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(Dix heures neuf minutes)
Le Président (M. Parent, Sauvé): La commission
permanente de l'éducation commence ce matin ses travaux. M. le
secrétaire, est-ce qu'il y a quorum?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce qu'il y a
des remplacements, M. le secrétaire?
Le Secrétaire: Non, M. le Président.
Organisation des travaux
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, je
déclare cette première séance de la commission
parlementaire ouverte. J'en profite pour vous rappeler le mandat de cette
commission parlementaire qui a pour but de procéder à
l'étude des crédits budgétaires du ministère de
l'Éducation ainsi que du ministère de l'Enseignement
supérieur et de la Science pour l'année financière
1987-1988.
Le total des heures de travail prévu est de neuf heures pour
l'Enseignement supérieur et de la Science et de huit heures trente
minutes pour l'Éducation.
Ce matin jusqu'à 12 h 30, la commission de l'Éducation va
entreprendre l'étude des crédits du ministère de
l'Enseignement supérieur et de la Science; nous allons poursuivre cet
après-midi jusqu'à 18 heures et, ce soir, de 20 heures à
22 heures; demain matin, le 27 mai, de 10 heures à midi pour un total de
neuf heures. Je n'ai pas été clair, je pense, ici. On va
poursuivre cet après-midi et ce soir.
Je dois aussi vous rappeler quelques règlements concernant
l'étude des crédits. L'article 279 du règlement
prévoit que l'Assemblée étudie les crédits pour
lesquels le gouvernement demande annuellement son approbation. L'article 282
prévoit que des commissions étudient les crédits
budgétaires dans le domaine de leur compétence.
Temps de parole: La commission aura à adopter chaque programme du
ministère. Cependant, chaque membre a en principe et en droit un droit
de parole de vinqt minutes pour chaque élément d'un programme
selon les articles 209 et 284 de notre règlement.
S'il vous plaît, messieurs!
Le ministre peut intervenir aussi souvent qu'il le désire et il
est soumis aussi à la limite de vingt minutes.
Deuxièmement, si le ministre demande à ses fonctionnaires
de fournir des explications techniques, leur temps de parole est
comptabilisé avec celui du ministre. Il faut aussi noter que le ministre
n'est pas membre de la commission pour la durée de l'étude des
crédits.
L'article 132 nous permet aussi d'accepter un non-membre à
participer à l'étude des crédits sans qu'il ait à
en demander la permission à la commission. Cependant, le non-membre n'a
pas le droit de vote, selon l'article 132.
L'article 144 qui permet la modification de l'horaire pour siéqer
au-delà de l'heure prévue pour la suspension ne peut être
invoquée que si le temps alloué à l'étude des
crédits n'a pas été épuisé.
Je vous informe aussi que je serai très large dans
l'interprétation du rèqlement en ce qui regarde le lien ou
l'élément avec le proqramme, de façon à laisser une
chance à chaque personne de pouvoir bien s'exprimer et d'aller chercher
les renseignements désirés.
Il v a eu une suggestion de faite qui a été
communiquée par le secrétariat de la commission aux deux
formations politiques en ce qui a trait au programme dans lequel se
déroulera l'étude des crédits.
Ce matin, nous prévoyons aborder le programme 1. Cet
après-midi, dans un premier temps, le programme 5: Enseignement
collégial et, dans un deuxième temps, le proqramme 3: Aide
financière aux étudiants. Ce soir, les programmes 2, 7: Fonds
pour la formation de chercheurs et aide à la recherche et 8: L'Office
des professions du Québec. Mercredi matin, programme 4: Science,
programme 6: Enseignement universitaire. Y a-t-il entente entre les deux
partis? Madame...
Mme Blackburn: M. le Président, une question
d'information.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui, madame.
Mme Blackburn: Tout à l'heure, vous m'annonciez que le
ministre ne ferait pas un long discours d'ouverture. Il se pourrait donc
qu'on puisse aborder plus tôt le programme Enseignement
collégial. Est-ce celui qui est prévu pour le début de
l'après-midi?
Le Président (Me Parent, Sauvé): C'est celui qui
est prévu pour le début de l'après-midi, s'il n'y a pas de
questions et si le temps n'est pas épuisé rendu à 12 h 30,
s'il y a consentement... On demandera le consentement à ce
moment-là.
Mme Blackburn: D'accord.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. ie ministre,
avez-vous des remarques sur l'ordre du jour? Pas de remarques?
M. Ryan: Une observation, M. le Président. S'il
était possible que nous nous entendions sur le partage du temps, comme
vous avez semblé l'indiquer, que nous sachions, par exemple, que tel
programme sera abordé cet après-midi et tel autre ce soir,
conformément à ce qui avait été discuté de
manière officieuse, je pense que cela permettrait que nous touchions
à peu près tous les sujets qui nous intéressent en
accordant à chacun un temps raisonnable. Je ne sais pas si cela fait
partie des choses que vous avez suggérées tantôt.
Le Président (M. Parent, Sauvé): En ce qui concerne
le temps raisonnable, des enveloppes de temps ont été
prévues et on va tâcher de demeurer à l'intérieur de
l'enveloppe de temps prévue. En ce qui a trait au droit de parole, par
exemple, il est certain qu'on va appliquer le règlement tel quel. Je ne
sais pas de quelle façon... Je ne comprends pas tellement votre
intervention, je dois avouer, M. le ministre.
M. Ryan: Je vais la préciser, si vous me permettez.
Dois-je comprendre que ce matin nous aborderions le programme 1, cet
après-midi...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Cet
après-midi, à la demande du parti ministériel, nous allons
commencer avec le programme 5, Enseignement collégial...
M. Ryan: Très bien.
Le Président (M. Parent, Sauvé): ...suivi de 3,
Aide financière aux étudiants. Cela a été
accepté en principe par la porte-parole de l'Opposition avec laquelle
j'ai eu une entrevue avant le début des travaux.
M. Ryan: J'aimerais savoir si ce soir, parce que pour les
fonctionnaires qui doivent être disponibles...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Ce soir, M. le
ministre, les programmes 2, 7 et 8 sont prévus. Le proqramme 7 est le
Fonds pour la formation de chercheurs et l'aide à la recherche, le
proqramme B, c'est l'Office des professions. Le programme 2, ce sont les
consultations... Le proqramme 2, le Conseil de la science et de la technologie,
le Conseil des collèqes et le Conseil des universités.
M. Ryan: C'est le programme 2, cela?
Le Président (M, Parent, 5auvé)s Oui, M. le
ministre.
M. Ryan: Très bien.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Cela va?
M. Ryan: Pour le proqramme 7, je veux m'assurer que nous nous
entendons bien; 7, c'est le Fonds FCAR. Cela passe ce soir, aussi?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Cela passe ce
soir, après les consultations.
M. Ryan: Très bien. En troisième lieu, ce soir.
C'est cela?
Le Président (M. Parent, Sauvé): C'est cela.
M. Ryan: Après l'Office des professions.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Un instant,
là. On commence ce soir avec le programme 2, Consultations. Pour les
consultations, nous devrons suivre l'ordre suivant: Conseil de la science et de
la technologie, Conseil des collèqes et Conseil des universités.
Dans un deuxième temps, le programme 7, Fonds pour la formation de
chercheurs et l'aide à la recherche. On poursuivra avec le proqramme 8,
Office des professions du Québec.
M. Ryan: II resterait pour demain...
Le Président (M. Parent, Sauvé): II resterait pour
mercredi, M. le ministre, le programme 4, Science, et te programme 6,
Enseignement universitaire. C'est prévu pour mercredi matin. Cela
va?
M. Ryan: Cela me convient parfaitement.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: M. le Président, je voulais essayer de voir
s'il était possible de convenir avec le ministre... Étant
donné l'information que vous nous avez donnée tout à
l'heure à savoir que le ministre n'avait pas l'intention de faire une
longue déclaration
d'ouverture, nous avions prévu, au moment où on a
proposé un partage du temps entre les différents programmes...
L'an dernier, au moment où on avait étudié les
crédits, le ministre nous avait fait une déclaration d'ouverture
de quelque 45 minutes. Cela nous avait semblé être sa pratique
pour établir le partage du temps de ce matin.
Si le ministre ne fait pas la même déclaration ce matin et
qu'il résume cela à quelque quinze minutes - c'est ce que j'ai
compris - cela veut donc dire qu'on a plus de temps qu'on ne pensait pour les
discussions ce matin. La question que je pose au président est la
suivante: Sur le programme 1, Administration, je ne pense pas qu'on puisse
discuter pendant une heure. Ce serait utiliser inutilement du temps dont on
aura besoin pour d'autres programmes. Est-ce qu'il est pensable qu'on puisse,
dès ce matin, aborder le volet de l'enseignement collégial?
Le Président (M. Parent, Sauvé): L'enseignement
collégial.
Mme Blackburn: C'était la question que je posais. À
moins que le ministre ne réserve cela pour le début de
l'après-midi parce qu'il a l'intention de faire des déclarations.
À ce moment-là, on pourrait peut-être commencer avec l'aide
financière aux étudiants, je n'ai pas d'objection, la presse
étant reine là-dedans et le ministre...
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre, la
question est posée par la porte-parole de l'Opposition, à savoir,
étant donné qu'il nous reste du temps à l'intérieur
de l'enveloppe de temps mise à notre disposition, soit jusqu'à 12
h 30, si on pouvait aborder dès ce matin avec le consentement le
programme 5 intitulé Enseignement collégial. Tout dépend,
les gens ne sont peut-être pas ici, je ne sais pas, je ne connais pas les
personnes-ressources qui vous accompagnent.
M. Ryan: M. le Président, je pense qu'il n'y aurait pas de
difficulté, s'il y a du temps, ce matin, à ce que nous passions
au programme relatif aux collèges dès que nous en aurons
terminé avec le programme 1.
Le Président (M. Parent, Sauvé): D'accord.
M. Ryan: Nous aurons une déclaration de prête
à ce moment-là, nous serons en mesure de procéder et nous
pourrons ensuite prendre le programme suivant, celui de l'aide
financière. Si l'Opposition veut terminer plus tôt, nous serons
très heureux de collaborer.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Mme Blackburn: Vous êtes...
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre, je
vous remercie. Mme la porte-parole de l'Opposition.
Mme Blackburn: ...consigné pour 9 h 30.
M. Ryan: M. le Président, me permettriez-vous de vous
présenter les collaborateurs qui m'entourent avant que nous commencions
les travaux de manière que tout le monde soit informé quant
à leur identité?
M. Jolivet: M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Un instant, le
ministre a demandé la parole. Présentez-nous... Oui.
M. Jolivet: Justement, avant qu'il les présente, M. le
Président. Le ministre a parlé de la collaboration de
l'Opposition sur le temps à être dévolu... On sait le
nombre d'heures qui sont dévolues à cette question; c'est un peu
moins long que toute la discussion qu'il y a eu sur le lac Meech, où le
ministre serait obligé de participer à des discussions alors
qu'il avait beaucoup à faire avec ces ministères.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre, si
vous voulez bien nous présenter les gens qui vous accompagnent.
M. Ryan: À ma gauche, le sous-ministre de l'Enseignement
supérieur et de la Science, M. Claude Benjamin; à la gauche de M.
Benjamin, M. Pierre Boisvert, sous-ministre adjoint en charqe de
l'administration et également en charqe de la Direction de l'aide
financière aux étudiants; à ma droite, M. Louis Lirette,
directeur des ressources financières au ministère de
l'Enseignement supérieur et de la Science; en arrière de ces
collaborateurs qui sont assis à mes côtés, il y a beaucoup
d'autres collaborateurs du ministère de l'Enseiqnement supérieur,
des organismes consultatifs et des milieux intéressés aux
questions relevant du ministère de l'Enseignement supérieur et de
la Science.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre,
nous vous remercions. À toutes ces personnes qui accompagnent le
ministre, nous souhaitons la bienvenue.
J'appelle immédiatement le proqramme 1, Administration 1,
Direction. M. le ministre, si vous voulez nous présenter votre
programme.
M. Ryan: Cette année, M. le Président, il m'a
semblé qu'il serait plus utile, du moins en ce qui touche le
côté gouverne-
mental...
Mme Blackburn: Si vous permettez, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Pardon, madame?
Sur quoi intervenez-vous?
Mme Blackburn: Question de règlement.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Question de
règlement, Mme la représentante de l'Opposition.
Mme Blackburn: Est-ce qu'on convient qu'il y a des
déclarations préliminaires? Moi, j'en avais préparé
une, mais est-ce qu'on modifie les...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Le programme a
été appelé et vous étiez d'accord
là-dessus.
Mme Blackburn: Mais non, c'est ce que je mets en doute, M. le
Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): J'ai appelé
le programme tout à l'heure et, avant la réunion, Mme la
représentante de l'Opposition, je vous ai dit que le ministre n'avait
pas l'intention de faire de déclaration préliminaire sur
l'ensemble des crédits, qu'il se réservait de faire de petites
interventions à chaque tête de chapitre. Par contre, nous
étudions les crédits et, pour étudier les crédits,
il faut demander au ministre de nous les présenter.
Mme Blackburn: M. le Président, est-ce que la
décision du ministre lie l'Opposition en ce qui concerne les
déclarations préliminaires?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Absolument
pas.
Mme Blackburn: Bien. Donc, M. le Président, je vous
informe que j'ai l'intention de faire une déclaration d'ouverture.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Avec plaisir,
madame.
Mme Blackburn: Bien. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Elle sera bien
accueillie, votre déclaration. Je l'avais compris comme cela.
M. le ministre.
M. Ryan: M. le Président, cette année, nous avons
décidé du côté du gouvernement qu'il serait plus
utile, plus fonctionnel, que le ministre fasse une déclaration au
début des travaux qui porteront sur chacun des grands thèmes
relevant du ministère de l'Enseignement supérieur et de la
Science. J'ai préparé une déclaration, par exemple, sur
l'enseignement collégial, une autre sur l'enseignement universitaire,
une autre sur l'aide financière, une autre sur les sciences et j'aurai
également des remarques liminaires à présenter au sujet
des organismes consultatifs. Étant donné ces remarques liminaires
que je me réserve de faire à l'ouverture des travaux
consacrés à chaque programme, je ne pense pas qu'il y ait lieu de
faire une déclaration générale à ce moment-ci parce
que je vois difficilement comment elle pourrait éviter d'être
répétitive. Par conséquent, je me borne à vous dire
que nous serons à la disposition de la commission pour les travaux
relatifs à chacun des grands proqrammes que nous aurons l'occasion
d'examiner. Pour l'instant, je voudrais... Est-ce que nous sommes au proqramme
1 ou si nous sommes...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Programme 1, M. le
ministre.
M. Jolivet: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Question de
règlement, M. le député de Laviolette.
M. Jolivet: J'ai un petit problème. Normalement, le
ministre - c'est l'habitude qu'on a depuis nombre d'années - faisait, au
départ, une déclaration préliminaire sur l'ensemble. Le
ministre...
Le Président (M. Parent, Sauvé): ...M. le
député de Laviolette, depuis nombre d'années, le ministre
n'est pas ministre depuis nombre d'années. On l'a eu l'an passé
et une fois ne doit pas nécessairement établir une pratique.
M. Jolivet: Excusez-moi, M. le Président, vous avez le
droit d'intervenir, mais laissez-moi au moins finir mon idée.
Premièrement, je dis "nombre d'années" parce que je suis ici
depuis dix ans et, à tous les ans, c'est la façon dont cela a
fonctionné en commission parlementaire. Dans ce contexte-là, M.
le Président, je vous pose une seule question: Si le ministre a fait,
l'an passé, une déclaration ministérielle, enfin une
déclaration préliminaire, qui a duré à peu
près une heure, comme nous avons huit proqrammes, est-ce que cela veut
dire que chaque fois - c'est la question que je pose - le ministre va faire une
déclaration de 20 minutes puisqu'il a le droit, en vertu du
règlement, de prendre 20 minutes? Est-ce qu'il a l'intention de faire
huit déclarations de 20 minutes'? Si vous additionnez le temps, M. le
Président, c'est vraiment abusif.
Mme Blackburn: Ça prend quasiment trois heures.
M. Jolivet: Je pense qu'à partir de ça, c'est
limiter le droit des parlementaires de questionner le ministre. Je pose la
question au ministre. S'il a l'intention de faire des déclarations de
cinq minutes à chaque fois, on va peut-être agir
différemment.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Peut-être
que la façon la plus facile de le comprendre, c'est de demander au
ministre quelles sont ses intentio'ns et, ensuite, on jugera de quelle
façon on peut les recevoir, les accepter.
Le ministre a le droit à mesure de répondre
brièvement à l'intervention du député de
Laviolette.
M. Ryan: Si l'Opposition voulait consentir à ce que je
fasse une déclaration d'une heure sur chaque sujet, je le ferai
volontiers. Je ne veux pas abuser de la patience de l'Opposition non plus. Ce
que je crois comprendre, c'est qu'au début de l'étude de chaque
programme, on peut disposer d'une période d'une vingtaine de minutes
pour présenter " la synthèse des événements qui se
sont produits au cours de la dernière année et des orientations
que nous envisageons. Je n'ai pas l'intention de le faire à propos de
chaque programme. Il y a des programmes qui peuvent être
présentés plus brièvement. À propos des
collèges, j'aurai besoin de 20 minutes au moins. À propos des
universités également. À propos des autres secteurs, je
pense que ça peut peut-être se régler en un quart d'heure,
peut-être dix minutes, ça dépend des sujets. Là, je
suis dans l'exercice de mes droits les plus stricts.
M. le Président, il faut éviter de verser dans la routine
qui est tellement familière dans le paysage parlementaire...
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît, M. le ministre.
M. Ryan: Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Quand un membre de
la commission s'exprime, on est sur des points de règlement, on est en
train d'établir notre "pattern" de travail pour le reste de la session.
Je vous demande votre collaboration parce qu'on entend très mal ici. Je
ne sais pas si vous entendez bien, mais moi, j'ai beaucoup de difficulté
à saisir. Excusez-moi, M. le ministre.
Vous avez la parole, M. le ministre.
M. Ryan: Je crois avoir dit ce que je voulais dire tantôt.
Je préfère présenter les remarques liminaires au
début de l'examen de chacun des grands programmes que nous allons
examiner. L'Opposition me demande combien de temps je prendrai à chaque
fois. Je ne le sais pas. Je crois que les interventions sont permises pour une
durée de 20 minutes dans chaque cas. Je pense que je partirai de ce
principe-là et, lorsque j'aurai atteint la limite, si vous
décidez de m'arrêter, à supposer que je veuille prolonger,
je me soumettrai à votre autorité. Si les propos sont assez
intéressants pour que l'Opposition consente à un léger
prolonqement, en retour d'une permission semblable en sa faveur, je le ferai
volontiers aussi. Nous abordons ces questions avec toute la souplesse
possible.
M. Jolivet: M. le Président...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Un instant!
Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Sur la question de règlement, M. te
Président. C'est que si le ministre prend 20 minutes, huit programmes,
si je sais compter, cela fait 160 minutes. C'est tout près de trois
heures et, en plus, il dit qu'il faudrait peut-être, à l'occasion,
qu'on puisse avoir l'autorisation de prolonger.
Si cela prend trois heures exclusivement pour les déclarations du
ministre, je trouve cela un peu excessif. Tout à l'heure, le ministre,
d'entrée de jeu, nous annonçait qu'il était tout à
fait intéressé et qu'il assurait l'Opposition de sa
collaboration. Une façon de nous assurer de son intention et de sa bonne
volonté aurait peut-être été de nous informer de son
intention là-dessus. Je trouve inacceptable que ce soit ici ce matin
qu'on apprenne que le ministre a l'intention de procéder de façon
différente de ce qu'étaient les traditions établies en
commission parlementaire depuis déjà de nombreuses années.
Une façon de montrer sa bonne volonté là-dessus et ses
intentions de collaborer aurait peut-être été de nous en
informer.
Par ailleurs, si le ministre nous dit qu'au total il va prendre quelque
deux heures et demie pour ses déclarations sur un temps de neuf heures
et trente, je trouve que c'est beaucoup. Si l'objectif de l'exercice qu'on fait
ici c'est d'informer et de mieux comprendre les orientations du ministre, je
veux bien croire qu'il va nous livrer une partie de sa pensée au moment
où il va faire ses déclarations préliminaires, mais si je
me fie à ce qui s'est passé l'an passé, on a besoin de le
tordre lonqtemps pour avoir à peu près la vérité
à peu près huit mois après. Alors, c'est pourquoi je pense
qu'il est important d'établir cela ce matin.
M. Jolivet: M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député de Laviolette et après, le
député de Rousseau.
M. Jolivet: M, le Président, il n'est pas question de
savoir si c'est de la routine ou non. La seule chose qu'il est important de
constater, c'est qu'on est en train de créer un précédent.
Ce précédent, c'est de permettre au ministre, à chaque
programme, de faire une intervention qui va au total dépasser de
beaucoup ce que le monde, à l'époque, disait, soit que
c'était trop, les déclarations préliminaires.
Le but des crédits, on s'en souviendra...
Même le ministre avait critiqué ces choses dans le
passé. Et le ministre a fait la même chose l'an passé. Je
vous dis, M. le Président, que cela n'a pas de bon sens dans le mesure
où l'ensemble de l'étude des crédits est de permettre aux
parlementaires de poser des questions au ministre sur l'orientation et non pas
d'entendre ce qu'il a à dire. 11 a d'autres moments pour le dire:
déclarations ministérielles, conférences de presse ou
autres. Mais ici, en commission parlementaire, nous avons l'intention de poser
des questions sur les crédits et si, pour ce qui est du temps
alloué, on s'arranqe pour empêcher l'Opposition de poser toutes
les questions pertinentes en neuf heures et demie, M. le Président, je
ne l'accepte pas,, Je trouve abusive, de la part du ministre, cette
façon de faire.
Des voix: ...
M. Jolivet: Vous autres, vous parlerez en temps et lieu,
d'accord?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Avez-vous
terminé, M. le député de Laviolette?
M. Jolivet: Oui, mais pour autant qu'on me...
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député de Rousseau.
M. Jolivet: Pour autant, M. le Président... (10 h 30)
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député de Rousseau.
M. Jolivet: Pour autant, M. le Président, qu'on ne me
bouscule pas de l'autre côté.
Une voix: Les nerfs!
M. Jolivet: Ce n'est pas une question de nerfs, c'est la question
qu'on ait au moins la chance de parler...
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît! M. le député de
Rousseau.
M. Thérien: Sur la question de règlement. Je pense
que le temps que va utiliser le ministre va être déduit du temps
alloué au parti ministériel. C'est une question d'expression, que
ce soit sous forme de déclaration, de réponse aux questions ou
d'interrogation, c'est le temps qui va être utilisé.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci.
Est-ce qu'il a d'autres interventions sur ce problème? Je tiens
à vous rappeler qu'il est tout à fait à l'intérieur
de nos rèqlements de reconnaître que le ministre puisse intervenir
chaque fois pour autant qu'il ne dépasse pas le temps qui lui est
imparti. Ce sera au ministre de juger. Ce sera à moi aussi de juqer, de
l'avertir s'il dépasse les 20 minutes qui lui sont prévues. Les
règlements sont faits comme cela. Je ne suis pas ici pour les faire. Je
suis ici pour les appliquer. On vit à l'intérieur d'une
institution qui est réqglementée. On doit vivre avec les
rèqlements que nous nous sommes donnés. Je vous rappelle que j'ai
appelé le programme 1. Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Je n'ai pas donné mon consentement pour
qu'on appelle le programme 1. J'ai demandé de faire une
déclaration préliminaire.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous
l'accorde. Je croyais que vous l'auriez faite après avoir appelé
le programme 1. Je n'ai pas d'objection à cela. Nous vous
écoutons, Mme la députée de Chicoutimi.
Remarques préliminaires Mme Jeanne L.
Blackburn
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Avant de commencer,
je dois quand même déplorer l'attitude du ministre actuellement.
C'est abusif et ce n'est pas la première fois qu'on le voit. Avec 99
députés en Chambre, on peut tout se permettre, mais je trouve que
ce n'est pas faire preuve de beaucoup de courage que d'abuser et de son poids
et du nombre actuellement pour imposer des règles. Je connais le
discours et j'ai relu le discours du ministre au moment où il
siégeait à la commission parlementaire. Il était violent.
À plusieurs occasions, il a fait ce que j'appellerais de la
démagogie, particulièrement au moment où il
présentait son discours préliminaire.
Aujourd'hui, il vient ici complètement changer les règles
du jeu en s'arrogeant de cette manière - il le sait très bien -
en prenant un temps excessif alors que l'étude des crédits -
c'est reconnu et cela avait été concédé par le
précédent gouvernement -
c'est l'occasion pour l'Opposition de mieux comprendre les orientations
de ce gouvernement de manière à les signifier à la
population de façon générale. M. le Président, on
est ici pour une seconde fois. Malheureusement, les règles du jeu ont
été changées sans qu'on soit prévenu, malgré
que le ministre nous ait annoncé son intention de collaborer
En tant que membres de cette commission parlementaire de
l'éducation pour procéder à l'étude des
crédits du ministère de l'Enseignement supérieur et de la
Science, cet exercice nous fournit l'occasion de passer en revue les faits
saillants de l'activité ministérielle au cours de la
dernière année en même temps que d'interroger le ministre
responsable afin d'en savoir plus long sur les orientations qu'il entend
privilégier pour l'avenir. Comme chacun le sait, l'enseignement
supérieur et la science constitue un domaine clé de l'action
gouvernementale tant par l'ampleur des crédits qui y sont
affectés que par son rôle charnière dans le
développement de nos ressources humaines.
L'enseignement supérieur, on le sait, contribue dans une large
mesure au développement de la société, qu'il soit
économique, social ou culturel. J'ai donc l'intention de profiter de
cette intervention préliminaire pour formuler un certain nombre de
commentaires et de critiques à l'égard des politiques
néfastes, à mon avis, de ce gouvernement en matière
d'enseignement universitaire, d'enseignement collégial et de
science.
Je commencerai par la question cruciale que constitue le financement de
nos universités. On se rappellera que cette commission parlementaire de
l'éducation a procédé, au cours de l'automne dernier,
à une large consultation publique sur le thème du financement et
des orientations du réseau universitaire. C'était là un
engagement électoral du Parti libéral, un des engagements qu'il a
tenus, on n'est pas pour lui en faire reproche. On sait qu'une politique, pour
être valable, doit être bien emprise sur la réalité
et son élaboration doit se fonder sur la consultation des parties
concernées.
On constate, cependant, huit mois après cette commission
parlementaire, que le ministre a beaucoup plus de difficultés à
passer à la seconde étape, la plus importante, à savoir la
présentation de solutions aux problèmes pressants qui confrontent
nos universités. Il préfère créer des
comités et reporter à plus tard les décisions
cruciales.
Après avoir entendu des organismes présenter leur
mémoire - il y a eu plus de 60 intervenants représentant
près d'une centaine d'organismes - toutes les parties concernées
à l'intérieur du système universitaire de même que
plusieurs représentants du milieu socioéconomique, après
plus de 90 heures d'échanges très riches au cours de ces
audiences publiques et, surtout, après avoir assuré pendant deux
ans la fonction de critique de l'Opposition dans ce domaine et avoir commis un
document qui prétend fournir des solutions à tous les
problèmes de notre système d'éducation, le ministre
prétend, encore aujourd'hui, ne pas être assez informé pour
prendre des décisions. Il lui faut pousser plus loin l'examen des
problèmes, dit-il. C'est une excuse bien commode. Au moins, cela permet
au ministre de constater avec humilité que les situations deviennent
plus complexes lorsqu'on se retrouve au pouvoir et que, même bien
inspirés, on peut éprouver des difficultés à faire
partager ses visions à ses collègues.
Mais revenons-en à cette longue et studieuse commission
parlementaire de l'automne. Quelles conclusions a-t-on pu en dégager?
D'abord, bien sûr que nos universités éprouvent de
sérieuses difficultés de financement comme en fait foi le
déficit accumulé de 130 000 000 $; qu'elles souffrent d'un
sous-financement indiscutable par rapport à l'Ontario auquel on se
plaît à se comparer et encore davantage avec nos voisins
américains; que la formule actuelle de financement dite historique est
source d'inéquité et qu'il importe de la corriger à l'aune
de critères respectueux, de la diversité et des
caractéristiques variées des établissements de
l'enseignement supérieur.
Le défilé des intervenants est venu tracer un tableau
assez sombre des conséquences de l'insuffisance des ressources; que ce
soit en termes de non-renouvellement et de vieillissement du corps professoral
qui trouve son corollaire dans le recours massif aux chargés de cours
dont on a vu les résultats au cours des négociations difficiles
à l'UQAM. En termes de ratio étudiants-professeur, en termes de
désuétude des équipements scientifiques et en termes
d'espaces insuffisants en certains endroits. Tout cela est bien connu et
largement documenté. Le ministre connaît la situation. Le temps
était donc venu d'agir et le ministre continue de tergiverser.
Autre conclusion majeure découlant de cette consultation: le
maintien de l'objectif de l'accessibilité aux études
supérieures. Nous disposons de nombreuses données qui indiquent
que, malgré d'importants progrès, le Québec a encore des
écarts à combler avec ses voisins sur le plan de la
fréquentation universitaire à temps plein et surtout sur le plan
de la "diplomation" en ce qui concerne le deuxième et le
troisième cycles. Le Conseil supérieur de l'éducation a
rendu public un avis dans lequel il nous informait et il nous donnait une
donnée statistique en ce sens que seulement 18,43 % de la population
active avait une formation de niveau universitaire. Non pas
nécessaire-
ment une "diplomation", une formation de niveau universitaire contre
21,13 % pour l'Ontario et 21,26 % pour le Canada.
Je ne voudrais pas m'étendre sur ce sujet, cependant, je voudrais
dire qu'un consensus très large existe quant à la
nécessité de poursuivre les efforts pour hausser le niveau de
scolarisation et de qualification de nos jeunes et de la population en
général.
Cela m'amène à ouvrir une parenthèse au sujet du
régime d'aide financière aux étudiants. Le Parti
libéral avait aussi, dans ce domaine, pris des engagements bien
précis lors de la campagne électorale. Mais, à l'exception
des 400 $ pour les étudiants de régions éloignées,
ceux-ci tardent à se réaliser. Tout au contraire, on se rappelle
que le gouvernement a endetté les étudiants l'an dernier de 24
000 000 $ par la conversion d'une partie de la bourse en prêt. Cette
compression constitue un endettement accru et est récurrente. Cette
année donc, c'est près de 50 000 000 $ d'endettement additionnel
qu'auront à subir nos jeunes étudiants dans les collèges
et dans les universités. Si on comprend les... Les renseignements
contenus dans les crédits additionnels nous apprennent que ce transfert
de la bourse vers le prêt a permis au gouvernement d'économiser,
en plus des 24 000 000 $, une somme qu'on peut estimer à environ 10 000
000 $. Cela veut donc dire que cette année seulement, le gouvernement
aura taxé les étudiants les plus démunis du Québec
d'environ 34 000 000 $ et cela, c'est récurrent. 34 000 000 $ cette
année plus 34 000 000 $ l'an prochain, si je sais compter, cela fait 68
000 000 $.
Compte tenu des critères d'admissibilité au régime,
on se serait minimalement attendu que le ministre utilise cette marge de
manoeuvre pour bonifier le régime. Tel n'est pas le cas et pour l'an
prochain, les crédits connaîtront une baisse de plus de 10 000 000
$ par rapport aux crédits votés l'an dernier.
Quant aux améliorations promises au régime prêts et
bourses, le ministre répond aux étudiants que cela est toujours
à l'étude. Pour une personne qui, dans l'Opposition, avait la
solution à tous les problèmes, je dirais non seulement ceux de
l'éducation mais généralement ceux de la
société, on trouve qu'il est plutôt lent à passer
à l'action.
Voyons maintenant les perspectives qui s'offrent aux universités
sur le plan du financement gouvernemental pour l'année 1987-1988. Comme
on le sait, le gouvernement dépose ses crédits en deux
étapes. Il y a d'abord eu le dépôt régulier des
crédits à la fin de mars, ceux qui ne comportaient pas de
compressions ne comportaient pas non plus d'argent neuf. Donc, pas de solution
au problème du sous-financement. Les universités en ont
été quittes pour un petit suspense additionnel d'un mois avant de
savoir vraiment à quoi s'en tenir, stratégie publicitaire sans
doute, mais c'était un secret de polichinelle que le discours sur le
budget comporterait certaines mesures à leur éqard. Dans ce
cas-ci,, il ne s'agissait pas de faire durer le plaisir, mais je dirais
plutôt l'angoisse des universités. Tout cela pour servir les
impératifs de la stratégie publicitaire du gouvernement qui avait
déjà été testée l'an dernier et qu'on a un
peu engraissée cette année.
Le gouvernement n'annonce pas tout de suite les crédits, lors de
la véritable présentation des crédits, ce qui pourrait
peut-être risquer de passer un peu plus inaperçu ou d'être
noyé finalement dans l'ensemble des budgets ou des ministères. Il
attend plutôt le discours sur le budget pour y aller de crédits
additionnels. Ce fut le cas pour les universités et, comme on le sait,
pour divers autres services dans quelques ministères.
Qu'est-ce que le ministre est venu nous annoncer? Des ressources
additionnelles de 119 000 000 $ sur quatre ans, 79 000 000 $ sur deux ans, dont
40 000 000 $ pour la prochaine année. Le ministre prétend
évidemment que cela traduit un effort considérable du
gouvernement. Un examen attentif permet toutefois de dégonfler le ballon
et de ramener les choses à leurs justes proportions. Je vois le ministre
opiner de la tête et je sais qu'il prendra encore huit mois à
reconnaître que l'Opposition, en cette matière, a raison.
Nous allons essayer de remettre les choses dans le contexte de la
compression effectuée l'an dernier. En effet, l'an dernier, le ministre
de l'Enseignement supérieur et de la Science devait se contenter - on
doit le reconnaître la mort dans l'âme - d'un budget non pas
amélioré, mais amputé de quelque 34 000 000 $ pour les
universités. Cette compression avait alors été
camouflée ou, à tout le moins, minimisée par le ministre
qui devait finalement admettre dans sa note adressée au premier ministre
en janvier dernier qui, par inadvertance, a coulé dans le journal Le
Devoir: "Contrairement à leurs attentes, les universités ont
dû accepter, en 1986-1987, de nouvelles compressions totalisant quelque
34 000 000 $ - je cite toujours les propos du ministre - un des niveaux les
plus sévères depuis 1978-1979." Ce n'est pas l'Opposition qui le
dit, c'est le ministre. Le ministre me reprochait, lors de l'étude des
crédits de l'an dernier, de me mêler dans les chiffres. Je
constate que, huit mois plus tard - peut-être qu'il compte moins vite que
moi - il confirme précisément les estimations que nous avions
alors faites.
Je reviens cependant à mon propos. Dans la foulée de cette
sévère compression, aux subventions de fonctionnement devait
venir s'ajouter le plan quinquennal d'investissements universitaires
1986-1991 lui aussi d'un niveau de compressions sans précédent,
selon le Conseil des universités. J'y reviendrai tout à l'heure.
Si, pour l'instant, on soustrait des 40 000 000 $ annoncés pour
l'année 1987-1988 les 10 000 000 $ alloués pour les
équipements scientifiques et les bibliothèques, les
universités connaîtront l'an prochain un ajout dans leurs revenus
de fonctionnement de 35 000 000 $. En incluant les 8 000 000 $ pour la
résorption du déficit et les 7 000 000 $ pour les frais indirects
de la recherche, il s'agit en effet d'un ajout qui ne compense même pas
les compressions de l'an dernier, comme je vais vous le démontrer. En
somme, avec les crédits additionnels déposés par le
ministre des Finances, les universités se retrouvent avec un niveau de
financement en deçà de celui de 1985-1986.
Je rappelle que le gouvernement précédent avait, en
1985-1986, octroyé 37 000 000 $ de ressources additionnelles aux
universités. L'actuel ministre de l'Enseignement supérieur, alors
critique de l'Opposition, avait qualifié ce geste d'amorce très
modeste d'un programme de redressement devant s'échelonner sur plusieurs
années. Comme programme de redressement, on a connu la solution de l'an
passé et celle de cette année n'est pas beaucoup plus
avantageuse. (10 h 45)
On sait que le Québec consacre à l'enseignement
supérieur une part importante de son produit intérieur brut, une
part à peu près comparable à ce qu'on retrouve dans le
reste du Canada, et notamment en Ontario. De même, nous nous comparons
encore honorablement quant à la part des universités dans
l'ensemble des dépenses gouvernementales. Cependant, compte tenu de
l'impact de notre niveau inférieur de richesse collective et du choix
que nous avons fait comme société de geler les frais de
scolarité, en dépit du désir du ministre, je le rappelle,
en vue de promouvoir une plus large accessibilité aux études
supérieures, nos universités se retrouvent avec un niveau de
financement, calculé en revenu par étudiant, inférieur
d'au moins 10 % à celui des universités ontariennes qui sont loin
d'être riches, si on les compare à nos voisins du Sud.
Par rapport aux universités ontariennes, on estime le manque
à gagner des universités québécoises à au
moins 120 000 000 $, mais plus probablement à 150 000 000 $. En effet,
le gouvernement ontarien avait déjà ajouté dans
l'enveloppe des universités une somme forfaitaire de 50 000 000 $ en
1986-1987, à laquelle viennent s'ajouter des sommes additionnelles
d'environ 150 000 000 $ en 1987-1988. Si on calcule la compression de l'an
dernier, l'écart a continué de se creuser danqereusement et les
40 000 000 $ pour 1987-1988 sont loin de suffire pour empêcher cet
écart de se creuser.
Parmi les nouveaux crédits, ceux-ci se chiffreraient, selon le
ministre, on se le rappelle, à 82 000 000 $ sur deux ans. De l'avis de
tous les intervenants, au moment où le ministre lançait son plan
de redressement, il s'agissait d'un strict minimum. Le ministre des Finances
annonce de son côté 119 000 000 $ sur quatre ans, 79 000 000 $ sur
deux ans. Si on regarde ces deux chiffres, on a l'impression que le compte y
est quasiment et qu'on aurait presque ce strict minimum. Cependant, ce n'est
pas tout à fait le cas si on décompose les chiffres. Je suis
certaine que le ministre va essayer de nous démontrer, comme il l'a fait
l'an passé, qu'on s'est mêlé dans les chiffres, pour nous
dire quelque huit mois plus tard qu'effectivement, on avait raison. Mais je ne
voudrais pas faire insulte à son intelligence; je suis sûre qu'il
comprend qu'entre son plan de redressement et les sommes qui sont consenties,
il y a un écart appréciable.
Décomposons: il s'agit d'une somme de 15 000 000 %
récurrente pour ajuster la base de financement des universités.
Le ministre réclamait 20 000 000 $. On a donc ici un manque à
gagner de 7 000 000 $ 10 000 000 $ sur deux ans. De plus, selon le discours sur
le budget, ces fonds seront alloués en priorité aux
établissements qui sont désavantagés par la formule
actuelle de financement. Comme toutes les universités s'estiment
désavantagées, il y a un bel arbitrage en perspective. Il serait
intéressant de voir quelles universités seront
privilégiées - bien que le terme soit, en l'occurrence, fort
inapproprié - et verront leur base de financement
légèrement redressée. En poursuivant, le ministre estimait
que cela prenait un montant forfaitaire de 15 000 000 $ sur deux ans pour aider
les universités à résorber leur déficit. Ici, c'est
le seul cas où les chiffres du plan de redressement du ministre
correspondent avec les sommes qui sont consenties. Les universités qui
auront au 31 mai prochain un déficit accumulé de 130 000 000 $
devront se partager 8 000 000 % pour ce qu'on appelle te service de la dette.
De plus, la moitié de cette somme servira à payer les
intérêts additionnels. Il faut comprendre que des 8 000 000 $ qui
sont donnés cette année, la moitié rie cette somme vient
compenser pour le service de la dette dû à l'accroissement du
déficit, lui-même attribuable aux compressions de l'an
passé. Alors, ce n'est pas vraiment un montant net de 8 000 000 $, comme
on pourrait le croire si on avait le déficit de l'année
1985-1986. On nous rassure en nous disant que l'octroi de ce support sera
conditionnel à la
présentation par les universités d'un plan de
résorption de leur déficit et je dis: C'est heureux. Cependant,
les universités qui, comme celles du réseau de
l'Université du Québec, se sont contraintes à respecter un
équilibre budgétaire ou tout eu moins à ne pas
dépasser un léger déficit, -peuvent passer leur tour;
elles n'auront évidemment pas droit à ces sommes pour un plan de
redressement, puisqu'elles n'ont pas de déficit.
Une somme de 14 000 000 $ sur deux ans pour le financement d'une partie
des frais indirects de la recherche présentement assumés en
entier par les universités à même leur budget de
fonctionnement... Le ministre demandait 20 000 000 $. Donc, ici, un
déficit de 6 000 000 $ par rapport à ce qui était
estimé, je le rappelle, comme un strict minimum.
Si on fait le total de ces trois premiers éléments, on
arrive à 59 000 000 $, dont 30 000 000 $ pour l'an prochain, par rapport
à une demande du ministre qui était estimée à un
strict minimum de 75 000 000 $, dont 38 000 000 $ en 1987-1988. On est loin du
compte - le ministre le sait très bien - par rapport au plan de
redressement qu'il a proposé.
Le volet de l'aide aux équipements scientifiques. Le gouvernement
dépose chaque année, comme on le sait, un plan quinquennal qui
prévoit les sommes allouées pour les projets de construction,
autrement dit pour l'accroissement du parc immobilier, pour les
réaménagements, les rénovations et les entretiens des
immeubles, le remplacement et l'acquisition des biens immobiliers. Ces derniers
comptent pour environ le quart du total.
Le plan de 1986-1991 présenté en juin dernier et
approuvé sans modification par le Conseil du trésor au
début de cette année se chiffrait à 312 000 000 $. Il a
été, il faut le rappeler, durement critiqué par le Conseil
des universités qui a qualifié ce projet, ce budget d'un niveau
de compressions sans précédent dans les dépenses
d'investissements universitaires. Le conseil blâme en effet le gel sur
cinq ans des enveloppes annuelles ainsi que les coupures de 7 000 000 $ dans
les enveloppes supplémentaires accordées par le gouvernement
précédent pour permettre l'acquisition d'équipements
scientifiques dans les domaines prioritaires et microordinateurs.
Que retrouve-t-on à ce chapitre dans les mesures annoncées
par le ministre pour la présente année? D'abord, 5 000 000 $ par
année pour permettre aux universités d'acquérir ou de
moderniser leurs équipements scientifiques. À première
vue, cela compense à peine les efforts de non-indexation de l'enveloppe
annuelle; il l'a un peu évoqué plus tôt. En fait, il s'agit
du tiers de ce que réclamait le ministre de l'Enseignement
supérieur. Il réclamait 15 000 000 $ et on lui donne 5 000 000 $.
En fait, le ministre réclamait une injection de 35 000 000 $ par
année sur le plan quinquennal d'investissement. Sur deux ans, et
financé à même le Service de la dette, cela faisait des
déboursés d'environ 7 000 000 $ qui, ajoutés aux 75 000
000 $ tantôt, ramenaient le total à 82 000 000 %. Il y avait
là aussi 15 000 000 % par an pour fins de réaménagement et
de rénovation dont on ne dit mot dans le discours du ministre des
Finances. Peut-être veut-on faire une annonce un peu plus tard pour faire
durer le plaisir, mais je ne suis pas sûre que cela ne fait pas durer
l'angoisse, Enfin, 5 000 000 $ pour les achats de volumes dans les
bibliothèques, le seul élément pour lequel le ministre de
l'Enseignement supérieur obtient gain de cause.
Au total, en immobilisations, équipements et volumes, les
universités obtiennent 10 000 000 $ par an plutôt que les 35 000
000 $ réclamés par le ministre, somme encore largement
inférieure aux besoins réels des universités pour offrir
en termes d'espace et de matériel des conditions favorables pour
l'enseignement et la recherche.
Globalement, les universités disposeront dans les faits de 79 000
000 $ de plus sur deux ans, dont 40 000 000 $ en 1987-1988, alors que le
programme de transition du ministre impliquait 145 000 000 $, dont 73 000 000 $
pour la prochaine année scolaire. Je le rappelle, on est loin du
compte.
En résumé, les crédits additionnels viennent
à peine compenser les compressions de l'an dernier et on n'a même
pas le niveau de financement de 1985-1986. Les mesures annoncées ne
règlent en rien le problème de sous-financement des
universités. Il n'y a pas non plus de solution réelle au
problème du déficit parce qu'il aurait fallu redresser les bases
de financement. Les ressources sont inférieures et de beaucoup, dans le
cas des dépenses d'investissement, au plan de redressement que le
ministre avait présenté et qui était
considéré comme un strict minimum. Le réaménagement
des bases de financement est reporté, on te sait, nous dit-il, une
année, deux années, probablement que son présent mandat
sera terminé avant qu'on ne voit le redressement des bases de
financement.
Le ministre, comme on le constate depuis qu'il a pris ses fonctions,
tend à reporter à plus tard la solution des problèmes,
dans ce dossier comme dans tous les autres dossiers, qu'il s'agisse de la
tâche des professeurs, de la condition des chargés de cours. Si
ça va en cette matière, il se trouve incapable d'apporter les
solutions et on reporte la prise de décision en constituant des
comités: comité sur les chargés de cours,
comité sur la charge d'enseignement, comité sur le
rôle et les fonctions de l'Université du Québec.
En ce qui concerne l'UQAM, le ministre, en faisant adapter une toi
spéciale pour régler un conflit à l'Université du
Québec à Montréal chez les chargés de cours, a
créé un dangereux précédent. Jamais on n'a vu le
gouvernement intervenir, par le biais d'un projet de loi, pour régler un
conflit dans une université. C'est une ingérence dangereuse dans
un domaine où l'on a toujours estimé, au Québec, qu'on
devait préserver la liberté. Le ministre a tendance, en ce
domaine, comme dans plusieurs domaines, à se considérer comme
s'il était le directeur général des différentes
institutions, qu'elles soient de niveaux primaire, secon-aire, collégial
ou universitaire. Il règle les cas lui-même comme s'il en
était le directeur général. Cela constitue, en cette
matière, un dangereux précédent et le ministre sait que
ça n'a en rien réglé le cas des chargés de cours
à l'UQAM, non plus que dans les autres universités.
Le ministre en forçant le retour au travail par le biais d'une
loi et en imposant un règlement inférieur aux dernières
offres de l'université a reconnu que les chargés de cours
étaient traités, selon ses propres termes, comme des parias. Le
ministre ne nous fera pas croire et ne fera croire à personne qu'il lui
a fallu les récents conflits de travail pour prendre conscience des
problèmes reliés à la présence massive des
chargés de cours dans les universités, de même qu'à
leur statut précaire et aux conditions dans lesquelles ils pratiquent
leurs activités. Pourtant, il se défile à nouveau et
insiste sur la nécessité d'un examen plus approfondi, à la
suite de quoi, dit-il, je pense que nous serons en mesure, s'il y a lieu et
moyennant démonstration et identification claires des vrais
problèmes, de procéder aux ajustements qui pourront s'imposer. Et
pourtant, il reconnaît un peu plus haut que ces personnes sont
traitées comme des parias. Un double discours.
Un mot maintenant, car nous aurons l'occasion d'y revenir, sur le
problème de la chute dramatique des contributions du
fédéral au financement de l'enseignement postsecondaire. Dans un
document publié en annexe du discours sur le budget, on en fait
état et on fournit des données précises. Sur dix ans, de
1981 à 1992, la perte pour le Québec, à ce titre, est
évaluée à 2 000 000 000 $. On serait presque tenté
de trouver la situation amusante si l'enjeu n'était pas si grave,
à voir les membres du gouvernement, le ministre des Finances, comme
celui de l'Enseignement supérieur prendre leurs airs de vierge
offensée devant les agissements du gouvernement fédéral.
Pourtant, au moment où le ministre était dans l'Opposition, lui
et sa formation politique se présentaient comme de meilleurs
négociateurs et se faisaient forts de faire entendre raison au
fédéral. Et là, ils invoquent la solidarité de
l'Opposition pour défendre les intérêts du Québec en
cette matière.
Je veux les assurer qu'ils ont notre appui sur cette question et,
contrairement à ce qu'ils ont fait antérieurement, on
reconnaît, comme ils le reconnaissent, que négocier avec Ottawa
n'est pas plus facile pour ce gouvernement que ce l'était pour le
gouvernement précédent.
Par ailleurs, permettez-moi... M. le Président, vous pourriez
rappeler l'ordre? Par ailleurs, permettez-moi de déplorer le silence du
ministre sur toute la question du pouvoir de dépenser du gouvernement
central. Le ministre le sait, je ne lui apprendrai rien aujourd'hui en lui
disant que c'est vraiment l'Enseiqnement supérieur qui est parmi les
plus menacés dans ce domaine par l'entente du lac Meech qui
prévoit un retrait avec compensation. Ce pouvoir de retrait ne touche
pas les programmes déjà existants et l'un de ces programmes
déjà existant, c'est l'enseiqnement supérieur et la
science. (11 heures)
Du moment où l'entente du lac Meech ne prévoit pas, ne
couvre pas les programmes déjà existants, on ne peut pas penser
que le gouvernement se verra compensé pour un retrait du programme de
financement de l'enseignement supérieur.
Par ailleurs, on n'a pas non plus entendu le ministre largement
défendre ou se prononcer à l'exception du moment où il l'a
fait sur le discours sur le budget, sur la proposition sénatoriale
voulant que le fédéral se retire du financement de l'enseignement
supérieur. On aura sûrement l'occasion de revenir plus en
détail sur toute cette question. J'aimerais entendre le ministre
là-dessus pour savoir jusqu'à quel point il a essayé
d'exercer une influence sur ce volet de l'entente du lac Meech par rapport aux
programmes existants, et plus particulièrement par rapport à
l'enseiqnement supérieur.
Je passerai brièvement sur l'enseiqnement collégial. Si
l'enseignement universitaire a été quelque peu
épargné par le couperet gouvernemental, ce n'est malheureusement
pas le cas de l'enseignement collégial. Celui-ci doit, en effet, subir
des compressions explicites et implicites estimées à environ 12
000 000 $. Le ministre va probablement encore chicaner sur la valeur des
chiffres mais on entend bien lui démontrer que cela ne se limite pas aux
quelque 7 000 000 $ annoncés effectivement dans te budget. C'est
beaucoup plus près des 12 000 000 $, si cela ne l'excède pas. Et
cela vient s'ajouter aux 8 000 000 $ de l'an passé.
Cette décision a été sévèrement
critiquée par la Fédération des cégeps. Le Conseil
des collèqes, dans un récent avis,
estime que l'ajout de ces nouvelles compressions risque d'avoir des
conséquences négatives sur le développement des
collèges et sur la qualité et la quantité des services
offerts à la population. Le conseil recommande au ministre de n'imposer
aucune compression budgétaire aux collèges aussi longtemps que
son ministère n'aura pas effectué une analyse précise du
seuil adéquat de financement pour assurer le développement du
réseau collégial. Le conseil recommande d'introduire,
immédiatement dans le système budgétaire du réseau
collégial, un mécanisme qui fera en sorte que la diminution
anticipée des effectifs à l'enseignement régulier
n'entraîne pas une diminution de la qualité de la formation des
futurs étudiants et étudiantes à l'enseignement
régulier et permette un financement accru de l'éducation des
adultes pour en favoriser le développement qualitatif autant que
quantitatif.
Je me permets de rappeler au ministre les propos qu'il tenait sur les
compressions pratiquées par le précédent gouvernement dans
le budget des collèges au début des années quatre-vingt
dans une conjoncture, je le rappelle, extrêmement difficile. Ce
gouvernement, de l'aveu même du premier ministre qui a fait cette
déclaration alors qu'il était en Suède ou en Suisse... en
Suisse... Il disait que, depuis 1985, on connaissait une reprise absolument
exceptionnelle de l'économie au Québec. Donc, on a laissé
le gouvernement, l'État, dans une situation de reprise économique
importante, de l'aveu même du premier ministre.
En 1980, on connaissait une situation particulièrement difficile.
À ce moment-là, devant une coupure dans l'enveloppe de
l'enseignement collégial, le ministre tenait un discours pour le moins,
je dirais, violent pour ne pas dire démagogue ou démesuré.
C'est souvent sa coutume d'ailleurs. Il disait, et je le cite: "Cette
réduction manifeste des sommes affectées à l'enseignement
collégial a des effets dramatiques sur la qualité des services
offerts. Les locaux sont surpeuplés, les espaces physiques sont
insuffisants et on maintient à peine les équipements dans un
état convenable. Les budgets d'acquisition des bibliothèques sont
coupés depuis belle lurette et les heures d'accès sont
réduites au strict minimum. Les programmes, en particulier au
professionnel et dans les secteurs de pointe, sont sévèrement
contingentés. L'achat par le gouvernement fédéral de cours
en formation professionnelle prend de plus en plus de place en éducation
des adultes où la dimension des services à la collectivité
s'effrite dangereusement." Je voudrais comprendre comment la décision du
ministre de couper ou de comprimer quelque 20 000 000 $, cette année et
l'année prochaine, aura contribué à régler les
problèmes que lui-même identifiait alors qu'il était dans
l'Opposition. Comme on peut le constater dans ses déclarations, il n'y
allait pas avec le dos de la cuillère. On connaît son
habitude.
Par ailleurs, on constate qu'il y a une contradiction patente entre le
discours virulent du critique de l'Opposition d'alors et la politique suivie
par le ministre de l'Enseignement supérieur d'aujourd'hui. En fait, les
collèges qui fêteront cette année leur 20e anniversaire ne
semblent pas fiqurer bien haut dans les priorités du ministre. Ainsi,
sous prétexte d'économiser, il a reporté d'un an
l'implantation d'un nouveau programme de technique en soins infirmiers,
programme fort attendu et dont l'expérimentation a emporté une
large adhésion autant chez les enseignants et les enseignantes que dans
le milieu d'embauche de ces diplômés. Je voudrais rappeler qu'en
même temps qu'il refusait ce montant de 1 000 000 $ pour permettre la
modification au programme de techniques infirmières, il accordait 3 000
000 $ de plus à l'enseignement privé pour pouvoir ouvrir de
nouvelles écoles.
Je pense qu'on a une idée où se situent les
priorités du gouvernement. Par ailleurs, dans un autre dossier touchant
l'enseignement collégial, je pense à celui de l'évaluation
des apprentissages, je pense au besoin de perfectionnement du personnel
enseignant, je pense au phénomène préoccupant des abandons
en cours d'études qui s'ajoutent au taux de passage insuffisant du
niveau secondaire au niveau collégial ainsi qu'à la question
cruciale du développement de la recherche en enseignement
collégial.
Sur tous ces dossiers qui exigeraient pourtant des interventions
appropriées, une volonté politique claire, rien de concret en une
année et demie alors que si on fait référence aux propos
qu'il tenait et que je citais précédemment, il connaissait bien
la situation. Pour l'instant, on ne connaît ni ses intentions, ni les
orientations qu'il entend privilégier en ces matières. Il va
peut-être profiter de l'étude de ces crédits pour nous
fournir quelque éclairage, sinon, il faudra bien en venir à la
conclusion que ces questions, pourtant fondamentales, ne s'inscrivent pas dans
son champ de préoccupations.
En terminant, je voudrais aborder le volet des politiques
gouvernementales, notamment en ce qui concerne l'action du ministère
dans le domaine de la recherche scientifique. J'ai déjà eu
l'occasion d'exprimer le désaccord de l'Opposition à la
décision prématurée et improvisée de scinder la
science et la technoloqie entre deux ministères. Je pense que
là-dessus le ministre était passablement de notre avis. Il
était mal placé, cependant, pour le dire. Mais, le gouvernement y
est allé même de sa petite innovation en rattachant la
technologie au commerce extérieur. Cela a étonné
tout le monde, et au premier chef l'Opposition et, probablement, le ministre
lui-même. À notre point de vue, cela était
préjudiciable à la cohérence et à
l'efficacité de l'intervention gouvernementale en matière de
recherche scientifique et de développement technologique. On n'est pas
les seul3 à penser de cette façon. Dans un document
préparé à la demande même du ministre de
l'Enseignement supérieur et de la Science, le Conseil de la science et
de la technologie affirme que l'organisation actuelle de la politique
scientifique et technologique risque de laisser en plan plusieurs fonctions
importantes de nature plus horizontale et intersectorielle.
Considérant les rapports d'interdépendance de la science
et de la technologie entre l'enseignement supérieur, l'industrie et le
gouvernement, de même qu'entre le Québec et le Canada dans le
domaine de la science et de la technologie, la conseil opine que ces
interdépendances risquent d'échapper au gouvernement car il n'y a
aucun organisme horizontal d'élaboration et de mise en oeuvre de
politique de la science et de la technologie. Le conseil considère six
formules possibles pour assurer l'exercice de cette fonction horizontale et de
la coordination intersectorielle, formule qui implique des changements plus ou
moins radicaux par rapport à la structure actuelle
privilégiée par le gouvernement.
La question qui se pose est de savoir si le gouvernement a l'intention
de remédier aux lacunes de son modèle organisationnel qui demeure
unique et non fonctionnel. J'espère pouvoir entendre le ministre
à ce sujet, comme je souhaite qu'il ait le temps de
réfléchir au statut tronqué et ambigu du Conseil de la
science et de la technologie, autre conséquence néfaste de la
structure administrative, alambiquée et mise en place par le
gouvernement. Nous nous retrouvons, en effet, dans la situation absurde
où le Conseil de la science et de la technologie, dont une grande partie
des travaux concerne la dimension technologique, rend ses avis à un
ministre qui n'est pas responsable du développement technologique. Si le
ministre croit à l'exercice de la mission consultative dans ce secteur,
il devra réintroduire un peu de logique dans tout cela ou inviter son
gouvernement à le faire.
D'autres mesures gouvernementales m'apparaissent préjudiciables
à l'essor de la recherche scientifique au Québec. Pour une
deuxième année, le Fonds FCAR connaît un gel de son budget.
Un gel signifie une diminution des ressources en termes concrets. Le fonds a
présenté, à l'automne, un ambitieux plan triennal
d'activités visant par un réaménagement de ses programmes
à rendre plus performant le réseau de recherche
québécois en termes de production et de
compétitivité scientifique pour nos établissements
postsecondaires et en termes de "diplomation" aux études
supérieures où nous avons, il faut le rappeler, des retards
à combler. Plutôt que de fournir des moyens accrus au fonds lui
permettant, entre autres, de majorer les montants des bourses pour les
étudiants de maîtrise et de doctorat, le gouvernement gèle
l'enveloppe. C'est la même chose pour le programme science du
ministère qui accuse une baisse réelle des crédits de 2 %
par rapport en 1986-1987. On pourra démontrer que c'est plus important
que ces 2 %.
En fait, par rapport au développement scientifique, tout se passe
comme si le développement scientifique passerait désormais et de
façon priviléqiée par les entreprises. Je pense aux
mesures incitatives et aux mesures fiscales encourageant les rapports
université-entreprise. Tout se passe comme si le développement
scientifique passait désormais de façon privilégiée
par les entreprises, le ministre se trouvant ainsi presque exclu des
orientations de la recherche scientifique.
C'est un autre dossier. Il nous semble, en matière de recherche
scientifique et de partage des responsabilités entre le ministre du
Commerce extérieur et le ministre de l'Enseignement supérieur et
de la Science, que le ministre a abandonné une partie de ses
responsabilités.
Par ailleurs, je ne peux passer sous silence un autre domaine où
le ministre, alors qu'il avait tous les pouvoirs, a abandonné sa
responsabilité. C'est la décision du ministre d'abandonner le
projet de la Maison des sciences sans proposer aucune solution de rechange. Le
ministre a préféré ignorer les scénarios
alternatifs préparés par le conseil d'administration de la Maison
des sciences réduisant ainsi à néant tous les efforts et
tout le travail accompli par le personnel pendant 20 ans, gaspillant
délibérent plus d'un million de dollars. Le gouvernement cause
ainsi un tort considérable au Québec sur le plan de la
vulgarisation et de la diffusion de l'information scientifique et il vient non
seulement accentuer ce retard mais il vient ici le consacrer. Sans doute pour
remédier à un bilan jusque-là négatif, le ministre
des Finances a annoncé dans son discours sur le budget un certain nombre
de mesures fiscales pour stimuler les activités de recherche et de
développement. Dans la mesure où ils auront l'effet
escompté, ces incitatifs représenteront un manque à gaqner
important en termes de recettes fiscales. Les bonifications apportées
par le gouvernement, par ailleurs, aux déductions pour dépenses
aux crédits d'impôt rendent évidemment plus attrayants
d'éventuels investissements en recherche-développement, mais ils
alimentent
aussi la tentation de faire passer pour des dépenses de
recherche-développement des dépenses qui n'en sont pas,
d'où l'importance de contrôle rigoureux. On connaît un
précédent avec une politique que le gouvernement central
s'était donnée, (11 h 15)
Pour favoriser une meilleure synergie université-industrie, les
avantages consentis seront majorés. Sans remettre en question les
bénéfices et les bienfaits d'un rapprochement de ces composantes
en matière de recherche, j'émets la crainte que cela puisse
créer un déséquilibre important à l'avantage des
universités déjà fortement impliquées en recherche
appliquée. Les autres universités ou les secteurs dont les
activités de recherche ne se situent pas dans des créneaux
directement utilitaires n'en tireront pas avantage.
Voilà donc, M. le Président, quelques
considérations que je tenais à formuler à l'ouverture de
nos travaux. Les échanges à venir me permettront d'étayer
les critiques énoncées, d'aborder un certain nombre d'autres
dossiers et, je l'espère vivement, d'en savoir un peu plus long sur les
paramètres, les justifications de l'action gouvernementale, dans ces
domaines cruciaux pour le devenir de la société
québécoise. Je vous remercie.
Le Président (M. Parent, Sauvé): C'est moi qui vous
remercie, Mme la députée de Chicoutimi. Y a-t-il d'autres
remarques avant que nous appelions le premier élément? M. le
ministre.
M. Claude Ryan
M. Ryan: M. le Président, je voudrais apporter quelques
brèves précisions au sujet de certaines affirmations que j'ai
entendues. Tout d'abord, il importe de rappeler que la situation
financière dans laquelle se trouvait le gouvernement lorsqu'il a
hérité du pouvoir en décembre 1985 continue d'être
difficile. C'est une situation que nous pourrons améliorer seulement au
bout de quelques années d'effort soutenu. Il n'est pas question, par
conséquent, dans l'esprit des membres du gouvernement, de relâcher
l'effort de discipline auquel ils ont tous consentis au début du mandat
du gouvernement. Je pense que c'est un effort qui s'impose non seulement pour
le gouvernement mais pour toute la société
québécoise, à tous les établissements en
particulier qui émargent au trésor public pour leur
fonctionnement et nous n'aurons jamais fini de le rappeler.
La députée de Chicoutimi, dans son exposé, a rendu
un hommage inconscient au gouvernement et je voudrais l'en remercier. Elle a
signalé, en ce qui touche le financement des universités, que
nous avons atteint, après un an de pouvoir, le niveau qu'avait
laborieusement atteint l'ancien gouvernement à la veille d'une
élection. Tout le monde sait qu'un budqet électoral est toujours
beaucoup plus généreux que les autres. La députée
de Chicoutimi nous reproche d'être arrivés au niveau où le
gouvernement précédent était arrivé juste avant la
dernière élection. Cela annonce très bien pour les deux ou
trois prochaines années du mandat du gouvernement.
Je lui reprocherais à ce sujet de ne pas avoir fait les
mêmes lectures que le gouvernement des mesures qui ont été
annoncées par le ministre des Finances dans son dernier budget. Lorsque
j'ai soumis un programme de redressement transitoire au premier ministre en
janvier, j'avais inclus différentes demandes: une demande portait sur le
redressement des bases de financement, une autre, sur le financement des
coûts indirects de la recherche, une autre, sur des montants visant la
résorption des déficits et une autre, sur des dépenses
d'investissements.
À propos des dépenses d'investissements, j'avais
demandé un montant additionnel de 35 000 000 $, mais dans la demande que
j'avais présentée au premier ministre, ce montant était
réparti sur plusieurs années vu qu'il s'aqissait
d'immobilisations. Le montant qui était dans le mémoire que j'ai
adressé au premier ministre était de 3 500 000 $ par année
pour les fins que j'avais mentionnées dans mon mémoire. Si vous
faites l'addition - j'ai le texte ici du mémoire que j'avais soumis au
premier ministre, il a été publié dans les journaux
d'ailleurs - le total qui était demandé pour l'année
1987-1988 était de 41 500 000 %. Pour l'année 1988-1989, on
demandait 40 500 000 $. Les sommes qui ont été inscrites dans le
budqet du ministre des Finances sont assez voisines de ce qui avait
été demandé. Il s'aqit d'un plan transitoire d'une
durée de deux ans. Nous aurons l'occasion d'en reparler quand nous
traiterons plus tard du programme relatif à l'enseignement et à
la recherche universitaire. Pendant cette période de transition, nous
devons, de concert avec les universités, mettre au point les
éléments d'une structure de financement plus permanente et plus
stable pour les universités. Cela veut dire que pour la période
qui suivra ces deux années de transition, de nombreux débats se
dérouleront à la fois sur la place publique et à
l'intérieur du qouvernement, quant aux mesures qu'il conviendra de
retenir. Mais je pense que, pour l'instant, il faut souligner que, surtout en
ce qui touche l'année 1987-1988, nous sommes arrivés à des
mesures qui sont très rapprochées des propositions qui avaient
été soumises au chef du gouvernement par le ministre de
l'Enseignement supérieur et de la Science, en janvier dernier.
D'ailleurs, nous
aurons l'occasion d'en reparler de manière plus précise
lorsque nous en viendrons au programme des universités.
Je voudrais souligner que la députée de Chicoutimi a
passé très vite sur un autre volet du budget gouvernemental de
1987-1988 qui intéresse assez directement les universités. Je
veux parler du volet relatif aux mesures qui ont été
annoncées pour l'encouragement de la recherche dans les entreprises, et
souvent, l'encouragement de la recherche dans les entreprises en collaboration
avec les universités. L'un des objectifs de la politique
gouvernementale, non seulement au Québec, mais dans à peu
près toutes les sociétés industrialisées, vise
à réaliser une meilleure jonction entre les ressources des
universités et les établissements d'enseignement postsecondaire
et les besoins et les ressources des entreprises industrielles.
C'est ainsi que, dans le budget, on a une mesure qui prévoit que
le crédit d'impôt accordé aux chercheurs au service des
entreprises était de 10 %. Il va passer à 20 % en 1987-1988; il
est doublé. Ce n'est pas tout de former des chercheurs dans les
universités, il faut leur trouver du travail. On ne peut pas tous les
garder dans les universités, il y a de moins en moins de place pour eux
dans les gouvernements. Il faut qu'ils trouvent des débouchés
dans des entreprises; cela saute aux yeux. Avec cette mesure, nous allons
permettre l'engagement d'un plus qrand nombre de chercheurs dans les
entreprises. Le coût estimé de cette mesure est de 43 000 000 $
pour une année. On va dire qu'on favorise les entreprises. Encore une
fois, dans une perspective dynamique, on ne peut pas raisonner par
compartiments fermés. Si nous créons du travail pour les
chercheurs qui ont été formés dans nos universités,
nous leur permettons d'acquérir de l'expérience dans les
entreprises; certains d'entre eux reviendront peut-être plus tard
à l'université. Ce serait excellent pour eux qu'ils soient
allés respirer l'air du large avant de se faire une carrière
définitive, dans certains cas, à l'intérieur d'une
université. Ils pourront collaborer avec l'université sous mille
et une formes différentes. Je ne pense pas qu'il y ait lieu de
s'attrister d'une telle mesure, il me semble que cela fait partie du programme
de mise à jour du Québec en fonction du défi technologique
et scientifique d'aujourd'hui.
Une autre mesure. On amène souvent des chercheurs
étrangers au Canada et, au Québec en particulier, on a beaucoup
de difficultés à les intégrer à cause de toutes
sortes de facteurs financiers, culturels et autres. Encore ici, un congé
fiscal de l'impôt sur le revenu des particuliers de 24 mois est
accordé à l'intention de ces chercheurs. Est-ce qu'on va passer
cela sous silence? Est-ce qu'on va dire que le qouvernement est
indifférent? Je pense qu'il est important au moins de le mentionner, par
honnêteté intellectuelle. C'est la même chose - je vous le
signale - pour l'application de la loi 101. On l'appliquait souvent de
manière littérale, de manière à rendre
extrêmement difficile la venue, dans nos universités, de
chercheurs dont elles avaient besoin. On interprétait souvent les
règlements d'une manière arbitraire. On laissait à la
porte des qens dont nous avions besoin. Un peu plus d'intelligence dans ces
choses ne peut que contribuer à un meilleur développement du
Québec.
Une autre mesure qui a été annoncée par le ministre
des Finances, le crédit d'impôt pour les corporations concernant
les salaires versés en recherche et développement qui est
porté de 20 % à 40 % lorsque ces activités se
déroulent en milieu universitaire. Nous l'avons dit, c'est 20 % en
général, mais lorsque ces activités se dérouleront
en milieu universitaire, nous voulons que les entreprises recourent davantage
aux ressources des universités en matière de recherche. Le
crédit d'impôt sera de 40 %, c'est quatre fois plus
qu'actuellement, c'est quatre fois plus que ce qui est donné pour ceux
qui font de la recherche, uniquement dans des entreprises.
Encouragement au capital de risque. Si on veut que nos entreprises
s'orientent vers la recherche, qu'il se crée des entreprises
axées sur la recherche et le développement, il faut bien
favoriser la participation des actionnaires, des épargnants
privés. De ce côté, on a une mesure qui va porter à
133 1/3 % le crédit d'impôt accordé pour l'acquisition de
ce genre d'actions. Nous calculons que le coût de cette mesure sera de 46
000 000 $ au total. Je préfère des gens qui vont aller chercher
des souscriptions dans le secteur privé que des gens qui viendront les
chercher uniquement au gouvernement. En venant les chercher uniquement au
gouvernement, on se simplifie la besogne, mais on n'encourage pas la
participation des citoyens au développement de leur
société. Avec une mesure comme celle-ci, cela n'empêche pas
que le gouvernement sera aussi appelé, dans un qrand nombre de cas,
à fournir une contribution, mais il y aura une participation plus grande
des citoyens du secteur privé et de toutes sortes de formes de
regroupement du secteur privé. L'ensemble de ces mesures
entraînent des déboursés ou des abandons de recettes de la
part du qouvernement de plus de 100 000 000 $ par année, soit 102 000
000 $. Je ne pense pas qu'on puisse les passer sous silence. C'est l'ensemble
de ces mesures, celles qui sont prises directement pour alléger la
condition des universités et celles qui sont prises pour favoriser la
dimension recherche dans le fonctionnement
de l'ensemble de la société québécoise qui
doivent être prises en ligne de compte.
En ce qui touche la participation du gouvernement fédéral
au financement de l'enseignement postsecondaire, la députée de
Chicoutimi soulève un point très important qui est une source de
grande inquiétude pour le gouvernement, parce que l'effet
accumulé des mesures adoptées au cours des dernières
années, autant par un gouvernement libéral que par un
gouvernement conservateur à Ottawa, entraîne un manque à
gagner qui est énorme pour le Québec. Nous calculons que, sur une
base de dix ans, nous aurons perdu sous l'effet cumulatif de ces mesures
fédérales le retrait graduel de ces programmes imposés
à l'époque par le gouvernement fédéral d'une somme
que j'estime à quelque 2 000 000 000 $, c'est-à-dire environ 200
000 000 $ par année, étalés évidemment de
manière plus pénible pendant la dernière partie de cette
décennie. II est évident que, si le gouvernement avait
disposé de ces 200 000 000 $ additionnels chaque année pour le
financement de l'enseignement postsecondaire, nous n'aurions pas
été obligés de recourir aux mesures de compression qui ont
été instituées l'an dernier et dont certaines sont encore
maintenues cette année.
Dans le discours que j'ai prononcé à l'occasion du
débat sur le discours sur le budget, j'ai fait connaître
clairement mes couleurs qui sont les mêmes que celles du ministre des
Finances. Le ministre des Finances a multiplié les démarches
auprès de son homologue fédéral au cours de la
dernière année et, à chaque reprise, nous avons eu
l'occasion de causer de la partie de son intervention qui concernait le
financement de l'enseignement postsecondaire. II est acquis dans le
gouvernement et cela, c'est une chose que les députés
connaissent, que la tâche de parler au nom du gouvernement est
répartie entre les ministres selon les champs d'intervention. En ce qui
touche les programmes de participation financière du gouvernement
fédéral à des activités qui intéressent le
gouvernement du Québec, de manière générale, le
porte-parole attitré sous le gouvernement actuel, comme sous le
gouvernement précédent, est le ministre des Finances. Quand le
ministre des Finances s'exprime, le ministre de l'Enseignement supérieur
et de la Science s'exprime également, parce qu'il lui accorde son
entière solidarité. S'il ne le fait pas, il n'est peut-être
pas à sa place dans le gouvernement. C'est pourquoi, dans le cadre du
débat qui a suivi le discours sur le budget, j'ai insisté
auprès du leader et du whip du gouvernement, à la Chambre, pour
faire une intervention au cours de laquelle j'ai nettement exprimé mon
appui sans réserve aux positions qui ont été
établies par te gouvernement fédéral.
Je voudrais assurer les députés qu'à l'occasion
d'un colloque national sur l'avenir de l'enseignement postsecondaire qui aura
lieu à Saskatoon, l'automne prochain, sous les auspices conjoints du
gouvernement fédéral et des ministres de l'Éducation des
provinces, la délégation québécoise verra à
faire entendre avec force les revendications du Québec en matière
de participation du gouvernement fédéral au financement des
programmes établis et, en particulier, au financement des programmes
établis en matière d'enseignement postsecondaire. (11 h 30)
La députée de Chicoutimi a également parlé
des négociations qui se poursuivent dans le sillage de l'accord du lac
Meech. Elle a traité de manière plus particulière du
pouvoir de dépenser. Je voudrais lui rappeler ce que je viens de dire
tantôt à ce sujet: Les porte-parole autorisés du
gouvernement dans ce domaine de la négociation constitutionnelle sont le
premier ministre et le ministre des Affaires intergouvernementales. Mais
à l'intérieur du gouvernement, chaque ministre a l'occasion de
faire valoir son point de vue, J'ai personnellement l'occasion de le faire
valoir de manière très directe étant donné que je
fais partie du comité du cabinet sur les questions constitutionnelles.
Je veux assurer mes collègues de la commission parlementaire de
l'éducation que je vois à faire entendre les
préoccupations qui concernent plus directement le secteur de
l'éducation dans les échanqes de vues que nous avons à ce
sujet.
Il est évident que la clause qui est en discussion
présentement ne porte pas sur les programmes déjà
établis et ceci pour des raisons fonctionnelles qui se comprennent
facilement. Il ne peut pas être question a posteriori de remettre en
question le régime d'assurance-maladie et si on ne peut pas remettre en
question un grand proqramme, il est difficile de remettre également en
question les autres. Mais le principe de cette disposition de l'accord
constitutionnel, même s'il nous reste à connaître la
formulation définitive que connaîtra l'article en question,
traduit, je pense, une revendication traditionnelle du Québec. Nous
avons toujours demandé que le gouvernement fédéral
n'intervienne point dans les domaines qui sont de compétence provinciale
exclusive et que, s'il le fait en vertu de son pouvoir de dépenser, que
nous n'avons jamais contesté dans son principe même, je pense
qu'il fait partie de la souveraineté d'un gouvernement qu'il ait le
pouvoir de dépenser... Si le gouvernement du Québec veut
dépenser une somme d'argent pour une activité qui a lieu en
Alberta, il peut le faire. Le qouvernement du Québec a
déjà donné des sommes d'arqent pour un collège
français, à Saint-8oniface ou à Edmonton. Il aqissait dans
l'exercice de sa souveraineté et, plus précisément, de
son
pouvoir de dépenser quand il le faisait parce qu'il n'a pas de
mandat constitutionnel pour agir dans la province de l'Alberta, à ma
connaissance. Mais il y a une certaine gratuité, un certain pouvoir de
"power of the purse" - dit-on en anglais - le pouvoir de la bourse, qui
accompagne l'action qénérale des gouvernements et ça, je
ne pense pas qu'on obtiendra jamais - j'exprime une opinion personnelle - un
jugement d'un tribunal déclarant catégoriquement et formellement
qu'un tel pouvoir ne saurait exister. Mais si nous pouvons obtenir que, dans
les domaines de compétence provinciale, il soit balisé de
manière efficace, on peut discuter des modalités. Je dis encore
que le principe que le gouvernement du Québec poursuit en demandant
qu'une clause comme celle-là soit insérée dans la
constitution est très sain et très défendable. Il reste
à formuler ce principe en des termes qui seront vraiment satisfaisants
et qui nous permettront d'atteindre des objectifs recherchés. De ce
point de vue, le premier ministre déclarait encore en fin de semaine, de
même que le ministre des Affaires intergouvernementales canadiennes, que
le gouvernement est à l'écoute de tous les points de vue qui
s'expriment. J'espère que nous continuerons de le faire et que nous
pourrons, de concert avec les autres gouvernements, mettre au point une
formulation qui sera acceptable.
M. le Président, je termine ici parce que nous aurons l'occasion
de revenir au cours des discussions sur les autres sujets qui ont
été abordés par la députée de Chicoutimi. Je
vous fais part de ma, disposition à aborder les questions que vous
voudrez bien appeler.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous remercie
beaucoup, M. le ministre de l'Éducation. Madame.
Discussion générale
Mme Blackburn: M. le Président, je ne reviendrai pas sur
tous les commentaires du ministre, autrement on risquerait de faire durer le
débat trop longtemps sans nécessairement que cela nous
éclaire davantage sur les intentions et les orientations du ministre. Je
voudrais quand même relever ce qui me semble une inexactitude par rapport
à ce qu'il vient de déclarer touchant ses demandes.
Dans la note qui a paru dans Le Devoir du 28 janvier sur les
investissements, je voudrais reprendre le point 7. Tout à l'heure, il
nous disait que ce n'était pas 35 000 000 $ par année qu'il avait
demandés pour les investissements, mais bien 3 500 000 $ par
année. Ce qui est exact, c'est de dire qu'il a demandé, au point
7, 35 000 000 $ par année dont on voit la répartition, mais que
ces mesures ne coûteraient effectivement au gouvernement que 3 500 000 $.
Ce n'est pas tout à fait la même chose. Il y a des investissements
autorisés pour 35 000 000 $ pour lesquels le Service de la dette
coûte 3 500 000 $. Le ministre a dit tout à l'heure qu'on a
confondu les chiffres. C'est effectivement juste de dire que cela ne
coûtera au gouvernement que 3 500 000 $, mais les investissements
autorisés auraient été de l'ordre de 35 000 000 $ par
année.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: M. le Président, j'ajoute, à la citation
que vient d'évoquer la députée de Chicoutimi, un
paragraphe qui a vraisemblablement été omis soit par elle ou soit
par la personne qui a obtenu une version apparemment incomplète du
document. Dans le document que j'avais remis au premier ministre, au bas de
l'article 7, il y avait ce paragraphe: "Ces mesures ne feront pas l'objet de
financement direct. Elles seront financées par le service de la dette du
gouvernement au coût estimé de 3 500 000 $ par an." C'est
ça que nous mettons. Là, c'est le budget de fonctionnement que
nous établissons. Pour le budget de fonctionnement, c'est 3 500 000 $
par an qui étaient demandés,
Mme Blackburn: C'est tout à fait ce que j'ai dit mais, sur
les 35 000 000 $ estimés par vous dans cette note, vous avez obtenu 10
000 000 $. Quand on parle des 35 000 000 $ - la note est là, c'est tout
à fait après a, b, c - ces mesures ne feront pas l'objet d'un
financement direct. Ces mesures étaient des mesures de redressement et
on estimait les besoins à 35 000 000 $ par année.
L'université aurait été autorisée à
dépenser 35 000 000 $. J'énumère: 15 000 000 $ pour les
fins de rattrapage au niveau des équipements scientifiques; 15 000 000 %
par an pour fins de réaménagement et de rénovation; 5 000
000 $ par an pour les achats de volumes, bibliothèques: ça fait
bien 35 000 000 $. Là-dessus, ce que le ministre a obtenu, c'est 5 000
000 $ pour les achats de volumes, bibliothèques dans les
universités.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre,
désirez-vous intervenir?
Mme Blackburn: Et 5 000 000 $ pour les équipements. On est
loin des 35 000 000 $ que le ministre demandait. C'est simplement cette
démonstration. Je ne voudrais pas me faire dire encore huit mois
après que j'avais raison ou encore tout de suite que j'avais mal lu sa
note. Je l'ai en main. S'il est capable de me donner une
autre interprétation de cette note-là, il a besoin de
sortir un grand tableau.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: M, le Président, j'aimerais mieux que nous
abordions cette question quand nous en viendrons aux universités parce
qu'il y a beaucoup de précisions qui doivent entourer l'examen de ces
mesures annoncées par le ministre des Finances. Il me paraîtrait
plus pertinent que nous examinions ces détails quand nous discuterons
des universités.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre.
S'il n'y a pas d'autre intervention j'appelle le programme 1,
élément 1, chapitre Direction.
Est-ce que vous avez des remarques, M. le ministre? S'il n'y en a pas je
donne la parole aux députés de l'Opposition.
Mme Blackburn: Je voudrais dire que...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Un instant,
madame'. Avez-vous des remarques, M. le ministre?
M. Ryan: Pas pour l'instant.
Le Président (M. Parent, Sauvé); Mme la
députée de Chicoutimi.
Accès à l'égalité à
l'emploi pour les femmes
Mme Blackburn: Simplement pour ce programme-là, je
voudrais juste vous informer qu'on ne revoit pas élément par
élément l'ensemble de ce programme. On touche deux aspects
particuliers. J'aimerais parler de deux éléments de programme. Le
programme d'accès à l'égalité. Je pense qu'on le
reconnaît tous, malgré qu'on ait réalisé certains
progrès en matière d'accès à
l'égalité pour les femmes à l'emploi, la discrimination en
matière d'emploi pour les femmes et d'autres groupes persiste sous
diverses formes dans le secteur de l'éducation comme dans les autres
secteurs. C'est plus vrai, si je puis me permettre, dans le secteur de
l'enseignement supérieur ou postobligatoire. Les femmes y occupent une
proportion élevée des emplois inférieurs et très
faible des emplois supérieurs. Les femmes ne comptent que pour 20 % des
cadres dans les commissions scolaires, 15 % dans les cégeps et 12 % dans
les universités. Comme on peut le constater, plus le niveau augmente,
plus la présence des femmes diminue. Elles constituent pourtant 99 % du
corps enseignant au préscolaire, 84 % au primaire, 39 % au secondaire,
38 % au collégial et 17 % dans les universités. De la même
manière que leur présence est plus accentuée dans les
niveaux inférieurs dans le corps enseignant, elles sont moins
présentes à l'enseignement supérieur. Dans les
collèges, ce sont souvent les dernières engagées et les
premières mises en disponibilité. Au niveau universitaire, le
recrutement étant très faible, les femmes doivent se contenter du
statut précaire de charqés de cours. On connaît les
situations... Vous permettez que je continue? Le ministre voulait-il prendre la
parole?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Non, madame.
Mme Blackburn: Alors, je rappelle qu'au niveau universitaire, par
rapport à l'accès à l'égalité, les femmes
représentent une partie importante des chargés de cours parce
que, étant les dernières diplômées, elles sont les
dernières arrivées dans les universités et dans les
collèges, ce qui fait qu'elles sont aussi les dernières et les
premières mises en disponibilité.
Le ministre a annoncé, ' en février dernier, le lancement
d'un programme de subventions de démarrage des programmes d'accès
à l'égalité en emploi pour les femmes dans les
établissements d'enseignement. La somme qui y a été
engagée est de 2 000 000 $ sur deux ans, répartie entre environ
30 commissions scolaires, 30 cégeps et collèges privés,
une dizaine d'universités. C'était une aide qui était
évaluée entre 30 000 $ et 40 000 $. Celle-ci doit servir à
défrayer le salaire d'une personne chargée de
l'élaboration et de l'application du proqramme.
Les institutions intéressées sont appelées à
souscrire à un protocole d'entente. Déjà trois commissions
scolaires ont évalué ce protocole et les modalités de
programmes par le biais d'expériences pilotes. Deux collèges et
deux universités s'y sont joints. Les expériences pilotes ont
démontré que les démarches étaient
extrêmement lourdes parce que ce n'est pas simple que de revoir toute
cette question de l'accès à l'égalité. La
durée prévue a été allongée de six mois
à douze mois.
L'implantation du programme dans quatre ministères découle
du plan présenté par la ministre déléquée
à la Condition féminine. Il a été
entériné par le Conseil des ministres en mai 1986. Au
départ, les sommes allouées devaient s'élever à 6
000 000 $, dont 1 360 000 $ au ministère de l'Enseignement
supérieur, 1 200 000 $ au MEQ mais il semble que les enveloppes n'ont
pas été protéqées par le Conseil du
trésor.
C'est du moins la réponse qu'on a obtenue au MEQ. Pour sa part,
le ministère de l'Enseignement supérieur ne connaît pas
encore son enveloppe pour 1987-1988. Il
semble que le secrétariat à la Condition féminine
ne fasse pas son travail, notamment auprès du Conseil du trésor,
afin que les ministères obtiennent les fonds requis.
Jusqu'à maintenant, il y a seize collèges et six
universités qui ont soumis leur demande de subvention. Compte tenu des
sommes allouées, il devra y avoir une sélection. Il est
déjà acquis que l'objectif initial des 30 collèges et deux
universités d'ici mars 1989 ne sera pas atteint, faute de budget. Des
enveloppes allouées de 30 000 $ à 40 000 $ par institution
s'avèrent, par ailleurs, insuffisantes puisque cela demande une fois
plus de temps que ce qui était prévu initialement.
Certaines critiques ont été adressées, notamment,
par les comités de condition féminine des établissements
universitaires que j'ai eu l'occasion de rencontrer et qui n'ont pas
été associés au processus. On a procédé
comme si elles n'existaient pas ou comme s'il n'y avait pas déjà
des comités de condition féminine dans les universités et
dans les collèges.
J'aurais un certain nombre de questions. J'aimerais que le ministre nous
éclaire par rapport à la valeur et aux impacts de ce programme
dans les établissements d'enseignement supérieur. Je voudrais
savoir quelle est l'enveloppe qui est accordée au ministère de
l'Enseignement supérieur et de la Science pour 1987-1988? Et est-ce
qu'on pourra consentir une enveloppe spéciale pour répondre aux
besoins réels ou si on devra s'autofinancer? Est-ce que le Conseil du
trésor va consentir un accroissement de cette enveloppe?
Le Président (M, Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Je vais répondre directement à la question
qui a été posée. Pour l'année 1986-1987, il a fallu
que le MES finance, à même ses crédits réguliers,
l'action qu'il a entreprise en relation avec ce programme. Comme vous le savez,
nous avons consenti à inscrire quatre établissements à ce
programme, c'est-à-dire le collège Édouard-Montpetit, un
cégep public, le collège Marie-Victorin, un cégep
privé, l'Université du Québec à Montréal et
l'Univesité Laval.
Pour l'année 1987-1988, nous avons demandé au Conseil du
trésor une enveloppe d'environ 500 000 $. La décision n'a pas
encore été prise à ce sujet. Nous allons maintenir ce
programme. L'examen doit se faire, ces jours prochains, des
établissements qui seront retenus pour les fins du programme en
1987-1988.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, (11 h
45)
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Le ministre a
demandé 500 000 $, un demi- million au Conseil du trésor, si je
comprends bien, pour financer cet élément de programme.
L'information qu'on avait était que le président du Conseil du
trésor invitait le ministre à aller chercher l'argent dans son
propre budget, autrement dit à autofinancer cette activité.
Par ailleurs, les sommes qui ont été consenties cette
année, entre 30 000 $ et 40 000 $ par institution, se
révèlent largement insuffisantes puisque cela prendra une fois
plus de temps. Un réajustement est-il prévu pour cette
enveloppe?
M. Ryan: Est-ce que je pourrais demander que la question soit
reprise, parce que j'ai eu une distraction?
Mme Blackburn: Bien. Parfois ça se comprend, surtout que
cela peut être pour le ministre une question plutôt
ésotérique que de parler de l'accessibilité des femmes
à l'égalité en emploi dans l'enseignement
supérieur. Étant donné que cela s'est
révélé insuffisant, selon l'information qu'on a obtenue,
le président du Conseil du trésor invite le ministre à
chercher dans ses enveloppes les budgets nécessaires. Vous me dites que
vous n'avez pas eu de réponse à votre demande là-dessus.
Par ailleurs, les budgets qui sont consentis dans les établissements
actuellement, de 30 000 $ à 40 000 $, sont largement insuffisants parce
que c'est beaucoup plus lourd, cela implique une démarche beaucoup plus
lourde et beaucoup plus coûteuse, beaucoup plus dispendieuse que ce qui
était prévu initialement. Y aura-t-il des réajustements
à cette enveloppe? Ou est-ce que c'est finalement un gros ballon que la
ministre lançait? C'est ce qu'on est obligé de conclure. Le
ministre annonce qu'il y aura pour ce programme 6 000 000 $. Il aurait
été intéressant de savoir comment c'était
réparti; quelle était la part qui était dévolue
à votre ministère? C'est ma question. Est-ce que c'est un ballon?
Est-ce qu'il y avait des prévisions, des réserves faites à
cette fin par le Conseil du trésor ou est-ce que la ministre a
annoncé comme ça un chiffre n'importe comment?
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
Mme Blackburn: Me dites-vous que vous êtes en train
d'être obligé de faire cette démarche pour votre
ministère?
M, Ryan: J'ai été profondément blessé
par la manifestation de misogynie que j'ai entendue de la part de la
députée de Chicoutimi. Je pense bien qu'elle voulait blaguer et
qu'elle l'a fait peut-être d'une manière un peu maladroite. C'est
évident que je suis extrêmement intéressé à
l'avènement
d'un égalité véritable dans tous les secteurs de la
société. Si nous avons pris l'initiative d'instituer des mesures
spéciales dans le ministère de l'Enseignement supérieur et
de la Science, c'est parce que nous sommes convaincus de la
nécessité d'une action dans cette direction. Je suis sûr
que les propos de la députée ont dépassé sa
pensée.
En ce qui touche la question, je pense que nous revenons à la
même question que tantôt. Pour l'année 1986-1987, j'ai
indiqué clairement que nous avons dû financer ce programme
à même les crédits ordinaires du ministère de
l'Enseignement supérieur et de la Science. Pour l'année
1987-1988, je n'ai pas encore été saisi d'une décision de
la part du Conseil du trésor. Je n'ai reçu aucune indication
directe du président du Conseil du trésor à ce sujet, ni
indirecte pour éviter que naissent d'autres questions qui ne nous
conduiraient nulle part.
Nous faisons notre gros possible pour obtenir les crédits
nécessaires. Quant à l'ampleur générale du
programme, c'est une question qui concerne évidemment la ministre
responsable de la Condition féminine. Nous sommes responsables de la
partie du programme qui est sous la responsabilité du ministère
de l'Enseignement supérieur et de la Science et dont je crois avoir
livré l'essentiel.
Le Président (M. Jolivet): Mme la
députée.
Mme Blackburn: J'aimerais savoir du ministre s'il prévoit
que l'objectif qu'il s'était donné de 30 collèges et de 2
universités sera atteint d'ici mars 1989...
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
Mme Blackburn: ...en admettant évidemment que les sommes
lui soient consenties.
M. Ryan: Au rythme où nous fonctionnons, ce sera
difficile. J'espère qu'une fois qu'on aura établi le programme,
il sera plus facile de généraliser. Les sommes impliquées
ne sont quand même pas énormes. J'espère vivement que nous
pourrons atteindre l'objectif à l'intérieur de
l'échéance fixée.
Mme Blackburn: II y a quand même un aspect de la question
qui me préoccupe. Le ministre nous dit: C'est un budqet de 6 000 000 $
qui va être consenti là-dedans réparti dans
différents ministères. Là, le ministre nous apprend qu'il
doit aller négocier avec le Conseil du trésor pour qu'il consente
une partie de cette somme. Cela a de quoi étonner. Maintenant, je
voudrais savoir ceci du ministre. La participation du gouvernement
s'élèverait - si le Conseil du trésor consent cette
enveloppe - à 500 000 $ pour l'enseignement supérieur. C'est ce
que j'ai compris. C'est la demande que vous avez présentée.
Est-ce seulement pour l'enseignement supérieur?
M. Ryan: Oui.
Mme Blackburn: Oui. Bien. La question que je me pose est è
savoir si des mesures concrètes pour favoriser l'accès à
l'égalité des femmes employées en enseignement
supérieur ont été prises. Dans quelque domaine que ce
soit, cela suppose que l'entreprise, elle-même, est obligée de
prendre des mesures qui coûtent de l'argent. Ce n'est qu'une fois que
vous avez évalué la situation, que vous êtes bien conscient
de ce que cela suppose, que vous êtes obliqés de mettre en place
des programmes de perfectionnement ou des programmes d'accès à la
formation, des bourses spéciales pour poursuivre des études de
deuxième et troisième cycles, etc. C'est donc un certain nombre
de mesures qui ne vont pas sans qu'on ajoute de l'argent dans ces enveloppes.
Est-ce qu'il est prévu, dans le plan du ministre, que l'on ajoute de
l'argent dans l'enveloppe des établissements pour apporter certaines
mesures concrètes qui pourraient permettre éventuellement une
éqalité?
M. Ryan: II y a deux points. D'abord, en ce qui concerne le
procédure suivie pour l'approbation de ces budgets, l'an dernier, ce qui
avait été convenu à ma souvenance, c'est que les
ministères prévoyaient un proqramme en l'accompagnant d'un
coût estimé. Ils envoyaient leurs prévisions à la
ministre déléguée à la Condition féminine,
laquelle faisait une présentation consolidée au Conseil du
trésor. Mais ce n'étaient pas des nouveaux crédits pour ce
ministère. Il y avait des crédits qui relevaient du
ministère de l'Éducation, d'autres du ministère de
l'Enseignement supérieur et de la Science. C'était une
présentation consolidée qui était le fruit d'une
préparation concertée de tous les ministères
concernés. Le Conseil du trésor a dit, si j'ai bien compris: Nous
trouvons que c'est intéressant mais que chaque ministère
concerné finance le programme dont il entend être responsable.
C'est pour la dernière année. Mais cela a quand même
été financé. Le programme a été maintenu au
ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science.
Cette année, nous revenons avec une demande pour le proqramme
à mettre sur pied en 1987-1988. J'espère que la réponse
sera meilleure, mais ce n'est pas la fin du monde. Nous sommes capables de
trouver certaines solutions.
Le deuxième point a trait à la question véritable
qui est bien celle que pose la
députée de Chicoutimi. À mon sens, il ne suffit pas
uniquement de faire des études, de faire du débroussaillage. Il
faut aussi se demander ce qui arrivera ensuite. H est évident que le
programme dont nous parlons est à peine une entrée en
matière. Il faut qu'il soit suivi, dans chaque établissement, de
mesures appropriées pour lesquelles les établissements disposent
déjà d'une certaine marge de manoeuvre et pour lesquelles ils
nous présenteront, peut-être aussi, des demandes additionnelles,
en temps utile.
Mais je pense que toutes les mesures visant à une plus grande
égalité de la femme n'entraînent pas nécessairement
des déboursés additionnels. Par exempte, si à la
Faculté de droit d'une université, on doit engager trois nouveaux
professeurs et qu'on dise: Cette fois-ci, on donnera la
préférence à des femmes, à conditions
égaies; comme elles sont sous-représentées dans le
personnel de la faculté, c'est un objectif qu'elle peut atteindre sans
encourir de dépenses additionnelles. Il peut arriver qu'elle doive
décider: On veut ajouter une femme ou deux. Il faut lui donner la
possibilité de se spécialiser, de se perfectionner et que cela
entraîne des déboursés particuliers, c'est vrai. Mais de
manière générale, nous n'en sommes pas encore rendus
à ce stade dans le développement de l'action. Je pense que c'est
l'étape qui viendra à mesure que des établissements auront
franchi l'étape que permet le programme dont il est question.
Mme Blackburn: Dans l'hypothèse où le
président du Conseil du trésor ne donne pas suite à la
demande du ministre d'accorder le montant de 500 000 $ pour ce programme,
est-ce que le ministre s'engage à dégager la même somme de
500 000 $ dans les enveloppes budgétaires de son ministère?
M. Ryan: Je ne travaillerai pas dans le dos du Conseil du
trésor, ce n'est pas mon habitude. Mais je vais faire tout ce qui est
-humainement possible pour que nous trouvions les ressources nécessaires
à même le bassin total des ressources dont disposera le
ministère.
Mme Blackburn: Concernant la marge de manoeuvre des
établissements pour prendre des mesures concrètes, je reconnais
que ce ne sont pas toutes les mesures qui nécessitent des
établissements, des ajouts d'argent, parce qu'il y en a plusieurs qui
relèvent beaucoup plus des mentalités et des habitudes;
cependant, il y en a qui exiqeront des mesures qui vont coûter de
l'argent. Quand le ministre me parle de la marge de manoeuvre des
établissements, je suis un peu sceptique. Quand on connaît
l'état du budget des universités et des collèges, je ne
vois pas trop où la marge de manoeuvre existe.
Par ailleurs, je trouvais un peu amusante la déclaration du
ministre, qui dit: Le président du Conseil du trésor a
trouvé l'hypothèse très intéressante; il a
dît: Cherchez dans vos budgets. Cela ne semble pas illustrer une
volonté gouvernementale absolument très dynamique que de voir
à trouver la solution à ce problème
d'égalité à l'accès.
M. Ryan: M. le Président, là-dessus... Excusez.
Mme Blackburn: Juste une dernière question,
peut-être que le ministre pourrait y répondre en même temps.
Pour l'an prochain, on avait prévu 30 collèges et deux
universités. Je voudrais savoir combien, l'an prochain, pourront
bénéficier de ce programme.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Nous prévoyons six ou sept établissements
collégiaux ou universitaires en 1987-1988. C'est-à-dire que
l'année suivante, on pourra boucler la boucle avec un petit effort, ce
ne sera pas loin des élections, cela va être plus facile. Vous
connaissez cela?
Mme Blackburn: Si je comprends bien le ministre, c'est
qu'à l'approche des élections, la santé budgétaire
se fait meilleure.
M. Ryan: Tous les gouvernements subissent cette tentation,
madame.
Mme Blackburn: Et si je comprends bien...
M. Ryan: La dernier a laissé un exemple qui passera
à l'histoire.
Mme Blackburn: Alors, ce que le ministre nous dit et dit aux
femmes dans les établissements: Attendez qu'on soit à l'approche
d'une élection, cela va devenir une préoccupation
gouvernementale.
M. Ryan: Nous disons... Je m'excuse...
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît, MM. les députés!
Mme Blackburn: Ce serait terminé, quant à moi, pour
cet élément de programme, M. le Président.
M. Ryan: M. le Président...
Mme Blackburn: On pourrait en aborder... Oui?
M. Ryan: Pardon.
Mme Blackburn: ...un second élément de programme
qui touche l'édition de manuels scolaires.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Je voudrais seulement préciser, à propos
du programme d'égalité féminine, que le programme se
réalise conformément à l'échéancier qui
avait été tracé et que, par conséquent, à
moins de contre-indications absolument imprévues pour l'instant, nous
réaliserons, en 1987-1988, la seconde phase, comme elle avait
été entrevue. J'espère qu'il en ira de même de la
troisième phase en 1988-1989.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur les
éléments que nous venons de discuter?
Mme Blackburn: Oui, peut-être juste une correction parce
que l'on va...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Un instant,
madame.
Mme Blackburn: ...retomber dans la guerre de chiffres
entre...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Un instant,
madame, s'il vous plaît! Est-ce que, de la part du parti
ministériel, il y a des interventions? Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Alors, je poursuis donc entre ce qui était
le programme, l'objectif fixé de quelque 41 établissements, et
celui que l'on va avoir atteint l'an prochain, si on additionne les chiffres
que le ministre vient de nous fournir, six ou sept établissements, comme
il nous a dit; par rapport aux objectifs initiaux, là aussi on est comme
loin du compte. Il ne serait pas juste de dire que vous aurez atteint, à
la fin de l'année prochaine, l'objectif que vous vous étiez
fixé. Je voulais juste mettre cela au clair.
Alors, vous me permettrez, M. le Président, sur un autre
élément de programme...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Quel
élément, madame? Voulez-vous l'identifier?
Mme Blackburn: II s'agit de l'édition de manuels
scolaires.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Quel
numéro?
Édition de manuels scolaires
Mme Blackburn: Je ne le sais pas, je ne l'ai pas ici. Je pense
bien que cela sonne une cloche chez le ministre, toute cette question de
l'édition des manuels scolaires, particulièrement en ce qui
concerne l'enseignement supérieur. Parce qu'on sait qu'il n'y a pas de
liste reconnue de manuels scolaires pour l'enseignement collégial et
universitaire puisque cela tient de ce qu'on appelle la liberté
académique, qui fait que les professeurs peuvent choisir, à leur
gré, les manuels. (12 heures)
Cependant, ce que je voudrais juste rappeler au ministre et il va
pouvoir en informer ses fonctionnaires - je vois que ça bouge en
arrière - c'est que la Société des éditeurs de
manuels scolaires du Québec a fait récemment des
représentations auprès du ministre en faveur d'un abaissement de
la remise de 30 % que doivent consentir les éditeurs
québécois aux libraires pour les manuels de niveaux
collégial et universitaire. On sait que les éditeurs
étrangers ne sont pas soumis à la loi 51 - "étranger",
ça veut dire l'autre côté de la... entre l'Ontario et le
Québec, dès qu'ils passent la frontière de l'Ontario - et
que les éditeurs d'ici en sont exemptés pour les manuels de
niveaux primaire et secondaire.
Alors, on a là une situation particulièrement
pénalisante - pas pour beaucoup d'éditeurs au Québec, et
je dois le reconnaître - pour un éditeur qui se trouve dans mon
comté qui s'appelle les Éditions Gaétan Morin et qui, dans
une très larqe proportion - je n'erre pas trop en disant quelque 75 % -
édite les manuels largement utilisés dans les collèges et
dans les universités. Lui, il se trouve à être directement
en compétition, par exemple, avec, pour ne pas le nommer, McGraw-Hill,
qui aurait son siège social à Ottawa, parce que McGraw-Hill n'est
pas soumis aux mêmes règles d'une redevance de 30 % que
l'éditeur québécois.
Donc, cette redevance à remettre aux libraires vient
pénaliser l'éditeur québécois, chez nous, alors que
ça voulait le protéger dans d'autres domaines, ce que je trouve
particulièrement intéressant. Mais dans ce domaine en
particulier, ça vient le pénaliser.
Je comprends qu'il lui soit un peu difficile de vouloir modifier la loi
51 exclusivement pour reconnaître ça. Mais il y aurait
probablement possibilité - je sais qu'il y a déjà eu des
discussions à ce sujet-là -simplement par voie de
réglementation, d'établir une liste des manuels pour
l'enseignement colléqial et universitaire qui permettrait, en fait, d'y
échapper ou de l'alléger sans qu'on soit obligé de passer
à travers une modification à la loi.
Je voudrais savoir deux choses de la part du ministre. Est-ce qu'il a
l'intention d'intervenir là-dessus? Est-ce qu'il a l'intention de voir
avec la ministre des
Affaires culturelles s'il y a possibilité de modifier cette
loi-là? La deuxième question: Sinon, est-ce qu'il est possible
qu'il procède, comme on le fait pour les niveaux primaire et secondaire,
à l'établissement d'une liste de manuels?
Le Président (M. Parent, Sauvé): J'ai une question,
M. le ministre, pour éclairer la présidence et les membres de la
commission. Je voudrais savoir dans quel élément de votre
programme apparaît une chose comme ça, parce qu'on ne la voit
nulle part et on étudie le programme 1 avec différents
éléments bien identifiés à l'ordre du jour. Alors,
où est-ce que ça se situe dans votre budget?
M. Ryan: Cela pourrait se situer, M. le Président, au
chapitre des collèges, au chapitre des universités; au chapitre
du Fonds FCAR aussi il pourrait en être question.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mais est-ce que
ça apparaît dans un des éléments du programme? On
étudie ça actuellement. Je ne comprends pas...
M. Ryan: Non, pas dans ce programme-ci, je pense. Maintenant, je
n'ai pas d'objection, si vous me permettiez - mais c'est vous qui êtes le
maître en ces choses - à donner une réponse aux deux
questions qui ont été posées, parce que je pense que le
député voulait surtout connaître la politique du ministre
sur ces deux points-là. Je peux bien la lui donner. Ce sera
réglé.
Le Président (M. Parent, Sauvé): D'accord,
allez-y.
M. Ryan: Tout d'abord, c'est une question qui me
préoccupe. Comme le dit la députée de Chicoutimi, ce
problème relève de la compétence de la ministre des
Affaires culturelles. C'est un dossier que je dois aborder avec ma
collègue au cours d'un avenir que je souhaite rapproché.
Je suis en train de réunir des matériaux sur ce dossier,
particulièrement en ce qui touche l'enseignement primaire et secondaire.
C'est un dossier très complexe dont j'ai été saisi
à quelques reprises ces derniers mois, en particulier, par le
député de Bourget, à qui ces choses sont très
familières.
En ce qui touche les secteurs collégial et universitaire, je suis
conscient du problème qui se pose, surtout en relation avec la place qui
pourrait être occupée éventuellement par des maisons
d'édition étrangères, au détriment de nos
producteurs québécois et canadiens. Mais c'est un problème
extrêmement délicat. Pour l'instant, ce n'est pas mon intention de
favoriser l'émission de listes de manuels approuvés aux niveaux
collégial ou universitaire. Nous fonctionnons pour l'instant avec une
grande liberté de choix laissée aux professeurs et aux
établissements.
Je ne pense pas que ce serait une bonne chose que le gouvernement
commence à imposer des listes de manuels obligatoires ou
approuvés aux niveaux collégial et universitaire. Je suis
prêt à entendre les arguments dans le sens contraire, cependant;
mais, à ce moment-ci, il m'apparaît que ce serait une idée
contraire à ta philosophie générale dont semblait
s'inspirer plus tôt aujourd'hui la députée de Chicoutimi
lorsqu'elle accusait le ministre de vouloir se muer en une sorte de directeur
général des collèges et des universités. Je ne
pousserais pas mes ambitions si loin. Je pense qu'ils sont parfaitement
capables de choisir leurs instruments de travail au niveau des collèges
et des universités. Je ne pense pas que le gouvernement rendrait service
en s'immisçant dans cette fonction.
Par ailleurs, je suis conscient du problème qui a
été soulevé, mais je veux donner à la
députée de Chicoutimi l'assurance que je vais en parler avec ma
collègue la ministre des Affaires culturelles afin d'examiner avec elle
si nous pourrions apporter des correctifs à la situation qu'elle a
signalée qui est très réelle.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Est-ce qu'il y a d'autres interventions au programme 1?
Mme Blackburn: Je l'admets avec lui, quand cela touche la
liberté académique, je suis toujours prudente et vigilante parce
que même quand il y en a beaucoup il m'arrive de penser qu'ils n'en
prennent pas beaucoup. Je trouve que de fixer une liste de manuels, cela peut
être une contrainte discutable. Par ailleurs, le ministre sait comme moi
qu'il y a certains manuels en science, en particulier, qui sont des manuels de
référence courants et qui sont largement utilisés pour
lesquels il serait facile de faire une certaine identification sans que cela
ait comme effet de contraindre la liberté académique outre
mesure. Je pense que là-dessus on pourrait reconnaître cela.
Par ailleurs, je voudrais savoir du ministre, s'il n'entend pas
régler par le biais de l'établissement d'une liste de manuels,
s'il peut nous dire quand il va examiner la question avec la ministre des
Affaires culturelles, s'il pense à un règlement ou à une
modification de la loi et s'il pense que cela pourrait se faire
incessamment.
Vous comprendrez que sur un budget qui n'est peut-être pas
extrêmement élevé... Dans un budget comme celui du
ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science, c'est
peut-être des sommes qui peuvent représenter un manque à
gagner de
30 000 $, 40 000 $ ou 50 000 $, mais dans une entreprise, le ministre
comprendra que c'est important. Le même éditeur pourrait aller
s'installer à Hull et il n'aurait plus le même problème.,
Il pourrait distribuer ses volumes là-bas et il n'aurait plus le
même problème. Cela commence à être
spécial.
Il faudrait peut-être s'assurer que lorsqu'on a des entreprises,
parce que je partage tout à fait le souci du ministre tout à
l'heure qui disait; Il faut encourager le développement des entreprises,
une symbiose entre les universités et les entreprises. Là, il y a
un petit cas concret, pratique, immédiat dans lequel il pourrait
intervenir pour s'assurer qu'une petite entreprise de chez nous ne soit pas
pénalisée parce qu'elle est installée chez nous. Je me dis
qu'il ne faudrait pas reporter cela aux calendes grecques.
Est-ce que le ministre peut nous dire s'il pense intervenir incessamment
et quelle formule il privilégie. Celle du règlement qui
accompagnerait la loi ou celle d'une modification à la loi?
Le Président (M. Parent, Sauvé); M. le
ministre.
M. Ryan: Je voudrais tout d'abord indiquer que je ne compte pas
aborder ce problème avec ma collègue avant l'automne prochain,
parce que je veux réunir tous les éléments du dossier.
J'ai déjà tenu une rencontre il y a quelque temps avec la
Société des éditeurs de manuels scolaires qui
représente le gros du contingent. Les problèmes ne se posaient
pas à son jugement dans une perspective aussi urgente que
celle-là. Nous sommes convenus de nous retrouver, mais il y a une
problématique assez complexe à dresser qui demande plus qu'une
rencontre. Avant d'aborder ce problème formellement avec, ma
collègue des Affaires culturelles, je veux d'abord réunir un
dossier solide qui me permettra de soumettre des propositions qui auront des
chances d'être viables et utiles.
Maintenant, je voudrais signaler aussi qu'à peu près
toutes les entreprises qui oeuvrent dans les domaines scolaire et culturel
reçoivent un appui considérable du Trésor public sous une
forme ou sous une autre. Dans l'ensemble, on m'a indiqué qu'elles
étaient, généralement, satisfaites plus qu'autrement des
conditions globales qui sont faites. Il y a des améliorations
ponctuelles qui doivent être apportées, mais il n'y a pas de
situation de crise dans ce domaine qui requerrait une enquête royale ou
une intervention urgente du gouvernement. Il y a des améliorations qu'on
doit rechercher.
Dans le cas de la maison dont parle la députée de
Chicoutimi, elle sait très bien qu'il existe, entre autres, au
ministère de l'Enseignement supérieur, à la Direction
générale des études collégiales, un programme de
soutien aux initiatives et productions de matériel pédaqoqique.
Lorsque nous voyons qu'une maison d'édition fait oeuvre d'innovation,
nous lui donnons un appui afin de lui permettre de réaliser son projet.
On m'assure que l'entreprise dont a parlé la députée de
Chicoutimi est une de celles qui ont été le plus
favorisées par ce programme. Nous entendons continuer de la traiter avec
sympathie et égard parce que c'est une entreprise qui a accompli et qui
continue d'accomplir un travail très utile.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Je voudrais juste
rappeler au ministre que cette même entreprise, l'an passé, s'est
vu pénaliser par l'abolition du programme d'aide à
l'édition scientifique du FCAR d'une façon que le ministre
lui-même, je pense qu'il va le reconnaître ici, a qualifiée
d'injuste parce que les dépliants avaient déjà
été envoyés, la démarche était
commencée, l'entreprise s'était inscrite dans ce programme...
parce que cela coûte de l'argent lorsque vous vous inscrivez à un
proqramme comme cela, vous commencez à examiner des manuels, ainsi de
suite pour apprendre, au moment où il avait fait la sélection des
manuels qui pourraient profiter de ce programme d'aide à
l'édition scientifique, que le programme était aboli. À ma
connaissance, cette entreprise n'a eu aucune compensation pour ce que cette
démarche lui a coûté. C'est toujours le même
éditeur. Je voulais juste rappeler cela au ministre.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce qu'il y a
d'autres interventions sur...
M. Ryan: Oui.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: La députée de Chicoutimi a soulevé
le cas de l'entreprise, je pense que c'est un M. Marin à
Chicoutimi...
Mme Blackburn: Oui. Pour information, ce sont les éditions
Gaétan Morin.
M. Ryan: C'est cela... qui a été frappé par
l'abolition du proqramme de soutien à l'édition de manuels
universitaires en lanque française qui était sous la
responsabilité du Fonds FCAR. Nous en avons discuté l'an dernier,
nous nous en souvenons très bien. J'avais dit que nous examinerions les
situations particulières qui nous seraient signalées, en
particulier les cas de projet qui auraient déjà été
mis en route, pour lesquels des dépenses auraient été
encourues et au
sujet desquels il y aurait peut-être lieu de prendre des mesures
spéciales.
Nous avons, à la suite de la discussion survenue l'an dernier en
commission, vérifié auprès de nos conseillers juridiques
la situation qui se présentait. Nous avons obtenu les assurances
nécessaires quant à la légalité des
décisions que nous avions prises ou étions en voie de prendre.
Dans le cas de cette maison, il y avait un certain nombre de projets qui
demandaient un examen approfondi, l'examen se poursuit avec la maison. Un
collaborateur m'informe qu'il est en discussion avec la maison et que Ton
espère en venir, avec elle, à des conclusions qui seront
mutuellement acceptables.
Mme Blackburn: Je vous remercie.
Le Président (M. Parent, Sauvé): D'autres questions
concernant le programme 1?
Mme Blackburn: Pour mot cela va, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il n'y a pas
d'autres questions, est-ce que le programme 1 est adopté?
M. Jolivet: II a été vu, M. le Président.
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Adopté.
J'appelle maintenant le programme 5. Tel qu'entendu, enseignement
collégial. J'avise immédiatement les membres de cette commission
que lorsque nous procéderons à l'étude d'un programme, je
vous demande d'identifier l'élément sur lequel vous voulez
questionner parce que nos règlements nous donnent droit à vingt
minutes par interlocuteur par élément. Donc, il est assez
important de bien préciser le sujet de l'élément sur
lequel on veut questionner le ministre.
M. le ministre. (12 h 15)
Enseignement collégial
M. Ryan: M. le Président, les collèges
entreprendront l'année 1987-1988 dans des circonstances passablement
différentes de celles qui prévalaient l'an dernier. Tout d'abord,
its enregistreront une baisse appréciable de clientèle. Ce
phénomène se manifestait déjà en 1986-1987 du
côté des clientèles adultes. Il affectera, en 1987-1988,
les clientèles régulières. Le nombre total
d'étudiants inscrits à l'enseignement régulier
s'élevait, en 1986-1987, à 161 183. Nous prévoyons
à ce chapitre une baisse d'au moins 5000 inscriptions en 1987-1988, la
plupart dans le secteur de l'enseignement régulier.
Le secteur de l'éducation des adultes a connu, en 1987, un nombre
total de 60 807 inscriptions contre 69 718 l'année
précédente. Nous ne possédons pas, à l'heure
actuelle, de données permettant d'établir des prévisions
précises pour l'année 1987-1988. Je voudrais signaler à
cet égard que le retard survenu dans la signature de l'entente
fédérale-provinciale sur la formation professionnelle a
entraîné un manque à gagner, au chapitre de
l'éducation des adultes, de quelque 15 000 000 $ et a joué, par
conséquent, un rôle très important dans la baisse du nombre
des inscriptions.
En second lieu, l'activité reprendra en septembre dans le climat
de calme et, souhaitons-le, de sérénité et de
collaboration que devraient rendre possibles les conventions collectives mises
au point et qui auront, alors, été signées avec tous les
groupes de salariés du niveau collégial.
Il me fait plaisir de vous signaler qu'au moment où nous nous
parlons, des ententes définitives ont été mises au point
avec toutes les catégories de salariés du secteur
collégial, sauf la catégorie des professionnels non enseignants
affiliés à la CSN. Les conventions avec les personnels
affiliés à la CEQ et à la FTQ ont été
signées. Nous avons mis au point ces jours derniers la convention
concernant les enseignants affiliés à la CSN et les ententes
survenues ces tout derniers jours doivent donner lieu à un vote, dans
les instances concernées, au cours des prochains jours. II restera
uniquement à terminer la négociation d'une convention avec les
professionnels non enseignants de la CSN.
Les négociations ont permis d'apporter, dans chaque secteur, des
améliorations significatives aux conditions existantes, par exemple, en
ce qui touche les conditions faites aux salariés à statut
précaire, le recyclage des personnels, te résidu de masses
salariales devant être utilisé à des fins de
perfectionnement ou de développement pédagoqique. Le gouvernement
espère qu'à tous les échelons de responsabilité,
les intervenants du secteur collégial s'emploieront à faire
retomber sur les étudiants les effets bienfaisants de ce nouveau climat
rendu possible par l'heureux dénouement de la dernière ronde de
négociations.
Enfin, il faut reconnaître que les compressions imposées au
secteur collégial auront des effets douloureux. La compression
proprement dite est de 5 000 000 $, dont 3 800 000 $ dans la base de
financement. Ce montant n'est pas énorme, si l'on considère que
les subventions de fonctionnement versées à l'ensemble des
collèges atteindront la somme totale de 1 048 000 000 $, dont 773 000
000 $ au seul titre des budgets de fonctionnement des
collèges publics. Mais, à cette compression, viendront
s'ajouter des prélèvements de l'ordre de 3 000 000 $ pour fins de
développement pédagogique et de 3 900 000 $ découlant de
la non-indexation des dépenses autres que les salaires, ainsi qu'un
manque à gagner que nous avons réussi à limiter à 1
900 000 $ découlant de la diminution des clientèles. Si l'on
considère que les salaires et les rémunérations, lesquels
représentent, dans certains cégeps, jusqu'à 86 % du budget
de fonctionnement des cégeps, seront gelés, à toutes fins
utiles, au niveau fixé par les conventions collectives, compte tenu, en
plus, des clauses de sécurité d'emploi, la part de leurs
dépenses, à même laquelle les collèges devront
financer les compressions et les prélèvements, ne
représente qu'une portion fort modeste de leur budget total et risque,
en conséquence, d'affecter de manière sérieuse leur
fonctionnementc La Fédération des cégeps et de nombreux
collèges ont soumis à ce sujet des représentations que
j'examine avec soin et dont je ferai part au gouvernement lorsque nous aurons
complété l'examen du dossier. J'ai demandé en particulier
que chaque collège me fasse parvenir un état des
répercussions précises qu'aura sur son fonctionnement en
1987-1988 l'application des compressions. Je signale à cet égard
qu'un bon nombre de collèges, qu'une majorité dispose d'un
surplus accumulé au cours des dernières années. La valeur
totale de ces' surplus accumulés devrait être d'environ 46 000 000
$ en juin 1987. Un certain nombre pourront normalement puiser à
même ce surplus la différence qui fera défaut dans leur
subvention de 1987-1988. Nous comprenons très bien que cette pratique ne
saurait être, en aucune manière, institutionnalisée, que
des collèges qui ont réalisé des surplus à l'aide
d'une gestion rationnelle ne doivent pas être découragés
à poursuivre cette pratique par suite de mesures trop restrictives.
Pour la présente année, nous avons pris des mesures que je
viens de résumer. On m'a signalé les conséquences qui
semblent devoir en découler pour les collèges. Nous sommes en
conversation à ce sujet. Je pense que les échanges vont se
continuer dans l'esprit de collaboration qui caractérise les relations
du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science avec
les collèges.
Par-delà ces considérations générales, je
voudrais brosser un tableau des principales mesures que le ministère
entend instituer en 1987-1988 afin de renforcer à la fois
l'accessibilité et la qualité de la formation dispensée
dans les établissements collégiaux.
En ce qui touche l'accessibilité, le niveau collégial a
désormais atteint un taux de rendement qui dépasse à
plusieurs égards les attentes que l'on pouvait nourrir il y a quelques
années à peine. Le taux de scolarisation au collégial chez
les personnes âgées de 17 à 21 ans n'a cessé
d'augmenter ainsi que l'illustrent les chiffres suivants: Le taux de
scolarisation colléqial chez les personnes âgées de 17 ans
était de 6,6 % en 1967, il était de 42,3 % en 1985. Chez les
personnes âgées de 18 ans, il était de 11,9 %; il
était passé en 1985 à 42,6 %. Je pourrais continuer
l'énumération. Même chez les personnes âgées
de 21 ans, le taux a augmenté de 50 % de 1967 à 1985 et
l'augmentation s'est sans doute poursuivie au cours des deux dernières
années pour lesquelles nous n'avons pas encore cependant de statistiques
de cette nature. Le taux de passage du secondaire au collégial a lui
aussi connu une progression marquée. Alors qu'il était de 38,4 %
en 1972, il est passé en 1986 à 50,3 %. Selon les données
que nous possédons en provenance des bureaux régionaux
d'admission au collégial qui existent à Québec et à
Montréal, nous pouvons vous affirmer que la très grande
majorité des demandes d'admission sont reçues dans la forme
où elles ont été présentées,
c'est-à-dire que la très grande majorité des
étudiants obtiennent d'être admis au programme de leur premier
choix et même au collège de leur premier choix. Évidemment,
cette situation ne peut que s'améliorer, étant donné la
baisse des effectifs dont j'ai parlé tout à l'heure.
Je signale que les étudiantes l'emportent désormais en
nombre sur les étudiants et ce, autant dans le secteur de la formation
générale que dans le secteur de la formation professionnelle.
Elles représentaient en 1986, 54 % de l'effectif total des inscriptions
en formation générale de l'effectif régulier à
temps plein, soit 52,1 % des inscriptions en formation générale
et 56 % des inscriptions en formation professionnelle. Aux examens, elles
obtenaient en général des résultats plus forts que les
étudiants. Leur taux de passage à l'université a
également progressé beaucoup plus rapidement que celui des
étudiants masculins. Au cours de ta période qui s'est
écoulée entre 1971 et 1982, le taux de passage à
l'université des étudiantes sortant du collège a
augmenté de quatre fois.
L'an dernier, lors de l'étude des crédits, j'avais
exprimé mon intérêt pour les questions relatives au taux de
persévérance, de "diplomation" et de placement chez les
étudiantes des collèqes. Les services du ministère ont
recueilli à ce sujet des indications très intéressantes,
que je résume dans un texte que j'ai préparé à
l'intention de la commission et sur lequel je devrai passer rapidement,
étant donné le temps limité dont je dispose.
Nous constatons qu'environ 55 % des étudiants en formation
générale sont encore inscrits au programme de leur
première inscription après quatre trimestres, tandis
qu'à peine 52 % des élèves inscrits en formation
professionnelle sont encore inscrits au programme de leur première
inscription. Nous constatons au secteur professionnel, quand on arrive au
cinquième semestre -vous savez qu'il y a six semestres pour la formation
professionnelle - qu'il ne reste plus que 42 % des élèves qui
avaient été inscrits à l'origine. Ce qui veut dire que
nous avons un problème considérable. Nous avons constaté,
au cours de la dernière année, que le nombre d'étudiants
du niveau collégial qui reviennent s'inscrire en formation
professionnelle au niveau secondaire augmente. Par conséquent, il y a un
problème d'arrimage dont je vais parler tantôt et qui est
très sérieux de ce point de vue.
La longueur moyenne des études dépasse aussi ce que
laisseraient entrevoir les normes. Nous constatons que, pour un étudiant
en formation générale, la longueur moyenne des études est
de 4.6 semestres, s'il reste dans son choix initial. Évidemment, s'il
change de cours ou de programme en cours de route, il y aura une prolongation
de la durée des études. Au niveau professionnel, la durée
moyenne des études est de 7.5 semestres, pour un étudiant qui est
passé du générai au professionnel. Il y a toutes sortes
d'autres données sur lesquelles je pourrais m'arrêter longuement
mais, malheureusement, le temps me fait défaut pour m'y attarder
davantage.
Ces chiffres indiquent par delà plusieurs résultats
positifs. 11 reste encore beaucoup de travail à accomplir afin que les
collèges produisent la pleine mesure du rendement que nous en attendons.
Le cheminement des étudiants est encore caractérisé par de
trop nombreux cas de changement d'orientation, de séjour prolongé
au collège et d'abandon des études en cours de route. Seules des
études plus approfondies permettront de discerner avec précision
les causes de ce phénomène.
Le collège est une institution très ouverte. Mais pourquoi
les étudiants y séjournent-ils plus longtemps que prévu?
Pourquoi un grand nombre d'entre eux changent-ils d'orientation en cours de
route? Pourquoi un grand nombre d'entre eux abandonnent-ils purement et
simplement leurs études avant d'avoir obtenu leur diplôme?
Pourquoi moins de trois nouveaux inscrits sur cinq se rendront-ils jusqu'au
diplôme d'études collégiales? Ces questions, de même
que celles qui ont trait à la diminution marquée des
clientèles adultes, seront l'objet d'une étude
particulière en 1987-1988. Déjà, en 1986-1987, le
ministère a procédé à la mise au point d'un fichier
sur les cheminements scolaires. Il a en outre réalisé un
inventaire des études effectuées sur les échecs et les
abandons dans le réseau collégial ainsi qu'un inventaire des
pratiques des collèges à l'endroit des étudiants en besoin
d'assistance. Une recherche qui doit être menée au cours des
prochains mois servira à la production d'une série d'indicateurs
de performance pour l'ensemble du réseau colléqial. À
l'aide d'une autre recherche dont les résultats sont déjà
disponibles, nous comptons communiquer bientôt aux collèges des
pratiques ayant déjà produit des résultats positifs
auprès des étudiants en difficulté dans plusieurs
établissements.
Toujours sous angle de l'accessibilité, je ne saurais passer sous
silence l'expérience des sous-centres d'enseignement collégial
qui se poursuit depuis près de cinq ans à Amos, à
Mont-Laurier, à Chibougamau et aux Iles-de-la-Madeleine. Ces
sous-centres dispensent un certain nombre de programmes de formation
générale et de formation professionnelle, celle-ci surtout en
techniques administratives. Ils atteignaient, en 1985-1986, une
clientèle réqulière de plus de 650 élèves.
Cette année, la clientèle adulte... (12 h 30)
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre, je
m'excuse, mais avec tout le respect que je vous dois ainsi qu'aux membres de la
commission parlementaire, je vous informe que cette commission parlementaire
devait normalement siéger jusqu'à 12 h 30. La déclaration
que vous faites actuellement et qui est conforme aux règles contient 18
pages. Vous êtes rendu à la page 10 et cela fait 15 minutes que
vous êtes là. S'il y avait consentement, je n'ai pas d'objection
à ce que vous continuiez, mais s'il n'y avait pas consentement, je vous
inviterais à enchaîner lors de la continuation de nos travaux cet
après-midi, après la période de questions, et de
poursuivre votre exposé.
Est-ce qu'il y a consentement à ce que le ministre continue
à donner son exposé sur le programme 5?
M. Jolivet: Juste avant que ma collègue indique si elle
accepte ou non, je pense bien que vous avez lu les directives tout à
l'heure qui disent que ce n'est qu'à la fin de tout que l'on peut
admettre une extension et non pas en cours de route, si vous avez bien lu vos
réglementations. Ma collègue, compte tenu de caucus à
venir, donnera peut-être son consentement pour quelques minutes. Je ne le
sais pas, c'est elle qui décidera.
Le Président (M. Parent, Sauvé): D'accord. Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: M. le Président, parce qu'on est en caucus
à 13 heures, on a le temps de prendre au moins un café, alors il
y aurait peut-être consentement pour une dizaine de minutes.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Cela
va, M. le ministre?
M. Ryan: M. le Président, je pense que j'aurai
complété dans une dizaine de minutes.
Le Président (M. Parent, Sauvé): D'accord.
M. Ryan: Vous aurez constaté que j'ai fait une lecture
rapide et que j'ai sauté de nombreux passages» Je regrette que ces
passages ne pourront être inclus dans le compte-rendu de nos
débats» C'est injuste à mon endroit.
Des voix: Ha! Ha!
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre,
nous vous écoutons.
M. Jolivet: M. le Président, je ne peux pas laisser passer
cette chose-là. Le ministre savait qu'il avait 20 minutes à sa
disposition et il l'a prévu comme tel. Il n'a qu'à se faire
lui-même le reproche d'avoir trop écrit et de ne pas avoir
peut-être pris le temps de penser qu'il y aurait des questions et qu'il
pourrait quand même passer ses messages.
Le Président (M. Parent, Sauvé); Merci, M. le
député de Laviolette, M. le ministre, je vous ferais remarquer
que vous n'avez pas encore atteint vos 20 minutes.
M. Ryan: Merci, M. le Président. Je me console à la
pensée que la presse me rendra justice, sinon l'Opposition.
Des voix: Ha! Ha!
M. Ryan: La préoccupation majeure du gouvernement en ce
qui touche les collèges porte sur la qualité de l'enseignement
dispensé par ces établissements. Nous entendons souligner de plus
en plus cette dimension capitale dans nos rapports avec les collèges.
Voici les principales mesures que nous entrevoyons à cette fin.
L'enseignement des - sciences humaines et des sciences de la nature sera
l'objet d'un réaménagement majeur dont l'objet visera surtout
à instaurer une plus grande cohérence, une plus forte
unité dans l'enseignement de ces matières. J'ai fait
connaître ces temps derniers, tout d'abord aux responsables
immédiatement concernés des collèges puis au grand public,
les lignes majeures de la réforme qui sera entreprise à compter
de maintenant dans le secteur des sciences humaines. Ce projet de
réforme a reçu un accueil largement favorable. Je ferai
également connaître mes intentions concernant les sciences de la
nature dès qu'auront été complétées les
consultations instituées à ce sujet avec les collèges et
les universités. Je tiens cependant à souligner que, du
côté du ministère, les travaux sont très
avancés.
En ce qui touche les proqrammes, deux développements majeurs sont
survenus au cours de la dernière année. Tout d'abord, j'ai
autorisé, à titre expérimental, l'implantation d'un
oroqramme de techniques d'acupuncture au collège de Rosemont. En second
lieu, j'ai annoncé que le nouveau programme de techniques en soins
infirmiers sera implanté dans tous les collèges qui
répondront aux conditions établies à cette fin et ce,
à compter de septembre 1988. J'entends également autoriser
l'implantation, à compter de septembre 1987, du programme de techniques
d'études d'éducation en service de garde au collège de
Rivière-du-Loup, de techniques de recherche, enquêtes et sondages,
au collège de Rimouski, et d'administration générale,
troisième année, au collège de Rimouski.
J'ai également autorisé le collèqe de la
Gaspésie à offrir la troisième année du programme
de techniques en génie mécanique. Parallèlement, le
processus de révision des programmes de formation professionnelle se
poursuit de manière continue. Au cours de 1986-1987, des études
de pertinence ont été poursuivies autour des programmes de
gestion de la récupération, de techniques de menuiserie
architecturale, de chansons populaires, de techniques reliées à
la sécurité et à l'enquête privée, de
techniques de plongée industrielle et autres.
J'entends accorder une importance majeure, en 1987-1988, aux nombreux
problèmes d'arrimaqe qui se posent, d'une part, entre le
colléqial et le secondaire et, d'autre part, entre le colléqial
et l'universitaire. Des études conjointes faites par le ministère
de l'Éducation et le ministère de l'Enseignement
supérieur, à l'automne 1986, ont permis de constater qu'il se
pose des problèmes sérieux de dédoublement entre le
secondaire et Le collégial dans tes secteurs de l'entretien
mécanique, de l'électrotechnique, de la fabrication
mécanique, de l'administration, de la construction, de la photoqraphie,
du textile, de l'agriculture et du meuble. Entre autres, au moment où
nous entreprenons l'implantation du nouveau régime de formation
professionnelle au secondaire, il nous incombe de veiller à
éviter des phénomènes coûteux de dédoublement
et de concurrence mal placée que l'on pourrait être tenté
de créer ou d'alimenter entre les deux secteurs. Aussi, j'ai
demandé aux fonctionnaires supérieurs de chaque ministère
de veiller à ce problème avec une attention particulière.
Le gouvernement entend promouvoir l'implantation dans les collèqes de
solides politiques d'évaluation des apprentissages, conformément
aux dispositions de la loi des collèges et du règlement sur le
régime pédagogique du collégial. Le règle-
ment prévoit que chaque collège doit adopter et appliquer
une politique institutionnelle d'évaluation des apprentissages.
Déjà, les travaux de la commission d'évaluation du Conseil
des collèges ont permis de recueillir des éléments
importants en vue de la réalisation de cet objectif. Les jalons ayant
maintenant été posés, il faudra procéder à
l'examen des politiques mises en place dans la plupart des
établissements. Après avoir consulté à ce sujet le
Conseil des collèges et la Fédération des cégeps,
j'entends confier un mandat précis à cette fin à la
commission d'évaluation du Conseil des collèges. Ce mandat
particulier viendra s'ajouter au mandat de caractère
général que cette commission tient déjà de la loi
des collèges pour l'examen des politiques d'évaluation des
établissements d'enseignement collégial et je compte que ce
mandat commencera à s'appliquer dès l'année 1987-1988.
C'est un point majeur. Nous voulons que les politiques institutionnelles
d'évaluation soient solidement implantées dans chaque
collège. Nous voulons que la valeur des collèges se
développe par les mécanismes de contrôle et
d'amélioration internes qu'ils auront mis au point et non pas par une
tutelle paternaliste exercée par le ministère de l'Enseignement
supérieur.
Parmi les développements intéressants qui se produisent
dans le secteur collégial, je voudrais signaler la reconnaissance des
acquis, laquelle donne lieu à une activité fort prometteuse
depuis déjà quelques années. La reconnaissance des acquis
vise à tenir compte de l'expérience antérieure d'une
personne et ce, afin de familiariser son accès ou son retour aux
études, de raccourcir le temps de formation, à adapter la
formation aux besoins des employés ou des employeurs, à
accroître l'employabilité des travailleurs, à favoriser la
diversification des modes de formation, en les adaptant au rythme et au style
d'apprentissage des adultes. Grâce à la collaboration
établie en cette matière entre le ministère et la
Fédération des cégeps, la reconnaissance des acquis a
connu des progrès importants. Ces progrès ont été
accomplis en liaison avec des organismes américains de grande
qualité qui ont accompli un véritable travail de pionnier. En
1986-1987, pas moins de 39 collèges étaient impliqués dans
des projets visant la mise au point d'instruments pédagogiques
reliés à la reconnaissance des acquis. L'appui soutenu du
ministère à cette entreprise est acquis et confirmé pour
les années à venir.
La fonction de recherche est appelée à prendre une
importance croissante au sein des établissements collégiaux.
Déjà, le gouvernement, par divers programmes, contribue au
développement de la recherche dans les collèges. L'ouverture de
certains programmes du Fonds FCAR aux chercheurs des collèges et la
création du volet de l'aide aux chercheurs sans affiliation
institutionnelle reconnue au sein du Fonds FCAR ont permis l'accès de
nombreux professeurs du niveau collégial à des fonds de
recherche. La création de douze centres spécialisés,
chacun ayant, entre autres, une mission de recherche, est venue ajouter
à cette dimension. Le maintien du programme d'Aide à l'innovation
pédagogique, l'insertion d'un volet de recherche dans le plan de
développement de la micro-informatique sont d'autres manifestations de
cet intérêt du gouvernement pour le développement de la
recherche dans les collèges. Ajoutons à cela que, lors de la
dernière ronde de négociations avec les enseignants du niveau
collégial, le gouvernement a insisté pour que 88 postes soient
réservés à des fins de libération de professeurs
intéressés à poursuivre des travaux de recherche. Pour le
secteur collégial, les sommes versées pour des activités
de recherche s'élevaient, en 1986-1987, à 2 400 000 $, soit 43 %
en subventions directes et 47 % pour la libération de professeurs
à des fins de recherche.
Le gouvernement considère que la recherche doit se
développer au niveau collégial autour de trois axes principaux:
la recherche pédagoqique, la recherche appliquée dans certains
secteurs clé de la technoloqie et la recherche disciplinaire, dite
libre. La recherche pédagogique étant le point fort de la
recherche au collégial, le programme d'aide destiné à
cette forme de recherche a été maintenu et enrichi.
Quant à la recherche libre, le gouvernement préfère
attendre de connaître les résultats de l'évaluation du
Fonds FCAR qui a été confiée au Conseil des
universités avant d'expliciter sa position à cet éqard.
Nous attendrons, avec un intérêt particulier, les observations du
Conseil des universités sur l'avenir du programme ACSAR. Mais, en
attendant, au cours de la prochaine année, nous entendons demander aux
diriqeants du Fonds FCAR de maintenir, dans leur décision, la proportion
des fonds qui avaient été accordés à des contrats
ou des projets de recherche reliés à des fins intéressant
directement le secteur collégial.
Pour l'instant, il ne me paraît pas opportun de modifier la Loi
sur les collèqes afin d'y inscrire une disposition explicite consacrant
la vocation des collèges dans le domaine de la recherche. Nous
préférons continuer à favoriser le progrès dans ce
domaine sans inscrire dans la loi des dispositions susceptibles de créer
des contraintes artificielles ou des attentes plus élevées que
celles auxquelles il serait possible de répondre dans l'avenir
raisonnablement prévisible.
Le gouvernement suit, enfin, avec intérêt le travail
qu'accomplissent les établissements privés dans le secteur de
l'enseignement collégial. En 1986-1987, nous avons
été saisis de 71 demandes en provenance d'établissements
privés. De ce nombre, 57 demandes provenaient de 30 des 51
établissements déjà existants? 9 demandes provenaient
d'établissements en voie de formation, 5 provenaient
d'établissements fonctionnant sans permis et visant une
régularisation de statut, Les demandes visaient surtout les ajouts de
programme, c'était le cas de 33 de ces demandes; des renouvellements de
statut, c'était le cas de 14 demandes; ou une amélioration de
statut de reconnaissance pour fins de subvention à déclaration
d'intérêt public, c'était le cas de 6 demandes.
Les statuts accordés pour l'année 1986-1987 se regroupent
ainsi: 7 permis, des permis et non pas des statuts subventionnés,
à de nouveaux établissements? 11 permis pour de nouveaux
programmes dans des' établissements existants; 1 permis autorisant une
substitution de programme; 1 DIP à un nouvel établissement; 3 DIP
pour de nouveaux programmes dans des établissements existants; 2 DIP
reliés à un changement de statut. Le nouveau DIP a
été accordé à un établissement
d'enseignement collégial commercial à Cap-de-la-Madeleine.
Les changements de statut concernent deux collègues privés
commerciaux, le collège O'Sullivan; l'autre, je pense que c'est le
collège LaSalle. On vous donnera les noms.
Au cours de l'année 1987-1988, nous entendons préciser les
conditions d'octroi ou de renouvellement de statut à l'endroit des
institutions d'enseignement collégial privées. Cette
opération nous paraît nécessaire pour diminuer les risques
d'arbitraire dans les décisions que doit prendre, à cet
égard, le ministre. Nous avons mis également au point une
nouvelle formule pour le calcul des montants de base des subventions
destinées aux établissements privés d'enseignement
collégial. Cette formule donne lieu à un accord
général de la part des établissements; elle comporte des
ajustements dans les montants versés au titre de la formation
professionnelle et de la formation générale, mais pas de
changement dans le niveau général des subventions.
L'ajustement des subventions pour l'année 1987-1988 tiendra
compte de l'augmentation des clientèles. Il n'y a pas d'autre ajustement
prévu. Au chapitre des rémunérations, le même taux
d'augmentation est octroyé aux établissements privés que
celui qui a été établi dans les conventions collectives
pour les établissements collégiaux du secteur public.
M. le Président, je termine ici ma présentation parce que
le temps qu'on m'avait attribué est complété. Je pense que
les autres points dont il est question dans le texte préparé,
pour les fins de cet examen en commission, pourront faire l'objet de
discussions avec les députés dans la partie qui suivra.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Très bien,
je vous remercie beaucoup. La commission de l'éducation suspend ses
travaux jusqu'après les affaires courantes, soit vers 15 h 30.
(Suspension de la séance à 12 h 45)
(Reprise à 15 h 35)
Le Président (M. Parent, Sauvé). À l'ordre,
s'il vous plaît!
La commission de l'éducation continue ses travaux. Nous
étudions, tel que prévu, le programme 5, enseiqnement
collégial.
Maintenant, on m'informe qu'à cause de la visite du
président de la France, les mesures de sécurité seront
très strictes vers les 18 heures à l'Assemblée nationale.
Alors, on me dit qu'il serait souhaitable, si on veut déambuler à
l'intérieur de l'Assemblée nationale, que nous suspendions nos
travaux vers les 17 h 50, de façon que nous puissions reqaqner nos
quartiers et que ceux qui sont invités à la réception avec
le président puissent y arriver pour 18 heures. Alors, je vous
demanderais le consentement et on reprendra ce temps d'ici à demain
après-midi. Etes-vous d'accord avec cela?
D'abord, Mme la députée de Chicoutimi.
M. Ryan: M. le Président...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui?
M. Ryan: ...est-ce qu'on pourrait savoir ce qui va se passer ce
soir? Avez-vous vérifié si nous pouvons siéqer
régulièrement ce soir?
Le Président (M. Parent, Sauvé): On m'a dit que oui
sauf que, vers les 18 heures, il faudra être prudent dans nos
déplacements à l'intérieur de la bâtisse.
M. Ryan: À 20 heures, il n'y aura pas de
problème.
Le Président (M. Parent, Sauvé): À 20
heures, normalement, tout devrait continuer.
M. Jolivet: Alors, tout le monde est convié au
Parlementaire, sauf les députés.
Mme Blackburn: Ils vont avoir barré l'ensemble...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Ah non, il y a
une autre chose. Pour tes qens...
M. Ryan: ...nous déranger et il vient en dehors des
sessions.
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît.
Une Voix: Quoi?
M. Ryan: ...pourrait me déranger, mais il vient en dehors
des sessions.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, je vais
tâcher de continuer ma réponse au ministre. Pour les gens qui
accompagnent les députés et le ministre, seule la porte 6 pourra
être utilisée. C'est la seule restriction.
Mme la députée de Chicoutimi, programme 5.
Mme Blackburn: Je vous remercie, M. le Président. J'ai
écouté attentivement le ministre nous faire sa longue
présentation sur l'enseignement collégial. Il faut savoir que si
elle a 4a même durée pour les différents programmes de
l'enseignement supérieur et des sciences, cela va finir par ressembler
à ce qu'on craignait ce matin.
Cependant, je voudrais dire qu'à l'intérieur on a eu un
certain nombre d'informations, mais j'aimerais mieux développer avec lui
toute la partie des compressions des budgets des universités et
des...
Une voix: Collèges.
Mme Blackburn: ...collèges. Vous avez raison. En fait, les
crédits de 1987-1988 se chiffrent par 1 049 000 000 $, en hausse de 7,8
% par rapport aux dépenses probables de 1986-1987; les subventions de
fonctionnement croissent de 3,7 % dans les collèges publics et de 6,5 %
dans les collèges privés, compte tenu, dans ce dernier cas, de
l'accroissement des clientèles.
Le ministre nous apprenait tout à l'heure, dans son
exposé, qu'il y aurait des chances que les clientèles soient
encore accrues dorénavant dans les collèges privés,
puisqu'il a autorisé de nouveaux établissements, de même
que des changements de statut pour deux établissements et de nouveaux
programmes d'enseignement professionnel, parce qu'il ne s'agit pas de
programmes d'enseignement général à coup sûr, ce qui
va avoir pour effet de venir accentuer la diminution de la clientèle
dans les cégeps, les collèges publics.
On enregistre une baisse à l'éducation des adultes de
près de 1 000 000 $, attribuable à la baisse de la contribution
du fédéral à ce chapitre. Je vais y revenir, parce qu'il
m'apparaît, à la lecture des chiffres qu'on nous a
communiqués là-dessus, qu'il y a une pratique dans les
collèges qui a comme effet de faire porter une partie du budget de plus
en plus importante sur le fonctionnement et non plus sur les services
d'enseignement. On a l'impression qu'on met davantage en fonctionnement dans
les collèges, en éducation des adultes, pour répondre
à des besoins de formation qui sont déterminés par
Ottawa.
Les compressions budgétaires pour 1987-1988 sont
évaluées à 12 000 000 $ selon le Conseil des
universités, soit 5 000 000 $ en compressions explicites, 3 900 000 $ en
compressions par le biais de la sous-indexation, 3 200 000 $ en compressions
via le développement à même l'enveloppe.
Dans un avis fouillé sur l'allocation des ressources
financières au réseau collégial, le Conseil des
collèges juge sévèrement cette compression. Par rapport
à une enveloppe globale - le ministre l'a remarqué - par rapport
au budget de fonctionnement, ça constitue une compression majeure, parce
que, si on retire, comme l'a fait le ministre tout à l'heure, de
l'enveloppe budgétaire des collèges, tout ce qui est de masse
salariale et qui est déterminé par le biais des conventions
collectives, il reste donc à peu près 14 % de l'enveloppe pour le
fonctionnement. Les compressions s'exercent exclusivement là-dessus.
Cela veut dire, une compression approchant les 20 % pour cette année. On
ne peut pas constamment et de façon répétée exercer
de telles compressions dans les enveloppes de fonctionnement des
collèges, sans que cela n'ait des effets sur la qualité et la
quantité des services offerts à la clientèle.
Aux 12 000 000 $ évalués par le Conseil des
collèqes, viennent s'ajouter les 2 000 000 $. Le ministre évalue
à 1 900 000 $ les compressions dues aux baisses de clientèles.
Là, on frise les 14 000 O0O %. C'est majeur, c'est extrêmement
important par rapport à ce qui pourra être la capacité des
collèges de faire face à ces nouvelles compressions.
Depuis 1978-1979, le Conseil des collèqes évalue les
compressions à 108 000 000 $ environ, dont 87 900 000 $ dans le budget
de fonctionnement et 20 000 000 $ dans les budgets spéciaux. C'est
environ 30 %, compte tenu de l'augmentation des clientèles. Le budqet de
fonctionnement de l'enseignement régulier, per capita, a chuté de
22,7 % en dollars constants.
Au sujet des surplus budgétaires, le ministre rappelait qu'on les
estimait à environ 45 000 000 $; ils s'expliquent par différents
facteurs. Le ministre le sait, de même que ses hauts fonctionnaires. Ce
n'est pas nécessairement un indicateur d'un bon niveau de financement ou
d'un niveau de financement trop élevé. C'est que les
règles étant connues trop tard, les collèqes ne prennent
pas le risque d'avoir des déficits.
Ils n'effectuent donc pas des dépenses qui seraient
indispensables. Quand il y a un réajustement dans l'enveloppe
budgétaire, évidemment, ils n'ont pas dépensé et
cela paraît être un surplus.
Par ailleurs, il faut reconnaître également que ce montant
de 45 000 000 $, si mon information est juste, n'est pas exclusivement de
l'argent en banque comme étant un surplus, ce sont aussi, comme dans les
inventaires, des engagements non liquidés. Ce qui fait que ce ne sont
pas 45 000 000 $ effectivement mais plutôt un montant d'environ 27 000
000 $ ou 29 000 000 $.
La Fédération des cégeps, dans un avis de mars
dernier, plaide en faveur d'une révision du modèle d'allocation
des ressources. Elle remet notamment en question le paramètre de base du
modèle actuel, c'est-à-dire l'équivalent du temps complet.
Dans cet avis, la Fédération des cégeps nous
présentait un tableau du pourcentage des cours suivis selon les
collèges. On faisait la constatation suivante, selon l'information qu'on
détenait mais d'une façon plus intuitive: Si vous êtes dans
un collège urbain, où les possibilités d'emploi sont plus
grandes, les étudiants étalent leurs études. Ils prennent
donc moins de cours au niveau collégial, soit quatre, cinq ou cinq et
demi, alors que si vous êtes en région et que l'étudiant ne
peut pas avoir de possibilité de se trouver un emploi, il essaie de
terminer ses études dans les plus brefs délais. Il prend donc, le
maximum de cours. Évidemment, cette pratique, ce mode d'allocation des
ressources a des effets directs sur les petits collèges et les
collèges en région parce que les étudiants prennent un
pius grand nombre de cours, terminent dans un meilleur délai, mais le
financement se fait sur la base du temps complet, c'est-à-dire quatre
cours. Cette pratique, cela a été démontré par la
Fédération des cégeps, a pour effet de pénaliser
lourdement les petits collèges. Les petits collèges se retrouvent
principalement, on le sait, dans les régions
éloignées.
Avant d'aborder précisément toute la question du
financement des collèges, j'avais une question sur des renseignements
qui nous ont été fournis par le ministre à la suite des
questions qu'on lui adressait. Je vais retrouver ma feuille. Cette question
touche les crédits périmés. C'est une des
difficultés qu'on éprouve au moment où l'on examine les
budgets par programme. C'est la demande 5 de l'Opposition touchant les
crédits périmés dans laquelle on fait le tour des
différents programmes dans lesquels on trouve des crédits
périmés. Il y en est qui se trouvent au programme d'enseignement
collégial, le programme 5 et je voudrais avoir là-dessus des
explications du ministre. Il indiquait: À l'enseignement
collégial, 5 100 000 $, réduction des intérêts
à verser à la suite du retard à émettre de
nouvelles séries d'obligations. Je voudrais savoir du ministre, quand
ces obligations doivent-elles être émises? II y a eu un retard
dans l'émission des obligations. Comment, le fait que ces obligations
aient été émises plus tard, a-t-il eu pour effet de
réduire les crédits périmés tels que prévus?
Quel sera le montant d'intérêt à payer suite de ce retard?
Qui finance les nouvelles émissions?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Cela c'est en relation avec la demande 5 que vous aviez
présentée.
Mme Blackburn: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Cela fait suite
à une demande, qui vous avait été faite par les membres de
l'Opposition, concernant les points sur lesquels ils voulaient être
renseignés.
M. Ryan: M. le Président, comme il s'agit d'une question
assez technique, je voudrais avoir l'autorisation des députés
pour demander à un de mes collaborateurs de fournir une
réponse.
Le Président (M. Parent, Sauvé):
Accepté.
M. Ryan: M. Farrier, qui est en charqe de toute la partie des
développements matériels et financiers à la Direction de
l'enseignement collégial, va vous donner des éléments de
réponse sur ce point-là.
M. Farrier (Jean-Guy): Je n'ai pas la fiche devant moi mais ce
que vous demandez précisément, c'est: Est-ce que la masse
d'intérêts que... Pouvez-vous la reformuler en synthèse ou
en résumé, s'il vous plaît?
Mme Blackburn: Est-ce que vous avez la réponse que vous
nous avez fournie?
M. Farrier: Cela ici?
Mme Blackburn: Oui, c'est juste. Alors, au proqramme 5,
Enseignement collégial, vous avez 5 100 000 $. Réduction des
intérêts à verser à la suite du retard à
émettre de nouvelles séries d'obligations.
Cette information, vous nous l'avez fournie à partir de
données que vous aviez en main en date du 27 février. Je voudrais
connaître l'état actuel de la situation.
M. Farrier: À la date d'aujourd'hui?
Mme Blackburn: À la date d'aujourd'hui ou celle du 31
mars, parce que j'imagine que c'est à compter du 31 mars que cela a
effet.
M. Farrier: La réponse demande des explications
très techniques. Ce que je peux faire, c'est de vous donner, à la
date d'aujourd'hui, les éléments de réponse que vous
demandez. Pas aujourd'hui, mais demain probablement ou alors vous les fournir
sous pli séparé, c'est très technique.
Mme Blackburn: Même si c'est technique, on va essayer de
comprendre. Ppuvez-vous nous dire d'abord quand ces émissions-là
devraient être faites et, dans l'intervalle, qui finance?
M. Farrier: Ce que je peux vous dire, je ne peux pas vous fournir
de façon très technique les informations que vous demandez
aujourd'hui, en date du mois de mai, niais cela n'a aucun impact sur les
budgets de l'enseignement collégial comme tels.
Mme Blackburn: Je m'en doute, mais ce que je veux savoir, c'est
si cela a un impact sur les crédits périmés.
M. Farrier: Je ne pourrais pas vous le dire.
Mme Blackburn: L'information que l'on a date d'un mois avant la
fin de l'année financière. Comme la question va être
posée également pour l'enseignement universitaire, serait-il
possible d'avoir ces données pour demain matin?
Le Président (M. Parent, Sauvé): êtes-vous en
mesure de fournir à Mme la députée de Chicoutimi les
renseignements dont elle a fait la demande pour demain matin?
M. Ryan: Oui.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. Mme la
députée. M. le ministre.
M. Ryan: Pour demain, nous allons voir à vous procurer ces
renseignements, et pour les collèges et pour les universités.
Cela va?
Mme Blackburn: On retrouve une situation similaire pour le
financement de l'enseignement universitaire au programme 6. Cela
s'élève à 10 000 000 $.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, la question
exacte est de savoir si...
Mme Blackburn: La question exacte est de savoir: Quand ces
émissions sont-elles venues à échéance? Quel est le
montant d'intérêt à payer? Dans l'intervalle - on a
tardé à renouveler les émissions d'obligations - qui
finance les intérêts? Aujourd'hui, au moment où l'on se
parle, en date du 31 mars et du 1er avril, est-ce que cela a un effet sur les
crédits périmés ou est-ce qu'on est en train de pelleter
une partie des dépenses sur le budget 1987-1988?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Si vous me le permettez, nous pourrions discuter entre
nous. C'est une affaire assez technique qui implique directement le
ministère des Finances. Celui-ci est saisi de toutes ces
émissions d'obligations et procède souvent aux autorisations
requises en tenant compte des indications du marché, ce qui fait
qu'à certains moments, il peut sembler y en avoir plus, à
d'autres moins, mais cela n'a pas affaire aux qenres de considérations
que suggère la question de la députée de Chicoutimi. Mais
en tout état de cause, je préférerais que nous revenions
demain matin avec cette question après que nous aurons fait les
vérifications nécessaires, y compris au besoin auprès du
ministère des Finances.
Mme Blackburn: Bien.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Êtes-vous
satisfaite?
Mme Blackburn: Oui, cela va. Alors, du moment où l'on
convient que demain matin, on pourra avoir les informations, cela ne cause pas
de problème.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je veux bien
rn'assurer que vous avez bien cerné la question de Mme la
députée.
M. Farrier: Je vais tenter de les résumer.
Le Président (M. Parent, Sauvé): C'est pour cela
que je voudrais être bien certain que vous avez cerné la
question.
M. Farrier: Vous voulez savoir, premièrement quand les
premières émissions sont venues à échéance,
soit les émissions concernées par les 5 100 000 $. Vous voulez
savoir qui finance les intérêts. Mais la réponse, c'est le
gouvernement. Est-ce par rapport au ministère de l'Enseignement
supérieur que vous voulez savoir?
Mme Blackburn: Oui, mais les...
M. Farrier: Le ministère de Finances?
Mme Blackburn: On périme des montants d'argent parce qu'on
ne paie pas les intérêts parce que les nouvelles émissions
n'ont pas été émises, si je comprends bien. On
périme des budgets ici.
M. Farrier: Cela a rapport avec la péremption. La
dernière partie de la question est: En date du 1er avril, est-ce que
cela à un effet sur les crédits périmés?
Mme Blackburn: Oui.
M. Farrier: Si j'ai bien compris?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci
monsieur.
Mme Blackburn: Ou à la date d'aujourd'hui si tant est
que...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Le 30 mars ou le
1er avril. C'est cela madame?
Mme Blackburn: Pour l'année budgétaire parce que
j'imagine que cela déborde une année budgétaire. Je veux
savoir si.»
Le Président (M. Parent, Sauvé): Les budgets qui
ont été périmés au 30 avril ont une influence sur
le budget actuel. Est-ce exact?
Budget des collèges
Mme Blackburn: Et les crédits périmés
demeurent au même niveau que ceux prévus au 27 février,
dans ces deux volets. Il y a une réserve aux programmes 1 et 2,
Administration et consultation, où l'on explique que les crédits
périmés à ces programmes, de l'ordre de 2 800 000 $, ne
tiennent pas compte du traitement comptable du règlement éventuel
des conventions collectives qui, lorsqu'elles seront réglées,
viendront diminuer une bonne partie des crédits périmés au
31 mars. On y reviendra, car j'imagine que cela touche les conventions
collectives en enseignement collégial également lesquelles, ne
sont pas encore réglées. Bien.
Le ministre, dans sa présentation ce matin, a donné le
détail des compressions. Si on fait le compte, on est à 8 800 000
$. Le Conseil des collèges, pour sa part, estime qu'elles seraient
davantage de l'ordre de 12 000 000 $, plus 2 000 000 $ consécutifs
à la diminution des clientèles, donc 14 000 000 $. J'avais relu
le texte un peu rapidement et il me semblait que j'avais conservé quatre
éléments quand j'ai fait mon petit calcul. Je vois que ce serait
même un plus peu élevé.
Le budget des collèges. Le ministre nous dît que, ai l'on
considère que les subventions de fonctionnement versées à
l'ensemble des collèges atteignent la somme de 1 048 000 000 $ dont 773
000 000 $ au seul titre des budgets de fonctionnement des cégeps
publics. Les compressions identifiées ici viennent-elles davantage
toucher les cégeps ou si elles s'appliquent sur l'ensemble du budget de
1 000 000 000 $?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Y a-t-il des
questions à poser?
M. Ryan: Une petite faute s'est glissée dans la paqe que
la députée de Chicoutimi a citée de mon intervention de ce
matin. C'est évident qu'il est question... "Des subventions
versées à l'ensemble des collèges atteindront la somme de
1 048 000 $." Ce sont toutes les subventions, y compris les subventions aux
immobilisations, les subventions pour le service de la dette. Tout est compris
là-dedans. Les subventions de fonctionnement aux cégeps publics
seront de 773 400 000 %.
Vous parlez de compression. Cette compression de 5 000 000 $, dans la
base de financement, dont j'ai parlé, s'applique aux cégeps
publics. Les collèges privés, comme vous le savez, ont tous un
financement qui est considérablement moindre que celui des cégeps
publics. Ils ont été l'objet de diminutions du montant
réel de leurs subventions à plusieurs reprises au cours des
dernières années.
Mme Blackburn: Donc, le ministre le confirme, c'est 773 400 000 %
pour le budget de fonctionnement des collèges, dont 86 ...
M. Ryan: Des subventions de fonctionnement.
Mme Blackburn: De fonctionnement. Cela comprend donc les salaires
et le budqet de fonctionnement. En excluant les immobilisations.
M. Ryan: C'est cela.
Mme Blackburn: Et l'enseignement privé.
M. Ryan: Et le service de la dette.
Mme Blackburn: Et le service de la dette. Bon. Donc, les
compressions viennent s'exercer spécialement ou presque exclusivement
là-dessus, puisque, par exemple, les collèqes privés ne
connaissent pas une diminution de clientèle, mais bien une hausse de
clientèle. On peut penser que les effets de la diminution de la
clientèle vont se faire sentir exclusivement sur les collèqes
publics. Et qu'une partie importante de ce qui est identifié ici comme
des objets de compression par prélèvement ou la diminution de
clientèle vont faire sentir leurs effets sur le budget des
céqeps.
M. Ryan: C'est évident.
Mme Blackburn: On va utiliser cégeps. Et collèges,
pour les collèges privés. Le montant de 14 000 000 $ dont il est
question vient s'exercer sur le montant de 773 000 000 $ du budget de
fonctionnement dont 86 % n'est pas touché; 86 % constitue la masse
salariale. Est-ce que...
M. Ryan: M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Deux remarques. Tout d'abord, en réponse à
la dernière question, 86 % pour les rémunérations, c'est
le cas maximal que nous connaissons. Le pourcentage varie d'un
établissement à l'autre. Il y a des établissements
où cela peut être 72 %, 75 %, 78 %. On me dit que cela peut aller
de 68 %, 70 % à 86 %, qui est le maximum. On ne peut pas
généraliser et le cas qu'on m'a cité était le cas
d'un petit collège. On ne peut pas généraliser comme cela.
C'est pour cela que, si vous le remarquez, la manière dont j'ai
formulé mon observation était très nuancée, et je
l'ai recommencée à deux reprises, celle-là.
Maintenant, autre point, la députée de Chicoutimi demande
si les réductions au titre de la diminution de clientèle vont
affecter le public ou également le privé. Elles vont affecter le
secteur où elles se produisent. Comme le financement est à base
de clientèle, si la clientèle augmente, il y a un financement
accru, si la clientèle diminue, il y a un financement réduit. Il
me semble que c'est la nature même du mode de financement que nous avons,
excepté que, si nous avions appliqué littéralement le
système que nous avions, la diminution de revenu au titre de la chute de
clientèle aurait probablement été de l'ordre de 3 000 000
$ à 3 500 000 $, tandis que nous l'avons limité à 1 900
000 $, pour éviter que les collèges... (16 heures)
Mme Blackburn: Je pense bien que...
M. Ryan: ...subissent trop abruptement les effets de certaines
chutes de clientèles.
Mme Blackburn: M. le Président.
M. Ryan: Je souhaite que nous évoluions
éventuellement vers un système où les effets des chutes de
clientèles seront répercutés dans les subventions d'une
manière mieux étalée que nous ne le faisons sous le
système actuel.
En Ontario, on a trouvé un mode de calcul des subventions qui
laisse une marge plus grande pour les mouvements de clientèles en plus
ou en moins, de manière que les établissements puissent avoir un
financement plus stable. Chez nous, ce problème-là n'a pas pu
être touché pour le moment.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Mme la députée.
Mme Blackburn: M. le Président, je voudrais dire que
j'avais bien compris que les compressions relatives ou consécutives
à la démission des clientèles allaient toucher les
institutions où il y avait une diminution des clientèles. Cela ne
prend pas un cours classique pour comprendre un truc comme cela. Mais, dans
l'évaluation qu'on est en train de faire, on est capables de
démontrer qu'une partie plus grande, non seulement à cause de la
place qu'ils occupent, mais à cause de la situation particulière,
des compressions vient toucher les collèges publics. Alors, je voudrais
que l'on soit en mesure de l'évaluer de la façon la plus exacte
possible.
D'une part, le ministre me dit - et vous me permettrez d'en douter -
que, dans certains collèges, il y a moins de 70 % du budget de
fonctionnement consacrés à la masse salariale. Pour assez bien
connaître les collèges, j'aimerais quasiment inviter le ministre
à me dire dans quel collège, il y a moins de 70 % du budqet de
fonctionnement consacrés à la masse salariale. Cela
m'intéressait assez de savoir comment c'est réparti parce qu'on a
vu un glissement assez important, au cours des sept ou huit dernières
années, où le pourcentage du budqet de fonctionnement
affecté aux dépenses autres que salariales diminue constamment.
Il serait assez proche de la vérité de prétendre qu'aux
alentours de 80 % ou 82 % des budqets de fonctionnement sont affectés
à la masse salariale.
M. Ryan: Disons 80 % pour les fins de la discussion, je n'ai pas
d'objection.
Mme Blackburn: Bien. Alors cela veut donc dire que ce sont sur 20
% des 773 000 000 $ que vient s'exercer la compression actuelle, donc, sur
à peu près 140 000 000 $. On exerce là-dessus,
après plusieurs années, une compression de près de 10 %,
C'est ce que l'on doit comprendre. Je voulais juste que l'on soit au clair sur
les mêmes données.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
Mme Blackburn: Une dernière question et M. le ministre
pourrait répondre en même temps. Est-ce que le ministre a
calculé les effets des modifications au statut de certains
collèges publics par rapport aux diminutions de clientèles dans
les cégeps?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Tout d'abord, la députée, de
manière tout à fait légitime, veut essayer
d'établir le niveau des dépenses qui seraient plus directement
affectées par les compressions. II y a toute une partie de
dépenses qui ne sont pas affectées par les compressions parce
qu'elles sont définies d'une manière rigide dans les conventions
collectives. Elle établit, sur un budget de subventions gouvernementales
aux cégeps de 775 000 000 $, un montant possible de 150 000 000 $, si
j'ai bien compris,
Mme Blackburn: 140 000 000 $.
M. Ryan: Mais on pourrait discuter. Les collèges, quand je
les ai rencontrés, m'ont parlé de 40 000 000 $ à 50 000
000 $, c'était bien plus grave. Je leur ai suggéré que le
montant était plus extensible que celui-là, mais c'est
sûrement quelque part entre 100 000.000 $ et 150 000 000 $. Pour le
reste, il y a deux sortes de dépenses salariales comme le savent les
députés. Les salaires des professeurs ne subissent pas de
compression parce qu'ils sont définis par convention et si des
enseignants doivent être licenciés ou mis en disponibilité,
la facture est payée par le gouvernement, tandis que, dans le cas des
autres personnels, nous disons aux collèges: Si vous avez trop de
personnel... Et ce serait peut-être une enquête qu'on aurait
intérêt à faire. Est-ce que le personnel de cadre non
syndiqué est exactement au même niveau dans tous les
collèges? S'ils ont trop de personnel et qu'ils doivent en mettre en
disponibilité, c'est eux qui doivent payer la facture. Ils nous disent,
avec raison: En vertu des autres conventions que nous avons, ou des
rèqlements adoptés à ce sujet par le gouvernement, si nous
mettons en disponibilité des cadres qui sont en surplus, cela ne change
rien à nos dépenses parce que nous devons payer le salaire quand
même - je comprends cela -tandis que si ce sont des professeurs, ce n'est
pas eux qui les paient, c'est le gouvernement. Mais disons que, ces
choses-là étant précisées, il reste une marge
d'environ 100 000 000 $ à 150 000 000 $ sur laquelle seront prises les
conséquences des compressions. Je vous concède ce point.
Maintenant, la question qui est venue ensuite avait trait aux
collèges privés. On demandait si nous avions mesuré
l'impact des changements de statut accordés à certains
collèges privés sur les clientèles des collèges
publics. Nous ne l'avons pas fait. Les changements de statut qui ont
été accordés sont infiniment limités. Il y a le cas
du Collège O'Sullivan de Montréal, qui a obtenu un changement de
statut pour deux programmes. Ce sont des programmes pour lesquels il y avait
déjà des inscriptions aussi nombreuses qu'il pouvait en prendre,
excepté qu'il y avait une injustice. Il y avait d'autres collèqes
fournissant un service analogue qui avaient déjà une
déclaration d'intérêt public. Il s'est aqi ici d'un
ajustement qui n'a pas d'effet sur le mouvement des clientèles. Une
déclaration d'intérêt public a été
accordée à une école commerciale du Cap-de-Ia-Madeleine.
Je ne pense pas que celle-là ait beaucoup d'impact non plus. Il y a un
contingentement de 30 étudiants. Parfois c'est bon que tous ces
renseignements soient demandés parce que cela permet de faire la
lumière. Cela permet d'éloigner certains préjugés.
Je l'espère!.
Il y a un autre cas. Une déclaration d'intérêt
public avait été accordée au Collèqe
Saint-Jean-Vianney en techniques administratives. Comme la
députée le sait peut-être, ce collège a fermé
ses portes il y a quelque temps et, par conséquent, la subvention dont
nous disposions pour lui pourra être disponible dans le secteur des
collèges privés. On a accordé un changement de statut au
Collèqe Français pour le cours en informatique. Ce sont tous des
changements très limités qui ont une répercussion fort
modeste sur le mouvement des effectifs. Il ne peut même pas en être
question sérieusement. Le programme du Collège Français
dont je viens de parler est contingenté, me dit-on, à 30
étudiants. Nous avons accordé un autre statut DIP à un
collège de formation en animation pastorale dispensée par le
Séminaire de Québec, contingenté à 30
également. Je pensais qu'on en avait donné un deuxième
à Cap-Rouge. Non? Alors, j'espère qu'on va le lui donner
bientôt! Par conséquent, M. le Président, il n'y a pas
matière à faire venir les pompiers de Montréal.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Madame.
Mme Blackburn: M. le Président, cela veut dire que la
Drivatisation ne va pas assez vite au goût du ministre. S'il n'en tenait
qu'à lui, cela irait un peu plus vite!
Ce que j'aurais aimé qu'il me dise également pour le
Collège Lasalle, c'est que je pense qu'il est important ici, à la
fois pour les membres de la commission parlementaire et pour ceux qui assistent
à cette commission parlementaire, de savoir que les collèges
privés du Québec sont doublement subventionnés. Le
ministre partage ce souci d'assurer un niveau de financement équitable
aux établissements privés, sauf qu'il faut savoir que les frais
de scolarité, quels qu'ils soient, sont reconnus dans les
dépenses pour frais d'accès à la bourse et aux prêts
pour les étudiants. On sait que dans certains collèges il y a une
pratique tout à fait légitime de dire aux étudiants:
Écoutez, il se
pourrait que, parce qu'il y a des frais de scolarité dans les
collèges privés qui n'existent pas dans les collèges
publics, cela vous donne précisément accès aux
prêts-bourses que vous n'auriez pas parce qu'il n'y a pas de frais dans
les collèges publics. Et on a déjà eu l'occasion
d'estimer, dans certains collèges, par rapport à certaines
pratiques dans les collèges qui ne sont pas nécessairement
reconnus d'intérêt public, d'estimer, dis-je, le recours à
l'aide financière aux étudiants pour favoriser leur inscription
dans les collèges privés.
Vous savez, on a souvent pensé que ces collèges
étaient sous-financés, à certains égards, et c'est
un reproche que le ministre a souvent fait au précédent
gouvernement alors qu'il était critique de l'Opposition. Les
collèges privés bénéficient d'une subvention qu'on
connaît et, en plus, ils bénéficient d'une subvention
additionnelle parce que les frais de scolarité sont reconnus dans l'aide
financière aux étudiants.
Cours d'été dans les
cégeps
J'aimerais aborder une autre question. On s'était, l'an
passé, particulièrement inquiété des effets que
pourrait avoir la décision du gouvernement et du ministre de ne plus
financer les cours d'été dans les cégeps. Je maintiens,
pour ma part, qu'on aurait certainement eu des avis contradictoires quant
à la légalité de cette décision parce que la loi
sur les collèges est claire car sont réputés gratuits, les
cours suivis, lorsque cela constitue l'activité principale. Un cours de
75 heures, dispensé dans trois semaines, c'est-à-dire quinze
heures semaine, si ce n'est pas du temps complet, je ne m'y connais pas. Cela
veut dire qu'il n'y a aucun étudiant qui est à temps complet dans
les cégeps actuellement parce que l'équivalent temps complet
c'est douze heures dans les cégeps, c'est quatre cours de trois heures.
C'était une parenthèse que j'ouvrais. Je suis loin, quant
à moi, d'être certaine de la léqalité de cette
décision et probablement qu'on aurait eu des avis contradictoires sur
cette question.
Cependant, le gouvernement a quand même procédé et
on apprend que cette décision a eu des effets réels sur la
fréquentation puisqu'on a connu une diminution d'environ 20 % de la
clientèle. Je voudrais savoir si on a fait une analyse sérieuse
des effets de cette diminution de la clientèle dans les cours
d'été? Est-ce que cela a eu pour effet de prolonqer la
durée des études et combien cela coûte-t-il lorsqu'un
étudiant décide de prolonger ses études? Est-ce que cela a
eu pour effet de décourager certains étudiants et dans quelle
proportion? Combien cela coûte-t-il Je voudrais savoir si, finalement,
l'économie de 1 400 000 $, réalisée par te gouvernement ne
nous en coûte pas beaucoup plus parce que, premièrement, on a
découragé des étudiants et, deuxièmement, cela a eu
pour effet de prolonger les études d'un certain nombre d'entre eux,
probablement de 20 % d'entre eux?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Très bien,
madame. Vous avez terminé vos observations? M. le ministre.
M. Ryan: Noua n'avons pas imposé une augmentation des
frais exigés des étudiants pour tes cours d'été.
Nous avons dit aux collèges l'an dernier: Vous serez autorisés
à donner un volume moins élevé de cours. La mesure exacte
que nous avons indiquée était 30 % de moins. Certains
collèges ont décidé de maintenir leurs services en
exigeant une contribution plus élevée, en exigeant pour les cours
d'été le même niveau de contribution qui est exigé
pour les cours de formation aux adultes.
Cette décision qui a été prise par un certain
nombre de collèges, pas par tous, était-elle légale? Je te
crois. Pour être franc, je n'ai été saisi d'aucune demande
contestant la légalité de cette décision. Je n'ai pas
senti le besoin de procéder à des vérifications
là-dessus parce que j'estime qu'il ne s'agissait pas d'enseignement
régulier, mais d'un enseignement spécial. C'est l'explication que
j'avais donnée l'an dernier et que je renouvelle cette année.
Mme Blackburn: M. le Président...
M. Ryan: Nous ne sommes pas dans une période, je le
répète, M. le Président... Excusez, je ne veux pas
empiéter non plus, c'est juste un complément d'information.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: On attendra le complément de
réponse.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Nous ne sommes pas dans une période où
nous pouvons nous interroger gratuitement sur les extensions que nous pourrions
donner au régime de services qui existent présentement. Nous
sommes plutôt dans une période où nous sommes forcés
de nous interroger en raison des coûts élevés de nos
régimes de formation à tous les niveaux, sur les moyens d'assurer
leur fonctionnement efficace à des conditions plus économiques.
C'est cela qui est le défi d'aujourd'hui. (16 h 15)
Je me souviens, quand nous discutions de ces choses, il y a à
peine sept ou huit ans, nous étions encore dans l'ère
d'abondance, nous pouvions nous demander, justement là, quels
sont les besoins nouveaux qu'il faudra inscrire dans nos programmes cette
année, l'an prochain ou dans deux ans.
Aujourd'hui l'impératif auquel nous devons obéir est de
nature différente. Nous devons chercher comment un peu plus de
rationalisation pourrait permettre de réaliser un certain volume
d'économies. Dans ce sens-là, si nous avions eu le même
niveau de ressources que dans les bonnes années, cette question ne nous
serait même pas venue à l'esprit l'an dernier. Nous aurions
continué de la manière dont nous fonctionnions, mais c'est parce
que nous avions l'obligation, dans chaque secteur du gouvernement, de trouver
un certain nombre de réductions de dépenses qui permettraient au
gouvernement dans son ensemble de réaliser les objectifs
d'équilibre, encore très fragile d'ailleurs, qu'il s'était
fixés que nous avons été obligés d'agir ainsi.
Il n'y a pas de malveillance, il n'y a pas de désir
maléfique de trouver des points sur lesquels on va vraiment serrer les
ouYes de quiconque. Au contraire, on essaie d'épargner le plus de
clientèles possihle et de maintenir les services à un niveau de
qualité . et d'accessibilité le plus élevé
possible.
Mme Blackburn: M. le Président, c'est
précisément au nom de la rationalité que je mets en
question la décision qui a été prise. Le ministre nous
dits En raison des coûts élevés de nos régimes de
formation, il fallait assurer une plus grande rationalisation, trouver des
moyens de réduire ou de faire des économies dans le
système. Il a économisé 1 400 000 $.
Cela se traduit par 7000 inscriptions en moins. Au nom de la
rationalité, je lui demande combien cela nous a coûté pour
être certain. La rationalité ne va pas à l'évidence.
Ce n'est pas parce qu'on vient de couper quelque chose, d'accord, qu'on a
économisé! C'est comme, si, moi, je n'investis pas sur la toiture
de la maison, alors j'économise, évidemment, le coût de la
réfection, c'est-à-dire 7000 $ ou 8000 $, sauf qu'il faut que je
me demande quels effets cela va avoir sur le reste de la structure.
L'économie de 7000 $ pourra, peut-être, me coûter, dans sept
ou huit ans, 15 000 $ ou 20 000 $. Donc, c'est une décision sur laquelle
je voudrais être informée pour mesurer la qualité de la
décision qui a été prise, pour l'évaluer. Il est
important de connaître les impacts réels concrets que cette
décision a eus par rapport aux coûts, au-delà des raisons
humanitaires, parce que je vais pouvoir vous démontrer tantôt de
façon assez simple que cela a eu des effets dans les régions
éloignées, les régions pauvres et les petits
collèges. Et les chiffres que vous nous avez fournis nous
éclairent là-dessus parfaitement.
Mais au-delà de cela, exclusivement au plan de l'économie
réelle qu'on a fait, combien cette décision a-t-elle
coûté?
M. Ryan: Regardez...
Mme Blackburn: Peut-être juste pour compléter et le
ministre pourra, en même temps, examiner le tableau qui nous a
été fourni à la suite d'une question qu'on lui posait sur
les diminutions de clientèles, des inscriptions cours, pas heures, dans
les différents cégeps de la province.
Il va pouvoir constater que, par exemple,, sur 375 inscriptions à
Gaspé, il y en a 93 de moins et on est rendu à 283, alors
qu'à Sainte-Foy il y avait 114 inscriptions, il y a eu 81 inscriptions
de moins. Là, vous pouvez continuer le tableau comme cela et vous allez
constater que la décision a été très marquante dans
les régions éloignées, les régions les plus
pauvres.
On vient, encore une fois, par cette mesure-là et comme on le
pensait, affecter une population des plus démunies, parce que ceux qui
ont le moyen de fréquenter les collèqes l'été,
c'est parce qu'ils ne sont pas capables de se trouver d'emploi. Il n'est pas
difficile de comprendre à quel endroit où se trouve le moins
d'emploi quand on est étudiant au Québec.
Le Président (M. Parent, Sauvé); C'est
terminé Mme la députée.
Mme Blackburn: Oui.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Je pense que les chiffres que vient de citer la
députée de Chicoutimi sont exacts, parce qu'ils lui ont
été fournis en réponse à une demande de
complément d'information qu'elle avait adressée au
ministère en préparation de l'examen des crédits. Je pense
qu'on n'aura pas de querelle sur ces chiffres-là. Maintenant, la
question véritable n'est pas de savoir s'il y a eu une certaine
diminution des effectifs inscrits aux cours d'été, mais de savoir
comment ont évolué les inscriptions et l'enseignement
réguliers pendant l'année qui a suivi. Si nous examinons le
mouvement des inscriptions pour 1986-1987, nous constatons qu'en 1985 il y
avait eu un total d'inscriptions à l'enseignement régulier de 146
671, et que, pour 1986-1987, le total des inscriptions est de 139 998, soit une
différence d'à peu près 333. Sur un agrégat aussi
considérable que cela, c'est-à-dire de l'ordre de 140 000, je
pense, s'il y avait un effet direct entre le phénomène qu'a
mentionné la députée de Chicoutimi et celui-ci il y aurait
lieu que je me pose des
questions sérieuses. Je pense que, de manière
générale, on ne peut pas tirer de conclusions trop dramatiques et
trop pathétiques des chiffres qu'a mentionnés la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn; Le ministre...
M. Ryan: Si vous voulez m'excuser, juste une seconde je vais
apporter un petit complément de réponse. Je veux juste terminer
ma réponse. On me signale que, dans trois établissements, le
cégep de Limoilou, le cégep de Sainte-Foy et le cégep
François-Xavier-Garneau de Québec, il y a eu diminution
substantielle des inscriptions aux cours d'été et il n'y a pas eu
d'augmentation des frais d'inscription. C'est la deuxième question que
postule l'interrogation de la députée de Chicoutimi. Est-ce que
la diminution est attribuable exclusivement et principalement à la
hausse des frais d'inscription? Nous avons ici trois exemples qui nous invitent
à nous poser de sérieuses questions avant de nous lancer dans des
explications apocalyptiques.
Mme Blackburn: M. le Président, à moins que j'aie
une information contraire à celle qu'on m'a fournie l'an passé,
les cégeps du Québec métropolitain s'étaient
concertés pour adopter la même politique. II avait
été convenu, si ma mémoire est fidèle - cela fait
un an quand même - de faire payer 0,50 $ plutôt que 1 $ l'heure. La
politique de l'année précédente était de
moitié. Le ministre vient exactement confirmer l'impression qu'on avait
et la question demeure la même. Du moment que cela n'a pas eu d'effet sur
les inscriptions, je dis: Bravoi Cependant, est-ce qu'on est capable de mesurer
si cela n'a pas eu pour effet de prolonger d'une session les études?
Combien cela coûte une session de plus, comparativement à un cours
à 75 $ ou 45 $? C'est cela la question. Combien cette décision
coûte-t-elle à l'enseignement régulier? Combien cela
coûte-t-il pour l'étudiant qui, lui, vient de perdre une
demi-année de revenus, parce que cela retarde d'autant son entrée
sur le marché du travail. C'est ce genre d'évaluation qu'on doit
faire pour s'assurer que nos décisions sont effectivement des
décisions rationnelles et rentables?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Je dois retenir qu'il n'y a absolument aucune raison de
croire que la hausse des frais d'inscription, dans certains cas, aurait eu un
effet causal sur le mouvement des inscriptions. Nous avons cité trois
cas où il n'y a pas eu de hausse de frais d'inscription et où la
baisse des inscriptions a été parmi les plus fortes au
Québec. Par conséquent, c'est un point qui invite à la
réserve dans les hypothèses. Dans le cas du cégep
François-Xavier-Garneau, en 1985, à la session
d'été, le nombre des inscriptions était de 1583. À
la session d'été de 1986 il était de 1117, alors qu'on
n'exigeait aucun frais d'inscription. On me souligne aussi qu'il s'agit, en
général, d'étudiants qui suivent un seul cours. Comme les
étudiants du secteur général doivent prendre, comme nous
l'avons dit ce matin, en moyenne 4,6 sessions pour terminer leurs études
collégiales, un cours n'a pas un effet déterminant sur le
mouvement des inscriptions, suivant les indications dont nous disposons. Je
suis obligé de conclure que, sur la deuxième question, toutes les
présomptions vont plutôt de l'autre côté, mais on est
ouvert à de plus amples informations, s'il y a lieu. Nous ta chercherons
volontiers. Je suis prêt à demander aux collèges de nous
fournir plus d'informations là-dessus. J'ajoute seulement que, pour
l'année 1987-1988, nous maintenons la même politique qu'en
1986-1987 c'est-à-dire qu'il n'y a pas de modification à la
politique suivie l'an dernier.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Tout à
l'heure, le ministre a cité Limoilou. Je voudrais lui dire qu'à
Limoilou, la diminution est d'environ 10 %. C'est beaucoup moins important que
dans les petits collèqes et les régions éloignées.
La seconde chose, c'est que le ministre dit: Un cours, cela ne peut pas avoir
d'effets importants, sauf que vous le savez et les gens qui sont avec vous le
savent sûrement, il y a des cours en séquence. Il faut absolument
que vous réussissiez le premier pour pouvoir suivre le second. Cela a
des effets sur votre capacité de vous inscrire et de poursuivre votre
session. Je n'apprends rien à personne ici. Le ministre nous dit qu'il
allait maintenir sa décision. Cela veut dire qu'il ne finance plus les
cours d'été. À présent, ce que je vaudrais
savoir...
M. Ryan: Les proportions... Une voix: On en apprend.
M. Ryan: M. le Président...
Mme Blackburn: La subvention est diminuée de
façon...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée.
Mme Blackburn: Je termine. Ma question précise est: Est-ce
qu'on a tenté
d'évaluer, par le biais d'une analyse ou d'un sondage, les
coûts réels de cette décision? Est-ce qu'on a fait une
enquête auprès des 7000 élèves pour savoir les
raisons de cette diminution, ce qui pourrait jeter un éclairage un peu
plus limpide sur cette décision pour savoir si on a bien
évalué ce que cela nous coûte effectivement au-delà
de la petite économie de 1 400 000 $ réalisée? Je sais que
le ministre va nous dire qu'on n'a pas complètement arrêté
de subventionner, on a diminué la subvention en disant: Vous allez
réduire vos activités. Je ne me rappelle plus, mais, tout
à l'heure, il nous a parlé de 30 %.
M. Ryan: C'est cela.
Mme Blackburn: Prendre une telle décision sans
s'interroger sur ce que cela va nous coûter à terme, j'appelle
cela quasiment de l'inconscience tant au plan humain qu'au plan
budgétaire, strictement budgétaire comme si un gouvernement de
comptables... Je voudrais bien démontrer qu'ils savent aussi
compter.
Une Voix: On sait compter, Mme la députée.
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaîti
Mme Blackburn: Vous êtes en train de le pelleter.
Une voix: Ce n'était pas votre autoroute de tout à
l'heure.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Â l'ordre,
s'il vous plaît!
Mme la députée, vous avez la parole.
Mme Blackburn: Merci, j'attends la réponse de M. le
ministre. Ma question est claire. Est-ce qu'on a évalué de
façon certaine et est-ce qu'on a mesuré les effets de cette
diminution des activités dans les cours d'été sur les
coûts à l'enseignement régulier?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. M. le
ministre.
M. Ryan: Toutes sortes d'hypothèses sont possibles
à ce sujet. Nous n'avons pas fait d'enquête scientifique au cours
de la dernière année. Nous demanderons volontiers des
renseignements aux collèges là-dessus. Mais je dois dire, pour le
bénéfice des députés, que je n'ai reçu
aucune plainte à ce sujet au cours des années 1986-1987.
D'ordinaire, lorsqu'une décision ministérielle engendre des
conséquences qu'on pourrait considérer comme néfastes, le
ministre est dans l'eau chaude rapidement. Je vous dirai que j'ai reçu
plus de représentations au cours de la dernière année au
sujet des hausses de frais d'inscription dans certains cours de formation
professionnelle à l'intention des adultes. Le député de
Rimouski, qui suit très attentivement les questions d'éducation,
m'a saisi d'un problème qui s'est présenté au
collèqe de Rimouski à ce sujet» J'ai été
saisi de situations semblables dans un certain nombre d'autres régions.
Il y a un problème qui s'est présenté et dont on m'a saisi
et qui m'est apparu comme une des conséquences des décisions que
nous avons prises. Il faut bien les assumer aussi, mais, dans le cas dont parle
la députée de Chicoutimi, il n'y a pas eu de
représentations le. moindrement significatives.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Je parcours toute ma correspondance et, en
général, j'y donne suite ou mes collaborateurs y donnent suite
avec moi.
Le Président (M- Parent, Sauvé): Merci. Je vais
maintenant reconnaître un député de la formation
ministérielle. Mme la députée de Jacques-Cartier. (16 h
30)
Accord fédéral-provincial sur
l'enseignement professionnel
Mme Dougherty: Merci, M. le Président. Ma question porte
sur l'accord fédéral-provincial sur l'enseiqnement professionnel.
J'aimerais que le ministre nous explique la portée de cet accord pour le
Québec d'abord et, deuxièmement, l'impact actuel pour
l'enseignement professionnel au cégep et l'impact prévu dans
l'avenir de cet accord au cégep.
Le Président (M. Parent, Sauvé); M. le
ministre.
M. Ryan: Oui. C'est une question très importante que je
suis reconnaissant à la députée de Jacques-Cartier d'avoir
soulevée à l'occasion des travaux de notre commission sur
l'enseiqnement colléqial. Au cours de la dernière année,
comme on le sait, le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu a signé, au nom du gouvernement du
Québec, une nouvelle entente avec te gouvernement fédéral
en matière de formation professionnelle. Sous l'empire de cette entente,
les subventions versées au qouvernement du Québec dans le cadre
du programme fédéral de formation professionnelle seront
maintenues à un niveau voisin de 139 000 000 $. Au début, il
avait été question d'une réduction importante des
budgets mis à la disposition du Québec par le gouvernement
fédéral. Finalement, le niveau qui a été retenu est
de 139 000 000 $.
Maintenant, pour la première année de l'entente,
1986-1987, il y a une partie de ce montant, 125 100 000 $, qui doit servir
à des achats directs de cours de formation -j'expliquerai tantôt
ce que je veux dire par là - et une autre partie, 13 900 000 $, qui doit
servir à des achats de formation sur mesure.
La différence entre les deux. Un achat de formation directe:
Disons qu'un collège offre un cours de génie de construction, par
exemple. À ce moment-là, sur l'avis de la Commission de formation
professionnelle qui se trouve dans chaque région, il peut arriver que le
ministère fédéral - Emploi et Immigration, je pense -
décide d'acheter ce cours. Il recommande à des adultes de
s'inscrire à ce cours. Il va leur donner des allocations afin de
financer leur participation au cours. C'est un achat direct de formation.
Certains adultes, comme vous le savez, sont même autorisés
à suivre des cours de formation de base avant de recevoir un cours de
formation professionnelle.
Le gouvernement fédéral en est venu à la
conclusion, pour des motifs qu'on pourrait discuter longuement, qu'il devait
mettre davantage l'accent, dans l'avenir, sur les cours de formation sur
mesure, c'est-à-dire sur des cours de formation immédiatement
adaptés à des besoins particuliers de telle ou telle entreprise
ou de tel ou tel secteur de la main-d'oeuvre. Disons, par exempte, qu'on
transforme l'usine de General Motors à Boisbriand, l'usine d'assemblage
d'automobiles, en une qrande usine de peinture. Il y a tout un problème
de formation de la main-d'oeuvre en fonction des tâches nouvelles ou on
décide d'automatiser sur une échelle beaucoup plus grande.
Là, il y aura des problèmes de formation sur mesure qui vont se
poser. Il faut préparer les travailleurs à faire face
immédiatement à cette situation. Le gouvernement
fédéral veut que, sous l'empire du programme de formation
professionnelle, on puisse de plus en plus promouvoir des cours de formation
sur mesure.
Quand ces perspectives du gouvernement fédéral nous ont
été présentées, nous avons été saisis
immédiatement par les commissions scolaires et les collèges des
dangers que cette orientation présente pour la stabilité des
services d'éducation des adultes offerts par les collèges et les
commissions scolaires. C'est évident que, si le budget mis à la
disposition des commissions scolaires doit tomber de 75 000 000 $ à 60
000 000 $, la nature des services offerts, la nature des contrats d'emploi
qu'on offre à des personnes mobilisées pour donner ces cours, la
nature de tout l'équipement qui va entourer l'organisation est
appelée à varier considérablement.
Nous avons travaillé aussi fort que nous avons pu pour obtenir un
maximum. Et ce que nous avons obtenu, c'est ceci: pour la première
année, 125 100 000 $, achats directs et 13 900 000 $, achats de
formation sur mesure; pour la deuxième année, c'est-à-dire
1987-1988, 106 400 000 $ en achats de formation sur mesure, et, pour la
troisième année, 85 000 000 $ en achats directs de formation et
54 000 000 $ en achats de formation sur mesure. Maintenant, les achats de
formation sur mesure ne vont pas nécessairement aller à des
fournisseurs de services en dehors des établissements. On s'est
engagé, du côté du gouvernement fédéral,
à accepter que le gouvernement du Québec favorise au maximum les
services offerts par des établissements de formation. Ce qui oblige nos
collèges et nos commissions scolaires à adapter de manière
plus immédiate les programmes de formation qu'ils offrent aux adultes en
matière professionnelle de manière que ces programmes
répondent, non seulement aux besoins de formation à long terme
mais, également, aux problèmes de formation pointue, de formation
immédiatement adaptée aux besoins de tel groupe de travailleurs,
de telle entreprise, de tel secteur d'industrie, etc. Nous avons signé
cette entente, l'application en a été malheureusement
différée au cours de l'année 1986-1987. Je crois qu'elle a
été signée vers le mois d'avril, si mes souvenirs sont
bons, et nous essaierons d'en tirer le meilleur parti au cours de la prochaine
année. J'ai l'assurance de mon collègue, le ministre de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu, que l'on favorisera au
maximum les services offerts par les réseaux d'enseignement plutôt
que de favoriser la prolifération d'initiatives champignons dans
différents milieux qui n'ont pas nécessairement les
compétences voulues pour offrir des proqrammes de formation. Maintenant
je dirai, M. le Président, que le système que nous avons
actuellement, qui a été créé de toutes
pièces par l'ancien gouvernement, n'est pas une source de clarté
administrative, ni de clarté organisationnelle. Nous en avons
hérité, c'est un système extrêmement complexe.
L'ancien gouvernement a développé des voies parallèles
d'intervention dans ces domaines qui coûtent cher et qui ne nous assurent
pas toujours de toute la cohérence, de toute la clarté
souhaitable.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce qu'il y a
d'autres interventions au proqramme 5?
Mme Dougherty: Ces fonds qui viennent du fédéral,
Emploi et Immigration, sont
versés au ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu du Québec? Et de là aux
établissements? Il n'apparaissent pas du tout dans les budgets du
gouvernement.
M. Ryan: Voici comment les choses se passent. Comme vous l'avez
vu, les commandes en matière de formation sur mesure sont
autorisées par les commissions de formation professionnelle, mais les
budgets relatifs aux services dispensés par les commissions scolaires et
les collèges, sont des fonds versés par le gouvernement
fédéral au gouvernement du Québec. Celui-ci les
réacheminent vers les commissions scolaires, les collèges et le
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu,
pour la partie qui relève de lui. Cette dernière partie est assez
considérable et le financement des commissions de formation
professionnelle se fait de ce côté-là. Je vous dirai que,
en cours de négociations, le ministère fédéral
responsable de la négociation aurait voulu que des sommes très
importantes soient versées directement aux commissions de formation
professionnelle par dessus, par conséquent, la tête des
établissements d'enseignement. Le gouvernement s'est opposé
à cette façon de voir, parce que c'eut été
instituer un troisième réseau d'enseignement au Québec, ce
que ne voulait pas le gouvernement du Québec.
Mme Dougherty: Est-ce que vous pourriez nous donner une
idée de l'ampleur de l'activité - nombre d'heures, professeurs
-générée par ces fonds dans nos cégeps?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Je pourrais demander à un de nos collaborateurs
de vous fournir des précisions là-dessus si les membres y
consentent, mais, pour la dernière année, étant
donné que nous avons commencé le nouveau programme très
tard, je ne suis pas en mesure de fournir des indications utiles. Nous allons
vraiment entrer dans l'économie nouvelle de l'entente à compter
des cours qui seront donnés à partir de maintenant.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce qu'il y a
d'autres interventions sur le programme numéro 5?
Mme la députée de Chicoutimi?
Recherche et centres spécialisés
Mme Blackburn: Oui, M. le Président. Je voudrais
peut-être aborder toute la question de la recherche et des centres
spécialisés. Le ministre nous a dit ce matin que ta recherche
était appelée à prendre de l'expansion dans les
collèges. Il se réjouit du fait qu'à l'occasion de la
dernière ronde de négociations avec les enseignants de niveau
collégial le gouvernement ait de nouveau consenti à ce que 88
postes soient réservés à des fins de libération de
professeurs intéressés à poursuivre des travaux de
recherche. Je voudrais juste lui rappeler qu'il y a eu un temps où
c'étaient de 150 professeurs équivalent à temps complet
qui avaient été dégagés pour de la recherche. Je
sais que, de ces professeurs, un certain nombre était attaché au
centre spécialisé pour aider au démarrage, au
développement de services à la collectivité ou au
transfert technologique.
À présent, par rapport à toute la question de la
recherche, le ministre nous a dit également ce matin qu'il n'entendait
pas modifier la loi sur les collèqes pour inclure dans leur mission la
mission de recherche. La proposition que le conseil et la
fédération faisaient, c'est que cette modification à la
loi sur les collèqes devait être faite non dans le sens qu'on lui
reconnaît dans l'enseignement universitaire, mais de façon plus
limitative et selon des règles à établir. On
reconnaît, là-dessus je serais assez d'accord avec le ministre,
dans la tâche des professeurs de céqep, une partie
consacrée à la recherche. Je ne pense pas à tous les
professeurs, je ne pense pas que ce soit quelque chose de souhaitable pour
tous, sauf qu'il serait important que la recherche sait reconnue comme faisant
partie de la mission des collèges parce que cela permettrait aux
professeurs dans les collèqes de postuler pour les fonds de recherche du
fédéral, parce que ces institutions ne sont pas reconnues. Entre
autres, c'est un des problèmes. Les établissements d'enseignement
collégial ne sont pas reconnus pour fins de subvention au
fédéral. Il faut qu'ils s'associent à un projet de
recherche des universités.
Le ministre nous a dit qu'il ne voulait pas modifier la loi,
malgré les avis différents qui lui sont venus du Conseil des
collèges de même que de la Fédération des
cégeps. Par ailleurs, il nous a dit - je trouve que c'est rassurant pour
les chercheurs au niveau collégial - que, pour le volet ACSAIR, pour la
proportion de ce programme qui était attribuée à
l'émergence de la recherche, il insisterait pour que cette même
proportion soit consentie pour les chercheurs des collèges. Je trouve
que cela a quelque chose de rassurant.
Par ailleurs, la politique proposée par le FCAR est en ce sens
que seuls les chercheurs, ayant terminé leurs études de
deuxième ou de troisième cycle depuis moins de cinq ans, puissent
être admissibles au proqramme. On comprendra que cela ne touche peu ou
pas les chercheurs au niveau collégial et que cela pourrait avoir pour
effet de brimer leur droit à postuler ou à faire partie
d'équipes.
Je voudrais connaître, par rapport à la
proposition qu'avance le ministre ce matin, ses réactions aux
recommandations de la fédération qui demande une banque de 150
postes. Les subventions d'émergence, il nous en a parlé un peu ce
matin de même que le programme ACSAIR, Par rapport à la demande de
la Fédération des cégeps qui était de l'ordre de
150 postes, quelle est la réaction du ministre, alors qu'on sait, et
selon celui-ci, qu'il y aura encore plus de mises en disponibilité cette
année en raison de la diminution des clientèles? Pourquoi
n'a-t-on pas envisagé la possiblité d'augmenter le nombre de
postes réservés pour des fins de libération de professeurs
pour de la recherche parce que, de toute façon, on paie les
professeurs?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Avez-vous
terminé?
Mme Blackburn: Oui.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre.
(16 h 45)
M. Ryan: Tout d'abord, il y aura quelques éléments
de fait que je voudrais préciser à propos des 88 postes dont j'ai
parlé dans ma communication de ce matin, postes qui ont
été réservés sur notre insistance dans la
convention collective des enseignants du collégial, pour des
libérations à des fins de recherche. 3e voudrais demander au
directeur général des études collégiales, M.
Jacques Lanoux, si vous y consentez évidemment, de nous fournir quelques
précisions à ce sujet. M. Lanoux a dirigé des
négociations au nom du ministère de l'Enseignement
supérieur dans le secteur collégial. Je pense qu'il serait
très utile qu'il nous fournisse quelques précisions à ce
sujet.
M. Lanoux (Jacques): En ce qui concerne les 150 charges qui
existent dans la convention collective depuis 1982, originellement les 150
devaient être distribuées de la façon suivante: deux
charges pour chacun des centres spécialisés, ce qui nous en
faisait 22. Il devait y en avoir seulement 40 pour le recyclage des enseignants
mis en disponibilité. Cependant, l'effet et l'interprétation des
textes nous ont conduit, lors de la présente année, à
avoir 90 enseignants mis en disponibilité qui étaient en
recyclage et 22 pour les centres spécialisés, ce qui nous a
laissé 38 charges uniquement pour la recherche. L'effet de
l'entrée en vigueur des nouvelles dispositions, des nouvelles
conventions collectives, va faire en sorte que nous reviendrons à la
situation originellement. Il y aura utilisation des 150 de la façon
suivante: 40 toujours reliées au recyclage des enseignants mis en
disponibilité, toujours 22 pour les centres spécialisés.
Cette fois-ci, nous nous sommes assurés qu'il y aurait 88 de ces 150
charqes qui seraient consacrées uniquement à la recherche. Ce
sont les mêmes 150, sauf qu'on a pris des dispositions pour éviter
que la situation que nous avons retrouvée au cours des trois
dernières années se répète. Maintenant, nous
pouvons être assurés qu'il y aura 88 charges qui seront
consacrées à la recherche,
Mme Blackburn: J'aimerais entendre le ministre au sujet des
centres spécialisés. Il y a une évaluation à faire
des activités de ces centres. On va faire le point sur
l'évolution de ce dossier. Cependant, si ma mémoire est
fidèle - et je me rappelle les propos du ministre là-dessus - il
avait été convenu que les centres de recherche avaient, entre
autres missions, celle d'assurer ce qu'on appelle le service à la
collectivité ou les transferts technologiques. Je pense au centre de La
Pocatière, je pense à celui des pêcheries ou à celui
du meuble ou du bois ouvré. Il y a une responsabilité de
transfert technologique et d'aide au milieu. Cela faisait partie de ta mission
des collèges et des centres spécialisés et c'est en
partant de ces critères qu'on acceptait un projet de création de
centres spécialisés. Il y avait différents volets, dont
celui de transfert technologique et d'aide au milieu. Je voudrais savoir du
ministre, au moment où il a autorisé l'ouverture des centres
spécialisés - je pense à la construction de celui des
pêcheries de Gaspé qui est situé à
Grande-Rivière - si, dans les budgets pour les centres
spécialisés, on alloue les ressources budgétaires aux
centres spécialisés pour remplir ce volet de la mission des
centres spécialisés, celle de service à la
collectivité ou de transfert technologique? Ou est-ce que cela reste au
niveau des grandes déclarations d'intention, des voeux pieux?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. Se
ministre.
M. Ryan: Mon expérience des centres
spécialisés a été entreprise en 1983-1984.
Dès cette année-là, le ministre du temps annonçait
la création des six premiers centres spécialisés, soit le
centre situé au céqep Lionel-Groulx en systèmes
ordinés, le centre situé au cégep de La Pocatière
en technoloqie physique, le centre situé au cégep de la
Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine en pêche maritime, le
centre situé au céqep de Victoriavitle en meuhles et bois
ouvré, le centre situé à Saint-Hyacinthe en textile et le
centre spécialisé situé au collèqe privé
LaSalle en mode et vêtements. En 1984, trois centres
spécialisés désignés se retrouvent au cégep
de Lévis-Lauzon, en robotique, au céqep de Jonquière, en
production automatisée, au céqep de la
région de l'Amiante, en technologie minérale. En
1985-1986, trois nouveaux centres spécialisés sont formés:
métallurgie, au cégep de Trais-Rivières, foresterie, au
cégep de Sainte-Foy, bureautique, au cégep Bois-de-Boulogne.
Par conséquent, la très grande majorité de ces
centres spécialisés a été créée sous
le gouvernement précédent. Il avait été convenu que
ces centres étaient créés pour une période
expérimentale de cinq ans au cours de laquelle il serait
procédé à des évaluations de leur performance.
Cette année, les contrats d'évaluation ont
été accordés à une firme spécialisée
pour l'évaluation de six centres, les six premiers qui avaient
été créés en 1983-1984. Le travail est en marche
actuellement, l'évaluation a commencé en février dernier.
Deux étapes ont déjà été franchies: le
dépôt du rapport d'orientation sur l'évaluation des six
premiers centres et le dépôt du rapport sur la méthodologie
des outils de cueillette des données et la définition des
critères. Ces rapports ont été déposés
auprès des collèges concernés, lesquels ont
été invités à soumettre leurs commentaires. Nous
comptons que l'évaluation de ces six premiers centres devrait être
complétée d'ici à la fin de l'été.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Ce n'était pas vraiment là l'objet
de ma question et je vais la reformuler. On sait que l'école des
pêcheries, ou ce qu'on appelle le Centre spécialisé en
pêcheries, a été rasé par les flammes il y a - je ne
sais pas - un an peut-être. Il est reconstruit, comme on te sait. J'ai eu
d'ailleurs l'occasion de visiter les lieux récemment. Cependant, on
m'informait qu'au moment où on a accepté les devis et où
on a alloué les ressources, on n'a rien prévu pour assurer ce
collège qu'il pourrait offrir des services à la
collectivité ou faire ce qu'on appelle du transfert technologique. La
question que je pose au ministre est la suivante: Est-ce que, dans les centres
spécialisés, il reconnaît qu'il y a effectivement un volet
services à la collectivité, transfert technoloqique ou aide au
milieu? Si oui, comment cela se traduit-il dans les enveloppes
budgétaires?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: II avait été bien convenu, quand les
centres spécialisés ont été institués, que
des subventions de base leur seraient accordées pour assurer un
fonctionnement minimal. Une subvention de base de l'ordre de 180 000 $
était accordée à chacun, plus un salaire équivalant
à deux enseignants à temps complet. Maintenant, il avait
été bien entendu que ces centres devaient aller chercher aussi
des revenus dans le secteur privé, en échanqe, en particulier, de
transferts de technologie qu'ils feraient en faveur de l'entreprise.
C'était un des postulats qui ont présidé au lancement de
cette institution. De ce côté, il y a des problèmes
difficiles à résoudre. Je pense que c'est un des aspects qui
donneront lieu à une attention prioritaire au cours de l'exercice
d'évaluation qui est en cours.
Mais il n'est pas question de financer tous ces services. On fabrique
des produits, on met au point des pièces nouvelles pour les entreprises,
par exemple - j'en ai visité plusieurs de ces centres
spécialisés au cours de la dernière année - et on
ne peut quand même pas tout donner gratuitement à l'entreprise. Il
faut que l'entreprise soit capable non seulement de payer pour les services
qu'elle recevra, mais aussi de fournir une contribution. D'ailleurs, il y a des
entreprises qui mettent leurs équipements, parfois plus modernes que
ceux dont nous disposons, à la disposition des professeurs et des
étudiants de ces centres spécialisés pour leur permettre
de se familiariser avec les développements les plus récents de la
technoloqie et c'est très intéressant.
Mme Blackburn: Je voudrais juste dire au ministre qu'au moment
où son rapport sera déposé, on sera plus à
même de voir dans quelle mesure les cégeps sont capables de
s'autofinancer en ces matières. Cependant, laisser jouer les
règles du marché, parler d'autofinancement, je pense que certains
collèges, certains centres spécialisés seront mieux
placés pour le faire. Mais, en parler en Gaspésie lorsqu'il
s'agit des pêcheries, le ministre admettra que c'est un peu
différent que de parler d'un cégep qui est tout à fait en
haute technologie, ou en technologie et physique dans un centre
spécialisé et qui est en rapport avec la grande industrie. C'est
une autre affaire. On va voir là le même
déséquilibre qu'on va voir tantôt dans les
universités par rapport aux incitatifs fiscaux dans les entreprises. On
va voir un développement rapide sur lequel le ministre n'aura rien
à voir par rapport aux orientations dans certaines universités et
un déséquilibre certain entre certaines universités et
certains centres spécialisés, si on veut laisser jouer
exclusivement les rèqles du marché.
Avant de passer à un autre sujet, est-ce que le ministre a
l'intention d'avoir une politique différente selon qu'il s'agisse d'un
centre spécialisé qui peut effectivement avoir recours à
une certaine forme d'autofinancement ou d'un centre en pêcheries qui se
trouve en mauvaise posture
au Québec?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Deux choses à ce sujet-là, M. le
Président. Tout d'abord, nous savons que certains centres
spécialisés vont assez bien au point de vue du financement
extérieur. On me signale que dans le cas de deux centres, on a
déjà réalisé un budget de revenu extérieur
supérieur à 1 000 000 $ par année. C'est très
intéressant pour le fonctionnement de ces centres. On m'informe que
d'autres centres sont en difficulté et s'interrogent même sur leur
raison d'être. Nous allons les suivre de très près et
l'évaluation nous éclairera sur l'opportunité d'en
maintenir ou non l'existence.
Dans le cas du centre spécialisé des pêcheries qui
est situé à Grande-Rivière, je dois justement aller y
faire une visite le 8 juin prochain. Je compte m'informer des conditions
particulières qui existent à ce centre, surtout sous l'angle qu'a
signalé la députée de Chicoutimi, c'est-à-dire sous
l'angle des possibilités de revenus que ce centre pourrait aller
chercher à l'extérieur, auprès des entreprises,
auprès des caisses populaires, des coopératives ou autres formes
d'entité économique dans cette région. Je conviens
volontiers qu'on ne peut pas avoir une norme commune qui s'appliquera d'une
manière littéralement semblable dans tous les centres
spécialisés et c'est l'un des aspects sous lesquels
j'espère que nous obtiendrons des éclaircissements utiles de ces
évaluations qui sont en cours.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Avez-vous
terminé, M. le ministre?
Mme la députée de Chicoutimi.
Nouveaux programmes
Mme Blackburn: J'aimerais aborder la question des nouveaux
programmes. Le ministre nous a fait part ce matin de l'implantation du nouveau
programme en sciences humaines. On sait que les unités vont passer de 24
à 28. Cependant, ce qu'on appelle le bloc institutionnel ne sera pas
uniforme et ne comportera pas pour l'ensemble des préalables
universitaires mathématiques pour faire partie de ce bloc
institutionnel. Sans avoir d'inquiétude, c'était une des
interrogations. J'aimerais, par rapport au programme, parler de la
décision du ministre de ne pas autoriser l'implantation du nouveau
programme en techniques infirmières dans tous les cégeps du
Québec. On sait que c'est presque tous les cégeps du
Québec qui dispensent ce programme et cela aurait coûté
à peu près 1 000 000 $ cette année, ce n'était pas
une somme faramineuse. Selon les informations que nous avons obtenues, on
prétend qu'il s'agit d'un oubli qui aurait été fait au
moment où l'on demandait les crédits au Conseil du trésor.
J'aimerais savoir si c'est exact et, par ailleurs, si ce n'est pas exact,
comment ont pesé dans la balance la décision de ne pas offrir ce
proqramme dans tous les collèqes et la décision d'ouvrir et de
modifier le statut des collèqes privés et d'ouvrir à
l'enseignement privé au Québec. On sait que le ministre a
injecté dans l'enseiqnement privé environ 3 500 000 $, je pense,
cette année, alors qu'il refuse, pour assurer un enseignement de
qualité, l'ouverture du programme cette année en techniques
infirmières. Est-ce un oubli ou une décision, on a choisi entre
deux et on a pris l'autre?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre.
(17 heures)
M. Ryan: II ne faudrait pas mêler les cartes. Les
décisions que nous avons prises concernant l'enseiqnement privé
portait sur l'enseiqnement privé de niveau secondaire. Les
décisions auxquelles fait allusion la députée de
Chicoutimi ne font pas partie du champ de discussion de la commission à
ce moment-ci. La semaine prochaine, lorsque nous examinerons les crédits
du ministère de l'Éducation, les députés pourront
poser toutes les questions qu'ils voudront à ce sujet. Nous aurons des
réponses claires à leur fournir.
Maintenant, j'en viens à la question qui a été
posée. La députée a commencé par parler de la
concentration en sciences humaines. Je pensais que sa question porterait sur ce
sujet très important et je m'apercois qu'elle a qlissé vite. Je
la comprends parce que c'est une affaire qui marche bien. Elle n'a pas
intérêt à nous interroger là-dessus.
Mme Blackburn: Je voudrais dire au ministre que je suis tout
à fait d'accord avec lui, d'autant plus que le premier avis qui a
été donné, a été donné par le Conseil
des collèqes que je présidais alors et que l'essentiel de ta
proposition du ministre reprend la proposition qu'on vous à faite au
Conseil des collèges. Alors je ne peux que saluer et dire bravo.
M. Ryan: On ne vérifie pas la couleur des opinions mais
plutôt la qualité.
Mme Blackburn: Voilà. Merci.
M. Ryan: Quand les opinions sont bonnes quelle qu'en soit la
provenance nous en faisons notre bien parce que cela vise le bien
qénéral. Non, de ce point de vue, je pense qu'on doit le
siqnaler, vu que cela faisait partie au moins du début de la question,
du préambule. Je pense que cette nouvelle concentration que nous
allons
effectuer apportera une amélioration considérable à
tout le régime de la formation collégiale autant dans les
sciences humaines qu'un peu plus tard dans les sciences de la nature.
Éventuellement, j'espère que nous pourrons prendre
également le secteur des arts et lettres et faire des concentrations qui
seront plus fortes également.
Mais pour revenir à la question, nous étions aux prises
avec le problème suivant qui est bien simple. Tout cela se passe
à la période où nous devions discuter de compressions.
Nous sommes à une période où le Conseil du trésor
exige, de chaque ministère, un certain degré de compression.
Alors, nous envisagieons de devoir proposer pour les collèges des
compressions de l'ordre de 5 000 000 $ auxquelles viendrait s'ajouter un niveau
de non-indexation que nous ne connaissions pas encore, à cette
époque, d'ailleurs et une réduction de clientèle dont je
n'étais pas conscient personnellement, à ce moment-là,
parce que j'en ai été saisi après les mouvements
d'inscription qui ont eu lieu dans les trois premiers mois de la
présente année. Alors à ce moment-là, nous avions
une décision à prendre. L'implantation du programme de techniques
en soins infirmiers était mûre. On aurait pu envisager de
l'implanter au mois de septembre. Cela avait tardé un peu mais,
techniquement, il semblait qu'il aurait été encore possible de le
faire si la décision avait été prise vers la fin de
janvier ou le début de février. C'était tard, mais il
aurait été possible techniquement, dans la majorité des
cas je pense, de le réaliser. Mais nous autres, nous savions par les
demandes de compression que nous avions qu'il n'était pas question de
demandes additionnelles de crédits. Alors, il aurait fallu l'inscrire au
chapitre des prélèvements que le ministère effectue,
chaque année, pour les développements pédagogiques
nouveaux. Déjà là, nous avons des
prélèvements de l'ordre de 3 900 000 $ je pense. L'implantation
du programme de techniques en soins infirmiers eût coûté non
pas 1 000 000 $ comme le signalait tantôt la députée de
Chicoutimi, mais environ 2 500 000 $.
Mme Blackburn: La première année.
M. Ryan: 2 500 000 $. Il fallait penser aux coûts fixes, au
bout d'un an ou deux, cela aurait été 2 500 000 $ et nous devions
penser dans ce3 termes-là; quant à moi, je n'avais pas
l'autorité pour le faire à ce moment-là. Je me suis dit:
on va réserver cet effort pour l'année 1987-1988, on va informer
les collèges, dès maintenant, que cette chose se fera en
1987-1988, à compter de septembre, et cette décision a pour bon
côté de permettre aux collèges de mieux se préparer
à l'implantation du programme en septembre 1988, ce qui n'aurait pas
été le cas de tous les collèges si le proqramme avait
été l'objet d'une implantation universelle, dès le mois de
septembre de cette année. Par conséquent, il y a des
inconvénients que nous déplorons. Je les regrette pour les
nombreux collèges qui auraient été prêts à
fonctionner dès septembre de cette année. Mais je crois qu'avec
l'assurance que nous avons donnée aux collèqes que le programme
sera implanté en septembre 1988, tout le monde peut se préparer
sérieusement et que nous pourrons implanter ce programme, pour une fois,
dans des conditions de préparation, de maturation qui auront
été encore meilleures. Mais il ne faut pas oublier, nous avions
pensé de l'implanter, en septembre 1987, sous une forme quelque peu
réduite. Mais le volume plus élevé de stages et de travaux
pratiques qui eussent été demandés aux étudiants
aurait été réduit. On nous avait dit qu'il ne fallait pas
toucher à cela. Alors le choix se posait, soit un proqramme
réduit, applicable tout de suite en septembre 1987, de l'ordre de 1 000
000 $, soit un programme complet comme celui qui a fait l'objet d'une
expérimentation au cours des dernières années avec un
coût plus élevé et une application différée
d'un an.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Je rappelle aux membres de la commission que normalement le temps
devrait être réparti à part égale pour les deux
sujets que nous avions à discuter cet après-midi. Nous sommes
encore au programme 5 et il nous reste à peine, même pas 50
minutes pour le proqramme 3, Aide financière aux étudiants.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur le proqramme 5?
Mme Blackburn: M. le Président, si vous permettez, on a
dit qu'on verrait les deux programmes cet après-midi, mais je pense que
d'évidence on ne peut pas consacrer le même temps à une
question qui touche l'ensemble des collèqes et une autre qui touche
l'aide aux étudiants. Alors, je pense bien que, dans l'esprit du
ministre aussi, il n'était pas prévu qu'on partagerait
nécessairement également entre les collèqes et l'aide
financière aux étudiants.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Non, je veux
seulement vous avertir où on en est rendu dans le temps. C'est à
vous de juger après cela quelle importance vous donnez à tel ou
tel autre programme.
Mme Blackburn: Je vous remercie. Je voudrais juste faire une
petite correction par rapport aux propos qu'a tenus le ministre. Le programme
est en expérimentation depuis 1981. Le programme expérimental en
techniques infirmières est en cours
d'élaboration depuis 1981, cela fait six ans.
Alors, je pense que d'invoquer le fait que les collèges
n'étaient pas prêts, c'est un peu gros et le ministre
reconnaîtra avec moi...
M. Ryan: Excusez, juste une petite précision, le programme
n'était pas en expérimentation partout, il était en
expérimentation dans trois collèges.
Mme Blackburn: Oui, je le sais.
M. Ryan: Nous reconnaissons le bien-fondé du programme,
mais cela ne veut pas dire que tous les collèges étaient
prêts à l'implanter aussi vite et surtout, étant
donné le retard qui était survenu.
Mme Blackburn: Alors, j'aimerais, si vous me le permettez, M. le
Président, parler brièvement de la décentralisation des
enseignements. Je poserais une question...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Avant de passer
à une autre question, je ne sais pas là, il y a un autre membre
de votre formation politique qui a demandé la parole. Alors, vous
êtes d'accord?
Une voix: Oui. Je lui ai dit.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Le ministre nous a parlé souvent de
l'accessibilité eu égard à l'expérience des
sous-centres et il nous dit qu'il entend compléter, au préalable,
l'opération d'évaluation instituée à la fin de 1985
- cela fait déjà un an et demi, si je sais compter - pour voir
s'il pourra poursuivre l'expérience. Je voudrais lui demander, comme il
fait état des travaux en cours actuellement dans la région de
l'Abitibi-Témiscamingue, s'il entend donner suite à une demande
qui venait de la région du grand comté de Bonaventure, le
comté du ministre des Finances. On demandait un sous-centre aux
alentours de Bonaventure, de New Richmond. Alors, a-t-il l'intention de
déconcentrer les enseignements dans cette région, parce qu'il y a
un niveau de passaqe relativement bas, dans cette région, de
l'enseignement secondaire au collégial?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Tout d'abord, je serais prêt à convenir
avec la députée de Chicoutimi que le processus
d'évaluation dans le cas des sous-centres régionaux devrait
être accéléré dans toute la mesure du passible. Ce
processus est engagé depuis déjà, l'a rappelé avec
pertinence la députée de Chicoutimi, l'automne 1985. Un vieux
proverbe américain que je ne citerai pas ici, parce que j'aurais peur de
passer pour vulgaire, dit qu'il faut vraiment livrer la marchandise - je le
dirai en privé à ceux que cela intéresse...
Une voix: Au pape!
M. Ryan: Non, cela ne serait pas digne de lui. Mais blague
à part, je pense que le processus doit être complété
au cours de la présente année. Nous insistons beaucoup et nous
avons besoin des résultats de cette évaluation pour prendre des
décisions dans un certain nombre de cas qui attendent depuis
déjà plusieurs années.
Dans le cas, en particulier, de Bonaventure dont a parlé la
députée de Chicoutimi, il y a plusieurs années que le
député de Bonaventure me saisit des attentes des citoyens de sa
région, laquelle est très étendue qéographiquement,
voulant qu'ils se voient donner la chance d'avoir accès à des
programmes de formation collégiale dans des conditions meilleures
qu'actuellement.
J'avais fait comprendre au député de Bonaventure, quand
nous étions dans l'Opposition, qu'il fallait attendre le résultat
des évaluations en cours pour que des décisions puissent
être prises dans ce cas-ci et je pense que nous sommes encore à
lui offrir la même réponse. Je dois lui rendre hommage de sa
compréhension exemplaire de ce point de vue. Je serai beaucoup plus
à l'aise avec lui lorsque je serai en mesure de lui donner une
réponse que je souhaite favorable. Nous ne prendrons pas cette
décision avant d'avoir reçu les indications que nous
attendons.
Déjà, nous avons dû prendre une décision dans
le cas de l'Abitibi-Témiscaminque. C'est un cas extrêmement
intéressant, difficile en même temps, au sujet duquel, je pense
que nous avons pris des décisions judicieuses qui nous ont valu des
remerciements du député d'Abitibi-Ouest, qui est un
député de l'Opposition, ainsi que des députés
libéraux de la même réqion. Ce n'est pas peu dire que
d'arriver à une solution qui nous vaille de semblables
réactions.
Comme vous le savez, il y a un collège en
Abitibi-Témiscaminque qui a son centre à Rouyn-Noranda, qui
dispose d'un sous-centre d'enseignement régional à Amos dont les
services provoquent des plaintes nombreuses en provenance des citoyens de la
région de Val-d'Or et aussi en provenance des citoyens de la
réqion de La Sarre. La solution que nous leur avons communiquée
à l'occasion du dernier sommet socio-économique tenu les 9, 10 et
11 avril 1987 se résume dans les éléments suivants: Tout
d'abord, il y aura un seul collège dans la région
d'Abitibi-Témiscamingue et non pas deux ou trois. Deuxièmement,
le mandat a été donné au
collège de l'Abitibi-Témiscamingue d'assurer des services
d'enseignement collégial dans la région de Val-d'Or dans les
meilleurs délais et mandat plus précis lui a été
donné de me soumettre, dans un avenir rapproché, un devis
pédagogique indiquant en quoi consisteront ces cours qui seront
offerts»
Il me fait plaisir d'indiquer à cette Assemblée, en
primeur, que j'ai reçu hier une première version de ce devis
pédagogique auquel les autorités du collège ont
travaillé depuis le sommet socio-économique et s'il n'en
dépendait que des autorités du collège de Rouyn-Noranda,
je pense que nous pourrions inaugurer des cours de formation collégiale
à Val-d'Or dès le mois de septembre de cette année.
Je veux remercier publiquement la direction du collège de
l'Abitibi-Témiscamingue, ayant son siège social à
Rouyn-Noranda, de la diligence exemplaire avec laquelle elle a accueilli le
mandat qui lui avait été confié. Je pense que nous
maintiendrons également le sous-centre situé à Amos
à moins d'indications tout à fait contraires en provenance de
l'exercice d'évaluation qui est en cours. Nous avons également
demandé au collège de l'Abitibi-Témiscamingue d'assurer
que des services d'éducation aux adultes seront disponibles pour les
citoyens de la région de La Sarre, dans un avenir rapproché.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre.
M. Ryan: L'exercice d'évaluation se poursuit, mais il y a
aussi les indications de l'évidence. En politique, nous apprenons vite
à ne pas résister trop longtemps aux indications de
l'évidence.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Je reconnais maintenant le député de Laviolette qui est
vice-président de la commission de l'éducation. M. le
député.
M. Jolivet: Merci, M. le Président. Comme le ministre est
dans de très bonnes conditions cet après-midi et qu'il voudrait
certainement avoir de ma part des félicitations, j'aimerais lui rappeler
qu'en même temps que le ministre responsable des Finances faisait des
demandes à l'époque où il était dans l'Opposition,
j'en faisais alors que j'étais au pouvoir dans notre gouvernement pour
La Tuque. M. Ferrier, qui est dans la salle ici, sait de quoi je parle, du
travail que nou3 avions fait à l'époque. Le cégep de
Shawinigan avait voulu offrir des choses, mais dans le contexte où il le
faisait à partir de ses propres avoirs, il devenait difficile de pousser
plus loin le dossier de La Tuque.
La réponse que j'avais à l'époque était:
Nous attendons l'évaluation à Amos, Mont-Laurier,
Chibougamau et aux Îles-de-la-Madeleine, les quatre qui étaient
là, avant d'agir de quelque façon que ce soit pour le reste. Or,
comme le ministre nous annonce que, lors d'un sommet socio-économique en
Abitibi-Témiscaminque, il a ouvert les valves dans les secteurs de
Val-d'Or et de La Sarre alors que Amos était déjà en
expérimentation, je reviens avec la demande initiale du secteur de la
Haute-Mauricie à savoir ce qu'il advient de la demande. Est-ce que le
ministre a l'intention de me donner la même réponse positive qu'il
a l'intention de donner au ministre des Finances pour un secteur qui, à
mon avis, a besoin de cours au niveau collégial pour permettre des
coûts moindres à l'ensemble de la population qui doit se
déplacer? (17 h 15)
Parce qu'un élève qui part de La Tuque et qui s'installe
pour trois ans, cinq ans, six ans dans certains cas, il va aller s'installer
dans un secteur où se trouve un centre universitaire, Montréal,
Québec, Trois-Rivières, Chicoutimi. Il ne s'adressera pas
à un secteur mitoyen, comme Shawiniqan, parce que tant qu'à
prendre un appartement, il va le prendre avec une espérance de pouvoir
l'utiliser pour les années où il devra suivre à la fois
son cours de cégep et son cours universitaire.
Or, au nom de la population de La Tuque, comme je suis revenu sur
d'autres dossiers, que ce soit pour le pétrole, le gaz, que ce soit pour
les prêts et bourses, je reviens dans un secteur qu'on oublie toujours,
celui de la Haute-Mauricie. Pourquoi aujourd'hui n'annoncez-vous pas justement
dans votre discours, qu'au même titre que dans le cas de Bonaventure, il
y aura un examen attentif et une réponse positive sera donnée, on
l'espère, encore une fois?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre
M. Ryan: M. le Président, pour être très
bref, je voudrais rappeler que dans le cas de la demande de Bonaventure, j'ai
dit: J'espère donner une réponse favorable. Je n'ai pas dit que
j'avais l'intention de donner une réponse favorable. Je ne le sais pas
pour l'instant. Alors, je donne la même réponse à la
demande du député de Saint-Maurice: J'espère que nous
serons en mesure de lui fournir une réponse favorable à une
demande qui m'apparaît très sérieuse et digne d'une
étude attentive.
M. Jolivet: Cela va un peu mal pour moi, M. le Président.
En fin de semaine, sous une photo parue dans le journal Le Nouvelliste, lundi,
on m'appelait le député de Champlain. Cet après-midi, on
m'appelle le député de Saint-Maurice. Je comprends
très
bien que je suis le député de Laviolette, mais...
Mme Blackburn: Très polyvalent.
M. Jolivet; ...il est évident que j'ai une très
vaste région à couvrir. Mais je suis...
M. Ryan: Je voudrais aussi...
M. Jolivet: ...heureux de la réponse du ministre. Est-ce
que cela implique que les gens de la Haute-Mauricie doivent demander à
nouveau ou si on doit se fier sur les demandes, déjà
faites au ministère, pour lesquelles on attend des réponses?
M. Ryan: M. le Président, tout d'abord, je m'excuse de
l'erreur que j'ai faite, une erreur facilement pardonnable, parce que
Saint-Maurice embrasse toute la région et cela confirme un peu la
paternité que le député exerce sur l'ensemble de la
région du point de vue de son parti évidemment.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Ryan: Je n'ai pas reçu de mandat de son chef pour dire
cela cependant.
Nous avons le dossier. Dans la mesure où la demande est
sérieuse, elle aura sûrement été rafraîchie
par des données nouvelles depuis que le dossier a été
soumis au ministère. Par conséquent, si le député
et les leaders de la région veulent m'en donner une version
rafraîchie, cela me permettra d'en prendre connaissance avec attention.
Le député peut être assuré que nous l'avons en bonne
place et que cela figure dans la liste des demandes qu'on a rappelées
à mon attention à l'occasion de la préparation des
crédits.
Je voudrais ajouter juste un point sur les sous-centres, M. le
Président. On m'a remis un rapport sommaire suite à l'exercice
d'évaluation qui se poursuit, d'où se dégagent
déjà certaines règles d'orientation qui pourront guider
les choix que nous aurons à faire dans l'avenir. Mais, c'est encore
très préliminaire. Je pourrais en donner connaissance à
une autre occasion. Je ne voudrais pas brûler les étapes
maintenant, parce que c'est tout à fait préliminaire. Je peux
indiquer qu'on tiendra compte de facteurs objectifs, par exemple, au point de
vue du bassin de population, c'est très important, au point de vue des
taux de passage du secondaire au collégial dans la région
concernée, au point de vue de ta situation économico-sociale des
familles, des frais encourus pour l'implantation d'un enseignement
collégial dans la région ou le transport d'élèves
de niveau collégial de cette région vers une autre. Tous ces
facteurs seront considérés. Je veux vous dire qu'ils l'ont
été à l'occasion de l'examen que nous avons fait du
problème du nord-ouest québécois.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Est-ce qu'il y a d'autres interventions au programme 5?
Mme Blackburn: Oui, une dernière.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Ce serait plus dans l'ordre d'un commentaire. Pour
expliquer sa décision dans le cas du campus de Val-d'Or, le ministre
dit: Dans cette région, il n'y aura qu'un collège avec des
campus. J'ai compris qu'il voulait répondre à ceux qui auraient
voulu un collèqe autonome dans la région de Val-d'Or- Comment le
ministre qui a certainement ses raisons - est-ce qu'il y a un collège
là - reconnaît dans la région de l'Outaouais un statut de
collèqe autonome -c'est ce qu'on dit, cela s'en vient - pour le campus
Héritage? Comment justifie-t-il cette décision alors qu'il refuse
ds prendre la même décision dans la région de Val-d'Or?
Est-ce qu'il y aurait deux poids, deux mesures, c'est-à-dire qu'on ne
les traite pas de la même façon lorsque c'est anglophone et
lorsque c'est francophone?
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Ryan: La raison est bien simple.
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît!
M. Ryan: M. le Président, la raison est bien simple.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît! À l'ordre, s'il vous plaît! M. le ministre.
M. Ryan: Si la députée de Chicoutimi connaissait
seulement toutes les belles choses qui sont dans le programme du Parti
libéral du Québec, elle saurait qu'en matière de services
sociaux et de services d'éducation, nous reconnaissons le droit de la
communauté de langue anglaise à des services distincts dans sa
langue, à des services sur lesquels elle a également une
responsabilité véritable qui ne lui sera pas seulement
donnée du bout de la cuillère. Ou côté de
l'Outaouais, on nous a fait part que la situation faite au campus
Héritage ne répond pas aux attentes de cette communauté en
ce qui touche la prise en charge de ces institutions en matière
d'enseignement et c'est une requête à laquelle nous sommes
sensibles. Nous n'avons pas encore rendu notre décision dans
ce cas, contrairement à ce que laissait entendre l'intervention
de la députée de Chicoutimi, mais nous examinons la requête
qui nous a été soumise avec beaucoup d'intérêt.
Mme Blackbum: J'ai une dernière questions ce sera bref.
Est-ce que le ministre peut nous donner le nom de la firme qui a
été embauchée pour faire l'évaluation des centres
spécialisés?
M. Ryan: La firme Cégir.
Mme Blackburn; Cégir?
M. Ryan: Oui.
Mme Blackburn: Bien. Je vous remercie.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci.
M. Ryan: Je ne connais pas trop les noms de ces firmes, pour
être franc.
Une voix: CGO.
Mme Blackburn: C'est Cégir?
M, Ryan: CG...
Une voix: CGO.
M, Ryan: CGO. Ce n'est pas tout à fait la même
chose. Excusez-moi...
Mme Blackburn: Non, parce que c'est...
M. Ryan: ...je vous avais induite en erreur.
Mme Blackbum: Est-ce qu'on pourrait avoir le détail, le
nom du propriétaire, le nom des employés, qui est responsable de
l'évaluation, des données là-dessus et le coût de
cette opération? Cela va?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Cela va?
Mme Blackburn: Si le ministre répond oui, j'aurais
terminé. Si le ministre répond oui...
M. Ryan: On m'informe...
Mme Blackburn: J'aurais terminé.
M. Ryan: M. le sous-ministre m'informe qu'on pourra même
vous fournir une copie du contrat.
Mme Blackbum: Parfait!
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Est-ce que le programme 5 du ministère de l'Enseignement
supérieur et de la Science est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Adopté.
Aide financière aux étudiants
J'appelle le programme 3, Aide financière aux étudiants.
Il y a trois éléments dans ce programme: bourses
consécutives aux prêts, intérêts et remboursements
aux banques, et autres bourses.
M. Ryan: M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Je voudrais faire l'intervention à laquelle j'ai
droit d'après notre règlement.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous
écoute, M. le ministre.
M. Ryan: Le régime d'aide financière aux
étudiants québécois de niveau postsecondaire est, de
l'avis de tous les observateurs, le plus généreux du Canada. En
1987-1988, le gouvernement entend maintenir tous les éléments
essentiels de ce régime. Au livre des crédits, les sommes
requises pour le fonctionnement du régime seront de 275 000 000 $ en
1987-1988, comparativement à 286 000 000 $ en 1986-1987. Il y a
là une diminution. Cette diminution s'explique par une baisse notable
survenue en 1986-1987 dans le nombre de demandes d'aide financière que
nous avons reçues au ministère.
Selon les données disponibles à la fin du dernier
exercice, le nombre de bourses que le ministère prévoyait
attribuer en 1986-1987 s'établissait à environ 75 000, soit
quelque 11 300 de moins que la prévision faite à ce chapitre
à l'occasion des crédits de 1986-1987. On avait prévu des
déboursés de 211 300 000 $. Les dépenses probables seront,
à la fin de l'exercice... J'avais indiqué 196 000 000 $,
c'était au moment où nous avons préparé les
crédits, mais ce sera un peu moins que cela dans la
réalité quand nous aurons tous les chiffres.
Selon nos renseignements, cette diminution est principalement
attribuable... Je m'excuse, j'avais une copie qui a été l'objet
de quelques retouches à l'heure du midi et je voulais voir la toute
dernière copie parce que je constatais que cela n'allait pas tout
à fait dans la bonne direction. Il est question de détails,
évidemment, soyez sans inquiétude. Selon nos
renseignements, cette diminution dans le nombre des bourses est
principalement attribuable à l'amélioration
générale des conditions économiques. La prévision
de 275 000 000 $ pour 1987-1988 a été établie à
partir des paramètres suivants: Absence de compressions
budgétaires, augmentation de 5,0 % du nombre des boursiers, augmentation
de 5,0 % du montant moyen de la bourse suivant une indexation de 3,3 % et un
facteur d'alourdissement de 1,7 %. Nous avons, en outre, pris en compte l'effet
de la hausse du salaire minimum et de l'instauration d'une exemption fiscale
pour les étudiants de niveau postsecondaire. Ces deux derniers facteurs
pourraient réduire de quelque 7 % le volume des bourses pour 1987-1988,
À la suite de l'abandon du projet Girafe-2000, la direction
générale de l'aide financière aux étudiants avait
dû en 1985-1986 émettre l'aide financière aux
étudiants par le biais d'un processus exceptionnel. Il en découla
bon nombre d'inexactitudes dans les montants de l'aide financière
attribuée aux étudiants. Devant ces faits, le Vérificateur
général présenta dans son rapport annuel des
recommandations visant à assurer une meilleure analyse du processus
administratif. Il me fait plaisir d'indiquer que plusieurs mesures ont
été prises en 1986-1987 afin d'assurer la qualité du
traitement des demandes d'aide financière en provenance des
étudiants. Ces améliorations nous ont valu l'observation suivante
du Contrôleur des finances dans son dernier rapport préliminaire:
"Aux termes de notre vérification, nous sommes d'avis que le
système tel qu'il a fonctionné en 1986-1987 assure pour une
majorité des bénéficiaires que l'aide a été
octroyée conformément aux lois, règlements et normes en
vigueur." Le sous-ministre adjoint qui est à ma droite m'informe que ce
dernier rapport préliminaire remonte à ces jours derniers.
La production de la Direction générale de l'aide
financière aux étudiants n'a pas souffert en 1986-1987 des
circonstances exceptionnelles dans lesquelles elle a fonctionné. Si l'on
compare les données de 1986-1987 à celles de 1984-1985 en date du
29 août pour chacune des deux années, on obtient pour 1986-1987 un
total de 66 595 prêts émis sur 138 652 demandes reçues et
pour 1984-1985 un total de 62 813 prêts émis sur 126 278 demandes
reçues. Pour ce qui est des bourses calculées en date du 30
janvier, pour chacune des deux mêmes années, on constate que 68
333 bourses avaient été calculées en 1986-1987 contre
seulement 59 487 en 1984-1985. Au cours de l'année 1986-1987, plusieurs
associations étudiantes ont manifesté leur inquiétude au
sujet de la possibilité d'une augmentation des frais de scolarité
et de la possibilité de modifications substantielles au régime
d'aide financière. En ce qui touche les craintes relatives à la
hausse des frais de scolarité, le premier ministre en a disposé
dans une déclaration célèbre qu'il a faite à la
Chambre, au cours de la dernière session. Les services du
ministère et mon cabinet ont rencontré, à plusieurs
reprises, les représentants des associations étudiantes au sujet
du régime d'aide financière. Grâce aux discussions qu'ont
permises ces rencontres, nous avons décélé certaines
faiblesses du régime touchant diverses clientèles
étudiantes. Nous les avons décélées avec plus de
précision car, en toute vérité, elles nous étaient
déjà connues pour la plupart. Nous avons pu également
identifier plus nettement les revendications des groupes étudiants ainsi
que les implications financières de ces revendications. Ces rencontres
nous ont permis d'amorcer une réflexion sur les orientations
fondamentales du régime financier. Le Parti libéral du
Québec s'était engagé, lors de la dernière campagne
électorale, à faire en sorte que les étudiants des
collèges et universités en provenance des régions
éloignées puissent bénéficier d'une aide
financière accrue. En conformité avec cet engagement, nous avons
mis sur pied un programme d'aide supplémentaire pouvant atteindre 400 %
sous forme de prêt ou de bourse à l'intention des étudiants
dépendants et non-résidents dont les parents proviennent de
régions éloignées. (17 h 30)
Le nouveau programme a déjà permis à plus de 10 000
étudiants des régions du Bas-Saint-Laurent, de la Gaspésie
et de la Côte-Nord, du Saguenay-Lac-Saint-Jean et de
l'Abitibi-Témiscaminque, qui doivent quitter leur domicile pour
poursuivre des études postsecondaires, de toucher une aide additionnelle
en 1986-1987. Pour 7000 de ces étudiants, l'aide additionnelle aura
été touchée sous forme de bourse. Je suis heureux
d'annoncer que nous serons en mesure d'étendre, à compter de
septembre prochain, les avantages de ce proqramme aux étudiants de la
MRC de Pontiac, de la MRC de la vallée de la Gatineau, de la MRC
Antome-Labelle et de la MRC du Haut-Saint-Maurice. Les discussions que nous
avons poursuivies en 1986-1987 avec les associations étudiantes nous ont
permis de cerner quelques objectifs auxquels le régime d'aide
financière devrait pouvoir répondre de manière plus
satisfaisante. Le régime doit pouvoir s'adapter le mieux possible aux
situations diversifiées que vivent les étudiants, tout en
conservant - le minimum d'objectivité sans lequel, le régime -
non pas les étudiants - sombrerait vite dans la confusion. Le
régime actuel ne permet, malheureusement, aucune souplesse dans
plusieurs cas qui se révèlent souvent pathétiques. Le
député d'Arthabaska se souviendra d'un cas
particulièrement dramatique dont nous étions saisis et que
nous avons dû régler par d'autres voies. Il y a eu un
certain nombre de ces cas au cours de la dernière année. Il
faudra mettre au point un mécanisme qui permettra une intervention
utile, dans certains cas requérant de toute évidence une solution
exceptionnelle, mais qu'on ne saurait renvoyer purement et simplement aux
oubliettes parce qu'ils ne répondent pas aux normes établies. Le
régime d'aide financière doit assurer que les demandes en
provenance des étudiants seront traitées avec
équité et doit aussi permettre à l'étudiant de
compter recevoir, dans un délai raisonnable, l'aide financière
à laquelle il a droit.
Ainsi que l'indique une étude récente du Bureau de la
statistique du Québec, les sommes attribuées, sous l'empire du
régime au titre de dépenses admises, sont supérieures aux
dépenses encourues par l'ensemble de la clientèle
étudiante. Ce n'est pas un facteur négligeable. Pour bon nombre
de bénéficiaires, le régime pourvoit efficacement à
leurs besoins financiers. II existe, par contre, des catégories
d'étudiants qui éprouvent des difficultés
financières auxquelles le régime n'apporte pas une solution
satisfaisante. Il faudrait étudier attentivement les nombreuses
situations dont nous avons été saisis à cet égard.
Nous visons, en outre, la transparence. Nous désirons permettre à
l'étudiant de mieux se situer et de mieux comprendre le régime.
Cela exigera une simplification dans le fonctionnement et les règles du
régime. Il importe aussi de pouvoir fournir à l'étudiant
les éléments qui lui permettront de mieux gérer son budget
et d'établir avec précision l'aide à laquelle il a droit.
Certaines améliorations ont déjà été
apportées au régime d'aide financière dans ce sens.
Dès l'année 1987-1988, les étudiants pourront
bénéficier d'un guide de calcul qui leur permettra
d'établir, eux-mêmes, l'aide à laquelle ils auront droit
sujet, évidemment, à une vérification de la part du
ministère. Une fois que l'aide qui leur sera attribuée aura
été calculée, les étudiants recevront une fiche
leur expliquant, de manière détaillée, le calcul de cette
aide. Ils pourront aisément comparer leur propre évaluation de
l'aide à laquelle ils ont droit au calcul effectué par la
direction. La direction a de même modifié les avis informatiques
envoyés à l'étudiant lors d'une demande de renseignements
supplémentaires de manière que l'étudiant puisse
décrire avec plus d'exactitude les pièces manquant à son
dossier.
Les associations étudiantes nous ont fait part de certaines
situations auxquelles elles auraient souhaité que des solutions rapides
fussent apportées. Nous sommes disposés à examiner la
possibilité de mesures particulières visant à
régler des situations précises. Mais il est difficile d'envisager
de telles modifications alors que nous sommes à revoir la structure
même du régime. Toute modification particulière au
régime doit être analysée à la fois en fonction des
problèmes immédiats que nous désirons résoudre et
dans la perspective de l'équilibre général du
régime,de façon que la cohésion et l'équité
du système soient préservées. Le réqime a trop
souvent évolué dans le passé par l'addition successive de
solutions ponctuelles qui venaient s'ajouter les unes aux autres,, en
réponse à des cas particuliers, mais qui rendaient de plus en
plus problématique la cohésion du réqime,. Nous
désirons rationaliser le régime et revoir les règles
d'équité qui le gouvernent. En plus de ces redressements de
perspectives, il faudra effectuer un recalibrage des barèmes qui
président au calcul de l'aide financière. Ce recalibrage est un
processus complexe et délicat. L'évaluation des barêmes
doit être faite avec précision car la modification d'un
barème peut avoir des conséquences importantes pour des milliers
d'étudiants. En outre, une mince variation dans un barème peut
engendrer une variation substantielle dans le montant de l'aide
attribuée à l'étudiant. Le recalibrage envisagé ne
pourra produire les résultats attendus que si les barèmes
correspondent à des réalités mesurables et
vérifiables.
Pour mener à bien cette entreprise de révision, nous
prévoyons avoir besoin d'une période de deux années de
recherche, de mise au point et de consultations. Au terme de cette
période, nous comptons être en mesure de proposer un réqime
qui aura été au préalable soumis à la consultation
des milieux intéressés et au premier chef, cela va de soi, aux
milieux étudiants et à leurs associations qui sont les plus
immédiatement concernés par cette réforme.
Au cours de l'année 1987-1988, je souhaite apporter au
règlement une modification en ce qui touche en particulier le statut
d'étudiant autonome. À l'intention de l'étudiante
enceinte, après la vingtième année de la qrossesse...
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Ryan: ...avec reconnaissance d'un budqet semblable... La
vingtième semaine. Ha! Ha! Ha!
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Mme Blackburn: ...ça prend du temps à enfanter.
M. Ryan: M. le Président, c'est l'inconvénient
quand on veut lire trop vite afin de laisser du temps pour les questions de
l'Opposition. Je m'excuse de cette grossière...
Mme Blackburn: La lenteur du ministre
à enfanter.
M. Ryan: Pardon?
Mme Blackburn: Cela illustre la lenteur du ministre
à enfanter.
M. Ryan: Mais dans mon cas, cela a bien été.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Mme Blackburn: Vous avez déjà enfanté. Cela
m'étonnerait.
M. Ryan: Au cours de l'année 1987-1988, nous apporterons
cette modification au statut de l'étudiante enceinte après la
vingtième semaine de la grossesse avec reconnaissance d'un budget
semblable à celui qui est reconnu pour un enfant d'âge
préscolaire. Par conséquent, de ce côté-ci, il y
aura une amélioration dès l'année 1987-1988.
Deuxièmement, nous nous pencherons également au cours de
l'année sur la situation des fils et filles d'agriculteurs qui se voient
privés d'aide financière en raison des actifs importants de leurs
parents. Nous savons tous qu'un agriculteur peut avoir des actifs de 300 000 $
où 400 000 $ tout en n'ayant pas beaucoup de liquidité. Il est
obligé d'investir beaucoup. 11 doit faire face à des charges
considérables et, selon les barêmes auxquels nous
obéissons, il est considéré comme riche et ses enfants
comme n'ayant pas droit à l'aide financière. Alors, nous comptons
examiner cette situation et apporter des correctifs pour plusieurs cas qui
justifieraient, de toute évidence, l'octroi d'une aide
financière.
Le cas des étudiants gravement handicapés fera
également l'objet d'une attention toute spéciale au cours de la
prochaine année. Nous envisageons d'élargir la couverture
présentement accordée à leurs besoins. Nous sommes aussi
sensibles aux problèmes des étudiants chercheurs de
deuxième et troisième cycle qui nous ont fait part, surtout
à l'occasion de la commission parlementaire sur le financement des
universités, des difficultés que leur cause l'agencement
insatisfaisant entre le régime d'aide financière et les
programmes de bourses du Fonds FCAR. Nous chercherons au cours de la
prochaine année les moyens d'assurer un arrimage mieux accordé
aux besoins de cette catégorie très importante
d'étudiants.
Les étudiants à temps partiel n'ont pas accès dans
les conditions actuelles au régime d'aide financière. Nous
projetons, comme nous nous étions engagés à le faire lors
de la campagne électorale, de leur permettre l'accès à un
régime de prêts sans intérêt comme il en existe dans
plusieurs provinces canadiennes.
Dans le cadre du nouveau régime de formation professionnelle du
niveau secondaire, nous améliorerons à compter de 1987-1988
l'aide à la pension à l'intention des étudiants qui
doivent étudier en dehors de leur lieu de résidence. À
long terme, nous visons aussi à ce que les étudiants en formation
professionnelle du niveau secondaire puissent bénéficier en
matière d'aide financière d'un traitement comparable à
celui qui est accordé aux étudiants en formation professionnelle
du niveau collégial. Dans les conditions actuelles, les options offertes
au niveau secondaire en formation professionnelle sont souvent
dévaluées aux yeux de l'étudiant par l'absence
d'accès à l'aide financière. Cette situation incite
plusieurs étudiants à s'inscrire à des études de
niveau collégial plutôt qu'à des études
professionnelles de niveau secondaire alors que ces dernières, dans
plusieurs cas, correspondraient parfois mieux à leurs aptitudes et aux
besoins réels du marché du travail.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. M. le député de Laviolette.
M. Jolivet: Oui, très rapidement, M. le Président,
je suis très heureux de l'annonce que le ministre fait, aujourd'hui, de
l'aide additionnelle de 400 $ maximum en prêts ou bourses pour la
région de la Haute-Mauricie. Je dois dire que nous avions fait plusieurs
représentations puisque cela avait déjà été
accordé à d'autres réqions au Québec et, encore une
fois, des régions comme la Haute-Mauricie sont souvent
oubliées.
Donc, au nom de la population, je dis merci au ministre en rappelant,
toutefois à tous ceux qui l'accompagnent, à tous ceux qui sont
dans d'autres ministères, que la Haute-Mauricie est vraiment une
réqion éloignée et qu'on devrait, désormais, ne
plus jamais l'oublier dans les décisions que prend le gouvernement.
Une dernière chose que j'aimerais demander au ministre, c'est...
le communiqué de presse indique: "auront droit à une aide
additionnelle de 400 $, le 10 septembre prochain". Quand on lit cela comme tel,
et là je fais allusion à des lettres que j'ai reçues de
gens qui ne sont pas nécessairement de ma région mais qui
m'avaient écrit pensant que j'avais affaire à ce dossier, on peut
comprendre, c'est du moins ce qu'ils croyaient, que les 400 $ étaient
distribués "at large", autrement dit, aussitôt qu'ils
étaient admissibles aux prêts et bourses, ils avaient 400 $ de
plus, peu importent les critères. J'aimerais, tout simplement, pour
informer ces gens, que le ministre leur précise, par
l'intermédiaire des galées de cette réunion, que
effectivement les 400 %, malheureusement, ne constituent pas une aide
inconditionnelle, sans aucun critère de base mais que ces 400 $
ne s'ajoutent que s'ils sont admissibles, d'abord, au maximum du prêt
avant d'être admissibles ensuite à la bourse, selon les
critères habituels stipulés au régime de prêts et
bourses.
M. Ryan: Je suis content de la question du député
de Laviolette que je remercie d'être intervenu auprès de moi
à plusieurs reprises pour obtenir que ce régime soit applicable
aux étudiants de sa région. Je suis très heureux de ces
interventions qui m'ont permis d'apporter, également, une solution aux
problèmes des étudiants de trois autres MRC qui sont
également en régions éloignées.
Je pense qu'avec les additions que nous faisons à ce programme,
nous couvrirons de manière équitable l'ensemble des
régions qui peuvent raisonnablement être considérées
comme éloignées sans que cela n'enlève quoi que ce soit
à la richesse humaine de leur population et aux droits de ces
populations.
En réponse à la question que me posait le
député de Laviolette, je voudrais préciser que ce montant
de 400 $ est calculé après qu'on a établi le montant des
dépenses admises pour la détermination du type et du niveau
d'aide financière à laquelle l'étudiant a droit. Là
nous ajoutons ce montant de 400 $, comme dépenses admises, pour les
étudiants en provenance des régions éloignées et
cette addition se traduit ensuite dans le montant de l'aide à laquelle
ils ont droit. Ce montant se traduira par une addition soit au chapitre de la
bourse, soit au chapitre de l'aide financière.
Pour la dernière année, en tout 10 123 étudiants
ont bénéficié de cette addition que nous avons faite au
régime de l'aide financière. De ce nombre, 7691 ont reçu
une aide supplémentaire sous forme de bourses et 2432 ont reçu
une aide supplémentaire sous forme de prêts.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. M. le député d'Arthabaska.
M. Gardner: Merci, M. le Président, à
écouter les dernières phrases de M. le ministre, on se serait cru
dans mon bureau de comté et que M. le ministre aurait entendu toutes les
questions de jeunes à mon bureau de comté. J'ai connu la
situation de fils et fille d'agriculteurs, la situation de chercheurs du
deuxième et troisième cycle, la situation de ceux qui vont
préférer aller s'inscrire au cégep, plutôt que
d'aller au secondaire, parce qu'au cégep, on a une bourse et au
secondaire, on n'en a pas. J'ai cru que le ministre avait écouté
toutes les revendications de mon comté. Je l'en félicite et je
pense que cela va aider énormément. Mais ma question est: Quand
est-ce que cela va être en application? Est-ce qu'il y a
possibilité?... On dit qu'on va étudier cela au cours de la
prochaine année mais, est-ce que cela pourrait, possiblement, se faire
dès la prochaine année?
M. Ryan: II y a des choses qui...
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député...
M. Ryan: Pardon, je m'excuse.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député, vous avez terminé?
M. Gardner: Oui, ma question est...
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: M. le Président, je remercie le
député d'Arthabaska de sa question et je veux l'assurer que,
moi-même comme député d'une circonscription qui est en
bonne partie rurale, j'ai été saisi de problèmes
semblables. Je pense que nous l'avons tous été. (17 h 45)
Dans le cas des fils et filles d'agriculteurs, c'est un souci
prioritaire et j'espère que nous aurons une réponse à ce
problème au cours de l'année 1987-1988, et le plus tôt sera
le mieux. J'ai indiqué tantôt que dans le cas des
étudiantes enceintes, c'est une mesure qui s'appliquera à compter
de cet automne.
Dans le cas des étudiants en formation professionnelle de niveau
secondaire, l'augmentation de l'aide à la pension pour ceux qui doivent
s'inscrire à un enseignement qui est donné en dehors de leur lieu
de résidence sera effective à compter de l'année
1987-1988. Des montants spéciaux seront attribués aux commissions
scolaires à cette fin.
Dans le cas de l'accès au régime d'aide financière,
c'est-à-dire à la bourse ou au prêt, nous avons des
études à faire qui ne sont pas encore assez avancées pour
que je puisse laisser entrevoir une solution en 1987-1988. Je pense que ce
problème devra être abordé dans le cadre de l'étude
pour laquelle j'ai demandé une période de travail de deux ans. Je
pense que nous avons besoin de ce délai de deux ans pour pousser
à terme cette étude.
En ce qui touche les étudiants de deuxième et
troisième cycle, je suis plutôt pressé. On nous a saisis de
problèmes très aigus de ce côté et j'espère
que nous serons en mesure de faire avancer ce dossier au cours des prochains
mois de manière que, dès la présente année, il
puisse commencer à se faire des choses. C'est un dossier prioritaire.
Par conséquent, la plupart des cas que j'ai mentionnés donneront
lieu à des développements intéressants au cours de
l'année 1987-
1988.
Je voudrais profiter de l'occasion -parce qu'il reste peu de temps, M.
le Président - pour remercier les collaborateurs qui m'assistent de
manière particulière en ce domaine, plus spécialement M.
Pierre Boisvert qui, en plus d'être sous-ministre adjoint à
l'administration financière, a voulu assumer la direction de l'aide
financière aux étudiants qui se trouvaient dans une situation
extrêmement pénible au moment où nous avons pris le pouvoir
et je ne veux pas revenir sur ces événements malheureux parce que
j'en ai déjà parlé au cours des mois passés. Je
voudrais également remercier mon collaborateur politique, M.
Réjean Bilodeau, avec qui, je pense, tous les députés ont
fait affaire au cours de l'année, qui a été d'un
empressement exemplaire à leur endroit, qui se débat comme un
diable dans l'eau bénite afin que les étudiants aient davantage
accès à cette aide financière dont nous leur parlons en
termes plutôt abstraits mais sans être chargés de
l'administrer de manière qu'elle les atteigne en temps voulu. Je
voudrais remercier aussi tous les fonctionnaires de la direction de l'aide
financière qui nous apportent une collaboration précieuse. Nous
n'avons pas encore terminé le travail de mise en ordre que j'ai
annoncé il y a quelques mois. Nous y travaillons très fort, et je
veux remercier M. Boisvert en particulier de la collaboration très
précieuse qu'il nous apporte à cet égard.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Comme le temps
passe rapidement, je ne reviendrai pas sur chacun des éléments de
l'annonce que vient de nous faire le ministre. Cela a l'air tout à fait
beau et, ma foi, si on n'y regardait pas de près, on serait quasiment
tenté de croire qu'il a réussi à améliorer de
façon notable la condition des étudiants. Il nous dit que la
situation dans le service était pénible et qu'on lui a
laissé une situation déplorable. Je voudrais lui dire que, si la
qualité des services n'était peut-être pas à la
hauteur, les étudiants sont en droit de s'attendre à des
meilleurs services puisqu'il leur en coûte cette année 24 000 000
$ de plus que ce qu'il leur en coûtait l'an passé. Alors, quand
cela me coûte 24 000 000 $ de plus, j'ai droit à des meilleurs
services! Et ce n'est pas tout à fait 24 000 000 $. J'aimerais avoir un
éclairage là-dessus et le ministre pourra nous le fournir. Le
ministre, dans le cahier explicatif, nous dit qu'il y a, 20 000 000 $ de
crédits périmés. Il les ventile dans le cahier explicatif
de la façon suivante: 11 000 bourses de moins que prévu qu'il
explique par le fait qu'il y a une richesse collective plus grande, qu'on a
relevé le salaire minimum et un certain nombre de choses, ce qui a eu
comme effet de réduire à peu près de 6000 le nombre des
boursiers. Le ministre attribue à la conversion de la bourse en
prêt la réduction de quelque 3000 du nombre des bourses. Alors, si
j'additionne les 3000 et les 6000, je suis rendue à 9000, il manque 2300
boursiers. Je voudrais savoir où ils se trouvent. Et je voudrais
également savoir l'impact du transfert de la bourse vers le prêt
qui a permis de réduire effectivement de 24 000 000 $. On a aussi fait
des économies additionnelles parce que cela a eu comme effet de priver
3000 étudiants de leur bourse. On évalue à combien cette
économie? Dans les 20 000 000 $ est-ce qu'on pourrait me ventiller
cela?
M. Ryan: Je n'ai pas très bien saisi le sens de la
question, M. le Président, pour être franc.
Mme Blackburn: Je voudrais qu'on me ventille les 20 000 000 $ de
ce crédit périmé à l'aide financière aux
étudiants. On avait déjà fait une ponction de 24 000 000 $
parce qu'on a passé une partie du prêt de la bourse vers le
prêt. Â part le service de la dette, cela ne coûtait rien au
gouvernement. Dans les crédits détaillés à la page
2, programme 3, élément 1.
M. Ryan: C'était noyé sous les papiers, vous avez
déterré un bas de page...
Mme Blackburn: Je comprends cela. M. Ryan: ...qui n'aurait
pas dû être là.
Mme Blackburn: Programme 3, élément 1, page 2. On
explique ici les raisons qui, à l'évaluation des fonctionnaires,
expliqueraient qu'on se retrouve avec 11 000 demandes de bourse de moins. 11
300 boursiers plus précisément. Les explications qu'on retrouve
dans le cahier: 6000 s'expliqueraient par des mesures qu'an explique
attribuables aux facteurs conjoncturels extérieurs au régime,
c'est-à-dire l'amélioration des conditions économiques.
3000 qui ne seraient plus boursiers en raison du transfert d'une partie de la
bourse en prêt. Est-ce que c'est l'explication des 20 000 000 $ qu'on
périme?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: M. le Président, une qrosse partie des 20 000 000
$ que nous périmons vient de la diminution du volume des bourses. Nous
avions prévu des déboursés, au chapitre des bourses - de
211 000 000 $ je pense?
Une voix: C'est cela.
M. Ryan: 211 000 000 $. Et les déboursés
réels à la fin de l'année seront d'à peu
près 191 000 000 $ à 192 000 000 $?
Une voix: 184 000 000 $.
M. Ryan: 184 000 000 $. Quand nous avons préparé
les crédits, nous prévoyions que cela serait autour de 191 000
000 % et, depuis ce temps-là, les résultats se faisant plus
précis nous sommes en mesure de dire que ce sera plutôt autour de
184 000 000 $. 211 000 000 $ moins 184 000 000 $ cela fait 27 000 000 $, si je
compte bien.
Mme Blackburn: Si je comprends bien te mintstre, l'explication
qu'il nous donne, l'effet de la modification qui a été
apportée l'an passé n'a pas généré des
économies de 24 000 000 $, mais je dois ajouter que les 24 000 000 $ ou
27 000 000 $ qu'il m'annonce là ou 20 000 000 $ de
périmés...
M. Ryan: Je pense qu'on est en train de se perdre dans la
brume...
Mme Blackburn: Je voudrais bien comprendre. L'an passé,
dans les prévisions...
M. Ryan: C'est parce que...
Mme Blackburn: ...on avait déjà
prélevé les 24 000 000 $, mais on n'en avait, pas tenu compte, on
est d'accord avec cela? Ils étaient coupés dans l'enveloppe qu'on
nous a présentée l'an passée? Les 11 000 bourses de moins
constituent quelle part dans l'enveloppe budgétaire des bourses?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Si on calcule à partir du montant moyen de la
bourse 11 000 000 $ de bourses de moins cela fait 27 000 000 $ de moins au
crédit.
Mme Blackburn: Donc, dans ces 27 000 000 $ il faut comprendre que
les effets ou - c'est le cahier explicatif qui le dit - votre modification a eu
comme effet de diminuer de 3000 le nombre des boursiers. C'est ce qui est
écrit ici, je ne l'invente pas.
M. Ryan: Je pense que c'est...
Mme Blackburn: J'imagine que ces 3000 vont chercher une portion
des 27 000 000 $, à moins que je ne fasse pas la même lecture.
C'est vous qui le dites ici.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre,
c'est bien cela?
M. Ryan: Non, M. le Président.
Mme Blackburn: Vous l'expliquez par une diminution de 11 000
bourses.
M. Ryan: Je vais faire une concession à la
députée de Chicoutimi. L'explication qui est au bas de la page 2
du programme 3 n'est pas la plus lumineuse de celles que nous ayons fournies
dans le cahier des explications., Nous l'avons fait à la lumière
des données dont nous disposions à ce moment-là. Je pense
qu'il faut se placer dans une perspective qui tient compte de l'ensemble des
données» Je demanderai tantôt à M. Boisvert, avec
votre permission, de fournir les explications additionnelles. Mais je voudrais
dire ceci pour commencer.
L'an dernier, quand nous avons fait les crédits, nous avons
établi que le montant de l'aide financière s'établirait,
pour les bourses, à 196 000 000 $. C'est ce que nous avions
prévu. C'est évident que si nous n'avions pas mis la mesure de
270 000 000 $, cela aurait été 24 000 000 $ de plus, 22 500 000 $
de plus; c'est évident. Ce n'est pas de l'argent qui a été
perdu, c'étaient des prévisions. Si la demande est
inférieure aux prévisions, on ne peut pas dire que cette chose
doit être comptée deux fois. On fait des prévisions... Si
la demande avait été supérieure et il ne faut pas oublier
que le régime d'aide financière est un réqime ouvert,
à supposer qu'il y aurait eu 10 % d'augmentation de la clientèle,
nous aurions déboursé 10 % de plus. Mais là, il y avait
une réduction de la clientèle.
Je pense que le point qui nous séparait dans ce débat,
c'est que la députée de Chicoutimi, fort
compréhensiblement, a tenté d'expliquer cette diminution le plus
possible par la mesure de 270 $, tandis que nous l'expliquons de plus en plus,
à mesure que nous avons une meilleure connaissance de la situation, par
le jeu de l'ensemble des conditions économiques. Nous ne sommes
même pas sûrs, au moment où nous nous parlons, que le nombre
d'étudiants qui n'auraient plus accès à la bourse à
cause des 270. $ est vraiment de 3000. C'est une approximation que nous avons
donnée lors de la préparation du cahier explicatif qui n'a pas du
tout une valeur certaine et définitive.
Mme Blackburn: Même si cela devait être de 2000 -
c'est là l'essentiel de ma question - si le transfert de ta bourse au
prêt a eu comme effet de réduire le nombre des boursiers de 1000,
de 2000 et de 3000 -je ne me chicanerai pas à quelques centaines
près - cela veut donc dire que la décision du transfert de l'an
passé, qui a coûté quelque 24 000 000 $ - on a fait des
économies de 24 000 000 $ par ce transfert - plus les effets de cette
décision qui a eu comme conséquence de réduire le nombre
des boursiers, et qui explique une partie des budgets périmés que
vous venez de me dire.
Donc, à combien estimez-vous, dans les crédits
périmés actuellement, la proportion qui est due à cause du
fait qu'il y a moins de boursiers à la suite de cette décision?
On les estime ici à 3000. Soyons qénéreux, parlons de 12
000 boursiers de moins; cela fait donc le quart des 27 000 000 $ dont parlait
le ministre tantôt ce qui est un effet de la décision de faire
passer la bourse vers le prêt. C'est le quart de 27 000 000 $. Comme j'ai
été généreuse tantôt, soyons-le à
l'inverse, 27 000 000 $, cela donne 9 000 000 $. Cela veut dire que
l'économie générée à même les
étudiants ou la nouvelle taxe aux étudiants, ce sont les 24 000
000 $ de l'an passé plus les effets indirects, ce qui revient à 9
000 000 $. Si je me fie sur vos chiffres, c'est cela que j'obtiens.
M. Ryan: Je regrette, la députée peut faire les
interprétations qu'elle voudra...
Mme Blackburn: Je ne fais pas d'interprétation, M. le
Président, je lis le cahier explicatif.
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît, vous avez posé une question. M. le ministre.
M. Ryan: Si vous voulez me permettre, je pense qu'il pourrait
être utile que M. Boisvert, qui m'accompagne, fournisse certaines
explications. À l'aide des données les plus récentes dont
nous disposons, je pense qu'on pourra se faire une idée d'ensemble.
Je voudrais cependant corriger une impression fausse que tente de
créer la députée de Chicoutimi lorsqu'elle dit qu'on a
été chercher une taxe chez les étudiants, qu'on leur
volerait de l'argent. Je regrette infiniment, mais c'est un vocabulaire qui
dépasse tout entendement. Ce n'est pas du tout le cas. Nous avons
introduit une mesure de rationalisation. Nous avons transformé une
tranche de 270 $ de bourse en prêt sans que la personne concernée
reçoive un sou de moins. On lui demande de porter cette partie de l'aide
financière à laquelle elle a droit comme obligation pour l'avenir
en retour de la formation qu'elle reçoit aux niveaux collégial et
universitaire dans des conditions de gratuité totale dans un cas et
presque complète dans l'autre. Venir parler de vol, de taxes et d'argent
qu'on leur a arraché, je pense que c'est tenir un langage indigne d'un
discours civilisé.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Il est maintenant 18 heures, la commission parlementaire de
l'éducation suspend ses travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 heures)
(Reprise à 20 h 19)
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît!
Si vous voulez prendre place, la commission parlementaire sur
l'éducation va poursuivre ses travaux. Lorsque nous avons suspendu
cesdits travaux, nous étions à l'étude du programme 3 du
ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science.
J'inviterais les participants, M. le ministre, Mme la porte-parole de
l'Opposition, MM. les députés ministériels, à
prendre place. Nous allons poursuivre nos travaux.
Une voix: ...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Ah oui, madame,
prenez votre temps.
Mme Blackburn: M. le Président, je constate, avec vous je
pense, qu'à l'exception du président...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous ferai
remarquer, madame, que je n'ai donné la parole à personne
encore.
Mme Blackburn: M. le Président, je sais qu'à ce
moment même vous vous apprêtiez à le faire pour dire qu'on
avait quorum.
Le Président (M. Parent, Sauvé): II me fait plaisir
de saluer les membres de l'équipe ministérielle qui font leur
entrée dans cette salle.
Mme la députée de Chicoutimi, nous en sommes au programme
3, assistance aux étudiants.
Mme Blackburn: Alors, Aide financière. Je ne reviendrai
pas sur la question de tout à l'heure. Je dois dire que les informations
qui m'ont été fournies en privé cependant sont
suffisamment éclairantes pour que je n'aie pas besoin d'information
supplémentaire. Je me permettrai donc d'aborder d'autres aspects du
régime d'aide financière aux étudiants,
particulièrement en ce qui touche l'indexation. Je voudrais savoir,
aujourd'hui, au moment où l'on se parle, pour les étudiants qui
sont ou seront bénéficiaires de l'aide financière aux
étudiants, ce que cela représente pour l'an prochain. On apprend
par les crédits détaillés qui nous ont été
adressés que l'indexation sera en 19a7-1988 de 3,3 %. On sait par
ailleurs que ce qui vient d'être consenti aux employés de
l'État à compter du 1er janvier ]987, c'est 4 %. Vous allez me
dire que je fais là une comparaison douteuse, mais ce qu'on s'est
toujours dit, c'est qu'il fallait au moins leur assurer ce qui était
envisaqé comme étant l'indice d'augmentation du coût de la
vie. On constate que pour les plus démunis de notre
société, les étudiants qui ont besoin d'aide
financière pour poursuivre leurs études, on ne leur
consent même pas une augmentation équivalente à l'indice du
coût de la vie. À mon avis, cela m'apparaît inacceptable et
cela vient encore détériorer la situation des étudiants.
Cela vient la détériorer parce qu'on les a endettés, je le
rappelle, de 24 000 000 $ l'an passé et comme c'est récurrent,
c'est tous les ans,, Si ce gouvernement restait au pouvoir, prenons 24 000 000
$ par année pendant dix ans, on serait rendu à combien? 240 000
000 $ additionnels d'endettement. Oui. Je n'en mets pas, je ne fais que faire
le compte et je pense que le ministre pourra confirmer que sur cela au moins et
sur bien d'autres choses, on ne se trompe pas.
Sur un autre sujet, il y a toute la question du gel des bourses pour les
étudiants des deuxième et troisième cycles. Eux n'ont pas
l'avantage d'avoir eu une augmentation de 3,3 %; pour la deuxième
année, les bourses se voient gelées. C'est ce que j'ai compris.
Le ministre nous dit qu'il examine la possibilité d'assurer un meilleur
arrimage entre l'aide financière et les bourses. II n'en demeure pas
moins que, malgré de nombreuses représentations qui aient
été faites sur cette question, ce n'est pas encore cette
année, vraisemblablement, que les étudiants diplômés
verront une augmentation appréciable de leurs conditions de vie.
Quelques questions au ministre sur l'aide financière. Je vais
revenir sur son texte de présentation de tout à l'heure où
il nous disait, en page 4: "Il faudra mettre au point un mécanisme qui
permettra une intervention utile dans certains cas qui requièrent de
toute évidence une solution exceptionnelle, mais qu'on ne saurait
renvoyer purement et simplement parce qu'ils ne répondent pas aux normes
établies." Par ailleurs, à la page suivante, concernant les
informations qui seraient données, parlant des étudiants, il dit:
"Ils pourront aisément comparer leur propre évaluation aux
calculs effectués par la Direction générale de l'aide
financière parce qu'on va leur envoyer des avis qui leur permettront,
eux aussi, de faire leurs calculs."
J'ai rencontré des services aux étudiants dans les
collèges qui se sont précisément inquiétés
d'un certain nombre de choses, en particulier du fait que le détail du
calcul de l'aide financière ne parviendra plus aux responsables dans les
établissements, ce qui aura comme effet, rapidement, de rendre
impossible une évaluation de ce que pourrait être l'aide
financière que pourra obtenir un étudiant. Si l'étudiant
veut avoir une avance de fonds, sur la base de quelle information le
collège pourra-t-il procéder? En cas de révision, au
moment où un étudiant dit: J'ai besoin de soutien en attendant
que ma bourse arrive, comment le collège va-t-il procéder? Il va
procéder, probablement, en partant du passé, lorsque
l'étudiant a un passé et qu'on connaît ses revenus de
l'année précédente. Il va procéder d'une
façon extrêmement conservatrice parce que comment donner une
avance trop élevée à un étudiant alors qu'on n'est
pas assuré qu'il aura droit vraisemblablement à une aide
financière donnée?
La raison qu'invoque la direction des services des affaires
étudiantes - on pourra me te confirmer - c'est la loi sur l'accès
à l'information, la loi 65. Par ailleurs, cela a un risque certain de
pénaliser lourdement l'étudiant qui aura besoin, à un
moment ou à un autre, de l'aide du collège pour fins de
dépannage.
Une deuxième question a éqalement fait l'objet de
discussions entre nous à ce moment-là, cela touchait les
étudiants séparés légalement ou de fait. Les
étudiants seront dorénavant obligés de fournir la
situation de leur conjoint, pour ce qui est des revenus de ce dernier. Par la
suite, des revenus seront obligatoirement pris en considération
indépendamment du jugement du tribunal, s'il y a lieu. Cela veut donc
dire que, dans le cas où l'étudiant se retrouve avec un conjoint
séparé qui ne paie pas sa pension alimentaire, l'étudiant
n'aura pas droit, qu'il y ait juqement ou non, à l'aide
financière aux étudiants. It me vient à l'idée
qu'on pourrait peut-être expliquer, en partie, la diminution des
coûts de l'aide financière aux étudiants par une
application assez pointilleuse des règles et de la nature de celles-ci,
entre autres.
On me dit que la suggestion que font les fonctionnaires pour
régler cette situation, c'est de demander aux étudiants de
divorcer pour clarifier leur situation. Bravo. II était un temps
où on leur disait de se marier. Peut-être que la prochaine
proposition va être de s'assurer d'être enceinte dans le cas des
filles, parce que pour les qarçons, on peut encore atteindre quelques
générations. Dans le cas d'une séparation ou d'un divorce,
il n'est pas certain que le conjoint séparé, même s'il
travaille, s'il a des revenus, comme on le voit partout ailleurs, contribuera
effectivement pour ce qui est estimé être le dû comme
conjoint séparé. Il y a risque de discrimination grave envers les
familles monoparentales. Je n'ai pas besoin de faire de démonstration
là-dessus - et si le ministre me demandait, comme je lui ai
demandé en Chambre, cet après-midi, de déposer les
documents, je pourrais le faire -les familles monoparentales sont
dirigées par des femmes. Encore une fois, une telle exigence vient
toucher les femmes qui, de plus en plus, sont responsables de subvenir aux
besoins des familles, particulièrement dans le cas des familles
monoparentales. Pour justifier la mesure, on invoque le fait qu'il y a eu des
fraudes, un peu d'illégalité
et que c'est à la suite d'une demande du Vérificateur
général.
Un troisième point qui a été souligné -et
là, encore une fois, je trouve cela extrêmement déplorable,
cela touche les régions les plus éloignées, les
régions défavorisées et les étudiants les plus
démunis - il s'agit des frais de transport pour les stagiaires. En fait,
les étudiants qui effectuent des stages en dehors de la région
devront fournir le reçu d'autobus prouvant le montant payé en
déplacements. Sans cette preuve, aucun remboursement ne sera
effectué. Ce que les fonctionnaires suggèrent, c'est de demander
aux étudiants d'effectuer leurs stages, les plus éloignés,
en premier, et d'en faire moins. Ce qu'il faut comprendre, parce que je vois
que les députés ministériels ne comprennent pas vraiment
bien, c'est que antérieurement les étudiants stagiaires n'avaient
pas besoin de ces preuves - et s'ils écoutaient on pourrait leur
expliquer - puisque c'était la directrice ou le directeur du stage qui
donnait la liste des étudiants stagiaires. C'était sur la base de
ce document qu'on remboursait les étudiants. Évidemment, il n'est
pas difficile de comprendre que ce sont encore les étudiants des
régions les plus éloignées qui se retrouvent pris dans des
situations où ils devront supporter le coût des transports pour
fins de stage. Évidemment, il faudra encore s'assurer que ces
étudiants se sont bien munis de ce reçu qui leur permettra de
justifier ces déplacements. Je trouve que c'est difficilement
acceptable. Cela veut dire qu'on ne fait plus confiance à la parole du
directeur ou de la directrice de stages pour justifier les déplacements
des stagiaires. Même raison invoquée: le Vérificateur
général. Cette situation vient pénaliser lourdement les
étudiants en région, parce que les formules d'autorisation, je le
rappelle, étaient préparées et signées par le
responsable des stages et cela a toujours été
considéré comme une pièce justificative. C'était
là-dessus qu'on payait les frais de transport des étudiants.
Voilà un certain nombre de questions sur lesquelles je n'aimerais
quand même pas qu'on passe trois quarts d'heure. Il y a beaucoup d'autres
questions à aborder: celles de l'indexation ou de la non-indexation
totale, le gel des bourses pour les étudiants de deuxième et de
troisième cycles, les tracasseries administratives qui risquent de
pénaliser tous les étudiants quand on pense aux formules qui
indiquent l'aide financière qui pourrait être accordée et,
finalement, les tracasseries touchant particulièrement les
étudiants pour les stages en régions éloignées.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, Mme la
députée de Chicoutimi.
M. le ministre de l'Éducation, de l'Enseignement supérieur
et de la Science.
M. Ryan: M. le Président, je répondrai avec plaisir
aux questions qu'a soulevées la députée de Chicoutimi,
même si, dans certains cas, la question est difficile à cerner.
J'ai noté six points particuliers dans les sujets d'inquiétude de
la porte-parole de l'Opposition; je vais essayer de les commenter
brièvement.
Tout d'abord, la députée de Chicoutimi s'étonne du
montant de l'indexation qui est fixé à 3,3 %. Selon les
procédures établies au sein du gouvernement, le montant de
l'indexation est fixé en mai de l'année précédente
sur la base de calculs assez complexes qui sont établis, sujet à
redressement au cours de l'année. Le montant de l'indexation est
établi, dès ce moment, pour l'année suivante. Le montant
qui a été inscrit dans les crédits de cette année
est le fruit de cette opération qui remonte déjà à
plusieurs mois et qui s'applique pour un bon nombre de secteurs du gouvernement
cette année. Tout n'est pas égal, il y a des secteurs qui n'ont
pas d'indexation du tout, il y en a d'autres qui en ont une. Le secteur dont
nous discutons est l'un de ceux qui ont une indexation assez
élevée.
Les bourses pour les étudiants de deuxième et
troisième cycles. Dans la mesure où il s'agit de bourses qui
émargent au régime d'aide financière, ces bourses sont
indexées, comme toutes les autres, à 3,3 % y compris les bourses
portant des montants plus élevés de 8000 $ ou 9000 $. S'il s'agit
des bourses accordées par le Fonds FCAR, celles-ci ne sont pas
indexées de même que toutes les bourses du Fonds FCAR. Il arrive
que des ajustements soient faits, de temps à autre, mais le niveau des
bourses n'a pas été ajusté, à ma connaissance,
depuis deux ou trois ans. On ne peut pas ajuster une catéqorie de
bourses sans regarder aussi la politique qu'on suivra pour l'ensemble. Comme
les fonds attribués pour le Fonds FCAR ont été
gelés depuis deux ans, sauf une très mince indexation au chapitre
de la rémunération, nous ne pouvons pas augmenter les bourses de
ce côté-là. Mais, c'est en pensant à toutes ces
réalités que j'ai indiqué plus tôt que nous
chercherions un arrimaqe plus efficace entre certaines bourses qui peuvent
concerner ces étudiants et les bourses en provenance du Fonds FCAR. Nous
allons faire une étude particulièrement attentive de la situation
de ces étudiants qui sont extrêmement importants pour la
vitalité de notre système universitaire et pour le renouvellement
constant des forces vives en recherche au Québec.
Troisième point, le détail du calcul de l'aide
financière et la nouvelle manière dont il sera communiqué
aux étudiants. J'ai indiqué, cet après-midi, qu'un
formulaire sera communiqué aux étudiants qui feront une
demande d'assistance financière; ils pourront se le procurer aux
différents bureaux du gouvernement, de manière qu'ils puissent
établir eux-mêmes le montant d'aide auquel ils croient avoir
droit. Cela simplifiera les procédures de leur côté et du
côté du gouvernement également.
La députée de Chicoutimi s'inquiétait au sujet des
avances de fonds, dont ces étudiants pourraient avoir besoin,
auprès de leur établissement. Il n'y aura pas de problème
de ce côté pour deux raisons bien simples. D'abord, Us pourront
communiquer leur documentation à l'établissement avec lequel ils
transigent; deuxièmement, si l'établissement veut
vérifier, on m'informe que celui-là est relié par
réseau avec les services informatiques de la Direction de l'aide
financière et que les problèmes d'information, auxquels il peut
avoir à faire face, peuvent trouver de ce fait une solution efficace,
puisqu'il est relié par un écran informatique. Cela est une autre
difficulté apparemment plus imaginaire que réelle.
Autre point, les étudiants séparés
légalement. La députée de Chicoutimi aurait entendu dire
dans les milieux qu'elle fréquente que nous nous préparions
à faire une razzia afin de séparer les bons des méchants,
d'inscrire les gens sur des listes où tout le monde serait obligé
de payer régulièrement son écot. Il n'est pas question de
cela du tout.
Mme Blackburn: Non.
M. Ryan: II n'est pas question de cela. Je prierais la
députée de Chicoutimi de vérifier, il n'est pas question
de mesure comme celle qu'elle a évoquée concernant les
étudiants séparés ou divorcés. C'est cela que la
députée de Chicoutimi a mentionné tantôt, à
moins que j'aie mal compris. Vous avez dits Ils seront obligés de
fournir des renseignements sur la situation du conjoint séparé,
si celui-ci n'est pas disponible... C'est cela que vous avez dit,
peut-être que vous ne vous le rappelez pas, cela avait l'air
improvisé.
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît!
Mme Blackburn: Est-ce que le ministre pourrait
répéter?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Pardon? M. le
ministre, nous vous écoutons, vous avez la parole.
M. Ryan: Je signale à la députée de
Chicoutimi qu'il y a justement eu un certain malaise à
l'intérieur de la Direction de l'aide financière à ce
sujet. Il y a un cadre supérieur qui a démissionné, parce
qu'il voulait employer des méthodes rigides, auxquelles nous n'avons
point donné notre consentement. Par conséquent, les choses qui se
faisaient continuent.
Autre point, les dépenses de transport. Là, nous exigeons
un reçu de l'étudiant qui veut obtenir un remboursement, il n'y a
rien de plus normal que cela, les députés en savent quelque
choses même pour une dépense d'essence dans votre comté, il
faut présenter un reçu»
Mme Blackburn: Bien non!
M. Ryan: Pardon? C'est nouveau depuis le gouvernement
libéral, mais j'aimais mieux l'ancien gouvernement à ce
chapitre!
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
c'est enregistré!
Mme Blackburn: Il faudra dire cela à votre leader.
M. Jolivet: J'imagine que le député actuel aime
mieux celui-là, dans le contexte qui est là, que celui qu'il
avait avant...
M. Ryan: Nous savons 'tous, nous-mêmes, dans la
présentation...
M. Jolivet: ...les connaissant.
M. Ryan: ...blague à part, qu'il y a des
vérifications sévères qui sont faites. En tout cas, pour
les ministres, pour nos frais de séjour à Québec, nous
sommes obligés de fournir des vérifications
sévères. 5i le compte a le malheur de dépasser de 5 $ ce
qui est admis par les services du gouvernement, vous recevez un avis vous
disant qu'il y a eu erreur ou maldonne quelque part. C'est très bien, je
ne me plains pas. Mais que l'étudiant soit obligé de fournir un
reçu parce qu'il est allé chez lui, je trouve qu'il faut vraiment
chercher des puces. Il n'y a aucun problème dans mon esprit de ce point
de vue. D'ailleurs, il présente son reçu et il a droit au
remboursement; c'est cela qui est important, c'est l'argent. Il a droit au
remboursement. Il y a un maximum de 1000 $ qui est fixé pour ces
randonnées très utiles et justifiées, car il y a une
limite à toutes les bonnes choses, évidemment. Par
conséquent, il y a une limite de 1000 $. Quand il a atteint le sommet de
1000 $, il est obligé d'attendre à l'année prochaine ou de
payer lui-même, à même son propre portefeuille. Alors, je ne
vois pas où est le problème dans cette chose. Franchement, il y a
peut-être une association qui vous a véhiculé cette
inquiétude métaphysique, mais nous n'avons pas
d'inquiétude excessive à ce sujet.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Avez-vous
terminé, M. le ministre?
M. Ryan: Oui.
Le Président (M, Parent, Sauvé): Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: J'aimerais dire au ministre, premièrement,
que je n'ai jamais dit qu'il aurait la liste des bons et des mauvais et quand
le ministre accuse de faire une interprétation erronée des
propos, je pourrais lui retourner facilement la balle, mais je ne le ferai pas.
C'est peut-être son intention de perdre trop de temps en échanges
de cette nature qui ne font pas beaucoup avancer te débat. Cependant, je
voudrais lui dire tout de suite que les reçus exigés... Et si les
gens ne comprennent pas cette fois-ci, c'est qu'il y a quelque chose: ou on
n'écoute pas ou on est perturbé par le climat un peu
fébrile de l'Assemblée nationale à cause de la visite du
président français. Mais j'espère que vous allez
comprendre l'explication. Il ne s'agit pas de transport entre le collège
et la résidence de l'étudiant, il s'agit de transport pour les
fins de stages. Antérieurement, la règle était simple.
J'aurais eu tendance à faire confiance à l'honnêteté
et à l'intégrité des responsables de stages.
Antérieurement, c'était tout simplement des formules
d'autorisation préparées et signées par les responsables
de stages dans les collèges qui constituaient la pièce
justificative. C'est simple. À moins de douter de
l'intégrité des responsables de stages, je ne vois pas pourquoi
on exige des reçus d'autobus. Le ministre va bien comprendre qu'il y a
quelque chose d'un peu excessif et d'inutile là-dedans. À moins
de douter de l'intégrité des responsables de stages qui
antérieurement signaient les formules d'autorisation pour fins de
déplacement et de stages. S'il appelle cela des questions
métaphysiques susceptibles de distraire l'attention des gens et qu'il
essaye de trouver des problèmes là où il n'y en a pas,
à mon avis, c'est simple, il y a là une administration tatillonne
qui vient nuire aux étudiants des réqions
éloignées.
Une dernière remarque. Au moment où le ministre nous
faisait ses remarques préliminaires et où on abordait cet
élément du programme, il nous disait que les associations
étudiantes avaient manifesté leur inquiétude au sujet de
la possibilité d'une augmentation des frais de scolarité et que
cette question avait été réglée, comme on se le
rappelle, en Chambre, et quasiment par un coup de force du premier ministre. Si
j'étais étudiante, je ne serais pas longtemps assurée
parce que le ministre a des appuis solides au Conseil des ministres - pas
seulement qu'un, mais certainement un - qu'on peut identifier année
après année et c'est le ministre des Finances - et le Conseil du
trésor évidemment, mais on va passer par celui pour lequel je
suis capable de citer le document - c'est le budget 1987-1988, dans les
annexes, en page 24, annexe f et je lis: Deuxièmement, parlant du
financement et d'un nouvel équilibre - il est préoccupant de
constater que la plus grande partie du financement des services de santé
et d'éducation supérieure est acquittée à
même le produit des taxes et des impôts que les contribuables
versent au gouvernement du Québec - c'est préoccupant, cela.
Comme cette facture s'alourdira toujours davantage, elle risque de compromettre
l'équilibre des finances publiques, la compétitivité de
l'économie et les perspectives de développement de la
société québécoise. Dans ce contexte, et compte
tenu du désengagement fédéral, il est à se demander
s'il ne faudra pas établir un lien raisonnable - cela, c'est comme un
remboursement équitable en cas de retrait, ou juste - entre les
contributions au financement de ces services publics et les
bénéfices que les citoyens en retirent. Autrement dit, le
dégel des frais de scolarité. Je voulais juste dire que le
ministre avait de solides appuis et que cela n'est que partie remise. J'aurais
terminé, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce qu'il a
d'autres remarques sur le proqramme 3? M. le député
d'Arthabaska.
M. Gardner: Ce ne sont pas des remarques, ce sont des questions.
Je pense qu'on est ici pour poser des questions au ministre et on va essayer
d'y aller rapidement. (20 h 45)
Le Président (M. Parent, Sauvé): Posez, posez.
M. Gardner: Oui, merci. M. le ministre m'a ouvert la porte cet
après-midi en disant que le député d'Arthabaska
connaissait bien ce problème. Oui, je pense le connaître.
J'aimerais bien qu'on en fasse part à toute l'assemblée. À
la page 4 de votre messaqe, M. le ministre, vous dites que le régime
actuel ne permet malheureusement aucune souplesse dans plusieurs cas qui se
révèlent souvent pathétiques. Ma première question,
c'est quelle sorte de cas pour que cela soit bien précis pour Mme la
députée de Chicoutimi, surtout?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre de
l'Éducation.
M. Gardner: Pardon?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre de
l'Éducation, vous avez la parole. M. le député de
Laviolette, je ne vous ai pas reconnu.
M. Jolivet: II n'est pas correct pareil.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M, le
député d'Arthabaska, s'il vous plaît.
M. Gardner: Ma première question...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Cela a bien
été depuis le début, on ne commencera pas cela.
M. Jolivet: Oui, mais M. le Président. Ce n'est pas...
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît M. le député de Laviolette.
M. Jolivet: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Question de
règlement, je vous écoute M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: M. le Président, je ne trouve pas correct que
le député d'Arthabaska fasse des remarques comme
celles-là. Je trouve cela totalement déplacé. Je me dois,
je pense, comme simple parlementaire, de le dire M. le Président. Je
pense qu'il a d'autre chose à faire. Qu'il pose ses questions et qu'il
laisse faire ses remarques.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député de Laviolette, nous vous avons entendu. M. le ministre de
l'Éducation.
M. Ryan: J'ai été saisi de nombreux cas au cours de
l'année. Parfois ce sont des étudiants. Il y en avait un en
provenance du comté du député d'Arthabaska qui
était aux études dans un pays étranger, qui allait achever
ses études, un jeune homme de très grande promesse. II
était arrivé à un stade où il n'avait plus d'aide
financière et il menaçait d'être obligé
d'interrompre des études de doctorat qui tiraient à leur fin et
nous ne pouvions pas l'aider en vertu de nos programmes. Les programmes du
Fonds FCAR n'avaient plus de réserve non plus pour un cas comme
celui-là. Alors, cela est absolument pathétique à ce
moment. Nous avons besoin d'une ressource comme celle-là. Il faut lui
permettre de se rendre jusqu'au bout de son itinéraire. Je vous dirai
franchement que j'ai trouvé à même mon fonds
discrétionnaire un certain montant pour lui venir en aide - mais pas une
bourse - une subvention. J'ai été obligé de faire quelque
chose, parce que... C'est dans ce sens que je disais qu'il faudrait que nous
trouvions à l'intérieur de notre régime un
mécanisme qui permettra de faire face à des situations
dramatiques. Des fois, il y a des situations extrêmement
sérieuses, des situations qui mettent en cause des facteurs de
santé et des facteurs familiaux très complexes. Il est impensable
qu'un régime comme le nôtre, qui est le plus
généreux au Canada, soit incapable de faire face à ces
situations. C'est pourquoi, dans mon texte cet après-midi, je disais
qu'il faudrait mettre au point un mécanisme qui permettra une
intervention utile dans certains cas qui requièrent de toute
évidence une solution exceptionnelle, vu qu'ils ne tombent pas sous le
coût des règles ordinaires qui sont bonnes en soi, qui sont
nécessaires, qu'il n'est pas question d'abolir mais qui ne peuvent pas
tenir compte de tous les visages de la réalité.
Le Président (M., Parent, Sauvé): M. le
député d'Arthabaska.
M. Gardner: M. le ministre, j'ai encore une autre question, si
vous me le permettez M. le Président. Dans les normes qu'on nous donne
dans l'aide aux étudiants, il y a le délai raisonnable et il y a
aussi la date limite. Concernant la date limite - j'ai l'impression qu'on n'est
pas au service de l'impôt - est-ce qu'il y aurait possibilité, M.
le ministre, qu'on n'aie pas une date limite de présentation de demandes
aussi ferme qu'à l'impôt et de demandes de révision aussi
ferme qu'à l'impôt?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Évidemment, pour être en mesure de prendre
les décisions nécessaires pour que les chèques commencent
à arriver aux étudiants au mois de septembre, il faut bien qu'il
y ait des délais fixés en vue de la présentation des
demandes. Peut-être que les dates qui traduisent ces délais
seraient sujettes à révision ou à modification, et que ces
changements entraîneraient des complications administratives souvent
sérieuses. Dans l'ensemble, je pense qu'il faut fixer une limite quelque
part pour l'établissement de nos plans d'action, la budgétisation
et la rationalisation des opérations. Cela me paraît
nécessaire. Cependant, je vais prendre en note la remarque du
député, parce qu'on peut comprendre aussi, que parce qu'une
demande arrive le 20 de tel mois plutôt que le 15, cela ne devrait pas en
soi être un motif automatique et nécessaire de disqualification.
Je prends la question en considération. Je pense que le
député comprendra que je ne veuille point en disposer avant d'en
avoir parlé attentivement avec mes collaborateurs. Je les ai
habitués à ce régime de consultation. Je ne veux pas, par
conséquent, m'avancer davantaqe mais nous notons la question et je
fournirai de plus amples éléments de réponse au
député dans un avenir prochain.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre, Mme la députée... Nous reconnaissons donc le
député de Laviolette.
M. Jolivet: M. le Président, je vais être rapide
parce que, moi non plus, je n'ai pas l'intention de fouiller longuement le
dossier, mais le député d'Arthabaska...
M. Ryan: Je voulais juste ajouter un complément de
réponse. Je ne sais pas si vous permettriez, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Avec votre
permission, M. le député de Laviolette?
M. Jolivet: Oui.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: M. Boivin et M. Benjamin m'informent que lorsqu'une
personne fait valoir des motifs sérieux pour un délai survenu
dans la présentation de sa demande, les services en tiennent compte.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci M. le
ministre. M. le député de Laviolette vous avez la parole.
M. Ryan: Tout de suite, au début.
M. Jolivet: Oui, M. le Président. Simplement parce que le
député d'Arthabaska m'a permis d'ouvrir une porte, je vais la
prendre en disant au ministre que je suis un peu surpris de la réponse
qu'il donne dans le cas pathétique dont il faisait mention. Si c'est le
genre de cas, je tiens à lui rappeler qu'une personne, par mon
intermédiaire, avait fait une demande au ministre compte tenu,
justement, d'une difficulté qu'elle avait eue, à l'époque,
parce que mal renseignée quant aux possibilités, pour elle de
bénéficier du maximum prévu par la loi dans le cas du
cégep. J'avais même demandé à des gens du bureau du
ministre de la rencontrer lors d'une étude d'un projet de loi, ici, en
haut, au Salon rouge. Je suis un peu surpris de la réponse que le
ministre me fait aujourd'hui en disant: oui, il y a des moyens d'aller vite.
 l'époque, on m'avait dit qu'il n'y avait aucun moyen de
régler ce problème, que c'était impossible de le
régler et, finalement, on ne l'a pas réglé. Alors,
qu'effectivement, cela pourrait être, un peu, du même genre que le
cas dont le député faisait mention où, quelqu'un, arrivant
ici comme personne venant s'intégrer au Québec, s'aperçoit
qu'elle a eu de mauvais renseignements ou, peut-être, n'a pas eu tous les
renseignements nécessaires. Elle s'est vue obligée d'aller
travailler et, même, dans certains cas, de demander de l'aide du
bien-être social pour pouvoir faire vivre sa famille parce qu'on m'avait
dit, à l'époque, qu'il n'y avait pas moyen de lui permettre de
finir son cégep. Je suis un peu surpris, je vous te dis simplement, je
ne nommerai pas de nom, le ministre la connaît j'en suis sûr.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. Une
remarque, M. le ministre.
M. Ryan: Oui, je dois ajouter que j'ai été
obligé de dire non a des douzaines de cas. Et évidemment, les
quelques cas où j'ai pris des décisions tout à fait
exceptionnelles, dans le cadre du budget discrétionnaire dont je
dispose, ce sont des cas qui sont sujets à erreur. Il peut très
bien être concevable que cela aurait été mieux comme
décision pour tel cas plutôt que pour tel autre. J'ai fait cela de
mon mieux, par humanité, pour des personnes que je ne connaissais pas.
Il peut arriver que j'aie pris des décisions néqatives,
reqrettables dans un cas comme celui que vous signalez. Je le reqrette
infiniment mais cela fait partie du processus et, c'est pourquoi, je crois que
s'il y avait un mécanisme qui donnait un peu plus de latitude au
ministre pour ce genre de cas, quitte à ce qu'il soit entouré
d'un comité consultatif pour l'aviser, je pense que cela aiderait
à mettre plus d'humanité dans notre système. Si le
député veut soumettre, de nouveau, le cas à mon
collaborateur, M. Réjean Bilodeau, on pourra peut-être l'examiner.
Je regrette mais cela fait partie de ce genre de processus auquel je suis
acculé.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci M. le
ministre. M. le député de Laviolette, cela vous satisfait?
M. Jolivet: Non, mais cela ne fait rien, je l'ai pris en
note.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Groulx.
Mme Bleau: M. le ministre a déjà répondu.
C'était au sujet des bourses. Certaines personnes étaient
arrivées un peu en retard. Elles avaient de bonnes raisons et on a pu
régler les cas particuliers.
Mme Blackburn: J'ai terminé pour le programme, M. le
Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. Est-ce
qu'il y a d'autres interventions sur le proqramme 3? Est-ce que le programme 3
est adopté?
Mme Blackburn: Adopté.
Le Président (M. Parent, Sauvé): J'appelle
immédiatement le programme 2, Conseil de la science et de la
technologie.
Mme Blackburn: Les trois...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Les trois. Est-ce
qu'on les prend tous les trois ensemble? D'habitude on va par
élément. On est très permissible depuis le début.
Conseil de la science et de la technologie, Conseil des collèges et
Conseil des universités.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Est-ce que le
ministre a des remarques préliminaires si vous en faites de vingt
minutes?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre,
est-ce que vous avez une déclaration d'ouverture?
M. Ryan: Oui, naturellement.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Nous nous en
doutions.
Mme Blackburn: Cela vient confirmer l'analyse qu'on faisait ce
matin.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
Organismes consultatifs
M. Ryan: Nous devons examiner, ce soir, les crédits
réservés à trois organismes consultatifs rattachés
au ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science,
c'est-à-dire le Conseil de la science et de la technologie, le Conseil
des universités et le Conseil des collèges. Je voudrais rendre
hommage à l'action de chacun de ces trois organismes consultatifs.
Chacun fonctionne dans un esprit d'engagement au service de la
collectivité, d'écoute et de libre expression à l'endroit
du ministre, ce que j'apprécie vivement. Chacun dans son secteur
accomplit une oeuvre éminemment utile, est à l'écoute du
milieu et apporte au gouvernement des avis et des recommandations et souvent
aussi des critiques sévères que nous acceptons de bon gré,
parce qu'il est dans la mission de ces organismes de nous parler franchement,
de nous dire les choses comme ils les voient et de nous faire part de leurs
recommandations quant à la ligne de conduite que nous devrions
suivre.
Je voudrais signaler à cette Assemblée que je
reçois avec beaucoup d'intérêt, que j'étudie avec
attention les avis qui me sont transmis par les organismes consultatifs. Nous
tentons dans la mesure des moyens mis à notre disposition de tenir
compte des avis qui nous sont donnés. Au cours des dernières
années, il est arrivé très souvent que le Conseil des
universités et le Conseil des collèges, pour ne mentionner que
ces deux-là, ont soumis au gouvernement des avis qui entraînaient,
dans l'hypothèse où ils auraient été mis en
pratique intégralement, des déboursés ou des
libérations de crédits financiers que le gouvernement estimait ne
pas être capable de consacrer aux fins pour lesquelles les
recommandations avaient été faites. Ces décisions du
gouvernement engendrent nécessairement une certaine situation
délicate entre les organismes consultatifs et le gouvernement, mais je
pense que chacun a sa mission caractéristique. L'organisme consultatif a
la mission de dire les choses comme il les voit, de faire part au gouvernement
des besoins comme il les perçoit et de transmettre au gouvernement les
recommandations qu'il juge opportunes; le gouvernement a la
responsabilité d'agir en tenant compte de l'ensemble des
priorités qui s'imposent à son attention.
Le ministre est obligé, d'un côté, de faire part au
gouvernement des avis qu'il reçoit et, d'autre part, de prendre à
sa charge les conclusions auxquelles en arrive le gouvernement, de les
appliquer et de les défendre non seulement devant les orqanismes
consultatifs, mais devant l'ensemble de la société.
Nous essayons de donner à chaque orqanisme consultatif les moyens
matériels nécessaires pour l'accomplissement de sa mission. Vous
constaterez en examinant les crédits mis à la disposition des
trois organismes consultatifs pour la prochaine année que l'augmentation
de crédits est pratiquement nulle, si l'on tient compte des
augmentations de traitements qui devront être accordées en
harmonie avec ce qui se fera dans le secteur public. Mais je puis vous assurer
que nous respectons intégralement la liberté d'examen et
d'expression des organismes consultatifs et nous voulons qu'ils continuent
à servir le gouvernement dans un climat optimal de liberté de
d'indépendance. Je dois leur rendre hommage, ils ne se servent pas de
leur indépendance pour se livrer à des attaques stériles
ou à des critiques légères ou superficielles, ils se
servent de leur liberté pour exprimer des avis responsables que nous
respectons en tout temps, même s'il arrive que nous ne partagions pas
entièrement l'avis qui nous est donné.
La politique que je suis avec les organismes consultatifs, c'est
d'étudier leurs avis, d'échanger des propos avec eux à
intervalles réguliers. J'aime les rencontrer au moins une fois par
année pour échanger avec eux les avis qu'ils m'ont donnés
et, lorsqu'un avis plus percutant ou de caractère plus urgent m'est
communiqué, je vois à établir le contact
immédiatement avec le président ou la direction de l'organisme
afin que nous puissions nous entendre sur la démarche à
suivre.
M. le Président, je n'ai pas autre chose à ajouter pour
l'instant. Je pourrais
m'étendre longtemps sur les avis reçus de chacun des corps
consultatifs, mais pour l'instant, je pense avoir dit l'essentiel.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Je reconnais maintenant le porte-parole de l'Opposition, la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Les propos que
vient...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Y allez-vous
globalement ou si vous prenez chaque programme, élément par
élément?
Mme Blackburn: On va y aller... (21 heures)
Le Président (M. Parent, Sauvé): Globalement?
Conseil de la science et de la technologie
Mme Blackburn: Un petit commentaire bref et, ensuite, on va
revenir par éléments de programme. Évidemment, le ministre
ne s'étonnera pas que je partage ses propos et son opinion quant
à l'utilité et à la qualité des interventions des
conseils consultatifs. Cependant, je dois dire que lorsque le ministre nous dit
qu'il reçoit avec intérêt, qu'il examine avec attention les
avis de ces conseils consultatifs et qu'il ne peut pas s'empêcher
à certains moments de ne pas suivre les avis parce qu'ils auraient des
impacts budgétaires importants, il n'en va pas de même pour tous
les avis des conseils consultatifs. Il y en a qui, sans exiger des
décisions ayant des impacts budgétaires si ces avis
étaient suivis, auraient pour effet d'améliorer le fonctionnement
sans pour autant grever les budgets du ministère de l'Enseignement
supérieur et de la Science ou de tout autre ministère.
J'ai abordé brièvement ce matin toute la question de la
division des fonctions de la science et de la technologie entre deux
ministères pour m'étonner à nouveau, comme se sont
étonnés à peu près tous ceux qui avaient une
connaissance minimale de ces questions, du fait que la technologie soit
rattachée au ministère du Commerce extérieur. Je le dis
encore aujourd'hui avec beaucoup d'étonnement. Je pense bien que ce doit
être un modèle unique au monde. Que la technologie, dans un pays,
soit rattachée au ministère du Commerce extérieur, je
trouve que cela a de quoi étonner. C'est le moins qu'on puisse dire.
Malgré cette décision de scinder le ministère de la
Science et de la Technologie, le Conseil de la science et de la technologie
demeure rattaché, en vertu de sa loi constitutive, au ministère
de l'Enseignement supérieur et de la Science. On sait que sur certaines
questions, le ministre n'a plus aucune emprise parce que cela ne relève
pas de sa compétence. Dans certains dossiers touchant la recherche, je
pense plus particulièrement aux fonds fédéraux, il n'est
pas vraiment dans le dossier non plus.
Le statut du Conseil de la science et de la technologie est... En tout
cas, je pense que son président est dans une situation délicate
au moment où il donne ses avis au ministre de l'Enseignement
supérieur et de la Science, alors que les avis portent en particulier
sur tout le dossier de la technoloqie.
En fait, depuis sa création, on le sait, le conseil s'est
davantage penché - et aussi -sur les questions reliées à
l'activité scientifique, notamment en raison du rôle assumé
à cet égard par le conseil... c'est-à-dire sur Ies
questions technologiques, parce que la partie plus scientifique était un
peu beaucoup assumée par la commission de la recherche au Conseil des
universités. Pourtant, le ministère auquel le conseil est
rattaché n'a aucun mandat concernant le développement
technologique, je le rappelle. Cette question est évidemment
reliée à la question beaucoup plus large de l'organisation de la
politique scientifique et technologique.
Lors de l'étude des crédits, l'an dernier, le ministre
avait indiqué que cette question relative à l'avenir du Conseil
de la science et de la technologie était à l'étude. Tout
à l'heure, à la suite d'une remarque ou d'un lapsus du ministre,
j'ai eu l'occasion de lui dire que parfois on avait l'impression de plus en
plus que cela lui prenait du temps à enfanter ou à accoucher. Je
pense que là aussi, on peut dire qu'il n'a pas semblé y avoir
soit un manque d'intérêt à cette question ou tout
simplement qu'il la laisse porter ou, contrairement à ce qu'il nous dit,
cela n'a pas tellement d'importance puisqu'il ne s'est pas attardé
à examiner les propositions qui étaient faites par le Conseil de
la science et de la technoloqie pour voir dans quelle direction l'on pourrait
éventuellement orienter le conseil.
Est-ce que le ministre peut nous faire part ici des décisions qui
seraient prises éventuellement ou qui seront prises prochainement par
rapport au mandat du Conseil de la science et de la technologie? Est-ce qu'on
peut penser qu'il y aurait une structure plus horizontale par rapport è
cette question du développement scientifique et technologique?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Avez-vous
terminé, Mme la députée?
Mme Blackburn: Oui, j'ai terminé. Mais je peux toujours
reposer la question. Un an et demi après la réorganisation...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Non,
non. Je vais plutôt donner la parole au ministre.
Mme Blackburn: M. le Président, la question est la
suivante: Cela fait un an et demi que cette réorganisation a
été décidée par le premier ministre, selon ce que
nous a dit le ministre. Est-ce que le ministre ou son gouvernement a
l'intention de clarifier la mission du Conseil de la science et de la
technologie et de réévaluer l'assignation de son ministre de
tutelle?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre de
l'Éducation, de l'Enseignement supérieur et de la Science.
Mme Blackburn: Pas de la technologie.
M. Ryan: II me fait plaisir que la question soit posée, M.
le Président. Demain, nous aurons l'occasion d'en reparler lorsque nous
parlerons de la politique en matière scientifique. Dans l'exposé
que j'aurai l'occasion de présenter, il y aura des explications sur ce
sujet et on verra que la situation québécoise est loin
d'être illustrée dans la famille des pays. À peu
près tous les pays cherchent leur voie en matière de structure de
politiques scientifiques et technologiques et le Québec est loin
d'être la seule société qui ne l'ait apparemment pas
trouvée encore, de manière définitive.
Le Conseil de la science et de la technologie me remettait il y a
quelques mois, en plus des réflexions qu'il a rendues publiques, un avis
confidentiel sur ces questions d'harmonisation des politiques gouvernementales
en matières scientifique et technologique. Je me suis empressé de
communiquer cet avis au chef du gouvernement en lui faisant part de mes propres
observations et, toute décision, qui pourrait être prise
éventuellement à cet égard, relève du chef du
gouvernement et non pas d'un ministre particulier. Mais je crois que nous
sommes tous conscients qu'une recherche se poursuit et doit se poursuivre
à cet égard et que nous n'avons pas actuellement la structure
parfaitement idéale sur laquelle nous pourrions nous asseoir pour un
quart de siècle. Par conséquent, la démarche se poursuit;
des propositions ont été communiquées au chef du
gouvernement et je crois que certains éclaircissements devraient pouvoir
survenir au cours de l'année 1987-1988.
La députée de Chicoutimi: a raison objectivement
quand elle dit que le Conseil de la science et de la technologie s'adresse
à deux domaines qui ont été séparés par une
décision du Conseil exécutif prise en décembre dernier. La
partie de son mandat qui traite de la technologie devrait logiquement
être exécutée sous autorité du ministre responsable
de la Technologie qui n'est plus le ministre de l'Enseignement supérieur
et de la Science et vice versa, la partie qui traite de la politique
scientifique devrait plutôt relever du ministre de l'Enseignement
supérieur et de la Science.
Cela, c'est de la théorie, c'est la logique. En pratique, toutes
sortes de possibilités existent» Nous avons déjà des
organismes qui sont bourrés de contradictions apparentes. Par exemple,
la Commission consultative de l'enseiqnement privé, elle, émet
des avis à la fois sur des demandes de statut concernant le
ministère de l'Enseignement supérieur et sur les demandes de
statut concernant le ministère de l'Éducation.
Actuellement, cela ne crée pas trop de problèmes parce que
le ministre titulaire des deux est le même. Cela a déjà
été des personnes différentes et il avait
été prévu dans la loi pour ces cas-là que pour fins
administratives, pour fins fonctionnelles, la liaison avec le gouvernement, la
commission consultative relevait du ministre de l'Éducation et
même le Conseil supérieur de l'éducation a mandat pour
s'occuper non seulement de l'enseiqnement primaire et secondaire, mais de tous
les niveaux d'enseignement.
Dans la partie de son mandat qui traite de l'enseiqnement
supérieur, il devrait logiquement relever du ministre de l'Enseignement
supérieur et de la Science, il relève du ministre de
l'Éducation. Je voudrais vous assurer qu'en pratique, cela ne
crée pas de gros problèmes. Je vous donne un exemple concrets
Nous avons eu à travailler au cours des derniers mois sur la mise au
point d'une politique canadienne en matière scientifique et
technoloqique et sur la mise au point de structures de liaison concernant les
rapports du Québec avec le qouvernement fédéral et ceux
des autres provinces en matière scientifique et technologique. À
Ottawa, un ministre s'occupe de science et de technologie, M. Oberle; ici il y
en a deux. Aurait-il été désirable que les deux ministres
aillent à toutes les réunions avec leur homologue
fédéral? Nous nous sommes rencontrés, le ministre du
Commerce extérieur et du Développement technoloqique et
moi-même, et avons convenu que lui agirait pour le gouvernement dans ce
secteur, parce qu'après examen des programmes du Secrétariat
d'État aux sciences au gouvernement fédéral, nous avons
conclu ensemble que la grosse majorité des activités
qénérées par ces programmes relève plus du
développement technoloqique que de la science.
Alors, nous avons tiré la conclusion qui s'imposait. Il
était plus pratique, plus fonctionnel que l'autre ministre assume la
responsabilité des rapports avec le qouvernement fédéral
dans ces matières. Par prolongement, nous sommes convenus qu'il assurait
également la liaison avec les
ministres responsables des secteurs assimilables dans les autres
provinces.
Mais lorsqu'est arrivé le moment de définir une politique
scientifique et technologique pour l'ensemble du Canada, les deux
ministères se sont mis ensemble. Nous avons travaillé, de notre
côté, sur un texte de base. Le ministère du Commerce
extérieur et du Développement technologique a fait de même
de son côté. Nous nous sommes retrouvés. Nous avons mis au
point des positions que nous avons réussi à faire accepter par
l'ensemble du Canada.
Si nous avons, aujourd'hui, un embryon de politique canadienne en
matière de science et de technologie qui soit acceptable au
Québec et aux provinces, nous le devons, en très grande partie,
à ce travail de collaboration qui a été fait entre les
deux ministères.
Pour confirmer ceci, nous sommes allés à des
réunions nationales. Mon adjointe parlementaire, la
députée de Jacques-Cartier, était présente, en mon
nom, avec les ministres du Commerce extérieur et du Développement
technologique. Dans les organismes de travail découlant des
dernières conférences nationales, les comités ou groupes
de travail qui s'intéressent plus immédiatement à la
politique scientifique comprennent des représentants
québécois qui viennent du ministère de l'Enseignement
supérieur et de la Science, tandis que ceux qui sont davantage à
contenu technologique viennent du ministère du Commerce extérieur
et du Développement technologique, ce qui n'empêche point des
rapports d'information et de consultation entre les uns et les autres.
Alors, ça, c'est la situation concrète d'un point de vue
logique. Je conviens que des améliorations seraient souhaitables et que
des germes de conflits possibles existent. Je veux vous assurer qu'en pratique,
les choses fonctionnent quand même de manière harmonieuse. Le
transfert des responsabilités s'est fait suivant des principes analogues
à ceux que je viens d'évoquer. C'est-à-dire que nous avons
transféré à l'autre ministère les programmes
portant sur des activités qui impliquaient davantage des ressources
humaines et financières centrées en milieu d'entreprises.
Nous avons conservé au ministère de l'Enseignement
supérieur les programmes portant sur des activités
centrées davantage dans les universités, les institutions
d'enseignement et les centres de recherche rattachés au ministère
de l'Enseignement supérieur.
J'ajoute, encore une fois, pour terminer, pour que ce soit clair, que
l'examen que nous faisons régulièrement de l'évolution des
structures en ces matières dans d'autres pays nous fait réaliser
que les autres pays sont tout aussi en recherche que nous-mêmes et tout
aussi aux prises avec des difficultés logiques auxquelles il n'y a pas
de réponse définie dans aucun manuel.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Madame.
Mme Blackburn: M. le Président, le ministre conclut comme
il a commencé, en nous disant que les pays étaient à la
recherche d'un modèle. Ce que je prétends -j'aimerais bien que le
ministre me dise si j'ai tort - ce que je dis, c'est que le modèle au
Québec est unique en ce que la technologie relève du Commerce
extérieur. Je ne pense pas me tromper en affirmant ça. Même
si les autres pays sont à la recherche de modèles d'encadrement
du développement technologique, je ne connais pas d'autres cas où
la technologie est rattachée au Commerce extérieur.
Je le rappelle, le Commerce extérieur, ce n'est pas le
Développement technologique; ce n'est pas le ministère de
l'Industrie et du Commerce; ce n'est pas à la PME. C'est au Commerce
extérieur. À présent, ma question était beaucoup
plus simple et n'appelait pas un développement que le ministre va sans
doute nous faire demain lorsqu'on va parler de la science.
Après ça, on va réentendre en partie le même
discours. Mais tout ce que je voulais savoir, c'est: Est-ce que le ministre ou
son gouvernement a l'intention, après une année et demie du
régime qu'on connaît, de clarifier la situation du Conseil de la
science et de la technologie? Est-ce qu'éventuellement, il pense
à une structure plus horizontale qui, par exemple, rattacherait le
Conseil de la science et de la technologie ou la politique scientifique et
technologique à un ministre qui serait directement responsable ou
redevable auprès du premier ministre, par exemple? (21 h 15)
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Je crois que la députée de Chicoutimi
devrait poser ses questions au chef du gouvernement. Moi, je n'ai pas...
Mme Blackburn: ...en communication avec lui.
M. Ryan: ...le mandat de parler au nom du gouvernement en ces
choses qui dépassent le champ de compétence des ministères
dont j'ai la responsabilité. Je voudrais tout simplement dire que je
souhaite de toute évidence que certaines clarifications soient
apportées dans le sens des recommandations que j'ai déjà
soumises au chef du gouvernement. Ces recommandations sont confidentielles, je
les ai soumises comme membre du gouvernement. Il appartient au
chef du gouvernement de définir la politique du gouvernement en
ces matières.,
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: M. le Président, quand le ministre m'invite
à poser mes questions au chef du gouvernement, je m'étonne parce
que, à ce jour, le Conseil de la science et de la technologie
relève toujours de la compétence du ministre., Donc, il me semble
que c'est lui qui est responsable de ce dossier et est capable
vraisemblablement de répondre aux questions touchant le Conseil de la
science et de la technologie. Si le ministre n'en sait pas plus et s'il faut
s'adresser au premier ministre, on pourra toujours voir par le biais d'une
autre commission parlementaire.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. M. le
ministre.
M. Ryan: M. le Président, dans l'état actuel de la
politique gouvernementale, je n'éprouve aucune difficulté en
relation avec la question qui a été posée par la
députée. Il n'y a pas de problème majeur qui se pose de ce
côté. Je le lui ai dit beaucoup plus tôt. Le Conseil de la
science et de la technologie peut très bien fonctionner. Il est
très facile d'aménager des relations de collaboration avec les
deux ministres concernés. Il n'y a pas de problème majeur de ce
côté.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. D'autres remarques?
Mme Blackburn: Pour cette section du programme, j'ai
terminé.
Mme Dougherty: Moi, j'ai une question.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. Mme la
députée de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: J'ai une question qui touche le Conseil de la
science et de la technologie. Ces deux dernières années, le
Conseil de la science et de la technologie a publié plusieurs bilans de
l'activité scientifique et technologique dans les régions. J'ai
lu ces rapports avec beaucoup d'intérêt. Il me semble qu'ils
contiennent beaucoup de matière afin d'orienter les actions de plusieurs
ministères ainsi que peut-être plusieurs organismes locaux ou
régionaux. Ma question est la suivante: Quel est le suivi normal en ce
qui concerne ces documents? Qu'est-ce qui arrive, quand le ministre
reçoit un rapport, un avis du Conseil de la science et de la
technologie? J'ai choisi cet exemple, parce qu'il y a évidemment
plusieurs ministères d'impliqués.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: M. le Président, en ce qui touche le
ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science, si de ces
études régionales découlent des conclusions qui regardent
plus immédiatement le système d'enseignement postsecondaire, ces
recommandations ou conclusions sont l'objet d'une étude
particulière à l'occasion des décisions que nous devons
prendre en matière de programmes. Nous en tenons compte. Nous sommes
saisis à l'heure actuelle de projets de proqrammes en provenance
d'universités régionales, l'Université du Québec
à Chicoutimi, l'Université du Québec en
Abitibi-Témiscamingue. Les études que peut faire en ces
matières, le Conseil de la science et de la technologie sont très
éclairantes pour nous aider à juger de la pertinence de projets
de développement dans les matières qui touchent le domaine
scientifique ou technologique. J'ai pu constater à l'occasion de sommets
socio-économiques tenus dans diverses régions que les
études du Conseil de la science et de la technologie aident aussi les
intervenants régionaux et les ministères du gouvernement à
se former une opinion sur les différents projets conçus et mis
à l'étude par l'initiative des organismes régionaux. Nous
avons nous-mêmes à prendre position à chacun de ces sommets
sur des propositions qui nous intéressent plus immédiatement
comme ministère de l'Enseignement supérieur. Ces documents sont
des pièces de référence jugées très utiles
à ces occasions.
Maintenant, je pense bien que les ministères à vocation
surtout économique puisent aussi dans ces documents pour les
décisions qu'ils doivent prendre en matière de
développement. Je pense au ministère de l'Industrie et du
Commerce. Il est très important pour celui-ci d'avoir une vue
synthétique des ressources scientifiques et technologiques disponibles
dans une région lorsqu'il est saisi d'un projet d'implantation ou de
développement d'une entreprise, par exemple.
Je pense que cette documentation peut avoir une portée
très large. Nous n'y sommes point encore beaucoup habitués. Il y
a des habitudes à développer de ce côté, mais je
pense qu'elle contribue à mettre à la disposition des
intervenants socio-économiques et culturels une instrumentation de base
de nature à conduire à des décisions plus
éclairées.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Madame...
M. Ryan: Je souligne également à ce sujet qu'il n'y
a pas que te ministère de l'Enseignement supérieur et le
ministère du
Commerce extérieur qui soient concernés par la science et
la technologie. Le ministère du Commerce et de l'Industrie est
très engagé dans le domaine de la technologie; il est responsable
en particulier du Centre de recherche industrielle du Québec qui est
notre centre de recherche industrielle et technologique le plus important. Il
relève du ministre de l'Industrie et du Commerce. Certaines institutions
très importantes de recherche relèvent du ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.
Dans la mesure même où les responsabilités de cette
nature sont imparties à d'autres ministres, il est évident que la
responsabilité impartie au ministre du Commerce extérieur en
matière de développement technologique est une
responsabilité complémentaire et plutôt horizontale
à certains égards. Il me semble que cela s'induit de la nature
même de ta réalité gouvernementale d'aujourd'hui et que
cela diminue d'autant la gravité des difficultés logiques
auxquelles on faisait écho plus tôt.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Mme la députée de Jacques-Cartier, avez-vous une autre
question?
Mme Dougherty: Oui. M. le ministre, j'aimerais revenir à
ces bilans. Dans ces bilans préparés par le conseil, on retrouve
des recommandations très importantes pour le développement
économique des régions. On pourrait y retrouver des
recommandations, par exemple à propos d'un manque d'un type de
main-d'oeuvre qualifiée pour telle ou telle industrie, un manque de
recherche dans tel ou tel secteur, peut-être un manque de savoir-faire en
ce qui concerne la protection de l'environnement, un manque de
sensibilité des universités aux besoins de formation de la
main-d'oeuvre, un manque de connaissances à l'intérieur des
industries ou de ressources disponibles sur le territoire, etc.
Afin d'agir de façon constructive, il faudrait que plusieurs
paliers du gouvernement, plusieurs ministères, se concertent pour
discuter de ces problèmes et prennent une décision. Est-ce que
votre ministère joue un rôle visant à susciter cette
concertation? Le ministre reçoit l'avis. Après avoir
examiné ce rapport de votre ministère et pour agir et
répondre aux recommandations touchant le ministère de
l'Enseignement supérieur et de la Science, qu'est-ce qui se passe? Ce
rapport est-il acheminé vers d'autres ministères impliqués
ou concernés qui pourraient faire quelque chose pour résoudre les
problèmes qui y sont décrits? C'est ce que je cherche à
savoir. Ce n'est pas du tout pour critiquer le ministère, mais, quand
j'étais dans l'Opposition, j'étais toujours
intéressée par ces divers rapports, de la même façon
qu'avec le Conseil supérieur de l'éducation. Que se passe-t-il?
Est-ce qu'on y répond pleinement? Est-ce qu'on exploite à 100 %
la valeur des matières contenues dans ces rapports?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Deux précisions. Ce sont des questions
chargées d'implications. Tout d'abord, je dois préciser que les
bilans réqionaux, dressés par le Conseil de la science et de la
technologie, sont des bilans factuels qui ne contiennent pas de
recommandations.
Mme Dougherty: Ah oui? M. Ryan: Pardon?
Mme Dougherty: Demandez-le au président.
Une voix: Ce sont des recommandations de la région, pas du
conseil.
M. Ryan: Ah bon! Ce sont des recommandations, comme l'a dit le
président, qui émanent de la réqion et non pas du
conseil.
Mme Dougherty: D'accord.
M. Ryan: D'accord. Ces recommandations, comme je l'ai dit
tantôt, font leur chemin surtout par le biais du mécanisme des
sommets socio-économiques réqionaux. C'est vraiment le
véhicule par lequel les recommandations en provenance des
régions, les aspirations en provenance des régions peuvent
être véhiculées jusqu'au gouvernement et par lesquelles
peuvent s'instaurer et se développent heureusement un dialogue et une
collaboration entre le gouvernement et la région concernée.
Vous savez qu'à la suite de ces sommets, on crée dans
chaque réqion une corporation de développement économique
et social qui a pour mission d'assurer le suivi du sommet et de maintenir les
relations avec le gouvernement, de convoquer dans les deux ans qui suivent une
réunion de vérification. Il vient d'y en avoir une à
Sherbrooke récemment. C'est une procédure extrêmement
sérieuse, suivie, très organique, qui engaqe à peu
près tout ce qu'il y a de forces vitales dans une région. C'est
à ce niveau, je pense, que les bilans que dresse le Conseil de la
science et de la technologie peuvent être utiles. Ils peuvent être
également utiles au niveau des ministères qui ont à
prendre des décisions en fonction de chaque région. Cela fait
partie de la
documentation de base. C'est très important.
En réponse à la question de ia députée de
Jacques-Cartier, je pense que dans le mandat que la loi constitutive du
ministère lui donne, il y a une certaine fonction horizontale de
promotion et de coordination de la science et de la technologie, dans
l'ensemble du gouvernement. À la suite du partage qui a
été établi au début du mandat du présent
gouvernement, il a été jugé plus pratique par le ministre
actuel de l'Enseignement supérieur et de la Science de ne' pas pousser
trop loin les explorations de ce côté, en attendant qu'aient
été établies nettement les lignes de démarcation et
les responsabilités de chacun. Ainsi que la commission en a
été témoin l'an dernier, il a fallu plusieurs mois pour
établir le partage des programmes, des ressources et des
responsabilités entre les deux ministères, qui avaient
été l'objet d'un partage des responsabilités. Je pense que
nous avons réussi à mettre un point final à ce partage
seulement à l'été 1986.
Je pense qu'il faut comprendre que dans le gouvernement et les choses
sont tellement compliquées à ce chapitre - on ne peut pas
réaliser des objectifs de cette nature dans peu de temps. Il faut y
mettre le temps. Cela demande énormément de consultations,
énormément de vérifications. La machine est trop grosse
pour qu'on puisse régler des problèmes comme ceux-là du
revers de la main. Je pense que c'est pourquoi le chef du gouvernement
éprouve le besoin de réfléchir et de consulter beaucoup
avant de prendre certaines décisions qui lui ont été
suggérées par le Conseil de la science et de la technologie et
par moi-même; sans doute aussi par d'autres collègues que ces
questions intéressent tout autant que nous.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Est-ce qu'il y a d'autres interventions ou questions sur le proqramme
2? Est-ce que le programme 2 est adopté?
Mme Blackburn: Un instant! Non. Ce n'est pas le programme 2,
c'est l'élément 2, s'il vous plaît, M. le
Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): J'ai
demandé s'il y avait d'autres questions sur le programme 2?
Mme Blackburn: Oui, M. le Président. (21 h 30)
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui. Alors, je
vous écoute, Mme la députée.
Conseil des collèges
Mme Blackburn: Je voudrais être relativement brève.
Cela concerne le Conseil des collèges et le Conseil des
universités.
Dans son exposé de ce matin, en parlant de l'enseignement
collégial et du souci que le ministre se faisait fort d'avoir fait
augmenter la qualité de l'enseignement, le ministre, en nous parlant du
mandat qui était confié au Conseil des collèges et
rappelant le travail que le Conseil des collèges avait fait par le biais
de sa commission de l'évaluation particulièrement, ayant pour
objet d'amener les collèges à se doter d'une politique
d'évaluation des apprentissages, disait... Après avoir
rappelé que la plupart des collèges s'étaient
effectivement dotés d'une politique d'évaluation des
apprentissages, il faut rappeler que cette politique d'évaluation des
apprentissages était rendue obligatoire par le règlement des
études collégiales et l'échéance pour se doter
d'une telle politique avait été fixée au 1er
février 1985, parlant de la commission d'évaluation du Conseil
des collèges, le ministre nous dit: J'entends confier un mandat
spécial à cette commission. Ce mandat particulier viendra
s'ajouter au mandat de caractère général que cette
commission tient déjà de la Loi sur les collèges
d'enseignement général et professionnel pour l'examen des
politiques d'évaluation des établissements d'enseignement
collégial. On connaît les avis du Conseil des collèges sur
cette question qui émanent de sa commission d'évaluation. On sait
qu'actuellement, comme le reconnaît le ministre, la plupart des
collèges publics, privés et non pas seulement privés
d'intérêt public, d'autres non subventionnés se sont
dotés de telles politiques d'évaluation des apprentissages. Dans
le mandat de la Commission d'évaluation des apprentissages, il est
prévu qu'elle a également comme responsabilité d'examiner
la mise en oeuvre des politiques d'évaluation des collèges, des
politiques institutionnelles d'évaluation mais d'évaluation des
apprentissages également puisque c'est une politique institutionnelle.
Le cadre d'analyse est prêt. Sur les modalités de l'examen de la
mise en oeuvre, les consultations ont été faites et la commission
est prête à procéder.
J'ai cru comprendre dans les propos du ministre ce matin qu'il avait
tergiversé ou qu'il avait demandé à la commission ou au
conseil d'attendre avant de procéder parce qu'il consultait. Il nous le
dit, après avoir consulté à ce sujet le Conseil des
collèqes et la Fédération des cégeps. Je voudrais
savoir si la commission peut être autorisée à lancer son
opération, l'évaluation de la mise en oeuvre des politiques
d'évaluation des apprentissages et si le ministre peut nous parler un
peu de ce mandat spécial qu'il entend confier à la commission
d'évaluation.
Je voudrais faire une dernière remarque avant que le ministre
prenne la parole, M. le Président. Le ministre parle du mandat de la
commission d'évaluation comme d'un mandat
à caractère général. Ce n'est pas vraiment
comme cela qu'on a interprété le mandat confié à la
commission d'examiner la mise en oeuvre des politiques, c'est un mandat assez
précis. Je ne vois pas en quoi ce mandat a un caractère
général par rapport à un mandat plus particulier que le
ministre veut lui confier.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: La Loi sur le Conseil des collèges prévoit
que le conseil doit être doté d'une commission
d'évaluation. Â l'article 16 de la loi, on dit ceci:
"Auprès du conseil, une commission d'évaluation et une commission
de l'enseignement professionnel sont établies."
L'article 17: "La commission d'évaluation est chargée de
procéder à l'examen des politiques institutionnelles
d'évaluation et de la mise en oeuvre de ces politiques, et d'adresser au
conseil les avis que lui suggère un tel examen. "Elle offre
également aux collèges un service d'évaluation de leurs
programmes d'enseignement ou d'un aspect quelconque de leur pratique
institutionnelle." Lorsqu'il s'est agi de dresser un bilan de la situation, de
provoquer les opérations devant faciliter la mise en place de programmes
d'évaluation dans les collèges, Mes choses se sont
déroulées assez bien. On est arrivé, à un moment
donné, à un stade où il devenait très difficile de
prendre des décisions. La commission d'évaluation du conseil
semblait vouloir s'orienter vers une évaluation collège par
collège et les collèges ne comprenaient pas de cette
manière, pour un grand nombre, le mandat défini dans la loi. Ils
considéraient que le mandat donné à la commission
était un mandat de caractère général, un mandat
d'examiner comment dans l'ensemble les politiques d'évaluation sont
mises en oeuvre et de faire rapport à ce sujet au ministre, tandis que
la commission semblait comprendre son mandat comme un mandat d'inspection aux
yeux de plusieurs collèges. Elle se serait amenée dans un
collège et elle aurait dit: Nous voulons voir M. Untel à telle
heure, Mme Unetelle à telle heure, rencontrer tel groupe, poser les
questions, ensuite, établir un rapport. Vous autres, vous êtes
classés 3a, vous autres, 2b ou 2c, etc. Là, il y a des
collèges qui ont dit: Ce n'est pas la responsabilité d'un
organisme consultatif; c'est la responsabilité du ministre de faire; ces
vérifications.
Le débat a duré pendant de nombreux mois, au point que
nous avons été retardés dans la mise en oeuvre de cette
deuxième partie du mandat de la commission qui consiste dans l'examen de
la mise en oeuvre des politiques d'évaluation des apprentissages dans
chaque établissement.
Heureusement, les discussions que l'activité de la commission de
l'évaluation a suscitées ont permis aux esprits de mûrir et
d'en venir à une approche plus tempérée. Aujourd'hui, je
suis heureux de communiquer qu'à la suite de conversations que j'ai
eues, encore au cours des derniers jours, avec la direction du Conseil des
collèges et la direction de la Fédération des
cégeps, nous sommes tout près de mettre au point un modus
operandi, une manière de fonctionner qui donnera satisfaction à
tout le monde.
Le gros point que redoutaient tes collèges - je pense qu'on doit
les comprendre c'est qu'ils ne voulaient pas qu'une commission vienne de
l'extérieur pour les inspecter, et, ensuite, publie dans La Presse ou
dans Le Devoir: Voici cette institution qu'est-ce que ça vaut,
signé commission de l'évaluation du Conseil des
collèges.
Le Conseil des collèges, ce n'est pas le mandat qu'il a du
législateur. Il n'a pas reçu de mandat de s'ériqer en juge
des établissements individuels; le Conseil supérieur de
l'éducation, non plus.
Quand il y a une situation qui fonctionne mal dans un cégep, je
ne demande pas au Conseil des collèges d'aller faire une enquête.
Je nomme un enquêteur. J'ai le pouvoir de nommer un enquêteur. Le
Conseil des collèges, c'est un mandat de caractère plus
général, autrement, ce ne serait pas vivable. La consultation
deviendrait vite de l'inspectorat, de l'évaluation et de
l'accréditation. Ce n'est pas l'esprit de la législation.
Alors, il a fallu trouver un partage. Maintenant, nous autres, nous ne
sommes pas intéressés, au ministère de l'Enseignement
supérieur, à mettre sur pied tout un service d'évaluation
non plus, parce que nous avons déjà pas mal de fonctionnaires. La
mode actuelle dans le gouvernement, ce n'est pas d'en multiplier le nombre et
nous trouvons qu'à condition qu'on s'entende sur les modalités de
réalisation d'un mandat d'évaluation ou d'examen de la mise en
oeuvre des politiques, les choses pourraient marcher sous la
responsabilité de la commission d'évaluation.
C'est ce que nous sommes en train de mettre au point. D'un
côté, la commission s'acquittera du mandat général
qui lui est donné par la loi et, en plus, elle recevra un mandat
spécial du gouvernement pour exercer la responsabilité qui
incombe en propre au ministre.
Je pourrais décider de nommer un fonctionnaire, demain matin et
lui dire: vous allez inspecter la manière dont les politiques sont mises
en oeuvre, les politiques d'évaluation dans les collèges. Nous ne
voulons pas faire ça. Ce n'est pas notre mentalité, ni notre
approche.
Alors, nous aurons ce mandat spécial qui sera confié
à la commission d'évaluation
du Conseil des collèges, en concertation avec la
Fédération des cégeps et le Conseil des collèges,
en sus du mandat que la commission d'évaluation tient,
déjà, de la loi des collèges.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre...
M. Ryan: Je serai en mesure d'écrire aux organismes
concernés d'ici une semaine ou deux, tout au plus, pour confirmer tout
ceci, après les avoir consultés sur le libellé du mandat
qui sera conféré à la commission
d'évaluation.
Mme Blackburn: ...avant de réagir, M, le Président,
aux propos du ministre que je trouve pour le moins étonnants,
connaissant sa rigueur et l'importance qu'il a attaché à
l'évaluation, pour tenir des propos de cette nature-là, je suis
étonnée. Mais avant de réagir, je voudrais que le ministre
me dise la nature du mandat particulier qu'il veut confier à la
commission de l'évaluation.
Ensuite, je réagirai, parce qu'il me semble qu'on n'a pas tout
à fait la même compréhension de cette question. Je voudrais
bien confronter nos avis, là-dessus.
M. Ryan: En vertu de ce mandat, il ne se posera aucune question
quant à la liberté qu'aura la commission d'évaluation
d'aller dans chaque établissement, d'établir les contacts qu'elle
jugera nécessaires, en consultation avec la direction de
l'établissement. Nous ne voulons pas de police, ni d'inspectorat. C'est
clair.
Mme Blackburn: M. le Président.
M. Ryan: Si cela vous scandalise, je serais heureux de le
savoir.
Mme Blackburn: M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je regrette, M. le
ministre. Mme la députée de Chicoutimi a la parole.
Mme Blackburn: Je ne pense pas que le Conseil des collèges
ou la Commission de l'évaluation aient voulu se poser en inspecteur des
collèges en dressant un bilan et en le rendant public dans la presse,
comme dit le ministre. À la limite, si tel est le cas, le ministre
peut-il me dire la différence qu'il y aurait entre un tel examen fait de
façon au maximum rigoureuse et la publication de ce qu'on appelle les
indicateurs de performance dans les maisons d'enseignement secondaire ou
primaire? Je pense particulièrement aux résultats des examens qui
ont été rendus publics sans aucune analyse des situations et des
particularités concernant l'admission dans certains programmes en
sciences au secondaire. On n'a pas tenu compte de celles-ci et on a rendu cela
public, ce qui a eu comme effet - le ministre n'est pas sans le savoir - de
porter atteinte à la qualité des services rendus dans certaines
commissions scolaires. Les pratiques d'admission aux programmes en sciences
n'étaient pas les mêmes d'une école à l'autre, non
plus que d'une commission scolaire à l'autre. Évidemment,
quelqu'un qui était très large sur les admissions dans les
programmes en sciences connaissait un taux d'échec plus
élevé, sauf qu'on disait à l'étudiant: Tu veux
essayer, tu veux tenter ta chance, on te la donne. On faisait peu de
sélection à l'entrée; donc, on acceptait les
étudiants qui demandaient de poursuivre un programme en
mathématiques avancées, en sciences, en biologie ou en physique,
ainsi de suite. Donc, un taux d'échec plus élevé.
Pourtant, on a communiqué ces données sans aucun avertissement et
sans aucune mise en garde.
Alors, juste comme cela, je me dis que ce sont deux attitudes qui me
semblent divergentes et j'essaie de m'expliquer. Le mandat de la Commission de
l'évaluation - si le ministre relit le Journal des débats
au moment où elle a été créée -
était clair et il était accepté par tout le monde, y
compris, de façon plus mollo, je dirais, par les collèges, mais
on reconnaissait qu'il y avait un besoin d'évaluation ou
d'établir ce qu'on appelait des politiques institutionnelles
d'évaluation pour mieux mesurer la valeur de certaines décisions
et la qualité de certains programmes, de certains enseignements ou de
certaines activités. Le mandat de la commission, à la suite
d'avis émis, est clair. Elle n'a pas à donner un avis au
collège, c'est reconnu. Elle n'a pas à donner non plus des avis
directement au ministre, c'est connu. Le mandat est clair. Elle donne des avis
au Conseil des collèqes, mais elle a, comme pouvoir et comme
responsabilité, d'examiner les politiques institutionnelles et leur mise
en oeuvre. Le ministre va me dire que la mise en oeuvre se fait assis dans un
bureau et qu'il a déjà connu plus d'exigences et plus de
rigueur.
C'est un peu ce qui m'étonne dans ce discours. L'impression qui
se dégage de ses propos, c'est qu'il y a beaucoup de fonctionnaires et
que l'évaluation pourrait être faite par ces fonctionnaires. On
tenait précisément ce discours à l'époque, compte
tenu du respect qu'on devait à ce niveau d'enseignement, d'une certaine
liberté académique qui lui était consentie, soit qu'on
devait mettre une certaine distance, je dirais, entre le ministère, ses
fonctionnaires et les institutions, d'où la création d'un
organisme un peu plus neutre qui s'appelle la commission de
l'évaluation.
Vous savez, on a défini qu'il y avait
des besoins d'évaluation, dans un rapport rendu public en 1978 et
qui s'intitulait Le livre blanc sur les cégeps, nouvelle orientation -
j'essaie de me rappeler précisément le titre. On y touchait aux
orientations des cégeps et c'était à la suite du
dixième anniversaire des cégeps. On est rendu au vingtième
anniversaire des cégeps. Cela fait dix ans et là on tergiverse en
disant: Ce n'est pas sûr que et il faudrait voir s'il y a... Là,
j'ai de la difficulté à comprendre. (21 h 45)
Si le ministre me dit que le mandat spécifique du Conseil des
collèges est de venir confirmer le mandat qui lui est confié par
la loi, là, je vais mieux comprendre. S'il me dit également qu'au
sujet de la commission, il est prêt à procéder et qu'il y
avait eu un certain consensus, qu'il s'est donné un cadre d'analyse et
qu'il n'a pas l'intention d'aller faire de l'"inspectorat" comme il le dit,
mais simplement de faire comme il l'a fait pour les politiques
d'évaluation, d'examiner la qualité selon tes critères
précis de ces politiques-là, je me demande encore à quoi
cela sert de tergiverser. Pourquoi la commission qui avait en vertu de sa loi
constitutive tous les pouvoirs en ces domaines... Comment se fait-il que le
ministre se soit trouvé à intervenir dans ce dossier? Cela
m'étonne, il intervient un peu partout. Je le rappelais ce matin, il
s'est institué directeur général de tous les
établissements et des conseils consultatifs.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député de Richelieu, s'il vous plaît, Mme la
députée de Chicoutimi a la parole.
Mme Blackburn: Je veux simplement savoir de la part du ministre
si ce qu'il appelle son mandat spécifique vient confirmer, selon lui, un
mandat qui était trop général dans la loi constitutive du
Conseil des collèges et de sa commission et si la commission pourrait
procéder pour faire connaître les règles dès
maintenant, parce qu'on sait que c'est la période de journées
pédagogiques et d'études pédagogiques dans les
collèges et cela pourrait être un moment particulièrement
indiqué pour amorcer cette opération.
M. Ryan: II y a toujours les ironies de l'histoire, M. le
Président. Cette commission de l'évaluation, pendant de
nombreuses années, - et la députée de Chicoutimi s'en
souviendra facilement - nous n'en avons pratiquement pas entendu parler. Je
n'ai pas souvenance d'oeuvres importantes qu'elle ait laissées pour la
postérité. Voici que depuis à peine un an et demi que nous
sommes au pouvoir, nous la ranimons véritablement, nous lui accordons
beaucoup d'attention et nous sommes en train d'élargir le mandat qu'elle
détient de par la loi. Nous ne restreignons aucunement ce mandat, ce
n'est pas en notre pouvoir de le faire. La loi est là; nous n'avons pas
proposé d'amendement. Nous voulons ajouter des éléments
à ce mandat pour qu'il soit encore plus concret et nous le faisons,
à part cela, en concertation avec le Conseil des collèges de qui
relève cette commission et la fédération des
collèges auprès de qui elle devrait exercer son action. Je ne
sais pas ce que l'on peut demander de plus. Il me semble que c'est tout
à fait conforme à l'ordre des choses, si on veut agir de
manière efficace et réaliste.
Nous voulons que ce travail s'accomplisse dans des conditions de
clarté et. d'acceptation. La députée se scandalise -elle a
le scandale facile parfois - de ce que l'on se soit posé des questions.
Ce n'est pas moi qui posais des questions; ce sont les collèqes qui nous
les ont posées. Ce sont les établissements qui nous ont dit; On
veut que ce travail s'entreprenne dans des conditions de clarté. On a
dit: Très bien, quels sont les problèmes? Ils ont dit: On ne veut
pas qu'ils nous arrivent avec une inspection et que deux mois après il y
ait un rapport qui sorte dans la presse: l'établissement X; 3A, 3B ou
3C. Puis, dans les premiers plans de la commission de l'évaluation, si
la députée de Chicoutimi est au courant, elle se souviendra que
cela faisait partie des plans de placarder les institutions qui auraient
été l'objet d'une inspection. On a dit: Cela n'est pas ce que
l'on veut avoir. Ce n'est pas la compréhension qu'on a de ces choses et,
aujourd'hui, nous sommes arrivés - je le répète à
un concensus où tes trois principaux intervenants: la
fédération des cégeps, le Conseil des collèqes et
le ministère sont d'accord pour que ce travail se mette en route dans
des conditions intéressantes. Et on va se surprendre de cela? J'en suis
sidéré.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Y a-t-il d'autres interventions?
Mme Blackburn: M. le Président, je trouve que la
démagogie et je dirais la misoqynie du ministre et ses remarques
désagréables vont souvent un peu loin. Je vais le dire parce que
je trouve que cela dure et dure et c'est ici, en Chambre et constamment. Je
vais le rappeler: premièrement, cette commission de l'évaluation
a établi tes bases d'examen des politiques institutionnelles
d'évaluation alors que j'étais à la présidence et
si le ministre ne les a pas lues, ce n'est certainement pas de la faute du
conseil consultatif d'alors, pas plus que la faute de la commission de
l'évaluation. Ce que la commission avait convenu de faire... Parce qu'on
estime que lorsqu'il s'agit de deniers publics, la population est en droit
d'avoir un minimum d'information sur
l'évaluation qui se fait dans ces établissements
payés par les deniers publics. Ce que la commission faisait et cela
m'étonnerait que le ministre soit contre cela quand on sait qu'il publie
des indicateurs de performance qui eux ne respectent pas le minimum de
critères d'information, de données objectives par rapport
à la performance des commissions scolaires... Comment s'opposerait-il et
comment pourrait-il s'élever contre le fait qu'on rende publique une
liste de collèges qui ont satisfait à l'examen, aux règles
établies, entendues et convenues par les collèges
eux-mêmes, qui reconnaissent que la politique d'évaluation est
conforme aux critères qu'ensemble on s'est donnés? C'était
cela la liste publiée. On disait: À ce jour, de 26 cégeps
qui se sont dotés d'une politique estimée satisfaisante, il y en
a 10 qui sont en train de s'en donner une et il y en a 10 autres qui tardent.
En gros, c'était à peu près cela. Je ne vois pas en quoi
cela avait à déshonorer plus que la politique qui est beaucoup
plus questionnable que de publier, sans aucune information, ce qu'on a
appelé les indicateurs de performance par rapport au niveau
secondaire.
Est-ce qu'il y aurait deux poids, deux mesures, selon qu'il y ait un bon
lobby ou qu'il n'y en ait pas? C'est tout ce que je voulais dire.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre,
désirez-vous...
Mme Blackburn: Si le ministre veut nous éclairer ce soir,
parce que j'aimerais avoir cela, j'aimerais qu'il nous dise un peu le sens de
ce mandat spécifique.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre, je
vous écoute.
Commission de l'évaluation
M. Ryan: M, le Président, je crois discerner un malentendu
dans les propos de la députée de Chicoutimi. L'idée que je
me fais du mandat de la commission de l'évaluation, ce n'est pas
l'idée d'un mandat d'une commission qui établit des normes: vous,
vous êtes conformes aux normes et vous autres, vous ne l'êtes pas.
C'est cela que nous voulons éviter.
Nous voulons que la commission soit un organisme qui examine les
politiques, leur application et qui dise: On a telles sortes de politiques qui
vont dans tel sens, il y a telles carences, ici. Elle dira ce qu'elle voudra
dans son rapport. Nous ne voulons pas qu'on parte de l'idée que c'est un
orqanisme apparenté à un organisme d'accréditation ou
d'approbation. Ce n'est pas cela qui est son rôle.
Son rôle, c'est un rôle d'information, un rôle de
conseil, un rôle d'appréciation, un rôle d'aide aussi. La
loi prévoit expressément que ce peut être un orqanisme de
service pour les collèges qui en éprouvent le besoin. C'est
justement cet esprit que nous ne voulons pas mettre dans le travail de la
commission. Je pense que le mandat, nous l'aurons d'ici une semaine ou deux.
Nous le rendrons public d'ailleurs et la députée pourra en faire
son parti, à ce moment.
Je peux vous assurer que si nous sommes arrivés à un
consensus entre les trois éléments principaux impliqués,
c'est que nous avons fini par trouver un équilibre. Il n'est pas
question de garder ces données secrètes. Il peut arriver qu'un
établissement ait une situation particulièrement délicate
pour toutes sortes de raisons et qu'un examen ait été fait sur
les politiques d'évaluation, et il ne sera pas opportun de le publier
immédiatement. Un travail doit être fait, un travail de
redressement et, moyennant qu'il ait fait montre, vraiment, d'une
volonté de redressement ou de renforcements ce sera mieux d'attendre un
peu pour publier ce rapport.
Des conventions peuvent être établies entre le ministre, la
commission ou te conseil et les établissements concernés pour
qu'on agisse dans le meilleur intérêt de nos établissements
d'enseignement collégial. C'est justement ces points pratico pratiques
que nous allons préciser dans une dernière rencontre qui aura
lieu au cours des prochains jours. Après cela, on va pouvoir se mettre
en marche, en sachant plus exactement ce que chacun sera appelé à
faire et les résultats qu'on pourra entrevoir.
Maintenant, la députée fait des comparaisons avec le
secteur de l'enseignement secondaire et primaire. L'économie des
systèmes est complètement différente. Nous avons, au
niveau primaire et secondaire, un régime pédagogique où
l'autorité du ministère est beaucoup plus forte, non seulement en
matière d'élaboration de programmes, mais en matière aussi
de vérification des apprentissages. Des examens nationaux sont
conçus et appliqués sous l'autorité du ministère de
l'Éducation dans toutes les écoles du Québec. Si nous
avons des examens nationaux dans les disciplines qui sont l'objet de
l'enseiqnement officiel dans les écoles, il me paraît assez normal
que les résultats de ces examens soient livrés au public.
D'ailleurs ils l'étaient déjà livrés au public dans
plusieurs régions.
Dans la région que je représente à
l'Assemblée nationale, il y a de nombreuses années qu'on publie
chaque année dans les journaux locaux des résultats
comparés de l'école polyvalente Lavigne, de l'école
secondaire régionale Laurentian et du séminaire du
Sacré-Coeur, à Pointe-au-chêne. Chaque année on se
pose la question à savoir: comment se fait-il que le collège
privé est plus fort cette année? L'année suivante
c'est l'école polyvalente Lavigne qui a été plus forte.
Cela n'a jamais donné de syncope à personne. Cela se faisait
là-bas. Maintenant, cela se fait à t'écheile du
Québec. Je crois qu'au contraire, loin d'avoir connu des
dégradations dans la qualité de l'effort qui est accompli, nous
assistons à un renforcement de la recherche en vue d'une performance
plus solide. Je ne voudrais pas que tout fut concentré uniquement
là-dessus. Il y a des dangers dans ceci comme dans toute autre
technique. Je pense que cela faisait même partie de nos
responsabilités comme ministère de l'Éducation de publier
le résultat d'examens qui sont publics par nature. On commençait
à nous les demander même sous l'empire de la Loi de l'accès
à l'information. Je suis loin d'être assuré que si nous
n'avions pas bougé, nous n'aurions pas été contraints
éventuellement par la Commission d'accès à l'information
à livrer ces résultats.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. Oui,
madame.
Mme Blackburn: M. le Président, un dernier commentaire sur
cette question. Ce que je disais en établissant une comparaison avec les
propos du ministre touchant l'évaluation qui pouvait être de
politique institutionnelle d'évaluation, on ne parle pas des
résultats mais de leur mise en oeuvre... Le ministre s'inquiétait
de savoir si, tantôt, cela ne serait pas rendu public dans la presse.
Pourtant, je le rappelle - le ministre fait semblant de ne pas vouloir
comprendre ce que je lui dis - autant je suis d'accord qu'on puisse
dévoiler le résultat et les performances des différentes
commissions scolaires et des différentes écoles en matière
d'examen aux examens ministériels, autant pour le faire, il faut tenir
compte, si on veut être juste à l'endroit des commissions
scolaires et des écoles, des pratiques d'admission et d'inscription dans
certains cours qui sont extrêmement variables d'une région
à l'autre. S'il veut être équitable également, il
devra tenir compte du milieu socio-économique, il devra tenir compte
d'un certain nombre d'informations qui ont des effets directs sur les
résultats ou la performance des écoles et des commissions
scolaires. Dans ce sens-là, livrer comme cela ces chiffres, à mon
avis - c'est un avis qui vous a certainement été
communiqué aussi par des commissions scolaires - ce n'est pas rendre
justice aux commissions scolaires, ce n'est pas donner un portrait juste de la
réalité. Autant je suis d'accord qu'il faut les livrer, mais il
faut les livrer, il me semble, avec un minimum de précautions.
Par ailleurs, il y a deux discours: dans un cas, on livre sans aucune
mise en garde des données qui ne traduisent pas parfaite- ment la
réalité et, par ailleurs, dans un autre cas, on
s'inquiète. C'était simplement ce que je voulais souligner.
Pour ma part, j'aurais terminé, M. le Président. On
pourrait poursuivre au programme 7.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce que le
programme 2 est adopté?
Une voix: Non.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce que le
programme 2 est adopté?
Mme Blackburn: Adopté. M. Jolivet:
Adopté.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Adopté sur
division.
M. Jolivet: C'est correct. C'est parce que je pensais qu'il y
avait l'autre... Au niveau universitaire.
Le Président (M. Parent, Sauvé): C'est cela,
monsieur. Alors, je vous ferai remarquer qu'il est 22 heures. Nous avons
accumulé depuis le début de nos travaux ce matin un retard de 18
minutes. Si j'avais le consentement des deux côtés de la
commission, on pourrait poursuivre jusqu'à 22 h 30. Ainsi, on pourrait
avancer nos travaux et, demain, on aurait nos deux heures trente pour
travailler. Est-ce qu'il y a consentement?
Mme Blackburn: Consentement.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Consentement.
J'appelle le programme 7.
M. Ryan: M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui.
M. Ryan: II avait été convenu, je crois, que nous
passions en second lieu le programme 8 sur l'Office des professions. C'est ce
que j'ai compris. Je pense qu'il serait plus démocratique que
nous...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je n'ai pas
d'objection.
M. Ryan: ...reportions le Fonds FCAR à demain matin vu que
nous allons...
Le Président (M. Parent, Sauvé): D'accord.
M. Ryan: ...parler des universités, ce qui a quand
même des rapports plus immédiats.
Le Président (M. Parent, Sauvé): D'accord, Mme la
députée? (22 heures)
Mme Blackburn: D'accord.
Le Président (M. Parent, Sauvé): D'accord.
J'appelle le programme 8. M. le ministre de l'Enseignement supérieur et
de la Science, cela va?
Si vous voulez prendre place, la commission poursuit ses travaux.
À la suite de l'entente qui vient d'être établie
entre les deux formations politiques, nous abordons le programme 8, l'examen
des crédits de l'Office des professions du Québec. M. le ministre
de l'Education et de l'Enseignement supérieur, est-ce que vous avez une
déclaration d'ouverture à faire?
M. Ryan: Oui, une brève déclaration, M. le
Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Une brève
déclaration, M. le ministre. Je viens de vous entendre le dire et je
vous écoute.
Office des professions
M. Ryan: Une dizaine de minutes.
Il "me fait plaisir de saluer la présence à mes
côtés du vice-président de l'Office des professions du
Québec, M. Louis Roy, et, juste derrière nous, de certains
collaborateurs de M. Roy qui sont venus l'appuyer. À ma droite, vous
avez un membre de mon cabinet politique, Me Yves Patry, qui est mon conseiller
spécial en matière d'organisation professionnelle.
Comme vous le savez, le premier ministre m'a confié, en outre de
la direction du ministère de l'Enseignement supérieur et de la
Science et du ministère de l'Éducation, la responsabilité
de l'application des lois concernant les organisations et corporations
professionnelles. Parmi mes responsabilités, il y a celle d'assurer la
liaison entre l'Office des professions et le gouvernement et aussi, dans
plusieurs cas, la liaison entre des corporations professionnelles
particulières et le gouvernement, car il arrive très souvent que
des corporations individuelles aient à transiger avec le gouvernement de
certaines choses à caractère administratif légal ou
politique qui ne peuvent être traitées avec l'Office des
professions, et qu'elles préfèrent traiter directement avec le
gouvernement.
Le Code des professions est la loi maîtresse qui nous guide en
matière d'activités professionnelles. Le Code des professions est
une sorte de loi-cadre qui définit la structure générale
et le fonctionnement des corporations professionnelles. En plus, chaque
corporation professionnelle a sa loi constitutive. Il y a la Loi sur le
Barreau, la Loi médicale, la Loi sur la pharmacie, la Loi sur les
ingénieurs, etc. Chaque corporation professionnelle possède en
plus sa propre loi constitutive.
L'Office des professions a comme fonction une fonction de contrôle
et de surveillance. Il doit s'assurer que chacune des 40 corporations que nous
comptons au Québec assure la protection du public eu éqard aux
services professionnels dispensés par leurs membres. Il a une fonction
de conseil auprès du gouvernement sur les questions qui touchent les
corporations professionnelles, l'application du Code des professions ainsi que
les lois professionnelles. Il a aussi une fonction de gestion.
Vous savez que, depuis plusieurs années maintenant, nous comptons
des représentants de la collectivité au sein des bureaux de
direction des corporations professionnelles. Autrefois, ces corporations
étaient composées uniquement de membres de bureaux de direction
formés de membres issus d'elles-mêmes. Aujourd'hui, un certain
nombre de membres sont nommés dans ces bureaux de direction par l'Office
des professions pour représenter le grand public. Ces membres obtiennent
une légère rémunération qui leur est
attribuée par l'office. L'office a également pour fonction
d'informer le public sur les questions relatives à notre système
professionnel.
Notre système professionnel québécois est le fruit
d'une évolution propre à la société
québécoise. Il est le reflet d'une tradition historique et
culturelle fort différente de celle qui a présidé, par
exemple, au développement des professions aux Etats-Unis. Dans la
république voisine, le développement des professions a suivi la
trajectoire générale qu'a connue dans ce pays
l'édification des institutions politiques, culturelles,
économiques et sociales. Dans la plupart des domaines comme la
politique, la justice, l'éducation et la santé, n'es citoyens ont
commencé, aux États-Unis, par agir sans contrainte, sans
contrôle, se dotant de services et d'institutions à mesure qu'ils
faisaient reculer les frontières du développement dans ce vaste
territoire que constitue leur pays. Avec le temps, à travers toutes
sortes d'obstacles, les Américains se sont dotés d'orqanisations
professionnelles solidement structurées, mais dont la plupart portent
encore la marque de cette tradition historique propre aux États-Unis et
qui a consisté beaucoup à bâtir des institutions
très fortes à partir de rien, avec les moyens du bord et en
développant, au fur et à mesure, des institutions tandis que
chez-nous, dans le domaine des affaires, de la politique et de la culture comme
dans celui des professions, le modèle européen n'a cessé
d'inspirer et de baliser notre évolution historique. Nos professions
libérales les plus solidement enracinées ont largement
modelé leurs structures et leurs normes de développement sur
celles que présentaient la
France et l'Angleterre. Jamais, nous n'avons abandonné cet
attachement à la tradition européenne qui demeure, dans bien des
domaines, l'un des traits les plus caractéristiques, non seulement du
Québec, mais aussi du Canada anglais par rapport aux États-Unis.
Ce trait distinctif est une richesse. Il doit se prêter à de
nombreuses adaptations. Néanmoins, il contribue puissamment à
édifier le Québec comme société distincte avec une
personnalité propre et des traits distinctifs. Dans le secteur des
professions, en particulier, j'entends continuer, en ma qualité de
ministre responsable de l'application des lois professionnelles, à
renforçer cette personnalité et ce caractère qui nous sont
propres.
L'originalité de notre système professionnel repose sur
plusieurs principes fondamentaux: un principe de compétence, un principe
de liberté, un principe de responsabilité
décentralisée, un principe de participation du grand public,
plutôt récent, et, enfin, un principe de surveillance et de
coordination. Nous reconnaissons que le système professionnel doit
reposer sur la libre organisation des professions elles-mêmes et que
toute la base de notre système se doit d'être le contrôle
des professions par leurs propres membres. Voilà un principe que nous
devons conserver. Je n'ai aucunement l'intention de proposer quelque changement
à ce sujet.
En ce qui touche l'Office des professions, l'une des recommandations du
rapport sur la réorganisation des structures administratives du
gouvernement préconisait un changement de statut très important.
Elle proposait que l'office soit transféré à la
compétence du ministre de la Justice et qu'il devienne surtout un
organisme de contrôle. En ce qui me touche, j'ai recommandé au
gouvernement de maintenir l'Office des professions dans sa structure
générale actuelle. J'avais, au préalable, consulté
largement les milieux professionnels et toutes les opinions que j'avais
recueillies allaient dans le même sens.
À la base de l'édifice québécois des
professions, nous avons inscrit le principe de l'autorégulation des
professions par leurs propres membres. Les pouvoirs des corporations
embrassent, entre autres, l'activité de leurs membres en matière
de publicité. Ce régime m'apparaît logique et
cohérent. Je n'ai pas l'intention de le coiffer d'une loi qui viendrait
en modifier l'esprit. Je n'envisage pas de faire de propositions au
gouvernement pour modifier les dispositions touchant la publicité. Je
pense que les bureaux de direction des corporations sont tout à fait
capables de continuer à réglementer la publicité de leurs
membres respectifs. Je veux cependant inviter les bureaux des corporations
à examiner avec un esprit ouvert les besoins d'adaptation qui peuvent
justifier une modification de leur discipline en matière de
publicité.
On a également parlé, ces derniers mois, de la question
des honoraires professionnels qui sont encore maintenus en vigueur par une
réglementation précise dans six ou sept corporations
différentes dont le Barreau, la Chambre des notaires, la Corporation des
ingénieurs et quelques autres. La commission, présidée par
le député Reed Scowen, avait recommandé qu'on abolisse
complètement ces structures d'honoraires que prescrivent certaines
corporations. J'ai préféré me donner un an de
réflexion et d'observation à ce sujet. Après une
année d'observation, je ne vois pas l'urgence de procéder
à ce changement. Si certaines corporations me disent qu'elles sont
prêtes à laisser tomber cette structure d'honoraires, je n'ai pas
d'objection à acquiescer à leur désir. Nous le ferons
même volontiers. Mais là où on a des raisons
sérieuses de maintenir une structure d'honoraires, je ne voudrais pas
disposer de cette réalité d'un revers de la main sans nous
être donné, comme gouvernement, le temps nécessaire pour
prendre les décisions les plus judicieuses. Je pense seulement à
la Corporation des arpenteurs-géomètres dont les membres font
beaucoup de travaux pour des corps publics, des municipalités, des
ministères gouvernementaux, des établissements particuliers. Je
pense qu'il est très opportun que cette corporation ait des tarifs
d'honoraires pour régler le comportement de leurs membres vu qu'ils font
affaire avec des corps publics. Cela permet d'éviter un paquet de
litiqes et de controverses qu'on risquerait d'encourir autrement.
Je termine en soulignant le travail excellent accompli par l'Office des
professions sur la question de l'assurance-responsabilité
professionnelle. Vous savez que le problème de la responsabilité
professionnelle se pose de manière de plus en plus grave pour les
membres de plusieurs professions. Actuellement, un grand nombre de
professionnels sont laissés démunis. Les assurances de type
privé qui leur sont proposées ont connu des hausses de taux
spectaculaires ces dernières années au point que, dans plusieurs
cas, elles deviennent inaccessibles aux membres qui en sont à leur
début dans la profession ou à ceux qui n'ont pas atteint une
pratique très lucrative. II fallait faire quelque chose. Par un projet
de loi présentement devant l'Assemblée nationale, nous donnerons
aux corporations le pouvoir de se doter de fonds
d'assurance-responsabilité et elles seront habilitées par
celui-ci à imposer la participation obligatoire de leurs membres
à ces fonds et à fixer des cotisations en conséquence.
Cela nous a été demandé par plusieurs corporations et nous
donnerons suite à cette demande après avoir
pris à ce sujet l'avis de l'Office des professions.
L'Office des professions est présentement privé de
président. Le président précédent, M.
Desgagné, a démissionné il y a une couple de mois de
manière assez pressée. Le gouvernement doit le remplacer
incessamment, mais en attendant le fonctionnement de l'office est très
bien assuré par les membres qui le composent actuellement» Le
vice-président, M. Louis Roy, est à mes côtés, je le
remercie de sa précieuse collaboration.
Maintenant, j'ai terminé mon exposé, M. le
Président. Je suis tout à fait ouvert aux questions qu'on voudra
me poser et que je serai très heureux de confier à M. Roy, si les
circonstances l'indiquent.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous remercie,
M. le ministre de votre exposé. Je reconnais maintenant la critique
officielle de l'Opposition, Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: M. le Président, seulement pour rappeler
l'évaluation que nous avions faite ce matin de cette nouvelle pratique
instaurée par le ministre de l'Enseignement supérieur. Le fait de
faire une déclaration préliminaire avant chaque programme va
effectivement bouffer une partie importante du temps de la commission et, selon
tous les précédents qui avaient été
créés, c'était la place de l'Opposition. Vous comprendrez
qu'il vient de nous prendre quelque 12 minutes sur les 18 minutes qui restaient
pour la fin de la séance. C'est tout à fait l'évaluation
que nous faisions ce matin et je trouve que c'est inacceptable, quand on sait
à quoi doivent servir les commissions parlementaires pour l'étude
des crédits. Le ministre le sait. Ce n'est pas pour faire des
déclarations de ministre à n'en plus finir et qui vont avoir
duré au total plus de deux heures qu'on vient en commission
parlementaire, mais pour essayer d'éclairer la population sur les
orientations du ministre en matière d'enseignement supérieur.
Les acupuncteurs
Donc, je serai relativement brève. Compte tenu du mandat
confié à l'Office des professions et par rapport à des
situations urgentes, certaines plus urgentes que d'autres, j'aurais voulu poser
hier un certain nombre de questions. Mais je vais tes limiter à deux
volets qui touchent deux corporations, une existante... Ce ne sont pas deux
corporations, mais deux situations, je dirais -ce ne sont pas encore des
corporations - qui relèvent en partie de la responsabilité de
l'Office des professions, l'acupuncture et les sages-femmes.
On connaît la loi qui a été adoptée en
Chambre récemment, à l'automne, qui fait obligation aux
acupuncteurs - c'est ce qu'on appelle la clause qrand-père - de se
présenter à un examen et ils doivent réussir cet examen
pour être inscrits au registre des acupuncteurs. Tout cela
évidemment, pour utiliser l'expression des acupuncteurs, sous la tutelle
de la corporation des médecins. On sait que les acupuncteurs ont
décidé de boycotter les examens. Je ne sais pas dans quelle
mesure. Donc, j'aurais deux questions précises sur cela. Est-ce que le
ministre, comme l'échéance prévue dans la loi pour
s'inscrire aux examens est le 1er juin de cette année, de 1987, est
informé du nombre d'acupuncteurs qui se sont prévalus de ce
droit? Dans l'hypothèse où les acupuncteurs ne se
présentent pas aux examens, comment va s'exercer la
responsabilité qui a été confiée à la
corporation des médecins de veiller à l'exercice de l'acupuncture
dans ces circonstances? Est-ce qu'il y aura des poursuites? Et, dernier volet,
le ministre peut-il nous dire ce qu'il advient de ce comité qui
était, au dire du ministre au moment où l'on examinait le projet
de loi 156, très efficace et sur le point de trouver des solutions
à tous ces problèmes? (22 h 15)
Je pense qu'on est obligé, aujourd'hui, de constater que c'est un
échec complet. Est-ce que le ministre pourrait nous dire combien nous a
coûté ce comité spécial dirigé par M.
Dussault, si ma mémoire est fidèle, combien il y a d'acupuncteurs
qui se sont prévalus du droit de s'inscrire avant le 1er juin aux
examens de la corporation des médecins et, dans l'hypothèse
où il y a un boycottage quasi systématique des acupuncteurs,
est-ce que le ministre entend intenter des poursuites contres les acupuncteurs
qui continueraient de pratiquer?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: M. le Président, en lisant Le Devoir de ce
matin, je trouvais dans l'une des pages du journal le texte d'un avis que j'ai
publié dans tous les quotidiens du Québec, à deux
reprises, ces derniers temps, à l'intention de ceux qui pratiquent
l'acupuncture.
Cet avis est très bref et il rappelle à ces personnes que,
selon la loi adoptée par l'Assemblée nationale l'an dernier,
toutes les personnes qui veulent être admises à pratiquer
légalement l'acupuncture au Québec sont tenues de s'inscrire
avant le 1er juin 1987 à la Corporation professionnelle des
médecins du Québec en vue de subir les examens de qualification
qui les autoriseront à être reconnues par la corporation comme
aptes à pratiquer l'acupuncture au Québec.
Elles auront, ensuite, après s'être inscrites avant le 1er
juin, jusqu'au 31
décembre 1987 pour passer les examens établis par la
corporation des médecins. J'avais, en outre, à la suite des
décisions qui ont été prises à ce sujet au
début de septembre 1986, constitué un comité de travail
présidé par Me René Dussault qui est un de nos meilleurs
experts en matière de législation professionnelle, afin d'aplanir
certaines difficultés qui subsistaient entre la corporation des
médecins et les représentants du monde des acupuncteurs.
Ce comité a siégé à plusieurs reprises
depuis le mois de décembre. Il a tenu cinq réunions
différentes auxquelles la participation des différents milieux de
l'acupuncture a été nombreuse. Mais, là, il y a des gens
qui sont venus à ces réunions seulement pour sentir ce qui se
passait et non pas pour participer véritablement.
Ils s'en venaient essayer de tirer les marrons du feu, d'après ce
que j'ai pu comprendre. Au bout d'un certain temps, ils ont dit qu'eux
n'étaient plus intéressés à participer au
comité, que les examens ne les intéressaient plus, qu'ils
préféraient se présenter devant les tribunaux pour
réclamer l'invalidation de la loi adoptée l'an dernier,
invalidation qu'ils réclament au nom de la Charte des droits et
libertés de la personne.
Alors, des représentations ont été soumises aux
tribunaux à cette fin par les milieux concernés. Mais la loi suit
son cours et les personnes - je le répète solennellement - qui
auront refusé de se soumettre aux prescriptions définies dans la
loi, le feront à leur risque et à leur détriment, parce
que nous n'avons pas l'intention de modifier cette loi.
Les dirigeants de certaines associations donnent à leurs membres
des conseils très dangereux, très téméraires. Je
souhaite vivement qu'ils révisent leur position pendant qu'il en est
encore temps et que leurs démarches se poursuivent devant les tribunaux,
mais qu'ils ne s'imaginent pas qu'il suffit de présenter une
requête à un tribunal pour que le gouvernement se sente
obligé de cesser d'agir.
Le gouvernement a l'obligation d'appliquer les lois, même si un
citoyen décide de se présenter devant les tribunaux pour en
contester la validité. J'apprenais par les journaux de ces jours
derniers que 28 acupuncteurs ont reçu récemment leur certificat
d'accréditation après avoir subi, au mois d'avril, l'examen
régulier préparé à leur intention par la
corporation des médecins.
Le projet de loi que nous avions présenté l'an dernier
visait à faciliter l'accréditation pour un nombre de personnes
que nous avions estimé quelque part autour de 400. Alors, les autres
personnes prendront leurs responsabilités. Mais si elles refusent de se
présenter aux examens comme les y enjoint la loi, elles seront passibles
de poursuites. Les poursuites, dans ce cas-ci, sont susceptibles d'être
intentées par la corporation des médecins, selon la loi de la
médecine. La corporation des médecins a le pouvoir de poursuivre
des personnes qu'elle juge comme pratiquant illégalement la
médecine, contrairement aux dispositions de la loi. Ces personnes, qui
se seront érigées en seuls juges de ce qu'est la loi, devront
subir les conséquences de leurs décisions. Je dois les en
prévenir. Je l'ai fait d'ailleurs dans ce message que j'ai fait publier
dans tous les journaux, y compris Le Devoir d'aujourd'hui. Je pense que
c'était dans La Presse d'hier ou dans celle de samedi. Cela a
paru dans les autres journaux également. J'ai ici les dates de parution.
Je pense que tout le monde a vu cet avis. Il a paru dans Le Soleil, le
samedi 16 mai 1987 et aujourd'hui même, le mardi 26 mai 1987. Dans La
Presse il paraît aujourd'hui, également. Dans The Gazette;
dans Le Devoir. II a paru dans Le Nouvelliste, Le Quotidien, La
Tribune. Personne ne pourra prétexter qu'il ne fut point saisi de
choses que, par ailleurs, il connaissait déjà en
l'occurrence.
C'est ma réponse à la question de la députée
de Chicoutimi. Je suis bien content qu'elle m'ait donné l'occasion de
préciser la position du gouvernement en cette matière. Elle ne
changera pas.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur le programme 8?
Mme Blackburn: Oui, M. le Président. En fait, ce que je
conclus des propos du ministre, c'est qu'il n'a pas répondu au
coût de ce comité diriqé par cet expert. Cela coûte
toujours trop cher quand il y a un échec, de toute façon.
Je voudrais dire que ce que je retiens des propos du ministre, c'est un
échec complet. On revient à la case de départ. Je dirais
que si l'attitude des acupuncteurs est téméraire, celle du
ministre me le paraît également un peu. Je ne connais pas
très bien la loi dans le cas de pratiques illégales de la
médecine. Mais s'il y avait effectivement des poursuites qui menaient
tout ce beau monde en prison, par exemple, il faudrait peut-être les
agrandir un peu. Je ferai remarquer au ministre qu'il a estimé à
quelque 400 cas, le nombre d'acupuncteurs qui pourraient éventuellement
se présenter à ces examens. Il y en a 28 qui sont venus. Il en
existe probablement plus que ces 400. Cela veut donc dire qu'il y aurait
quelque 372 personnes à poursuivre. II y a de quoi occuper, j'imagine,
les services judiciaires et, s'il y avait des poursuites, les prisons.
Je n'irai pas plus loin parce que je pense que des déclarations
aussi impressionnantes que celles que le ministre veut bien faire, cela a un
peu plus une allure paternaliste que réaliste. D'autant plus
que les acupuncteurs ont effectivement décidé, comme ils
l'ont annoncé, de défier la loi.
Les sages-femmes
J'aimerais revenir, comme le temps passe rapidement, sur une
recommandation de l'Office des professions, relativement à
l'instauration d'une corporation pour les sages-femmes. Je sais que la ministre
de la Santé et des Services sociaux attend qu'il y ait une
décision prise là-dessus. On sait que sur cette question aussi,
comme pour celle des acupuncteurs, le lobby des médecins est très
fort. Le ministre le sait aussi. Par ailleurs, on sait que le Québec est
le seul endroit au monde, je pense bien, avec l'Afrique du Sud, qui ne
reconnaisse pas les sages-femmes. Est-ce parce que les sages-femmes ne
coûteraient pas assez cher? Est-ce parce que c'est un modèle qui
n'a pas fait ses preuves à l'étranger? Qu'est-ce qui explique
qu'on ne soit pas plus avancé dans la reconnaissance de ce statut des
sages-femmes au Québec?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Sur les sages-femmes, je n'ai pas encore
été saisi du problème en ma qualité de ministre
responsable de l'application des lois professionnelles. L'Office des
professions a été saisi d'une demande de constitution en
corporation, il y a environ deux ans. Il a procédé à des
consultations abondantes à ce sujet. M. Roy m'informe que dans un avenir
prochain, l'Office des professions doit me transmettre un avis à ce
sujet.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. Madame.
Mme Blackburn: Comme cela prend du temps à accoucher de
cet avis, heureusement que les femmes n'ont pas attendu que les sages-femmes
soient reconnues pour accoucher, autrement il aurait fallu penser que les
femmes étaient enceintes pendant 20 ans, comme le disait tout à
l'heure le ministre à l'occasion d'un lapsus. Cependant, je voudrais le
rappeler, blague à part, que c'est réclamé de plus en plus
et depuis longtemps déjà à la fois par les femmes par
l'Ordre des infirmières et par celles qui effectivement possèdent
au Québec ou le posséderaient à l'étranger les
capacités d'exercer les fonctions de sage-femme. Je n'aurai pas ici
à faire une longue démonstration pour convaincre les gens que les
personnes les plus qualifiées pour décider avec l'aide de qui
elles voudront bien mettre un enfant au monde, ce sont bien les femmes. C'est
demandé de plus en plus par les femmes. Je dois dire que le dossier est
entre les mains des hommes; j'ai hâte de voir à quel moment on
prendra une décision là-dessus et quand le ministre nous dit,
à la suite d'informations qu'il tient de M. Roy, le
vice-président, que l'avis viendra incessamment, peut-on
déjà nous indiquer le sens de cet avis qui sera donné
à la suite de la demande présentée par un groupe voulant
se constituer en corporation de saqes-femmes.,
Le Président (M. Parent, Sauvé): M, le
ministre.
Mme Blackburn: Le vice-président.
M. Ryan: J'entendais parler d'hommes. La députée
nous dit que cette question est entre tes mains d'un groupe d'hommes. La
question est à l'étude au ministère de la Santé et
des Services sociaux et on a une femme comme ministre.
Mme Blackburn: Elle attend votre décision.
M. Ryan: Je crois que les choses se font en collaboration.
L'Office des professions avant d'en arriver à mettre au point l'avis qui
me sera transmis ces jours prochains a dû travailler pendant plusieurs
mois en étroite consultation avec les milieux concernés et avec
le ministère de la Santé et des Services sociaux. Peut-être
que M. Roy pourrait nous éclairer un peu sur le cheminement qui a
été suivi à ce sujet, si le comité y consent.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui.
Consentement? Madame? Consentement, M. Roy.
M. Roy (Louis): Effectivement, l'Office des professions a
été saisi d'une demande de constitution en corporation de
l'Association des sages-femmes et, peu de temps après, le
ministère de la Santé et des Services sociaux mettait sur pied un
qroupe de travail pour la pratique des saqes-femmes et a demandé
à l'office d'y collaborer. L'office a collaboré pendant un an
à ce comité et quand le comité est arrivé au moment
de discuter de l'organisation professionnelle de cette nouvelle
activité, il a demandé à l'office de réaqir et
l'office a commencé ensuite à traiter la demande de constitution
en corporation des saqes-femmes dans ce cadre-là.
Pour ce faire, l'office a consulté tous les milieux
intéressés: l'Association des saqes-femmes, l'Alliance
québécoise des sages-femmes praticiennes, les corporations
professionnelles des médecins, les infirmières et les CLSC. On a
procédé à une vaste consultation et maintenant notre avis
est prêt à être transmis au ministre. Ce que l'on souhaite
et ce que l'on recommande au
ministre, c'est de légaliser la pratique des sages-femmes, mais
d'une façon autre que celle de l'acupuncture actuellement.
Le Président (M. Parent, Sauvé); Merci, M. Roy. Un
instant, madame. Il est 22 h 29. La remarque de M. Roy a été
entendue et reçue. Je dois vous demander si le programme 8 est
adopté?
Mme Blackburn: M. le Président, je me dois de vous
demander si on peut autoriser M. Roy à terminer sa réponse.
Le Président (M. Parent, Sauvé): C'est vous,
madame, qui avez le consentement entre les mains.
Mme Blackburn: Bien, alors, M. le Président, je consens
à ce que M. Roy...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Si vous consentez,
madame, M. Roy...
Mme Blackburn: ...nous éclaire un peu plus par rapport
à sa dernière remarque.
M. Roy: Si je fais référence à
l'acupuncture, c'est que présentement la pratique de
l'obstétrique par les sages-femmes est prévue dans la Loi
médicale actuellement, comme l'exercice de l'acupuncture. C'est pour
cela que j'ai fait référence à l'acupuncture parce que ces
deux exercices proviennent de la même loi. De plus, je
préférerais remettre et discuter de l'avis de l'office au
ministre responsable avant d'en parler publiquement.
Mme Blackburn: J'avais cru comprendre des propos du
vice-président, M. le Président, que, contrairement
précisément à l'acupuncture, on voulait le dégager
de cette tutelle. Ai-je bien compris que, contrairement à l'acupuncture,
on voulait dégager les sages-femmes de la tutelle de l'Ordre des
médecins.
M. Roy: Ce n'est pas nécessairement ce que j'ai dit. J'ai
mentionné qu'on suggérait une réglementation
différente de celle des acupuncteurs.
Mme Blackburn: Je suis allée trop loin. Ha! Ha!
Très bien.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci beaucoup, M.
Roy. Est-ce que le programme 8 est adopté? Adopté...
Mme Blackburn: J'aurais eu beaucoup d'autres questions,
mais...
Le Président (M. Parent, Sauvé): La commission
parlementaire de l'éducation ajourne ses travaux à demain matin,
10 heures précises. Je dois vous avouer que nous sommes en avance sur
nos travaux.
(Fin de la séance à 22 h 31)