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(Dix heures dix minutes)
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît! M. le secrétaire, est-ce que nous avons
quorum?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce qu'il y a
des remplacements?
Le Secrétaire: Non, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, la
commission parlementaire de l'éducation reprend ses travaux dans le
cadre de l'étude des crédits. Nous allons continuer ce matin
l'étude des crédits du ministère de l'Enseignement
supérieur et de la Science pour l'année financière
1987-1988.
Je vous informe qu'il reste trois programmes à étudier.
Nous allons commencer par le programme 6, Enseignement universitaire,
élément 1, fonctionnement. M. le ministre de
l'Éducation.
Pendant que le ministre de l'Éducation se prépare, je vous
informe que nous procéderons dans l'ordre suivant: On verra le programme
6, le programme 7 et, ensuite, le programme 4.
Bonjour, Mme l'adjointe parlementaire du ministre de l'Enseignement
supérieur et de la Science. Nous saluons M. le député de
Laviolette ainsi que Mme la députée de Chi-coutimi, nos bien
aimables député et députée.
Je rappelle aux membres de cette commission parlementaire que neuf
heures sont allouées à l'étude des crédits du
ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science et que,
normalement, cette enveloppe se terminerait à midi. J'inviterais M. le
ministre à faire ses commentaires. Je demanderais bien respectueusement
à tous d'essayer d'être le plus concis possible dans leurs
déclarations, dans leurs interventions de façon que la commission
puisse faire son travail dans les meilleures conditions possible et toucher
à tous les programmes, si possible.
M. le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Science, nous
vous écoutons.
Enseignement universitaire Exposé général M.
Claude Ryan
M. Ryan: Pour l'année 1987-1988, le gouvernement
a fait du financement des universités l'une de ses priorités les
plus importantes. Non seulement il n'y aura pas de compressions dans les
crédits accordés au secteur universitaire, mais il y aura, au
contraire, une hausse. À cet ajustement qui apparaît au Cahier
explicatif des crédits, il faut ajouter les sommes annoncées par
mon collèque, le ministre des Finances, dans son discours sur le budqet.
Pour l'année académique 1987-1988, des sommes de 40 000 000 $
s'ajoutent à celles qui avaient déjà été
prévues.
En comparant les crédits de l'année 1987-1988 à
ceux de l'année 1986-1987, il faut parler d'une augmentation de 10,9 %
des subventions de fonctionnement accordées à l'ensemble des
universités. Nous avons fait des calculs du rendement que donneront les
subventions en 1987-1988 sous l'angle du critère par tête
d'étudiant, qui a souvent servi à des appréciations que
nous avons faites dans le passé. Je suis heureux de constater, en
examinant les chiffres que le ministère a préparés, que le
montant de la subvention per capita pour étudiants équivalence
temps complet, en 1987-1988, sera de 5073 $ comparativement à 4856 $
l'an dernier et à 4888 $ en 1985-1986, année choisie comme
année témoin par le porte-parole de l'Opposition.
Donc, en 1987-1988 la subvention par étudiant, équivalence
temps complet, sera de 5073 $ contre le montant de 4888 $ pour l'année
1985-1986. C'est le montant le plus élevé, en dollars
réels, depuis 1983-1984. C'est donc dire que nous commençons
à sortir du tunnel. Le gouvernement amorce ainsi une importante
opération de redressement de la situation financière des
universités. Il veut témoiqner de son appui aux
universités, ainsi qu'à leur mission unique
d'élargissement de la diffusion des connaissances.
Cet engagement du gouvernement découle des échanges de
propos que nous avons eus en commission parlementaire l'automne dernier, alors
que la commission avait reçu de l'Assemblée nationale - j'en
faisais partie pour l'accomplissement de ce mandat - le mandat d'étudier
le cadre de financement du réseau universitaire pour l'année
1987-1988 et les années subséquentes.
Les audiences de la commission ont permis de dégager un certain
nombre d'orientations touchant l'accessibilité aux
études universitaires, la qualité de l'enseignement et de
la recherche, ainsi que la coordination et la rationalisation du réseau
universitaire. Par-dessus tout, elles ont amené les parlementaires -
à qui je veux rendre hommage de nouveau pour leur engagement
sincère et consciencieux dans l'examen de ces problèmes -
à conclure que le gouvernement avait l'obligation de procurer aux
universités un niveau de ressources plus adéquat.
Les crédits 1987-1988 s'élèveront en tout à
1 200 000 000 $ comparativement à des dépenses probables de 1 100
000 000 $ en 1986-1987. Ce montant inclut une augmentation de 36 400 000 $ au
chapitre des rémunérations pour lesquelles seront
appliqués les paramètres d'ajustement accordés aux
employés des secteurs public et parapublic. Un montant de 3 600 000 $
est également inclus pour l'augmentation des autres dépenses dont
l'indexation a été établie à un taux de 2 %.
Pour 1987-1988, 9 700 000 $ seront dépensés au chapitre
des actions structurantes. Ce programme a maintenant atteint son rythme de
croisière. En juillet dernier, j'annonçais le choix des 14
dernières équipes. Un total de 43 équipes auront
été subventionnées. Le versement des subventions a
toutefois été décalé en 1986-1987 en raison des
délais encourus par plusieurs équipes pour recruter les
attachés de recherche dont les qualifications répondent aux
critères d'excellence du programme.
Les postes attribués aux équipes créées en
1984-1985 et 1985-1986 sont maintenant tous comblés. Près de 75 %
des postes prévus pour les équipes mises sur pied en 1986-1987
ont été comblés. Nous estimons que l'opération des
actions structurantes, lorsqu'elle aura été
complétée, aura permis d'injecter près de 750 postes, dont
150 postes d'attaché de recherche dans les universités.
Cette opération a également permis d'injecter quelque 5
500 000 $ pour l'achat d'équipement scientifique à des fins de
recherche. Les premières évaluations d'étape des
équipes créées en 1984-1985 auront lieu au printemps de
1988, tandis que les évaluations des équipes créées
en 1985-1986 auront lieu à l'automne de la même année.
Les équipes présentent un rapport financier annuel, lequel
doit être accompagné à la fin de la troisième
année d'un rapport scientifique faisant état de l'avancement des
travaux et des objectifs fixés pour les années à venir.
L'évaluation finale de la performance des équipes aura lieu au
terme de la cinquième année de fonctionnement.
Les crédits 1987-1988 prévoient un montant de 17 000 000 $
pour le financement des clientèles additionnelles. De ce montant, 4 300
000 $ sont imputables à l'année 1986-1987 et 12 100 000 $
à l'année 1987-1988. Le financement de 70 % pour les secteurs
prioritaires du premier cycle et pour les deuxième et troisième
cycles ainsi que le financement de 50 % pour les autres secteurs seront
maintenus cette année.
Il faudrait revoir toute la question du financement des
clientèles additionnelles dans le cadre de l'exercice de révision
de la formule de financement. Comme je l'ai indiqué en commission
parlementaire l'automne dernier, il faut éviter que se perpétue
la course aux clientèles que nous avons observée au cours des
dernières années. Le phénomène des baisses de
clientèle que nous observons au collégial devra aussi faire
l'objet d'une attention particulière, car il aura des effets dans le
réseau universitaire.
Nous prévoyons, de toute manière, pour le début des
années quatre-vingt-dix, indépendamment du
phénomène que nous observons cette année dans les
collèges, qu'il y aurait une certaine baisse des effectifs inscrits dans
les universités. Or, vu la diminution que nous constatons dans les
inscriptions au collégial, les prévisions que nous avions
dressées devront être révisées à la
baisse.
Le ministre des Finances a, pour sa part, annoncé l'octroi de
sommes additionnelles pour améliorer la situation des
universités. Ces sommes s'inscrivent dans un plan de redressement de
deux ans. Pendant cette période, de concert avec les universités,
nous mettrons au point une nouvelle formule de financement et nous
entreprendrons la mise en oeuvre de certaines mesures que j'annonçais au
terme des travaux de la commission parlementaire sur le financement des
universités.
Pour les années scolaires 1987-1988 et 1988-1989, les
universités pourront compter sur un ajout de ressources de 79 000 000 $
ainsi réparties: Ajustement de la base de financement des
universités: 15 000 000 $, récurrents évidemment;
redressement des déficits des universités, 8 000 000 $ en
1987-1988 et 7 000 000 $ en 1988-1989; financement des frais indirects de la
recherche, 7 000 000 $ en 1987-1988 et 7 000 000 $ en 1988-1989;
équipement scientifique, 5 000 000 $ pour chacune des deux années
1987-1988 et 1988-1989; 5 000 000 $ éqalement pour les
bibliothèques universitaires, pour chacune des deux années,
1987-1988 et 1988-1989.
En réponse à une question que m'adressait hier, à
ce sujet, la députée de Chicoutimi, je voudrais indiquer que ces
sommes devront être traduites en crédits de fonctionnement, selon
les normes habituelles d'étalement des dépenses d'investissement
qui sont consenties. Par conséquent, au chapitre des dépenses de
fonctionnement, ce ne seront pas ces sommes qui seront inscrites, mais un
pourcentage qui sera déterminé conformé-
ment aux normes du gouvernement.
Maintenant, dans le plan quinquennal que nous avons soumis à
l'approbation du Conseil du trésor, nous avons inclus
intégralement les demandes qui étaient contenues dans le message
que j'adressais au premier ministre, en janvier dernier, c'est-à-dire
des sommes indiquant des besoins d'environ 35 000 000 $ par année, au
chapitre du maintien des actifs et de la modernisation des équipements
et des bibliothèques. Par conséquent, une partie est
octroyée grâce aux décisions annoncées par le
ministre des Finances, mais il y a toute une partie qui doit faire l'objet de
déterminations subséquentes de la part des instances
compétentes à l'intérieur du gouvernement.
Je me dispense de commentaires additionnels sur ces sommes, sauf pour
rappeler qu'en ce qui touche les déficits, les sommes que nous injectons
cette année et l'an prochain sont évidemment modestes par rapport
à l'ampleur des déficits accumulés. Il est évident
qu'il faudra faire face au problème du déficit des
universités d'une manière plus substantielle au cours des
prochaines années. Je crois que les études que nous ferons sur la
formule de financement et, surtout, sur les sources possibles de revenus pour
les universités nous fourniront un éclairage indispensable
à ce sujet. Mais tant que nous n'aurons pas complété cet
exercice, je ne pense pas que le gouvernement sera en mesure de prendre des
décisions définitives et globales concernant les déficits
des universités.
Il est bien entendu, également, que la responsabilité des
déficits est premièrement celle des universités. Le
gouvernement consent à s'engager dans ce problème dans la mesure
où certaines inéquités découlant de la formule de
financement suivie ces dernières années ont pu engendrer des
situations inacceptables pour certaines universités. Une somme de 14 000
000 $ est prévue pour permettre aux universités de faire face aux
frais indirects attribuables aux subventions de recherche. En commission
parlementaire, de nombreux intervenants avaient signalé les coûts
importants découlant de ces subventions de recherche que des professeurs
d'université décrochent auprès d'organismes
subventionnés, extérieurs aux universités et qui, souvent,
viennent obérer le budget de leur université respective d'une
manière très lourde.
La forme que revêtira ce soutien aux frais indirects de la
recherche pourrait n'être que temporaire étant donné que
nous serons dans une période de transition. Nous profiterons de
l'expérience qui sera faite pour identifier la meilleure façon
d'assurer une contribution plus permanente du gouvernement au financement des
coûts indirects de la recherche.
Les travaux sur la répartition des sommes additionnelles
injectées par le gouvernement, à l'occasion du discours sur le
budget, pour le fonctionnement des universités, sont présentement
en cours au ministère. Une rencontre doit avoir lieu ces jours prochains
avec la conférence des recteurs et des principaux des universités
du Québec, afin de nous aider à déqaqer les grandes lignes
de cette répartition. Une fois complétés, les travaux qui
se poursuivent présentement seront soumis pour avis au
Conseil des universités.
Ce plan transitoire de redressement financier nous permettra
d'entreprendre, en collaboration avec les universités, la
révision de la formule de financement. II faudra assurer la transparence
de cette formule, corriger les distorsions qui se sont glissées dans les
bases historiques et faire une place plus adéquate au financement de la
recherche. Il faudra aussi prévoir des mécanismes de
rationalisation et d'évaluation des programmes existants et ce, en vue
de l'approbation de nouveaux proqrammes.
Je recevais justement à ce sujet au début du mois de mai
une lettre très importante en provenance du Conseil des
universités. Dans cette lettre, après m'avoir fait part de
certaines demandes dont il avait été saisi en provenance de
divers établissements universitaires pour l'établissement de
nouveaux proqrammes, le Conseil des universités me faisait part de son
inquiétude quant aux critères qui devraient permettre à
l'avenir de quider les décisions du gouvernement en matière de
maintien de programmes existants ou d'approbation dé nouveaux programmes
soumis par les universités. Au cours de la discussion qui aura lieu
tantôt, je donnerai volontiers des détails sur cette lettre que je
recevais du Conseil des universités et sur la politique que nous
entendons suivre à cet égard. Il nous faudra également
étudier les politiques d'admission et de contingentement des
étudiants, ainsi que les cheminements et la persévérance
des étudiants. Il faudra revoir tes politiques d'admission à
l'endroit des étudiants étranqers. Les universités seront
également invitées à adopter des plans triennaux de
développement académique et institutionnel.
Je participais cette semaine à un colloque international
organisé par l'OCDE et l'Université du Québec sur les
problèmes de productivité à l'intérieur des
universités, et l'un des conférenciers à la séance
d'ouverture prévenait les représentants des gouvernements et des
universités participant à la conférence de l'écueil
que peuvent représenter des échéances trop courtes que
l'on serait tenté de se fixer dans le traitement de ces problèmes
de fond qui sont caractéristiques des universités aujourd'hui.
Par exemple, on a beaucoup parlé du
problème de la tâche des professeurs d'université.
Prétendre régler ce problème à court terme serait
une erreur d'optique dangereuse. Le conférencier concluait son
exposé justement en prévenant les participants que
l'échelle de temps retenue pour de tels travaux est extrêmement
importante. C'est pourquoi, dans la formation du groupe de travail que nous
achevons de constituer sur le problème fondamental de la tâche du
professeur d'universités nous avons voulu procéder avec le
maximum de prudence et de doigté. C'est un problème
extrêmement difficile à aborder.
Nous serons en mesure, à compter de cet été, de
faire un travail de fond à ce sujet, mais j'ai
préféré mettre un peu de temps, de manière que tous
ceux dont la collaboration nous est essentielle pour un travail productif
puissent être disposés à collaborer. D'autres groupes de
travail ont été institués ces derniers mois: un sur
l'Université du Québec et un autre sur les services
d'enseignement universitaire de la Côte-Nord du Québec. Nous
entreprendrons prochainement une étude de fond sur le problème
des chargés de cours à la suite du conflit qui a surgi à
l'Université du Québec et qui a obligé l'Assemblée
nationale à légiférer, afin d'assurer que l'année
académique des étudiants ne soit pas perdue. Tous ces travaux se
poursuivront en 1987-1988.
L'année verra aussi l'implantation d'une nouvelle méthode
de décompte des clientèles à partir du fichier RECU. Cette
méthode prévoit un décompte uniforme pour chaque
institution des étudiants équivalence temps complet. Auparavant,
le nombre d'étudiants équivalence temps complet était
établi à partir des frais de scolarité perçus pour
chaque secteur et calculés pour chaque établissement. Le Conseil
des universités avait maintes fois recommandé de procéder
à une révision du mode de décompte des clientèles.
Nous sommes heureux d'apporter cette année une réponse positive
à ce voeu du conseil. Dans un premier temps, la méthode
s'appliquera au décompte des clientèles additionnelles, mais les
travaux qui se poursuivent au ministère permettront également
d'appliquer cette méthode à d'autres activités des
universités qui tiennent compte de la mesure des étudiants
équivalence temps complet.
En 1987-1988 le ministère réinstitue, dans le cadre du
plan d'action du ministère de l'Éducation pour la formation
professionnelle de niveau secondaire, le programme de perfectionnement et de
recherche concernant les maîtres de l'enseignement professionnel. Cette
année, le budget prévu est de 870 000 %, dont 350 000 $
proviendront du plan d'action du ministère de l'Éducation.
Je ne saurais conclure cet exposé sans ajouter un mot de la
participation du gouvernement fédéral au financement de
l'enseignement postsecondaire. Les décisions des gouvernements
libéraux et conservateurs à Ottawa, dans le cadre du financement
des programmes établis, feront perdre au Québec, au titre de
l'enseignement postsecondaire, des sommes que nous évaluons à
près de 2 000 000 000 $ sur la période s'étalant de 1982
à 1992. (10 h 30)
Le gouvernement fédéral proclame volontiers sa foi dans le
rôle crucial de l'éducation pour le développement
économique et technologique du pays. C'est d'ailleurs à la suite
d'une initiative du Secrétaire d'État fédéral que
le Conseil des ministres de l'Éducation du Canada, dont fait partie le
Québec, collabore à l'organisation d'un forum national sur
l'enseignement postsecondaire qui aura lieu à Saskatoon en octobre
prochain. Avec mes collèques des autres provinces, je verrai, à
l'occasion de ce colloque, à faire des représentations
énergiques auprès des autorités fédérales
concernant le désengagement proqressif du gouvernement
fédéral dont nous sommes les témoins impuissants depuis
déjà quelques années.
Aujourd'hui, le gouvernement est heureux de proposer des voies d'action
qui vont dans le sens de l'avis sur le financement des universités que
nous faisait tenir le Conseil des universités le printemps dernier. En
évitant d'appliquer cette année des compressions au réseau
universitaire, en y injectant des sommes additionnelles de près de 40
000 000 $, le gouvernement reconnaît que les universités
connaissent une situation difficile qu'il faut de toute urgence corriger.
Le programme de redressement transitoire que nous avons annoncé
embrasse une période de deux ans. Cette période devrait nous
permettre, de concert avec les universités, de travailler ensemble
à l'étude des problèmes de financement et surtout de
mettre au point, pour l'avenir, une formule de financement capable d'assurer
aux universités un niveau de ressources plus satisfaisant et plus
stable.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Je reconnais maintenant Mme la députée de Chicoutimi,
porte-parole officiel de l'Opposition.
Plan de redressement
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Je ne commenterai
pas les propos du ministre puisque j'ai eu l'occasion de donner ma lecture des
décisions du ministre et du gouvernement concernant le financement des
universités hier, en début de séance.
Je voudrais poser quelques brèves questions et, avec votre
autorisation, M. le
Président, déposer un tableau comparatif du plan de
redressement proposé par le ministre et des décisions qui ont
été prises ou ce qui constitue le plan qui sera
déposé pour le financement des universités cette
année.
C'est juste pour illustrer mes propos d'hier en ce sens qu'entre la
proposition faite par le ministre, dans son plan de redressement rendu public
par le journal Le Devoir en janvier dernier, et le budqet de 1987-1988
il y a un écart considérable. Je voudrais juste relever une
remarque du ministre, hier, lorsqu'on a parlé des 35 000 000 $
d'investissements par année. Dans le plan de redressement qui
était rendu public, le ministre nous disait: Non, ce n'est pas vraiment
cela qu'on a dit, on a dit que cela exigerait des dépenses de 3 500 000
$. 3 500 000 $, c'est essentiellement le service de la dette.
Ce que nous dit le ministre ce matin, c'est qu'il y a d'autres
décisions à venir et on peut penser qu'il s'agirait de
modifications au plan quinquennal déposé sans modification,
malgré les propos sévères du Conseil des
universités. Je voudrais avoir un peu d'éclaircissement par
rapport à son propos touchant les budgets d'immobilisation et je
voudrais que le ministre me dise ce que représente le manque à
gagner des universités en raison de la sous-indexation des
dépenses autres que salariales.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Je pense que la députée de Chicoutimi m'a
mal compris tantôt. J'ai dit que nous avons soumis au Conseil du
trésor, comme nous le faisons chaque année, un plan quinquennal
d'investissements pour les universités. J'ai ajouté que, dans ce
plan, nous avons inclus des propositions traduisant les demandes que je
soumettais au premier ministre dans le mémoire que je lui adressais en
janvier dernier. Il n'y a pas eu de modification au plan quinquennal. Nous
avons inclus dans ce plan quinquennal les objectifs que j'avais définis
dans ma communication au premier ministre.
Le Conseil du trésor n'a pas encore statué sur ce plan
d'investissements; à plus forte raison, le gouvernement n'a pas encore
été invité à se prononcer parce que le gouvernement
est saisi d'un document comme celui-là une fois que le Conseil du
trésor s'est prononcé.
Il n'y a pas eu de modification. Les choses suivent leur cours
normalement mais, dans le discours sur le budqet, certaines décisions
que j'appellerais liminaires ont été prises. Elles ne
répondent pas à tous les objectifs qui avaient été
proposés au chef du gouvernement dans la communication que je lui
adressais en janvier dernier, c'est évident. Nous ne contestons pas ce
point. Pour les bases de financement, j'avais demandé l'ajout d'une
somme de 20 000 000 $ pour chacune des deux années du plan de transition
et cette somme était récurrente. Cela aurait fait 20 000 000 % la
première année et, la deuxième année, 20 000 000 $
plus 20 000 000 $, c'est-à-dire 40 000 000 $, en tout 60 000 000 $.
Là, ce que nous avons obtenu dans le discours sur le budget, c'est 20
000 000 $ plus 20 000 000 $, c'est-à-dire 40 000 000 $. Je pense que ce
sont des choses qu'il faut reconnaître loyalement.
Maintenant, ce document qui a été publié dans Le
Devoir était une communication de caractère privé que
j'avais adressée au chef du gouvernement, ce n'était pas ma
plate-forme officielle. C'était une communication que j'avais soumise en
sachant très bien qu'elle pouvait être mise en question sur un
point ou l'autre, qu'elle ferait l'objet de discussions et de tamisage normal
dans les services gouvernementaux concernés et, en particulier, au
ministère des Finances et au Conseil du trésor. Que nous nous en
soyons tirés dans une toute première phase avec les
résultats que nous avons, moi, j'en suis relativement heureux.
Pour être franc avec vous, j'aurais aimé qu'il y ait eu
davantage. Même quand j'ai transmis mes propositions au premier ministre,
j'avais été délibérément extrêmement
modeste. Je connaissais très bien les objectifs que nous avait
proposés le Conseil des universités dans son avis sur le
financement, en décembre 1985. Je voyais d'un oeil très
sympathique les recommandations qu'avait faîtes le Conseil des
universités à l'époque. Mais il faut également
comprendre la conjoncture concrète dans laquelle te gouvernement
établit ses objectifs budgétaires, et j'ai en conséquence
établi à un niveau modeste les propositions que je voulais
communiquer au premier ministre. Je savais que même dans cet état
modeste où elles avaient été conçues et
présentées, elles feraient l'objet d'un tamisage et d'ajustements
dont nous avons vu les effets dans le discours sur le budget.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: M. le Président, si je comprends bien les
propos du ministre, j'en dégage au moins deux conclusions. La
première, c'est que le ministre reconnaît que le plan qu'il avait
proposé était modeste et que même étant très
modeste il n'a pas eu qain de cause, tout comme dans le cas du dégel des
frais de scolarité. La deuxième conclusion que je tire, c'est que
le plan de redressement proposé par le ministre a été
considéré par les universités comme étant un strict
minimum. Donc, ce que je suis obligée de conclure, aujourd'hui, c'est
qu'on est en
deçà du strict minimum. Je pense que ce sont deux
conclusions qui se dégaqent des propos du ministre, si je les
interprète bien.
J'aurais aimé que le ministre me réponde sur la
sous-indexation des dépenses autres que les
rémunérations.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Oui, en réponse à la première
affirmation de la députée de Chicoutimi, je voudrais rappeler ce
que j'ai dit tout à l'heure. À la suite des mesures qui seront
appliquées en 1987-1988, le niveau des subventions par étudiant
équivalence temps complet sera, en 1987-1988, supérieur à
ce qu'il fut en 1985-1986, année présentée comme
année-lumière par la députée de Chicoutimi. Que
nous soyons arrivés à ce résultat après un an et
demi de travail, je pense que ta députée de Chicoutimi devrait
s'en réjouir au lieu de chercher à s'enliser dans des
réflexions sombres qui n'ont pas de rapport avec la
réalité. Nous avons franchi une étape importante. Personne
d'entre nous n'a voulu laisser entendre que c'était une solution
définitive et parfaite, pas du tout. Nous en convenons volontiers. Je
pense que d'avoir franchi ce seuil qui nous amène au-delà du
seuil de 1985-1986 en si peu de temps, c'est un accomplissement remarquable
à bien des égards, dont je suis fier et pour lequel je remercie
mes collègues du gouvernement, en particulier, le chef du gouvernement
et le ministre des Finances qui m'ont apporté un appui très
précieux. Je dois vous dire que j'ai été mêlé
personnellement à des séances de travail avec les officiers du
Conseil du trésor sur ce sujet et que les travaux se sont
déroulés dans un excellent esprit de collaboration.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée.
Mme Blackburn: Je voudrais seulement rappeler au ministre qu'il
semble avoir oublié et de beaucoup les propos qu'il tenait alors qu'il
était critique officiel de l'Opposition et qu'il qualifiait le niveau de
financement des universités en 1985-1986 d'indécent. Et il trouve
que c'est une performance que d'avoir atteint à peu près le
même niveau car, étant donné l'augmentation du coût
de la vie, il est évident qu'on ne peut pas comparer le ratio
budget-étudiants de 1985-1986 à celui de 1987-1988 sans faire des
ajustements. Je voulais juste rappeler ça et peut-être ajouter
qu'il y a quand même une sous-indexation au budget de fonctionnement.
Je voudrais passer à une autre question, M. le Président,
parce que le temps va nous presser ce matin et je pense que les tableaux qui
ont été distribués, si j'ai bien compris, avec
l'autorisation du président...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Les tableaux
n'ont pas été distribués, madame, parce vous n'avez pas eu
l'autorisation du président.
Mme Blackburn: M. le Président, est-ce que j'ai
l'autorisation pour...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Non, madame,,
Mme Blackburn: Pardon?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Non, je vais vous
dire pourquoi. Dans le tableau que vous m'avez présenté, il n'y a
aucune source. Il n'est pas identifié. Personne n'en accepte la
responsabilité. Alors, je ne peux pas donner un document...
Mme Blackburn: Alors, si je comprends, monsieur...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mais ça
équivaut è une déclaration verbale, j'imagine bien. Si
vous couviez me l'identifier comme il le faut, comme étant un document
que l'Opposition ou qu'un membre de la commission décide de
déposer à la commission, je n'aurai pas d'objection à le
recevoir dans sa forme et dûment idenfifié.
L'Université du Québec
Mme Blackburn: Bien. Merci, M. le Président. On va
procéder aux corrections. Je vais passer rapidement sous silence les
nombreux comités et groupes de travail constitués par le ministre
qui n'ont comme effet que de reporter les décisions. Le ministre ne nous
fera pas croire que dans plusieurs de ces cas-là il n'a pas
déjà - en tout cas, à tout le moins, c'est ce qu'il nous
disait - la réponse dans ses poches. II essaie de faire confirmer les
décisions ou les orientations qu'il aurait déjà prises,
mais il veut les voir entériner par des comités.
Le comité constitué pour examiner le mandat, le
rôle, les fonctions et les modes de désignation des membres de
l'assemblée des gouverneurs du conseil de l'Université du
Québec, je le dis encore aujourd'hui, c'est inacceptable, parce que ce
mandat vient confier à un comité de faire tous les travaux que la
commission a faits avec beaucoup de sérieux, de l'aveu même du
ministre. Je trouve que c'est inacceptable.
Ce qu'on sent en dessous de ce mandat, quand on vient examiner le
premier volet, si ma mémoire est fidèle, sauf la nomination des
membres du conseil... Je vais le retrouver: Les procédures de nomination
des membres du conseil d'administration de l'assemblée des gouverneurs.
On s'explique mieux l'ingérence du ministre lorsqu'il s'est
permis de nommer le directeur général de l'institut
national de la recherche, pour ne pas le nommer, M. L'Allier, qui a
été évincé sous prétexte qu'il y avait eu un
vice de procédure, alors qu'il s'agissait d'un règlement interne
de l'Université du Québec dans lequel règlement le
ministre s'est arrogé le droit d'intervenir.
Je ne voudrais pas discourir plus longtemps là-dessus, parce que
le temps me manque, mais j'aurais aimé pouvoir le faire. Or, je voudrais
poser deux questions au ministre par rapport à la constitution de ce
comité. Le rapport devait être déposé le 31 mai.
Est-ce que les délais seront respectés et est-ce que le rapport
sera public? La seconde question touche les universités, mais ne
relève pas directement du comité, quoiqu'il soit possible aussi
qu'il l'ait abordée. Il s'agit du statut des sciences administratives de
l'UQAM.
Le Président (M. Parent, Sauvé); Avant de vous
donner la parole, M. le ministre, je dois vous dire que j'ai reçu un
document émanant du cabinet du chef de l'Opposition et qui a pour titre:
"Financement universitaire. Tableau comparatif: discours du budget-plan Ryan,"
Têtes de colonne: Fonctionnement et investissements. Je dois dire que ce
document est recevable et j'en autorise la distribution. M. le ministre.
M. Ryan: Dans sa dernière intervention, la
députée de Chicoutimi a touché beaucoup de points et a
fini par une question, peut-être dans le but de faire oublier certaines
inepties qui étaient contenues dans l'introduction qui a pris plus de
temps que la question, évidemment. Je voudrais lui rappeler
brièvement qu'en ce qui touche l'évolution des subventions de
fonctionnement aux universités, cette année, nous
dépassons te seuil de 1987-1988, année où j'avais reconnu
volontiers une amélioration sensible.
Je disais au gouvernement du temps que ça prendrait plus que
ça pour réparer les dégâts causés par neuf
ans d'absence et d'indifférence. (10 h 45)
Mme Blackburn: ...34 000 000 $ de coupures.
M. Ryan: Je dis aujourd'hui volontiers que cela prendra davantage
que les mesures instituées cette année pour corriger cette
situation. Nous en avons pour plusieurs années avant de trouver une
solution permanente et vraiment satisfaisante au problème du financement
des universités.
J'ajoute seulement que pour cette année-lumière, qui
intéresse beaucoup la députée de Chicoutimi, il y avait
eu, par rapport à l'année précédente, une
augmentation de 8,7 % dans les subventions de fonctionnement; cette
année, l'augmen- tation est de 10,9 %. Il n'est pas mauvais de le noter.
Cela pourra compléter le tableau qui vient d'être
déposé.
La députée de Chicoutimi me demande, à propos du
groupe de travail sur l'Université du Québec, où il en est
rendu? Je suis très heureux de cette question. Je veux d'abord
préciser que le groupe de travail fut constitué avec le
consentement et même la collaboration de la présidence de
l'Université du Québec. Nous avons examiné très
sérieusement cette question. Nous avons considéré de part
et d'autre qu'il pourrait être très utile d'avoir un groupe de
travail comme celui-là. Si la députée de Chicoutimi
considère que la commission parlementaire avait réuni tous les
éléments pour en venir à des décisions, sa
méthode de travail me désappointe beaucoup. La commission
parlementaire a servi de lieu extrêmement utile pour l'entrée en
matière de problèmes fondamentaux qui sont beaucoup plus
complexes que ce que pouvait étudier la commission parlementaire dans
une rencontre d'une heure ou deux avec chaque établissement.
C'était très substantiel. Il est évident qu'il fallait
aller au-delà de cette étape pour en venir à réunir
les matériaux nécessaires à des décisions.
Une des conclusions qui se dégageaient des travaux de la
commission parlementaire -je l'avais d'ailleurs annoncé vers la fin des
travaux de la commission parlementaire -c'était l'opportunité de
constituer un groupe de travail sur l'Université du Québec et son
avenir. Je veux rendre hommaqe à M. Després, le président
du groupe de travail, qui a accompli un travail excellent. On m'assure qu'au
rythme où les travaux du groupe ont fonctionné, le groupe devrait
être en mesure de remettre son rapport vers le 30 juin. Qu'un groupe,
chargé d'un mandat aussi redoutable, réussisse à soumettre
son rapport dans un délai d'à peine un mois au-delà de
celui qui avait été fixé, j'en suis agréablement
étonné. Je souhaite que le contenu du rapport soit à
l'avenant de cette remarquable marque de célérité et
d'efficacité dans le travail accompli.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci...
M. Ryan: Mais je suis très étonné de voir
les objections que l'on formule à l'encontre de cette initiative. Il me
semble que c'est une initiative qui va permettre de déblayer du terrain.
Je ne prétends pas que cela sera définitif, loin de là,
mais c'est une étape qui vient s'ajouter à celles qui ont
déjà été franchies.
Je veux vous dire encore une fois que, pour arriver à la
cohérence et à la transparence auxquelles nous aspirons dans le
domaine de la gestion des affaires universitaires, nous avons encore
quelques
années de travail devant nous. Il y a une part qui relève
de nous. Il y a une part qui relève des universités. Il y a une
part qui relève de l'opinion publique, de la presse, etc. Mais nous
avons encore beaucoup de déblaiement à faire et je ne voudrais
pas laisser entrevoir ici un ciel azuré d'ici à six mois. Cela va
prendre plus de temps que cela avant de renouveler la belle journée qui
a marqué la visite du président Mitterrand, hier.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Est-ce qu'il y a d'autres remarques sur le programme 6? D'autres
questions? Mme la députée.
Mme Blackburn: M. le Président, d'abord, si le ministre se
permet de qualifier mes propos d'inepties, je pourrais qualifier sa
mémoire de défaillante car, en commission parlementaire, il nous
a dit qu'il y aurait un comité constitué pour examiner les
rôles et le fonctionnement du siège social de l'UQ et sur les
chargés de cours. Il ne nous a pas dit que cela touchait l'ensemble de
la mission et du développement des constituantes de l'Université
du Québec.
 mon avis, à ce moment-là, il a induit la
commission parlementaire en erreur. Encore aujourd'hui, il essaie de nous dire
que c'est ce qu'il a dit en commission parlementaire. S'il se
réfère aux délibérations des travaux de la
commission, il va constater que cela touchait, premièrement, les
chargés de cours et, deuxièmement, le rôle et les fonctions
du siège social de l'UQ; non pas l'ensemble de l'Université du
Québec.
Accords fiscaux
À présent, je voudrais aborder toute la question des
accords fiscaux Québec-Ottawa. D'entrée de jeu, je vais rappeler
ce que j'ai dit hier. Le ministre de l'Enseignement supérieur et de la
Science et le gouvernement ont, dans ce dossier, l'appui de l'Opposition,
contrairement à ce que l'Opposition précédente a fait, en
tenant un discours complètement irresponsable lorsqu'il s'agissait de
négociations avec Ottawa et en laissant l'impression, en criant sur tous
les toits que c'était la faute du gouvernement du Parti
québécois si on ne réussissait pas à tirer meilleur
parti de ces accords fiscaux. L'actuel gouvernement est en train de nous dire
que c'est une situation qui perdure et qu'il n'est pas plus performant que ne
l'était le précédent gouvernement. C'est important de
faire ces mises au point.
Je trouve complètement irresponsable le discours que tenait le
ministre de l'Enseignement supérieur actuel et l'Opposition d'alors sur
les négociations entre Québec et Ottawa. Irresponsable parce que
l'on voit les résultats aujourd'hui, parce que si on avait eu un peu
d'unanimité autour de cette question, on aurait peut-être eu un
peu plus de facilité à défendre ces budgets. Je dois
reconnaître qu'avec l'appui de l'Opposition d'alors, probablement qu'on
aurait peut-être une légère différence par rapport
aux accords qui ont été signés et aux lois qui ont
été adoptées depuis, dont on connaît les effets. Je
ne recommencerai pas là-dessus, le ministre en a fait largement
état en Chambre, de même que le ministre des Finances. Et la
lecture qu'ils font des effets que cela a sur le budget, sur les revenus du
Québec est assez juste.
Cependant, ce qui m'étonne, c'est qu'on ne soit pas dans un
dossier clair lorsqu'il s'agit du pouvoir de dépenser» Tout le
monde le reconnaîtra pour avoir suivi le ministre qui est assez
compétent en ces matières et, moi, pour avoir suivi les travaux
de la commission parlementaire sur le lac Meech. Cependant - c'est ce qui
m'étonne - tel que libellé, le pouvoir de dépenser
d'Ottawa pour les programmes à venir vient donner un droit à
Ottawa de fixer les priorités dans des secteurs de compétence
exclusivement provinciale. C'est le premier point.
Le deuxième point, c'est que lorsque l'on parle du pouvoir de
dépenser, je dirais qu'il y a certains secteurs fragiles dans lesquels
le gouvernement fédéral a toujours voulu intervenir et
l'enseignement supérieur ou postobligatoire ou postsecondaire; c'est un
de ces secteurs privilégiés dans lesquels le
gouvernement d'Ottawa a toujours voulu intervenir. On connaît les
recommandations du rapport sénatorial mais, déjà, on est
en mesure de voir que le gouvernement fédéral n'a pas l'intention
de se retirer complètement de ce champ d'intervention parce que, selon
une information qui nous a été fournie en commission
parlementaire, le gouvernement central serait en train de préparer un
projet de loi pour fixer les objectifs de l'enseignement supérieur. Il y
a différentes théories par rapport au pouvoir de dépenser
du gouvernement central dans les champs de juridiction du pouvoir provincial
mais, de façon qénérale, on convient qu'on ne peut pas
faire indirectement ce qu'il n'est pas permis de faire directement. Donc, fixer
les priorités dans les champs de compétence du Québec,
cela appartient au Québec.
Ce qui est convenu dans l'accord du lac Meech par rapport au pouvoir de
dépenser, c'est un retrait avec une compensation, pour autant que les
objectifs du programme soient compatibles avec les objectifs nationaux. Cela
vient, de cette façon, confirmer le droit du gouvernement central de
fixer des objectifs et des priorités vraisemblablement dans des secteurs
de juridiction provinciale.
Le ministre, comme d'ailleurs tous les députés du parti
ministériel, a été silencieux là-dessus,
bâillonné. Le ministre va me dire que c'est parce qu'il
n'était pas en
commission parlementaire. Cela ne l'a pas rendu muet pour autant,
j'imagine. Il aurait pu faire comme l'ont fait certains députés
à Ottawa, et pour les différentes formations politiques. Par
ailleurs, le pouvoir de dépenser dans l'accord du lac Meech ne touche
que les programmes à créer et ne touche pas les programmes
déjà en place. Hier, le ministre nous a avancé une
explication touchant les services sociaux ou l'assurance-chômage. Je
pense que ce sont les services sociaux qui ont servi d'exemple.
Une voix: L'assurance-maladie.
Mme Blackburn: L'assurance-maladie, c'est juste. En citant cet
exemple, il disait: On ne peut pas recommencer... Le gouvernement ne peut pas
mettre en péril cette mesure sociale qui a des effets importants dans
Ies autres provinces, même si celle du Québec est plus
avant-gardiste dans ce domaine.
En ce qui concerne le Québec et, plus particulièrement,
l'enseignement supérieur, il doit déplorer ici que la
Fédération des associations de professeurs des universités
québécoises n'ait pas été entendue à cette
commission. Finalement, c'est le seul syndicat qui n'a pas été
entendu en commission parlementaire sur l'entente du lac Meech. Il me semble
que, s'il y a des organismes qui auraient pu nous apporter un éclairage
intéressant et qui étaient particulièrement
concernés par l'entente du lac Meech, ce sont bien tous les organismes
qui gravitent ou qui sont autour de l'enseignement postsecondaire.
Je voudrais savoir comment le ministre réagit au
communiqué sur l'entente du lac Meech par rapport au volet "pouvoir de
dépenser" - première question - et s'il est informé que le
gouvernement central est en train de rédiger un projet de loi pour fixer
les objectifs de l'enseignement supérieur.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Encore une fois, il y a bien des choses dans les propos
que vient de tenir la députée de Chicoutimi. Je voudrais lui
rappeler, en ce qui concerne le passé, que j'ai eu l'occasion, à
plusieurs reprises, d'avoir des débats très intéressants
avec l'ancien ministre des Finances, M. Jacques Parizeau, au sujet de
l'évolution des paiements de péréquation et des paiements
de transferts du gouvernement fédéral aux provinces, en
particulier, au Québec, au cours des années où nous avons
siégé ensemble à l'Assemblée nationale.
M. Parizeau, comme tout le monde le sait, était un homme bien
informé. Il avait le goût du dialogue civilisé. Il
était très intéressant de discuter de ces choses avec lui.
M. Parizeau avait commis, à mon point de vue, une erreur de perspective
pendant plusieurs années. II a commencé à crier au loup en
ces matières dès le début du rèqne du Parti
québécois. On reqardait les chiffres et, chaque année, on
assistait à des augmentations de 9 %, 10 %, 12 % des paiements de
transferts et on se disait: Où est le problème?
À force de crier au loup avant le temps, quand est arrivé
le moment où le feu était là, les gens l'ont moins cru.
Moi, je lui ai dit, dès qu'on a senti que la courbe s'en allait dans
l'autre direction: Vous pouvez compter sur nous. Je lui signalais que, les
années précédentes, il avait peut-être eu des
conversations confidentielles avec des gens, lui permettant d'entrevoir des
choses qui s'en venaient.
Pendant plusieurs années, il nous a annoncé, dans son
discours sur le budget, une chute dramatique des paiements de transferts
fédéraux et, quand on arrivait au budget de l'année
suivante, il y avait un petit paragraphe de trois liqnes, vers la fin,
où il disait: Les paiements de transferts ont augmenté de 10 %,
12 %. Puis, il passait à autre chose, aucun commentaire, rien. J'avais
trouvé que ce n'était pas une présentation
particulièrement limpide; c'était une présentation
péquiste.
De ce point de vue, dès que les politiques qui entraînent
les résultats dont noirs parlons se sont manifestée, nous les
avons critiquées de ce côté-ci. Je me souviens d'avoir dit
au qouvernement: Sur ce point, vous pouvez compter sur notre appui dans vos
démarches et je suis très heureux que vous nous rendiez la
politesse aujourd'hui.
Deuxièmement, la députée me reproche d'avoir
été silencieux dans les débats autour des accords du lac
Meech. Là, elle me tend un piège auquel je m'aperçois que
je suis peut-être en train de succomber. J'avais réussi à
maintenir la ligne de conduite que je m'étais fixée
jusqu'à maintenant, de membre solidaire du qouvernement, ainsi que je
l'ai expliqué hier. Mais, si l'Opposition s'était rendu compte,
quand elle a mis son veto à ma participation aux travaux de la
commission parlementaire, que j'étais vitalement
intéressé, justement, au titre de ministre responsable de
l'Éducation et ministre responsable de l'Enseignement supérieur,
j'aurais pu siéger à la commission. Je pense que la
députée sait que, quand je siège à une commission,
je ne suis pas un membre muet et passif.
Vous avez dit, tout le monde a dit, en Chambre: II n'a pas d'affaire
là, cela prend des gens qui ont des raisons directes d'être
là. Et vous avez dit: On accepte la ministre de l'Immigration, on
accepte la ministre des Affaires culturelles, mais le ministre de
l'Enseignement supérieur et de la Science n'a
rien à voir là. Vous n'aviez même pas fait le joint
entre les dispositions de l'accord du lac Meech et les préoccupations
légitimes non seulement que j'ai, mais que j'ai toujours eues pour ces
questions. (11 heures)
Je vais accepter ma pilule avec douleur, mais avec la discipline qui
convient aux fonctions que j'exerce et è ta fidélité que
je dois à un règlement de l'Assemblée nationale dont je
n'approuve pas la teneur, mais qui fut approuvé sous l'ancien
gouvernement, beaucoup trop vite, autre exemple de changement
précipité dont on n'avait pas mesuré les
conséquences. Mais on vit avec ces choses-là et on est capable de
respirer quand même. Puisque vous avez ouvert cette porte, je pense qu'il
est important de régler les comptes comme il faut.
Cela ne m'empêche pas de suivre avec grand intérêt
les travaux qui se poursuivent autour de l'accord du lac Meech. Ainsi que le
savent les membres de la commission, je fais partie du comité des
affaires constitutionnelles du gouvernement, lequel est appelé à
se réunir pour étudier ces choses de manière
détaillée. Je veux vous assurer que le comité ainsi que le
cabinet étudient très très soigneusement la teneur
précise des textes qui donneront lieu à un accord
définitif.
Le premier ministre a indiqué, à plusieurs reprises, qu'il
écoutait avec beaucoup d'attention les représentations qui sont
faites en provenance de divers milieux. Il a dit, à plusieurs reprises,
que la formulation de la partie de l'accord du lac Meech traitant du pouvoir de
dépenser du gouvernement fédéral donne lieu à des
échanges de vues qui ne sont pas toujours les plus faciles. Il l'a dit
publiquement. Alors, il faut faire confiance au gouvernement qui a
été élu pour s'occuper de ces choses. Tout le monde sait
que ces délibérations ne se font pas sur la place publique.
Quand M. Lévesque est allé signer la formule d'amendement
avec laquelle nous sommes pris aujourd'hui, il est arrivé un bon jour,
il s'est présenté à une conférence de presse
à Ottawa et pas un chat n'en avait entendu parler au Québec. Je
ne suis même pas sûr que le cabinet le savait. En tout cas, la
députation était aussi prise par surprise que nous
l'étions. On n'avait jamais eu un mot de cela à la Chambre. On
voit ces qens venir nous dire aujourd'hui: Attention! On a été
fichument plus limpide et plus responsable envers le Parlement que ne l'ont
été les hommes politiques qui formaient le gouvernement
antérieur. Encore une fois, cette question n'est pas terminée.
Les travaux se poursuivent à ce sujet.
À propos du pouvoir de dépenser, j'ai dit des choses hier
que je reprends volontiers ce matin. Je ne pense pas - et, ici, je
n'émets pas l'opinion du gouvernement, j'émets mon opinion comme
homme politique - qu'il soit possible, raisonnable et pratique de demander que
le pouvoir de dépenser soit interdit. C'est une prérogative qui
s'attache à la souveraineté gouvernementale. Un gouvernement a le
droit de dépenser. Il peut dépenser de bien des manières.
Ce que la constitution lui interdit, c'est de léqiférer dans des
domaines qui relèvent de la compétence des provinces. Seule la
constitution définit clairement les pouvoirs législatifs de
chaque ordre de gouvernement, Mais, en matière de dépenses, un
pouvoir est là et il doit être exercé avec retenue,
modération et solidarité, en tenant compte de l'ensemble des
responsabilités dévolues à chacun des ordres de
législation. C'est très bien et c'est ce qu'on essaie de faire
avec l'accord du lac Meech. On essaie de baliser l'exercice du pouvoir de
dépenser.
La députée nous dit que ce qui est connu de l'accord du
Lac Meech, c'est-à-dire le communiqué officiel issu de la
réunion, donne lieu à des problèmes. Je l'écoute
avec intérêt et je ferai part au gouvernement des points de vue
qu'elle nous communique. Je me réserve le droit, comme membre du
gouvernement, de faire part de mes points de vue là où je dois
les communiquer,, Je veux prier la députée de Chicoutimi et mes
collègues de croire que je ne suis pas silencieux en ces
matières.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre.
Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Le ministre - je ne reprendrai pas tous ses propos
- parle de la précipitation pour l'adoption d'un règlement
touchant les modalités de fonctionnement en commission parlementaire.
C'est relativement mineur, si je la compare à la précipitation du
présent gouvernement pour aller signer un accord qui engaqe l'avenir du
Québec et de tous les Québécois, et l'avenir
particulièrement de la francophonie ou des Français au
Québec.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Chicoutimi, M. le ministre de l'Éducation, la
responsabilité d'un président de commission à
l'étude des crédits est d'essayer de garder la pertinence du
sujet. Je comprends que je suis d'une souplesse extraordinaire et d'une
permissivité que je me vante d'avoir, mais il faut quand même se
rappeler que nous sommes ici pour étudier les crédits du
ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science.
Il nous reste à peine 55 minutes et nous avons encore deux
proqrammes. Alors, j'inviterais les participants, sans être directif,
sans vous donner d'orientation, à essayer le plus possible de vous en
tenir à
l'objet de la rencontre, soit l'étude des crédits du
ministère. Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: M. le Président, j'aimerais vous rappeler
les propos que vous avez tenus hier matin, dès l'ouverture de la
séance des travaux de cette commission, en disant que vous seriez large
et que vous accepteriez que cela sorte des objets précis de la
discussion touchant les crédits. C'est en me référant
à cet engagement de la part de la présidence que je me permets
d'aller sur ce terrain et de poursuivre brièvement. Je reviens au
sujet.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Quand j'ai dit que
j'étais pour être large...
Mme Blackburn: Voilà! Très large.
Le Président (M. Parent, Sauvé): ...je n'ai pas dit
que j'étais pour être très large. Alors, j'incite tout le
monde à essayer de s'en tenir à l'objet pour que je n'aie pas
à vous rappeler à l'ordre.
Mme Blackburn: M. le Président...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Cela ne serait
intéressant ni pour moi, ni pour les intervenants. Mme la
députée.
Mme Blackburn: M. le Président, il y a un rapport
étroit et intime - le ministre le sait entre ce qui est en train de se
négocier et le financement des universités. Dire le contraire ici
- je vois bien que le ministre est tout à fait d'accord avec moi -on
sait ce que cela veut dire.
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît, madame...
Mme Blackburn: Ce sera 2 000 000 000 $ de perdus dans dix ans. Si
vous trouvez que cela n'est pas suffisant pour estimer que cela a un rapport
avec les travaux de la commission...
M. Ryan: Je suis content que la députée s'en
aperçoive aujourd'hui. Si elle s'en était aperçu...
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît, M. le ministre! S'il vous plaît, M. le ministrel
Mme Blackburn: La démagogie...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Chicoutimi a la parole.
Mme Blackburn: Même comme ministre, il n'a pas perdu son
goût pour la démagogie et, j'allais dire, pour une certaine
mesquinerie.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée...
Mme Blackburn: Je trouve cela déplorable.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Un instant!
Mme Blackburn: C'est la première fois que je l'utilise,
mais ce n'est pas la première fois que cela lui arrive. Mais, à
un moment donné, il faut que cela soit dit.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Chicoutimi...
Mme Blackburn: Je voudrais...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Chicoutimi, MM. les membres de la commission...
Mme Blackburn: J'ai la parole, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous demande de
me donner une minute. M. le député...
Mme Blackburn: Je vous remercie.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Le pouvoir du nombre est impressionnant, mais cela
ne démontre pas beaucoup de courage. Rien!
Je voudrais, M. le Président, revenir aux propos du ministre. Il
nous dit que, s'il avait eu l'occasion de participer aux travaux de la
commission parlementaire sur le lac Meech, il se dégagerait
peut-être des travaux de cette commission parlementaire des conclusions
différentes. C'est ce qu'on doit entendre dans ses propos car,
autrement, dans quel sens... Cela aurait probablement enrichi la
réflexion du ministre, je ne doute pas de cela, mais cela aurait-il pu
influencer le contenu? Je pense que c'est une autre question.
J'avais une question très précise à laquelle le
ministre n'a pas répondu. C'est le pouvoir de dépenser du
fédéral dans les champs de juridiction exclusive aux provinces.
Cela constitue, selon certains analystes, une violation de la constitution dans
le sens où il n'y a rien qui autorise le gouvernement central à
venir faire de façon détournée ce qu'il ne peut faire de
façon directe, c'est-à-dire fixer les priorités. Est-ce
que le ministre est informé qu'il y a un projet de loi en
rédaction? Comment réaqit-il?
M. Ryan: D'abord, si vous me le permettez, M. le
Président, je regrette les reproches que m'adressait tantôt la
députée de Chicoutimi. J'ai le goût et l'amour de la
polémique et celle-ci, pour être bonne, doit être
vigoureuse, mais je ne pense pas être mesquin. J'essaie d'être
vigoureux et de dire les choses clairement et d'exprimer mon désaccord
avec force quand cela touche surtout les questions importantes. Si j'ai
été mesquin, je m'en excuse, mais j'aimerais en avoir la
preuve.
En ce qui touche la question que me posait la députée de
Chicoutimi, il y a deux choses. On me dit qu'il y a un projet de loi
privé qui est présentement devant la Chambre des communes,
émanant d'un député, ce qui, par conséquent, n'a
pas une très grande importance pour le processus législatif parce
que, malheureusement, dans la tradition de nos institutions parlementaires, les
projets de loi privés émanant de députés, dans les
questions de politique, restent plus souvent au feuilleton jusqu'à la
dissolution du Parlement. Alors, il n'y a pas lieu de crier au loup trop vite
dans ce cas.
D'autre part, j'ai entendu dire, moi aussi, qu'il y aurait un projet de
loi en préparation au gouvernement fédéral, mais c'est
vraiment ce qu'on appelle du ouï-dire. Je n'ai aucune indication
précise. J'ai encore moins d'indications quant au contenu
éventuel d'un tel projet de loi. Nous sommes à l'affût et
dès que nous posséderons des informations précises
à ce sujet, la députée peut compter que nous y
réagirons avec toute la vigilance qui s'impose dans ces choses.
Mme Blackburn: Bien.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée.
Sciences administratives de l'UQAM
Mme Blackburn: Merci M. le Président. J'aurais encore
beaucoup de choses à dire sur ce sujet. II y a une question que j'ai
posée et à laquelle le ministre n'a pas répondu tout
à l'heure. Pour les fins du débat, ce serait peut-être
intéressant qu'il y réponde. Il s'agit du statut des sciences
administratives de l'UQAM. Le ministre a certainement pris connaissance d'une
proposition qui a été faite par un comité qui a
été constitué pour examiner le statut des sciences
administratives à l'UQAM et qui contient un certain nombre de
propositions. Est-ce que le ministre a pris connaissance de ce document et
est-ce qu'il y a réagi?
M. Ryan: Un peu.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: M. le Président, un problème très
aigu a surgi à l'UQAM et existe aussi à l'état
endémique dans d'autres établissements universitaires concernant
le statut des départements de sciences administratives à
l'intérieur de nos universités. Dans plusieurs universités
américaines, comme vous le savez, il y a une tendance à favoriser
un statut d'autonomie très grande pour les départements de
gestion des affaires, "business administration". On a des écoles de
"business administration" dans certaines grandes universités
américaines qui jouissent d'un statut d'autonomie, à toutes fins
utiles. Je mentionne, à titre d'exemple, "The Harvard School of Business
Administration" et "The Wharton School of Business Administration" de
l'Université de Pennsylvanie qui jouissent, à toutes fins utiles,
d'un statut de très qrande autonomie.
Alors, les responsables du département de sciences
administratives à l'UQAM, devant faire face à des
problèmes difficiles, ont, depuis quelques mois, évolué
vers une attitude qui les incite à demander, à toutes fins
utiles, un statut d'indépendance, au moins de très forte
autonomie, à l'intérieur de l'UQAM. J'ai été saisi
du problème avant la dernière commission parlementaire. Nous
l'avons été ensemble à la commission parlementaire. J'ai
demandé aux autorités de l'UQAM et aux responsables du
département de sciences administratives, d'abord, de
délibérer entre eux sur ce problème, d'essayer de
régler le problème à leur niveau. J'ai demandé
qu'on en traite, au besoin, avec les autorités de l'Université du
Québec auxquelles cette question n'est pas indifférente. J'ai dit
seulement: Quand vous aurez franchi ces étapes, j'aimerais être
saisi du problème afin de voir si j'ai une contribution à vous
apporter à cet égard.
Maintenant, ces jours derniers, il y a à peu près deux ou
trois semaines, le président de l'UQAM, M. Corbeau - que je remercie au
passaqe de sa collaboration dans les affaires qui regardent le ministère
et son université, car je pense qu'il a donné l'exemple d'une
collaboration impeccable -m'a fait part d'un rapport produit par ce
comité dont vous parlez qui était présidé, je
pense, par M. Inchauspé, le directeur général du
cégep d'Ahuntsic. Malheureusement, au moment où nous nous
parlons, je n'ai pas eu le temps de prendre connaissance de ce document et je
ne le fais point avec empressement, parce que je ne vois pas qu'il y ait lieu
pour le ministre de s'inqérer trop vite dans ce processus. Il arrivera
peut-être un temps où je serai appelé à dire un mot
mais, pour le moment, c'est un rôle d'observation, un rôle de
présence indirecte que je dois maintenir et, dès que je serai
libéré des travaux parlementaires, c'est un document - il y en a
beaucoup d'autres qui accompagnent ce dossier, d'ailleurs - que
j'examinerai avec soin pour en parler avec les
intéressés.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. D'autres
remarques sur le programme 6? Madame.
Mme Blackburn: Dans le cahier des crédits, le ministre
nous annonce qu'une banque de données comparatives a été
préparée concernant le Québec et l'Ontario. Est-ce qu'il
serait possible d'avoir ce document? Est-ce qu'il pourrait être
déposé? C'est la constitution d'une banque de données
comparatives Québec-Ontario. J'imagine que c'est en matière
d'accessibilité, de financement et ainsi de suite touchant la
planification et le développement.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: M. le Président, comme vous le savez, le conseil
des universités de l'Ontario publie chaque année un état
comparatif de la situation financière des universités ontariennes
par rapport aux universités canadiennes. J'ai justement reçu, ces
temps derniers, la dernière édition de ce rapport, "The Financial
Position of Universities in Ontario 1987". Il me fera plaisir d'en remettre une
copie à chaque membre de la commission. Je l'ai reçu ces temps
derniers et j'en ai pris connaissance au cours des derniers jours seulement. Ce
rapport contient des renseignements intéressants, il fait
autorité dans les milieux gouvernementaux. Nous l'examinons avec
beaucoup de soin. Nous collaborons à la préparation des
données qui sont présentées dans le rapport. Je ferai
transmettre volontiers ces jours prochains à chaque membre de la
commission un exemplaire.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci M. le
ministre. Mme la députée. (11 h 15)
Mme Blackburn: Là, si je comprends bien, il s'agit d'un
document qui nous vient de l'Ontario, mais on parle ici d'un document qui
établirait des comparaisons entre le Québec et l'Ontario. Vous
avez cela à la page 9: Publications statistiques.
M. Ryan: Oui, excusez-moi, j'avais mal compris. Quand même,
ce que j'ai dit demeure, je pense que ce document intéressera tout le
monde parce que c'est un des mieux faits dont nous disposions et même,
pour la préparation des données que nous présentons
nous-mêmes, ce document nous est très utile.
Maintenant, la députée se souvient sans doute qu'à
l'occasion des travaux de la commission parlementaire, l'an dernier, le
ministère de l'Enseignement supérieur avait préparé
de nombreuses données comparatives sur les universités du
Québec comparées aux universités du reste du Canada et
même à des universités d'autres pays, en particulier les
universités américaines.
Alors, ces renseignements qui avaient été colligés
ont été retravaillés depuis et donneront lieu
prochainement à une publication que nous serons très heureux de
communiquer aux députés, mais la publication n'est pas encore
prête pour être distribuée.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée.
M. Ryan: Après, nous serons très heureux de la
porter à la connaissance des députés.
Mme Blackburn: Très bien, je vous remercie. Une
dernière petite question. Hier, on s'était engagé à
nous remettre la réponse touchant les crédits
périmés, à la fois les 5 000 000 $ pour la
réduction des intérêts à verser dû au retard
dans l'émission des nouvelles séries d'obligations et les 10 000
000 $ pour l'enseignement universitaire. On dépose la
réponse?
M. Ryan: Oui, ce sont des éléments de
réponse que je dépose volontiers, si le président y
consent.
Le Président (M, Parent, Sauvé): Je vais voir.
M. Ryan: M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
Financement des universités
M. Ryan: J'aimerais que vous me permettiez peut-être une
intervention additionnelle pour ajouter un élément d'information
qui pourrait être utile pour les députés concernant le
rapport du comité sénatorial fédéral sur la
participation fédérale au financement des universités.
C'est un point auquel il a été fait allusion tantôt et je
pense que, si vous me donniez deux minutes, je vous dirais ce que je pense de
ce document. Cela compléterait l'examen que nous avons fait de cette
question.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Allez.
M. Ryan: Comme vous le savez, il y a un comité du
Sénat qui a examiné la participation du gouvernement
fédéral au financement des universités qui a conclu
à des difficultés sérieuses de parcours, en particulier
à la difficulté d'obtenir, pour le fédéral,
l'assurance que les fonds versés aux
provinces pour l'enseignement postsecondaire seront effectivement
employés aux fins du financement de l'enseignement postsecondaire.
Des études faites par le gouvernement fédéral ces
dernières années l'ont induit à conclure que plusieurs
provinces avaient versé moins au titre de l'enseignement postsecondaire
que ce qu'elles recevaient en paiement de transferts, pour cette fin, du
gouvernement fédéral. Je le dis d'autant plus librement que, dans
les études faites à ce sujet, il a été unanimement
considéré que le Québec donnait plus pour ses
universités, quoi qu'il en soit, que ce qu'il recevait du gouvernement
fédéral et que, par conséquent, on pouvait
considérer qu'il investissait dans l'enseignement postsecondaire toutes
les sommes reçues du fédéral directement ou indirectement
à cette fin.
Mais on s'est demandé: Comment assurer, pour l'avenir, plus de
transparence et plus de conformité aux objectifs des programmes? Et cela
a conduit à toutes sortes de choses. II y a eu le rapport Johnson, il y
a trois ans, qui demandait que le versement des paiements soit lié
à des engagements de la part des provinces. Le comité
sénatorial, qui a déposé son rapport il y a deux ou trois
mois, lui, conclut dans un sens tout à fait contraire. Il dit: Le
gouvernement fédéral devrait continuer à financer la
recherche et devrait se retirer complètement du financement de
l'enseignement postsecondaire.
Le Président (M, Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre.
M. Ryan: Non, je dois terminer. Cela va être très
bref. Nous, nous considérons qu'une recommandation comme celle-là
n'est pas acceptable dans sa teneur actuelle. Si on avait l'assurance que les
sommes qui ne seront pas versées au titre des paiements pour
l'enseignement postsecondaire seront versées au titre des paiements de
péréquation sans que les provinces plus pauvres en souffrent et
sans que les provinces en soient affectées si elles ont un taux de
fréquentation universitaire plus ou moins élevé, à
ce moment-là, il y a des choses à envisager. Mais le
comité sénatorial n'a pas fait son travail sur cette partie du
mandat et, tant qu'on n'a pas des assurances fermes qu'il n'y aura pas d'autres
diminutions découlant d'un changement aussi radical de politique, il ne
peut pas être question que nous souscrivions à une conclusion
comme celle-là.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. M. le
ministre, Mme la députée de Chicoutimi, je vous informe que je
déclare recevable le document déposé par le MESS qui a
pour titre. "Réponses aux questions de la députée de
Chicoutimi posées en commission parlementaire le 26 mai 1987 lors de la
défense des crédits du MESS, programme le Crédits
périmés prévus 1986-1987" et ayant pour grand titres.
Quand les émissions d'obligations sont-elles venues à
échéance? Qui finance les intérêts? Et, en date
d'aujourd'hui, est-ce que cela a un effet quelconque sur les crédits
périmés? Document déposé. Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackbum: Merci, M. le Président. Juste pour
m'éclairer un peu sur les propos que vient de tenir le ministre, si je
comprends bien, il nous dit, par rapport aux façons de faire des autres
provinces qui investissent moins en enseignement supérieur que ce
qu'elles reçoivent en péréquation, qu'il reconnaît
que le gouvernement central peut fixer des priorités de
développement et que, s'il donne de l'argent pour l'enseignement
supérieur, cela n'a pas à être versé dans un autre
programme. J'étais un peu distraite, mais...
M. Ryan: M, le Président, je pense que la
députée de Chicoutimi m'a mal compris.
Mme Blackburn: Oui.
M. Ryan: On m'a mal compris. Je dis que c'est le coeur du
problème.
Mme Blackburn: Oui, mais je dis...
M. Ryan: Chacun a sa position sur ce problème. Le
Québec a sa position, d'autres provinces ont la leur, le gouvernement
fédéral a la sienne. La position du Québec a toujours
été que le fédéral ne devait pas être
autorisé à dicter des priorités ou des normes en relation
avec les programmes de dépenses qu'il peut instituer dans des champs qui
relèvent de la juridiction des provinces. Cela reste notre position de
base. Maintenant, se fermer les yeux devant le problème qui a surgi dans
d'autres parties du pays, je pense que ce serait jouer le jeu de l'autruche. Il
faut au moins essayer de comprendre davantaqe la problématique, de voir
tous tes facteurs qui entrent dans le problème qui se pose et, ensuite,
on aura peut-être des solutions. Mais, régler le problème
avant de l'avoir étudié, c'est une attitude que je rejette.
Mme Blackburn: Ce n'est pas là ma question. Ma question
est de savoir si on peut envisager des paiements de péréquation
dans un programme qui pourrait être -comme au Québec -
versé, attribué à un autre proqramme. Je pense à
quelque chose qui serait versé - est-ce que je sais? - pour les
garderies et qui pourrait être transféré à
l'Éducation et à l'Enseignement supérieur.
M. Ryan: II ne faut pas confondre. Les paiements de
péréquation sont inconditionnels.
Mme Blackburn: Voilà.
M. Ryan: Ils sont versés pour l'ensemble des
opérations d'un gouvernement provincial dont le niveau de revenu fiscal
est inférieur aux moyennes observées dans tout le Canada. Mais
les paiements de transferts, au titre du financement des programmes
établis, c'est autre chose. Et c'est au sujet de ces paiements...
Mme Blackburn: Ces paiements de transferts, oui, je m'excuse.
M. Ryan: ...que se pose le problème. Transférer des
sommes versées au titre des paiements de transferts dans le programme
des paiements de péréquation, c'est une possibilité, mais
cela ne règle pas le problème dont est saisi le gouvernement
fédéral qui a des comptes à rendre de ses dépenses,
lui aussi. C'est pour cela qu'il y a polémique, qu'il y a
difficulté. C'est parce qu'il y a un problème qui n'a pas encore
trouvé de solution satisfaisante.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Est-ce que le programme 6 est adopté?
Mme Blackburn: Dans les paiements de transferts...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je m'excuse,
madame, vous m'aviez mentionné que c'était votre dernière
question. Allez-y, je vous reconnais.
Mme Blackburn: ...est-ce que la pratique qui a été
celle des autres provinces par rapport à l'Enseignement supérieur
n'a pas affecté les sommes aux programmes pour lesquels elles
étaient destinées? Quelle est l'attitude du Québec
à cet endroit? Et quelle est la réaction du ministre sur cette
question?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Nous avons une situation différente au
Québec. II y a une partie de ces sommes que nous percevons par le
truchement de l'impôt, en vertu du pouvoir de retrait que nous
exerçons. Par conséquent, le problème ne se pose
déjà pas de la même façon pour le Québec que
pour les autres.
Le Président (M. Parent, Sauvé): D'autres
questions? Est-ce que le programme 6 est adopté?
Mme Blackburn: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. J'appelle
immédiatement le proqramme 7, Fonds pour la formation de chercheurs et
l'aide à la recherche. M. le ministre de l'Éducation.
Fonds pour la formation de chercheurs et l'aide
à la recherche
M. Ryan: M. le Président, fidèle à
l'exhortation...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous invite
à faire une brève représentation, très succincte,
M. le ministre.
M. Ryan: Ha! Ha! Ha! Fidèle à vos instructions, je
vais me dispenser de vous donner lecture d'un texte que nous avons fait
distribuer à l'intention des députés et,
évidemment, de la presse aussi, sur les principales initiatives de
l'année 1986-1987 et les perspectives de l'année 1987-1988 dans
le secteur de la science qui continue de former un volet important de
l'activité du ministère de l'Enseignement supérieur et de
la Science. Dans le texte que j'ai distribué, nous résumons
d'abord les opérations de transfert qui ont été faites en
direction du ministère du Commerce extérieur et du
Développement technoloqique à la suite du partage des
tâches effectué à l'occasion de la formation du
présent gouvernement en décembre 1985. Nous résumons
ensuite l'activité du ministère en relation avec les centres
spécialisés de recherche universitaire, en particulier le centre
québécois pour l'informatisation de la production, le centre
québécois de valorisation...
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre. Je
m'excuse, M. le ministre. Je n'ai pas vu le document que vous faites distribuer
et on me dit actuellement que votre intervention porte sur le programme 3 au
lieu du programme 7. Je vous ferai remarquer, M. le ministre, que nous appelons
actuellement le programme 7 qui a pour titre...
Une voix: Le programme 4...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Non, non, on
appelle le programme 7: Fonds pour la formation de chercheurs et l'aide
à la recherche.
M. Ryan: M. le Président, je m'excuse de mon erreur.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Nous vous
écoutons sur le programme 7, M. le ministre.
M. Ryan: J'espère qu'il nous restera du temps pour le
volet science qui est très important.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je le souhaite
grandement, M. le ministre.
M. Ryan: C'est une erreur que j'ai commise par inadvertance., Je
m'en excuse auprès de vous.
Le programme 7 traite du fonds FCAR. Je voudrais dire trois choses au
sujet du fonds FCAR. Tout d'abord, j'ai demandé à
l'été de 1986 au Conseil des universités d'entreprendre
une évaluation de l'action du fonds FCAR et de ses divers programmes. Le
Conseil des universités avait déjà commencé
l'étude de certains programmes du fonds FCAR, particulièrement en
matière de bourses. Nous lui avons demandé d'étudier tous
les programmes du fonds FCAR. Le Conseil des universités a
accepté ce mandat et, normalement, je compte recevoir le rapport de
cette évaluation d'ici à la fin de l'année 1987.
En second lieu, aussi longtemps que cette évaluation n'est pas
terminée, il est difficile d'autoriser le fonds FCAR à ouvrir des
avenues nouvelles. Nous préférons connaître le diagnostic
et les recommandations du Conseil des universités avant d'ouvrir des
avenues nouvelles. C'est pourquoi, l'an dernier, nous avions reconduit les
programmes en vigueur à la fin de l'exercice 1985-1986 en y consacrant
le même niveau de ressources, abstraction faite de l'indexation. Cette
année, nous reconduisons de nouveau le programme de l'année
précédente en affectant un certain ajustement de ressources pour
les fins de rémunération. L'indexation pour le fonds FCAR cette
année et dépenses autres que les rémunérations,
évidemment, est de 2,9 %.
Le fonds FCAR m'avait demandé, l'été dernier, s'il
pouvait quand même, nonobstant ces conditions de parcours,
procéder à la préparation d'un plan triennal
d'intervention. J'ai consenti volontiers à ce que le conseil accomplisse
ce travail. Ce printemps, le conseil m'a saisi d'un plan triennal
extrêmement intéressant, mais sur lequel je n'ai pas jugé
devoir statuer tant que nous n'aurons pas reçu le rapport de l'exercice
de l'évaluation qui est en cours. De cette manière, lorsque le
Conseil des universités aura terminé son travail, nous
disposerons de deux documents pour en venir à des décisions
concernant la vocation future du fonds, d'un côté, le rapport
d'évaluation et, d'autre part, le projet de plan triennal
préparé avec beaucoup de sérieux par le conseil
d'administration du fonds FCAR et la direction du fonds. Pour le prochain
exercice, par conséquent, nous nous en tenons aux orientations qui
étaient déjà existantes.
(11 h 10)
Je vais profiter de l'occasion pour exprimer à la
présidente du fonds, Mme Quérido, qui est sans doute ici ce
matin... Je n'ai même pas le temps de me retourner pour saluer nos amis.
Je veux la remercier de la conscience professionnelle exemplaire avec laquelle
elle s'acquitte de ses fonctions. Le fonds FCAR a connu au cours de la
dernière année des difficultés de parcours reliées,
par exemple, à des négociations collectives difficiles et
à des départs qui ont été pénibles à
supporter. Je dois dire que la direction du fonds a traversé cette
situation de manière très honorable. Aujourd'hui, des ajustements
ont été faits et des ententes ont été conclues avec
les collaborateurs syndiqués de l'institution. Je pense que nous nous
orientons vers une phase très intéressante où les
autorités du fonds pourront se concentrer sur les objets qui sont la
raison d'être du fonds, c'est-à-dire la mise au point des
programmes visant à promouvoir la recherche et les études
avancées. Je pense que, dans cette perspective, la présidente
actuelle du fonds nous offre des garanties de performance très
intéressantes. Je la remercie.
Le Président (M. Jolivet): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackhum: Merci, M. le Président. Tout en qualifiant
le plan triennal du fonds FCAR de fort intéressant, le ministre lui
accorde une indexation en deçà de l'indice du coût de la
vie. C'est plus qu'un gel de ses budqets; en dollars constants, c'est une
diminution réelle des budgets du fonds FCAR. Par ailleurs, toute cette
question regroupe, évidemment, la formation de deuxième et de
troisième cycles, les bourses, la durée des études, le
taux de diplomation, les retards du Québec en ces matières. Je
vais peut-être les reprendre assez brièvement.
D'abord, il faut dire que le plan triennal du fonds FCAR était
prévu pour 1987-1990, sur trois ans, et que cette année on peut
dire qu'il est retardé au moins d'une année, et même en
deçà, parce que l'enveloppe n'est pas entièrement
indexée. Donc, il y a une diminution de l'enveloppe.
Par ailleurs, on sait que le fonds FCAR s'interroge sur la pertinence du
maintient, par exemple, des bourses d'études postdoctorales parce que
les bourses octroyées sont en deçà de tout ce qui se fait
ailleurs. Il y a une différence par rapport à ce qui se donne
ailleurs; le minimum ailleurs est évalué à environ 22 000
$, alors que le fonds FCAR donne des bourses postdoctorales de 16 000 $, un
manque à gagner de 6000 $. Alors, il ne faut pas s'étonner que
cela ait des effets, et, là, vous avez le même problème
par
rapport aux deuxième et troisième cycles. Cela a des
effets à la fois sur le taux de diplomation et sur la durée des
études. L'Association des étudiants gradués a longuement
discouru sur cela en commission parlementaire. Elle nous a rappelé et
elle rappelle dans un bulletin paru récemment qui vient de l'Union des
gradués inscrits à Laval, en avril 1987, elle nous rappelle,
comme si besoin était de le faire, que 40 % des étudiants
inscrits aux deuxième et troisième cycles vivent sous le seuil de
la pauvreté. On va voir que le seuil de la pauvreté a
été étahli à 9345 $. Il y en a 40 % qui n'ont
même pas ce revenu annuel. Cela, c'est exiger de jeunes
Québécois qu'ils, cherchent une formation importante dans
laquelle on a des retards majeurs au Québec dans des conditions
inacceptables et qui en découragent plus d'un.
Le ministre connaît cette situation. Par rapport au dossier du
fonds FCAR et aux bourses émises par le fonds FCAR, je dirais qu'encore
là ce sont des chanceux, bien qu'ils soient vraiment... Ils ont moins
d'accès à des bourses. Ils peuvent aller chercher autre chose.
Mais que ces bourses ne soient pas encore indexées cette année,
alors qu'on reconnaît qu'il est important d'indexer, avec raison, ou au
moins d'indexer le salaire des employés de l'État... On refuse
l'indexation à des étudiants en train d'essayer de se former pour
enrichir le potentiel humain du Québec.
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît, M. le député, respectez le droit de parole de Mme la
députée de Chicoutimi. Mme la députée de
Chicoutimi, vous avez la parole.
Mme Blackburn: On les fait étudier dans des conditions
tout à fait déplorables, pour ne pas dire inacceptables. Faire
des études de deuxième ou troisième cycle, cela veut dire
ceci: alors que vos collègues qui ont terminé, qui sont
entrés sur le marché du travail avec un bac, s'en vont chercher
des rémunérations généralement au-dessus de 20 000
$ pour commencer, les autres continuent à étudier. Il y a une
perte nette aussi longtemps qu'ils sont aux études. Mais on les place
dans des conditions où ils ne peuvent pas vivre exclusivement de leur
bourse et ils sont obligés d'aller chercher un revenu d'appoint, ce qui
explique que les études durent plus longtemps. Donc cela coûte
plus cher à nous et à l'étudiant; ensuite, cela en
décourage plusieurs, d'où un taux de diplomation moins
élevé. Il faut comprendre aussi que cela seul n'explique pas le
retard à ce point de vue là, il y a aussi notre plus faible taux
de diplomation au premier cycle.
Je voudrais savoir du ministre comment il peut justifier qu'il n'ait pas
au moins maintenu j'allais dire le pouvoir d'achat des boursiers et comment il
peut justifier qu'il n'ait pas accordé l'indexation au moins au minimum?
Il faut rappeler que cela fait deux ans que ce budget est gelé. Cela
veut dire que, cette année, les étudiants boursiers vont avoir
non seulement moins que l'indexation de cette année, mais il faut y
ajouter celle de l'an passé. Leur condition se détériore
d'année en année. Je voudrais comprendre comment le ministre peut
justifier une telle décision qui affecte, encore une fois, les plus
démunis et ceux qui sont en train de travailler pour enrichir le
potentiel humain au Québec.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Le Conseil des universités nous a
déjà fait des recommandations concernant le niveau des bourses au
deuxième et au troisième cycle et au postdoctorat. Dans le plan
triennal que le fonds m'a communiqué, le projet de plan triennal qui m'a
été communiqué ce printemps, il y avait également
des dispositions prévoyant un ajustement du montant de ces bourses qui
est insuffisant. Aussi longtemps que nous restons à un niveau de
ressources constantes, il n'est pas facile d'effectuer des ajustements. J'ai
déjà laissé entendre à la direction du fonds que,
si elle jugeait souhaitable d'augmenter le montant des bourses moyennant une
certaine diminution du nombre des hoursiers, peut-être que cette
perspective pourrait être examinée par le gouvernement. Nous ne
l'avons pas étudiée, mais j'ai laissé entendre à la
direction du fonds que, dans une perspective de niveau de ressources
constantes, plutôt que de créer vinqt pauvres, c'est
peut-être mieux d'avoir quinze personnes qui auront des conditions de vie
raisonnables. On ne trompera personne avec cela. On dira: On évolue
vraiment au niveau qui est celui de notre potentiel.
Je dois signaler à la députée de Chicoutimi qu'un
bon nombre d'étudiants chercheurs ont accès, en plus des bourses
du fonds FCAR, à certains revenus. On les autorise à accomplir un
certain nombre d'heures de travail. Beaucoup trouvent à s'employer dans
le cadre de subventions octroyées sous l'empire du programme
équipes et séminaires du fonds FCAR qui est un des programmes les
plus importants. II y en a qui trouvent également à s'employer
dans le cadre du programme d'action structurante dont nous avons parlé
plus tôt au chapitre des universités. Ce n'est pas tout pour une
équipe de décrocher un contrat ou une subvention, il faut qu'elle
trouve du personnel compétent et nous avons vu que c'est plus difficile
à trouver. Ce personnel se recrute, en bonne partie, parmi ces
étudiants chercheurs. Il y a des possibilités, il ne faut
pas isoler ces données de l'ensemble du tableau si on veut
présenter un tableau juste et équitable.
Nonobstant ces nuances que j'exprime, il y a un problème
concernant le niveau des bourses attribuées aux étudiants de la
maîtrise, du doctorat et du postdoctorat que nous examinons avec
attention et auquel, comme je l'ai mentionné hier dans l'exposé
que je présentais sur l'aide financière aux étudiants,
nous espérons trouver des éléments de solution en
1987-1988.
Mme Blackburn: Le ministre nous dit qu'il y aurait
peut-être un choix pour le fonds FCAR, c'est de diminuer le nombre des
boursiers pour augmenter la valeur de la bourse. On sait qu'on a un retard
considérable et tout le monde le reconnaît. La solution que
propose le ministre est de diminuer, au risque d'avoir de façon
certaine... Je ne pense pas que cela soit un risque, je pense qu'on peut dire,
de façon certaine, que cela aura des effets sur le nombre des
diplômés des deuxième et troisième cycles. Je trouve
qu'ils font preuve de beaucoup de conscience sociale en essayant de maintenir,
malgré des conditions extrêmement précaires, un nombre plus
élevé de boursiers en dépit, évidemment, du fait
que ces boursiers ne soient pas suffisamment
rémunérés.
Pour revenir encore au bulletin des gradués de
l'Université Laval, on nous rappelle, d'une part, qu'il y a une
sous-production de diplômés de deuxième et troisième
cycles, on nous dit qu'actuellement, et je cite: "La sélection -
à savoir si on choisit de faire des études qraduées ou non
-se fait sur des critères financiers et non sur des aptitudes à
la recherche ou le goût de la recherche." Aujourd'hui, faire une
maîtrise ou un doctorat signifie s'endetter de 15 000 $ à 25 000
$. Quand on parle à nouveau des prêts et bourses et qu'on sait que
cela a eu comme effet d'accroître l'endettement de tous les
étudiants de façon générale, y compris ceux qui
poursuivent des études graduées, je trouve que cela devrait nous
préoccuper profondément. Il me semble qu'on pourrait mieux
comprendre la décision de ce gouvernement et du ministre de faire passer
une partie de la bourse vers les prêts si les économies ainsi
générées avaient été réinvesties dans
des améliorations de certains programmes d'aide financière aux
étudiants et, en particulier, par rapport aux bourses pour les
deuxième et troisième cycles. Il me semble que cela aurait
été plus acceptable pour tout le monde et on aurait compris qu'il
y avait un objectif clair qui était d'atteindre des objectifs ou
d'essayer de diminuer l'écart par rapport aux diplômés des
deuxième et troisième cycles.
Ce n'est pas cela qu'on a vu. L'an passé, on a vu une diminution,
une ponction, faite dans les poches des étudiants, de l'ordre de plus de
7.0 000 000 $, près de 24 000 000 $ En plus, on a vu une compression
dans l'enveloppe des universités de 34 000 000 $. Cette année, on
retrouve... Bon, M. le ministre, c'est variable, on dit 30 000 000 $ ou 40 000
000 % dans les universités, mais il y a, en plus, des crédits
périmés, pour les raisons qu'on a vues hier, dans l'enveloppe de
l'aide financière aux étudiants, mais on ne voit les effets nulle
part. C'est comme si le ministre n'avait pas réussi, bien que l'aide
financière lui coûte moins cher que ce qu'avaient prévu son
ministère et le Conseil du trésor,,,.. Plutôt que de
s'estimer capable de conserver cet argent dans son enveloppe - parce que le
service coûtait précisément moins cher que prévu -
cela s'en va dans tes crédits périmés. Cela veut dire
qu'on n'a pas réussi à conserver, dans cette enveloppe, de
l'argent qui aurait pu être réinvesti dans ce genre de
services.
Je dois dire au ministre que, dans le fond, dans plusieurs dossiers, il
s'est révélé qu'il avait de la difficulté à
défendre des dossiers qui engaqent, je le rappelle, et le ministre le
sait, l'avenir du Québec. L'avenir d'un pays est directement
associé à son potentiel de recherches, toujours selon le
même bulletin, mais on a entendu cela des dizaines et des dizaines de
fois, et c'est reconnu à travers le monde. On ne pourra pas faire de
recherches si on n'a pas de chercheurs. On ne pourra pas faire de recherches si
on n'est pas compétitif en matière de production de premier,
deuxième et troisième cycles. Et cela prend des mesures
d'encouraqement. Le ministre sait que, chaque fois qu'on reporte cela d'une
année, on décourage les étudiants.
J'aimerais savoir du ministre, de façon plus concrète,
quels moyens il entend mettre en oeuvre pour accroître le nombre de
diplômés au niveau de la maîtrise et du doctorat ?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
Mme Blackburn: Un moyen concret, pas un comité. (11 h
45)
M. Ryan: M. le Président, en ce qui touche les ressources
mises à la disposition du fonds FCAR, j'ai indiqué assez
clairement la politique du aouvernement. Elle ne chan.era pas à court
terme. Elle a été établie pour l'année 1987-1988.
Nous devons vivre avec cette politique-là. Nous recevrons le rapport du
Conseil des universités à la fin de la présente
année et, à ce moment-là, nous étudierons le
rapport du Conseil des universités et le projet de plan triennal
préparé par le fonds FCAR. Nous aborderons directement la
question du niveau des
bourses offertes à des étudiants de maîtrise,
doctorat et postdoctorat. Nous ne mettrons pas la charrue devant les boeufs et,
d'ici à ce que nous soyons rendus à cette étape, nous
devrons vivre avec les ressources que nous avons. Si certains ajustements
peuvent être faits à l'intérieur du niveau de ressources
qui est défini dans les crédits, nous les étudierons
volontiers, mais nous ne nous attendons pas à aborder des modifications
aux crédits au cours des prochains mois, à cette fin.
Comme je l'ai indiqué hier - je le répète - nous
allons examiner avec une attention spéciale le problème des
étudiants des niveaux gradué et postgradué en consultation
avec eux. Ils sont en rapport avec nous et, si nous pouvons trouver des
éclaircies ou des améliorations dans leurs conditions, nous le
ferons volontiers. Et, je répète que j'accorde une importance
prioritaire à ce problème.
Mme Blackburn: Est-ce que le ministre peut nous dire, quant
à l'attention prioritaire qu'il accorde à ce dossier, comment
cela va se traduire de façon concrète?
M. Ryan: Nous le dirons en temps utile, lorsque nous aurons
complété les études. Il faut faire des études et
des consultations auparavant. Dès que nous aurons poursuivi et
complété ces études, nous serons très heureux d'en
venir à des décisions qui seront, naturellement,
communiquées publiquement.
Mme Blackburn: Si je comprends bien, cela finit par ressembler au
comité précédent, cela nous permet de pelleter les
problèmes un peu plus loin.
M. Ryan: Oui.
Mme Blackburn: Ce que je voudrais savoir du ministre ...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Un instant!
M. Ryan: Autrefois, on ne s'en occupait même pas; c'est
bien pire, on ne s'en occupait même pas.
Le Président (M. Parent, Sauvé: Un instant, s'il
vous plaît! Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Si je me rappelle
bien, les actions structurantes, l'encouragement à l'embauche de clients
gradués et ainsi de suite, c'est le programme du gouvernement
précédent. Le ministre pourrait le reconnaître, d'ailleurs,
il le trouve excellent puisqu'il l'a poursuivi.
Je voudrais juste savoir du ministre s'il est favorable à une
recommandation du fonds
FCAR dans le sens que les programmes des actions structurantes soient
rattachés? Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Je préfère attendre que
l'expérience soit complétée, que nous ayons les rapports
des évaluations qui seront faites. À ce moment-là, nous
serons mieux en mesure de décider si le gouvernement doit entreprendre
une deuxième fois de faire quelque chose par-dessus la tête de
tout le monde, comme cela a été fait dans ce cas-là. Mon
inclination première serait de ne pas procéder comme a
procédé le gouvernement précédent à cette
chose.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre.
Mme Blackburn: C'est terminé, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Terminé?
Est-ce que le programme 7 est adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Adopté.
Est-ce que le programme... J'appelle le programme 4. M. le ministre de
l'Éducation, de l'Enseignement supérieur et de la Science.
Science
M. Ryan: M. le Président...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous rappelle,
avant de commencer, qu'à midi moins deux j'appellerai l'adoption de
l'ensemble des programmes.
Mme Blackburn: Peut-être avant qu'on arrive à ce
moment fatidique...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Un instant! Mme
la député, avez-vous demandé la parole?
Mme Blackburn: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je l'avais
donnée au ministre. Vous permettez, M. le ministre.
M. Ryan: Non, vous m'avez donné la parole. Si c'est sur
une question de procédure, je n'ai pas d'objection.
Mme Blackburn: C'est sur une question de procédure, M. le
Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je
vous écoute, madame.
Mme Blackburn: Au moment où on a amorcé les travaux
de cette commission, on s'est étonné du fait que le ministre
changeait les façons de faire et je dirais quasiment - je ne risque pas
de me tromper - les traditions établies dans l'ensemble des commissions.
Pour le moment, les autres ministres se sont conformés à ce qui
était la coutume dans les commissions parlementaires,
c'est-à-dire les déclarations de principes à l'ouverture
de la commission et, ensuite, on examine les différents programmes. On
avait prévenu hier - cela paraissait évident que c'est comme cela
que cela se passerait -qu'en acceptant une procédure qui permet au
ministre de faire des déclarations préliminaires avant chacun des
programmes, il prendrait ainsi une part importante du temps qui est
généralement dévolu pour l'examen des programmes.
Une voix: ...
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît: S'il vous plaît, M. le député. Madame, je vous
écoute.
Mme Blackburn: Actuellement, j'aimerais avoir le compte du temps
qui a été utilisé par le ministre, à la fois pour
ses réactions après la déclaration d'ouverture et pour ses
déclarations préliminaires,,
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui, Madame. En
date d'hier soir - on va faire le calcul pour ce matin - le parti de
l'Opposition en remarques préliminaires avait pris 47 minutes 01
seconde; le ministre, lui, 18 minutes 57 secondes. Question de
procédure, le parti de l'Opposition a utilisé 2 minutes 49
secondes, le parti ministériel 4 minutes 17 secondes. Temps
utilisé par l'Opposition: 2 heures 45 minutes 10 secondes. Temps
utilisé par le parti ministériel 12 minutes. Déclaration
du ministre: 1 heure 55 secondes. Réponse du ministre à des
questions et du côté ministériel et de l'Opposition: 2
heures 6 minutes. Alors, vous avez là-dedans... Ce qui fait une
proportion d'environ 75 % à 80 % du temps utilisé par
l'Opposition.
Mme Blackburn: M. le Président, est-ce que je pourrais
avoir une copie...
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaîti Cela, c'est en date d'hier soir.
Mme Blackburn: Oui, c'est en date d'hier soir, il faut donc
ajouter à la fois la réponse à ma déclaration
préliminaire et le temps qui a déjà été pris
par le ministre, soit une vingtaine de minutes ce matin, et là on est
tout près des deux heures. Antérieurement, ce qui était
convenu et ce qui se pratique dans toutes les autres commissions, c'est le
maximum d'une heure; sinon, c'est tout le monde qui dort et on perd tout. On se
rappelle les déclarations d'ouverture de l'an passé mais,
là, on en serait rendu à quelque deux heures avec les
déclarations préliminaires.
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît! Est-ce que vos remarques s'adressent au président?
Mme Blackburn: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, je veux
vous répondre. S'il vous plaît!
Mme Blackburn: Étant donné qu'on a
dérogé à ce qui s'appelle les coutumes en cette commission
parlementaire...
M. Ryan: M. le Président, j'ai demandé la parole
aussi, j'aimerais que la députée de Chicoutimi respecte notre
droit de parole. Nous avons été gentils pour lui permettre...
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaîtl M. le ministre, j'ai reconnu sur une question de rèqlement
Mme la députée de Chicoutimi et j'ai l'intention de
l'écouter.
Mme Blackburn: Je termine, donc, M. le Président, par une
demande. Étant donné qu'on n'a pas respecté ce qui est la
coutume dans les commissions parlementaires, je voudrais le consentement de
cette commission pour qu'on poursuive les travaux jusqu'à 12 h 30.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Votre voeu est
probablement très légitime, Mme la députée de
Chicoutimi. Par contre, nos règlements nous empêchent d'y
accéder et un consensus ne me permettrait pas de dépasser les
neuf heures prévues pour l'étude des crédits, selon ce qui
a été annoncé à l'Assemblée nationale.
J'avais toute la latitude de chanqer la programmation et de permettre de
dépasser, comme hier soir, pendant trente minutes mais je ne peux pas
dépasser l'enveloppe. Je vous rappelle qu'il vous reste quelques minutes
pour continuer l'étude des crédits. M. le ministre de
l'éducation, de l'Enseignement supérieur et de la Science.
M. Jolivet: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre de
l'Éducation avait demandé la parole.
M. Jolivet: Oui, mais c'est une question de règlement.
Le Président (M. Parent, Sauvé):
Question de règlement. S'il vous plaît! S'il vous
plaîtl
Une voix: Quel règlement, quel article?
M. Jolivet: Vous autres, vous ne parlez pas assez souvent,
laissez-moi parler.
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît! Je vous ferais remarquer...
M. Jolivet: M. le Président...
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député de Laviolette sur une question de règlement.
M. Jolivet: Le temps que nous avons pris hier sur l'ensemble de
la discussion concernant la procédure de départ... Je vous avais
fait mention d'un problème qui existerait et on en a fait mention parce
que le ministre lui-même, au moment où il était dans
l'Opposition et même maintenant qu'il est ministre de l'Éducation,
de l'Enseignement supérieur et de la Science, avait fait mention que les
remarques préliminaires... Il faut faire bien attention. Je veux bien
m'assurer de ce que j'ai compris parce qu'on va avoir l'occasion de se revoir
à un moment donné, à une autre commission parlementaire.
Le ministre, normalement, fait une déclaration préliminaire;
l'Opposition répond à la déclaration préliminaire
et le ministre a la possibilité de parler. Donc, au moment où on
commençait l'étude des crédits, on faisait le tour de la
situation et cela permettait, après cela, de camper l'ensemble des
questions que nous avions à poser pendant le reste des heures
dévolues.
Ce que je crois comprendre, c'est que le ministre a fait une
déclaration ministérielle ou une déclaration
préliminaire en plusieurs volets. Et cela fait partie du temps de
l'ensemble de la commission, du côté ministériel et de
l'Opposition. Vous avez laissé sous-entendre que l'Opposition, parce que
le pouvoir a posé peu de questions, que nous avions eu de 70 % à
80 % du temps.
Je m'excuse, M. le Président, mais l'ensemble contient aussi les
réponses du ministre. Le ministre fait partie de l'équipe
ministérielle, à moins que je ne me trompe. Dans ce contexte,
toutes les déclarations, tout le temps que le ministre a pris fait
partie de l'ensemble du temps ministériel. Alors, que vous nous disiez
que nous avons pris de 70 % à 80 % du temps, M. le Président, je
pense que vous 8vez tort de le dire de cette façon. Le temps
ministériel doit comprendre à la fois les questions et les
réponses de la partie ministérielle. Le but de l'exercice que
nous avons à l'étude des crédits est de permettre,
justement, le plus grand nombre de questions. Nous nous sentons frustrés
par la façon dont cela a été fait, pour des raisons bien
simples: c'est que dans le temps qui nous a été dévolu et
sur lequel les leaders se sont entendus, nous n'avons pas pu poser toutes les
questions que nous voulions. Qu'on ne vienne pas nous accuser aujourd'hui
d'avoir pris tout le temps alors que nous avons pris le temps que nous pouvions
prendre dans le contexte actuel. Je ne pense pas que vous puissiez nous dire
aujourd'hui que nous avons pris de 70 % à 80 % du temps. Ce n'est pas ma
faute s'ils n'ont pas pris une partie du temps, mais souvenez-vous de la
façon qu'on en discutait; c'était 90 %-10 % de l'ensemble du
temps.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vais vous
répondre, M, le député de Laviolette. D'abord, je ne vous
ai jamais accusé...
M. Jolivet: Vous avez fait pire!
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je ne vous ai
jamais accusé. J'ai dit que le temps qui a été
dévolu à l'Opposition était d'environ 70 % à 80 %
et - je vous donne mon interprétation - les déclarations du
ministre ne peuvent pas être comptabilisées. D'accord? Mais
lorsqu'on pose une question, il faut s'attendre à avoir une
réponse! Et vous allez avouer avec mot que 90 % des réponses
faisaient suite è des questions posées par les membres de
l'Opposition. On est obligé de le dire, ce sont les faits. Je n'ai pas
appelé les éléments parce que j'ai vu dès le
début que vous n'étiez pas intéressés à
travailler élément par élément, vous vouliez
répondre d'une façon globale. Cela prenait beaucoup de latitude,
mais c'était à chacun des membres de la commission de
gérer son temps, de regarder. On connaissait l'enveloppe avant cela.
Vous avez remarqué aussi que les membres du parti
ministériel n'ont pas utilisé leur temps, en principe. Donc, vous
me dites que le temps du ministre va être comptabilisé du
côté ministériel. Je n'ai pas le calcul à une minute
près, mais j'imagine qu'il est tout à fait normal, au
début d'une commission parlementaire, de faire un exposé
général, ce que le ministre n'a pas fait. Mais il est revenu,
après cela, pratiquement à tous les chapitres, avec un
exposé d'entre 12 et 18 minutes, qui a été le plus
long.
Des voix: ...
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît! Si on tient pour acquis que le parti ministériel avait
aussi droit à un certain temps que j'avais à juger, parce qu'il
n'y avait pas eu de règles d'établies, même si le ministre
avait des déclarations d'ouverture, vous allez vous en souvenir, il
avait toujours une approche et une présentation de chacun des chapitres.
C'est
peut-être vrai que ce n'est pas 90-10, je vous l'avoue, mais je
considère que mon attitude ici avait été très,
très juste envers les deux formations politiques.
M. Jolivet: C'est vrai. Je ne mets pas en doute votre attitude,
M. le Président, ce n'est pas cela que je dis. Vous avez dit que
l'ensemble...
M. Ryan: M. le Président, je soulève une question
de règlement.
M. Jolivet: ...l'ensemble des questions...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Sur une question
de règlement, M. le ministre de l'Éducation.
M, Jolivet: J'étais sur une question de
règlement.
M. Ryan: Question de règlement.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Question de
règlement, M. le ministre.
M. Jolivet: M. le Président, je suis sur une question de
règlement.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous ai
répondu.
M. Ryan: Je veux parler sur la question de règlement.
M. Jolivet: Je peux quand même discuter de votre
décision.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous ai
répondu. J'écoute le ministre sur une question de
règlement.
Mme Blackburn: Est-ce que c'est sur la même question de
règlement?
M. Ryan: Je veux parler sur la question de règlement, moi
aussi. J'eus souhaité...
M. Jolivet: M. le Président, je comprends très
bien. J'étais en discussion avec vous sur une question de
règlement.
Mme Blackburn: On la termine.
M. Jolivet: Je dois terminer ma question de règlement
avant que le ministre n'intervienne.
M. Ryan: M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît, M. le ministre, M. le député de Laviolettel
Une voix: Moi aussi, je veux parler sur la question de
règlement.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vais appeler le
vote!
M. Ryan: II n'y a pas seulement le député de
Laviolette qui a le droit d'intervenir sur une question de règlement.
Nous avons le droit, nous aussi.
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît, M. le ministrel
M. Jolivet: C'est ma question de règlement. J'ai le droit
d'en discuter avec le président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député de Laviolette...
M. Ryan: Attendez votre tour, j'ai le droit de parler
là-dessus aussi !
M, Jolivet: Mon Dieu Seigneur! Allez-y, je parlerai après.
Cela ne me dérange pas de parler après, mais je vous dis
simplement, M. le Président...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce que le
proqramme 4 est approuvé?
Une voix: Approuvé.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Le programme 4 est
approuvé.
Est-ce que les crédits du ministère de l'Enseignement
supérieur et de la Science sont approuvés?
Mme Blackburn: Un instant....
Le Président (M. Parent, Sauvé): Approuvé
sur division. La commission parlementaire de l'éducation ajourne ses
travaux au jeudi 14 juin, à 10 heures.
(Fin de la séance à 11 h 59)