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(Dix heures huit minutes)
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît!
Je demanderais aux députés, ainsi qu'à nos
invités de prendre place aux endroits désignés afin que la
commission puisse commencer ses travaux le plus rapidement possible. La
commission a une journée chargée et nous aimerions respecter
notre horaire.
S'il vous plaît, veuillez prendre place! La commission va
commencer ses travaux.
La commission parlementaire de l'éducation reprend ses travaux
toujours dans le cadre du mandat qui lui a été confié le
19 juin dernier par l'Assemblée nationale de tenir une consultation sur
les orientations et te financement du réseau universitaire
québécois pour l'année 1987-1988 et pour les années
ultérieures.
La commission entreprend aujourd'hui la dernière phase de ses
travaux. Nous siégerons aujourd'hui jusque vers 18 heures et nos travaux
reprendront pour une dernière fois le 21 octobre prochain, à 10
heures, alors que nous entendrons l'ACFAS.
Ce matin, à l'ordre du jour, nous entendrons dans l'ordre la
Commission jeunesse du Parti libéral du Québec,
l'Université McGill, l'Association des étudiants et l'Association
des professeurs de l'Université McGill. Cet après-midi, ce sera
l'Université de Sherbrooke et, en fin d'après-midi, les syndicats
et associations de personnel de l'Université de Sherbrooke.
À la suite d'une entente de dernière minute entre les
représentants du côté ministériel et les
représentants de l'Opposition, nous entendrons, par exception, en fin de
journée, l'Association générale des étudiants et
des étudiantes de la Faculté de l'éducation permanente de
l'Université de Montréal. Ces gens-là ont
déposé un mémoire ce matin. La commission n'était
pas dans l'obligation de les entendre, remarquez bien cela, mais dans notre
souci d'aller chercher le plus de renseignements possible pour nous aider
à solutionner la problématique des orientations et du financement
du réseau universitaire québécois, les membres de cette
commission ont accepté, exceptionnellement, d'entendre en fin de
journée le groupe dont je viens de faire mention.
Je veux aussi les remercier d'avoir pris la chance de se
présenter, de venir ici à
Québec - ce sont des gens de Montréal -pour avoir la
chance de se faire entendre. Ce n'est pas une invitation à tous les
autres groupes de faire la même chose, mais, exceptionnellement, je pense
que nous devions les entendre et nous sommes très heureux de le faire.
Monsieur.
M. Jolivet: M. le Président, ici la commission
siège avec beaucoup d'entente. C'est un peu différent d'une autre
à laquelle j'ai assisté et où on n'a pas pu faire entendre
des gens qui étaient intéressés, c'est-à-dire celle
sur la forêt tout dernièrement.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député de Laviolette, je vous remercie de ces commentaires. Je
les prends pour moi et pour tous mes collègues de l'Opposition et du
côté ministériel qui siègent à cette
commission.
Vu que c'est l'avant-dernière journée et que vous m'avez
pratiquement tendu une perche, je veux dire que je suis fier d'avoir à
présider une telle commission qui sert d'exemple, je pense, au monde
parlementaire. Depuis un mois, on a eu l'occasion de voir des parlementaires de
deux formations politiques différentes travailler ensemble dans un but
commun, dans un esprit de respect et d'échanges civilisés.
J'espère que cela sera un exemple pour la rentrée parlementaire
qui doit avoir lieu mardi prochain et que nous continuerons à vivre ces
bons procédés au sein de l'Assemblée nationale.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements ce
matin?
Le Secrétaire: Non, M. le Président.
Le Président (M.
Parent, Sauvé): S'il n'y a
pas de remplacements, je vais souhaiter en votre nom, madame, messieurs, la
plus cordiale des bienvenues aux représentants de la Commission jeunesse
du Parti libéral du Québec, leur dire à quel point nous
sommes heureux de les accueillir à cette commission parlementaire.
Nous, les politiciens de carrière, sommes toujours fiers de voir
des jeunes venir nous rencontrer pour deviser avec nous sur des sujets qui nous
intéressent. Nous sommes d'autant plus fiers aussi que des jeunes de
quelque parti politique qu'ils
soient, donnent des preuves d'engagement et d'intérêt
à la chose publique.
Depuis un mois, nous étudions la problématique du
financement et de l'orientation du réseau universitaire
québécois. Eh bien, je pense que les principaux
intéressés, ce sont les jeunes, ceux qui l'utilisent d'une
façon plus particulière. Encore une fois, je vous souhaite la
bienvenue. Le porte-parole de la Commission jeunesse du Parti libéral du
Québec est M. Pietro Perrino. M. Perrino, bonjour.
M. Perrino (Pietro): Bonjour.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Nous vous
invitons, M. Perrino, à nous présenter les gens qui vous
accompagnent. On m'informe qu'environ 15 à 20 minutes vous ont
été réservées pour présenter votre
mémoire. Après cela, le temps sera réparti en parts
égales entre les deux formations politiques en respectant la
règle de l'alternance. Il est environ 10 h 10, c'est donc dire
qu'à 11 heures ou 11 h 1 j'inviterai les représentants de
l'Opposition et du parti ministériel à conclure au nom de leur
formation,
M. Perrino, si vous vouliez nous présenter les gens qui vous
accompagnent et enchaîner avec votre présentation. Encore une
fois, sentez-vous bien à votre aise. On est ici pour collaborer et pour
travailler ensemble.
Commission jeunesse du PLQ
M. Perrino: Je vais commencer par l'extrême droite. Jacques
Gauthier, membre de la Commission politique du Parti libéral du
Québec, plus précisément au niveau de la commission sur
les universités; Louis Boivin, vice-président du Parti
libéral du Québec; moi, Pietro Perrino et Paul Muller,
coordonnateur aux affaires politiques de la Commission jeunesse. Je vais en
profiter aussi pour souligner la présence derrière nous de M.
Robert Benoît qui, lui, est le président du Parti libéral
du Québec.
M. le Président, mesdames et messieurs les membres de la
commission, la Commission jeunesse du Parti libéral du Québec est
heureuse de pouvoir participer aux travaux de cette commission parlementaire
qui étudie les orientations et le cadre de financement des
universités québécoises. L'éducation a toujours
été un sujet suscitant beaucoup d'intérêt chez nos
membres. À preuve, l'éducation fut un thème majeur de
notre congrès de Saint-Jean en 1983, de celui de Lennoxville en 1984 et
de celui tenu à Rigaud l'été dernier. Le contenu du
mémoire déposé par notre organisme auprès des
membres de cette commission est, d'ailleurs, principalement issu des
discussions tenues par les 1200 jeunes délégués inscrits
au congrès des Jeunes libéraux du mois d'août dernier qui
s'est tenu à Rigaud.
Tout comme les autres intervenants, nous sommes soucieux
d'améliorer la qualité de l'éducation au plan de
l'enseignement et de la recherche. Nous porterons toutefois un regard
différent sur les problèmes étudiés par cette
commission, car, au-delà de la considération fondamentale de la
qualité de l'éducation, il en existe une autre, tout aussi
importante, que notre organisme est tenu de prendre en comptes celte de la
situation particulière de notre génération, principale
clientèle des universités. Pour nous le plein emploi, la
sécurité, l'abondance de travail et les possibilités de
développement sont plutôt des réalités du
passé. La nôtre, c'est enfin largement reconnu, est beaucoup plus
difficile. On discute beaucoup, mais on devrait aussi de plus en plus en tenir
compte dans les décisions et les choix politiques importants.
Placées dans cette perspective, les évaluations qui seront
réalisées au terme de cette commission parlementaire devraient
s'inspirer, à nos yeux, d'une dominance des enjeux à moyen et
à long terme et donc s'intéresser prioritairement aux
problèmes et aux solutions touchant au mode de fonctionnement des
universités et du réseau dans son ensemble. Il devrait en
être ainsi parce que le contexte des inéquités entre les
générations commande qu'on ait le courage de poser des gestes
d'envergure susceptibles de corriger les effets négatifs de certains
acquis devenus à nos yeux des illogismes.
On est, par exemple, en droit de s'interroger sur le statut des
universités. Les universités se sentent-elles redevables devant
l'État? Les universités doivent-elles être redevables
devant l'État et à quel degré? Sauf l'Université du
Québec, les universités québécoises ont le statut
d'organisme privé. Or, en pratique, ici comme ailleurs au Canada, les
universités appartiennent au domaine public. Deux raisons principales
expliquent cet état de fait: premièrement, plus de 85 % des
revenus des universités proviennent du trésor public;
deuxièmement, l'université québécoise, en vertu de
ses missions d'enseignement, de recherche et de service à la
collectivité, est un instrument de développement collectif.
Par ailleurs, c'est le gouvernement qui autorise l'ouverture de nouveaux
programmes d'enseignement dans les règles d'attribution des subventions.
Au plan de la recherche et des services à la collectivité,
l'État choisit les projets via les organismes subventionnaires dont le
ministre nomme les membres. L'université québécoise est
donc, selon nous, une institution publique. L'étiquette privée ou
autonome a traditionnellement été au mieux une vue de l'esprit,
au pire une mauvaise raison pour
refuser d'intervenir quand il était temps de mettre de l'ordre
dans la maison. Ce caractère public confère, entre autres,
à l'université des objectifs d'efficacité et d'efficience
dans l'utilisation de ses ressources. Il confère aussi au gouvernement
la responsabilité de veiller à l'efficacité du
réseau dans son ensemble, de même qu'en dernier ressort la
responsabilité d'y veiller pour chacune de ses composantes. Depuis le
début de la commission parlementaire, une grande quantité
d'intervenants du milieu universitaire sont venus réclamer la même
chose, des ressources financières additionnelles. Conscients de la
capacité financière de l'État, ils se sont repliés
sur une cible beaucoup plus facile en réclamant une hausse des frais de
scolarité, ce à quoi, je croîs que tout le monde le sait,
notre commission et notre parti s'opposent vigoureusement. De toute
façon, dégeler les frais ne contribuerait pas à
régler les problèmes qui exigent de nous des solutions plus
longues et des gestes plus contraignants. Ce serait encore une fois une
solution "plaster" que les jeunes du Québec n'ont que trop connue sous
l'ancien gouvernement. Il fut particulièrement intéressant,
cependant, de constater que certains autres intervenants, issus de plusieurs
milieux de la société québécoise, ont eu le courage
d'aborder de front les problèmes que nous considérons comme
étant les vrais et auxquels il vaut particulièrement la peine de
s'attaquer vigoureusement et dès maintenant.
Il est toujours possible de régler un problème de
performance par un apport de fonds nouveaux. En ce sens, accroître les
budgets des universités serait certainement bénéfique au
plan de la qualité de l'enseignement et de la recherche. II serait ainsi
possible de contourner un problème d'utilisation des ressources par un
apport de fonds nouveaux, mais cela ne règle pas le problème; on
fait juste le remettre à plus tard. Si de nouvelles ressources
financières peuvent, certes, produire des résultats à
court terme, on remet à plus tard, qu'on le veuille ou non, le
règlement des problèmes plus importants.
Parmi ces problèmes, nous avons identifié trois champs de
préoccupation qui sont pour nous parmi les plus déterminants
lorsqu'on parle de la qualité des différentes activités
universitaires. Premièrement, le développement des
universités québécoises ces vingt dernières
années les a conduites, d'après nous, à répondre de
moins en moins bien aux demandes changeantes de la population étudiante.
Deuxièmement, il nous apparaît que les universités n'ont
pas une gestion du corps professoral qui en tire une performance satisfaisante.
Certains signes nous laissent deviner clairement des problèmes de
contre-performance d'une partie du corps professoral. Et, troisièmement,
nos universités semblent incapables de se coordonner entre elles pour
offrir un éventail de programmes complets et de qualité qui ne
laissent pas de place à l'improvisation et au gaspillage.
Encore faut-il rechercher des solutions à ces problèmes.
La Commission jeunesse a développé quelques pistes.
Évidemment, les solutions que nous présentons dans ce
mémoire ne sont pas des modèles achevés. Ce qui importe
pour nous, c'est d'abord les résultats à obtenir. Ainsi, la mise
en application de nouveaux modes de fonctionnement devrait permettre
d'atteindre les objectifs suivants: premièrement, il faut donner aux
universités la possibilité réelle de transférer des
ressources des facultés en relatif déclin, c'est-à-dire
des facultés qui reçoivent de moins en moins de demandes de
premier choix de la part des étudiants, vers des facultés en
expansion, c'est-à-dire des facultés qui reçoivent de plus
en plus, chaque année, des demandes de premier choix de la part des
étudiants. Deuxièmement, les moyens mis de l'avant devraient
permettre la cessation du travail d'un professeur dans le ou les domaines de
l'enseignement ou de la recherche où il est reconnu incompétent.
Troisièmement, on devrait être en mesure de réduire le
nombre de programmes comparables offerts dans les universités
québécoises lorsque la diminution du total des demandes
d'admission ou la recherche d'une plus grande qualité de l'enseignement
le justifie.
Je vais maintenant reprendre chacun de ces trois objectifs et
présenter sommairement les solutions mises de l'avant par les Jeunes
libéraux du Québec lors de leur congrès au mois
d'août dernier.
Le premier objectif est d'accorder aux universités une forme de
souplesse administrative leur permettant une meilleure allocation des
ressources en vue d'une meilleure adéquation de l'offre et de la
demande.
En vertu de sa mission d'enseignement, l'université doit
s'efforcer d'offrir à ses usagers un choix de programmes d'enseignement
dont les capacités d'accueil respectives reflètent le plus
fidèlement possible la répartition de la demande entre ces
programmes.
Ce devoir des universités découle, à notre sens, du
droit de l'individu de choisir son champ d'étude. Cependant, en
même temps qu'elle cherche à répondre à la somme des
choix individuels, l'université cherche aussi à maximiser le
nombre d'étudiants qu'elle reçoit. Dans un passé
récent, le processus de démocratisation de l'enseignement
supérieur a bénéficié du fait qu'une
majorité d'étudiants était content de s'inscrire dans les
programmes relativement peu coûteux des sciences humaines et sociales
pour, ensuite, aller garnir les rangs
de la fonction publique naissante. Aujourd'hui, les
cégépiens cherchent à acquérir une formation
universitaire dans d'autres domaines où le coût de formation est
plus élevé. Notre génération d'étudiants
s'oriente naturellement vers des programmes qu'elle perçoit comme menant
vers un emploi. Les programmes appartenant aux sciences de la santé
sont, évidemment, concentrés en tête de liste et ce sont
les diplômés en sciences sociales qui éprouvent le plus de
difficulté à se trouver un emploi.
Notre but, en réitérant ces vérités bien
connues, est d'illustrer à quel point les besoins des employeurs et la
situation sur le marché du travail sont reflétés par les
préférences académiques des candidats. Les membres de
cette commission peuvent, d'ailleurs, consulter les tableaux fournis à
la toute fin du premier développement du mémoire pour constater
que les chiffres à cet égard parlent d'eux-mêmes. C'est un
peu avant la première page bleue du mémoire.
Cela dit, il faut maintenant constater que le problème qui se
pose à ce moment-ci est celui de l'inadéquation de la
réponse des universités et des choix académiques des
étudiants. Si on considère que le taux de désistement par
programme fournit une approximation juste de la préférence des
candidats, on constate que ces statistiques montrent que les programmes
à faible taux de désistement font plus souvent l'objet du premier
choix des étudiants, tandis que les programmes à haut taux de
désistement font plus souvent l'objet du deuxième choix, avec la
conséquence que de nombreux candidats essuyant un refus à leur
premier choix s'inscrivent à des programmes qualifiés de
déversoirs, de dépit par certains étudiants. C'est
notamment le cas de nombreux candidats refusés en droit qui s'inscrivent
en sciences politiques.
Il nous apparaît qu'une fraction significative des
étudiants qui changent de programme en cours de route ou qui
complètent deux programmes le font parce qu'ils désirent
ardemment étudier dans le programme de leur premier choix.
Malheureusement, ces individus sont souvent taxés "d'éternels
étudiants", bien malgré eux.
À ceux qui seraient tentés de nous poser le
problème de la qualité de la clientèle, nous
répondons qu'une allocation des ressources plus respectueuse de la
volonté des étudiants produirait des effets considérables
et immédiats sur la performance des étudiants. II en est de
même pour la qualité des activités de recherche. Il va donc
de soi, à nos yeux, que l'apparition et l'essor de nouvelles
disciplines, le plafonnement ou le déclin des demandes d'admission dans
des secteurs traditionnels exigent une certaine souplesse au plan de
l'allocation des ressources financières.
Nous ne sommes pas les seuls à être ainsi
préoccupés par cet objectif. Notamment, la Chambre de commerce et
d'industrie du Québec métropolitain, lors de sa comparution
devant cette commission, se prononçait pour "la mobilité des
ressources afin que les universités puissent, au plan du personnel et de
la recherche, se maintenir à la fine pointe en évitant, au nom de
la sécurité d'emploi, le risque d'une sclérose".
Évidemment, en l'absence de contraintes budgétaires, nous ne
serions pas ici à revendiquer une meilleure distribution des ressources.
En présence d'une telle contrainte, l'université doit identifier
les secteurs prioritaires et transférer des ressources
financières vers eux. Au fond, c'est la seule façon de
préserver à long terme l'utilité sociale des
universités; encore faut-il pouvoir identifier ces secteurs
prioritaires.
Dans l'immédiat, la répartition des demandes d'admission
entre les secteurs semble être le meilleur critère pour
déterminer ce qui constitue un secteur prioritaire. Cette recommandation
se fonde sur deux principes: que l'individu doit décider de
lui-même où est son avenir, l'intervention de l'État devant
se limiter à lui fournir l'information nécessaire; que
l'université, comme institution publique et comme entité
administrative, est d'abord au service des usagers et non le contraire.
Évidemment, on peut toujours prétendre qu'au nom de
l'accessibilité l'écart entre le coût de formation des
disciplines justifie la répartition actuelle des ressources. Mais le
transfert ne se fait pas, même dans le cas où l'obstacle de la
différence de coût n'existe pas. Donc, même en
présence d'une formule de financement neutre, même dans les cas
où une réallocation de ressources ferait en sorte qu'à
effectif étudiant égal l'université économiserait
des fonds, les contraintes administratives du milieu universitaire
empêchent le transfert des ressources financières.
Parmi ces contraintes, nous identifions plus particulièrement la
sécurité d'emploi des professeurs, la fameuse permanence. On fait
face, en quelque sorte, à un processus de sédimentation qui
conduit à une situation où les budgets universitaires doivent
perpétuellement croître au-delà de l'indexation annuelle,
de la croissance attribuable à l'augmentation des clientèles
étudiantes et de l'augmentation du coût moyen de formation. Cela
revient à subordonner les finances publiques du Québec aux
contraintes administratives des universités.
L'objectif de nos recommandations est, vous l'aurez compris,
d'accroître l'impact de la somme des choix individuels sur la gestion des
universités. Pour y parvenir, nous suggérons comme piste de
solution d'introduire une forme de contingentement
réseau de tous les programmes. Dans ce contexte, le
contingentement serait désormais compris comme un outil servant à
ajuster davantage l'offre à la demande en tenant toujours compte des
différences de coût entre les disciplines.
Si le principe selon lequel tout candidat qui en a les capacités
intellectuelles devrait être admis au programme de son choix veut dire
quelque chose, il faut tendre vers un système où on exige du
candidat la même performance académique, qu'il demande
d'être admis en administration, en lettres ou en sciences pures. Il y a
quelque chose d'assez étrange dans le fait qu'un candidat doive
présenter une moyenne de 85 % pour être admis en droit, mais
qu'une moyenne de 65 % soit suffisante pour entrer en sciences politiques,
alors que les coûts de formation de ces deux programmes sont sensiblement
identiques.
En conclusion sur ce sujet, nous voulons réaffirmer que le
maintien de l'université comme important agent de progrès exige
qu'elle puisse s'adapter aux besoins de changement plus rapidement qu'elle ne
le fait présentement. Cette recommandation du contingentement est de
nature interventionniste mais il ne faudrait pas s'en offusquer pour autant.
Parfois, l'atteinte d'objectifs fondamentaux, comme le respect de la
liberté de choix de l'individu exige une intervention centrale seule
capable de contrer la force d'inertie des pouvoirs installés.
Le second objectif que nous avons identifié est celui de pouvoir
mettre fin aux activités d'un professeur reconnu incompétent dans
un secteur d'activité. Loin de nous le désir de
généraliser et de prétendre à l'incompétence
globale du corps professoral, mais nous sommes quand même assez
profondément sensibles aux phénomènes du milieu
universitaire qui est censé nous transmettre les compétences
qu'on exige de nous. Ainsi, nous sommes préoccupés sur deux
plans: l'effet de la permanence sur la capacité des universités
de réallouer leurs ressources et l'effet de la permanence sur la
performance du corps professoral. L'une et l'autre de ces préoccupations
concernent directement la qualité de l'enseignement dispensé et
de la recherche réalisée dans les universités.
Le droit d'un professeur de demeurer au service de l'université
jusqu'au moment de sa retraite ne peut prendre fin que pour l'une ou l'autre
des raisons suivantes: l'inconduite professionnelle grave ou la
négligence répétée dans l'exercice de ses
fonctions; ou la suppression par le Conseil des universités d'une
unité ou d'un secteur d'activité.
Or, ni l'un ni l'autre de ces deux motifs n'est opérationnel,
dans les faits. À preuve, la quasi-absence de cas formels de
congédiement dans le premier cas. Dans le second cas, la tentative
récente de l'Université de Sherbrooke de supprimer trois
unités académiques s'est heurtée à de très
fortes résistances du milieu. Donc, parce que les motifs invoqués
pour licencier un professeur permanent sont inopérants, la permanence
équivaut, dans les faits, è la sécurité d'emploi
à vie. (10 h 30)
Évidemment, c'est au nom de la liberté universitaire qu'on
exigea autrefois la permanence des professeurs. Malheureusement, depuis 20 ans,
on a un peu dénaturé le sens premier du principe de la
liberté universitaire. On en fait une panacée servant à
plusieurs causes qui n'ont rien à voir avec les causes initiales.
Dans l'établissement d'une preuve circonstancielle concernant la
contre-performance des professeurs, les conclusions du rapport Lacroix sont
particulièrement révélatrices. Rappelons simplement que 40
% des professeurs à l'Université de Montréal effectuent
entre 70 % et 75 % de toutes les activités reliées à la
recherche et à l'encadrement des étudiants aux cycles
supérieurs, sans pour autant avoir une charge d'enseignement
inférieure à celle de leurs collègues. `À quoi sert
la liberté universitaire pour ceux qui ne publient pas? Par ailleurs et
curieusement, l'expérience montre que c'est bien davantage à
travers les luttes internes pour la dominance de courants qu'à travers
des gestes administratifs que la liberté universitaire est
régulièrement mise en cause. À ceux qui invoquent la
permanence au nom de la liberté universitaire, nous aimerions rappeler
que le premier ministre du Québec n'est plus Maurice Duplessis et
qu'aujourd'hui on peut compter sur une foule d'autres facteurs pour
protéger cette liberté. En toute impartialité, il faut
reconnaître qu'il n'est sans doute plus nécessaire d'accorder
à la permanence la même valeur qu'auparavant en ce qui a trait
à la protection de la liberté universitaire.
Il faut donc développer une nouvelle forme de pacte social
éliminant les effets pervers de la sécurité d'emploi et
permettant aux professeurs d'enseigner et d'entamer des recherches sans
dirigisme de l'administration. Le contrat de cinq ans renouvelable nous semble
répondre de façon satisfaisante aux deux objectifs.
Il est possible de protéger les professeurs contre les menaces de
congédiements arbitraires en leur accordant une permanence
limitée dans le temps, assortie de mécanismes d'évaluation
opérationnels et équitables. En aucun cas un tel mode de
fonctionnement ne doit décourager la critique et la recherche
indépendantes et honnêtes. Cependant, les mécanismes
d'évaluation devront minimalement vérifier l'existence
d'un effort, en évaluer l'ampleur et en exiger des
perspectives.
Le contrat de cinq ans et les mécanismes d'évaluation
auraient en particulier l'avantage d'accorder aux administrateurs la
possibilité d'abolir des postes dans certains secteurs en déclin;
ils laissent le temps de réaliser les évaluations utiles, de
prévoir les départs et de mettre en branle un processus de
reclassement ou de congédiement.
En résumé, la permanence des professeurs, telle que
vécue actuellement dans les universités du Québec,
constitue un véritable obstacle à l'évolution de nos
besoins en enseignement et en recherche et pose simultanément un
problème de performance d'une partie du corps professoral. Notre
suggestion est de l'abolir dans sa forme actuelle et de la remplacer par des
contrats de cinq ans renouvelables. D'aucune façon l'exercice de la
liberté universitaire, en son sens premier, ne nous semble
attaqué par cette proposition.
Le troisième objectif de la Commission jeunesse a trait à
la coordination des programmes universitaires. La rationalisation des
programmes existants peut se faire de plusieurs façons. Inutile
d'insister très longtemps sur les motifs d'une meilleure coordination.
La plupart des intervenants s'entendent là-dessus, notamment
l'Université Laval qui déclarait, le 7 octobre dernier, lors de
son passage devant cette commission parlementaire: "Tant que nous ne serons pas
sortis d'un système qui bénit l'éparpillement, la
croissance indifférenciée et le développement anarchique
et irrationnel du réseau, nous ne pourrons pas sérieusement
poursuivre les objectifs officiellement déclarés
prioritaires".
La plupart des universités, des groupes d'étudiants et des
intervenants socio-économiques ont tenu des propos semblables. Ainsi,
puisque les analyses se recoupent sur ce thèmne, permettez-moi de
présenter uniquement les moyens que nous suggérons et dont les
membres ont pu prendre connaissance à la lecture du mémoire. Ces
recommandations tiennent toutefois compte de l'incapacité des pouvoirs
actuels à obtenir des résultats concrets au chapitre de la
rationalisation du réseau.
Il vaut la peine à ce moment-ci de rappeler le cas des quatre
départements de neurochirurgie auxquels on fait référence
dans le mémoire et qui traîne depuis dix ans. La Corporation
professionnelle des médecins, les doyens, la CREPUQ, le ministre et le
Conseil des universités, depuis dix ans maintenant, disent que cela n'a
pas d'allure et qu'il faudrait peut-être concentrer cela dans une
université. Ces avis datent de 1976; on est en 1986 et il y a encore
quatre départements de neurochirurgie au Québec.
Pratiquement, la Commission jeunesse recommande à ce chapitre que
le ministre soit responsable d'évaluer la pertinence des programmes
d'enseignement en regard, notamment, de l'évolution des demandes
d'admission, puis des besoins exprimés par le marché du travail;
que le Conseil des universités soit responsable d'identifier les
mérites et les carences des programmes d'enseignement; que le ministre
responsable informe les chefs d'établissement suffisamment à
l'avance de son intention de réduire le nombre de programmes comparables
admissibles au financement; et que la conférence des recteurs, la
CREPUQ, soit chargée de présenter au ministre responsable un plan
de rationalisation dudit secteur disciplinaire.
M. le Président et messieurs les membres de la commission, nous
sommes maintenant disposés à écouter vos questions, mais,
auparavant, permettez-moi de rappeler que les aspirations de notre
génération s'accommodent de plus en plus mal des modes de
fonctionnement actuels de la société québécoise.
Nos propositions sont donc développées dans l'esprit d'un plus
juste équilibre entre les différents groupes qui composent notre
organisation sociale.
Il est important de ne pas perdre de vue ces motifs fondamentaux qui
nous inspirent et qui sont aussi étroitement liés aux objectifs
du gouvernement en matière de qualité d'éducation. Les
jeunes du Québec veulent être compétents,
compétitifs et participer concrètement, mais leur façon,
au développement de notre collectivité. Nous faisons valoir cet
objectif depuis plusieurs années déjà et nous continuerons
à le faire tant et aussi longtemps que cette cause nous apparaîtra
valable et urgente. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
président de la Commission jeunesse du Parti libéral du
Québec, M. Perrino. Il reste environ 25 minutes à la commission
pour une période d'échange de vues avec vous. Je cède
immédiatement la parole au ministre de l'Enseignement supérieur
et de la Science. M. le ministre.
M. Ryan: M. le Président, il me fait plaisir, à
l'occasion de ce qui sera la dernière journée complète
d'audiences publiques de la commission, de souhaiter la bienvenue à la
Commission jeunesse du Parti libéral du Québec dont
l'intérêt pour les questions d'éducation, surtout
d'enseignement universitaire, et le dynamisme politique ont été
remarqués de tous les observateurs au cours des dernières
années. 11 a pu arriver que l'on mette en doute la réalité
du renouveau qui s'est produit au sein du Parti libéral du Québec
au cours des dernières années. Je pense que
l'intérêt approfondi que la Commission jeunesse du
Parti libéral du Québec porte aux grandes questions de
l'heure est la manifestation la plus efficace et la plus éloquente de ce
renouveau qui s'est effectivement produit, qui doit toujours être
poursuivi, évidemment. Nous nous sommes réjouis de constater
l'autre jour que le Parti québécois avait décidé de
s'annexer aussi une commission jeunesse. On ne l'avait pas entendue depuis un
bon moment, mais elle est venue nous rencontrer l'autre jour et nous l'avons
reçue avec beaucoup d'intérêt. Je pense ' que la Commission
jeunesse du Parti libéral du Québec a été
extrêmement active et efficace au cours de la période
récente. Nous souhaitons que cela continue longtemps et nous sommes
très heureux en conséquence de vous recevoir à cette
commission en tant qu'interlocuteurs que nous apprécions beaucoup.
M. Jolivet: II ne faudrait pas les décevoir.
M. Ryan: Parmi les thèmes que vous abordez dans votre
mémoire, celui qui m'a frappé le plus n'est peut-être pas
celui qui ressort davantage des trois grands titres qui ont été
inscrits en tête des principaux chapitres. Il y a une phrase au tout
début du mémoire dans laquelle vous dites que ce qui importe tout
autant que la qualité de l'éducation, c'est une bonne
intelligence de la situation particulière de la jeune
génération qui demeure la principale clientèle des
universités. Pour elle, dites-vous, le plein emploi est un contexte
inconnu. Son quotidien est constamment parsemé d'exigences rigoureuses
et d'obstacles multiples.
Je pense que c'est à la lumière de cette
considération liminaire qu'il faut comprendre les développements
qui suivent dans le mémoire. Je pense qu'on n'aura jamais assez
d'inquiétudes au sujet de l'aptitude de notre système
d'enseignement à procurer à nos jeunes une formation qui leur
permettra de s'épanouir ensuite dans l'activité professionnelle,
à condition qu'on leur en laisse la chance. C'est un fait terriblement
inquiétant qu'un grand nombre de jeunes qui ont reçu une
formation de première qualité ne trouvent pas toujours à
s'employer sur le marché du travail. Ce n'est pas nécessairement
parce que la formation qu'ils ont reçue n'était pas bonne, c'est
souvent parce que le marché du travail est mal préparé
à les recevoir ou subit toutes sortes de bouleversements ou de
contrecoups dont le système d'enseignement n'est aucunement
responsable.
J'entends souvent dire qu'il faudrait passer son temps à
réformer le système d'enseignement parce qu'il y a, par exemple,
des phénomènes de chômage. C'est sûr qu'il y a des
incidences sur le système d'enseigne- ment, mais il y a des
phénomènes structurels à l'intérieur même de
la vie économique contre lesquels, à court terme, en tout cas, le
système d'enseignement peut accomplir assez peu. Néanmoins et
nonobstant toutes ces remarques, je pense que les jeunes restent ceux qui sont
le plus directement et le plus intensément affectés par ces
manques d'harmonie entre le système d'enseignement, d'un
côté, et les réalités du travail, de l'autre, et ce
phénomène doit nous préoccuper au plus haut point.
Parmi les points majeurs que vous abordez, il y a, évidemment,
celui de l'allocation des ressources à l'intérieur de l'ensemble
du système universitaire et aussi à l'intérieur de chaque
établissement universitaire. Il y a celui de la performance des
professeurs. Il y a celui de la coordination entre les établissements
qui composent le réseau. Je n'ai malheureusement pas le temps de faire
de commentaires sur chacun de ces points, vu le peu de temps qu'il nous
reste.
Je poserai une question sur chacun de ces trois points et le
débat pourra continuer, sans doute, dans d'autres contextes. Avant de
poser ma première question, je voudrais, cependant, inscrire une
interrogation. Je trouve, à la page 4 du mémoire, une remarque
sur laquelle je voudrais faire une brève observation. On dit qu'au cours
des audiences de la commission il y a certains problèmes qui ont
été évoqués, mais qu'ils font partie des
problèmes d'application d'une option de financement additionnel mise de
l'avant par quelques intervenants. Je pense que vous voulez faire allusion
à la question des frais de scolarité. Vous faites allusion aussi,
de manière implicite, au problème plus large du niveau de
financement des établissements universitaires. Je veux souligner
brièvement que la très grande majorité des
témoignages que nous avons entendus depuis maintenant un mois a
signalé qu'il est important de réviser le niveau de financement
des établissements universitaires et a présenté à
l'appui de sa thèse le très grand nombre de situations
concrètes qui appellent des interventions urgentes et pas seulement des
interventions à long terme.
Il y a un point. Au moins au point de vue de la perspective d'action,
j'aimerais que vous nous donniez tantôt des précisions parce que
je ne pense pas honnêtement qu'on puisse situer des considérations
comme celles que le mémoire nous présente et celles que nous a
présentées la très grande majorité des intervenants
que nous avons entendus dans une perspective que j'appellerais
consécutive. Je ne pense pas qu'il faille décider rigidement
qu'il faudrait faire tout ce qui est demandé ici avant de
considérer sérieusement le problème du niveau de
financement, parce qu'à ce moment je pense que la commission et le
gouvernement créeraient une immense
déception. (10 h 45)
Cela étant dit, je voudrais vous adresser trois questions que je
vais formuler brièvement. Comme j'ai à peine dix minutes pour le
faire, si vous voulez répondre un peu brièvement aussi parce que
mon collègue, le député de Sherbrooke, aurait une question
à vous poser également. Tout d'abord, à propos de
l'idée de contingentement national des inscriptions, vous dites qu'on
devrait avoir un système de contingentement national des inscriptions de
manière que les places disponibles dans chaque discipline correspondent
davantage à la demande. Le problème que cela soulève est
le suivant, à mon point de vue. Nous avons vu que, dans un certain
nombre d'établissements, surtout les universités en province, on
n'est pas capable de mobiliser pour chaque discipline le nombre minimum
d'inscriptions qu'il faudrait. Il faut quand même maintenir un minimum de
cours qui justifie le titre d'établissement universitaire. Il faut
permettre également une période de démarrage solide qui ne
peut pas être échelonnée seulement sur deux ou trois ans.
J'aimerais savoir comment fonctionnerait ce système de contingentement
national que vous envisagez et comment on doit le concilier avec le principe de
l'autonomie des établissements universitaires.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce vous qui
répondez, monsieur?
M. Perrino: D'une façon générale, sur vos
remarques préliminaires, M. Ryan, c'est vrai que plusieurs intervenants
sont venus ici et ont étudié plutôt des nouvelles sources
de revenus. Le choix qu'on a fait délibérément dans notre
mémoire, c'est plutôt d'étudier les revenus à la
source, de voir s'il n'y aurait pas de modifications qu'on pourrait apporter
à cela et certaines ressources qu'on pourrait allouer. Sur le
contingentement, je pense que Louis et Jacques ont quelque chose à dire.
Louis, sur le contingentement.
M. Boivin (Louis): Oui. Sur la conciliation de l'autonomie
administrative et du mode de contingentement national des universités,
évidemment, nous reconnaissons le principe de l'autonomie de3
universités en ce qui a trait au contenu pédagogique des
programmes et à la forme de l'enseignement et de la recherche.
Cependant, le système proposé s'attarde davantage à
rationaliser en faisant en sorte que les demandes d'admission pour l'ensemble
du Québec, y compris les régions, soient gérées et
partagées ensuite par la conférence des recteurs entre les
différents établissements de façon à concentrer le
plus possible les domaines ou les secteurs d'enseignement où c'est utile
de les concentrer, où c'est passible de le faire et où
l'éparpillement ne sert pas la cause du Québec en matière
de qualité de l'enseignement et de la recherche. Évidemment, la
condition particulière des universités en régions et
l'objectif de maintenir le concept d'université en régions, c'est
important. Loin de nous l'idée d'ignorer cette dimension. Cependant, on
considère qu'il y a des pas à faire dans cette voie et sans doute
qu'une analyse plus détaillée de la condition particulière
de chacune des universités et, en particulier, de celles qui sont en
régions nous permettrait de développer des formules de
pondération qui nous permettraient d'atteindre ou de maintenir le
concept d'université en régions sans le dépouiller de
composantes essentielles. Je terminerai en disant sur cela qu'évidemment
notre proposition s'attaque en priorité à la région de
Montréal qui compte quatre universités et où les
dédoublements et les éparpillements, comme on dit, sont les plus
répandus entre les programmes.
M. Muller (Paul): Simplement sur la question des
universités en régions, j'ajouterais qu'il faut éviter des
généralisations qui peuvent facilement devenir abusives,
c'est-à-dire qu'il s'agit d'étudier chaque programme à la
pièce et de trouver l'équilibre entre l'impact véritable
sur le développement de la communauté et, d'autre part, la masse
critique nécessaire pour avoir des activités de recherche et
d'enseignement de qualité.
M. Ryan: Merci. J'ai une autre question à propos de la
permanence des professeurs qui est un élément majeur de votre
présentation. Vous dites qu'on devrait remplacer la permanence des
professeurs par un système de renouvellement quinquennal du contrat
d'engagement. Dans tout le système d'enseignement actuellement, à
partir du niveau primaire jusqu'au niveau universitaire inclusivement, nous
avons le système de permanence. Nous l'avons également dans la
fonction publique, nous l'avons dans les hôtels de ville, nous l'avons
dans un grand nombre d'entreprises. Au bout d'un certain temps, la personne
atteint la permanence et ce n'est qu'en cas d'inconduite grave,
d'incompétence notoire, d'absence du travail ou de manque de travail
qu'on va être obligé de la remercier de ses services ou de la
mettre en congé pour un temps. Vous proposez de changer cela. Pourquoi
faire cela au niveau universitaire et ne pas le faire aux autres niveaux?
Pourquoi commencer à ce niveau?
La grande interrogation que j'ai, c'est à propos de
l'évaluation. Vous dites: On va assurer un système
d'évaluation efficace. Mais comment allez-vous mettre sur pied un
système d'évaluation efficace? II n'y a rien de moins efficace
que des semblables qui
s'évaluent. Demandez à trois journalistes d'évaluer
le travail d'un confrère s'ils sont syndiqués tous les quatre,
vous n'arriverez pas à grand-chose comme résultat. Je ne le sais
pas. Je vous dis cela franchement et vous le savez. Demandez à trois
enseignants d'évaluer un quatrième enseignant et ils vont dire:
II est bon.
M. Perrino: Présentement, c'est cela, le problème,
c'est ainsi que cela se fait. Si on s'attaque plus particulièrement
à la permanence au niveau des universités, c'est parce que c'est
là que c'est le plus flagrant. Quand on parle d'inéquité
entre générations, c'est là que cela fait le plus mal.
Présentement, l'État a la capacité d'injecter des fonds
jusqu'à une certaine limite. Ce n'est plus le Québec des
croissances démesurées qu'on a déjà connues. On
dirait que certaines personnes ne s'en rendent pas compte. Ce qui est grave
là-dedans, c'est qu'il y en a un certain nombre, minime, où c'est
de l'incompétence et qu'on garde dans le système. On ne peut pas
les enlever. Si je peux m'exprimer ainsi, c'est un peu du BS en Cadillac. De
plus, il y a aussi de bons profs dans certaines facultés où il y
a de moins en moins de demande d'étudiants. On devrait ouvrir des postes
dans d'autres facultés et on est incapable de prendre ces ressources et
de les réallouer. Qu'est-ce qu'on est en train de demander à ceux
qui n'auront jamais la sécurité d'emploi tapissée mur
à mur? On ne s'attend même pas à cela, nous, de notre
génération. On est conscient des réalités. Mais
qu'on ne vienne pas nous demander de financer des privilèges qui sont,
un, révolus et, deux, qu'on n'aura jamais. On s'attaque au
problème dans cet esprit.
M. Ryan: N'est-il pas dangereux, si on procède à
ces décisions seulement sur la base de la demande, qu'on élimine
de l'université de grandes compétences qui devraient s'y trouver
et pour lesquelles il peut arriver que, à une certaine période,
il n'y ait pas une demande considérable, mais qui, à la longue,
feront beaucoup plus pour le rayonnement de l'université que d'autres
qui ont pu être populaires pendant deux ou trois ans, mais qui n'avaient
pas nécessairement beaucoup de contenu?
Je ne sais pas s'il ne serait pas mieux de chercher une
amélioration des mécanismes d'évaluation à
l'intérieur du système actuel. Je vous pose la question bien
simplement.
M. Perrino: Je pense que l'amélioration des
systèmes d'évaluation a été, évidemment,
nécessaire. On ne trouvera jamais d'évaluation parfaite,
évidemment; les gens à qui cela ne fait pas l'affaire qu'on
remette en question la permanence vont toujours nous opposer des
problèmes méthodologiques. Cependant, dans la mesure où on
analyse que c'est un problème grave qui coûte très cher
à l'État et qui nous empêche d'avoir des universités
performantes, comme on doit en avoir pour faire face à la concurrence,
il faut qu'on aille vers une remise en question de la permanence.
On va être en mesure de développer les outils
nécessaires en termes d'évaluation. Il y a déjà pas
mal de travail qui s'est fait au sein des institutions universitaires. La
question est la suivante: Une fois qu'on a développé ces outils,
comment en fait-on des outils efficaces? On peut, bien sûr,
évaluer des gens, on peut pointer certains problèmes du doigt, il
faut être en mesure de les solutionner. C'est dans ce sens-là
qu'on propose une remise en question de la permanence.
On parlait de la cogestion tout à l'heure. Pourquoi cette remise
en question de la permanence ne se ferait-elle qu'au niveau universitaire? Je
pense que la cogestion n'existe qu'au niveau des universités, nulle part
ailleurs où ce sont les professeurs qui évaluent leurs pairs. Je
me rappelle quand j'ai été au secondaire, lorsque des professeurs
nous demandaient de corriger les copies de nos copains, en
général, la moyenne de la classe était relativement
élevée. Les professeurs d'université à ce...
Le Président (M. Parent, Sauvé): C'est
édifiant.
M. Perrino: ...niveau-là ne sont pas des êtres
humains différents en nature et on ne doit pas leur laisser des
tentations diaboliques.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Très
bien.
M. Perrino: Quant à la question de la demande, doit-on
faire en sorte que les allocations de ressources ne soient modulées
qu'en fonction de la demande? Ce n'est pas la propostion comme telle; on ne
propose pas que, de façon absolue, ce soit le seul critère dont
on tienne compte. Évidemment, tous les savoirs sont importants à
être traités. On doit développer la recherche à tous
les niveaux. Cependant, il faut qu'on le fasse de façon
cohérente. Je pense qu'on n'a pas les moyens au Québec de
maintenir les programmes dans toutes les institutions universitaires. On ne
doit pas avoir des multiuniversités dans toutes les villes de 40 000
habitants et plus. La concurrence qui doit être faite entre les
universités, c'est une concurrence internationale. Je pense que McGill
est beaucoup plus en concurrence avec la 5orbonne, avec Harvard qu'elle doit
l'être avec l'Université de Montréal ou de Rimouski. On n'a
pas les moyens de maintenir ce genre de concurrence à l'intérieur
de nos frontières.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, monsieur.
Le côté ministériel ayant utilisé et
dépassé d'au moins cinq minutes son temps, je reconnais
maintenant le porte-parole officiel de l'Opposition en matière
d'enseignement supérieur et de science, Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Je vais commencer
par m'excuser; ce matin, j'ai un peu de difficulté avec ma voix.
Probablement que les travaux de la commission ont contribué à cet
état de fait. La voix est en train de me laisser.
M. Perrino, messieurs, il m'a fait plaisir, au nom de l'Opposition, de
vous accueillir à cette commission. Je suis tout à fait
rassurée quand je vois que les jeunes au Québec
s'intéressent à l'avenir des universités.
Comme je l'ai dit aux membres du Comité jeunesse du Parti
québécois, les jeunes qui s'impliquent en politique choisissent
les lieux où ils peuvent le mieux intervenir sur les politiques qui
géreront le développement du Québec dans les prochaines
années. Quel que soit le choix que vous fassiez, d'un parti ou de
l'autre, l'important est que vous vous y engagiez.
Je vais passer rapidement aux questions parce que, si je fais comme le
ministre, je vais dépasser mon temps et on n'aura pas le temps
d'entendre tout le monde ce matin. Le mandat de cette commission portait
d'abord sur les orientations, deuxièmement, sur le niveau de financement
et les sources de financement et, troisièmement, sur l'aide
financière aux étudiants. Vous abordez fort peu le mandat
précis de la commission dans le sens que vous parlez peu des
orientations, vous parlez peu du niveau de financement et pas du tout de l'aide
financière aux étudiants.
Par ailleurs, si on lit votre mémoire, on comprend que, sans vous
prononcer sur le niveau de financement requis pour qu'on ait un enseignement de
qualité, vous identifiez trois causes, trois moyens de mieux
répartir les budgets actuels. Pour combler ce manque à gagner,
vous proposez un contingentement, la non-permanence des professeurs et une
rationalisation.
Par ailleurs, je suis préoccupée par une espèce de
contradiction dans votre mémoire. Quand vous touchez à la
permanence, votre mémoire est très interventionniste sur
plusieurs points. Il me semble que cela se marie moins bien avec ce que le
ministre nous rappelle tous les jours, que c'est un gouvernement très
libéral dans sa pensée, dans ses actions et dans son programme.
Vous êtes très interventionnistes au moins sur trois points.
Sur la permanence des professeurs, comment allier la
nécessité de renouveler son contrat tous les cinq ans avec la
liberté d'expression? Comment ne pas avoir la tentation d'être
modéré sur la critique sociale alors que vous savez que cela
influencera peut-être le choix de la direction de vous engager
après cinq ans? L'université a toujours été le lieu
de prédilection pour la défense de la liberté
d'expression. Si on est trop interventionniste, il me semble que c'est un
danger non seulement pour l'université, mais pour tout le monde.
Je parlerai brièvement du contingentement. Le ministre
Rérnillard est venu à cette commission la semaine
dernière. Je rappelle un article du Devoir du 8 octobre 1986:
"Rémillard défend la charge de travail et la permanence des
universitaires". Sur cette question, vous affrontez aussi le Conseil des
ministres, de même que sur la question des frais de scolarité.
Concernant les frais de scolarité, vous proposez un gel. Est-ce
que c'est pour toute la durée du mandat?
M. Perrino: Vous avez posé plusieurs questions et tout le
monde veut y répondre. Nous allons donc tenter d'être très
concis. Premièrement, concernant le mandat, aux deux dernières
pages de notre mémoire, nous avons reproduit le mandat spécifique
de la commission parlementaire. Si on le lit comme il faut, il y a plusieurs
points. À la dernière page, il y a deux autres points qui font
partie du mandat: la gestion des ressources humaines et matérielles des
universités - je pense qu'on en parle abondamment dans notre
mémoire - les modes de concertation entre les établissements
particulièrement en ce qui a trait à la rationalisation des
programmes offerts et à l'identification des champs d'enseignement et de
recherches jugés prioritaires. Je pense qu'on en parle abondamment dans
le mémoire. On a fait nos devoirs. On n'a pas parlé de tous les
éléments, comme la plupart des gens, on a relevé deux
éléments du mandat de la commission parlementaire et je pense
qu'on parle en fonction du mandat de la commission parlementaire.
Très brièvement - je sais que beaucoup veulent
répondre - sur la liberté d'expression. Â la lecture du
mémoire, on s'aperçoit que ce n'est peut-être pas la
permanence qui va nuire ou qui aide à la liberté d'expression.
Quand 40 % des professeurs réalisent 70 % à 75 % des
publications, je me pose des questions: Que font les autres? Leur
liberté d'expression est-elle brimée par la permanence? Non, ils
l'ont tous. Si elle est brimée quelque part, c'est peut-être par
les luttes qui se font à l'intérieur même des
départements. C'est ce qu'on dit dans le mémoire. Alors, dire que
la permanence égale la liberté d'expression, moi, en tout cas, je
n'achète pas. (11 heures)
Sur les frais de scolarité, l'engagement
électoral est très clair: c'était pour un mandat.
Nous, notre position est très claire; celle du parti est très
claire et celle du gouvernement aussi par les déclarations qui ont
été faites. Celle de M. Pierre Marc Johnson, par exemple,
était moins claire. Il ne faut pas jouer à la vierge
offensée, quand même. Pendant la campagne électorale, le 14
novembre, dans le Soleil, la Presse, le Devoir, M. Johnson, qui était
encore chef, affirmait: Oui, le dégel, on va voir, mais, de toute
façon, cela va être accompagné de mesures spéciales
afin qu'il y ait une plus grande accessibilité aux programmes.
Déjà, on laissait voir des mécanismes d'application d'une
politique qu'on reprendrait une fois au pouvoir. Je sais que le PQ n'a jamais
promis le gel des frais de scolarité et que le PLQ l'a promis. Quand on
a des convictions, il faut avoir le courage de les défendre avant le 2
décembre et après le 2 décembre. Jacques, sur la
liberté d'expression?
M. Gauthier (Jacques): Pour compléter sur la question de
la permanence, un auteur du "Canard enchaîné" disait que la
liberté d'expression ne s'use que lorsqu'on ne s'en sert pas. On peut
peut-être faire l'analogie avec la permanence. Dans la mesure où
les professeurs ne sont pas nécessairement les plus grands utilisateurs
de la liberté universitaire, on se demande si, lorsqu'ils emploient ce
concept pour défendre la permanence, c'est bien la liberté
d'expression qu'ils veulent défendre ou la sécurité
d'emploi blindée. On a l'impression que c'est plutôt cette
dernière. Est-ce que le fait d'avoir des contrats de cinq ans qui
seraient renouvelés à la suite d'évaluations qui auraient
lieu à l'intérieur des départements et des
universités... On connaît les mécanismes
d'évaluation et même si on faisait place à certaines
modifications pour impliquer des étudiants, des agents
socio-économiques de l'extérieur, je ne pense pas qu'on puisse
imaginer des menaces qui viennent de l'appareil d'État pour brimer
l'expression des universitaires. Je pense que Mussolini et Hitler ne sont pas
parmi nous. Les administrations d'universités agissent sous un mode
électif. Ce sont tous d'anciens professeurs. S'il y a des menaces qui
sont faites à la liberté d'expression des professeurs, cela ne
vient certainement pas de l'extérieur des murs de l'université.
On comprend très mal qu'on utilise le concept de la liberté
universitaire pour défendre la permanence.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Allez.
M. Muller: C'est une question fondamentale qui est revenue dans
les propos du ministre, ainsi que dans les vôtres. J'ajouterais
qu'à notre sens ce qui protège le plus la liberté
universitaire, ce n'est pas une protection de nature institutionnelle ou
pseudo-juridique comme la permanence ou la sécurité d'emploi. Je
pense que quiconque est familier avec le milieu universitaire connaît les
luttes de pouvoir à l'intérieur des départements et ainsi
de suite. Ce qui protège davantage la liberté universitaire,
c'est la diversité des agents qui évaluent et qui prennent des
décisions relativement à la promotion, à la
titularisation, à l'agrégation, votre au congédiement des
professeurs. Je pense qu'avec cette formule, c'est-à-dire un contrat de
cinq ans associé à un mécanisme d'évaluation
incluant des pairs, des administrateurs, des étudiants, des praticiens,
voire des professeurs issus d'autres universités, ce serait la meilleure
façon de protéger cette liberté, étant donné
qu'il n'y aura pas un agent dans le groupe qui aura suffisamment de pouvoir
pour imposer une quelconque brimade à la liberté universitaire.
À mon avis, c'est là que se trouve la principale protection de la
liberté et non pas dans un mécanisme institutionnel-
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, monsieur.
Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Vous nous dites que c'est davantage sur la
diversité des agents qui vont procéder à
l'évaluation du professeur que repose la garantie d'objectivité.
Est-ce que cela n'est pas possible à l'intérieur des
règles actuelles, c'est-à-dire la permanence, mais avec de
solides mécanismes d'évaluation? C'est une première
question, parce que c'est davantage la position des jeunes du Parti
québécois qui pensent qu'effectivement il y quelque chose
à faire, mais que cela peut se faire à l'intérieur des
règles actuelles, du moment qu'on s'assure que l'évaluation est
faite de façon rigoureuse et que des mécanismes de correction,
dans le cas où il y a déficience, puissent être mis en
place. Une première sur l'évaluation.
Une seconde question sur les frais de scolarité. Les
jeunes...
M. Muller: Vous soulevez quelque chose d'important et, pour la
bonne compréhension de notre propos, je vais préciser. Ce que
vous proposez peut atteindre le premier objectif, c'est-à-dire permettre
à l'université de se débarrasser d'éventuels
professeurs incompétents. Cela n'atteint pas, cependant, le second
objectif qui est de permettre une souplesse dans l'allocation des ressources.
C'est pour cela que, dans un cadre de permanence, nous n'atteignons pas ce
second objectif.
Mme Blackburn; Si je comprends bien, vous vous dites - et c'est
ce que vous disiez tout à l'heure: Comment vouloir continuer à
payer un système qui donne la sécurité
d'emploi blindée alors qu'elle ne nous sera jamais donnée?
Vous voulez ouvrir davantage les universités aux jeunes
diplômés, ce que je trouve excellent. Il y aurait peut-être
moyen, en y ajoutant des ressources additionnelles, de faire un peu plus de
places aux jeunes.
La deuxième question concerne le gel des frais de
scolarité. La mesure que proposaient les jeunes du Parti
québécois est un impôt universitaire, un
impôt-éducation qui serait payable après. Comment
réagissez-vous à cela?
M. Perrino: La formule que présentaient les jeunes
péquistes vient de l'Université Concordia, plus
précisément appelée le POET, le Post Obligatory
Educational Tax. C'est une mesure qui avait été
présentée, je me souviens, bien avant le 2 décembre.
D'ailleurs, M. le ministre, j'étais présent à une
réunion des membres du RAEU à l'Université de
Montréal où on présentait la mesure. C'est quelque chose
qui date de loin. D'ailleurs, c'est une mesure qui a été
présentée à l'ancien gouvernement aussi. On ne comprend
pas que l'ancien gouvernement ne l'ait pas retenue à l'époque
quand on sait qu'il avait une prédilection pour les formes originales de
taxation. Pour mettre en application une telle mesure, on avait demandé
que des études actuarielles se fassent pour savoir combien cela
coûterait parce que cela demande quand même des sommes assez
astronomiques pour partir un tel projet.
M. Jolivet: Cela me faisait penser aux petits oiseaux et au lait
des enfants.
M. Perrino: On ne comprend pas, M. le député.
M. Jolivet: Cela va, on parlait entre nous.
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît:
M. Perrino et M. le député de Laviolette, vous vous
adresserez au président.
Mme Blackburn: Oui?
M. Gauthier (Jacques): J'ai envie de rajouter, sur la question du
POET, le Post Obligatory Educational Tax, qu'on entrevoit le financement des
universités à ce stade-ci, en songeant à
l'opportunité d'augmenter le niveau de financement. Il nous
apparaît prématuré de se demander, si on devait hausser la
contribution des usagers dans le système des universités, comment
on le ferait. Premièrement, est-ce qu'il faut hausser le niveau de
financement? Deuxièmement, par quel moyen? Est-ce par une contribution
augmentée de la part des usagers? Si on répondait oui à
ces deux questions-là, il serait temps de se demander si une formule
comme le POET peut être intéressante à étudier. Je
pense que c'est nettement prématuré.
Pour compléter aussi peut-être sur la question de
l'évaluation, Mme la députée disait tout à l'heure:
Est-ce qu'il n'est pas possible d'apporter les corrections nécessaires
lorsqu'il y a des déficiences de productivité de la part des
professeurs, en instaurant un système d'évaluation qui soit
performant? Je pense que le problème, c'est qu'une fois qu'on aura un
système d'évaluation accepté par les professeurs, dont on
pourra dire que cela juge de façon raisonnablement correcte les
performances des professeurs, que fait-on lorsque quelqu'un ne veut pas se
réformer? Ce sont des choses qui peuvent arriver. Il faudrait
peut-être mentionner que déjà des mécanismes
existent. Par exemple à l'Université de Montréal et
à Laval, il y a des services pédagogiques qui ont des budgets qui
ne sont pas minimes. À l'Université de Montréal, on parle
de 800 000 $ à 1 000 000 $, je pense. On ne se bouscule pas aux portes
pour s'améliorer. Je constate que, malheureusement, malgré la
présence d'outils quand même assez intéressants, les gens
ne courent pas pour augmenter leurs prestations d'enseignement.
La question est celle-ci: Est-ce qu'il faudra donner des "incentives"?
Nous, on pense que oui. Des contrats de cinq ans permettraient aux gens, d'une
part, de "performer's de démontrer qu'ils sont toujours soucieux et
enthousiastes d'avoir de bonnes prestations d'enseignement. On pourrait les
évaluer à l'intérieur de ces cadres-là.
Mme Blackburn: Une brève question. Peut-être
avez-vous répondu au ministre tout à l'heure. J'étais
peut-être un peu distraite. Est-ce que la non-permanence serait pour tous
les niveaux d'enseignement?
M. Perrino: Dans le mémoire, on parle de permanence au
niveau universitaire. Si les membres de l'Assemblée nationale voulaient
aller plus loin là-dedans, on serait prêt à en discuter,
mais on s'attaque prioritairement à l'enseignement universitaire et
à la réallocation des ressources.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
président. Je reconnais maintenant le député de Laviolette
qui est aussi le vice-président de la commission parlementaire de
l'éducation.
M. le député.
M. Jolivet: Compte tenu du temps, M. le Président, je vais
faire une brève intervention. Tout à l'heure, je ne pouvais pas
m'empêcher, quand M, Perrino a fait allusion à certaines taxes
dans le passé, de
revenir avec la fameuse image que les libéraux avaient
utilisée, celle de la graine d'oiseaux taxée en tenant compte
que, sans savoir ce qui se passera au cours des prochaines années, on a
quand même enlevé le lait des enfants dans les écoles.
Quant à moi, c'est encore plus difficile à accepter ayant six
enfants à l'école dont trois au niveau
élémentaire.
Deuxièmement, ma question porte justement sur l'article du
journal: "M. Rémillard défend la charge de travail et la
permanence des universitaires." Je veux y revenir pour une simple raison.
D'abord, je suis un enseignant de niveau secondaire. Je suis en congé
sans traitement depuis nombre d'années. Je ne sais pas ce qui va
m'arriver plus tard; ce sera une décision que j'aurai à prendre.
Mais chose certaine, cela permet d'aller chercher une forme d'expérience
et de l'utiliser ensuite. Or, M. Rémillard, comme ministre responsable -
on le sait tous, il l'a dit lui-même - est en congé sans
traitement de l'Université Laval.
La formule de permanence que vous proposez, par un contrat à tous
les cinq ans, est-ce que cela veut dire que, pour l'avenir, tous les contrats
équivalant à celui qu'a M. Rémillard devraient
disparaître de la carte, c'est-à-dire qu'il n'y aurait plus aucun
congé sans traitement pour des gens qui viennent prendre de
l'expérience publique, exercer des charges publiques, pour ensuite
retourner dans le milieu du travail avec des capacités additionnelles?
Ils viendraient sans avoir au moins l'assurance qu'une fois un mandat de quatre
ans ou de huit ans terminé - peu importe la durée - de pouvoir
revenir à la fonction précédente. Je fais exclusion de
ceux qui possèdent des chaires dans une université. Je relie cela
aussi à l'autre partie de la discussion qui est celle de la
capacité d'avoir une liberté d'expression. Je n'irai pas
tellement loin en rappelant ce qui s'est passé aux États-Unis: le
fait, pour des gens qui possèdent une certaine forme de
sécurité, de pouvoir au moins parler à rencontre de ce que
pensent des gens dans le milieu religieux en particulier, en pensant faire
évoluer l'ensemble de la société.
Ma question concernant M. Rémillard: Est-ce que vous proposez de
ne plus jamais accorder de congé sans traitement à des gens qui
viennent donner une partie de leur vie, de leur santé, au service de la
population?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Qui va
répondre?
M. Perrino: On ne s'est pas attaqué prioritairement au cas
de M. Rémillard. Je pense que... Je m'excuse.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Vous ne vous
êtes pas attaqué aux députés.
M. Perrino: Non. Je pense que tout le monde peut avoir son
opinion. Tout le monde sait qu'au PLQ, on n'est pas un parti dogmatique, tout
le monde peut exprimer son opinion et, à un moment donné, on aura
des décisions à prendre. Pour tous ceux qui ont des congés
sans traitement, si vous appliquez les contrats de cinq ans demain matin, ce
sera un problème. Je pense que, d'ici à ce qu'on applique cette
formule, il y aura des mécanismes d'ajustement auxquels on pourra penser
et on tiendra compte de ces différents mécanismes. On n'a pas
tenu compte des exemples précis et concrets de certaines personnes dans
le mémoire.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, monsieur.
Brièvement, s'il vous plaît!
M. Boivin: J'aimerais simplement ajouter qu'on pourrait
peut-être instaurer des mécanismes. Si l'individu est ministre
pendant huit ans, peut-être qu'il pourrait reprendre son travail. S'il ne
réussit pas à l'être...
Le Président (M. Parent, Sauvé):
Pardon? On n'a pas compris, monsieur.
M. Boivin: Enfin, je disais que peut-être on pourrait
instaurer un mécanisme du genre: si l'individu est ministre pendant huit
ans, il pourrait obtenir à nouveau son travail. S'il ne réussit
pas à devenir ministre, il pourrait le perdre. Enfin, j'aimerais revenir
sur...
Des voix: Hal Ha! Ha!
Le Président (M. Parent, Sauvé): C'est le
député de Laviolette?
M. Jolivet: II y a plusieurs personnes de l'autre
côté qui poseraient la question, M. Chagnon en particulier.
M. Boivin: C'est une blague, M. Laviolette.
M. Jolivet: D'accord.
M. Boivin: M. Jolivet. Cela dit, j'aimerais revenir
brièvement sur une affirmation qui a été faite tout
à l'heure, avant d'en finir avec le parti de l'Opposition.
Le Président (M. Parent, Sauvé):
Brièvement.
M. Boivin: Oui. C'est sur la nature interventionniste des
recommandations du mémoire. Évidemment, je ne vais pas reprocher
à quiconque de ne pas posséder aussi bien que le ministre, que
nous ou que le président du parti, la notion du libéralisme. La
notion du libéralisme, au Québec du moins, ne s'attarde pas
aux
moyens comme tels, mais bien à l'objectif. Si des objectifs
peuvent être atteints quelquefois par des mesures interventionnistes et
quelquefois par des désengagements de l'État, cela va de soi.
Lorsque le libéralisme peut s'exprimer, quel que soit le moyen mis en
oeuvre, à nos yeux, ce sera un plus pour la société
québécoise.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, messieurs.
Je reconnais maintenant, pour conclure au nom de sa formation politique, la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Je voudrais vous
remercier, au nom de ma formation politique, d'être venus ici nous faire
part de vos opinions sur les orientations et le financement du réseau
universitaire. J'aurais eu plusieurs autres questions à vous poser
touchant le contingentement en vous demandant si ce n'était pas une
façon de réduire les effectifs dans les universités, donc
une façon aussi de réduire les coûts du système.
C'est un peu ce qu'on sent dans le rapport de M. Gobeil.
Par ailleurs, l'interventionnisme, je pense qu'on le retrouve à
différents endroits et en particulier lorsque vous recommandez que ce
soit le ministère qui juge de la pertinence de poursuivre des programmes
ou non. Généralement, on reconnaissait au Conseil des
universités une plus grande indépendance pour procéder
à ce genre d'activité. (11 h 15)
Par ailleurs, pour le reste, malgré les écarts qui nous
sépareraient par rapport aux opinions que vous exprimez, je dois dire
qu'elles méritent tout notre respect. Le fait que vous ayez
consacré du temps à ce mémoire - je sais ce que cela exige
- et que vous vous soyez présentés ici en commission
parlementaire mérite toute notre considération. Au nom de ma
formation politique, je vous remercie.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci beaucoup,
Mme la députée. M. le ministre.
M. Ryan: M. Perrino et MM. les membres de la
délégation, vous venez d'accomplir un exploit remarquable ce
matin parce que la députée de Chicoutimi vient de vous dire que
vous méritez tout te respect de l'Opposition. Le gouvernement n'en a
jamais obtenu autant.
Mme Blackburn: Je pense que les preuves restent à
faire.
M. Ryan: J'ai bien apprécié l'échange,
hélas, trop bref, que nous avons eu ensemble. Je pense que la Commission
jeunesse du Parti libéral du Québec est venue montrer dans
l'enceinte même du Parlement que l'esprit libéral se prête
à la discussion, même de thèmes souvent audacieux qui ne
sont pas toujours reçus par l'opinion du jour, mais qui se
réservent de faire leur chemin dans les esprits s'ils sont bons.
Il y a une chose que je retiens de l'échange que nous avons eu.
C'est que, surtout aux yeux de la pensée politique libérale, les
idées sont faites pour être discutées, pour être
explorées. On n'a jamais atteint, en matière d'aménagement
de la société, des certitudes définitives sur quelque
sujet que ce soit. Par conséquent, on reste en recherche. Les
questionnements que nous adressent les représentants de la jeune
génération doivent être écoutés par les
gouvernants et les élus du peuple avec beaucoup de respect.
Je signale, en terminant, que nous demeurons avec le problème
dont vous n'avez pas traité dans votre mémoire, le
problème du niveau de financement des universités sur lequel nous
recommencerons à être harcelés par l'organisme qui va vous
suivre I la table des témoins, l'Université McGill. Nous devrons
examiner ce problème tout en gardant à l'esprit les
considérations que vous avez fait valoir.
Sur la permanence, je suis obligé d'enregistrer une
réserve très sérieuse. Je pense qu'on pourrait appliquer
les arguments qu'on m'a apportés au niveau universitaire et non pas aux
autres. Â mon point de vue, ils ne sont pas percutants. Ce qui
m'inquiète, ce n'est pas tant la liberté d'expression parce que,
comme liberté d'expression, on a celle qu'on prend. Dans une
société ouverte, pas besoin d'avoir de coussin de six pouces
d'épaisseur comme celui auquel tient beaucoup le député de
Laviolette. La plupart d'entre nous n'en avions point quand nous sommes
entrés dans la politique et cela donne une certaine
légèreté à l'engagement qui n'est pas mauvaise.
Oui, faites le tour. Je n'ai pas d'inquiétude.
De ce côté, on pourrait discuter, mais ce qui
m'inquiète, c'est la continuité de l'oeuvre intellectuelle qui
est confiée à l'université. J'aurai besoin de beaucoup
d'arguments pour me convaincre qu'une personne va se laisser mettre en
ballottage tous les cinq ans si elle entreprend une carrière de
professeur et de chercheur universitaire. Ce sont des carrières qui
engagent toute une vie. Je ne pense pas que moi-même, si on m'avait
invité, j'aurais été intéressé à y
aller dans ces conditions. J'aurais dit: J'aime autant faire cela dans un autre
contexte qu'à l'université. Je ne veux pas être
obligé de me chicaner continuellement pour ma "job" avec mes
collègues, ou même avec les étudiants ou avec mon doyen. Si
je l'ai gagnée par mes états de service, je peux pouvoir leur
dire: Je n'apprécie pas votre travail, je fais le mien à fond,
c'est pour cela que je suis là.
Il n'y a pas de réponse dans la proposi-
tion que vous faites à cet argument de fond qui est la
continuité de l'engagement universitaire, de l'oeuvre universitaire dans
ce qu'elle a de plus fondamental. On va explorer ce point parce qu'il n'a pas
été beaucoup examiné jusqu'à maintenant dans nos
débats. C'est mon inquiétude de fond, je vous le dis en toute
simplicité.
À propos des programmes, c'est une chose que je n'ai pas eu le
temps d'aborder dans les questions. J'en avais d'autres, mais le temps m'a
empêché de les poser. Vous dites qu'il faudrait
réévaluer non seulement les programmes qu'on veut instituer, mais
ceux qui existent déjà. C'est parfaitement juste. Vous confiez
dans votre mémoire une fonction au Conseil des universités et une
autre au ministre à ce sujet. Si j'ai bien compris, vous confieriez la
fonction d'évaluation du contenu, du bien-fondé objectif au
Conseil des universités et le jugement de pertinence au ministre. J'ai
des interrogations là-dessus. Aussi, je serais plutôt porté
à considérer que mieux vaudrait confier les deux volets de la
fonction au Conseil des universités, quitte à ce que la
décision, comme c'est le cas maintenant, reste entre les mains du
ministre à la fin. Je crois que c'est très important d'ajouter le
jugement de pertinence, qui est absent jusqu'à maintenant des exercices
qui ont été faits par le Conseil des universités, pas
parce qu'il n'y pensait pas, mais parce que ce n'était pas dans son
mandat. C'est important de l'examiner. Je ne serais peut-être pas enclin
à faire la séparation aussi nette que ce qui est proposé
dans le mémoire.
Cela étant dit, je conclus en vous remerciant de l'invitation
à la réflexion que vous avez faite vous-mêmes aux
parlementaires, ce matin, sur des aspects très importants de
l'institution universitaire. J'espère que ce dialogue pourra continuer
longtemps. Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. M. Perrino, M, Muller, M. Boivin, M. Gauthier, nous vous remercions
beaucoup d'être venus rencontrer la commission parlementaire de
l'éducation afin de nous aider, de nous éclairer dans ta
recherche d'une solution en ce qui regarde la problématique du
réseau universitaire québécois. Encore une fois, merci et
félicitations pour le courage que vous avez eu et la
détermination dont vous avez fait preuve de venir ici rencontrer la
commission parlementaire.
La commission suspend ses travaux pour quelques minutes alors qu'elle
entendra, comme prochain invité, l'Université McGill.
(Suspension de la séance à 11 h 22)
(Reprise à 11 h 27)
Le Président (M. Parent, Sauvé): La commission
parlementaire de l'éducation reprend ses travaux en accueillant les
représentants de l'Université McGill. Le porte-parole de
l'Université McGiil est M. David L. Johnston, principal et
vice-chancelier. M. Johnston, au nom des membres de la commission parlementaire
de l'éducation je vous souhaite la bienvenue. Je veux aussi vous
remercier d'avoir accepté de venir deviser avec tes membres de cette
commission sur la problématique de l'orientation et du financement du
réseau universitaire québécois. M. Johnston, à la
suite des ententes qui ont eu lieu entre les représentants de votre
groupe et notre secrétaire, il est prévu qu'une période
d'une heure et demie environ sera consacrée à l'Université
McGiil, qu'une période de 15 à 20 minutes sera consacrée
à votre exposé verbal et que le résidu de la
période de temps sera consacré à un échange entre
vous, les gens qui vous accompagnent et les membres des deux formations
politiques. Alors, M. Johnston, si vous voulez bien nous présenter les
gens qui vous accompagnent et enchaîner avec votre
présentation.
Université McGill
M. Johnston (David L.): Merci, M. le Président.
L'Université McGiil remercie les membres de la commission parlementaire
de l'occasion qui lui est offerte de s'exprimer sur un sujet qui nous
préoccupe tous, soit les orientations et le financement du réseau
universitaire québécois. Permettez-moi, M. le Président,
de vous présenter les membres de notre délégation:
À ma gauche, ici, M. John Armour...
Le Président (M. Parent, Sauvé): M.
Armour.
M. Johnston: ...vice-principal à l'administration et aux
finances; M. Pierre Bélanger, doyen de la Faculté de
génie...
Le Président (M. Parent, Sauvé): M.
Bélanger.
M, Johnston: ...et M. Charles Perrault, membre de notre conseil
des gouverneurs et responsable de la sollicitation auprès des fondations
dans le cadre de notre campagne de financement.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M.
Perrault.
M. Johnston: À ma droite, ici, M. Paul Davenport,
vice-principal à la planification et aux services informatiques...
Le Président (M. Parent, Sauvé): M.
Davenport.
M. Johnston: ... M. Richard Salisbury, doyen de la Faculté
des lettres, et le Dr Richard Cruess, doyen de la Faculté de
médecine. Avant de passer la parole au vice-principal, M. Davenport, je
vous entretiendrai des orientations de notre université.
Depuis sa fondation, la mission de l'Université McGill est
l'avancement des sciences. Mais si nous accordons une priorité
élevée à la recherche cela ne signifie pas que nous
négligeons pour autant l'enseignement. Il y a en effet une
résonance entre l'enseignement et la recherche qui est la
caractéristique dominante d'une université de premier ordre
où le savoir est à la fois créé et diffusé
par les mêmes personnes. En accordant la primauté à la
recherche, McGill garantit la qualité de ses programmes d'enseignement.
C'est pourquoi toutes nos catégories de professeurs-chercheurs ont des
charges d'enseignement. Ainsi, dans son rapport sur sa visite de 1984 à
McGill le Conseil des universités soulignait que si McGill ne produit
que 14 % des diplômés de 1er cycle de la province elle
décerne 21 % des maîtrises et 39 % des doctorats. Les
évaluations cycliques systématiques auxquelles nous
procédons dans tous nos départements et facultés jouent un
rôle primordial dans la planification de nos activités de
recherche et d'enseignement. Grâce à ces évaluations nous
pouvons notamment réévaluer la façon dont notre
université utilise ses ressources.
Depuis quelque temps, nos modalités de planification sont
axées sur la rationalisation et la stabilisation de nos
départements et programmes. À l'Université McGill, cela
nous paraît une démarche raisonnable étant donné que
l'expansion rapide de l'université dans les années soixante
était réalisée davantage par l'élargissement des
départements et par la plus grande flexibilité de nos programmes
plutôt que par la jonction de nouveaux départements et programmes.
Conformément à ce principe de rationalisation, chaque
département procède régulièrement à l'examen
des cours qu'il offre. Chaque année, le comité de planification
signale qu'un grand nombre de cours ont été abandonnés au
profit de nouveaux cours. Les départements analysent également
régulièrement leurs priorités de recherche. D'autres
ajustements plus visibles ont également été
réalisés. Par exemple, la Faculté des sciences de
l'éducation a procédé à un
réaménagement de ses structures et, des treize
départements qu'elle comptait, il n'en reste que huit.
La Faculté de génie a, pour sa part, abandonné son
option d'exploration géophysique qui relevait du Département de
génie minier et métallurgique.
L'organisation de l'École des sciences infirmières et de
l'École d'ergothérapie et de physiothérapie a
été rationalisée pour faire face à l'accroissement
des besoins en matière de recherche. Nous soutenons que notre processus
de planification stimule l'adaptation dynamique de nos programmes
d'enseignement et de recherche à l'évolution des connaissances et
aux nouveaux besoins de notre société.
La collaboration entre McGill et les autres universités du
Québec se fait à des nombreux paliers et de diverses
façons. Nous participons à tous les grands consortiums
interuniversitaires et jouons un rôle dirigeant dans plusieurs d'entre
eux. Par exemple, le réseau de médecine génétique
du Québec qui regroupe les Universités Laval, Montréal,
Sherbrooke et McGill, la nouvelle société interuniversitaire de
recherche sur les populations avec l'Université Laval,
l'Université du Québec à Chicoutimi et McGill. À un
niveau moins officiel, pratiquement chaque département entretient des
rapports d'un type ou d'un autre avec d'autres départements
universitaires de la province, cette collaboration pouvant revêtir la
forme de séminaires conjoints, de programmes de conférenciers
invités, de projets de recherche ou de la direction de thèses. Il
n'a pas été rare que ce soit McGill qui prenne l'initiative de
telles activités. Lors de notre réponse au Conseil des
universités en mai 1985, nous avions dénombré 350
différents projets de collaboration entre nos professeurs et leurs
collègues du réseau. Enfin, les collections des Musées
McCord, Redpath et Lyman sont accessibles aux professeurs et aux
étudiants des cégeps et des autres universités. Le
réseau de bibliothèques de McGill est le premier prêteur
net du réseau de prêts entre bibliothèques PEBUQUILL et
nous ne touchons aucune indemnité pour les coûts que cela
représente. Chaque fois que nous disposons de ressources de ce type,
nous nous efforçons de les partager avec le reste des communautés
universitaires. S'il y a peu de gens qui sont conscients du haut niveau de
collaboration interuniversitaire au Québec, il y en a encore moins qui
sont au courant de la contribution majeure des universités à la
vie collective. À McGill, cette contribution se manisfeste surtout
à la Faculté de médecine. Elle concentre une grande partie
de ses activités d'enseignement et de recherche dans les onze
hôpitaux montréalais qui lui sont affiliés. Notre
Faculté de médecine collabore depuis longtemps avec le
ministère des affaires sociales pour pallier le manque de
spécialistes dans les régions périphériques de la
province.
Par exemple, le Département de psychiatrie parraine, en termes de
recherche, d'enseignement et d'éducation permanente, des
départements de psychiatrie clinique à Chisasibi à la Baie
James, à Malartic en Abitibi, à Baie-Comeau sur la
Côte-Nord et
à Sainte-Anne-des-Monts en Gaspésie. La Faculté de
médecine a aussi mis sur pied des équipes de médecine
familiale à Val-d'Or, au Témiscamingue, dans l'Estrie et elle en
créera d'autres sous peu à Shawbridge et à Hull. Enfin,
depuis de nombreuses années, la Faculté de médecine de
McGill fournit des services médicaux à toute la Terre de
Baffin.
Cette collaboration avec le ministère des affaires sociales
profite aussi à nos étudiants car ils acquièrent ainsi une
connaissance concrète de la pratique médicale dans les
régions éloignées des grands centres urbains. Cette
expérience en médecine de première ligne a d'ailleurs valu
à la Faculté de médecine de McGill qu'elle soit choisie
pour monter une école de médecine au Pakistan, par exemple.
Enfin, la participation aux enjeux communautaires est implicite pour les
départements qui s'efforcent de jouer un rôle de premier plan dans
leur domaine. Les professeurs de disciplines appliquées telles que
l'administration, l'agriculture, le génie, le droit, la médecine
et le service social savent implicitement que la seule façon d'atteindre
cet objectif est de s'intéresser aux enjeux de la communauté qui
les entoure.
L'Université McGill est non seulement enracinée dans la
collectivité québécoise, mais encore elle reflète
à peu de choses près la réalité linguistique
canadienne. Pour appuyer une telle affirmation, je vous soumets, M. le
Président, nos toutes dernières statistiques d'inscriptions en ce
qui concerne la langue maternelle de nos étudiants. Sur une population
de 21 131 étudiants de jour, près de 59 % des étudiants de
McGill sont de langue maternelle anglaise, près de 24 % sont de langue
maternelle française et près de 18 % sont de langue maternelle
autre que le français ou l'anglais. Sur les 8547 étudiants de
soir, 41,5 % sont de langue maternelle anglaise, 39,7 % sont de langue
maternelle française et 18,8 % parlent une langue autre que le
français ou l'anglais. Ainsi donc, sur une population étudiante
totale de 29 678, 28 % des étudiants de McGill sont de langue maternelle
française.
Si McGill jouit d'une grande réputation à l'échelle
du monde, elle le doit pour une bonne part à la société
québécoise, que ce soit grâce à la
générosité de ses gouvernements successifs ou à
celle de ses citoyens. L'appel à la générosité des
milieux d'affaires et de ses diplômés est une vieille tradition
à McGill. Elle remonte, en fait, au milieu du siècle dernier,
à l'époque du principal William Dawson qui a réussi
à convaincre les Macdonald, Molson, Redpath et autres hommes d'affaires
montréalais de contribuer financièment à la construction
des pavillons qui portent maintenant leur nom. Avec le lancement de Essor
McGill, il y a trois ans, l'université en est à la sixième
campagne de financement depuis 1900. En outre, elle fait appel annuellement
à la générosité de ses diplômés. Les
fonds ainsi obtenus sont un atout précieux pour notre université
mais ils ne peuvent ni ne doivent se substituer aux revenus que lui alloue le
gouvernement québécois pour assurer son fonctionnement. Chaque
dollar reçu dans le cadre de la campagne Essor McGill est destiné
à un usage précis et ne peut donc servir à combler le
manque à recevoir de l'université. Avant de passer la parole au
vice-principal Davenport, j'attire votre attention, M. le Président,
madame, messieurs les membres de la commission parlementaire sur la fiche
signalétique de McGill dans laquelle vous trouverez tous les
renseignements pertinents sur notre université. M. Davenport vous
entretiendra maintenant brièvement de notre situation financière.
M. Davenport, s'il vous plaît.
M. Davenport (Paul): Merci, David. M. le Président, M. le
ministre, mesdames et messieurs, parmi les grands thèmes de notre
mémoire concernant la situation particulière de McGill,
j'aimerais traiter ici les trois suivants: la recherche, le sous-financement et
le déficit. J'aborderai ensuite la question des droits de
scolarité et terminerai avec un bref résumé de nos sept
recommandations.
L'Université McGill se classe au premier rang des
universités québécoises en ce qui concerne la recherche et
en tête des universités canadiennes au chapitre des subventions de
recherche par professeur. Comme le démontre le tableau 9 du
mémoire du Conseil des universités, pour chaque dollar du budget
de fonctionnement, les chercheurs de McGill reçoivent 0,46 $ en
subvention de recherche, la moyenne pour les autres universités
québécoises étant inférieure à 0,20 $. Dans
une étude effectuée en 1982, l'Université de Western,
Ontario, a comparé les dollars de subventions de recherche par
professeur auprès des grands conseils fédéraux de
recherche en médecine, sciences naturelles, génie et sciences
humaines. L'Université McGill se classait au premier rang pour ce qui
est du total des subventions divisé par le nombre de professeurs dans
ces domaines de recherche. Mais, fait souvent mal compris, rien n'est plus
fragile qu'une réputation d'excellence en recherche universitaire. Son
maintien exige un effort constant de la part des chercheurs, lesquels doivent
sans cesse réussir une autre expérience scientifique,
réaliser une autre thèse ou publication et obtenir une autre
subvention de recherche. Tous ces efforts exigent un financement de
fonctionnement adéquat, à la fois pour maintenir l'infrastructure
de recherche et pour engager de nouveaux chercheurs en concurrence avec
d'autres universités de réputation
internationale. Depuis plusieurs années, à McGill, les
budgets de fonctionnement dont nous disposons sont nettement insuffisants pour
soutenir adéquatement nos activités de recherche. Nous croyons
fermement que notre excellence est menacée et ce, à court terme,
par le sous-financement. Avec la perte de notre réputation d'excellence
en recherche, c'est d'abord notre capacité d'attirer des chercheurs de
réputation internationale puis celle de dispenser un enseignement de la
plus haute qualité qui vont disparaître. Voilà ce qui est
en jeu pour nous dans le travail de la commission, notre réputation
mondiale de l'excellence en recherche et en enseignement. (11 h 45)
M. le Président, je voudrais maintenant examiner de plus
près la question du sous-financement de l'Université McGill. Le
Conseil des universités a clairement démontré l'existence
d'un sous-financement général du réseau universitaire
québécois par rapport à l'Ontario auquel, bien entendu,
McGill ne saurait échapper. Mais nous souffrons aussi d'un
sous-financement relatif par rapport à nos universités soeurs du
Québec. La preuve de ce sous-financement relatif de McGill est contenue
dans une étude comparative des bases de financement des
universités du Québec, publiée par la OGERU en mai 1984.
Il s'agit d'une étude détaillée des coûts des
budgets de base, notamment des coûts indirects de la recherche, des
coûts différentiels des diverses disciplines et des études
de 2e et 3e cycles, des coûts d'administration et de soutien et des
suppléments par étudiant qui incombent aux petites
universités et aux universités éloignées des grands
centres urbains.
Cette étude démontre qu'en 1982-1983 l'Université
McGill accusait un manque à recevoir annuel de 15 000 000 $ par rapport
aux normes provinciales, soit à peu près 12 % des dépenses
admissibles de l'université. Concordia, l'Université de
Montréal et Bishop étaient aussi sous-financées mais
c'était à McGill que le sous-financement était le plus
marqué.
Bien que le rapport recommandait un redressement de ce sous-financement,
à ce jour, soit deux ans et demi plus tard, les universités n'ont
perçu aucun paiement visant à redresser la situation mise
à jour par la DGERU. On entend parfois dire qu'afin d'ajuster les bases
du financement des universités trouvées sous-financées par
la DGERU il faudrait attendre d'obtenir l'assentiment de toutes les
universités. En réalité, rien n'est plus faux. Dans la
question des bases de financement, il ne s'agit pas d'attendre un tel
assentiment. Nous réclamons du ministère un traitement
équitable de notre université. Nous ne demandons pas la
charité, nous demandons justice. Je vous rappelle les termes du principe
de droit fondamental selon lequel "justice delayed is justice denied", justice
différée est justice déniée. Il est grand temps
pour le ministère de corriger cette situation aberrante des bases de
financement. Le redressement de ce sous-financement est indispensable au
rétablissement de la situation financière de l'Université
McGill.
M. le Président, je voudrais à présent passer
à la question du déficit de l'université. Ce
déficit se chiffrait autour de 10 000 000 $ par année entre
1984-1985 et 1986-1987, ce qui a totalement épuisé nos fonds de
dotation sans restrictions pour ensuite créer un déficit
accumulé non provisionné de 28 000 000 $. Devant la
dégradation de sa situation financière, McGili a imposé de
rigoureuses restrictions de salaire aux membres de ses personnels enseignant et
non enseignant. Cela explique qu'en 1982-1983 les professeurs de McGill
gagnaient en moyenne 4000 $ de moins que le salaire moyen de leurs homologues
du même âge dans les autres universités du Québec, ce
qui se traduit par un manque à gagner annuel de 4 300 000 $.
On peut tirer les mêmes conclusions d'un document récent de
la DGERU lequel démontre qu'en 1982-1983 les salaires des professeurs
à McGill étaient inférieurs de 13 % aux salaires
accordés par nos deux grandes universités soeurs, Laval et
l'Université de Montréal. Or la situation relative des
professeurs de McGili ne s'est pas améliorée depuis cette date.
Il est tout à fait injuste que le groupe de professeurs faisant preuve
de la meilleure performance en matière de recherche reçoivent des
salaires largement en dessous de la moyenne provinciale.
Parallèlement à ces compressions salariales, McGill a
exercé un contrôle extrêmement rigoureux de ses
dépenses administratives. Dans le compte rendu de la visite qu'il a
effectuée à McGill en novembre 1984, le Conseil des
universités a noté que les dépenses administratives de
McGill représentaient 6,8 % des dépenses totales de
l'université contre 10 % et davantage dans la plupart des autres
universités. Ce chiffre de 6,8 % est donc le plus bas au Québec
et un des plus bas au Canada.
Toutefois, malgré les compressions salariales et le faible niveau
des dépenses administratives, le sous-financement constant de
l'Université McGill a entraîné un déficit
substantiel. Il faut toutefois se rappeler que notre déficit annuel de
10 000 000 $ n'est que les deux tiers du sous-financement de McGill mis
à jour par la DGERU. La solution à notre déficit et
à notre bas niveau de salaire exige non seulement une augmentation
substantielle du financement du réseau, mais aussi un
réajustement des bases de finance-
ment.
Le financement des coûts indirects de la recherche, la correction
des bases de financement et l'élimination du sous-financement des huit
dernières années dans le réseau universitaire vont
coûter cher dans les prochaines années. Oe quelle façon la
province peut-elle financer ces mesures?
Dans la conjoncture budgétaire actuelle du Québec, il
semble difficile de prélever ces fonds à même les recettes
publiques générales. C'est la raison de notre recommandation
selon laquelle le Québec doit hausser les droits de scolarité des
citoyens canadiens et des résidents permanents pour qu'ils atteignent
les niveaux des autres provinces et consacrer la totalité des sommes
ainsi recueillies à l'augmentation du financement des universités
et des prêts et bourses aux étudiants. Telle est
précisément la position adoptée par le Conseil des
universités dans son avis de décembre 1985. À l'instar du
conseil, McGill tient beaucoup à ce que les étudiants issus de
familles à faible revenu continuent d'avoir accès aux
études universitaires. C'est pourquoi nous donnons tout notre aval
à la position du conseil selon laquelle une large part des fonds
reçus de l'augmentation des droits de scolarité soit
destinée aux prêts et bourses. Le mémoire du Conseil des
universités préparé pour cette commission démontre
clairement qu'avec un bon système de prêts et bourses
l'augmentation des frais de scolarité ne devrait pas réduire
l'accessibilité aux études universitaires.
En terminant, M. le Président, je voudrais résumer les
sept recommandations de notre mémoire qui ont pour but non seulement de
consolider l'enseignement et la recherche universitaire au Québec, mais
encore d'assurer que toutes les universités soient traitées d'une
manière équitable. Nous recommandons au ministère de
l'Enseignement supérieur et de la Science les politiques suivantes: le
financement explicite des coûts indirects de la recherche; la
restructuration des bases de financement suivant la méthodologie
établie par la DGERU en 1984; la cessation de tous les
prélèvements accompagnée du financement intégral du
coût de l'inflation et de la croissance des inscriptions; l'augmentation
des droits de scolarité des étudiants canadiens afin de financer
100 000 000 $ de nouvelles dépenses et 40 000 000 $ de prêts et
bourses supplémentaires; la distribution des nouveaux fonds selon les
principes que je viens d'énoncer et non pas au prorata des
déficits budgétaires courants des universités; une
augmentation des exonérations des droits de scolarité
différentiels aux étudiants étrangers inscrits en 2e et 3e
cycle; un changement dans le calcul des subventions de fonctionnement afin que,
dans toutes les universités, le même montant par étudiant
à temps plein soit déduit des dépenses admissibles.
En conclusion, nous demandons à la commission de choisir
l'excellence comme fer de lance de l'enseignement universitaire au
Québec au cours des prochaines années et de mettre les
universités au défi, avec un financement adéquat et
équitable, d'atteindre un niveau de qualité encore plus
élevé au chapitre de l'enseignement et de la recherche. La
commission constatera sans nul doute que les universités du
Québec sont prêtes à relever ce défi et à
accepter ce nouvel objectif.
Le Président (M. Jolivet): Merci, M.
Johnston et M. Davenport.
Compte tenu du temps qui nous est alloué jusqu'à 13
heures, nous allons terminer les interventions à 12 h 50 pour permettre
les allocutions du ministre et de Mme la députée de Chieoutimi.
Pour le moment, la parole est à M. le ministre de l'Enseigement
supérieur et de la Science.
M. Ryan: Merci, M. le Président. II me fait plaisir de
saluer le recteur de l'Université McGill, M. Johnston, qui est en
même temps président de la Conférence des recteurs et des
principaux des universités du Québec, ainsi que ses
collègues de la direction de McGill qui l'accompagnent ce matin.
L'Université McGill occupe une place toute spéciale dans
le réseau universitaire québécois, à la fois au
plan historique car elle est l'une de nos institutions presque
vénérables avec l'Université Laval et au plan de la
qualité du travail accompli. Dans l'étude qu'il a faite sur
l'Université McGill il y a à peu près un an, le Conseil
des universités, à la suite d'une visite qu'il avait
effectuée à votre établissement, avait consigné en
particulier les observations suivantes: "Tout au long de la visite et de
l'étude des documents d'appui, il est apparu clairement que le
développement de la recherche et des études de maîtrise et
de doctorat constituait la principale priorité de l'Université
McGill." "Ainsi en est-il des revenus provenant de la recherche qui ont
augmenté de près de 150 % entre 1977-1978 et 1983-1984, ce qui
place McGill loin devant les autres universités
québécoises à ce chapitre." Bien plus, ceci confirme ce
qu'on a entendu tantôt et c'est toujours le rapport du Conseil des
universités que je cite: "Si l'on examine les performance des
professeurs de McGill au concours des organismes subventionnaires
fédéraux, on constate qu'ils obtiennent
régulièrement des subventions moyennes supérieures
à celles de toute autre université canadienne."
Le Conseil continuait ainsi: "Cette vision de l'université et de
sa mission
centrée essentiellement sur l'avancement des sciences
imprène profondément la communauté universitaire de
McGill. Les professeurs, les directeurs de départements et les doyens
s'y sont constamment référés, soulignant l'importance de
la recherche dans les activités des professeurs, comparant leurs
prestations avec celles des grandes universités de recherche
nord-américaines"} etc. Ce jugement du Conseil des universités
confirme ce que savait déjà la plupart des observateurs de la
réalité universitaire québécoise et canadienne.
À l'occasion de ta visite de McGill à la commission
parlementaire, je souligne avec beaucoup d'intérêt la contribution
importante de McGill dans la production de diplômés du 2e cycle et
du niveau doctoral. La contribution de votre université à ce
chapitre est vraiment très importante.
Il me souvient qu'il y a déjà une vingtaine
d'années le problème de sous-financement se posait pour
l'Université McGill. C'était au début de la
révolution tranquille. Mon collègue, le député de
Westmount, qui nous fait l'honneur de sa visite aujourd'hui, était
encore passablement jeune à ce moment, j'imagine. Le Devoir, dont
j'étais le directeur - vous vous en souvenez peut-être, même
le recteur est un peu jeune dans ces vieilles choses québécoises
- s'était porté à la défense de l'Université
McGill. Nous avions insisté auprès du gouvernement avec toute la
vigueur dont nous étions capables pour que l'Université McGill
soit traitée sur un pied d'égalité avec les autres
universités. On doit dire, à l'honneur du gouvernement
libéral de l'époque, qu'il avait redressé les choses. Il
avait donné à l'Université McGill à ce moment un
traitement qui pouvait le situer sur un pied d'égalité avec les
autres. Malheureusement, les choses se sont de nouveau dégradées
par la suite. Je crois qu'un exercice semblable à celui qui fut fait
dans les années soixante devrait être sérieusement
considéré.
Je veux vous dire une chose. J'ai noté vous m'en avez saisi
à maintes reprises depuis déjà quelques années -
les problèmes de sous-financement qui se sont posés pour votre
université et les conséquences qui en ont déjà
découlé, qui menacent d'en découler de manière
encore plus inquiétante. (12 heures)
Je peux vous assurer que le gouvernement est très conscient de
ces problèmes que vous avez posés et que, dans l'examen que nous
faisons présentement sur le niveau de financement de nos
universités et de la formule de financement, les problèmes que
vous avez portés à mon attention seront examinés avec
toute l'objectivité et l'impartialité nécessaires. J'aurai
l'occasion de le faire plus tard, mais je veux signaler dès maintenant
la contribution considérable qu'ont faite les professeurs au fonctionne-
ment de l'université au cours de ces années de difficultés
financières.
Les chiffres que vous nous avez donnés sont
particulièrement éloquents. Je pense que l'écart de
rémunération qui sépare vos professeurs de la moyenne de
leurs collègues québécois est d'environ 10 %. Dans
certaines catégories c'est plus élevé» Je crois
qu'il y a lieu de le signaler, non pas pour les encourager à continuer
indéfiniment, mais pour faire remarquer que bien des gestes ont
déjà été faits dans nos établissements
universitaires pour faire face à la situation financière
difficile qui se posait. Par conséquent, sur ce point-ci, soyez
assurés que nous sommes bien avertis de la situation qui existe et que
je proposerai au gouvernement que toutes nos universités, y compris la
vôtre, soient traitées sur un pied d'égalité
à l'intérieur de la nouvelle formule de financement que nous
devrons mettre au point au cours des prochains mois en consultation,
d'ailleurs, avec les établissements intéressés.
Je ne pense pas que le Québec ait d'autre intérêt
que de veiller à ce que la mission de McGill puisse être maintenue
et développée, surtout au niveau du progrès des
études de 2e et 3e cycles qui est un des points sur lesquels nous devons
travailler davantage au cours des prochaines années.
Vous proposez de nombreuses solutions à la fin de votre
mémoire pour régler les problèmes du financement des
universités. Il y en a une qui fait l'objet d'un large accord. Je pense
que les propositions visant le financement explicite des coûts indirects
de la recherche ont été formulées par plusieurs autres
intervenants au cours des dernières semaines, en particulier la semaine
dernière de manière spécialement insistante par
l'Université Laval. C'est une dimension que nous devrons introduire dans
l'examen que nous ferons de la nouvelle formule de financement.
La restructuration des bases de financement suivant la
méthodologie établie dans l'étude de la direction des
études universitaires du ministère en 1984, c'est un point que
nous notons également. Cette étude, comme vous l'avez
signalé, avait fait ressortir qu'un écart d'à peu
près 10 % séparait McGill des autres universités en
matière de subventionnement. Il y avait des imperfections dans cette
étude, mais il y avait déjà des éléments
très importants que nous allons voir, je pense bien, à
compléter. Je me dispense de continuer l'examen parce que le reste est
à caractère plus large. Vous demandez la cessation de tous les
prélèvements, accompagnée du financement intégral
du coût de l'inflation et de la croissance des inscriptions. Là,
je ne voudrais pas nVaventurer tout de suite là-dessus parce que je
devrai en discuter avec mes collègues de la députation à
l'issue de nos travaux et ensuite avec mes collègues du
gouvernement.
Ce serait trop facile pour moi de dire: Je vais plaider pour tout cela.
Je pense que je devrai être solidaire à la fois de la
députation et du gouvernement dans les solutions qui seront mises au
point. C'est à ce moment que vous pourrez juger si des résultats
ont été obtenus de cette commission ou non. En attendant, je ne
veux pas prendre d'engagement facile.
Je voudrais vous poser quelques questions qui découlent de votre
présentation. Le Conseil des universités, à l'issue de la
visite qu'il avait faite à l'Université McGill, avait
souligné les grandes qualités de votre établissement en ce
qui touche les études de 2e et 3e cycles. Il avait formulé une
interrogation au sujet des études de 1er cycle. Il vous avait
demandé si vous aviez des mécanismes pour faire en sorte que les
programmes offerts au niveau du 1er cycle répondent vraiment à
des besoins et que toute la rationalité possible soit introduite
à ce niveau. Il avait conclu, dans son étude, que les
éléments d'information qu'il avait recueillis ne l'avaient pas
satisfait complètement. Je ne sais pas si vous pourriez nous parler en
particulier, brièvement, évidemment, étant donné le
peu de temps dont nous disposons, d'abord, du sytème d'évaluation
des programmes que vous avez instauré il y a quelques années.
On parle beaucoup d'évaluation ces temps-ci. Il me semble que
vous avez pris le problème sous l'angle de l'évaluation des
programmes. J'aimerais que vous nous parliez de ce système que vous
avez. Deuxièmement, de son impact sur le 1er cycle en particulier.
M. Johnston: M. le Président, permettez-moi de dire
quelques mots en ce qui concerne le système d'évaluation, et
ensuite M. Davenport et le doyen Cruess de la Faculté de médecine
vous parleront. Nous avons "formalisé" ce système
d'évaluation il y a maintenant cinq ans, mais avant cela nous avions des
évaluations ad hoc pour certains départements et pour certaines
facultés. Nous avons trois buts avec ce programme d'évaluation.
Premièrement, c'est de corriger le département et de
développer la critique à la base avec le "self-study report" qui
commence avec celle-ci. Le deuxième but est d'avoir une méthode
de distribution des ressources à travers l'université avec
l'information qui suggère les priorités. Le troisième but
est de maintenir et d'accentuer la qualité des programmes: si on a des
déficiences, des problèmes dans un certain département, on
a la possibilité de voir les problèmes et de les corriger; si on
a des forces dans certains départements c'est possible de les renforcer.
Ce système est un des nombreux qu'on utilise. On a aussi constamment un
programme d'évaluation des cours, et cette évaluation est
très importante pour la qualité de l'enseignement de 1er cycle.
Peut-être que c'est l'une des choses du rapport du Conseil des
universités qui ne sont pas exactes ou complètes, parce que nous
sommes une université avec une mission de recherche, bien sûr,
mais aussi avec une mission d'enseignement de 1er cycle très forte, et
nous croyons que les deux vont ensemble. On a la recherche avec l'enseignement
et l'enseignement avec la recherche. C'est impossible de diviser les deux, et
c'est important d'apporter les découvertes de la recherche dans notre
mission d'enseignement de 1er cycle. M. Davenport et M. Cruess.
M. Davenport: M. le recteur, je vais passer la parole aux doyens
puisque ce sont eux qui administrent ces revues cycliques.
M. Cruess (Richard): Merci, M. le Président, Le
système d'évaluation cyclique systématique à McGill
est très rigoureux et très formel. À tous les cinq ans,
chaque département ou chaque unité de recherche dans
l'université doit être évalué par un comité
très formel. Ce comité est nommé non pas par le doyen mais
par un comité central. II n'y a pas de membres du département qui
siègent au comité d'évaluation. Il y a des membres des
autres départements ou des autres facultés de
l'université. Finalement on doit avoir un membre du comité qui
travaille dans une autre université. On essaie à chaque fois
d'obtenir un homme ou une femme de grande réputation pour cette fonction
d'évaluateur externe. Le rapport est disponible au chef de
département, au doyen et au comité central. La
collectivité de l'université prend les décisions sur cette
unité à partir de ce rapport. Dans des facultés nous avons
changé la direction de l'unité, nous avons changé les
directeurs aussi, nous avons fermé des programmes et nous avons
augmenté les activités des programmes. C'est un système
qui est difficile, qui prend beaucoup de temps et beaucoup d'efforts en ce qui
concerne les départements, en ce qui concerne les facultés, en ce
qui concerne l'université, mais nous croyons que les résultats
sont très efficaces.
Une voix: ...M. Salisbury a quelque chose à ajouter.
M. Salisbury (Richard): Je devrais ajouter tout simplement que
c'est au bout du premier quinquennat que nous avons fini d'évaluer tous
nos départements. C'est la planification qui a été le
sujet de la plupart des rapports. Le département lui-même est
obligé de se rendre compte de la direction qu'on a dans le
département. La direction la plus importante, c'est la direction des
programmes de 1er cycle, plutôt que la direction des études de 2e
et 3e cycles. On
reconnaît les points les plus forts dans la recherche, mais pour
la plupart je dirais que la masse globale de chaque département
relève de l'enseignement tel quel. Je devrais ajouter que, parmi les 23
évaluations de départements dans ma faculté, il n'y en a
que deux ou trois qui ont été négatives? la plupart ont
été extrêmement favorables à la direction des
départements.
M. Ryan: M. le Président, une autre question. On entend
souvent dire ceci: L'Université McGill est peut-être
sous-financée en ce qui touche les subventions gouvernementales, mais
elle est riche; elle a beaucoup d'argent par ailleurs; elle a des fonds en
fiducie; elle a toutes sortes de réserves qui lui permettent de
compenser ce sous-financement gouvernemental. Pourriez-vous nous dire ce qui en
est exactement de ces fonds de fiducie que vous avez et de l'état
où vous en êtes actuellement là-dessus? Je pense qu'il
serait important que vous renseigniez la commission avec assez de
précision là-dessus; c'est un point qui est invoqué
très souvent.
M. Johnston: M. Armour, vice-recteur à l'administration et
aux finances.
M. Ryan: M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui.
M. Ryan: Si M. Armour ou l'un ou l'autre membre de la
délégation préfère s'exprimer en langue anglaise,
il n'y a pas de problème avec nous. Les deux langues sont parlées
dans cette Chambre, je veux que M. Armour se sente à l'aise comme tout
le monde.
M. Armour (John): Merci beaucoup. Venant de l'Écosse, je
ne parle pas très bien le français et mes collègues
à McGill me disent souvent que je dois apprendre à parler en
anglais.
Pendant beaucoup d'années, McGill s'est employée à
recueillir des dons privés et des subventions, des legs, pour contribuer
au succès de sa mission. Il a fallu beaucoup de travail pendant une
dizaine d'années. Je dois parler du fonds de dotation avec restrictions,
du fonds de datation sans restrictions et aussi du programme Essor McGill.
Le fonds de dotation avec restrictions. Il s'agit là de sommes
d'argent données à l'université, fréquemment par
voie de legs, sous réserve que le capital reçu ne soit pas
dépensé mais au contraire investi pour produire un revenu annuel
destiné à des usages spécifiques. So in the balance sheets
of May 1986, we had 877 - presque 900 -fonds de dotation individuels distincts,
totalisant 200 000 000 $. Cette somme a été investie par
l'entremise de trois investisseurs professionnels dans le but de produire le
meilleur rendement possible, mais une fois protégée la valeur
réelle du capital. Il est important que nous protégions la valeur
réelle du capital. If someone gives us 500 000 $ this year, which
produces 35 000 $ at let us say 7 %, for a faculty chair, in ten years time we
want the same real dollars in income. If we do not invest the money for capital
gains, gains boursiers servant à neutraliser les effets de l'inflation,
then the value of the endowment goes down each year. (12 h 15)
Donc, les revenus des placements se sont élevés l'an
dernier à 14 000 000 $. Nous avons reçu un rendement, des revenus
de 14 000 000 $. La totalité de ce montant a été
affectée aux buts précisés dans les dons et les legs
originaux.
Each gift we receive has a specific purpose. It is for research, it is
for student aid, it is for a faculty chair. We cannot use the capital and we
cannot use the income except for the purpose for which the money was given.
Donc, nous avons tiré le maximum de rendement de ces fonds de
dotation avec restrictions. Il est impossible de puiser à même ce
capital pour éponger une partie de notre déficit. Par le
passé, il est déjà arrivé que l'université
ait reçu des donations et des legs d'importance majeure, sans
restrictions, où les donateurs ne spécifiaient aucun usage
particulier. Pendant ces années, dans le passé, par souci de
l'avenir de l'université, le Conseil des gouverneurs a
créé un fonds de dotation sans restrictions dont le rendement
était destiné à l'usage général de
l'université. Le 19 mai 1976, la valeur de ce fonds était
évaluée à 20 000 000 $. Il y a dix ans, nous avions 20 000
000 $ dans le fonds de dotation sans restrictions. Depuis 1976, la
totalité de cette somme a servi à éponger les
déficits de fonctionnement. So, we have used our entire 20 000 000 $
from 1976 until now to pay the deficits.
S'il avait été possible de préserver le capital de
ce fonds, sa valeur courante majorée de gains d'investissements
dépasserait aujourd'hui 40 000 000 $. Just by keeping the 20 000 000 $,
having it invested, today we would have 40 000 000 $, which would have produced
3 000 000 $ en revenus pour l'université. Mais tout cela a
été perdu parce que nous avons utilisé tous ces fonds pour
éponger les déficits. Malgré l'érosion du fonds de
dotation sans restrictions, nous faisions face, en mai 1986, à un
déficit accumulé de 18 000 000 $. Donc, nous avons utilisé
tous les fonds sans restrictions et nous avons encore un déficit qui,
à la fin de cette année, sera de 18 000 000 $.
Finalement, le programme Essor McGill, McGill Advancement Program. Nous
avons
bon espoir que l'objectif de 61 000 000 $ sera atteint à la fin
de cette année, mais chaque dollar reçu dans le cadre de cette
campagne est destiné à un usage particulier et ne peut donc
servir à combler le manque à gagner de l'université. Le
succès de cette campagne dépend de cet élément
crucial. Les anciens étudiants, par exemple, ont versé des dons
qui s'élèvent à 12 000 000 $. Le personnel et les
étudiants ont versé respectivement 400 000 $ et 4 000 000 $.
On peut affirmer que la générosité de tous ces
donateurs se serait vite estompée s'ils avaient soupçonné
que leur générosité servirait à éponger le
déficit dû à l'insuffisance du financement public. Le
même argument vaut pour les dons des sociétés et des
fondations.
Il y a aussi un autre point. Si l'on prévoit atteindre l'objectif
de la campagne d'ici la fin de 1986, une bonne partie de ces dons, en fait,
sont des annonces de contributions échelonnées sur trois ou cinq
années. They are pledges that we will receive money in the next three or
five years, les sommes annoncées devant nous être versées
ultérieurement. Une grande partie de ces sommes viendront s'ajouter au
fonds de dotation avec restrictions pour le financement futur des chaires
d'enseignement, de la recherche, des bourses, etc. Les dons versés au
titre des dépenses en capital, comme l'achat d'équipement, la
construction de nouveaux pavillons et la rénovation des pavillons
anciens, serviront à ces fins. Aucun de ces montants ne peut servir
à éponger des déficits accumulés. Les dons
privés que McGill a réussi à attirer à elle sont le
fruit de plusieurs dizaines d'années d'efforts visant à
créer un climat de générosité parmi les anciens
élèves et les amis de l'université. Le maintien de ce
climat dépend de la bonne gestion des fonds reçus et de
l'affectation fidèle des fonds aux buts auxquels ils sont
destinés. On ne saurait trop insister sur ces éléments,
car toute dérogation risque d'anéantir à très court
terme les efforts de plusieurs dizaines d'années. Nous sommes d'avis que
les résultats obtenus jusqu'ici au chapitre des appels de fonds,
même s'ils peuvent paraître impressionnants dans le contexte du
Canada, sont loin d'avoir atteint tout leur potentiel. Nous envisageons
déjà de redoubler d'efforts dans ce domaine. Notre
réussite dépendra des éléments que nous avons
soulignés dans cette réponse.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, monsieur.
Je reconnais maintenant Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le président. Messieurs, au nom
de l'Opposition, il me fait plaisir de vous accueillir à cette
commission parlementaire. Soyez assurés que, pous nous, comme l'a
exprimé tout à l'heure le ministre de l'Éducation,
l'Université McGill constitue un acquis inestimable. La "performance" de
vos chercheurs et la qualité de la formation sont reconnues
internationalement et c'est pour nous extrêmement impartant, aujourd'hui,
de le reconnaître.
Si vous le permettez, je passerais immédiatement aux questions,
celles-ci ayant trait à l'accessibilité et au déficit.
Dans votre mémoire, aux pages 9 et 11, vous signalez que le
problème du déficit est occasionné par un sous-financement
du gouvernement et vous estimez qu'il doit être résorbé par
des budgets additionnels payés par le gouvernement. D'autres
universités qui étaient également en déficit ont
bouclé... C'est-à-dire qu'il y en a en déficit et il y en
a qui, avec les mêmes règles, ont réussi à boucler
leur budget. Comment estimez-vous qu'une mesure d'équité pourrait
permettre à la fois de résorber votre déficit et de tenir
compte des universités qui, malgré les compressions et les
règles, ont réussi à boucler leur budget?
M. Davenport: Ce que nous avons essayé d'exprimer dans le
mémoire, c'est qu'à notre avis nous avons déjà
bouclé plus que n'importe qui d'autre. Cela se voit très
clairement dans l'échelle de salaires des professeurs, par exemple,
où on économise quelque 4 000 000 $ par année depuis
quatre ans et même plus, puisque nos premières données
remontent à 1982-1983. Deuxièmement, si vraiment on avait les
mêmes règles pour tout le monde, je comprendrais mieux que McGill
doive boucler encore, si on a un déficit, même avec des salaires
inférieurs si on les compare aux autres universités. Mais ce
qu'on essaie d'exprimer dans le mémoire, c'est qu'à notre avis il
nous semble qu'il n'y a pas les mêmes règles du jeu pour tout le
monde. Quand on fait une évaluation des vrais coûts des
universités, comme l'a fait la DGERU, McGill est sous-financée
par une marge qui dépasse même notre déficit. Mais on
essaie de dire quand même dans le mémoire que nous sommes
très conscients du problème du déficit. Ce n'est pas
quelque chose qu'on va renvoyer au gouvernement, pas du tout. Notre conseil
d'administration est très inquiet de ces trois années de
déficit. Â l'université même, nous sommes en train,
justement ce mois-ci, de demander aux doyens de couper encore dans leur budget,
d'enlever des postes. Je ne vaudrais pas laisser l'impression que McGill va
laisser son déficit aller n'importe où. Mais nous voyons cela
comme un travail conjoint avec le ministère. Nous sommes certainement
prêts à essayer de faire des coupures, mais on aimerait voir un
mouvement de l'autre côté sur ces questions de base de financement
et sur les coûts indirects de la recherche.
Mme Blackburn: Vous demandez au
gouvernement de verser quelque 50 000 000 $ pour la présente
année en guise de budget de rattrapage. Vous savez que, cette
année, c'est de 34 000 000 $ qu'on a amputé l'enveloppe des
universités. Par ailleurs, vous faites état d'un sous-financement
par rapport aux frais indirects de la recherche. Est-ce que les entreprises
défraient la totalité des coûts directs et indirects des
contrats de recherche? Sinon, quel pourcentage? Peut-être en ajoutant
que, quand on parle des coûts indirects de la recherche, vous demandez
que ce soit le gouvernement qui les paie. Pourquoi pas les organismes
subventionnaires?
M. Davenport: Nous serions très contents si toutes les
organisations subventionnaires étaient prêtes à nous donner
les coûts indirects de la recherche. La situation actuelle, c'est que
dans les contrats avec une compagnie privée nous recevons les
coûts indirects de la recherche puisque nous insistons là-dessus.
Mais avec les subventions de recherche qui sont l'énorme majorité
- les subventions de recherche des gouvernements c'est quelque chose comme 95 %
du total -nous ne recevons pas les coûts indirects de la recherche. C'est
surtout un problème avec les subventions du gouvernement
fédéral qui nous donne la subvention mais non pas les coûts
indirects de la recherche.
S'il y avait une décision conjointe
fédérale-provinciale à savoir que le fédéral
donne à toutes les universités ce coût indirect de la
recherche, les universités seraient ravies. Pour le moment, il nous
semble que, dans la situation actuelle où c'est la province qui est
responsable de notre financement de fonctionnement, c'est d'abord au
ministère de l'Enseignement supérieur du Québec que nous
devons faire ces demandes.
Mme Blackburn: Dans votre mémoire, vous estimez à
150 000 000 $ les budgets de rattrapage qu'on devrait étaler sur les
trois prochaines années. Selon une évaluation faite, si je me
rappelle, par le Conseil des universités, si on avait maintenu les
mêmes règles de financement qu'en 1976-1977, il manquerait 300 000
000 $. Diriez-vous qu'il y avait trop d'argent dans les universités?
M. Davenport: Absolument pas. Ce qu'on fait dans le
mémoire, c'est de suivre la pensée du Conseil des
universités qui dit: II faut que les droits de scolarité au
Québec soient à peu près au même niveau que la
moyenne canadienne. J'essaie de comptabiliser cela et je dis: Attention, avec
cela on a 150 $ de plus... Si j'ai donné l'impression que c'était
tout l'argent dont avait besoin le système universitaire, c'est que j'ai
mal parlé. J'ai commencé avec l'idée que nous
étions d'accord tout à fait avec le mémoire du Conseil des
universités sur cette question de besoin de fonds. Je crois que vous
avez tout à fait raison, dans la comparaison avec l'Ontario, le conseil
arrive à un chiffre comme 300 000 000 $ et je trouve que c'est un bon
chiffre.
Mme Blackburn: Si je comprends bien, vous ajustez vos besoins
à l'évaluation que vous faites de la capacité des
étudiants de payer. Vous n'explorez pas d'autres sources de revenu.
M. Davenport: D'autres sources?
Mme Blackburn: De revenu. Si on admet, comme nous ont dit
plusieurs des intervenants ici, que la scolarisation au Québec et
l'accessibilité devaient demeurer une priorité et qu'il en allait
de notre capacité de nous développer sur les plans
économique et social, si c'est une priorité et qu'on la
reconnaît comme telle, est-ce que l'État n'a pas aussi la
responsabilité d'investir davantage dans l'enseignement
supérieur? Je vois que l'essentiel des revenus additionnels, vous les
réclamez des étudiants et vous n'évaluez pas la
possibilité d'aller chercher d'autres sources de financement, (12 h
30)
M. Davenport: Vous avez tout à fait raison. On aimerait
non seulement ces fonds additionnels des droits de scolarité, mais en
même temps tous les fonds requis pour nos autres besoins. Par exemple, il
y a la recommandation à laquelle le ministre a fait
référence, le financement intégral des coûts de
l'inflation et des nouvelles inscriptions. Je ne peux pas vous donner
maintenant un chiffre pour ce coût, mais j'attendrai que le gouvernement
finance ce coût au-delà des droits de scolarité.
Mme Blackburn: Vous nous avez remis tout à l'heure un
tableau des inscriptions. Chez les diplômés de 3e cycle, vous nous
dites dans la présentation, M. Johnston, que cela représente 39 %
des diplômés de 3e cycle dans la province de Québec. Est-ce
qu'on peut connaître l'origine de vos diplômés, le
pourcentage que représentent les diplômés qui ne sont pas
de la province de Québec?
M. Johnston: Pour le grand total des étudiants de 1er, 2e
et 3e cycles, à temps plein, le chiffre pour l'extérieur du
Québec est d'environ 24 %. Pour les étudiants de 2e et 3e cycles,
c'est plus que cela et, pour les étudiants de 1er cycle, c'est moins que
cela. S'il est utile d'avoir des chiffres plus exacts, nous les
préparerons en détail dans quelques jours.
Le Président (M. Parent, Sauvé): II faudrait, M.
Johnston, que vous fassiez parvenir à la commission tous les
détails
pertinents concernant l'inscription des étudiants hors
Québec.
Mme Blackburn: Et davantage, si vous me le permettez, M. le
Président, la diplomation, le profil des étudiants de 2e et 3e
cycles, par rapport à l'origine.
Sauriez-vous nous dire le pourcentage d'étudiants de 1er cycle,
chez vous, qui sont bénéficiaires de l'aide financière aux
étudiants?
M. Johnston: Je n'ai pas le chiffre exact; peut-être la
moitié, mais ce n'est pas un chiffre exact. J'ai la même
réponse qu'à la précédente question. Je
préparerai les chiffres et je vous les enverrai dans quelques jours.
Mme Blackburn: Des étudiants me disaient tout à
l'heure qu'environ 20 % de vos étudiants de 1er cycle étaient
bénéficiaires de l'aide financière aux étudiants.
Ce que je voulais simplement exprimer, c'est qu'évidemment on comprend
que vos préoccupations sont moins de cet ordre-là étant
donné que vos étudiants sont généralement, sur le
plan financier, plus privilégiés. Par ailleurs, les craintes
qu'on éprouve par rapport aux effets négatifs que pourrait avoir
une hausse des frais de scolarité rapide et importante sur
l'accessibilité continuent de nous préoccuper. Vous savez que la
scolarisation au Québec chez les francophones marque un retard
important.
Dans le texte que nous présentait M. Davenport tantôt, il
me semble qu'il faisait une interprétation un peu large de ce que disait
le Conseil des universités. Je lis le dernier paragraphe de la page 5,
et je cite: "Le mémoire du Conseil des universités
préparé pour cette commission démontre clairement qu'avec
un bon système de prêts et bourses l'augmentation des frais de
scolarité ne devrait pas réduire l'accessibilité..." Je ne
pense pas que le Conseil des universités soit allé aussi loin que
de dire, de façon claire, qu'on ne pouvait pas le faire.
J'aurais une remarque sur l'équité des règles des
frais de scolarité. Vous dites que c'est régressif parce que les
citoyens les moins favorisés en retirent moins. Est-ce qu'une hausse
importante des frais de scolarité n'aurait pas comme effet
précisément de maintenir cette situation qui est
inéquitable?
M. Johnston: Premièrement, Dr Davenport et,
deuxièmement, Dr Bélanger.
M. Davenport: Sur la question de l'accessibilité et le
rapport du conseil, je ne peux pas, bien sûr, parler pour le conseil,
mais j'ai vu le rapport pendant qu'il se faisait au conseil. J'avais
l'impression, comme membre du comité de financement, que c'était
un très bon rapport et qu'il démontrait clairement qu'il n'y
avait pas d'association, ni au Canada, ni aux États-Unis, ni dans les
autres pays, entre une augmentation de frais de scolarité et une
meilleure accessibilité. Je vous en donne un exemple, mais je ne pense
pas que ce soit cité dans le rapport du conseil. En Australie, il y a
plusieurs années, ils ont décidé d'abolir tout à
fait les frais de scolarité dans l'espoir de donner une plus grande
accessibilité aux études universitaires. C'est le contraire qui
s'est produit. C'est qu'avec un manque de financement, maintenant, les
universités sont tellement pauvres qu'elles ne peuvent plus recevoir de
gens. L'accessibilité est réduite.
Quant à la question de la méthode actuelle de financement
des universités qui est régressive, dans mes remarques, je cite
le conseil et je dis simplement que je suis d'accord avec cette citation du
conseil selon laquelle les citoyens les moins favorisés en retirent
moins qu'ils n'en mettent. Comme économiste, je peux vous dire que c'est
une conclusion qu'on trouve dans toutes les études sérieuses qui
ont été faites sur le financement des universités.
Alors, à McGill, nous pensons que le mémoire du conseil
démontre qu'avec un usage d'un tiers ou de 30 % des retombées
d'une augmentation des frais de scolarité, avec un usage de 30 % ou un
tiers dans les prêts et bourses, on peut vraiment protéger les
étudiants des familles à faible revenu de tout impact de cette
hausse de scolarité tandis que les autres étudiants, qui peuvent
payer, peuvent financer une part raisonnable de leurs études,
raisonnable dans le sens que c'est le moyen qui a déjà
été pris dans le reste du pays.
Une voix: M. Bélanger et M. Perrault, s'il vous
plaît.
M. Bélanger (Pierre): Tout simplement, je voudrais ajouter
quelque chose pour peut-être corriger l'impression que le bassin de
l'Université McGill, c'est Westmount et le West Island. Comme doyen de
la faculté de génie, ce n'est pas mon impression quand je regarde
mes classes. Je dirais plutôt que c'est Rosemont et l'Est de
Montréal, Parc Extension. Il faut se rappeler que dans le milieu
anglophone, au Canada comme aux États-Unis, ceux qui sont mieux nantis
ont l'habitude d'envoyer leurs enfants à l'extérieur pour
étudier. Alors, dans le West Island et Westmount, ceux qui sont les
mieux nantis iraient - peut-être pas en grande partie mais certainement
en nombre appréciable - à des endroits comme Queen's à
Toronto et ainsi de suite.
Une voix: M. Perrault, s'il vous plaît.
M. Perrault (Charles): M. le Président, je pourrais
peut-être dire quelques mots de philosophie sur la question
d'accessibilité qui sont le fruit d'une expérience que j'ai
vécue il y a une dizaine d'années alors que j'ai eu l'avantage de
coprésider avec le regretté John Deutsch un colloque
international sur les coûts de l'enseignement postsecondaire. Ce colloque
réunissait d'un peu partout dans le monde des sommités qui se
sont exprimées sur des questions que nous discutons aujourd'hui, dont
celle de l'accessibilité, bien sûr.
Règle générale, à ce moment, les pays qui
n'avaient pas ou peu de frais de scolarité, comme les pays socialistes
ou les pays Scandinaves, imposaient des contingentements. C'est qu'ils avaient
tous conclu qu'il était impossible d'avoir une université
à accès universel et "gratuite", entre guillemets, et qu'il
fallait à ce moment des contingentements dont le
délégué de la Norvège, je me souviens, a
parlé très ouvertement en disant: Bien, mon dieu! il n'y a pas
d'autre moyen de fonctionner.
Au moment de ce colloque, le Canada se retrouvait - les deux provinces
centrales notamment - avec des frais d'éducation qui augmentaient
très rapidement. Cet examen nous semblait nécessaire, surtout
face à des pays qui avaient déjà vécu la croissance
et qui avaient des pénétrations, des taux d'accessibilité
plus élevés que le nôtre.
Un autre facteur ou un autre fait qui m'avait impressionné dans
le temps et qui, je crois, est significatif, c'est que le pays au monde avec
l'accessibilité la plus élevée c'est, bien sûr, les
États-Unis. C'est une fonction de la richesse du pays mais c'est aussi
une fonction d'un système multiple où on retrouve des
institutions privées et des institutions publiques, de
différentes qualités dans les deux cas, mais dont la combinaison
permet, tout en restant dans les limites d'un financement convenable,de
recevoir un très grand nombre de personnes.
Enfin, j'ajouterai - ce n'est pas encore un risque au Québec,
mais c'était déjà exprimé par les membres de ce
colloque dans le temps - que la banalisation des diplômes entraîne
des coûts, entraîne des problèmes. On peut facilement se
retrouver dans une situation où un diplôme universitaire est
requis pour des postes qui normalement ne l'exigeraient pas et on peut retomber
de l'autre côté du phénomène de
l'accessibilité en rendant les diplômes trop faciles et à
trop bon marché.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, monsieur.
Madame.
Mme Blackburn: Le Dr Bélanger, je pense, nous disait tout
à l'heure que ce n'était pas un problème en faculté
de génie, que les étudiants ne venaient pas
généralement de Westmount. Il est reconnu également que,
de façon générale, les étudiants qui s'inscrivent
en génie sont plutôt de milieux plus populaires qu'en
médecine, par exemple. À présent, M. Johnston fait peu
état de la contribution des entreprises dans le financement des
universités. On sait que vous êtes très actifs, par
ailleurs, dans la cueillette de fonds pour vos différentes fondations.
Est-ce qu'on pourrait envisager, comme le suggérait l'École
polytechnique, une participation des entreprises par le biais d'un impôt
éducation?
Une deuxième question, qui est un peu d'un autre ordre. Par
rapport aux frais de scolarité, vous proposez à la page 5,
à l'avant-dernier paragraphe, que les étudiants pourraient
rembourser, avec une formule à modifier, le prêt en fonction du
revenu de l'étudiant après l'obtention de son diplôme.
Est-ce que vous pensez que la suggestion faite par le Comité jeunesse du
Parti québécois d'un impôt universitaire pour les
diplômés serait acceptable? Deux questions. Une sur les
entreprises et l'autre sur l'impôt éducation.
M. Johnston: Oui. En réponse à la première
question quant aux entreprises, nous avons maintenant chez nous presque 5 000
000 $ chaque année pour les contrats de recherche avec l'entreprise
privée. Nous exigeons les coûts indirects de ces contrats avec
l'entreprise privée. Deuxièmement, dans notre campagne de
souscription et dans notre campagne annuelle, nous cherchons les subventions,
les dotations des entreprises. Notre campagne de souscription, à McGill,
c'est plus de 61 000 000 $. Le chiffre pour les entreprises est entre un quart
et un tiers de cette somme. Ce sont deux façons de rechercher la
participation de l'entreprise. Troisièmement, bien sûr, on a les
impôts généraux. La quatrième initiative est le
programme du gouvernement fédéral avec les conseils de recherche,
les "matching grants" qui sont en train, maintenant. Nous avons l'espoir
d'augmenter la participation des entreprises avec cette initiative.
Deuxième question?
M. Davenport: C'est une question technique, cette question
d'impôt sur les diplômés, et McGill n'a pas de position
officielle là-dessus. Je dirais que cette question a été
étudiée par plusieurs économistes au Canada et aux
États-Unis. On dit souvent deux choses. D'abord, il y a la question
d'intégration géographique. Si nous, au Québec, faisons un
tel impôt, mais que ce n'est pas fait en Ontario et à New York,
qu'est-ce qui va arriver? Les gens vont choisir leur université en
fonction d'échapper à l'impôt, ce qui n'est pas le but
de
l'exercice. Deuxièmement, quand on regarde le traitement d'un
universitaire après sa diplomation, on voit que ce système qui
est suggéré dans le mémoire et, comme vous l'avez dit
très bien, qui est assez proche de cet impôt, c'est d'accorder un
prêt et, après, le remboursement du prêt dépend de
ses revenus. Alors, au-dessous d'un certain revenu, pas de remboursement. Mais,
si l'étudiant devient assez bien nanti, alors il y a un remboursement
intégral. Donc, c'est un peu comme un impôt, mais cela passe par
le remboursement d'un prêt.
Mme Blackburn: Est-ce que cela ne poserait pas le même
problème finalement que celui de l'impôt étude? Du moment
que les étudiants s'en vont travailler à l'extérieur, il
est difficile de les rejoindre étant donné que la formule n'est
pas nord-américaine? (12 h 45)
M. Davenport: Oui, cela pose un grand problème.
Le Président (M.
Parent, Sauvé): Alors les
deux formations politiques ont actuellement épuisé les 25 minutes
qui leur étaient réparties. Par contre, j'ai deux demandes
d'intervention du côté ministériel, de la part de la
députée de Jacques-Cartier et du député de
Westmount. En principe, nous devions terminer nos travaux à 13 heures.
Est-ce qu'il y a consentement?
M. Jolivet: M. le Président, il faudrait un double
consentement. Dans la condition du député de Westmount, je n'ai
pas entendu dire qu'il était membre de la commission. Cependant, je
serais prêt à lui accorder cette permission.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous ferai
remarquer, M. le député de Laviolette, que le
député de Westmount n'est certainement pas membre de cette
commission. Il est ici à titre de député et membre de
l'Assemblée nationale. Il nous a demandé le droit
d'intervenir.
M. Jolivet: Et, effectivement, il faut avoir la permission de
tous les membres de la commission.
Le Président (M. Parent,
Sauvé): C'est pour
cela que je vous la demande, M. le vice-président.
M. Jolivet: C'est pour cela que je l'accorde.
M. Ryan: Nous vous remercions de votre obligeance.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, je
reconnais la députée de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Merci, M. le Président. À mon tour,
j'aimerais vous dire que c'est avec beaucoup de plaisir que je vous souhaite la
bienvenue à cette commission. Votre excellent mémoire trace un
portrait détaillé de l'impact dramatique de plusieurs
années de sous-financement. Ma première question touche les
besoins de l'équipement et du renouvellement de l'équipement.
Dans votre mémoire vous avez suggéré, pour l'année
actuelle et pour l'année prochaine, un montant global de 50 000 000 $ et
de 100 000 000 $ pour les coûts indirects à la recherche et le
redressement des budgets de base et une augmentation des subventions
provinciales de fonctionnement et d'équipement. J'aimerais vous demander
si ces sommes ou ces montants de 50 000 000 $ et de 100 000 000 $ sont
suffisants pour remplir les besoins du renouvellement de l'équipement.
Je vous pose cette question parce que le Conseil de la science et de la
technologie, dans son avis, estime qu'il faut 90 000 000 $ pour l'ensemble des
universités, pour l'équipement, dont 38 000 000 $ uniquement pour
le 1er cycle de génie. Les montants que vous avez proposés dans
votre mémoire sont-ils suffisants pour remplir les besoins de
renouvellement de l'équipement? Ou estimez-vous que les montants requis
sont moindres que ceux du Conseil de la science et de la technologie?
M. Johnston: Merci.M. Davenport, ou le doyen de la Faculté
de génie ou celui de la médecine.
M. Davenport: La question des chiffres touche celle de Mme la
députée de Chicoutimi dans le sens que, dans notre
mémoire, nous parlons des fonds additionnels gouvernementaux requis pour
la cessation des prélèvements, le financement intégral du
coût de l'inflation, la croissance des inscriptions, le financement des
équipements et, ensuite, nous parlons des recettes, d'une augmentation
des frais de scolarité. Sur la somme totale qui n'est pas
discutée dans notre mémoire, puisque c'est tellement bien
discuté par le conseil, nous acceptons le chiffre du Conseil des
universités, soit environ 300 000 000 $.
Je vais passer maintenant la parole au doyen de génie qui peut
parler strictement de ce que représente le manque
d'équipement.
M. Bélanger (Pierre): Oui. D'abord, les 38 000 000 $
auxquels vous faites référence, je sais d'où cela vient,
c'est de l'étude sectorielle sur le génie du Conseil des
universités à laquelle j'ai présidé. II s'agit
simplement du coût de remplacement de l'équipement de 1er cycle.
Cela ne comprend pas les équipements de recherche. Les
chiffres qui sont mentionnés, les 50 000 000 $ et les 100 000 000
$, sont des minima qui ne serviront sûrement pas à donner des
équipements de luxe aux universités du Québec.
Mme Dougherty: Pour enchaîner avec votre réponse, je
crois que M. Johnston a fait plusieurs recommandations l'an dernier au nom de
l'Association canadienne des universités et collèges au
gouvernement fédéral pour inciter les entreprises, par des
mesures fiscales, à faire des dons ou à contribuer au financement
des universités. Pourriez-vous résumer, pour nous, les
recommandations en ce sens?
M. Johnston: II s'agit de deux ou trois recommandations. En
général, c'est d'avoir un système d'impôt qui est
plus proche du système d'impôt des États-Unis, mais,
pendant la dernière année, nous avons vu un changement
énorme là.
Premièrement, il s'agit des dotations d'équipement et de
l'évaluation de l'équipement pour la possibilité de
réduire l'impôt des grandes entreprises. Maintenant, il y a un
système aux États-Unis qui est plus favorable pour les grandes
entreprises qui donnent les "gifts in kind", comme les ordinateurs.
La deuxième recommandation est la question du pourcentage des
contributions charitables chaque année. Maintenant, nous avons le mythe
chez nous de 20 %. Aux États-Unis, il est possible d'avoir des
déductions de plus de 20 % et, dans certains cas, de 100 % avec dotation
de stocks, par exemple, à l'université.
La troisième recommandation concerne la méthode
d'évaluation des dotations de stocks qui est plus avantageuse aux
États-Unis qu'ici.
Mme Dougherty: Est-ce que vous avez reçu une
réponse du gouvernement fédéral?
M. Johnston: Oui, on a noté un petit changement dans le
dernier budget de M. Wilson qui a changé la base de l'évaluation
des dotations de stocks. C'est un pas en avant concernant ces trois
recommandations, mais c'est une partie d'une recommandation et il n'y a pas eu
de changement concernant les deux autres recommandations.
Mme Dougherty: Une dernière question. Les étudiants
étrangers ont toujours joué un rôle très important
à McGill. Voudriez-vous résumer pour nous l'impact de la hausse
des frais de scolarité pour les étudiants étrangers?
M. Johnston: L'impact en général est une
réduction très très importante du nombre des
étudiants. Ce nombre était de près de 12 % il y a cinq
ans, et il est maintenant de 7 %. On a constaté une baisse de
près de la moitié.
Deuxièmement, ce sont les étudiants des pays pauvres qui
en ont souffert et aussi les étudiants de la classe moyenne et en
dessous de cette classe, venant d'autres pays. Ils n'ont pas la
possibilité de payer les frais de scolarité. Cela a beaucoup
changé l'environnement chez nous parce que les étudiants
étrangers ajoutent quelque chose de très riche, très
diversifié à notre collectivité étudiante. De plus,
nous pensons que c'est également un investissement pour le Québec
et le Canada d'avoir ici, au Québec, des étudiants d'autres pays
parce que ce sont nos ambassadeurs quand ils retournent dans leur pays
d'origine.
Mme Dougherty: Combien de ces étudiants de pays
étrangers, à l'Université McGill, sont
subventionnés ou sont exonérés des frais de
scolarité en vertu des ententes avec le Québec?
M. Davenport: Cela dépend du cycle. Pour les
étudiants du 1er cycle, les étudiants étrangers n'ont pas,
bien sûr, accès aux fonds gouvernementaux, ni provinciaux, ni
fédéraux. Ils ont accès à quelques bourses de
McGill, mais c'est un petit nombre. Les étudiants au 1er cycle doivent
plus ou moins se financer. Nous avons certains échanges approuvés
par le gouvernement du Québec, mais le nombre d'étudiants dans
ces échanges est restreint.
Aux 2e et 3e cycles, an a pu réajuster nos politiques concernant
les assistants de recherche et d'enseignement et les bourses internes de
l'université pour donner un coup de main aux étudiants de 2e et
de 3e cycles qui viennent de pays étrangers. Le pourcentage que vous
cherchez va varier énormément selon les disciplines. Je dirais
que, si on ajoute les assistants de recherche, les assistants d'enseignement et
les bourses données par McGill, c'est probablement la moitié des
étudiants étrangers qui reçoit une aide de
l'université.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M.
Davenport. Mme la députée de Chicoutimi, au nom de votre
formation politique.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. M. Johnston,
messieurs, cela m'a fait plaisir, au nom de ma formation politique, de vous
accueillir à cette commission. Vous comprendrez que mes
préoccupations - je pense l'avoir bien indiqué à cette
commission - vont dans le sens d'une plus grande accessibilité et d'un
taux de diplomation plus élevé. Je pense qu'il faut
reconnaître, comme l'ont avancé et défendu de nombreux
organismes, qu'il y a un rapport étroit entre
la scolarisation d'une population et sa capacité de relever le
présent défi économique. Dans ce sens, en ce qui vous
concerne, vous avez fait oeuvre admirable, il faut le reconnaître. Par
ailleurs, toutes les décisions qui auraient comme effet de porter
atteinte à l'accessibilité devraient être examinées
avec infiniment de prudence bien que je doive reconnaître que, dans le
cas de votre université, les administrateurs font preuve de beaucoup
plus de modération que les professeurs et les étudiants qui, eux,
recommandent de quintupler les frais de scolarité, de les porter de 500
$ à 2500 $ alors que, vous, c'est de l'ordre de 1500 $. Par ailleurs,
j'ajouterais que la situaion chez les francophones est différente. On
peut difficilement faire des comparaisons avec les États-Unis ou
l'Ontario. Avec des frais de scolarité relativement bas, avec une aide
financière relativement généreuse, on n'a pas
réussi à faire le rattrapage. Il faut poursuivre encore une
décennie, peut-être -je l'ignore vraiment - mais il faut vraiment
poursuivre cet effort de scolarisation chez les Québécois
francophones en particulier.
Pour ce qui est des autres sources de financement, je pense qu'il faut
envisager de façon sérieuse, si cette commission n'a pas
été complètement inutile, que le gouvernement hausse sa
contribution. On ne peut pas se dire, ensemble ici, qu'il y a une
priorité à la scolarisation et que l'État décide de
ne pas investir. Il me semble qu'il faut être un peu conséquent
lorsqu'on veut relever le défi économique au Québec. Il
faudra se doter de cet outil vital qui est une plus grande scolarisation des
Québécois. Il en va de la responsabilité d'un État
à la fois de le reconnaître et de hausser sa participation.
Malgré les hauts cris que lançait l'actuel ministre de
l'Enseignement supérieur au moment où il était dans
l'Opposition, touchant le sous-financement des universités, c'est de 34
000 000 $ qu'on a comprimé et coupé cette année. Un
rattrapage, quel qu'il soit... Si on pouvait revenir simplement à cette
base-là, ce serait déjà un pis-aller. Évidemment,
cela ne réglerait pas toute la question du sous-financement des
universités. Je pense que votre mémoire nous l'indique
clairement, non seulement votre université est sous-financée,
mais il y a un sous-financement général des universités.
J'espère que le ministre et le parti tireront les conséquences de
ces conclusions. Je vous remercie.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, Mme la
députée de Chicoutimi. Je reconnais maintenant le ministre de
l'Enseignement supérieur et de la Science.
M. Ryan: Je serai très heureux, M. le Président et
M. le principal de McGill, de faire rapport au gouvernement que la
députée de Chicoutimi demande que le gouvernement actuel corrige
les fautes d'omission de l'ancien gouvernement. Cela nous aidera beaucoup
à trouver une solution au problème que nous discutons ce
matin.
Je m'excuse, je ne pourrai pas parler davantage à ce moment-ci,
parce que vos réponses à mes questions ont été
très longues tantôt et la longueur de vos réponses m'est
imputée par le président. Cela m'a empêché de passer
la parole à mon collègue, le député de Westmount
qui nous accompagne ce matin. Je voudrais lui demander, au nom de
l'équipe ministérielle qui fait partie de cette commission, de
vous adresser nos remerciements et nos salutations à la fin de nos
échanges.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député de Westmount.
M. French: Je vous remercie, M. le Président. Je n'avais
pas l'intention de prendre la parole, mais les gens hautement politisés
à ma gauche m'ont indiqué que ce serait mal reçu si je ne
disais mot.
C'est avec un très grand plaisir que j'ai entendu les
représentants de l'Université McGill, que je connais presque
tous. M. le Président, je vous ai dit que mon grand-père s'est
joint à la Faculté de génie de l'Université McGill
il y a plus de 60 ans, et que tous mes oncles et mes cousins y sont
allés. J'ai donc un investissement en commun, sans borne, avec la
plupart des gens de la famille mcgilloise, un investissement et des espoirs
pour cette institution qui a bien servi le Québec, qui a d'excellentes
possibilités de continuer à faire cette contribution, à
condition que les décideurs publics, qu'ils soient du parti de
l'Opposition ou du parti du gouvernement, s'y prêtent. Ce n'est pas une
institution parfaite, mais c'est une institution qui se veut à la fois
mondiale et québécoise et qui cherche les moyens de respecter les
diverses exigences qui sont portées à son endroit.
Je pense que la présentation que nous avons entendue aujourd'hui
nous convainc qu'il y a des problèmes, non seulement dans le financement
de l'institution, mais aussi dans l'arrimage des critères qui gouvernent
la répartition des ressources financières disponibles pour le
système universitaire et plus particulièrement pour le
système des universités dont trois ou quatre seulement qui font
un effort extrêmement important dans le domaine de la recherche.
Il ne faut jamais perdre de vue les coûts additionnels qui
découlent des Ze et 3e cycles. Ce sont ces coûts, entre autres,
qui font en sorte que l'Université McGill encourt, encore cette
année, un déficit important.
Very strong and sincere thank you to the rector of the university and to
his
colleagues. I think that they have made a temperate, sensible and
thoughtful presentation which shows that they understand the circumstances in
which we are all living and which shows at the same time that they are not
ready to concede to the depression or the disappointment which could easily be
the lot of all universities, given the behaviour of governments with regard to
them over the last several years. Thank you.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
député de Westmount. Merci, M. Johnston. La commission
parlementaire de l'éducation suspend ses travaux jusqu'à 15
heures, alors qu'elle entendra l'Association des étudiants et
l'Association des professeurs de l'Université McGill.
(Suspension de la séance à 13 h 3)
(Reprise à 15 h 9)
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît!
La commission parlementaire de l'éducation, toujours dans le
cadre du mandat qui lui a été confié par
l'Assemblée nationale, reprend ses travaux afin de procéder
à une consultation générale sur les orientations et le
cadre de financement du réseau universitaire québécois
pour l'année 1987-1988 et pour les années ultérieures.
Ce matin, la commission a entendu le vice-chancelier de
l'Université McGill qui nous a exposé son point de vue face au
financement et aux orientations du réseau universitaire
québécois. C'est maintenant au tour d'intervenants impartants qui
vivent dans le giron de l'Université McGill, soit son association de
professeurs et d'étudiants. Les professeurs sont
représentés à la table par M. Storrs McCalI,
président, et les étudiants le sont par M. Ian Brodie,
vice-président aux affaires externes.
Messieurs, nous vous souhaitons la bienvenue et vous remercions d'avoir
bien voulu répondre à l'invitation de la commission parlementaire
à venir deviser avec nous de façon à nous aider dans la
recherche de la vérité - avec un grand V, si possible - en ce qui
regarde les orientations et le financement du réseau universitaire
québécois. Nous avons prévu vous entendre durant environ
une heure. C'est une entente préalable qui a été conclue
entre vos représentants et notre secrétariat.
Monsieur, si vous voulez nous présenter les gens qui vous
accompagnent et enchaîner immédiatement avec votre
présentation afin que vous puissiez échanger le plus longtemps
possible avec les membres de la commission. Monsieur, je vous
écoute.
Association des étudiants
et Association des professeurs
de l'Université McGill
M. McCall (Storrs): M. le Président, la
délégation conjointe composée de représentants de
l'Association des étudiants de l'Université McGill et de la MAUT,
McGill Association of University Teachers, a grand plaisir, à cette
occasion, à présenter son mémoire à la commission
parlementaire» Je commence par présenter la section professorale
de notre délégations M. Abbott Conway, le président
élu de la MAUT, et je suis Storrs McCall. Je donne la parole à
mon collègue, M. Ian Brodie, pour présenter les autres.
M. Brodie (Ian): M. le Président, je voudrais
présenter les membres étudiants de notre
délégation.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Avec plaisir.
M. Brodie: Premièrement, je vou3 présente M. Paul
Pickersgill, le président de l'Association des étudiants à
McGill.
Le Président (M, Parent, Sauvé): M. Pickersgill,
bonjour.
M. Brodie: Mlle Lindsay Glassco, vice-présidente à
l'interne de l'Association des étudiants.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mademoiselle.
M. Brodie: M. Luc Jolicoeur, vice-président aux affaires
externes passées de l'association.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M, Jolicoeur,
bonjour.
M. Brodie: Je suis Ian Brodie, l'actuel vice-président aux
affaires externes.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. Brodie. Soyez
tous les bienvenus.
Des voix: Merci.
M. McCall: Je dois ajouter, M. le Président, que notre
président, M. Hershey Warshawsky, ne peut pas être avec nous
aujourd'hui parce qu'il enseigne. Étant donné la présente
taille de l'université et les grandes classes, il doit rester à
Montréal.
Dans quelques instants, je vais passer la parole à ma
collègue, Lindsay Glassco, vice-présidente, pour vous dire
quelques mots sur les problèmes actuels à McGill et la
qualité de l'éducation. En bref, nous avons un grand nombre
d'étudiants, pas beaucoup de
professeurs, des classes énormes et très peu d'argent.
Après cela, M. Ian Brodie va vous expliquer notre solution à ce
problème et M. Abbott Conway dira quelques mots sur
l'accessibilité et sur notre projet de protéger
l'accessibilité aux universités par le système de
prêts et bourses. Enfin, je vais terminer en disant un mot sur
l'importance du processus de renouvellement dans l'université. Alors, je
commence avec Mlle Lindsay Glassco.
Mme Glassco (Lindsay): The quality of education at McGill
University has been declining significantly. One of the most important aspects
is the size of the classes; now, there are many classes that reach up to more
than 750 students. It is hard for students to get the time from a professor; it
is also hard for a class to move on rapidly, the pace of the classes, I should
say, is a lot slower than it could be, and as a result the material covered is
limited.
The teaching staff has a limited amount of hours because of the size of
the class, and thus tutorial assistance is also needed. Tutorial assistance
provides about one third of the class instruction. The availability of
ressources, material and recent acquisitions in the libraries are poor. There
is usually only one copy available for required readings, and it is very hard
for the students to find the time to set aside to obtain this one copy.
As a result, there are more restrictions set on the students. The hours
of the service and the library operations are declining, as are all the numbers
of hours of open study time for students. Weekend access to some of the
buildings is also restricted as a result of lack of funds to employ maintenance
staff.
There are many students who have to get into the buildings on weekends
to do research projects or laboratory search on their own, and they are not
able to do so.
Equipment in many of the science and engineer laboratories is outdated.
Nonetheless there is continuous use and demand, but unfortunately, there is
always more demand than what is available. This limits the opportunity for
students to gain valuable hands on experience. They are forced into the
situation where they are just getting the practical experience that they need
through university experience. These are few examples of the declining quality
of education that require additional funding to be corrected. Thank you.
Le Président
(M. Parent, Sauvé): Merci,
madame.
M. McCall: M. Ian Brodie va nous expliquer la solution à
ces problèmes.
Le Président (M. Parent, Sauvé): On veut
l'entendre, monsieur. On la cherche depuis un mois, la solution.
M. Brodie: Oui, il me reste à parler d'une
amélioration des finances de McGill. Ma collègue, Mlle Glassco, a
indiqué des exemples de sous-financement de McGill. Les étudiants
et les étudiantes de McGill vont accepter une partie de la
responsabilité du financement universitaire. Ainsi, le gouvernement et
les autres groupes de la société québécoise vont
accepter en même temps leurs responsabilités pour le financement
universitaire. Spécifiquement, nous ne nous opposons pas à une
hausse des frais de scolarité moyennant quatre conditions qui sont
clairement écrites dans notre mémoire.
Premièrement, que la hausse des frais de scolarité soit
redonnée à l'université; c'est là la
responsabilité du gouvernement du Québec de ne pas prendre
l'argent des étudiants et des étudiantes pour ses propres
opérations.
Deuxièmement, l'Association des étudiants demande que
cette hausse des frais de scolarité n'ait pas d'effet sur
l'accessibilité à l'université au Québec. Alors, il
faut des garanties au sujet de l'accessibilité aux
universités.
Troisièmement, qu'avec cette hausse des frais de
scolarité, il y ait une amélioration de la qualité de
l'enseignement à McGill et dans les universités
québécoises. La plus importante amélioration est un
renouvellement du corps professoral.
Quatrièmement, qu'il y ait aussi une hausse de la
représentation étudiante dans les grands conseils de
l'université. Voilà notre solution aux problèmes
financiers à McGill.
M. McCall: Merci, M. Brodie. Je fais appel maintenant à M.
Abbott Conway, qui va vous dire un mot sur l'accessibilité et sur le
système de prêts et bourses que nous suggérons.
M. Conway (Abbott): Merci beaucoup. M. le Président, M. le
ministre, mesdames et messieurs, le but de notre mémoire n'est pas
seulement de souligner le fait que les universités
québécoises sont plongées dans une crise financière
très grave. Nous sommes d'avis que ce fait est maintenant bien entendu
par tout le monde. Il peut être accepté comme axiomatique.
Ce que nous proposons, c'est quelque chose qui peut aider à
régler le problème. C'est un propos très raisonnable et
même modéré, étant donné que les
étudiants universitaires d'aujourd'hui paient leurs frais de
scolarité, en effet, en dollars des années soixante. D'ailleurs,
nous sommes bien conscients que le contribuable n'a pas de richesse
illimitée. Si les déficits des
universités sont plus élevés que souhaitable, ceux
du gouvernement lui-même sont énormes et risquent de surpasser les
"regulations".
Quoi faire dans cette situation? Ce que nous proposons est, en effet,
une diversification des subventions financières par une hausse
raisonnable des frais de scolarité. Mais si on s'arrêtait
seulement sur ce point, une hausse des frais de scolarité, on aurait
tort. Ce que nous proposons implique aussi de maintenir l'accessibilité
à l'université. Nous proposons à la page 9:
"L'université mettra de côté un tiers de cette augmentation
qu'elle destinera à un programme de prêts et bourses."
D'ailleurs, à la page 13, nous constatons que, "si l'on
n'augmente pas l'aide financière accordée aux étudiants,
une hausse des droits de scolarité ira à l'encontre du but
recherché, puisqu'elle annulera tes progrès
réalisés par le Québec depuis vingt ans au niveau de
l'accessibilité aux études universitaires".
Plus bas, à la même page, on lit: "Nous savons bien que le
système actuel de prêts et bourses ne peut être
modifié du jour au lendemain et qu'il doit faire l'objet d'une
étude séparée. Cette étude devra stipuler que
chaque université doit être en mesure d'administrer son propre
programme d'aide financière selon les besoins de son effectif
étudiant."
Depuis 25 ans le principe de l'accessibilité à
l'université est très important au Québec et pour de
bonnes raisons. On a noté que le grand idéal de la
Révolution tranquille serait resté un idéal sans la
formation d'un cadre professionnel au Québec qui pourrait servir la
société québécoise. La formation de ce cadre
dépend d'une libre accessibilité à l'université,
mais à l'heure actuelle l'accessibilité à une vraie et
bonne formation risque d'être diminuée pour tous, à cause
des pressions et des coupures budgétaires des universités des
cinq années précédentes.
Ce que nous proposons envisage une nouvelle source de financement pour
les universités et les possibilités que cette nouvelle source
pourrait elle-même donner de l'aide à ceux qui sont
comparativement désavantagés.
Dans le meilleur des mondes possibles, peut-être pourrait-on
réduire les frais de scolarité à zéro et le
gouvernement pourrait subventionner les universités au maximum. Mais le
monde actuel n'est pas le meilleur des mondes possibles. Les universités
et le gouvernement font face à des pressions financières
très lourdes. C'est dans ce contexte que nous situons notre propos.
À notre avis, une hausse des frais de scolarité
accompagnée par un régime de prêts et bourses aurait
l'effet d'augmenter la subvention des universités sans encombrer trop le
gouvernement et sans empêcher l'accessibilité à
l'université en sauvegardant la qualité de l'éducation que
les universités québécoises ont implantée.
Avec votre permission, M. le Président, je vais passer la parole
à mon collègue, M. Jolicoeur, qui veut ajouter quelques mots.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M.
Jolicoeur.
M. Jolicoeur (Luc): Les problèmes actuels de
l'accessibilité, ce ne sont pas des problèmes quantitatifs, ce
sont maintenant des problèmes qualitatifs. On parle du problème
de la représentation socio-économique des étudiants dans
notre mémoire. On pense que c'est quelque chose à quoi le
gouvernement ne s'est pas tellement arrêté parce que, quand on
parlait d'accessibilité, au Québec, on parlait d'augmenter le
nombre absolu d'étudiants allant à l'université. Selon
nous, il faut des programmes spéciaux non pas pour augmenter le nombre
absolu d'étudiants qui vont à l'université, mais pour
avoir une meilleure répartition entre les différentes classes
socio-économiques de notre société.
On donne quelques exemples de programmes qui pourraient être mis
de l'avant. Des programmes au niveau des écoles secondaires et des
cégeps devraient être mis de l'avant pour encourager les
étudiants à poursuivre leurs études au niveau de
l'université. Cela pourrait être des bourses qui seraient
attribuées à l'avance si l'étudiant continue à
l'université, par exemple. On a plusieurs exemples là-dessus,
mais, comme on le notait dans notre mémoire, on pense que la
réforme du régime des prêts et bourses devrait faire
l'objet d'une commission parlementaire séparée -c'est une
question complexe, parfois très technique - ou d'une table de
concertation-Un autre problème que l'on voit à
l'accessibilité, au Québec, mis à part la
représentation socio-économique, c'est celui des étudiants
de 2e et 3e cycles. Il est très impartant pour le Québec
d'augmenter le niveau de diplômés au 2e et au 3e cycle, Une des
mesures passibles pourrait être d'éliminer rétroactivement
une partie de la somme prêtée à l'étudiant s'il
réussit à compléter sa formation de 2e et 3e cycles dans
un temps requis. Ce serait une des mesures qui pourraient encourager les
étudiants à s'inscrire aux 2e et 3e cycles et à terminer
leurs études de 2e et 3e cycles. Il y a aussi le problème des
étudiants à temps partiel et le problème du niveau des
prêts et bourses. Toutes ces choses devraient être
étudiées.
Finalement, notre argument de base, c'est que la clé de
l'accessibilité tient aux modalités du régime de
prêts et bourses. L'accessibilité comme telle n'a pas grand-
chose à voir, finalement, avec les frais de scolarité. Ce
sont les modalités du programme de prêts et bourses et les
campagnes d'information au niveau des écoles secondaires et
collégiales qui pourraient faire en sorte que l'université
québécoise soit une université vraiment accessible,
M- McCall: Merci, M. Jolicoeur. J'apprécie vos mots
puisque je suis un étudiant québécois maintenant en 4e
cycle.
M. le Président, je vous prie de bien vouloir passer à la
page 5 de notre mémoire, sous le titre "Comment renverser la vapeur".
Madame et messieurs, il n'est pas facile de renverser la vapeur dans une
locomotive, surtout quand le train a augmenté sa vitesse pendant
plusieurs années. Mais, dans notre cas, il faut le faire et il est
possible de le faire. Le résultat net de dix années de coupures
budgétaires à McGill est que notre université a maintenant
un professoriat plus âgé que toute autre université au
Canada et que l'âge moyen des professeurs de McGill monte de plus d'un
demi-an par année.
Il n'est pas nécessaire d'être grand mathématicien
pour savoir que cette progression mène au désastre. C'est pour
cette raison que nous avons écrit, à la page 5 de notre
mémoire: Notre première priorité, c'est "d'engager de
jeunes enseignants et enseignantes pour remplacer ceux qui ont pris leur
retraite au cours des dix dernières années, ce qui permettra de
réduire la taille des effectifs de chaque classe et d'injecter du sang
nouveau dans l'université au niveau de l'enseignement et de la
recherche".
M. le Président, il n'est pas nécessaire d'en dire plus.
Nous avons présenté notre problème et nous avons offert
une solution. Il vous reste à nous donner la permission de mettre cette
solution en vigueur. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. Avant de
donner la parole au ministre de l'Éducation, je voudrais informer les
membres de la commission du contenu d'un télégramme que j'ai
reçu ce matin: "M. Marcel Parent, President, Parliamentary Commission,
Committee on Education, Hôtel du Parlement, Quebec. "Please be informed
that we in no way endorse the brief entitled "Autonomie, accessibilité
et fonction critique" presented by les professeurs de l'université,
which has been presented to the Parliamentary Commission, Committee on
Education. Our name was appended to that document solely due to our membership
in FAPUQ and was sent without our consent or knowledge. Some of the views are
in direct opposition to our own brief to be submitted with the Students Society
of McGill. Signé: Hershey Warshawski, president, McGill Association of
University Teachers."
M. Jolivet: M. le Président...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui.
M. Jolivet: ...on m'a demandé de remettre un
communiqué de presse, intitulé "Montréal, 14 octobre
1986..."
Le Président (M. Parent, Sauvé): Un instant, M. le
vice-président.
M. Jolivet: Oui.
Le Président (M. Parent, Sauvé): On vous a
demandé, mais qui vous a demandé?
M. Jolivet: Vous allez le savoir à la fin, M. le
Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Pardon?
M. Jolivet: J'allais vous le dire. Les étudiants et
étudiantes...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui.
M. Jolivet: ...qui forment le comité ad hoc de McGill pour
l'accessibilité à l'éducation
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui.
M. Jolivet: Ils m'ont demandé de déposer un
document dans lequel ils s'opposent au document déposé cet
après-midi par le groupe qui est devant nous.
M. Ryan: M. le Président, est-ce qu'on pourrait demander
au député de Laviolette de donner lecture de ce document et
d'identifier les signataires?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Un instant! Un
instant!
M. Ryan: S'il n'est pas trop long.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vais regarder
s'il est acceptable pour dépôt. Cela semble acceptable. Pour qu'un
document soit acceptable, il faut qu'il soit réellement bien
identifié...
M. Jolivet: Effectivement.
Le Président (M. Parent, Sauvé): ...que la source
soit identifiée. J'ai ici des numéros de téléphone;
j'ai des noms de personnes. Je le considère comme document
déposé. Si le député de Laviolette veut en faire la
lecture, je n'ai aucune objection. Allez-y, M. le vice-président.
M. Jolivet: "Les étudiants et étudiantes
répudient leur leadership. Dix mille étudiants
et étudiantes de l'Université McGill opposent une
recommandation de l'Association des étudiants de l'Université
McGill de plus que doubler les frais de scolarité. "Dans un
mémoire présenté à la commission parlementaire
étudiant le financement des universités, à Québec,
mardi, la SSMU suggérait des frais de scolarité de 1250 $ d'ici
1988-1989. "Chaque association étudiante de McGill ayant
considéré le mémoire l'a rejeté. Celles-ci sont:
l'Association des étudiants postgradués, l'Association des
étudiants en droit, l'Association des étudiants en travail social
et l'Association des étudiants en premier cycle en génie. En
plus, 2600 étudiants et étudiantes ont signé une
pétition contre l'augmentation des frais de scolarité. (15 h 30)
"Carlene Gardner, de McGill, membre du conseil étudiant,
déclarait: L'exécutif de la SSMU a trahi les étudiants et
étudiantes qui l'ont élu. Les étudiants et
étudiantes de McGill ont été isolés du mouvement
étudiant québécois contre leur volonté." "Toutes
les autres associations étudiantes québécoises ont
opposé l'augmentation des frais de scolarité, et un sondage
récent indique que 90 % des étudiants et étudiantes et 77
% de la population en général partagent cette opinion. " "Devant
une opposition grandissante à McGill, les cinq membres de
l'exécutif de la SSMU ont à la dernière heure
modifié leur recommandation originale qui prévoyait des frais de
scolarité de 2500 $ d'ici 1990. Cette modification fut rejetée
comme inadéquate par les associations opposées au
mémoire." "Français Longpré, vice-président de
l'Association des étudiants en droit de McGill, remarquait: "85 % des
étudiants et étudiantes de McGill sont du Québec, mais
quatre des cinq membres de l'exécutif de la SSMU ne le sont pas. Ils ne
comprennent pas la situation au Québec et les enjeux dans le
présent dossier." "La SSMU a présenté son mémoire
conjointement avec l'Association des professeurs de l'Université McGill
(MAUT). Cependant, la MAUT a déjà endossé les conclusions
du mémoire de la Fédération des professeurs
d'universités du Québec (FAPUQ) qui s'oppose à une
augmentation des frais de scolarité." Or, un télégramme
venant d'arriver nous indique l'inverse et c'est ce que le président
nous a lu. "Par le comité ad hoc de McGill pour l'accessibilité
à l'éducation... et Carlene Gardner, coordonatrice de la
pétition." Pour renseignements, contactez Carlene Gardner et
François Longpré au numéro que vous avez en bas de la
feuille.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
vice-président. Document considéré comme
déposé.
Je reconnais le ministre de l'Enseignement supérieur et de la
Science.
M. McCall: Question d'ordre. Est-ce que je peux demander à
M. Brodie de dire juste un mot sur ce document qui a été
déposé?
Le Président (M. Parent, Sauvé):
Certainement. M. Brodie.
M. Brodie: M. le Président, if I may, î would, like
to outline the opposition that has been voiced at McGill to the brief presented
by the Students' Society. The Students' Society presents this brief on behalf
of all the students of McGill. It is not a traditional brief for the Students
Society to be presenting, and as such there is a great deal of misunderstanding
among students of McGill of exactly what we were saying and exactly what we
were not saying in our brief.
Several of the Students Societies that represent students in certain
faculties of McGill were very concerned with the brief that we presented. The
post-graduate Students' Society, l'association des étudiants
gradués, condemned our brief without ever having read it. They were
going on the basis of media reports within McGill of what our brief said, which
were not an accurate portrayal of everything that was in our brief. There is a
petition begun among McGill's students opposing the brief. When the petition
was presented to the students, it was presented as the Students' Society wanted
the tuition fee to go to 2500 $ a year. Sign this to make them stop.
M. le Président, if someone had given me such a petition, I too
would have signed it. There are several conditions in our brief for this
tuition fee increase and this condemnation of tuition fee increase comes
without having read those conditions.
I would also like to say that the students' society, the Engineering
Undergraduate Society, l'association des étudiants en
génie de premier cycle, do not oppose a tuition fee increase, but rather
they are opposed to the magnitude of the tuition fee increase that we propose
in our brief.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Thank you, Mr.
Brodie. We have received your point of view on that press release. Now, we
carry on with the Minister.
M. le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Science.
M. Ryan: M. McCall, M. Brodie, messieurs et madame, nous avons
pris connaissance avec intérêt des observations et des
recommandations contenues dans votre mémoire. J'ai noté en
particulier dans les
premières pages l'évocation de certaines données
qui constituent l'arrière-plan du tableau que vous nous
présentez. À McGill, nous constatons que le nombre
d'étudiants est passé de 17 517 en 1977-1978 à 20 108 en
1985-1986, alors que le nombre d'enseignants diminuait de 1306 à 1259.
On nous avait fait part de ces données dans la présentation que
l'université a faite ce matin. Je pense que c'était bon qu'elles
nous soient rappelées dans votre mémoire. En tout cas, j'en ai
pris note.
Vous nous avez rappelé également dans votre mémoire
que les salaires des professeurs de l'Université McGill sont
inférieurs d'une manière sensible à ceux qui sont
payés dans les autres universités québécoises. Le
tableau que vous avez annexé à votre mémoire indique que
les différences vont souvent jusqu'à 11 %, 12 %, 13 %, 14 %, 16 %
et même 18 % dans certains cas, pour une moyenne générale
de 9 %, un écart de 9 %. On constate que l'écart est plus faible
chez les professeurs plus âgés qui étaient
déjà établis et que, chez les professeurs plus jeunes, les
sacrifices exigés en raison de la situation des dernières
années ont été plus lourds.
Je n'ose vous classer dans aucune des catégories, M. McCall. Je
laisse cela à votre discrétion. Cela ne nous regarde pas. Ce sont
des blagues que je fais. Je voudrais signaler ce point-là. Je pense que
ce sont des sacrifices qui ont été consentis volontairement par
les professeurs de McGill et on doit l'apprécier parce que le but de ces
sacrifices, c'était de contribuer à assurer le maintien d'une
certaine qualité dans les services éducatifs fournis par
l'université à la population qui la fréquente et je dirais
même à toute la population montréalaise et
québécoise.
La situation qui nous a conduits à ces données que vous
présentez est, évidemment, préoccupante et vous concluez
fermement qu'il faut trouver de nouvelles sources de revenus, en tout cas des
revenus accrus pour l'Université McGill comme, d'ailleurs, pour les
autres universités. Je voudrais en venir tout de suite à la
formule que vous proposez, mais tout d'abord, je voudrais avoir une simple
précision du représentant des étudiants qui nous a
parlé tantôt, M. Brodie. Est-ce que le mémoire que vous
présentez conjointement avec les professeurs a été soumis
en bonne et due forme aux instances de votre association étudiante
à McGill et pourriez-vous nous dire sous quelle forme? Étant
donné le message dont le député de Laviolette a
donné lecture tantôt, j'aimerais connaître un peu plus les
circonstances dans lesquelles il a été conçu.
J'adresserais la même question au représentant de l'Association
des professeurs également.
M. Brodie: Oui, M. le Président. Nous avons une
association démocratique et nous avons un conseil des étudiants.
Le conseil des étudiants doit appuyer tous les mémoires que
l'Association des étudiants dépose. Il y a des
représentants au conseil des étudiants de chaque faculté
à McGill et le mémoire a reçu l'appui d'une
majorité des membres du conseil des étudiants. Moi-même,
j'ai fait toutes sortes de consultations cet été avec les membres
de l'association qui sont demeurés à Montréal pendant
l'été. Cet été, il n'y avait vraiment pas beaucoup
d'étudiants avec qui j'ai pu parler, mais j'ai fait toutes les
consultations possibles durant l'été.
M. McCall: Oui, M. le ministre. Vous demandez si notre
organisme... Oui, nous avons consulté notre conseil et le conseil
à l'unanimité a appuyé le mémoire.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Très bien.
Il y a combien d'étudiants à votre conseil qui sont originaires
du Québec?
M. McCall: D'étudiants au conseil? II y en a 24, n'est-ce
pas?
M. Brodie: II y a 26 étudiants à notre conseil des
étudiants.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Pardon?
M. Brodie: 26.
M. McCall: Au conseil, il y a 26 représentants.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Sur combien?
M. Brodie: Le total des étudiants.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Combien y en
a-t-il du Québec sur les 26 représentants?
M. McCall: Ah! Combien de Québécois?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Qui sont
originaires du Québec.
M. McCall: Ah! Combien y a-t-il de Québécois au
conseil?
M. Brodie: Une vingtaine, presque.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci.
M. Ryan: On peut continuer. La question qui m'intéresse
porte sur la formule de financement que vous préconisez. Vous demandez
que, à l'Université McGill, les frais de scolarité
puissent être augmentés d'environ 500 $ par année pendant
les quatre prochaines années, sauf la première année
où
ce serait une augmentation de 430 $, de manière qu'ils atteignent
au bout de ces quatre années le niveau de 2500 $ par année, soit
à peu près 20 %, en résultat consolidé, du
financement requis par l'Université McGill.
La question que je voudrais vous poser est la suivante: Est-ce que vous
proposez cette formule pour toutes les universités du Québec ou
seulement pour l'Université McGill?
M. McCall: Si je peux répondre à cette question, M.
le ministre, nous l'avons proposé comme un schéma qui pourrait
être adopté par des universités québécoises
ou ne pas être adopté, selon la volonté de
l'université individuelle. Alors, ce que nous proposons, c'est un niveau
maximum auquel les frais de scolarité peuvent être
augmentés, mais cela dépendrait de l'université
d'approuver l'augmentation. Si l'université veut garder ses frais de
scolarité au présent niveau, elle a le droit de le faire. Mais si
l'université veut les augmenter jusqu'à la limite de 500 $, elle
a aussi la possibilité de le faire. C'est notre position.
M. Ryan: Je vais vous exprimer la crainte que m'inspire votre
recommandation. J'ai peur que pour une université solidement
établie comme l'Université McGill, qui offre également des
services très développés au niveau du 2e et du 3e cycle,
cette formule soit plus facilement applicable que dans des universités
moins développées et qu'elle n'entraîne comme
résultat que ceux qui sont fondamentalement riches - je ne dis pas que
vous avez eu des revenus que vous auriez dû avoir du gouvernement ces
dernières années -ceux qui sont fondamentalement à un
certain niveau de développement vont devenir plus riches encore, tandis
que les autres ne pourront pas se porter au même niveau et risquent de
voir l'écart qui les sépare des plus avancés s'agrandir.
Je ne sais pas si vous avez pensé à cet aspect.
M. McCall: L'alternative, M. le ministre, c'est ou bien de ne pas
proposer une augmentation du tout ou de proposer une augmentation uniforme pour
toute la province. Nous avons jugé que ce serait peut-être plus
acceptable de proposer un maximum à la place d'une augmentation
obligatoire pour tout le monde.
M. Ryan: Voici l'impression qu'on a en prenant connaissance de
cette proposition. Je peux me tromper là-dessus, mais je pense que cela
rejoint une des choses que proposait l'Université McGill ce matin aussi.
Nous autres nous avons un système d'aide financière au
Québec qui est gouvernemental, public, qui s'adresse à tous les
étudiants. Là on a l'impression que vous voudriez que
l'Université McGill se serve d'un système de frais de
scolarité individuel pour se doter d'un système de bourses intra
muros, pour ainsi dire, un système de bourses parallèle au
système gouvernemental. C'est là que je craindrais qu'une
institution plus avancée ou plus développée que les autres
n'en vienne à multiplier les écarts qui la séparent des
autres. Je ne sais pas si on peut envisager de laisser une institution s'en
aller dans une direction comme celle-là sans que ce soit une politique
générale ou encore sans que vous acceptiez qu'on donne un
financement plus élevé à d'autres institutions qui ne
pourront pas aller aussi loin,, C'est la contrepartie.
M. McCall: Vous avez raison, M. le ministre. Cette question de
savoir qui va administrer le système de prêts et bourses, c'est
notre recommandation à la page 13; "Cette étude devra stipuler
que chaque université doit être en mesure d'administrer son propre
programme d'aide financière selon les besoins de son effectif
étudiant." C'est vrai. Nous pensons que les universités
connaissent mieux les besoins de leurs propres étudiants en place que le
système provincial universel pour tout le monde. Ce système
d'aide financière peut être mieux géré dans les
universités. C'est vrai, monsieur.
M. Ryan: Oui. Vous voyez le danger, par exemple, qu'on ait des
systèmes d'aide financière qui soient à des niveaux
très différents d'une université à l'autre,
étant donné surtout les disparités régionales que
nous avons au Québec, les niveaux de richesses différents que
nous avons d'une région à l'autre. (15 h 45)
M. McCall: II faut tenir compte que chaque augmentation de frais
de scolarité doit être accompagnée par un tiers
versé à ce système de prêts et bourses. C'est
uniforme pour tout le monde. Un tiers doit être accordé à
ce système.
M. Ryan: C'est parce que ces montants, ça va être
beaucoup plus difficile à aller chercher dans les universités en
régions.
M. McCall: C'est possible.
M. Ryan: L'autre question, si vous m'en permettez une
dernière. Vous demandez que le Conseil supérieur de
l'éducation soit invité à établir un système
de contrôle - je pense que c'est à la page 13 de votre
mémoire -de l'admissibilité à l'enseignement à tous
les paliers. Pourriez-vous m'expliquer ce que vous entendez par là, ce
que vous voulez dire par là? Comment cela pourrait-il se faire?
M. McCall: Je vais demander à M. Brodie de répondre
à votre question.
M. Brodie: Ce que nous trouvons à l'Association des
étudiants, c'est qu'il n'y a pas vraiment d'information au sujet de
l'accessibilité dans les universités au Québec. II y a
beaucoup d'information au sujet de l'accessibilité en Ontario, en
Alberta, partout ailleurs au Canada, mais pas au Québec. Si on choisit
de hausser les frais de scolarité, vraiment, il faut savoir ce qui se
passe avec l'accessibilité à tous les niveaux du système
d'éducation au Québec. Alors, il y a... There are two reasons for
this. The first one being to find out more about what is really going on with
accessibility in Quebec. The second one is to act as a check on our tuition fee
increase, if there is to be a tuition fee increase, to find out exactly what
its impacts are on all the different types of measurements of
accessibility.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. Brodie.
Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci. Messieurs, il me fait plaisir au nom de ma
formation politique de vous accueillir à cette commission parlementaire.
Je dois dire que je pense bien que c'est le premier mémoire et ce sera
probablement le seul où se retrouvent à la même table les
professeurs et les étudiants. Je trouve cette formule
intéressante.
Comme on a peu de temps, si vous le permettez - combien avons-nous de
temps? Je n'ai pas vérifié - je passerais immédiatement
aux questions en poursuivant un peu dans le sens de celle de M. le ministre au
sujet de la gestion de l'aide financière aux étudiants. Dans
l'hypothèse que vous avancez - je veux bien comprendre votre position
-vous avez tout près de 30 000 étudiants qui paieraient des frais
de scolarité de 2500 $. Pour bien comprendre ce que voudrait dire
l'impact des budgets que vous auriez à gérer, il faudrait qu'on
connaisse le pourcentage d'étudiants qui ont accès à
l'aide financière chez vous.
M. McCall: Je passe la question à M. Luc Jolicoeur,
madame.
M. Jolicoeur: II y a environ 40% des étudiants de McGill
qui sont au système de prêts et bourses. C'est moins que dans les
autres universités au Québec. Cela s'explique par la
présence d'étudiants canadiens, par la présence
d'étudiants étrangers et aussi par des raisons historiques.
Maintenant, pour ce qui est de votre première question au sujet de la
mécanique de ce système de prêts et bourses...
Mme Blackburn: Si vous le permettez avant, vous nous dites que 40
% des étudiants sont admissibles à l'aide financière.
Est-ce que vous avez les données pour le 1er cycle? On sait que, pour le
2e cycle, c'est 100 %. Il faudrait décomposer, pour savoir ce que cela
donne pour le 1er cycle.
M. Jolicoeur: Non, je parle uniquement du 1er cycle.
Mme Blackburn: On m'avait dit ce matin que c'était environ
20 % au 1er cycle.
M. Jolicoeur: Non, c'est entre un tiers et 40 %. Je n'ai pas les
chiffres exacte, mais c'est dans cet ordre de grandeur. C'est certainement plus
que 20 %.
Mme Blackburn: Bien. Alors, étant donné que vous
avez un taux moins élevé d'étudiants qui participent au
régime d'aide financière, cela veut donc dire, si je comprends
bien votre proposition, que les étudiants chez vous auraient droit
à de l'aide plus élevée. Étant donné que
vous en avez moins qui ont besoin d'aide financière, donc, on en
répartirait davantage? Est-ce que je comprends bien?
M. Jolicoeur: La proposition au sujet du système de
prêts et bourses qui serait administré par l'université
serait que le système viserait à couvrir seulement la portion des
frais de scolarité. La portion des frais de subsistance serait
laissée au gouvernement, c'est-à-dire la gestion des frais de
subsistance. Notre idée sur cela, c'est qu'il serait même possible
de plus que doubler les frais de scolarité si la portion bourse des
frais de subsistance était augmentée. L'idée
derrière cela, c'est que la principale barrière à la
poursuite des études avancées, ce ne sont pas les frais de
scolarité, mais ce sont les frais de subsistance. Donc, tous les
étudiants bénéficieraient de bourses du gouvernement en ce
qui concerne les frais de subsistance, mais en contrepartie ils paieraient des
frais de scolarité relativement élevés qui, eux, seraient
couverts, soit par des bourses d'excellence ou par des prêts
remboursables au pourcentage du revenu pour couvrir la portion "frais de
scolarité".
Pour répondre à votre question, il est sûr que cela
amènerait une certaine différence entre les universités.
Cela créerait même une certaine concurrence entre les
universités afin d'avoir les bourses les plus alléchantes et
d'attirer les meilleurs étudiants. Ce n'est pas nécessairement
une mauvaise chose. Il y aura peut-être lieu, pour le gouvernement, de
faire certains paiements de transfert pour que ce soit un système
concurrentiel et non pas un système injuste. C'est une
possibilité à étudier. On n'a pas développé
encore tous les détails de cette mécanique-là. On entend
le faire à une
table de concertation sur les prêts et bourses.L'essentiel de
notre argument, c'est que l'accessibilité doit être assurée
par le programme de prêts et bourses. Si on a un programme de prêts
et bourses de qualité, il est concevable d'augmenter les frais de
scolarité. Merci.
Mme Blackburn: Dans votre mémoire, à la page 8,
vous estimez qu'avec un bon régime d'aide financière aux
étudiants une hausse n'aurait pas d'impact sur l'accessibilité.
Ailleurs, on prétend le contraire. De toute façon, on peut penser
que, pour les premières années, il y aurait effectivement un
impact. Avez-vous fait une projection de ce que pourrait être cet impact
sur les clientèles dans les universités et des effets d'une
diminution de clientèle sur les budgets? Si vous avez moins de
clientèles, vous allez avoir moins de revenus.
Une voix: M. Brodie.
M. Brodie: M. le President, if I could respond, our best estimate
is that there would be no change in the size of the "clientèle
universitaire" at McGill. That comes from looking at the situation that we have
had with graduate students from foreign countries over the last few years.
There has been a very real increase, a huge increase in the fees for foreign
students and a drop overall in their numbers in Quebec universities. But at
McGill, where graduates students are eligible for a great deal of financial
aid, both from all levels of Governments and from the university itself, there
has been no real change in the numbers of graduate students from foreign
countries. So we can see with the case of foreign students, when there is a
tuition fee increase, as long as there is a corresponding change in the
financial aid offered to those students, there is no real decrease in the
number of students that come to university. And there is no reason to think
that what worked with foreign student won't happen with Canadian students as
well.
Mme Blackburn: Avez-vous évalué ce qu'il en
coûterait de gérer le régime d'aide financière dans
chacune des universités du Québec?
M. Jolicoeur: Non. Cela se fait couramment dans d'autres pays
pour couvrir et les frais de scolarité et les frais de subsistance.
Comme je vous le disais, nous recommandons ce système-là
seulement pour la partie des frais de scolarité. On croit que les frais
de subsistance des étudiants devraient être à la charge du
gouvernement. Mais on est bien conscient... D'ailleurs, il y a
déjà un bureau qui s'occupe de cela à McGill et qui fait
des prêts aux étudiants qui sont dans des situations difficiles,
à partir de fonds de dotation. Ce bureau arrive à donner de bons
services aux étudiants à partir des budgets qui lui sont
alloués. On pense donc qu'il y aurait moyen de donner peut-être
même un service plus personnalisé, si vous voulez, et de tenir
compte d'éléments d'excellence pour ce qui est des frais de
scolarité.
Mme Blackburn: Vous parlez des étudiants étrangers,
à la page 10 de votre mémoire, en déplorant qu'on ait
haussé les frais de scolarité et diminué la venue
d'étudiants étrangers. Quelle est votre position sur cette
question? Est-ce de les ramener au même niveau que les frais de
scolarité des étudiants du Québec?
M. McCall: C'est une question difficile, madame. Nous pensons que
les frais de scolarité pour les étudiants qui viennent de
l'étranger sont déjà trop élevés. Nous ne
recommandons pas, naturellement, une augmentation de ce tarif. Nous sommes bien
conscients, madame, que des étudiants qui viennent du tiers monde ont
habituellement beaucoup de difficulté à se trouver des fonds pour
payer nos 5900 $ de frais de scolarité par année. Si nous pouvons
trouver un moyen de les aider, par exemple par des ententes avec
différents pays d'Afrique et d'Amérique du Sud, nous
préférerions leur donner la même chance de venir à
McGill que les étudiants canadiens.
Mme Blackburn: Le rapport Gobeil proposait une augmentation de 50
% de la tâche des professeurs. Quelle est votre réaction
là-dessus?
M. McCall: 50 % de...
Mme Blackburn: La charge d'enseignement.
M. McCall: La charge d'enseignement. Si on avait prévu 50
places en philosophie et qu'au mois de septembre lorsque vous entrez dans votre
première classe, vous trouvez une centaine de personnes, c'est
déjà le double de travail pour corriger les devoirs, les "term
papers" et les "essays". À McGill, il y a trop d'étudiants pour
le nombre de professeurs. Si vous augmentez de 50 % notre charge de travail, en
plus de cette augmentation de places, ce sera très difficile. J'ai des
collègues qui travaillent déjà 80 heures par semaine pour
l'enseignement, la recherche et l'administration. Sachez qu'à McGill
nous faisons beaucoup d'administration nous-mêmes; c'est fait par les
professeurs et non par des administrateurs professionnels. Je dois
siéger à de nombreux comités, en plus de mes classes et de
ma recherche. Une petite
augmentation, ce serait toujours possible, mais une grande augmentation,
ce serait très difficile.
Mme Blackburn: Est-ce qu'on peut envisager raisonnablement une
modulation de la tâche qui ferait que certains professeurs donneraient
plus d'enseignement, que d'autres s'adonneraient davantage à la
recherche?
M. McCall: M. Conway, que pensez-vous de cela?
M. Conway: M. le Président, à McGilI, la politique
est de ne pas diviser la tâche de recherche et la tâche
d'enseignement. Nous sommes d'avis que les deux sont liées très
intimement; c'est très difficile d'établir deux classes de
professeurs dans notre université. Nous sommes contre cette
idée.
Le Président (M- Parent, Sauvé): Merci. M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Merci. Comme le ministre nous a dit que cette
commission parlementaire était très libérale, d'un
très grand libéralisme et comme on a dit à plusieurs
reprises que les professeurs visaient une très grande autonomie, tout
comme les universités, je me suis permis de déposer un document
devant cette commission, comme on me l'a demandé. Je pense qu'il faut
bien définir le contexte: II y a des gens qui ont dénoncé
la façon dont la discussion s'est déroulée à
l'Association des étudiants. Le document a été
déposé pour permettre à tout le monde de se faire
entendre. Il reste que je ne suis pas tout à fait satisfait de la
réponse qui m'a été donnée et je poserai la
question suivante.
Des étudiants de différents groupes, que ce soit
l'Association des étudiants postgradués, l'Association des
étudiants en droit, l'Association des étudiants en travail
social, l'Association des étudiants de premier cycle en génie,
ainsi que des gens responsables de la coordination de la pétition nous
indiquent, quant aux frais de scolarité -c'est le point essentiel du
document - que les étudiants et étudiantes auraient voulu que la
discussion soit plus approfondie et que votre conseil général et,
par la suite, votre conseil exécutif... Ce sont deux conseils
différents: dans un cas, au conseil exécutif, il y a cinq
personnes; dans l'autre cas, vous me parliez de 26, on parlait d'une trentaine,
mais je ne sais pas quel est le chiffre exact. Ce que j'ai compris de la
discussion qu'on a eue avec ces gens, c'est que si vous aviez eu le temps de
pousser plus à fond la consultation, peut-être que la
décision aurait été différente de celle que vous
proposez aujourd'hui.
Est-ce que j'ai raison ou si vous avez fait toute la consultation qui
s'imposait, même malgré la contestation?
M. Brodie: M. le Président... (16 heures)
Le Président (M. Parent, Sauvé): Allez.
M. Brodie: ...c'est difficile à dire. Peut-être que
notre mémoire aurait été différent si on avait fait
des consultations. Mais, à McGill, nous avons un système de
gouvernement étudiant très, difficile. L'association centrale est
totalement indépendante de l'association de chaque faculté et
chaque niveau de gouvernement étudiant a la même
responsabilité. Dans la constitution canadienne, les gouvernements
provinciaux ont leur propre responsabilité, le gouvernement
fédéral a sa propre responsabilité. À McGill, ce
n'est pas le cas. Chaque niveau de gouvernement a la même
responsabilité. Alors, les associations étudiantes des
facultés peuvent faire ce qu'elles veulent. L'Association des
étudiants gradués a déposé son propre
mémoire. Cela va avec le régime de gouvernement étudiant
à McGill. Mais chaque faculté a un conseil exécutif et
aussi un conseil des étudiants. J'ai fait toutes sortes de consultations
auprès des membres du conseil des étudiants.
Maybe the brief would be different if we had done a greater deal of
consultation with more students but, then again, perhaps not. We went through
all the channels that we have to go through to prepare a memoir for "la
commission parlementaire". We did that and this is the brief that we came up
with. The brief was amenable to a majority of the members of the student
council which is the group that must make the final decision. All those
members, all the members of student council are democratically elected by
students across the entire university. As well, Mr. Pickersgill, Miss Glassco
and I are elected by all the students together in a campus wide election. You
know, so democratic an organization can get, we have done as much as we could
to prepare the memoir that we did.
M. Jolivet: Juste pour terminer, M. le Président. Dans le
texte, on dit qu'il y a quatre membres sur cinq qui sont des étudiants
étrangers au conseil exécutif. Vous avez mentionné qu'il y
a environ 26 membres à votre conseil étudiant. Est-ce qu'il y
aurait possibilité que les membres de la commission reçoivent de
votre part une confirmation officielle des noms de gens qui composent le
conseil des étudiants?
M. McCall: Peut-être que M. Jolicoeur voudrait
répondre à votre question.
M. Jolicoeur: Ce serait fort possible de le faire. On parle
d'étudiants étrangers -attention - étudiants
québécois, étudiants
canadiens. Il faudrait faire attention.
M. Jolivet: Le terme est bien clair. On a parlé tout
à l'heure de Québécois en termes de demandes...
M. Jolicoeur: D'accord.
M. Jolivet: ...et ensuite de Canadiens. Étrangers, c'est
hors Canada»
M. Jolicoeur: D'accord. Il n'y a pas d'étudiants
étrangers, que je sache, ni à l'exécutif, ni au conseil
étudiant. Si vous voulez avoir plus de précisions
là-dessus, il n'y a pas de problème, on va vous envoyer cela.
À mon avis, il y a environ six étudiants d'une autre province que
le Québec au conseil étudiant; c'est peut-être huit, c'est
peut-être quatre. On peut vous envoyer ces choses-là d'une
façon exacte.,
Quant à la nature du mémoire, vous devez réaliser
que l'été, c'est difficile de faire de la consultation. Le format
nous a été imposé par le gouvernement. On avait une date
fixe à laquelle il fallait présenter notre mémoire; c'est
une contrainte. Je ne pense pas que le mémoire aurait été
radicalement différent. Il y aurait peut-être eu certaines
modifications à certains éléments du mémoire, mais,
pour l'essentiel, les mêmes idées fondamentales seraient
ressorties.
J'aimerais vous faire remarquer que nous ne sommes pas les seuls
étudiants au Québec à parler de hausse des frais de
scolarité. Le consensus qui semble se dégager chez certains
groupes étudiants - et c'est le consensus qu'on aurait adopté -
c'est que doubler les frais de scolarité, c'est une idée qu'il
faut considérer si on veut ouvrir le débat avec le ministre de
l'Éducation sur la réforme des prêts et bourses. Maintenir
une position complètement gelée sur la question des frais de
scolarité, cela ne ferait avancer le débat nullement, parce que,
selon nous et selon plusieurs étudiants dans la province, doubler les
frais de scolarité, ce serait juste rétablir une situation qu'on
pourrait juger plus normale où les étudiants de McGill, les
étudiants des HEC, les étudiants de polytechnique paieraient
à peu près les mêmes frais que les étudiants paient
ailleurs au Canada.
S'il y a des problèmes d'accessibilité au Québec
c'est avec le régime des prêts et bourses qu'on va le
régler, ce n'est pas en subventionnant les frais de scolarité
pour des étudiants qui, pour certains, n'ont même pas besoin de
subvention et qui pourraient payer plus.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M.
Jolicoeur.
Pour conclure, je reconnais maintenant la députée de
Chicoutimi, porte-parole officielle de l'Opposition en matière
d'enseignement supérieur et de science.
Mme Blackbum: Merci, M. le Président. Peut-être une
question en conclusion et ce serait tout pour mes cinq minutes.
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il y a
consentement, d'accord.
Mme Blackburn: Je voulais demander aux étudiants comment
ils réagissaient à la formule qui était proposée
par les jeunes du Parti québécois, qui m'apparaît une
formule plus équitable, c'est-à-dire
l'impôt-études.
Une voix: Le fameux POET? Mme Blackburn: Oui.
Une voix: Luc, voulez-vous approfondir cette question?
M. Jolicoeur; On pense que la logique de cette formule est bonne.
Essentiellement, quand on dit que le gouvernement devrait prendre en charge les
frais de subsistance et que les universités devraient avancer des
prêts pour la portion frais de scolarité et que ceux-ci devraient
être plus élevés, on arrive à une formule qui est
très semblable. La seule différence, c'est qu'il n'y aurait pas
de transfert de revenu d'une classe sociale à l'autre pour ce qui est de
la partie frais de scolarité. On pense qu'il y a des problèmes
avec cette idée d'égaliser les chances. Par exemple, si un parent
veut payer pour l'éducation de son enfant, je ne pense pas qu'on devrait
l'empêcher de le faire. C'est pourquoi on a retenu plutôt une
formule de prêt avec remboursement selon un pourcentage du revenu pour ce
qui est des frais de scolarité et le gouvernement subventionnerait les
frais de subsistance. L'égalisation socio-économique devrait se
faire au chapitre des frais de subsistance à notre avis parce que la
portion des frais de scolarité représente un investissement que
l'étudiant fait. Quand l'étudiant décide d'entrer à
l'université, c'est un investissement de temps et d'argent qu'il fait
pour pouvoir recevoir des revenus plus élevés dans le futur.
Mme Blackburn: Merci. Je voudrais, au nom de ma formation
politique, vous remercier de votre participation à cette commission
parlementaire. Toutes les interventions sont bienvenues ici. Cependant, vous
comprendrez mon hésitation à voir augmenter les frais de
scolarité; passer de 500 $ à 2500 $ cela m'apparaît un peu
excessif. Nous dire comme cela que cela n'aurait pas d'effet sur
l'accessibilité, j'en doute.
Par ailleurs, je voudrais voir le ministre
réagir à votre hypothèse de faire des prêts
pour les frais de scolarité - que vous prendriez à même les
frais de scolarité pour ceux qui ne seraient pas en mesure de payer,
donc, ce seraient des prêts - alors que les bourses devraient être
totalement assumées par le gouvernement, si je comprends bien votre
raisonnement. Cela veut donc dire que, actuellement, en prêtant, cela
coûte moins cher que de le donner en bourses. Ce qui coûte le plus
cher, vous le refilez au gouvernement et ce qui vous revient, dans la mesure
où il y a des prêts pour les frais de scolarité, c'est un
prêt que vous faites aux étudiants. Cela m'apparaît un peu
difficile.
M. Jolicoeur: Est-ce que je peux me permettre un commentaire?
Mme Blackburn: De toute façon - je verrai si le
président accepte - je voudrais vous remercier au nom de ma formation
politique de votre participation à cette commission.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Étant
donné que nous sommes ici pour vous entendre, je suis beaucoup plus
tolérant envers nos invités qu'envers nos députés.
Je vous permets une dernière remarque.
M. Jolicoeur: Le commentaire est simple. Je pense qu'en
augmentant les frais de scolarité il y aurait moyen d'apporter des
revenus très importants et qu'il pourrait y avoir une certaine
égalisation. C'est un système qui devrait être
étudié. C'est un système qu'on propose à long
terme. On ne dit pas: Demain matin, on va mettre cela en application. Pour ce
qui est du présent, comme je le disais, l'idée d'une augmentation
ou de doubler les frais de scolarité, ce serait acceptable.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci de votre
point de vue.
Je reconnais maintenant le ministre de l'Enseignement supérieur
et de la Science.
M. Ryan: Je vous remercie, messieurs et madame, de votre
contribution à nos débats. Vous nous avez apporté des
idées qui sont loin de manquer d'intérêt. Elles demandent
d'être examinées de manière plus approfondie et nous allons
le faire. Il nous fera plaisir d'examiner en particulier toute la question de
l'aide financière aux étudiants d'une manière plus
approfondie. Vous proposez des modes d'aménagement des services rendus
aux étudiants au titre des bourses et des prêts qui sont assez
différents de ce que nous avons. Je sais que McGill a une tradition de
ce côté-là qui lui permet de regarder plus facilement dans
cette direction-là parce qu'il y a beaucoup de fonds particuliers qui
visent précisément un effet comme celui-là, alléger
la charge des frais de scolarité. Je crois que c'est très bien.
Est-ce qu'on peut généraliser une chose comme celle-là?
J'en doute personnellement, mais on va examiner cette formule avec beaucoup
d'autres. Je dirai à M. Jolicoeur que nous serons
intéressés à poursuivre le dialogue sur toute la question
de la réforme de l'aide financière. Il y a des choses qui sont en
travail actuellement. Nous sommes à examiner diverses hypothèses
de ce côté-là. Je pense bien qu'au cours des prochains mois
nous serons en mesure de faire connaître les modifications ou les
améliorations possibles.
J'apprécie l'effort concerté que vous avez fait ensemble,
professeurs et étudiants, pour prendre sur vos épaules votre part
des problèmes de votre université. Nous disons toujours que
l'université est une communauté, sans quoi elle n'a pas pleine
justification de son nom. Je pense que la démarche que vous avez faite
indique une recherche, en tout cas, de cet esprit de communauté qui est
de bon aloi et je vous félicite de l'intérêt que vous
portez à votre institution. Vous n'en avez pas parlé comme d'une
chose étrangère ou extérieure et je l'ai vivement
apprécié. Je voudrais vous demander aussi de transmettre à
ceux des membres de votre conseil de direction, M. Brodie, qui sont d'autres
provinces du Canada, qu'aux yeux du gouvernement ils ne sont pas des
étrangers. Je vous remercie.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Merci, M. McCall.
La commission parlementaire de l'éducation suspend ses travaux et
nous accueillerons dans quelques minutes les représentants de
l'Université de Sherbrooke. Je rappelle aux membres de la commission
parlementaire que nous accusons actuellement un retard d'une heure et quart sur
notre calendrier de travail d'aujourd'hui.
(Suspension de la séance à 16 h 13)
(Reprise à 16 h 17)
Le Président (M. Parent, Sauvé): La commission
parlementaire de l'éducation reprend ses travaux et accueille les
représentants de l'Université de Sherbrooke. L'Université
de Sherbrooke est représentée par son recteur, M. Aidée
Cabana. M. Cabana, bonjour et merci beaucoup d'avoir répondu à
l'invitation de la commission parlementaire de l'éducation de venir nous
rencontrer et nous aider dans notre recherche de solutions en vue
d'améliorer le cadre de financement ainsi que les orientations du
réseau universitaire québécois. M. Cabana, la commission
parlementaire a prévu de vous réserver environ une heure et
demie, de façon à vous entendre et à
réserver le temps pour une bonne période d'échange
de propos avec les membres de cette commission. On m'informe que des
pourparlers ont eu lieu entre vos représentants et les nôtres de
façon que le temps soit réparti comme suitî 15 à 20
minutes pour présenter verbalement votre mémoire; la balance du
temps sera consacrée aux discussions, à parts égales entre
les deux formations politiques.
M. Cabana, si vous voulez bien nous présenter . les gens qui vous
accompagnent et enchaîner avec la présentation de votre
mémoire. Au moment de la période de questions, sentez-vous bien
à votre aise si vous voulez passer le micro aux gens qui vous
accompagnent pour répondre. Ce que nous recherchons ce n'est pas
nécessairement un cadre formel mais les meilleurs renseignements et les
meilleures informations. Nous allons tâcher de faire cela de la
façon la plus informelle possible de façon à atteindre nos
objectifs. Alors, M. Cabana, nous vous écoutons.
Université de Sherbrooke
M. Cabana (Aldée): Je vous remercie, M. le
Président. II m'est agréable de vous présenter les
personnes qui m'accompagnent à cette table. Ils sont tous membres du
comité exécutif de l'Université de Sherbrooke. Tout
d'abord, à mon extrême droite, M. Jean-Louis Levesque qui est le
secrétaire général; à ma droite immédiate,
M. Richard Béland, vice-recteur à l'administration. À ma
gauche immédiate, M. Jacques Auger, vice-recteur aux ressources humaines
et à mon extrême gauche, M. Bernard Bénard, vice-recteur
à la recherche.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. Bénard,
bienvenue.
M. Cabana (Aldée): J'aimerais aussi, M. le
Président, souligner la présence dans cette salle de plusieurs
doyens de faculté et de présidents de plusieurs associations et
de syndicats d'employés, de professeurs ou d'autres types de personnel
de l'Université de Sherbrooke, du chef de cabinet de Mme la ministre
déléguée à la Condition féminine et
députée de Saint-François. Je voudrais finalement
souligner la présence de M. Vigneault, éditorialiste au quotidien
La Tribune de Sherbrooke.
L'Université de Sherbrooke remercie la commission parlementaire
de l'éducation de cette invitation à venir présenter
devant elle le mémoire qu'elle a soumis. Nous espérons vivement
que notre mémoire, de même que les réponses que nous
pourrons fournir aux questions qui nous seront posées, sauront faire
avancer les travaux de la commission.
Si vous le permettez, M. le Président, je prendrai quelques
minutes pour faire ressortir le thème principal que nous
développons dans notre mémoire, après quoi je retournerai
au texte que nous avons déposé pour en faire ressortir certains
passages qui nous apparaissent particulièrement importants.
Le thème central de notre mémoire concerne la mission de
l'université. Notre prétention veut que cette mission soit pour
ainsi dire à multiples facettes en ce que la société
compte depuis longtemps, et encore aujourd'hui, sur l'université pour
satisfaire de nombreux besoins tant au niveau de l'enseignement
supérieur, de la recherche fondamentale et appliquée que de ce
qu'il est convenu d'appeler les services aux collectivités. Nous croyons
avec d'autres qu'il est de la responsabilité de l'université de
répondre à ces besoins et que le mandat que la
société confie à l'université comporte toutes ces
facettes. Nous affirmons que c'est là une réalité qui doit
être omniprésente au sein des réflexions suscitées
par les travaux de cette commission parlementaire sur les orientations et le
cadre de financement. Une formule de financement qui ne serait pas
fondée sur cette réalité n'aboutirait pas à donner
aux universités les moyens nécessaires à l'accomplissement
du mandat qui leur est confié.
Dans ce mémoire, nous affirmons de plus que l'Université
de Sherbrooke a toujours été consciente de ses
responsabilités et qu'elle a constamment essaye, dans la mesure du
possible, de remplir non seulement sa mission d'enseignement, mais aussi toutes
les autres missions qui font également partie de son mandat. Mais force
est de constater que les budgets dont elle dispose aujourd'hui sont
insuffisants et qu'ils ne sont pas non plus alloués en fonction de
toutes les responsabilités dont elle a la charge. Conséquemment,
l'Université de Sherbrooke formule six recommandations
spécifiques qui, si elles étaient retenues, lui permettraient de
répondre plus adéquatement aux attentes légitimes de la
société envers elle, tout en l'aidant à sortir d'une crise
financière extrêmement grave.
Voilà résumé le thème principal de notre
mémoire. Je m'attarderai donc maintenant à faire ressortir
certains passages plus particulièrement importants de ce mémoire,
passages tirés de son introduction, de ses quatre chapitres et de sa
conclusion, tout en suivant le même ordre de présentation que
celui qu'on retrouve dans notre mémoire.
Pour ce qui est de l'introduction, vous me permettrez d'attirer votre
attention sur le passage suivant: "Les espoirs que suscitent les travaux de la
commission parlementaire sont grands et il est absolument nécessaire
qu'ils conduisent, cette fois, à des solutions valables et durables.
L'Université de Sherbrooke souhaite ardemment que ses
travaux permettent non seulement de constater à nouveau qu'il est
urgent de mettre un terme définitif à des compressions
budgétaires répétées, dont l'effet cumulatif est
devenu insupportable, mais aussi qu'il est impérieux d'établir
une formule de financement stable qui donne les ressources nécessaires
pour remplir les diverses missions que la société lui a
confiées et dont dépend en grande partie l'avenir du
Québec."
Le premier chapitre de notre mémoire est intitulé: Pour un
financement adapté aux missions de l'université. On y
développe deux sujets à savoir la mission de l'université
et les caractéristiques de l'Université de Sherbrooke.
Voici quelques extraits de ce chapitre que l'on peut trouver à
compter de la page 2. La demande pressante des universités
québécoises pour un financement accru se justifie par la teneur
de son objectifs doter les universités de moyens leur permettant de
remplir leur mission à la mesure du mandat que leur a confié la
société. C'est bien la question de la mission de
l'université qui est au coeur du présent débat sur les
orientations du financement universitaire. Si la société confie
à l'université l'éducation, la formation de ses
élites et le développement de la recherche, elle doit lui allouer
des ressources adéquates. Lorsque celles-ci sont insuffisantes ou, pis
encore, lorsqu'elles lui sont retirées, comme on l'a vu à la
suite d'une imposition constante de compressions budgétaires, c'est sa
capacité même de s'acquitter de ses missions qui est directement
atteinte. Voilà une réalité qui doit être
omniprésente au sein des travaux et réflexions suscités
par cette commission parlementaire.
Certes, ce n'est pas une tâche facile que de tenter de cerner la
mission de l'université dans ses divers domaines d'application. Bien
souvent, ce sont les attentes d'un groupe à l'égard de
l'université qui orientent sa perception et son jugement. À ce
propos, le Conseil des universités soulignait, dans son dernier avis,
sur le financement des universités, que la majorité des gens
considère ces dernières plutôt sur des plans particuliers
que de façon globale, et je cite: "Les jeunes étudiants en
attendent une formation initiale dans une discipline scientifique ou
professionnelle. Les employeurs y recherchent des étudiants bien
formés capables d'apporter une contribution à leur entreprise et
des idées susceptibles de les faire progresser. Les organismes sociaux
en attendent des services. Les adultes et les professionnels souhaitent y
trouver des compléments de formation et des possibilités de
recyclage. Les régions et les gouvernements la considèrent comme
une source de développement économique et culturel."
Toutes ces attentes sont légitimes, poursuivait le Conseil, et
font partie des missions de l'université. Mais aucune,
précisait-il, n'englobe toute l'université et ne rend
parfaitement compte de son caractère unique.
Toute cette question des orientations du financement universitaire doit
donc être examinée en fonction des missions de
l'université. La qualité de l'enseignement et de la recherche a
déjà été sérieusement affectée par la
politique de compression des dernières années et, faute
d'effectuer un virage important à cet égard, les choses ne
pourront que se détériorer davantage.
Si l'Université de Sherbrooke insiste pour lier de façon
indissociable la question du financement du réseau universitaire et
celle des missions de l'université, c'est qu'elle a toujours
été soucieuse de répondre aux attentes légitimes
dont fait état le Conseil des universités dans un avis
précité, sans s'être vu attribuer pour autant, du moins
dans les dernières années, les ressources nécessaires
à la poursuite de ses diverses missions. Ce n'est pas ici le moment
d'exposer de façon exhaustive les pôles de développement de
l'Université de Sherbrooke. Il y a lieu toutefois d'invoquer quelques
faits significatifs, qui permettront de faire ressortir l'un ou l'autre trait
attestant son souci d'excellence et son développement de la
recherche.
Implantée au coeur de l'Estrie pour répondre au besoin de
formation universitaire de jeunes francophones de la région,
l'Université de Sherbrooke a réussi en peu d'années
à offrir une accessibilité à l'éducation
supérieure conforme à la politique du gouvernement du
Québec en matière d'éducation. De petite université
qu'elle était à ses débuts, elle est vite passée au
rang des universités de taille moyenne, avec une clientèle qui
dépasse actuellement 10 000 étudiants (équivalence temps
complet).
Ses étudiants, l'Université de Sherbrooke les recrute bien
au-delà des frontières de sa région immédiate. De
fait, 70 % de ses étudiants à temps complet proviennent de
l'extérieur de la région de l'Estrie. Cette
caractéristique particulière de la clientèle
étudiante qu'attire l'Université de Sherbrooke engendre une autre
caractéristique non moins importante de l'établissement: la
très forte majorité de ses étudiants, soit environ 85 %,
est composée d'étudiants réguliers à temps
complet.
La dimension pratique de la formation offerte à
l'Université de 5herbrooke dans un grand nombre de programmes constitue
sans doute à cet égard l'une des caractéristiques les
mieux connues. Ce qui identifie le mieux la formation pratique offerte à
Sherbrooke, c'est évidemment le régime coopératif qui
permet l'alternance des sessions d'études et des stages
rémunérés en milieu de travail. Ce régime est le
premier en importance au Québec et le deuxième au Canada.
Parallèlement, la recherche scientifique a connu un
développement spectaculaire à l'Université de Sherbrooke
au cours de la dernière décennie: les dépenses de
recherche y ont pratiquement quintuplé. Les centres, les équipes
et les groupes de recherche se sont multipliés et, encore tout
récemment, l'Université de Sherbrooke se distinguait à cet
égard en se voyant attribuer huit des 43 projets retenus dans le
programme provincial d'actions structurantes. L'Université de Sherbrooke
se situe au deuxième rang des universités
québécoises pour la proportion de ses dépenses de
recherche par rapport à ses autres dépenses de
fonctionnement.
Enfin, l'enracinement de l'Université de Sherbrooke dans sa
région se reflète notamment par la qualité de ses
interventions et des apports divers reliés au rayonnement d'un centre
hospitalier universitaire, d'un centre culturel et d'un centre sportif.
Ce bref exposé sur le développement et les
caractéristiques de l'Université de Sherbrooke, bien que
forcément très incomplet, illustre la diversité des
attentes des divers groupes à l'endroit de l'université et par
voie de conséquence la variété et l'importance des
missions qui lui incombent. Si l'enseignement supérieur a souvent
été considéré comme la principale et la plus
visible des missions de l'université, il ne fait plus de doute
aujourd'hui qu'il ne s'agit là que d'un aspect d'une
réalité plus vaste et plus complexe. Aussi complète
soit-elle, toute étude sur le financement du réseau universitaire
qui omettrait ces autres aspects de la réalité pour s'en tenir
à la seule analyse des coûts de la mission enseignement serait une
étude tronquée qui ne permettrait pas d'apporter une juste et
équitable solution à la crise actuelle. (16 h 30)
Le deuxième chapitre traite de la situation financière des
universités. À ce stade-ci des travaux de la commission, nous
savons que cet aspect a été amplement présenté.
Aussi, nous nous limiterons à exposer ta situation de
l'Université de Sherbrooke spécifiquement décrite à
compter de la page 9 de notre mémoire.
Parmi les établissements en proie à l'actuelle situation
de crise, l'Université de Sherbrooke est certainement l'une des plus
touchées dans tout le réseau universitaire
québécois. Une brève description des diverses
étapes qui ont abouti à une telle situation permettra aux membres
de la commission parlementaire de se faire une meilleure idée des
problèmes particuliers de l'Université de Sherbrooke.
En 1969-1970, l'Université de Sherbrooke avait quinze ans. En
pleine croissance, elle était déjà aux prises avec des
difficultés financières sérieuses. En prenant justement
cette année difficile comme année de base de sa nouvelle formule
de financement, le ministère de l'Éducation a refusé de
corriger la situation déficitaire de l'université. La formule
adoptée alors, dite méthode historique, a eu sur elle un impact
désastreux. Au terme de l'année 1974-1975, le déficit
accumulé par l'université se chiffrait à 7 100 000 $.
Un protocole d'entente intervenu par la suite entre le ministère
et l'université a permis de financer ce déficit grâce
à un prêt à long terme du gouvernement, sans
intérêt et remboursable sur une période de dix ans.
De 1975-1976 à 1980-1981, l'hypothèque du déficit
étant levée, l'université a réussi non seulement
à maintenir l'équilibre budgétaire sur l'ensemble de ces
six années, mais elle a pu réaliser également un surplus
de fonctionnement de l'ordre de 3 000 000 $ qui a réduit le
déficit accumulé. Les remboursements annuels du prêt
à long terme effectués conformément au protocole d'entente
en ramenaient le solde à 5 000 000 $ à la fin de l'année
1980-1981.
Il importe de souligner que ce résultat remarquable a pu
être atteint malgré trois années successives de
compressions budgétaires imposées par le ministère
à compter de 1978-1979.
En 1980-1981, l'Université de Sherbrooke a été
frappée très durement par les nouvelles compressions
budgétaires, notamment celle portant sur l'indexation de 4,2 % des
masses salariales alors que, selon les ententes négociées et
signées en conformité avec la politique salariale
gouvernementale, les besoins étaient de 17 %. Privée de toute
marge de manoeuvre, l'université, qui venait à peine de
rétablir son équilibre budgétaire, s'est vu plongée
une fois de plus dans une situation déficitaire. Malgré le gel
des postes, le renvoi des plus jeunes professeurs, le renvoi de professionnels
et une importante compression au chapitre des masses salariales
complémentaires et des autres dépenses, les états
financiers au 31 mai 1981 révèlent que l'université a, en
cette seule année, ajouté à son déficit
accumulé une somme de 3 800 000 $.
Les compressions additionnelles imposées à
l'université depuis lors l'ont empêchée de rétablir
l'équilibre budgétaire, malgré de sérieux et
constants efforts en ce sens. C'est ainsi que le budget de fonctionnement
1986-1987, adopté récemment, contient des mesures visant à
réduire de plus de 4 200 000 $ le déficit annuel qui se serait
élevé à 5 700 000 $ à la suite des nouvelles
compressions. N'eût été de ces nouvelles compressions, les
mesures que nous avons prises auraient pu permettre l'atteinte de
l'équilibre budgétaire dès 1987-1988. Ces nouvelles
compressions nous forcent une fois de plus à faire un
déficit.
II faut noter que les frais financiers entraînés par ce
déficit seront en 1986-1987 de 1 000 000 $, soit 1,5 % de la subvention
globale.
Le troisième chapitre concerne le niveau de financement des
universités. Il y est successivement question des sources de revenus, de
l'insuffisance des ressources et des conséquences du
sous-financement.
Quant aux sources de revenus, on attire l'attention à la page 12
sur le fait qu'alors qu'en 1972-1973, les frais de scolarité
représentaient environ 19 % des revenus des universités du
Québec et de l'Ontario, en 1982-1983, ce type de revenus a
diminué de moitié au Québec, alors qu'il est
demeuré relativement stable en Ontario. Les autres revenus, soit les
dons en provenance de toutes sortes, sont à peu près inexistants
à l'Université de Sherbrooke. L'université consentira les
efforts nécessaires pour accroître ce type de revenus, mais ce
n'est qu'à moyen terme que des résultats tangibles peuvent
être atteints.
Sur l'insuffisance des ressources, on souligne, aux pages 14 et
suivantes, que ce ne sont pas uniquement les universités, mais le
Conseil des universités et l'entreprise privée qui
déplorent l'insuffisance des ressources dont disposent les
universités. Tous s'accordent pour implorer le gouvernement d'accorder
aux universités les sommes requises pour un fonctionnement normal qui
leur permettra d'exécuter les mandats qui leur sont confiés.
En regard des conséquences du sous-financement, le mémoire
que vous présenteront aujourd'hui les syndicats et associations de
personnel de l'Université de Sherbrooke fait état de certaines
conséquences du sous-financement et apporte à ce titre des
précisions additionnelles aux données que nous présentons
dans notre mémoire. Je me limiterai donc, à cet égard,
à vous présenter plus sommairement les principaux points
soulevés dans notre mémoire concernant cette question, conscient
qu'un complément d'information vous sera tantôt donné.
À notre avis, peut-on lire à compter de la page 16, le
déficit accumulé des universités est une
conséquence directe du sous-financement des établissements par le
gouvernement. Les compressions imposées ont dépassé
largement la marge de manoeuvre dont disposaient les administrations. Les
universités doivent financer elles-mêmes leurs déficits
accumulés et, en conséquence, une partie grandissante de leurs
ressources pour fins de fonctionnement doit être consacrée
à l'acquittement des intérêts qui en découlent.
On a souvent répété que la qualité de
l'enseignement universitaire s'est considérablement
détériorée à la suite des compressions. Le Conseil
des universités, la Conférence des recteurs et principaux des
universités du Québec, la Commission Bovey et des
représentants de l'entreprise privée ont tenté de
sensibiliser le public et les bailleurs de fonds à cette
dégradation de la qualité.
Il faut bien admettre que dans un domaine tel celui de l'enseignement
supérieur, la recherche et les autres missions de l'université,
la qualité a, par nature, un caractère hautement subjectif. En
conséquence, il est difficile d'établir des paramètres
précis qui permettent de la quantifier. Cependant, les organismes
subventionnaires ou les organismes d'agrément des facultés
professionnelles reconnaissent que certains facteurs ont un impact direct sur
la qualité de l'enseignement ou de la recherche universitaire. Parmi les
plus significatifs, on retiendra: la qualité et la structure d'âge
du corps professoral, la charge de travail du corps professoral et le ratio
étudiants-professeur, le moral du personnel, la taille des groupes, les
acquisitions des bibliothèques, l'état de l'équipement des
laboratoires et l'entretien des installations.
Au départ, il faut bien admettre qu'aucun de ces facteurs ne
permet une mesure directe de la qualité. Il y a toutefois consensus pour
affirmer que la détérioration de n'importe quel de ces facteurs
entraîne une détérioration de la qualité de
l'enseignement et de la recherche universitaires. Les conséquences du
sous-financement sur chacun de ces facteurs seront maintenant
discutées.
Les contraintes financières ont empêché les
universités de poursuivre une politique d'embauche assurant un
équilibre dans la structure d'âge du personnel. Depuis 1973,
l'Université de Sherbrooke subit des compressions budgétaires qui
l'ont forcée à une politique d'embauche très prudente. La
compression de 1980-1981 a forcé l'université à mettre
à pied tous les professeurs qui n'avaient pas encore acquis la
permanence à l'exception de ceux appartenant aux secteurs en pleine
croissance qui souffraient déjà d'une sérieuse carence de
personnel. Depuis lors, le recrutement est très rare et uniquement dans
des secteurs en croissance rapide où le ratio
étudiants-professeur est devenu intolérable.
Afin de minimiser leur déficit budgétaire, les divers
établissements ont dû accroître leur clientèle
étudiante sans augmentation sensible de leur personnel. La
réalité à l'Université de Sherbrooke, c'est que le
nombre total d'employés a même été réduit. On
a assisté à un accroissement général du ratio
étudiants-professeur. De plus, puisque l'accroissement du nombre
d'étudiants n'a pas été uniforme dans tous les secteurs du
savoir mais plus important dans certains secteurs spécifiques, il en
résulte que les ratios de ces secteurs ont subi un accroissement plus
considérable que
ne le laissent apparaître les statistiques globales.
L'avis du Conseil des universités sur les orientations du
financement universitaire signale que les bibliothèques des
universités du Québec sont les moins bien pourvues au Canada. De
fait, cette situation subira encore une dégradation relative. Les
nouvelles compressions budgétaires imposées et la faiblesse
relative du dollar canadien équivaudront encore une fois à une
diminution des abonnements aux périodiques et des achats de
monographies.
Le budget consacré à l'acquisition d'équipement
scientifique, à son entretien et à l'entretien des installations
physiques est tout à fait inadéquat. En outre, les installations
physiques vieillissent et le sous-financement a empêché
l'Université de Sherbrooke d'assurer un entretien préventif
adéquat. II sera donc nécesaire de consacrer une part importante
du budget d'investissement aux réparations très urgentes.
Malgré une hausse considérable du nombre d'étudiants dans
les domaines liés au virage technologique et un besoin accru
d'équipement de plus en plus sophistiqué, ce budget n'a subi
aucune croissance, au contraire. II ne fait aucun doute que la qualité
de l'équipement scientifique mis à ta disposition de nos
professeurs et de nos étudiants s'est détérioré de
façon constante au cours des dix dernières années.
Les conséquences négatives qu'entraîne le
sous-financement sur la capacité de l'université de bien remplir
sa mission amènent l'Université de Sherbrooke à s'associer
à la Conférence des recteurs et principaux des universités
du Québec, au Conseil des universités et aux nombreux autres
intervenants pour souligner la nécessité d'injecter dans le
réseau des universités du Québec de nouvelles ressources.
À ces fins, l'université recommande que cesse toute forme de
compression, notamment les réductions de l'enveloppe
générale, le non-financement au coût réel des
croissances d'inscriptions, les prélèvements et les
non-indexations; que de nouvelles ressources soient injectées dans le
réseau pour fins de fonctionnement et d'investissements.
C'est une somme supérieure à 130 000 000 $ qu'il faudrait
injecter dans l'enveloppe de fonctionnement. Une telle injection de ressources
peut paraître exorbitante. Toutefois, elle ne suffirait même pas
à assurer aux universités du Québec des ressources
comparables à celles de l'Ontario qui, malgré un accroissement de
leurs subventions, cette année, demeurent parmi le universités
canadiennes les moins bien financées.
Compte tenu que le déficit accumulé des universités
découle de compressions importantes, répétées et
non suffisamment étalées dans le temps, l'Université de
Sherbrooke recommande que les déficits accumulés des
universités soient assumés par le gouvernement.
Face aux difficultés financières qu'éprouve
l'État à assurer un financement des universités qui leur
permettrait de maintenir certains foyers d'excellence, l'université
recommande que des mesures appropriées soient prises afin d'assurer aux
universités un accroissement des revenus autres que ceux qui proviennent
de la subvention d'équilibre et qu'à cette fin soient
adoptées des mesures fiscales propres à inciter les individus et
les entreprises à appuyer l'université de leur choix, et que soit
évaluée la possibilité d'accroître les frais de
scolarité tout en s'assurant que des dispositions appropriées
seront prises pour préserver nos acquis en matière
d'accessibilité.
Le chapitre 4 aborde la question des orientations du financement. En
voici certains extraits que vous retrouverez à partir de la page 22.
Depuis une vingtaine d'années, les autorités
gouvernementales du Québec ont mis l'accent sur une politique
d'accessibilité à l'enseignement supérieur, politique qui
s'est doublée par la suite d'une préoccupation de ramener les
coûts à un niveau comparable à ceux de la province
d'Ontario. Les mesures de compression, faites de prélèvements et
de non-indexation des dépenses, ont porté atteinte à la
base du financement des établissements. (16 h 45)
L'accessibilité à l'enseignement universitaire peut se
concevoir de diverses façons. On peut souhaiter une plus grande
fréquentation de l'université. On peut surtout désirer que
non seulement un plus grand pourcentage de population ait accès à
un enseignement universitaire mais qu'un plus fort pourcentage
bénéficie pleinement et entièrement de ce que sont les
missions de l'université de transmettre et développer le haut
savoir.
Sur ce plan, les analyses du Conseil des universités, reprises en
partie dans un récent document du ministère de l'Enseignement
supérieur et de la Science, soulignent des carences inquiétantes
de l'objectif d'accessibilité. En regard de l'Ontario, l'écart
dans le taux d'accès au baccalauréat chez les jeunes va en
s'accroissant au détriment du Québec et surtout de sa population
francophone. De plus, la diplomation aux cycles supérieurs reste
déficitaire et s'accompagne d'une faiblesse de la
compétitivité dans le domaine de la recherche, à en juger
par la performance aux concours nationaux.
L'Université de Sherbrooke estime que les carences
relevées au chapitre d'une accessibilité pleine et entière
sont le résultat
direct d'une politique de financement inappropriée pour
l'accomplissement des missions de l'université. L'université
croit qu'il y a lieu de développer une politique de financement
soucieuse des diverses facettes de la vocation universitaire. Ce faisant, on
évite de mettre en cause la personnalité propre de chaque
établissement et de couper court à toute initiative susceptible
de permettre à chacune de répondre aux attentes de la
société. Certes, le gouvernement est investi de la
responsabilité d'établir les grandes orientations
sociétales et de se donner les moyens pour les réaliser. La
politique qui les sous-tend devrait s'appuyer sur le respect de l'ensemble des
missions de l'université, sans quoi elle alimente des sources
d'incohérence et de déséquilibre qui forcent à des
ajustements ponctuels et périodiques, minent la stabilité
financière des établissements et conduisent ceux-ci à
péricliter.
Ceci amène l'Université de Sherbrooke à recommander
que le cadre du financement gouvernemental aux établissements
universitaires s'appuie sur les orientations fondamentales suivantes, à
savoir que toute formule de financement tienne compte de l'ensemble des
missions de l'université et repose sur l'analyse adéquate des
activités qui les sous-tendent; que les règles de financement
s'appuyent sur des paramètres stables et transparents, annoncés
à l'avance et dont l'application repose sur des analyses produites en
concertation avec les établissements.
Dans une étude comparative qu'il publiait en 1984, le
ministère a proposé les éléments d'une formule
multifactorielle dans une perspective de réajustement des bases de
financement des établissements. Cette étude nous a paru une
amélioration substantielle puisqu'elle incorporait quelques
paramètres qui, à l'analyse, conditionnent la réalisation
des missions universitaires. Dans la foulée des orientations
fondamentales proposées plus haut, l'université désire
développer davantage les paramètres qu'elle estime essentiels
dans une formule de financement gouvernemental de l'enseignement
supérieur et soumet à ce sujet certaines propositions
explicitées dans notre mémoire.
Les paramètres à considérer sont les suivants: la
structure disciplinaire de l'établissement; le niveau des
activités de recherche; les cycles d'étude; le poids relatif de
la clientèle à temps complet en regard de celle à temps
partiel; la taille de l'établissement; l'éloignement; le respect
de certaines formules pédagogiques.
L'ensemble de ces éléments constitue ce que l'on pourrait
appeler le profil de base ou la personnalité de chaque
établissement. Quelques-uns d'entre eux ont déjà fait
l'objet de considérations particulières dans le financement des
établissements et nous croyons qu'en toute équité ils
devraient tous être pris en compte dans une politique de financement.
C'est ainsi que l'étude comparative publiée par le
ministère en 1984, étude qui a retenu plusieurs paramètres
ci-dessus mentionnés, s'est avérée une amélioration
substantielle sur d'autres études similaires dont la base d'analyse
s'adresse principalement à la problématique d'enseignement
surtout de 1er cycle.
L'Université de Sherbrooke s'oppose fermement à toute
formule de financement dont la méthodologie ne s'appuierait pas sur une
évaluation réaliste des dépenses encourues pour
l'accomplissement des missions universitaires. Une telle formule ne peut
reposer sur des coûts per capita à moins qu'ils ne soient
normalisés en fonction des paramètres dont il a été
fait mention.
Permettez-moi enfin de conclure cette présentation en rappelant
encore une fois que l'Université de Sherbrooke a voulu d'abord attirer
l'attention sur les attentes de la société à son endroit
et sur la diversité des missions qui en découlent et qu'elle a
assumées. Elle a surtout voulu démontrer à cet
égard l'importance de considérer l'ensemble de ces missions
lorsqu'il s'agit de définir les orientations et le cadre de financement
du réseau universitaire. Aucune solution juste et équitable ne
peut être apportée au problème du financement des
universités sans cette préoccupation fondamentale.
L'Université de Sherbrooke a tenu en outre à partager et
à faire siennes ces demandes répétées en provenance
de tous les milieux pour que soit mis définitivement un terme aux
compressions budgétaires des dernières années et surtout
pour que soit accordé aux universités un niveau de ressources qui
leur permette de remplir adéquatement leurs missions. L'insuffisance
actuelle des ressources, maintes fois établie et démontrée
par des organismes dont la crédibilité ne peut être
contestée, a compromis sérieusement le système
d'enseignement supérieur. Les universités ne pourront relever de
nouveaux défis si la situation n'est pas rapidement corrigée.
L'Université de Sherbrooke est fort consciente du
caractère limité des moyens dont dispose le gouvernement. L'ajout
des ressources nouvelles requises implique donc forcément des choix
politiques. Elle croit toutefois que l'heure est venue de faire ces choix en
faveur d'un système d'enseignement supérieur de qualité,
car c'est l'avenir même de la société
québécoise qui en dépend.
Enfin, l'université tient à exprimer ses remerciements
à la commission parlementaire de l'éducation pour l'occasion
qu'elle lui a donnée de venir exposer ses vues sur ces questions qui
préoccupent grandement tous ceux qui s'intéressent à
l'enseignement supérieur. Elle réitère aussi le voeu
déjà
exprimé que les travaux de la commission conduisent à des
solutions valables et durables pour l'ensemble des universités et pour
elle-même. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Merci, M. Cabana. Je donne la
parole à M. le ministre de l'Enseignement supérieur et de la
Science.
M. Ryan: Je vous remercie, M. le Président. M. Cabana et
MM. les membres de la délégation de l'Université de
Sherbrooke, c'est avec beaucoup d'intérêt que nous avons pris
connaissance du mémoire que vous avez préparé à
l'intention de la commission ainsi que de la lecture résumée que
vous venez de nous en faire.
Dans votre mémoire, vous nous avez soumis un thème qui a
été évoqué à maintes reprises depuis le
début des travaux de la commission, c'est-à-dire le thème
du sous-financement des institutions qui composent le réseau
universitaire québécois. Vous venez ajouter le témoignage
de l'Université de Sherbrooke à celui de tous les autres
établissements universitaires que nous avons entendus et je pense
qu'avec vous nous les avons maintenant tous entendus, un après l'autre,
fidèles en cela à un engagement que nous avions pris au
début des travaux de la commission d'aller jusqu'au bout dans l'examen
que nous avions entrepris. Je vous remercie d'être venus nous rencontrer
à votre tour et nous avoir fait part des problèmes de
l'Université de Sherbrooke avec autant de simplicité et de
réalisme,
II y a une chose que je dois faire remarquer à propos de
l'Université de Sherbrooke. Je l'ai fait aussi à propos d'autres
institutions. J'aurai une question un peu plus délicate tantôt
concernant le déficit, mais je pense qu'on doit souligner en toute
objectivité qu'un peu à l'exemple de ce que nous avons
observé tantôt à propos de l'Université McGilI on
remarque qu'à l'Université de Sherbrooke, au cours des
dernières années, le nombre des étudiants n'a cessé
d'augmenter tandis que le nombre des professeurs réguliers et des
employés réguliers n'a cessé de diminuer. De 1980-1981
à 1986-1987, le nombre total des étudiants équivalence
temps complet est passé de 7472 à 10 233, soit une augmentation
d'environ 30 %. Pendant ce temps, les effectifs enseignants passaient de 626
à 573, soit une diminution de 53. Les autres catégories
d'employés passaient de 801 à 719, soit une diminution de 10 %.
Je pense qu'il y a un fait dont nous conviendrons tous devant des
données aussi éloquentes, c'est que la productivité de
ceux qui se consacrent au service de l'Université de Sherbrooke, soit
à titre de professeurs à temps complet, soit à titre de
salariés à temps complet ou d'administrateurs, a sûre- ment
augmenté de manière notable au cours des dernières
années. Le fait que cette productivité ait augmenté donne
plus de poids à l'argument que vous nous soumettez voulant que nous en
soyons rendus à un stade où la descente ne peut pas continuer
comme elle a fonctionné depuis 1980. Vous sonnez une cloche d'alarme. Le
langage que j'ai trouvé dans votre mémoire est assez sombre, tout
compte fait» Nous enregistrons votre rappel et j'espère bien qu'il
sera compris des députés et des membres du gouvernement.,
Une chose que je voudrais signaler également c'est le
développement remarquable qu'a connu dans plusieurs disciplines
l'Université de Sherbrooke, un peu plus jeune que les universités
traditionnelles comme Laval, Montréal et McGill. L'Université de
Sherbrooke s'est taillé une place enviable dans la famille de nos
établissements universitaires et nous espérons tous qu'un avenir
intéressant lui est réservé.
Avec votre permission, je voudrais vous adresser quelques questions
très simples et brèves parce que je veux que mon collègue,
le député de Sherbrooke, qui a suivi très assidûment
les travaux de la commission depuis le tout début... Je pense qu'il les
a suivis d'abord en attendant ce jour de la rencontre avec son
université et aussi en s'intéressant au bien des
universités dans tout le Québec. Cela donne d'autant plus de
poids aux remarques qu'il vous adressera tantôt que nous te savons
profondément intéressé à l'amélioration de
la situation générale des universités au
Québec.
J'aurais une couple de questions à vous poser.
L'Université de Sherbrooke se trouve à constituer un
modèle un peu particulier d'université. Vous dites quelque part
dans votre mémoire qu'elle est une des universités de taille
moyenne au Québec. À la lecture de ce passage "une des", je me
suis demandé: quelles autres avons-nous? Je crois que nous avons
seulement une université de taille comparable, c'est l'Université
du Québec à Trois-Rivières.
Je voudrais vous demander, peut-être brièvement, de nous
indiquer ce qui distingue l'Université de Sherbrooke de
l'Université du Québec à Trois-Rivières et de
l'Université de Montréal, par exemple. Quels sont les traits qui
la distinguent et qu'est-ce qui peut la distinguer au cours de années
à venir?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M.
Cabana.
M. Cabana (Aldée): Un des traits distinctifs de
l'Université de Sherbrooke par rapport à toutes les autres
universités du Québec c'est probablement l'accent qu'on met sur
la formation pratique. Cet accent se traduit particulièrement bien dans
notre régime coopératif d'études, régime par lequel
l'étudiant est en alternance à l'université
pour une session d'études et ensuite en stage
rémunéré dans les industries. C'est là l'une des
caractéristiques. Et il y a de nombreux stages dans de nombreux autres
programmes. Je pense que c'est là une caractéristique qui
pourrait nous distinguer de toute autre institution au Québec.
Si on parle par rapport à l'Université de Montréal,
cet accent sur l'enseignement pratique est probablement le trait le plus
distinctif parce que, comme Montréal, immédiatement après
McGill, c'est nous qui dépensons la plus grande partie de notre budget
en recherche. Donc, il y a un fort accent sur la recherche. C'est une
similarité avec McGill, Montréal, Laval, peut-être que j'en
oublie. Et nous avons des facultés comme le droit et la médecine:
à Sherbrooke, c'est le seul endroit en dehors des grands centres urbains
où cela existe.
Donc, ceci nous distingue un peu de Trois-Rivières, dans le sens
que Trois-Rivières n'a pas de droit ou de médecine.
Trois-Rivières est moins axée aussi sur la formation pratique.
Ils n'ont pas ce régime coopératif. Il me semble que
Trois-Rivières est moins axée, beaucoup moins que nous, sur la
recherche et les études de 2e et 3e cycles. (17 heures)
M. Ryan: Une autre question. Vous avez un déficit
accumulé considérable, qui est de l'ordre d'environ 15 000 000 $,
si mes souventrs sont exacts. Vous dites que ce déficit a
été causé en grande partie par des déficiences de
la formule de financement qui est en vigueur depuis à peu près
1969, 1970, laquelle reposait sur le degré de développement
historique de chaque institution. Comme Sherbrooke en était encore,
à ce moment, à sa période qui suivait assez
immédiatement la fondation, elle n'avait pas les bases qui auraient
permis de la situer à un autre niveau. Très bien.
Il y a une chose que j'ai remarquée, M. Cabana. Une étude
avait été faite en 1984, par le ministère de
l'Enseignement supérieur, en vue de mettre au point un cadre de
financement tenant compte de facteurs comme ceux que vous mentionnez dans votre
mémoire. On avait essayé d'appliquer le futur modèle aux
institutions pour l'année 1982-1983, et vos administrateurs qui vous
accompagnent, dont M. Béland, je pense, se souviendront de cela.
L'exercice qu'on avait fait avait donné le résultat suivant.
À ce moment, on attribuait à l'Université de Sherbrooke un
écart favorable de financement de 4,2 %, c'est-à-dire qu'au
jugement de cette étude elle aurait été surfinancée
de 4,2 % tandis que d'autres étaient sous-financées
évidemment.
Comment expliquez-vous... D'abord, est-ce que cela était vrai?
Deuxièmement, si c'était vrai, comment expliquer que le
déficit se soit accumulé pendant ces années où il y
aurait déjà eu un niveau de financement qui, d'après la
nouvelle formule qu'on avait envisagée, aurait tenu compte des facteurs
que vous mentionnez?
M. Cabana (Aldée): Vous permettez, je vais répondre
à une partie de la question. Ensuite, je vais donner la parole à
M. Béland qui pourra répondre à la deuxième
partie.
M. Ryan: D'accord. Très bien.
M. Cabana (Aldée): En ce qui concerne l'étude dont
vous faites mention, celle de 1984, j'ai toutes les raisons de croire qu'elle
avait été bien conduite. De toute façon, je n'aurais pas
les moyens de vérifier. Je pense que cette étude était
correcte. Cette étude démontrait que, selon cette formule de
financement, Sherbrooke était financée à environ 4 %
au-dessus de la moyenne du réseau. Je pense que tout dépend des
paramètres qui sont utilisés. Il n'y avait aucun paramètre
qui était pris, par exemple, qui tenait compte de la proportion temps
complet, temps partiel. Dans certaines études du Conseil des
universités, on avait tenu compte des coûts différents
qu'engendraient les clientèles à temps complet et à temps
partiel.
On n'a pas tenu compte de l'éloignement. On doit souvent faire
des dépenses spéciales, même si ce n'est pas important,
disons, je ne sais pas, déterminant, par le fait qu'on n'est pas
situé dans les grands centres urbains et par le fait aussi que la
région demande souvent à l'université de lui fournir
l'infrastructure qu'elle n'a pas et dont elle a besoin pour des projets
socio-économiques.
En ce qui concerne l'historique du déficit, si on avait introduit
ces paramètres, je n'ai aucun doute qu'on serait arrivé à
démontrer que Sherbrooke était au contraire sous-financée.
Cela dépend, je pense, de la formule qu'on emploie. Cela dépend
des paramètres qu'on utilise. Peut-être qu'on n'a pas crié
assez fort dans le passé pour faire reconnaître des
paramètres qui nous favoriseraient. Je pense qu'il y a les
paramètres qui sont bien justifiés, qu'on a ajoutés, qu'on
propose à la commission et qui seraient susceptibles de faire
disparaître cet écart que vous observez.
En ce qui concerne le déficit accumulé, j'aimerais passer
la parole à M. Bétand.
M. Béland (Richard): La référence à
l'étude de 1984, en la mettant en liaison avec la situation
déficitaire de l'université, m'apparaît assez complexe
comme question, parce qu'elle fait intervenir deux niveaux
d'éléments à l'intérieur de l'ensemble de la
situation financière de l'université. J'ai un peu de
difficulté à lier les deux. D'une part, l'étude est
basée sur les données de l'année
financière 1981-1982. On se rappellera que cette année
1981-1982 aura été extrêmement pénible étant
donné que le gouvernement avait décidé de ne pas indexer
les masses salariales en l'année 1981-1982 au-delà de 4,7 %, si
ma mémoire est fidèle, comparativement à des ententes
signées dans les universités qui étaient
équivalentes aux ententes signées dans la fonction publique qui
étaient d'environ 17 %. Donc, il y avait un écart de 13 % en ce
qui concerne le financement. C'est l'année 1981-1982 où ce
phénomène s'est passé. C'est aussi l'année de
l'étude qui a été faite à partir de l'ensemble des
éléments des états financiers fournis au cours de
l'année, à l'automne 1982.
En ce qui concerne la situation financière de
l'université, j'aimerais peut-être rappeler certains points de
référence qui m'apparaissent importants. On parle souvent du 31
mai 1975, où l'Université de Sherbrooke avait un déficit
accumulé de 7 000 000 $. Il faut se rappeler qu'en 1974- 1975
l'université avait par ailleurs établi l'équilibre
budgétaire pour son année d'exploitation courante. Donc, il y a
en 1974-1975 une situation quand même délicate en ce qui a trait
à un déficit accumulé mais au moins l'université
avait réussi, après plusieurs années de réduction
de dépenses, à rétablir son équilibre
budgétaire. De 1975- 1976 jusqu'en 1981-1982 on peut dire que
l'Université de Sherbrooke a maintenu un certain équilibre
budgétaire et qu'elle a réussi à réduire de 3 000
000 $ son déficit accumulé. Le déficit accumulé en
1980-1981 était de 4 000 000 $ au lieu de 7 000 000 $. Donc,
l'Université de Sherbrooke avait réussi pendant cette
période à réduire, d'une part, son déficit
accumulé et à maintenir un équilibre budgétaire
relatif dans l'ensemble de cette opération.
C'est en 1981-1982 qu'on a réellement connu la difficulté
majeure. Il faut se rappeler, par ailleurs, qu'en 1978-1979 et 1979-1980 on
avait déjà commencé des compressions budgétaires
dans les universités. J'utilise les termes "compressions
budgétaires" dans le sen3 qu'on réduisait les bases des
universités. Je ne parle pas des réductions qui sont liées
à la formule de financement des croissances des clientèles, mais
strictement pour les universités il y avait déjà là
des réductions importantes. L'Université de Sherbrooke avait
réussi à ce moment à assumer ses compressions.
L'année 1981-1982 a été le départ d'une nouvelle
situation financière très délicate où
l'Université de Sherbrooke a fait un déficit de fonctionnement de
3 800 000 $ pour l'année courante. Son déficit accumulé
est alors remonté au niveau qu'il était en 1975.
M. le Président, vous me permettrez de signaler un
élément important: les compressions à l'Université
de Sherbrooke depuis 1981-1982, c'est 16 000 000 $. La subvention est d'environ
60 000 000 $ cette année. Durant la période de 1981-1982 à
1985-1986, quand on prend les compressions, les prélèvements et
le manque de subventions pour payer les salaires selon les conventions
collectives de 1981-1982, c'est 16 000 000 $. C'est 16 000 000 $ qui, s'il ne
s'était rien passé, se seraient ajoutés aux 8 000 000 $
déjà existants à la suite de l'année 1981-1982. En
gros, je pense que la situation financière de l'Université de
Sherbrooke de 1981-1982 jusqu'en 1983-1984 commençait à
s'améliorer. Si l'on regarde les chiffres des états financiers on
s'aperçoit que les 3 800 000 $ sont passés à 1 400 000 $
et c'est 700 000 $ pour I'année 1983-1984. Pendant tout ce temps les
croissances de clientèles ont augmenté et on s'est
retrouvé en 1984-1985 avec un problème majeur, celui d'une
croissance des clientèles extrêmement importante et des
compressions additionnelles. Â ce moment, le déficit de
l'Université de Sherbrooke a augmenté parce qu'on ne pouvait pas
à la fois accroître nos clientèles, réduire nos
ressources à l'interne et se voir imposer des compressions
budgétaires. On est remonté à un degré de
déficit qui semble vouloir se maintenir même si on fait tous les
efforts pour le réduire. Cette année s'il n'y avait pas de
compressions on aurait peut-être réussi à établir
l'équilibre budgétaire. Le déficit prévu pour
l'année en cours est de 2 600 000 $, c'est à peu près
l'ordre de grandeur des compressions cette année. Je suis prêt
à répondre à d'autres questions mais cela pourrait
être trop long finalement.
Le Président (M. Parent, Sauvé); Merci, M.
Béland. Je reconnais maintenant la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. M. Cabana,
messieurs, il me fait plaisir de vous souhaiter la bienvenue au nom de ma
formation politique. Comme le disait tout à l'heure le ministre, je
pense que vous avez tracé un portrait sombre mais assez réaliste
de la situation vécue par votre université. Vous avez aussi
attiré notre attention sur le fait que la formule de financement
ne reflète qu'une partie de la mission des universités, à
savoir l'enseignement de 1er cycle. Cela m'amène à poser une
question, sans plus tarder. Avez-vous des projets de développement au
niveau des études supérieures ou si, comme an l'a vu dans votre
mémoire, il y a surtout des projets en vue de fermer certaines
facultés?
M. Cabana (Aldée): Dans notre mémoire, je ne crois
pas qu'il soit question de fermer certaines facultés, mais il y a
sûrement des projets de développement du 2e et du 3e cycle.
À cet effet, si vous le permettez, M. Bernard Bénard,
vice-recteur à
la recherche, pourra probablement répondre plus
adéquatement que moi à cette question.
M. Bénard (Bernard): Dans un document de travail qui
s'intitule "Choisir et exceller" et qui a été
préparé récemment par la direction de notre institution,
celle-ci propose certaines orientations pour les prochaines années. J'ai
dit "document de travail", bien sûr, parce qu'il reste à la
communauté universitaire à réagir et aux instances
décisionnelles à se prononcer définitivement sur ce
document.
Ce document s'appuie sur une analyse de la personnalité de
l'université, telle qu'elle s'est dessinée depuis sa fondation.
M. le recteur l'a évoquée tantôt, lors de la
présentation du mémoire. Je ne reviendrai pas sur ses principales
caractéristiques. Néanmoins, le document propose certaines
orientations et je les résume, puisque c'est l'objet de votre questions
premièrement, de développer la formation aux 2e et 3e cycles et
la recherche en appuyant sur nos secteurs d'excellence, tels que reconnus par
les pairs, ou en favorisant la concertation des secteurs moins productifs;
deuxièmement, comme orientation, il est proposé d'étendre
à d'autres disciplines la formation en collaboration avec le milieu de
travail, une formule à laquelle M, le recteur a fait allusion
tantôt et que nous voulons accentuer; en troisième lieu, de
renforcer la qualité de la formation à tous les niveaux et
à tous les cycles en procédant à l'évaluation
systématique et périodique de tous ses programmes et, enfin, de
poursuivre son action dans le milieu régional en misant sur le transfert
technologique et les relations avec ses partenaires du milieu en ce sens.
Il ne paraît pas présomptueux, Mme la députée
et M. le Président, que, par la nature des programmes qu'elle s'est
donnés, par les efforts qu'elle a investis en recherche au cours des
dernières années - je pense qu'on y a également fait
allusion - et par l'accent sur la formation en milieu de travail,
l'Université de Sherbrooke, avec son personnel et ses étudiants,
possède les outils pour réaliser ses objectifs et répondre
mieux que jamais au défi auquel est confrontée notre
société québécoise.
Mme Blackburn: Je pense, M. le recteur, qu'on peut dire que ce
qui caractérise votre université, c'est l'enseignement
coopératif. Plusieurs des associations étudiantes qui se sont
présentées devant nous ont déploré le manque de
rapports entre la formation et le travail. L'expérience vécue
chez vous démontre, ne serait-ce que par l'attrait que suscitent vos
programmes chez les étudiants, le succès de la formule. Je pense
savoir que vous accueillez plus d'étudiants que ce que serait
généralement votre bassin de recrutement. On doit cela à
votre programme coopératif dont les étudiants que je connais et
qui ont fréquenté votre université se
réjouissent.
J'aurais trois questions brèves là-dessus. Y a-t-il des
coûts additionnels liés à la formation par programme
coopératif? Avez-vous des études comparatives sur le taux de
diplomation dans ces programmes par rapport aux programmes comparables dans
d'autres universités même sur le taux d'intégration sur le
marché du travail? (17 h 15)
M. Cabana (Aldée): Vous avez, en fait, trois petites
questions. En ce qui concerne le taux de diplomation - je commence par la
deuxième - nous n'avons pas fait d'étude particulière sur
le régime coopératif. Nous avons fait une étude sur le
taux de diplomation, une étude générale qui s'appliquait
dans nos programmes réguliers, mais nous n'avons pas fait de distinction
entre le régime coopératif ou le régime régulier
d'étude» Nous sommes assez fiers de notre taux de diplomation, et
j'ai eu l'occasion d'en parler brièvement avec vous. Nous avons choisi
une cohorte d'étudiants, nous avons regardé dans quels programmes
ils s'inscrivaient à leur arrivée à l'université et
combien obtenaient un diplôme dans le programme auquel ils
s'étaient inscrits initialement. C'est environ les deux tiers des
étudiants. Évidemment, il y a des variances selon les programmes.
En général, notre taux de diplomation est très
élevé. II y a des étudiants qui vont obtenir un
diplôme, mais pas dans leur programme initial. Les deux tiers de ceux qui
étaient inscrits initialement dans un programme obtenaient leur
diplôme dans ce programme d'études.
En ce qui concerne le marché du travail, la possibilité de
trouver un emploi à la sortie de leurs études - c'était
votre troisième question - nous n'avons pas de statistiques
précises. Nous savons qu'en général nos étudiants
ont peut-être un peu moins de difficulté à trouver des
emplois sur le marché du travail, mais les statistiques ne sont pas
précises.
En ce qui a trait aux coûts imputés au régime
coopératif, ce régime implique des coûts additionnels. Nous
devons avoir un service, que nous appelons le service de la coordination, qui
trouve des stages pour les étudiants et qui les encadre lorsqu'ils sont
en stage en milieu industriel, en milieu de travail gouvernemental ou autre.
Cela entraîne des coûts: pour nous, à Sherbrooke, ces
coûts sont de l'ordre d'un peu plus de 1 000 000 $. L'année
dernière, alors que le coût du système était d'un
peu plus de 1 000 000 $, des étudiants en stage ont obtenu un peu plus
de 10 000 000 $ en rémunération.
Mme Blackburn: Vous nous avez parlé de
l'intégration importante de votre
université dans le milieu. J'aimerais savoir si vous avez des
sous-centres d'éducation des adultes?
M. Cabana (Aldée): Oui. Nous avons deux sous-centres
d'éducation des adultes. Nous en avions plus mais, la concurrence
étant ce qu'elle est, nous avons abandonné certains sous-centres
pour laisser le champ à d'autres. Nous en avions plus, il nous en reste
deux: un à Thetford et l'autre à Granby.
Mme Blackburn: Est-ce qu'il est indiscret de vous demander
d'où venait la concurrence?
M. Cabana (Aldée): Je préférerais vous
donner les informations en dehors de la commission.
Mme Blackburn: Vous proposez un dégel des frais de
scolarité comme source additionnelle de financement pour les
universités. Est-ce que vous ne craignez pas que cela ait des effets sur
l'accessibilité, qui n'est déjà pas très
élevée chez les francophones? Est-ce que vous avez examiné
d'autres formules, comme celle d'un impôt éducation aux
entreprises?
M. Cabana (Aldée): À vrai dire, nous n'avons pas
examiné de formule semblable à celle que vous suggérez,
soit un impôt éducation aux entreprises. Une chose est certaine
pour nous; les disponibilités financières des universités
sont trop faibles. Avoir des universités plus accessibles cela ne veut
pas dire juste que les étudiants vont être admis à
s'inscrire à un certain programme d'études. Si on fait cela, je
crois qu'on risque de leurrer les étudiants qu'on reçoit, si on
les reçoit tous sans les revenus suffisants pour qu'on puisse leur
offrir des services de qualité. Pour des étudiants qui partent de
l'université avec un diplôme en poche, il faut que la
qualité de ce diplôme puisse soutenir la comparaison
interprovinciale ou internationale. Si on n'est pas défavorable à
l'augmentation des frais de scolarité, c'est que le gouvernement
précédent et le gouvernement actuel nous disent: On n'a pas
d'argent additionnel à donner aux universités. Nous, ce qu'on
sait, c'est qu'on a besoin de plus d'argent. Donc, cela nous paraissait la
façon... Les usagers pourraient peut-être payer à peu
près le même niveau qu'ailleurs au Canada. Est-ce que cela va
avoir une influence sur le nombre d'étudiants? Cela va sûrement
avoir une influence, si on a plus d'argent, sur la qualité de
l'enseignement qu'on peut dispenser. Est-ce que cela aura une influence sur le
nombre d'étudiants qui viendront? Je pense qu'il n'existe pas de bonnes
études qui pourraient nous le démontrer.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je reconnais
maintenant le député de Sherbrooke.
M. Hamel: Merci, M. le Président, Vous comprendrez que je
sois très heureux que l'Université de Sherbrooke participe aux
travaux de cette commission parlementaire sur les orientations et le
financement des universités. J'aimerais rappeler brièvement
à mes collègues de la commission parlementaires que
l'Université de Sherbooke, malgré son jeune âge, 52 ans, et
des contraintes financières exceptionnelles, a été et est
toujours synonyme d'excellence car imagination, dynamisme et professionnalisme
sont ses caractéristiques naturelles. Pour appuyer cela, j'aimerais
simplement signaler à votre attention le nom de quelques personnes ayant
étudié ou enseigné à l'Université de
Sherbrooke. Je veux nommer Laurent Beaudoin, président de Bombardier,
Bernard et Laurent Lemaire, de Papier Cascades; Claude Pichette, P-DG de la
Société des caisses d'entraide économique; l'honorable
Albert Gobeil, juge en chef du Tribunal de la jeunesse, et, n'en
déplaise aux gens de Québec, l'entraîneur chef des
Canadiens de Montréal, M. Jean Perron.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Hamel: Voilà donc quelques noms célèbres
de gens qui sont passés à l'Université de Sherbrooke et
qui marquent toujours le Québec par leurs qualités
exceptionnelles. Comme j'ai pris un peu d'expérience parlementaire, au
lieu de poser quatre questions, j'en poserai deux à deux volets.
J'aimerais revenir sur le système coopératif. J'aimerais que vous
me disiez, M. le recteur, quel est le pourcentage de vos programmes offrant le
régime coopératif par rapport à l'ensemble de vos
programmes de 1er cycle. Le deuxième voletî Est-ce que vous
prévoyez étendre ce régime à d'autres programmes au
cours des prochaines années?
M. Cabana (Aldée): Je ne peux pas répondre
directement à la première question, à savoir le
pourcentage de programmes qui sont sous le régime coopératif,
mais je pourrais dire que nous avons, cette année, 2000 étudiants
en stages. Parmi les programmes que nous avons, ce sont tous des programmes de
sciences appliquées - génie, si on veut - des programmes de
sciences, à l'exception de la biologie, un programme de maîtrise
en rédaction-recherche, le programme de MBA, maîtrise en
administration. Cette année, nous avons décidé
d'étendre ce régime coopératif d'études à un
autre programme, celui de baccalauréat en administration des
affaires,
pour lequel nous devons trouver 1000 stages additionnels. Nous aurons
donc 3000 stages sur environ 10 000 étudiants, incluant les
étudiants à temps partiel. Probablement que la clientèle
à temps complet, à peu près un tiers, est en régime
coopératif.
M. Hamel: Est-ce que vous prévoyez étendre ce
régime dans les prochaines années?
M. Cabana (Aldée): Oui. Il y a d'autres programmes qui
sont à l'étude présentement en plus du bacclauréat
en administration des affaires. Il y a le programme de géographie
physique et d'autres programmes plus petits qui sont à l'étude
présentement. Nous voulons l'étendre dans tous les secteurs
où nous croyons pouvoir recruter des stages en nombre suffisant.
M. Hamel: Ma deuxième question, M. le Président,
encore à deux volets.
Le Président (M, Parent, Sauvé): Ce n'était
pas votre deuxième question?
M. Hamel: Non, non, ma deuxième question. Le premier volet
de la deuxième.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je m'informe. Moi,
je ne suis pas allé à Sherbrooke.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Hamel: Dans votre mémoire, M. le recteur, vous insistez
beaucoup pour relier d'une façon presque indissociable la question du
financement du réseau universitaire à celle des missions de
l'université.
Premier volet: quelles sont les missions, à part celle de
l'enseignement et de la recherche, que la formule devrait
reconnaître?
Deuxième volet: de quelle façon ces activités
pourraient-elles être intégrées dans la formule de
financement au cours des prochaines années?
M. Cabana (Aldée): Dans notre mémoire nous avons
détaillé un certain nombre de paramètres qui devraient
être pris en compte. Certains paramètres qu'on demande de prendre
en compte vont recouper plusieurs aspects dont les diverses missions de
l'université. Nous croyons particulièrement que lorsque nous
sommes en régions nous avons des missions particulières à
remplir ou des services particuliers à rendre à une
région. Nous croyons que ceci devrait être reconnu d'une certaine
façon pour fins de financement. Des régions - je connais la
région des Cantons de l'Est - viennent souvent faire appel à
l'université pour utiliser l'infrastructure qui leur manque mais qui est
disponible à l'université. C'est ce que nous faisons ta plupart
du temps avec joie parce que nous pensons que nous avons cette
responsabilité vis-à-vis de notre région. Cet aspect de
services aux collectivités est probablement plus accentué dans
des régions où les infrastructures sont manquantes que dans les
grands centres urbains. Nous sommes impliqués à peu près
dans toutes les activités régionales. J'imagine que d'autres
universités en régions auraient aussi à faire valoir les
mêmes demandes. Il nous apparaît qu'un paramètre
extrêmement important - vous avez dit: à part l'enseignement et la
recherche - de la formule de financement devrait concerner les coûts
indirects de la recherche. Ces coûts indirects de la recherche sont
extrêmement importants et le Québec accuse un retard dans le
domaine de la recherche et de la formation de 2e et 3e cycles. Cela n'est
peut-être pas étranger au fait que depuis plusieurs années
la formule de financement ne tient pas compte de l'accroissement des
responsabilités de l'université pour la recherche.
Regardons notre succès au récent concours provincial pour
les actions structurantes où nous avons eu 8 des 43 centres d'excellence
de toutes les universités du Québec. Cela a été
obtenu par concours. Nous en sommes très fiers mais, en même
temps, ceci ne couvre pas tous les frais. Nous devons investir dans cela. Pour
vous donner un exemple des frais indirects très importants que la
recherche amène, ceci nous coûtera cette année
au-delà de 200 000 $. Si on veut, c'est le prix de l'excellence qu'on
aura à payer.
Une formule de financement devrait tenir compte de cela.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
recteur. M. le député de Sherbrooke, je vous remercie.
Je reconnais maintenant M. le député de Laviolette.
M. Jolivet: Une très courte question puisque le temps file
et que nous avons deux autres groupes à rencontrer aujourd'hui. Dans
certaines discussions nous avons parlé de ce qu'on peut peut-être
appeler la faculté parallèle ou la cinquième
faculté de médecine au Québec. Est-ce que vous pourriez
nous dire le nombre d'étudiants en médecine chez vous qui -
même dans d'autres universités, si vous connaissez le nombre, mais
je ne pense pas qu'on puisse vous le demander comme tel - doivent aller suivre
leur cours à l'extérieur du Québec parce ce qu'ils ne sont
pas admissibles en médecine lors de leur premier ou de leur
deuxième choix et qui reviennent en deuxième et troisième
années de médecine pour se faire reconnaître l'année
de médecine qu'ils ont faite à l'extérieur - peu
importe où dans le monde - comme une année
d'équivalence pour la faculté?
M. Cabana (Aldée): Si vous me le permettez, je vais
inviter le Dr Bénard, qui était auparavant à la
Faculté de médecine, à répondre à cette
question.
M. Bénard: Je ne suis pas à même de vous
donner une telle statistique à l'improviste. Les données
concernant ce qu'on appelle à l'occasion la cinquième
faculté de médecine au Québec proviennent d'une analyse
globale de la situation qui a été faite dans l'ensemble des
universités. Je ne peux pas vous donner spécifiquement la
situation de notre Faculté de médecine à Sherbrooke.
À ce sujet, je n'ai vraiment pas les données précises.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. Je
reconnais maintenant, pour conclure au nom de sa formation politique, la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Comme l'a
souligné tout à l'heure le député de Sherbrooke,
votre établissement a formé un certain nombre de personnes qui
excellent dans différents domaines. Toutefois, dans
l'énumération que faisait le député de Sherbrooke
des personnes qui avaient été formées chez vous et dont on
reconnaît la compétence un peu partout, il me semble qu'il a
oublié quelqu'un. Oubli volontaire ou involontaire, il saura nous le
dire, mais il n'a pas nommé le chef de l'Opposition, M. Pierre Marc
Johnson, qui a fait ses études de médecine chez vous.
M. Ryan: Deuxième choix. C'est pour vous autres.
Une voix: ...diplôme.
Une voix: Dans la cinquième faculté.
Mme Blackburn: M. le recteur...
Une voix: ...cela n'a pas été le deuxième
choix.
Mme Blackburn: M. le recteur, ce qui m'a toujours
intéressée et particulièrement fascinée dans
l'expérience de l'Université de Sherbrooke, c'est votre programme
d'enseignement coopératif. Je pense qu'il a été
démontré à cette commission, par les étudiants en
particulier, que ce rapport entre le travail et la formation était
important. Je ne peux que vous souhaiter une chose, c'est que les règles
d'allocation des ressources vous permettent de poursuivre dans cette direction.
Je me demandais - on aurait peut-être pu le demander tout a l'heure - si
cette formule d'enseignement coopératif avait amené vos
étudiants à rouvrir ce qu'ils appellent un centre étudiant
de services communautaires, parce que c'est une formule qui, sans être
comparable, se rapproche un peu. Je pense que votre université, par la
spécificité de ses programmes, donc le caractère de ses
programmes, a démontré qu'elle avait une place au Québec
et je ne peux que souhaiter que vous puissiez poursuivre votre
développement. Je vous remercie.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, Mme la
députée. Je reconnais maintenant le ministre de l'Enseignement
supérieur et de la Science. M» le ministre.
M. Ryan: M. le Président, j'ai constaté aussi, en
entendant l'énumération du député de Sherbrooke
tantôt, qu'il avait fait un autre oubli dans le domaine politique, non
moins important que celui qu'a signalé la députée de
Chicoutimi. Le président du Conseil du trésor, M. Paul
Gobeil...
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Jolivet: Est-ce qu'il va s'en mordre les pouces?
M. Ryan: Si l'Université de Sherbrooke veut le demander au
premier ministre, peut-être M. Gobeil pourrait vous être
délégué pour faire des coupures additionnelles.
Des voix: Ha! Ha! Ha! Une voix: M. Garon.
M. Ryan: Blague à part, il est sorti un bon nombre de
personnalités fortes de l'Université de Sherbrooke. Il en est
sorti des douces également comme celle du député de
Sherbrooke, que nous apprécions beaucoup ici. Ces contrastes nous
intéressent au plus haut point. Je veux vous assurer que les
problèmes de l'Université de Sherbrooke nous tiennent à
coeur. Nous avons eu l'occasion d'en causer à plusieurs reprises depuis
le début de l'année ensemble, et j'espère que nous
continuerons d'en parler tant que nous n'aurons pas trouvé des solutions
satisfaisantes pour tout le monde.
La question du déficit soulève un problème
très aigu. Il y a d'autres universités qui sont venues rencontrer
les membres de la commission pour affirmer catégoriquement qu'elles ne
voulaient pas entendre parler de prise en charge de déficits d'autres
établissements par le gouvernement, vu qu'elles-mêmes avaient
réussi, à force de discipline et de rigueur, affirmaient-elles,
à équilibrer leurs comptes pendant les périodes où
d'autres établissements accumulaient des déficits. Mais je crois
que nous examinerons les problèmes un
par un. Je ne pense pas qu'il y ait de solution globale qui puisse
être apportée à ces questions. Je pense que nous devons
examiner les situations comme elles se sont développées au cours
des années, et nous verrons avec vous à trouver des
éléments de solution qui puissent permettre à
l'université - c'est cela qui est le plus important - de continuer sa
marche ascendante. Il y a sûrement un besoin d'enseignement universitaire
dans la région que dessert l'Université de Sherbrooke. Je pense
que c'est excellent qu'on ait eu cette institution et j'espère qu'on
l'aura longtemps encore dans l'avenir. Je veux vous assurer que nous
accueillerons les représentations que vous nous ferez avec un
esprit ouvert et compréhensif.
Avant de terminer, M. le Président, je voudrais signaler que j'ai
fait un oubli au début de la rencontre de cet après-midi. Je
voulais vous prévenir que la ministre déléguée
à la Condition féminine, Mme Monique Gagnon-Tremblay, qui
représente la circonscription de Saint-François, et qui
était chargée de cours ou professeur à l'Université
de Sherbrooke, à votre Faculté de droit, aurait bien
souhaité être parmi nous cet après-midi, mais elle est
retenue présentement en tournée provinciale pour des questions
qui relèvent de sa compétence. II se trouve qu'aujourd'hui elle
est à Rimouski où la reçoit évidemment le
député de Rimouski, qui fait partie de notre commission, qui
aurait été ici cet après-midi et qui m'a également
prié de vous transmettre ses salutations et ses excuses. Alors, je vous
transmets les salutations de ces deux membres de la députation qui
auraient éprouvé un vif plaisir à se trouver parmi nous
cet après-midi.
Je vous remercie des suggestions que vous nous avez faites, de la
franchise avec laquelle vous nous avez présenté la situation de
l'Université de Sherbrooke. Mon plus vif désir, c'est que nous
puissions nous retrouver de nouveau en commission parlementaire pour parler
d'avenir dans des termes dynamiques plutôt que d'une succession comme
celle que nous essayons maintenant de clarifier et de renforcer. Je vous
remercie beaucoup.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Merci, M. Cabana et messieurs qui avez accompagné votre
recteur.
La commission parlementaire sur l'éducation suspend ses travaux
pour quelques minutes. Nous accueillerons, à la reprise, les syndicats
et associations de personnel de l'Université de Sherbrooke.
(Suspension de la séance à 17 h 36)
(Reprise à 17 h 39)
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'or-
dre, s'il vous plaît!
J'invite les représentants de l'Université de Sherbrooke
à prendre place. La commission de l'éducation reprend ses travaux
et accueille les représentants des syndicats et associations de
personnel de l'Université de Sherbrooke, dont la porte-parole est Mme
Renée Pinard. Mme Pinard, bonjour. Soyez la bienvenue à cette
commission parlementaire. Acceptez nos remerciements aussi d'avoir
accepté de venir nous rencontrer pour deviser avec nous sur la
problématique des orientations et du financement des universités.
La commission parlementaire a prévu environ 50 minutes, une heure pour
vous entendre. Si vous vouliez nous présenter les gens qui vous
accompagnent et enchaîner avec la présentation du
mémoire.
Je vous informe immédiatement que votre mémoire a
été lu et étudié par les membres de cette
commission. Nous vous écoutons.
Syndicats et associations de personnel de
l'Université de Sherbrooke
Mme Pinard (Renée): Merci, M. le Président. M. le
ministre, madame, messieurs les députés, il nous fait plaisir au
nom des syndicats et associations de personnel de l'Université de
Sherbrooke de vous présenter certaines réflexions dans le cadre
des travaux que la commission parlementaire de l'éducation consacre
à la situation des universités. C'est avec beaucoup de plaisir
que je vais vous présenter les collègues qui vont m'assister dans
cette présentation. Je débute par mon extrême gauche: M.
Adrien Leroux, représentant de l'Association des
ingénieurs-professeurs des sciences appliquées. M. Pierre
Ménard, président du Syndicat des professeurs.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M.
Ménard.
Mme Pinard: Moi-même, Renée Pinard,
présidente du Syndicat des chargés de cours.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Rebonjour.
Mme Pinard: M. Pierre Cabana, président de l'Association
du personnel administratif et professionnel.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. Cabana.
Mme Pinard: Finalement, M. Jean-Pierre Marier, président
du Syndicat des employés de soutien.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M.
Marier, bienvenue.
Mme Pinard: De quelle façon nous comptons procéder?
Le plus simplement possible. Dans un premier temps, je vais vous faire la
lecture de notre mémoire. Dans un second temps, nous nous proposons de
répondre, si vous indiquez des points qui auraient avantage à
être éclaircis, en apportant des suppléments d'information.
Nous sommes donc très intéressés à recevoir vos
commentaires, préoccupations ou questions concernant ce mémoire.
Je vous propose de me les adresser et je verrai à vous désigner
lequel ou laquelle d'entre nous y répondra. Sans plus tarder, je vous
fais donc lecture de ce mémoire.
Les syndicats et associations de personnel de l'Université de
Sherbrooke ont le plaisir de présenter à la commission
parlementaire de l'éducation quelques réflexions dans le cadre
des travaux que la commission entend consacrer à la situation des
universités. Nous avons voulu faire bref, d'une part parce que d'autres
que nous aborderons vraisemblablement les mêmes problèmes, mais
d'autre part parce que, dans bien des cas, nous ne possédons pas les
informations qui permettraient une analyse plus éclairée des
tenants et aboutissants du financement et de l'orientation des
universités québécoises.
Néanmoins, nous vous faisons part, dans une première
section, de nos commentaires sur la contribution des universités
québécoises à la réduction des dépenses
gouvernementales. Nous constatons par le fait même que cette contribution
est démesurée si on la compare à la proportion des
dépenses publiques que représentent les universités. Dans
la deuxième section de ce mémoire, nous abordons sommairement la
situation de l'Université de Sherbrooke et nous proposons quelques
moyens susceptibles d'améliorer son équilibre financier. Enfin,
nous avons voulu marquer de façon importante les sacrifices que se sont
imposés les personnels de l'Université de Sherbrooke pour
accroître leur productivité et contribuer ainsi à la
solution des problèmes de leur université.
Voyons d'abord la contribution des universités à la
réduction des dépenses gouvernementales. Les syndicats et
associations de personnel de l'Université de Sherbrooke signataires de
ce mémoire ont accepté l'invitation de la commission
parlementaire de participer au débat sur les orientations et le cadre de
financement des universités. Nous avons été heureux, comme
bien d'autres, que l'Assemblée nationale décide de regarder plus
attentivement les problèmes que vivent les établissements
supérieurs au Québec.
En rédigeant ce mémoire, nous ne pouvons nous
empêcher toutefois de douter de l'utilité du geste. Au cours des
cinq dernières années, à peu près tout a
été dit sur le financement des universités et on se
demande comment, aujourd'hui mieux qu'hier, avec quels arguments, on pourrait
parvenir à faire changer la situation.
Il faut d'abord et avant tout reconnaître que les
universités ont fait plus que leur part dans la réduction des
dépenses de l'État. La majorité des indicateurs mis sur la
place publique ces dernières années montre en effet que les
universités ont fourni une contribution plus importante que les autres
secteurs du public et du parapublic dans la réduction des
dépenses du gouvernement. À titre d'exemple, nous reprenons
quelques données présentées en octobre 1984 par les
fédérations de professeurs d'université devant la
commission parlementaire: - de 1976-1977 à 1984-1985, le gouvernement a
accru de 23 % à 26 % la part qu'il prélève au produit
intérieur brut québécois; - durant la même
période, la part du produit intérieur brut réservée
aux universités a décru, passant de 1,1 % à 0,9 %; - en
1984-1985, les universités ont assumé 10 % des compressions de
l'ensemble de l'appareil d'État, même si elles ne
représentaient que 3,5 % des dépenses du gouvernement, - en
1984-1985, elles assumaient 50 % des compressions de dépenses du secteur
de l'éducation, bien que leur part des crédits n'ait
compté que pour 16 %.
Ces quelques données ne sont pas exceptionnelles. On peut les
transposer -avec des variations importantes, il est vrai -sur les cinq
dernières années. Le graphique en annexe illustre une partie de
cette réalité. Il indique en fait que de 1976 à 1984 le
système universitaire a subi une baisse de ses subventions
équivalente à 25 % tandis que le secteur primaire-secondaire
subissait une diminution de 10 % sur la même période. On peut y
voir une injustice à l'endroit du système universitaire, mais il
faut surtout reconnaître que le procédé est
inéquitable envers les employés des universités qui font
les frais de ces coupures. Il est vrai que le gouvernement, vis-à-vis
des employés des universités, n'est pas lié par les
mêmes contraintes que celles qui le lient aux employés des
secteurs public et parapublic. N'étant pas signataire de leurs contrats
de travail, il n'a pas, entre autres, à leur garantir la
sécurité d'emploi.
Cependant, le gouvernement devrait quand même avoir le souci de
traiter le plus convenablement possible ces employés et ne pas faire
à Jules ce qu'il ne ferait pas à Jacques. À défaut
d'accorder une sécurité d'emploi équivalente pour tous, le
gouvernement et les universités, avec l'accord des employés
concernés, auraient dû mettre en
place des mécanismes qui auraient assuré au personnel une
mobilité interuniversitaire. II aurait dû aussi, à notre
avis, créer des mécanismes qui auraient ouvert la
possibilité, pour les personnes intéressées,
d'intégrer la fonction publique de la même manière qu'un
employé de l'État peut se déplacer d'un ministère
à un autre lorsqu'il y a vacance à un poste.
Si le gouvernement oblige une fois de plus les universités
à s'amputer - ce qui nous semblerait nettement exagéré en
ce moment - il devrait s'entendre avec les personnels à qui la
sécurité d'emploi n'a pas été accordée pour
minimiser les impacts. Toutes les possibilités de reclassement devraient
être discutées dont celles qui permettraient la mobilité
des personnes entre les universités et dans la fonction publique.
Si, par contre, en réduisant sa contribution au financement des
universités, le gouvernement manifeste en quelque sorte l'intention de
se retirer partiellement du champ universitaire, il faudra qu'il adapte les
règles du financement pour permettre aux universités de
diversifier leurs sources de revenus. Les formules actuelles n'incitent pas les
administrateurs universitaires à rechercher de nouveaux revenus et
rendent les universités presque uniquement dépendantes de la
contribution du gouvernement.
Comme l'a déjà souligné le Conseil des
universités, le gouvernement devrait aussi ajuster les règles de
financement pour éviter que les subventions de fonctionnement ne
viennent suppléer les carences dans les subventions d'immobilisation.
Les locations d'espaces qui sont payées à même l'enveloppe
de fonctionnement de toutes les universités servent en fait à
compenser l'insuffisance des budgets d'investissement.
Abordons maintenant le cas plus particulier de l'Université de
Sherbrooke. Nous ne disposons pas des moyens suffisants pour procéder
à une analyse en profondeur des causes des difficultés
budgétaires et des correctifs à apporter à la situation
financière de l'Université de Sherbrooke, Nous comptons que le
mémoire déposé tout précédemment par la
direction de l'université sera suffisant pour éclairer les
membres de la commission sur les détails. Nous pensons cependant que
l'insuffisance de l'enveloppe budgétaire des universités a eu
beaucoup d'effets sur les déficits accumulés de
l'Université de Sherbrooke. Les méthodes qui servent au calcul
des bases de financement n'aident pas non plus l'université à
équilibrer ses revenus et ses dépenses. Une révision des
bases de financement qui tiendrait compte des caractéristiques propres
à notre établissement contribuerait au rétablissement de
la situation financière de l'université, à la
stabilisation des activités et à l'amélioration du climat
général.
L'université a largement démontré par le
passé que la formule historique la pénalisait. La base sur
laquelle s'appuie cette formule, l'année 1969-1970, ne correspondait pas
au même stade de développement que celui des autres
établissements québécois de l'époque. Depuis lors,
elle ne peut presque plus éviter les déficits. La révision
des bases de financement devrait permettre de réparer aujourd'hui ce qui
n'a pu être ajusté par le passé.
Une façon de permettre à l'Université de Sherbrooke
d'émerger de ses difficultés consisterait à soulager les
universités de leur dette, comme le gouvernement le fait actuellement
pour les hôpitaux. Le service de la dette, à lui seul,
représente actuellement 900 000 $ par année à
l'Université de Sherbrooke, soit 1,1 % du budget de fonctionnement.
Finalement, la contribution du personnel à la solution des
difficultés financières. En 1977, l'Université de
Sherbrooke terminait son année financière avec un surplus de 1
300 000 $. Elle comptait alors 1410 postes réguliers - direction,
professeurs, professionnels, personnel de soutien - pour 6911 étudiants
en équivalence temps complet. En 1985, elle ne comptait plus que 1269
postes pour 9173 étudiants et terminait l'année avec un
déficit de 2 800 000 $. La diminution de 141 postes, soit 10 % du
personnel, s'est donc accompagnée d'une augmentation de 2362
étudiants en équivalence temps complet, soit une hausse de 34
%.
L'université a fermé, depuis 1977, 81,5 postes de
professeur, soit 40,6 % des effectifs professoraux réguliers. Le taux
d'encadrement des étudiants est ainsi passé de 12,5
étudiants par poste de professeur régulier en 1977 à 19,4
en 1985. Pour 1987, on prévoit un taux de 20,7 étudiants.
Le salaire de base d'un professeur est passé de 15 500 $ à
26 780 $ entre 1977 et 1985, soit une augmentation de 72 %. Cette hausse ne
parvient pas à rattraper l'évolution de l'indice des prix
à la consommation qui a progressé de 110 % durant cette
même période.
En 1981-1982, l'Université de Sherbrooke a mis à pied, de
façon définitive, sept professionnels dont certains avaient plus
de quinze ans d'ancienneté.
Entre 1980-1981 et 1986-1987, le nombre de postes de personnel de
soutien prévus au budget a été réduit de 12,3
%.
Les chargés de cours de l'Université de Sherbrooke
reçoivent une rémunération de base de 2385 $ par charge de
cours, alors qu'ils pourraient obtenir 3000 $ dans d'autres
établissements universitaires québécois.
Toutes ces données ne servent finalement qu'à illustrer
deux choses. D'une part, la productivité du personnel de
l'Université de Sherbrooke durant cette période s'est
accrue de 49 % - entre 1977 et 1985, le ratio étudiants-personnel
est passé de 4,9 % à 7,3 %. D'autre part, le personnel de
l'université a fait tout son possible pour tenter de résober les
difficultés budgétaires de l'université.
Le délestage des postes s'est égrené au fil des
ans, mais il n'a pas encore suffi à équilibrer les revenus et les
dépenses. Au cours de l'été, un groupe de travail
constitué de 27 personnes représentant toutes les composantes de
l'université et le milieu régional s'est efforcé de
fournir d'autres moyens pour tenter d'alléger à nouveau le
fardeau financier de l'université. Les solutions de rechange
proposées au plan de compression de la direction de l'université
font actuellement l'objet de discussions et on ignore, au moment
d'écrire ce texte, quelles seront les compressions retenues. À ce
moment-ci, il va de soi que nous serions en mesure d'indiquer, si vous en
manifestez l'intérêt, les compressions qui furent retenues; elles
sont actuellement connues.
Une réalité devient de plus en plus évidente
toutefois: le personnel de l'Université de Sherbrooke ne peut en donner
davantage. Ce serait abuser que d'en demander plus. En effet, au cours des
dernières années, la communauté universitaire a eu
à s'adapter à une situation pire que celle de la
décroissance. Elle a dû vivre avec deux forces contraires: la
décroissance des revenus et la croissance des clientèles. Ces
deux forces ont créé des tensions. Elles continuent d'opposer les
disciplines, les départements, les facultés et les services les
uns aux autres. La situation actuelle force aussi à opposer
accessibilité et qualité. Si on peut demander aux universitaires
de faire plus avec moins, il faut aussi savoir tirer la ligne pour que les
universités puissent encore dispenser un enseignement de niveau
universitaire - le ratio professeur-étudiant est en voie de rejoindre
celui de l'élémentaire - et pour que les étudiants
puissent recevoir le service qu'on leur a promis.
En conclusion, nous pensons que la situation des universités
s'améliorerait sensiblement si les propositions suivantes étaient
mises en application: adapter les règles de financement pour encourager
les universités à diversifier leurs sources de financement;
éviter de créer des situations dans lesquelles les budgets de
fonctionnement doivent suppléer les carences des budgets
d'investissements; revoir les bases de financement des universités pour
tenir compte des caractéristiques des établissements; injecter
des sommes additionnelles pour éponger la dette accumulée de
l'Université de Sherbrooke et celle des universités
placées dans une situation historique analogue, tout comme on le fait
actuellement pour les hôpitaux; mettre un terme aux compressions
budgétaires dans les universités.
Si, en dépit de toutes les pressions, le gouvernement
décidait de poursuivre dans la voie de la réduction des
dépenses universitaires, il devrait discuter, avec les
représentants des personnels à qui la sécurité
d'emploi n'a pas été garantie, les modalités de
reclassement, en particulier celles qui permettraient une mobilité
interuniversitaire et une priorité d'intégration à la
fonction publique.
Nous avons tenté de démontrer que les différents
syndicats et associations de personnel de l'Université de Sherbrooke ont
contribué et continuent de contribuer à l'assainissement de la
situation financière de l'établissement. Sans prétendre
pouvoir répondre à toutes les questions, il nous semblait
important de faire référence à cette manifestation de nos
bonnes intentions. Ceci termine donc la présentation de ce
mémoire. Je vous remercie de votre attention et je vous indique
dès maintenant notre disponibilité et intérêt
à recevoir vos commentaires et questions et y répondre au mieux
de notre connaissance. Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci beaucoup,
Mme Pinard. Je reconnais maintenant le ministre de l'Enseignement
supérieur et de la Science.
M. Ryan: M. le Président, je suis très heureux de
saluer Mme Pinard et le groupe de représentants des syndicats et
associations de personnel de l'Université de Sherbrooke qui sont venus
ensemble rencontrer la commission cet après-midi. Je constate avec
beaucoup de plaisir tout d'abord que le Syndicat des professeurs et
l'Association du personnel administratif et professionnel sont venus en
compagnie du Syndicat des chargés de cours, du Syndicat des
employés de soutien ainsi que de l'Association des
ingénieurs-professeurs des sciences appliquées, plusieurs groupes
qu'on est habitué de voir séparément. Les professeurs,
souvent, sont plus ou moins éloignés des employés de
soutien. Les professeurs réguliers sont de même venus en
commission, jusqu'à maintenant, séparément des
chargés de cours, dans plusieurs cas. De vous retrouver tous ensemble
autour de la table me fait grand plaisir, pas parce que nous tenons absolument
à ce que les gens viennent main dans la main, mais parce que je pense
que cela témoigne d'une prise de conscience commune d'un problème
aigu auquel fait face l'établissement au sein duquel vous oeuvrez. Je
pense que votre venue ensemble témoigne également de votre
attachement pour l'établissement au service duquel vous êtes
engagés. Je ne pense pas qu'on puisse avoir un grand
établissement universitaire s'il n'y a pas un profond attachement de ses
membres envers lui et de
tous les membres de la communauté, que ce soient les
administrateurs, les professeurs, les étudiants ou les employés
de soutien. Je pense qu'il faut l'attachement de tous à l'institution
pour qu'elle prenne toute sa taille. J'espère que cette
démonstration d'attachement se poursuivra dans l'avenir. J'espère
que les conditions seront propices pour que vous puissiez le faire de nouveau.
Je vous en remercie au nom de la commission parlementaire. Vous êtes l'un
des tout derniers groupes qu'il nous sera donné d'entendre. Je pense que
si les universités doivent prendre un essor plus grand dans l'avenir il
faudra davantage de ces témoignages de solidarité à leur
endroit. À un moment donné, on a chacun des frustrations
particulières, chaque groupe a les siennes. Il faut savoir les
dépasser pour embrasser le bien général et fondamental de
l'institution. Je vous remercie et vous exprime ma grande satisfaction de cette
expérience que nous faisons avec vous»
Je me bornerai, étant donné l'heure tardive à
laquelle nous sommes déjà parvenus et le fait que plusieurs
d'entre nous ont déjà d'autres engagements de travail pour la
soirée, à vous adresser une question. Je voudrais tout d'abord
vous dire que je demeure confiant quant aux résultats que pourront
produire les travaux de la commission. Vous avez exprimé un certain
scepticisme au début de votre mémoire; je le comprends. Mais
j'espère que les travaux de la commission produiront de bons
résultats. C'est notre responsabilité, nous allons faire tout ce
qui est humainement possible pour qu'il en soit ainsi.
À la page 4 de votre mémoire, vous dites que le
gouvernement devrait adapter des règles de financement afin de permettre
aux universités de diversifier davantage leurs sources de revenus. Vous
écrivez: Les formules actuelles n'incitent pas les administrateurs
universitaires à rechercher de nouveaux revenus et rendent les
universités trop dépendantes de la contribution du
gouvernement.
Je pense que vous avez raison sur ce point-là.
Indépendamment de la situation immédiate dans laquelle sont
placées les universités, il faut souhaiter qu'elles puissent
parvenir à une plus grande diversification de leurs sources de revenus.
J'aimerais vous demander si vous avez des suggestions précises à
ajouter à cette remarque générale que vous faites, tout en
précisant que je n'entends point indiquer, en choisissant cette
question, que j'accepte la première partie du paragraphe, laissant
entendre qu'elle serait posée dans l'hypothèse où le
gouvernement aurait déjà décidé de réduire
sa participation au financement des universités. Soyez sans
inquiétude, aucune décision n'a été prise à
cette fin et je ferai tout mon possible pour qu'il n'y en ait pas.
Cela dit, j'aimerais que vous m'indiquiez si vous avez des suggestions
à formuler quant à ce que signifie cette recommandation contenue
dans votre mémoire.
Le Président (M. Parent, Sauvé):
Madame.
Mme Pinard: Merci. Cela disposera mon collègue à
répondre de façon confortable à cette question. M. Pierre
Cabana se propose de répondre dans le sens demandé.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Nous vous
écoutons, M. Cabana.
M. Cabana (Pierre): Le premier élément sur lequel
on s'attarde quand il est question de hausser les revenus autonomes, c'est
évidemment la question de la hausse des frais de scolarité.
Là-dessus, on en a beaucoup discuté. Malheureusement, on n'arrive
pas à un consensus ni entre représentants de différents
syndicats non plus qu'à l'intérieur de chacun de nos syndicats.
Le débat est ouvert, la question est ouverte. Je pense que c'est un
sujet sur lequel les enjeux sont considérables et il faudra prendre une
décision avec beaucoup d'étude et beaucoup de recul. Pour les
étudiants, évidemment, cela a des répercussions
considérables. Il ne faudrait pas compromettre l'apport important qu'a
pu amener le réseau universitaire québécois au
développement économique du Québec dans les
dernières années. L'accès à l'enseignement
supérieur est une clé impartante de développement
économique dans ce sens-là.
Parmi les différentes hypothèses qui sont avancées,
on rejoint beaucoup la proposition avancée par la direction de
l'université chez nous, de permettre à des particuliers ou
à des sociétés de bénéficier de certains
abattements fiscaux leur permettant de contribuer au financement et au
développement des universités. (18 heures)
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. Cabana.
Est-ce qu'il y a consentement pour dépasser 18 heures? Je le
présume.
M. Jolivet: II y a consentement.
Le Président (M. Parent, Sauvé): II y a
consentement. Merci. Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Mme la
présidente et messieurs, cela me fait plaisir de vous accueillir ici.
L'intérêt que vous manifestez à l'endroit de votre
institution et de son avenir est tout à fait à votre honneur. La
solidarité dont vous faites preuve démontre, je pense, à
la fois ce souci de protéger le développement de
l'université
et la capacité de faire certaines mises en commun lorsque la
qualité et l'accessibilité se sentent menacées.
Comme le temps nous presse, vous allez me permettre d'aborder
immédiatement les questions. Ma question s'adresserait peut-être
à Mme Pinard. C'est bien Mme Pinard? On nous a tracé ici, en
commission parlementaire, un tableau assez sombre de la situation des
chargés de cours., Évidemment, il fallait faire des distinctions
entre ceux qui tirent l'essentiel de leur revenu par l'enseignement à
temps partiel dans les universités ' et ceux qui le font en plus d'un
emploi à temps complet. Pourriez-vous nous parler un peu de la situation
qui est la vôtre chez vous, à l'Université de
Sherbrooke?
Mme Pinard: Oui, certainement. Je ne crois pas que la situation
des chargés de cours à l'Université de Sherbrooke ait
quelque particularité. Elle en a bien certaines, mais je situerais la
réponse dans un cadre plus large, et je pense que la condition en
général des chargés de cours est difficile. Je pense que
M, Ryan a lui-même cité, à des moments donnés, que
ce sont des personnels qui n'ont pas les ressources et le temps de donner,
comme il se devrait, un encadrement de qualité et ce, même s'ils
tentent de te faire à la mesure de leurs possibilités. Cela nous
met dans une situation difficile où nous sommes deux perdants, je
trouve, dans cette optique. Il y a les étudiants, qui ne sentent pas
qu'ils reçoivent le service auquel ils auraient droit, et nous sommes
perdants du fait des conditions dans lesquelles nous tentons de le donner.
Je pense aussi, étant donné que nous n'avons aucune part
à la recherche - laquelle est indispensable à la vitalité
et à l'éclairage universitaires - que nous nous trouvons
touchés dans un certain enthousiasme par rapport à cette
fonction. Nous sommes fortement menacés lorsqu'il y a des compressions.
On est souvent les premiers touchés. On est un peu ce que j'appellerais
un amortisseur entre les différents personnels. On devrait faire en
sorte de donner davantage de perspectives de carrière et d'ouvrir des
postes, sauf que je serais difficilement en mesure de vous démontrer,
dans le contexte actuel qui prévaut dans les universités, qu'il y
aurait là une mesure d'économie. Ce que je sais, c'est qu'il y
aurait là une mesure d'équité et une mesure
d'intérêt certainement que de s'associer davantage à ce
personnel, de reconnaître sa contribution comme étant essentielle
et de reconnaître sa participation à la vie universitaire, tout en
faisant aussi en sorte de favoriser sa présence dans les instances
décisionnelles.
Mme Blackburn: Sauriez-vous nous dire quel est le pourcentage de
l'enseignement dispensé par les chargés de cours à votre
université?
Mme Pinard: Très exactement, c'est difficile de vous
donner un chiffre parce que nous ne disposons pas de données sur le
pourcentage équivalent de la tâche des professeurs. Mais je vous
dirai, sans risque de me tromper beaucoup, qu'à l'Université de
Sherbrooke nous donnons au-delà de 55 % de l'enseignement.
Mme Blackburn: Ma question s'adresserait à un professeur
à temps complet. Je pense qu'il y en a deux. Le rapport Gobeil proposait
une augmentation de la charge d'enseignement de l'ordre de 50 %. On peut penser
que cela sous-tendait la suggestion de moduler la tâche. Quelle est votre
réaction par rapport à cette proposition?
M. Ménard (Pierre): Mme la députée, je vous
remercie de votre question. Concernant la modulation de la tâche, je
voudrais ici mentionner que, dans certaines facultés de
l'Université de Sherbrooke, cette modulation est déjà une
réalité dans le sens que, pour un professeur, surtout dans les
facultés professionnelles, qui a à dispenser plus de cours qu'une
charge normale, on lui permet, si vous voulez, de fournir un effort de
recherche qui est un tout petit peu inférieur à ce qu'on serait
normalement en droit de s'attendre d'un professeur régulier. Pour ce qui
est de la modulation comme telle, tout ce que je peux vous dire, c'est que le
Syndicat des professeurs de l'Université de Sherbrooke que je
représente serait d'accord avec l'importance d'en arriver à
discuter avec l'université le plus rapidement possible des
différentes possibilités qui s'offrent aux professeurs pour la
modulation de la tâche. Donc, on est certainement ouvert à cette
discussion.
Mme Blackburn: Une dernière question en ce qui me
concerne. Vous demandez que le gouvernement éponge le déficit
parce que vous estimez que le déficit est dû à un
sous-financement» Comment, en toute équité, effacer le
déficit de votre université alors que, dans des conditions
comparables de sous-financement, il y a des universités qui ont
bouclé leur budget?
M. Ménard: Mme la députée, j'aimerais
peut-être prendre quelques secondes pour répondre à votre
question. Nos administrateurs d'université, je crois, ont
démontré assez clairement tout à l'heure que
l'Université de Sherbrooke avait des particularités, se devait de
vivre des situations que d'autres universités ne vivent pas. D'une
façon toute particulière, je voudrais ici relever le fait que le
système
coopératif, ne serait-ce que cet exemple, constitue certainement
un élément important dans le coût de formation de
l'Université de Sherbrooke.
Maintenant, à ce moment-ci, je voudrais en profiter tandis que
j'ai la parole pour mentionner à M. le ministre que, personnellement en
tout cas, je me suis fait un devoir de suivre très attentivement les
comptes rendus des délibérations de la commission. La
première partie de notre rapport faisait état de notre
scepticisme face aux conclusions que pourrait donner une telle commission; je
dois vous mentionner que j'ai personnellement changé d'avis sur notre
position. Je me suis rendu compte très rapidement que la commission
actuelle va certainement donner de très bons résultats. Je
voulais le mentionner.
Je ne sais pas si j'ai répondu à votre question, Mme la
députée?
Mme Blackburn: Cela va. Merci. M. Ménard: Cela
va.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. Je
reconnais maintenant, pour une dernière intervention, le
député de Sherbrooke.
M. Hamel: M. le Président, à mes anciens
collègues, membres du personnel de l'Université de Sherbrooke, je
veux souhaiter une chaleureuse bienvenue, les remercier et les féliciter
d'avoir démontré encore une fois leur haut sens du devoir en
acceptant de former une coalition des diverses associations de personnel afin
de venir témoigner à la commission parlementaire de leurs
expériences, de leur volonté d'apporter une contribution positive
et de leurs espoirs de trouver enfin des solutions définitives. Je suis
heureux de constater que, encore une fois, l'Université de Sherbrooke
démontre sa capacité de consensus lorsqu'il s'agit d'atteindre
les objectifs du bien commun.
Cela étant dit, M. le Président, ce matin les jeunes
libéraux, en commission parlementaire, ont fait une recommandation, soit
de demander l'abolition de la permanence. J'aimerais demander peut-être
à un représentant du corps professoral de nous dire ce qu'il
pense de cette recommandation.
M. Ménard: M. le député de Sherbrooke, je
n'ai pas eu la chance d'écouter au complet ou d'entendre au complet les
déclarations qui ont été faites par les jeunes
libéraux. Cependant, je suis obligé, à ce moment-ci
à tout le moins, de tenter de clarifier un certain nombre de choses pour
que, d'une part, la population sache bien de quoi on parle quand on parle de
permanence. Cet élément est le suivant. Si on posait la question
à la population québécoise ce soir, et même aux gens
qui ont suivi très assidûment les délibérations de
la commission, si on leur posait la question: Pour vous la permanence au niveau
universitaire qu'est-ce que cela veut dire? je pense, sans trop me tromper, que
95 % au moins de la population dirait que la permanence cela veut dire une
"job" jusqu'à l'âge de 65 ans.
Ce que je voudrais ici mentionner c'est que, à ce que je sache,
en tout cas si je me fonde sur la convention collective des professeurs de
l'Université de Sherbrooke, la permanence ne veut pas dire qu'un
professeur a une sécurité d'emploi. Effectivement, un professeur
peut très bien voir son poste fermé, par exemple pour des raisons
budgétaires, sans qu'il puisse faire autre chose que de porter ses
doléances à un comité qui, par la convention collective,
est prévu pour étudier son cas. Donc, première chose,
c'est que permanence et sécurité d'emploi, ce sont deux termes
qui sont complètement différents. Les professeurs de
l'Université de Sherbrooke n'ont pas la sécurité d'emploi.
C'est la première chose que je voulais dire.
Deuxième chose qui a été dite ce matin - j'en ai
tout de même entendu une petite partie, ou des personnes m'ont
communiqué certaines informations - c'est que dans le rapport on faisait
référence à une tentative faite par l'Université de
Sherbrooke pour en arriver à rationaliser ses finances, à savoir
que l'Université de Sherbrooke proposait, entre autres, la fermeture
d'une faculté, de deux départements, etc., et que c'est à
cause des mouvements syndicaux que, finalement, elle n'a pas pu réaliser
ses objectifs. Ce que je voudrais dire ici c'est que, contrairement à ce
que les jeunes libéraux peuvent mentionner, à savoir que pour
être en mesure de congédier ou de mettre à pied un
professeur il faut obligatoirement en arriver à une fermeture
d'unité, en rapport avec cela, je voudrais assurer les membres de la
commission qu'à Sherbrooke, encore une fois je le répète,
il n'est absolument pas nécessaire pour l'administration universitaire
de fermer une unité, de fermer une faculté ou un
département pour en arriver à atteindre l'objectif fixé,
qui est de mettre à pied certains professeurs.
Troisième chose, c'est que la permanence c'est quelque chose
d'important pour les professeurs d'université. C'est une situation,
c'est l'objectif que vise un jeune professeur en probation. Pour nous, à
5herbrooke, je peux vous dire que cela prend cinq ans au minimum pour qu'un
professeur puisse obtenir la permanence. La permanence, pour un professeur,
constitue le début d'une carrière universitaire
intéressante et prometteuse. Encore une fois, je le
répète, cela ne veut pas nécessairement dire, parce qu'il
obtient sa permanence,
qu'automatiquement il est assuré d'un emploi jusqu'à
l'âge normal de la retraite. On sait aujourd'hui que l'âge normal
de la retraite a été reporté par une loi; une loi a
été adoptée à savoir que l'âge de 65 ans ne
constituait plus une raison qui pourrait faire en sorte qu'un employé
soit contraint de quitter l'employeur. Pour nous, ce n'est pas une "job"
jusqu'à 65 ans.
En conclusion, remettre en question la sécurité d'emploi
pour des motifs précis, nous autres on considère que c'est une
chose. On peut donc remettre en question la sécurité d'emploi
pour des raisons budgétaires, etc. Mais notre avis, en rapport avec la
permanence, serait peut-être un peu différent. Je pense que quand
on parle de "tenure", au niveau universitaire, cela veut dire quelque chose,
cela veut dire beaucoup plus que la sécurité d'emploi.
J'espère que j'ai répondu à votre question.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M.
Ménard. Une autre intervention?
M. Hamel: Oui. J'en aurais une autre, M. le Président.
Vous avez abordé un thème important dans votre mémoire,
celui de la mobilité universitaire. Est-ce que vous pourriez
détailler un peu plus concrètement ces mécanismes de
mobilité universitaire que vous suggérez, s'il vous
plaît?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M.
Ménard.
M. Ménard: Je viens.
Mme Pinard: Je m'excuse. M. Ménard.
M. Ménard: M. le député, tout d'abord
j'attirerais votre attention sur la page 9 de notre rapport qui fait
état d'un certain nombre de propositions et aussi du dernier paragraphe
de conclusion qui dit: Si, en dépit de toutes les pressions, le
gouvernement décidait malgré tout, etc. J'attire votre attention
sur cet élément très important de notre rapport. "Si, en
dépit de toutes les pressions, le gouvernement décidait de
poursuivre dans la voie de la réduction des dépenses
universitaires, il devrait discuter, avec les représentants des
personnels à qui la sécurité d'emploi n'a pas
été garantie..." Je pense avoir démontré, il y a
quelques minutes, que la sécurité d'emploi ça n'existait
pas pour ainsi dire chez nous. (18 h 15)
La question fondamentale qui se pose est la suivante. Évidemment,
on n'a pas eu la possibilité d'en discuter trop longuement pour un
consensus qui aurait pu intervenir en ce qui concerne l'ensemble des
associations et syndicats représentant le campus de Sherbrooke. C'est,
à ce moment-ci, une position beaucoup plus personnelle que je me
permettrais d'émettre, à la suite de votre question. Quand on
parle de mobilité interuniversitaire dans notre rapport, on voudrait
attirer votre attention sur le fait suivant. Il me semble normal qu'une
rationalisation s'impose dans les plus brefs délais. Pour moi, une
coordination et une rationalisation, c'est quelque chose qui devrait
idéalement être fait par un organisme du gouvernement, par exemple
le Conseil des universités. Le Conseil des universités pourrait
avoir comme mandat non pas uniquement d'évaluer l'"input" des
programmes, à savoir vérifier la pertinence d'accepter qu'un
nouveau programme soit mis en application au sein d'une université, mais
aussi l'"output".
Nous considérons important que le Conseil des universités
en arrive le plus rapidement possible à faire une espèce
d'évaluation de l'ensemble des programmes offerts au niveau du
réseau universitaire. Une fois cette évaluation effectuée,
des recommandations pourraient être faites au ministre qui pourrait
très bien, après consultation, prendre la décision que
dans telle université, compte tenu de la clientèle
étudiante, il serait peut-être moins dispendieux de tout
simplement fermer un programme. À ce moment-là, le gouvernement
avertirait l'institution en question que dans une période tout de
même réaliste, disons deux ou trois ans, le programme en question
sera fermé. Une fois l'institution avisée que, compte tenu, par
exemple, d'un manque d'étudiants dans ce programme, le programme sera
fermé, le gouvernement pourrait ne plus subventionner, pour cette
université, le programme dont je faisais état dans mon exemple,
et l'argent serait plutôt redistribué parmi les autres
universités qui continueraient à offrir ce programme.
Évidemment, la mobilité dont on parle dans notre rapport
entrerait en ligne de compte à partir du moment où, justement,
des universités recevraient des subventions supplémentaires
à cause de cette situation. Nous disons, à titre d'exemple, qu'il
serait peut-être intéressant, dans un contexte
d'équité et de justice, que nos professeurs de
l'Université de Sherbrooke qui oeuvrent dans un secteur donné et
qui voient leur secteur fermé aient à tout le moins la
possibilité d'offrir leurs services pour un programme qui continuerait
d'être dispensé dans une autre université, laquelle
recevrait des subventions supplémentaires.
C'est un exemple que je vous ai donné. Cela ne
nécessiterait pas nécessairement des injections d'argent neuf,
mais je pense que cela fournirait à l'étudiant
québécois la possibilité, malgré tout, d'avoir un
enseignement de qualité et un éventail de cours de qualité
qui satisfassent les choix prioritaires qu'il a pu faire.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous remercie,
M. Ménard. J'invite maintenant la porte-parole officielle de
l'Opposition en matière d'enseignement supérieur et de science
à conclure au nom de sa formation politique.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Madame, messieurs,
cela nous a fait plaisir de vous accueillir à cette commission. Au nom
de ma formation politique, je voudrais vous remercier d'avoir participé
aux travaux de cette commission. Je le mentionnais tout à l'heure, on a
eu peu de mémoires, finalement, qui ont fait l'unanimité au sein
de différents syndicats dans un établissement et je pense que
cette manifestation de solidarité est à votre honneur. Cela nous
éclaire sur l'esprit qui règne au sein de votre
université. On peut penser, à la lumière de cet exercice
et lorsqu'on voit une telle solidarité, que beaucoup de choses sont
encore permises et que ce n'est pas rêver que de penser que l'ensemble du
personnel, dans une institution, peut s'atteler à la tâche pour
donner au Québec un enseignement de meilleure qualité.
Je dois vous dire que les craintes que vous manifestiez à
l'endroit des intentions gouvernementales de se mettre à la tâche
étaient en partie justifiées par les coupures qui ont
frappé les universités, malgré toutes les
déclarations de M. le ministre alors qu'il» était dans
l'Opposition. Les coupures qui ont affecté les universités cette
année sont de l'ordre de 34 000 000 $. En ce sens, on peut penser que
vos craintes étaient assez justifiées.
Par ailleurs, comme vous, je dois reconnaître qu'il me semble que
l'exercice qu'on fait ici en commission parlementaire aura comme effet de
convaincre non seulement le ministre, parce que je pense qu'il l'est, du
sous-financement des universités, mais également ceux qui
tiennent les cordons de la bourse. On vous souhaite plein succès chez
vous. Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, Mme la
députée de Chicoutimi. Lorsque je vous ai reconnue, je pense
qu'il y avait une demande d'intervention. Non?
Mme Pinard: Mon collègue, M. Pierre Cabana, voulait
ajouter quelques mots sur la mobilité. On pourrait peut-être le
consulter, à savoir si cela s'avère encore opportun.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Non? Mme
Pinard: Non, cela va.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Très bien.
Je reconnais maintenant le ministre.
M. Ryan: Mme la députée de
Chicoutimi vient de gâcher une belle journée que nous avons
vécue ensemble en dehors de la partisanerie. Elle m'a mis un peu sur le
gril; je comprends cela très bien. Cela fait partie du jeu et je n'ai
pas l'intention de me venger, ce n'est pas dans mes habitudes, d'ailleurs.
Magnifique! Je pense que nous avons eu une très belle
journée. La rencontre avec vous complète cette journée,
avant la dernière rencontre que nous aurons tout à l'heure avec
des visiteurs inopinés de Montréal que nous sommes
disposés à recevoir avec grand plaisir.
Je voudrais vous remercier encore une fois et vous assurer que nous
garderons à l'esprit non seulement les problèmes de
l'Université de Sherbrooke, mais aussi l'esprit de collaboration et de
concertation dans lequel vous êtes venus nous rencontrer. Merci beaucoup.
Bonne chance.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci beaucoup, M.
le ministre. Merci beaucoup, Mme la députée de Chicoutimi, M. le
député de Sherbrooke, Mme Pinard. La commission parlementaire de
l'éducation va suspendre ses travaux pour quelques minutes. Elle
entendra immédiatement après l'Association générale
des étudiants et des étudiantes de la Faculté de
l'éducation permanente de l'Université de Montréal.
(Suspension de la séance à 18 h 22)
(Reprise à 18 h 25)
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît!
Tel que nous l'avions annoncé il y a quelques instants, la
commission permanente de l'éducation reprend ses travaux et accueille
exceptionnellement...
M. Ryan: Nous consentons 20 minutes, M. le Président, pas
davantage.
Le Président (M. Parent, Sauvé): ...l'Association
générale des étudiants et des étudiantes de la
Faculté de l'éducation permanente de l'Université de
Montréal qui est représentée par M. Robert Martin. M.
Martin, bonjour.
M. Martin (Robert): Bonjour, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. Martin, cela
nous fait plaisir de vous accueillir à cette commission parlementaire.
Vous comprendrez que tout ce que nous faisons en ce moment, c'est en dehors de
nos normes et de notre procédure normale. Les gens qui comparaissent
ici, en commission parlementaire, doivent nous
envoyer un mémoire, nous faire connaître leurs intentions
dans un certain laps de temps, etc. Nous le faisons par exception parce que
vous représentez quand même une clientèle très
importante, les étudiants de la Faculté de l'éducation
permanente.
La commission a environ 20 minutes à vous accorder. Nous vous
écoutons.
AGEEFEP
M. Martin: Merci, M. le Président. Bonjour, mesdames et
messieurs les membres de la commission. Je vous présente, à ma
droite, M. Denis Sylvain, secrétaire général de
l'association, ainsi que M. Vézina, vice-président responsable
des services aux étudiants.
Nous voulons en tout premier lieu remercier les membres de la commission
parlementaire de l'éducation pour leur bienveillance à notre
égard. Sans leur compréhension, il nous aurait été
difficile de présenter la vision des étudiants adultes concernant
le financement du réseau universitaire et la formation courte. Des
circonstances particulières ne nous avaient pas permis de nous inscrire
dans les délais prescrits par la commission. Afin d'alléger et de
présenter le mémoire plus rapidement, je vais donc
immédiatement entrer dans les principaux points.
L'Association générale des étudiants et des
étudiantes de la Faculté de l'éducation permanente
(AGEEFEP) regroupe une importante partie des Québécois et des
Québécoises qui suivent des cours à l'éducation des
adultes à l'université. En fait, il s'agit de 12 000
étudiants et étudiantes inscrits à la Faculté de
l'éducation permanente de l'Université de Montréal. C'est
à titre de représentante de ce large ensemble que l'association
exprime ses positions dans le cadre de la commission parlementaire de
l'éducation.
Le mémoire se divise en quatre parties: une introduction et un
bref historique sur l'éducation des adultes dans les universités;
la formation courte ou te baccalauréat par cumul de certificats; le
financement et les frais de scolarité; enfin, les recommandations.
Introduction. Après la Révolution tranquille, le
Québec faisait un pas de géant en favorisant d'une manière
accélérée la démocratisation de l'éducation.
S'instruire était devenu désormais un droit reconnu et les jeunes
appartenant à des couches de population moins favorisées
trouvaient maintenant une place au sein d'institutions renouvelées dans
leur structure: création des polyvalentes et des cégeps. Mais
qu'en était-il des adultes?
De 1960 à 1985, nous avons assisté à une explosion
de nouvelles technologies qui allaient renouveler le monde du travail et, par
ricochet, la société en général. Dans la même
période, la mentalité des Québécois subissait de
profondes transformations allant jusqu'à l'éclatement de concepts
qui n'avaient jusqu'alors jamais été l'objet de réelles
remises en question. Le monde des adultes passait d'une relative
stabilité à un bouillonnement de plus en plus intense où
de nouveaux besoins allaient faire leur apparitions nécessité de
recyclage pour les travailleurs et les travailleuses dont l'emploi était
appelé à disparaître en raison des transformations
technologiques ou des décisions d'ordre politique et économique;
nécessité pour les parents uniques - dont l'immense
majorité sont des femmes, il va sans dire - d'acquérir une rapide
formation pour accéder au marché du travail et subvenir ainsi aux
besoins de leur famille; besoin de perfectionnement pour ceux et celles dont
l'emploi exige une rapide adaptation aux nouvelles technologies. Bref, tous ces
changements reliés au marché du travail, ainsi que l'apparition
d'une mentalité désireuse d'étendre les bienfaits de
l'éducation à toutes les catégories sociales ont
amené la création de nouveaux programmes spécifiquement
destinés aux adultes.
Ouverture de l'université aux adultes. Cette réflexion des
années soixante, ainsi que la réforme de l'éducation qui a
suivi ont exigé des réaménagements importants dans les
universités. Ces réaménagements furent de deux ordres: au
niveau des programmes réguliers et au niveau de l'éducation des
adultes.
Convaincue que le Québec, particulièrement la population
francophone, avait un grand retard à rattraper, la société
québécoise a fait en sorte que les universités ouvrent
leurs portes aux adultes et leur offrent des programmes spécialement
conçus pour eux.
En ouvrant l'université aux adultes, il fallait prendre en
considération que le bagage expérientiel de ces derniers
était, dans un sens large, différent de celui des jeunes et
qu'ils avaient acquis une expérience en dehors des sentiers battus du
système d'éducation. Les programmes réguliers
étaient donc peu adaptés aux adultes. Ils ne pouvaient offrir une
préparation adéquate aux nouveaux rôles sociaux
créés par une société en perpétuelle
mutation.
L'Université du Québec. Face à l'urgence de la
situation, les universités ont réagi. Au moment de sa fondation,
l'Université du Québec s'est, d'ailleurs, vu confier un mandat
spécial en matière d'éducation des adultes. En 1971, elle
démontra son intérêt pour les programmes de certificats,
programmes courts de 30 crédits, dans son plan quinquennal de
planification 1971-1975, en consacrant un chapitre entier à
l'éducation des adultes et à l'éducation
permanente dans laquelle la formule de certificat retient
particulièrement l'attention. On y décrivait les avantages de
cette formule pour les adultes en situation de travail et on faisait mention de
la possibilité d'obtenir un baccalauréat par cumul de trois
certificats. Enfin, c'est en 1976 que l'Université du Québec
reconnaissait par un énoncé politique la nécessité
de desservir des clientèles nouvelles et traditionnellement
négligées: groupes communautaires, femmes au foyer de retour sur
le marché du travail, etc.
L'Université de Montréal. En 1974, l'Université de
Montréal, par un amendement à ses statuts, créait la
Faculté de l'éducation permanente, poursuivant ainsi une longue
tradition qui remonte même au-delà de la création de
l'extension de l'enseignement en 1952. Par le biais de cette faculté,
l'université désirait, entre autres, répondre à des
besoins de perfectionnement des adultes. Dans le cadre de son enseignement
crédité, la FEP offre des programmes de certificats en
général multidisciplinaires.
En 1978, l'Université de Montréal, par le biais de sa
commission des études, reconfirmait la vocation des certificats en
refusant que des programmes plus longs soient élaborés à
l'intention des adultes. Il ne s'agissait pas ici d'exclure une formation plus
longue, mais on jugeait préférable que cette formation se fasse
sous forme de certificats séquentiels: trois certificats menant à
un baccalauréat ès arts ou ès sciences. En adoptant cette
formule, la commission permettait aux adultes de s'intégrer dans le
système universitaire sans que soit mise en jeu leur vie
professionnelle, sociale et familiale, tout en leur offrant une reconnaissance
officielle plus stimulante que la perspective d'un diplôme obtenu au bout
d'une dizaine d'années d'études à temps partiel.
Diversification de la formule universitaire. On a vu que le
développement des certificats à l'Université de
Montréal et à l'Université du Québec à
Montréal a eu lieu en grande partie dans les années soixante-dix.
Aujourd'hui, 90 certificats sont offerts par ces deux universités comme
moyen privilégié de répondre aux besoins des adultes en
matière de formation professionnelle initiale ou ultérieure, de
perfectionnement des maîtres, de formation d'intervenants (criminologie,
gérontologie, santé et sécurité au travail,
toxicomanie, etc.) et pour répondre à des problèmes
sociaux de plus en plus importants au Québec.
Certains de ces certificats concernent le perfectionnement dans les
secteurs où la formation s'acquiert grâce à
l'expérience (coopération, information * et journalisme,
publicité, relations publiques et relations industrielles, traduction).
II ne faut pas, non plus, omettre les certificats de promotion collective mis
sur pied dans le but de donner une formation reliée à l'exercice
de responsabilités dans les corps intermédiaires, les
comités de citoyens, les syndicats, les coopératives, etc.
Ainsi, le développement de la formation des certificats a permis
de mettre en évidence la nécessité de diversifier les
cheminements de formation universitaire.
La formation courte ou le baccalauréat par cumul de certificats.
Des programmes conçus pour les adultes. L'âge moyen des
étudiants adultes se situe au début de la trentaine. Dans une
vaste majorité, ils s'inscrivent aux programmes courts, certificats, le
plus souvent à temps partiel, 92 %. Composée majoritairement de
femmes, la clientèle adulte est constituée pour l'essentiel de
personnes sur le marché du travail qui viennent chercher à
l'université un complément de formation ou les connaissances
spécialisées dont elles ont besoin.
Les programmes réguliers accueillent généralement
une clientèle qui a suivi une démarche continue puisque cette
clientèle passe directement du secondaire au collège, puis du
collège à l'université. Basés sur ce type de
cheminement, les programmes réguliers, particulièrement à
l'Université de Montréal, sont conçus pour des
étudiants ayant peu d'expérience. Ils offrent une formation
linéaire modelée sur la logique interne des matières
enseignées avec une ouverture plutôt théorique sur le monde
extérieur. Ces programmes tiennent pour acquis que les étudiants
n'auront pas à utiliser immédiatement dans un milieu
spécifique les connaissances qu'ils acquièrent à
l'université.
En revanche, les programmes de certificat et de baccalauréat par
cumul de certificats offrent une formation non linéaire au
caractère souple et multidisciplinaire qui répond mieux aux
préoccupations des étudiants et des étudiantes adultes
puisqu'ils s'articulent sur leur expérience; ils tiennent compte des
connaissances acquises en dehors du système scolaire.
Alternative aux programmes réguliers. Il suffit de parcourir la
liste de programmes des universités pour se rendre compte que la
majorité des programmes courts et des certificats couvrent des champs
d'étude pour lesquels il n'existe aucun bac spécialisé.
Les programmes courts répondent donc, dans beaucoup de cas, à des
besoins de formation qui ne peuvent être comblés par des
programmes réguliers, soit qu'il s'agisse d'un problème
essentiellement multidisciplinaire, soit qu'il s'agisse de sujets particuliers
à traiter dont l'approfondissement irait à l'encontre des
objectifs d'une formation générale.
Il y a tout lieu de penser qu'une importante partie de la
clientèle adulte des programmes courts ne se serait pas inscrite
si elle avait eu comme seul choix de s'inscrire à un bac ou
à une maîtrise. Les programmes courts donnent donc aux adultes sur
le marché du travail la chance de compléter un
baccalauréat par étapes, reconnues officiellement par un
diplôme, ou simplement d'ajouter à leur formation une ou deux
années d'études universitaires,,
Cette possibilité a des effets positifs non seulement pour les
adultes qui s'en prévalent, mais également sur la
société québécoise tout entière. Ce sont ces
effets qu'il faudrait étudier avant de prendre quelque décision
que ce soit concernant le financement de l'éducation des adultes et la
formation courte dans les universités. De telles décisions
touchent un tissu social trop important pour qu'on puisse les prendre sans
faire une étude sérieuse des besoins de la société
québécoise.
Les adultes et la qualité de la formation. Outre qu'un bon nombre
d'adultes viennent à l'université pour combler un besoin
spécifique dans le cadre d'un certificat, 45 % d'entre eux expriment la
volonté de compléter un baccalauréat par cumul de
certificats. Lor3 du congrès de fondation de l'association des
étudiants l'AGEEFEP), ceux et celles qui étaient présents
ont manifesté le désir que soit établie une formule de
baccalauréat adaptée aux besoins des étudiants adultes.
Par ailleurs, ils se prononçaient pour l'instauration de règles
dans le cumul des certificats. Des progressions devaient être
établies dans les cours et les programmes afin de créer des
baccalauréats à l'intérieur desquels les études
seraient ordonnées selon un niveau d'apprentissage progressif.
Déjà, à l'Université du Québec, il
existe de tels baccalauréats: baccalauréats ès arts,
ès sciences, ès sciences appliquées, baccalauréats
en éducation et en administration des affaires. Quant à
l'Université de Montréal, tout porte à croire qu'elle
emboîtera bientôt le pas. En effet, la sous-commission du premier
cycle serait favorable à la création de deux types de
baccalauréats, moyennant l'établissement de certaines
règles particulières propres à chacun de ces
baccalauréats; il s'agit du baccalauréat pluridisciplinaire
pouvant être composé de certificats, de microprogrammes et
possiblement d'un certain nombre de cours, et du baccalauréat polyvalent
avec mention du domaine d'études, qui pourrait être obtenu dans
les domaines de la santé, des communications appliquées, des
sciences sociales appliquées, de l'enseignement.
Dans cette perspective, le baccalauréat par cumul constitue une
formule souple, assurant, d'une part, la qualité de la formation et,
d'autre part, il répond adéquatement aux besoins de la
collectivité québécoise prise dans son ensemble.
L'expérience, un atout. L'éducation des adultes, dans la
recherche de la qualité, possède un atout de plus que la
formation régulière: l'expérience de ses étudiants.
Ceux-ci, grâce aux connaissances qu'ils ont pu accumuler dans leur
travail ou lors d'études antérieures, peuvent apporter beaucoup
à leurs collègues et même au professeur. Les discussions en
classe se révèlent riches et profitables.
Cette expérience des étudiants adultes facilite leur
intervention dans la définition et l'orientation de leurs programmes
d'études. Déjà sur le marché du travail, ils
retournent aux études pour satisfaire des besoins précis; ils
sont très bien placés pour connaître l'orientation que
devraient prendre leurs études.
Initiation de l'adulte aux études universitaires. Les adultes qui
sont admis è l'université selon ce qu'on appelle des
critères "minimaux", c'est-à-dire avoir atteint l'âge de 21
ans et posséder une certaine expérience et des connaissances
appropriées, ne sont, bien sûr, pas toujours
préparés à des études universitaires. Les gens qui
n'ont pu poursuivre des études avancées pour toutes sortes de
raisons et qui désirent fréquenter l'université lorsque,
à l'âge adulte, on leur offre une seconde chance,
réussissent souvent mieux que les autres, leur motivation et leur
goût d'apprendre compensant leur manque de préparation.
Bureau d'accueil et cours d'initiation aux études universitaires.
Afin de permettre un plus grand accès de ces gens à
l'université, il faudrait les assister dans leur cheminement, les aider
à exploiter au maximum leur potentiel afin que le niveau de
difficulté des cours soit maintenu. Cette aide pourrait être
dispensée d'abord par un bureau d'accueil qui assisterait tous les
adultes qui retournent aux études, dans leur orientation, dans leur
choix de cours, etc. Un tel bureau contribuerait à mieux intégrer
les étudiants adultes à la vie universitaire en leur faisant
connaître, dès leur arrivée, tous les services de
l'université auxquels ils peuvent avoir accès.
Des cours d'initiation aux études universitaires, de
méthodologie, etc., pourraient être mis sur pied et imposés
aux personnes qui n'auraient pas une préparation suffisante. On pourrait
aussi instaurer des cours d'introduction à certains programmes.
La reconnaissance des acquis. Pour l'ensemble de ses activités,
l'université devrait se doter d'une politique de reconnaissance des
acquis, évitant ainsi aux adultes une perte de temps et d'énergie
et permettant au gouvernement d'économiser les sommes investies pour
dispenser des cours à des gens qui auraient presque pu enseigner la
matière qu'ils sont supposés apprendre. Une personne qui, dans le
cadre de son emploi, agit à titre d'agent négociateur pour un
organisme a rarement besoin de suivre un
cours de négociations collectives. On pourrait donc lui en donner
les crédits après avoir évalué son
expérience.
Une formation avant-gardiste. Dans une société en
mouvement constant comme ta nôtre, les entreprises recherchent de plus en
plus des gens disposant d'une formation polyvalente. Dans cette même
veine, les universités québécoises tentent actuellement de
"déspécialiser" les programmes qu'elles offrent pour
répondre à ce besoin de polyvalence. C'est toute cette question
de l'adaptation de l'université québécoise aux besoins de
la société qu'il faudra examiner avant de prendre quelque
décision que ce soit touchant le financement de la formation courte.
Il faudra demander aux étudiants et aux étudiantes adultes
quels sont (es besoins qu'ils ressentent en matière de formation et
pourquoi ils choisissent en si grand nombre la formation courte; effectuer une
enquête auprès des anciens étudiants pour voir ce que les
sommes consacrées à leur éducation par le gouvernement ont
apporté à la communauté; voir comment les entreprises
profitent de la formation courte que reçoivent leurs employés et
si cette formation répond à leurs attentes.
En somme, il faudra réaliser une étude
socio-économique des effets de la formation courte sur la
société plutôt que se limiter à étudier ses
effets sur l'université. Nous croyons que la commission parlementaire se
doit d'étudier les besoins de la société
québécoise en ce qui concerne l'éducation des adultes au
niveau des études universitaires en tenant compte du contexte social,
culturel, économique et scientifique du Québec.
Le financement et les frais de scolarité. Le mode de financement
et ses effets. On a accusé certaines universités d'avoir
multiplié les programmes courts afin d'assurer une clientèle qui
leur permettait de voir leurs subventions augmentées. Il faudrait
éviter que de telles accusations ne servent d'évaluation des
besoins en formation courte.
Le mode actuel de financement des universités a sans doute
contribué à la création des programmes courts, mais il
faudrait peut-être maintenant penser à établir un mode de
financement plus logique et plus juste avant de sabrer dans ces programmes. Si
la clientèle de la formation courte s'est accrue si rapidement, c'est
sûrement parce que cette formation répandait à des besoins
réels de la population.
Il est incontestable que les universités ayant
développé la formation courte ont été
favorisées dans leur financement, mais de là à affirmer,
comme le fait le comité ad hoc du Conseil des universités, que
"par rapport à l'indice d'évaluation total des subventions par
étudiant en 1983-1984, le secteur des certificats pour l'ensemble des
universités a été largement avantagé et ce, au
détriment des études graduées, du moins en ce qui a trait
à l'imputation théorique des fonds par le MEQ", il faut
être bien loin de la réalité des universités.
Les adultes subventionnent les études régulières.
Il n'y a qu'à jeter un coup d'oeil à la Faculté de
l'éducation permanente de l'Université de Montréal pour
voir que l'euphémisme "du moins en ce qui a trait à l'imputation
théorique des fonds", signifie "exclusivement en théorie". La FEP
dispense 20 % des activités d'enseignement de 1er cycle de
l'Université de Montréal. En échange, l'université
ne consacre que 6 % de ses dépenses d'enseignement à la
faculté. Les cours de la FEP sont donnés par des chargés
de cours qui coûtent à l'université beaucoup moins que les
professeurs qui dispensent l'enseignement régulier. On ne fournit
à ces chargés de cours ni un service de secrétariat, ni
les locaux nécessaires pour assurer l'encadrement des étudiants,
ni le salaire qui correspondrait aux heures supplémentaires. Les
étudiants se retrouvent sans encadrement, sans la majorité des
services dont ils auraient besoin.
Dans le cadre d'une telle affirmation du comité ad hoc du Conseil
des universités, il est raisonnable de craindre une éventuelle
décision en faveur de l'augmentation des frais de scolarité
exigés pour la formation courte ou pour des études à temps
partiel. Une telle décision équivaudrait à fermer un peu
plus aux adultes la porte d'accès aux universités qui, même
si elle n'était pas grande ouverte, a tout de même permis
d'effectuer un bon début de rattrapage et d'avancer vers une
véritable éducation permanente. Les adultes sur le marché
du travail paient des impôts importants pour l'éducation. De plus,
les universités utilisent une bonne partie des sommes que leur apportent
les personnes inscrites à la formation courte pour subventionner les
études régulières. Pourquoi faudrait-il, de
surcroît, imposer des frais de scolarité plus élevés
aux adultes ou à ceux qui étudient à temps partiel?
Conséquences et impact d'une augmentation des frais de
scolarité. Nous savons que c'est par de multiples façons que les
politiques de développement, les politiques gouvernementales et les
politiques propres aux établissements universitaires peuvent influencer
l'accès des adultes à l'université. L'identification des
secteurs prioritaires, l'incitation en faveur de tel type de
fréquentation (temps complet, temps partiel), de programme courts ou
longs ou de différents cycles (premier cycle ou cycles
supérieurs) et la répartition des frais de scolarité selon
les divers types d'étudiants sont autant de facteurs négatifs ou
positifs qui feront en sorte de freiner ou de promouvoir la
fréquentation de l'université
par les adultes. (18 h 45)
II est donc important d'attirer l'attention des membres de la commission
sur l'impact et les conséquences que pourraient avoir certains
ajustements à la formule de financement des universités sur
l'accessibilité aux études universitaires pour les adultes et les
couches défavorisées de la société. Il est crucial
que la politique de développement et de financement des
universités soit étudiée avec soin dans tous ses aspects
de façon à ne pas pénaliser une partie de la
collectivité et des populations qui les fréquentent.
Pour le mieux-être de la sociétés, il est essentiel
que l'État et les universités conservent comme une de leurs
priorités le développement de l'éducation des adultes et
de l'éducation permanente. Il serait infiniment préjudiciable
à la collectivité de négliger les adultes et l'immense
potentiel qu'ils représentent. Dans cet ordre d'idées, le
gouvernement doit assurer le financement de l'éducation des adultes et
celle des groupes défavorisés et doit faire en sorte que les
universités ne puissent d'aucune manière augmenter leurs frais de
scolarité.
Les risques d'une augmentation. Si les frais de scolarité
étaient doublés, 13 % des étudiants abandonneraient leurs
cours, le quart de ceux et celles qui sont à temps plein seraient
forcés d'adopter un régime à temps partiel et, parmi les
autres qui prévoient actuellement poursuivre des études de 2e et
de 3e cycle, 26 % se contenteraient d'un baccalauréat. C'est tiré
du sondage réalisé par la firme Léger et Lepage. Ainsi,
à cause de cette augmentation, des milliers d'étudiants seraient
forcés de s'intégrer à un marché du travail
déjà engorgé. Mais combien parmi eux pourraient se trouver
un emploi lorsqu'ils sont déjà près de la moitié
à n'avoir pu dénicher un emploi d'été?
Quant aux adultes, ils seraient également nombreux à
quitter l'université s'ils devaient un jour payer, par exemple, la somme
de 128 $ au lieu de 64 $ par cours, prix de l'Université de
Montréal. On verrait vite fondre la moyenne de 2,5 cours suivis par
individu par session comme cela existe présentement à
l'Université de Montréal.
Promesse électorale et gel des frais de scolarité. Nous
croyons que le parti au pouvoir doit tenir sa promesse électorale et
maintenir le gel des frais de scolarité car ils furent des milliers
à s'inscrire et à se réinscrire dans le cadre d'un
régime de financement qu'ils connaissaient et qui leur permettait de
mesurer leur investissement à long terme avec l'assurance qu'aucune
modification à ce régime ne surviendrait avant quatre ans.
Quant à une indexation éventuelle des prêts et
bourses pour modifier l'impact d'une hausse, il ne faut pas se leurrer puisque
seule une minorité d'étudiants ont accès aux prêts
et bourses. Il serait également faux de croire qu'une augmentation des
frais de scolarité permettrait de hausser la contribution des plus
favorisés économiquement et que la hausse des bourses permettrait
d'éviter à son tour de mettre à contribution les moins
fortunés. H y a un groupe important d'étudiants et
étudiantes -27 % de l'ensemble - dont les parents n'ont pas les moyens
de les aider et qui n'ont pas accès à l'aide financière.
De toute façon, il semble qu'on mette la charrue devant les boeufs
puisque aucun projet de réforme...
M. Ryan: M. le Président, une question de
règlement.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui, M. le
ministre.
M. Ryan: Cela fait déjà 20 minutes que le
délégué est en train de lire. C'est le temps dont nous
avions convenu. Nous avons des réunions pressées ce soir qui ne
peuvent pas être reportées. Je crois qu'on pourrait demander au
représentant des étudiants de la Faculté de
l'éducation permanente de procéder à la lecture des
recommandations et on peut s'engager à lire le reste très
attentivement. Je pense que la commission a fait montre d'un esprit
d'hospitalité en acceptant de vous entendre. Je pense que vous devriez
passer aux recommandations tout de suite. En tout cas, c'est une demande que je
soumets, M, le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé):
Monsieur.
M. Martin: Bien. Je pourrais peut-être... Il y a juste un
point dont j'aimerais pouvoir parler.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Non,
écoutez, M. Martin.
M. Ryan: Vous nous avez dit 20 minutes tout à l'heure et
c'est passé.
M. Martin: Bon. C'est bien.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Vous savez, on a
quand même essayé de faire notre possible. Vous avez vu
vous-même que la commission parlementaire a accusé un retard d'une
heure ce matin dans ses travaux. Les membres de la commission seront en
réunion ce soir; ils n'ont pas encore mangé, etc. Normalement, on
aurait dû terminer à 18 heures et il est déjà 18
heures 50. Si vous voulez passer aux conclusions.
M. Martin: Je comprends, M. le Président. En fait, au nom
des 12 000
étudiants adultes dont nous sommes le seul porte-parole,
étant donné la limite de temps qui nous est imposée, nous
allons immédiatement passer aux recommandations.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Non. La limite de
temps qui vous est accordée, devriez-vous dire.
M. Martin: Qui nous est accordée.
Le Président (M. Parent, Sauvé): C'est cela.
M, Martin: Recommandations. Financement de la formation courte.
Considérant que, dans un monde sujet à des innovations
technologiques accélérées et en voie de restructuration
économique, il est important d'assurer une formation universitaire en
rapport avec les réalités d'une société moderne
(mobilité intellectuelle, perspective multidisciplinaire, etc.);
Considérant que les programmes de certificat et de
baccalauréat offrent une formation au caractère souple et
multidisciplinaire qui répond le mieux aux préoccupations des
étudiants adultes puisqu'ils s'articulent sur leur expérience et
qu'ils tiennent compte des connaissances acquises en dehors du système
scolaire;
Considérant que la formule de certificat et celle du bac par
cumul de certificats permettent un nombre élevé de combinaisons
de formations qui peuvent répondre aux exigences sans cesse plus
variées de notre société et faciliter une adaptation
rapide aux multiples rôles sociaux;
Considérant qu'il est essentiel, pour le mieux-être de la
société, que l'État et les universités conservent
comme l'une de leurs priorités le développement de
l'éducation des adultes et de l'éducation permanente;
Considérant qu'il serait préjudiciable à la
collectivité de négliger les adultes et l'immense potentiel
qu'ils représentent;
En conséquence, nous recommandons que le gouvernement assure le
financement de l'éducation des adultes, dont les groupes
défavorisés, et qu'il fasse en sorte que les universités
ne puissent d'aucune manière augmenter les frais de scolarité des
étudiants inscrits dan3 la formation courte dans les universités
du Québec.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. Martin, si vous
voulez bien passer à vos recommandations. Les "considérants", les
membres vont avoir le temps de les lire et d'en prendre connaissance.
M. Martin: En fait, je pense...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Sur le gel des
frais de scolarité, vous...
M. Martin: II serait peut-être mieux de mettre un terme,
parce qu'en fait la population ne peut pas comprendre les motifs qui nous
amènent à faire telle proposition et, à ce
moment-là, on pourrait désinformer plus qu'informer.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Non, je veux vous
faire comprendre une chose. Par exception, vous participez à une
commission parlementaire dont les débats sont
télévisés. Il y a des commissions parlementaires tous les
jours, ici, dans le Parlement, qui ne sont pas télévisées.
Vous nous avez apporté un document ce matin. De bonne foi, on vous a
accueillis et on vous a dit: On va vous écouter. Quand même, il
faut respecter les règles du jeu.
M. Martin: Je comprends, M. le Président. Tout simplement,
c'est qu'on va arrêter. Si vous n'avez pas le temps de nous entendre, on
va tout simplement laisser.
Le Président (M. Parent, Sauvé):
Monsieur, nous voulons vous entendre. Si vous ne voulez pas passer
immédiatement à vos conclusions, nous vous remercions beaucoup
d'être venus nous rencontrer. M. le ministre.
M. Martin: En fait, il y avait eu une entente où on devait
pouvoir présenter tout cela. Vous nous prenez par surprise, en fait.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Non. Il faut tenir
pour acquis que, quand vous présentez un mémoire, vous le donnez
aux gens pour qu'ils le lisent. Vous venez ici pour donner des détails
supplémentaires. C'est cela, en fin de compte, une commission
parlementaire.
M. Martin: On avait expliqué les raisons qui faisaient que
nous accusions un certain retard.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Les membres de la
commission ont votre mémoire. Ils vont lire vos considérations.
Si vous voulez que vos recommandations passent sur le réseau, comme vous
dites bien, donnez-nous vos recommandations.
M. Martin: Nous recommandons que le parti au pouvoir tienne la
promesse électorale faite pendant la dernière campagne et
conserve le gel des frais de scolarité, car ils furent des milliers
à s'inscrire et à se réinscrire dans le cadre d'un
régime de financement qu'ils connaissaient et qui leur permettait de
mesurer leur investissement à long terme avec l'assurance qu'aucune
modification à ce régime ne surviendrait avant quatre ans.
Nous recommandons que soit élaboré un
régime d'aide financière comportant des mécanismes
aptes à assurer l'accessibilité aux études à tous
les adultes à temps partiel et à temps plein. Je crois qu'il
aurait fallu qu'on donne vraiment de l'information là-dessus. Nous
regrettons.
Nous recommandons que le gouvernement fédéral redresse ses
contributions à l'éducation et que le gouvernement du
Québec mette un terme aux coupures imposées.
On sent que ce qu'on donne comme information, c'est très
incomplet.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Nous avons
l'information. Nous avons le mémoire ici. Vous comprendrez qu'on ne l'a
pas lu avant comme on a fait avec les autres intervenants, mais on va le lire
après, soyez-en certains. Si on n'avait pas voulu en prendre
connaissance, on ne vous aurait pas invités à demeurer avec nous
pour vous entendre. Je vous remercie beaucoup, M. Martin.
M. le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Science.
M. Ryan: Je vous remercie de vous être rendus à
Québec pour nous rencontrer. Il est survenu un petit malentendu à
la fin qui n'est pas grave et dont vous êtes entièrement
responsables, vous en conviendrez. Mais vous pouvez être assurés
que les éléments contenus dans votre mémoire seront
l'objet de la même considération que ceux qu'on trouve dans les
mémoires qui ont été présentés à la
commission en grand nombre. Je pense que c'est le meilleur accueil qu'on puisse
vous faire que de vous assurer que vos vues vont être
considérées avec toute l'attention voulue même si,
aujourd'hui, vous êtes venus, contrairement à tous nos
règlements et à toutes nos conventions, vous présenter
devant nous et que nous avons accepté de vous rencontrer avec une
parfaite bonne foi, dans un esprit d'écoute qui va se maintenir, je
l'espère bien. Merci et bonne chance.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre.
Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Je voudrais d'abord
remercier le président de la commission qui a bien voulu accepter, dans
les conditions qu'on connaît, de vous entendre. Cependant, je dois dire
que je déplore l'attitude qu'on a aujourd'hui. Je me dis: Ce n'est pas
quand on a plusieurs dizaines d'heures de commission parlementaire de faites
que cinq minutes de plus ou de moins vont déranger
profondément.
Vous êtes le seul groupe d'étudiants adultes à
l'université qu'on ait entendu ici à cette commission. Il me
paraissait extrêmement important qu'on puisse vous entendre. Il est
déplorable, je le répète, qu'on n'ait pas pu le faire
d'une façon un peu plus longue. Malgré ce que dit le ministre,
vous êtes peut-être en partie responsables de l'incident, mais
c'est beaucoup également parce qu'on a pris une heure de retard ce matin
et nous en sommes aussi un peu responsables. Alors, messieurs, j'espère
que votre message sera entendu et que le ministre, avec ses fonctionnaires,
prendra un moment pour analyser plus profondément les recommandations
contenues dans votre mémoire. Je vous remercie.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci beaucoup,
Mme la députée de Chicoutimi. Merci, M. le ministre. M. Martin,
nous vous remercions beaucoup d'avoir accepté de collaborer avec nous.
Nous vous remercions également de votre apport en nous faisant
connaître vos préoccupations relatives au financement des
universités.
La commission parlementaire de l'éducation ajourne ses travaux au
mardi 21 octobre, à 10 heures.
(Fin de la séance à 18 h 56)