoigner au ministre de
l'Éducation toute la qualité de l'Université du
Québec à Rimouski dans toute la région du
Bas-Saint-Laurent Gaspésie.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci beaucoup, M.
le député de Matapédia. Votre message a été
enregistré. Je reconnais, en conclusion, la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Vous allez me
permettre peut-être une petite question, une brève conclusion. Je
préfère entendre les gens qu'exprimer ce qu'on pense.
Vous mettez l'accent, avec raison, je pense bien, sur votre
Département d'océanographie. Par ailleurs, il y a l'Institut
Maurice-Lamontagne, il y a l'INRS-Océanologie et il me semble que
tantôt, par rapport au bassin de recrutement des chercheurs-professeurs,
cela va poser un problème. C'est là le premier volet de la
question. Le deuxième, rapidement: j'imagine que vous avez
également une collaboration avec l'École des pêcheries et
l'Institut maritime du collège de Rimouski?
M. Massicotte: Oui. En fait, disons, pour commencer par la fin de
votre question pour arriver ensuite au début, que nous avons ressenti ce
besoin de concertation entre les différents établissements au
point de constituer une institution qui s'appelle le Centre de recherche en
ressources maritimes de l'Est du Québec, qui est une instance de
coordination et de concertation des différents intervenants dans le
secteur maritime. Alors, ce sont les collèges, ce sont les entreprises,
les associations de pêcheurs, l'INRS, l'université, le
gouvernement fédéral, Pêches et Océans» Cet
organisme, dont le président est M. Denis Cassista, le directeur
général de Purdel à la coopérative
agro-alimentaire, a pour mission d'assurer la concertation des
intervenants.
Quant au recrutement de chercheurs, c'est, évidemment, une
question extrêmement importante. Dès les premières
discussions que nous avons eues avec les autorités
fédérales à l'occasion de l'implantation de l'Institut
Maurice-Lamontagne, cette question a été posée.
D'ailleurs, tout notre développement de la formation au niveau de la
maîtrise et du doctorat est articulé sur le développement
de l'Institut Maurice-Lamontagne parce que, évidemment, M. De
Bané, qui a été le responsable de cette implantation,
savait très bien dès le point de départ que le grand
problème allait être le manque de chercheurs francophones. (16 h
30)
Le but du gouvernement fédéral, c'est de développer
un centre de recherche de haut niveau où la langue de travail sera le
français. Il faut donc former les océanographes francophones et
c'est la mission de I'UQAR de former ces gens. Évidemment, cela ne se
fera pas tout seul. C'est pour cette raison que le gouvernement
fédéral a créé un programme de bourses, entre
autres, assez généreux, qui permet dès le 1er cycle
d'intégrer des étudiants dans la filière de la formation
océanographique pour que, sur un horizon de cinq ou dix ans, on se donne
cette expertise francophone dans le domaine des sciences de la mer. C'est
là que la plus belle complémentarité entre
l'université et le centre joue parce que nous, nous assumons cette
dimension de formation et le centre assume la dimension recherche proprement
dite.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
recteur,
Mme Blackburn: M. le recteur, M.
Lebel, M. Maheux, Mme Janes et M. Dagneault qu'on aura l'occasion de
revoir ce soir, je pense, je voudrais, au nom de ma formation politique, vous
remercier d'avoir participé aux travaux de cette commission. Je ne
reprendrai pas ce que vous avez dit. Vous le diriez mieux que je ne saurais le
faire. J'ajoute que les témoignages de vos députés,
même si on n'est pas de la même formation politique, à
l'endroit des services rendus par votre université dans votre
région, sans connaître vraiment ce que vous y faites, j'ai
tendance à croire qu'ils n'exagèrent en rien la
réalité. Je suis assez sensible aux témoignages de ces
personnes.
Je sais que, tout récemment, le député de Rimouski
disait que je ne serais pas la seule à défendre les
universités en régions. Je dis bravo et j'espère que ces
témoignages se rendront suffisamment haut pour que cela redescende sous
forme de deniers tantôt. Je vous remercie.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, Mme la
députée. Je reconnais maintenant le ministre de l'Enseignement
supérieur et de la Science.
M. Ryan: Je remercie la députée de Chicoutimi du
bel hommage qu'elle a rendu au député de Rimouski. C'est un
hommage bien mérité, nous le savons. Je puis vous assurer, M. le
recteur et madame et messieurs qui l'accompagnez, que de député
de Rimouski ne nous laisse pas d'un pouce lorsqu'il s'agit des
intérêts de sa région, en particulier des
intérêts de l'Université du Québec à
Rimouski. Il est bien secondé par le député de
Matapédia également et, d'ailleurs, par tous les
députés du caucus libéral.
Je veux vous remercier de cet échange de vues qu'il nous a
été possible d'avoir avec vous et, en conclusion, je me
permettrai quelques brefs commentaires sur les recommandations que vous nous
avez soumises qui constituent l'élément majeur de votre
mémoire sur lesquelles nous n'avons pas eu le temps de nous
étendre beaucoup parce que nous étions intéressés
à avoir des commentaires de votre part sur la situation à
laquelle vous faites face. Je voudrais me contenter de quelques brèves
remarques.
Votre première recommandation demande que le gouvernement
reconnaisse à l'Université du Québec à Rimouski le
droit de disposer d'une infrastructure minimale et qu'il finance cette
infrastructure en tenant compte de son éloignement relatif des grands
centres. Je pense bien qu'en principe cette recommandation est tout à
fait acceptable. Il s'agira de déterminer les implications
concrètes de l'acceptation de principe. C'est évident, comme on
le disait tantôt, que l'éloignement relatif des grands centres ne
doit pas être interprété de manière trop
élastique parce qu'à un moment donné cela peut vous
rapprocher des grands centres passablement.
Nous allons examiner ce problème avec vous et, s'il y avait des
représentations que vous souhaitez nous soumettre concernant certains
programmes qui sont absolument nécessaires pour que cette structure
académique de base soit disponible dans la région, nous serons
prêts à en discuter. Cela couvre votre deuxième
recommandation également. Nous convenons très bien que, si le
gouvernement accepte en principe qu'une université soit implantée
dans une région, il doit accepter qu'elle ait les éléments
essentiels d'une université. Autrement, il n'a pas le droit de lui
donner ce titre.
Ce sont des points que nous allons examiner attentivement, de même
que le coefficient financier qui devrait accompagner la qualité
d'université en régions. Je ne peux pas apporter de
précision à ce moment-ci. Déjà, des travaux ont
été faits au ministère depuis quelques années sur
ces sujets. Je puis vous dire que, dans la mise au point de la formule de
financement que nous devrons établir, après toutes les choses que
nous aurons entendues à la commission, nous tiendrons compte de cette
recommandation que vous avez incluse dans votre mémoire.
Ensuite, vous parlez de votre souhait de voir le gouvernement
reconnaître à l'Université du Québec à
Rimouski sa mission sur l'ensemble de son territoire et qu'il reconnaisse aussi
qu'il doit la financer de façon à satisfaire convenablement les
besoins qui s'expriment, en tenant compte de la très grande dispersion
des clientèles. Évidemment, ici, il y a deux remarques qui
s'imposent. Il y a d'abord la remarque sur la définition du territoire
dont nous avons parlé. Je crois que nous entendons, sauf dans les cas
particuliers, que c'est le Bas-du-Fleuve et la Gaspésie. Sur les
services dans les sous-centres ou dans les régions particulières,
en principe, il y a un accord assez large. Je crois qu'il va falloir examiner
ce problème de très près. Il va falloir qu'on distingue
aussi entre ce que j'appellerais l'activité d'extension de nos
universités et les activités de base, c'est-à-dire les
activités qui doivent conduire à des diplômes
réguliers du niveau du baccalauréat ou de la maîtrise. Le
doctorat, c'est plus rare chez vous pour l'instant. J'espère que cela
viendra. Il faudrait qu'on examine très attentivement ces points pour
qu'il n'y ait pas de malentendus entre nous. Éventuellement, je pense
qu'il faudrait peut-être distinguer au niveau du financement ce que
j'appelle les programmes d'extension et les programmes de fond. Les
équations qu'on a faites de transformation en étudiants
équivalence temps complet, il y a beaucoup d'artifices dans cela.
Personnellement, cela ne me satisfait pas.
Un dernier point: vous dites que le gouvernement doit cesser ses
politiques de compressions budgétaires. Je vois tout de suite te
député de Laviolette qui me regarde. Chaque fois qu'il y a une
question qui surgit, il mentionne le nom d'un mes collègues qui est
président du Conseil du trésor. C'est évident...
M. Jolivet: Vous, cette année.
M. Ryan: ...que nous devrons consulter le président du
Conseil du trésor sur ce point, je n'en fais point un mystère.
Nous essaierons de revoir avec le président du Conseil du trésor
tout le tableau qui se sera dégagé des audiences de la commission
parlementaire. Je peux vous assurer que, devant le tableau que nous lui
présenterons, il saura écouter. Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, merci, M.
le ministre. M. le recteur, Mme et MM. les accompagnateurs, nous vous
remercions beaucoup d'être venus rencontrer la commission parlementaire
de l'éducation. Celle-ci suspend ses travaux pour quelques minutes.
À sa reprise, nous entendrons l'Association des diplômés de
l'Université du Québec à Rimouski, dont j'invite les
membres à s'avancer.
(Suspension de la séance à 16 h 38)
(Reprise à 16 h 42)
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît!
J'invite les députés à prendre leur place. La
commission permanente de l'éducation va continuer ses travaux dans
quelques minutes.
La commission permanente de l'éducation reprend ses travaux. Elle
accueille l'Association des diplômés de l'Université du
Québec à Rimouski. Son porte-parole est M. Antonio Lechasseur qui
en est le président. M. Lechasseur, bonjour. Nous vous remercions
d'avoir répondu à l'appel de la commission permanente de
l'éducation de venir discuter avec nous de l'objet de nos
préoccupations, à savoir l'orientation et le financement du
réseau universitaire québécois.
La commission parlementaire a prévu d'accorder à votre
association environ une heure. On me dit que, à la suite d'une
communication en date du 24 septembre avec notre secrétaire, vous vous
êtes entendus pour faire une présentation d'environ 15 minutes et
que le reste du temps servira à un échange de propos entre les
membres de la commission.
Monsieur, si vous voulez nous présenter les gens qui vous
accompagnent et enchaîner avec votre présentation,
Association des diplômés de
L'UQAR
M, Lechasseur (Antonio): M. le Président, mesdames et
messieurs les députés, M. le député de Rimouski, M.
le député de Matapédia, il me fait plaisir, au nom de
l'Association des diplômés de l'Université du Québec
à Rimouski, de vous présenter, à ma droite, M. Jacques
Tremblay, secrétaire de la corporation et diplômé de
l'Université du Québec à Rimouski en sciences
administratives et de l'éducation; à ma gauche, M. Jean-Nil
Thériault, diplômé de l'Université du Québec
à Rimouski en administration, ex-directeur du service des finances de
l'Université du Québec à Rimouski et actuellement à
l'emploi du CRSSS. Je suis Antonio Lechasseur, diplômé de
l'Université du Québec à Rimouski en histoire et
actuellement à l'emploi de l'IQRC qui sait aussi travailler en
régions.
Quelques mots, avant de commencer, sur l'association des
diplômés. Nous sommes quand même une créature
récente. Nous avons obtenu nos lettres patentes en 1985 et nos objectifs
sont de réunir les diplômés de l'Université du
Québec à Rimauski pour maintenir des liens de diverses natures
entre eux et leur université. Par le biais de ses préoccupations
spécifiques, l'ADUQAR participe au développement de
l'enseignement et de la recherche universitaires et souhaite soutenir
l'Université du Québec à Rimouski dans le milieu
régional. C'est à ce titre que nous nous présentons en
commission parlementaire et nous sommes heureux d'avoir été
invités à défendre notre mémoire devant vous.
L'Association des diplômés de l'Université du
Québec à Rimouski tient d'abord à manifester clairement sa
satisfaction devant l'initiative de l'Assemblée nationale de consulter
de façon générale les personnes et les organismes de tout
horizon intéressés au devenir du réseau universitaire
québécois. À notre avis, cela indique bien que des
discussions ainsi suscitées devront sortir des orientations, des choix
et des modalités "d'opérationalisation" susceptibles d'avoir un
impact considérable sur le développement des institutions
universitaires au cours des prochaines années.
Après la tenue récente des États
généraux de l'éducation, déjà l'on voit
poindre pour l'université les enjeux importants et les nombreux
défis qu'elle doit s'imposer en tant qu'institution de haut savoir
placée au sommet de la pyramide du système d'enseignement. C'est
donc avec le plus grand sérieux et dans le respect de la
réalité universitaire elle-même, réalité qui
est loin d'être homogène, que doit être menée cette
consultation sur les orientations et le cadre de financement du
réseau
universitaire. C'est ce à quoi nous voulons contribuer en tant
qu'Association des diplômés de l'Université du
Québec à Rimouski avec le présent mémoire.
Essentiellement, nous voulons défendre ici le concept de
décentralisation du réseau universitaire, l'Université du
Québec en général et plus particulièrement
l'Université du Québec è Rimouski, laquelle est depuis
plus de quinze ans un bel exemple d'institution décentralisée.
Cela nous conduit naturellement à réclamer une juste
répartition de l'enveloppe budgétaire destinée aux
universités, ainsi que son augmentation régulière, afin de
supporter les développements depuis trop longtemps reportés
à cause des restrictions et coupures des dernières
années.
Alors, le premier point pour nous,c'est la décentralisation du
réseau universitaire: un progrès auquel il faut tenir. Notre
argumentation principale repose sur le fait que la décentralisation de
l'enseignement et de la recherche universitaires, qui s'est
opérée au Québec au tournant des années 1960 et
1970, est l'un des plus importants mouvements qui aient marqué la
réforme du système d'éducation. L'opération a eu un
impact considérable sur l'amélioration constante du niveau de
scolarisation des diverses populations du Québec, ainsi que sur le
rattrapage qu'il fallait faire de toute urgence dans ce domaine. Au
Québec, cette décentralisation du système universitaire
porte un nom: l'Université du Québec. À partir de 1970,
des universités ont été créées dans des
régions possédant une infrastructure scolaire bien
développée, mais qui ne pouvait retenir et former des
étudiants de niveau universitaire. Ainsi, l'Est du Québec, le
SaguenayLac-Saint-Jean, la MauricieBois-Francs et l'Ouest du
Québec ont vu naître dans leur milieu, à la suite
d'initiatives régionales, des centres d'études universitaires
qui, encadrés et aidés par le ministère de
l'Éducation, sont vite devenus de véritables universités
constituant le réseau de l'Université du Québec.
Cette histoire, tout le monde la connaît, ou peu s'en faut.
Cependant, aux yeux des diplômés que nous sommes, cette
étape est fort importante puisqu'elle nous a permis d'avoir
accès, dans des conditions nouvelles, aux études
supérieures dans notre région. Sans cette
décentralisation, il est certain que plusieurs d'entre nous n'auraient
pu avoir accès à l'université, contredisant ainsi le grand
leitmotiv de la réforme du système d'éducation qui, de la
maternelle à l'université, devait se traduire par une plus grande
accessibilité.
En fait, nous sommes aujourd'hui plus de 7000 personnes à
détenir un diplôme de l'Université du Québec
à Rimouski. La majorité d'entre nous réside toujours dans
l'Est du Québec, de la Beauce aux Îles-de- la-Madeleine, en
passant par la Côte-Nord. Malgré l'encombrement du marché
du travail, nous occupons des emplois généralement bien
rémunérés et qui nous mettent en rapport avec tous les
groupes sociaux du milieu régional. Comme citoyens parmi les plus
scolarisés - et c'est en quelque sorte notre devoir - nous participons
directement au devenir social, économique, politique et culturel de
notre coin de pays. D'autres parmi nous oeuvrent également de la
même manière dans d'autres grands centres et d'autres
régions comparables. En un mot, la décentralisation du
réseau universitaire et le travail accompli depuis plusieurs
années par l'UQAR sont des facteurs de rétention qui nous
permettent d'oeuvrer dans notre milieu naturel tout en nous ouvrant la voie aux
études avancées.
Il y a une vingtaine d'années, nos parents auraient pu qualifier
un tel programme de pure utopie. Les conditions étaient alors toutes
différentes puisqu'on devait s'expatrier à grands frais vers
Québec et Montréal pour poursuivre des études
universitaires. Les bâtisseurs de l'Université du Québec
à Rimouski et ceux qui continuent à assumer l'héritage ont
tracé une voie, défini une approche de l'enseignement et de la
recherche universitaires dans un milieu régional qui méritent
d'être poursuivies et consolidées.
L'Université du Québec à Rimouski a mis sur pied
une structure d'enseignement souple et adaptée aux nombreux besoins d'un
milieu régional considéré comme défavorisé
dans plusieurs domaines. L'UQAR, par exemple, dispense des cours non seulement
sur le campus rimouskois, mais également en plusieurs points d'un des
plus vastes territoires du Québec. Ces progrès ont
été réalisés bon an mal an grâce à la
ténacité des centaines de personnes impliquées et des
efforts considérables qu'il faut déployer dans des conjonctures
difficiles. Dans l'Est du Québec, qu'il y ait crise ou non à
l'échelle du Québec ou du Canada, le développement
économique et social présente toujours une problématique
d'une grande complexité et un contexte plus ou moins constant de
crise.
Selon nous, l'heure est au progrès, au développement
accentué de la décentralisation et non à la marche
arrière. L'UQAR est peut-être l'institution universitaire
québécoise qui a le plus contribué à cet objectif
puisqu'elle est aujourd'hui un produit de la décentralisation et en
même temps un modèle de régionalisation. Voilà une
très grande part de sa mission.
Mais les temps sont incertains: en fait, bien des problèmes
viennent menacer les progrès accomplis pendant plus de quinze ans de
travail. Dans le contexte actuel, il est à se demander si la
décentralisation et l'Université du Québec à
Rimouski, un
principe personnifié par une institution, survivront l'un et
l'autre à l'ère des compressions budgétaires. Les
années quatre-vingt passeront-elles à l'histoire comme celles des
plus grands reculs pour la société québécoise,
celles de la "régression tranquille"?
Deuxième point: pour sortir de la torpeur financière, un
point de vue de diplômés. En tant que diplômés, nous
croyons être en mesure d'affirmer le rôle de premier plan que
l'Université du Québec à Rimouski doit continuer à
exercer dans son milieu. Comme plusieurs représentants de la
collectivité régionale, nous ne pouvons accepter bien
tranquillement que notre université soit petit à petit
étranglée dans son fonctionnement par des politiques de
financement discriminatoires et depuis fort longtemps décriées.
Depuis son origine, l'UQAR est financée comme une institution du centre,
ce qui ne tient nullement compte des coûts reliés à la
décentralisation des activités d'enseignement mises de l'avant
pour remplir pleinement son mandat d'université régionale ou en
régions.
Depuis quatre ou cinq ans, I'université s'est mise à
l'heure d'une gestion parcimonieuse des ressources financières qui lui
sont allouées. De cela, il faut féliciter les administrateurs.
Mais il y a de quoi s'inquiéter lorsqu'on peut lire dans le budget
1986-1987 que "si le niveau de financement ne se corrige pas, il faudra bien
dire à nos bailleurs de fonds de prendre eux-mêmes la
responsabilité de détruire cette institution essentielle à
notre région et que tant de personnes ont contribué à
bâtir". Eh bien, les compressions successives et les coupures
inopinées des derniers mois vont-elles conduire l'Université du
Québec à Rimouski à une telle extrémité?
Nous osons espérer que non.
On ne peut impunément demander aux administrateurs et aux membres
de la communauté universitaire de couper encore ici ou là; la
structure a été depuis longtemps dégraissée -
encore qu'il n'est pas évident qu'elle devait l'être - si bien
qu'aujourd'hui on risque le rachitisme. Comme diplômés de l'UQAR,
il est triste d'affirmer que la mission de l'université est en
péril. Dans les conditions actuelles, l'UQAR est condamnée
à la stagnation. C'est bien connu, quand on n'avance pas, on recule. La
maxime se vérifie sans doute davantage dans le monde universitaire.
Les coupures et les restrictions des dernières années ne
sont pas les seules responsables de la situation vécue par l'UQAR; il
s'agit, dirions-nous, d'un problème d'ordre conjoncturel qui ne doit pas
devenir une règle de fonctionnement. Mais il existe un problème
plus grave, d'ordre structurel celui-là: le mode de financement de
l'université.
Développer des programmes de qualité offerts à des
clientèles restreintes sur un très vaste territoire implique des
coûts plus importants que ne reconnaît pas concrètement le
ministre de l'Enseignement supérieur et de la Science. Ce principe
aurait dû être reconnu dès la création des
universités en régions.
À nos yeux, l'Université du Québec à
Rimouski ne peut envisager sérieusement l'avenir dans un tel contexte de
financement. Sur ce plan, nous réclamons de toute urgence une
révision en profondeur du mode de financement de l'Université du
Québec à Rimouski, révision qui passe
nécessairement par la reconnaissance des coûts liés aux
diverses réalités d'une structure décentralisée
travaillant dans un cadre spatial immense.
Le milieu régional a appris dans les dernières
années à supporter le développement de son
université. Il est temps qu'à son tour l'autorité
politique révise ses modalités de financement.
L'Université du Québec à Rimouski a vécu trop
longtemps à l'heure des restrictions, des déficits. L'avenir de
la société québécoise repose sur la qualité
de son système d'éducation, l'enseignement et la recherche
universitaires dans les régions étant des maillons importants de
la chaîne. L'UQAR doit bénéficier des ressources humaines
et financières nécessaires non seulement à sa survie, mais
à son développement continu. Elle doit avoir les reins solides
pour répondre aux demandes des diverses clientèles qui aspirent
à une formation universitaire dans leur région.
Troisième point, les frais de scolarité: attention! Il n'y
a pas si longtemps, nous étions étudiants. Ainsi, nous avions
à contribuer nous-mêmes au financement du système
universitaire par le biais des frais de scolarité. Comme ces frais
constituent une source de revenus non négligeable pour les
universités et compte tenu de notre position sur l'amélioration
du financement des universités régionales, nous ne pouvons rester
insensibles au projet lancé depuis déjà quelque temps de
hausser les frais de scolarité.
Nous ne sommes pas convaincus que l'amélioration du financement
du réseau universitaire québécois passe et doive passer
par une hausse des frais de scolarité imposée aux usagers
eux-mêmes, les étudiants. Nous croyons que, sur ce plan, le
Québec doit s'enorgueillir d'avoir pu maintenir au cours des 20
dernières années le niveau des frais de scolarité. Pour
une fois que nous sommes en avance sur l'Ontario, pourquoi ne pas conserver ces
quelques longueurs d'avance?
Pour nous, l'augmentation des frais de scolarité ne peut qu'aller
de pair avec une réforme profonde du système d'aide
financière destiné aux étudiants universitaires. Nous
craignons qu'une hausse des frais de scolarité qui n'impliquerait
pas
de nouveaux aménagements d'aide financière ne se traduise
tout simplement par un fardeau économique encore plus grand pour les
étudiants. Ce ne serait, finalement, que déplacer le
problème et une façon peu élégante de passer la
note aux usagers universitaires eux-mêmes.
Derrière ce problème se cache celui de
l'accessibilité des études universitaires. Il est à
craindre qu'une hausse des frais de scolarité irraisonnée ne
fasse plus de tort que de bien à une université régionale
comme l'Université du Québec à Rimouski. En voulant
augmenter les revenus de cette manière, l'on risque de provoquer une
diminution des inscriptions, ce qui reviendrait peut-être aux mêmes
questions d'argent, mais avec moins d'étudiants poursuivant des
études supérieures.
Tout mouvement dans ce sens devrait être envisagé avec la
plus grande prudence quitte à voir voler en éclats plusieurs des
acquis des dernières années, lesquels sont si importants à
l'échelle de la société globale. D'ailleurs, il semble
qu'il y ait encore beaucoup de chemin à faire pour répondre
convenablement aux objectifs proposés par les réformes
successives du système scolaire. L'accès à l'enseignement
universitaire est certes plus grand que jamais, mais cela ne veut pas dire
qu'il ne faille pas chercher a progresser encore pour atteindre collectivement
un plus haut niveau de scolarisation. Sur ce plan, on doit constamment
être à l'affût des progrès qui auraient un impact
positif sur l'augmentation de la fréquentation universitaire. Cela est
encore plus visible lorsque reporté à l'échelle des
régions, lesquelles accusent encore des retards sur l'ensemble.
À l'heure où on devrait parler de gratuité des
études de 1er cycle, on est contraint de discuter de hausse possible des
frais de scolarité. C'est là un important choix de
société à faire: on nous l'a prêché, dans ce
domaine, réflexions et prudence auront sans doute "bien meilleur
goût".
En conclusion, pour notre association de diplômés, les
travaux de cette commission parlementaire devraient déboucher sur des
progrès concrets pour notre université, améliorations qui
sont rattachées aux principes et objectifs qui semblent être
encore ceux du système universitaire québécois. Nous
reformulons ici l'essentiel de notre argumentation: 1. L'avenir du
système universitaire passe par la réaffirmation du principe de
décentralisation des études et de la recherche universitaires,
permettant d'atteindre l'objectif d'une accessibilité de plus en plus
élevée. 2. L'Université du Québec à Rimouski
est l'un des plus beaux fleurons de la décentralisation du réseau
universitaire et de l'Université du Québec. 3. Le mode actuel de
financement des universités régionales, comme l'Université
du Québec à Rimouski, est désuet. En toute justice, il
doit être révisé en tenant compte des coûts
reliés à la décentralisation des activités
d'enseignement et de recherche en régions. Les développements de
l'avenir en dépendent. 4. L'Université du Québec à
Rimouski doit être récompensée pour les efforts faits dans
les dernières années afin de maintenir au plus bas son
déficit, contrairement à d'autres institutions. En
conséquence, coupures et compressions dans le budget de fonctionnement
doivent cesser. Plus, de nouvelles enveloppes devraient être mises
à sa disposition afin de procéder aux développements que
les dernières années ont empêchés. 5. La hausse des
frais de scolarité pour résoudre une partie des problèmes
de financement est une panacée. Elle risque d'avoir des effets
néfastes sur l'accessibilité et, donc, sur le niveau
d'inscription. Ce n'est pas de cette manière que les ftnances des
universités régionales vont s'améliorer.
En somme, nous souhaitons que l'Université du Québec
à Rimouski continue à assumer dignement son mandat afin que, dans
un proche avenir, elle puisse offrir encore davantage à nos enfants.
C'est dans cet esprit que nous avons adressé ici remarques et
suggestions aux parlementaires de l'Assemblée nationale. Je vous
remercie.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci beaucoup, M.
le président. Je reconnais maintenant le ministre de l'Enseignement
supérieur et de la Science.
M. Ryan: Messieurs de l'association des diplômés, je
voudrais vous féliciter de l'intérêt que vous portez
à votre alma mater. Je pense qu'il n'y a rien d'aussi digne que de voir
des personnes qui ont reçu de grands services d'une institution savoir
le reconnaître et se porter à sa défense lorsque l'occasion
s'en présente. Je suis toujours impressionné de voir, dans les
grandes universités américaines, l'appui que les
diplômés continuent d'accorder à leur alma mater pendant
toute leur vie. J'étais à l'Université de Princeton, il y
a deux ans, et, le jour où j'étais là, te
Secrétaire d'État des États-Unis, M. George Schultz, est
venu comme un jeune homme se mêler à la population
étudiante sur le campus et participer à des
événements. Ensuite, j'ai constaté qu'il venait donner son
appui à une campagne de financement. C'était le but de la
rencontre. C'était très bien organisé, on s'en est rendu
compte seulement une fois qu'on était pris par
l'événement. Je vous félicite de ce que vous faites et
j'espère que ce mouvement se développera de plus en plus dans
toutes nos universités.
(17 heures)
Je ne veux pas commenter davantage, étant donné des
contraintes de temps qui commencent à peser sur la commission et de la
part du président sur nous en particulier comme membres de la
commission. Je voudrais demander au président, avec le consentement de
l'Opposition, de permettre à notre ami, le député de
Rimouski et votre concitoyen, de vous faire quelques commentaires et de vous
poser une question ou deux s'il le 'juge opportun.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Cela va.
M. le député de Rimouski.
M. Tremblay (Rimouski): M. le Président, M. le ministre,
messieurs mes collègues, M. le président de l'association,
messieurs qui l'accompagnent, d'abord je vous félicite pour votre
mémoire. Je comprends que vous avez un grand intérêt
à soutenir l'institution qui vous a formés et je pense que vous
êtes très reconnaissants envers cette institution. Je ne peux que
vous féliciter fit vous encourager à toujours soutenir cette
institution.
Une chose me préoccupe un peu. Vous semblez, du revers de la
main, rejeter l'augmentation des frais de scolarité comme une
hypothèse possible de financement des universités. Cela semble
être facile à dire, mais, d'autre part... Vous faites souventefois
allusion à l'augmentation des frais de scolarité par rapport
à l'accessibilité qui serait peut-être mise en cause. Vous
faites aussi un parallèle avec ce qui se passe dans la province voisine,
l'Ontario. Les discussions qu'on a autour de cela sont souvent un peu
contradictoires. Vous dites: Si on augmente les frais de scolarité au
Québec, cela nuira probablement à l'accessibilité.
Lorsqu'on regarde ce qui se passe en Ontario, les frais de scolarité
sont le double et peut-être le triple, mais l'accessibilité est
plus grande. Je m'interroge là-dessus. Il faudrait peut-être aussi
s'interroger d'une autre manière pour savoir si vous voulez avoir une
gratuité scolaire totale parce que, finalement, quand cela n'a jamais
été indexé depuis 20 ans, ce sont des interrogations qu'on
doit se poser comme administrateurs du gouvernement.
Vous comprendrez comme moi que l'argent, il faut quand même aller
le chercher quelque part et, si les usagers ne paient pas la note et si c'est
toujours l'État__ Dans vos recommandations, à la fin, vous faites
un paquet de recommandations, mais c'est toujours à la charge de
l'État. Comprenez que l'État, c'est nous, c'est vous et moi et
les autres citoyens qui travaillent. Je m'interroge sur votre position selon
laquelle, totalement et sans apporter de nuance, vous rejetez le fait
même d'augmenter les frais de scolarité. J'aimerais bien vous
entendre là-dessus.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
président, s'il vous plaît.
M. Lechasseur: C'est un débat que nous suivons avec
beaucoup d'intérêt comme anciens diplômés, anciens
étudiants qui avons participé nous-mêmes au financement du
réseau universitaire pendant un certain nombre d'années. Oepuis
quinze ans, il faut bien admettre que, même si l'apport financier des
diplômés s'est réduit avec les années et que
l'inflation a été relativement importante depuis 1970
jusqu'à maintenant, c'est un apport financier non négligeable
qu'il faut porter au crédit de l'ensemble des diplômés
universitaires québécois.
Vous le dites vous-même, M. le député; Je pense
qu'on a atteint actuellement, compte tenu du geî des frais de
scolarité, un niveau qui pourrait être comparé à
celui de la gratuité. Pour moi, c'est bien évident que je
considère, d'autre part, que les usagers doivent assumer une partie des
coûts, mais je considère que c'est un acquis plutôt qu'un
déficit pour la société québécoise d'avoir
atteint cet objectif. Peut-être bien involontairement, me direz-vous,
mais on en est là actuellement.
Je pense que, si on relisait le mémoire comme il faut et en
faisant bien attention, on remarquerait que nous mettons des réserves au
dégel des frais de scolarité. Je ne crois pas que nous ayons
manifesté une opposition totale à cette hypothèse qui
semble être de plus en plus discutée et de plus en plus
envisagée, nous semble-t-il. Par contre, nous nous interrogeons
grandement quant à l'impact qu'une telle mesure pourrait avoir sur une
institution de la taille de l'Université du Québec à
Rimouski. Bien entendu, il y a le principe de dégeler les frais de
scolarité et d'aller vers une élévation de ces frais et
les modalités qui pourraient être appliquées
différemment si on est à McGill, Montréal, Laval,
Chicoutimi ou Rimouski. Je crois que tout tient dans les modalités.
Comme on ne sait pas trop actuellement quelles seront les modalités,
nous jouons évidemment la carte de la prudence en disant: Vaut mieux le
statu quo.
Je pense que mes collègues pourront compléter
là-dessus. M. le recteur l'a souligné tout à l'heure, une
grande partie, sinon la très grande majorité des étudiants
qui sont dans notre institution à Rimouski sont
bénéficiaires d'aide financière du ministère de
l'Éducation par le biais du programme des prêts et bourses. C'est
ce ce qui arrive dans les régions. Ce n'est pas le cas
nécessairement a Laval, ce n'est pas le cas nécessairement
à l'Université de Montréal puisque ces gens, bien
évidemment, habitent dans la zone immédiate, travaillent souvent
sur place. Donc, ils ne sont pas
admissibles, compte tenu des critères actuellement en cours,
à ces programmes. Enfin, il y en a un certain nombre, je comprends. M.
le recteur mentionnait tout à l'heure un chiffre de l'ordre de 90 %, ce
qui décrit, somme toute, les conditions socio-économiques du
milieu dans lequel l'Université du Québec à Rimouski
baigne. Si on augmente ces frais du double, du triple, évidemment, je
pense que vous le savez, il va falloir songer à modifier en
conséquence les politiques d'aide financière du ministère
de l'Éducation.
Donc, je me dis: Est-ce que la note sera la même pour
l'État? C'est-à-dire que, si on donne ces frais de
scolarité en bourses pour les envoyer aux universités, je ne vois
pas trop quel est l'intérêt comptable de la chose. Cependant, il
nous semble fort évident que, pour l'Université du Québec
à Rimouski, si les frais de scolarité devenaient assez
exorbitants, il y a des gens qui songeraient, à notre avis, en tout cas,
à laisser tomber leurs études universitaires ou à ne pas
s'inscrire.
Je pense qu'en Ontario le nombre d'universités de moyenne taille
est relativement répandu dans des villes relativement
développées, ce qui fait que ces problèmes jouent
peut-être différemment dans les différentes régions
de l'Ontario que dans les différentes régions du Québec
où on n'a pas les mêmes concentrations urbaines, les mêmes
concentrations de populations. Je ne croîs pas qu'en Ontario, à
quelques exceptions près peut-être, on ait une situation
comparable à celle de l'Université du Québec à
Rimouski.
C'est là-dessus que je me fonde et que l'association s'est
fondée pour dire que, s'il y avait hausse des frais de scolarité,
il faudrait étudier des modalités qui rendent justice à
notre institution et à d'autres comparables. C'est dans ce sens qu'on
met des réserves. Je ne pense pas qu'on puisse affirmer ici devant vous
qu'on met un holà total à cette hypothèse qu'étudie
actuellement la commission parlementaire.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci beaucoup, M.
le président. Je reconnais maintenant la députée de
"Rimouski".
Mme Blackburn: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Vous m'avez
tellement subjugué, les gens de Rimouski! Mme la députée
de Chicoutimi, excusez-moi.
Mme Blackburn: Remarquez que c'est aussi un beau comté.
Étant donné le temps qui nous presse, je ne voudrais pas
commenter votre mémoire. Je trouve qu'il faut apprécier l'effort
que vous faites comme ex-diplômés pour défendre votre
université. Dans le contexte actuel, je trouve cela
particulièrement important.
Je dois dire que j'ai eu l'impression que le député de
Rimouski s'en venait faire un peu, comme on le dit en langage populaire, une
"job" de bras. Cela m'étonne un peu qu'une telle question vienne d'un
député en régions alors qu'il connaît très
bien là situation économique dans une région comme la
vôtre et ce que cela peut représenter, 50 $ ou 100 $ additionnels
en frais de scolarité, encore plus évidemment si on retenait la
recommandation du rapport Gobeil qui voudrait les quadrupler. On passerait
d'environ 500 $ à 1900 $, ce qui est considérable.
Cependant, ce que je voudrais dire, c'est ceci: Quand on fait ces
comparaisons Québec-Ontario, cela ne tient jamais compte de la situation
économique au Québec, la richesse collective et les traditions
d'éducation. Je vais le répéter; Avec des frais de
scolarité qui sont relativement bas, pour ne pas dire très bas,
et une aide financière qui est relativement généreuse, on
n'a pas réussi à atteindre, on n'a pas réussi à
rejoindre le peloton de tête au Québec. C'est cela qu'il faut
retenir. On peut penser qu'il y a des problèmes liés à
l'information qui sont beaucoup plus d'ordre culturel, finalement. Mais tant et
aussi longtemps qu'on n'aura pas, dans les universités et au
ministère même, entrepris un certain nombre d'études pour
mieux cerner le phénomène et proposer des voies de solution, je
pense que, pour le moment et pour l'heure, toute action qui a comme effet
d'augmenter ou d'accroître les difficultés pour avoir accès
à l'université doit être examinée avec beaucoup de
prudence, d'ailleurs comme vous le dites.
Vous savez qu'au 1er cycle, c'est entre 40 % et 45 % des
étudiants à temps complet qui peuvent se prévaloir de
l'aide financière aux étudiants. Cela établit le niveau de
revenu des parents et de ces jeunes alors que dans cette région, c'est
90 %. C'est extrêmement élevé. C'est pourquoi je suis un
peu étonnée de la question du député de Rimouski.
Mais ma question ne portera pas là-dessus. Elle portera davantage sur
votre quatrième recommandation en conclusion que je trouve
intéressante, mais sur laquelle on n'a jamais poussé la logique
très loin.
On sait que, concernant le réseau UQ, à cause de
règles internes très particulières, les constituantes
n'étaient pas autorisées à faire des dépassements
budgétaires de plus de 5 %. Donc, elles ont comprimé les
déficits. Elles les ont retenus à l'intérieur, ce que
n'ont pas fait toutes les universités. Évidemment, il est
difficile de penser à des mesures d'équité de façon
rétroactive. C'est un peu ce que vous abordez dans votre
quatrième recommandation. Vous dites: "L'Université du
Québec à Rimouski doit être
récompensée pour les efforts faits dans les
dernières années." Si je pense qu'on ne paie même pas les
déplacements au kilométrage, ce qui est
généralement reconnu, cela veut dire que les gens sont
obligés de mettre leur main dans leur poche chaque fois qu'iÎ3
sortent de chez vous. Si c'était fait dans toutes les universités
au Québec, j'ai l'impression qu'il y aurait - on peut reconnaître
cela aujourd'hui - moins de déficits. Quand vous dites:
Récompenser l'Université du Québec à Rimouski,
qu'est-ce que cela représente comme mesure?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. Lechasseur.
M. Lechasseur: On ne veut pas une grosse boucle, on veut
simplement que les efforts qui ont été faits soient reconnus. Je
pense que M. Massicotte l'a mentionné tout à l'heure. Cela s'est
traduit par des sacrifices assez importants. On les a vécus
département par département à l'université. Les
étudiants que nous avons été les ont vécus de
façon différente selon qu'ils étaient sur le territoire ou
sur le campus. Il y a quand même eu des développements importants
qui ont eu un impact majeur sur le développement de l'université.
On pense que, dans les dernières années, on a accumulé un
certain retard qu'on n'aurait pas eu nécessairement si le type de
coupures qu'on a connu n'avait pas existé. Évidemment, on ne peut
pas demander au gouvernement de récompenser rétroactivement
l'université.
Dans les types de politiques qui pourraient être mises sur pied
à la suite de ce débat en commission parlementaire, on pourrait
tenir compte du faible niveau de déficit et de l'effort que
l'université a manifesté pour peut-être octroyer des
subventions différentes en tenant compte de ce facteur. Prenez
l'Université de Montréal ou certaines universités qui ont
des déficits à couper le souffle. Si vous essayez d'expliquer aux
gens de la région qu'à Montréal on est rendu à un
tel niveau de déficit que personne - personne; enfin, un petit nombre -
ne s'en préoccupe, je pense qu'on crierait au scandale. Quand on regarde
l'effort qui s'est fait en régions, je pense que nous avons à
Rimouski un objectif qui est de maintenir le déficit à un niveau
raisonnable. C'est montré, c'est prouvé.
En ce qui concerne les prochains développements, nous souhaitons
que le gouvernement reconnaisse ces efforts par des subventions qui
correspondent à nos besoins de développement, en termes de
décentralisation, en termes de subventions et éventuellement
aussi d'infrastructure. On ne parle pas beaucoup d'infrastructure en
régions parce que, quand on donne des cours décentralisés,
on a peut-être moins besoin de bâtiments et tout cela. Pour le
développement de l'université, il faudra penser à
certaines infrastructures, peut-être à certains bâtiments
éventuellement. Des subventions particulières pourraient
récompenser les efforts faits actuellement. En tout cas, c'est à
peu près dans ce sens. Je ne crois pas qu'on puisse demander des
subventions rétroactives comme cela.
Mme Blackburn: Une dernière petite question, M. le
président. Il me semble que cela serait intéressant d'avoir votre
réaction là-dessus. Les jeunes du Parti québécois
recommandent, plutôt que des frais de scolarité, un impôt de
1,5 % pour les diplômés. Comme vous êtes de jeunes
diplômés, il me semble qu'il serait intéressant d'avoir
votre réaction, là-dessus.
M. Lechasseur: Disons que je n'ai pas consulté tous les
membres.
Mme Blackburn: Même personnellement, je voudrais juste une
réaction.
M. Lechasseur: Nous le disons dans notre document. Nous sommes,
en fait, après avoir fait des études universitaires, encore des
privilégiés dans notre société
québécoise. À mon avis, ce serait - je le dis souvent -un
juste retour des choses que de participer, peut-être par l'impôt
dont vous parlez ou peut-être par d'autres modalités, au
financement du réseau universitaire. De là à ce que ce
soit une mesure qui élimine la hausse des frais de scolarité, je
serais un peu réticent sur cela. On pourrait peut-être avoir les
deux, ce qui serait peut-être mieux pour le Conseil du trésor,
cela améliorerait son bilan annuel. Mon point de vue sur cela: J'y suis
assez favorable, mais peut-être pas au point, cependant, de dire que cela
remplacerait une hausse des frais de scolarité.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M.
Lechasseur.
Mme Blackburn: La proposition ce n'est pas vraiment de remplacer
une hausse des frais de scolarité, c'est qu'il n'y ait plus de frais de
scolarité; que ce soit gratuit au moment où vous
fréquentez l'université, mais que vous payiez une fois
diplômé et sur le marché du travail.
M. Lechasseur: Sur cela, je reviens sur mon idée,
c'est-à-dire que cela ne peut pas remplacer la participation
financière des étudiants au moment de leur cours; mais que,
diplômés et ayant un emploi assez rémunérateur, nous
puissions participer rétroactivement cette fois - au financement, moi je
n'y verrais pas d'inconvénients.
Mme Blackburn: En conclusion? Non.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Non.
Mme Blackburn: Bien, écoutez, je vous remercie. Le temps
file. Je voudrais vous remercier pour votre participation aux travaux de cette
commission. C'est une ouverture, je dirais intéressante, qui est faite
de façon spontanée, mais qui mérite d'être
examinée. Ce que vous dites par rapport aux frais de scolarité,
si je résume, c'est: Conservons les frais de scolarité tels
qu'ils sont actuellement et il serait peut-être plus intéressant
de penser effectivement à un impôt sur le revenu des
diplômés, une fois diplômés et sur le marché
du travail.
M. Lechasseur: Vous m'amenez sur cette piste!
Mme Blackburn: D'accord. Je dois vous faire remarquer qu'on a
aussi parlé de ce que pourrait être un impôt pour les
entreprises qui sont, après les diplômés, celles qui tirent
le plus de bénéfices de la qualité de la formation de leur
personnel. Je vous remercie infiniment de votre participation aux travaux de
cette commission. Je pense que, pour l'Université du Québec
à Rimouski, la présence d'un groupe tel que le vôtre, qui
est préoccupé du développement de l'université,
constitue une richesse importante. Ce qu'on a eu à déplorer
beaucoup au Québec, c'était un désintéressement
assez grand de la part des diplômés à l'endroit des
institutions qui les avaient formés. Je pense qu'il y a lieu de
poursuivre cette démarche et j'espère que des associations aussi
dynamiques que la vôtre, on en retrouvera un peu partout dans toutes les
universités. On sait que c'est davantage la pratique dans les anciennes
universités, dans les grandes universités, mais c'est loin
d'être aussi développé que cela ne l'est dans les
universités nord-américaines. Je ne peux que vous encourager en
ce sens, et peut-être qu'un jour vous aurez aussi voix au chapitre
lorsqu'il s'agira d'orientations et de développement des réseaux
universitaires. Je vous remercie.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, Mme la
députée. Je reconnais maintenant le ministre de l'Enseignement
supérieur et de la Science. M. le ministre.
M. Ryan: Oui, M. le Président. Je voudrais remercier les
diplômés de l'Université du Québec à Rimouski
des vues qu'ils nous ont communiquées cet après-midi. Je pense
que l'échange de vues a été intéressant et leur a
permis de nuancer quelque peu certains passages de leur mémoire qui
semblaient déboucher sur des fins de non-recevoir à des
idées qui circulent assez largement actuellement.
Je voudrais signaler que tantôt - il n'a pas besoin de moi pour se
porter à sa défense, évidemment - le député
de Rimouski, quand il vous a posé une question, visait à aller au
fond des choses. Il ne faudrait pas conclure, parce qu'il a posé une
question, qu'il a toute une thèse dans son esprit, dans le même
sens. On ne sait pas encore ce qu'il pense; il va nous le dire en temps utile
lorsque les débats viendront à ce sujet. Je pense que c'est le
devoir d'un député de poser des questions qui vous amènent
à donner des opinions plus complètes. De ce point de vue, j'ai
été bien content des réponses que vous avez
données, parce que j'ai constaté que votre position est plus
nuancée que ce qu'on pouvait soupçonner en lisant cette partie de
votre mémoire qui traite des frais de scolarité., On a bien
noté ce que vous avez dit. D'ailleurs, cela va être au
procès-verbal, au compte rendu de nos débats, ce n'est pas
nécessaire de chercher à l'interpréter. Lorsqu'on a le
compte rendu complet d'un débat ou d'une intervention, c'est toujours
plus éclairant.
On me transmettait, justement, tantôt le compte rendu de
l'intervention que le premier ministre faisait la semaine dernière sur
les frais de scolarité. Quand on regarde toute l'intervention, pas
seulement un bout de réponse sorti du contexte, ce qu'il a dit
essentiellement, c'est que le gouvernement attendra pour définir ses
orientations d'avoir reçu le rapport de la commission parlementaire.
M. Jolivet: S'il faut changer, on ira au congrès de
1988.
M. Ryan: II a dit: "Normalement", oui. M. Jolivet: Ah!
M, Ryan: "Normalement" oui, c'est un mot qui est très
important. Vous ne l'aviez pas donné ce matin.
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît! Messieurs les députés, je vous rappelle...
M. Jolivet: Belle nuance! Belle nuance!
M. Ryan: Si nos collègues veulent avoir le texte
intégral, nous le leur fournirons volontiers.
M. Jolivet: D'accord.
Mme Blackburn: Si on veut éviter les
interprétations, il faut l'avoir; il ne faut pas sortir la phrase du
contexte.
M. Ryan: C'est sûr! C'est sûr!
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je reconnais le
ministre de l'Éducation.
M. Ryan: Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Et j'invite les
membres de cette commission à éviter le dialogue de chaque
côté de la table. Veuillez utiliser votre président, il est
là pour cela.
M. Ryan: Je vous remercie encore une fois. Je n'ai pas d'autre
chose à ajouter immédiatement. Nous avons encore d'autres
organismes de la région de Rimouski à entendre. Je ne voudrais
pas empiéter sur le temps que nous leur réservons. Je vous
remercie et vous souhaite la bienvenue. Chaque fois que vous aurez des vues
à nous communiquer non seulement sur l'Université du
Québec à Rimouski, mais sur les problèmes plus larges qui
vous intéressent aussi touchant les orientations et le financement des
institutions universitaires en général, nous serons toujours
intéressés à avoir vos points de vue. J'espère que
vous maintiendrez longtemps l'intérêt que vous manifestez pour
l'université où vou3 avez reçu votre formation en tout ou
en partie. Je vous remercie.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. Lechasseur, au
nom des membres de la commission permanente de l'éducation, je vous
remercie d'avoir répondu à notre invitation.
La commission suspend ses travaux pour quelques minutes. Nous
entendrons, à la reprise, le Syndicat des chargés de cours de
l'Université du Québec à Rimouski.
(Suspension de la séance à 17 h 21)
(Reprise à 17 h 25)
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît!
La commision parlementaire de l'éducation reprend ses travaux et
accueille le Syndicat des chargés(es) de cours de l'Université du
Québec à Rimouski.
Le porte-parole de ce groupe est M. Francis Jassart, qui en est le
deuxième vice-président. Pardon, on me dit que le porte-parole
est M. Pierre Jobin, qui en est le premier vice-président. Alors, au
premier et au deuxième, bienvenue. Nous vous remercions, messieurs,
d'avoir répondu à l'invitation de la commission parlementaire de
l'éducation de venir échanger avec nous sur la
problématique de l'orientation et du cadre de financement du
réseau universitaire québécois.
La commission a prévu de vous entendre pendant une heure et on
m'informe que votre présentation pourrait durer environ quinze minutes;
le reste du temps servira à des échanqes entre les membres de la
commission et vous, MM. les premier et deuxième vice-présidents
du syndicat.
Normalement, la commission devrait suspendre ses travaux à 13
heures pour les reprendre à 20 heures. Par contre, s'il y avait
consentement des deux partis politiques, nous pourrions continuer jusque vers
18 h 15 ou 18 h 20, de façon à vous libérer et à ne
pas vous forcer à revenir après l'heure du souper. Que
préférez-vous? Préférez-vous que l'on continue
jusqu'à 18 h 15 ou 18 h 20?
M. Jobin (Pierre): Nous sommes à la disposition de la
commission.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, très
bien, nous vous écoutons.
Une voix: À 18 h 15.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Très bien.
Si vous voulez bien nous présenter la personne qui vous accompagne et
des gens dans l'assistance qui seraient avec vous et enchaîner avec la
présentation de votre mémoire.
Syndicat des chargés(es) de cours de
l'Université du Québec à Rimouski
M. Jobin: Merci, M. le Président. Mon nom est Pierre
Jobin, vice-président du syndicat, et Francis est l'autre
vice-président qui s'occupe plus particulièrement chez nous des
affaires intersyndicales, donc des relations avec les autres syndicats de
chargés de cours et avec la Fédération nationale des
enseignants et enseignantes du Québec.
On doit vous dire que le rapport a été
préparé cet été à peu près dans les
délais impartis par la commission et qu'il a ensuite été
adopté dans les grandes lignes par notre conseil syndical et a
également fait l'objet d'une présentation à notre
assemblée générale, mais postérieurement à
l'envoi qui a été fait à la commission. Mais, dans les
grandes lignes, il a été très largement approuvé
par nous.
Également on doit préciser qu'au moment où le
rapport a été écrit, et cela doit se sentir un peu dans la
rédaction qui en a été faite, on entretenait plus que
maintenant des inquiétudes importantes sur tout le financement des
universités au Québec et spécialement sur le financement
des universités en régions et la nôtre en particulier, bien
sûr. Ce qui comme syndicat ne pouvait pas manquer de nous
inquiéter puisque nous devons nous soucier du mieux-être de nos
membres, bien sûr parce que c'est notre première
responsabilité, mais également dans une perspective syndicale et
pas étroitement corporatiste du développement de la région
dans laquelle nous vivons et du Québec dans son ensemble.
Nous pensons que l'enseignement universitaire peut être et de fait
constitue, dans une région comme la nôtre, un outil de
développement important auquel comme chargés de cours nous
apportons une contribution que nous considérons intéressante dans
la mesure où c'est nous qui assumons près de 50 % des
activités d'enseignement qui sont dispensées par
l'Université du Québec à Rimouski et ailleurs sur le
territoire qu'elle dessert.
Le mémoire insiste assez longuement, compte tenu de l'envergure
du texte, sur la contribution que l'Université du Québec apporte
à la vie régionale, tant sur le plan des symboles, de l'espoir
que l'installation d'abord et le développement par la suite de
l'Université du Québec ont amené chez les jeunes et chez
leurs parents par rapport au projet de mener des études universitaires
dans notre région plutôt que d'être obligé de
s'exiler, souvent à fort prix, pour mener des études, ce qui,
dans la majorité des cas, faisait qu'on ne revenait pas dans la
région. Cette situation a été corrigée avec la
venue de l'Université du Québec. Les programmes qu'elle offre ne
couvrent pas encore toute la gamme des besoins des jeunes ou des adultes de
l'Est du Québec, mais ils permettent quand même à une bonne
portion d'entre eux de trouver chez nous de quoi satisfaire leurs besoins de
formation et/ou de connaissances.
L'Université du Québec à Rimouski apporte
également une contribution économique très importante dans
notre région. D'après la plupart des études menées
sur la question comparativement à ta situation américaine et
canadienne, on évalue que le multiplicateur d'emplois est d'environ deux
pour les universités. On devine que, dans notre région, cela
représente quelque chose de remarquablement intéressant, d'autant
plus qu'il s'agit d'emplois de haut niveau, pas seulement les emplois
créés directement, mais les emplois induits également. Ce
multiplicateur est, selon certains économistes, peut-être un peu
exagéré pour des régions comme la nôtre,
étant donné qu'il y a des fuites, compte tenu de notre structure
industrielle, mais, que ce soit 1,7, 1,8 ou 2, cela indique des
retombées beaucoup plus importantes que la plupart des autres
installations qu'on peut trouver chez nous.
Finalement, la valeur de la contribution de l'Université du
Québec à la vie culturelle et intellectuelle de notre
région n'est plus a démontrer. C'est évident, quand on vit
à Rimouski, à Mont-Joli, à Amqui ou plus loin en
Gaspésie.
Les chargés de cours, comme je le mentionnais tantôt,
offrent environ la moitié des activités d'enseignement
dispensées par l'UQAR, plus quand il s'agit d'activités
dispensées hors campus, jusqu'à Lévis, et même
à Saint-Georges-de-Beauce. Nous pensons donc représenter un gros
morceau dans ta réalité quotidienne de cette université,
lequel gros morceau, par ailleurs, reçoit peu de reconnaissance - on ne
parle pas de gratitude, mais de reconnaissance institutionnelle - puisque nous
ne sommes pas appelés à siéger d'office dans les diverses
instances universitaires. Le statut de chargé de cours ne conduit
finalement pas à une intégration très intime à la
vie de la communauté universitaire, que ce soit au niveau de
l'encadrement pédagogique, et encore plus, bien sûr, tout ce qui
concerne la fonction de recherche de laquelle on nous tient
éloignés pour diverses considérations.
Il est bien sûr que nous voulons' faire plus, avoir une
participation plus importante à la vie universitaire. Si, à ce
moment-ci, nous vous faisons grâce des situations de négociation
dans lesquelles nous vivons, c'est que cela ne nous semble pas le forum
où traiter ces questions. Mais notre mémoire mentionne bien que
nous recevons moins maintenant, comme traitement, que ce que nous recevions il
y a quelques années, quoique nous ayons des groupes plus nombreux, donc
des charges d'enseignement plus lourdes.
Finalement - c'est là la conclusion de notre mémoire, et
je suis sûr que le député de Rimouski sera sensible
à ces questions -nous pensons que, si nous réussissons à
diminuer le prix de l'essence pour favoriser le développement des
régions, il devrait être possible d'organiser le financement des
universités de façon à permettre un meilleur
développement des ressources humaines dans les régions. Si divers
programmes de création d'emplois sont appliqués avec des
structures différentes - ou différentielles, pour reprendre
l'expression de M. Lechasseur -selon les régions, pour toutes sortes de
choses, de la production agricole jusqu'à l'emploi industriel dans des
domaines de haute technologie, il devrait être possible également,
ce n'est pas inconcevable et on n'y voit rien d'immoral, d'organiser le
financement des universités pour tenir compte des besoins plus grands
des régions -nous citons rapidement dans le mémoire une
étude que le Conseil des collèges avait fait mener par des
chercheurs de l'Université du Québec à Rimouski - lesquels
besoins sont plus grands simplement du fait d'être une institution en
régions. Cela entraîne des coûts que de vivre en
régions.
C'est l'essentiel de ce que nous voulions vous dire. Nous aurions bien
souhaité le dire à Rimouski, mais cela nous fait quand même
plaisir d'être reçus à l'Assemblée nationale et nous
sommes à votre disposition s'il y a des questions.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci beaucoup,
monsieur. M. le ministre de l'Enseignement supérieur et de la
Science.
M. Ryan: M. le président, noua sommes très heureux
de vous accueillir à l'Assemblée nationale, parce que les
chargés de cours dans nos universités exercent un râle qui
est très impartant et ils ne reçoivent pas toujours la
reconnaissance qui devrait accompagner l'importance de leur contribution.
Vous le signalez dans votre mémoire dès le début
quand vous dites que vous êtes tout près de 500 chargés de
cours et que vous dispensez près de la moitié des
activités d'enseignement de l'Université du Québec
à Rimouski au cours d'une année universitaire. Vous n'ajoutez pas
la proportion du budget de rémunération ou de salaire qui va aux
chargés de cours en comparaison avec les autres chargés
d'enseignement. Je pense que, si vous aviez ajouté cette donnée,
vous auriez complété le tableau d'une manière qui nous
aurait invités davantage encore à la sympathie.
Je voudrais vous poser une brève question. Mon collègue,
le député de Rimouski, et, peut-être, celui de
Matapédia, s'il devait nous revenir tout à l'heure,
compléteront sans doute. À l'avant-dernière page de votre
mémoire, vous dites ceci, que je vais citer au texte, cela va faciliter
la question: "Dans cette perspective, il ne s'agirait plus de considérer
l'utilisation des chargé-e-s de cours comme un pis-aller, un
deuxième choix, un "en attendant mieux". Il nous paraîtrait plus
utile et plus réaliste de mieux associer les chargé-e-s de cours
à la vie universitaire et de leur assurer des conditions d'exercice qui
leur permettent d'exploiter à fond leurs talents et connaissances." Une
question qui me venait à l'esprit en lisant votre mémoire,
c'était la suivante: Les chargés de cours, qui est-ce exactement?
Qu'est-ce qu'ils font en plus d'être chargés de cours à
l'Université du Québec à Rimouski? De quoi se compose ce
groupe de quelque 500 personnes qu'on appelle des chargés de cours
à Rimouski et qui retirent de cette activité un revenu qui, de
toute évidence, est bien insuffisant pour assurer leur subsistance?
Qu'est-ce qu'ils font à part cela? Est-ce que vous avez des
enquêtes ou des renseignements qui pourraient nous être utiles
là-dessus? J'aurai une deuxième question à vous adresser
par la suite.
M. Jobin: Sans avoir de réponse vraiment précise,
détaillée, on a quand même des indications sérieuses
sur les autres activités qu'exercent nos membres. II y en a une
proportion qui varie - parce que l'univers des chargés de cours est
quelque chose d'assez mobile - autour de 40 %, disons, qui sont des gens qui
ont un emploi régulier à temps plein ailleurs. Il y en a une
proportion autour de 30 %, mais c'est vraiment plus fluctuant, qui est
constituée de gens qui sont pigistes, "free lance" de diverses
façons, consultants, qui n'ont pas d'emploi stable permanent avec un
employeur évident mais qui exercent ailleurs à l'occasion, ou de
façon plus ou moins régulière, d'autres activités
qui sont liées à la compétence professionnelle pour
laquelle ils sont retenus comme chargés de cours. Il y a finalement la
dernière section qui est autour de 30 % aussi - on admettra là
aussi que cela puisse fluctuer d'une session et d'une année à
l'autre - qui sont chargés de cours seulement à
l'Université du Québec à Rimouski ou chargés de
cours seulement, mais en dispensant d'autres charges dans d'autres
institutions, soit à Laval, soit à l'UQAM, soit à
Montréal. Il y en a même, je pense, qui, à l'occasion, se
rendront jusqu'en Abitibi-Témiscamingue, même si ce sont des cas
limites et très peu nombreux.
Là-dessus, pour indiquer une proportion en termes de diplomation,
d'après ce qu'on sait - et là aussi les chiffres sont toujours un
petit peu en retard sur la réalité, les sources documentaires
sont parfois "ques-tionnables" - il y en a un peu plus de la moitié qui
ont une maîtrise ou une scolarité de maîtrise, avec
thèse à déposer dans les mois qui viennent. Il y en a
environ le tiers qui sont des femmes, parfois un peu moins, là aussi
selon les sessions.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. Jobin.
M, le ministre.
M. Ryan: Quelles améliorations vou-driez-vous obtenir dans
le statut de ces personnes? J'imagine que cela varie suivant les trois
catégories dont vous avez parlé.
M. Jobin: II y a le statut de chargé de cours en soi qui
peut être amélioré, même si on admet qu'il y a des
variations qu'on cherche, d'ailleurs, à inscrire dans nos conventions
collectives. Il y a toute la question de notre association aux diverses
instances universitaires. Tout à l'heure M. Massicotte parlait de
gestion participative. On participe comme observateurs. Il y en a d'autres qui
participent en ayant un vrai siège autour de la table. Cela ne veut pas
dire que cela réglerait tous nos problèmes et comblerait toutes
nos attentes, mais c'est déjà une direction dans laquelle il y a
certainement des réflexions supplémentaires à faire,
à tout le moins.
Il y a également toute la question des conditions d'exercice de
la profession. Règle générale, on ne dispose pas de local.
On a un local de travail pour les chargés de cours qui est une
pièce beaucoup plus petite qu'ici. C'est notre lieu de rencontre avec
les étudiants, à part les corridors et les salles de cours. Il y
aurait certainement des améliorations sensibles à apporter de ce
côté-là.
II y a également toute la question de notre association à
la recherche qui n'est pas non plus un désir égal chez tous nos
membres, mais qui pourrait certainement en intéresser un certain nombre,
c'est-à-dire des gens compétents qui pourraient apporter une
contribution que nous croyons satisfaisante aux activités de recherche,
de recherche-action et de services à la collectivité que
l'université assume.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. Je
reconnais maintenant la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Il nous fait
plaisir de vous accueillir à cette commission, MM. les
vice-présidents, M. Jobin et M. Jassart, d'autant plus que, on est
obligé de le reconnaître, une partie importante - dans certaines
universités c'est majoritaire - des activités d'enseignement sont
dispensées par le groupe que vous représentez. Dans votre
mémoire, vous nous dites être en négociation. J'imagine
qu'il y a lieu de voir des améliorations possibles aux conditions de
travail des chargés de cours. Il n'en demeure pas moins que, dans la
situation actuelle, ce que déplorent les étudiants par une
présence accrue des chargés de cours dans les universités
c'est le faible encadrement, les problèmes d'encadrement liés
à l'embauche massive des chargés de cours dans certaines
universités. (17 h 45)
À présent, j'aimerais peut-être revenir un peu
brièvement sur la question que posait le ministre mais sous un autre
angle. Toujours à la page 11 et au même paragraphe, vous dites "II
nous paraîtrait -parlant d'une situation qui est un pis-aller -plus utile
et plus réaliste de mieux associer les chargé-e-s de cours
à la vie universitaire...". Je pense que vous avez parlé des
conditions de travail mais, associées à la vie universitaire,
qu'est-ce que cela serait précisément?
M. Jobin: Précisément, c'est une foule de choses.
Il n'y a pas un point précis qui fait la synthèse de l'ensemble
mais il est clair que toute la question de la recherche, à laquelle nous
ne sommes pas partie prenante jusqu'à maintenant, pourrait être un
lieu où nous pourrions apporter une contribution intéressante au
développement de l'université, à l'encadrement
d'étudiants qui sont également mêlés à ces
recherches, et qui pourrait nous permettre, comme chargés de cours, de
nous tenir aussi à la fine pointe des connaissances en menant des
recherches. Actuellement, le budget de perfectionnement pour
l'Université du Québec à Rimouski est l'équivalent
de cinq charges de cours par année académique, pour 500
chargés de cours. Il y a donc place à beaucoup d'initiatives
individuelles. Si on était associé à d'autres
activités de recherche, c'est clair qu'on pourrait mieux se tenir
à jour et se tenir à la fine pointe des connaissances.
De la même façon, la participation aux assemblées
départementales, qui dans notre université régissent
l'activité pédagogique, nous permettrait de discuter avec des
professeurs à temps plein de la façon dont les programmes sont
organisés, de la façon dont les cours sont dispensés, des
passerelles qui s'établissent ou ne s'établissent pas entre les
divers enseignements qui sont dispensés dans l'université et nous
permettrait, comme à eux sans doute, d'améliorer chacun de notre
côté l'enseignement que nous dispensons aux étudiants qui
sont les mêmes. Cela arrive que des étudiants et des
étudiantes soient placés devant la situation où ce qu'ils
ont vu dans un cours la semaine précédente leur est
remâché, sous une autre forme, par un ou une chargée de
cours qui n'a pas eu l'occasion d'échanger en assemblée
départementale ou en assemblée de chargés de cours avec
ses collègues chargés de cours ou professeurs et professeures
à temps plein sur la stratégie de cheminement académique
à l'intérieur d'un programme donc être mieux associé
à ces questions. Ce qui signifie, bien sûr, une
disponibilité plus grande de notre part et, donc, éventuellement
un aménagement conséquent des ressources financières qui
doivent couvrir notre prestation.
Mme Blackburn: En page 10, vous avez toute une page qui est
intitulée "Étudier en région". Je connais votre
sensibilité, pour avoir eu l'occasion de vous voir ailleurs, M. Jobin,
à toute cette question qui touche l'éducation des adultes,
à toute la question de l'accessibilité. Je pense que vous situez
bien la problématique dans votre texte. Vous nous rappelez: "La
fragilité du processus de rattrapage en cours indique plutôt la
voie de la consolidation et du raffermissement que celle des coupures et des
réductions." Est-ce que, dans une région comme la vôtre, on
a parlé beaucoup de ce que pourraient être les effets d'une hausse
des frais de scolarité sur l'accessibilité? Je me demandais si
vous aviez une opinion finalement sur ce que pourrait représenter, dans
une région comme la vôtre, une hausse des frais de
scolarité sur les étudiants à temps partiel.
M. Jobin: Au syndicat, nous n'avons pas vraiment discuté
de cette question d'une façon sérieuse qui nous permettrait de
fournir des réponses détaillées. Par ailleurs, il est
clair pour nous qu'une augmentation des frais de scolarité n'est
certainement pas la voie la plus évidente et la plus logique vers un
accroissement d'accessibilité. De là à mesurer
jusqu'à quel point la courbe
d'élasticité varierait, on ne l'a pas fait. Très
clairement, une augmentation des frais de scolarité n'est pas, à
première vue - peut-être qu'à deuxième vue cela
pourrait le devenir - n'est certainement pas la façon d'accroître
l'accessibilité. C'est une position syndicale chez nous, clairement.
Mme Blackburn: D'accord. À la page 6 de votre
mémoire, vous dites que les chargés de cours reçoivent
moins qu'ils ne recevaient en 1982, sans tenir compte évidemment de
l'augmentation de la taille des groupes. Pouvez-vous nous dire si c'est par
rapport à la rémunération ou parce que se sont
ajoutées des dépenses?
M. Jobin: Par rapport à la rémunération,
à la rétribution que nous recevons pour notre prestation. Elle a
été englobée dans les coupes qui ont été
faites dans les salaires des hauts salariés. Nous avons
été considérés comme hauts salariés à
environ 3000 $ par charge de cours avec un maximumm de six charges de
cours-année. Il y a peut-être eu une erreur comptable quelque
part. En tout cas, on a été pris dedans. On reçoit moins
maintenant qu'il y a quatre ans.
Par ailleurs l'université, dans sa frénésie de
récupérer des fonds un peu partout, a réduit les frais de
déplacement les faisant passer de 0,21 $ par kilomètre à
0,18 $, ce qui frappe particulièrement nos membres, qui sont plus
nombreux que les professeurs réguliers à dispenser l'enseignement
hors campus.
Mme Blackburn: Est-ce que vos conditions de travail se
comparent?Est-ce qu'il y a beaucoup de différences entre les conditions
de travail qui sont les vôtres et celles des autres universités?
On a entendu ici un groupe de chargés de cours; vous êtes le
deuxième, si je ne m'abuse. Je me demandais s'il y avait de très
grandes différences. Je sais que pour le groupe qui vous a
précédés il y avait une différence selon le cours
qui était dispensé. C'était variable. Si vous alliez en
arts, par exemple, c'était plus payant, contrairement à ce qu'on
pense généralement, que si vous donniez un cours en
sociologie.
M. Jassart (Francis): À ce niveau, cela dépend des
universités. Il y a des universités où les conventions
collectives se ressemblent. On a à peu près, dans le
réseau de l'UQ, la même rémunération, quel que soit
le type de cours. Or, il existe à l'Université Laval des
différences suivant les départements et suivant les
facultés, selon le type de cours que l'on donne, effectivement.
Mme Blackburn: Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Maintenant je
reconnais M. le député de Rimouski.
M. Tremblay (Rimouski): M. le Président, M. le ministre,
chers collègues, MM. les vice-présidents de l'association des
chargés de cours, je vous félicite pour votre rapport. Cela
manifeste un intérêt certain pour l'université en
régions. Je pense que c'est tout à votre honneur de vous
présenter ici pour défendre les intérêts de cette
université.
Quand vous dites que pratiquement 50 % des professeurs à
l'université sont des chargés de cours, d'après vous,
est-ce que cela vous apparaît un ratio convenable, professeurs
chargés de cours versus professeurs permanents? Est-ce une limite ou si
cela devrait être réduit? Quelle est votre perception de ces
professeurs chargés de cours par rapport aux professeurs permanents qui
sont tout de même l'âme de l'université et qui doivent
assurer une certaine pérennité à l'institution? Est-ce que
votre rapport est trop grand par rapport à la part 50-50? Quelle est
votre perception?
M. Jobin: Là, vous me placez dans une situation où
je dois dire si on a trop de membres ou non. Je pense que la façon dont
on considère la question n'est pas tout à fait ainsi. On essaie
de ne pas se laisser enfermer dans ce dilemme. Ce que l'on pense - et cela
devrait transparaître dans le mémoire sans doute un peu plus que
ce qui est là - c'est que, dans un avenir prévisible,
l'Université du Québec à Rimouski, compte tenu de notre
perception de la situation du budget de l'État actuellement, devra
composer avec des ressources financières qui ne lui permettront pas,
croyons-nous, de faire varier d'une façon très significative ce
ratio enseignants réguliers et chargés de cours.
Ce qu'on croit, par ailleurs, c'est que, s'il se dégage des
ressources supplémentaires, elles devraient être consacrées
à l'amélioration générale de l'enseignement et pas
forcément immédiatement, automatiquement, par un réflexe
presque conditionné de se tourner de bord et d'engager automatiquement
des professeurs réguliers, un coup pris, de nos membres. Pourquoi pas?
On est très bien placé par rapport à cela, donc, il ne
s'agit pas forcément sans plus réfléchir d'engager des
professeurs réguliers pour ajuster un peu le ratio. Il nous semble qu'il
y a moyen d'améliorer l'enseignement non seulement par cette
voie-là, mais aussi en améliorant les conditions d'exercice des
chargés de cours en leur permettant d'assurer un meilleur suivi, un
meilleur encadrement auprès des groupes-cours qu'ils rencontrent et non
pas seulement sur le campus, mais hors campus aussi parce que,
hors campus, l'encadrement qui est assuré par des professeurs
réguliers ressemble étrangement à celui qu'on peut fournir
et, très souvent, nos membres sont plus près
géographiquement que les professeurs qui, eux, sont basés
à Rimouski. Il nous semble donc qu'il y aurait lieu de
réfléchir sur l'ensemble de l'aménagement, de la
dispensation de l'enseignement plutôt que d'essayer d'établir un
ratio qui correspond plus au portrait idéal qu'on a de
l'université. Mais, dans la réalité concrète et
pratique de ce qu'est et de ce que peut devenir, pensons-nous, à moyen
terme l'Université du Québec à Rimouski, on devrait
essayer de tirer le meilleur parti possible des ressources financières
compte tenu de la présence actuelle et prévisible des ressources
humaines que sont les chargés de cours.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. Jobin.
Autre chose?
M. Tremblay (Rimouski): Oui, M. le Président. M. le
vice-président, cela veut dire aussi, si je comprends bien, que les
professeurs chargés de cours sont un réservoir possible de
professeurs qui pourraient devenir des professeurs en situation de permanence,
c'est-à-dire que vous avez un pied dans la porte, si je comprends
bien.
M. Jobin: On a un pied dans la porte parce que l'on est connus,
mais on n'a pas de lien contractuel. Il n'y a aucun caractère juridique
à la convention des chargés de cours ou à celle des
professeurs qui nous assure un quelconque privilège par rapport à
un emploi régulier. Il n'y a rien. Non seulement il n'y a pas de
garantie, mais il n'y a rien. Zéro. Nil.
M. Tremblay (Rimouski): M. Jobin, j'ai une autre question
à vous poser: Vous êtes reconnu comme syndicat, si je comprends
bien?
M. Jobin: Oui.
M. Tremblay (Rimouski): Avez-vous un représentant au
conseil d'administration de l'université?
M. Jobin: Nous sommes invités à y
déléguer un observateur ou une observatrice, en l'occurrence
c'est une observatrice.
M. Tremblay (Rimouski): Très bien, merci.
Le Président (M, Parent, Sauvé): Merci, M. le
député de Rimouski. Je reconnais maintenant le
vice-président de la commission parlementaire de l'éducation, M.
le député de Laviolette.
M. Jolivet: Merci, M. le Président. Si je voulais blaguer
à ce moment-ci, je dirais au député de Rimouski que les
chargés de cours actuels répondent à l'un des premiers
critères de la Commission jeunesse du Parti libéral: être
quant à eux, chaque fois qu'ils signent un contrat de contractuels,
devant l'obligation de faire valoir leur point de vue, leur capacité
d'enseignement, tandis que la Commission jeunesse propose de faire cela tous
les cinq ans pour les professeurs réguliers. Mais, soit dit en passant,
cela n'était pas ma question.
Ma question se situe à la page 12, dernier paragraphe» Au
moment où vous faites mention dans ce paragraphe que l'on a
trouvé des moyens pour régler les problèmes de taxation
quant à l'essence, quant à la croissance de la production ovine,
vous allez plus loin en disant: Quant à nous, avec un peu d'imagination
et de bonne volonté, pourquoi ne trouverait-on pas le moyen de mettre au
point des programmes particuliers à la région pour la croissance
des ressources humaines, et là vous ajoutez? par la voie
privilégiée des études universitaires à l'UQAR? (18
heures)
J'aimerais davantage creuser ce point en vous posant une question qui
surgit par le fait même. Compte tenu de l'université en
régions, dont on dit qu'elle doit être, dans bien des cas,
complémentaire à une université générale,
mais ne donnant pas nécessairement tous les programmes, qu'est-ce que
vous entendez par cette dernière partie et qu'est-ce que vous verriez
pour la région immédiate eu égard au fait que
déjà il y a des programmes bien reliés à la
région, vous en faites d'ailleurs mention au niveau
océanographique en particulier?
M. Jobin: Dans la ligne de cette recommandation, il y a deux
façons d'envisager la question: la première, c'est d'avoir, dans
le cadre général de financement du système universitaire
au Québec, des provisions spéciales pour les universités
en régions et moduler la subvention per capita ou selon une autre
formule qui tienne compte des coûts supplémentaires qui sont
reliés à la taille et au relatif éloignement
géographique. D'autre part, tenir compte, dans des programmes
généraux de développement régional, de la
nécessité du développement des ressources humaines et
consacrer, dans ces programmes, des budgets orientés vers l'enseignement
en général et, particulièrement, pour ce qui nous regarde
maintenant, l'enseignement universitaire.
On parle, par rapport au développement régional, de
diverses formules qui pourraient éventuellement être mises
à l'essai comme les contrats de pays au l'équivalent des contrats
de pays qui se pratiquent à quelques endroits en France. On pourrait,
dans ces
contrats, avoir des clauses particulières touchant l'enseignement
universitaire, par exemple. Cela ne me semblerait pas déplacé de
prévoir dans les programmes de développement régional
quelque chose pour les universités quand on prévoit quelque chose
pour les routes ou pour la production ovine. Cela me semble être aussi un
outil de développement régional qui a fait ses preuves un peu
partout dans le monde. L'augmentation de la scolarisation, règle
générale, s'accompagne - est-ce une cause, est-ce une
concomitance - vient en même temps que le progrès
économique. Donc, pourquoi ne pas peser sur ce piton? On ne sait jamais,
cela pourrait donner des résultats ici aussi.
M. Jolivet: On a parlé des universités en
régions en disant qu'elles se sont ouvertes au milieu, et je vous donne
l'exemple - vous étiez présent tout à l'heure - de
Lévis par rapport à l'Université du Québec à
Rimouski. On sait très bien ce que te ministre pense de la mission de
l'université dans le sens de ne pas trop s'éparpiller. Il a
souvent dit qu'il faudrait éviter l'éparpillement des
universités dans le milieu, d'une certaine façon, qui ne
donneraient pas les programmes convenables à leur mission, si
j'interprète parce que c'est toujours difficile de saisir la
pensée d'une personne sans en faire une certaine forme
d'interprétation.
Ce qu'on a compris, c'est que le ministre, à ce niveau, s'est
posé une question et il l'a posée aussi à des gens. Je
vous pose la question: Est-ce que vous croyez que l'Université du
Québec à Rimouski, qui est la vôtre, ou d'autres dans ce
genre, en régions, n'avaient pas une certaine forme d'obligation de
s'ouvrir au milieu et, à partir de ce moment, de trouver des
mécanismes différents des universités dites
traditionnelles?
M. Jobin: Je crois que l'Université du Québec
à Rimouski a une vocation régionale et, en ce sens, c'est une
université pas seulement en région, mais c'est une
université régionale parce qu'elle couvre l'ensemble de la
région et dispense de l'enseignement dans l'ensemble de la
région. Il y a un problème de définition de la
région, à l'occasion, mais il faut se rappeler qu'en partant de
Rimouski Lévis, c'est moins loin que Gaspé. Il y a des
réalités géographiques qui n'apparaissent pas toujours
dans les textes quand on n'a pas une feuille de route à
côté, mais c'est moins loin et les routes sont plus belles.
M. Jolivet: II en manque encore un bout.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, je vous
remercie beaucoup, M. Jobin. J'invi- terais maintenant la députée
de Chicoutimi à conclure.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. M. Jobin et M.
Jassart, au nom de ma formation politique, je vous remercie pour votre
participation aux travaux de cette commission. En fait, si on compare la
participation des représentants des chargés de cours à
cette commission parlementaire à celle des autres groupes, je dirais que
vous êtes sous-représentés, si je pense au nombre
d'activités que vous dispensez dans nos universités.
Dans un mémoire précédent - j'essaie de me rappeler
- il y avait une formule intéressante. C'est un groupe de jeunes qu'on a
rencontrés ce matin qui disaient des chargés de cours: Cela peut
être une formule intéressante parce que, souvent, c'est une des
façons d'aller chercher un peu de sang neuf et des expériences
utiles et intéressantes dans le milieu, que ce soit au moment où
vous allez chercher des gens déjà à l'emploi d'une
entreprise ou ailleurs. Ce n'était plu3 considéré, en
l'occurrence, comme un pis-aller, mais davantage comme l'enrichissement des
activités d'enseignement dans les universités.
L'Université du Québec à Rimouski écrivait
dans son mémoire que, pour elle, le seuil critique d'activités
d'enseignement à être dispensées par les chargés de
cours était de l'ordre de 50 %. On peut penser, cependant, que cela
pourrait être acceptable dans la mesure où les conditions de
travail des chargés de cours étaient améliorées.
Cela leur permettrait, par exemple, d'être associés à la
recherche et de recevoir une juste rémunération pour
l'encadrement. D'autant plus que même si on dispensait le même
nombre d'activités par les chargés de cours, il y aurait quand
même moyen d'avoir un enseignement de qualité de même qu'un
encadrement, pour les étudiants, qui serait adéquat.
Je vous remercie de votre participation. Le souci que vous avez
démontré dans votre mémoire de mieux défendre et de
mieux situer l'intérêt pour votre région de
l'université et ses effets sur le développement
socio-économique témoigne du souci que vous avez non seulement de
défendre exclusivement les intérêts du groupe que vous
représentez, mais davantage du développement d'universités
en régions et l'accès à des services d'enseignement de
qualité. Je vous remercie infiniment, et au plaisir.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci beaucoup,
Mme la députée. En guise de conclusion pour le parti
ministériel, je reconnais maintenant le député de
Rimouski.
M. Tremblay (Rimouski): M. Jobin, M.
le vice-président, vous excuserez le ministre de l'Enseignement
supérieur et de la Science qui a dû se rendre à une
rencontre pour 18 h 15. Alors il m'a demandé, en son nom, de vous
remercier pour votre apport.
Avant de terminer, je voudrais vous dire qu'il serait peut-être
intéressant, si ce n'est pas déjà fait, de vous
insérer dans le plan de développement de l'Université du
Québec à Rimouski, parce que je pense que l'expertise que vous
allez chercher dans vos enseignements en régions et votre apport
à l'enseignement dans les régions sont très importants
pour le développement de l'université. Étant donné
que vous représentez 5Q % des professeurs, vous devriez peut-être
avoir un mot à dire dans ce plan de développement.
Je vous félicite encore une fois pour votre apport. Soyez
convaincus que, comme gouvernement et comme parti ministériel, nous
avons une très grande préoccupation du développement des
universités dans les régions. Je puis vous assurer que nous
attachons beaucoup d'importance au développement de ces
universités et que personnellement, pour le comté que je
représente, et également au nom de mes collègues du
côté ministériel, nous donnons notre appui afin que les
universités, dans les régions, connaissent l'expansion qui leur
revient de droit. Je vous remercie.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
député de Rimouski M. Jobin et M. Jassart, au nom de la
commission parlementaire de l'éducation, je vous remercie de votre
apport.
La commission suspend ses travaux jusqu'à 20 heures, alors que
nous accueillerons le Conseil économique de Rimouski, la
Fédération des caisses populaires Desjardins du Bas-Saint-Laurent
ainsi que la Chambre de commerce de Rimouski. Merci. La séance est
levée.
(Suspension de la séance à 18 h 10)
(Reprise à 20 h 5)
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît!
La commission de l'éducation va reprendre ses travaux dans
quelques minutes.
La commission parlementaire sur l'éducation reprend ses travaux
toujours dans le cadre du mandat qui lui a été confié le
19 juin dernier par l'Assemblée nationale, à savoir de tenir une
consultation générale sur les orientations et le cadre de
financement du réseau universitaire québécois pour
l'année 1987-1988 et pour les années ultérieures.
Groupes socio-économiques de la région
de Rimouski
Ce soir, la commission accueille des groupes à caractère
socio-économique de la région de Rimouski. Nous accueillerons le
Conseil économique de Rimouski, la Fédération des caisses
populaires Desjardins du Bas-Saint-Laurent et, enfin, les représentants
de la Chambre de commerce de Rimouski. Ces personnes sont nos invités.
Elles ont pris place aux endroits convenus et leur porte-parole est M. Roger
Desrosiers qui est président de la Fédération des caisses
populaires Desjardins du Bas-Saint-Laurent. M. Desrosiers va agir comme
coordonnateur de cette présentation. M. Desrosiers, bienvenue. Nous vous
remercions d'avoir accepté l'invitation de la commission parlementaire
sur l'éducation de venir nous rencontrer et de nous aider dans notre
recherche en ce qui a trait à l'orientation et au cadre de financement
du réseau universitaire québécois» La commission
parlementaire a prévu d'entendre les trois groupes, l'un après
l'autre, présenter son rapport. Le reste du temps sera consacré
à un échange de vues entre les membres de la commission,
vous-même et les gens qui vous accompagnent. On a prévu environ
une heure et demie. C'est donc dire que, normalement, vers 21 h 30, nous
devrions avoir terminé. Par contre, le facteur temps n'est pas ce qui
est le plus impartant pour nous» Si jamais vous croyez qu'il vous faut
plus de temps pour mieux expliquer votre problématique, pour donner plus
de force à votre argumentation, ne vous gênez pas, nous sommes
très souples là-dessus. Mais vous comprendrez aussi que nous
avons des contingences et que nous devons fonctionner à
l'intérieur d'un règlement et d'un certain calendrier de
travail.
M. Desrosiers, si vous voulez bien nous présenter les gens qui
vous accompagnent et enchaîner avec votre présentation. Ensuite,
vou3 devenez maître de jeu. Nous vous écoutons.
M. Desrosiers (Roger): Merci, M. le Président. Mesdames,
messieurs les membres de la commission, je voudrais vous dire, au nom des trois
groupes qui sont ici ce soir, que nous sommes très heureux d'avoir
l'occasion de nous adresser à cette commission sur le financement des
universités. L'occasion que vous nous donnez, nous la prenons et nous
avons des choses à dire à la commission - les trois groupes - et
nous allons le faire avec le plus de sincérité possible.
Je voudrais, comme vous l'avez demandé, vous présenter
avec plaisir les personnes qui sont ici. Â mon extrême droite, M.
Jean-Louis Dionne, directeur général de la Chambre de commerce de
Rimouski, M. Gilles Dagneault, président de
la Chambre de commerce de Rimouski; de l'autre côté, M.
Emilien Malenfant, président du Conseil économique de Rimouski et
M. Maurice Boucher qui en est son directeur général.
FCPD du Bas-Saint-Laurent
Je vais enchaîner tout de suite avec la présentation du
mémoire ou d'un résumé du mémoire de la
Fédération des caisses populaire Desjardins du Bas-Saint-Laurent
dont je suis le président. Juste un mot en partant pour vous dire en peu
de mots ce qu'est la Fédération des caisses populaires Desjardins
du Bas-Saint-Laurent. C'est un organisme qui regroupe 82 caisses populaires de
l'Est du Québec dans un territoire important qui se situe entre
Rivière-du-Loup et Matane sur la rive du fleuve Saint-Laurent et qui va
jusqu'au Nouveau-Brunswick du côté sud. Cette région
regroupe 114 000 membres de caisses populaires, 650 employés et des
actifs de plus de 650 000 000 $.
Contrairement à ce qu'on a entendu peut-être cet
après-midi de notre région, nous sommes, nous, la
Fédération des caisses populaires Desjardins du Bas-Saint-Laurent
et nos membres, des utilisateurs de l'Université du Québec
à Rimouski. C'est à ce titre qu'on voudrait s'adresser à
la commission.
D'abord, en plus d'être un organisme à caractère
coopératif et financier, la Fédération des caisses
populaires Desjardins du Bas-Saint-Laurent poursuit une mission sociale fort
importante sur notre territoire. À l'instar du mouvement Desjardins dans
son ensemble, la Fédération des caisses populaires Desjardins du
Bas-Saint-Laurent compte, en plus de faire des opérations de type
financier, travailler au développement économique de la
région. Â cet effet, nous avons accompli dans le passé
plusieurs actions qui sont connues. Entre autres, une des principales, et nous
en sommes fiers, c'est notre Fonds d'investissements et de développement
régional dans lequel la Fédération des caisses populaires
Desjardins du Bas-Saint-Laurent a investi, au cours des ans, plusieurs millions
de dollars de capital de risque pour développer des entreprises du
territoire et créer de l'emploi.
Pour nous, l'Université du Québec à Rimouski est un
instrument fondamental de développement. La région du
Bas-Saint-Laurent, qui est une région où le taux de
scolarité est encore très faible et le taux de chômage
élevé, doit posséder cet instrument qui est essentiel
à son développement et comme groupement économique
travaillant au développement du territoire nous avons senti de
façon très tangible ce grand besoin.
Alors, nous faisons les représentations suivantes devant la
commission. D'abord, nous croyons que l'Université du Québec
à
Rimouski doit être une université bien structurée.
Pour nous, cela veut dire qu'elle doit être en mesure d'assurer sa
mission fondamentale et être organisée et financée de
façon à dispenser les cours de base auxquels on doit s'attendre
d'une université. Nous appuyons donc résolument
l'Université du Québec à Rimouski qui désire que le
gouvernement reconnaisse son droit de disposer d'une infrastructure minimale et
d'un financement qui tienne compte de son éloignement relatif des grands
centres.
Dan3 un deuxième temps, comme Fédération des
caisses populaires Desjardins du Bas-Saint-Laurent, nous avons à
utiliser de façon fort importante les services de l'Université du
Québec à Rimouski non seulement en campus, mais, moi, je dirais
principalement sur le territoire. Vous savez que les changements technologiques
importants des dernières années qui nous ont affectés, la
modification de l'offre de service qu'on doit faire è nos membres et
clients et les besoins de ces membres qui sont très diversifiés
nous obligent à revoir complètement le programme de formation de
nos employés.
Nous avons constaté, en faisant cette révision, qu'il
existe une carence importante entre les exigences maintenant minimales de
formation de nos employés et le degré de formation que les
employés que nous avons possèdent. À cet effet, nous avons
entrepris un programme important de formation étalé sur une
période de cinq ans qui a été établi en
coopération avec l'Université du Québec. Actuellement,
nous avons plus de 300 employés qui suivent des cours dispensés
par l'Université du Québec à Rimouski en région et
sur le campus. Comme notre territoire est tellement immense et que nos
employés sont dispersés sur ce territoire, si l'Université
du Québec à Rimouski ne nous permettait pas d'avoir ces cours en
région, il serait impossible d'avoir un aussi grand nombre de notre
personnel qui peut accéder au programme de formation.
Le développement de notre région nous paraît
directement relié à l'essor des entreprises et cet essor est
lui-même relié au développement de nos ressources humaines.
Il est donc primordial que notre personnel puisse compléter sa formation
et mette ses connaissances à jour dans son intérêt et dans
l'intérêt de toute la population. Cet exemple, je le donne comme
président de la Fédération des caisses populaires
Desjardins du Bas-Saint-Laurent parce que nous vivons cette expérience
de revue de notre formation de personnel complètement, mais nous sommes
au courant par notre implication dans le milieu que cet exemple est reproduit
à plusieurs autres exemplaires dans d'autres entreprises de la
région qui font comme nous, c'est-à-dire revoient leur formation
et se servent des
programmes de l'université.
Nous voulons également mentionner devant la commission qu'il nous
apparaît fort important de pouvoir compter sur le support de
l'Université du Québec à Rimouski en termes de recherche.
Afin de soutenir le milieu dans la structuration de son développement,
l'université a créé plusieurs groupes de recherche et
d'intervention et cela dans différents secteurs.. Je ne voudrais pas
énumérer les différents groupes de recherche qui ont
été créés, parce que mes confrères et amis
vont en parler tout à l'heure plus amplement dans leurs mémoires,
mais ces groupes constituent pour l'entreprise - et nous en sommes
bénéficiaires - une source supplémentaire d'information et
d'appuis de taille dans la planification et dans la réalisation des
projets que nous voulons faire.
Nous avons profité largement et nous avons travaillé en
collaboration avec ie groupe CAMPE, l'un des groupes de travail -Centre d'aide
à la moyenne et la petite entreprise - qui est patronné par
l'Université du Québec à Rimouski. Pour des institutions
de notre genre, qui à la fois oeuvrent dans le domaine financier et font
du développement d'entreprises, ce groupe nous est d'un appui
important.
Comme région éloignée nous avons aussi à
mentionner devant la commission qu'il existe un facteur important que constitue
l'Université du Québec à Rimouski, c'est-à-dire la
rétention des diplômés. Des 6000 diplômés qu'a
produits l'Université du Québec à Rimouski jusqu'à
ce jour, la très grande majorité occupent dans la région
des postes de responsabilité et contribuent de ce fait au
développement de notre milieu. Alors que notre région vit depuis
des années des problèmes de recrutement et de rétention de
ses spécialistes, il est réconfortant de constater que la plupart
des étudiants formés en région demeurent en région.
Il faut vivre dans des territoires un peu plus éloignés des
grands centres pour se rendre compte combien cette possibilité de
rétention est importante. J'ai eu l'occasion de vivre les deux
systèmes, c'est-à-dire avant l'Université du Québec
à Rimouski et après, et je peux vous assurer que ce facteur de
rétention, qui nous permet de bénéficier de
diplômés qui viennent du milieu et qui demeurent dans le milieu,
est essentielle pour notre développement économique.
En conclusion, M. le Président, la Fédération des
caisses populaires du Bas-Saint-Laurent appuie fortement l'Université du
Québec dans ses recommandations, à savoir: que
l'université soit dotée des infrastructures minimales pour
réaliser sa mission; que le financement qu'elle obtient du gouvernement
lui permette d'avoir les ressources humaines minimales pour réaliser
également cette mission et que son action continue de s'exercer dans la
région de façon à nous permettre, nous, les entreprises,
qui travaillons à développer ce territoire, une rétention
de nos diplômés.
C'était l'intervention que nous voulions faire au nom de la
Fédération des caisses populaires Desjardins du Bas-Saint-Laurent
devant cette commission, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous remercie
beaucoup, M. Desrosiers. Maintenant, nous allons entendre le porte-parole du
Conseil économique de Rimouski, M. Émilien Malenfant. M.
Malenfant.
Conseil économique de Rimouski
M. Malenfant (Émilien): M. le Président, M. le
ministre, Mmes et MM. de la commission, j'aimerais au préalable
mentionner devant la commission ce qui peut justifier un organisme comme le
Conseil économique de Rimouski de présenter un mémoire,
d'abord, à la commission sur le financement des universités et
d'appuyer également notre université régionale à
Rimouski dans ses revendications sur son financement,,
Le Conseil économique de Rimouski est une corporation sans but
lucratif qui existe depuis maintenant huit ans et qui travaille
intensément à promouvoir le développement
économique de la région. Essentiellement, le mandat du Conseil
économique de Rimouski est de faire de l'animation et de la promotion
économique, et d'implanter de nouvelles entreprises dans le milieu, tout
en sauvegardant le bon fonctionnement et le développement de3
entreprises existantes. Voilà ce qui justifie notre présence
devant cette commission, parce que nous croyons que, dans notre mission de
développement économique de la région, l'Université
du Québec à Rimouski constitue un partenaire de choix et c'est
pour nous réellement un levier économique pour notre
région. Alors, c'est la raison pour laquelle nous voulons nous associer
à cette démarche.
Avant de présenter d'une façon détaillée les
recommandations en sept points qui figurent à la fin de notre
mémoire, j'aimerais insister sur l'apport économique que
représente l'Université du Québec dans notre région
selon deux volets particuliers et, enfin, terminer par quelques
réflexions sur le mode de financement des universités
régionales et en particulier de l'Université du Québec
à Rimouski.
Si nous voulons parler du mode de collaboration qui peut exister entre
l'université et l'entreprise, nous pouvons soutenir que, pour maintes
entreprises de la région, la collaboration de l'université est
très significative. Notre appareil productif étant surtout
composé de petites et moyennes entreprises, elles requièrent
davantage les services d'une institution de la sorte. Les petites et
moyennes entreprises ne peuvent généralement
bénéficier à l'intérieur de leurs cadres de
ressources importantes, ce qui les oblige à se tourner vers
l'extérieur. Compte tenu que ces PME doivent composer avec la faiblesse
du marché régional et l'éloignement des marchés
plus importants, il importe pour elles de maximiser les avantages que leur
offre le milieu.
Ainsi, la collaboration de l'université se révèle
indispensable. Les rapports que l'université et le milieu doivent
nécessairement entretenir ne peuvent qu'être profitables à
chacun. D'une part, cette interrelation permet à l'institution d'axer
dans la mesure du possible ses recherches et son enseignement sur de
véritables besoins, ce qui veut dire les besoins qui sont particuliers
à la région. Alors, l'institution est en mesure de
développer des programmes pour répondre à ces besoins en
particulier.
L'université, en premier lieu, permet à plusieurs
entreprises régionales de profiter d'une expertise pouvant contribuer
à leur expansion. Â l'Université du Québec à
Rimouski, par exemple, les différents groupes de recherche et
d'intervention, en orientant leurs travaux sur la problématique du
milieu, développent un savoir-faire issu du milieu et adapté
à la région. C'est le cas notamment en ce qui a trait aux
recherches impliquant des ressources maritimes. Sur ce plan, on pense aux
différents travaux du GERMA et d'autres organismes qui oeuvrent dans le
domaine des sciences maritimes.
Mon collègue de la Chambre de commerce va développer cet
aspect plus particulièrement.
Comme M. Desrosiers de la Fédération des caisses
populaires l'a mentionné, l'apport du CAMPE - Centre d'aide à la
moyenne et à la petite entreprise - est une forme d'intervention
auprès de l'entreprise qui se révèle un outil
indispensable pour la région. Comme on l'a mentionné, les
entreprises de notre région sont relativement petites et elles ne
pourraient normalement requérir des services de consultation, de
formation et de documentation auprès d'autres services de consultation.
Alors, l'université, par ce service, est en mesure de rendre des
services aux entreprises d'une façon gratuite ou à des
coûts très minimes.
Sous un autre volet, il y a également la création du
Centre québécois pour l'informatisation de la production,
à Rimouski, qui constitue un très bon exemple de collaboration
entre l'université et les entreprises régionales. On a
assisté, tout récemment, à une association entre
l'Université du Québec à Rimouski, le Cégep de
Rimouski et le Conseil économique, afin de pourvoir les entreprises de
la région d'un service d'expertise en fabrication et en conception,
assisté par ordinateur, que l'on appelle communément le
système CAQ/FAO. Notons que le Centre québécois pour
l'informatisation de la production se spécialisera en mécanique
et plus spécifiquement dans le domaine de l'océanologie. La
vocation de Rimouski est évidemment à la base de cette
orientation.
Un autre volet important de la présence de l'université et
des ressources humaines qu'on y trouve, c'est la présence de professeurs
et d'étudiants, surtout dans le domaine des sciences de
l'administration, comme stagiaires ou comme consultants auprès des
entreprises. Souvent, dans des programmes, des professeurs ou des
étudiants doivent faire certains stages ou certaines études
à l'intérieur de certaines entreprises. Il y a alors toute une
collaboration qui s'installe entre l'entreprise et l'université.
Un autre volet important de la présence des ressources humaines
à l'intérieur de l'université, c'est la participation des
professeurs à divers comités à caractère
socio-économique, autant au niveau du conseil économique que de
la chambre de commerce ou d'autres organismes à caractère
économique. Il y a un apport considérable de ces professeurs, par
leur expertise dans le domaine de la gestion ou dans le domaine d'autres
ressources . spécialisées.
Ainsi, pour l'entreprise privée, ta collaboration avec une
université représente un atout considérable. Les deux ne
peuvent se permettre de rester fermées sur elles-mêmes. Une
étroite collaboration entre l'entreprise et l'université, chacune
dans son domaine, contribuera inévitablement à améliorer
la situation économique de la région.
Un autre volet qu'on ne peut passer sous silence quant à l'apport
dans le milieu de l'Université du Québec à Rimouski, c'est
l'activité économique qu'elle peut générer par son
existence dans le milieu. Des retombées économiques importantes
proviennent du fait qu'il y a environ 350 personnes qui travaillent à
l'université. H y a aussi une population étudiante qui ajoute au
milieu économique par son apport financier, un budget d'environ 20 000
000 $ qui est généré dans l'économie locale et des
budgets supplémentaires pour la recherche. Enfin, toutes ces
retombées économiques sont réellement importantes pour
notre milieu qu'on pourrait qualifier de milieu éloigné et
économiquement défavorisé, si on peut le mentionner.
Il y a aussi un atout qu'on essaie de développer au conseil
économique lorsque nous essayons d'importer che2 nous de nouvelles
entreprises, c'est la qualité de vie. On soutient qu'il existe à
Rimouski et dans la région immédiate une qualité de vie
très intéressante. Il y a une activité culturelle,
éducationnelle, sociale et économique
intéressante et on se sert fortement de cet atout pour inciter
des entrepreneurs ou des entreprises à venir s'implanter chez nous. Et
la présence de l'Université du Québec à Rimouski
n'est pas étrangère au fait d'apporter et de développer
cette qualité de vie que nous voulons maintenir et même
augmenter.
J'aimerais maintenant parler d'un aspect plus particulier du financement
des universités régionales. Cela touche évidemment
l'Université du Québec à Rimouski. Pour le Conseil
économique de Rimouski, il importe que les universités
régionales du Québec soient financées de manière
appropriée. L'université, qu'elle soit située dans un
grand centre ou dans une région éloignée, doit être
en mesure d'offrir un enseignement de qualité de même qu'un
contexte propice a la recherche scientifique.
Nous ne croyons pas, à l'instar des administrateurs de
l'Université du Québec à Rimouski, qu'un mode de
financement homogène des universités basé sur le nombre
d'étudiants à temps complet puisse satisfaire les institutions
localisées en région., Leur revenu, qui est directement
proportionnel à leur taille, donc relativement faible, ne reflète
pas les exigences du milieu dans lequel elles doivent oeuvrer.
Le faible taux d'étudiants à temps complet des
universités régionales, conséquence de la faiblesse
démographique de leur milieu, ne leur permet pas, contrairement aux
universités des grands centres, de réaliser des économies
d'échelle. En outre, l'obligation de maintenir des sous-centres
universitaires sur l'étendue de leur territoire se révèle
très dispendieuse, et ce surtout aux endroits où le nombre
d'étudiants ne rencontre par les critères minimums. Lorsque nous
mentionnions précédemment que les entreprises situées en
région devaient conjuguer avec les inconvénients d'un
marché régional faible, il en va de même, du moins d'une
certaine manière, pour les universités.
D'autre part, selon nous, il importe grandement que les
universités régionales aient un financement qui leur permette de
maintenir et de développer des programmes de deuxième et
troisième cycles. C'est surtout à ce niveau que l'institution
peut axer l'enseignement et la recherche sur des besoins du milieu. À
Rimouski, par exemple, les programmes de maîtrise et de doctorat en
océanographie, en développement régional, en
éducation et, pour l'automne 1986, en gestion des ressources maritimes,
permettent et permettront d'améliorer les compétences de notre
ressource humaine, et ce là où les besoins sont les plus
marqués.
Les milieux régionaux ont besoin d'institutions universitaires en
santé financière. Elles leur permettent d'avoir une meilleure
emprise sur les leviers importants de leur économie. Les régions,
pour assurer leur développement, peuvent de moins en moins compter sur
l'extérieur. II importe donc pour elles de se donner les outils pour
stimuler et canaliser le dynamisme du milieu. (20 h 30)
Maintenant, vous me permettrez de résumer en sept articles les
recommandations que le conseil économique présente à la
commission» Selon l'article 1, considérant la faiblesse
démographique et la grande étendue du territoire desservi par les
universités régionales, nous recommandons que la commission de
l'éducation se penche sur la possibilité de leur donner un statut
particulier. La reconnaissance de ce statut impliquerait la mise en place d'un
mode de financement qui leur soit particulier et qui tienne compte des aspects
démographiques et géographiques de leur territoire. Nous
suggérons sur ce plan que le gouvernement alloue un montant forfaitaire,
ou tout autre mode envisagé, à chaque université
régionale. 2. Nous recommandons que la commission de l'éducation
reconnaisse l'importance pour les universités régionales d'offrir
des programmes de deuxième et de troisième cycles. 3. Nous
recommandons que la commission de l'éducation reconnaisse
l'exclusivité de la recherche et de l'enseignement en
océanographie à l'Université du Québec à
Rimouski. 4. Nous recommandons que la commission de l'éducation examine
la possibilité d'instaurer des mécanismes favorisant une
participation plus substantielle des entreprises, surtout les plus grandes, au
financement des universités. 5. Nous recommandons que la commission de
l'éducation examine la possibilité d'augmenter la participation
financière des usagers de l'ensemble des institutions du réseau
universitaire québécois. 6. Nous recommandons que la commission
de l'éducation examine la possibilité d'instaurer des
mécanismes permettant la création de différentes
fondations à l'intérieur des universités du réseau
québécois. 7. Nous recommandons que la commission de
l'éducation se penche sur la possibilité d'exiger que chaque
constituante du réseau universitaire québécois
équilibre son budget à partir de l'année financière
1987-1988 et pour les années subséquentes. L'établissement
d'un plan conjoint visant à résorber les déficits annuels
devrait être mis en place.
M. le Président, vous aurez compris que nos recommandations
touchaient à la fois l'Université du Québec à
Rimouski, l'ensemble des universités régionales et, enfin,
l'ensemble des universités du réseau québécois.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci
beaucoup, M. Malenfant. Nous entendrons maintenant le porte-parole de la
Chambre de commerce de Rimouski, M. Gilles Dagneault. M. Dagneault,
rebonjour!
Chambre de commerce de Rimouski
M. Dagneault (Gilles): Merci, M. le Président. M. le
ministre, madame et messieurs les députés. La Chambre de commerce
de Rimouski, fière de ses 78 ans au service du milieu et fidèle
à sa mission qui est de promouvoir l'entreprise privée comme
pivot de développement économique, d'exercer son rôle de
groupe de pression auprès des gouvernements, de favoriser
l'élaboration de nouvelles orientations de développement
économique pour la région de Rimouski et de maintenir un
rôle prépondérant dans le développement touristique
de la région rimouskoise, forte d'un membership de près de 450
membres, demeure très active dans le développement
socio-économique de notre région. Elle est donc très
sensibilisée au rôle que joue l'Université du Québec
à Rimouski dans la formation et le développement des ressources
du milieu. Consciente du rôle qu'a à jouer Rimouski comme capitale
régionale du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie, la chambre de
commerce désire donc sensibiliser les autorités gouvernementales
et, plus particulièrement, les membres de cette commission au rôle
prépondérant qu'exerce l'Université du Québec
à Rimouski dans le développement du milieu et cela, pour tout
l'Est du Québec.
Dans notre bref exposé, nous vous présenterons le
rôle primordial que remplît l'Université du Québec
à Rimouski dans la perspective du développement de la
région et ce, afin d'assurer l'essor économique de tout l'Est du
Québec. Nous tracerons brièvement dans un premier temps le
portrait socio-économique de notre région pour traiter par la
suite des obligations institutionnelles de l'Université du
Québec. Nous ferons également état de la collaboration qui
existe entre l'Université du Québec et son milieu, en ce qui a
trait aux groupes de recherche et d'intervention et à son financement
adéquat en vue d'offrir des programmes de premier cycle dans les
disciplines jugées prioritaires dans la perspective du
développement de la région.
En dépit du fait que la région ait connu le meilleur taux
de croissance de l'emploi au Québec depuis 1983, elle demeure toutefois
la région ayant le taux de chômage le plus élevé
avec 16,7%. De plus, l'Est du Québec demeure moins scolarisé que
l'ensemble du Québec. Ainsi, 3,8 % de la population de la région
détient un diplôme universitaire avec grade, comparativement
à 7,1 % pour l'ensemble du Québec. Dans cette perspective, le
développement de l'Université du Québec à Rimouski
revêt une importance primordiale relativement au développement de
la région.
Desservant la région s'étendant de Lévis jusqu'aux
Ile3-de-la-Madeleine en passant par la Beauce et la Côte-Nord,
l'Université du Québec à Rimouski se définit comme
un établissement à vocation générale. Elle est, en
outre, la seule institution en mesure d'assurer la formation universitaire des
personnes en situation de travail dans tout l'Est du Québec.
Ainsi, permet-elle à la région de pourvoir elle-même
au développement de ses ressources humaines, assurant de ce fait la
formation et l'enracinement de l'encadrement humain dont une région a
besoin pour se développer et ce, dans une perspective de collaboration
avec les organismes et les entreprises du milieu. De fait, la grande
majorité de ses diplômés occupent dans la région des
postes de responsabilité et contribuent au développement du
milieu.
Elle contribue également à ce développement en
orientant le contenu de ses programmes de formation et de perfectionnement en
fonction des problématiques régionales et en se donnant un
pôle d'excellence dans le domaine des sciences de la mer. Par ce
pôle, l'Université du Québec à Rimouski participe
à la vie universitaire internationale et contribue à donner
à la région un pôle de développement dans le domaine
des ressources maritimes et de l'océanographie. De ce fait, l'expertise
de l'Université du Québec à Rimouski dans ce domaine jouit
d'une reconnaissance qui fut d'ailleurs soulignée par l'octroi d'une
récente subvention de 1 500 000 $ que le gouvernement du Québec a
donnée au département d'océanographie. Elle fut aussi
l'hôte, l'été dernier, de deux congrès d'envergure
internationale, soit Périls et catastrophes et Pêches
artisanales.
De même, l'Université du Québec à Rimouski
contribue au développement de la région en se donnant un
deuxième pôle d'excellence dans le domaine du développement
régional par la formation et la recherche dans le domaine des sciences
sociales et en orientant plusieurs programmes dans la perspective du
développement régional tels ceux d'économie, de
sociologie, de géographie et d'éducation.
À la suite du sommet économique de Rimouski en 1982,
l'Université du Québec à Rimouski s'est engagée
activement dans le développement du milieu. 5a contribution a eu une
importance dans des domaines tels que l'aide aux moyennes et petites
entreprises, le secteur des pêches, I'agro-alimentaire et le
développement touristique.
De plus, l'on ne peut ignorer le rôle important qu'a joué
l'Université du Québec dans la consolidation de notre vocation
maritime. Elle est en quelque sorte la pierre
angulaire de ce développement. Son implantation à Rimouski
aura permis la venue de l'INRS-Océanologie, de l'Institut
Maurice-Lamontagne, le développement d'études supérieures
en océanographie et la création de différents organismes
de recherche.
De ce fait, le Centre d'aide à la moyenne et petite entreprise,
appelé CAMPE, aide plus de 250 entreprises en offrant des services de
consultation, d'information et de documentation qui sont essentiels pour nos
PME. Le Centre d'intervention et de recherche pour l'amélioration des
situations de travail, appelé CIRAST, s'intéresse à
l'organisation du travail, aux impacts des technologies nouvelles et à
la santé et la sécurité des travailleurs.
Par ailleurs, le Groupe d'étude des ressources maritimes, GERMA,
a pour mission de promouvoir la mise en valeur de ces ressources. Le Groupe de
recherche interdisciplinaire en développement de l'Est du Québec,
GRIDEQ, étudie les problèmes économiques, politiques,
sociaux et culturels du développement des régions
périphériques. Le Groupe de recherche et d'intervention sur les
systèmes d'activité humaine GRISAH, étudie les
phénomènes de prise en charge dans les domaines de
l'éducation et de la santé.
En somme, tous ces groupes constituent des lieux de formation et
d'expertise qui, par le biais des diplômés et par des actions plus
directes, collaborent avec des partenaires régionaux pour appuyer des
initiatives de développement. Dans cette perspective, il est primordial
que l'Université du Québec à Rimouski maintienne son
implication dans le développement de la région en suscitant et en
appuyant la création et le développement de nos entreprises et
ce, plus particulièrement dans les secteurs reliés à notre
vocation maritime.
La situation budgétaire extrêmement difficile de
l'Université du Québec à Rimouski impose des contraintes
qui sont préjudiciables à son fonctionnement et rend de plus en
plus difficile la prestation de services à l'intérieur des cadres
actuels de financement. L'Université du Québec se doit
néanmoins de maintenir un éventail minimal de programmes
d'enseignement et doit, de ce fait, pouvoir compter sur un financement qui
tienne compte de la taille de l'université, de son taux de
fréquentation et de la dispersion de sa clientèle. De plus, en ce
qui a trait aux programmes d'études de 2e et de 3e cycles, en regard du
développement de la région, on doit prioriser les sciences de la
mer puisque ces dernières et toutes les activités qu'elles
génèrent constituent la spécificité de l'Est du
Québec.
Il devient donc primordial que le gouvernement prenne toutes les mesures
nécessaires pour aider l'Université du Québec à
Rimouski à consolider ses programmes de recherche et ses
activités de formation en sciences de la mer. Ces programmes, de concert
avec les groupes de recherche et d'intervention, favoriseront davantage
l'avancement de la recherche et du développement dans le secteur
maritime et la création d'un secteur industriel de haute technologie qui
serait hautement bénéfique à l'économie
régionale puisque créateur de nombreux emplois. Également,
grâce à son deuxième axe de développement
régional, en plus de ses programmes de formation, l'Université du
Québec à Rimouski s'est donné un certain nombre de groupes
de recherche oeuvrant dans les secteurs socio-économiques et dont les
travaux pourraient déboucher sur la conception d'outils de
développement efficaces.
La Chambre de commerce de Rimouski désire donc adresser les
recommandations suivantes à la commission de l'éducation
relativement au financement de l'Université du Québec à
Rimouski: 1. Réviser le mode de financement de l'Université du
Québec à Rimouski en tenant compte de la taille de
l'université, de l'étendue du territoire qu'elle dessert et de
son rôle dans le milieu; 2. Accorder un financement adéquat lui
permettant d'offrir des programmes d'études de 2e et de 3e cycles dans
les disciplines jugées prioritaires en fonction des
problématiques régionales et de son secteur d'excellence en
océanographie; 3. Résoudre le problème créé
par les déficits accumulés et voir à ce que chaque
constituante du réseau universitaire québécois
équilibre son budget à partir des années
financières 1987-1988 et ce, pour les années à venir.
Ceci est un résumé de notre mémoire à la
commission parlementaire de l'éducation et nous sommes à votre
disposition pour répondre à vos questions.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. Dagneault, je
vous remercie beaucoup, ainsi que M. Desrosiers et M. Malenfant. Il nous reste
environ 45 ou 50 minutes. Le temps sera réparti également entre
les deux formations politiques. Si on disait qu'on devra terminer à
environ 21 h 45, je pense que cela donnerait à peu près de 25
à 30 minutes à chacun de façon à pouvoir discuter
de façon intéressante et enrichissante avec vous et vos
collègues. Je reconnais maintenant le ministre de l'Enseignement
supérieur et de la Science.
M. Ryan: Vos décisions relatives à l'emploi du
temps sont toujours aussi judicieuses.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je suis content de
vous l'entendre dire.
M. Ryan: Vous n'avez entendu aucune espèce de protestation
ni d'invocation du règlement de la part du gouvernement depuis le
début des travaux de la commission.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Continuez.
M. Ryan: Ce n'est pas dû à notre discipline autant
qu'à votre savoir-faire. Nous vous en félicitons. Il me fait
grandement plaisir... J'ai quelque chose à lui demander
tantôt.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Il me semblait
aussi. (20 h 45)
M. Ryan: ...MM. Desrosiers, Malenfant et Dagneault, de vous dire
que nous vous avons écoutés avec beaucoup d'intérêt.
Vous représentez chacun des secteurs qui s'entrecoupent, qui sont
appelés à se croiser souvent dans l'activité
économique quotidienne, mais qui, en même temps, ont chacun leur
caractère distinctif très important pour votre région et
pour beaucoup d'autres du Québec. M. Desrosiers, que j'ai le plaisir de
connaître depuis longtemps, est maintenant président de la
Fédération des caisses populaires Desjardins de sa région.
Je l'en félicite. Les caisses populaires, dans tout le Québec,
sont devenues notre principale force économique.» Alors que tant
d'autres entreprises allaient se briser contre le vent de la tempête au
cours des dernières années, les caisses populaires continuaient
de progresser à un rythme magnifique. Leur force ne cesse de
croître d'année en année pour le grand bien de la
communauté.
J'ai été particulièrement intéressé,
dans la présentation que M. Desrosiers nous a faite, de constater
l'intérêt que le Mouvement des caisses populaires Desjardins porte
à l'éducation dans sa région. Ayant moi-même
milité longtemps dans le mouvement, j'ai toujours soutenu que la force
des caisses populaires résidait dans la force de leur travail
d'éducation et dans l'importance qu'elles accorderaient aux
progrès de la communauté, dans son sens le plus large. Je pense
que les choses que vous nous avez dites au sujet de l'intérêt de
votre mouvement pour, d'abord, le développement de ses propres
responsables, ses propres employés, et pour le développement de
l'Université du Québec à Rimouski dans son sens le plus
large, est à l'honneur du Mouvement des caisses populaires. Il me
plaît de le souligner avec beaucoup de satisfaction.
M. Malenfant nous a parlé au nom du Conseil économique de
Rimouski. Nous avons tous, chacun dans notre région, un organisme du
genre qui joue le rôle précieux de catalyseur, de coordonnateur,
de stimulateur d'activités diverses. Je pense que les propositions que
vous nous avez faîtes rejoignaient celles des deux autres organismes qui
nous ont parlé ce soir. Elles étaient peut-être
formulées d'une manière plus découpée. Je vais vous
en dire un petit mot ensuite, mais je pense qu'il y a des points qui vont
retenir notre attention.
Finalement, la Chambre de commerce de Rimouski. Je pense que nous
faisons tous partie - au moins les députés - au moins d'une ou
deux ou trois chambres de commerce, parce, dans toutes les municipalités
importantes que nous comptons dans nos comtés, il faut être membre
de la chambre commerce. J'ai deux ou trois carres dans mes poches. Ne me prenez
pas pour un imposteur, je suis un citoyen dévoué, toujours
heureux d'être entièrement avec mes collègues et chaque
chambre de commerce, quand ils ont leurs réunions et que je peux y
assister. Les chambres de commerce sont un ferment très utile à
nos communautés urbaines, autant dans les communautés
métropolitaines que dans les communautés de taille
régionale. Je pense que c'est très bien qu'on ait pu vous
entendre à l'occasion de cette journée que nous consacrons
à l'Université du Québec à Rimouski.
Je voudrais dire aux trois organismes que j'ai été
particulièrement intéressé par la mention que vous avez
faite des liens qui se sont établis entre vos secteurs respectifs et
l'Université du Québec à Rimouski. Chacun a
mentionné des exemples intéressants, mais j'ai
particulièrement retenu de toute cette énumération le
travail de collaboration avec des organismes comme le CAMPE - Centre d'aide
à la moyenne et à la petite entreprise - le GERMA - Groupe
d'étude des ressources marines - si je comprends bien, CIRAST, là
vous m'apprenez qu'il va y avoir une filiale de CQIP là-bas... Cela va
être installé au cégep avec la collaboration de
l'université. C'est très bien, c'est un autre de nos programmes,
entre parenthèses, que nous sommes heureux de voir rayonner jusque chez
vous. Je pense que le programme CQIP est un programme magnifique pour la
diffusion de la technologie en région dans les entreprises. Il y a des
possibilités magnifiques de ce côté-là. Le champ
qu'on a choisi pour le centre de recherche de chez vous, de mécanique
appliquée à l'océanographie, ne pourrait pas être
plus indiqué pour le caractère géographique de votre
région. Pour nous, cela ajoute à la compréhension que nous
avons de votre université en région. Cela nous apporte des
éléments très précieux et je vous remercie de nous
les avoir communiqués.
J'aurais peut-être quelques questions rapides à vous
adresser. C'est là que je vais taquiner un peu notre président,
parce qu'il a peut-être hâte de se débarrasser de moi et de
mes questions interminables, parfois. Je vais essayer d'être bref, M. le
Président,
surtout... Ce n'est pas le président que je veux taquiner, c'est
notre distingué collègue de Rimouski qui a hâte de vous
parler et à qui je veux laisser du temps, parce qu'il fait très
bien cela d'ailleurs.
Je voudrais vous demander, M. Desrosiers, vous faites mention dans votre
mémoire d'une politique d'incitation è la scolarisation que le
Mouvement des caisses populaires a mise au point à l'intention de ses
employés dans votre région. Pourriez-vous nous dire un peu en
quoi consiste cette politique et comment elle se rattache à
l'Université du Québec à Rimouski et aux services qu'elle
met à votre disposition?
M. Desrosiers: M. le Président, M. le ministre, lorsque
j'ai mentionné tout à l'heure que dans le développement de
nos activités dans l'Est du Québec nous avions constaté
qu'il existait une carence assez importante entre le degré de formation
de notre personnel et les besoins des tâches pour l'avenir, j'ai
mentionné aussi que nous avions mis sur pied un programme de formation
intensive pour notre personnel qui visait, sur une période de cinq ans,
à rattraper, si possible, cette carence de formation. Pour ce faire,
avec la collaboration des autorités de l'Université du
Québec à Rimouski, nous avons mis sur pied un programme de
formation qui regroupe un certain nombre de cours de formation de base qui sont
directement reliés aux activités que les caisses populaires
tiennent dans leurs milieux, aussi bien financiers, comptables,
économiques que sociaux et certains aspects du développement de
la communauté. Nous appelons ce programme, dans le jargon, chez nous, un
genre de certificat Desjardins qui est composé avec les gens de
l'université et qui regroupe un certain nombre de cours qui vont
être pris par nos employés sur une période de cinq ans.
Évidemment, l'incitatif qu'on donne, c'est qu'on impose dans le
plan de carrière de notre personnel la condition de suivre ces cours de
façon à améliorer leur participation à notre
mouvement et également nous les incitons en favorisant la participation
aux cours par des dépenses, etc., et des choses qui sont de nature
matérielle. Il est important de mentionner, M. le ministre, que nou3
avons un besoin essentiel de l'Université du Québec à
Rimouski. La mise sur pied de ce programme est possible - et réalisable
dans l'action - seulement si on est en mesure de recevoir des cours en
régions. Évidemment, nous sommes sur un territoire qui est
au-delà de 150 milles sur le littoral et à environ 100 milles
à l'intérieur des terres et nous avons 82 points de services
où notre personnel est dispersé. La politique de
l'Université du Québec de donner des cours hors campus nous
permet de faire participer le plus grand nombre de personnes à ce cours
de formation. C'est une première chose.
Une deuxième chose, c'est que la participation de
l'Université du Québec nous permet - c'est une collaboration
qu'on doit mentionner et dont on doit témoigner, ce soir, son excellence
- de regrouper d'une façon adéquate les différents cours
qui nous sont nécessaires,, Je pense que c'est un exemple, M. le
ministre, d'une collaboration essentielle entre des éléments
économiques qui désirent développer le milieu et
l'université. C'est peut-être caractéristique de la
perception que le milieu des affaires a de l'Université du Québec
à Rimouski. C'est une université qui est ouverte sur le milieu et
qui, à même des ressources limitées, réussit
à faire quand même cette ouverture qui permet à des
entreprises... Là, c'est l'exemple de la Fédération des
caisses populaires du Bas-Saint-Laurent, mais s'il y avait d'autres entreprises
du territoire ici, elles pourraient vous donner le même
témoignage. Cela est fort important dans l'effort de notre région
de se prendre en main et de se doter d'un niveau de scolarité plus
élevé et de prendre en main sa destinée» Je pense
que l'université, à ce moment, nous aide énormément
de ce côté.
M. Ryan: Merci beaucoup. J'aurais peut-être une question
à l'intention de M. Malenfant. Voua formulez une série de
recommandations à la fin de votre mémoire et il y en a deux qui
retiennent particulièrement mon attention. Vous recommandez que l'on
examine la possibilité de promouvoir une participation plus
substantielle des entreprises au financement des universités et vous
recommandez également que l'on envisage la possibilité
d'augmenter la participation financière des usagers au financement des
universités. J'aimerais que vous nous donniez des précisions sur
ces deux recommandations de votre mémoire et surtout sur la
manière de réaliser ces deux objectifs. Qu'est-ce que vous
proposeriez au gouvernement et surtout à ces pauvres
députés du côté gouvernemental qui devront soumettre
des recommandations au gouvernement d'ici à une couple de semaines?
M. Joli vet: Au Conseil du trésor.
Mme Blackburn: Qui vont aller contre les engagements du...
M. Malenfant: Oui, avec plaisir.
M. Ryan: Nous voulons une discussion sérieuse, nous ne
voulons pas agiter des épouvantails. L'Opposition se plaît dans
cela, mais nous, nous sommes sérieux.
M. Malenfant: M. le ministre, concernant les deux recommandations
que
nous formulons sur la participation des entreprises de même que
sur l'augmentation de la participation des usagers, évidemment, ce n'est
pas notre intention de formuler tout un mécanisme pour en arriver
à des formules très concrètes. Nous avons voulu quand
même ouvrir le débat autour de ces deux aspects, parce que cela
nous apparaît comme une forme de participation, une forme de financement
qui vient de l'extérieur du milieu gouvernemental.
Les mesures qui pourraient être installées pour favoriser
une plus grande participation des entreprises pourraient être, par
exemple, des mesures fiscales. Il y a déjà actuellement des
mesures fiscales qui permettent aux entreprises de faire des dons directement
aux universités ou de contribuer à des fondations. Je crois qu'il
y aurait probablement lieu d'envisager des mesures fiscales qui pourraient
être élargies, qui pourraient être encore davantage
incitatives auprès des entreprises, pour apporter du financement direct
ou indirect aux universités. Je ne voudrais pas aller jusqu'à
dire que ces mesures deviendraient des abris fiscaux pour les entreprises, mais
si cela en était et si c'étaient vraiment des mesures
incitatives, le but visé serait alors atteint.
Il y aurait probablement aussi - cela existe - la possibilité
d'étendre encore davantage les bourses d'excellence qui pourraient
être développées par diverses entreprises. Ce sont ces
mesures que nous avons retenues.
En ce qui concerne la façon d'accroître la participation
des usagers, évidemment, le débat est considérable autour
de cette question. Sans faire l'historique des taux qui sont actuellement
demandés pour les frais de scolarité, vous me permettrez
peut-être d'abuser un peu de ma profession de comptable
agréé pour apporter des chiffres. Je me suis amusé
à examiner l'indice des prix à la consommation qui existait en
1965, je crois, lorsque les taux de scolarité actuels ont
été implantés. Par rapport à l'indice des prix
à la consommation pour 1986, cela représente 2100 $ en dollars
constants, s'il y avait eu un accroissement des frais de scolarité au
même rythme que l'inflation. Évidemment, c'est
disproportionné de parler de semblables chiffres. Mais nous croyons
qu'il y a quand même possibilité de demander aux usagers, autant
aux étudiants à temps complet qu'aux adultes. Si l'on regarde
à l'Université du Québec à Rimouski, surtout sur le
territoire, il y a une forte proportion d'étudiants qui sont des adultes
- qui pourraient peut-être apporter une contribution plus grande à
leur propre éducation, d'autant plus que, probablement pour l'ensemble
des adultes qui suivent des cours, souvent ce sont des incitatifs qui sont mis
de l'avant par leur propre entreprise et les frais sont probablement
payés par l'entreprise.
Enfin, nous ne voulons pas avoir la prétention de fixer des
degrés de participation. Je pourrais terminer en mentionnant que la part
qu'un étudiant pourrait davantage faire à sa propre formation
constitue un investissement pour lui qu'il pourra réellement amortir sur
une carrière de 30 ans ou de 40 ans. Le pourcentage que les frais de
scolarité représentent par rapport à l'ensemble des
coûts qu'un étudiant doit encourir pour accéder à
des études universitaires est d'environ 10 %, selon les informations que
l'on peut avoir. Alors, sûrement que Jes 90 % ont augmenté selon
le rythme de l'inflation. On ne croit pas que cela ait pu restreindre ta
propension des étudiants à accéder à des
études universitaires, parce que nous voyons d'année en
année, dans les diverses universités du Québec, que les
statistiques sur l'inscription des étudiants vont en augmentant.
(21 heures)
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M.
Malenfant. M. le ministre.
M. Ryan: Une dernière question, peut-être pour M.
Dagneault. M. Dagneault, vous parlez dans votre mémoire de l'importance
de développer des études de 2e et de 3e cycle à
l'Université du Québec à Rimouski. J'en conviens avec
vous, mais je dois, cependant, ajouter une note de prudence parce que, comme
vous le savez, le développement d'études de 2e et de 3e cycle
entraîne des exigences de base au point de vue du nombre de professeurs,
des ressources spécialisées dans la discipline qui sera
visée. Il faut s'assurer qu'on aura le minimum de ressources
nécessaires pour avoir un service convenable, pour avoir un programme
qui se tienne, qui réponde aux meilleures normes.
Évidemment, avec le genre de clientèle qu'on a dans une
université relativement petite comme l'Université du
Québec à Rimouski, on ne peut pas envisager de
développement dans toutes les directions. Il faut y aller de
manière extrêmement sélective et prudente. Je voudrais vous
demander quelque chose. Actuellement, d'après le relevé que je
faisais, vous avez un certain nombre de programmes de 2e cycle dans les
sciences humaines; vous avez un programme en matière de sciences pures
et appliquées, en océanographie. Je pense que c'est à peu
près tout pour l'instant. Est-ce qu'il y a des domaines en particulier
où il vous semble qu'il y aurait des développements qui
s'imposeraient dans l'avenir prévisible?
Tout ce que nous avons sur nos listes -j'ai regardé dans nos
dossiers - c'est une maîtrise en développement régional qui
va commencer cette année. On avait demandé la possibilité
d'instituer des études de
doctorat en éducation, en conjonction avec les autres
constituantes de l'Université du Québec. Cela est à
l'étude actuellement, c'est un point sur lequel nous devons faire un
examen très attentif. Je n'ai pas connaissance d'autres projets.
J'aimerais vous demander si, dans votre expérience à vous, il y a
des secteurs où il y aurait lieu d'ajouter des études de 2e cycle
dans un avenir prochain, par exemple.
M. Dagneault: M, le ministre, nous avons actuellement un certain
nombre de programmes de 2e cycle qui sont dans les domaines bien
spécifiques à la région, c'est-à-dire le
développement régional et l'océanographie. Ce sont les
deux axes que la région privilégie en termes de
développe-I ment. Dans ces deux axes, nous avons actuellement en
océanographie des études de 2e et de 3e cycle et nous avons des
études de 2e cycle en développement régional. Je crois que
le seul point que l'on devrait additionner à cela, c'est peut-être
une maîtrise en gestion des ressources maritimes qui se rapproche, en
fait, de l'océanographie ou du secteur qu'on privilégie.
Je suis d'accord avec vous, M. le ministre, qu'on ne peut pas
prétendre dans la région, par exemple, développer une
maîtrise en gestion des affaires, ce qu'on appelle communément un
MBA, ou qu'on ne pourrait pas avoir des maîtrises dans des secteurs
où on ne possède pas tellement de compétence.
Toutefois, dans les domaines que l'on privilégie actuellement et
qui sont spécifiques à la région, je crois que nous devons
continuer à développer et avoir les ressources nécessaires
pour que ces domaines demeurent des domaines d'excellence et aussi avoir les
outils de formation, les laboratoires, de manière que l'on puisse
réellement performer dans ces domaines.
M. Ryan: Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M.
Dagneault.
Je reconnais maintenant la porte-parole officielle de l'Opposition pour
l'Enseignement supérieur et la Science, Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Messieurs, cela me
fait plaisir de vous accueillir ici au nom de l'Opposition. Vous avez, à
vous trois, tracé un portrait assez complet de l'importance de
l'Université du Québec dans votre région et du rôle
moteur que cette université joue dans plusieurs domaines, qu'il s'agis3e
de recrutement de personnel compétent, de rétention des
diplômés, de perfectionnement de la main-d'oeuvre, du rôle
important que peuvent jouer pour vos entreprises les étudiants
stagiaires ou les étudiants chercheurs de l'engagement important de vos
professeurs dans vos différents organismes socio-économiques -
assez particulier aux universités en régions, ce
phénomène est probablement moins répandu dans les grands
centres - de même que des retombées économiques.
Le ministre faisait remarquer à M. Desrosiers, président
des caisses populaires, que les caisses demeuraient, chez nous, des
institutions de première importante et il soulignait leur
solidité. Cela m'a rappelé que, justement, je participais au 75e
anniversaire de la Caisse populaire de Chicoutimi, jeudi soir dernier, et qu'un
cadre expliquait cptte solidité par le fait que, dans sa sagesse, le
commandeur Desjardins avait donné aux caisses populaires une structure
qui en empêchait la vente. Ma réflexion me faisait dire qu'on
aurait dû faire la même chose pour les sociétés
d'État.
M. Jolivet: Certaines, pas toutes.
Mme Blackburn: Par ailleurs, le ministre admire avec raison, je
pense bien, le travail et l'implication des chambres de commerce. Il est
même, à ce qu'il nous dit, membre de trois chambres de commerce,
sauf qu'elles n'ont pas le même engagement que celles de nos
régions parce qu'on n'a pas vu ces chambres de commerce venir
défendre les universités de leur région. C'est ce qui nous
fait dire entre nous que, finalement, il est intéressant et important de
souligner l'intérêt que les organismes régionaux
manifestent à l'endroit de leurs universités et toute la
reconnaissance qu'ils vouent à ces institutions. Cela exprime,
au-delà de tout ce qu'on pourrait dire, l'importance que revêt la
présence de ces universités en régions pour en assurer le
développement.
J'ai, comme vous vous en doutez bien, quelques questions. J'aimerais
avoir quelques éclaircissements parce que je voudrais bien saisir la
réalité régionale. Dans son mémoire, M. Dagneault
nous parle de la sous-scolarisation de la population de l'Est du Québec
qui est de 3,1, selon Statistique Canada, probablement, comparativement
à 7,1 pour le Québec, alors que c'est 10 pour la région de
Québec et 10 à Montréal également. C'est un
écart important. Est-ce que vous avez songé à des
façons de remédier à cette sous-scolarisation?
M. Dagneault: La seule façon qu'on a, Mme la
députée, c'est de continuer le développement de
l'Université du Québec. Si, au cours des dernières
années, nous avons pu doubler au presque le pourcentage de la population
ayant un diplôme universitaire, je crois que c'est par
l'Université du Québec et c'est non seulement par son apport sur
le campus, en termes de diplômés qui sortent avec un bac. Il faut,
un peu comme les
caisses populaires le font et comme l'entreprise où je travaille
le fait aussi, promouvoir l'université en termes de compétence et
de recyclage pour ses employés en situation de travail. C'est
extrêmement important et beaucoup d'employés réussissent,
malgré leur travail, à s'en sortir avec un diplôme
universitaire au bout d'un bon nombre d'années de travail.
Je crois que seule l'université nous permettra de
développer et de continuer à augmenter ce pourcentage. Nous
n'avons pas en régions la même tradition que les grands centres
comme Québec, Montréal et Sherbrooke depuis un peu moins
longtemps.
Mme Blackburn: Vous semblez faire un rapport assez étroit
entre la productivité des entreprises et la scolarisation de votre
personnel. Donc, les politiques de perfectionnement, d'éducation des
adultes revêtent pour vous une importance assez grande, comme
l'expliquait tout à l'heure M. Desrosiers.
Ma seconde question, parce qu'on est toujours dans la même
région, s'adresse à M. Desrosiers qui faisait un rapport assez
étroit, tantôt, entre un taux de chômage élevé
et un taux de scolarité bas. Cela recoupe un peu l'approche et le
rapport de la chambre de commerce qui dit qu'il faudrait relever la
scolarité des gens, particulièrement dans votre région, et
qu'une façon de le faire, c'est de garder l'université dynamique.
Vous partagez donc la lecture qui a été faite ici par plusieurs
intervenants, à savoir qu'il y a un rapport entre la richesse d'une
population et son taux de scolarisation, la compétitivité des
entreprises et la qualité du personnel.
M. Desrosiers: Oui, Mme la députée, nous partageons
votre énoncé là-dessus. Je dirais qu'en plus il y a une
relation étroite entre la scolarisation et l'entrepreneurship qui se
développe dans un territoire. C'est une roue qui tourne. Si on
développe, si on force ou si on encourage, par des moyens comme ceux
qu'emploie l'Université du Québec à Rimouski,
c'est-à-dire dispenser des cours en régions, la scolarisation, ce
qui va s'ensuivre, c'est qu'on va conserver un peu plus nos
diplômés dans la région, et même beaucoup plus,
l'histoire le prouve. Ces gens-là vont avoir une influence dans leur
milieu et par des entreprises, de l'initiative, de l'entrepreneurship, vont
développer des choses dans leur milieu, ce qui va encourager encore plus
la scolarisation et ainsi de suite. C'est un mouvement qu'il faut commencer.
Évidemment, c'est un mouvement qui, à cause de la force
d'inertie, est assez difficile au départ, mais qu'il faut maintenir. Les
outils de travail que nous avons, c'est une concertation des principaux
intervenants régionaux du genre grandes entreprises, groupes d'appui,
l'Université du Québec, les milieux d'enseignement comme les
collèges, etc., qui, par une mise en place de programmes faciles,
adaptés au milieu, vont permettre cette scolarisation. Nous, on pense
que, si on réussit à maintenir cette progression, on va prendre
de plus en plus le contrôle de notre économie, de nos moyens, de
nos ressources et on va se sentir de plus en plus forts et devenir une
région aussi développée que les autres.
Toute la formation en éducation, la formation par l'enseignement
et même l'atteinte de niveaux universitaires me paraissent essentielles.
Ce n'est pas normal qu'on ait des pourcentages comme ceux qu'on a. Ils ne nous
plaisent pas et on veut changer cette situation. C'est pourquoi dans notre
groupement, la fédération des caisses populaires, on vit le
milieu, on vit ses faiblesses et ses forces, et on pense qu'on * doit commencer
à donner l'exemple avec notre personnel. Évidemment, on demande
également à chacune de nos 82 caisses d'être très
ouverte à ce processus dans son milieu et de l'encourager. C'est une
mobilisation, en somme.
Mme Blackburn: Sauriez-vous me dire quelle est, à peu
près, la proportion des diplômés universitaires que vous
recrutez qui sont diplômés de l'UQAR?
M. Desrosiers: Dans notre entreprise? Je dirais 90 % et plus. En
fait, la politique de recrutement est bâtie pour recruter des gens qui
viennent de l'Université du Québec à Rimouski et qui
proviennent de la région autant que possible, parce qu'on veut leur
donner la formation interne dans l'entreprise et on veut les conserver ensuite.
La preuve est faite, Mme la députée, que les
diplômés régionaux demeurent dans les entreprises et
restent dans la région. Comme on a le goût de ne pas
dépenser notre argent pour rien, on favorise cet aspect. Il est certain
que, lorsqu'on a des besoins dans des disciplines qui ne sont pas
dispensées par notre université régionale, on n'est pas
discriminatoire et on va ailleurs. Mais, pour toutes les possibilités
d'emploi qu'on peut développer et qui sont disponibles dans la
région, on prend les diplômés de l'Université du
Québec à Rimouski.
Mme Blackburn: Bien. Ma prochaine question s'adresserait à
M. Malenfant, du Conseil économique de Rimouski. Juste une petite
question: Le Conseil économique de Rimouski, est-ce que c'est
l'équivalent des conseils régionaux de développement?
M. Malenfant: Oui, c'est exact. C'est une corporation qui est
subventionnée conjointement par la ville de Rimouski et par le MIC, le
ministère de l'Industrie et du Commerce, en vue de favoriser le
développe-
ment économique. C'est une corporation de développement
économique.
Mme Blackburn: Ce n'est pas comme les conseils régionaux
de développement?
M. Malenfant: Non, non. Mme Blackburn: D'accord.
M. Malenfant: Si vous pariez des conseils régionaux, non,
ce n'est pas îa même chose.
Mme Blackburn; Je voulais faire la distinction, parce que je me
demandais si cela ne recoupait pas un peu le travail des chambres de commerce,
mais probablement pas, puisqu'il y a deux organismes.
Je me demandais si vous partagiez la vision de vos collègues,
à savoir qu'il faut hausser la scolarisation dans l'Est du Québec
et qu'il y a un rapport étroit entre la rentabilité des
entreprises, leur productivité, leur compétitivité et la
qualité des ressources humaines. (21 h 15)
M. Malenfant: Sûrement que j'endosse l'opinion de mes deux
collègues sur le taux de scolarisation de nos ressources humaines dans
notre région et surtout relativement aux entreprises commerciales et
industrielles.
Vous comprendrez que dans une région comme la nôtre il est
assez difficile d'importer des cadres ou des ressources hautement
spécialisées pour nos entreprises. Comme il a été
mentionné que plusieurs organismes font appel aux diplômés
de l'université pour combler leurs besoins en ressources humaines,
sûrement qu'il faut continuer à accroître ce taux de
scolarisation, sûrement que nos entreprises en général vont
en bénéficier et vont pouvoir se développer davantage.
Mme Blackburn: Bien. Je vais continuer là-dessus. On
reviendra à une question plutôt d'interprétation sur la
dernière de vos recommandations.
Mais dans cette veine, vous disiez tout à l'heure, en parlant de
la contribution des usagers au financement de l'université, que
c'était pour eux un investissement rentable pour la personne. On
reconnaît également que c'est un investissement rentable pour la
société et plus particulièrement pour l'entreprise qui les
embauche. Les mesures que vous proposez comme diversification des sources de
financement, ce sont soit des abris fiscaux ou des incitatifs fiscaux alors
qu'on connaît le rapport - je n'en ferai pas état, vous avez
certainement pris connaissance des comptes rendus dans la presse - qui a
été fait pour le NPD et qui fait état de
bénéfices non imposés de l'ordre de 14 000 000 000 $ au
Québec. J'hésite toujours un peu lorsqu'on s'en va dans ces
directions.
Tout à l'heure, je pense que ce sont les diplômés de
l'Université du Québec à Rimouski qui disaient: On ne
serait pas contre un impôt pour les diplômés. Vous
êtes sûrement des diplômés. Que diriez-vous d'un
impôt pour les diplômés et pourquoi pas un impôt pour
les entreprises qui sont, au même titre que les usagers, celles qui
bénéficient le plus de la qualité et des
compétences des ressources humaines?
M. Malenfant: Lorsque je mentionnais précédemment
d'envisager peut-être certaines mesures fiscales, je voyais que les
mesures fiscales devaient être octroyées aux entreprises et non
pas nécessairement aux usagers mêmes. Alors, surtout les
entreprises. C'était en vue de favoriser la participation des plus
grandes entreprises au financement des universités. C'était un
volet, un mécanisme qui pourrait être mis de l'avant pour inciter
les entreprises à participer au financement des universités.
Votre question sur l'imposition d'une taxe ou d'un impôt
particulier, autant pour les diplômés que pour les entreprises, je
vous l'avoue, m'embarrasse fortement parce que je crois bien que les
particuliers sont passablement imposés, leur fardeau fiscal est
passablement élevé. Je crois qu'on ne peut pas moins dire de la
part des entreprises. Ce mode de financement par une imposition
particulière pour le financement m'apparaîtrait probablement
quelque chose qui ne pourrait pas répondre à tous les besoins et
à toutes les formes de fonctionnement, autant des particuliers que des
entreprises.
Mme Blackburn: Vous me permettrez de répéter une
remarque que j'ai faite à un groupe qui vous a
précédés; Vous cherchez le financement partout ailleurs
sauf chez vous, un peu comme les étudiants.
Si on reconnaît ici qu'il faut hausser la scolarisation au
Québec, il me semble qu'une mesure, particulièrement dans votre
région, qui serait la hausse des frais de scolarité... Tout
à l'heure, votre savant calcul vous amenait à dire que, si on
n'avait fait qu'indexer, on serait rendu à 2100 $, bien que vous
n'invitiez pas à une hausse aussi importante, je pense bien, il faut le
dire. Vous ne craignez pas qu'une hausse des frais de scolarité ait
comme effet de réduire l'accessibilité?
Tout à l'heure je vous écoutais, vous parliez
particulièrement des étudiants adultes en faisant état du
fait que la caisse populaire, par exemple, lorsqu'elle invite son personnel au
perfectionnement, paie les frais de scolarité. Mais ce n'est pas le cas
pour au moins 50 % des étudiants adultes dans votre région qui
sont généralement, je le
rappelle - probablement que vous le savez également - des femmes
qui s'inscrivent à des programmes pour retourner sur le marché du
travail.
Par ailleurs, dans une région où on faisait état
tantôt, - n'est-ce pas dans le mémoire des chargés de cours
qu'on retrouvait cela? - du revenu moyen qui était 75 % de celui du
reste du Québec, est-ce que ce n'est pas un risque qu'on prend de voir
chuter la scolarisation dans une région comme la vôtre? Cela
aurait des effets peut-être directs sur vos clientèles futures
dans les universités. Est-ce que vous avez pris tout cela en ligne de
compte ou si vous pensez qu'on peut, comme cela, hausser les frais de
scolarité aux adultes réguliers, à temps complet, sans que
cela ait d'effet négatif sur la fréquentation?
M. Malenfant: Évidemment, c'est une question quelque peu
hypothétique parce que nous ne connaissons pas les effets que pourrait
avoir une augmentation des frais de scolarité. Que vous disiez que
l'augmentation aurait un impact sur le taux de fréquentation, c'est
possible. Mais ici, on constate que les frais de scolarité
représentent un taux tout de même passablement restreint par
rapport à l'ensemble des coûts qu'un étudiant doit encourir
pour faire des études universitaires; c'est environ 10 %, je crois,
alors que les autres coûts ont augmenté avec les années par
l'inflation. L'augmentation de ces frais, qui devrait, évidemment,
être passablement restreinte, ne devrait pas restreindre la
fréquentation universitaire si on se base sur l'augmentation, depuis
quelques années, des inscriptions des étudiants aux
universités, augmentation qui a continué à se maintenir
alors que les coûts autres que les frais de scolarité avaient
aussi augmenté. Par voie de conséquence, ce n'est pas
nécessairement une équation mathématique bien stricte.
Mme Blackburn: Vous savez qu'on a, au Québec, un taux plus
bas de scolarité et de diplomation en particulier. C'est
particulièrement vrai chez les francophones du Québec. Les
anglophones, - je le répète, c'est un actif important au
Québec - sont plus scolarisés que les francophones? C'est une
question de tradition - ils ont eu des institutions plus tôt - et de
revenus également. Par ailleurs, on conserve encore une
différence importante alors qu'on a des frais de scolarité
beaucoup plus bas et un régime d'aide financière beaucoup plus
généreux. Je me dis - et vous êtes du monde des affaires
que, si on reconnaît, au Québec, que pour devenir concurrentiel
dans les régions, mais de façon générale au
Québec parce que les régions ont à composer avec les
grands centres et le Québec avec le monde international, finalement, il
est important pour assurer un développement au Québec que l'on
hausse les frais de scolarité, est-ce qu'on ne devrait pas aussi en
faire une priorité, prendre des décisions en conséquence
et investir en conséquence?
Je reviens un peu aux entreprises parce que les entreprises, en France,
pour le perfectionnement de leur personnel, doivent consacrer 2 % de leurs
revenus annuellement. Je sais un peu comment cela est géré; cela
pourrait être mieux géré, mais quand même, c'est un
impôt à l'entreprise parce qu'on estime que c'est important, le
perfectionnement de la main-d'oeuvre et la scolarisation. C'est un peu ma
question perce que je me dis que, du moment qu'on travaille sur des
hypothèses et qu'on affirme qu'il faut hausser la scolarisation des
Québécois et que, du même coup, on dit qu'on peut hausser
les frais de scolarité sans avoir une certitude que cela n'aura pas
d'effet sur l'accessibilité, il me semble qu'il y a une espèce de
cohérence qui nous échappe.
Vous savez qu'une différence de 1 % entre le taux de diplomation
du Québec et celui de l'Ontario, dans la situation actuelle, cela
représente environ 50 000 diplômés de moins. C'était
simplement ce que je voulais dire.
M. Malenfant: Si la sensibilisation auprès des
étudiants, tant adultes qu'autres à temps complet, était
bien faite qu'il s'agit d'un investissement pour leur carrière, pour
leur propre fonctionnement, probablement que cela serait mieux accepté
et mieux compris de la part des usagers.
Mme Blackburn: Pourtant les entreprises, M. le Président,
savent que c'est rentable pour elles et elles ne sont pas prêtes à
investir davantage.
M. Malenfant: Indirectement les entreprises ont à
défrayer les frais lorsqu'elles le font au nom de leurs employés
qui sont inscrits à des cours universitaires.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci M.
Malenfant. Je reconnais maintenant le député de Rimouski.
M. Tremblay (Rimouski): M. le Président, M. le ministre,
chers collègues, je pense que je vais ramener le débat vers une
autre dimension étant donné que vous représentez des
secteurs économiques de la région du Bas-Saint-Laurent et de la
Gaspésie. Comme je ne suis pas à la défense de la veuve,
de l'orphelin et de la femme et maintenant des pauvres Québécois,
envers qui vous avez toujours un penchant...
Une voix: Une chance qu'on s'en occupel
M. Tremblay (Rimouski): Une chance, oui.
Mme Blackburn: Une belle mentalité!
M. Tremblay (Rimouski): M. le Président...
M. Ryan: Mon collègue dénonce les abus dont on est
témoin dans le moment.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre, je
vous ferais remarquer que le député de Rimouski a la parole.
Mme Blackburn: On connaît les propensions de ce parti pour
défendre les gros.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Chicoutimi, je vous ferais remarquer la même
chose., M. le député de Rimouski.
M. Tremblay (Rimouski): MM. les présidents de la
fédération des caisses populaires, de la chambre du commerce et
du Conseil économique de Rimouski, je suis très fier de vous et
des mémoires que vous avez déposés devant cette
commission. Je voudrais vous entendre dire, au sujet de l'apport
économique que peut avoir une université dans une région,
quel est l'incitatif pour des nouveaux venus, des industriels ou encore des
manufacturiers qui viendraient s'installer dans notre territoire. Est-ce que,
d'après vous, cela a une incidence ou est un apport très
important pour ces gens? Est-ce que le fait d'avoir "une université dans
une région a pour effet d'inciter et de favoriser l'implantation
d'industriels dans notre région? La question se pose à l'un ou
l'autre.
M. Desrosiers: M. Tremblay, M. le député, je pense
que oui, cela a une influence très importante de trois façons.
D'abord, si vous avez l'intention d'investir dans une région et d'aller
vous y installer, vous avez l'intention d'avoir des employés, du
personnel et de développer une certaine permanence au sein de ce
personnel. Si votre entreprise requiert un personnel de haute qualité
à grade universitaire, il est fort important qu'il y ait une certaine
stabilité de ce personnel. Je pense qu'en ayant une université
dans la région, en ayant des diplômés venant de la
région et issus de ce milieu, vous avez une meilleure chance qu'ils
demeurent dans votre entreprise.
La deuxième raison, c'est que l'université,
particulièrement celle qu'on connaît le mieux, l'Université
du Québec à Rimouski, par ses groupes d'intervention qu'on a
mentionnés préalablement - ils sont multiples - entre autres, le
GAMPE qui est le groupe d'aide à la moyenne et petite entreprise,
fournit donc un apport de personnes qualifiées en recherche, qui vont
aider à l'implantation et au développement de cette entreprise.
Pour des entreprises qui sont en général, dans nos
régions, des PME qui deviennent grandes par la suite, il est fort
important d'avoir accès à ces groupes de recherche qui vont venir
supporter le début du développement de l'entreprise.
La troisième raison qui favorise le oui que je vous donne? c'est
que, s'il y a une université dans une région, il y a un milieu
critique, une masse critique plus importante qui va générer,
évidemment, comme je disais tout à l'heure, un entrepreneurship
plus vivace, donc, un meilleur commerce, des meilleures idées et un
climat de développement beaucoup plus favorable pour l'entreprise que
vous voulez installer dans cette région. Je pense que ces trois raisons
sont très claires et favorisent nettement l'implantation d'entreprises
dans la région. Une situation qu'on aurait beaucoup de
difficultés à imaginer aujourd'hui: si on enlevait
l'Université du Québec è Rimouski et si on laissait cette
grande région dépendre des universités des grands centres,
vous auriez certainement un effet important sur l'implantation des entreprises
et le développement des entreprises qui sont déjà
là.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M.
Desrosiers. Vous n'avez pas d'intervention, M. le député de
Rimouski? Alors, je reconnais votre collègue de Laviolette, qui est le
vice-président de la commission parlementaire de l'éducation. M.
le député. (21 h 30)
M. Jolivet: Merci, M. le Président. D'abord, je ne
voudrais pas que les gens qui ont entendu le député de Rimouski
aient l'impression que nous ne sommes pas préoccupés par des
dossiers régionaux et que l'on considère que les mémoires
qui sont devant nous ne sont pas des bons mémoires; au contraire, j'en
suis même très heureux. Je le dis comme quelqu'un qui a
participé dans les années soixante-dix à la mise sur pied
dans ma propre région d'un sous-centre de l'Université du
Québec à Trois-Rivières, à Shawinigan, où
comme responsable syndical -il faut bien le dire comme tel parce que
j'étais représentant du Syndicat des enseignants de la Mauricie,
au primaire et au secondaire et j'avais un contrat qui me liait avec
l'Université du Québec à Trois-Rivières - je devais
mettre sur pied les programmes s'adressant d'abord aux enseignants, mais aussi
à la population en général. J'avais été,
avec les banques et les caisses du coin, responsable de la mise sur pied du
certificat en administration. Beaucoup de gens, au lieu de se déplacer
vers Trois-Rivières, allaient à Shawinigan et on avait un groupe
intéressant et important. Au moment où l'on se parle, le
centre est toujours en fonction. Il s'est même diversifié
par des cours en Haute-Mauricie, à La Tuque même.
Je le dis comme tel parce que j'écoute le ministre et, à
plusieurs occasions depuis trois semaines, un mois quasiment maintenant,
celui-ci parle de l'université comme ayant eu un rôle en cours de
route qui a eu pour effet de trop diversifier peut-être sa mission alors
qu'on sait très bien que les Universités du Québec ont
été mises sur pied en premier pour s'occuper de l'ensemble du
perfectionnement et de la mise sur pied des programmes s'adressant aux milieux
scolaires et, d'un autre côté, pour aller dans leurs milieux.
J'ai écouté avec beaucoup d'attention et j'ai lu et relu
avec vous ce soir ce que la Chambre de commerce de Rimouski a dit. Cela m'a
épaté dans le sens où je me suis dits Enfin, nous avons
encore une fois un groupe venant des régions expliquant le rôle de
l'Université du Québec dans sa région par rapport à
différents secteurs d'activité. Je serais tenté de vous
poser la question suivante: Que pensez-vous de ce que le ministre a dit
jusqu'à maintenant de la mission des universités qui ne doivent
pas trop s'éparpiller? Le danger, comme il l'a dit, et j'essaie de ne
pas l'interpréter cependant parce qu'on n'est jamais fidèle aux
paroles d'un autre... On se le fait tellement souvent dire par le ministre.
Mais j'ai cru comprendre qu'il voulait restreindre un peu la façon dont
les universités en régions s'étaient diversifiées
dans le milieu. Le danger, d'après ce qu'on croit comprendre, c'est
qu'elles en ont trop fait et qu'elles auraient dû se confiner à
d'autres activités que celles qu'elles ont voulu amener dans le
milieu.
Comme ma collègue me le fait remarquer, le ministre va
certainement me dire que je me trompe, que j'interprète très mal
sa pensée. Si je faisais une mauvaise interprétation, je m'en
repentirais, je corrigerais mon erreur en ne la perpétuant pas.
J'aimerais quand même connaître votre opinion
vis-à-vis des universités en régions. Telle que vous
l'avez décrite ce soir, c'est bien ce que vous croyez, c'est bien ce que
les gens du milieu veulent, c'est ce que vous venez dire au ministre ce soir:
Ne laissez pas tomber les universités en régions et permettez
à ces universités d'avoir un financement qui soit
différent à cause de leur clientèle, de leur
éloignement et des difficultés qu'elles ont de rencontrer les
gens, mais permettez à ces universités de réaliser la
mission qu'elles se sont donnée depuis les années de fondation
des constituantes de Université du Québec? J'aimerais
connaître votre impression l'un et l'autre, chacun votre tour, si vous le
voulez bien.
M. Dagneault: Merci, M. le député. Je n'ai pas eu
l'occasion comme vous d'assister à cette commission parlementaire depuis
un mois et je n'ai pas eu le plaisir d'entendre le ministre dire si, en
régions, la mission ou les objectifs actuels des universités sont
trop répandus ou trop grands. Toutefois, nous sommes conséquents
avec ce que nous croyons et ce que nous pensons et, dans le mémoire de
la chambre de commerce, nous sommes bien explicites à cet effet. Tous
les groupes d'intervention et tous les groupes de recherche sont essentiels au
fonctionnement des moyennes et petites entreprises que nous avons en
régions. Ils sont essentiels parce que ces groupes ont été
formés et fondés à la suite de besoins clairement
exprimés par les entreprises, par les entrepreneurs et par la population
même. Je ne crois pas que l'on puisse diminuer l'importance de ces
groupes et que l'on puisse leur enlever leurs moyens de financement actuels.
D'ailleurs, à ma connaissance, ces groupements s'autofinancent à
même les projets, à même les fonds fournis par les
entreprises et non à même les subventions du gouvernement du
Québec.
Toutefois, comme l'a mentionné le recteur, M. Massicotte, cet
après-midi, si le gouvernement du Québec voulait augmenter ses
subventions principalement pour aider ces groupements, je suis persuadé
que nous pourrions faire encore beaucoup plus et que nous pourrions sans doute
faire progresser le développement régional d'une façon
beaucoup plus importante que ce que l'on fait actuellement. J'aimerais
peut-être que mes collègues puissent compléter.
Le Président (M. Parent, Sauvé):
...compléter l'énoncé de M. Dagneault? M. Desrosiers,
allez-y.
M. Desrosiers: Je n'ai pas le goût de définir
où commence et où finit l'éparpillement. Je pense que nos
parlementaires vont faire ce travail très bien et beaucoup mieux que
nous. Ce que j'ai le goût de dire, c'est que je pense que
l'université régionale, comme l'Université du
Québec à Rimouski ou les autres, à Chicoutimi, etc., se
donnent une mission fondamentale, une mission de base d'enseignement dans un
certain nombre de matières et dans un certain nombre de domaines. Je
pense que cela fait partie du mot "université" même. II faut qu'il
y ait quand même des matières de base qui soient
enseignées, qu'un certain nombre de diplômes du 1er cycle puissent
être dispensés.
Par rapport aux besoins de la région, je pense qu'on en a fait la
démonstration à l'Université du Québec à
Rimouski, on s'est donné des missions particulières qui sont
propres à notre milieu, par exemple, l'océanographie, la
maîtrise en développement régional. Jusque-là, cela
ne me paraît pas - j'ai un peu de parti pris parce qu'on
vient d'une région - un éparpillement. C'est tout
simplement, dans des voies précises, propres à ce territoire,
sans duplication avec d'autres institutions du même genre,
développer plus à fond dans des secteurs prévus.
L'océanographie - on ne revient pas là-dessus, je pense que cet
après-midi on l'a démontré, plusieurs intervenants l'ont
dit -c'est quand même pour nous, actuellement, un facteur de
développement important, une masse critique qui est en train de se
former dans notre territoire qui va être, pour nous, un créneau de
développement fort important dans tes prochaines années et pas
strictement pour Rimouski, mais pour tout le territoire.
Je pense que nous avons fait dans notre région - je ne peux pas
parler pour les autres universités - la démonstration aux
pouvoirs publics qu'on s'est bien administré, que, pour les ressources
qui ont été mises à notre disposition, on a fait des
pirouettes administratives - et je suis en administration, je peux vous le
confirmer - sans précédent pour essayer de rentabiliser au
maximum les sommes que les pouvoirs publics ont mises à la disposition
de l'Université du Québec.
La chose qu'on vient demander comme corps intermédiaire, comme
utilisateur, comme bénéficiaire de cet outil de
développement que l'État nous a donné dans nos
régions, c'est de lui donner un mode de financement qui soit plus
adapté à ce que l'université veut faire chez elle, de lui
donner la possibilité de dispenser les cours qui sont fondamentaux pour
garder son statut d'université et de favoriser également, dans ce
financement, le privilège de certains secteurs qui ne sont pas en
duplication avec d'autres universités et qui nous permettraient d'avoir
une spécificité régionale propre. Je pense que c'est
à peu près cela le message. Et nous, comme membres du milieu
économique, venons vous dire qu'on côtoie l'université,
qu'on est complice avec elle dans le développement de notre
région et qu'on se sent à l'aise de travailler avec elle et qu'on
partage ses préoccupations. C'est fondamentalement le message qu'on
vient vous dire.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci beaucoup, M.
Desrosiers. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? M. le député
de Laviolette? M. Malenfant, vous voulez...
M. Malenfant: Ce que j'aimerais ajouter sur ce volet de la
participation de l'université, c'est que l'université, comme je
l'ai déjà mentionné, constitue pour nous une partenaire.
C'est une partenaire dans les étroites collaborations que nous avons,
les organismes de développement économique, avec les entreprises
que nous voulons aider. C'est une partenaire parce que nous allons chercher
à l'université des expertises et des ressources que nous ne
pourrions pas trouver ailleurs dans notre région. Cela devient un
partenaire essentiel à notre propre développement
économique.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Merci, M. le Président. Je remercie les trois
représentants qui sont venus faire un acte de foi envers
l'université. Je dois dire que cela me réconforte parce que j'ai
participé - je le répète - à la mise sur pied de
différents cours dans mon milieu pour la scolarisation des enseignants,
à l'époque. Des gens qui avaient des brevets
élémentaires, des brevets C, des brevets D - vous les
connaissiez, à l'époque - ont eu la possibilité de
compléter un baccalauréat en enseignement dans des délais
assez brefs. De plus, en utilisant les sommes disponibles pour le
perfectionnement des maîtres, ils ont pu le faire dans leur milieu de
travail. Je pense que c'est important.
Parallèlement à cela, ces programmes étaient
offerts aux gens qui en avaient besoin dans le secteur économique, que
ce soient les caisses, les banques, les grandes entreprises. Cette
expérience qui a été faite chez nous a porté des
fruits et continue d'en porter, même au niveau international, toute la
question de la diversification... Je pense que le message que vous nous donnez,
je suis heureux de vous avoir permis de nous l'exprimer encore plus fortement,
même si c'est déjà inscrit dans vos mémoires. Je
pense que c'est important pour faire comprendre que les universités en
régions sont là pour rester et, dans certains cas, pour
améliorer leur propre sort pour le bien-être de la population. Je
vous remercie.
Mme Blackburn: M. le Président...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
député de Laviolette. Je reconnais maintenant, pour la conclusion
au nom de sa formation politique, la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: M. le Président, messieurs, au nom de ma
formation politique, je voudrais vous remercier pour votre participation aux
travaux de cette commission. Si vous avez suivi les travaux de la commission
parlementaire, vous connaissez l'intérêt que je porte au
développement des universités de façon
générale et, je dirais, de façon plus particulière
dans tes régions. Cela ne veut pas dire pour autant, comme l'ont entendu
certaines grandes universités, que je ne m'intéresse pas à
leur développement, mais je dois reconnaître que je sens les
jeunes universités plus fragiles et souvent plus menacées
dès que l'on procède à des compressions ou à des
coupures. Il n'est pas
devenu et il n'est toujours pas aujourd'hui évident que le
rôle des universités en régions soit quelque chose
d'indispensable. Je pense à certains avis du Conseil des
universités qui ne voit pas aux universités en régions un
rôle aussi important, aussi majeur que celui que vous venez de nous
décrire ce soir.
C'est ce qui fait que je me porte souvent à la défense des
universités en régions, pas pour défendre des
universités en régions, pas pour défendre les
universités en régions, mais parce qu'il me semble évident
- c'est la démonstration que vous nous avez faite ce soir - que, si on
n'équipe pas les régions pour qu'elles se prennent en charge,
pour que les individus se prennent en charge et que les entreprises se prennent
en charge, ces régions vont devenir une charge pour toute la
société. C'est comme cela qu'il faut l'entendre. C'est, à
mon avis, un investissement qui contribue au développement
économique. Je le répète, parce qu'il me semble que
c'est... Vous savez, chaque fois qu'on est en train d'essayer de concevoir,
pour les universités, une mission qui s'écarte un peu de la
mission traditionnelle, de celle qu'on a toujours vue et reconnue
particulièrement dans les grands centres, on éprouve une certaine
difficulté à faire partager notre conception. M. Malenfant disait
tout à l'heure, et il faut le rappeler: Une université en
régions, c'est souvent le seul Heu d'expertise. Qu'elle soit au service
de la collectivité, cela me paraît élémentaire. On
ne peut pas poser la question de la même façon lorsqu'il s'agit de
l'Université Laval, de l'Université de Montréal ou de
l'Université McGill, parce qu'il y a d'autres lieux d'expertise et, s'il
fallait que ces universités offrent la même expertise, elles
viendraient en compétition avec l'entreprise privée. C'est tout
à fait une autre chose lorsqu'on parle des régions. C'est
pourquoi j'insiste chaque fois, parce que cela ne me semble pas encore devenu
une évidence. J'espère, toutefois, qu'à la suite des
travaux de cette commission parlementaire on aura pu faire partager votre
conception du rôle et de la mission des universités en
régions. Je vous remercie pour votre participation aux travaux de cette
commission. Cela nous a permis, mieux qu'on avait réussi à le
faire jusqu'à maintenant, de voir le rôle que peut jouer une
université en régions et l'importance que vous y attachez et qui
joue certainement. Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée, merci. Je reconnais maintenant le ministre de
l'Éducation et ministre de l'Enseignement supérieur et de la
Science.
M. Ryan: M. le Président, c'est un peu à regret
qu'on va quitter nos visiteurs de Rimouski qui sont venus nous occuper depuis
le début de l'après-midi. Ils nous ont apporté le fruit de
leur expérience avec beaucoup de calme et de pondération, sans
passion, en reconnaissant certaines limites qui découlent du bon sens
même, de la raison la plus élémentaire. Je pense qu'on peut
être engagé au service d'une cause sans être aveugle.
Lorsque nous vous avons posé des questions sur certains conditionnements
qui doivent présider au développement de l'Université du
Québec à Rimouski, vous avez répondu franchement, en
reconnaissant qu'il y a des limites. Il y a des limites également dans
la capacité de l'État. C'est un autre volet dont on n'entend pas
parler souvent de la part d'un certain côté mais qui doit
être bien présent dans nos délibérations. C'est pour
cela que j'ai apprécié la modération et le sens des
responsabilités avec lesquels vous avez répondu à des
questions qui étaient parfois difficiles. On va continuer de chercher
dans cette voie ensemble. C'est aussi dans ce sens que mon collègue, le
député de Rimouski, signalait tantôt qu'il ne prise pas
spécialement certains excès de zèle dans la défense
de certaines causes au service desquelles il est profondément
engagé, nous en sommes tous assurés. Il dénonçait
des abus dont on est souvent témoin et je sympathise avec lui de ce
côté parce qu'il y a des abus qui nous fatiguent aussi.
Cette parenthèse étant close, je pense que la meilleure
façon de rendre service efficacement à la cause du
développement de nos universités en régions c'est de faire
montre à leur endroit de cet esprit critique qui est la condition
même de tout progrès sérieux et de vérifier leurs
revendications, leurs réalisations, d'examiner soigneusement leurs
projets de développement, d'y consentir dans la mesure où cela
répond à une réalité solidement
vérifiée et aux capacités du Québec.
Comme nous l'avons dit à maintes reprises depuis le début
des travaux de la commission et comme le signalait très justement la
direction de l'Université Laval ce matin, nous en sommes rendus à
un stade au Québec où nous devons nous rendre compte que nous ne
pouvons pas tout faire en même temps. Nous avons essayé cette
formule. Nous nous sommes heurtés à un mur à bien des
endroits. Nous pouvons faire encore bien des choses mais nous devons maintenir
certains engagements de fond, y compris celui que la collectivité a
contracté envers le principe d'établissements universitaires en
régions. Il faudrait un développement rationnel ordonné et
conditionné par les limites de nos ressources, autant en régions
qu'en ce qui touche tout le Québec.
Dans cette perspective, nous sommes très heureux d'avoir pu
échanger avec vous aujourd'hui. Je pense que nous avons profité
énormément des explications que vous avez apportées en
réponse à nos questions. Notre
souhait le plus ardent c'est que le dialogue que cette commission
parlementaire a permis d'établir avec tous ceux qui s'intéressent
au développement de nos universités en régions puisse
devenir une donnée permanente, puisse devenir une réalité
qui se continue à tous les jours, qui s'amplifie. Dans ce sens» je
voudrais vous dire que, comme parlementaires, et moi-même comme membre du
gouvernement, nous serons toujours heureux d'avoir vos réactions, vos
suggestions et il y a bien des points sur lesquels il y aurait des
compléments peut-être d'opinions ou d'information à nous
procurer. Sachez que ces compléments seront reçus et
examinés avec beaucoup d'intérêt. Merci encore une fois et
on va dire à bientôt. Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre, M. Desrosiers, M. Malenfant, M. Dagneault, M. Dionne, M. Boucher. La
commission parlementaire de l'éducation vous remercie de l'effort que
vous avez fait de venir rencontrer ses membres. À tous les gens de la
région de Rimouski et du Bas-Saint-Laurent, nous disons aussi merci, et
à ceux qui vous ont accompagnés.
La commission parlementaire de l'éducation ajourne ses travaux
à demain matin, 10 heures, alors qu'elle entendra la CEQ, la Centrale de
l'enseignement du Québec.
(Fin de la séance à 21 h 50)