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(Onze heures trente-cinq minutes)
Le Président (M. Thérien): À l'ordre, s'il
vous plaît!
Je déclare la séance ouverte. Je rappelle aux membres de
la commission le mandat qui est de " procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 156, Loi modifiant la Loi
médicale.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Non, M. le Président.
Le Président (M. Thérien): M. le ministre,
avez-vous une petite remarque brève et préliminaire? M. le
ministre.
Remarques préliminaires
M. Ryan: M. le Président, je n'ai pas de remarque
spéciale. Nous avons dit, au stade du débat de deuxième
lecture, tout ce qui devait être dit à propos de ce projet de loi.
La seule chose que je- voudrais ajouter à ce moment-ci serait pour
souhaiter que nous puissions nous entendre le plus rapidement possible sur la
formulation qu'il conviendrait de donner au texte définitif.
J'aurai une couple d'amendements à proposer tantôt, des
amendements qui sont de caractère complémentaire et non pas
substantiel et qui visent à donner au projet toute sa portée et
à éliminer toute ambiguïté possible. Malheureusement,
il est arrivé un téléscopage documentaire ce matin. Je
pensais avoir les amendements ici. Je les ai probablement, mais ils sont
égarés pour l'instant. Mon attaché politique responsable
des questions de profession nous reviendra tantôt avec le texte de ces
deux amendements.
Le Président (M. Thérien): Est-ce que Mme la
députée de Chicoutimi aurait des remarques brèves et
préliminaires?
Mme Blackburn: M. le Président, sur la longueur, je
verrai. Préliminaires...
Le Président (M. Thérien): C'est tout simplement
une suggestion.
Mme Blackburn: On a assez bien fait le tour de cette question,
particulièrement lors du débat sur l'adoption de principe en
Chambre. Cependant, à la suite d'un échange de propos que j'ai eu
avec les acupuncteurs de même qu'avec le directeur qénéral
de la Corporation professionnelle des médecins, certaines questions
demeurent en suspens et elles sont d'ordre plus général quant
à ce projet de loi.
J'aimerais que le ministre nous dise, dans la mesure où la
formation professionnelle sera dorénavant - elle l'est
déjà, d'ailleurs - prise en charge par le cégep de
Rosemont, que cette formation correspondra, à toutes fins utiles, aux
exigences de la corporation des médecins pour reconnaître les
acupuncteurs et que cette formation colle vraisemblablement, selon ce que nous
dit M. Roy, aux examens qui ont été préparés pour
enregistrer les acupuncteurs. Est-ce que le ministre pense qu'il est toujours
pertinent, dans ce cas, étant donné que la qualité de la
formation est assurée, qu'on ait toujours besoin d'un certificat
médical pour se présenter chez un acupuncteur? Je
répète un peu ce que j'ai dit en Chambre là dessus. *
La corporation des médecins contrôle les acupuncteurs par
deux moyens: elle contrôle l'accès au registre des acupuncteurs,
puisqu'elle fait passer les examens; ensuite, elle contrôle
l'entrée du patient chez l'acupuncteur, parce qu'il ne peut s'y
présenter qu'avec un certificat médical en main. Cela
m'apparaît beaucoup de contrôles et cela m'apparaît
également coûteux pour l'État. Je rappelle l'argument que
j'ai utilisé en Chambre et, là-dessus, le ministre ne m'a pas
répondu. J'aurais peut-être dû poser ma question au
président du Conseil du trésor; il aurait certainement
trouvé qu'elle avait du bon sens. Le fait d'exiger un certificat
médical pour aller chez l'acupuncteur ajoute au coût des services
de santé, sans que cela soit vraiment justifiable au sens strict, sans
qu'aujourd'hui cela se justifie. Je pense que la population n'est pas si
ignorante de ses droits, surtout lorsqu'elle paie, qu'elle puisse choisir
d'aller voir des qens qui seraient mal qualifiés, d'autant plus que,
dorénavant, la qualification est garantie par le biais d'un examen de la
corporation des médecins.
La question que je pose est la suivante: Étant donné qu'on
a garanti, par le biais d'un examen l'inscription au registre des acupuncteurs,
étant donné qu'on a un programme de formation dispensé par
un cégep, dans ces conditions, est-il toujours indispensable de passer
par le bureau du médecin pour avoir accès au bureau d'un
acupuncteur? Le ministre a-t-il une idée de ce que cela
coûte? A-t-il des données là-dessus? Combien cela
coûte-t-il au Trésor public, cette obligation qui est faite
d'aller voir un médecin avant d'aller voir un acupuncteur? On est en
train de couper partout, partout, que ce soit pour les garderies, les personnes
handicapées, l'éducation, l'enseignement supérieur ou les
immobilisations... Je ne ferai pas la liste, elle est trop longue. On coupe
systématiquement, partout, et il y a un endroit où le fait de
payer une visite chez le médecin pour aller voir un acupuncteur devrait
être remis en question. Il me semble qu'on pourrait s'en passer. On
essaie de rationaliser un peu partout mais, à mon avis, en tout cas, les
rationalisations sont discutables. On endette les jeunes au Québec, mais
je ne suis pas sûre que je ne préférerais pas qu'on
évite de passer par le bureau d'un médecin pour pouvoir aller
voir un acupuncteur.
La question était donc la suivante - et le ministre ne m'a pas
répondu... D'abord, sait-on à peu près ce qu'il en
coûte au Trésor public? Et dans les circonstances actuelles
où les acupuncteurs sont obligés de passer un examen qui certifie
leurs connaissances, leur niveau de connaissances, est-il toujours aussi
indispensable de passer par le bureau d'un médecin?
M. Ryan: D'abord, ce dont vient de parler la
députée de Chicoutimi n'est pas contenu dans le projet de loi.
C'est une disposition contenue dans le règlement promulgué par le
gouvernement précédent en juin 1985. Ce règlement devait
connaître son application intégrale à compter de septembre
de cette année et l'entente qui est intervenue entre les acupuncteurs,
la corporation des médecins et le gouvernement a pour effet de suspendre
l'application du règlement, sauf dans le cas de ceux qui ont subi avec
succès l'épreuve de qualification au mois de septembre. Il y en a
eu, comme vous le savez... Je pense que c'est sept...
Mme Blackburn: Qui ont été reçus.
M. Ryan: Alors, pour ceux-là, le règlement
s'applique. Ils ont accepté qu'un certificat médical soit requis,
par conséquent, comme cela est prévu dans le règlement.
Pour les autres, tout cela est matière à discussion au cours des
prochains mois. Cette partie du règlement est en vigueur, mais il y a
une espèce de modus vivendi en vertu duquel la corporation des
médecins n'institue aucune espèce de procédure à
l'encontre de ceux qui continuent de pratiquer l'acupuncture comme auparavant
et, en conséquence, le certificat médical, pour l'instant, n'est
pas exigé, à toutes fins utiles. Par conséquent, je ne
peux pas vous donner de chiffres quant aux coûts, du fait que c'est une
mesure qui n'a pas été appliquée.
Quant au bien-fondé du certificat médical, d'abord, on va
écouter attentivement ce que les deux parties auront à faire
valoir au sein du comité que nous sommes en train de compléter
à cette fin et qui sera présidé, à moins d'avis
contraire, par Me René Dussault que j'ai invité et qui a
accepté. Je lui ai demandé de convoquer une première
réunion d'ici à la fin de la présente année de
calendrier. Si on nous persuade que ce n'est pas nécessaire d'avoir
cette exigence d'un certificat médical, c'est une chose qui pourra
être examinée. Un rèqlement, ce n'est pas une parole
d'évangile, c'est une chose qui peut être améliorée
ou modifiée si nécessaire.
Dans l'état actuel des choses, d'autre part, il ne faut pas
mettre la charrue avant les boeufs non plus. C'est vrai qu'il y a un cours de
formation qui se donne pour l'instant au céqep de Rosemont au terme
duquel une personne qui a subi avec succès les examens peut être
admise au registre des acupuncteurs à la corporation des
médecins, mais c'est un programme qui est donné, pour l'instant,
à titre expérimental. C'est la première année qu'il
est donné. Nous verrons si des améliorations peuvent être
souhaitables. Nous verrons les résultats que donnera le proqramme et un
peu plus tard, quand la très grande majorité des acupuncteurs
aura répondu aux exigences de qualifications que définissent
tantôt la loi, tantôt le règlement, on pourra
peut-être réexaminier cette chose-là, mais je ne serais pas
porté à la faire sauter pour l'instant.
Tout en admettant que dans la mesure où on réussira, avec
le temps, à circonscrire avec précision les actes professionnels
qui incombent en propre à l'acupuncteur, à ce moment, on pourra
même aboutir, éventuellement - nous n'avons jamais
éliminé cette possibilité à la formation d'une
corporation professionnelle qui aura autorité sur les actes propres de
ses membres. Nous n'en sommes pas là, parce qu'il existe peut-être
une dizaine de définitions différentes de l'acupuncture
actuellement, de nombreux niveaux différents de qualification. Tant que
nous n'aurons pas fait un certain travail d'unification à
l'intérieur de la profession, il y a certaines questions qui sont pour
le moins prématurées, y compris celle qui a été
soulevée par la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Bien, M. le Président, il est juste que ce
règlement avait été adopté par le
précédent gouvernement, sauf que le ministre de la Santé
et des Services sociaux d'alors, Guy Chevrette, avait promis, à
certaines conditions, un moratoire sur l'application du règlement. Ce
que je voudrais comprendre, c'est comment justifier, M. le Président,
que le rèqlement s'applique
aux acupuncteurs qui ont passé l'examen, alors qu'il ne
s'applique pas aux 400 ou 500 autres qui ne l'ont pas passé. Parce que
ce qui peut justifier de passer par un examen, par un bureau de médecin
pour aller chez un acupuncteur, c'était vraiment une question de
protection de l'intérêt public. Cela semble être
complètement à l'envers du bon sens. Ceux qui vont chez les
acupuncteurs qualifiés doivent se présenter avec un certificat du
médecin et ceux qui vont chez ceux qui n'ont pas fait la preuve de leurs
qualifications n'en ont pas besoin. Cela semble... En tout cas, moi, je trouve
que c'est à l'envers du bon sens. Le ministre y a certainement
pensé.
Une voix: Est-ce qu'il y a un vote? M. Ryan: Oui.
Mme Blackburn: Est-ce qu'il y a un vote ou si c'est parce qu'il
n'y a pas quorum?
M. Ryan: Peut-être qu'il n'y a pas quorum, cela doit
être plutôt l'absence de quorum en ce lendemain de veille.
Mme Blackburn: II n'y a pas quorum.
Le Président (M. Thérien): Est-ce qu'il y en a un
qui pourrait aller vérifier, s'il vous plaît?
Mme Blackburn: Cela dépend si c'est un
vice-président, une vice-présidente ou un président.
Le Président (M. Thérien): Oui, je pense, c'est
cela, on va revenir à la loi.
Mme Blackburn: Je pense que c'est le quorum.
Alors, M, le Président, là, je vois le ministre qui
sourit, je suis certaine qu'il est à peu près de mon avis.
Comment justifier cela? Cela ne s'explique pas. Je ne comprends pas vraiment
pourquoi on n'a pas carrément maintenu un moratoire à tout le
moins sur cet aspect du règlement. Actuellement, en ce sens-là,
cela veut dire que du moment où vous n'allez pas chez un acupuncteur
inscrit au registre, vous n'avez pas besoin de passer par un bureau de
médecin. Moi, en connaître un bon et avoir besoin d'aller chez un
acupuncteur, je m'éviterais une visite chez le médecin, c'est
bien évident. Actuellement, on sait que quelque 400 à 500
acupuncteurs pourraient éventuellement se présenter aux examens
de l'ordre. C'est à ce moment, quand ces acupuncteurs seront inscrits au
registre, en admettant qu'il y en ait la moitié, que cela pourrait
coûter relativement cher.
Alors, je suis, M. le Président, assez surprise de cette entente
intervenue entre les acupuncteurs et la Corporation professionnelle des
médecins et agréée par le ministre, semble-t-il. Dans le
fond, les sept personnes qui sont allées passer les examens se trouvent
ainsi pénalisées et cela explique peut-être pourquoi, sur
quelque 40 personnes qui étaient admissibles à l'examen, il y en
a seulement 20 qui se sont présentées.
M. Ryan: Alors, est-ce cela la question?
Mme Blackburn: Oui, M. le Président.
M. Ryan: II y a des choses qui ne semblent pas obéir
à la logique et qui sont le résultat, justement, de circonstances
historiques expliquant la complexité d'une situation. Dans ce cas-ci,
c'est vrai qu'au point de vue logique on est enclin à sourire devant la
situation qui se présente à la suite de l'entente du mois de
septembre dernier.
Voici ce qui est arrivé. Il y avait des acupuncteurs qui
étaient plus proches de la corporation des médecins, plus proches
à accepter la tutelle de la corporation des médecins, qui se
préparaient laborieusement, fébrilement à subir l'examen
qui a été administré le 8 septembre dernier. On leur a
dit, à ceux-là comme aux autres: Si vous tombez sous le coup de
l'entente, vous allez continuer votre travail jusqu'à ce que nous ayons
régularisé la situation en 1987. Mais ils ont dit: Nous insistons
pour subir l'examen maintenant, nous avons fait des travaux de
préparation intenses, nous avons révisé notre
matière et nous sommes prêts. Ils faisaient partie du groupe des
acupuncteurs qui avait négocié avec le gouvernement
précédent et la Corporation professionnelle des médecins
du Québec le genre d'arrangement qui est dans le règlement et
dont était responsable le gouvernement précédent. Ils ont
dit: Nous acceptons cela. On leur a dit: On ne veut pas vous priver du droit de
subir un examen qui est prescrit par un règlement du gouvernement et qui
n'a pas été abroqé. Si vous voulez le subir, très
bien. Nous avons dit à ceux-là comme aux autres: Ceux qui ne
subiront pas l'examen maintenant, en vertu de toutes les négociations
qui ont eu lieu, vous allez avoir une paix relative tant que vous n'aurez pas
passé l'examen en 1987.
L'objet du projet de loi est justement de permettre la
régularisation de la situation de la grande majorité. S'il y en a
eu seulement une vingtaine qui se sont présentés aux examens sur
40 ou 50 qui auraient été admissibles, c'est
précisément parce que tout ce régime qui avait
été institué par le règlement de 1985
n'était pas acceptable à la grande majorité des membres de
la profession. Le but du projet de loi est justement d'élargir les
chances: au lieu de les
limiter à un groupe sélect se limitant seulement à
ceux qui étaient déjà dans la profession en 1977, on
élargit maintenant pour inclure tous ceux qui l'étaient jusqu'au
moment de l'entente du 8 septembre 1986. C'est l'explication tout aussi logique
d'un certain point de vue, mais procédant d'une autre logique que la
logique pure. C'est le genre de logique qu'on rencontre toujours en situation
de négociation.
Le Président (M. Thérien): Mme la
députée de...
Mme Vermette: Marie-Victorin.
Le Président (M. Thérien): Marie-Victorin.
Excusez-moi, c'est l'heure.
Mme Vermette: II n'est pas encore minuit, il est midi.
Le Président (M. Thérien): Cela va bien.
Mme Vermette: M. le ministre, je m'y connais un petit peu moins
que ma collègue qui est de plein droit responsable du dossier de
l'acupuncture, mais ce que j'ai entendu dire, c'est qu'il y avait à
l'intérieur même des pratiquants de l'acupuncture de la dissidence
en ce qui concerne un tel examen. La preuve en est qu'il n'y en a que sept qui
se sont présentés et parmi ces sept-là, ce sont les
piliers, finalement, si on peut dire, chacun a sa propre école, en fait,
ou presque. Ce sont les maîtres à penser dans le domaine de
l'acupuncture ici au Québec, pour une grande moyenne. Tout cela
simplement pour vous dire qu'il me semble un peu étrange qu'on n'ait pas
pu obtenir un consensus pour cela et qu'on ait maintenu cet examen pendant des
années, malgré tout, sachant très bien qu'il y avait un
dissentiment à l'intérieur même des gens de l'acupuncture.
Finalement, il aurait été préférable d'aller vers
un consensus pour favoriser une corporation pour l'ensemble des gens qui
travaillent en acupuncture, étant eux-mêmes des adeptes de la
médecine traditionnelle chinoise; c'est une médecine
énergétique. Ils ont la compétence nécessaire pour
accomplir et poser des actes médicaux.
J'aurais aimé qu'on ait beaucoup plus cette volonté
d'arriver à favoriser une entente de l'ensemble des pratiquants. Les
examens passés ne correspondaient peut-être pas
nécessairement... C'était un genre d'examen qui était
beaucoup plus applicable aux États-Unis qui aurait pu être
applicable ici aussi. Ce sont des choses pour lesquelles je m'étais
attendue à plus de rigueur en ce qui a trait à l'examen qu'on a
fait subir, et avec peu de temps, d'ailleurs, pour le subir.
M. Ryan: II y a un principe premier qui est à l'oriqine de
tout ce qui s'est passé et c'est celui qui est inscrit à
l'article 31 de la Loi médicale que je vais vous lire: "Constitue
l'exercice de la médecine tout acte qui a pour objet de diagnostiquer ou
de traiter toute déficience de la santé d'un être humain.
L'exercice de la médecine comprend, notamment, la consultation
médicale, la prescription de médicaments ou de traitements, la
radiothérapie, la pratique des accouchements, l'établissement et
le contrôle d'un diagnostic, le traitement de maladies ou d'affections."
C'est un vieux conflit qui a existé à propos de toutes les
activités paramédicales. Il peut y avoir une personne qui a du
talent, par exemple,, pour faire du replâtrage de membres ou du travail
sur la structure musculaire d'un être humain. Cette personne
connaît des succès, à ce moment-là, elle est
naturellement tentée de se dire! Moi, je t'ai la solution de votre
problème, de déborder de son domaine immédiat et
d'embrasser tout le champ de la santé d'un être humain.
La profession médicale fait une lutte depuis toujours pour garder
l'autorité sur l'ensemble des actes qui affectent la santé d'un
être humain au nom de l'unité de la santé, l'unité
de la structure corporelle et même humaine tout court. Quand on
réussit à isoler certains actes, de manière qu'il n'y ait
pas de danqer, d'impact sur l'ensemble de la santé, et qu'ils puissent
être maîtrisés de façon autonome, il y a des
corporations qui sont créées. II y a la corporation des
dentistes, il y a la corporation des techniciens dentaires, il y a la
corporation des chiropracticiens. C'est possible par conséquent,
à condition qu'ils ne débordent pas du champ de compétence
que définit à ce moment-là leur loi constitutive.
Dans le cas des acupuncteurs, ils ne sont pas rendus au point où
ils s'entendent même entre eux pour demander la formation d'une
corporation. S'il y avait eu un consensus chez eux quant aux exigences de
formation, quant à la nature des actes qui devraient relever en propre
de cette profession, quant aux normes de pratique généralement
acceptables, nous les aurions écoutés avec intérêt.
Peut-être même aurions-nous dit à la corporation
médicale: Reculez dans vos prétentions, elles sont abusives. Mais
nous n'en sommes pas à ce stade. Il y a, comme vous l'avez tantôt
laissé sous-entendre, plusieurs clans, plusieurs chapelles actuellement
dans la famille des acupuncteurs que nous essayons de rapprocher par l'action
que nous avons entreprise. Nous allons les voir, les principaux groupes de
pensée seront représentés à la table ronde que nous
sommes en train de constituer pour préparer l'étape de 1987. Ce
n'est pas une table ronde pour discuter de la température ou du XXIe
siècle, mais une table ronde pour préparer l'étape de
1987.
En attendant, le gouvernement, son premier rôle, ce n'est pas de
satisfaire Mme X qui a mis une plaque d'acupunctrice à la devanture de
sa maison, ou aux préférences de M. Untel ou Mme Unetelle, c'est
d'assurer la santé du public, de protéger le public contre toute
forme possible de charlatanisme. C'est pour cela que tant qu'il n'y aura pas
cette unité de base, ce consensus de base, à la fois à
l'intérieur de la profession d'acupuncteur et dans la
société en général, quant à la nature des
actes qui pourraient leur revenir en propre et quant aux modalités par
lesquelles ils pourraient se diriger eux-mêmes, il faut les mettre sous
la responsabilité générale de la corporation des
médecins, comme cela a été fait à plusieurs
reprises dans des situations semblables dans le passé. Il faut
aménager des formes de contrôle qui soient les plus humaines, les
plus douces et les plus accommodantes possible, c'est tout l'objet du projet de
loi et de l'étape qui va se faire en 1987.
Le Président (M. Thérien): Cela va.
Mme Vermette: Je veux juste ajouter, M. le ministre, que quand on
parle de l'étape de contrôle par la pratique médicale, cela
me fait toujours un peu sourire, parce que c'est comme si on reconnaissait la
science infuse à l'ensemble des médecins et que, peu importe le
genre de médecine qu'on doit pratiquer, ils en ont la connaissance de
plein droit parce qu'ils possèdent le titre de médecin.
Notamment, en ce qui concerne l'acupuncture, c'est plutôt une
médecine préventive, domaine où on peut faire un constat
d'échec actuellement dans notre médecine actuelle parce que dans
son ensemble la médecine est beaucoup plus axée sur la
médecine curative et quelquefois palliative. Alors, j'ai peine à
croire que le contrôle va s'exercer d'une façon aussi rigoureuse
en ce qui concerne la prévention, parce qu'on est beaucoup plus enclin
à trouver à un bobo et à un malaise une solution
médicale. Il y a un autre danger là aussi. On ne peut pas
être mieux servi que par soi-même. Donc, les médecins, c'est
eux-mêmes qui ont ce monopole et ce sont des entrepreneurs libres. Il n'y
a aucun contrôle sur leur pratique. (12 heures)
M. Ryan: Ils n'ont peut-être pas la science infuse, mais
ils ont la science acquise. Ces personnes sont, par leur formation, les mieux
informées des questions de la santé. Nous avons une profession
médicale au Québec qui est très respectable, qui a un
niveau de compétence généralement imposant. Nous suivons
la ligne que suivent presque tous les gouvernements dans une situation comme
celle-là. Ce n'est pas un comportement exceptionnel du tout. Dans la
mesure même où les acupuncteurs uniront leurs forces autour de
normes exigeantes, dans la même mesure, je pense que les choses que vous
dites auront plus de chances de se réaliser.
C'est vrai que les médecins sont dans une situation de monopole
et qu'ils défendent en même temps un monopole par un certain...
C'est vrai. C'est le monopole d'une compétence acquise par les
études et la pratique, ce que le gouvernement respecte. On ne veut pas
qu'ils l'exercent de manière aveugle, c'est pour cela qu'on regarde de
très près ce qui va se passer ici. On n'a pas dit aux
acupuncteurs: On vous livre, pieds et poings liés, à la
corporation des médecins. On a dit: On va assurer une certaine forme de
contrôle, mais sous la surveillance générale du
gouvernement et à la lumière de règles de conduite qui
seront arrêtées par le gouvernement ou par l'Assemblée
nationale.
Je comprends le souci que traduit l'intervention de la
députée de Marie-Victorin et je le respecte aussi. Je pense que
c'est une évolution graduelle qui va nous permettre d'arriver à
ce résultat. D'autre part, la députée de Marie-Victorin
conviendra avec moi que, si on ne faisait rien, si on avait tout laissé
continuer comme c'était parti, on s'en allait vers l'anarchie pure et
simple. Ils défiaient le règlement, n'oubliez pas cela. Ils ne se
présentaient pas à l'examen. La corporation des médecins
commençait à appliquer le règlement dont l'auteur
était le gouvernement précédent encore une fois, et non le
gouvernement actuel.
Qu'est-ce qu'on aurait eu? 400 personnes traduites devant les tribunaux
pour pratique illégale de la médecine. C'est ce qui s'en venait.
Nous ne voulions pas d'un règlement sauvage comme celui-là. Nous
avons voulu les protéger, car la société les a quand
même laissés se développer depuis 15 ou 20 ans. Nous
voulions plutôt favoriser un règlement ordonné et
recherché dans le dialogue et la collaboration.
L'autre côté de l'alternative, c'est qu'on s'en allait vers
une situation d'affrontements ouverts et de conflits
généralisés qui auraient été portés
devant les tribunaux. Des gens auraient été
déclarés hors-la-loi, à moins de se soumettre d'une
manière presque servile à l'autorité de l'autre
profession. Ce que nous sommes en train d'aménager, c'est la voie
intermédiaire, la seule voie raisonnable.
Le Président (M. Thérien): Est-ce qu'il y a
d'autres commentaires?
Mme Vermette: J'aurais une autre question. N'aurait-il pas
été préférable de maintenir le moratoire et de
favoriser le rapprochement des principaux concernés pour qu'on en arrive
à une entente concertée qui répondrait à l'ensemble
des voeux de la
majorité et qui arriverait à l'objectif que vous avez
mentionné, celui d'abolir les chapelles chez les personnes qui
pratiquent l'acupuncture et de leur donner le véritable statut qu'elles
réclament actuellement.
M. Ryan: II y avait des choses è régler assez vite
là-dedans. Le moratoire, c'était le statu quo pur et simple.
C'était presque le retour à la situation qui existait avant
même la promulgation du règlement. Deuxièmement, cela
voulait dire qu'en matière de formation nous laissions toutes les
écoles privées qui avaient pullulé ces dernières
années continuer leurs activités sans être
embarrassées d'aucune manière. Nous voulions qu'une étape
soit franchie. Pour la formation,, une étape décisive a
été franchie. Les cours ont commencé au cégep de
Rosemont au mois de septembre. Il y a une inscription assez considérable
et le cours va assez bien à notre connaissance. On aura l'examen en 1987
pour tous les autres membres qui étaient actifs dans la profession avant
septembre 1986.
Je pense que, sur une base de trois ans, on aura réussi à
régulariser cette situation. Le problème qui restera sera le
suivante. Ce sont des études de niveau collégial qui qualifient
une personne pour l'exercice de l'acupuncture, définie d'une certaine
façon. Il y en a qui disent: L'acupuncture, c'est bien plus que cela.
C'est une activité aussi noble que n'importe quelle forme de
médecine. On veut qu'elle soit l'objet d'une formation donnée au
niveau universitaire. Nous n'avons pas d'objection à cela. Dans la
mesure où on va isoler les facettes de la formation en acupuncture qui
devraient être cultivées au-delà du niveau
collégial, nous sommes prêts à regarder cela et j'ose
espérer que nos facultés de médecine comprendront qu'il y
a là un volet de l'exercice de la médecine qui est loin
d'être négligeable. Les portes restent ouvertes pour cela. On veut
y aller étape par étape.
Le Président (M. Thérien): Oui, Mme la
députée.
Mme Blackburn: Une petite question, ensuite un commentaire et on
pourrait commencer à examiner le projet de loi. Le règlement,
c'est un règlement adopté par décret ministériel,
donc, que vous pourriez modifier à volonté. Une autre
brève question: Le programme est-il contingenté à
l'hôpital Rosemont?
Voici un commentaire d'ordre plus général. Je dois dire
que j'estime, comme le ministre, que malgré tout on aurait dû
procéder à certaines modifications à ce règlement,
une fois qu'on a certifié la compétence des acupuncteurs,
particulièrement, l'obligation d'aller chez un médecin.
Mais je reconnais que c'est une des meilleures façons que celle
d'amener les acupuncteurs vers une formation qui réponde davantage aux
besoins des Québécois et qui s'inscrive davantage vers ce nouveau
mouvement qui se dessine un peu partout en Europe et en Amérique qui est
celui des médecines alternatives, des médecines douces, des
médecines orientales. Alors, je pense que c'était une des
façons de leur rendre un service réel, de même que de
rendre un service aussi à la population.
Je ne voudrais pas par mes propos laisser l'impression que ce qui a
été fait ou que ce qui est fait actuellement est tout à
fait déplorable d'un bout à l'autre. Je veux juste rappeler au
ministre que le projet de loi ne change rien à la situation
réelle du règlement. Tout ce qu'il fait, c'est de tenir compte du
temps qui s'est écoulé entre l'adoption de la loi 77 et le
règlement qui a été adopté en 1985. C'est bien
évident qu'il fallait faire des réajustements qui tiennent compte
du délai entre ces deux moments, l'adoption de la loi et l'adoption du
règlement. Mais ce n'est pas parce que te précédent
qouvernement voulait faire des classes privilégiées chez les
acupuncteurs, il faut bien s'entendre et le ministre aussi le sait.
M. Ryan: Voulez-vous répéter les deux questions?
J'avais entendu plutôt des commentaires.
Mme Blackburn: Les questions étaient le contingentement au
collège et la capacité pour le gouvernement de modifier
rapidement le règlement.
M. Ryan: Oui, sur la première question, je pense que ce
n'était pas contingenté cet automne. D'après ce qu'on a
entendu dire» il y avait une vingtaine de demandes d'inscription au
moment où nous discutions de ces choses à la fin du mois
d'août et j'ai demandé à un collaborateur d'aller
recueillir les derniers renseignements qu'il nous apportera probablement d'ici
à la fin de la séance.
Mme Blackburn: Est-ce que les programmes expérimentaux
sont souvent contingentés?
M. Ryan: Dans ce cas-ci, je ne pense pas. Dans l'autre cas, le
gouvernement peut toujours modifier un règlement qu'il a adopté
lui-même; si la preuve est faite que des modifications sont
nécessaires et justifiées, le qouvernement peut le faire. Dans ce
cas-ci, je pense qu'on va laisser les conversations se poursuivre entre les
différents éléments concernés, sous les auspices de
ce comité de liaison dont j'ai parlé. Si an nous fait des
représentations à cette fin, nous les
examinerons volontiers, mais il n'y a pas d'idée
préconçue en vertu de laquelle nous procéderions à
tel ou tel changement précis. Pour l'instant, nous y allons avec un
esprit ouvert et sans savoir trop ce que le comité nous proposera au
terme de son cheminement.
Mme Blackburn: Pour les examens, est-ce qu'il serait envisageable
que le projet de loi qui va entrer en vigueur incessamment, par l'amendement
que vous nous avez soumis, fixe la date limite au 31 décembre 1987? Une
fois que les acupuncteurs se seront soumis à cet examen, ne serait-il
pas opportun de procéder à la modification du règlement
qui fait obligation d'avoir un certificat médical?
Vous nous avez parlé également d'un comité qui
serait présidé par M. Dussault qui, on se le rappelle, a
été le premier président de l'Office des professions du
Québec. Est-ce que je peux demander au ministre pourquoi il n'a pas
choisi précisément l'actuel président de l'Office des
professions pour présider ce comité? Est-il possible de savoir
combien nous coûtent les services professionnels de M. Dussault?
Le Président (M. Thérien): Ce sont deux autres
questions.
Mme Blackburn: Voilà!
M. Ryan: Tout d'abord, sur la question précédente,
j'ai eu les derniers renseignements. Il y a 25 inscriptions au cours de
techniques d'acupuncture et ce cours est contingenté.
Mme Blackburn: II est contingenté. M. Ryan:
Oui.
Mme Blackburn: Les programmes expérimentaux le sont...
M. Ryan: C'est évident. Sur la question de modifications
au règlement, comme je l'ai dit, nous déciderons en temps utile.
Pour le moment, il n'y a pas d'intention de modifier le règlement, tant
que nous n'aurons pas été saisis de représentations
à cette fin par les parties concernées ou par les
représentants autorisés du grand public.
En ce qui touche M. Dussault, nous l'avons invité à
assumer cette responsabilité. Il le fait à titre de juriste
employé par les services juridiques du ministère de la Justice.
Sa rémunération est établie sur la base du tarif
d'honoraires qui est versé aux professeurs d'université en
semblables cas. Il y a des règlements spéciaux pour cela. C'est
la façon dont nous recourons à ses services. Ce sera une
contribution d'une durée assez limitée, finalement. Elle va
consister à présider un certain nombre de séances de
travail et à préparer ces réunions par des rencontres avec
nos collaborateurs, qui ne seront pas des rencontres très
poussées, je pense bien.
Mme Blackburn: Le ministre pourrait-il nous dire pourquoi la
responsabilité n'en aurait pas été confiée à
l'actuel président de l'Office des professions, qui possède
aussi, en ces matières, une longue expérience? Pourrait-il nous
envoyer le détail des frais occasionnés par le recours aux
services de M. Dussault?
M. Ryan: Non, pas pour l'instant. Quand il aura fait le travail,
je pense que la députée aura toutes les possibilités de
s'enquérir à ce sujet auprès des instances
appropriées. Pour le moment, on ne le sait pas. Cela va dépendre
du nombre de réunions. S'ils s'entendent en l'espace de deux ou trois
réunions, il n'y aura pas de gros problème.
Mme Blackburn: À la question, pourquoi pas M.
Desgagné?
M. Ryan: Parce que nous avons trouvé que M. Dussault est
un très bon homme. M. Dussault est un excellent juriste. Le
critère principal, c'est que M, Dussault avait la confiance des deux
parties. Il était accepté de3 acupuncteurs et il était
également accepté des médecins.
Mme Blackburn: Et des libéraux.
M. Ryan: Pardon?
Mme Blackburn: Et du parti au pouvoir.
Le Président (M. Thérien): C'est un commentaire, ce
n'est pas une question.
M. Ryan: Nous en sommes fiers, très fiers.
Mme Blackburn: ...la réponse du ministre, M. le
Président.
M. Ryan: Franchement, je trouve que c'est verser dans la
mesquinerie que faire allusion aux affiliations politiques de M. Dussault. Cela
n'a absolument rien à voir avec la décision que nous avons prise.
Nous l'avons choisi parce que c'est la personne ta plus compétente en
matière de droit des professions au Québec.
Mme Blackburn: Et M. Desgaqné.
M. Ryan: II arrive très souvent que les personnes les plus
compétentes soient d'un certain côté, d'ailleurs, surtout
en matière juridique.
Le Président (M. Thérien): Donc, on est...
Mme Blackburn: Est-ce à dire que le ministre
conclut...
M. Ryan: Ce n'est pas pour rien. Il y a peut-être un lien
de "connaturalité" entre la façon libérale de penser et
l'excellence juridique.
Mme Blackbums Et le néoconservatisme?
M. Ryan: Je vous laisse l"'authorship" rie cela.
Étude détaillée
Le Président (M. Thérien): Dans ce
mini-débat, j'appelle maintenant l'article 1. M. le ministre, je pense
qu'un amendement a été déposé et que tout le monde
l'a.
Amendement proposant de fixer une
date limite pour la tenue d'examens
en vue d'exercer l'acupuncture
M. Ryan: Oui, je pense avoir fait remettre à chaque membre
de la commission...
Le Président (M. Thérien): Est-ce que tous les
membres ont l'amendement?
Mme Blackburn: Oui.
M. Ryan: ...le projet d'amendement que nous voulons soumettre
à l'attention des membres de la commission. Finalement, au premier
alinéa, la nouvelle formule que nous proposons reprend
littéralement ce qui est dans la version originelle du projet de loi et
nous ajoutons un deuxième alinéa qui veut assurer que les
personnes qu'on veut intégrer dans ce registre tenu par la corporation
médicale ne seront pas privées de ce droit que la loi leur
accorde. Si on ne mettait pas une date limite, la corporation des
médecins, en principe, pourrait décider de ne pas tenir d'examen
en 1987 et de ne pas en tenir en 1988. Elle ne serait liée par aucune
échéance. (12 h 15)
II pourrait arriver que des personnes à qui nous aurions voulu
reconnaître un droit en soient privées, à toutes fins
utiles. Alors, la clause définie dans le deuxième alinéa
que nous voulons ajouter au texte originel vise précisément
à donner aux 400 personnes visées pour qui nous introduisons
cette clause grand-père 2 l'assurance qu'il sera fait droit à
leurs légitimes attentes avant la fin de 1987.
Le Président (M. Thérien): Mme la
députée.
Mme Blackburn: Oui, M. le Président. Qu'est-ce qui
justifie le délai de six mois: "en fait la demande écrite
à l'ordre avant le 1er juin 1987"?
M. Ryan: Parce que nous voulons précisément donner
le temps nécessaire au groupe de travail que présidera Me
Dussault pour examiner toute la situation et faire en sorte que la transition
soit réalisée de la manière la plus harmonieuse possible
pour tout le monde. C'est sûr qu'un des points que le groupe de travail
présidé par M. Dussault sera appelé à examiner,
c'est précisément ce règlement qui semblait
inquiéter la députée de Chicoutimi tantôt. II va
faire un examen, il va voir comment cela va s'appliquer. Ce n'est pas tout de
dire: II va vous falloir un certificat médical, il va falloir ceci, il
faudra cela. Il faut voir comment toutes ces choses vont atterrir. Ces
personnes seront ensemble autour d'une table, elles pourront examiner cela.
Quand ces personnes se présenteront à l'examen après le
1er juin 1987, elles sauront exactement dans quoi elles s'embarquent. On ne les
embarquera pas dans une aventure. Elles auront eu la chance de discuter des
modalités de leur insertion dans l'ordre nouveau pendant que
c'était le temps. Je pense que ce délai vise à
protéger ces personnes contre toute application précipitée
ou arbitraire d'un règlement dont certaines dispositions, comme l'a
souligné justement la députée de Chicoutimi,
soulèvent des difficultés.
Mme Blackburn: M. le Président, je voudrais comprendre. Le
ministre pourra peut-être me rappeler - j'ai dû être
distraite - le mandat de ce comité présidé par M.
Dussault. Est-ce à dire que la décision de se présenter
aux examens de l'ordre pourrait être conditionnelle au rapport de ce
comité? J'ai peine à voir les liens qu'il y a l'un avec l'autre.
Est-ce à dire que les acupuncteurs qui ont accepté de se
présenter aux examens de la Corporation professionnelle des
médecins avec le règlement actuel ont été
pénalisés? Est-ce qu'on pourrait déposer le rapport qui a
été confié à ce groupe de travail?
M. Ryan: Le mandat était résumé dans une
déclaration que j'ai faite le 8 septembre dernier. Dans la
déclaration que j'ai faite pour annoncer l'entente intervenue entre les
éléments concernés et le qouvernement, je disais ceci: "De
plus, un comité conjoint sera formé pour étudier le
contenu de l'application du règlement adopté en 1985 -c'est une
erreur de transcription qui a eu lieu ici, c'est évidemment "le contenu
et l'application" - Ce comité formé sous mon
autorité réunira des représentants de la
Corporation professionnelle des médecins et des représentants des
acupuncteurs, aussi bien ceux qui seront inscrits au registre de la corporation
des médecins que les autres." On traite tout le mande sur un pied
d'égalité. C'est essentiellement cela, mais c'est très
large en même temps, étudier le contenu et l'application du
règlement de 1985.
Mme Blackburn: Si je comprends bien, est-ce que ce comité
pourrait amener des modifications au règlement? Si vous faites un
rapport entre la date qui est fixée là et le délai qui
permet à ce comité de faire un rapport, cela veut dire que cela
pourrait avoir des incidences sur des modifications éventuelles au
règlement. Sinon, cela a peu à voir avec la date qui est
là. Cela pourrait aussi bien être rendu public à
l'automne.
M. Ryan: Rien n'est exclu, sauf que le comité, qui sera
formé de personnes intelligentes et responsables, connaîtra les
délais qui sont inscrits dans la loi. Il y a deux délais qui sont
inscrits dans la loi. Nous y tenons parce que c'est la charpente même du
projet. Il y a le 1er juin 1987 et il y a le 31 décembre 1987. Si le
comité veut être utile, il faudra qu'il fasse son rapport avant
cette date.
Mme Blackburn: À tout le moins, avant le 31
décembre 1987.
M. Ryan: Même...
Mme Blackburn: À moins que le ministre ne veuille modifier
le règlement.
M. Ryan: II pourra peut-être faire deux rapports, je ne le
sais pas. Peut-être que s'il est saisi de problèmes très
sérieux... Supposez que les acupuncteurs - faisons une hypothèse
- disent: Nous autres, le deuxième certificat médical, on ne veut
pas entendre parler de cela. Il y a en deux, n'est-ce pas?
Mme Blackburn: Oui.
M. Ryan: II y en a un sur première visite d'un patient
chez l'acupuncteur, il y en a un autre après. Je pense que c'est six
semaines ou dix visites.
Mme Blackburn: Oui, six semaines ou dix visites.
M. Ryan: Alors, quant au premier, cela va prendre une grosse
démonstration pour que je le laisse tomber. Il faut bien comprendre que
ce n'est pas l'idée d'avoir un billet du médecin pour autoriser
l'acupuncteur à voir la personne, c'est que la personne va aller voir le
médecin. Elle va avoir un état général de sa
santé. Le médecin va lui dire: Tu es malade des poumons, tu as
tel membre qui n'est pas bien, etc., ou tu es atteinte d'un cancer. La personne
va aller chez l'acupuncteur ensuite. Supposez que le traitement ne marche pas,
que la personne veuille poursuivre. II y a bien des personnes qui vont
là de bonne foi mais qui ne savent pas où elles vont non plus.
Après cela, elles disent: Mot, j'ai été guérie, ou
il m'a empirée ou que de choses on n'entend point là-dessus. Il y
aura un certificat de médecin et on pourra dire à cette personne:
Vous étiez au courant de votre vraie situation, vous avez eu un bilan de
votre santé, prenez vos décisions. Ce n'est pas du tout une
permission. Même si le médecin dit à la personne qu'elle
n'est pas malade du tout, elle peut aller voir l'acupuncteur. S'il lui dit
qu'elle est bien malade, elle peut y aller aussi. On ne lui demande pas de
donner la permission, c'est cela qu'il faut comprendre. C'est très
important.
Mme Vermette: M. le ministre, je trouve que c'est assez
aléatoire. Tout compte fait, vous recommandez une évaluation
globale de l'état de santé de la personne par un médecin
pour pallier certains manques que pourraient faire les acupuncteurs en passant
à côté d'une maladie en évolution ou non
diagnostiquée. Sauf qu'il arrive dans certains cas que des
médecins aient de la difficulté eux-mêmes à
établir un diagnostic. Ils peuvent facilement passer à
côté d'un diagnostic. On ne leur tient pas autant rigueur que pour
tout ce genre de médecine qu'on appelle nouvelle médecine, et
surtout ce genre de médecine énerqétique. C'est avant tout
une médecine énergétique qui vise à
équilibrer l'énergie vitale et c'est une nouvelle forme, une
nouvelle approche qui ne peut pas nuire à l'état de santé
général des individus. C'est assez difficile, finalement, de dire
que les médecins, eux, ne peuvent pas passer à côté
ou faire des erreurs sur l'état de santé général
d'une personne. Moi-même, je peux aller voir un médecin
généraliste qui peut très bien passer à
côté de ma situation, de mon bilan de santé physique
actuellement.
M. Ryan: M. le Président, avant d'en venir aux conclusions
que nous avons annoncées en septembre, nous avons écouté
tous ces arguments-là, le pour et le contre. Nous avons lu une
documentation abondante sur le sujet et il fallait bien en venir à des
conclusions. On ne peut pas discourir éternellement non plus.
Après avoir entendu tous les points de vue, on en est venu aux
conclusions que j'ai résumées tantôt. J'ai demandé
aux acupuncteurs de les accepter pour le plus grand intérêt de
leur propre avenir et de la population québécoise. Dans
l'ensemble, ils les ont acceptées. D'autre part, nous avons fait
admettre aux médecins qu'ils ne pouvaient pas exercer une tutelle sur
cette activité. C'est une surveillance de caractère très
général qui est appelé d'ailleurs à s'assouplir
avec le temps. S'ils pensent pouvoir compter sur le gouvernement pour leur
donner un contrôle absolu et enfantin, ils se trompent. Mais pour
l'instant, c'est la meilleure conclusion qu'on pouvait tirer après un
examen consciencieux du dossier. Il n'y a jamais de conclusion
définitive là-dedans. Pour les médecins, vous dites: Des
fois, ils font des erreurs. C'est entendu. Les avocats aussi font des erreurs.
Les comptables agréés aussi font des erreurs; ils se trompent
parfois dans des bilans. Mais c'est que la loi des probabilités...
Mme Vermette: Les gouvernements aussi.
M. Ryan: Évidemment!
Mme Vermette: Avec vos colonnes aussi.
M. Ryan: C'est la loi des probabilités qu'on retient ici.
On se dit: Si une personne a reçu une formation poussée, il y a
moins de chances qu'elle se trompe et qu'elle cause du tort. Elle sait qu'elle
est appelée à servir. C'est la base de tout notre régime
d'organisation professionnelle. Cela n'empêche pas que les gens demeurent
faillibles et qu'il y ait des paresseux, qu'il y ait des gens qui exploitent
leurs voisins, leurs clients, cela est malheureusement une
réalité.
Mme Vermette: En fait, la seule chose que je voudrais aussi
ajouter c'est que l'inconvénient revient toujours, finalement, à
la personne qui, justement, devrait avoir la liberté de choisir quelle
sorte de pratique, quelle sorte de médecine elle veut se faire
appliquer. C'est elle qui aura à faire les deux démarches. Dans
un premier temps, aller vers le médecin de médecine
générale, ce qui demande certains délais
généralement, ce n'est pas toujours facile, ou il faut aller dans
les urgences. Donc, c'est un double problème. Cela accumule des frais au
niveau de la RAMQ, on augmente encore les consultations et cela arrondit bien
les fins de mois de certains médecins aussi. Et quand nous consultons
les acupuncteurs, règle générale on débourse de
notre poche, on n'est pas encore reconnu et, finalement, ce sont toutes des
sommes additionnelles qu'on économise aussi à l'État, au
gouvernement et à tout l'ensemble des contribuables.
M. Ryan: La députée de Marie-Victorin serait la
première à nous reprocher d'avoir été
négligents si nous n'assurions pas une surveillance raisonnable. Nous,
finalement, il faut penser à la protection de la santé des
citoyens. Le principe du libre choix, celui qui prétend s'en
prévaloir sera le premier à blâmer le gouvernement de
n'avoir considéré que celui-là, s'il arrive un cas
où il y a des conséquences sérieuses. C'est une
harmonisation des deux dimensions, on ne peut pas prendre seulement le principe
du libre choix dans cela, il y a des conditions de base que le gouvernement
doit assurer comme protecteur de la santé du public.
Le Président (M. Thérien): Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: M. le Président, je rappellerais juste au
ministre qu'à l'inverse du sens commun, ceux qui se qualifient sont
obligés de respecter le règlement et ceux qui ne sont pas
qualifiés n'y sont pas tenus. Je voudrais juste rappeler un texte qui a
été une note d'allocution du président et
secrétaire général, Dr Augustin Roy - je pensais qu'il
n'était que directeur général - à l'occasion de la
remise des premiers certificats d'inscription au registre des acupuncteurs du
Québec, Montréal, 12 novembre 1986, En paqe 4, je ne l'invente
pas, je le lis: "Je le répète, comme le certificat médical
est obligatoire, les médecins ne devraient pas refuser de
procéder à un examen médical, ni d'émettre un
certificat à une personne qui désire consulter un acupuncteur,
quelle que soit l'opinion de ce médecin sur l'acupuncture." Il poursuit:
"Nous allons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour informer les
médecins des possibilités offertes par l'acupuncture. On
confie...
M. Ryan: Pourriez-vous me dire à quelle page, s'il vous
plaît?
Mme Blackburn: En page 4, premier paragraphe du haut. "On confie,
donc, aux médecins le droit de donner ou de refuser un tel certificat,
parce que cela ne peut pas être juste des "rubber stamps", vous
l'admettez avec moi, ce n'est pas pour cela que cela a été
prévu. Le médecin peut exercer des pressions de manière
à décourager son patient, s'il ne croit pas à
l'acupuncture". C'est cela qui est dit dans ce paragraphe.
M. Ryan: Bien oui. La personne va aller en voir un autre. Ce
n'est pas la fin du monde cela. II n'y a pas de problème là pour
moi.
Mme Blackburn: Est-ce que le ministre s'inquiète de ce que
cela coûte et de ce cela coûte à la personne
également?
M. Ryan: Non, si la personne va voir le médecin et qu'il
refuse de l'examiner, elle
ne réclamera pas un examen.
Mme Blackburn: La "castonguette" passe généralement
avant que vous passiez dans le bureau du médecin.
M. Ryan: On vérifiera ce point, mais... Mme Blackburn:
Au-delà de cela...
M. Ryan: C'est bien beau de noircir des gens exprès pour
s'écouter parler, mais je n'admets pas ce raisonnement.
Mme Blackburn: C'est le temps de la personne
également.
M. Ryan: Le droit du médecin de refuser de procéder
à un examen médical, s'il a des raisons de le faire, c'est son
droit. Il peut connaître sa patiente, il peut savoir que c'est le
quatrième examen dans la même journée et que ce n'est pa3
bon, même pour la Régie de l'assurance-maladie, qu'on aille jusque
là. Il peut avoir toutes sortes de raisons. Vous ne voulez pas qu'on
aille mettre dans notre règlement que cela va être obligatoire?
Vous n'allez pas jusqu'à ce point?
Mme Blackburn: Qu'il émette un certificat...
M. Ryan: Qu'il va être obligé d'émettre un
certificat sur demande? Est-ce que c'est cela votre proposition?
Mme Blackburn: Mais, est-ce que... Comment voulez-vous... Il
faudrait que cela soit clair également avec les acupuncteurs. Vous
êtes en train de nous dire qu'ici le médecin pourrait refuser
d'émettre un certificat. Cela n'a jamais été entendu comme
cela, ni par le précédent gouvernement, ni non plus par les
acupuncteurs. (12 h 30)
M. Ryan: Est-ce que vous pouvez obliger le médecin
à procéder à un examen, vous? On a la libre pratique des
professions ici. À moins d'un cas d'urgence, il peut arriver que le
médecin ait des raisons sérieuses de refuser un client. Il peut
dire: Madame, je vous ai vue 50 fois depuis un an et je ne peux pas vous
examiner; allez en voir un autre. C'est son droit. C'est tout ce qui est dit
ici. On dit qu'on va les inciter, par tous les moyens raisonnables, à ne
pas refuser un client, mais on ne peut pas mettre dans la loi: Tu ne pourras
pas refuser un client, parce qu'à ce moment-là on change toute
l'économie de la pratique de nos professions. Le médecin a
l'obligation de soigner un patient qui est malade de manière grave et
urgente, mais il y a une liberté de la pratique médicale qui est
importante aussi.
Mme Blackburn: Est-ce que, selon le libellé, le
médecin, une fois l'examen médical fait, peut refuser
d'émettre le certificat?
M. Ryan: Je ne sais pas, je n'ai pas regardé le
règlement sur ce point. Cela va tout être étudié,
madame, dans les conversations qui vont avoir lieu entre les acupuncteurs et la
profession médicale et on n'est pas ici pour régler ce
problème-là.
Mme Blackburn: C'est quand même important. Je ne sais pas
si vous le réalisez.
M. Ryan: C'est pour cela qu'on a formé un comité.
Le gouvernement précédent n'y avait pas pensé, si vous
voulez que l'on parle de ces choses-là. Il pensait que cela pouvait tout
s'appliquer sans même avoir étudié la
réalité. On a été pris avec l'héritage et on
a décidé que cela se réglerait dans le dialogue et la
collaboration, et non pas par l'imposition ministérielle.
Mme Blackburn: M. le Président, le gouvernement
précédent a proposé un moratoire.
M. Ryan: Je m'excuse, M. le Président, je n'ai pas
terminé. Le moratoire a été rejeté. Les
acupuncteurs se sont rendu compte que c'était une mesure dilatoire qui
ne conduisait nulle part. Nous voulions qu'un pas soit fait, il a
été fait. C'est pour cela que nous avons décidé
qu'il y aurait ce comité conjoint qui serait chargé
d'étudier tous les problèmes concernant non pas seulement
l'application, mais même le contenu du règlement. On ne peut pas
demander mieux.
Le Président (M. Thérien): M. le
député de Richelieu, est-ce que c'est une question sur le projet
de loi, sur l'article 1?
M. Khelfa: Sur le projet de loi, c'est au niveau des notes
explicatives. Il y a deux dates au sujet desquelles j'aimerais savoir ceci:
Pourquoi ce sont ces dates, le 22 décembre 1977 et le 8 septembre 1986?
Cela se réfère à quoi?
M. Ryan: Le 22 septembre 1977 se réfère à un
amendement qui fut apporté à la Loi médicale, en 1977,
pour établir l'autorité de la profession médicale sur
l'acupuncture. Cette modification exigeait la qualification des acupuncteurs
à la satisfaction de la corporation médicale. On avait dit que
cela s'appliquerait à tous ceux qui pratiquaient la profession le 22
septembre 1977; d'accord?
M. Khelfa: Avant cela, pratiquaient-ils?
M. Ryan: Oui et, là, le gouvernement
précédent avait décidé de mettre de l'ordre
là-dedans. Alors, il a dits Ceux qui étaient dans la profession
avant ce changement à la loi, vous allez pouvoir vous qualifier par des
procédures spéciales. Comme la qualification devait se faire sous
l'empire d'un règlement qui n'a pas été adopté
avant 1985, même si la loi a été modifiée en 1977,
tout a continué de pourrir pendant presque toute la durée de
l'ancien gouvernement. Ils se sont réveillés vers la fin et ils
ont adopté un règlement en juin 1985. Comme cela a
été adopté au-dessus de la tête des gens - c'est
cela qui est la réalité - les acupuncteurs ont dit: On ne veut
pas de ce règlement-là.
M. Khelfa: Le règlement disait-il qu'ils devaient s'y
conformer?
M. Ryan: Oui, subir un examen, ouvrir un cours collégial,
etc. Nous nous sommes réveillés au mois d'août, l'examen
était fixé au 8 septembre. Les acupuncteurs sont venus me voir et
ont dit: Nous autres, on ne va pas à cet examen-là. On ne veut
pas de ce règlement-là. J'ai été obligé de
les écouter et de discuter avec eux. C'est là que nous avons
trouvé des mesures qui sont présentées dans ce projet de
loi.
M. Khelfa: D'accord, merci,
M. Ryan: Avec l'accord des deux côtés, j'ai
amené les médecins et les acupuncteurs à la même
table.
Une voix: Cela va éclaircir des choses.
M. Ryan: D'accord? Je suis content que vous ayez posé ces
questions parce que cela permet de clarifier en termes simples ce qui s'est
passé.
M. Khelfa: Merci.
Le Président (M. Thérien): Mme la
députée de Chicoutimi, toujours sur l'article 1.
Mme Blackburn: Oui, M. le Président. Je voudrais... Si les
acupuncteurs ont refusé le moratoire proposé par l'ex-ministre de
la Santé et des Affaires sociales, M. Chevrette, ce n'est pas ce qui
était contenu dans la pétition qui a été
déposée par la députée de Deux-Montagnes, et qui,
effectivement, faisait référence à ce moratoire. On
affirme ici haut et fort que le moratoire a été refusé par
les acupuncteurs alors qu'on sait que cela reste inscrit dans les
débats. Je trouvais utile de rappeler que ce n'est pas tout à
fait aussi clair que cela, ni aussi juste.
M. Ryan: Je crois que la députée de
Chicoutimi a mal compris mes propos. J'ai dit: Ils ont renoncé au
moratoire, je n'ai pas dit qu'ils avaient refusé. Ils l'ont
réclamé pendant longtemps et ils y ont renoncé sur mes
instances. D'accord?
Le Président (M. Thérien): Si on se fie à
l'alternance, Mme la députée de Groulx, toujours sur l'article
1.
Mme Bleau: M. le ministre, je voudrais savoir - toujours en vue
de l'examen chez le médecin - quand une patiente ou un patient qui a
l'obligation d'avoir un rapport médical complet sur la situation de sa
santé va chez le médecin, s'il est obligé de
déclarer qu'il vient subir cet examen en prévision d'une visite
chez l'acupuncteur. Sinon, à ce moment, il n'y a pas de médecin
qui va pouvoir jouer sur les mots à propos de l'examen. Est-ce que c'est
obligatoire pour la patiente qui va voir un médecin de médecine
générale de dire: Je viens vous voir parce que je veux avoir une
évaluation de ma santé en vue d'une visite chez l'acupuncteur?
Est-ce que cela va être obligatoire?
M. Ryan: Je ne pense pas.
Mme Bleau: Non. À ce moment, il n'y a pas de discussion
possible. Elle peut aller voir le médecin de son choix, demander un
examen médical avec un rapport complet, partir avec son rapport et aller
chez l'acupuncteur sans demander au médecin une permission
spéciale.
M. Ryan: Si vous me permettez, M. le Président, je vais
donner les éléments du règlement qui traite de cette
question du certificat médical. Il est indiqué à l'article
21: L'acupuncteur ne peut exercer l'acupuncture que sur un client porteur du
certificat médical visé à l'article 22. À l'article
22 on dit: Le certificat médical qui permet à un acupuncteur
d'exercer doit, premièrement, indiquer qu'un examen médical du
client a été fait; deuxièmement, relater, le cas
échéant, les symptômes et les signes pertinents ou le
diagnostic de la maladie ou de l'affection dont le client souffre;
troisièmement, indiquer si actuellement des médicaments
corticoïdes ou anticoagulants ont été prescrits au client.
C'est tout. Il n'y a pas du tout de lien entre les deux.
Mme Bleau: Elle peut aller voir un médecin, passer un
examen et après cela aller où elle veut. Cela ne regarde plus le
médecin.
M. Ryan: Absolument.
Le Président (M. Thérien): Mme la
députée de Marie-Victorin.
M. Ryan: C'est pour cela que je vous disais tantôt que ce
n'est pas un billet de confession ou un certificat de permission qu'on lui
demande. C'est un certificat médical.
Mme Vemnette: Ce qui m'amène à dire que j'ai
l'impression que plus on discute de cette loi, plus cela me fait penser presque
à de la supercherie. D'une part, on dit aux gens: Pour avoir votre
billet médical pour aller voir un acupuncteur, vous n'êtes pas
obligés de dire que c'est pour aller voir un acupuncteur. Vous avez
juste besoin d'une évaluation globale de votre état de
santé. Là on dit: Non, il ne faut pas le dire parce que
franchement... D'autre part, on dit: On a la certitude là-dessus pour
autant que ce soit marqué que la condition de santé est bien
celle de la personne et qu'elle ne prend pas d'anticoagulants ou de
stéroides. Il n'y a pas de problème. Je pense que cela devient un
peu une grande farce, évidemment.
Le Président (M. Thérien): M. le ministre â
précisé qu'il y a un règlement qui va être
étudié. Là, on discute du règlement et de certaines
dispositions du règlement. Dans la loi, il ne s'agit que de dates. C'est
juste cela. C'est intéressant, mais ce n'est pas l'objet visé par
la loi qui est débattue ici. C'est le règlement qui va amener ce
genre de débat à la suite des délibérations des
gens concernés, qualifiés. Je ne veux pas vous arrêter non
plus, mais c'est...
Mme Vermette: Je veux simplement vous dire que même si les
gens vont avoir à passer les examens, il faut qu'ils sachent à
quoi ils vont s'attendre aussi. On dit: Cela fait partie de l'ensemble de la
problématique. C'est bien sûr que les règlements vont
découler de la loi, effectivement. Mais ils auront à subir aussi
les règlements. Compte tenu qu'ils s'en vont passer des examens, ils
auront à subir les règlements. J'ai l'impression - en tout cas,
de la façon dont on vient de poser les questions - qu'ils n'ont pas
besoin de le dire. C'est de la supercherie. On ne fait pas des lois pour
arriver à de la supercherie. On dit: Le médecin, il n'est pas...
Je retombe dans cela, mais en tout cas.
Le Président (M. Thérien): Dans ce cas, on
soulève une discussion sur une question... M. le ministre.
M. Ryan: Question de règlement, M. le Président. Je
pense qu'il faut employer les mots en regardant leur sens. Tantôt, en
réponse à des questions de la députée de Groulx,
j'ai dit: La personne n'est pas obligée de dire qu'elle va chercher un
certificat médical pour aller chez un acupuncteur. La
députée de Marie-Victorin me fait dire: II ne faut pas qu'elle le
dise quand elle va voir un médecin. Je n'ai pas dit cela. Je n'ai jamais
dit cela. Je pense bien que si la personne a une relation la moindrement
normale avec son médecin, de confiance et de respect mutuel, elle va lui
dire: Je m'en viens me faire examiner, je vais être franche avec vous, je
veux aller voir un acupuncteur mais j'ai besoin d'un certificat médical
avant. Je veux que vous examiniez ma santé, cela peut me protéger
plutôt. Il n'y a pas autre chose que cela là-dedans. Encore une
fois, c'est dans le règlement qui va être discuté entre les
parties au cours des prochains mois.
Le Président (M. Thérien): Je vous laisse terminer
sur la partie du règlement dont vous parliez.
Mme Vermette: Je voulais savoir... C'est parce qu'on est à
l'article 1, à l'élément premier. Je voulais aller
plutôt vers l'élément 2, donc, je vais...
Les propos de la députée de Groulx me font très
peur, M. le ministre.
Le Président (M. Thérien): C'est bien dommage que
vous ayez peur, mais on va finir l'article 1.
Mme Vermette: C'est pour l'intégrité de la
profession aussi, ce qui, à mon avis, est important. Il y a une
éthique dans une profession et je pense que c'est important qu'elle soit
respectée.
Le Président (M. Thérien): Mme la
députée de Groulx, je m'excuse, y a-t-il...
Mme Blackburn: Par rapport à ce que le ministre a
répondu, il faut absolument que cela soit clair là-dessus. Si je
connais bien la Loi sur la Régie de l'assurance-maladie, les examens qui
exigent un certificat sont généralement ceux que vous passez,
soit pour avoir un emploi, soit pour vous inscrire dans certains programmes
dans les cégeps pour le pilotage, par exemple, et ces examens sont
à vos frais. Donc, comment demander un bilan de santé
écrit, un certificat, sans indiquer ce que vous voulez en faire? Si le
médecin peut penser que vous l'utilisez, parce que c'est exigé
par votre employeur ou par votre école, il doit réclamer des
honoraires. Comme l'a dit le ministre, il est difficile que le patient ou la
patiente ne soit pas obligé de dire pourquoi il veut avoir un bilan
écrit. Cela laisse songeur. En ce qui me concerne, j'ai terminé
là-dessus et je voudrais revenir plus particulièrement sur le
paragraphe a du premier article: a) "en fait..."
M. Ryan: M. le Président, si la députée de
Chicoutimi veut passer à un autre point,
je pense que la députée de Groulx aurait une
précision à apporter sur l'affaire du certificat
médical.
Mme Blackburn: Oui.
Mme Bleau: J'ai passé ce genre d'examen pour quelque chose
d'autre qu'un acupuncteur. Ce n'est pas l'examen qu'on doit payer, c'est le
rapport de l'examen qu'on doit payer, c'est un montant pour le rapport. Pour
l'examen lui-même, si on ne demande pas un rapport écrit, cela ne
coûte rien. C'est le rapport écrit qui est à nos frais, pas
l'examen.
Mme Blackburn: Donc, cela confirme ce que je dis: Un certificat,
c'est l'équivalent d'un rapport, d'un bilan de santé et, si vous
ne devez pas être tenu de le payer, il faut que vous disiez pourquoi vous
le voulez. Cela m'apparaît assez clair.
Le Président (M. Thérien): Est-ce qu'on revient
à l'article 1?
Mme Blackburn: Oui, M. le Président.
M. Ryan: Cela va être soumis au comité, c'est un
point qui va être l'objet de précisions et qui, malheureusement,
n'avait pas été précisé dans le règlement du
gouvernement de votre parti.
Mme Blackburn: II y avait un moratoire là-dessus,
monsieur. Bien.
Le Président (M. Thérien): Est-ce qu'on tient pour
acquis que les paragraphes a et b, semble-t-il...
Mme Blackburn: Non, M. le Président... Le
Président (M. Thérien): Oui.
Mme Blackburn: "En fait la demande écrite à l'ordre
avant le 1er juin 1987." Le ministre m'a donné comme explication tout
à l'heure - ce qui nous a entraînés dans une digression un
peu longue - que si on avait indiqué le 1er juin 1987, c'était
pour donner un délai raisonnable au comité chargé
d'examiner le règlement et son application. Il nous dit que cela ne
devrait pas nécessiter beaucoup de séances de travail. Il me
semble que cela ne peut pas expliquer que le délai soit de six mois
entre l'approbation de la loi, l'adoption de la loi et la demande à
être adressée à l'ordre. Ma question était la
suivante: Est-ce qu'entre le 1er juin et le 31 décembre - avec
l'amendement que je vois -la Corporation professionnelle des médecins du
Québec a le temps nécessaire pour examiner tous les dossiers,
faire les vérifications sur les attestations d'études des
acupuncteurs, autrement dit, certifier la véracité de tout ce qui
est contenu dans le dossier de l'acupuncteur, faire passer les examens,
j'imagine, et aussi adresser les réponses? (12 h 45)
Le Président (M. Thérien): M. le ministre.
M. Ryan: Vous savez, la députée de Chicoutimi me
permet d'introduire un point qui m'a été soumis par le
président de la corporation des médecins. Le Dr Roy m'a
adressé un message ces jours derniers demandant que la date du 1er juin
prévue comme délai pour la présentation d'une demande
écrite d'inscription au registre des acupuncteurs à la
corporation des médecins soit devancée au 1er avril. Le Dr Roy,
qui est président-directeur général de la corporation des
médecins, a fait valoir l'argument suivant. Il dit: Ce n'est pas tout de
demander à tout le monde, de solliciter leur inscription au registre de
la corporation des médecins, il faut également prévoir les
examens, il faut aménager l'examen des dossiers et la
régularisation d'une foule de choses. Il trouve que, si on laisse le
délai du 1er juin, cela va être assez serré parce qu'on
entre dans la période de l'été assez tôt et on
risque d'avoir un embouteillage à l'automne. Plus cela traîne,
plus cela risque de se gâter.
Maintenant, j'ai fait consulter les acupuncteurs à ce sujet. J'ai
parlé, en particulier, ce matin, à ma collègue, la
députée de Deux-Montagnes, qui s'excuse de n'être point
avec nous parce qu'elle est retenue pour le débat au salon bleu. La
députée de Deux-Montagnes m'assure que les consultations qu'elle
a faites lui indiquent que, si le délai était devancé au
1er avril, ce serait très mal reçu chez les acupuncteurs.
À ce moment-là, on va laisser le 1er juin. Il faut penser aux
personnes qui vont être appelées à subir l'examen. On
légifère d'abord en fonction d'elles, pas d'abord en fonction de
ceux qui sont assis dans leurs coussins solidement attachés à
leur chaise. Alors, dans ces conditions on va laisser le 1er juin.
J'aurais aimé pouvoir trouver un compromis - peut-être le
1er mai - entre les deux, mais je n'ai pas eu d'indication que cela donnerait
lieu à un consensus. Dans l'esprit où nous avions discuté
l'été dernier, je pense que le 1er juin répondrait mieux
aux attentes des uns et des autres que le 1er avril. Là, il y aura un
effort d'ajustement pour la corporation médicale et un effort
d'ajustement également pour les , acupuncteurs parce que plus on retarde
la date de ces examens qui permettront de régulariser la situation de
tous, plus les risques que certains échouent en cours de route ou
manquent le test pour une raison ou une autre augmentent évidemment.
C'est le
choix qu'on m'a indiqué ce matin. Cela n'avait pas fait l'objet
d'un amendement parce que je tenais justement à avoir le point de vue
des acupuncteurs. Dans ces conditions, je pense que nous devons maintenir le
1er juin.
Mme Blackburn: M. le Président, je peux confirmer
l'information que vous nous donnez parce que M. Roy a cru utile de n'informer
des contraintes que représentait a date du 1er juin; après
vérification auprès de l'association des acupuncteurs du
Québec et la fédération de3 acupuncteurs du Québec,
on m'a dit également que c'est une date qui leur permet de constituer
leurs dossiers, d'avoir les pièces justificatives montrant qu'ils ont
fréquenté certaines écoles, surtout lorsqu'ils sont de
l'étranger. Je me demandais si une date entre le 1er avril et le 1er
juin aurait pu être suggérée, soit le 1er mai, mais si le
ministre me dit que cela convient davantage et que ce n'est plus envisageable
de modifier la date, à moins de vouloir à nouveau jeter de
l'huile sur le feu, je pense que je serai d'accord avec le premier paragraphe
de l'article 1, M. le Président.
Le Président (M. Thérien): Donc, il y a
consentement sur le premier paragraphe. Consentement?
M. Ryan: On pourrait peut-être établir ici que c'est
le point le plus contentieux entre les deux parties, c'est-à-dire entre
Ies acupuncteurs et la corporation des médecins. En l'occurrence,
à moins qu'on ne nous fasse part d'un consensus entre les deux parties
au stade de la prise en considération du rapport ou de la
troisième lecture, l'adoption, on est mieux de garder le premier
choix.
Le Président (M. Thérien): À b, est-ce qu'il
y a consensus? Adopté.
Mme Blackburn: Un instant, s'il vous plaît! Ce qui explique
le 8 septembre 1986, c'est que dorénavant la formation sera
assurée par le cégep de Rosemont. Est-ce à dire que toutes
les autres écoles d'acupuncture au Québec - deux questions
-dorénavant ne seraient plus reconnues? Et qu'advient-il des
étudiants qui sont actuellement dans les écoles privées
d'acupuncture? Est-ce que le ministre a l'intention de reconnaître des
écoles privées d'acupuncture?
M. Ryan: D'abord, la date du 8 septembre n'a pas
été fixée en fonction de ce qui se passe au cégep
de Rosemont. C'est une date qui a été fixée en fonction de
l'examen qui était tenu ce jour-là par la corporation des
médecins. La corporation des médecins appliquait son
règlement. Elle pensait régler tout le problème pour le 8
septembre. On lui a dit: II y a un "backlog", il y a un arrière-dossier
d'à peu près 400 cas qui traînent. Vous ne réglerez
pas le problème de cette façon. La date du 8 septembre est
devenue une date charnière. C'est ce qui explique que l'affaire du
cégep de Rosemont n'était pas du tout associée à
cela.
La question posée, cependant, par la députée de
Chicoutimi est très pertinente. L'adoption du projet de loi veut dire
bien clairement qu'à compter de maintenant, la qualification qui est
reconnue pour être admis à l'exercice de l'acupuncture, ce serait
la formation donnée au niveau collégial. Comme il n'y a qu'un
cours actuellement, c'est la formation qui est donnée au collège
de Rosemont. Maintenant, qu'est-ce qui arrive des écoles?
Eventuellement, la formation qu'elles donnent ne sera plus reconnue. Mais la
période de transition va faire partie des choses qui vont être
discutées. On n'a pa3 ordonné le transbordement de tout ce monde
au cégep de Rosemont tout de suite, au mois de septembre. Cela aurait
été inhumain et cela n'aurait pas été
réaliste.
C'est évident que les écoles privées pourront
exister, si elles veulent continuer d'exister et si elles pensent ajouter
quelque chose à ce qui se donne au cégep de Rosemont. Il y a une
certaine liberté d'enseignement qui existe chez nous. Ce ne sera pas
reconnu en vue de la qualification, à moins que des additifs ne soient
apportés au règlement éventuellement. C'est un point qui
va faire l'objet d'un examen de la part du comité conjoint. Je pense
qu'on aura un bilan qui sera tracé de tout cet aspect.
Mme Blackburn: Vous savez, M. le Président, que sur
l'enseignement privé il y a les écoles reconnues
d'intérêt public subventionnées. J'essaie de me rappeler
les termes. II y a trois catégories subventionnées en partie. En
partie subventionnées et non subventionnées. Dans les non
subventionnées, vous trouvez certaines écoles qui sont reconnues
comme dispensant un enseignement d'un niveau collégial, qui sont
entièrement financées par l'élève avec des
pratiques, je pense dans certains cas, discutables. J'ai déjà eu
l'occasion d'en parler un peu en parlant d'enseignement privé. Mais
est-ce qu'il y a une règle qui actuellement puisse interdire, du moment
où vous ne demandez pas d'avoir un statut d'école reconnue aux
fins de financement, comme les cégeps de Sainte-Foy, le collège
de Sainte-Foy, Saint-Jean-de-Brébeuf, ainsi de suite, au quelles sont
les règles, actuellement, de l'enseignement privé qui puissent
permettre au ministre d'interdire l'ouverture d'une école privée
non subventionnée?
M. Ryan: II y a un certain nombre de
critères qui sont définis dans un règlement pour la
qualification des établissements privés.
Mme Blackburn: Les écoles non subventionnées, il y
en a peu.
M. Ryan: Pardon?
Mme Blackburn: Pour les écoles non
subventionnées.
M. Ryan: Oui, oui, pour l'obtention d'un permis. Tout le monde
doit avoir un permis, y compris ceux qui sont subventionnés.
Mme Blackburn: Oui.
M. Ryan: II y a un certain nombre de critères qui sont
fixés dans le règlement et, si un établissement
répond à ces critères, nous sommes obligés de lui
donner un permis. Nous n'avons pas le choix à cause d'une
décision qui a été rendue par la Cour supérieure,
il y a deux ou trois ans. Ils sont obligés de donner le permis. Mais
l'obtention d'un permis ne donne pas le droit automatique à des
subventions. Pour obtenir des subventions, un établissement doit obtenir
une autre forme de reconnaissance. Il y a, soit la reconnaissance pour fins de
subventions, qui donne droit à des subventions équivalant
à peu près à 55 % du coût total, soit la
reconnaissance d'intérêt public, la DIP, la déclaration
d'intérêt public. Je ne pense pas qu'il y ait d'école
d'acupuncture qui jouisse d'un statut subventionné actuellement.
Mme Blackburn: Mais ce que nous dit le ministre, c'est qu'il
pourrait éventuellement s'ouvrir des écoles d'acupuncture non
subventionnées et, du moment où elles répondent à
un certain nombre de critères, rien ne permet au ministère de
refuser la reconnaissance de cette école.
M. Ryan: Pas la reconnaissance, l'émission d'un
permis.
Mme Blackburn: L'émission d'un permis.
M. Ryan: C'est différent. L'émission d'un permis
veut dire qu'il ne vous est pas défendu de faire ceci. Ce n'est pas une
reconnaissance au sens d'approbation.
Mme Blackburn: Non. Cependant, l'émission d'un permis rend
valides tous les examens de cette école au même titre que
n'importe quel cégep de la province.
M. Ryan: Mais non, pas du tout! Vous savez comme moi que les
diplômes d'études collégiales sont émis par le
ministre.
Mme Blackburn: Oui.
M. Ryan: II n'émet pas de diplôme à des
élèves d'établissements qu'il n'approuve pas.
Mme Blackburn: Vous me permettrez, M. le Président...
M. Ryan: II faut qu'ils passent par un collège.
Mme Blackburn: ...il faudrait que le ministre aille
vérifier ses informations, parce qu'on a déjà
soulevé cela à de nombreuses reprises. Les écoles
reconnues d'intérêt public ou en partie subventionnées font
l'objet d'un suivi plus rigoureux.
M. Ryan: C'est entendu.
Mme Blackburn: Celles qui reçoivent tout simplement un
permis ne font l'objet d'aucune évaluation, mais leurs étudiants
se voient accorder les mêmes crédits que s'ils sont dans une
école reconnue.
M. Ryan: Je n'accorde de diplôme d'études
collégiales, à ma connaissance, qu'à des
élèves d'établissements approuvés par le ministre
et qui ont l'autorité pour donner des diplômes d'études
collégiales, pour en proposer au ministre. Je n'ai pas connaissance de
cas où un diplôme d'études collégiales aurait
été donné à un étudiant autre que provenant
d'un cégep reconnu ou d'un collège privé reconnu.
Mme Blackburn: Reconnu, mais non subventionné. M. le
ministre, il faudra vérifier, parce que cela a été...
M. Ryan: II peut arriver... Non, je ne suis pas obligé...
Si je trouve qu'ils répondent à des exigences de qualité
qui me satisfont, je peux émettre un diplôme à ces
élèves, mais je n'en connais pas actuellement.
Mme Blackburn: Je veux juste dire au ministre qu'il existe,
particulièrement dans la région de Montréal - c'est connu
déjà depuis très longtemps - des écoles non
subventionnées qui font passer un peu à la vapeur des examens
pendant l'été et les cours sont crédités par la
DGEC au même titre que les autres. Tout simplement, ce que je voulais
voir ici, c'est si cela pourrait exister, sauf que, dans ce cas, on a une
protection additionnelle. Si je peux me permettre de l'exprimer ainsi, c'est le
fait que, pour être reconnu, on devra passer par un examen...
Le Président (M. Thérien): Vous parlez toujours du
règlement, Mme la députée?
Mme Blackburn: Oui.
M. Ryan: Elle s'écoute parler.
Mme Blackburn: Non, d'un diplôme décerné.
Le Président (M. Thérien): Mais vous parlez du
règlement. On s'est entendu tantôt qu'on se limitait à la
loi.
Mme Blackburn: On parlait du moment où la date
n'est pas fixée pour répandre...
Le Président (M. Thérien): Sauf que dans la loi,
c'est le 8 septembre 1986; on est d'accord ou pas sur le début de la
procédure.
Mme Blackburn: Mais, M. le Président, du moment où
on parle de ceux qui vont fréquenter après le 8 septembre, il
faut savoir comment on les reconnaît, par quel examen.
Le Président (M. Thérien): Je veux juste vous
mettre en garde pour ne pas retomber dans le règlement, comme on l'a
fait, parce que cela va faire l'objet...
Mme Blackburn: Est-ce qu'il y aura un examen additionnel de la
Corporation professionnelle des médecins même pour les
diplômés des collèges?
M. Ryan: Je ne le pense pas. Je pense que c'est un des objets du
règlement que de... Je suis en train de prendre les manières de
parler de la députée de Chicoutimi; je mets des "que" de plus en
plus dans mes interventions.
Mme Blackburn: J'ai remarqué...
M. Ryan: C'est malheureux, c'est une influence qui
m'inquiète.
Mme Blackburn: Mais qui est intéressante. Vous regarderez
dans les vieux parlers; de même, vous avez de vos collègues qui
l'utilisent.
M. Ryan: Ah! C'est coloré. C'est un élément
pittoresque. Je crois que c'est un des objets du règlement que
d'empêcher le dédoublement des examens.
Mme Blackburn: Bien. Je relis l'article, et je voudrais juste
m'assurer que le ministre fasse les vérifications nécessaires:
soit d'un diplôme d'études collégiales en acupuncture
décerné par une institution privée reconnue par le
ministère de l'Éducation après consultation de la
Corporation professionnelle des médecins du Québec ou
décerné par un collège d'enseignement
général et profes- sionnel. Ce que cela dit, c'est qu'il s'agit
d'une école reconnue - on ne parle pas d'une école
subventionnée ou reconnue d'intérêt public - donc tout
simplement autorisée à dispenser un enseignement de niveau
collégial en acupuncture.
Cela revient à ce que je vous disais tout à l'heure,
à l'exception de ce qui est tout à fait nouveau et que je ne vois
nulle part ailleurs: c'est que les institutions privées seraient
reconnues après consultation de la Corporation professionnelle des
médecins du Québec. Cela, c'est vraiment...
Le Président (M. Thérien): M. le ministre va
préparer sa réponse. Il est 13 heures. Est-ce qu'on a le
consentement pour continuer ou si on arrête? Parce que le défi,
c'est de reprendre à 15 heures, si nécessaire.
Mme Blackburn: On ajourne.
Le Président (M. Thérien): Vu l'importance de la
loi.
Mme Blackburn: Vu l'importance de la loi.
Le Président, (M. Thérien): Donc, je suspends les
débats jusqu'à 15 heures, cet après-midi.
(Suspension de la séance a 13 h 2)
(Reprise à 15 h 22)
Le Président (M. Hamel): À l'ordre, s'il vous
plaîtl Je déclare la séance ouverte. Je rappelle que nous
étions à l'amendement de l'article lb. M. le ministre.
M. Ryan: Je voudrais peut-être faire une petite remarque au
début de notre session de cet après-midi, M. le Président,
à propos justement de ces choses que soulèvent l'article 1 et la
version modifiée que nous en proposons. J'ai eu l'occasion, pendant la
suspension, de communiquer avec le président de l'ordre des
médecins, le Dr Roy, de même qu'avec un diriqeant bien connu du
monde de l'acupuncture, M. Mazzetti, pour savoir exactement où ils en
sont sur les dates qui sont mentionnées dans l'article 1. Après
avoir causé avec ces personnes, j'en viens à la conclusion que la
proposition que nous faisons ce matin de maintenir la date du 1er juin 1987
pour la demande d'inscription à l'ordre et la date du 31 décembre
1987 comme date ultime pour les examens prévus au même article,
c'est la décision la plus sage.
Il y a des points de vue différents entre les deux. Du point de
vue des acupuncteurs, que nous essayons d'accommoder de la manière la
plus com-
préhensive possible, la date du 1er juin présente un
avantage: pour l'examen de toutes les questions pertinentes qui se rattachent
au contenu et à l'application du règlement, cela donne une
période de deux mois de plus. Si on marchait avec la date du 1er avril,
cela voudrait dire que tout le monde doit être inscrit le 1er avril,
discussion finie ou pas finie. Là, cela donne deux mois de plus pour
permettre des discussions plus approfondies» Les inconvénients
administratifs qui risquent de découler du choix de la date du 1er juin
pour les médecins sont moins grands que les inconvénients qui
risqueraient de découler d'une décision contraire pour les
acupuncteurs. En foi de quoi, je conclus qu'il serait judicieux de conserver la
date du 1er juin 1987 qui avait été inscrite à
l'alinéa a de l'article 1.
Le Président (M. Hamel): Très bien. Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Au moment de
l'ajournement tout à l'heure, je demandais au ministre de l'Enseignement
supérieur s'il connaissait les dispositions qui faisaient que lorsqu'une
école était reconnue même sans être
subventionnée, du moment où elle recommande l'émission
d'un certificat, d'une attestation d'études, d'un DEC ou de
crédits, c'est automatiquement reconnu par le ministère.
Contrairement à ce qui se passe dans les écoles secondaires qui
seraient des écoles reconnues non subventionnées, dans ces
écoles il y a un certain contrôle puisqu'il y a des examens
ministériels, alors qu'au niveau collégial il n'y en a pas.
M. Ryan: J'ai demandé à un collaborateur d'aller
s'enquérir auprès du directeur de la direction des études
collégiales pour vous apporter des renseignements de première
main. Comme je le disais ce matin, je ne pense pas que nous donnions des
diplômes dans ces conditions, mais nous allons vérifier. J'aurai
une réponse plus tard cet après-midi, je l'espère
bien.
Mme Blackburn: D'accord. Juste brièvement
là-dessus, la connaissance que j'en ai est la suivante: du moment
où ce n'est pas subventionné, il y a moins de suivi qui est
assuré à ces écoles, d'abord parce qu'il y en a plusieurs.
La différence qu'il y a entre le niveau secondaire et le niveau
collégial, c'est qu'au niveau secondaire ils sont obligés, ils
sont tenus de passer des examens ministériels tandis qu'au niveau
collégial l'examen est institutionnel.
M. Ryan: C'est pour cela que la connaissance que j'ai, c'est que,
dans des cas particuliers, il faut qu'ils passent par un collège qui est
reconnu pour fins de présentation à des diplômes. Comme je
l'ai dit ce matin, le diplôme d'études collégiales est
décerné par le ministre sur recommandation d'un
établissement. Je crois qu'un établissement qui n'est pas
reconnu, s'il y a de ses élèves qui veulent être
présentés, il doit passer par un établissement reconnu.
Cela, on est en train de le vérifier et on vous donnera des
renseignements plus tard.
Mme Blackburn: D'accord. On pourra revenir à ce moment au
paragraphe b, au deuxième alinéa. Dans le cas des personnes qui
ont satisfait à l'exigence prévue au paragraphe a du
présent alinéa, les examens prévus au paragraphe b du
premier alinéa doivent avoir lieu au plus tard le 31 décembre
1987.
Une petite question. Est-ce que la Corporation professionnelle des
médecins reçoit une compensation du ministère ou d'un
organisme quelconque pour procéder à ces examens?
M. Ryan: Pas à ma connaissance.
Mme Blackburn: Ils font cela à même leur propre
budget.
M. Ryan: Oui.
Mme Blackburn: D'accord. Il n'y a rien, cependant, bien que je ne
veuille pas prêter d'intention particulièrement malveillante
à l'une ou l'autre des parties. Il n'est pas possible qu'ils tiennent
des examens entre le 25 et le 31 décembre, j'imagine.
Le Président (M. Hamel): M. le ministre.
M. Ryan: Je ne pense pas, mais il n'y aurait pas
nécessairement d'incongruité à ce qu'ils tiennent un
examen le 28 décembre. Si c'est agréé par les personnes
concernées, on peut imaginer qu'il y aura une demande qui sera
formulée même par un groupe d'acupuncteurs désireux de se
préparer le mieux et le plus longtemps possible. À ce moment,
cela pourrait avoir lieu, mais je ne pense pas qu'il y aura de geste arbitraire
de cette nature.
D'après ce que je comprends, ces examens sont annoncés
assez longtemps à l'avance. Le Dr Roy me disait tantôt qu'il va en
annoncer un bientôt, pour le mois de mars. On va en tenir un autre par la
suite, je pense, au mois de septembre. Et, au besoin, ils en tiendront d'autres
au cours de l'automne 1987.
Mme Blackburn: Est-ce que le ministre peut nous dire les raisons
qui feraient qu'il a senti le besoin d'apporter cet amendement?
Si quelqu'un échoue à l'examen du 31 décembre,
est-ce qu'il peut avoir une possibilité de reprise?
M. Ryan: Je crois que, dans le règlement, c'est inscrit
qu'il y a une possibilité de reprise.
Le Président (M. Hamel): Mme la députée.
M. Ryan: C'est bien entendu, j'en ai causé avec le Dr Roy
l'autre jour à propos du premier examen qui a eu lieu le 8 septembre. Il
m'a bien dit qu'il y avait un droit de reprise pour les personnes qui avaient
échoué.
Mme Blackburn: Je me demande, étant donné qu'ici...
Est-ce que le 8 septembre, c'était indiqué dans le
règlement précédent?
M. Ryan: Ah noni C'est une notification qui a été
donnée par la corporation des médecins selon le droit qui...
Mme Blackburn: D'accord. Mais du moment où on parle
ici...
M. Ryan: Pardon? Il ne faut pas que ce soit dans le
règlement non plus.
Mme Blackburn: ...du 31 décembre 1987, est-ce à
dire qu'il pourrait aussi, s'il y avait des échecs, en admettant qu'ils
tiennent cela le 27 décembre, avoir possibilité, a ainsi
libellé, d'une reprise de l'examen après cette date?
M. Ryan: C'est une question qui va aller dans le
règlement. Dans l'étude du règlement, je pense que ce sera
examiné. Le comité qui étudiera le règlement est
présidé par un mandataire du ministre. Il ne faut pas oublier
cela. Il va me soumettre des recommandations. Je pense qu'ils vont s'entendre
là-dessus. Ce n'est pas nécessaire de mettre cela dans la
loi.
Mme Blackburn: Mais, M. le Président, en vertu de cette
clause particulière qui stipule que c'est au 31 décembre, si cela
avait comme effet de venir compliquer une reprise d'examen, ne serait-il pas
préférable, avant d'adopter finalement le projet de loi, qu'on
attende le dépôt du rapport?
M. Ryan: Qu'on attende?
Mme Blackburn: Le dépôt du rapport de votre
comité.
M. Ryan: Non.
Mme Blackburn: Ou un examen préliminaire.
M. Ryan: Non.
Mme Blackburn: Et si cette clause venait tout simplement, vous
pourriez être obligé d'apporter un amendement à la loi l'an
prochain avec "d" apostrophe ou changer un 7 pour un 8?
M. Ryan: On fera cela, on est habitué.
Mme Blackburn: On commence, n'est-ce pas?
M. Ryan: II n'y a pas de problème.
Mme Blackburn: Mais, pour le moment, vous êtes incapable de
me répondre à savoir si la Corporation professionnelle des
médecins serait en mesure, en vertu du libellé de cette loi, de
tenir des examens pour ces personnes après le 31 décembre dans le
cas d'échec.
M. Ryan: II n'y a rien qui l'interdit.
Mme Blackburn: Pardon?
M. Ryan: II n'y a rien qui l'interdit.
Mme Blackburn: Est-ce que la Corporation professionnelle des
médecins serait tenue de le faire après cette date?
M. Ryan: C'est déjà dans la discipline qui a
été annoncée qu'il y a un droit de reprise. Tout le monde
le sait. Tous ceux qui ont passé l'examen le savent.
Mme Blackburn: Oui, je le sais pertinemment et M. Roy me l'a
également répété, mais du moment où il y a
une date qui est celle du 31 décembre 1987? Cela ne peut pas
être...
Je viens d'avoir l'amendement. Je ne veux pas compliquer les discussions
inutilement, mais si cela devait avoir comme effet d'empêcher une reprise
d'examen pour quelqu'un qui aurait passé son examen au début
décembre, sans exagérer, pour ne pas dire entre Noël et le
jour de l'an, est-ce qu'il y aurait possibilité d'une reprise
étant donné que la date est le 31 décembre? Est-ce que la
corporation professionnelle serait tenue de le faire?
M. Ryan: Elle n'est pas tenue de le faire d'après le texte
de la loi.
Mme Blackburn: C'est cela.
M. Ryan: Non. Ce n'est pas nécessaire. Le droit de reprise
est déjà prévu dans cette discipline. C'est
déjà prévu. Ce sera également prévu dans ce
cas-ci. Il n'y a pas de problème là-dessus.
Le Président (M. Hamel): M. le député de
Richelieu.
M. Khelfa: Une petite question d'information, M. le
Président. M. le ministre, est-ce qu'il va y avoir un examen à
tous les ans à une certaine date?
M. Ryan: Regardez, cela va se passer comme ceci. Ceux qui sont
touchés par la clause grand-père 1 et la clause grand-père
2 vont être habilités à se présenter à
un examen devant avoir Heu au plus tard le 31 décembre 1987.
Après cela, le privilège qui leur est donné expirera.
M. Kehlfa: Cela veut dire?
M. Ryan: Ensuite, les personnes qui voudront être admises
à la pratique de l'acupuncture seront des personnes qui auront
fréquenté le cours donné au niveau collégial.
L'examen qu'elles subiront dans un établissement collégial va
tenir lieu d'examen de qualification.
M. Khelfa: À ce moment-là, s'il y a des reprises,
ce sera dans le cadre des normes de l'établissement. C'est
ça?
M. Ryan: Du niveau collégial, c'est cela.
M. Khelfa: D'accord.
Le Président (M. Hamel): Est-ce que cela va?
M. Khelfa: D'accord, merci.
Mme Blackburn: M. le Président, est-ce qu'on doit
comprendre des propos du ministre qu'il entend abolir les examens d'acupuncture
tenus par la corporation pour les étudiants qui seront
diplômés des collèges? Cela apparaît à
l'article 11 du règlement.
M. Ryan: Oui, c'est cela. Regardez, nous allons lire l'article 11
justement pour être sûrs que nous le comprenons de la même
manière. Peut-être ma lecture est-elle inexacte.
Une personne qui désire exercer l'acupuncture possède la
formation requise si elle est détentrice d'un diplôme
d'études collégiales en acupuncture ou d'une attestation
d'études collégiales postscolaires en acupuncture
décernée par une institution privée reconnue par le
ministère de l'Éducation après consultation de la
Corporation professionnelle des médecins du Québec ou par un
collège d'enseignement général et professionnel; ou si
elle est détentrice d'un diplôme en acupuncture
décerné à l'extérieur du Québec et
réussit aux examens d'acupuncture tenus par la corporation.
Alors b et c se tiennent ensemble. Si la personne a un diplôme de
l'extérieur, il faut qu'elle subisse un examen de la Corporation
professionnelle des médecins. Si elle est diplômée d'un
collège, elle n'est pas tenue de subir un examen de la Corporation
professionnelle des médecins parce que son diplôme
collégial tient lieu de pièce de qualification.
M. Khelfa: Naturellement, cela revient au collège de
l'établir.
Mme Blackburn: Mais le "en outre doit"?
M. Ryan: Mais avec l'approbation du ministère de
l'Enseignement supérieur et de la Science,, Le diplôme émis
par le collège est un diplôme proposé au ministre de
l'Enseignement supérieur et de la Science qui, lui, le signe,
M. Kheifa: D'accord.
Le Président (M. Hamel): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: M. le ministre, en outre elle doit réussir
les examens d'acupuncture tenus par la corporation. On poursuit à
l'article 12: Le comité d'examen des titres juge une personne accessible
aux examens si elle est titulaire d'un diplôme visé au paragraphe
1 ou 2 de l'article 11. Alors, cela veut dire que les examens - c'est bien, si
je me rappelle, ce que m'a dit M, Roy -s'appliquent à tout le monde et
même aux diplômés des collèges et du cégep de
Rosemont bientôt?
M. Ryan: Non, pas d'après la lecture que je fais du
règlement.
Mme Blackburn: Bien oui. M. Ryan: Mais non.
Mme Blackburn: Elle doit remplir deux conditions. La condition
paraissant à l'article 11: Une personne qui désire exercer
l'acupuncture possède la formation requise si elle est titulaire et
puis: En outre elle doit réussir un examen d'acupuncture tenu par la
corporation et le comité d'examen des titres juge une personne
admissible aux examens -on parle bien des examens de L'ordre - si elle est
titulaire du diplôme visé au paragraphe 1 ou 2 de l'article 11.
Alors?
M. Ryan: II y a un manque de clarté dans ces deux
articles. Vous avez raison. Il y a un manque de clarté certain. Il y a
une contradiction apparente entre l'article 11 et l'article 12.
Mme Blackburn: Dans une conversation que j'ai eue avec M. Roy,
c'est en fait ce qu'il me disait. Je n'avais pas revu le règlement, mais
il me disait que les examens dorénavant seraient tenus par l'ordre.
M. Ryan: II y a une difficulté, là. Je vais
demander à mon collaborateur quelle est son interprétation?
Mme Blackburn: D'accord.
Mme Bleau: Après avoir passé leurs examens dans
n'importe quelle université, ne doivent-ils pas ensuite passer d'autres
examens, soit au Barreau ou ailleurs? Je pense que c'est la même
chose.
Mme Blackburn: Oui, oui, tout à fait.
M. Khelfa: Les dentistes, quand ils finissent leur cours, ne
passent pas un examen du collège. L'examen du collège est
intégré à la quatrième année.
Mme Blackburn: Oui, cela dépend des corporations
professionnelles aussi, vous savez.
M. Khelfa: Oui, à ce moment peut-être qu'il doit y
avoir des règles. On ne connaît pas les règles de la
corporation.
Mme Blackburn: Oui, mais il y a la Chambre des notaires, le
Barreau. Il n'y a pas de corporation des acupuncteurs.
M. Khelfa: Non.
Mme Blackburn: Mais cela est contrôlé par la
Corporation professionnelle des médecins.
M. Khelfa: Actuellement,
Le Président (M. Hamel): M. le ministre.
M. Ryan: Regardez, je pense que les deux interprétations
sont possibles ici, pour être franc. Il va falloir qu'on vérifie
ce point. Cela ne change rien, je crois, à ce qu'on discute dans le
projet de loi, mais il y a une difficulté là. C'est pour cela
qu'on va avoir le comité qui - je reviens à notre comité -
va examiner cela avec les parties intéressées.
Mme Blackburn: Oui, cela change quelque chose parce que...
M. Ryan: Regardez, M. le Président. Tout dépend
ici, dans le texte de l'article 11, de la signification de la conjonction "et"
à la fin du paragraphe b. Normalement, comme la conjonction vient
à la fin de ce paragraphe, elle s'applique uniquement à ce qui
précède dans le paragraphe. Si on avait voulu qu'elle s'applique
à a et b, on l'aurait mis au début de c.
Mme Blackburn: C'est cela.
M. Ryan: Attendez un peu. J'ai pris une version de 1984, excusez.
C'est bon?
Mme Blackburn: Le 17 juillet 1985.
M. Ryan: Ah! Vous avez raison. Je m'excuse, j'avais une version
qui remontait à l'année précédente. Il y avait une
erreur dans ma documentation ici, je m'excuse, je vous ai induite en erreur.
Mme la députée de Chicoutimi a raison sur ce point. C'est bien
écrit qu'elle doit être en possession d'un diplôme mais
qu'en outre elle doit réussir les examens d'acupuncture tenus par la
corporation. Évidemment, cela ne s'applique pas aux personnes que vise
le projet de loi; nous visons les personnes qui sont l'objet de la clause
grand-père 2. Cela va s'appliquer à l'avenir, aux candidats
à l'admission, mais l'interprétation que proposait la
députée de Chicoutimi était exacte. La version que j'avais
datait d'un an. Dans l'état actuel du règlement, la personne doit
réussir les examens d'acupuncture tenus par la corporation. C'est un
point qui va faire l'objet d'examen à l'occasion des travaux du
comité. Si les acupuncteurs ont des points à soulever au sujet de
cette disposition, ils pourront le faire. 5i on me fait des recommandations
voulant que le diplôme soit suffisant, à ce moment-là on
l'examinera, il n'y a pas de problème, mais on ne peut pas en dire
davantage maintenant, parce qu'on fonctionne avec un règlement qui est
déjà promulgué, qui est officiel.
Mme Blackburn: D'accord, mais j'aimerais connaître
l'opinion du ministre là-dessus. De façon générale,
admet-on qu'il puisse y avoir des examens qui viennent s'ajouter aux examens.
Je sais que cela se fait en techniques infirmières.
M. Ryan: On a les deux régimes.
Mme Blackburn: Vous avez le Barreau, mais du côté de
l'enseignement collégial, il y en a moins. Le seul que je connaisse, ce
sont les techniques infirmières.
M. Ryan: C'est vrai, mais dans ce cas-ci...
Mme Blackburn: Non, il y a aussi le...
M. Ryan: ...pour répondre à la question, j'aime
mieux suspendre mon jugement.
Le Président (M. Hamel): M. le
ministre.
M. Ryan: On pourrait peut-être apporter un
complément d'information. On va finir ce point-là et j'apporterai
le complément d'information pour les établissements
privés. Là-dessus, on a pas mai tout dit ce qu'on avait à
dire, en ce qui nous concerne. Un point très intéressant a
été soulevé et il faudrait essayer de l'élucider
à l'occasion des travaux du comité.
Mme Blackburn: D'accord. J'aimerais quand même que le
ministre dise, pour qu'on puisse avoir l'information au moment où on
examinera le projet en troisième lecture, si le fait qu'on ait
indiqué le 31 décembre 1987 n'oblige pas la corporation à
tenir des examens, même de reprise, aprè3 cette date, C'est ce que
je voudrais vérifier pour m'assurer qu'on n'enferme pas ces
personnes-là.
M. Ryan: Très bien. J'ajoute pour l'instant que je viens
de parler avec le président de l'un des groupes d'acupuncteurs les plus
importants...
Mme Blackburn: Oui.
M, Ryan: ...et il m'a dit que le délai du 31
décembre, comme établi dans le projet d'amendement, est
acceptable pour eux. Mais on va le vérifier quand même; pour
être sûr, on va le vérifier.
Mme Blackburn: Très bien. On pourrait revenir au
paragraphe b.
M. Ryan: Juste avant qu'on revienne au paragraphe b, M. le
Président, je pourrais donner un complément d'information ici.
Tout à l'heure, la députée de Chicoutimi
s'enquérait au sujet des établissements privés, non
subventionnés, et du pouvoir qu'ils auraient de donner un enseignement
conduisant à l'obtention d'un diplôme d'études
collégiales. On me communique qu'actuellement il n'y a pas
d'établissements sous permis, mais non subventionnés, qui
dispensent un programme reconnu pour un diplôme d'études
collégiales; il n'y en a pas. Pour ces établissements, deux voies
sont possibles: ils peuvent donner une attestation d'études
collégiales délivrée par l'établissement sous
l'empire, comme vous le savez, du régime d'études
collégiales ou encore un certificat d'études collégiales.
Ils peuvent présenter des candidats. On me dit que l'on pourrait
présenter un candidat pour un certificat. Je ne me souviens pas en avoir
signé, cependant. Pour être franc, j'en signe un certain nombre
à chaque année. (15 h 45)
Mme Blackburn: D'accord. Mais, à ce moment-là,
est-ce que cela veut dire que les cours qui sont crédités
à l'intérieur du proqramme soit de l'attestation ou du certificat
doivent être reconnus par les autres collèges? Par exemple, si
quelqu'un veut terminer un DEC?
M. Ryan: Chaque collège est libre de ses procédures
d'accréditation.
Mme Blackburn: C'est parce qu'il me vient en mémoire ce
qui s'était passé par rapport à cette situation. Ce sont
des jeunes qui éprouvaient certains problèmes dans quelques
cours. Ils sont en électro, cela va bien, sauf que dans les cours de
philosophie et de français, cela va moins bien. En allant chercher
quelques cours comme ça qui étaient reconnus à
l'intérieur d'une attestation, cela leur permettait de recevoir quand
même leur DEC. Ce qui fait que vous avez raison car ces
établissements ne donnent pas le DEC, sauf des cours et des attestations
qui sont quand même reconnus dans un DEC.
M. Ryan: C'est cela.
Mme Blackburn: C'est tout le problème de
l'évaluation, M. le ministre. J'ai essayé d'en parler un peu lors
d'une commission parlementaire alors que l'on parlait de la politique
d'évaluation des ressources humaines. C'est tout le problème de
l'évaluation de l'enseignement au niveau collégial.
M. Ryan: Comme vous le savez, c'est un problème qui a
stagné pendant presque dix ans.
Mme Blackburn: Je sais, oui.
M. Ryan: Nous avons reçu un premier rapport de la
commission de l'évaluation, il y a quelques mois, nous informant que
plus de la moitié des établissements collégiaux se sont
donné une politique d'évaluation, dont nous allons faire
l'évaluation. J'interviendrai personnellement avant longtemps pour
demander aux établissements de prendre davantaqe leurs
responsabilités dans ce domaine.
Encore une fois, il ne s'agit pas d'implanter une politique
d'évaluation qui serait définie par le gouvernement. Il s'agit
plutôt d'inciter chaque établissement à se doter d'une
politique d'évaluation. Ce n'est pas synonyme d'un système
d'accréditation. C'est chaque établissement qui prend son affaire
en main, qui décide de se donner une politique d'évaluation
sérieuse. Il se fie sur le marché plus ou moins pour
l'apprécier à sa juste valeur. Il n'est pas question que l'on
commence à dire; II s'est donné un cours ici et vous allez tous
le reconnaître obligatoirement, etc. Pour tous les cours qui
mènent à
des attestations, il y a des procédures d'examens qui doivent
être faites et qui peuvent varier d'un endroit à l'autre. Les
collèges n'ont pas tous exactement les mêmes normes.
Mme Blackburn: Là-dessus, je suis d'accord avec le
ministre et je partage son avis dans le sens qu'on ne peut pas avoir une
politique d'évaluation, qu'elle soit institutionnelle dans
l'évaluation des apprentissages et uniforme dans tous les
collèges du Québec. Ce serait insensé et sûrement
inefficace. Cependant, l'obligation qui est faite à l'endroit des
cégeps au terme de la loi ne s'applique pas aux collèges .
privés et encore moins aux collèges qui ont seulement un statut
reconnu. Cependant, les collèges privés, il faut le dire tout de
suite - en tout cas, c'était la pratique antérieurement - s'y
soumettaient relativement facilement. Ils étaient assez avancés
dans l'élaboration de politiques d'évaluation. Cependant, les
collèges non subventionnés, auxquels ce n'est pas demandé
et sur lesquels le conseil avait tenté de faire des pressions, il n'y a
pas d'obligation au sens strict de la loi de soumettre leur politique
d'évaluation. C'est un peu tout ce grand débat autour de
l'évaluation. Ou fait que ces institutions tiennent une partie de leur
réussite au fait qu'elles sont reconnues par le ministère, cela
leur donne une reconnaissance qui vient du ministère de
l'Éducation. Cela confère donc à l'institution une
crédibilité qu'elle ne mériterait pas toujours, si on
examinait effectivement ses activités. Je pense que c'est tout ce
dossier sur l'évaluation institutionnelle.
Le Président (M. Hamel): J'ai permis cette
légère digression mais je voudrais, s'il vous plaît, qu'on
revienne plus précisément à l'étude de
l'amendement.
Mme Blackburn: Le paragraphe b est adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Hamel): Très bien. L'amendement
est-il adopté?
Mme Blackburn: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Hamel): L'article 1 tel qu'amendé
est-il adopté?
Mme Blackburn: Adopté.
Le Président (M. Hamel): Adopté. Nous
procédons maintenant à l'étude de l'article 2. L'article 2
est-il adopté?
Mme Blackburn: Cela se passe de commentaires, M. le
Président.
Amendement proposant de modifier le titre du projet de
loi
Le Président (M. Hamel): En effet! J'appelle le titre
amendé.
M. le ministre, vous avez un commentaire?
M. Ryan: On ajoute les mots "concernant l'acupuncture". C'est
pour les fins des travaux de recherche et de référence. Les
universitaires qui font des travaux, les juristes ou les commentateurs qui
peuvent avoir à se reporter à des textes de lois, s'ils voient la
Loi modifiant la Loi médicale, ils ne sauront pas que cela traite de
l'acupuncture, tandis que, si on ajoute "concernant l'acupuncture", ce sera
très facile de s'y retrouver. C'est dans un but d'utilité commune
pour... Pardon?
Le Président (M. Hamel): Messieurs, s'il vous plaît!
M. le député d'Arthabaska, s'il vous plaîti
M. Gardner: Je suggère un amendement.
Mme Blackburn: Je n'ai pas compris le commentaire.
M. Gardner: Je compte beaucoup sur Mme la députée
de Chicoutimi. On va discuter de cela longtemps.
Le Président (M. Hamel): M. le député
d'Arthabaska, s'il vous plaît! M. le ministre, avez-vous terminé
vos commentaires?
M. Ryan: J'ai terminé mes commentaires.
Le Président (M. Hamel): Mme la députée de
Chicoutimi, sur ce point.
Mme Blackburn: À la suite du commentaire du
député d'Arthabaska, on pourrait dire que c'est un des projets
qui illustrent, je dirais, l'espèce de manque de sérieux du
gouvernement dont on parlait hier soir. La présente session est mal
planifiée...
Le Président (M. Hamel): Du sérieux, s'il vous
plaîti
Mme Blackburn: On s'est retrouvé à travailler
jusqu'à 8 heures le matin...
Le Président (M. Hamel): M. le député de
Richelieu! Mme la députée.
Mme Blackburn: ...sur un projet de loi d'une très grande
importance. Cela ne va pas minimiser l'importance d'un projet de loi comme
celui-là, parce que, tout de même, il y a 400 ou 500 personnes
touchées par ce projet de loi. Cependant, le projet de loi
dont on parle, c'est le projet de loi 119 qui modifie la Loi sur les
métiers de la construction. Vous le savez, au cours de la
première semaine du mois d'octobre, on a eu six heures de travaux en
Chambre sur treize heures possibles. On est obligés de travailler
pendant 24 heures. Cela tourne. Ce petit projet de loi vient illustrer
qu'effectivement on aurait pu se le réserver en fin de session, tout
à fait à l'approche de Noël - c'est un cadeau comme un autre
- et cela aurait été moins indécent que de faire
siéger à toute vapeur- des gens sur un projet de loi majeur qui
concerne des centaines de milliers de travailleurs.
Le Président (M. Hamel): Est-ce que cela va, Mme la
députée de Chicoutimi?
Mme Blackburn: Cela va. La modification au titre est
adoptée.
Le Président (M. Hamel): Bon. Très bien.
M. Ryan: II est adopté?
Le Président (M. Hamel): Oui.
M. Ryan: Merci.
Le Président (M. Hamel): Alors, le titre amendé est
adopté.
Une voix: N'ajoutez rien.
Le Président (M. Hamel): L'ensemble du projet de loi
est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Hamel): Adopté. Nous ajournons
sine die.
(Fin de la séance à 15 h 53)