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(Dix heures onze minutes)
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît!
M. le secrétaire de la commission parlementaire de
l'éducation, est-ce que nous avons quorum?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président, nous avons
quorum.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: M. Doyon (Louis-Hébert) remplace M.
Khelfa (Richelieu).
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, le
député de Louis-Hébert agit en tant que remplaçant
du député de Richelieu.
M. le député de Louis-Hébert, bienvenue à
cette commission.
Avant de débuter, je voudrais rappeler aux membres et à
nos invités le mandat de la commission, à savoir: tenir des
consultations particulières dans le cadre de l'étude des projets
de règlement suivants, publiés dans la Gazette officielle du
Québec le 13 mai 19B7:
Le règlement du comité protestant du Conseil
supérieur de l'éducation sur les institutions d'enseignement
reconnues comme protestantes.
Le règlement sur la qualification des enseignants chargés
de l'enseignement religieux catholique dans les écoles primaires et les
écoles secondaires publiques ou privées autres que les
écoles reconnues comme catholiques.
Le règlement sur la reconnaissance comme catholiques et le
caractère confessionnel des écoles primaires et des écoles
secondaires du système scolaire public.
Le règlement sur la reconnaissance comme catholiques et le
caractère confessionnel des institutions d'enseignement privées,
du primaire et du secondaire.
Organisation des travaux
Dans le cadre de cette consultation, l'article 170 du règlement
de l'Assemblée nationale précise que la commission peut inviter
des organismes à donner leur opinion sur la question qu'elle examine.
Ainsi, dans le présent mandat, la commission a invité environ
quarante organismes à lui soumettre un mémoire sur les projets de
règlement à l'étude. Au-delà d'une vingtaine
d'organismes ont répondu à notre invitation et nous allons les
entendre au cours des prochains jours.
Ce matin, nous débuterons avec des déclarations
d'ouverture de la part du ministre de l'Éducation ainsi que de la
porte-parole de l'Opposition. Dans l'ordre - j'espère que ce sera dans
l'ordre - nous entendrons le comité catholique du Conseil
supérieur de l'éducation, le comité protestant du Conseil
supérieur de l'éducation, l'Assemblée des directeurs et
directrices des offices diocésains d'éducation, le Mouvement pour
une école moderne et ouverte ainsi que le Mouvement laïque
québécois.
Nos auditions se poursuivront demain le mercredi 7 octobre et le jeudi 8
octobre. Nous prévoyons terminer ces audiences le 21 octobre 1987.
Je rappellerais aux membres de la commission que le ministre et la
porte-parole officielle ont chacun trente minutes pour leur déclaration
d'ouverture.
Je rappelle aussi à nos invités que chaque audition durera
une heure, soit 15 minutes pour la présentation du mémoire et 45
minutes pour échanger des propos avec les membres de la commission. Nous
ferons exception, pour le comité catholique et le comité
protestant avec lesquels nous serons plus larges dans l'administration du temps
prévu, étant donné que ce sont des gens qui ont
préparé et qui viennent nous présenter et expliquer les
projets de règlement.
Le temps des discussions sera partagé équitablement entre
les deux formations politiques. Je vous rappelle que l'ordre des intervenants
sera le suivant: nous entendrons l'organisme, puis le ministre sera
invité à prendre la parole, suivi du porte-parole de l'Opposition
et, ensuite, des députés.
Est-ce qu'il y a des motions préliminaires? S'il n'y a pas de
motion préliminaire, j'invite immédiatement le ministre de
l'Éducation, de l'Enseignement supérieur et de la Science
à nous adresser la parole. M. le ministre.
Déclarations d'ouverture
M. Claude Ryan M. Ryan: M. le Président, je voudrais
tout d'abord remercier les députés du gouvernement et de
l'Opposition de l'esprit de collaboration qui a rendu possible la tenue de
cette consultation au sujet des projets de règlement concernant la
reconnaissance des écoles comme catholiques ou protestantes et les
qualifications devant être exigées des maîtres
chargés de l'enseignement moral et religieux, catholique ou protestant
soumis par les comités catholique et protestant du Conseil
supérieur de l'éducation.
En participant à la consultation que nous inaugurons aujourd'hui,
le gouvernement a voulu faire droit à deux exigences
complémentaires. Saisi par le comité catholique et le
comité protestant de projets importants de modification aux
règlements actuels de ces comités concernant le caractère
confessionnel des écoles, le gouvernement a examiné avec
attention la démarche qui a précédé les
propositions des comités confessionnels.
Après avoir obtenu à ce sujet toutes les explications
requises, le gouvernement prenait à son compte les projets de
règlement soumis par les comités confessionnels en les publiant
à l'état de projet dans la Gazette officielle du 13 mai dernier.
Le gouvernement était disposé à agir en se soumettant
à l'exigence de prépublication, que définit
désormais la loi des règlements, et voulait toutefois s'assurer
que les règlements projetés répondent vraiment aux besoins
d'aujourd'hui et aux attentes de la population.
Les premières réactions à la prépublication
furent lentes à venir. Vers la fin de juin et le début de
juillet, des réactions importantes commencèrent cependant
à se manifester. Comme elles nous parvenaient en nombre croissant
d'organismes représentatifs et directement intéressés que
plusieurs de ces réactions mettaient en cause des aspects majeurs des
projets de règlement, il nous a semblé, et en cela, il y eut
heureuse convergence de vues entre l'Opposition et le gouvernement, que la
façon la plus démocratique de tirer ce dossier au clair serait de
le soumettre à l'examen de la commission parlementaire de
l'éducation.
Je laisserai aux porte-parole des deux comités confessionnels le
soin d'expliquer la nature des changements qu'ils proposent et les buts que
poursuivent les comités confessionnels en proposant de nouveaux
règlements concernant la reconnaissance des écoles comme
catholiques ou protestantes et les qualifications devant être
exigées des maîtres chargés de l'enseignement moral et
religieux, catholique ou protestant ou de l'enseignement moral dans nos
écoles.
Il m'incombe cependant d'indiquer dès le départ de notre
démarche comment le gouvernement se situe non seulement par rapport au
projet de règlement, mais aussi en regard du sujet plus large des
rapports entre la religion et l'école. Je tenterai de le faire
brièvement, non sans être conscient du caractère
très délicat de ce sujet et des. nombreuses embûches
auxquelles il peut donner lieu.
La démarche du gouvernement en ces matières procède
tout d'abord d'une attitude de respect envers les valeurs religieuses et
surtout envers la place majeure qu'elles ont historiquement occupée dans
la vie collective du peuple québécois. Il n'entre certes pas dans
la compétence du gouvernement de définir ces valeurs, encore
moins de les imposer à la population. Le réalisme politique le
plus élémentaire et l'honnêteté intellectuelle
obligent cependant à constater la présence très importante
des valeurs religieuses dans notre vie collective et le rôle
généralement très bienfaisant qu'elles ont joué
dans le développement de notre peuple.
L'expérience enseigne également que les familles
religieuses, et particulièrement, au Québec, l'Église
catholique et les Églises protestantes, ont été et
demeurent des intervenants de premier plan dans le domaine de
l'éducation. Certains voudraient que les valeurs religieuses se
confinent étroitement au domaine personnel et privé.
L'expérience enseigne au contraire que chaque fois qu'elles sont
vivantes, les valeurs religieuses revêtent une dimension sociale, une
portée institutionnelle, un caractère collectif dont la
légitimité trouve sa source dans l'exercice libre des droits
fondamentaux des personnes et des groupes.
L'école a été historiquement, au Québec, un
lieu privilégié de rencontre entre le pouvoir politique et les
Églises. Tandis qu'ailleurs, la rencontre de ces deux
éléments donnait souvent lieu à des conflits aigus, elle a
au contraire donné lieu au Québec à une longue et riche
expérience de collaboration historique. Les Églises se sont
toujours intéressées à l'éducation, bien souvent,
avant l'État lui-même. Celui-ci a tendu, depuis un quart de
siècle, à s'impliquer bien davantage dans le secteur de
l'éducation. Il aurait pu en découler une opposition entre les
deux éléments, voire une séparation radicale entre le
champ d'action de chacun. Chaque fois que le débat a eu lieu, on a su,
au contraire, faire l'économie de déchirements et de luttes
stériles. On a plutôt choisi la voie de l'adaptation et de
l'aggiornamento, si bien qu'en moins d'un quart de siècle, toutes nos
universités, tous nos collègues publics sont devenus laïcs
sans qu'il s'élève, à ce sujet, le moindre conflit
d'envergure entre l'État et les Églises.
De même, dans le secteur de l'enseignement primaire et secondaire,
le Québec s'est doté, en 1964, d'un ministère de
l'Éducation qui exerce une très forte autorité sur tout te
système public d'enseignement. Le changement s'est fait dans un climat
d'ouverture et de
collaboration que l'on ne saurait oublier.
Ce rappel me paraît important pour bien saisir la signification
des changements que le comité confessionnel propose à l'examen de
la commission parlementaire. Ces projets de changement émanent, en
effet, de deux organismes dont l'origine remonte aux changements
institutionnels majeurs qui accompagnèrent la création du
ministère de l'Éducation en 1964. La création du
ministère de l'Éducation donna lieu à un large consensus
dans l'opinion publique de l'époque, mais ce consensus ne fut acquis que
moyennant la création parallèle d'un Conseil supérieur de
l'éducation, au sein duquel devaient se retrouver deux comités
confessionnels investis de pouvoirs substantiels pour veiller au
caractère catholique ou protestant des écoles publiques.
La création des deux comités confessionnels fut un
élément essentiel du pacte qui intervint alors entre le
gouvernement et les familles religieuses. Le maintien des deux comités
confessionnels et de l'essentiel de leurs pouvoirs et de leurs attributions
faisait également partie de l'entente qui intervint en 1985 entre les
évêques du Québec et le gouvernement du temps autour des
dispositions de la défunte loi 3, relative aux valeurs morales et
religieuses dans le système d'enseignement. Il y a donc, en ces
matières, une tradition désormais fort longue de
continuité, à laquelle ont d'ailleurs participé, dans une
très large mesure, les deux principaux partis politiques
présentement représentés à l'Assemblée
nationale.
Le gouvernement est d'autant plus enclin à accueillir avec
respect et ouverture les représentations des deux comités
confessionnels que, depuis leur création, il y a près d'un quart
de siècle, ils se sont toujours acquittés de leur tâche
avec une conscience professionnelle, un tact et une modération
exceptionnels. Les comités confessionnels sont investis par la loi de
pouvoirs importants. Ces pouvoirs sont plus concrets, plus substantiels, soit
dit en passant, que ceux du Conseil supérieur de l'éducation dont
ils font pourtant partie. Les comités confessionnels ont exercé
ces pouvoirs avec discernement et retenue. On ne saurait leur reprocher de
s'être lancés dans le don-quichottisme ou la chasse aux
sorcières.
À l'exemple des interventions auxquelles les comités
confessionnels nous ont habitués, les modifications qu'ils proposent
aujourd'hui d'apporter à leurs règlements respectifs concernant
la reconnaissance des écoles comme catholiques ou protestantes et les
qualifications devant être requises des maîtres chargés de
l'enseignement moral et religieux, sont le fruit d'une démarche
mûrie, d'un long processus d'évolution qui devait
déboucher, tôt ou tard, sur un effort important de
clarification.
Une précision s'impose à ce stade. Tandis que les
règlements proposés par le comité catholique ont
provoqué des réactions nombreuses et parfois vives, les
règlements proposés par le comité protestant semblent, au
contraire, donner lieu à un très large consensus au sein de la
communauté protestante. Aussi, les remarques qui suivront visent-elles
uniquement les projets de règlement proposés par le comité
catholique. Cela ne veut pas dire, cependant, que le gouvernement serait moins
concerné par le règlement très intéressant que met
également de l'avant le comité protestant.
Nous parlons de plus en plus, depuis quelques années, et non sans
raison, de mettre plus de rigueur, plus d'exigence, plus de
vérité dans notre démarche éducative. Partout, la
recherche de la qualité, de l'excellence et de l'authenticité est
devenue un objectif majeur de notre système d'enseignement. Il ne suffit
plus d'investir des milliards dans l'éducation, nous exigeons, avec
raison, que ces sommes soient utilisées de façon judicieuse, que
la qualité des services offerts corresponde à l'importance des
sacrifices consentis par la collectivité.
Or, la place des valeurs religieuses dans l'école ne saurait
échapper à cet effort de révision et d'approfondissement
qui est devenu l'objectif majeur de l'action du gouvernement dans le secteur de
l'éducation. Certains se satisferaient volontiers d'une présence
sociologique, symbolique et endormante de la religion dans l'école.
D'autres veulent, au contraire, que cette présence soit réelle,
vivante et dynamique, qu'elle soit empreinte d'une qualité
élevée, en un mot, qu'elle soit vraie sans pour cela porter
atteinte aux droits fondamentaux de quiconque. C'est cette dernière
approche que l'on retrouve dans les projets de règlement du
comité catholique. Il me semble que, tout en réservant notre
jugement sur les modalités concrètes des changements
proposés, nous devrions souscrire à cette démarche et ce,
pour diverses raisons que je voudrais préciser brièvement.
En premier lieu, le projet de règlement du comité
catholique rappelle que la reconnaissance d'une école comme catholique
devrait être le fruit d'une démarche libre engageant à la
fois les parents immédiatement concernés, dans certains cas, au
deuxième cycle du secondaire, leurs enfants et enfin, la commission
scolaire compétente. Il prévoit qu'il devrait y avoir, tous les
cinq ans, vérification du vécu confessionnel de l'école,
suivie éventuellement, s'il y a lieu, d'une remise en question de son
statut confessionnel. Le comité catholique demeure en outre investi du
pouvoir que lui reconnaît déjà la loi de révoquer en
tout temps une reconnaissance déjà accordée. Ce pouvoir
n'a pas été exercé, à ma connaissance, depuis
la
création du comité, mais lorsque interviendra la
démarche de vérification du vécu confessionnel
prévu par le nouveau règlement, il est probable que l'on veuille
recourir plus fréquemment à ce pouvoir.
Les changements projetés permettront d'introduire un peu de
fraîcheur et de mouvement dans ce domaine où a
régné, jusqu'à maintenant, un Immobilisme dangereux,
depuis la décision massive qui fut prise en 1974 de reconnaître
d'un seul coup comme catholiques toutes les écoles alors existantes dans
le giron des commissions scolaires pour catholiques. Sous le nouveau
règlement, une procédure de vérification interviendra
obligatoirement tous les cinq ans. Cela me paraît une amélioration
majeure par rapport à la situation actuelle.
Quant à reconnaître une école comme catholique, le
comité catholique veut aussi qu'elle soit réellement et vraiment
catholique. Cela peut être dérangeant pour certains, mais, dans ce
cas-ci, les inconvénients pouvant découler d'une clarté
accrue doivent être préférés au risque d'enlisement
et de dilution découlant de l'atmosphère d'imprécision et
de flottement que l'on observe d'ores et déjà dans plusieurs
endroits.
Nos écoles baignent très souvent, en matières
religieuse et morale, dans un climat indistinct, imprécis et flottant
qui n'est guère propice à une formation véritable. En
durcissant certaines exigences, on risque de créer des situations
difficiles en divers endroits, mais l'inverse est non moins préoccupant.
En ne faisant rien, en laissant les choses aller leur petit bonhomme de chemin,
on risquerait de se trouver tôt ou tard devant des centaines
d'écoles qui n'auraient plus guère de catholique que le nom. Le
comité catholique opte ici pour la rigueur et la vérité
plutôt que pour l'apparence et la facilité. Il propose des
exigences devant permettre d'assurer que l'école reconnue comme
catholique ne le serait pas uniquement de nom. Il nous appartiendra de
vérifier, en cours de route, la portée concrète de ses
exigences et de les assouplir au besoin de manière qu'elle ne vienne pas
en conflit avec d'autres droits fondamentaux. Mais, sur la nature même de
la démarche proposée par le comité catholique, je ne puis
qu'être d'accord, assuré que le réalisme bien connu de
notre collectivité l'aidera à trouver en cours de route les
compromis et les ajustements nécessaires comme elle l'a fait si souvent
dans le passé.
L'équation entre école publique et école catholique
sera toujours la source d'un certain malaise au plan de la logique pure, voire
même au plan d'une vision égalitaire de la société
et des institutions politiques pour laquelle j'ai beaucoup de respect. Mais
cette équation fait partie de notre héritage collectif. En ces
temps où un peu partout à travers le monde industrialisé
les peuples sont à la recherche de racines perdues qu'ils ont trop vite
et trop allègrement abandonnées, le temps serait mal choisi pour
procéder à des chirurgies radicales du genre de celles que
proposent certains organismes. La voie évolutive a toujours
été la meilleure pour notre peuple. S'il est un domaine où
nous devons nous souvenir de cette loi, n'est-ce pas celui de
l'éducation?
Mieux centrée sur ses objectifs essentiels, mieux définie
à partir de la volonté de ses clientèles
immédiates, davantage consciente de sa mission, l'école
catholique sera plus à l'aise pour donner sa mesure. Là où
elle faillira à la tâche ou ne correspondra plus à la
volonté des parents, ceux-ci seront libres de réclamer les
changements nécessaires. L'école reconnue comme catholique le
sera plus franchement et plus nettement si nous retenons le projet de
règlement soumis par le comité catholique. Sera-t-elle pour
autant moins ouverte, moins capable de respecter la divergence, moins apte
à intégrer dans son sein des enseignants, des
élèves et des parents qui ne partageraient pas
intégralement ses visées éducatives dans leurs dimensions
morales et religieuses? Certains entretiennent à cet égard des
appréhensions que nous examinerons avec attention.
Mais je suis enclin à faire confiance aux personnes qui ont
charge de nos écoles et qui en assumeront la responsabilité dans
l'avenir. Déjà, nous vivons des centaines de situations où
une "convivance" harmonieuse s'est implantée de fait entre
élèves, enseignants et parents professant des valeurs religieuses
ou morales différentes. Nous sommes beaucoup plus avancés en
matière de "convivance" que nous ne semblons le croire. Je suis
personnellement convaincu qu'une école catholique
influençée par des parents et des éducateurs
engagés saurait faire une place intéressante à des
enseignants et à des élèves qui, sans partager toutes ces
valeurs, voudront au moins se montrer respectueux à leur endroit. (10 h
30)
Je suis également convaincu que dans les écoles où
les parents opteront plutôt pour un statut laïc de l'école,
on trouvera le moyen de faire aussi une place convenable non seulement à
l'enseignement de la religion mais aussi à des intervenants
animés de convictions religieuses sincères et de respect pour
autrui.
Il faut prendre comme un tout la démarche que propose le
comité catholique. En même temps que le comité catholique
invite à un resserrement des exigences en vue d'une plus grande
vérité, il définit aussi des soupapes de
sûreté qui permettront en tout temps l'exercice des droits
fondamentaux de chacun et de chacune.
Je voudrais en terminant aborder deux
points qui me paraissent se rattacher directement au mandat
confié à la commission parlementaire. Certains soutiennent que
nous ne devrions pas procéder à l'adoption des nouveaux
règlements tant que le gouvernement n'aura pas fait connaître et
approuver les changements qu'il entend apporter au cours des prochains mois
à la Loi sur l'instruction publique. Je comprends et respecte ce souci.
Je veux cependant assurer qu'il n'y a aucune contradiction mais au contraire
convergence intéressante entre les propositions du comité
catholique et les projets du gouvernement concernant la Loi sur l'instruction
publique.
Déjà, on retrouvait dans la loi 3 en matière de
confessionnalité de très nombreuses dispositions qui recoupent
sur bien des points le texte du règlement proposé par le
comité catholique. Or, le gouvernement projette de suivre en ces
matières une ligne de conduite sensiblement apparentée à
celle que définissait la loi 3. Aussi n'y a-t-il pas lieu de
s'inquiéter de contradictions possibles entre les règlements
projetés et l'éventuelle loi renouvelée de l'instruction
publique. Il y a plutôt lieu de parler de convergence
anticipée.
D'autres estiment que le problème posé par le
comité catholique, celui de l'authenticité de l'école
publique catholique, n'est pas le vrai problème. Ils voudraient
plutôt que le gouvernement entreprenne de remplacer par des garanties
linguistiques les garanties confessionnelles définies dans la
constitution canadienne. Ensuite, ajoutent-ils, il y aurait lieu de
procéder à des ajustements correspondants dans le statut des
commissions scolaires et des écoles.
Le gouvernement est loin d'être indifférent aux
problèmes réels et sérieux qui découlent souvent
des structures juridiques actuelles. Il a affirmé à maintes
reprises sa volonté de remplacer éventuellement les commissions
scolaires actuelles par des commissions scolaires linguistiques. Mais outre que
la voie précise à emprunter pour atteindre cet objectif reste
à définir, le changement souhaité ne ferait pas
disparaître pour autant les besoins de vérité et
d'authenticité religieuse au niveau de l'école auxquels veulent
répondre les modifications proposées par le comité
catholique. Même sous des commissions scolaires linguistiques, il
faudrait en effet prévoir, comme le faisait d'ailleurs la loi 3, la
possibilité d'écoles publiques qui voudraient être
reconnues comme catholiques. Il faudrait également prévoir
à l'intention de ces écoles des exigences et des modalités
d'existence et de fonctionnement semblables à celles que propose le
comité catholique dans le projet de règlement soumis à
notre examen.
Pour toutes ces raisons et surtout parce que les milliers
d'élèves qui fréquentent nos écoles publiques
reconnues comme catholiques ou protestantes ont droit, ainsi que leurs parents,
à ce que ces écoles soient fidèles à ce qu'elles
annoncent, le gouvernement pense que le Qué.bec aurait
intérêt et profit à pouvoir s'appuyer le plus tôt
possible sur le nouveau règlement que propose les deux comités
confessionnels. Il est cependant disposé à accueillir avec
intérêt et attention toutes les représentations que l'on
voudrait faire à cette commission dans le but d'améliorer ces
projets, de les rendre plus solides, plus cohérents si possible, plus
facilement applicables et mieux aptes à servir en définitive les
fins très nobles pour lesquelles ils ont été
conçus.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci beaucoup, M.
le ministre. Je reconnais maintenant la porte-parole officielle de l'Opposition
en matière d'éducation, la députée de Chicoutimi.
Mme la députée.
Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Je pense qu'il est
d'abord nécessaire de rappeler que la tenue de la présente
commission parlementaire résulte, en large partie, des démarches
entreprises par l'Opposition en juin dernier. En effet, à la suite de la
prépublication dans la Gazette officielle des projets de
règlement des comités catholiques et protestants du Conseil
supérieur de l'éducation, mon collègue le
député de Laviolette, alors porte-parole de notre parti pour
l'enseignement primaire et secondaire, a saisi la commission de
l'éducation d'une proposition de mandat d'initiative concernant
l'étude de ces projets.
Nous savons que le contrôle réglementaire fait partie des
attributions des commissions parlementaires. Les députés membres
de cette commission de l'éducation avaient là une occasion
privilégiée de s'y consacrer.
L'importance du sujet, l'acuité des enjeux sous-jacents aux
projets de réglementation, le fonctionnement et l'orientation de notre
système scolaire justifiaient, à notre avis, notre
démarche. Les réserves sérieuses, voire l'opposition
exprimée par certains milieux à l'endroit des projets de
règlement, nous ont aussi convaincus de la pertinence d'une consultation
large et publique des intervenants intéressés et concernés
par cette question.
Comme le ministre le rappelait tout à l'heure, le ministre a
été comme nous l'objet de nombreuses représentations
à cet effet. Il décidait finalement au mois d'août de
répondre à notre demande en confiant à la commission
parlementaire de l'éducation le mandat de tenir des audiences publiques
sur les quatre projets de règlement.
Cependant, j'ai le goût d'ajouter ce
matin qu'à entendre ses propos, je reste sceptique par rapport
aux résultats d'une telle consultation tant elle semble endosser la
totalité du règlement qui est l'objet de discussions au sein de
cette commission.
J'ose espérer quand même que lors de la décision de
tenir cette commission parlementaire, le ministre était davantage
mû par un désir de participation que par l'intention de s'en
arroger les mérites.
Nous aurions pour notre part préféré la tenue d'une
consultation générale plutôt que particulière.
Finalement, le nombre d'intervenants qui expriment à n'en pas douter
l'intérêt que manifestent les intervenants sur cette question nous
laisse penser que les principaux intervenants auront quand même
l'occasion, au cours de cette commission parlementaire, d'être
entendus.
Il reste à savoir - je le rappelle - si l'exercice sera utile, si
l'on tiendra compte du fruit de nos discussions ou s'il ne s'agira pas d'une
autre de ces consultations bidon qui font la marque de commerce de ce
gouvernement. Il serait peut-être utile de rappeler les commissions sur
le lac Meech et les commissions sur le libre-échange, la commission sur
le financement des universités et la reconnaissance des associations
étudiantes.
Je ne saurais en ce moment passer sous silence le traitement
accordé par l'actuel ministre de l'Éducation à tout ce
dossier de la confessionnalité scolaire. Il a fait preuve, à
notre avis, d'une complaisante inaction. Nous savons déjà qu'il a
reporté trois fois le dépôt de son projet de réforme
majeure de la Loi sur l'instruction publique.
Il semble maintenant que ce serait pour l'automne. Mais rien ne laisse
présager qu'on y trouvera des réponses aux problèmes
engendrés par le maintien de structures désuètes et
même dangereuses, à certains égards. Tout ce que ce
gouvernement pouvait faire, c'était de suspendre les procédures
d'appel en rapport avec les jugements sur la loi 3 et l'école
Notre-Dame-des-Neiges.
De plus, il s'est refusé à inclure dans les
négociations constitutionnelles cette question ' de la
confessionnalité scalaire et des contraintes que pose à
l'évolution de notre structure scolaire l'article 93 de l'Acte de
l'Amérique du Nord britannique, comme le lui recommandait pourtant le
Conseil supérieur de l'éducation.
En résumé, inaction sur le plan constitutionnel,
désengagement au plan juridique et manque de volonté politique.
Pourtant le Parti libéral a inscrit parmi ses engagements
électoraux l'instauration de commissions scolaires linguistiques
plutôt que confessionnelles. Point n'est besoin de rappeler le consensus
développé à cet effet chez la grande majorité des
intervenants du système d'éducation à l'occasion des
discussions ayant entouré l'adoption du projet de loi 3.
Comme on le sait, celle-ci s'est vu invalider en vertu d'une
constitution datant de 120 ans et inadaptée aux réalités
d'aujourd'hui. Je ne répéterai pas ici les arguments en faveur de
la déconfessionnalisation des structures scolaires si ce n'est pour
rappeler qu'elle est dictée par l'évolution du Québec sur
la voie du pluralisme sur le plan des valeurs, des cultures et de croyances.
D'autre part, le maintien des structures confessionnelles a de lourdes
conséquences dans la mesure où celles-ci contribuent à
détourner vers les institutions anglophones que sont les commissions
scolaires protestantes bon nombre d'allophones et même de francophones
qui ne retrouvent pas dans les écoles franco-catholiques la même
ouverture et le même respect du pluralisme. Un aménagement
linguistique des structures scolaires offrirait les garanties
nécessaires au renforcement de la communauté francophone sans
pour autant menacer la communauté catholique.
Il serait peut-être utile de faire un certain rappel historique de
l'évolution de cette question. Les comités catholique et
protestant du Conseil supérieur de l'éducation, comme le conseil
d'ailleurs, font partie de l'édifice mis en place lors de la
réforme de l'éducation du début des années
'soixante. La législation scolaire québécoise actuelle
leur accorde un rôle majeur, comme le rappelait d'ailleurs le ministre
tout à l'heure, dans ce que l'on pourrait appeler l'encadrement de la
réalité confessionnelle de notre système
d'éducation. Leur pouvoir s'étend de l'approbation des programmes
religieux, des manuels et du matériel didactique à la
reconnaissance du caractère confessionnel des écoles primaires et
secondaires, aussi bien publiques que privées, avec les prescriptions
qui en découlent. C'est essentiellement de cette reconnaissance qu'il
s'agit dans les propositions de réglementation soumises au
gouvernement.
Les règlements présentement en vigueur sur les
institutions d'enseignement confessionnel reconnues comme catholiques et les
institutions d'enseignement confessionnel reconnues comme protestantes datent
pour l'essentiel de 1974. Dans le cas du règlement du comité
catholique, il a subi certaines modifications, comme on le sait, en 1983, afin
de remplacer le régime de l'exemption de l'enseignement religieux
catholique par un régime d'option entre cet enseignement et
l'enseignement moral. Cela découlait des difficultés à
faire respecter le droit à l'exemption au sein de certaines
écoles et commissions scolaires et la nécessité d'offrir
un véritable choix.
Par ailleurs, le présent gouvernement a aussi amendé ce
règlement au début de cette année pour exempter en tout ou
en partie
les élèves admis au nouveau programme d'études
professionnelles, au cours d'enseignement moral et religieux catholique ou
d'enseignement moral. Il s'agissait là d'une mesure d'harmonisation avec
les modifications déjà introduites en ce sens par le
régime pédagogique du secondaire. Le comité catholique
poursuit en quelque sorte cette démarche de mise à jour en
soumettant une nouvelle version du règlement sur la reconnaissance comme
catholiques et le caractère confessionnel des écoles primaires et
secondaires du système scolaire public auquel viennent se greffer deux
autres projets de règlement sur la reconnaissance comme catholiques et
le caractère confessionnel des institutions d'enseignement privé
du primaire et du secondaire et sur la qualification des enseignants
chargés de l'enseignement religieux catholique dans les écoles
primaires et secondaires publiques ou privées autres que reconnues comme
catholiques.
Bien sûr, il n'est nullement question pour nous de remettre en
cause la pertinence d'une éventuelle actualisation de la
réglementation en cette matière. Il faut cependant s'interroger
sur l'opportunité d'agir maintenant en ces domaines, compte tenu de
toute l'incertitude qui subsiste autour de la refonte des structures scolaires.
La problématique de la reconnaissance d'écoles catholiques et la
notion même de projets éducatifs catholiques sont susceptibles
d'être définis différemment selon que les commissions
scolaires demeurent confessionnelles ou deviennent linguistiques et neutres,
selon que les écoles ont le libre choix d'être reconnues ou non
comme catholiques; ce qui n'est pas le cas - faut-il le souligner? - sur les
territoires de Montréal ou de Québec, en vertu des
privilèges constitutionnels existants. (10 h 45)
C'est ce qu'exprime d'ailleurs le Conseil supérieur de
l'éducation dans son avis de janvier 1986, qui se lit comme suit: "La
réglementation du comité catholique a déjà
introduit dans notre système d'éducation scolaire certaines
garanties de liberté individuelle, une certaine ouverture à la
pluralité, notamment en remplaçant le régime de
l'exemption de l'enseignement religieux par un régime d'option." Mais
dans l'économie actuelle de nos lois, tel que les jugements rendus nous
la donne à comprendre, il n'y a pas, là où les besoins
sont les plus criants, c'est-à-dire parmi les écoles
administrées par les grandes commissions scolaires confessionnelles
protégées - on parle de Montréal et de Québec -
possibilité réelle d'avoir des écoles autres ou non
confessionnelles conformes aux attentes de groupes autres. C'est à cette
contrainte juridique que se sont heurtées pratiquement toutes les
hypothèses envisagées depuis vingt ans pour répondre,
particulièrement à Montréal, aux exigences croissantes de
la pluralité.
Voilà donc le contexte dans lequel il nous faut examiner les
règlements projetés. Sont-ils bien adaptés aux
réalités du Québec de 1987? Donnent-ils place au
nécessaire respect des convictions de chacun et des libertés
inviduelles? Favorisent-ils une évolution harmonieuse de l'école
québécoise afin qu'elle réponde mieux au défi
éducatif de la pluralité, comme l'invite à le faire le
Conseil supérieur de l'éducation dans un avis paru la semaine
dernière? Une pluralité qui est celle de la configuration de plus
en plus multi-ethnique et multiculturelle du Québec, mais une
pluralité qui procède aussi de profondes transformations dans le
contexte religieux du milieu catholique francophone lui-même et dont on
retrouve des signes révélateurs dans la baisse
généralisée de la pratique religieuse, où on estime
qu'elle est de l'ordre d'environ 13 % dans la grande région de
Montréal et d'environ 25 % dans la région de Québec, la
diversité également des doctrines et des formes
d'expérience religieuse, l'émergence de nouveaux mouvements
religieux.
Dans son document de l'automne dernier, L'école catholique,
situation et avenir, le comité catholique évoquait clairement ce
défi pour l'école publique catholique de s'ouvrir à la
pluralité. Ainsi qu'il l'exprimait, et je cite: Dans une
société comme la nôtre où les jeunes seront de plus
appelés à fréquenter des citoyens qui appartiennent
à d'autres religions et à d'autres cultures, il est indispensable
d'assurer ce que l'on pourrait appeler un apprivoisement mutuel. Il est
nécessaire que chacun apprenne à découvrir sa propre
identité en approfondissant ses convictions personnelles dans le domaine
religieux comme dans les autres domaines. Il est nécessaire en
même temps d'apprendre à respecter profondément
l'identité et les convictions autres.
Avant d'aborder le contenu des projets du comité catholique, je
dirai un mot de celui du comité protestant sur les institutions
d'enseignement reconnues comme protestantes. Je remarque d'abord qu'un seul
mémoire nous a été soumis à ce sujet par la
Commission des écoles protestantes du grand Montréal et que ce
mémoire endosse le projet de règlement dans son esprit et dans
ses modalités. On peut donc penser que celui-ci convient aussi bien aux
intervenants impliqués dans le réseau protestant. Cela s'explique
évidemment par le contenu même du projet qui, malgré
certaines modifications, demeure fidèle aux principes fondamentaux de la
version en vigueur.
Il y a aussi tout le climat et les attitudes - je te rappelle - qui
prévalent dans les écoles protestantes en matière
d'orientation religieuse. Ce n'est pas d'hier qu'elles accueillent des
clientèles très diversifiées sur le plan de l'origine
ethnique, des valeurs, des croyances. Elles ont su généralement
offrir un climat empreint d'ouverture et de respect. Les projets de
règlement du comité catholique ont suscité beaucoup plus
de réactions, réactions qui reflètent les débats et
à certains égards les tiraillements et les tensions que continue
de susciter la confessionnalité scolaire dans le Québec
francophone. Je dis "les projets", je devrais plutôt dire "le projet",
car la quasi-totalité des mémoires s'intéresse
exclusivement è celui portant sur la reconnaissance comme catholiques et
le caractère confessionnel des écoles primaires et secondaires
publiques. Les deux autres reprennent à peu près
intégralement les dispositions pour la reconnaissance comme catholiques
des institutions privées et la qualification des enseignants
chargés de l'enseignement religieux catholique dans les écoles
non reconnues comme catholiques.
Je m'attarderai maintenant à ce projet plus controversé
qui consacre l'accentuation du caractère confessionnel de nos
écoles. Tout à l'heure, le ministre, parlant de souplesse et
d'adaption à la réalité d'aujourd'hui, ' nous disait que
dans son prochain projet de loi sur la réforme de l'instruction
publique, on retrouverait des dispositions de la loi 3 en matière
confessionnelle qui n'entraient pas en contradiction avec l'avis du
comité catholique. Je voudrais juste rappeler au ministre en passant que
les dispositions prévues dans la loi 3 touchant la
confessionnalité venaient s'harmoniser avec une structure linguistique
et non confessionnelle. Je pense qu'il y a un monde entre les deux et que de
vouloir faire l'inverse, c'est précisément tomber dans ce
piège que pourrait constituer un renforcement du caractère
confessionnel de l'école catholique, alors qu'on a une structure qui ne
laisse pas tout à fait le choix, et particulièrement dans la
région de Montréal et de Québec.
J'ai pris connaissance des quelque 25 mémoires qui nous ont
été transmis et force nous est de constater que ce projet ne
suscite pas un large enthousiasme. C'est là un euphémisme et
même si l'on fait abstraction des organismes qui s'inscrivent d'une
certaine façon en marge de la problématique actuelle par leur
option en faveur de l'école laïque et des organismes qui voudraient
nous amener sur la voie de l'intégrisme, les lignes de consensus
apparaissent on ne peut plus minces. Je crois qu'il n'y a pas un article du
projet qui ne suscite tantôt des objections de fond, tantôt des
questions de clarification.
Les propositions de modifications sont nombreuses et souvent
substantielles. Je n'ai pas l'intention d'en faire maintenant une
synthèse. Je désire plutôt formuler un certain nombre
d'interrogations que m'inspirent à la fois ma propre lecture du projet
et la lecture des propositions des intervenants.
On peut d'abord se demander si le règlement
présenté est trop ou insuffisamment explicite. D'un
côté, certains intervenants pour la plupart engagés au
niveau de l'éducation chrétienne, de l'animation pastorale ou
liés de près à l'Église, accueillent positivement
le projet dans la mesure où il favorise un encadrement plus rigoureux de
la dimension confessionnelle dans les milieux scolaires, que ce soit au niveau
de la définition du projet éducatif catholique, des exigences de
qualifications des personnes chargées de l'enseignement religieux ou des
services d'animation pastorale. Ils demandent néanmoins plusieurs
clarifications que ce soit dans le texte lui-même ou par l'ajout de notes
explicatives venant bien cerner le sens de divers articles.
De plus, la plupart des recommandations visent à resserrer les
dispositions et à renforcer plusieurs exigences relatives à la
gestion, si vous me permettez l'expression, du vécu confessionnel,,
À l'inverse, tous les organismes qui regroupent les personnes
chargées de l'administration scolaire estiment la réglementation
trop contraignante, voire inapplicable, car elle introduit des
procédures de gestion et de contrôle tatillon,
déresponsabilisantes et contraires à l'autonomie des agents
éducatifs. Ils souhaitent l'allégement des procédures et
des contrôles et la disparition d'articles jugés superflus ou
tracassiers.
Je me permets de rappeler au passage que ce gouvernement, il n'y a pas
si longtemps, se targuait de réglementer et de légiférer
mieux et moins. Ce nouveau règlement vient alourdir à n'en pas
douter la réglementation déjà lourde au Québec.
Enfin, d'autres intervenants s'inquiètent plutôt des
conséquences négatives de la définition d'un cadre
confessionnel trop strict sur le plan du respect de la liberté de
conscience des enseignants, du respect de la pluralité des croyances et
des valeurs avec des risques potentiels de discrimination.
Autrement dit, le projet soumis en fait-il trop, pas assez ou les deux
à la fois? Nous ne sommes pas convaincus qu'il ait trouvé le
point d'équilibre dans un contexte où la quasi-totalité
des écoles publiques demeureraient confessionnelles. Je voudrais le dire
ici, dans un contexte où on aurait une structure linguistique, il
m'apparaît évident qu'une école catholique aurait avantage
à avoir un encadrement rigoureux qui respecte à la fois la
qualité et la vérité.
Cependant, dans la structure actuelle pour laquelle on ne prévoit
pas de changement prochain, on entretient des inquiétudes
importantes. C'est là tout un débat de fond que nous
aurons l'occasion d'approfondir pendant cette commission. C'est du sens
même et de la portée de la notion centrale du projet
éducatif catholique dont il est question. La façon dont il est
défini conditionne tout le reste.
Au-delà de cette problématique générale, de
cette trame de fond, plusieurs aspects particuliers du projet attirent
l'attention. Je me contenterai de souligner ici ce qui me semble le plus
important. Concernant les procédures de consultations relatives à
la reconnaissance confessionnelle, plusieurs mémoires déplorent
leur caractère trop flou. Des balises plus précises
seraient-elles souhaitables? Faut-il, par exemple, fixer un minimum de
participation des parents à la consultation? Aussi, comme c'est le cas
pour l'élection scolaire, un vote de 10 % de la population dont 50 %
seraient en faveur, serait-ce suffisant?
De plus, il n'est nulle part question de la révocation du statut
catholique d'une école. Il y a une évaluation mais on ne lit pas
que cela pourrait mener à une révocation.
Par ailleurs, qu'est-ce que cela signifie concrètement un projet
éducatif qui intègre les valeurs et les croyances de la religion
catholique? Une école catholique qui s'affiche comme telle, comment cela
se traduit-il en ce qui a trait à l'enseignement des matières
autres que la religion? Comment concilier le caractère public de
l'école et son caractère confessionnel? Faut-il demander à
l'école d'en faire plus, par exemple, par l'animation pastorale en
remplaçant ici les institutions qui devraient demeurer les
premières responsables de l'inculcation de la foi et des valeurs
religieuses, c'est-à-dire l'Église, mais aussi la famille.
En effet, si le milieu ne suit pas, c'est-à-dire l'Église
et la famille, s'il ne se sent pas concerné par le projet
éducatif dans sa dimension religieuse, celui-ci ne risque-t-il pas
d'être désincarné? Par ailleurs, l'adhésion des
diverses catégories de personnel à la foi catholique
soulève des interrogations. Si cela semble aller de soi pour
l'enseignant chargé de dispenser l'enseignement religieux catholique,
l'interprétation de ce critère ne va pas de soi, comme plusieurs
intervenants le soulignent. Par ailleurs, faut-il étendre cette exigence
au directeur de l'école, à l'ensemble du personnel, comme
certains le souhaitent?
Le projet reprend les dispositions introduites en 1983 au chapitre du
régime d'option entre les enseignements religieux et moral. À
l'expérience, favorise-t-il l'exercice réel du droit au libre
choix? Que penser du ratio minimum de quinze élèves pour
dispenser l'un et l'autre des enseignements? Le choix doit-il s'exercer
à chaque ou au début de chaque cycle? Est-il acceptable que les
mêmes enseignants puissent donner les cours de morale et les cours de
religion? Je ne parle pas de morale catholique, évidemment.
La section du projet qui suscite le plus de commentaires et de
polémiques est assurément celle des qualifications du personnel
enseignant. Tandis que le comité protestant se contente de demander
à l'enseignant une formation et une compétence pertinentes en
matière d'enseignement moral et religieux protestant, le comité
catholique fixe des exigences bien précises sous forme de formation
créditée. On comprend que le comité désire, de
cette façon, s'assurer de la compétence sur le plan à la
fois des contenus et de la didactique des personnes dispensant l'enseignement
religieux catholique au primaire et au secondaire. Mais cela n'est pas sans
soulever beaucoup de questions et, disons-le, de sérieuses objections,
que ce soit pour ce qui est de l'équilibre dans la formation de
l'étudiant, du respect de la liberté de conscience du futur
enseignant, des risques de discrimination dans l'embauche, des
conséquences pédagogiques de l'avènement d'une nouvelle
catégorie de spécialistes au primaire, des complications en
termes d'organisation scolaire.
Je pense, ici, à tout le problème des affectations et des
compléments de tâche. La question n'est pas simple. Par ailleurs,
les neuf crédits exigés pour le primaire constituent, pour
certains, un minimum, alors que, selon d'autres, c'est trop. Au secondaire, la
disparité des exigences entre les deux cycles ne semble pas aller de
soi. D'un côté, on propose de niveler les exigences de formation
vers le bas à 30 crédits, de l'autre, de les majorer vers le haut
à 60 crédits. Par ailleurs, je ne cacherai pas que la lecture des
mémoires des intervenants du milieu universitaire m'a également
laissée perplexe. À l'exception d'une faculté de
théologie, ceux-ci manifestent de sérieuses réserves
à l'égard des standards proposés. Au-delà des
dangers de programmes trop spécialisés avec les
conséquences que je viens d'énoncer, c'est la démarche
même du comité qui est remise en question.
Les représentants universitaires souhaitent le report de
l'application du règlement, son intrégration dans le cadre d'une
politique d'ensemble de formation et de perfectionnement des enseignants devant
prendre en compte les résultats de l'étude sectorielle en
éducation du Conseil des universités. Il y a donc là
autant de matière à réflexion qu'un appel à la
concertation.
Ces audiences nous fourniront l'occasion de discuter plus en profondeur
de la pertinence des critères de qualification, en se demandant s'il ne
devrait pas aussi y en
avoir pour l'enseignement moral, comme du nombre de crédits de
formation devant être requis aux différents cycles du primaire et
du secondaire. Il faudra aussi porter une attention particulière aux
dispositions transitoires d'application pour les prochaines cohortes de
diplômes.
Le volet de l'animation pastorale catholique suscite enfin des
commentaires variés. Certains saluent la facture plus
détaillée du projet, par rapport à la version en vigueur,
ainsi que l'apparition d'exigences de qualification sous forme de
crédits en théologie, catéchèse, pastorale
catholique, dont on interroge cependant les disparités entre le primaire
et le secondaire. D'autres contestent la présence de certaines
dispositions à l'intérieur du règlement, notamment les
articles 23 à 26. Il faut aussi se demander qui doit assumer les
coûts des services d'animation pastorale.
Voilà donc la trame générale des principaux points
qui orienteront le travail de l'Opposition tout au long de cette commission.
Nous aurons, bien entendu, d'autres questions de nature plus
particulière à adresser aux divers intervenants qui se
présenteront devant nous.
L'échange, aujourd'hui, avec les représentants du
comité catholique du Conseil supérieur de l'éducation
devrait nous permettre d'obtenir de plus amples imformations quant aux motifs
de sa démarche, aux arguments qui fondent les propositions et de bien
cerner les enjeux du débat. Enjeux qui, selon moi, posent la grande
question: Est-il possible, est-il souhaitable de renforcer le caractère
confessionnel de l'école sans modifier la structure actuelle des
commissions scolaires et sans créer un réseau d'écoles
neutres? (11 heures)
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous remercie,
Mme la députée de Chicoutimi, porte-parole officielle de
l'Opposition en matière d'éducation.
Il avait été prévu, pour les déclarations
d'ouverture, 30 minutes pour chacun des deux porte-parole. Je vous ferais
remarquer que vous avez utilisé, Mme la députée, 24
minutes, il vous reste six minutes et, M. le ministre, vous avez utilisé
20 minutes, il vous reste dix minutes. Je ne sais pas si vous voulez les
utiliser. M. le ministre, non?
Alors, j'inviterais nos premiers invités, le comité
catholique du Conseil supérieur de l'éduction, à prendre
place à la table.
Mme Charlotte Poulin, la présidente, M. Pascal Parent, membre du
comité, Mme Raymonde Venditti-Milot, membre du comité et M. Guy
Mallette, secrétaire.
Mme la présidente. Est-ce qu'elle est là Mme la
présidente?
Mme Plante-Poulin (Charlotte): Merci, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je veux vous
féliciter pour votre nomination à titre de présidente.
C'est la première fois, je pense, que la commission a le plaisir de vous
accueillir. Nous vous souhaitons la bienvenue et vous souhaitons aussi tout le
succès que Vous méritez certainement dans l'exercice de vos
fonctions.
Je voudrais aussi vous remercier. Je sais que le ministre et le
porte-parole de l'Opposition vont le faire, mais vous êtes ici les
invités non pas dec l'Opposition et non pas du. parti
ministériel, mais bien de la commission parlementaire de
l'éducation, laquelle veut s'informer et chercher à comprendre
ces projets de règlement que vous avez proposés.
Je veux que vous vous sentiez bien à votre aise. Vous
n'êtes pas ici devant un tribunal, vous êtes ici devant des gens
qui veulent mieux comprendre, qui veulent mieux vous aider aussi et qui veulent
faire en sorte que l'éducation ne soit pas retenue au Québec.
C'est dans cet esprit-là que nous amorçons, ce matin, ces
consultations.
Je vous rappelle que vous avez environ quinze minutes, une demi-heure,
si vous voulez, pour présenter votre projet et, après cela, le
reste de la période de temps sera réparti également entre
les membres de la formation ministérielle et les membres de
l'Opposition, de façon que nous puissions avoir un échange
enrichissant pour toutes les parties intéressées. Alors, Mme la
présidente, nous vous écoutons.
Comité catholique du Conseil supérieur de
l'éducation
Mme Plante-Poulin: Merci, M. le Président.
Le comité espère, en effet, que la présentation des
projets de règlement puisse répondre à vos désirs
d'être mieux informés. Le texte de présentation veut y
contribuer, ainsi que le dialogue avec les personnes qui sont ici.
Je vais vous présenter à ma gauche, Mme Raymonde
Vendetti-Milot, membre du comité catholique, M. Pascal Parent, membre du
comité catholique, à ma droite, M. Guy Mallette,
secrétaire du comité catholique et moi-même, Charlotte
Plante-Poulin, présidente.
M. le Président, M. le ministre de l'Éducation et de
l'Enseignement supérieur et de la Science, mesdames et messieurs les
députés.
La loi institue le comité catholique et lui fait obligation de
faire des règlements concernant la reconnaissance comme catholiques des
institutions d'enseignement et d'établir des dispositions en vue
d'assurer leur caractère confessionnel. Il importe alors en tout premier
lieu, aujourd'hui, de situer les projets de règlement soumis à
l'étude à
la commission parlementaire de l'éducation à
l'intérieur de la juridiction et des responsabilités du
comité catholique. Ce sera l'objet de la première partie de la
présente intervention.
Dans la deuxième partie de son intervention, le comité
catholique précisera certaines raisons qui ont présidé
à la mise à jour de la réglementation actuelle, puis il
fera une présentation générale des règlements en
regard des trois grands défis qu'il prétend relever: défis
de qualité, de vérité et de respect.
Enfin, une troisième partie permettra une étude plus
immédiate des principaux articles et un résumé des
précisions nouvelles qu'ils apportent par rapport à la
réglementation actuelle.
La juridiction et les responsabilités du comité
catholique. Quelques données historiques: la création du
ministère de l'Éducation et la juridiction sur la
confessionnalité scolaire. Avant l'institution du ministère de
l'Éducation, en 1964, c'était le comité catholique du
Conseil de l'instruction publique qui portait presque toutes les
responsabilités concernant la confessionnalité catholique
scolaire. Les évêques catholiques, formant la moitié des
membres du comité catholique, exerçaient donc, de 1875 à
1964, un rôle considérable dans le domaine de l'instruction
publique. La création d'un ministère de l'Éducation posait
la question d'une gestion de la confessionnalité qui puisse garantir les
droits des catholiques. Peut-on assurer cette gestion par un ministère
et un gouvernement qui sont neutres, l'État, lui-même,
n'étant pas confessionnel? Comment respecter les droits de
l'Église en matière de confessionnalité et sauvegarder
pour l'État son droit et sa responsabilité de gérer le
système public d'enseignement?
Une solution agréée par le gouvernement et les
évêques: le comité catholique. Les documents de 1963
démontrent l'agrément du gouvernement et de l'épiscopat
sur la solution qu'établit la loi pour résoudre le
problème de la juridiction de la confessionnalité scolaire: la
création d'un nouveau comité catholique ayant des pouvoirs
clairement définis par la loi. Cet agrément apparaît dans
la correspondance échangée entre M. Jean Lesage, premier ministre
de la province de Québec et le cardinal Maurice Roy, président de
l'Assemblée des évêques du Québec.
La nature du comité catholique: Le comité catholique
existe en vertu de la Loi sur le Conseil supérieur de
l'éducation. Organisme adjoint au conseil, le comité catholique
jouit toutefois d'une juridiction distincte que lui confère
explicitement la Loi sur le Conseil supérieur de l'éducation qui
définit ses pouvoirs. Le comité catholique tient son mandat de
cette loi qui le constitue. À cet organisme distinct du ministère
de l'Éducation et distinct de l'autorité hiérarchique de
l'Église, la loi confère une autorité réelle sur
l'éducation catholique en milieu scolaire. Dans l'exercice de cette
autorité, le comité catholique a la responsabilité de
réglementer les divers éléments de l'éducation
religieuse et de la confessionnaiité dans le monde scolaire, que ce soit
au primaire, au secondaire ou au collégial. Cette responsabilité
l'amène aussi è clarifier les orientations inhérentes
à cette réglementation et les lignes d'action qui favorisent la
qualité de l'éducation catholique.
Les pouvoirs du comité catholique. La Loi sur le Conseil
supérieur de l'éducation, aux articles 22 et 23, définit
la compétence du comité catholique et du comité
protestant. Elle donne au comité catholique les pouvoirs
nécessaires à l'exercice de ses responsabilités: "Ces
comités sont chargés: a) de faire des règlements pour
reconnaître les institutions d'enseignement confessionnelles comme
catholiques ou protestantes, selon le cas, et pour assurer leur
caractère confessionnel; b) de reconnaître comme catholiques ou
protestantes, selon le cas, les institutions d'enseignement confessionnelles et
de révoquer au besoin cette reconnaissance; c) de faire des
règlements concernant l'éducation chrétienne,
l'enseignement religieux et moral et le service religieux dans les institutions
d'enseignement reconnues comme catholiques ou protestantes, selon le cas; d) de
faire des règlements sur la qualification, au point de vue religieux et
moral, du personnel dirigeant et enseignant dans ces institutions
d'enseignement; e) d'approuver, au point de vue religieux et moral, les
programmes, les manuels et le matériel didactique pour l'enseiqnement
dans ces institutions d'enseignement; f) d'approuver, pour l'enseignement
religieux catholique ou protestant, selon le cas, les programmes, les manuels
et le matériel didactique et de faire des règlements sur la
qualification des professeurs chargés de cet enseignement dans les
écoles autres que les écoles reconnues comme catholiques ou
protestantes; g) de faire au Conseil, au ministre de l'Éducation ou au
ministre de l'Enseignement supérieur, de la Science et de la
Technologie, des recommandations sur toute question de leur compétence."
"Ces comités peuvent: a) recevoir et entendre les requêtes et
suggestions des associations, des institutions et de toute personne sur toute
question de leur compétence; b) faire effectuer les études et
recherches qu'ils jugent nécessaires ou utiles à la
poursuite de leurs fins; c) édicter pour leur régie interne des
règlements qui sont soumis à l'approbation du gouvernement."
La portée des pouvoirs du comité catholique: un pouvoir
réglementaire et non de gestion administrative. Le comité
catholique établit des règlements qui ont force de loi
après leur approbation par le gouvernement. Le comité catholique
procède également à la reconnaissance ou à la
révocation de la reconnaissance des établissements d'enseignement
comme catholiques. Mais, pour le reste, le comité n'administre pas
l'application de ces règlements. La gestion du système
d'enseignement relève du ministre de l'Éducation et des
commissions scolaires. La loi a prévu une structure de gestion
administrative répondant aux pouvoirs réglementaires du
comité catholique. C'est ainsi qu'au sein du ministère de
l'Éducation, se trouve un sous-ministre associé pour la foi
catholique. Il est assisté de la Direction de l'enseignement catholique,
leurs responsabilités s'exercent en lien avec les orientations et les
prescriptions du comité catholique.
Une responsabilité à l'égard de la population
catholique: représenter les catholiques. La loi impose au comité
catholique la responsabilité d'être en contact avec la population
afin de recevoir et d'entendre les requêtes et suggestions des
associations, des institutions et de toute personne, sur toute question de sa
compétence. Pour l'État et le monde scolaire, le comité
catholique se trouve légitimement constitué et autorisé
comme représentant des citoyens qui désirent, pour leurs enfants,
une école confessionnelle de foi catholique ou du moins, une
éducation religieuse catholique. Ainsi, aux yeux du pouvoir civil, le
comité catholique est le représentant officiel de la population
catholique en ce qui concerne l'éducation catholique scolaire. A cette
fin, il est formé de cinq membres nommés par les
évêques et de dix autres agréés par eux comme
représentant les éducateurs et les parents. Le comité
catholique constitue ainsi le canal normal et officiel par où
s'expriment les attentes et les revendications de la population catholique.
Exercer une responsabilité civile et ecclésiale. Le
comité catholique exerce aussi une responsabilité d'Église
précise et limitée. Par leur nomination, les membres du
comité catholique sont investis d'une responsabilité
réelle dont l'exercice est déterminé en vertu des pouvoirs
établis par la loi.
Les évêques, par l'agrément des pouvoirs
conférés au comité catholique en 1964, ont consenti
à ce que la loi donne au comité catholique la juridiction
légale de voir à la dimension confessionnelle du système
scolaire. L'entente entre le gouver- nement et l'épiscopat est claire
à ce sujet et bien établie par un échange de
correspondance.
À la suite de cette entente, le comité catholique, sur un
plan institutionnel et légal, reçoit immédiatement son
mandat de la loi établie par l'Assemblée nationale. Aux yeux du
pouvoir public, il devient représentant officiel de la population
catholique en ce qui concerne l'éducation catholique scolaire.
En exerçant son rôle dans le champ de préoccupation
des ministères de l'Éducation et de l'Enseignement
supérieur et de la Science ou dans le champ de préoccupation de
l'Église, le comité catholique, cependant, n'a institué
légalement un lien de dépendance juridictionnel ni de ces
ministères ni de l'épiscopat. Le comité catholique n'est
ni un comité ministériel ni un organisme episcopal, mais il est
appelé, dans l'exercice de ses fonctions, à respecter les deux
ordres de juridiction.
Pourquoi de nouveaux règlements? D'abord, une mise à jour
de la réglementation de 1974. Le règlement qui régit
présentement les établissements d'enseignement confesionnels
reconnus comme catholiques remonte à l'année 1974. Ce dernier
remplaçait, par ailleurs, celui de 1967.
Depuis 1981, le comité travaille à la révision de
ce règlement. Les audiences qu'il effectue lui permettent d'identifier
de nouveaux besoins en regard de l'école catholique et des indications
pour une réglementation conséquemment plus adéquate. Le
livre blanc sur la réforme scolaire de 1982 et les deux projets de loi,
le projet de loi 40 de 1983 et le projet de loi 3 de 1984, ont forcé le
comité à remettre en chantier ces projets de
règlement.
C'est en mai 1986, éclairé par les propos recueillis lors
de ces audiences et à la suite d'une consultation d'une centaine de
personnes particulièrement représentatives de différents
milieux d'éducation et de diverses tendances, que le comité a
soumis à l'approbation du gouvernement une révision de sa
réglementation de 1974. Ce faisant, il poursuivait un objectif
primordial, ordonné à relever trois défis que le
comité catholique considère majeur.
L'objectif primordial de ce nouveau règlement sur l'école
catholique consiste à édicter une série de règles
simples, claires, précises et concrètes, dans le but de guider
tous ceux et celles qui fréquentent une école catholique,
l'administrent ou y oeuvrent d'une façon ou d'une autre.
Le comité prétend aussi relever trois défis: celui
de la qualité de l'éducation catholique dans les écoles
reconnues comme catholiques ou, encore, de la qualité de l'enseignement
religieux catholique dans les écoles autres que catholiques; celui de la
vérité de l'école catholique, qu'elle soit
publique ou privée et celui du respect de tous les jeunes qui
fréquentent une école catholique ainsi que des personnes qui y
travaillent.
Ainsi, la mise à jour de la réglementation de 1974 a
conduit le comité à édicter trois nouveaux
règlements: le règlement sur la reconnaissance comme catholiques
et le caractère confessionnel des écoles primaires et des
écoles secondaires du système public; le règlement sur la
reconnaissance comme catholiques et le ' caractère confessionnel des
institutions d'enseignement privées du primaire et du secondaire et le
règlement sur la qualification des enseignants chargés de
l'enseignement religieux catholique dans les écoles primaires et les
écoles publiques ou privées autres que les écoles
reconnues comme catholiques. M. le Président, le comité a
l'intention d'accompagner ces règlements de notes explicatives, comme il
l'avait fait en 1974.
Présentation générale en regard des trois grands
défis à relever: qualité, vérité et respect.
Défi de la qualité de l'éducation catholique. La
qualité de l'éducation catholique scolaire est, avant tout,
redevable à la volonté et à la créativité du
milieu. Aucun règlement ne peut la garantir. Toutefois, il
apparaît nécessaire de préciser certaines exigences pour la
réalisation de l'éducation religieuse qui s'avère
être des conditions indispensables de qualité. (11 h 15)
Ainsi, pour favoriser la qualité de l'éducation
catholique, les règlements posent certaines exigences nouvelles
concernant les responsabilités du directeur d'école, les
conditions de qualification du personnel de l'enseignement moral et religieux
catholique, les conditions de qualification du personnel de l'animation
pastorale, certaines modalités de réalisation de l'enseignement
religieux, certaines modalités de réalisation de l'animation
pastorale.
Le défi de la vérité de l'école catholique.
Pour favoriser la vérité de l'école catholique, les
règlements veulent susciter une meilleure adéquation entre ce que
le statut juridique annonce et ce qui est effectivement vécu dans la
réalité, tout en permettant une plus grande
démocratisation du processus de demande de reconnaissance. Ils apportent
des précisions quant à la consultation préalable à
toute demande de reconnaissance. Us donnent à l'école la
responsabilité de faire connaître son statut, au directeur, une
responsabilité en rapport avec le caractère catholique de son
école et à tout le personnel, le devoir d'en respecter le
caractère catholique.
Le défi du respect des différences. Les règlements
ont voulu tenir compte du phénomène grandissant au Québec
de la pluralité ethnique, culturelle et religieuse.
L'école catholique doit, en effet, être attentive à
respecter les convictions religieuses de tous ceux et celles qui la
fréquentent, qu'ils soient catholiques ou autres. Pour favoriser le
respect des différences, les règlements visent donc à
garantir la liberté religieuse aux élèves qui
fréquentent une école catholique en maintenant en application un
régime d'option entre l'enseignement moral et religieux catholique et
l'enseignement moral; au personnel enseignant, en réaffirmant la
possibilité, pour motif de liberté de conscience, d'être
exempté de dispenser l'enseignement moral et religieux catholique.
Les projets de règlements. Avant d'entreprendre la
présentation détaillée des règlements du
comité catholique, permettez, M. le Président, que je fasse trois
remarques.
La première: le comité catholique ne vient pas à
cette commission avec la prétention de régler toute la question
confessionnelle scolaire au Québec. Il vient présenter, selon sa
compétence, son nouveau projet de règlement pour les
écoles catholiques du Québec, désireux qu'il est de
contribuer ainsi, pour sa part, à l'évolution du système
scolaire québécois en matière de
confessionnalité.
La deuxième remarque: un règlement se devant avant tout
d'être précis, clair et concis, des commentaires et* notes
explicatives viendront éclairer la compréhension et la
portée de chaque article.
La troisième remarque: le comité catholique
présente le projet de règlement afférent au système
scolaire public. II s'agit du projet de règlement sur la reconnaissance
comme catholiques et le caractère confessionnel des écoles
primaires et des écoles secondaires du système scolaire public.
Les projets de règlement concernant l'école confessionnelle
privée et de l'exercice de la confessionnalité dans une
école autre étant à plusieurs égards
apparentés à celui de l'école confessionnelle publique, le
comité catholique les aborde donc indirectement. Il le fera plus
directement en réponse à d'éventuelles questions à
leur sujet.
Présentation détaillée du projet de
règlement. Le projet de règlement sur la reconnaissance comme
catholiques et le caractère confessionnel des écoles primaires et
des écoles secondaires du système scolaire public,
ci-après nommé le "Projet de règlement", se divise en
trois grandes sections.
Section I: la reconnaissance, articles 1, 2 et 3. La section I porte sur
la reconnaissance comme catholique de l'école publique. En effet, les
trois premiers articles du projet de règlement visent à
introduire plus de vérité dans le processus de reconnaissance.
Vérité signifie ici
transparence et démocratie. À ces fins, le projet de
règlement oblige les commissions scolaires qui veulent demander la
reconnaissance non seulement à consulter le comité d'école
comme le prévoit la Loi sur l'instruction publique, mais à
étendre cette consultation à tous les parents dont les enfants
fréquentent l'école. De plus, le règlement exige que soit
transmis au comité le résultat de la consultation auprès
des parents et du comité d'école.
L'intention d'une telle démarche est claire. Le comité
désire connaître la volonté des parents et veut que la
commission scolaire qui fait la demande la connaisse aussi. La connaissance de
la volonté démocratiquement exprimée par les parents
demeure l'assise première pour fonder toute décision prise par
les autorités supérieures. De plus, la commission scolaire doit
remplir un questionnaire qui vise à démontrer que l'école
pourra respecter le règlement du comité catholique. Bien plus
qu'une formalité administrative, le questionnaire a une double
visée: une certaine officialisation et universalisation des exigences
à l'égard de l'école catholique québécoise
de même qu'une incitation pour chaque école en particulier
à une meilleure adéquation entre son statut et son vécu
confessionnel.
Le projet de règlement ne traite pas de la révocation de
la reconnaissance parce que la Loi sur le Conseil supérieur de
l'éducation ne donne pas au comité catholique le pouvoir de
déterminer des règlements sur la révocation. Elle lui
donne, par ailleurs, le pouvoir de révoquer. Toutefois, le comité
catholique compte faire connaître certains critères de
révocation et suggérer une procédure aux commissions
scolaires qui voudraient demander la révocation du statut catholique
d'une école.
Section II: le caractère confessionnel, articles 4 à 27.
La section II porte sur le caractère confessionnel de l'école
publique reconnue comme catholique. Cette section II est elle-même
composée de quatre sous-sections qui correspondent à quatre
grandes composantes de l'école catholique: sous-section 1, le projet
éducatif; sous-section 2, l'enseignement moral et religieux catholique;
sous-section 3, l'animation pastorale catholique; sous-section 4, le respect du
caractère catholique par toutes les personnes qui fréquentent
l'école.
Sous-section 1, le projet éducatif. Dans l'intention du
comité, il ne suffit pas que l'école soit reconnue juridiquement
comme catholique. Il importe surtout qu'elle construise, avec tous ceux et
celles qui font l'école, un projet éducatif qui reflète,
dans le quotidien, le caractère confessionnel de cette école, un
projet concret qui intègre ie mieux possible, comme le demande le projet
de règlement à l'article 4, les croyances et les valeurs de la
religion catholique. Le projet de règlement demande aussi qu'une
école reconnue comme catholique affiche le caractère
confessionnel de son projet éducatif. II ne s'agit pas de le faire d'une
façon intempestive, mais simplement de trouver le moyen de le faire
savoir clairement au milieu.
La Loi sur l'instruction publique définit déjà des
responsabilités au directeur d'école. Dans son projet de
règlement, aux article 6 et 7, le comité veut attirer l'attention
sur les responsabilités particulières qui échoient
à celui ou celle qui dirige une école catholique. Le
comité compte que, lors de l'affectation d'un directeur ou d'une
directrice dans une école catholique, les autorités scolaires
rappellent au candidat ou à la candidate les responsabilités qui
lui incombent en vertu des articles 6 et 1, Dans l'article 6: la
réalisation du projet éducatif de l'école, l'orientation,
l'animation, la coordination et l'évaluation des activités
d'enseignement moral et religieux catholique. À l'article 7:
l'évaluation du vécu confessionnel à tous les cinq ans,
évaluation dont il fait rapport à la commission scolaire.
À propos de l'évaluation aux cinq ans du vécu
confessionnel. L'objectif d'une telle évaluation n'est pas d'obliger les
autorités à redemander la reconnaissance de leurs écoles
tous les cinq ans. Cette opération vise plutôt à permettre,
une fois tous les cinq ans, aux divers intervenants de chaque école de
faire le point, de corriger ou d'améliorer ce qui devrait l'être
ou, le cas échéant, de constater que le statut confessionnel de
l'école n'a vraiment plus sa raison d'être et d'en demander la
révocation. Cet exercice, il faut le souhaiter, permettra au milieu de
faire la vérité sur la manière de vivre la
confessionnalité à l'école, de mesurer l'écart
entre l'idéal et le vécu et d'inciter les aqents de
l'école à procéder aux améliorations qui
s'imposent. L'intention nette et première est de permettre à ceux
qui font l'école de faire le point entre eux et de prendre les
orientations et les décisions qui s'imposent de manière à
éviter que l'école ne soit catholique que de nom. Le rapport de
ces évaluations fournira également au comité catholique
des informations fort importantes pour guider ses études et ses diverses
interventions.
Pour procéder à une telle évaluation, des
instruments seront fournis par la Direction de l'enseignement catholique du
ministère de l'Éducation. Ces instruments seront construits
à partir des orientations que le comité catholique donnait
déjà en 1980 et sur la vérification du vécu
scolaire au plan confessionnel. Cette évaluation quinquennale du
vécu confessionnel, article 7, de même que la
démocratisation du processus de demande de la reconnaissance, articles 1
et 2, devraient contribuer à l'avènement non seulement
d'écoles plus authentiquement
confessionnelles, mais aussi à l'avènement d'écoles
autres que confessionnelles. Le comité catholique souhaite depuis
longtemps que des écoles autres puissent voir le jour là
où les milieux le décideront démocratiquement et qu'ainsi,
le système scolaire public évolue vers une plus large
diversité.
Sous-section 2, l'enseignement moral et religieux catholique, articles 8
à 18. Trois articles, 8, 9 et 10, sont relatifs à l'option entre
l'enseignement religieux et l'enseignement moral. Les articles 8 et 9 sont les
mêmes que dans le règlement actuel, tel qu'amendé en 1983.
L'école reconnue comme catholique offre le choix entre l'enseignement
moral et religieux qui s'inspire de la foi catholique et un enseignement moral
qui s'inspire des orientations morales communément admises dans notre
société et exprimées dans les différentes chartes
des lois. Cette décision du comité vise à assurer, sous ce
rapport, le respect de tous les élèves de l'école et le
respect du choix des parents.
On aura aisément compris que le respect ne réside pas dans
le seul fait d'obliger les parents à poser un crochet dans l'une ou
l'autre des cases du formulaire d'inscription. Bien sûr, il y a là
un aspect plutôt symbolique qui n'est pas à négliger. Mais,
au-delà du geste, il faut voir justement à quoi le
règlement engage les différents partenaires. Aux parents, le
projet de règlement impose annuellement la démarche d'un choix
volontaire et réfléchi qui les engage, d'une certaine
manière, à accompagner et à suivre le cheminement de leur
enfant. Aux administrateurs scalaires, le projet de règlement sur
l'option demande de respecter de tels choix en organisant l'école de
façon qu'une réelle qualité marque légalement les
deux types d'enseignement. À cette fin, il y a au moins deux aspects
auxquels il leur faut veiller: la place de ces enseignements dans la grille
horaire et la qualité du personnel affecté à l'un et
l'autre. Aux enseignants, le choix des parents fait savoir que les jeunes qui
sont devant eux sont là pour recevoir un enseignement sérieux et
authentique, qu'il s'agisse de l'enseignement religieux ou de l'enseignement
moral.
L'enseignant qui dispensera l'enseignement moral et religieux catholique
pourra donc, en toute vérité, proposer les enseignements de la
foi catholique, sans les inconvénients de la présence en classa
de jeunes qui seraient là en vertu de la seule obligation que leur en
ferait l'école. L'enseignant sera respectueux de ce choix dans la mesure
où, d'une part, il tiendra compte des diverses exigences du
règlement par rapport au temps à consacrer à cet
enseignement et aux programmes qui doivent être dispensés et dans
la mesure où, d'autre part, il s'efforcera d'assumer pleinement sa part
de responsabilité dans l'éducation de la foi des jeunes tel que
le comité s'est récemment efforcé de le décrire en
mai 1985 dans un avis au ministre de l'Éducation, "Éduquer la foi
à l'école". Le 10e article a aussi trait aux régimes
d'option. Il prévoit que là où les élèves
sont moins nombreux que 15 et qu'il n'est pas possible d'organiser un cours,
l'école devrait prévoir un encadrement pédagogique apte
à rencontrer les exigences respectives des deux programmes où
d'enseignement moral et religieux catholique ou d'enseignement moral.
L'encadrement pédagogique dont il est question consiste
généralement en l'accompagnement individualisé ou à
la supervision d'un élève dans ses activités
d'apprentissage par fiches, recherches, discussions et échanges.
Les articles 11 et 12 statuent sur le temps qui doit dorénavant
être consacré à l'enseignement religieux ou à
l'enseignement moral. Le nombre de 50 heures-année au secondaire
correspond au temps généralement prévu au régime
pédagogique pour l'équivalence de deux crédits; un
crédit égaie 25 heures. Les programmes d'enseignement moral et
religieux catholique au secondaire sont d'ailleurs élaborés en
fonction de ce nombre minimal d'heures.
Au primaire, le nombre de 60 heures-année tient compte de la
pratique actuelle dans l'application du régime pédagogique. Comme
pour le secondaire, les programmes du primaire sont aussi
élaborés en fonction de ce nombre minimal d'heures. Par ailleurs,
selon l'article 14, liberté est laissée à l'école
de ménager et de distribuer le temps prescrit selon un agencement et un
rythme appropriés à la pédagogie, aux besoins des
élèves et au projet éducatif de l'école.
L'article 15 fait obligation à l'école catholique de
procéder pour chaque année du primaire et du secondaire à
l'évaluation de la réalisation des objectifs du programme de
l'enseignement moral et religieux catholique. Le comité catholique
confirme pour l'enseignement moral et religieux catholique une prescription du
régime pédagogique. Il veut contrer par cet article 15 la
tendance à croire que l'enseignement religieux ne s'évalue pas;
il s'évalue effectivement au même titre que les autres
matières.
Les articles 16 et 17 font état des conditions de qualifications
requises pour dispenser l'enseignement moral et religieux catholique. La
première exigence est d'être de foi catholique. Le comité
catholique reconduira ici la note explicative du règlement actuel selon
lequel l'enseignant ou l'enseignante qui dispense l'enseignement religieux se
doit d'être baptisé dans l'Église catholique et se
déclarer de foi catholique.
La deuxième exigence concerne la qualification académique.
Au primaire, l'enseignant embauché après 1991 devra avoir acquis
9 crédits universitaires portant sur les contenus essentiels de la foi
catholique et
sur les programmes d'enseignement religieux ou posséder une
formation équivalente.
Rien n'empêche que l'on confie à des personnes plus
qualifiées, à des spécialistes, par exemple,
l'enseignement religieux au primaire. Cependant, après analyse et tout
bien pesé, le comité continue de privilégier que
l'enseignement religieux puisse, dans la mesure du possible, être
assuré par l'enseignant ou l'enseignante qui dispense les autres
matières de formation générale. Cette pratique
présente des avantages pédagogiques qui sont fréquemment
rappelés par les enseignants eux-mêmes au cours des audiences du
comité catholique. Une telle option oblige à poser des exigences
de formation en conséquence. Il s'agit évidemment d'un minimum
que l'expérience de l'enseignement, le soutien pédagogique et le
souci d'éducation permanente viendront normalement enrichir.
Quant aux contenus essentiels, le comité entend signifier par
là que ses crédits ne devront pas porter sur des
éléments marginaux de la foi mais sur les données majeures
de la foi catholique nécessaires pour dispenser avec compétence
les programmes d'enseignement moral et religieux catholique du primaire.
Au secondaire, la formation minimale requise comporte 30 ou 60
crédits universitaires portant sur les contenus essentiels de la foi
catholique et les programmes d'enseignement moral et religieux, selon que l'on
enseigne aux deux premières années ou au trois dernières
années du secondaire.
Comte tenu de la nature des programmes d'enseignement religieux de la
première et de la deuxième année du secondaire et des
avantages que pourrait comporter l'enseignement d'une autre matière, le
comité a cru bon de fixer la formation requise pour ces années
à 30 crédits universitaires. Dans le cas du premier cycle, il
s'agit donc d'un accommodement, entre autres, à une situation qui se
généralise, les écoles secondaires du premier cycle.
On ne s'étonnera pas que le comité catholique
précise dans ce projet de règlement des exigences à
l'égard de la formation des maîtres. Déjà en 1975
dans sa publication du troisième tome de Voie et impasse, Les
maîtres et l'éducation religieuse, le comité catholique
faisait des recommandations concernant la formation initiale et permanente des
maîtres. Leur compétence en pédagogie religieuse
apparaissait dès lors comme un élément majeur et
déterminant pour la qualité de l'enseignement religieux scolaire.
Plus tard, en 1983, le comité catholique alors consulté sur la
formulation d'une politique concernant la formation et le perfectionnement du
personnel enseignant soulignait le caractère urgent de la mise en oeuvre
d'aménagements concrets et satisfaisants destinés à
préserver au primaire et au secondaire la qualité de
l'intervention pédagogique en enseignement religieux à
l'école. Le comité catholique a expliqué davantage ces
recommandations en mai 1985 dans un avis intitulé "Éduquer la foi
à l'école".
Les exigences décrites aux articles 16 et 17 relatives à
la qualification académique du personnel en enseignement moral et
religieux catholique paraissent, à ce jour, minimales et
indispensables.
Au cours des audiences publiques tenues ces cinq dernières
années, le comité catholique a maintes fois constaté des
situations qui nuisent à l'enseignement religieux: par exemple, un
professeur d'éducation physique parachuté en enseignement
religieux; une jeune enseignante qui doit dispenser l'enseignement religieux au
primaire sans avoir reçu à l'université une
préparation suffisante. Ces situations ne peuvent plus durer. II importe
que les centres de formation universitaire pourvoient à la formation
initiale et continue du personnel en enseignement religieux. Les projets de
règlement veulent y insister. (11 h 30)
Comme dans l'actuel règlement, le comité maintient aux
articles 16 et 17 la possibilité pour le personnel enseignant
d'être exempté de dispenser l'enseignement moral et religieux
catholique pour des motifs de liberté de conscience. Il y aura lieu de
prévoir un guide pratique destiné à faciliter l'expression
de la volonté d'être exempté de l'enseignement
religieux.
Sous-section 3, l'animation pastorale catholique, les articles 19
à 26. Les articles 19 à 26 inclusivement visent à assurer
l'existence et la qualité de l'animation pastorale scolaire. Ils
s'imposent particulièrement au primaire où les activités
d'animation pastorale étaient encore, jusqu'à récemment,
réduites aux visites occasionnelles du pasteur de la paroisse à
l'école. Ainsi, l'article 19 fait obligation à l'école
reconnue comme catholique d'assurer l'animation pastorale à titre de
service complémentaire sur le temps consacré aux services
éducatifs.
Chaque école doit donc lui faire une place à
l'intérieur de l'horaire régulier des élèves. De
plus, le projet de règlement exige aux articles 25 et 26 des ressources
convenables, un budget de fonctionnement, des locaux afin que l'animation
pastorale se déploie dans des conditions qui en favorisent et
l'existence et la qualité.
L'article 20 veut garantir que l'animation pastorale n'est pas un
prétexte à faire n'importe quoi. Une véritable animation
pastorale comporte des activités variées à
l'intérieur de si grands domaines généralement reconnus
pertinents à l'animation pastorale scolaire.
L'article 24 exige que la planification et l'évaluation des
activités soient présentées annuellement au directeur
d'école.
Les articles 21 et 22 posent des exigences pour le personne! de
l'animation pastorale. Ces exigences sont différentes au primaire et au
secondaire en raison de la différence des statuts à l'un et
l'autre ordre d'enseignement. Au secondaire, le projet de règlement
appuie la pratique actuelle des commissions scolaires de nommer comme animateur
de pastorale un professionnel non-enseignant dont les conditions de
qualifications se trouvent au document 2701 de la politique administrative et
salariale. Au primaire, le projet de règlement parle non pas de
l'animateur de pastorale mais de la personne chargée de l'animation
pastorale. Il n'est pas dans l'intention du comité catholique d'imposer
au primaire l'animateur de pastorale, c'est-à-dire un professionnel PNE
comme au secondaire.
Le comité catholique tient compte de la réalité
même de l'école primaire, souvent école paroissiale ou de
quartier liée pour la réalisation d'un grand nombre de ses
activités aux ressources du milieu qui l'entoure. Dans le cas de
l'animation pastorale au primaire, c'est généralement une
personne reliée à la communauté chrétienne des
enfants qui se voit chargée de l'animation pastorale qu'elle exerce de
façon significative.
Le comité ne veut pas priver l'école primaire de ces
précieuses ressources. Il n'admet pas pour autant que cette
responsabilité puisse être dévolue à quiconque.
Aussi, à défaut qu'une personne chargée de l'animation
pastorale au primaire ne possède au minimum une formation
équivalente à 30 crédits, le projet de règlement
stipule qu'une expérience pertinente de cinq années pourrait
être jugée équivalente. Quant aux personnes collaboratrices
à l'animation pastorale - des parents pour la plupart - l'article 23
prévoit qu'elles soient dûment agréées par le
directeur de l'école. Cette mesure entend corriger une situation
existante: leur entrée à l'école à l'insu du
directeur d'école. Le comité ne veut pas pour autant
décourager les pratiques de collaboration à l'animation pastorale
mais favoriser qu'elles se réalisent avec l'assentiment de la direction
d'école qui a la responsabilité première de ce service
complémentaire.
Sous-section 4, le respect du caractère catholique. Dans son
article 27, le projet de règlement fait obligation au personnel de
l'école publique reconnue comme catholique ainsi qu'à toute autre
personne qui y travaille d'être respectueux du caractère
catholique de l'école.
Cet article implique que, dans l'ensemble, l'orientation catholique de
l'école est acceptée et respectée, au moins de
façon tacite, comme référence et inspiration du projet
éducatif. Pratiquement, cela signifie que toute personne de
l'école s'empêche de parler ou d'agir à l'encontre de
l'orientation catholique. L'école publique catholique de 1987 manquerait
de réalisme si elle prétendait à une
homogénéité religieuse plus stricte et plus explicite au
niveau de tout l'effectif, de tous les étudiants, parents et
enseignants. Le projet de règlement veut pourtant assurer dans
l'école publique reconnue comme catholique un seuil de cohérence
et un minimum d'intégration de la dimension religieuse. Aussi exige-t-il
à tout le moins le respect du caractère catholique de
l'école. Toutefois, cette école catholique demeure une
école publique qui doit être ouverte et accueillante à ceux
et celles qui ne partagent pas la foi catholique. D'ailleurs, depuis plus de
cent ans, dans le système public, tant les écoles reconnues
comme, catholiques que celles reconnues protestantes ont toujours
été des écoles communes, c'est-à-dire des
écoles qui avaient l'obligation d'accueillir et d'assurer
l'éducation des jeunes qui n'étaient pas de religion catholique
ou protestante.
Un phénomène relativement nouveau et inégalement
présent sur l'ensemble du territoire québécois est aussi
apparu depuis quelques années, celui de l'arrivée d'une
population immigrante qui nous vient de tous les continents. Cette population
apporte au Québec des cultures variées, donc des modes
d'être, de vivre et de penser qui sont différents, et professent
des religions qui n'originent pas toujours des traditions religieuses
présentes dans notre société. Le Québec se
diversifie donc sur les plans ethnique, culturel et religieux. Même la
population de souche québécoise traditionnellement catholique ou
protestante ne présente plus le même degré
d'unanimité. Là aussi des différences apparaissent,
différences que l'on ne peut plus ignorer et que l'on doit surtout
respecter. Ces différences sont aussi présentes chez le personnel
enseignant. Par ailleurs, du côté catholique demeurent les faits
suivants: 83,5 % des élèves francophones des écoles
primaires et secondaires publiques se sont inscrits en 1986-1987 comme
catholiques.
Depuis quelques années, lorsque les parents ont dû se
prononcer sur le choix du statut d'une nouvelle école primaire, ils ont
toujours majoritairement opté pour une école catholique. Le
projet de règlement tente donc de faire justice aux uns et aux autres.
Il maintient le régime d'option entre l'enseignement moral et religieux
catholique et l'enseignement moral. Il maintient la possibilité pour le
personnel enseignant d'être exempté de dispenser l'enseignement
religieux. Quant au projet confessionnel lui-même, le comité
catholique croit qu'il nécessite la collaboration franche de toutes
les personnes intervenantes, à tout le moins, la capacité
d'en respecter les orientations fondamentales. C'est l'objet de l'article
27.
Section III, dispositions particulières, les articles 28 à
33. Six derniers articles encadrent la portée juridique de certains
articles précédents. Il faut particulièrement remarquer
que la première évaluation du vécu confessionnel
prévu à l'article 7 devra s'effectuer au plus tard le 1er juillet
1993, c'est-à-dire 5 ans après l'entrée en vigueur du
règlement le 1er juillet 1988. Que les exigences relatives à la
qualification deviennent obligatoires le 1er juillet 1991 et s'appliquent
seulement aux personnes engagées ou affectées à compter du
1er juillet 1991. L'intention du comité est d'assurer que soient
préservés les droits acquis à ce titre du personnel
enseignant.
Par ailleurs, le comité veut aussi prévoir trois
années, à compter de la date d'entrée en vigueur du projet
de règlement, pour que les futurs maîtres en formation puissent
satisfaire aux exigences de qualification que requiert l'enseignement
religieux. Il est souhaitable que les programmes universitaires de formation
à l'enseignement primaire puissent leur offrir le choix entre une
formation initiale en enseignement religieux et une formation initiale en
enseignement de la morale. La future école primaire au Québec
aura besoin de ces deux titres de compétence.
Précisions nouvelles par rapport au règlement de 1974.
Comme on le constate, le projet de réglementation de 1987 apporte des
précisions nouvelles par rapport au règlement de 1974. Ces
précisions se trouvent plus particulièrement au chapitre du
projet éducatif, prescriptions quant à l'orientation du projet
éducatif, à l'article 4; au chapitre de l'enseignement moral et
religieux catholique, prescriptions du temps d'enseignement, articles 11 et 12;
évaluation annuelle des apprentissages en regard des objectifs du
programme à l'article 15; conditions de qualification du personnel
enseignant aux articles 16 et 17.
Au chapitre de l'animation pastorale catholique, obligation de la
dispenser sur le temps des services éducatifs; identification des
domaines spécifiques d'intervention à l'article 20; conditions de
qualification du personnel aux articles 21 et 22; planification et
évaluation des activités à l'article 24; exigences d'un
local et d'un budget de fonctionnement au primaire autant qu'au secondaire aux
articles 25 et 26. Au chapitre du statut confessionnel, clarification et
démocratisation du processus de demandes de reconnaissance comme
catholiques et évaluation aux cinq ans du vécu professionnel.
En conclusion, M. le Président, qualité,
vérité, respect, trois objectifs que les divers milieux pourront
atteindre plus aisément, il faut l'espérer, grâce aux
nouveaux règlements du comité catholique. Le comité est
conscient de poser des exigences sinon plus grandes du moins plus
précises et plus nettes. Il sera évidemment plus difficile de les
passer simplement sous silence. Par ailleurs - et c'est une intention
consciente du comité - si une école ne peut vraiment pas
répondre raisonnablement à de telles exigences, elle devrait ou
s'amender ou entreprendre des démarches menant à la
révocation de sa reconnaissance. Le fait de devoir procéder tous
les 5 ans à une évaluation du vécu confessionnel permettra
sans doute d'enclencher une telle démarche plus facilement partout
où elle s'avérera nécessaire. Le comité
suggérera une procédure qui aidera à prendre des
décisions en connaissant la volonté des parents.
Enfin, si les règlements, dans l'ensemble, sont plus exigeants
pour les agents de l'école sous le rapport de la qualité et de la
vérité, cela ne doit pas se faire au détriment de la
liberté de choix des élèves ou de la liberté de
conscience des enseignants. Le comité souhaite ainsi atteindre un sain
équilibre qui favorisera les évolutions nécessaires vers
des écoies qui cherchent vraiment à mettre en oeuvre leur
caractère authentiquement catholique tout en demeurant vraiment
accueillantes et respectueuses de ceux qui ne partagent pas la foi catholique.
Là où les gens en décideront autrement, il faut souhaiter
que dans le système public, des écoles autres puissent voir le
jour, également dans le respect, cette fois, des catholiques qui la
fréquenteront. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): C'est moi qui vous
remercie, Mme la Présidente, de vous être dérangée
et d'être venue nous aider à éclairer notre lanterne
concernant ce projet de règlement.
Maintenant, j'informe les membres de la commission et par le fait
même vous aussi, Mme la présidente, que la commission
parlementaire va siéger jusqu'à 13 heures. Alors, vous avez
environ une heure et quinze ou une heure et vingt minutes comme période
de questions qui sera répartie équitablement entre les membres de
l'Opposition et les membres de la formation ministérielle. Encore une
fois, sentez-vous bien à l'aise, vous n'êtes pas devant un
tribunal. Vous êtes devant des gens qui veulent mieux comprendre votre
travail et l'orientation que vous voulez donner au projet de règlement.
Je reconnais le ministre de l'Éducation ou le porte-parole officiel.
M. Ryan: Je remercie tout d'abord la présidente du
comité catholique du Conseil supérieur de l'éducation de
la présentation qu'elle nous a faite du projet de règlement
émanant de cet organisme. Je voudrais tout
d'abord la féliciter aussi de son élection à la
présidence du comité catholique. Comme vous le savez, suivant les
procédures prévues par la Loi sur le Conseil supérieur de
l'éducation, le comité catholique se donne lui-même un
président ou une présidente et le gouvernement a la redoutable
responsabilité d'entériner son choix, ce que nous avons fait avec
plaisir dans votre cas parce que toutes les procédures avaient
été dûment respectées.
J'ai écouté avec intérêt la
présentation que vous avez faite. Je ne veux pas revenir sur des
questions que j'ai déjà traitées dans mon intervention
liminaire tout à l'heure. Je voudrais cependant vous poser une question
de fond avant d'en venir à quelques problèmes qui touchent
davantage les modalités du projet de loi. La porte-parole de
l'Opposition nous disait tantôt, si j'ai bien compris, qu'il faudrait
reporter cet exercice à plus tard, qu'il faudrait attendre que l'on ait
réglé le problème de la confessionnalité des
commissions scolaires avant de procéder à des précisions
comme celles que propose le comité catholique.
Comme le comité catholique a déjà émis
l'opinion qu'il serait préférable d'évoluer vers des
commissions scolaires confessionnelles et que nous, du côté du
gouvernement, avons précisé notre opposition à ce sujet en
indiquant: C'est bien facile d'adopter une loi, mais si on se retrouve deux ans
après et qu'elle est désavouée par les tribunaux, on n'est
pas plus avancé, personne! On a perdu beaucoup de temps et on se
retrouve au point de départ. Nous avons établi deux conditions
claires dans notre programme politique. Nous favorisons un changement mais
à la condition qu'il y ait un consensus réel dans la population
et deuxièmement, que nous soyons assurés que toutes les
clarifications judiriques nécessaires aient été obtenues
au préalable. C'est ce que nous ferons. Nous donnerons les
modalités de notre cheminement en temps utile. Je veux assurer les
membres de cette commission que. nous continuons toujours dans la voie que nous
avons clairement annoncée avant l'élection de 1985 et que nous
avons définie à maintes reprises.
Ceci étant précisé, j'aimerais que vous nous disiez
si dans votre jugement il y a une difficulté majeure à ce qu'on
procède maintenant avec ce projet de règlement et comment une
décision positive maintenant n'affecterait pas l'autre cheminement qui a
été proposé par le comité catholique concernant la
structure des commissions scolaires.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
Présidente.
Mme Plante-Poulin: M. le Président, le comité
catholique du Conseil supérieur de l'éducation a effectivement,
dans un dernier avis, souhaité que l'évolution du Québec
en matière de confessionnalité se fasse vers des commissions
scolaires linguistiques plutôt que confessionnelles. Le projet de
règlement se situe donc dans le contexte particulier qui est celui
d'aujourd'hui où les commissions scolaires ne sont pas linguistiques. Le
comité catholique prétend que son règlement peut
faciliter, dans ce contexte, l'avènement d'écoles autres que
confessionnelles tout en respectant dans les écoles confessionnelles les
droits et la liberté de conscience des non-catholiques qui
fréquentent l'école confessionnelle. Il n'y a pas
incompatibilité pour le moment à ce que ce règlement
s'exerce dans le cadre scolaire actuel des commissions scolaires
confessionnelles.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. Est-ce
qu'il y a d'autres interventions?
M. Ryan: Oui. Pourriez-vous nous dire en quoi il y a
nécessité, selon le comité catholique de procéder
maintenant aux modifications proposées? (11 h 45)
Mme Plante-Poulin: Comme on le faisait voir dans la
présentation du règlement, depuis bientôt six ans que le
comité croit nécessaire d'adapter son règlement au
contexte plus réel de la société québécoise
tout en répondant de façon plus adéquate aux exigences de
la confessionnalité dans les écoles confessionnelles. À
l'occasion des audiences, de nombreuses personnes réclament que soient
définies plus clairement les exigences pour les conditions de
qualification des enseignants et des procédures plus claires quant
à la demande de reconnaissance des institutions confessionnelles. Le
comité prétend relever le défi de qualité, de
vérité et de respect des différences dans le contexte
actuel. La mise à jour du règlement vient donc en partie des
nombreuses demandes de la population catholique et de la volonté du
comité d'adapter son règlement au contexte plus réel
actuel en suscitant, d'une part, des écoles autres, là où
les parents voudront majoritairement un autre type d'école que
confessionnel.
Je ne sais pas si des membres du comité veulent ajouter autre
chose, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M.Parent.
M. Parent (Pascal): Je dois dire qu'ayant participé depuis
de nombreuses années aux diverses audiences, nous nous rendons compte
que presque tous les points qui sont traités ici sont
présentés par les parents et les éducateurs des
différentes régions. Particulièrement, la grande
question
qui revient, c'est qu'il y ait des écoles autres mais en
même temps que soit vraiment marqué le caractère
confessionnel de l'école qui est reconnue comme catholique. Si elle est
reconnue comme catholique, il faut qu'elle ait des exigences au plan du corps
professoral - c'est ce que nous avons précisé - et qu'elle ait
aussi des exigences au plan de la pastorale. C'est pourquoi nous avons
précisé dans ce règlement les points qui touchent la
pastorale. C'est surtout notre conscience du milieu, cela reflète
les demandes précises du milieu répétées depuis de
très nombreuses années.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M.
Parent.
M. Ryan: J'ai une autre question à propos de la
reconnaissance. Dans le projet de règlement qui nous est soumis, nous
avons en annexe une formule qui servirait pour la présentation d'une
demande de reconnaissance. Il n'y a pas de précisions quant aux
modalités qui devraient être suivies pour la consultation des
comités d'école, des parents. Je ne sais pas comment vous voyez
cela. Il faudrait un matériel à la disposition des écoles
pour qu'elles procèdent aux consultations nécessaires. Est-ce que
ce matériel devrait émaner, selon vous, de l'école
elle-même, de la commission scolaire, du comité catholique ou du
ministère de l'Éducation?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Madame.
Mme Plante-Poulin: M. le Président, la volonté du
comité catholique est de respecter dans la gestion de la
confessionnalité le corps intermédiaire qu'est !a commission
scolaire. Donc, localement, la commission scolaire a, comme on l'indique aux
articles 1 et 2, la responsabilité de procéder à la
gestion du processus des demandes de reconnaissance. La commission scolaire
pourra effectivement utiliser des instruments qui pourraient être
produits, par exemple, par la Direction de l'enseignement catholique ou
même par le comité catholique sans qu'elle y soit obligée
cependant, pourvu que le comité catholique puisse être
assuré que les parents ont été consultés de
façon démocratique et qu'ils demandent majoritairement la
reconnaissance catholique pour leur école. Donc, les commissions
scolaires pourront avoir accès à de tels instruments qui les
aident dans le processus de consultation mais elles ne seront pas tenues
d'utiliser ces instruments.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci.
M. Ryan: Une autre question à propos du projet
éducatif. Vous dites à l'article 4 que l'école publique
reconnue comme catholique intègre les croyances et les valeurs de la
religion catholique dans son projet éducatif et s'affiche comme telle.
Par rapport à la situation que nous avons aujourd'hui, une école
va définir son projet éducatif évidemment en accord avec
l'orientation générale qu'elle a, en accord avec les exigences
des programmes et en accord avec certaines préférences des
parents. Est-ce qu'il y aura vraiment un changement majeur ou si c'est juste
une question d'accent qui serait plus clair? Est-ce qu'il y a un changement
essentiel dans cette proposition qu'apporte le comité catholique?
Il y en a qui nous ont fait part de craintes voulant que le projet
éducatif deviendrait à l'avenir une affaire étroite et
possiblement étouffante. Est-ce que c'est vraiment l'esprit de cet
article? Comment l'interprétez-vous? Est-ce qu'il apporte vraiment un
changement majeur à la situation qu'on observe aujourd'hui?
Mme Plante-Poulin: Dans la pensée du comité
catholique, l'école confessionnelle est d'abord une école
publique qui demande un statut confessionnel parce qu'une majorité des
parents des enfants qui la fréquentent le veut ainsi. Ils
décident donc qu'elle sera inspirée des croyances et des valeurs
de la religion confessionnelle. Le comité veut tenir ensemble la
volonté de respecter le choix collectif d'un certain nombre de parents
et leur droit à une école confessionnelle de leur choix, donc qui
soit d'inspiration catholique et en même temps, le statut d'abord commun
de l'école publique. Donc, on n'a pas à craindre l'embrigadement,
l'endoctrinement qui ne respecterait pas le caractère commun de
l'école publique.
Le comité catholique a déjà, à propos des
valeurs de la religion catholique, laissé entendre qu'il s'agissait de
valeurs universellement acceptées, humainement reconnues, comme la
solidarité, la justice, le respect, et qui ne sont pas contraignantes
pour les non-catholiques.
M. Ryan: Si je comprends bien, le projet éducatif demeure
sous la responsabilité de l'école. C'est le comité ou le
conseil d'école qui va définir un projet éducatif en
accord avec la direction de l'école. La direction de l'école rend
des comptes à la commission scolaire. Il n'est pas question de faire
approuver ces projets par le comité catholique. C'est la marche
régulière de l'école en relation avec le projet
éducatif qui va continuer, finalement, en accord avec les dispositions
de la Loi sur l'instruction publique.
Mme Plante-Paulin: M. le Président, c'est effectivement le
sens des articles 4, 5,
6 et 7. Le directeur d'école se voit confier la
responsabilité du projet éducatif de l'école - pour autant
qu'elle est confessionnelle, il a la responsabilité à tous
égards dans cette école - en lien avec la commission
scolaire.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Quel est le
pouvoir d'intervention de la commission scolaire dans un cas pareil?
Mme Plante-Poulin: M. le Président, vous voulez dire dans
quel cas?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oisons que dans
une certaine école, il y a un projet éducatif qui est mis de
l'avant par le directeur de l'école. Quel est le pouvoir d'intervention
des patrons, des gens qui ont la responsabilité de la diffusion de
l'enseignement sur le territoire, soit les commissaires d'école?
Mme Plante-Poulin: La responsabilité de la commission
scolaire en matière confessionnelle est de s'assurer que le directeur,
au moment de son embauche, puisse assumer la gestion honnête, tel que
l'article 6 le dit, des droits des catholiques.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci.
M. Ryan: Deux autres questions avant de terminer. On nous a dit
que le projet de règlement présenterait deux risques possibles en
ce qui touche les enseignants. Tout d'abord, on dit qu'en haussant les
exigences, il y a un danger qu'on en vienne à créer une nouvelle
spécialité au niveau de l'enseignement primaire. Si les exigences
sont trop élevées, on pourra être obligé, dans un
nombre croissant de cas, de confier l'enseignement religieux, moral ou
catholique à des enseignants spécialisés. Comme on a
déjà beaucoup de problèmes avec l'enseignement des
matières spécialisées au niveau primaire, est-ce que cela
ne vient pas introduire dans le mécanisme un danger de complication qui
pourrait entraîner des coûts et d'autres conséquences
administratives considérables?
Le deuxième risque qu'on nous a signalé a trait aux
politiques d'embauche des commissions scolaires. Est-ce que les exigences que
formule le comité catholique pourraient éventuellement être
utilisées par des commissions scolaires comme des critères
d'embauche, ce qui entraînerait une situation difficile pour des
personnes qui ne seraient pas munies, par exemple, des qualifications
définies dans le règlement? Je ne sais pas si vous avez
considéré ces deux problèmes et quelle est la
réponse du comité catholique à ces questions?
Mme Plante-Paulin: Pour le comité catholique, il n'est pas
question, par son règlement, de changer le statut de l'enseignant au
primaire. Les audiences que le comité tient dans différents
milieux l'incitent à penser que la personne généraliste
est encore celle qu'on désire voir affectée à
l'enseignement primaire. Les neuf crédits veulent introduire un minimum
d'exigences en regard de la compétence de ces enseignants qui font
l'enseignement religieux. Pour la plupart, ces enseignants qui finissent leurs
études universitaires et qui sont embauchés dans des
écoles primaires n'ont pas eu d'enseignement religieux depuis leur
secondaire et sont considérés peu aptes à dispenser
l'enseignement religieux au primaire. Le comité croit que neuf
crédits est un minimum. On parle de spécialisation lorsqu'il y a
beaucoup plus de crédits que cela. Neuf crédits, cela
représente certains crédits pour l'apprentissage des contenus
essentiels de la foi chrétienne et certains crédits plus
didactiques qui habilitent à la dispensation des enseignements. Pour le
comité catholique, il n'y a pas de volonté de spécialiser
l'intervenant au primaire en enseignement religieux, ce qui n'exclut pas que
des milieux choisissent de se donner des spécialistes au primaire.
D'ailleurs, il y a certains milieux qui font déjà appel je ne
dirais pas à des spécialistes nécessairement, mais
à des personnes autres que l'enseignant titulaire pour dispenser cet
enseignement.
Quant au deuxième risque qui était évoqué -
il s'agissait de l'embauche d'enseignants - à savoir si ces nouvelles
qualifications ou exigences pourraient être considérées au
moment de l'embauche, le comité catholique souhaite en effet qu'au
moment du choix du personnel, on puisse considérer les exigences que
pose le fait de dispenser l'enseignement religieux et considère normal
qu'une personne qui doit dispenser cet enseignement puisse avoir ta
compétence pour le faire. Il y aurait donc, de la part des cadres
préposés à l'embauche du personnel, des prévisions
par rapport aux besoins, une évaluation des besoins de l'école et
une embauche de personnel en regard de ces besoins à combler pour
dispenser les cours d'enseignement religieux. Ce qui voudrait dire que les
mêmes personnes préposées à l'embauche du personnel
pourraient aussi désirer des personnes compétentes, par exemple,
pour dispenser l'enseignement moral puisque, dans la pensée du
comité, ces deux enseignements doivent avoir les mêmes conditions
d'exercice et on doit retrouver la même qualité dans l'exercice de
ces enseignements.
Est-ce que vous voulez ajouter quelque chose? M. le Président,
est-ce que M. Parent pourrait compléter? (12 heures)
M. Parent (Pascal): Si je complétais, ce serait pour
parler de cette notion de généraliste et de spécialiste.
Dans un
baccalauréat de 90 crédits, pour être
spécialiste, il faut avoir un minimum de 60 crédits. Cela peut
être un peu moins, mais, règle générale, il faut 60
crédits. Ici, nous n'exigeons que 9 crédits, ce qui n'est pas 10
% du cours; c'est une initiation. Dans un cours de formation au primaire, il y
a une formation de base en français, une formation de base en
mathématiques et une initiation aux différentes disciplines qui
sont enseignées par un professeur généraliste au primaire.
Cela peut être les sciences naturelles, etc. Pour être capable de
donner décemment l'enseignement religieux, dans notre contexte religieux
actuel, nous croyons que neuf crédits ou trois cours sont absolument
nécessaires pour que le professeur se sente en sécurité,
qu'il puisse aborder avec ses étudiants, selon des méthodes
reconnues, l'enseignement religieux et ne le fasse pas dans un contexte
complètement différent des méthodes pédagogiques
des autres matières. Donc, trois cours ou neuf crédits lui
permettraient d'acquérir des notions de base, de connaître les
programmes qui sont bien faits, et qui doivent être connus et
analysés - cela ne s'apprend pas tout seul - et, enfin, d'avoir de la
didactique.
Mme Plante-Poulin: Je rajouterai, M. le Président, que le
règlement prévoit des dispositions particulières pour
préserver les droits acquis du personnel enseignant actuel et pour
permettre que, durant les trois prochaines années, les
universités puissent développer des aptitudes à
répondre aux nouveaux besoins de la population scolaire catholique.,
Donc, les qualifications exigées aux articles 16 et 17 concerneront les
personnes - le nouveau personnel embauchées après 1991,
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. Est-ce
qu'il y a d'autres interventions?
Je reconnais Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. D'abord,
permettez-moi de saluer Mme la présidente et les personnes qui
l'accompagnent. Dans le prolongement de ce que j'ai dit tout à l'heure,
peut-être pour rappeler que, pour moi, une école reconnue comme
catholique devrait viser les objectifs que vous donnez à votre projet,
c'est-à-dire la qualité et la vérité. Cependant, je
le rappelle, dans le cas d'écoles catholiques où tous les
élèves et tous les parents font ce choix, je trouve que
l'école peut aussi être publique et cela va bien, sauf
qu'actuellement on sait qu'au Québec ce n'est pas la situation et c'est
là l'objet de mes préoccupations.
En reprenant les réponses que vous avez données au
ministre, tout à l'heure, à quelques-unes de ses questions, je
voudrais essayer de voir comment cela pourrait s'articuler dans un projet
d'école, aujourd'hui. D'abord, le ministre vous demande s'il y a urgence
de procéder. Vous justifiez en disant que cela fait déjà
six ans. Je dirais que vous procédez un peu par l'absurde en disant: On
pense qu'un tel règlement pourrait hâter l'avènement
d'écoles autres. C'est votre désir et je pense que ce serait une
solution intéressante.
Par ailleurs, vous ajoutez un peu plus loin que cette école dont
on renforce le caractère catholique et qui pourra avoir comme effet de
hâter l'avènement d'écoles autres n'est pas contraignante
pour les non catholiques. Il me semble qu'il y a une espèce de
contradiction. Si cela a comme effet de hâter la venue d'écoles
autres, cela a certainement comme effet d'être un peu contraignant. C'est
toute la difficulté du projet et je pense que vous n'êtes pas sans
le savoir. Je suis certaine que c'est le genre de discussion que vous avez eue,
c'est toute la difficulté du projet que vous nous présentez,
c'est-à-dire une école confessionnelle dans un réseau de
plus en plus pluraliste.
On revoit la même difficulté lorsqu'il s'agit des
crédits exigés pour enseigner au primaire, mais j'y reviendrai.
Il y a là une difficulté réelle et je pense qu'on n'a pas
répondu tout à fait à la satisfaction du ministre, et je
le comprends un peu, de même qu'à un ex-président de
commission scolaire. Du moment où on demande à l'école
primaire, aux commissions scolaires primaires, de prévoir à
l'avance le choix que les parents feront entre la morale et la religion pour
engager le personnel ou encore, on se retrouvera devant des étudiants
qui choisiront à la fois la morale et la religion, et jusqu'à
quel point l'enseignement moral sera-t-il neutre? C'est vraiment ce genre de
question que cela pose.
Je reviendrais un peu au secondraire. Ce n'est pas plus simple non plus.
Pourquoi les enseignants en morale, qui sont allés chercher une
spécialité dans le cas des 60 crédits ou des 30
crédits pour le premier cycle, pourront-ils enseigner d'autres
matières pour compléter leur tâche, alors qu'un enseignant
de français ou d'histoire ne pourra pas enseigner la morale ou la
religion? Cela pose des problèmes d'application réels. Ce n'est
pas simplement dans le but de m'opposer. Je vaudrais voir, dans le concret,
comment on peut tenir ce discours, que je partage pour le fond: cela pourrait
avoir pour effet d'amener ou de hâter l'avènement d'écoles
autres, et dire en même temps que ce n'est pas contraignant. Comment dire
qu'on va avoir des écoles qui seront respectueuses de la
pluralité en même temps qu'elles s'affichent comme catholiques?
Vous comprenez que ce n'est pas... À moins de mal comprendre,
l'intervention du comité catholique est la suivante: On a assez
discuté de ces écoles linguistiques et autres, qu'on y passe, et
nous, comme on est responsables de parler d'un projet catholique, on le fait
comme si, effectivement, on avait des structures linguistiques plutôt que
confessionnelles. Je ne sais pas si je me trompe ou si j'erre dans mes...
Mme Plante-Poulin; Je peux essayer de reprendre un peu. Je ne
voudrais pas donner l'impression que le comité fait son règlement
pour faire créer des écoles autres, quoique...
Mme Blackburn: II faudrait demander au ministre s'il a
l'argent.
Mme Plante-Poulin: ...il souhaite l'avènement
d'écoles autres, mais il a la prétention de pouvoir
améliorer la qualité des écoles confessionnelles. Le
règlement se situe, comme je l'indiquais tout à l'heure, dans le
cadre de la juridiction et des responsabilités du comité
catholique de procéder à la reconnaissance de règlements
pour la qualité des écoles catholiques. Faisant un
règlement pour les écoles catholiques, il n'oblige pas les
écoles publiques à être catholiques. Le règlement
n'oblige pas les écoles publiques à devenir catholiques. Le
règlement est là dans le cas où des parents,
majoritairement, auront choisi que leur école publique sera
catholique.
Mme Blackburn: Si vous me le permettez, M. le Président...
Mme la présidente, vous savez très bien que les parents de la
CECM n'ont pas le choix. Ni ceux de la CECQ. Les écoles sont
automatiquement catholiques et le statut est préservé en vertu de
la constitution.
Mme Plante-Poulin: M. le Président, la CECM dit d'ailleurs
qu'elle ne se sait pas obligée au règlement du comité
catholique.
Mme Blackburn: M. le Président, je dois mai comprendre.
Que la CECM ne soit pas obligée, c'est évident parce qu'elle est
déjà catholique. Elle est dans le milieu où c'est le plus
menacé. On a un problème réel et vous le savez très
bien. On n'oblige pas les écoles à être catholiques dans le
reste de la province de Québec, à l'exclusion de celles de la
CECQ et de la CECM; tout le monde comprend cela, je pense. Cependant, les
problèmes se posent précisément à la CECM - moins
à la CECQ - où, de facto, les écoles sont catholiques. Je
me dis que les écoles n'ont pas le choix d'être autres. Le
ministre, peut-être en conclusion, nous dira s'il est prêt à
accepter la création d'écoles autres et, plus tard, d'un
réseau neutre sur les territoires de la CECM et de la CECQ,
financés par les deniers publics, évidemment. On ne parlera pas
ici d'écoles privées.
On parle d'un réseau public, et tant pour le réseau public
que le réseau privé, du moment où le réseau
privé est subventionné, je pense que la question se pose
également. Comment, dans notre réseau public, concevoir des
exigences telles au réseau catholique alors que les exigences du
réseau protestant sont minimales? Par exemple, seulement en termes de
coûts d'administration, le réseau protestant ne demande pas
d'animateur de pastorale ou d'animateur de vie religieuse, il se satisfait de
l'enseignement. Là, on a deux mesures et on est toujours dans un
réseau public.
Mme Plante-Poulin: M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Allez, madame.
Mme Plante-Poulin: Les écoles protestantes sont
très différentes des écoles confessionnelles
catholiques...
Mme Blackburn: Oui, je le sais.
Mme Plante-Poulin: ...à cause de la multiplicité
des dénominations religieuses qui sont difficilement comparables. Pour
en revenir aux écoles publiques, on disait tout à l'heure
que le règlement prévoit des dispositions là où des
parents choisiront de demander la reconnaissance catholique et, dans le cas de
ces écoles, le règlement prévoit des articles qui veulent
respecter le caractère public de l'école. Donc, c'est le
comité catholique qui a introduit l'option entre l'enseignement moral et
l'enseignement religieux catholique; les autres, les non-catholiques, ont donc
le choix de l'enseignement moral. Les enseignants, dans ces écoles, qui
ne partagent pas ou qui veulent être dispensées de l'enseignement
religieux, peuvent se prévaloir de la possibilité de l'exemption.
C'est une autre façon qu'a le comité catholique de respecter le
caractère public et le respect minimum exigé des convictions
catholiques.
Le comité ne souhaite pas que se débloque un réseau
d'écoles neutres non plus. Il souhaite que, là où les
parents ne le voudront pas, ils puissent se donner des écoles autres et
Je comité est bien conscient que c'est difficilement possible à
Montréal.
Mme Blackburn: Bien. J'essaie d'imaginer ce que serait une
école qui respecterait, comme cela se devrait, votre règlement et
ce que cela pourrait vouloir dire par rapport à la neutralité si
cette école, à l'article 4, "intègre les croyances et les
valeurs de la religion catholique dans son projet éducatif et...
s'affiche comme telle". Qu'est-ce que cela peut vouloir dire?
D'abord, dans son projet éducatif, cela veut dire dans la
totalité des éléments de son projet éducatif, en
français, en histoire, en comportement, en formation personnelle et
sociale et dans l'enseignement de la sexualité. Comment pouvez-vous
parler d'un projet éducatif qui respecte le caractère catholique,
les croyances et les valeurs et, par ailleurs, qui est imprégné
dans tout le projet de l'école, ce que je trouve tout à fait
correct si on parle d'une école uniforme et homogène, mais
difficilement tenable si on parle de choix dans cette école? Comment
cela pourrait-il se traduire pour quelqu'un qui enseigne, par exemple, la
contraception? Je vous demanderais peut-être en même temps, comme
vous avez le mandat de vous pencher sur les différents programmes
offerts au primaire et au secondaire, quel est l'avis du comité
catholique sur cette question? Vous savez que, là, on travaille un peu
dans l'abstrait.
Mme Plante-Poulin: Le règlement exige effectivement que
l'école se donne un projet éducatif qui intègre les
croyances et les valeurs de la religion catholique et, aux cinq ans, il y a la
possibilité d'évaluer ce vécu confessionnel et elle en
donne la responsabilité à la direction de l'école. Le
règlement ne dit pas ce que, pour telle école de Chicoutimi ou de
Montréal, sera le projet éducatif. C'est au milieu, en
concertation avec les différents agents, à indiquer comment, sur
place, il veut, étant inspiré par l'Évangile, rendre
concret son projet éducatif, et il aura à répondre
à la question que vous posez: Dans telle école, comment traiter
de la sexualité avec les jeunes? (12 h 15)
Le comité catholique prescrit les exigences pour la dispense de
l'enseignement religieux qui doit être compatible avec ta foi catholique
et il entend que les autres enseignements ne soient pas incompatibles. Dans le
concret du quotidien, la plupart des décisions sont à prendre
entre les intervenants qui ont à élaborer le projet
éducatif. Si, après cinq ans, le milieu se juge inapte à
rendre compte du projet catholique, il peut en demander la révocation,
il peut décider de le modifier. C'est le milieu qui a en main la gestion
de son projet éducatif.
Mme Blackburn: Je veux bien savoir, mais vous venez de nous dire,
et cela confirme les appréhensions et les craintes de la
quasi-totalité des gens qui expriment des réserves à
l'endroit de votre règlement, que, l'école étant reconnue
comme catholique, les autres enseignements ne sauraient être
incompatibles avec la morale catholique, avec ce caractère catholique,
ce vécu confessionnel. Comment peut-on tenir ce discours, par exemple,
en enseignement sexuel? Je parle encore de l'enseignement sexuel, de la
contraception, des campagnes d'information que l'on connaît actuellement.
Comment peut-on tenir un discours qui se veut respectueux, par exemple, des
directives très claires du pape à cet égard et du
pluralisme d'une communauté qui ne partage pas cet avis, même chez
les catholiques, je dirais, mais c'est autre chose, de façon
générale, une pluralité qui de plus en plus ne se
reconnaît pas dans certains enseignements?
Ma question est toujours la même. Les comités sont
chargés, à l'article 22e, d'approuver, au point de vue religieux
et moral, les programmes, les manuels et le matériel didactique pour
l'enseignement dans ces institutions d'enseignement." Ce sont tous les
programmes, tous les manuels et tout le matériel didactique sur lequel
vous avez à vous prononcer pour vous assurer - c'est votre
responsabilité - qu'ils respectent le caractère confessionnel de
l'école. Je comprends votre difficulté, mais c'est toute la
difficulté d'un système que l'on veut public et à la fois
catholique et respectueux des autres. Votre règlement vient renforcer ce
caractère avec des objectifs, que j'ai bien compris, de peut-être
amener l'avènement d'écoles autres, mais ce que j'ai bien compris
également c'est que le ministre n'est pas vraiment prêt, cela
suppose de l'argent. Il faudrait des sommes quasi faramineuses dans la
région de Montréal pour créer un troisième
réseau.
Ma question en était une de fond: Au moment où on se
parle, doit-on renforcer le caractère catholique ou protestant, ou
religieux de l'école?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Madame.
Mme Plante-Poulin: II y a au moins deux questions dans
l'intervention de Mme la députée. D'abord, quand on dit souhaiter
l'avènement d'écoles autres, ce n'est pas la création d'un
réseau scolaire non confessionnel que le comité souhaite. Ce
à quoi le comité pense n'engage absolument pas de fonds
supplémentaires. Une école publique ne demande pas... D'abord, on
parle des écoles qui seront nouvellement créées et non de
celles qui sont déjà en place. Donc, les écoles à
venir qui pourraient ne pas vouloir une reconnaissance professionnelle peuvent,
au bout de cinq ans, demander un révocation. Il ne s'agit pas d'un
réseau nouveau dans le système scolaire.
Deuxièmement, au sujet de l'approbation du matériel
didactique, le comité approuve régulièrement Ies
programmes, manuels et, dans ce cas, puisqu'on parle de l'éducation
sexuelle, le comité a approuvé les programmes actuels qui sont
dispensés par les enseignants, que l'on connaît dans nos
écoles, et les approuve
pour autant qu'ils ne sont pas incompatibles. Une saine information des
méthodes contraceptives aujourd'hui est acceptée et c'est au
cours d'enseignement religieux catholique que l'élève, qui a
choisi de suivre un tel cours, connaît et se voit proposer la morale
catholique sexuelle. C'est ainsi que les enseignants de français, de
mathématiques ou d'éducation sexuelle, dans leurs relations
professionnelles avec l'élève, doivent être respectueux.
C'est-à-dire qu'ils ne doivent pas porter atteinte au caractère
confessionnel. C'est un minimum exigé, ce n'est pas un engagement pour
les valeurs catholiques qui est demandé du personnel, tel que dit
à l'article 27. On leur demande un respect tacite, si je peux dire.
Mme Blackburn: Dans votre document je vais essayer de retrouver
rapidement la page - lorsque vous parlez de ce caractère visible de
l'école confessionnelle, c'est-à-dire de s'afficher comme tel,
à la page 23 de votre document, vous dites qu'il faut que ce soit au
moins de façon tacite. Pratiquement, cela signifie, dans le dernier
paragraphe: Que toute personne de l'école s'empêche de parler ou
d'agir à l'encontre de l'orientation catholique. Connaissant toujours la
position de l'Église sur la contraception, sur le divorce, sur le
sacerdoce des femmes, est-ce aller à l'encontre de l'orientation
catholique que de préconiser le sacerdoce des femmes?
Mme Plante-Poulin: Ou de payer correctement ses impôts?
Dans la vie morale, il y a un tas de situations qui, évidemment...
L'intention du règlement, c'est de respecter le caractère public
de l'école et il le fait, à l'article 27, en demandant un
minimun. Donner une information sûre, ce n'est pas enfreindre le
caractère. Est-ce que vous voulez ajouter quelque chose, l'une ou
l'autre?
Le Président (M. Parent, Sauvé):
MmeVenditti-Milot.
Mme Venditti-Milot (Raymonde): Oui, M. le Président.
J'aimerais peut-être préciser que, dans le domaine de
l'éducation, il est important de transmettre aux jeunes
différentes informations et que, s'il y a des prorammes, actuellement,
pour les dif-rentes disciplines, c'est justement pour assurer un
caractère objectif et assurer la qualité de la formation. Tout le
processus de précision de programmes a été justement afin
d'éviter qu'un cours, peu importe la discipline, se limite à
transmettre, en bonne partie, la position personnelle de l'enseignant. Alors,
c'est pour cela que je pense que cet aspect est important à apporter.
Vous parliez de programmes de formation personnelle et sociale. Eh bien, dans
le contexte de ces programmes-là, comme ils s'adressent aux
élèves de l'ensemble de l'école, peu importe qu'ils soient
inscrits en enseignement religieux ou en enseignement moral, il est important
de respecter le caractère, vous parliez de caractère neutre de
ces enseignements, c'est-à-dire que ce n'est pas dans le contexte d'un
cours de formation personnelle et sociale qu'il y a lieu de faire la promotion
de valeurs qui seraient reliées à une confession
particulière, parce qu'il y aura des lieux pour cela. Dans le cadre des
cours d'enseignement religieux, un étudiant, dans une perspective
d'intégration, peut toujours demander à l'enseignant de le
situer, de donner l'information adéquate. Je pense que notre
préoccupation est d'informer des jeunes et de bien les informer, pour
qu'ils puissent, par la suite, faire des choix libres et responsables. C'est
une dimension qui m'apparaît très importante en éducation.
Et, pour pouvoir faire des choix libres et responsables, il est important
d'aller chercher l'information sur différentes positions.
Le Président (M. Parent, Sauvé): ...
Mme Plante-Poulin: Je voudrais ajouter, M. le Président,
que beaucoup de questions de morale et particulièrement,
peut-être, en matière de sexualité seraient les mêmes
dans une école non confessionnelle. Les intervenants adultes pourraient
pertinemment se poser la question du devoir de transmettre telle ou telle
information. Comme les familles catholiques, d'ailleurs, n'ont pas
réglé...
Mme Blackburn: Mais tel que présenté je pense que
je vais arrêter sur ce sujet-là -votre situation est ambiguë,
parce que vous semblez réclamer à la fois que cela
imprègne tout le projet éducatif et, ensuite, vous en soustrayez
quelques éléments. Cela ne peut pas être l'un et l'autre.
Dans le cas qui nous concerne, ou cela imprègne la totalité du
projet ou cela ne peut pas l'imprégner. Je pense que les cours en
éducation sociale et personnelle en sont un exemple. Ou ils
s'imprègnent du caractère confessionel de l'école et de
son vécu, parce que c'est ainsi que c'est indiqué dans votre
projet, ou il ne s'en imprègnent pas.
Je reprends l'article 4 de votre projet: L'école publique
"reconnue" comme catholique intègre les croyances et les valeurs de la
religion catholique dans son projet éducatif et elle s'affiche comme
telle." C'est assez clair. Je le répète, je suis d'accord avec
cette perspective et cette approche, dans la mesure où on n'essaie pas,
en même temps, de dire qu'elle est neutre. C'est cela, votre
difficulté et c'est la difficulté que cela va poser dans
l'application.
À présent, je voudrais simplement revenir sur des
questions...
Le Président (M. Parent, Sauvé); Un instant, Mme la
députée de Chicoutimi; il s'agit d'une question de justice.
Est-ce que vous voulez réagir à l'affirmation de la
députée de Chicoutimi que votre programme est ambigu? Si vous ne
voulez pas réagir, on enchaînera. Libre à vous. Je vais
vous donner toutes les chances, parce que vous êtes ici pour vous
défendre.
Mme Plante-Poulin: Dans la pensée du comité
catholique, ce n'est sûrement pas une école neutre. C'est une
école qui affiche son caractère, c'est-à-dire son
inspiration qui est l'inspiration catholique, et qui, avec son personnel,
prétend, aux articles 6 et 7, qu'elle saura trouver dans la
réalisation quotidienne l'ampleur qu'elle veut donner au projet
éducatif et comment, dans le concret des questions, elle tiendra compte
des différents intervenants et du respect de l'élève aussi
qui a droit, dans une école publique, au respect de ses convictions.
Mme Blackburn: Je me demandais, si vous me le permettez...
Avez-vous évalué le coût des mesures que vous proposez,
c'est-à-dire en locaux, bureaux, l'animateur de pastorale aux frais des
commissions scolaires? On sait qu'en partie cela existe. Je voudrais avoir deux
réponses là-dessus. D'abord, si vous avez évalué le
coût des mesures que vous proposez. Et, ensuite, je pense qu'il a
été un temps où les animateurs de pastorale étaient
payés par le diocèse. Alors, je voudrais savoir à quel
moment on est passé à la situation qu'on connaît
actuellement, où ils sont à la charge de l'école, de la
commission scolaire, de la situation où ils étaient à la
charge du diocèse et si, deuxième question, vous avez
évalué le coût de ces mesures.
Comme on sait que les budgets sont alloués également,
qu'on soit dans les écoles protestantes ou catholiques, cela veut dire
qu'il y a une partie des budgets qui devront nécessairement, selon votre
règlement, être affectés à l'enseignement religieux,
alors que, dans une école protestante, on pourrait affecter ces budgets
à l'animation sociale et personnelle.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Madame.
Mme Plante-Paulin: L'animation pastorale à l'école
est un service éducatif complémentaire et la commission scolaire,
de par ses responsabilités, doit pourvoir à de tels services dans
le cadre scolaire. Depuis une quinzaine d'années, au secondaire, les
commissions scolaires engagent des professionnels non enseignants dont la
description de tâches est faite au plan de classification 27Q1. On dit
que, dans la province, le ratio est de 1 pour 1000. Ce que le règlement
rappelle, c'est la responsabilité pour les écoles catholiques de
recourir à un tel service, de mettre en place l'existence, de vouloir
l'existence, l'insertion et la qualité d'un tel service. Au primaire, la
pratique - vous avez raison - est d'avoir recours à des personnes qui
viennent, la plupart du temps, de la paroisse. C'est pour cela qu'on parle de
personnes chargées de l'animation pastorale. Donc, ce n'est pas dans
l'intention du comité de demander l'engagement de professionnels, si
bien que le règlement n'engage pas à des frais nouveaux par
rapport à l'animation pastorale. (12 h 30)
Quand il est question de locaux, on constate dans les audiences que ce
service, surtout au primaire, n'a souvent pas le minimum d'espace pour exister.
Il n'est pas dit que l'école fournira, on dit qu'elle devra
prévoir; cela pourrait être une classe ou un local
occasionnellement disponible pour que ce soit possible de réunir les
élèves. On parle d'un budget de fonctionnement. II s'agit ici des
budgets courants que les écoles affectent à la réalisation
des activités. Le règlement, donc, voudrait que les directions
d'école prévoient de telles sommes au moment de répartir
leurs ressources. Il n'y a pas de frais nouveaux encourus.
Mme Blackburn: Si vous me permettez, je vais revenir un peu sur
la qualification parce que ça aussi ça va poser un certain nombre
de problèmes. Je vais essayer de les énumérer dans
l'ordre. D'une part, si je comprends bien, si le projet était
adopté, les universités, dans les programmes, devraient adapter
leurs programmes dès septembre 1988 même si on n'a pas encore
procédé à la réforme telle que souhaitée,
suggérée et proposée par le Conseil des universités
sur la formation mes maîtres.
Seconde question, c'est que vous parlez de l'application de ces
exigences quant à la formation pour tous les professeurs, les
enseignants qui seraient embauchés à compter de 1991. Qu'est-ce
qu'on fait de tous nos professeurs actuellement qui n'ont pas d'emploi et qui
ont terminé leur formation ou ceux qui vont la terminer en 1988 et qui
n'auront pas eu l'occasion d'aller chercher ces crédits-là?
Est-ce qu'on les laisse à la porte? Ce n'est pas prévu
là-dedans.
L'autre question, c'est: Comment avoir dans une école ou dans une
commission scolaire - parce que ça va être géré, les
conventions collectives vont entrer là-dedans deux statuts?
C'est-à-dire le statut d'enseignant qui a une formation, ses 30
crédits ou 60 crédits, s'il est au secondaire, et qui pourra
compléter sa tâche dans d'autres matières alors que c'est
l'inverse pour un enseignant qui ne l'aura pas, qui n'aura pas ses
crédits en enseignement
religieux catholique, il ne pourra pas compléter sa tâche.
Par rapport au primaire, vous dites vouloir des généralistes,
mais comment la commission scolaire peut-elle prévoir à l'avance
ce que sera le choix des parents par rapport à la morale ou à la
religion? Comme on connaît la rigidité des conventions collectives
et la sécurité d'emploi, je pense, qu'il est normal de respecter,
ça pourrait vouloir dire au bout de quelques années que, si vous
avez de plus en plus de parents qui demandent pour l'enfant la morale
plutôt que la religion, vous allez vous retrouver avec des enseignants
qui ont été formés à la religion et qui viennent
enseigner la morale. C'est un certain nombre de difficultés...
Une voix: Cela va bien ensemble.
Mme Blackburn: Cela va bien ensemble du moment où on est
d'accord avec une morale catholique. Mais, quand on parle de pluralisme, c'est
autre chose.
Une voix: ...
Mme Blackburn: Je veux bien croire que la morale catholique ou
judéo-chrétienne est assez universelle, mais on peut voir que de
plus en plus les immigrants nous apportent tout à fait d'autres valeurs
et que même ces valeurs-là ne sont pas partagées par la
totalité des catholiques. Alors, j'aurais aimé avoir des
réponses par rapport à l'état de votre réflexion
sur ces questions.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Madame.
Mme Plante-Poulin: M. le Président, il y a des situations
qui ont paru au comité, à l'occasion de ces audiences, je dirais
pour le moins anormales. Des professeurs absolument non préparés
sont obligés de dispenser, à cause de ce qu'on appelle le
"bumping", en complément de tâche ou à tâche
complète, l'enseignement religieux. Cela se produit assez
fréquemment au secondaire et, effectivement, le comité pense,
avec les exigences pour les conditions de qualification, mettre un frein
à cela. Au primaire, on pense, en regardant les statistiques, qu'il est
assez prévisible de voir évoluer le choix des options d'une
année à l'autre. On peut voir, en l'espace de cinq ans, qu'il n'y
a pas d'amélioration tellement marquée. L'inscription se fait en
février. Elle annonce donc à l'avance la répartition de
l'effectif. Là aussi, effectivement, le comité, par son article
16, veut exiger plus de qualifications chez le personnel enseignant au
primaire.
Mme Blackburn: Bien. Comme on me dit que le temps passe par
rapport au temps qui m'est imparti dans le présent exercice, je voudrais
revenir brièvement à la page 24 de votre exposé de tout
à l'heure, pour savoir comment on pourrait décomposer les
chiffres que vous nous avez donnés dans le dernier paragraphe.
Vous dites que du côté catholique demeurent les faits
suivants: 83,5 % des élèves francophones des écoles
primaires et secondaires publiques se sont inscrits comme catholiques en
1986-1987. Lorsqu'on demande à une telle inscription d'être
catholique, c'est-à-dire baptisé et pratiquer, elle est de deux
ordres. Cela me dit et à n'importe qui, je pense, qu'on doit avoir
baptisé au Québec 98 % de tous ceux qui étaient
francophones catholiques. On peut même parler de 99 % ou de quelque chose
comme cela. Les parents font encore baptiser leurs enfants et il ne semble pas
y avoir de distinction là-dessus. Est-ce que cette question est
formulée dans le sens de "baptisé"? Est-ce qu'on fait une
distinction entre "baptisé" et "pratiquant"? Vous savez très bien
que cela ne signifie pas tout à fait la même chose et que des
personnes baptisées ne demanderaient peut-être pas
nécessairement le baptême une fois adultes. C'est un fait. Elles
tiennent pour acquis qu'elles sont catholiques parce que baptisées. Je
voulais seulement savoir si votre formulaire prévoyait cela parce que de
l'entendre comme cela, c'est impressionnant. Je trouve même
étonnant qu'il n'y en ait pas plus de 83 % alors qu'on devrait en
retrouver environ 98 %.
Mme Plante-Paulin: Les statistiques rendent compte d'une
compilation d'inscriptions à l'école où les parents ont
à dire, comme quand ils vont à l'hôpital ou ailleurs,
qu'ils sont catholiques. Il ne s'agit pas non plus de ceux qui choisissent
l'enseignement religieux, à qui, d'ailleurs, on ne demande pas s'ils
pratiquent ou non. On constate aussi que la majorité des parents qui
choisissent l'école confessionnelle, depuis plusieurs années, est
très grande.
Mme Blackburn: Quant à la consultation qui est
menée auprès des parents pour choisir le statut de
l'école, je lisais un document que vous avez publié:
"L'école catholique, situation et avenir", en septembre 1986. Comme vous
n'avez pas nécessairement le document en main, je vais me permettre de
le rappeler. Vous disiez, à la page 5: Depuis 1980, le comité
catholique a accordé la reconnaissance comme école catholique
à plus d'une centaine de nouvelles écoles. La plupart de ces
demandes ont été précédées d'une
consultation auprès des parents.
Est-ce à dire que jusqu'à l'adoption de ce projet de
règlement, il y a des écoles qui peuvent être reconnues
comme confessionnelles sans que les parents aient été
consultés? Puisque vous dites que "la plupart de ces demandes ont
été
précédées...", cela suppose donc qu'il y en a qui
n'ont pas été précédées de consultation.
Mme Plante-Poulin: La Loi sur l'instruction publique faisait
obligation de consulter le comité d'école. Ce qu'on disait...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
Présidente, vous avez la parole.
Mme Plante-Poulin: Oui, M. le Président. La Loi sur
l'instruction publique faisait obligation de consulter le comité
d'école pour une demande de reconnaissance. Ce que dit le document
auquel vous faites allusion, c'est qu'en plus des commissions scolaires
prenaient l'initiative de consulter les parents. En fait, le projet de
règlement qui est devant nous reconnaît la pratique grandissante
de consulter les parents en plus du comité d'école et veut
effectivement plus de démocratie en instaurant la consultation des
parents.
Mme Blackburn: Quel devrait être le pourcentage de
participation des parents, selon vous, pour que la consultation soit valide? Je
voudrais juste rappeler que pour un syndicat c'est 50 % et plus et pour une
association étudiante dans un collège ou une université
c'est un minimum 25 % de tous les étudiants inscrits dans le
collège ou une université. Quel serait le pourcentage de
participation des parents pour que ce soit considéré comme
étant démocratique? Vous y revenez d'ailleurs à quelques
occasions.
Mme Plante-Poulin: Le comité ne se prononce pas
là-dessus. Le jugement est réservé au milieu. Je pourrais
vous citer un exemple d'une commission scolaire qui avait rapporté les
chiffres de sa consultation. Le comité devant aller en audience a voulu
vérifier comment la commission scolaire jugeait l'importance de la
participation. Au jugement même de la commission, le taux de
participation était plus grand que dans la plupart des consultations
qu'elle fait sur d'autres sujets, peut-être 25% à 28 %. Cependant,
80 % de ce 25 % avaient voté majoritairement pour la
confessionnalité. Donc, le comité ne juge pas arbitraire de
préciser un pourcentage de participation. C'est au milieu de juger
lui-même de la validité dans son processus. On peut penser que
là où les parents se présentent, comme dans toute
élection, on respecte qu'ils soient là et leur vote.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, Mme la
Présidente.
Le temps dévolu au parti de l'Opposition était...
Mme Blackburn: M. le Président, me permettez-vous une
question complémentaire?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je peux vous la
permettre à une condition, c'est que le parti ministériel accepte
de dépasser l'heure parce qu'on est limité à une heure.
Est-ce que vous acceptez une dernière question de l'Opposition?
Alors, je reconnais M. le député d'Arthabaska.
M- Gardners Merci, M» le Président.
Vous allez comprendre que mes questions vont aller surtout sur la
question des enseignants puique je fus, un jour, appelé à
enseigner pendant un an l'enseignement moral et religieux. Il y a quelques
années... Je pense que cela a changé un petit peu mais vous avez
mentionné tout à l'heure quelques situations semblables où
des professeurs de mathématiques peuvent être obligés
d'enseigner en bout de ligne l'enseignement religieux.
La première exigence, c'est à la page 19 de votre message.
J'ai été drôlement surpris qu'on mette, comme
première exigence, qu'il faut être de foi catholique. Cela m'a
fait penser à l'annonce de la télévision qui disait? "On
ne donne pas ce qu'on n'a pas". Vous vous souvenez de cette annonce? Cela m'a
même surpris qu'on demande... Je reviens un peu sur la question de Mme la
députée de Chicoutimi tout à l'heure. On dit qu'il faut
être baptisé dans l'église catholique et se déclarer
de foi catholique. On ne demande pas du tout si vous êtes pratiquant ou
si vous êtes reconnu de bonne réputation. Sans vouloir qu'il y ait
inquisition, je ne veux pas un tribunal d'inquisition, c'est sûr, mais je
me demande pourquoi on est si mou dans cette question-là ou qu'on soit
si ouvert à cela. Vous êtes sans doute au courant qu'il y a
certains enseignants qui ne sont même pas reconnus de bonne
réputation et qui enseignent l'enseignement religieux. Est-ce que vous
êtes au courant de cela? Vous en avez parlé un petit peu tout
à l'heure mais sans dire qu'ils n'étaient pas de bonne
réputation. Est-ce que vous ne pensez pas - je comprends que vous ne
vouliez pas répondre - que nous devrions être un. peu plus
sévères? J'ai hâte d'entendre les gens de la foi
protestante parce qu'eux je suis certain qu'ils doivent être un plus
sévères que les catholiques.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Mme Plante-Poulin: M. le Président.
M. Gardner: Je reviendrai sur d'autres... J'aimerais avoir votre
rire.
Mme Plante-Poulin: Dana la pensée du comité, une
personne qui se dit de foi catholique... Le comité veut respecter la
prétention d'une personne qui se dit de foi catholique et sa
liberté de conscience dans
l'expression de ses convictions religieuses.
M. Gardner: Mais vous ne faites pas... Vous permettez, M. le
Président, j'ai d'autres questions qui s'ajoutent à
celles-là.
Le Président {M. Parent, Sauvé): Allez, allez,
monsieur.
M. Gardner: Donc, vous restez sur l'idée de liberté
de l'enseignant, vous n'allez pas plus loin que cela? Vous ne voulez pas du
tout aller plus loin que cela? (12 h 45)
Mme Plante-Poulin: Le comité veut respecter la parole de
la personne qui se déclare catholique.
M. Gardner: Oui, cela me... Vous savez fort bien, M. le
Président, qu'enseigner la religion ce n'est pas la même chose
qu'enseigner les mathématiques. J'ai été surpris de la
déclaration de l'autre dame à droite, je ne sais pas son nom.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme Milot.
M. Gardner: Mme Milot. On ne veut pas, vous l'avez dit tout
à l'heure, que la position ' personnelle de l'enseignant soit reconnue
par les élèves, je suppose. Vous savez fort bien que
l'enseignement religieux, cela implique la personne de l'enseignant;
l'enseignant est vraiment impliqué dans ce qu'il enseigne, bien plus que
s'il enseignait les mathématiques. C'est d'ailleurs pour cela que j'ai
enseigné seulement un an l'enseignement religieux, c'était
tellement prenant. C'est un fait. Cela fait rire les députés de
l'Opposition, je le sais bien, mais je pense qu'ils m'appuient. C'est vraiment
tellement prenant que ta vie personnelle entre en ligne de compte. Si tu es
pour l'avortement et que tu enseignes la religion, tu vas avoir de drôles
de difficultés. Est-ce que vous comprenez ma question? Je sais que je
suis très ambigu, ce matin, les vacances ont été un peu
plus longues que prévu. Est-ce que vous comprenez? Je me demande comment
on peut faire, comment on peut dire que la position personnelle de l'enseignant
ne ressortira pas, ne paraîtra pas devant l'élève? J'aurai
une autre question complémentaire à celle-ci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme Milot.
Mme Venditti-Milot: Alors, je pense que ce que je voulais dire,
c'est qu'il faut assurer un minimum... C'est le caractère professionnel
de l'enseignant que je voulais souligner ici. Je pense que si en classe - j'ai
fait de l'enseignement religieux pendant près de huit ans, donc, je peux
comprendre votre discours - des élèves demandent la position
personnelle de l'enseignant, à ce moment-là, il n'est plus en
train d'assumer les programmes d'enseignement religieux. Si on lui demande sa
position personnelle, il aura à se situer personnellement parce que
l'élève le lui aura demandé, mais toujours en étant
très honnête, de façon à relativiser sa position
personnelle par rapport à la position officielle de l'Église.
Dans le cadre de l'enseignement religieux, pour avoir fait de l'animation avec
les enseignants, je pense que cela fait partie des exigences que l'on doit
demander à un enseignant, soit de communiquer la position de
l'Église, que ce soit sur l'avortement, la contraception, etc. Je pense
qu'il est engagé à ce titre et non pas au titre de
présenter et de faire valoir sa position personnelle si elle est
différente de celle de l'Église. Ce serait tout un défi
à relever que de se situer ici actuellement autour de la table et de
dire qu'il n'y a personne qui, par rapport à certains points, peut avoir
des remises en question. Je pense qu'il faut respecter cela, cela fait partie
de l'évolution de la personnalité de l'enseignant et de toute
personne également.
Alors, c'est un peu en ce sens que je voulais m'exprimer. Quand je
pariais de formation personnelle et sociale, je disais qu'il y a des situations
où ce sont des enseignants, dans l'enseignement moral et religieux, qui
dispensent le cours de formation personnelle et sociale. Dans ce cas, quand ils
dispensent le cours de formation personnelle et sociale, ils n'ont pas à
se servir de cette tribune pour faire la promotion des valeurs catholiques. Je
pense qu'il est important de situer les objectifs spécifiques de chacun
des programmes et qu'on peut être un excellent éducateur en
sachant se situer par rapport à ce qui est spécifique.
M. Gardner: Toujours...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, madame.
Allez, monsieur.
M. Gardner: ...dans le même esprit, je voudrais
peut-être un petit peu plus de rigueur - peut-être que je suis
moins libérai que d'autres - l'article 24 exige que la planification et
l'évaluation des activités soient présentées
annuellement au directeur de l'école, mais on ne dit pas du tout
qu'elles soient évaluées. On dit: Cela doit être
présenté au directeur d'école, point. Est-ce que vous avez
prévu un peu plus loin... Je lis cela dans votre mémoire à
la page 22. Est-ce que le directeur d'école a l'autorité
d'évaluer ce qui est enseigné au point de vue enseignement
religieux dans son école?
Mme Plante-Poulin: M. le Président, je
répondrai à cette question et je rajouterai, si vous
permettez, un complément à la question que vous posiez tout
à l'heure. Je pense qu'il faut lire l'article auquel vous faites
allusion avec l'article 6 qui dicte les responsabilités au directeur
d'école: 6.2° "l'orientation, l'animation, la coordination et
l'évaluation des activités d'enseignement moral et religieux
catholique et d'animation pastorale". Donc, obligation est faite à
l'animateur de présenter et, dans l'article 6, au directeur
d'évaluer.
Je voulais rajouter que les enseignants ont toujours la
possibilité de se dispenser de l'enseignement religieux. S'ils ne
peuvent plus soutenir leur déclaration d'être de foi catholique,
en conscience, l'école doit respecter aussi leur droit, leur
possibilité de s'exempter.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Cela va, M. le
député d'Arthabaska?
M. Gardner: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je ferais
remarquer à la formation ministérielle qu'il lui reste environ
neuf minutes et que j'ai une demande d'intervention de la part de la
députée de Jacques-Cartier, du député d'Argenteuil
et ministre de l'Éducation et de la part du député de
Châteauguay. Alors, Mme la députée de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Je cède mon temps au ministre, parce que je
crois qu'il a quelque...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée, vous avez le temps de poser des questions. Soyez
à votre aise.
Mme Dougherty: Ma préoccupation, pour ce qui est de mon
collègue, à savoir si on fait du "bumping", quant à la
formation et à la responsabilité des directeurs... J'ai
même eu connaisance qu'une personne qui était
considérée comme athée ou n'ayant aucune formation
religieuse ou qui ne croyait à rien enseignait la morale dans nos
écoles. J'en ai eu connaissance personnellement; elle enseignait la
religion. Cela réapparaissait tout à fait aberrant parce qu'on ne
peut pas communiquer... Selon l'explication de madame, c'est sûr qu'on
devrait faire abstraction de ce que nous sommes en tant qu'individu, sauf que
si vous voulez pourvoir certaines valeurs et les rendre avec fermeté et
réalisme... Vous savez, on défend très bien ce à
quoi on croit, sans cela on fait son cours et c'est tout. Il
m'apparaîtrait important de statuer un peu plus sur la qualité des
enseignants qui devront enseigner et la morale et la religion.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Y a-t-il une autre
intervention? M. le ministre de l'Éducation.
M. Ryan: M. le Président, je voudrais faire le point sur
certaines questions qui ont été soulevées au cours de la
discussion. Il y a un point en particulier qui mérite qu'on s'y
arrête un peu, c'est le reproche d'ambiguïté que la
députée de Chicoutimi semble vouloir adresser à
l'entreprise du comité catholique. Je pense que les inquiétudes
de la députée de Chicoutimi portent en particulier sur l'article
4 relatif au projet éducatif. Je crois franchement que ses
inquiétudes sont exagérées. Je vais essayer de vous
expliquer pourquoi, bien simplement. Tout d'abord, on parle d'intégrer
les croyances et les valeurs de la religion catholique dans le projet
éducatif. Si l'école est catholique, je pense qu'il y a trois
choix qui se posent. Est-ce qu'on va exclure les valeurs et croyances
catholiques du projet éducatif? Est-ce qu'on va en faire abstraction ou
si on va les intégrer? Il y a trois choix qui se présentent. Je
crois qu'il y a seulement un choix qui soit sérieux, c'est celui de les
intégrer. Autrement, cela ne veut rien dire.
Là où, à mon point de vue, il y a une
exagération d'inquiétude selon Mme la députée de
Chicoutimi, c'est que le concept d'intégration peut se réaliser
suivant des modalités infiniment variées qui tiendront compte des
réalités. Dans certains cas, cela voudra dire qu'il y aura une ou
deux activités précises qui seront intégrées
à l'ensemble des activités qu'on prévoira pour une
période donnée; dans d'autres cas, cela pourra vouloir dire
davantage. C'est justement la détermination du projet éducatif.
Il faut voir comment cela fonctionne suivant les dispositions
législatives actuelles.
Suivant les dispositions législatives actuelles, au bout de la
ligne, c'est le directeur de l'école qui a autorité
là-dessus. Le comité d'école va être consulté
s'il le veut. Le conseil d'orientation participe à l'élaboration
du projet éducatif mais au bout de la ligne celui qui a la
responsabilité de s'assurer qu'il y a un projet éducatif conforme
aux orientations générales du ministère de
l'Éducation et de la commission scolaire, c'est le directeur
d'école. En conséquence, il n'y a pas de changement majeur qui
est introduit ici. Jusqu'à maintenant, nous avons eu... Il y a des
erreurs dans les projets éducatifs comme dans tous les aspects de
l'entreprise éducative, mais de manière très
générale je pense que les gens sont assez réalistes en ce
qui concerne l'école pour définir le projet éducatif d'une
manière qui va être en harmonie avec les attentes des parents,
avec les possibilités du personnel enseignant qui se trouve là et
aussi avec les orientations générales de la commission scolaire
et du ministère de l'Éducation. En conséquence, je ne
pense pas que cela ajoute beaucoup à ce
que l'on a déjà connu et observé.
Il y a quelque chose qui me semble laisser à désirer dans
l'argumentation implicite de la députée de Chicoutimi. Elle
semble signaler que, si on veut que l'école soit plus authentiquement
catholique, cela veut dire qu'elle sera plus étroite, moins
généreuse, moins accueillante pour les autres. Le fardeau de la
preuve est sur la députée de Chicoutimi et non pas sur moi
à cet égard, parce que si l'école comprend bien ce qu'est
sa mission catholique...
Une voix: ...l'histoire.
M. Ryan: La députée de Chicoutimi se nourrit de
souvenirs du passé. Je la comprends, mais on ne peut pas vivre en 1987
d'après les souvenirs de 1887. L'expérience qui a
été faite ces dernières années enseigne que ce
concept d'école catholique peut être interprété et
appliqué d'une manière qui sera très profondément
respectueuse de la diversité et des différences. Cela a
été tout le sens du message adressé par le comité
catholique depuis 20 ans. Ce qu'il nous propose ici, il faut que ce soit clair,
a été défini dans toutes leurs publications depuis 20 ans.
Je lisais un texte qui remonte à 1980 en préparation de la
commission parlementaire et ce texte-là va beaucoup plus loin que ce qui
est défini dans le projet de règlement. Ce sont des orientations
qui sont au vu et au su ou connues de la population depuis longtemps.
Encore une fois, personnellement, je rejette l'argument suivant lequel,
en étant plus authentiquement humaine, l'école publique
catholique deviendrait de ce fait plus étroite, plus négative
à l'endroit des autres. Au contraire, si elle est catholique, la
première dimension qui va la caractériser, ce sera la
charité et le respect d'autrui. Il y a une place considérable. De
même, comme je l'ai dit dans mon texte liminaire, si les parents
choisissent à un endroit un modèle laïc d'école, ils
seront assez intelligents, ceux de la majorité, pour se rendre compte
qu'il faut qu'ils fassent une place aux parents qui veulent des valeurs
religieuses dans l'école. De ce point de vue là,
théoriquement et logiquement, il y a des problèmes, c'est
sûr, l'équation n'est pas parfaite, c'est un équilibre que
nous recherchons et celui qui est proposé est meilleur que les
autres.
L'exemple que l'on prenait du programme de formation personnelle et
sociale dans son volet "éducation sexuelle" est particulièrement
éloquent. J'ai eu l'occasion de l'examiner de près ces derniers
temps à la suite de la polémique qui a surgi concernant toute la
question des maladies transmissibles sexuellement. Moi-même j'avais des
préjugés à l'endroit de ce programme-là.
Je l'ai examiné avec un regard plus objectif et je dois dire que
c'est un programme très bien fait et qui fournit toutes les
possibilités de présenter les éléments dont faisait
état la députée de Chicoutimi. C'est écrit en
toutes lettres. On peut présenter tous les volets et, lorsque l'on
présente des modèles de comportement possible chez les jeunes, on
évoque toutes les possibilités, parce que c'est un programme qui
vise à faire une présentation objective de l'ensemble des
perspectives qui s'ouvrent de ce côté-là. Je ne pense pas
que l'on doive se nourrir d'inquiétudes obsessives à ce
sujet-là parce qu'il va tout à fait dans le sens d'une saine
éducation empreinte d'esprit d'ouverture et, comme on le disait
tantôt, il doit être prolongé par des
références aux mêmes réalités dans des cours
de religion ou morale proprement dite. Dans bien des cas, cela se fait et, dans
d'autres cas, cela ne se fait pas, mais structurellement parlant il n'y a pas
beaucoup de problème.
Il y a un troisième point que je voudrais soulever, c'est le cas
de Montréal. Dans le cas des commissions scolaires en dehors de
Montréal, ce que nous faisons aujourd'hui' n'aura pas beaucoup de
répercussion parce que déjà la plupart de nos commissions
scolaires, de facto, sont des commissions scolaires linguistiques, fonctionnent
comme telles et ce n'est pas souvent qu'on les voit se promener avec la croix
de l'évêque dans les rues ou dans leurs réunions. Ce sont
des commissions scolaires linguistiques, de facto. Elles conduisent leurs
écoles comme telles. À Montréal, nous avons une situation
constitutionnelle différente. C'est vrai que, d'après la
jurisprudence, les écoles relevant de la Commission des écoles
catholiques de Montréal doivent être des écoles catholiques
et, quand le comité catholique a voulu enlever le statut d'une de ses
écoles, il s'est fait dire par le juge Deschênes qu'il
était en dehors de ses frontières...
Une voix: ...
M. Ryan: Très bien. Il n'y a rien qui empêche
actuellement... Dans la Loi sur l'instruction publique... Je ne sais pas si
vous pouvez me donner juste une minute pour compléter... J'accepterai de
me faire interrompre, je le dirai en d'autres occasions, cela ne me fait
rien.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Cela me prend
l'acceptation de l'Opposition.
Mme Blackburn: Autant vous m'avez refusé une question
tantôt... M. le ministre, on dit "bon prince" ou "bonne princesse", c'est
plus péjoratif un peu, mais j'accorde une prolongation.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. M. le
ministre.
M. Ryan: Nous avons une disposition, dans le chapitre qui traite
du Conseil scolaire de l'île de Montréal, en vertu de laquelle le
conseil scolaire pourrait prendre l'initiative d'organiser des cours
d'étude pour les personnes autres que catholiques au protestantes. C'est
déjà dans la loi. Maintenant, je ne crois pas qu'il y ait de
demande qui ait été formulée parce que peut-être que
les gens n'étaient pas au courant de cette disposition ou
n'étaient peut-être pas intéressés à s'en
prévaloir pour une raison ou pour une autre. En plus, si on demandait...
Disons qu'un groupe se présenterait chez le ministre de
l'Éducation pour lui dire: On voudrait avoir une commission scolaire qui
organiserait des écoles neutres à Montréal. Actuellement,
d'après l'économie de la Loi sur l'instruction publique, je pense
que ce serait un petit peu difficile, il y aurait des précisions
à apporter. Mais nos conseillers juridiques m'assurent que nous
pourrions le faire en procédant à certaines modifications dans la
loi sans qu'il ne soit nécessaire pour autant d'avoir un changement
constitutionnel. Alors, il y a des possibilités.
Il y a beaucoup de gens qui se lamentent - et c'est l'argument que je
voudrais soumettre, en terminant - sur le carcan que nous impose la
constitution canadienne, mais qui ne se sont pas toujours donné la peine
d'explorer toutes les possibilités concrètes qui existent
déjà sous la régime juridique actuel pour faire des
percées. Il y en a beaucoup, ces dernières années qui,
s'ils s'étaient moins lamentés, s'ils avaient fait moins
d'impropères à tout propos, s'ils avaient examiné les
possibilités sérieusement, auraient peut-être abouti
à ouvrir des sentiers, ce qui ferait que nous-mêmes, nous serions
plus éclairés dans l'action à entreprendre.
Je n'élimine pas pour autant l'opportunité de regarder des
changements de plus grande envergure, je n'enlève rien à ce que
nous avons déjà dit de ce côté. Je pense que ce sont
des précisions importantes à apporter, quand on discute de ces
choses, pour mieux situer, dans sa portée exacte, la nature des
modifications qui nous sont proposées par le comité catholique du
Conseil supérieur de l'éducation.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Merci particulièrement à Mme la députée
de l'Opposition...
Mme Blackburn: M. le Président...
Le Président (M. Parent, Sauvé):Pardon, madame.
Mme Blackburn: ...vous m'accordez une minute,
également?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Si on ouvre des
portes, cela ne se terminera jamais!.
Mme Blackburn: Alors, comme je l'ai accepté...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je voudrais vous
remercier de votre générosité d'avoir permis au ministre,
d'une façon si généreuse, de continuer. Je vous remercie
et je remercie les membres de cette commission. Je remercie Mme Plante-Poulin,
Mme Venditti-Milot, MM. Parent et Mallette. La commission parlementaire suspend
ses travaux jusqu'à quinze heures.
(Suspension de la séance à 13 h 3)
(Reprise à 15 h 12)
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît! La Commission parlementaire de l'éducation, qui a
entrepris ses travaux ce matin, entend le comité protestant du Conseil
supérieur de l'éducation. Alors, j'inviterais ses
représentants à prendre place à l'avant. J'inviterais
particulièment la présidente, Mme Ann Cumyn, et le
secrétaire, M. Harry Kuntz. Je vous rappelle que nos règles de
procédure s'interprètent comme suit; Une heure est
accordée à chacun des organismes, dont environ 15 minutes pour la
présentation du document, si vous le jugez à propos; le reste du
temps consiste en des échanges de vues avec les membres de la commission
et, après 50 minutes, j'inviterai la porte-parole de l'Opposition
officielle à faire ses remarques de la fin et j'inviterai le ministre
à clore, pour les cinq dernières minutes. C'est la façon
dont j'espère pouvoir procéder d'ici la fin des audiences.
Alors, Mme la présidente et M. le secrétaire, nous vous
souhaitons la bienvenue. Nous vous remercions aussi d'avoir répondu
à l'invitation de la commission permanente de l'éducation de
venir nous entretenir de votre projet de règlement. Ces rencontres ont
pour but d'éclairer les membres de la commission sur ces projets de
règlement et de tâcher de les bonifier ainsi que de les rendre le
plus apte possible à rendre service à l'ensemble du
système éducatif du Québec.
Sans plus de préambule, Mme la présidente, nous vous
écoutons.
Comité protestant du Conseil supérieur de
l'éducation
Mme Cumyn (Ann): Merci, M. le Président. Je veux commencer
par présenter
à la commission parlementaire mon collègue, M. Harry
Kuntz, secrétaire du comité protestant. Moi, je suis Ann
Cumyn.
M. le Président, M. le ministre de l'Éducation et de
l'Enseignement supérieur et de la Science, mesdames, messieurs.
Premièrement, je tiens à vous remercier sincèrement
d'avoir invité le comité protestant à ces audiences de la
commission parlementaire de l'éducation. C'est un honneur et un
privilège, pour nous, de pouvoir vous rencontrer aujourd'hui et de
pouvoir discuter sur des sujets d'intérêt commun.
Deuxièmement, je serai brève, car nous vous avons
récemment transmis un document d'information sur le sujet. Donc, cette
présentation, aujourd'hui, sera une explication plutôt qu'une
lecture de ce que vous avez déjà reçu.
Le règlement du comité protestant est rédigé
afin d'assurer que l'école protestante respecte les valeurs protestantes
et surtout d'assurer, auprès de l'étudiant, qu'il reçoive
une éducation morale et religieuse appropriée à son
intégration sociale au monde d'aujourd'hui.
Vous avez reçu, avec notre documentation, un préambule qui
servira d'introduction au règlement lorsque celui-ci sera
diffusé, à la suite de son approbation. Ce préambule
définit les buts d'une éducation protestante, à savoir:
fournir une éducation favorable au plein épanouissement de la
personnalité; contribuer au discernement des valeurs humaines;
développer une compréhension critique de son héritage
culturel dans toutes ses dimensions, y compris les corrélations de
judaïsme et de christianisme, civilisation gréco-romaine,
pensée scientifique et technologique; manifester le respect des
convictions religieuses ou philosophiques des parents ou des tuteurs des
élèves fréquentant les écoles protestantes;
encourager la recherche de la vérité dans tous les champs de
l'expérience humaine, y compris les dimensions morales et religieuses,
tout en reconnaissant que chaque individu doit être libre de juger
lui-même de ses choix; promouvoir des critères pédagogiques
de qualité et, le cas échéant, mettre à l'essai des
notions novatrices.
Le nouveau règlement est une mise au point pour mieux
répondre à notre situation actuelle. Nous avons apporté
des modifications concernant la reconnaissance des écoles. Aux articles
qui visent l'enseignement moral et religieux, nous avons ajouté la
possibilité qu'une école puisse avoir un enseignement
confessionnel plus particulier. En réponse à une demande du
ministre de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur et de la
Science, nous avons ramené les exigences pour les élèves
qui suivent les cours qui mènent au diplôme ou au certificat
d'études professionnelles. Les modifications à la reconnaissance
des écoles ont été introduites car, selon le
règlement actuel, c'est la tâche du comité protestant
d'assurer qu'une école reconnue comme protestante réponde aux
conditions nécessaires à la reconnaissance. Nous trouvons que
c'est une tâche qui est difficile à réaliser. Donc, le
comité se fie aux commissions scolaires afin d'accomplir cette
tâche.
Il y a deux raisons aux modifications des articles relatifs à
l'enseignement moral et religieux protestant» Premièrement, selon
le règlement actuel, une institution scolaire protestante doit offrir un
enseignement moral et religieux, mais, pour l'étudiant protestant,
recevoir cet enseignement n'est pas un droit. Une école peut donc, dans
certains cas, très bien offrir le cours, mais en pratique ne pas le
donner» Deuxièmement, notre nouveau programme est non seulement un
programme qui renseigne les étudiants sur l'effet du christianisme, mais
il les informe sur les autres grandes religions, le phénomène de
la religion et, de plus, la vie morale qui en résulte. Nous avons donc
fait des modifications pour que les institutions assurent que tout
élève suive le programme d'enseignement moral et religieux, tout
en gardant la disposition pour l'exemption de l'élève.
Dans notre document d'information envoyé aux membres de la
commission, nous avons expliqué la philosophie sur laquelle est
basé le programme de l'enseignement moral et religieux. Et je vais lire
cette philosophie: "Les Églises dites protestantes regroupent plusieurs
Églises chrétiennes qui croient dans la centralité de la
Bible comme guide de la foi et de la vie; leurs divergences sont le
résultat d'interprétations différentes de la même
Bible. Donc, l'enseignement moral et religieux protestant à
l'école publique - protestante - n'est pas doctrinal et n'entend pas
à former l'élève, mais plutôt à l'informer au
sujet de l'histoire et des croyances des Églises protestantes. "De la
même manière que le christianisme fait partie intégrante de
l'héritage culturel de l'Occident, il y a aussi d'autres religions qui
font partie de notre héritage culturel et d'autres religions qui font
partie de l'héritage culturel de grands pays du monde. Les protestants
croient qu'une connaissance des religions du monde est indispensable non
seulement pour comprendre nos collègues et nos amis qui pratiquent ces
religions, mais aussi pour nous amener à une meilleure connaissance de
la nôtre. Nous croyons que chaque individu devrait avoir une certaine
connaissance du phénomène de la religion. "Également, nous
soutenons que les valeurs et les jugements moraux sont solidement
enracinés dans la religion et nous insistons en disant que le lieu
convenable
pour le développement et la discussion dans ce domaine est le
programme de l'enseignement moral et religieux. "Vu l'éducation
chrétienne non doctrinale dispensée dans le programme
d'enseignement moral et religieux protestant et, en même temps,
l'occasion donnée d'étudier d'autres traditions religieuses aussi
bien que l'occasion de développer des dispositions morales et sexuelles
dans le cadre de leurs croyances personnelles, le comité protestant
croit que le programme d'enseignement moral et religieux protestant devrait
être dispensé à tous les élèves.
Néanmoins, nous acceptons que tout parent ne sera pas a l'aise de voir
son enfant dans un tel programme et nous nous entendons sur son droit à
demander l'exemption de celui-ci."
En ce qui concerne la possibilité pour une école d'avoir
un enseignement confessionnel plus particulier, nous sommes conscients qu'il y
a, dans notre milieu protestant, certains groupes qui voudraient avoir un
enseignement religieux plus intense ou plus spécifique. Nous avons donc
modifié le règlement afin de permettre un enseignement
confessionnel plus particulier, à la demande des parents, à
condition que l'école donne d'abord l'accord officiel de l'enseignement
moral et religieux protestant et que, dans tout enseignement, la tradition
religieuse de chaque étudiant soit respectée.
Les dernières modifications, telles que demandées par le
ministre de l'Education et de l'Enseignement supérieur et de la Science,
veulent permettre l'exemption du cours de l'enseignement moral et religieux
pour ceux qui sont admis à un programme d'études conduisant au
diplôme d'études professionnelles ou bien dès la
deuxième année d'un programme d'études conduisant au
certificat d'études professionnelles.
M. le Président, mesdames, messieurs, en guise de conclusion, je
tiens à vous remercier de nous avoir permis d'expliquer le
règlement du comité protestant. Le secrétaire du
comité, M. Harry Kuntz, et moi-même serons heureux de discuter
avec vous sur le sujet qui nous concerne. Nous nous ferons un plaisir de
répondre à vos questions.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
présidente, je vous remercie beaucoup de votre exposé. Je
reconnais maintenant le porte-parole officiel du parti ministériel, le
ministre de l'Éducation. M. le ministre.
M. Ryan: Mme la présidente du comité protestant, je
voudrais vous rappeler que nous avons accueilli avec beaucoup
d'intérêt les modifications proposées par le comité
à son règlement concernant la reconnaissance des
établissements d'enseignement comme protestants.
Vous avez très bien expliqué, tantôt, les
caractéristiques de la conception qui a présidé au
développement des écoles protestantes au Québec. Mes
collègues auront peut-être des questions à vous poser
là-' dessus tantôt. Moi, je n'en ai pas, pour ma part. J'aurais
seulement une brève question peut-être à vous adresser,
deux questions, en fait.
Premièrement, est-ce que le comité protestant s'est
prévalu, jusqu'à maintenant, du pouvoir que lui reconnaît
la loi de reconnaître des étalissements comme protestants? Et
combien d'écoles relevant des commissions scolaires protestantes au
Québec ont été reconnues par le comité protestant
comme protestantes?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme Cumyn.
Mme Cumyn: M. le Président, nous reconnaissons toutes les
écoles des commissions scolaires protestantes. Nous tenons à ce
que toutes les commissions scolaires protestantes soient les racines des
commissions scolaires dissidentes et ce sont toutes les écoles des
commissions scolaires protestantes qui sont reconnues par le comité
protestant.
M. Ryan: Dois-je comprendre que, même lorsqu'une
école nouvelle est construite, vous la versez tout de suite dans le
trésor commun sans autre examen, sans consultation auprès des
parents, c'est automatique?
Mme Cumyn: C'est automatique, oui. M. Ryan: Merci!
M. Kuntz (Harry): Dans le livre blanc, on a parlé des
reconnaissances des écoles. Il s'est glissé une erreur dans le
livre. Le comité protestant a reconnu les écoles comme
protestantes, dans l'année 1966 et l'année 1967, comme un fait
général. Après, il a commencé à
reconnaître, année par année, les écoles. Ce n'est
pas une fois pour toute, mais c'est année par année qu'il a
reconnu les écoles comme protestantes. Il a envoyé une lettre au
sous-ministre associé à l'enseignement protestant chaque
année disant que toutes ies écoles de toutes les commissions
scolaires protestantes sont reconnues comme protestantes pour l'année
prochaine.
M. Ryan: Est-il arrivé que vous ayez eu des requêtes
de la part de parents ou de commissions scolaires demandant que la
reconnaissance soit retirée à une école? Y a-t-il eu
révocation?
Mme Cumyn: Non.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Y a-t-il d'autres
interventions? Mme la porte-parole de l'Opposition.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Permettez-moi
d'abord de saluer madame et monsieur et de leur souhaiter la bienvenue.
Je voudrais peut-être, avant de passer à quelques
questions, voir, dans la suite de la question qui vient d'être
posée par le ministre de l'Education, s'il serait, effectivement,
juridiquement possible pour la commission scolaire protestante de
reconnaître une école non protestante, comme c'est possible pour
une commission scolaire catholique de reconnaître une école non
catholique. Est-ce qu'en vertu de la charte... Je ne pense pas que ce soit
possible. Est-ce que le ministre pourrait nous éclairer là-dessus
ou peut-être madame?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme Curnyn.
Mme Cumyn: Merci, M. le Président.
Si nous recevons une requête d'une école protestante pour
que sa reconnaissance soit retirée, nous avons le droit de dire: Oui,
vous n'êtes plus, à partir de maintenant, une école
protestante. C'est possible, mais il n'y a pas une école qui ait fait
une demande. (15 h 30)
Mme Blackburn: Pour les nouvelles écoles de même que
pour les écoles dissidentes.
Mme Cumyn: C'est la commission scolaire dissidente.
Mme Blackburn: D'accord.
Mme Cumyn: Je ne sais pas pour les commissions scolaires
dissidentes ni pour la commission scolaire, la CEPGM.
Mme Blackburn: Le document que j'ai en main sur le
règlement du comité protestant est daté du 13 mai 1987; le
document que je retrouve commenté ici, que vous nous avez remis, je ne
l'ai pas. Est-ce qu'il a été publié dans la Gazette
officielle?
Le Président (M. Parent, Sauvé):Maintenant, M. le
ministre.
M. Ryan: M. le Président, le document qu'on a fait
circuler est une version démodée, il y a eu erreur. Il y a un
texte qui est paru dans la Gazette officielle au mois de mai, c'est
celui-là qui doit servir à nos discussions de ce matin. Il y a eu
des changements par rapport au texte qui vous a été remis.
Le Président (M. Parent, Sauvé):Excusez-moi, juste
pour la compréhension de la commission, d'où provient ce texte
qui a été distribué aux gens?
Mme Blackburn: Celui-ci?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui.
M. Ryan: De nos services.
Mme Blackburn: C'est du 6- juin.
Le Président (M. Parent, Sauvé): On m'a dit qu'il a
été envoyé au secrétaire de la commission pour
distribution.
M. Ryan: J'ai demandé tantôt...
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît! À l'ordre!
M. Ryan: M. le Président, j'ai demandé tantôt
qu'on fasse remettre aux membres de la commission la toute dernière
version de ce texte qui va vous être remise d'une minute à
l'autre. Il y a eu une erreur dans la préparation de ce document-ci.
Mme Blackburn: Donc, si je comprends bien, le document officiel,
c'est celui qu'on a en main et qui est paru dans la Gazette officielle du 13
mai 1987.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Nous l'avons,
celui-là.
Mme Blackburn: Bien, merci, M. le Président. Sinon, cela
me posait des problèmes. Mme la présidente, je sais que cela ne
relève pas de votre compétence, mais probablement que vous avez
l'information: Dans les écoles protestantes, quel est le pourcentage de
parents qui demandent que leurs enfants soient exemptés de
l'enseignement protestant et qui choisissent l'enseignement moral?
Mme Cumyn: Je ne connais pas exactement le nombre, mais il y en a
très peu. Nous avons les parents qui sont "Jehovah's Witness" qui,
parfois, exemptent leurs enfants, mais pas les autres parents. C'est le seul
cas.
Mme Blackburn: Dans la section française
également.
Mme Cumyn: Dans la section française également,
oui.
Mme Blackburn: Donc, on choisit l'enseignement protestant
plutôt que l'enseignement moral?
Mme Cumyn: II n'y a pas de choix.
Dans notre règlement, l'enseignement moral et religieux est
obligatoire excepté si le parent ou le tuteur veut que son enfant en
soit exempté.
Mme Blackburn: Mais, dans le cas où l'enfant est
exempté à la suite de la demande d'un parent...
Mme Cumyn: Oui.
Mme Blackburn: ...est-ce qu'il reçoit l'enseignement
religieux? Qu'est-ce qu'il reçoit en échange comme formation? Je
n'ai pas très bien compris.
Mme Cumyn: Nous préférons que, comme programme de
morale, l'enfant suive deux des trois volets de notre programme moral et
religieux. Nous avons trois volets, le premier porte sur le christianisme,
c'est une information sur le christianisme. Le deuxième est un volet sur
les autres religions, on étudie la célébration et les
autres grandes religions. Le troisième volet porte sur la morale et la
sexualité. Et, pour nous parce que nous pensons que la connaissance des
autres religions et du phénomène des religions est essentielle
pour tous les élèves et que la morale suit la religion, n'importe
quelle religion, nous pensons que c'est meilleur pour les enfants
exemptés de suivre deux volets. Mais, sinon, c'est le cours de
morale.
Mme Blackburn: J'aimerais aborder avec vous la question des
qualifications ■ du personnel enseignant comparées aux exigences
qui sont celles du comité catholique. J'ai l'impression qu'il y a comme
un monde. Je lis l'article 12 de votre projet: "L'institution reconnue doit
affecter à l'enseignement moral et religieux l'enseignant qui a une
formation et une compétence pertinentes en matière d'enseignement
moral et religieux protestant." Vous n'avez pas d'exigences
particulières autres que celles que je retrouve là.
Pour vous, est-ce suffisant, les cours de morale que, par exemple, les
futurs enseignants reçoivent dans nos différentes institutions
universitaires?
Mme Cumyn: Ce n'est pas suffisant. Nous n'avons pas inscrit dans
le règlement les choses que nous demandons pour nos enseignants, mais
nous avons envoyé au ministre, il y a deux ans, un avis sur les
qualifications des professeurs de religion et de morale. Dans cet avis, nous
avions demandé comme connaissance de base - je m'excuse, les mots en
français me manquent - knowledge of the development of the child, la
connaissance du développement moral chez les enfants.
Pour les enseignants dans les écoles primaires, nous demandons,
comme base, un cours de méthodologie pour le cours de morale et de
religion. Pour ceux qui enseignent dans les écoles secondaires, nous
demandons qu'ils suivent des cours plus particuliers en "ethic", dans votre
religion et dans les autres religions. Nous ne l'avons pas inscrit dans le
règlement, parce que nous savons qu'il y a la convention collective et
d'autres choses qui empêchent un peu cela.
Mme Blackburn: Je reviendrais, si vous le permettez, à
l'article 10s "L'autorité scolaire doit mettre des services d'animation
religieuse à la disposition de l'institution reconnue." Comme elles sont
toutes reconnues ou presque automatiquement, comme vous le dites, depuis
1966-1967, est-ce que vous pouvez nous parler un peu de la pratique en cette
matière chez vous?
Mme Cumyn: La pratique est différente dans les diverses
commissions scolaires. Il y a, je pense, quatre ou cinq commissions qui ont des
animateurs et les autres, non. C'est une chose que noua voudrions encourager,
parce que nous pensons qu'il y a un côté spirituel à
côté des services de conseil que les élèves
reçoivent dans les écoles.
Mme Blackburn: Bien, pour le moment, ça va, M. le
Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, Mme la
députée de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Merci, M. le Président. Nous avons lu avec
beaucoup d'intérêt le mémoire du comité protestant,
parce qu'il semble que le contexte et la situation sont tout à fait
différents du contexte et du problème auxquels nous sommes
confrontés dans les écoles catholiques, I am going to make it
easy for you. I will pose my questions in English, because I think that the
difference between the two systems is very important in relation to the
problems that have been raised in relation to the Catholic Committee
regulations. I want to know why in many instances the regulations of the
Protestant Committee are being elaborated in the direction of, for instance,
setting out a sort of procedure or criteria for revoking recognition of a
school as protestant. Do you feel that there is pressure from some quarters or
there will be pressure from some quarters to revoke that recognition? I am
trying to figure out why you did this, except, perhaps, to create a sort of
mirror image situation. Is it a real need, the fact that it has always been
automatic, has that been a constraint on certain school boards or schools, or
perceived as such?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mrs.
Cumyn.
Mme Cumyn: M. le Président, est-ce que je peux
répondre en anglais?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Feel free to
answer in English, if you like.
Mme Cumyn: That is what I will do. Thank you. I do not think we
have received a pressure from schools to have a revocation. I think, perhaps,
we have felt that the every year almost stamp of approval was perhaps too much
and, if we recognized for five years, then, that indicated to the community
that there might be an opportunity for them to say "Hey", at the end of the
five years. It is not that we are hearing any request for revocation, it is
perhaps we have not been fair to our community just to go through the motion at
the beginning of each year.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mr....
M. Kuntz: The regulation, as you know, has been in revision since
1980, at least I hope you are aware of that, and we have been waiting because
we were put off by various laws. But the reason that we began the revision was
because there were certain schools that came to us and said they would like
another stamp, they want to know how they could be more protestant and in
general protestant. I do not know why that came about, but that was the origine
of it. They made the committee members think that may be there is something
wrong with just sort of passing it through quickly.
Mme Dougherty: The pressure, if there ever was, was in the other
direction.
M. Kuntz: Yes.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. Kuntz.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
Mme Dougherty: No. Do you think that the fact that the many
protestant schools have, over the years, accommodated more and more pluralistic
clientele, do you think that, given the philosophy of being protestant in
protestant education in accordance with the committee's division of things, do
you think that the protestant character of the schools has been necessarily
diluted by that pluralistic presence?
Le Président (M. Parent, Sauvé):Madame.
Mme Cumyn: I do not think it has at all. In fact, I would say it
has been reinforced because, as I said earlier, one of our tenets is to teach a
respect of others, a respect for our friends that may be different and till
learn about religion that is not ours. In that situation, you in fact have a
better opportunity of carrying out the full intent of our program.
Mme Dougherty: Just a last one. In article 11, for the first
time, I think, you say qu'un nouveau règlement permette un enseignement
confessionnel plus particulier à des demandes des parents. Again, I am
wondering; has there been a demand for specific religions other than protestant
or is it a question of degree or a question of difference?
Mme Cumyn: It is a question of degree. There have been demands
not to us but to at least a couple of school boards that they would permit a
school within the public system to have a stronger Christian focus.
Mme Dougherty: A school or a program within a school? (15 h
45)
Mme Cumyn: Well, a school. That was what they were asked for.
Part of this is a program within a school and we do have at least one or two
schools that exist where they do have a very much strong denominational focus
of a particular denomination. We felt that if there was a growing need for
this, as long as the protestant moral and religious education was taught in its
full and properly, and as long as the tenet of respecting everybody, the
teachers respecting the beliefs and the religious heritage of all the students,
then we will be prepared to permit additional teaching, if the community so
desire it. But it is to be at the demand of the parents.
Mme Dougherty: Thank you.
Le Président (M. Parent, Sauvé): II n'y a pas
d'autre intervention? Je reconnais Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Je n'aurais pas
d'autre question. En fait, le règlement qui nous est proposé ne
comporte que des modifications mineures par rapport au règlement
antérieur. Ce que j'aurais davantage souhaité, M. le
Président, c'est que la Commission des écoles protestantes de
Montréal accepte également de venir nous faire part de ses
commentaires. Malheureusement, à ce que j'ai vu, ces gens ne seront pas
présents. Cela nous aurait permis de mieux voir comment s'articulait le
projet...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Nous avons eu
leurs commentaires par écrit.
Mme Blackburn: Oui, mais ils ne se
présenteront pas et il y avait peu de commentaires. Leur
présence nous aurait permis de mieux voir comment s'articulait dans la
pratique le règlement du comité protestant au sein de la
commission scolaire. Pour ma part, étant donné qu'il y a peu de
modifications, j'aurais terminé.
Je vous dis le plaisir qu'on a eu de vous avoir avec nous et je
souhaiterais, si la chose est possible, que le règlement du
comité catholique soit un peu plus élagué plutôt que
renforcé. Je trouve l'approche du comité protestant, comme cela a
toujours été le cas dans votre tradition, beaucoup plus ouverte
aux différentes communautés et permettez-moi de déplorer
aujourd'hui qu'on n'ait pas choisi d'avoir à peu près la
même attitude du côté des écoles catholiques. Je vous
remercie de votre participation.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, Mme la
députée. M. le ministre, en conclusion.
M. Ryan: M. le Président, je ne veux pas ouvrir de
débat à ce moment-ci. Je pense que nous sommes en face d'un
projet de règlement et qu'il, faudra vérifier s'il suscite
l'approbation générale ou l'indifférence
générale. Nous n'avons eu que très peu de réactions
de la part des milieux protestants, cela m'inquiète un peu d'un
côté. Je n'ai reçu aucune lettre d'aucune Église
protestante à ce sujet. Je n'ai reçu de lettre d'aucune
association, d'aucun groupe. Je ne sais pas si le projet a circulé
beaucoup parmi ces groupes. Nous avons fait le travail qui nous incombe, nous
l'avons fait publier dans la Gazette officielle et je pourrais peut-être
vous poser cette question: Est-ce qu'il y a eu des discussions assez
étendues dans les milieux protestants au sujet du projet de
règlement ou si ce sont des choses qu'on tient pour acquises, qui vont
de soi?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Madame?
Monsieur?
M. Kuntz: Chaque fois qu'on a rencontré des
représentants des Églises protestantes, on a dû recommencer
le dialogue et recommencer à expliquer la situation scolaire au
Québec, parce qu'ils ne savent pas comment cela marche dans les
écoles. Il y a peu de prêtres protestants qui comprennent la
situation scolaire. On recommence à expliquer à chaque fois les
choses qui se passent et on tente d'inciter les prêtres à
expliquer à leurs congrégations les choses qui se passent dans
les écoles, à demander un soutien pour le programme
d'enseignement moral et religieux, mais ils ne savent pas comment le faire.
M. Ryan: Est-ce que cela vous préoccupe qu'il n'y ait pas
plus de relations que cela entre les écoles protestantes et les Eglises
protestantes? Est-ce que le comité a déjà examiné
cette question?
M. Kuntz: Oui, plusieurs fois.
M. Ryan: Est-ce qu'il en est venu à des conclusions?
M. Kuntz: Non, il a rencontré les Églises,
peut-être aux deux ou trois ans, pour expliquer le règlement, mais
il n'y a pas de résultat de ces consultations.
M. Ryan: Je ne sais pas, je ne veux pas prolonger le débat
là-dessus, M. le Président. Dans la circonscription que je
représente, nous avons une commission scolaire protestante à
laquelle siège un pasteur protestant et ces gens ont des rapports de
collaboration assez fréquents avec les pasteurs des différentes
Églises. Ceux-ci ne sont pas institutionnalisés, mais ils sont
fréquents. Je pense que la distance n'est peut-être pas aussi
grande que le laisseraient entendre les textes ou les rapports officiels qu'on
peut avoir.
Quoi qu'il en soit, si ce projet de règlement ne suscite pas de
difficultés dans les milieux protestants et paraît acceptable
è tout le monde, je pense bien que du côté du gouvernement
nous donnerons suite à l'intention que nous avons déjà
exprimée en faisant la prépublication dans la Gazette officielle,
c'est-à-dire que nous procéderons à l'étape
suivante. À moins d'avis contraire, je pense que c'est l'intention que
nous conserverons.
Alors, je vous remercie beaucoup. J'en profite pour vous remercier, Mme
la présidente, de l'excellente collaboration que vous apportez, à
titre de présidente de ce comité protestant, au
développement de notre système d'enseignement au
Québec.
Mme Cumyn: Merci, M. Ryan.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, merci, M.
le ministre. Mme Cumyn, M. Kuntz, merci beaucoup. La commission parlementaire
suspend ses travaux pour quelques minutes.
(Suspension de la séance 15 h 52)
(Reprise à 15 h 56)
Le Président (M. Parent, Sauvé): Nous accueillons
immédiatement l'Assemblée des directeurs et directrices des
offices diocésains d'éducation, qui est représentée
par Mme Raymonde Jauvin, présidente pour le diocèse de
Saint-Jérôme, par M. André Vincent, directeur de l'Office
diocésain
d'éducation de Saint-Hyacinthe, par Mme Micheline Mayrand,
directrice de l'Office diocésain d'éducation de La
Pocatière et par M. Bertrand Cloutier, directeur de l'Office
diocésain d'éducation de Trois-Rivières.
Mme la présidente, nous vous souhaitons la bienvenue, ainsi
qu'aux personnes qui vous accompagnent. Je veux, au nom de ses membres, vous
remercier d'avoir bien voulu répondre à l'invitation de la
commission de venir nous faire connaître vos commentaires sur ces projets
de règlements qui ont été déposés par les
comités catholique et protestant du Conseil supérieur de
l'éducation.
Mme la présidente, la commission va vous consacrer une heure.
Vous pourrez prendre comme vous le jugerez, mais nous vous suggérons de
prendre quinze minutes pour la présentation de votre document. Le reste
du temps sera séparé en parts égales entre l'Opposition et
le gouvernement et, au bout de cinquante minutes, j'inviterai la porte-parole
de l'Opposition à conclure et, ensuite, je ferai de même avec le
ministre de l'Éducation.
Mme la présidente, nous vous écoutons.
Assemblée des directeurs et directrices des offices
diocésains d'éducation
Mme Jauvin (Raymonde): M. le Président, M. le ministre de
l'Éducation, de l'Enseignement supérieur et de la Science,
mesdames et messieurs les députés, c'est avec empressement que
notre Assemblée des directeurs et directrices des offices
diocésains d'éducation a répondu à l'invitation que
vous nous avez faite de vous présenter notre avis dans le cadre de la
présente consultation.
Nos interventions porteront principalement sur le règlement
concernant les écoles primaires et secondaires du système public.
Cependant, comme il y a plusieurs articles qui font aussi partie des deux
autres règlements, nos réflexions auront une portée sur
ces deux autres règlements.
Comme vous avez déjà reçu notre mémoire,
nous ne pensons pas utile d'en faire ici une lecture exhaustive. Je vais tout
simplement passer rapidement à travers par une lecture en diagonale en
soulevant les points que nous trouvons les plus importants.
L'Assemblée des directeurs et directrices des offices
diocésains d'éducation que nous représentons est donc le
regroupement des responsables des offices et services d'éducation
oeuvrant dans chacun des diocèses de l'Église catholique du
Québec. C'est par une nomination de leur évêque respectif
que chacun de ces directeurs et directrices exerce ses fonctions.
Tous partagent une responsabilité commune qui est celle
d'assurer, de maintenir, relativement à tout dossier concernant le
caractère confessionnel catholique des écoles, des concertations
entre le réseau scolaire et les différents paliers de
l'Église locale, régionale et diocésaine.
Ce rôle s'exerce principalement par le maintien de liens
privilégiés et significatifs avec les répondants
régionaux de la Direction de l'enseignement catholique, avec les
directions générales des commissions scolaires, avec les
commissaires et les conseillers en éducation chrétienne, de
même qu'avec les directions des écoles primaires et
secondaires.
C'est donc en vertu de notre implication dans le monde de
l'éducation et tout particulièrement dans celui de
l'éducation catholique que nous apportons aujourd'hui un appui non
équivoque au projet de règlement concernant les écoles
primaires et secondaires du système scolaire public.
Nos commentaires porteront principalement sur les points suivants: la
reconnaissance comme catholique de l'école publique, son projet
éducatif, l'enseignement moral et religieux catholique, l'animation
pastorale, de même que le respect du caractère catholique de
l'école.
Nous apprécions que soit clairement défini le processus
que la commission scolaire doit suivre quand elle demande la reconnaissance
d'une école catholique. Nous sommes d'avis que cette consultation doit
être la plus large possible, s'exercer avec rigueur et dans le respect de
tous.
Pour favoriser une conception commune de l'école catholique, nous
souhaitons que soient intégrés les trois caractères
principaux reconnus pour définir cette école catholique.
En regard du projet éducatif, nous appuyons fortement l'exigence
qui est faite à toute école catholique de s'identifier, de
présenter à la connaissance de tous un projet clair et explicite.
C'est pour nous une question d'authenticité. Nous sommes très
heureux que l'article 6 rappelle la responsabilité du directeur de
l'école publique reconnue comme catholique en ce qui regarde toute
l'orientation, la réalisation et l'évaluation de ce projet
éducatif et nous considérons que c'est là un des apports
les plus positifs de ce règlement.
Nous tenons aussi à manifester notre appui à l'exigence de
concertation rattachée au processus d'évaluation du vécu
confessionnel de l'école, vécu qui vise d'abord et avant tout
l'amélioration du vécu confessionnel lui-même.
En regard de l'enseignement moral et religieux, l'article 8
reconnaît le droit de l'élève de pouvoir choisir entre un
cours d'enseignement moral religieux catholique et un cours de morale. Nous
appuyons fortement cet article et nous souhaitons que des mesures soient prises
pour que ce choix, autant le choix des parents que le choix des enfants, soit
rigoureusement respecté.
En regard du temps prescrit pour
l'enseignement moral et religieux catholique, nous regrettons une
diminution du temps. Cependant, nous constatons qu'il y a là un facteur
de réalité.
Nous appuyons fortement, d'autre part, les exigences définies aux
articles 16 et 17 pour toute personne qui dispense l'enseignement moral et
religieux catholique. Être de foi catholique nous apparaît une
exigence minimale. Se présenter avec une formation spécifique
pour dispenser l'enseignement religieux nous apparaît aussi une exigence
minimale, telle qu'elle est définie dans ce règlement. Ce
règlement marque sur celui de 1974, à ce niveau, un
progrès réel.
Nous vouions ici insister sur les raisons qui nous permettent d'appuyer
fortement ces articles. D'abord, la qualité de l'enseignement moral et
religieux exige une formation spécifique qui porte sur les fondements de
la foi chrétienne et une capacité de comprendre et
d'interpréter les textes fondateurs et doctrinaux qui les explicitent.
La nature même de l'enseignement moral et religieux catholique exige de
ceux qui en sont responsables une capacité qui leur permet de situer
clairement les implications du message chrétien dans une culture en
constante évolution et, enfin, il y a les exigences de la proposition du
message au plan d'une formation pédagogique spécifique.
Nous sommes conscients des répercussions que ces exigences de
formation risquent d'avoir dans les facultés universitaires qui, nous
devons bien le reconnaître, sont au service d'une population et se
doivent de répondre aux formations spécifiques dont elle a
besoin.
En regard de l'animation pastorale, l'article 19 réaffirme le
devoir de l'école publique reconnue comme catholique d'assurer des
services en animation pastorale. Nous sommes heureux de voir qu'il y a une note
qui précise que ces activités d'animation pastorale doivent
être réalisées à l'intérieur du temps qui est
consacré aux services éducatifs. Nous espérons que, dans
les notes explicatives, il sera clairement explicité qu'un temps doit
être défini pour les activités d'animation pastorale.
Nous apprécions au plus haut point l'article 20 qui identifie les
différents domaines dans lesquels se situent les activités
d'animation pastorale. Sans être exhaustive l'énumération
de ces domaines permet à l'animation pastorale catholique de
répondre à sa manière aux exigences de formation globale
de la personne, tout en privilégiant les dimensions spirituelles et
religieuses de l'être humain.
Enfin, l'article 21, qui définit les exigences minimales de
formation pour les responsables de l'animation pastorale au primaire, s'inscrit
avec réalisme, nous semble-t-il, dans l'évolution actuelle de
l'animation pastorale catholique au primaire.
Dans un premier temps, cet article reconnaît la valeur des cours
spécialisés en animation pastorale qui sont offerts au niveau de
l'éducation des adultes. Cette mesure ou cette exigence minimale trouve
sa raison d'être dans le contexte actuel de l'évolution de
l'animation pastorale au primaire. Dans un deuxième temps, cet article
permet de retenir les services de personnes sans qualifications universitaires,
mais ayant déjà acquis une expérience pertinente. Il nous
semble que l'apport éducatif de ces personnes constitue une richesse
réelle dont on ne saurait facilement se départir.
Enfin, les articles 19, 20, 21 et 22, relatifs à l'animation
pastorale, manifestent à juste titre le sérieux que l'on doit
accorder à cette activité comme activité éducative
de toute la personne de l'élève. Cependant, il nous
apparaît important que les notes explicatives soulignent la
nécessité de considérer, à toutes fins utiles, les
personnes affectées à l'animation pastorale au primaire comme des
membres du personnel de l'école.
Les articles 23 à 27 représentent un progrès
réel sur le règlement de 1974 en assurant à l'exercice de
l'animation pastorale des conditions viables. Comment, en effet, fonctionner
sans fonds et sans espace réel? Nous tenons à dire que, lorsque
nous parlons de fonds affectés à l'activité de l'animation
pastorale en termes de fonctionnement, nous voulons ici signifier les
ressources à la fois matérielles et humaines requises.
Enfin, nous trouvons importants les articles qui rappellent la
nécessité de respecter le caractère catholique de
l'école et nous apprécions que cette exigence soit
exprimée en regard de tout le personnel de cette école, de toute
personne qui y travaille, ainsi que des parents et des
élèves.
À plusieurs reprises, le règlement du Comité
catholique, aux articles 6, 7 et 23, par exemple, fait mention du conseiller en
éducation chrétienne. Étant donné le rôle
important de ce conseiller pour la vie de l'éducation chrétienne
dans les écoles, nous saisissons donc l'occasion que nous offre cette
tribune pour exprimer au ministre de l'Éducation notre ardent
désir que soient mieux définis le statut et le rôle de cet
intervenant.
Assurés que ce règlement aidera l'école
québécoise à donner un service toujours meilleur et des
plus adéquats, nous recommandons que les trois éléments
qui caractérisent l'école catholique soient
intégrés à l'article 1, à savoir; une
présentation explicite et respectueuse de la foi chrétienne, une
attention prioritaire au climat des relations et une volonté
d'éducation globale de la personne. Nous recommandons que le processus
à suivre dans la demande de reconnaissance d'une école comme
catholique, tel que défini à l'article
2, soit maintenu; que l'exigence faite à l'école
catholique d'intégrer les croyances et les valeurs de la religion
catholique et de rendre public son projet éducatif soit maintenue; que
la responsabilité du directeur en regard du caractère catholique
de l'école soit affirmée et reconnue selon l'esprit de l'article
6; que des mesures soient prises afin d'assurer l'application rigoureuse du
régime d'option; que soient prises les mesures nécessaires pour
assurer le respect du temps prescrit pour l'enseignement moral et
religieux catholique, tel que défini aux articles 11 et 12; que soient
maintenues les exigences minimales d'adhésion à la foi catholique
et de formation spécifique telles que définies aux articles 16 et
17 du règlement, pour toute personne affectée à
l'enseignement moral et religieux catholique tant au primaire qu'au secondaire;
que soient maintenus dans leur contenu les articles 19, 20, 21, 22, 23 et 24
relatifs à l'animation pastorale au primaire et au secondaire; que des
notes explicatives à l'article 20 fassent explicitement
référence aux cinq apprentissages de base pour le processus de
croissance dans la foi identifiés dans "Voies et impasses"; que les
articles 25 et 26 soient reformulés de la façon suivante: "Dans
l'école publique reconnue comme catholique, des fonds doivent être
affectés pour le fonctionnement des activités de l'animation
pastorale" et, à l'article 26: "L'école primaire doit fournir un
local pour les activités pastorales et le personnel de l'animation
pastorale". Enfin, nous recommandons l'adoption, par le ministère de
l'Éducation, de ce règlement du Comité catholique et son
entrée en vigueur au plus tard le 1er juillet 1988.
L'Assemblée des directeurs et directrices des offices
diocésains d'éducation a tenu à apporter sa collaboration,
en exprimant un appui ferme à ce règlement. Nous tenons à
vous rappeler les principales raisons qui motivent cet appui. Tout d'abord,
nous trouvons que ce règlement précise un ensemble de
critères qui clarifient ce qu'est une école publique à
caractère confessionnel catholique. Ce règlement tient compte des
mutations culturelles profondes qu'ont connues nos milieux, notamment au
chapitre des convictions religieuses. Ce règlement reconnaît aussi
l'importance du projet éducatif. Il repose également sur une
philosophie de l'éducation où, à juste titre, le directeur
de l'école est l'artisan premier de la concertation nécessaire
à la réalisation d'un projet éducatif. Et, enfin, ce
règlement se préoccupe de la qualité de l'enseignement
moral et religieux catholique et de la qualité de l'animation pastorale,
en précisant les exigences minimales de compétence requises pour
toute personne affectée à ces activités.
Nous croyons fermement à la pertinence de ce règlement.
Aussi, souhaitons-nous qu'un climat d'accueil, de tolérance et de
vérité s'installe dans toutes nos écoles et permette
à tous, parents, élèves, éducateurs,
administrateurs, de respecter le caractère catholique de ces
écoles.
Cependant, nous sommes conscients que l'efficacité d'un tel
règlement demeure étroitement liée à une
volonté commune de tous les intervenants en éducation de prendre
les mesures concrètes qui s'imposeront. Aussi souhaitons-nous qu'une
très grande solidarité dans ce sens s'établisse à
tous les niveaux.
Nous vous remercions de nous avoir invités à cette
commission parlementaire. Nous vous prions de croire a la confiance que nous
accordons à l'apport dynamique de l'école publique catholique
dans la formation intégrale des jeunes. Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci beaucoup,
Mme Jauvîn. Je vous remercie aussi pour avoir bien voulu nous
présenter votre mémoire. Je reconnais maintenant le ministre de
l'Éducation.
M. Ryan: Mme la Présidente, je vous remercie de votre
présentation. Je ne pense pas innover en constatant que vous approuvez
le projet de règlement et, par conséquent, je n'engagerai pas le
débat sur ce point puisque c'est déjà un
élément qui est acquis chez vous. Tout d'abord, avant de faire
une remarque générale, je voudrais peut-être vous adresser
une question. Pourriez-vous préciser un peu le rôle d'une
directrice ou d'un directeur diocésain d'éducation
chrétienne? Quelle est sa responsabilité exacte? De qui
relève-t-il? Avec qui travaille-t-il? Quelle est son activité par
rapport aux écoles? Je pense que cela pourrait être très
utile que nous ayons une identification plus claire de votre travail.
Mme Jauvin: Le directeur de l'office de d'éducation dans
un diocèse est quelqu'un qui est mandaté directement par
l'évêque pour le représenter dans le diocèse pour
toutes les questions qui concernent l'éducation religieuse dans le
domaine scolaire. Globalement, je pense qu'on peut dire cela. Pour aller plus
vite, je vais reprendre ce que nous avons dit à l'article 4 de notre
mémoire à ce sujet pour rappeler le rôle premier de ce
directeur ou de cette directrice de l'office d'éducation. Donc, il se
préoccupe d'une façon toute particulière, dans son travail
auprès des commissions scolaires établies sur le territoire de
son diocèse, d'une "recherche du sens et des modalités
d'application les plus justes des orientations épiscopales touchant la
vie des écoles reconnues comme catholiques." De même, son
rôle s'exerce au chapitre de "la promotion et de la réalisation
des divers projets de perfectionnement et de ressourcement mis sur pied
à l'intention du
personnel affecté à l'éducation catholique."
C'est encore le directeur ou la directrice de l'office
d'éducation qui voit à la demande, à l'attribution et
à l'évaluation des mandats pastoraux requis pour l'exercice de la
fonction, soit comme animateur de pastorale, soit comme conseiller en
éducation chrétienne dans les différentes écoles
scolaires. II y a aussi un rôle de lien à faire avec les
différentes communautés chrétiennes pour assurer une
collaboration avec les différentes écoles sises sur le territoire
de ces communautés chrétiennes en regard du projet scolaire dans
son ensemble et de la réalisation de certaines activités en
particulier. Je pense que le directeur d'un office d'éducation est aussi
très attentif à se mettre à l'écoute du milieu pour
essayer de découvrir, les besoins de l'école reconnue comme
catholique et les besoins de l'éducation catholique en particulier.
Enfin, je pense que c'est aussi le directeur qui essaie de voir quelles sont
les ressources que l'église pourrait offrir à l'école
reconnue comme catholique pour lui permettre de mieux réaliser son
projet éducatif.
M. Ryan: Étant donné les fonctions que vous
occupez, je voudrais vous poser une question qui peut nous apporter des
informations utiles. D'après vos observations, quelle est la situation
présente de l'animation pastorale dans nos écoles primaires?
Quels sont les besoins de ce côté? Est-ce que le règlement
proposé par le comité catholique permet d'entrevoir des
améliorations?
Mme Jauvin: Je pourrais demander à un de mes
collègues de répondre à cette question quitte à ce
que nous puissions compléter par la suite.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Monsieur?
Mme Jauvin: M. André Vincent. (16 h 15)
M. Vincent (André): En réponse à votre
question, il y a une situation très variée d'un milieu à
l'autre dans le Québec. La situation pourrait se décrire de la
façon suivante: dans certains milieux, l'animation pastorale au niveau
primaire est la visite à l'école qu'effectue le pasteur de la
paroisse, dans certains cas, au besoin, sur demande ou à l'occasion de
temps important de l'année liturgique. Cela part de cette situation pour
aller jusqu'à l'autre bout de l'échiquier où vous avez des
personnels qui sont engagés directement par la commission scolaire pour
s'occuper des activités d'animation pastorale, activités qui sont
décrites dans le projet de règlement. On les trouve de
façon plus spéciale au no 20.
Entre les deux, il y a une multitude de situations. Dans le
détail, évidemment, étant donné la
variété, on ne peut pas aborder cela de façon très
précise en peu de temps, mais cette situation-là est aussi en
mouvement. Cela vient principalement de décisions prises localement, au
niveau des groupes de commissaires, d'accorder une importance à cela ou
d'accorder une importance à d'autres priorités. Cela vient aussi
d'une orientation récente du côté des évêques
du Québec, entre autres, qui ont demandé aux communautés
catholiques de là province de prendre un peu plus complètement en
charge l'initiation des petits enfants aux sacrements de la
réconciliation, de l'eucharistie et de la confirmation. Ceci a
amené une modification dans la pratique de l'animation pastorale.
Là ou cela consistait à la préparation des sacrements,
l'animation pastorale a dû se redéfinir et elle l'a fait avec
l'aide de documents déjà publiés au ministère,
qu'ils viennent du comité catholique pour les grandes orientations ou de
la Direction de l'enseignement catholique pour le détail de ces
choses-là, pour les objectifs, pour le type d'activités propres
à l'animation pastorale. Je ne sais pas si en peu de mots, cela vous
donne un survol.
Il y a la question du financement qui est aussi un élément
important. Là aussi, il y a une grande variété d'un milieu
à l'autre dans le Québec qui va d'une prise de
responsabilité plus grande des paroisses à une prise de
responsabilité plus grande des commissions.
M. Ryan: II y a peut-être un commentaire
général que je voudrais faire. Je remarque qu'à plusieurs
endroits vous formulez des propositions afin de rendre le règlement
encore plus complet. Je me demande si c'est la voie à suivre. Un
règlement ne dit pas tout, un règlement dit un minimum. Autant
que possible, il doit affirmer des choses qui sont susceptibles d'être
mesurées de manière verifiable. Si on allait ajouter certains des
éléments que vous avez suggérés, ce serait
peut-être intéressant, pour le texte, à lire, mais je ne
sais pas si ce serait la place de le faire dans un règlement comme
celui-là. Par exemple, dire qu'un des critères d'une école
catholique, cela va être l'attention prioritaire au climat des relations,
ce n'est pas facile à vérifier, cela, parce que, même
à l'intérieur d'un groupe, il y en a qui trouvent que cela va
mal, il y en a d'autres qui trouvent que cela va bien; cela dépend des
jours, cela dépend de tellement de facteurs. Je ne sais pas si... Moi,
je ne serais pas porté à aller trop loin de ce
côté-là, en toute franchise pour vous autres, mais je
comprends, quand même, l'idée qu'il y a derrière cela.
Dans ce genre de problèmes, il y en a un qui me préoccupe.
Vous dites, à un moment donné: II serait logique que le
directeur d'une école catholique soit de foi catholique. Je pense
que c'est à dessein que le comité catholique n'est pas
allé aussi loin, parce que si on allait écrire cela dans un
règlement, cela voudrait dire, aussi longtemps qu'à peu
près toutes nos écoles sont reconnues comme catholiques, qu'une
personne qui ne serait pas de foi catholique se verrait interdire, à
toutes fins utiles, l'accès à une fonction de directeur
d'école, alors qu'il y en a qui sont très qualifiés. Je
pense qu'on pourrait même aller jusqu'à soutenir que certaines
personnes, sans être de foi catholique, sont peut-être parfois plus
aptes à conduire une école dans un esprit chrétien que
d'autres qui sont baptisées, qui s'affichent catholiques, mais qui n'ont
pas l'esprit. Je ne sais pas si c'est une suggestion à laquelle vous
tenez beaucoup. Avez-vous des moyens à suggérer pour l'appliquer
d'une façon humaine et pratique?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. Cloutier.
M. Cloutier (Bertrand): M. le Président, nous avons voulu
insister surtout, à ce moment-ci, sur le fait de la grande
responsabilité du directeur de l'école par rapport au projet
d'éducation catholique. On remarque qu'il a à intervenir à
bien des niveaux. Il a à intervenir pour l'évaluation. Il a
à intervenir pour la demande de reconnaissance. Il a à intervenir
auprès des agents d'éducation catholique. Nous comprenons
qu'administrativement, il peut être impossible de réaliser cela,
mais nous avons voulu souligner qu'il devait manifester une véritable
compréhension de l'éducation catholique pour bien accomplir sa
fonction.
M. Ryan: Une dernière question. Vous demandez que soit
mieux défini le rôle du conseiller en éducation
chrétienne au niveau de la commission scolaire. Pourriez-vous donner des
précisions sur cela? Pourriez-vous dire ce que vous attendez et un petit
peu donner une idée du genre de rédaction améliorée
que vous souhaiteriez?
Mme Jauvin: Dans une première réaction, nous
n'avons pas ici trouvé place dans le règlement catholique pour
définir le rôle du conseiller en éducation
chrétienne puisque le règlement porte sur les écoles et
non pas sur les commissions scolaires. D'autre part, nous trouvons très
important qu'il y ait pour une commission scolaire un responsable du dossier de
l'éducation chrétienne dans nos milieux. Le rôle de cette
personne nous apparaît primordial pour le vécu quotidien et
concret, disons, dans nos écoles publiques reconnues comme catholiques.
Ce rôle consisterait, à mon sens, à se préoccuper
dans un premier temps du respect du choix que fait l'élève ou le
parent en regard de l'enseignement catholique ou de l'enseignement moral, de
voir qu'au niveau administratif on trouve les moyens de respecter ce choix.
Un deuxième rôle qui m'apparaît très important
pour le conseiller en éducation chrétienne, c'est de voir
à trouver les moyens pour que soit respecté le temps prescrit
pour l'enseignement moral et religieux catholique; que cela ne soit pas
tellement facile de toujours laisser tomber les périodes dévolues
à l'enseignement religieux catholique. Ce serait aussi, dans le contexte
de ce nouveau règlement qui dit que l'animation pastorale doit trouver
du temps au niveau des services éducatifs, faire preuve de
créativité pour concrètement, avec les administrateurs
scolaires, avec les directions d'école, voir comment on pourrait faire
une place et un espace aux activités d'animation pastorale. Je parle ici
particulièrement des difficultés qui sont rencontrées au
primaire. II y a aussi nécessairement, pour l'explicitation d'un projet
éducatif qui intégrerait les valeurs chrétiennes, les
valeurs portées par la religion catholique, un rôle important du
conseiller en éducation chrétienne, ne serait-ce que pour fournir
les dossiers relatifs à cette question, pour alimenter la
réflexion des administrateurs scolaires. Peut-être que mes
collègues pourraient compléter en ce qui concerne le rôle
du conseiller.
M. Ryan: Peut-être que vous me permettrez, M. le
Président, seulement une sous-question pour alimenter votre
complément de réponse. D'après votre observation, le
conseiller en éducation chrétienne actuellement, est-ce une
personne à temps complet ou une personne qui a beaucoup d'autres
fonctions à remplir? Oeuvre-t-elle dans des conditions propices à
un travail efficace?
Mme Jauvin: Je vais parler en faisant référence
à la situation plus particulière que je connaisse dans mon
milieu. Je peux dire qu'aucun des conseillers qui travaillent au diocèse
de Saint-Jérôme n'est à plein temps, ils sont uniquement
sur le dossier de l'enseignement religieux catholique ou de l'animation
pastorale. Ils cumulent d'autres dossiers, très souvent l'enseignement
moral et aussi très souvent le dossier de la formation personnelle et
sociale, quand ce n'est pas aussi des dossiers de géographie, etc., de
sorte qu'ils sont un peu écrasés sous la tâche. Ils ont,
quand même, mathématiquement parlant, souvent peu de temps
à consacrer au dossier qui est prioritaire, celui de l'éducation
catholique.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, Mme Jauvin.
Je reconnais maintenant la députée de Chicoutimi et
porte-parole
officielle de l'Opposition en matière d'éducation. Mme la
députée.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. C'est à mot
de vous souhaiter la bienvenue à la commission parlementaire et de vous
remercier d'avoir accepté de participer aux travaux de cette commission.
La participation d'un nombre accru ou important d'organismes aux débats
qui ont cours autour de cette question m'apparaît d'autant plus
importante que je pense que ce n'est pas un débat qui est simple en soi.
Qu'on se tourne du côté des anglophones, majoritairement, de ce
qu'on prétend être la faction anglophone au Québec, du
côté de la pratique des écoles protestantes et des
écoles catholiques, il y a un monde entre les deux. On a pu le voir tout
à l'heure exposé de façon assez brève et succincte.
C'est une tout autre philosophie.
Je me permettrais, Mme la présidente, de revenir sur quelques
questions de clarification, d'abord. Vous utilisez à plusieurs reprises
dans votre texte les mots suivants: les exigences posées sont des
exigences minimales. Si ces exigences sont minimales, que seraient les
exigences souhaitables? "Que soient maintenues les exigences minimales
d'adhésion à la foi catholique." Cela revient à quelques
reprises. Autrement dit, ma compréhension, ma lecture de votre texte,
c'est que le règlement, c'est un minimum et ce qui serait souhaitable,
c'est qu'on aille plus loin. Est-ce que je me trompe?
Mme Jauvin: Non, je pense qu'effectivement il s'agit là
d'exigences minimales qui tiennent compte, comme nous le soulignions tout
à l'heure, d'une évolution dans la réalité
scalaire, mais qui laissent place à beaucoup plus dans un avenir
souhaitable. Par exemple, si vous me le permettez, M. le Président,
exiger que les enseignants qui dispenseront l'enseignement moral et religieux
et catholique soient de foi catholique, c'est-à-dire soient
baptisés et se déclarent catholiques, cela nous apparaît
minimal.
Mme Blackburn: Qu'est-ce qui vous apparaîtrait
souhaitable?
Mme Jauvin: Ce qui pourrait nous apparaître souhaitable,
c'est qu'en plus ils puissent manifester vraiment qu'iis adhèrent
globalement, disons, aux valeurs chrétiennes, qu'ils soient capables
d'en rendre compte d'une certaine façon. Quand je dis cela, je ne veux
pas dire par une pratique étroite de la religion catholique d'abord et
avant tout. Je veux surtout dire être à l'aise pour parler du
mystère chrétien, être à l'aise pour faire des
références à Jésus-Christ, être capables de
porter un peu à la connaissance des jeunes les principales
réalités du mystère chrétien. Il y a toute une
marge entre cette exigence-là et se dire catholique ou
baptisé.
Mme Blackburn: Prenons un exemple concret. Est-ce qu'on
trouverait acceptable qu'un enseignant qui voudrait dispenser l'enseignement
moral et religieux catholique soit divorcé et remarié? C'est une
façon de témoigner sa foi ou ses divergences.
M. Cloutier: Dans nos écoles québécoises, ce
n'est pas de la catéchèse où le témoignage est
premier, mais on parle de l'enseignement moral et religieux catholique. Bien
sûr, quand il y a un témoignage comme on est en train de le dire,
c'est une plus grande valeur qui s'ajoute à cet enseignement. Mais je
pense qu'on ne peut pas l'exiger de tout le monde. Il y a des personnes qui
sont peut-être en situation matrimoniale irrégulière quant
à l'Église catholique et qui peuvent très bien accomplir
cette tâche d'être professeurs d'enseignement religieux.
Maintenant, si vous demandez quel est l'idéal, on vous dirait que
ça serait des personnes qui puissent témoigner de leur vie. Nous
sommes conscients que, dans un système public, commun, ouvert, cela ne
peut pas toujours se réaliser.
Mme Blackburn: Bien. Vous parlez d'un système public et
ouvert et votre volonté, c'est de le rendre encore plus exigeant, je ne
dirais pas fermé, mais je dois dire que ça finit par ressembler
à cela. J'aurais le goût de vous demander une réaction
à la suite de commentaires de la présidente du comité
catholique ce matin qui, à une question du ministre, répondait
que, si on avait voulu resserrer le règlement, le rendre plus exigeant,
c'était peut-être une façon - et je reprends ses termes -
"de hâter la venue d'écoles autres". (16 h 30)
Est-ce que votre action se situe dans cette perspective? Autrement dit,
la difficulté de vivre à la fois l'école catholique et
l'école qui donne des choix, des options semble si grande qu'il faut que
le projet l'imprègne nettement, de manière que ceux qui sont
dissidents, qui ne le partagent pas ou qui veulent avoir des exemptions se
retrouvent dans une autre école.
Mme Jauvin: La compréhension que nous avons de l'esprit du
règlement, c'est qu'il ne veut pas faire la promotion rigoureuse de
l'école autre. Tel que je le comprends, en tout cas, tel que nous avons
ici, à notre assemblée, tenté de le comprendre, c'est un
règlement qui veut situer dans une plus grande vérité et
authenticité l'école publique qui se déclare catholique.
Que cette exigence de vérité amène dans les faits, en
tenant compte du
pluralisme de plus en plus grand dans notre société, un
moins grand nombre d'écoles publiques reconnues comme catholiques, je
pense, dans une vision réaliste, qu'il faut regarder cette
éventualité. Je pense que ce n'est pas voulu par l'esprit
même du règlement.
Mme Blackburn: Vous insistez beaucoup sur la
nécessité que le le projet éducatif d'une école
reconnue comme catholique s'imprègne bien de toute cette philosophie et
de la pensée catholique. Peut-on décemment voir un projet
pédagogique, un projet d'école, qui s'inspire des valeurs du
catholicisme et en même temps qui respecte le pluralisme?
Qu'est-ce que s'afficher comme catholique peut vouloir dire pour vous?
Que le directeur d'école soit aussi catholique. Qu'est-ce que cela peut
vouloir dire pour quelqu'un qui, par exemple, choisit l'enseignement moral pour
avoir un enseignement plus neutre et moins inspiré de la pensée
catholique? Est-ce possible? On parle ici d'un réseau public et c'est le
seul qu'on a au Québec. Il est public catholique ou public protestant,
au moment où on se parle. On sait bien que, dans les faits, en dehors de
Montréal et Québec, on dit que ce sont des commissions scolaires
linguistiques. Ce n'est pas aussi vrai que cela vous le savez aussi bien que
moi. Je pense bien que c'est utile d'essayer de faire semblant que cela existe,
cela n'existe pas. Quand on parle actuellement de réseau public au
Québec, il est catholique ou protestant. Dans cette perspective, dans
cette situation, que veut dire le choix et le respect de cette
différence, de ce choix, le respect de cette pluralité?
Vous me dites qu'il faudra envisager tantôt, dans un avenir plus
ou moins prochain, qu'il y aura moins d'écoles catholiques. Elles seront
authentiques, mais on ne sera pas obligé d'y intégrer ceux qui
font d'autres choix, ils se retrouveront ailleurs et pourront recevoir un
enseignement ailleurs. Ceux qui ne choisiront pas l'enseignement catholique
devront s'en aller ailleurs où on ne donne pas d'enseignement
catholique. Ce serait normal. Je dois vous dire que le projet qui est
présenté - je l'ai dit ce matin - m'apparaît prometteur
d'une école très axée sur les valeurs de l'Église.
Je trouve cela bien, pour autant qu'on puisse avoir un autre réseau.
Est-ce un de vos voeux?
Je sais que le temps va passer vite, le temps va me manquer à un
moment donné, j'aurais trois questions au sujet de la reconnaissance de
l'école. On parle de la consultation pour déclarer une
école confessionnelle. On parle ici de consultation des parents, ce qui
est, je pense, une amélioration indéniable qui a
été apportée par les modifications au règlement du
comité catholique. Quel est, selon vous, le pourcentage souhaitable de
participants à cette consultation? Peut-on se contenter d'avoir
l'équivalent de participation qu'on a actuellement pour
l'élection des commissaires? Est-ce que le fait de renforcer votre
règlement n'aura pas comme effet de renforcer également les
oppositions? En parlant d'activités pastorales, vous dites les
activités pastorales vont être enfin à la grille-horaire.
Quels cours devrions-nous remplacer et comment envisagez-vous les modifications
au régime pédagogique du primaire pour tenir compte de l'ajout
d'activités touchant l'animation pastorale?
Mme Jauvin: M. le Président, si vous me le permettez, dans
un premier temps, je voudrais apporter une petite précision pour lever
une ambiguïté. Comme nous posons ici, comme appui au
règlement du comité catholique, les exigences de
vérité et d'authenticité pour qu'une école publique
réponde davantage à ce qu'est une école catholique, je
trouve important de signifier ici que c'est une école qui demeure
ouverte. Et ceci tient, justement, au caractère catholique de cette
école qui se veut, d'abord et avant tout, très respectueuse des
autres confessions et des autres personnes qui fréquenteraient cette
école. Je pense que les valeurs portées par la religion
catholique, la religion chrétienne, sont des valeurs de respect,
d'accueil et de tolérance qui sont très compatibles avec un
projet qui intègre ces valeurs, un projet d'une école qui soit
publique.
Ceci paraît le premier niveau disons d'exigences d'un projet
éducatif d'une école publique dite catholique. Viendra un second
niveau, plus exigeant, qui s'exprimera en termes de propositions explicites du
mystère chrétien et de la personne de Jésus-Christ,
À ce chapitre, nous prenons les mesures pour respecter les confessions
autres que catholique en appuyant très fortement l'option, qui est
possible pour ces élèves, d'un cours qui ne soit pas un cours
d'enseignement religieux catholique, mais un cours d'enseignement moral.
Voilà la précision que je voulais apporter pour lever un
peu l'ambiguïté et je laisserai mon collègue, M. Cloutier,
compléter la réponse à votre question touchant la
conciliation d'une école catholique publique.
M. Cloutier: On peut faire des thèses sur le lien entre
les valeurs chrétiennes et les valeurs humaines. Certains le font. On
peut simplement, aujourd'hui, indiquer que les valeurs chrétiennes
supposent des valeurs humaines au départ, par exemple, la
capacité d'accueil des étrangers ou des gens qui sont
différents. C'est souvent une partie importante d'un projet
éducatif. Dans des
écoles vraiment catholiques, ce devrait être très
important cette ouverture aux autres et notre travail nous a amenés
à être témoins de situations semblables où le projet
éducatif d'une école d'inspiration chrétienne va favoriser
l'intégration des minorités visibles, des Amérindiens, par
exemple ou va favoriser l'insertion ou l'intégration de personnes
handicapées ou en difficulté» Ce n'est pas du tout
contradictoire, les valeurs qui sont proposées par notre
société et les valeurs qui sont proposées par
l'Église catholique II y a une connivence très grande entre les
deux, si ce n'est que, pour un catholique, il y a cette inspiration qui vient
de Jésus-Christ et cette énergie, ce courage de vivre ses
valeurs.
Je . voudrais aussi réagir, M. le Président, à une
question de Mme la députée de Chicoutimi au sujet du processus
démocratique de reconnaissance dont il est question dans le projet de
règlement à l'article 2. Nous sommes très heureux qu'il y
ait une participation démocratique prévue par ce projet de
règlement. Je voudrais simplement rappeler un fait qui a existé
au diocèse de Trois-Rivières, à
Trois-Rivières-Ouest exactement, où, il y a quelques
années, il a été question de la reconnaissance comme
catholique d'une école nouvelle, récemment construite, dans un
milieu urbain où il y a beaucoup de jeunes familles. Il y a eu un peu de
tapage autour de cela. Il y a eu une consultation où 60 % des parents
ont pu s'exprimer et au-delà de 85 % des personnes qui se sont
exprimées ont manifesté de l'intérêt pour
l'école catholique, ont demandé l'école catholique et,
comme cela se situe dans une paroisse très bien identifiable, nous
savons que la pratique religieuse dans ce coin-là est entre 10 % et 15
%. Donc, pour réagir à un commentaire de ce matin, il ne faut pas
du tout relier l'intérêt pour l'école catholique avec la
pratique religieuse. Ce sont deux réalités tout à fait
différentes.
Je pourrais peut-être demander à un de mes collègues
d'intervenir sur la question de la pastorale à la grille-horaire.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme Mayrand.
Mme Mayrand (Micheline): M. le Président, je voudrais
d'abord réagir sur la question de l'option dont on a fait mention tout
à l'heure. Oepuis 1983, on sait bien que le comité catholique a
demandé qu'il y ait un choix véritable pour l'enseignement moral
et religieux catholique et l'enseignement moral parce que, avant,
c'était une exemption que les parents devaient demander pour les enfants
pour ne pas avoir les cours d'enseignement moral et religieux. Il nous
apparaît que cela a été un progrès réel pour
respecter la liberté des personnes et pour ne pas, non plus, être
discriminatoire. Tout le monde a à faire ce choix entre l'enseigne- ment
moral et religieux catholique et l'enseignement moral chaque année.
Aussi, en ce qui regarde les enseignants qui ont à demander l'exemption,
on sait très bien que, dans une perspective d'authenticité et de
vérité, les enseignants devraient être capables de demander
une exemption à l'enseignement moral et religieux catholique s'ils ne se
sentent pas capables de donner cet enseignement, pour respecter leur
liberté de conscience. Je pense qu'il y a encore des progrès
à faire pour que les enseignants puissent se prévaloir de ce
droit.
Maintenant, en ce qui concerne l'animation pastorale, il est
proposé que ce soit à l'intérieur de la grille-horaire,
à l'intérieur des services éducatifs. Cela ne veut pas du
tout dire que ce sera un cours d'enseignement comme toutes les autres
matières scolaires. Cela veut dire que l'animation pastorale telle
qu'elle est proposée, ce sont des activités de pratique
évangélique. Ce n'est pas un cours. Ce n'est pas quelque chose
qui va être évalué de la même façon qu'un
autre cours. Cela ne doit pas remplacer les cours qui sont proposés
à l'intérieur du régime pédagogique. Alors, c'est
à l'intérieur de cette grille-horaire. Il peut y avoir des
activités d'animation pastorale qui sont à l'intérieur, au
moment d'un cours. Il peut y en avoir qui sont à l'extérieur d'un
cours, à la période du dîner ou après la classe.
Cela fait aussi partie de l'animation pastorale d'une façon globale.
Mais on propose que ce soit à l'intérieur des services
éducatifs. II y a du temps prévu pour les services
éducatifs à l'école qui ne fait pas partie de la formation
académique de l'enfant. Je ne sais pas si cela répond.
Mme Blackburn: Mon inquiétude vient du fait que, à
l'article 4 il est dit: "L'école publique reconnue comme catholique
intègre les croyances et les valeurs de la religion catholique dans son
projet éducatif et elle s'affiche comme telle." Comment peut-on avoir de
telles exigences et respecter les libertés individuelles de ceux qui
sont d'autres confessionnalités? À mon avis, c'est inextricable.
Je ne pense pas que c'est demain la veille qu'on va trouver une solution
équitable à ces situations, car on se trouve - je le rappelle -
dans un système public, où vous n'avez pas le choix de
l'école. À Montréal, de plus en plus, ils font le choix de
l'école. Plutôt que d'avoir ce type d'enseignement, ce type
d'encadrement, un projet très collé à la morale
catholique, ils vont dans une école plus ouverte qui est protestante. Il
ne faut pas se cacher les choses ici. Je pense qu'on est tous conscients de
cela.
Maintenant, je me demandais - et cette préoccupation, pour moi,
n'est pas nouvelle -jusqu'à quel point l'Église catholique,
confortée par les privilèges qu'on lui a
reconnus, pour des raisons qui se justifient et qui s'expliquent
parfaitement dans l'histoire et dans le temps, cette Église qui se
laisse conforter pour ne pas dire porter par l'école, n'est pas plus
menacée si vous me dites - et je trouvais que cela vient confirmer mes
appréhensions là-dessus -: On demande que l'école remplace
l'enseignement que la maison ou la famille ne donnent plus. On me dit que la
pratique, dans la grande région de Montréal est de 13 %; dans la
région de Québec, elle est de 25 % et 80 %, me dites-vous, dans
la région de Trois-Rivières, demandent que ce soit une
école catholique alors qu'on ne pratique plus. (16 h 45)
Dans les textes du comité catholique et ils sont clairs
là-dessus, on dit qu'il est important qu'on mette l'enfant en contact
avec sa foi - j'ai cependant beaucoup de difficulté à comprendre
"foi" dans ce sens-là - à l'école puisqu'il n'a jamais
été mis en contact avec cet enseignement dans la famille. Alors
je ne vous dis pas que c'est simple, mais exclusivement sous cet aspect,
jusqu'à quel point ce ne serait pas beaucoup plus dynamisant et le
défi ne serait pas beaucoup plus grand si l'on ne cherchait pas à
faire faire par l'école ce que la famille et souvent la
communauté catholique ne réussissent plus à faire?
M. Le Président
(M. Parent, Sauvé): M.
Vincent.
M. Vincent: M. le Président, je pense que, dans le cas de
la question de Mme la députée, l'un n'exclut pas l'autre dans le
sens que, depuis quelques années, surtout avec les orientations des
évêques du Québec mettant au premier plan la prise de
responsabilité familiale et communautaire, entre autres, dans
l'initiation des petits enfants aux sacrements, il faut remarquer qu'il y a eu
une volonté clairement exprimée de la part de l'Église,
par la bouche des évêques, de prendre en main ce que vous dites.
Mais, en même temps, notre foi, si je puis dire, au sens de confiance ou
notre vision des choses est que l'école n'est pas que le reflet de la
société; elle est aussi un projet. Dans ce sens-là, autant
elle a à s'inspirer de la vérité de la situation, de la
volonté des parents, autant elle a à s'inspirer du respect de
l'individu et des racines qu'elle a, de toute sa continuité,
historiquement. Elle a à trouver, dans cet ensemble de facteurs, une
espèce de viabilité. Notre réflexion, qui s'est
portée sur le projet de règlement, s'est articulée autour
de ces facteurs.
Dans ce sens, les questions que vous posez, nous les portons aussi, mais
nous exprimons notre conviction que l'un n'exclut pas l'autre, ainsi que je
vous le disais au début. Éliminer d'un milieu ce qui, depuis
longtemps, a été une préoccupation portée par ce
milieu - je veux dire, le milieu des écoles - n'est pas
nécessairement une solution, si dynamique fût-elle, qui fait que
l'accent du côté des parents sera promu davantage. Alors, notre
conviction est que le travail est à faire sur les deux plans. C'est dans
ce cadre que nous avons présenté notre réflexion.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M.
Cloutier.
M. Cloutier: Je crois que l'article 4 du projet de
règlement pose une question. Je voudrais seulement rappeler que
ça s'inspire drôlement du texte des préambules du
règlement de 1974, les préambules qui, malheureusement, ne
semblent pas se retrouver dans le projet actuel, et que cette identification
bien évidente de l'école comme catholique a permis,
jusqu'à présent, dans l'ensemble des situations, de respecter les
minorités à la fois étudiantes et du personnel. Il ne
faudrait pas voir, dans l'article 4, un désir d'inspiration sectaire
d'éliminer et d'encadrer absolument. Il y a de la souplesse dans
cela.
Il y a peut-être cette vision du catholicisme qu'on a eue, de
quelque chose d'absolument radical, mais qui est dépassée
actuellement. Je connais bien des intervenants en éducation
chrétienne qui ont fait des démarches dans leur école,
dans leur polyvalente, par exemple, pour que le régime d'options soit
véritablement respecté et que l'enseignement moral soit de
qualité. Sauvent, des animateurs de pastorale vont intervenir, proposer
des activités afin de favoriser l'intégration de jeunes d'autres
origines, d'autre langue ou d'autre foi. On voit des activités de toutes
sortes comme cela. Donc, l'article 4 n'est pas absolument catégorique et
ne vise pas à éliminer tous ceux qui ne penseraient pas de la
même façon.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, monsieur.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions du côté
ministériel? Je reconnais la députée de Chicoutimi pour
une courte conclusion.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Comme vous le
voyez, c'est un sujet qui n'est pas simple, qui est certainement très
complexe. M. Cloutier nous rappelle, justement, qu'effectivement, dans le
préambule du projet de règlement de 1974, c'était
déjà presque prévu, sauf qu'on a aussi trouvé qu'il
n'allait pas assez loin, le projet de règlement de 1974, et on est en
train, ici, de le renforcer, de le rendre, pour utiliser l'expression des
administrateurs scolaires, tatillon et difficilement applicable. Il y a comme
un double discours d'ouverture, de
tolérance et d'intolérance vis-à-vis de ceux qui se
distinguent un peu dans votre projet éducatif. C'est un peu ce que je
retiens de cette volonté d'aller plus loin que ne va le
comité catholique dans la proposition qui a été rendue
publique.
Je voudrais quand même vous dire que j'ai apprécié
l'échange de vues qu'on a eu et vous remercier à nouveau de votre
participation aux travaux de cette commission.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci! M. le
ministre de l'Éducation.
M. Ryan: Je ne sais pas, je suis un petit peu perplexe devant les
paroles que je viens d'entendre. Il me semble que, si aller vers plus de
vérité vis-à-vis de soi-même, c'est aller vers une
plus grande intolérance, il ne restera pas beaucoup de place pour une
existence intéressante.
Mme Blackburn: Avec sa vérité, on est
"préjugé" aussi.
M. Ryan: Non, je ne crois pas que ce soit le cas. Je ne pense pas
qu'on puisse demander à une communauté de refuser de se
définir elle-même clairement sous prétexte que c'est de
nature à déplaire à d'autres. U y a moyen de le faire. Je
pense que c'est l'essence même de la vie démocratique de se
définir, que chaque famille se définisse franchement et
explicitement, tout en reconnaissant le droit à d'autres familles de se
définir différemment. Là, il va rester à faire la
preuve, si vraiment on veut faire oeuvre utile, que certaines dispositions du
projet de règlement vont dans un sens contraire à une saine
"convivance" de personnes d'adhésions religieuses qui peuvent être
différentes ou de valeurs morales qui peuvent avoir des sources
différentes, mais, jusqu'à maintenant, je ne pense pas qu'on soit
même au seuil d'un début de preuve.
En particulier, à l'article 4 au sujet duquel la
députée de Chicoutimi s'inquiète, je lui ai
expliqué clairement, à midi, qu'il n'y a pas de problème
là, à mon point de vue. Je crois que, si on l'interprète
d'une manière littérale en prenant "intègre" comme si cela
voulait dire qu'il y a seulement cela et pas autre chose, que cela passe avant
tout, ce n'est pas l'esprit de cela du tout. On pourrait donner plusieurs
exemples, mais je ne veux pas prolonger la discussion pour rien. Il me semble
qu'on peut intégrer dans un projet éducatif les croyances et les
valeurs de la religion catholique suivant des modalités infiniment
variées qui répondront à la réalité propre
de chaque milieu, au stade évolutif de chaque école. Il pourra
même arriver une année que, dans le projet éducatif, il n'y
ait aucune mention explicite, mais que ce soit prégnant dans l'ensemble
du projet, dans la trajectoire de cette institution-là.
Si le comité catholique avait dit: Nous autres, on veut exercer
un droit de veto sur chaque projet éducatif pour s'assurer que ce soit
rigidement conforme à la doctrine, là, je serais moi-même
inquiet, je dirais: Cela n'a pas de sens, on ne veut pas créer une
grosse affaire de contrôle encore une fois comme on l'a fait dans
d'autres domaines, dans celui de la langue, par exemple, où on a des
bureaucraties formidables pour surveiller des détails. On ne veut pas
cela dans le domaine religieux, pour rien au monde. Ce n'est pas cela qui est
dans l'article 4 et, si on fait la preuve que c'est cela, je suis prêt
à ouvrir mon esprit et à dire: Attendez, le comité
catholique et on va faire attention. Jusqu'à nouvel ordre, le fardeau de
la preuve repose sur ceux qui posent ces questions-là, puis je ne trouve
pas d'indication de cela dans le texte que j'ai sous les yeux.
Je vous remercie beaucoup, je vous ai fait part de ma réserve
quant à des additifs qui pourraient donner lieu à des
difficultés quand on traite d'un règlement. Par ailleurs, il y a
d'autres propositions dans votre intervention. Vous demandez qu'on ait des
ajouts de nature explicative pour permettre de mieux comprendre la
portée de certaines dispositions du projet de règlement. Je pense
bien que le comité catholique verra à examiner de très
près ces choses-là et la Direction de l'enseignement catholique
du ministère de l'Éducation verra également à
examiner ces propositions pour explorer la meilleure façon d'y donner
suite dans l'esprit du règlement.
Je vous remercie beaucoup. Cela a été très utile de
vous rencontrer et si vous aviez un complément d'information ou
d'intervention à nous communiquer concernant des articles qui traitent
du rôle du conseiller en éducation chrétienne, cela
pourrait être une contribution très appréciée parce
qu'il me semble qu'on ne peut pas vider des points aussi importants en l'espace
de quelques minutes de discussions, mais on recevra avec intérêt
tes choses que vous aurez à nous communiquer là-dessus.
Je vous remercie beaucoup.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme Jauvin, Mme
Mayrand, M. Vincent, M. Cloutier, merci beaucoup!
On suspend les travaux pour quelques minutes. Nous entendrons, à
17 heures, le Mouvement pour une école moderne et ouverte.
(Suspension de la séance à 16 h 56)
(Reprise à 17 h 3)
Mouvement pour une école moderne et ouverte
Le Président (M. Parent, Sauvé): Les
travaux vont débuter immédiatement et je souhaite, au nom
des membres de cette commission, la plus cordiale des bienvenues au Mouvement
pour une école moderne et ouverte. Le Mouvement pour une école
moderne et ouverte est représenté par Mme Marie-France Cloutier,
qui en est la présidente, par Mme Monique Mus-Plourde, membre du
comité du programme et candidate aux élections scolaires dans le
quartier 17 à Montréal, et par M. Kenneth George, aussi membre du
comité du programme et candidat aux élections scolaires du
quartier 14. Alors, je vous souhaite la bienvenue. Je veux aussi vous remercier
au nom des membres de cette commission d'avoir accepté l'invitation de
venir nous faire connaître votre perception et votre pensée face
au projet de règlement que nous avons la responsabilité
d'étudier. Je veux que vous vous sentiez bien à votre aise. C'est
la commission qui vous doit quelque chose. Ce n'est pas vous qui devez quelque
chose à la commission. On vous doit nos remerciements encore une fois et
toute notre gratitude d'avoir bien voulu venir nous rencontrer.
La commission a prévu une heure pour vous rencontrer. Nous vous
suggérons de présenter votre mémoire dans à peu
près quinze minutes de façon à avoir la chance
d'échanger avec les membres du côté ministériel et
les membres du côté de l'Opposition. Au bout de 50 minutes, je
donnerai la parole - 50-52 minutes, on ne coupera pas ça à la
hache - aux membres de l'Opposition officielle pour le mot de la fin et je
ferai de même avec le ministre. Alors, Mme la présidente,
messieurs les membres de la commission, je vous invite à prendre place
et nous vous écoutons, madame.
Mme Cloutier (Marie-France): M. le Président, je vous
remercie beaucoup. Avant de commencer, j'aimerais d'abord annoncer à la
commission que la dernière page du mémoire a été
corrigée et que les copies sont disponibles auprès de la
secrétaire en arrière, ici. La dernière page est
remplacée par deux pages nouvelles. Il est possible de les distribuer,
je pense. Oui?
Le Président (M, Parent, Sauvé): D'accord.
Mme Cloutier: L'autre remarque que j'aimerais faire avant de
débuter, c'est que les trois personnes ici présentes
représentant le MEMO sont d'abord toutes les trois des parents. Les
enfants de Mme Mus-Plourde ont été, du temps où ils
étaient à l'école, en catéchèse. Deux des
trois enfants de M. George sont à l'école publique, à
l'heure actuelle, et vont au cours d'enseignement religieux, et j'ai trois
enfants à l'école publique qui vont en enseignement moral. Juste
pour vous dire qu'on a l'idée d'un peu tout le monde.
Alors, M. le Président, M. le ministre, mesdames, messieurs les
députés, le Mouvement pour une école moderne et ouverte
(MEMO), est un regroupement de personnes désireuses de susciter un
changement dans la situation scolaire à Montréal. Notre mouvement
s'est précisément constitué en vue des élections
scolaires à la CECM.
Malgré le pluralisme ethnique, culturel et religieux de plus en
plus manifeste à Montréal, nous devons constater que les
structures scolaires n'ont pas su s'adapter pour répondre
adéquatement aux nouveaux défis que cela pose. L'article 93 de
l'Acte de l'Amérique du Nord britannique impose, en effet, à la
population de la métropole un modèle unique des écoles
catholiques sur tout le territoire de la CECM.
De plus, notre commission scolaire est contrôlée depuis
trop longtemps par les membres du mouvement scolaire confessionnel qui ont
réussi à bloquer ou à freiner toute possibilité
d'ouverture et d'adaptation de l'école à la réalité
sociale d'aujourd'hui. C'est dans ce contexte que nous avons
développé notre analyse du projet de règlement du
comité catholique, c'est-à-dire en tenant compte de la dynamique
sociale à Montréal et des contraintes institutionnelles et
politiques existantes.
Nos principes de base au plan des structures scolaires. Sur 1»
question de la confessionnalité, le MEMO joint sa voix à tous
ceux qui réclament au Québec l'instauration de commissions
scolaires linguistiques en remplacement des commissions scolaires
confessionnelles. Cette nécessité n'est plus à
démontrer et c'est d'ailleurs l'avenue préconisée
jusqu'à maintenant par le gouvernement. Le MEMO s'engage d'ailleurs
à appuyer le gouvernement dans ses efforts pour en arriver à une
telle situation.
En ce qui a trait à l'école, nous reconnaissons le droit
des parents d'exiger pour leurs enfants un cours d'enseignement religieux ou un
cours de formation morale laïque. Ces cours devraient faire l'objet d'un
libre choix authentique, sans les contraintes que l'on constate encore dans les
faits, contraintes d'ordre organisationnel ou administratif.
En corollaire de cette reconnaissance, il nous semble que le projet
éducatif de l'école devrait prendre en compte la pluralité
des convictions et la diversité culturelle présentes dans
l'institution.
Par ailleurs, si nous croyons que l'enseignement religieux doit
être de haute qualité, si nous comprenons que l'enseignement
religieux doit avoir une extension à l'extérieur de ce qui se vit
et se dit en classe, nous ne croyons cependant pas qu'il faille
reconnaître une préséance d'office aux questions relatives
à l'enseignement religieux
catholique dans la liste des besoins de l'école, nous ne croyons
pas que la nécessité du témoignage catholique doive donner
le ton à l'ensemble des apprentissages ainsi qu'à l'organisation
et à la vie de l'école. C'est à partir de ces principes
que nous formulons notre jugement sur le projet de règlement soumis
à notre attention.
Une démarche prématurée aux assises incertaines.
Nous avons assisté, ces dernières années, à une
certaine évolution au sein de l'Église catholique en ce qui
concerne sa façon d'assumer son rôle pastoral. Cette
évolution s'est manifestée, entre autres, par le retrait de la
préparation sacramentelle des programmes de catéchèse
scolaire; désormais, cette préparation n'incombe plus aux
titulaires de classe, mais aux responsables paroissiaux appuyés par les
parents. L'esprit de cette réforme qui rapatrie
l'évangélisation vers les paroisses nous paraît en harmonie
avec l'évolution des mentalités et des moeurs de la population
québécoise et montréalaise en particulier. Cette
population n'est plus monolithique sur le plan des valeurs et des convictions
et l'Église catholique n'est plus son seul pôle de
référence.
De plus, à Montréal surtout, l'immigration a
considérablement modifié le tissu urbain à un point tel
que, dans quelques années, un élève sur deux de la CECM
sera d'origine ethnique, d'autre origine que québécoise de
vieille souche. Cette immigration ajoute au pluralisme des valeurs
déjà manifeste chez les Québécois francophones.
Dans ce contexte, il faut reconnaître les risques de non-pertinence
sociale que peut représenter tout projet de règlement du type de
celui qui nous est soumis et force nous est de reconnaître que le
règlement proposé est très risqué à
Montréal.
Certes, l'esprit du règlement catholique s'inscrit en partie dans
le sens de l'évolution sociale à Montréal. Ainsi, le
règlement reconnaît à l'élève le droit de
choisir entre un cours d'enseignement moral et catholique et un cours
d'enseignement moral sans référence à une confession
particulière. Il n'exige plus que l'ensemble des membres du personnel
d'une institution soit de foi catholique, mais là s'arrête
l'évolution.
Les articles 2 et 4 donnent le ton à l'ensemble du
règlement en stipulant que l'école publique reconnue catholique
intègre les croyances et les valeurs de la religion catholique dans son
projet éducatif. Le comité catholique reconnaît donc que
son projet de règlement ne trouve sa cohérence que dans le
contexte où le caractère confessionnel d'une école
résulte essentiellement d'une adhésion réfléchie et
volontaire de l'ensemble des parents de l'institution. Or, jusqu'à
preuve du contraire, cette condition de base ne peut exister à la CECM.
Que l'on se souvienne des cas de Notre-Dame-des-
Neiges ou de la loi 3.
Les conséquences de ce projet de règlement nous paraissent
d'autant plus dangereuses que nous avons vu avec quelle étroitesse
d'esprit les commissaires du Mouvement scolaire confessionnel s'acquittent de
leur mission de défendre les croyances et les valeurs de la religion
catholique. Interprété par eux, le projet éducatif
confessionnel risque fort dans la pratique de s'avérer éminemment
discriminatoire pour ceux qui ne professent pas la foi catholique. Son aspect
englobant ne laissera que peu de place pour l'expression des convictions autres
et il est à parier que des tracasseries de toutes sortes finiront par
annuler purement et simplement le droit à la libéré de
conscience et au libre choix entre l'enseignement religieux et la formation
morale. On assistera plus que jamais à des tentatives de
récupération à l'endroit des non-catholiques. Citons,
à titre d'exemple, le cas réel d'une école où une
campagne d'appui au tiers monde à laquelle tous les étudiants ont
participé a été couronnée par la
célébration d'une messe pour les catholiques. Rien
d'équivalent n'avait été prévu pour les
non-catholiques qui n'ont pu alors que se sentir en marge d'un projet de leur
école. Des situations comme celles-là ne sont ni rares ni
exceptionnelles et elles entraînent de nombreuses conséquences
dont, entre autres, une amplification du mouvement d'exode de la
clientèle française vers les écoles du CEPGM.
Outre l'adhésion des principaux intéressés,
c'est-à-dire les parents et les élèves, la réussite
d'un projet éducatif confessionnel dépend également des
convictions du personnel enseignant. Or, nous ne savons rien des dispositions
réelles des enseignants à cet égard. Il nous faut
reconnaître qu'une donnée très importante manque au
débat. On se leurre si on veut faire reposer la qualité du
témoignage chrétien sur un texte de loi. Pour être
authentique et sincère, un tel projet éducatif demande une
adhésion volontaire de tous. Ce n'est pas le cas actuellement, la
confessionnalité étant imposée à toutes les
écoles de la CECM.
Dans ce contexte, nous devons lancer un appel à l'Église
catholique du Québec, en particulier à l'Eglise de
Montréal pour qu'elle dépasse les textes juridiques et manifeste
publiquement, politiquement et dans le quotidien une très grande
ouverture, de la disponibilité et de la tolérance face à
ceux qui ne sont pas membres de l'Église ou ne veulent plus assumer leur
baptême.
Le témoignage chrétien, tout témoignage suppose
d'abord une capacité d'accueil et d'écoute. Nous osons croire que
l'Église catholique de Montréal insistera sur la
nécessité de servir la communauté entière
plutôt que de se soumettre à des obligations
légales de plus en plus dépassées.
Les amendements suggérés. Nous avons toujours espoir qu'un
amendement à l'article 93 de l'Acte de l'Amérique du Nord
britannique accordera enfin aux parents de la CECM le droit de se poser la
question de savoir s'ils veulent ou non une école catholique pour leurs
enfants. Entre-temps, il faut travailler à l'intérieur des lois
existantes et, dans ce contexte, nous voulons commenter d'autres articles du
projet de règlement.
L'article 2. Tel que formulé, l'article 2 crée une
dichotomie entre les parents et le comité d'école. Il nous
semblerait plus pertinent de fondre les paragraphes 1 et 2 de sorte que la
consultation des parents se fasse en collaboration avec le comité
d'école.
L'article 3. La reconnaissance d'une école catholique pourrait
avoir un caractère provisoire. Il n'est pas souhaitable qu'une telle
reconnaissance soit un acquis permanent. Une période de trois ans au
terme de laquelle le statut serait réévalué serait de
mise. Le règlement devrait aussi prévoir la possibilité de
révocation de cette reconnaissance confessionnelle.
L'article 9. Cet article comporte certaines ambiguïtés qu'il
conviendrait de clarifier. Le choix exercé par les parents implique-t-il
l'accord des deux parents? Qu'advient-il dans le cas de la garde
partagée? Quelques précisions seraient nécessaires ou, si
on ne croit pas réglementer ces choses, il conviendrait alors de retenir
la formule adoptée dans le règlement sur l'école
protestante.
Les articles 10, 11 et 12. Les pouvoirs du comité catholique
devraient être restreints au programme d'enseignement religieux
catholique. Il conviendrait donc de lui retirer toute responsabilité de
réglementation concernant le cours de formation morale. Cela assurerait
l'entière autonomie de la formation morale et un partage net des
responsabilités institutionnelles serait ainsi établi. (17 h
15)
L'article 13. Cet article est en contradiction avec la conception
québécoise de la formation fondamentale. Comment peut-on
considérer la formation morale ou religieuse comme fondamentale et en
exempter tout un secteur de l'école? On doit reconnaître aux
élèves du secteur professionnel les mêmes droits que ceux
que l'on reconnaît aux autres et leur permettre l'accès à
la même formation fondamentale. Les contraintes de la grille horaire ne
sauraient être une raison suffisante pour y déroger.
L'article 15. Il nous semble que, si l'on recherche la qualité de
l'enseignement, on doit vérifier l'atteinte des objectifs dans toutes
les écoles où se donne l'enseignement religieux catholique et pas
seulement dans les seules écoles reconnues comme catholiques.
L'article 16.3. Cet article est un recul par rapport au règlement
actuel où le droit de l'enseignant d'être exempté de
l'enseignement religieux pour motif de liberté de conscience est
explicitement reconnu. En le formulant par la négative, on crée
une équivoque qui risque, dans la pratique, de nier ce droit. Si le
comité catholique veut véritablement faire la
vérité, il devrait plutôt établir un régime
de libre choix pour les enseignants.
Article 18. Le programme d'enseignement religieux catholique devrait
comporter un volet sur la dimension culturelle des autres religions comme cela
existe dans le programme de formation morale. Le pluralisme actuel nous oblige
à cette ouverture et cela n'est pas incompatible avec les objectifs de
la catéchèse.
Articles 25 et 26. L'obligation qui incombe à l'école de
prévoir des budgets et des locaux pour la pastorale nous semble prendre
une importance démesurée par rapport à d'autres besoins
beaucoup plus vitaux. Certaines écoles manquent d'espace pour une
bibliothèque ou une salle des professeurs. L'utilisation rationnelle des
locaux et des fonds nous empêche d'accepter le caractère
impératif de ces articles. De plus, puisque le ministère de
l'Éducation du Québec accepte de financer la pastorale catholique
au niveau secondaire, nous considérons qu'en toute justice il devrait
également prévoir des budgets pour un service d'animation
s'adressant aux non-catholiques.
En conclusion, le projet de règlement pourrait avoir un certain
sens s'il prenait place dans le contexte de l'application de la loi 3 sur la
restructuration scolaire. Cette loi établissait des commissions
scolaires linguistiques et n'accordait de reconnaissance confessionnelle aux
écoles que sur demande.
En dehors de ce contexte et tel que rédigé, le projet de
règlement nous apparaît non pas comme une solution à un
problème, mais comme une source de problèmes nombreux. Tant que
ne sera pas dénoué l'imbroglio juridico-constitutionnel qui
bloque la restructuration scolaire sur le territoire de la CECM, la mise en
place de mesures comme celles proposées continuera de provoquer
d'inutiles tensions et de mobiliser des énergies qui devraient
être investies ailleurs. Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci beaucoup,
Mme la présidente. Je reconnais maintenant le ministre de
l'Éducation. M. le ministre.
M. Ryan: M. le Président, je ne pensais pas que nous
aurions la chance de
commencer la campagne électorale scolaire de Montréal
à Québec. Je suis très heureux de faire connaissance ou,
plus exactement, de renouer connaissance avec les personnes ici
présentes, du Mouvement pour une école moderne et ouverte
à Montréal. Sans m'exprimer sur la lutte électorale qui
aura lieu au cours des prochaines semaines, je veux quand même les
féliciter de l'intérêt qu'ils portent à la chose
scolaire et de l'initiative qu'ils ont prise de se regrouper pour offrir
à la population un choix qui sera sûrement l'objet d'un examen
attentif pendant la campagne.
Ceci dit, j'apprécie également que le mouvement soit venu
à Québec nous faire part de son avis sur le projet de
règlement du comité catholique, j'ai noté à divers
endroits du mémoire des remarques qui me sont apparues
intéressantes et qui pourraient même permettre d'améliorer
le projet de règlement dans certaines de ses dispositions. Je vous les
signalerai peut-être un peu plus tard dans la discussion, mais je ne
voudrais pas donner l'impression que j'essaie d'annexer le MEMO à ce
projet de règlement au sujet duquel, si je comprends bien, il a plus de
réserves que de tendances à l'approuver. Je ne veux pas
déformer votre pensée, car la meilleure façon de bien
discuter, c'est d'indentifier d'abord la pensée de l'interlocuteur le
plus honnêtement possible. Vous soulevez un problème dans votre
intervention à propos d'une modification constitutionnelle. Vous dites:
Finalement, ce qu'on souhaiterait, nous autres, c'est qu'un amendement soit
apporté à l'article 93 de l'Acte de l'Amérique du Nord
britannique, qui ouvrirait la porte à d'autres changements qui
permettraient de voir ces questions-ci dans une perspective plus
aérée.
Le gouvernement actuel n'est pas opposé à des
modifications constitutionnelles, mais, en ce qui touche l'article 93, ce
n'était pas une priorité majeure pour nous. Il y avait d'autres
questions à clarifier avant. L'héritage que nous avions
reçu des gouvernements précédents, fédéral
et provincial, nous imposait une tâche ardue de redressement, qui a
été commencée avec l'entente du lac Meech, mais qui est
loin d'être terminée.
Alors, en ce qui touche l'article 93, moi, je pense que le gouvernement
pourra l'aborder le jour où, d'abord, on aura vérifié avec
minutie ce qu'il adviendra des droits garantis aux catholiques et aux
protestants. Je suis toujours étonné d'une certaine
légèreté avec laquelle les gens disent: Changeons ces
droits pour d'autres. Je ne pense pas qu'on puisse disposer des droits d'autrui
sans d'abord s'être enquis de ce qu'autrui en pense.
Pous nous, du Québec, il y a deux dimensions à cela. Il
faut d'abord vérifier comme il faut ce que les milieux catholiques
pensent de ces questions, de même que les milieux protestants.
Deuxièmement, nous avons le devoir de vérifier aussi quelles
seraient les répercussions d'une éventuelle modification sur les
droits des catholiques et des protestants dans les autres provinces du Canada.
Des contestations considérables ont eu lieu en Ontario au cours des
derniers mois, et même des trois ou quatre dernières
années, des contestations judiciaires de très grande
importance» Si le Québec avait dit tout simplement: Nous autres,
ces questions ne nous intéressent plus, d'abord, il aurait
été en désaccord avec sa propre population et,
deuxièmement, je ne suis pas sûr qu'il aurait rendu le meilleur
des services. Alors, nous ne connaissons pas exactement le moment où
viendra s'insérer une démarche comme celle que vous proposez et,
avant de la faire, nous devrons faire des vérifications sérieuses
auprès des dépositaires des droits que l'on vaudrait
modifier.
Il y a une chose sûre, c'est qu'on ne peut pas facilement
superposer des droits les uns aux autres. Supposons qu'on garde tout le
plancher des droits confessionnels qui existent actuellement et qu'on veuille y
surajouter des droits linguistiques, on va avoir un régime qui ne sera
plus administrable, qui ne sera plus gérable. Et, déjà,
l'effet combiné que l'on peut appréhender, la Charte canadienne
des droits dans son article 23 avec l'article 93 dans ses dispositions
relatives aux droits confessionnels, donne naissance à des situations
extrêmement complexes, dont le développement dépendra de la
jurisprudence. Alors, si la jurisprudence est le moindrement libérale
dans le sens de l'extension des droits, ceux qui gouvernent vont se trouver
devant des problèmes pratiquement impossibles à résoudre.
Il faut penser à tout cela. C'est un immense enchevêtrement qui
n'est pas facile à dénouer. C'est dans ce sens-là que nous
préférons agir, en attendant, d'une manière ponctuelle,
sans rejeter la perspective d'une action éventuelle sur ces grandes
questions quand nous aurons réuni tous les éléments
nécessaires.
La même chose s'applique à la loi 3. Nous avions
prévenu le gouvernement du temps qu'il fallait vérifier la
constitutionnalité de cette loi étalée de manière
téméraire, en s'appuyant sur des avis limités qu'il avait
pris pour un consensus. Les tribunaux ont dit que ce n'était pas bon, de
fait, et c'était tellement péremptoire que cela n'aurait
absolument rien donné de poursuivre les démarches pendant cinq ou
six ans jusqu'à la Cour suprême.
Ceci pour vous dire que cette partie-là du mémoire est un
très bon sujet de débat public, et que, moi, j'accueille toujours
avec plaisir l'occasion d'en parler, mais je ne peux pas vous promettre au nom
du gouvernement
que nous serons prêts à passer à l'action demain
matin. Sur le reste, je pense que ce qu'il y a de mieux à faire, c'est
peut-être d'examiner une à une les suggestions que vous faites. Je
pense qu'il y a des possibilités d'améliorations importantes ou
peut-être même de clarification du règlement proposé
et je ne vous arracherai pas de conclusion à la fin. Je n'essaierai pas,
je sais bien que ce serait vain de ma part, mais on prendra vos réponses
pour ce qu'elles sont et on va les examiner au mérite, en toute
objectivité.
Vous dites d'abord qu'à l'article 2 vous aimeriez qu'on fonde les
paragraphes 1 et 2, mais ce n'est pas clair. Vous dites: "de sorte que la
consultation des parents se fasse en collaboration avec le comité
d'école".
Je n'ai pas d'objection. Je crois que ce que le comité a voulu
éviter ici, c'est que le comité d'école se prenne
nécessairement pour tous les parents. Nous admettons tous qu'il y a une
différence. Un comité d'école sera parfois choisi par une
assemblée de parents où il y a 25 personnes sur peut-être 1
500 parents possibles. On ne peut pas dire que la consultation du comité
d'école va être suffisante. Les deux sont prévues. Est-ce
que vous voulez éliminer une des deux ou envisagez-vous plutôt une
collaboration, et de quelle nature?
Mme Mus-Plourde (Monique): Nous n'avons pas du tout l'intention
d'éliminer l'une des deux parties. C'est véritablement pour
établir une collaboration entre la commission scolaire, qui a une
responsabilité devant le comité catholique, et le comité
d'école qui, lui, est le représentant officiel des parents. Ce
sont donc ces deux groupes qui doivent consulter conjointement les parents. Il
y a d'ailleurs un règlement à la CECM qui dit que la commission
scolaire doit consulter les parents, qu'elle doit s'entendre avec le
comité d'école sur les modalités de consultation
auprès des parents. Cependant, ce règlement interne est
appliqué selon les sujets avec plus ou moins de laxisme. Il serait donc
intéressant et nécessaire de mettre dans le règlement du
comité catholique que cela doit se faire en collaboration avec le
comité de parents qui est le représentant officiel.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci.
M. Ryan: Cela répond à ma question, je vous
remercie.
Vous dites ensuite qu'il serait mieux que la reconnaissance ne soit pas
accordée pour une période indéfinie, mais pour une
période de trois ans, au terme de laquelle le statut serait
réévalué. Vous dites qu'il faudrait prévoir une
possibilité de révocation de la reconnaissance. J'ajoute
seulement une petite précision: dans les premiers projets qui nous ont
été soumis, il y avait des dispositions traitant de la
révocation. Elles ont été enlevées, parce que ce
pouvoir de révocation est déjà dans la loi. Le
comité catholique le détient de par la loi. Comme la loi est
formulée, c'est écrit: au besoin, elle la révoque. Nos
conseillers juridiques nous ont dit qu'il n'y avait pas matière à
réglementation, vu la manière dont la loi prévoit ce
pouvoir du comité catholique. En conséquence, ce n'est pas du
tout pour l'effacer ou l'oublier que le comité catholique a
laissé tomber cette partie de son projet, mais parce que c'est
déjà là de toute façon.
La période de trois ans. Je crois comprendre qu'en évitant
de mettre une période de trois ans, en mettant plutôt une
opération de vérification tous les cinq ans, on voulait
éviter au maximum la bureaucratie. Si on met cela tous les trois ans et
renouvelable de manière obligatoire, cela veut dire un échange de
paperasse énorme qu'il va falloir faire circuler de l'école
à la commission scolaire et de celle-ci à Québec. Je pose
la question et vous me direz pourquoi vous préférez cette
formule-ci: N'est-il pas préférable d'avoir un régime
souple qui laisse ouverte la possibilité d'une révision du statut
en tout temps, d'une révocation en tout temps, plutôt qu'une
opération obligatoire comme celle-ci, qui va encore multiplier les
échanges de paperasse que, nous, comme gouvernement, nous nous sommes
engagés à alléger?
Mme Mus-Plourde: M. le Président, j'aimerais
répondre aux deux points. Premièrement, quant au fait qu'il n'est
pas nécessaire de préciser que le comité a un pouvoir de
révocation parce que c'est déjà inscrit dans la loi, bon,
très bien, sauf que je remarque que, dans le projet de règlement,
par exemple, il est dit à l'article 6 que le directeur de l'école
publique reconnue comme catholique a la responsabilité d'assurer la
réalisation du projet éducatif de l'école. Cette
responsabilité est pourtant écrite dans la loi 71, mais le
comité catholique a jugé nécessaire de le reprendre dans
son projet de règlement. Je pense qu'il serait également bon,
s'il juge nécessaire sur un point de reprendre la loi, qu'il reprenne
également une autre loi pour le préciser. (17 h 30)
Quant au deuxième point, nous avons choisi trois ans. En effet,
c'est vrai que cela a peut-être l'air d'apporter beaucoup de paperasse,
surtout que vous aviez suggéré à l'article 7 la
possibilité de cinq ans. Cependant, nous croyons que l'évaluation
d'un projet éducatif ne doit pas se faire seulement tous les cinq ans.
Cela doit se faire de façon continue et, s'il y a des redressements
à faire, il faut pouvoir y procéder au plus tôt. Or, comme
tous les trois ans il y a déjà
une bonne partie de la population de l'école qui a changé,
il se pourra fort bien qu'au bout de trois ans le projet éducatif tel
que planifié, tel que vu, ne corresponde plus à une population
qui a changé d'au moins 50 %. Peut-être que mes collègues
ont quelque chose à ajouter?
M. George (Kenneth): La norme de trois ans correspond au
changement de clientèle scolaire dans une école
particulière.,
M. Ryan: Sûrement, mais je vous pose la question. Dans le
projet comme il nous est soumis, il n'y a rien qui interdit une remise en
question du statut à n'importe quel moment. Si la clientèle d'une
école a changé ou si l'orientation idéologique des parents
a changé au point de requérir une modification du statut, en tout
temps le comité d'école peut convoquer une assemblée des
parents et ceux-ci peuvent présenter une demande à la commission
scolaire. Cela va faire un événement. On va être
obligé d'en tenir compte, et je crois bien que le comité
catholique devant une manifestation de volonté majoritaire sera
obligé de s'incliner, à toutes fins utiles. Je comprends votre
intention, mais je m'interroge sur le moyen.
M. George: Effectivement, l'objectif reste le même,
c'est-à-dire de ne pas reconnaître ad vitam aeternam le statut
demandé à un certain moment et de prévoir l'occasion
où les gens pourront s'interroger à nouveau sur le projet qu'ils
avaient mis de l'avant, quelques années auparavant.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci.
M. Ryan: Un autre point m'intéresse. Vous demandez que
soit soustrait à l'autorité du comité catholique le
pouvoir sur l'enseignement moral dans les écoles catholiques et vous
demandez en retour, que la responsabilité du comité catholique .
s'étende au programme religieux ou à l'enseignement religieux
dans les écoles autres que catholiques. Pourriez-vous nous expliquer ces
deux propositions?
Mme Mus-Plourde: II nous semble que la compétence du
comité catholique, elle, porte sur la confessionnalité qui lui
est propre, c'est-à-dire la religion catholique. Donc, se prononcer sur
le cours de morale qui n'a pas de référence confessionnelle,
préciser qu'il faut au moins quinze élèves, par exemple,
lorqu'il y a moins de quinze élèves, ce type de précision,
eh bien, on trouve que cela ne relève pas de son autorité. Qu'il
vérifie par contre dans une école qui n'est pas reconnue comme
catholique, mais où il y a des catholiques! Son objectif, quand
même, c'est de vérifier qu'un enfant qui est de religion
catholique dans une école non catholique se voit assurer un bon cours
dans sa confessionnalité.
Nous trouvons que la responsabilité du comité catholique
ne doit pas porter uniquement sur les écoles reconnues, mais que le
comité doit se préoccuper de la qualité de la formation de
tous les gens qui sont de sa confessionnalité.
M. Ryan: Juste une question là-dessus, si vous me
permettez» L'étendue de l'autorité du comité
catholique dépasse la seule dimension catholique qu'on a
interprétée dans un sens un petit peu technique. Cela embrasse
les écoles catholiques et la jurisprudence en matière de
confessionnalité, la jurisprudence la plus récente, indique que
la responsabilité des écoles confessionnelles va plus loin que la
seule dimension religieuse. C'est un débat qui est complexe et que je ne
veux pas ouvrir aujourd'hui. Je vous dis seulement une chose: Moi, je
comprendrais et je suis sympathique à votre point de vue, mais j'ai une
interrogation dans l'autre sens en même temps. Je ne vois pas pourquoi le
comité catholique ne serait pas capable d'approuver un bon programme de
morale naturelle pour les écoles catholiques. Il me semble qu'il n'y a
pas d'incapacité à faire cela, parce qu'il est catholique.
Autrement, cela voudrait dire que la morale naturelle serait le monopole de
gens qui ne sont pas catholiques.
Mme Cloutier: M. le Président je ne voudrais pas
m'étendre là-dessus, mais, concernant la morale, je pense qu'il y
a une certaine morale que les catholiques et tous les autres croyants
embrassent à la fois. Si on ne cite que le cas de la sexualité,
je pense que la morale peut varier et de beaucoup dans les notions. Je serais
très inquiète, si à ce point de vue le comité
catholique avait préséance sur les contenus des programmes.
M. George: Est-ce que je puis ajouter une phrase, M. le
Président? S'il n'y a pas incapacité, il n'y a pas
nécessairement justification non plus.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Mme la
présidente, madame, monsieur, au nom de l'Opposition, permettez-moi de
vous souhaiter la bienvenue à cette commission et de vous remercier
d'avoir posé votre candidature, si je puis m'exprimer ainsi, pour
participer aux travaux de cette commission. Comme nous aurons à recevoir
la CECM qui, de son propre aveu, n'est pas plus concernée par ce
débat que vous ne l'êtes, finalement, je pensais que vous aviez
bien place ici.
J'avais un certain nombre de questions.
II y a, pour moi, une question qui n'est pas très claire et
peut-être en avez-vous la réponse. À la CECM, où ce
projet ne s'applique pas nécessairement, est-ce qu'on peut
révoquer le statut d'une école catholique? On vient de savoir
que, protestantes, elles étaient toutes protestantes et que,
catholiques, elles étaient toutes catholiques. Quand on parle de
révoquer le statut, je ne pense pas que cela ait rapport avec la
CECM.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
présidente.
Mme Cloutier: On ne le peut pas effectivement. On a juste
à se rappeler le cas de l'école Notre-Dame-des-Neiges qui a
tenté de le faire.
Mme Blackburn: Donc, un tel projet ne trouve sa pertinence que
dans la mesure où on a effectivement la possibilité d'avoir et de
reconnaître des écoles catholiques ou protestantes, catholiques
dans le cas qui nous concerne.
Mme Cloutier: Oui.
Mme Blackburn: Dans votre mémoire, vous avez des
objections à ce que les écoles puissent se doter dans le contexte
actuel d'un projet éducatif catholique. Si je me le rappelle bien* -
j'essaie de retrouver la phrase, il me semble l'avoir entendue tout à
l'heure - vous dites qu'il serait important que l'école catholique ait
la responsabilité de se doter, de voir au contenu du cours
d'enseignement religieux et moral catholique, mais ne devrait pas en
imprégner l'ensemble du projet. Pourquoi pensez-vous que le projet
éducatif de l'école ne devrait pas s'inspirer de la morale
catholique?
Mme Cloutier: Compte tenu du contexte qu'on connaît
à l'heure actuelle à Montréal. D'abord, les parents dans
les écoles de la CECM n'ont pas le choix de la confessionnalité
de leur école. Secundo, avec la multiplicité des ethnies qui
fréquentent nos écoles et la diversité des croyances
religieuses, nous croyons que le comité catholique devrait limiter ses
pouvoirs à l'enseignement religieux, et je m'explique. Je peux en parler
en connaissance de cause, mes trois enfants sont en enseignement moral à
l'heure actuelle. Je ne trouverais pas du tout intéressant que mes
enfants subissent des enseignements à valeur ou connotation religieuse
dans les autres cours qui leur sont proposés, par exemple, en
français, en mathématiques, en géographie ou même au
cours d'éducation sexuelle. Évidemment, je l'ai mentionné
tantôt, mais le cours d'éducation sexuelle est peut-être le
meilleur exemple, parce que le plus facile à identifier. Quel serait un
cours d'éducation sexuelle régi par le comité catholique?
Est-ce qu'on pourrait parler de contraception, d'avortement, etc., dans un
cours régi par le comité catholique? Je n'en ai aucune
idée, mais il est certain que, pour une bonne proportion de la
population montréalaise', les valeurs ne sont pas les mêmes et il
est très important que les autres matières demeurent
scientifiques et qu'on se limite à l'enseignement religieux dans le
cadre d'un cours d'enseignement religieux.
M. George: Est-ce que je pourrais compléter, M. le
Président? Nous avons identifié, dans le mémoire, le cas
d'une école pour laquelle on a décrit ce qu'a pu signifier un
projet d'éducation catholique, c'est-à-dire qu'une certaine
partie des étudiants - c'étaient des étudiants du
secondaire - avaient été littéralement
marginalisés, structurellement mis de câté et
marginalisés.
Je pourrais vous raconter beaucoup d'autres faits de ce type et je
précise que mes enfants sont en catéchèse. Ma fille, ma
plus vieille, va faire sa première communion à la fin de cette
année. Je pourrais vous raconter ce que j'ai vu et ce que mes voisins et
voisines, citoyens qui sont dans le mouvement chez nous, ont pu vivre. Par
exemple, se faire dire au téléphone: N'envoyez pas votre enfant
en sciences morales, on n'a pas de place pour lui, ou, encore, il devra sauter
un cours de...
Une voix: Mathématiques.
M. George: Un cours de mathématiques pour qu'on
l'occupe.
La faisabilité dans le milieu de Montréal du type de chose
qui est proposé, le projet éducatif tel que défini
soulève des questions. Si c'était un cas exceptionnel, je
pourrais dire que cela ne pose pas de problème. Si c'était un
deuxième cas exceptionnel, ce serait une exception. Quand on est rendus
au cinquantième cas exceptionnel, peut-être qu'il ne s'agit plus
d'exceptions, mais bien d'une possibilité réelle de vivre de
cette façon.
C'est la raison pour laquelle, dans le mémoire que nous
soumettons, on ne se gêne pas de présenter l'Église
catholique comme pouvant faire des pas de plus que ceux qu'elle a faits. C'est
l'Église catholique qui, maintenant, s'occupe seule, à
l'intérieur de ses structures, en signifiant aux parents catholiques les
démarches qu'ils doivent faire, de la dimension sacramentelle. Elle
pourrait faire un pas de plus, elle pourrait faire beaucoup de pas de plus.
C'est dans ce sens que nous signifions qu'elle manifesterait ainsi une
ouverture à la réalité quotidienne des Montréalais
qui n'est pas celle qu'on a connue il y a une dizaine d'années. Je
donne
simplement comme exemple la très grande difficulté de
créer consensus parmi les catholiques sur ce que peut signifier, dans la
vie quotidienne, être catholique.
Je vous avouerai que j'ai sursauté tantôt quand on a
qualifié d'irrégulier le statut d'hommes et de femmes
séparés. La vision de ce que signifie dans le quotidien
l'adhésion aux valeurs chrétiennes, ce n'est pas aussi simple que
le laisse entendre le projet de règlement qui est là, et surtout
pas dans une agglomération comme celle de Montréal. Cela explique
pourquoi nous avons beaucoup de réticences à la
faisabilité, à la pertinence et à la valeur d'un projet
éducatif catholique. .
La députée de Jacques-Cartier, tantôt, a dit: what
in the project be deluted by a pluralistic presence. It won't be deluted, its
relevance can be questioned.
Mme Blackburn: Ce que vous nous dites, finalement, c'est qu'on ne
peut pas concevoir la chose suivante, c'est-à-dire une école qui
inspire tout son projet éducatif de la morale catholique et, en
même temps, qu'elle soit respectueuse des libertés
individuelles.
M. George: L'école au coin de chez nous est une
école régulière, mais avec classes d'accueil, avec des
Asiatiques, des Arabes, des musulmans. Ce n'est pas une situation
exceptionnelle, ils sont plus nombreux que dans les autres écoles, mais
ils sont aussi dans les autres écoles et ce n'est pas possible - les
politicologues appelleraient peut-être cela de l'impérialisme -
d'avoir un projet prônant uniquement la vision catholique des choses pour
une telle communauté. Ce n'est pas possible d'être à la
fois plus catholique que le pape et respectueux de l'ensemble des
croyances.
Mme Blackburn: Tout à l'heure, vous avez souligné
le commentaire d'un intervenant précédent, lorsqu'il a dit que le
statut des personnes séparées, divorcées ou
remariées était irrégulier. Est-ce que vous avez une
idée du pourcentage d'enfants reçus dans les écoles qui
sont issus de familles monoparentales ou dont les parents sont
séparés, divorcés ou remariés? Est-ce qu'on a des
données là-dessus?
Mme Cloutier: On n'a pas les données sur le plan de la
fréquentation scolaire, mais on sait qu'à Montréal les
familles monoparentales représentent un fort pourcentage de la
population, donc, évidemment, ces enfants se retrouvent aussi en fort
pourcentage à l'école. Il y a aussi, évidemment - on parle
de familles monoparentales - celles qui ne sont plus monoparentales parce que
le parent est remarié ou a trouvé un autre conjoint, mais il
reste que, dans la tête d'un enfant, si vraiment la vision catholique de
ce qu'il vit à la maison est irrégulier, c'est un peu difficile
à vivre. (17 h 45)
Mme Blackburn: D'accord. Vous dites, à la page 6, en
parlant des articles 10, 11 et 12î "Les pouvoirs du comité
catholique devraient être restreints aux programmes d'enseignement
religieux catholique» II conviendrait donc de lui retirer toute
responsabilité de réglementation concernant les cours de
formation morale. Cela assurerait l'entière autonomie de la formation
morale et un partage net des responsabilités institutionnelles serait
ainsi établi." Je n'avais pas compris - il faudrait qu'on éclaire
ma lanterne là-dessus - que le comité catholique avait droit de
regard sur les programmes de formation morale. Alors, l'enseignement catholique
et moral, du moment que c'est dans une école catholique.
Mme Mus-Plourde: Dans le règlement, il n'est pas dit que
le comité catholique a pouvoir sur le contenu du cours de formation
morale, mais il est dit... Ce sont des articles qui portent uniquement sur des
détails, le nombre d'élèves, le nombre de minutes de
cours. C'est justement sur l'accessoire même que le comité
catholique continue de se prononcer. Alors, l'enlever
complètement...
Mme Blackburn: D'accord. Alors, ce que je sais, c'est que le
comité catholique a droit de regard sur tout le matériel
didactique, les manuels des autres cours dont celui de la formation morale -
c'est ce que je comprends - dans une école catholique.
Mme Mus-Plourde: Le problème, c'est que, pour le
côté technique, on fait référence aux articles 10,
11 et 12; il est sûr que ce sont uniquement des modalités de temps
et de nombre. Par contre, lorsqu'il est dit, à l'intérieur des
articles 4 et 5, que le comité reconnu comme catholique suit les
programmes d'activité de formation et d'éveil ainsi que les
programmes d'enseignement approuvés par le comité catholique, il
n'est pas dit "...ainsi que les programmes d'enseignement religieux catholique
approuvés", il est dit "d'enseignement"; c'est large. Rien ne nous
empêche donc de croire, surtout quand on dit que le projet
éducatif doit englober l'ensemble des activités de
l'école, qu'il se pourrait que le comité catholique influence ce
qui se passe dans les autres cours afin de vérifier que ses propres
valeurs correspondent aux valeurs transmises dans le cours. Je veux bien croire
que les valeurs de la religion catholique sont très souvent des valeurs
universelles. La charité, il est sûr que ce ne sont pas seulement
les catholiques qui peuvent se dire charitables. Mais on vient de vous donner
des exemples,
comme en éducation sexuelle, où les valeurs de la religion
catholique par rapport à la sexualité, par rapport au mariage,
peuvent être très différentes des valeurs que les
Québécois privilégient. Les valeurs chez les
Québécois deviennent de plus en plus pluralistes, il y en a de
plus en plus... Il s'agit beaucoup plus de voir à ce que le cours de
formation morale corresponde aux valeurs que le Québec veut donner
à ses enfants.
Mme Blackburn: C'est bien ce que je comprenais, c'est que les
comités sont chargés, je le rappelle, d'approuver les programmes
aux points de vue religieux et moral, les manuels et le matériel
didactique pour l'enseignement dans leurs institutions d'enseignement. Donc,
dans une école reconnue catholique, le comité catholique peut et
doit approuver, aux points de vue religieux et moral, le contenu de toutes les
formations qui sont données dans l'école, donc la formation
morale également. Vous dites qu'il faudrait au moins, en toute
intelligence, si on veut respecter le choix des parents et des
élèves, qu'au moins le cours de morale soit soustrait au regard
d'évaluations du contenu du cours de morale. On ne peut pas
préconiser une certaine neutralité dans la formation morale si le
contenu en est édicté par un comité catholique.
Mme Cloutier: C'est effectivement ce qu'on dit, mais ce qui est
très important, c'est de se rendre compte qu'à Montréal
les parents n'ont pas le choix. Les parents doivent inscrire leurs enfants dans
une école catholique. Ce sont les seules qui existent. Il y a
évidemment le secteur protestant. À part catholique et
protestant, il y a beaucoup d'autres choses, mais il n'y a pas de choix, c'est
le seul secteur public qui existe.
Mme Blackburn: Oui.
Mme Mus-Plourde: Je voudrais ajouter que le règlement sur
les écoles publiques ne doit pas être envisagé, il me
semble, comme le règlement sur les écoles privées.
Supposons que, dans une école privée, il y ait un projet
éducatif confessionnel et qu'un parent, bien que n'étant pas
catholique et ne partageant pas nécessairement toutes les valeurs de la
religion catholique, décide d'envoyer son enfant dans cette école
par choix personnel pour x raison et, à ce moment-là, il
décide de donner priorité à l'enseignement qui se donne
dans cette école, il donne priorité à ce choix
d'école, plutôt qu'à sa conception de la vie. Dans les
écoles publiques, ce n'est pas la même chose. Je pense que, dans
les écoles publiques, si on demande d'avoir un projet éducatif
aussi englobant qu'on peut l'avoir dans une école privée, plus il
sera englobant, plus il risque de créer des problèmes de
marginalisation des autres enfants. Est-ce qu'on va dire à ces enfants:
Vous n'êtes pas heureux dans cette école, changez, il y a d'autres
écoles publiques? Toutes les enquêtes ont démontré
que ce que les parents veulent, c'est avant tout une école de quartier.
C'est dans l'école de quartier qu'ils veulent recevoir tous les
services. Si on disait aux enfants d'aller dans une autre école, il
reste que l'école est publique, cela devrait donc dire que le
gouvernement serait obligé de transporter ces enfants par autobus
d'écoliers, s'ils sont au primaire, parce qu'on l'éloigne. Est-ce
qu-on a pensé aux coûts que cela engendrerait, uniquement pour
soutenir des projets éducatifs confessionnels plus ou moins englobants,
alors que l'on coupe, au contraire, dans d'autres types de services? Je pense
qu'il faut véritablement séparer le type de projet
éducatif qu'on peut avoir dans une école publique et celui qu'on
peut avoir dans une école privée.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous remercie,
madame. Je dois maintenant reconnaître quelqu'un de la formation
ministérielle. M. le ministre.
M. Ryan: Je pense qu'il est aussi important de ne pas s'enliser
dans la confusion. On parle des programmes depuis tantôt et je pense
qu'on est complètement à côté de la
réalité. Les programmes d'enseignement moral, ce ne sont pas des
programmes fabriqués par le comité catholique, ni par le
comité protestant. Tous les programmes sont fabriqués par le
ministère de l'Éducation, à l'aide de collaboration,
d'expertise recrutées dans les différents milieux. D'après
la Loi sur le Conseil supérieur de l'éducation, tous les projets
de programmes sont soumis, aux points de vue religieux et moral, à
l'approbation des deux comités confessionnels. Par conséquent, le
programme d'enseignement moral, que vous soyez dans une école
protestante, une école catholique ou une école laïque, c'est
le même. C'est comme cela, il me semble, que cela doit être. Par
conséquent, sur cette partie, il y a maldonne quelque part. Je ne vois
pas ce qu'on pourrait réformer dans la manière de faire cela.
Peut-être que le programme n'est pas bon. On change de gouvernement, on
change les fonctionnaires, on change les consultés, on en fait un autre.
Mais on ne peut pas trouver un système meilleur que celui qu'on a pour
la fabrication des programmes. Si vous pensez qu'ils sont fabriqués par
le comité catholique, il faut vous dire que ce n'est pas cela.
J'ai remarqué qu'il y a une autre confusion dans votre
intervention. Vous vous
inquiétez au point de l'enseignement professionnel. Cela part
d'un bon naturel. Voici pourquoi on a fait ces changements. On a
augmenté les exigences de formation de base. Autrefois, c'était
l'équivalent de trois ou deux ans, on a mis cela à trois ans et
quatre ans. Pour ceux qui avaient seulement trois ans de formation de base et
qui s'en vont au certificat d'études professionnelles, on a dit; On va
laisser une année de formation religieuse obligatoire pour qu'ils aient
au moins l'équivalent de quatre ans»
Dans le cas de ceux qui vont au diplôme, ils vont faire une
sixième année, dans la très grande majorité des
cas, cinquième et sixième. On a dit: On n'est pas pour imposer la
formation religieuse obligatoire en sixième année, on ne l'a pas
dans les cégeps. On va mettre tout le monde sur un pied
d'égalité. Je pense que les dispositions qu'on a prises de ce
côté voulaient tenir compte de l'exigence de formation
concentrée qui existe à ce niveau. Cela n'empêche pas, pour
ceux qui sont intéressés, qu'il y ait des cours optionnels
disponibles à leur intention. J'espère aussi qu'il y en a
beaucoup qui vont les prendre. On trouvait que, avec la concentration de
formation professionnelle qui va leur être imposée par les
nouveaux programmes de formation professionnelle, on ne pouvait pas ajouter ce
surcroît, pas plus qu'on ne pouvait leur mettre d'autres cours de
formation générale. Nonobstant ces choses, je pense que nous
avons eu un échange de vues extrêmement intéressant. Je ne
veux pas prolonger la discussion davantage. On aura l'occasion d'en reparler.
Mais, sur les programmes en particulier, c'est important qu'on se comprenne
clairement.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Brièvement,
je voudrais de nouveau vous remercier de votre participation et peut-être
rappeler, pour les fins de la discussion, qu'à plusieurs occasions au
cours de la présente journée il a été question des
modifications qui devraient être éventuellement apportées
à la structure scolaire pour en faire des structures linguistiques
plutôt que confessionnelles.
Le ministre nous dit qu'il continue à persévérer
dans la recherche de solutions touchant les structures confessionnelles ou
linguistiques. Cependant, l'engagement du Parti libéral était
clair. Il s'engageait, et c'était le voeu du ministre, en tout cas, du
porte-parole de l'Opposition d'alors, à trouver des solutions juridiques
au problème des structures confessionnelles, particulièrement par
rapport au problème posé sur l'île de Montréal. Un
peu plus tard, on apprenait que cela ne ferait pas partie des
négociations constitutionnelles. Il n'y avait pas d'urgence et, au sujet
du glissement qu'il y a dans l'île de Montréal, le ministre
n'estimait pas qu'il y avait là urgence suffisante pour que cela puisse
faire partie des premières discussions touchant les accords
constitutionnels.
Au moment où on était en commission parlementaire sur
l'accord du lac Meech, plusieurs ministres sont venus au moment où
venaient, par exemple, les gens de l'UPA et d'autres organismes, le ministre
responsable assistait à la présentation des mémoires et
prenait l'engagement, à la suite du ministre des Relations
internationales, M. Rémillard, que ces questions seraient l'objet d'une
seconde ronde de négociation au moment où on a parlé de
négocier une entente devant revoir les structures confessionnelles des
commissions scolaires. Le ministre de l'Éducation n'était pas,
à ce moment, à la commission parlementaire.
M. Ryan: Vous m'avez exclu. Vous avez voté contre le fait
que je sois là.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous rappelle
à l'ordre, M. le ministre. Mme la députée, vous avez la
parole.
Mme Blackburn: Ce qui fait, M. le Président, qu'à
ce moment on a connu l'opinion des autres ministres, mais qu'on ignore encore
l'opinion du ministre de l'Éducation concernant cette prochaine ronde de
négociation.
Seconde chose, le ministre nous a dit: Cette question des structures
scolaires ne fera pas partie de la première ronde de négociation.
Cependant, je m'engage, dès que possible, à revoir les structures
des commissions scolaires qui ne sont pas à la CECQ et à la CECM.
Les dernières interventions du ministre ne me laissent pas voir que,
là non plus, par rapport aux autres commissions scolaires, il soit
prêt à procéder.
Je pense que cette question des structures confessionnelles plutôt
que linguistiques, si elle ne pose pas de problème majeur dans les
régions en dehors de Québec et de Montréal, elle pose
quand même certains problèmes réels. Si le règlement
du comité catholique devait s'appliquer tel qu'il est prévu, il
va avoir comme effet de marginaliser les enfants pour lesquels les parents ne
feront pas le choix de l'enseignement catholique dans les régions en
dehors de Montréal et de Québec parce qu'ils seront une
minorité à choisir la morale plutôt que l'enseignement
catholique, donc pas en nombre suffisant pour justifier la création
d'une école.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Veuillez conclure,
Madame!
Mme Blackburn: Plus ce projet se resserre, plus cela pose des
problèmes en ce qui a trait à la liberté individuelle et
au respect de cette liberté. Je termine là-dessus, M. le
Président, vous remerciant de votre tolérance et de votre
patience.
Le Président (M. Parent, Sauvé): ô madame,
vous me connaissezl
Mme Blackburn: Et je vous remercie également, mesdames et
messieurs, de votre participation.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, Mme la
présidente, Mme Mus-Plourde, M. George, merci beaucoup. Je vous souhaite
bonne chance. Un prochain politicien? Alors, la commission suspend ses travaux
jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 1)
(Reprise à 20 h 6)
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît!
La commission parlementaire de l'éducation reprend ses travaux et
accueille le Mouvement laïque québécois
représenté par Mme Micheline Trudel qui en est la
présidente, M. Luc Alary, son conseiller juridique, M. Paul Drouin,
conseiller, Mme Diane Baril, conseillère, et Mme Réjeanne
Cyr-Reed, responsable du Mouvement laïque québécois pour la
région de Québec.
Mesdames et messieurs, bienvenue à cette commission parlementaire
et merci beaucoup d'avoir accepté l'invitation qui vous a
été faite de venir rencontrer les membres de cette commission
pour nous faire connaître votre point de vue sur les projets de
règlement présentés par les comités catholique et
protestant du Conseil supérieur de l'éducation.
Mmes et MM. les membres de la commission, je vous informe que le
mémoire qui vous a été présenté dans vos
documents est remplacé par un nouveau document qui vient de nous
être remis par le porte-parole du Mouvement laïque
québécois. Le document qui vous sera présenté a
pour titre "Les règlements des comités catholique et protestant
et nos droits fondamentaux." Si je me trompe, vous me le direz, monsieur, mais
je crois que le premier document avait pour titre "Les règlements du
comité catholique". C'est cela? Alors, on y a ajouté le mot
"protestant".
Qui est le porte-parole de votre mouvement?
Mme Trudel (Micheline): Micheline Trudel, présidente.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Madame, nous vous
écoutons.
Mouvement laïque québécois
Mme Trudel; M. le Président, M. le ministre de
l'Éducation, mesdames et messieurs les députés. Je veux
d'abord vous présenter, pour que vous puissiez mettre un nom sur les
figures, à ma droite, faisant partie du conseil national, M. Luc Alary;
à ma gauche, Mme Diane Baril; plus à gauche, Mme Réjeanne
Cyr-Reed, qui est responsable de la région de Québec.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme Reed, soyez la
bienvenue.
Mme Trudel: Comme le temps nous est compté, je vais
entamer tout de suite une lecture du mémoire que nous vous avons
présenté. Si le document a été remplacé,
c'est que nos membres et le conseil national se sont rendu compte, après
les délais d'expédition du mémoire, que le
règlement du comité protestant méritait aussi d'être
étudié. C'est ce qui a été ajouté.
Le Président (M. Parent, Sauvé): D'accord. Je vous
rappelle brièvement, avant que vous commenciez, qu'on a une heure
à passer avec vous. Vous prenez à peu près le temps que
vous voulez pour présenter votre mémoire. On vous suggère
de prendre environ quinze minutes et le reste du temps sera utilisé pour
un échange de vues entre les membres de la commission. Nous vous
écoutons, madame.
Mme Trudel: Merci, M. le Président.
Nous sommes heureux de cette invitation qui nous permet de nous
interroger sur les enjeux confessionnels du système scolaire public
québécois.
Comme vous le savez, nous sommes d'avis, au Mouvement laïque
québécois, que l'enseignement religieux devrait être
dispensé sans coercition et que les intéressés devraient y
souscrire de façon libre et volontaire. Il nous a toujours paru
évident que les Églises concernées devraient être
les premières responsables de cet enseignement afin d'en assurer la
qualité et l'authenticité.
Le fait qu'au Québec cet enseignement ait été
traditionnellement dispensé à l'école publique ne devrait
pas être considéré comme une réalité
immuable. Le problème de la cohérence que pose cet enseignement
avec le rôle de l'école et surtout les problèmes de
discrimination que sa présence entraîne à l'égard
des droits fondamentaux doivent nous inciter à remettre cette tradition
en question.
À notre avis, l'enseignement religieux devrait être
retiré du curriculum de l'école publique, à l'exemple de
plusieurs autres
démocraties de même nature que la nôtre. Il ne s'agit
pas de nier le droit à la liberté de religion, mais de refuser
des accommodements aux conséquences discriminatoires. Dans cette
position, les comités confessionnels n'ont plus leur raison
d'être.
Notre intention en nous présentant devant cette commission n'est
donc pas de bonifier les règlements des comités confessionnels,
mais bien d'indiquer en quoi leur adoption pourrait entraîner
l'aggravation d'une situation déjà déplorable. Nous
aborderons, dans un premier temps, le projet de règlement du
comité catholique pour nous pencher ensuite sur le projet de
règlement du comité protestant.
L'intégrisme du comité catholique. Dans son avis
précédent, en 1985, le comité catholique - cet avis
était intitulé "Éduquer la foi à l'école" -
constatait que le Québec était pluraliste au niveau des
croyances, des valeurs et des ethnies. Le comité catholique
reconnaissait également que plusieurs enseignants appelés
à dispenser cet enseignement religieux n'avaient bien souvent pas la
fût eux-mêmes ou s'avouaient incapables d'en témoigner.
Qualifiant la situation de "climat de fausseté et d'hypocrisie", le
comité catholique s'engageait à "faire la lumière".
Le projet de règlement que le comité catholique
présente aujourd'hui s'inscrit toutefois dans une vision
résolument intégriste de l'école et oublie donc le premier
constat du pluralisme social. On lit, en effet, à l'article 4 de ce
projet de règlement que l'école publique reconnue comme
catholique intègre les croyances et les valeurs de la religion
catholique dans son projet éducatif. Un tel projet éducatif, M.
le ministre, a déjà été reconnu discriminatoire par
la Commission des droits de la personne. On ne voit pas comment, en effet, un
projet éducatif qui intègre des croyances religieuses
particulières dans les activités et les divers enseignements de
l'école pourrait en même temps être respectueux de la
liberté de conscience ou de croyance autre des élèves.
Le comité catholique a établi un régime d'option
entre l'enseignement moral et religieux catholique et la formation morale,
apparemment pour respecter davantage les convictions de chacun. Pourtant, un
projet éducatif confessionnel englobant comme celui proposé
contredit cette mesure par les dangers de récupération qu'il
représente.
Le projet de règlement ne prévoit par ailleurs aucune
possibilité de révocation de la reconnaissance catholique. Cette
reconnaissance a un caractère permanent, même si la moitié
de la clientèle scolaire se renouvelle à tous les trois ans. Soit
dit en passant, il est un peu surprenant de voir cette position du
ministère de l'Éducation alors qu'on voit ailleurs au
gouvernement du Québec des programmes d'accès à
l'égalité au niveau de l'emploi, quand au niveau des subventions
qui sont attribuées par le gouvernement à des entreprises on
demande à celles-ci de prévoir un programme d'accès
à l'égalité pour les femmes, pour les ethnies et, dans le
secteur de l'éducation, on se retrouve avec quelque chose qui est assez
loin de cette vision.
Le caractère "presciptif" de cet article 4 obligera donc toutes
ces écoles à se doter d'un projet éducatif catholique. Si
le règlement est appliqué à la lettre nous nous
retrouverons avec un réseau d'écoles uniformément
catholiques dans tout le Québec, ou protestant, sans qu'il ne soit
jamais possible d'en modifier le projet ou l'orientation.
L'impossibilité de révoquer le statut confessionnel se double
d'une obligation à l'article 27 de le respecter. Ainsi, le personnel,
les parents et les élèves d'une école catholique "doivent,
être respectueux du caractère catholique de l'école." Cet
article ouvre la porte à toutes sortes de mesures arbitraires.
Être respectueux, qu'est-ce que ça signifie? "Ne porter
aucune atteinte" selon le Larousse. Dans ce cas, l'article 27 pourrait
très bien être interprété comme une interdiction de
remettre en question, de contester ou de demander la révocation du
statut confessionnel de l'école. Si c'est d"'égard" à
l'endroit des croyances catholiques dont il est question, cet article pourrait
contrevenir à la liberté d'expression. Rappelons que le
gouvernement québécois amendait en décembre dernier la Loi
sur la liberté des cultes pour ta rendre conforme à la charte.
L'article interdisant les injures à l'endroit des croyances religieuses
a dû être abrogé au nom de la liberté d'expression et
de l'égalité des convictions, sans compter que tout le monde
dispose dans tous les domaines d'un certain recours, par exemple, en libelle
diffamatoire. (20 h 15)
Et quelles seraient les sanctions dans le cas de non-respect? Le
comité catholique aurait-il l'autorité juridique pour imposer un
comportement aux élèves et aux parents des écoles
publiques?
Simulacre de démocratie. Le règlement proposé
prévoit à l'article 2 par ailleurs que, pour obtenir une
reconnaissance catholique, la commission scolaire devra avoir consulté
les parents de l'école concernée. Le règlement ne
prévoit rien sur les modalités de cette consultation, mais la
conduite que te comité catholique a toujours observée par le
passé a été de reconnaître le voeu de la
majorité. Ce n'est là qu'un simulacre de démocratie. Un
vote, même majoritaire, sur un projet éducatif discriminatoire
dans son essence n'enlève rien au caractère discriminatoire de ce
projet. En aucun cas, l'exercice des droits fondamentaux ne doit être
soumis au bon vouloir d'une majorité.
Considérant que la loi 131 a pour effet de priver du recours
à la charte ceux qui verraient leur droit à la liberté de
conscience ou leur droit à l'égalité brimé par les
aménagements confessionnels ou privilèges accordés
à une religion particulière, il n'y aura dorénavant aucune
protection contre les abus possibles qui pourraient se glisser dans les projeta
éducatifs confessionnels. Vous avez vous-même
déclaré, M. le ministre, que la loi 131 se justifiait afin que
les garanties séculaires accordées aux catholiques et aux
protestants ne puissent être . contestées devant les tribunaux par
différents groupes, associations ou confessionnaiités au nom de
la liberté de conscience ou du droit à l'égalité.
C'est explicitement reconnaître que ces garanties séculaires vont
à l'encontre du droit à l'égalité et à la
liberté de conscience. C'est également reconnaître que le
gouvernement refuse que toutes les communautés autres que catholiques et
protestantes soient traitées sur un pied d'égalité
à l'école publique.
Tout nous porte à croire que la loi 131 traçait la voie
aux projets du comité catholique et du comité protestant. Ces
deux éléments mis ensemble nous font craindre le pire pour le
respect des convictions de ces groupes qui ne bénéficieront
jamais de ces garanties séculaires.
Les critères d'embauche, un autre point très important.
Aux articles 16 et 17 du projet de règlement du comité
catholique, on indique que, pour dispenser l'enseignement religieux catholique,
l'enseignant doit être de foi et de formation catholiques. Ce postulat,
tout à fait défendable dans un autre contexte, conduit à
modeler toute l'organisation scolaire en fonction des besoins de l'enseignement
religieux. S'il faut être catholique pour enseigner la religion
catholique, il serait logique d'en confier la tâche à un organisme
catholique. Au lieu de cela, le comité catholique choisit le chemin le
plus facile, mais aussi le plus lourd de conséquences.
Son exigence vise tous les titulaires du primaire puisque, dans
l'organisation scolaire actuelle, l'enseignement religieux fait partie de leur
tâche globale et normale. Au secondaire, le professeur de
français, de mathématique ou de toute autre matière peut
aussi être appelé à compléter sa tâche par de
l'enseignement religieux. Les articles 16 et 17 feront-ils de la foi catholique
un critère d'embauche dans les commissions scolaires où se donne
de l'enseignement religieux catholique? Le candidat non catholique ou refusant
de dispenser ce cours pour motif de liberté de conscience sera-t-il
considéré comme moins qualifié ou moins polyvalent que le
candidat catholique?
À la CECM, par exemple, le critère de foi catholique est
déjà et encore exigé pour tous les postes. Cette mesure
risque de devenir la règle générale dans la plupart des
commissions scolaires. Qui pourra définir ce que signifie être de
foi catholique? Pour les uns, cela signifie être baptisé; pour les
autres, ce mot désigne l'adhésion à l'humanisme
chrétien, alors que certains y incluent la pratique du culte et des
rites. Ce critère abstrait ouvre ainsi la porte à des mesures
inquisitoriales. De plus, il faut remarquer que le projet proposé ne
reconnaît que par défaut le droit à l'exemption pour les
enseignants.
L'intégrité de la formation morale. Les mesures concernant
le projet éducatif et la qualification des enseignants pourraient donc
avoir des répercussions sur l'ensemble des activités
éducatives de l'école. Le seul lieu où les dissidents
pouvaient encore se réfugier, c'est-à-dire le cours de formation
morale, est lui-même menacé.
Il est d'usage courant, tant au primaire qu'au secondaire, de confier la
tâche de l'enseignement moral et de l'enseignement religieux au
même spécialiste. La convention collective des enseignants place
ces deux cours, ainsi que la formation personnelle et sociale, dans le
même champ d'enseignement. C'est ainsi qu'un professeur qualifié
et expérimenté en enseignement religieux est automatiquement
reconnu qualifié et expérimenté en enseignement moral non
confessionnel.
De nombreux élèves qui auront choisi la formation morale
non confessionnelle se retrouveront avec des maîtres de foi et de
formation catholiques pour dispenser ce cours. Pourtant, l'enseignement moral a
ses exigences propres. Il demande une formation et des attitudes
différentes de celles de la catéchèse.
Pour les mêmes raisons qui amènent le comité
catholique à demander que les enseignants chargés de
l'enseignement religieux catholique soient de foi catholique, nous serions en
droit d'exiger que les personnes en charge de la formation morale laïque
fassent preuve d'esprit laïque, c'est-à-dire un esprit qui respecte
avant tout les droits fondamentaux de la personne et qui s'engage à
respecter la liberté de conscience de tous les étudiants sans les
endoctriner, sans les orienter dans des convictions ou des valeurs
prédéterminées. Ce qui est vrai dans un cas devrait aussi
être reconnu dans l'autre.
Nous sommes aussi en droit d'exiger que ce cours ne tombe en aucun temps
sous la juridiction du comité catholique. Avec les articles 10, 11, 12
et 13, le comité réglemente certaines conditions selon lesquelles
doit se donner ou non le cours de morale. Si ce cours a besoin d'encadrement,
il ne nous apparaît pas convenable que le tuteur en soit le comité
catholique.
Les mesures qu'il prévoit n'ont d'ailleurs comme seul but que
d'assurer la
concordance avec l'enseignement religieux. Pour se gagner une
crédibilité, le cours de formation morale a besoin de toute
l'autonomie possible.
La pastorale. Le projet de règlement oblige les écoles
publiques catholiques à se doter d'un service de pastorale et à
prévoir, à cet effet, des budgets et des locaux, aux articles 25
et 26. Le caractère prescriptif de ces articles pourrait conduire
à des aberrations alors que, dans certaines écoles, on manque
déjà de place pour des services essentiels comme une garderie ou
une bibliothèque. Les sommes que l'école devra y consentir
limiteront nécessairement les fonds disponibles pour les autres
activités de vie étudiante s'adressant à toute la
clientèle scolaire sans distinction de religion, comme les sports et les
loisirs.
Pendant que les commissions scolaires ferment des postes
d'orthopédagogues et de conseillers pédagogiques, elles devront
assurer l'embauche d'animateurs de pastorale. On y voit une espèce
d'antithèse.
Le règlement du comité protestant: un net recul. Bon
nombre de remarques et d'observations faites précédemment au
sujet du projet de règlement du comité catholique s'appliquent
aussi au projet de règlement du comité protestant.
L'impossibilité de révoquer le statut ou la reconnaissance
confessionnelle d'une école, les critères d'embauche et
d'exemption pour les enseignants, la pastorale, appelée ici animation
religieuse, créent ou créeront les mêmes problèmes
dans le secteur protestant que dans le secteur catholique.
Actuellement, à Montréal, la clientèle des
écoles protestantes est majoritairement non protestante. Plusieurs
Québécois et Néo-Québécois y trouvent un
refuge contre l'intégrisme de la Commission des écoles
catholiques de Montréal. On ne trouve plus l'esprit d'ouverture
qu'avait, dans le règlement encore en vigueur, le comité
protestant. Il va, lui aussi, à contre-courant de l'évolution
sociale. Le comité protestant traîne de l'arrière en
demeurant attaché à l'insidieuse pratique de l'exemption de
l'enseignement religieux, à l'article 5.
Avec le régime pédagogique qui accorde deux crédits
à l'enseignement religieux au secondaire et avec la christianisation des
écoles protestantes destinée è justifier la division
confessionnelle, l'enseignement religieux fait maintenant partie du curriculum
de la plupart des écoles protestantes. Ces écoles perdent ainsi
graduellement le caractère laïc qu'elles avaient dans bien des cas.
Dans ce contexte, il est inacceptable que le comité protestant ne se
mette pas à l'heure du Québec et maintienne l'odieuse pratique de
l'exemption.
Le comité protestant exige également une demande
d'exemption distincte pour les activités à caractère
religieux à l'article 8.
Si un parent n'est pas au courant de la tenue de telles activités
et n'a pas présenté de demande écrite, son enfant sera
donc tenu d'y assister, même s'il est exempté de l'enseignement
religieux. Pourtant, en février dernier, le service juridique du
ministère de l'Éducation émettait un avis juridique dans
lequel il affirmait: L'animation pastorale étant, à toutes fins
utiles, le prolongement de l'enseignement religieux, on ne peut concevoir
comment on pourrait imposer ces activités à l'élève
inscrit en enseignement moral. Ce que le comité protestant appelle
animation religieuse et activités à caractère religieux
rejoint ce que le comité catholique appelle animation pastorale. Si cet
avis juridique est fondé, on ne saurait donc exiger une exemption
supplémentaire.
L'esprit d'ouverture à l'égard du contenu de
l'enseignement religieux est également disparu. L'article 8 du
règlement encore en vigueur précise que la substance et
l'administration de ce cours ne doivent pas avoir pour objectif: D'endoctriner
par un enseignement basé sur l'appartenance à une secte
religieuse particulière.
Non seulement ne retrouve-t-on plus cette interdiction dans le projet de
règlement, mais celui-ci prévoit exactement le contraire.
L'article 7 du projet permet à l'école de dispenser: Un
enseignement confessionnel plus particulier sur demande des parents.
L'école protestante pourra donc, dorénavant, endoctriner par un
enseignement basé sur l'appartenance à une secte
particulière.
Cet élément, de même que les ajouts
d'activités à caractère religieux et des services
d'animation religieuse dans le projet éducatif de l'école, font
que le secteur protestant se rapproche de plus en plus de la notion catholique
de la confessionnalité scolaire, conception marquée par
l'intégrisme.
Notre système scolaire public sera ainsi formé de deux
réseaux intégralement confessionnels. Quelle place restera-t-il
pour les non-catholiques et les non-protestants dans le système scolaire
québécois? Sûrement pas le système privé qui
est fortement confessionnel aussi. Loin de nous l'idée de
suggérer un troisième réseau public. C'est plutôt le
sytème actuel qui doit s'ajuster aux exigences des droits fondamentaux
et faire en sorte que tous y soient traités sur un pied
d'égalité.
Une antithèse. Les projets de règlement des comités
catholique et protestant contiennent une antithèse. L'article 13 du
règlement du comité catholique et l'article 6 du règlement
du comité protestant prévoient en effet que les
élèves du secteur professionnel ne seront pas tenus de suivre le
cours de morale ou de religion. Cette exemption serait rendue nécessaire
à cause de contraintes relatives au nombre d'heures d'enseignement. Les
comités confessionnels
reconnaissent donc qu'il y a des matières plus importantes et
plus fondamentales que l'enseignement religieux et que celui-ci doit leur
céder la priorité. Si c'est vrai pour le secteur professionnel,
c'est aussi vrai pour les autres secteurs. Lorsqu'il se donne, l'enseignement
religieux occupe donc du temps qui pourrait être utilisé à
meilleures fins. Le temps libéré par le retrait de ce cours
pourrait être aussi indispensable et profitable aux élèves
de sciences humaines ou de sciences pures qu'aux élèves du
secteur professionnel.
M. le ministre, l'école québécoise a besoin de
toutes les ressources disponibles pour répondre aux défis que lui
pose notre société en profonde mutation. La qualité de
l'éducation, le virage technologique, l'aide aux milieux
défavorisés, l'intégration des groupes ethniques - qu'on
oublie complètement, entre autres, en parlant d'embauche d'enseignants
catholiques - nécessitent des investissements de temps, d'énergie
et d'argent qui empêchent de voir, dans les visées des
comités confessionnels, l'ombre d'une nécessité.
Outre ces importants défis, la priorité d'action devrait,
selon nous, viser à rendre nos lois sur l'éducation conformes
à l'esprit des droits fondamentaux contenus dans la Charte des droits et
libertés. L'école québécoise ne pourra accomplir sa
tâche si on persévère dans la ligne suivie jusqu'à
maintenant et qui consiste à retrancher tout le monde de
l'éducation de l'application des droits fondamentaux pour
préserver des garanties séculaires. Ces garanties datent
effectivement d'une époque où les chartes des droits n'existaient
pas. Il serait temps que le système scolaire québécois
s'ajuste à cette nouvelle réalité.
M. le ministre, nous vous demandons de faire en sorte que la
liberté de conscience et l'égalité des croyances soient
enfin reconnues en droit et en pratique dans les écoles du
Québec. (20 h 30)
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous remercie,
Mme Trudel, de votre exposé. Comme premier intervenant, je reconnais le
ministre de l'Éducation. M. le ministre.
M. Ryan: M. le Président, j'ai écouté avec
intérêt la présentation du Mouvement laïque
québécois. Les idées que nous a présentées
Mme Lamarre-Trudel ne m'ont pas étonné parce que j'en ai vu la
présentation à plusieurs reprises auparavant. J'ai eu l'occasion
d'échanger, avec Mme la présidente du mouvement, une
correspondance assez substantielle sur ces questions. J'apprécie qu'on
fasse la critique ouverte de nos politiques. Je pense que, selon les lois du
dialogue démocratique, il est normal que, si le gouvernement est
critiqué, il expose sa position de manière à la rendre
plus claire.
Je voudrais le faire de nouveau, ce soir, dans l'esprit de courtoisie
qui caractérise généralement nos rapports.
Je pense que vous attaquez le fond même du projet de
règlement. Je ne veux pas discuter des détails particuliers parce
que vous nous dites bien que c'est tout le règlement qui devrait
être laissé de côté, même le comité
catholique devrait être éliminé, si j'ai bien compris votre
présentation. Peut-être qu'il est bon qu'on discute, à ce
sujet pour commencer. Il y a d'autres remarques sur les points plus
particuliers du règlement qui me paraissent moins importantes, mais, si
on a un peu de temps, je n'ai pas d'objection à en discuter non plus, au
contraire.
Sur le fond, je crois qu'il y a un malentendu entre nous ou
peut-être des façons différentes de voir les choses. Un
mouvement laïc s'inspire d'une philosophie résolument
égalitaire et, procédant de cette philosophie, voudrait qu'il n'y
ait pas de distinction fondée sur la religion dans l'aménagement
des structures scolaires et même des services scolaires.
La position du gouvernement, comme d'ailleurs de tous les gouvernements
qui se sont succédé à Québec depuis la
confédération, même avant, est, au contraire, en ce sens
que les valeurs religieuses sont un actif pour la société
québécoise, qu'elles ont eu une présence centrale dans le
développement de l'éducation au Québec depuis des
générations, que leur présence a été
généralement bienfaisante pour le développement du peuple
québécois et que, dans toute la mesure où on peut leur
faire une place qui soit compatible avec le respect des convictions ou des
positions religieuses de citoyens d'autres allégeances, non seulement il
est légitime de leur faire cette place, mais il serait illégitime
de la leur enlever.
Nous soutenons cette position par respect pour les libertés
fondamentales, estimant que les libertés de caractère religieux
sont parmi les plus fondamentales, les plus importantes de toutes et que ces
libertés ne sont pas seulement des libertés privées ou
particulières, mais des libertés qui aspirent très
normalement à des prolongements publics également. Alors,
l'effort de ce gouvernement-ci et des gouvernements qui l'ont
précédé, y compris le dernier, a toujours consisté
à chercher des équilibres qui feraient droit à ce
rôle que les familles religieuses veulent jouer dans l'éducation
en même temps qu'il assurerait le respect des droits fondamentaux.
Nous croyons, peut-être erronément, que le gouvernement,
dans ses législations, respecte les libertés fondamentales. En
matière scolaire, par exemple, je croîs que vous conviendrez avec
moi que n'importe qui peut se présenter aux élections scolaires
au Québec, n'importe qui peut être commissaire
d'école aujourd'hui. Il y a un article de la Loi sur
l'instruction publique qui dit clairement: Une personne peut envoyer ses
enfants aux écoles d'une commission scolaire pour catholiques même
si elle n'est pas catholique elle-même. C'est l'article 39. Nous avons
fait des amendements en vertu desquels, lorsqu'une personne envoie ses enfants
aux écoles d'une commission scolaire pour catholiques, elle a le droit
de voter aux élections de cette commission scolaire et même de se
porter candidate sans billet de confession, sans test de foi, sans examen
d'aucune sorte. C'est dans la loi, à l'article 39, telle que nous
l'avons amendée au cours des derniers mois. Une personne peut envoyer
ses enfants à des écoles fonctionnant sous l'autorité
d'une commission scolaire pour catholiques ou pour protestants. La commission
scolaire est obligée de les accueillir.
Dans le territoire de la ville de Montréal, nous avons deux
commissions scolaires principales, la CECM et la CEPGM. Les écoles de
ces commissions scolaires sont confessionnelles, mais elles sont
également publiques, suivant la jurisprudence. À ce dernier
titre, elles sont tenues de recevoir dans leurs murs les enfants que les
parents veulent y envoyer. Elles ne peuvent pas les refuser ou les laisser
à la porte. Une fois qu'elles les admettent dans leurs écoles,
elles sont obligées de respecter les convictions religieuses de leurs
parents ou celles des enfants, s'ils sont en âge de les exprimer d'une
manière responsable. C'est tellement vrai qu'il y a. encore eu un cas,
dans mon comté, il y a quelques mois. Il y avait un enfant, je pense, de
parents qui sont des Témoins de Jehovah, qu'on avait soumis à des
examens de composition française qui étaient pas mal
imprégnés de valeurs religieuses. Les parents ont
protesté; ils ont dit que les enfants n'étaient pas tenus de se
plier à ces examens. Comme la commission scolaire considérait ces
examens comme des examens de français, elle a décidé de
mettre l'enfant en dehors de l'école. Les parents ont pris une
injonction et ils ont gagné. Le jugement a été rendu par
un juge de la Cour supérieure. La commission scolaire a
été obligée de reprendre l'enfant et de l'exempter de ce
genre d'exercice.
Il y a toute une tradition, de ce côté, qui est très
forte chez nous. C'est vrai qu'il y a tout un côté confessionnel
qui a été très fort à certaines époques et
qui, aujourd'hui, est appliqué de manière différente. La
tradition fondamentale du Québec en matière scolaire repose sur
ce concept d'école commune. Il y avait une sagesse profonde, il suffit
de lire la littérature des années 1840, 1850 et 1860 pour
constater que ce n'était pas un bloc monolithique, comme on peut penser
par la lecture d'une histoire superficielle; il y a toute une histoire
extrêmement riche qui montre que même nos ancêtres du
siècle dernier étaient déjà fort avertis des
questions de respect des convictions d'autrui ou d'aménagement des
divergences d'opinions religieuses dans une société
démocratique.
Quoi qu'il en soit, le pari du gouvernement est plutôt dans
l'autre sens, dans le sens d'un accueil positif des valeurs religieuses, mais
dans le souci du respect des libertés. C'est pour cela que je suis
obligé de vous dire que notre position de fond, je ne pense pas qu'elle
va changer. Nous écoutons votre intervention avec respect,
évidemment, mais je ne pense pas qu'elle sera suffisante pour changer
notre position.
Cela dit, il m'incombe de vous dire que le règlement va passer
par le fond. Je l'ai clairement dit ce matin, le gouvernement est engagé
à faire adopter ce règlement. S'il y a des points qui clochent,
nous sommes intéressés à entendre les
représentations, mais nous ne remettons pas en cause tout l'exercice.
S'il y a des points sur lesquels les libertés sont ou menacent
d'être violées ou mutilées, on doit en discuter avec
respect. Il y a des améliorations que nous sommes volontiers
disposés à rechercher. C'est le fond de notre position.
Maintenant, il y a un certain nombre de points particuliers, j'en
mentionne un. Vous pariez dans votre mémoire du pouvoir de
révocation, par exemple; vous dites qu'il n'en est pas question dans le
règlement. J'ai eu l'occasion de donner l'explication à ce sujet,
cet après-midi; je répète brièvement. La Loi sur le
Conseil supérieur de l'éducation accorde déjà aux
deux comités confessionnels ce pouvoir de révoquer, au besoin,
une reconnaissance déjà attribuée. Nos conseillers
juridiques nous ont fait valoir que, comme il s'agit d'un pouvoir
discrétionnaire accordé par le législateur aux
comités confessionnels, il n'était pas concevable d'en
réglementer l'exercice, puisqu'il s'agit d'un pouvoir
discrétionnaire dans la manière dont il a été
donné. Qu'éventuellement ces choses puissent être
formulées législativement, d'une manière
améliorée, c'est une chose qui peut très bien se
concevoir, mais, en n'en parlant pas dans le règlement, je pense que le
comité ne voulait pas l'escamoter; au contraire, il l'avait mis. C'est
après examen par les juristes du gouvernement qu'il a été
décidé de le laisser tomber parce qu'on essaie de laisser tomber,
dans nos textes réglementaires, tout ce qui n'est pas rigoureusement
nécessaire, il y en a déjà beaucoup trop. Nous, nous
sommes arrivés au pouvoir avec un préjugé, celui ds
réduire le volume de la législation réglementaire. Alors,
c'est cela l'explication. Il n'y a pas autre chose derrière cela. Le
pouvoir de révocation demeure entier et peut être exercé en
tout
temps par le comité catholique dans le cas de n'importe quelle
reconnaissance.
J'ajoute une explication sur les programmes de formation morale. Ils
relèvent du comité catholique uniquement dans la dimension
religieuse. Je pense qu'on peut concevoir facilement qu'il peut arriver, dans
une école catholique, qu'un cours de formation morale soit
organisé à l'intention d'un certain nombre d'enfants dont les
parents l'ont demandé. On est dans une école catholique. Je pense
qu'on ne pourrait pas concevoir que, dans une école catholique, on
enseignerait des doctrines absolument opposées aux doctrines
catholiques. En matière de morale naturelle, il y a un très grand
terrain d'entente entre des gens de différentes confessions religieuses
et de différentes allégeances philosophiques. C'est pour cela que
la loi donne au comité catholique un droit d'approbation sur tous les
programmes enseignés dans les écoles catholiques, mais sous
l'aspect moral et religieux uniquement. Pas d'autre chose. C'est pour cela que
le programme de formation morale actuel est le même dans toutes les
écoles protestantes et catholiques. C'est un programme du
ministère de l'Éducation, non pas du comité catholique ou
du comité protestant. Eux, s'ils voient là-dedans des choses
absolument inacceptables au point de vue catholique, ils ont un droit qui leur
est donné par le législateur, pas d'autre chose. Mais
franchement, en matière de morale naturelle, les esprits de bonne
volonté peuvent faire un très grand bout de chemin ensemble. Et
je pense qu'on recherche tous cela. Nous, nous le cherchons dans la politique.
C'est essentiellement l'objet de l'action que nous menons. Dans toute la mesure
du possible nous cherchons cela.
Alors, je ne vois pas, pour être franc avec vous, sauf sur des
points très particuliers que vous pourrez m'indiquer si vous le voulez,
les menaces que ceci peut entraîner pour l'avenir des libertés
fondamentales au Québec. Maintenant, s'il y a des points que vous voulez
signaler à mon attention, je vous écoute avec attention parce que
j'aime le débat civil et je pense que vous en avez donné un bon
exemple ce soir.
Mme Trudel: Je pense que Mme Cyr-Reed, sur la question de
candidat commissaire, aurait quelque chose.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme Reed.
Mme Cyr-Reed (Réjeanne): Je suis de la région de
Québec comme on vous l'a dit précédemment. En ce qui
concerne la Commission des écoles catholiques de Québec, qui est
la deuxième ou troisième grosse commission scolaire au
Québec, je dois vous dire que je me suis personnellement
présentée comme commissaire, il y a trois ans, et qu'on a
refusé ma candidature parce que je ne professais pas la religion
catholique romaine et que quinze autres personnes ont été
refusées dans les dix dernières années concernant le fait
de pouvoir briguer un poste de commissaire. Alors, je ne crois pas que le
règlement ait été changé. Beaucoup de demandes ont
été faites à la Commission des droits de la personne, mais
ce n'est pas de sa juridiction. Donc, je ne crois pas qu'on puisse affirmer que
les citoyens sont traités ici sur un pied d'égalité.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Madame, vous avez soulevé un exemple, celui de la
Commission des écoles catholiques de Québec. Je crois que vous
avez raison de signaler que, dans la charte particulière de la
Commission des écoles catholiques de Québec, il y a une
disposition comme celle dont vous parlez et qui n'a pas été
modifiée. Nous avons failli la modifier. Je crois que c'est sous
l'ancien gouvernement. Un projet avait été soumis pour obtenir
cette modification et les élections sont arrivées. Je pense qu'on
n'a pas eu le temps de le reprendre. Nous, nous n'en avons pas
été saisis encore. Mais il y a un problème là que
vous signalez à juste titre. Je vous donne raison sur ce
point-là. Mais, pour l'ensemble des commissions scolaires pour
catholiques, la loi a été modifiée l'an dernier. En tout
cas, vous avez soulevé un point que nous allons examiner de très
près et je pense qu'il y a des changements à faire à ce
sujet-là.
Mme Trudel: Maintenant, Luc Alary aimerait intervenir, si vous
pouvez...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Monsieur.
M. Alary (Luc): M. le ministre, vous avez parlé
tantôt de l'objectif de votre gouvernement de tenter de réduire le
volume de la réglementation. Mais c'est un peu surprenant de voir ici
que vous avez devant vous, devant cette commission, trois projets de
règlement: un pour les écoles publiques catholiques, un pour les
protestantes et un pour pour les écoles privées. C'est un peu
surprenant, justement, de voir comment on peut soumettre les citoyens du
Québec à trois régimes juridiques différents
dépendamment de la religion qu'ils professent. On pourrait ajouter un
quatrième régime pour ceux qui ne professent aucune religion et,
en fait, ceux-là sont un peu dans les limbes parce qu'il n'y a
absolument rien
de prévu. Vous ne croyez pas que, pour atteindre cet objectif de
diminuer la réglementation, un seul régime juridique serait
suffisant pour assurer l'exercice de la liberté de religion? Je vous
pose cette question. (20 h 45)
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. M. le
ministre.
M. Ryan: Aussi longtemps, M. Alary, que nous avons l'organisation
de notre système scolaire en tenant compte du facteur confessionnel qui
est l'objet de garanties constitutionnelles et qui est aussi l'expression d'une
réalité historique, sociale et culturelle importante, nous ne
pouvons pas avoir un seul règlement pour ordonner ce domaine
d'activités. Ce que nous proposons, nous le faisons d'abord à la
demande des comités confessionnels. Ce n'est pas nous qui avons
demandé aux comités confessionnels de nous fabriquer des
règlements; ce sont eux qui, après avoir fait une
expérience consciencieuse pendant plusieurs années, nous ont
soumis ces propositions qui avaient été mises en chantier sous le
précédent gouvernement. On me les a soumises très peu de
temps après notre arrivée au pouvoir et c'est un changement, ce
ne sont pas de nouveaux règlements. Ce sont des règlements
existants qu'on veut remplacer par des règlements qu'on prétend
mieux adaptés aux exigences de l'enseignement catholique et protestant
aujourd'hui.
M. Alary: Mais ne croyez-vous pas, M. le ministre, qu'en adoptant
des régimes juridiques différents pour chacune des commissions
scolaires ou selon le type d'école confessionnelle dans laquelle les
enfants seront inscrits, c'est un peu créer un genre de régime
d'apartheid dans chacune des écoles, c'est-à-dire que, si vous
avez un enfant qui ne professe pas la religion de la majorité de cette
école, il va subir un régime juridique différent de celui
de la majorité religieuse de cette école?
Nous sommes dans des institutions publiques. Ce ne sont pas des
institutions privées. Alors, il me semble qu'au Canada, selon les
principes reconnus dans la Charte canadienne des droits et libertés,
chacun a droit au même bénéfice de la loi, chacun peut
bénéficier des mêmes avantages de la loi. Tout citoyen
canadien doit être soumis au même régime juridique et
voilà que, dans une école, des enfants seront gérés
par des régimes juridiques différents, soit selon la religion
qu'ils professent. C'est un peu aberrant. Vous avez la loi 131, entre autres,
que le gouvernement a adoptée. Si on parle de régimes juridiques
différents, on pourrait peut-être mentionner que, dans cette
loi-là, on prive les gens, qui ne pourront pas exercer leur
liberté de religion dans les écoles, d'exercer les recours
prévus par les différentes chartes, soit la charte
québécoise et la charte canadienne.
En fait, on est la seule province au Canada a avoir adopté, en
matière d'éducation, une loi qui exclut expressément les
recours à la charte pour les gens dont les droits fondamentaux sont
brimés. C'est peut-être ce qu'on appelle une société
distincte au Canada, mais c'est un peu surprenant que, dans nos écoles,
on apprenne à nos enfants que c'est uniquement au Québec, dans le
fond, qu'on ne peut faire valoir les droits fondamentaux. Cela me semble un peu
aberrant.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je reconnais une
dernière intervention du côté ministériel,, M. le
ministre.
M. Ryans Je voudrais tout d'abord vous signaler que, dans chaque
école, il n'y aura pas trois régimes juridiques
différents; il y en aura un, celui qui sera défini par le
règlement du comité catholique ou du comité protestant. Ce
règlement est conçu pour s'appliquer à tout le monde,,
C'est tellement vrai que, si un enfant, par la volonté de ses parents ou
par la sienne, s'il est en âge de l'exprimer, ne doit pas être
soumis à l'enseignement religieux catholique ou protestant, il aura le
choix d'être soumis à l'enseignement moral non confessionnel. Il
faudra lui fournir ce service. C'est dans ce sens qu'on a un régime qui
est le même pour tout le monde, mais qui comporte des applications
différentes selon les catégories d'élèves, que nous
n'avons pas inventées, que nous photographions dans la
réalité et que nous accueillons comme telles dans les
écoles. Je ne pense pas qu'on puisse dire qu'il y a deux régimes
différents; il n'y en a qu'un dans chaque école. Si,
éventuellement, un nombre grandissant de parents allaient choisir des
écoles non catholiques ou non protestantes, il faudrait bien un
règlement pour faire fonctionner ces écoles aussi. Ce ne serait
peut-être pas un règlement formel, mais ce serait un
régime, de toute manière, qui serait adapté à la
volonté qu'auront exprimée les parents à ce
moment-là. Je ne pense pas qu'il y ait d'incompatibilité
fondamentale avec les droits dans ce cas.
Au sujet de la loi 131, on a eu l'occasion de s'expliquer amplement
là-dessus, le problème du gouvernement est un problème
pratique. Quand je suis arrivé au ministère, j'avais 10 ou 12
causes en marche devant les tribunaux. On était menacés de passer
notre temps à discuter avec des avocats et des juges. Ma "job", ce n'est
pas de passer mon temps devant les tribunaux, c'est de faire fonctionner le
système de l'enseignement. On a regardé cela concrètement
et on a décidé de faire exactement ce que le gouvernement
précédent avait fait dans la loi 3.
Dans la loi 3, vous le savez parce que vous l'avez critiquée, il
y avait l'article 80 qui disait qu'un projet éducatif intégrant
des croyances ou des valeurs religieuses ne pouvait être
considéré comme violant des droits fondamentaux sous le seul
prétexte qu'il y aurait des enfants qui ne partagent pas ces valeurs.
Pourquoi disait-il cela? Non pas parce qu'il était contre les droits de
ces enfants, mais parce qu'il disait: Nous avons d'autres moyens de voir
à ce que les droits de ces enfants soient respectés et l'objectif
est strictement pratique. Je vous le répète, nous ne pouvions pas
accepter de passer tout notre temps, d'investir tous nos oeufs dans des causes
judiciaires qui menaçaient de s'éterniser pendant cinq à
dix ans. Oès qu'il y en avait une qui était réglée,
il y avait encore un morceau de spaghetti qui sortait, qui n'était pas
réglé et on recommençait un autre procès et un
autre procès et on risquait de ne plus en finir. On a
décidé de ne pas aller dans cette voie parce qu'on avait des
raisons valables.
C'est la raison pratique. C'est tellement complexe que le
législateur canadien l'a reconnu lui-même dans sa charte des
droits, il y a un article qui dit que cela n'affecte pas les droits
définis par l'article 93. Tellement que le ministre de la Justice me
disait l'autre jour: M. Ryan, peut-être que la loi 131, avec le dernier
jugement de la Cour suprême, on n'en a plus autant besoin qu'avant. iI y
a un jugement de la Cour suprême qui vient de nous donner raison, qui
vient de dire que c'est vrai que les droits de l'article 93 passent avant les
autres. C'est comme cela que toutes les chartes de tous les pays se
constituent. Il y en a qui font des chartes purement théoriques et,
après cela, ils font un paquet d'exceptions. C'est cela, la
réalité historique n'est jamais aussi claire que le voudraient
les livres de grammaire et les dictionnaires.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Je reconnais maintenant la porte-parole de l'Opposition en
matière d'éducation, Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Mesdames et
messieurs, au nom de l'Opposition, je vous souhaite la bienvenue à cette
commission. Il est important à cette commission, je le rappelle, qu'on
entende les différents points de vue. Je me permettrais quand même
de faire quelques commentaires et, ensuite, de poser quelques questions par
rapport à votre conception de ce que devrait être l'école.
J'aimerais quand même relever ce qui m'apparaît être des
contradictions assez fondamentales dans ce discours qui veut absolument que
soit possible le respect des libertés religieuses fondamentales pour
quelqu'un qui choisit l'enseignement moral dans une école parce qu'il
n'a pas la même confessionnalité ou parce qu'il ne partage pas les
mêmes valeurs. Du moment où le comité catholique a la
responsabilité d'approuver -non pas de confectionner comme le ministre
laissait entendre que je le comprenais, tantôt - les programmes en
matière de contenu catholique et moral... Je lis textuellement le mandat
du comité: "approuver, au point de vue religieux et moral - religieux,
comme c'est le comité catholique, on peut penser que c'est religieux
catholique - les programmes, les manuels et le matériel didactique pour
l'enseignement dans ces institutions d'enseignement", et ceci inclut la
formation morale.
Il faudra qu'on fasse un exercice beaucoup plus approfondi que
celui-là pour dire qu'en même temps on respecte les
libertés fondamentales. Le ministre disait tout à l'heure que les
libertés de caractère religieux sont les plus fondamentales.
Comment peut-on s'assurer que ces libertés soient respectées dans
une école, à moins qu'on fasse comme les parents de cette
école dont il nous parlait tout à l'heure, chaque fois que vous
estimez que votre enfant reçoit un enseignement qui n'est pas conforme
à celui que vous attendez qu'il reçoive à l'école,
dans une école qui peut paraître neutre ou qui devrait
l'être du moment que vous choisissez l'enseignement moral... C'est votre
droit. Â moins que tout le monde estime aller en contestation chaque
fois. Dans la situation actuelle, il me semble que cela ne se tient pas.
Comment, en effet, ne pas être soumis à l'enseignement
religieux, à moins qu'on parle d'enseignement seulement dans un cours,
mais, du moment où les autres cours en sont imprégnés,
comment ne pas parler d'enseignement religieux dans tous les cours
dispensés à l'école? Ce n'est pas faisable en même
temps qu'on tient un discours sur le mandat du comité catholique. Je
pense que c'est à ce sujet qu'il faut poser la question. Le resserrement
du règlement vient ajouter à la menace d'embrigadement de la part
d'une communauté religieuse à l'endroit de toutes les autres dans
une école.
À mon avis, il y a une chose avec laquelle on ne peut pas
composer de façon très honnête, à moins qu'on
veuille parler, je le rappelle, de l'enseignement pour le limiter exclusivement
aux cours de religion, ce qui n'est pas vrai, lorsqu'on entend les grands
enseignements au sens large du terme, du moment où les autres programmes
s'en inspirent, c'est-à-dire vérifier que cela soit respectueux
de la religion et de la morale. Je pense que cela demeure un discours
extrêmement difficile que de tenir ces deux morceaux, à un point
tel que les écoles privées l'ont compris. Les écoles
privées ne se mettront pas dans l'obligation d'offrir l'option, parce
que maintenir les deux, cela se défend mal. Demandez aux écoles
privées:
il y a celles qui vont le tolérer, mais ne prétendront pas
offrir un enseignement qui ne soit pas religieux, qui ne soit pas de morale
catholique. Je trouve qu'elles sont beaucoup plus cohérentes que ce
qu'on essaie de défendre ici un peu artificiellement.
Le ministre disait que, traditionnellement, le Québec avait
été très respectueux des libertés fondamentales,.
II faisait un parallèle, à titre d'exemple, il citait le fait de
reconnaître le droit à l'éducation, qu'on n'interdisait
à personne d'entrer dans une école de son choix. C'est
l'éducation obligatoire et, dans des écoles publiques, c'est dans
l'ordre des choses. Cela ne vient pas, ici, démontrer qu'on est
respectueux des libertés fondamentales. J'ai déjà connu le
ministre plus rigoureux sur certains avancés» Celui-là,
à mon avis, il est plutôt boîteux.
Le ministre rappelait que le précédent gouvernement
s'était également inscrit dans cette perspective, par exemple, en
permettant l'adoption, je dirais en ne niant pas ces droits fondamentaux
reconnus à des communautés religieuses protestantes et
catholiques ici. Cependant, la démarche du précédent
gouvernement se situait dans une perspective de modification des structures
scolaires. C'est peut-être important de le rappeler ici.
J'aurais quelques questions. Cela m'a semblé assez clair, mais
j'aimerais que vous me le disiez de façon plus claire: Selon vous,
l'école publique devrait-elle ou non, dans un cours particulier,
enseigner la religion?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Madame.
Mme Trudel: Selon nous, comme vous dites, c'est très
clair. Selon nous, cet enseignement relève des Églises, des
communautés de croyants parce que, on le voit, si on intègre cela
au système public, on crée de la discrimination. On ne peut
soutenir également tous les types d'enseignement religieux. On en
choisit donc quelques-uns, c'est-à-dire l'enseignement religieux des
majorités. Ce n'est même plus un soutien puisque ce sont les
majorités qui auraient les meilleurs moyens financiers et les ressources
humaines pour mettre sur pied leur propre enseignement religieux. La confusion
vient souvent, quand on parle de respecter les valeurs et les croyances
religieuses, de respecter la liberté religieuse, du fait qu'on s'imagine
que, si l'enseignement religieux, catholique ou protestant, n'était pas
dispensé par l'école publique, on priverait les parents et les
enfants catholiques de l'enseignement religieux. (21 heures)
Dans la situation actuelle, puisque, en particulier, l'Église
catholique s'est toujours remise de cette responsabilité à
l'école publique, les parents avaient presque raison.
Mais il y a moyen d'encourager ce qui se fait présentement, ce
qui est un progrès, c'est-à-dire les comités de pastorale
paroissiaux qui commencent à prendre la responsabilité et
l'autonomie de cette formation religieuse, comme, d'ailleurs, toutes les
Églises protestantes et les autres sectes religieuses le font au
Québec. C'est vraiment une accommodation que l'on fait à la
majorité d'offrir aux enfants cet enseignement religieux à
l'école, ce qui cause ces problèmes quant à
l'égalité des croyances religieuses, du respect que l'on doit
également à toutes les croyances religieuses. Quand on parle
d'accueillir et de respecter l'expression des valeurs et des croyances
religieuses, nous aussi, nous en sommes. Mais il y a tout un pas entre
accueillir l'expression de valeurs et promouvoir certaines valeurs et certaines
croyances plutôt que d'autres.
Je vous donnerai simplement quelques cas qui sont vécus,
actuellement, en octobre 1987, dans des écoles du Québec. Dans
une école secondaire, l'enfant arrive en secondaire I, la mère,
qui a vécu avec cet enfant le régime d'exemption et d'option au
primaire, était donc fière d'arriver au secondaire pour qu'enfin
les problèmes soient terminés. Le jeune reçoit son
horaire, il â de l'enseignement religieux, alors qu'elle avait toujours
demandé, pour cet enfant, l'enseignement moral. Elle proteste,
téléphone à l'école. On lui confectionne un autre
horaire dans lequel il a le cours de formation morale mais pas de cours
d'éducation physique. Elle proteste, on lui raccroche même la
ligne au nez - parce que, vous savez, nous sommes très fatigants, nous
dérangeons beaucoup. Finalement, ce jeune reçoit un
troisième horaire sur lequel il a un cours d'éducation physique
et une période libre.
Un autre cas. Quand on établit des horaires dans une
école, surtout quand il y a une forte clientèle, il n'y a pas
simplement la contrainte de l'option entre l'enseignement moral et
l'enseignement religieux. Un autre étudiant de secondaire I, dans une
autre école. Dans cette école, on offre trois voies: les forts,
les moyens, les faibles, enrichi ou allégé. Le jeune ne peut plus
être groupé avec les forts s'il tient à son option morale,
parce que l'ordinateur a mis l'enseignement religieux avec le groupe fort. Tous
les forts sont en enseignement religieux. Les parents, évidemment, tout
le monde, on veut que nos jeunes réussissent. On tient à nos
convictions, mais on veut qu'ils réussissent. On a le choix: ou on le
change de groupe, lequel sera peut-être moins adapté à son
rythme d'apprentissage, pour maintenir l'option philosophique, ou bien on plie
pour lui donner les meilleures chances de succès.
Un autre cas, sur la rive sud de Montréal, à Longueuil.
Des parents, qui ont
toujours demandé que leur enfant ne soit pas soumis à
l'enseignement religieux, apprennent à la réunion d'information
du mois de septembre que le professeur responsable des cours de formation
morale non confessionnelle est l'animateur de pastorale de l'école. On
ne veut pas porter d'accusation, avoir des préjugés et dire que
l'animateur de pastorale est un homme à l'esprit fermé. Mais,
quand même! Quand on parle de faire approuver les programmes, de donner
une petite marge de liberté aux jeunes qui ne veulent pas - quelquefois,
c'est pour la vie et, d'autres fois, c'est pour un certain temps - être
soumis à l'enseignement religieux, quand on soumet ces programmes
à l'approbation des comités confessionnels, il y a comme une
question de principe, de dignité, de fierté et de
crédibilité. Ces programmes devraient être approuvés
par la direction générale des programmes et arrêter
là.
Qu'est-ce que les jeunes, les Néo-Québécois, par
exemple, qui ont une tout autre tradition religieuse... Si tout passe par le
crible des valeurs chrétiennes des comités confessionnels,
qu'est-ce qu'on a à offrir à quelqu'un qui est différent?
Les adultes ne peuvent pas intégrer, comme professionnels, le
système d'éducation parce qu'ils doivent être de foi
catholique ou protestante.
Je suis intervenue l'année dernière au primaire, à
Montréal. Je peux vous dire qu'une jeune laotienne de neuf ans n'a pas
pu supporter toute l'année d'être avec seulement une autre de son
groupe en formation morale. Elle voulait tellement s'intégrer aux autres
et vivre avec ses amis, les Québécois, que cette exclusion de la
classe pour un cours de formation morale, elle la trouvait très
pénible. Il ne faut pas se le cacher, je ne dirais pas que c'est
majoritaire ni proportionnel, mais on retrouve encore, dans nos écoles,
des professeurs qui ne sont pas toujours capables de faire la part des choses
entre leurs valeurs et les valeurs de la famille de ces enfants. En tout cas,
le professeur qui a accueilli cette enfant en enseignement religieux, elle
faisait vraiment de la lévitation, elle avait converti une
âmei
II faut essayer de se mettre dans l'esprit d'une minorité pour
comprendre toutes les difficultés auxquelles on a à faire face.
Dans les cas dont je vous a parlé, de parents qui se sont plaints de
difficultés d'horaire au secondaire, ces gens ont été les
seuls à se plaindre. Dans la même école, cela concernait
une dizaine d'étudiants. Mais il y a neuf parents qui se taisent parce
qu'ils ne veulent pas avoir d'ennui. Nos jeunes, rendus à la
préadolescence et à l'adolescence, ne veulent surtout pas que
leurs parents fassent du trouble à l'école parce qu'ils savent
que des représailles peuvent se faire de façon très
subtile parfois. Ce n'est pas tout le monde qui a les moyens. l'énergie
et le courage d'intenter une injonction chaque fois que ces libertés
fondamentales sont piétinées.
Nous savons très bien que ce que nous venons présenter
n'est pas dans les orientations de M. Ryan. On le sait et je n'espérais
pas faire changer M. Ryan d'orientation. Mais j'espère qu'avec la bonne
foi qui le caractérise il va pouvoir s'attarder aux conséquences
qu'on a pu essayer de mettre en lumière pour la minorité. Quand
on fait partie de cette majorité confortable qui a tous les services, on
ne voit pas toujours automatiquement les difficultés qui sont
créées pour ce qui est de la dignité humaine des
minorités.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Y a-t-il d'autres
interventions?
Mme Blackburn: Oui, M. le Président, brièvement
cependant, parce que je vois que le temps passe. Vous avez cité un
certain nombre d'exemples qui prouvent hors de tout doute les
difficultés que cela pose de tenir compte des choix des parents en
matière d'enseignement moral, surtout au secondaire. J'ai eu l'occasion
de le voir à ma commission scolaire où le directeur des services
pédagogiques disait simplement: On ne peut pas tenir compte de toutes
les contraintes et la première avec laquelle on compose et on invite les
jeunes à composer, c'est vraiment l'enseignement moral. On dit:
Écoute, cela ferait mieux notre affaire que tu ailles en enseignement
religieux. Ils le reconnaissent comme cela, simplement. Ils ne vous font pas de
cachette avec cela. Alors, parler de liberté fondamentale et de
liberté par rapport au choix de l'enseignement religieux, je pense que
c'est se leurrer. Ce n'est pas possible à certains niveaux. Et pour les
administrateurs, je vous le dis, même s'ils font preuve de bonne
volonté, souvent, à l'occasion, ce n'est pas possible.
Tout à l'heure, le ministre vantait l'histoire riche du
Québec en matière de tolérance et d'accueil. Il serait
peut-être intéressant de lui rappeler que, quelque part dans les
années cinquante, alors qu'on avait une forte migration d'Italiens dans
la région de Montréal, on ne les accueillait pas dans les
écoles. Les Grecs ont réussi à mettre les pieds dans les
écoles catholiques françaises en 1969 ou après. Parler de
grande tradition d'ouverture dans nos écoles catholiques au
Québec, c'est, à mon avis, un peu biaiser l'histoire. Je dirais
qu'il y avait une certaine tolérance, mais cela glissait plus
facilement, et sous n'importe quel prétexte, du côté de la
commission scolaire protestante qui, l'histoire le prouve, a toujours
été plus ouverte et plus accueillante. Le prétexte
était bon. À une époque, il y avait évidemment le
"baby boom". On manquait
d'écoles. C'était le prétexte pour dire: On ne
prend que les purs et les durs, évidemment, les francophones d'origine
et catholiques, de préférence.
Cependant, je voudrais seulement vous dire que, pour l'exemple que vous
citez, en disant qu'il est inacceptable que l'on donne même un cours de
religion parce que ce serait discriminer les autres religions qui, elles, parce
que le nombre est insuffisant dans les écoles, ne pourraient pas
recevoir la même attention, je me dis qu'il y a un moment donné
où il y a une certaine discrimination qui s'exerce. Lorsqu'on enseigne
l'histoire dans nos écoles, il est évident qu'on va enseigner
l'histoire, je l'espère, du Québec, du Canada, de
l'Amérique. Souvent, ensuite, c'est celle de l'Europe. C'est comme
normal. On ne s'attend pas à ce que ce soit très également
et équitablement réparti parce qu'on a des Laotiens ou des
Chinois, ou encore, des Africains au sein de l'école. On aura toujours
cette difficulté.
Je voudrais vous dire que bien que je pense qu'on devrait viser à
avoir des écoles catholiques et des écoles neutres - je pense que
c'est la solution - pour le moment, je n'exclurais pas cette espèce de
cohabitation. Elle m'apparaîtrait plus harmonieuse si tout le projet
n'était pas inspiré de la morale catholique, s'il y avait un
cours de religion ou deux ou trois ou quatre dénominations religieuses
dans la même école, parce que c'est ce qui pourrait se
présenter dans la région de Montréal, actuellement,
où 50 % des jeunes sont de nouveaux arrivants. Vous avez, me dit-on, une
quarantaine de dénominations religieuses, actuellement dans les
écoles de la CECM.
Mme Trudel: Mme Blackburn, je trouve que, dans votre exemple, la
comparaison avec l'histoire, l'histoire, c'est collectif, alors que la
religion, c'est privé et individuel. Puis...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Un instant. Les
deux formations politiques ayant largement dépassé le temps qui
leur était dévolu, j'ai une autre demande d'intervention de la
part de Mme la députée de Groulx. Est-ce qu'il y a consentement
à ce que Mme la députée de Groulx fasse une intervention?
Je la reconnaîtrai si l'Opposition... C'est à vous de...
Mme Blackburn: C'est la contrepartie, M. le Président. Je
n'ai pas d'objection.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Quand je m'engage
pour la contrepartie, je respecte ma contrepartie. Mme la députée
de Groulx.
Mme Blackburn: Accordé!
Mme Bleau: Madame, lorsque vous avez émis la pensée
tout à l'heure qu'avec M. Ryan vous ne vous attendiez pas à ce
que votre projet soit accepté, je pense qu'il n'est pas le seul à
défendre ces convictions. Je voudrais bien que, dans la tête de
tout le monde, vous ne pensiez pas M. Ryan seul dans cette position, parce que
nous sommes plusieurs autour de la table à avoir les mêmes
convictions. C'était la seule remarque que je voulais faire.
Le Président (M. Parent, Sauvé);
Madame.
Mme Trudel: En fait, je ne parlais pas des convictions
personnelles de M. Ryan. Il y a droit. Vous aussi, madame. Je pensais aux
orientations politiques fondamentales sur lesquelles nous ne sommes
sûrement pas d'accord.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce qu'il y a
une autre intervention? Une intervention de la part de l'Opposition.
Mme Blackburn: M. le Président, seulement pour remercier
Mme Trudel et les personnes qui l'accompagnent de leur présence ici en
commission parlementaire. Je pense bien que vous avez mis le doigt sur
certaines contradictions. Je pense en particulier au projet de loi 131 qui
vient rendre très difficile, sinon impossible, toute forme de
contestation de personnes qui souhaiteraient avoir autre chose dans les
écoles publiques du Québec, je le rappelle. On pourra aussi se
demander ce que pourrait vouloir dire: Les personnes qui fréquentent
l'école doivent être respectueuses du caractère catholique
de l'école. Jusqu'à quel point une association étudiante,
par exemple, pourrait mener campagne pour éviter qu'il y ait certaines
activités d'animation pastorale dans l'école? Est-ce que c'est
passible? Cela s'est déjà vu, mais est-ce que ce serait possible
dans le cadre d'un tel règlement? On aurait de multiples exemples. On a
un Québec de plus en plus pluraliste, ce qui n'est pas vrai - je le dis,
je le rappelle; d'autres l'ont rappelé différemment à
Ottawa - pour ma région. C'est plus homogène, mais
l'homogénéité culturelle ne veut pas pour autant dire,
actuellement, l'uniformité dans les valeurs véhiculées. On
semble tenir pour acquis que c'est souvent, malheureusement, exclusivement dans
la grande région de Montréal, mais ce n'est pas le cas, c'est
partout au Québec où les valeurs véhiculées par les
parents ou qu'ils voudraient voir transmettre à leurs enfants ne sont
pas celles régulièrement transmises par l'Église
catholique ou la morale catholique.
Alors, en gros, je conclurais là-dessus, en vous remerciant de
votre participation.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, Mme la
députée. M. le ministre.
M. Ryan: M. le Président, je me réjouis tout
d'abord du ton qui a présidé à nos échanges. Je me
souviens des discussions que nous avions sur ces sujets, il y a une vingtaine
d'années; elles se faisaient dans un climat beaucoup plus crispé,
beaucoup plus chargé, d'un côté, d'une mentalité
peut-être défensive à l'excès et, de l'autre
côté, d'une tendance très fortement agressive. J'ai
énormément apprécié le ton des interventions que
j'ai entendues ce soir. Je pense que Mme la présidente avait raison de
dire que même si on a une position claire, ce que souhaite vivement
l'Opposition dans ces choses, on est capable de prendre conscience des
difficultés qu'elle peut présenter. Il n'y a pas de position
parfaite en politique. Vous avez soulevé un certain nombre de
difficultés que nous allons continuer d'examiner avec
intérêt. Je peux vous assurer que, chaque fois que l'on porte
à mon attention une situation concrète où il y a des
valeurs fondamentales qui sont piétinées ou blessées, cela
m'impressionne profondément. Je me dis: II faut qu'on fasse quelque
chose pour . essayer de redresser la situation.
Tantôt, il y a un point que j'avais oublié de mentionner
à propos de la loi 131. Je crois que la députée de
Chicoutimi m'en a fourni l'occasion. Elle a semblé dire qu'à
cause de la loi 131 une personne dont les droits seraient violés dans
une école ou une commission scolaire ne pourrait pas recourir aux
tribunaux. C'est absolument faux, je pense que tous les recours que vous avez
au titre de vos droits fondamentaux peuvent être invoqués devant
les tribunaux en tout temps. J'ai donné l'exemple de la commission
scolaire du Long Sault, de Lachute, où il s'est présenté
un cas très concret il y a quelque temps. C'est vrai que ce n'est pas
tout le monde qui peut aller devant les tribunaux. On a quand même,
aujourd'hui, des services d'aide juridique et autres, des organismes qui
prennent souvent ces causes en charge et qui multiplient les chances
d'intervention à un degré qu'on ne connaissait pas autrefois. Ce
n'est pas parfait, mais je pense que c'est bon de circonscrire les choses dans
leur dimension réelle. L'effet de la loi 131, c'est uniquement
d'empêcher les contestations de caractère constitutionnel
interminables sur la validité même des lois. Mais, sur le reste,
je pense que tous les recours des citoyens demeurent ouverts comme ils
l'étaient auparavant.
Maintenant, j'ajoute un dernier point. Je sais que le Mouvement
laïque conteste le fondement même, le principe même du projet
de règlement. J'indiquais tantôt que l'intention du gouvernement,
c'est de le faire adopter, mais j'ai indiqué, ce matin, très
clairement que, si dans certaines de ces dispositions le projet de loi contient
des éléments qui seraient susceptibles d'améliorations ou
qui pourraient constituer des menaces directes à des droits
fondamentaux, c'est important que nous en soyons saisis. Je peux vous assurer
que nous ferons un examen attentif. Nous ferons part de nos observations en
temps utile au comité catholique avant que tout ceci ne devienne un
règlement en bonne et due forme.
J'apprécie, encore une fois, M. le Président,
l'échange de vues que nous avons eu. Je sais que ces choses-là
continuent. J'ajoute simplement que tout ce que font les gouvernements repose
finalement sur un consensus qu'ils croient constater. Si leur diagnostic est
faux, les mesures qu'ils prennent ne dureront pas longtemps. Et si le consensus
sur lequel nous croyons pouvoir nous appuyer pour faire ce que nous envisageons
de faire n'était pas existant, l'affaire va nous éclater en
pleine figure, ça ne prendra pas beaucoup de temps. Je peux vous assurer
que nous veillons au grain également et que s'il y a des ajustements
à faire nous les ferons. Nous ne définissons pas des dogmes, nous
faisons des aménagements concrets et, dans la mesure où la
réalité nous indiquera que ces aménagements ne
répondent pas aux exigences de la réalité, au test de la
réalité, il faudra bien que nous examinions la possibilité
d'ajustements. Et, dans cette perspective, je pense que le dialogue peut
continuer longtemps.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, cette
dernière intervention met fin à nos délibérations
pour ce soir. Mesdames, messieurs, nous vous remercions beaucoup. La commission
de l'éducation suspend ses travaux à demain matin, dix heures,
alors que nous accueillerons l'Alliance des professeures et des professeurs de
Montréal.
(Fin de la séance à 21 h 21)