Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Dix heures six minutes)
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît!
Dans le cadre de nos travaux parlementaires, ce matin, nous
débutons une interpellation qui a été demandée par
le porte-parole de l'Opposition, Mme la députée de Chicoutimi,
qui désire interpeller le ministre de l'Éducation, de la Science
et de l'Enseignement supérieur relativement au financement des
universités au Québec. Dans le cadre de ce mandat qui est
encadré aussi par la commission permanente de l'éducation, je
déclare la séance ouverte.
M. le secrétaire, feront partie de l'interpellation dans
l'équipe ministérielle et dans l'équipe de l'Opposition
les membres de la commission de l'éducation. Y a-t-il des remplacements
à l'intérieur de ces équipes?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. Il y a M,
Doyon (Louis-Hébert) qui remplace M. Hamel (Sherbrooke).
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. Doyon
(Louis-Hébert) siégera à plein titre, à titre de
membre de la commission de l'éducation, pour cette interpellation.
Avant de débuter les travaux, j'aimerais rappeler aux
participants les règles qui doivent régir une telle
interpellation. D'abord, la parole est donnée au député
qui a demandé à interpeller le ministre, pendant une
période de dix minutes. Le ministre intervient ensuite pendant dix
minutes. Ensuite, il y a alternance dans les interventions, soit un
député du groupe formant l'Opposition, le ministre, un
député du groupe du gouvernement, un député du
groupe de l'Opposition, le ministre et ainsi de suite.
Les interventions doivent se limiter, de part et d'autre, à cinq
minutes. L'interpellation en elle-même doit durer deux heures. C'est donc
dire qu'à vingt minutes avant la fin j'inviterai le ministre à
intervenir pendant dix minutes et la finale sera réservée
à la personne qui a désiré interpeller le ministre,
à savoir la députée de Chicoutimi, porte-parole officiel
de l'Opposition en matière d'éducation. Ceci mettra fin à
cette séance d'interpellation. Mme la députée de
Chicoutimi, je vous reconnais, vous avez la parole.
Exposé du sujet Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Tout d'abord, nous
avons jugé qu'il était utile d'interpeller le ministre sur le
financement du réseau des universités un peu plus d'un an
après la tenue d'une commission parlementaire qui portait sur le
financement des universités et près de deux - ans après
l'élection de ce gouvernement. Quand on sait que ça fait quatre
ans que le ministre a le même dossier en main, dont deux ans comme
porte-parole de l'Opposition, on était en droit de s'attendre, je crois,
à ce que ce dossier progresse plus rapidement.
Au tout début, je vais me permettre de rappeler un peu ce qu'on a
largement entendu en commission parlementaire, à savoir que, dans le
contexte actuel où il y a une vive concurrence et des changements
sociaux d'une rapidité sans précédent, les ressources
humaines revêtent un caractère particulièrement important.
En effet, la matière grise est, en quelque sorte, la clef du
développement. Dans ce contexte, les universités jouent un
rôle stratégique fort important, pour ne pas dire majeur.
Le Québec a, cependant, accompli des progrès qu'on peut
qualifier d'importants également, tant au plan de l'accessibilité
que de la scolarisation, mais le ministre n'est pas sans savoir qu'on a des
retards considérables en matière de formation de 1er, 2e et 3e
cycle. Il est important que les universités disposent des ressources
financières pour relever ce défi de la qualité et de la
concurrence. D'ailleurs, le ministre le reconnaissait alors qu'il était
porte-parole de l'Opposition et qu'il présentait son programme
électoral, lorsqu'il disait: "Une politique de soutien dynamique aux
universités sera considérée comme un volet essentiel de la
politique de relance économique du Parti libéral du
Québec", ni plus, ni moins. Je pense que ie ministre saisissait bien
l'importance du rôle que joueraient les universités dans le
développement économique.
Ce discours a fait naître beaucoup d'espoir, tant chez les
universitaires que chez les étudiants et auprès des entreprises.
Cependant, la marchandise n'a pas été livrée. Il faut
peut-être se rappeler qu'au moment où le ministre acceptait de
prendre ce dossier comme porte-parole de l'Opposition il
avait dit qu'il prenait ce dossier, si je me rappelle bien, parce que
personne d'autre au Parti libéral ne voulait s'occuper
d'éducation. On va finir par comprendre pourquoi personne d'autre ne
voulait s'en occuper, parce qu'il semble que l'éducation n'est pas et ne
sera jamais une priorité au sein de ce gouvernement, en dépit des
volontés et des désirs que le ministre pourrait avoir à ce
sujet.
En effet, alors que le porte-parole de l'Opposition descendait le
gouvernement en flammes au sujet des coupures et des compressions dans le
réseau des universités, dès la première
année, il coupait près de 37 000 000 $. D'ailleurs, il ajoutait
à cette compression - j'y reviens - en 1986-1987, 35 000 000 $ dans les
subventions de fonctionnement. C'était - je cite le Conseil des
universités - "la compression la plus sévère, dans
l'histoire récente des universités, des investissements
universitaires". D'ailleurs, le ministre reprenait à son compte les
propos du Conseil des universités dans une note qu'il adressait au
premier ministre. Dans cette note, le ministre présentait un plan de
redressement impliquant des fonds additionnels de 145 000 000 $ sur deux ans,
qualifié par lui-même et par le réseau des
universités comme étant le strict minimum. Le ministre n'a obtenu
qu'un maigre 40 000 000 $ qui a déçu tout le monde, les
universités au premier titre, on s'en doute bien. Donc, c'était
la moitié de ce qui était qualifié comme étant le
strict minimum. Il est peut-être important d'ajouter ici que les 40 000
000 $ qui ont été versés dans l'enveloppe des
universités, ou qui le seront puisque ce n'est pas encore fait,
proviennent d'une ponction équivalente qui a été faite
dans les deux autres réseaux, c'est-à-dire aux niveaux primaire,
secondaire et à l'enseignement collégial. À proprement
parler, il n'y a pas d'argent neuf dans l'enveloppe de l'éducation.
C'est tout simplement un transfert de fonds par voie de vases communicants.
C'était plus facile dans les circonstances puisque le ministre est
responsable des deux ministères, celui de l'Éducation et de
l'Enseignement supérieur.
Ce que le ministre a obtenu, les 40 000 000 $, c'est un retour au
financement des années 1985-1986. Donc, deux ans après
l'élection, pas de nouvelle formule de financement. Il y a gros à
parier que cette formule ne sera pas adoptée avant la prochaine
élection. Un an près la tenue de la commission parlementaire,
aucune suite concrète. Le ministre a formé des comités,
dont un comité sur la tâche des enseignants. Il qualifiait cette
situation d'intenable et d'intolérable. H priait les ministres d'agir
rapidement en cette matière. Il a réussi à mettre son
comité en fonction près d'un an après la commission
parlementaire. Nous attendons toujours. Nous ne sommes pas prêts, je
pense, de voir les résultats de ce comité de travail. D'ailleurs,
il y a un comité qui a déposé son rapport. Il s'agit du
comité Després. Nous attendons toujours les réactions du
ministre sur cette question. Pendant ce temps, il y a un déficit
accumulé dans les universités qui est passé de 50 000 000
$ en juin 1985 à environ 80 000 000 $ en juin 1986 et à
près de 130 000 000 $ en juin 1987. (10 h 15)
Quant aux 40 000 000 $ que le ministre a prélevés dans les
enveloppes des autres réseaux pour les verser dans le réseau des
universités, le mode de répartition crée une
insatisfaction, je dirais, unanime. Le ministre n'a pas à s'en
étonner, pour une raison très simple, parce que c'était le
double que les universités attendaient, ce qui était le strict
minimum. Quand 50 % de ce qui est qualifié être le strict minimum
sont répartis selon des règles qui sont, pour certains,
inacceptables, on ne s'étonne pas de retrouver des titres comme:
"Déçus, les recteurs d'université se partageront un maigre
40 000 000 $." Cela nous vient de la CREPUQ. "Les misérables 40 000 000
$, pour les universités, c'est la fête!" "L'Université
McGill crie à l'injustice!" Évidemment, l'Université Laval
répond: C'est indécent que l'Université McGill s'estime
mal traitée dans ce dossier. Concordia est frustrée et l'UQAM, de
la même façon. Il ne faut pas s'étonner dans ces
circonstances, d'abord à cause des règles de répartition
et parce que ce qu'il y a à partager, c'est 50 % de moins que ce que le
ministre estimait être le strict minimum.
Donc, je voudrais aborder toute la question de la répartition des
40 000 000 $ qui viennent, je le rappelle, à peine compenser pour les
compressions de 1986 et de 1987. Il est bon de le rappeler ici, on a
ramené ou on ramènera, parce que les 40 000 000 $ ne sont pas
encore répartis dans les universités, à peu près le
niveau de financement qui était celui de 1985-1986 et qui était
estimé par le présent ministre de l'Éducation, alors
porte-parole de l'Opposition, comme étant indécent. Donc, la
moitié du strict minimum.
Une hypothèse de répartition a été soumise
aux universités en juin. Les universités ont fait part de leurs
réactions au ministre. Le Conseil des universités a
également émis un avis. Selon ce scénario du Conseil des
universités, l'Université du Québec gagnait environ 1 200
000 $, l'Université Concordia, 500 000 $, tandis que les
universités McGill et Bishop perdaient chacun 500 000 $ et l'Ecole des
hautes études commerciales, près de 700 000 $. Finalement, le
ministre a présenté une proposition finale, en septembre,
semblable à celle de juin. Autrement dit, il n'a pas tenu
compte de la recommandation du Conseil des universités.
Le ministre avait annoncé au départ que 15 000 000 $ des
40 000 000 $ serviraient au redressement des bases. On constate que seulement
le quart de cette somme a été destiné à
corriger les inéquités et, de plus, selon une formule très
discutable; le reste est réparti au prorata des étudiants,
équivalent temps complet, mais selon une formule assez complexe qui
adonne un peu plus de poids aux étudiants des 2e et 3e cycles
qu'à ceux du 1er cycle.
Plusieurs" universités se disent insatisfaites, et je viens de le
rappeler; elles craignent, par ailleurs, que la méthode utilisée
pour répartir les 3 700 000 $ présume de la nouvelle formule de
financement en préparation.
Ma question, M. le ministre, porte sur la répartition du budget
des 40 000 000 $. Je voudrais savoir du ministre si la formule de
répartition qui a été annoncée aux
universités est définitive. Comment le ministre explique-t-il la
large insatisfaction que crée le mode de répartition qu'il
suggère et comment peut-il nous expliquer que moins de 10 % des 40 000
000'$ a finalement servi à corriger les bases?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, Mme la
députée de Chicoutimi. Je reconnais maintenant le ministre de
l'Éducation, de l'Enseignement supérieur et de la Science, pour
une période de dix minutes. M. le ministre.
Réponse du ministre M. Claude Ryan
M. Ryan: M. le Président, je comprends que la
députée de Chicoutimi n'ait pas son enthousiasme ce matin, parce
qu'elle attendait 50 000 étudiants à la manifestation qui a eu
lieu hier soir; je crois qu'il y en a eu à peu près 1500. Le
manque de proportion dans ses estimations est à peu près du
même ordre lorsqu'elle traite des universités et de leur
financement.
J'ai remarqué qu'elle vit beaucoup de souvenirs, qu'elle parle
beaucoup des souvenirs de l'année 1986-1987, mais qu'elle n'a pas
grand-chose à dire sur les améliorations apportées en
1987-1988 dans le financement des universités. On va essayer de
présenter un tableau clair et complet, à partir duquel nous
pourrons discuter en toute objectivité pour la meilleure information
possible de nos concitoyens et de nos concitoyennes.
Mes remarques se situeront à deux niveaux. Tout d'abord, le
niveau de financement des universités pour l'année 1987-1988 et,
deuxièmement, le partage des ressources réservées aux
universités pour l'année 1987- 1988. Je veux tout d'abord
profiter de cette occasion que nous offre l'interpellation de la
députée de Chicoutimi pour rappeler à l'attention de la
population certaines données qui illustrent la contribution très
importante du gouvernement québécois au financement des
universités en 1987-1988. Une comparaison très simple
résume mieux que toute autre l'ampleur de l'effort consenti cette
année pour les universités par le gouvernement. Tandis que les
dépenses du gouvernement, dans son ensemble, augmentent d'environ 5,5 %
en 1987-1988, les subventions de fonctionnement réservées aux
universités par le gouvernement québécois augmenteront de
10,9 % pour la même période, c'est-à-dire l'année
1987-1988.
Tout compte fait, le gouvernement injectera 112 000 000 $ de plus cette
année qu'en 1986-1987 dans les universités, en subventions de
fonctionnement. Cet effort est d'autant plus remarquable que, pour
l'année 1987-1988, selon les estimations que nous établissons,
les revenus anticipés au titre du financement des transferts en
espèces provenant du programme fédéral de participation au
financement de l'enseignement postsecondaire vont accuser une diminution que
nous estimons à environ 184 000 000 $. Alors, si vous estimez que d'un
côté nous touchons 184 000 000 $ de moins que ce que nous aurions
normalement touché si le programme fédéral n'avait pas
été modifié unilatéralement par le Parlement
fédéral et que vous ajoutiez le montant des 112 000 000 $ que le
gouvernement accorde aux universités cette année, je ne vois pas
comment on peut éviter de conclure qu'il y a un effort
considérable de la part du gouvernement.
Cet effort, je le résumerai dans les éléments
suivants, sur lesquels Mme la députée de Chicoutimi s'est bien
gardée de formuler quelques commentaires que ce soient. D'abord cette
année, contrairement à l'année précédente et
à la presque totalité des neuf années
précédentes, il n'y a pas de compression. L'enveloppe des
subventions de fonctionnement ne comporte aucune compression.
Deuxièmement, l'enveloppe ne comporte aucun prélèvement.
Cela veut dire que pour certains développements nouveaux, en
matière de programmes par exemple, l'enveloppe prévoit un budget
propre. On n'est pas obligé de le prendre à même le budget
qui existait déjà. Au chapitre des masses salariales, le
gouvernement accorde une indexation de 1 % pour les coûts relatifs au
vieillissement des personnels et une augmentation de 4,28 % pour les hausses
salariales des personnels syndiqués et syndicables. Le gouvernement
accorde en plus une indexation de 2 % pour les autres dépenses de
fonctionnement des universités. Le gouvernement accorde en outre cette
année des subventions au titre des clientèles
additionnelles, dont le total sera de 17 301 000 $ en plus d'un montant
de 5 300 000 $ en ajustements pour l'année précédente.
Les normes suivies pour le financement des clientèles
additionnelles seront retenues de nouveau pour l'année 1987-1988,
c'est-à-dire que les étudiants des secteurs prioritaires seront
financés à 70 % et ceux des autres secteurs à 50 %. Enfin,
le gel des droits de scolarité est maintenu pour l'année
1987-1988, non seulement pour les étudiants québécois mais
pour les étudiants canadiens ainsi que pour les étudiants
étrangers. En plus, nous avons prévu cette année une
enveloppe de 11 800 000 $ pour le programme des actions structurantes dont
l'effet sur le développement des services et des effectifs de recherche
dans nos universités est considérable. Tout cela donne, pour
l'année 1987-1988, un montant de 1 142 000 000 $ en subventions de
fonctionnement pour les universités»
La députée de Chicoutimi disait tantôt que les
mesures du gouvernement ont suscité une déception
générale. Je pense qu'elle n'a pas pris connaissance de la
correspondance qui m'a été adressée à ce sujet et
dont elle a probablement eu copie. Quand j'étais dans l'Opposition, je
veillais à me procurer le plus possible des copies de la correspondance
qui était échangée, même parfois par des moyens
subreptices - pas illégaux.
Mme Blackburn: ...c'était le péché.
M. Ryan: Je vous donne quelques extraits. L'Université du
Québec, par la voie de son président, m'écrit ceci: "Nous
possédons maintenant tous les éléments d'information
nécessaires à la bonne compréhension du dossier - ce qui
semble faire défaut de l'autre côté - et nous voulons
souligner, comme l'a d'ailleurs fait le Conseil des universités, que,
pour la première fois depuis plusieurs années, le budget
prévu pour les universités ne comprend ni compressions ni
prélèvements. De plus, nous percevons enfin la volonté de
rechercher une nouvelle politique de financement plus équitable. Nous
réitérons notre grande satisfaction quant à ces
démarches." Voilà pour le président de l'Université
du Québec.
Maintenant, je vais vous citer le recteur de l'Université du
Québec à Montréal, M. Corbeau, dans une lettre du 25
août: "Avant de commenter certains aspects particuliers de la proposition
de répartition des 40 000 000 $, la direction de l'UQAM veut vous faire
part de sa réelle satisfaction d'apprendre qu'en 1987-1988 le
financement universitaire est octroyé sans compressions
générales ni prélèvements. En outre, nous avons
également noté que les dépenses d'autre nature que
salariale sont même partiellement indexées au coût de la
vie, ce qui ne s'était pas vu depuis fort longtemps. Ces mesures
constituent à coup sûr un changement de cap très notable et
une transformation très appréciable du sort réservé
aux universités depuis quelques années. Ce faisant, votre action
énergique permet de stopper une détérioration encore plus
profonde et d'amorcer une correction qui s'imposait de plus en plus aux yeux
des observateurs avertis des choses universitaires. Qu'à ces mesures
s'ajoute en plus une enveloppe supplémentaire de 40 000 000 $,
voilà qui démontre le sérieux et le bien-fondé de
votre action. Je tiens donc à vous réitérer
l'appréciation et la reconnaissance de la direction de
l'université. Dans un contexte où l'état des finances
publiques n'autorise guère l'euphorie, les universités doivent
reconnaître - et j'aimerais que l'Opposition le fasse aussi - que le
ministre de l'Enseignement supérieur et de la Science assume pleinement
ses responsabilités. Nous le reconnaissons sans hésitation. Notre
appui est acquis à vos efforts ultérieurs."
Je pourrais continuer, mais je vais vous citer un extrait d'une lettre
que m'adressait le recteur de l'Université McGill. On a beaucoup entendu
parler de l'Université McGill ces derniers temps, université pour
laquelle nous avons tous un très grand respect. C'est une lettre qui m'a
été adressée au cours de l'été.
C'est M. David Johnston, le recteur et vice-chancelier qui
m'écrit: "Au nom de l'Université McGill et son conseil des
gouverneurs, je tiens à vous féliciter de l'action vigoureuse que
vous avez menée au cours de la dernière année pour alerter
le gouvernement au sujet de la situation financière extrêmement
difficile des universités et en particulier de la gravité des
déficits de certaines universités imputables à une formule
historique de financement injuste et à des prélèvements
budgétaires draconiens. C'est avec beaucoup de soulagement et d'espoir
pour l'avenir que nous avons tous pris connaissance des mesures
budgétaires annoncées par le ministre des Finances le 30 avril.
Nous voyons, dans t'annonce de ces mesures, le résultat de votre travail
énergique au sein du gouvernement, relativement au défi
insurmontable, voire à l'impasse auxquels nous étions
confrontés. Aujourd'hui, votre action est couronnée de
succès et mérite d'être soulignée."
Je pourrais continuer, M. le Président, mais malheureusement...
Je comprends que l'Opposition ait hâte que cela se termine, j'avais
encore sept ou huit autres lettres à lire. Je vais seulement
compléter par le Conseil des universités. J'ai remarqué
que la députée de Chicoutimi a cité l'avis du Conseil des
universités pour 1986-1987, mais elle n'a peut-être pas lu celui
qui a été donné pour 1987-1988. Voici ce que le Conseil
des universités dit. "Le conseil ne
peut que se réjouir du revirement de situation amorcé.
Tout d'abord, pour la première fois depuis 1981-1982, le système
universitaire est exempté de compressions budgétaires et aucun
prélèvement ne sera effectué cette année. Le
Québec a innové cette année par l'ajout dans le discours
sur le budget de mesures spéciales échelonnées sur deux ou
quatre ans qui auront un impact sur l'ajustement des bases de financement, sur
la résorption des déficits, sur les frais indirects de recherche,
l'acquisition d'équipement scientifique et de ressources documentaires.
Ces mesures permettront aux universités de parer au plus urgent durant
la période de transition, ce qui donnera le temps au ministère de
compléter ses études pour l'élaboration d'une nouvelle
politique de financement. Je pense que... (10 h 30)
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous remercie,
M. le ministre, votre temps est écoulé depuis longtemps
déjà.
M. Ryan: M. le Président, juste une seconde, si vous me
permettez.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre, il
y a des règles à suivre, on s'est entendu. Vous aurez l'occasion
de revenir durant cette interpellation pour justifier votre point de vue. Je
reconnais, selon nos règles de procédure, la
députée de Chicoutimi, le porte-parole officielle de
l'Opposition, en matière d'éducation. Mme la
députée.
Argumentation Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Je ne passerai pas
mon temps à corriger les omissions volontaires du ministre au sujet d'un
certain nombre de choses, mais une chose certainement, ce que j'ai dit hier au
sujet du débrayage d'étudiants, j'ai dit qu'il y avait 50 000
jeunes, 50 000 étudiants qui avaient quitté leur cours. Qu'ils se
sont retrouvés 1500 ou 2000 sur la colline, c'est autre chose. Il me
semble qu'il ne fait pas assez froid pour que le ministre manque autant de
rigueur.
Une voix: Très bien.
Mme Blackburn: Le ministre nous dit et nous répète
depuis quelque temps que les programmes de financement des universités
à frais partagés par le fédéral sont
modifiés unilatéralement, sans consultation du Québec. Je
dois dire là-dessus que le ministre n'est pas plus performant,
malgré tous les propos qu'il tenait à ce sujet, que le
précédent gouvernement. J'adore le beau risque, mais je
m'attendais à ce que vous soyez un peu plus compétent et
performant que nous l'étions alors que vous disiez que c'était
parce qu'on avait une option qui se défendait mal au
fédéral.
Pour ce qui est des programmes d'actions structurantes, je dis: Bravo!
Cela a été mis en place par le précédent
gouvernement et c'était excellent. À preuve, cela a
été maintenu, et je pense que les universités auraient
probablement manifesté fort violemment si cela avait été
aboli. Les lettres que le ministre nous a lues tout à l'heure ne
répondent en rien à ce que j'ai dit tantôt quant au mode de
répartition des 40 000 000 $ et à la faiblesse de ces 40 000 000
$. Ces lettres qu'il nous cite sont venues avant que ne soient connues les
règles de répartition.
Je reviens sur cette répartition des 40 000 000 $. Je vous livre
quelques chiffres qui devraient nous parler. Avec 28 % des effectifs,
l'Université du Québec reçoit environ 12 % des
crédits additionnels de fonctionnement. McGill, qui a 14 % des
effectifs, récolte 26 % des budgets de fonctionnement dans l'enveloppe
des 40 000 000 $. Par rapport à l'ensemble des crédits
additionnels, c'est-à-dire les 40 000 000 $, l'UQ reçoit quelque
17 %, alors qu'on se rappelle qu'elle a 28 % des effectifs, et McGill en
reçoit 23 %, alors qu'elle n'a que 14 % des effectifs. Sur les 3 700 000
$ devant servir à corriger les inégalités, le
sous-financement de certains établissements, McGill obtient 2 000 000 $
et l'UQ rien alors que, de l'avis unanime, on estimait que l'UQAM était
reconnue comme étant sous-financée.
M. le Président, l'Université McGill est la plus riche au
Québec. Elle part, je dirais, avec le gros morceau. On est obligé
de s'interroger. Le ministre n'a-t-il pas été capable de
résister au lobby anglophone ou est-ce simplement parce que ce lobby
s'est fait par-dessus sa tête et qu'il a été obligé
de s'incliner? On doit reconnaître que toutes les universités sont
sous-financées. Cela a été reconnu à
l'unanimité. Mais force nous est de constater qu'une université
qui est riche, à la fois par le nombre de ses propriétés,
par la qualité et le nombre de ses fondations, par ses traditions,
assume mieux le sous-financement qu'une université qui est jeune et qui
est en diminution de clientèle, et je pense, en particulier, aux
universités régionales.
Ce que je voulais savoir du ministre -il n'a pas répondu tout
à l'heure - c'est est-ce que les règles d'allocation des 40 000
000 $ nous donnent des indications quant aux règles de financement qui
seront éventuellement adoptées? Comment le ministre explique-t-il
que ne soit pas reconnu le sous-financement de l'UQAM? Comment le ministre
justifie-t-il que la dernière proposition au sujet des
bibliothèques avantage McGill alors que
la bibliothèque de l'Université McGill est la plus riche
au Québec, parmi les plus riches au Canada? Elle se classe, si je ne
m'abuse, parmi les dix ou onze premières, au dixième ou au
onzième rang, en Amérique du Nord. Ce qu'on choisit de financer,
ce sont les bibliothèques de l'Université McGill. Je voudrais
savoir - et toutes les universités sont intéressées
à savoir cela - si les règles de répartition qui ont
été proposées aux recteurs récemment, le 29 ou 30
septembre, sont définitives.
M. Claude Ryan
M. Ryan: D'abord, il y a une chose que nous allons tirer au clair
tout de suite. J'ai remarqué que la députée de Chicoutimi
n'a rien trouvé à répondre aux remarques que j'ai faites
sur le niveau de financement des universités pour 1987-1988. Voici un
premier point que je souhaite acquis entre nous. Si nous nous entendons sur les
chiffres que j'ai donnés tantôt et sur ce qu'ils signifient comme
importance de l'effort du gouvernement en faveur des universités pour
1987-1988, je pense que le débat de ce matin aura eu une grande
utilité. Par conséquent, je considère cette partie du
débat comme close et l'argument du gouvernement comme accepté par
l'Opposition, faute d'arguments pour le réfuter ou le mettre en
doute.
Maintenant, la députée de Chicoutimi nous entraîne
sur le deuxième thème que nous devions logiquement aborder ce
matin, celui du partage des subventions pour l'année 1987-1988. C'est un
thème fort pertinent et sur lequel on nourrit, de diverses sources, des
préoccupations fort légitimes. C'est normal qu'on interroge le
gouvernement là-dessus. Je suis très heureux qu'on aille sur ce
terrain. En guise d'explication première -cela va prendre au moins
quelques interventions pour expliquer tout le tableau -je voudrais, tout
d'abord, donner un tableau d'ensemble pour que les choses soient claires pour
nous. Le total des subventions de fonctionnement pour l'année 1987-1988
sera 1 142 000 000 $; est-ce que cela va? Disons 1 142 000 000 $.
Là-dessus, 1 110 000 000 $ seront distribués exactement suivant
les mêmes critères que les subventions de 1986-1987,
c'est-à-dire 97 %; ce sont les mêmes critères. Par
conséquent, il n'y a pas matière à mettre le feu nulle
part, il n'y a pas matière à lancer des croisades, 97 %
distribués suivant les mêmes critères.
Il restait les 40 000 000 $ qui ont été injectés
par le discours sur le budget en avril dernier. Sur les 40 000 000 $, enlevons
tout de suite 10 000 000 $ qui vont être refilés aux
universités par le canal du budget d'investissements. On pourra en
parler tantôt si la députée le veut. En matière de
subventions de fonctionnement, il y a 30 000 000 $. Alors, sur les 30 000 000
$, il y a la moitié qui va pour le redressement de la base de
financement; il y a 8 000 000 $ qui vont pour la résorption des
déficits et 7 000 000 $ pour le financement des frais indirects de la
recherche. Sur le partage des sommes relatives aux frais indirects de la
recherche, il n'y a pas de débat. Le critère que nous avons
retenu, c'est celui du montant des subventions de recherche reçues par
chaque université; on partage le montant en conséquence. Tout le
monde s'entend là-dessus. Alors, il n'y a pas de débat sur
celui-ci non plus.
Sur les montants mis de côté pour la résorption des
déficits, il y a une divergence avec l'Université Laval. On a
pris le total des déficits accumulés depuis 1980-1981
jusqu'à 1985-1986. L'Université Laval aurait voulu qu'on inclue
le déficit de 1986-1987. On lui a dit qu'on le ferait l'an prochain.
Cette année, on ne peut pas parce que toutes les subventions de
1987-1988 sont fondées sur les données de l'année
1985-1986. Si on avait retenu le déficit pour 1986-1987, nous eussions
faussé l'équilibre général du partage des
subventions. Par conséquent, sur ce point-ci, il n'y a pas de
débat important non plus. Cela fait une autre moitié des 30 000
000 $ qui vient s'ajouter aux 97 %. Là, on est rendu à 98,5 %,
sur lesquels il n'y a pas de débat, sur lesquels on s'entend très
bien.
Il reste un montant de 15 000 000 $ qui devait aller pour l'ajustement
des bases de financement. Je vais vous dire ce que nous avons fait. Nous avons
élaboré - est-ce que c'est dix ou douze scénarios? - douze
scénarios comprenant toutes les hypothèses possibles. Nous avons
retenu l'hypothèse la plus raisonnable basée sur les deux
postulats suivants. Tout d'abord, nous voulions remédier à un
phénomène général de sous-financement. Il n'y a pas
une université dont nous pouvions dire honnêtement qu'elle
était surfinancée objectivement. Il y avait un
phénomène général de sous-financement.
Deuxièmement, nous avons voulu apporter un début de correctif au
phénomène de sous-financement relatif dont souffraient certaines
universités. Pour ne pas créer de commotions ou de perturbations,
sur le montant de 15 000 000 $ nous en avons pris les trois quarts que nous
répartissons au prorata des clientèles étudiant à
temps complet calculés suivant la nouvelle méthode REÇU.
Évidemment, cela entraîne de légères fluctuations
par rapport à l'année précédente mais c'est une
méthode que nous devons introduire pour l'avenir. Nous avions l'ordre du
Conseil du trésor de l'introduire à compter de cette
année. Nous commençons et 75 % va de ce côté. Il n'y
a pas de plainte à ce sujet le moindrement significative. Il restait un
montant de 3 750 000 $ que nous voulons répartir
suivant le sous-financement. Là, il y a matière à
débat et il y a certains sujets qui nous séparent. Mais 3 750 000
$ sur 1 142 000 000 $, je pense que c'est à peu près trois ou
quatre dizièmes de 1 % sur l'ensemble. C'est cela le débat. Il
n'y a pas d'autres choses pour l'instant.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Je reconnais maintenant le député de
Louis-Hébert. M. le député.
M. Réjean Doyon
M. Doyon: Merci, M. le Président. Je pense que le ministre
de l'Éducation est en train de nous faire une démonstration fort
convaincante de la logique et de la justice qui ont présidé
à la répartition des fonds. Il a établi - et je pense
qu'il y a un accord qui est en train de se dégager - que le gouvernement
du Québec, par le ministère de l'Éducation, est en train
de faire des efforts qui n'ont jamais été faits, en tout cas dans
les dernières années, concernant l'augmentation des fonds mis
à la disposition de l'enseignement universitaire au Québec. Il
est important de souligner cela. On a beau agiter les drapeaux rouges tant
qu'on voudra, il n'y a pas péril en la demeure puisque le gouvernement
fait des efforts considérables et va continuer d'en faire.
Le ministre est en train de nous faire la preuve par a plus b que, en ce
qui concerne l'aspect très important de la répartition, il n'y a
pas injustice flagrante non plus. Il est sûr qu'il peut y avoir des
critiques. Il est sûr que certaines hypothèses qui sont retenues
peuvent être, à première vue, plus avantageuses pour
certaines universités que pour d'autres. En ce qui me concerne,
particulièrement pour l'Université Laval, il est remarquable que
les pourcentages minimes impliqués dans les différences qui
continuent d'exister se reflètent aussi au niveau des pourcentages des
sommes quand ils sont mis en regard des budgets globaux des universités
et plus particulièrement de l'Université Laval. En ce sens, M. le
ministre, il est intéressant de voir que sur la presque totalité
des sommes - là on en est au dizième de 1 % près - il n'y
a pas de difficulté.
On fait grand état et on tente de soulever de faux
problèmes quand on fait des oppositions qui sont, je dirais, presque
vicieuses entre ce qui se passe par rapport aux universités de langue
française et aux universités de langue anglaise. Ces
problèmes sont de faux problèmes parce que le problème ne
réside pas là. La preuve c'est que les universités sont
les mieux placées elles-mêmes pour surveiller leurs propres
intérêts. Les universités, qu'elles soient francophones ou
anglophones, donnent leur accord en ce qui concerne les critères de
répartition pour la presque totalité des sommes.
M. le ministre, je voudrais vous permettre de continuer votre
démonstration pour ce qui est des redressements additionnels où
vous nous expliquiez qu'il restait 3 750 000 $ et où il y avait une
certaine divergence de vues sur certains points. Je voudrais que vous puissiez
continuer de nous expliquer, à l'intérieur du scénario que
vous avez retenu et à l'intérieur des hypothèses d'analyse
qui sont les vôtres, comment vous avez réparti ces 3 750 000 $. En
ce qui concerne la location pour le redressement de la base il n'y a pas de
difficultés majeures, en ce qui concerne la résorption des
déficits accumulés, il y a une université,
l'Université Laval qui voudrait que le déficit anticipé
1987-1988 soit déjà inclus. Vous nous expliquiez que vous ne
pouvez pas le faire actuellement parce que les chiffres ne sont pas disponibles
dans leur totalité. Cela laisse entendre de votre part, M. le ministre,
et vous nous le direz si vous le désirez, que l'an prochain il sera tenu
compte de ces déficits quand les chiffres seront acquis et qu'on saura
à quoi s'en tenir. (10 h 45)
Si c'est le cas, la critique que fait l'Université Laval se
trouvera à ce moment-là à disparaître et on peut
déjà considérer que, les règles s'appliquant,
telles qu'elles s'appliquent maintenant, avec de nouveaux chiffres,
l'Université Laval se retrouvera sans critique à ce
niveau-là. Il n'y a pas de critiques non plus en ce qui concerne les
frais indirects de recherche, vous nous l'avez indiqué, et les
équipements scientifiques. Il nous reste 3 750 000 $,
c'est-à-dire à peine 25 % de la totalité.
M. le ministre, je voudrais que, sur le redressement dp la base, sur le
redressement additionnel de 3 750 000 $, vous continuiez la
démonstration que vous avez commencée pour permettre de situer,
dans l'ensemble du débat, ce qui reste finalement à régler
à la satisfaction totale de tout le monde.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci beaucoup, M.
le député de Louis-Hébert. Je reconnais maintenant pour
une période de cinq minutes le député d'Abitibi-Ouest et
nouveau leader de l'Opposition. M. le député étant devenu
membre à part entière de cette commission permanente, je veux
profiter de l'occasion pour le féliciter de sa récente nomination
et lui assurer la collaboration des membres de cette commission et, en
particulier, celle du président. Encore une fois, félicitations
et meilleurs voeux de succès dans vos nouvelles fonctions. Nous vous
écoutons, M. le député.
M. François Gendron
M. Gendron: Merci, M. le Président de
la commission. J'espère que je m'acquitterai le mieux possible de
mes nouvelles fonctions. Mais, ce matin, je suis ici pour partager avec ma
collègue de Chicoutimi une discussion que nous voulions la plus
sérieuse possible sur une question majeure, une question très
importante pour l'avenir du Québec parce que les universités et
l'éducation - il faudra le prouver un moment donné - c'est un
investissement pour l'avenir et, en ce sens, il faut s'assurer de leur donner
les ressources requises.
Ce qui est étonnant ce matin - et je pense que le ministre de
l'Éducation a raison de bien régler la première partie en
nous disant: Écoutez, est-ce que, oui ou non, sur le financement
universitaire, nous avons fait des efforts et est-ce que cela répond aux
besoins du milieu? Et cela, avant de parler de la problématique de la
ventilation des 40 000 000 $. La réponse, pour nous, M. le ministre de
l'Éducation, c'est non! Le problème du financement des
universités n'est pas réglé, avant de discuter de la
répartition de l'enveloppe des 40 000 000 $. Il n'est pas
réglé parce que c'est toujours la même affaire avec vous.
Entre vous, comme individu, et vous, comme membre de l'équipe du Parti
libéral, l'écart est toujours absolument monstrueux entre votre
fameux beau discours et la réalité. Le discours de
l'équipe du Parti libéral - je me rappelle très bien vous
avoir vu du côté du j'occupe, je vous y revois très bien,
vous faisiez bien cela - mais ce n'était donc pas drôle, que ce
n'était donc pas drôle, l'insouciance, l'irresponsabilité
que nous avions par rapport au sous-financement des bases universitaires. Et
tantôt, vous avez fait un beau discours, vous avez dit: Comme Mme la
députée de Chicoutimi n'a pas répliqué, cela veut
dire que c'est correct, le financement universitaire est correct! Je vais
discuter tantôt des 40 000 000 $. Nous disons: Non, il n'est pas correct,
et vous aussi, vous le savez, M. le ministre. De deux choses l'une. Ou bien
vous vous foutez du milieu universitaire quand il établit des principes
fondamentaux sur des besoins sérieux. Le besoin du financement
universitaire pour (a dernière année, soit 1987-1988, sur deux
ans, était de 145 000 000 $. Vous avez vous-même collaboré
à établir ce chiffre-là puisque... Relisons vos textes de
la commission parlementaire spéciale sur le sous-financement des
universités et l'avenir des universités.
Mme Blackburn: La note qu'il a envoyée au premier
ministre.
M. Gendron: Oui, justement. Et la note que vous avez
envoyée au premier ministre indiquant clairement qu'il était
devenu urgent d'apporter des correctifs majeurs. Votre demande, M. le ministre
de l'Éducation, était pour le strict minimum de 145 000 000 $ sur
deux ans. Il s'agit de discuter à savoir si ce que vous avez obtenu est
suffisant. La réponse, c'est non, et vous le savez, parce que vous avez
obtenu 40 000 000 $ pour l'année en cours et non 145 000 000 $. Vous
avez commencé votre intervention, comme d'habitude également, en
disant que nous ne connaissons rien, que nous n'avons pas les bonnes
données et que vous allez nous expliquer cela. Vous avez dit: Je vais
vous donner un tableau clair parce que quand j'aurai parlé, là je
n'ai pas le choix...
Mme Blackburn: La lumière fut.
M. Gendron: La lumière devrait normalement éclairer
tout le monde ou aveugler tout le monde, et là, la vérité
a été dite. Ce n'est pas tout à fait comme cela que
ça se passe, M. le ministre de l'Éducation. Vous-même dans
vos documents, vous-même dans les revendications que vous avez faites, et
je voudrais citer ici le bulletin de la CREPUQ, la Conférence des
recteurs et des principaux des universités du Québec, qui dit...
Ce n'est pas la lettre personnelle que vous recevez, en l'achetant
probablement. C'est un bulletin de liaison où on dit: Écoutez, M.
le ministre, vous avez fait un effort, bravoî Mais il faut
déplorer que le gouvernement ait accepté de faire la
moitié du pas qui était requis, puisqu'il s'agissait d'un strict
minimum, les 145 000 000 $ sur deux ans. Ce n'est pas une lettre, c'est un
bulletin à toutes les universités.
Alors, est-ce que le financement universitaire est réglé,
M. le ministre? Non, vous-même, vous l'avez établi lors de la
commission parlementaire. Vous-même, vous avez établi qu'il y
avait véritablement un pas plus important à faire et les gens
concernés disent: Écoutez... Vous nous parliez tantôt, dans
un beau discours, en disant: On a injecté beaucoup d'argent.
Rappelez-vous que la dernière année du gouvernement du Parti
québécois il n'y a pas eu de compression et il y a eu une
injection de 37 000 000 $.
Donc, à quoi revient-on? On revient, avec l'injection que vous
avez faite, à peu près au niveau de financement universitaire qui
prévalait antérieurement. Donc, sur la question du financement
universitaire - ce n'est pas à l'interpellation qu'on peut tout
régler - je pense que ma collègue a très bien situé
le problème. Oui, M. le ministre, vous avez fait un effort. Là,
parce qu'au début de l'interpellation on ne peut pas tout dire, elle est
revenue sur la question des 40 000 000 $. Si c'était si heureux que
cela, comment se fait-il que tout le monde ait réagi avec insatisfaction
en disant: On n'est pas d'accord avec la manière dont cela s'est fait et
on trouve que cette enveloppe crée
des injustices? Écoutez, les termes de l'Université
Concordia: frustré, en colère, exaspéré,
blessé, ce n'est pas moi qui ai inventé cela. M. Johnston nous
dit: C'est le point de vue qu'on voulait établir tantôt. Nous, on
pense qu'effectivement il n'est pas à plaindre. On pense que
l'Université McGill n'est pas à plaindre. Là,
l'Université Laval dit: Quand McGill se lamente, on trouve cela
indécent.
Je termine parce que - toujours à cause de la formule de
l'interpellation - on est obligé de progresser dans le temps. J'ai deux
dernières questions, parce que jamais vous n'avez répondu aux
deux questions concernant la répartion des 40 000 000 $. Est-ce que vous
avez l'intention d'utiliser les mêmes paramètres de
répartition et les mêmes critères pour les 39 000 000 $ que
vous allez avoir probablement pour 1988-1989 et est-ce que le ministre peut
assurer l'université que la méthode utilisée cette
année n'aura aucune influence sur la nouvelle formule de financement que
vous préconisez et dont vous avez parlé à plusieurs
reprises et dont vous aviez la recette quand vous étiez de ce bord-ci?
Cela fait deux ans que vous êtes ministre et, là, il y a un
comité d'étude. Vous la prévoyez dans les deux ou trois
prochaines années, je pense?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
député de d'Abitibi-Ouest. Nous écoutons maintenant le
ministre de l'Éducation, de l'Enseignement supérieur et de la
Science. M. le ministre.
M. Claude Ryan
M. Ryan: Je comprends que le député d'Abitibi-Ouest
soit un peu moins familier avec ces choses et qu'il a tenu des propos qui
s'éloignaient pas mal de la réalité parfois. Mais je ne
l'en félicite pas moins de son accession à la fonction de leader
de l'Opposition et je suis sûr qu'il va faire un très bon travail
dans cette fonction.
Je voudrais simplement faire une correction. Dans le mémoire que
j'avais adressé au premier ministre en janvier dernier et dont des
extraits ont été publiés, sans que j'y sois pour rien,
dans les journaux par ia suite, je demandais un programme transitoire de 41 500
000 $ pour la première année et de 40 500 000 $ pour la
deuxième. Je ne demandais pas 165 000 000 $. J'avais réduit
délibérément à un minimum que j'estimais
réaliste les besoins auxquels nous devrions satisfaire. Finalement, ce
que nous avons libéré, cela a été 40 000 000 $ pour
la première année et 39 000 000 $ pour la deuxième
année. Je pense que le gouvernement a fait un effort qui est très
proche... Il y a certaines modalités qu'on pourrait discuter dans le
partage des sommes mais, grosso modo, ce que les universités recevront
en 1987-1988 comme amélioration en plus de ce qui avait
été ajusté dans ta base de financement, c'est 40 000 000 $
pour l'année universitaire.
Ce point-là est clair et, encore une fois, si le
député d'Abitibi-Ouest pouvait citer des témoignages comme
ceux que j'ai reçus, des témoignages unanimes au sujet de
l'amélioration du niveau de financement pour la période où
il était au pouvoir, ce serait très intéressant. Mais je
connais les lettres qu'il recevait dans le temps et les avis que le Conseil des
universités émettait, je les connais aussi, parce que je les
Usais. Mais convenons ensemble - je pense que cela va être constructif -
qu'il y a eu une amélioration substantielle. Je n'ai jamais
prétendu que c'était un règlement définitif; c'est
un programme transitoire.
J'en reviens à deux aspects soulevés par nos
collègues de l'Opposition. Tout d'abord, la portée des
critères retenus pour le partage et des autres mesures qui doivent
venir. J'insiste d'abord pour rappeler que nous avons un programme transitoire
qui se poursuit en 1988-1989 au rythme d'une injection spéciale de 39
000 000 $. Après cela, qu'est-ce qui va arriver? Là, nous sommes
en train de travailler à une nouvelle formule de financement qui vise
à être plus équitable pour toutes les universités.
J'ai communiqué aux recteurs des universités un plan de travail
là-dessus. C'est un plan de travail simple et clair, qui a
déjà commencé à se réaliser. Il va
nécessiter ia collaboration franche et loyale des universités.
J'espère qu'une nouvelle formule de financement pourra être mise
au point au cours de la prochaine année, soit d'ici à un an. Je
vise comme objectif l'été de 1988 pour qu'ensuite nous puissions
la discuter à l'automne dans l'espoir de l'appliquer à compter de
l'année budgétaire suivante. C'est clair. C'est net. Je n'ai
jamais pris l'engagement de faire cela prématurément. Il serait
impossible de le faire plus vite pour qui est le moindrement familier avec
toutes les complications inhérentes à ce travail. Cela
règle ce problème-là.
J'en reviens au partage que nous proposons pour cette année.
Entre parenthèses, ce partage n'est pas encore définitif. Des
décisions doivent être prises par le gouvernement, je
l'espère, au cours des prochains jours parce que les pourparlers ont
duré assez longtemps avec les universités. Nous les avons
écoutées autant qu'un gouvernement démocratique peut
entendre ses partenaires. En ce qui touche les 99 % dont j'ai parlé, il
n'y a pas de problème de ce côté-là. Nous nous
entendons. 5ur le 1 %, tes critères que nous avons retenus sont des
critères transitoires. Ils n'engagent aucunement la formule permanente
de financement. Pour l'année 1988-1989,, en réponse au
député de Louis-
Hébert, je précise que nous tiendrons compte l'an prochain
du déficit encouru en 1986-1987 par l'Université Laval. Cela
permettra un ajustement substantiel de la subvention transitoire versée
à l'Université Laval pour l'année 1988-1989. Cela n'engage
pas davantage l'avenir. Tout est sujet à discussion, tout est sur la
table.
Il y a une chose, cependant. Dans le partage du 75 % des 30 000 000 $,
le critère du calcul des clientèles d'étudiants à
temps complet selon la nouvelle méthode REÇU, c'est un pas qui a
été fait sur lequel nous ne reviendrons pas. Il y a
peut-être des perfectionnements à apporter à la
méthode. Ce sera discuté. Il y a encore un ou deux points
à propos de la méthode qui sont l'objet de discussions. C'est
tout le calcul des crédits pour le niveau de la maîtrise et le
niveau du doctorat. Mais, à part cela, la méthode est
acceptée. C'est un acquis pour l'avenir.
J'ajoute une brève précision dans le cas de
l'Université Laval. En plus des subventions de fonctionnement, nous
discutions de subventions pour fins d'immobilisations et nous travaillons
présentement avec le Conseil du trésor afin de faire avancer un
projet très intéressant qui m'a été soumis, celui
de la construction d'un pavillon des sciences de l'organisation.
J'espère que nous pourrons autoriser dès la présente
année une somme pour la mise en route des travaux visant à mettre
au point les plans et devis en vue de la construction éventuelle.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Je reconnais maintenant Mme la députée de
Jacques-Cartier dans son droit de parole de cinq minutes.
Mme Joan Dougherty
Mme Dougherty: Merci, M. le Président. Il y a quelques
minutes, la députée de Chicoutimi a accusé le ministre de
discrimination en faveur de l'Université McGill qui, selon la
députée, est la plus riche des universités du
Québec- J'aimerais détruire ce mythe en vous citant quelques
faits en ce qui concerne l'Université McGill. (11 heures)
D'abord, selon les études du ministère, les études
faites par l'ancien gouvernement du Parti québécois ainsi que les
études actuelles du gouvernement libéral, l'Université
McGill est sous-financée. Il faut d'abord reconnaître que toutes
les universités sont sous-financées. Mais l'Université
McGill est sous-financée, selon les chiffres du ministère pour un
montant variant de 17 000 000 $ à 25 000 000 $, selon la façon de
le calculer. Cela veut dire que l'université McGill subit, au moins
selon toutes les façons de le calculer, 50 % du sous-financement de nos
universités au
Québec. Malgré ce sous-financement, j'aimerais citer
quelques faits en ce qui concerne la performance de McGill. Au chapitre des
subventions de recherche extérieures par professeur, McGill se classe en
tête des universités canadiennes. La proportion d'étudiants
par professeur est nettement plus élevée que les moyennes du
Québec et du Canada. Plus particulièrement, ce rapport est de
18,3 contre 1 à McGill et de 16,8 contre 1 dans les autres
universités du Québec qui possèdent une faculté de
médecine et de 16,5 contre 1 dans les cinq universités
ontariennes pourvues d'une faculté de médecine.
Troisièmement, la part du budget d'exploitation de McGill
consacrée à l'administration est de 6,1 %, ce qui place McGill
aux côtés des deux autres universités canadiennes au bas de
l'échelle canadienne. La moyenne canadienne se situe à 8,2 %; la
moyenne québécoise, à 9,7 %. L'université ne
possède ni limousine ni chauffeur.
L'autre fait, c'est la rapidité avec laquelle les
étudiants de McGill obtiennent leur maîtrise et leur doctorat. Les
membres de la haute administration de l'université sont plus nombreux
à détenir un poste dans les associations
québécoises, canadiennes et internationales que ceux de toute
autre université canadienne.
M. le Président, je n'ai pas beaucoup de temps, mais j'aimerais
vous dire que McGill, à cause de la gravité de la situation
financière à l'université, a fait un effort
extraordinaire. C'est la seule université au Québec où les
enseignants ont renoncé à plus de 22 000 000 $ d'augmentation des
salaires pour assurer le maintien en place d'éléments jeunes et
l'apport de sang nouveau. De plus, j'aimerais corriger l'impression de la
députée de Chicoutimi. Elle pense que la clientèle de
McGill est uniquement anglophone. C'est faux, M. le Président. Les
chiffres révèlent que 28 % de la clientèle de McGill est
francophone, 20 % allophone et 50 % anglophone. Tout cela pour corriger
l'impression donnée par le discours de Mme la députée de
Chicoutimi.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci beaucoup,
Mme la députée de Jacques-Cartier. Je reconnais maintenant en
réplique Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Je voudrais juste
réagir très brièvement. Le fait que la
députée de Jacques-Cartier prenne la défense de
l'Université McGill, c'est que, évidemment, elle est
mandatée pour défendre l'Université McGill. Je n'ai en
rien laissé penser, de quelque façon que ce soit, que la
clientèle étudiante à McGill était exclusivement
anglophone. Je connais
assez bien la situation des universités pour ne pas tomber dans
ce genre d'évaluation.
Au cours des cinq prochaines minutes, je vais aborder toute la question
du financement des universités. Au moment où se tenait la
commission parlementaire sur le financement des universités, il a
été largement fait état de l'importance des
universités régionales en fonction du développement
économique, social et culturel des régions. Je pense que cela a
fait l'unanimité des intervenants, qu'ils viennent des secteurs
économique, culturel ou socio-économique. D'ailleurs,
l'importance des universités en régions était reconnue par
l'actuel ministre alors porte-parole de l'Opposition dans son document
préélectoral lorsqu'il écrivait: Le nouveau cadre de
financement - parlant des universités en régions - devra
également accorder une considération particulière au
problème des universités en régions, lesquelles demandent,
à juste titre, que leur soit assurées l'infrastructure de base
indispensable à leur développement et la possibilité de
développements sélectifs de programmes tenant compte des
caractéristiques socio-économiques de leur région
respective. Dixit, M. Ryan, porte-parole de l'Opposition en matière
d'éducation.
D'ailleurs, le rapport Després, traite assez longuement des
orientations et du financement des universités en régions. Il
faut se rappeler que ce qu'on appelle le rapport Després c'est un
comité qui a été créé par le ministre,
lui-même, pour avoir un avis sur les besoins, les orientations et le
financement des universités en régions. On y lit en page 15 que
les coûts de fonctionnement par étudiant, équivalent temps
complet, dans les universités périphériques sont plus
élevés que dans les universités métropolitaines,
ceci s'expliquant essentiellement par la taille moyenne des groupes-cours et la
dispersion des enseignements, d'où l'importance d'un financement qui
tienne compte de paramètres spécifiques. Il faut se rappeler que
ce fait avait été reconnu par le gouvernement
précédent qui avait ajouté 2 000 000 $ dans l'enveloppe
des universités en régions. Je vois le député de
Rimouski qui dit se rappeler de ce fait comme étant une décision
importante qui favorisait tes universités en régions.
Ce que propose le rapport Després, c'est une formule de
financement des universités qui s'inspire de la formule "Northern Grant"
ontarienne, qui tient compte d'un certain nombre de paramètres -par
exemple, la taille, l'éloignement, l'enseignement dans les sous-centres,
l'enseignement à distance - et qui, selon que vous les calculez, ajoute
10 % de l'enveloppe de base pour les universités en régions. Si
vous parlez également d'enseignement à distance, cela peut aller
jusqu'à 20 % de l'enveloppe de base.
Le ministre n'a pas encore fait connaître ses réactions aux
recommandations du rapport Després, qui a reçu, dans une
très large mesure, l'appui de l'Université du Québec. Le
rapport Després on se le rappelera cependant - rejetait, pour ainsi
dire, l'idée d'un statut particulier pour l'UQAM et ne lui consacrait
pas tout à fait une page. Selon le rapport Després, l'accent
devait plutôt être mis sur une forte synergie des
interconstituantes et une vie intense en système. L'Université du
Québec a, pour sa part, octroyé, par voie d'entente, un statut
particulier d'université associée à l'UQAM, au sein du
réseau de l'UQ. Le ministre m'a dit, l'autre jour, avoir reçu
cette recommandation avec assez de sympathie. Le danger - il faut le
répéter ici - est que si l'UQAM obtient ce statut avant que le
problème de financement des universités soit résolu, on
vient affaiblir le pouvoir de pression des universités en
régions, pour corriger leur base de financement.
Je voudrais savoir ceci du ministre de l'Éducation: Est-ce qu'il
estime toujours, comme lorsqu'il était à l'Opposition, que les
universités en régions sont sous-financées et qu'il
faudrait tenir compte pour elles d'un certain nombre de paramètres
particuliers? Je voudrais savoir également quelles sont ses
réactions aux recommandations du rappport Després, mais toujours
touchant la règle de financement. Est-ce qu'il est prêt à
accorder, dès l'an prochain, c'est-à-dire pour la session
1988-1989, une formule équivalente à celle de "Northern Grant"
des universités ontariennes? Est-ce que le ministre n'estime pas que ces
questions de financement des universités en régions devraient
être réglées simultanément ou avant qu'on ne touche
au statut de l'UQAM.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, Mme la
députée de Chicoutimi. Je reconnais maintenant le ministre de
l'Éducation. M. le ministre.
M. Claude Ryan
M. Ryan: M. le Président, je voudrais tout d'abord revenir
sur le partage des 40 000 000 $ entre les universités. Il y a des
choses, à mon point de vue, qui ne sont pas encore complètement
claires de ce côté-là, du moins dans l'esprit de
l'Opposition.
La députée, fort regrettablement, a voulu, d'une
manière plus ou moins subreptice, soulever des arguments qui portent sur
le caractère linguistique des universités. Elle a laissé
entendre que te gouvernement aurait cédé à des pressions
en provenance de certains milieux proches des universités anglophones,
pour leur offrir une proportion des subventions de transition plus
élevée qu'aux autres. Je trouve assez odieux
ce genre de propos. Je le trouve d'autant plus regrettable dans le
contexte actuel que, comme nous le savons tous, les protestations les plus
vives contre le mode de partage proposé par le gouvernement proviennent
justement de l'Université Concordia et de l'Université McGill. Il
me semble que s'ils étaient contents ils ne seraient pas en train de
mobiliser des autobus pour venir à Québec pour protester contre
le sort qui leur est proposé. II me semble qu'on n'aurait pas toute
cette campagne qui se poursuit à l'Université Concordia depuis
quelques semaines, que je ne saurais approuver vu que je ne partage pas
l'opinion des contestataires.
Il faut au moins lire les journaux à tous les jours et se rendre
compte de ce qui se passe pour s'interroger. Quand il y a malaise, en
général, il y a un certain problème. Il faut essayer de le
voir. On peut avoir des opinions différentes quant aux situations. C'est
une autre chose. Je veux dire que le partage que nous proposons ne pouvait pas
éviter totalement d'aborder le problème des universités
sous-financées. Je l'ai dit. Première règle,
sous-financement général. On essaie d'apporter un soulagement
à tout le monde. C'est pourquoi sur les 15 000 000 $ il y en a 75 % qui
sont répartis également entre les universités sur la base
du calcul des clientèles suivant la méthode RECU. Pour l'autre
partie, les 3 750 000 $, nous tenons compte du degré de sous-financement
et les chiffres que nous avons établissent depuis des années...
Ce n'est pas l'opinion du ministre de l'Enseignement supérieur et de la
Science, c'est l'opinion qu'a réitérée à combien de
reprises le Conseil des universités que parmi les universités les
plus gravement sous-finnancées il y avait l'Université Concordia
et l'Université McGill. Tous ceux qui ont suivi l'évolution des
statistiques financières concernant les universités le
savent.
L'Université McGill, l'Université Concordia nous disent:
Vous nous donnez un ajustement qui est mineur, ce n'est pas satisfaisant. Cela
ne répond pas à nos problèmes. Nous leur disons: C'est un
début. C'est évident que, s'il y a des universités qui ont
été relativement sous-financées, il a fallu qu'il y en ait
qui soient relativement surfinancées; autrement il n'y aurait de logique
nulle part. Il n'y a personne qui a été absolument
sous-financé ni absolument surfinancé. Relativement, il y en a
qui ont été sous-financés et d'autres qui ont
été surfinancés. C'est évident que, si vous donnez
un peu plus à ceux qui ont été relativement
sous-financés, vous devez donner un peu moins à ceux qui ont
été relativement surfinancés. Autrement, c'est aussi bien
ne faire aucun exercice, de garder toutes les choses en place comme si de rien
n'était.
Tout compte fait, le fait que nous ayons des réactions
très vives, d'un côté en provenance de l'Université
Laval et de l'autre côté en provenance de McGill et de Concordia
indique a tout le moins que nous poursuivons un effort de justice, un effort de
redressement objectif, impartial et indépendant. Je pense que la
députée de Chicoutimi me connaît assez pour savoir que ce
n'est pas les pressions du président de quelque corporation ou
institution que ce soit qui seraient de nature à me faire changer d'avis
si je n'avais pas la conviction que je dois changer d'avis. Dans ceci, nous
agissons encore une fois pour le bien général.
En terminant, je voudrais dire ceci. Comment vont se répartir les
subventions en 1987-19887 C'est important de le savoir. L'Université
Bishop, 8,9 % d'augmentation. Concordia, 11,9 %. Laval, 11,6 % McGill 13,5 %.
Ecole des hautes études commerciales, 12,5 %. L'Université de
Montréal, 10,1 %, Polytechnique, 13,9 %. Québec, 8,3 %.
Sherbrooke, 14,4 %. À quoi il faut ajouter les subventions que nous
arrêterons pour la résorption des déficits. Quand on
regarde cela, il n'y a pas d'écarts qui sont de nature à
provoquer des croisades et tout. J'ai fait faire le partage pour l'ensemble des
subventions, ce que cela représente pour chaque université, ce
qu'elles recevaient il y a deux ans, ce qu'elles toucheront cette année.
C'est une variation de 0,1 % ou 0,2 % de point. Pas d'autre chose.
Je pense que dans l'ensemble... Tous les chiffres indiquent que, pour
chaque université, ce que nous faisons cette année va dans le
sens du redressement qui est commandé par une étude objective des
faits, redressement incomplet, mais dans la bonne direction. Nous agissons
dès cette année. (11 h 15)
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Je reconnais maintenant M. le député de
Louis-Hébert. M. le député.
M. Réjean Doyon
M. Doyon: Merci, M. le Président. Le ministre nous
explique les efforts qui sont faits et les règles qui procèdent
à la répartition des sommes qui sont dégagées. On
connaît, M. le ministre est en conscient, l'importance qu'a, pour tout
l'Est du Québec, l'Université Laval. Son rayonnement, maintenant,
est centenaire; c'est une université qui joue, pour cette partie du
Québec, un rôle prédominant et auquel, en tant que
député de Louis-Hébert et en tant que représentant
de la communauté professorale et étudiante de Québec,
l'Université Laval étant située dans le comté de
Louis-Hébert, je tiens absolument... Malgré certaines
difficultés qui, j'en suis sûr, sont passagères et compte
tenu des efforts qui sont faits par le ministre pour les régler,
les résultats que nous allons atteindre vont permettre à
Laval de conserver cette position.
Je retiens particulièrement aussi de la dernière
intervention du ministre, à la suite des quelques mots que j'ai eu
l'occasion de dire tout à l'heure, qu'il est en train d'étudier
des moyens qui permettraient à l'Université Laval
d'acquérir des immobilisations qui sont d'une importance capitale pour
tout le développement futur de l'Université Laval- II s'agit du
pavillon des sciences de l'organisation et de la gestion. L'Université
Laval a fait des efforts considérables; elle s'est engagée, il y
a trois ou quatre ans, dans une campagne de souscription populaire. Elle a
ramassé au-delà d'une fois et demie son objectif, qui
était de 25 000 000 $, qui était donc considérable, pour
atteindre la somme extraordinaire, grâce à des efforts inouïs
consentis par tout le monde, à partir des professeurs, des
étudiants, de la communauté d'affaires de la région de
Québec, des anciens et j'en oublie sûrement, de 40 000 000 $.
L'Université Laval s'attend, à fort juste titre - de ce
côté-là, le ministre comprend l'insistance de
l'Université Laval - qu'à la suite de ses efforts particuliers
qui sont faits du côté privé le gouvernement lui facilite
la tâche quand il s'agit de procéder à la dépense de
ces sommes et que le gouvernement y participe d'une façon significative
et sans trop de délai. Dans le moment, les efforts qui sont entrepris
permettent d'espérer que ces immobilisations vont se concrétiser
dans un avenir rapproché. Je voudrais en remercier le ministre au nom de
l'Université Laval, des étudiants, des professeurs et,
finalement, au nom de tous les gens qui ont des liens avec l'Université
Laval; cela comprend plus particulièrement tout l'Est du
Québec.
Je sais que l'Université Laval reçoit un financement qui
n'est peut-être pas à la satisfaction totale de tout le monde,
mats quand on réalise que les subventions de l'Université Laval
vont quand même passer de 188 000 000 $ à 209 000 000 $, qui est
une augmentation de 11,4 % pour l'année 1987-1988, on doit
reconnaître qu'il y a des efforts qui sont faits et qui sont
sûrement dans le sens qui est recherché par les autorités
de l'Université Laval.
Le redressement de base qui est accordé à
l'Université Laval prévoit une somme de 1 911 000 $ et ce montant
s'ajoute aux 500 000 $ qui sont destinés à la résorption
des déficits accumulés. Les frais indirects de recherche vont
permettre à l'Université Laval d'obtenir encore 1 226 000 $ et,
finalement, si on tient compte des équipements scientifiques et des
allocations pour bibliothèques, cela permet à l'Université
Laval de retirer 5 102 000 $ sur les 40 000 000 $ qui sont destinés
à permettre aux universités d'obtenir des crédits
additionnels. On doit reconnaître que les efforts gouvernementaux sont
d'un ordre tout à fait respectable.
M. le ministre, pour ce qui est particulièrement de
l'Université Laval, vous avez fait état, tout à l'heure,
de la petite divergence qui existait au niveau du déficit de 1987-1988.
Il reste qu'il y a un redressement additionnel qui n'est pas alloué
à l'Université Laval. On ne prévoit pas de somme à
ce titre-là, alors que l'Université Laval prétend que
peut-être il devrait y avoir des montants qui lui seraient
réservés. Si vous avez le temps, M. le ministre, pour nous
permettre de situer le problème de l'Université Laval en ce qui
concerne le redressement additionnel... Je crois comprendre qu'il y a
peut-être une relation de cause à effet avec ce qui a
été, finalement - vous y faisiez allusion tout à l'heure
une question de surfinancement dans certains cas. Peut-être que ce serait
bon de situer le problème ou de le cerner à ce niveau, pour nous
permettre de bien comprendre quelle est la position de l'Université
Laval à ce sujet.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je remercie le
député de Louis-Hébert. Je reconnais maintenant le
député d'Abitibi-Ouest. M. le député.
M. François Gendron
M. Gendron: M. le Président, je pense qu'on ne peut pas
parler de financement universitaire, de problématiques de financement
universitaire sans toucher à un problème qui m'a toujours
préoccupé, soit celui du financement des universités dites
régionales ou des universités dites en régions. Je pense
que le ministre de l'Education d'aujourd'hui, lorsqu'il était ailleurs,
avait une excellente perception de la problématique, du moins en
prétendant qu'il était important d'avoir une formule qui
différencie le financement des régions compte tenu des
responsabilités différentes qu'elles avaient par rapport à
leur clientèle et également des caractéristiques
précises. Je cite le ministre ici mais je le cite dans le contexte d'une
période électorale. Là, il avait les bonnes perceptions en
disant qu'on devrait accorder une considération particulière aux
problèmes des universités en régions, lesquelles
demandent, à juste titre, que leur soit assurées l'infrastructure
de base indispensable - un principe valable - à leur
développement et la possibilité de développements
sélectifs de programmes tenant compte des caractéristiques
socio-économiques de leur région respective.
Là où j'aimerais l'entendre et au-delà des
chiffres... Bien sûr, on parle de financement, mais les gens qui nous
entendent ou
qui sont intéressés d'avoir des orientations aujourd'hui,
non pas des orientations préélectorales ou électorales...
J'ai toujours cru que les universités en régions devaient
soutenir des initiatives reliées au développement
régional, responsabilités qui sont différemment
assumées ou non assumées par les universités dites des
grandes agglomérations. Je ne pense pas que la problématique du
développement régional pour Rimouski, Trois-Rivières,
l'Outaouais et l'Abitibi soit la même que celle de l'Université
McGill, de l'Université de Montréal, de l'Université du
Québec à Montréal et de l'Université Concordia.
J'ai toujours pensé que dans les régions les milieux qui ont des
initiatives de développement régional ont toujours
souhaité que leur université leur serve un peu de caution, leur
serve un peu de secteur témoin pour rehausser la
crédibilité du niveau d'initiative. Je vous donne un exemple
concret: En Abitibi-Témiscamingue j'ai rarement vu autant de groupes,
quels qu'ils soient, solliciter l'Université du Québec pour leur
donner un soutien, pour leur donner de temps en temps des ressources, pour
s'associer à des types d'initiatives, de projets, à toutes sortes
d'activités qui font que, si l'université n'accorde pas ce
soutien, on croit que l'université affaiblit le rôle de leader
intellectuel que doit jouer une université. Je sais que
l'université doit dispenser des enseignements de 1er cycle, de 2e cycle
et, dans certains cas, de 3e cycle universitaire. Dans les régions du
Québec, en plus de s'acquitter de leurs responsabilités
premières, l'enseignement universitaire et la recherche, les
universités sont tout le temps et souvent carrément
associées à des initiatives de développement mais pour
lesquelles, dans vos chinoiseries de formules ou dans les formules qu'on
discute, on ne retrouve pas concrètement une préoccupation
financière, et je suis sûr de ce que j'avance. Il n'y a pas
véritablement de préoccupations financières
associées à ce volet qui leur appartient, qui est leur, et selon
lequel ils doivent donner du soutien de toute nature.
J'estime, M. le ministre, que vous auriez une occasion ce matin de nous
indiquer comment il se fait que vous aviez affirmé à plusieurs
reprises que si vous aviez de l'argent neuf vous en profiteriez, une fois pour
toutes, pour corriger la base de financement. Là, je ne parle pas de
sous-financement ou de surfinancement. Je sais, il y en a qui sont
surfinancées et il y en a qui sont sous-financées. Il y a une
chose qui est sûre, c'est que les universités régionales ne
reçoivent pas les crédits requis pour s'acquitter de ce volet de
leur mission et vous, vous aviez mentionné: Je m'engage et je vous jure
que, si j'ai de l'argent neuf, je vais corriger leur base de financement pour
tenir compte de cette responsabilité. Vous en avez eu de l'argent neuf,
vous n'avez rien fait sur cela! Ma question: Pourquoi? Pourquoi le ministre de
l'Éducation n'a-t-il pas effectivement profité du fait qu'il ait
eu un peu d'argent neuf - la moitié moins que ce qu'il espérait
et a demandé, contrairement à ce qu'il nous a dit, parce qu'il
mêle deux données, mais là je ne ferai pas... Oui, si
j'avais le budget, je vous prouverais que vous mêlez volontairement deux
données budgétaires et que vous confondez ,1e service de la dette
avec de l'investissement et de l'argent neuf. Mais ce n'est pas grave. Ma
question finale, c'est: Est-ce que, oui ou non, M. le ministre vous tenez
compte que les universités régionales ont un rôle
différent des autres à jouer et que, en conséquence, il y
aurait lieu d'abord de réviser rapidement leur base de financement et,
deuxièmement, leur donner un peu d'argent supplémentaire pour
qu'elles puissent s'acquitter de leur troisième mission en
régions qui est le soutien aux initiatives de développement
régional?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le ministre de
l'Éducation et ministre de l'Enseignement supérieur et de la
Science.
M. Claude Ryan
M. Ryan: M. le Président, je voudrais tout d'abord faire
une correction. Tantôt, lorsque j'ai donné les , pourcentages
d'augmentation des subventions qui seront versées aux universités
en 1987-1988, je crois avoir dit que le pourcentage que je donnais ne tenait
pas compte du montant de B ÛQO 000 $ pour la résorption des
déficits; en fait, il en tient compte. Par conséquent, les
pourcentages que j'ai donnés tantôt rendent compte des 30 000 000
$ en entier dans la mesure où nos projets actuels seront acceptés
à l'état de décision par le gouvernement.
Deuxièmement, le député de Louis-Hébert a
parlé de nouveau tantôt du cas de l'Université Laval; j'en
étais très heureux, et cela me permet de préciser
certaines choses encore. Encore une fois, pour la subvention de base,
indépendamment des 30 000 000 $ ou des 40 000 000 $, selon qu'on inclut
les bibliothèques et les équipements scientifiques,
l'Université Laval est traitée exactement comme t'a
été l'année dernière. Il n'y a pas de changement
là-dessus. Pour le redressement de la base, le montant de 15 000 000 $,
il y a un montant de 11 300 000 $ qui a été partagé selon
le calcul des clientèles. Là-dessus, l'Université Laval
est traitée comme les autres et il n'y a à peu près pas de
changements par rapport à ce qu'elle aurait reçu suivant
l'ancienne formule. Je pense que mes collaborateurs s'en souviennent, j'avais
rencontré le recteur de l'Université Laval avec son
vice-recteur,
M. Decelles, et on a établi cela bien clairement.
Sur le montant de 3 500 000 $, l'Université Laval est
considérée parmi celles ayant été relativement
surfinancées. On ne lui enlève rien, mais on ne lui donne pas de
montant spécial à ce titre-là. On le réserve pour
les universités qui auraient été sous-financées et
on n'enlève rien à l'Université Laval.
Encore une fois, l'an prochain, on tiendra compte du déficit de
l'Université Laval en 1986-1987 pour la répartition d'une somme
de 7 000 000 $ au titre de la résorption du déficit, ce qui
devrait lui donner, selon nos calculs approximatifs, une augmentation de
subvention d'environ 500 000 $, ce qui n'est pas négligeable. Ainsi que
je le disais tantôt, nous travaillons fort pour que puissent
démarrer, dans un très proche avenir, les travaux de mise au
point des plans et devis en vue de la construction du pavillon des sciences de
l'organisation et de la gestion, au financement de laquelle le gouvernement
envisage de participer surtout pour reconnaître l'effort formidable qui a
été accompli à l'occasion de la campagne de financement de
l'Université Laval, laquelle a rapporté plus de 50 000 000 $. Je
veux dire que, de ce point de vue, à l'Université McGill, on a
fait une campagne qui a donné un excellent résultat aussi. J'en
profite pour signaler que, depuis un quart de siècle - et, sur cela,
j'aimerais que la députée de Chicoutimi m'entende - le
gouvernement n'a jamais versé de subvention à l'Université
McGill pour fins d'immobilisations. Je pense qu'il vaut la peine de le signaler
parce que ce sont des économies qui ont été
réalisées et dont le fruit a pu être investi dans des
développements en immobilisations dans les autres universités du
Québec. Il est important de le signaler parce qu'on présente
toujours un portrait unilatéral.
J'en viens à la question qui a été posée par
le député d'Abitibi-Ouest. Il n'y a pas de presse, on a encore le
temps; s'il veut me laisser parler, je vais lui donner toutes les explications
voulues, surtout s'il veut me passer un peu de son temps.
Mme Blackburn: ...avec le député.
Le Président (M. Parent, Sauvé): S'il vous
plaît!
M. Ryan; Le député affirmait tantôt...
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Ryan: ...avec assurance qu'on ne tient pas compte du tout dans
les calculs qu'on a faits du facteur régional. Je regrette. Dans les
critères qui ont été retenus pour le partage des 3 750 000
$, nous avons le facteur taille qui tient compte évidemment des
universités en régions et qui en tient compte de manière
sensible à tel point que l'inclusion de ce facteur a suscité des
objections très militantes de la part d'universités
situées dans la région métropolitaine. Nous ne sommes pas
encore en mesure d'instaurer une formule comme celle de "Northern Grant", la
subvention spéciale versée aux universités de la
région du Nord, en Ontario. Mais c'est une formule qui sera
étudiée avec beaucoup d'intérêt dans les travaux que
nous ferons sur la formule de financement. Mais dire qu'on ne tient pas compte
de cela, je pense que c'est injuste et, en plus, le gouvernement maintient
l'ajustement qui fut fait dans la base de financement des universités en
faveur des universités en régions. (11 h 30)
Cet ajustement était de l'ordre de 2 000 000 $, il y a quelques
années, et nous l'indexons chaque année. Cette année, il
sera entre 2 600 000 $ et 2 700 000 $. De ce montant, c'est l'Université
du Québec à Chicoutimi qui touche la plus grosse part,
c'est-à-dire, pour l'année 1987-1988, au-delà de 1 200 000
$. Alors, nous en tenons compte et, par conséquent, nous allons
continuer d'en tenir compte, mais nous ne sommes pas en mesure de modifier la
formule, sauf lorsque nous aurons terminé les travaux sur la base de
financement. Mais, en attendant, souvenez-vous que l'inclusion du facteur
taille dans les calculs faits pour le partage de la somme visant plus
directement le sous-financement favorise les universités en
régions.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci beaucoup, M.
le ministre. Je reconnais maintenant l'intervenant suivant du côté
ministériel, M. le député de Rimouski. M. le
député.
M. Michel Tremblay
M. Tremblay (Rimouski): M. le Président, je voudrais
réfuter un peu les arguments du député d'Abitibi-Ouest en
ce sens qu'il semble prétendre que dans le plan de redressement il n'y a
pas de financement pour les universités en régions. La
compréhension que j'ai des chiffres que j'ai devant moi, c'est en ce
sens qu'il y a 50 % du montant de base de 15 000 000 $ affectés aux
clientèles. Nécessairement, les universités de
l'Université du Québec, dans cette répartition, se
trouvent avantagées ou encore avoir la part du gâteau qui doit
revenir aux universités en régions.
Il y a un autre aspect de cette répartion. Ce sont les 7 000 000
$ pour les frais indirects concernant les actions structurantes.
Nécessairement, lorsqu'on a des budgets de recherche en régions,
il y a
une partie de cette enveloppe qui s'en va dans les régions aussi.
Le ministre de l'Éducation vient de nous confirmer que l'ajustement pour
l'éloignement de 2 000 000 $ qui avait été consenti
antérieurement est maintenu et, bien plus que cela, il est
indexé. Conséquemment, les universités en régions y
retrouvent leur profit.
Je dois vous dire qu'étant le député de Rimouski
où il y a une université du Québec... Suivant les
conversations que j'ai avec les dirigeants de l'université, enfin, ils
retrouvent un peu d'oxygène parce que, dans les années
antérieures, ils avaient eu à subir des compressions de
fonctionnement qui rendaient la situation tout à fait
intolérable. Aujourd'hui, ils se sentent beaucoup plus à l'aise
étant donné qu'on a finalement dégelé le budget de
fonctionnement et qu'ils peuvent espérer avoir des sommes d'argent ou
des ressources financières suffisantes pour bien s'administrer.
Le rapport Després fait état de trois facteurs importants
pour le financement des universités en régions. Il y a la taille
de l'université et le ministre vient de nous dire que dans le
sous-financement - on en tient compte - ce sera un volet qui aura une
préoccupation du ministre. Il y a la question d'éloignement. Mais
la question d'éloignement, il faut bien le dire et le reconnaître,
c'est déjà réglé, parce que les 2 000 000 $ qui ont
été reconduits et qui seront reconduits viennent régler en
partie le problème de l'éloignement.
Il y a la dispersion de la clientèle. Le problème le plus
grave que nous avons peut-être à vivre dans les régions,
c'est la dispersion de nos clientèles. Comme le rapport Després
le mentionnait, ce n'est pas exclu qu'on puisse trouver une formule
adéquate pour répondre à ce besoin de sous-financement
pour la dispersion des clientèles.
Tout compte fait et suivant les rapports ou encore les discussions que
j'ai avec les dirigeants d'université dans ma région, je dois
vous dire qu'au moment où l'on se parle les universités en
régions ne sont pas trop mal prises avec le financement et il faut
reconnaître aussi que les universités n'avaient pas de
déficits comme tels. Elles avaient pratiquement l'équilibre
budgétaire et le fait qu'on leur injecte de l'argent au niveau du
fonctionnement et qu'on reconduit l'ajustement pour l'éloignement, je
pense que les universités en régions, c'est une
préoccupation du ministre, c'est une préoccupation du
gouvernement actuel. Je suis convaincu que nous allons leur donner l'argent
nécessaire pour assumer et dispenser l'enseignement universitaire dans
les régions. Je vous remercie.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
député de Rimouski. Je reconnais maintenant M. le
député d'Abitibi-Ouest. M. François Gendron
M. Gendron: Oui, parce que c'est tellement gros ce qu'on vient
d'entendre. Mais cela ne m'a pas surpris parce que ces gens-là ont une
période de cinq minutes planifiées quoi qu'on dise. On ne tient
pas compte de ce qu'on dit et on lit le boniment planifié pour cinq
minutes.
Le député de Rimouski vient de pérorer sur ce que
le ministre de l'Éducation a dit tantôt en rappelant que, dans le
montant de 37 000 000 $, il avait tenu compte du facteur taille. Je le sais.
S'il savait lire un document, par exemple, il se rendrait compte que dans le
document du ministère, en tenant compte du facteur taille, cela donne
zéro au réseau UQ. Cela est la réalité des faits.
Il le sait en plus. C'est ce qui est grave, dire n'importe quoi ici parce qu'on
a le mandat de faire cinq minutes. Nous n'avons pas le droit de faire cela,
nous. Nous n'avons pas demandé une interpellation pour dire n'importe
quoi.
Oui, vous le savez, M. le ministre, que, dans le montant de 3 7000 000
$, le critère que vous avez appelé le facteur taille - là,
vous êtes correct quand vous faites cela - a été
utilisé. Mais le résultat dans la répartition du tableau,
et vous le savez bien - j'ai ici votre tableau - qui s'appelle Redressement de
la base, redressement additionnel, réseau UQ, 0,0. Pas besoin
d'être ancien ou nouveau parlementaire ou ministre pour comprendre qu'il
est malhonnête de prétendre, par rapport à ce que j'ai
posé comme problématique, à savoir si vous reconnaissez
oui ou non, M. le ministre, qu'au-delà de la mission de l'enseignement
et la mission de la recherche, parce qu'il me parle des clientèles...
C'est comme on a tous marché dans la neige ce matin, supposons qu'on
aurait fait cela, et il ne parle que de la plage, du soleil, de la mer... Ce
n'est pas ce que je veux savoir. Il me parle des clientèles. Je sais
qu'il y a un redressement des clientèles. Ce n'est pas ce que je veux
entendre, M. le ministre. Reconnaissez-vous, oui ou non, que les
universités en régions ont une mission dite de soutien au
développement régional? Ne parlons plus des clientèles
étudiantes. Ne parlons plus de la mission de la recherche et de
l'enseignement universitaires. Cette mission est impartante, je le sais, mais
j'aurais voulu vous entendre pendant quelques minutes à savoir si, oui
ou non, comme ministre de l'Éducation, vous reconnaissez que les
universités en régions, pas seulement en Abitibi, mais à
Rimouski, Chicoutimi, Outaouais, Trois-Rivières, doivent jouer un
rôle de soutien aux régions pour lesquelles elles dépensent
des énergies, pour lesquelles elles fournissent des ressources humaines,
de temps en temps, un peu
d'équipement. Elles n'ont pas un rond pour assumer tout cela.
Elles n'ont pas un cent. Ce n'est pas compliqué ça. Elles n'ont
pas un cent pour assumer cette mission. On va avoir un perroquet
d'arrière-ban qui va exprimer que l'on fait beaucoup pour
l'université régionale. Nous faisons beaucoup pour
l'université en régions. L'université en régions
comprend qu'on est beau et fin. Nous soutenons les initiatives de
développement régional. C'est faux.
Les régions vous ont demandé, M. le ministre, d'avoir une
préoccupation forte, incisive pour elles mais par rapport à leur
mission de développement régional. La question que je pose est
celle-ci: Avez-vous l'intention, M. le ministre, d'apporter des correctifs, de
poser des gestes dans une formule équilibrée qui va tenir compte
de cet apport extraordinaire que le milieu réclame de son
université? L'université pourrait bien dire: Écoutez, nous
accomplissons notre première mission qui est celle de l'enseignement et
de la recherche. Arrangez-vous avec vos initiatives de développement
régional. L'université n'a pas d'affaire à être
là-dedans. Ce n'est pas la réalité, M. le ministre, et
vous le savez. Je sais que vous savez cela.
L'université est presque toujours prise pour donner du soutien,
de l'encadrement afin de rehausser la crédibilité de
l'intervention régionale. Je pense qu'on doit être convaincu que
cette mission lui appartient. Comme cette mission leur appartient, les
universités doivent recevoir un financement qui leur permette de
s'acquitter de cette responsabilité. Ma question demeure celle-ci. Vous
pourrez bien, encore là, prendre trois de vos cinq minutes pour
répondre au député de Louis-Hébert, mais ma
question est la suivante. Vous avez affirmé haut et- fort que, s'il y
avait de l'argent neuf, vous prendriez des dispositions pour corriger les bases
de financement en termes de redressement aux universités
régionales afin qu'elles puissent s'acquitter de la mission que je viens
d'exposer, celle du volet soutien aux initiatives régionales. Est-ce
que, oui ou non, le ministre pourrait me dire quelques mots là-dessus et
m'indiquer que, oui, comme ministre de l'Éducation, il reconnaît
que c'est important et qu'il va devoir tenir compte de cette activité
dans la nouvelle formule qui va apparaître un jour et que les
universités régionales recevront un financement pour s'acquitter
de cette mission?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
député.
M. le ministre de l'Éducation, de l'Enseignement supérieur
et de la Science, je vous reconnais pour une période totale de cinq
minutes.
M. Claude Ryan
M. Ryan: D'abord, je tiens à rappeler au
député d'Abitibi-Ouest, à qui je vais répondre
immédiatement, que le coût moyen d'un étudiant dans une
université en régions est plus élevé qu'il ne l'est
dans les centres métropolitains, pour des raisons que nous ne contestons
pas. C'est déjà une première forme de reconnaissance
très importante de la part du gouvernement.
Cette année, l'Université du Québec va toucher en
subventions additionnelles, par rapport à ce qu'elle a touché
l'an dernier, à peu près 25 000 000 $. Elle a touché en
1986-1987 un montant de 285 000 000 $ en tout. Ce à quoi elle aura droit
en 1987-1988, c'est 309 000 000 $. C'est 25 000 000 $ que l'Université
du Québec partagera entre ses constituantes y compris,
évidemment, ses constituantes régionales. Par conséquent,
il y a des ressources très significatives qui sont
déployées pour l'Université du Québec.
Lorsque nous avons fait le calcul des clientèles en fonction de
la nouvelle méthode de calcul des clientèles, nous avons
été obligés de constater qu'il y avait eu surfinancement
relatif dans le cas de l'Université du Québec et avons
été obligés en conséquence de procéder
à un certain ajustement qui se comprend très bien, parce que
l'Université du Québec n'a pas tout à fait le même
genre de clientèles que d'autres universités. Il y a des
universités où on s'est spécialisé davantage dans
les clientèles à temps partiel, dans les clientèles de
durée moins longue, dans les clientèles de 1er cycle et
même dans les clientèles de simple certificat. Il y en a d'autres
où l'on s'est spécialise davantage dans les clientèles de
2e et 3e cycles. Dans les mécanismes d'ajustement que nous
commençons à instituer, nous voulons donner un appui plus fort
aux études de 2e et 3e cycles que cela n'a été le cas
jusqu'à maintenant, parce que c'est là - la députée
de Chicoutimi le sait très bien - que le Québec continue de tirer
de la patte par rapport à l'ensemble du Canada.
Encore une fois, je crois que cette somme de 25 000 000 $ qui sera
dévolue à l'Université du Quebec à même les
subventions de fonctionnement de 1987-1988 lui donne des ressources pour voir
à ce que le travail en régions continue. Je tiens à
rappeler à ce sujet que le gouvernement actuel a affirmé à
maintes reprises sa volonté de soutenir l'enseignement universitaire en
régions dans toute la mesure qui est raisonnablement compatible avec les
ressources de la communauté québécoise et les
impératifs de l'ensemble du système universitaire et, surtout,
les impératifs d'un minimum de rationalité que nous devons
observer de plus en plus dans ce secteur. (11 h 45)
Dans la mesure où on tient compte de ces nuances importantes, je
veux assurer le député d'Abitibi-Ouest que nous allons continuer
à favoriser la dispensation dans les régions d'un enseignement
universitaire de qualité. J'ajoute que je reconnais volontiers te
rôle de soutien, d'animation, d'inspiration sociale et intellectuelle que
joue dans une communauté régionale une institution universitaire.
La même chose devrait être dite, d'ailleurs, d'une institution
collégiale. Je souhaite personnellement qu'au lieu d'être
implantés l'un d'un cûté de la rue et l'autre de l'autre
côté, souvent sans trop se parler, les établissements
collégiaux et universitaires que nous avons dans les régions plus
éloignées des centres viennent à développer des
rapports de collaboration et de synergie plus développés que ceux
dont nous avons été témoins ces dernières
années. Nous n'avons pas les moyens de disperser à l'infini nos
ressources. Je peux vous assurer que c'est une de mes préoccupations
majeures.
Cette réserve étant faite, j'assure la
députée de Chicoutimi de mon entier appui à la cause des
universités en régions. J'ajoute sur le même sujet que la
recommandation du rapport Després, relative à une formule
spéciale de subventionnement additionnel pour les universités en
régions, est à l'étude au gouvernement, de même que
l'ensemble du rapport Després. Nous ne sommes pas en mesure de faire
part de nos conclusions maintenant, parce que nous continuons le dialogue avec
les constituantes de l'Université du Québec et les
autorités supérieures de l'Université du Québec,
afin de trouver une meilleure formule. Cependant, en ce qui touche
l'Université du Québec à Montréal, je ne suis pas
en mesure de donner à la députée de Chicoutimi l'assurance
qu'elle voudrait m'arracher, à savoir que nous ne ferions rien tant que
nous n'aurons pas réglé tout l'ensemble du dossier relatif au
rapport Després. J'ai déjà été saisi de
recommandations précises en provenance des autorités de
l'Université du Québec à ce sujet. Je les étudie.
Je dois tenir une rencontre d'ici une semaine ou deux avec les autorités
de l'UQAM et de l'Université du Québec. Si je constate que le
dossier est mûr, je n'attendrai pas jusqu'au calendes grecques pour tirer
des conclusions.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Je reconnais maintenant la députée de Chicoutimi, le
porte-parole officiel de l'Opposition en matière d'éducation. Mme
la députée.
Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. J'aurais
matière et j'aurais le goût de réagir rapidement et assez
vivement sur les propos tenus par le ministre sur certaines questions,
particulièrement sur le financement des universités en
régions et leur reconnaissance. Cela semble vouloir se traduire par des
voeux pieux. Qu'il m'accorde tout son appui, cela me fait plaisir. Il
reconnaît que j'ai raison, mais cela ne donne pas un sou de plus aux
universités, par exemple. C'est de cela qu'elles ont besoin. Comme le
temps presse et qu'il faut aborder une autre question qui est primordiale dans
le dossier du financement des universités, la question des
équipements, je reviendrai en conclusion sur les universités en
régions et plus particulièrement sur les formules de
financement.
En 1985, le Conseil des universités avait estimé à
quelque 90 000 000 $ les sommes nécessaires au renouvellement des
équipements scientifiques. La commission parlementaire, par ailleurs,
nous a permis de constater qu'on a un ratio extrêmement bas en
matière de documents à la bibliothèque pris globalement
dans nos universités, par rapport aux universités ontariennes.
Les universités du Québec sont les plus pauvres au Canada. Ce
n'est pas peu dire. Dans un document préélectoral, le ministre
disait: II faut ajuster les ressources consacrées au
développement des bibliothèques, des laboratoires, des
équipements scientifiques des universités, de manière
à leur permettre de se doter d'installations modernes dans tous les
secteurs et en particulier dans les secteurs de pointe reliés au
développement technologique. Il disait: C'est la seule façon - il
concluait dans sa note adressée au premier ministre - de rester dans la
course. Ce gouvernement n'a pas compris que le financement et le
développement des universités, des collèges, de
l'éducation de façon générale, cela a un rapport
direct et indispensable avec tout plan de développement
économique. Il n'a pas compris, sinon il ne serait pas en train de piger
d'une main dans les poches des écoles primaires, secondaires et dans les
collèges pour essayer de corriger des écarts considérables
dans les universités. Il y a un problème de
sous-équipement scientifique. Il y a un problème d'acquisition,
de sous-équipement dans les collections à la bibliothèque.
Le ministre a réussi à obtenir, de ce qu'il estimait toujours
être comme le strict minimum, 50 % de cette somme. Peut-être
même moins. Il avait demandé 35 000 000 $. Il a obtenu 10 000 000
$. Je les détaille ici. Je vois qu'il dit non.
Il n'y a que lui qui comprend sauf que de temps en temps, heureusement,
les universités comprennent. Deux ans après il vient nous dire:
Vous saviez, les choses que vous aviez données, vous aviez raison. Il me
faisait le même discours lorsqu'on a parlé des compressions dans
son premier budget où il disait que j'avais tort. Pourtant, dans la note
qu'il a adressée au premier ministre, il
reconnaît exactement les chiffres que je lui fournissais à
ce moment.
C'est ce que je trouve malheureux parce que les universités, je
le rappelle, se réjouissaient de la nomination du ministre à ce
poste en disant: Voilà un homme qui connaît son dossier. Cela
faisait deux ans qu'il l'avait en main. Là ça fait deux ans qu'il
est au pouvoir et il n'y a rien par rapport au financement actuellement. Il
dit: Cela s'est amélioré. Les universités disent que
ça s'est amélioré. Je comprends, ça s'est
amélioré par rapport au budget de 1986-1987 où il avait
coupé. Là il nous a ramenés cela à 1985-1986. Oui,
si on compare à l'année précédente, il a
corrigé un peu. Sauf que je dis: Par rapport aux équipements
scientifiques, on a un problème majeur. On est
sous-équipé. Le ministre le reconnaissait. Moi ce que je demande
au ministre... J'aimerais que de temps en temps il nous réponde parce
qu'en même temps je sais bien qu'il est conscient que ce qu'il dit ici en
Chambre, ses réponses sont fournies aux universités qui ne sont
pas sans suivre un tel débat. Je trouve inacceptable la pratique
générale dans cette Chambre de ne jamais répondre aux
questions parce qu'on estime que les personnes à qui elles sont
destinées ne le méritent pas, probablement. Je voudrais savoir du
ministre: Admet-il d'abord que les sommes allouées pour les
équipements et les bibliothèques c'est largement insuffisant?
Comment explique-t-il le manque d'intérêt de son gouvernement sur
cette question des équipements scientifiques, de l'éducation de
façon générale, alors qu'il prétend tenir un
discours de haut niveau sur le développement économique? Le
développement économique passe par la scolarisation, par la
recherche, par le développement des universités.
Un développement économique qui ne prend pas ça en
compte, dans deux ans, cinq ans ou dix ans, l'écart va se creuser, comme
dit bien le ministre, entre le Québec et l'Ontario et on ne sera pas
dans la course sur le plan du développement économique. Le
ministre a-t-il également demandé des crédits additionnels
pour les équipements scientifiques afin d'y consacrer les 15 000 000 $
recommandés par le Conseil des universités plutôt que les 5
000 000 $ qu'il a reçus? A-t-il l'intention de procéder à
un inventaire des principaux équipements de manière qu'on ait une
idée plus précise de ce qu'on a et de ce qui nous manque?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, Mme la
députée de Chicoutimi. M. le ministre de l'Éducation, de
l'Enseignement supérieur et de la Science, pour une dernière
intervention de dix minutes, cette fois. M. le ministre.
Conclusions M. Claude Ryan
M. Ryan: Je vais essayer de résumer le plus clairement
possible tout le tableau pour que nous partions avec une impression nette.
Premièrement, en ce qui touche le niveau de financement des
universités pour 1987-1988, il y a augmentation de 10,9 % par rapport
à l'année 1986-1987. C'est la plus forte augmentation qui ait
été instituée depuis de nombreuses années. Ce
niveau d'augmentation a donné lieu à une réaction de
satisfaction générale, sauf de la part de la
députée de Chicoutimi qui ne veut pas comprendre que 10,9 % en
période de retenue et de contraintes budgétaires comme celle
où nous vivons, c'est une amélioration considérable. Cela
est le premier point que je dois faire ressortir très clairement.
Le deuxième point, expliquer comment seront partagés les
40 000 000 $ additionnels que le gouvernement injecte dans le système
universitaire cette année, pour qu'encore une fois ce soit clair. Une
somme de 15 000 000 $ est injectée dans l'amélioration de la base
de financement, suivant des critères qui visent à redresser
quelque peu le degré de sous-financement relatif dont ont souffert
certaines universités; 8 000 000 $ sont affectés pour la
résorption des déficits accumulés, lesquels sont,
malheureusement, de l'ordre de quelque 130 000 000 $ et attribuables, en
très grande majorité, à la gestion négligente du
gouvernement précédent; 7 000 000 $ seront partagés entre
les universités au titre du financement des frais indirects de
recherche, suivant le niveau des subventions que touche chaque
université en matière de recherche; 5 000 000 $ iront pour
l'enrichissement des bibliothèques. J'entendais la députée
de Chicoutimi dire: Nos bibliothèques d'universités
québécoises sont les plus pauvres de tout le Canada. Je serais
gêné à sa place de dire cela après neuf ans de
gestion péquiste; c'est l'héritage que nous avons
reçu...
Une voix: Bien oui!
M. Ryan: ...les bibliothèques universitaires les plus
pauvres de tout le système universitaire canadien. Il y a de quoi
à être fiers, après les neuf ans de pouvoir que vous avez
exercé. Au moins, nous avons amorcé un début de
redressement cette année; il y a 5 000 000 $ de plus, en plus des sommes
régulières qui seront versées aux universités pour
les subventions de fonctionnement. L'an prochain, il y aura 5 000 000 $ de
plus. Le Conseil des universités nous dit que c'est très bien, on
souhaite que vous fassiez encore davantage. Nous allons essayer de faire
davantage. Nous avons le temps de le faire et moi-même je suis convaincu
que ce
n'est pas suffisant pour régler tout le problème.
Au chapitre des équipements scientifiques, la
députée de Chicoutimi parle d'un problème de
sous-équipement scientifique. C'est évident, nous l'avons dit
à combien de reprises; pendant neuf ans, nous n'avons pas
été écoutés par le gouvernement
précédent. Là, nous avons amorcé un effort de
redressement significatif: 5 000 000 $ cette année, 5 000 000 $ l'an
prochain, 5 000 000 $ pendant les deux années qui suivront. Nous avons
des engagements de 5 000 000 $ pendant quatre ans de la part du gouvernement.
On peut bien classer cela, pour les fins de comptabilité, fonctionnement
ou immobilisations. En pratique, cela ne change rien dans ce cas puisque c'est
5 000 000 $ qui vont aller pour les équipements et S 000 000 $ pour les
bibliothèques cette année et l'an prochain et 5 000 000 $ pour
les équipements les deux années suivantes. Il faut que cela soit
clair aussi.
Maintenant, qu'est-ce qui va arriver pour les universités de
toutes ces mesures instituées par le gouvernement? Je le
répète pour que ce soit clair. L'Université Bishop, la
plus petite université, qui touchait 8 049 000 $, touchera l'an prochain
8 765 000 $, soit une augmentation de 8,9 %. L'Université Concordia
touchait 93 000 000 $, elle aura droit à 105 000 000 $, soit une
augmentation de 11,9 %. L'École des hautes études commerciales
touchait 19 000 000 $, elle aura droit à 21 588 000 $, soit une
augmentation de 12,5 %. L'Université Laval voit sa subvention passer de
188 000 000 $ à 210 000 000 $, soit une augmentation de 11,6 %.
L'Université McGill verra sa subvention passer de 131 000 000 $ à
149 000 000 $, soit une augmentation de 13,5 %. L'Université de
Montréal verra sa subvention passer de 195 000 000 $ à 215 000
000 $, soit une augmentation de 10,1 %. L'École polytechnique verra sa
subvention passer de 35 000 000 $ à 40 000 000 $, soit une augmentation
de 13,9 $. L'Université du Québec, pour l'ensemble de son
réseau, touchait 285 000 000 $, en 1986-1987; elle touchera, en
1987-1988, 309 000 000 $, soit une augmentation de 8,3 %. L'Université
de Sherbrooke touchait 72 000 000 $, elle aura droit à 82 251 000 $,
soit une augmentation de 14,4 %. Pour l'ensemble du réseau universitaire
c'est 1 140 000 000 $ de subventions de fonctionnement pour 1987-1988,
comparé à 1 028 000 000 $ en 1986-1987, soit une augmentation de
10,9 %.
Devant ce bilan, je pense qu'on doit reconnaître en toute
objectivité et en toute loyauté l'effort considérable qui
est accompli par le gouvernement. En outre, nous mettons sur pied des travaux
qui permettront de fignoler au cours des prochains mois une formule de
financement qui soit plus généralement acceptable par les
universités et nous continuons à travailler avec les
universités sur la résorption des déficits
accumulés surtout à la suite des années de
négligence du gouvernement précédent. Nous travaillons
également à préciser les exigences du gouvernement
à l'endroit des universités en matière de plans de
développement. Nous avons soumis des propositions aux universités
afin d'assurer que des plans précis de développement seront
communiqués au gouvernement par chaque université, pour des
périodes qui seront les mêmes pour toutes les universités,
de manière que nous puissions prendre les décisions relatives au
développement futur en meilleure connaissance de cause et avec une
possession plus complète de toutes les données
nécessaires.
Je pense que, quand nous tenons compte de tout cela, nous conviendrons
que le gouvernement fait un effort considérable. J'ose espérer
que les quelques problèmes qui restent à résoudre
concernant le partage des sommes additionnelles injectées cette
année seront résolus prochainement. Nous avons eu un dialogue
prolongé avec les universités concernées. Je les remercie
de la contribution qu'elles ont fournie à notre recherche. Je crois que
nous approchons à grands pas du moment où nous pourrons prendre
des décisions et les communiquer à la population avec l'assurance
que la population reconnaîtra l'effort considérable accordé
par le gouvernement cette année pour le secteur des
universités.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. C'est la dernière intervention du côté
ministériel. Je reconnais maintenant, comme dernière intervention
du côté de l'Opposition, le porte-parole officiel de l'Opposition
en matière d'éducation, Mme la députée de
Chicoutimi, pour une période de dix minutes. Mme la
députée. (12 heures)
Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Vous savez depuis
que je suis ici en Chambre, je m'interroge, je me demande quand ce ministre
sera capable de prendre le pouvoir. Jamais, mais jamais il n'a fait une
intervention sans imputer ses difficultés au précédent
gouvernement. Â sa place, j'aurais comme hâte. Il avait toutes les
solutions en main. Mais je comprends aujourd'hui comme je le comprends depuis
un an qu'il n'a pas de pouvoir au sein du Conseil des ministres et il est
incapable de défendre les intérêts de ses deux
ministères. Ce qu'il a fait cette année, pour pouvoir compenser
les compressions qu'il a exercées l'année
précédente dans ce réseau, il a dû faire une
ponction dans les budgets du ministère de l'Éducation. C'est
ce
qui inquiète le réseau. Si on est en train... Les
universités sont sous-financées, mais là on
pénalise les autres niveaux, on coupe dans l'éducation des
adultes, on coupe dans les équipements, on coupe dans les OVEP, on coupe
un peu partout et, dans les collèges, la situation est devenue
intenable. Je comprends parfaitement la remarque du ministre de
l'Éducation qui, étant porte-parole de l'Opposition, disait: J'ai
pris le dossier de l'Éducation, car personne ne le voulait parmi les
députés du Parti libéral. Je comprends, c'est parce qu'il
n'y a aucune sensibilité par rapport à cette question.
Le ministre m'a dit tantôt: Le Conseil des universités a
été relativement favorable dans son dernier avis, celui de 1987,
au sujet des équipements. Je retrouve la feuille: Dans son avis sur le
plan d'équipement quinquennal d'investissement universitaire, le Conseil
des universités souligne l'insuffisance du plan de rattrapage et on y
lit qu'il faudrait plus que doubler les sommes prévues à ce plan
pour satisfaire les normes.
Le ministre nous dit n'importe quoi, sauf que j'aimerais que, de temps
en temps, il réponde aux questions. Il dit: Les 40 000 000 $, c'est
seulement 1 % de l'ensemble du budget. Donc, on fait des chinoiseries pour
rien; ce n'est pas grave. C'est minime, ce n'est même pas 1 %. Sauf qu'il
nous dit du même trait: Les règles qui ont servi à
l'attribution des 40 000 000 $ ne viendront pas influencer la formule de
financement et, immédiatement après, il nous dit que la
répartition vise à corriger les inéquités. Son
exercice est juste; il veut corriger les inéquités et, en
même temps qu'il nous dit cela, il nous dit que ce n'est pas vrai que
cela va influencer les prochaines règles. C'est vrai que 3 700 000 $ sur
ces 750 000 000 $, ce n'est pas gros dans cette enveloppe. Mais, si c'est sur
ces bases que doivent être distribués les prochains budgets, je
trouve que les universités en régions ont raison de
s'inquiéter.
Il nous a fait état de la croissance des budgets des
différentes universités. Tous nous avons pu constater que celle
qui connaît le taux de croissance le plus bas, c'est l'Université
du Québec. Il a corrigé le sous-financement des
universités par ses 40 000 000 $: McGill, Concordia. L'UQAM est pourtant
reconnue comme étant sous-financée et elle n'a rien obtenu pour
corriger son sous-financement.
Le ministre a dit: J'ai dû bien travailler pour la
répartition de ces 40 000 000 $, parce que tout le monde est
mécontent. C'est un peu jésuitique comme analyse. Je ne suis pas
sûre que je la partagerais. On appelle cela raisonner en faux. Moi, ce
que je dis et ce que j'ai dit au nom des universités, des recteurs qui
m'en ont parlé, c'est, si les règles de distribution des 40 000
000 $ risquent d'avoir un effet sur la formule de financement, on ne corrigera
pas les inéquités, on va à nouveau les créer.
Pour ce qui est des universités en régions, je suis
préoccupée et je profite de l'occasion pour essayer de
sensibiliser quelques personnes là-dessus. L'Ontario a compris que le
développement économique passait par la scolarisation et qu'il
fallait s'assurer que, dans les régions éloignées
où la scolarisation est la plus faible, on crée les conditions
qui favorisent la scolarisation. Je suis consciente qu'on a des
problèmes au 1er, 2e et 3e cycles. Mais les problèmes sont
majeurs aux 2e et 3e cycles parce qu'on n'a pas suffisamment de diplomation au
1er cycle, en partie. Je pense que c'est important. Vous savez, dans ce qu'on
appelle les régions-ressources, l'université de la région
constitue un outil de développement indispensable et on la finance -
à l'exception des 2 000 000 $ accordés par le
précédent gouvernement - sensiblement selon les mêmes
règles.
J'apprenais, par exemple, que l'université de Hull avait dû
fermer un cours de maîtrise qui se donnait à Mont-Laurier, parce
qu'il y avait seulement huit étudiants. C'est cela qu'a corrigé
la formule "Northern Grant". Ce qu'elle fait, c'est qu'elle tient compte de la
capacité de former des groupes. Vous pouvez former des groupes de 250
à Montréal, mais rendu à Chicoutimi, à
Sept-îles, à Rimouski ou en Abitibi, quand il y a 10 ou 15
étudiants, c'est le maximum. Scolariser, c'est payant, c'est un
investissement.
Le ministre nous dit qu'il n'a pas l'intention de toucher la formule de
financement des universités en régions, même s'il
s'apprête à modifier le statut de l'UQAM, Moi, je lui dis: Ils
vont démolir le réseau de l'UQ comme ils ont démoli
Quebecair et Radio-Québec. Le seul poids de négociation que les
universités en régions ont actuellement, c'est le poids important
de la présence de l'UQAM au sein du réseau de l'UQ. Bien que je
sois d'accord avec un statut particulier pour l'UQAM, je pense qu'aujourd'hui,
à moins qu'on veuille démembrer ce réseau sans s'assurer
des moyens minimaux de survie des universités en régions, il ne
faut pas accepter que ce statut soit accordé sans que le ministre ait
corrigé le financement ou ait accordé un financement particulier
aux universités en régions.
La formule de financement des universités en régions
inspirée de la formule ontarienne peut très bien être
corrigée sans qu'on ait adopté une nouvelle formule de
financement. C'est complètement indépendant, parce que cette
formule de financement particulière pour les universités en
régions vient se greffer sur la formule de
base. Moi, je maintiens qu'il faut adopter simultanément de
façon concomitante les deux, prendre en même temps tes deux
décisions, à la fois sur le statut de l'UQAM et le financement
particulier des régions.
Le ministre se dit sensible et il nous rappelle les propos qu'il tenait
alors qu'il était dans l'Opposition. Je voudrais que cette
sensibilité dépasse les mots pour qu'on puisse rapidement
procéder. Le réseau de l'Université du Québec n'a,
pour ainsi dire, rien obtenu en matière de correction des bases et
c'était le seul réseau qui avait respecté les
compressions. C'est pourquoi elle se trouve dans une situation
particulièrement pénible pour ce qui est des équipements.
Cette université n'a pas fait de déficit. Les autres ont fait des
déficits, on les aide à les résorber et on ne met rien
dans les enveloppes des universités qui se sont soumises aux
règles édictées par le gouvernement en matière de
financement. Je trouve cela inéquitable.
Ce gouvernement n'a aucun souci à l'endroit des régions,
on le sait. Ils ont démembré, à peu près tout ce
qu'on avait comme outil de développement, Quebecair,
Radio-Québec, télévisions communautaires, radios
communautaires, sociétés de développement
coopératif - je vous en passe - tous les outils de concertation qu'on
avait. Les organismes d'usagers des médias, qui étaient des
organismes de vigilance par rapport à ce qui se fait en matière
de communication dans les régions, ne sont plus financés. On est
en train de mettre la hache dans tout ce qui s'appelait concertation dans les
régions.
Actuellement, le ministre nous dit: On n'est pas pressé, on n'est
pas prêt à assurer un financement distinct ou un financement
particulier aux universités en régions. En même temps, ce
gouvernement prétend tenir un discours économique. La
sous-scolarisation au Québec nous coûte extrêmement cher. On
connaît les données statistiques sur le niveau de scolarisation,
particulièrement dans les universités en régions. Je le
maintiens, on ne peut pas tenir un discours sur le développement
économique qui ait un minimum de rigueur, sans, en même temps,
exiger de ce gouvernement qu'il investisse en matière d'éducation
et d'enseignement supérieur des sommes additionnelles. Il faut que cela
cesse. Le ministre nous annonce 40 000 000 $ pour l'an prochain, 1988-1989.
S'il faut qu'il aille à nouveau chercher ces sommes dans les autres
réseaux d'éducation, c'est inacceptable. C'est un appauvrissement
de l'ensemble de l'éducation au Québec. Vous le savez tous, on
est allé chercher 24 000 000 $ dans le réseau primaire,
secondaire, 14 000 000 $ dans l'enseignement collégial et on a
versé cela dans l'enseignement supérieur. Si cette situation
devait se répéter à l'occasion du budget de 1988-1989,
c'est de l'inconscience.
Je reviens sur la situation des universités en régions. H
est urgent qu'on intervienne, parce que, je le rappelle, on n'a peu de
ressources en régions. Dans une région l'université
constitue la ressource où on retrouve l'expertise la plus importante et
sur toutes sortes de questions. Cela n'a pas la même importance, une
université à Montréal...
Le Président (M. Parent, Sauvé); Si vous voulez
conclure.
Mme Blackburn: ...à Québec, qu'à Chicoutimi
ou Rimouski. C'est ça qu'on avait commencé à prendre en
compte avec le précédent gouvernement. Il me semble que, par
rapport au discours que le ministre tenait lorsqu'il était dans
l'Opposition alors qu'il reconnaissait ces faits, il devrait y avoir des
décisions prises et le plus rapidement possible. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, Mme la
députée. Cette dernière intervention met fin à
l'interpellation.
La commission parlementaire de l'éducation ayant accompli son
mandat, nous ajournons notre séance sine die.
(Fin de la séance à 12 h 11)