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(Dix heures trois minutes)
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous rappelle
brièvement le mandat confié à cette commission dans le
cadre de son mandat général, aujourd'hui, soit de procéder
à l'examen des orientations, des activités et de la gestion du
Conseil des collèges.
M. le secrétaire, est-ce que nous avons des remplaçants
à cette commission.
Le Secrétaire: Non, M. le Président.
Organisation des travaux
Le Président (M. Parent, Sauvé): Avant de
commencer, étant donné que c'est une séance assez
particulière et assez valorisante pour les membres de cette commission,
je voudrais en profiter pour présenter les personnes qui vont
siéger à cette commission. Je commence, à ma gauche, par
une personne que le Conseil des collèges a en haute estime et dans sa
mémoire, j'en suis certain, son ex-présidente, en l'occurrence,
la députée de Chicoutimi qui est aussi la porte-parole officielle
de l'Opposition en matière d'éducation. À ma droite, le
député de Sherbrooke, le député d'Arthabaska, le
député de Rimouski, le député de Beauce-Nord ainsi
que le député, comme il est maintenant coutume de le dire, du
beau comté de Charlevoix. Je suis accompagné par M. Tônu
Onu, qui est le secrétaire de la commission, et je suis le
député de Sauvé qui préside cette commission.
Avant d'entamer nos travaux, vous me permettrez de vous fournir quelques
explications sur le mandat que nous entreprenons aujourd'hui. C'est l'article
294 du règlement de l'Assemblée nationale qui exige que chaque
commission parlementaire examine annuellement les orientations, les
activités et la gestion d'un organisme public soumis à son
pouvoir de surveillance. Cependant, le choix de l'organisme ainsi que la
manière de réaliser le mandat sont des responsabilités qui
reviennent aux membres de.la commission. De plus, il est important de noter que
ce choix est fait par une majorité des députés de chaque
formation politique. C'est donc dire que tout ce qui va se faire aujourd'hui,
dans la grande mécanique de la consultation et du dialogue qui pourrait
être établi entre vous et nous, a été accepté
à l'unanimité des membres de la commission.
Ainsi, à une séance tenue le 5 août dernier, les
membres de la commission de l'éducation ont choisi d'une façon
unanime d'examiner le Conseil des collèges et ses deux commissions.
C'est un choix qui tombe à point puisque nous avons examiné les
activités du Conseil supérieur de l'éducation l'an
passé et, cette année, les cégeps fêtaient leurs 20
ans d'existence. Alors, bien que l'exercice que l'on entame ce matin,
communément appelé un exercice de surveillance, soit avant tout
une séance d'information, puisque, d'une part, c'est une occasion pour
le Conseil des collèges d'expliquer aux députés et au
public son rôle et son fonctionnement, c'est aussi, d'autre part, une
occasion pour les membres de la commission de poser des questions, sans parti
pris, sur ces mêmes sujets. D'ailleurs, au nom de tous les membres de la
commission, je tiens à remercier le conseil du dossier d'information
qu'il a préparé à notre intention.
Enfin, j'oserais exprimer le désir que les séances
d'aujourd'hui et de demain non seulement nous permettent de mieux saisir les
orientations, les activités et la gestion du Conseil des
collègues, mais nous donnent aussi une meilleure vision d'ensemble de
son rôle et de son fonctionnement. Maintenant que le conseil existe
depuis huit ans, le moment est peut-être opportun de signaler ses points
forts et de dégager, s'il y a lieu, ses points faibles ou des
améliorations souhaitables dans son fonctionnement.
Alors, nous avons conçu un ordre du jour qui devrait nous
permettre d'aborder toutes les questions pertinentes à notre mandat, un
ordre du jour qui se lit comme suit: Ce matin, dans un premier temps, nous
allons demander au porte-parole du Conseil des collèges de nous
expliquer ce qu'est le Conseil des collèges, son rôle, son
intervention, son importance, ses objectifs et aussi ses réalisations,
ses forces et ses faiblesses, de façon que nous en soyons bien
informés. Ensuite, il y aura une période de discussion, dont le
temps sera réparti d'une façon égale entre les deux
formations politiques, période qui va traiter, ce matin, des
orientations du conseil, dans un premier temps, dans un deuxième temps,
des activités du conseil et, dans un troisième temps, de la
gestion du conseil. Enfin, cet après-midi, nous entendrons la Commission
de l'évaluation du conseil et, en deuxième partie, il y aura
aussi une période de discussion sur les orientations, les
activités et la gestion de cette commission.
Demain, nous entendrons la Commission de l'enseignement professionnel et
ce sera suivi aussi d'une période de discussion.
Nos travaux d'aujourd'hui vont se continuer jusqu'à 13 heures.
Cet après-midi, ils commenceront après la période des
affaires courantes à l'Assemblée nationale pour se terminer
à 18 heures. Ils reprendront demain matin à 10 heures
jusqu'à 12 h 30, ce qui mettra fin à notre rencontre.
Je pense que j'ai énoncé à peu près
toutes
les règles du jeu. Il est aussi d'usage et dans nos traditions,
avant de commencer... Je vais éviter pendant tout le temps de cette
commission d'utiliser le mot "surveillance" que je n'aime pas, mais lorsqu'on
fait des rencontres comme celle-ci il est d'usage dans nos traditions que le
parti ministériel établisse un peu, non pas sa position, mais
fasse connaître ses préoccupations et aussi son opinion concernant
l'organisme que l'on entend. Après cela, c'est suivi du discours du
représentant de l'Opposition, ou d'une représentante dans ce
cas-ci. Après, nous entamons les travaux tel que prévu.
Mme la députée de Jacques-Cartier, qui est l'adjointe
parlementaire du ministre de l'Éducation, n'étant pas ici, je me
permettrai - puisque le temps du président est toujours imparti au
côté ministériel, de me prévaloir, pour la
première fois depuis que je préside, d'un peu de temps du
côté ministériel pour souhaiter la bienvenue aux membres du
Conseil des collèges et les remercier de bien vouloir nous accorder leur
temps si précieux afin de nous éclairer sur leur travail, leurs
intérêts ainsi que leurs espoirs face à l'avenir de notre
système collégial.
Je vais donner le temps à l'adjointe parlementaire du ministre de
l'Éducation, la députée de Jacques-Cartier, de 'vous
livrer elle-même, d'une façon plus éloquente et beaucoup
plus précise que je ne pourrais le faire moi-même, le message de
sa formation politique.
Madame, prenez votre temps. J'étais à leur dire, Mme la
députée de Jacques-Cartier, que je leur souhaitais la
bienvenue.
Pendant que Mme la députée de Jacques-Cartier... Mme la
députée de Chicoutimi m'a fait une très bonne suggestion.
J'aimerais inviter le porte-parole officiel du Conseil des collèges
à nous présenter les gens qui l'accompagnent. M. Morin est le
porte-parole officiel, je crois.
M. Morin (Yvon): Oui, M. le Président. À ma droite,
M. Claude Poulin, professeur d'histoire au cégep de Sainte-Foy, M. Jos
Villeneuve, représentant des parents au Conseil des collèges,
président du conseil d'administration du cégep de Limoilou, M.
Jean-Claude Sauvé, secrétaire du conseil, Mme
Thérèse Ouellet, directrice générale de la
Commission des écoles catholiques de Québec, et M. Michel
Blondin, responsable de la formation au Syndicat des métallos de la FTQ,
tous membres du Conseil des collèges, sauf M. Sauvé qui en est le
secrétaire.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Madame et
messieurs, soyez, encore une fois, les bienvenus. Sentez-vous bien à
votre aise. Encore une fois, ce n'est pas une activité de surveillance,
dans mon esprit à moi, mais bien un échange d'information mutuel
concernant un mandat important qui nous a été confié.
J'en profite aussi pour souligner que cette commission a un
vice-président qui n'est pas avec nous ce matin, mais qui pourrait
simplement se joindre à nous d'ici à la fin de nos travaux. Il
s'agit du député de Laviolette, M. Jean-Pierre Jolivet, qui est
maintenant le nouveau leader parlementaire adjoint et qui est encore dans les
faits son statut n'a pas changé - le vice-président de cette
commission.
Je vous présente, venant d'arriver, la députée de
Jacques-Cartier, adjointe parlementaire du ministre de l'Éducation, de
l'Enseignement supérieur et de la Science, qui vous adressera la parole
dans un premier temps au nom de sa formation politique. Mme la
députée de Jacques-Cartier.
Déclarations d'ouverture
Mme Joan Dougherty
Mme Dougherty: Merci, M. le Président. À mon tour,
j'aimerais souhaiter la bienvenue aux membres du Conseil des collèges et
les remercier de bien vouloir nous accorder de leur temps si précieux
afin de nous éclairer sur leur travail, leurs intérêts
ainsi que leurs espoirs pour l'avenir de nos cégeps.
Il y a un peu plus de vingt ans, le rapport Parent recommandait la
création d'instituts d'éducation générale
pré-universitaire et professionnelle. Ces instituts ont
été conçus par la commission Parent dans le but de faire
face à un urgent besoin d'élever le niveau d'éducation de
la grande majorité de nos jeunes qui était alors inacceptablement
bas.
Le rapport Parent nous conseillait vivement de tenir compte de
l'avertissement suivant de Thomas Jefferson: "Nulle nation ne peut survivre et
conserver sa liberté si elle demeure à moitié ignorante."
À cette époque, la situation était décrite ainsi.
Je cite le rapport Parent: "II y a actuellement au Québec plusieurs
centaines de milliers de jeunes adultes de 20 à 24 ans qui ont
abandonné leurs études prématurément avant 17 et 18
ans, sans posséder une formation professionnelle suffisante pour leur
assurer un emploi intéressant, ni la formation générale
qui pourrait faire d'eux des citoyens conscients de leurs droits et de leurs
responsabilités." À l'enseignement préuniversîtaire
et professionnel on ne trouve, en effet, en 1964, que 22 000 jeunes en train
d'acquérir une formation technique ou professionnelle et 36 000
élèves faisant des études pré-universitaires, soit
un total de 58 000 personnes. Ce chiffre donne, pour une population de 208 000
jeunes de cet âge, un taux de scolarisation de 28,4 %. (10 h 15) "En se
basant sur les critères que nous avons proposés dans les volumes
précédents - je cite encore le rapport Parent - soit un taux de
scolarisation d'environ 50 % à ce degré, on devrait avoir, pour
cette année, au moins 100 000 jeunes de cet âge dans les divers
enseignements de l'institut. On rejoindra graduellement ces plus justes
proportions quand la création des instituts et un enseignement
secondaire polyvalent fondé sur une meilleure orientation et assurant le
développement d'aptitudes diverses contribueront à
améliorer la scolarisation."
Depuis ce temps, les collèges d'enseignement
général et professionnel, comme on les a appelés, ont
bravement entrepris le vaste mandat que le rapport Parent avait proposé.
Nous avons assisté à une véritable explosion du nombre
d'étudiants, faisant ainsi que le chiffre idéal de
présence proposé par la commission Parent a été
largement dépassé. En 1986, nous avions 82 000 étudiants
à temps complet dans le secteur de la formation générale
et 74 000 étudiants dans le secteur professionnel, pour un total de 156
000 étudiants. De plus, en 1986, il y avait plus de 50 000 adultes
inscrits, pour la plupart à temps partiel
Afin de desservir cette population toujours grandissante et si
variée, les cégeps ont mis sur pied un imposant
échantillonnage de programmes pour répondre aux besoins de leurs
clientèles respectives. Ils sont devenus d'importants partenaires du
développement socio-économique régional. Ils ont
développé des centres spécialisés dans la
recherche, en collaboration avec I'industrie locale. Ils ont fourni un nombre
croissant d'étudiants aux universités et contribué au
monde du travail par la force grandissante d'une main d'oeuvre plus
perfectionnée
Cependant, il est de plus en plus évident que cette
expérience éducative unique fait face à de
sérieuses difficultés. Les études récentes
démontrent que les décrocheurs sont en nombre extrêmement
élevé au niveau collégial. Le rapport Grégoire sur
la pratique professionnelle des enseignants révèle qu'un malaise
profond règne dans nos cégeps. Le rapport dépeint un
tableau de découragement, d'isolation et de frustration. Les professeurs
interrogés se plaignent dun manque d'appui administratif et
pédagogique ainsi que d'être laissés à
eux-mêmes avec leurs étudiants, recherchant un équilibre
entre I'enseignement d une matière et une réponse aux attentes
d'êtres humains. Des enseignants décrivent le système
collégial comme manquant de densité et n ayant aucun but
collectif dans lequel ils se sentent impliqués. En ce qui concerne
I'éducation professionnelle les jeunes ont fait les manchettes ces
récentes années, en disant. On nous a préparés pour
un marché déjà saturé
Un autre rapport a annoncé que les cégeps préparent
mal les étudiants au marché du travail. D'autres critiques, plus
générales, ont déploré la surcharge des programmes
ce qui est un moyen de confirmer l'ignorance. D'autres observateurs ont
réclamé plus de cohérence dans les programmes ainsi qu une
meilleure évaluation de leur qualité
D'autres s'inquiètent du rôle des cégeps dans la
recherche et dans l'apprentissage de la langue première et de la langue
seconde, ainsi que de leur rôle futur dans le recyclage des travailleurs
rendus obsolescents par les changements technologiques
Le débat qui entoure ces questions a été
alimenté par une pression grandissante sur toutes nos institutions
d'éducation, afin d élever le niveau de notre capital humain, un
objectif considéré comme essentiel si nous devons survivre dans
un monde de plus en plus compétitif
Pendant les heures que nous passerons ensemble j'espère que nous
aurons la chance de discuter de quelques questions fondamentales qui se
retrouvent au centre de ces problèmes comme, par exemple. Comment
pouvons nous mieux réconcilier la qualité et
I'accessibilité? Quelles conditions doivent prévaloir afin de
rehausser la satisfaction morale et professionnelle de nos enseignants au
cégep? Egalement, comment pouvons-nous établir une meilleure
association entre la formation académique et les besoins du
marché du travail? Finalement, une question qu'on ne peut ignorer,
à en juger par l'expérience des dernières vingt
années. Est-ce que le mandat donné aux cégeps par la
commission Parent était réaliste?
Depuis 1979, le Conseil des collèges s'est débattu avec
quelques-unes de ces questions. Nous apprécions grandement avoir
I'occasion de profiter des fruits de votre expérience afin que nous en
tant que législateurs et représentants du peuple, nous ayons une
meilleure compréhension des problèmes et une meilleure
idée de ce que nous pouvons faire pour créer les conditions
nécessaires afin que nos cégeps remplissent leurs promesses
Merci, M le Président
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, merci Mme
la députée de Jacques-Cartier et adjointe parlementaire du
ministre de I'Éducation de I'Enseignement supérieur et de la
Science
Avant de reconnaître la députée de Chicoutimi je
voudrais souligner la présence parmi nous de la députée de
Châteauguay, qui vient de se joindre à I'équipe. Donc Mme
la députée de Chicoutimi est porte parole de I'Opposition en
matière d'éducation, d'enseignement supérieur et de
science Mme la députée
Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: Merci, M le Président. Madame messieurs
c'est avec plaisir qu on vous accueille à cette commission
parlementaire. Le président l'a fait comme la députée de
Jacques-Cartier au nom de sa formation politique permettez-moi de le faire
également au nom de ma formation politique
Tout à l'heure le président nous disait que c,élait
à l'unanimité des membres de cette commission qu'on avait choisi
le Conseil des collèges pour exercer ce mandat qui est confié aux
commissions parlementaires c'est à dire le mandat de surveillance des
organismes relevant d'un ministère ou d'un ministre donné
Contrairement à I'opinion du président à savoir
qu'il est un peu embarrassant de parler de surveillance des organismes
consultatifs par les législateurs, moi je me sens tout à fait
confortable dans ce rôle pour différentes raisons. D'abord, parce
que la comparution devant la commission de I'éducation d'un organisme
relié à I'éducation cela donne I'occasion
privilégiée aux législateurs, aux députés
des différentes formations de mieux
comprendre le rôle que le législateur a voulu confier
à ces organismes consultatifs, l'importance qu'on devrait, à mon
avis, accorder à ces organismes dans ce qu'on appelle la gestion des
affaires publiques, plus particulièrement à l'occasion de
l'établissement de politiques touchant, en ce qui nous concerne,
l'enseignement collégial.
Alors, cela donne l'occasion aux députés de mieux
comprendre le rôle et la fonction de ces organismes, mais cela assure
aussi l'organisme qu'il ne restera pas complètement isolé ou
ignoré. Du moment où tes députés, les élus,
s'intéressent aux activités de ces organismes, cela veut donc
dire qu'on en attend quelque chose. Je pense que ce rôle de surveillance,
qui a été confié par le biais d'un règlement aux
commissions permanentes de l'Assemblée nationale, est tout à fait
juste et souhaitable et doit s'exercer non pas en termes de surveillance ou de
liberté surveillée, mais dans le sens des intérêts
et aussi des objectifs à indiquer ou qu'on pourrait souhaiter voir se
réaliser par ces organismes.
La fonction consultative en administration publique, je ne pense pas
m'avancer trop loin en disant qu'il y a peu d'élus, peu de gens dans la
population qui se soient vraiment arrêtés à
réfléchir à ce que cela pouvait vouloir dire au
Québec. Pourquoi avons-nous au Québec, comme dans plusieurs pays,
d'ailleurs, en Amérique du Nord... Je pense que dans plusieurs
États, de même que dans les autres provinces canadiennes, on
retrouve l'équivalent de ces organismes consultatifs. En fait, les
organismes consultatifs ont un rôle de surveillance des
intérêts de la population ou du public, des
Québécois et des Québécoises.
En ce qui concerne le Conseil des collèges, son rôle
premier est d'assurer, d'une part, que les décisions prises par les
gouvernements en place, par le ministre titulaire de l'Enseignement
supérieur, soient dans le meilleur intérêt de la population
de façon générale. Il a également comme
responsabilité d'indiquer des pistes d'action au ministre responsable.
Alors, à mon avis, c'est un rôle extrêmement important et
entendre un conseil consultatif ou une commission devant la commission
permanente de l'Assemblée nationale m'apparaît important. C'est
pourquoi cette année, même si la commission de l'éducation
a eu un horaire assez chargé - le président pourra en
témoigner - il nous est apparu important de ne pas négliger cette
partie du mandat de la commission, c'est-à-dire la surveillance d'un
organisme consultatif.
La députée de Jacques-Cartier a fait le tour des
différents problèmes qui confrontent actuellement l'enseignement
collégial. J'aimerais, pour ma part, aborder un certain nombre de
questions dans l'ordre des prospectives, c'est-à-dire votre plan
d'action, les programmes à moyen terme et à long terme, vos
rapports avec les autres organismes consultatifs, avec les cégeps, avec
le ministre titulaire. J'aimerais discuter également de l'influence du
conseil sur le ministre et parler également du financement des
organismes consultatifs, du financement des collèges, du
perfectionnement des enseignants et du développement de l'enseignement
privé. Cela n'exclut pas, évidemment, les grandes
préoccupations de la députée de Jacques-Cartier.
Cependant, à entendre la députée de Jacques-Cartier qui a
fait un tour assez complet, je dirais, des principaux problèmes, elle
serait sûrement très intéressée par le colloque tenu
par la CEQ à l'occasion des 20 ans des collèges, où on a
fait de façon assez exhaustive, je dirais, le tour des différents
problèmes vus sous l'angle de différents intervenants.
Je ne serai pas plus longue. Je veux laisser davantage place aux
intervenants. On vous écoute.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, Mme la
porte-parole de l'Opposition. Avant de reconnaître M. Morin, qui va nous
présenter son organisme, je dirais ceci. Lorsque je m'exprimais au
début de cette rencontre, je disais à M. Morin: M. le
président, sentez-vous bien à l'aise et ne vous sentez pas devant
un comité de surveillance. C'est le comité de surveillance dans
son sens péjoratif que vous deviez comprendre, parce que je n'ai
nullement l'intention de changer le mandat de cette commission qui en est un de
surveillance. Je veux surveiller de la façon la plus subtile possible,
mais de façon que l'échange de propos entre nous soit le plus
franc et le plus valorisant pour les deux parties de cette commission.
Alors, M. le président, je vous écoute religieusement.
Auditions Conseil des collèges
M. Morin: M. le Président, mesdames et messieurs, je dois
dire d'emblée que le Conseil des collèges est très
honoré et très heureux que les membres de la commission
permanente de l'éducation aient choisi cette année-ci pour faire
l'examen des orientations, des activités et de la gestion du Conseil des
collèges. Le moment ne pouvait être mieux choisi. Vous l'avez
rappelé, M. le Président, les cégeps fêtent cette
année leur vingtième anniversaire. Tout au cours de
l'année c'est déjà commencé - les collèges
feront de nombreuses activités pour souligner cet anniversaire et pour
réfléchir sur ce qu'ont été et sur ce que devraient
être les cégeps. (10 h 30)
Les collèges et la société québécoise
peuvent célébrer cet anniversaire avec fierté. Les
réalisations des cégeps ont été remarquables. Ils
ont formé plus d'un demi-million de jeunes; ils ont largement
contribué à rendre plus accessible et à
démocratiser l'enseignement collégial; ils ont ouvert leurs
portes aux adultes; ils ont créé plus d'une centaine de
programmes professionnels pour répondre aux multiples besoins de la
société québécoise. Tout n'a pas été
parfait, évidemment, mais, vue dans son ensemble, l'institution
collégiale québécoise, cela nous paraît
indéniable,
est une grande réussite
Dans tout cela, le Conseil des collèges est encore jeune. Il n'a
que huit ans. Mais, étant de par sa nature un organisme enraciné
dans le milieu, il est d'ores et déjà étroitement
associé au développement des collèges, à leurs
réalisations passées comme à leurs défis
d'avenir
Nous comprenons que la commission permanente de l'éducation, en
vertu de son règlement, a pour mandat de faire la surveillance des
onentations, des activités et de la gestion du Conseil des
collèges. C'est là son objectif premier. Or, à travers cet
objectif, un peu comme un objectif second, nous savons bien qu il ne sera pas
possible de passer sous silence les réalisations et les enjeux des
collèges eux-mêmes. En effet, les travaux du Conseil des
collèges sont étroitement arrimés à ce que sont et
à ce que devraient être les collèges. Parler du Conseil des
collèges, ce sera aussi parler des collèges. En ce 20e
anniversaire des cégeps, ce moment de réflexion sur le conseil et
sur les collèges ne pouvait être mieux choisi par les membres de
la commission permanente de I'éducation Nous vous en remercions
très vivement
Avant de brosser un tableau général des orientations, des
activités et de la gestion du Conseil des collèges, je voudrais,
M le Président, faire deux courtes remarques préliminaires. En
guise de première remarque, je voudrais, d'entrée de jeu, vous
assurer de la plus complète collaboration des membres du conseil ici
présents et des membres de chacune des deux commissions que vous
rencontrerez ce soir et demain. Nous venons devant cette commission avec
I'objectif de vous faire connaître le mieux possible le Conseil des
collèges et d'écouler attentivement vos interrogations et vos
commentaires
Deuxième remarque. Au delà de tout parti pris politique,
nous tenons à saluer de façon particulière la
députée de Chicoutimi et à souligner l'énorme
travail qu elle a accompli au Conseil des collèges à titre de
présidente fondatrice. Les grandes orientations de base, la
compréhension du mandat original, I'élaboration des règles
de conduite et de régie interne, la place du conseil dans
I'économie générale du système collégial
cela a été défini et précisé sous la
présidence de Mme Blackburn. Nous lui en sommes très
reconnaissants
Dans cet exposé d'ouverture, je brosserai un tableau
général des orientations, des activités et de la gestion
du Conseil des collèges
D'abord, quelles sont les orientations du conseil? Pour bien comprendre
le mandat du Conseil des collèges, les fonctions qui lui sont
dévolues, les orientations qui lui ont été
assignées, il est utile de se rappeler dans quel contexte le Conseil des
collèges a été créé et pourquoi on I'a
créé
En 1973, peu de temps après la création des cégeps
après des débuts passablement mouvementés marqués
de grèves d'occupations, de déchirements internes, de
déficits budgétaires mais aussi il faut le dire, de
réalisations pédagogiques remarquables, de nombreuses
créations de programmes, de mises en oeuvre de chantiers de construction
enthousiasmants, en 1973 donc, le Conseil supérieur de
I'éducation recevait du ministre François Cloutier le mandat de
faire un bilan de I'expérience des cégeps Le comité du
conseil, présidé par M Nadeau, a sillonné tout le
Québec a fait de nombreuses auditions et a reçu et analysé
350 mémoires. En juillet 1975, le Conseil supérieur de
I'éducation remettait au ministre son rapport intitulé. Le
Collège, que Ion a couramment appelé par la suite le rapport
Nadeau
A la lumière de ce rapport et de son propre bilan, le
gouvernement du Québec rendait public en 1978 son projet à
I'endroit des cégeps projet intitulé Nouvelle Étape. Le
gouvernement avait alors identifié cinq grands problèmes auxquels
il fallait, selon lui, apporter des solutions. En bref, ces problèmes
étaient les suivants. C'est important pour bien comprendre la naissance
et le rôle du Conseil des collèges
Premier problème la baisse du niveau de qualité de
I'enseignement. II n existait pas de politique dévaluation des
apprentissages ceci étant plus ou moins laissé a la
discrétion de chaque professeur. Des éléments
étaient particulièrement inquiétants dont le plus visible
était sûrement celui des perturbations des calendriers scolaires.
A cause des grèves ou de diverses perturbations les collèges
pouvaient perdre 10 15 ou 20 jours de classe dans une même année
et, dans la grande majorité des cas, il n y avait aucune reprise de
cours C était donc un premier défi il fallait prendre les moyens
pour assurer une meilleure qualité de I'enseignement et pour cela il
fallait, entre autres exigences, passer par I'évaluation
Deuxième problème le partage du pouvoir entre le
ministère et les collèges. D'un côté on croyait
nécessaire de gérer les collèges de façon
centralisée au nom de la cohérence de l'équité et
de la responsabilité publique. De I'autre, celui des collèges on
revendiquait un retour à I'esprit du rapport Parent et on demandait de
donner aux collèges une plus grande autonomie pour une meilleure
efficacité une plus grande responsabilisation et un meilleur
enracinement régional. II y avait donc là un lieu de tension
entre le ministère et les collèges peu propice à la
recherche de I'excellence
Troisième problème à l'inteneur des conseils
d'administration des coflèges il y avait des tiraillements et parfois
des blocages entre les gestionnaires et les employés syndiqués
qui siègent tous deux au même conseil d'administration. Cela
rendait le fonctionnement des conseils d'administration très difficile
et peu opérationnel. C'était donc un autre problème qu'il
fallait tenter de résoudre
Quatrième problème on est toujours en 1979 - on
prévoyait avec raison que le développement de I enseignement
professionnel aurait un virage important à prendre Les changements
technologiques commençaient à
s'accélérer. Il fallait donc réviser la plupart des
programmes professionnels en choisissant délibérément de
mettre le cap sur la formation dite fondamentale et de ne pas céder
à la tentation de donner hâtivement aux étudiants et aux
étudiantes un entraînement technique pointu qui deviendrait
rapidement désuet et inopérationnel.
Enfin, le cinquième problème qu'avait identifié le
gouvernement, c'était celui de la gestion de la décroissance:
décroissance de la clientèle et décroissance des
ressources budgétaires affectées à l'éducation. Ce
problème de la décroissance anticipée a été
d'autant plus pénible à vivre au cours de la décennie
1977-1987 que seule la décroissance des ressources s'est produite,
tandis que la décroissance de la clientèle qu'on avait
évaluée à une baisse de 26 % a été, en
réalité, une augmentation de 10 %.
C'est donc sur cette toile de fond, qu'il faut bien garder à
l'esprit, que le gouvernement, en 1979, a créé le Conseil des
collèges. Celui-ci est apparu au gouvernement comme une des grandes
mesures (avec la révision de la loi des collèges et la
promulgation d'un règlement sur le régime pédagogique du
collégial) pour résoudre les problèmes
identifiés.
À la lumière de ce contexte, on comprend aisément
que le gouvernement ait créé deux commissions permanentes
auprès du Conseil des collèges: la Commission de
l'évaluation et la Commission de l'enseignement professionnel.
Qu'est-ce qui était et qui est encore attendu du conseil? Les
attentes du gouvernement à l'endroit du Conseil des collèges,
vous l'avez sans doute vu à la lecture du texte du livre blanc que nous
avons inséré dans le cahier qu'on vous a remis, sont fort
nombreuses. Tout cela peut cependant être un résumé par tes
deux objectifs suivants: "stimuler la collaboration et la concertation et
favoriser la poursuite de l'excellence." On doit dire que le Conseil des
collèges, dans ses préoccupations, dans ses activités,
s'est toujours efforcé de travailler dans le sens de ces deux
objectifs.
Légalement, le conseil a un double mandat: premièrement,
aviser le ministre sur toute question concernant l'enseignement
collégial, qu'il s'agisse de questions nommément prévues
dans la loi ou de questions particulières déférées
par le ministre, ou encore de questions jugées importantes par le
Conseil des collèges.
Deuxième mandat: faire un rapport annuel sur l'état et les
besoins de l'enseignement collégial.
Pour répondre adéquatement à ce double mandat, le
Conseil des collèges a jugé important de veiller à se
donner trois caractéristiques indispensables. D'abord,
l'indépendance ou, si vous préférez, la distance critique
pour voir les choses sans parti pris, sans inféodation avec des groupes
d'intérêt de quelque importance qu'ils soient.
L'autre caractéristique indispensable à la
crédibilité du conseil, c'est celle de l'enracinement. À
cette fin, les membres du conseil proviennent de tous les milieux
intéressés à l'enseignement collégial: les milieux
collégiaux eux-mêmes, d'abord, privé et public, le monde du
travail, le monde des affaires, de la coopération, les parents, les
milieux universitaire et de l'enseignement secondaire. Le conseil est ainsi un
véritable carrefour où se croisent et s'entrechoquent, au besoin,
les idées et les points de vue de personnes issues de ces divers milieux
et qui, dans la grande majorité des cas, en arrivent à des
consensus qui ne peuvent qu'être extrêmement utiles pour
éclairer la prise de décision du ministre et des
collèges.
Enfin, une dernière caractéristique du conseil, c'est son
caractère public. Le conseil est un organisme entièrement
financé par l'État et il a, de ce fait, des comptes publics
à rendre: des comptes sur son administration, certes, mais surtout,
à cause de sa nature même, des comptes sur le contenu des avis
qu'il adresse au ministre et sur les rapports qu'il produit sur l'état
et les besoins de l'enseignement collégial.
Indépendance, enracinement et caractère public sont trois
caractéristiques qui interagissent et qui, à condition
d'être simultanément présentes et actives, créent
une véritable autorégulation au sein des orientations et de la
dynamique fondamentale du conseil.
Pour accomplir son double mandat, aviser le ministre et faire rapport
sur l'état et les besoins, la loi a donné au conseil trois grands
pouvoirs qui sont également pour lui des obligations.
Le conseil a le pouvoir de procéder à des auditions, de
solliciter des opinions, de recevoir et d'entendre les requêtes et les
suggestions du public en matière d'enseignement collégial. Depuis
sa création, le conseil a procédé à une seule vaste
consultation en 1984. Le conseil, qui était alors présidé
par Mme Blackburn, avait consulté et tenu des audiences dans tout le
Québec sur le thème "Le cégep de demain: pouvoirs et
responsabilités". Le conseil voulait approfondir la problématique
de trois ensembles de questions: le partage interne des pouvoirs et des
responsabilités dans les collèges, l'autonomie des
collèges face au ministère et l'insertion des collèges
dans leur milieu. Le conseil a reçu 136 mémoires où se
sont exprimés plus de 150 groupes, organismes ou individus. Cette large
consultation a eu de nombreuses retombées, dont la plus importante a
été la production par le conseil d'un rapport intitulé "Le
cégep de demain", où sont précisés les missions et
les enjeux du cégep de demain.
Évidemment, le conseil ne peut pas mener une aussi vaste
consultation chaque année. Mais c'est chaque année qu'il visite
des collèges, rencontre de nombreux groupes, organise des tables rondes,
tient des journées d'études, participe activement à des
colloques et à des conférences. Se brancher sur la
réalité des collèges, se faire attentif à leurs
préoccupations et à celles du public, cela constitue toujours une
orientation de fond du conseil.
Le deuxième pouvoir que la loi donne au conseil, c'est de faire
effectuer les études ou les
recherches jugées utiles ou nécessaires à
l'accomplissement des tâches du conseil. Plusieurs de ces études
que le conseil fait réaliser, soit par ses professionnels, soit par des
contractuels, demeurent des documents de travail internes au conseil et qui
servent à préparer des avis ou des rapports sur l'état ou
les besoins. Mais certaines études, à cause de leur importance et
de leur utilité, sont publiées par le conseil dans la collection
"Études et réflexions sur l'enseignement collégial". Vous
trouverez la liste de ces études dans le cahier qu'on vous a
remis.
Ces études sont présentes dans toutes les
bibliothèques des collèges et elles sont souvent citées
par les chercheurs, par les auteurs de mémoires et dans les documents de
réflexion sur l'enseignement collégial. Les auteurs de la revue
de l'Université Laval Recherches soclographiques, par
exemple, ont écrit ceci dans le numéro qu'ils ont consacré
aux vingt ans des cégeps, et je cite: "Assez curieusement, les analyses
d'ensemble et les diagnostics sur les cégeps sont peu nombreux: on
compte plusieurs rapports de recherche de grande qualité, ta plupart
publiés par le Conseil des collèges." (10 h 45)
Une chose demeure claire, cependant: le Conseil des collèges
n'est pas un institut de recherche, mais bien un organisme consultatif. Les
recherches qu'il fait effectuer se situent donc toujours dans l'économie
de la consultation où l'on vise à connaître l'état
des choses, à identifier les besoins, à fonder les avis qui sont
donnés et à éclairer la prise de décision.
Enfin, le conseil a un troisième pouvoir qui est aussi, je le
rappelle, une obligation, c'est celui de rendre publics ses avis et ses
rapports sur l'état et les besoins de l'enseignement collégial.
Ce pouvoir est inhérent au caractère public du conseil. C'est
aussi une des attentes du gouvernement à son endroit qui, dans son livre
blanc sur les collèges, souhaitait que le conseil aide les
collèges, anime le milieu, stimule la collaboration et la concertation
et favorise la poursuite de l'excellence.
C'est là une tâche considérable et une lourde
responsabilité. Mais, croyez-moi, nous y consacrons beaucoup
d'énergie et nous prenons plusieurs moyens, à la mesure de nos
ressources, pour assurer dans le milieu un rôle d'animateur et d'agent de
changement. Sans donner une liste exhaustive de ces moyens, permettez-moi de
souligner, entre autres, ceux-ci: publication mensuelle d'un bulletin,
tiré à plus de 18 OOO exemplaires; diffusion des avis et des
rapports, dont le tirage varie entre 700 et 3000 exemplaires:
conférences de presse nationales et régionales sur les avis et
tes rapports les plus importants; organisation de journées de
réflexion sur le contenu des rapports annuels; visites de
collèges, etc.
Nous sommes cependant conscients que le travail d'animation est un
domaine inépuisable où il y aura toujours place pour faire plus
et mieux. Une contrainte demeure incontournable, celle des ressources
disponibles.
Ceci m'amène à vous dire un mot de la structure et des
ressources du conseil. Le conseil comprend trois grandes unités: le
conseil lui-même et ses deux commissions permanentes. Le conseil compte
18 membres, tous nommés par le gouvernement. Chaque commission est
composée d'un président nommé par le gouvernement, qui est
aussi membre d'office du conseil. Le président est nommé sur
recommandation du conseil et chaque commission comprend huit membres
nommés par le conseil.
Le budget du conseil est de 1 266 000 $. Trois postes budgétaires
majeurs totalisent à eux seuls 97 % du budget. Il s'agit des traitements
(70 % du budget), des communications, incluant notamment les coûts
d'impression, le courrier et les frais de déplacement du personnel
régulier (10,5 %) et les services, c'est-à-dire les contrats de
recherche et de services et les frais de déplacement des membres du
conseil et des commissions (16,5 %).
En plus de ces ressources financières, le conseil peut
heureusement compter sur des ressources humaines bénévoles
nombreuses et de très haute qualité. La plupart de nos membres
siègent bénévolement au conseil et dans les commissions
depuis qu'on a aboli les jetons de présence. Ce n'est pas une mince
tâche qu'on leur demande: deux jours de réunion par mois, sans
compter ce que cela exige de lecture et de préparation. Nous faisons
aussi appel à de nombreuses personnes, tant des collèges que de
l'extérieur des collèges, pour participer à des travaux de
consultation et cela est toujours fait bénévolement. M. le
Président, nous profitons de cette occasion privilégiée
qui nous est offerte pour leur rendre hommage et leur dire combien nous
apprécions leur collaboration dévouée et
indispensable.
Quelles sont, maintenant, les activités du conseil? Le conseil
s'adonne, comme le lui prescrit la loi, à deux grands types
d'activités: la préparation d'avis et la préparation de
rapports sur l'état et les besoins de l'enseignement collégial.
Ce sont là les deux tâches principales du conseil.
Je me contenterai, à ce stade-ci, de ne dire que quelques mots
sur chacune de ces activités, quitte à revenir au cours de la
journée sur divers aspects de ces activités selon les
interventions et les interrogations des députés.
Prenons d'abord la question des avis. Depuis sa création, en
1979, le conseil a émis 80 avis. Une bonne partie de ces avis porte sur
des questions explicitement prévues dans la loi et sur lesquelles le
ministre est tenu de demander un avis au conseil avant de prendre une
décision. À ce propos, la loi du Conseil des collèges se
distingue de celle du Conseil supérieur de l'éducation par le
fait qu'elle énumère une liste de cinq objets précis sur
lesquels le conseil doit obligatoirement être consulté. Ces objets
sont les projets de règlement, la création de nouveaux
collèges, les programmes, les politiques d'allocation des crédits
annuels et le plan des budgets d'investissement.
Cela donne parfois lieu à des avis qui
portent sur des objets pointus et techniques. Mais je dois dire que ie
conseil s efforce toujours de situer ses avis, même apparemment
techniques, dans une perspective d ensemble et de rappeler au ministre et aux
collèges des orientations et des préoccupations éducatives
qu'il ne faut jamais perdre de vue. Permettez-moi d'évoquer à ce
propos, un bref exemple. L'an dernier, on nous a demandé un avis sur le
programme expérimental de denturologie. Le ministère voulait
modifier le statut du programme expérimental pour lui donner le statut
de programme régulier. La Commission de l'enseignement professionnel du
conseil a analysé soigneusement le dossier. Les acquis du programme
étaient indéniables très bon placement des
diplômés, haut taux de satisfaction des employeurs. Mais,
malgré cela, le conseil a recommandé au ministre de surseoir
à sa décision parce que les objectifs mêmes du programme
n'étaient pas formulés dans une perspective réelle de
formation. En effet, I'objectif général du programme se lisait
ainsi "Apprendre aux étudiants et aux étudiantes à
remplacer les dents manquantes par des prothèses amovibles" Le ministre
a bien reçu l'avis du conseil et a demandé de reformuler les
objectifs du programme
Une autre catégorie d'avis porte sur des questions
déférées par le ministre. La loi prévoit, en effet,
que le ministre peut déférer au conseil toute question concernant
l'enseignement collégial pour lui demander son avis
Pour permettre une bonne identification de ces questions et pour pouvoir
les intégrer au plan de travail du conseil en tenant compte des
ressources disponibles, le ministre actuel de l'Enseignement supérieur
et de la Science, au début de chaque année, a pris I'habitude de
venir rencontrer le conseil. Nous estimons, au conseil que cette rencontre est
extrêmement utile. Elle nous permet de faire le point sur les avis et les
rapports que nous avons transmis au cours de l'année, d examiner le plan
de travail du conseil et d'y intégrer les questions que le ministre
entend déférer au conseil
En toute objectivité, M le Président, nous devons, ici,
spontanément rendre hommage au ministre actuel de l'Enseignement
supérieur et de la Science, M Ryan, quand il déclarait devant
cette commission le 26 mai 1987 et je cite Je voudrais signaler à cette
assemblée que je reçois avec beaucoup d'intérêt, que
j'étudie avec attention les avis qui me sont transmis par les organismes
consultatifs. Nous tentons, dans la mesure des moyens mis à notre
disposition de tenir compte des avis qui nous sont donnés " Ces paroles
traduisent exactement le sentiment que nous avons, au Conseil des
collèges, du traitement que le ministre accorde à nos avis
Enfin, une dernière catégorie d'avis relève de
l'initiative du conseil. Étant à l'écoute des besoins des
étudiants des collèges et de la société, le conseil
estime souvent nécessaire d'attirer l'attention du ministre et du public
sur des problèmes particuliers ou des questions importantes et de
suggérer, à ce propos des actions à entreprendre. C'est
ainsi que par exemple, au cours des dernières années le conseil
est intervenu pour aviser le ministre sur des questions telles que les accords
Québec Ottawa en matière de formation de la main-d'oeuvre, la
reconnaissance des acquis extrascolaires les orientations des programmes en
sciences humaines et en sciences de la nature, les orientations de la recherche
au collégial, les liens à établir entre le
collégial et le secondaire
Tous les avis du conseil nécessitent des analyses, des
consultations, des discussions au sein du conseil, lesquelles sont souvent
précédées de travaux réalisés par l'une ou
I'autre commission. Nous devons reconnaître que nous avons une excellente
collaboration de tous les milieux auxquels nous faisons appel. Nous pensons,
entre autres, au ministère de I'Enseignement supérieur et de la
Science, plus particulièrement à la Direction
générale de l'enseignement collégial, aux collèges,
à la Fédération des cégeps, à l'Association
des collèges du Québec, aux associations étudiantes, aux
centrales et aux fédérations syndicales, au Conseil du patronat,
à la Fédération des associations de parents de
cégeps, aux ordres et aux associations professionnelles
L'autre activité obligatoire et importante du conseil, c'est le
rapport annuel sur l'état et les besoins de I'enseignement
collégial. C'est un mandat extrêmement large et on doit renoncer
à vouloir tout dire sur l'état et les besoins de I'enseignement
collégial à chaque année Comme cela se fait au Conseil
supérieur de I'éducation par exemple, nous nous attardons
à approfondir chaque année un aspect important du système
collégial
Pour choisir le thème annuel le conseil part des
préoccupations exprimées par les groupes et les individus
rencontrés il procède à des études de pertinence
sur les thèmes possibles pour voir si ce sont là les bonnes
questions à se poser au bon moment. II est important croyons nous de
créer autour du thème retenu une sorte de synergie des ressources
une convergence des préoccupations une mobilisation des forces vives
Prenons, par exemple le dernier rapport du conseil intitulé
"Enseigner aujourd'hui au collégial" Le conseil a d'abord fait faire une
étude d'envergure de la pratique professionnelle des enseignants et des
enseignantes. Cette étude, réalisée par une équipe
de chercheurs sous la direction de M Réginald Grégoire a
été publiée et nous avons recueilli sur le contenu de
cette étude de nombreux commentaires au cours des journées
pédagogiques que nous avons animées ou des tables rondes que nous
avons organisées. À la lumière des résultats de
cette étude et des consultations ultérieures le conseil a
considéré que dans I'état actuel des choses il y avait
deux problèmes majeurs chez les enseignants et les enseignantes du
collégial que nous pouvons résumer par leur perplexité, ou
encore leur démotivation et leur isolement professionnel. Pour
réduire I'acuité de ces problèmes le conseil a
suggéré quelques grands moyens dans son rapport
Permettez-moi, avant de terminer ce tour d'horizon des orientations, des
activités et de la gestion du Conseil des collèges, de vous dire
un bref mot des principales préoccupations actuelles du conseil, de
souligner quelques-uns des dossiers de notre plan de travail pour
l'année 1987-1988. Je ferai ici abstraction des dossiers relatifs
à l'enseignement professionnel et à l'évaluation qui vous
seront présentés cet après-midi et demain. Je me limiterai
à évoquer quatre dossiers que nous considérons comme
extrêmement importants dans la conjoncture actuelle.
Le premier dossier, c'est celui des échecs et des abandons
scolaires. Nous appuyant sur les données fournies par le
ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science et avec la
collaboration active des collèges et des différents organismes,
le conseil va tenter de cerner un certain nombre de causes et de facteurs des
échecs et des abandons et de suggérer quelques actions qui
pourraient contribuer à améliorer le taux de réussite
scolaire. Même si les échecs et les abandons n'ont peut-être
pas atteint un niveau que l'on pourrait qualifier de dramatique, il n'en reste
pas moins que le système collégial doit faire tous les efforts
possibles pour permettre aux étudiants et aux étudiantes du
collégial de réussir leurs cours et de terminer avec
succès leurs études collégiales.
Le deuxième dossier - on en a beaucoup parlé ces derniers
temps - c'est celui de la langue d'expression. Ce dossier n'est pas sans lien
avec celui des échecs et des abandons. À l'amont, le
ministère de l'Éducation s'apprête à annoncer un
plan de mesures pour améliorer l'apprentissage de la langue d'expression
au primaire et au secondaire. À l'aval, les universités font
subir à leurs étudiants des tests d'entrée en
français et elles imposeront des apprentissages d'appoint pour les
étudiants et les étudiantes en sérieuse difficulté.
Au collégial, entre le secondaire et l'université, le
problème de la langue d'expression, cela est évident, est aussi
un problème très sérieux. Que font les collèges
pour corriger la situation? Que faudrait-il faire de mieux et de plus? C'est
à ces questions que le conseil va tenter d'apporter des
réponses.
Le troisième dossier est celui de l'arrimage entre les ordres
d'enseignement, entré le secondaire et le collégial, d'une part,
et entre le collégial et l'universitaire, d'autre part. Ces zones de
passage d'un ordre à l'autre sont souvent problématiques pour
plusieurs étudiants et étudiantes et cela n'est pas particulier
au système éducatif québécois. Mais il est
important de veiller à bien identifier les problèmes d'interface
entre les ordres d'enseignement, les problèmes d'ajustement des
programmes et le partage des rôles et des responsabilités. Pour ce
dossier, le Conseil des collèges compte travailler en collaboration avec
le Conseil supérieur de l'éducation et avec le Conseil des
universités.
Enfin, un dernier dossier sur lequel nous nous attarderons, c'est celui
de l'éducation des adultes. Le Conseil des collèges va publier
dans quelques mois une étude qui présente un bilan de la
situation de l'éducation des adultes au Québec. Cette
étude a été préparée par MM. Bélanger
et Kayembé. Il ressort de ce bilan que les collèges ont encore
beaucoup à faire pour répondre réellement aux besoins de
formation des adultes, aux besoins aussi bien qualitatifs que quantitatifs. De
plus, la Commission de l'enseignement professionnel a, de son
côté, préparé un rapport sur l'état et les
besoins des adultes inscrits dans les programmes professionnels des
cégeps. Les conclusions du rapport de la commission, rapport que nous
rendrons public, font bien ressortir les divers problèmes vécus
par les adultes eux-mêmes au cégep. (11 heures)
À la lumière de l'étude qu'a fait faire le conseil
et à la lumière du rapport de sa Commission de l'enseignement
professionnel, le Conseil des collèges compte donc s'attarder à
cet important dossier et aviser le ministre à ce propos. Dans
l'état actuel des choses, vu le stade de développement des
collèges et les besoins de la société, il nous faudrait
considérer que les crédits que nous consacrerons à
l'éducation des adultes ne seront pas, à proprement parler, des
dépenses, mais bien un des investissements les plus importants pour
assurer la qualité de notre avenir.
Voilà, M. le Président, mesdames et messieurs les
députés, l'exposé général que nous avons
préparé pour introduire les travayx de cette commission
chargée de faire la surveillance des orientations, des activités
et de la gestion du Conseil des collèges. Vous pouvez compter sur notre
entière collaboration pour approfondir les questions et les
éléments de votre choix. Je vous remercie.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous remercie
également, M. Morin, de cet exposé global que vous nous avez fait
de la situation que vit et qu'a vécue, ou que prévoit vivre le
Conseil des collèges. Je pense que ce tour de piste que vous avez fait a
été bénéfique pour une meilleure
compréhension de la part des membres de cette commission de la
problématique des situations qu'aura à vivre le Conseil des
collèges.
Je vous rappelle qu'il est actuellement 11 heures. Nous avons encore
deux heures, cet avant-midi, pour se diviser les trois thèmes qui
paraissent à l'ordre du jour, à savoir: les orientations du
conseil, les activités du conseil et la gestion du conseil. Ce sont les
trois thèmes à l'ordre du jour. On va les séparer en parts
égales, on va essayer, enfin, de les regarder de la façon la plus
intelligente possible.
J'appelle immédiatement les interventions. Est-ce qu'il y a des
interventions du côté ministériel concernant les
orientations du Conseil des collèges, son mandat, ses
préoccupations, ses défis actuels? Je vous rappelle que le temps
est réparti également entre les deux formations politiques. S'il
n'y a pas d'intervention du côté ministériel...
Mme Dougherty: M. le Président...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: J'ai plusieurs questions. Comme les
problèmes sont fondamentaux et multiples, je trouve très
difficile de m'en tenir à l'ordre du jour comme vous l'avez
énoncé. Je vais y aller avec des questions plus
générales, plus globales qui me semblent fondamentales.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Remarquez, Mme la
députée de Jacques-Cartier, qu'une des
caractéristiques...
Mme Dougherty: Ses idées et ses préoccupations,
cela va avec le premier.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je veux dire que
votre président est reconnu comme étant très permissif
dans ce genre de rencontre. Sentez-vous bien à l'aise. Ne vous sentez
pas encadrée comme à l'école à l'intérieur
d'un projet de cours.
Mme Dougherty: M. Morin, vous avez cité cinq
problèmes. C'est effectivement l'essence du rapport Nadeau, n'est-ce
pas? C'était en 1979.
M. Morin: Du gouvernement.
Mme Dougherty: Du gouvernement, oui.
M. Morln: Dans "Nouvelle Étape", oui.
Mme Dougherty: Baisse du niveau de qualité de
l'enseignement, problème de partage des pouvoirs, tiraillements entre
l'administration et les employés syndiqués, besoin de
révision de l'éducation professionnelle et problème de
gestion de la décroissance. J'aimerais savoir ce qui a été
fait et par qui pour résoudre ces problèmes. Il me semble que
souvent notre gouvernement, comme tous les gouvernements, a toutes sortes de
régies, de conseils, etc., qui produisent de beaux documents, bien
pensés, bien fondés, sur toutes sortes de recherches, de
consultations, etc., mais la traduction des recommandations dans les faits et
dans les changements réels est très difficile. Pourriez-vous nous
dire ce qui a été fait, comme résultat, pour la
qualité de l'enseignement, par exemple? Je sais que c'est une grande
question, mais il faut l'attaquer, plus précisément quant au
partage des pouvoirs au collège et aux tiraillements entre les
gestionnaires et les employés syndiqués. Quant aux deux autres,
je suis pas mal au courant et on pourra aborder plus tard dans notre discussion
l'éducation professionnelle, mais sur les trois premiers besoins
qu'est-ce qu'on a fait?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, M. Morin,
je ne sais pas si c'est vous qui allez répondre mais je vous informe
immédiatement, pour les besoins de la transcription des débats,
qu'à chaque fois que quelqu'un interviendra j'aimerais qu'il s'identifie
ou, si vous passez la parole à quelqu'un, veuillez l'identifier quand
vous lui passez la parole. Je vous écoute.
M. Morin: M. le Président, c'est une excellente et vaste
question. Je dois dire que c'est une lame de fond. À peu près
tous les rapports et les avis du conseil sont marqués de ces
préoccupations. La préoccupation de la qualité, c'est une
lame de fond, cela vient en filigrane dans tous tes avis. Mais, de façon
très particulière, il y a un certain nombre d'actions qui ont eu
cela comme objet. Nous pensons, évidemment, à la Commission de
l'évaluation et vous aurez l'occasion de rencontrer cet
après-midi la commission elle-même avec l'émergence, la
mise en place des politiques d'évaluation.
Autre exemple d'un dossier auquel nous travaillons cette année:
les échecs et les abandons. C'est éminemment un dossier qui a
affaire à la qualité. Le rapport que nous avons publié,
Enseigner aujourd'hui au collégial, pour essayer de remotiver les
professeurs, de redonner un sens à la formation collégiale, un
sens à la formation fondamentale, tout cela aussi a affaire à la
qualité de l'éducation.
Évidemment, nous, nous sommes un organisme consultatif qui se
situe au-dessus de la mêlée, mais qui voit la mêlée,
cependant. Et les gens qui se situent au-dessus de la mêlée
viennent, eux, de la mêlée. Il ne faut pas oublier que le Conseil
des collèges est un ensemble d'experts ou d'individus qui viennent de
tous les milieux. Ce sont eux, le Conseil des collèges.
Pour la question de l'autonomie, je vous l'ai rappelé tout a
l'heure, la consultation que le conseil avait menée en 1984 portait
précisément sur cette grande question: le partage des pouvoirs
entre le ministère et les collèges. L'autonomie, c'est un dossier
sur lequel nous continuons encore d'insister. Prenons l'avis que nous avons
donné l'an dernier sur la décroissance des ressources ou le
nouveau mode d'allocation. La préoccupation de fond du conseil dans
cela, c'était de ne pas empiéter sur l'autonomie et la
responsabilisation des collèges. Et pour nous, lorsque nous parlons
d'autonomie des collèges, nous disons tout de suite après:
reddition de comptes publics pour que les collèges s'ouvrent
également et apprennent à rendre des comptes publics.
Ce ne sont pas des problèmes qui sont résolus. Prenons la
question des tiraillements qu'il y a à l'intérieur des conseils
d'administration. Lorsqu'il y a eu un changement à la loi 25 qui a
modifié la loi 21 sur le Conseil des collèges, on a introduit
l'article 12. Évidemment, le conseil ne pouvait donner son opinion
à ce moment-là, parce qu'il a été
créé par la loi 24 en même temps qu'on a adopté la
loi 25. Mais l'article 12 dit que les membres concernés, les membres
syndiqués, lorsqu'une décision se prend dans un conseil
d'administration, n'ont pas le droit de vote. Toutes ces choses-là sont
un peu conflictuelles. Le Conseil des collèges, dans l'examen du
règlement sur le régime pédagogique du collégial,
s'est également préoccupé justement de ce partage
des responsabilités entre les collèges et le
ministère à l'intérieur même des collèges
On pourrait répondre de très nombreuses choses, M le
Président, à l'adjointe parlementaire du ministre de
I'Éducation sur ces cinq grandes questions, mais, encore une fois, on
pourrai repasser chacun des avis. II y a des pas qui se font et, chaque fois
que le gouvernement ou le ministre fait des pas dans ces directions, nous lui
rappelons que c'est dans la bonne direction ou, lorsque c'est le contraire qui
se produit, nous te faisons aussi
Mme Dougherty: Pour ajouter
Le Président (M. Parent, Sauvé): Allez, madame
Mme Dougherty: Question supplémentaire Je me demande si.
Je n'en ai aucune idée mais, dans les écoles, il y a des
recherches, beaucoup de recherches qui démontrent aux niveaux
élémentaire et secondaire qu on ne peut améliorer,
changer, etc, des choses sans I'implication directe des enseignants. Alors,
pour tous les grands changements, les changements qui réussissent, il
faut impliquer les enseignants dune façon directe Après avoir lu
le rapport Grégoire, je me demande si, dans les cégeps, les
enseignants sont assez impliqués - je pense surtout aux efforts pour
résoudre les problèmes que vous avez identifiés, par
exemple - ou s'ils sont toujours victimes des recommandations qui viennent
d'ailleurs et dans lesquelles ils ne sont pas vraiment impliqués. Est ce
que j'ai raison ou non?
M. Morin: Vous avez raison madame. C'est un des problèmes
extrêmement sérieux le désengagement de plusieurs
professeurs au niveau collégial. Le rapport Grégoire, qui est le
fruit de 201 interviews auprès d'enseignants et d'enseignantes, c'est un
rapport qui a été mené de façon très
scientifique Le rapport conclut qu il y a à peu près 12 % des
enseignants et des enseignantes qui sont, à toutes fins utiles,
décrochés. Ils donnent leurs cours un peu de façon
obligée et sans enthousiasme, sans communication. II y a environ 50 %,
52 % des professeurs qui, s'ils en avaient la possibilité, feraient
autre chose. Il reste à peu près 38 % des professeurs qui sont
encore engagés, enthousiastes, etc
Nous sommes bien conscients de ça - les collèges le sont
aussi ce phénomène de démobilisation. On a beaucoup
demandé aux enseignants et aux enseignantes du collégial, comme
à ceux du primaire et du secondaire. Non seulement on a modifié
leurs conditions de travail, mais il y a eu également des
problèmes de modification de programmes, des chambardements complets de
programmes. Ils doivent courir après leur perfectionnement. II y a aussi
un certain phénomène de vieillissement, un
phénomène aussi de manque de sang neuf qui apparaît
Dans le rapport que nous avons fait sur l'état et les besoins,
qu'on a intitulé "Enseigner aujourd'hui au collégial", on a dit
que pour donner ou redonner de la motivation aux enseignants et aux
enseignantes il faudrait qu'on puisse saisir mieux quel est le sens de la
formation qu'on donne. II n'y a rien de plus démotivant que de former
quelqu'un pour une chose qui, demain sera obsolète, cela serait inutile.
II faut donc redéfinir - c'est ce que nous avons demandé au
ministre le sens de la formation fondamentale ou le sens de la formation qu'on
doit donner au collégial, comme le Conseil des universités tente
de le faire pour le premier cycle universitaire
Pour ça - on sait très bien que ce n'est pas le ministre
qui va faire ça - on fait appel, de façon directe, aux
enseignants et aux enseignantes. Nous avons organisé des rencontres dans
la région de Québec et dans la région de Montréal.
Nous allons le faire dans la région du Bas Saint-Laurent et de fa
Gaspésie Nous allons continuer à le faire. Nous rencontrons des
enseignants pour discuter comment cela peut concrètement se faire dans
les collèges. Nous avons une très bonne réponse. Peut
être que nous ne rencontrons là que les 38 % de professeurs qui
sont motivés mais tout ça va finir par créer du dynamisme.
C'est un travail qui est long et c est un travail qui est enthousiasmant
à faire
Le Président (M. Parent, Sauvé): Cela va?
M. Morin: M le Président M Sauvé ajouterait un mot,
s' il vous plaît
Le Président (M. Parent, Sauvé): M Sauvé,
allez-y (11 h 15)
M Sauvé (Jean-Claude): Je pense que ce qu on vient de
signaler comme phénomène global a tendance quand même
à se modifier avec le temps. II faut comprendre qu autour des
années que nous connaissons bien sort en 1982 et 1983, les professeurs
ont eu à faire face à un certain mouvement social qui s'est
inscrit dans le cadre de négociations. C'est un peu comme si on leur
avait donné un assez gros coup de bâton. II y a eu une phase ou on
a eu de la difficulté a se relever, dans le fond du coup qui avait
été difficile à prendre et comme I'enquête qui a
été faite et dont on témoigne dans le rapport dont on vous
parlait tantôt se situe dans ces années là il faudrait si
on voulait revoir aujourd hui quelle est la situation précise à
I'égard d'un certain nombre de tendances observées à ce
moment là revoir un peu, à I'aide d un échantillon comment
la situation évolue
L'impression qu'on a lorsqu'on se promène en région et
quon organise des tables rondes avec la participation de très nombreux
enseignants ce qui est vraiment en mouvement cest une certaine
résurgence de la prise en charge du corps enseignant de sa situation de
sa relation avec le milieu de sa relation avec les élèves. Encore
cette semaine lorsqu'on réunissait des professeurs autour d une table on
nous disait. Dans le fond on est en train de rebondir
Jusqu'à maintenant, on était bien plus jeune qu'on ne le
croyait comme organisation et comme façon de fonctionner. On est en
train d'arriver à l'étape de la maturation sur le plan des
processus internes, des outils qu'on se donne pour mieux connaître les
besoins des étudiants, pour mieux évaluer la qualité de
l'enseignement, pour générer dans les différents milieux
des initiatives qui sont tout à fait reliées à la
première question que vous posiez touchant le niveau de qualité
de l'enseignement.
II y a de plus en plus de recherches qui se font dans des milieux par
des professeurs qui sont eux-mêmes en quête de sens, si on veut,
à l'égard de ce que sont les étudiants et de ce qu'est
l'enseignement. Mais il reste, dans ce contexte-là, peut-être le
problème le plus sérieux que soulignent les enseignants
eux-mêmes. Je vous le donne un peu comme on nous le donnait dans une
rencontre récente. Il y a des professeurs qui nous disaient: savez-vous,
il y a quinze ans ou à peu près, la différence d'âge
entre les enseignants et les élèves qui arrivaient au
cégep n'était pas tellement grande. Ils prenaient l'expression
suivante: On était encore au moment où on "tripait" ensemble sur
les mêmes affaires. Mais avec le vieillissement du corps enseignant, dans
le sens que l'effectif reste en place - les professeurs sont là depuis
quinze ans, depuis douze ans, depuis vingt ans on nous signale que
l'écart se creuse entre les jeunes qui arrivent et les professeurs. On a
plus de difficultés à faire le lien entre les valeurs que
véhiculent les jeunes d'aujourd'hui et les valeurs que les professeurs,
avec l'âge, véhiculent eux aussi dans le type d'enseignement
qu'ils donnent. Ces professeurs nous disaient que pour eux, la tendance la plus
forte des prochaines années, ce ne sera pas un recyclage formel dans la
matière à enseigner ou dans ta technique d'enseignement, ce sera
une forme de recyclage, de compréhension du monde d'où sont issus
les jeunes qui leur arrivent dans les collèges pour être mieux
capable d'établir des connivences, entre guillemets, éducatives,
qui vont faire que les messages vont passer. Cela est un défi
relativement neuf pour le réseau collégial, un défi qui
est senti et qui sera vécu avec beaucoup d'acuité au cours des
prochaines années.
Mme Dougherty: Merci.
M. Morin: M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui.
M. Morin: M. Poulin, professeur au cégep de Sainte-Foy,
voudrait ajouter un mot. Avec M. Poulin, vous aurez le témoignage d'un
professeur.
M. Poulin (Claude): Rapidement, j'enseigne moi-même dans un
collège depuis 20 ans, donc j'ai connu l'évolution dont on vient
de parler en particulier à quand vous "tripez" avec vos
élèves.
Le Président (M, Parent, Sauvé): II y a vingt
ans...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Poulin (Claude): Oui. Finalement, j'abonderais dans le
même sens que M. Sauvé; te portrait qui nous a été
présenté par te rapport Grégoire pourrait laisser entendre
effectivement un état de morosité, un état de fatigue. En
partie, cela existe, mais je pense que depuis deux ans, trois ans en
particulier, pour toutes sortes de raisons - là, c'est l'histoire qui
l'expliquerait - les professeurs que je connais - je parle pour mon
collège et je connais un certain nombre d'autres collèges de la
région de Québec, tout au moins -même parmi les plus
âgés dont je suis, conservent une dynamique. Je pense qu'ils sont
en train de repenser complètement leur action éducative. Je crois
que la situation scolaire en général au Québec les oblige
à le faire et, moi. je suis plutôt optimiste de nature, mais
optimiste aussi de par ce que je vois autour de moi. Les préoccupations,
entre autres, pédagogiques, ce sont actuellement les
préoccupations principales. Vous savez que les professeurs de
collège sont des spécialistes de disciplines qui sont
regroupées en départements, jaloux de leur souveraineté
très souvent, en termes de gestion pédagogique, je dirais. Je
lève mon chapeau à un certain nombre de gestionnaires et
d'administrateurs qui ont fait des pas de géant, dans certains cas, pour
se rapprocher des enseignants individuellement, les plus dynamiques, ceux des
départements où il y a le plus de vitalité pour ainsi
constituer, je le répète, une nouvelle dynamique.
Comme vous vous en doutez probablement tous et toutes, les structures
syndicales n'ont plus la puissance ni la force dynamique qu'elles avaient il y
a quelques années et, conséquemment, ces rapprochements sont plus
faciles et les rapports de forces sont beaucoup moins grands. Dans ce
sens-là, je pense qu'on peut imaginer que la situation des prochaines
années dans les cégeps sera beaucoup plus créative. Je
répète que les problèmes d'ordre pédagogique,
d'apprentissage et de formation fondamentale sont, je dirais, au coeur des
préoccupations quotidiennes des professeurs actuellement, ce qui ne rend
pas nécessairement la tâche toujours facile pour les professeurs.
Actuellement, c'est à un véritable recyclage pédagogique
qu'on assiste non pas en termes professionnels, mais en termes de remise en
cause de leur métier et de la façon dont ils avaient
traditionnellement fait leur métier. Je pense que ce sera profitable aux
prochaines générations d'étudiants.
Le Président (M. Parent, Sauvé): C'est très
sécurisant, monsieur, de voir que vous faites partie des 38 % qui sont
encore engagés, qui sont pleins de dynamisme et d'espoir. Mais je pense
que vous nous avez quand même sensibilisés et fait repenser que
vous vivez dans les cégeps le même sacré problème
que l'on vil
au primaire et au secondaire, celui du vieillissement des professeurs et
des enseignants qui véhiculent des valeurs qui ne sont pas toujours
présentes ou pas toujours actuelles
Tout cela me porte à penser je réfléchis tout haut
- qu'on fait actuellement beaucoup d'efforts dans le domaine de l'enseignement
public, principalement au primaire et au secondaire, pour trouver des
mécanismes de préretraite, de renouvellement passez-moi le mot -
du parc d'enseignants et de tous ces gens-là. Je pense que cela
s'appliquerait aussi au collégial. J'étais beaucoup moins
sensibilisé, durant ma carrière, au problème du
vieillissement des professeurs au collégial parce qu'on les voyait avec
des élèves plus vieux et on ne voyait pas de différence.
Mais je pense que vous venez d'y toucher d une façon très
percutante. Lorsqu'on dit que 38 % sont encore engagés, cela ne veut pas
dire que les autres ne sont plus compétents ou qu'ils ne veulent plus,
ils sont peut-être "burnt out" Ils sont peut-être sur le bord du
"burn out", ils sont peut être découragés aussi. Je pense
que vous venez de nous donner un message très important. En tout cas il
me frappe beaucoup parce qu'une de mes grandes préoccupations, c'est la
pertinence, le sens de I'actuel que doit toujours avoir la personne qui
communique I'enseignement, à n importe quel niveau. Lorsque I'on devient
coupé de sa génération, soit à cause de l'âge
ou d'un désengagement, il y a, je pense, de grandes raisons de s
inquiéter
D'autres interventions du côté ministériel? J'ai une
demande de la députée de Châteauguay Mme la
députée
Mme Cardinal: Ma question aurait quelques volets Je m excuse de
la voix. En parcourant la Loi sur le Conseil des collèges,
particulièrement I'article 14 qui touche les demandes d'avis que le
ministre de I'Enseignement supérieur et de la Science est tenu de
soumettre au Conseil des collèges particulièrement le paragraphe
b sur les projets de création de nouveaux collèges, j'aimerais
connaître la procédure dune telle demande Je m'explique. Est-ce le
ministre qui fait une demande au Conseil des collèges ou si les avis
viennent plutôt du Conseil des collèges de la part du ministre,
quant à la possibilité de promouvoir un nouveau collège
dans une région donnée?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M Morin
M. Morin: Selon I'article 14 M le Président c'est le
ministre qui prend I'initiative. C'est lui qui nous envoie une lettre s'il veut
prendre des décisions concernant l'un ou l'autre de ces
objets-là. Evidemment, nous pourrions de notre propre initiative, lui
recommander de créer un collège à quelque endroit que ce
soit. Ce n'est pas exclu. Mais prenons un cas concret. Nous venons de recevoir
une demande du ministre concernant le campus Héritage dans la
région de I'Outaouais le ministre nous envoie une lettre et nous demande
notre avis j'aimerais connaître les critères pour établir
un cégep dans une région donnée. Est-ce un critère
de population, un critère historique ou géographique' Sur quoi
vous basez-vous pour faire ces recommandations, tant du côté du
ministre que de votre côté? Comme vous l'avez si bien
mentionné, il se peut que vous puissiez également en faire selon
I'étude globale que vous faites de l'éducation que vous diffusez
dans certaines régions. Est-ce que vous avez quand même des
critères d'évaluation de base? Est ce que ce sont ces genres de
critères ou si vous avez d'autres critères sur lesquels vous vous
basez vraiment pour en faire I'évaluation?
M. Morin: Le conseil n'a pas une longue tradition d'avis sur la
création de nouveaux collèges
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Morin: Je dois cependant dire - là la
députée de Chicoutimi va s'en rappeler que le premier avis du
Conseil des collèges a porté sur la création de dix
collèges le démembrement des cégeps régionaux .Ce
premier avis a été demandé à la course, la loi
venait d être adoptée. Dans la liste des 80 avis qui sont
numérotés au Conseil des collèges, c est le premier avis
qui a été donné par le Conseil des collèges. II a
été donné sous forme de lettre car, à toutes fins
utiles, la décision politique était prise. Le Conseil des
collèges va certainement arrêter un certain nombre de
critères qui seront de divers ordres des critères
d'efficacité pédagogique de développement régional
des cntères de population des critères de devis
pédagogique et un ensemble de critères. Je ne peux m'aventurer
là-dessus parce que nous n'avons pas encore débattu cette
question au Conseil des collèges
Mme Cardinal: En ce qui concerne les critères pour
I'établissement d'un cégep régional -je vais vous donner
l'exemple de celui de Bourchemin ou il y a par exemple des
établissements à Saint Hyacinthe Sorel-Tracy et Drummondville -
sur quels critères vous basez-vous pour répartir ce genre
d'établissement qui est probablement sous le même chapeau?
M Morin: C'est à dire que tous les cégeps
régionaux francophones ont été démembrés en
1980 soit le 27 février 1980 il n'en existe plus actuellement
Mme Cardinal Ah boni
M. Morin: Alors Drummondville est un cégep autonome
Sorel-Tracy et la même chose sur la Côte Nord
Mme Cardinal: Ils sont tous devenus
M. Morin: II ne reste qu'un cégep régional, c'est
le cégep Champlain et il a un campus à Québec, un à
Saint-Lambert et un à Sherbrooke. On a continué de vivre avec ce
modèle d'un cégep régional.
Mme Cardinal: Quant aux autres, ils ont été...
M. Morin: Les autres ont été
démenbrés, dérégionalisés, comme on le
disait à l'époque.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Voilà!
M. Morin: C'est plus français de dire
"démembrés".
Mme Cardinal: II y aurait juste une situation qui prévaut
dans ma région, à Châteauguay. Effectivement, les
étudiants doivent se diriger soit vers Valleyfield, ou
Édouard-Montpetit, on peut même aller jusqu'à
Saint-Jean-d'Iberville. Mais enfin, c'est dans ma région. Nous avons
quand même une éclosion démographique assez importante. Ou
on va vers Montréal et, avec la problématique du pont Mercier, je
vous passe la problématique. À ce moment-là, est-ce qu'il
y aurait une possibilité d'avis de votre part selon ces études
qui ont été faites ou si, encore là, c'est le ministre qui
se doit d'étudier toute cette problématique et de soumettre les
avis pour en discuter ensemble...
M. Morin; Oui.
Mme Cardinal: ...soit avec le ministre ou avec le Conseil des
collèges?
M. Morin: La grande préoccupation au Conseil des
collèges, qui est très vivante, c'est celle de
l'accessibilité. Il y a des moyens qui sont utilisés comme la
création des sous-centres. Aux îles-de-la-Madeleine, il y a un
sous-centre. Il y en a quatre ailleurs actuellement et nous sommes en train
d'en faire l'évaluation pour savoir comment cela fonctionne. Il faut
quand même que ce soit un enseignement de qualité. Il y a
cependant une chose, c'est que les cégeps sont des organismes publics et
il ne faut pas tenter de créer de la concurrence entre les
cégeps. Il y a toujours une certaine concurrence de qualité, mais
créer deux cégeps qui vont se marcher sur les pieds, c'est une
chose qui est indésirable et non souhaitable dans l'économie
même d'un système public.
Mme Cardinal: Merci monsieur.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous remercie
Mme la députée de Châteauguay. Je reconnais maintenant Mme
la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président.
D'abord, vous allez me permettre de remercier le président du
Conseil des collèges pour les propos élogieux qu'il a tenus
à mon endroit. Je dois dire que le travail d'un organisme consultatif
comme le Conseil des collèges, c'est un travail d'équipe. Je
prends ses compliments comme étant adressés à toute
l'équipe de l'époque qui a mis temps, énergie et
disponibilité pour réaliser le travail dont vous faisiez mention
tout à l'heure.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Ces propos
élogieux ont rejailli quand même sur tous les membres de cette
commission, madame.
Des voix: Ha, ha, ha! (11 h 30)
Mme Blackburn: Je vous remercie.
Je pense que je ne vous apprendrai rien en vous disant d'abord que je
suis avec un intérêt très grand tous les travaux du Conseil
des collèges et de ses commissions. Je connais le souci qu'a le Conseil
des collèges de garder ce que j'appellerais une certaine
neutralité, une perspective, j'allais dire moins partisane, des
questions observées et c'est le rôle qu'un conseil consultatif,
quel qu'il soit, se doit de préserver, sinon il perd son utilité.
Un conseil consultatif qui voudrait réfléchir en situant sa
réflexion dans une perspective plus partisane à mon avis, on n'a
pas besoin d'un conseil consultatif de cette nature. Un conseil consultatif qui
se transformerait plus ou moins en fonctionnaire d'un ministère,
puisqu'on a une solide fonction publique au Québec, on n'en a pas
vraiment besoin. Ce dont la population du Québec a besoin, c'est d'un
conseil consultatif tel que conçu et pensé par le rapport Parent,
c'est-à-dire qui présente les situations dans une perspective qui
vise à mieux protéger et défendre les
intérêts des Québécois et des
Québécoises, ce que, je pense, fait la majorité de nos
conseils consultatifs, ceux que je connais bien.
Sur les grandes questions qui ont été soulevées
tout à l'heure, qui sont pertinentes, intéressantes, qui nous
permettent à nous, députés, d'être un peu mieux
informés de ces situations, je n'aurais quand même pas le
goût de poursuivre la réflexion dans cette direction, parce que ce
qu'il est important de savoir, il me semble, aujourd'hui, c'est davantage
quelles sont les principales préoccupations du conseil et quels sont les
moyens qu'il prend pour s'assurer que les avis qu'il émet ont un certain
impact dans le milieu, le milieu des collèges, la population en
général et auprès du ministre. C'est davantage dans cette
perspective que je vais essayer de situer mes prochaines questions.
J'ajouterais, à l'éventail des actions qui ont
été prises au cours des récentes années pour
améliorer la qualité et l'accessibilité à
l'enseignement collégial, toute la question de l'évaluation des
apprentissages, le régime pédagogique, mais également la
révision des programmes d'enseignement professionnel qui se fait sur une
base permanente. Je connais moins bien l'enseignement professionnel de niveau
secondaire, mais je dirais qu'en enseignement collégial, contrairement
à l'enseignement secondaire, cela se fait sur une base permanente.
Et vous avez actuellement en cours aussi la révision du programme
d'enseignement général, particulièrement en sciences
humaines, ou c'est un programme, Je dirais, plutôt éclaté
qu'on avait et qui donnait une espèce de caféténa. Je sais
qu'il y a également une révision en cours.
Par ailleurs, les grandes questions qui touchent le perfectionnement des
enseignants, leur motivation, les lieux de ressourcement, l'encadrement
pédagogique, les services aux étudiants qui ont des influences
directes sur la qualité de l'enseignement, ces grands pans de
l'activité collégiale se sont trouvés lourdement
affectés par les compressions budgétaires. Le Conseil des
collèges l'avait admis à I époque que les premières
compressions budgétaires étaient moins pénibles parce que,
finalement, certains parlaient de gras dans les collèges, mais on avait
fait place à un réaménagement des ressources
financières. Mais, plus cela va, moins il reste de place et, là,
les dernières décisions ont comme effet d'affecter directement
les services aux étudiants, ne serait-ce que, par exemple, les
prêts et bourses, l'encadrement pédagogique, les aides
pédagogiques individuelles, ainsi de suite. Évidemment - cela
passe sous silence - il y a la pauvreté relative des
bibliothèques et des équipements de laboratoire. C'est vrai pour
les collèges, mais c'est également vrai pour nos écoles au
Québec. On a, au Québec, des écoles primaires qui n'ont
pas de bibliothèque. Cela défie toute logique. Je ne pensais pas
que cela existait, mais cela existe effectivement
En gros, les compressions budgétaires, comme j'ai eu l'occasion
de le dire au colloque tenu par la CEQ, ont eu des répercussions
importantes. Le Conseil des collèges a toujours reconnu l'importance
primordiale des enseignants en matière de dynamique de l'enseignement
collégial, de dynamisme et d'innovation. Pour rappeler des choses qui
n'ont pas toujours été glorieuses, je pense qu'il faut
l'admettre, à I'occasion des négociations et des décrets
qui ont été adoptés en 1983, si ma mémoire est
fidèle, le Conseil des collèges avait décidé
d'autorité d'entreprendre une étude sur l'enseignant, qui a
été déposée tout récemment. Et, à
I'époque, je trouvais important que cette question, on en fasse le tour.
Probablement que la réalité qu'on a cernée à
l'époque est en train d'évoluer et est plus conforme à
celle que M Poulin nous présentait tout à I'heure
J'aimerais aborder avec vous les moyens qui sont les vôtres, comme
organisme consultatif, pour vraiment mieux faire connaître vos avis, vos
prises de position et comment vous mesurez I'impact, par rapport à des
changements de mentalité, perceptible chez les enseignants, chez les
administrateurs et chez les fonctionnaires, M le ministre. Est-ce que vous avez
un plan d'action plus concret?
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): M le
président, M Morin, s il vous plaît
M. Morin: La question, c'est aux fonctionnaires
Mme Blackburn: La question, c'est. Est-ce que vous avez un plan
d'action, de communication qui vous permette de percer certains milieux de
manière que vos avis et études trouvent des échos
auprès des décideurs, des partenaires?
M. Morin: II y a quelques grands intervenants. On va voir si l'on
s'entend sur cette liste. La Direction générale de I'enseignement
collégial, qui peut faire en sorte que nos avis aient des
retombées ou pas, la Fédération des cégeps,
l'Association des collèges du Québec, les associations
étudiantes, la FAECQ et IANEQ, les centrales syndicales, aussi bien
regroupant les enseignants que les employés de soutien et les
professionnels, et I'Association des cadres des collèges du
Québec
Prenons ces grands intervenants. Le Conseil des collèges - cela,
vous le savez Mme la députée - tient chaque année une
réunion avec ces intervenants pour discuter de nos plans de travail.
Nous avons fait cela avec ces organismes. Ces rencontres font partie d'un plan
organisé et nous avons planifié, pour les prochaines
étapes, également de rencontrer plusieurs autres organismes,
selon les dossiers que nous avons, au-delà de toute partisanerie, en
toute dépendance d'esprit vis à-vis des pouvoirs, qu'ils soient
publics, syndicaux ou patronaux, ces organismes. Nous les invitons à
nous donner leurs points de vue et à avoir des discussions avec le
conseil sur des questions d'intérêt commun
Evidemment, il y a tous les éléments de diffusion des
dossiers. Mais, cela, on n'est pas toujours sûr. Ce n est pas très
direct. On n'est pas toujours sûr que les papiers qu'on distribue sont
reçus ou accueillis. Mais, lorsque la Direction générale
de I'enseignement collégial envoie un plan de travail et que nous
planifions une rencontre sur ces plans de travail, le nôtre et le leur,
là, il y a directement un échange de propos qui s'amorce. Cela
fait partie d'un plan. Cela fait partie des tractations et c'est très
bien agréé des intervenants avec qui nous discutons. Nous avons
ici des directeurs de la Federation des cégeps. Nous avons
planifié une rencontre pour le mois de décembre. Ils nous ont
envoyé leur plan de travail et nous leur avons remis le notre. Nous
faisons la même chose avec les centrales syndicales et les associations
étudiantes
M le Président M Sauvé ajouterait un mot
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Oui
M. Sauvé: Je pense que ce qui est très important,
en particulier ce sont les communications que nous avons avec les principaux
acteurs du réseau collégial que ce soient les collèges
eux-mêmes les professionnels qui y travaillent ou les professeurs. Et une
des actions que le conseil a entreprise et qu'il a réalisée avec
beaucoup de bonheur, je pense c'est d'organiser dans diverses régions
une
rencontre autour d'une publication que vient de taire le conseil.
À ces rencontres sont invités des intervenants de toutes souches,
des professeurs, des professionnels, des administrateurs de collège, des
représentants de divers milieux, et où l'on reprend les
principales conclusions qui sont tirées, soit d'un avis, soit d'un
rapport et où on les remet en question avec des intervenants d'une
région.
Le conseil a fait cela au mois de mars, à Québec, avec les
représentants de 5 collèges pour étudier le rapport
"Enseigner aujourd'hui au collégial". Nous l'avons fait il y a un mois,
à Montréal, avec les représentants de 22 collèges.
Pendant une journée complète, nous avons repris des thèmes
comme la formation fondamentale, l'approche programme, pour que les milieux
l'accaparent et fassent leurs un certain nombre d'interrogations et qu'ils
puissent s'en servir pour animer leur propre milieu, à l'occasion de
journées pédagogiques ou à l'occasion de diverses
rencontres. Qu'ils se servent de ces conclusions, tes fasse mûrir et
qu'ils nous les retournent, pour nous dire dans quelle mesure, quand ils les
ont examinées plus concrètement chez lui, il a d'autres approches
à nous suggérer et à développer.
On fait la même chose dans d'autres dossiers et on a tout un plan,
d'ici à la fin de l'année, pour que tous les grands dossiers du
conseil, les échecs et abandons, l'éducation des adultes, la
langue d'enseignement, s'inscrivent dans une dynamique où te milieu va
nous parler avant qu'on présente un avis. On va faire une
première validation avec ces gens avant de formuler l'avis et on va
retourner les voir ensuite, au moment de la mise en forme. Autrement dit, nous
privilégions, dans le plan de cette année, une action très
directe pour mieux agir, interagir, avec les différents milieux, en
particulier, ceux qui tournent ou rôdent autour des collèges.
Mme Blackburn: Est-ce que vous avez tenté de mesurer les
percées que vous faites auprès du ministère ou du ministre
en examinant les réponses qui ont été données aux
avis que vous avez fournis depuis deux ans? Est-ce que vous avez un tableau de
cela? Est-ce que vous êtes capable d'en faire l'inventaire?
M. Morln: Oui, madame.
Mme Blackburn: II y a les avis qui relèvent de la loi,
obligeant le ministre à vous demander un avis, et il y a ceux que vous
donnez à votre initiative. Il faut peut-être distinguer les
deux.
M. Morin: Oui. Nous avons fait un inventaire. Cela paraît
en annexe peut-être, mais cela paraît certainement dans nos bilans
d'évaluation annuels. Mme Lévesque qui s'occupe activement de ces
choses et qui suit de très près ces dossiers pourrait vous les
fournir. On doit dire, en toute honnêteté, qu'il y a eu un certain
nombre de ministres de l'Éducation ou de l'Enseignement supérieur
et de la Science qui se sont remplacés et succédé depuis
notre création. La correspondance que te ministre actuel a avec le
Conseil des collèges, à elle seule, cela fait plus de lettres et
de documents que ce qui provenait de tous les ministres antérieurs. Nous
avons des réponses aux avis. Nous avons cela. Si vous voulez savoir s'il
suit toujours nos avis, vous savez très bien que la moyenne
d'efficacité est très élevée, comme ce l'est depuis
la création du Conseil des collèges. Je pense que la moyenne n'a
pas varié, mais il y a quand même une bonne réponse, un bon
suivi des avis qui sont envoyés.
Mme Blackburn: Je voulais mieux mesurer les avis qui touchent...
J'ai revu les avis que vous avez émis au cours des deux dernières
années et je voulais que vous précisiez, par exemple, les avis
sur le financement. Il y en a d'autres, j'ai pris des notes dans l'annexe.
Comment ces avis sont-ils accueillis et jusqu'à quel point
influencent-ils les décisions du ministre? Je m'excuse, j'ai les
publications...
M. Morin: M. le Président. L'avis sur l'allocation des
ressources.
Mme Blackburn: Oui.
M. Morin: C'est un dossier qui fait très mal aux
collèges actuellement. Je pense que tous les députés sont
au courant, c'est l'effet conjugué des compressions depuis une
décennie, une baisse de budget, en termes de dollars constants, de 10 %.
Cela coûte 10 % moins cher de former un étudiant aujourd'hui que
cela n'en coûtait en 1977, sans compter les nombreuses modifications de
programmes, les virages technologiques qu'il a fallu prendre, les centres
spécialisés qu'il a fallu assumer, II y a un certain nombre de
devoirs et d'obligations que les collèges ont dû assumer avec les
budgets diminués.
Nous avons recommandé au ministre trois choses. Nous ne savons
pas exactement ce qui va advenir de tout cela. On a dit qu'avant d'exercer de
nouvelles compressions il fallait faire des études pour établir
simplement le seuil de viabilité des collèges. Vous avez vu dans
les journaux qu'il y a beaucoup de choses qui se passent, il y a beaucoup de
rencontres entre le ministère et la Fédération des
cégeps. C'est la première chose qu'on lui recommandait.
Évidemment, au moment où on a donné notre avis, les jeux
étaient à peu près faits. Ils se décident presque
un an à l'avance. On sait que le ministre a tenté quand
même de faire un certain nombre de remontées, comme on dit, Je ne
sais pas si on remonte ou on descend; de toute façon, il faut aller au
Conseil du trésor pour demander des budgets additionnels.
(11 h 45)
On a demandé au ministre, également, de faire des analyses
avec les collèges, avec les personnes intéressées, de
prévoir ce que sera l'impact de la baisse de clientèle sur les
budgets. On sait que les normes actuelles vont rendre la vie extrêmement
difficile aux collèges qui sont
petits. Ce n'est pas fait pour eux. Il va falloir revoir ces normes.
On demandait également de voir s'il n'y aurait pas
possibilité que la diminution de clientèle permette un meilleur
accès aux adultes, qu'on puisse financer mieux le retour des adultes aux
études collégiales. C'est l'essentiel de ce que nous avons
recommandé dans l'avis sur l'allocation des ressources.
Mme Blackburn: ...pas exclusivement cette question, mais je
pensais de façon plus générale. Je me rappelle, par
exemple, qu'entre autres les avis de la Commission de l'enseignement
professionnel sur l'allocation des programmes, sur les modifications aux
programmes, étaient généralement assez bien suivis. J'en
vois un - le dernier en liste, je pense - qui est une demande d'autorisation
pour le programme d'art et technologie des médias; je sais que cela a
été négatif du côté de la commission et du
conseil. Avez-vous eu des réponses là-dessus?
M. Morin: Oui. Nous ne connaissons pas la décision du
ministre à ce sujet.
Mme Blackburn: D'accord. Parce que, tout à l'heure, la
députée abordait aussi une autre question sur laquelle vous
êtes appelés à vous prononcer. C'est la création du
collège Héritage qui était antérieurement un campus
du collège de l'Outaouais et, en même temps, qui était
vraiment rattaché au campus du collège de l'Outaouais. La
décision du ministre, c'est d'en faire un collège autonome, alors
qu'en même temps il se crée à côté un campus
francophone rattaché au collège de l'Outaouais qui est Gatineau.
Cet avis a de quoi un peu surprendre. Comme ça, juste à sa face
même, moi, ça m'étonne, mais, quand même, cet avis
devrait être rendu quand?
M. Morin: On nous l'a demandé pour la fin de
l'année en cours.
Mme Blackburn: En cours.
M. Morin: Au mieux. Nous allons en discuter. Le conseil n'a pas
pris connaissance encore de la lettre. Elle est dans son dossier pour la
réunion de cette semaine. Cela veut donc dire qu'au mieux, selon ce que
le conseil va décider, l'avis pourrait être rendu au mois de
janvier.
Mme Blackburn: Bien. Sur les moyens qui sont donnés au
conseil consultatif pour bien s'acquitter de son mandat, parmi ces moyens,
évidemment, il y a les budgets. On sait qu'il y a eu des compressions au
cours des années précédentes. C'est quoi la situation
cette année?
M. Morin: C'est le statu quo.
Mme Blackburn: II n'y a pas d'indexation? Y a-t-il eu indexation
du budget du conseil?
M. Morin: Nous avons le même nombre de postes. Je vais
demander au secrétaire du conseil s'il y a eu indexation.
M. Sauvé: C'est-à-dire qu'il y a eu des indexations
à certains postes budgétaires. Par exemple, aux communications,
on a eu une indexation d'environ 1 %. On a eu une indexation d'environ 8 % pour
le traitement des occasionnels. Il y a eu un certain nombre d'indexations. Le
conseil n'a pas absorbé dans son budget toutes les augmentations du
coût de la vie, ou des traitements, ou des conventions collectives. Il y
a eu des indexations à plusieurs postes qui ont permis au conseil, cette
année, de maintenir à peu près à leur niveau
antérieur les activités, sans recours à des ressources
extérieures. Le budget de cette année, avec ses
légères indexations, n'a pas imposé un fardeau nouveau
dans le financement des activités du conseil.
Mme Blackburn: Le budget de 1986-1987 était de quel
ordre?
M. Sauvé: Le budget de 1986-1987 était de 1 208 000
$. II est, en 1987-1988, de 1 266 000 $.
Mme Blackburn: D'accord.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Sur le premier
sujet, sur les avis, y a-t-il d'autres interventions avant... Sur le premier
chapitre de vos demandes?
Une voix: Premier chapitre.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Ce n'est pas
terminé. En principe oui, mais, par contre, on a dit qu'on se donnait
toute la latitude voulue.
Mme Blackburn: Je reviendrai.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui. Je reconnais
maintenant le député de Rimouski.
M. Tremblay (Rimouski): M. le Président, permettez-moi de
remercier d'abord le président du Conseil des collèges, M. Morin,
pour les bonnes paroles qu'il a eues à l'égard du ministre de
l'Éducation, étant donné que le ministre actuel a une
grande préoccupation pour les avis qui sont donnés par le Conseil
des collèges.
Deuxième chose, ma collègue de Chicoutimi semblait dire
que les compressions budgétaires étaient un des
éléments de la démotivation des professeurs de
cégep, mais je dois vous dire que cette période est probablement
passée et que pour l'avenir, nous du parti ministériel, nous
avons une grande préoccupation, soit de donner les budgets
nécessaires aux cégeps.
D'autre part, je pense que le plus grand élément de la
démotivation des professeurs de cégep, cela a été
la fameuse coupure de 20 % de l'ancien gouvernement, ce qui a sûrement
jeté une
douche d'eau froide sur les intérêts et la bonne
volonté des professeurs de cégep.
J'ai été aussi très agréablement surpris du
propos de M. Poulin qui est un des professeurs du cégep de Sainte-Foy.
II a dit combien tes professeurs demeuraient malgré tout - un certain
"pool" de professeurs - assez intéressés au développement
des cégeps. Je dois vous dire que j'ai un cégep dans ma
circonscription et les contacts que j'ai avec les professeurs me rassurent
quant à leur détermination d'assurer un enseignement de
qualité et d'excellence. Je pense qu'il y a encore assez de bonne
volonté à l'intérieur de cela.
Il y a un élément tout de même qui me
préoccupe depuis un certain temps, c'est la situation de l'enseignement
professionnel par rapport aux autres niveaux d'enseignement. D'une part, on
semble être coincé entre l'enseignement secondaire et, d'autre
part, l'enseignement universitaire. Le fait d'être encarcané entre
deux niveaux d'enseignement, c'est un peu un élément
démotivateur pour ces professeurs. D'une part, ils disent "on ne peut
pas aller plus haut" et, d'autre part, "plus bas, ce n'est pas
intéressant", alors on semble être un peu coincé entre
l'enseignement secondaire et l'enseignement universitaire où les portes
sont peut-être ouvertes un peu, mais elles ne sont pas grandement
ouvertes.
Il y a des professeurs qui m'ont fait part de cette
préoccupation. Cela m'inquiète un peu. Je voudrais savoir si,
chez vous, vous avez ressenti cela, le fait qu'il n'y ait pas assez
d'échanges entre les universités et les cégeps et que,
s'il y avait un meilleur mariage entre les deux, ce serait peut-être un
élément supplémentaire de motivation.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je pense que vous
allez répondre, donner une explication ou votre perception. M.
Morin.
M. Morin: M. le Président, je présumais que le
député de Rimouski aborderait la question de l'enseignement
professionnel. Si vous n'avez pas d'objection, M. le député de
Rimouski, demain, vous recevrez la Commission de l'enseignement professionnel;
elle a eu de nombreuses tractations, rencontres avec les étudiants du
professionnel et les professeurs du professionnel. Est-ce que la question qui
est abordée... Le président de la commission est ici; est-ce que
ce serait possible qu'on aborde cette question de façon plus consistante
demain?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Ce que vous dites
est très pertinent. Je rappellerais au député de Rimouski
qu'à l'ordre du jour de demain, à 10 heures, on commence avec la
Commission de l'enseignement professionnel, alors...
M. Tremblay (Rimouski): Mais ma préoccupation touchait
aussi les professeurs de l'enseignement générai, elle
n'était pas nécessairement...
Le Président (M. Parent, Sauvé): C'est le
"bridge".
M. Tremblay (Rimouski): C'est le "bridge".
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce qu'il y a
des ponts de communication, des possibilités de progression du
professeur de cégep pour aller enseigner, éventuellement,
à l'université s'il veut s'en sortir? C'est sûr qu'il peut
aller au primaire et au secondaire, mais il n'est pas intéressé
à y aller. Dans ce sens-là, est-ce que vous pouvez donner
rapidement votre préoccupation?
M. Morin: Il n'y a pas, M. le Président, de pont, de
passage pour ce qui est de la question de la carrière. Lorsqu'on a eu
besoin de professeurs au collégial, on a recruté plusieurs jeunes
qui avaient terminé leurs études universitaires, mais nous avons
recruté aussi un bon nombre de professeurs qui venaient du secondaire.
Nous n'avons à peu près pas recruté de gens qui
étaient professeurs à l'université, qui y faisaient
carrière et qui sont venus au cégep.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je pense que le
député de Rimouski en est conscient, ainsi que la commission,
mais est-ce que vous vous êtes déjà penchés sur ce
problème pour regarder s'il n'y aurait pas des possibilités
d'intercommunication ou de passage pour trouver des mécanismes de
reconnaissance du niveau universitaire pour les professeurs de cégep?
Autrement dit, qu'il y ait un plan de progression de carrière, si vous
voulez. Cela pourrait être cela. Ce que je dis est très
fantaisiste, c'est peut-être utopique, mais si cela devient un
élément de démotivation chez les professeurs de
cégep, est-ce que cela vous a déjà
préoccupés?
M. Morin: La condition ou la pratique professionnelle des
enseignants nous a préoccupés et nous préoccupe beaucoup.
Nous y avons consacré une étude d'ampleur, de grande envergure
que nous avons faite. Cette étude fait voir les aspirations des
professeurs. Il n'est pas sûr du tout que les professeurs du
collégial voient comme une promotion ou une assurance de carrière
d'aller enseigner à l'université. Ce qu'ils demandent cependant -
un certain nombre, on le voit quand même, à peu près 20 % -
c'est de pouvoir faire de la recherche et de pouvoir s'impliquer dans leur
milieu régional. Nous défendons ces dossiers, au Conseil des
collèges, à la Fédération des cégeps et dans
les autres organismes aussi. Nous défendons la question de pouvoir
autoriser des programmes de recherche et même de reconnaître la
recherche pour l'ordre collégial.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député de Rimouski.
M. Tremblay (Rimouski): Justement, étant donné que
vous abordez la question de la
recherche, la deuxième partie de ma question, c'était
cela. Comment voyez-vous la recherche dans les colleges? Comment la
définissez-vous? Quelle est la limite que vous voulez donner à
cette recherche? Comment allez-vous l'arrimer à la recherche qui se fait
dans les universités? J'aimerais bien vous entendre là-dessus
Est-ce que vous avez déjà regardé ce volet?
M. Morin: M le Président, le Conseil des collèges a
remis deux avis concernant la recherche l'un en 1981, qui établissait le
potentiel de recherches dans les collèges, le nombre de
diplômés, le nombre de gens préoccupés, le nombre de
recherches qui s'y font, même sans être reconnues. Et nous avons
donné un second avis nous venons tout juste de te faire - en 1987.
Essentiellement, dans cet avis, nous avons dit quels sont les axes de recherche
qu'il faut privilégier dans les collèges, nous les avons
identifiés. Le ministre a donné une réponse et il
rejoignait sensiblement ces axes dans une conférence qu'il a faite lors
d'un colloque sur la recherche. II y a l'axe pédagogique, l'axe du
développement orgarnisationnel, I'axe disciplinaire, l'axe technologique
et l'axe de la recherche appliquée. Nous avions proposé un
certain nombre de programmes qui appuieraient ces axes de développement
de la recherche. Ces programmes sont en vigueur. Actuellement, le
ministère dépense, tout compté, 7 000 000 $ pour la
recherche, ce qui comprend les postes libérés pour faire de la
recherche
Le Président (M. Parent, Sauvé): M le
député de Rimouski, cela va? M le député de
Sherbrooke
M. Hamel: M Morin, vous avez soulevé dans votre texte,
à la page 7, un problème qui me paraît quand même
assez important, sur le fonctionnement des conseils d'administration. Comme on
le sait, les conseils d'administration sont composés de parents, de
professeurs, d'élèves et de gens de I'extérieur. S'il y a
une source de tension aussi prononcée actuellement, est-ce que vous
croyez opportun d'ouvrir davantage la composition des conseils d'administration
aux gens de l'extérieur?
M. Morin: Le Conseil des collèges, dans son rapport sur
"Le cégep de demain", à la suite de sa consultation, a pris
position de la façon suivante. II dit que les conseils d'administration
des collèges doivent être et demeurer une structure
collégiale. Nous croyons à I'efficacité de cette
structure. Évidemment, lorsqu'il y a des pouvoirs centralisés par
le haut, il est très difficile de vraiment maintenir la
collégialité à la base. C'est ce à quoi nous
croyons. Cela suppose donc que des gens de l'interne puissent y participer. Le
Conseil des collèges, à I époque, avait également
suggéré, pour ce qui est de la représentation des parents
- il y a quatre parents dans chaque conseil d'administration - que ce soient
des gens qui aient une préoccupation régionale, une
préoccupation socio-économique
On donnait, dans "Le cégep de demain", de très grands
défis et c'est demeuré, même si on n'a pas eu de
reconnaissance officielle, de réponse officielle à cela. Les
trois grandes missions qui sont données aux collèges dans "Le
cégep de demain" sont celles que nous voyons véhiculées
actuellement dans tous les colloques de réflexion sur l'avenir des
collèges
Lorsqu'il y a eu ce débat, toutes sortes de propositions ont
été faites. Que ce soient des conseils d'administration purement
socio-économiques que ce soient des conseils d'administration
très réduits, toutes sortes de formules auraient pu être
possibles. Mais, comme nous sommes dans un monde professionnel, nous croyons
que, pour faire oeuvre éducative les professionnels non enseignants, les
administrateurs, doivent travailler ensemble et selon des modalités
gérables et utiles
M. Hamel: Donc, vous le laissez à peu près comme
cela {12 heures)
M. Morin: C'est à dire que le conseil avait quand
même cru à la question de la gestion collégiale et il avait
recommandé de remplacer les parents par des socio-économiques et
d'ajouter quelques cooptés pour se donner une image plus locale. C'est
ce que nous avions proposé et cela n'a pas été retenu.
Nous sommes un organisme consultatif. Nous défendons un certain nombre
de grandes orientations. L'actualisation cela peut diverger, c'est le ministre
qui prend la décision
Le Président (M. Parent, Sauvé): Cela va? Merci, M
le député Mme la députée de Chicoutimi
Mme Blackburn: Merci M le Président. Peut être qu'on
va reprendre à partir de I'intervention du député de
Rimouski sur deux questions. Je me rappelle un temps ou on avait
énoncé certaines préoccupations quant à l'absence
de mobilité dans les faits, des professeurs, par exemple pour ceux qui
acceptaient d'aller faire de I'administration, la possibilité de revenir
à I'enseignement. La convention collective a, à ce sujet des
contraintes que j'estimais et que j'estime toujours inacceptables. Je me
permets un jugement comme cela, gros mais je trouve que ce genre de contraintes
empêche un peu d'air frais d'entrer à l'occasion et peut avoir
comme conséquence - je ne voudrais pas que mes propos soient
interprétés comme étant un jugement sur la valeur des
personnes en place - de garder des administrateurs en place quasiment toute
leur vie. faute d'être capable de revenir à I'enseignement
Je pense que cela peut avoir dans certains collèges et dans
certaines situations des effets plutôt négatifs. Qu'on soit
à I'enseignement ou à I'administration quand on est
fatigué et qu'on a le goût de retourner à l'enseignement
parce qu'on y est entré et parce qu'on aimait I'enseignement et qu'on se
retrouve, j'allais dire coincé à rester
administrateur un jour pour toujours, il y a quelque chose qu'il
faudrait essayer de changer. Je pense que ce serait relativement facile, avec
un minimum de bonne volonté de part et d'autre. J'ai toujours
trouvé cela infiniment déplorable et je profite de la commission
parlementaire pour émettre le voeu qu'au cours d'une prochaine
négociation on envisage cette possibilité d'assurer une certaine
mobilité dans les retours au moins à l'interne.
Pour ce qui est de la mobilité interinstitutionnelle, c'est un
problème non seulement des ordres d'enseignement, mais également
de tous les établissements publics, parapublics et péripublics au
Québec. Il n'y a pas cette mobilité. On ne s'est pas donné
les moyens qui auraient favorisé le passage d'un ordre d'enseignement
à un autre ou d'un type d'établissement à un autre. Mais,
pour être plus pragmatique, je me dis et je me suis toujours dit que
quelque chose qui serait facile à résoudre avec un minimum de
bonne volonté de part et d'autre serait vraiment cette mobilité
interne. On devrait peut-être essayer de commencer par cela.
Pour ce qui est de la recherche, je déplore avec vous et avec les
collèges parce que, là-dessus, cet avis sur la reconnaissance de
la recherche en enseignement collégial a reçu l'appui unanime des
collèges, de la Fédération des cégeps; tout le
milieu la favorise et c'était perçu à l'époque
comme étant d'abord deux ou trois bonnes raisons. Je ne pense pas
être capable de me rappeler, de mémoire, l'ensemble des raisons
qui avaient justifié la recommandation du conseil à
l'époque, mais une première, c'est que les collèges
constituent, dans plusieurs régions, le plus haut niveau de formation.
Dans les collèges, il y a une expertise importante.
Troisième raison, le Québec est encore très en
deçà de l'Ontario en matière de formation aux
deuxième et troisième cycles. On en retrouve dans les
collèges et ce sont des personnes qu'on n'utilise pas. Il y a une
espèce de gaspillage des ressources humaines à ce plan, alors
qu'on est déjà sous-développé dans ce secteur. La
recherche en transfert technologique ou la recherche fondamentale qui pourrait
se faire par la participation au sein d'équipes universitaires
constituait pour les collèges, et l'avis du conseil à
l'époque, un lieu de ressourcement et de perfectionnement important et
cela créait un dynamisme et une motivation plus grande.
On sait que les universités n'avaient pas reçu cela avec
beaucoup de... Elles ne s'étaient pas beaucoup réjouies de cette
recommandation et s'étaient même opposées au petit
programme ACSAIR qui était géré par le FCAR à
l'époque, le Fonds pour la formation de chercheurs et l'aide à la
recherche. J'espère qu'un jour on pourra reconnaître la recherche
non pas aux mêmes conditions qu'on t'a fait dans tes universités,
je le rappelle. Il ne s'agirait pas de reconnaître que tous les
enseignants ont dans leur tâche de la recherche, mais de mettre en place
un certain nombre de conditions pour la permettre à ceux qui s'y
intéressent et qui ont la compétence pour la faire. Je pense que
c'est l'occasion ici de le rappeler. C'était une façon
également de reconnaître ce qu'on n'a vraiment jamais reconnu dans
les faits: que l'enseignement collégial constitue un niveau
d'enseignement supérieur parce qu'au Québec il y a une
année du bac qui se donne dans les collèges, on l'oublie trop
facilement. Cette reconnaissance n'étant pas faite au Québec,
cela a eu comme effet de nous priver de certains programmes de fonds de
recherche subventionnés par le gouvernement fédéral. On y
perd, je dirais, sur tous les tableaux par rapport à cette question.
Pour peut-être répondre un peu au député de
Rimouski, s'il a une quelconque influence sur le ministre, il devrait
peut-être essayer - la même chose pour la députée de
Jacques-Cartier - d'amener le ministre à réviser sa
décision quant à la place de la recherche dans l'enseignement
collégial.
J'aimerais peut-être aborder la question parce que j'ai
débordé rapidement sur les autres volets - qui a toujours
posé des problèmes au Conseil des collèges, c'est celle
des vacances parce que les délais de nomination ont toujours
été assez longs à l'exception des présidences. Dans
le cas des présidences des commissions, on réussissait dans des
délais tout à fait raisonnables à combler les vacances et
je ne pense pas, à ma connaissance, qu'on ait eu de vraies vacances
à la présidence des commissions parce qu'on prévoyait que
dès que l'avis du président démissionnaire était
donné, on mettait en place le mécanisme qui nous permettait de
combler les vacances sans qu'il y ait de délais. Ce que je constate,
c'est que le poste à ta présidence de la Commission de
l'évaluation est occupé à mi-temps depuis le mois d'avril,
je pense, jusqu'en juin et il est effectivement vacant depuis le mois de juin.
Qu'est-ce qui se passe dans ce cas-là?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. Morin ou M.
Sauvé.
Mme Blackburn: Parce que c'est public, j'imagine. Il n'y a pas de
secret là-dedans.
M. Morin: Non. Vous savez que le président ou la
présidente d'une commission est nommé par le gouvernement sur
recommandation du conseil. Ce que je sais, moi, je connais le bout que nous
avons fait, nous, parce qu'il nous faut faire une recommandation au
gouvernement et nous la faisons au ministre. Le président de la
Commission de l'évaluation, M. Bélanger, a fait un premier
mandat. Vous savez que les présidents sont nommés pour trois ans
et que leur mandat est renouvelable une fois. Alors, M. Bélanger a
accepté des responsabilités ailleurs et a donc quitté son
poste le 15 juin 1987. Le Conseil des collèges a entrepris une
procédure de sélection; il a ouvert le concours, fait appel
à des candidatures, sélectionné une personne et transmis
le dossier au ministre qui, lui, normalement doit l'acheminer, selon les
rouages normaux, pour que ce soit avalisé par le gouvernement.
Au mois de septembre, le ministre nous a
demandé d'ajouter à la candidature qu'on avait une autre
candidature ou quelques autres candidatures. Nous avons procédé
à une nouvelle sélection que nous avons présentée
au ministre à la fin de septembre, début d'octobre, soit une
deuxième candidature. Nous sommes en attente d'une réponse qui,
nous l'espérons beaucoup, viendra dans les meilleurs délais.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Juste pour ma
compréhension, vous avez proposé une deuxième candidature
ou deux candidatures?
M. Morin: Nous avons proposé..
Le Président (M. Parent, Sauvé): Lorsque vous
êtes revenus dans un deuxième temps, aviez-vous encore la
première candidature?
M. Morin: Non.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Vous avez, chaque
fois, présenté une candidature unique
M. Morin: Oui
Le Président (M. Parent, Sauvé): Comme il a
toujours été fait au Conseil des collèges. Je m informe,
c'est tout.
Mme Blackburn: Est-ce que je dois comprendre que la
première candidature que vous avez proposée n'a pas
été agréée ou si la personne a refusé?
M. Morin: On peut présumer qu'elle n a pas
été agréée, même si nous n'avons pas de
réponse formelle là-dessus
Mme Blackburn: La loi du Conseil des collèges est claire,
c'est sur recommandation du conseil. J'ai eu l'occasion de la tester au moins
une fois. Les postes ne peuvent pas être comblés
d'autorité. Ils ne pourraient l'être que dans le cas ou le conseil
ne procéderait pas .Ce serait tout à fart une autre
démarche. Ce que vous me dites, c'est que la première
recommandation n'a pas été agréée, vous en avez
fait une seconde à la fin de septembre et vous attendez toujours la
réponse?
M. Morin: Nous attendons le décret de nomination
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce qu'l y a d
autres interventions'?
Mme Blackburn: Est-ce qu'on peut savoir qui assume
I'intérim à la Commission de l'évaluation?
M. Morin: Le conseil pourrait suggérer au ministre, devant
les difficultés rencontrées, de nommer par décret un
président ou une présidente intérimaire, comme cela a
été fait au Conseil de la langue française. Ils ont
nommé le secrétaire du conseil de façon intérimaire
pendant quelques mois. On vient de nommer un nouveau président
Mme Blackburn: Je sais que M Sauvé - je salue d ailleurs
sa présence est entré en fonction assez récemment
au Conseil des collèges, à la suite du départ de son
prédécesseur, M Lelièvre. Le poste a été
vacant combien de temps?
M. Morin: M Lelièvre a quitté
Mme Blackburn: Le secrétaire du conseil -il est
peut-être bon de le rappeler - est nommé également sur
recommandation du conseil
M. Morin: M Lelièvre a quitté le 1er juillet et le
décret de nomination de M Sauvé est daté du 1er septembre
ou aux environs du 1er septembre 1987
Mme Blackburn: Est ce que le ministre vous a fait part des
raisons qui l'ont amené à refuser la première
candidature?
M. Morin: Je vous ai dit que nous n'avons pas de texte officiel
disant que la candidature a été refusée. Nous n'avons pas
de lettre
Mme Blackburn: Donc, vous avez une longue correspondance avec le
ministre, mais vous n'avez pas de réponse là dessus?
M. Morin: Tout à fait
Mme Blackburn: II y a de quoi
Le Président (M. Parent, Sauvé): On peut
peut-être appliquer. C'est une réflexion bien personnelle, Mme la
députée de Chicoutimi, mais je me souviens de la nomination du
directeur de IINRS, vous vous rappellerez tout ce que cela avait soulevé
Le ministre avait dit publiquement qu'il n'avait rien contre une candidature
unique, mais qu'il n avait pas grand choix
Mme Blackburn: M le Président, tout de suite, il faudrait
corriger une impression qui est laissée ici. Dans le cas de IINRS, c'est
une toute autre question, parce que cela n'est pas prévu dans le
processus
Le Président (M. Parent, Sauvé): Dans le processus
de nomination
Mme Blackburn: Tandis qu'en ce qui concerne le secrétaire
du conseil et les deux présidences de commission, c'est prévu
dans la loi. On ne peut pas en nommer trois sur recommandation du conseil donc,
on en propose un. C'est clair dans la loi du conseil. Je ne répliquerai
pas au président sur I'interventionnisme souvent mal à propos du
ministre de I'Éducation qui fait du cas par cas. Comme il est absent et
que je n'aime pas parler quand il est absent, je n'en parlerai pas ici
c'est
vraiment un autre cas. Cela a pour effet de déstabiliser un
organisme et de l'insécuriser.C'est un des organismes en
dépit de la valeur des autres au sein du Conseil des collèges,
dont la fonction est la plus importante, celle pour laquelle on a
créé le Conseil des collèges, pour ainsi dire, c'est
l'évaluation. Je rappelle tous les propos qui ont été
tenus à I'époque et une commission de l'évaluation qui se
retrouve sans président pendant un si long laps de temps, c'est
préoccupant. Si le ministre veut se substituer au conseil pour savoir le
type de personne dont on a besoin pour diriger la Commission de
I'évaluation, cela a de quoi nous inquiéter également
Le Président (M. Parent, Sauvé): J'ai une demande d
intervention, Mme la députée, sur le même sujet de la part
du député de Rimouski
Mme Blackburn: En toute collégialité, M le
Président, il n y a pas de problème
Le Président (M. Parent, Sauvé): M le
député de Rimouski, je vous écoute sur le même
sujet
Mme Blackburn: On va contrôler sa question
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je m'en
charge.
(12 h 15)
M. Tremblay (Rlmouskl): Est ce qu'l y a moyen d'avoir la copie du
règlement qui propose la nomination ou la recommandation du conseil Elle
dit quoi, s'il vous plaît? Je m'excuse, mais qu'est ce que la loi
indique?
M. Morin: La loi? M le Président, la loi dit ceci Article
19. Le président - évidemment, on aurait pu ajouter la
présidente, mais à I'époque, cela n'existait pas - de
chacune de ces commissions est nommé pour trois ans par le gouvernement
sur la recommandation du conseil. Leur mandat ne peut être
renouvelé consécutivement qu'une fois
M. Tremblay (Rimouski): La recommandation du conseil, si je
comprends bien ne voulait pas limiter à faire une seule recommandation.
Vous pouvez en faire deux ou trois, sans cela, le ministre n'a pas grand choix.
C'est dire, en d'autres termes que vous vous avez un pouvoir absolu et le
ministre n'a pas un pouvoir discrétionnaire sur cette
nomination-là. Je me dis, à ce moment-là, que c'est
superflu. Si vous aviez des recommandations à faire au ministre deux ou
trois, le ministre serait en mesure d apprécier et de faire un choix
à l'intérieur des recommandations du conseil sans, à mon
sens diminuer ou diluer votre pouvoir de recommandation, mais lorsque vous
faites une seule et unique recommandation, je me demande ce que le ministre
vient faire là-dedans, vous en faites une seule
Le Président (M Parent, Sauvé): Mme la
députée de Chicoutimi
Mme Blackburn: M le Président, sur cette question,
d'abord, cest clair Le président on pourrait dire la présidente"
également, comme le remarquait le président est nommé pour
trois ans par le gouvernement. Le ministre n'est généralement que
celui qui s'assure qu'il n y a pas de conflit d'intérêts, que cela
ne portera pas préjudice de façon générale à
l'organisme, mais c'est sur la recommandation du conseil. Comme les
présidents de commission, contrairement à ce qui se passe dans
d'autres organismes consultatifs sont à plein temps, ces personnes sont
en quelque sorte les bras droits, les officiers supérieurs du conseil.
C'est vraiment à la fois un organisme qui a à rendre des avis,
à porter des jugements et en même temps, des collaborateurs du
président ou de la présidente. Autant il est important que le
gouvernement ait son mot à dire -c'est lui qui l'a, vraiment - en ce qui
concerne la nomination du président comme éventuellement, dans
certains organismes, la nomination du recteur. On ne voit jamais, dans ces
organismes, le gouvernement avoir la responsabilité de nommer les cadres
intermédiaires ou les vice-recteurs En I'occurrence, les
présidents des commissions sont en quelque sorte, j'allais dire
I'équivalent des vice-recteurs dans les universités C'est tout
à fait cette logique qui a présidé à la
rédaction de l'article qui est là car à I'époque,
c'était voulu comme tel et c'était très clair parce que ce
sont les principaux collaborateurs du président ou de la
présidente. Ce sont vraiment les bras droits au sein du conseil lorsqu
il s'agit de faire de la planification On connaît un peu la
démarche. Si le gouvernement veut procéder autrement, qu il
modifie la loi
Le Président (M Parent, Sauvé): Madame, c'est
encore à vous la parole
Mme Blackburn: J'aimerais que vous me parliez de
I'assiduité au Conseil des collèges. Généralement,
I'intérêt était très marqué au Conseil des
collèges aux commissions les deux. Est-ce que I'assiduité demeure
relativement bonne? Est ce qu'il y a des postes vacants à part celui
à la présidence de la Commission de I'évaluation?
M. Morin: Nous avons un poste vacant le représentant ou la
personne venant du milieu universitaire et nous avons deux
démissionnaires. C'est tout récent, deux personnes ont
démissionné
Concernant I'assiduité je vais demander au secrétaire de
vous faire état de la situation. Vous voulez savoir avant et
après les tétons de présence?
Mme Blackburn: Je ne le sais pas. Vous comparerez peut être
si cela vous
M Morin: Parce que
Mme Blackburn: ...cela pourrait avoir un impact.
M. Morin: C'est encore trop tôt pour que nous puissions le
dire, mais nous sommes très attentifs à l'évaluation de
ces éléments-là. Avec votre permission, M. le
Président, M. Sauvé.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Bien oui,
allez.
M. Sauvé: Le relevé qu'on peut faire indique que le
taux de présence des membres est très fort au conseil. Lorsque
les membres ne peuvent pas venir à une réunion parce qu'ils ont
des occupations ailleurs, ils sont à l'extérieur du pays, etc.,
ce qu'on remarque, c'est qu'à peu près toujours les gens nous
avisent à temps pour nous dire que, si la réunion est maintenue
à tel jour, ils ne pourront pas y être, ce qui témoigne de
l'intérêt qu'ils portent à la réunion. A ce
moment-ci en tout cas, on n'a pas fait de statistiques récentes pour
voir s'il y a eu une baisse ou une montée, mais le conseil
lui-même nous a demandé de lui soumettre, au mois de juin, une
analyse un peu plus fine de la question pour voir s'il y aurait eu ou s'il y
aura des difficultés particulières dans la présence des
membres entre le moment où il y avait des jetons de présence et
après.
On pourra faire cette comparaison vers le mois de juin ou juillet
prochain et on pourra voir si, dans les faits, c'est un facteur qui a pu jouer
dans le manque ou dans la baisse d'intérêt des membres, ce qui
n'est pas encore le cas.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci.
Mme Blackburn: Comme vous abordez cette question, M. le
Président, j'aimerais peut-être examiner, pour mieux comprendre
comment vous avez réagi, quelle est la situation et quels sont vos
commentaires par rapport à la politique du gouvernement en cette
matière. En juin dernier, à la suite d'une réponse que
j'avais fait inscrire au feuilleton, le ministre de l'Éducation
je pense que cela a été colfigé par lui parce que la
question venait de moi nous a remis une réponse à la
question à savoir quelle est la liste des organismes. La question
était la suivante: Quelle est la liste des organismes gouvernementaux,
conseils, commissions, offices, régies, sociétés,
corporations ou autres, où le paiement des allocations de
présence pour tes membres a été maintenu en tout ou en
partie et, pour chacun de ceux-ci, le nombre de membres qui en
bénéficient?
La réponse, je vous la lis. Ensuite, j'aimerais avoir vos
commentaires là-dessus. Alors, on nous dit: La politique est la
suivante. La politique établie concernant la rémunération
des membres externes des organismes du gouvernement consiste à ne
permettre le versement d'allocations de présence à un membre
qu'après qu'il ait participé à au moins
l'équivalent de douze journées de séances du conseil
d'administration ou d'un de ses comités permanents durant une même
année dans la mesure où, dans le cas des réunions des
comités permanents du conseil d'administration, ces réunions se
tiennent une journée distincte de celles du conseil d'administration, ou
lorsqu'il siège à un organisme à l'égard duquel il
est estimé qu'un préjudice pourrait être causé
à la représentation de certains groupes de fa
société. Sont exclus de l'application de cette politique les
membres de comités ou d'organismes d'experts. Dans les organismes qui
sont soumis à l'application de la politique, on retrouve le Conseil des
universités, le Conseil des collèges et ses commissions, te
Conseil de la science et de la technologie, les commissions du Conseil
supérieur de l'éducation, le Conseil québécois de
la recherche sociale. Là, j'en passe.
Par ailleurs, les organismes... C'est toujours dans la réponse
qui m'a été fournie en page 3. Par contre, un certain nombre
d'organismes ont été considérés comme des
organismes d'experts, c'est-à-dire requérant de leurs membres fa
prestation de services quasi professionnels, la rémunération
versée étant en ce cas davantage de la nature d'honoraires. Il
s'agit donc d'organismes chez qui il serait difficile de nommer des membres
sans leur verser une rémunération, compte tenu du travail qui
leur est demandé de fournir en termes de volume et de technicité.
En certains cas, ces organismes rendent eux-mêmes des décisions
quasi judiciaires.
Dans la liste de ces organismes, on retrouve le Conseil supérieur
de l'éducation et ses comités catholique et protestant. On
retrouve la Commission consultative de l'enseignement privé et la
Commission d'appel de la langue d'enseignement, l'Office des professions.
Là, je vous fais grâce de l'ensemble de ta liste, il y a
peut-être une douzaine d'organismes qui sont considérés
comme étant des organismes d'experts.
Pourriez-vous me dire en quoi le conseil supérieur est-il un
organisme davantage constitué d'experts que le Conseil des
universités, que le Conseil des collèges ou que le Conseil de la
science et de la technologie et comment réagissez-vous face à une
telle politique, comme organisme-conseil?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Avant que vous
répondiez, je vais demander à Mme la députée de me
montrer le document qu'elle cite et qu'elle dit venir du ministre.
Mme Blackburn: Oui. Déposé en Chambre.
C'était une question au feuilleton.
Le Président (M. Parent, Sauvé): C'est normalement
une réponse à une question au feuilleton. C'est drôlement
identifié. Il n'y a pas de source. Mme la députée de
Chicoutimi, nous...
Mme Blackburn: Désirez-vous qu'on le dépose?
M. Morin: M. le Président, à la suite de la
directive, nous avons eu l'occasion de donner nos
réactions au ministre. C'est substantiellement cette
réponse que nous avons eue, au Conseil des collèges. Nous avons
trois catégones de personnes siégeant au conseil. Nous avons des
gens dont le salaire est maintenu, des gens qui viennent des collèges ou
de différents organismes. II y a des gens dont le salaire est
coupé et qui est remboursé par le Conseil des collèges; au
conseil, certains sont dans ce cas. Et nous avons des gens qui oeuvrent surtout
dans des organismes bénévoles, comme une personne de l'AFEAS que
vous allez rencontrer demain, qui n'a pas de salaire, n'a donc pas de salaire
coupé et qui ne touche aucune rémunération pour travailler
au Conseil des collèges
Evidemment, lorsque nous regardons un travail comme celui qui est lait
au Conseil des collèges et dans les commissions, nous exigeons beaucoup
de ces gens. Nous avons eu la réponse du ministre, le conseil la
reçue. Maintenant, pourquoi la Commission consultative de l'enseignement
reçoit-elle des allocations de présence? C'est sans doute, comme
c'est expliqué, qu'elle a à appliquer des normes très
précises pour savoir si on donne tel statut à tel
établissement ou non, cest donc cela. Les comités catholique et
protestant sont des comités qui ont te pouvoir de réglementer -
c'est ce qu'on nous a dit - une sorte de pouvoir semi judiciaire,
semi-légal, en quelque sorte, une responsabilité de
fonctionnaire
Mme la députée de Chicoutimi, nous sommes au courant de
cette réponse du ministre. Au Conseil des collèges, on n'a pas
à faire part des différentes réactions, mais nous avons
officiellement écrit au ministre pour lui présenter un certain
nombre de questions relatives à ce dossier. Si vous voulez avoir des
points de vue particuliers des membres, il y en a ici. Mais je ne sais pas si c
est cela que vous attendez
Mme Blackburn: Peut-être, oui, avec I'autorisation du
président
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce que cela
va?
Mme Blackburn: Des réactions des membres du
Le Président (M. Parent, Sauvé): Oui, oui, le
président le permet. On est ici pour écouter, pour entendre et
pour s'instruire
Mme Blackburn: La question que je me pose est la suivante. En
quoi le Conseil des collèges n'est il pas un organisme d'experts alors
que la Commission consultative de l'enseignement privé en serait un? En
quoi la Commission de I'évaluation ne serait elle pas un organisme
constitué d experts, alors que le comité catholique et le
comité protestant le seraient? C'est ce genre de question qui me semble.
Cela défie toute logique - j'en ai I'impression - et cela ne
résiste pas longtemps à l'analyse. Je me demandais comment. Je
trouve même que cela a un petit côté un peu
méprisant. Comme la loi prévoit une rémunération
pour les membres des organismes consultatifs, est-ce que c'est un décret
qui a fixé les nouvelles règles?
M. Morin: C est un arrêté en conseil Mme
Blackburn: Un arrêté en conseil?
M. Morin: On nous a cependant informés, je pense, qu'il y
aurait des modifications concernant un certain nombre d'articles de loi. Mais
vous savez très bien, Mme la députée, que vous avez eu
I'occasion et que vous aurez encore l'occasion de poser ces questions
éminemment ministérielles au ministre lui même (12 h
30)
Mme Blackburn: M le Président avant d'aller devant le
ministre pour I'interroger sur la rigueur
Le Président (M. Parent, Sauvé): Devant le ministre
lui même
Mme Blackburn: parce que, là j'imagine, que c'est non
seulement le ministre mais c'est le gouvernement de façon
générale parce que cela touche toutes sortes d'organismes
Le Président (M. Parent, Sauvé): Ah non! M Morin a
raison, il vous a donné sa perception son explication. Le reste de la
question
Mme Blackburn: Oui
Le Président (M. Parent, Sauvé): On peut
difficilement demander à nos invités que nous avons comme vous le
disiez si bien ce matin à surveiller. II faudrait peut-être pas
les interroger jusque dans leurs perceptions intimes
Mme Blackburn: II ne s'agit pas
Le Président (M Parent, Sauvé): et personnelles
Mme Blackburn: Non il ne s'agit pas de perceptions intimes. M le
Président il s'agit essentiellement d'une question
d'équité
Le Président (M. Parent, Sauvé): La réponse
a été donnée
Mme Blackburn: Et c'est sous cet angle que je la posais et tout
organisme a le droit d'exprimer publiquement j'imagine que les avis du conseil
sont toujours publics autant sur cette question que sur les autres - son avis
sur une question de cette nature
Le Président (M. Parent, Sauvé): La
présidence madame
Mme Blackburn: Je comprends le malaise
Le Président (M. Parent, Sauvé): ne nie pas
Mme Blackburn: Je comprends le malaise cependant
Le Président (M Parent, Sauvé): le droit à
un organisme de s'exprimer, mais elle reconnaît aussi à un
organisme le droit de ne pas s'exprimer sur une question qu'elle juge
peut-être pas tout à fait pertinente, dans son contexte. Je suis
obligé de reconnaître cela
Mme Blackburn: Bien!
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Chicoutimi
Mme Blackburn: Bien. J'aimerais qu'on revienne un petit peu -
parce que c'était un des aspects sur lesquels je voulais aussi vous
entendre - à vos rapports avec les autres conseils consultatifs. II fut
un temps ou on essayait d'avoir des rapports les plus étroits possible.
II y avait même eu un projet dans I'air, au moment ou on créait le
Conseil des collèges, qui voulait prévoir une structure qui
aurait chapeauté les trois organismes, de manière à
travailler davantage aux dossiers ou il y a des chevauchements. Je pense, en
particulier - on I'a abordé tout à l'heure -à
l'enseignement professionnel. II y a, évidemment, tout le dossier ou il
serait intéressant d'avoir des mises en commun, celui sur la recherche,
les services à la collectivité, la collaboration
cégep-université, la concertation, etc. Evidemment, il y a tout
le grand dossier de l'éducation des adultes
M. Morin: Oui. Quant à nous nous croyons en
I'utilité d'avoir trois conseils distincts. On ne dépense pas 1
000 000 000 $ pour un ordre d'enseignement sans qu'on puisse se payer une
petite fraction de rien du tout pour avoir des avis neutres,
éclairés et indépendants de gens qui viennent de
différents milieux
Vous savez que, pour I'enseignement supérieur et la science, les
trois conseils, science et technologie, Conseil des universités et
Conseil des collèges, ne représentent pas 0,1 % du budget.
Maintenant, ceci ne nous empêche pas de travailler en collaboration avec
nos conseils voisins, les conseils qui sont en quelque sorte nos
frères
Prenons le Conseil des universités, il est en train de travailler
à un dossier éminemment important, celui des orientations du
premier cycle universitaire, pour non pas I'orienter vers une formation
professionnelle hâtive et pointue, mais pour l'orienter vers une
formation de base, une formation fondamentale. Nous tenons le même
discours pour les collèges. Ils ont créé un comité
et nous participons à ce comité. Nous allons préparer un
document de travail - les deux conseils et inviter les gens des
collèges et des universités à s'asseoir ensemble et
à réfléchir sur les arrimages d'orientation de la
formation
Pour la question de I'arrimage entre le secondaire et le
collégial, on est en train, cette année, de faire une
étude de pertinence pour savoir si c'est le bon thème à
retenir comme thème majeur pour l'an prochain, 1988-1989. Nous avons
déjà fait des approches et nous allons travailler de concert avec
le Conseil supérieur de I' éducation
Nous avons de très bons rapports avec les présidents et
lorsqu on fait les échanges de plans de travail, nous le faisons aussi
avec les deux organismes. Nous avons même invité les deux
présidents à venir discuter avec I'ensemble du conseil. Cela
étant dit il faut aussi, concrètement, concernant les dossiers
majeurs, établir des liens directs pour réfléchir ensemble
et faire cheminer ensemble des dossiers. Là je vous en ai donné
deux, mais cela se poursuit, les portes sont ouvertes de part et d autre
Mme Blackburn: Est ce que vous avez maintenu ou
créé des comités à cette fin?
M. Morin: C'est un comité celui du premier cycle
universitaire
Mme Blackburn: Oui
M. Morin: la formation fondamentale
Mme Blackburn: D accord
M. Morin: c'est un comité ou on a désigné
trois membres du conseil et eux ont aussi des membres de leur commission des
programmes
Mme Blackburn: Est ce que ce sont des membres du conseil ou des
membres de la Commission de I'enseignement professionnel qui siègent
à cet
M. Morin: Eux ont un membre du conseil et des membres de la
commission nous ce sont des membres du conseil
Mme Blackburn: Du conseil
M. Morin: Nous aurons aussi le titulaire du poste vacant à
la Commission de l'évaluation
Mme Blackburn: Ah bon! II y a un problème. Actuellement le
développement de I'enseignement professionnel au secondaire selon que
vous vous trouviez du coté des collèges ou du côté
des commissions scolaires les deux estiment qu'il y a un problème, mais
pas du même ordre. Evidemment si vous êtes au niveau de
I'enseignement collégial les gens vont vous dire.
II y a des pratiques dans les commissions scolaires qui viennent menacer
ou brimer les contraintes, les possibilités dun étudiant de
passer du secteur professionnel secondaire au secteur professionnel
collégial. J'ai entendu cela au cours de la tournée grandes
oreilles. Je les ai ouvertes un peu plus grand pour aller voir ce que cela
donnait du coté des commissions scolaires et
elles disaient: Le nouveau programme qui oblige les élèves
à avoir réussi un certain nombre de cours, quatre, et plus
particulièrement en mathématiques, fait qu'il n'est pas plus
difficile de s'en aller en techniques professionnelles au collège que de
rester dans les commissions scolaires.
Le dernier avis que j'ai eu là-dessus est le suivant: II finit
par y avoir tellement de similitudes, de ressemblances, entre les contenus de
certains programmes - là, on parlait de techniques de bureau, comme on
les appelle, et on parlait également d'électricité - de
niveau secondaire et de niveau collégial, que, finalement, les
employeurs auront à meilleur prix un aussi bon employé s'il est
formé au secondaire. Toute cette question de chevauchement est
préoccupante. Je sais qu'on pourra revenir demain avec la Commission de
l'enseignement professionnel, mais avez-vous créé un
comité conjoint là-dessus avec le conseil supérieur ou
songez-vous à en créer un?
M. Morin: Vous avez tout à fait raison, Mme la
députée, il serait préférable de poser la question
à la Commission de l'enseignement professionnel. À votre question
à savoir si nous avons formé un comité, la réponse
est non. Pas actuellement. M. Sauvé.
M. Sauvé: Cependant, dans le devis que nous avons
préparé récemment pour faire toute l'analyse sur
l'arrimage entre le secondaire et le collégial qui devient le
thème du prochain rapport sur l'état et les besoins de
l'enseignement collégial, nous avons déjà
énoncé un certain nombre de morceaux, de pans, qu'il va falloir
analyser. Celui que vous soulignez en est un important. C'est au moment
où nous aurons fait les premiers travaux d'analyse pour ramasser les
matériaux que nous entendons aller voir le conseil supérieur pour
lui demander dans quelle mesure il veut s'associer à nous pour
poursuivre la recherche sur un certain nombre d'éléments qu'on
voudra inclure dans le rapport. Cela n'est pas fait. C'est dans notre intention
de le faire, mais on n'est pas tout à fait rendu là encore. C'est
au cours des prochains mois.
Mme Blackburn: J'aimerais aborder... J'ai encore un moment?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Depuis un bout de
temps, non, mais vous pouvez encore y aller.
Mme Blackburn: Bien. Je pense que c'est ce monsieur que j'ai
autorisé à intervenir tantôt. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Vous êtes
encore en avant.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Blackburn: Tout à l'heure, le député de
Rimouski disait que j'essayais tout simplement de laisser croire que la
démobilisation des enseignants était due aux compressions
budgétaires. Je n'ai rien fait de tel parce que je connais suffisamment
bien le dossier pour d'abord dire une chose sans, je pense, risquer de me faire
démentir là-dessus: la morosité des enseignants
était palpable, visible et énoncée bien avant les
décrets et aussi avant tes compressions, pour des raisons fort simples
que les gens eux-mêmes ont compris une fois dans la machine, les
enseignants se retrouvent à enseigner dans une discipline. J'illustrais
toujours cela de la façon suivante: ils versent un contenu dans un
étudiant qui est comme sur une chaîne de montage; ils ne savent
pas ce qui a été mis avant ni ce qui va être mis
après et ils ne connaissent pas les résultats. Cela devient
terriblement démobilisant parce que, étant constitués en
discipline, leur discipline est toujours la plus importante, et c'est normal,
alors qu'ils se trouvent en concurrence avec les autres professeurs qui
enseignent aussi une discipline qu'ils estiment également la plus
importante. Ils ne voient pas l'ensemble des résultats. Ils sont
coupés de cette façon des autres disciplines. À la
commission pédagogique, on connaissait les problèmes où il
y avait peu de crédibilité. Dans au moins neuf cégeps de
la province de Québec, il n'y avait pas de commission
pédagogique. Dans les autres, cela avait peu de
crédibilité auprès de la direction du conseil
d'administration, un certain nombre de facteurs qui ont peu à voir avec
les compressions ou les décrets. Je ne dis pas que l'un et l'autre n'ont
pas eu l'effet de venir accentuer, cela est une autre question. Je pense que
c'est venu peser davantage sur la crise qui existait déjà.
J'ai pu constater, pour avoir visité quelques collèges, un
certain nombre d'établissements, et rencontré des enseignants,
que la lecture que vous faites est juste et qu'il y a une espèce de
relance, un renouveau, un nouveau goût pour les enseignants dans les
cégeps de se réimpliquer. Je voudrais féliciter le Conseil
des collèges qui, par l'approche que nous expliquait tout à
l'heure M. Sauvé, le secrétaire du conseil, vise à
discuter avec les enseignants dans les collèges à la suite de la
parution d'un rapport... Je présume que le rapport Enseigner aujourd'hui
au collégial constitue votre outil pour entrer auprès des
enseignants. Comment les enseignants réagissent-ils à la lecture
qui est faite, que M. Grégoire a faite de la situation des
enseignants?
M. Morin: On n'a eu aucune note discordante à ce sujet. On
a trouvé que l'analyse qui a été faite est une
étude juste. Cependant, ce qui constitue le travail à faire,
c'est: Quels sont les moyens pour redonner la motivation, ou recentrer les
professeurs sur le goût d'enseigner? Les éléments que vous
donnez, centrés sur la formation, regroupés autour des
programmes, c'est exactement la voie que nous prenons. Cependant, ce n'est pas
une chose facile à faire Nous avons une excellente collaboration.
À Montréal, nous avons réuni les collèges
privés et publics. Il y a avait une
soixantaine de personnes venant de tous les coltèges. Tous les
collèges ont répondu. II y a eu une excellente discussion sur le
diagnostic. On le trouve juste démotivation, isolement professionnel.
Sur les propositions que nous faisons, nous les situions a un certain niveau
réflexion sur lta formation fondamentale, recentration des professeurs
autour des programmes. Même s'il n y a pas de structure, de gestion de
programmes dans les collèges, on s'aperçoit que ce sont des
grandes voies de réflexion. Nous constatons que, dans certains
collèges, ils font des colloques, ils font des journées
pédagogiques portant sur les thèmes du rapport Enseigner
aujourd'hui au collégial. Le rapport de IAQPC, l'Association
québécoise de pédagogie collégiale va justement
faire porter son colloque sur la formation fondamentale
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M Morin. Je
reconnais maintenant. Mme la députée de [a formation
ministérielle. Vous avez pris dix-sept minutes de plus que la formation
ministérielle, cela va être difficile à rattraper. On
écrira cela durant l'après midi, si vous n'y voyez pas
d'objection, de façon qu on puisse terminer ce qu'on a annoncé.
J'ai déjà été très permissif et très
généreux
Mme Blackburn: Merci, M le Président
Le Président (M Parent, Sauvé): Mme la
députée de Jacques-Cartier
Mme Blackburn: Celle qui est la plus généreuse est
celle qui ne s'annonce pas
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je suis content
que vous I'appréciez et que vous le reconnaissiez, madame Mme la
députée de Jacques Cartier (12 h 45)
Mme Dougherty: J'aimerais revenir à vos travaux de
recherche. Je me suis toujours posé des questions sur le
bien-fondé du mandat des cégeps d offrir tout à tout le
monde. Aujourd'hui, après vingt ans d expénence, il me semble que
le mandat, ce vaste mandat, est la source même de plusieurs
problèmes que vous avez identifiés et traités et que les
observateurs, les recherchistes, etc, ont identifiés manque de
densité, manque de focus, démoralisation, mauvaise qualité
manque d'identité avec I'organisme, décrochage des enseignants et
des étudiants etc
J'aimerais vous demander si vous n'avez jamais abordé cette
question. Sinon, quand allez-vous aborder cette question?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M Morin
M. Morin: Dans le rapport. Le cégep de demain, le Conseil
des collèges, je vous l'ai rappelé, a consulté I'ensemble
des intervenants, dans une très vaste consultation. La première
préoccupation du conseil a été de définir le mandat
des responsabilités des collèges. C'est d'abord un mandat
d'enseignement général et professionnel. Évidemment, la
juxtaposition de ces deux grandes responsabilités peut peut-être
poser quelques problèmes de fonctionnement. Mais, s il y a des
problèmes de fonctionnement, cela ne veut pas dire que le mandat en soi
n'est pas bon
Dans ce mandat, il y avait le mandat des services à la
communauté, un enracinement des collèges selon les
particularités de chaque région et un mandat de recherche, de
dynamisme, d'ouverture et de transfert des technologies qui devait se faire
également par les collèges. Évidemment, lorsque nous
faisons état des besoins de l'enseignement collégial, c'est
constamment sur ces grandes questions que nous nous penchons. Lorsque nous nous
sommes penchés, au collégial sur la pratique professionnelle des
enseignants, ce qui touche quand même 9500 professeurs et si on compte
les gens à temps partiel, cela en fait quand même beaucoup. Le
centre névralgique de ce qui se passe dans les collèges avec les
étudiants et les étudiantes ce sont les professeurs. Alors on
s'est dit. On va commencer par voir. Quand la dynamique de la pédagogie
se faisait dans la pratique des enseignants et des enseignantes, nous
étions au coeur même du mandat des collèges. Qu'est-ce que
ces professeurs font"? Quel est le sens de ce qu'ils font? Quelle intelligence
en ont-ils? Quelle préoccupation en ont ils? C?est cela que nous avons
fait
Maintenant, il y a peut-être des volets qui sont encore en
suspens. Mais la préoccupation des professeurs la préoccupation
du personnel, I'avenir des étudiants le sens de la formation qu'ils
reçoivent le regroupement autour des programmes I'ouverture aux adultes,
ce sont toutes des préoccupations inscrites dans le mandat des
collèges mais qui aussi représentent un certain nombre de
difficultés de fonctionnement
Le Président (M. Parent, Sauvé: Madame
Mme Dougherty: Je ne sais pas si ce que je vais soulever est
pertinent mais je pense que oui II y a plusieurs mois, j'ai eu I'occasion de
visiter LaSalle College à Montreal. C'est un collège privé
ou l'ob|ectif est de former des étudiants pour travailler dans
l'industrie de la mode. L'objectif est clair. C'est une école
privée. II n'y a pas de syndicat. Le moral est extraordinaire. Tout le
monde est motivé jamais de décrochage. Tous les étudiants
sont classés à la fin de leurs études à 95 %.
Franchement j'ai été impressionnée. Je me suis dit Qu est
ce qui se passe ici ? C'est un cégep privé. Qu'est ce qui se
passe ici ? Pourquoi ne peut on pas créer cette même ambiance,
cette même atmosphère ce même esprit de corps dans nos
cégeps publics?
La seule réponse que je peux trouver dans mon esprit est qu ils
ont quelque chose de clair à faire L objectif est clair Ce nest pas
éparpillé
entre plusieurs objectifs préuniversitaires,
préprofessionnels, toutes sortes d'enfants avec toutes sortes
d'objectifs, motivés, non motivés, etc. C'est pourquoi je me
demande si on essaie de faire trop de choses dans une institution,
Peut-être qu'on doit cesser d'essayer d'améliorer quelque chose
qui ne va jamais marcher malgré tous les efforts, tous les rapports, les
colloques, les désirs des enseignants, etc.; peut-être qu'on doit
se poser la question fondamentale: A-t-on raison de continuer dans ce sens? Ou
peut-être pourrait-on emprunter ou aller vers les structures en Ontario
qui, il me semble, marchent assez bien.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Quelqu'un
désire répondre? M. Morin? Si vous ne répondez pas, vous
pouvez réagir.
M. Morin: Nous pourrions, M. le Président, faire de
très longs développements sur ce débat
d'accessibilité, d'universalité et des rapports, entre le
secondaire et le collégial. Nous avons rencontré tes gens
à Saskatoon, au colloque national sur la formation postsecondaire, et
plusieurs trouvent que le saut du secondaire, comme en Ontario, directement
à l'université, c'est un saut qui est énorme à
franchir. On envie ce que nous faisons ici dans les deux années de
formation générale. Les collèges ontariens les CAATS sont
des collèges auxquels l'étudiant accède
immédiatement après le secondaire; ils vont soit à
l'université, soit au collège. Les passerelles, comme on dit,
sont beaucoup plus difficiles en Ontario qu'elles ne le sont ici. Lorsque vous
avez opté pour aller vers un CAATS pour ensuite aller à
l'université, c'est peut-être un peu plus difficile.
Nous pourrions faire un très long débat, mais ce que vous
avez retrouvé au collège La>Salle, vous allez le retrouver
dans les collèges publics, dans des départements d'enseignement
professionnel, vous allez avoir l'occasion d'en discuter demain avec les
professeurs. Il y a ces éléments de dynamique. On est à
revoir les programmes du général: programme en sciences humaines
et programme en sciences de la nature. Il y avait un écart
considérable entre ces deux programmes en termes exigences, de contenu,
de cohérence. Et, là, le ministre a fait connaître les
orientations du programme des sciences humaines.
C'est une véritable cafétéria, les sciences
humaines. On puisait, on prenait un ensemble de cours. Il y avait
au-delà de 400 modèles de programme différents. C'est un
va-et-vient constant. De toute façon, je pense que vous aurez l'occasion
d'en discuter demain et d'avoir des exemples de départements qui
ressemblent à ce qui se fait ailleurs. Vous trouvez cela dans les
collèges. C'est très complexe, un collège. Vous trouvez de
tout dans un collège. Peut-être qu'on pourrait avoir des
témoignages de gens, d'un président de conseil d'administration;
il y a de ces dynamismes considérables dans les collèges.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Cela termine votre
réaction, monsieur?
M. Morin: Mes collègues pourraient ajouter quelque chose,
M. le Président, si vous le voulez.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je veux toujours,
M. Morin.
M. Morin: M. Villeneuve, qui est président du conseil
d'administration du cégep de Limoilou et Charlesbourg.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Allez. La
dualité de l'expérience.
M. Villeneuve (Jos.): Oui. Disons que, quand on parle de
l'exemple que Mme la députée nous apportait, on a chez nous, en
fait, au collège de Limoilou, des départements. On peut parler du
département d'électrotechnique à Limoilou. On a certains
départements où, justement, il y a cette motivation parmi les
enseignants. Mais le gros problème, en fait, dans toute cette situation,
c'est ce qu'on est à étudier justement au Conseil des
collèges. Quand on parle des échecs et des abandons et tout
ça, l'image est peut-être plus forte quand on parle des
collèges publics que des collèges privés parce qu'on doit
quand même avoir des critères un peu plus larges pour accepter tes
étudiants dans les collèges publics qu'il ne peut y en avoir dans
les collèges privés.
On sent aussi que les étudiants qui terminent leur secondaire
n'ont pas nécessairement toute la maturité en arrivant au
collégial pour définir leurs orientations pour les années
à venir. Un jeune de 16 ans qui arrive dans un collège, c'est
assez difficile pour lui de prévoir précisément ce qu'il
fera à 25 ans. C'est un peu tout cela qui, je pense... Dans le rapport
sur les échecs et abandons, on aura certaines suggestions à faire
à ce sujet.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M.
Villeneuve. D'autres interventions? Madame? Cela va. M. Morin, oui.
M. Morin: La question de la députée de
Jacques-Cartier soulève beaucoup de réactions. M. Poulin aimerait
dire un mot.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Allez-y,
monsieur.
M. Poulin (Claude): Enfin, c'est évident que c'est une
grande question, mais je pense que je suis assez sensible - je
répète toujours cette expérience de 20 ans à ras de
sol dans le milieu -et préoccupé aussi par la question des
finalités de l'éducation, en particulier les questions des
objectifs. C'est clair que plus un objectif est clair, plus les moyens pour y
arriver, définir les moyens d'y arriver, plus c'est facile, plus c'est
efficace. C'est cela qu'on a comme principale difficulté,
actuellement.
Je fais le lien avec les autres questions qu'on a débattues tout
à l'heure, par exemple,
toute la question de la formation fondamentale. C'est une question,
encore une fois, qu'on débat depuis longtemps, mais qu'est-ce qu'on veut
que l'étudiant fasse, finalement, à la fin de 45 heures de
cours''. Quelles sont les attentes du système par rapport à cela?
J'avoue clairement que, personnellement, je suis très sceptique sur la
manière dont a évolué le réseau collégial.
Je suis particulièrement intéressé au domaine des sciences
humaines. On n'a pas fixé de façon claire et nette les objectifs
opérationnels. En particulier dans la question qui concerne les nouveaux
programmes de sciences humaines et de sciences de la nature, je sais que le
Conseil des collèges - mon avis est très personnelle
là-dessus . Le conseil a envoyé des avis au ministre il y a un an
ou deux déjà. II y a un nouveau programme qui est annoncé
et qu'on va mettre en oeuvre. À mon sens, on n'a pas encore suffisamment
clairement, au plan opérationnel, identifié les véntables
attentes, entre autres, des facultés universitaires, des gens qui vont
accueillir nos étudiants .Conséquemment, cela va rester un
problème de définition concrète d objectifs
Quant au domaine plus professionnel, au domaine qu'on a cité tout
à I'heure - vous aurez I'occasion d'en parler je sais que dans
mon collège, il y a des secteurs d'excellence, en biotechnique, par
exemple, à Sainte-Foy. Les gens savent très bien quel type de
formation ils ont à donner et ils fonctionnent de façon
extrême ment efficace, cela donne des rendements très
intéressants
Ceci pour terminer en disant que, comme vous, je continue, après
20 ans, à me demander, malgré tous tes mérites de l'aspect
démocratique du système, de l'aspect que j'appellerais aussi
rapprochement des jeunes qui sont en formation professionnelle et en formation
générale, tout cela est très certainement du positif, mais
il reste qu'on a payé, enfin, c'est le prix qu'on a à payer je
dirais, pour peut-être un manque de clarté et un manque
d'efficacité du système d'éducation au sens d
apprentissage
C'est un excellent système d'apprentissage social,
d'apprentissage de valeurs, d'apprentissage de connaissances, mais, quant
à la scolarisation, pour prendre un anglicisme, je pense qu'il y a un
problème de scolarisation et c'est non seulement vrai au niveau
collégial, mais aux niveaux élémentaire et secondaire.
C'est un avis très personnel. Je pense qu'au Québec,
actuellement, on n'a pas fixé des normes nationales des objectifs
nationaux qui soient suffisamment clairs pour qu'on puisse dire. Voilà
le type d'individu, voilà les examens de sortie. C'est évident
que, pour le collégial, il n'y a pas d examen de sortie national. On
n'en souhaite pas, bien sûr. On a des moyens d'évaluation qui
prennent d'autres formes, mais il reste que cela rend plus complexe le travail
d'évaluation
Le Président {M. Parent, Sauvé): Je vous remercie
beaucoup, M Poulin. C'était la dernière intervention que je
recevais ce matin. Alors la commission va suspendre ses travaux
jusqu'après les affaires courantes, cet après midi. Alors je vous
donne tous rendez-vous ici vers 16 h 30, ou nous pourrons continuer nos
discussions, alors que nous interrogerons la Commission de l'évaluation,
dont I'exposé sera fait par Mme Simard porte-parole de la commission. La
commission suspend ses travaux
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise à 16 h 27)
Le Président (M Parent, Sauvé): La commission de
I'éducation continue ses travaux commencés ce matin. Nous
entendrons, cet après midi, en deuxième partie la Commission de
I'évaluation. Tel qu'il a été entendu entre la
présidence et nos invités. M Morin s'adressera à la
commission quelques minutes pour amorcer cette discussion M Morin nous vous
écoutons
Commission de l'évaluation du conseil
M. Morin: M le Président, je vous présente tout
d'abord les membres de la délégation de la Commission de
I'évaluation. Complètement à ma droite, Mme Francine
Richard coordonnatrice de la commission Mme Nicole Simard, porte parole
désignée de la commission qui est coordonnatnce du secteur des
sciences humaines au cégep du Vieux-Montréal M Jacques Plante,
à ma gauche, membre de la commission professeur en mesures
d'évaluation à I'Université Laval et M Ronald Pteau vice
président aux ressources humaines et aux services administratifs
à La Laurentienne mutuelle d'assurances
Toujours avec votre permission M le Président avant de donner la
parole à Mme Nicole Simard je voudrais faire quelques brèves
remarques d'introduction pour bien situer la Commission de I'évaluation.
La Commission de I'évaluation a été créée
auprès du conseil pour aviser celui ci sur toutes les questions
relatives à I'évaluation. En vertu de son mandat qui lui est
expressément donné dans la loi du Conseil des collèges, la
commission doit maintenir des liens directs et constants avec les
collèges, puisqu'elle est chargée de faire I'examen non seulement
des textes de politique institutionnelle dévaluation mais
également de la mise en oeuvre de ces politiques dans chacun des
collèges
En plus de ce travail d'examen on demande à la commission d'aider
les collèges à élaborer et à mettre en oeuvre leur
politique institutionnelle d'évaluation. Vous serez à même
de constater I'énorme chemin parcouru par les collèges dans le
domaine de I'évaluation depuis la création de la Commission de I
évaluation même si nous le reconnaissons il reste encore des
choses à faire
La commission compte huit membres nommés par le conseil lui
même et un président ou une présidente nommé(e) par
le gouvernement sur recommandation du conseil. Pour siéger
comme membre à la Commission de l'évaluation il y a
des députés qui me demandaient tantôt quels étaient
les critères de sélection - nous recherchons un équilibre
d'hommes et de femmes, venant aussi bien des collèges que de
l'extérieur des collèges, des personnes qui croient en
l'évaluation et qui ont eu diverses expériences de pratique
évaluative.
Le conseil est particulièrement fier du travail accompli par les
membres qui siègent à la commission. On exige beaucoup d'eux et
d'elles: compétence, qualité et justesse de jugement,
réalisme, rigueur, patience, engagement et disponibilité, et on
pourrait continuer la liste. Je suis heureux que la commission parlementaire de
l'éducation ait demandé de rencontrer la Commission de
l'évaluation du Conseil des collèges pour discuter directement,
sans intermédiaire, avec quelques-uns de ses membres.
Avec votre permission, M. le Président, je céderai donc la
parole à Mme Nicole Simard, porte-parole désignée par la
Commission de l'évaluation. Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
président. Je vais reconnaître Mme Simard.
Mme Simard (Nicole): M. le Président, membres de la
commission permanente de l'éducation, il me fait plaisir, au nom de la
Commission de l'évaluation, de vous présenter le bilan de nos
activités et partager avec vous notre plan d'action pour cette
année, ainsi que certaines de nos interrogations.
Notre exposé présente les orientations de la Commission de
l'évaluation, un compte rendu de nos activités depuis la
création de la commission et une conclusion axée sur les
difficultés rencontrées et nos projets d'avenir. Comme vous avez
mon texte en main et vu le peu de temps que nous avons, je prendrai, à
l'occasion, la liberté de sauter quelques paragraphes. En raison du
mandat qui nous est dévolu comme organisme public, nous reconnaissons et
acceptons notre responsabilité de rendre- des comptes publiquement
devant cette commission. Nous sommes donc à votre entière
disposition pour répondre à vos questions.
Les orientations de la commission. Avec ta publication du livre blanc
sur les collèges, en 1978, le gouvernement du Québec proposait
l'instauration de politiques institutionnelles d'évaluation afin de
garantir une formation de qualité et la valeur des diplômes. Un an
plus tard, cette option fut confirmée par la loi du Conseil des
collèges qui créait une Commission de l'évaluation
chargée spécifiquement d'examiner ces politiques et leur mise en
oeuvre. Le modèle des politiques fut réaffirmé une fois de
plus en 1984 par les articles 31 et 40 du Règlement sur le régime
pédagogique du collégial qui requièrent des
collèges qu'ils adoptent et appliquent une politique institutionnelle
d'évaluation des apprentissages des étudiants au plus tard le 1er
juillet 1985.
Par l'objet qu'elle est chargée d'examiner, la
Commission de l'évaluation poursuit d'une façon
spécifique l'objectif ultime de soutenir et d'améliorer la
qualité de la formation offerte en enseignement collégial.
Pour réaliser le mandat qui lui a été
confié, la commission a dû rendre opérationnelle, de
concert avec le réseau collégial, cette conception du
législateur et préciser la notion de politique.
Selon la commission, une politique est un instrument qui permet à
un établisement d'orienter, d'encadrer et de soutenir un secteur ou
l'ensemble de ses activités. Une politique établit les objectifs
poursuivis par le collège dans le champ visé, les principes et
les valeurs qui orientent les actions, les rôles et les
responsabilités de toutes les instances concernées, les moyens
retenus pour atteindre les objectifs, notamment les ressources et les
règles assurant la mise en application de la politique, et enfin le mode
de révision statutaire de cette politique.
Comme on le voit, une politique relève davantage d'une
philosophie que d'une procédure technique et ce, notamment par les
principes et les valeurs qui la sous-tendent.
Bien sûr, il existe d'autres modèles qui auraient pu
être adoptés par le législateur afin de garantir la
qualité de la formation et de l'évaluation en enseignement
collégial, mais l'option des politiques institutionnelles
d'évaluation constitue, pour le législateur comme pour nous, la
formule la plus adaptée à cet ordre d'enseignement.
Ainsi, le réseau d'enseignement collégial occupe une place
singulière dans le système d'enseignement
québécois. Dans le cas des universités, nous n'avons pas
de diplôme d'État au sens strict du terme: chaque
établissement demeure garant de son système d'évaluation
et de certification. C'est tout le contraire en enseignement primaire et
secondaire où l'État intervient directement. Il fixe des
modalités d'évaluation, administre des épreuves
ministérielles et accorde les diplômes. Du côté des
collèges, le ministre exerce, ici comme auprès des autres ordres
d'enseignement, un contrôle administratif et financier du réseau.
Il décerne les diplômes d'État que sont les diplômes
d'enseignement collégial, mais il ne le fait que sur recommandation de
chaque collège qui a adopté, à cette fin, sa propre
politique d'évaluation; l'État n'administre ni n'impose
d'examens, il s'abstient de fixer lui-même les modalités
d'évaluation et c'est ce caractère spécifique de l'ordre
collégial que le modèle des politiques permet de respecter et de
soutenir.
Les politiques institutionnelles d'évaluation tentent de
respecter, à leur manière, l'équilibre entre la
responsabilité ministérielle de garantir la valeur des
diplômes et la responsabilité des établissements de
garantir l'évaluation de la formation dispensée. Cette
considération nous conduit à préciser l'importance de
l'épithète "institutionnel" dont les politiques sont
qualifiées.
Le terme "institutionnel" signifie ici que les politiques ont
été approuvées et adoptées par les autorités
désignées du collège. Comme en
témoignent de nombreux collèges rencontrés par la
commission, elles sont fondées sur un consensus des différentes
instances de l'établissement. Ce consensus, auquel tient
particulièrement la commission, n'est pas seulement une question de
valeur, mais aussi une question de réalisme car les politiques pourront
être d'autant plus opérationnelles que leurs prémisses
auront fait l'objet d'une entente au sein d'un établissement. Ce
consensus indique que l'ensemble des intervenants de chacun des collèges
sont parvenus à définir une charte qui les guide dans l'exercice
de leur pratique d'évaluation et qui a été adoptée
par le conseil d'administration. Cependant, ce caractère institutionnel
ne signifie pas qu'il donne aux politiques un cadre si rigide qu'il ne permet
aucun particularisme.
De plus, le fait que chacun des établissements du réseau
se dote d'une politique institutionnelle d'évaluation dans le champ des
apprentissages concourt à la garantie de l'équivalence des
diplômes. Rappelons qu'en enseignement collégial l'existence d'un
bulletin cumulatif uniforme amène les établissements à
reconnaître les unités et les notes accordées par d'autres
collèges sur tout bulletin décerné.
Cette description de la définition et du rôle des
politiques institutionnelles doit être complétée par
quelques éléments d'information sur l'évaluation.
L'évaluation fait référence à une
activité intégrée aux autres activités
régulières d'une organisation. À ce titre, elle est une
philosophie administrative. Elle est une philosophie bien avant d'être
une procédure technique spécialisée. L'évaluation
exige certainement qu'il y ait cueillette d'information, puis analyse et
interprétation des résultats. Mais elle doit servir
indubitalement à deux fins. L'évaluation doit être conduite
pour offrir une garantie, mais aussi pour apporter des correctifs
nécessaires. L'évaluation devient alors ultimement une
activité de développement. Prenons le cas des politiques
institutionnelles d'évaluation des apprentissages. Dans celles-ci, les
collèges insistent sur l'évaluation sommative, afin de
répondre aux attentes du milieu et à ses exigences de
qualité envers l'enseignement collégial. Par ces mêmes
politiques, les collèges s'engagent aussi, pour plusieurs d'entre eux,
à développer l'évaluation formative en offrant
différents moyens pour supporter l'étudiant et l'étudiante
dans leurs apprentissages. Ainsi, non seulement on tente de maintenir dans les
collèges un haut niveau d'excellence, mais, par une aide
appropriée, on permet, entre autres, à un certain nombre
d'étudiants et d'étudiantes qui éprouvent des
difficultés de poursuivre leur cheminement scolaire. Ainsi, ils pourront
obtenir, eux aussi, un diplôme de qualité plutôt que de
risquer d'être éliminés du système.
Cette double conception de l'évaluation, sommative et formative,
n'est pas sans rapport avec les liens étroits qui unissent la
qualité des apprentissages et la démocratisation de
l'enseignement. La démocratisation n'est pas seulement une question
d'accessibilité; elle n'a de sens que si les collèges assurent un
enseignement de qualité. Le droit à l'éducation se doit de
concilier qualité et accessibilité.
Les membres de la commission permanente auront dégagé de
ces propos sur les politiques institutionnelles d'évaluation que la
Commission de l'évaluation se montre soucieuse de contribuer au
développement d'un instrument d'évaluation qui respecte les
orientations fondamentales de l'enseignement collégial, d'un instrument
d'imputabilité par lequel chacun des collèges peut garantir fa
qualité de ce qu'il évalue et d'un instrument de
développement susceptible d'accroître la qualité de la
formation dispensée.
Maintenant, quelles ont été les activités de la
commission. Vous conviendrez avec nous que le développement d'une telle
philosophie et sa concrétisation dans des cadres de
référence opérationnels n'ont pas été
simples pour la commission, ni pour l'ensemble du réseau
collégial.
Aussi, à compter de 1979, année de la création du
Conseil des collèges et de la Commission de l'évaluation,
jusqu'à la promulgation du règlement sur le régime
pédagogique du collégial, en 1984, les activités de la
commission ont consisté principalement: à faire le bilan des
activités d'évaluation dans les différents
établissements d'enseignement collégial; à informer ces
établissements du rôle et du mandat de la commission; à les
sensibiliser à l'importance d'une évaluation rigoureuse et
systématique par le biais du développement de politiques
institutionnelles.
Pour réaliser ces diverses activités, la Commission de
l'évaluation a élaboré ou contribué à
l'élaboration de divers documents dont: "Rôle et règles
d'action de la Commission de l'évaluation", publié en 1981 et
révisé en 1984; un premier rapport annuel, en 1981-1982, sur
l'état et les besoins de l'évaluation en enseignement
collégial.
La commission a également préparé quelques avis
pour le Conseil des collèges, dont quatre sur l'état et les
besoins de l'évaluation dans les collèges. Un premier
avis, en 1982, recommande de faire expressément obligation aux
collèges de se doter dans les meilleurs délais d'une politique
institutionnelle d'évaluation des apprentissages. Un deuxième
avis, en 1983, reprend pour l'essentiel le rapport annuel de la commission pour
l'année 1982-1983.
À la suite de la publication du document ministériel
L'évaluation dans le système éducatif, le conseil, sur une
proposition de la commission, adopte un avis dans lequel il est
recommandé que soit indiquée clairement et expressément
aux collèges leur obligation de se doter de politiques institutionnelles
d'évaluation et que soient clarifiés plusieurs
éléments relatifs à l'évaluation. Pour contribuer
à cette clarification, la commission entreprend une recherche
intitulée "Évaluer l'état de l'éducation.
Étude de systèmes".
En janvier 1985, tout en soulignant l'impact qu'a eu l'adoption du
règlement sur le régime pédagogique du collégial
sur les politiques d'éva-
lualion, la commission adresse un nouvel avis au conseil, à
savoir: "Les politiques d'évaluation dans les collèges".
À ces avis s'ajoute la publication, en 1964, du cadre d'analyse
des politiques institutionnelles d'évaluation, où la commission
présente les critères retenus pour faire l'examen des
politiques.
L'ensemble de ces documents nous permet de constater, à la veille
de l'échéance du 1er juillet 1985 où les collèges
doivent se doter de politiques institutionnelles d'évaluation des
apprentissages, qu'un long travail de sensibilisation et d'information a
été nécessaire et que les acquis en cette matière
sont toujours fragiles.
À cette époque, six collèges seulement ont fait
parvenir des politiques à la commission, pour examen,
c'est-à-dire avant 1984 et l'obligation. Depuis l'entrée en
vigueur de l'article 31 du règlement sur le régime
pédagogique du collégial, l'examen des politiques
institutionnelles d'évaluation des apprentissages est devenu
l'activité principale de la commission.
En juin dernier, le bilan pour les 103 établissements du
réseau collégial était le suivant: 64
établissements s'étaient dotés d'une politique
considérée comme satisfaisant aux exigences du cadre d'analyse de
la commission; 22 avaient une politique en projet et 17 établissements
n'avaient pas encore soumis de politique ou de projet.
Des 86 politiques examinées, quelques-unes l'ont
été plus d'une fois, soit parce qu'elles étaient
considérées comme des projets par les établissements, soit
parce que les collèges nous ont soumis des politiques modifiées
à la suite d'une première révision de leur part.
Il nous apparaît opportun de vous décrire comment
s'effectue l'examen des politiques. Cet examen est fondé sur des
critères définis dans le cadre d'analyse, soit: les objectifs
poursuivis par la politique, les principes et les valeurs qui la sous-tendent,
tes règles d'application qui la concrétisent, les moyens
préconisés pour s'assurer que tes objectifs se réalisent,
l'identification des responsables et des responsabilités, ta place
donnée à chacune des composantes, le type d'évaluation
retenu, le mécanisme de révision de la politique et l'ampleur de
celle-ci. Certains de ces critères sont considérés comme
majeurs, de sorte que leur absence ou leur développement limité
pourra faire en sorte que la politique ne soit pas considérée
comme satisfaisante.
Chaque politique est étudiée en premier lieu par chacun
des membres de la commission. Une mise en commun est ensuite effectuée
lors des réunions mensuelles. Un rapport d'examen est alors
rédigé. Dans ce dernier, sont soulignés les points forts
et les points faibles de la politique. (16 h 45)
Si le jugement d'ensemble se révèle insatisfaisant, une
rencontre est proposée au collège concerné afin de lui
soumettre nos interrogations et de lui expliquer le sens de nos remarques.
La très grande majorité des collèges, dans cette
dernière situation, ont choisi de retirer leur politique et d'en
poursuivre l'élaboration. Dans les deux derniers rapports annuels de la
commission, ces politiques se retrouvent dans la catégorie politiques en
projet. Cette catégorie comporte également, il va sans dire, les
politiques soumises par des collèges sous cette appellation,
préférant poser ce jalon avant de présenter un texte
final.
Pour la réalisation de cette partie de son mandat, la commission
doit faire preuve de rigueur, de cohérence, d'équité et de
souplesse, ce qui n'est pas un mince défi à relever. Rigueur et
souplesse, là, c'est quelque chose.
Maintenant, l'examen de ta mise en oeuvre des politiques. Tout en
procédant à l'examen des politiques, la commission a
préparé en 1986-1987 le cadre de référence pour
l'examen de la mise en oeuvre des politiques institutionnelles
d'évaluation des apprentissages.
Cet examen de la mise en oeuvre s'effectuera à deux moments
différents: à celui de la mise en application de la politique et
à celui où le collège dresse son bilan de l'application de
la politique. La première étape devrait, en principe, s'effectuer
une année après l'entrée en vigueur de la politique. Pour
l'année 1987-1988, la commission devrait donc examiner la mise en oeuvre
de 33 politiques institutionnelles d'évaluation des apprentissages.
Cet examen s'effectuera à l'aide d'un questionnaire et d'une
visite dans le collège. Le questionnaire est préparé en
fonction de la politique de chaque collège et à partir des
repères déterminés dans le cadre de
référence, à savoir: la diffusion de la politique,
l'exercice des responsabilités, le plan de cours comme lieu
privilégié d'application de la politique et, également,
d'autres repères qui concourent à faire de la politique un
instrument de développement. Les trois premiers repères
énumérés sont considérés comme majeurs, car
ils contribuent à la garantie de la qualité de
l'évaluation.
La visite est effectuée après analyse du questionnaire qui
est retourné à la commission. Cette visite est
préparée en fonction des réponses apportées et
devrait servir à recueillir davantage d'information sur l'application de
la politique dans le collège.
Un rapport d'examen est ensuite expédié à chaque
collège. Dans les rapports annuels de la commission, les données
nominatives concernant chacun des collèges seront
présentées après avoir accordé un délai plus
ou moins équivalent à douze mois aux collèges afin de leur
permettre, si nécessaire, de corriger la situation à la suite de
l'examen de la commission.
La mise en place de cette opération a suscité des
résistances quant aux moyens d'action. Toutefois, les acquis
réalisés lors de la phase précédente, les
séances de consultation préparatoires à la
rédaction du cadre de référence, ainsi que les rencontres
d'information réalisées auprès des différents
groupes concernés nous ont permis d'arriver à une entente.
Les autres avis. Parallèlement aux travaux d'examen des
politiques et d'élaboration du cadre
de référence pour l'examen de la mise en oeuvre, la
commission a aussi préparé un avis portant sur la reconnaissance
des acquis extrascolaires. Dans cet avis adressé au Conseil des
collèges, la commission propose l'élaboration d'une
politique-cadre afin, notamment, de favoriser le développement d'un
système de reconnaissance des acquis extra-scolaires équitables
et respectueux de la personne adulte, d'assurer le maintien do la
qualité de la certification qui en découle et d'accroître
l'accessibilité.
Un autre avis sur l'établissement de politiques institutionnelles
d'évaluation des apprentissages dans les collèges recommande au
ministre de rappeler publiquement au réseau collégial
l'obligation faite par le règlement sur le régime
pédagogique du collégial de se doter d'une politique
institutionnelle d'évaluation des apprentissages.
Enfin, à la demande du ministre, la commission prépare un
avis sur les autres champs de l'évaluation. L'organisation de
séances de consultation est amorcée et nous devrions pouvoir
déposer cet avis au conseil au printemps 1988.
La présence de la commission dans le réseau. De l'ensemble
des activités réalisées depuis sa création, nous
pouvons remarquer que la commission est présente dans le réseau:
par ses huit avis; par ses écrits aussi, dont les rapports d'examen de
politiques (plus de 90), les rapports annuels (5) dont le rapport 1985-1986
publié à 18 000 exemplaires; par ses rencontres, les visites dans
les collèges, soit 88 visites pour informer et sensibiliser avant la
promulgation du règlement, 35 visites pour faire suite à l'examen
de politiques considérées comme insatisfaisantes et 9 rencontres
auprès de différents groupes représentatifs de
l'enseignement collégial afin de présenter le cadre de
référence pour l'examen de la mise en oeuvre, une journée
d'information avec les établissements privés non
subventionnés et ce, conjointement avec la Direction de l'enseignement
privé afin de les informer sur les politiques institutionnelles
d'évaluation, 2 séances de consultation et une autre en
préparation pour le prochain avis; par la participation de la
présidence à des colloques, congrès, tables rondes,
conférences, etc.
Maintenant, le bilan et la prospective. En guise de conclusion,
permettez-nous de vous rappeler les valeurs et les principes qui guident les
interventions de la commission, les difficultés qu'elle rencontre dans
la réalisation de son mandat, les grandes questions soulevées par
nos avis et nos rapports annuels et les préoccupations de la commission
pour l'année 1987-1988.
Valeurs et principes. Les valeurs et les principes qui ont guidé
la commission sont principalement: la transparence, l'équité, la
rigueur, le respect de l'autonomie des collèges et la recherche de
consensus dans le milieu. En effet, comme nous avons tenté de le
démontrer précédemment, la commission se dote
d'instruments de travail qui encadrent son action afin d'effectuer des examens
rigoureux et équitables. Ces instruments sont élaborés en
tenant compte des objectifs poursuivis et des particularités du milieu
collégial. Ils sont diffusés et discutés avec les
différents partenaires du réseau. Nous essayons toujours de
susciter la plus large adhésion possible à nos démarches
par des séances d'information et de consultation.
Les difficultés que nous rencontrons. En optant pour un mode de
gestion par politique, le législateur choisissait alors un modèle
cohérent par rapport aux particularités du réseau
d'enseignement collégial. Ainsi, il optait pour un modèle
dynamique faisant appel au sens des responsabilités de l'ensemble de la
communauté collégiale, à leur imputabilité et
à leur rigueur par rapport au respect des objectifs d'apprentissage dans
les différents cours et programmes d'État.
Mais la commission rencontre des difficultés dans l'exercice de
son mandat, difficultés reliées au contexte historique dans
lequel s'est développé cet ordre d'enseignement;
difficultés de concilier les deux réalités que sont
l'autonomie des collèges et leur imputabilité comme organisme
public, difficultés liées également à la nature
même de l'évaluation. Ajoutons aussi le fait que la commission est
tributaire du rythme d'élaboration des politiques dans l'ensemble du
réseau, ce qui a eu et continue d'avoir un effet sur la
réalisation de son mandat d'examen.
Quelles sont les préoccupations de la commission pour
l'année 1987-1988? En terminant, nous aimerions présenter aux
membres de la commission parlementaire les priorités de travail de la
Commission de l'évaluation au cours des prochains mois, priorités
qui s'échelonneront même sur plus d'une année
d'activités.
La commission poursuivra d'abord l'examen des politiques
institutionnelles d'évaluation des apprentissages. Nous l'avons vu
précédemment, certains collèges n'ont encore ni politique,
ni projet, tandis que pour d'autres leur document est toujours à
l'état de projet. La commission poursuivra donc son travail
d'information et de sensibilisation auprès de ces établissements
et, plus particulièrement, auprès des établissements
publics hors cégeps et auprès des établissements
privés non subventionnés. Dans ces deux dernières
catégories, neuf ont des politiques en projet et quinze n'ont encore
soumis ni politique ni projet. Comme ces établissements dispensent des
unités inscrites au bulletin cumulatif de l'élève, il est
nécessaire et équitable qu'ils soient soumis aux mêmes
exigences que les autres établissements du réseau. De plus, dans
le cas précis des établissements privés non
subventionnés, le développement important de ce secteur et les
conditions minimales d'octroi et de renouvellement de permis sont des
éléments sur lesquels s'interroge de plus en plus la Commission
de l'évaluation.
En outre, pour bon nombre de collèges, la révision de leur
politique est l'occasion d'y apporter des ajouts, des corrections ou des
amendements qui doivent être réexaminés par la commission.
Celle-ci doit alors s'assurer que ces modifications ne contredisent pas les
orientations
générales de la politique. Par ce travail de
réexamen, ta commission reconnaît qu'une politique est un outil de
développement qui est en constante évolution.
La Commission de l'évaluation ne s'acquitterait pas
entièrement de son mandat si elle ne procédait à l'examen
de la mise en oeuvre des politiques institutionnelles d'évaluation des
apprentissages. L'année 1987-1988 sera marquée, â la
Commission de l'évaluation, par le début de cette importante
opération. Ainsi, après avoir diffusé le cadre de
référence dans l'ensemble du réseau collégial, la
commission entend procéder cette année à l'examen de la
mise en oeuvre de la politique institutionnelle d'évaluation des
apprentissages de quelque 33 établissements. Cette opération
s'échelonnera sans doute sur trois ou quatre années
d'activités, puisque le réseau compte à ce jour quelque
107 établissements d'enseignement collégial.
Maintenant que les collèges ont développé des
politiques institutionnelles d'évaluation des apprentissages, on doit
aborder en 1987-1988 la question des autres champs d'évaluation.
Déjà, en 1985, la commission signalait dans un avis que
l'évaluation des apprentissages ne saurait pas garantir à elle
seule la qualité de l'évaluation en enseignement
collégial, d'où la nécessité de développer
des politiques institutionnelles d'évaluation dans les champs de
l'enseignement, des programmes, des services et des personnels. Au printemps
1988, la Commission de l'évaluation entend déposer un nouvel avis
au Conseil des collèges. Cet avis proposera au ministre une approche et
des moyens pour assurer le développement de politiques institutionnelles
d'évaluation dans les champs autres que celui des apprentissages.
L'élaboration de cet avis sera précédée de
séances de consultation composées de plusieurs groupes
représentatifs de l'enseignement collégial: étudiants et
étudiantes, personnel enseignant, personnel non enseignant, cadres,
etc.
D'autres activités inscrites au plan de travail de la Commission
de l'évaluation en 1987-1988 se situent non plus dans le prolongement du
mandat d'examen confié à la commission, mais plutôt dans
une perspective de développement de l'évaluation.
Ainsi, la Commission de l'évaluation suit le développement
de certaines questions afférentes à l'évaluation telles
l'évaluation systémique, la reconnaissance des acquis,
l'évaluation formative, l'évaluation des centres
spécialisés et des sous-centres, l'implantation et le
développement du baccalauréat international dans quelques
établissements d'enseignement collégial, le développement
de l'évaluation institutionnelle à l'étranger, etc. La
commission se doit de suivre le développement de ces différents
dossiers et de (aire les recommandations qui s'imposent pour l'avenir de
l'évaluation en enseignement collégial. C'est dans cette
perspective que la commission situe son intérêt pour ces
différentes questions.
Dans cet exposé, nous vous avons présenté un
tableau d'ensemble des réalisations de la commission et fait état
de l'esprit qui anime la commission dans la réalisation de son
mandat.
Nous remercions les membres de la commission parlementaire d'avoir
entendu la Commission de l'évaluation. Cela démontre votre
préoccupation pour garantir la qualité de l'enseignement
collégial. Nous sommes à votre disposition pour répondre
à vos questions.
le Président (M. Tremblay, Rimouski):
Alors, Mme la présidente, je vous remercie d'avoir livré
ce rapport qui semble, à première vue, assez complet. Je pense
que vous avez fait du mur à mur. Il nous reste à peu près
une heure et j'aimerais qu'on s'entende sur le partage du temps, soit en parts
égales entre le parti ministériel et le parti de l'Opposition.
Est-ce que vous êtes d'accord, Mme de l'Opposition?
Mme Blackburn: Oui, M. te Président.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Cela dit, je
passerais la parole à un député du parti
ministériel. Je céderai la parole, en premier lieu, à Mme
la députée de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Merci, M. le Président. J'aimerais vous
demander si le degré d'apprentissage des élèves varie
beaucoup entre les différents collèges, selon votre
évaluation?
Mme Simard: Les instruments d'évaluation que se donne la
commission, c'est d'examiner les politiques des collèges par rapport
à l'évaluation des apprentissages et non pas les apprentissages
réalisés par les étudiants. De sorte que nous, dans notre
mandat, nous n'avons pas accès à cet autre contenu. Le sens de
votre question peut être que...
Mme Dougherty: Alors, c'est le processus d'évaluation qui
est votre responsabilité, au lieu des résultats de
l'évaluation.
Mme Simard: De l'évaluation. Si j'entends bien votre
question - je veux être sûre que j'ai bien compris - actuellement,
ce que la commission a fait, c'est qu'elle a examiné des politiques qui
lui sont soumises pour examen par les collèges. Alors, les politiques,
c'est une déclaration d'intention. Ce que nous nous apprêtons
à faire, c'est d'examiner si, effectivement, ces politiques sont mises
en oeuvre. Quand nous évaluerons si ces politiques sont mises en oeuvre,
nous allons... Justement, on vous disait que nos trois repères
principaux concernaient, entre autres, les plans d'études, par exemple,
parce que c'est là qu'on devrait voir comment se met
particulièrement en oeuvre la politique d'évaluation des
apprentissages.
Là, nous allons voir le comment, mais jamais nous n'allons
mesurer ce qui est fait parce que cela est la responsabilité des
collèges. En principe, les apprentissages qui sont faits d'un
collège à l'autre doivent être équivalents. C'est
pour cela qu'on dit que c'est tellement important
de s'assurer que ces politiques soient mises en oeuvre, puisque le
collège de Sainte-Foy, par exemple, va dire: Bien oui, au collège
de Jonquière, le cours de philosophie 101 est équivalent. On le
reconnaît à l'étudiant, qu'il l'ait suivi n'importe
où. Là, cela relève vraiment de l'autonomie des
collèges. C'est toute cette particularité du réseau
collégial, où chaque institution est autonome dans
l'évaluation de ses apprentissages, mais, en même temps, le
ministre les entérine en octroyant des diplômes
considérés comme équivalents d'une institution à
l'autre. C'est toute la réalité de nos programmes d'État.
{17 heures)
Mme Dougherty: Alors, j'ai mal compris un peu votre
responsabilité parce que vous n'êtes pas responsables de certains
diagnostics des résultats des évaluations. C'est à chaque
collège de faire son propre diagnostic et de prendre des mesures pour
corriger ses faiblesses, etc.?
Mme Simard: Oui, effectivement.
Mme Dougherty: À ce jour, l'accent était mis sur la
politique d'évaluation des apprentissages des élèves.
Ai-je raison? Il y a d'autres dimensions d'évaluation, n'est-ce pas? Il
y a d'abord la qualité des programmes.
Mme SImard: Oui.
Mme Dougherty: Ce qui est appris par les élèves et
aussi ce qui est livré, selon la qualité et les
compétences etc., de l'enseignant?
Mme Simard: C'est cela.
Mme Dougherty: Est-ce que ces trois dimensions sont
intégrées dans les politiques et dans tes intentions de la
politique ou les objectifs de la politique d'évaluation?
Mme SImard: D'accord. Je trouve votre question
intéressante parce qu'elle soulève toute l'ampleur du champ de
l'évaluation. Quand vous regardez le mandat de la commission, c'est
très clair, nous avons le mandat d'examiner toute politique
d'évaluation des collèges. Par réglementation des
études collégiales il y a un champ spécifique qui a
été nommé dans l'article 31, je pense, soit les
apprentissages. Il y avait de plus une date limite fixée pour l'adoption
d'une telle politique, le 1er juillet 1985. Chaque collège devait, dans
ce champ, avoir défini sa politique. Mais cela ne voulait pas dire que
dans les autres champs il ne devait pas se donner aussi des politiques.
C'est pour cela que je vous disais que le ministre nous a demandé
pour le printemps un avis sur l'évaluation des autres champs. Alors,
quand vous parliez tantôt des méthodologies d'enseignement, c'est
ce que nous appelons, nous, dans notre jargon, l'évaluation des
enseignements. Cela fait partie de ce qu'on appelle les autres champs.
L'évaluation des programmes, en fait également partie.
Je vous dirais qu'on a reçu très peu de ces politiques. Il
y avait quelques politiques qui concernaient les autres champs parmi les six
politiques reçues avant 1987. Elles étaient très peu
nombreuses puisqu'on en a six pour l'ensemble des collèges. On remarque
tout de même, dans le réseau que le fait de faire une gestion en
utilisant les politiques, je pense que c'est déjà un d'acquis
relativement important. On vous a parlé de tout ce que la commission a
fait comme sensibilisation par rapport à l'évaluation par
politique. Il ne faut pas oublier non plus que la Fédération des
cégeps a fait également, durant la même période,
beaucoup de sensibilisation auprès des collèges. Les
collèges nous paraissent comme très sensibles à cet
aspect. Nous travaillons actuellement à l'élaboration d'un avis
pour l'évaluation des autres champs et nous savons que dans au moins la
moitié des collèges de la province, les collèges publics,
les gens travaillent déjà à une politique
d'évaluation des programmes. Ils donnent à l'évaluation
des programmes une expansion tellement large qu'elle inclut dans certains cas
les enseignements, les ressources matérielles, les autres ressources
humaines. Par exemple, quand on regarde les problèmes d'apprentissage de
la langue, vous avez dans certains collèges, des centres d'aide à
l'apprentissage de la langue, ils couvrent tous les champs qui entourent les
programmes en donnant à un programme une compréhension plus
globale qu'un simple curriculum de cours. En ce sens, ce sont des choses qui
sont là, mais qu'on verra sous peu. Je ne sais pas si j'ai bien
répondu à votre question.
Mme Dougherty: Oui, merci. Je vais laisser...
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Une autre question
du côté ministériel. M. le député
d'Arthabaska.
M. Gardner: Oui merci, M. le Président. J'ai trouvé
drôle de lire à la page 13: "Pour la réalisation de cette
partie de son mandat, la commission doit faire preuve de rigueur, de
cohérence, d'équité et de souplesse." Vous avez
mentionné que ce n'est pas un mince défi. Un peu plus loin,
à la page 15, vous comprenez pourquoi j'ai trouvé cela
drôle.
Mme Simard: Oui.
M. Gardner: Bon, d'accord.
Mme Simard: En résumé, nous marchons sur des oeufs,
c'est vrai.
M. Gardner: Oui. Vous avez dit: "La mise en place de cette
opération a suscité des résistances quant aux moyens
d'action." J'aimerais savoir qui suscite des résistances et pourquoi il
y en a.
Mme Simard: Là, on parle des résistances
par rapport à la prochaine opération, l'examen de la mise
en oeuvre.
M. Gardner: Oui, la visite aussi.
Mme Simard: Oui, alors on se situe évidemment toujours
dans la perspective où les institutions collégiales sont
autonomes. Donc, en principe, autonome veut dire capable de se suffire à
soi-même. Il est évident qu'avec l'examen de la mise en oeuvre on
entre dans les collèges, ce qui est discutable. Dans ce sens-là,
je vais me permettre de vous lire une lettre que le ministre, M. Ryan, a fait
parvenir au réseau. Quand on parle de résistances, on fait
référence à la remise en question de la
légitimité du mandat de la commission. Est-ce qu'effectivement
nous sommes mandatés pour faire cela? Les collèges ont dit: Nous
avons des comptes à rendre au ministre et non à la Commission de
l'évaluation. Mais si le ministre nous dit que c'est à vous qu'on
doit d'abord rendre des comptes, nous le ferons. C'était l'un des
aspects de la résistance et cet aspect de résistance existe
depuis fa naissance de la Commission de l'évaluation. C'était
l'un des aspects.
L'autre aspect était lié au comment. La commission avait
déjà un cadre de référence où elle
expliquait comment elle procéderait. Je l'ai d'ailleurs décrit
à l'intérieur du texte...
M. Gardner: Ils n'aimaient pas les visites? Mme Simard:
Pardon?
M. Gardner: Ils ne voulaient pas avoir de visite, simplement un
questionnaire.
Mme SImard: Par rapport à la visite, ce qui faisait
problème, c'était que le directeur général devait
être la personne qui nous indique qui rencontrer dans le collège.
Nous avons accepté effectivement puisque le directeur
général demeure l'instance première dans le
collège. C'est important que ce soit ainsi.
L'autre aspect était relié au rapport nominatif de la
commission. Finalement, il a été convenu de nommer un
collège uniquement une année, ou l'équivalent,
après l'avoir rencontré, pour lui permettre d'apporter des
correctifs, si nécessaire, à la suite des commentaires que nous
lui ferions après notre visite. C'étaient surtout les
différents points. Je vous dirais cependant que le point majeur touchait
ta légitimité du mandat de la commission. À ce sujet, vous
me permettrez de vous lire une lettre que le ministre, M. Ryan, a fait parvenir
- je vais la retrouver, bon - aux différents collèges du
réseau. Je vais vous dire pourquoi je trouve cette lettre
précieuse. Vous avez vu toute une série d'avis entre 1981 et 1984
qui portaient toujours sur la légitimité du mandat...
M. Gardner: Excusez. Mme SImard: Oui.
M. Gardner: Est-ce pour cela que vous n'avez pas lu le haut de la
page 20 où on demande au ministre de s'exprimer...
Mme Simard: C'est pour cela, c'est parce qu'il l'avait
fait...
M. Gardner: Ah bon!
Mme Simard: II nous a envoyé la lettre après la
rédaction du texte.
M. Gardner: D'accord. J'aimerais cela que vous la lisiez.
Mme Simard: Je vais vous la lire parce que je la trouve fort
importante. Le ministre s'exprime ainsi: "Je suis heureux de vous annoncer que
ta Commission de l'évaluation du Conseil des collèges
entreprendra maintenant l'examen de la mise en oeuvre des politiques
d'évaluation des apprentissages dont vous avez complété,
à toutes fins utiles, l'implantation dans votre établissement.
"Le législateur a voulu marquer l'importance qu'il attache aux
politiques d'évaluation en confiant à la Commission de
l'évaluation du Conseil des collèges, le mandat d'examiner les
politiques institutionnelles d'évaluation et leur mise en oeuvre. "Par
la suite, fut adopté le 29 février 1984 le règlement sur
le régime pédagogique, lequel fait obligation aux collèges
de se doter de politiques d'évaluation. "Il m'a paru important, pour la
bonne marche des choses, de rappeler à votre attention, à ce
stade de l'entreprise, la responsabilité qui incombe aux chefs
d'établissement. "Sans préjudice des responsabilités qui
m'incombent en propre quant à l'application du règlement sur le
régime des études, j'ai assuré le Conseil des
collèges et la Commission de l'évaluation de mon entier appui
dans la réalisation de cette importante mission. "Je souhaite vivement
que vous apportiez votre entier concours à cette tâche des plus
importantes afin de permettre à la commission de réaliser
pleinement son mandat. Je vous remercie de votre précieuse collaboration
et vous prie d'agréer mes salutations distinguées."
Pour nous, il s'agit d'une confirmation qui rend plus facile la
réalisation de notre mandat.
M. Gardner: Cela veut donc dire que vous allez continuer de faire
votre travail auprès des cégeps.
Mme SImard: Effectivement.
M. Gardner: Maintenant, lorsque votre travail sera
effectué, que vous aurez fait tout cela et que vous aurez
présenté un rapport au ministre - je suppose que vous allez
présenter un rapport au ministre...
Mme Simard: Oui, c'est le sujet de notre rapport annuel.
M. Gardner: Si le rapport se révélait
négatif,,.
Mme Simard: Oui.
M. Gardner: ...quelle serait la suite logique? Le ministre
devrait-il faire quelque chose là-dessus? Ou est-ce que vous allez
suggérer quelque chose au ministre?
Mme Simard: Effectivement, notre mandat est de constater ce qui
se passe. Nous n'avons pas de pouvoir d'intervention. C'est le ministre qui
intervient. Dans nos rapports annuels, nous disons ce que nous avons
constaté et c'est au ministre d'agir. II a toute la latitude d'agir ou
de ne pas agir. Dans ce sens-là, on pourrait dire: Comment se fait-il
que le règlement fait que, depuis juillet 1985 tous les collèges
devraient avoir une politique d'évaluation des apprentissages et que ce
n'est pas encore le cas. C'est du ressort de M. Ryan et je pense qu'il compte
sur l'effet d'entraînement qui produit des fruits quand on regarde trois
ans plus tard.
M, Gardner: D'accord.
Mme Simard: C'est long, mais...
M. Gardner: Merci. Cela me tente de vous poser une autre question
qui me rappelle le bon vieux temps des collèges classiques.
Mme Simard: Oui.
M. Gardner: Vous n'avez peut-être pas connu cela.
Mme Simard: Ah oui! Je suis vieille, moi aussi. Oui, j'ai connu
cela.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Simard: Je n'y suis pas allée parce que j'étais
trop pauvre, par exemple.
M. Gardner: J'ai eu la chance d'y aller même si
j'étais pauvre.
Mme Simard: Vous deviez vouloir faire un M. te curé, cela
a dû aider.
M. Gardner: Non, mais Mgr Martin, l'évêque du
diocèse, nous aidait à l'époque. Même si on ne
disait pas qu'il y avait un collège classique qui était meilleur
que d'autres...
Mme Simard: Oui.
M. Gardner: ...on le savait. Il y avait des collèges qui
étaient mieux cotés que d'autres. Est-ce que cela existe encore,
selon l'évaluation que vous avez faite? Est-ce qu'il y aurait encore des
collèges qui seraient mieux cotés que d'autres?
Mme Simard: Je pense que oui, effective- ment. On
n'empêchera jamais les gens d'évaluer et je pense que c'est
très sain, cette espèce de compétition entre les
collèges.
M. Gardner: Oui, c'est cela.
Mme Simard: Cela fait qu'à un moment donné tu veux
devenir bon toi aussi. Mais ce qu'on remarque dans les collèges quand on
les cote, je pense qu'il y a toujours la formation générale, la
formation professionnelle qui sont quand même deux aspects importants.
Nous avons, dans certains collèges, des niveaux d'excellence certains.
Il n'y a pas à en douter. Là où souvent la comparaison va
se faire, c'est davantage par rapport à la formation
générale. Mais là où ça devient très
embêtant, c'est qu'au point de départ, c'est facile de coter sans
avoir tous les éléments pour les coter. Ce que je veux dire,
c'est que les entrants... Si j'ai des étudiants de premier tour qui
cotent dans les hauts "scores", c'est sûr que mon enseignement va
être en apparence meilleur parce que les résultats des
étudiants vont être en apparence meilleurs. Mais est-ce que le
collège comme tel est meilleur? Je ne le sais pas. Évidemment,
dans ce sens-là, on regarde le "output" mais il faudrait regarder aussi
quel est l'entrant. C'est toujours...
Quand on est dans l'enseignement public et qu'on veut rendre le plus
accessible possible ce niveau d'enseignement au plus grand nombre
d'étudiants possible, je pense qu'il faut être très
prudent quand on dit qu'un collège est meilleur qu'un autre. Mais
effectivement, il y a des collèges qui sont mieux cotés.
M. Gardner: Je reviendrais sur l'évaluation. Vous avez
mentionné que vous n'évaluez pas l'apprentissage, que cela
relève du cégep.
Mme Simard: Oui.
M. Gardner: Est-ce que vous aimeriez avoir un mot à dire
là-dessus aussi?
Mme Simard: Non. M. Gardner: Non.
Mme Simard: Non, parce qu'on entrerait dans un autre
système. On disait: Ce qui fait justement la singularité de
l'enseignement de niveau collégial, c'est que, contrairement au niveau
secondaire, qui a des examens d'État, au niveau collégial, il n'y
a pas d'examen d'État. Je vous dirais même plus. C'est quand
même assez original, ce qu'on s'est donné comme système au
niveau collégial. On vous dit: un de nos critères importants et
je vous dirais que c'est même un critère qui fait qu'une politique
est considérée comme insatisfaisante quand on ne retrouve pas
cela, ce qu'on appelle la ligne des responsabilités. Mais, quand on
regarde ce qu'on s'est donné comme système très original,
que les départements sont relativement autonomes par rapport à
tout l'aspect méthodologie des enseignements,
contenu de cours, objectif, plan d'études et tout cela, le
premier niveau de gestion, ce sont les départements. Et c'est un niveau
de gestion par des pairs. C'est quand même spécial comme
système. Il faut s'assurer que, dans un collège, ces pairs vont
répondre à des administrateurs. Les collèges ont
évolué depuis 20 ans et on voit qu'actuellement les gens sont
plus disposés à répondre à des administrateurs.
Mais il ne faut pas oublier qu'on a eu une certaine période quand
je parlais de la conjoncture difficile dans laquelle les collèges sont
nés, c'est ce à quoi je faisais allusion - on a quand même
eu des périodes où on ne voulait rien savoir des "bosses".
Alors, qui répond à qui? Je vous dirais que la
nécessité des collèges de se doter d'une politique
institutionnelle d'évaluation des apprentissages a obligé d'une
certaine façon les collèges à - excusez ['expression qui
me vient -défoncer cet aspect autant du côté des
administrateurs que du côté des enseignants. Ils ont
été obligés de parler d'évaluation en se disant: On
n'a plus le choix. On fait le travail nous-mêmes ou bien on va faire
autre chose qu'on n'aime pas. Cela veut donc dire qu'automatiquement on accepte
de rendre des comptes. Donc, à l'intérieur de l'institution
même, la commission va vérifier, si les comptes se rendent. (17 h
15)
M. Gardner: Mais est-ce que le nombre de... J'ai vu qu'il y a des
gens, des cégeps qui n'ont pas répondu. Je cherche les chiffres;
je n'ai pas eu te temps. Vous avez répondu plus vite. Mais est-ce que
cela va s'améliorer? Est-ce que vous avez déjà eu une
amélioration nette là-dedans, dans les réponses?
Mme Simard: Sur les politiques d'évaluation des
apprentissages?
M. Gardner: Oui. Mme Simard: Oui.
M. Gardner: Enfin, je t'ai, là: 64 établissements
s'étaient dotés d'une politique, 22 avaient une politique en
projet et 17 n'en avaient pas encore soumis. Est-ce que cela
s'améliore?
Mme Simard: Si vous voulez avoir des détails, ce serait
peut-être plus intéressant. On a 46 collèges publics au
Québec, dont le collège régional de Champlain qui comprend
trois campus. Il y a 36 politiques qui sont reconnues satisfaisantes sur les 46
et 9 qui sont en projet. Nous devrions recevoir ces dernières au cours
des prochains mois. Il n'y a qu'un seul collège qui n'a ni politique ni
projet. Cependant, il est en démarche et il nous l'a promise pour le
mois de décembre. Cela soulève tellement de résistance
dans les collèges que...
Pour nous, le temps est sans importance, si le résultat est
satisfaisant. C'est le sens que l'on donne dans notre allocution à
"institutionnel". Si le collège prend plus de temps, et que toutes les
personnes concernées finissent par être en accord, on a plus de
chance que ta politique soit mise en application. Alors, c'est dans ce
sens-tà que le temps devient relatif.
Pour les 26 collèges privés subventionnés, 21 ont
une politique satisfaisante et 5 en ont une en projet. Dans les collèges
privés non subventionnés - 27 collèges - il y en a 10 qui
ont une politique satisfaisante, 5 qui ont un projet de politique et 12 qui
n'ont ni projet ni politique. C'est là qu'il y a un plus grand effort
à faire pour faire évoluer le dossier.
M. Gardner: Parce qu'ils ne sont pas subventionnés, ils ne
se jugent pas...
Mme Simard: Le règlement des études
collégiales, de façon stricte, ne s'applique qu'aux
collèges publics. Pour la commission, cela nous interroge
énormément, puisque les autres collèges accordent des
unités qu'on retrouve au BCU (bulletin cumulatif uniforme) et qui sont
reconnues d'une institution à l'autre.
Donc, les collèges privés devraient être
obligés, au même titre que tes autres, d'avoir des politiques
d'évaluation reconnues, avec la même rigueur. Les collèges
privés subventionnés ont vraiment pris le pas et ils se sont dit:
Même si on n'est pas obligé, on travaille dans ce sens-là
et la Direction de l'enseignement privé nous appuie très
fortement. Dans le cas des collèges privés non
subventionnés, je vous avouerais qu'il faut faire un travail de
sensibilisation.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Madame, je vais
reconnaître une dernière question au parti ministériel et,
après, nous entendrons le parti de l'Opposition. Mme la
députée de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Merci, M. le Président. Pour
enchaîner un peu avec la pensée de mon collègue, il semble
que les cégeps n'ont pas vraiment d'imputabilité, sauf
peut-être envers eux-mêmes ou envers leurs propres clients, les
élèves. Donc, même pour les cégeps qui adoptent...
D'accord, éventuellement, tout le monde va adopter une politique
d'évaluation.
Si un cégep décide de ne pas agir en conséquence
des résultats, qu'est-ce qui va arriver? Est-ce que votre commission
aura quelque chose à dire? Est-ce que vous allez recevoir un rapport du
cégep? Peut-être un rapport disant que cela n'a pas très
bien fonctionné, cela ne nous a pas aidés d'améliorer la
situation. Est-ce qu'il y aura un certain "feedback" éventuellement de
tous les collèges sur l'utilité de cet exercice dans leur
opinion? Parce que si! n'y a pas de résultat, s'il n'y a pas d'action en
conséquence pour hausser la qualité des programmes, la
qualité de l'apprentissage, de l'enseignement ou la qualité de
formation ou de perfectionnement des maîtres, parce qu'il y a là
des carences - vous venez de publier un rapport là-dessus ou quelqu'un a
publié un rapport pour vous, le Conseil des collèges, je crois
-qu'arrivera-t-il?
Mme Simard: Je veux bien comprendre te sens de votre question.
À la commission, nous constatons que même si les collèges
n'ont pas une imputabilité relative ils ont une imputabilité
certaine.
Mme Dougherty: II y a déjà des résistances.
Vous avez parlé de certaines résistances.
Mme Simard: Oui
Mme Dougherty: . à l'implantation d une telle politique
Peut-être ne voient-ils pas l'utilité d'un tel exercice
Peut-être résistent-ils à l'intervention d'un organisme
hors du collège Ce qui est peut-être normal, parce qu' ils sont
jaloux de leur autonomie.
Mme Simard: De leur autonomie, oui, c' est cela.
Mme Dougherty: Mais ce sont les résultats qui me
préoccupent Parce que, si on ne réussit pas à hausser
éventuellement le niveau de qualité de l'apprentissage des
diplômés, à quoi sert tout cet exercice.
Mme Slmard: II serait intéressant que l'on se revoie dans
trois ans. On pourrait vraiment vous dire I'état de la mise en oeuvre.
C'est à-dire que, dans trois ans, lorsqu on aura fait le tour des
collèges, il sera intéressant de vous dire Effectivement, ce
qu'on remarque, c'est que les politiques sont mises en oeuvre ou ne le sont
pas. Non seulement les politiques d'évaluation des apprentissages
fonctionnent elles, mais, en plus, les collèges se sont donné d
autres politiques pour évaluer d'autres champs parce qu'ils ont
été à même de constater I' intérêt de
telles politiques. C'est pourquoi je pense que, dans trois ans, ce sera
intéressant pour vous parce qu'on pourra vous donner le portrait de
cette réalité.
Mais, pour le moment, nous savons déjà, à cause des
contacts que nous avons dans le réseau, que depuis l'obligation qu ont
les colleges de se donner cette politique il y a une plus grande rigueur qui
s'est installée dans les collèges Maintenant on peut parler
d'évaluation Auparavant, c'était un sujet tabou Je vous dirais,
même avant d être allée examiner cela de façon plus
systématique, qu'il y a déjà dans les collèges une
amélioration par rapport à cet aspect.
D'ailleurs, il y a toutes sortes d'études qui circulent On est
très soucieux, dans les collèges -je suis dans un collège
de la région métropolitaine et je ne sais pas si cela existe dans
d'autres collèges, mais je pense que cela existe aussi dans des
collèges de la région de Québec - de nous fournir par le
SRAM, par exemple, les résultats de nos étudiants, les taux
d'échecs, de réussites, d'abandons, les taux par cours, etc. On a
donc plusieurs outils qui n' existaient pas il y a deux ou trois ans. Ce qui
fait qu'un college Cest incroyable. Vous avez raison. C'est incroyable. Nous
n'avions pas ces outils Ainsi, un college peut remettre en question ses
enseignements Mais, auparavant cela aurait été vu de la part des
enseignants comme de l'inquisition Je suis certaine qu'on se serait
retrouvé avec des gens sur le trottoir, ce qui n'est plus le cas
maintenant.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Très bien,
madame Je vais devoir vous interrompre parce que je veux donner le temps
à I'Opposition de poser ses questions Comme le temps est assez
partagé entre les deux partis, je reconnais maintenant Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Permettez-moi
d'abord de souhaiter la bienvenue aux membres et aux représentants de la
Commission de I'évaluation et au nouveau président du Conseil des
collèges.
J'aurais autant le goût de réagir aux questions que de vous
interroger. D'abord, je pense que j'avais déjà eu l'occasion de
le dire dans une toute autre circonstance, alors que j'étais au Conseil
des collèges et que je comparaissais devant une commission comme celle
d'aujourdhui J'avais été obligée de constater que,
souvent, les gens qui ne connaissent pas les cégeps de I
'intérieur maintiennent et entretiennent un certain nombre de
préjugés Je trouve toujours cela infiniment déplorable.
Vous n'êtes pas les seuls. Ce n'est pas exclusivement le fait d'une
commission parlementaire. C'est le fait de tous les ministres de I'Enseignement
supérieur et de I'Education qui se sont succédé.
Je pense pouvoir le dire parce que je pense que cest important que cela
soit enregistré Les ministres changeaient d'avis quand cela faisait deux
ans qu 'ils étaient titulaires du ministère et qu' ils avaient eu
le temps d aller visiter un peu les cégeps pour constater de l'
intérieur et par rapport aux résultats plus concrets qu'ils
n'étaient pas aussi négatifs que I 'image qu on en avait
Malheureusement pour nous les cégeps du Quebec continuent à
porter une somme de préjuges mal fondés, à mon avis pour
ne pas dire non fondés.
Je vais essayer de le faire brièvement parce que je voudrais
continuer à vous interroger sur des questions qui touchent
particulièrement la responsabilité du conseil et de la commission
en regard des collèges privés.
D'abord quand on parle d'évaluation je trouve qu' il faut
évaluer des choses comparables Ce matin - je pense qu'il ne faut pas
laisser passer cela sans corriger certaines impressions qui pourraient demeurer
si on ne faisait pas ce genre d intervention - la députée de
Jacques Cartier disait Comment expliquez vous que le collège de La Salle
dont le climat est tout à fait extra ordinaire qui place 99 % de ses
étudiants - je ne sais plus trop le chiffre qu' elle a cité.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): 95 %
Mme Blackburn- 95 %? Bien Je croirais que cela peut aller
jusqu'à 100 % probablement
avec six mois; it n'y a vraiment pas de problème -comment se
fait-il qu'on ne retrouve pas ce climat dans les collèges?
Premièrement, cet établissement a un programme unique. La
deuxième chose, cet établissement sélectionne ses
étudiants et, troisième chose, its arrivent là un peu plus
vieux. C'est l'ensemble des circonstances.
Je maintiens qu'au Québec - d'ailleurs, ce n'est pas seulement
mon avis, mais celui de l'OCDE c'est la structure ta plus
intéressante et ta plus prometteuse. Elle est porteuse d'avenir, pour
utiliser le terme qu'on utilisait à l'OCDE, pour la raison suivante. On
s'en va dans une économie décloisonnée, mais en même
temps que la nécessité d'avoir des connaissances qui le soient.
Les CAATS ontariens amènent les jeunes travailleurs dans un cul-de-sac.
Il n'y a pas de reconnaissance de la formation dispensée dans un CAATS,
si le jeune travailleur ou le jeune diplômé veut s'inscrire
à l'université. Ce sont vraiment des culs-de-sac, ce que ne font
pas nos cégeps.
La seconde chose, je partage tout à fait les propos de la
porte-parole, Mme Simard, qui disait tantôt: II faut comparer les choses
comparables. Si je regarde nos collèges d'enseignement privé,
pour ne pas les nommer Brébeuf, le séminaire d'ici, ainsi de
suite, ils sélectionnent les clientèles; ils prennent les
meilleurs éléments. Donc, on devrait s'attendre que tous tes
finissants soient mieux accueillis sur le marché du travail et mieux
accueillis à l'université. Si vous comparez les résultats
obtenus dans les collèges publics et les cégeps, vous avez
finalement des choses qui se comparent assez bien, en dépit du fait que
les collèges soient obligés d'accueillir tout le monde, tous ceux
qui ont les préalables.
Je trouve qu'il y a une espèce d'injustice inacceptable quand on
fait ce genre de comparaison et il va falloir le dire. J'aurais, à
l'endroit des établissements privés, des exigences
extrêmement élevées; ils viennent chercher nos meilleurs
éléments et, qui plus est, il y a une pratique dans ta
région de Québec qui fait que les écoles privées
acceptent un peu plus d'élèves qu'elles ne sont capables de
conserver et elles éliminent tes éléments
indésirables: ceux qui passent un peu de drogue ou qui n'ont pas
suffisamment d'encadrement familial, et elles gardent les subventions parce
qu'elles les retournent au public après le 30 septembre.
Je dis deux choses: Je pense que notre système d'éducation
est reconnu internationalement. Il s'est doté d'une structure fort
intéressante, beaucoup plus porteuse d'avenir, quant à la
formation des travailleurs, que les CAATS ontariens. Par ailleurs, lorsqu'on
évalue les collèges, il faut bien comparer - de façon
générale, nos établissements et écoles les
choses comparables et les écoles sont obligées d'accueillir tous
ceux qui ont les préalables.
En ce qui concerne l'évaluation dans les établissements
collégiaux, l'établissement collégial comme
l'établissement universitaire est, au départ, conçu pour
avoir une relative autonomie et, dans ce sens-là, on n'a pas à se
scandaliser qu'ils aient des réserves par rapport à une
évaluation externe. Dans les universités, ce qui existe, c'est
une évaluation de certains programmes accrédités et la
même chose existe également dans les collèges. Il y a de
l'accréditation, par exemple, pour hygiène dentaire. Vous avez
l'équivalent qui n'est pas de l'accréditation, mais des examens
pour les techniques infirmières. Alors, vous avez quelques programmes
comme cela qui subissent finalement presque le même examen que certains
programmes universitaires. (17 h 30)
Tout cela pour dire que ce qu'il faut protéger dans les
collèges... Là, il y a un système un peu différent:
du moment où c'est le ministre qui émet les diplômes, il
est en droit de s'assurer que les collèges se donnent les moyens les
plus sûrs de donner une meilleure qualité de l'enseignement. Il
n'est pas pour sanctionner n'importe quoi. Là-dessus, je suis tout
à fait d'accord. Je trouvais important de faire ces quelques mises au
point...
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Mme la
députée, excusez. Est-ce que vous avez des questions à
poser à Mme...
Mme Blackburn: ...pour éviter que ne demeurent au Journal
des débats - vous savez que tous les débats sont
enregistrés - ces propos qui risquent de laisser planer des doutes quant
à la légitimité des collèges de protéger une
certaine autonomie et quant à ces comparaisons qui, à mon avis,
sont toujours un peu boiteuses.
Par rapport à l'enseignement privé, mais plus
particulièrement la lettre que le ministre a adressée aux
directrices générales et aux directeurs généraux
des collèges d'enseignement général et professionnel,
est-ce que c'est exclusivement dans les collèges publics, dans les
cégeps que la lettre a été adressée?
Mme Simard: Est-ce à l'ensemble du réseau qu'elle a
été envoyée? Je ne sais pas si c'est le cas.
M, Morin: C'est une chose qu'il va falloir vérifier, M. te
Président. Nous avons tenu pour acquis qu'elle avait été
envoyée à tous les établissements car, à la suite
de cette lettre, j'ai envoyé au nom de la commission le cadre de
référence. Le libellé d'entête laisse entendre que
ce n'est envoyé qu'aux cégeps. Nous allons vérifier cette
question.
Mme Blackburn: D'accord.
Le Président (M. Tremblay, Rlmouskl):...
Mme Blackburn: À présent, on parle beaucoup
d'enseignement privé. Il y a un problème que vous soulevez dans
votre rapport, Mme Simard, touchant l'état de l'évaluation dans
les collèges privés non subventionnés. Je me rappelle,
pour ne pas le nommer, qu'on a eu un
cas le printemps dernier sur notre table qui s'appelait Inter-DEC. Ce
sont des collèges non subventionnés directement par te
ministère, mais qui se trouvent largement subventionnés parce que
les étudiants qui y sont inscrits, dans 70 % des cas, sont
bénéficiaires de l'aide financière aux étudiants.
Si les frais de scolarité sont de 10 000 $, l'aide financière aux
étudiants en tient compte. Comme on sait qu'il y a seulement une partie
de la bourse qui doit être évaluée comme prêt - je ne
sais pas, à peu près à 2000 $ - cela veut dire que le
reste est donné directement de l'État à ces
établissements privés qui n'ont pas de politique
d'évaluation pour 17 d'entre eux selon ce qu'on entendait dire
tantôt, et dont la qualité de l'évaluation n'a rien de
comparable à ce qui se fait dans les collèges publics et dans les
établissements subventionnés.
Il y a un problème qui avait été soulevé le
printemps dernier qu'il va falloir régler au Québec. C'est une
question de protection du consommateur, j'oserais dire. C'est aussi une
question de qualité de la formation et une question de
responsabilité de l'État. Est-ce à l'État de payer
la formation dispensée par ce genre d'établissements? Ce sont
également ces établissements qui, tantôt, vont rentrer
directement en concurrence parce qu'ils sont un peu plus complaisants, on peut
se le dire ici, en ce qui concerne la formation sur mesure qui se donne dans le
cadre de l'entente Canada-Québec. On a un problème
d'évaluation de ce secteur d'activité qui est, à mon avis,
majeur.
Je me demandais ceci: La loi, à ma connaissance, ne
prévoit pas que le Conseil des collèges, par sa Commission de
l'évaluation, ait un droit d'intervention dans ces
établissements. Est-ce que vous avez songé à demander une
modification à la loi?
Mme Simard: Nous n'avons pas demandé de façon
explicite de modification à la loi. On procède toujours par
sensibilisation, comme on le fait pour toute action que l'on entreprend.
Effectivement, il faut tout de même préciser que, comme ils
n'étaient pas sous la juridiction du règlement des études
collégiales nous sommes intervenus auprès des collèges
d'enseignement privés non subventionnés seulement en 1986. Cela
peut d'ailleurs expliquer aussi le fait qu'on ait un moins grand nombre de
politiques de leur part.
Nous savons que nous devons faire beaucoup de sensibilisation pour
expliquer le sens de cette politique, ce que cela implique, etc., parce que
cela ne semble pas être bien saisi. D'ailleurs, cela fait partie du
deuxième volet de notre mandat. Comme nous l'avons fait pour les
organismes publics, nous le faisons aussi pour ce genre d'organismes. Pour
nous, il est important que ce soit fait. Effectivement, ce qui réglerait
une partie de nos problèmes, c'est qu'au niveau de la
réglementation on exige qu'ils soient soumis à cette
réglementation, mais, cela... À mon sens, quand on fait le bilan
et quand on présente le rapport annuel, on pourrait peut-être
faire un avis au ministre dans ce sens-là. Mais, pour le moment, la
commission n'a pas produit d'avis à ce sujet.
Mme Blackburn: Bien. Dans la présentation que vous faisiez
tout à l'heure, à la page 14, vous annoncez que, pour
l'année 1987-1988, la commission devrait terminer la mise en oeuvre de
quelque 33 politiques institutionnelles d'évaluation des apprentissages.
Est-ce commencé?
M. Morin: C'était dans notre plan de travail de juin. Nous
avons connu certains retards mais, actuellement, le cadre de
référence est distribué dans les collèges. Alors on
ne peut s'attendre à rencontrer cette année nos objectifs qui
étaient de visiter 33 établissements. Effectivement, on vous a
dit que cela commençait d'abord par un questionnaire; donc, il faut que
les gens répondent au questionnaire avant qu'on aille les voir.
L'opération va sans doute commencer d'ici à juin, mais on n'aura
pas le temps de visiter 33 établissements.
Mme Blackburn: On sait que le poste de la présidence est
vacant La commission est sans présidence. Est-ce que vous pouvez
envisager le début de cette opération, de l'examen de la mise en
oeuvre en l'absence d'un responsable, d'un président de la
commission?
Mme Simard: Je laisserai parler M. Morin sur cela.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): M. Morin.
M. Morin: La commission devait envoyer les questionnaires dans
les collèges et cela va susciter de nombreuses questions et demander des
rencontres de sensibilisation. La commission a décidé de retarder
la nomination d'un président ou d'une présidente. Il nous
paraît assez clair qu'on ne pourra pas lancer une opération de
cette envergure et de cette importance sans qu'il y ait officiellement un
président ou une présidente à la Commission de
l'évaluation.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Très bien, M.
le président du Conseil des collèges. Avez-vous une autre
question, Mme la députée de Chicoutimi?
Mme Blackburn: Vous avez... Je vais revenir.
Le ministre vous a demandé un avis sur le développement de
politiques institutionnelles d'évaluation dans les autres champs que
celui des apprentissages pour couvrir l'ensemble des activités d'un
collège. Comment les collèges réagissent-ils pour le
moment devant cette perspective?
Mme Simard: Bon, justement... Excusez-moi.
Mme Blackburn: C'était admis par tes collèges en ce
qui concerne l'évaluation des apprentissages, parce qu'il y a une
responsabilité partagée entre le ministre et
l'établissement au moment de l'émission des DEC ou des
attestations d'études. Pour ce qui a trait à la gestion des
autres activités, qu'il s'agisse des programmes, des enseignements, bon,
on prétendait qu'il s'agissait là d'activités à
caractère de gestion interne qui n'avaient pas à être
soumises à l'examen de la Commission' de l'évaluation. Comment
cela va-t-il actuellement?
Mme Simard: Actuellement, au niveau de la commission, d'une
façon explicite par rapport au fait que la commission ait juridiction ou
non dans l'évaluation des autres champs, je pense que la lettre du
ministre est très claire à cet effet. Elle ne parle pas
uniquement des apprentissages, elle parle de l'ensemble des politiques
d'évaluation. Donc, j'ai l'impression que, là aussi, il y a eu
une clarification importante.
Quand nous faisons appel au réseau pour savoir s'il y a des
politiques dans les autres champs, on sent toujours une ouverture de la part de
l'ensemble des collèges et ils nous donnent l'information sur ce qu'ils
sont en train de faire. Certains nous envoient aussi leurs politiques, mais on
le saura de façon plus explicite fors de nos rencontres avec les groupes
de consultation, en février.
Mme Blackburn: Tout à l'heure, vous avez parlé de
ce qu'on appelle les indicateurs de performance du réseau
collégial. Les universités en ont, en quelque sorte, aussi fourni
par rapport aux étudiants admis à l'université selon la
provenance, le collège, la région, ainsi de suite. Est-ce que,
ces outils, la commission a commencé à les utiliser?
Mme Simard: Non. Par le biais de l'étude sur les
échecs et les abandons, la commission participe aux travaux du Conseil
des collèges dans le cadre de cette recherche mais, de façon
explicite, ce n'est pas un champ qu'on "investigue" actuellement.
Mme Blackburn: Mais n'y aurait-il pas intérêt
à voir un peu à essayer de se donner une vision un peu plus
d'ensemble de la performance à partir d'indicateurs qu'il faut toujours
traiter avec beaucoup de prudence car, encore une fois, on ne mesure pas
toujours la même chose? Ne serait-il pas intéressant qu'il y ait
un avis ou des commentaires que le conseil pourrait émettre, par
exemple, par rapport à cette question des échecs et des abandons,
des changements de programme, d'où une recommandation comme me l'ont
faite, les étudiants que j'ai rencontrés à l'occasion de
la tournée "grandes oreilles"? On est allés dans douze
cégeps où j'ai rencontré une vingtaine de groupes
d'étudiants. C'est revenu souvent chez les étudiants. Ce qu'ils
nous demandent, c'est un encadrement un peu plus rigoureux en première
et deuxième sessions. Ils parlent même un peu de tutorat; ce qui
est assez... On avait l'impression... Il a été un temps où
il n'aurait pas fallu parler de cela dans les collèges, mais,
actuellement, les jeunes se demandent s'il n'y aurait pas un encadrement qui
leur permettrait de mieux s'adapter à ce changement de régime qui
est celui du secondaire vers celui du collège où il y a plus de
liberté: leur apprendre à gérer leur temps.
Je me demandais jusqu'à quel point l'utilisation, la
présence de ces indicateurs de performance ne devaient pas servir
d'outils de réflexion au conseil ou à la commission pour nous
permettre, à l'extérieur, de faire une lecture un peu plus juste
de ce que constitue la performance des collèges.
Mme Simard: Nous l'abordons par deux autres biais. On l'aborde
à l'intérieur des politiques d'évaluation des
apprentissages. Un des dossiers que nous étudions en parallèle
cette année, c'est celui de l'évaluation formative. On retrouve
dans pratiquement toutes les politiques cette allusion à
l'évaluation formative. L'évaluation formative se
réfère à l'encadrement de l'étudiant par son
professeur pour que l'étudiant puisse atteindre les objectifs de son
cours. On sait qu'il y a une volonté de faire et dans certains milieux,
on le retrouve, par exemple, par rapport à l'apprentissage du
français. Il y a des cliniques de français qui sont
instaurées, pour soutenir l'étudiant lorsqu'il rencontre des
difficultés reliées à la langue. On sait qu'il y a des
expérimentations ad hoc qui sont faites par des évaluations
formatives dans certains milieux.
Nous, c'est par ce biais qu'on veut aller chercher cet encadrement
auprès de l'étudiant et aussi par ce que l'on appelle l'ampleur
des politiques. L'ampleur c'est l'évaluation de la qualité de la
langue; c'est aussi certains autres aspects liés de près ou de
loin à révolution de l'étudiant. Pour le moment, c'est
surtout à ce niveau qu'on travaille. Effectivement, quand on va
travailler sur des objets comme l'évaluation formative, il faudra
arriver aussi à être capable de chiffrer ce que cela veut dire sur
le plan des ressources humaines. Un prof qui doit donner 15 heures et 18 heures
d'enseignement par semaine, il ne peut pas se permettre, avec 150
étudiants, de faire un suivi individualisé. En partant, c'est
mathématiquement impossible. Alors, quand on fait des critiques, il faut
aussi être capable de relier cela aux ressources humaines
présentes.
Mme Blackburn: Si je comprends votre raisonnement,
l'évaluation formative, c'est celle qui, une fois l'examen lait, essaie
de mesurer le chemin parcouru pour dire: Voilà tes carences. On poursuit
pour aller plus loin et non pas exclusivement comme le fait de sanctionner un
examen qui est l'examen sommatif, qui est beaucoup plus facile...
Mme SImard: Oui.
(17 h 45)
Mme Blackburn: ...et beaucoup plus
rapide, mais qui ne permet pas à l'étudiant de vraiment
connaître ses faiblesses et de progresser.
On parlait tout à l'heure d'évaluation J'ai
été agréablement surprise lorsque le conseil Deux
remarques que j'ai entendues une première est venue du Conseil du
patronat, qui I'a répétée assez récemment, et qui
est la suivante.Autant on a des réserves et des reproches à faire
à la qualité de la formation professionnelle dans les
écoles secondaires, autant on est assez satisfait de la formation
dispensée en enseignement professionnel dans les collèges du
Québec. II est peut-être important de se rappeler cela La seule
réserve que le Conseil du patronat avait à l'époque - il
l'a toujours, je dois dire, et avec raison - c'était sur la
qualité de la langue écrite, du français et de ! anglais
écrit C'était le reproche le plus sévère Pour le
reste, les employeurs se disent assez satisfaits.
Dans les universités, I'évaluation est variable selon que
vous soyez dans un programme de sciences de la nature ou de sciences humaines
Pour les sciences de la nature, on estime que l'enseignement des sciences est
relativement bon dans les collèges, pour les sciences humaines, de
l'homme, là, il y a plus de mou, c'est plus variable par rapport
à la qualité de la promotion et de la préparation des
étudiants qui arrivent dans les universités.
Tout à I' heure, la députée demandait Une fois que
tous les collèges se seront donné une politique
d'évaluation, dans les cas ou cette politique ne serait pas
considérée comme suffisamment bonne par rapport aux
apprentissages, comme il s'agit d'une obligation en vertu du règlement
sur le régime pédagogique, quelle est la recommandation de la
commission''. Vous nous avez dit. Attendez trois ans, on va voir un peu les
résultats. Mais d'ici là? Dans I' hypothèse ou vous auriez
des réticences assez marquées venant de certains collèges,
une difficulté à se donner des politiques, puisque ce sont
souvent des tensions internes qui empêchent l'établissement de
politiques institutionnelles l'évaluation des apprentissages, qu'est-ce
qu'on peut envisager?
Mme Simard: Nous avons le mandat de refléter la
réalité au ministre et c'est à lui d'intervenir. Si je
regarde la lettre qu'il envoie aux collèges et qui, pour moi, est un
élément fort important le ministre dit "Sans préjudice des
responsabilités qui m incombent en propre quant à I'application
du règlement sur le régime des études" J' ai I impression
qu' il y a là un message direct aux collèges J'ai une
responsabilité, faites votre travail et ne m obligez donc pas à
intervenir Finalement, c est un peu le message
Je vous dirais que, de ce côté j'ai I'impression que, d'ici
à un an, tout sera terminé pour ce qui est des politiques
d'évaluation des apprentissages. Quand on regarde les politiques qui
sont en proiet dans beaucoup de collèges, pour les suivre d assez
près, on se rend compte que ce sont des choses qui devraient normalement
se résoudre assez rapidement En tout cas, cela pourrait, à la
limite, être un avis, mais . Oui, vous voulez parlez, M. Morin.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): M le
président du conseil.
M. Morin: Oui, vous savez la genèse est la suivante la
commission peut constater un certain nombre de problèmes en faire
état dans son rapport et faire un projet d'avis au Conseil des
collèges qui, lui, va prendre en considération cet avis et aviser
le ministre sur ce qu' il y aurait à faire vis à-vis de tel ou
tel collège.
Je profite de l'occasion, M le Président pour rectifier une
petite chose On me dit que j'aurais laissé entendre que la commission
aurait décidé de retarder la nomination d'un ou d'une
présidente.Vous savez très bien qu' il n'en est rien. La
commission ne peut pas prendre une telle décision.
Le Président (M, Tremblay, Rimouski): Je pense que c est
une bonne chose de le préciser, M le président, je vous reconnais
ce devoir que vous avez bien assumé.
La commission a I'intention d'arrêter ses travaux à 18
heures Je partagerai le temps comme ceci cinq minutes pour le parti
ministériel et cinq minutes pour le parti de l' Opposition Mme la
députée de Chicoutimi voudrait elle conclure dans les cinq
prochaines minutes, s 'il vous plaît?
Mme Blackburn: je pensais que vous aviez dit le parti
ministériel et ensuite
Le Président (M Tremblay, Rimouski) Étant
donné que Mme Dougherty a du s'absenter probablement pour de petits
troubles de gorge, on pourrait peut être I'excuser.
Mme Blackburn: D' accord.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski) Si vous voulez
conclure, Mme la députée de Chicoutimi nous vous en serions
très reconnaissants
Mme Blackburn: Merci M. le Président. Je voudrais juste
dire et cela ne vous étonnera pas, que, d abord je suis assez satisfaite
et heureuse du dénouement et du déroulement de cette partie
importante du mandat du Conseil des collèges quant au rôle
dévolu ou confié à la Commission de I'évaluation
C'est un domaine extrêmement délicat fragile et important et il
serait regrettable que I'on pense que c'est le seul endroit ou
établissement public au Québec ou il ne se faisait pas ou peu d
évaluation. Je crois que I évaluation s y est toujours faite
contrairement à ce qu on dit ou à ce qu on pense Elle s'est faite
par les universités qui accueillaient les étudiants et par les
employeurs qui accueillaient les finissants et les diplômés. La
critique n a pas été telle qu elle nous permette aujourd' hui de
remettre en question l'avenir ou la raison d'être des collèges
du
Québec.
Les collèges ont 20 ans. Vous avez assisté, comme je
préfère vous entendre parler, au colloque de la CEQ;
malheureusement, je n'ai pu assister à la totalité des
présentations qui y ont été faites. Viendriez-vous
confirmer un peu l'impression générale que j'ai eue, de
collèges que j'ai connus en 1976 qui étaient très
tournés sur tout ce qui s'appelait - j'utilise un terme assez
péjoratif la quincaillerie, c'était l'audiovisuel; on
parlait beaucoup en termes d'équipement et peu en termes de
pédagogie. L'impression que j'ai eu des propos que j'ai entendus, c'est
qu'aujourd'hui les cégeps sont résolument tournés vers des
préoccupations touchant la pédagogie, l'encadrement, le
perfectionnement, la révision des programmes, autrement dit, vers des
préoccupations touchant ta qualité proprement dite de
l'enseignement. Cela me fait dire qu'il ne faudra pas pour autant oublier les
équipements utiles tantôt. Est-ce votre impression?
La deuxième question, le préjugé qu'on sent encore
dans certains propos quant à la qualité de la formation
dispensée dans les établissements collégiaux, est-ce qu'on
te sent encore largement dans ta population ou est-il en train de
s'atténuer par le fait qu'il y ait de plus en plus d'adultes qui,
finalement, ont été formés dans les collèges du
Québec?
Mme Simard: II faudrait que...
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Je pense que la
question s'adresse au président du conseil.
Mme Blackburn: Au président ou à Mme Simard, selon
le...
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Brièvement,
M. le président, s'il vous plaît.
M. Morin: Oui. Je suis tout à fait d'accord avec la
députée de Chicoutimi. Il y a un changement de mentalité,
de cap, de préoccupations, et nous l'avons vu au colloque de la CEQ, qui
rejoignait largement les préoccupations que nous avions entendues
à Saskatoon quant au sens de la formation à donner. C'est un
événement majeur et on ne s'est pas occupé de
quincaillerie, de revendications ou même de conditions de travail.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Très bien. Je
vais maintenant reconnaître...
Mme Blackburn: J'aurais une autre question. Il me reste encore
une minute.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Oui.
Mme Blackburn: La seconde question: Est-ce que le
préjugé est en train de s'atténuer? Comment le
sentez-vous? Évidemment, vous n'avez pas d'évaluation exhaustive
là-dessus, j'imagine, mais vous qui êtes proche du réseau
et qui avez l'occasion d'être interpellé assez
régulièrement par rapport aux collèges, est-ce que ces
préjugés sont encore aussi tenaces ou sont-ils en train de
s'atténuer?
M. Morin: Le témoignage que vous nous avez apporté
du Conseil du patronat est remarquable. Vous voyez là quand même
des préjugés s'estomper. Le fait que la commission parlementaire
rencontre le Conseil des collèges, comme nous le faisons, et que nous
puissions discuter très librement, ce sont des marques que bien des
préjugés tombent.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Très bien, M.
le président. Je vais maintenant reconnaître un
député de la formation ministérielle, la
députée de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Merci, M. le Président. Avant de poser ma
dernière question, j'aimerais corriger certains faits de la situation.
Mme la députée de Chicoutimi a pris certaines libertés
avec la vérité en parlant des cégeps privés,
D'abord...
Mme Blackburn: Ce n'est pas parlementaire, M. le
Président, de m'accuser d'avoir pris des libertés avec la
vérité. Cela finit par ressembler à mentir.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Mme la
présidente...
Mme Blackburn: M. le Président, après avoir entendu
les propos de la députée de Jacques-Cartier, je demande le droit
de faire certaines mises au point.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Je demande à
la députée de Jacques-Cartier de reformuler ses propos, s'il vous
plaît.
Mme Dougherty: Certains faits doivent être rétablis
en ce qui concerne les collèges privés. D'abord, il y a des
cégeps publics qui sélectionnent en raison des contingences
qu'ils se fixent. Ils refusent les élèves au premier tour des
admissions; par exemple, le collège Maisonneuve, un collège
public. Il y a des collèges privés qui acceptent des
élèves au troisième tour des admissions, par exemple,
Marie-Victorin, collège privé, collège qui ne
sélectionne pas.
Mme Blackburn: De toute façon, je pourrais vous expliquer
la mécanique.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Mme la
députée de Chicoutimi, s'il vous plaît!
Mme Dougherty: Deuxième chose, il y a 25
établissements privés subventionnés au collégial,
22 000 élèves pour lesquels les parents paient en moyenne 1000 $
par élève, soit 20 000 000 $. Comme nous le savons tous, les
parents
continuent de payer leurs taxes et leurs impôts, comme les autres.
C'est une contribution à la qualité de l'éducation du
Québec
Mme Blackburn: En Ontario, il paraît que la totalité
des frais de scolarité
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Madame, s il vous
plaît! S'il vous plaît! Mme la députée de
Jacques-Cartier, est-ce que vous pourriez conclure?
Mme Dougherty: Est-ce que je pourrais terminer? Est-ce que j'ai
le temps de poser une courte question?
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Je vais vous
permettre une question
Une voix: Vous êtes dur, M le Président!
Mme Dougherty: Je ne sais pas si cette question relève de
votre responsabilité, la Commission de I'évaluation. Je me
demande si on doit augmenter I'mputabilité des collèges
malgré leur insistance pour plus d'autonomie. Si la réponse est
oui, j'ai toujours pensé que la composition des conseils
d'administration des collèges était mal conçue et je me
demande si une des façons par laquelle on pourrait augmenter
I'imputabilité des collèges serait de reconcevoir la composition
des conseils d'administration. Je crois que tout le monde est d'accord sur le
fait qu'il y a toutes sortes de conflits d'intérêts qui diminuent
leur imputabilité à leur communauté. Est-ce que j'ai
raison ou tort?
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): M le
président du conseil je vous demanderais de répondre à
cette question
M. Morin: Nous sommes tout à fait d'accord, M le
Président, pour que l'imputabilité des collèges soit
encore beaucoup plus élevée ce qu'on appelle la reddition
publique de comptes. Pour aller dans ce sens, peut-être qu'une
révision des conseils d'administration. Cela n'a pas été
discuté au Conseil des collèges comme tel. Mais une chose nous
paraît assez certaine, il faut moins de règlements a priori, moins
de contrôles a priori et beaucoup plus de contrôles a posteriori.
Si vous faites tous les contrôles avant, si vous dites que vous allez
appliquer telle règle ou distribuer votre budget de telle et telle
façon, vous êtes simplement des gestionnaires de règlements
donnés a priori. Notre tendance de fond est d'essayer d établir
moins de contrôle au départ et beaucoup plus à la fin. II y
avait des contrôles et des règlements au début. II est
sûr qu'une seule invitation à la base c est d'essayer de
contourner, de dévier ou de s organiser pour que cela fonctionne
localement. Des choses qui sont faites pour I'ensemble
Le Président (M. Tremblay, Rimouski) Très bien
Mme Dougherty: Alors, peut être que je pourrais, au nom de
ma formation politique, vous remercier de votre présence ici, ainsi que
celle du Conseil des collèges, ce matin. Je ne sais pas si vos membres
vont rester pour une autre discus sion demain mais, à vous tous,
j'aimerais vous remercier infiniment pour cette discussion très
privilégiée, aujourdhui. Personnellement, jen ai grandement
profité Merci
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Madame, vous voulez
conclure, je vais vous donner cette permission. Très brièvement,
madame
Mme Blackburn: Alors, je me joins aux propos de la
députée de Jacques Cartier pour vous remercier de votre
présence ici et formuler le voeu que le poste à la
présidence de la Commission de I'évaluation soit comblé
dans les meilleurs délais de manière à permettre à
la commission d'entreprendre cette deuxième phase de son mandat, c'est
à dire I'examen de la mise en oeuvre des politiques d'évaluation
dans les collèges Je vous remercie et à demain, je
I'espère
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): M le
président du Conseil des collèges M Mono, Mme Simard et les
autres, mesdames et messieurs qui sont ici, je vous remercie de votre
présence. Cela a été très enrichissant pour la
commission
Nous ajournons à demain matin 10 heures, ou I'on entendra la
Commission de I'enseignement professionnel. Je vous remercie
(Fin de la séance à 18 h 2)