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(Dix heures neuf minutes)
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît!
La commission parlementaire de l'éducation reprend ses travaux
qui ont été ajournés hier soir. M. le secrétaire,
est-ce que nous avons quorum?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président, nous avons
quorum.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce qu'il y a
des remplacements, M. le secrétaire?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président, il y a M.
Réjean Doyon (Louis-Hébert) qui remplace M. Albert Khelfa
(Richelieu).
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, M. Doyon
(Louis-Hébert) remplace M. Khelfa (Richelieu). M. Doyon, bienvenue et
considérez-vous comme membre à part entière de cette
valeureuse commission.
M. Doyon: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, ce matin
nous accueillons des groupes dans le cadre du mandat qui nous a
été confié, c'est-à-dire l'étude des projets
de règlement du comité catholique et du comité protestant
du Conseil supérieur de l'éducation. Ces audiences, qui ont
commencé hier, se dérouleront aujourd'hui toute la
journée, et au cours de la journée nous entendrons l'alliance des
professeurs, suivie de la Fédération québécoise des
directeurs et directrices d'école, suivie du Comité provincial de
pastorale au primaire. Au début de l'après-midi, j'annoncerai les
groupes que nous aurons le plaisir d'entendre.
En premier lieu, Mme Pagé, je vous remercie beaucoup d'avoir
répondu à l'invitation de la commission, d'être venue nous
livrer votre témoignage concernant ces projets de règlement. La
commission parlementaire de l'éducation n'a qu'un but, c'est de se
renseigner et d'aller chercher le plus d'opinions possible concernant ces
règlements de façon à les utiliser à un meilleur
escient et pour le plus grand bien du monde de l'éducation au
Québec.
Ce n'est pas la première fois que vous venez à une
commission parlementaire, vous savez comment cela se passe, vous savez que vous
avez un bon président, permissif et compréhensif. Vous avez aussi
des membres de cette commission qui sont hantés par les mêmes
intentions. Le temps qui vous est alloué est d'une heure; environ quinze
à vingt minutes, comme vous le jugerez à propos, pour faire votre
présentation et la balance du temps sera répartie entre vous et
les membres de la commission parlementaire pour des discussions ou,
peut-être, mieux cerner votre intervention.
À la fin, au bout de cinquante minutes, je donnerai la parole au
porte-parole de l'Opposition qui pourra conclure au nom de sa formation
politique et je ferai de même du côté ministériel,
où je céderai la parole au ministre de l'Éducation qui,
lui, conclura pour sa formation politique.
Alors, Mme Pagé, si vous voulez bien nous présenter la
personne qui vous accompagne et enchaîner avec la présentation de
votre mémoire.
Alliance des professeures et professeurs de
Montréal
Mme Pagé (Lorraine): Alors, la personne qui m'accompagne
est M. Henry Egretaud, qui est conseiller syndical à l'alliance et qui a
été le rédacteur du mémoire que nous
déposons, mémoire qui a été préparé,
comme c'est l'habitude à l'alliance, par un comité de travail
formé de personnes un peu de tous les horizons et qui a
été adopté par nos instances par la suite.
En commençant, vous me permettrez d'abord de vous remercier de
nous entendre ce matin. Je ne vous ferai pas la lecture du mémoire. Je
suis certaine que, comme vous t'avez eu à l'avance, vous l'avez lu. Je
vais donc vous en faire une présentation résumée, en
attirant votre attention sur les points qu'il nous semble
particulièrement important de mettre en évidence.
Je vous rappelle que l'Alliance des professeurs de Montréal est
le plus gros syndicat d'enseignants au Québec, qu'elle regroupe les
enseignantes et les enseignants oeuvrant dans le secteur francophone de la CECM
et qu'elle regroupe aussi des enseignants d'institutions privées pour
enfants en difficulté d'adaptation et d'apprentissage.
Maintenant que nous nous sommes présentés plus
officiellement, je vous dirai que ce que nous voulons examiner du projet
de loi, compte tenu de ce que nous sommes, c'est-à-dire un
syndicat essentiellement montréalais, ce sont les principaux aspects du
projet de loi visant à la reconnaissance proprement dite du statut
confessionnel, la notion de projet éducatif, le choix entre
l'enseignement religieux et l'enseignement moral, et les effets du
règlement sur les enseignantes et les enseignants. Nous essaierons aussi
de présenter quelques pistes qui nous paraissent utiles à
l'évolution du débat sur le statut confessionnel des
écoles publiques.
Je vais quand même vous donner des références dans
notre mémoire, si vous voulez suivre. Je suis donc dans la
première partie, à la page 4: Quelques balises. En
commençant, je voudrais vous rappeler brièvement
l'évolution du Conseil supérieur de l'éducation et de son
comité catholique. Dans notre propos, nous avons aussi voulu voir si les
règlements qui nous sont soumis sont conformes à
l'évolution qu'on avait constatée au Conseil supérieur de
l'éducation et aux différents avis qui ont été
rendus publics.
En février 1986, dans un avis intitulé "Pour une
évolution équitable des structures scolaires du Québec",
le CSE avait rappelé l'importance, lors des négociations
constitutionnelles, d'inclure la question de la confessionnalité
scolaire et il avait invité le gouvernement du Québec à
assurer au Québec la pleine capacité de se donner un
système d'éducation qui, tout en tenant compte des droits
confessionnels et linguistiques, répondrait plus adéquatement aux
exigences croissantes de la pluralité et respecterait mieux les droits
et libertés de tous les citoyens.
Nous allons donc essayer de répondre à la question
suivante: Est-ce que les projets de règlement vont répondre plus
adéquatement aux exigences croissantes de la pluralité et vont
permettre de mieux respecter les droits et libertés des citoyens?
En septembre 1986, dans un nouvel avis, le comité catholique du
CSE, dans un document intitulé "L'école catholique, des pas
à franchir", disait que, compte tenu de la pluralité, il fallait
envisager avec pertinence et courage les changements qui s'imposent,
malgré l'impasse juridique liée à l'article 93. Il
réaffirmait donc des commissions scolaires linguistiques, en souhaitant
que soit reconnu le droit des autres et en soulignant qu'il est
nécessaire d'apprendre à respecter profondément
l'identité et les convictions de tous ceux qui fréquentent
l'école publique.
On peut donc conclure que le CSE et le comité catholique, ayant
pris conscience de la pluralité de la population du Québec,
souhaitent des structures scolaires non confessionnelles, linguistiques et qui
assurent les droits des catholiques et des autres dans le respect des
convictions de chacun.
Nous allons donc aussi poser la question: Est-ce que le projet de
règlement va répondre à cette volonté d'ouverture?
Est-il un moyen qui va permettre d'évoluer malgré l'obstacle
constitutionnel?
Nous ne referons pas dans notre mémoire, dans notre
présentation, l'histoire des relations entre l'Église et la
société. Simplement quatre volets pour rappeler que
l'Église et la religion catholique ont permis, au fil des ans, la
conservation et le développement de l'ethnie
franco-québécoise; que la société
québécoise s'est déconfessionnalisée tout en
devenant pluraliste. Il n'y a plus d'adéquation entre francophones et
catholiques, pas plus qu'il n'y en a entre anglophones et protestants. Il y a
nécessité de déconfessionnaliser les structures scolaires,
ce qui se fait, en pratique, un peu partout sauf à Montréal et
à Québec. Enfin, dernière constatation, des groupes de
pression ont pris possession d'organismes scolaires publics, affirmant ainsi
leur condition de "possédants", pour reprendre une expression
utilisée par le conseil supérieur en janvier 1984.
Je suis à la page 9. Au fil des ans, donc, comme je vous te
disais, les Québécois francophones catholiques ont
découvert qu'il y avait des francophones non catholiques et même
non chrétiens. Malheureusement, les structures confessionnelles ne se
sont pas adaptées à cette réalité ou, plutôt,
les structures confessionnelles catholiques. Parce qu'on doit dire que les
structures protestantes se sont beaucoup mieux adaptées à cette
évolution.
Cet état de fait a nui à la communauté francophone.
Je n'ai pas besoin de rappeler qu'il a fallu avoir des législations dans
le passé pour s'assurer que les jeunes immigrants fréquentent des
écoles françaises. Et, donc, nous affirmons, nous, que nos
structures scolaires confessionnelles catholiques ont, jusqu'à un
certain point, joué un rôle défavorable à
l'égard de la communauté francophone au cours des deux
dernières années, quand ça s'est mis à
coïncider avec les phénomènes massifs d'immigration.
Nous ne pouvons donc faire autrement que de rechercher des moyens pour
consolider notre communauté francophone. Nous allons donc nous demander
si les projets de règlement vont faciliter l'accueil des autres à
la communauté francophone ou, au contraire, cultiver le repli sur soi de
cette communauté.
Toujours à la page 10, nous rappelons que l'ensemble du
Québec s'entend sur la déconfessionnalisation des structures
scolaires. On peut même dire que le conseil des évêques
était d'accord et que les deux seuls organismes qui y ont fait obstacle
sont les deux grosses commissions scolaires de
Montréal, la CECM et le PSBGM. À notre avis, d'ailleurs,
pour des raisons tout à fait différentes, je ne crois pas que les
motivations du PSBGM aient d'abord été des motivations d'ordre
religieux alors qu'à la. CECM, compte tenu des dirigeants de la
commission, je pense que c'étaient véritablement des
volontés religieuses.
Nous pensons donc que Montréal devrait logiquement pousser au
changement, puisque c'est là qu'on retrouve la plus vaste
pluralité ethnique, culturelle, linguistique et religieuse, parfois
même areligieuse. La vieille structure ne convient plus, sauf à
ceux qui en ont pris le contrôle et qui essaient de le conserver. Alors,
ils essaient de s'accommoder de la présence des autres. Ils tentent de
les intégrer dans leur projet éducatif catholique. Mais comment
le font-ils?
Je pense que notre mémoire, à cet égard, vous
reproduit une image qui vaut mille mots. C'est un document tout récent
qui a été produit par la CECM pour expliquer son plan de
"promotion des valeurs chrétiennes dans une tradition de respect et
d'accueil des personnes". Mais vous remarquerez très vite que les
personnes autres sont justement en marge dans notre petit dessin.
J'aborde maintenant la deuxième partie, la première partie
étant, comme je viens de le faire, de vous rappeler notre point de vue
sur les commissions scolaires confessionnelles en vous indiquant qu'il nous
apparaît dramatique que ce système se perpétue à
Montréal. La deuxième partie aborde plus spécifiquement le
projet de règlement du comité catholique. Je rappelle les
questions. Est-ce qu'on retrouve dans ces projets l'ouverture annoncée
dans les précédents documents du CSE? Est-ce que ce document
répond à l'évolution des rapports entre le Québec,
la religion et l'Église? Est-ce qu'il peut jouer en faveur des
francophones? Est-ce qu'il permettra une évolution équitable
à Montréal?
La première remarque qui s'impose, c'est que toute la section I,
qui traite de la reconnaissance comme catholique de l'école publique,
est sans portée réelle sur les écoles de la CECM. La CECM,
constitutionnellement catholique, peut-elle administrer des écoles qui
ne le seraient pas? Je vous rappelle le jugement Deschênes sur
l'école Notre-Dame-des-Neiges. Le gouvernement du Québec
entend-il autoriser la CECM à ouvrir des écoles autres? Et dans
quels cas faudrait-il s'attendre encore à des batailles
constitutionnelles?
Quoi qu'il en soit, il nous semble qu'un élément soit
absent de tout ce volet: c'est qu'il ne peut pas s'appliquer à
Montréal.
Deuxième remarque que nous voulons faire, il s'agit de la nature
de l'information transmise aux parents de l'école pour la consultation.
C'est une recommandation que nous faisons. Nous croyons qu'il serait plus
prudent que l'autorité scolaire fasse autoriser la documentation avant
l'envoi aux parents ou, plus simplement, que le Conseil supérieur de
l'éducation, ou son comité catholique, publie une documentation
de base utilisable et adaptable localement. Je n'ai pas besoin de vous dire
quelle charge émotive se véhicule souvent dans les débats
d'ordre linguistique ou religieux. Je pense qu'il faut que le comité
catholique s'assure que les débats de cette nature, s'il y a choix du
statut confessionnel de l'école, se fassent dans un climat le plus
serein, le plus objectif possible. Donc, pour mener la consultation, il s'agit
de mettre à la disposition des gens des documents qui seront à la
hauteur du débat qui doit se mener.
Sur le projet éducatif qui est abordé dans la
deuxième section du règlement, il y a, à notre avis, une
grave ambiguïté; celle qui est attachée à la notion
même de "projet éducatif". Le comité catholique, à
notre avis, est fort peu précis quand il définit ce qu'est le
projet éducatif. Je dirais même qu'il aurait dû prendre
davantage modèle sur ce que le comité protestant met de l'avant
comme définition du projet éducatif. La pensée du
comité catholique est, à notre avis, floue; elle peut laisser
entendre beaucoup de choses. Cela couvre un champ très large. On fait
appel à la foi catholique, à la conception chrétienne,
à la conception humaniste et à la culture
judéo-chrétienne. Cela en fait beaucoup!
Par contre, si on regarde le projet de règlement du comité
protestant, on s'aperçoit qu'il y a un effort de clarification des
valeurs; connaissance de la Bible, valeurs morales et religieuses de la
communauté, respect des traditions religieuses de tout le monde. C'est
vraiment un projet éducatif beaucoup plus précis et qui laisse
beaucoup moins d'ambiguïté. Nous aurions aussi souhaité que
le comité catholique essaie de clarifier les bases idéologiques
de l'école catholique, ce qui n'est pas fait, à notre avis, dans
le projet de règlement.
Nous avons donc une deuxième recommandation, qui est à la
page 18, que le projet éducatif soit plutôt le suivant: articuler
la nécessité de l'universel et le droit à la
différence; s'interdir de heurter les consciences; aborder toutes les
questions sans dogmatisme. Nous vivons, nous le rappelons, une coexistence
d'ethnies, de cultures, de fois, qui veulent l'égalité des droits
et, en même temps, demeurer elles-mêmes. À Montréal,
encore une fois, il ne pourra y avoir de débat sur le statut
confessionnel de l'école tant que nous aurons les structures
confessionnelles que nous avons, garanties par la constitution, mais il faut
s'assurer que ce qui est mis de l'avant dans le projet de règlement du
comité catholique soit compatible avec la situation
réelle de nos classes et de nos écoles.
Dans le droit des uns et le droit des autres, nous constatons avec
satisfaction que le droit à l'exemption est officiellement
remplacé par le choix entre l'enseignement moral et l'enseignement
religieux. Cependant, à notre avis, il faudrait - et ce sont les
recommandations que vous retrouvez à la page 19 - que le cours
d'enseignement moral soit revalorisé, particulièrement à
Montréal.
Ce que nous avons constaté, c'est que le règlement du
comité a une logique interne. Pour qu'une école soit reconnue
catholique, il faut que la majorité de la population concernée le
demande en suivant un processus. II s'exprime donc un double choix. Il y a le
choix collectif de la communauté qui va demander le statut confessionnel
ou pas et, après cela, un deuxième choix qui est d'ordre
individuel. Même si l'école a un statut confessionnel, des enfants
pourront choisir l'enseignement moral ou l'enseignement religieux.
À Montréal, la situation se présente
différemment. Je le rappelle, le choix collectif n'existera pas. Il ne
va donc exister que le choix individuel. À ce moment-là, nous
pensons qu'il faut vraiment valoriser le cours d'enseignement moral. Nous
constatons que, souvent, les parents ont l'impression que, s'ils veulent que
leurs enfants soient mis en contact avec certaines valeurs, même s'ils ne
sont pas croyants, même s'ils ne sont pas pratiquants, il faut faire le
choix de l'enseignement religieux parce qu'ils ne savent pas ce qui se fait
à l'enseignement moral. Dans certains milieux, on laisse croire
qu'à l'enseignement moral il se fait un peu n'importe quoi. Or, il y a
l'importance de valoriser ce qu'est l'enseignement moral et les recommandations
4 et 5 le précisent.
Il faut donc que les parents et les élèves soient
correctement informés sur le droit au choix et sur
l'intérêt de l'enseignement moral. Il faut aussi que
l'enseignement moral jouisse de ressources égales à celles dont
l'enseignement religieux va bénéficier. Même dans une
école à statut confessionnel, il y aura des enfants à
l'enseignement moral et il faudra s'assurer que ces enfants ne soient pas
marginalisés dans le vécu de l'école parce qu'il n'y aura
pas de ressources pour faire un travail d'animation auprès d'eux.
Recommandation 6, à la page 20. Nous pensons aussi que les
élèves qui n'ont pas choisi l'enseignement catholique doivent se
voir offrir un choix valable et valorisant sur le plan des activités
parallèles aux activités d'animation pastorale catholique, si
l'on veut.
Autre recommandation, concernant l'article 27 cette fois-ci. Il
représente certes un progrès sur le règlement actuel.
Puisque la majorité a choisi une école catholique, il peut
être légitime que le personnel, les parents et les
élèves respectent ce choix et ce caractère. Mais, nous
regrettons de le rappeler encore une fois, le caractère religieux
catholique étant imposé à Montréal, pour les
dirigeants de la CECM, être respectueux du caractère catholique
est interprété présentement de façon abusive. On
n'a qu'à rappeler les critères de sélection qui ont
été imposés à la CECM dans le choix de ses
suppléantes et de ses suppléants et pour donner des contrats
à des enseignantes et à des enseignants.
À la page 21, nous pensons que, tant que le caractère
confessionnel sera préservé à la CECM par la constitution,
il faudra prévoir, dans les règlements du comité
catholique, qu'à Montréal l'administration scolaire catholique
ainsi que chacun de ses dirigeants ou toute personne qui y travaille doivent
être respectueux du caractère pluraliste de l'école et des
convictions de tous ceux qui la fréquentent.
J'attire également votre attention sur le droit à
l'exemption. Dans la version de 1981, un enfant pouvait être
exempté de l'enseignement religieux, mais aussi quelque chose rappelait
qu'un enseignant pouvait en être exempté. Ce droit n'est plus
reconnu dans le projet présenté par le comité catholique.
Il apparaît encore, par contre, dans celui présenté par le
comité protestant. S'il s'agit d'un oubli, il est de taille. Si ce n'est
pas un oubli, c'est très grave. Nous croyons qu'il doit être
clairement exprimé dans le projet, pour éviter toute
ambiguïté ou interprétation abusive, qu'un enseignant ou une
enseignante peut être exempté de l'enseignement religieux.
Autrement, on se retrouve dans une situation qui sera très rapidement
abusive. Le problème est particulièrement aigu chez les
titulaires du primaire et nous estimons qu'au nom des valeurs d'ouverture, de
respect du pluralisme et des consciences le comité catholique doit
réintroduire le droit à l'exemption pour les enseignantes et pour
les enseignants.
À la page 23, pour ce qui est des qualifications, je vous dirai
tout de go que les qualifications exigées des enseignantes et des
enseignants nous paraissent tout à fait inacceptables. Tout d'abord,
elles ajoutent de nouvelles contraintes et compliquent le processus de
reconnaissance de la qualification et d'affectation. Le règlement
actuel, lui, respecte le cheminement normal de placement des enseignantes et
des enseignants qui est négocié entre syndicats et employeurs.
Vous prévoyez un mécanisme d'exemption. Les exigences actuelles
vont alourdir l'organisation scolaire, particulièrement au primaire
où, dans la plupart des cas, ce sont les titulaires qui assument
l'enseignement de la religion. Nous ne voyons pas la nécessité de
mettre des exigences qui amèneraient assez rapidement la création
d'un nouveau champ d'enseignement, soit l'enseignement religieux au
primaire.
Présentement, au secondaire - deuxième
élément - nous cherchons à réduire le nombre de
groupes qu'une enseignante ou un enseignant rencontre. Cela veut dire, parfois,
de favoriser le regroupement de matières. On parie de
généralistes au secondaire. Cela devient impossible, à ce
moment-là, en ayant des qualifications aussi précises pour les
enseignants en enseignement religieux, de favoriser ce type d'organisation
scolaire qui a été, par ailleurs, hautement souhaité par
le CSE, le ministère de l'Éducation et le ministre lui-même
à certaines occasions. (10 h 30)
II y a aussi le problème des compléments de tâche.
En enseignement religieux, comme en d'autres matières, on sait que
souvent, dans l'organisation, à un moment donné, il reste des
compléments de tâche à attribuer. Cela deviendrait tout
à fait impossible de le faire et même les enseignants qui,
présentement, n'enseignent que l'enseignement religieux, mais sur deux
cycles, pourraient se voir incapables, par exemple, de compléter leur
tâche d'enseignement religieux au premier cycle avec de l'enseignement
religieux au deuxième cycle parce qu'ils n'auraient pas la
qualification. Donc, c'est tout à fait impossible de gérer cela.
Non seulement cela pose-t-il des problèmes de gestion, mais cela pose
aussi des problèmes d'ordre pédagogique, d'organisation plus
humaine, et cela ne doit pas être retenu.
Cela laisse entendre, aussi, que la seule formation adéquate,
c'est celle qui est acquise dans les universités. Je pense que le
comité catholique erre. Bien souvent, la formation la plus
adéquate, c'est celle que nous allons chercher par du recyclage, de la
mise à jour, par le biais du fonds de perfectionnement et nous ne
pouvons donc pas souscrire à cette allure.
Il y a enfin là-dedans, à notre avis, des germes de
discrimination et d'intolérance. Je pose la question: Est-ce que des
commissions scolaires pourraient décider de n'engager que des personnes
qui ont accumulé tous les crédits, s'évitant ainsi tous
les problèmes de droit à l'exemption de l'enseignement ou de
difficulté pour les compléments de tâche et, à ce
moment-là, elles se priveraient d'éléments très
valables, de pédagogues hautement qualifiés, pour des raisons qui
n'ont pas leur place. Je rappelle que ce n'est pas de la science-fiction que je
fais ici. Je vous rappelle encore une fois les pratiques que la CECM a mises en
place dans la sélection des suppléantes et des
suppléants.
En résumé, à la page 26, puisque nous en sommes
à une critique globale du projet de règlement, il y a des
éléments positifs. Le comité a tenté de faire
preuve d'ouverture; il offre le choix collectif quant au statut de
l'école, il garanti le choix individuel. La bonne volonté est
réelle. Mais le projet a des limites, particulièrement à
Montréal.
La première grande faiblesse du projet - elle est très
grande - c'est qu'il va conforter le conservatisme des dirigeants, leur donner
des justifications et des outils supplémentaires pour asseoir leur
intolérance, compte tenu que le choix collectif, je le
répète, ne pourra pas se faire à Montréal. Les
projets ne tiennent pas compte de la réalité montréalaise
et deviennent donc, à ce moment-là, tout à fait
contradictoires avec l'objet d'ouverture recherché par le comité.
On ne peut pas traiter Montréal - cela a l'air très
hégémonique de dire cela - comme une petite commission scolaire
perdue au bout de la Gaspésie ou dans le Grand-Nord
québécois.
Deuxième faiblesse qui découle de la première: le
projet de règlement, à Montréal, va jouer contre la
communauté francophone parce que les gens de diverses cultures, à
la lecture même des projets des comités, vont voir que le projet
du comité protestant est beaucoup plus ouvert, beaucoup plus respectueux
des cultures et des croyances diverses. Le phénomène que nous
constatons, qui a été jusqu'à un certain point
infirmé dans une étude menée par la CECM, c'est que les
parents disaient qu'ils envoyaient leurs enfants à l'école
protestante parce qu'ils avaient le sentiment que ce milieu était plus
respectueux et ouvert à leurs valeurs, à leurs croyances
différentes, et ce mouvement va se renforcer.
Des pas à franchir dans la bonne direction. Ce sont donc des
pistes que nous voulons soulever. Nous vous invitons d'abord, encore une fois,
à faire la réforme des structures scolaires à
Montréal. Chaque fois que je me présente en commission
parlementaire, j'en parle. J'en reparle encore une fois. Le lac Meech, c'est
passé, je ne sais pas s'il va y avoir des débats constitutionnels
sur le bord d'un autre lac, mais il faudrait bien en reparler.
À la page 29, c'est cet élément-là que nous
rappelons: déconfessionnaliser les structures scolaires, garantir les
droits des catholiques et cela, par un double choix. Il va être collectif
et individuel. Le comité a voulu rassurer les catholiques en leur
disant: Vous aurez quand même ce qu'il faut mais, tant que la
première étape n'est pas franchie, cela viendra renforcer un
conformisme et cela jouera à notre desavantage dans la région de
Montréal.
À la page 30, nous voulons inviter les membres du comité
à créer un nouveau consensus innovateur et mobilisateur, en
proposant pour catholiques, parce qu'ils sont catholiques, et comme catholiques
une nouvelle conception de l'école publique où l'on ferait de
cette école une école publique, tout court, qui ferait profession
d'ouverture, en aidant tous ceux qui le veulent à y
trouver leur place.
Vous constatez à juste titre la pluralité des conceptions
morales ou religieuses de notre société. Alors, nous demandons au
comité catholique: Définissez donc les bases d'une morale san3
épithète qui, d'une part, saura ne pas heurter les valeurs
catholiques mais qui devra aussi - c'est le principal défi -
intégrer les valeurs non catholiques pour amener un enrichissement
mutuel. Aller plus loin, autrement dit.
Le Québec n'est plus ce qu'il était et il ne le sera
jamais plus. La pluralité commande, si l'on choisit l'ouverture,
d'abandonner les clivages idéologiques. Les Églises le font
parfois, nous pensons que l'école doit le faire et qu'on doit
s'installer dans un dialogue, une cohabitation fraternelle qui doit
s'étendre à l'école et aux enfants. C'est le creuset de
notre société future. Les rites et les traditions sont des
phénomènes culturels et, dans un milieu pluraliste, ils
constituent un enrichissement réciproque.
Nous reprendrons donc, en conclusion, la phrase suivante: II faut que le
comité catholique identifie et fasse partager les valeurs unificatrices
plutôt que celles qui divisent et qui excluent. Et, le présent
règlement, à notre avis, ne permet pas d'aller dans cette voie.
Je vous remercie.
Le Président (M. Parent, Sauvé): C'est moi qui vous
remercie, Mme Pagé, de votre exposé. De façon à
accélérer le débat, je reconnais M. le ministre de
l'Éducation.
M. Ryan: M. le Président, il me fait plaisir de saluer Mme
la présidente de l'Alliance des professeurs de Montréal et de lui
dire que j'ai écouté avec beaucoup d'intérêt la
présentation qu'elle nous a faite des vues de son organisme au sujet des
projets de règlement qui sont soumis à notre examen. Il y a
seulement une note qui m'a légèrement déçu dans la
présentation qu'on a entendue, c'est que la présidente a tenu des
propos laissant supposer qu'elle concéderait déjà la
victoire, aux prochaines élections scolaires à Montréal,
à l'équipe qui est présentement en place. On croyait avoir
rencontré, hier, une équipe qui était censée jouir
de l'appui de l'alliance. J'espère que mon interprétation est
erronée.
M. Egretaud (Henry): C'est une mesure de prudence, M. le
ministre, on ne sait jamais.
M. Ryan: J'écoutais les opinions qui ont été
émises. Évidemment, nous sommes ici pour essayer de trouver un
terrain d'action qui va reposer sur le plus large consensus possible. Je me
disais, à plusieurs endroits: Je pense qu'il y aurait moyen,
tantôt d'apporter des améliorations, tantôt de faire des
ajustements ou d'obtenir des élaircisse- ments qui permettraient
peut-être de progresser ensemble vers une proposition qui serait encore
plus largement acceptable,, Je vais prendre des exemples, l'un après
l'autre, si vous me le permettez.
Lorsque vous traitez de la reconnaissance des écoles - cela
traite des articles 1 et 2, je pense, du projet de règlement - vous
insistez pour que certaines garanties soient données concernant la
qualité de l'information devant être fournie aux parents. C'est
vrai que le projet de règlement, dans sa teneur actuelle, ne contient
rien à ce sujet-là. Il y a quelque chose à regarder de ce
côté-là. Si vous aviez des propositions à faire en
complément de l'intervention que vous avez faite ce matin ou,
tantôt, dans la réponse à mes remarques, je
l'apprécierais vivement. Je pense qu'il y a un point qui pourrait
peut-être être renforcé, ici. Je ne sais pas à quel
niveau cela devrait se faire. Est-ce que cela devrait être la
responsabilité du comité catholique? Est-ce que cela devrait
être celle de la commission scolaire? Est-ce que ça devrait
être celle du ministère? Je ne le sais pas, mais il y a quelque
chose à faire pour que la qualité de l'information soit mieux
garantie. Je pense que c'est un postulat de base.
Vous avez fait des remarques à propos du projet éducatif,
du genre de projet éducatif que vous souhaiteriez. À mon avis,
l'article 4 dans sa teneur actuelle n'interdit aucunement que le projet
éducatif soit exactement cela dans une école où les
artisans de l'école, c'est-à-dire la direction, les parents et
les élèves le voudraient. Je pense que rien n'est
empêché par l'article 4 dans sa teneur actuelle.
Je crois me souvenir que, dans une formulation antérieure, il y
avait un point qui était ajouté à l'article 4 et cela
donnera peut-être éventuellement satisfaction à certains
milieux qui ont des inquiétudes légitimes. Je pense qu'on avait
une première version qui disait ceci: Le projet intègre les
valeurs et les croyances, mais dans le respect des droits de chacun. Il y avait
quelque chose comme cela qui permettait d'éviter qu'on verse dans un
confessionnalisme excessif qui aboutisse à nier, à
étouffer ou à écraser les droits.
Il y a donc quelque chose qui peut être fait là sans trop
de difficultés. Je crois que cela avait été enlevé
sur la recommandation des conseillers du gouvernement qui disaient que, vu
qu'on avait les chartes de droits, ce n'était pas nécessaire de
le dire à chaque pas qu'on faisait. Mais si cela pouvait être une
garantie de plus grande clarté de ce point de vue, ce sont des choses
qu'on pourrait regarder avec le comité catholique. Il me semble qu'il
n'y a pas d'opposition. On pourrait peut-être donner des meilleures
garanties ici. J'ai expliqué hier que le mot
"intègre", qui est clef dans cet article du règlement, est
un mot très polyvalent qui se prête à beaucoup
d'interprétations, un des plus souples qu'on pourrait trouver.
Plus loin, vous dites: En ce qui touche le choix entre l'enseignement
moral non confessionnel et l'enseignement moral et religieux confessionnel, on
ne donne aucune garantie d'amélioration quant aux conditions dans
lesquelles devra s'exercer l'option de ceux qui choisissent l'enseignement
moral non confessionnel. C'est vrai que le règlement vise à
obtenir des garanties pour ceux qui font l'option en faveur de l'enseignement
moral et religieux confessionnel. Si vous aviez des suggestions à faire
sur ce point, ce serait très intéressant de les entendre. Il y a
peut-être des choses qui peuvent être envisagées pour
assurer un meilleur équilibre. Vous avez évoqué des
situations de fait auxquelles le gouvernement ne peut être
indifférent. S'il y a des possibilités d'amélioration ici,
je pense que cela vaut la peine de les regarder.
Vous avez traité de l'article 27 concernant le respect que les
personnes oeuvrant dans l'école doivent manifester à l'endroit du
caractère de l'école, chose qu'on avait déjà dans
le règlement antérieur. Je pense qu'on adoucit la teneur de ces
dispositions et vous le soulignez d'ailleurs vous-même dans votre
mémoire. Il y a une difficulté qui a été
soulevée et, à force d'en discuter, on finit par comprendre mieux
quand on écoute. Je réfléchis tout haut, bien simplement.
Il pourrait peut-être être ajouté ici: II devra être
respectueux du caractère confessionnel de l'école, mais aussi de
son caractère public. À ce moment-là, je pense qu'on
rétablirait les perspectives parce que notre école
confessionnelle a ce double caractère: c'est une école publique
et une école confessionnelle. Si on souligne seulement un volet, c'est
sûr qu'il y a des morceaux qui peuvent échapper. Ce sont des
ajustements qui peuvent être envisagés entre personnes de bonne
volonté. Mais, en tout cas, je continue de discuter avec vous.
Le droit à l'exemption pour les enseignants. Ici, vous trouvez
que la formule présentée est réductrice par rapport aux
droits qui étaient explicitement reconnus dans la formulation
antérieure, chose qui peut être regardée. Je ne pense pas
qu'il y ait d'insistance obsessive là-dessus et, si une affirmation
claire et positive était préférable à la
formulation plutôt négative, privative, qu'on trouve dans le
projet de texte, je pense que c'est une matière qui peut se prêter
à ajustement également.
J'arrive à un dernier point: les exigences au sujet de la
qualification des enseignants. Vous avez soulevé des difficultés
réelles, au chapitre de l'organisation, qui peuvent découler des
qualifications proposées par le comité catholique comme condition
pour qu'un enseignant se voit confier l'enseignement moral ou religieux
confessionnel.
Il y a une question ici que je vais vous poser. Je vais terminer
là-dessus. Je pense que tout le reste est sous forme de question aussi.
Vous pourrez commenter à votre guise. Il y a un problème qui se
pose. C'est ce qui a rendu le gouvernement sensible aux représentations
du comité catholique. On nous dit qu'il y a de plus en plus
d'enseignants qui viennent des universités et qui n'ont suivi aucun
cours concernant les matières qui entrent sous formation morale ou
enseignement religieux. Ils disent: On est en droit d'exiger un minimum de
compétence pour l'enseignement de ces matières, ce n'est pas
seulement une question de bonne volonté. On peut bien enseigner la
religion par une espèce d'inspiration de l'Esprit saint, mais c'est
toujours mieux quand c'est une inspiration guidée par une connaissance
sûre et cette connaissance s'acquiert normalement, habituellement, dans
les universités, aux autres niveaux d'études
également.
Je suis bien sensible à ce que le président de l'alliance
a dit. Il ne faut pas mettre cela trop uniquement dépendant d'un seul
titre universitaire parce que Dieu sait comment cela peut être trompeur,
parfois, et incomplet, mais je vous pose le problème. Il y a une
situation de fait dont on nous a saisis. Il faut apporter des
améliorations à cette situation. Quelles sont les propositions
que l'alliance aurait à formuler, si elle trouve que celles du
comité catholique sont trop astreignantes? (10 h 45)
Le Président (M. Parent, Sauvé): Madame.
Mme Pagé: Est-ce que les questions longues peuvent
supporter une réponse longue? Je ne suis pas sûre que je
réussirai à être concise dans ma réponse. Tout
d'abord, sur la qualité de l'information, la première question du
ministre, ce qui est prévu présentement, c'est que
l'école, le milieu prépare un document que le comité
reçoit. Celui-ci en prend connaissance; donc, c'est un travail de
vérification par la suite qui, de toute façon, va être
assez lourd.
Nous pensons, quant à nous, qu'il serait probablement hautement
souhaitable que le comité catholique prépare un document de base
qui pourrait être utilisé dans les différents milieux,
étant bien entendu que les milieux pourront y apporter des
enrichissements s'ils veulent adapter le document à la
réalité locale. Je pense que cela prend, à tout le moins,
un canevas qui précise les orientations à cet égard.
Autrement, pour avoir déjà vécu des débats d'un peu
plus près - entre autres, à Notre-Dame-des-Neiges - je vous dirai
que cela tourne facilement à l'empoignade plutôt qu'au
débat, juste pour
rédiger le document qui va présenter les choses. Il faut
se donner les garanties que cela va se faire sur la base la plus sereine
possible et permettre le respect des droits des uns et des autres.
Donc, cela pourrait être facilement sous la responsabilité
du comité catholique de préparer un document de base. Vous m'avez
parlé du ministère, cela peut aussi être le
ministère, cela peut être fait conjointement. C'est un document de
base qui est ensuite donné au milieu, qui peut faire des adaptations
locales.
À l'article 4, rien n'interdit d'avoir de l'ouverture. C'est
peut-être vrai, mais je trouve que c'est mieux d'écrire que cela
le permet que de ne rien écrire et de laisser entendre que cela ne
l'interdit pas. Autant le comité protestant dit, dans son
règlement, qu'il faut le faire dans un sentiment d'ouverture, de respect
des personnes, je pense que c'est toujours mieux de l'affirmer clairement dans
le projet éducatif que de laisser entendre que cela ne serait pas
contraire à tel aspect du règlement.
Je donne un exemple. Je vais, par exemple, à la page 16. Je
m'excuse, mais je dois retrouver la page où j'ai mis mes notes. On dit,
par exemple: L'école catholique doit s'inspirer de la conception
chrétienne de la personne et de la vie. Il pourrait arriver que
simplement par cette ligne on ne fasse pas preuve *de tolérance, ou
d'ouverture, ou de respect avec certains de nos élèves qui
fréquentent nos écoles confessionnelles à Montréal,
qui ont fait un choix individuel en faveur de l'enseignement moral qui
véhicule parfois des conceptions assez différentes de la
personne. Je prendrais simplement l'exemple de la condition des femmes, ou
différentes choses. II faut se mettre dans une approche d'ouverture et
de respect mutuel. La formulation du comité protestant m' apparaît
bien plus précise à cet égard. Je ne vois pas pourquoi il
n'y aurait pas de difficulté à l'écrire quand on est
protestant et il y en aurait quand on est catholique. Je ne réussis pas
à comprendre cela, même en bonne catholique.
Les suggestions sur le choix de l'enseignement moral, des garanties de
services. On s'aperçoit que dans le règlement il y a des
garanties de ressources, d'animation pastorale pour les gens qui font ce choix.
Le but qui est poursuivi, c'est de dire: L'enfant qui suit un cours
d'enseignement religieux doit vivre, à travers différentes
activités, le prolongement de cet enseignement religieux. L'enfant qui
est à l'enseignement moral est aussi en cheminement personnel au plan de
certaines valeurs. Lui aussi doit pouvoir enraciner cet enseignement dans des
activités connexes, si on veut, et il devrait y avoir les mêmes
garanties de support, d'accompagnement, d'enrichissement de la réflexion
qui est initiée au cours dans différentes activités. Je
pense que c'est important, pour que les enfants qui sortent de l'école
aient eu la même possibilité d'approfondir leur réflexion
et de l'exprimer dans différentes activités, que de donner ces
garanties-là.
Je vous disais que l'article 27 est une amélioration. Nous
l'avons constaté. La suggestion que vous nous faites de rappeler le
caractère public, c'est une suggestion qui peut aller dans le sens de
l'amélioration. Nous pensons qu'il y a une différence entre
adhérer à quelque chose et respecter. Quand on est dans le milieu
montréalais, on s'aperçoit que présentement notre
employeur a traduit ça par un phénomène d'adhésion
plutôt que par un phénomène de respect. Cela devient donc,
à notre avis, discriminatoire et il ne faut pas permettre de telles
attitudes.
Le droit à l'exemption pour les enseignants et les enseignantes,
je pense que notre exposé était assez clair pour vous indiquer
comme c'est important de le garantir, ce droit-là, quand bien même
ce ne serait que pour garantir une qualité de l'enseignement, parce
qu'on est dans un domaine où un enseignant ou une enseignante qui ne se
sent pas à l'aise, en conformité avec les valeurs qu'il ou elle
doit enseigner, va avoir des difficultés sérieuses à bien
rendre le tout.
Sur les qualifications: Quant à l'aspect que vous soulignez, M.
le ministre, je pense qu'il faut départager, tout d'abord, ceux qui vont
enseigner au secondaire et ceux qui vont enseigner au primaire. Pour ceux qui
s'en vont au secondaire, c'est un champ, ils ont des qualifications,
voilà. Pour les enseignants qui s'en vont au primaire, peut-être
faudrait-il prévoir dans l'ensemble du certificat un cours obligatoire
qui donnerait la formation pour enseigner au préscolaire et au primaire.
Il s'agit de l'équivalent d'un cours pour le titulaire du primaire.
Peut-être faudrait-il l'envisager à ce moment-là.
Mais, encore, je rappelle que, dans bien des cas, si une enseignante ou
un enseignant est profondément croyant, se sent à l'aise pour
enseigner à des petits bouts de chou de six ans, sept ans, huit ans,
neuf ans, je ne suis pas certaine que ça prenne des crédits
universitaires pour l'enseignement de la religion à ces niveaux. Cela
prend une croyance bien enracinée. Cela prend un travail étroit
avec la communauté paroissiale parce qu'on est dans la période de
la vie du jeune où l'on parle des sacrements. Cela prend un
perfectionnement, un recyclage, une mise à jour pour voir comment on
peut enseigner dans un milieu les connaissances religieuses, mais ce ne sont
pas véritablement des connaissances religieuses supplémentaires
dont les enseignantes, les enseignants au primaire ont besoin. Je pense que la
question n'est pas d'abord là.
Je finirai en réagissant à votre blague du début,
en me disant: Vous avez l'air de quelqu'un qui a déjà perdu ses
élections par anticipation. Je veux juste vous dire que les
règlements ne doivent pas être soumis à un verdict
électoral. Quel que soit le verdict électoral, il faut que les
règlements permettent que tout se fasse harmonieusement et nous
prétendons que les règlements tels qu'ils seraient écrits
ne seraient pas, justement, à l'abri des verdicts électoraux.
C'est pour ça que nous voulons qu'ils soient modifiés dans le
sens que nous demandons.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, Mme la
présidente. Je reconnais maintenant la porte-parole de l'Opposition en
matière d'éducation, Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Permettez-moi
d'abord de vous souhaiter la bienvenue et de vous remercier d'avoir fait
l'effort ou accepté de participer aux travaux de cette commission, bien
que n'étant pas à proprement parler concernés par le
projet de règlement. Je pense que, tout comme d'autres organismes qui ne
l'étaient pas, vous trouvez utile de venir partager les effets de votre
expérience par rapport à un tel règlement à
l'intérieur de votre commission scolaire. Ce sont des effets qui
pourraient éventuellement se répercuter sur l'ensemble du
réseau scolaire de la province de Québec.
Tout à l'heure, lorsque vous commentiez la question-fleuve du
ministre, vous vous inquiétiez de votre capacité de
répondre dans le même délai. Je vous dirais que les
questions longues en commission parlementaire - et le ministre les utilise
souvent, à certaines occasions, à tout le moins - ont un
avantage. C'est qu'elles ont comme effet de gruger sur le temps de
réponse qu'on ne désire pas entendre. On a déjà
entendu des questions de quinze minutes dans une certaine commission
parlementaire.
Écoutez, je vais essayer d'être brève parce que je
souhaiterais avoir un certain nombre de réponses pour peut-être
mieux cerner la réalité de la CECM. Est-ce que vous connaissez
à peu près le pourcentage, comment se répartissent les
choix des parents entre enseignement religieux moral et enseignement moral
à la CECM?
Mme Pagé: Je réponds tout de suite?
Mme Blackburn; Oui, j'en ai trois ou quatre d'affilée
comme cela.
Mme Pagé: Au primaire, c'est un phénomène
encore assez limité. C'est-à-dire que la majorité... Je
pense que je n'erre pas en disant que près de 80 % des enfants
choisissent l'enseignement religieux et environ 20 %, l'enseignement moral. Au
secondaire, dans certains milieux, une majorité d'élèves
choisissent l'enseignement moral et, dans d'autres milieux, c'est
moitié-moitié. Le phénomène a beaucoup plus
d'importance au secondaire.
Je dois signaler que ce que nous avons perçu dans nos discussions
avec plusieurs parents à cet égard, c'est qu'il y a un
phénomène culturel autour de l'enseignement religieux au
primaire. Je ne veux pas amoindrir l'importance du phénomène,
mais, au Québec, les sacrements, la première communion, la
confirmation, font partie de notre patrimoine culturel. Les parents font
vraiment le choix que leurs enfants reçoivent les sacrements, donc
qu'ils soient inscrits au cours d'enseignement religieux. Après cela, on
constate une évolution très forte au niveau secondaire. Mais le
phénomène du choix, au primaire, même s'il n'a pas
l'importance de celui du secondaire, est aussi un phénomène en
croissance, même si c'est beaucoup plus lent, compte tenu du
phénomène culturel dont j'ai parlé tantôt.
Mme Blackburn: Est-ce qu'il est exact qu'on aurait tendance, dans
les années du primaire où il y a un sacrement, à inscrire
les enfants à l'enseignement religieux et, dans les années
où il n'y en a pas, à l'enseignement moral?
Mme Pagé: D'après l'expérience que j'ai, on
les inscrit à l'enseignement religieux jusqu'à la
cinquième année, avec la confirmation, et à partir de la
sixième année on commence à avoir plus d'inscriptions
à l'enseignement moral.
Mme Blackburn: D'accord. Hier, je me suis laissé dire que,
dans les programmes, il avait été prévu
antérieurement qu'on ne devait pas initier les enfants à la foi
au niveau de la maternelle car, à la maternelle, le parent ne peut pas
faire un choix entre la morale et la religion. Donc, l'initiation à la
foi avait été exclue du programme de la maternelle. Actuellement,
cela aurait été introduit. Est-ce exact?
Mme Pagé: Non, je n'ai...
Mme Blackburn: Pas à la CECM?
Mme Pagé: Je n'en ai pas entendu parler. Je n'ai pas
été saisie de cas où des enseignants de la maternelle nous
auraient indiqué des problèmes à cet égard.
Mme Blackburn: On m'a dit que c'était le cas ici, à
la CECQ. Je me demandais si le programme avait été modifié
provincialement.
Mme Pagé: II peut arriver que, dans certaines
écoles, on le fasse. Mais je n'ai pas vu une telle directive à la
CECM, à tout
le moins. On aurait procédé ainsi qu'il y aurait eu une
lacune parce qu'on aurait dû être consultés et on ne l'a pas
été. Ou bien cela s'est fait tout à fait à notre
insu, ou bien ce sont vraiment des expériences isolées dans
certaines écoles parce que je n'ai pas eu connaissance d'une directive
à cet effet.
Mme Blackburn: Très bien. J'aimerais peut-être
aborder les exigences pour la qualification des enseignants et les effets de
discrimination qu'elles pourraient avoir à la fois par rapport au choix
des enseignants et par rapport à leur liberté de conscience, je
dirais, lorsqu'ils sont en phase de formation. On se rappellera d'abord qu'on
est dans une école publique et catholique. Cela est étonnant. Je
veux dire que, dans certains pays musulmans, on retrouve un mariage très
étroit entre le sacré et le profane, entre l'administration
publique, le Code civil et la pratique religieuse. Dans nos pays, c'est moins
fréquent, on le sait. L'enseignement religieux, au primaire, serait
donné par des généralistes, pour un certain nombre de
raisons d'ordre pédagogique qu'on comprend bien, afin d'éviter
que les enfants soient en contact avec un trop grand nombre de
spécialistes.
Par ailleurs, pour enseigner au primaire, il faudrait avoir neuf
crédits en enseignement religieux et peut-être - ceux qui sont
brillants vont le dire - aussi neuf crédits en enseignement moral. Si
vous ne prenez que l'un ou l'autre, cela veut dire que la commission scalaire
qui va vouloir engager un professeur, si je comprends bien, étant
incapable de prévoir l'évolution de la demande en enseignement
religieux et en enseignement moral, aura tendance à aller chercher
quelqu'un qui est en enseignement religieux ou peut-être même les
deux. Cela aura pour effet, d'abord, de devoir prendre dix-huit crédits
de formation - cela commence à être un peu plus important que neuf
- et cela aura aussi pour effet de brimer la liberté de conscience de
certaines personnes. Ce sera cela ou leur gagne-pain, au Québec. Et
comme il n'y a pas d'autre réseau public francophone que le
réseau catholique, puisque même dans le secteur privé,
c'est catholique, ils n'ont d'autre choix que de se préparer à
aller enseigner. Et comme on risque d'exiger tantôt d'avoir au moins
l'enseignement catholique, sinon les deux, ils vont y aller en dépit de
leurs croyances. Est-ce que cela aura un effet bénéfique sur la
qualité de la formation que ces personnes pourront donner? Je pense que
la question se pose. Cette école qui est à la recherche de la
vérité et de la qualité, est-ce qu'elle pourra les
atteindre avec de telles contraintes? (11 heures)
Mme Pagé: Je pense que, dans votre dernière
question, vous avez bien saisi la dynamique qui va exister dans certains
milieux. Je pense qu'il y a des personnes qui vont être amenées,
pour des considérations très terre-à-terre, je dirais,
à consentir une quantité importante de crédits à la
formation en enseignement religieux et en enseignement moral pour avoir le plus
de chances passible d'être sélectionnées, surtout à
la CECM, et ce, au détriment souvent de d'autres cours qui sont aussi
importants.
Je pense que, si on veut vraiment avoir un enseignement de
qualité dans nos classes, ce n'est pas de dire que des personnes
à la barre tiède, pour des raisons très pratiques
d'engagement, vont prendre les crédits, mais plutôt de dire: Les
enseignantes, les enseignants qui enseignent au primaire, qui ne demandent pas
d'exemption et qui font donc de l'enseignement religieux, comment, maintenant,
leur garantit-on les moyens dont ils ou elles ont besoin pour faire cet
enseignement: lien étroit avec la communauté paroissiale, service
d'animation, connaissance de l'enseignement moral aussi, pour éviter que
des élèves se retrouvent dans des classes d'enseignement
religieux, mais en ne voulant rien savoir de l'enseignement religieux? Moi,
j'ai enseigné la religion. Je peux vous dire qu'il y a des cours
où je m'ennuyais de ma mère, non pas parce que je ne me sentais
pas à l'aise pour parler de ce dont j'avais à parler, mais parce
que dans ma classe j'avais un certain nombre d'élèves qui ne
voulaient pas écouter cela, même s'ils étaient inscrits au
cours d'enseignement religieux. On leur avait présenté ou on
avait présenté à leurs parents l'enseignement moral comme
étant un genre de fourre-tout où il ne se passait rien, où
il ne se disait rien, où c'était la liberté totale et
où on n'avait pas un enseignement de valeur auquel les
Québécois tiennent. Sous cette fausse représentation, on
faisait de la classe d'enseignement religieux un fourre-tout, et ce
n'était pas mieux.
Je comprends que le comité catholique s'inquiète de cet
élément-là. Pour avoir échangé des vues avec
des membres du comité, ils m'ont dit que cela avait été un
des éléments qui avaient alimenté leur réflexion.
Je pense qu'ils ont pris une solution par le mauvais bout. Peut-être y
a-t-il un problème? Sûrement qu'il faut y trouver une solution,
mais la solution qu'ils mettent de l'avant, à notre avis, n'est pas la
bonne. Elle apporte plus d'inconvénients que d'avantages et elle ne met
pas le remède à la bonne place.
Mme Blackburn: Passons au secondaire. Le secondaire c'est, selon
les cycles, 30 ou 60 crédits. Je voudrais savoir, d'abord, si, au
secondaire, le fait d'avoir une formation de 30 ou 60 crédits en
enseignement religieux autorise à enseigner la morale, la morale que
vous dites sans épithète.
La seconde question: Quel effet cela pourrait-il avoir, par exemple, sur
quelqu'un qui a cette formation et qui pourrait compléter sa tâche
dans d'autres programmes par rapport à celui qui ne t'a pas et qui ne
pourrait pas compléter sa tâche en donnant de l'enseignement
religieux?
Mme Pagé: À la première question, comme il
n'y a nulle part de garantie sur la qualification pour l'enseignement moral, on
pourrait donc croire que l'enseignant en enseignement religieux pourrait
dispenser des cours d'enseignement moral. La deuxième question, c'est
que cela fait un statut tout à fait à part pour le professeur
d'enseignement religieux qui, lui, est assuré d'enseigner dans sa
matière avec possibilité d'aller chercher des compléments
de tâche, dont l'objectif est parfois de rencontrer moins de groupes dans
d'autres matières, mais les enseignants d'autres matières, eux,
se trouvent exclus de ce phénomène, même dans la dynamique
des compléments de tâche.
Je pense que cela vient vraiment donner un statut à l'enseignant
de l'enseignement religieux qui n'est pas justifié. Je pense qu'il y a,
dans les conventions collectives, les garanties nécessaires sur la
capacité - que nos commissions scolaires utilisent, d'ailleurs - les
exigences particulières et tout cela, souvent en plein accord avec les
syndicats, puisque nous négocions ces aspects. Il faut avoir le souci de
traiter équitablement l'ensemble des enseignantes et des enseignants et
de permettre un système qui, tout en donnant la qualité des
services, va aussi préserver des modalités d'organisation, de
flexibilité, d'atteinte de certains objectifs comme: moins de groupes
à un enseignant, moins d'élèves à rencontrer et
ainsi de suite.
Mme Blackburn: Est-ce que j'ai encore un moment?
Le Président (M. Parent, Sauvé): On va être
permissif, comme toujours.
Mme Blackburn: Je voudrais revenir à toute cette grande
question de l'identification des écoles catholiques. Je veux parler de
l'article 4 du projet de règlement. Je le rappelle parce que, tout
à l'heure, le ministre, en le commentant, disait: Je ne veux pas juste
faire confiance à l'Esprit saint. Ce n'était pas assez sûr,
il faisait davantage confiance à une analyse solide. J'avais toujours
cru qu'il pensait que l'Esprit saint était sûr, mais cela sera un
autre débat.
Ce projet de règlement, plus particulièrement à cet
article, me fait problème, même si le ministre nous dit: On
pourrait peut-être corriger les difficultés que cela pose, en
parlant des écoles catholiques et publiques. Catholique et publique dans
un milieu pluraliste, cela n'arrange rien. Cela ne vient pas, pour autant,
garantir le droit de ceux qui ne partagent pas les valeurs
véhiculées par l'Église catholique.
En effet, comment peut-on concilier un projet éducatif
intégrant des valeurs religieuses catholiques et prétendre
respecter les libertés religieuses des autres? Le ministre nous a dit
tout à l'heure que le terme "intégré" était
probablement le plus souple. Je voudrais juste lui rappeler la
définition du Petit Robert - il doit lui faire confiance - qui dit
intégrer, c'est "faire entrer dans un ensemble en tant que partie
intégrante". Intégrante: "Se dit des parties qui contribuent
à l'intégrité d'un tout." Donc, l'intégrité
d'un tout est partie intégrante et intégrée des valeurs
catholiques portées par l'école; cela veut dire que le projet
éducatif en est imprégné, ou je ne comprends pas mon
français. Il intègre ces valeurs. Il ne peut pas les nier, il les
intègre. Il ne peut pas en faire abstraction, il les intègre.
Comment parler de neutralité de l'enseignement dans un projet
éducatif qui ne l'est pas? La question qui se pose - et le ministre le
sait - c'est l'inadéquation des structures actuelles. Hier, il accusait
l'Opposition d'avoir refusé qu'il siège à la commission du
lac Meech. Ce que l'Opposition a refusé parce que les structures
professionnelles, dont l'éducation, ne faisaient pas partie de l'entente
du lac Meech - c'est qu'il siège comme membre actif durant toute la
commission. Rien n'interdisait au ministre de faire ce qu'ont fait ses
collègues, c'est-à-dire de venir au moment où il y avait
des organismes qui traitaient de la question plus particulière qui les
concernait. Par exemple, je le rappelle, quand l'UPA est venue, on a vu M.
Pagé. Dans d'autres activités, on a vu le ministre responsable,
sauf que lorsqu'on a parlé d'éducation on n'a pas vu le ministre
de l'Éducation.
Le comité catholique fait son devoir de façon correcte. Sa
responsabilité, c'est de donner un projet catholique à
l'école. Je crois qu'il fait son devoir. Cependant, lorsqu'on essaie de
nous faire croire que les deux sont possibles en même temps,
c'est-à-dire d'être neutre, de respecter les libertés
individuelles et en même temps d'être catholique, je pense que,
là, on marche sur un fil extrêmement mince et le ministre le sait.
Connaissant sa rigueur, il sait très bien qu'on ne peut pas avoir une
école publique reconnue comme catholique qui intègre les
croyances et les valeurs de la religion catholique dans son projet
éducatif et elle s'affiche comme telle.
Je partage vos préoccupations, mais j'aimerais savoir de vous:
Pour les parents qui font le choix de l'enseignement moral pour leurs enfants,
au moment où ils ont leur grille horaire et les programmes, est-ce
que ce choix est respecté? Est-ce qu'on a les structures qui
permettent de le respecter à la CECM?
Mme Pagé: Cela n'a pas toujours été Le cas
mais, maintenant, nous constatons qu'au secondaire il n'y a aucun
problème. Au primaire, il y a un choix de nos administrateurs.
C'est-à-dire que dans bien des cas, on ne traite pas l'enseignement
moral avec la considération qu'il devrait avoir, en prenant des
personnes intéressées, en leur donnant une tâche qui a du
bon sens, en leur faisant faire de l'enseignement moral. On l'utilise souvent
pour compléter la tâche du professeur d'éducation physique,
du professeur d'arts plastiques ou du spécialiste en musique parce qu'on
dit: II n'y a pas assez de classes de musique, on va combiner cela avec
l'enseignement moral, alors qu'on ne ferait pas ce choix pour l'enseignement
religieux. Il ne viendrait à personne l'idée de le faire. Les
commissaires à la CECM ne le toléreraient pas. Mais on
s'aperçoit qu'ils consentent pas mal moins de garanties à
l'enseignement moral.
Je voudrais vous dire, juste en complément et en réaction
à votre préambule, que, quant à nous, le fond du
problème concerne nos structures confessionnelles à
Montréal. Tant qu'on fonctionnera avec des structures confessionnelles
dans un milieu pluraliste, où il faut garantir le caractère
catholique et faire preuve d'ouverture aux autres, on va être dans la
quadrature du cercle. Le nombre de fois où l'alliance est intervenue sur
la nécessité d'avoir des commissions scolaires linguistiques
depuis 1968, je ne les compte plus. On avait pensé que les
dernières négociations constitutionnelles laissaient entrevoir
une lumière au bout du tunnel, on n'en parlait pas, et on nous a
annoncé en même temps que le prochain débat constitutionnel
serait pour traiter des pêcheries et du Sénat. Comme il n'y a pas
de poisson dans nos écoles et qu'on n'est pas encore sénateurs,
on a compris que cela serait encore dans je ne sais combien de temps qu'on
reparlerait de tout cela.
Le problème est là, il est aigu, j'en ai souvent
parlé avec le ministre. Là, on fait des situations de compromis.
Pour avoir discuté encore tout dernièrement avec des personnes du
conseil supérieur et du comité catholique, ce qu'elles nous
disaient, c'est qu'elles ont fait le choix presque de porter à la limite
le système actuel pour montrer comment, justement, il n'est plus
adéquat. Sauf que, pendant ce temps, il y a un vécu qui se passe,
il y a une réalité qui se vit et il y a des personnes qui sont
mises en cause. On ne peut pas traiter légèrement comme cela la
quantité de jeunes qui fréquentent les écoles de
Montréal, les enseignants et les enseignantes qui y oeuvrent et les
parents qui ont fait le choix d'y envoyer leurs enfants. On peut le faire
encore moins à quelques semaines d'une commission parlementaire sur
l'immigration où on nous parlait d'ouverture, d'accueil et de
renforcement de l'immigration.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci beaucoup,
Mme la présidente. J'inviterais Mme la représentante du parti de
l'Opposition à conclure rapidement.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Très
rapidement, juste pour relever votre dernière remarque, effectivement,
avec le présent règlement, et de l'aveu même de la
présidence du comité catholique, on est en train de pousser la
structure à sa limite pour bien faire comprendre que c'est impossible.
Je rappelle un peu un membre de réponse qu'elle donnait au ministre
à une question en disant que pour justifier un peu un durcissement, plus
de rigueur, pour ne pas parler de rigidité dans le règlement,
cela pourrait avoir comme effet de hâter l'avènement
d'écoles autres mais, en même temps, il y a un discours dans le
sens que cela pourrait avoir comme effet de hâter l'avènement
d'écoles autres sans que cela soit pour autant contraignant pour les
non-catholiques. Je trouve qu'il y a comme quelque chose qu'on a de la
difficulté à porter d'évidence. Les deux ne se tiennent
plus. Je pense que c'est cela qu'il faut reconnaître.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Si vous voulez
conclure, madame.
Mme Blackburn: D'autre part, un autre commentaire qui m'a
laissée perplexe hier de la part d'un intervenant, parlant des parents
divorcés, séparés, remariés ou seuls, on parlait de
situations irrégulières. Dans l'Église, c'est juste. Et
compte tenu du message du pape, c'est juste. Mais dans une école
publique, aujourd'hui, au moment où l'on se parle, où il y a 30 %
ou 40 % des enfants du primaire qui sont issus de ce type de foyers, il y a de
quoi être préoccupé. (11 h 15)
Mme la présidente, monsieur, je voudrais vous remercier à
nouveau de votre participation et souhaiter qu'un jour les débats que
vous avez pour réclamer des structures linguistiques plutôt que
confessionnelles trouvent des échos réels et concrets dans le
ministre et qu'il passe de la parole à l'action. Vous utilisiez tout
à l'heure une formule intéressante. Vous disiez que
l'école ne devait pas faire profession d'ouverture, mais faire preuve
d'ouverture. Je dis qu'elle ne devrait pas faire profession exclusivement
d'être préoccupée par la question, mais faire la preuve
qu'elle est capable de passer à l'action.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci,
madame. M. le ministre de l'Éducation.
M. Ryan: Je vais peut-être en profiter brièvement
pour rappeler une interprétation que la députée de
Chicoutimi faisait hier et qui me semblait regrettable. À la commission
sur la constitution, le ministre de l'Éducation était
disposé à y aller. Le gouvernement avait proposé son nom
et l'Opposition a mis un veto formel.
Mme Blackburn: Comme membre.
M. Ryan: Comme membre de la commission. Il aurait
été là tout le temps. Il aurait pu traiter de tous les
aspects comme les autres membres.
Mme Blackburn: Mais à ce moment-là il y
avait...
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît, madame, M. le ministre a la parole.
M. Ryan: Et à ce moment-là, comme il a beaucoup
d'autres tribunes pour exprimer ses opinions sur ces questions-là, il
n'était pas obligé d'aller faire le pied de grue en attendant
qu'on soit disposé à l'entendre. Si vous aviez voulu l'avoir,
vous l'auriez eu, mais vous n'en vouliez pas. Vous l'avez dit en toutes lettres
à l'Assemblée nationale.
Mme Blackburn: Ce n'est pas vraiment notre faute si M. Bourassa
s'est trompé de ministre des Affaires intergouvemementales.
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît, madamei  l'ordre! M. le ministre.
M. Ryan: Vivez au moins avec vos erreurs. J'en reviens au sujet
de ce matin.
Mme Blackburn: C'est l'erreur du premier ministre qui s'est
trompé de ministre des Affaires intergouvemementales.
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît, à l'ordre, Mme la députée de Chicoutimi! Mme
la députée de Chicoutimi, vous avez dépassé votre
temps de plusieurs minutes.
Mme Blackburn: J'écoute ça, M. le Président,
avec beaucoup de...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Le reste de la
commission vous a accueillie avec respect. Ils ont respecté votre droit
de parole. Je vous demande de faire de même envers la partie
ministérielle. M. le ministre, vous avez la parole.
Mme Blackburn: M. le Président, je vous écoute et
vous êtes d'accord que l'erreur vient du premier ministre qui s'est
trompé de ministre aux Affaires intergouvemementales.
Le Président (M, Parent, Sauvé): M. le ministre,
vous avez la parole. Mme la députée de Chicoutimi, vous
êtes antiréglementaire. M. le ministre.
M. Ryan: Alors, je continue. Je pense que nous retiendrons des
propos de ce matin beaucoup de points sur lesquels des améliorations
sont effectivement possibles. Si l'alliance voulait compléter sa
présentation de ce matin par des propositions plus précises sur
les points que nous avons discutés, je pense que ça permettrait
d'envisager sérieusement des améliorations. Je ne peux pas en
donner la garantie formelle, parce que les propositions doivent émaner,
en ces choses, du comité catholique, mais le gouvernement, de son
côté, doit donner son approbation pour qu'une proposition du
comité catholique devienne règlement. Par conséquent, il y
a de la marge pour de la discussion entre esprits ouverts. Par-delà
toutes les contraintes que peut imposer un cadre légal, il y a toujours
des possibilités de discussion constructive. Alors, je retiens ça
et je pense qu'on pourra progresser beaucoup. Je pense que nous
commençons à entrevoir plus clairement, à compter de ce
matin, les points sur lesquels des améliorations peuvent être
apportées.
À l'article 4, j'insiste avec beaucoup de fermeté pour
signaler que l'interprétation que tient à donner la
députée de Chicoutimi n'est pas recevable parce qu'elle est
fausse. Et, dans la mesure où nous pourrons assouplir cet
article-là - peut-être dans le sens que j'ai indiqué plus
tôt - nous l'examinerons. Mais de là à régler nos
problèmes en passant par le dictionnaire Robert et tout
ça, il y a longtemps qu'on a appris à procéder de
manière plus large que ça. On ne règle pas nos affaires
avec des dictionnaires et des grammaires. Cela, c'est une base. C'est un
plancher et l'esprit civilisé va au-delà du plancher le plus vite
possible.
De ce côté-là je pense bien que nous avons une
tradition au Québec, Nous ne l'avons pas inventée. Nous
l'assumons. Notre école, que cela plaise à la logique de la
députée de Chicoutimi ou non, est publique et confessionnelle.
Donc, publique et confessionnelle. Dans une certaine logique -je l'ai dit
moi-même à maintes reprises -l'école confessionnelle
pourrait n'être que privée et l'école publique n'être
que neutre. Mais c'est une voie historique que le Québec n'a pas
retenue, que nous ne retenons pas. Éventuellement, on ne sait pas ce qui
arrivera au Québec. On n'est pas prophète, personne ne l'est.
Mais, dans l'immédiat, nous cherchons à maintenir cette
conciliation
qui a été réalisée pendant au-delà
d'un siècle de manière pas tellement nocive pour le
développement général de notre population, avec des
accommodements qui conviennent au monde d'aujourd'hui. Je crois que l'article 4
dans cette perspective, en l'améliorant, peut répondre à
ça et je ne pense pas que ça sera un exercice étouffant
pour qui que ce soit.
Sur les qualifications, je ne pense pas que la réponse qu'on m'a
donnée ait été satisfaisante. Je ne me souviens pas d'en
avoir eu, même une réponse claire sur ce point-là. Je n'en
fais pas le reproche parce que ç'a été long, mais s'il y
avait moyen d'avoir un complément d'intervention sur ce sujet des
qualifications devant être requises des enseignants pour que la religion
et la morale, dans une perspective confessionnelle, soient enseignées
avec compétence. Il ne faut pas oublier les mots "avec
compétence". Je ne pense pas que ça nous suffise de nous
référer uniquement aux conventions collectives. Nous sommes
conscients des dispositions qu'elles contiennent cependant. Mais j'aimerais
avoir un complément d'information.
Ceci étant dit, je remercie très cordialement les
représentants de l'alliance de la présentation stimulante et
constructive dont nous avons été les
bénéficiaires.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Mme Pagé et M. Egretaud, merci beaucoup de votre
présence.
Mme Pagé: Je vous remercie beaucoup de nous avoir
reçus. J'espère que le ministre fera preuve d'ouverture dans les
jours et les semaines qui viendront pour voir à reformuler les
règlements dans le sens de l'ouverture qu'il nous a promise
tantôt.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, Mme la
présidente.
J'invite maintenant nos prochains invités, les
représentants de la Fédération québécoise
des directeurs d'école, à prendre place en avant.
Veuillez prendre place, s'il vous plaît. La commission accuse
déjà un retard de 25 minutes sur son horaire. J'inviterais le
porte-parole de la Fédération québécoise des
directeurs d'école à prendre place.
À l'ordre, s'il vous plaît! La commission commence ses
travaux.
La commission a le plaisir d'accueillir ce matin le deuxième
groupe, la Fédération québécoise des directeurs
d'école, dont le porte-parole est son président, M. Réal
de Guire. M. de Guire, soyez le bienvenu. Je vous remercie beaucoup d'avoir
répondu à notre invitation et d'avoir fait tous les efforts
possibles pour être présent ce matin, à l'heure et à
la journée où vous étiez le plus disponible. Il me fait
plaisir de vous accueillir et de vous remercier aussi d'avoir répondu
à notre invitation.
Sans plus de préambule, M. de Guire, veuillez nous
présenter les gens qui vous accompagnent et enchaîner par votre
présentation. La commission a prévu une heure pour vous entendre,
dont environ quinze minutes pour votre exposé; c'est ce que nous vous
suggérons. Si c'est plus que cela, vous êtes un peu les
maîtres du jeu. Nous avons une heure à consacrer à votre
fédération. M. de Guire.
Fédération québécoise des
directeurs et directrices d'école
M. de Guire (Réal): Merci, M. le Président. Je vous
présente, immédiatement à ma gauche, le
vice-président de notre fédération, M. Marcel Lebel,
à l'extrême droite, M. Jean-Marc Mathieu, membre de
l'exécutif, qui est de la région de l'Abitibi, M. Laval Cavanagh,
secrétaire-trésorier, qui est de la région de la
Gaspésie, et immédiatement à ma droite, M. Gaston
Frechette, notre conseiller en relations professionnelles.
M. le Président, notre contribution se veut tout à fait
positive. L'objectif que nous avons visé, c'est de vous apporter
l'éclairage des directeurs et directrices d'école pour qu'on
puisse faire avancer les travaux de votre commission et surtout - c'est ce que
nous souhaitons - voir à l'amélioration de ce
règlement:
Dans le cadre des lois et règlements en vigueur, le mandat des
directeurs et directrices d'école, adjoints et adjointes, est de
gérer les établissements publics d'éducation
préscolaire, primaire et secondaire chargés de voir à
l'éducation des jeunes Québécois et
Québécoises.
C'est en s'inspirant de ce mandat public que le personnel de direction
des écoles s'est penché sur les préoccupations concernant
la reconnaissance comme catholique et le caractère confessionnel des
écoles primaires et secondaires du système scolaire public. C'est
aussi en tenant compte de ce mandat que notre fédération transmet
ses représentations aux législateurs.
Avant d'aborder dans le détail le contenu du projet de
règlement, nous désirons apporter quelques considérations
préalables d'ordre plus général. Concernant, tout d'abord,
le processus de consultation, nous formulons deux commentaires. Un premier
commentaire pour souligner notre déception et notre insatisfaction quant
au processus lui-même, alors que toute une série de projets de
règlement étaient publiés pour consultation à la
mi-mai, en fin d'année scolaire, juste avant les vacances
d'été, avec un délai de 45 jours pour réagir. Nous
nous posons des questions sur le degré d'importance accordé
à ces préoccupations.
Notre second commentaire, sur le processus de consultation, a pour but
de faire ressortir que le moment, à notre point de vue, est mal choisi
pour présenter un projet de règlement à ce sujet et qu'on
devrait attendre les modifications à venir touchant la Loi sur
l'instruction publique avant d'en disposer. Nous pensons ainsi parce que nous
croyons, comme le comité catholique le soutenait d'ailleurs dans son
document intitulé L'école catholique, situation et avenir
d'août 1986, qu'il vaut la peine de modifier à court terme la
Loi sur l'instruction publique de manière à y incorporer
plusieurs éléments valables du projet de loi 3 qui est devenu
caduc.
Nous estimons aussi que le moment est mal choisi pour reprendre de
façon isolée une discussion sur les valeurs et les choix de notre
société en regard des préoccupations soulevées dans
ce projet. On n'a pas senti clairement des attentes, des besoins dans la
société, pour procéder à une telle remise en
question.
Nous constatons enfin que plusieurs éléments contenus dans
ce projet ont des répercussions sur l'ensemble de l'organisation
scolaire sur des points importants comme la dualité
confessionnalité linguistique, le projet éducatif, la
qualification des enseignants, les râles et les pouvoirs des parents dans
le système d'éducation, l'unité de direction dans les
écoles et j'en passe.
Ceci nous amène à une seconde considération
préalable: l'école devrait être établie sur une base
linguistique plutôt que confessionnelle. Sans revenir sur le fait que les
directeurs et directrices d'école du Québec croient
fondamentalement en la nécessité et en la valeur d'une
éducation religieuse et morale, nous partageons la conviction
exprimée par le ministre de l'Éducation dans un discours
adressé aux présidents et directeurs généraux des
commissions scolaires en février 1986. J'ai lu ce texte, M. le ministre.
Je n'ai pas lu tous les autres mais, celui-là, je l'ai lu. C'est une
conviction également du comité catholique, à savoir que
"les commissions scolaires linguistiques répondraient mieux que les
commissions scolaires confessionnelles aux besoins scolaires du Québec
d'aujourd'hui".
Toutefois, cette réalité linguistique largement
souhaitée par nombreux groupes n'étant pas encore
légalement reconnue, nous nous inscrirons tout de même dans le
cheminement actuel de ce projet de règlement pour formuler la suite de
nos commentaires et réflexions, mais en ne perdant jamais de vue cette
dimension importante.
Concernant l'allure générale du texte, nous
émettons trois commentaires particuliers. Nous remarquons, tout d'abord,
dans ce projet qui tranche passablement avec la présentation du
règlement actuel du comité catholique, une approche
portée, à l'occasion, sur des questions de détails, au
détriment de certains points importants complètement
oubliés. À titre d'exemple, on y précise exactement le
nombre de crédits universitaires requis pour un enseignant; on mentionne
même sur quoi ils doivent porter. On prévoit un local pour les
activités de pastorale et même un bureau, mais on oublie de
spécifier, entre autres, comment seront consultés les parents
pour la demande de reconnaissance, quand et comment se feront la
révision et le renouvellement de cette reconnaissance. En
conséquence, on risque de perdre de vue l'objectif général
au profit de certains points d'organisation particuliers que l'on tente de
régler provincialement. (11 h 30)
Deuxièmement, dans le sens de notre introduction, nous tenons
à préciser que nos considérations visent en premier lieu
à tenir compte et à refléter la réalité en
évolution telle qu'elle est vécue par les directeurs et les
directrices d'école que nous représentons.
Un dernier élément préalable que nous tenons
à soulever concerne l'importance qu'il faudrait accorder, au
début de ce projet de règlement, à la définition de
certains termes dont la compréhension est primordiale dans le texte. Le
règlement actuel avait cette préoccupation qui est maintenant
disparue dans le projet. À titre indicatif, nous considérons que
l'on devrait, entre autres, définir les termes suivants: école
catholique, vécu confessionnel, encadrement pédagogique (au sens
de l'article 10), être de foi catholique, services éducatifs,
animateur de pastorale, par rapport à la personne chargée de
l'animation pastorale, et caractère catholique.
Nous pensons qu'à l'article 1, en vertu des pouvoirs qui sont
reconnus aux parents dans la loi, leur choix ne devrait pas être soumis
ici à la discrétion du comité catholique, mais il devrait
être exécutoire.
À l'article 2, on croit que c'est au niveau de l'école que
s'articule la demande de reconnaissance comme catholique, demande qui est
ensuite acheminée à la commission scolaire de laquelle
l'école relève. Nous sommes aussi d'avis qu'il faudrait enlever
de cet article l'obligation de transmettre au comité catholique la
documentation ayant servi à la consultation, car il s'agit
essentiellement de régie interne dans la constitution d'un dossier
administratif. Ce dossier-là, on pourrait peut-être le remettre
à la commission scolaire mais sûrement pas au comité
catholique.
A l'article 3, on établit la reconnaissance, mais on oublie de
prévoir la révision de ce statut. Simplement sur le plan de la
logique administrative, quand on prend une décision ou quand on
définit une orientation, il faut, dans une saine gestion, prévoir
aussi la révision. Nous préconisons
donc qu'une révision de la reconnaissance se fasse à tous
les cinq ans, au moment où on fait le point sur le vécu
confessionnel de l'école.
Une question demeure sans réponse: Une école qui n'est pas
reconnue comme catholique est-elle identifiée comme non confessionnelle
ou d'une autre confession?
À l'article 4, il va de soi que l'on intègre les croyances
et les valeurs de la religion catholique au projet éducatif d'une
école publique reconnue comme catholique. Cependant, nous nous
interrogeons sur ce que cela signifie dans la pratique, au sens du texte,
d'intégrer les croyances et les valeurs dans le projet éducatif
de même que de s'afficher comme tel,
À l'article 5, à propos de l'approbation des programmes,
des manuels ainsi que du matériel, nous considérons que la Loi
sur l'instruction publique, à son article 17, attribue au ministre de
l'Éducation ce pouvoir d'approbation que l'on veut ici transférer
au comité catholique. En effet, nous comprenons, à partir du
libellé du projet, que le comité catholique veut approuver tous
les programmes dispensés dans l'école catholique. Quant à
nous, ce pouvoir doit demeurer entre les mains du ministre. Pourquoi le
comité catholique devrait-il avoir un pouvoir de plus, M. le ministre?
Du moins, celui-là, il faut le garder. S'il fallait que le comité
catholique approuve les règlements, les programmes des écoles
catholiques, qui approuverait les programmes des autres écoles? Est-ce
qu'on aurait des écoles de différents niveaux au
Québec?
Cet article nous amène de sérieuses interrogations et
illustre à nouveau, selon nous, l'importance d'attendre les
modifications à la Loi sur l'instruction publique avant de disposer de
ce projet.
Les articles 6 et 7, qui se réfèrent
énormément aux directeurs et aux directrices d'école, ont
fait l'objet, vous le comprendrez bien, d'une attention particulière de
notre part. Notre première constatation, à l'article 6, a trait
à la disposition qui confie au directeur d'école la
responsabilité d'assurer la réalisation du projet éducatif
de l'école. Encore une fois ici, M. le Président, nous sommes en
plein dans le champ de la Loi sur l'instruction publique qui définit,
à son article 32.4, les droits, pouvoirs et fonctions des directeurs
d'école. Alors, pourquoi le traiter dans le projet de règlement
du comité catholique?
Nous déduisons aussi de cet article 6 que l'on veut inciter les
commissions scolaires à engager des conseillers en éducation
chrétienne. Si tel est le cas, on n'a pas d'objection, mais il faudrait
que les commissions scolaires, dont les budgets nous semblent
déjà bien insuffisants, possèdent les ressources
financières pour le faire. Ces ressources devraient être prises en
dehors des budgets actuels. Peut-être les Églises pourraient-elles
fournir les budgets qu'on sait nécessaires à ces
activités.
Par ailleurs, indépendamment de ces remarques, nous reconnaissons
toute l'importance pour le directeur et la directrice de pouvoir compter, au
besoin, sur l'aide d'un conseiller en éducation chrétienne dont
le rôle principal demeure toutefois de développer des
activités de soutien et de ressourcement et, non pas de superviser les
professeurs d'enseignement religieux et les personnes chargées de
l'animation pastorale.
Concernant la démarche d'évaluation du vécu
confessionnel présentée à l'article 7, nous ne concevons
pas pourquoi, sur le plan du principe, cette démarche devrait se faire
différemment de celle du projet éducatif global
déjà prévue. En effet, le directeur ou la directrice
d'école suit déjà une démarche structurée
d'évaluation pour l'ensemble du projet éducatif et rend compte de
cette démarche à son employeur. Pourquoi une démarche
différente pour le vécu confessionnel qui est
intégré au projet éducatif?
De plus, quand on ajoute les dispositions touchant les parents et le
conseiller en éducation chrétienne qui sont des ressources
essentielles, on vient dire au directeur et à la directrice qui
consulter et comment le faire, comme si elle ou il ne pouvait gérer sa
démarche. Par ailleurs, on ignore complètement les enseignants,
les élèves et les autres personnes de son milieu qui doivent
aussi être associés à l'élaboration et à
l'évaluation du projet éducatif.
Au chapitre des moyens, il ne devrait y avoir qu'un seul rapport
d'évaluation transmis au comité catholique: celui de la
commission scolaire dont c'est le rôle et la responsabilité
administrative, en tant qu'employeur, de voir à l'évaluation du
fonctionnement des écoles. Nous croyons aussi qu'il faudrait que soient
développés par les instances appropriées des instruments
d'évaluation... J'insiste sur ce paragraphe parce qu'il me semble que le
débat de la loi 40, de la loi 3 et de je ne sais plus quelle loi est
déjà passé. Au Québec, on a fait notre nid
là-dessus. On dit que les écoles relèvent d'une commission
scolaire et on ne croit pas qu'une école doive faire rapport à un
autre organisme, quel qu'il soit, si bien soit-il, que la commission
scolaire.
Donc, nous croyons qu'il faudrait que soient développés
par les instances appropriées - c'est peut-être le rôle de
ces comités, de développer - des instruments d'évaluation
satisfaisants pour nous aider, qui puissent tenir compte, entre autres, de la
mobilité des comités d'école et peut-être aussi de
celle des directeurs et des directrices d'école. À cet
égard, nous ne sommes pas certains que le questionnement établi
sur la formule annexée à ce projet
réponde à cette exigence. D'ailleurs, nous reviendrons
plus tard sur cette annexe.
Au sujet de l'enseignement moral et de l'enseignement religieux, aux
articles B et 9, si l'on veut être logique avec la notion d'école
linguistique dont nous avons traité dans nos considérations
préalables, on devrait préconiser, à l'article 8, que
l'élève reçoive un enseignement moral de base, sans
référence à une confession particulière, à
moins qu'il ne choisisse un enseignement religieux de confession
particulière. Cela devrait être la règle
générale.
Toutefois, si on revient au texte lui-même tel que libellé,
nous pensons, pour des fins d'adaptation à l'organisation scolaire
particulière à chacun des secteurs, que le choix devrait
s'exercer à chaque cycle lorsqu'on est au primaire, tandis qu'il devrait
plutôt s'exercer chaque année lorsqu'on est au secondaire.
Nous sommes d'avis aussi, en référence à l'article
9, qu'il y aurait lieu de voir à maintenir une même logique dans
l'ensemble des lois et des règlements au Québec en ce qui
concerne la question du consentement des parents. En effet, vous savez, par
exemple, que, dans la Loi sur la protection de la santé publique, un
enfant peut, à partir de quatorze ans, recevoir des soins ou des
traitements requis pour son état sans qu'il soit nécessaire
d'obtenir le consentement de l'autorité parentale. À notre point
de vue, il devrait en être de même pour la question religieuse.
À l'article 10, quand on parle de prévoir un encadrement
pédagogique lorsqu'il y a moins de quinze élèves, il faut
aussi être conscient que pour appliquer efficacement ces dispositions, on
doit disposer d'une personne afin d'assurer cet encadrement
pédagogique.
Concernant le temps alloué à l'enseignement moral et
à l'enseignement religieux, nous estimons qu'il y aurait lieu, aux
articles 11 et 12, que le temps d'horaire soit mentionné seulement
à titre indicatif afin d'être en conformité,
d'ailleurs, avec le régime pédagogique. Par ailleurs, on se
réjouit de voir le changement effectué des minutes en heures.
C'est beaucoup plus facile de gérer cette question.
La formulation de l'article 13 nous semble correspondre aux grandes
orientations prises jusqu'à présent dans le domaine de la
formation professionnelle. Une question, cependant, se pose: Pour
l'élève admis au certificat d'études professionnelles,
l'obligation est-elle uniquement de suivre le cours ou s'il doit aussi le
réussir? L'article semble un peu équivoque là-dessus.
L'article 15, traitant de l'évaluation des élèves,
devrait, à notre avis, être carrément enlevé de ce
projet pour les mêmes motifs que ceux invoqués
précédemment à l'article 7 concernant toute la
démarche d'évaluation.
Concernant les qualifications des enseignants, aux articles 16 et 17,
nous pensons tout d'abord qu'il faudrait, pour que ces dispositions soient
réellement effectives, pouvoir s'assurer de la formation
demandée, en plus de s'assurer de sa mise à jour continuelle.
Est-ce prévu de quelque façon? Si oui, comment? Sinon, pourquoi
alors tant de précisions? Pourquoi une démarche différente
de celle établie pour les autres matières?
À propos de l'opposition d'un enseignant pour des motifs de
liberté de conscience, s'est-on préoccupé de la
concordance de cette approche avec celle des conventions collectives, en regard
des dispositions portant sur la discrimination et les droits et
libertés?
Un autre aspect a aussi retenu notre attention à ce sujet:
Pourquoi y a-t-il une approche différente concernant la formation
requise pour les enseignants entre le comité catholique et le
comité protestant? En effet, dans l'approche du comité
protestant, l'institution reconnue doit affecter à l'enseignement moral
et religieux l'enseignant qui a une formation et une compétence
pertinentes en matière d'enseignement moral et religieux protestant.
Chez les protestants, on juge que les commissions scolaires sont capables de
juger, alors que chez les catholiques les employeurs n'en sont pas capables. On
se demande quelle est la différence?
À partir d'une réflexion sur un Québec pluraliste
qui s'apparente, à certains égards, à celle
effectuée par le comité catholique dans le document auquel nous
nous référions précédemment, nous crayons, en
pensant aux écarts de plus en plus marqués entre les pratiques
religieuses et les doctrines officielles, que l'animation pastorale dont on
parle à l'article 19 devrait se dérouler sur le temps
prévu pour l'enseignement religieux de façon à ne pas
empiéter sur celui des autres matières. D'ailleurs, on se plaint
suffisamment que le français, les mathématiques et autres n'ont
peut-être pas suffisamment de temps à l'école. On ne voit
pas pourquoi il faudrait empiéter encore avec l'animation pastorale.
Nous comprenons, à l'article 20, que la liste des domaines
d'activité en animation pastorale est mentionnée à titre
indicatif et non pas cumulatif. Il faudrait peut-être apporter des
précisions; sinon, cela soulèvera de sérieux
problèmes.
Aux articles 21 et 22 traitant des qualifications pour faire de
l'animation pastorale, nous sommes persuadés que le critère de
cinq ans d'expérience exigé au primaire n'est pas
nécessairement un barème objectif pour mesurer la
compétence à ce niveau. Nous suggérons plutôt de
parler, comme au secondaire, d'expérience pertinente, sans
préciser un nombre d'années
fixe.
À propos du mandat délivré par
l'évêque du diocèse, nous croyons, dans ce domaine
fondamental des valeurs où les remises en question sont courantes et
souhaitables et où une adaptation constante à l'évolution
est si importante, que ce mandat devrait être révisé aux
trois ans par l'évêque. Il me semble qu'un mandataire ne devrait
pas être mandaté à vie.
Enfin, en nous référant aux principes de gestion
déjà énoncés, nous sommes d'avis, dans ce contexte,
que ces personnes faisant de l'animation pastorale devraient être
carrément à l'emploi de la commission scolaire, sans pour autant
affecter les normes d'enseignant, évidemment.
À l'article 23, suivant la même règle que celle
employée pour l'ensemble des autres personnels, il faudrait que soient
agréés, outre les personnes qui collaborent à l'animation
pastorale, les animateurs de pastorale ainsi que les personnes chargées
de l'animation pastorale. On voudrait insister ici sur le fait qu'on ne devrait
pas voir arriver dans nos écoles des gens supposément
mandatés de l'extérieur. Il faudrait que ces personnes soient
agréées par les autorités des commissions scolaires et de
l'école. (11 h 45)
À l'article 24, nous apportons deux points au sujet de la
planification et de l'évaluation des activités d'animation
pastorale. Tout d'abord, dans la même logique que celle qui nous a fait
situer les préoccupations d'ordre religieux à l'intérieur
du projet éducatif et dans la même logique qu'à l'article
précédent pour les personnes agréées, nous pensons
que la planification et le rapport d'évaluation des activités
devraient être présentés au directeur ou à la
directrice de l'école et approuvés par ce dernier. Vous savez
qu'il y a des professionnels qui pensent que, parce qu'ils sont professionnels,
ils sont imbus de quelque chose et qu'ils ont le droit d'agir dans une
école sans faire approuver leur plan d'action.
Ensuite, de façon à maintenir la cohérence avec
notre approche du projet éducatif, il faudrait préciser, à
notre sens, à la fin de l'article, que ces éléments sont
en conformité avec la politique établie par la commission
scolaire et les orientations du projet éducatif de l'école. Il ne
faudrait pas qu'on vienne faire quelque chose contraire aux projets
décidés par l'ensemble.
Les articles 25 et 26 présentent des dispositions que nous
trouvons nettement exagérées pour un tel règlement, tout
d'abord, parce que dans certains endroits elles pourront s'appliquer alors que,
dans d'autres, ce sera physiquement impossible de le faire; ensuite, parce que,
concernant en particulier la question des fonds, an se retrouve, comme nous en
faisions état à l'article 6, devant un besoin de ressources
additionnelles que l'on doit ajouter et qui, de toute façon, ne se
règle pas au niveau de l'école. Par conséquent, nous
croyons que l'esprit de ces deux articles serait mieux respecté par
l'article 19 du règlement actuel du comité catholique qui dit que
le directeur de l'institution doit favoriser l'insertion de l'animation
pastorale dans le cadre scolaire.
Respect du caractère catholique. Sans pour autant nier le
bien-fondé du contenu de l'article 27 sur le respect du caractère
catholique de l'école, nous croyons qu'un tel article n'est pas à
sa place dans un règlement comme celui-ci, mais qu'il doit plutôt
figurer en bonne place dans une loi ou dans une charte à portée
beaucoup plus générale. À titre d'exemple et de
référence, nous pensons à l'article 10 de la Charte
québécoise des droits et libertés de la personne qui est
suffisamment précis à ce sujet.
La lecture de l'article 29, qui fait référence à la
première évaluation du vécu confessionnel
déjà traité précédemment, nous amène
à nous poser la question suivante: Est-ce que la reconnaissance du
statut catholique de l'école sera maintenue ou enlevée sur la
base de cette évaluation? Ou, d'une façon plus
générale, à quoi servira concrètement cette
évaluation? Cette préoccupation que nous rappelons ici est
étroitement liée à celle que nous soulevions
antérieurement, à l'article 3, en regard de la révision du
statut catholique de l'école.
Le champ d'application de l'article 30, que nous comprenons dans le sens
d'une démarcation à faire entre les enseignants en poste avant
1991 et les autres qui suivront, ne nous semble pas, à première
vue, bien circonscrit dans la formulation actuelle. À titre d'exemple,
qu'arrive-t-il des enseignants en congé sans solde ou en congé de
maladie qui ont un lien d'emploi, qui ne dispenseront pas l'enseignement moral
et religieux en 1990-1991, mais qui reprendront leur poste par la suite?
Peut-être y a-t-il encore d'autres situations comme celle-ci? À ce
propos, nous estimons qu'une formulation du type de celle de l'article 32,
où l'on parle plutôt de classification à une date
donnée, semble plus adéquate pour cerner la situation
visée.
Finalement, la formule de demande de reconnaissance proposée en
annexe du projet renferme, de notre point de vue, un certain nombre d'anomalies
à corriger, en tenant compte des considérations émises
tout au long de notre mémoire, particulièrement concernant
l'évaluation du vécu confessionnel que l'on sépare de
celui du projet éducatif ainsi que l'évaluation des
qualifications des enseignants qui doit s'effectuer, comme je le disais plus
tôt, par principe, au niveau de l'employeur.
En résumé, M. le Président, notre
fédération croit qu'il n'y a pas d'urgence
pour adopter un tel projet de règlement et que le moment est mal
choisi pour reprendre de façon isolée une discussion sur les
valeurs et les choix de notre société, alors que des
modifications substantielles à la Loi sur l'instruction publique sont
attendues dans les prochains mois. Je vous remercie.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, merci
beaucoup, M. de Guire. Je reconnais immédiatement le ministre de
l'Éducation. M. le ministre.
M. Ryan: Alors, M. le Président, je remercie le
président de la délégation de la Fédération
québécoise des directeurs d'école de ce mémoire
substantiel préparé à l'intention de la commission
parlementaire. La fédération s'est donné beaucoup de mal
pour préparer un mémoire qui traite d'à peu près
tous les problèmes pouvant découler du projet de règlement
soumis par le comité catholique. Je pense que ce mémoire nous
sera très utile dans l'ensemble pour l'ajout ou l'intégration
d'améliorations qui nous apparaîtront justifiées.
Dans son mémoire, la fédération soulève un
certain nombre de questions générales que je commenterai
brièvement. Il y a la question de l'opportunité du moment que
nous avons choisi pour soumettre ce projet à la discussion. On pourrait
très bien soutenir l'argument que présente la
fédération qu'il eût mieux valu attendre que la Loi sur
l'instruction publique soit amendée, comme nous l'avons
annoncé.
Maintenant, il faut respecter aussi le travail des gens qui cheminent
avec nous dans les questions d'éducation. Le comité catholique a
son propre cheminement, sa propre démarche. Il travaillait à ce
projet depuis un bon bout de temps avant même la dernière
élection. Je me souviens que nous fûmes saisis du projet du
comité catholique dans les mois qui ont immédiatement suivi
l'arrivée du présent gouvernement au pouvoir. On pourrait bien
tout reporter. On pourrait reporter le règlement du comité
catholique en disant: On va attendre la loi de l'instruction publique. On
pourrait, comme le suggère l'Opposition, reporter les amendements et la
loi de l'instruction publique en attendant qu'on ait changé la
constitution du Canada. Et on pourrait tout reporter comme ça en
invoquant un prétexte très très valable en soi.
Moi, j'en suis venu à la conclusion que mieux vaut agir de
manière directe, de manière concrète chaque fois que nous
pouvons le faire en conformité avec les orientations et les intentions
générales et, même, avec les intentions précises du
gouvernement dans un secteur ou dans l'autre. Et je voudrais vous donner
l'assurance que, lorsque nous avons étudié ce projet de
règlement, nous nous sommes assurés que rien dans le projet de
règlement ne viendrait en contradiction avec les dispositions que nous
insérerons dans la nouvelle version de la Loi sur l'instruction publique
que nous comptons soumettre à nos concitoyens au cours des prochains
mois. De ce point de vue là, je peux vous assurer qu'il y aura une
concordance absolument inattaquable.
De ce point de vue, je veux rendre à César ce qui
appartient à César. Aussi, nous ne ferons pas oeuvre absolument
originale. Il y avait déjà beaucoup d'éléments
excellents dans la loi 3 que nous retiendrons, dans l'ensemble, dans notre
projet de loi. Et les dispositions du règlement qui nous est
proposé nous paraissent, de manière générale,
pouvoir s'harmoniser avec ces intentions. Là où l'harmonisation
n'est pas facile, nous examinerons Ies améliorations possibles et, dans
ce sens-là, il y a un certain nombre de points de votre mémoire
que je suis intéressé à discuter avec vous.
Je souligne également que, dans la mise en application de ce
projet de règlement, le rôle des directeurs ou des directrices
d'école sera capital, évidemment. Le projet éducatif
repose dans une très grande mesure sur l'action du directeur ou de la
directrice d'école. C'est cette personne qui a un mot très
important à dire dans cet aspect du fonctionnement de l'école et
nous n'entendons aucunement le lui enlever. Vous vous étonnnez que l'on
retrouve dans le règlement des dispositions concernant le directeur ou
la directrice qui semblent recouper ou doubler celles qu'on trouve dans la Loi
sur l'instruction publique. Je pense qu'il y a dans le règlement des
explicitations qui ne viennent pas en contradiction avec ce qu'on trouve dans
la Loi sur l'instruction publique. Je relisais des textes tantôt, en vous
écoutant, et je ne pense pas qu'il y ait contradiction. S'il y a
redondance ici ou là, on pourra y voir. Ce sont des problèmes qui
peuvent s'examiner. À ce moment-là, il y a bien des choses.
Peut-être qu'on se réveillerait avec un règlement qui
aurait Seulement 10 paragraphes au lieu de 25, comme le fait de
répéter à chaque endroit, là où il le
faudrait - on va peut-être l'ajouter à deux ou trois endroits -
"dans le respect des droits". D'un strict point de vue technique, ce n'est pas
nécessaire de le mettre, parce qu'on est obligé de le faire. Si
cela peut rassurer les esprits et créer un meilleur climat autour d'un
projet de règlement, mieux vaut peut-être le mettre. Ce sont des
choses qu'on est prêt à discuter. Il y a du "give and take" qui
peut se faire là-dessus dans un esprit de bonne composition.
J'ai été un petit peu étonné quand vous nous
avez dit que vous optiez pour l'école linguistique plutôt que pour
l'école confessionnelle. Quand vous parlez de commissions scolaires
linguistiques, je vous
comprends très bien mais, quand vous parlez d'écoles
linguistiques, cela me perd un peu. D'après ma connaissance des faits,
nous avons déjà des écoles linguistiques. On n'a pas
d'école bilingue au Québec, on a des écoles
françaises, des écoles anglaises, qui sont catholiques ou
protestantes en plus. Vous ne semblez pas rejeter la possibilité
qu'elles soient catholiques parce que, plus loin, quand vous parlez du projet
éducatif, vous dites: C'est une chose qui peut très bien
être envisagée. Ce n'est pas tout à fait clair dans mon
esprit, de la manière que c'est formulé, mais je n'en fais pas
l'objet d'un grief majeur; s'il y a lieu, vous nous le préciserez
tantôt.
Je voudrais vous poser une première question, M. de Guire. Sur la
question de la reconnaissance de l'école, vous semblez dire: II faudrait
qu'on ait une révision obligatoire du statut tous les cinq ans. C'est
ouvert, on peut demander la révision, mais ce n'est pas obligatoire.
Vous aimeriez mieux que cela soit fixe, qu'il y ait révision obligatoire
tous les cinq ans, si je comprends bien.
Deuxièmement, il y a un point que vous avez soulevé qui
m'a particulièrement retenu et je pense bien que nous le retiendrons
sûrement à la fin de l'exercice. Vous dites: Pour
l'opération vérification, on va y associer le comité
d'école, le directeur d'école, mais on a oublié le
personnel enseignant. Je pense que vous avez émis une constatation
d'évidence. Il va falloir corriger ce point de manière qu'une
place soit faite au personnel enseignant. S'il y a quelqu'un qui a un mot
à dire dans la vérification du vécu confessionnel qui aura
été observable, c'est bien celui-là. C'est une suggestion
que le bon sens même suggère de considérer comme
extrêmement recevable. J'aimerais vous demander ceci: Est-ce que c'est
vraiment une amélioration que de prévoir la vérification
obligatoire tous les cinq ans? Ma crainte, c'est qu'on se ramasse avec un
paquet d'opérations bureaucratiques, d'opérations de papiers qui
vont alourdir tout le mécanisme*
L'autre point, vous dites: La demande devrait provenir de
l'école, être acheminée à la commission scolaire et,
ensuite, s'en aller au comité catholique, si je comprends bien. La
commission a-t-elle un rôle dans la demande? Est-ce qu'elle ajoute une
demande de son cru? Est-ce qu'elle peut mettre un obstacle à la demande
en provenance de l'école, si elle a des constatations à elle? Une
autre question aussi: Vous ne voudriez pas que la documentation ayant
accompagné la consultation des parents aille au comité
catholique, et je le comprends. Vous ne voulez pas que tout cela s'en aille,
c'est la responsabilité habituelle de la commission scolaire, mais
est-ce que vous auriez objection à ce qu'on dise que la documentation
ayant servi à la consultation doive, sur demande, être transmise
au comité catholique? Il peut arriver qu'il y ait des commissions
scolaires qui veuillent s'asseoir là-dessus, qui interprètent de
manière étroite ce qui s'est passé au niveau de
l'école. À ce moment-là, il peut être bon d'avoir la
chance de faire la lumière de manière un petit peu plus large. Je
vous pose ces questions dans l'espoir d'obtenir des éclaircissements,
vous qui avez la lumière suprême de l'expérience
quotidienne.
M. de Guire: Je vous remercie, mais non pas de ces louanges de
dire que j'ai la lumière suprême; je ne voudrais surtout pas qu'on
puisse croire cela. Avant de répondre à vos questions, je
voudrais revenir à ce que vous avez dit parce que je partage beaucoup ce
que vous avez dit au départ, que le moment choisi l'a été
dans le respect des gens qui travaillent. Je respecte cela, moi aussi. Vous
dites que les gens étaient prêts à fonctionner, on est
prêt à fonctionner. Que l'étude se fasse, on est
parfaitement d'accord là-dessus. Ce qu'on voudrait vous demander, c'est
que ce règlement ne puisse pas s'appliquer avant que tout le travail sur
ce qui nous apparaît être l'essentiel, la Loi sur l'instruction
publique, soit terminé. Quand ce sera terminé... Vous, vous avez
toutes les lumières actuellement, mais vous comprendrez que nous n'avons
pas ces lumières-là, nous n'avons pas ces textes; je fais
référence à la lumière que vous vouliez que j'aie.
Je pense que vous avez beaucoup plus de lumières que je ne puis en avoir
présentement, surtout sur le projet d'amendement à la Loi sur
l'instruction publique que vous avez l'intention de déposer. Du moins,
si je comprends ce que vous avez dit, vous n'avez pas l'intention de le
reporter indéfiniment. Vous avez l'intention de le déposer
prochainement. Je vous crois quand vous me dites qu'il y a concordance entre ce
règlement et le projet de loi que vous avez l'intention de soumettre,
mais vous comprendrez que l'on s'interroge puisqu'on n'a pas vu. Et comme on
parle de religion, vous savez que Thomas a cru quand il a vu! (12 heures)
Vous dites que le rôle du directeur et de la directrice
d'école est capital. Je vous remercie de le dire publiquement. Vous
savez, très souvent, le rôle du directeur ou de la directrice
d'école n'est pas reconnu. On a beaucoup de difficultés à
faire reconnaître ce rôle de plus en plus difficile. Gérer
une école il y a vingt ans et gérer une école aujourd'hui,
vous savez que ce n'est pas la même chose. Vous l'avez dit et cela nous
fait extrêmement plaisir.
Quand vous parlez d'écoles linguistiques plutôt que
d'écoles confessionnelles, en fait, c'est vrai qu'on a surtout
parlé dans le passé de commissions scolaires linguistiques.
C'est
qu'on trouve que la société est de plus en plus pluraliste
et on voudrait pouvoir offrir dans les écoles les services que la
population demande. Pour cela, on dit que quand une école a une
étiquette et que tout est imprégné... Si je dis qu'une
école a une étiquette catholique, du moment qu'elle est
catholique, tout son projet éducatif doit être catholique. Cela ne
peut être autrement. Le projet éducatif, c'est comment on vit dans
une école, comment tout cela se vit. Le projet éducatif est un
tout. Il ne peut pas y avoir quelque chose de séparé à
l'intérieur de cela. Alors, on se dit que, dès le moment
où l'école est confessionnelle, quelle que soit la confession, le
projet éducatif doit être de cette confession. Comment fait-on
pour bien servir les autres populations, les autres citoyens, les autres
élèves qui viennent dans ces écoles? C'est pour cela qu'on
croyait -et on croit encore - que les écoles devraient être
d'abord linguistiques, c'est-à-dire qu'elles devraient être des
écoles françaises ou des écoles anglaises. Vous avez bien
dit qu'elles sont comme cela présentement. Il n'y a pas beaucoup
d'écoles bilingues mais, à notre point de vue, c'est pour pouvoir
offrir davantage de services à l'ensemble des élèves.
Quand vous parliez de la reconnaissance de l'école comme
catholique - vous avez fait référence à notre intervention
à la page 12 -vous disiez qu'il pourrait y avoir un danger de
bureaucratie en revisant. Notre point de vue est que la société
change beaucoup plus rapidement qu'autrefois. Les citoyens qui demeurent dans
une zone donnée ne sont pas nécessairement les mêmes
citoyens qui seront dans cette zone dans cinq ans ou dans trois ans. Il y a des
endroits au Québec où il y a vraiment une mouvance - entre
guillemets -importante, à tel point qu'on croit qu'il devrait y avoir,
si ce n'est pas obligatoire, une mécanique qui prévoit cette
évaluation. On ne dit pas que cela doive être
nécessairement obligatoire à tous les cinq ans, mais si vous
retenez que ce n'est pas obligatoire il faudrait quand même qu'on
prévoit quelque chose qui permette ces révisions de façon
régulière.
Vous avez soulevé aussi le fait que nous avions mentionné
que les autres catégories de personnel avaient été
oubliées. Nous avons voulu attirer l'attention sur deux choses à
ce point de vue: d'abord, que le directeur d'école doit faire
l'évaluation du vécu confessionnel avec les parents et" le
conseiller en éducation chrétienne. D'une part, il y a un aspect
qui nous apparaît donner beaucoup de pouvoirs aux parents et au
conseiller en éducation chrétienne.
D'autre part, pour nous, fondamentalement, un projet éducatif,
cela ne peut pas être le directeur. On ne veut pas de pouvoirs pour le
directeur ou la directrice d'école. Cela ne peut pas être lui ou
elle qui évalue un projet éducatif. Un projet éducatif
doit être évalué par toute la collectivité de
l'école et on ne peut pas spécifier telle ou telle personne.
À mon sens, c'est de faire jouer des rôles particuliers que les
gens ne doivent pas jouer. Le directeur ou la directrice d'école et
l'animateur ou l'animatrice du jeu qui s'appelle le projet éducatif,
c'est aussi l'animateur ou l'animatrice du jeu qui s'appelle
l'évaluation. Et cette évaluation doit se faire
régulièrement. C'est d'ailleurs pour cela qu'on s'est
opposé dans notre document à ce qu'on fasse l'évaluation
du vécu confessionnel en dehors du projet éducatif. Cela ne doit
pas se faire. On ne peut pas avoir, dans une école, un projet
éducatif et, à un moment donné, une espèce de
vécu confessionnel à côté. Est-ce qu'une
école bonne serait une école où on irait à la messe
tous les matins ou à vêpres, ou qui aurait plus d'animation
pastorale? Je pense qu'un projet éducatif, c'est un tout. L'animation
pastorale, le vécu confessionnel, c'est partie du tout. Cela ne doit pas
être séparé de ce tout qu'est l'école.
Nous insistons - je reviens à votre deuxième question -
sur la demande à la commission scolaire plutôt qu'au comité
catholique. Il nous semble que la démarche logique est la suivante: le
milieu école fait une évaluation, fait une démarche,
établit une mécanique et, à la fin, une demande. Cela peut
être une demande, oui, ou une demande, non, mais on décide,
l'équipe-école, de quelque chose et cette demande doit être
acheminée à la commission scolaire puisque l'école
relève de la commission. Ce débat a été fait.
Là-dessus, d'ailleurs, nous n'étions pas du même avis, M.
le ministre, mais, depuis, nous avons, je vais dire évolué.
Donc, nous voulons que la demande s'achemine à la commission et
qu'on puisse permettre, à ce moment-là, aux parents... Si les
parents n'étaient pas en accord, c'est là qu'ils devraient
exercer leur pouvoir. Si les parents n'étaient pas en accord avec une
décision de l'équipe-école, ils ont une place pour
intervenir au niveau du directeur général, au niveau de la
commission scolaire, peu importe la mécanique. Il nous apparaît
que tes parents devraient exercer un droit fondamental de révision de
cette demande au niveau de la commission. Si on procédait d'une autre
façon, cela nous semble très compliqué de faire la
même démarche, de donner aux parents un pouvoir
supplémentaire d'intervention dans ce dossier parce que -l'ensemble des
collègues, nous sommes fondamentalement d'accord avec ce fait - si les
enfants, dans une école, reçoivent une éducation
chrétienne, c'est aux parents que revient le dernier mot mais les
parents ne peuvent pas décider non plus à l'encontre de ce que
j'appellerais la petite société qu'est l'école peut
penser. Il faut qu'il y ait une espèce de place où l'on peut
discuter de ces
choses-là en dehors et c'est la raison pour laquelle on voudrait
que cette demande soit à la commission.
Vous avez soulevé la question de la documentation. On ne voulait
pas que la documentation retourne... Il nous semble, d'une part, qu'au
ministère de l'Éducation il n'y a pas beaucoup de place pour
loger toute cette paperasse. On pense à vous là-dessus. On sait
que vous allez être obligé de vous préoccuper de savoir
où mettre cela. Il nous semble que ce sont des documents de régie
interne et de gestion. Nous sommes d'accord avec vous, M. le ministre, qu'il
devrait y avoir peut-être une formulation quelconque qui pourrait dire
que ces documents-là, sur demande, pourraient être
consultés, mais il ne nous semble pas... Tous les documents qui sont
dans une école - c'est notre point de vue - font partie des archives
d'une école. Il y a actuellement, si je pense à la
révision de la clientèle scolaire au 30 septembre, quelqu'un que
vous envoyez bien gentiment vérifier sur place, mais il ne part pas avec
toute la documentation, il vérifie si tout est exact. Il me semble que
cela pourrait être exactement la même mécanique qui pourrait
s'appliquer dans le cas présent.
Je pense avoir fait le tour de vos interrogations. Si je ne l'ai pas
suffisamment fait, je vous demanderais de me rappeler à l'ordre.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous remercie,
M. le président, en vous rappelant d'essayer d'être concis dans
vos réponses parce que le temps de la commission est malheureusement
limité,, Nous avons d'autres invités.
Je reconnais maintenant la députée de Chicoutimi,
porte-parole officielle de sa formation politique en matière
d'éducation. Mme la députée.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Messieurs,
permettez-moi d'abord de vous souhaiter la bienvenue au nom de l'Opposition et
de vous remercier également d'avoir répondu à l'invitation
qui vous a été faite de vous présenter à cette
commission.
Votre mémoire reprend, je pense -j'allais dire dans le
détail - et soulève les points qui pourraient
éventuellement faire problème quant à l'administration de
ce projet de règlement. Je me permettrai juste de réagir un peu
au tout début de votre mémoire. Vous vous dites
déçus des délais qui ont été accordés
de même que du moment qui fut choisi pour tenir cette commission
parlementaire. J'aimerais juste vous rappeler, pour l'information de ceux qui
sont ici également, dont les députés du gouvernement, que
l'initiative a d'abord été prise par l'Opposition, en vertu d'une
disposition qui rend possible l'examen des règlements en commission
parlementaire. On avait été l'objet de nombreuses pressions qui
avaient également été exercées sur le ministre. Il
semblait s'être installé un silence. C'est pour cela qu'on a
demandé que la commission examine ce projet de règlement. Depuis,
à la suite d'une demande du ministre, c'est devenu un mandat qui a
été confié à la commission.
Vous soulevez des questions importantes, dont une sur laquelle on n'a
pas suffisamment réagi, je pense, au cours de la première
journée, soit l'urgence d'intervenir. Vous dites; Est-ce qu'il y avait
vraiment, dans la population, des attentes et des besoins tels qu'on se trouve
devant une urgence d'intervenir? Je pense que la question est pertinente et
d'autant plus pertinente, comme vous le soulignez, que le ministre annonce une
modification à la Loi sur l'instruction publique qui viendrait assurer
une certaine concordance entre son projet de règlement et son projet de
loi. Comme vous, je pense qu'il serait peut-être intéressant qu'on
puisse aussi se faire une tête là-dessus et porter un jugement.
Pour le faire, encore faut-il avoir les autres documents en main. À mon
avis, je pense qu'il n'y a pas d'urgence.
Par ailleurs, le ministre disait tout à l'heure, dès qu'il
a commencé son exposé, que l'Opposition exigeait ni plus ni moins
qu'on procède d'abord à la réforme des structures
scolaires de confessionnelles à linguistiques avant de faire toute
modification à la Loi sur l'instruction publique. Je n'ai jamais dit
cela. II faut qu'on soit clair. Par souci de vérité, je pense
qu'il est important de le dire. Cependant, si le projet de loi, selon le
ministre, reprend des éléments importants du projet de loi 3, il
serait intéressant qu'on l'ait en main et qu'on puisse, nous aussi, en
juger. Il faut se rappeler que l'économie du projet de loi 3 reposait
essentiellement sur une modification des structures scolaires de
confessionnelles à linguistiques. Tous les aménagements les plus
savants possibles ne viendront pas corriger la situation qu'on connaît.
Effectivement, on pourrait peut-être la rendre un peu plus vivable et un
peu plus tolérable.
Vous avez aussi soulevé des questions quant au coût des
mesures proposées par le comité catholique. Le coût des
mesures proposées peut également nous préoccuper parce
qu'on sait qu'actuellement il n'y a quasiment aucune matière
enseignée au primaire et au secondaire pour laquelle on ne demandera pas
un enrichissement, un peu plus de temps et un peu plus de ressources à y
être consacrées. Et le dernier dossier, et non le moindre, c'est
la langue française.
Par ailleurs, quelqu'un faisait remarquer très judicieusement
hier qu'on a sacrifié l'enseignement religieux en enseignement
professionnel au bénéfice d'une meilleure qualité de la
formation. Ce qui vaut pour
quelques élèves et qui est discutable peut-être
parce qu'on est dans une école catholique, et ce qui vaut pour un groupe
d'élèves en enseignement professionnel, comment se fait-il que
cela ne vaudrait pas pour d'autres élèves? Il me semble qu'il y a
là-dedans une espèce de cohérence interne qui nous
manque.
Vous demandez également que l'enseignement moral ait un statut
réel et égal à celui de l'enseignement religieux et vous
avez bien soulevé toute la question du problème qui se pose
à essayer de maintenir ensemble ces deux éléments tout en
respectant les libertés individuelles. Je prétends qu'on ne peut
pas avoir un projet éducatif imprégné dans lequel on
intègre les valeurs catholiques et, en même temps, respecter ceux
qui ne partagent pas ces valeurs. (12 h 15)
Cependant, par rapport à l'approbation des programmes, à
la page 14, vous dites: "En effet, nous comprenons, à partir du
libellé du projet, que le comité catholique veut approuver tous
les programmes dipensés." J'ai une petite nouvelle pour vous, cela fait
déjà partie de son mandat. Le comité catholique a la
responsabilité d'approuver, au point de vue religieux et moral, les
programmes, manuels et matériel didactique de ces institutions
d'enseignement. C'est déjà un fait, ce qui évidemment,
à juste titre, nous fait penser et arriver à la conclusion qu'on
ne peut pas s'assurer que les programmes, les manuels et le matériel
didactique soient conformes au point de vue religieux et moral et, en
même temps, être neutre au plan des contenus. C'est difficilement
tenable.
Sur le rôle du conseiller en éducation chrétienne,
je vous dirais qu'on entendra un avis, je pense, demain ou peut-être dans
le courant de la journée, je ne sais plus, de l'Association
québécoise des conseillers au service de l'éducation
chrétienne qui vaudrait non seulement ne pas amoindrir ou diminuer les
exigences prévues par le comité catholique, mais les renforcer.
On dit, par exemple, que le conseiller en éducation chrétienne
devrait participer à l'embauche et à l'affectation du personnel
chargé de dispenser l'enseignement et que ce conseiller devrait
participer à la sélection et à l'embauche des animateurs
de pastorale. À l'article 23, on précise que les personnes qui
collaborent à l'animation pastorale doivent être
agréées par le conseiller en éducation chrétienne.
Alors, vous avez toute une série d'articles qui viennent resserrer, si
c'est possible, les exigences prévues par le comité
catholique.
J'ai cependant une petite difficulté. On utilise - ça
aussi m'avait frappé un peu; un autre mémoire l'a souligné
- les termes "animateur de pastorale", "conseiller en éducation
chrétienne", "école catholique". Probablement qu'il y a des
spécialistes qui vont me dire pourquoi on peut utiliser
indifféremment, de façon interchangeable, "conseiller en
éducation chrétienne" et "école catholique". Probablement
qu'il y a des explications à cela. Cela n'a pas dû, comme cela,
passer inaperçu dans le texte.
Je voudrais juste terminer en abordant la question de la qualification
des enseignants et de l'entrée en vigueur du présent
règlement. Pour ce qui est de la qualification des enseignants, je
voudrais savoir des directeurs d'école ce que peut vouloir dire le fait
qu'on exige qu'un enseignant ait 9 crédits pour enseigner au primaire et
30 crédits ou 60 crédits pour enseigner au secondaire? D'abord,
est-ce que vous êtes capables de prévoir suffisamment longtemps
à l'avance le choix que feront les parents d'un enseignement religieux
ou moral à l'embauche? Est-ce que cela ne deviendra pas un
critère de discrimination? Est-ce que, chez vous, les enseignants qui
enseignent la religion enseignent aussi la morale? Est-ce que ça va
poser problème, par rapport au complément de tâche, par
exemple, au secondaire? À partir du moment où vous n'avez pas
cette formation en enseignement moral, vous ne pourriez pas aller
compléter votre tâche en enseignant la morale, mais l'inverse
serait possible pour celui qui a une formation en enseignement religieux. Il
pourrait compléter sa formation, sa tâche, dans d'autres
programmes, évidemment, toujours apparentés à la
même famille.
La date d'entrée en vigueur du règlement, vous nous dites
que cela pose des problèmes en fonction des gens qui - si j'y reviens,
c'est à la page 30 - sont en congé, en congé sans solde ou
en congé de maladie, mais il y a également ceux qui ont
terminé leur formation, qui l'auront terminée ou qui l'ont
terminée, qui ne sont pas encore engagés et qui, eux, n'auraient
pas cette formation requise pour entrer. On sait qu'actuellement il y en a
plusieurs qui attendent aux portes. Alors, il y a également cette
catégorie.
Une dernière question, parce que je sais que le temps passe.
J'aimerais que vous nous parliez un peu des difficultés ou des
problèmes que cela pose de tenir compte des choix de
l'élève au secondaire, particulièrement au deuxième
cycle. Est-ce qu'on est effectivement capable dans nos écoles - en
dehors de Montréal surtout, parce qu'on connaît plus la situation
de Montréal - dans les écoles autres, dans les régions, de
tenir compte du choix de l'étudiant au moment où l'on est en
train d'établir sa grille horaire?
M. de Guire: Avant de répondre à vos deux
questions, je voudrais revenir sur la question de l'approbation des manuels.
L'esprit du règlement actuel dit qu'il y a
une approbation du conseil pour voir si les manuels sont en
conformité avec. Alors que dans le libellé actuel, ce que nous
avons voulu souligner par rapport à la façon dont c'est
libellé actuellement, c'est qu'on a l'impression que ce ne sera plus le
ministre qui va approuver les manuels et le matériel, mais le
comité catholique. C'est ce qu'on a voulu souligner, et non pas le fait
qu'on ne savait pas que la question existait.
Maintenant, pour répondre à vos deux questions, je vais
demander à mon collègue, le vice-président Marcel Lebel,
d'y répondre.
M. Lebel (Marcel): M. le Président, au sujet des
qualifications et du partage des tâches, le vécu, la
quotidienneté, si on veut prendre une expression simple, dans des
petites unités administratives, dans des petites écoles - et
c'est le lot de la province, plutôt que dans des complexes polyvalents -
cela peut entraîner des difficultés à partir des
critères qui sont identifiés dans le règlement actuel tel
que proposé. Il y a des enseignants ou des enseignantes qui n'ont pas
ces qualifications mathématiques de 30 ou 60 crédits. On pense
que la référence à ces critères, si c'est absolu,
va créer des problèmes de gestion. Cela peut amener des
problèmes de nature telle qu'aux enseignants qui auraient une
tâche X et qui n'auraient pas un niveau de richesse
supplémentaire, il faudrait donner des tâches d'enseignement
religieux. Il resterait peut-être deux ou quatre périodes à
combler, mais s'il n'ont pas les qualifications pour qu'on leur donne les
quatre périodes à cause du règlement, cela nous obligerait
à faire une demande d'un enseignant excédentaire, peut-être
pour quatre périodes. Cela devient un enseignant qui pourrait être
à temps partiel, à la leçon et cela fait une ressource
humaine de plus sous le contrôle et la supervision du directeur
d'école. Cela fait une personne de plus dans l'équipe de
l'école, cela fait une personne de plus qui vit... Parce qu'il ne
faudrait pas que le règlement provoque des postes à temps partiel
en très grand nombre. Plus on a de gens à temps partiel dans une
école, plus la concertation est difficile, à moins d'y mettre le
prix. Mais c'est un autre débat. C'est une difficulté.
Dans le partage des tâches, on pourrait avoir cette
difficulté si on appliquait le règlement parce que cela ne touche
pas tous les enseignants. On dit: Assurons-nous que le perfectionnement des
enseignants qui auront l'enseignement religieux à faire soit, comme pour
les autres disciplines, un support adéquat. L'expérience des
enseignants est aussi acquise dans les dernières années. Il y a
des enseignants et des enseignantes qui ont enseigné la
catéchèse. Ils n'ont peut-être pas les 60 crédits,
mais ils ont développé une expertise, des pratiques
pédagogiques et des témoignages qui sont de nature à
rendre l'enseignement catéchistique adéquat. Si on prend cela
à la lettre, comme directeur, on a des difficultés
prévisibles.
Est-ce que cela peut rendre plus difficile l'application du
généraliste? Ce matin, j'écoutais une organisation
d'enseignants qui parlait du généraliste. Je pense que, dans des
petites unités administratives, au secondaire premier cycle
particulièrement, le fait d'avoir la non-capacités au sens du
règlement, d'enseignant, cela pourrait limiter le développement
des généralistes. Comme directeur d'école, dans les cinq
dernières années, on a toujours cru que pour le bien-être
des enfants-de 12 à 15 ans le développement des
généralistes devait être monnaie courante dans nos
écoles. II ne faudrait pas qu'un règlement vienne le rendre
encore plus difficile. On a déjà des difficultés à
l'intégrer dans nos pratiques administratives.
Sur le deuxième volet, est-ce que dans nos écoles
secondaires deuxième cycle il y a des difficultés? Je peux
témoigner que, dans mon milieu plus ou moins élargi, au
deuxième cycle, le choix en secondaire III, IV et V m'apparaît
réellement bien réalisé en termes d'enseignement religieux
catholique par rapport à enseignement moral. Je pense que c'est clair.
Là où les difficultés sont plus grandes, c'est au
primaire. D'abord, le nombre est plus restreint. Il y a tout le dossier qui est
relié à l'aspect sacramentel et la continuité des
apprentissages en catéchèse versus la réception des
sacrements. En première, deuxième ou troisième
année, avec ce que j'appelle la petite enfance scolaire, cela peut
amener des difficultés. Je peux témoigner d'une situation dans
mon école où j'ai un enfant de trois ans qui est actuellement en
morale et qui voudrait retourner en catéchèse parce qu'il pense
qu'il ne fera pas sa première communion.
Une voix: Trois ans?
M. Lebel: En troisième année.
M. Ryan: Oui, parce qu'on ne les admet pas avant l'âge de
cinq ans.
M. Lebel: C'est donc une situation qui est un exemple du
vécu, où il faut s'adresser aux parents. Par rapport aux
sacrements, c'est la communauté chrétienne qui s'en occupe et
c'est le pasteur de la communauté chrétienne qui décide
quels sont les critères pour avoir accès aux sacrements. Donc, je
vous dis que ça fait partie des pratiques administratives qu'un
directeur ou une directrice d'école peut rencontrer dans un milieu. Plus
on avance dans l'ordre secondaire, plus le règlement tel qu'écrit
est respecté et vécu, d'après moi.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Oui. C'est juste en complément. Est-ce
qu'un généraliste au primaire peut aussi dispenser l'enseignement
moral?
M. Lebel: Oui, avec le support qu'on lui donne, comme un autre
enseignant. Un enseignant titulaire qui demande l'exemption d'enseignement
religieux catholique, on lui donne, règle générale, un
groupe de morale s'il y a des élèves dans l'école et le
support est accordé par des conseillers pédagogiques, par des
comités de travail à ces enseignants-là.
Mme Blackburn: Est-ce que l'enseignant qui a une formation pour
enseigner la religion - on pense aux neuf crédits de tantôt...
Est-ce que vous êtes capable de le prévoir d'avance, d'abord.
Est-ce que cet enseignant pourra enseigner tantôt la morale?
M. Lebel: Oui, à moins que les règlements ne
prévoient des critères concernant la morale, comme on le voit
ici. Est-ce qu'il y aura des crédits nécessaires pour enseigner
la morale? S'il y en a, on aura un problème. Mais l'enseignant qui est
titulaire actuellement et qui n'a pas les neuf crédits, mais» qui
dispense l'enseignement religieux catholique, s'il n'y a pas de clause
d'exemption temporaire, l'enseignant titulaire qui enseigne la
catéchèse devrait être retiré à moins qu'on
ne lui donne rapidement les neuf crédits.
Mme Blackburn: Non, c'est dans l'hypothèse où le
projet serait adopté demandant que les enseignants, pour enseigner au
primaire, aient neuf crédits. Vous avez votre enseignant; d'abord, il
faut l'embaucher. Selon quels critères pourrez-vous prévoir la
polyvalence, je devrais dire les qualités particulières de
formation, les compétences particulières de formation de vos
futurs enseignants, selon que les parents demanderont en plus ou moins grand
nombre l'enseignement moral plutôt que religieux? La deuxième
question: Est-ce que vos titulaires, vos généralistes qui ont
cette formation en enseignement religieux pourront aussi enseigner ou
enseignent aussi la morale?
M. de Guire: Je pense que vous soulevez, Mme la
députée, un problème qui concerne toute la formation des
maîtres. Il y a une étude qui a été faite il y a X
mois et qui est probablement mûre pour sortir pour qu'on puisse
étudier ensemble toute la question de la formation des maîtres. Il
nous apparaît que si on décide, si collectivement la
société québécoise décide qu'elle est
catholique, normalement, les enseignants qui sortiraient des universités
devraient sortir avec le bagage nécessaire pour être
engagés dans une commission scolaire où on n'a que des
écoles dites catholiques. Donc, il faut que toutes les
prévisions...
C'est pour ça qu'on ne voudrait pas qu'il y ait une
surspécialisation. On pense qu'au niveau de la formation des
maîtres, à l'université, si les futurs maîtres
avaient le bagage nécessaire pour être polyvalents, lorsqu'ils
arriveraient dans nos écoles, on pourrait régler le
problème qu'on mentionnait tantôt de complément de
tâche ou, simplement, ia polyvalence pour le bienfait des
élèves. Il nous semble, en tout cas, que c'est à la source
qu'on devrait tâcher de régler cette question.
Je sais qu'actuellement les universités se penchent sur la
question de la formation des maîtres. Il y a aussi, au ministère
de l'Éducation, des gens qui se sont penchés -je ne me souviens
plus quand - sur la question de la formation des maîtres et
peut-être qu'un jour M. le ministre va nous déposer un projet ou
une orientation ou je ne sais quoi sur la formation des maîtres. Il me
semble que la question que vous soulevez devrait être
réglée dans son ensemble et non pas dans des cas particuliers
à l'intérieur d'une école.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci.
Mme Blackburn: Oui, M. te Président. Je pense que
l'explication de M. de Guire est claire. Elle pose, encore une fois, si c'est
possible, toute l'ambiguïté de cette situation. Vous nous dites: II
faudrait que la formation des maîtres comprenne les connaissances
nécessaires à une polyvalence. Comment respecter ce
critère de polyvalence et les libertés individuelles? Un
étudiant qui entre dans faculté d'éducation peut ne pas
souhaiter apprendre, ou être mis en contact avec les fondements de la foi
catholique. C'est une question de liberté individuelle. (12 h 30)
Par ailleurs, si tous les professeurs d'une école primaire
avaient cette formation de neuf crédits qui les habilitait en même
temps à enseigner la morale, comment la morale pourrait-elle être
neutre et respecteuse des libertés de ceux qui n'ont pas la foi
catholique? Ce n'est pas simple. Je pense que vous l'avez bien illustré.
La première réaction, c'est: Donnez-nous des
généralistes, des personnes les plus polyvalentes possible. La
réaction du comité catholique, c'est de dire: Donnez-nous des
gens convaincus. La façon de les convaincre, c'est de leur donner une
formation adéquate. On sait que cela a été mis en doute
par différents, à juste titre, je pense. Votre réponse
vient poser les difficultés réelles telles que: Comment les
commissions scolaires engageront-elles à l'avenir avec un
tel règlement? Comment discriminera-t-on? Pourquoi une
discriminaton à l'endroit de ceux qui ne partagent pas, qui ne se
sentent pas les capacités, les convictions ou la foi nécessaire
pour l'enseignement catholique?
M. de Guire: II nous semble qu'il y a là un
problème global. On parlait d'écoles linguistiques plutôt
que catholiques mais si, au Québec, on a des écoles catholiques
je pense que, si on veut s'engager dans des commissions scolaires qui n'ont que
des écoles catholiques, il faudrait quand même le savoir au moment
où on s'engage comme enseignant dans une commission. Si je suis
médecin et que je ne veux pas opérer, je ne deviendrai pas
chirurgien. C'est la même chose pour les enseignants. Il me semble que
les universités doivent préparer les enseignants à ce dont
nous avons besoin.
D'ailleurs, on pourrait prolonger le débat en dehors de la
question religieuse. On a beaucoup de choses à dire là-dessus. On
n'est pas certains que les universités préparent les enseignants
dont on a besoin dans les écoles. Cela fait peut-être des gens qui
sont mécontents et qui sont malheureux. Pour nous, si un enseignant ou
une enseignante va se faire engager dans une commission scolaire où il
n'y a que des écoles dites catholiques, je ne comprends pas.
Mme Blackburn: Voici ce que je comprends de votre propos, M. le
Président, et ce que vous êtes en train de nous dire est majeur.
Vous dites: Si on est incapable d'enseigner la foi catholique dans
l'école alors qu'on s'en va dans une école catholique, qu'on
n'aille pas dans une faculté d'éducation. Cela veut dire que vous
excluez une partie importante de la population du Québec de cette
profession d'enseignant, puisque de plus en plus de jeunes ne partagent pas
cette foi. C'est important, ce que cela peut avoir comme effet. Au nom de quoi?
L'école publique, au Québec, est catholique ou protestante. Il
n'y en a pas d'autres actuellement. Une telle pratique voudrait dire que tous
ceux qui ne sont pas ou de foi catholique ou de foi protestante ne pourraient
trouver de place dans une école au Québec. Je pense que, juste
sur le plan de l'équité, de la justice, du respect des
libertés, il y a quelque chose qui a dépassé... Je pense
que cela a dépassé votre pensée. J'en suis d'avance
convaincue. L'école publique est catholique ou protestante; cela veut
dire que tous ceux qui ne sont pas catholiques ou protestants seraient exclus
comme enseignants. C'est beaucoup dire.
M. de Guire: Cela n'a pas dépassé notre
pensée.
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît, Mme la députée, je regrette, le temps est
dépassé depuis longtemps, je vous invite à conclure.
Mme Blackburn: J'allais conclure là-dessus, M. le
Président, pour vous dire que la discussion qu'on vient d'avoir - je
m'excuse, le temps passe toujours vite -illustre, je le pense bien, les
difficultés que cela pose réellement au plan des libertés
individuelles et du droit à l'égalité.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. M. le
ministre, je vous invite à conclure.
Mme Blackburn: Je vous remercie infiniment de votre participation
à cette commission parlementaire. Même si je ne partager pas tout
à fait la même lecture que vous par rapport aux derniers propos
qu'on vient d'avoir, je vous dis que pour, je ne dirais pas l'essentiel, mais
la totalité de votre mémoire, je l'endosse et je partage vos
préoccupations. Je pense qu'en effet il n'y a pas d'urgence et qu'on
devrait attendre la réforme annoncée à la Loi sur
l'instruction publique, de même qu'une politique de formation des
maîtres qui ferait suite à l'avis du Conseil des
universités sur la question. Je vous remercie.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Je veux tout simplement faire une précision. Nos
écoles ne sont pas toutes catholiques ou protestantes au Québec,
au sens défini par la constitution à l'article 93. En dehors de
Montréal et de Québec, les écoles sont des écoles
communes. Elles sont régies par des commissions scolaires pour
catholiques ou pour protestants. Le statut des commissions scolaires pour
protestants pose un problème, mais les commissions scolaires pour
catholiques, ce sont des commissions scolaires qui mettent à la
disposition des gens des écoles communes auxquelles tout citoyen peut
envoyer ses enfants. Le corollaire de cela, c'est que tout citoyen peut
également se présenter comme commissaire s'il a
décidé d'opter pour ces écoles-là, s'il ne s'est
pas inscrit en dissidence. Cela entraîne inévitablement des
conséquences pour l'embauche des enseignants aussi. Je pense que le
régime n'est pas aussi strict que le prétend la
députée de Chicoutimi dans le droit et dans les faits.
Maintenant, cela est un premier point. Je pense que c'est important parce que,
des fois, on dresse des bonshommes de paille et, ensuite, on tire dessus. C'est
facile, on les a dressés juste à la mesure du titre qu'on voulait
leur adresser puis, après cela, on les démolit. Très
bien!
Deuxième point. Je pense qu'à la fin, M. de Guire, vous
avez soulevé un sujet très
important: la formation des maîtres. Sur le problème plus
large de la formation des maîtres, je pense que je vous dois un mot de
commentaire Ià-dessus, étant donné que nous en avons peu
parlé depuis que nous sommes au pouvoir. C'est vrai que c'est un
problème très complexe et qu'on ne doit pas dissocier te sujet
qui est soulevé par le projet de règlement, quant aux
qualifications à exiger des maîtres pour l'enseignement moral et
religieux, du problème plus large de la formation des maîtres.
C'est vrai que des travaux avaient été faits
là-dessus mais je pense que, depuis de très nombreuses
années, les ministres de l'Éducation ont buté sur ce
problème-là, l'ont mis dans le tiroir et ne s'en sont pas
occupé. Nous autres, on va essayer de faire mieux, mais c'est un
problème extrêmement complexe. Vous êtes probablement au
courant que le Conseil des universités a procédé, depuis
deux ans, à un inventaire général des ressources qui sont
employées de ce côté et des problèmes qui se posent.
Le comité, chargé de l'inventaire m'a remis, cet
été, un rapport très détaillé,
accompagné de recommandations qui entraîneraient des modifications
profondes. Nous sommes en train d'en faire l'étude au ministère
de l'Éducation et je compte bien qu'au cours de la prochaine
année, si nous pouvons régler le problème de la Loi sur
l'instruction publique, ensuite, cela va devenir un dossier majeur. Mais je
peux vous dire que nous sommes en train de réunir des matériaux
très importants sur ce sujet-là et qu'il est capital pour
l'avenir de notre système d'enseignement.
Par rapport aux problèmes que nous discutons, nous aurons
l'occasion, au cours des auditions de la commission, d'entendre plusieurs
institutions universitaires nous faire part de leurs réactions par
rapport aux dispositions du projet qui traite de ce sujet précis. Nous
verrons ce qui va nous être dit, nous allons l'écouter avec
attention, mais je suis très heureux que vous ayez soulevé ce
problème et je veux dire qu'on l'aborde dans un esprit d'ouverture.
Pour le reste, je vous remercie. Il y a bien des points que nous aurons
l'occasion peut-être de discuter de manière plus précise et
si, à la lumière de nos discussions, il y a des recommandations
complémentaires que vous voudriez nous adresser nous en prendrons
connaissance avec intérêt. Merci!
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Merci, Mme la députée de Chicoutimi. M. de Guire, nous
vous remercions beaucoup d'avoir répondu à notre invitation. On
vous souhaite un bon voyage au plaisir de vous revoir.
M. de Guire: Merci, M. le Président. On demeure à
votre entière disposition si vous avez besoin de nous encore une
fois.
Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): De façon
à ne pas retarder nos travaux, j'inviterais le président du
Comité provincial de pastorale au primaire à s'avancer et
à prendre place à la table.
Alors, la commission poursuit ses travaux et nous accueillons le
Comité provincial de pastorale au primaire, représenté par
M. Jean-Pierre Guay, président.
M. Guay, nous vous souhaitons la bienvenue à cette commission
parlementaire et nous vous remercions aussi d'avoir bien voulu répondre
à l'invitation de la commission de nous communiquer vos
témoignages concernant ces projets de règlement mis de l'avant
par le comité catholique et le comité protestant du Conseil
supérieur de l'éducation.
M. Guay, veuillez nous présenter les gens qui vous accompagnent
et enchaîner par la présentation de votre mémoire. La
commission a une heure de prévue pour vous entendre. Nous vous
suggérons de faire une présentation d'une quinzaine de minutes
peut-être et, ensuite, nous pourrons amorcer la discussion avec les
membres de la commission. Si jamais nous avions à dépasser 13
heures, je vous inviterai à revenir à 15 heures et nous pourrons
terminer la discussion. Si cela pouvait se faire dans le temps... On verra
à ce moment-là. Allez-y, nous vous écoutons.
Comité provincial de pastorale au primaire
M. Guay (Jean-Pierre): Merci, M. le Président, Mesdames,
messieurs, d'abord, je vous présente quelques-uns des membres du
Comité provincial de pastorale au primaire, en commençant
à ma gauche par Mme Denise Laurin de Joliette, à ma droite, Mme
Claire Dumont de Montréal et, à l'extrême droite, M. Serge
Côté de Longueuil, ainsi que moi-même, Jean-Pierre Guay de
Trois-Rivières.
Dès qu'on a reçu l'invitation nous disant que les membres
de la commission parlementaire avaient les oreilles grandes ouvertes pour
entendre nos propos sur la question, cela nous a fait plaisir de
préparer ce mémoire qu'on veut vous présenter maintenant.
Pour nous, c'est un privilège de pouvoir parler du règlement sur
la reconnaissance, comme catholique, du caractère confessionnel des
écoles primaires et des écoles secondaires du système
scolaire public.
D'abord, le Comité provincial de pastorale au primaire est
formé de différents intervenants du monde scolaire. Comme
comité consultatif, il a pour but d'être consulté par
l'Assemblée des évêques du
Québec sur toutes sortes de questions relatives à la
pastorale au primaire. Aujourd'hui, nous voulons nous exprimer
spécialement sur les règlements, en particulier sur les articles
19 à 26 qui concernent la pastorale au primaire.
Commençons tout de suite par l'article 19. Considérant
que, pour nous, les objectifs du champ de l'animation pastorale catholique
mentionnés dans "Vivre à l'école" expriment combien la
pastorale doit aider les jeunes à découvrir un sens à leur
vie, à créer des liens de fraternité et de
solidarité au sein d'une école, à développer une
relation avec Dieu, à acquérir des attitudes responsables dans
des projets d'action et d'engagement dans leur milieu et dans leur école
et à aider aussi les agents et les agentes d'éducation à
accompagner les élèves dans leur croissance morale et religieuse;
considérant que la très grande majorité des interventions
que nous faisons s'adresse à des groupes (groupe-classe, groupe-cycle et
groupe-école); considérant aussi que 60 heures-année
doivent être exclusivement données à l'enseignement moral
et religieux catholique et considérant aussi la responsabilité du
directeur d'école, nous souhaitons que des temps réels soient
aménagés dans chaque école pour permettre à
l'animateur de pastorale d'intervenir auprès des groupes
d'élèves, à l'intérieur de l'horaire
réservé aux services éducatifs.
Quant à l'article 20, nous trouvons très heureux que
soient précisés, dans votre projet de règlement, des
champs d'activité en animation de pastorale. Ceci démontre
très bien la spécificité et la place
prépondérante, unique et originale que la pastorale doit prendre
dans l'école publique catholique. Cette description met en
lumière les véritables dimensions de l'animation pastorale. Elle
exprime que la pastorale, c'est aussi la sacramentalisation, c'est aussi
l'évangéiisation, c'est aussi créer des liens entre les
personnes dans le milieu scolaire, c'est aussi le projet éducatif.
Maintenant, pour la prochaine partie du mémoire, j'inviterais Mme
Dumont à prendre la parole.
Mme Dumont (Claire): Le fait de préciser, dans l'article
21, un minimum de formation pour les animateurs de pastorale au primaire, nous
trouvons que c'est un premier pas. Cependant, les membres souhaitent
qu'à moyen terme les animateurs du secondaire et ceux du primaire,
à cause d'une tâche identique, tout en gardant la
spécificité du primaire, aient une même
dénomination, une même formation, les mêmes exigences
d'engagement et la même rémunération. (12 h 45)
À l'article 23, nous aimerions qu'il y ait des notes explicitant
ce qu'on entend par "personnes qui collaborent" et jusqu'où va
"dûment agrées par la direction de l'école".
L'article 24 précise la tâche des animateurs de pastorale.
Ce sont des professionnels et leurs activités se situent bien dans le
cadre d'un processus d'apprentissage.
À l'article 25, le comité se dit très heureux qu'il
soit mention qu'on affecte des fonds au fonctionnement des activités de
pastorale au primaire, la pastorale en général. Cependant, nous
aimerions qu'il soit mentionné là où c'est possible,
peut-être dans les présents règlements, que des budgets
soient prévus par l'école publique pour la
rémunération des animateurs de pastorale.
Dans l'article 26, il est question de prévoir un local. C'est un
souhait qui vient de loin, qui est attendu par tous les animateurs de pastorale
de la province, car les résultats de l'enquête qui a
été menée en 1986 par la Direction de l'enseignement
catholique disaient que 82 % des répondants - sur 281 répondants
- affirmaient n'avoir aucun lieu à l'école; ils n'avaient
même pas de place pour transporter ou déposer leur
matériel. Serge.
M. Côté (Serge): Concernant l'article 6, le
comité apprécie grandement que l'on ait précisé les
responsabilités premières du directeur de l'école à
l'égard de l'enseignement moral et religieux catholique et
qu'également, pour l'animation pastorale, dans chaque école
publique, soit précisé ce rôle de la direction de
l'école.
Concernant l'article 11, on constate ici une diminution du temps
alloué à l'enseignement religieux. On pouvait calculer environ 72
heures avec l'ancien règlement. On parlait de 120 minutes par semaine,
à ce moment-là, au primaire. Ici, on parle d'une soixantaine
d'heures-année. C'est sans doute la conséquence de certaines
contraintes. Là-dessus, on aimerait qu'on nous éclaire, à
savoir quelles sont les raisons qui ont amené le comité à
proposer cette diminution du temps relativement à l'enseignement
religieux au primaire. On trouve fort regrettable cette diminution
accordée à l'enseignement moral et religieux.
On sait également que l'article 11 parle d'un minimum de 60
heures, mais, par expérience, on a déjà constaté
qu'un minimum devient rapidement un maximum. On a un petit peu peur que cela se
répète encore pour l'enseignement religieux.
Alors, considérant que dans la pratique la période
réservée à l'enseignement moral et religieux catholique
est facilement utilisée à d'autres fins dans les écoles;
considérant également que l'animation pastorale est vécue
le plus souvent sur le temps alloué à l'enseignement religieux,
il nous apparaît que le présent règlement devrait stipuler
des moyens concrets pour que, dans la pratique,
ce minimum de 60 heures-année soit effectivement consacré
à l'enseignement moral et religieux catholique.
M. Guay: Permettez-mai, maintenant, de vous présenter un
peu nos conclusions et, ensuite, nos recommandations. Dans l'ensemble, le
projet de règlement, pour nous, est respectueux des droits de la
personne et respectueux aussi de la situation quant aux confessions religieuses
et à la pluralité de l'ensemble de ce qui se vit
présentement au Québec. Dans l'ensemble aussi, le projet propose,
pour l'école reconnue comme catholique, un projet éducatif qui
intègre les croyances et les valeurs. Nous sommes parfaitement en accord
avec cette disposition.
En outre, le projet ne nous semble pas discriminatoire à
l'égard des personnes qui, actuellement, font l'animation 'pastorale
dans les écoles, tout en proposant pour l'avenir des aménagements
ou une formation qui nous semblent nécessaires pour permettre d'avoir de
la compétence et un approfondissement envers les personnes qui donnent
le service de la pastorale.
Enfin, il nous semble cohérent, dans son ensemble, avec
l'évolution de la culture québécoise et de la
pluralité qui se vit sur notre territoire. C'est pourquoi nous donnons
notre appui complet à ce projet de règlement. Nous
espérons que les précisions apportées par le
présent projet seront effectives le plus tôt possible afin que
trop d'ambiguïtés à l'égard de certains secteurs de
la confessionnalité soient levées au plus tôt.
Permettez-moi maintenant, en résumé, de reprendre les dix
recommandations que nous vous proposons:
D'abord, que des temps réels soient aménagés dans
chaque école pour permettre à l'animateur de pastorale
d'intervenir auprès des groupes d'élèves à
l'intérieur de l'horaire réservé au service
éducatif.
Deuxièmement, que des précisions relatives aux champs
d'activité soient définies tel qu'à l'article 20 du
règlement.
Troisièmement, que toute personne chargée de l'animation
pastorale au primaire, tout comme celle nommée au même dossier au
secondaire, porte la dénomination d'animateur de pastorale.
Quatrièmement, que les mêmes qualificatifs, à moyen
terme, soient demandés du personnel de pastorale au primaire que de
celui au secondaire.
Cinquièmement, que soient précisées les expressions
"personnes qui collaborent" et "agréées".
Sixièmement, que des budgets soient prévus pour la
rémunération des animateurs de pastorale au primaire par et dans
l'école publique.
Septièmement, pour ce qui concerne le local et le bureau, qu'il
en soit de même pour l'animateur de pastorale du primaire comme pour
celui du secondaire.
Huitièmement, que des moyens concrets soient mis de l'avant pour
que, dans la pratique, le minimum de 60 heures-année soit
consacré à l'enseignement moral et religieux catholique.
Neuvièmement, que cette responsabilité première du
directeur de l'école à l'égard de l'enseignement moral et
religieux catholique e't de l'animation pastorale, dans chaque école qui
est reconnue comme catholique, puisse vraiment demeurer dans le
règlement. Nous trouvons cela très important.
Enfin, qu'un préambule et des notes explicatives accompagnent le
règlement après son acceptation par le Conseil des ministres.
M. le Président, nous avons essayé de résumer
l'ensemble de notre mémoire. Maintenant, nous vous laissons la parole.
Cela nous fera plaisir de répondre à vos questions.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous remercie
beaucoup, M. le président. Je reconnais immédiatement le ministre
de l'Éducation.
M. Ryan: Je remercie le Comité provincial de pastorale au
primaire de nous avoir fait part de ses observations et de ses recommandations
au sujet du projet de règlement du comité catholique. Nous allons
examiner avec beaucoup de soin les représentations qui nous ont
été soumises.
Peut-être en guise d'introduction, je voudrais vous demander de
nous donner un portrait de la situation. Vous avez dit, par exemple: On n'aime
pas qu'on parle d'agent de pastorale au primaire et d'animateur de pastorale au
secondaire, on vaudrait que ce soit la même chose. On voudrait qu'au
point de vue des qualifications on aille vers un régime semblable. Moi,
j'ai l'impression que le régime est quand même, de fait, assez
différent au secondaire et au primaire. Au secondaire, si ma
connaissance des faits n'est pas trop éloignée de la
réalité, on a en général des personnes
affectées à temps complet aux tâches d'animation pastorale,
tandis qu'au primaire on a très souvent des personnes qui sont là
à temps partiel, qui ne sont pas des membres réguliers du
personnel de la commission scolaire et qui y vont à titre de
collaborateur ou de participant.
J'aimerais que vous nous donniez un portrait de la situation au point de
vue du financement, également. Il y a des endroits où le
diocèse participe au financement des agents de pastorale au primaire. Je
ne sais pas si un certain portrait rapide ne pourrait pas nous aider à
mieux apprécier la portée de certaines recommandations.
M. Guay: Oui, il y a effectivement une
très grande diversité dans la pastorale au primaire dans
tout le Québec. Cela va, par exemple, de ceux qui sont
rémunérés par la paroisse et qui vont entrer dans
l'école et faire la pastorale jusqu'à des endroits où la
commission scolaire attribue des fonds pour rémunérer les
animateurs de pastorale. C'est vrai qu'au primaire il y a plus de temps partiel
aussi., Ce que nous demandons, c'est ceci. Il nous semble que, d'après
la description des tâches de l'animateur de pastorale, d'après les
objectifs et la manière de travailler dans le circuit scolaire, de plus
en plus, il faudra des personnes qui s'intègrent plus totalement au
primaire, comme cela se fait déjà au secondaire, pour être
capables d'être membres à part entière dans l'école,
de participer au projet éducatif et aussi de prendre toute la place qui,
à notre sens, revient à l'animateur de pastorale dans les
activités auprès du groupe-classe, du groupe-cycle et du
groupe-école.,
C'est pourquoi il nous semble que les moyens sont différents au
primaire; les moyens avec lesquels on va travailler, pour l'animateur de
pastorale du primaire, ils sont différents de ceux du secondaire. Or,
à plus ou moins brève échéance, il nous faudra
investir davantage dans des personnes piliers qui seront animateurs dans le
milieu de tout le caractère confessionnel et de la dimension
chrétienne vécue dans le milieu scolaire pour répondre aux
grands objectifs fondamentaux de la formation intégrale de la personne,
qui a déjà été mentionnée dans
L'école québécoise... et qui a été reprise
par Voies et impasses 5, au niveau de la formation de l'ensemble de la
personne.
Si un autre de mes collègues veut ajouter à cette
réponse, pour compléter.
Le Président (M. Parent, Sauvé): D'autres
interventions? Madame.
Mme Dumont: Ce serait au sujet de la dénomination. Vous
disiez, M. le ministre, que l'agent de pastorale... On le nomme souvent agent
de pastorale au primaire et animateur au secondaire. On ne voit pas la
nécessité de faire cela. Depuis plusieurs années, il
existe au primaire des personnes à temps complet qu'on appelle depuis
longtemps, depuis toujours des animateurs de pastorale. Maintenant, de changer
la dénomination et de les appeler des personnes chargées de
l'animation pastorale, cela nous semble une ambiguïté.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. M. le
ministre.
M. Ryan: Une petite remarque au point de vue du temps, de
l'aménagement de la grille horaire en fonction de l'animation pastorale.
Tout d'abord, en ce qui touche l'enseignement religieux, le minimum qui est
proposé dans le règlement tient compte de l'évolution des
dernières années. Jusqu'à maintenant, on devait avoir
l'équivalent de 2 heures ou 120 minutes par semaine. Dans bien des
endroits, on est en deçà des 120 minutes, comme vous le savez.
D'autres l'interprétaient à la lettre; ce n'était pas
toujours préférable. Là, il y a un total de 60 heures qui
sont prévues pour l'année, ce qui va permettre d'insérer
beaucoup de souplesse dans l'aménagement de la grille horaire. On me dit
que des nouveaux programmes ont été conçus en fonction de
cet objectif de 60 heures qui était déjà envisagé
depuis un certain temps. Dans les représentations que nous avons
reçues d'autres groupes, d'une manière générale, on
regrette que ce ne soit pas 72 heures ou l'équivalent, comme auparavant,
mais on va essayer de s'accommoder de ceci.
Ce que je veux vous demander, c'est ceci: Quand vous demandez une
période de temps à même l'horaire réservé aux
services éducatifs, quelle période de temps envisagez-vous dans
une semaine - parce que vous ne donnez pas de précisions - ou dans une
année? Avez-vous des précisions à apporter
là-dessus?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Monsieur.
M. Côté.(Serge): Je vais intervenir pour tenter une
réponse. Nous considérons comme regrettable cette diminution.
Maintenant, nous accepterions comme comité - je pense qu'on faisait
consensus là-dessus - les 60 heures si on était certain que ces
60 heures seraient utilisées pour de l'enseignement religieux et que
l'animation pastorale pourrait se faire dans un autre lieu à un autre
moment. Quand je dis dans un autre lieu, c'est en termes de temps.
Je ne doute pas non plus que... Moi aussi, j'avais eu vent que le
nouveau programme d'enseignement religieux pouvait être vécu
à l'intérieur d'une soixantaine d'heures d'enseignement par
année. Maintenant, pour la troisième année
déjà nous appliquons chez nous ce nouveau programme en
première année et en deuxième année. L'an dernier,
donc après un an complet d'application du nouveau programme, j'ai fait
une petite enquête auprès des enseignants de deuxième
année qui l'avaient expérimenté et appliqué depuis
un an. Ces mêmes enseignants me disaient à 66 % qu'il était
possible de couvrir entre 90 % et 100 % de l'objectif du programme, mais il
s'agissait quand même de seulement 66 %. Dans ce sens-là, je
bémoliserais un peu; je ne suis pas certain que cela entre toujours dans
60 heures.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. Je vous
ferai remarquer qu'il est 13 heures
et, selon notre règlement, pour dépasser cette heure, il
me faut le consentement unanime des membres de la commission. Je regrette de
vous aviser de cela, mais c'est la règle. Est-ce que j'ai le
consentement pour dépasser l'heure?
Des voix: Non.
Le Président (M. Parent, Sauvé); II n'y a pas de
consentement pour dépasser. Alors, s'il n'y a pas de consentement pour
dépasser, le règlement nous dit que notre commission -va
recommencer à siéger à 15 heures cet
après-midi.
Écoutez, j'ai quand même des responsabilités ici du
respect de votre calendrier de travail. Je vais faire une suggestion aux
membres de la commission s'ils agréent. Êtes-vous d'accord pour
revenir à 14 h 45 au lieu de 15 heures? Est-ce qu'il y a consentement?
Non, il n'y a pas de consentement. Alors, à 15 heures cet
après-midi.
(Suspension de la séance à 13 h 1)
(Reprise à 15 h 4)
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît!
La commission parlementaire de l'éducation reprend ses travaux
qu'elle avait suspendus alors que nous étions à l'écoute
du Comité provincial de pastorale au primaire.
Avant de reprendre nos audiences et de céder la parole à
la porte-parole de l'Opposition, Mme la députée de Chicoutimi, il
me fait plaisir de souligner la présence parmi nous d'un groupe
d'étudiants et d'étudiantes au programme de maîtrise en
administration des affaires de l'Université Laval. Ces gens
entreprennent une étude de notre système parlementaire.
Aujourd'hui, ils assistent et à la commission parlementaire sur
l'agriculture et à notre commission parlementaire. Mesdames et
messieurs, soyez les bienvenus.
On reprend nos travaux là où nous Ies avions interrompus
et la parole est à Mme la députée de Chicoutimi,
porte-parole officielle de sa formation politique en matière
d'éducation.
Mme Blackburn: D'enseignement supérieur et de science.
Le Président (M. Parent, Sauvé): D'enseignement
supérieur et de science aussi, paraît-il.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Vous me laisserez
un petit moment pour reprendre possession de mes dossiers.
D'abord, permettez-moi de vous saluer, de vous souhaiter la bienvenue,
de vous remercier de votre participation aux travaux de cette commission et de
vous dire que, pour se faire une opinion juste sur la nature des enjeux, il est
important qu'on entende tous les intervenants.
Je ne reviendrai pas de façon systématique sur votre
mémoire, bien que je l'aie lu et, je dirais, relu parce qu'il est assez
dense. Je passerai tout de suite aux questions. Vous utilisez des termes que je
ne comprenais pas très bien. Qu'est-ce que vous entendez lorsque vous
parlez de l'aménagement du temps réel?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Allez,
monsieur.
M. Guay: Oui. Concernant les aménagements de temps
réel, dans la grille horaire, jusqu'à maintenant, 72 heures
étaient consacrées à l'enseignement moral et religieux
catholique ou à l'enseignement moral. Voici ce que nous souhaitons et ce
que nous vous apporterions comme contribution positive, si vous vous mettez en
réflexion là-dessus: on suggérerait que 72 heures
continuent d'être consacrées à l'éducation
catholique à l'école publique, au primaire, dont un minimum de 60
heures à l'enseignement moral et religieux catholique, et que le reste
demeure ouvert pour permettre que, dans les faits, concrètement,
l'animateur ou l'animatrice de pastorale puisse réaliser des
activités de pastorale avec les personnes auxquelles il ou elle doit
donner ce service dans l'école.
Mme Blackburn: Dans une autre recommandation - j'essaie de la
retrouver -vous proposez, et vous n'êtes pas les seuls à le faire,
que l'animation pastorale soit donnée sur le temps des services
éducatifs.
M. Guay: Oui.
Mme Blackburn: Actuellement, au primaire, y a-t-il du temps de
disponible pour de telles activités? Sinon, quelles activités
faudrait-il abolir ou changer pour faire place à des activités
d'animation pastorale?
M. Côté (Serge): Je vais essayer de répondre
à cette question. C'est peut-être l'impasse devant laquelle on se
trouve. Dans le contexte actuel et dans la pratique, on trouve qu'il n'y a pas
tellement de temps consacré dans les écoles à ces services
éducatifs. Des interventions se font; c'est sûr que des services
complémentaires sont offerts dans les écoles; je pense à
la psychologie, à l'orthophonie, à la psychoéducation.
Très souvent, les interventions sont faites, à ce
moment-là, sur le temps de l'enseignement. Ce sont très souvent
aussi
des interventions qui se font auprès d'individus.
La situation est peut-être un peu différente pour ce qui
est de l'animation pastorale, car on intervient souvent et beaucoup
auprès de groupes (groupe-classe et aussi groupe-cycle et même
groupe-école). C'est pour cela qu'on arrive avec la proposition que
Jean-Pierre vient de faire, dans le fond, en se disant que 72 heures nous
étaient données, jusqu'à maintenant, et elles nous sont
encore données. Concrètement, l'animation pastorale se faisait
très souvent pendant le temps alloué à l'enseignement
religieux, donc à l'intérieur de ces 72 heures-là.
Là, on se dit qu'on pourrait garder, dans le fond, 72 heures pour
l'éducation catholique à l'école publique en conservant un
minimum de 60 heures à l'enseignement moral et religieux catholique.
Cela laisse une période de temps pour l'animation pastorale.
Mme Blackburn: La question demeure la même. Les 12 heures,
que vous les preniez là ou sur le temps des services éducatifs,
où devrions-nous les prendre?
M. Guay: II est...
Mme Blackburn: Sur l'enseignement du français, des
mathématiques? A ma connaissance, il n'y a pas de place actuellement,
à l'intérieur des périodes prévues pour les
services éducatifs, pour des activités autres, à moins
qu'elles ne se situent dans les heures prévues pour l'enseignement du
français, de l'éducation physique, etc. Vous qui nous proposez de
gagner 12 heures dans l'année, où devrions-nous les prendre?
M. Guay: Dans les grilles actuelles, il y a 72 heures. Si on
retranche les 12 heures, c'est parce que nous aimerions que ces 12 heures ne
soient pas allouées à n'importe quoi d'autre, si on veut
être conséquent avec les principes que l'école catholique
doit offrir un service d'animation pastorale.
Si on est conséquent avec ce principe, on devrait, dans la
réalité, offrir ces 12 heures d'abord au service de l'animation
pastorale, ce qui ne devrait pas exclure que dans un projet d'école
catholique, un projet éducatif, on puisse, à l'occasion, pour une
activité de toute une école, pendant une journée»
une journée spéciale ou une demi-journée par cycle ou par
niveau, couper les autres périodes de cours pour faire vivre une
activité spéciale d'animation pastorale. À mon sens, cela
va complètement dans la cohérence avec le projet d'une
école catholique.
Mme Blackburn: Bien, si on acceptait votre recommandation, il
faudrait, je pense, en toute logique, en toute justice, donner la même
chose à ceux qui dispensent l'enseignement moral.
M. Guay: II est peut-être... Excusez.
Mme Blackburn: Deuxième question: Est-ce que vous avez
évalué le coût d'une telle mesure?
M. Guay: Bien sûr qu'on peut s'arrêter longtemps sur
la question des coûts» Je ne pense pas que ce soit notre rôle
à nous de voir comment, effectivement, on va le réaliser»
Je ne veux pas nier non plus l'importance de la question administrative et
financière. Cependant, dans des commissions scolaires, on a
été capable de trouver des fonds pour administrer cette
gérance d'animateurs de pastorale qui donnent le service et qui sont
payés à plein temps, et à plein, seulement par la
commission scolaire. Cela existe dans certaines commissions scolaires au
Québec.
Dans d'autres, il y a d'autres expériences où on vit le
moitié-moitié, partenariat, par exemple, et communauté
chrétienne, avec les commissions scolaires. Je pense que si on est ici
pour éclairer les décideurs sur le type d'hommes et de femmes que
nous voulons donner au Québec de demain et si on décide qu'en
matière de principe, on doit donner une formation intégrale aux
personnes qui vivent dans les écoles avec une dimension d'ouverture
à la transcendance, d'ouverture à Dieu et à une
communauté de foi, par conséquent, on devra être capable de
faire des sacrifices, quelque part et d'exiger, par étapes, un plus
grand financement pour être cohérent avec les principes ou les
énoncés de politique sur ce que doit faire une école par
rapport à la formation des jeunes.
Mme Blackburn: Plusieurs mémoires ont souligné
l'intérêt que constituait le fait que le clergé,
l'Église, s'était réapproprié, si je puis ainsi
parler, la responsabilité sacramentelle. Donc, cela se passait dans
l'école. C'est l'Église, la paroisse, qui la prend en charge et
tout le monde estime que c'est une mesure intéressante et qu'on devrait
poursuivre dans cette direction. Vous, ce que vous proposez, à
l'inverse, c'est d'ajouter au personnel actuel des commissions scolaires le
personnel d'animation pastorale. Est-ce que vous ne trouvez pas que, d'une
certaine façon, cela vient déresponsabiliser l'Église?
Vous me permettrez de faire un parallèle entre, j'allais dire
l'espérance de dynamisme - je ne veux pas dire de survie -de
continuité dans l'Église si cette foi n'est pas portée par
la famille et par la communauté catholique. Je ferais le
parallèle entre cette situation de la foi catholique au Québec -
on le sait, la pratique est à la baisse sur un certain nombre de choses;
les
valeurs sont très différentes entre les chrétiens
eux-mêmes - qui menace, à mon avis, la foi au Québec, parce
qu'elle n'est plus portée par les familles et elle n'est pas non plus
suffisamment portée par la communauté religieuse, et la situation
de la langue qui est à peu près dans la même situation. On
aura beau donner à l'école tous les outils qu'on voudra pour
assurer le maintien, la préservation de la langue, si ce n'est pas
porté par la communauté et par la famille, aujourd'hui, on ne
donne pas cher de son avenir, on ne mise pas gros là-dessus.
C'était le parallèle que je voulais faire en vous
demandant si ce n'est pas préoccupant, du moment où on veut faire
porter à l'école tout le poids - un poids très important
et de plus en plus accru - de la responsabilité de maintenir la
connaissance et la foi.
Mme Dumont: Je crois, madame, qu'autrefois, il n'y a pas
très longtemps, on avait tout laissé à l'école,
même l'invitation aux sacrements et même ce qui appartenait, je
pense, de plein droit à l'Église, d'initier un enfant à la
communauté chrétienne et à un sacrement. Maintenant, parce
que les évêques ont semblé rapatrier l'initiation
sacramentelle au niveau de la communauté chrétienne,
l'Église prend justement sa propre responsabilité
vis-à-vis des jeunes enfants pour les sacrements, mais enlève
à l'école ce qui était onéreux, soit l'invitation
aux sacrements, l'invitation à célébrer un sacrement. Cela
appartenait davantage au milieu ecclésial. L'école va maintenant
accomplir son propre rôle, soit celui de donner à l'enfant un
enseignement sacramentel, sans invitation et sans la célébration.
Je pense que l'Église prend réellement sa place. Les rôles
ont été mieux différenciés. Il est important pour
les enfants du primaire que chacun prenne sa place dans la communauté
chrétienne, dans la famille et dans l'école. Chacun a un
rôle diversifié, mais complémentaire. Je ne sais pas si
cela répond un petit peu à la question.
M. Côté (Serge): Si vous me permettez de
compléter, M. le Président?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Allez- y.
M. Côté (Serge): Pour nous, ce n'est pas
incompatible du tout. On ne nie pas que l'Église ait un rôle
extrêmement important à jouer dans la préparation des
enfants aux sacrements. On distingue aussi le rôle de l'animateur de
pastorale scolaire, ce qui peut être vécu en animation pastorale
dans une école, de la préparation aux sacrements qui peut
être vécue en paroisse et qui est prise en charge en partie par la
paroisse. Ce que la paroisse fait, ce que la communauté
chrétienne fait, c'est dispenser une préparation immédiate
aux sacrements. Mais l'école joue encore un rôle important
à ce niveau en dispensant ce qu'on appelle les catéchèses
antécédantes, c'est-à-dire l'enseignement religieux. Pour
nous, ce n'est pas incompatible du tout. Ce n'est pas contradictoire.
Mme Blackburn: Non, ce n'est pas... Oui.
M. Guay: J'aimerais ajouter un élément
d'éclaircissement peut-être pour dire que de redonner aux
communautés chrétiennes l'initiation sacramentelle,
c'est-à-dire d'initier seulement au premier pardon, à la
première communion, à la confirmation, ce n'est pas enlever la
place majeure de l'animation pastorale dans l'école. Avant, on avait
peut-être l'impression qu'elle se situait surtout au niveau des
sacrements mais, même à l'école primaire, l'animation
pastorale veut dire aussi tous les sacrements qui sont vécus à
part l'initiation. C'est-à-dire qu'une fois qu'on a initié les
enfants au premier pardon, ce qui relève maintenant des
communautés chrétiennes, à juste titre, tout ce qui reste
des sacrements, faire vivre des célébrations eucharistiques,
faire vivre d'autres célébrations du pardon, ce qui est au coeur
de la foi des chrétiens de vivre communautairement ces
célébrations, cela doit continuer à rester dans
l'école. C'est d'ailleurs décrit dans la tâche et dans les
champs d'action de l'animation pastorale dans l'école et dans les cadres
pédagogique et scolaire.
C'est à ce niveau que nous croyons que le ministère de
l'Éducation et le système scolaire doivent apporter, pour
être cohérents, leur aide, même leur aide financière,
pour avoir des animateurs qui vont faire ces tâches qui sont
décrites, souhaitées et incluses dans Voies et impasses 5 comme
étant le moyen d'aider les jeunes à grandir et à se
développer dans toutes les dimensions de leur être, dont la
dimension chrétienne.
Mme Blackburn: Cela irait mais c'est parce que je...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. Je donne
maintenant la parole au ministre de l'Éducation.
M. Ryan: II y a un point que j'aurais voulu soulever, mais je
vais le soulever simplement à titre de remarque de clôture,
étant donné que nous sommes en retard sur notre programme. Pour
l'essentiel, votre message est clair. On a pris note des recommandations que
vous faites. Le gros problème de ressources matérielles qui est
sous-jacent à la mise en oeuvre de plusieurs
des recommandations, nous sommes en train de procéder à
l'examen de cette situation. Nous sommes en période de ressources rares
auxquelles il est très difficile d'ajouter.
Quand même, nous examinons cette situation de l'animation
pastorale avec un soin particulier. Je pense que les remarques que vous nous
avez fournies constituent une contribution très importante à cet
examen. Je vous en remercie beaucoup.
M. Guay: Je vous remercie, mesdames et messieurs.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Je veux simplement vous saluer à nouveau et
vous remercier de votre participation aux travaux de cette commission.
M. Guay: Merci beaucoup.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. Guay, merci
beaucoup. Alors, la commission continue ses travaux et nos prochains
invités sont les représentants de l'Association des directeurs
généraux des commissions scolaires, avec lesquels nous allons
nous entretenir dans quelques minutes. Nous suspendons momentanément nos
travaux.
Alors, nous demandons aux membres de l'association des directeurs
généraux de prendre place à l'avant. La commission
parlementaire de l'éducation poursuit ses travaux et accueille
l'Association des directeurs généraux des commissions scolaires,
représentée par M. Jacquetin Bergeron qui en est le
président et aussi le porte-parole.
M. Bergeron, bienvenue et merci beaucoup d'avoir répondu à
l'invitation de venir livrer à cette commission parlementaire votre
témoignage concernant ces projets de règlement.
La commission a une heure à consacrer à votre association.
Nous vous suggérons -par contre, vous en êtes quand même
maître - de nous donner un bref exposé d'environ une quinzaine de
minutes, de façon à pouvoir avoir amplement de temps pour
discuter avec les membres de la commission. Je tiens à vous informer que
les membres de la commission ont reçu votre mémoire, qu'ils l'ont
lu et qu'ils sont prêts à en discuter avec vous.
Alors, M. Bergeron, si vous voulez bien nous présenter les gens
qui vous accompagnent et enchaîner immédiatement avec votre
présentation.
Association des directeurs généraux des
commissions scolaires du Québec
M. Bergeron (Jacquelin): Merci, M. le Président. Mesdames,
messieurs, membres de la commission de l'éducation, à mon
extrême droite, M. André Perron, trésorier de
l'association, qui vient de la grande région du
SaguenayLac-Saint-Jean; à ma droite immédiate, M. Marcel
Théorêt, vice-président de l'association et directeur d'une
commission scolaire de Laval-Laurentides-Lanaudière; à ma gauche,
M. Normand Lapointe, secrétaire de l'association et directeur
général d'une commission scolaire de la grande région
Montérégie.
L'association que je représente regroupe le personnel des
directions générales des commissions scolaires. Nos membres sont,
dans le quotidien, les premiers responsables de la bonne marche des commissions
scolaires du Québec.
Des projets de règlement comme ceux en discussion aujourd'hui
suscitent naturellement notre meilleure attention puisqu'ils ont l'intention
avouée de modifier la gestion de nos organisations et les relations que
nous entretenons tant à l'intérieur de celles-ci qu'avec
d'importants partenaires sociaux de l'extérieur.
Nous avons réagi dès la parution dans la Gazette
officielle des projets de règlement du Conseil supérieur de
l'éducation. Le 19 juin dernier, dans une lettre adressée au
ministre de l'Éducation, M. Claude Ryan, dont copie fut envoyée
au comité catholique et aux autres partenaires du réseau, nous
avons demandé de surseoir à l'adoption des projets de
règlement et d'entreprendre avec tous les intéressés une
véritable consultation sur un sujet d'une aussi grande importance. Nous
sommes satisfaits de votre décision d'avoir convoqué la
commission de l'éducation pour entendre les divers points de vue.
Les projets actuels du comité catholique suscitent chez nos
membres des appréhensions à certains égards et des
oppositions quant à d'autres. Nous entendons vous les faire
connaître en passant en revue les articles qui proposent des changements
significatifs.
Préalablement, de façon globale, sachez que nous sommes
favorables à l'existence d'un certain cadre de référence
sur le sujet. Les projets éducatifs catholiques doivent être
promus. Nous supportons une volonté, bien établie au
Québec, selon laquelle de nombreuses écoles veulent se voir
reconnaître comme catholiques pour répondre aux besoins et aux
désirs légitimes de la population.
Toutefois, le présent projet de règlement nous
apparaît introduire des procédures de gestion et de contrôle
administratif qui ont peu de rapport avec le désir de promotion du
caractère catholique de certaines écoles. Les procédures
proposées risquent d'inhiber la créativité des milieux
et
s'inscrivent difficilement dans l'approche que vous partagez sans doute,
celle du respect de l'autonomie des commissions scolaires. Une approche trop
réglementaire comme celle-là risque toujours de rencontrer chez
les personnes visées le respect minimal de la lettre, plutôt que
de susciter l'esprit qu'on souhaite insuffler.
Pour notre part, nous serions favorables à une approche qui
stimule la créativité et valorise une prise en charge par le
milieu du projet qui les anime. Le Conseil supérieur de
l'éducation a d'ailleurs bien défini cette approche que noua
partageons dans son document sur l'école primaire de mars 1987 où
il est écrit: "C'est fort de cette conviction que le conseil souligne la
nécessité de promouvoir le modèle émergent de
fonctionnement et de développement axé sur l'initiative et la
responsabilité locale, bien plus que sur la seule conformité aux
encadrements nationaux et la réclamation de mesures uniformisantes
édictées par le ministère de l'Éducation."
Si, en survol, on regarde le chemin parcouru au cours des
dernières années, il apparaît, au premier titre, que les
grandes structures organisationnelles ont commencé à montrer les
limites de leur efficacité. Les moyens de contrôle sur lesquels on
avait pu compter un moment pour assurer la cohérence des organisations
se sont avérés insuffisants pour maintenir la motivation des
personnes.
Pour pallier à ces lacunes, le nouveau mouvement qui s'est
imprimé, tant dans les institutions publiques que privées,
cherche maintenant à remettre des responsabilités significatives
à celles et à ceux qui, plus près de l'action, sont en
mesure de prendre les décisions concrètes et mieux
adaptées.
La reconnaissance de l'autonomie de gestion des commissions scolaires
par tous les partenaires sociaux et, au premier titre, par le ministère
de l'Éducation se situe d'emblée dans ce mouvement d'ensemble de
prise en charge des milieux par eux-mêmes.
Le mouvement est d'ailleurs analogue dans nos propres écoles. De
plus en plus, chaque école acquiert un niveau d'autonomie tel qu'elle
peut répondre adéquatement aux attentes et aux besoins des
clientèles particulières qu'elle dessert. Les avantages de ce
nouveau dynamisme sont nombreux: les communautés d'école
s'interrogent sur leur mission, s'impliquent dans la recherche de solutions, se
sentent responsables de leur destinée. Elles sortent ainsi des
ornières de l'uniformité.
Les véritables relations de partenariat ne peuvent prendre place
que dans un contexte de respect de l'autonomie de chacun.
Voilà, brièvement exprimée, la philosophie de
gestion qui est la nôtre et qui s'inscrit dans l'évolution
générale des institutions. Il nous faut accorder de plus en plus
d'importance et de confiance aux personnes.
Nous ne partageons pas l'esprit des projets de règlement. il
apparaît marqué au coin du contrôle jusqu'à manquer
de respect aux pouvoirs et responsabilités qui sont dévolus aux
commissions scolaires.
Dans une enquête que nous avons commandée en 1986 et qui
portait en titre La qualité de l'éducation, nous avons
constaté que le public du Québec souhaite que l'école soit
plus exigeante dans des apprentissages fondamentaux et permette des relations
humaines plus personnalisées entre les jeunes et les adultes.
Mais, que signifie précisément ce désir de rigueur?
D'aucuns avaient pu croire, il y a quelques années, qu'il fallait faire
un virage vers une discipline rigoureuse si l'on voulait répondre aux
attentes des parents. Mais tel n'est pas le cas! Les parents ne veulent pas
reproduire l'école qu'ils ont connue et qui était autoritaire et
contrôlante de tous les comportements. Ils veulent tout simplement une
école qui fait l'école, une école investie par des adultes
qui savent où il3 vont et, en conséquence, une école
capable d'afficher clairement ses couleurs et ses valeurs.
Le dilemme des projets éducatifs qui n'arrivaient pas à
naître parce qu'on faisait la moyenne des opinions de chacun semble
maintenant dépassé. Dans un esprit de tolérance, le public
souhaite simplement que les adultes de l'école soient des maîtres
et qu'ils se comportent comme tels.
Les projets de règlement qui sont devant nous ne font pas,
à notre avis, confiance aux personnes et aux communautés
catholiques. Ils semblent vouloir imposer plutôt à celles et
à ceux qui veulent se réclamer d'un tel projet un cadre
spécifique détaillé dans lequel ils devront vivre pour que
le nom de catholique leur soit reconnu.
Comment peut-on penser que les adultes de l'école deviendront
maîtres dans un cadre semblable?
Maintenant que nous avons mieux campé devant vous notre grille
d'analyse, il est nécessaire de vous livrer des commentaires plus
détaillés sur les divers articles de ces projets de
règlement.
Les articles 1 et 2 fixent les modalités de demande de
reconnaisance du caractère catholique d'une école en imposant de
compléter un formulaire de cinq pages et de l'accompagner d'une preuve
documentaire afin que te comité catholique puisse vérifier
l'application de tous les règlements.
Nous souhaitons que les écoles, dont c'est le projet de
s'afficher comme catholiques, vivent véritablement un projet
éducatif qui respecte et intègre ces valeurs. La qualité
doit être présente avant qu'on puisse s'en réclamer.
Toutefois, îl n'est pas
utile d'imposer la production d'un rapport de type administratif pour
que cet objectif soit respecté. il serait d'emblée plus
intéressant que les importants partenaires sociaux que sont les
paroisses, voire les partenaires diocésains, s'impliquent et
s'associent, selon le désir des communautés d'école, dans
le développement des projets éducatifs à caractère
catholique. On doit pouvoir penser que chaque projet de cette nature se donnera
un caractère qui lui est propre, une personnalité en harmonie
avec le milieu donné.
Il nous apparaîtrait beaucoup plus respectueux d'inciter les
commissions scolaires à user de leur force d'animation pour s'assurer,
auprès de leurs écoles, du fondement de leur demande de
reconnaissance du caractère catholique.
L'article 7 impose au directeur d'école une nouvelle obligation
de produire, à tous les cinq ans, avec l'aide du conseiller en
éducation chrétienne et du comité d'école, un
rapport d'évaluation du vécu confessionnel de son école en
y joignant l'avis du comité d'école. Ce rapport doit être
transmis à la commission scolaire, laquelle doit en transmettre copie au
comité catholique, après y avoir ajouté ses
commentaires.
On ne peut pas dire dans cette procédure que le rôle de
chacun soit très valorisant. Il nous semble, une fois de plus, que cette
façon de faire jette du discrédit sur la capacité des
milieux de juger de leur situation en regard du maintien ou de la
révocation du caractère catholique de leur institution. II nous
apparaîtrait plus sain que les écoles aient la seule obligation de
revoir leur statut sans être obligées à un processus
administratif lourd et peu significatif. Les commissions scolaires pourraient
être incitées, plus simplement, à s'assurer que les projets
éducatifs catholiques ont plus que le nom et intègrent les
valeurs confessionnelles. (15 h 30)
Les articles 23, 24, 25 et 26 sont du même acabit. Ils
précisent que l'animateur de pastorale doit planifier son travail et
l'évaluer, que des fonds doivent être investis dans ce secteur,
qu'un local doit être affecté à l'animation pastorale et
qu'un bureau doit être mis à la disposition de l'animateur de
pastorale du niveau secondaire.
De tels articles paraissent peu respectueux du bon jugement des
personnes. Ils vont à l'encontre de tout respect de l'autonomie des
commissions scalaires et du pouvoir qu'elles ont de mandater des personnes pour
réaliser la mission qui est la leur. Notre performance et nos
expériences vécues dans le réseau scolaire devraient vous
convaincre que ce genre de réglementation tatillonne et paternaliste est
dépassé. Le libellé de ces articles va à l'encontre
de nos objectifs communs de responsabilisation du réseau scolaire et de
respect véritable des dynamisme» des différents
milieux.
Les articles 16 et 17 indiquent les degrés de formation
universitaire que devront avoir atteints les enseignants pour être
reconnus aptes à l'enseignement religieux et moral catholique.
La qualification légale ou réglementaire ne peut garantir
à elle seule l'engagement de foi que l'école catholique est en
droit d'attendre de son personnel. Sans nier la valeur de la formation
universitaire, nous sommes d'avis que les crédits d'études ne
sont pas une assurance de sélectionner les bons témoins de la foi
chrétienne.
Une telle disposition nous paraît une source de problèmes
réels d'organisation scolaire. Il n'est pas souhaitable que
l'affectation des personnes soit fondée sur le critère de la
qualification. Il vaut mieux laisser aux personnes qui, dans les milieux, sont
responsables de la sélection et de l'affectation du personnel le
jugement qu'elles sont aptes à poser.
Les premiers paragraphes des articles 21 et 22 visent, de façon
analogue, à établir des niveaux de formation universitaire pour
les animateurs de pastorale du primaire et du secondaire.
Notre réflexion sur la qualification des enseignants s'applique
aussi bien aux animateurs de pastorale. La qualification légale ne
saurait tenir de passe-partout et se substituer à l'engagement
chrétien.
Par ailleurs, la situation dans l'ordre primaire est nettement
différente celle du secondaire. Au primaire, on retrouve surtout les
animateurs de pastorale qui émergent des comités de pastorale
paroissiaux et qui desservent les écoles dans le cadre d'ententes entre
les commissions scolaires et les paroisses. Cette situation a l'avantage
d'associer intimement les communautés chrétiennes aux
communautés scolaires qui les desservent. Il faut tenir compte de cette
réalité.
De plus, l'Assemblée des évêques a entrepris une
réflexion sur le sujet, qui n'est pas terminée. Nous croyons
qu'il faut attendre les résultats de cette démarche et prendre
alors en considération les pistes qui auront été
avancées.
Enfin, vous me permettrez un commentaire sur l'article 23. Cet article
propose un mode d'approbation des personnes bénévoles en
animation pastorale. Celles-ci ne pourraient agir qu'après avoir
été accréditées par la direction de l'école
et cette dernière devrait consulter au préalable le conseiller en
éducation chrétienne. À notre point de vue, un tel article
produit un caractère faussement discriminatoire parmi les personnes qui,
bénévolement, s'associent aux activités
complémentaires d'animation pastorale. De plus, cet article soumet le
jugement de la direction de l'école à la consultation obligatoire
du conseiller en
éducation chrétienne.
À notre avis, il faut laisser aux commissions scolaires le soin
de prendre les mesures que requiert leur propre situation. II faut
assurément que les personnes bénévoles agissent en
cohérence avec les visées de l'organisation qu'elles veulent
servir. Les commissions scolaires sont pleinement en mesure de
développer des modèles qui les assurent de cette
cohérence. Il n'est pas nécessaire de réglementer
provincialement cette dimension de la vie des écoles.
Dans notre perspective, un certain nombre d'articles du projet qui est
devant nous décrivent bien l'esprit que nous voudrions voir se
dégager d'un cadre de référence pour l'école
catholique. Je me permets d'en citer trois qui sont au coeur de la question et
qui vont dans le sens de nos convictions.
D'abord, l'article 4 qui dit: "L'école publique reconnue comme
catholique intègre les croyances et les valeurs de la religion
catholique dans son projet éducatif et elle s'affiche comme telle." Nous
croyons fermement que les communautés d'école, dont c'est le
projet, doivent vivre pleinement leur projet d'école catholique et
s'afficher comme telle.
D'autre part, l'article 18 assure la cohérence entre le projet
éducatif catholique et l'enseignement que dispense l'école.
"L'enseignant doit dispenser l'enseignement moral et religieux catholique
conformément aux exigences des programmes approuvés par le
comité catholique."
Enfin, l'article 27 décrit bien l'importance du respect que
doivent avoir celles et ceux qui vivent et travaillent dans cette école
catholique. "Le personnel de l'école publique reconnue comme catholique
ainsi que toute autre personne qui y travaille, les parents et les
élèves doivent être respectueux du caractère
catholique de l'école."
Nous souscrivons pleinement à ces articles. C'est dans cet esprit
que nous souhaitons voir se développer un cadre de
référence pour les projets éducatifs catholiques.
Nous croyons que cette réglementation doit être revue en
profondeur. L'animation et la promotion du projet éducatif catholique,
bien plus que le contrôle, doivent inspirer une telle
révision.
Enfin, on doit prendre fait et acte de la capacité des milieux de
se prendre en charge et respecter l'autonomie de gestion des commissions
scolaires. Si on veut que le leadership des maîtres de l'école
s'exprime, il faut agir en bon pédagogue plutôt qu'en
contrôleur des communautés humaines. Cela veut dire investir de la
confiance, proposer des orientations, insuffler de l'âme.
L'éducation doit se faire en développant des liens de
partenaires avec tous ceux et celles qui sont concernés. Nous souhaitons
vivement que les communautés paroissiales et les partenaires
diocésains trouvent les voies de collaboration et d'association intime
avec les communautés d'école qui veulent s'afficher et vivre un
projet éducatif catholique.
Nous souhaitons collaborer pour développer ce cadre favorable
à l'affirmation des projets éducatifs catholiques là
où les communautés scolaires !e désirent.
Le Président (M- Parent, Sauvé): M. Bergeron, nous
vous remercions du message que vous nous avez livré. II a
été entendu et écouté attentivement par les membres
de cette commission et, maintenant, nous allons commencer la discussion. Je
reconnais immédiatement le ministre de l'Education. M. le ministre.
M. Ryan: Merci. Messieurs les membres de la
délégation de l'Association des directeurs généraux
des commissions scolaires catholiques, il nous a intéressé
d'écouter vos observations sur le projet de règlement.
Étant donné la fonction de pivot que vous occupez dans le
système d'enseignement, les observations que vous avez à nous
transmettre sont particulièrement dignes d'intérêt. Une
fois ce compliment fait, il faut les examiner à leur valeur obvie comme
notre devoir nous impose de le faire.
Il y a deux points que je voudrais vous communiquer à titre de
réaction préliminaire. Tout d'abord, je partage
entièrement votre méfiance naturelle vis-à-vis de la
prolifération réglementaire. Le gouvernement actuel est
dirigé par un parti qui a fait de ce thème un des
éléments importants de sa plate-forme électorale. Nous
trouvions que les réglementations se multipliaient à l'infini au
Québec et nous faisons tous les efforts humainement possibles pour
réduire au minimum l'accroissement de la réglementation.
Dans ce cas-ci, il s'agit d'un règlement qui vient en remplacer
un autre. Il y a déjà un règlement qui est là et
qui, sur plusieurs points, est plus sévère que celui que l'on
nous propose. Sur d'autres points, peut-être que c'est l'inverse. Mais
voici un domaine où on ne peut pas se passer d'un règlement
minimal. Je pense que tout le monde va en convenir. S'il y a des points dans le
règlement dont vous nous faites clairement la démonstration
qu'ils devraient disparaître, on va écouter la
démonstration avec intérêt, mais on va revenir
là-dessus dans quelques minutes.
Le deuxième point: vous signalez la responsabilité des
commissions scolaires dans le système d'enseignement du Québec.
Vous le faites avec raison. La Loi sur l'instruction publique du Québec
reconnaît aux commissions scolaires un rôle clé dans la
gestion de nos écoles et des services éducatifs mis
à ta disposition de la population tant jeune qu'adulte. C'est
évident que, quand on conçoit un règlement comme celui-ci,
il faut que les commissions scolaires soient impliquées et qu'on tienne
compte de leurs responsabilités ordinaires.
Ceci dit, il y a peut-être un certain nombre de questions qui se
posent, sur lesquelles j'aimerais avoir votre opinion. Tout d'abord, j'ai
remarqué qu'à propos de certains articles clés il n'y a
pas de difficulté particulière de votre point de vue, en
particulier au sujet de l'article 4 qui est un article très important
dans le projet de règlement. Vous avez émis des commentaires
plutôt favorables, si je vous interprète bien. Il en va de
même de l'article 18 qui va de soi. L'autre, c'est l'article 17 que vous
avez souligné. Cela fait trois gros points.
A propos de l'article 4, peut-être qu'il y aurait des ajustements
à prévoir pour s'assurer que les droits fondamentaux de tout le
monde seront respectés à travers ce processus
d'intégration dont parle l'article, mais c'est un point sur lequel nous
avons déjà été prévenus par plusieurs
intervenants.
Parmi les pointa qui font une difficulté, il y en a sur lesquels
je vous suis, d'autres sur lesquels j'ai des interrogations. Je vais vous faire
part de cela bien simplement. Aux articles 1 et 2, à propos du processus
de reconnaissance, vous voudriez que cela se fasse de manière plus
simple, plus spontanée, plus reliée au style de fonctionnement de
chaque communauté scolaire. Je dois vous dire que votre intervention va
un peu à l'encontre de la majorité des choses que nous avons
entendues jusqu'à maintenant parce que, au contraire de ce que vous
dites, les organismes que nous avons entendus jusqu'à maintenant nous
ont surtout affirmé qu'il faudrait avoir des garanties quant à la
qualité de la consultation, quant à la validité des
instruments d'information, en particulier, qui seront mis à la
disposition des personnes consultées. Ne trouvez-vous pas que, si on
veut que des consultations sérieuses aient lieu... On nous dit, par
exemple, que les consultations qui ont pu avoir lieu déjà sur un
sujet comme celui-ci ont souvent été faîtes à la
dérobée. On nous dit que, pour l'information concernant le choix
entre l'enseignement moral et religieux confessionnel et l'enseignement moral
non confessionnel, très souvent, l'information est communiquée de
manière superficielle, biaisée ou incomplète. Ici, je
pense que la portée du règlement est de donner un minimum de
caution et certains nous disent même qu'au chapitre de l'information il
faudrait plus. Vous semblez dire qu'on pourrait peut-être se passer des
articles 1 et 2. J'aimerais avoir une explication de votre part.
M. Bergeron: L'approche qu'on développe est de dire que,
dans chaque milieu, il y a beaucoup de diversité et une dynamique locale
qui s'installe et se vit différemment d'un milieu à l'autre.
Quand on parle de la communauté-école avec la
communauté-paroisse, on pense aussi à la collaboration des
diocèses qui sont déjà impliqués avec les
commissions scolaires, Si on pense aux mandats donnés aux animateurs et
aux animatrices de pastorale, on pense qu'il y a là une piste
valorisante, une piste de confiance au milieu, où ces gens devraient
pouvoir se donner les moyens - pas nécessairement avec un carcan
provincial identique partout - qui colleraient à leur
réalité et à leurs besoins. On pense que les gens sont
capables de réaliser cela dans leur milieu, de se donner des instruments
de qualité, des instruments démocratiques, fondés et de
valeur pour aller consulter la population dans leur milieu pour savoir si elle
veut un caractère catholique et confessionnel ou non. La même
chose dans le domaine de la révocation.
Notre approche est de dire que cet instrument déjà
utilisé dans le volet animation pastorale en partnership avec les
diocèses, que cette association dans le domaine de la reconnaissance des
écoles catholiques devrait se poursuivre et qu'on devrait essayer de la
vivre en étant collé sur le milieu. En responsabilisant
également, on pense qu'il y a là une vitalité et de la
créativité en dessous de ça et peut-être, à
certains endroits, d'excellents débats qui pourraient surgir sur la
façon dont les choses se font. Mais entre cela et dire qu'on va
satisfaire une réglementation provinciale, . alors que des gens peuvent
vouloir avoir une approche différente, nous on pense plus
procéder en faisant confiance au milieu, encore une fois, en associant
ta paroisse, le diocèse et la commission scolaire, le comité
d'école, le personnel, pour faire vivre une démarche qui
répondra aux besoins du milieu, et non pas satisfaire une
réglementation venue de Québec.
M. Ryan: Un autre point. Aux articles 23, 24, 25 et 26, on
formule certaines exigences par rapport aux personnes appelées à
collaborer à l'animation pastorale, concernant les budgets mis à
la disposition des services d'animation pastorale et les locaux dont on pourra
disposer pour l'animation pastorale. Vous nous dites: Laissez donc faire les
commissions scolaires. Ne vous mettez pas le nez là-dedans,
D'autres faits ont été portés à notre
attention. Ce matin, quelqu'un de l'association des conseillers en pastorale du
primaire nous a dit que 81 % des écoles au Québec n'ont pas de
local pour l'animation pastorale. On peut bien dire qu'on va se fier sur les
commissions scolaires, mais pensez-
vous que c'est suffisant pour obtenir une amélioration? Vous
savez comme moi, M. Bergeron, qu'il y a bien des endroits où la
commission scolaire ne met presque pas un sou pour l'animation pastorale au
primaire. Elle dit: Que le clergé s'arrange avec cela; nous, on n'a pas
beaucoup de ressources à mettre là-dessus. Est-ce qu'on va
laisser cela simplement à la libre décision de chaque commission
scolaire sans que le gouverne, ment et le comité catholique fassent
montre d'exigences un petit plus élevées sur un aspect quand
même aussi important du fonctionnement de l'école? Je vous demande
votre réaction là-dessus. Je me souviens qu'une commission
scolaire proche de moi avait exactement la politique que je viens
d'évoquer. À un moment donné, on a discuté
d'affaires et je pense qu'elle s'est rendu compte qu'elle était
allée beaucoup trop loin. Là, elle a commencé à
effectuer un redressement. Mais il y en a qui vous envoient promener quand vous
leur pariez de cela.
M. Bergeron: En tout cas, notre politique aujourd'hui n'est pas
d'envoyer promener. Au contraire, c'est de demander, là où il y a
des problèmes locaux, ce qui a été fait comme
démarche pour tenter de régler cela. Vous me dites que, dans
votre coin, il y en a à qui vous en avez parlé qui ont
commencé des redressements. Écoutez, c'est justement la porte que
vous nous ouvrez pour vous dire que ce sont ces exemples qui doivent se
multiplier. Se renfrogner et se dire qu'on est mal traités chez nous et
qu'on ne tente pas de régler le problème, on ne pense pas que ce
soit là la piste. Il faut, quand il y a des problèmes, qu'on
commence à se parler localement pour tenter de les régler
ensemble. (15 h 45)
Deuxièmement, comme association de3 directeurs
généraux, l'invitation qu'on veut lancer et qu'on vous souligne
aujourd'hui, c'est qu'on souhaiterait, à l'occasion, avoir des
rencontres avec des responsables à l'échelle provinciale du
comité catholique ou du conseil supérieur, tout comme on a des
rencontres avec vos bureaux de sous-ministres ou avec les hauts fonctionnaires
pour traiter de dossiers en évolution ou de problématique
à améliorer ou à corriger dans nos commissions scolaires.
On souhaiterait avoir, à l'occasion, des rencontres avec ces gens qui
ont cette responsabilité et cela n'a jamais eu lieu. La faute n'est pas
plus à eux qu'à nous, mais on profite de l'occasion aujourd'hui
pour vous dire qu'on aimerait regarder ce genre de problématique avec
ces responsables. Ces sensibilisations et ces influences de part et d'autre,
d'après nous, seraient une source d'amélioration en vue de
régler les problèmes. On ne dit pas qu'il n'y a pas de
problème, que toutes les commissions sont parfaites et que tous nos
membres sont tout à fait ouverts, on dit qu'il a certainement moyen de
travailler là-dessus, de valoriser davantage le rôle et, en bon
pédagogue, de dire! Ce n'est pas nous qui allons leur imposer un
modèle, mais créez-le chez vous, à ce qu'il correspond,
à votre volonté.
C'est notre réponse et notre approche. On souhaiterait de temps
à autre faire un portrait provincial avec ces responsables, rencontrer
l'ensemble des DG avec les gens, par exemple, du comité catholique,
regarder ces problèmes et tenter de se sensibiliser de part et
d'autre.
M. Ryan: Ce que vous dites est très intéressant.
Dans cette perspective, je voudrais vous poser une question. Comme association
de directeurs généraux - quatre sont à
l'extrémité de la table - avant que ce projet de règlement
paraisse dans la Gazette officielle, aviez-vous été
informés ou consultés à ce sujet ou en avez-vous appris
l'existence par la publication dans la Gazette officielle du Québec?
M. Bergeron: Du projet de règlement détaillé
concernant les formations et tout cela, on n'avait pas été
consultés. Quant à la partie souci d'animation pastorale, on
avait eu un premier contact avec l'Assemblée des évêques.
Mais sur les projets de règlement, on n'a pas eu de consultation
formelle.
M. Ryan: Une dernière question, si vous me te permettez.
II y en aura beaucoup d'autres, mais le temps se fait bref. Un passage m'a
étonné dans votre mémoire et je ne sais pas s'il vous a
échappé ou si c'est vraiment ce que vous voulez dire. Si c'est ce
que vous voulez dire, vous allez me l'expliquer. Vous dites: "II n'est pas
souhaitable que l'affectation des personnes soit fondée sur le
critère de qualification", en parlant de qualification plus
poussée qui serait exigée des chargés de l'enseignement
moral ou religieux confessionnel. Il me semble aller de soi que, pour enseigner
une matière, il faut être qualifié. Si vous ne l'avez
jamais étudiée, comment allez-vous pouvoir l'enseigner
sérieusement et avec compétence? Vous dites que la qualification
n'est pas importante. J'ai dû mal vous comprendre.
M. Bergeron: On dit qu'il ne faudrait pas que l'affectation du
personnel, dans le domaine de l'enseignement religieux où il y a d'abord
des questions de cohérence de vécu avec ce qu'on a
enseigné à nos filles et à nos gars dans nos
écoles, dans le domaine de l'enseignement religieux où il est
beaucoup question de témoigner de sa foi d'abord, on dit qu'il n'est pas
sûr que le critère de
qualification soit toujours le critère absolu sur lequel on doive
se fonder. À l'occasion, nous avons, dans nos écoles, des gens
qui ont les qualifications, qui ont peut-être des études en
théologie, qui seraient qualifiés et qui répondraient
à ce critère, mais qui ne correspondraient pas, par exemple, aux
valeurs et aux exigences de cohérence avec leur vie personnelle et leurs
croyances. Tout le volet du domaine de l'enseignement religieux n'est pas de la
chimie, de l'éducation physique ou de l'anglais; il y a plus que des
témoignages là-dedans, il y a d'abord des témoins. Les
jeunes y décèlent rapidement les faux discours.
Ce qu'on veut vous signaler, c'est qu'en mettant une telle approche on
trouve que c'est encore une approche un peu trop style fonctionnaire et on
règle cela en regardant une grille et en disant: II répond aux
qualifications. Écoutez, on voit encore des gens avec de grands
diplômes en théologie qui défroquent et qui partent dans...
Ils répondraient aux qualifications, mais ils ne répondraient pas
à nos exigences de cohérence et de témoignage de la foi.
C'est ce qu'on vous dit et on ne s'est pas trompé en
l'écrivant.
M. Ryan: S'il y avait eu "uniquement sur le critère de
qualification", j'aurais très bien compris.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. M. le
président et messieurs, j'aimerais vous souhaiter la bienvenue et vous
remercier d'avoir accepté l'invitation de participer aux travaux de
cette commission.
Vous avez noté dans votre mémoire -ce qu'on a vu
d'ailleurs dans plusieurs mémoires et qu'on n'a pas trouvé utile
nécessairement de soulever - que vous mettiez en doute la façon
de procéder pour consulter sur ce projet. Je sais qu'un certain nombre
de personnes ont été consultées avant que le projet soit
rendu public, soit en prépublication dans la Gazette officielle.
Plusieurs des premiers intéressés au moment où on a
attiré, nous de l'Opposition, leur attention sur ce projet de
règlement, en ont pris connaissance pour la première fois. Je me
suis également laissé dire que dans les commissions scolaires,
les personnes qui avaient en main le projet de loi, il leur avait
été adressé parce qu'elles étaient, soit membres de
l'association des animateurs de pastorale ou membres du comité
catholique. Donc, c'était à ce titre. Il n'y a pas eu de
diffusion dans les écoles, non plus que dans les commissions
scolaires.
Je trouve cela infiniment déplorable parce qu'un tel projet...
Cela nous donne l'impression, à tort ou à raison, mais on est
légitimé de penser que le projet devrait quasiment être
adopté à la cachette et, moins il y aurait de réactions,
bon, c'était comme acceptable. Je trouve cela Infiniment '
déplorable parce que cela a des conséquences à plusieurs
égards» D'abord, à mon avis, cela touche les
libertés individuelles. Cela vient complexifier indûment
l'administration scolaire et cela repose tout le problème du rôle
de l'Église versus le rôle de l'État.
Je ne voudrais pas commenter plus longuement. Cependant, j'aimerais
revenir sur quelque chose. Vous êtes assez sévère face
à ce que vous estimez être un empiètement du comité
catholique et des différents animateurs de pastorale ou conseillers en
éducation chrétienne par rapport aux fonctions qui sont celles de
la commission scolaire ou encore de vos directeurs d'école. Vous estimez
que ce n'est pas très respectueux du partenariat qui devrait
présider à l'organisation d'un projet pédagogique ou d'un
projet éducatif. Je trouve que vous avez raison sur cela.
J'aimerais revenir un peu sur une des premières questions que
vous posait le ministre tout à l'heure touchant la reconnaissance des
écoles confessionnelles. Vous semblez le faire de façon plus
simple et davantage avec le milieu, mais estimez-vous utile, au moment
où on consulte les parents - j'appelais cela les usagers ou les citoyens
- pour la reconnaissance du statut de l'école, estimez-vous important
qu'il y ait un pourcentage donné de parents qui répondent
à la consultation ou si on pourrait, pour la reconnaissance d'une
école, fonctionner comme on le fait pour l'élection d'un
commissaire, c'est-à-dire qu'à l'occasion il est élu sans
opposition ou encore le vote, dans la région de Montréal est de 5
% ou 10 %, je pense?
M. Bergeron: J'ai déjà un collègue qui dit
avoir un complément de réponse sur cela.
Mme Blackburn: Oui.
M. Bergeron: ...mais, en principe, je dois vous dire, si vous
nous demandez notre opinion comme association, que cela revient à dire:
Les milieux devront se donner des critères et des balises. Sauf que,
comme opinion, il est bien sûr qu'on veut avoir une participation
significative des parents. Quand vous parlez de 4 % ou 5 %, je pense que ce
n'est pas suffisant pour permettre une expression véritablement
démocratique de la volonté des parents. Bien sûr, selon
nous, les milieux vont se donner les instruments de consultation qui vont
permettre d'atteindre une participation beaucoup plus large et de vraiment
connaître la volonté de la population. M. Lapointe
souhaitait...
M. Lapointe (Normand): En complément
d'information, j'ai vécu l'expérience de la reconnaissance
du statut confessionnel d'une école catholique de notre territoire il y
a à peine quelques mois, dans un milieu relativement homogène en
termes de population, selon notre vision où, quand même, nous
avons décidé de mettre beaucoup d'efforts à informer les
gens des options qui s'offraient et de ce que cela sous-entendait. Donc, on a
entrepris une démarche formelle d'invitation aux parents: des lettres,
des convocations, des bulletins d'explication, des personnes-ressources de
l'extérieur. Il est venu très peu de gens. Nous avons
exigé des gens une réponse écrite, une votation qui
exigeait une réponse dans un sens ou dans un autre, explicite et
nominative. Je ne sais pas jusqu'à quel point c'était
légal ou pas mais, enfin, on voulait que les gens se prononcent
réellement.
Évidemment, on a eu un taux de réponses très fort
qui allait dans le sens de reconnaître le statut de l'école comme
étant une demande pour une école confessionnelle catholique. Ce
milieu, étant très homogène, cette réponse ne nous
a pas surpris, mais on voulait amener les gens à faire une
démarche. Cela n'a pas été facile. Notre taux de
réponses, autre que la votation, a été effectivement
extrêmement minime, alors que j'avais vécu une expérience
dans un milieu hétérogène, pluraliste, quelques
années auparavant, où la dynamique avait été
totalement différente.
Ce qu'on voulait signaler, c'est que ce qu'on doit recevoir d'une
commission, c'est un mandat qui nous oblige à ajuster notre tir selon
les particularités du milieu tel qu'on le perçoit. Cela peut
prendre des images très différentes. Cela peut être
significatif sans s'attacher à un encadrement qui pourrait fausser toute
cette réalité en s'attachant à des pourcentages ou
à des types de processus. II est évident qu'il se commettrait des
erreurs, mais certainement pas plus qu'en obligeant tout simplement des
rapports de statistiques qui pourraient fausser complètement l'impact de
la consultation qu'on aurait voulu faire ou, encore, qui aurait pu être
faite de façon totalement biaisée.
Je pense qu'on a à rendre des comptes, quand le comité
catholique nous dit: Vous devez rendre des comptes, vous devez avoir une
démarche significative. Nous sommes d'accord là-dessus. On dit:
Laissez-nous nous ajuster en fonction de la connaissance de nos milieux. Les
deux petites expériences que je vous signale nous démontrent que,
dans un même milieu, dans une même commission, on peut
effectivement avoir des réponses et des besoins très
différents l'un de l'autre.
Mme Blackburn: Comme membre du conseil d'administration de votre
association, est-ce que vous connaissez le nombre d'écoles qui ont
demandé un statut autre que confessionnel? Ou un statut non
confessionnel?
M. Bergeron: Je ne peux répondre à cela.
Mme Blackburn: Est-ce que vous en connaissez? Avez-vous eu vent
qu'il y en avait"?
M. Lapointe: Je n'en connais pas.
Mme Blackburn: Bien. C'est que ce matin, à une question
que je posais par rapport aux exigences de formation pour les enseignants, un
groupe qui vous a précédés, a eu comme première
réaction de dire: Si on veut enseigner dans une école catholique,
il est normal qu'on aille chercher des crédits en enseignement
catholique. Je prétendais que l'on portait atteinte à la
liberté ou aux libertés individuelles. Si vous devez aller
chercher une formation en enseignement catholique, parce que vous devez
enseigner à l'école publique au Québec, cela veut dire
qu'on éliminerait tous ceux qui, par conviction religieuse, ne seraient
pas prêts à se faire embrigader - passez-moi le terme -et,
à cet égard, on porterait atteinte aux libertés
individuelles au Québec, du moment qu'il n'y a pas d'autre réseau
que les réseaux catholique et protestant.
Le ministre disait que je gonflais artificiellement un bonhomme de
paille pour pouvoir tirer dessus et qu'on avait effectivement des écoles
qui n'étaient pas catholiques, sauf qu'en fait les commissions scalaires
au Québec ne sont pas protégées par la constitution
canadienne, à l'exception de Québec et de Montréal, mais
elles sont quand même catholiques. À notre connaissance, il y a
peut-être - je les cherche encore - quelques écoles qui ont
demandé un statut non confessionnel. Je n'en connais pas d'autres.
Mais simplement par rapport à cette qualification qui serait
exigée des enseignants en vertu du règlement si le projet de
règlement était adopté tel quel ou avec les modifications
mineures qu'envisage le ministre - tout à l'heure, on y reviendra
-quelles seraient vos difficultés d'application?
M. Bergeron: Sur la qualification?
Mme Blackburn: Oui, surtout concernant la qualification. Parce
que vous nous avez beaucoup parlé de l'animation pastorale et je pourrai
y revenir, mais c'est surtout concernant la qualification.
M. Bergeron: Dans ce domaine, nous disons qu'il y a une approche
qui encarcane la gestion, un peu comme on en a déjà beaucoup trop
dans les conventions collectives. S'il y avait un droit de gérance
un peu plus large, nous pensons que les affectations de personnel
pourraient se faire de façon plus intelligente et plus acceptable pour
la qualité de l'enseignement. Dans ce domaine, on pourrait avoir des
gens qui n'ont pas toutes les qualifications requises aux articles 16 et 17,
mais qui seraient excellents pour dispenser l'enseignement religieux soit au
primaire ou au secondaire, du fait de deux critères importants pour
nous: d'abord, ce sont des gens qui sont capables de témoigner de leur
foi qu'ils ont à livrer quotidiennement à leurs
élèves et, également, du fait de la cohérence de
leur vie par rapport à l'enseignement catholique qu'ils ont à
donner ou à l'enseignement protestant.
Nous pensons que cette approche empêche les commissions scolaires
et les écoles de profiter des services de gens de grande valeur qui nous
font la preuve depuis des années qu'ils sont capables de dispenser un
enseignement de qualité tout à fait à point, alors qu'avec
un carcan semblable on pense qu'on va éliminer les bonnes candidates et
les bons candidats.
Voilà la difficulté que cela représente pour nous.
Cela va empêcher d'excellents professeurs de réaliser un excellent
enseignement alors que, présentement, on peut le réaliser.
M. le Président, mon collègue de droite a aussi un
complément de réponse sur ce volet-là, si vous permettez.
(16 heures)
M. Théoret (Marcel): Essentiellement, on n'est pas contre
les éléments qui sont proposés là. On trouve que
c'est intéressant que des enseignants soient mieux qualifiés et
qu'il y ait des locaux affectés à l'animation pastorale. Tout
cela est parfait. Ce que l'on pensait vous dire... Tantôt, vous avez
émis le commentaire qu'on était sévères. On n'a pas
la prétention d'être sévères, on a plutôt la
prétention d'inviter le comité catholique à profiter de la
modification au règlement proposé pour prendre une nouvelle
approche qui, à notre avis, serait plus rentable pour assurer la
promotion des projets éducatifs catholiques.
M. le ministre disait tantôt: Ce règlement-là
dans le fond, pour plusieurs de ses éléments, est peut-être
plus sévère ou moins sévère que l'autre.
Effectivement, si on le regarde sous cet angle-là, il y avait
probablement autant de contraintes dans l'ancien règlement. On constate
que le comité catholique a fait un bilan général de la
situation, a identifié un certain nombre de malaises et, là
où on pense qu'il fait fausse route, c'est quand il décide,
après avoir posé son diagnostic, de passer aux actes et
d'établir les grands paramètres de l'organisation, de faire de la
réglementation, de dire: Cela va être telle qualification, ce
seront des locaux, des budgets.
Je dirais qu'il fait un peu de protectionnisme et je pense que, quand il
fait cela, il prend une mauvaise voie. Quand il fait cela, il se lie aux
résultats. Si, à cause de la convention, à cause de la
qualification, à cause du manque de place, si, pour toutes sortes de
bonnes raisons, on ne peut pas respecter cela, il est lié parce qu'il a
défini que, pour avoir une bonne école catholique, c'est comme
cela qu'on la définit: qualification, locaux, temps, un peu de
budget.
Ce que l'on dit, c'est que ce n'est pas cela qui va donner une
école catholique réelle. On dit: C'est beaucoup plus une
association avec la communauté chrétienne de ia paroisse. Ce que
l'on disait tantôt du processus de reconnaissance, actuellement, la
façon dont cela se vit, c'est que l'on doit aller chercher la
reconnaissance au comité catholique. Je vous dis, pour avoir de
nouvelles écoles dans mon milieu: C'est une formalité parce que
pour tout le monde, l'école, elle est catholique. Cela va de soi, elle
est nouvelle, elle s'ajoute dans un milieu.
Or, ce n'est pas ce que l'on voudrait. On voudrait qu'avec la
communauté chrétienne, avec la paroisse, ce soit un objet de
débat dans le milieu, que le curé soit impliqué
là-dedans. On se dit: La communauté chrétienne, elle vit.
Il y a une école qui s'ajoute, c'est un membre de plus de cette
communauté. Alors, considérons-le comme cela, pas comme quelque
chose qui doit aller en haut et qui va chercher une bénédiction,,
Toutes les mesures qui sont de cette nature-là, de décrire ce
qu'est une école par la qualification, par les locaux, par les budgets,
on dît que ce n'est pas la bonne avenue. Que le comité catholique
se donne comme responsabilité de poser des diagnostics, de donner des
orientations, et qu'il le fasse fréquemment, et que le milieu ait la
responsabilité de les réaliser. À ce moment-là, il
jugera. Quand on est juge et partie, je dis que c'est bien difficile et on est
liés aux résultats. Les années passées ont
prouvé, avec l'ancien règlement, qu'on n'a pas obtenu les
résultats escomptés.
On vous invite à prendre une nouvelle voie qui est la suivante:
le comité catholique s'occuperait beaucoup plus de faire des
diagnostics, de travailler aux orientations, de faire de la promotion, de faire
de la sollicitation et d'aller dans le milieu. Si, comme vous le dites, M. le
ministre, il y a des commissions scolaires qui n'ont pas agi
adéquatement, je vois très bien l'évêque, si le
curé n'est pas suffisant, rencontrer le conseil des commissaires,
rencontrer la communauté chrétienne et intervenir pour dire: Dans
votre milieu, vous avez des écoles catholiques. Moi, comme pasteur
responsable du diocèse, je ne suis pas satisfait et je remets cela en
question. Je vous dis que
c'est mille fois plus fort que des réglementations
appliquées par des directeurs de personnel ou par des directeurs
d'équipement ou par des directeurs de finances. Je dis que l'avenir
n'est pas du côté des mesures protectionnistes.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. Madame.
Mme Blackburn: Oui. Cela m'a étonnée, mais je dois
dire que cela a également étonné le ministre. À
l'exception de quelques organismes, vous êtes le seul à avoir
vraiment acheté sans commentaire les articles 4 et 27. Je m'explique:
ces articles-là, pour beaucoup d'intervenants, étaient
difficilement conciliables avec la liberté de choix, ceux qui
choisissent l'enseignement moral dit neutre ou sans épithète
d'Église ou de croyance.
Lorsqu'on parle d'une école publique catholique qui est
homogène, un tel projet se situe bien, mais du moment où on parle
d'une école publique catholique qui n'est pas homogène et qui
permet le choix de l'enseignement moral pour des questions de liberté,
de religion ou de croyance, jusqu'à quel point une telle école
qui intègre les croyances et les valeurs de la religion catholique dans
tout son projet éducatif et qui s'affiche ainsi est-elle respectueuse de
ceux qui ont d'autres croyances? Jusqu'à quel point une telle
école, qui intègre cela dans ses programmes, dans son projet
éducatif -on sait que les programmes sont approuvés en vertu de
leur contenu éducatif, religieux et moral par le comité
catholique - peut-elle vivre cela et respecter le droit aux différences?
La question avait été posée ainsi.
C'est la même chose pour le personnel. Le personnel de
l'école publique reconnue comme catholique ainsi que toute autre
personne qui y travaille, parents et élèves, doivent être
respectueux du caractère catholique de l'école. Qu'est-ce que
cela peut vouloir dire dans un cours d'enseignement sexuel où on apprend
aux élèves qu'il y a différentes méthodes de
contraception, par exemple? C'est contre la morale chrétienne catholique
actuelle. Le pape a été clair là-dessus.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Monsieur.
M. Bergeron: Quand vous nous parlez de l'esprit de l'article 4,
nous sommes prêts à acheter cela parce qu'une des valeurs du
catholicisme, c'est bien, justement, de respecter les différences. Je ne
vous dis pas qu'on a atteint l'idéal au Québec et que le seuil de
tolérance est suffisamment développé. Sauf que l'article
dit qu'il va y avoir une affirmation positive, on va s'afficher et ce sera
connu à la suite d'une consultation démocratique et
véritable. Pour les parents dont l'enfant fréquente telle
école, elle est affichée comme catholique et le climat autour de
cette école est catholique. Mais, à l'intérieur de cette
école, dans l'esprit où nous l'avons compris, on demande de
respecter à la fois les élèves, les parents de ces
élèves et le personnel qui ne partage pas entièrement ces
croyances. On aura à respecter leur droit à eux à la
différence, mais, parallèlement, ils auront aussi à
respecter le choix majoritaire de la communauté.
La protection des droits des minorités, nous sommes pour cela.
Les chartes des droits, la charte du Québec et la charte canadienne sont
là pour bien les protéger. Nous pensons aussi qu'il y a
obligation, pour les gens des minorités, de respecter des choix
majoritaires. C'est pour cela que dans notre mémoire, à un moment
donné, on parlait des projets éducatifs faits selon une
méthode de certaines moyennes d'opinions, on pense qu'on a
dépassé cela au Québec. On pense qu'un projet catholique
ou qu'un projet protestant est capable de respecter la minorité, ses
croyances et ses valeurs, mais on pense également que ces gens ont
à respecter les choix démocratiquement, selon un bon processus,
et à respecter cette volonté. On aime les choses claires, faites
visière levée et transparentes. On dit: Quand une école
s'affiche comme catholique, si j'accepte d'y enseigner, je vais respecter ces
valeurs, je vais respecter qu'il y ait un crucifix dans ma classe, etc.
Mme Blackburn: Qu'est-ce que cela peut vouloir dire? Je peux
acheter une partie de cela à la condition que les parents aient le choix
d'une autre école. Actuellement, ce n'est pas le cas au Québec.
Les écoles sont catholiques ou protestantes. Même les
écoles privées catholiques, à l'exception d'une que je
connais et qui est neutre, les autres... Il y a probablement les
collèges, mais je pense que les écoles primaires et secondaires
sont catholiques, à l'exception d'une, je pense, dans le réseau
francophone.
Les parents n'ont pas !e choix. Ici, à Québec, à
Sillery, à Sainte-Foy - dans ces coins-là - plus de 50 % des
parents choisissent l'enseignement moral pour leurs enfants. Là, ce
n'est plus vraiment la majorité. Bientôt, ce sera une
minorité. Qu'est-ce qu'on fait dans ces situations? Au moment où
on se retrouve dans des commissions scolaires - ce n'est pas vraiment le cas
dans la région de Québec, pas plus dans la région de
Chicoutimi, ni dans celle de Rimouski, d'ailleurs - en région, où
il y a un taux d'immigration important, il y a des gens dont on va heurter
profondément les valeurs et les convictions religieuses.
Maintenant, dans la région de Montréal
et dans la région de Québec, c'est relativement simple. Si
le cas se présente, ils envoient leurs enfants à la section
française de la commission scolaire protestante. Est-ce que c'est le
choix qu'on fait? Les propos de la présidente du comité
catholique laissaient entendre - je le comprends également - que si on
veut une école catholique, il faut qu'elle le soit. Sinon, elle n'a plus
que le nom; elle ne l'est pas. Vous êtes d'accord avec cela. Elle
ajoutait qu'en faisant une certaine pression, en rendant un peu plus
sévère, un peu plus strict, un peu plus rigoureux l'encadrement
des écoles catholiques, cela aurait comme effet de hâter la venue
d'écoles autres, étant tout à fait honnête en
disant: On est conscient de cet effet et c'est probablement cet effet qu'on
recherche. Actuellement, au moment où on se parle et en attendant que
ça vienne, est-ce qu'on peut, dans le cadre qui nous est proposés
respecter au minimum les libertés de conscience, les libertés
individuelles?
Le Président (M. Parent, Sauvé); Est-ce que vous
pourriez réagir rapidement monsieur, le temps permis étant
écoulé?
M. Bergerons Je pense que nos propos vont dans le sens
d'être en accord avec l'authenticité à partir de formules
qui vont respecter le génie de chacun des milieux. Quant à ce que
madame vient de souligner, la députée de Chicoutimi, je pense
qu'effectivement, au Québec, une démarche qui respecte
l'authenticité et les vrais caractères confessionnels ou non
devrait amener des écoles autres au Québec. J'en conviens avec
vous. Il y aura toujours des zones ou des problèmes où il y aura
un certain équilibre difficile à respecter et il y a des
quartiers, il y a des municipalités qui vont s'y prêter mieux que
d'autres. Il faudra continuer à être souple, s'adapter et
être vigilant pour être capable de servir l'ensemble de nos
clientèles.
Je pense qu'aujourd'hui, nous, à l'ADIGECS, ce qu'on
défend, c'est une approche très positive, c'est une approche de
confiance aux gens du milieu et avec cette dynamique-là, moi, je pense
que les problèmes que vous soulevez, dans les années à
venir, on sera encore plus apte, plus en mesure d'y répondre de
façon adéquate pour une problématique reliée
à un milieu, et ne pas arriver là avec une réglementation
provinciale pour tenter de régler un problème que vous venez
soulever peut-être à Québec. Mais s'il s'agit de vouloir le
régler sur un plan provincial; nous, on pense qu'on fait fausse
route.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. Je
reconnais maintenant le ministre de l'Éducation. Vous avez deux minutes
plus une conclusion. Alors, Mme la députée, si vous voulez
conclure pour votre formation politique.
Mme Blackburn: Oui. Simplement pour vous remercier de votre
participation et souhaiter comme vous que, si le ministre décide de
procéder, il te fasse en apportant des modifications importantes au
projet qui nous est présenté» Sinon et ç'a
été le voeu exprimé par de nombreux intervenants - qu'il
examine la question après le dépôt du projet touchant la
réforme de l'instruction publique. Qu'il le fasse également
après avoir consulté les universités sur ce qui pourrait
être une politique de formation des maîtres et vous ajoutiez, vous,
parlant de dossiers à venir, que l'Assemblée des
évêques termine sa réflexion sur la qualification touchant
l'animation pastorale et l'enseignement religieux.
M. Bergeron: ...ce qu'on va apporter aussi à ces
gens-là.
Mme Blackburn: D'accord. Alors, avec vous et avec de nombreux
intervenants, j'espère que cette commission, comme j'ai tout lieu de le
craindre, ne sera pas une commission pour la forme, une commission qu'on aura
convoquée tout simplement parce que l'Opposition s'est
manifestée. Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. M. le
ministre, en guise de conclusion.
Mme Blackburn: C'est tout à fait ça. Parce que vous
le savez.
M. Ryan: Ce bout de disque ayant été entendu pour
la nième fois, on va passer aux choses sérieuses.
Mme Blackburn: ...
M. Ryan: M. le Président, mes droits.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Vos droits seront
respectés, M. le ministre.
Mme Blackburn: ...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Chicoutimi, Mme la députée de
Chicoutimi, c'est la deuxième fois aujourd'hui.
M. Ryan: Je rappelle pour la nième fois également
que selon mon entendement - et ça, c'est pour corriger une impression
fausse que s'emploie à diffuser la députée de Chicoutimi -
les écoles que nous avons au Québec, en dehors de Montréal
et de Québec, sont des écoles communes. Ce sont des écoles
communes qui, en plus, ont demandé d'être reconnues comme
catholiques
ou protestantes. Elles l'ont été. Mais elles sont d'abord
des écoles communes. C'est pour ça que les gens ne sont pas
pressés de s'en détacher pour fonder d'autres écoles
à part ça. Parce qu'ils trouvent qu'il y a un avantage
énorme à avoir des écoles communes. Pas seulement d'ordre
économique, ce qui est évident, mais aussi d'ordre humain,
culturel, social. C'est pour ça que je suis loin d'être sûr,
moi, qu'on s'en va vers le genre de clivage que vous semblez souhaiter et que
moi je ne souhaite pas du tout.
C'est pour ça qu'avant d'interpréter étroitement
notre réalité, je pense qu'il faut essayer de la comprendre comme
il faut dans toute sa complexité. C'est une complexité qui est
une partie de notre héritage historique. Plutôt que d'en
être embarrassé, moi, j'en suis assez heureux finalement. Cela
impose évidemment, pour ceux qui veulent donner cette note catholique
à nos écoles publiques, un devoir de retenue, un devoir de
réserve. Tu ne peux pas faire n'importe quoi dans une école
publique, c'est évident. C'est pour ça que le conseil de
modération que donnent les directeurs généraux des
commissions scolaires, je pense qu'il doit être entendu avec beaucoup
d'intérêt. On cherche une note réaliste. Dans ta mesure
où on peut garder ces écoles communes à la base du
système, à mon point de vue, c'est infiniment plus pratique et
préférable. Si cela devait entraîner éventuellement,
''dans un nombre de cas qu'on ne peut pas prévoir pour l'instant, que
certaines de ces écoles deviendraient purement communes, cesseraient
d'avoir la note catholique, c'est prévu, le règlement permet
qu'on aille davantage de ce côté-là.
En tout cas, c'est une façon de voir. C'est celle du
gouvernement, je vous le dis franchement, et cela me paraît la voix de
notre histoire et du réalisme. C'est pour cela que je récuse les
distinctions trop catégoriques comme celles qu'on veut nous
suggérer, en laissant entendre qu'il faudrait créer tout un autre
réseau à côté; c'est loin d'être
sûr.
Il y a un problème - j'ai été très attentif
à ce que vous dites - quant au danger de créer des
règlements trop pointilleux ou trop précis. Comme je vous le
disais tantôt, nous avons un règlement qui n'a pas
été amélioré, sauf exception, depuis une quinzaine
d'années et auquel il y a lieu d'apporter des ajustements pour qu'il
réponde aux réalités d'aujourd'hui. Si vous pouviez
examiner le projet qu'a soumis le comité catholique dans cette
perspective et nous dire ce qu'au moins vous êtes prêts à
retenir. Vous avez mentionnez trois articles en particulier qui ne sont pas
négligeables, loin de là. On va examiner toute la chose dans
cette perspective. Je crois que sur un certain nombre de points, votre
démonstration n'est pas complète. En particulier, en ce qui
regarde la consultation, je suis très sympathique à ce qu'a dit
M. Lapointe, mais je crois que comme ministre responsable du secteur, s'il y
avait des abus ou des défauts de consultation dans certains endroits,
les journaux diraient: Bien, c'était à lui de prévoir
qu'il y ait une réglementation là-dessus, qu'il y ait des normes,
il n'y avait rien. Je ne sais pas si on peut laisser cela à l'abandon
pour une situation qui embrasse quelque trois mille écoles à
travers le Québec. Je ne suis pas sûr mais, en tout cas, on prend
note quand même de vos remarques qui sont faites à partir d'une
expérience très importante et je vous en remercie
cordialement.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, M. le
président, on vous remercie beaucoup de votre présence à
cette commission parlementaire et la commission suspend pour quelques
minutes.
(Suspension de la séance à 16 h 18)
(Reprise à 16 h 22)
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, j'invite
les membres de la commission à prendre place. La commission
parlementaire de l'éducation poursuit ses travaux.
L'Association des cadres scolaires du Québec est
représentée ici par son président, M. Jacques Seminaro,
qui en est le porte-parole. M. Seminaro, merci beaucoup d'avoir répondu
à l'invitation de la commission parlementaire en venant nous faire vos
commentaires et nous livrer votre message concernant ces projets de
règlement mis de l'avant par les comités catholique et protestant
du Conseil supérieur de l'éducation.
La commission parlementaire a prévu de consacrer à votre
association environ une heure. Nous vous suggérons de nous
présenter, dans un premier temps, votre mémoire de façon
concise, étant donné que tous les membres l'ont lu et,
après, le reste du temps sera partagé équitablement entre
les membres de la formation ministérielle et ceux de l'Opposition lors
d'une période de discussion avec vous et les gens qui vous accompagnent.
À la fin de la période, disons dix minutes avant la fin de la
période prévue, j'inviterai le porte-parole de l'Opposition
à faire les commentaires de la fin et je ferai de même avec le
ministre de l'Éducation.
Alors, M. le président, si vous voulez nous présenter les
gens qui vous accompagnent et commencer la présentation de votre
exposé.
Association des cadres scolaires du
Québec
M. Seminaro (Jacques): Merci, M. le Président. À ma
droite, M. Marc-André Laçasse qui est vice-président aux
affaires professionnelles de notre association et aussi, au quotidien,
Marc-André est coordonnateur du service éducatif à la
Commission scolaire des écoles catholiques de Québec. À ma
gauche, c'est M. Bernard Beauchesne qui est trésorier de l'association
et, au quotidien, M. Beauchesne est directeur des services administratifs
à la commission scolaire Des îlets.
Je vous en fais la lecture et on partagera avec ces gens la lecture.
Messieurs et mesdames les commissaires, dans le cadre de la consultation que
vous poursuivez sur le projet de règlement "Règlement sur la
reconnaissance comme catholiques et le caractère confessionnel des
écoles primaires et des écoles secondaires du système
scolaire public", vous avez invité la population et les divers
organismes à vous faire part de leurs commentaires et
réflexions.
L'Association des cadres scolaires du Québec désire
souligner sa satisfaction d'avoir été invitée à
participer à cette commission parlementaire. Notre association s'est
toujours empressée d'être présente là où elle
croit, notamment par la compétence diversifiée de ses membres,
faire profiter la population du Québec de son large bassin
d'expertise.
Avant d'amorcer notre présentation, nous ne pouvons passer sous
silence notre satisfaction de constater que la concertation et le partenariat
sont choses de plus en plus présentes en éducation. En effet,
ayant appris en juin qu'un décret était projeté en rapport
avec le caractère confessionnel des écoles publiques, nous avons
émis le désir que notre association soit consultée. Nous
remercions le ministre de l'Éducation d'avoir mis sur pied cette
commission parlementaire afin qu'entre autres organismes le nôtre se
fasse entendre sur une telle importante question, à savoir la
confessionnalité des écoles et ce qui en découle.
Soucieuse d'apporter sa contribution à la communauté
québécoise, notre association désire intervenir
principalement pour a) poser un regard sur la société actuelle,
b) situer les responsabilités réciproques en présence, c)
exposer ses observations sur certains articles du règlement, d) exprimer
un certain nombre de recommandations.
Il nous plaît donc de vous présenter, au nom des 1950
membres de notre association, le présent mémoire dont les
principes furent adoptés au cours de son conseil général
des 11 et 12 septembre dernier. Rappelons enfin que nos membres sont au service
de l'éducation préscolaire, primaire, secondaire et des adultes
dans les commissions scolaires francophones catholiques de tout le
Québec.
Pour les parties A, B et C, M. Lacasse, si vous Ie permettez, en fera la
lecture.
M. Lacasse (Marc-André): M. le Président, en paqe
1% Regard sur notre société. Depuis la parution du rapport
Parent, la société québécoise a beaucoup
changé. Au début des années soixante, il existait encore
une continuité entre l'échelle des valeurs de la famille et celle
de l'école. Toutes les valeurs reconnues prenaient place à
l'intérieur d'un modèle qui était unifié et unique.
Aujourd'hui, la famille est instable, l'école plus anonyme et les
échelles de valeurs multiples. La société
québécoise est devenue pluraliste. Voilà le constat
tiré de dix ateliers de discussion intitulés "L'école et
les valeurs" tenus lors des états généraux de
l'éducation, à Montréal, en avril 1986.
Une manchette de l'édition de 22 heures du
téléjournal de Radio-Canada, le mardi 1er septembre dernier,
rapportait que près de 50 % des élèves des territoires
scolaires montréalais sont de provenance ethnique autre que
canadienne-française. Une telle statistique est
révélatrice du tissu social québécois des
années quatre-vingt-dix. Et il n'apparaît pas prévisible
qu'un tel mouvement multi-ethnique soit réversible à moyen
terme.
La Commission des droits de la personne du Québec, dans un avis
adopté à sa 289e séance tenue le 24 juillet 1987, fait
part de sa présente opinion sur l'article 22 du règlement actuel
en regard des articles 16 et 20 de la charte et de la
prépondérance de cette dernière. Nous n'allons pas
développer davantaqe ici, sinon pour convenir qu'il y a lieu de
réviser certains articles du règlement actuel en fonction du
respect des droits et libertés.
Le comité catholique a décidé d'oeuvrer dans ce
sens en abolissant cet article 22 stipulant l'obligation que "les membres du
personnel d'une institution doivent être de foi catholique". Ce faisant,
le comité fait preuve de réalisme.
Nous savons que "le comité catholique s'est déjà
dit d'accord pour qu'une école catholique révise son statut
confessionnel si celui-ci ne correspond plus ni à la
réalité vécue, ni à la volonté clairement
exprimée des parents. Il souhaitait même que, par souci de
vérité, l'école catholique fasse des évaluations et
des réévaluations périodiques. Une première
évaluation s'imposera dès les prochaines années". Ces
quelques lignes tirées du texte "Deux questions pressantes pour
l'école catholique", de juin 1983, nous laissent quand même
interrogatifs quant aux multiples débats qui pourront
inévitablement surgir dès que la révision du statut
confessionnel d'une école sera mise en marche. Les
délibérations seront-elles empreintes de toute l'ouverture, de
toute la tolérance et de toute l'acceptation des
différences socioculturelles et confessionnelles?
Nous sommes d'accord avec l'opinion déjà émise par
le comité que "la révision du statut confessionnel d'une
école, si elle a lieu, ne pourra être laissée à la
seule spontanéité de chaque milieu". Nous nous questionnons alors
à savoir si la formule de demande saura permettre de saisir la
véritable opinion des parents. Notre souci réside principalement
en l'espoir d'une discussion franche et sereine. Ces échanges fraternels
auront-ils cours partout?
Les membres de notre association soumettent que, dans le contexte
pluraliste grandissant de ' la collectivité québécoise, il
importe de fuir l'émotivité des controverses, d'éviter des
mouvements radicaux, de prévenir l'instauration de
l'intolérance.
Nous sommes conscients que les parents catholiques du Québec,
malgré la tiédeur de l'observance d'un certain nombre,
désirent l'enseignement soit de la religion catholique, soit de la
morale pour leurs jeunes à l'école jusqu'à ce que ceux-ci
s'autodéterminent. Nous reconnaissons cela et nous voyons
qu'effectivement, maintenant, dans nos commissions scolaires, les parents
obtiennent ce qu'ils désirent dans ce domaine.
En conséquence, nous nous interrogeons sérieusement sur
l'opportunité d'enclencher un fonctionnement systématique qui
risquerait d'infirmer, à moyen terme, en certains milieux, des acquis en
apparence solides de foi catholique, mais possiblement fragiles devant le
pluralisme confessionnel, non la neutralité, vers lequel évolue
la communauté québécoise. (16 h 30)
Des responsabilités réciproques. Ce pluralisme
confessionnel, dans lequel la clientèle des jeunes et des adultes de nos
écoles primaires et secondaires publiques sera dorénavant
davantage baignée, invite à bien préciser, lorsque la
réflexion est engagée, toutes les composantes du projet
éducatif de l'école.
École dite de quartier et qui reflète les
caractéristiques et les désirs de sa population
hétérogène, école dite polyvalente dont. les
élèves proviennent de quartiers différents, centre
d'éducation des adultes dans ces mêmes écoles secondaires
venant de toute une région multi-ethnique et multiconfessionnelle:
voilà autant de milieux éducatifs dont les responsables
immédiats, directeurs d'école et directeurs de centre
désirent à juste titre faire émerger un sentiment
d'appartenance dans la diversité des composantes de leurs projets
éducatifs respectifs.
Projet éducatif: deux mots magiques. Deux mots qui
résolvent tout. "C'est dans le projet éducatif" c'est
classé! Fausse perception, si cela est: nous croyons peu
nécessaire de développer notre pensée.
Permettez-nous de rappeler qu'il faut également être
respectueux des différences qui nous séparent d'autrui.
S'afficher comme catholique veut-il présumer d'une exclusivité
confessionnelle en un milieu donné? Ce n'est sûrement pas le sens
de l'expression "projet éducatif".
En somme, notre association conçoit bien qu'on puisse
prétendre qu'une confession religieuse ait la suprématie sur
d'autres, mais que, si cela est, les tenants d'une telle confession doivent, a
fortiori, être respectueux des autres dénominations et de leurs
adeptes.
Nous dirons enfin, pour compléter notre pensée, que le
développement et le vécu d'un projet éducatif d'une
école ou d'un centre sont une démarche, une progression, un
cheminement, un accompagnement, un échange, une conversation, un
dialogue, une écoute, une prise en charge, un aboutissement en constante
évolution.
Il nous apparaît que s'afficher d'une confession donnée
(l'école ou le centre) et être respectueux (le personnel) sont
deux devoirs mutuels envers toute dénomination et non exclusifs à
une confession en regard de toutes les autres.
De façon plus pratique, notre association désire souligner
que trois types de responsabilités sont en présence ici:
individuelle et familiale de première part, d'autorité
diocésaine de deuxième part et de commission scolaire de
troisième part. Si elles s'interagissent les unes les autres, ce sont
celles reliées aux commissions scolaires qui nous apparaissent devoir
être présentes dans le projet de règlement.
Nous avons bien pris connaissance des devoirs et des pouvoirs du
comité catholique et nous voudrions voir l'économie du texte se
centrer sur l'essentiel du devoir des commissions scolaires en regard de
l'enseignement religieux et de l'animation pastorale catholique. Plus
précisément et en fonction de la dimension spirituelle en
présence, il faut réaliser que tout nouveau choix social
entraîne habituellement des coûts administratifs et qu'en
conséquence les moyens financiers des commissions scolaires doivent
aussi être pris en compte.
Observations sur certains articles. La reconnaissance comme catholique
de l'école publique. Nous avons précédemment
indiqué qu'il ne faut surtout pas oublier la dimension éducation
des adultes des commissions scolaires, notamment dans nos écoles
secondaires.
Nous avons principalement souligné qu'il ne nous apparaissait pas
opportun de mener une opération systématique et
générale. Si cela devait finalement être, la consultation
de tous les parents de l'école nous paraît une
nécessité pour que tous s'expriment.
Nous voulons faire remarquer que la reconnaissance d'office est disparue
en cours
de réflexion du règlement. Également est
passée sous silence la révocation du statut catholique. À
juste titre, croyons-nous, car devant la diversité des confessions il y
avait avantage à fonctionner ainsi.
Caractère confessionnel de l'école publique reconnue comme
catholique. Le projet éducatif. Nous avons invité à
beaucoup de délicatesse dans l'affichage comme tel d'une école
catholique.
Nous croyons que l'article 7 sur l'évaluation quinquennale fait
partie, comme l'article 2, d'un devoir de la commission scolaire et qu'en
l'occurrence cet article devrait être reformulé dans ce sen3 et
inséré dans la section I.
Il nous apparaît aller de soi que l'utilisation des manuels et du
matériel didactique soit approuvée par le comité
catholique pour les programmes d'études concernés. Comme le
régime pédagogique du ministère gouverne toutes Ies
matières, il ne nous semblait pas nécessaire d'en traiter
spécifiquement ici.
Enseignement moral et religieux catholique. Nous faisons remarquer que
c'est l'élève qui a le choix entre deux options et non
l'école qui a celui d'offrir deux options. Il s'agit ici d'un gage
évident d'ouverture à la communauté. Encore faut-il qu'on
accorde au milieu les ressources à cette fin.
Nous notons que l'exercice du choix des parents, à l'article 9,
est judicieux, mais combien compliqué. Puisqu'il s'agit du choix
d'autrui, individuel ou familial, pourquoi s'immiscer ici à
régulariser ce choix?
Nous soulignons, à l'article 10, qu'il s'agit d'une
responsabilité de commission scolaire a laquelle il appartient de donner
suite, tout comme s'il s'agissait d'une autre discipline, par exemple, moins de
quinze élèves en français.
Encore ici, nous rappellerons les coûts suscités par de
telles mesures. Les articles 11, 12 et 13 vont dans le sens que nous
préconisons! objectif-cadre, d'une part, et application selon la
commission scolaire.
Les articles 14, 15 et 18 nous apparaissent sincèrement
superflus. Les commissions scolaires ont déjà ce devoir à
la base même de leur action.
Les articles 16 et 17 nous apparaissent intéressants. En ce qui
concerne les exigences des 9 et 30 crédits universitaires, nous y voyons
sûrement le désir d'un accroissement éventuel de la
qualité de l'enseignement et cela nous semble aller carrément
dans le sens de la promotion d'une éducation de qualité. Ce souci
ne devrait toutefois pas être limité à une seule
discipline, mais s'étendre à toutes les matières du
primaire et du secondaire de nos écoles publiques. Nous nous
interrogeons toutefois sur les impacts que l'exigence de nouveaux
crédits universitaires aura sur les commissions scolaires:
spécialistes au primaire, généralistes au secondaire,
perfectionnement, qualification légale, sécurité
d'emploi.
Animation pastorale catholique. Les articles 19, 20, 24, 25 et 26 nous
apparaissent de l'ordre des responsabilités de la commission scolaire,
en ce sens qu'ils ne se distinguent en rien du devoir de garantir et de
promouvoir la qualité des services.
Les articles 21 et 22 nous apparaissent vraiment relever du mandat de
l'autorité diocésaine. La distinction assez particulière,
en deuxième partie des alinéa 1 de chaque article, nous
apparaît démontrer clairement la nécessité de la
non-présence de ces articles dans ce projet de règlement.
L'article 23 n'apparaît pas précis. S'il s'agit de
bénévolat, soit. S'il s'agit de nouveaux employés de la
commission scolaire, nous demandons une analyse supplémentaire des
impacts administratifs et financiers. Nous demandons aussi un nouveau
libellé qui tienne compte de ce que c'est la commission scolaire et non
l'école qui est l'employeur.
Respect du caractère catholique. Nous suggérons
respectueusement de modifier la finale de cet article 27 en disant: "...du
caractère catholique distinctif d'une partie de la population de
l'école".
Dispositions particulières. Les articles 29 à 32 devraient
être repris pour fins de concordance dans le cadre de la révision
assez fondamentale que nous préconisons.
Quant aux recommandations, M. le Président, notre
président, M. Seminaro, les formulera.
M. Seminaro: M. le Président, l'Association des cadres
scolaires du Québec a scruté avec attention le règlement
du comité catholique de 1974 et ses modifications de 1983. L'Association
des cadres scolaires du Québec a, nous le croyons, analysé sans
charge émotive les articles du présent projet de
règlement. Comme elle tente de le faire pour ses membres et les divers
personnels dont ses membres ont la gestion, l'association est soucieuse du
respect de deux types de droits qui doivent avoir cours dans toute
société: les droits collectifs et les droits individuels.
Dans la recherche d'une base d'équité et de justice qui
contribuerait à ce respect et à un heureux équilibre entre
un règlement trop permissif et un règlement trop prescriptif,
l'Association des cadres scolaires du Québec tient à formuler un
certain nombre de recommandations.
Toute demande de reconnaissance d'une école publique comme
catholique devra, au préalable, faire l'objet d'une consultation
formelle des citoyens de cette école.
Toute demande de maintien ou de révocation du statut
confessionnel catholique d'une école devra, au préalable, faire
l'objet d'une consultation formelle des citoyens de
cette école.
Les désignations de cours au choix pour l'élève ne
devraient contenir aucune ambiguïté dans leurs titres respectifs:
enseignement religieux catholique, d'une part, (et non enseignement moral et
religieux catholique) et enseignement moral, d'autre part.
Toute exigence particulière de formation en enseignement
religieux devrait, au préalable, être discutée avec les
instances en cause et faire l'objet d'un ajustement général des
conventions collectives.
Toute exigence particulière de spécialisation pour
l'enseignant et l'animateur de pastorale catholique devrait être
accompagnée d'une vérification des attitudes, des
habiletés et des dispositions adéquates pour oeuvrer dans cette
discipline.
Toute incidence financière due à l'accroissement des
normes pédagogiques ou administratives, en regard du vécu actuel,
devrait être prise en compte par l'autorité qui
l'entérine.
Toute période de référence pour la
régularisation du statut rehaussé d'un enseignant et d'un
animateur de pastorale catholique devrait s'étendre sur trois ans.
À l'heure de la responsabilisation des gouvernements locaux que
sont les commissions scolaires, desquelles relèvent la
responsabilité d'assurer l'application du régime
pédagogique et des programmes d'études de même que les
services éducatifs, il nous semble redondant que le gouvernement
édicté une deuxième fois dans un règlement ce
qu'une loi gouverne déjà.
Notre message synthèse tient à l'allégement de
toute procédure et ce, dans le respect du pluralisme des gens de notre
société. "Car si la diversité religieuse devient une
réalité culturelle importante, l'apprentissage de l'esprit
pluraliste n'est pas fait pour autant et exigera que des personnes y consacrent
du temps." Plus celles-ci feront preuve d'ouverture, plus les relations
humaines seront fraternelles et pacifiques.
L'Association des cadres scolaires du Québec tient à
remercier toutes les personnes qui ont contribué à la
préparation du présent mémoire, de même que les gens
qui le prendront en bonne considération. Notre association exprime
à la commission de l'éducation le voeu que son rapport puisse
contribuer au bien de la société québécoise.
Mesdames, messieurs les commissaires, l'Association des cadres scolaires
du Québec vous remercie de votre attention et nous sommes disponibles
pour vos questions.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski):
M. le président, monsieur, je vous remercie de la
présentation de votre mémoire et je demanderais maintenant au
ministre de l'Éducation de prendre la parole.
M. Ryan: Je vous remercie, M. le président, de nous avoir
communiqué le point de vue de votre association sur le projet de
règlement du comité catholique. J'ai apprécié dans
votre mémoire le souci d'ouverture et de souplesse en face de la
réalité d'aujourd'hui et, en même temps, le souci de
répondre adéquatement aux exigences qui ont inspiré la
démarche du comité catholique.
Il y a des points sur lesquels vous ne semblez pas souscrire à la
démarche du comité catholique. C'est normal. Nous nous
rencontrons pour discuter. Il y a d'autres points sur lesquels je crois
discerner des convergences importantes également.
Je voudrais en venir tout de suite aux questions que me pose votre
mémoire. Nous avons encore un programme assez chargé d'ici le
reste de la journée. Il y a d'abord un point que je voudrais clarifier
avec vous au sujet de la procédure de reconnaissance ou de
révocation d'une école catholique. Si je comprends bien, vous
avez recommandé à la fin de votre mémoire qu'aucune
reconnaissance ne soit accordée, à moins qu'il n'y ait eu
consultation formelle des parents. Et vous dites de même qu'aucune
demande de révocation ne devrait être accordée, à
moins qu'il n'y ait eu consultation formelle des citoyens reliés
è l'école concernée. D'autre part, plus tôt dans
votre mémoire à la page 5, vous écriviez: "Nous nous
interrogeons sérieusement sur l'opportunité d'enclencher une
opération systématique qui risquerait d'infirmer à moyen
terme, en certains milieux, des acquis en apparence solides de foi catholique,
etc."
Est-ce que je dois comprendre que vous dites à peu près
ceci: Pour une école qui voudrait demander une reconnaissance ou une
révocation de statut, il faut une consultation formelle. Une fois que
c'est obtenu, à moins qu'il n'y ait un mouvement qui se déclenche
dans l'école, il ne faudra pas avoir de mécanisme
intermédiaire comme l'opération "vérification". Est-ce que
c'est l'opération "vérification" qui vous crée un
problème ou s'il y aurait eu un glissement de pensée de la paqe 5
à la page 15?
M. Seminaro: En fait, il n'y a pas eu de glissement de
pensée. Ce qui se produit c'est qu'on ne veut pas qu'il y ait inscrit
dans un règlement, à une date donnée, une consultation sur
le statut de l'école. On ne veut pas que ce soit gelé dans le
ciment dans un contexte où ce serait facilement pris en charge par des
mouvements extérieurs. On pourrait à ce moment-là perdre
des choses qu'on vit depuis X années. On pense que le milieu, dans le
contexte du vécu, fera naturellement ce cheminement-là. Et s'il y
a modification, révocation ou maintien, à ce moment-là
qu'il y ait une consultation formelle bien structurée, mais pas
gelée dans le temps une fois tous les cinq ans, le 12
novembre 1980 et quelques. C'est ce qu'on veut dire. On a peur, dans le
contexte de tout ce débat-là, de la prise en charge des groupes
extérieurs. Il y a de l'acquis dans les milieux. Cela va bien. Je pense
qu'il faut le maintenir. (16 h 45)
M. Ryan: Maintenant, l'opération vérification
prévue à l'article 7, "évaluation du vécu
confessionnel de l'école" ce n'est pas exactement ce que vous dites. On
dits Vous voulez avoir une reconnaissance et on vous demanderait, tous les cinq
ans, de procéder à une vérification du vécu
confessionnel. Ce n'est pas nécessairement relié à une
remise en question du statut. Cela pourrait déboucher sur cela, mais pas
nécessairement. Avez-vous des objections à cette
opération? Est-ce que vous avez des commentaires à faire sur
cela? Il y a quelqu'un qui nous a dit ce matin qu'il ne voit pas pourquoi on va
faire une évaluation séparée. Il a dit: Cela devrait faire
partie de l'évaluation qui doit être faite, au moins chaque
année, j'imagine, du vécu d'une école.
M. Seminaro: Absolument. C'est en plein dans ce sens. Nous
pensons que cela devrait être un processus continuel, non
structuré dans le contexte d'une date donnée. C'est un peu cela
qu'on veut souligner au comité, mais nous pensons que cela devra se
faire, la mécanique n'existe pas présentement, mais dans un
contexte où c'est bien synchronisé pour éviter la prise en
charge, comme on disait tantôt.
M. Ryan: Très bien. À l'article 9, si je vous
comprends comme il faut, vous seriez enclins à demander qu'on laisse
tomber l'article 9 complètement, l'article qui prévoit certaines
normes à respecter pour le libre choix par les parents ou par l'enfant
de l'enseignement moral et religieux confessionnel ou de l'enseignement moral
tout court. Qu'est-ce que vous répondriez à la difficuté
suivante? Nous sommes saisis assez souvent de représentations de parents
qui nous disent: Bien, on a procédé à un choix dans telle
école; cela a été de l'endoctrinement, cela a
été de l'information biaisée; on n'a pas eu vraiment la
chance de faire un choix convenable, et qu'est-ce que vous faites, vous, comme
ministre de l'Éducation, cela ne vous préoccupe pas? Je trouve
qu'un règlement comme celui-ci donne une certaine garantie qu'on
respectera la liberté de choix des parents et des enfants. Est-ce que
vous trouvez que ce n'est pas vraiment nécessaire d'avoir une exigence
comme celle-là dans un règlement?
M. Seminaro: Non, en fait, - tu compléteras,
Marc-André - on ne dit pas qu'on laisse tomber l'article 9. On dit que
la dernière partie concernant le parent ou le tuteur où il y a
une forme d'ambiguïté, c'est cette partie-là qu'on devrait
laisser tomber. En fait, on ne remet absolument pas en cause le principe de
l'option qu'on vît depuis 1983 et qui a été modifié,
mais c'est dans cette partie où il y a confusion sur le parent ou le
tuteur ou des choses comme celles-là qu'on dit que peut-être il y
a une confusion. Marc-André pourrait peut-être
compléter.
M. Lacasse: M. le ministre, c'est dans ce sens que nous voudrions
voir alléger la procédure, les parents, ou les responsables
devant la loi, ou le tuteur. Il y a tellement d'hypothèses possibles
ici, que les parents, enfin, ceux qui ont l'autorité légale,
exercent ce choix. De là à le régulariser dans le
règlement lui-même, cela ne nous apparaissait pas
nécessaire de le faire.
M. Ryan: Je comprends. C'est une portée plutôt
limitée qu'avait votre remarque sur cela. Je vous signale seulement
qu'en ce qui regarde par exemple l'admission des enfants anglophones ou
francophones à l'école anglaise, c'est un problème qui
s'est posé souvent à nous. Vous savez, des parents
séparés ou des parents qui ont des régimes très
particuliers pour la garde des enfants. Cette solution nous paraît celle
qui est la plus de nature à servir les intérêts bien
compris de l'enfant. Il n'y a pas d'autre chose que cela. Si votre remarque se
limite à ce point, je ne pense pas qu'il y ait lieu de poursuivre la
discussion sur cela.
M. Seminaro: On ne remet pas en cause l'article 9, c'est
sûr.
M. Ryan: Très bien. Vous insistez beaucoup pour que des
responsabilités plus abondantes soient dévolues ou reconnues aux
commissions scolaires. C'est l'un des thèmes de fond de votre
mémoire. Vous dites: On vient se mettre le nez dans bien des choses;
qu'on laisse donc les commissions scolaires prendre leurs
responsabilités. Je lisais le règlement en pensant à cette
remarque. J'ai l'impression que 90 % des choses prescrites dans ce projet de
règlement vont relever de la responsabilité de la commission
scolaire. Il n'y en a pas beaucoup là. Le comité catholique n'a
pratiquement pas de pouvoir de surveillance ou de vérification. Ce sont
toutes des choses qui doivent être assumées par la commission
scolaire. Est-ce que vous trouvez que dire à la commission scolaire:
Vous devrez prévoir certaines ressources financières dont le
montant n'est d'ailleurs pas déterminé pour l'animation
pastorale, trouvez-vous que c'est aller trop loin et que c'est créer des
contraintes exagérées?
M. Seminaro: Très clairement, oui. Nous pensons que,
même si on indiquait cet article
dans le règlement, le problème ne serait pas
réglé comme tel en fonction des priorités du milieu ou des
orientations du milieu. Un article comme celui-ci, on a à le
gérer tous les jours dans les conventions collectives. Pour nous, cela
ne dit rien. Cela dit juste une contrainte supplémentaire non mesurable.
Par exemple: assumer un budget ou des choses comme cela. Le local, c'est la
même chose. Dans les milieux où la commission scolaire le peut, en
règle générale, on le fait.
Mais ce qui se produit présentement, c'est qu'on a un
problème majeur d'aménagement, autant pour la musique, les arts,
l'éducation physique et l'animation pastorale. Avec cette obligation va
se créer dans les milieux un débat sur une priorité dans
un contexte où un local est déjà prévu dans un
règlement. On pense que c'est peut-être, dans le contexte de la
responsabilité intelligente des commissions scolaires, aller un petit
peu trop loin.
M. Ryan: D'accord. Une dernière question. Aux articles 16
et 17, relatifs à la qualification des enseignants chargés de
l'enseignement religieux, vous faites allusion à l'impact sur les
conventions collectives. J'aimerais que vous nous parliez un petit peu du
rapport de ces articles avec les conventions collectives que vous êtes
appelés à administrer souvent.
M. Seminaro: En fait, on peut considérer les articles 16
et 17 de deux façons. Nous ne pouvons être contre le principe
d'exiger des crédits universitaires pour enseigner telle ou telle
matière. Au départ, c'est clair. Par contre, ce qui va se
produire dans le contexte des années quatre-vingt-dix, avec ces
nouvelles exigences, c'est que les enseignants au primaire vont lentement mais
sûrement sortir de l'enseignement moral et religieux catholique. Le
programme est nouveau. Il s'implante. Il est plus exigeant. Dans les
années quatre-vingt-dix, il arrivera des gens avec une formation
universitaire. Ce qui va se produire, c'est que l'exemption pour les
enseignants titulaires au primaire, selon nous, dans un contexte de gestion
quotidienne, sera accélérée. Ce qui se produira, c'est
qu'on aura des enseignants qu'on ne pourra pas affecter à 100 % à
une tâche parce que l'enseignement moral et religieux catholique ne
représente environ que 7 % d'une tâche.
Si dans une école donnée de douze titulaires, j'ai six
titulaires, dans les années quatre-vingt-dix, qui demandent l'exemption,
j'ai possiblement trois ou quatre titulaires qui travailleront à 88 % ou
90 % de leur tâche et feront 10 % de surveillance. Ce qui pourra
entraîner éventuellement un problème de
sécurité d'emploi parce qu'arriveront des gens qui auront ces
exigences. Le problème dans une convention collective - on peut faire
une projection très simple - c'est que le nouveau prof des années
quatre-vingt-dix aura dans sa formation les crédits universitaires, sera
engagé dans le contexte des 9 et 30 crédits. Dans un an, deux ans
ou trois ans, il pourra lui aussi demander l'exemption. On sera pris
avec le même problème parce que, tel qu'écrit, ce n'est pas
une garantie à vie que la personne demeurera là.
Nous pensons que tel que c'est écrit, il faudra naturellement
s'interroger sur l'arrivée d'un champ nouveau en enseignement religieux
catholique, un peu comme le secondaire, pour synchroniser des
spécialistes dans cette matière. On ne dit pas qu'on est pour. On
ne dit pas qu'on est contre. On dit que, dans le contexte actuel, il faudra
s'interroger sur cette orientation, parce que les crédits universitaires
ne sont pas une garantie d'éternité pour les gens
présents. C'est une garantie d'entrée dans les années
quatre-vingt-dix.
M. Ryan: Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Je voudrais d'abord
vous souhaiter la bienvenue et vous dire que j'ai lu votre mémoire avec
beaucoup d'intérêt.
Évidemment, chaque fois que j'ai l'occasion de rencontrer des
gens qui seront responsables de l'application d'un tel règlement, j'ai
tendance à être plus attentive à leurs commentaires parce
que, qu'on le veuille ou non, leur avis est plus éclairé. Ils
savent ce que veut dire gérer et appliquer certaines directives.
J'avais le goût de faire une boutade. Vous recommandez la
disparition de plusieurs articles du projet de règlement. Comme on a
affaire à un ministre qui fait partie d'un parti, qui est membre d'un
parti qui s'est engagé à moins légiférer mais
mieux, on peut pense que, normalement, dans l'ordre des choses, il souhaiterait
alléger le présent règlement. Sauf que je vous jure que je
ne mettrais pas ma paie de la prochaine année là-dessus.
Si vous permettez, vous avez...
M. Ryan: ...
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît, M. le ministre.
Mme Blackburn: II y a une chose intéressante. Je me
permets seulement de la souligner en passant parce que je la trouve pertinente
et que j'imagine que cela aurait pour effet de clarifier le règlement.
Le ministre ne devrait pas être contre. C'est
lorsque vous dites: Pour éviter qu'il y ait une confusion entre
l'enseignement religieux catholique et l'enseignement moral, évitons
d'utiliser les termes "enseignement religieux et moral catholique" et
"enseignement moral", de manière qu'il n'y ait pas de confusion entre
les deux. Ce qui n'exclut pas que l'enseignement religieux soit aussi moral,
j'espère. Alors, cela apporterait un peu plus de clarté au
règlement et cela éviterait qu'il y ait des confusions entre les
deux termes et par rapport à ce que cela véhicule comme
enseignement.
J'aimerais vous interroger sur deux aspects de votre avis. Je me suis
laissé dire lundi, au moment où je discutais avec des cadres
d'une commission scolaire, que, si le règlement devait être
appliqué tel quel, cela aurait comme effet dans certains milieux de
"ghettoîser" l'école catholique et dans d'autres milieux de
"ghettoïser", si vous me passez le terme, ceux qui ne font pas le choix de
l'enseignement catholique, et que tel que rédigé c'était
quasiment inapplicable dans une commission scolaire» Je trouvais que
c'était assez sévère comme jugement. Vous semblez nous
dire que c'est complexe et qu'on entre inutilement dans des détails qui
pourraient être plus heureusement gérés par des cadres dans
une commission scolaire. J'aimerais vous entendre réagir
là-dessus»
Vous dites aussi: Oe telles mesures impliquent des coûts.
Qu'est-ce que cela coûte actuellement? Y a-t-il des mesures
particulières et plus coûteuses en enseignement religieux qu'en
français ou dans les autres matières? Je sais que vous abordez
cela également à la page 9 de votre mémoire. Vous dites:
Si on fait des services d'animation pastorale, pourquoi n'aurait-on pas des
services d'animation pour la langue, pour la santé, pour le sport et
ainsi de suite?
M. Seminaro: M. Lacasse va répondre à la
première partie.
M. Lacasse: II y a deux facettes dans cette présentation,
madame. Il y a la dimension gestion pédagogique et la dimension gestion
administrative. Je voudrais peut-être toucher plutôt la gestion
pédagogique en ce qui me concerne et indiquer ce qui n'a pas
été relevé par M. le ministre dans sa présentation
il y a quelques instants, à savoir que nous pensons qu'à
l'article 27, la finale de cet article devrait plutôt être
libellée "le caractère catholique distinctif d'une partie de la
population de l'école". Quand Mme Blackburn parle de "ghettoîser",
nous pensons que, si nous avions une telle mesure, il n'y aurait pas de
difficulté, il n'y aurait pas de ghetto, puisque toutes les facettes
multi-confessionnelles seraient présentes sous le même toit et
que, comme le disait M. le ministre dans la présentation
antérieure par nos prédécesseurs, ce serait
véritablement des écoles communes qui auraient avantage à
ne pas "ghettoîser" les gens.
Alors, sous cet angle il nous apparaît qu'il y a
énormément de respect à apporter à toute dimension,
à toute partie de ta population de l'école en respectant le
caractère catholique distinctif de chacune des parties et non pas
désigner l'école comme ayant, parce qu'elle a une majorité
de population de fait, tout en entier le caractère catholique, alors
qu'effectivement il peut fort bien y avoir 40 % des gens qui ne sont pas
catholiques dans cette école, et pourquoi donc donner à cette
école le caractère catholique dans son entier? Il faudrait donc,
comme on l'a indiqué qu'aucune partie de la population ne soit
"ghettoïsée"o Quant à la gestion administrative, je laisse
à mes collègues le soin de répondre.
M. Seminaro: En ce qui concerne l'animation pastorale comme
telle, présentement tous les intervenants, les commissions scolaires,
les gestionnaires, sont conscients qu'il y a un coût important à
faire de l'animation pastorale au primaire. Comme gestionnaires, comme
responsables de l'application des règlements, nous ne prenons pas
position sur le fait que nous sommes d'accord ou non avec l'arrivée de
l'animation pastorale. Si par règlement il y a des animateurs de
pastorale dans nos milieux, nous allons le gérer. Mais tel que c'est
écrit, il y a encore une certaine confusion sur l'arrivée ou non
de ces gens au primaire, et il y aura définitivement des pressions des
milieux pour que les commissions scolaires, surtout au primaire, parce que cela
se fait déjà au niveau secondaire, prennent en charge l'animation
pastorale. (17 heures)
On peut faire la projection que présentement il y a
énormément de modèles et graduellement on verra "statuer"
dans les commissions scolaires du Québec des animateurs de pastorale au
primaire. On a fait une. vérification à la
Montérégie. Il y a mille et un modèles différents.
Il y a des commissions scolaires qui, partant de X $ jusqu'à Z $,
investissent énormément d'argent non subventionné par
l'animation pastorale. Donc, si c'est l'intention du comité catholique,
du ministre de l'Éducation, d'introduire cette orientation plus
précise dans le règlement, nous, on dit qu'il faudrait que le
ministère de l'Éducation ou du moins les règles
budgétaires tiennent compte de ces nouvelles exigences pour les
commissions scolaires. C'est ce qu'on dit, parce que présentement il y a
une confusion, et à peu près tout le monde expérimente de
ce côté-là, mais il y a définitivement un coût
à cette orientation, sinon précisé, du moins
encadré.
Mme Blackburn: En parlant d'animation pastorale et de
l'hypothèse d'avoir quelqu'un pour faire de l'animation pastorale dans
les écoles - là on parle de chargé de l'animation -
quelqu'un qui serait reconnu et qui aurait un poste reconnu au sein de
l'école, est-ce qu'au primaire, dans la grille horaire de
l'école, est-ce qu'il y a de la place en dehors du cours d'enseignement
religieux? Est-ce qu'il y a de la place dans la grille horaire de
l'école pour faire de l'animation pastorale?
M. Seminaro: Présentement, au niveau primaire, dans le
régime pédagogique des 23,5 heures, il y a une faible marge de
manoeuvre que toutes les commissions scolaires du Québec ont prise pour
les mathématiques ou le français. Donc, sur les 23,5 heures que
les enfants du Québec reçoivent, qui est Inférieur
à la moyenne nationale et internationale, il n'y a pas de temps comme
tel pour l'animation pastorale. Si demain matin, il y a de l'animation
pastorale, entre guillemets, d'une façon plus synchronisée,
l'animation pastorale, devra se faire en parallèle avec les autres
matières ou sur l'heure du midi ou le soir ou durant les journées
d'animation pastorale, parce que dans la grille des 23,5 heures, il n'y a
définitivement pas de place. On peut regarder les mémoires
d'autres organisations.
On demande pour les mathématiques, pour le français et
pour les arts les 25 heures pour atteindre les objectifs minimaux des
programmes par degré. C'est pour cela qu'on ne pourra pas, demain matin,
fixer, dans la grille horaire, l'animation pastorale comme faisant partie des
23,5 heures. II n'y a pas de place.
Mme Blackburn: Alors, si on veut faire de la place dans la grille
horaire pour de l'animation pastorale comme le proposent les mémoires
d'un certain nombre de groupes reliés à l'enseignement religieux
et moral, cela veut dire qu'il faudrait sacrifier des matières ou
prolonger...
M. Seminaro: Non, il faudra...
Mme Blackburn: ...ou prolonger le temps de présence
à l'école.
M. Seminaro: Oui. Il faudra sacrifier, dans le contexte, des
journées d'activité pastorale, c'est sûr, ou il faudra
faire en parallèle, une journée pastorale, une montée
pascale ou des choses comme cela dans un contexte où l'horaire est
gelé pour cette journée-là et à ce
moment-là, il y a une activité d'animation pastorale. C'est clair
que, contrairement au secondaire où on a des périodes dites de
bibliothèque ou des périodes, entre guillemets, moins
structurées, l'élève du primaire n'a absolument pas de
période libre dans ses 23,5 heures, puis l'animation pastorale sera
définitivement en parallèle sur l'heure du midi, sur l'heure de
la récréation ou le soir, si les activités sont
possibles.
Mme Blackburn: Vous dites aussi dans votre mémoire que, si
on devait investir dans l'école et ajouter des activités pour
augmenter la qualité de certains enseignements, il faudrait penser aux
différentes matières, que ce soit le français, les
mathématiques, etc. Et là vous dites que les écoles ont
toutes fait délibérément le choix d'utiliser la petite
marge de manoeuvre qui restait pour accorder plus de temps aux
mathématiques et au français.
M. Seminaro: C'est cela, oui.
Mme Blackburn: Vous qui êtes directeur des services
éducatifs...
M. Seminaro: Oui.
Mme Blackburn: ...est-ce qu'on peut envisager de prolonger le
temps de présence à l'école des enfants du primaire? Si je
me rappelle bien, il y avait un engagement du Parti libéral
Ià-dessus qui disait qu'il faudrait prolonger d'une demi-heure par
semaine, si je ne m'abuse.
M. Seminaro: II y a eu, au début des années 1980,
un grand débat. Je pense que beaucoup de gens demandaient qu'enfin, les
enfants du Québec, comme un peu partout ailleurs, aient 25 heures. Ce
sont les 25 heures du régime pédagogique qu'on retrouve, je
pense, dans d'autres provinces. Nous, on pense que ce n'est pas ces 25
heures-là qui vont régler le problème de l'animation
pastorale, parce que l'animation pastorale ne deviendra jamais, et je pense que
ce n'est pas souhaitable aussi, une matière au programme. Je pense que
l'animation pastorale, c'est un vécu quotidien, à ce
moment-là, cela se fera, je pense, toujours en parallèle dans un
contexte d'activités avec un coût qu'on devra assumer comme tel.
Je pense que ce serait une mauvaise chose de voir arriver à l'horaire de
l'enfant une période d'animation pastorale le lundi, 3e
période.
Même au secondaire qui est très bien structuré en
animation pastorale, celle-ci fait partie des services complémentaires,
non dans la grille-matières, mais dans les services
complémentaires, dans le quotidien de l'enfant.
Mme Blackburn: Vous parliez, tout à l'heure, des
coûts élevés et variables d'une commission scolaire
à l'autre, de l'animation pastorale actuellement, de ce que
cela serait si les recommandations du comité étaient
acceptées, c'est-à-dire que cela émarge au budget des
commissions scolaires. Vous parlez également des coûts
élevés de la gestion de ce choix qui est laissé aux
enfants entre l'enseignement religieux et l'enseignement moral. Est-ce que vous
pourriez nous dire un peu plus ce que cela coûte pour gérer ce
choix dans une école, dans une commission scolaire?
M. Seminaro: En fait, rapidement. M. le ministre est
sûrement au courant que la pratique de l'option occasionne dans les
commissions scolaires des coûts supplémentaires. C'est pour cela
que dans les bureaux régionaux on a des allocations
supplémentaires depuis X temps pour tenter de couvrir le coût
excédentaire, mais les milieux avec une certaine croissance, ce n'est
pas une croissance extraordinaire en ce qui a trait à l'option, ont de
moins en moins la capacité de couvrir complètement tous les
coûts occasionnés par l'exercice de l'option.
Le plus bel exemple, sur la rive sud que je connais davantage, dans une
commission scalaire comme chez nous, le coût était environ 30 000
$. Le ministère de l'Éducation, je pense que c'est au niveau
provincial, avait décidé, avec les allocations disponibles, de
financer 75 % de la mesure; donc, ce qui fait que l'option enseignement
religieux, enseignement moral, coûte à peu près à
une commission scolaire comme la nôtre, de 3000 élèves, 12
000 $. C'est le petit problème qu'on a à gérer. L'autre
problème qu'on a à gérer en parallèle, c'est que,
de plus en plus, j'en ai parlé tantôt, l'enseignant qui est
impliqué dans le processus d'implantation du nouveau programme embarque
ou sort complètement. Je pense qu'il n'y aura plus de nuance. Le nouveau
programme va assez loin dans le contexte de la foi personnelle et de son
implication. Donc, il y a beaucoup d'enseignants qui demandent l'exemption, ce
qu'on ne vivait pas avant. En tout cas, dans mon milieu, c'est le cas: j'ai 16
enseignants sur 65 qui ne font pas l'enseignement religieux catholique.
Le problème est que je ne peux les réaffecter tous en
enseignement moral parce qu'il n'y a pas de groupe suffisant. Donc, j'ai le
problème de les affecter dans des matières complémentaires
ou d'affaiblir les spécialistes. En fait, ces gens doivent travailler
à 23 heures, le financement étant sur un enseignant à
tâche pleine.
Donc, il y a dans ma commission et dans toutes les commissions
scolaires, je pense, au niveau primaire, un coût supplémentaire de
l'exemption pour l'enseignant et de l'exercice de l'option pour l'enfant. Les
bureaux régionaux sont très au courant. Il y a des demandes. Les
milieux sont en train présentement de recenser les élèves
en enseignement moral pour possiblement faire des demandes d'allocations
supplémentaires avant le 30 octobre. C'est un problème, parce
qu'on doit, comme commission scolaire, donner le cours d'enseignement moral, on
n'a pas le choix, c'est clair dans le règlement. La confirmation des
allocations supplémentaires se fait en novembre. Chez nous, j'ai trois
petits groupes en attente, un groupe de secondaire I en cheminement
particulier, que je ne peux regrouper avec les autres, un groupe de secondaire
III et un autre groupe.
Je ne peux présentement, faute de financement adéquat,
dire à ma direction d'école: Tu formes un groupe en enseignement
moral, j'attends la confirmation des allocations supplémentaires qui
arriveront en novembre.
Donc, en fait, le problème de l'administration de l'option dans
le contexte des petits groupes tant au niveau primaire que secondaire demande
aux commissions scolaires des décisions souvent rapides avec un
financement qui est confirmé ou non, plus tard. Donc, si tu joues un peu
à la bourse, tu peux accepter de le faire, en espérant que le
ministère de l'Éducation va le retenir, mais il n'y a rien
d'acquis.
En fait, les milieux font présentement ces demandes aux bureaux
régionaux.
Mme Blackburn: J'ai trouvé particulièrement
intéressante votre suggestion de modifier l'article 27. Dans un souci de
respecter davantage ceux qui font le choix d'un enseignement autre que
catholique, vous dites: L'article 27 devrait être modifié en
ajoutant "du caractère catholique distinctif d'une partie de la
population de l'école". Pour comprendre l'article, il faut
peut-être le relire au complet. Vous dites: "Le personnel de
l'école publique reconnue comme catholique ainsi que toute autre
personne qui y travaille, les parents et les élèves doivent
être respectueux du caractère catholique distinctif d'une partie
de la population de l'école pour bien s'assurer qu'on est aussi
respectueux que l'autre partie." Je pense que ce serait assez conforme aux
propos du ministre qui disait tout à l'heure: Ici, on parle d'une
école commune et catholique; elle est d'abord commune et elle est aussi
catholique. Comprise ainsi, je pense qu'une telle suggestion aurait
apporté une ouverture réelle au projet du comité
catholique.
J'aimerais poser deux petites questions, car mon temps est presque
écoulé. Par rapport aux exigences de formation pour les
enseignants en enseignement catholique et moral, vous disiez qu'il serait
intéressant qu'on ait les mêmes exigences pour tous les
enseignants, en français, en mathématiques et ainsi de suite et,
parlant des services d'animation, qu'il serait aussi Intéressant
qu'on prévoie des activités équivalentes en
français. On pourrait certainement envisager des choses en sciences. Je
ne dirais pas la visite de la maison des sciences et de la technologie parce
qu'on a failli l'avoir, mais on ne l'aura pas. Mais il y a peut-être
autre chose à visiter. Il y aurait certainement des activités
intéressantes à envisager. Comme le gouvernement, comme
l'État n'a pas de sous pour répondre aux besoins variés et
réels -je pense en particulier au français et aux sciences au
Québec - si vous aviez le choix . - les gens du domaine du
français et de la science font des pressions réelles sur le
système, de même que ceux de l'enseignement catholique - où
serait votre priorité aujourd'hui?
M. Lacasse: Madame, c'est une question à laquelle on
trouve la réponse quand même assez facilement. Nous n'avons
qu'à écouter les délibérations qui ont cours
à l'heure actuelle dans notre société. Nous entendons
également les préoccupations du ministre de l'Éducation
sur certains problèmes reliés à diverses matières.
Et comme nous le disons dans notre mémoire, actuellement, je pense qu'il
n'y a pas véritablement de difficulté quant à bien servir
la population en enseignement moral et en enseignement religieux catholique. Il
ne nou3 apparaît pas que la priorité prioritaire devrait
être placée là si nous avions des sous à
libérer pour pouvoir améliorer un tant soit peu certaines
matières. Qu'on ne pense qu'aux diverses campagnes qui semblent
maintenant s'amorcer, on va découvrir le nom magique de la
matière qui devrait être, somme toute, privilégiée,
s'il devait y en avoir une en premier lieu.
En deuxième lieu, on a eu certains discours en fin d'année
scolaire, l'année dernière, quant à certains examens qui
ont eu lieu dans certaines disciplines, selon un certain programme. Dans ce
contexte, je me dis et nous nous disons que la situation n'est pas
périlleuse en ce qui concerne l'enseignement moral ou l'enseignement
religieux catholique et que, si des priorités devaient être
faites, cela ne devrait pas être à cet endroit que devraient
être investis les sous à gérer, mais plutôt
carrément dans des disciplines comme celle du français, des
mathématiques, de la musique, des sciences et des arts.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous remercie
beaucoup, M. Lacasse. Ceci conclut notre période de discussion. J'invite
maintenant Mme la députée de Chicoutimi à conclure
brièvement au nom de sa formation politique.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Je vais être
brève parce qu'on a encore plusieurs mémoires à entendre.
Je le rappelle, votre mémoire, à plusieurs égards est
intéressant. Seulement pour rappeler que l'idée d'ajouter dans ce
règlement des phrases ou quelques mots qui nous assureraient qu'on
respecte également ceux qui ne font pas le choix de l'enseignement
catholique, cela m'apparaît intéressant et même important.
Là-dessus, le ministre nous a dit qu'il était peut-être
favorable à une modification, à tout le moins pour l'article 4.
Il faudra voir ce que cela peut donner. Peut-être aussi sera-t-il
disposé à la même chose, à l'article 27. Je pense
que nous n'avions pas réalisé, moi, en tout cas, je n'avais pas
réalisé jusqu'ici ce que cela pouvait coûter - on a
essayé de le savoir, mais on ne le sait pas vraiment - ce que pouvaient
coûter les mesures qu'on demande là-dedans, par exemple les effets
que cela aura sur la mobilité des enseignants, les exigences de
formation en enseignement religieux, le fait que plusieurs voudront être
exemptés de plus en plus, le fait d'embaucher des animateurs de
pastorale, de prévoir des locaux, etc. Je pense qu'au Québec, et
je sais que tout le monde est sensible à cette question, au moment
où on s'estime difficilement capables de répondre à des
besoins réels et urgents en matière de formation, je pense que la
question se pose. Aujourd'hui, au cours de cette séance-là, on
n'a pas encore eu un aperçu de ce que pourraient coûter les
mesures proposées si le projet était adopté te! que
présenté.
Il me semble qu'il serait important qu'on évalue les coûts
et les effets de ce projet s'il devait être adopté avant qu'il
soit rendu public dans sa forme définitive.
Je vous remercie infiniment pour votre participation aux travaux de
cette commission et j'espère qu'ils auront su influencer favorablement
le ministre. Merci!
Le Président (M. Parent, Sauvé); Merci, Mme la
députée.
M. le ministre.
M. Ryan: Je voudrais peut-être tirer une première
observation des échanges de propos que nous avons eus. La tendance
générale du ministère, c'est de se reposer sur les
commissions scolaires pour la dispensation des services éducatifs de
qualité. On ne peut pas se contenter d'une affirmation
générale comme celle-là. Je pense qu'il faut des balises
qui prescrivent des obligations pour les commissions scolaires
également. C'est pour cela qu'on a des règles budgétaires
très détaillées, comme vous le savez encore mieux que
nous, qui créent un bon nombre d'obligations plus précises
à la fois pour le gouvernement et pour les commissions scolaires.
Il y a des domaines où nous avons donné une marge de
manoeuvre plus large aux commissions scolaires depuis quelques
années, en particulier depuis l'an dernier, avec les nouvelles
règles budgétaires. II y a des commissions scolaires qui trouvent
le moyen, avec les nouvelles règles budgétaires, de
dépenser plus d'argent pour les manuels scolaires. Il y en a d'autres
qui ne dépensent pas d'argent pour cela ou très peu. Il y en a
qui trouvent le moyen d'en mettre sur l'animation pastorale, il y en a qui ne
trouvent pas le moyen d'en mettre.
Alors, il y a Ies droits des enfants impliqués là-dedans.
On ne peut pas laisser aller cela trop loin dans ce sens-là et permettre
qu'à un moment donné, tel groupe décide: Nous, c'est bien
de valeur, c'est de la musique qui nous Intéresse, l'animation
pastorale, au diable, ou vice-versa. Il faut qu'on assure un plancher de
services convenables pour tous les enfants du Québec qui sont dans les
écoles, dans toute la mesure où il s'agit de choses essentielles.
Dans ce sens-là, tout en accueillant vos observations avec
intérêt, je dois vous dire que moi, je suis obligé de voir
à l'autre côté de la chaîne, et les
représentations quand cela ne marche pas, c'est chez nous qu'elles
arrivent. Il faut que nous trouvions des réponses convenables.
Sur le sujet que nous discutons, j'ai reçu bon nombre de
représentations, depuis deux ans que nous sommes en fonction.
Peut-être qu'au bout de la ligne, si on veut améliorer les choses,
il faudrait qu'on ait des crédits plus abondants accordés
expressément à cette fin. Je suis sûr que, si on allait
mettre, par exemple, disons 10 000 000 $ de plus dans la cagnotte en disants
Vous vous arrangez avec cela, il n'y en aurait pas gros, suivant les tendances
que j'ai observées depuis deux ans, pour l'animation pastorale. Cela me
préoccupe, comme ministre de l'Éducation, et vu que cela n'avait
pas l'air de préoccuper trop...
M. Lacasse: M. le ministre, si vous me permettez. Tout
dépend à quel point se situaient les commissions scolaires pour
pouvoir effectivement manoeuvrer dans ces marges de manoeuvre. On sait fort
bien que l'implantation des nouveaux programmes nécessitait des manuels
et dans certains milieux, il y avait un retard important à rattraper.
Quand je mentionnais, M. le ministre, qu'effectivement ces marges de manoeuvre
pouvaient être prises dans d'autres matières parce qu'il y avait,
semble-til, des besoins plus importants, je ne voulais pas diminuer
l'importance de l'animation pastorale ni de l'enseignement religieux
catholique. Au contraire, je dis: Si nous écoutons le discours de notre
société, je pense que nous avons des réponses.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Vous voulez
conclure, M. le ministre.
M. Ryan: Oui, le discours de notre société,
j'ajouterais juste une nuance, les discours de notre société,
nous, nous les entendons tous et ils sont infiniment variés. Nous
essayons d'établir une certaine hiérarchie là-dedans au
meilleur de notre connaissance et de notre écoute, et il me semble que
ce n'est pas aussi simple que semblaient l'indiquer certains
éléments de réponse qu'on nous a donnés.
Cela étant dit, continuons notre recherche. Vous avez
apporté des éléments très intéressants. II y
a des points qui ont des bonnes chances d'être retenus. Il y en a
d'autres sur lesquels nous allons travailler. Mais c'est sûr que, quand
nous ferons le bilan de l'opération, les choses qui seront retenues, il
faudra également les chiffrer clairement de manière à voir
ce que cela entraînera comme obligations nouvelles, à la fois pour
le gouvernement et pour les commissions scolaires. J'apprécie beaucoup
les précisions qu'on nous a apportées sur plusieurs points. Elles
sont très utiles venant de personnes qui sont en plein dans le bain
comme vous l'êtes. Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé) Alors, M. Seminaro,
on vous remercie beaucoup de votre exposé. J'inviterais maintenant
l'Association des parents catholiques du Québec à prendre place
et j'informe les membres de cette commission que nous avons un retard de 25
minutes sur notre calendrier de travail.
(Suspension de la séance 17 h 22)
(Reprise à 17 h 25)
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît! Mesdames et messieurs les membres de la commission, je
vous demanderais de prendre place. Nous avons le plaisir d'accueillir comme
dernier groupe, cet après-midi, l'Association des parents catholiques du
Québec qui est représentée ici par sa présidente,
Mme Adeline Mathieu. Elle est la porte-parole de cette organisation.
Mme Mathieu, il me fait plaisir d'abord de vous rencontrer, de vous
saluer...
Mme Mathieu (Adeline): Bonjour!
Le Président (M. Parent, Sauvé): ...de vous dire le
plaisir que nous avons de vous voir. Nous vous souhaitons la bienvenue et noua
voulons vous remercier d'avoir accepté l'invitation de la commission
permanente de l'éducation de venir témoigner, de nous livrer
votre témoignage, votre message à cette commission parlementaire
sur les projets de règlements des comités catholiques et
protestants du Conseil supérieur de
l'éducation.
La commission parlementaire a prévu de vous entendre durant une
heure environ. Cela ne veut pas dire que c'est une heure franche, mais cela ne
devrait pas être plus, parce que nous sommes assez limités dans le
temps et que nous avons un horaire très chargé.
Nous vous suggérons, Mme Mathieu, de procéder comme suit:
Vous présentez d'abord votre mémoire, que toutes les personnes
ici ont déjà lu, par contre il serait bon que vous en fassiez
d'abord une synthèse. Ensuite, une bonne période de temps sera
réservée aux membres de la commission avec lesquels vous pourrez
discuter. Â ta fin de la discussion, j'inviterai les porte-parole de
l'Opposition et ministériel à tirer les conclusions sur notre
rencontre.
Mme Mathieu, si vous aviez l'obligeance de nous présenter les
gens qui vous accompagnent et d'enchaîner immédiatement avec la
présentation de votre mémoire.
Association des parents catholiques du
Québec
Mme Mathieu: Merci. J'ai laissé le soin à Mme
Jocelyne Saint-Cyr, la vice-présidente de l'Association des parents
catholiques du Québec, de faire les présentations.
Mme Saint-Cyr (Jocelyne): M. le Président, M. le ministre,
membres de la commission, mon nom est Jocelyne Saint-Cyr,
vice-présidente provinciale de l'APCQ. C'est avec plaisir que je vous
présente les personnes qui représenteront l'association
aujourd'hui: Mme Adeline Mathieu, présidente provinciale; M.
Paul-Émile Touchette, à ma droite, secrétaire provincial;
Me André Marais, notaire, trésorier provincial; Mme Paulette
Simard-Rancourt, membre de l'exécutif provincial. Je cède donc la
parole à Mme Mathieu.
Mme Mathieu: Merci pour cette invitation. Nous avions, lors de
notre première communication avec le comité catholique et M. le
ministre de l'Éducation, demandé un délai pour que les
organismes puissent être entendus. Nous trouvions que le délai
était très court. Je vous remercie aujourd'hui pour cette
commission parlementaire. Nous considérons que c'est une initiative
très heureuse.
Lors de cette première prise de position que nous vous avons fait
parvenir, nous avons voulu signaler certains points. Mais avant d'entrer dans
le vif du sujet, je voudrais quand même parler de l'Association des
parents catholiques du Québec et vous dire que les recommandations que
nous présentons aujourd'hui ont été acceptées
à l'unanimité par le conseil provincial de l'Association des
parents catholiques du
Québec qui regroupe des membres un peu partout dans la province.
Nous avons actuellement plus de 60 000 membres.
Notre association travaille depuis plus de 20 ans pour la promotion de
l'école catholique et la sauvegarde des commissions scolaires
confessionnelles. Pétitions, mémoires, coalitions se sont
multipliés au cours de ces années pour faire entendre la voix de
la très grande majorité des parents. J'en ai la preuve depuis les
deux rencontres que nous avons eues avec les autorités, ici même
au salon rouge du parlement. J'avais rappelé le manifeste des parents
chrétiens en particulier, qui représentait la coalition de plus
de 1 000 000 de personnes, à l'occasion d'une audition spéciale
où plus de 1000 personnes étaient présentes.
Nous croyons que l'avis que nous présentons aujourd'hui se situe
dans la ligne de nos représentations antérieures pour la
promotion de l'école catholique au Québec. Le projet de
règlement pour les écoles catholiques présente des
améliorations notables concernant la pastorale et la préparation
des professeurs de catéchèse. Le mandat de l'évêque
à l'animateur de pastorale établit des liens très
importants avec l'Église et assure une meilleure qualité de
services. Cependant, certains articles du nouveau règlement comportent
des faiblesses qui remettent en question l'école catholique
elle-même et le droit des parents catholiques à l'école de
leur choix.
Nous désirons attirer votre attention sur les articles suivants:
l'article 1 des nouveaux règlements. Nous voudrions savoir si cet
article implique une démarche immédiate pour la reconnaissance
des écoles catholiques dans toute la province: Dans le projet de
règlement, ce n'est pas très clair à ce sujet. On parle de
démarche pour faire reconnaître les écoles catholiques,
mais on ne dit pas s'il s'agit d'écoles construites ou mises en place
après 1974 ou s'il s'agit de toutes les écoles.
Nous sommes partis de l'idée que, s'il s'agit de toutes les
écoles de la province, nous nous apposons à cette
démarche. Nous croyons que ce serait une reconnaissance école par
école, comme le proposaient le projet de loi 40 et la loi 3, qui a
été jugée inconstitutionnelle dans un jugement de la Cour
supérieure. D'autres jugements viennent confirmer le droit de la
communauté catholique de se donner des écoles confessionnelles et
des commissions scolaires ou syndics d'école pour les administrer.
Il y a, entre autres, le jugement rendu par la Cour suprême, au
sujet de la loi 57, qui reconnaît deux classes de personnes, les
catholiques et les protestants, et le dernier jugement de la Cour suprême
également au regard des écoles catholiques de l'Ontario, la loi
30.
Les écoles catholiques doivent répondre
aux besoins d'une région donnée. Elles doivent être
administrées par des commissions scolaires confessionnelles
mandatées par la population catholique de cette région.
Actuellement, nous avons la loi 27 qui reconnaît les deux grandes
communautés de la province, à savoir les catholiques et les
protestants, et qui décrète qu'il y a des commissions scolaires
pour catholiques et pour protestants. Nous croyons qu'en vertu de la loi 27,
les écoles administrées par les commissions scolaires catholiques
ou . protestantes sont ou catholiques ou protestantes.
Le statut confessionnel de l'école et la réalisation d'un
projet éducatif ne relèvent pas seulement des autorités de
l'école. Vouloir remettre la confessionnalité dans chacune des
écoles, c'est un grand risque presque impossible à
contrôler. Pour réaliser une école catholique, il nous faut
de nombreux préalables qui dépendent d'instances
supérieures tels que: le choix de la direction et des
spécialistes, le choix des professeurs, le choix des programmes, le
choix des manuels, qui est quand même limité mais il y a une
possibilité de choix, et du matériel didactique, le rôle*
et la place de la pastorale - j'en ai eu la preuve tout à l'heure dans
les mémoires de certains groupes qui se sont présentés et
qui nous ont bien dit que justement la pastorale pouvait être
vécue d'une façon différente d'une commission scolaire
à l'autre - la construction des écoles, l'affectation des locaux,
voilà autant de préalables qui ne peuvent pas se décider
dans une école lorsqu'il s'agit des écoles publiques et qu'on
doit administrer des écoles pour une région donnée.
Alors, ce qui est très important, si nous le voulons
réellement dans notre coeur et dans notre esprit, je crois que c'est
sans doute votre opinion autant que la nôtre, votre désir autant
que le nôtre, c'est de maintenir au Québec de véritables
écoles catholiques. Il faut assurer et donner des pouvoirs aux
commissions scolaires, améliorer ses pouvoirs - elles en
possèdent déjà - mais améliorer davantage de ce
côté pour que les commissions scolaires soient réellement
en mesure de réaliser le projet éducatif chrétien et
l'école elle-même. L'école confessionnelle a besoin de
structures confessionnelles pour recevoir les services et l'animation qui lui
permettront de s'améliorer et de se dépasser. C'est pourquoi nous
nous opposons à une remise en question du statut confessionnel de nos
écoles catholiques et des commissions scolaires catholiques, ce qui
n'exclut pas la possibilité de mettre en place des écoles autres
pour ceux qui le désirent ainsi que des organismes particuliers pour les
administrer.
Depuis plus de 20 ans, nous demandons que, dans les milieux pluralistes,
on offre réellement un choix à ceux qui ne désirent pas
l'école catholique, mais qu'on offre réellement un choix; qu'on
ne déconfessionnalise pas goutte à goutte l'école
catholique, mais qu'on offre ce choix. Ce qui n'empêche pas de recevoir
des non-catholiques dans les écoles catholiques. L'école
catholique reste ouverte, mais dans certains milieux il y a un besoin pour des
écoles non confessionnelles. Alors, que ces écoles soient
organisées et administrées, soit par un syndic d'école ou
par une commission scolaire ou selon toute autre formule. Nous savons que le
gouvernement est très intelligent quand il s'agit de trouver de
nouvelles formules. Ils ont des spécialistes et ce ne sera pas
difficile. L'idée c'est d'y croire! Croire que c'est possible.
Le Président (Mo Parent, Sauvé): C'est vrai.
Très vrai ce que vous dites.
M. Ryan: C'est bien...
Mme Mathieu: Cela m'encourage. Je vais être moins nerveuse.
Vous savez, ce n'est pas facile de se présenter devant vous quand on est
une simple mère de famille. Il faut y aller, encore une fois, avec son
coeur "et sa foi.
Une voix: Mais si compétente!
Mme Mathieu: Enfin! Deuxièmement, nous remarquons un autre
point très important qui fait problème. C'est qu'on fait
disparaître l'article 22 des règlements de 1974. L'article 22
disait: "Les membres du personnel d'une institution doivent être de foi
catholique. En cas de difficulté à retenir les services d'une
personne compétente catholique, les services d'une personne
compétente non catholique peuvent être retenus pourvu que cette
personne s'engage à respecter le caractère confessionnel de
l'institution. "Toutefois, l'enseignement religieux catholique ne peut
être confié qu'à des personnes de foi catholique".
Je trouve que ce régime était très bon.
C'était un régime préférentiel. C'était un
point de repère et cela doit le demeurer. Il faut, si on veut
réellement réaliser une école catholique que cela demeure
un régime préférentiel lorsqu'il s'agit d'embaucher un
directeur d'école ou des professeurs. L'ouverture qui était faite
dans les anciens règlements était valable et nous étions
d'accord avec cette ouverture. De là à faire disparaître
complètement toute exigence concernant le directeur et les professeurs,
nous trouvons cela inconcevable.
Qu'on regarde ce qui s'est passé par exemple, en France lorsqu'il
s'est agi des écoles catholiques. En France, ce sont des écoles
privées nécessairement parce que le
système public est complètement neutre vous le savez. Le
principal point qui a fait l'objet des démonstrations des
Français catholiques qui se sont présentés parfois
jusqu'à 1 000 000 à certains endroits lors de certaines
démonstrations, c'était que l'école catholique puisse
conserver le droit de décider, de choisir son établissement. Cela
passait avant le financement, tellement c'est primordial.
Comment pensez-vous qu'on puisse réaliser une école
catholique avec un directeur qui n'y croit pas quand on lui demande
d'être respectueux - c'est bien beau - du projet éducatif de
l'école, s'il n'y croit pas du tout et si les professeurs qui sont
affectés à son école pour une majorité n'y croient
pas non plus. Ici, on a voulu faire un genre de scénario. On a fait une
hypothèse: Une école primaire de quelque 300 élèves
avec un directeur qui n'est pas de foi catholique, dix titulaires de classe et
quelques professionnels à temps partiel et deux enseignants de
catéchèse. Seuls, le deux enseignants de catéchèse,
si on s'en tient au nouveau règlement, sont obligatoirement catholiques.
Comment espérer la réalisation d'un projet d'école
catholique? C'est à peu près impensable.
Qu'est-ce qui fait l'école? C'est la direction. Ce 3ont les
professeurs. Les parents ont un rôle à jouer dans les
comités d'école, mais cette possibilité de réaliser
un projet éducatif chrétien relève d'abord de la direction
de l'école, du corps enseignant et du personnel. Nous voulons que
l'article 22 soit maintenu. Il serait plus facile à respecter encore une
fois, si dans certains milieux on mettait en place des écoles neutres
pour répondre à des besoins différents. On a tout à
gagner avec la vérité, avec la clarification, avec un
véritable choix qu'on offre aux parents. Et c'est passible, il s'agit
d'y croire, encore une fois.
Actuellement la charte canadienne nous garantit ce droit au choix des
professeurs. Ici je lis: "Aucune disposition de la charte ne peut
empêcher l'établissement et le fonctionnement d'écoles
confessionnelles. Grâce à cette clause, on ne peut pas invoquer la
liberté de conscience, de religion ou les droits à
l'égalité pour enfreindre les droits constitutionnels existants
qui ont trait à la création et au financement par l'État
d'écoles confessionnelles où les étudiants et les
professeurs sont recrutés en fonction de leur appartenance à une
croyance religieuse particulière."
Concernant la Charte québécoise des droits et
libertés de la personne, j'aimerais tout à l'heure que Mme
Rancourt vous donne un avis qui a été donné à la
commission scolaire de Drummondville à ce sujet.
Maintenant pour ce qui est de l'article 7, l'évaluation
quinquennale, nous nous posons beaucoup de questions. Comment sera
appliqué cet article? Enlève-t-on le statut de catholique
à une personne qui est distante pour un temps? Je suppose une
écote qui ne remplit pas toutes les obligations. Enlève-ton
l'école catholique à des parents parce qu'elle ne répond
pas à certaines exigences à cause justement d'un corps
professoral qui n'a pas été bien choisi ou d'un directeur
d'école qui n'aurait pas été bien choisi? Le comité
catholique enlèvera-t-il le statut confessionnel juste sur une
évaluation ou fera-t-il une nouvelle consultation& Nous croyons que
cette évaluation ne devrait pas être obligatoire et qu'elle
devrait être laissée à la discrétion du milieu et au
fond, chaque année, il devrait y avoir une évaluation si on veut
réellement réaliser un projet éducatif. De toute
façon, cette évaluation devient presque impossible si on pense
à un certain contrôle du comité catholique. Vous parliez,
M. le ministre, tout à l'heure de quelque 3000 écoles. Alors,
comment le comité catholique pourrait-il, à peu près
à la même époque, évaluer plus de 3000 écoles
en se basant sur les travaux et les recherches, et enfin les conclusions des
commissions scolaires face aux écoles de leur juridiction?
Maintenant, en ce qui regarde l'enseignement moral et religieux
catholique, nous le regrettons beaucoup et nous espérons que ce sera
corrigé, nous ne voyons pas pourquoi les élèves de
l'enseignement professionnel ne seraient pas tenus de suivre un cours
d'enseignement moral et religieux catholique ou un cours d'enseignement moral
pendant toute la durée de leur cours, comme tous les autres
élèves. Les difficultés d'organisation concernant ce cours
ne sont pas une raison valable pour le retirer. Ces jeunes ont besoin comme les
autres d'une éducation aux valeurs d'un credo qui leur donne des raisons
de vivre et d'espérer. Nous avons noté aussi qu'on diminuait le
temps consacré à la catéchèse au primaire et au
secondaire. Là aussi, nous considérons que l'on ne doit pas
diminuer le temps consacré à la catéchèse, au
primaire et au secondaire.
En définitive, nous considérons que le concept de
l'école catholique, selon les nouveaux règlements, est flou et
s'apparente facilement à l'école non confessionnelle dans
laquelle on permettrait l'enseignement religieux et l'animation pastorale.
Comment concilier cette reconnaissance école par école
avec notre système scolaire qui offre un service sur un territoire pour
une population donnée? C'est la commission scolaire qui est reconnue
juridiquement et qui doit répondre aux exigences de ses
électeurs. À l'école catholique, il faut un directeur de
foi catholique et un nombre d'enseignants de foi catholique. Dans le projet
éducatif chrétien tel qu'élaboré par les services
du ministère de l'Éducation, on
parle de communauté éducative chrétienne. Ce n'est
pas possible sans aucune exigence de ce côté. Une religion
confinée au cours de catéchèse et à la pastorale
devient un sous-produit qui est contredit par l'ensemble des matières
profanes et par l'ensemble de la communauté enseignante. À la
prochaine évaluation, il ne restera plus qu'à nier l'existence du
caractère catholique de l'école.
Si on veut parler de recommandations, nous demandons que l'article 1
soit clarifié, car, dans le moment, on se demande s'il s'agit de la
reconnaissance des écoles construites après 1974. Jusqu'à
maintenant, nous avions accepté cette démarche parce que nous
considérons que les écoles administrées par les
commissions scolaires catholiques sont catholiques, mais le fait qu'elles
soient reconnues par le comité catholique est un plus qu'on ajoute en ce
qui regarde les nouvelles écoles. Alors, nous ne nous étions pas
opposés à cela. Mais nous nous opposons à une
démarche pour toutes les écoles de la province.
Nous voulons le maintien de l'article 22 concernant la direction des
écoles et le corps professoral. Nous estimons que nous devons laisser
l'évaluation au milieu sans en faire une règle: l'enseignement
religieux, comme je vous l'ai dit tout à l'heure, aux jeunes de
l'enseignement professionnel, devrait être donné pendant le cours
complet, et on devrait mettre en place des écoles non confessionnelles,
mais l'offrir comme un choix dans les milieux où il y a un besoin au
lieu de déconfessionnaliser peu à peu l'école. Je vous
remercie.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci beaucoup,
Mme la présidente. Je reconnais maintenant, comme premier intervenant,
M. le ministre.
Mme Mathieu: M. le Président, est-ce qu'on pourrait vous
donner immédiatement lecture de l'avis de la...
Le Président (M, Parent, Sauvé): Oui, madame,
certainement. Excusez-moi. J'avais oublié cet important message.
Mme Rancourt (Paulette): M. le Président, je veux
simplement ici vous mentionner un avis donné par la Commission des
droits de la personne le 24 juillet 1987 à une commission scolaire qui
s'était informée de la possibilité d'engager des personnes
de foi catholique a la suite de l'article 22 du règlement
précédent. L'avocat qui a signé au nom de la Commission
des droits de la personne dit: "Bien sûr, à première vue,
l'article 22 du règlement et l'article 16 de la charte peuvent sembler
en contradiction". Il ajoute: "Cependant, puisque l'employeur, en l'occurence
une commission scolaire, est une institution sans but lucratif, elle pourrait
justifie»' une distinction, exclusion ou préférence
fondée sur la religion en raison du caractère religieux ou
éducatif de l'institution selon les termes de l'article 20 de la charte.
Ainsi justifiée, une telle exclusion ou préférence serait
réputée non discriminatoire".
Je veux abréger, mais il y aurait deux ou trois phrases qui font
allusion au même type d'argument. Si vous préférez, je
puis...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Libre à
vous, c'est votre présentation.
M. Morais (André): Est-ce qu'on peut déposer pour
votre attention.
M. Ryan: Pouvez-vous... M. le secrétaire?
Mme Rancourt: Oui, je vais vous en apporter une copie.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce que vous
voulez le déposer?
M. Morais: Oui, s'il vous plaît.
Mme Rancourt: J'en ai des copies supplémentaires, M. le
ministre me fait signe.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, M. le
secrétaire, il y aura un dépôt de documents.
Mme Rancourt: J'en ai quelques-unes. Je vais vérifier si
c'est bien tout cela. J'en ai suffisamment. J'espère que j'en aurai
suffisamment. (17 h 45)
Vous aurez les documents en main dans quelques instants. J'attire
cependant votre attention sur un autre paragraphe du même avis qui fait,
cette fois-ci, allusion au nouveau règlement, au projet de
règlement présenté. À cet effet, en parlant du
présent règlement, le même signataire dit: "L'effet de ces
dispositions est donc de mettre fin au régime d'embauché
préférentielle des catholiques dans les écoles publiques
et reconnues comme confessionnelles. Seule demeurera l'obligation pour les
enseignants qui dispenseront l'enseignement moral et religieux catholique
d'être de foi catholique. Donc, lors de l'entrée en vigueur de ce
règlement le 1er juillet 1988, les questions relatives à la
religion des postulants ne seront pas recueillies, sauf pour les enseignants
qui devront dispenser l'enseignement moral et religieux catholique."
Donc, le signataire au nom de la Commission des droits de la personne
nous dit bien qu'ils auraient été prêts à l'accepter
ou jusqu'à maintenant sont prêts à l'accepter
et que ce serait seulement le projet de règlement du
comité catholique qui maintenant mettrait un frein à cette
façon de procéder.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Pour les besoins
de la transcription du Journal des débats, j'accepte le
dépôt du document qui a pour titre La commission scolaire
Deschênes, un document qui vient de M. Luc Benoît, conseiller en
éducation chrétienne, daté du 1Q août 1987. Sujet:
être de foi catholique. Document déposé et reconnu par la
commission.
M. le ministre.
M. Ryan: Mme la présidente de l'Association des parents
catholiques et membres de la délégation, il nous fait plaisir de
vous retrouver cet après-midi. Il y a un certain temps qu'on vous a vus.
C'est toujours agréable de reprendre avec vous un débat qui
demeure difficile et qui soulève des questions autour desquelles
certaines positions peuvent être convergentes et d'autres non. J'ai bien
pris note de la position que vous avez définie par rapport au projet de
règlement du comité catholique. Inutile de vous dire que
j'accepte sans aucune espèce de restriction - et d'ailleurs ce serait
au-delà de mes attributions - le droit que vous avez d'exprimer
franchement vos opinions sur ces questions.
J'ai eu l'occasion, à quelques reprises dans le passé, de
soulever une difficulté que représente une intervention comme la
vôtre; c'est à cause du nom de votre organisme: L'Association des
parents catholiques. Je vous ai déjà dit la difficulté que
cela posait dans mon esprit: l'Association des parents catholiques, mais pas de
tous les parents catholiques parce qu'il y en a beaucoup qui pensent
différemment, comme vous le savez.
Cette réserve étant inscrite au dossier, j'accueille avec
énormément d'intérêt tout ce que vous avez à
nous communiquer.
Je voudrais peut-être prendre les points principaux que vous avez
soulevés, Mme Mathieu. Il y en a un qui est très
intéressant au début. Vous dites: On nous ramène avec ce
règlement-ci à l'objectif de la reconnaissance école par
école, alors que ce que défend l'Association des parents
catholiques, c'est un système catholique avec une commission scolaire
qui a des écoles catholiques sous sa juridiction. On comprend
très bien votre position. Il est évident que le règlement
proposé par le comité catholique met l'accent sur la
décision école par école.
Dans le cas de la Commission des écoles catholiques de
Montréal, cela pose un problème. Dans le cas de la Commission des
écoles catholiques de Québec, cela pose un problème
également. Comme il s'en pose d'ailleurs à propos de toute la
réglementation, de toutes les interventions du comité catholique.
Le juge Deschênes avait dit dans le jugement que vous connaissez aussi
bien que moi à propos de l'école Notre-Dame-des-Neiges que, vu le
caractère confessionnel protégé par la constitution
qu'elle a, la CECM n'est pas soumise aux diktats ou à l'autorité
du comité catholique. C'est un jugement de première instance qui
n'est pas la vérité définitive. Le gouvernement aurait pu
choisir de pousser plus loin les procédures en appel pour clarifier ce
point-là et nous avons décidé de choisir plutôt un
autre terrain quand cela fera l'affaire du gouvernement. Nous n'étions
pas intéressés à pousser ces causes parce que ce
n'étaient pas nos causes, c'étaient des causes qui ne
promettaient pas de régler les questions que nous nous posons et nous
recourons aux tribunaux autour des problèmes et sous les formes qui nous
paraîtront appropriées en temps utile. Mais en attendant, la
position qui a été définie par la Cour supérieure
n'est pas négligeable.
Dans le cas de la CECM et de la CECQ, comme du PSBGM d'ailleurs, et il y
en a qui disent de toutes les commissions scolaires protestantes, c'est une
matière à discussions. Je ne suis pas de cette opinion-là,
mais mon opinion vaut celle de n'importe qui d'autre, pas plus pour
l'instant.
Quant aux autres écoles en dehors de Montréal et de
Québec, ce sont des écoles communes d'après la loi. J'ai
essayé de l'expliquer à la députée de Chicoutimi
depuis deux jours. Je sais que c'est un sujet difficile. Mais ce sont des
écoles communes. Ce sont des écoles communes qui sont en plus
catholiques de par la reconnaissance que leur a donnée le comité
catholique. Et, de ce point de vue-là, selon nous et nos conseillers, il
n'y a pas d'objection à ce que l'autorité du comité
catholique s'applique à ces écoles. Il n'y a pas d'objection non
plus à ce que, sur demande, soit de ces écoles, soit de la
commission scolaire - suivant le régime que nous retiendrons - elles
soient reconnues comme catholiques par le comité catholique ou
protestantes par le comité protestant. Alors là, c'est
école par école, oui. Mais il nous semble qu'étant
donné le régime que nous avons en dehors de Montréal et
Québec, ça ne constitue pas un bris. Cela ne constitue pas non
plus une innovation de fond. Mais c'est une continuation sous des formes
différentes d'un régime qui, substantiellement, se prête
très bien à ça et qui d'ailleurs a été
l'objet de maintes décisions au cours des dernières
années. Cela, c'est un premier point.
Maintenant vous dites: Dans ces choses-là, il y a bien des gens
qui doivent intervenir. Nous pensons avec le comité catholique que
l'opinion première doit être celle des parents concernés.
S'ils veulent pour leurs enfants une école catholique, qu'ils aient une
école catholique. Qu'on leur
donne la possibilité de l'avoir. Il me semble que c'est
fondamental. Vous dites qu'il y a toutes sortes de gens qui doivent intervenir
là-dedans. Pour la réalisation du projet, il y a toutes sortes de
gens. Il va y avoir l'autorité religieuse, l'autorité de la
commission scolaire, les cadres scolaires, les enseignants, ajoutez-en, pas de
problème. Mais à un moment donné, il faut bien qu'on
établisse clairement où va être la source de la demande qui
va être présentée.
J'écoutais tantôt ce que vous disiez à propos de
l'autorité religieuse. Au comité catholique, il y a plusieurs
membres qui sont nommés sur présentation des évêques
catholiques du Québec. Je pense qu'il y en a cinq sur onze, ou six sur
onze, cinq sur onze peut-être. Pardon?
Une voix: Cinq sur quinze.
M. Ryan: Cinq sur quinze. Ces gens-là ont pris soin de
consulter. Ce sont eux qui nous ont présenté le règlement.
Ce n'est pas le gouvernement qui a fait ce règlement-là. Ce sont
eux qui nous l'ont présenté. C'est un règlement du
comité catholique. Et, par conséquent, ils ont déjà
ce que j'appellerais, un pipeline, assez direct avec l'autorité
ecclésiastique qui, pour des catholiques, est ce qui est de plus
élevé. Pour moi, l'Assemblée des évêques du
Québec, c'est plus important en matière religieuse que le
comité catholique. Je pense que j'énonce une vérité
de sens commun. Ce sont eux qui ont un mandat spécial. Le comité
catholique, c'est par voie de délégation. Pour les fins dont nous
discutons, fonctionnellement, nous transigeons avec le comité
catholique. Mais dans l'ordre des choses, si moi, je veux aller au fond d'une
question à un moment donné, je vais me demander ce que
l'épiscopat en pense. Et sur le projet dont nous discutons, j'ai
reçu une lettre cet été de l'Assemblée des
évêques du Québec et dont je vais vous donner lecture.
C'est daté du 19 août. Je ne l'ai pas sollicitée. Elle
m'est arrivée par le courrier une bonne journée. "En mai dernier
la Gazette officielle du Québec publiait une nouvelle
version du règlement du comité catholique du Conseil
supérieur de l'éducation. Après en avoir fait
l'étude, le comité episcopal de l'éducation a cru bon vous
en communiquer son appréciation. "Celle-ci porte plus
particulièrement sur le règlement relatif aux écoles
primaires et secondaires du système secondaire public. Il me plaît
de vous dire que ce nouveau règlement suscite chez les membres du
comité episcopal une indéniable satisfaction. Tous reconnaissent
en effet que plusieurs mesures sont de nature à favoriser des services
de meilleure qualité pour l'éducation chrétienne scolaire,
projet éducatif intégrant les croyances et valeurs de la religion
catholique, enseignement moral et religieux catholique, animation pastorale.
Les membres estiment particulièrement pertinents les articles invitant
à une évaluation du vécu confessionnel de l'école.
Cette opération vérité ne peut être que
bénéfique. "De plus, les articles 16 et 17 relatifs à la
qualification des enseignants nous semblent des pas dans une bonne direction.
Depuis tant d'années déjà que l'on tente de part et
d'autre, et avec de si minces résultats, d'assurer aux futurs
enseignants une préparation adéquate pour l'exercice de leurs
tâches dans une école catholique. Nous gardons espoir que ces
articles pourront être appliqués dans l'harmonie par les instances
responsables. Le comité désire également -cela
dépasse un petit peu notre objet, mais je peux difficilement
résister à la tentation de vous donner la lettre
intégrale. Vous pourriez penser, les gens de l'Opposition que j'ai
conservé des secrets qui n'étaient pas dignes de publication -
féliciter votre ministère ...
Une voix: Ah oui!
M. Ryan: ... pour les crédits supplémentaires qu'il
vient d'affecter au perfectionnement des professeurs d'enseignement moral et
religieux. En période de contraintes budgétaires, cette
initiative est révélatrice de votre souci d'une éducation
chrétienne de qualité. Veuillez agréer, M. le ministre, en
même temps que l'expression de nos sentiments respectueux, l'assurance de
notre propre dévouement à la cause de l'éducation."
J'aime la diversité dans la société, y compris dans
l'Eglise catholique; c'est bon qu'il y en ait. Mais je pense qu'à un
moment donné, quand une question a été discutée,
l'avis d'autorités religieuses ne manque pas d'importance non plus. Je
communique cette pièce pour l'ajouter au dossier; je pense que ce n'est
pas mauvais.
Cela dit, je ne suis pas trop malheureux de cet accent que le projet de
règlement veut mettre sur une intervention solide des parents pour que
le choix de l'école soit déterminé. Aujourd'hui, nous
n'avons pas choisi, nous vivons dans une société
extrêmement diversifiée dans ses options. Il faut bien en tenir
compte et c'est une manière d'en tenir compte. On peut soutenir: Qu'on
s'organise des écoles catholiques, et que les autres s'organisent. J'ai
donné mon opinion là-dessus toute la journée, aujourd'hui.
Je ne suis pas trop favorable à cette approche dans la mesure où
on peut garder des gens ensemble autour d'une vision qui reste commune, ne
serait-ce que pour des raisons d'économie dans ces périodes de
grandes difficultés budgétaires. Je pense que c'est
préférable. Si jamais des gens insistent pour se détacher,
ils ont les
mécanismes pour le faire d'après nos lois. Et on va leur
faciliter les choses dans toute la mesure compatible avec les ressources de
l'État. Mais l'effort du Québec a toujours consisté
à garder les gens ensemble plutôt que de les séparer en
rangées d'oignons, le confessionnel, etc. Je pense que ce n'est pas
mauvais et je vous donne ma réaction, bien simplement.
Vous avez beaucoup insisté sur les directeurs d'école. Je
crois comprendre que le comité catholique est très sensible
à ce que vous dites. Maintenant, il regarde la réalité
d'aujourd'hui et il se dit: On va demander de nommer, comme directeurs
d'école, des personnes capables d'assurer la réalisation du
projet éducatif, d'en assurer l'évaluation, l'orientation et
tout. Je crois qu'à ce moment-là il va choisir une personne qui
est capable.
Je vais vous donner seulement un souvenir. Quand j'ai fait mon
école primaire à Ville Eymard - je ne vous dirai pas il y a
combien d'années parce que je vais scandaliser les plus jeunes ici - on
avait un directeur d'école qui n'était pas pratiquant et qui, je
pense, n'avait pas la foi catholique. C'était dans les années
trente, excusez-moi. Il dirigeait une école remarquablement imbue
d'esprit catholique. Il a donné une formation vraiment solide, je pense,
au moins à quelques-uns de ses anciens élèves. Il est mort
aujourd'hui; j'en parle en toute liberté. C'était dans les
années trente, cela fait longtemps. Aujourd'hui, il y en a encore. Si on
commençait à exiger ce billet... Je pense que c'est pour cela
qu'on l'enlève, même pour les membres du personnel.
J'ai un principe: Quand vous avez une loi qui n'est pas applicable et
qui donne lieu à trop de complications, vous êtes mieux de la
changer. Je l'ai dit, à propos de la loi 101, il y a des passages qui ne
sont pas applicables. Il y en a qui voudraient qu'on mette des centaines de
policiers. Peut-être est-il mieux de se demander si quelque chose ne
pourrait pas être ajusté dans ces lois. Je pense que c'est un
effort du comité catholique. Il dit: Ce n'est pas applicable dans le
contexte d'aujourd'hui, allons-y avec un certain réalisme, avec une
certaine compréhension de ce qu'est la réalité
humaine.
Ce sont les points qui nous habitent en discutant de ces choses. Je
comprends le point de vue que vous nous soumettez. On va l'examiner avec
beaucoup d'attention. Mais, sur certaines questions de fond, je pense que vous
comprenez qu'on ne pourra facilement embarquer dans la logique. Je vous le dis
en toute simplicité, en toute franchise. J'ai remarqué qu'il y a
des points du projet de règlement que vous approuvez, qui apparaissent
comme des améliorations. Je note également ces observations que
vous faites. Je vous assure que, dans un monde idéal, je comprendrais
facilement à peu près tout ce qu'il y a dans votre document et je
serais prêt à y souscrire sans difficulté. Mais nous ne
sommes pas dans le monde idéal que nous souhaiterions peut-être.
Nous sommes dans une réalité extrêmement
diversifiée. Je ne pense pas que certaines des propositions faites ici
seraient de nature à nous sortir harmonieusement de la difficulté
où nous sommes.
Cela dit, je vous pose le problème. Devant les faits que vous
donnez, devant les témoignages que vous apportez, est-ce que vous pensez
que le comité catholique fait fausse route sur certains points?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Avant de
répondre, Mme la présidente de l'Association des parents
catholiques, je dois vous rappeler que notre règlement me force à
demander le consentement unanime de cette Assemblée pour dépasser
le temps prévu. Sans cela, nous serons obligés de suspendre nos
travaux jusqu'à 20 heures. S'il y avait consentement unanime... Le
ministre m'a fait connaître son intention d'aller jusqu'à 18 h 25,
Mme la représentante de l'Opposition, a dit jusqu'à 18 h 15, moi
je suggérais 18 h 20.
Mme Blackburn: J'ai dit 18 h 25.
Le Président (M. Parent, Sauvé): 18 h 25 et le
ministre 18 h 15. Moi, je suggère 18 h 20. Est-ce qu'il y a consentement
des deux côtés? (18 heures)
Mme Blackburn: Si vous me laissez le reste, oui.
M. Ryan: Oui, oui.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Cela va. Alors, on
ajournera à 18 h 20. Mme la présidente, je m'excuse.
Mme Mathieu: Là, je suis contente que cet
événement se déroule en même temps que le synode sur
le laîcat, sur les laïcs. Vous avez parlé de nos
évêques. Nous sommes des laïcs et nos évêques
ont dit, dans leur dernière déclaration au sujet du projet de loi
3, qu'ils laissaient toute liberté aux parents et aux citoyens de se
prononcer sur ce projet de loi 3, qui met justement en place certains
éléments que nous rejetons des futurs règlements du
comité catholique.
Nous avons, à plusieurs reprises, rencontré nos
évêques, le comité épiscopal, et ils nous ont
toujours dit que, comme parents, nous avions le droit et le devoir de faire
valoir notre point de vue. Je me sens très respectueuse de nos
évêques même si je ne partage pas totalement leur
opinion.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous remercie,
Mme la présidente, et je reconnais...
Mme Mathieu: Mais je n'ai pas terminé. Des voix:
Ha! Ha!
Le Président (M. Parent, Sauvé)? Je m'excuse.
Mme Mathieu: Je n'ai pas terminé. Je voudrais revenir
quand même pour dire que ce n'est pas encore très clair. M. le
ministre de l'Éducation, est-ce que cela veut dire que vous allez
procéder selon les nouveaux règlements, s'ils sont adoptés
- espérons qu'ils ne seront pas acceptés en totalité -
à la mise en marche d'une reconnaissance nouvelle pour toutes les
écoles, d'une démarche de remise en question en fin de compte
pour toutes les écoles de la province? J'aimerais avoir une
réponse très claire à ce sujet parce que ce n'est pas
encore clair.
M. Ryan: Je suis content que vous souleviez la question parce que
je voulais justement préciser ce point-là, à la
lumière du projet de règlement. Je pense que le projet de
règlement ne conduit pas du tout à ce que vous
appréhendez. Vous avez demandé: Est-ce qu'on s'en va vers une
démarche immédiate qui obligera toutes les écoles à
redemander une reconnaissance comme catholiques? Il n'est pas du tout question
de cela dans le projet de règlement. Il n'est même pas question
d'une remise en question systématique et obligatoire du statut d'une
école, une fois qu'elle a obtenu une reconnaissance comme
catholique.
Tout ce que le projet de règlement prévoit, c'est que tous
les cinq ans il y aurait évaluation du vécu confessionnel. Vous
avez dit tantôt, si j'ai bien compris, que vous préféreriez
que cela se fasse tous les ans...
Mme Mathieu: Que ce soit libre à chaque école, mais
normalement cela devrait être fait tous les ans, mais ce n'est pas une
remise en question.
M. Ryan: Nous allons regarder ce point-là, parce que
d'autres nous ont fait des remarques dans le même sens. Nous allons
regarder cela avec le comité catholique, évidemment, parce que
l'initiative reste du côté du comité catholique.
Mais l'évaluation serait faite tous les cinq ans et suivie d'un
rapport, pas nécessairement d'une remise en question. Il va falloir
qu'il y ait une initiative dans le milieu pour qu'il y ait remise en question.
Il n'y a pas de remise en question systématique prévue dans ce
projet de règlement. Je pense que ce que le comité catholique a
voulu éviter, c'est qu'on institue une espèce de guerre
perpétuelle autour de ces questions. Je veux vous rassurer sur ce point.
Ce n'est pas de cela qu'il est question dans le projet de règlement.
Le Président (M. Parent, Sauvé); Merci.
Mme Mathieu: Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Mathieu: Est-ce que je peux continuer?
Le Président (M. Parent, Sauvé): La parole est
à Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Mathieu: Ah bon!
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Mme la
présidente, mesdames et messieurs, je faisais remarquer - je pense que
vous n'étiez pas dans la salle - lorsque le ministre n'est pas
très intéressé à entendre des réponses, il
fait de longues questions.
J'ai été étonnée, cependant, que cette
tactique vous soit aussi adressée. Je pensais qu'il aimerait vous
entendre davantage, d'autant que je pense que vous faites des efforts
considérables, il faut le reconnaître, à la fois pour
influencer les projets éducatifs des écoles, dans le sens de
renforcer le caractère catholique et, en même temps, vous faites
des efforts considérables qui ont des effets réels à
l'occasion, par exemple, d'élections scalaires. C'est tout à fait
votre droit et je pense qu'on doit reconnaître que vous y
réussissez assez bien.
Cependant, le ministre, voulant indiquer qu'il y avait un écart
entre l'Assemblée des évêques et votre organisme, nous
lisait une lettre de l'Assemblée des évêques. Je n'ai rien
entendu dans cette lettre qui me laissait voir que les évêques
estimaient que le règlement ne pouvait pas aller plus loin. Ils sont
heureux de ce qui s'y fait et ils ne disent rien dans la lettre nous
empêchant d'envisager qu'il aille aussi loin que ce que les parents
catholiques demandent. À présent, que les évêques se
réjouissent, qu'on ajoute des sommes pour faire de l'animation pastorale
dans les écoles, j'aurais le goût de dire au ministre: C'est tout
à fait normal surtout dans la période de compressions qu'on
connaît dans les écoles actuelles. Je comprends que j'aurais aussi
beaucoup de reconnaissance à l'endroit du ministre et j'imagine que
l'association des enseignants en français aussi aurait de la
reconnaissance si jamais on ajoutait des fonds pour qu'ils donnent un meilleur
enseignement.
Je pense qu'il n'y a rien de particulier dans cette lettre qui vient
contredire ce que vous avancez dans le mémoire. Cependant, je
vous avouerai simplement, comme dit le ministre, que, si votre attitude,
effectivement, avait pour effet d'amener le ministre ou le comité
catholique à réviser sa position, elle serait
particulièrement préoccupante. Vous tenez, à mon avis, je
n'irais pas dire un double discours, mais ce n'est pas clair pour moi. Vous
dites que le directeur de l'école devrait être catholique. Il est
inacceptable que les enseignants ne soient pas catholiques s'ils professent
dans une école catholique ou, à tout le moins, il faudrait qu'il
y en ait un certain nombre. Je ne sais pas si vous réalisez que cela
aurait des effets très discriminatoires à l'endroit de tous ceux
qui voudraient enseigner alors qu'ils n'ont pas la foi, qui sont
baptisés et qui n'ont pas la foi ou encore ceux qui ne l'ont
carrément pas, qui ne sont pas baptisés, mais qui ne partagent
pas nos croyances religieuses.
Par ailleurs, le ministre dit: J'ai assez expliqué à la
députée de Chicoutimi ce qu'était une école
commune, ouverte et catholique. L'impression que j'ai et ce qu'on nous a
laissé comme impression hier, c'est que l'école est catholique,
oui, et en renforçant le caractère catholique de l'école,
la présidente reconnaissait que cela pouvait avoir pour effet de
hâter l'avènement d'écoles autres, parce que cela va
être assez catholique dans son ensemble et dans son projet pour exercer
une pression additionnelle pour qu'on s'en aille vers un autre réseau,
mais vous y tenez aussi et cela m'a étonné. Comment pouvez-vous
concevoir votre projet d'école que vous dites catholique, j'allais dire
d'un mur à l'autre, ce qui est normal lorsqu'on est dans une
école catholique et en même temps vous dire ouverte aux
non-catholiques? Comment peut-on s'assurer du respect des non-catholiques dans
une école catholique?
Sommes-nous capables, au moment où on se parle, de maintenir
ensemble, dans nos écoles catholiques, à la fois le respect du
caractère catholique de l'école et le respect de ceux qui font le
choix de l'enseignement moral, parce qu'ils ne partagent pas les mêmes
convictions religieuses?
J'aimerais savoir également de vous ce que cela veut dire
être de foi catholique. Par exemple, je pense à votre directeur
d'école. On connaît les prises de position du pape, que vous
partagez. J'ai déjà eu l'occasion de vous l'entendre dire sur le
célibat des prêtres, le sacerdoce des femmes, le divorce,
l'avortement, la contraception, un certain nombre de règles comme
cela.
Est-ce à dire que, dans votre conception, être de foi
catholique, je le présume, c'est peut-être aussi porter le
message? Est-ce qu'on pourrait penser qu'un directeur d'école dans la
conception que vous vous en faites pourrait perdre son poste s'il
divorçait et se remariait? S'il vivait en concubinage, en union libre?
Qu'est-ce qu'il adviendrait d'un professeur dans votre école qui
enseignerait des méthodes de contraception?
Vous vous inquiétez devant l'hypothèse que des
écoles du réseau des commissions scolaires catholiques autres que
Québec et Montréal, parce qu'on sait qu'actuellement ce n'est pas
possible, mais des autres commissions scolaires puissent, par le biais de leur
communauté, demander un statut d'écoles non confessionnelles.
Vous dites: Cela ne devrait pas être laissé au milieu, ils sont
dans une commission scolaire catholique et cela ne devrait pas être
permis qu'on puisse requestionner le statut.
Cela fait beaucoup de questions, mais je vais vous dire que cela ne me
laisse pas indifférente, un mémoire comme cela.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
présidente.
Mme Mathieu: Alors, il y a beaucoup de questions en effet, je
vais prendre la dernière, lorsque... Pardon? Est-ce que j'ai la
parole?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Vous avez la
parole.
Mme Mathieu: Alors, voici. Lorsque vous parlez de mise en place
d'écoles non confessionnelles dans un milieu où il y a
pluralisme, ce qu'on propose depuis 20 ans, c'est qu'on offre dans ces milieux
un autre type d'école en disant aux parents: Si vous n'acceptez pas le
projet éducatif catholique de cette école avec les
activités et l'esprit que cela suppose, nous vou3 offrons un autre type
d'école, une école non confessionnelle. À ce moment, il
s'agit de faire enquête auprès de la population, on suppose qu'il
y a un besoin, pour connaître le besoin.
Si le parent non catholique... On l'a vécu à
Montréal à plusieurs reprises, il y a beaucoup de protestants qui
aiment beaucoup mieux une école catholique qu'une école non
catholique'. Il y a d'autres religions aussi. On parle de milieux pluralistes.
.Je vais me référer à une étude qui a
été faite par le comité catholique, il y a quelques
années, où on donnait le pourcentage des ethnies. C'était
presque 80 % des ethnies qui étaient de foi catholique dans les milieux
comme Montréal particulièrement. On notait les Italiens, les
Portuguais, les Espagnols, et plusieurs Français, des Belges, etc.
C'était en majorité des ethnies. Il y a beaucoup d'ethnies. On
parle parfois de 30 et de 40, mais c'est tellement un petit nombre quand on
regarde l'ensemble des ethnies dans une région comme Montréal. On
s'aperçoit que le problème concernant l'école c'est la
langue, ce n'est pas le problème en général de la
confessionnalité. Les personnes qui causent le
plus de problèmes dans nos écoles confessionnelles,
ordinairement ce ne sont ni des protestants, ni des gens d'autres religions,
à part quelques sectes. Ce sont des catholiques qui sont des dissidents,
et c'est une minorité. On le voit par les demandes pour l'enseignement
moral. Encore une fois, cette liberté, nous y croyons, mais nous voulons
qu'elle soit offerte comme réellement un choix plutôt que comme
une dévalorisation de l'école catholique.
Maintenant, il faut que j'arrive à votre autre question avant
celle-là. Concernant la direction de l'école, il ne s'agit pas
demander un billet de confession au directeur d'école. Je vais reprendre
la définition qui est déjà dans les règlements
actuels: Être de foi catholique signifie avoir été
baptisé dans l'Église catholique romaine et se déclarer de
foi catholique.
Je pense qu'on ne peut pas aller plus loin que cela quand il s'agit de
recrutement. C'est déjà beaucoup. Qu'on s'en tienne au
règlement actuel concernant les professeurs. Vous me dites: II y a un
problème dans le milieu. Il faut arriver à la
vérité. Nous connaissons le problème. Je travaille depuis
20 ans avec les parents du milieu. Je connais les problèmes. Mais je
dis: il faut que le choix du professeur catholique reste
préférentiel comme dans les anciens règlements. S'il y a
deux professeurs de préparation équivalente, je crois qu'une
commission scolaire catholique qui doit administrer actuellement selon notre
loi des écoles catholiques a le devoir d'embaucher le professeur qui va
chercher à réaliser le projet éducatif de son
école. Les règlements permettent actuellement d'embaucher un
autre directeur. Peut-être que celui de M. Ryan a été un
très bon directeur, à ce qu'il nous a dit. Alors, cela peut
arriver, c'est ouvert, c'est permis celai Ce n'est pas fermé. Ce qu'on
veut c'est garder un point de référence, un point de
repère. Que ce ne soit pas considéré comme n'ayant plus
d'importance. Vous savez comment la loi et les règlements peuvent
être éducateurs et comment ils peuvent changer les
mentalités. C'est reconnu de tous les temps. Ce n'est pas d'aujourd'hui.
Qu'on garde cet ancien règlement qui a fait ses preuves. Je sais qu'il y
a des problèmes Je vous l'ai dit tout à l'heure, mais cela ne
justifie pas le retranchement complet de l'article 22.
Qu'est-ce que c'était votre autre question?
Mme Blackburn: Est-ce que l'école actuelle peut à
la fois être respectueuse de ceux qui font le choix d'un enseignement
catholique et de ceux qui font le choix d'un enseignement moral?
Mme Mathieu: Bon! Là, on revient au gros problème
de la démocratie...
Mme Blackburn; ...au sens où M. le ministre l'entend?
Mme Mathieu: Oui, oui, c'est cela. Est-ce que dans nos pays
démocratiques on accepte que les majorités puissent se donner des
écoles selon leur foi et selon leurs orientations? En démocratie,
je pense que la loi de la majorité, c'est une loi qui n'est pas injuste
et qui est valable tout en cherchant des aménagements pour les
minorités. Alors, on a cherché des aménagements pour les
minorités quand on offre l'option à ceux qui sont dans
l'école catholique et qui ne veulent pas d'enseignement religieux. On ne
leur impose pas la pastorale. Mais, est-ce une raison pour respecter les
minorités si on enlève par exemple le statut catholique à
l'école? Il y a quand même à ce moment-là une grande
différence entre les deux possibilités. Alors, que l'on respecte
les minorités. Lorsque dans les milieux pluralistes ils sont en nombre
suffisant, quand ils ne désirent pas l'école catholique, qu'on
leur offre un autre type d'école. Quant aux raisons économiques,
il faudrait bien qu'on me fasse la preuve que cela va coûter bien cher.
C'est un autre discours, mais je ne pense pas qu'on le règle
aujourd'hui. Je ne pense pas que ce soit la raison la plus importante.
L'autre question, Mme Blackburn? (18 h 15)
Mme Blackburn: Peut-être juste dans le prolongement de ce
que vous venez de me dire, vous dites: On est prêts à respecter la
minorité, mais la démocratie veut que ce soit la majorité
qui dirige. Mais on sait qu'à la CECM, par exemple, dans certaines
écoles polyvalentes et primaires, particulièrement dans les
polyvalentes, c'est plus de 50 % des parents qui choisissent l'enseignement
moral. Que veut dire la majorité catholique à ce
moment-là?
Mme Mathieu: J'ai eu les statistiques, il y a deux jours, de la
CECM et la moyenne pour le cours de morale est de 13 %.
Mme Blackburn: Je dis, madame, dans certaines écoles, cela
m'a été confirmé hier et c'est à
SillerySaint-Foy.
Mme Mathieu: Oui. Bon.
Mme Blackburn: Alors, comme l'école a le droit de choisir
son statut...
Mme Mathieu: Mais là, vous posez un autre problème.
Les élèves de secondaire V, par exemple, très souvent
optent pour le cours de morale, mais aussi en même temps vont à la
pastorale. Ce n'est pas nécessairement un rejet du statut de
l'école. Il ne faut pas confondre les deux dimensions. C'est très
différent. En secondaire IV et V, très
souvent, on opte pour le cours de morale parce que le jeune dit: Cela
fait longtemps que j'ai des cours de catéchèse; c'est
nouveau» c'est intéressant; le professeur est bon au cours de
morale, enfin, toutes sortes de modifications. Mais ce n'est pas
nécessairement le voeu des parents, loin de là, mais on laisse
à l'enfant le choix, au jeune de 15 à 16 ans, et c'est ce qui se
produit souvent au secondaire V. Alors si une école a le secondaire III,
IV et V, il se peut que la moyenne augmente, mais les statistiques officielles
pour la CECM, c'est 13 % pour l'option morale actuellement.
Mme Blackburn: Donc, pour vous, si je résume votre
mémoire, ce qui serait souhaitable au Québec, ce seraient des
écoles catholiques, et les autres, on les organise ailleurs.
Mme Mathieu: Pas ailleurs, chez nous. Une voix: Dans le
même territoire.
Mme Blackburn: Évidemment, je n'avais pas pensé
qu'on les enverrait quelque part en Ontario, à l'étranger.
À Chicoutimi, peut-être qu'on ferait preuve de certaines
ouvertures qu'il semble difficile à avoir là.
Mme Mathieu: Tout simplement, dans un milieu donné...
Mme Blackburn: Madame, je voudrais bien faire comprendre ma
question. Vous dites: II faudrait faire reconnaître l'école
catholique et arrêter... Je suis obligée d'interpréter
votre mémoire de cette façon-là: C'est catholique; donc,
cela devrait l'être et renforçons le règlement du
comité catholique. Ce qui est votre droit, je respecte votre opinion.
Vous disiez tantôt: Ceux qui veulent faire un choix autre, qu'on leur
construise des écoles autres.
Mme Mathieu: Qu'on utilise celles qui ne servent pas.
Mme Blackburn: C'est bien. Cela correspond à ce que je
disais.
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordrel
Je suis très tolérant, très permissif. Tout à
l'heure je vous ai laissé faire, mais cela fait la troisième
fois. Il est absolument défendu, il n'est absolument pas permis de
manifester de quelque façon que ce soit à l'Assemblée
nationale, n'importe où, même à une commission
parlementaire. Je comprends votre enthousiasme, votre engagement, mais je ne
peux pas le permettre.
Madame, nous vous écoutons rapidement si vous voulez
conclure.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président.
Voyez-vous, lorsque les applaudissements viennent encourager le
ministre, il est un peu plus tolérant; cela lui prend au moins trois
fois.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Madame, je ne peux
pas accepter une telle remarque et vous demande de faire en sorte que...
Mme Blackburn: Vous ne le faites pas. D'accord.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui, parce que je
ne peux absolument pas accepter cette remarque. Je suis très
peiné et très offusqué qu'elle vienne de vous,
plutôt que n'importe quel membre de cette commission.
Mme Blackburn: Vous allez développer chez moi un sentiment
de culpabilité, M. le Président.
Je ne savais pas comment réagir tout à l'heure. Je dois
vous dire: Autant je peux partager vos préoccupations, autant je serais
profondément inquiète si on se donnait au Québec des
écoles si peu ouvertes que cela finirait pas "ghettoïser" - je
n'aime pas beaucoup le terme faire des ghettos des catholiques quelque
part, par manque d'ouverture. En étant, comme on le dit
généralement, plus catholique que le pape, on risque d'avoir
l'effet contraire. Je trouve tannant de devoir le répéter, je
suis baptisée et profondément croyante, et j'ai de la
difficulté à concevoir, à harmoniser vos positions avec
celles de l'Église qui parle beaucoup d'oecuménisme, d'ouverture.
Quand le pape est venu - et même la dernière fois - il n'a pas
rencontré que des personnes qui partageaient ses orientations et sa
conception de l'Eglise et de la morale chrétienne. Quand j'ai dit que
j'étais impressionnée par le mémoire, que cela ne me
laisse pas indifférente, je voudrais bien qu'on comprenne le sens de mon
intervention. Ce serait particulièrement préoccupant si an allait
plus loin. On va déjà très loin par rapport aux
règlements du comité catholique. On installe une situation qui va
finir par créer de l'intolérance. Plutôt que de ramener la
communauté chrétienne dans le giron de la communauté
chrétienne et à la pratique, on risque de l'en
éloigner.
Le Président (M- Parent, Sauvé): Je vous invite
à conclure, Mme la députée.
Mme Blackburn: Je parle comme une chrétienne membre de
l'Église catholique, madame. Je respecte votre opinion et je vous
remercie quand même d'avoir accepté de venir nous la
présenter. Je voulais juste vous poser une dernière petite
question. Est-ce que le comité catholique vous avait
consultés au moment de la rédaction du
règlement?
Mme Mathieu: C'est-à-dire que nous avons lu dans les
journaux que le comité catholique était à préparer
un nouveau projet de règlement.
Le Président (M. Parent; Sauvé): Est-ce que les
gens du comité catholique vous ont consultés?
Mme Mathieu; À ce moment-là, nous n'avons pas
reçu de demande.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Vous n'avez pas
été consultés?
Mme Mathieu: Non, pas officiellement, mais nous avons
décidé de procéder à une étude du projet de
règlement. Nous en avons demandé des coptes.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, madame. Au
nom des deux formations politiques, vous avez...
Une voix: M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Deux minutes.
Parce que je l'ai permis à Mme la députée.
M. Ryan: Oui. C'est normal qu'on puisse dire un mot en
conclusion. C'est le régime que nous avons. Je voudrais remercier
l'Association des parents catholiques de sa présentation. Je pense que
vous nous avez aidés à mieux saisir certains articles du projet
de règlement qui avaient provoqué des malentendus, soit chez
vous, soit même chez plusieurs autres qui sont venus nous voir, soit
même chez nous. Vous nous avez aidés à voir plus
clairemement la portée de certains articles. J'ai pris note de
l'insistance que vous mettez sur certains points particuliers. On va y penser
de la manière la plus consciencieuse possible. Je voudrais que vous
sachiez que c'est toujours très agréable pour nous de vous
retrouver.
Avant de terminer, je voudrais juste donner un petit point, vu qu'on en
a parlé toute la journée. Ce sont les inscriptions en
enseignement moral et religieux catholique. On m'a remis des statistiques
là-dessus au cours de la journée. Pour l'année 1986-1987,
la dernière que nous ayons pour l'ensemble du Québec, le total
était 86,55 % des élèves qui sont inscrits à
l'enseignement moral et religieux catholique - des élèves
inscrits dans les écoles catholiques évidemment. Au primaire,
c'est 92.15 % et au secondaire c'est 77,07 %, Cela donne une idée.
À Montréal, le pourcentage est probablement différent.
C'est peut-être plus autour des deux tiers que de 77 %. Mais on aura des
statisques précises. Nous les avons, mais je ne veux pas avancer des
chiffres. Ce que je dis est purement hypothétique. Je donne cela
à titre d'information.
Je voudrais juste ajouter une dernière remarque très
brève, parce que la députée de Chicoutimi, à
plusieurs reprises, a semblé s'inquiéter. Une personne qui serait
qualifiée pour donner l'enseignement religieux pourrait être mal
indiquée pour donner l'enseignement moral non confessionnel. Je
récuse cette position. Je pense que nous avons un programme
d'enseignement moral qui est le même dans toutes les écoles du
Québec.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous invite
à conclure, M. le ministre.
M. Ryan: Je pense qu'une personne, même si elle est
qualifiée pour enseigner la religion, peut très bien être
qualifiée pour enseigner le programme comme il est. Peut-être
qu'on pourrait changer le programme, mais comme il est, elle peut être
très bien qualifiée pour l'enseigner. On ne demande pas
d'adhésion religieuse. Je ne voudrais pas que cette impression se
répande que, parce qu'on est bon ou qualifié en matière
religieuse, on ne serait pas capable de donner un bon cours de morale
naturelle. Je pense qu'on pourrait le donner. C'est mon opinion.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme Mathieu, nous
vous remercions beaucoup. La commission parlementaire sur l'éducation
suspend ses travaux jusqu'à ce soir 20 heures. J'invite les membres
à être présents ici, ce soir à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 25)
(Reprise à 20 h 12)
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît! Veuillez prendre place. La commission parlementaire de
l'éducation va commencer ses travaux. J'inviterais les membres de
l'Association québécoise des conseillers au service de
l'éducation chrétienne à prendre place, s'il vous
plaît.
La commission parlementaire de l'éducation accueille, comme je le
disais tout à l'heure, l'Association québécoise des
conseillers au service de l'éducation chrétienne. L'association
est représentée par M. Jean-Guy Tremblay, qui en est le
porte-parole, je crois?
M. Otis (Jacques): Jacques Otis.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. Jacques Otis en
est le porte-parole, accompagné de M. Jean-Guy Tremblay.
Mesdames et messieurs, la commission parlementaire de l'éducation
vous remercie d'avoir répondu à son invitation de venir nous
faire connaître votre témoignage concernant les projets de
règlement des comités catholique et protestant du Conseil
supérieur de l'éducation.
La commission parlementaire doit vous accorder une heure que nous vous
suggérons de répartir comme suit: Une quinzaine de minutes pour
la présentation de votre mémoire et le reste du temps se passera
en échanges entre les membres de la commission et vos porte-parole. M.
Otis, si vous voulez nous présenter les gens qui vous accompagnent et
enchaîner, nous vous écoutons.
M. Otis: Permettez-moi au début de vous présenter
les personnes qui m'accompagnent. À ma gauche, M. Jean-Guy Tremblay,
conseiller en éducation chrétienne à la commission
scolaire des Découvreurs; soeur Marielle Lavoie, conseillère en
éducation chrétienne à la commission scolaire Laure-Conan
et M. André Matte, conseiller en éducation chrétienne
à la commission scolaire régionale Louis-Fréchette.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Madame, messieurs,
bienvenue.
Association québécoise des conseillers
au service de l'éducation chrétienne
M. Otis: Nous voulons d'abord vous remercier pour l'occasion que
vous nous donnez ce soir de prendre la parole, d'exprimer le point de vue des
conseillers et conseillères en éducation chrétienne du
Québec sur ce projet de règlement du comité catholique sur
la reconnaissance des écoles publiques comme catholiques.
Notre association regroupe des professionnels de l'éducation
chrétienne, des conseillers et des conseillères qui ont une
responsabilité particulière spécifique dans les
commissions scolaires en regard du dossier sur l'éducation
chrétienne. C'est à eux et à elles notamment qu'il revient
habituellement de veiller à ce que les règlements du
comité catholique soient bien connus, bien compris et bien
appliqués dans leur milieu. C'est donc dire tout l'intérêt
que nous portons à la publication de ce projet de règlement, de
la part du comité catholique.
Dans notre mémoire, nous voulons d'abord reconnaître le
très grand intérêt que nous portons è l'égard
de ce projet de règlement. C'est un projet de règlement
très attendu, un projet de règlement attendu depuis longtemps de
la part des conseillers, conseillères en éducation
chrétienne et un projet de règlement qui est bien accueilli.
Toutefois, parce que nous sommes des praticiens, praticiennes sur le
terrain, des gens qui doivent veiller quotidiennement à la gestion
concrète du dossier d'éducation chrétienne, nous voulons,
dans notre mémoire soumis à la commission parlementaire, vous
présenter un certain nombre d'observations, de questions, de
clarification qui visent principalement à préciser
l'interprétation de certains articles.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. Otis j'aimerais
vous poser une question. Est-ce que vous avez l'intention de lire le
mémoire ou d'en donner un résumé?
M. Otis: J'avais l'intention de faire un survol très
rapide du mémoire comme tel pour qu'on puisse prendre connaissance des
principales articulations...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Très
bien.
M. Otis: ...quitte à sauter à l'occasion quelques
passages qui sont moins importants.
Le Président (M. Parent, Sauvé): D'accord, je vous
remercie.
M. Otis: Alors, nous avons donc quelques observations
générales, quelques questions qui sont plutôt des questions
d'éclaircissement sur le projet de règlement et quelques
recommandations précises, notamment des recommandations qui visent
à garantir de façon plus solide, plus précise, le
rôle, le statut des conseillers en éducation
chrétienne.
Nous regroupons nos observations autour de quatre grandes observations
générales et un certain nombre d'observations
particulières en regard de chacun des articles du projet de
règlement.
Une première observation générale. Nous trouvons
que ce projet de règlement présente une conception ouverte de la
confessionnalité scalaire. Depuis la publication de son règlement
de 1974, le comité catholique du Conseil supérieur a toujours
suivi fidèlement, il me semble, une même ligne de conduite
dictée par deux grands objectifs que certains vont juger contradictoires
mais que nous jugeons nous, complémentaires, à savoir: permettre
à l'école catholique d'affirmer, voire même d'affermir son
caractère propre et articuler ce caractère propre de
l'école catholique avec son caractère public, c'est-à-dire
veiller à ce que cette école soit réellement accueillante
au pluralisme grandissant de notre société.
Une école peut à la fois être publique, ouverte
à tous et à toutes et être catholique. C'est là la
conviction du comité catholique et c'est aussi la nôtre.
Le comité catholique le répète depuis
de nombreuses années. Une école catholique, c'est d'abord
une école ouverte, une bonne école, une école qui est
soucieuse de la formation intégrale de la personne. Le projet de
règlement qui est mis de l'avant par le comité reflète
cette conception ouverte de l'école publique, école reconnue
comme catholique. Une école d'abord soucieuse de dispenser une
éducation de qualité à tous ceux et celles qui la
fréquentent. Le comité catholique me semble soucieux de ne pas
verrouiller le système, de le rendre vrai, respectueux d'un monde en
évolution.
Deuxième remarque, le projet de règlement favorise, a
notre avis, un projet éducatif centré sur des valeurs humaines
fondamentales. Ce qui fait le spécifique d'une école catholique,
c'est à vrai dire ce qu'on appelle souvent aujourd'hui le projet
éducatif de cette école. Un projet qui intègre vraiment
les valeurs et les croyances de la foi catholique.
Dans une école catholique, l'Évangile et la foi
chrétienne interprétée par la tradition catholique ont un
rôle de point de référence qui inspire les valeurs, les
règlements et les autres aspects de la vie scolaire. Â ce propos,
le projet de règlement est assez clair. On perçoit une
volonté très nette de la part du comité catholique de
faire en sorte que l'école catholique soit d'abord ouverte,
centrée sur des valeurs humaines fondamentales, valeurs humaines qui
sont universellement partagées.
Troisième remarque, le projet de règlement
présenté par le comité répond à des besoins
réels, pressants, concrets. Dans ce projet de règlement, on
remarque surtout certaines prescriptions susceptibles d'améliorer
grandement la situation actuelle de l'enseignement moral et religieux
catholique. Les articles 16 et 17 notamment qui définissent avec plus de
précision les qualifications nécessaires pour dispenser
l'enseignement moral et religieux catholique répondent, a notre avis,
à un besoin réel et pressant. D'ailleurs, a de multiples
reprises, depuis la publication de Voies et impasses 3, en 1974, le
comité catholique a signalé que des redressements vigoureux
étaient à opérer dans ce domaine, et il a l'appui entier
de l'association sur ce point.
À propos d'animation pastorale, le projet de règlement
s'en tient, croyons-nous, à ce qu'on pourrait considérer comme
des services minimaux pour ne pas dire des services essentiels. Enfin,
l'association recommande au comité catholique d'élargir la
perspective de son projet de règlement. Ce que nous voulons, c'est un
vrai règlement. Un règlement qui s'applique. Un règlement
qui a un caractère contraignant. Un règlement qui établit
des critères minimaux en vue de la reconnaissance, comme catholiques,
des écoles publiques.
Mais nous vouions aussi, d'autre part, que la reconnaissance juridique
appuie et soutienne le développement et la poursuite d'un projet
éducatif qui n'est jamais, selon le comité catholique, une
réalité assurée. C'est le sens des deux premières
recommandations que nous faisons au comité: Que le comité
catholique ajoute à son projet de règlement un certain nombre de
commentaires ou notes explicatives qui soient utiles à son
interprétation; deuxièmement, que le comité catholique
fasse publier un guide de gestion précis et complet des écoles
publiques reconnues comme catholiques.
Nous ferons maintenant quelques observations sur les différents
articles que nous avons commentés dans notre mémoire. Le premier
article, article 1, qui porte sur la reconnaissance par le comité
catholique, l'association est d'accord avec cet article» Elle estime
toutefois que le conseiller ou la conseillère en éducation
chrétienne a un rôle professionnel spécifique important
à remplir au moment de la reconnaissance du caractère catholique
des écoles de la commission scolaire. C'est pourquoi nous avons une
recommandation sur ce sujet.
Nous nous posons aussi certaines questions de clarification, notamment
la suivante: est-ce que le pouvoir de reconnaître, qui est affirmé
dans l'article 1, implique aussi le pouvoir de révoquer? On remarque que
le présent projet de règlement est totalement muet à
propos de cette question délicate de la révocation du statut
confessionnel de l'école publique. L'ancien règlement semblait
plus contraignant que celui-ci. Il établissait des conditions
précises pour le maintien de la reconnaissance. C'était l'ancien
article 3. Il parlait de la possibilité de révoquer la
reconnaissance de l'article 4. Il parlait de la possibilité de
reconnaître sur une base temporaire à l'article 5. On ne retrouve
plus rien de cela dans le nouveau projet de règlement.
L'article 2 qui porte sur les procédures de la reconnaissance,
dont consulter le comité d'école, consulter les parents, etc.
L'association est en accord complet avec cet article qui met bien en
évidence le fait que la reconnaissance du caractère catholique
d'une école, ce n'est pas l'affaire d'une seule entité ou de
quelques personnes seulement. Il ne faudrait pas que, par exemple, quelques
parents seulement soient consultés en vue d'une reconnaissance juridique
d'une école comme catholique. Nous voulons aussi que le comité
catholique détermine des conditions communes et des modalités
précises de consultation. Enfin, que le projet de règlement
explicite dans des commentaires la valeur qui est sous-jacente à cet
article, à savoir, une véritable volonté de
démocratisation des requêtes en matière de
confessionnalité scolaire. Il semble que c'est un pas de plus que veut
nous présenter le comité catholique dans ce projet de
règle-
ment. Il veut vraiment favoriser une évolution du
système.
L'article 4 porte sur le projet éducatif de l'école
catholique. Cet article, il nous semble très important. Il
définit ce qui constitue en réalité le spécifique
d'une école catholique, le fait qu'elle intègre les croyances et
les valeurs de la religion catholique dans son projet éducatif et
qu'elle s'affiche comme telle. Nous avons quelques suggestions sur la
formulation des articles. Nous souhaitons surtout que des commentaires au
règlement fournissent ici une courte synthèse des valeurs
fondamentales à inclure dans le projet éducatif d'une
école publique reconnue comme catholique. Nous en avons signalé
quelques-unes ici qui sont reprises d'un document du comité catholique.
Il nous semble que d'inclure ceci dans le projet de règlement, soit dans
des notes explicatives, soit dans le contenu d'un article, aurait l'avantage de
démystifier certaines perceptions étroites ou
étriquées de l'école catholique qui circulent parfois.
L'article 5 porte sur les programmes et le matériel didactique
à utiliser dans une école catholique. Notre association appuie
à nouveau cet article fort important. Elle s'interroge toutefois sur son
application concrète. En effet, que faut-il entendre par matériel
didactique? Est-ce que, par exemple, le matériel qui est souvent
publié et distribué dans les écoles du Québec par
toutes sortes d'organismes gouvernementaux ou autres ne devrait pas, lui aussi,
être approuvé par le comité catholique? Nous souhaitons que
des commentaires à cet article 5 en indiquent le sens et la
portée.
L'article 6 porte sur la responsabilité des directeurs
d'école catholique. Nous sommes à nouveau en accord avec cet
article. Il met bien en évidence le rôle du directeur ou de la
directrice d'une école publique reconnue comme catholique. Nous croyons
toutefois qu'il faudrait mieux situer ici le rôle du conseiller ou de la
conseillère en éducation chrétienne. Dans l'ancien
règlement de 1974 qui, bien sûr, s'applique encore, il y avait une
note explicative qui reprend en gros le contenu de notre recommandation. Cette
note explicative disait très bien que l'animation, la coordination,
l'orientation et l'évaluation des activités d'enseignement
religieux et d'animation pastorale sont la responsabilité des
conseillers et des conseillères en éducation chrétienne
qui collaborent, aux différents paliers de l'organisation scolaire, avec
les responsables des projets scolaires. Nous trouvons que cette expression
précise mieux la réalité du rôle des conseillers et
des conseillères en éducation chrétienne dans les
commissions scolaires. Il nous semble que ces précisions sont aussi
très importantes et d'autant plus nécessaires que, selon la
lettre du projet de règlement, un directeur ou une directrice d'une
école publique reconnue comme catholique peut ne pas être de foi
catholique.
L'article 7 porte sur l'analyse du vécu confessionnel tous les
cinq ans. Notre association est tout à fait d'accord avec cet article du
projet de règlement qui rappelle le fait qu'une école catholique,
c'est une réalité vivante, une réalité en
évolution constante. De plus, l'article souligne bien qu'une
concertation est à instaurer avec les conseillers et les
conseillères en éducation chrétienne. Nous nous demandons
s'il ne faut pas, par exemple, mieux situer la perspective dans laquelle sera
vécue cette opération d'analyse du vécu confessionnel de
l'école. Est-ce que c'est une perspective juridique en vue de la
reconnaissance ou plutôt une perspective éducative? Selon la
lettre du projet de règlement, l'évaluation du vécu
confessionnel d'une école ne remet pas en cause son statut
confessionnel. Si c'est vraiment l'esprit du projet de règlement, il
faudrait, nous semble-t-il, l'indiquer au moins en commentaire et indiquer
aussi les objectifs précis d'une telle opération d'analyse. Si
cette opération d'analyse a un lien quelconque avec la reconnaissance,
il faudrait aussi, croyons-nous, qu'il en soit question à l'article
2.
L'article 8 porte sur l'option entre l'enseignement religieux catholique
et l'enseignement moral. Â nouveau, nous appuyons totalement cet article.
Il est essentiel, croyons-nous, qu'une personne qui ne partage pas la foi
catholique sache très clairement que l'école catholique lui est
quand même grande ouverte.
À propos de l'article 10 où il est question de
l'encadrement de petits groupes inférieurs à quinze
élèves, nous nous posons certaines questions. Vous les avez dans
le mémoire que nous présentons. Nous constatons que, dans la
pratique, beaucoup de commissions scolaires réussissent à
organiser des cours pour des groupes souvent bien inférieurs à
quinze élèves et nous ne voudrions pas que le nouveau
règlement du comité catholique entraîne une espèce
de recul sur cette question, parce que les conseillers et les
conseillères en éducation chrétienne ont beaucoup fait
dans le passé afin qu'il y ait vraiment une équité pour
les élèves venant d'autres confessions religieuses.
À propos des articles 11 et 12 qui portent sur le temps
d'enseignement en enseignement moral et religieux catholique ou en enseignement
moral, nous constatons une réduction importante, environ 20 %, du temps
consacré à l'enseignement moral et religieux catholique ou
à l'enseignement moral par rapport aux prescriptions de l'ancien
règlement de 1974. Aussi, on s'interroge sérieusement ici sur le
sens du mot "minimum" dans ces deux articles du
projet de règlement. Nous voulons vraiment savoir comment
interpréter ce minimum de temps qui doit être consacré
à l'enseignement moral et religieux catholique. Il nous semble que ce
temps minimum prescrit par les articles 11 et 12 devrait être
consacré exclusivement à des activités reliées au
programme d'études.
L'article 13. Nous ne sommes pas d'accord avec l'abolition de
l'enseignement moral et religieux catholique pour les classes d'enseignement
professionnel, nous l'avons signalé dans notre mémoire.
Peut-être que là, le comité catholique n'avait pas grand
choix parce que c'était un règlement déjà
adopté. En tout cas, nous exprimons notre point de vue sur cette
question. (20 h 30)
L'article 14 porte sur le temps prescrit qui doit être
distribué salon un agencement et à un rythme approprié
à la pédagogie, aux besoins des élèves et au projet
éducatif de l'école.
Nous posons simplement des questions d'interprétation. Comment
faut-il interpréter cet article? Il reprend en gros l'ancien article 9
du règlement de 1974. Beaucoup de conseillers et de conseillères
en éducation chrétienne se sont servis de cet ancien article 9,
mais ils l'interprétaient de différentes façons. Nous
croyons qu'il serait important que le comité catholique précise
des interprétations possibles à ce nouvel article 14 pour en
indiquer le sens et la portée.
L'article 15 porte sur l'évaluation des élèves. Il
nous semble évident que chaque élève devra être
évalué en enseignement religieux comme en d'autres
matières.
Les articles 16 et 17 portent sur les qualifications des enseignants et
des enseignantes. Nous avons déjà donné un accord
très global à ces nouvelles prescriptions du comité
catholique sur les qualifications des enseignants et des enseignantes. Nous ne
posons ici que quelques questions d'éclaircissement. L'ancien
règlement qui définissait ce qu'était être de foi
catholique nous semblait plus clair. Ce règlement disait, à
l'alinéa c de l'article 1: être de foi catholique veut dire
être baptisé, se déclarer de foi catholique. Il nous
semblait que c'étaient des façons plus "gérables" de
préciser le règlement.
Nous sommes tout à fait d'accord avec des critères de
qualification plus élevés pour l'enseignement moral et religieux
catholique dans les écoles. Nous croyons que les nouveaux programmes
d'études en enseignement moral et religieux catholique du secondaire
exigent une solide formation de la part des enseignants et des enseignantes,
que les exigences différentes selon les deux cycles du secondaire sont
aussi pertinentes, qu'elles s'accordent bien avec la réalité des
programmes d'études au secondaire. Nous croyons nécessaire aussi
de veiller à ce que la formation universitaire soit réellement
reliée au contenu des programmes d'études à dispenser, ce
qui n'est pas toujours le cas.
Nous recommandons également que le comité ajoute un autre
article à la suite de l'article 17, un article qui consacrerait un
rôle spécifique au conseiller ou à la conseillère en
éducation chrétienne lors de l'embauche ou lors de l'affectation
des enseignants ou des enseignantes chargés de dispenser l'enseignement
moral et religieux catholique dans une école.
Nous sommes aussi d'accord avec l'article 18 qui porte sur la
conformité donc au programme approuvé. Nous recommandons que le
projet de règlement prévoie aussi ce qui devrait se passer dans
l'éventualité où un enseignant ou une enseignante
persisterait à dispenser un enseignement moral et religieux catholique
non conforme aux exigences des programmes approuvés. L'article 25 de
l'ancien règlement nous apparaissait plus clair sur cette question.
L'article 19 porte sur les services complémentaires en animation
pastorale; nous avons ici quelques questions. Nous voudrions que le
comité catholique précise certains services minimaux en termes de
temps ou en termes de ratio animateur/élève. Il nous semble que,
dans un règlement qui exprime des exigences minimales en vue de la
reconnaissance, il y aurait lieu que le comité catholique donne ici
quelques exigences minimales en termes de services minimaux d'animation
pastorale dans les écoles confessionnelles.
L'article 20 porte sur la description des services
complémentaires en animation pastorale. Nous faisons une suggestion de
remplacer cet article par un article qui donne une formule plus
générale. Aussi, nous tenons à conserver une description
des services en animation pastorale; plusieurs conseillères et
conseillers tiendraient, semble-t-il, à ce qu'il y ait une description
de la tâche des services complémentaires en animation pastorale.
Nous voudrions que cette description soit davantage compatible avec ce que
d'autres documents officiels du comité catholique ont déjà
présentés.
Les articles 21 et 22 portent sur les qualifications des animateurs de
pastorale et nous sommes tout à fait d'accord. Nous voudrions que le
conseiller ou la conseillère en éducation chrétienne
participe à nouveau à la sélection et à l'embauche
des animateurs et des animatrices de pastorale.
L'article 23 porte sur l'agrément des personnes qui collaborent
à l'animation pastorale. Nous croyons que le CEC, le conseiller ou la
conseillère en éducation chrétienne, pourrait
agréer au nom de la commission scolaire.
L'article 24; à nouveau, nous voulons que le rôle du
conseiller ou de la conseillère
en éducation chrétienne soit mieux affirmé à
l'occasion de cet article.
À propos des fonds à affecter en animation pastorale, nous
sommes à nouveau en accord avec cet article. Nous suggérons
d'ailleurs au comité catholique de proposer un montant minimum pour ces
fonds.
L'article 26 porte sur la question de local et de bureau; nous sommes
d'accord, à nouveau, avec cet article. Nous constatons que dans le
projet de règlement pour la reconnaissance des institutions
privées comme catholiques, il y a un bureau aussi pour l'animateur de la
pastorale du primaire. Alors nous aimerions que cet article soit inclus dans la
formulation de l'article 26. Voilà, c'est tout. J'espère que je
n'ai pas été trop long. Merci.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski):
Merci, M. le président. Je demande donc au ministre de
l'Éducation d'enchaîner, s'il vous plaît?
M. Ryan: M. Otis, je vous remercie des commentaires dont vous
nous avez fait part. Il s'agit de commentaires très fonctionnels et
très collés au texte du projet de règlement. 11 sera assez
facile d'en discuter parce qu'ils ne nous éloignent pas du sujet.
Avant qu'on entre plus loin dans la discussion, j'aimerais
peut-être vous demander de nous fournir des précisions sur le
statut et le rôle du conseiller en éducation chrétienne
à la commission scolaire. Combien y a-t-il de membres dans votre
association, d'abord? Deuxièmement, dans quelle mesure le conseiller en
éducation chrétienne est-il affecté uniquement à
cette tâche à la commission scolaire? Â quelle sorte d'autre
tâche peut-il être affecté? Quels sont ses rapports avec les
écoles?
M. Otis: En réponse à la première question,
notre association regroupe 170 conseillers et conseillères en
éducation chrétienne et conseillers et conseillères
pédagogiques en enseignement moral et religieux catholique.
Ce sont des personnes qui, dans les commissions scolaires, sont les
porteurs et les porteuses du dossier global de l'éducation
chrétienne. Alors c'est à eux qu'il appartient de voir à
ce que l'enseignement religieux soit donné conformément aux
prescriptions des règlements du comité catholique, de voir
à ce que l'animation pastorale aussi soit présente et active. Le
conseiller et la conseillère ont un rôle d'animation auprès
des animateurs et animatrices de pastorale dans les écoles. Ils animent
aussi, ils perfectionnent les enseignantes et enseignants en enseignement moral
et religieux catholique. Ils ont aussi un rôle conseil auprès de
la direction générale des commissions scolaires. Alors, le
conseiller et la conseillère en éducation chrétienne
avisent le directeur ou la directrice générale des commissions
scolaires sur toute question qui porte sur l'éducation chrétienne
en général. Alors c'est une responsabilité globale du
dossier en éducation chrétienne dans la commission scolaire. Le
conseiller ou la conseillère en éducation chrétienne est
aussi quelqu'un qui est mandaté par l'évêque du
diocèse pour exercer cette tâche dans la commission scolaire.
M. Ryan: Très bien. À propos de la procédure
de reconnaissance du statut d'une école comme catholiques vous insistez
pour qu'il y ait des conditions de consultations qui soient définies
à l'échelle provinciale par le comité catholique. Cet
après-midi, nous avons entendu - je ne sais pas si vous étiez ici
- l'Association des directeurs généraux des commissions scolaires
catholiques nous recommander qu'il n'y ait pas de condition commune, qu'on se
fie plutôt sur l'inventivité, l'initiative de chaque
commission scolaire et de chaque école pour assurer que les
consultations se feront d'une manière convenable. Vous insistez pour
qu'il y ait des conditions à l'échelle de tout le Québec.
Pourriez-vous nous dire pourquoi et le genre de conditions que vous
entrevoyez?
M. Otis: II nous apparaît que la reconnaissance comme
catholique d'une école, c'est quelque chose d'important, que cela ne
concerne pas qu'un petit groupe. Il ne faudrait pas que quelques parents
seulement soient consultés, par ' exemple. Alors, les conditions
pourraient être de l'ordre suivant. Si une assemblée publique est
prévue en vue d'un vote à propos de la démarche de
reconnaissance, que le comité catholique suggère un quorum des
parents qui seraient présents à cette assemblée
générale. Cela pourrait être une modalité
précisée, au moins suggérée par le comité
catholique. Ou, si un formulaire doit être rempli par les parents, qu'un
nombre minimum de formulaires recueillis soit exigé, par exemple, que 60
% des parents retournent le formulaire, ou un autre chiffre, qu'on
étudie la question. Il nous semble que c'est quelque chose qui devrait
s'exercer un peu de la même manière partout pour éviter que
dans un cas une école soit reconnue catholique parce que 20 % ou 25 %
des parents qui se sont présentés à une réunion ont
voté pour ou avec une majorité de 60 ou de 52 %. Il faudrait que
ce soit un consensus plus large. Il nous apparaît que le comité
catholique est celui qui est le mieux placé pour déterminer les
critères communs, généraux. C'est dans ce sens que nous
suggérons très fortement que le comité catholique
établisse des modalités précises de consultation en vue de
la demande de reconnaissance.
M. Ryan: Vous parlez de l'opération évaluation
quinquennale prévue à l'article 7. Je pense pouvoir
présumer que vous considérez que le personnel enseignant devrait
pouvoir participer à cette opération, comme il le ferait à
la consultation d'ailleurs. Il y a cela dans votre mémoire, vous
n'auriez pas d'objection à cela?
M. Otis: Non.
M. Ryan: Nous avons été saisis de recommandations
cet après-midi. Certains nous ont dit qu'il serait mieux que cette
opération se fasse régulièrement à tous les ans, en
même temps qu'on fait l'évaluation de l'ensemble du projet
éducatif, plutôt que de faire cela seulement une fois à
tous les cinq ans et d'isoler cette opération des autres. Je ne sais pas
ce que vous en pensez. Pensez-vous que tous les cinq ans, c'est la bonne
périodicité? Pensez-vous, secondement, que c'est une bonne chose
d'isoler cette opération de l'ensemble de l'opération
évaluation de l'école, qui incombe normalement à la
direction, à ses collaborateurs et aux autres intervenants?
M. Otis: On ne s'est pas penché sur cette
hypothèse-là, comme groupe de conseillers et conseillères
en éducation chrétienne. Remettre en question la
confessionnalité de l'école à tous les ans nous
apparaît beaucoup. On voudrait que ce soit une opération
sérieuse, une opération qui fasse une consultation assez large
des différents intervenants dans le milieu scolaire. Tous les cinq ans,
cela pourrait être plus, cela pourrait être moins, c'est un chiffre
sur lequel on ne s'est pas penché précisément. Qu'une
école se penche sur son projet éducatif sous l'angle de
l'éducation chrétienne, il nous semble que c'est important.
Peut-être que d'autres collègues auraient des opinions à
dire là-dessus, mais on ne s'est pas penché
précisément sur cette question.
M. Tremblay (Jean-Guy): II nous semble qu'il y a un aspect
très concret de la gérance à ce niveau. Dans une
commission scolaire où il y a 20, 22 écoles où il faut
refaire cette évaluation, et si elle est conséquente à ce
que nous avons proposé, qu'elle soit dans une démarche un peu
provinciale pour donner une équité pour chaque école un
peu partout, tous les ans, cela me paraît trop. Concrètement, la
tâche va venir beaucoup de la part du CEC. Dans ma commission scolaire,
j'ai présenté un schéma, une démarche pour la
reconnaissance de trois écoles: Une école qui vient de se faire
construire, une école qui vient de changer de statut et une école
qui avait son statut confessionnel depuis cinq ans. Déjà j'ai eu
peu de temps pour faire toutes ces démarches, cela va être
nouveau, il faut que ce soit équitable et sérieux. Cela ne
paraît pas réaliste de faire cela tous les ans. Le "shifting",
comme disait Jacques, peut se faire plus ou moins, mais faire cela tous les
ans, avec les fonctions de chacun, que ce soit les parents, les directeurs
d'école, le personnel, la commission scolaire, c'est toute une
opération qu'il ne me paraît pas réaliste. (20 h 45)
M. Ryan: II est assez clairement indiqué dans le texte du
projet de règlement que cette opération n'est pas
nécessairement synonyme de remise en question du statut confessionnel,
elle peut déboucher sur cela, mais pas nécessairement.
M. Tremblay (Jean-Guy): Je suis d'accord avec vous, M. le
ministre. Il reste que pour faire un examen sérieux - entre guillemets
si j'emploie le mot "examen" - sur le vécu, si on fait cela juste comme
cela en passant, je pense que cela ne vaut pas la peine.
M. Ryan: À propos de la formation professionnelle, j'ai
déjà eu l'occasion de fournir des explications au cours des deux
derniers jours. Vous allez les retrouver dans les comptes rendus de nos
discussions. Je ne veux pas m'attarder sur cela. Je pense qu'il y avait des
raisons sérieuses pour la décision que nous avons prise de ne pas
imposer des cours de formation religieuse et morale pour les étudiants
inscrits au diplôme d'étude professionnelle, pour ceux, je pense,
qui sont en deuxième année du certificat d'étude
professionnelle. Ceux qui sont en première année, nous l'avons.
N'oubliez pas que ces étudiants qui sont exemptés vont avoir 17
ans et plus aussi. Ils sont déjà entrés dans la
spécialisation. Ce sont des cours très spécialisés
qu'ils vont suivre, de grande concentration. Il a semblé, suivant toutes
les consultations qu'on avait faites dans le temps, y compris auprès du
comité catholique, que c'est un régime qui est acceptable mais on
prend note quand même de l'observation que vous faites. Je ne sais pas si
vous avez des remarques à faire sur cela? Ce n'était pas mon
intention d'ouvrir...
M. Otis: J'ai travaillé longtemps comme animateur de
pastorale auprès de cette clientèle, les élèves de
secondaire V, secteur professionnel et secteur régulier, comme
enseignant aussi, et je remarquais que ces élèves avaient un
intérêt particulier aussi notamment pour l'animation pastorale.
Parce que j'ai travaillé plus longtemps comme animateur de pastorale
exclusivement auprès des élèves de cinquième
année du secondaire, j'avais, en tout cas, un plaisir de travailler avec
ces élèves. Ils prenaient aussi un intérêt
particulier, parce que c'était
différent de ce qu'ils voyaient habituellement dans d'autres
matières. Ils prenaient un intérêt particulier à
l'animation pastorale notamment en cinquième année du secondaire
mais aussi à l'enseignement religieux. Parce que, actuellement encore,
on a des élèves en cinquième année du secondaire
-dans le secteur professionnel qui suivent des cours d'enseignement religieux
et ils y trouvent un intérêt particulier. Il nous semblait que
cela ne devait pas... Je comprends qu'il peut y avoir d'autres... Compte tenu
de l'expérience que plusieurs ont dans ce domaine, cela nous
apparaissait une perte pour cette clientèle d'élèves qu'on
connaît un peu.
M. Ryan: Vous voudriez que, par l'empire du règlement, le
conseiller en éducation chrétienne participe à l'embauche
des enseignants chargés de l'enseignement moral et religieux
confessionnel et des agents ou des responsables de pastorale dans les
écoles. Est-ce que c'est nécessaire de mettre cela dans un
règlement? Quelle garantie de plus cela va vous donner? Participer, ce
n'est pas comme prendre la décision, cela veut dire qu'on est là
pour la manipulation des papiers, si on ne veut pas que vous participiez
même si cela est indiqué comme cela. Je ne sais pas si c'est une
bonne chose d'ajouter une affaire comme celle-là dans un
règlement. Cela me pose un problème parce que cela n'est pas
clair.
M. Otis: Dans les commissions scolaires, il y a des personnes qui
sont chargées de faire l'embauche, ce sont les directeurs du service du
personnel. Dans beaucoup de commissions scolaires, le conseiller en
éducation chrétienne est associé à ces
démarches. Il est consulté, il reçoit les curriculum
vitae, etc. Dans beaucoup d'autres commissions scolaires, les conseillers ne
sont même pas consultés. Nous avons offert l'animation,
l'orientation des activités d'enseignement religieux. La première
chose que nous apprenons, c'est que nous avons un nouvel enseignant. On n'a
jamais été informé qu'il y avait une supplantation ou
qu'il y avait quelqu'un d'autre qui était rentré dans le
réseau. Il me semble que le conseiller ou la conseillère en
éducation chrétienne, qui a une responsabilité très
précise d'animation, de coordination, d'orientation des activités
d'enseignement, d'animation pastorale, devrait au moins être
consulté, être partie prenante de ces décisions importantes
dans une école.
M. Ryan: Très bien. Au sujet de l'article 20, je pense que
vous trouvez que ce n'est peut-être pas nécessaire d'inscrire dans
un règlement l'énumération d'activités qui sont
proposées. Pourriez-vous nous expliquer pourquoi?
M. Otis: II nous semble qu'il peut y avoir une évolution
de la part du comité catholique ou de la part de l'assemblée des
évêques sur la teneur ou le contenu des activités
complémentaires en animation pastorale. Si on en fait une description
très précise, très serrée dans le règlement,
peut-être que cela va être plus figé. Nous voudrions qu'il y
ait possibilité d'évolution sur ce plan, parce que l'animation
pastorale, il reste que c'est quand même de tradition dans les
écoles du Québec. C'est une tradition quand même assez
récente. Des orientations ont été publiées par
Voies et Impasses, il y a quelques années. Mais on voudrait
peut-être qu'il y ait possibilité d'évolution et
peut-être que d'entrer ça dans un projet de règlement peut
bloquer une évolution possible. Nous ne sommes pas complètement
opposés à cette position-là. Beaucoup de
conseillères et de conseillers étaient d'accord avec nous pour
une inclusion d'une description des services complémentaires. S'il y a
une description des services complémentaires, nous voudrions qu'elle
soit plus précise mais nous ne croyons pas que ça soit vraiment
nécessaire et que si c'est entré dans un article, c'est
peut-être davantage figé. C'est l'observation que nous faisons au
comité catholique qui la traitera tout simplement.
M. Ryan; Merci beaucoup.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre.
Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: M. le Président, mesdames, messieurs, il me
fait plaisir de vous accueillir au nom de l'Opposition. Peut-être
qu'avant de commencer à vous entendre j'aimerais faire ce que j'ai
oublié de faire finalement au cours de ces deux derniers jours, excuser
l'absence de deux de mes collègues, M. Gendron, d'Abitibi-Ouest et M.
Jolivet de Laviolette qui sont à d'autres commissions; Ils sont membres
de cette commission, mais ils siègent à une autre commission.
Si vous le permettez, parce que votre mémoire est assez
volumineux, je vais passer dès maintenant à des questions de
clarification. Vous avez commencé votre exposé en disant que le
projet de règlement du comité catholique était un projet
de règlement qui présente une conception ouverte de la
confessionnalité scolaire et vous avez ajouté: "Le
règlement du comité catholique est conçu dans la
perspective d'une école plus ouverte, plus respectueuse d'un monde en
évolution." Alors c'étaient là vos termes. Pourriez-vous
m'indiquer à quel endroit vous voyez ça?
M. Otis: Quand on parle du projet éducatif de
l'école catholique, à plusieurs
reprises le comité catholique a exprimé quelles
étaient les valeurs, les traits caractéristiques d'une
école publique reconnue comme catholique.
Mme Blackburn: ...règlement.
M. Otis: À plusieurs reprises dans le passé le
comité l'a exprimé. Dans le règlement qui nous est
présenté ici, on parle du projet éducatif de
l'école catholique et qu'est-ce qu'on dit du projet éducatif de
l'école catholique? C'est aux articles 4, 5, 6 et 7. Il nous semble que
ce qui est présenté là-dedans, c'est centré sur des
choses fondamentales.
Ce qui est demandé, par exemple, concernant l'animation pastorale
ou l'enseignement religieux... Bien, on pourrait s'attendre que des
catholiques, dans une école non confessionnelle, aient des services
équivalents à ceux-là. Voici ce qui est dit concernant le
projet éducatif à l'article 4: "L'école publique reconnue
comme catholique intègre les croyances et les valeurs de la religion
catholique dans son projet éducatif". Alors intégrer les valeurs
et les croyances de la religion catholique dans son projet éducatif, il
nous semble que c'est simplement faire en sorte que dans une école il
n'y ait pas deux messages. Qu'il n'y ait pas en classe d'enseignement religieux
un message, et dans le reste des autres cours, un autre message. Simplement,
qu'il y ait cohérence dans les messages et c'est le propre d'un projet
éducatif qu'il soit cohérent. Et c'est tout ce que dit le
comité catholique sur cette question-là qui est quand même
une question importante.
Mme Blackburn: Si je vous comprends bien, à l'article 4 -
et j'ai la même compréhension que vous d'ailleurs - que
l'école publique intègre les croyances et les valeurs de la
religion catholique dans son projet éducatif. On parle du projet
éducatif de l'école pour s'assurer qu'on ne véhicule pas
dans d'autres cours un message contradictoire par rapport à celui de
l'Église catholique.
Une voix: Oui.
Mme Blackburn: À ce moment-là, où voyez-vous
l'ouverture à ceux qui ne partagent pas ces valeurs-là?
M. Otis: II y a quand même ouverture sur le plan de
l'enseignement moral qui est dispensé aux élèves qui ne
veulent pas suivre l'enseignement religieux. Mais dans une école
où on aurait deux messages, il nous semble qu'il n'y aura pas de projet
éducatif. Lorsque le comité catholique définit les valeurs
de l'école catholique, parce que le comité catholique a aussi
défini les valeurs propres d'une école catholique, c'est à
ce moment-là qu'il s'en tient à des valeurs universellement
partagées. Nous souhaitons, et c'est ce que nous proposons, que le
comité catholique, en guise de commentaire, présente les traits
caractéristiques d'une école publique reconnue comme catholique
qu'il définit depuis de nombreuses années. On en signale
quelques-uns ici. Une école qui a une volonté d'éducation
globale de la personne, une école qui porte une attention prioritaire
à la qualité des relations interpersonnelles, une école
ouverte à la diversité, voilà des traits
caractéristiques selon le comité catholique. Nous voudrions que
ces traits qui sont souvent véhiculés par le comité
catholique soient introduits dans le projet de règlement, justement pour
éviter des perceptions souvent étroites que l'on peut avoir de
l'école catholique.
Mme Blackburn: Êtes-vous d'accord avec moi pour
reconnaître que ceux qui sont de foi autre peuvent ne pas partager les
croyances et les valeurs qu'on va faire véhiculer par tout le projet de
règlement? C'est dans ce sens. Je pense que c'est clair, du moment
où on est dans une école catholique, et je suis tout à
fait d'accord avec vous. Sauf qu'on ne peut pas tenir en même temps ce
discours et un discours d'ouverture.
Si vous me le * permettez, je vais revenir à quelques exemples
dans votre mémoire, à la page 5. Je trouve cela surprenant, vous
dites: À ce propos - parlant de ce qui fait la spécificité
de l'école catholique - c'est un projet qui intègre vraiment les
valeurs et les croyances de la foi catholique - on vient de le voir. Â ce
propos, le projet de règlement est assez clair, quoique discret. J'en
viens à la note, vous dites qu'il est discret, mais il y a pourtant cinq
articles qui se rapportent à cet aspect important de la
confessionnalité scolaire. On les retrouve. Tous me sembleraient
davantage mieux cerner le projet éducatif catholique plutôt que de
l'ouvrir. D'ailleurs, c'était l'avis de la présidente du
comité catholique qui nous a dit que le projet, effectivement,
était plus exigeant. Il devait nous permettre de trasmettre un message
de vérité, de qualité et d'authenticité, ce avec
quoi je suis d'accord. Mais on ne peut pas en même temps transmettre ce
message et être respectueux de tous les autres messages. Je pense que la
présidente était assez consciente des effets de ce
règlement sur une certaine "désincitation" parce qu'elle dit:
Cela devrait probablement hâter l'avènement d'école autre,
étant bien consciente, contrairement à ce que vous me dites, que
le projet aurait des effets contraires à ceux que vous annoncez.
Je reprendrais la page 11, toujours à
l'article 4: "L'école intègre les croyances et les valeurs
de la religion catholique." Vous savez, intégrer, c'est faire entrer
dans un ensemble pour en faire partie intégrante, et, intégrant,
c'est une partie qui contribue à l'intégrité d'un tout.
Donc, je trouve cela respectable sauf qu'on ne peut pas tenir un discours qui
intègre, un peu intégriste, qui soit aussi en même temps
très ouvert.
M. Otis: Entre "intégrer" et "intégriste", je vous
ferais remarquer qu'il y a quand même une différence ici.
Mme Blackburn: C'est la même famille.
M. Otis: Oui, mais en tout cas...
M. Ryan: C'est le glissement typique...
Mme Blackburn: Mais, vous savez, c'est la même racine, mon
cher monsieur. Vous qui aimez la casuistique, vous savez très bien que
je n'ai pas tort. Quand vous dites, en plus, que vous êtes tout à
fait d'accord: L'école s'affiche comme telle. Comment est-elle plus
ouverte sur les autres alors qu'elle s'affiche comme telle?
Je reviendrais à la page 16. Vous êtes ouvert. C'est le
seul commentaire que je retrouve dans votre texte. Évidemment, je le
comprends, vous n'êtes pas là pour défendre l'enseignement
moral et le choix d'autre type d'enseignement. Vous dites: "L'association
appuie totalement cet article. Il est essentiel - parlant de l'article 8 -
qu'une personne qui ne partage pas la foi catholique sache clairement que
l'école catholique lui est quand même grande ouverte." Je n'ai pas
décelé d'ouverture là-dedans. (21 heures)
À la page 21, vous vous inquiétez de
l'interprétation qu'on pourrait faire de l'expression "être de foi
catholique" en disant que si c'était simplement la personne qui dispense
un enseignement conforme à la foi catholique, comme l'exemple que
donnait le ministre cet après-midi, rappelant qu'il avait eu un
directeur d'école qui n'était pas de foi catholique, mais qui a
vraiment su imprégner l'école de cette foi que le ministre porte
toujours d'ailleurs. J'ai essayé de voir avec vous de façon
très sérieuse comment on pouvait, avec les articles que vous
citez et que vous voulez renforcer, voir là une conception
d'école ouverte. Je dois dire que je ne l'ai pas vue, je la cherche
toujours.
J'ai une autre question, ensuite je vous laisserai la parole. Vous dites
à la page 23: "L'école publique reconnue comme catholique doit
assurer des services complémentaires en animation pastorale à
l'intérieur du temps consacré aux services éducatifs." On
nous a dit que la grille horaire au primaire était relativement
complète. Qu'est-ce qu'on devra enlever pour faire place à
l'animation pastorale?
Une dernière question, ensuite vous pourrez répondre plus
longuement. Vous demandez à la page 27 - commentant l'article 23 - "les
personnes qui collaborent à l'animation pastorale doivent être
dûment agréées par le directeur de l'école
après consultation du conseiller en éducation chrétienne
de la commission scolaire." Vous dites que ce n'est pas suffisant, qu'il
faudrait que ce soit la commission... "L'association est d'accord avec cet
article, à la condition que le rôle du conseiller ou de la
conseillère en éducation chrétienne de la commission
scolaire soit mieux affirmé ici. De plus, n'appartient-il pas d'abord
à la commission scolaire d'agréer?" Mais lorsqu'il s'agit de
bénévoles attachés à une école, en quoi la
commission scolaire serait-elle plus compétente que l'école pour
agréer? Vous pouvez commencer par la dernière.
M. Otis: C'est parce que ce sont les commissions scolaires qui
gèrent les écoles actuellement. Il nous semblait que
c'était peut-être une prérogative des commissions scolaires
d'agréer. Ce qu'on veut, c'est que le conseiller ou la
conseillère en éducation chrétienne le fasse au nom de la
commission. L'article prévoyait, après consultation du conseiller
ou de la conseillère en éducation chrétienne...
C'était une précision de cet ordre que nous voulions apporter sur
cette question.
Vous avez posé beaucoup de questions. Je vais dire simplement
qu'au niveau des valeurs de la foi catholique, un grand débat a
été soulevé parmi les moralistes sur la question des
valeurs chrétiennes. Existe-t-il des valeurs chrétiennes? On se
pose encore la question. Existe-t-il encore des valeurs typiquement
chrétiennes? Il existe certaines valeurs qui sont favorisées par
le christianisme et qui sont des valeurs humaines fondamentales, qui sont des
valeurs humaines reconnues par beaucoup de gens, sauf que la foi catholique
leur donne un sens particulier, donne des motifs supplémentaires de les
poursuivre. C'est tout simplement dans cet esprit que je voudrais
répondre à cette question. Il y a des valeurs humaines
fondamentales que la foi catholique interprète, que la foi catholique
favorise et promeut. Ce sont ces valeurs, comme je le disais tantôt,
celles que le comité catholique a souvent rappelées concernant
l'école catholique, ce sont celles-là. Ce que nous souhaitons,
c'est que ces valeurs soient vraiment incluses dans le projet de
règlement afin qu'on n'interprète pas de toutes sortes de
façons justement quelles sont les valeurs promues par la foi catholique
tout simplement.
Mme Blackburn: Je voudrais ajouter ceci pour compléter
votre réponse. On parle
de croyances et de valeurs. Autant on peut partager avec vous, bien que
je n'irais pas jusqu'au bout de votre logique, le fait que les valeurs de la
religion catholique, ce sont des valeurs plus universelles, mats les
croyances...
M. Otis: Oui.
Mme Blackburn: ...le projet éducatif doit intégrer
les croyances et les valeurs. Diriez-vous... Pour les valeurs, on peut
être d'accord; pour les croyances, comment réagissez-vous?
M. Otis: S'il s'agit des dogmes de la foi et de la doctrine
chrétienne proprement dite, je pense que le lieu pour les
véhiculer, ce sont les cours d'enseignement moral et religieux
catholique. Les autres croyances... On peut entendre le mot "croyances" dans un
sens beaucoup plus large qui n'est pas celui des dogmes ou de la doctrine
typiquement catholique, à ce moment-là, on le prend davantage en
sens de valeur. La différence qu'il y a entre une croyance et une
valeur, souvent une croyance c'est l'énoncé d'une valeur, souvent
c'est comme cela qu'il faut l'interpéter. Je n'entrerai pas dans la
sémantique de ces termes mais il me semble, quand on parle de croyances
typiques à la foi catholique chrétienne, que l'on parle de choses
qui seront véhiculées dans le cadre des programmes d'enseignement
moral et religieux catholique principalement, essentiellement.
Mme Blackburn: Peut-être auriez-vous le texte, c'est
l'article 4, je le relis: "L'école publique reconnue comme catholique
intègre les croyances et les valeurs de la religion catholique dans son
projet éducatif et elle s'affiche comme telle."
Il n'est pas dit que les valeurs dans son projet éducatif: les
valeurs et les croyances. Comment peut-on intégrer les croyances d'une
religion donnée et respecter ceux qui n'ont pas les mêmes
croyances?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. Tremblay.
M. Tremblay (Jean-Guy): J'aurais le goût de tout simplement
vous proposer une question pour vous, pour mieux comprendre ce que vous voulez
affirmer. Est-ce que pour vous, le fait d'intégrer des croyances,
élimine le fait d'accueillir, le fait d'être d'accord,
d'être respectueux des autres personnes qui ne croient pas à ces
croyances-là, qui n'ont pas... Pour moi, il me semble que dans un projet
éducatif d'une école, on peut intégrer des croyances et
des valeurs même si elles ne sont pas partagées par tous. Moi, je
peux aussi bien accepter, non seulement accepter, j'espère que dans un
projet éducatif il y a aussi des croyances du certaines valeurs qui sont
aussi valables sur certains plans et qui correspondent à d'autres qui
n'ont pas la même croyance dans une Église ou dans une foi
catholique.
Qui dit valeur de respect et d'accueil, pour moi c'est universel, c'est
plus large, cela dépasse des partis pris. Il me semble que dans un
projet éducatif, dans un projet d'une école confessionnelle, cela
ne va pas en contradiction avec d'autres qui ne partagent pas les mêmes.
Quand on dit qu'on les intègre, cela ne veut pas dire qu'on les oblige;
pour moi, c'est très différent.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors si vous
voulez conclure Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Je voudrais simplement rappeler qu'il faut bien
comprendre que le mot "croyances" est là au même titre que le mot
"valeurs" et qu'on ne peut pas imprégner un projet éducatif des
croyances et des valeurs catholiques en respectant ceux qui ne les partagent
pas. À titre d'exemple...
M. Tremblay (Jean-Guy): Si ces croyances et ces valeurs sont
exclusives dans une façon rigide de les articuler, d'accord, mais je ne
pense pas que ce soit cela.
Mme Blackburn: Par exemple, prenons un enseignement à la
sexualité qui préconiserait la contraception, ce ne sont pas des
valeurs véhiculées par l'Église, qui pourrait, à la
limite, estimer que le divorce est souhaitable dans certaines situations, qui,
à la limite, et ce n'est pas "à la limite", cela pourrait
être très envisageable - je vois madame à la table,
peut-être qu'elle le défend - préconiserait le sacerdoce
des femmes. On connaît l'orientation du pape là-dessus. Ce sont
là les valeurs et les croyances, les dogmes de l'Église. Autant
je suis d'accord pour un projet bien centré sur le catholicisme pour une
école catholique, autant cela m'apparaît difficilement
intégrable, vous me permettez le terme, avec des gens qui ne partagent
pas les mêmes valeurs du moment où on pense, où on dit en
même temps qu'on les respecte. Essentiellement, c'était le sens de
ma remarque.
J'aurais eu d'autres questions. On m'indique qu'il ne me reste plus de
temps. Peut-être le temps d'une réaction.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Une
réaction. Rapidement monsieur, s'il vous plaît, le calendrier est
assez chargé. On a une entente entre les deux formations politiques
qu'an sépare le temps également. Alors, brièvement, si
vous vouliez répondre.
M. Otis: C'est parce que vous me
donnez l'occasion de dire ce qu'est une croyance. Ici, la foi catholique
croit en la conscience individuelle alors cela, c'est une croyance. Si je
reprends les exemples que vous me soumettez, la question de la contraception,
toutes les questions morales, éthiques sur la sexualité, bien, on
traite de ces questions en enseignement religieux, je pense au programme
d'enseignement religieux quatrième année, secondaire; on traite
de ces questions, mais on les traite dans l'optique suivante. On dit: voici une
question, voici la problématique, voici les valeurs qui sont en cause,
et on inclut dans cela la position de l'Église catholique, la
façon dont l'Église catholique voit ces valeurs. On
présente aussi d'autres arguments et on croit à la conscience
individuelle, on veut aider l'élève à former sa
conscience. C'est cela la formation morale qui est donnée dans les cours
d'enseignement moral et religieux catholique. On ne présente pas
uniquement un point de vue, on présente aussi le point de vue de la foi
catholique et on invite l'élève à former son jugement. En
enseignement moral et religieux catholique, on veut former le jugement
personnel de l'élève, on veut former sa conscience personnelle et
on lui présente un éventail de positions ou de valeurs. C'est
comme cela qu'on intègre cette croyance, on croit à la conscience
individuelle de l'élève.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci monsieur.
Madame.
Mme Blackburn: Je voudrais vous remercier de votre participation
à cette commission. Quand vous nous dites que c'est formé en leur
présentant un certain nombre d'hypothèses ou de valeurs de la
société dans différents milieux, mais ensuite vous
refermez la boucle en présentant les valeurs de l'Église, c'est
un peu ce que vous venez de nous dire...
M. Otis: On les présente aussi...
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît, monsieur! Madame a la parole.
Mme Blackburn: C'est dans ce sens que je dis qu'on ne peut pas
à la fois prêcher pour des valeurs et respecter celles des autres.
Il faudrait les présenter de façon un peu plus neutre et laisser
les gens porter davantage un jugement.
M. Otis: Est-ce qu'on peut être neutre face à des
valeurs?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Monsieur, s'il
vous plaît! Merci, Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Je vous remercie infiniment de votre
participation.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je reconnais M. le
ministre de l'Éducation.
Mme Blackburn: Cela va mieux aller* Des voix: Hal Hal
M. Ryan: La députée de Chicoutimi me connaît
assez pour savoir que je ne suis jamais neutre, pas plus en politique qu'en
religion.
Je suis de l'avis de nos visiteurs de ce soir, au bout de la ligne, dans
le domaine des valeurs, si on est incapable de s'identifier à certaines
valeurs, mieux vaut ne point en parler parce que la neutralité pure est
absolument impensable; elle doit être absolument aseptisante à
part cela; cela doit être une chose extrêmement ennuyeuse. Je pense
que le monde se construit et que l'histoire se fait avec des gens qui
s'engagent, qui prennent des options et qui font des paris, qui acceptent des
valeurs et des croyances. Ceux qui pensent ne pas avoir de croyances sont
souvent ceux qui en ont le plus.
Je pense qu'on ne peut fonctionner dans la vie sans avoir ce genre
d'éléments moteurs pour stimuler, guider et orienter le
cheminement. Mais, dans cet ensemble de valeurs et de croyances que
représente le catholicisme, un peu ce dont il est question ce soir, je
suis convaincu que les valeurs d'ouverture occupent une place très
large; elles ont pu être interprétées de manière
différente à certaines époques et dans certains milieux,
mais je pense bien que, de façon générale, si on veut les
prendre dans toutes leurs possibilités il y a des possibilités
pratiquement illimitées - une de ces valeurs-là, c'est la
recherche loyale de la vérité.
Je me rappelle toujours le cardinal Newman qui disait un jour, j'avais
cité cette phrase à la Chambre alors qu'on discutait du dogme de
l'infaillibilité pontificale à Vatican I: "Je serai toujours
prêt à porter un toast au pape et je le porterai d'abord à
ma conscience". C'était environ en 1868 ou 1869, bien avant, par
conséquent, tes déclarations de Vatican II. Je pense que c'est la
vraie tradition chrétienne dans ce qu'elle a de plus fort. Quand ce
prima est à la base de tout le reste, il y a quand même des
garanties considérables. Mais, de toute manière, c'est un
débat intéressant. Vous nous avez apporté des
lumières fort utiles à ce sujet. Je pense que vous nous avez
présenté un travail qui colle de près à la
réalité de nos écoles et de nos commissions scolaires.
Nous pourrons retenir avec profit beaucoup d'éléments de ce que
vous nous avez dit.
Je retiens en particulier ce conseil que vous avez donné
d'ajouter au texte du règle-
ment éventuel à ce qu'il en restera des explications et
des notes pédagogiques et organisationnelles appropriées, pour
que cela puisse atterrir sur le terrain d'une manière efficace, un peu
communes dans tout le Québec. En ce qui regarde la consultation, je veux
bien faire confiance à la spontanéité aussi, mais je crois
que si certaines balises sont définies quelque part, il serait
infiniment préférable de voir tous les jours à
l'application de certaines dispositions de la Loi sur l'instruction publique ou
de nos règlements. Là où il n'y a pas de balise, c'est
souvent un pique-nique. On va dans toutes les directions et nous recevons les
conséquences de cela sous la forme de plaintes en provenance des
citoyens ou des groupes.
Encore une fois, ce que vous nous avez dit est très utile et, du
côté ministériel, nous vous en sommes reconnaissants.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Merci, M. Otis, madame et messieurs. Merci beaucoup du
témoignage que vous êtes venus rendre à cette commission
parlementaire.
La commission suspend ses travaux pour quelques secondes. Nous
enchaînerons immédiatement après avec l'Association des
institutions d'enseignement secondaire.
(Suspension de la séance à 21 h 15)
(Reprise à 21 h 18)
Le Président (M. Parent, Sauvé): J'invite
l'Association des institutions d'enseignement secondaire à prendre
place. J'inviterais les membres de la commission à
réintégrer leur siège. À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission parlementaire de l'éducation poursuit ses travaux
et accueille l'Association des institutions d'enseignement secondaire,
représentée par M. Jean Gagnon, premier vice-président, et
M. Jacques Bertrand, secrétaire général. Le porte-parole
est M. Gagnon.
M. Gagnon, nous vous remercions d'avoir répondu à
l'invitation de la commission parlementaire et d'être venu nous
rencontrer afin de nous faire connaître vos opinions concernant ces
projets de règlement mis de l'avant par les comités catholique et
protestant. La commission a prévu de vous entendre durant une heure.
C'est donc dire que, normalement, vers 22 h 20, nous devrions avoir
terminé. La première partie de cette rencontre servira à
nous présenter votre exposé. Vous jugerez de quelle façon
vous voulez nous le présenter. Vous nous avez soumis votre
mémoire que les membres de la commission ont déjà lu. Ils
en ont pris connaissance, mais libre à vous de le relire ou d'en faire
un résumé. La deuxième partie sera consacrée
à une période d'échange entre les membres de la
commission, vous-même et la personne qui vous accompagne. Alors, M.
Gagnon, si vous voulez bien nous faire la présentation de votre
mémoire, nous vous écoutons.
Association des institutions d'enseignement secondaire
M. Gagnon (Jean): Merci, M. le-Président. Si vous
permettez, au départ, nous voudrions nous situer un peu. C'est avec
plaisir que l'Association des institutions d'enseignement secondaire
présente ce mémoire à la commission de l'éducation
de l'Assemblée nationale. Notre association regroupe et
représente 102 institutions privées d'enseignement secondaire
qui, au total, accueillent un peu plus de 50 000 élèves. L'AIES
constitue donc, pensons-nous, un des corps intermédiaires les plus
importants dans le domaine de l'éducation québécoise dans
le secteur privé particulièrement.
La grande majorité des institutions que regroupe l'AIES a, en
raison de son projet éducatif, un statut et un intérêt
particulier quant à l'orientation confessionnelle. Ainsi, 19
institutions membres sont officiellement reconnues comme catholiques, selon les
termes du règlement présentement en vigueur sur la reconnaissance
juridique du caractère confessionnel des écoles par le
comité. Mais il y a aussi 83 institutions membres qui sont
classées actuellement autres» De celles-là, 64
appartiennent à des corporations diocésaines ou religieuses; 19
appartiennent à des corporations laïques. Voilà donc la
situation et l'association que nous représentons.
Je suis personnellement le premier vice-président de
l'association, le président n'ayant pu être présent. M.
Bertrand, qui est avec moi, en est le secrétaire
général.
Comme on a voulu le dire un peu avant d'ouvrir la séance tout
à l'heure, nous vous avons présenté un mémoire sur
la qualification des enseignants chargés de l'enseignement religieux
catholique dans les écoles primaires et les écoles secondaires
publiques ou privées autres que les écoles reconnues comme
catholiques. C'est, au départ, le mémoire que vous avez en main.
Sauf que par après et un peu tard peut-être, nous avons su que
nous pouvions aussi nous exprimer sur cet autre règlement qui nous
intéresse beaucoup plus, qui est celui de la reconnaissance comme
catholiques des maisons d'enseignement privé au primaire et au
secondaire. Et, c'est pourquoi avec votre permission ce soir, nous allons
déposer ce deuxième mémoire et nous allons faire
d'abord... Je procéderais en deux étapes. La première
étape consisterait à faire un bref résumé du
premier mémoire que vous avez
déjà en main sur la qualification des enseignants et, par
la suite, nous aimerions faire le tour avec vous du deuxième
mémoire qui est assez bref, quelques pages à peine et qui nous
intéresse davantage, sur la reconnaissance comme catholiques des maisons
d'enseignement privé. Merci.
Alors, je ferai donc au départ, un résumé bref du
premier mémoire que vous avez déjà en main. L'Association
des institutions d'enseignement secondaire se prononce en faveur de l'adoption
du projet de règlement sur la qualification des enseignants
chargés de l'enseignement religieux catholique dans les écoles
autres que catholiques. Le mémoire énonce trois principes qui
guident son examen et qui réfèrent aux aspects suivants: le droit
de l'élève; la responsabilité de l'école et les
attentes des parents quant à la qualité de l'enseignement. Notre
association se dit donc en faveur des exigences que propose le règlement
en question, pour deux raisons. Premièrement, les objectifs des
programmes d'enseignement religieux catholique et l'âge des
élèves auxquels ils sont destinés supposent de la part de
l'enseignant qu'il témoigne véritablement d'une adhésion
personnelle à la foi.
Également, les contenus des programmes d'enseignement religieux
catholique nécessitent une formation académique au moins analogue
à celle qu'exige l'enseignement de toute autre discipline. Le
mémoire de notre association insiste sur la nécessité
également de respecter la date d'application projetée, à
savoir celle du 1er juillet 1991. En conclusion de ce premier mémoire,
notre association estime donc qu'il est irrecevable de distinguer quant aux
exigences de formation des maîtres en enseignement catholique, entre
écoles reconnues comme catholiques et les autres. L'organisme rappelle
aussi l'autorité des évêques, autorité reconnue par
la loi en matière d'enseignement religieux catholique et il se refuse
à remettre en cause ce fondement de notre contrat scolaire.
Et, notre mémoire se terminait par quatre recommandations: A) Que
soit promulgué dans les meilleurs délais, ce projet de
règlement; B) Que tout soit mis en oeuvre pour assurer qu'il soit
effectif le 1er juillet 1991; C) Que le ministre veille à ce que les
maîtres en exercice actuellement reçoivent au besoin des services
de recyclage et de perfectionnement qui leur permettent de satisfaire aux
exigences dudit règlement, enfin, que la formation dispensée aux
futurs enseignants et aux maîtres en exercice corresponde à la
nature intrinsèque des programmes en enseignement religieux catholique.
Voilà donc, M. le Président, pour ce premier court mémoire
sur la formation des enseignants.
Le Président (Parent, Sauvé): Est-ce que vous
voulez enchaîner immédiatement avec...
M. Gagnon: Ce serait peut-être plus simple.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Allez-y donc!
M. Gagnon: Ça va, merci. La commission de
l'éducation consulte les partenaires du milieu de l'éducation sur
trois projets de règlement. L'AIES donnera ici son point de vue sur
celui intitulé: Règlement sur la qualification des...
Excusez-moi, je revenais au premier. J'y suis.
Au mois de juin 1987, nous exprimions notre accord en regard des
dispositions de ce projet de règlement au président du
comité catholique et au ministre de l'Éducation, consultation
écrite à l'époque. Nous reprendrons brièvement les
principales conclusions de notre analyse et nous soulignerons les quelques
demandes de clarification ou de précision que nous avions
présentées alors.
Il nous apparaît que le règlement proposé,
premièrement, respecte bien les fondements de l'école
privée; deuxièment, qu'il explicite adéquatement
l'encadrement des activités à caractère religieux d'une
école reconnue comme catholique; et enfin, qu'il renforce l'attitude de
respect à l'égard du caractère confessionnel de
l'école. Je reprendrai ces trois points en détail. Vous voyez que
notre position est - je dirais - une position globale, au départ.
Les fondements de l'école privée. Essentiellement, son
existence repose sur le droit des personnes et des groupes de créer des
établissements d'enseignement autonomes et sur le droit des parents de
choisir des institutions qui, selon leurs convictions, assurent le mieux le
respect des droits de leurs enfants. Ces droits sont inscrits dans le
préambule - vous l'avez reconnu - de la Loi sur le ministère de
l'Éducation du Québec, préambule auquel nous nous
référons, car il exprime les principes de notre contrat social
scolaire.
Les articles 2 et 8, en particulier, du règlement à
l'étude qui nous concerne sont conformes à ces deux principes que
nous venons de rappeler. La personne physique ou morale responsable de
l'institution d'enseignement privé détermine les orientations du
projet éducatif, veille à sa réalisation, détermine
les modalités d'application conformément aux normes prescrites en
vertu de la Loi sur l'enseignement privé et des règlements qui
s'y appliquent et puis l'offre à la population environnante comme un
service disponible pour qui veut se le procurer. Les parents, par
conséquent, qui choisissent cette école
en toute liberté désirent pour leurs enfants le programme
d'éducation qui leur est proposé, sans quoi ils exerceraient leur
droit différemment. D'où il est justifié pour une
école privée, sans porter atteinte au principe de la
liberté religieuse, pensons-nous, qui concerne le libre exercice de la
religion dans la société, d'opter pour n'inclure dans sa
grille-matières que l'enseignement religieux catholique. C'est une
particularité du règlement qui nous concerne. L'application, dans
une école, des principes de la foi catholique n'entrave pas de soi les
droits des personnes, particulièrement quand il est question d'offre et
de choix libre.
Deuxième partie: L'encadrement des activités à
caractère religieux. Le projet de règlement nous agrée
également, par les dispositions relatives à l'encadrement des
activités à caractère religieux qu'il établit dans
toute école d'enseignement privé reconnue officiellement comme
catholique.
D'abord, l'obligation qui est faite de bien identifier le
caractère confessionnel catholique dans le projet éducatif d'une
école reconnue comme telle situe, sans équivoque, tous les
intervenants et les usagers quant aux objectifs de formation poursuivis dans le
domaine spirituel et religieux. Donc, nous sommes d'accord pour avoir là
une étiquette bien claire et que ce soit nécessaire de le faire
pour toute maison.
Deuxièmement, la hiérarchisation des rôles est
claire. Dans notre cas, les fonctions du directeur de l'institution
d'enseignement privé concordent bien avec celles que nous reconnaissons
au titulaire de l'autorité dans nos maisons.
Quant à l'application de l'article 7 relatif à
l'évaluation du vécu confessionnel, nous souhaitons que soit mis
en place un processus simple, un processus qui favorise l'autoréflexion
du milieu quant à ses orientations dans le domaine de l'éducation
de la foi de l'école.
Quant aux qualifications des enseignants, on n'y reviendra pas, nous
venons d'en parler et ce sont les mêmes. Nous notons aussi que le projet
de règlement précise le mode d'insertion de l'animation pastorale
dans le cadre scolaire. Des services complémentaires en animation
pastorale sont indispensables dans une école reconnue comme catholique.
Nous croyons souhaitable, pour assurer un fonctionnement efficace, que
certaines activités d'animation pastorale soient non seulement
autorisées à l'intérieur du temps consacré aux
services éducatifs mais intégrées occasionnellement
à l'horaire des élèves. Ici, il y aurait peut-être
lieu d'un peu plus de clarté. Il nous apparaît, en effet - c'est
une question que nous nous posons -que les élèves d'une
école catholique ne doivent pas avoir à choisir entre un cours et
une célébration communautaire de la foi, en un temps, à
titre d'exemple, qui constitue un sommet liturgique dans la pratique de (a foi
catholique. Une note explicative permettrait sans doute d'assurer une meilleure
compréhension de l'article 19. Est-ce qu'il peut y avoir des
activités sur le temps de classe, pour le dire autrement, ou strictement
sur l'horaire global d'un élève lorsqu'il est en classe, les
périodes du midi par exemple?
Un autre point. Par ailleurs, il nous semble tout à fait
convenable, tel que l'énonce l'article 23, que les personnes qui
collaborent à l'animation pastorale doivent être dûment
agréées par le directeur de l'institution, l'instance responsable
dans l'établissement de l'orientation, l'animation, la coordination et
l'évaluation des activités d'animation pastorale. Nous nous
interrogeons cependant sur le sens de "les personnes qui collaborent", nous
aimons croire qu'il s'agit de toute personne, tant de l'interne que de
l'externe, qui intervient auprès des élèves, des
invités, des parents à l'occasion. Le texte pourrait sans doute
dissiper l'équivoque à cet égard. Encore là, des
explications, peut-être au règlement, pourraient être
données.
En dernier lieu, dans ce chapitre de l'encadrement, nous voulons
soulever la question des institutions d'enseignement privé qui sont
déjà reconnues comme catholiques en vertu de l'ancien
règlement. En référence à l'article 28,
qu'advient-il de leur reconnaissance officielle? Est-ce que leur
première reconnaissance est annulée? Doivent-elles
procéder à une nouvelle demande? Alors, c'est une question que
nous posons ici. Même si ces maisons anticipent une reconduction de leur
reconnaissance, elles souhaitent néanmoins une déclaration du
comité catholique sur leur situation.
Enfin, le dernier chapitre qui est bref. Nous croyons que ce projet de
règlement dénote aussi une attitude de respect renforcée.
Nous sommes donc tout à fait satisfaits du règlement concernant
la reconnaissance confessionnelle d'une institution privée. Nous avons
la conviction que la mise en application des diverses dispositions de ce projet
favorisera la promotion d'une attitude de respect en regard de l'orientation
spécifique d'un établissement scolaire reconnu comme
catholique.
L'affirmation claire du caractère catholique d'une école
dans son projet éducatif, tel que l'exige le règlement, permet de
mieux identifier le signe des valeurs qui y sont véhiculées et la
dimension spirituelle des objectifs de formation qui y sont poursuivis, sans
que ce soit pour autant une négation des autres conceptions de la
formation intégrale des jeunes qui ont le droit d'exister.
Cette identification autorise la direction de l'établissement
à faire appel à
tous les intervenants scolaires, parents et élèves, quant
au respect de l'orientation confessionnelle et à appliquer les normes
d'encadrement des activités à caractère religieux
malgré les contraintes d'ordre administratif ou organisationnel que cela
peut provoquer dans certains milieux.
En conclusion, considérant le contexte pluraliste dans lequel
nous vivons, cette réglementation, pensons-nous, permettra aux parents
de choisir pour leur enfant, en toute liberté et connaissance, le projet
éducatif scolaire qui correspond le mieux à leurs convictions
profondes.
D'autre part, les dispositions de la réglementation
proposée s'adaptent davantage à la réalité de nos
établissements. C'est ce qui fera sans doute qu'un nombre beaucoup plus
grand demanderont cette reconnaissance alors qu'actuellement, même la
corporation religieuse, 80 % de nos maisons n'avaient pas demandé cette
reconnaissance, Â ce point de vue, par conséquent, l'adoption du
projet de règlement favorisera les écoles désireuses de
solliciter cette reconnaissance.
Notre opinion est donc favorable au projet de règlement dont
l'esprit et les orientations sont conformes à nos attentes. Nous
souhaitons son application dans les délais prévus.
Je voudrais conclure, peut-être pour me résumer, en trois
recommandations: La première, par conséquent, notre association
recommande que soit promulgué le projet de règlement sur la
reconnaissance comme catholique et le caractère confessionnel des
institutions d'enseignement privé du primaire et du secondaire et ce,
dans les délais prescrits aux dispositions particulières du
projet qui lui est soumis.
Deuxièmement, notre association demande au comité
catholique de prévoir un mécanisme d'évaluation du
vécu confessionnel qui soit simple d'application et qui vise une
solidarité nouvelle dans la poursuite des orientations du projet
éducatif de chaque école.
Enfin, l'AIES souhaite que le texte du règlement soit
accompagné de notes explicatives qui précisent l'extension et les
modalités d'application de certaines dispositions du
règlement.
Je vous remercie.
Le Président (M. Parent, Sauvé): C'est moi qui vous
remercie M. Gagnon.
Maintenant, va débuter la période d'échanges avec
les membres de la commission parlementaire. Je reconnais le ministre de
l'Éducation.
M. Ryan: M. Gagnon, M. Bertrand, vous nous avez soumis deux
mémoires qui portent sur des aspects qu'il ne nous avait pas
été donné d'aborder jusqu'à maintenant. L'un traite
du règlement concernant les institutions privées et l'autre sur
l'enseignement religieux dans les institutions autres que catholiques. Vos
remarques étaient brèves et concises et cela va permettre de les
commenter de la même manière.
En ce qui touche les établissements privés, tout d'abord,
une précision. Vous vous inquiétiez de savoir si la
reconnaissance déjà accordée à certains
établissements allait automatiquement être remise en cause par le
passage du régime actuel au régime nouveau qu'annonce le projet
de règlement. Je pense pouvoir vous dire sur la base de toutes les
analyses que nous avons faites là-dessus, qu'il y a continuité
dans le statut et le statut n'est pas révoqué ou retiré
à moins qu'il n'y ait eu un nouvel examen requis soit par les
intéressés, soit par le comité catholique lui-même
qui est toujours libre en tout temps de décider d'une révocation.
Par conséquent, il n'est pas question de remise en question du statut
à l'occasion du changement de règlement.
M. Gagnon: Si vous permettez. Est-ce qu'on peut comprendre,
à ce moment-là, qu'une maison qui est déjà
reconnue, si un règlement pourrait retirer sa demande et la demander en
fonction du règlement particulier à l'enseignement privé?
C'est cela.
M. Ryan: Si elle le veut. En tout temps, je pense que le
comité catholique serait heureux d'examiner sa requête.
M. Gagnon: Cela va clarifier des situations, oui.
M. Ryan: Vous voulez avoir plus de marge de manoeuvre.
Peut-être certains voudront-ils avoir plus de marge de manoeuvre parce
que c'est sûr que si la reconnaissance est donnée en vertu du
règlement concernant les établissements privés, la
contrainte touchant l'enseignement moral non confessionnel n'existe pas.
M. Gagnon: II y a permission mais il n'y a pas contrainte.
M. Ryan: C'est cela. Alors, ce point-là me semble
clarifié puis, s'il y a lieu, nos conseillers juridiques se feront un
plaisir de vous fournir d'autres explications. Sur ce point-ci, je ne pense pas
qu'il y ait d'autres remarques à formuler. Vous êtes favorables au
projet de règlement. Il ne semble pas présenter de
problème et nous, de notre côté, ne courons pas
après les problèmes; là où il n'y en a pas, nous
veillons à ne pas les provoquer artificiellement.
M. Gagnon: On pourrait peut-être ajouter que...
Des voix: Hal Hal Hal
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît!
M. Gagnon: ...nous sommes heureux d'avoir été
associés à certaines étapes de réflexion du
règlement, ce qui fait peut-être qu'on s'y retrouve très
bien et qu'on est heureux de l'ensemble de sa formulation»
M. Ryan: Très bien. Je voudrais dire un mot sur l'autre
règlement. Il ne s'appliquera pas à un grand nombre
d'établissements, mais il soulève quand même des questions
fondamentales sur lesquelles je voudrais vous poser une ou deux questions. En
particulier, vous parlez des qualifications qui doivent être attendues de
l'enseignant chargé de l'enseignement moral et religieux catholique.
Vous dites, surtout à la lumière des nouveaux programmes, qu'on
ne peut pas concevoir un enseignement qui serait donné de manière
désengagée et qu'un témoignage de vie doit
nécessairement accompagner l'enseignement de nature qui porte plus sur
la dimension cognitive de la formation. Je vais vous poser une question.
Dans un établissement, une commission scolaire par exemple, qui a
un caractère à la fois public, commun, et en même temps qui
gère des écoles confessionnelles, comment pensez-vous que peut ou
devrait se faire l'engagement des enseignants chargés de l'enseignement
religieux? Est-ce que les critères proposés dans le
règlement sont suffisants, à votre point de vue?
M. Gagnon: Si je comprends bien, dans le règlement, il y a
finalement deux critères: être de foi catholique, ce qui est quand
même difficile à mesurer; on mesure difficilement les consciences;
on doit y aller de l'affirmation de foi des candidats, j'imagine. L'autre
aspect, c'est l'aspect compétence. Il nous apparaît que les
compétences qu'on exige dans les circonstances sont un peu un minimum
qui doit être connu pour faire un enseignement avec, je dirais, des
connaissances un peu discriminées pour pouvoir donner un enseignement.
Est-ce qu'il faudrait ajouter d'autres critères? Je me prononce comme
citoyen et non pas comme directeur d'école privée, mais je vous
avoue que, même pour nos écoles privées, c'est toujours
difficile, parce qu'il faut toujours fonctionner avec l'affirmation des gens et
leur bonne foi. C'est très difficile à mesurer. Il y a une
prudence. Je vois que vous y allez un peu par la négative ensuite en
disant qu'il faut ne pas avoir refusé - je ne me souviens plus du
terme...
Une voix: Ne pas s'y opposer.
M. Gagnon: Ne pas s'y opposer. Mais je dois quand même vous
avouer que, n'étant pas dans ce réseau, je n'ai peut-être
pas eu è me confronter beaucoup à ce genre de situation. Pour
être honnête, c'est quand même...
M. Ryan: Dans votre réseau, évidemment, c'est plus
facile parce que vous connaissez davantage vos gens qui sont plus proches de la
direction, tandis que, quand c'est le réseau, on fait affaire avec des
quantités beaucoup plus considérables de personnes. En tout cas?
je voulais vous interroger là-dessus» Je ne savais pas si vous
aviez l'expérience. On va avoir l'occasion d'en reparler avec d'autres.
Je ne sais pas si vous avez des choses à ajouter à ce sujet.
Mais, pour les établissements privés, en tout cas, les
critères tels qu'ils sont proposés ici sont, pour vous,
manoeuvrables et vous êtes capables d'ajouter ce qu'il faut pour en
arriver à des décisions judicieuses.
M. Gagnon: Oui. Cela demeurera quand même une question
difficile. Pour le dire autrement, il peut même arriver qu'un candidat ou
un enseignant qui, à un moment donné, est engagé dans une
école, de par sa propre évolution personnelle, dix ans ou quinze
ans après, pense autre chose. Ce ne sont plus tout à fait les
bases sur lesquelles il avait été engagé. Mais on n'a pas
à juger la conscience des personnes non plus. Cela restera toujours un
sujet difficile quand même. C'est pour cela qu'il faut se donner, je
dirais, au moins un minimum d'exigences qui respectent les personnes, mais qui
respectent la situation, le projet de l'école et les parents qui
viennent à nous sous cette étiquette-là.
M. Ryan: Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. M. Gagnon et M. le
secrétaire général, M. Bertrand, je vous souhaite la
bienvenue au nom de ma formation politique. J'aimerais peut-être dire ici
que j'ai eu l'occasion de voir M. Gagnon la semaine dernière, je pense -
les semaines ont été un peu longues et j'ai l'impression que cela
faisait déjà plus longtemps - qui nous a parlé avec
beaucoup d'amour, de conviction et de chaleur du musée du
séminaire de Lévis.
M. Gagnon: Du Collège de Lévis.
Mme Blackburn: Du Collège de Lévis. Je me disais
que c'était probablement l'occasion de sensibiliser le ministre au
besoin de développement de votre musée de manière à
rendre accessibles les trésors qu'il renferme à la population ou
au public en général. J'ai trouvé le projet
particulière-
ment intéressant et celui qui en parlait avait su d'avance
convaincre son auditoire. Voyez-vous, M. le ministre, les grandes oreilles,
c'est aussi à cela que cela a servi, aller voir un peu ce qui se passait
ailleurs, donc de rencontrer monsieur. C'est probablement l'occasion choisie,
heureuse pour sensibiliser également le ministre à ce projet qui
est particulièrement intéressant.
M. Gagnon, quelques petites questions de clarification, d'information.
Vous dites que à peu près 80 % de vos établissements
membres n'ont pas demandé le statut d'école confessionnelle.
Est-ce qu'on doit comprendre que la raison qui expliquerait cette situation,
c'est le fait que du moment qu'on demandait le statut confessionnel on les
obligeait aussi à offrir le choix de morale?
M. Gagnon: Oui.
Mme Blackburn: D'accord. Dans ceux qui ont demandé le
statut confessionnel, la question que vous posiez au ministre, à savoir
s'ils sont capables de demander un nouveau statut en vertu des nouveaux
règlements ou si le statut change automatiquement, du moment où
le règlement a été adopté, cela veut dire que vous
auriez d'autres institutions qui voudraient être reconnues comme
écoles confessionnelles en vertu du règlement qui vous est
propre. Est-ce qu'il y aura plusieurs changements selon vous?
M, Gagnon: En vertu du règlement qui nous est propre, je
suis persuadé que la majorité de nos maisons va demander
d'être reconnue. Actuellement, il y a une situation un peu loufoque
même, 80 % de ces maisons sont des corporations religieuses et ne sont
pas reconnues comme confessionnelles en fonction du règlement.
Mme Blackburn: C'est vrai, il y a de quoi étonner.
Pourquoi?
M. Gagnon: La raison, c'est que le règlement de
soixante-quatorze, tel qu'il était écrit, obligeait les maisons
à s'encarcaner dans l'obligation de donner également ou
l'exemption à l'époque ou d'autres formes d'enseignement
religieux, autres que catholiques. La plupart de nos maisons avaient un projet
éducatif nettement identifié comme catholique. Comme disait M. le
ministre tout à l'heure, plutôt que de se causer des
problèmes, ils ont préféré s'abstenir et demander
la reconnaissance selon le règlement. Déjà, à ce
moment-là, on a fait valoir au comité catholique que ce
règlement ne correspondait pas tout à fait à notre
réalité. On a commencé à demander de penser
à un règlement, soit dit autrement, plus large, ou à un
règlement qui nous serait propre et c'est ce qui arrive aujourd'hui et
on est content.
Mme Blackburn: Les réserves que vous aviez, est-ce
qu'elles tenaient au fait que vous acceptiez... Les projets éducatifs
des écoles sont généralement bien connus, bien
centrés, comme vous le dites, autour d'un projet éducatif
confessionnel, religieux. Pourquoi les exemptions que vous auriez dû
accorder ou que certaines écoles ont dû accordez vous semblaient
si difficiles?
M. Gagnon: Ce n'était peut-être pas tellement la
difficulté au départ que l'incohérence par rapport aux
couleurs qu'on affichait et le règlement sous lequel on se serait mis
à l'abri. Il nous apparaissait qu'il y avait une clarification
nécessaire de base.
Mme Blackburn: Ce que vous nous dites, c'est qu'il y avait une
certaine incohérence à vouloir à la fois afficher un
projet catholique, religieux, moral et celui d'offrir la morale. Autrement dit,
ce qui est la situation dans toutes nos écoles publiques actuellement.
Je relis juste le dernier paragraphe de votre mémoire et je trouve que
c'est tout à fait cohérent. C'est ce que je partage. Vous
êtes là-dessus d'une très grande logique. Vous dites: "Les
parents qui choisissent cette école, en toute liberté,
désirent pour leur enfant le programme d'éducation qui est
proposé...". Vous ajoutez: "L'application, dans une école, des
principes de la foi catholique n'entrave pas de soi les droits des personnes,
particulièrement quand il est question d'offre et de choix libre." Je
suis tout à fait d'accord avec vous et j'ai bien compris votre
texte.
M. Gagnon: Je pourrais ajouter que la situation causée par
le règlement de soixante-quatorze nous a quand même amenés,
en association et dans chaque maison, à une réflexion assez
poussée là-dessus et a amené les maisons à
définir beaucoup plus correctement leur projet éducatif. Comme
quoi il y a toujours un bon côté aux choses. Je pense qu'on a
évolué beaucoup sur la question.
Mme Blackburn: Et dans cette définition que vous vous
êtes donnée vous trouvez qu'il serait peu cohérent d'offrir
le choix de la morale?
M. Gagnon: Non. Vous remarquez que le règlement tel qu'il
est fait...
Mme Blackburn: ..."peut". Je vois le "peut", non pas "doit".
M. Gagnon: C'est ça. Alors à ce moment-là,
chaque établissement est libre d'annoncer ses couleurs comme il
l'entend.
Mme Blackburn: Mais comme il y en a déjà 80 % qui
n'avaient pas fait de demande parce que c'était exigé, on peut
penser qu'ils ne le donneront pas davantage à présent que ce
n'est pas exigé.
M. Gagnon: Je pense qu'on ne peut pas présumer
ça.
Mme Blackburn: Dans le "peut". Non.
M. Gagnon: Parce qu'il y a quand même de nos maisons qui
donnent l'enseignement religieux catholique et l'autre également. Il y a
une question de principe et il y a une question de fait. Dans les faits, je
pourrais même vous nommer plusieurs maisons qui donnent, à partir
du deuxième cycle par exemple, le choix entre l'enseignement catholique
et l'autre. Alors c'était peut-être plus une question de principe
au départ et de cohérence, comme on dit.
Mme Blackburn: Mais...
M. Gagnon: Et ça ne préjuge pas de ce qui se
passera dans les faits.
Mme Blackburn: Est-ce que ces maisons qui offraient le choix
avaient demandé un statut?
M. Gagnon: Je ne saurais pas vous dire» J'y vais de
mémoire un peu. Je ne pourrais peut-être pas vous dire.
Mme Blackburn: On parlait tout à l'heure d'enseignants qui
pouvaient demander des exemptions. Est-ce que ça ne va pas être
fréquent, j'imagine, dans vos milieux?
M. Bertrand (Jacques): Non. Nous n'avons aucune donnée
là-dessus.
Mme Blackburn: Non.
Le Président (M. Parent, Sauvé): D'autre
intervention?
Mme Blackburn: Cela va. C'est complet pour moi. Je vous
remercie.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, madame, si
vous voulez conclure pour votre formation politique.
Mme Blackburn: Bien, je vous remercie. Je pense que l'invitation
qui m'est faite par le président de conclure me donne l'occasion de
rappeler que ce projet - et ça réapparaissait clair au moment
où on a vu le règlement touchant les enseignements privés
- ne souffre pas des mêmes difficultés que ça pose pour le
public où les parents n'ont pas le choix de l'école. Parce que
les écoles sont à la fois confessionnelles et je dirais neutres,
ce n'est pas tout à fait le cas là. Elles sont communes. Donc,
communes et confessionnelles et catholiques, cela fait beaucoup de
qualificatifs et laisse peu de place à une expression réelle des
libertés individuelles. Alors je vois qu'en ce qui vous concerne, c'est
clair. C'est clair. Et je trouve que c'est l'avantage d'un tel projet. Si on
choisit l'école, on choisit le projet. C'est ce que je trouve
intéressant. Il serait souhaitable qu'un jour on puisse faire la
même chose dans le public. Je vous remercie.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Terminé.
Alors M. le ministre.
M. Ryan: M. le Président, j'attendais avec impatience
l'intervention de clôture de la député de Chicoutimi parce
que je pensais qu'elle profiterait de cette belle rencontre pour nous faire
enfin connaître la politique du Parti québécois sur
l'enseignement privé...
Mme Blackburn: Mon cher monsieur...
M. Ryan: ...et on doit considérer que c'est en gestation.
La nôtre se manifeste par des actes. Ce n'est pas nécessaire de
l'entourer de grandes théories, je pense qu'elle se manifeste par
l'action qui est la forme la plus claire d'expression, à mon point de
vue, le langage venant beaucoup plus loin en deuxième lieu.
Cela dit, ça nous a fait grandement plaisir de vous rencontrer.
Je pense que vous avez apporté des éléments
intéressants sur des aspects qui n'avaient pas été
soulevés jusqu'à maintenant. Je pense qu'en ce qui touche les
établissements privés, les nuances que vous avez apportées
reflètent l'évolution récente. Et, le fait que vous
sentiez le besoin d'adhérer à un article comme celui qui ouvre la
porte à une éventuelle liberté de choix dans vos
établissements montre qu'il se produit un changement dans les habitudes
et les opinions et fait la preuve là, a contrario, je pense qu'il n'y a.
pas d'incompatibilité, contrairement à ce que vaudrait laisser
entendre, depuis deux jours, la députée de Chicoutimi. Elle est
à peu près la seule à penser comme ça, mais on
l'estime quand même.
On vous remercie infiniment.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre,
merci. La commission de l'éducation ajourne ses travaux jusqu'à
demain matin dix heures.
(Fin de la séance à 21 h 55)