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(Onze heures cinquante-huit minutes)
Le Président (M. Thérien): À l'ordre, s'il
vous plaît!
Je déclare la séance ouverte. Je rappelle aux membres de
la commission que le mandat est de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 131, Loi modifiant de nouveau la Loi
sur l'instruction publique et la Loi sur le Conseil supérieur de
l'éducation et modifiant la Loi sur le ministère de
l'Éducation.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements
annoncés?
Le Secrétaire: Non, M. le Président.
Le Président (M. Thérien): Merci. Maintenant,
est-ce que M. le ministre a des notes, des petites remarques
préliminaires à faire sur le projet de loi 131?
M. Ryan: M. le Président, étant donné le
stade où nous en sommes dans les travaux de la présente session
et l'esprit de collaboration dans lequel, j'en suis sûr, nous
entreprenons cette phase de l'étude du projet de loi 131, je me
dispenserai de remarques introductives dans l'espoir que nous puissions en
venir, le plus tôt possible, à l'étude de l'article
premier.
M. Jolivet: M. le Président...
Le Président (M. Thérien): Est-ce que vous avez des
remarques à faire sur les remarques du ministre?
Remarques préliminaires M. Jean-Pierre
Jolivet
M. Jolivet: J'aurais peut-être mes remarques à moi,
M. le Président...
Le Président (M. Thérien): Oui,
préalablement.
M. Jolivet: ...qui font suite à une discussion que j'ai
eue avec le président de cette commission, le président
permanent, soit le député de Sauvé, qui faisait suite
à des télégrammes adressés au premier ministre, M.
Robert Bourassa, au sujet du projet de loi 131, ainsi qu'au secrétariat
des commissions parlementaires concernant à la fois le projet 131 et les
deux autres qui étaient devant l'Assemblée, les projets de loi
141 et 142. Donc, me limitant au projet de loi 131 qui est l'objet de nos
discussions actuellement, on faisait mention dans ces deux
télégrammes des objets suivants. "Les objets de ces projets de
loi sont trop importants pour que l'Assemblée nationale se permette de
procéder avant d'avoir donné à tous les groupes
intéressés l'occasion de s'exprimer sur leur contenu et leurs
orientations. Aussitôt qu'elle sera invitée, la CEQ se fera un
devoir de déposer aux commissions parlementaires concernées des
mémoires sur les trois projets" - dont le projet qui nous concerne, le
131. Et on disait: "Veuillez s'il vous plaît remettre copie du
présent messaqe aux membres de la commission parlementaire
chargés d'étudier les trois projets de loi, au président
de l'Assemblée nationale, au premier ministre, au chef de l'Opposition
et aux deux leaders parlementaires." Et c'était signé, pour la
CEQ, par M. Henri Laberqe, conseiller.
Dans un autre télégramme qui a été
envoyé, celui-là au premier ministre, et dont j'ai eu copie comme
membre de l'Opposition, on disait: "M. le premier ministre, la Centrale de
l'enseignement du Québec, tout en réservant ses commentaires sur
d'autres articles du projet de loi 131, tient à vous signifier
dès maintenant sa farouche opposition au contenu et à l'esprit
des articles 9, 10 et 11 qui visent à modifier respectivement la Loi sur
le Conseil supérieur de l'éducation, la Loi sur l'instruction
publique et la Loi sur le ministère de l'Éducation de
façon à les autoriser toutes trois à accorder de
façon discriminatoire les droits et privilèges à une
confession reliqieuse particulière, malgré les Chartes
québécoise et canadienne des droits et libertés." Donc, on
disait: "Nous vous demandons de retirer immédiatement ces trois articles
à défaut de quoi nous nous engaqeons à combattre le projet
de loi 131 et à mobiliser nos affiliés et leurs membres contre
son adoption." Là, c'était signé par le
vice-président Raymond Johnston et le conseiller Henri Laberge.
À la suite de ces télégrammes, le président
de la commission m'avait consulté, à savoir si nous voulions
entreprendre des consultations particulières. On me dira si j'ai raison,
mais j'ai cru comprendre qu'il y avait deux possibilités. Si le projet
de loi était appelé avant la fin de nos travaux, d'ici à
vendredi soir, minuit... Le ministre de l'Éducation avait répondu
au président que,
dans la mesure du possible, il les recevrait, en espérant qu'on
puisse les entendre, le temps nous le permettant. Deuxièmement, si
c'était au début de la session qui viendra au printemps,
c'est-à-dire au mois de mars prochain, on pourrait, à
l'intersession, entrevoir avec eux un moment de rencontre et discuter,
justement ce dossier, les articles 9, 10 et 11.
Demande de consultation de la CEQ
Dans ce contexte, j'aimerais savoir quelle est la position que le
ministre entend prendre, compte tenu que le leader a décidé
d'appeler le projet de loi ce matin pour son adoption en commission
parlementaire article par article d'ici à 18 heures, vis-à-vis de
la demande de la CEQ. Le ministre croit-il qu'il serait possible de communiquer
avec eux pour les rencontrer au courant de l'après-midi, de 17 heures
à 18 heures, par exemple, sur ces projets de loi, ou de 16 heures
à 18 heures?
Le Président (M. Thérien): M. le ministre.
M. Jolivet: Ou plutôt, ces articles du projet de loi.
M. Ryan: Tout d'abord, au sujet de la possibilité d'une
étude après l'ajournement de la session, je crois qu'il s'agit
d'une possibilité qui avait été envisagée à
un moment où il semblait que l'Opposition s'apprêtait à
chercher à empêcher l'adoption de tout projet de loi, pendant la
présente session. C'est la rumeur qui circulait dans le parlement, je
sais bien que ce n'était pas l'intention de l'Opposition; elle avait
donné cette impression par son comportement dans plusieurs commissions,
mais je sais très bien que ce n'était pas son intention. Je suis
content de voir que nous en avons la preuve par ta présence des
députés à cette commission, ce matin.
J'avais dit: Si nous sommes bien mal pris, s'il n'y a pas moyen de faire
adopter le projet de loi maintenant, il faudra bien essayer de le faire adopter
au tout début de la prochaine session. Le président m'avait
demandé si j'aurais objection à ce que la commission siège
pendant l'intersession, ce à quoi j'avais répondu non. Je lui
avais dit que, s'il y a de3 organismes qui veulent être entendus à
ce moment-là, ils auront plus de liberté de le faire et je serai
prêt à considérer cette possibilité.
À ce moment-ci de nos travaux, je doute que cela soit utile.
Moi-même, je n'ai pas été saisi d'une demande en ce sens.
J'ai reçu un télégramme de la CEQ qui me faisait part des
objections de la CEQ, à l'encontre des articles qui traitent des clauses
"nonobstant" du projet de loi, mais le télégramme que j'ai
reçu ne comportait pas de demande d'audition auprès de la
commission parlementaire. Si nous accordions cette demande maintenant...
D'abord, il faut s'assurer que nous ayons le temps de le faire, si nous pouvons
trouver une heure, et que tous les députés soient d'accord. En
principe, je n'ai pas d'objection. Ce serait une consultation
particulière sur ces points spéciaux. II s'agirait d'attendre que
nous soyons rendus à ces articles et il pourrait y avoir une
consultation particulière d'une heure. Je vous dirai que je n'aurais pas
d'objection si, au point de vue aménagement du temps, cela peut
s'organiser d'une façon compatible avec les objectifs que nous
poursuivons et qui sont, en particulier, l'adoption de ce projet de loi et
l'adoption de plusieurs autres projets de loi.
Maintenant, je dirai à l'avance que les arguments qui sont
invoqués à l'appui de la position que la CEQ veut défendre
sont des arguments déjà familiers qui avaient été
énoncés en long et en large à l'occasion des travaux de la
commission parlementaire sur le projet de loi 3, à l'époque. II
peut arriver que de nouveaux aspects se soient fait connaître depuis ce
temps et qu'il soit utile de les connaître. Je ne veux pas du tout
écarter cette possibilité et c'est pourquoi je dis: S'il y a une
possibilité physique, temporelle, que nous puissions ajouter une
consultation particulière lorsque nous serons rendus à cet
article du projet de loi, c'est une chose qu'il y a peut-être lieu
d'envisager. Je n'en vois pas la nécessité, cependant;
l'utilité ou la désirabilité, peut-être.
M. Jolivet: Simplement pour rappeler au ministre qu'effectivement
le télégramme a été envoyé au
secrétariat des commissions parlementaires avec demande de le remettre
à tous les gens. On dit: au président de l'Assemblée, au
premier ministre, au chef de l'Opposition et aux deux leaders parlementaires de
telle sorte qu'effectivement le télégramme du 11 décembre
dernier, donc jeudi dernier, était dans le but de vous mettre au
courant, ou quelqu'un de votre groupe parlementaire, tout comme moi j'avais
été mis au courant par mon groupe parlementaire de ce
télégramme demandant qu'on entende ce groupe. Je ne sais pas si
des discussions ont eu lieu entre le secrétaire de la commission et le
président, le président n'étant pas là, pour des
raisons qui l'obligent à être ailleurs présentement.
Pourrait-on nous dire si des contacts ont été faits dans ce sens?
Dès hier, je parlais avec M. le député de Sauvé
dans ce sens. On disait: On va les avertir. Or, c'était lui qui avait le
travail par l'intermédiaire du secrétariat. Y aurait-il moyen de
vérifier rapidement si, dans le contexte d'aujourd'hui... On
s'était dit, M. le Président
et moi, que selon le contexte dans lequel on était - mais on
pensait que ce ne serait pas appelé immédiatement - on aurait du
temps pour le faire. Si on pouvait vérifier à savoir si la CEQ
serait intéressée à venir rapidement, cet
après-midi, vers 16 heures admettons, après la reprise des
travaux, et après on continuerait.
Le Président (M. Thérien): II est impartant que M.
le ministre...
M. Jolivet: Écoutez, je...
Le Président (M. Thérien): C'est l'une de vos
demandes.
M. Jolivet: C'est une demande, ce n'est pas ma demande comme
telle ou ce sur quoi on s'était entendu, le président et moi, je
le répète, en disant qu'effectivement, selon nos
disponibilités, on pourrait les recevoir si la loi était
adoptée immédiatement. Si elle n'était pas adoptée
pour des raisons appartenant au leader de l'appeler ou non, on pourrait
s'entendre pour après les fêtes et, à ce moment-là,
je voudrais regarder cela simplement lorsque la commission siégera.
C'est la première occasion que j'ai.
Le Président (M. Thérien): M. le secrétaire,
cela va? Il va aller vérifier.
M. Jolivet: Je peux vous remettre le télégramme en
attendant.
M. Ryan: II faudrait bien préciser de quoi il s'agit. Je
ne sais pas si vous avez le texte de notre règlement ici, M. le
Président. J'aimerais peut-être que nous nous y reportions afin
d'éviter tout risque de malentendu. Je comprends qu'il s'agît
d'une consultation particulière à laquelle nous serions
disposés à procéder lorsque nous serons rendus à
cet article du projet de loi.
Une voix: Quel article?
Une voix: 170.
M. Ryan: À ces articles: 9, 10 et 11,
Le Président (M. Thérien): Du règlement?
M. Ryan: Les articles 170 et 171 nous intéressent, M. le
Président. "170. Toute commission peut aussi, par invitation
spéciale, solliciter l'opinion de personnes ou d'organismes qui ont une
connaissance ou une expérience particulière du domaine qu'elle
examine. "171. La commission détermine en séance de travail la
durée totale de chaque audition et la durée respective de
l'exposé et des échanges avec la commission."
Le Président (M. Thérien): II s'agirait de
préciser...
M. Jolivet: Vous êtes bien conscient, M. le
Président, que la demande que je fais immédiatement est dans le
but d'accélérer tous ces processus. Le gens ont dit qu'ils
étaient prêts à venir. Il s'aqit simplement de
vérifier, d'abord, s'ils sont prêts à venir et, si oui, on
peut leur dire: On serait prêt à vous entendre, pendant une heure
au maximum, à 16 heures cet après-midi. Si vous venez, c'est le
seul moment compte tenu des délais qu'on a. S'ils nous disent: On ne
peut pas venir dans ces circonstances, on sera délié de cette
décision.
M. Ryan: Oui. Je crois que c'est une proposition qui est pleine
de bonne foi et de bon sens»
Le Président (M. Thérien): Donc, c'est une
motion...
M. Ryan: Et à laquelle, par conséquent, il est
impossible de ne pas souscrire.
Le Président (M. Thérien): Donc, c'est une motion
préliminaire.
M. Jolivet: Je continue toujours à dire que le ministre de
l'Éducation est, à ce sujet, très facile de discussion
contrairement à d'autres de ses collègues. Je ne voudrais pas
aller trop loin, mais je vous dis simplement que je suis toujours fier de
pouvoir vous citer en exemple.
M. Ryan: Je pensais que vous alliez dire: Contrairement à
une certaine légende...
Le Président (M. Thérien): Si je comprends...
M. Jolivet: M. le ministre, par l'intermédiaire du
président, je peux vous dire qu'effectivement, pour changer les
légendes, il faut poser des gestes aussi drastiques que
ceux-là.
Le Président (M. Thérien): On fait une motion... M.
le député de Laviolette et M. le ministre, disons qu'on fait une
motion préliminaire.
M. Jolivet: De façon...
Le Président (M. Thérien): Consensus.
M. Jolivet: De consensus. Le ministre étant tellement
consensuel sur ces points.
Le Président (M. Thérien): Donc, c'est à 16
heures, de 16 heures à 17 heures.
M. Jolivet: C'est cela, en leur
expliquant la situation dans laquelle nous sommes. Le leader a
appelé le projet de loi ce matin, alors qu'on croyait que ce serait
peut-être un peu plus tard, et on n'a pas eu le temps de faire les
contacts depuis ce temps-là.
Le Président (M. Thérien): On va s'informer
à savoir s'ils peuvent être ici.
M. Ryan: M. le Présidents la commission pourrait-elle
consentir, pour épargner du temps, à ce que le porte-parole de
l'Opposition, vous-même et moi-même nous entendions sur
l'aménagement de cette période d'une heure, la durée de
l'exposé que la CEQ fera et la manière dont la séance se
déroulera? On pourra vous en faire part au début de la
séance de cet après-midi. Cela va nous éviter de discuter
de cela pendant une heure ici. Cela tiendra lieu de choses qui devaient
être faites en séance de travail.
Le Président (M. Thérien): C'est pour les articles
9, 10 et 11. Est-ce que l'article 18 est aussi inclus?
M. Jolivet: Leur demande concernait les articles 9, 10 et 11.
Le Président (M. Thérien): Les articles 9, 10 et
11.
Est-ce qu'on est prêt maintenant à passer à
l'article 1? J'appelle l'article 1. M. le ministre.
Étude détaillée
M. Ryan: Avant que nous procédions à l'article 1,
M. le Président, je voudrais vous demander la permission de
déposer deux projets d'amendement que nous voudrions soumettre à
l'examen de la commission. Un premier projet d'amendement portera sur l'article
2. Il s'agit d'un amendement de nature technique qui ne devrait soulever aucune
difficulté, mais que nous pourrons examiner en temps utile. Un second
amendement consisterait en un ajout à l'article 3 du projet de loi.
J'aurai l'occasion de m'expliquer lorsque nous arriverons là, mais je
voudrais communiquer ces deux projets d'amendement aux membres de la commission
dès maintenant pour qu'ils n'en soient point surpris lorsque nous en
serons rendus à ce stade de nos travaux.
Le Président (M. Thérien): En avez-vous des copies,
M. le ministre?
M. Ryan: Oui. Est-ce que M. le secrétaire en a?
Le Président (M. Thérien): Parfait, les amendements
sont déposés.
Nous revenons à l'article 1.
Loi sur l'instruction publique Règlement sur le
régime pédagogique
M. Jolivet: Vous comprendrez, M. le Président, que
l'article 1 comprend plusieurs alinéas. Je pense que, pour la
compréhension et la discussion, on pourrait faire l'étude
alinéa par alinéa, selon ce qui est permis en vertu du
règlement.
Le Président (M. Thérien): Donc, article 1,
alinéa par alinéa. On peut le voir globalement aussi.
M. Jolivet: Oui, disons qu'on peut faire un premier commentaire
global mais, ensuite, y aller alinéa par alinéa.
M. Ryan: Pour bien comprendre la portée de l'article 1, je
crois qu'il faut se reporter à l'article 16 et à l'article 189 de
la Loi sur l'instruction publique. Les deux articles que je viens de citer
définissent, d'un côté, les responsabilités majeures
du gouvernement en matière d'organisation du système scolaire et,
d'autre part, les responsabilités des commissaires et des syndics de
commissions scolaires dissidentes.
L'expérience nous a enseigné que l'article 16, en
particulier, n'a pas toute la précision qu'on pourrait souhaiter.
L'expérience nous a même enseigné qu'à cause de
cette imprécision certaines décisions gouvernementales et
ministérielles peuvent être sujettes à des contestations
susceptibles d'entraîner des coûts considérables et des
dépenses d'énergie et de temps non moins considérables
pour l'obtention, en bout de ligne, de résultats souvent fort minces.
Nous voulons que les choses soient claires et nettes, que ce qui se fait, ce
qui est pratique courante depuis longtemps soit vraiment établi d'une
manière claire dans la loi.
Comme j'avais eu l'occasion de l'expliquer lors du débat sur le
principe du projet de loi, les choses que nous inscrivons dans le texte de la
Loi sur l'instruction publique avec l'article 1 du projet de loi 131 sont
déjà contenues dans les régimes pédagogiques, mais
elles sont dans les régimes pédagogiques sans qu'elles semblent
émaner clairement d'un pouvoir qui aurait été
défini dans la loi. Pour qu'elles soient dans le régime
pédagogique, il faut qu'elles émanent du gouvernement. Or, dans
la loi, ce n'est pas clair que le qouvernement peut aller de manière
aussi explicite et aussi détaillée. Comment le gouvernement
pourrait-il déléguer d'une manière ou de l'autre sous
forme réglementaire ou préciser sous forme réglementaire
un pouvoir qu'il n'aura pas de par la loi?
Or, ici, on établit une correspondance entre les dispositions du
régime pédagogique
et d'autres formes de directives ou d'instructions émises par le
ministère de l'Éducation et le texte de la loi. C'est
précisément l'objet. (12 h 15)
Le député de Laviolette suggérait tantôt que
nous commencions par le premier alinéa. Le premier alinéa dit
ceci: L'article 16 est modifié par l'insertion, après le premier
alinéa, du suivants "Le règlement sur le régime
pédagogique peut, etc."
Dans la loi actuelle - cela se réfère à
l'alinéa 7° de l'article 16 de la Loi de l'instruction
publique - cet article dit: "Le gouvernement peut faire des règlements:
7° pour établir le régime pédagogique dans les
écoles placées sous le contrôle des commissaires ou des
syndics d'écoles." Là, nous voulons ajouter, à la fin de
l'article, une disposition qui dirait ceci: "Le règlement sur le
régime pédagogique peut..." Cela précise des points qui
sont mis en contestation. Ceci est tellement vrai.
Je vais donner un exemple qui intéressera particulièrement
les députés. J'ai été interrogé en Chambre,
hier, par la députée de Chicoutimi sur l'expérience qui se
fait dans certaines commissions scolaires où l'on donne des cours
d'anglais, langue seconde, au premier cycle du niveau primaire. Certaines
commissions scolaires le font parce qu'elles disent que le ministre n'a pas
autorité, ni le gouvernement, pour leur ordonner d'agir autrement. Vous
savez qu'il y a des causes qui sont actuellement en instance devant les
tribunaux au sujet de la compétence constitutionnelle du gouvernement et
des commissions scolaires en matière de pouvoirs pédagogiques.
Les dispositions que nous introduisons renforcent dans le sens de la sagesse la
plus élémentaire, à mon point de vue, et d'une
continuité d'ailleurs facile à établir les pouvoirs qui
doivent normalement incomber au gouvernement dans les matières
prévues par les amendements que nous proposons. C'est le sens du premier
alinéa: "Le règlement sur le régime pédagogique
peut: 1° déterminer la nature et les objectifs des services
éducatifs, leur cadre d'organisation et les règles sur
l'évaluation des apprentissages et la sanction des études."
M. Jolivet: M. le Président, j'ai un commentaire
général sur l'ensemble de ces amendements et des modifications
qui y sont apportées. Le ministre n'apporte pas ces amendements pour le
plaisir de les apporter. Donc, il a des raisons majeures de le faire dans un
contexte où il nous dit qu'il est essentiel de faire les modifications
qui s'imposent. Il y a une chose certaine. Ces précisions qui sont
devant nous nous amènent à penser que le ministre veut s'accorder
de nouveaux pouvoirs, c'est-à-dire des pouvoirs supplémentaires.
D'autres prétendent que ces pouvoirs devraient plutôt être
sous la responsabilité des commissions scolaires plutôt que sous
la responsabilité du ministre. Le ministre parle d'une très
grande autonomie pour les commissions scolaires mais, là, il vient
restreindre un peu l'ensemble des pouvoirs que les commissions scolaires
voudraient avoir. On fait référence toujours à la loi 3
qui donnait certains pouvoirs et qui permettait à la commission scolaire
de pouvoir agir à l'intérieur du cadre réglementaire d'un
régime pédagogique. Les commissions scolaires et leur
fédération prétendent que les modifications sont un peu
trop grandes. Elles prétendent aussi que le régime
pédagogique lui-même ne doit pas servir à déterminer
la nature des services éducatifs, ni les règles de
l'évaluation des apprentissages. Donc, est-ce que le ministre peut
donner une réponse à cette question qui est posée par la
fédération des commissions scolaires sur l'ensemble du cadre
d'organisation déjà prévu par le paraqraphe 1°
à l'article 12 C'est la première question que je pose au
ministre.
Je veux profiter de ce que le ministre ait parlé de
l'apprentissage de la langue anglaise au primaire pour dire qu'il y a des
commissions scolaires qui contestent le pouvoir qu'a le ministre et les
capacités qu'il a, dans un contexte où le ministre
s'apprête - on parle de commissions scolaires, mais on peut parler aussi
de l'ensemble du régime pédagogique qui s'applique à toute
école, qu'elle soit à l'intérieur du réseau public
des commissions scolaires ou à l'extérieur - à accorder
à Saint-Jérôme, d'après les renseignements que nous
avons, une école privée très bientôt qui,
déjà, indique que dans les activités parascolaires la
langue d'usaqe serait l'anglais au lieu d'être le français, comme
la Charte de la langue française l'indique.
La deuxième remarque, c'est qu'il y a des gens qui soulignent que
des écoles privées du genre pensionnat existent. Pourquoi le
ministre accorde-t-il à l'un ce qu'il ne veut pas accorder à
l'autre? La question n'est pas nouvelle. Je sais bien que le ministre pourrait
dire: Vous ne l'avez pas réglée; c'est évident.
Effectivement, c'était dans notre façon de voir les choses. Le
ministre a ouvert la porte et, en l'ouvrant, il y a des qens qui veulent
l'utiliser. C'est pour cela que je voulais faire la différence entre
l'école Sainte-Thérèse, qui est de nature privée,
et l'école de Saint-Jérôme . qui semblerait s'en venir et
qui utiliserait, dans ses activités parascolaires, la langue
anglaise.
M. Ryan: Là, je pense que nous sommes en dehors du sujet,
M. le Président. J'invoque la pertinence, parce que le
député a soulevé la question de l'octroi de permis, mais
surtout de statut pour fins de subventions à des établissements
privés. Cela
regarde la Loi sur l'enseignement privé et non pas la Loi sur
l'instruction publique. C'est défini dans la Loi sur l'enseignement
privé.
M. Jolivet: Est-ce que le ministre refuserait de répondre
à ces questions? Parce que ce sont les questions qui se sont
posées actuellement et qui ont trait à l'ensemble du
régime pédagogique. C'est évident que le projet de loi que
nous avons devant nous, c'est en vertu de la Loi sur le ministère de
l'Éducation, Ce n'est pas simplement sur les commissions scolaires.
C'est le ministère lui-même.
M. Ryan: L'aspect dont parle le député, qui se
rapporte plus au régime pédagogique à propos d'un projet
dont nous sommes saisis qui n'a pas fait l'objet d'une décision pour
l'instant, est inédit pour moi. Je n'en avais pas eu connaissance
jusqu'à maintenant. Je vais demander à mes collaborateurs de
l'examiner et nous aviserons là-dessus. Je ne pense pas que, dans le
régime pédagogique, nous ayons des dispositions interdisant
l'usage de toute langue autre que le français dans les activités
parascolaires. J'en serais étonné.
Je ne pense pas que ce soit une chose souhaitable non plus, mais je vais
regarder cela de près. C'est une question qui n'a pas fait l'objet
d'examen de ma part jusqu'à maintenant et je ne saurais la rejeter avant
de l'avoir examinée.
Le Président (M. Thérien): M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Je suis d'accord avec le ministre. C'est simplement
pour que, dans la réflexion qu'il aura à faire, il examine quand
même cette partie. Dans le régime pédagogique tel que
présenté actuellement, est-ce que le ministre se donne le pouvoir
d'intervenir dans des commissions scalaires qui, au niveau primaire, ne
respecteraient pas la directive, dans le contexte où le ministre dit que
c'est de façon expérimentale que se fait l'enseignement de
l'angiais au niveau du premier cycle?
Deuxièmement, d'après ce qu'on entend dire, le ministre
aurait pris une décision ou, du moins, serait sur le point de
l'annoncer. En tout cas, il a dit assez clairement, comme il l'a toujours dit
d'ailleurs à l'époque, qu'il favorisait plutôt un
enseignement intensif qu'un enseignement précoce.
M. Ryan: La réponse au début de la question est
affirmative. C'est évident que, si l'autorité relative au
régime pédagogique était plus solidement affirmée
dans le projet de loi, le ministre serait mieux placé ensuite pour
invoquer la loi à l'encontre de toute violation qu'il constaterait du
régime pédagogique et de ses dispositions.
Quant aux intentions du ministre en matière d'enseignement de
l'anglais, langue seconde, elles seront précisées en temps utile.
Je pense qu'au cours des prochaines semaines il y aura des précisions
i ce sujet. Mais je peux dire d'ores et déjà que je
souscris très volontiers à l'avis du Conseil supérieur de
l'éducation suivant lequel l'accent doit d'abord être mis sur une
certaine concentration dans le temps de l'apprentissage de l'anglais, langue
seconde, pour que cet apprentissage produise des résultats valables.
S'il y a trop de saupoudrage, les résultats seront insignifiants.
Les expériences les plus intéressantes dont nous soyons
saisis actuellement sont celles qui ont lieu au deuxième cycle du niveau
primaire et également au niveau secondaire, où l'on permet - sans
aller jusqu'à l'immersion; c'est une tout autre affaire -
l'apprentissage plus intensif de l'anglais, langue seconde, par
conséquent, pendant des périodes plus prolongées et
suivant un aménaqement du calendrier scolaire et de la grille-horaire
qui favorise ce genre d'expérience, ce qui n'est d'ailleurs aucunement
interdit par les dispositions actuelles du régime
pédaqogique.
Alors, dans l'ordre des priorités pédagogiques, on peut
considérer qu'en ce qui touche le ministre actuel de l'Éducation
il attache une impor|ance toute spéciale à cette façon de
voir, ce qui n'exclut pas la possibilité d'expériences au premier
cycle du primaire également qui seront nécessairement
circonscrites et balisées par des critères qui empêcheront
qu'on aille se perdre dans toutes les directions, parce que ce n'est absolument
pas l'esprit dans lequel nous abordons ces choses-là.
Chose sûre c'est que, si nous entendions parler qu'une commission
scolaire voudrait se lancer dans une expérience au premier cycle et
qu'elle ne s'acquitterait pas vraiment bien, à notre juqement, de ses
obligations au deuxième cycle en matière d'apprentissage de
l'angiais, langue seconde, nous lui dirions: Commencez par faire votre travail
au deuxième cycle et, ensuite, vous nous reviendrez avec vos projets
particuliers.
Il y a toutes sortes de choses qui seront précisées
là-dessus, Dans le souci du bien général, nous pourrons
nous entendre en étant assurés que les priorités resteront
là où elles doivent rester.
M. Jolivet: Si je comprends bien, par rapport à la
première question que j'ai posée, le ministre répond: Je
veux prendre mes responsabilités comme ministre et je veux l'inscrire
dans la loi; par conséquent, je ne suis pas prêt à remettre
entre les mains des commissions scolaires les pouvoirs qu'elles
réclament.
M. Ryan: C'est un point. Je suis content que le
député de Laviolette y revienne, parce que c'est un point
capital. Tout l'objet de la réforme de l'éducation que nous avons
faite au cours du dernier quart de siècle a consisté à
affirmer l'obligation pour la société québécoise de
donner à tous ses citoyens et citoyennes, en particulier à ceux
et celles qui sont de la jeune génération, la chance d'un
accès égal à une formation d'égale qualité
à travers tout le territoire et indépendamment de la classe
sociale, de la religion, de la langue ou de l'origine ethnique. Nous avons fait
des pas considérables dans cette direction, mais quelle puissance peut
assurer que ce principe-là sera respecté, que cet objectif sera
servi à la grandeur du territoire? C'est évidemment le
gouvernement du Québec. C'est la raison pour laquelle nous avons
créé un ministère de l'Éducation, en 1964, et que
le Parti libéral inscrit clairement dans son programme politique sa
volonté de maintenir un ministère de l'Éducation
doté des attributions et des pouvoirs nécessaires pour procurer
à la population du Québec cette égalité des chances
en matière d'éducation.
C'est pour cela que, lorsqu'il s'agit de définir la nature et les
objectifs des services éducatifs, il faut que la responsabilité
ultime demeure celle du gouvernement. Cela n'empêche pas, dans les
régimes pédagogiques et des modes d'organisation concrète,
que diverses formes de délégation soient envisagées
à l'intention en particulier des commissions scolaires. Cela va de soi,
mais le principe de fond, nous tenons à l'affirmer fermement et
solidement, sans délayage.
M. Jolivet: Dans le contexte, M. le ministre...
Le Président (M. Thérien): M. le
député...
Mme Bleau: J'aurais une question supplémentaire, s'il vous
plaît.
M. Jolivet: Allez-y, madame.
Le Président (M. Thérien): Oui. Mme la
députée de Groulx.
Mme Bleau: Est-ce que cet article vous aidera, M. le ministre,
à promouvoir un nouveau programme de français? On parle de
l'angais, je suis bien d'accord, il faut que cela commence en première
année pour les écoles qui peuvent le faire, mais le fait que l'on
veuille changer le programme du français pour améliorer la
qualité de la langue, est-ce que cet article de loi vous permettra
d'imposer une étude supplémentaire ou un programme
supplémentaire pour une meilleure étude du français?
M. Ryan: Oui. Le projet de loi, avec les renforcements qu'il
apporte à l'autorité du gouvernement - encore une fois, pas du
ministre, mais du gouvernement. Cette autorité sera exercée par
le ministre en pratique, mais elle est donnée au gouvernement et non pas
au ministre individuellement. Il pourra prendre les mesures nécessaires
pour renforcer l'apprentissage du français et tous les
députés savent que c'est l'objectif premier que je me suis
fixé depuis mon entrée en fonction comme ministre de
l'Éducation. Je l'ai affirmé dès le mois de janvier
dernier et je l'ai répété à plusieurs reprises
depuis. Comme je le disais à Mme la députée de Groulx
à l'Assemblée nationale hier, en réponse à une
question qu'elle m'avait posée, je compte bien que nous pourrons
annoncer au printemps un programme de renforcement et un programme de
redressement vigoureux, établi en consultation avec les milieux
concernés. Avec ceci, ce sera plus fort. (12 h 30)
II y a des points que le gouvernement ne peut pas établir. Par
exemple, si nous voulions décider de notre côté que le
nombre d'heures de présence en classe des élèves passera
de 23 heures et trente en moyenne qu'il est actuellement au primaire à
25 heures, nous pourrions le faire, mais les syndicats nous diraient: La
semaine de travail est définie de telle manière dans nos
conventions et le nombre de périodes d'enseignement est de tant. Il
faudrait que nous soyons prêts à mettre plus d'argent. C'est la
seule raison pour laquelle je pense pouvoir dire que le gouvernement
antérieur ne l'a pas fait, puisque les deux partis étaient
d'accord là-dessus, et pour laquelle nous ne l'avons pas fait encore,
car, seulement pour introduire une heure de plus, on avait établi le
coût à environ 25 000 000 $ à l'époque. C'est la
seule raison. C'est pour cela que j'avais souhaité, un peu
naïvement, que la CÉQ nous fasse cadeau, à l'occasion des
présentes négociations, d'une heure d'enseignement de plus par
semaine.
Mme Bleau: Naïvement, vous l'avez dit!
M. Ryan: Aussi...
M. Jolivet: M. le Président.
Le Président (M. Thérien): M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Je veux simplement ajouter... Je ne me souviens pas
des chiffres - peut-être que le ministre les connaît -mais juste
pour donner un exemple, on parle d'une période à ajouter, donc il
faudrait mettre le nombre de profs en conséquence. Selon la convention,
on donne 25 000 000 $. 5i on diminuait le ratio d'un élève, cela
ne
veut pas dire qu'on a cela nécessairement dans chacune des
classes... N'est-ce pas à 1Q0 000 000 $ actuellement, une baisse de
un?
M. Ryan: Cela ne serait pas tant que cela, je pense bien.
M. Jolivet: Combien est-ce?
M. Ryan: Je ne veux pas laisser entendre que je serais en faveur
d'une baisse.
M. Jolivet: Non, non, seulement pour donner un exemple de
coût.
M. Ryan: Je n'ai pas le renseignement que vous voulez.
Le Président (M. Thérien): Si nous revenions
à la loi...
M. Jolivet: Je pense que c'est important, M. le
Président.
Le Président (M. Thérien): Si vous jugez que... On
pourrait parler de la pertinence ici.
M. Jolivet: Je ne me trouvais pas impertinent compte tenu de la
question que j'ai posée.
Une voix: Cela nous renseigne, M. le Président.
Le Président (M. Thérien): C'est vous qui.,.
M. Jolivet: En tout cas...
M. Ryan: J'ai demandé qu'on obtienne le renseignement et,
lorsqu'on l'aura, on vous le donnera volontiers.
M. Jolivet: Je reviens à l'article, M. le
Président. Concernant l'article 447 qui est prévu dans la loi 3,
j'avais fait mention dans mon discours, à l'adoption du principe, qu'on
considérait, quant à nous, que l'article 447 était
beaucoup plus détaillé. Trois des six éléments qui
sont actuellement dans l'amendement à la loi proposé par le
ministre comme pouvant être contenus dans le règlement sur le
régime pédagogique se retrouvent de façon textuelle, ou
à peu près, dans l'article 447. Il y en avait deux autres qui
concernaient les pouvoirs de dérogation et d'exemption très
larges accordés au ministre, dont l'un est contenu dans l'un des
articles qu'on verra, c'est-à-dire l'âge d'admissibilité,
au deuxième alinéa. La question qui est posée, c'est la
différence entre les deux. Pourquoi le ministre n'a-t-il pas pris ce
avec quoi il semblait lui-même d'accord, dans la loi "3, qui avait fait
un large consensus?
Le Président (M. Thérien): Je suis en train
d'apporter la réponse à votre première question.
M. Jolivet: C'est combien, M. le ministre?
M. Ryan: M. le sous-ministre me dit que, qrosso modo, on peut
établir entre 100 000 000 $ et 125 000 000 $ le montant. C'est
calculé comme ceci» Si on calcule l'ensemble des dépenses
que nous faisons pour les enseignants et si nous y ajoutons un
vingt-cinquième, comme tes salaires payés aux enseignants sont
d'environ 2 500 000 000 $, cela veut dire qu'un vingt-cinquième de 2 500
000 000 $, c'est 100 000 000 $.
M. Jolivet: Je ne m'étais pas trompé de beaucoup,
ce sont à peu près les chiffres que j'avais dans la tête
compte tenu de l'inflation, parce qu'à l'époque, c'était
60 000 000 $, 75 000 000 $. D'accord. Je pense que Mme la députée
de Groulx...
M. Ryan: Oui, c'est une réponse qui ne veut pas du
tout...
Mme Dougherty: C'est une question pratique.
M. Ryan: Dites-le, Mme la députée.
Mme Dougherty: Sur le plan théorique, on pourrait calculer
cela, mais sur le plan pratique les choses ne marchent pas comme cela. On ne
peut pas traiter les enfants comme des numéros.
M. Jolivet: Oui, mais on parle toujours d'une moyenne, Mme la
députée, dans le sens suivant, c'est que tout cela a tellement
d'impact qu'une décision prise par le Conseil des ministres, en regard
de l'éducation, a des impacts incroyables quand on l'examine...
Mme Dougherty: ...globalement. M. Jolivet: ...globalement.
Mme Dougherty: Oui.
M. Ryan: Vous revenez à l'article 1, alinéa 1.
M. Jolivet: Donc, la question qui était posée:
Comment le ministre fait-il la différence entre ce qu'il propose et ce
qui était, dans certains cas, presque textuellement dans l'article 447
du projet de loi 3?
M. Ryan: La réponse serait la suivante. Dans les
éléments qui étaient contenus dans
l'article 447, il n'y en a aucun qui soit laissé de
côté par les additions que nous faisons et, à ce
moment-là, il y a rencontre; c'est un style différent, un style
un peu plus général. Je pense qu'il n'y aucun des
éléments de l'article 447 qui soit laissé de
côté. Cela a été vu par nos rédacteurs au
moment où ils l'ont conçu.
M. Jolivet: Je ferai la même - voyons, je cherche le mot -
réflexion que j'ai faite au ministre délégué aux
Forêts, en disant que, justement, pour que cela ne ressemble pas à
ce que le PQ avait fait et qui était bon, on change les termes, on
change les formules pour s'assurer que ce soient bien celles du ministre.
L'exemple que j'apportais était le suivant: au lieu d'appeler cela une
politique forestière, on a appelé cela un régime
forestier, mais, au fond, c'est la même chose, peut-être avec des
modalités différentes, cependant. En tout cas, je voulais juste
vous dire cela.
M. Ryan: M. le Président, il y a un avantage à
notre formule. C'est que, quand on veut être trop précis, on
limite toujours. Plus on est précis, plus on limite; plus on demeure
général, moins on limite. Ce n'est peut-être pas mauvais
qu'il soit laissé une certaine marge de souplesse. Je pense que c'est la
différence entre les deux textes. L'essentiel, c'est qu'au plan du
contenu, de la substance, il n'y ait aucune opposition entre les deux. Au
contraire, il y a convergence. Je le dis volontiers, sans aucune espèce
d'arrière-pensée.
M. Jolivet: D'ailleurs, je disais, dans mon texte, que l'on avait
rien contre le fait d'introduire un certain élément de souplesse,
justement, à l'alinéa 2 qui concerne la détermination de
l'âge d'admissibilité aux services éducatifs. Un
commentaire...
Le Président (M. Thérien): Est-ce que je comprends
que vous passez à l'alinéa 2 ? Je veux vous suivre, tout
simplement.
M. Jolivet: M. le Président, vous êtes
compliqué!
Le Président (M. Thérien): Bien oui, cela
dépend de votre jugement.
M. Jolivet: Vous êtes compliqué, M. le
Président!
Le Président (M. Thérien): Est-ce que vous voulez
le faire alinéa par alinéa ou globalement?
M. Jolivet: M. le Président, je vous ai dit qu'on
étudiait l'article 1 et qu'au moment du vote, pour s'assurer que l'on
ait vu l'ensemble et que l'on n'ait aucune question, on prendra alinéa
par alinéa. Ce n'est pas difficile de procéder ainsi.
Le Président (M. Thérien): Vous venez d'ajouter "au
moment du vote".
M. Jolivet: Je peux avoir oublié de vous le dire.
Le Président (M. Thérien): II n'y a pas de
problème. Je comprends que l'on peut commettre des oublis.
M. Jolivet: On est en fin de session, M. le Président.
"Bulldozés" comme on l'est, on n'a pas le choix, parfois.
Le Président (M. Thérien): Allez-y.
M. Jolivet: On doit travailler d'une commission à
l'autre.
J'aimerais avoir l'avis du ministre eu égard à ce que l'on
a dit dans la demande qui est faite par la fédération des
commissions scolaires. Le ministre - en fait, c'est ce qui arrive avec les
amendements qui ont été apportés - dit: Je me donne plus
de pouvoirs que les commissions voudraient avoir.
Je donne deux exemples: Â l'alinéa 3°, on dit:
"permettre au ministre d'autoriser une dérogation". Les commissions
scolaires prétendent que ce sont elles, plutôt que vous, qui
devraient avoir cela, pour permettre, justement, une certaine souplesse,
d'être plus près de l'élève que ne pourrait
l'être le ministre. Elles disent: Cela risque de causer un
préjudice à l'élève.
M. Ryan: Je vais vous donner un exemple qui illustre, je pense,
le bien-fondé de notre position. C'est vrai que les commissions
scolaires voudraient que ce pouvoir de dérogation leur soit
délégué plutôt que d'être
délégué au ministre, par le régime
pédagogique. On a un certain nombre de décisions à
prendre, chaque année, en ce qui touche l'âge d'admission. Nous
sommes saisis de cas d'enfants qui sont nés après le 1er octobre
et qui présentent des problèmes de développement
particuliers ou des problèmes d'environnement spéciaux. Par
exemple, un enfant nous arrive, il n'a pas l'âge réglementaire,
mais il avait déjà commencé ses études dans une
province voisine où on a l'avantage d'avoir un âge d'admission qui
est plus avancé que le nôtre. Est-ce qu'on va lui dire: Tu restes
chez vous jusqu'à ce que tu aies rejoint les autres ou jusqu'à ce
que les autres t'aient rejoint ou si on va lui permettre de continuer ses
études?
Nous sommes saisis, chaque année, de plusieurs centaines de
demandes. Les commissions scolaires en sont saisies les premières. Nous
demandons l'avis de la commission scolaire. La commission scolaire
fait son examen et, ensuite, soumet le cas à notre bureau
régional qui l'examine, qui inscrit un certain nombre de balises de la
part de la direction du ministère et qui fait sa recommandation. C'est
le ministre, ultimement, qui se prononce. C'est le ministre qui donne
l'autorisation. Pourquoi? Parce que si c'était laissé à
chaque commission scolaire, c'est la vieille règle de
l'expérience qui nous enseigne ce qui arriverait; l'on aurait des
modèles de politiques différentes. Dans un endroit, on serait
très laxiste; dans un autre endroit, on serait très rigoriste.
Finalement, l'égalité des chances, l'égalité de
traitement ne serait pas aussi bien assurée. Ce sont des cas
d'exception.
Le système marche très bien. Je crois qu'au cours de la
dernière année on a peut-être accordé une couple de
centaines de dérogations, en tout et partout, en ce qui touche
l'âge d'admission. La majorité, ce sont des cas de correspondance
avec des expériences scolaires déjà faites ailleurs. 11 ne
faut pas que ces choses soient laissées à la détermination
de 180 ou 190 commissions scolaires différentes. Elles interviennent
dans le processus et le point de vue ou la recommandation qu'elles
énoncent est examinée avec intérêt et, très
souvent, la conclusion va dans le sens de la recommandation de la commission
scolaire.
M. Jolivet: Tout simplement pour dire que, justement, ce que les
gens indiquent, ce qu'ils dénoncent, c'est cette façon... Ce
n'est plus le même modèle pour tout le monde. C'est ma vieille
expression qui dit qu'on devrait toujours éviter de mettre à tout
le monde, à tous les hommes au Québec, une chemise de 15 de
collet et de 32 de manche. Il y en a peut-être un à qui cela
prendre 15 1/2 de collet au lieu de 15-32... Je veux dire 32 1/2 de manche...
En fait, ce que je veux expliquer au ministre, c'est que le modèle qu'il
propose est de tout centraliser vers le ministère, donc le
ministère est centralisateur des décisions alors que des gens
disent; Pourquoi ne pas laisser plus proche cette décision?
M. Ryan: C'est uniquement pour des cas de dérogation. Pour
l'application régulière, pour à peu près tous les
enfants qui se présentent à l'école, la
responsabilité de l'admission est celle de la commission scolaire, cela
finit là. Pour les cas de dérogation, qui ne sont pas nombreux et
que nous ne voulons pas voir se multiplier de manière
débridée, il est bon qu'il y ait un contrôle central...
M. Jolivet: Par rapport...
M. Ryan: ...parce que cela entraîne des conséquences
au chapitre des subventions, il ne faut pas oublier cela.
M. Jolivet: Ce que je voulais poser comme question...
M. Ryan: Je vais donner un autre exemple au député
et je pense qu'il va me comprendre plus facilement,, On a adopté un
amendement à la Charte de la langue française pour l'admission
à l'école anglaise dans le cas de certains élèves
présentant des difficultés graves d'ordre familial ou
humanitaire. Cela a été laissé au ministre. On ne voudrait
pas que cela soit laissé à chaque commission scolaire. On sait
très bien ce qui arriverait dans certaines commissions scolaires. On s
dit: Cela va être laissé au ministre, et même pas è
la discrétion du ministre; le ministre pourra intervenir dans les cas
où il aurait été saisi du dossier par la Commission
d'appel. C'est pour cela qu'il y a des cas qui exigent le maintien et
l'affirmation de l'autorité centrale et nous croyons que les cas de
dérogation doivent rester de cet ordre, ce qui n'empêche pas le
gouvernement d'envisager la possibilité de délégation
d'autorité dans certains cas mais, dans ces cas-ci, cela n'est pas
envisagé, cela n'est pas contenu dans le régime
pédagogique et il n'y a pas de projet dans nos carnets qui nous
orienterait dans ce sens.
M. Jolivet: Le ministre pourrait-il nous dire si les chiffres ont
changé quant aux coûts? Des changements du 30 septembre au 31
octobre, etc., mois par mois, le coût... Est-ce c'est encore 25 000 000 $
cette mesure-là, si jamais...?
M. Ryan: Au début, le coût sera d'à peu
près 8 500 000 $, si mes souvenirs sont exacts, M. le Président.
La deuxième année, évidemment, cela passerait à 17
000 000 $, la troisième année, cela passerait à 26 000 000
$ et cela augmenterait comme cela. Le coût, en période de
croisière, serait de l'ordre, je pense, de 30 000 000 $ à 40 000
000 $. Une chose que l'on doit ajouter, c'est qu'une fois la période
finie, tout le cycle de passage de l'élève de la première
année jusqu'à la dernière année du secondaire, il
n'y aurait plus de coûts et c'est tout le Québec qui jouirait d'un
régime de formation devancé, de manière à
répondre mieux aux besoins des enfants. À la longue, ces jeunes
sortiraient des études plus tôt, paieraient des taxes plus vite.
Sur une lanque période, c'est une affaire qui, même d'un point de
vue économique, serait rentable pour le Québec.
M. Jolivet: ...en pratique de cette année?
M. Ryan: C'est parce que, là, on est plus dominé
par les préoccupations
budgétaires à court terme. Une voix: ... M.
Ryan: Pardon? M. Jolivet: A-t-elle la parole?
M. Ryan: Avec l'appui des députés des deux
côtés de la Chambre, nous viendrons peut-être à bout
de l'obstacle.
Le Président (M. Thérien): Je veux vous signaler
que vous n'aviez pas la parole...
M. Jolivet: C'est évident, M. le ministre, que nous allons
vous appuyer pour vous aider à remplir votre promesse électorale,
soyez sûr de cela.
Dans l'avis qui avait été envoyé au sujet du
régime pédagogique de niveau primaire, avis donné par le
Conseil supérieur de l'éducation sur, justement, le
deuxième alinéa quant à la date, la détermination
de l'âge d'admissibilité, le ministre a-t-tlil pris une
décision quant aux commentaires qu'il a reçus à la fois du
Conseil supérieur de l'éducation, de l'alliance de
Montréal, en particulier, et aussi de d'autres qui indiquaient les
problèmes du libellé? Le nouveau libellé projeté
dirait plutôt que tout enfant qui a atteint l'âge de six ans avant
le 1er octobre de l'année scolaire en cours doit être admis au
niveau primaire. Le conseil disait: On peut penser que le nouveau
libellé ne fait que dire autrement ce que l'ancien signifiait
déjà et reprend, dans le cas du primaire, ce que l'article 2
prévoit pour le préscolaire. On dit à l'article actuel que
l'âge d'admission au primaire est fixé à six ans
révolus avant le 1er octobre de l'année scolaire en cours. Cela
atteint non seulement les gens qui entrent en première année,
mais aussi ceux qui sont au préscolaire. Là, je n'irai pas
jusqu'au préscolaire, âge de quatre ans, mais tout le processus
qui est demandé pour amener du temps partiel à travers le
Québec au préscolaire, quatre ans, et du temps plein pour le
préscolaire, cinq ans... Encore une fois, ce sont des coûts aussi
et j'aimerais savoir: Est-ce que le ministre, par l'amendement qu'il apporte,
se donne le pouvoir de déterminer cela aussi, sans devoir passer par
l'Assemblée nationale, mais simplement par décision du Conseil
des ministres?
(12 h 45)
M. Ryan: C'est cela qui est l'objet de l'amendement qui avait
été apporté dans la loi 3 aussi. Le député
se souvient que la loi 3 allait exactement dans le même sens que
l'amendement que nous proposons et le reste est déterminé dans le
régime pédagogique.
M. Jolivet: C'est cela. Je suis d'accord avec vous, mais ce que
je veux dire: Est-ce que le ministre, quant à la demande d'avis, qu'il
avait faite, a l'intention de proposer la modification qu'il suggère,
plutôt que de maintenir l'article actuel?
M. Ryan: Oui, il nous apparaît que le texte que nous avons
rédigé est convenable pour les fins que voulait servir cette
modification. Nous avons tenu compte de ce qui nous a été dit par
le conseil supérieur et par l'alliance des professeurs, mais il ne nous
est pas apparu qu'il était nécessaire de faire cette
modification, nous sommes restés au texte actuel.
M. Jolivet: Texte actuel, d'accord. Donc, cela suffisait pour
pouvoir prendre les décisions...
M. Ryan: Les textes que nous avions proposés.
D'accord?
M. Jolivet: Oui. Cela vous permet à ce moment de faire les
modifications par l'entremise du Conseil des ministres.
Une autre question. À l'alinéa 4° , on dit:
"permettre au ministre d'établir les modalités d'application des
règles de sanction des études et d'exempter une catégorie
d'élèves qu'il indique de l'application de certaines de ces
règles." Encore une fois, c'est dans les pouvoirs que le ministre se
donne. Les gens des commissions scolaires -vous avez reçu le
mémoire, d'ailleurs -indiquent que, pour eux, cela devrait plutôt
être la commission scolaire qui exempte une catégorie
d'élèves de l'application de certaines de ces règles,
plutôt que le ministre. L'application de cette disposition
éliminerait des recours relatifs aux modalités d'application.
M. Ryan: On va consulter... M. Jolivet: D'accord, oui.
Le Président (M. Thérien): M. le ministre. M. le
député de Laviolette, vous n'aviez pas la parole. M. le
ministre.
M. Ryan: Regardez, la réponse à la question
posée par le député de Laviolette pourrait être la
suivante.
M. Jolivet: La même que tout à l'heure.
M. Ryan: Exactement.
M, Jolivet: ...passer au plus englobant.
M. Ryan: C'est qu'il s'agit d'établir une modalité
d'application des règles de sanction des études. On veut bien que
ces règles soient communes à tout le territoire. Qu'elles soient
soumises à l'autorité générale
du gouvernement en particulier, cela va de soi, en ce qui touche les
examens édictés ou administrés par le ministère
lui-même, mais en ce qui touche ta responsabilité
générale des commissions scolaires dans ce domaine, on veut que
les modalités puissent être précisées au besoin par
voie d'instructions ou de directives qui vont assurer que la qualité des
études sera acquise pour tout le monde. Ce ne sera pas soumis aux
volontés changeantes de M. Untel ou de Mme Unetelle.
Pour l'exemption des catégories d'élèves, c'est la
même chose. S'il fallait que chaque commission scolaire puisse
décider elle-même des élèves qu'elle sera libre de
présenter ou de ne pas présenter à des examens ou de ne
pas soumettre à telle ou telle vérification, ce serait
très dangereux. En pratique, une responsabilité majeure incombe
aux commissions scolaires de ce point de vue là et, même si la
validation des études au primaire est entièrement la
responsabilité de la commission scolaire, au secondaire, il y a
seulement un certain nombre d'examens qui sont administrés par le
ministère. D'autres sont administrés par les commissions
scolaires aussi, mais il faut que l'autorité générale du
gouvernement sur la sanction des études soit clairement établie
et c'est ce que veut dire l'alinéa 4°.
M. Jolivet: En fait, dans le cas d'une dérogation à
l'alinéa 3° et d'une exemption à l'alinéa
4°, le ministre donne la même réponse. Dans le fond, il
dit; C'est trop important pour laisser cela entre les mains des commissions
scolaires.
M. Ryan: C'est trop directement relié au principe de
l'égalité des chances et de la qualité de l'enseignement
pour que le gouvernement n'accepte pas sa responsabilité.
M. Jolivet: M. le Président, pour vous faciliter la
tâche, je serais prêt à voter sur chacun des
alinéas.
Le Président (M. Thérien): L'article 1,
alinéa 1°, est-il adopté?
M. Jolivet: Adopté.
Le Président (M. Thérien): L'alinéa 2°
est-il adopté?
M. Jolivet: Adopté.
Le Président (M. Thérien): Adopté.
L'alinéa 5° est-il adopté?
M. Jolivet: Adopté.
Le Président (M. Thérien): L'alinéa 4°
est-il adopté?
M. Jolivet: Adopté.
Le Président (M. Thérien): L'alinéa
5°?
M. Jolivet: Adopté.
Le Président (M. Thérien): L'alinéa
6°?
M. Jolivet: Adopté.
Le Président (M. Thérien): Donc,l'article 1 est adopté.
M. Jolivet: L'article au complet, M. le Président.
Le Président (M. Thérien): L'article au complet est
adopté.
M. Jolivet: Vous êtes surpris?
Le Président (M. Thérien): Je vous remercie, M. le
député de Laviolette, de faciliter ma tâche.
M. Ryan: M. le Président, je ne suis pas
étonné.
Le Président (M. Thérien): Moi non plus, je suis
agréablement... À l'article 2, M. le ministre, il y a un
amendement.
M. Ryan: M. le Président, pour bien comprendre
l'amendement proposé, il serait utile de prendre connaissance de la loi
dans son libellé actuel. Cela va me permettre de donner lecture de
l'article 33 tel qu'il existe actuellement et on comprendra facilement la
portée de la modification proposée.
L'article 33 de la Loi sur l'instruction publique se lit ainsi: "Chaque
municipalité scolaire du Québec doit contenir une ou plusieurs
écoles publiques, régies par des commissaires ou des syndics
d'écoles et dans lesquelles ils sont tenus d'admettre aux cours et
services éducatifs qui y sont donnés tout enfant domicilié
dans la municipalité, depuis le début de l'année scolaire
suivant le jour où il a atteint l'âge de cinq ans jusqu'à
la fin de l'année scolaire au cours de laquelle il a atteint l'âge
de seize ans."
Comme vous le savez, dans le régime pédagogique, cela veut
dire ici, si on comprend bien la portée de cet article, depuis le 1er
juillet. Depuis le début de l'année scolaire, c'est le 1er
juillet. Cela va du 1er juillet au 30 juin.
Dans le régime pédagogique, comme vous le savez, on parle
du 30 septembre. Il y a tout de suite un écart entre les deux textes qui
doit être corrigé. Ici, cela ne prescrit rien de plus
précis, tandis que ce que nous proposons, c'est de remplacer les mots
"depuis le début de l'année scolaire suivant le jour où il
a atteint l'âge de cinq ans" par les mots "depuis le début de
l'année
scolaire au cours de laquelle il a atteint l'âge de cinq ans
à la date fixée par le règlement adopté en vertu du
paragraphe 7° de l'article 16". C'est-à-dire que si le gouvernement,
en vertu du pouvoir qui lui est donné par l'article 1 que nous venons
d'adopter, décidait que l'âge d'admission à l'école
est fixé en fonction de la date de naissance au 31 décembre,
c'est ce que cela voudrait dire ici. Il y aurait une correspondance parfaite
entre la Loi sur l'instruction publique et le régime pédagogique.
La correspondance n'existe pas actuellement et, comme la loi est
formulée ici, ce n'est pas très utile et cela peut être
invoqué contre le gouvernement, étant donné la
contradiction que j'ai signalée. Le but de l'amendement est de rectifier
cette situation anormale.
Le Président (M. Thérien): M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Oui, je veux juste vérifier... C'est une
question que je posais à celui qui m'aide dans le travail. On parle du
premier alinéa et l'amendement qui est proposé, c'est
après le paragraphe 7° ... Est-ce que je comprends bien en pensant
qu'on vient d'ajouter, à moins que je ne me trompe, un alinéa? Ce
ne serait pas le second alinéa, dans ce contexte?
M. Ryan: Nous sommes à l'article 2, je pense?
M. Jolivet: Je le sais, mais l'article 2, c'est le
septième alinéa, le paragraphe 7° du premier alinéa de
l'article 16. Donc, on vient d'adopter des amendements. Y a-t-il des
concordances qui doivent être faites?
M. Ryan: Oui... Ah! vous parlez de l'amendement que nous avons
déposé! Je m'excuse, je l'oubliais, M. le Président. Nous
avons dit tantôt, dans l'amendement à la loi que nous avons
accepté, que nous ajoutions un alinéa à l'alinéa
premier. Un, deux, trois, quatre, cinq, ce sont des sous-paragraphes de
l'alinéa premier. Le premier alinéa, c'est cet ensemble qui est
déjà dans la Loi sur l'instruction publique. Ici, c'est le
paragraphe 7 du premier alinéa de celui qui est déjà
là.
M. Jolivet: On a l'article 16 qui a sept alinéas, cela
devient donc le paragraphe 7 ...
M. Ryan: Non, il y a deux...
M. Jolivet: II y a deux alinéas. On vient d'en ajouter un
deuxième, après le premier, et le premier contient au moins sept
paragraphes.
M. Ryan: Exactement, c'est cela.
M. Jolivet: Dans le septième, on dit le septième du
premier alinéa pour éviter... Parce qu'il aurait pu y en avoir un
septième dans le deuxième alinéa. C'est cela?
M. Ryan: Exactement.
M. Jolivet: Bon! On vient de comprendre. Donc, l'amendement, M.
le Président, on n'a pas de difficulté à l'adapter. Cela
corrige et cela clarifie...
Le Président (M. Thérien): Donc, l'amendement est
adopté.
Une voix: C'est adopté.
Le Président (M. Thérien): L'article 2, tel
qu'amendé, est-il adopté?
M. Jolivet: L'amendement? Dans le cas, justement, de l'article 2,
ce que j'exprimais tout à l'heure, la souplesse qui est maintenant
permise va permettre de faire évoluer dans le temps toute la question de
l'âge d'admission obligatoire. Donc, dans ce contexte, M. le
Président, je n'ai pas d'objection à adopter l'article 2 tel
qu'amendé.
Le Président (M. Thérien): Donc, l'article 2, tel
qu'amendé, est adopté. L'article 3, M. le ministre.
M. Jolivet: Comme on pourrait avoir beaucoup de questions sur
l'article 3, M. le Président, cela vaut-il la peine de le commencer? On
pourrait plutôt reporter à 15 heures l'ensemble de
l'étude.
Le Président (M. Thérien): C'est une très
bonne remarque. Y a-t-il consentement pour qu'on suspende jusqu'à 15
heures?
M. Ryan: En ce qui regarde la CEO, a-t-elle été
rejointe?
Le Président (M. Thérien): Elle n'a pas
été rejointe parce que c'était l'heure du midi lorsqu'on
a...
M. Ryan: Y aurait-il objection à fixer la rencontre avec
la CEQ à 17 heures plutôt qu'à 16 heures? Cela nous
donnerait deux heures de travail dans autre chose. Autrement, on risque de
perdre du temps.
M. Jolivet: Je peux cependant vous garantir ceci: que ce soit
à 16 heures ou à 17 heures, je peux vous dire une chose, c'est
qu'on va avoir terminé le projet de loi pour 18 heures. Si vous voulez
être sûr de cela, il n'y a pas de problème à vous le
dire dès maintenant.
M. Ryan: Très bien. On laisse au
président le soin de déterminer l'heure de la rencontre
avec la CEQ, étant donné ce qui vient d'être dit.
(Suspension de la séance à 12 h 59)
(Reprise à 15 h 9)
Le Président (M, Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît!
La commission parlementaire de l'éducation continue ses travaux
avec l'étude du projet de loi 131, Loi modifiant de nouveau la Loi sur
l'instruction publique et la Loi sur le Conseil supérieur de
l'éducation et modifiant la Loi sur le ministère de
l'Éducation.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a quorum?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé); M. le
secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Non, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Nous sommes rendus
à l'article 3.
Comité d'école
M. Jolivet: D'une façon ou d'une autre, M. le
Président, j'aurais refusé les changements puisque c'est...
Le Président (M. Parent, Sauvé); L'article 3 se lit
comme suit: "L'article 50 de cette loi est modifié: "1° par le
remplacement, dans les quatrième et cinquième lignes du premier
alinéa, des mots "qui fréquentent telle école et sont
inscrits pour l'année scolaire suivante" par les mots "qui sont inscrits
à une telle école pour l'année scolaire suivante"; "2°
par le . remplacement, dans les deuxième et troisième lignes du
cinquième alinéa, des mots "cesse de fréquenter cette
école" par les mots "ne fréquente pas l'école pendant
l'année scolaire pour laquelle il a été inscrit à
cette école". M. le ministre.
M. Ryan: M. le Président, nous saluons avec plaisir votre
entrée toujours remarquée de même que votre absence que
nous savons attribuée à des causes valables et nobles.
L'article dont vous venez de faire la mention s'explique de
lui-même. Je pense qu'essentiellement il s'agit de favoriser la
participation au travail d'un comité d'école de parents d'enfants
qui n'y seraient point inscrits à la fin de l'année
précédente, qui commenceraient à y étudier ou qui
s'y inscriraient pour la première fois à partir du mois de
septembre. Suivant la disposition actuelle de la Loi sur l'instruction
publique, ne sont admis à faire partie du comité d'école
que les parents d'enfants inscrits et fréquentant l'école au mois
de mai, c'est-à-dire à la période où a lieu
l'élection du comité d'école. Il arrive qu'on soit
privé, à cause de ce règlement, de cette norme
législative, du concours de parents très
intéressés, très intéressants, mais dont les
enfants ont eu le malheur d'être inscrits à d'autres écoles
l'année précédente ou ont le malheur d'être inscrits
à l'école pour la première fois.
Avec l'amendement que nous proposons, la participation au comité
d'école serait ouverte aux parents d'enfants inscrits à
l'école concernée pour la première fois à partir du
mois de septembre. C'est essentiellement la portée de cet article qui
était demandé depuis des années par la
Fédération des comités de parents de la province de
Québec, laquelle regroupe, comme vous le savez, tous les comités
de parents des commissions scolaires, lesquels reqroupent tous les
comités d'école de chaque commission scolaire. C'est un organisme
très largement représentatif qui accomplit un travail
extrêmement méritoire. D'ailleurs, comme vous le savez, le
ministère de l'Éducation accorde chaque année à la
fédération des comités de parents une subvention assez
substantielle pour lui permettre de faire face à ses dépenses et
de financer son activité au service des comités de parents et des
comités d'école. Cette fédération souhaitait depuis
longtemps, de même qu'à peu près tous les comités de
parents rattachés à des commissions scolaires, cette modification
législative que nous apportons par le projet de loi 131.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous remercie,
M. le ministre. Est-ce qu'il y a des commentaires de la part du porte-parole de
l'Opposition en ce qui a trait à la teneur de l'article 3?
M. Jolivet: En fait, M. le Président, effectivement,
l'article 3 apporte une modification à cette composition de
l'assemblée générale de parents pour la formation de
comités d'école.
Cet amendement nous paraît tout à fait logique, de
façon à permettre, comme le disait le ministre, à des
parents qui vont avoir des enfanats dans une école donnée au
début de l'année scolaire d'être convoqués à
la réunion qui permet la nomination, l'élection de parents au
comité d'école. C'est en conformité, d'ailleurs, avec
l'esprit de l'article 100 de la loi 3. Donc, comme j'en faisais mention dans
mon discours sur l'adoption du principe du projet de loi, le ministre est en
train de prendre morceau par
morceau la loi 3 et de l'intégrer dans la mesure où cela
fait son affaire. Mais» des fois, il oublie d'en prendre d'autres qui
pourraient faire l'affaire des gens qui vivent les situations et qui n'ont pas
l'occasion d'être à la barre, à la direction du
ministère pour faire valoir leur point.
Je fais simplement cette mention en disant que le ministre, à mon
avis, ne va pas assez loin pour donner aux parents d'autres possibilités
qui seraient normales dans la souplesse qu'il veut accorder à l'ensemble
du système scolaire, permettant aux parents de faire valoir leur point
de vue sur l'éducation même et la qualité de l'enseignement
et de l'éducation.
Je peux peut-être donner un exemple au ministre. J'en fait mention
parce que j'ai rencontré Mme Lorraine Pagé qui est la
présidente de l'alliance de Montréal. Je lui ai fait mention
d'une souplesse qui, parfois, paraît drôle dans la bouche d'une
personne qui était de l'autre côté de la clôture
à l'époque, comme président de syndicat d'anciens ou
permanent syndical, comme on dit dans notre langage, et qui est quand
même une chose qui permet une qualité de l'enseignement. L'exemple
typique que je vais vous donner, c'est celui d'une école qui s'appelle
Louis-Colin, à Montréal, où les enfants et les parents se
plaignent souvent de la qualité de l'enseignement. C'est un parent qui
m'a appelé. J'ai demandé qu'elle vérifie et qu'elle fasse
aussi avec la CECM des vérifications auprès du ministère.
Maintenant, il est évident que la jonction de concertation est difficile
parfois dans le contexte d'une négociation comme on la connaît
actuellement. Mais les parents se plaignent, à juste titre, que des
livres ne sont pas disponibles pour les enfants et qu'on leur donne
plutôt des photocopies de volumes qui sont, par fois, tellement mal
foutues que l'enfant de Ze ou 3e année ne voit même pas les
lettres et les parents ont du mal à les lire. Il me semble que
l'élection de parents à un comité d'école permet
justement à ces gens-là de faire valoir cet aspect des
difficultés qu'ils ont à la maison quand ils reçoivent des
volumes de cette piètre qualité. Je fais simplement mention de
ça au ministre parce qu'il aura l'occasion, durant l'intersession, de
regarder ça, j'en suis assuré, compte tenu qu'il n'y a pas de
projet de loi ni de commission parlementaire en vue pour le ministre entre le
19 décembre et l'ouverture de la session, au mois de mars. Je ferai
aussi certaines recommandations.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Ce n'est pas
certain.
M. Jolivet: J'en suis sûr, M. le Président. Ayant
été dix ans ici, à l'Assemblée nationale, je suis
sûr que le "forcing" qui est fait par le Parti libéral pour nous
dire qu'on siéqera après Noël, je n'en suis pas convaincu du
tout.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous ferai
remarquer, M. le vice-président, que je vous ai parlé d'une
réunion de la commission parlementaire sur l'éducation pour
l'étude des crédits...
M. Jolivet: Ah! excusez-moi! J'ai extrapolé.
Le Président (M. Parent, Sauvé): C'est. bien vrai
que ce n'était pas rapidement, M. le vice-président.
M. Jolivet: Je voulais quand même passer mon message et il
est passé.
Quant à l'autre partie qui est celle d'une réunion pour
les crédits, on y reviendra, M. le Président. Je vous fais
mention de ça parce qu'il y a aussi d'autres sujets que les gens vous
amènent, qui sont des membres de comités d'école. Je vous
donne un exemple justement de qens qui sont à des comités
d'école. Je reviens à nouveau sur cette question des classes
à degrés multiples. C'est quand même une qualité
d'enseignement et je reviens toujours avec le comité d'école de
Pointe-Lebel où les qens, à l'école La Marée, vous
ont encore écrit tout dernièrement, en date du 25 novembre, vous
indiquant les problèmes qu'ils ont.
Un dossier qui, j'en suis assuré, vous permettra de
réfléchir à la qualité de l'enseignement, est celui
dont vous avez été saisi dans ma propre région, dans le
comté de Champlain. Le député de Champlain avait dit que
si l'enseignant n'était pas satisfait il n'avait qu'à
démissionner. Je pense qu'on ne règle pas ces problèmes de
cette façon-là. Les comités d'école se sont
impliqués grandement dans le dossier et ont fait valoir des points au
ministre. Il est effectivement important que les parents puissent être
convoqués à cette réunion leur permettant d'être
élus au comité de l'école que leurs enfants
fréquenteront l'année prochaine.
Je vais arrêter là, M. le Président, et je vais
revenir parce que je pense que vous avez une nouvelle à nous
annoncer.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je parle une
seconde avec le ministre et le vice-président.
M. Jolivet: Parfait! Je reviendrai parce que j'ai un autre
dossier à vous...
Le Président (M. Parent, Sauvé): La commission
parlementaire reprend ses travaux après cette courte interruption.
M. Ryan: Quand la cause est claire. Le Président (M.
Parent, Sauvé): M. le
député de Lavialette est-ce que vous aviez terminé
vos remarques?
M. Jolivet: Non.
Le Président (M,, Parent, Sauvé): Nous vous
écoutons religieusement.
M. Ryan: II commençait.
M. Jolivet: J'avais dit au ministre... Je pense qu'il me
permettra de lui donner des cas qui pourront être étudiés.
Je lui avais dit que je les amènerais lors de la commission
parlementaire parce que des choses peuvent permettre de trouver des solutions
dans les plus brefs délais.
Un dernier exemple où des comités de parents ou des
comités d'école ont fait des recommandations se situe dans le
dossier qui prévaut à Franklin, dans le comté de Saguenay.
C'est un petit village, pour ceux qui ne le connaissent pas, près de
Baie Comeau, ayant 370 habitants. Il est arrivé dans ce dossier que,
pour une raison ou pour une autre, un commissaire d'école a
démissionné. Le siège étant vacant, une formule est
prévue pour sa nomination. Celle-ci fait en sorte que la commission
scolaire communique avec, le comité de parents de la place lui demandant
de donner des noms de personnes susceptibles de remplir la fonction de
commissaire. Comme cela s'est passé durant le temps des vacances
estivales, il est arrivé que les gens se retrouvent en retard de
quelques jours. On disait de leur suggérer un ou plusieurs candidats
pour le remplacement de celui qui avait démissionné, M. William
McKinnon, On leur donnait jusqu'au 10 septembre. Compte tenu de ce qui s'est
passé, ils ont outrepassé la date du 10 septembre. Finalement,
comme les délais prévus à l'article 164 de la Loi sur
l'Instruction publique n'avaient pas été respectés, il
fallait prendre d'autres décisions. Les gens ont demandé un
délai qui n'a pas été accordé et, finalement, ils
se sont vu imposer selon la loi, de façon bien correcte cependant, la
nomination d'une personne qui, elle, a été nommée par le
ministre. Cependant, la personne ne semble pas être celle qui
défend les parents, selon ce que les gens disent et écrivent. Ils
ont demandé au ministre de revérifier la nomination qui a
été faite. Malheureusement, le ministre, dans des lettres qui ont
été envoyées à- ces personnes, indique qu'il n'a
pas l'intention de changer quoi que ce soit dans sa décision.
Je reviens quand même auprès du ministre, au nom de ces
personnes qui nous demandent de regarder cette chose. Je vous soumets le
contenu d'une lettre du 18 juin 1986 où on dit: Pour faire suite
à notre correspondance du 9 mai et en réponse à celle du
26 mai, nous vous faisons parvenir un court historique de la situation. On
répète que Franklin est un petit village, 26 enfants au primaire,
7 à la maternelle, 20 au secondaire, 5 au cégep, 5 en classe
d'adaptation scolaire. On dit que M. McKinnon donne sa démission le 9
août. La commission scolaire de Manicouagan demande, en date du 19
août, une recommandation pour le remplacement de ce dernier et cela,
avant le 10 septembre. N'ayant pu avoir une rencontre avant cette date, le
comité d'école transmet la recommandation le 11 septembre»
La commission scolaire, elle, ne peut transmettre sa recommandation qu'en date
du 25 octobre et, au début de mai, on apprend la nomination d'une
personne qui s'appelle Mme Pelletier. On dits Nous communiquons alors afin de
vous manifester notre mécontentement face à cette nomination.
Face à tout cela, les gens demandent la démission de Mme
Pelletier. Entre-temps, des lettres ont été envoyées
à la présidente du comité de l'école Père
Duclos de Franklin, comté de Manicouagan et le ministre, par
l'intermédiaire d'une personne qui le représente, le conseiller
spécial Jean-Claude Rondeau, donne la version des faits.
Il indique ceci: Dans une lettre du 9 mai 1986, vous exprimez votre
déception en ce qui concerne la nomination de Mme Thérèse
Pelletier comme commissaire à Franklin. Vous savez que, lorsque les
sièges deviennent vacants, il appartient d'abord à la commission
scolaire de combler le poste dans un délai de 30 jours. Si la commission
scolaire, pour une raison ou une autre, ne peut s'acquitter de cette
obligation, il revient au ministre de procéder lui-même à
la nomination d'un remplaçant au poste de commissaire. Dans le cas du
quartier no 3 pour Franklin, il y a eu effectivement consultation dans le
milieu quant à la personne qui pourrait être nommée par le
ministre. La commission scolaire a fait la recommandation en ce sens. Vous
comprendrez toutefois que l'intervention du ministre de l'Éducation
n'est pas une simple signature apposée à une désignation
par un groupe de parents. II lui appartient de prendre une décision en
fonction de ce qu'il juge être les meilleurs intérêts de la
population concernée. Cette façon de procéder ne le met
évidemment pas à l'abri de toute erreur, ni n'assure la
population du meilleur choix possible. Vous contestez la décision du
ministre et vous croyez qu'il va y avoir des inconvénients pour vos
enfants. Nous vous inviterions plutôt à regarder dans les faits le
comportement du commissaire désigné et de lui laisser la chance
d'exercer sa fonction avant de porter un jugement. Soyez assuré que
cette question d'élection des commissaires préoccupe au plus haut
point le ministre de l'Éducation et il entend, dès l'automne,
apporter des modifications à
la loi de façon à améliorer de façon
sensible le processus électoral des commissions scolaires.
On peut donc penser que le ministre avait cette idée à
l'époque. C'est ce que je disais, le ministre n'est peut-être pas
allé assez loin. On a des craintes qu'au printemps il n'aille pas plus
loin non plus sur certains points.
Je continue la lettre: II faut espérer qu'à ce moment le
ministre sera en mesure de corriger certaines lacunes qui sont
présentement dans la Loi sur l'instruction publique. Veuillez recevoir,
Mme Ouellet, les remerciements du ministre pour avoir porté à sa
connaissance les réactions du comité d'école et
l'assurance que des améliorations importantes seront apportées
à la Loi sur l'instruction publique au cours de la prochaine
année scolaire, etc. Veuillez recevoir l'assurance de ma
collaboration.
M. le ministre, il y a des gens qui sont justement... Vous ouvrez une
porte pour permettre - on est d'accord, personne ne va s'opposer - que des gens
qui veulent vivre par l'intermédiaire de leurs enfants... Il faut quand
même ne pas leur enlever tout moyen - je ne parle pas de contestation -
de faire valoir leur point de vue. Quand on fait partie d'une population de 300
ou 400 habitants, on doit se connaître, on doit savoir quelles sont les
réactions des uns et des autres. Les gens ont l'impression que le
ministre a fait cette nomination à la suite d'une recommandation du
député du coin, ce qui, malheureusement, ne semble pas faire le
bonheur de tout le monde et même, je pense, de la majorité. Les
gens, aussi bien de la commission scolaire que du comité de parents,
l'indiquent. J'ai reçu cette lettre le 1er décembre. Oans le
contexte que le ministre connaît depuis ce temps-là, est-ce qu'il
peut prendre une autre décision ou s'il est lié par la
décision qu'il a prise et qu'il ne peut la changer tant et aussi
longtemps que la personne n'aura pas démissionné ou qu'il n'y
aura pas élection en vertu des règles habituelles des commissions
scolaires? Cela pourra donner une réponse aux gens qui en ont besoin
actuellement.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: J'ai fait la nomination pour ce qui restait de la
durée du mandat du commissaire précédent. Les indications
que j'ai reçues jusqu'à maintenant m'autorisent à penser
qu'il n'y a aucune raison de rescinder ou d'altérer cette
décision. Cela a donné Heu à des désaccords dans
certains milieux, alors que d'autres sont très satisfaits. Je n'ai
été saisi, cependant, d'aucun fait relatif à la conduite
de cette personne depuis qu'elle a été nommée au poste de
commissaire ou encore d'actes qu'elle aurait pu faire avant sa nomination qui
la rendrait inadmissible ou indésirable. En conséquence de quoi,
je dois maintenir la nomination et souhaiter que la personne puisse s'acquitter
de son mandat de la manière la plus satisfaisante possible. J'ai
été saisi de ce cas-là et la lettre de M. Rondeau que vous
avez citée était une lettre que j'avais autorisée.
M. Jolivet: Simplement pour vous rappeler, M. le ministre, que
les gens avaient écrit cette lettre au début du mois. Il serait
peut-être bon de regarder cela à nouveau puisque, à ma
connaissance, la lettre vous a été envoyée.
Le Président CM. Parent, Sauvé): Est-ce qu'il y a
d'autres remarques sur l'article 32 L'article 3 est-il adopté?
M.Jolivet: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): J'appelle
l'article 3.1 qui fait l'objet d'un papillon, comme vous le dites si bien, M.
le député d'Arthabaska, qui vous a été
distribué. Je laisse au ministre le soin d'expliquer l'objet de cet
article.
M. Ryan: Juste une minute, si vous me le permettez.
M, Jolivet: Pendant que le ministre regarde ça, est-ce que
vous pouvez en faire la lecture pour les besoins du Journal des
débats?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je peux en faire
la lecture, si vous voulez. Cela peut vous aider, mais je ne lis pas aussi bien
que le ministre. "Article 3.1. Cette loi est modifiée par l'insertion,
après l'article 181, des suivants: "181.1. Un commissaire peut, lorsque
la majorité des commissaires physiquement présents à une
session des commissaires y consent, prendre part à cette session, y
délibérer et y voter par téléphone ou par un autre
moyen de communication. "Un tel consentement ne peut être donné
que lorsque: "1° les commissaires physiquement présents sur les
lieux où se tient la session, y compris le président, forment le
quorum; "2° le moyen de communication retenu permet à toutes les
personnes participant alors ou assistant à la session de s'entendre
l'une et l'autre. "Le procès-verbal d'une telle session doit faire
mention: "1° du fait que la session s'est tenue avec le concours d'un moyen
de communication qu'il indique; "2° du nom de tous les commissaires
physiquement présents lors de la session avec la mention de ceux qui ont
consenti de
procéder de cette façon; "3° du nom du commissaire qui
a participé grâce à ce moyen de communication. "Un
commissaire qui prend part à une session par un tel moyen de
communication, qui y délibère et qui y vote, est
réputé être présent sur les lieux où se tient
la session. "181.2. L'article 181.1 s'applique, en l'adaptant, aux
réunions du comité exécutif,,"
M. Jolivet: M. le Président, j'ai un premier point de
règlement.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Si vous le voulez,
on va écouter le ministre qui a des explications à nous
donner.
M. Jolivet: Non, avant je vais vous demander s'il est recevable
ou pas. Je pense que le ministre n'a pas è faire actuellement quelque
recommandation...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je ne juge pas
immédiatement s'il est recevable ou pas. Si vous avez un argument pour
me prouver qu'il pourrait ne pas être recevable, je vous écoute et
j'écouterai le ministre ensuite.
M. Jolivet: Pour le rendre recevable il faudrait en avoir
discuté lors de l'étude de l'adoption du principe du projet de
loi. C'est la première fois que j'entends parler d'un amendement qui
s'ajoute à un article du projet de loi et qui n'a rien à voir
avec ce qui en est. Vous regardez l'article 3 de la loi qui est l'article
concernant les parents et l'article 4 qui n'a rien à voir avec... C'est
donc un nouvel article 3.1 qui est présenté devant la commission,
qui n'a pas vraiment fait l'objet de discussions lors de l'adoption du principe
du projet de loi. (15 h 30)
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
vice-président, j'ai bien entendu votre argumentation. Cela me rappelle
une argumentation semblable, que vous m'avez apportée déjà
alors que j'avais jugé irrecevable un amendement du ministre. Par
contre, il y avait eu moyen de s'entendre à un certain moment...
M. Jolivet: ...Il n'y avait pas moyen de s'entendre.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous ferai
remarquer que l'Opposition avait jugé, après mûre
réflexion, que l'on pouvait admettre un tel amendement, mais ce n'est
pas à moi de juger. Je reconnais maintenant le ministre.
M. Jolivet: M. le Président, juste un instant.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui.
M. Jolivet: Ce qui est important pour pouvoir en discuter, c'est
de savoir s'il est recevable ou pas. Après, je peux vous donner ma
position, mais je ne veux pas que le ministre prenne l'habitude de nous
présenter des amendements alors que l'étude...
Le Président (M. Parent, Sauvé): D'accord. J'ai
bien entendu votre argumentation et j'écoute maintenant le ministre.
M. Jolivet: D'accord, sur la recevabilité.
Le Président (M. Parent, Sauvé): C'est cela. M. le
ministre.
M. Ryan: M. le Président, il m'a/rive d'obéir
plutôt aux indications du coeur qu'à celles de la raison. J'ai
voulu être généreux envers une commission scolaire pour
laquelle le député de Laviolette a déjà
prétendu, dans cette commission, qu'il avait une affection
particulière...
M. Jolivet: Laquelle?
M. Ryan: ... la commission scolaire Joutel-Matagami.
M. Jolivet: Ha! Ha! Ha! M. Ryan: Ha! Ha! Ha!
M. Jolivet: C'est à peu près comme la Loi sur
l'instruction publique pour vous.
M. Ryan: C'est dans cet esprit que j'ai présenté ce
projet d'amendement dont la commission scolaire Joutel-Mataqami ne m'a saisi
que récemment. Je comprends les réserves que le
député de Laviolette vient de formuler. Non seulement les
comprends-je, mais je les accepte. Comme il a dit qu'il n'était pas
fermé à une possibilité de solution, je voudrais
peut-être lui laisser l'initiative de faire des suggestions parce que je
ne voudrais pas avoir l'air de lui imposer quoi que ce soit, étant
conscient que nous dépendons entièrement de son bon vouloir. De
même que les commissaires et les citoyens de Joutel-Matagami. Ha! Ha!
Ha!
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vais vous
entendre, mais je ne sais pas en vertu de quoi. Je suis prêt à
rendre ma décision.
M. Jolivet: Oui, mais...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Allez, allez.
M. Jolivet: ...pour vous éviter d'avoir à rendre
une décision la déclarant irrecevable...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Ne préjugez
pas de mon jugement.
M. Jolîvet: Pour vous éviter de prendre une
décision, M. le Président, je dois ajouter que j'aurais
peut-être, en contrepartie, dépendant de la décision que
vous allez rendre, une question à lui poser.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Allez, je vous
écoute.
M. Jolivet: Est-ce que vous la jugez irrecevable? Votre
décision, c'est quoi?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Vous posez des
questions conditionnellement, quoi?
M. Jolivet: Non, non.
Le Président (M. Parent, Sauvé): À ce
stade-ci, je suis porté à me rendre à votre argumentation,
M. le vice-président, et à juger irrecevable cet amendement,
lequel ne faisait pas partie de l'énoncé de principe de ce projet
de loi.
M. Jolivet: M. le Président, je me fais donc un devoir,
compte tenu de ma commission préférée, au même titre
que le ministre a sa loi préférée, la Loi sur
l'instruction publique, de vous dire ceci... Peut-être que je pourrais
aller plus loin, mais c'est moi qui serais peut-être irrecevable, eu
égard à la proposition. Je demanderais, en contrepartie de
l'acceptation de cet amendement, que le ministre mette en application ce qu'il
dit depuis un bout de temps et dont le télégramme nous a
été envoyé aujourd'hui - j'ai reçu cela hier soir
à mon bureau - à savoir que les commissaires demandent une
augmentation de leurs émoluments. Mais je ne le ferai pas, M. le
Président, je ne fais que passer mon message au ministre. Quand j'ai lu
le télégramme et tout ce qui a été envoyé
sur le sujet, j'ai été un peu surpris de voir que le ministre des
Affaires municipales avait répondu plus rapidement que le ministre de
l'Education à l'argumentation et à l'indexation des
émoluments des commissaires d'écoles par rapport aux gens des
municipalités.
Pour faciliter votre tâche, M. le Président, et celle du
ministre, je consens qu'on étudie cet amendement.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Malheureusement,
M. le vice-président, je vais vous faire remarquer une chose. Vous
péchez de la même façon que vous avez péché
la première fois que vous avez présenté une motion
d'irrecevabilité. Lorsque j'ai une motion irrecevable, ce n'est pas
parce que vous vous rangez et que vous changez d'idée qu'elle est plus
recevable.
Une voix: Ha! Ha! Ha!
Le Président (M. Parent, Sauvé): Si vous voulez
absolument faire cette proposition, vous devrez accepter qu'elle fasse partie
de la prise en considération du rapport lorsqu'il sera soumis à
l'Assemblée nationale.
M. Jolivet: Et je le fais, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Bon. M.
Jolivet: Je vous jure que...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Voilà, vous
parlez sagement!
M. Jolivet: En conséquence, pour être sûr
qu'on l'a étudié avant, on peut l'étudier maintenant.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Nous vous
écoutons.
M. Jolivet: C'est au ministre maintenant. Maintenant qu'on l'a
lu, le ministre peut nous expliquer la raison pour laquelle il présente
cet amendement maintenant.
M. Ryan: Comme vous le savez, sur le territoire de la commission
scolaire Joutel-Mataqami, lequel a été aqrandi par l'abolition de
la commission scolaire du Nord québécois, que nous avions
autrefois, il existe sur ce territoire des lieux très
éloignés les uns des autres. Lorsque les intempéries s'en
mêlent, il devient difficile pour les membres de certaines régions
de se déplacer pour se rendre à des réunions. Surtout
quand arrivent des tempêtes de neiqe ou des températures
très très mauvaises, il peut arriver qu'on soit obligé de
faire les réunions sans la présence de certains membres et sans
même être capable d'obtenir un quorum. Déjà,
certaines lois du Québec prévoient ce genre de situation. La loi
des villages nordiques et de l'administration régionale Kativik, comme
on le sait, contient une disposition que nous ne faisons que reproduire dans
cet amendement que nous proposerions au projet de loi. C'est une disposition en
vertu de laquelle, si les circonstances le justifient, si la majorité
des conseillers régionaux physiquement présents à
l'assemblée y consent, un conseiller régional peut prendre part,
délibérer et voter à une assemblée ordinaire par
téléphone ou par tout autre moyen de communication.
C'est également une disposition qu'on retrouve maintenant dans la
loi des
compagnies. On retrouve l'équivalent... Pardon?
Le Président (M. Parent, Sauvé): À
l'ordre!
M. Ryan: Je vais continuer la lecture du texte parce que je pense
que c'est très important qu'il n'y ait pas de malentendu
là-dessus. Dans cette loi on ajoute ceci. Un conseiller régional
ne peut se prévaloir de ce droit que si chacune des conditions suivantes
est réalisée: les conseillers régionaux physiquement
présents au lieu de l'assemblée forment un quorum? le
secrétaire de l'administration régionale est physiquement
présent au lieu de l'assemblée; celui qui préside est
physiquement présent; le téléphone ou tout autre moyen de
communication permet à toutes les personnes participant ou assistant
à l'assemblée de s'entendre l'une et l'autre; le
procès-verbal de l'assemblée doit faire mention des consentements
donnés à la participation d'un conseiller régional de la
manière que je viens de décrire; un conseiller régional
qui prend part aux délibérations et vote est réputé
être présent.
Je pense qu'on trouve l'essentiel de cette disposition dans l'amendement
que nous proposons d'apporter à la Loi sur l'instruction publique. C'est
pour permettre à une personne qui en est empêchée de
participer par des moyens modernes de communication à une réunion
où la présence physique lui est rendue impossible par la
température ou d'autres obstacles majeurs. Il n'y a pas d'autre chose
que ça là-dedans.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous remercie,
M. le ministre. Pour être bien certain, on va laisser tout le monde poser
des questions là-dessus et s'informer et s'interroger sur cet
amendement. Il n'est pas question de prendre le vote non plus après
ça.
M. Ryan: Si vous voulez me permettre...
Le Président (M. Parent, Sauvé): II n'est pas
question de prendre un vote parce qu'il est irrecevable.
M, Ryan: ...un complément d'explication s'il vous
plaît, M. le Président. Dans la loi québécoise des
compagnies on trouve également une disposition qui se lit ainsi: "Sous
réserve des règlements de la compagnie, les administrateurs
peuvent, si tous sont d'accord, participer à une assemblée du
conseil d'administration à l'aide de moyens permettant à tous les
participants de communiquer oralement entre eux, notamment par
téléphone. Ils sont alors réputés avoir
assisté à l'assemblée." C'est une disposition qui
correspond à une pratique de plus en plus fréquemment
utilisée, c'est-à-dire la tenue d'assemblées par des voies
de communication modernes qui empêchent l'obligation du
déplacement physique pour certaines personnes qui ont des raisons
sérieuses d'être ainsi dispensées et qui permet le
fonctionnement plus efficace de certains organismes dont l'existence est
étroitement reliée à des facteurs de distance,
d'éloignement géographique.
Je crois que, comme la modification est formulée, il n'y a pas de
danqer. D'abord, on dit que les commissaires physiquement présents...
C'est une réunion où la majorité des commissaires sont
physiquement présents. Ces commissaires doivent même former le
quorum. Deuxièmement, le moyen de communication retenu doit permettre
à toutes les personnes de s'entendre l'une et l'autre. Par
conséquent, il n'est pas question d'avoir un otage au bout de la ligne
à qui on ferait dire oui ou non à une résolution dont il
ne connaîtrait ni les tenants ni les aboutissants ni les origines. 11
peut participer à toute la conversation, il entend les interventions de
tout le monde. Ensuite, c'est clairement indiqué au procès-verbal
que ce genre de session a eu lieu, qu'elle s'est faite avec le consentement des
personnes présentes, avec les noms des personnes et tout. Je pense qu'on
a les qaranties de sérieux qui permettent de tenir compte d'une
situation géographique particulière,, C'est évident que,
dans le comté du député de Laviolette, cette clause
pourrait être utile dans certaines circonstances parce que les distances
sont considérables. Il y a un certain nombre d'autres comtés
où cela pourrait être très utile. Par conséquent, je
pense qu'on a une bonne idée de ce que comporte cet amendement. Dans ce
cas-ci, évidemment, il irait dans la loi générale sur
l'instruction publique. Il pourrait être utilisé en
conséquence par toute commission scolaire, mais moyennant les
restrictions qui sont inscrites dans le texte. Ce n'est pas seulement pour la
commission scolaire Joutel-Matagami.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Avez-vous une
question, Mme la députée?
Mme Bleau: Oui. Si c'est à Montréal ou à
Sainte-Thérèse, entre autres, où les distances sont
très courtes, est-ce que cela pourrait avoir cours quand même ou
s'il y a des restrictions? Est-ce que vous allez mettre une phrase quelque part
qui nous dise que c'est en cas d'extrême nécessité?
N'importe qui pourrait se prévaloir de cet article tout en étant
à Montréal ou à Sainte-Thérèse et dires Nous
autres, on fait cela par téléphone ce soir.
M. Ryan: Le commissaire peut, lorsque la majorité des
commissaires physiquement présents à une session des commissaires
y consacre... Il ne peut pas décider de son seul chef, lui, qu'il s'en
va à Miami et qu'il va participer à la réunion par
téléphone. Il faut le consentement de la majorité des
commissaires qui sont présents à la réunion, et
physiquement.
Mme Bleau: Si une commission scolaire se réunit au mois de
janvier et qu'il y a les trois quarts des commissaires qui sont partis en
vacances à Paris, si on décide de siéger quand même
sans que les autres commissaires, par téléphone...
M. Ryan: Non, ils ne peuvent pas faire cela ici.
Mme Bleau: Ils ne le peuvent pas?
M. Ryan: Ils ne peuvent pas faire cela ici. Maintenant, je dis
qu'ils ne le peuvent pas. Il faut que je fasse attention. Il faut faire bien
attention. Un tel consentement de la majorité des commissaires
présents ne peut être donné que lorsque les commissaires
physiquement présents sur les lieux où se tient la session
forment le quorum.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Ils ont
déjà le quorum.
M. Ryan: D'accord?
Une voix: M. le Président.
Le Président (M, Parent, Sauvé): Avez-vous
terminé, M. le ministre?
M. Ryan: Le quorum pour les réunions des commissaires
d'écoles, c'est la moitié plus un.
Des voix: Ah bon!
M. Ryan: C'est dans la loi.
M. Jolivet: M. le Président, une chose est certaine.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Avez-vous
terminé, M. le ministre?
M. Jolivet: Une commission scolaire qui agirait dans le sens que
craint ta députée de Groulx serait une commission scolaire qui se
ferait taper sur les doigts rapidement par le ministre pour des frais encourus,
des dépenses d'appels téléphoniques à Miami. Je
pense que la population elle-même réagirait rapidement. Il y a des
gens qui assistent à ces délibérations publiques et, si
jamais ils entendaient parler de cela, je pense qu'ils n'agiraient pas souvent
et longtemps comme ça. Je pense qu'il faut faire confiance aux
commissaires dans ce sens-là.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député de Laviolette, je vous reconnais.
M. Jolivet: Je pensais que vous m'aviez reconnu avant.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Mme Bleau: Vous auriez pu ajouter... Cela change la...
Une voix: La discipline.
M. Jolivet: Ne commencez pas à parler. C'est moi qui ai la
parole.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Non, je vous la
donne.
M. Jolivet: Là, la discipline. Une voix: II faut
rire.
Le Président (M. Parent, Sauvé): C'est le 17
décembre, M. le député de Laviolette.
M. Jolivet: Cela ne me dérange pas, M. le
Président. Cela ne me dérangera pas de dépasser 18 heures
si on continue ainsi. J'ai donné un consentement dans la mesure
où on travaille comme on travaillait ce matin.
M. Ryan: Regardez! Cet article-là, je ne sais pas si je
pourrais ajouter juste une précision. À propos du quorum dont
nous parlions tantôt, l'article 7 de la Loi sur l'instruction publique
prévoit que "le quorum d'une corporation, d'un bureau, d'une commission,
d'un comité ou autre corps établi en vertu de la présente
loi, est, à moins de dispositions contraires, la majorité absolue
de tous les membres habiles à voter qui en font partie." C'est l'article
7 de la Loi sur l'instruction publique.
M. Jolivet: En fait, ce sont des cas exceptionnels qu'on utilise
surtout dans...
Une voix: ...
M. Jolivet: ...surtout dans le contexte où, dans tout le
Québec, il y a des régions éloignées qui n'ont pas
toujours les moyens qu'on a. Le ministre avait raison quand il parlait de mon
secteur. Je parle de Clova. Je peux parler de Lac-Édouard. À un
moment donné, la route a été bloquée et ils ne
pouvaient pas se déplacer. Il est évident que les commissaires de
la commission scolaire du Haut-Saint-Maurice ou la régionale de la
Mauricie, si elles tiennent des rencontres, n'auraient pas d'objection à
avoir l'avis et le vote de la personne en
haut dans la mesure où, parfois, il peut y avoir un conflit
scolaire. Je vous donne un exemple bien typique du conflit scolaire qui a
existé, concernant les autobus scolaires, comme à Terrebonne. Les
commissaires d'écoles ne pouvant pas siéger à leur lieu de
rencontre et les gens ne pouvant pas se déplacer pour toutes sortes de
raisons, ils ont fait cela par téléphone. Mais, à
l'époque, ce qu'on disait, c'est qu'une fois que tout cela a
été fait, qu'on a eu le consensus, le directeur
général dans ces circonstances ou le président du
comité exécutif a le droit de prendre certaines décisions
pour réagir rapidement dans un contexte de conflit et doit faire
entériner la décision à une réunion
subséquente, tandis que là il pouvait le faire sur-le-champ pour
autant que la majorité, en vertu du quorum, qui est de 50 % plus un,
soit présente et accepte que la personne le fasse par
l'intermédiaire d'une décision de la majorité. (15 h
45)
D'un autre côté, peut-être que pour régler
certains problèmes comme dans mon coin, le ministre pourra accorder plus
rapidement la décision d'intégrer la commission scolaire du Haut
Saint-Maurice. Il n'aura donc pas ces problèmes-là avec le reste
de la commission scolaire régionale de la Mauricie.
M. Ryan: Je vais faire juste un commentaire sur la
dernière partie de l'intervention du député de Laviolette
qui est un petit peu éloignée de notre sujet immédiat,
mais comme c'est d'intérêt public on me permettra sans doute cet
excursus. J'ai rencontré, hier soir, les commissaires de la commission
scolaire de la Haute-Mauricie. J'avais invité d'ailleurs le
député de Laviolette à être présent. On m'a
fait part du désir très vif de cette commission scolaire de
procéder à son intégration, c'est-à-dire à
son détachement de la commission scolaire régionale de la
Mauricie. J'avais dit aux commissaires qui sont venus me rencontrer que je
consulterais mes collègues aujourd'hui parce que deux de mes
collègues immédiatement intéressés à ces
dossiers étaient absents hier soir. J'ai eu l'occasion de les consulter
et je crois que je vais leur adresser une lettre, aujourd'hui ou demain au plus
tard, leur disant que j'autorise la mise en marche du processus qui permettra
d'enclencher les négociations en vue de la conclusion d'un
protocole.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre.
M. Jolivet: ... un cadeau de Noël.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je tiens pour
acquis, pour qu'on se comprenne bien, que l'Opposition n'aura pas objection
à ce que, lors de la prise en considération, l'article 3.1 fasse
partie du projet de loi. C'est bien ça, M. le député de
Laviolette?
M. Jolivet: Nous ne ferons pas d'objection lors de la prise en
considération, mais nous avons cependant des remarques à
faire.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je n'en doute pas.
J'espère que vous avez des remarques constructives, M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Toujours.
Le Président (M. Parent, Sauvé):J'appelle l'article
4. "L'article 3.39.4 de cette loi, édicté par l'article 28 du
chapitre 10 des lois de 1986, est modifié par la suspension du
deuxième alinéa." M. le ministre.
M. Jolivet: "Suppression."
Le Président (M. Parent, Sauvé): "Suppression." Je
n'ai pas mes bonnes lunettes.
Une voix: Changez vos lunettes.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Ce ne sont pas les
bonnes.
M. Jolivet: Voulez-vous que je vous prête les miennes, M.
le Président?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Non, je vais en
faire venir d'autres.
M. Ryan: M. le Président, je crois que nous devrions nous
entendre assez rapidement sur cet amendement que vous venez d'évoquer.
Je vais retracer, avec votre permission, te texte de notre projet de loi et
ensuite... Le texte de la loi 24 que nous avons adoptée le 29 mai
dernier, si les députés en ont souvenance. Je pense que, pour
saisir la portée des amendements que nous proposons, il faut absolument
avoir devant soi les amendements que nous avons apportés au même
article 339 de la Loi sur l'instruction publique lors de l'adoption de la loi
24, en mai dernier. À cette occasion, nous avons décidé de
maintenir l'article 339 mais d'y ajouter des articles 339.1, 339.2, 339.3,
339.4 et 339.5. Nous maintenions le principe du budget équilibré
des commissions scolaires, nous maintenions le principe de l'approbation du
budget de la commission scolaire par le ministre et nous ajoutions un
élément important aux articles 39.3 et 39.4 disant: La commission
scolaire peut intéqrer dans son budget comme revenu son surplus de
l'année précédente s'il en est ou, comme dépense,
son déficit de l'année précédente
s'il en est. Ça veut dire qu'on lui donnait implicitement le
droit d'avoir un surplus ou un déficit tandis qu'avant ça elle
n'avait pas le droit. C'est pour ça qu'il y a des commissions scolaires
qui paquetaient leur surplus ou leur déficit de manière à
arriver au point zéro à la fin de l'année; mais elles
mettaient des dépenses artificielles ou des dépenses qui
n'étaient pas nécessaires ou encore elles jouaient avec les
revenus, en reportant sur une autre année. Ça faisait des jeux de
comptabilité qui n'avaient pas beaucoup de conformité avec la
réalité. On a dit: Autant voir les choses comme elles sont. Quand
c'étaient des budgets à 5000 $, c'est facile d'arriver juste,
mais quand ce sont des budgets... À la Commission des écoles
catholiques de Montréal, le budget doit être de 600 000 000 $ ou
700 000 000 $?
Le Président (M. Parent, Sauvé): II était
à 435 000 000 $ la dernière année que j'y
étais.
M. Ryan: II est au moins à 500 000 000 $ ou 600 000 000 $
aujourd'hui. On ne peut pas arriver à un cent près comme
ça sans tricher. C'est aussi bien de se le dire clairement. On a
prévu ces clauses-là qui permettent de mettre plus de souplesse.
On ajoutait que, lorsqu'il y a déficit, le ministre peut autoriser une
commission scolaire à étaler son déficit,
c'est-à-dire à l'échelonner sur quelques années aux
conditions et selon les modalités qu'il détermine.
Ce que nous voudrions faire, ce serait une modification bien simple.
Nous laisserions tomber ce petit article que nous avions ajouté:
"Cependant, le ministre peut autoriser une commission scolaire à
étaler son déficit aux conditions et selon les modalités
qu'il détermine", par un article qui se lirait comme suit: "Le ministre
peut, aux conditions et selon les modalités qu'il détermine,
autoriser une commission scolaire à adopter un budget qui ne maintient
pas l'équilibre prescrit à l'article 339.1."
On peut autoriser une commission scolaire à faire un surplus, on
peut l'autoriser à faire un déficit et, dans les conditions et
modalités qu'on détermine, il y aura l'étalement du
déficit ou la répartition du revenu sur une année ou plus
ainsi que les conditions. On pourra dire, par exemple: L'année
prochaine, vous allez taxer plus; l'année prochaine, vous allez faire
cela de plus; à ces conditions, on s'engage. Le ministre est libre de
déterminer les conditions et les modalités suivant lesquelles
l'autorisation sera accordée.
La Fédération des commissions scolaires catholiques m'a
écrit à ce sujet et elle demande qu'on élimine la
nécessité de faire approuver le budget par le ministre se
réclamant en cela de la loi 3. Nous préférons maintenir
l'obligation de l'approbation ministérielle. Nous avons une situation
généralement saine dans les commissions scolaires contrairement
aux hôpitaux, contrairement aux universités. Cela vaut une
situation saine parce qu'elle a été suivie de très
près par le ministère de l'Éducation ces dernières
années.
Vous vous souvenez, je crois que c'est quand le premier gouvernement
libéral moderne, celui de M. Lesage, est arrivé au pouvoir, il y
avait des dettes considérables accumulées dans les commissions
scolaires, il a fallu faire un nettoyage. Cela prit beaucoup d'années
avant de le compléter. Le député de Laviolette se souvient
sans doute du fameux trou de 500 000 000 % qu'on avait découvert un jour
dans les finances des commissions scolaires. Cela, c'étaient des
résidus de ces déficits accumulés au cours des
années. Il y a un ministre de l'Éducation qui a payé
très cher pour ce trou dont il n'était pas responsable.
C'était accumulé là depuis longtemps et les
gouvernements avaient pris l'habitude de ne même pas inscrire cette
obligation dans les livres comptables. On se réveillait, on avait des
grosses obligations à assumer les années suivantes et quand on
regardait le bilan du gouvernement, on ne les trouvait nulle part. Il fallait
aller dans les annexes des notes du vérificateur des comptes pour se
rendre compte de cela. Le gouvernement avait décidé d'en tenir
compte franchement, c'était une amélioration. Cela faisait jolie
enflure dans les comptes publics au passif quand on a décidé d'en
tenir compte.
Depuis ce temps, on en a résorbé une partie, il en restera
toujours parce que, comme vous le savez, les subventions aux commissions
scolaires, il y en a une partie qui est payée dans l'année
courante et une partie qui est payée dans l'autre année. Je pense
que c'est 70 %; 30 %. Est-ce toujours cela, M. Rousseau?
M. Rousseau (André): 70 %; 15 %;
15 %.
M. Ryan: 70 %; 15 %; 15 %. 70 % une année, 15 % l'autre
année et 15 % l'autre année.
Avec cela, c'est important qu'on garde un contrôle serré
sur les finances des commissions scolaires et qu'on soit protégé
contre les tendances capricieuses qui pourraient s'implanter au moment le plus
inattendu dans les plus méritoires d'entre elles. Aussi lonqtemps, je
pense, que les finances des commissions scolaires seront
approvisionnées, les revenus des commissions scolaires proviendront dans
une proportion de 94 %, comme c'est le cas actuellement de subventions
gouvernemetales. Ce ne serait pas agir de manière responsable que de
laisser tomber cette obligation d'approbation
par le ministre. C'est notre position que ce contrôle doit
être maintenu. Il est exercé avec toute la courtoisie, tout le
respect nécessaire. C'est une pratique qui est bien établie dans
les moeurs maintenant.
Je peux vous dire qu'il arrive très souvent, dans une
année, qu'une commission scolaire est appelée, de toute
manière, à communiquer avec le ministère pour des
ajustements budgétaires administratifs, des ajustements de programme qui
peuvent requérir des ajustements de subvention et . que cette
approbation au préalable qui était requise nous aide
énormément à transiger avec les commissions scolaires.
Une autre raison qui nous justifie de maintenir ce contrôle, c'est
que nous sommes entrés dans un régime de nouvelles règles
budgétaires. Cette année, nous avons introduit des changements
considérables, un nouveau mode d'allocation des ressources beaucoup plus
souple qu'autrefois. C'est là que nous voulons donner de la souplesse
aux commissions scolaires, dans la répartition des sommes qui leur sont
imparties à l'intérieur même du champ de décision
qui leur appartient.
Cela, c'est une raison de plus pour qu'on vérifie les
états financiers, les budgets pour s'assurer qu'il n'y a pas
d'écart trop considérable d'une année à l'autre
dans les chevauchées qu'on voudrait entreprendre.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Ça va,
M. le ministre. Merci.
M. le député de Laviolette.
M. Jolivet: Je vous remercie, M. le Président. Une
première question, avant d'aller aux discussions de fond, relativement
à un sujet que j'aimerais connaître de la part du ministre. Est-ce
qu'il peut me donner le nombre maximum de commissions scolaires prévu
par la loi qui permet d'aller chercher dans la taxe scolaire 0,25 $ ou 6 %
maximum?
M. Ryan: II y en a beaucoup aujourd'hui.
M. Jolivet: Parce que ça détermine justement la
suite.
M. Ryan: ...une chose pour l'intelligence commune des membres de
la commission à ce sujet-là. Une commission scolaire peut choisir
... il s'agit de taxer le plus bas des deux montants suivants comme vous le
savez: 0,25 $ par 100 $ d'évaluation ou 6 % des dépenses
admissibles. Elle doit choisir le plus bas, celui de ces deux moyens de
financement, le calcul des revenus dont elle a besoin qui rapportera le plus
bas revenu. À cause de cette obligation-là, nous estimons
à plus de 100 000 000 $ par année les sommes que les commissions
scolaires ne peuvent pas aller chercher dans l'impôt foncier. Si elles
avaient le choix entre l'un ou l'autre des deux, il y aurait une marge de 100
000 000 $ qui leur serait ouverte.
M. Jolivet: Vous conviendrez avec moi, M. le ministre, que dans
certains cas, des commissions scolaires se sont fait, avec ces
montants-là, des fonds importants. L'exemple typiques chez nous, la
régionale était riche à craquer et les locales
étaient pauvres à en mourir. Je pense que c'est un partage qui
faisait en sorte qu'on aurait dû baisser la taxe et on l'avait
conservée à ce niveau-là. La question est celle-ci;
Combien de commissions scolaires sont actuellement au maximum? Est-ce qu'il y
en a qui les dépensent?
M. Ryan: Suivant un rapport très récent que le
ministère a préparé, il y aurait seulement une trentaine
de commissions scolaires qui n'utiliseraient pas pleinement à l'heure
actuelle leur pouvoir de taxation.
M. Jolivet: D'accord. Voici la deuxième question que je
pose au ministre, s'il a la réponse dans ses notes et s'il ne l'a pas
j'aimerais bien la connaître... Quel est le nombre de commissions
scolaires qui dépasseraient le maximum prévu malgré la
loi?
M. Ryan: II y en a quelques-unes qui l'ont fait en vertu d'un
référendum» J'en ai deux sur la liste ici. Une qui est d'un
territoire familier...
M. Jolivet: Attention à ce que vous allez dire parce que
c'est l'inverse, le référendum. Vous verrez ce qu'il en est. Si
vous parlez de La Tuque, de la Haute-Mauricie...
M. Ryan: Oui.
M. Jolivet: Je n'ai pas demandé si elles arrivaient au
maximum, j'ai demandé si elles dépassaient le maximum. Vous me
répondez à ça... À La Tuque, effectivement, en
1980, pour une raison qui leur appartient, elles avaient baissé la taxe.
Quelques années plus tard, elles se sont aperçues qu'elles
avaient fait une erreur. Elles ont décidé de la remonter. Elles
ont fait un référendum. C'est le premier au Québec qui a
été gagné. Les commissaires ont alors réussi
à convaincre la population qu'ils avaient effectivement cet
argent-là et ils l'ont eu, ce qui était rare parce que,
habituellement, c'est l'inverse.
M. Ryan: À Saint-Maurice.
M. Jolivet: Oui.
M. Ryan: C'est ça, c'est formidable.
M. Jolivet: Ah oui?
M. Ryan: II y a une autre commission scolaire où il y a eu
des référendums à une couple de reprises ces
dernières années, la commission scolaire Laurentienne qui a son
siège social à Lachute. Elle a gagné ses deux
référendums.
M. Jolivet: Ils dépassent eux autres. M. Ryan:
Légèrement.
M. Jolivet: Est-ce qu'il y en a beaucoup comme elle qui
dépassent le maximum? C'est la seule? II y a des contestations de la
part de certains parents qui demandent des remboursements de taxe.
M. Ryan: II y en a seulement une qui dépasse de
manière substantielle, c'est la commission scolaire Laurentienne. C'est
une commission scolaire dissidente qui a son siège social à
Sainte-Agathe qui n'est pas la même chose que Laurentian School Board.
C'est une petite commission scolaire qui a quelques centaines
d'élèves au plus.
M. Jolivet: Sauf qu'il y a des gens qui contestaient justement
l'augmentation, même s'il y avait eu un référendum.
M. Ryan: II y a un gros cas, c'est Laurenval.
Mme Bleau: C'est la question que je voulais vous poser. Est-ce
que je peux la poser, M. le député de Laviolette?
Le Président (M. Hamel): Je reconnais Mme la
députée de Groulx.
M. Jolivet: C'est le président qui va vous donner la
parole, mais je n'ai pas perdu le mien.
Mme Bleau: Non, non. Dans le cas de Laurenval, avec... John, tu
connais bien le cas toi aussi.
Le Président (M. Hamel): M. le ministre.
M. Ryan: Est-ce que je pourrais demander à un de nos
collaborateurs, avec votre permission, de nous parler un peu de Laurenval? M.
Tardif, peut-être...
Mme Bleau: Parce que je reçois encore des lettres à
ce sujet-là. J'aimerais en entendre parler un peu.
M. Jolivet: Avant qu'on aborde ce sujet-là, M. le
ministre, est-ce que ce serait la seule commission scolaire, sauf Laurentian
School Board...
(16 heures)
M. Ryan: Je vais demander à M. Tardif de vous donner les
tout derniers renseignements parce qu'il y a quelques commissions scolaires,
avec lesquelles nous sommes en discussion actuellement, dont le budget nous a
été soumis, mais cela n'a pas encore été
approuvé parce qu'il y a des points qui ne sont pas complètement
réglés. Peut-être que M. Tardif, qui est en charge de toute
la question des budgets de la commission scolaire, à la direction des
réseaux, pourra vous donner quelques explications là-dessus.
Le Président (M. Hamel): Cela va, M. Tardif? Vous allez
nous donner les explications requises.
M. Tardif (Henri): Disons qu'en ce qui concerne le cas de
Laurenval, pour l'année scolaire 1986-1987, l'année en cours,
elle s'est ramenée à la limite légale de taxation. Ce dont
on a entendu parler, c'était d'une taxe spéciale qui avait
été prélevée l'année
précédente.
Une voix: ...
M. Jolivet: Madame, laissez parler M. Tardif. J'aime mieux. Le
problème, c'est que moi, je veux bien entendre la réponse. C'est
celle-là qui va être officielle, n'est-ce pas? II parle au nom du
ministre. Je veux l'avoir celle-là.
Le Président (M. Hamel): S'il vous plaît, si on veut
bien écouter M. Tardif.
M. Tardif: Est-ce que cela va pour Laurenval?
Une voix: Bien non.
M. Jolivet: Ce qui arrive de Laurenval, c'est que cette
année, elle est ramenée à la limite prescrite, mais sauf
qu'il y a de l'argent que les gens contestent. Ils disent avoir
été réclamés pour l'année
précédente. Cela est un procès qui doit être fait,
si j'ai bien compris.
M. Tardif: C'est ça. II y a eu...
M. Jolivet: La ministre ne peut pas intervenir.
M. Tardif: ...des recours collectifs. Là il y a eu un
jugement, disons, à ma connaissance, où le juge a refusé
de donner droit à un recours collectif. Pour nous, cela semble
être un dossier qui semble...
M. Jolivet: C'est un dossier clos pour le ministère parce
qu'il n'y a pas de responsabilité quant à cela. C'est ce qu'on me
dit.
M. Tardif: C'est-à-dire qu'on est intervenu comme dans les
autres cas pour essayer de corriger l'avenir.
M. Jolivet: J'aurai d'autres questions.
M. Tardif: A notre satisfaction, cette commission scolaire a
décidé de respecter cette année la limite légale
comme d'autres commissions scolaires.
Mme Bleau: J'aurais une autre question. Pour des individus en
particulier, ce dont j'ai entendu parler dernièrement, qui
décideraient de poursuivre pour les taxes de l'année
dernière, qu'arriverait-il?
M. Jolivet: Le problème à cela... Je voudrais juste
avoir le point de vue technique. À mon avis, c'est la technique qu'il me
donne. Je poserai les questions politiques après au ministre. C'est bien
clair, parce que le rôle de chacun est bien défini.
Le Président (M. Hamel): Cela va? Merci, M. Tardif.
M. Tardif: Il y en a d'autres.
M. Jolivet: II a parlé de Laurenval. Je veux savoir
maintenant le nombre de commissions scolaires, autres que Laurenval, qui
dépassent actuellement la limite, et le nom de ces commissions
scolaires.
M. Tardif: Si on regarde, il y en a certaines qui
dépassent la limite, mais avec autorisation. II y en a deux qui ont tenu
des référendums. On en a parlé tout à l'heure:
Saint-Maurice et Laurentian.
M. Jolivet: Elles ne dépassent pas la limite.
M. Tardif: Si vous voulez.
M. Jolivet: D'accord. J'espère qu'elles ne
dépassent pas la limite.
M. Tardif: Disons que cela dépasse les 6 % ou 0,25 $, mais
en conformité avec la loi.
M. Jolivet: C'est ça. D'accord.
M. Tardif: Cela va.
M. Jolivet: Là je comprends.
M. Tardif: Ensuite, il y en a une autre qui, avec une
autorisation spéciale aussi, qui est la CECQ, qui est dans le même
cas et on a les commissions scolaires qu'on appelle dans notre jargon
reliées au litige de la taxation dans l'Outaouais. C'est pour la CECQ.
Maintenant, à notre connaissance, il y en a une autre qui excède
de beaucoup cette année. C'est la commission scolaire Laurentienne, qui
est une dissidente.
M. Jolivet: Et le Laurentian School Board, qui en est autre
chose.
M. Tardif: Laurentian, c'est avec référendum.
M. Jolivet: Référendum. Mais ce seraient toutes les
commissions scolaires qui, actuellement, dépasseraient.
M. Tardif: Maintenant, il y a des difficultés techniques
aussi. C'est qu'entre le moment où une commission scolaire prend ses
décisions à l'occasion du budqet, et le moment où la taxe
est perçue, et le moment ensuite où on fait des constats aux
états financiers, il y a des réalités qui bougent, surtout
quand on joue avec ta limite des 6 % de la dépense nette. Les 6 % de la
dépense nette sont un concept qui varie dans le temps. Entre autres, il
est influencé par les facteurs comme la clientèle du 30 septembre
et tout cela et entre le moment où on fait une prévision et le
moment où on constate la réalité, il y a des
différences. Entre le moment aussi où on décrète le
taux - mettons 0,12 $ ou 0,10 $ des 100 $ d'évaluation, c'est en
fonction d'un rôle d'évaluation précis - et le moment
ensuite où on perçoit, le rôle d'évaluation a pu
bouger.
Donc, on assiste a posteriori à des écarts qu'on ne peut
pas trop prévoir au moment où une commission scolaire prend une
décision budgétaire. Il y a des cas comme ça. On est
justement en train de travailler avec les services juridiques pour essayer
d'informer le plus possible a priori les commissions scolaires pour essayer
d'éviter au maximum ce genre de situation tout en étant conscient
que ce ne sera jamais possible de régler ça
entièrement.
M. Jolivet: Est-ce que te ministre permet une question à
ce niveau-là? M. Tardif pourrait répondre. La CECQ, c'est
pourquoi?
M. Tardif: À ma connaissance c'était une
autorisation reliée à un fonds de retraite spécial pour
les employés. Elle avait eu une autorisation gouvernementale
particulière aussi. C'est un peu le même cas pour les litiges de
l'Outaouais.
M. Jolivet: La seule qui semblait être en dehors de la loi
directement, sans autorisation, c'est Laurenval.
M. Tardif: II y a deux ans, il y en avait plus que ça.
M. Jolivet: Oui mais là tout le monde s'est ramené
à... Tandis que Laurenval, pour donner une explication à Mme
à députée de Groulx, c'est la seule place où les
parents se sont concertés pour aller en procès, soit par le fait
qu'ils demandaient un recours collectif que le juge a refusé mais ils
pourraient prendre l'article 1053 du Code civil pour faire valoir leur point de
vue. Est-ce que c'est ça l'article? Non?
Une voix: C'est en droit public.
M. Jolivet: En droit public? D'accord. Le juge déterminera
s'il a raison ou s'il a tort.
Le Président (M. Hamel): Ça va? M. Jolivet:
Ça va pour moi.
Le Président (M. Hamel): Merci, M. Tardif.
M. Jolivet: Voici la question que je vais poser en regard de
ça à M. le ministre. L'amendement que vous nous apportez indique
en principe une volonté de laisser une certaine souplesse quant à
l'utilisation de l'argent en termes de surplus et de déficit. Il est
évident que le ministre aurait pu l'apporter à la loi 24, mais on
se souvient qu'on avait fait mention de certaines discussions dans ce
sens-là, qui provenaient des commissions scolaires qui demandaient plus
que ça. Elles demandaient, comme la loi 3 le proposait a priori, que le
ministre n'ait pas à faire un contrôle obligatoire de cette
obligation de faire un contrôle a priori. Le ministre a toujours dit non,
sauf qu'il avait dit: On verra ce qu'on est capable de leur donner. Il le donne
aujourd'hui dans une certaine forme de souplesse.
Le ministre a fait mention d'un trou de 500 000 000 $. J'aimerais le
ramener aussi dans la réalité des choses de l'époque
où il y avait un premier déficit de 450 000 000 $ quand nous
sommes arrivés en 1976. Le ministre des Finances de l'époque, M.
Garneau, et M. Parizeau par la suite ont subi le même
phénomène en pensant avoir colmaté les brèches,
mais l'eau coulait de toutes parts à l'époque. Il faut concevoir
aussi que les commissions scolaires étaient habilitées à
emprunter sur les marchés financiers de telle sorte que le ministre
était toujours, après qu'il savait les sommes que les commissions
scalaires empruntaient pour faire des déficits... Finalement, ils ont
dit: II faut arrêter ça, ça n'a pas de bon sens. Vous
faites mention que c'est la même chose dans les hôpitaux. Je pense
que Mme la ministre de la Santé et des Services sociaux est en train de
présenter une possibilité équivalente à celle que
le ministre propose. J'ai vu ça dans les textes de lecture que j'ai eu
à faire à travers certaines lois qu'on discute actuellement. Une
chose est certaine, n'y aurait-il pas danqer que cette porte qu'on ouvre
devienne plus grande qu'on voudrait vraiment la voir?
Quand on a parlé des 450 000 000 $ en 1976, on a essayé de
colmater la brèche et, deux ou trois ans après, il y avait encore
un déficit d'à peu près 500 000 000 $. Le premier
était en train de s'éponger tandis que l'autre commençait.
Finalement, il y a eu une césure qui fait que ça ne se produisait
plus. Le ministre le dit, depuis quelques années il y a une façon
d'administrer plus sainement l'ensemble des commissions scolaires. Quant
à la brèche qu'il ouvre actuellement, n'y a-t-il pas un danger
qu'il se donne toutes les garanties par les capacités qu'il a sur les
règles budgétaires, les règles d'affectation, ce qui
n'existait pas à l'époque, il faut bien le dire, de resserrer les
liens.
Quel moyen va-t-il se donner pour éviter que les commissions
scolaires, sachant maintenant qu'elles ont le droit de faire ça,
n'embarquent toutes dans le même bateau et disent: On y a droit, on va y
aller? Cela serait désastreux, parce que ce serait peut-être un
moyen de régler ce que l'on dit actuellement relativement aux taxes
dépassant les 6 % et les 0,25 $.
M. Ryan: Je pense que, dans l'état actuel des choses, il
n'y a pas de danqer de ce côté-là. Si nous enlevions
l'approbation obligatoire des budgets par le ministre, ça pourrait aller
se promener dans différentes directions. Il pourrait arriver, par
exemple, qu'une commission scolaire fasse de grosses économies une
année à même les subventions qu'elle recevrait sur le dos
des enfants et de la population en donnant des services moins
élevés et qu'elle se donne des surplus pour se permettre,
l'année suivante, de faire des dépenses prodigues. En regardant
l'approbation annuelle des budgets, nous pouvons vérifier exactement
où s'en va la commission scolaire, quels sont les chanqements qu'elle
envisage pour l'année qui suit par rapport à celle qu'elle vient
de vivre. Les contrôles sont tellement serrés. Il y a tout le
mécanisme des règles d'allocation des ressources également
qui sont très précises. Le gros des dépenses, comme vous
le savez, sont les dépenses de personnels enseignants et autres. Tout
est minuté, en fonction du nombre d'élèves, comme vous le
savez, et de normes extrêmement précises, mathématiques
même. Par conséquent, il n'y a pas une grosse marge pour une
commission scolaire qui voudrait s'éjarrer. Je pense que nous pouvons la
rattraper très tôt. Nous exigeons des rapports financiers
très fréquents pour savoir exactement où elles en sont. Je
ne pense pas, dans l'état actuel des choses, sauf si le
gouvernement devait diminuer ses subventions d'une manière telle
que les commissions scolaires se sentiraient obligées au nom de
l'intérêt public d'encourir des déficits pour financer
l'éducation, il pourrait y avoir un problème; mais ce n'est pas
le cas actuellement. Les commissions scolaires touchent des subventions qui
leur permettent de faire face à leurs dépenses. On ne les accule
pas à des déficits. Franchement, j'ai pris connaissance d'un
rapport très récent de la situation financière des
commissions scolaires. Dans l'ensemble, c'est une situation plus saine que je
ne le pensais.
Le Président (M. Parent, Sauvé): J'ai une demande
de la part de Mme la députée de Groulx.
Mme Bleau: Je pense que le ministre a répondu un peu
à ma question, mais je voudrais une précision. Dans le cas de
Laurenval, est-ce qu'avec la nouvelle loi, avant d'imposer une taxe
spéciale à ses commettants, les commissaires devraient passer par
le ministre pour demander la permission?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: S'ils restent à l'intérieur du plafond qui
est défini par la Loi sur l'instruction publique, non. Quelle loi
était-ce? La loi 57, de 1979? C'est cela. S'ils restent à
l'intérieur des dispositons de la loi 57 qui prévoit ce plafond
de 0,25 $ par 100 $ d'évaluation ou 6 % des dépenses admissibles,
ils ne sont pas obligés d'avoir l'autorisation du ministre ni même
des électeurs. Cela fait partie des pouvoirs réguliers des
commissaires. S'ils veulent dépasser ce plafond, ils doivent avoir un
référendum. Ils ne sont pas obligés de demander la
permission du ministre pour tenir un référendum. La commission
scolaire peut le faire d'elle-même. Mais si elle veut faire un
déficit, elle est obligée d'avoir une autorisation. De toute
manière, son budget doit être autorisé par le ministre.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Cela répond
à votre question, Mme la députée?
Mme Bleau: Oui.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît, madame!
M. le député de Laviolette.
M. Jolivet: J'aimerais que le ministre m'écoute. Je
m'excuse. On dit: Le ministre peut autoriser une commission scolaire à
étaler son déficit. Bon, cela va. Moi, ce qui m'importe, c'est
aux conditions et selon les modalités qu'il détermine. Le
ministre va-t-il le faire à partir d'un règlement qui va
être clair et précis? Les gens ne pourront pas dépasser
cela avant même de commencer ou va-t-il le faire a posteriori? S'il le
fait a posteriori, cela devient au bon vouloir du prince. J'aurais quelque
réticence à donner mon accord dans ce sens. S'il y a un
règlement que le ministre a l'intention d'adopter, je lui rappellerai
que son collègue de la Justice a adopté une loi le 19 juin 1986,
le projet de loi 12, qui indique de quelle façon on doit procéder
dans la question des règlements.
M. Ryan: M. le Président, en réponse à la
question du député de Laviolette, nous devons prendre
connaissance ensemble au tout début de l'année d'un rapport qui
est le deuxième pour l'année 1986-1987 sur la situation
financière des commission scolaires en date du 10 décembre. A la
suite de ce rapport, nous allons établir un certain nombre
d'orientations qui seront communiquées aux commissions scolaires par le
ministre. Parmi ces orientations, je peux vous en nommer quelques-unes, si vous
voulez.
M. Jolivet: Juste avant que vous ne commenciez, vous dites: Nous
devons ensemble. Est-ce que vous allez m'inviter à la réunion ou
si vous parlez de vos collaborateurs?
M. Ryan: Je veux dire moi-même et mes collaborateurs, les
fonctionnaires du ministère. Si vous avez des suggestions à nous
faire et que vous voulez être entendu, vous me le direz.
M. Jolivet: Pour cela, il faudrait que le ministre nous dise
quelles sont les grandes orientations qu'il envisage pour qu'on puisse faire
des recommandations. Mais s'il ne nous le dit pas, on ne le saura jamais. Il
peut nous le dire, on va l'entendre. (16 h 15)
M. Ryan: Très bien. Parmi les orientations que nous
envisageons, il y aura les suivantes: D'abord, l'autorisation d'adopter un
budget non équilibré est une mesure d'exception.
Deuxièmement, la perspective d'un retour à
l'équilibre budgétaire est essentielle et préalable
à toute autorisation de budget non équilibré.
L'autorisation d'adopter un budget non équilibré n'enlève
aucunement la responsabilité qu'a la commission scolaire de rechercher
et d'atteindre l'équilibre budgétaire.
Le retour à l'équilibre - c'est très
important - exige dans certains cas une révision profonde des
activités et des pratiques de la commission scolaire en vue de
réduire les dépenses.
M. Jolivet: Ils vont devoir engager un M. Gobeil.
M. Ryan: Au besoin, M. Gobeil enverra un représentant.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre,
vous avez toujours la parole.
M. Ryan: Un plan de réduction des dépenses doit
aussi être le reflet d'un constant souci de ne pas compromettre les
services offerts aux élèves. Il ne s'agira pas simplement de
présenter un plan de coupures aveugles sans qu'on n'ait une garantie que
les services seront maintenus à un niveau de qualité acceptable.
Tout ça devra se faire dans le respect intégral de la loi en
vigueur. Par conséquent, si la commission scolaire est obligée de
dispenser certains services, elle est tenue de respecter le régime
pédagogique. Il faudra qu'elle tienne compte de toutes ces
choses-là et ce n'est pas du tout une exception à l'aveuglette
qui sera donnée.
Plus loin, maintenant, ces orientations nous permettent de
dégager des conditions auxquelles une autorisation pourra être
accordée. Je mentionne les suivantes: La commission scolaire devra
démontrer qu'elle est dans l'impossibilité de procéder
autrement. Elle devra fournir un plan faisant part des moyens pris pour
réduire ses dépenses et arriver à un équilibre
budgétaire dans un horizon donné. Un maximum de trois ans est
jugé souhaitable. De même, elle doit faire part de l'impact de la
mise en oeuvre de tels moyens.
La commission scolaire doit aussi démontrer son respect des
limites légales de taxation. Le plan devra refléter les
coûts d'intérêt reliés au déficit.
La commission scolaire devra produire périodiquement un rapport
au ministre dans lequel elle démontre qu'elle réalise son plan
initial. La périodicité du rapport sera déterminée
suivant l'importance du déficit et la gravité de la
situation.
La commission scolaire devra enfin faire part au ministre de ses
intentions de fusion ou d'intégration, s'il y a lieu. Il y a ensuite
tout un processus d'examens et de discussions avec le ministère pour
être sûr qu'il n'y a aucun maillon échappé. Je plains
la commission scalaire qui pourrait échapper aux griffes du
ministère avec toutes les dispositions qu'il y a là-dedans.
M. Jolivet: Du responsable Gobeil du ministère.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Ça va?
M. Ryan: M. Tardif voudrait... M. Jolivet: M. le ministre,
sur...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce qu'il y a
d'autres interventions?
M. Jolivet: Oui, M. le Président. Je dois vous dire que si
je le fais sur cet article-là, c'est parce qu'on va passer rapidement
à d'autres articles, ce sont des concordances.
Le Président (M. Parent, Sauvé): ...
M. Jolivet: Donc, le ministre va-t-il permettre à la
commission scolaire dans ces circonstances de dépasser les normes de la
convention collective?
Deuxièmement, comme le ministre nous a lu un document et que les
galées de la commission d'aujourd'hui ne seront pas disponibles avant
longtemps, s'il nous faisait une photocopie de ce qu'il vient de nous lire,
ça nous serait utile, comme membres de l'Opposition, pour faire des
recommandations au ministre si nécessaire.
Dans la mesure où le ministre nous dit qu'il enverra des
directives, des guides d'intervention à l'ensemble des commissions
scolaires, est-ce qu'il pourrait me donner, en troisième réponse,
une lettre qu'il a envoyée vers le milieu d'octobre à toutes les
commissions scolaires, concernant justement la dernière partie qu'il
nous mentionnait, concernant l'intégration, parce que ça fait
partie des éléments qu'il nous mentionnait? II disait: Afin de
faciliter l'ensemble de cette démarche, un guide administratif
présentant des procédures reliées au processus
d'intégration vous sera acheminé dans les meilleurs délais
possible. Peut-il me dire, aujourd'hui, si cela a été
envoyé? Les commissions scolaires nous disent qu'elles ne l'ont pas
encore reçu.
M. Ryan: Avez-vous terminé?
M. Jolivet: Oui, j'attends la réponse.
M. Ryan: Sur le premier point, je ne peux pas dire au
député davantage que je n'ai dit tantôt, parce que
déjà j'étais quelque peu indiscret. Je vous ai
donné ça en toute ouverture.
M. Jolivet: "Off the record".
M. Ryan: Non, c'était "on the record" mais c'était
fait en toute ouverture, parce que je me disais que ce sont des points sur
lesquels nous avons déjà discuté amplement au
ministère et sur lesquels il n'y aura pas
de discussion très longue. Quant à y être, je me
suis dis que si on peut enrichir un petit peu nos critères et nos
orientations, tant mieux. C'est dans cet esprit-là que j'en ai
communiqué des extraits. Mais je peux dire aux députés qui
sont ici que lorsqu'on aura terminé cet exercice, au début de
l'année, cela nous fera plaisir de vous communiquer un extrait ou le
texte intégral des instructions qui seront adressées aux
commissions scolaires à cette fin.
M. Jolivet: Est-ce qu'on pourra réagir avant qu'elles
deviennent publiques aux commissions scolaires ou bien...
M. Ryan: Ce sont des choses annuelles. Non, ce ne sera pas... Ce
sera envoyé aux commissions scolaires parce que ce sont des choses qui
se discutent depuis des mois. S'il y a des suggestions à faire, on les
recevra et on pourra en tenir compte pour les améliorations de
l'année suivante. Cela va sûrement nous permettre de passer
à travers une année. Comme vous l'avez vu, il n'y a rien de
capricieux ni d'arbitraire là-dedans, ce n'est pas trop
mathématique non plus, cela laisse de la marge pour la discussion, et
c'est cela qu'on veut.
Le député de Laviolette demandait si le guide
administratif que nous avions promis d'adresser aux commissions scolaires, pour
ce qui touche l'intégration... Â la suite de la lettre que je leur
adressais vers la mi-octobre, je suis heureux de dire au député
de Laviolette que ce guide a déjà été
adressé aux commissions scalaires et que des copies seront
distribuées à chaque membre de la commission.
M. Jolivet: Quelle journée? J'ai reçu cela à
la fin de novembre, disant qu'elles ne l'avaient pas encore reçu.
M. Ryan: II y a deux choses, me dit le sous-ministre adjoint, M.
Rousseau. Le guide proprement dit a été adressé aux
commissions scolaires avant le 1er novembre, mais plusieurs commissions
scolaires avaient demandé qu'on leur adresse un document additionnel au
sujet des paramètres financiers. Ce paramètre aurait
été adressé ces jours derniers.
M. Jolivet: Troisième question.
M. Ryan: La troisième question est à propos
de...
M. Jolivet: La commission scolaire, dans les paramètres
que vous avez définis, pourrait être autorisée quand
même, pour différentes raisons, à dépasser les
normes prévues par la convention collective ou les conventions
collectives, parce qu'il y en a plusieurs.
M. Ryan: Dépasser les normes? Si elle peut se trouver des
ressources à même sa taxation, pour donner plus que ce que la
convention collective n'autorise, elle peut le faire.
M. Jolivet: Dans le cas de déficit.
M. Ryan: Mais si elle veut aller au-delà de la convention,
aux frais du gouvernement, non, sauf sur autorisation très
spéciale.
M. Jolivet: Ça va, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Nous en sommes
à l'article 4. Y a-t-il d'autres interventions sur l'article 4?
L'article 4 est-il adopté?
M. Jolivet: Adopté.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Adopté.
Article 5, qui se lit comme suit: "Cette loi est modifiée par
l'insertion, après l'article 339.5, du suivant; 339.6 Le ministre peut,
aux conditions et selon les modalités qu'il détermine, autoriser
une commission scolaire à adopter un budqet qui ne maintient pas
l'équilibre prescrit à l'article 339.1." M. le ministre.
M. Jolivet: M. le Président, pour vous faciliter la
tâche, je suis prêt à l'adopter immédiatement, on a
fait amplement de discussions sur l'ensemble.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Adopté.
J'appelle l'article 6.
M. Jolivet: M. le Président, pour vous aider encore une
fois, étant donné que les articles 6, 7 et 8 sont des articles de
concordance pour les commissions scolaires régionales, le Conseil
scolaire de l'île de Montréal et les commissions scolaires de
l'île de Montréal, les deux, je n'aurais pas d'objection à
les adopter, compte tenu que c'est de concordance.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Même chose
pour l'article 7?
M. Jolivet: Les articles 7 et 8.
Le Président (M. Parent, Sauvé): D'accord,
j'appelle l'article 9.
Dispositions relatives à la Charte
des droits et libertés de la personne
et à l'article 33 de la Loi
constitutionnelle de 1982
M. Jolivet: Un petit moment de répit.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Cela va? J'appelle
l'article qui se lit comme
suit: "La Loi sur le Conseil supérieur de l'éducation
(L.R.Q., chapitre C-60) est modifiée par le remplacement de l'article 31
par les suivants: 31. Malgré les articles 3 et 10 de la Charte des
droits et libertés de la personne (L.R.Q., chapitre C-12), la
présente loi ne porte pas atteinte aux libertés de conscience et
de religion ni au droit à l'égalité dans la reconnaissance
et l'exercice des libertés de conscience et de religion pour le seul
motif qu'elle accorde des droits et privilèges à une confession
religieuse." "32: La présente loi a effet indépendamment des
dispositions du paragraphe a de l'article 2 de la Loi constitutionnelle de 1982
(annexe b de la Loi sur le Canada, chapitre 11 du recueil des lois du Parlement
du Royaume-Uni de l'année 1982) et de l'article 15 de cette loi, dans la
mesure où elle accorde des droits et privilèges à une
confession religieuse."
M. le ministre.
M. Jolivet: Juste un instant, M. le Président. Vu que je
voudrais faciliter la tâche à tout le monde et que les articles 9,
10 et 11 sont de couverture connexe, serait-il possible de les prendre tous les
trois pour en faire l'étude globale et de les adopter ensuite? Ça
nous aiderait parce qu'on pourrait aller de l'un à l'autre.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Si le ministre est
d'accord, je peux faire lecture des deux autres articles. "10: La Loi sur
l'instruction publique (L.R.Q., chapitre 1-14) est modifiée par le
remplacement de l'article 720 par les suivants: 720. Malgré les articles
3 et 10 de la Charte des droits et libertés de la personne (L.R.Q.,
chapitre C-12), la présente loi ne porte pas atteinte aux
libertés de conscience et de religion nf au droit à
l'égalité dans la reconnaissance et l'exercice des
libertés de conscience et de religion pour le seul motif qu'elle accorde
des droits et privilèges à une confession religieuse." "721: La
présente loi a effet indépendamment des dispositions du
paragraphe a de l'article 2 de la Loi constitutionnelle de 1982 (annexe b de la
Loi sur le Canada, chapitre 11 du recueil des lois du Parlement du Royaume-Uni
pour l'année 1982) et de l'article 15 de cette loi, dans la mesure
où elle accorde des droits et privilèges à une confession
religieuse.
Article 11: "La Loi sur le ministère de l'Éducation
(L.R.Q., chapitre M-15) est modifiée par le remplacement de l'article 17
par les suivants:
Article 17: "Malgré tes articles 3 et 10 de la Charte des droits
et libertés de la personne (L.R.Q., chapitre C-12), la présente
loi ne porte pas atteinte aux libertés de conscience et de religion ni
au droit à l'égalité dans la reconnaissance et l'exercice
des libertés de conscience et de religion pour le seul motif qu'elle
accorde des droits et privilèqes à une confession
religieuse."
Article 18: "La présente loi a effet indépendamment des
dispositions du paragraphe a de l'article 2 de la Loi constitutionnelle de 1982
(annexe b de la Loi sur le Canada, chapitre 11 du recueil des lois du Parlement
du Royaume-Uni pour l'année 1982) et de l'article 15 de cette loi, dans
la mesure où elle accorde des droits et privilèges à une
confession religieuse. Disposition transitoire et finale.
M. Jolivet: On arrête à 11.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Très
bien.
M. le ministre.
M. Ryan: M. le Président, l'objet des dispositions que
nous discutons, c'est-à-dire des articles 9, 10 et 11, est de soustraire
trois lois, la Loi sur l'instruction publique, la Loi sur le Conseil
supérieur de l'éducation et la Loi sur le ministère de
l'éducation, à l'effet de certaines dispositions de la Charte
québécoise des droits et libertés de la personne et de
certaines dispositions de la Loi constitutionnelle adoptée en 1982 par
le Parlement fédéral et dans laquelle est contenue notamment une
charte canadienne des droits et libertés.
Les deux articles de la charte québécoise des droits
auxquels nous voulons soustraire les lois majeures, les lois maîtresses
relatives à l'éducation et à l'instruction publique, sont
les suivants. Les articles 3 à 10 de la charte québécoise
qui disent ceci: Article 3: "Toute personne est titulaire des libertés
fondamentales telles la liberté de conscience, la liberté de
religion, la liberté d'opinion, la liberté d'expression, la
liberté de réunion pacifique et la liberté d'association."
L'article 10 se lit comme suit: "Toute personne a droit à la
reconnaissance et à l'exercice en pleine égalité des
droits et libertés de la personne sans distinction, exclusion ou
préférence fondées sur la race, la couleur, te sexe, ta
grossesse, l'orientation sexuelle, l'état civil, sauf l'âge, sauf
dans la mesure prévue par la loi, la religion, les convictions
politiques, la langue, l'origine ethnique ou nationale, la condition sociale,
le handicap ou l'utilisation d'un moyen pour pallier ce handicap. Il y a
discrimination lorsqu'une telle distinction, exclusion ou
préférence a pour effet de détruire ou de compromettre ce
droit." Les articles de la Charte canadienne des droits et libertés...
(16 h 30)
M. Jolivet: Le ministre a dit 3 à 10...
M. Ryan: J'ai dit 3 et 10.
M. Jolivet: ...3 à 10. Je le clarifie.
C'est 3 et 10.
M. Ryan: C'est 3 et 10. Les articles de la Charte canadienne des
droits et libertés visés par notre projet de loi sont les
articles 2 et 15. L'article 2 se lit comme suit: "Chacun a les libertés
fondamentales suivantes; liberté de conscience et de religion,
liberté de pensée, de croyance, d'opinion et d'expression, y
compris la liberté de la presse et des autres moyens de communication,
liberté de réunion pacifique, liberté d'association."
L'article 15, lequel est entré en vigueur l'an dernier, si mes
souvenirs sont bons, se lit comme suit: "La loi - c'est toujours de la Charte
canadienne des droits et libertés dont il s'agit - ne fait exception de
personne et s'applique également à tous et tous ont droit
à la même protection et aux mêmes avantages de la loi,
indépendamment de toute discrimination, notamment des discriminations
fondées sur la race, l'origine nationale ou ethnique, la couleur, la
religion, le sexe, l'âge ou les déficiences mentales ou physiques.
Le paragraphe 1 n'a pas pour effet d'interdire les lois, programmes ou
activités destinés à améliorer la situation
d'individus ou de groupes défavorisés, notamment du fait de leur
race, de leur origine nationale ou ethnique, de leur couleur, de leur religion,
de leur sexe, de leur âge ou de leurs déficiences mentales ou
physiques."
Ces clauses dans nos deux chartes fondamentales de droits sont
admirables et nous y souscrivons, j'en suis sûr, des deux
côtés de la Chambre. Quant au fond, on peut avoir des
réserves au sujet de la Charte canadienne des droits et libertés
quant à la manière dont elle fut adoptée sans égard
à l'attitude adoptée à ce moment-là par le
gouvernement du Québec et même par l'Assemblée nationale.
On peut avoir des réserves au sujet de la Charte
québécoises des droits et libertés en raison du fait
qu'elle n'est pas une charte constitutionnelle et que, par conséquent,
elle est soumise à tous les aléas auxquels sont soumises les lois
ordinaires, c'est-à-dire les lois statutaires. Mais ce sont des lois
fondamentales, chacune à leur niveau, qui nous inspirent le respect et
dont, je pense, nous avons toute raison d'être fiers.
Si nous demandons que les trois lois que j'ai mentionnées soient
soustraites à l'effet de ces chartes et, par conséquent, ce n'est
pas de gaieté de coeur que nous le faisons, nous
préférerions infiniment qu'il n'en fût point ainsi. Mais il
arrive ceci: Notre système public d'enseignement est fondé sur la
reconnaissance de deux grandes familles religieuses: la famille catholique et
la famille protestante. C'est inscrit dans la charte constitutionnelle de 1867,
dans la Loi constitutionnelle de 1867, à son article 93.
Les droits et privilèges dont jouissaient les communautés
catholiques et protestantes au temps de la Confédération sont
maintenus dans le texte constitutionnel. Cet article 93 peut se prêter
à de nombreuses interprétations. Il a déjà
donné lieu à maintes décisions judiciaires; mais
après 119 ans de Confédération, cet article est encore
rempli de mystères et d'incertitude, comme beaucoup de points n'ont pas
été clarifiés. H faudra encore des années
d'expérience et de jurisprudence pour venir à bout de toutes les
difficultés qu'il présente.
C'est tellement vrai que, lorsque le législateur canadien a
adopté la Charte canadienne des droits et libertés, il a pris le
soin d'y insérer une disposition indiquant clairement que les
dispositions de la présente charte ne portent pas atteinte aux droits ou
privilèges garantis en vertu de la Constitution du Canada concernant les
écoles séparées et les autres écoles
confessionnelles. C'est garanti dans la charte constitutionnelle. Maintenant,
la nouvelle charte constitutionnelle donne droit à des contestations
judiciaires. Il y a des procédures qui sont déjà
instituées devant les tribunaux non seulement pour savoir ce que veut
dire le vieil article 93, mais pour savoir ce que veulent dire les articles que
je viens de citer, c'est-à-dire les articles 2, 15 et, le dernier, 29.
Il y a toutes sortes d'interprétations qui existent au sujet de la
portée de ces articles-là. Il y a une cause en particulier qui
est présentement instruite devant la Cour suprême du Canada
à la suite de la décision qu'a prise le gouvernement de
l'Ontario, appuyé par une loi adoptée par la Législature
de l'Ontario, de verser les subventions aux commissions scolaires
confessionnelles pour la onzième et la douzième année du
cours secondaire.
Jusqu'à maintenant, on ne donnait pas de subvention pour ces
grades-là et les commissions scolaires séparées
étaient obligées de financer ça elles-mêmes,
à même les taxes imposées aux catholiques en plus de celles
qui payaient déjà pour les écoles publiques. Le
gouvernement de l'Ontario, avec l'appui des trois parties, a
décidé de verser des subsides. Cela a été
contesté par les tenants des écoles publiques en Ontario. Il y a
eu un jugement en première instance qui était plutôt
défavorable, je crois, au projet gouvernemental. Le jugement est
allé en Cour d'appel de l'Ontario - la Cour suprême de l'Ontario -
qui a donné raison au gouvernement, par un vote serré de trois
contre deux qui laissait entendre que la décision de la Cour
suprême, à laquelle un recours est maintenant adressé, sera
une décision extrêmement délicate à rendre. Un des
éléments de ce litige est de savoir si les droits qui ont
été conférés ou ajoutés à ceux dont
jouissaient déjà les communautés confessionnelles
concernées en 1867 jouissent
de protection constitutionnelle ou non.
Il y a toute une série d'implications. C'est presque
inépuisable. Nous nous disons que s'il fallait que nous ne prenions
aucune protection, tout l'édifice que nous avons pourrait
s'écrouler comme un véritable château de cartes à la
faveur d'une décision qui pourrait être rendue suivant des
considérations qui ne seraient pas nécessairement
complètes ni satisfaisantes pour nous.
Nous nous disons que d'assurer la stabilité, la
sécurité de notre régime scolaire, c'est la
responsabilité du pouvoir politique. Ce serait vraiment irresponsable de
la part des chefs politiques de s'asseoir sur leur fauteuil en se disant qu'on
doit abandonner ces décisions complètement aux tribunaux. On veut
bien faire confiance aux tribunaux, on veut bien qu'ils exercent leurs
fonctions dans la société, mais on n'entend pas qu'ils se
substituent au pouvoir politique pour des responsabilités qui doivent
incomber au pouvoir politique.
C'est pour ça que, nous prévalant d'une autre clause de la
Charte canadienne des droits et libertés, nous demandons que les trois
lois dont il est question soient soustraites à des articles
précis de la Charte canadienne des droits et libertés. Il y a une
clause dans la charte qui dit ceci: "Le Parlement ou la Législature
d'une province peut adopter une loi où il est expressément
déclaré que cette loi ou une de ses dispositions a effet
indépendamment d'une disposition donnée de l'article 2 ou des
articles 7 à 15 de la présente charte." Lorsqu'une
Législature fait ça, la loi qu'elle adopte n'a de valeur que pour
cinq ans. Ce que nous faisons aujourd'hui devra être refait dans cinq ans
sinon ça deviendra caduc et désuet automatiquement.
Par conséquent, nous n'engageons pas l'avenir d'une
manière indéfinie, nous protégeons l'avenir prochain,
c'est-à-dire les cinq prochaines années. Nous évitons
d'être entraînés dans des contestations interminables,
énormément coûteuses et fort chargées de risques que
nous n'avons pas le luxe de nous payer.
C'est la raison que nous employons pour justifier l'exception au
régime défini dans la Charte canadienne des droits et
libertés en ses articles 2 et 15. Pour les autres, nous n'avons pas
d'objection. Mais les articles 2 et 15, nous trouvons que ça pourrait
ouvrir la porte à des développements qui seraient la destruction
de tout notre système scolaire.
Le même raisonnement s'applique mutatis mutandis, toute proportion
gardée, pour tes dispositions de la Charte québécoise des
droits et libertés qui traite de sujets semblables, c'est-à-dire
les articles 3 et 10 dont j'ai parlé tantôt. Les plus anciens
d'entre nous se souviendront que, lors des travaux de la commission
parlementaire qui étudia le projet de loi 3, il y a quelques
années, la Commission des droits de la personne du Québec vint
devant la commission parlementaire de l'éducation pour soutenir que les
articles qui reconnaissaient le statut constitutionnel ou juridique
spécial des communautés catholiques et protestantes
étaient des dispositions discriminatoires non acceptables au regard de
ta Charte québécoise des droits et libertés. La même
thèse était soutenue par un certain nombre d'organismes, en
particulier quelques organisations syndicales dont la Centrale de
l'enseignement du Québec. J'aurais bien aimé que la centrale
puisse venir cet après-midi. Malheureusement, il a été
impossible de trouver une heure à laquelle les dirigeants de la CEQ
auraient pu se rendre à temps pour satisfaire aux contraintes de notre
propre horaire. Mais nous connaissons la thèse qu'eux soutiennent. Ce
sont des organismes qui voudraient des écoles neutres pour tout le monde
et dans lesquelles il y aurait un cours de religion: à telle heure,
chaque semaine, à tel endroit dans l'école, un cours de religion.
Tout le reste serait neutre. Ce n'est pas la conception de la majorité
des citoyens du Québec, ni du côté catholique, ni du
côté protestant. Ce n'est pas la conception du gouvernement
actuel. Par conséquent, si ce n'est pas notre conception, nous voulons
que ce soit notre conception qui soit inscrite dans la loi et non pas cette de
quelque théoricien si éclairé et bien intentionné
soit-il.
Dans le temps - j'avais été ravi de constater que l'ancien
ministre de l'Éducation, M. Camille Laurin, avait eu la même
réaction que moi; il était ministre de l'Éducation
à l'époque et j'étais le porte-parole de l'Opposition en
matière d'éducation nous avions tous les deux dit à la
délégation de la Commission des droits de la personne qui
s'était présentée devant la commission parlementaire que
nous ne pouvions faire droit à ses représentations tout en les
respectant. Nous trouvions que la vraie tradition québécoise en
matière de relations entre religion et système scolaire, ce n'est
pas une tradition d'abstraction, ni de sécheresse idéologique, ni
de neutralité. Impossible. C'est une tradition de respect positif non
seulement des valeurs religieuses des deux groupes principaux qui constituent
notre société, mais aussi des valeurs religieuses et morales,
spirituelles, des autres groupes. Autant tes catholiques tiennent à ce
que leur conception fondamentale de la vie soit véhiculée par le
système de l'enseignement, autant ils ne tiennent pas à l'imposer
à d'autres, autant ils sont prêts à tous les accommodements
qui permettront d'éviter quelque imposition autoritaire ou rigide que ce
soit. Ça, c'est le fond de la position qui est défendue par le
gouvernement. Comme la Charte québécoise
des droits jouit d'une certaine prépondérance juridique
par rapport aux lois ordinaires du Québec, comme c'est une loi qui a
priorité sur les autres, il est important d'inscrire clairement nos
intentions en matière d'éducation. Nous voulons que ces lois
fondamentales que nous avons en matière d'éducation ne soient
point mises en péril par l'imprévoyance du législateur.
Or, il arrive ceci. Le gouvernement précédent - je dois le dire
à son crédit pour ces questions-ci - avait inscrit la clause
"nonobstant" pour la Charte canadienne des droits et libertés dans ces
trois lois. Il l'avait inscrite en vertu de la loi 62 et même dans le cas
de la Loi sur l'instruction publique. Donc, c'est en vertu de la loi 62.
C'était une loi omnibus dont nous avons de fortes raisons de craindre
qu'elle ne soit déclarée inconstitutionnelle, parce que la Cour
suprême va se prononcer prochainement sur cette loi et on sait que la
Cour d'appel l'a déclarée inconstitutionnelle pour la raison
suivante. C'est parce que c'est une loi omnibus qui soustrait toutes les lois
du Québec à l'empire de la charte canadienne. Donc, le tribunal a
déjà déclaré: II faut que ce soit une loi qui
soustrait une loi précise à telle disposition précise de
la charte canadienne et non pas à l'ensemble de ses dispositions. C'est
une question que la Cour suprême tranchera en temps utile mais, pour
nous, même si la Cour suprême devait reconnaître la
constitutionnalité de la loi 62, dans ce cas-ci, elle deviendrait
caduque parce que les cinq années expirent, je pense que c'est au 31
mars ou 30 avril, quelque chose comme ça.
Une voix: Le 17 avril.
M. Ryan: Pardon? Le 17 avril. Cela deviendrait caduc à ce
moment-là. Nous ne voulons pas attendre d'être au début de
la prochaine session. Nous vouions que ce soit clair, que tout le monde s'en
aille chez lui et que les gens ne se disent pas: Qu'est-ce qui va arriver?
Est-ce que cela va branler? Est-ce qu'ils vont s'entendre? Nous voulons que ce
soit clair. Je suis très heureux que l'Opposition ait d'ailleurs
manifesté une position très responsable là-dessus. Je n'ai
pas peur du temps.
Une voix: ...
M. Ryan: Je n'ai pas peur du temps. On juge les actes un
après l'autre. C'est toujours mieux. Dans ce cas-ci, je pense qu'il n'y
a aucun problème. (16 h 45)
Nous voulons renouveler cet acte de sauvegarde qui avait
été fait par l'ancien gouvernement et sur ce point précis,
il n'y avait aucune espèce de réserve de la part de l'Opposition
à l'époque. Je me souviens, quand nous avons discuté de la
Charte canadienne des droits et libertés, nous avons beaucoup
souliqné !e fait qu'elle comprenait une clause de sauvegarde permettant
à la Législature du Québec de se soustraire à ces
dispositions quand la Législature du Québec le jugerait
nécessaire et justifié. Nous étions contre l'automatisme
que définissait la loi 62 et nous étions favorables à ce
qu'il y ait une clause de sauvegarde parce qu'on ne sait jamais ce qui peut
arriver dans ces choses.
En ce qui touche la charte québécoise, le gouvernement
précédent, lors de l'adoption de la loi 3, avait
été saisi du problème par l'Assemblée des
évêques, du danger que constituait le nouvel aménagement
des structures scolaires définies dans la loi 3 pour les valeurs
religieuses. L'Assemblée des évêques du Québec avait
insisté dans le temps pour qu'une clause de sauvegarde soit
également insérée dans la loi 3, ce que le gouvernement
avait fait en proposant à l'Assemblée nationale... Je pense que
c'est l'article 80 de la lot 3 dont il vaut la peine de donner lecture, parce
que c'est un article qui se rapproche de ceux que nous proposons dans le projet
de loi 131,
M. Joiivet: II aura une formulation différente, mais cela
équivaut à peu près à cela.
M. Ryan: L'article 80 disait: "Malgré les articles 3 et 10
de la Charte des droits et libertés de la personne, l'intégration
de croyances et de valeurs religieuses d'une confession dans un projet
éducatif où la reconnaissance confessionnelle d'une école
ne porte pas atteinte à l'éqalité dans la reconnaissance
et l'exercice des libertés de conscience et de religion pour le seul
motif que toutes les personnes qui fréquentent l'école ne
partagent pas ces croyances et valeurs religieuses."
Nous disons ceci dans notre projet de modification: "Malgré les
articles 3 et 10 de la Charte des droits et libertés de la personne, la
présente loi ne porte pas atteinte aux libertés de conscience et
de religion, ni au droit à l'égalité dans la
reconnaissance et l'exercice des libertés de conscience et de religion
pour le seul motif qu'elle accorde des droits et privilèges à une
confession religieuse."
Je vais vous donner des exemples de dispositions des trois lois dont
nous parlons qui justifient ces dispositions d'exception. Dans ta Loi sur le
Conseil supérieur de l'éducation, il est question
expressément d'un comité catholique et d'un comité
protestant auxquels sont accordés des pouvoirs décisionnels, des
pouvoirs de contrôle et de surveillance très importants. On
pourrait toujours dire: II n'y en a pas pour les juifs, il n'y en a pas pour
les musulmans, il n'y en a pas pour les boudhistes, et c'est
absolument vrai. C'est une raison sociologique qui a commandé
cette économie dans le temps. C'était les deux grandes
confessions religieuses du temps. Nous estimons que ces deux confessions
religieuses sont encore très importantes et, par conséquent, nous
croyons que cela vaut pour la Loi sur le Conseil supérieur de
l'éducation.
Dans la Loi sur le ministère de l'éducation, il y a une
disposition qui prévoit la nomination de deux ministres associés,
un de foi catholique et l'autre de foi protestante, à qui sont
confiés des pouvoirs spéciaux sur la dimension confessionnelle
des écoles. Encore là, on pourrait dire: Ce sont des
privilèges pour des confessions particulières. C'est de la
discrimination au titre des chartes de droits. Avec la clause que nous
apportons, il n'y a pas de danger.
Dans la Loi sur l'instruction publique, il y a de nombreuses
dispositions qui font allusion aux valeurs religieuses, catholiques ou
protestantes. À bien des endroits, on fait allusion aux catholiques et
aux protestants de mille et une manières. J'en donne seulement un
exemple. Quand on parle du droit de visite dans les écoles, on dit que
le député a droit de visite dans les écoles. Il faut le
souligner et le rappeler, vous n'êtes pas du tout astreints au bon
vouloir des directeurs d'écoles, si vous voulez...
M. Jolivet: M. le ministre est un bon pédagogue. C'est la
troisième fois qu'il dit, depuis qu'il est ministre, en commission
parlementaire ces choses-là.
M. Ryan: Je dois le répéter constamment parce que
le public ne le sait pas encore. Il y a bien des directeurs d'écoles qui
semblent l'ignorer aussi.
Le député peut se présenter dans une école.
Il a un droit de visite. Il n'est pas astreint au bon vouloir des
autorités scolaires.
Une voix: II ne peut pas donner congé.
M. Ryan: Non, pas encore. Ce droit de visite est accordé
également aux membres du clergé local, le curé de la
paroisse. Il a le droit de le faire ainsi que le "clergyman". Ce sont des
privilèges qui sont inscrits dans nos lois. Il y aura peut-être
lieu de faire des modifications à ces privilèges avec le temps.
Ce ne sont pas des privilèges immuables. Nous voulons pouvoir les
examiner dans un climat de sérénité, de clarté, et
aussi avec un peu de temps en avant de nous. Nous ne voulons pas agir de
manière précipitée dans ces choses. Nous estimons avoir le
devoir envers nos concitoyens de religion catholique ou protestante de leur
donner des garanties auxquelles ils ont été habitués, de
maintenir ces garanties, de faire en sorte qu'ils puissent continuer à
jouir dans la sérénité et la tranquillité des
droits que la constitution du pays et les lois du Québec leur
garantissent.
En agissant ainsi, je tiens à le rappeler en terminant, nous
agissons de manière à donner suite à un voeu pressant qui
nous a été adressé par le comité catholique du
Conseil supérieur de l'éducation dans une lettre dont j'ai
déposé le texte à l'occasion du débat de
deuxième lecture. Le comité catholique insiste sur la
nécessité impérieuse de procéder comme nous le
faisons. C'est pourquoi, je pense que les députés voudront
convenir que ces articles viennent introduire dans nos lois fondamentales
relatives à l'éducation des dispositions prudentielles qui sont
nécessaires à l'heure actuelle.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Est-ce qu'il y a des interventions sur les articles 9, 10 et 11?
M. Jolivet: M. le Président, je ne reprendrai pas tout
l'historique que le ministre a fait. Cela fait plusieurs fois qu'on le fait. On
le répète, on le rerépète. Il y a une chose
certaine. C'est qu'il ne faudrait pas que ce que le ministre vient de dire,
c'est-à-dire: Je veux me donner un peu de temps et être dans la
sérénité, ce soit tellement de temps que, finalement, rien
ne bouge. Donc, il faudrait éviter que cela devienne une forme
d'immobilisme, une raison de ne rien faire et de faire en sorte que,
finalement, on ne change rien. Il y a un problème. On a essayé de
régler le problème de différentes façons.
Si on prend la Charte canadienne des droits et libertés de la
personne, il faut convenir que la décision qui avait été
prise, qui appartient à un gouvernement, peut être une
décision considérée comme politique, de déroger en
vertu des articles prévus à la constitution canadienne. D'un
autre côté, il faut dire aussi que ce qu'on a toujours voulu bien
faire comprendre, c'est que la Charte québécoise des droits et
libertés de la personne avait une préséance pour nous sur
l'ensemble des autres lois. Mais d'un autre côté, il y a le
problème qui existe toujours. C'est qu'avec les décisions qui ont
été rendues par le juqernent, a la suite des contestations et
tout cela, il arrive que, finalement, on revient à la bonne et vieille
loi tant aimée du ministre de l'Éducation qui est la Loi sur
l'instruction publique. Mais en y revenant, on s'est aperçu qu'il y a
une discrimination qui est faite en vertu de la religion. Il y a des qens qui
prétendent qu'il n'est pas vrai que seules la religion catholique et la
reliqion protestante ont le droit d'avoir pignon sur rue dans l'ensemble du
système éducatif. Dans ce contexte, les qens ayant
contesté, on en arrive à ce que la loi comme telle doit
être réparée et les
articles dont le ministre a fait mention en cours de route, la loi 29 et
autres, sont venues, avec la loi 24, faire les réparations qui
s'imposaient face aux problèmes qui ont existé dans l'ensemble
des législations passées depuis le fait que la loi 3 a
été jugée inconstitutionnelle à cause de deux
parties qui sont Montréal et Québec, mais qui, dans l'ensemble du
Québec, faisaient consensus, aussi bien sur la question de
l'intégration que sur la question de la déconfessionnalisation
des commissions scolaires.
Le ministre vient au fait qu'il y a un vieux pacte, celui de 1964, qui a
établi dans les faits protestants et catholiques dans l'ensemble de la
structure par l'intermédiaire, non pas du ministère
lui-même, mais des comités catholiques et des comités
protestants et, par le fait même, des structures scolaires qui ont
été les mêmes, qui ont perduré dans le temps. Mais
il reste quand même qu'il y a des gens qui disent au ministre, dont la
CEQ, la Coalition pour l'égalité des droits en éducation
qui en est une autre, qui représente plusieurs organismes: II faut poser
des gestes. Mais le ministre ne semble pas vouloir aller plus loin que ce qu'il
dit jusqu'à maintenant. Ce plus loin était déjà
contenu dans le programme du Parti libéral qui disait qu'il fallait
aller à la déconfessionnaiisation des structures. Mais un des
moyens d'y arriver dans le contexte des lois qui ont été
adoptées et qui ont malheureusement abouti encore une fois à de
la contestation en bon droit... Je ne veux pas contester le fait que les gens
avaient le droit de contester les prétentions des lois adoptées
par la législation du Québec, mais c'est donc que ces gens nous
ont ramenés à la vieille Loi sur l'instruction publique.
Il y a un moyen que le ministre a, mais qu'il ne veut pas prendre. Si je
lisais l'ensemble du document - je ne le ferai pas, mais je pourrais le lire -
de la Coalition pour l'égalité des droits en éducation qui
l'indique, le ministre a reçu du Conseil supérieur de
l'éducation, en date du 11 novembre 1986 et il nous en a donné
lecture à l'Assemblée nationale. Celui-ci donne une position
quant à des choses semblables, mais qui ne va pas aussi loin que
voudrait aller la coalition et que même l'Opposition demande au ministre
d'aller, c'est d'aller à une discussion au niveau constitutionnel de
l'article 93 de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique. Mais c'est
évident, le ministre ne veut pas y aller pour des raisons qui sont les
siennes.
Je vaudrais lui rappeler le document qui provient directement des
décisions qui ont été prises à l'intérieur
de ce gouvernement pour la loi qui est devant nous. Cela s'appelle: L'insertion
d'une clause de dérogation aux chartes québécoise et
canadienne dans certaines lois relatives à l'éducation.
Je ne ferai pas la lecture de ce document comme je l'ai fait à
l'Assemblée nationale, mais je rappellerai au ministre une partie de
cette lettre en ce qui concerne la clause qui est devant nous, ou les clauses
qui sont devant nous, parce que cela touche trois clauses. On disait; "Compte
tenu de l'effet déclaratoire d'une clause de dérogation, le
recours à cette solution apparaît donc prématuré sur
le plan juridique." Mais malgré tout cela... Je vous donne un exemple:
Je me souviens d'un jugement sur le congédiement d'une personne. Pendant
23 pages, le juge indique que la personne a ses problèmes, qu'il y a des
difficultés et qu'il y a eu tout cela et à la 24e, il dit: Parce
qu'il y a une clause de la convention collective qui n'était pas suivie
par la partie patronale, on la réengage. Mais dans le fond, il condamne
la personne pendant 23 pages et, dans la dernière partie, à la
24e page, il la réengage avec tous dépens.
Je dis qu'il y a actuellement quelque chose qui fausse un peu le
débat, c'est l'immobilisme du ministre. Le ministre est d'accord, en
principe, avec la déconfessionnalisation, mais il ne veut pas prendre
les responsabilités qui lui incombent. Il ne nous dit même pas
qu'elle sera la défense qu'il va apporter sur la cause en appel. Il nous
a dit qu'il allait en appel, qu'il défendrait la cause...
Une voix: Non.
M. Jolivet: Non? II n'ira pas en appel.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Monsieur,
adressez-vous au président.
M. Jolivet: Je reviens parce que le ministre... Je comprends
parce que j'avais le signe du ministre et l'autre partie qui me conseilie sur
le fait que le ministre n'était pas sûr.
Je veux simplement l'inviter, parce que ma façon de poser la
question comme étant l'avocat du diable, c'est de l'inviter justement
à y répondre. Par les signes, je comprends qu'il ne veut pas y
aller. Je veux simplement essayer de voir si j'ai le moyen de le convaincre d'y
aller et de défendre la cause du Québec dans le dossier. Je veux
aller plus loin que cela, c'est-à-dire de demander à son
collègue qui a entre les mains la négociation de l'ensemble des
relations fédérales-provinciales sur la révision
constitutionnelle, s'il y a moyen de mettre une septième clause parce
que, semblerait-il, on a cru comprendre qu'il y avait une sixième clause
depuis un bout de temps dans les négociations, une sixième
partie, d'en mettre une septième qui serait celle justement de la
redéfinition de l'article 93 de l'Acte de l'Amérique du Nord
britannique. Là, on pourra justement arriver à permettre
la déconfessionnalisation au Québec sans avoir d'enfarges
qui sont des enfarges que le ministre peut appeler historiques,
constitutionnelles, peu importe, ou du pacte de 1964. Mais je continue à
insister. On dit: "Après avoir entendu les commentaires faits par le
ministre de l'Éducation"... On ne les a pas dans le texte, on ne les
connaît pas, mais on les connaît parce qu'il vient de nous les dire
et on les connaît depuis longtemps. "Le comité de
législation décide de recommander l'inclusion de clauses de
dérogation aux chartes québécoise et canadienne." On dit:
"Cette décision repose essentiellement sur les deux motifs
d'opportunité suivants". Donc, il y a une décision qui est
politique et qui a été prise par le ministre, qu'on le veuille ou
qu'on ne le veuille pas. C'est de ne pas bouger. C'est de mettre des clauses
dérogatoires. Il dit ceci: "C'est dans le but de respecter l'entente
intervenue en 1964 avec les autorités religieuses catholiques quant
à la confessionnalité scolaire." Le ministre nous a longuement
parlé de ce qui s'est passé depuis ce temps-là, de la
réunion de l'Assemblée des évêques, de l'ensemble
des gens qui demandent de protéger ces choses. Le deuxième, c'est
le souci d'assurer pour l'avenir le développement paisible et
ordonné du système scolaire québécois.
Sauf que le ministre sait très bien que ce n'est pas
réglé, cela ne sera jamais réglé s'il n'y a pas au
moins une révision constitutionnelle. Le ministre nous dit: Pour la
révision constitutionnelle, il faut que j'attende ce qui va arriver avec
les minorités à travers le Canada. Nous parlons d'un
problème qui est québécois, qui est différent de ce
qui est ailleurs. Ils vont défendre leur position ailleurs de la
même façon que nous croyons qu'on doit défendre la position
de la majorité ici. Les gens de ta minorité au Québec ne
sont pas ceux qui ne défendent pas leurs causes.
Quand on regarde l'ensemble de ce qui s'est passé à
Montréal avec la décision qui a été prise, il est
évident qu'aujourd'hui, on n'aurait pas ces problèmes dans
l'ensemble du Québec. Pourquoi le ministre ne réagit-il pas en
disant: Dans le cas du reste du Québec, à la prochaine loi que
j'apporterai au printemps 1987, je vais clore le débat et je vais le
faire en vertu de ce qui était acceptable eu égard au consensus
à travers le Québec, autre que Montréal et Québec?
Pour Montréal et Québec, allons-y avec la redéfinition de
l'article 93 de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique. Pourquoi le
ministre ne veut-il pas aller dans ce sens-là? (17 heures)
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Jolivet: Quel est...
Mme Dougherty: II y a une bonne expression anglaise qui pourrait
couvrir la situation: "Discretion is the better part of valor". Est-ce que vous
connaissez cette expression?
M. Jolivet: Allez-y donc! Une voix: Non.
Mme Dougherty: C'est tout ce que je veux dire. Je ne peux pas
traduire cela. Je vais laisser le ministre la traduire, cette expression.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, Mme la
députée de Jacques-Cartier. M. le ministre.
M. Ryan: La députée, Mme Dougherty, nous rappelle
très justement que la valeur la plus sûre quand on veut agir,
c'est l'exercice de sa faculté de jugement. C'est bien vrai, qu'au bout
de la ligne, la plupart des situations s'encarcanent mal dans des cadres
définis par le législateur. Il y a toujours une marge de
discrétion qui est laissée à la vie elle-même. C'est
cette partie qui est la plus riche normalement, celle qui est laissée
à la vie. C'est cela qu'elle veut dire.
M. Jolivet: Est-ce qu'elle veut parler des lois individuelles
versus les lois collectives?
M. Ryan: Ah! Parce qu'elle embrassait toute chose.
M. Jolivet: Ah!
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît...
M. Ryan: C'est une action de vieille sagesse qui remonte au temps
des Romains et qui en a vu de toutes les sortes, autant les droits collectifs
que les droits individuels.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre, en
réponse au critique de l'Opposition.
M. Ryan: Oui. Très brièvement parce que c'est un
débat que nous avons fait en deuxième lecture. Dans le programme
du Parti libéral, il est dit que nous favorisons les commissions
scolaires linguistiques, mais à condition que le passaqe puisse se faire
soit dans un climat de consensus, soit à la lumière de
clarification satisfaisante en provenance des tribunaux. Aussi lonqtemps que
ces deux conditions ou l'une et l'autre des deux - les deux ne sont pas
nécessaires en même temps, c'est même impossible de les
avoir en même temps - aussi longtemps qu'il n'y a pas une des deux
conditions qui
est remplie, la prudence nous indique de travailler à faire
produire au maximum les lois que nous avons. Il n'y a pas de consensus pour
l'heure, à moins qu'on définisse comme consensus la
réunion de ceux qui pensent comme soi. Il n'y a pas de consensus
là-dessus. Le gouvernement précédent s'est baladé
à travers le Québec en essayant de fabriquer artificiellement le
consensus autour de cette idée. Mais quand on voulait écouter
sérieusement, on constatait qu'il n'y avait pas de consensus.
Quand la Commission des écoles catholiques de Montréal et
le Bureau des écoles protestantes du Grand Montréal ne sont pas
d'accord, on ne peut pas dire qu'il y a consensus dans le monde scolaire, parce
que c'est deux pièces quand même extrêmement importantes.
Ils n'étaient pas seuls. Il y avait d'autres organismes avec eux. C'est
seulement un exemple. On pourrait en donner plusieurs autres. Il n'y avait pas
ce consensus de base.
Au point de vue des tribunaux, je pense qu'il faudrait être bien
en dehors de la réalité pour penser que les tribunaux nous ont
donné les clartés dont nous avons besoin pour agir. Chaque fois
qu'ils interviennent dans le domaine, ils rendent la situation plus complexe.
Ils le font de bonne foi, mais avec les moyens dont ils disposent qui ne sont
pas ceux de l'homme politique ou de la femme politique.
Une voix: ...de l'avant-projet.
M. Ryan: Évidemment. Le dernier jugement en date est celui
du juge Brossard qui a rappelé les privilèges territoriaux des
commissions scolaires confessionnelles, des communautés confessionnelles
en matière d'écoles confessionnelles. Par rapport à la
thèse qui avait alimenté la loi 3, il y avait un changement
majeur, parce que le juge Brossard disait: Nous estimons que la protection
constitutionnelle embrasse tout le territoire de la ville de Montréal,
alors que la loi 3 disait que la protection constitutionnelle s'étendait
uniquement à ce quadrilatère qui formait la ville de
Montréal en 1867, c'est-à-dire rue Fullum, Atwater, avenue des
Pins et le fleuve. Aujourd'hui, cela fait pas mal bourgade si on voulait faire
résider des droits constitutionnels uniquement dans ce territoire ou
autant avoir le courage de les abolir purement et simplement. Mais le
gouvernement précédent n'a pas eu le courage d'aller jusqu'au
bout de ses convictions. Il nous avait laissés avec cette espèce
de tronçon législatif ridicule qui est notre remorque pour
l'instant, parce que la loi n'est pas appliquée à la suite du
jugement de la Cour supérieure et de l'adoption de la loi 24.
Mais il y a une chose dans le jugement de M. Brossard qui est
restée comme une espèce de point d'interroqation suspendu
au-dessus de tout le monde. Les commissions scolaires protestantes ont dit:
Partout où nous existons, nous sommes les continuateurs, les
dépositaires historiques de cette protection constitutionnelle,, C'est
la question qui reste obscure actuellement et qui pourrait être
invoquée également par d'autres commissions scolaires,, Tant
qu'on n'a pas clarifié celle-là, on est encore en pleine
épaisseur juridique et constitutionnelle et il peut être
très dangereux de fonctionner suivant le schème qui avait
été arrêté. C'est la situation au point de vue
juridique qui est très difficile pour noua.
Autre point. En pratique, les endroits où s'est posée
davantage la nécessité de songer à des commissions
scolaires linguistiques plutôt qu'à des commissions scolaires
confessionnelles à Montréal et à Québec, c'est
là que le problème du pluralisme et de la diversité est le
plus grand.
Je pense que le député de Laviolette conviendra avec moi
que, dans sa commission scolaire du Haut Saint-Maurice, je ne pense pas que les
gens se prennent aux cheveux à ce sujet, parce que la commission
scolaire pour catholiques est une commission scolaire à toutes fins
utiles linguistique. Je pense qu'on ne fait pas signer de billet de confession
aux gens avant qu'ils en fassent partie et on ne fait pas signer de billet de
confession aux enseignants non plus. À toutes fins utiles, je crois que
c'est de facto une commission scolaire linguistique mais définie dans la
loi comme étant une commission scolaire pour catholiques.
Moi, j'ai une commission scolaire dans mon comté....
M. Jolivet: ...cela allait sur les constituantes et non pas sur
les écoles. Le droit confessionnel à l'école était
accordé aux parents qui décidaient...
M. Ryan: Je sais très bien cela, mais mon point n'est pas
celui-là. Je vais donner l'exemple de la commission scolaire du
Lonq-Sault si vous me le permettez. Que de fois j'ai demandé à
mes commissaires du Long-Sault: Vous autres, si cela devenait une commission
scolaire linguistique au lieu d'être une commission scolaire pour
catholiques, qu'est-ce que cela changerait dans votre patente? Ils ont dit:
Absolument rien. Tout continuerait à peu près comme cela
fonctionne actuellement. Par conséquent, il n'y a pas de situation
d'urgence ou de nécessité.
Nous avons peut-être appris une leçon à cette
session, c'est que, parfois, quand il n'y a pas de nécessité
véritablement démontrée, c'est peut-être mieux de ne
pas légiférer.
M. Jolivet: Vos collègues n'ont pas tous
compris cela.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre,
nous vous écoutons. Â l'ordre, s'il vous plaît!
M. Ryan: Moi, j'essaie de... Vous savez que c'est un de mes vieux
principes. C'est pour cela que j'aime mieux avoir une législation
brève, parfois concise, plutôt qu'une législation verbeuse
et abondante, mais qui nous conduit dans une forêt dont nous ne
connaissons pas tous les aboutissants.
C'est pour cela que, dans cette affaire, nous procédons avec
prudence. Encore une fois, si quelqu'un vient me saisir d'une situation
où des droits fondamentaux seraient violés au nom de la religion
catholique, protestante ou autres, je serais le premier à
protéger ces personnes et à dire: Dans le système
scolaire, comme dans les autres institutions publiques du Québec, vous
avez droit au respect de votre qualité morale, spirituelle ou
religieuse. Mais pour le moment, il n'y a pas d'incendie dans la demeure. Le
problème que soulève le député de Laviolette est
réel, nous en convenons. Nous continuons de chercher activement. Mais ce
n'est pas toujours ceux qui parlent le plus fort qui cherchent le plus
activement et qui aboutissent aux solutions les plus riches. Nous continuons de
chercher, nous fouillons.
Sur la question de la loi 3 qu'il a soulevée, je lui ai dit
l'autre jour d'ailleurs -je suis surpris qu'il ne s'en souvienne pas
aujourd'hui - que nous nous posons de grosses questions sur
l'opportunité de procéder en appel autour d'une loi qui
n'était pas une loi du gouvernement actuel, qui était une loi
contre laquelle nous avons voté sur plusieurs de ces dispositions et
dont la problématique n'est pas exactement celle dont nous aimerions,
nous autres, saisir les tribunaux. Il faudrait peut-être trouver un autre
moyen de saisir les tribunaux en temps utile pour les questions que nous
voulons vraiment voir clarifiées parce qu'il n'y a rien de pire.
Vous avez mentionné le cas de l'arbitrage dont voua avez
parlé tantôt. J'en ai vécu moi aussi de ces situations.
Vous allez devant un arbitre. Vous faites une démonstration formidable
et il vous dit: Toute votre démonstration ne vaut rien, mais je vous
donne raison quand même parce qu'il y avait une virgule dans le
paragraphe 99 qui avait été oubliée par l'autre partie.
Vous êtes bien fier. Vous avez gagné votre affaire, mais au point
de vue fondamental, vous n'êtes pas plus avancé, même vous
êtes moins avancé que vous ne l'étiez avant. Nous ne
voulons pas courir de risque comme cela avec notre système
d'enseignement. Encore une fois, c'est une attitude de grande prudence, le
respect que nous avons. Je suis très conscient des problèmes que
soulève le député et, avec sa collaboration, nous allons
continuer de chercher à trouver des solutions.
M. Jolivet: II y en avait une que le ministre pouvait prendre, M.
le Président, c'était celle de convaincre son gouvernement
d'aller négocier l'article 93, mais il ne veut pas la prendre encore une
fois.
M. Ryan: J'ai dit, l'autre jour, notre ligne de conduite au sujet
de 93. Je vais la rappeler brièvement. Elle tient à trois points.
D'abord, nous avons défini cinq conditions pour déterminer
l'adhésion du Québec à l'Acte constitutionnel de 1982;
dans ces cinq conditions, l'article 93 n'est pas compris. Deuxièmement,
quand nous aurons réglé ce point, si jamais nous le
régions, nous passerons à l'examen du partage des pouvoirs et des
autres aspects reliés à la révision constitutionnelle, et
ceci pourra comprendre l'article 93, rien ne l'exclut. En troisième
lieu, avant que nous n'envisagions des modifications à l'article 93,
nous voudrons nous enquérir, au premier chef, du point de vue de ceux
qui sont les dépositaires des droits garantis par ces articles. Il
serait pour le moins odieux qu'on aille effacer des droits dans une
constitution sans d'abord requérir le point de vue de ceux qui en sont
les dépositaires et autant au Québec que dans le reste du Canada.
Ces trois éléments étant nommés, je peux dire que
j'accueille avec énormément d'intérêt les
représentations du député de Laviolette.
M. Jolivet: On a bien essayé, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous remercie,
M. le ministre. Je vous rappelle que nous sommes à l'étude des
articles 9, 10 et 11 de l'article 131. D'autres interventions?
Mme Dougherty: ...une courte question.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Allez, Mme la
députée de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: D'accord. J'aimerais demander au ministre pourquoi
on ne se réfère pas explicitement aux articles dans les chartes
qui autorisent ces dérogations. J'aimerais savoir pourquoi dans ces
articles de déroqation aux chartes on ne mentionne pas l'article 33 de
la charte canadienne et l'article 52 de la charte québécoise qui
autorisent ces dérogations. Par exemple, le fait que ces
dérogations deviennent caduques dans cinq ans ou cinq ans après
l'expiration de leur présent impact, ce n'est pas clair.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Pendant que le
ministre délibère, je vous
informe comme président de cette commission, qu'il y aura vote
à l'Assemblée nationale dans environ quinze à dix-huit
minutes.
M. Ryan: La raison pour laquelle nous ne le mentionnons pas est
la suivante. De fait, les articles 9, 10 et 11 ont été
redigés d'une manière qui colle le plus possible au texte de ces
deux dispositions. Vous remarquerez en particulier que l'article 33 est
très proche dans sa formulation des articles contenus dans le projet de
loi. Ce serait de la redondance è ce moment de le mentionner. Je pense
que cela a été jugé que ce n'était pas
nécessaire.
Mme Dougherty: Une des raisons pour laquelle j'ai soulevé
cela, c'est parce que nous savons que les clauses n'auront pas d'impact
après cinq ans, sauf si elles sont renouvelées. Pour quelqu'un
qui lit cette loi, ce n'est pas clair du tout. L'autre partie de ma question:
est-ce que ces clauses entrent en vigueur, par exemple, dans le cas de la
charte canadienne, en avril 1987? Est-ce que cela prolonge... d'accord. Est-ce
que leur impact continue cinq ans après avril 1987 ou cinq ans
dès aujourd'hui ou dès la sanction de la loi?
M. Ryan: Cinq ans à compter de maintenant,
Mme Dougherty: D'accord.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Cela va-t-il? (17
h 15)
M. Ryan: La réponse à votre question, Mme la
députée de Jacques-Cartier, serait la suivante, d'après
moi. En vertu de l'article 33 de la charte canadienne, il y a une clause
crépusculaire à laquelle nous ne pouvons pas nous soustraire,
c'est cinq ans. C'est écrit dans la Constitution du pays. Nous sommes
obligés de respecter la Constitution dans la rédaction de nos
lois. Mais, dans le cas de la clause d'exception à la Charte
québécoise, il n'y a pas de dispositions crépusculaires.
Par conséquent, il n'y a pas de limite de cinq ans dans l'exception que
nous faisons.
Mme Dougherty: Alors, pourquoi la clause qui est
déjà expirée dans le cas de la Charte
québécoise, si je comprends bien...
M. Ryan: C'était dans la loi 3, cette clause, qui n'est
pas en application. D'accord?
Mme Dougherty: Oui.
M. Ryan: C'est parce qu'il y avait un vide que nous devions
combler.
Le Président M. Parent, Sauvé): M. le
député.
M. Jolivet: ...à la députée si elle voulait
que la clause s'applique le 18 avril au matin. Il y a juste une chose bien
simple: À l'article 13, on lit: "la présente loi entre en vigueur
(indiquer ici la date)..." On pourrait dire "sauf les clauses qui y sont
appliquées". Mais je pense que ce n'est pas nécessaire dans le
contexte où il n'y a pas de clauses de cinq ans.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce que les
articles 9, 10 et 11 du projet de loi 131 sont acceptés?
M. Jolivet: Adopté.
M. Ryan: Adopté.
Dispositions transitoires et finales
Le Président (M. Parent, Sauvé): J'appelle
l'article 12. L'article 12 se lit comme suit: "La présente loi a effet
indépendamment des dispositions du paragraphe a de l'article 2 de la Loi
constitutionnelle de 1982 (annexe B de la Loi sur le Canada, chapitre II du
recueil des lois du Parlement du Royaume-Uni pour l'année 1982) et de
l'article 15 de cette loi, dans la mesure où elle accorde des droits et
privilèges à une confession religieuse". Est-ce qu'il y a des
interventions?
M. Jolivet: Cela va.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre,
avez-vous des interventions?
M. Ryan: C'est une clause qui a.. Une voix: II est
adopté. M. Hamel: C'est adopté.
Mme Dougherty: C'est l'article 12, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): L'article 12, je
m'excuse. C'est une disposition transitoire et finale, je m'excuse. "Le
décret 551-81 et le décret 552-81 du 25 février 1981,
publiés à la Gazette officielle du Québec - je ne vois pas
clair - du 15 avril 1981, établissant le régime
pédagogique du primaire et du préscolaire et le régime
pédagogique du secondaire, et les décrets modifiant ces
régimes pédagoqiques sont réputés avoir
été adoptés en vertu de l'article 16 de Loi sur
l'instruction publique tel que modifié par la présente loi". Je
n'ai pas les bonnes lunettes.
Une voix: II y a un paragraphe.
Le Président (M. Parent, Sauvé): "Le
présent article a effet à compter de la date d'adoption de
chacun des décrets visés au premier alinéa,"
M. Jolivet: Avant que le ministre parle, M. le Président.
Je n'avais pas lu l'article et j'étais surpris vers la fin, parce que je
cherchais le mot "religieux". C'est que je suis en train de lire la belle
lettre que le ministre a envoyée à la commission scolaire du Haut
Saint-Maurice, à Mme Rollande Savoie, indiquant qu'il accepte
l'application...
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député de Laviolette...
M. Jolivet: Non, mais je pense que cela fait suite...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui, je vous
comprends bien.
M. Jolivet: L'application du second décret pour le 1er
juillet 1987 de son intégration.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre,
nous vous écoutons sur l'article 12.
M. Ryan: ...les choses ne traînent pas.
M. Jolivet: Donc, le député de Laviolette, c'est
une autre affaire..
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre,
nous vous écoutons sur l'article 12.
M. Jolivet: C'est la force de l'Opposition, monsieur.
M. Ryan: À l'ordre, l'Opposition! C'est le ministre...
M. Jolivet: ...
M. Ryan: Après l'évocation que vient de faire le
député de Laviolette, je suis sûr qu'il souscrira sans nous
occuper davantage dans notre temps précieux au dernier article du projet
de loi qui est une mesure de sauvegarde élémentaire. C'est qu'on
ne voudrait pas qu'aucun geste fait au cours des dix dernières
années par ceux qui étaient responsables du régime
pédagogique soit remis en question a posteriori pour nous obliger
à toutes sortes de procédures qui seraient beaucoup plus
byzantines qu'autrement.
Il n'y a absolument rien que nous ayons derrière la tête
sauf que d'assurer cette protection, parce qu'il y a même des gens qui
pourraient nous quitter qui seraient partis vers d'autres cieux. Mais je pense
à mes prédécesseurs communistes. Je ne voudrais pas
être obligé de les traduire devant les tribunaux pour des affaires
purement byzantines qui n'auraient aucun lien avec les réalités
d'aujourd'hui, à supposer, ce que je n'ose aucunement affirmer ou
insinuer, qu'ils auraient pu faire des erreurs.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce que
l'article 13 est adopté?
M. Jolivet: M. le Président, simplement à la suite
de ce que le ministre a dit, il y a quand même deux réflexions que
j'aurais à faire à voix haute: La première, c'est d'abord
que toute personne humaine n'est jamais exempte d'erreur. Ce qui , est
important, comme dit le ministre, c'est de savoir reconnaître l'erreur
qu'on a commise en ne la perpétuant pas.
Deuxièmement, comme le ministre reconnaît ici la
capacité d'utiliser une clause rétroactive, j'en suis très
heureux et j'aurais eu plaisir à le voir dans d'autres lois, l'adopter,
ce qui aurait pu régler certains problèmes.
Mais le ministre l'accepte ici et je ne suis pas capable de lui refuser,
non pas compte tenu du langage que j'ai utilisé à l'époque
sur les clauses rétroactives dans d'autres projets de loi, mais en lui
disant qu'effectivement, cela n'aurait pas de bon sens si on ne
réadoptait pas, parce qu'il faudrait adopter plusieurs projets de loi et
l'Opposition aurait la chance de parler tellement longtemps que le ministre
n'aurait pas le temps d'occuper les charges importantes qu'il a et, en
conséquence, nous accordons notre vote positif à l'article
12...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
député de Laviolette. L'article 12 est adopté. L'article
13 qui se lit comme suit: "La présente loi entre en vigueur le (indiquer
ici la date de la sanction de la présente loi)." Adopté?
M. Jolivet: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): C'est
adopté. Le projet de loi 131 est-il adopté?
M. Jolivet: Adopté.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Le titre du projet
de loi 131 est-il adopté?
M. Jolivet: J'aurais quelques questions, M. le Président.
Adopté.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Le titre du
projet de loi 131 est-il adopté?
M. Jolivet: Adopté.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mesdames et
messieurs, merci beaucoup de votre collaboration. C'est probablement la
dernière séance de la commission parle-
mentaire sur l'éducation en 1986, Je veux vous remercier de votre
collaboration et vous offrir mes meilleurs voeux à l'occasion de
Noël et du Nouvel An.
M. le vice-président, nous vous écoutons.
M. Jolivet: M. le Président, pourrais-je donner
préavis, avec vous, conjointement, aux gens que nous aurons certainement
l'occasion de rencontrer dans les premières journées du mois de
février...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Avec un
très grand plaisir, M. le député de Laviolette.
M. Jolivet: ...pour les engagements financiers.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Tout probablement,
M. le vice-président.
M. Jolivet: Pas pour autre chose.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre,
avez-vous une dernière remarque?
M. Ryan: Je vous remercie, M. le Président, de me
permettre de prendre la parole une dernière fois à l'occasion des
travaux de la commission consacrée au projet de loi 131. Je le ferai
d'abord pour remercier tous les députés qui font partie de la
commission de leur excellente attention et de leur intérêt continu
pour les questions de l'éducation. Je dois dire que mes remarques
s'adressent évidemment aux très nombreux députés
ministériels qui ont suivi attentivement les travaux de la commission et
au député - au singulier - de l'Opposition qui nous a
accompagnés, d'une manière très active, cependant, dans
notre démarche. Je voudrais le remercier de la compréhension dont
il a fait montre dans l'étude de chacun des articles du projet de loi;
il nous a rappelé des aspects de notre problème scolaire qui ne
trouvent pas de solution dans ce projet de loi. Nous n'avons pas cette
prétention. Je pense que chacune des dispositions du projet a
été, à juste titre, jugée utile et pertinente. Nous
essaierons d'en tirer le meilleur parti possible. Je voudrais remercier le
président, également, et le secrétaire de la commission et
souligner de manière spéciale - ce que j'oublie parfois de faire
- l'excellent travail de mes collaborateurs du ministère de
l'Éducation dont plusieurs m'accompaqnent, en particulier...
collaborateurs qui nous donnent une collaboration très active et dont
vous avez vu un exemple concret à l'occasion des travaux de la
commission, problème examiné hier soir, lettre de solution
adressée aux destinataires d'une commission scalaire qui
intéresse particulièrement le député de
Laviolette, dès aujourd'hui. J'ajouterai à l'occasion de
mes collègues du côté ministériel qui paraissent
quelque peu tentés par la jalousie que, lorsque...
Une voix: ...
M. Ryan: ...que, lorsqu'une demande n'a pas d'implication
financière, il est beaucoup plus facile d'y accéder
rapidement,
M. Jolivet: M. le Président, un petit mot pour vous dire
que, dans la salle, il y a un spectateur qui vous écoute avec beaucoup
d'attention, le directeur général de la commission scolaire de
Normandie, qui attend la même sorte de lettre, M. le ministre.
Une voix: M. le Directeur, soyez le bienvenu.
M. Ryan: S'ils ont réuni les mêmes conditions, mais
les mêmes conditions ne sont pas réunies, à ma
connaissance, pour la.,.
Le Président (M. Parent, Sauvé): La commission
parlementaire sur l'éducation ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 17 h 23)