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Commission permanente de l'Education,
des Affaires culturelles et des Communications
Etude des crédits du Ministère de
l'Education
Séance du mardi 23 mai 1972
(Seize heures quarante-cinq minutes)
M. PILOTE (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A l'ordre,
messieurs!
Avant de commencer la séance, je voudrais vous mentionner que je
ne suis plus membre de la commission de l'éducation, j'en suis
président. Deuxièmement, M. Mark Assad sera le rapporteur
officiel de la commission de l'éducation, des affaires culturelles et
des communications.
M. CARDINAL: Agréé.
M. LE PRESIDENT: La parole est au ministre de l'Education.
Politique générale du ministère de l'Education
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, au moment d'aborder dans
les détails l'étude des crédits du ministère de
l'Education pour l'année 1972/73, je tiens à effectuer rapidement
un retour sur un passé relativement récent, mais chargé de
significations pour l'ensemble du Québec, de ce ministère dont
j'assume depuis peu la responsabilité.
Je voudrais, dans ce contexte, rappeler les apports majeurs des hommes
qui se sont succédé à la conduite de ce ministère
et qui ont contribué à lui donner une stature à la mesure
des défis que le Québec entend relever.
M. Paul Gérin-Lajoie a été le premier animateur de
cette entreprise fondamentale et déterminante pour le devenir collectif
du Québec. Il a lancé et soutenu un mouvement qui, malgré
tous les remous qu'il a rendus nécessaires, a contribué à
doter le Québec d'un instrument essentiel à la prise en charge de
son développement et à l'aménagement de ses
finalités.
Au-delà de toute considération partisane et convaincu de
la logique et du bien-fondé des choix politiques qui avaient
présidé à l'enclenchement d'une opération
essentielle à la promotion de la collectivité
québécoise, M. Jean-Jacques Bertrand a poursuivi le travail
amorcé, de même qu'il a ajouté une pièce
maîtresse à cette réforme et l'un de ses
éléments le plus original et significatif, par la création
des collèges d'enseignement général et professionnel.
M. Jean-Guy Cardinal, qui s'est notamment signalé par la
résistance la plus soutenue en qualité de ministre de
l'Education, il est resté plus de trente mois, ce qui constitue le
record absolu.
M. CARDINAL: J'espère que ce n'est pas la seule
qualité!
M. CLOUTIER (Ahuntsic) : II a apporté une participation
importante à l'édification de cette entreprise d'envergure, par
la mise sur pied de l'Université du Québec et du Conseil des
universités, par la conduite de la législation relative à
l'enseignement privé.
A la direction du ministère de l'Education pendant une
période de vingt mois, mon prédécesseur immédiat,
M. Guy Saint-Pierre, a su y imprimer la marque de son originalité et de
son efficacité. Dans un souci de rationalisation et d'accroissement de
l'efficacité du système, il a pris l'initiative de la
présentation de la loi 27 sur le regroupement des commissions scolaires
et a mis de l'avant un certain nombre de politiques concernant la gestion
administrative et financière des instances décentralisées.
Il s'est particulièrement préoccupé de doter
l'école de dimensions nouvelles, susceptibles de favoriser son ouverture
à la collectivité. Il a contribué à susciter au
sein des fonctionnaires du ministère un esprit de collaboration et un
sens de l'équipe dont je suis le premier à
bénéficier, et pour lesquels je ne saurais trop le remercier.
Enfin, il m'apparaît globalement que tous les hommes qui se sont
succédé à la direction de ce ministère ont
réussi, tout en y imprimant leur marque personnelle, à situer
leurs actions dans une perspective de cohérence et de continuité,
par rapport aux données du projet initial. C'est là, je crois, le
plus bel hommage qu'on puisse leur rendre.
Mon affectation au titre de ministre de l'Education est relativement
récente. Il m'a été possible d'apprécier et de
mesurer l'ampleur et la complexité de la tâche qui m'y attendait.
Il serait inutile et illusoire de ma part de vouloir faire croire que j'ai pu,
selon le même rythme, prendre connaissance, intégrer et me former
une opinion définitive sur l'ensemble des dossiers de l'Education. Dans
un souci de m'inscrire à mon tour dans une perspective de
continuité par rapport aux grands objectifs de l'Education, je me suis
refusé aux déclarations fracassantes et j'ai
délibérément choisi de m'accorder une période
d'information, de recherche, de consultation et de réflexion.
J'ai d'abord entrepris, en relation avec le groupe des sous-ministres,
une série de rencontres avec les fonctionnaires concernés, dans
le but d'obtenir une vue globale des différentes opérations
conduites au sein du ministère.
Cette synthèse des programmes d'action se retrouve, à
toutes fins utiles, dans le rapport des activités du ministère de
l'Education pour l'année 1971, document dont vous avez
déjà reçu une copie et dont on vous en remettra une autre,
si par hasard, vous ne l'avez pas, document qui pourra certainement nous
permettre
d'économiser beaucoup de temps sur le plan de la discussion des
crédits et peut-être nous amener à nous concentrer sur
certains points particuliers.
Parallèlement à cette première prise de
connaissance des dossiers en compagnie de l'équipe des fonctionnaires,
j'ai tenu à inscrire à mon programme une série de
rencontres avec les principaux organismes du monde de l'éducation. Au
nombre des quelque vingt-cinq groupements avec lesquels j'ai discuté
d'un aspect ou de l'autre de la conjoncture actuelle en éducation, qu'il
me suffise d'invoquer mes entretiens avec les deux organismes officiels de
consultation du ministère, le Conseil supérieur de
l'éducation et le Conseil des universités.
En plus d'un premier contact, ces rencontres, placées sous le
signe de l'échange et de la réflexion sur les questions
fondamentales, ont voulu témoigner d'une intention d'associer le plus
étroitement possible ces organismes à la chose éducative.
Ces entretiens, que je tiens à maintenir les plus fréquents
possible m'ont notamment permis d'explorer des positions et des options de
l'extérieur, sur un grand nombre de questions difficiles qui se posent
avec acuité dans le monde de l'éducation et qui appellent des
réponses à plus ou moins court terme, ainsi que de confronter ces
points de vue avec les recommandations qui me sont acheminées par mes
fonctionnaires, dans le but d'explorer des options de solution et de mieux
apprécier celle de ces solutions qui correspond, de la façon la
plus adéquate, aux besoins et aux priorités du Québec.
Ces entretiens, juxtaposés aux réunions avec les
fonctionnaires, m'ont permis en outre d'identifier un certain nombre de
dossiers que j'ai tenu à considérer de plus près, soit en
raison de leur pertinence au contexte actuel, soit en raison des implications
auxquelles ils prêteront lieu ou des situations de conflit que pourrait
déclencher leur mise en application. Des sessions intensives de travail
ont donc été organisées avec les fonctionnaires
directement impliqués, concernant l'humanisation de l'école et
son ouverture à la vie de la collectivité, la langue
d'enseignement, le règlement no 7, le programme Multi-Media, les
négociations en vue du renouvellement des conventions collectives dans
le secteur scolaire, les questions relatives à la jeunesse, aux loisirs
et au sport, de même que l'important dossier de la restructuration
scolaire de l'île de Montréal.
Il est évident qu'il m'a été impossible, en un
temps aussi court et restreint encore par les événements
récents survenus au sein du secteur public, de m'arrêter à
des positions définitives et d'engager chacun de ces dossiers dans des
orientations complètement nouvelles. Mon attitude générale
consiste à poursuivre le développement des politiques
amorcées au cours des deux dernières années dans le
domaine de l'éducation. Cette position, qui désamorce toute
intention de bouleversement radical, m'est d'autant plus facile à
adopter que les politiques de mon prédécesseur s'incrivent dans
la perspective de cohérence dont j'ai fait état plus tôt et
correspondent globalement, à quelques modalités près, aux
préoccupations que j'entretiens à l'endroit de la poursuite de ce
projet collectif.
Ces sessions de travail avec l'équipe des fonctionnaires et ces
périodes de consultation avec les organismes représentatifs du
milieu m'ont, par ailleurs, confirmé dans le choix de quelques secteurs
qu'il importait de déterminer et de faire connaître à la
population et à la solution desquels il me paraît
nécessaire de s'attaquer de façon prioritaire, au cours de
l'exercice de ce mandat.
Ces trois secteurs, définis comme prioritaires concernent
l'humanisation de l'enseignement et de l'école, la langue d'enseignement
et la restructuration scolaire de l'île de Montréal.
Je souhaiterais également prendre les mesures nécessaires
pour entamer un dialogue plus direct avec les enseignants qui me paraissent
trop souvent coupés des préoccupations du ministère. Il
m'est évidemment impossible, à ce stade, de faire état des
mesures et des aménagements particuliers auxquels conduiront les travaux
entrepris dans l'une ou l'autre de ces directions. De la même
façon et vous le comprendrez il me semble
prématuré de fournir des indications précises et valables
au sujet de mes intentions, relativement au dossier de la législation en
éducation. Je puis tout au plus vous indiquer qu'en ce qui concerne le
ministère de l'Education, les questions du financement des commissions
scolaires, du secteur scolaire de Montréal et de la langue
d'enseignement constituent des dossiers ouverts et actifs.
Comme vous n'avez certainement éprouvé aucune
difficulté à le percevoir, les problèmes sont loin
d'être définitivement résolus dans le domaine de
l'éducation et il est indéniable que la conjoncture actuelle
s'accommoderait avec bonheur d'un certain nombre de propositions
réalistes et concordantes avec les objectifs fondamentaux
déterminés en éducation. Dans cette optique, je voudrais
vous associer étroitement par le biais de l'étude des
crédits aux réflexions que poursuit l'équipe de direction
du ministère de l'Education. Ces réflexions fondamentales, ces
interrogations sur l'avenir s'avèrent essentielles et
déterminantes sous plusieurs chefs. D'abord parce que l'éducation
constitue encore l'un des secteurs clés du développement du
Québec et de la promotion collective de sa population, ensuite parce que
l'ampleur des investissements en cause commande une haute teneur des
débats que vous avez toujours su respecter, messieurs, dans le
passé.
Le budget brut du ministère de l'Education s'établit pour
l'année 72/73 à $1,425,000,000. Cette somme compte pour 28.5 p.c.
de l'ensemble des crédits prévus par le gouvernement du
Québec, alors que ce pourcentage se situait à 31.4 p.c. en 71/72.
Malgré un taux de croissance relativement peu élevé de 7.6
p.c. par rap-
port à 10 p.c. l'année dernière, le
ministère de l'Education compte respecter ses obligations envers les
réseaux d'enseignement. J'ai déjà fait état
à l'occasion du dépôt des documents pertinents à
l'Assemblée nationale des sommes qui seront allouées aux
commissions scolaires et aux universités, ces dernières
s'étant déclaré en général satisfaites des
décisions prises par le ministère après consultation avec
le Conseil des universités. Il entend également maintenir
à son niveau actuel et si possible augmenter la qualité des
services qui seront mis à la disposition des instances
décentralisées. Les principales augmentations inscrites à
l'actuelle demande de crédits du ministère se situent au niveau
des subventions de fonctionnement et pour le service de la dette des
commissions scolaires, augmentation de $16 millions. Les subventions de
fonctionnement et pour le service de la dette des collèges
d'enseignement général et professionnel, augmentation de $32
millions. Les subventions de fonctionnement et pour le service de la dette des
établissements universitaires qui connaissent une injection de $30
millions additionnels. On retrouve donc dans ces trois secteurs un
accroissement de $78 millions alors que l'augmentation globale des
crédits du ministère pour l'année 72/73 se situe à
$88 millions.
Avec le concours de mes principaux collaborateurs du ministère de
l'Education auxquels vous aurez d'ailleurs, si vous le souhaitez, le loisir de
poser certaines questions, je tenterai de fournir de façon plus
détaillée les indications sur l'affectation des sommes qui seront
consacrées à l'expansion des réseaux d'enseignement ainsi
que sur les sommes qui permettront au ministère de poursuivre ses
différents programmes d'action.
M. le Président, je vous remercie et je propose que nous
abordions le premier article du ministère de l'Education.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bagot.
M. CARDINAL: M. le Président, avant de commenter ce que vient de
nous dire le ministre, je me permets de prendre son dernier paragraphe
où il nous propose, selon ses termes, d'aborder immédiatement le
premier article du ministère de l'Education. J'accepte cette suggestion
à la condition que l'étude du premier article, Administration,
nous permette de poser le même geste que le ministre et de pouvoir faire
un exposé qui, de notre part, du côté de l'Opposition, est
nécessairement un exposé à la fois interrogatif et parfois
critique. Je désirerais, M. le Président, avec votre accord, tout
d'abord remercier le ministre d'avoir fait, pour employer un terme que les
moyens d'information utilisent souvent, particulièrement à la
télévision, le générique du ministère de
l'Education, sinon la genèse et d'avoir rappelé l'existence de
ses prédécesseurs qui ont eu divers avatars, au sens
français du terme, et non pas au sens péjoratif qui est souvent
employé.
Le ministre a abordé plusieurs sujets et je reprends au moins,
immédiatement, six de ces sujets sous forme d'interrogation.
Le premier qu'il a lui-même abordé lorsqu'il a
commencé à parler de la substance même des politiques du
ministère est celui du projet de loi no 27. Nous avons longuement
discuté de ce projet de loi no 27. Le gouvernement, alors, a
accepté un certain nombre de suggestions venant de l'Opposition
officielle et d'autres oppositions. Mais, nous n'avons pas eu, depuis
l'occasion d'avoir un exposé du responsable du ministère de
l'Education sur la mise en oeuvre, sur l'application, sur les étapes
déjà franchies et à franchir de ce projet de loi devenu
maintenant loi dans nos statuts, tel que, malheureusement, on les
désigne.
A ce sujet, je ne le ferai certainement pas aujourd'hui je
ferai sortir une nombreuse correspondance venant de diverses commissions
scolaires qui s'adresse non seulement au ministre, mais parfois aux critiques
de l'Opposition, au sujet de la loi 27. Je comprends que le ministre, tout
récemment, la semaine dernière, a fait une déclaration
ministérielle au sujet du règlement no 7 dont nous parlerons plus
tard; mais, à ma connaissance, il n'a jamais fait un exposé qui
nous permette de saisir véritablement, sur tout le territoire du
Québec, sauf le grand Montréal, ce qui est arrivé de cette
loi 27 qui, à notre esprit, aurait dû être
précédée par le projet de loi no 28, le défunt
projet de loi no 62.
C'est la première question que je pose au ministre. Elle est
posée d'une façon tout à fait objective, sans
arrière-pensée, dans un désir d'information pour les
membres de cette commission, et éventuellement l'Assemblée
nationale, et pour la population auprès de laquelle le gouvernement est
responsable; et le ministre de l'Education est plus directement responsable
encore.
Je comprends que ce projet de loi a pu susciter, au sein des
fonctionnaires du ministère, un esprit de collaboration, un sens de
l'équipe, etc. Le ministre y revient plus tard dans son texte; je
reconnais qu'il a fonctionné, depuis qu'il est à son nouveau
poste, avec ses précieux collaborateurs, que je salue en passant comme
d'ex-collaborateurs ce qui, à ce moment-là, n'a aucune
référence à l'âge! que certains, à
l'occasion, aiment beaucoup critiquer, n'ayant pas vécu dans le milieu
à quelque poste que ce soit. Souvent, ils n'ont pas la tâche
facile, surtout ces jours-ci, et ils peuvent être facilement des boucs
émissaires. Mon but n'est donc pas...
Le ministre a ouvert une parenthèse, à un moment
donné, en soulignant que depuis deux ans les débats qui ont
entouré l'étude des crédits du ministère de
l'Education se sont déroulés dans une atmosphère
remarquable. Même en 1970, on a souligné que c'était un
des
plus intéressants débats que l'Assemblée nationale
avait connu depuis plusieurs années. Heureusement, parce qu'il y a eu
des périodes où nous nous sommes plus occupés de
vétilles et de politicaillerie que des politiques du ministère de
l'Education qui, encore, malgré l'importance que l'on apporte à
l'économique aujourd'hui, a un rôle certainement très
important à jouer pour la population du Québec.
Donc, première question que le ministre pourrait noter et par
laquelle, dans sa réplique parce que j'espère qu'il y aura
une réplique, après que les autres partis de l'Opposition se
seront exprimés il pourrait davantage nous informer, parce que,
en fait, nous avons très peu de renseignements, si ce ne sont les
instances locales qui, le plus souvent, écrivent lorsqu'elles ont
à se plaindre plutôt que lorsqu'elles ont à
féliciter.
Le deuxième sujet, M. le Président, est encore
peut-être plus litigieux. Si nous examinons ce que nous appelons, dans le
jargon de l'Assemblée nationale, le feuilleton, ou l'ordre du jour, nous
constatons que le projet de loi 28 a été ressuscité, en ce
sens qu'il y était encore inscrit.
Le ministre nous a laissé entendre qu'à plusieurs
questions, il ne pourrait pas donner de réponse définitive. Mais,
sans pouvoir donner de réponse définitive, le ministre est non
seulement responsable d'un ministère qui a $1,425,000,000 à sa
disposition, mais aussi un membre du cabinet et un responsable devant la
population du gouvernement, un membre du gouvernement qui parle au nom du
gouvernement et qui, par conséquent, devrait pouvoir nous transmettre
malgré le secret des délibérations ministérielles
les renseignements sur l'avenir de la restructuration scolaire de l'île
de Montréal qui, sous son prédécesseur, était
reportée à 1974 et qui maintenant, je le crains fort, ne soit
reportée aux calendes grecques et ceci sans vouloir imputer aucune
intention au ministre actuel de l'Education.
Ce projet de loi 28 nous oblige, M. le Président, à ne pas
oublier une question qui devient de plus en plus importante au Québec.
Lors des discussions au sujet du projet de loi 28 qui a avorté, les
partis d'Opposition ont demandé de façon différente et
avec des modalités qui leur étaient particulières le
rappel et ceci était clair et précis du projet de
loi 63. Ma question n'est donc pas aussi simple que: Est-ce que le gouvernement
a l'intention de rappeler le projet de loi 63? On nous avait dit à ce
moment-là en mars dernier: II y aura un premier rapport de la commission
Gendron et dans les semaines qui suivront nous pourrons par conséquent
agir. Il y avait même eu une proposition, par un autre parti de
l'Opposition, pour modifier deux articles du projet de loi 28 et, d'une
certaine façon, rappeler mais seulement en 1974, à cause des
autres articles de la loi, la loi 63. Mais là n'est pas le fond de la
question, ce n'est pas le numéro d'une loi ni les incidents qui l'ont
entourée qui sont importants. La question véritable est celle-ci:
Quand le ministre ou le gouvernement fera-t-il connaître sa politique de
la langue? Est-ce qu'on devra s'adresser à chacune des commissions
parlementaires, commission sur l'éducation, commission sur les affaires
culturelles, commission sur l'immigration, commission sur le travail et la
main-d'oeuvre, commission sur les communications, etc., pour connaître
cette politique et la connaître par morceaux? Je ne demanderai pas au
ministre en tant que ministre de l'Education de nous faire connaître
cette politique du gouvernement, je demande simplement quand le gouvernement
nous la fera connaître. Quant à lui, M. le Président, le
ministre de l'Education, il devrait être en mesure quand même de
nous poser des jalons ou de nous donner des indications plus précises
sur ce qui se fait présentement et en vue de quoi, au ministère
de l'Education, quant à la politique de la langue en matière
d'enseignement. Au moment même où une requête circule sur
tout le territoire du Québec et recueille des milliers de signatures, au
moment où les groupes s'affairent à présenter au
gouvernement des demandes précises, après avoir
suggéré d'ailleurs un projet de loi que je ne critiquerai pas ici
aujourd'hui, est-ce que le ministère de l'Education, pendant ce temps,
sans attendre le rapport de la commission Gendron, travaille, puisque non
seulement il doit être un ministère qui s'occupe d'administration,
le ministère qui s'occupe de pédagogie et qui s'occupe
d'éducation nationale, nom d'ailleurs qu'il aurait dû porter comme
l'Assemblée dont le ministre est membre?
Quatrième question, M. le Président, le règlement
no 7.
Tout récemment encore, je le disais il y a quelques instants, le
ministre s'est dit lui-même satisfait des amendements qu'il a
apportés par un décret, à la suite d'une consultation
auprès du Conseil supérieur de l'éducation. Il est
à noter qu'aucun des trois partis de l'Opposition n'a exprimé la
même vive satisfaction que le ministre, tout en admettant qu'il y avait
cependant progrès on pourrait retourner au journal des
Débats pour voir ce qui a été dit mais que ce
progrès laissait de côté des points majeurs tels que le
rapport maître-élèves, les relations entre la
négociation et l'application de ce règlement 7 modifié,
tels que la sécurité d'emploi des enseignants, tels que le
rôle des enseignants dans l'application du règlement 7
amendé.
Voici ma cinquième question, M. le Président. Ne craignez
pas, je ne dépasserai pas le temps qui m'est normalement alloué
et je ne me rendrai pas à la centième question, même si
j'en avais 1000 à poser. Le ministre n'a pas esquivé le sujet
mais l'a mentionné, sans résoudre le problème,
qu'arrive-t-il de Multi-Media qui a été lancé à
fort renfort je m'excuse de l'allitération de
publicité dont on n'entend plus ou moins parler? A ce moment-là,
le ministre, qui
était le député de Verchères, avait
été la cible de nombreuses questions, lors de l'étude des
crédits budgétaires, l'année dernière, et de
critiques, par la suite.
Présentement, nous, de l'extérieur, sauf l'allusion faite
par le ministre tantôt et je le remercie du courage qu'il a
d'aller devant des coups et puisque presque pour tous les sujets que je
viens d'aborder, il l'avait fait lui-même auparavant, nous nous demandons
ce qui arrivera de Multi-Media? Est-ce que Multi-Media devra être, comme
certains autres projets de loi, alors que ce n'est pas un projet de loi, mais
un projet purement interne et qui doit faire participer la population,
être modifié avant même que d'être mis vraiment en
opération?
La sixième question, le ministre l'a aussi abordée. Il
existe un Conseil des universités. Or, le ministre s'est permis
et je lui en sais gré de parler du temps où j'étais
au ministère. J'avais, en arrivant au ministère, en 1967, promis
que le Conseil des universités et que l'Université du
Québec seraient créés et qu'ils le seraient avant 1970, ce
qui est vraiment arrivé. Il y a eu des difficultés dans la
création,dans la mise en place de ces deux organismes. C'était
normal, ce n'était pas facile, et je ne ferai pas de reproches à
ceux qui, parfois, ont mis des bâtons dans les roues. Aujourd'hui, ces
structures existent. Le ministre a fait une analyse rapide de l'historique du
ministère, jusqu'en 1970. A compter de 1964, si je ne me trompe, ce sont
surtout des structures qui ont été établies et qui se sont
peu à peu complétées, jusqu'au niveau universitaire
inclusivement. La loi 27 est venue, hors de tout doute, donner juridiction au
niveau de la maternelle, si bien que le ministère couvre aujourd'hui
tout le champ de l'éducation à tous les niveaux. Mais le Conseil
supérieur de l'éducation a dans ses droits celui de faire des
recommandations au ministre, qui a dans ses droits celui de les critiquer, de
les retourner devant le conseil qui, à son tour, peut revenir devant le
ministre qui, lui, enfin, fera rapport au conseil des ministres qui prend la
décision dans les cadres du budget du Québec.
Est-ce que le Conseil des universités je sais que le
ministre ne peut pas parler au nom du Conseil des universités, mais dans
ses relations avec le ministère peut laisser croire, d'une
façon très précise, qu'une véritable politique de
subventions au niveau de l'enseignement supérieur est en train de
s'établir?
C'est une vieille question qui existait même avant que le
ministère n'existe, qui a commencé à se décortiquer
au moment de la création des comités ad hoc, les uns pour les
subventions d'investissement et les autres pour les subventions de
fonctionnement lesquels ont été remplacés par le conseil
des universités mais qui, chaque année, a donné lieu
à de nombreuses critiques puisqu'à l'origine, ces subventions
étaient vraiment des subventions semblables à celles qu'on donne
à la majorité des commission scolaires, c'est-à-dire des
subventions d'équilibre budgétaire beaucoup plus que des
subventions d'autres natures, per capita ou même si, l'on pouvait ainsi
s'exprimer, per programme.
Une autre question ce sera la dernière de ces grandes
questions qu'arrive-t-il d'un autre moyen dont le ministère peut
et doit se servir et qui pour le moment semble silencieux, savoir
Radio-Québec? Appartient-il aux communications, appartient-il à
l'éducation, l'éducation n'en est-il que l'un des clients, est-ce
que tout ceci se place dans le cadre de la politique d'information du
Québec ou si l'on veut faire de Radio-Québec, qui a une
très longue histoire, puisque Radio-Québec vient d'une loi qui a
été votée dans les années 40, qui a
été mise en vigueur en 1968, qui est entré en fonction en
1969,par conséquent ce n'est pas d'aujourd'hui qu'on peut parler de
Radio-Québec, est-ce que Radio-Québec est un instrument pour le
Québec qui, s'il est restreint tout particulièrement à
l'éducation, lui permettra d'oeuvrer entièrement dans ce domaine,
sans s'embarrasser dans des questions constitutionnelles, puisque le
fédéral, par définition même de notre BNA Act n'a
rien à y faire malgré les Territoires du Nord-Ouest et
l'éducation aux soldats?
M. le Président, ces questions, dont la majorité a
été évoquée par le ministre, nous paraissent fort
importantes et demandent des réponses aussi précises que
possible. Ce ne sont pas des questions pièges, ce ne sont pas des
questions qui cherchent à amener un vote de blâme envers un
ministre, un ministère ou un gouvernement. Ce sont des questions que
l'Opposition, que l'Assemblée nationale, que la population, non
seulement ont le droit de se poser, mais doivent poser au ministre de
l'Education. Nombreuses sont les critiques à l'extérieur de cette
auguste assemblée, particulièrement de cette salle rouge qui me
rappelle d'autres souvenirs que ceux du ministère de l'Education,
beaucoup de questions sont posées, beaucoup de critiques sont faites,
les questions sont toujours fondées, les critiques ne le sont pas
toujours, seul le ministre peut, s'il le désire défaire ce noeud
gordien ou élucider cet imbroglio.
S'il se tait, année après année, lors du
débat sur les crédits de l'éducation, que ces
débats se fassent à l'Assemblée nationale comme en 1970,
ou en commission parlementaire comme depuis les deux dernières fois,
c'est le même résultat. Nous avons l'impression, après
avoir parlé pendant quelques heures à l'occasion de l'article 1
qui est habituellement suspendu au cas où il se produirait quelque chose
pendant les débats, de revenir à l'Assemblée, de tout
oublier et de reprendre jour après jour, pendant les sessions et pendant
la période des questions, les mêmes questions au gouvernement et
au ministre de l'Education. Ces questions ne sont pas nouvelles, les gestes ont
été posés, d'accord, la loi 27 a été
adoptée, d'accord, mais du reste, qu'en est-il?
Le ministre nous dit qu'il a pris connaissance des dossiers en compagnie
de l'équipe des fonctionnaires et qu'il a tenu à rencontrer tous
les groupements qui se rattachent à l'éducation, au
ministère.
Ceci est normal et on ne peut que l'en louer. Cependant, je rappelle
que, l'an passé, on interrogait son prédécesseur sur le
rôle du Conseil supérieur de l'éducation vis-à-vis
du ministère, et vice versa. Je reprends cette question, cette
année. Est-ce que nous aurons la même réponse que l'an
passé, ou que cet après-midi; c'est-à-dire un autre
ministre qui nous a répondu: c'est sous étude?
Le gouvernement actuel est au moins au milieu de sa course il y a
au moins deux ans qu'il a été élu et je ne parle
pas d'essoufflement ou d'autre chose. Les gens peuvent faire, à
Québec, du "jugging" ou de l'aérobique, pour se tenir en forme,
le premier ministre aussi, mais je ne sais pas si le gouvernement a cette
chance de se tenir en forme et de ne pas s'essouffler.
Après deux ans de cette course qui est parfois assez
épuisante, pour les ministres et les fonctionnaires, je pense que nous
sommes en droit d'avoir des réponses, plutôt que des affirmations
à l'effet que, le ministre étant nouveau et ceci, il n'a
pas à en être blâmé personnellement il lui
parait, et j'emploie ses termes, il me corrigera si je me trompe ou si je le
trahis, il lui parait prématuré de nous informer de certaines
politiques. M. le Président, ma question primordiale, essentielle est
celle-ci: Qu'en est-il aujourd'hui, au mois de mai 1972, du ministère de
l'Education?
Nous de l'extérieur, nous avons l'impression qu'il a
profondément changé. C'est normal. Comme toute institution, c'est
normal qu'il change et que son rôle change. Des lois nouvelles ont
été apportées au cours de ses sept ans d'existence; des
décrets ont été apportés en huit ans d'existence,
vous avez raison, j'ai célébré le cinquième
anniversaire. Mais aujourd'hui, je m'interroge vraiment sur le rôle que
le gouvernement veut donner au ministère de l'Education. Le
ministère va-t-il devenir un instrument uniquement utile à
établir des normes? Le ministère, à cause de la
présence de la fonction publique, va-t-il être absent,
malgré l'affirmation du ministre de rencontrer les enseignants, de cette
relation de négociation vis-à-vis des enseignants? Le
ministère va-t-il être absent, à cause de l'idée de
décentralisation, de la pédagogie à tous les niveaux? Le
ministère, qui veut humaniser l'école
généralisons, humaniser le monde étudiant, fût-il
promis l'année dernièrea affirmé, avec le ministre
qui a précédé celui qui vient de nous parler, que
c'était un monde qui était hors de ce monde, et qu'il fallait y
pénétrer. Le ministère, donc, a-t-il l'intention d'avoir
purement un rôle d'administrateur de deniers qui s'élèvent
à $1,500,000,000 près, ou avant tout le rôle d'un animateur
en éducation, rôle qui, d'accord, appartient aux parents,
rôle qui, d'accord, appartient aux enseignants mais rôle qui est
pour ce ministère une fonction sociale beaucoup plus qu'une fonction
normative, une fonction, disons directive, si le terme est français,
sinon, qu'on appelle cela un néologisme?
Le ministère, en 1972, après le travail qu'il a accompli,
sous divers responsables et sous divers gouvernements, s'est-il enfin
découvert une fonction sociale, j'ose le dire, une vocation sociale, une
vocation nationale pour tous les points que j'ai rappelés au ministre et
tout particulièrement en matière, non seulement dans
l'enseignement de la langue, l'enseignement du français, mais en
matière d'une politique de langue, une politique d'éducation dans
tous les domaines dont le ministre a parlé et de tous ceux dont nous
aurons à parler, au cours de l'étude des postes et des articles
de ce budget important.
M. le Président, le ministre aura le droit de réplique,
comme je le soulignais tantôt. Je souhaite que dans sa réplique,
il fasse comme dans son exposé et qu'il aille aussi loin qu'il lui est
possible de le faire. Comme nous ne terminerons pas, évidemment,
à six heures ce soir, l'étude des crédits du budget de ce
ministère, on voudrait bien il ne faut quand même pas
s'imaginer des choses que le ministre, dans les nuits qui vont
accompagner ces journées d'étude, puisse réfléchir
et décider ses collègues à nous apporter des
réponses, plutôt que nous dire que tout est sous étude. Il
est évident que le ministère de l'Education étudie et avec
ces quelque deux cents commissions d'étude, quand je suis arrivé
au ministère non, M. le sous-ministre pourrait peut-être me
corriger c'est peut-être 300. Enfin, je ne sais pas combien, mais
il y en avait.
Pour être sérieux, M. le Président, et pour vraiment
déterminer ce qui est important, quel sera, par tous ces organismes qui
sont en orbite autour du ministère et par le ministère
lui-même, son rôle au Québec? Je répète la
question pour qu'elle soit simple et précise. Le ministère
s'est-il enfin découvert une fonction sociale?
Merci, M. le Président.
M. BROCHU: M. le Président, au nom de mon groupement politique,
j'aimerais également faire un bref commentaire suite à
l'allocution qu'a prononcée le ministre, tout à l'heure. Le
ministre a situé ses déclarations dans un contexte historique du
ministère de l'Education et de l'évolution de l'éducation
au Québec. L'histoire de l'éducation, chez nous, à mon
sens, est encore très jeune, mais déjà fort
chargée. D y a eu énormément de transformations rapides,
qui se sont effectuées et qui, parfois, ont été radicales.
Certaines furent louables; par contre d'autres ont laissé lieu et
laissent encore lieu à de sérieuses questions. Nous avons
passé par l'Opération 55, nous avons connu le bill 27 qui laisse
encore présager
de grandes difficultés et donne lieu à de grandes
controverses aussi, même à l'heure actuelle, au niveau de la
province de Québec. A ce moment-là, nous avions
déploré qu'il n'y avait peut-être pas suffisamment de
recherches qui avaient été faites, en milieux
éducationnels, au niveau d'autres nations, d'autres pays, pour
considérer les résultats obtenus avec des méthodes
similaires, afin d'être capables de doter le Québec de
transformations qui étaient peut-être souhaitables, mais dans un
sens vraiment de chez nous, un sens qui aurait pu aboutir, je pense, à
une structure plus malléable, à une structure qui réponde
plus aux besoins d'un Québec moderne. Nous allons connaître
bientôt les débats au sujet du bill 28, puisqu'il est resté
inscrit au feuilleton de l'Assemblée nationale. H semble, à ce
moment-ci, M. le Président, que le ministre ne soit pas prêt
à reconsidérer ce complexe j'ai bien hâte de voir
quelles transformations pourraient être apportées à ce
moment-ci lorsque le bill 28 sera présenté à
nouveau devant la Chambre.
On a parlé, depuis quelques années surtout, d'humaniser
vraiment l'éducation. Je pense qu'il nous faudra, de ce
côté-là, dépasser les mots pour rejoindre les faits
et les réalités qu'on veut atteindre.
Je pense qu'il nous faudra, pour y arriver, accentuer vraiment les
relations humaines à l'intérieur de l'école. On parle de
relations en attaquant les structures, on parle de relations à
différents paliers, même au niveau du ministère de
l'Education. Par contre, je pense qu'il nous faudra aller jusqu'à la
base pour vraiment atteindre cet objectif. Et comme moyen, nous croyons que
nous devons absolument considérer les éducateurs, d'abord comme
des collaborateurs en éducation et non pas strictement comme des
fonctionnaires. Nous croyons également que comme moyen d'atteindre cette
humanisation de l'école, il nous faille peut-être cesser ou
diminuer de mettre l'accent plus sur les structures ou sur les bâtisses
que sur la formation d'individus comme telle. A titre d'exemple, on pourrait
peut-être donner les transformations qui s'opèrent
présentement au niveau des religions où, à un certain
moment, on a mis l'accent sur les bâtisses, sur les structures, sans
considérer les humains qui avaient à vivre à
l'intérieur ou sans considérer le pourquoi de l'existence de ces
sectes religieuses.
Nous croyons également, M. le Président, qu'il nous
faille, pour atteindre vraiment une humanisation en profondeur de
l'éducation, une humanisation qui rejoigne vraiment l'individu dans sa
formation, reconsidérer toutes les questions de rapport
maître-élèves dans nos institutions. Le ministère de
l'Education est peut-être actuellement celui qui est le plus
discuté, qui est le plus controversé à certains moments,
non sans raison, parce que nous considérons qu'il est quand même
la base de l'évolution de toute une civilisation. Sur lui reposent le
devenir d'une nation, l'orientation, même, en dernier ressort, sur le
plan économique, sur le plan industriel et autres, puisqu'il est le
point de départ de toute une évolution.
H existe, à notre sens, un problème sérieux au
niveau du ministère de l'Education, c'est que tous, y compris le
ministre, ont des responsabilités mais, peut-être, très peu
ont un pouvoir. Et on se retrouve face à une structure où les
centres de décision sont peut-être morcelés, où les
possibilités de consultation s'en trouvent peut-être affaiblies,
face à une structure qui se veut malléable, face à une
structure qui se veut évolutive, mais face à une structure qui
est peut-être un peu victime d'elle-même, parce que tout le monde a
des responsabilités et à peu près personne n'a de pouvoir
réel.
A notre sens, il y aurait lieu de rapprocher les centres de
décision des centres d'exécution dans l'éducation. Et, en
ce sens, d'une façon plus générale, nous, du Ralliement
créditiste, nous aimerions qu'il y ait création véritable
d'une technologie vraiment québécoise. Le gouvernement provincial
a déjà reconnu l'importance du développement industriel
versus l'éducation, en créant un centre de recherche
industrielle. Je cite ici un ancien ministre de l'Industrie et du Commerce, M.
Jean-Paul Beaudry, qui disait ceci: "Si nous voulons que l'enseignement que les
jeunes reçoivent actuellement leur serve, il faut leur ouvrir des
débouchés à tous les niveaux d'emplois. Et l'une des
façons de le faire, sinon la seule, est de créer une technologie
vraiment québécoise. Seule la recherche nous permettra de
développer une technologie originale qui nous donnera la
possibilité de fabriquer des produits conçus chez nous pour un
marché défini à J'avance. Fabriquer sans licence, c'est
bien, mais le marché des produits ainsi fabriqués est toujours
limité. Avec nos techniques, nos inventions et nos produits, nous
pourrons sortir du marché intérieur pour aller à la
conquête des marchés du monde. Il y a une foule de secteurs
où nous sommes forts ou devrions l'être. La fabrication du papier,
par exemple, est un secteur où nous pourrions facilement, avec un effort
sérieux de recherche, faire avancer davantage les techniques".
Il ne s'agit donc pas uniquement de former des compétences, mais
aussi et surtout, parallèlement, de préparer les champs
d'activité de ces citoyens qui pourraient alors être de vrais
actifs pour leur société.
Nous aimerions également, afin de favoriser cette
évolution de notre système d'éducation, que les montants
des subventions qui sont versées aux commissions scolaires ou aux
institutions, pour l'instruction ou l'éducation strictement des
élèves, le soient sous forme d'allocations versées aux
familles, négociables uniquement à l'institution de leur choix.
Ce qui aurait pour effet d'établir une saine concurrence entre le
secteur public et le secteur privé et même entre les institutions
d'un même territoire qui pourraient se doter de vocations plus
particulières.
De plus, nous croyons qu'une telle formule donnerait une plus grande
autonomie de gestion aux commissions scolaires. Par ailleurs, M. le
Président, nous aimerions, en ce qui concerne la langue, que les
immigrants soient tenus de recevoir l'enseignement dans la langue de la
majorité.
Quant à nous, de notre groupe, nous avons attendu depuis
déjà plusieurs mois d'autres déclarations du ministre ou
des prises de position plus précises en matière linguistique
relativement à ce problème au niveau du Québec. Par
ailleurs, nous aimerions également qu'il y ait une plus grande
consultation avec les responsables des différents secteurs en
éducation et qu'ils soient considérés j'ai
effleuré le sujet tout à l'heure comme des collaborateurs
et qu'ils ne soient pas fonctionnarisés.
En ce sens et à ce point de vue, j'ai été
énormément surpris et déçu aussi je l'ai
d'ailleurs souligné au ministre que celui-ci soit absent de la
table de négociations parce que les incidences pédagogiques de
cette négociation sont sérieuses et impliquent quand même
passablement de choses importantes.
M. le Président, je limiterai mes remarques à ce moment-ci
à ces quelques points, quitte à revenir article par article. Mais
étant donné que nous avons, en éducation, un ministre tout
neuf, un ministre flambant neuf, comme diraient les gens de chez nous, je
souhaite vraiment que le ministère aussi connaisse une orientation toute
neuve qui réponde aux besoins et aux réalités d'un
Québec moderne et que le ministère de l'Education soit
véritablement le ministère de l'Education et non pas de
l'information, compte tenu des champs d'activité dans lesquels les
individus auront à évoluer par la suite.
M. le Président, je vous remercie, mes remarques se limitent
à ceci pour le moment.
M. LE PRESIDENT: Avant de céder la parole au député
de Saint-Jacques, je voudrais mentionner qu'il remplace M. Léger, de
Lafontaine. Si les membres de la commission sont d'accord... Il arrive assez
souvent qu'on est obligé de remplacer séance tenante un membre de
la commission par un autre membre, alors je ne voudrais pas faire de
passe-droit, j'accepte le député de Saint-Jacques.
M. CARDINAL: M. le Président, je suis d'autant plus d'accord que
moi-même, je l'ai dit au ministre, je devrai m'absenter; alors, je ne
peux pas m'opposer à une semblable mesure.
M. LE PRESIDENT: On vous fera remplacer par le député de
Chicoutimi.
M. CARDINAL: II est irremplaçable.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Jacques.
M. CHARRON: M. le Président, puisque vous avez donné le
ton, j'aimerais que mes premières remarques, même si ce n'est pas
mon accoutumance, pour employer ce beau mot québécois, soient
d'ordre de procédure.
Je m'attendais à voir le député de Bagot proposer
à cette commission comme il l'avait fait l'année dernière
et c'est une mesure dont il doit être encore partisan que
pour les travaux de la commission parlementaire de l'éducation, qui ont
toujours été parmi les plus respectables de l'Assemblée
nationale, la commission soit en quelque sorte souveraine de ses heures de
session. Après avoir entendu les quatre partis, je pense que,
l'année dernière, tout avait très bien fonctionné
et à une vitesse record. Si les quatre partis sont d'accord, je ne vois
pas pourquoi, au moment où nous choisirions d'ajourner, que nous soyons
tenus de suivre l'horaire des autres ou le contraire peut aussi arriver
que nous choisissions de continuer pour terminer l'étude d'un
article.
M. CARDINAL: M. le Président, je n'ai pas osé relever la
question au début de cette séance pour ne pas évoquer des
conversations privées qui ont eu lieu la semaine dernière. Dans
le passé, il est exact qu'à chacune de ces premières
séances de la commission de l'éducation, j'ai toujours fait deux
propositions: premièrement, que l'on suspende l'adoption de l'article 1
pour ouvrir une porte, s'il y a lieu, à un débat'qui puisse se
produire à quelque moment que ce soit; je l'ai laissé entendre
tantôt assez clairement. Deuxièmement, il est exact le
député de Saint-Jacques n'a pas à être
corrigé, au contraire que j'avais proposé dans le
passé que nous ayons une certaine liberté puisque, si nous
commençons un débat, disons à six heures moins cinq sur
une question importante, il vaut mieux, à ce moment-là, suspendre
à six heures moins cinq, et reprendre le débat à l'heure
qui nous convient et faire vraiment le débat plutôt que d'y aller
morceau par morceau avec des règles très sévères
qui viennent restreindre non pas seulement la durée mais la
portée du débat.
A ce sujet, je dois souligner que le président, jusqu'à
présent, chaque fois que la commission de l'Education s'est
réunie, a manifesté beaucoup de souplesse et de collaboration
envers tous les membres de la commission.
Je n'ai pas fait la proposition aujourd'hui pour ne mettre personne
à la gêne mais je laisse le député de Saint-Jacques
continuer dans le même sujet s'il le désire.
M. CHARRON: M. le Président, si j'ai fait la proposition, c'est
vous-même qui présidiez l'année passée à
l'étude de nos crédits, et vous vous rappelez probablement aussi
bien que moi la sérénité des débats et leur
rapidité surtout, je pense que c'est ce que vise le leader du
gouvernement, comme tout le monde. C'est pourquoi il peut arriver, au cours de
nos débats,
qu'à un moment donné nous proposions un ajournement.
J'ai d'ailleurs, j'en fais part immédiatement à la
commission, l'intention ce soir, à la fin de l'étude des
crédits, de proposer que la séance de demain matin soit
plutôt remise à 4 heures demain après-midi, que nous
sautions ainsi la période de demain matin. Et j'explique
immédiatement pourquoi. Non pas que nous ne soyons pas prêts, mais
vendredi dernier, à midi, et je pense que le député
de Bagot a été victime ou témoin de la même
situation avant de quitter Québec pour Montréal, on
m'avait affirmé que les crédits commençaient cette
semaine, ce avec quoi j'étais pleinement d'accord. J'avais
été en discussion, constante là-dessus avec le ministre,
mais que ce ne serait probablement pas mardi, ce qui nous permettait de croire
que ça commencerait mercredi à 4 heures, soit après la
période des questions, ce qui nous a valu des engagements pour demain
matin.
Je ne blâme pas qu'aujourd'hui on commence, même si ce
n'était pas l'entente, on est prêt à procéder
immédiatement mais s'il était possible de faire sauter la
séance de demain matin, je pense que, même si on perd deux heures
objectivement, en qualité et en rapidité par la suite, on y
gagnerait nécessairement et on pourrait disposer en moins de temps
peut-être que l'année dernière des crédits. Pour
cette question, je laisse aux partis le soin de se consulter et d'approuver ou
non, mais j'ai l'intention, ce soir, à 11 heures, à
l'ajournement, de refaire cette proposition, M. le Président, et chacun
pourra se prononcer, je pense bien, à ce moment-là.
M. LEDUC: Si le député de Saint-Jacques me permet, si j'ai
bien compris tantôt au début de son intervention, c'est que pour
autant que les quatre partis étaient d'accord, sans vouloir mettre un
chien dans un jeu de quilles, je ne voudrais pas présumer de demain
après-midi. C'est seulement une mise en garde bien amicale que je fais.
Il est possible que, demain après-midi, la commission ne puisse pas
siéger pour des circonstances bien spécifiques. Alors, si on ne
siège pas demain matin, ça peut peut-être créer des
problèmes et je me permets, en toute amitié, ce ne sont pas des
motions spéciales ou des législations spéciales, je ne
veux pas faire naître de rumeur dans ce sens-là, loin de
là, mais c'est tout simplement pour la bonne marche de la commission, je
crois qu'il faudrait garder à l'esprit qu'il est possible que demain
après-midi la commission parlementaire actuelle, sur les crédits
de l'Education, ne puisse pas siéger.
M. CARDINAL: M. le Président, le député de Taillon
vient justement d'illustrer, d'une façon fort paisible d'ailleurs, ce
qui se produit quand on ne réussit pas à s'entendre. S'il y a une
chose qui n'est pas agréable à la commission de
l'éducation, non seulement pour les membres de la commission mais pour
les fonctionnaires qui nous entourent, c'est d'être, j'emploie un terme
de télévision, pour une fois, en "stand-by". Pendant que
j'étais ministre, on l'a dit pendant plus de trente mois, trente et un
mois, j'ai eu souvent à souffrir avec les fonctionnaires de cette
situation. J'ai vu des fonctionnaires du ministère, dans les corridors
du parlement, jusqu'à trois jours de suite, attendre que la commission,
non pas daigne se réunir, parce qu'elle n'était pas
maîtresse de cette décision, mais daigne que Dieu le Père,
qui régnait sur les débats de cette assemblée, lui
permette de se réunir. Tel n'a pas été le cas depuis deux
ans; il est sûr le député de Taillon a raison
qu'il peut se produire des incidents qui viennent décaler nos
travaux.
Je ne demande pas à savoir d'avance à quelle heure et quel
jour le gouvernement va poser tel geste, c'est bien évident qu'il va
nous répondre: Quand nous prendrons les décisions. D'accord. Et
c'est pourquoi le député de Saint-Jacques est sage en disant: Ce
n'est que ce soir que nous pourrons discuter de la question. Le
député de Taillon est aimable en nous faisant une mise en garde,
en nous donnant un caveat et c'est sûr que c'est avec l'accord des quatre
partis que nous pourrions, non pas jouer avec les heures mais décider en
quelque sorte de la marche des travaux de la commission.
M. LEDUC: Je l'ai fait en toute amitié, sans vouloir soulever un
débat, loin de là, et je pense que lorsque tout le monde sera
d'accord...
M. CARDINAL: C'est dans ce sens que je l'aurais fait.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Le ministre de l'Education.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, tout ce que je souhaite,
c'est que chacun des membres de la commission puisse travailler dans les
meilleures conditions possible, puisse se sentir à l'aise, puisse avoir
le temps d'obtenir la documentation qu'il désire et de préparer
ses interventions.
Maintenant, il y a tout de même un problème que je
soulève, c'est qu'il est parfois difficile, au point de vue de la
planification étant donné qu'avec les nouveaux
règlements, un certain nombre de commissions peuvent siéger en
même temps d'équilibrer tout cela. Si par hasard la
commission de l'éducation décide de ne pas siéger à
tel moment, ceci impose au leader parlementaire de pouvoir trouver une autre
commission qui puisse le faire.
Je me contente simplement de souligner le problème et je
suggérerais peut-être que le président tienne compte des
désirs qui sont exprimés ce soir et au cours de l'heure du
dîner,
qu'il puisse peut-être en discuter avec le leader
parlementaire.
M. CHARRON : Pour que vous puissiez remplir cette mission que vous
demande d'accomplir le ministre de l'éducation, M. le Président,
et immédiatement savoir si les quatre partis seraient consentants
à, je n'ose pas employer les mots, laisser tomber, mais à
retarder la prochaine séance qui devait être prévue demain
matin, à demain après-midi quatre heures ou, comme le dit le
député de Taillon, si ça ne doit pas avoir lieu, jeudi
matin dix heures, je crois que ce sont les heures normales des séances
de la commission. Si vraiment on n'a pas le consentement ici, c'est inutile de
vous confier cette mission-là.
M. LE PRESIDENT: Le député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, le
député de Saint-Jacques a fait deux observations qui sont en
réalité deux questions qui touchent aux règlements de nos
séances. En ce qui concerne la question de savoir si nous devons laisser
tomber la séance de demain matin, nous pourrions en discuter à
l'heure du dîner et prendre une décision à ce
sujet-là.
Mais l'autre question qu'il a posée au départ est beaucoup
plus importante, quant à moi. Il a demandé que la commission soit
maîtresse de ses procédures, de ses délibérations.
Je suis bien d'accord qu'on puisse en venir à des ententes après
discussion entre représentants de partis mais en ce qui me concerne,
quelles que soient les ententes qui soient prises, je ne donnerai aucun autre
accord que celui que prévoit le règlement. C'est que les
commissions doivent siéger aux heures où, normalement, la Chambre
siège.
M. CARDINAL: D'accord.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et pas plus longtemps que ne le
prévoient les règlements.
M. CHARRON: D'accord, ça c'est entendu. C'est lorsque la
commission siège à des moments où la Chambre ne
siège pas qu'on pourrait peut-être disposer de notre temps. Je ne
sais pas si le député de Richmond serait aussi consentant...
M. BROCHU: D'accord.
M. CHARRON: ... pour transmettre au président la
négociation.
M. CARDINAL: C'est important qu'il faut s'entendre sur un point
très précis, c'est que les quatre partis discutent et s'entendent
ou ne s'entendent pas, on le verra, mais que l'on n'aille pas violer les
règlements et, par exemple, faire des réunions de commissions
à des heures impossibles, comme on l'a vu lors de l'étude de
certains projets de loi. Je ne suis absolument pas d'accord et, tout de suite,
je cite une phrase célèbre qu'un ministre de l'Education n'a pas
prononcée mais que quelqu'un de beaucoup plus grand a prononcée:
Non serviam.
M. CHARRON: Je m'excuse, M. le Président, est-ce que je peux
demander immédiatement au ministre de l'Education si la proposition qui
est maintenant sur la table, sans que je le veuille, d'abandonner la
séance de demain matin, nuirait en quelque sorte au travail des
fonctionnaires que vous auriez appelés pour demain matin ou quelque
chose comme ça?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, non, je pense que nous
planifions au fur et à mesure en fonction des articles que nous pensons
devoir être discutés. Il est exact, et le député de
Bagot l'a souligné, que c'est parfois très lourd pour les
fonctionnaires qui sont obligés de rester et d'attendre. Mais cette
année, je crois bien qu'avec les limites qu'on peut à peu
près imaginer aux débats, la planification devient beaucoup plus
facile et nous ne les appellerons que lorsque nous saurons que tel article
viendra.
Vous me permettrez peut-être à l'occasion de vous demander
si vous prévoyez que l'on puisse aborder tel article à tel
moment, de manière que nous puissions organiser la séance.
M. CHARRON: Oui, absolument.
M. LE PRESIDENT: De toute façon, tout ce que je souhaite, c'est
la collaboration qu'il y a eu en 1971 lorsque j'ai présidé les
crédits de l'Education. Et pendant l'heure du dîner, je vais
m'enquérir auprès des intéressés pour voir ce qu'il
y a possibilité de faire à ce sujet-là.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pour poursuivre ma pensée, j'y ai fait
allusion dans mes remarques préliminaires, il serait peut-être
souhaitable qu'à l'occasion, certains des hauts fonctionnaires puissent
également répondre aux questions ou faire certains
exposés. Je n'ignore pas que, l'année dernière, on l'a
tenté et que, cette année également, plusieurs
commissions, en particulier lors de la discussion des crédits du
ministère de la Voirie et des Transports, ont procédé de
cette manière. Ceci permet très fréquemment, lorsqu'il
s'agit d'information et non de problèmes politiques, d'arriver avec des
données beaucoup plus...
M. CHARRON: Beaucoup plus rapidement.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... claires et beaucoup plus rapides.
M. CARDINAL: Aucune objection, parce que, dans le fond, M. le
Président, pour employer ce mot, il y a une espèce
d'hypocrisie
dans le fait que le fonctionnaire souffle à l'oreille du ministre
une phrase qu'il répète après. Si on veut savoir le nombre
d'étudiants qu'il y a à l'école de Saint-Tite, je pense
bien que le fonctionnaire est qualifié pour dire: II y en a 214.
M. LE PRESIDENT: Je crois que tous les membres de la commission sont
d'accord.
M. CHARRON: M. le Président, est-ce que je peux...
M. LEDUC: Personnellement, je n'ai aucune objection à ce que les
fonctionnaires répondent. Le seul petit commentaire que je voudrais
faire, c'est qu'on s'en tienne à la même atmosphère que
celle qui règne à la commission parlementaire de l'Education et
que si, par hasard, la réponse d'un fonctionnaire ne satisfait pas un
membre de la commission, on ait l'amabilité d'engueuler le ministre et
non pas le fonctionnaire. Je pense qu'on me comprend.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je suis sûr qu'on y pensera, le cas
échéant.
M. CHARRON: Avant mon discours du trône, M. le Président,
est-ce que je peux, avant de proposer l'ajournement dans quatre minutes, faire
des remarques.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je suis prêt à ce qu'on
siège jusqu'à six heures, je suis prêt à entendre le
député de Saint-Jacques.
M. CHARRON: A l'intention spéciale du député de
Chicoutimi, je vais employer les trois minutes et demie qui me restent pour lui
être personnellement agréable, comme l'a été le
ministre des Affaires municipales.
M. le Président, je partirai simplement du contenu du texte que
nous a remis le ministre de l'Education cet après-midi et au fond, pour
un peu corroborer les minutes que nous venons de passer sur la
procédure. Il me semble y avoir une idée très claire dans
le texte du ministre, au moins pendant les sept ou huit premières pages,
c'est la difficulté qu'il entrevoit pour lui, nouveau à son
poste, nouveau titulaire depuis deux ou trois mois peut-être, d'envisager
l'étude des crédits du ministère de l'Education avec
peut-être la même assurance que pouvait avoir le
député de Verchères normalement l'année
dernière. Celui-ci avait eu beaucoup plus de temps pour se
préparer et je ne voudrais pas que le ministre de l'Education voie dans
les remarques que je fais là une allusion. C'est tout à fait
normal que vous ayez certaines difficultés à répondre,
difficultés que vous n'aurez pas si votre parti est encore au pouvoir et
si vous êtes encore ministre de l'Education l'année prochaine.
Pour le moment, la "prématuration" de l'étude des
crédits semble assez évidente pour tout le monde. L'année
dernière, elle n'était venue qu'au début de juillet. Cette
année, grâce, ou à cause de, ou malgré nos
règlements c'est ce qui arrive actuellement. J'ai remarqué dans
les pages centrales du texte présenté par le ministre une
espèce d'annonce faite à la commission à l'ouverture des
crédits, que, pour un nombre considérable de politiques du
ministère, il doit s'en tenir, vu son manque de familiarité
encore là ce n'est pas un reproche avec les dossiers,
à ne pouvoir nous assurer, pour le moment, en répondant aux
questions de l'Opposition, que du gel de certaines politiques. Ceci ne veut pas
dire qu'il n'apportera pas, sur certains plans un exemple me vient
à l'esprit, dans le domaine du bill 21, de la loi des CEGEP des
modifications au cours de l'année budgétaire que nous avons
votée. Mais il se dit lui-même incapable pour le moment d'annoncer
quelque modification que ce soit. Ce que je crains, c'est que l'étude
des crédits cette année soit beaucoup plus que l'année
dernière un bilan de ce qu'on a fait avec le budget de l'année
dernière, qu'une annonce de politique, une ouverture à des
questions. Je sais que le ministre, au niveau des Affaires culturelles, se
posait beaucoup de questions, c'était même une de ses
réponses favorites. J'ai l'impression qu'on va recevoir le même
traitement au niveau de l'éducation cette année, puisque le
nouveau venu à ce portefeuille se contentera d'entendre les
répliques de l'Opposition.
Sans nous prendre pour d'autres, à certains endroits, nous
pourrons peut-être apporter plus de lumière au ministre de
l'Education que lui-même pourra en apporter à la commission, parce
que...
M. CARDINAL: M. le Président, je m'excuse, il est six heures et
comme le député de Saint-Jacques lui-même a invoqué
cette question...
M. CHARRON: Est-ce que le député de Chicoutimi me permet
de terminer?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non.
M. LE PRESIDENT: La séance est suspendue jusqu'à 8 heures
15 minutes.
(Suspension de la séance à 17 h 56)
Reprise de la séance à 20 h 25
M. PILOTE (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A l'ordre,
messieurs!
La parole est au député de Saint-Jacques.
M. CHARRON: M. le Président, quand nous avons suspendu les
travaux, j'étais à commenter la nature de l'exposé qu'a
fait le ministre de l'Education, à l'ouverture des travaux de la
commission. Je signalais que, s'appuyant sur sa toute récente nomination
et sur le crédit ou la latitude que les députés de
l'Opposition doivent nécessairement lui accorder pour lui donner le
temps de se familiariser avec le dossier, le ministre de l'Education a fait une
déclaration très très prudente, ne s'aventurant à
peu près sur aucun terrain, allant de l'inévitable hommage au
prédécesseur, ce qu'on a retrouvé à toutes les
années, jusqu'aux grandes généralités quant
à l'avenir de l'éducation, bien collectif des
Québécois, etc.
Il s'est dit lui-même peu près à annoncer des
politiques nouvelles, pour le ministère, puisqu'il se donne le temps
d'approfondir les dossiers et préfère que nous étudiions
ainsi les politiques gelées de son prédécesseur, pour le
moment, se gardant bien le droit d'intervenir quant bon lui semblera. Si
vraiment les séances de la commission doivent être plus un bilan
de ce qu'on a fait avec le budget précédemment adopté
plutôt qu'une extrapolation sur ce qu'on pourra faire avec celui que nous
sommes appelés à adopter maintenant, le ministre aurait pu
être plus large et faire comme, je me souviens, son
prédécesseur avait fait d'une façon fort
étayée, l'année dernière, un bilan de la
dernière année, au ministère de l'Education, ce qui avait
donné, peut-être pas en toutes lettres mais quand même
latente, une politique générale du ministère. On voyait
très bien, par l'insistance que le ministre mettait sur un point ou sur
un autre, lesquels il entendait maintenir avec plus de force par rapport
à d'autres, ce qui n'a pas été fait dans le cas
actuel.
Je ne me référerai pas plus longtemps au document
présenté par le ministre à l'ouverture des travaux parce
que je ne le considère véritablement pas une pièce de
travail pour les travaux de la commission.
Il reste pour moi, M. le Président, si vous me permettez, de
faire un bilan de ce que je crois l'utilisation qu'on a faite des
crédits adoptés l'année dernière. Ce qui me
permettrait d'extrapoler sur le budget que je suis appelé à
adopter maintenant, c'est de reprendre, non pas parce que je n'ai pas d'autres
idées mais parce que celle que j'avais est confirmée,
l'idée que j'avais exprimée l'année dernière, quant
au ministère de l'Education, sept ans ou huit ans après.
J'avais signalé, l'année dernière, qu'on
commençait à sentir, de façon notoire, dans les
différentes activités du ministère, l'essouffle- ment de
la révolution tranquille. On avait senti, dans ce domaine,
peut-être un des plus tardifs, parce que cela s'était fait sentir
beaucoup plus tôt ailleurs, quand même un essoufflement sinon,
à certains endroits et c'était plus que malheureux, un
contentement assez béat de soi-même et de l'action qu'on avait
faite.
J'avais rappelé, peut-être même, les paroles de ceux
qui avaient été, jadis, les ministres de l'Education et qui
avaient rappelé, à ce moment-là, à la population du
Québec que la réforme de l'éducation n'était pas
une aventure momentanée, n'était pas une aventure
passagère mais quand un peuple comme le peuple québécois
s'y embarquait, c'était de façon définitive. Il y a bien
sûr eu les élections de 1966, qui ont d'abord permis de mettre les
freins. Les élections de 1970 ne l'a pas manqué non plus. Je
pense que l'élection de 1974 ou 1973 en sera marquée
également. Il semble que chaque test électoral soit devenu une
espèce d'occasion pour mettre les freins, dans le domaine de la
réforme de l'éducation.
L'impression d'essoufflement que j'avais trouvée, à suivre
les activités du ministère pendant un an, je l'ai nettement
conservée au cours de l'année. Permettez-moi de signaler
certaines réalisations ou certains manques de réalisation du
ministère que le ministre, dans sa prose prudente, a évité
de mentionner mais qui ont marqué, je pense, l'année
d'éducation au Québec, l'année dernière, et qui
nous permettrait de penser à ce qui s'en vient avec le prochain
budget.
Le ministre n'a pas parlé du projet de loi no 27 comme
étant une des réalisations du ministère, au cours de
l'année 1971. Le député de Bagot, dans son intervention,
tout à l'heure, a signalé à juste titre que la commission
parlementaire, les parlementaires en général et encore plus la
population en général ont été très peu
informés des lendemains du bill 27.
Je pense que la mission 27, conduite à l'intérieur du
ministère, aurait pu se doter d'une politique d'information qui
fût passablement plus avantageuse et aussi plus simple que les immenses
briques que chacun d'entre nous a reçues. Cela n'a certainement pas
facilité l'adaptation de la population aux nouvelles structures, pas
plus, d'ailleurs, que cela ne l'a incitée on le sent
déjà à s'intéresser, comme les
parlementaires l'auraient voulu au moment du vote sur la loi 27, aux
élections du 12 juin prochain.
Il y a peut-être une cause à cet essoufflement du
ministère, mais cela n'aurait pas dû arriver. D'ailleurs, dans sa
nature même, le bill M. le Président, je vous rappellerai
notre position en troisième lecture portait la marque de
l'essoufflement du ministère. Il allait beaucoup moins loin qu'à
une autre époque une réforme aurait pu se permettre d'aller. On
sentait nettement, dans cette volonté de ménager la chèvre
et le chou, une attitude qui n'avait pas été celle du
ministère de l'Education au cours des années
précédentes.
Le bill 27, par exemple, sur la participation des parents on aura
l'occasion de revenir sVir la réglementation du lieutenant-gouverneur en
conseil a été d'une médiocrité et d'une
paresse d'imagination que rarement on avait vues au sein de ce ministère
qui nous avait pourtant habitués à plusieurs choses
nouvelles.
Il est un autre bill qui, celui-là, n'a malheureusement pas pu
franchir l'étape de la troisième lecture, parce que le
gouvernement a décidé de le retirer. Il s'agit du projet de loi
28. Je pense que son inscription au feuilleton ce que rappelait tout
à l'heure le député de Bagot est absolument fictive
et n'a aucun rapport avec la réalité. Il est évident que
le gouvernement se refuse et va se refuser longtemps à ramener un projet
de loi sur lequel tout le monde, sur le principe, quant à la
nécessité et quant à l'urgence de cette
réforme-là, avait fait l'accord.
Mais le gouvernement se refusait à des amendements qui auraient
bonifié le projet de loi et qui en auraient fait la contrepartie
administrative d'une loi qui est maintenant dénoncée par,
à tout le moins, les trois partis de l'Opposition et par j'en
suis convaincu une majorité de la population du Québec.
Cela aurait été la contrepartie et la correction qu'une
Assemblée nationale se serait donnée l'occasion de faire à
la suite d'une maladresse, pour ne pas dire plus, commise en 1969, à
l'égard de la population du Québec.
Plutôt que d'accepter des amendements qui visaient à
améliorer ce projet de loi, la faiblesse gouvernementale s'est rabattue
sur un retrait du projet de loi 28. Est-ce qu'aujourd'hui je demande le retour
du projet de loi 28? Certainement pas, s'il doit être fignolé
comme le précédent l'était. Mais je demande le retour d'un
projet de restructuration scolaire de l'île de Montréal, car je
pense que les cinq ou six mois passés n'ont fait que confirmer l'urgence
et la nécessité de cette réforme.
Il y a bien eu les badinages administratifs que le ministère
s'est permis de faire avec certaines commissions scolaires de Montréal.
Ils n'ont abouti, pour le moment et je serais bien curieux d'entendre le
rapport du ministre sur cette question-là qu'à du
"tataouinage" où la question linguistique est écartée
à peu près comme la peste et n'ont certainement pas résolu
les problèmes sociaux et économiques que visait le projet de loi
28, sur lequel il avait notre appui, mais qui s'est trouvé
emporté dans la débandade gouvernementale, en même temps
que son refus de faire du français la politique prioritaire sur
l'île de Montréal, à tout le moins, puisque le canal du
bill 28 nous y contraignait.
Or, c'est un geste que le ministre n'a pas mentionné,
évidemment, parce que c'est difficilement portable au crédit du
gouvernement, mais ce retrait du projet de loi 28 est un symbole très
net de l'essoufflement du ministère. Je me souviens des premières
séances de la commission parlementaire sur le projet de loi 28.
Dès le départ, l'ancien ministre, le député
de Verchères, nous avait mis en garde du fait qu'il s'agissait à
peu près de la version définitive dudit projet de loi et
qu'à toutes fins pratiques il faisait siéger la commission pour
améliorer la loi sur quelques points. Ce n'est pas l'habitude du
ministère de l'Education que d'arriver avec de telles décisions,
surtout quand elles étaient aussi peu populaires et rejoignaient aussi
peu d'appui que le projet de loi 28, dénoncé de toute part, par
tout le monde. Mais je ne vois pas pourquoi on s'acharnait à le
défendre dans sa forme originale et pourquoi on s'est acharné
jusqu'à le tuer et tuer cette réforme-là, parce qu'on
s'attachait à une conception de la prétendue
égalité linguistique sur l'île de Montréal qui est
démentie par les chiffres. Autre marque d'essoufflement du
ministère...
M. BOURASSA: Est-ce que le député me permettrait juste une
question?
M. CHARRON: Oui, je le permets au député de Mercier.
M. BOURASSA: Je ne sais pas s'il a vu les dernières statistiques
qui ont été rendues publiques à la suite du recensement
je ne l'ai pas devant les yeux mais elles démontraient une
remontée de ceux qui parlent français, par rapport aux
autres.
M. CHARRON: En Colombie-Britannique, oui. De 1.6 p.c. ou 1.7 p.c.
M. BOURASSA: Non, pour la région de Montréal. J'inviterais
le député à être un peu plus circonspect dans ses
réactions. Pour la région de Montréal même, c'est
une étude qui a été publiée, commentée par
le père Richard Arès et qui a été rendue publique.
Elle révélait, pour la région de Montréal, que le
pourcentage des francophones avait augmenté plutôt que
diminué dans les dix dernières années. Il y avait
l'île, la région, la ville et là je ne sais pas laquelle
des trois, mais je sais que dans un cas il y avait remontée des
francophones.
M. CHARRON: Est-ce qu'à partir de cette statistique le premier
ministre est prêt à y trouver une justification au maintient de la
loi 63?
M.BOURASSA: Non, non, je fais simplement signaler...
M. CHARRON: A partir de cette statistique vous ne faites que simplement
signaler...
M. BOURASSA: Je veux simplement signaler un fait au député
de Saint-Jacques, de manière à ce qu'il puisse tempérer
certaines de ses affirmations.
M. CHARRON: Le premier ministre veut-il
m'expliquer, parce que le député de Saint-Jacques ne
comprend pas, pourquoi il me signale cette statistique-là?
M. BOURASSA: D'abord, comme disait le ministre de l'Education, pour sa
formation générale et, deuxièmement, parce que le
député paraît tellement pessimiste sur l'avenir des
francophones sur l'île de Montréal. Il présente ça
comme si on était tout proche du chaos de ce
côté-là, alors qu'en fait, depuis les dix dernières
années, il y a eu amélioration.
M. CHARRON: Donc, si je comprends bien le premier ministre, ça
veut dire qu'on n'aurait pas besoin de retirer la loi 63...
M. BOURASSA: II ne faut pas mélanger...
M. CHARRON: ... et qu'on aurait pu appliquer la loi 28.
M. BOURASSA : Non, non, il ne faut pas mélanger les
problèmes, il ne faudrait pas que le député arrive trop
vite à des conclusions.
M. CHARRON: C'est parce que vous intervenez avec cette
statistique-là au moment où moi je parlais du projet de loi 28,
qui est encore hypocritement au feuilleton.
M. BOURASSA: La position du gouvernement sur le projet de loi 28 sera
connue prochainement. Mais je veux dire au député que les
arguments qui étaient invoqués par le Parti
québécois, sur la nécessité d'arriver
immédiatement avec des amendements, n'ont pas été
confirmés en totalité par les dernières statistiques qui
ont été rendues publiques.
M. CHARRON : Le premier ministre croit-il que le projet de loi 63 devenu
loi est une loi qui est bonne pour l'ensemble des Québécois?
M. BOURASSA: M. le Président, le député me tend un
piège tellement énorme que ce serait difficile pour moi de tomber
dedans. D'ailleurs j'ai répondu cet après-midi à cette
question à l'Assemblée nationale avec le maximum de
clarté.
M. CHARRON: Vous ne venez pas de répondre avec le même
maximum de clarté, j'ai posé une question à laquelle on
devrait répondre par un oui. De toute façon, M. le
Président, j'ai deux ans d'expérience à parler de
politique linguistique avec le député de Mercier et ce n'est pas
ce soir qu'on va obtenir quelque chose de neuf.
J'étais à continuer, M. le Président, sur une autre
marque d'essoufflement du ministère quant à moi. Le refus
répété de revenir sur la loi 21 des CEGEP. Depuis deux ans
cette promesse-là a été faite. La première fois,
dès les premières études de crédits auxquelles j'ai
participé; l'ancien ministre l'a répété
l'année dernière et je m'attends bien, sans vouloir
présumer du nouveau ministre, qu'il va encore me répéter
la même chose. Pourtant, d'année en année, des CEGEP
pètent un après l'autre; pour une raison ou pour une autre,
chacun éclate. La Direction générale de l'enseignement
collégial est prise entre Limoilou et Sainte-Foy, entre Rosemont et le
Vieux Montréal constamment. S'il est une chose qui paraît, c'est
la nécessité de revenir sur ce projet de loi.
Mais on dirait que l'audace, la clarté et la décision qui
ont marqué jadis le ministère de l'Education n'en font plus
partie et on laisse pourrir une situation. Le projet de loi 291, M. le
Président, est au feuilleton depuis déjà plusieurs
semaines, quant au financement des commissions scolaires.
Je me souviens que le député de Verchères,
lorsqu'il m'en avait fait part, me l'avait présenté comme une
urgence. Il avait même demandé à mon parti de faire un
compromis sur le temps des travaux de la Chambre pour pouvoir l'adopter d'une
façon très rapide. Pourtant, le projet de loi 291 n'a même
pas encore franchi l'étape de la deuxième lecture.
La planification universitaire, il y a des années qu'on en parle.
Pourtant, dans le développement de la planification sectorielle, on n'en
est qu'à trois secteurs sur sept; encore, cette planification est-elle
très mitigée. Multi-Media, le sort qu'on lui a fait, le sabotage
qu'on a fait du projet initial. On aura l'occasion d'y revenir puisqu'il y a un
article bien précis là-dessus. Il se trouvait encore, à
l'intérieur du ministère, au moment où ce projet-là
a été conçu, au moment où il a été
annoncé et publié, des gens qui croyaient à la
possibilité d'innover au sein d'un ministère. Tout à coup,
un étau s'est refermé, étau très certainement
politique à entendre les déclarations du député de
Verchères au moment où il occupait le fauteuil du ministre de
l'Education, mais aussi un étau qu'on dirait purement peureux, car on
hésite à aller dans de nouveaux projets. On essaie plutôt
de ressusciter des projets qui ont réussi, à certains moments,
comme celui de Tevec ou d'autres.
On hésite grandement â poursuivre ce qui a
été jadis des politiques d'innovation au sein du
ministère. Finalement, prenons simplement les dernières semaines,
celles qui ont fait apparaître le député d'Ahuntsic sur la
carte de l'éducation où il est entré par une drôle
de porte, celle d'un attachement quasi maladif à des normes auxquelles,
par la suite, il a dû lui-même renoncer faute de réalisme.
Je dirais que cet attachement maladif est dépassé. La plupart du
temps, il ne vient qu'envenimer les crises plutôt que les
résoudre.
Les modifications que le ministre nous apportait, de déclaration
ministérielle en déclaration ministérielle, chaque jour et
presque d'heure en heure, signalaient, d'une part, ce que le ministre nous a
lui-même signalé au départ,
c'est-à-dire sa méconnaissance des dossiers. D'autre part,
elles signalaient surtout...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): On va se parler tout à l'heure.
M. CHARRON: ... une mauvaise réaction ou une difficulté
à jauger la réalité québécoise telle qu'elle
se présentait à chaque moment. Je ne peux pas lui en tenir grief,
comme je l'ai dit en réponse à l'une de ses innombrables
déclarations ministérielles. Je n'ai qu'à dire au ministre
que je ne suis pas opposé à quelqu'un qui change d'idée,
mais ce qui me déplaît, c'est que, chaque fois qu'on change
d'idée, on la présente comme la version définitive, finale
et exhaustive d'une position, alors que, 24 heures plus tard, on nous arrive
avec une autre version définitive finale et exhaustive de la position
gouvernementale. Je pense que cela dénote qu'on est
dépassé par la situation. Au moment où on croit avoir
trouvé la solution et qu'on la présente avec tambours et
trompettes, on se voit forcé de la modifier par la réalité
du lendemain. Que ce soit l'organisation de la force étudiante, que ce
soit la concentration des enseignants ou que ce soit les avis toujours
pondérés et fortement appréciables du Conseil
supérieur de l'éducation, il y a toujours quelqu'un qui, à
un moment donné, vient nous dire: Attention! Ce que tu annonçais
hier avec tellement de tambours, tu te mettais le doigt dans l'oeil. On est
obligé de revenir.
Je ne crois pas que ce sont les politiques habituelles du
ministère de l'Education. Je n'ai pas été habitué
à ce genre d'énoncés du ministère de l'Education;
il n'avait pas l'habitude de se fourvoyer de cette façon-là.
Maintenant, M. le Président, si vous me le permettez, pour
terminer, cet essoufflement que tout le monde constate au sein du
ministère de l'Education, est-ce qu'il peut en être autrement? Je
crois que oui. Je crois qu'il est possible, à l'intérieur du
ministère, la volonté et l'imagination aidant, de reprendre une
part de l'initiative que nous avons perdue dans ce domaine-là. C'est une
autre question qui ne sera pas tranchée tant que le statut
définitif du Québec ne sera pas tranché. Les appels que
fait le ministre le sont dans une prose assez remarquable. Je ne sais pas qui
écrit vos textes. J'ai perdu la page où on parle du
système d'éducation comme d'un instrument de promotion collective
des Québécois.
Il me semble que ça restera des thèmes et des phrases
d'ouverture de travaux de commission parlementaire tant et aussi longtemps
qu'on n'aura pas les moyens, comme Québécois, de
véritablement faire du ministère de l'Education un outil
collectif, comme le rappelait le député de Bagot cet
après-midi quand il posait la question, qui a pu faire sourire le
ministre mais qui avait certainement un sens, à savoir où s'en va
le ministère. On est ici, à l'ouverture des crédits et je
vais essayer du mieux que je vais pouvoir d'améliorer le présent
système et de faire des remarques qui me sont venues au cours de
l'année sur le ministère de l'Education. Mais le débat
fondamental sur l'éducation au Québec est écarté
car on ne peut même pas se demander si l'éducation est ou doit
être, ou si on doit avoir de l'éducation une approche
collectiviste ou une approche individualiste, ou de quelle philosophie
générale l'éducation doit s'inspirer, parce que ces
questions sont et vous auriez raison de me le dire, à ce
moment-là, M. le Président presque hors d'ordre. Les
Québécois ne peuvent pas se permettre de discuter de ce
système; ils ne sont même pas possesseurs d'eux-mêmes, il ne
sont même pas chez eux.
C'est pourquoi c'est peut-être la première fois au cours
d'un débat et c'est la dernière, mais je voulais le faire ce
soir, que j'ai à rappeler combien sont liées toutes les questions
de l'activité gouvernementale à cette question fondamentale du
statut politique du Québec.
Par exemple, le jour où les Québécois auront un
véritable office de planification et de développement, pas celui
qui se contente d'enregistrer les Initiatives locales et les
Perspectives-jeunesse, mais celui qui planifiera une économie aux mains
des Québécois, alors, peut-être sera-t-il possible de
planifier une concertation entre l'éducation, entre les
débouchés, entre les emplois et le développement
économique du Québec. Mais tant que le Québec n'aura que
des officines de planification comme malheureusement c'est le cas actuellement,
qui sont dans une dépendance totale, on ne peut pas parler ici
d'orientation générale du système d'éducation par
rapport aux besoins en main-d'oeuvre du Québec, etc., nous n'en sommes
pas maîtres. Témoin acharné, difficile, en colère, a
été le député de Chambly, ministre du Travail,
à l'étude des crédits de son propre ministère
où, si vous voulez, il a servi une célèbre douche d'eau
froide à tous nos projets de formation professionnelle de la
main-d'oeuvre, projets que le ministre aura d'ailleurs l'occasion de nous
rappeler et qui dorment sur les tablettes du ministère.
Je voulais simplement rappeler en terminant, M. le Président
je vous remercie de m'avoir donné le temps de le faire que
si nous allons entrer, sans "fafouiner" dans les dactylos ou demander combien
de piles de papier vous avez achetées, dans les détails
précis de l'activité du ministère, ce n'est pas sans
regret que le débat fondamental sur l'éducation au Québec
est présentement écarté et sera écarté tant
et aussi longtemps que le débat fondamental sur le Québec
lui-même n'aura pas été réglé.
Je rêve du jour où, dans une Assemblée nationale
d'un Québec souverain, il sera possible à tous les partis
d'échafauder beaucoup plus qu'une politique qui va comme un serpent,
à peu près, entre les différentes embûches que nous
posent ou notre statut politique ou notre infériorité
économique et de commencer à considérer cet outil
collectif qu'est le système
d'éducation comme un instrument de développement collectif
des Québécois, exactement comme l'a fait le ministre de
l'Education dans son appel à l'ouverture des crédits, appel qui
devra rester lettre morte ou poésie pour lecture de chevet tant et aussi
longtemps que le Québec n'aura pas les pouvoirs pour répondre aux
appels du ministre de l'Education. Merci, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Le ministre de l'Education.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, j'ai
écouté avec beaucoup d'intérêt le
député de Bagot, le député de Richmond et le
député de Saint-Jacques. Chacun, avec son style propre, a fait
une contribution au débat qui s'amorce. Je vais si vous me le permettez,
repasser rapidement les principaux points qui ont été
évoqués par chacun d'entre eux et tenter d'y apporter certaines
réponses.
Je commence par le député de Bagot qui a posé toute
une série de questions très pertinentes et qui nous engagent loin
dans le débat. Cependant, il se pose peut-être là un
problème de méthodologie. En effet, je n'ai pas d'objection, pour
ma part, à entreprendre d'emblée des débats sur la langue,
sur la loi 27, sur Multi-Media, sur le Conseil des universités, par
exemple, mais je me demande si, pour la plupart des sujets que je viens de
citer, il ne serait pas préférable d'attendre que l'on arrive
à l'article budgétaire concerné.
C'est ainsi, par exemple, que le député de Bagot a
posé une première question concernant la loi no 27. J'ai fait
monter un dossier copieux que vous recevrez sur la loi no 27 et je pense que la
discussion serait mieux venue lorsque nous arriverons à l'article
concernant la direction générale de l'élémentaire
et du secondaire.
La loi no 27 qui regroupe les commissions scolaires en 189 commissions
scolaires, dès le 1er juillet de cette année, a donné lieu
à une information peut-être beaucoup plus considérable que
certains semblent le croire, une information surtout locale, et je
souhaiterais, lorsque nous arriverons à cet article budgétaire,
que l'on puisse vous faire tout le cheminement de l'opération.
La deuxième question du député de Bagot concerne la
loi no 28. Pour ce qui est de la loi no 28, puisqu'il s'agit d'une loi qui est
actuellement inscrite au feuilleton, si c'était le désir
général de la commission, je pourrais peut-être
établir dès ce soir la position gouvernementale de manière
à ce qu'on n'ait pas à y revenir.
La troisième question concerne la politique de la langue. Il me
semble, là encore, à moins que l'on souhaite engager ce
débat immédiatement que nous pourrions peut-être attendre
d'en arriver à la discussion de l'Office de la langue française.
J'ai beaucoup de choses à dire à ce point de vue, contrairement
à ce que le député de Saint-Jacques peut peut-être
croire.
J'aimerais, par exemple, vous exposer, sur le plan pratique, où
l'on en est au point de vue du programme de l'Office de la langue
française et également, vous donner certains
éclaircissements concernant une politique plus globale de la langue.
En ce qui concerne le règlement no 7, là encore, sa
discussion serait beaucoup mieux venue lorsqu'on en arrivera à l'article
de la direction générale de l'élémentaire et du
secondaire puisqu'il s'agit d'un réaménagement du cadre
d'organisation.
Il en va de même pour Multimédia que je souhaiterais, et
ceci est peut-être encore plus valable à cause de l'absence du
député de Bagot, voir rattaché à l'éducation
permanente. C'est d'ailleurs, dans le cahier des crédits, à cet
article qu'il apparaît. Il en va de même pour le conseil des
universités et pour Radio-Québec, question qu'a
évoquée également le député de Bagot et qui
devrait, à mon sens, être discutée à l'article
concernant le service général des moyens d'enseignement.
Alors, voilà les principales questions qu'a posées le
député de Bagot. Il a également évoqué le
rôle du ministère. Je pense, à ce stade-ci, que tout ce que
je pourrais dire c'est que ce rôle est bien défini. C'est un
rôle d'animation. C'est un rôle de planification. C'est un
rôle d'évaluation et de contrôle. Le ministère tente
de donner des orientations globales mais ces orientations globales doivent
s'incarner et c'est toute la définition de notre système scolaire
au niveau des instances décentralisées. C'est ainsi, par exemple,
que les programmes cadres permettent une marge de manoeuvre
considérable. C'est ainsi, par exemple, que les normes que l'on
décrit peut-être un peu trop facilement mais qui sont tout de
même indispensables lorsqu'on administre des fonds publics, que les
normes permettent également au niveau décentralisé des
marges de manoeuvre.
Nous aurions pu imaginer un autre système scolaire et un bon
nombre de pays en connaissent d'autres formes. Je ne citerai que la France avec
un système unitaire qui permet peut-être un cadre d'organisation
plus commode à certains points de vue, des contrôles plus
satisfaisants mais qui est peut-être beaucoup plus éloigné
du milieu, éloigné des besoins locaux.
Il semble qu'ici au Québec, grâce à ce
système des commissions scolaires, grâce à ce
système également des collèges, nous puissions justement
vivre des expériences de participation beaucoup plus poussées,
quoi que l'on dise, que la plupart des pays que je connais.
Alors, si la commission était d'accord, quitte à ce que
nous nous reposions la question après mon intervention sur la loi no 28,
je souhaiterais donc que ces différents points soient discutés en
leur temps.
Le député de Richmond a proposé un certain nombre
de remarques générales sur l'éducation, remarques
auxquelles je souscris
d'emblée. J'ai beaucoup aimé en particulier
l'intérêt qu'il a manifesté pour l'enseignement technique.
Je lui signale avec plaisir, quitte à ce que nous revenions à ce
sujet lorsque nous discuterons des CEGEP, que cette année, nous arrivons
véritablement au point d'équilibre alors que le secteur
professionnel va dépasser le secteur général. Vous vous
souvenez que c'était là, depuis plusieurs années, une
discussion qui revenait sans cesse, on s'inquiétait justement de la
prépondérance du général par rapport au
professionnel.
L'évolution des choses étant ce qu'elle est, nous en
arrivons, comme je viens de vous le signaler, au moment où
l'équilibre se fait et on peut même prévoir c'est
une majorité de 52 p.c. à peu près qu'il y aura
prépondérance du secteur professionnel d'ici un an ou deux ans ou
trois ans peut-être qui reproduira à peu près la
prépondérance du secteur général.
Il ne faut quand même pas oublier que le point de départ de
nos institutions et de nos collèges est dans la plupart des cas un
collège classique, ce qui explique au départ pourquoi il y a eu
prépondérance. Egalement, le député de Richmond a
souligné la question des négociations et a souhaité que le
ministre de l'Education soit présent aux tables de négociation.
Je ne veux pas et je ne m'engagerai pas, je vous le dis tout de suite, au cours
de la discussion des crédits dans cette question des
négociations. Si je décide de ne pas le faire, c'est
précisément pour donner toutes leurs chances aux
négociations, qui doivent reprendre le plus rapidement, nous
l'espérons tous.
En revanche, je n'ai pas d'objection à expliquer encore une fois
au député de Richmond qu'il existe un certain nombre de
mécanismes de par notre régime des relations de travail. Je
n'aurais aucune objection pour ma part à aller discuter à une
table des problèmes pédagogiques qui se posent, mais ceci doit
quand même se faire, je crois, à l'intérieur d'un
gouvernement par l'intermédiaire d'un certain nombre de
mécanismes établis. Le mécanisme établi est le
suivant. C'est que le ministre de la Fonction publique est le porte-parole du
gouvernement. Le ministre de la Fonction publique a un mandat qui est
défini par le cabinet et les différents négociateurs aux
tables ont également des mandats qui sont constamment revus. Il est
donc, par conséquent, inexact de dire que le ministère et le
ministre de l'Education sont absents des négociations. Au contraire, ils
sont présents à chaque instant, à chaque moment de ces
négociations. Ils ne le sont peut-être pas de la façon dont
la partie syndicale le souhaiterait, mais ils le sont et, croyez-moi, je peux
vous l'affirmer pour avoir vécu cette période, ceci
représente un investissement de temps considérable.
Le ministre est présent au cabinet d'abord, mais également
au sein du comité interministériel qui définit les
mandats. Le ministère est présent par ses négociateurs
à chacune des tables qui le concernent. Ceci bien sûr, et le
député de Richmond en est conscient, ne règle
peut-être pas les problèmes de tâches de l'enseignant et les
problèmes de sécurité d'emploi. Mais pour l'instant je me
contente tout simplement de définir quels sont les mécanismes et
de bien expliquer à la population de quelle façon le
ministère est présent.
On aurait pu imaginer un autre système. On pourrait parfaitement
imaginer un système, qui serait d'ailleurs moins cohérent, par
lequel chaque secteur négocierait mais ce n'est pas le système
qui existe actuellement ici. Je pense qu'en toute logique c'est dans ce
sens-là que l'on doit fonctionner.
Quant au député de Saint-Jacques, je dois dire que je l'ai
écouté avec autant d'intérêt que les autres, mais
j'ai peut-être été un peu déçu, pour ne pas
le cacher. Un peu déçu parce qu'au départ, ce débat
s'était situé à un niveau, je pense, assez
élevé. Je ne dis pas que le député de Saint-Jacques
en a dérogé, non, mais j'ai quand même été
étonné de voir l'approche qui était la sienne. C'est son
droit le plus absolu. Tout d'abord, je voudrais tout de même
préciser, parce qu'il y est revenu à plusieurs reprises, que je
ne pense pas qu'il puisse utiliser ce texte pour parler de la
méconnaissance des dossiers du ministre actuel.
Ce que j'ai tenté de faire dans ce texte, et je crois qu'il faut
bien le comprendre, ce n'est pas, comme le député de
Saint-Jacques semble me l'avoir reproché, une revue des activités
de l'année précédente. Je n'ai pas voulu le faire, pour
deux raisons. La première raison, c'est parce qu'il ne me paraissait pas
naturel de porter à mon crédit ce que je n'ai pas
réalisé n'étant pas là. La deuxième raison,
c'est que pour la première année le ministère a
publié un rapport annuel que je qualifie de remarquable avec d'autant
plus d'aise que je n'en suis pas responsable. Il a été
préparé avant même mon arrivée au ministère.
Et comme je l'ai signalé dans ma déclaration liminaire, ce
document comprend des explications sur toutes les activités de
l'année 1971.
J'ai donc cru, précisément pour donner à cette
commission l'occasion de s'attaquer et de s'attacher aux grands
problèmes de l'éducation, qu'il était inutile de
répéter, d'une façon d'ailleurs incomplète, ce que
ce document contient. Je l'ai signalé, je crois, très
clairement.
De plus, j'ai adopté un ton de réflexion et un ton
d'attente. D'ailleurs, le député de Saint-Jacques l'a bien admis.
Il me paraît tout à fait naturel, lorsqu'on arrive dans un
ministère comme celui-là, de faire le tour de ses dossiers, de
faire le tour de ses fonctionnaires, de faire le tour des organismes. C'est ce
que j'ai bien décrit, je crois, dans ma déclaration.
Mais ceci ne m'a pas empêché d'isoler un certain nombre de
dossiers qui sont actuellement extrêmement actifs. Je crois, parce qu'il
faut être réaliste, que si je peux y apporter certaines solutions,
ils feront l'objet de tout
mon mandat, qu'il dure un an, deux ans ou davantage. Il est absolument
illusoire de s'imaginer que l'on peut régler tous les problèmes.
Il faut, quand même, les sérier, les identifier. C'est ce que j'ai
fait, dans ce texte, en parlant de trois secteurs en particulier, sur lesquels
je reviens. Il y a le secteur du bill 28; il y a la question de l'enseignement
des langues et il y a également un troisième secteur qui concerne
l'humanisation de l'enseignement et de l'école. Je sais bien que ce sont
là des thèmes très généraux, mais ce sont
aussi, à travers des thèmes très généraux,
des dossiers isolés, travaillés au ministère.
Il n'est pas dit qu'il n'y aura pas d'autres dossiers qui s'ajouteront
à ceux-là. Pour l'instant, j'ai pensé qu'étant
donné qu'on pouvait travailler dans ce domaine on aurait probablement
une chance de débloquer plus rapidement.
Maintenant, il y a également un autre point que je veux
souligner. C'est la partie de la déclaration du député de
Saint-Jacques qui concerne les déclarations ministérielles que
j'ai été amené à faire et également les
normes dont il parlait. Là encore, je dois dire qu'il me semble y avoir
des interprétations un peu abusives. Il y a eu l'affaire des CEGEP et il
y a eu l'affaire du règlement no 7.
Pour ce qui est de l'affaire des CEGEP, la position du ministère
a été parfaitement cohérente, mais, en même temps,
elle a été souple. Ce n'est pas le ministre actuel qui a
créé le problème. Le problème existe. Par
conséquent, à un moment donné, très rapidement,
nous nous sommes trouvés en présence d'une situation où il
fallait maintenir un principe pédagogique essentiel et, en même
temps, compte tenu des circonstances, en particulier de la grève qui
avait lieu, l'assouplir suffisamment pour que les étudiants n'en soient
pas pénalisés. Il semble, de l'avis général, qu'on
y soit arrivé. Ceci s'est fait en trois jours, à la suite de
consultations avec le milieu, parce qu'il ne faut pas oublier que le
ministère, dans un cas comme celui-là, n'agit pas de
manière isolée. Il travaille en collaboration très
étroite avec les administrations des CEGEP, qui sont des administrations
autonomes, à toutes fins utiles.
Pour ce qui est du règlement no 7, encore une fois, le ministre
actuel n'en est pas responsable et il n'en revendique pas le crédit,
parce qu'il y a beaucoup de crédit à revendiquer en rapport avec
le règlement no 7 qui constitue un cadre d'organisation inédit et
qui comporte des principes pédagogiques parfaitement valables. En
revanche, voilà l'exemple d'un dossier qui, très rapidement, a
été ouvert au ministère, parallèlement, d'ailleurs,
à celui du bill 28. Nous nous sommes aperçus que, sur le plan des
modalités d'application, tout valable que puisse en être le
principe, le règlement risquait de créer certaines
difficultés. Nous nous en sommes aperçus parce que nous avons eu
un nombre assez important de demandes de dérogation et également
parce que nous avons pris conscience, lors de certaines rencontres, en
particulier lors des rencontres que je signalais avec les grands organismes de
l'éducation, qu'il fallait probablement intervenir. Très
rapidement encore, nous sommes intervenus. Nous avons demandé un avis
très circonstancié au Conseil supérieur de
l'éducation. Même en Chambre, lors de certaines
déclarations ministérielles, j'ai bel et bien dit que j'avais
l'intention de consulter le Conseil supérieur de l'éducation et
de lui recommander d'assouplir ces dispositions du règlement no 7, qui
concernaient le temps de présence de l'enfant à l'école,
tant à l'élémentaire qu'au secondaire. Le Conseil
supérieur de l'éducation a abondé dans le sens
indiqué, ce qui m'a permis, là encore, très rapidement,
d'établir une politique de ce point de vue.
Voilà, par conséquent, un dossier qui a été
ouvert au ministère.
Je voulais simplement apporter ces quelques précisions parce que,
pour que cette discussion soit fructueuse même si elle doit
être politisée à certains moments, ce qui ne me
paraît pas anormal il faut, tout de même, que les faits
soient cités correctement.
Et je reviens à d'autres questions de fond qu'a abordées
le député de Saint-Jacques. La loi 27, j'y ai répondu en
reprenant la question du député de Bagot, en particulier en ce
qui touchait l'information. Et nous y reviendrons tel qu'entendu, si tout le
monde est d'accord.
La loi 28, j'attends l'avis que vous me manifesterez. Et, si vous
décidez avant de passer à l'article 1 que
déjà je vous indique la position du gouvernement, je le ferai
avec plaisir. Pour ce qui est de la planification universitaire, où il
se fait un travail vraiment très intéressant depuis à peu
près un an, là encore je crois qu'il y a tout
intérêt à ce que nous attendions d'arriver à
l'article qui concerne la direction générale universitaire.
Voilà, M. le Président, je vous remercie de votre
attention.
M. LE PRESIDENT: Le député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je remercie le
ministre de nous avoir, non pas annoncé des choses nouvelles, mais de
nous avoir indiqué son intention d'aborder les problèmes qui ont
été soulevés par ceux qui ont pris la parole cet
après-midi et ce soir.
Le ministre nous a fait tout à l'heure une suggestion, à
savoir qu'il serait disposé à discuter dès ce soir du
problème de la loi 28 et à formuler, dans la mesure où il
est possible de le faire pour lui, les intentions de son ministère et du
gouvernement à cet égard.
Je n'ai pas pour ma part d'objection à ce que le ministre
procède à cet énoncé de politique sur la loi 28
avant que nous n'abordions l'étude du budget article par article. Le
ministre, de toute façon, devra en venir là, il devra s'expliquer
sur ce problème de la loi 28. C'est un sujet qui inquiète,
à juste titre, les citoyens, particulièrement ceux de la
région de Montréal. Ce
problème est relié à d'autres aussi sérieux.
Par conséquent, je souhaiterais pour ma part que le ministre nous fasse
connaître dès ce soir quelles sont les intentions de son
gouvernement en ce qui concerne la restructuration scolaire de l'île de
Montréal.
Bien entendu, je ne m'attends pas que le ministre nous propose un texte
de loi, dépose un document en bonne et due forme, mais j'imagine qu'il
est en mesure de nous indiquer les grandes orientations du nouveau projet de
loi 28 s'il porte ce numéro de nous en faire voir les
grandes articulations, de manifester également ce qu'il peut y avoir de
différent dans le nouveau projet. Et j'imagine que le ministre sera en
mesure de répondre aux questions qui ont été
formulées de diverses façons, tant lors de l'étude du
projet de loi que cet après-midi et ce soir. C'est-à-dire est-ce
que ce nouveau projet de loi tiendra compte de ce que nous avions
signalé comme étant des omissions graves dans le texte que nous
avons discuté, dans ce projet que nous avons débattu assez
longuement il y a déjà quelques mois?
Je ne sais pas quel est l'avis de mes collègues, mais je
souhaiterais vivement ce soir entendre le ministre nous parler de cet
éventuel projet de loi 28.
M. LE PRESIDENT: Je m'en remets aux membres de la commission. Le
ministre de l'Education.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je vous remercie, M. le Président. Le
député de Chicoutimi, qui a l'expérience de
l'administration gouvernementale et celle également de l'exercice du
pouvoir, sait très bien qu'il ne m'est pas possible et il l'a
souligné d'ailleurs d'arriver avec une proposition
définitive. Le gouvernement fera connaître sa position,
certainement d'ici, je pense, la fin de la session.
En fait, si nous n'avions pas accumulé autant de retard à
cause des grèves et des difficultés sociales, je me proposais
d'arriver avec des recommandations précises au conseil des ministres,
à peu près à cette période.
Du moins, c'était l'échéancier qui avait
été fait dès mon arrivée au ministère
lorsque je me suis attaqué avec mes collaborateurs à cet
important dossier. Certains mécanismes de travail ont été
mis en place, en particulier un comité au sein du ministère, qui
a été extrêmement actif et qui a revu l'ensemble du
dossier.
Ce comité s'est réuni à maintes reprises et
à deux ou trois reprises en présence du sous-ministre et de
moi-même, de manière qu'en cours de route, après certains
rapports d'étape, nous puissions dégager des orientations. Nous
avons souhaité reprendre le problème, je ne dirai pas à
zéro, mais avec un esprit absolument neuf. Pourquoi? Est-ce parce qu'en
soi, j'avais des doutes sur la valeur du bill 28? Est-ce parce que je pensais
qu'il valait mieux peut-être adopter une autre méthode de travail?
Je crois qu'en n'adoptant pas le bill 28, indépendamment de tout
jugement de valeur que l'on puisse faire à son sujet, il devenait
infiniment plus difficile sur le plan politique et même sur le plan
stratégique, je n'ai aucune objection à le dire, de revenir
d'emblée avec cette législation.
D'ailleurs, mon prédécesseur l'avait pensé puisque
à plusieurs reprises il a laissé entendre qu'il faudrait
peut-être attendre plusieurs années avant que l'on puisse le
représenter. C'est donc une motivation qui m'a poussé à
remettre l'ensemble du dossier en réflexion, pour ainsi dire. Cette
réflexion a permis de dégager un certain nombre
d'hypothèses. Ces hypothèses sont les suivantes et c'est une de
ces hypothèses que le gouvernement va choisir, compte tenu des
circonstances.
Cette hypothèse, il la choisira en fonction de ce qu'il croit
être préférable pour l'île de Montréal. Ceci
ne signifie pas que ce sera nécessairement le bill 28 tel quel. Le bill
28 poursuivait certains objectifs qui ont été longuement
décrits au cours des débats en particulier des objectifs de
démocratisation, des objectifs de péréquation
financière et des objectifs de participation.
Et il n'est pas impensable que l'on puisse y arriver. Cela a
été le mode de travail, le mode de pensée des
fonctionnaires qui se sont penchés sur le problème par d'autres
voies. Par conséquent, la première hypothèse qui a
été retenue, à tel point que le bill est encore inscrit au
feuilleton, c'est de le représenter tel quel.
La deuxième hypothèse, c'est de ne pas le
représenter du tout et d'utiliser les mécanismes que mon
prédécesseur a mis en place et qui sont des mécanismes ad
hoc, mécanismes qui présentent un grand intérêt en
soi, mais qui ne permettent certainement pas une restructuration scolaire de
l'île de Montréal. Le premier de ces mécanismes, vous le
connaissez, c'est le CODSIM, le conseil de développement scolaire de
l'île de Montréal, conseil qui comporte un certain nombre de
représentants des différentes commissions scolaires et qui se
fait sur une base absolument volontaire.
Il n'a aucun pouvoir réel, mais il constitue une espèce de
lieu de rencontre et une occasion de dialogue. Ce comité de
développement scolaire de l'île de Montréal est
actuellement en train d'étudier ses structures et son programme
d'action. Et ceci se fera incessamment. Il y a au ministère une
équipe de liaison qui se tient en relation très, très
étroite avec le comité de développement scolaire de
l'île de Montréal.
Le deuxième mécanisme ad hoc que nous pourrions envisager
dans cette hypothèse, c'est l'extension de la loi 291 concernant le
financement des commissions scolaires. Ce projet de loi est conçu pour
le territoire québécois à l'exclusion de l'île de
Montréal. Il apporte une rationalisation du financement scolaire, mais
il n'est pas impensable que l'on puisse et mon
prédécesseur l'avait souligné également
l'étendre à l'île de Montréal.
Par conséquent, dans cette deuxième hypothèse, il
n'y a pas de présentation de législation, mais il y a utilisation
des mécanismes ad hoc que je viens de vous décrire, lesquels
apportent déjà une ébauche de solution, mais certainement
pas une solution définitive.
La troisième hypothèse, c'est de présenter un bill
28 avec des amendements assez importants. Ceci évidemment reste à
définir, mais le principe de l'unification resterait le même.
En revanche, certaines critiques, dont certaines assez pertinentes de
l'Opposition, pourraient probablement être incorporées dans ces
amendements.
Enfin, il y a une quatrième hypothèse qui consiste
à envisager une loi par étapes. Cette loi permettrait, à
différents niveaux, des choix tels qu'il serait possible de bifurquer
vers une formule plutôt qu'une autre. C'est ainsi, par exemple, qu'on
peut parfaitement imaginer une première étape au cours de
laquelle un conseil scolaire, doté de pouvoirs définis, serait
formé, en permettant à ce conseil scolaire de définir les
besoins du milieu et de décider, en cours de route, jusqu'à quel
point il faudrait maintenir le statu quo sur le plan des commissions scolaires
confessionnelles ou s'il serait possible d'en arriver à l'unification et
de quelle façon.
C'est une formule extrêmement souple, qui présente
également des avantages et des désavantages. C'est justement tout
ce dossier que nous sommes en train d'étudier. Vous voyez que je vous
livre tel quel le dossier de travail sur lequel le ministère se penche
actuellement. N'allez pas croire que ceci est improvisé, car ceci
représente, vous le pensez bien, énormément de
réflexion de la part de tous ceux qui se sont intéressés
à la question et énormément de consultations. Je ne peux
pas vous dire quelle hypothèse nous allons retenir
précisément parce que ces études ne sont pas
complétées et parce qu'il faudra véritablement, dans
l'intérêt des objectifs poursuivis, peser le pour et le
contre.
Il y a eu une pierre d'achoppement ça n'a pas
été la seule qui était la question linguistique
lorsque nous avons tenté de présenter le bill 28. Je crois avoir
dit, à ce moment-là, reprenant les propos de mon
prédécesseur et également du premier ministre, qu'il
s'agissait d'une loi d'ordre administratif. Je reprends cette affirmation: Je
ne crois pas, pour ma part, que ce soit par le biais d'une loi scolaire de
cette nature que l'on doive tenter de régler le problème
linguistique. N'allez pas conclure, même si le gouvernement retient l'une
de ces hypothèses, que ceci signifie qu'il n'apportera pas des solutions
sur le plan linguistique parallèlement ou même avant.
Pour ma part, je ne crois pas que l'on doive utiliser une loi comme
celle-ci pour faire une politique linguistique. Je peux parfaitement comprendre
que l'Opposition puisse saisir une occasion donnée pour tenter de faire
connaître ses vues. Je puis parfaitement le comprendre et, même si
je ne suis pas d'accord, je n'ai pas à juger ce comportement. Cependant,
j'exprime très clairement mon attitude de ce point de vue. Tant mieux
s'il est possible d'apporter certaines solutions sur le plan linguistique, mais
celles-ci devront se faire, même si elles ont une relation avec
l'organisation scolaire, en dehors de la loi que je songerais à
présenter.
Voilà un tableau d'ensemble. Je suis parfaitement conscient que
cela n'apporte pas encore une solution définitive. Si les circonstances
sont favorables, j'espère très bientôt, dans le cadre d'une
déclaration ministérielle pas d'une de ces innombrables
déclarations ministérielles; il y en a eu trois ou quatre et,
là, je taquine le député de Saint-Jacques arriver
avec une position ferme. Il y a encore des étapes à franchir. Ces
étapes, vous les connaissez, ce sont des étapes
administratives.
M. LE PRESIDENT: Un instant, s'il vous plaît. Le
député de Notre-Dame-de-Grâce remplace le
député de Deux-Montagnes, M. L'Allier, à la commission. La
parole a été demandée par le député de
Notre-Dame-de-Grâce depuis assez longtemps.
M. TETLEY: Pardon, M. le Président. Je vais suivre l'ordre du
jour suggéré par le ministre. Lorsque l'article en question, qui
se trouve dans le budget, arrivera, je ferai ma déclaration, mes
remarques.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je remercie le
ministre de ce qu'il vient de nous dire. Il nous éclaire un peu sur les
intentions du gouvernement.
Je comprends que le projet de loi 28 ait pu faire l'objet d'une
étude approfondie et qu'un comité ait été mis sur
pied pour un réexamen de toute la question.
Le ministre a évoqué quatre hypothèses et c'est au
sujet de ces hypothèses que j'aimerais lui poser quelques questions.
Dès que le ministre aura terminé sa petite conférence, je
reprendrai la parole, M. le Président.
Je disais donc que le ministre nous a...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je suis confus, M. le Président, c'est un
moment de distraction, ce qui est inexcusable lorsque parle le
député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, je comprends qu'il puisse y avoir des
conférences au sommet, même si les sommets sont bas. Alors, M. le
Président, je disais donc au ministre de l'Education que ce qu'il nous a
dit c'est beaucoup et très peu de choses. Beaucoup en ce sens qu'il nous
annonce que le gouvernement a l'intention de reprendre un projet de loi qui
pourrait être le projet de loi 28 mais il ne nous a pas indiqué le
moment précis de la présentation de ce projet de loi non plus que
l'hypothèse qui sera retenue par le gouvernement. C'est donc au sujet de
ces hypothèses que je voudrais interroger le ministre. C'est lui qui a
ouvert la
porte et je vais lui demander de la refermer ou de l'élargir, si
besoin en est.
D'abord, disons que le gouvernement, par la voix du ministre, exprime
l'idée que l'on n'a pas l'intention, à l'occasion d'une
réforme de structures, d'aborder la question linguistique et la question
religieuse. Tout au moins la question linguistique, c'est ce qu'a dit le
ministre; il n'a pas parlé spécifiquement de la question
religieuse. Or, l'on sait qu'au cours des auditions de la commission
parlementaire ces deux problèmes, langue et religion, ont
été les pierres d'achoppement, les points d'accrochages. Ils ont
fait l'objet de mémoires assez nombreux et de discussions qui se sont
prolongées et qui ont été reprises lors de l'examen du
projet de loi à l'Assemblée nationale.
Il s'agit donc là d'une position nette, définie,
déterminée du gouvernement, dont il faut prendre acte. Lorsque
s'est institué le débat en Chambre, sur le projet de loi 28, nous
avions, dès le départ, signalé au ministre de l'Education,
le député de Verchères, à ce moment-là,
qu'il y avait deux problèmes que le projet de loi 28 ne semblait pas
devoir régler, celui de la langue et celui de la religion. Nous avons
insisté pour que le ministre nous fasse connaître son opinion, son
avis, qui était celui du gouvernement. Il nous a dit: II n'est pas
question dans cette réforme de structures, en vue d'une unification
scolaire dans l'île de Montréal, de régler le
problème de la langue et de la religion. Nous lui avons signalé
à ce moment-là que tous ceux qui viendraient devant nous en
parleraient et que nous reprendrions le débat, ce qui a
été fait.
Au cours du débat en Chambre, j'ai personnellement demandé
au ministre de l'Education s'il avait l'intention de considérer la
possibilité de présenter des amendements en vue d'inclure des
prescriptions portant sur la langue et la religion. Le ministre nous a dit:
Non. C'est alors que la formation politique dont je suis membre a
déclaré qu'elle n'entendait pas poursuivre ce qui devenait un
"filibuster" et une discussion académique, à caractère
souvent démagogique d'ailleurs, très émotive en tout cas
et nous avons dit, bien, le ministre a fait son lit et le gouvernement enfin
portera la responsabilité du projet de loi qu'il soumet à notre
examen si tant est que ce projet de loi est adopté.
Finalement, le gouvernement n'a pas poursuivi. Il a, disons, non pas
retiré le projet, mais à tout le moins, il a suspendu l'examen de
ce projet de loi. Aujourd'hui, le ministre nous dit que le projet de loi peut
être soumis de nouveau à la Chambre tel qu'il était, enfin
dans la version que nous avons discutée en Chambre. Ce qui impliquerait
donc qu'il n'y aurait rien qui pourrait porter sur la langue et la religion. Le
ministre vient de le confirmer. Je pense qu'il l'a confirmé pour chacune
des trois autres hypothèses. Alors, voilà une question qui est
bien claire et bien tranchée. Le gouvernement, à l'occasion de la
présentation d'un projet de loi ou en mettant en place des structures
administratives différentes, n'entend pas s'engager à
régler le problème linguistique et religieux dans les structures
scolaires de l'île de Montréal.
Il est bien évident que le projet de loi no 28, tel qu'il nous
avait été présenté, nous avait paru satisfaisant
à certains égards. S'il revenait devant nous tel quel, nous
serions dans l'obligation de reprendre la discussion en signalant les
faiblesses que nous avions décelées et en proposant au ministre
des amendements.
La seconde hypothèse, le ministre l'a exprimée en disant:
II se peut fort bien qu'il n'y ait pas de projet de loi du tout et qu'on
utilise à la place les mécanismes existants, CODSIM, loi no 291
qui n'est pas encore née. Alors, ce n'est pas projeter sur ce
problème aussi grave un éclairage rassurant. Ce n'est pas un
éclairage du tout. Au contraire, c'est nous faire entrer plutôt
dans une zone de plus en plus sombre. J'aimerais bien savoir du ministre,
tantôt il pourra reprendre cette hypothèse qu'il a
évoquée, j'aimerais bien savoir de quelle façon le
ministre pourrait plutôt appliquer à l'organisation scolaire de
l'île de Montréal les mécanismes dont il a
parlé.
Le ministre nous a dit: Nous pourrions présenter une loi no 28
amendée. Amendée dans quel sens? Dans le sens strictement des
structures ou amendée dans le sens de ce qu'ont proposé les
divers organismes qui sont venus devant nous, qui exigeaient qu'on
procède de telle ou telle façon, par étape, qu'on
procède à tel ou tel type de découpage, qu'on tienne
compte de la représentation ethnique, des confessions religieuses, etc.
J'aimerais bien que le ministre soit plus explicite sur ce projet de loi no 28
amendé et dont il ne nous dit pas de quelle façon il le sera.
Parce que, entre présenter le projet de loi tel quel et présenter
le projet de loi no 28 amendé, je ne vois pas tellement de
différence puisque, déjà, le gouvernement avait consenti
certains amendements et se proposait, semble-t-il, d'en soumettre d'autres.
Sont-ils les mêmes ou ce nouveau projet de loi 28 amendé
dont le ministre parle comme d'une troisième hypothèse
changerait-il formellement j'emploie le terme au sens
étymologique et philosophique du mot la philosophie qui a
présidé à la naissance du projet de loi 28 que nous avons
discuté il y a quelques mois? Il serait important que nous le sachions,
que les citoyens le sachent et que les responsables de l'éducation sur
le territoire de l'île de Montréal soient informés des
intentions du gouvernement. En effet, si ce projet de loi 28, dit
amendé, changeait la philosophie ou les objectifs de celui que nous
avons déjà étudié, il faudrait que le ministre nous
en informe le plus tôt possible et, surtout, qu'on ne nous arrive pas, en
fin de session ou à la veille des vacances d'été, avec un
projet de loi qu'il nous faudra, encore une fois, étudier très
rapidement, sans avoir le temps de consulter les citoyens qui demanderont
à être entendus.
Alors, cette seconde hypothèse, j'ai la tenta-
tion de la rejeter et je pense que, la rejetant mentalement, je rejoins
la volonté, l'intention du ministre, parce qu'il me paraît
très nettement que le projet de loi 28 tel quel et le projet de loi 28
amendé, dans son esprit, sont unum et idem.
La quatrième hypothèse, le ministre l'a exprimée de
la façon suivante. Il a dit: II se peut que nous présentions une
législation par étapes. Ici, il faut s'interroger. Le projet de
loi 28 avait un objectif bien net, bien défini: l'unification scolaire
de l'île de Montréal et des buts de démocratisation. Enfin,
on croyait, par la mise en place de nouvelles structures, faire
disparaître des disparités, des inégalités, donner
l'accès à l'école à ce qu'on appelle les secteurs
défavorisés de Montréal et ainsi de suite. Enfin, tous les
objectifs qui ont été évoqués au moment où
nous avons discuté le projet de loi.
Alors, si ce projet de loi 28 avait des objectifs, répondait
à une philosophie scolaire, à des principes pédagogiques,
à des objectifs de financement, de planification scolaire, etc., si ce
projet de loi 28 était tel que je l'ai décrit, tel que le
député de Verchères l'avait décrit, bien, je me
demande comment une législation par étapes pourrait permettre,
dans un délai relativement court, parce qu'on a toujours dit que
c'était une urgence, la restructuration scolaire de l'île de
Montréal. Il faudrait maintenant que le ministre nous dise ce qui est
plus urgent dans les étapes que le gouvernement entend franchir et dans
les objectifs qu'il entend atteindre, par quelle étape il va commencer
et quel est l'ordre de priorités que le gouvernement pourrait suivre en
présentant un projet de loi par étapes.
Je suis conscient d'une réalité, c'est que le ministre a,
comme nous, entendu les gens qui sont venus devant la commission parlementaire.
Je me rappelle, entre autres, le témoignage, assez débile,
d'ailleurs, du représentant de l'Archevêché de
Montréal qui nous avait proposé une législation par
étapes, sans apporter à l'appui de sa thèse des arguments
qui eussent quelque consistance.
Alors, est-ce que le ministre est traumatisé par ces
réactions? Est-ce que le ministre est traumatisé par les
mouvements qui sont nés à droite et à gauche, demandant
une unification non seulement de structures, mais une unification sur le plan
de la langue, de la religion, etc?
Est-ce que ce sont tous ces éléments que le ministre met
dans la balance et qui l'incitent à demander à son gouvernement
de retarder encore un temps la présentation d'un projet de loi qui
était, dans l'esprit de tous ceux qui en ont parlé et dans
l'esprit du gouvernement, en tout cas, une urgence?
On se rappelle d'ailleurs dans quelles circonstances on a tenté
de nous le faire adopter. Alors, si c'était une urgence il y a quelques
mois, il me semble que c'est une urgence encore plus urgente, si on me permet
cette redondance. S'il y avait cancer dans l'organisation scolaire de
l'île de Montréal, il y a fort à parier qu'il y a
maintenant métastase et qu'un médecin comme le ministre des
Affaires culturelles, tout psychiatre qu'il soit, doit s'en
inquiéter.
Alors j'aimerais savoir à quel stade d'évolution en est ce
cancer qu'on avait décelé et qui avait incité tout le
monde à réclamer un projet de loi. Est-ce que le siège de
la maladie s'est déplacé, ce qui fait que le ministre est
obligé de reprendre son diagnostic? J'aimerais bien que le ministre nous
éclaire là-dessus et soit beaucoup plus explicite qu'il ne l'a
été parce que ce qui va ressortir de son intervention de
tantôt, c'est que le gouvernement va nous présenter le projet de
loi no 28 ou un autre projet de loi ou il n'en présentera pas du tout.
Quand? Comment? On ne le sait pas.
La parole est au ministre. C'est à lui qu'il appartient de nous
renseigner.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, j'ai
écouté le député de Chicoutimi avec beaucoup
d'intérêt. Cependant, j'ai remarqué que l'horloge
était arrêtée, au cours de son intervention.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est que nos horloges fonctionnent mal. M. le
Président c'est que ma voix mélodieuse a fait que le temps a
suspendu son vol !
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, il y a actuellement, au
feuilleton, une loi qui est la loi 28. Je ne crois pas qu'il soit d'usage
d'entamer un débat et ce n'est pas du tout mon propos, en vous
présentant le dossier que le ministère étudie
actuellement. Ce faisant, je répondais à une question du
député de Bagot. Je me suis contenté, sans élaborer
davantage, de citer un certain nombre d'hypothèses. Par
conséquent, je crois et je n'ai vraiment rien d'autre à ajouter,
sinon que le gouvernement actuel tient aux objectifs poursuivis par la loi 28.
Lorsqu'il y a un changement de ministre, il est assez naturel qu'il y ait des
interrogations touchant la meilleure façon d'atteindre ces
objectifs.
Pour ce qui est du moment où le gouvernement reviendra avec le
bill 28 ou une version du bill 28, je crois qu'il sera plus facile de le
définir d'ici peut-être un mois. En tout cas, ce sera
certainement, je pense, d'ici la fin de l'année.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Si le ministre me permet une question
je ne veux pas enlever la parole à mes collègues quand le
ministre dit d'ici la fin de l'année, est-ce que l'on peut s'attendre
qu'un projet de loi, s'il y a projet de loi, soit déposé, par
exemple, avant la fin de cette session-ci, avant l'ajournement
d'été?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce que je me proposais de faire, c'était,
une fois une position bien arrêtée du gouvernement, d'arriver avec
une déclaration ministérielle, de manière que la
population sache véritablement à quoi s'en tenir. Il reste un
fait. C'est qu'il y a actuelle-
ment, au feuilleton, une loi, qui est la loi 28. Qu'est-ce que le
gouvernement en fera? Pour l'instant, elle reste au feuilleton. Je ne peux pas
aller plus loin. Mais je compte pouvoir faire cette déclaration, si
possible, avant la fin de cette partie de la session.
M. TREMBLAY(Chicoutimi): Maintenant, dans le même ordre
d'idées, on pourra y revenu-plus tard quand nous allons étudier
le problème de la langue française, est-ce que le ministre
pourra, d'ici l'ajournement d'été, faire une déclaration
sur le problème de la langue. On connaît la position en ce qui
concerne la loi 28 et la langue. Nous n'y reviendrons pas.
Mais en ce qui concerne d'autres mesures éventuelles ou une loi
sur la langue, est-ce que le ministre sera en mesure de faire une
déclaration de même nature que celle qu'il vient de nous
annoncer?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'avoue que je suis incapable de répondre
à cette question, non que je cherche à l'esquiver.
Peut-être les choses apparaîtront-elles un peu plus clairement
lorsque nous aurons eu ce débat à propos de l'Office de la langue
française, mais ce n'est pas â exclure.
Ce que j'ai dit, c'est qu'il ne fallait pas mélanger les
problèmes et qu'à mon avis une loi scolaire n'avait pas pour fin
de régler une question linguistique. Ce disant, je n'ai pas
éliminé la possibilité que l'on puisse arriver avec
certaines mesures, dans le domaine linguistique, qui pourraient donner
satisfaction.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Jacques.
M. CHARRON: C'est à mon tour maintenant d'être
déçu par une déclaration du ministre. Quand le ministre a
voulu profiter de l'ouverture générale qu'offre l'article 1 des
crédits du ministère pour faire un énoncé sur le
bill 28, j'ai eu l'impression qu'il allait nous annoncer que, des cinq ou six
hypothèses qu'il avait annoncées dans une interview au journal La
Presse il y a déjà quelque temps, son esprit s'était
concentré sur deux ou trois, donc que nous apprendrions ce soir que le
cabinet aurait à trancher entre deux ou trois.
Mais, si ma mémoire est fidèle je n'ai pas
l'article avec moi il s'est contenté de répéter
à peu près textuellement ce qu'il avait dit à la
journaliste Lysiane Gagnon. Autrement dit, je n'ai rien appris de neuf sur la
possibilité du gouvernement: il représente le bill 28, il
l'amende ou il ne le représente pas. Evidemment, tout le monde le savait
depuis la fin de la session dernière. Trouvez-moi donc une autre
hypothèse que ça: vous le présentez, vous le
présentez amendé ou vous ne le présentez pas. Est-ce qu'il
en existe une quatrième?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Remarquez qu'il aurait été
sanctionné, aujourd'hui, s'il n'y avait pas eu le blocage que vous avez
bien connu?
M. CHARRON: C'est ça, si vous n'aviez pas retiré le bill
et si vous aviez continué la session, probablement.
Regardons rapidement les hypothèses. Le ministre s'il a
assisté au débat doit certainement en connaître la
nature. Sur le bill 28, tel quel, je n'ai pas besoin de lui dire qu'il
rencontrerait la même opposition. Peut-être me dira-t-il que le
nouveau règlement de la Chambre fera que l'Opposition pourra, moins
compter sur des appuis du règlement pour faire entendre son opposition,
mais le ministre de l'Education sait très bien que si le premier
ministre a reculé en décembre dernier, ce n'était pas
à cause d'un marathon à l'Assemblée nationale, qui est un
outil qui appartient à toutes les assemblées
délibérantes au monde pour une opposition, mais c'était
bien qu'il sentait que ce que faisaient sept députés et à
l'occasion quelques-uns qui se sont joints à nous, sur cette
question-là, correspondait â un désir de la population.
Et l'appui que nous avons eu au plus fort de la période des
Fêtes rappelez-vous que nous avons ajourné le 24
décembre était, je dirais, dangereusement symbolique pour
le gouvernement de ce que serait un rappel de la loi 28, telle quelle avec le
nouveau règlement ou sans règlement, comme réaction
populaire. Le ministre ne me fera pas accroire comme le
député de Verchères a essayé de le faire que
c'est à cause du règlement qu'on a reculé et qu'on attend
que le règlement soit modifié.
C'est l'opinion publique et l'opinion populaire. Le premier ministre et
le ministre de l'Education savent très bien tous les deux, en hommes
intelligents qu'ils sont, que s'ils reviennent avec ça... D'ailleurs,
revenir au moment où le règlement a été
modifié et favorise moins l'Opposition qu'auparavant serait
considéré par la population comme une injure de plus à son
opposition déjà naturelle au projet de loi 63 et à tout ce
qui visera à l'implanter de façon définitive sur
l'île de Montréal.
La deuxième hupothèse est celle dont j'ai parlé
tout à l'heure que le député de Chicoutimi a bien
circonscrite aussi d'ailleurs c'est l'aventure du CODSIM sur l'île
de Montréal. Tout le monde connaît les aventures qui ont
marqué les premières heures de l'existence de ce conseil, la
difficulté de l'égalité des représentations. Ce que
le gouvernement avait refusé de trancher en retirant la loi 28,
c'est-à-dire l'unification des commissions scolaires et la mise sur pied
de l'égalité, ceci n'ayant pas été tranché,
dès qu'on a voulu former le CODSIM le problème de la
représentation ethnique et de la représentation confessionnelle
s'est posé au point de faire du CODSIM sur l'île de
Montréal une véritable tour de Babel.
IL y a eu plusieurs problèmes là-dessus. Je pense que
l'existence du CODSIM en soi est une
chose bonne sur l'île de Montréal. Il aurait dû
exister avant, et je ne vois pas pourquoi il existerait parce que le
gouvernement a reculé sur le bill 28. C'est un organisme de
concertation. C'est un organisme qui aurait dû apparaf-tre depuis
longtemps. Son existence est bonne, mais qu'on ne vienne pas me dire qu'elle
supplée ce que le projet de loi 28 avait de profondément novateur
et bon pour l'île de Montréal, soit l'unification des commissions
scolaires. Le CODSIM ce n'est pas l'unification des commissions scolaires,
c'est une concertation des organismes déjà existants et aucune ne
se sent à peu près bousculée. Les pressions qui ont
marqué les premières séances du CODSIM en sont
témoins.
L'extension de la loi 291 jusqu'à son application sur l'île
de Montréal, soit, ce qui ne veut pas dire un endossement total de la
loi 291. Nous aurons l'occasion d'en discuter lorsqu'elle viendra en Chambre.
Mais peut être un des meilleurs aspects qu'il y avait dans le projet de
loi 28, qui malheureusement a suivi la débandade gouvernementale, est le
niveau du financement scolaire sur l'île de Montréal. S'il a moyen
de réapparaître à travers la loi 291, tout en sauvant la
face du gouvernement, pour ne pas revenir avec le bill 28, tant mieux. Et si on
doit amender la loi 291 pour qu'elle puisse s'appliquer sur le territoire de
Montréal, tant mieux. Je dis tout de suite là-dessus que vous
avez notre appui.
Le bill 28, c'est bien sûr que, s'il doit revenir non pas tel
quel, il doit revenir amendé. Mais où les amendements? Le
ministre nous rappelle que pour lui il y a le bill 28 et il y a la politique
linguistique. Il considère ça comme pomme et orange et il ne veut
pas les mélanger. Je regrette, mais un bill 28 qui ne serait pas
amendé sur la question linguistique ou sur la question confessionnelle,
c'est pour nous un bill 28 tel quel. Je reprends ma réaction à la
première hypothèse, il recevrait de notre part et je ne
parle pas que de la lutte parlementaire, elle est somme toute insignifiante
là-dedans et de la population une opposition marquée.
Peut-être le ministre n'a-t-il pas participé à tous les
travaux de la commission mais il a certainement lu les Débats depuis ce
temps-là. Il doit savoir que l'opposition se cristallisait autour de ces
deux thèmes beaucoup plus qu'à savoir combien de commissaires
seraient élus ici et là, etc. etc. Il y avait des anicroches qui
portaient toutes soit un trait linguistique ou un trait confessionnel et qui
faisaient resurgir le problème à chaque fois. C'est pourquoi le
bill est mort sur un article qui aurait pu paraître insignifiant,
l'article 583, mais qui posait le problème d'emblée avant
même qu'on aborde l'article 586.
Quatrième hypothèse qu'a soulevé le ministre, la
législation par étapes. Première objection c'est qu'on se
gargarisait sur l'urgence. Lorsqu'on commence à parler de lois par
étapes on sait ce que c'est. La restructuration scolaire,
ç'aurait pris sept ans, mais ce n'est même pas encore fini pour ce
qui concerne Montréal.
Alors, juste sur l'échelle de Montréal, il faudrait penser
à une certaine période de temps aussi. Le ministre donne comme
exemple qu'on commencerait par la création de ce qu'il y avait de
contenu dans le bill 28, soit le conseil scolaire de l'île de
Montréal. Autrement dit la consécration juridique, si vous
voulez, du CODSIM avec une répartition. Là on trancherait le
problème des petites commissions scolaires de Pointe-aux-Trembles
anglophones, etc. et elles seraient représentées. Même
là ça serait partir par le bout quant à moi. Le fondement
du bill 28, ce pourquoi nous avions appuyé le principe du bill, c'est
l'unification des commissions scolaires anglaises et françaises,
catholiques, protestantes et autres. C'est ça qu'il faut d'abord
faire.
Si on doit procéder par étapes, je laisse ça
à l'intention du ministre, ce n'est pas mon choix personnel si
vraiment le cabinet devait se rabattre sur la quatrième hypothèse
et dire qu'on va fonctionner par étapes, alors la première
étape est d'unifier les commissions scolaires. Attendre les
résultats de cette unification-là pour connaître la nature
des pouvoirs du conseil scolaire qu'on viendra un jour y greffer ou attendre
les pouvoirs des comités d'école, pour les déterminer,
soit, je n'ai pas d'objection. Mais commencer par le conseil scolaire, c'est
mettre la charrue devant les boeufs.
Je m'aperçois que, quand le ministre répète ces
quatre hypothèses que La Palice aurait bien pu dire ce soir à sa
place, il n'a pas compris le message que la population, via l'opposition
fournie par le Parti québécois en décembre dernier sur ce
projet de loi-là, a voulu faire passer. C'est se leurrer.
J'ai presque envie de dire mais je ne le dis pas à
l'intention personnelle du ministre que c'est mentir à la
population que de dire que le bill 28 est une chose et la politique
linguistique une autre. Je n'ai pas l'intention de reprendre tout notre "bag"
de décembre dernier à la commission parlementaire mais je vous
rappellerai que là où notre opposition, qui était latente,
s'est cristallisée et est devenue celle que vous avez connue à
l'Assemblée nationale, c'est lorsque nous avons reçu, chacun, des
amendements qui visaient tout simplement à consacrer la priorité
du français; non seulement un argument contre mais des argumentations de
procédure de la part gouvernementale pour rendre irrecevable ce genre
d'amendement, disaient qu'il allait contre le principe du bill qui avait
été voté en deuxième lecture et qui, lui,
consacrait l'égalité linguistique.
Venir nous dire qu'il n'y avait pas de politique linguistique contenue
au projet de loi 28 et que c'est donc mélanger les chèvres et les
choux, ce n'est pas vrai. Le défaut majeur du bill 28 c'est que se
refusant à prendre une position sur la politique linguistique, il se
trouvait à consacrer l'égalité linguistique, ce que
nous n'avions pas découvert encore au moment des travaux de la
commission. Il nous a fallu attendre d'être en commission parlementaire
pour voir le refus obstiné, du gouvernement même au moment
où nous avons proposé que les commissaires de langue anglaise
aient, à tout le moins, une connaissance d'usage du français,
comme le ministre, au moment où il était à l'immigration,
l'a exigé par le bill 64, et demandé la même chose pour les
commissaires scolaires sur l'île de Montréal. Le
député de Verchères nous avait traité de
raciste.
C'est la cause directe de la cristallisation de l'opposition populaire
que nous avons essayé de rendre de notre mieux à
l'Assemblée nationale et qui a valu que plutôt que de
répondre à cette opposition-là... S'il y a un moment
à l'Assemblée nationale où nous avons senti l'appui
populaire pendant les deux ans que nous avons été ici, ça
a été sur cette question-là. Le premier ministre, le
premier, le savait très bien à part cela et s'est trouvé
pris entre son électorat et cette montée populaire qu'il sentait,
en plein milieu de décembre. Tout rappel de la Loi 28 qui viendrait nous
dire au tout départ, que ce soit la première, la deuxième,
la troisième ou la quatrième hypothèse, que la politique
linguistique est une affaire et la restructuration scolaire de l'île de
Montréal une autre, c'est mentir à la population et c'est se
vouer au même type d'opposition que celle que nous lui avons fournie.
M. LE PRESIDENT: Le député de Richmond.
M. BROCHU: M. le Président, quelques remarques. J'ai
été extrêmement surpris par le genre de déclaration
que le ministre a fait relativement au projet de loi 28. Non pas que je
m'attendais, à ce moment-là, que le ministre nous fasse une
première lecture ou un exposé complet sur le projet de loi qu'il
a l'intention d'apporter à ce niveau-là, modifié ou non,
mais je croyais quand même que nous étions en droit d'attendre que
le ministère de l'Education ait quand même une pensée
cohérente et relativement précise sur le problème que pose
le bill 28.
D'un côté, le gouvernement, lorsqu'il a
déposé pour la première fois le bill 28, semblait vouloir
le faire accepter énergiquement, sous prétexte d'une grande
urgence, tout en se gardant bien, par exemple, de vouloir inclure ou de vouloir
non sans les régler au complet aborder les
problèmes linguistiques et confessionnels inhérents et
reliés de façon nécessaire à l'adoption du projet
de loi 28 et à son application. Or, il arrive maintenant, il me semble
du moins, que la pensée du ministère ou du ministre à ce
point de vue-là est devenue encore plus floue tout en ne voulant pas
aborder, encore une fois, ces mêmes problèmes linguistiques ou
confessionnels ou, tout au moins, à peine les effleurer.
Compte tenu de cette situation et devant ce recul de position ou ce
morcellement d'une prise de responsabilité, on peut se demander
où va aboutir nécessairement un tel projet de loi. A un certain
moment donné, je pense que le gouvernement a senti la
sensibilité, par la réaction de la population et de
différents groupements, que créait la promotion d'un tel projet
de loi. Le gouvernement a changé d'attitude alors que l'ancien ministre,
on s'en souvient, avait montré sa ferme intention ou sa
détermination d'adopter le projet de loi coûte que
coûte.
Aujourd'hui, tout en coiffant son exposé d'un esprit neuf, aux
dires du ministre, il nous apporte quatre autres solutions possibles, que je
n'énumèrerai pas en détail mais qui, à mon sens,
reviennent sensiblement toutes à la même chose: il n'y aura pas de
modification sinon par étapes mais on va quand même arriver
à la même chose. Il n'y a pas de solution de compromis, il n'y a
aucune oreille prêtée aux représentations qui ont
été faites ou aucun esprit neuf véritable.
On reprend le même débat, on passe à
côté des mêmes problèmes linguistiques et
confessionnels et on installe une structure qui ne répond pas à
des besoins, mais peut-être à des idéaux
théoriques.
Deuxièmement, ne pas le présenter, utiliser les
mécanismes en place, mais avec deux solutions possibles à
l'intérieur des mécanismes en place. Le ministre souligne qu'il
s'agit simplement d'une ébauche de solution et d'une étape. Donc,
un autre but qui est poursuivi et qui n'est pas clairement défini ici,
tout en laissant entendre que c'est là une solution qui pourrait
être adoptée, une solution tampon qui pourrait régler le
problème.
Troisièmement, un bill amendé, tout en gardant les
mêmes objectifs. Je me demande si ce n'est pas encore le bill 28 tel
quel.
Quatrièmement, une législation par étapes
permettant des choix. Laissez-moi vous dire qu'une législation
permettant des choix, d'après la petite expérience que j'ai
vécue dans ce domaine depuis deux ans, j'ai bien l'impression que c'est
une formule polie pour dire: Vous allez accepter la même chose, mais vous
allez avoir l'impression d'avoir un choix à faire. Alors, dans ce que
nous a proposé le ministre, j'ai été surpris et
énormément déçu parce qu'il n'y a rien de
changé, ni dans les principes, ni dans l'application. Le ministre
survole le problème de haut, en disant que ce sera peut-être une
chose, peut-être une autre, peut-être une troisième,
peut-être une quatrième, mais que le tout reflète un esprit
neuf.
Je me demande si, au lieu d'être un esprit neuf, ce n'est pas
plutôt un esprit suspendu ou un esprit non encore défini, parce
qu'on n'ose pas toucher une situation qui est une patate chaude, qui pourrait
risquer d'apporter énormément de conflits, de faire
renaître énormément de discussions et des rencontres
où le ministre
serait obligé d'écouter sans entendre encore, comme
l'avait fait, malheureusement, le ministre précédent.
Je ferai remarquer au ministre que le rôle du gouvernement n'est
pas d'imposer ses volontés à la majorité, parce qu'il
reflète cette majorité. Ce n'est pas, non plus, de griffonner des
plans et d'autres plans, de les laisser en suspens en laissant aussi, par le
fait même, toute une population et aussi le législateur un peu
assis entre deux chaises parce que le représentant de la majorité
n'est pas lui-même défini.
Je ferai remarquer au ministre que le rôle d'un gouvernement,
c'est peut-être de légiférer en fonction des besoins,
compte tenu des réalités et des entités sur lesquelles il
a à travailler, non pas en fonction, comme je le mentionnais tout
à l'heure, d'idéaux théoriques. Par conséquent, le
gouvernement doit prendre ses responsabilités jusqu'au bout. C'est
surtout au nom de ce principe que j'ai été
énormément déçu de voir le ministre naviguer bien
loin des réalités que nous devons vivre dans la
déclaration qu'il a faite, non pas que je "m'attendas-se"...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M'attendisse.
M. BROCHU: ... que le ministre définisse clairement, point par
point, toutes les étapes du bill 28, mais au moins que sa pensée
soit plus claire surtout je pense que ça a été la
demande unanime de l'Opposition et de tous les représentants que
l'on touche tous les problèmes et tous les aspects des problèmes
qui sont inhérents au bill 28, y compris les questions linguistiques et
confessionnelles.
M. LE PRESIDENT: En vertu de l'article 100, paragraphe 2, même si
c'était hors d'ordre, vu que le projet de loi est au feuilleton, j'ai
permis la discussion. Nous allons donc passer aux crédits. Article 1,
administration, sous-article 1?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant, M. le Président, vous venez
d'invoquer un article à tort. Si nous avons discuté de cette
question, c'est que le ministre lui-même nous avait invités
à le faire. Le ministre a parlé nommément d'un projet de
loi qui est inscrit au feuilleton. Par conséquent, nous pourrions
poursuivre la discussion et nous resterions dans l'ordre, puisque vous avez
autorisé le ministre, porte-parole du gouvernement, à aborder un
sujet qui normalement n'était pas dans l'ordre. Nous étions
heureux de le faire, le ministre nous avait suggéré la chose,
mais je ne voudrais pas qu'il soit dit que nous étions hors d'ordre.
Je voudrais, M. le Président, en ce qui me concerne, conclure en
disant que nous ne savons rien encore de l'avenir du projet de loi no 28 et
nous attendons avec beaucoup d'impatience ce que le ministre aura à nous
dire sur la législation linguistique possible de son gouvernement.
M. BROCHU: M. le Président, si le ministre me le permet, je pense
que dans la situation présente, même face à un projet de
loi inscrit comme celui que nous avons au feuilleton, lorsqu'un ministre arrive
à une commission parlementaire comme celle-ci et, parlant du même
projet de loi, donne un éventail de quatre ou cinq autres
possibilités y compris celle que le projet de loi n'existe plus ou soit
amendé presque totalement, nous devons prendre la parole du ministre
à l'effet que le bill n'est pratiquement plus inscrit au feuilleton et
qu'il est matière à discussion.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, ce qui s'est
passé, c'est que le député de Bagot avait, dans ses
questions, posé celle qui concernait le bill no 28. A cause du bel
esprit de collaboration qui existe ici, j'ai ouvert le dossier et j'ai
posé le problème en disant bien qu'il n'était pas question
de le résoudre. Ceci a été suivi de commentaires
pertinents de chacun des représentants des partis. Je pense que si tout
le monde était d'accord, nous pourrions peut-être maintenant
passer aux différents articles budgétaires, ayant atteint au fond
l'objectif que nous nous étions fixé.
Administration
M. LE PRESIDENT: Article 1, Administration, sous-article 1, Services
administratifs, catégorie 1, Traitements, salaires et allocations,
adopté?
DES VOIX: Adopté.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant, on va regarder cela.
M. CHARRON: Le ministre accepterait-il, comme son collègue l'a
fait l'année dernière, de décrire non pas les 67 postes,
mais son cabinet et ses collaborateurs les plus immédiats?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Très volontiers. Mon cabinet qui vient
juste d'être complété comprend ... Est-ce que vous
souhaitez les noms également?
M. CHARRON: Oui.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Noms, prénoms, titre et
qualité.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Mon cabinet comprend comme chef de cabinet, M.
Pierre Parent, qui était déjà secrétaire
administratif de mon prédécesseur et qui était d'ailleurs
le seul secrétaire à être resté en place lors de mon
arrivée.
M. CHARRON: Alors, c'est pour lui une promotion.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est pour lui une promotion
justifiée.
UNE VOIX: C'est un homme très compétent.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. Gaston Har-vey, chef de cabinet adjoint, qui
était avec moi au ministère des Affaires culturelles. M. Clermont
Gignac, secrétaire particulier adjoint. M. Claude Beausoleil,
secrétaire particulier adjoint. M. Jean-Claude Barette,
secrétaire particulier adjoint. M. Serge Raymond, attaché de
presse, qui était également avec moi au ministère des
Affaires culturelles. M. Edmond Bourque, secrétaire de comté, qui
était également secrétaire de comté lors de mon
accession au cabinet.
Le cabinet est structuré de la façon suivante: à
part le chef de cabinet et l'attaché de presse, chaque secrétaire
s'occupe d'un secteur. Ceci est peut-être utile parce que, très
bientôt, nous avons l'intention de vous présenter un organigramme
de manière que vous sachiez à qui vous adresser lorsque vous avez
besoin de renseignements. Donc, M. Clermont Gignac s'occupe, par exemple, de
l'aide aux étudiants et du dossier du haut-commissariat, M. Claude
Beausoleil s'occupe du secteur collégial et universitaire, M. Barette
s'occupe des commissions scolaires et du secteur élémentaire et
secondaire, M. Gaston Harvey s'occupe de certains dossiers, comme celui de
l'Office de la langue française, par exemple, et Multi-Média.
Je conçois un cabinet comme étant non pas un écran
entre le ministre et le ministère, mais simplement un instrument qui
permet une meilleure coordination. Je pense que c'est ainsi que les choses se
passent.
M. CHARRON: Est-ce que votre arrivée a signifié
l'augmentation en nombre du personnel du cabinet comparativement à celui
du député de Verchères?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Aucunement. En fait, il reste encore un poste
à pourvoir.
M. CHARRON: Vous avez mentionné que vous aviez amené
trois, je crois, de vos anciens collaborateurs des Affaires culturelles.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Deux plus le secrétaire de comté.
En effet.
M. CHARRON: Ah oui! plus le secrétaire de comté. Est-ce
que le député de Verchères a fait la même razzia en
s'en allant au ministère de l'Industrie et du Commerce?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, nous nous sommes entendus. Le
député de Verchères est parti, je crois, avec deux
secrétaires. En fait, son cabinet était déjà
réduit depuis un certain temps à la suite de certaines
mutations.
M. CHARRON: Florian Rompré avait déjà quitté
le ministère avant le départ de...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Au mois de décembre, et M. Saint-Pierre
n'avait pas cru devoir le remplacer, de sorte que la situation que j'ai
trouvée en arrivant était celle que je vous ai décrite.
Nous nous sommes entendus pour qu'il puisse garder les secrétaires qui
préféraient le suivre.
M. CHARRON: Maintenant, l'excellent rapport d'ailleurs je le dis
pour la première fois peut-être des activités du
ministère décrit les fonctions de chacun de vos sous-ministres,
enfin sous-ministres en titre et sous-ministres adjoints. Est-ce que vous avez
l'intention, premièrement, de demander au premier ministre plus tard de
vous adjoindre un ministre d'Etat comme il y a déjà eu dans le
cabinet de l'Union Nationale et, deuxièmement, est-ce que vous avez
l'intention de nommer d'autres sous-ministres ou est-ce que certains vous
auraient fait part de leur intention de partir au cours de la présente
année financière? Enfin, ce sont ceux-là que j'appelle vos
collaborateurs.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pour ce qui est de la première question,
M. le Président, concernant un ministre d'Etat, je vous avoue que je
n'ai pas d'idée précise à ce point de vue. Je compte
discuter de la situation avec le premier ministre d'ici quelques mois. Je pense
qu'après six mois peut-être au ministère de l'Education je
pourrai mieux évaluer les besoins et, le cas échéant, les
changements que nous pourrions apporter.
M. CHARRON: Je ne vous cacherai pas que c'est une rumeur qui avait
couru, au moment où tout le monde savait que le député de
Verchères quittait le ministère de l'Education et au moment de
votre nomination, que la nomination serait double et qu'il y aurait un ministre
d'Etat. Cela ne s'est produit. Est-ce que vous avez été
consulté?
M. TETLEY: Avez-vous quelqu'un en vue?
M. CHARRON: Non, non, je ne pense pas qu'il y en ait dans la
députation libérale d'assez compétents, mais c'est
toujours possible d'ouvrir un siège par une nomination, par exemple le
ministre des Affaires culturelles nommé juge et puis on fait une
élection.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ai été consulté à
chaque étape de ce changement, de ce remaniement ministériel et
tout ce qui s'est fait a été fait pleinement en accord avec les
intéressés.
M. CHARRON: Donc, ce ne serait pas cette année que...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, ce n'est pas exclu. Encore une fois, je
pense qu'il y a intérêt à réfléchir un peu
à la structure du ministère de l'Education, Il ne suffit pas de
dire qu'un ministre d'Etat vient s'y ajouter, encore faut-il qu'il soit
chargé peut-être de certains dossiers...
M. CHARRON: Bien sûr!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... comme nous permet de le faire la nouvelle
loi de l'exécutif.
M. CHARRON: Notez bien que lorsque je vous pose cette question c'est que
je ne suis pas favorable en principe à la nomination d'un ministre
d'Etat. On en a eu qui n'étaient, en fin de compte, que des
préposés aux relations mondaines pour les fins de semaine pendant
que le ministre était épuisé, mais certainement que je ne
serai pas favorable à ce genre de nomination.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est le cas de M. Marcel Masse.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le député de Chicoutimi n'est pas
très gentil envers les absents.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Non, c'est parce qu'ils veulent le recruter,
c'est pour les prévenir du genre de fonction qu'il pourrait remplir.
M. CHARRON: Je lui transmettrai ce message, mais je sais qu'il me fera
part probablement d'une réponse.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pour ce qui est des sous-ministres, il y a
actuellement, en plus du sous-ministre en titre, M. Yves Martin, deux
sous-ministres associés, M. Beauchemin et M. Dinsmore, et six
sous-ministres adjoints, Mlle Thérèse Baron, M. Maurice Mercier,
M. Jean-Paul Savard, M. Claude Beauregard, M. Yves Bélanger, M. Gaston
Cholette.
M. CHARRON: Quel est le rôle précis de M. Cholette?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. Cholette est affecté à l'Office
de la langue française. J'en étais d'ailleurs le directeur au
ministère des Affaires culturelles. L'Office de la langue
française me suivant à l'Education, il a conservé son
poste.
M. CHARRON: Je sais. Est-ce qu'il est devenu sous-ministre adjoint?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, il l'était aux Affaires
culturelles.
M. CHARRON: II l'était aux Affaires culturelles.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II a conservé son poste. Et M. Yves
Bélanger, lui, est au Haut-Commissariat. Il était sous-ministre
adjoint aux Affaires municipales.
M. CHARRON: C'est celui-là qui m'intéressait le plus. M.
Bélanger n'a pas parlé de suivre l'exemple du
député de Fabre?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pas à ma connaissance, non.
M. CHARRON: Est-ce qu'il y a eu, au sein...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Aucune menace de démission ne m'est
parvenue.
M. CHARRON: ... d'autres proches collaborateurs des menaces ou des
annonces de démission, de départ?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Absolument pas. Nous parlons en ce moment du
bureau des sous-ministres, non. Pas à ma connaissance.
M. CHARRON: Ni à celle du sous-ministre en titre?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non!
M. CHARRON: Ni à celle du sous-ministre, pas encore, vous
continuez votre réflexion.
Quant au personnel du haut-commissariat c'est parce qu'il y a des
fonctionnaires, on l'a vu dimanche dernier, qui poursuivent une
réflexion et qui aboutissent à des gestes concrets; je me
demandais si vous, vous aviez achevé la vôtre...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je pense qu'il faudra reprendre cette
conservation.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A quoi faites-vous allusion?
M. CHARRON: Pour ce qui est du haut-commissariat, je pense que nous
attendrons...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Tout ce que je peux dire je m'excuse de
vous interrompre c'est que mon entourage est parfaitement loyal.
M. CHARRON: Je n'en doute pas. C'est ce qu'avait toujours
été, d'ailleurs, l'ancien sous-ministre aux Affaires
intergouvernementales, ce qui ne l'avait pas empêché de
réfléchir non plus.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Bien sûr, mais sa réflexion...
M. CHARRON: Loyauté et réflexion ont été
conduites de pair et elles vont d'ailleurs se continuer maintenant.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Mais il faut tout
de même souligner que depuis plusieurs mois il n'est plus
sous-ministre, il n'est plus fonctionnaire.
M. CHARRON: II n'en pouvait plus. Pour ce qui est de l'autre personnel,
je crois que c'est plus à l'intérieur du haut-commissariat. Donc,
j'attendrai d'être rendu à cet article précis.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 1, adopté?
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant, M. le Président. Dans les
directions générales, qu'est-il advenu de M. Paradis?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. Paradis nous a quittés et occupe
actuellement un poste au Centre de recherche pour le développement
international.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce un organisme fédéral?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est un organisme fédéral,
oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Enfin, c'est paragouvernemental.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est un organisme autonome.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Rattaché à l'organisme dont fait
partie M. Gérin-Lajoie, je pense.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Financé, je pense, par l'ACDI mais un
organisme autonome.
M. CHARRON: Quand M. Paradis est-il parti?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Qui l'a remplacé?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. Paradis nous a quittés il y a à
peu près un mois. Il a été remplacé par M. Gaston
Denis, dont la nomination a été annoncée il y a à
peine une semaine.
M. CHARRON: On va rencontrer M. Denis, j'ai l'impression.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui. M. Denis sera certainement là lors
de la discussion portant sur cet article budgétaire de l'enseignement
supérieur.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et dans ces directions
générales, M. le Président, il n'y a pas eu d'autres
modifications? Les noms qui apparaissent, là dans le rapport, sont des
personnes qui sont toujours en poste? Mme Kathleen Francoeur-Hendriks.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, elle est toujours en poste.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Léo Paré.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): En effet, M. Léo Paré est
directeur général du collégial.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Paradis est remplacé par M.
Denis.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est cela.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Parent est toujours là, M.
Mercier?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. Mercier est sous-ministre adjoint.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Girard. M. Gendron est-il toujours à
l'équipement?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, M. le Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. White aussi.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, M. le Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II n'y a pas eu d'autres changements dans les
services.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): La seule modification, à laquelle je
viens de faire allusion, c'est à la planification, alors que le
directeur intérimaire est M. Pierre Fontaine, que nous aurons l'occasion
d'entendre, si vous le souhaitez. Et M. Maurice Mercier est devenu
sous-ministre adjoint.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce M. Fontaine, d'où vient-il
exactement?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'était un fonctionnaire à la
planification.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A la planification. Ce n'était pas
celui qui a été votre chef de cabinet.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, aucun rapport, M. le Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela me rassure.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 1, adopté? M. CHARRON:
Adopté, M. le Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela va, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 3, services de transport.
Adopté?
M. CHARRON: Le ministre peut-il décrire ces $60,000?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, M. le Président. Ceci comprend les
frais du cabinet du ministre et du bureau des sous-ministres, frais de voyage,
tant au Québec qu'hors du Québec.
M. CHARRON: Le ministre prévoit-il un voyage hors du
Québec?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, M. le Président.
M. CHARRON: Aucune conférence internationale des pays
francophones.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le ministre ne voyage pas beaucoup, le moins
possible, en tout cas. Il est possible que d'ici la fin de l'année il y
ait des voyages qui se matérialisent.
M. CHARRON: Mais, outre votre abstinence, est-ce qu'il y a des
invitations, actuellement, pour des événements internationaux en
matière d'éducation?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Internationaux, non. Aucune invitation. Il y
aura une conférence des ministres de l'Education mais c'est l'an
prochain. Jusqu'à cette année, il y avait toujours deux
conférences des ministres de l'Education des pays de langue
française, une conférence qui se passait en général
en Afrique et l'autre à Paris. Mais, cette année, la
conférence de Paris a été supprimée.
M. CHARRON: Est-ce que le Québec a déjà
pensé être l'hôte d'une de ces conférences?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela me paraît difficile puisqu'il s'agit
d'une organisation purement africaine et que les réunions sont toujours
faites et en France et en Afrique. Le Québec y participe d'une
façon assez active mais, tout de même, un peu spéciale.
M. CHARRON: Assez étrange comme statut aussi. J'imagine qu'il
faudrait avoir le consentement fédéral pour pouvoir recevoir du
monde qui est de notre langue chez nous et que cela causerait une série
de problème.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, je ne le pense pas; je crois qu'on peut
inviter qui on veut.
M. CHARRON: Les relations sont à ce point bonnes.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Quand vous voudrez, nous pourrons discuter des
relations fédérales-provinciales.
M. CHARRON: Les occasions viendront.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ai beaucoup de choses à dire
là-dessus aussi.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): II faudrait être bien explicite, afin que
le député de Saint-Jacques n'induise pas la presse est
partie; il y a moins d'intérêt à parler la
commission en erreur. Ces conférences des ministres de l'Education sont
nées à la suite de certaines rencontres. Il a été
entendu c'est dans les statuts, d'ailleurs, de l'organisme que
ces conférences devaient se tenir soit à Paris, soit dans un pays
d'Afrique membre. Le Québec y a participé et on sait de quelle
façon il l'a fait. Je suis bien placé pour le dire: II n'y a rien
qui empêcherait, si ces organismes le voulaient, le Québec de
recevoir les ministres de l'Education.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est tout à fait exact.
M. BROCHU: Est-ce que le ministre me permettrait? Vous mentionnez que
c'était plutôt une organisation africaine, mais incluant la
France. Quel statut occupe la France par rapport aux autres?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est que la France a des relations
privilégiées avec la plupart de ces pays africains. Elle leur
apporte une aide extrêmement importante sur le plan financier comme sur
le plan des ressources humaines, en particulier dans le domaine de
l'éducation.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Elle les a civilisés,
remièrement.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 3. Adopté. Catégorie
4?
M. CHARRON: A la catégorie 4, $77,000 pour services
professionnels; est-ce qu'il s'agit surtout pour reprendre le lexique du
budget de la sous-catégorie 0-3, c'est-à-dire des services
juridiques?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est exact. Il s'agit, pour le bureau des
sous-ministres et pour le cabinet du ministre, d'engagement d'experts,
d'analystes, de recherchistes pour effectuer des études touchant
certaines politiques, certains programmes.
M. CHARRON: Surtout d'ordre juridique, d'après ce que vous venez
de me dire, n'est-ce-pas? Combien sur les $77,000 vont à la
sous-catégorie 0-3?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II est assez difficile de comparer les montants
par nature des dépenses, parce que les catégories de cette
année ne reproduisent pas toujours exactement les catégories de
l'année précédente.
M. CHARRON: Je voudrais savoir, autrement dit je me servais du
lexique, mais laissons-le de côté combien de ces services
professionnels, administratifs et autres, qui sont décrits à la
catégorie 4, vont à des services d'ordre juridique,
c'est-à-dire à des consultations juridiques pour le
ministère.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y en a eu, l'année
dernière...
M. CHARRON : Oui, beaucoup.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... pour des raisons que vous semblez
connaître, mais je crois qu'il n'y a pas de proportions établies;
c'est en fonction des besoins. Actuellement, il n'y a aucune étude en
cours.
M. BROCHU: Face à l'augmentation plus que le double, en
fait du montant alloué, est-ce qu'il y a des besoins
spécifiques extraordinaires de prévus pour cette année
pour les services professionnels?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le nombre des sous-ministres est plus
élevé. Il y a deux sous-ministres de plus, ce qui multiplie les
activités du ministère.
M. CHARRON: Si je comprends bien, la nature de la catégorie 4
qui va revenir à certains endroits ce sont des services
contractuels, comme on les appelait dans le vieux langage.
M. CLOUTIER (Ahuntisc): C'est ça, mais dans le cadre de
l'administration, ce sont des services qui s'adressent surtout aux politiques
générales du ministère et qui servent aux bureaux des
sous-ministres et au cabinet du ministre.
M. CHARRON: Est-ce que le ministre pourrait nous fournir une liste
détaillée des services contractuels à chacun des articles,
ce qui nous empêcherait de poser la question chaque fois?
M. CLOUTIER (Ahuntisc): Nous allons, avec plaisir, préparer cette
liste détaillée. Nous avons une liste générale pour
chacun des articles, mais la ventilation n'est pas faite.
Pour ce qui est de l'année précédente, il n'y a
aucune difficulté et nous avons tout le détail.
M. CHARRON: C'est-à-dire les $31,000.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous pourrons vous donner la catégorie 4
pour chacune des directions et chacun des services.
M. CHARRON: D'accord.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Avec tout ce que nous pouvons vous donner. Pour
ce qui est de 72/73, vous comprendrez qu'on ne peut pas être toujours
aussi précis. Ce sont des prévisions basées sur les
dépenses antérieures.
M. CHARRON: Je sais bien, mais vous avez dû prévoir cela
à partir de quelque chose, puisque vous demandez presque le double
actuellement au chapitre des services contractuels.
M. CLOUTIER (AHuntsic): Nous allons vous apporter tout le
détail.
M. CHARRON: Est-ce que vous avez le détail de tous les
contractants, et la nature des services qu'on va leur demander?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pour les années
précédentes, oui, mais, pour ce qui est de cette année,
ils ne sont pas toujours choisis.
Je vais vous donner un exemple très simple qui est celui de
l'enquêteur que nous venons de nommer au CEGEP de
Saint-Jérôme. Eh bien, voilà un événement qui
n'est pas prévisible, mais nous savons qu'en cours d'année,
lorsque nous avons à administrer un budget aussi considérable, il
faut tout de même avoir des provisions.
M. BOURASSA: On est prévoyant.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le ministre, vous avez parlé tout
à l'heure de services juridiques. H y a un contentieux au
ministère de l'Education?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, M. le Président. Ce n'est pas moi
qui ai parlé de services juridiques; c'est le député de
Saint-Jacques.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais est-ce que, dans ce montant de la
catégorie 4, il y a effectivement le service juridique?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): A l'occasion, mais non identifié comme
service juridique; c'est uniquement comme recherche. C'est ainsi, par exemple,
que, l'année dernière, mon prédécesseur a fait une
étude sur la constitutionnalité de la loi 28 et ceci est
entré dans ces cadres-là.
M. CHARRON: Combien a coûté cette étude?
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant, M. le Président; je n'ai pas
terminé mes questions.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): $7,500.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je demandais au
ministre ceci: Vous avez un contentieux au ministère. De combien de
membres se compose-t-il?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II n'est pas très important; je vais vous
en donner le nombre exact. Six ou sept.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Six ou sept avocats et notaires. Maintenant,
vous avez, d'autre part, le loisir de requérir les services du
contentieux du ministère de la Justice.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, c'est exact, M. le Président, mais
il y a intérêt, à l'occasion, à faire appel
également, pour un tas de raisons, à des groupes
extérieurs.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je comprends qu'il peut y avoir
intérêt pour eux, mais est-ce que le gouvernement ne pourrait pas,
comme nous avions pris l'habitude de le faire, requérir d'abord les
services des contentieux des ministères, avant que de s'adresser â
des bureaux d'avocats de l'extérieur, en laissant les gens des
contentieux, enfin, rêvasser sur leur grimoire? Lorsque le ministre nous
dit, par exemple, qu'il a commandé une étude.,,
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce n'est pas moi qui ai commandé une
étude et je n'ai pas l'intention d'en commander, pour l'instant.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant, M. le ministre. Entendons-nous,
que ce soit vous ou un autre, si c'est l'autre ministre qui l'a fait, c'est le
ministère de l'Education. Alors, si le ministère de l'Education a
requis les services d'un avocat ou d'un bureau d'avocats pour faire une
étude sur la constitutionnalité d'un projet de loi ou de telle ou
telle réglementation, est-ce qu'il ne se trouve pas, au contentieux du
ministère de l'Education comme au contentieux du ministère de la
Justice, des constitutionnalis-tes qui soient capables de faire le travail,
sans qu'on ait besoin de requérir les services d'agents
extérieurs?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Quand c'est le cas, M. le Président,
soyez convaincu que nous faisons appel aux ressources locales, si j'ose dire.
Mais, en saine administration il peut être nécessaire, pour ne pas
multiplier le nombre de fonctionnaires, à l'occasion, de faire appel
également à des missions particulières. C'est tout le sens
de ce genre de démarche. Je trouve parfaitement normal que nous fassions
appel à des groupes extérieurs pour étudier des questions
qui auraient pu l'être également par des groupes
intérieurs.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je suis d'accord avec le ministre
là-dessus, mais, si j'attire l'attention du ministre, c'est simplement
dans la perspective de l'examen des fonds publics et de leur utilisation. Si
les ministères sont déjà pourvus d'avocats, ce qu'on
appelle les contentieux dans le jargon juridique, bien, il faudrait que le
gouvernement évite, le plus possible, enfin, d'avoir recours aux
services de gens de l'extérieur qui sont constamment à
l'affût de cette expérience-là.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, je suis en- tièrement d'accord, M.
le Président, sauf que les contentieux des ministères ont
à faire face à une certaine charge de travail et, lorsqu'il
s'agit d'études spéciales, il peut être nécessaire
d'aller à l'extérieur.
M. CHARRON: Si le député de Chicoutimi me le permet,
l'étude sur la constitutionnalité du projet de loi 28 avait
été remise au centre de recherche du droit public de
l'université.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est exact. C'est ça. $7,500.
M. CHARRON: Est-ce qu'on a demandé d'autres études au
même centre de recherche, actuellement?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, pas à ma connaissance.
M. CHARRON: Maintenant, le ministre a donné comme exemple de
l'augmentation prévue au budget de cette année à ce
chapitre-là, les impondérables, par exemple, la nomination de
monsieur Trudel, enquêteur à Saint-Laurent l'année
passée et à Saint-Jérôme, cette année.
J'aime autant vous dire que s'il ne change pas le bill 21, il est aussi
bien d'augmenter immédiatement le nombre d'enquêteurs parce que
l'année prochaine, c'est quatre ou cinq enquêtes qu'on va
avoir.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): On aura peut-être l'occasion d'en
reparler, M. le Président.
M. CHARRON: Aussi bien augmenter le budget immédiatement.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II ne faut peut-être pas concevoir un
budget en fonction des accidents de parcours mais en fonction de politiques
précises.
M. CHARRON: Oui mais quand les accidents de parcours reviennent à
tous les deux mois, on peut les prévoir.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui. M. LE PRESIDENT: Adopté?
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Catégorie 4. Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Catégorie 6. Adopté.
M. CHARRON: Oui, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 7. Adopté.
M. CHARRON: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 8. Adopté.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 11, autres dépenses.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On a souvent discuté cela aux affaires
culturelles, les coussins. On passe de $5,500 à $50,000. Qu'est-ce qui
justifie cette augmentation de près de $45,000? Pourriez-vous expliquer
ce qu'est un coussin?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): En principe, les autres dépenses
recouvrent les imprévus, et par définition, les imprévus
sont difficiles à prévoir. Ce qu'on peut prévoir, c'est le
niveau des imprévus. Il semble que l'année dernière, en
71/72, d'après les renseignements que l'on me donne, il y a eu un
dépassement qui a imposé trois virements de $15,000 chacun.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous avez fait des virements de quel article
à quel article?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Traitements et frais de voyage.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. CHARRON: M. le Président, je m'excuse. Aux autres
dépenses, il y a le manuel qu'on nous a distribué pour nos
études, qui est beaucoup plus détaillé que la
pensée du ministre et je devrai y recourir plus souvent. A la
catégorie 11, sous-catégorie 20, on parle d'indemnités
diverses pour le personnel aux études. Est-ce qu'il y a, au niveau de
l'administration du ministère, des gens qui bénéficient de
ces indemnités? Qui et où?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II y en a.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, comme dans la plupart des
ministères. Je puis vous en donner le détail, si vous le
voulez.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Nous aimerions cela.
M. CHARRON: Oui.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Curiosité, pure curiosité de fin
de soirée.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): A l'ENAP, en particulier?
M.TREMBLAY (Chicoutimi): A l'ENAP, oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous allons vous fournir la liste.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 11, adoptée?
M. CHARRON: M. le Président, il y a aussi la
sous-catégorie 03. Ce n'est peut-être pas l'endroit; si ça
ne l'est pas, je la reposerai ailleurs. Cela s'appelle "dépenses
électorales" et j'ai une question à poser au ministre. Non, pas
les vôtres. Est-ce que le ministère a évalué les
coûts qu'occasionnerait au ministère l'élection du 12 juin
prochain?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Il y a eu des études très
précises de faites là-dessus. Dans le dossier qu'on vous
prépare en ce moment, vous verrez qu'il y a tout un document sur la
procédure à suivre au cours de ces élections. L'ordre de
grandeur serait d'à peu près $2 millions.
M. CHARRON: $2 millions où? Dans les budgets des commissions
scolaires ou du ministère? Combien au ministère même?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce serait dans le budget des différentes
commissions scolaires. C'est la raison pour laquelle on ne peut vous donner
qu'un ordre de grandeur. Lorsque nous arriverons à cet article
budgétaire, au financement, par exemple, nous pourrons vous donner tout
le détail.
M. CHARRON: Très bien.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 11. Adopté. Catégorie
14, remboursements, adopté. Sous-article 2, enseignements catholique et
protestant; catégorie 1, traitements, salaires et allocations.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... des choses catholiques.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Jacques.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce n'est pas compliqué.
M. CHARRON: C'est la troisième année que j'étudie
le budget du ministère de l'Education et les deux premières
années, peut-être était-ce une faute à notre devoir
mais on passait très rapidement sur cet article des enseignements
catholique et protestant.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Votre foi était moins vive.
M. CHARRON: C'est cela mais ayant eu...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a eu la conversion du bill 28.
M. CHARRON: ... mon chemin de Damas pendant le bill 28, je porte plus
d'attention maintenant à tout ce qui s'appelle foi et
espérance.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et charité. M. CHARRON: Je voudrais
savoir si, dans
l'excellent rapport du ministère de l'Education...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce qui explique pourquoi je n'ai pas cru devoir
insister au cours de mes remarques préliminaires.
M. CHARRON: J'ouvre une parenthèse pour vous dire que ce que
j'aurais aimé de vous, c'est non pas que vous lisiez le rapport mais que
vous sortiez ce que vous considérez comme l'essentiel, ce que vous
considérez comme terminé, ce que vous considérez comme
devenant prioritaire au cours de la prochaine année. Lorsque je ferai
mon premier budget de l'éducation, je vous dirai comment on fait
ça.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je l'ai fait, si vous relisez attentivement le
texte.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je ne sais pas si la Russie va le laisser
faire ça.
M. CHARRON: M. le Président, aux réalisations de
l'enseignement catholique et protestant, le service de l'enseignement
catholique dit qu'en 1970-1971, on a fait un sondage auprès de 5,000
étudiants du secondaire en vue d'analyser leurs besoins religieux et
l'impact de la pastorale scolaire. Je ne voudrais pas que la commission et
surtout le ministre qui va me répondre croient que je cherche, autrement
dit, les "bebelles". Je considère que c'est très important et le
ministre sait très bien que ça a été une pierre
d'achoppement du bill 28, pour une bonne catégorie de la population.
Donc, contrairement à ce que croyais le député de
Saint-Jacques, peut-être un peu trop légèrement, lorsqu'on
a commencé à étudier le bill 28, c'était encore une
question très importante dans la population et le montant de $120,000,
j'imagine bien, n'est pas symbolique de l'importance que le gouvernement peut y
accorder ou quoi que ce soit. Mais il reste que c'est à ce domaine que
toute politique visant la confes-sionnalité et la politique que le
ministre aura à renouveler, quelles que soient les quatre
hypothèses qu'il va nous rapporter pour appliquer le bill 28,
s'étudient, s'échafaudent. Et lorsque le ministre, dans le projet
de loi 28, par exemple, présentait telle ou telle décision, j'ai
l'impression qu'il s'était inspiré des services de l'enseignement
catholique et protestant sur l'état actuel de la population quant
à son besoin de confessionnalité et sur les audaces que pouvait
se permettre le gouvernement en cette matière bien
spécifique.
Donc, ce n'est absolument pas pour niaiser que je pose ce genre de
question. C'est une préoccupation de la population
québécoise et on n'a pas le droit de la balayer du revers de la
main. Le ministre peut-il me donner le résultat, pas en statistiques
mais en me disant comment a été mené ce sondage et a-t-il
eu des répercussions directes sur les décisions du
ministère?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): On en est au stade des recommandations qui ont
été présentées au comité catholique. Il faut
dire que ces services, tant le service de l'enseignement catholique que le
service de l'enseignement protestant, ont pour objectifs d'administrer les
règlements de leur comité respectif, et catholique et protestant,
et d'assister le sous-ministre associé de foi catholique ou de foi
protestante...
M. CHARRON: Oui, je connais ça.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... ce qui explique le cheminement de cette
recherche.
M. CHARRON: Actuellement, le sondage a été fait, on en est
au stade des recommandations.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est exact, oui. M. CHARRON: Au conseil
supérieur?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, les recommandations à faire au
ministère.
M. CHARRON: II faut croire que, si l'argent des contribuables n'a pas
été gaspillé, cela sera une des briques qui
échafauderont la politique confessionnelle du ministère.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je me ferai un plaisir d'informer en
priorité le député de Saint-Jacques.
M. CHARRON: Je l'espère bien, d'autant plus que le
ministère s'était permis de légiférer en
matière confessionnelle avant même de connaître les
recommandations, je suppose, ou de prendre des décisions sur les
recommandations. Il ne faudrait pas, si vous ne voulez pas que votre
structuration scolaire à Montréal se fracasse encore la figure
sur un mur d'incompréhension, que vous négligiez ce que l'argent
des contribuables peut apporter comme éclairage aux politiques du
ministère. J'espère bien que si vous continuez... Je retiens
l'engagement que le ministre vient de prendre il s'apercevra, au cours
de l'année, que je retiens beaucoup les engagements que prennent les
ministres au cours des crédits de nous faire connaître les
résultats de ce sondage.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Tout ce que je puis vous dire c'est que cette
recherche a été menée de façon très,
très sérieuse et elle sera certainement utilisée.
M. CHARRON : Maintenant, sur le même sujet, M. le
Président, et toujours en matière de politique confessionnelle
à l'éducation, on parle, entre autres, des réalisations
des services, de l'expérimentation des formules proposées, toutes
fondées sur le volontariat des maîtres dans sept régions
pilotes. Quelles étaient ces régions pilotes et quel est le
résultat de cette expérience?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je peux vous fournir la liste de ces
régions pilotes, si vous le désirez.
M. CHARRON: Est-ce que l'expérience est terminée?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): L'évaluation n'est pas
terminée.
M. CHARRON: Pardon?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): L'évaluation n'est pas
terminée.
M. CHARRON: Mais l'expérience elle-même est-elle
terminée?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): L'expérience elle-même est
terminée, mais elle n'est pas encore au stade final.
M. CHARRON: Est-ce qu'ils ont présenté un mémoire
à la suite de l'expérience?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le mémoire n'est pas encore arrivé
au ministère. Comme je viens de l'indiquer, nous n'en sommes pas au
stade de l'évaluation.
M. CHARRON: Est-ce que le ministre serait d'accord pour rendre le
mémoire public lorsqu'il le connaîtra?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, M. le Président.
M. LEDUC: Le député de Saint-Jacques est-il sur le chemin
de la conversion?
M. CHARRON: C'est déjà fait. C'est la résurrection
maintenant.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous avez remarqué l'auréole.
M. CHARRON: Absolument.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): II a fait un voyage.
M. CHARRON: M. le Président, une autre question. Une des
fonctions du service de l'enseignement était de dénombrer les
effectifs des étudiants-maîtres qui se dirigent vers
l'enseignement religieux. Je présume que cela a été fait.
Est-ce qu'on assiste dans ce domaine-là, comme dans d'autres domaines de
l'enseignement, à un surplus de personnel?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II ne semble pas qu'il y ait surplus de
personnel, les vocations se faisant rares.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 1, traitements, salaires et
allocations, adopté?
M. CHARRON: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 3, services de transport et de
communication, adopté? Adopté. Catégorie 4, services
professionnels, administratifs et autres?
M. CHARRON: On va nous fournir la liste, je présume.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... des services de transport?
M. CHARRON: Mon collègue a...
M. BROCHU: M. le Président, si vous me permettez, à la
catégorie 4, services professionnels, est-ce que c'est la même
situation qui se présente à cette catégorie qu'à
l'article précédent? Le fameux coussin de services
extérieurs?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui. Cela se recoupe d'un article à
l'autre et nous allons vous en fournir la liste.
M. BROCHU: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Adopté?
M. BROCHU: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 7: Fournitures et approvisionnements,
adopté? Adopté. Catégorie 11, autres dépenses,
adopté? Adopté.
Article 2: Direction générale de la planification?
Direction générale de la
planification
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, est-ce que le ministre
pourrait nous faire un petit topo sur la planification et sur les changements
qui seraient survenus dans cette direction de la planification du
ministère? Quels sont les objectifs que s'était fixés, par
exemple, au cours du dernier exercice, le service de planification? Sur quels
points particuliers vont porter les efforts de la direction au cours de
l'exercice qui s'en vient?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Comme vous le savez, la Direction
générale de la planification a joué un rôle
extrêmement important dans toute cette réforme scolaire et dans la
mise en place du ministère et du réseau d'enseignement. Il se
trouve que la direction générale en est actuellement à se
réorienter, à repenser un peu son action. Elle a eu tendance,
d'après ce que je crois comprendre, à faire, depuis quelques
années, un bon nombre de recherches. Mais peut-être n'est-ce pas,
à mon sens du moins, l'orientation finale de ce genre d'organisme.
Peut-être faudrait-il envisager que la direction de la planification
puisse rendre aux différentes directions du ministère des
services plus précis
au niveau de l'évaluation des programmes, par exemple.
Il y a un autre point sur lequel je voulais insister, c'est que le fait
que le ministère de l'Education ait eu des services distribués
dans une vingtaine d'immeubles à Québec n'a peut-être pas
permis une coordination aussi étroite de la planification avec les
différentes directions générales et les différents
services. Avec le déménagement qui est prévu incessamment,
je crois que cette situation pourrait être corrigée.
Si vous désiriez des renseignements supplémentaires, je
demanderais à M. Fontaine, le directeur intérimaire, de vous
faire part des projets de l'année en cours.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je serais très heureux d'entendre M.
Fontaine, sur les projets de l'année en cours. Auparavant, je
souhaiterais qu'il fasse un petit tableau de ce qui s'est passé l'an
dernier, au cours du dernier exercice. Qu'est-ce que les projets dont il va
nous parler apportent de nouveau au ministère?
Qu'est-ce qu'ils peuvent avoir de plus dynamique au regard du
fonctionnement du ministère et de son évolution?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Au cours de l'année qui vient de se
terminer, la direction générale a fonctionné via les
groupes de recherche-développement, qui tendaient à coordonner
les activités de diverses instances du ministère dans divers
secteurs. Exemple: II y a eu le groupe éducation et emploi,
éducation et affaires étudiantes qui ont fonctionné avec
la préoccupation de coordonner les énergies qui se manifestaient
dans diverses directions générales, d'une part, et aussi un peu
avec l'extérieur pour atteindre les objectifs qu'elles s'étaient
fixés.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pardonnez-moi de vous interrompre, mais, quand
vous dites "un peu avec l'extérieur", qu'est-ce que vous voulez
dire?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'entends l'extérieur du
ministère. Exemple: Vous connaissez le comité
interministériel de régie pédagogique qui est un
comité d'éducation-travail auquel a activement pris part un des
groupes que je mentionnais tout à l'heure.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que, par exemple, dans cette optique,
le comité qui s'occupe de l'intégration des conservatoires de
musique au ministère de l'Education a fait l'objet du travail de la
direction de la planification?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, je vais répondre
à cette question puisqu'elle m'a été posée
régulièrement aux Affaires culturelles. J'ai découvert
à l'Education qu'il n'y a pas de comité qui s'occupe de cette
intégration. Au fond, c'est une des premières questions que j'ai
posées dès que j'y suis arrivé.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Voici, M. le Président, je voudrais que
le ministre concilie ce qu'il vient de me dire sa découverte doit
être très récente, parce qu'il a sans doute en
mémoire la réponse qu'il m'a faite il y a déjà
quelques semaines, deux semaines au moins avec ce qu'il m'a dit lorsque
je lui ai demandé â quel moment le comité
d'intégration des conservatoires au ministère de l'Education lui
ferait rapport. Le ministre m'a dit qu'en raison des circonstances il
parlait de la grève, à ce moment-là, et des
difficultés de négociation le comité n'avait pas
encore fait rapport. J'ai dit: A quel moment ce comité fera-t-il
rapport? Le ministre m'a dit: Bien, dès que toutes les choses seront
redevenues normales, je pense pouvoir déposer un document.
Je m'étonne, d'autre part, que le ministre nie l'existence de ce
comité quand je pourrais lui donner le nom des personnes qui en
faisaient partie. Ce comité a-t-il été dissous?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, il n'y a pas de
comité qui s'occupe spécifiquement de l'intégration des
conservatoires. Il y a un groupe de travail...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ah!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Mais attendez... qui s'intéresse aux
recommandations du rapport Rioux. Nous aurons certainement l'occasion d'en
parler en cours de route. Nous allons vous en fournir tout le détail. Il
est possible qu'on ait abordé cette question des conservatoires, mais
certainement pas, m'informe-t-on, dans l'optique d'une intégration. Je
ne dis pas qu'il n'y aurait pas intérêt à ce qu'on pose la
question d'une façon claire et précise au cours de
l'année, mais, pour l'instant, ça n'a certainement pas
été une des priorités du ministère.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, il y avait bien un groupe de
travail.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, mais pas un groupe qui
spécifiquement s'est occupé des conservatoires. J'avais
demandé, moi, lorsque j'étais aux Affaires culturelles, que l'on
établisse certains liens avec l'Education pour savoir exactement ce
qu'on en ferait de ces conservatoires. J'avais, à ce moment-là,
évoqué deux hypothèses.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que M. Pierre-Yves Paradis vous avait
fait rapport au sujet de cette intégration éventuelle, avant son
départ?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je n'ai jamais eu de rapport sur ce sujet
précis. Maintenant, M. Paradis a effectivement présidé ce
groupe de travail ad hoc sur les recommandations du rapport Rioux et plus
exactement sous cet aspect de l'enseignement artistique.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ah bon. Alors, M. le Président, je suis
heureux de ces précisions qui confirment je ne dirais pas mes
appréhensions parce que je n'ai plus d'appréhensions maintenant.
Mais il a existé, effectivement, un comité qu'on l'appelle
un groupe de travail ad hoc, etc., c'est une question de terminologie, on
pourrait se chicaner longtemps des fonctionnaires avaient
été mandatés. Le mandat qu'ils avaient reçu
était d'étudier le problème de l'intégration
possible de l'enseignement musical professionnel dans les cadres de
l'enseignement que surveille le ministère de l'Education. Alors vous
avez clarifié davantage et vous donnez raison à celui qui vous
avait posé la question. J'attends toujours le rapport que je vous ai
demandé en Chambre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Lorsque nous avons discuté de cette
question, lors de la discussion des crédits des Affaires culturelles,
j'avais indiqué qu'on pouvait, effectivement, envisager deux solutions.
La première solution, c'est de maintenir un réseau de
conservatoires indépendant. La deuxième solution, c'est
d'intégrer les conservatoires au réseau d'enseignement, de
même qu'on a intégré les écoles des beaux-arts au
réseau d'enseignement, ce qui constituait une recommandation de la
commission Rioux.
J'ai également indiqué que je n'avais pas d'opinion claire
de ce point de vue et je n'en ai pas encore parce que cela n'a pas
constitué une des priorités de mes réflexions, depuis que
je suis au ministère.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous aurons l'occasion de revenir
là-dessus, M. le Président. J'aimerais que M. Fontaine poursuive
ce qu'il était à nous dire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pour les développements de l'année
qui s'amorce, la direction de la planification voudrait mettre l'accent sur une
création d'information assez bien structurée, pour que les
gestionnaires et les autorités du ministère puissent prendre des
décisions avec encore plus d'information structurée à leur
disposition. Nous axons donc notre activité davantage sur des aspects de
développement technique à plus long terme. Une fois, comme on l'a
souligné tout à l'heure, l'implantation des structures mise en
place, la vocation de la direction générale est en train de se
modifier pour se donner des instruments encore plus raffinés pour
percevoir le réel et pour agir là-dessus. Dans ce domaine, on
peut déjà distinguer certaines orientations qu'on est en train de
prendre. On veut mettre l'accent davantage sur des aspects de prévision
en termes de démographie scolaire, entre autres, pour raffiner les
outils qui nous permettent de savoir comment se déroulera le futur, en
termes de clientèle scolaire et en termes de personnel requis pour
former ces gens.
Il y a également un autre aspect de l'activité de la
direction générale, qui est de tenter d'apporter une contribution
à l'élaboration de pensée, dans le domaine de
l'éducation. On voudrait arriver avec un certain nombre de suggestions
pour le développement futur d'une pensée en éducation. A
l'heure actuelle, on travaille surtout sur l'aspect de la formation
professionnelle, dans un secteur d'activité, et on voudrait voir
déborder ce cadre dans les aspects de formation aux autres rôles
qu'au rôle de travailleur.
Il y a également un troisième aspect qui est
peut-être de se donner des outils d'analyse qui soient
généralisables dans l'avenir. Exemple, nous avons mené une
enquête cette année, qui devrait produire ses résultats au
début de l'automne, sur une relance, un "follow-up" auprès des
étudiants du secondaire. Nous voudrions tenter d'assurer une
coordination des efforts qui se font, tant au sein du ministère que dans
le réseau scolaire, face à ce problème, de cerner ce qui
se passe exactement au niveau des sortants du système scolaire, et ce en
vue d'apporter des mesures correctrices, s'il y a lieu de le faire, au sein du
système lui-même.
Il y a un secteur aussi que nous voulons développer, qui
porterait le titre d'économie de l'éducation et qui aurait pour
mission d'analyser les coûts et les bénéfices qu'on peut
obtenir en investissant dans le champ de l'éducation aux divers niveaux.
Ce qui postule évidemment une clarification et une précision plus
grandes au niveau des objectifs poursuivis par les divers programmes ou projets
des unités administratives du ministère, pour ensuite en faire
une analyse assez systématique, en termes de revenu ou en termes de
bénéfices autres que monétaires et des coûts
investis dans ces divers projets.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pour effectuer tous ces travaux, ces
recherches qui, à des profanes, peuvent paraître fort abstraites,
est-ce que vous avez recours à des sociétés de
l'extérieur, aux universités, aux centres de recherche, etc.?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous tentons, de plus en plus, de résumer
notre demande d'efforts extérieurs à des tâches qui sont la
cueillette des données et non pas les analyses, non pas la conception
d'outils. Autrement dit, nous nous gardons la crème des analyses, ce qui
nous permet d'abord d'intéresser le personnel de plus en plus et de
l'emballer pour des projets qu'il réalise. Et, d'autre part, ça
nous permet d'avoir une action qui est beaucoup plus intégrée
lorsqu'on veut proposer des recommandations.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Tout à l'heure, quand vous parliez de
ces études, ces recherches en matière de pensée
éducative ou éducationnelle, qu'est-ce que cette expression
signifiait dans son contenu pratique?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je pense que tout le monde constate, et ce
depuis un certain temps, qu'il y a toujours une volonté de plus en plus
grande de cerner davantage les objectifs que nous poursuivons en
éducation. C'est à ce niveau-là que nous voudrions
apporter une contribution au ministère.
Je veux souligner aussi que ça ne se fait pas à
l'intérieur de la direction générale. Notre mode de
fonctionnement est le suivant: nous tentons d'associer les diverses directions
générales à l'activité-planification par la
création de groupes de travail qui sont constitués non seulement
de membres de la Direction générale de la planification, mais
également de gestionnaires ou de personnel d'autres directions
générales qui sont concernés par certains problèmes
dans le champ de la formation professionnelle.
Donc, nous associons des gens de directions générales
autres que celle de la planification pour avoir le fruit de leurs
réflexions sur ces sujets et tenter de les canaliser, de les
concrétiser dans des...
M. CHARRON: Je suis content de vous entendre dire ça parce que,
l'année dernière, j'avais demandé à l'ancien
ministre, malheureusement je n'avais pas pu aller plus loin dans la recherche
là-dessus, quelle était effectivement la relation entre la
direction générale de la planification et les autres directions
générales.
Je voulais savoir en quoi le travail des planificateurs appelons
ceux qui sont de votre direction comme ça pouvait être en
relation avec celui des "underground" sous les directions
générales des différents niveaux d'enseignement. Et si
vous me dites que c'est une habitude qui est en train de se développer
d'une façon croissante chez vous que d'impliquer les gens des autres
directions générales en recherche, c'est excellent.
Cela je pense que c'est certainement un excellent virage. Me
permettriez-vous une question. L'année dernière, je crois, on
avait nommé, peut-être les autres existaient-ils de façon
embryonnaire, quatre groupes de travail qu'on connaît: éducation
et emploi, éducation et affaires étudiantes, éducation et
technologie, puis il y avait éducation et gestion, je pense. Cette
année il y a éducation et planification régionale
également. Diriez-vous qu'à l'intérieur de votre
direction, chacun de ces groupes-là est à peu près d'une
même importance ou si certains demandent plus d'énergie, plus de
personnel et ont plus de projets en avant que d'autres?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): En fait il y a deux groupes qui sont les plus
importants en termes de personnel et de ressources investies, c'est le goupe
éducation et emploi, le groupe éducation et affaires
étudiantes. Ce sont d'ailleurs les deux groupes les plus anciens. Les
autres sont en voie de croissance si vous voulez. D y en a d'autres, je faisais
allusion à la démographie scolaire tout à l'heure qui sont
plutôt des secteurs d'activité que des groupes mais qui sont
également en voie de constitution.
M. CHARRON: Je m'excuse d'être aussi précis, mais des 64
mentionnés à l'intérieur de la direction, combien
diriez-vous, en proportion, sont aux deux premiers groupes que vous avez
mentionnés?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Disons que là-dessus il y a environ 30
professionnels, des 64 personnes qui sont mentionnées, et il y en a sept
à éducation et emploi, et quatre ou cinq aux affaires
étudiantes. Maintenant, il faut noter, comme je vous le soulignais tout
à l'heure, que ce n'est pas l'ensemble du personnel qui travaille au
sein de ces groupes-là, parce qu'il y a des gens d'autres directions
générales qui sont également associés aux
activités de ces groupes-là, ce qui fait que le groupe a une
ampleur beaucoup plus considérable que le nombre de personnes qui sont
mentionnées là.
L'aspect spécialiste se retrouve au sein de la direction
générale. Les aspects d'un niveau de conception plus
élevé, si je puis dire, sont recueillis un peu partout, je n'aime
pas le terme que j'emploie là, mais les gens qui travaillent à
plein temps à concrétiser des aspects qui ont été
élaborés de façon préliminaire par d'autres et qui
sont ensuite remis à la table d'un groupe, c'est au sein de la direction
générale que ça se fait.
C'est, quand même, très étroitement en liaison avec
les autres directions générales que les travaux sont faits et,
ensuite, soumis aux bureaux des sous-ministres, puisque c'est une
fonction-conseil que celle de la Direction générale de la
planification.
M. CHARRON: Si vous me le permettez, j'aurais peut-être quelques
autres questions à vous poser sur les activités de chacun des
groupes, parce que je considère cette direction générale
comme l'une des plus importante du ministère. Plutôt que de
m'aventurer là-dedans et, puisque j'en ai, de toute façon, pour
l'autre séance, j'attendrai à l'autre séance, si mes
collègues veulent continuer à vous interroger.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous m'aviez enlevé la parole. Alors,
vous pouvez la garder.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Est-ce que le député de
Saint-Jacques en aurait pour longtemps? H n'est pas possible de terminer cette
direction générale aujourd'hui?
M. CHARRON: Non, certainement pas.
M. LE PRESIDENT: La commission ajourne ses travaux à demain,
quatre heures.
(Fin de la séance à 22 h 59)
Séance du mercredi 24 mai 1972
(Seize heures cinq minutes)
M. PILOTE (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A l'ordre,
messieurs!
Le député de Laviolette remplace le député
Houde, de Fabre. Le député de Verdun, M. Caron, remplace le
député de Marguerite-Bourgeoys, madame Claire Kirkland-Casgrain.
La parole est au député de Bagot.
M. CARDINAL: On me fait rapport, puisque je n'ai pas encore eu le texte
du journal des Débats des délibérations d'hier, que le
ministre avait, dans sa réplique, réservé un certain
nombre de réponses pour permettre que je les entendisse, de sa propre
voix, non pas par la lecture du journal des Débats. Je désire le
remercier de cette délicatesse à mon endroit.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Savez-vous M. le Président que j'ai
vérifié dans le dictionnaire des verbes et que c'était
bien que j'entendisse et non pas que j'entendis, comme le soufflait
insidieusement le ministre de l'Education.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le renseignement est exact, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: Nous étions rendus hier, vous permettez,
messieurs, à l'article 2; Direction générale de la
planification.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'avais commencé, M. le
Président, à interroger le directeur de la planification et je
lui avais posé un certain nombre de questions. Le député
de Saint-Jacques en a posé également. En ce qui me concerne, je
suis satisfait de ce que le directeur nous a dit concernant les projets de la
direction de la planification. Il s'agit évidemment d'un ensemble de
domaines qui restent assez abstraits, assez techniques. Je ne crois pas
nécessaire, pour ma part, d'insister, sauf pour dire que je me
réjouis de constater que le ministère de l'Education tend
à donner à sa direction de la planification une orientation
pratique qui vise à rejoindre les clients de l'Education et à
établir cette relation nécessaire entre le ministère,
entre la population scolaire et également entre les citoyens du
Québec.
On pourrait disserter longuement sur cette question de la planification,
et je crois que l'aspect technique de ce domaine ne nous permettrait pas de
tirer de nos discussions des éléments d'utilité
immédiate. Il faudra voir à l'usage ce que la nouvelle
orientation de la direction de la planification pourra donner.
M. CHARRON: M. le Président, j'avais demandé à M.
Fontaine, hier soir, de m'accorder quelques minutes de plus.
J'avais des questions sur les différents groupes qui constituent
la Direction générale de la planification et, en particulier, sur
les deux plus importants qu'il a lui-même mentionnés, le groupe
éducation et emploi, le groupe éducation et affaires
étudiantes. Dans le rapport du ministère* on mentionne que le
groupe éducation et emploi s'est appliqué, au cours de la
dernière année, à élaborer des propositions visant
à améliorer le processus d'implantation territoriale de
spécialités professionnelles.
Savoir que le groupe s'est appliqué ne me suffit pas, pour la
circonstance. J'aimerais savoir où on en est rendu, d'autant plus qu'on
parle, un peu plus loin dans le rapport, d'une expérimentation dans
trois secteurs différents. J'aimerais connaître le bilan et les
intentions du ministère pour la prochaine année quant à la
poursuite ou à l'arrêt de ces expérimentations. Dans le
même document, on mentionne que le groupe éducation et emploi a
aussi collaboré à l'élaboration d'un document
d'éducation qui faisait le point sur la formation professionnelle.
Je n'ai pas envie d'ouvrir immédiatement le débat sur la
formation professionnelle, puisque ça doit venir au niveau de la
Direction générale de l'enseignement élémentaire et
secondaire, mais il me serait très agréable de connaître
l'apport précis de la Direction de la planification dans ce
domaine-là.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous avez souligné trois projets. Dans le
premier cas, celui de l'implantation des options professionnelles, un document
a été élaboré, qui s'intitule "Les conditions
préalables aux décisions d'implanter les options
professionnelles", et qui fait le point sur la somme intégrée des
informations nécessaires pour que les gens puissent décider, avec
la meilleure information possible, du genre d'options professionnelles à
implanter sur le territoire du Québec.
C'est donc, si vous voulez, une spécification du genre
d'informations qui sont nécessaires et des relations qui existent entre
chacune de ces informations-là qui devraient éventuellement
s'automatiser, d'une certaine façon, et ainsi permettre, grâce
à une banque de données continuellement mise à jour, aux
gens de décider d'ouvrir ou de fermer une option sur le territoire
à un endroit donné.
M. CHARRON: Est-ce que ce document a déjà porté
fruit dans certaines décisions que le ministère a eu à
prendre, par exemple, pour l'ouverture ou la fermeture de certaines options
professionnelles? Est-ce qu'on s'est servi de ce document pour prendre des
décisions?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II contribue, à l'heure actuelle,
à tenter de mettre en place les structures d'information requises pour
implanter les options.
M. CHARRON: C'est rendu là.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est cela. Le document est rendu à sa
phase d'implantation.
M. CHARRON: Et en ce qui concerne ma deuxième question de tout
à l'heure sur les expérimentations?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le deuxième projet touche le domaine de
la fabrication des programmes d'enseignement professionnel. Comment s'y
prend-on pour fabriquer un programme d'enseignement professionnel?
Une équipe du groupe éducation et emploi s'est
penchée sur ce problème, a élaboré une
méthode pour faire les programmes de formation professionnelle et l'a
appliquée dans trois secteurs; celui de l'imprimerie, celui de la
mécanique et celui des sciences de la santé. En ce qui concerne
certaines fonctions de travail de la mécanique d'ajustage,
l'expérimentation se terminera dans deux semaines approximativement et
un document suivra. Je vous donne rapidement la façon dont on
procède. Une méthode de travail est élaborée, qui
part de l'analyse des fonctions de travail, qui regarde les composantes,
quelles sont les tâches à réaliser dans le cadre d'une
fonction de travail et qui se rend jusqu'au niveau des unités de
connaissance qui sont requises pour permettre à l'individu de remplir
cette fonction de travail de la façon la plus adéquate.
On obtient donc les éléments strictement professionnels
dans un programme de formation. Le but de ce dossier sur les programmes de
formation est non seulement de fabriquer des programmes qui collent aux
réalités du monde du travail, mais également de tenter de
mettre en place une structure permanente qui, au fur et à mesure
où il y aura des changements dans les tâches, permettra
immédiatement de corriger les unités de connaissances qui sont
visées.
Ce projet, comme je le disais tout à l'heure, portera ses fruits
dans approximativement deux semaines dans certains aspects du secteur de la
mécanique. Les autres sont encore en cours.
M. CHARRON: Je n'ai pas terminé, mais si vous voulez poser une
question à l'intérieur...
M. CARDINAL: C'est une question plus générale que celle
que vient de poser le député de Saint-Jacques, et de celle qui a
pu être posée hier, mais je l'adresse au ministre.
Les quatre thèmes qui ont été
développés par la Direction générale de la
planification sont des thèmes qui existaient sous l'administration du
député de Verchères et qu'il aurait hérité
du député de Bagot avant que je quitte le ministère. Ce
que je veux dire, c'est qu'en fait ce sont des thèmes qui sont
dressés depuis environ deux ans.
J'ai terminé hier mon exposé en réponse au ministre
avec ma question à savoir quelle est la vocation sociale du
ministère de l'Education. Je la pose encore aujourd'hui autrement au
sujet de la Direction générale de la planification. Est-ce que
maintenant qu'on a travaillé pendant deux ans sur ces quatre
thèmes principaux qui avaient été établis en 1970,
la Direction générale de la planification et le ministère
ont l'intention d'ajouter de nouveaux thèmes ou de nouveaux projets qui
permettraient à la planification d'élargir son action?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, il est exact que ces
thèmes remontent â plusieurs années et, comme je l'ai dit
au cours de mes remarques préliminaires, ceci témoigne de la
continuité dans la politique de l'éducation. J'ai
également signalé, lorsque nous sommes arrivés à la
discussion de cet article, que la Direction générale de la
planification était en voie de se redéfinir.
Elle avait joué, au départ, un rôle
extrêmement important dans l'édification du réseau
d'enseignement et dans l'élaboration même du ministère.
Mais cette direction devait se situer à la lumière de
l'évolution et ceci serait peut-être d'ailleurs facilité
par le déménagement, lequel permettrait le groupement des
différentes directions qui sont un peu dispersées actuellement
à Québec.
En ce qui concerne les recherches prévues pour l'année
72/73, je peux vous en donner la liste rapidement.
M. CARDINAL: D'accord.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est ainsi, par exemple, que le groupe
éducation et emploi s'intéressera à l'analyse des
tâches de l'industrie de l'éducation et fera une recherche sur les
sortants du système scolaire.
M. CHARRON: Vous avez dit l'analyse des tâches de l'industrie de
l'éducation?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, parce que, dans la perspective qui est
adoptée, l'éducation est conçue comme une industrie. Cette
analyse permettra d'identifier les qualifications requises pour les
différentes tâches.
M. CHARRON: Des sparages de technocrates.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est un vocabulaire d'allure sociologique, si
vous voulez, mais qui ne change rien au fait.
M. CARDINAL: II faudrait que vous amendiez le vocabulaire du
ministère qui est déjà publié.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'aurais beaucoup à dire sur le
vocabulaire, mais il recouvre des réalités dont il convient de
tenir compte. Je continue en ajoutant la question du "droping out". Je passe
maintenant au groupe éducation et affaires étudiantes, qui fera
une recherche sur
l'étudiant à l'université. Certains projets
particuliers que je cite également, comme les conditions de la
réussite scolaire au premier cycle de l'élémentaire et
l'orientation linguistique à l'école. En fonction... Oui.
M. CHARRON: Pardon! Continuez, je vous en prie.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'allais tout simplement conclure en disant
qu'en fonction de cette vocation que tente de se définir la direction
générale nous verrons quel thème nouveau nous pourrons
ajouter. Ce que j'ai laissé entendre au début, c'est qu'il y
aurait tout intérêt, à mon sens, à ce que la
direction générale puisse également fournir aux autres
directions générales des mécanismes d'évaluation
des programmes, une aide peut-être plus intégrée et plus
directe.
M. CHARRON: D'ailleurs, depuis l'année dernière, je pense
qu'il y a un nouveau groupe à l'intérieur de la direction qui est
né, ou alors je ne l'avais pas remarqué. C'est éducation
et planification régionale, mais peut-être n'existait-il
qu'à l'état embryonnaire l'année dernière. Cette
année, il semble avoir pris une certaine consistance et l'on parle de
relations de travail de ce groupe avec l'Office de planification et de
développement du Québec. Tout le monde connaît la
faiblesse, sinon l'insignifiance, de l'Office de planification et de
développement du Québec dans le statut actuel du Québec.
Je me demande s'il y a beaucoup d'énergie au niveau de la direction de
la planification de dépensée dans ce groupe de travail ou si la
majorité du travail est fait à l'Office de planification et de
développement du Québec.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le groupe éducation et planification
régionale a travaillé en relation avec l'OPDQ, au moment
où il y avait les diverses missions qui se passaient sur le territoire
du Québec, mission du Nord-Ouest entre autres.
Le groupe était constitué pour répondre à
ces besoins des grandes missions.
Maintenant qu'il y a changement dans les orientations au niveau de
l'OPDQ, quant à son activité, c'est-à-dire que ces
missions sont moins préconisées qu'antérieurement, le
groupe de planification régionale, actuellement, se penche sur le
concept de régionalisation des CEGEP. C'est la nouvelle orientation
qu'il est en train de mettre sur pied à l'heure actuelle.
M. CHARRON: Je pense, que nous aurons l'occasion d'en parler quand on
abordera la DIGEC, tout à l'heure, ou les expériences de
l'année dernière. Je suis content que vous répondiez
là-dessus. J'aurais quelques autres questions mais je ne veux pas
retenir inutilement M. Fontaine à la table.
Le groupe éducation et technologie a été celui qui
a été impliqué à la rédaction ou la
conception du projet Multi-Média. Dans le rapport, on mentionne
qu'étant donné que le projet Multi-Média est maintenant
chose lancée, pour ne pas dire garrochée, le groupe est un peu au
repos. Qu'est-ce qu'on prévoit de ce groupe? Prévoit-on le faire
travailler sur autre chose maintenant?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce groupe ne fonctionne pas à l'heure
actuelle. Cependant, quelqu'un à la direction générale est
en train d'élaborer une réflexion sur ce que devrait devenir le
groupe éducation et technologie. Ceci devrait se concrétiser
d'ici le mois de septembre.
Je ne peux pas vous donner plus de détail, à l'heure
actuelle, sur l'avenir de ce groupe, si effectivement il y a un avenir. Mais il
y a quand même un champ énorme de préoccupations au niveau
de la technologie. Je crois bien que les orientations sont faciles à
déceler éventuellement, dans ce domaine.
M. CARDINAL: M. le Président, je voudrais bien comprendre. Il y a
une personne, d'accord, qui s'occupe de l'évaluation de
Multi-Média. Est-ce qu'on vient de laisser entendre que ceci serait en
éteignoir jusqu'en septembre et, qu'éventuellement, à la
planification, ceci disparaîtrait complètement et que le projet
Multi-Média serait mis en veilleuse?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): En fait, M. le Président, si vous me
permettez...
M. CARDINAL: Non, je voudrais justement comprendre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... d'apporter quelques précisions. Je
dirais que le groupe éducation et technologie a été
chargé de définir le projet Multi-Média.
M. CARDINAL: Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Lorsque le projet a été
suffisamment mûr pour être lancé, le groupe s'est
retrouvé décimé, pour l'excellente raison que l'un de ses
membres a été nommé coordonnateur général du
projet Multi-Media et également parce qu'il avait rempli sa mission pour
l'instant. Maintenant, le groupe est en train de se définir, et le champ
est extrêmement vaste. Les relations entre l'éducation et la
technologie permettent certainement un bon nombre de directions et
d'orientations nouvelles. Aussitôt qu'un rapport pourra être fourni
à ce point de vue, nous prendrons les décisions pour tenter de
lui redonner vie. Il est, pour l'instant, certainement en veilleuse.
M. CHARRON: Un autre groupe, M. le Président, qui est
intéressant, à la Direction générale de la
planification, c'est celui qui s'est penché sur le système de
gestion. Dans le
rapport de ses activités, on mentionne qu'il a fourni des
documents sur l'organisation administrative des écoles polyvalentes, sur
la gestion par équipes dans les commissions scolaires. J'aimerais
savoir, de la part du ministre, maintenant, si ces documents ont
été utilisés et si les recommandations de ce groupe ont
été utilisées dans la prise de décision qu'a
dû faire le ministre au cours de la dernière année.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, M. le Président. Ces documents sont
à l'origine d'un certain nombre de politiques salariales qui sont en
train d'être élaborées et dont certaines ont même
été proposées.
M. CHARRON: Qu'entendez-vous par politiques salariales?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous pourrons vous donner certains de ces
documents; il y en a une vingtaine qui ont déjà été
rendus publics, d'ailleurs. Ce groupe nous a permis de définir certaines
politiques du point de vue salarial. Il s'agit, tout simplement, de techniques
administratives. Nous allons retrouver, d'ailleurs, tous ces
éléments en cours de route.
M. CHARRON: Mais figure, quand même, comme projet de ce groupe,
l'application d'une politique administrative et salariale pour le personnel de
cadres des CEGEP et des commissions scolaires.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est cela, exactement.
M. CHARRON: Je me rappelle que l'ancien ministre de l'Education nous
l'avait aussi annoncé, l'année dernière, à la
période des crédits.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je vais, quand même, un peu plus loin, en
ajoutant, comme j'ai tenté de vous le faire comprendre, que ceci est en
cours d'implantation.
M. CHARRON: Donc, ce n'est plus simplement un projet, un
modèle?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, non. Ce n'est plus simplement un
projet.
M. CHARRON: Cela a été réalisé et c'est en
implantation.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 1, adopté?
M. CHARRON: Je m'excuse, j'ai une dernière question, M. le
Président. Le groupe qui travaille sur des projets spéciaux de
recherche à l'intérieur de la direction générale,
aurait préparé un plan de regroupement des commissions scolaires
locales par secteurs. Je voudrais savoir les conséquences que ce
document aurait pu avoir, par exemple, dans l'application de la mission 27.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est en étroite collaboration avec les
gens de la DIGEC que nous avons travaillé à l'élaboration
des documents sur la mission 27. En fait, si vous voulez, les services
techniques ont été fournis par la direction
générale de la planification.
M. CHARRON: A la DIGES.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est ça.
M. CHARRON: Et c'était dans le cadre de la Mission 27.
Est-ce qu'on a fait, comme on se proposait de le faire, un relevé
de la scolarité et de l'expérience des cadres scolaires dans le
Québec?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, des travaux ont été faits
là-dessus effectivement, des travaux qui sont terminés sur la
scolarité et l'expérience des cadres scolaires, dont le titre
exact est...
M. CHARRON: Cela n'a pas été rendu public.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non.
M. CHARRON: Je ne pense pas que ce soit d'intérêt
éternel, mais quand même.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce n'est peut-être pas le moment de le
rendre public, c'est vraiment en cours d'élaboration. Il doit être
revu.
M. CHARRON: Ce ne serait peut-être pas mauvais qu'on ait un profil
de la scolarité et de l'expérience des cadres scolaires au moment
où on est à la veille d'une élection
générale comme jamais le Québec n'en a connu, et qui va
avoir des conséquences sur la gestion de ces importantes commissions
scolaires. Je me trompe peut-être, mais j'ai déjà mis la
main sur un papier qui donnait comme scolarité moyenne des commissaires
d'école au Québec, 9 ans, je pense. J'ai le goût
d'impliquer le député de Verchères parce qu'il
était là à cette époque-là. Ce sont
certainement des données à connaître.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... public sous forme de synthèse
aussitôt que possible, mais une bonne mise en forme s'impose
actuellement.
M. CHARRON: J'aurais beaucoup de choses à rajouter sur la
direction générale de la planification. Je me contente de
rappeler ce qui semble être une décision déjà prise
à l'intérieur de la direction générale, et j'appuie
l'idée d'impliquer de plus en plus les autres directions
générales dans l'élaboration des politiques de la
planification. Je l'avais signalé l'année dernière. Si
ça s'est réalisé, tant mieux.
Et aussi il me semble une priorité qui est
déjà décelable au niveau du groupe éducation
et emplois, c'est-à-dire la formation professionnelle. Je pense que le
conseil supérieur a rappelé plusieurs fois l'impératif
urgent de développer une politique de formation professionnelle. Si ce
groupe-là considère ça comme sa priorité, je pense
que les crédits que nous allons lui voter seront utilisés
à bon escient.
M. CARDINAL: M. le Président, si vous me permettez, s'il n'y a
pas d'autres députés qui ont des questions à poser,
à l'article 2, direction générale de la planification, je
ferais la proposition, pour simplifier les débats, que les
catégories 1, 3, 4, 5, 6, 7, 8 et 11 soient adoptées, ce qui
n'implique pas une satisfaction entière des réponses que nous
aurions pu recevoir.
M. LE PRESIDENT: Adopté?
M. CHARRON: A l'exception de la catégorie 4. Moi je ne peux pas
accepter ça aussi rapidement.
M. LE PRESIDENT: Pour le bénéfice du journal des
Débats on peut dire que les catégories 1 et 3 sont
adoptées.
M. CHARRON: Disons que oui. Toutes les autres, excepté 4, parce
qu'il y a une augmentation assez substantielle encore une fois
contrairement à l'engagement que le gouvernement avait pris de diminuer
les services contractuels de $156,000 à $225,000.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): D'abord je rappelle au député de
Saint-Jacques que nous préparons en ce moment des documents qui
couvriront toutes les catégories 4 dans tous les articles
budgétaires. Ces documents, lesquels imposent des recherches assez
longues, pourront être déposés probablement demain.
Cependant, en cours de route, je réponds avec plaisir aux questions que
l'on peut me poser et l'augmentation s'explique par les différentes
recherches que j'ai citées tout à l'heure. J'en ai même ici
la ventilation; la recherche sur les sortants du système scolaire par
exemple comporte un montant de $35,000, les causes du "droping out" un montant
de $20,000.
M. CHARRON: Le groupe éducation et affaires étudiantes
j'imagine que c'est celui qui est le plus impliqué dans le
phénomène du "droping out", la recherche qui devait se faire
là-dessus.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est exact.
M. CHARRON: Ce groupe ne suffit pas à la tâche au point que
vous deviez aller par contrat à l'extérieur du ministère
pour obtenir les informations que vous voulez. Est-ce, comme le dit M. Fontaine
je ne veux pas vous souffler la réponse, mais je pense que c'est
celle-là que vous avez dans la tête pour la cueillette de
données qui seront ensuite analysées par le groupe
éducation et affaires étudiantes?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je pense que le principe sur lequel ces groupes
sont formés rend presque nécessaire dans la plupart des cas un
appel aux ressources extérieures; autrement, il faudrait constituer des
groupes beaucoup trop importants et on se trouverait en présence d'une
structure lourde. Les groupes sont constitués de représentants de
la Direction générale de la planification, de
représentants d'autres directions générales du
ministère. Ces groupes sont en quelque sorte des groupes de
définition, des groupes où il s'agit de donner des orientations.
Mais il m'apparaît à moi parfaitement normal que l'on puisse
confier à l'occasion certains travaux à l'extérieur, en
particulier pour la cueillette des données.
M. CHARRON: Notez bien que, quand votre gouvernement s'était
engagé à diminuer ce genre de dépenses publiques, il
n'avait pas dit qu'il les supprimerait. Il s'était engagé
à les diminuer disant qu'un bon nombre de ces dépenses
étaient faites inutilement à la requête de compagnies qui
venaient soutirer ni plus ni moins ces enquêtes, sans que le besoin ne se
soit exprimé à l'intérieur de la direction
générale ou du ministère. Je me souviens très bien
d'avoir entendu le député de Mercier, à ce
moment-là candidat au poste qu'il occupe actuellement, s'engager
formellement à assainir l'administration publique d'abord en coupant ce
genre de dépenses. Je le répète depuis le début. Et
remarquez bien qu'à toutes les catégories 4 de chacun des
articles c'est augmenté partout.
M. CARDINAL: Jusqu'à trois fois parfois.
M. CHARRON: Plusieurs fois jusqu'à trois fois. A la Direction
générale de la gestion, c'est de $164,000 à $690,000. Je
ne dis pas que vous n'aurez pas les justifications nécessaires tout
à l'heure quand nous aborderons ce problème-là, mais il
reste qu'il y a un dégonflage de promesses là aussi.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ecoutez, je ne suis pas tout à fait
d'accord là. On recommence, je pense, à politiser les
explications que l'on demande. Il faut bien distinguer entre une intention bien
arrêtée qui s'est concrétisée dans les faits
d'assainir l'administration et de contrôler ces dépenses et le
fait que, pour certains types de recherche, il est parfois plus
économique, parfois et souvent plus économique d'aller à
l'extérieur, pour les raisons que j'ai tenté de vous donner tout
à l'heure.
Quant à moi, je cherche autant que possible à constituer
des missions temporaires, des "task force" pour certaines tâches qui sont
appelées à disparaître.
Vous n'ignorez pas que la fonction publique, avec la
sécurité d'emploi, fait que si on veut faire face à tous
les impératifs de l'administration moderne, on se crée des
charges extrêmement lourdes. La nature même de ces groupes est
d'être temporaire dans la mesure où ils sont axés vers des
tâches particulières. Il me semble qu'il est tout à fait
justifié de faire appel à des interventions extérieures
à ce moment-là.
M. CARDINAL: Me permettez-vous, M. le Président? J'irais
peut-être plus loin que le député de Saint-Jacques. Ceci
est une vieille question. Même si le ministre a dit qu'il ne fallait pas
politiser et même si on doit garder nos débats dans un grand
esprit de liberté vis-à-vis de la partisanerie politique, je me
souviens fort bien que lorsque j'avais l'administration de ce ministère,
chaque année, trois fois, on est revenu sur cette question et on a fait
des promesses formelles.
La deuxième remarque que je ferais est la suivante: Nous allons
étudier les articles un à un mais en jetant un regard rapide en
diagonale, nous accrochons à la catégorie 4 de chacun des
articles. Je me demande s'il n'y aurait pas lieu de suspendre l'étude
des catégories 4 de chacun des articles tant qu'on n'aura pas eu le
document dont le ministre vient de parler, sans quoi on lui demandera chaque
fois des explications qui viendront "en temps et lieu". Ecoutez, je ne sais
pas, est-ce que le ministre a vraiment dit qu'il avait l'intention de nous
donner demain un document sur toutes les catégories 4?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est mon intention, M. le Président, et
j'aurais souhaité pouvoir le faire auparavant. Il faut comprendre que
l'élaboration d'un tel document exige des recherches assez
poussées. Maintenant, je veux revenir sur un des exemples du
député de Saint-Jacques concernant l'article sur la gestion,
alors qu'il parlait d'un montant d'un peu plus de $600,000.
Comme nous le verrons en arrivant à cet article, il s'agit
là en fait d'une économie parce qu'on a groupé toutes les
locations de Xérox, qui étaient distribuées auparavant un
peu partout dans les différents articles. L'exemple est donc mal choisi,
mais le député de Saint-Jacques ne pouvait pas le savoir.
M. CHARRON: Je ne pouvais pas le savoir, j'ai pris les chiffres qui me
tombaient sous la main.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est pour cela que je profite de
l'occasion...
M. CHARRON: Si nous prenons ceux qu'on a passés hier et sur
lesquels vous n'avez pas répondu encore, de $31,000 à $77,000 au
chapitre de l'administration...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ecoutez, nous pouvons répondre...
M. CHARRON: II y a $8,000 qui apparaissent à l'enseignement
catholique et protestant, où il n'y en avait pas l'année
dernière. Ici, on saute de $90 millions, à peu près. Tout
à l'heure, au service de l'informatique, encore une fois...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est $90,000. M. CHARRON: Oui, $90,000,
pardon.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous ne sommes pas encore à la Direction
générale du financement.
M. BROCHU: Si le président me le permet, j'aimerais appuyer la
demande du député de Bagot. Le coup d'oeil rapide que j'ai pu
jeter là-dessus démontre que, globalement, il y a quand
même une augmentation de ce coussin variable de $4,600,000 environ par
rapport à l'an passé. Je pense que l'article est suffisamment
important. Si on doit entrer à chaque fois dans une discussion ou dans
un dédale de discussions, je pense qu'il vaut mieux reporter à
plus tard la discussion complète sur cet article.
M. LE PRESIDENT: Suivant le désir des membres de la commission et
du ministre, nous allons suspendre la catégorie 4 de chacun des articles
jusqu'à ce que le ministre fournisse le document demain.
M. BROCHU: Une dernière question sur cet article. Est-ce que le
ministre pourrait nous fournir en même temps le chiffre d'augmentation de
l'an passé sur l'année précédente, s'il y a eu
augmentation?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ces chiffres apparaissent dans les
documents.
M. BROCHU: De l'année passée par rapport à
l'année précédente.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): A la catégorie 4?
M. BROCHU: Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, très volontiers. Nous pouvons faire
la comparaison avec les chiffres.
M. LE PRESIDENT: Les catégories 1, 3, 5, 6...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Sauf qu'il y a une réserve que je veux
apporter, M. le Président. La comparaison est assez difficile
étant donné qu'il y a une modification de catégorie. C'est
le problème que l'on rencontre au niveau de tous les
ministères.
M. CHARRON: On peut écarter la difficulté si la
description est suffisamment détaillée pour
que l'on puisse voir que d'autres choses se sont...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Bien que là encore je dois vous rappeler
ce que je vous ai dit hier. Pour l'année 71/72 vous aurez une
ventilation totale et complète mais pour l'année qui vient, on ne
peut pas présumer du nombre de spécialistes que nous allons
engager et toutes les recherches que nous allons entreprendre. Par
conséquent, la somme est basée sur l'évaluation de nos
besoins mais elle ne peut pas être davantage détaillée.
M. CHARRON: Je sais que vous ne pouvez tout prévoir mais
gouverner, c'est prévoir aussi. Vous êtes certainement en mesure
de savoir je pense au groupe éducation et affaires
étudiantes qui, je me le rappelle, au moins depuis un an, travaille sur
la question du "droping out", comme l'a dit l'ancien ministre de l'Education
où on s'en va et de quelles sortes d'études on aura
besoin. Cela devrait être assez facilement explicable.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce l'est, je vous en ai donné le chiffre
précis, il y a quelques instants.
M. CARDINAL: Je pense que le député de Saint-Jacques
serait d'accord que, si nous avions tout le tableau des catégories 4,
nous pourrions l'étudier et, ensuite, malgré les regroupements
différents, établir un tableau général et poser des
questions qui ne nous amèneront pas sans cesse dans d'autres articles
que celui que nous sommes à étudier.
Je pense qu'il n'y a pas objection à retenir la catégorie
4 jusqu'à la remise des documents.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est ça, M. le Président. Nous
allons faire l'impossible pour vous remettre demain au moins un partie de
l'information que vous désirez. Il est possible, cependant, que la
partie 71/72, étant donné que les livres viennent seulement
d'être fermés, puisse prendre un ou deux jours de plus.
M. CHARRON: Avant que vous ne quittiez votre fauteuil, M. Fontaine,
est-ce que votre direction générale a été
impliquée dans la planification du secteur universitaire, au cours de la
dernière année?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Assez peu, en fait. Via le groupe
éducation et affaires étudiantes, il y a eu des relations qui se
sont établies avec le secteur universitaire.
M. CHARRON: Sur le plan pédagogique ou de gestion, par
exemple.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non.
M. CARDINAL: Je pense que c'est le conseil des universités qui
fait des suggestions au ministère qui procède ensuite par la
DIGES.
M. CHARRON: Directement, le conseil des universités utilisait-il,
un peu comme d'autres directions générales sont appelées
à le faire occasionnellement, vos services?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): En fait, je faisais allusion, tout à
l'heure, aux groupes qui réunissaient des participants des diverses
directions générales; la Direction générale de
l'enseignement supérieur est présente aussi au sein des divers
groupes.
M. CHARRON: Merci, M. Fontaine.
M. LE PRESIDENT: Alors, toutes les catégories de l'article 2,
sauf la catégorie 4, sont adoptées?
M. CARDINAL: Agréé.
Service de l'Informatique
M. LE PRESIDENT: Article 3, service de l'informatique?
M. CARDINAL: Une question tout de suite, M. le Président. Il ne
s'agit pas ici de la catégorie 4, mais de la catégorie 1,
où l'on a des chiffres qui sont assez frappants; il s'agit des
traitements, salaires et allocations.
Au budget de l'année dernière, il y avait $1,725,500.
Cette année, il y a $2,076,700. Deux questions. La première:
Pourquoi cette augmentation, quand même importante, alors que, dans
presque tous les ministères, à cette catégorie, il y a
diminution et, à l'article 11 des crédits du ministère des
Finances, une réserve de $2 millions pour combler les vides concernant
les traitements, salaires et allocations? Est-ce parce que l'on a
remplacé des groupes extérieurs par du personnel nouveau,
permanent ou qu'on a l'intention de le faire? La deuxième question:
Qu'est-ce qui a été utilisé de la somme prévue au
budget de l'année dernière?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, la charge de travail de
ce service a augmenté considérablement. L'ordinateur dessert
actuellement certains ministères et, en plus du ministère de
l'Education, plusieurs organismes scolaires. Il y a actuellement 32 CEGEP et 36
commissions scolaires qui sont branchés sur l'ordinateur.
M. CARDINAL: Vous voulez dire, en fait, que vous devez augmenter le
nombre de programmeurs, d'opérateurs enfin, appelez-les de tous
les noms dont s'appellent les gens qui opèrent ces machines.
Je fais la différence entre le "hardware" et le "software". Il
s'agit ici non pas de la location
des machines, mais bien du traitement des personnes qui se servent de
cet outillage.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a également le fait que la
croissance de ce service est beaucoup plus rapide que les autres. Le personnel
est d'ailleurs plus jeune et hautement qualifié.
M. CARDINAL: Est-ce que vous avez des difficultés de recrutement
au sein même du Québec?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, M. le Président. Le fait,
d'ailleurs, que nous ayons maintenant des options d'informatique dans un grand
nombre de CEGEP, je crois dans une vingtaine de CEGEP, j'en ai la liste ici, si
vous la désirez, nous permet de puiser dans le réservoir
québécois, ce qui n'était pas le cas tout
récemment.
M. CARDINAL: C'est pourquoi j'ai posé la question.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Elle est parfaitement justifiée.
M. CARDINAL: La réponse justifie la question aussi.
M. CHARRON: M. le Président, le ministre me permettrait-il de
m'adresser à M. Croteau directement?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Bien sûr.
M. CHARRON : Dans les rapports d'activité du service de
l'informatique, vous mentionnez, ce qui avait été discuté
aussi l'année dernière lors de l'étude des crédits,
l'intention de voir certaines commissions scolaires et CEGEP en particulier se
relier en nombre de plus en plus grand à l'ordinateur central du
ministère. Je ne me souviens plus... je l'avais sous la main
tantôt, je l'ai perdu et c'est le nombre qu'il y avait l'année
dernière. Combien y en a-t-il cette année comparativement
à l'année dernière?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Au niveau collégial, cette année,
nous relions 32 CEGEP des 38 CEGEP existants. L'année dernière,
je pense qu'il y en avait une vingtaine.
M. CHARRON: C'est ça.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Au niveau secondaire, nous relions maintenant 36
commissions scolaires régionales alors qu'il y en avait, l'année
dernière, 21. Nous les relions à un rythme d'environ huit
à dix par période de six mois.
M. CHARRON: Maintenant, qu'est-ce qui retarde un plus grand nombre
d'être reliés à l'ordinateur? Leur volonté propre ou
l'incapacité de fournir, je ne sais pas?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): L'une et l'autre. Leur volonté propre,
d'abord, cela prend une recommandation de la commission scolaire et notre
capacité d'absorber ces nouveaux entrants.
M. CHARRON: Quel est le coût, pour une commission scolaire
régionale, de s'attacher au réseau central?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pardon?
M. CHARRON: Le coût? Qu'est-ce que cela représente pour
elles?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): En fait, le coût initial pour une
régionale moyenne serait une opération de l'ordre de $45,000
annuellement.
M. CHARRON: Mais est-ce que le coût varie par le nombre
d'étudiants à cette commission scolaire?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pas de façon proportionnelle. Il y a une
partie fixe. On peut dire $25,000 à $30,000 qui sont fixes et
l'excédent est proportionnel à la clientèle.
M. CHARRON: Maintenant, est-ce que vous pouvez dire que, dans les
commissions scolaires actuellement reliées, on peut trouver une
concentration géographique? Je ne sais pas mais disons que la
région de Québec et celle de Montréal le seraient, mais
que les commissions scolaires plus éloignées ne le seraient pas
encore?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Evidemment, le démarrage a
été plus facile avec les plus grosses commissions scolaires de la
région de Montréal. Par contre, nous avons, à ce
moment-ci, les quatre régionales du Nord-Ouest québécois
et nous avons des régionales jusqu'à la Gaspésie et
Sept-Iles. Alors, nous couvrons presque l'ensemble de tout le territoire.
M. CHARRON: L'ensemble par éparpille-ment, oui. Très
bien.
M. CARDINAL: M. le Président, je remarque, si je vais plus loin,
que les loyers pour l'équipement ne sont pas tellement augmentés
par rapport à certaines autres catégories dans cet article 2.
Est-ce que le ministère, au point de vue équipement, ce qu'on
appelle techniquement le "hardware", a atteint un certain sommet, qui fait que
ce qui est déjà possédé, déjà en
opération va permettre de relier d'autres collèges d'enseignement
général et professionnel, d'autres commissions scolaires sans
obérer davantage cet article du service de l'informatique? Est-ce qu'on
a atteint une espèce de "break even point" où l'on a le maximum
d'outillage pour permettre un maximum d'utilisation sans qu'on soit
obligé, à moins de
développement technologique nouveau, de faire des modifications
profondes au cours de l'année ou à moyen terme, au cours des
années à venir?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Evidemment, avec le taux d'adhésion que
nous suggérons maintenant et que nous restreignons à des moments
donnés, je crois que le "hardware" que nous avons actuellement, dans sa
composante principale qui est l'unité centrale de l'ordinateur sera
suffisant pour l'année qui vient.
Par contre, nous avons déjà cet ordinateur depuis octobre
dernier; il faudrait prévoir que deux ans après octobre 1&71
nous aurons atteint un point de saturation avec l'ordinateur que nous avons
actuellement.
M. CARDINAL: Si on me permet...
M. CHARRON: Combien de commissions scolaires pourraient actuellement, se
greffer, sur le matériel existant?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je crois qu'actuellement, avec les
prévisions que nous avons, on pourrait compléter le réseau
au niveau régional, c'est-à-dire qu'on pourrait prendre les 36
CEGEP et 64 régionales.
M. CHARRON: Actuellement, le matériel est suffisant?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Dans sa composante principale,
c'est-à-dire l'ordinateur, oui. Il faut toujours ajouter des bras ou ce
qu'on appelle du péréphirique à ça, plus des lignes
d'entrée, etc. Mais l'ordinateur central, je le crois suffisant.
M. CARDINAL: Une sous-question. Le ministère de l'Education doit,
éventuellement, déménager en entier ou presque dans le
complexe G. Est-ce que, pour ce qui est de l'informatique, au contraire, l'on
entend demeurer dans l'immeuble Champlain je pense que c'est comme
ça que ça s'appelle où déjà
l'installation du matériel semble très fonctionnelle?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): La composante "hardware", l'ordinateur, etc.,
l'atelier doit demeurer au centre Champlain. Par contre, nos analystes et
programmeurs iront au complexe G. Ils feront leurs travaux à partir de
terminais du même type que ceux qui sont utilisés dans les CEGEP
et les régionales.
M. CARDINAL: A partir d'appareils téléphoniques etc.
M. CHARRON: Vous parliez aussi, l'année dernière
c'était excellent puisque de plus en plus des commissions scolaires se
greffent ainsi que des CEGEP de mettre sur pied une équipe de
spécialistes qui pourraient utiliser les gens dans les instances
locales, les aider à utiliser le matériel, l'ordinateur, etc.,
l'informatique. Est-ce que ce groupe a été constitué?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui. Nous avons mis sur pied un groupe de
concertation qui oeuvre au niveau des commissions scolaires régionales.
Il s'appelle DICOS, pour le développement de l'informatique dans les
commissions scolaires. Il y a une permanence de trois individus dans cette
équipe, à honoraires, qui ont pour fonctions de prendre le poulx
et de permettre aux régionales de se concerter et d'évaluer le
service que nous leur offrons. Alors, ils sont un peu des tampons entre les
régionales et notre service.
M. CHARRON: Croyez-vous que trois personnes, c'est suffisant pour
ça?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous avons, en plus de ça, mis sur pied
une équipe technique que vous retrouverez à la catégorie
4, une douzaine de bonshommes sur base de contrat annuel, qui ont comme
fonctions d'aider les organismes à implanter et à utiliser les
systèmes que nous leur rendons disponibles.
M. CARDINAL: Nous y reviendrons.
M. CHARRON: Oui, c'est ça. Ma question allait être
politique, mais je voulais demander au ministre s'il ne croyait pas que cette
douzaine d'hommes ne pourraient pas devenir des fonctionnaires du
ministère.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est exactement, M. le Président, la
même réponse que j'ai donnée. Il n'est pas sûr que
l'on en ait besoin après un certain temps. Ils sont là pour
faciliter une implantation. Il s'agit, par conséquent, d'une mission
restreinte dans le temps. Pour ma part, je crois que l'administration moderne
doit sortir, justement, des sentiers habituels qui consistent à engager
du personnel chaque fois qu'on a une tâche à accomplir. Pourquoi?
Parce qu'avec les changements technologiques modernes les tâches à
accomplir varient très rapidement. Engager un employé
aujourd'hui, sachant qu'on l'aura peut-être à sa charge durant 30
ans, il est assez difficile de prévoir de quelle façon on pourra
l'utiliser. Il me paraît, quant à moi, dans la ligne de
l'administration moderne de faire de plus en plus appel, à la condition
d'avoir des contrôles suffisants, pour les tâches qui changent
rapidement, à des interventions extérieures.
M. CHARRON: M. le Président...
M. CARDINAL: Vos 100,000 emplois?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Mais ce sont des emplois, M. le
Président. Ce ne sont peut-être
pas des emplois dans le cadre de la fonction publique. Mais, la fonction
publique, cela ne représente pas toute l'économie du
Québec.
M. CHARRON: M. le Président, je vais plaider coupable sur cet
exemple. Parce que, pour l'exemple qui vient, le ministre a peut-être
raison. C'est peut-être plus économique pour les finances
québécoises d'aller chercher du personnel qualifié
à l'extérieur du ministère à cause...
M.CLOUTIER(Ahuntsic): M. le Président ...
M. CHARRON: Mais j'ai bien hâte qu'il dépose toute la liste
des services contractuels.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce n'est certainement pas la même
explication partout.
M. CHARRON: Non.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): A part ce cas particulier dont j'ai parlé
parce que nos besoins, étant connus, nous savons qu'en 1974 nous
n'aurons plus besoin de ce personnel il y a certainement d'autres
explications.
L'explication du fait que nous n'ayons pas toujours, pour une
tâche très spécifique, le type de compétence
requise, vaut également dans d'autres cas.
M. CHARRON: M. le Président, je voudrais demander maintenant si,
au domaine des recherches et de l'application dans le secteur de l'enseignement
automatisé, on a produit un document quelconque qui faciliterait la
tâche aux étudiants qui voudraient s'en aller dans ce domaine et
la tâche des enseignants de l'enseignement automatisé.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous continuons notre recherche dans ce secteur
d'activité qui, pour nous, est très délicat. Nous ne
voulons pas devancer les étapes normales parce que nous ne sommes pas
certains de la possibilité d'appliquer l'utilisation de l'ordinateur
à beaucoup de secteurs de l'enseignement.
M. CHARRON: N'avez-vous pas fait des expériences, dans ce
domaine, au cours de la dernière année?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous continuons les expériences et nous
espérons, vers le mois d'août de cette année, produire les
documents pour le ministère, lesquels documents pourraient
suggérer une politique éventuelle d'application de l'ordinateur
comme outil ou aide à l'enseignement.
M. CHARRON: Bien.
M. LE PRESIDENT: La catégorie 1 est-elle adoptée?
M. CARDINAL: M. le Président, je pense qu'on a couvert un peu
tout parce qu'on a constaté, d'une part, que dans "Fournitures et
approvisionnements" il y avait une légère augmentation. J'ai
souligné l'augmentation relativement faible des loyers. On a
répondu qu'on aura l'utilisation de la centrale.
On retient évidemment la catégorie 4, en attendant les
explications sur toutes les catégories 4. A moins que d'autres
députés n'aient des questions, je suggérerais que les
catégories 1, 3, 5, 6, 7, 8 et 11 soient adoptées.
M. LE PRESIDENT: Et les catégories 14 et 15.
M. CHARRON: Pas tout de suite.
M. CARDINAL: Pour les catégories 14 et 15, il y aurait
peut-être des explications à demander avant de les adopter. C'est
pourquoi je m'arrête à la catégorie 11.
M. CHARRON: Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): L'explication est très simple. C'est que
nous avons commencé à exiger des honoraires à des
organismes desservis. Nous prévoyons, à ce titre...
M. CARDINAL: Mais qu'appelez-vous imputations? Quelle est la
différence entre remboursements et imputations?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Dans le cas des imputations, c'est ce qui
concerne les autres ministères qui utilisent notre ordinateur et dans le
cas des remboursements, c'est ce qui nous vient des commissions scolaires, des
CEGEP ou d'organismes extérieurs au gouvernement.
M. CARDINAL: C'est peut-être au ministre des Finances qu'il
faudrait s'adresser mais ce jeu de chiffres que l'on fait entre les
ministères et que l'on fait souvent au bas d'un article complet me
semble, actuellement ce n'est peut-être pas le ministre de
l'Education qui doit régler cette question fausser le jeu de
l'étude des budgets.
Je soulignais tantôt l'article 11 du ministère des Finances
où, l'an passé, il y avait $10 millions et, cette année,
$2 millions, ce qui vient fausser chacune des catégories 1 de chacun des
articles de chacun des ministères.
Quand on arrive, surtout, avec des remboursements et des imputations, eh
bien, les imputations ne sont que des entrées comptables et ceci
pourrait être ventilé d'une façon différente, ce qui
fait que, par exemple, des services de transport et de communication, au lieu
de représenter une somme de $84,000 représenteraient
peut-être $14,000, je n'en sais rien. Se mettre à ventiler les
imputations, c'est-à-dire les relations entre les ministères qui
seraient clients du ministère de l'Education et les rembourse-
ments qui, d'après ce que j'ai cru comprendre, seraient des
paiements par les clients extérieurs ou externes, dans le fond, ce sont
des jeux de mots.
Les remboursements de la part des commissions scolaires viennent pour
une bonne partie, dans beaucoup de commissions scolaires, de sommes que le
ministère lui-même a versées aux commissions scolaires. Ce
n'est pas le cas, peut-être, du Protestant School Board of Greater
Montreal, de la CECM ou de la CECQ, mais je fais humblement la suggestion au
gouvernement, par l'intermédiaire du ministre de l'Education, que cette
façon de comptabiliser me paraît dépassée. Non
seulement elle est dépassée, mais si, dans les
sociétés privées, on employait ce système, on
pourrait facilement je n'emploierais pas le mot falsifier fausser
les chiffres, en ce sens qu'on donne une image, â un endroit
donné, qui est déformée par ce qui s'appelle ensuite les
remboursements et imputations.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je suis convaincu que le député de
Bagot a beaucoup plus de compétence que moi en matière
financière et le sujet qu'il soulève devrait effectivement
être porté à l'attention du ministre des Finances.
Cependant, je considère pour ma part que c'est là un signe
de saine gestion parce que cette façon d'imputer certaines
dépenses d'un ministère â l'autre et même de
direction générale à direction générale
permet d'évaluer les coûts d'un programme.
M. CARDINAL: Sur ce point, je suis d'accord, mais...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Et je crois que l'optique où nous nous
plaçons, c'est-à-dire l'optique du PPBS, va nous permettre
justement de discuter par programme. Je pense que la discussion que nous aurons
en 73/74 sera peut-être beaucoup plus facile et beaucoup plus
intéressante parce que nous n'aurons plus ces catégories de
nature des dépenses. Nous aurons des programmes et nous pourrons avoir
immédiatement l'évaluation des coûts.
M. CARDINAL: D'accord, mais justement nous ne l'avons pas actuellement.
Si vous prenez les deux sommes de $340,000 et $422,000 qui sont là,
ça ne nous permet pas, à nous, actuellement d'évaluer les
programmes qui viennent du service de l'informatique ou qui sont reliés
à d'autres services, que ce soit la direction générale de
la planification, la DIGEES, la DIGEC ou l'enseignement
élémentaire ou secondaire, etc. C'est une question de disposition
de chiffres.
On a déjà procédé autrement, mais on
procède de cette façon actuellement. Le ministre, en me
répondant, a donné lui-même une suggestion fort
intéressante. C'est que plutôt que de rester pris dans sa
tradition de présenta- tion de budget des ministères et
particulièrement du ministère de l'Education, on serait
peut-être beaucoup mieux de présenter le budget sous forme de
programmes, dans certains cas, beaucoup plus que l'article direction
générale de la planification qui couvre, de par son essence
même, des programmes tentaculaires et qui vont dans d'autres directions
générales, et à ce moment-là évaluer le
programme.
Il faudrait que je m'assoie personnellement moi malgré la
compétence que vous venez de me reconnaître longtemps
derrière une table avec beaucoup de chiffres et de calculs,
peut-être même en me servant de l'ordinateur du ministère
pour le trouver...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): A ce moment-là, vous auriez, bien
sûr, des honoraires à payer, comme tous les organismes que nous
desservons. Il y aurait une imputation.
M. CARDINAL: Là, faites attention, parce qu'on peut se demander
pourquoi l'Opposition ne pourrait pas bénéficier des services de
cet ordinateur ou de tout autre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Mais je pensais au député en tant
qu'individu.
M. CHARRON: Je ne voudrais pas pousser plus loin là-dessus, mais
c'est quand même la deuxième année que ces
difficultés se produisent. Le ministre se rappellera qu'aux Affaires
culturelles, l'année dernière, nous avions été
arrêtés pendant un certain temps sur un problème du genre,
soit retrouver un certain montant qui passait des Affaires
intergouvernementales aux Affaires culturelles. Espérons qu'à un
moment donné ce sera plus clair.
Ce que je veux savoir de façon détaillé, c'est les
$240,000 de remboursements.
M. CARDINAL: Avec la permission du président, est-ce que le
député de Saint-Jacques me permettrait, avant qu'on nous donne ce
détail-là, d'ajouter un autre point à ce qui avait
été dit plus généralement? Même si on nous
donne le détail qui est demandé présentement, ce sera
toujours une pierre d'achoppement tant que nous aurons cette question de
remboursement et d'imputation, parce que, même si on en donne le
détail, comme on va le faire, il va falloir s'apercevoir que l'enveloppe
globale du ministère n'est pas changée, sauf pour ce qui est des
relations avec les autres ministères. Le budget total du Québec
n'est certainement pas changé, mais il y a là une question de
présentation qui ne permet pas à l'Opposition d'avoir parfois une
idée claire de certains programmes et de certaines politiques.
Maintenant, vous pouvez répondre au député de
Saint-Jacques.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je réponds à la question du
député de Saint-Jacques. Les
$240,000 comprennent $100,000 des commissions scolaires; $100,000 des
CEGEP et $40,000 d'autres organismes, et ces chiffres sont basés sur
l'utilisation de l'année précédente. H s'agit de
prévisions.
M. CHARRON: De prévisions, donc de nouvelles qui viendraient se
greffer au cours de l'année.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est-à-dire, comme je l'ai
expliqué au début, que nous n'avons rien demandé aux
organismes que nous desservions, de manière à commencer à
implanter ce réseau de gestion par ordinateur, mais que, à partir
de maintenant, nous comptons faire payer le plus possible. Nous
prévoyons même qu'il peut y avoir des moyennes d'à peu
près $1 par élève.
M. CHARRON: Peut-être pouvez-vous m'éclairer, mais puisque
vous avez mentionné que le coût approximatif, maintenant,
était de $45,000 je crois pour une commission scolaire qui veut se
greffer au service de l'informatique. Est-ce que vous m'avez
répondu?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pour l'implantation. C'est le coût pour
une commission scolaire, son coût propre, c'est-à-dire celui de
son matériel et du personnel qu'elle utilise chez elle. Cela n'a aucune
référence au coût de SIMEQ.
M. CARDINAL: Ah! ce n'est pas le paiement du service.
M. CHARRON: Ce n'est pas le paiement du service au ministère.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est pour une régionale le coût de
fonctionnement d'une année.
M. CHARRON: D'accord.
M. CARDINAL: C'est pourquoi j'ai dit que c'est encore pire puisque la
régionale est elle-même subventionnée, disons, directement
ou indirectement, par le ministère.
M. CHARRON: Mais on dit $100,000 aux CEGEP, par exemple, et il y a 32
CEGEP actuellement. Alors, est-ce qu'on peut faire le calcul, puis dire que
ça revient à environ $3,500 par CEGEP?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Evidemment, il y a une utilisation très
variable par CEGEP, mais dire qu'en moyenne c'est ça.
M. CHARRON: C'est le loyer, en fin de compte, que charge le
ministère à ces instances locales pour se greffer au service de
l'informatique.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est ce que nous souhaitons faire cette
année. C'est la première année que nous agissons de cette
façon.
M. CARDINAL: Oui, parce qu'il n'y avait rien l'an passé.
M. LE PRESIDENT: Alors, toutes les catégories de l'article 3,
sauf la catégorie 4, sont adoptées?
M. CARDINAL: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Article 4, Direction générale de la
gestion.
Sous-article 1, administration?
Direction générale de la gestion
M. CARDINAL: Un instant, M. le Président. Quel est aujourd'hui,
au ministère, le rôle précis de la Direction
générale de la gestion? Cette direction générale
n'existait pas à l'origine du ministère. Elle a été
créée au cours des années, particulièrement entre
1968 et 1970, si je ne me trompe pas, par un besoin d'administrer un
ministère énorme qui occupait, à un certain moment, une
vingtaine d'édifices. Aujourd'hui, alors que l'on prévoit le
regroupement des forces du ministère, qu'un certain nombre de
difficultés ont été surmontées, quel est le
rôle précis de la direction générale de la gestion
au sein du ministère? Est-ce que, par exemple, cette direction
générale de la gestion est très proche des finances ou si
elle n'a qu'un rôle administratif au ministère?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, cette direction
générale a un rôle administratif au ministère. Il y
a, par ailleurs, une direction générale du financement. La
direction générale regroupe certains services qui existaient
antérieurement, du temps où le député de Bagot
était ministre de l'Education; par exemple, le service du personnel, le
service du budget, le secrétariat général.
Les objectifs de cette direction sont clairement exprimés dans le
rapport annuel. Je peux y revenir si vous le souhaitez, mais ces objectifs
tournent autour de l'efficacité administrative, de l'assistance à
la direction du ministère et des différentes unités
administratives, de l'amélioration des conditions de travail du
personnel du ministère, de la nécessité d'assurer aux
différentes unités du ministère le personnel
autorisé par le plan des effectifs et également de l'implantation
d'une politique de relations du travail. Ceci pourra être discuté
lorsque nous arriverons au service des relations du travail.
M. CARDINAL: D'accord. La réponse du ministre est en partie
satisfaisante. Quand on nous dit que c'est pour une plus grande
efficacité, bien, ça me parait un voeu pieux; ça ne donne
pas le rôle de la Direction générale de la gestion. Les
autres termes de rénumération
qu'a faite le ministre, me donnent une image beaucoup plus
précise de ce qui est en train de devenir la Direction
générale de la gestion, mais lui-même, à la fin, me
dit: On comprendra davantage lorsqu'on verra d'autres articles.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je m'excuse, j'ai simplement fait allusion
à l'aspect des relations du travail, mais on peut très bien en
discuter maintenant, si vous le souhaitez. J'ajoute que cette direction doit
voir à l'implantation du système PPB et également du
système MOBEC.
Oui, évidemment, une des tâches importantes cette
année, c'est justement l'implantation du système PPB.
Comme vous le savez, le gouvernement a décidé de
rationaliser davantage son administration en établissant une relation
directe entre les objectifs, les programmes et les ressources. C'est l'objectif
du système PPB d'atteindre un plus grand équilibre entre ces
différentes variables.
Aussi, par. son service d'organisation-méthode qui
n'était pas très bien équipé auparavant, nous avons
ajouté plus de monde, des analystes en organisation le
ministère peut se pencher sur différents problèmes
d'organisation, des problèmes de procédés administratifs
faire faire ces études par ces analystes. Ensuite, il peut prendre les
décisions pour aménager les différentes unités
administratives d'une façon plus cohérente, plus efficace,
quoi.
M. CARDINAL: Si je comprends bien, malgré tous ces désirs
que l'on ébauche et ces objectifs que l'on poursuit, il y avait 155
postes d'autorisés et on en prévoit 156. Il y en a combien de
remplis présentement?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Il y en a 148 de remplis dans le moment, il y en
a sept de vacants.
M. CARDINAL: En fait, c'est devenu une direction à personnel
importante. On atteint 150 personnes.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II faut dire cependant que l'on retrouve dans la
Direction générale de la gestion certains services qui desservent
l'ensemble du ministère. Pour une raison d'efficacité, on a
regroupé ces services à l'intérieur d'une direction
générale donnée. Par exemple, les services auxiliaires
regroupent les messageries, les postes de classement, le genre de
problèmes où il devient nécessaire d'avoir des instruments
collectifs de gestion.
M. CARDINAL: Justement, au ministère l'un des gros
problèmes a toujours été le problème du classement
à tous les niveaux, que ce soit au cabinet du ministre jusqu'à la
Direction de l'équipement ou à la Direction
générale de l'élémentaire et du secondaire. On sait
quel est le parcours des dossiers à travers le ministère et leur
éparpillement à un moment donné.
Ce qu'on vient de me dire m'intéresse énormément.
Est-ce que de fait la Direction générale de la gestion a, depuis
quelques années, fait un travail qui a permis d'avancer dans cette
difficile tâche du classement de la documentation au ministère
pour que ça ne devienne pas une chose où on ne puisse jamais se
retrouver, quelque soit le responsable du ministère?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous avez parfaitement raison, la question du
classement en général semble un problème facile mais en
fait c'est un problème difficile. La première étape
consistait à regrouper les postes de classement qu'on retrouve à
côté pratiquement de chaque bureau de professionnels dans un
centre unique par étage et à confier à du personnel
qualifié pour ce genre de travail la question de classement et la
question de codification des dossiers.
M. CARDINAL: Qui appelez-vous le personnel qualifié pour ce genre
de travail?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce sont des techniciens de bureau. On veut
justement éviter que des professionnels fassent du classement
eux-mêmes, parce qu'ils n'ont pas confiance en d'autres personnes. On
entraîne du personnel spécifiquement pour classer et coder les
dossiers. On a établi un code uniforme pour l'ensemble du
ministère de sorte que les dossiers peuvent se prêter d'une
direction à l'autre et on peut se reconnaître. Donc, il y a un
code uniforme et le personnel de classement voit à établir le
code d'abord et à classer les dossiers ensuite.
M. CARDINAL: Je pose la question, parce que j'ai eu vraiment le
problème. Je me souviens fort bien que certaines documentations
disparaissaient non pas parce qu'elles étaient volées par un
parti d'Opposition ou autres, mais tout simplement parce qu'on ne savait plus
où elles étaient rendues dans le ministère, faute de
codification.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): La moitié du programme d'implantation est
complété maintenant.
M. CARDINAL: Je pose une question qui n'est absolument pas
méchante: Est-ce que ceci va jusqu'au cabinet du ministre?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le cabinet du ministre a été l'un
des premiers postes de classement à exister et, je pense, à la
satisfaction du personnel du bureau du ministre.
M. CARDINAL: Tant mieux pour le ministre actuel.
M. CHARRON: M. le Président, avant de poser des questions,
j'aurais une observation à faire sur les remarques qu'a faites le
ministre de
l'Education en présentant à la commission cette direction
générale, puis en mentionnant comme premier objectif
l'efficacité administrative.
Je pense que s'il y a un endroit où on va nager dans les normes
et dans les règles budgétaires du ministère, c'est bien au
niveau de la Direction générale de la gestion.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, surtout au niveau de la Direction
générale du financement.
M. CHARRON: Oui, pour un aspect particulier du financement, mais quand
on entend gestion, en général, je pense que plusieurs des normes
n'ont aucun caractère financier et elles ont pourtant affecté
grandement la vie scolaire.
Il me semble que le respect des normes fixées par les
fonctionnaires est devenu synonyme d'efficacité plutôt que de
réalisation des objectifs fixés par les responsables à
chaque niveau. Les limites budgétaires du gouvernement, dans sa gestion,
sont devenues des objectifs en soi plutôt que d'être un simple
élément de contrainte. En regardant le rapport de la Direction
générale de la gestion quant à ses relations de travail
on aura l'occasion d'en parler tantôt; j'en parle de façon
plus large à l'ouverture de l'étude des crédits de cette
direction il me semble que la conception de la gestion à
l'intérieur du ministère s'est toujours rattachée d'une
façon très sèche à certains endroits à une
rationalisation peut-être excessive à certains moments.
L'ancien ministre de l'Education, le député de Bagot,
disait tout à l'heure qu'il y a un manque de rationalisation à
certains endroits, par exemple dans le classement, ce sur quoi personne ne
protestera, j'en ai bien l'impression. Mais quand ce genre de rationalisation
porte sur l'ensemble de la vie du ministère et de la vie du
système d'éducation du Québec, les premiers témoins
sont probablement les anciens ministres, les hauts fonctionnaires du
ministère pour dire que ça a souvent causé beaucoup de
problèmes.
Le modèle d'une saine gestion a depuis longtemps
été préparé et présenté,
c'est-à-dire que la base présente ses besoins, définit ses
priorités et c'est fidèlement étayé vers le haut
jusqu'au niveau national. A ce moment-là, le rôle du
ministère serait essentiellement d'initier, de conseiller, de guider les
responsables qui ont à prendre les décisions. Le faire à
leur place ou les empêcher de le faire, c'est certainement
perpétuer l'incompétence et le désintéressement,
sinon à certains moments, comme on l'a vu, créer de toutes
pièces un climat d'hostilité, de méfiance ou de
contestation à l'égard du ministère. On pourrait dire au
niveau du ministère, dans sa gestion interne comme externe, qu'on a
souvent tendance à dire que le niveau de compétence des instances
locales n'est pas suffisamment élevé pour leur remettre le
pouvoir de décision. Ce qui n'est plus particulièrement vrai au
bout de dix ans de réformes de l'éducation. Les troubles actuels
dans le monde de l'éducation permettent de voir que les gens se sentent
capables de prendre des décisions et ne sont en fait que plus aptes
à prendre en main l'administration. Continuer au nom d'une saine
planification d'édicter des normes budgétaires qui
empêchent, qui paralysent ou découragent les responsables des
écoles ou des commissions scolaires, à mon avis, peut constituer
le plus sûr moyen de ne pas répondre aux véritables
besoins.
L'efficacité administrative, objectif premier de la Direction
générale de la planification, aux dires du ministre tout à
l'heure, c'est d'abord la réalisation maximale d'objectifs que se fixent
les instances locales et non pas la mesure avec laquelle elles se plient aux
normes édictées par le ministère. On a l'impression qu'on
est efficace et qu'on administre de façon efficace le ministère
de l'Education quand partout on accepte les directives du ministère sans
broncher. A mon avis, l'efficacité devrait porter beaucoup plus non pas
sur les façons d'imposer des normes édictées à
Québec, mais beaucoup plus sur l'aptitude du ministère, souvent
dans la flexibilité, à répondre adéquatement aux
besoins qui sont issus de la base.
Je m'en suis aperçu au cours de l'année, à suivre
les activités du ministère de l'Education et, en particulier,
lors des conversations au symposium de Vaudreuil, l'automne dernier, avec des
membres des commissions scolaires. Ceci a amené certaines commissions
scolaires à amplifier, au point de rendre invivable le milieu scolaire,
l'importance accordée au secteur administratif et aux problèmes
du contrôle budgétaire.
On a même vu des commissions scolaires nommer, comme directeurs
généraux, des comptables, parce que le directeur
général de la commission scolaire devait être le premier
responsable de l'administration. Je ne veux pas paraître irresponsable et
dire qu'il ne doit pas y avoir de normes, qu'il ne doit pas y avoir de
directives je serais aussi bien de prendre mes claques et de m'en aller
qu'il ne devrait pas y avoir de ministère de l'Education. Ce
n'est pas ce que je dis.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ne faites pas ça, nous avons besoin du
quorum.
M. CHARRON: Je dis que le secteur financier doit être placé
au même rang que les autres et doit être au service, à mon
avis, du secteur pédagogique. Je n'ai pas l'impression de dire des
choses inutiles quand, à deux heures d'avis probablement, le ministre
nous parlera, au moment de l'étude de la DIGEES, de l'humanisation de
l'école. Je pense que cela a un effet direct. Quand les commissions
scolaires sentent que leur responsabilité première est de suivre
à la lettre des normes qui leur sont édictées de toutes
pièces de Québec et sur lesquelles elles n'ont même pas le
loisir d'émettre leur opinion,
vous pensez bien que les intérêts pédagogiques, le
souci du bien commun des étudiants, la participation des parents et tout
le tralala vont venir comme besoins nettement secondaires sur lesquels on se
rabattra, si le temps le permet, après avoir assuré une
efficacité administrative.
Autrement dit, doute démocratisation, tout bill no 27, tout bill
no 28 devraient-ils réapparaître que cela pourrait constituer un
leurre, si le ministère ne sent pas une mission différente de
celle qu'il a toujours maintenue. Sa mission, quant à moi, est de
s'assurer que les objectifs locaux sont en accord avec les grandes politiques
du ministère, avec le bien commun, avec l'intérêt public,
pour reprendre des expressions connues, qu'il n'y a pas de fraude ou de
patronage. Mais ce rôle a été jusqu'ici fort
négligé. On a mis davantage l'accent sur le contrôle du
respect des normes, plutôt que sur le contrôle des objectifs
à atteindre.
J'admets bien que la philosophie de gestion dont je peux m'inspirer
actuellement, en ouvrant l'étude des crédits de la Direction
générale de la gestion et en devançant celle du
financement, représente un changement de mentalité et une
attitude différente. Cela veut dire faire confiance
nécessairement, beaucoup plus qu'on ne l'a fait, aux instances locales,
un respect de la compétence et des responsabilités que la loi a
remises à d'autres instances, une gestion de participation avec les
différents milieux de l'éducation. J'admets bien que c'est
différent, mais il me semble que c'est dans la responsabilité
d'un ministère qui inscrit, au premier chapitre de ses objectifs,
l'efficacité administrative en même temps que la
démocratisation du système de l'enseignement.
Donc, je ne veux pas ouvrir un débat sur les différents
systèmes de gestion. C'était beaucoup plus une perception que
j'avais de la gestion, de la difficulté de communications internes du
ministère et surtout, des rapports du ministère avec les
instances locales qu'il doit servir, en fin de compte. Il a été
créé d'abord pour cela. Les commissions scolaires ont
existé avant que n'existe le ministère de l'Education
Sur ce, je suis bien prêt à entendre l'avis du ministre,
s'il veut m'en donner un, quant aux changements qu'il entend apporter à
cette gestion du ministère. Je suis convaincu que, s'il est une chose
qui l'a frappé dans les quelques semaines qu'il y a passées,
c'est l'espèce de fossé qui s'établit entre les instances
locales et le ministère de l'Education et la mauvaise habitude qui
s'installe, au niveau des instances locales, de tenir Québec, comme on
l'appelle, responsable des différents conflits qui peuvent exister au
niveau de chacune des commissions scolaires.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, il y aurait bien des
commentaires à faire à la suite de l'intervention du
député de Saint-Jacques, que j'ai écouté, comme
d'habitude, avec beaucoup d'intérêt.
Tout d'abord, pour qu'il n'y ait pas d'ambi- guïté, je
voudrais préciser que la Direction générale de la gestion
n'édicte pas de normes. Elle s'occupe du personnel du ministère
et du budget du ministère. Les normes, nous allons les retrouver
à la Direction générale du financement. Nous allons les
retrouver également aux grandes directions générales, de
l'universitaire, de l'élémentaire et du secondaire et du
collégial qui ont à administrer des régimes
pédagogiques. Cependant, je n'ai aucune objection...
M. CHARRON: Je veux juste ajouter une chose. J'admets parfaitement ce
que vient de dire le ministre. J'ai fait ces remarques, mais j'aurais pu les
faire n'importe où...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Exactement.
M. CHARRON: ... aux endroits qu'il a donnés. Mais je
considère qu'au niveau de la gestion interne du ministère, le
problème déjà se pose de cette flexibilité à
l'égard des normes, des pouvoirs des différentes instances
locales à l'intérieur du ministère. D'autre part, c'est
aussi au niveau de la Direction générale de la gestion qu'on aura
à parler des rapports entre les enseignants et le ministère de
l'Education. Donc, c'est à ce moment-là que j'ai choisi de faire
ces remarques.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je n'en fais strictement aucun reproche au
député de Saint-Jacques. Bien au contraire, je me suis permis
d'apporter cette précision pour qu'on soit bien conscient du rôle
de la Direction générale de la gestion. Ceci dit, nous pouvons
très bien, si vous le souhaitez, avoir immédiatement un
débat sur les normes, ce qui nous éviterait d'y revenir lorsque
nous aurons à discuter des directions générales que j'ai
citées il y a quelques instants.
Il n'est pas interdit d'y revenir, si vous le souhaitez, mais quant
à moi, c'est avec plaisir que je vais vous proposer une réflexion
rapide qui s'inscrit un peu à la suite de l'intervention du
député de Saint-Jacques.
Nous avons un système d'enseignement décentralisé.
Ce système d'enseignement décentralisé comporte des
instances locales, à tous les niveaux, qu'il s'agisse de
l'élémentaire, du secondaire, du collégial ou de
l'université, et un organisme central qui est le ministère de
l'Education. Ce type de système ne se retrouve pas dans tous les pays.
C'est ainsi qu'en France, par exemple, on a un système unitaire. Suivant
le système qui existe, certaines conséquences doivent exister. Il
se trouve que l'organisme central a la responsabilité des fonds publics
et a également la responsabilité d'orienter la totalité du
système d'enseignement. Ceci lui impose, tout en respectant l'autonomie
des instances décentralisées, d'édicter certaines normes
qui sont des normes financières et également des normes
pédagogiques.
Contrairement à ce que l'on pense, ces normes sont loin
d'être rigides. Il y a là une espèce de mythe. Je profite
de l'occasion pour
le dénoncer. Il ne peut pas y avoir de système plus souple
qu'un système de normes qui constitue une espèce d'indicateur
d'objectifs à atteindre. En revanche, si on administrait d'une
façon directe, en disant aux instances décentralisées quoi
faire, on s'enfermerait dans un système rigide.
Que fait la norme, qu'il s'agisse, je le répète, d'une
norme financière ou d'une norme pédagogique? Elle
détermine un cadre d'activités. C'est ainsi, par exemple, que
dans le domaine de la pédagogie, le ministère proposera non pas
des programmes précis, comme ceci se ferait dans un système
unitaire, mais propose un programme-cadre qui permet une marge de manoeuvres
considérable, tellement considérable d'ailleurs que les
mentalités ont de la difficulté à s'y adapter, aux
instances décentralisées.
Il en va de même dans le domaine de l'administration du personnel
et dans le domaine financier. Certaines normes, que l'on dénonce pour
des raisons qu'il faudrait d'ailleurs analyser je pense au rapport
déterminant le nombre d'enseignants comportent justement une
souplesse considérable, même si sur le plan de l'application il
peut y avoir des difficultés locales. Je ne dis pas qu'il ne faut pas
tenter d'améliorer constamment le système. Mais le principe me
parait fondamentalement excellent dans un système
décentralisé comme le nôtre. Il permet justement à
une commission scolaire ou à un CEGEP, en fonction des besoins
déterminés par sa population étudiante, de compter sur un
certain nombre d'enseignants. Alors qu'autrement, si cela était
déterminé d'une façon parfois arbitraire, comme cela l'est
dans un système unitaire, le jeu se ferait de façon tout à
fait différente. C'est le ministère qui déterminerait.
Ceci ne signifie pas qu'à l'occasion, on ne puisse pas trouver
que le ministère de l'Education soit trop centralisateur. Mais je crois
qu'il y a une dialectique entre la centralisation et la
décentralisation, et que cette dialectique varie suivant les
époques. Le ministère a dû prendre en main un
système d'éducation qui s'était développé
d'une façon que je n'ose qualifier d'anarchique, mais qui s'était
certainement développé sans aucun point d'ensemble.
Il y avait, comme vous le savez, un très grand nombre de
commissions scolaires de compétences très inégales. Si le
ministère avait choisi d'emblée de donner à ces
commissions scolaires, par exemple, une espèce d'enveloppe globale en
faisant confiance, comme dit le député de Saint-Jacques, il est
bien évident qu'à ce moment-là aucune administration
sérieuse n'aurait été possible.
Il fallait, à cause de sa responsabilité collective
et il ne fallait pas non plus qu'il favorise une commission scolaire
plutôt qu'une autre qu'il édicte des normes
générales, ce qui impose, je l'avoue, un certaine centralisation.
Mais et c'est là que le mouvement dialectique apparaît
au fur et à mesure que le niveau de formation des administrateurs
augmente, au fur et â mesure que le système se rode, il devient
possible de procéder autrement et de décentraliser.
C'est exactement ce qui s'est passé. Pour ne vous en donner qu'un
exemple, il est permis, depuis déjà une couple d'années
on reconnaît là toujours la notion de continuité
aux commissions scolaires de transférer certains articles
budgétaires, alors qu'il ne l'était pas, auparavant. Par
conséquent, je prévois, moi, une évolution du
système d'éducation vers une décentralisation de plus en
plus marquée, qui va certainement s'accompagner d'une autonomie plus
grande des instances décentralisées.
Ceci sera d'ailleurs favorisé par la loi 27, qui impose le
regroupement des commissions scolaires. Il est bien évident que, lorsque
nous aurons des unités administratives plus considérables, il
sera possible, tant sur le plan administratif que sur le plan financier, de
compter sur une organisation beaucoup plus valable.
J'ajoute également que les normes en particulier dans le
domaine financier visaient à établir, au Québec,
une espèce de péréquation, péréquation
essentielle à cause de cette responsabilité collective du
ministère de l'Education. Vous n'ignorez pas qu'il y avait une
différence considérable d'une commission scolaire à
l'autre et que cette différence constituait une véritable
injustice pour certains élèves.
De sorte que je résumerais ma pensée en disant que cette
dialectique concentration-déconcentration doit tenir compte de
l'évolution du système scolaire et la décentralisation,
à laquelle je souscris, doit aller le plus loin possible dans la mesure
c'est la réserve que je me permets de souligner où
elle est compatible avec l'intérêt public.
D'ailleurs, je crois bien que le député de Saint-Jacques
en est conscient parce qu'il a bel et bien dit, au cours de son intervention,
que de plus en plus les administrateurs des instances
décentralisées devenaient plus aptes à prendre en main
leur destinée. Je crois que c'est exact. Je crois que, depuis quelques
années, les changements ont été véritablement assez
extraordinaires.
C'est donc dans cette perspective que je me situe résolument.
Mais je voudrais cependant que l'on pèse bien, que l'on tienne bien
compte des nuances que j'ai apportées. Ce n'est pas un changement
d'orientation au ministère de l'Education mais c'est certainement une
évolution vers laquelle nous devons nous orienter, compte tenu des
initiatives récentes. J'ai justement cité celle de la loi 27, qui
contribue à assainir, un peu, la situation sur l'ensemble du
territoire.
M. CHARRON: J'ai dit je puis le répéter en une
phrase, avant de laisser la parole à mes collègues qu'il
m'apparaissait que selon le pendule de la décentralisation, pour
employer l'image que le ministre a employée dialectique-
ment tout à l'heure, maintenant on s'en va vers une
décentralisation, que maintenant on peut se permettre de laisser un peu
plus de décentralisation. Sur le plan pédagogique et le
bill 27 est venu le confirmer encore la décentralisation est
beaucoup plus grande qu'elle ne l'est parallèlement sur le plan
financier. Si bien qu'on va laisser à des instances locales la
liberté complète d'édifier des programmes, comme elles
l'ont, mais elles n'ont pas la liberté complète de
s'équiper et de s'outiller pour accomplir les programmes qu'elles ont
elles-mêmes les pouvoirs d'édifier. S'il y a une note majeure de
sortie de tout le concert de plaintes qui sont venues des commissions
scolaires, au cours des dernières années, c'est bien
celle-là.
On dit: Ou bien donnez-nous les pouvoirs qui accompagnent ceux que vous
nous avez déjà donnés ou bien, alors, reprenons tout. La
"dysfonction" qui existe entre nous deux est embarrassante pour toute
application ultérieure, que ce soit du règlement no 7, que ce
soit d'un projet d'humanisation de l'école, que ce soit pour le
perfectionnement de la pédagogie actuelle.
C'est le député de Beauce, si je me souviens bien,
l'année dernière, au moment du débat sur le bill 27, qui
donnait comme exemple qu'on a échafaudé probablement dans
son coin certains programmes pédagogiques, mais qu'on s'est vu
restreindre les possibilités matérielles de les appliquer. On
s'est demandé alors pourquoi on leur avait laissé la
liberté pédagogique de le faire.
Si les commissions scolaires détenaient si le ministre
affirme qu'on s'en va vers cette ligne-là, c'est bien ce que je souhaite
encore plus d'autorité sur un certain nombre de normes
financières et administratives pour compléter la liberté
pédagogique qu'on leur a déjà accordée, c'est
exactement la ligne qu'il faudrait suivre. Le bill 27 n'a pas été
suffisamment loin, selon moi, quant à la décentralisation. Il a
regroupé les commissions scolaires locales, mais a-t-il, à ce
point de vue, amplifié leurs pouvoirs par rapport à la formule
précédente? Je ne le crois pas, et nous ne le croyions pas au
moment du vote.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je crois avoir exprimé très
clairement quelle était mon orientation. C'est certainement dans ce
sens-là que je tenterai de travailler. Je me contenterai uniquement
d'ajouter une indication à cet effet, c'est que le ministère a un
programme de perfectionnement des cadres avec l'ENAP et qu'il investit à
peu près $400,000 par année dans ce programme.
Dans la mesure où nous réussirons à nous former
je dis bien nous former des cadres scolaires qui auront une
compétence indiscutable et également une expérience
accrue, il deviendra possible de tenir compte d'une décentralisation
plus grande. Il reste également qu'un problème de ressources se
crée et qu'il ne suffit pas d'avoir confiance dans des instances
décentralisées lorsqu'on administre des fonds publics. Encore
faut-il que les objectifs définis par les normes le soient clairement et
que certains contrôles puissent être exercés.
Je pense que tous ceux qui, à cette commission, ont de
l'expérience dans le domaine de l'éducation savent que certaines
commissions scolaires, avant la naissance du ministère de l'Education,
avaient de très grandes difficultés à s'administrer sur le
plan financier. C'est à partir de cette constatation, que je
qualifierais d'historique, qu'il faut comprendre de quelle façon nous
avons dû établir nos régimes financiers.
Ces remarques sont un peu axées vers le député
créditiste de Richmond qui, souvent, s'en est pris aux normes. J'avais
certaines de ses remarques à l'esprit quand je me suis permis
d'élaborer un peu ma pensée.
M. LEDUC: Le ministre pourrait-il nous dire si des cours sont
donnés aux commissaires au niveau de l'administration? Est-ce qu'on leur
explique ce qu'est leur rôle d'administrateurs? Il est possible qu'il y
en ait. Remarquez bien que je ne suis pas au courant. Cela peut être
donné par la Fédération des commissions scolaires; c'est
peut-être donné par le ministère.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II n'y a pas de cours structurés par le
ministère, mais la Fédération des commissions scolaires a
certains programmes d'entraînement destinés aux commissaires. Ceci
constitue une initiative relativement récente et certainement
très heureuse.
Il faut bien comprendre que nous nous trouvons ici en Amérique du
Nord, avec un système qui est vraiment assez extraordinaire, en ce sens
qu'il n'existe pas ailleurs et qu'il fait appel à la participation du
milieu. Il est évident que les commissaires de certaines commissions
scolaires n'avaient certainement pas la formation administrative
nécessaire, mais ils avaient parfois je tiens à le
souligner quelque chose de beaucoup plus précieux,
c'est-à-dire du bon sens, du coeur et une certaine façon
d'aborder les problèmes de l'éducation.
Mais vous avouerez que, lorsqu'on démocratise l'enseignement,
qu'on met en place des réseaux complexes, qu'on s'adresse à des
populations beaucoup plus importantes, lorsqu'on ne limite plus la
scolarisation à l'élémentaire, mais qu'on la rend
obligatoire jusqu'à la fin du secondaire, les conditions changent
radicalement. Il est donc inévitable que l'on ait eu, depuis quelques
années, à structurer davantage.
M. LEDUC: Oui, d'accord, mais je me demande sérieusement... Je
sais qu'il y a des élections scolaires à travers la province,
sauf dans le territoire de l'île de Montréal et je sais aussi que
certaines personnes se présentent au poste de commissaire. Quant
à moi, je reconnais chez elles un gros bon sens, leur désir de
servir, leur bonne volonté, mais, honnêtement, je
doute de leur compétence. Je vais aller plus loin que ça,
je doute même de leur compréhension des normes qui existent
actuellement. J'admets bien volontiers que c'est le jeu de la démocratie
et je pense qu'on ne doit pas empêcher ces gens de se présenter
à un poste. S'ils sont élus tant mieux. Tantôt le
député de Saint-Jacques parlait d'une initiative locale sur les
coûts, c'est peut-être ça, ce n'est peut-être pas
ça. Je n'ai aucune idée là-dessus, mais je me demande s'il
n'y aurait pas moyen, étant donné qu'ils vont être
élus pour quelques années et qu'il y a peut-être des
chances qu'ils se présentent une autre fois, qu'on essaie de leur donner
une espèce de cours de base en leur disant: Bien, c'est ça qui se
passe à l'intérieur d'une commission scolaire. Cela n'est
peut-être pas la responsabilité du ministère. Je suis
peut-être tout à fait hors d'ordre, M. le Président, mais
c'est un peu ma crainte face à certains candidats que je vois se
présenter et qui ont d'excellentes chances d'être élus le
12 juin. Je me demande, en dehors de leur bon sens, puis de leur grand coeur,
puis de leur bonne volonté, ce qu'ils vont aller foutre là.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, en tant qu'élus
du peuple... ■î
M. CARDINAL: Est-ce qu'on irait jusqu'à donner des cours de
formation aux députés?
M. LEDUC : J'ai très sérieusement l'intention de
suggérer au président de l'Assemblée nationale, lorsque
viendront ses crédits, ou lorsqu'il y aura un autre groupe de 108
députés, de leur enseigner au moins ce que sont les
règlements de l'Assemblée nationale.
M. TETLEY: Est-ce qu'un commissaire doit savoir lire et écrire,
M. le Président, pour être eligible aux prochaines
élections?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Eh bien, M. le Président, je dois vous
dire qu'un député n'a pas besoin de savoir lire et écrire,
ça n'apparaît nulle part. Un ministre non plus, d'ailleurs.
M. TETLEY: La plupart des députés savent lire et
écrire quand même.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pour ce qui est des commissaires, je crois
comprendre que c'est exigé maintenant.
M. TETLEY: Pour un commissaire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Maintenant, encore une fois...
M. TETLEY: En vertu de quelle loi?
M. CARDINAL: La loi 27.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Encore une fois, je pense qu'il faut bien se
placer dans le contexte de notre système. Nous évoluons vers une
organisation telle que ce ne seront pas les commissaires qui auront à
diriger, directement en tout cas, la chose de l'éducation. La loi 27
prévoit précisément qu'il y aura un directeur
général...
M. CARDINAL: Je ne voudrais pas aller trop loin dans ma réponse
au ministre des Institutions financières, c'est-à-dire que la loi
27 donne les qualifications nécessaires pour avoir le cens de
l'éligibilité. Je ne dirai pas qu'elle va aussi loin que de dire
qu'il faille avoir une 11e année ou être bilingue, etc. Je ne me
souviens pas des dispositions particulières de cette loi, mais je sais
très bien qu'il y a un article, que nous avons discuté assez
longuement, sur un certain nombre de qualités exigées pour
obtenir le cens d'éligibilité.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, et je ne crois pas, d'ailleurs, que dans
notre système ces qualités doivent comprendre des dispositions
touchant la scolarité. Les commissaires sont des élus du peuple.
C'est dans ce système là que nous vivons et ils
représentent les parents et le milieu.
En revanche, ce qu'il faut prévoir, et ceci nous impose des
normes, c'est une administration et une administration qui soit la plus
efficace possible. La loi 27, précisément, en créant le
poste de directeur général, permet ce type d'administration, et
ce sont ces gens-là qu'il faut former.
J'ajoute simplement, pour revenir sur l'idée que j'avais
commencé à mettre de l'avant, que la Fédération des
commissions scolaires a des programmes d'information et de formation qui visent
tout à fait l'objectif que l'on a signalé. Si ceci est fait par
la Fédération des commissions scolaires, c'est
précisément parce que les commissions scolaires sont des
organismes autonomes et la Fédération des commissions scolaires
les représente.
M. LE PRESIDENT: Alors, catégorie 1: Traitements, salaires et
allocations, adopté. Catégorie 2. Adopté. Catégorie
3: Services de transport et de communication. Adopté. La
catégorie 4 est retenue. Catégories 5, 6, 7, 8 et 11.
Adopté.
M. CARDINAL: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Sous-article 2: Provision pour le
paiement des surnuméraires.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Depuis 1967, le ministère de l'Education
a intégré à ses différents réseaux
d'enseignement 55 écoles de métier, quinze instituts de
technologie, dix écoles normales, dix écoles moyennes
d'agriculture et deux écoles des Beaux-Arts aux instan-
ces décentralisées, à savoir les commissions
scolaires régionales, certains CEGEP et des universités
également; ceci touche particulièrement les écoles des
Beaux-Arts. Ce transfert de juridiction constituait non seulement une
transformation d'envergure dans le système scolaire, mais un changement
extrêmement important d'ordre administratif dans le mouvement du
personnel.
Ces provisions correspondent au traitement des surnuméraires et
à l'administration de cette vaste opération.
M. CARDINAL: M. le ministre, vous l'avez dit vous-même, cela a
commencé en 1967 ou environ. J'ai eu à vivre ces
difficultés. On est revenu souvent à la charge dans le
passé, se demandant combien de ces surnuméraires étaient
casés je m'excuse de l'expression, elle ne veut pas être
péjorative envers eux combien avaient été
recyclés, combien étaient à la charge du ministère
sans vraiment donner de rentabilité au système
d'éducation. Quel est véritablement le tableau aujourd'hui?
Dans les années passées, on nous a présenté
des tableaux, on nous a dit: II y a tant de personnes qui ne sont pas encore
rétablies soit dans le système d'éducation, soit au
ministère même ou soit dans d'autres ministères ou
ailleurs. Est-ce qu'on pourrait avoir le détail précis de ce
nombre de personnes? Ce qui me frappe, c'est qu'à traitements, salaires
et allocations il y a une augmentation; quel phénomène s'est
produit? Surtout à l'article 3, l'augmentation est encore beaucoup plus
considérable, si bien que le total fait une différence de $1
million.
M. CHARRON: Ils ont signé une convention collective et ils ont
une augmentation de salaire.
M. CARDINAL: Je ne sais pas. Est-ce que le ministre peut nous
éclairer?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, M. le Président. Nous pouvons dire
que le transfert de 100 écoles ministérielles depuis 1968 a
touché 5,000 employés, professeurs, fonctionnaires ou ouvriers.
Des 5,000, il y en a 4,000 qui se sont intégrés dans les
réseaux mais 1,000 sont revenus à la fonction publique, ce
à quoi vous faisiez allusion.
M. CARDINAL: C'est exact.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous pouvons dire que le transfert de
l'opération se termine cette année puisqu'il n'y a plus
d'école ministérielle désormais. Au fur et à mesure
que nous avançons, ce qui a été facile à placer
devient de plus en plus difficile.
M. CARDINAL: Le point marginal est atteint.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Les points marginaux sont véritablement
plus nombreux pré- sentement. Disons que nous avons présentement
sur la liste de paie 400 surnuméraires dont près d'une centaine
ne sont pas encore affectés à quelque chose.
M. CARDINAL: Est-ce que cela veut dire que tant de personnes
n'étant pas affectées à quelque chose sont payées
à ne rien faire?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est vrai, c'est exact. Sur les 1,000, 70 ont
été mis à la retraite à un moment ou à un
autre; de la centaine qui nous reste sans affectation, un bon nombre de ces
personnes sont âgées, malades et éloignées en
province. Cela coûterait plus cher au ministère de les affecter,
de les faire venir et de les recycler.
M. CARDINAL: Vous avez dit que l'opération se terminait cette
année, ce qui signifie quoi?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce qui signifie que nous n'avons plus de retour
après le congé d'un an qui leur permettait de s'initier à
leur instance décentralisée, à leur nouveau patron, mais
nous n'avons plus de retour.
Ils achèvent, ce qui veut dire que nous n'avons plus
d'arrivée possible. Il nous restera maintenant à épuiser
et à diminuer ce nombre, soit par des mises à la retraite,
l'âge venant, soit endurer des congés de maladie puisqu'il y en a
plusieurs qui sont malades et tranquillement les placer, avec l'aide du
ministère de la Fonction publique, dans différents
ministères. Exemple, le chiffre que je vous donne de 400 a quand
même diminué d'une trentaine la semaine dernière ou il y a
quinze jours; le ministère des Travaux publics a consenti à
prendre 29 ouvriers et à les muter, par un arrêté, avec les
crédits que nous avons prévus, à un emploi
définitif au ministère des Travaux publics.
M. CARDINAL: ... qui sont considérables. M. CLOUTIER (Ahuntsic):
C'est exact.
M. CARDINAL: Je pose la question pour me renseigner, parce que je ne
voudrais certainement pas revenir sur le passé. J'ai eu à subir
jadis les foudres de l'Opposition pour cette opération. Le ministre
actuel n'en est pas responsable, il n'était même pas
présent à l'Assemblée nationale à ce
moment-là, le premier ministre de l'Education non plus n'était
pas responsable et je ne ferai pas de personnalité. Mais je
conçois fort bien qu'il a fallu en arriver à cette situation qui
paraissait paradoxale, si on voulait vraiment faire l'opération des
structures, de l'intégration d'un certain nombre de choses. Il en reste
assez peu à intégrer, s'il en reste. Il y a peut-être
encore la question des écoles supérieures d'agriculture, il y a
peut-être encore aussi un ou deux cas marginaux Sainte-Croix ou je
ne sais pas mais enfin, peut-être un ou deux cas spéciaux.
Je n'insiste pas
sur ces cas et je ne ferai pas de chicane, je les ai trop vécus
et soufferts pour en accabler le ministre aujourd'hui.
Ce que je veux savoir, c'est le tableau de la situation présente,
enfin ça va s'amenuiser simplement par le temps; les retraites, les
maladies et les décès vont créer non pas une planification
mais une disparition de ces vestiges, d'intégration. C'est
peut-être un peu cruel de se prononcer de cette façon, mais le
chiffre me paraissait quand même encore assez important cette
année pour qu'à nouveau l'on discute de la question et qu'on soit
informés de la situation présente.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je devrais ajouter quand même un
renseignement vis-à-vis des signes de piastre. Vous avez remarqué
l'augmentation de $3 millions à $4 millions. Mais disons que, l'an
dernier, la paie avait été diminuée de 50 p.c, une partie
de 50 p.c. avait été appliquée à la paie à
cause des contraintes budgétaires que le ministre des Finances nous
avait indiquées à un moment précis, tandis que cette
année, la paie est prévue à 100 p.c.
M. CARDINAL: Je vais poser une sous-question dans ce cas-là.
Est-ce que le ministre des Finances est allé chercher dans sa
réserve de $10 millions qu'il avait l'an passé pour payer ces
gens, ou si la péremption est purement au sein du ministère.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous n'avons pas pris dans la réserve,
nous avons cependant retardé le paiement de certaines gratifications des
congés de maladie qui étaient dues à un grand nombre,
à peu près à 1,500 d'entre eux, quand je parle des 4,000
qui se sont données aux commissions scolaires, aux CEGEP.
M. CARDINAL: Le gouvernement a fait là aussi du "forward
shifting".
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne dis pas non. Cela peut être
ça.
M. CHARRON: II ne faut pas dire non à cela. C'est exact... En ce
moment, je ne veux absolument pas politiser le problème, je veux
simplement le rappeler, car les gens oublient beaucoup.
On recommence, chaque année, les mêmes discussions qui
peuvent être épuisantes à certains moments, parce qu'elles
sont absolument sans effet et inutiles et que c'est se frapper la tête
sur un mur. Ces gens-là vivaient. Le ministère a montré
beaucoup d'humanité en leur conservant tous leurs droits, exemple qui
n'a pas été suivi par le gouvernement actuel dans tous les
domaines. Je ne reviendrai pas, à l'occasion du budget du
ministère de l'Education, sur cette question. Si je suis au
ministère des Finances, j'y reviendrai, cependant. Le ministère
ici a donné un exemple, même si cela a été
obérant pour son budget. Je ne puis que souhaiter que le ministre
revienne sur cet exemple, parfois, au sein de son cabinet pour d'autres
employés fonctionnaires, en d'autres endroits, qui n'ont pas
bénéficié de cette permanence jusqu'à la pension ou
à la maladie.
M. CHARRON: J'aimerais savoir combien du personnel du ministère
s'occupe directement de ces gens-là.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): En fait, je puis dire que j'ai un de mes
employés, un professionnel qui, habituellement, s'occupe de ces
problèmes. Disons, tout de suite, que, depuis 1969, le ministère
de la Fonction publique a la responsabilité de voir au placement de tous
les surnuméraires, de sorte que le ministère de la Fonction
publique lui-même multiplie ses efforts auprès des autres
ministères, connaissant mieux les postes vacants dans l'ensemble du
gouvernement. Là aussi, également, il y a un professionnel qui
s'occupe de ces cas-là.
M. LE PRESIDENT: Catégories 1 et 3. Adopté? Adopté.
Sous-article 3: Subventions spéciales?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, nous allons distribuer
la liste des subventions. Il y a deux catégories, si j'ose dire. Une
première catégorie comprend un certain nombre d'associations qui
oeuvrent dans le domaine de l'éducation; par exemple, l'Association de
l'éducation du Québec, l'ACFAS, l'Association des jeunes
scientifiques, etc. Une seconde catégorie comprend des subventions
beaucoup plus importantes, ce qui explique le montant. Cela comprend une
subvention au collège Loyola...
M. CHARRON: Tiens, il revient toujours, lui!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... des subventions au collège Stanislas
et au collège Marie-de-France. La subvention au collège Loyola
apparaît à ce titre parce que ce collège se situe entre
l'universitaire et le collégial.
M. CHARRON: Encore! Toujours!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pour l'instant, tout au moins.
M. CHARRON: On m'avait dit cela pour l'année passée aussi:
Pour l'instant.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Bien, écoutez, je ne vois pas en quoi la
responsabilité du ministère est impliquée, parce qu'un
travail considérable a été fait pour favoriser, comme vous
le savez, l'association du collège Loyola avec Sir George Williams, mais
ce sont des institutions autonomes qui doivent prendre leurs propres
responsabilités en ce sens.
M. CHARRON: Combien est-ce cette année, juste pour le
collège Loyola?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pour le collège Loyola, la subvention est
de $5,068,500.
M. CHARRON: L'année dernière, elle était de
$3,800,000.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, M. le Président. D'après les
chiffres que j'ai, elle était de $4,539,000.
M. CHARRON: On avait prévu $3,837,000.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y avait un autre article qui comprenait
$700,000 statutaires en vertu de l'ancienne Loi de l'aide aux
universités, laquelle a été abrogée. Cette
subvention est basée sur une formule mitigée qui tient compte des
formules utilisées pour le secteur universitaire et le secteur
collégial.
M. CHARRON: Qui a autorité finale sur cette formule
mitigée?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est le ministère.
M. CHARRON: Le Conseil des universités a-t-il été
appelé à examiner le statut particulier de Loyola?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le Conseil des universités est en train
d'examiner, actuellement, un mémoire présenté par Loyola
et faisant état, justement, de ce projet d'association...
M. CHARRON: Avec Sir-George-Williams?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, avec Sir-George-Williams. J'ai tout lieu de
croire que ce problème se réglera probablement dans le cours de
cette année. Il faut tout de même comprendre qu'il s'agit de
changements majeurs concernant des institutions indépendantes...
M. CHARRON: Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... et que ceci ne peut pas se faire en quelques
mois.
M. CHARRON: Non. Mais cela fait déjà quelques
années.
M. CARDINAL: Cela fait cinq ans.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, mais cela me paraît...
M. CHARRON: Cela fait cinq ans.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... assez normal qu'il faille quelques
années pour qu'une situation évolue.
M. CHARRON: Neuf ans. En tout cas, je me rappelle qu'en 1967
c'était déjà un problème de tout simplement les
classifier dans les organismes d'étudiants. On ne savait pas s'ils
étaient universitaires ou collégiens.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Enfin, tout ce que je peux dire, M. le
Président, c'est que la situation évolue de façon
très favorable et que j'ai tout lieu de croire qu'elle se réglera
cette année.
M. CHARRON: J'ai quand même une question à vous poser
là-dessus. Advenant une réponse favorable du ministère
à cette, non pas fusion, mais...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Association.
M. CHARRON: ... association entre Loyola et Sir-George-Williams...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui.
M. TETLEY: Souveraineté-association!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): En fait, cette intervention me permet,
peut-être, d'aller un peu plus loin. Il s'agit de la création
d'une nouvelle université. Alors, c'est plus qu'une association au sens
strict.
M. CHARRON: Bon, c'est ce que je veux savoir. Advenant une
réponse favorable du ministère à la création de
cette nouvelle université anglophone au cours de l'année, sur
l'île de Montréal, est-ce que, malgré la subvention
déjà prévue à Loyola et celle déjà
prévue par le Conseil des universités à
Sir-George-Williams, elle se verrait dotée d'une subvention
spéciale parce que l'une et l'autre sont maintenant
associées?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, M. le Président. Je vois le
problème ainsi. C'est que, s'il se crée une nouvelle
université, cette université satisfera aux normes qui sont
édictées pour toutes les universités.
M. CHARRON: Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le Conseil des universités sera
appelé à se prononcer comme dans les autres cas.
M. CHARRON : J'ai l'impression que cela va se transposer, pour ce
groupe, par une augmentation de la subvention. La subvention annoncée
comme $3,837,000, qui a dépassé les $4 millions et qui est, cette
année, de plus de $5 millions, à Loyola, est une subvention
accordée sur une formule mitigée, avez-vous dit.
Lorsque tous les étudiants du secteur universitaire à
Loyola pourront bénéficier du statut universitaire, ils devront
donc se plier aux
mêmes normes, ou bénéficier, plutôt, des
mêmes normes que McGill.
Donc, Loyola quittera la formule mitigée où il perd,
actuellement, parce qu'il a un gros côté collège. Devenant
université, il se trouvera augmenté et la proportion du budget
provincial qui va aux universités anglophones se trouvera
augmentée par le fait même.
Si le député de Bagot me le permet, j'aimerais avoir
l'assurance, de la part du ministre, que toute décision de cette nature
devra d'abord être discutée sinon à l'Assemblée
nationale, du moins à la commission parlementaire de l'éducation,
si une telle décision doit être prise au cours de l'année,
parce qu'elle a énormément d'impact sur le monde de
l'éducation, à Montréal en particulier.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Si cette création se fait par
législation, il y aura certainement un débat. Le
député de Saint-Jacques aura tout le loisir de faire entendre son
point de vue.
M. CHARRON: Vous le connaissez déjà, d'ailleurs.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je voudrais simplement apporter quelques
précisions supplémentaires concernant la subvention.
Actuellement, Loyola reçoit surtout des élèves du
collégial. Il est certain que si Loyola se retrouve non pas avec un
statut d'université autonome, mais...
M. CHARRON: Annexée.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... annexée... Je ne sais pas si le mot
plairait aux autorités de Loyola, mais disons qu'il y aurait
création d'une nouvelle université par un contrat à
intervenir entre ces deux instances, à ce moment-là, Loyola
recevra une clientèle différente.
Je crois que tout cela doit être vu dans une perspective de
planification. Vous n'ignorez pas que Loyola a déjà
revendiqué le statut universitaire. Il y a probablement tout
intérêt, à l'échelle de la collectivité,
à ce qu'on ne facilite pas la multiplication des universités,
mais qu'on favorise plutôt l'implantation d'universités
peut-être plus importantes.
M. CARDINAL: Si vous me permettez, M. le Président, je pense
qu'il y a un faux problème parce qu'en fait peu importe la
méthode par laquelle Loyola et Sir-George-Williams deviendraient une
nouvelle université. Il n'y en aurait pas plus, il y en aurait une.
Premièrement, si on se place au point de vue de la langue.
Deuxièmement, les étudiants du niveau collégial de Loyola
seraient des étudiants du niveau collégial.
Par conséquent, ce serait comme à McGill où les
étudiants du niveau collégial sont des étudiants du niveau
collégial.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je m'excuse, si vous me permettez
peut-être d'aller un peu plus loin, c'est que les étudiants...
M. CARDINAL: Ils ne sont pas, à ce moment-là, des
universitaires.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... du niveau collégial ne vont plus
à l'université. L'opération sera terminée d'ici
peut-être un an ou deux.
M. CARDINAL: Ce que je veux dire, c'est que ce sera une nouvelle
clientèle.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est ça. Et, au lieu d'avoir deux
universités, il y en aura une.
M. CARDINAL: C'est-à-dire qu'il y en a une et que l'autre ne
l'est pas.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Mais l'autre pourrait le devenir. Il s'agit de
savoir qu'elle est sur le plan de la planification et c'est là que le
conseil des universités doit se prononcer.
M. TETLEY: M. le Président, évidemment, Loyola
m'intéresse beaucoup parce que le collège se trouve
entièrement dans le comté de Notre-Dame-de-Grâce. Je crois
que le député de Bagot, l'ancien ministre, et le ministre actuel
ont raison. C'est peut-être un peu un faux problème, parce qu'une
bonne partie des élèves aujourd'hui à Loyola sont du
niveau collégial. Je dois noter aussi que Loyola a 76 ans d'histoire et
que les subventions, depuis plusieurs années, sont évidemment
moins élevées parce qu'il a ses bâtiments, etc.
Aussi, Loyola a une proportion élevée d'étudiants
aux cours du soir. Par conséquent, les subventions pour ces
étudiants sont presque inexistantes, et j'ai les chiffres. Je ne veux
pas prolonger le débat puisqu'il est six heures, mais c'est avec un
certain plaisir qu'on peut noter que les subventions par étudiant ou par
cours sont beaucoup moins élevées à Loyola qu'à
plusieurs autres institutions au Québec et en Amérique du
Nord.
M. CARDINAL: A moins que le député de Saint-Jacques n'ait
des objections, comme il est six heures, je proposerais que nous ajournions nos
débats. Je serais prêt à adopter cet article pour vider la
question, à moins que le député de Saint-Jacques ne
veuille le réserver.
M. CHARRON: Je voudrais le réserver pour avoir trente secondes
à l'ouverture de la prochaine séance.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pour avoir quoi? M. CHARRON: La liste des
subventions.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): On peut l'avoir tout de suite.
M. CARDINAL: Je m'excuse. Hier soir, à six heures nous avons
vraiment terminé, et le député de Saint-Jacques en a
été victime. Je ne voudrais pas qu'on recommence ce qu'on a fait
dans d'autres commissions. Je demanderais qu'on suive le règlement. Il
est six heures passées.
M. LE PRESIDENT: Le sous-article 3 est adopté. On vous fournira
la liste. Nous serons rendus au sous-article 4, demain. La commission ajourne
ses travaux à demain, dix heures.
(Fin de la séance à 18 h 1)
Séance du jeudi 25 mai 1972
(Dix heures quarante-deux minutes)
M. PHANEUF (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A l'ordre,
messieurs!
M. Veilleux, député de Saint-Jean, remplace M. Pilote,
député du Lac-Saint-Jean. Maintenant, je ne sais pas qui avait la
parole lorsque vous avez ajourné la séance hier.
M. CARDINAL: Le député de Saint-Jacques, M. le
Président.
M. CHARRON: C'est exact, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Alors, la parole est au député de
Saint-Jacques.
M. CHARRON: Je veux d'abord demander au ministre si la liste des
subventions spéciales a été remise hier. Moi, je ne l'ai
pas eue.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, on m'informe que nous
serions prêts à distribuer la liste des subventions, ainsi que le
détail des catégories 4 jusqu'ici, soit vers la fin de la
matinée ou cet après-midi. C'est une question de polycopie.
M. CHARRON: Alors, on peut laisser en suspens, si le
député de Bagot et le député de Richmond
consentent...
M. BROCHU: D'accord.
M. CARDINAL: Je n'ai pas d'objection.
M. CHARRON: ... l'article 3, parce que, peut-être, on aurait
d'autres questions en connaissant la liste des subventions.
M. LE PRESIDENT: Alors, on suspend l'article 3, pour le moment, et on va
discuter de l'article 4, catégorie 1, service des relations du
travail.
M. CARDINAL: Si le député de Saint-Jacques veut y
aller.
Relations du travail
M. CHARRON: M. le Président, c'est peut-être l'endroit tout
à fait approprié pour parler des relations de travail entre le
ministère de l'Education et les enseignants. Je ne veux pas soulever un
débat sur les présentes négociations ou sur la convention
collective, mais j'aimerais, quand même,' avoir quelques informations de
la part du ministre.
M. CARDINAL: Est-ce que je pourrais dire quelque chose, juste un mot?
Moi, je n'aurais
pas d'objection à ce que débat ait lieu à ce
moment-ci, mais, enfin, il ne faudrait pas confondre les choses. Ici, il s'agit
du service des relations du travail au sein du ministère, si je ne me
trompe pas.
M. CHARRON: Avec l'application des conventions collectives.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est exact, M. le Président, mais le
service a, tout de même, la responsabilité des négociations
aux tables sectorielles.
M. CARDINAL: Oui, par le sous-ministre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Par la présence de certains de ses
fonctionnaires, de certains de ses négociateurs.
M. CARDINAL: A cause de cette explication, je suis d'accord que le
député de Saint-Laurent continue.
M. LE PRESIDENT: Alors, la parole est au député de
Saint-Jacques.
M. CHARRON: Alors, il y aura, cet après-midi, reprise des
négociations. Qui représente le ministère de l'Education
à la table sectorielle, actuellement?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a plusieurs tables sectorielles, mais le
négociateur du ministère de l'Education est M. Huot, le directeur
du service des relations du travail.
Il sera à votre disposition pour répondre à des
questions plus précises si vous le désirez.
M. CHARRON: Bien. M. Huot, est accompagné de hauts fonctionnaires
à la table de négociation sectorielle?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je dois préciser qu'il n'est pas
lui-même à la table de négociation sectorielle. Il y a dix
tables dans le secteur de l'éducation qui fonctionnent; chacune de ces
tables est présidée ou dirigée par un porte-parole
officiel. La plupart du temps, ce sont des gens à honoraires qui sont
choisis spécifiquement pour le travail ad hoc. Cependant, il y a un
fonctionnaire de mon service à chacune des tables.
M. CHARRON: Bon, voilà. M. Belisle est-il à une de ces
tables-là?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II ne l'était pas jusqu'à
aujourd'hui.
M. CHARRON: Est-ce qu'il le sera?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je n'en sais rien, il n'a pas été
désigné par le service des relations de travail. H y a eu un
changement dans l'équipe de négociateurs du gouvernement, comme
vous le savez, et le ministre de la Fonction publique, entre autres, a
nommé M. Belisle comme négociateur, comme porte-parole.
M. CHARRON: A quelle table? Sur quel sujet?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je crois qu'il aura à travailler au
niveau de la table centrale, mais les mécanismes ne sont pas tout
à fait établis encore puisqu'il doit y avoir rencontre entre le
ministre de la Fonction publique et les représentants du front commun
dans quelques instants. On peut peut-être supposer qu'il puisse y avoir
des changements dans le style des négociations.
Si les négociations continuent comme elles ont été
conduites depuis le début, il y aura une table centrale et des tables
sectorielles. Les tables sectorielles, on vient de vous en exposer la
composition et il n'y a pas lieu de prévoir de changement. A la table
centrale, vous êtes au courant des nominations.
M. CHARRON: Je voudrais savoir peut-être que M. Huot
pourrait informer la commission sur ce sujet si les modifications
apportées par la partie patronale, que vous représentez, sont
substantielles, à votre avis, par rapport à l'ancienne
équipe de négociation avant la loi 19.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je pense qu'il faut préciser ici que la
table patronale était sous l'autorité directe du ministère
de la Fonction publique.
M. CHARRON: D'accord.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le ministère de l'Education, tout comme
le ministère des Affaires sociales, était plutôt là
comme observateur afin de fournir toutes les indications en vue de la
négociation. C'est ainsi que je ne voudrais pas laisser une fausse
impression que j'ai donnée tantôt; à la table centrale, M.
Huot était lui-même présent alors qu'aux tables
sectorielles il était présent par un de ses fonctionnaires.
Les tables sectorielles, en principe, demeurent mais elles ne se
réunissent pas ces jours-ci. Les équipes sont toujours les
mêmes et continuent...
M. CHARRON: Elles sont toujours les mêmes?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Elles sont toujours les mêmes du
côté du ministère de l'Education, avec nos partenaires, les
commissions scolaires et l'ensemble des CEGEP.
M. CHARRON: Et vous serez toujours à la table centrale?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne peux pas dire que j'y serai toujours. Je
l'ai été jusqu'ici. Aujourd'hui, je suis ici et la table centrale
devrait fonctionner.
M. CHARRON: En fait, je peux résumer l'ensemble des questions en
une seule. Le ministre entend-il modifier considérablement,
substantiellement, la formation de l'équipe du ministère de
l'Education qui était impliquée dans les négociations de
la convention collective?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, M. le Président. La conduite des
négociations est sous la responsabilité du ministre de la
Fonction publique. Comme je l'ai signalé il y a quelques instants, il
rencontre le front commun aujourd'hui même et, suivant les
décisions qui seront prises, on peut être amené à
modifier le style des négociations, mais ceci m'étonnerait. Les
tables sectorielles existent et continueront certainement sous la forme
actuelle. Pour ce qui est de la table centrale, c'est une décision qui
revient à la partie syndicale comme à la partie patronale
à savoir s'il y a lieu de continuer à négocier à ce
niveau. Les négociations, sur le plan pratique, se font à la
table sectorielle.
M. CHARRON: La nomination de M. Belisle vient-elle du ministère
de l'Education ou du ministère de la Fonction publique?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est une décision du ministère de
la Fonction publique.
M. CHARRON: Merci. Je n'entrerai pas plus loin dans les
négociations en cours à moins que...
M. CARDINAL: Moi, j'aurais quelque chose à dire. Ce que je vais
énoncer c'est peut-être assez délicat et je vais faire bien
attention aux mots que je vais employer parce que je ne voudrais certainement
pas nuire à la reprise des négociations.
Personnellement, je ne demanderais pas que le ministre de l'Education
soit présent à la table de négociation. A ce
moment-là, évidemment, on demanderait que le ministre de la
Fonction publique y soit, que le ministre de l'Education y soit, comme le
ministre du Travail y est. Actuellement, le même ministre remplit deux
portefeuilles, mais, enfin, je ne crois pas que ceci soit une demande
raisonnable. J'étais allé une fois, dans le temps où
j'étais au ministère, à la table de négociation
pour un problème particulier et de principe, mais c'est la seule fois
où je m'y suis présenté.
Personnellement, j'avais comme attitude que la présence du
ministre ne devait être requise que s'il y avait une question importante,
que les dernières instances devaient être comme dernières
instances et non pas comme instances continuelles à cette table centrale
ou à une table sectorielle.
D'autre part, il y a toujours eu cette difficulté depuis la
création du ministère de la Fonction publique qui a
entraîné une situation d'ambiguïté dans la population
vis-à-vis du ministère de l'Education et du ministre de
l'Education. Mon expérience passée, l'expérience de celui
qui vous a précédé immédiatement et la vôtre
probablement, M. le ministre, si le président me permet de m'adresser
à vous directement, est que l'on comprenne difficilement dans la
population, parce que c'est sa technique, que le ministère de
l'Education ne négocie pas directement avec les enseignants.
Sans cesse, l'on reproche au ministère ou au ministre de
l'Education des choses qui ne sont pas de sa responsabilité. Cela donne
l'impression que les ministres, entre eux, jouent à la balle.
Malheureusement, les politiciens s'en sont mêlé et des membres de
l'Opposition, dans le temps du bipartisme, ont, jour après jour,
harcelé le ministre de l'Education de questions sur les relations de
travail avec les enseignants, sachant fort bien, quand même, qu'il
s'agissait de relations avec le ministre de la Fonction publique.
Ceci est le passé et ceci est le présent. Je ne pense pas
que cela puisse être changé cet après-midi. Mais je dirai
au gouvernement actuel, qui a lui-même critiqué ce système
dans le passé, qu'à l'avenir il faudrait peut-être penser
à un autre système où la présence du
ministère de l'Education je ne dis pas du ministre serait
plus directe dans ses relations avec les enseignants. Quand je recevais le
président de la CEQ, il fallait, au début de la séance,
que, très solennellement, on dise: On ne parle pas de
négociations, parce que c'est un autre ministre qui doit en parler.
Alors, de quoi pouvions-nous parler? De détails particuliers concernant
la pédagogie, cela ne pouvait pas se séparer des
négociations.
Je ne dis pas qu'il faille abolir le ministère de la Fonction
publique. Je n'ai pas de système qui soit une panacée à
proposer ce matin. Mais il va falloir certainement informer, d'une façon
très précise, la population de ce qu'est la situation. Si on
écoute ce qu'on appelle les lignes directes ou les "hotlines", on
s'aperçoit que le ministre de l'Education, qui qu'il soit, est
attaqué sans cesse, parce qu'on dit qu'il est absent des
négociations.
Que M. Huot dise qu'il y a un de ses hommes à chacune des tables
sectorielles, combien le savent à part nous? En plus, combien y a-t-il
de tables sectorielles? Qu'est-ce que cela veut dire, etc? Ceci est très
compliqué pour la population. Il est facile pour des groupes de jouer
sur cette ambiguïté.
Hier, nous discutions de la décentralisation du ministère.
C'est une décentralisation qui a été faite, si vous
voulez, des responsabilités au sein du cabinet. Lorsqu'on a voulu avoir
une enveloppe globale de salaires, on s'est trouvé en présence de
gens de la fonction publique, d'une part, et ce qu'on appelle des parapublics,
d'autre part.
On n'a pas pu les traiter de la même façon. On sait quelles
sont les difficultés qui se soulèvent quant à la
sécurité d'emploi.
Enfin, pour toutes ces raisons que je viens d'exprimer, mon voeu est que
lors d'une prochaine ronde de négociation celle-ci se terminant,
espérons que cet après-midi ça reprendra pour vrai
le gouvernement actuel songera à changer la formule. Le ministre des
Finances peut fort bien développer une enveloppe globale. C'est quand
même lui qui la fait et qui, en Chambre, encore avant-hier, a
répondu qu'on était au fond du baril à ce sujet.
Le ministre de la Fonction publique l'avait déjà dit
auparavant, enfin celui qui l'était à ce moment-là. Le
ministre de l'Education, évidemment, était silencieux sur le
sujet.
Ce système, où l'on met les gens du secteur public et du
secteur parapublic ensemble, même s'il y a des tables sectorielles, ne me
paraît pas satisfaisant pour aucune des deux parties, pas satisfaisant
pour le ministre de l'Education parce qu'il est l'objet de critiques qui ne
sont pas justifiées parce que ce n'est pas lui qui a instauré le
système, pas satisfaisant pour les autres parties parce qu'elles ont
l'impression de ne pas s'adresser à la bonne personne, et pas
satisfaisant dans ses résultats car quelles, sont, alors, les relations
du ministre avec les enseignants, à part de rencontres dans des
congrès ou des choses semblables?
Ce sont des réflexions. J'ai réfléchi tout haut
pendant quelques minutes. Je sais bien que le problème est complexe et
n'est pas facile. Mais cette ambiguïté, entre les deux secteurs
public et parapublic, qui vient des subventions de l'Etat alors que les gens
sont fonctionnaires et payés directement par l'Etat, alors que d'autres
sont payés en partie par l'Etat et en partie par les taxes qui viennent
des contribuables, me parait une situation qui ne peut que, dans l'avenir comme
dans le passé, créer des embûches aux négociations
et créer des états de stratégies, d'ailleurs, de part et
d'autre, qui n'aident pas à la solution des problèmes.
Or, j'ose espérer que les relations entre le ministère ou
entre le ministre de l'Education et les enseignants seront plus proches que le
genre de relations qui existent actuellement. Je pense que cette situation nuit
à tous les ministres de l'Education.
Je ne demande même pas au ministre une réponse. Je ne lui
demande même pas de s'expliquer. S'il veut le faire, il a le droit de le
faire, M. le Président. Mais je voulais quand même souligner ce
point.
En Chambre, jamais je ne me suis permis d'interroger le ministre de
l'Education sur les négociations pour ne pas recommencer, justement,
cette ambiguïté au sein du public, de la tribune de la presse et de
la députation. Alors, je ne le ferai certainement pas aujourd'hui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, je souhaiterais tout de
même répondre, pour apporter quelques commentaires. En effet, j'ai
écouté les réflexions du député de Bagot
avec énormément d'intérêt. Je crois qu'elles
méritent d'être retenues. Je n'ai pas du tout l'intention de
défendre le régime de relations de travail qui est le nôtre
et les mécanismes institutionnalisés qui nous permettent de
négocier. Tout ce que je dis, c'est qu'ils existent, et même si,
un jour, on doit les remettre en cause, il ne peut pas être question de
le faire maintenant.
Il est exact que le ministre de l'Education, comme d'ailleurs le
ministre des Affaires sociales, se trouve parfois en porte-à-faux dans
l'opinion publique. Ceci est tellement vrai que la partie syndicale a
tenté, à plusieurs reprises, de m'impliquer. Il y a même eu
tout un échange de correspondance, qui a été rendue
publique lors de la réunion de la commission parlementaire de la
fonction publique, entre le président de la CEQ et moi-même.
J'ai, chaque fois que l'on a tenté de m'impliquer,
expliqué en quoi consistaient nos mécanismes de
négociation et où se situait la participation du ministre et du
ministère de l'Education. J'y suis revenu à maintes reprises, de
manière à informer la population. Je crois même l'avoir
fait ici même, au début de nos débats.
Très rapidement, je voudrais simplement signaler que même
si c'est le ministre de la fonction publique qui est le porte-parole
gouvernemental et je vois certains avantages à ce qu'il en soit
ainsi, sur le plan de la cohérence d'une politique, compte tenu des
implications budgétaires de toute décision, à notre
époque il reste que le ministre de l'Education, comme d'ailleurs
le ministre des Affaires sociales, est présent. Il est présent au
sein d'un comité ministériel qui définit les mandats ou
définit les stratégies et il est présent également
par ses fonctionnaires, comme on l'a expliqué il y a quelques instants,
au niveau des tables sectorielles. De sorte que je peux vous affirmer que, pour
ma part, j'ai toujours été extrêmement sensible aux
arguments pédagogiques que l'on a mis de l'avant et j'ai toujours
tenté d'en tenir compte, lorsqu'il s'est agi de définir les
mandats des négociateurs.
Une dernière remarque, qui me parait peut-être la plus
importante, du député de Bagot, est celle qui porte sur les
relations entre le ministère et les enseignants. Je déplore comme
lui je l'ai signalé dans mes remarques préliminaires
que ces relations se fassent trop souvent uniquement par des
mécanismes de négociation ou par l'intermédiaire de
syndicats.
Il est certain qu'il est assez difficile d'avoir un dialogue très
productif lorsque chaque partie a des intérêts légitimes
à défendre. Il faudrait tenter de mettre au point certains autres
mécanismes ou favoriser des rencontres qui se feraient peut-être
en dehors de ces préoccupations trop souvent financières.
M. CARDINAL: Si vous permettez, le terme
"relations de travail" je l'élargirais, mais pas à partir
de cet article à telle page du livre des crédits. Dans les cours
d'administration qui se donnent dans les grandes universités, surtout
anglo-saxonnes, il y a un cours qu'on appelle "The human relations". Traduisons
par relations humaines, si vous voulez. On a vu ce phénomène,
d'ailleurs, non seulement au niveau du ministère vis-à-vis des
enseignants, mais au niveau même des instances locales où, dans
les conseils d'administration des collèges d'enseignement
général et professionnel, les gens qui étaient élus
en étaient venus à représenter des syndicats ou des
groupes d'intérêts beaucoup plus qu'à être purement
des mandatés, des nommés ou des cooptés. Ce n'est donc pas
simplement au niveau du ministère que ça se produit; ça se
produit à chacun des échelons.
Je trouve ça malheureux, parce que ce n'est pas une question de
politisation ou de non-politisation. C'est une toute autre question. C'est que
les relations deviennent purement des relations d'intérêts
adverses, parfois, ou de compromis sur des intérêts communs. Je
prends un exemple par analogie. J'ai été heureux, d'une certaine
façon, de la contestation étudiante quand je dirigeais le
ministère, parce que cette contestation m'a permis des relations
directes avec les étudiants, très directes, parce
qu'eux-mêmes s'étaient fait hara-kiri quant à leurs
associations. J'ai pu rencontrer, par. exemple, des représentants
volontaires de 19 CEGEP à Limoilou. Je m'en souviens fort bien et
ça a été quelque chose de tout à fait
différent. Nous sommes passés à travers cette crise
les fonctionnaires qui vous entourent le savent d'une façon
très différente de celle dont le gouvernement français a
pu traverser la crise de mai et juin 1968.
Avons-nous eu de la chance ou est-ce que le fait qu'il y ait eu la
possibilité d'établir par un mécanisme qui avait
été un comité spécial créé à
ce moment-là des relations directes avec les étudiants n'a
pas été la cause pour laquelle ça a fini par se
résorber? Pas entièrement, mais... Pourrait-on faire quelque
chose de semblable vis-à-vis des enseignants?
Je ne le sais pas; je laisse ce point d'interrogation.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui.
M. BROCHU: M. le Président, si vous me le permettez, j'ai,
à quelques reprises, émis le voeu que le ministre de l'Education
participe à la négociation; le ministre s'en souviendra. Je
comprends que, dans le portrait de la situation actuelle, il s'agit d'une
juridiction mixte et que la fonction publique, en fait, occupe la plus grande
partie du territoire face au problème que nous vivons.
Je comprends que le ministère et surtout le ministre de
l'Education n'est pas responsable de toute la négociation, mais,
à mon sens, il est quand même responsable de la qualité et
du rendement de l'éducation au Québec. Je pense que c'est un
point sur lequel on peut être d'accord.
Pour ma part, je regrette, en fait, que la négociation des
conditions de travail des enseignants ne soit pas saisie par le gouvernement
comme une occasion, peut-être, d'aborder véritablement les
problèmes de fond de l'éducation au Québec, dans leur
ensemble. Le ministre mentionnait hier, aussi, qu'il entend donner une nouvelle
orientation et décentraliser les politiques du ministère. Cela
aurait pu être une occasion rêvée pour toucher ces
problèmes-là et pour les apporter à la table de
négociation devant ceux qui sont mandatés ou qui sont, de droit,
impliqués dans l'application de ces politiques de
décentralisation.
J'ai eu quelquefois l'impression j'espère que ça
pourra changer qu'on voulait surtout négocier à partir de
critères administratifs, un peu comme on pourrait négocier une
convention collective des supermarchés Richelieu ou d'une autre
chaîne de magasins, c'est-à-dire qu'aux critères
administratifs on subordonnait les besoins réellement
pédagogiques. Par exemple, pour ce qui est de la quantification de la
tâche, les négociateurs semblent s'en tenir au système du
rapport maître-élèves. J'ai, d'ailleurs, posé des
questions au ministre à ce sujet-là. Ce système ne tient
pas compte des situations extrêmement variées qui existent selon
les secteurs d'enseignement, selon les régions, selon les
catégories d'étudiants aussi, à mon sens.
Ainsi, il est reconnu que, dans le secteur professionnel, par exemple,
c'est pratiquement impossible, sinon impensable, de travailler avec plus de
quinze étudiants à la fois, puisqu'il faut axer
l'éducation sur une relation vraiment humaine. Pour certaines options
professionnelles, par exemple les techniques infirmières, ce nombre doit
être abaissé considérablement à cause aussi du but
précis de l'éducation.
Par conséquent, si on s'accroche à une façon rigide
de maintenir les normes actuelles, si vous voulez, comme dans les rapports 1-27
à l'élémentaire et 1-17 au secondaire ou un maître
pour 15 élèves au collégial, les institutions qui ont
davantage développé le secteur professionnel seront
pénalisées.
Si l'on considère l'ensemble du portrait, c'est certain que, pour
le ministère, s'en tenir à des normes plutôt rigides,
ça devient une facilité administrative, lorsqu'on
considère surtout l'aspect administratif. Pourquoi faudrait-il sacrifier
cette norme administrative à l'aspect pédagogique ou au but final
de l'éducation? C'est un peu le sens que j'ai voulu donner à
certaines de mes interventions le ministre l'a souligné, hier
lorsque je disais que c'était la norme qui était
souveraine, peut-être, en éducation, plutôt que
l'étudiant lui-même ou le but comme tel de l'éducation.
Je me demande s'il ne serait pas préférable, au contraire,
de définir la tâche de l'enseignant
en termes de période d'enseignement à dispenser, du nombre
d'étudiants par classe en tenant compte des situations
particulières.
On engagerait alors dans chaque commission scolaire le nombre
d'enseignants requis pour des tâches globales et le rapport
maître-élèves pourrait varier d'une commission scolaire
à l'autre ou d'un secteur à l'autre mais toujours en fonction des
besoins. Je me place surtout sous cet aspect-là.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, je ne veux pas
interrompre le député, je ferai quelques commentaires à la
suite de son intervention, s'il le désire, mais il se rend compte,
n'est-ce pas, qu'il est en plein dans le contenu de la négociation?
C'est son droit, s'il désire en parler.
M. BROCHU: Non, je n'ai pas l'intention d'embarquer dans le contenu de
la négociation.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous y êtes.
M. BROCHU: Par rapport à la présence du ministre et par
rapport à l'approche globale qu'on a fait de la négociation,
disons que c'est à titre d'exemples que j'ai donné les
proportions, etc., pour mentionner qu'à mon sens on s'engage
peut-être sur un terrain qui ne règlera peut-être pas
beaucoup de choses parce qu'on n'attaque pas les problèmes de fond mais
surtout des problèmes de structure. A l'intérieur de cela, j'ai
l'impression qu'on va arriver à un phénomène qu'on
déplore actuellement, celui où les individus et les besoins
d'éducation seront soumis à des normes administratives parce que
celles-ci sont, au point de départ, plus faciles.
Je comprends les administrateurs du ministère de penser de cette
façon parce qu'ils sont des administrateurs. Si on prend le
côté pédagogique et le côté de l'orientation
ou but final de l'enseignement, je pense qu'on passe à côté
d'une grande partie du problème. C'est dans ce sens que j'ai voulu faire
mon intervention et que j'ai voulu aussi mentionner au ministre le sens des
interventions que j'ai faites à l'Assemblée nationale lorsque je
mentionnais que je déplorais qu'on insiste plus sur la
souveraineté de la langue plutôt que sur la souveraineté de
l'individu en éducation.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, je ne voudrais pas
commencer un débat sur ce sujet-là. Je réfère
simplement le député de Richmond...
M. CARDINAL: Ne le commencez pas parce que je vais y participer.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... aux remarques que j'ai faites sur les
normes. Ces remarques touchaient autant les normes administratives que les
normes pédagogiques. La seule chose que je voudrais souligner c'est
qu'il ne faut quand même pas manifester trop de naiveté lorsqu'on
est en présence d'un conflit de travail. Un conflit de travail c'est,
qu'on le veuille ou non, un conflit d'intérêts. Ce conflit
d'intérêts se traduit souvent par certaines positions qui, au
départ, sont plus ou moins conciliables et qu'il s'agit de rendre
conciliables. Par conséquent, certains des arguments d'allure
pédagogique qui sont avancés exigent parfois d'être
nuancés. C'est la raison pour laquelle je ne veux pas donner
l'impression que, même si je ne commente pas plus avant les
réflexions du député de Richmond, je suis d'accord avec
lui. Je pense que les normes du ministère, sur le plan administratif
comme sur le plan pédagogique, tiennent compte de la qualité de
l'enseignement. Je pense, d'autre part, qu'étant donné nos
mécanismes de négociation et étant donné le fait
qu'on est actuellement en cours de négociations, il est
extrêmement difficile de procéder autrement que nous
procédons. Je puis affirmer, comme je l'indiquais tout à l'heure,
que les éléments pédagogiques sont constamment
pondérés et qu'il ne s'agit pas du tout, de la part du
ministère de la Fonction publique et du ministère de l'Education,
d'une attitude qui serait uniquement basée sur des impératifs
administratifs et financiers.
M. CHARRON: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Jacques.
M. CHARRON: ... le ministre a mentionné, deux ou trois fois, la
reprise des négociations ce matin, ce qui fait qu'un bon nombre de
choses qu'on aurait pu dire si on avait été encore dans
l'impasse, je les laisserai volontairement de côté ce matin
puisque la partie syndicale et la partie patronale devraient désormais
faire preuve d'assez de maturité pour aborder ces problèmes dans
un autre esprit.
Je veux quand même ajouter aux remarques fort pertinentes de mes
deux collègues de l'Opposition d'autres remarques que j'essaierai de
faire dans le même esprit et, en même temps, peut-être faire
le bilan de ce que nous trois avons voulu dire au ministre avant de
clôturer le débat sur cette question.
La première remarque vise à insister auprès du
ministre pour peut-être mettre encore plus de diligence, si c'est
possible de le faire, qu'il ne l'a fait au cours de la période
précédant la loi 19 pour suivre attentivement le dossier des
négociations dans ce domaine. Ce n'est pas un blâme que je fais au
ministre, je ne dis pas qu'il ne s'en est pas occupé. Il a
lui-même affirmé tout à l'heure que ça avait
été une de ses préoccupations majeures et je pense qu'il
aurait tout simplement manqué à son devoir si cela ne l'avait pas
été. Mais lui-même connaissant l'impasse et le
côté dramatique de la situation actuellement devrait comprendre
qu'on va lui demander encore plus d'efforts.
II faudra qu'il suive, à chacune des tables sectorielles, via M.
Huot, si c'est lui le responsable, la qualité et l'étendue des
négociations. Deuxième remarque que je vais faire, c'est que je
ne crois pas pour une goutte que le gouvernement soit au fond du baril,
contrairement aux affirmations du ministre des Finances. Il ne l'était
pas avant la loi 19, il n'a certainement pas de raison de l'être
après la loi 19, au moment où il se préparait à
rédiger un décret. Le genre d'argument plutôt politique que
le ministre des Finances a apporté a été commenté
en Chambre par mon parti et notre opinion là-dessus a été
claire. Je ne crois pas non plus que, dans le domaine pédagogique, le
ministère ait été au fond du baril, pour reprendre
l'expression consacrée par le député de Jean-Talon. En
particulier, et le sous-ministre qui participe à nos travaux ce matin
connaît mon opinion là-dessus, sur la question de la
sécurité d'emploi. Je ne crois pas, sincèrement, que le
ministère ait fait la démarche substantielle qu'on attendait de
lui dans ce domaine. Le député de Maisonneuve, au nom de mon
parti, a souvent comparé, l'autre jour, à la commission de la
fonction publique, les offres patronales en matière de
sécurité d'emploi dans ce domaine à une assurance
chômage supplémentaire, beaucoup plus qu'à une
sécurité d'emploi ou à une possibilité de recyclage
intrasectoriel ou intersectoriel. D'ailleurs, au cours de la réponse
fournie hier, on a aperçu la disponibilité du ministère
pour pouvoir le faire à certaines occasions. Donc, à l'ouverture
des négociations ce matin, je pense que les trois partis d'Opposition,
si j'ai bien compris, sont unanimes à vous demander de suivre avec
encore plus d'attention que vous ne l'avez fait, et ce sans blâme sur
votre conduite précédente, les négociations en cours et de
ne pas hésiter à ouvrir, dans le domaine de l'éducation,
si le reste de la fonction publique ne le fait pas, encore plus
l'éventail d'offres que vous aviez faites avant la loi 19. Parce que
tout le monde connaît le drame auquel nous venons d'échapper.
Beaucoup plus grand serait-il si les négociations qui reprennent
ce matin allaient à nouveau se heurter à une impasse et à
un mur et si, à nouveau ce matin, le premier son de cloche
qu'entendraient les délégués syndicaux aux tables
sectorielles serait qu'avant la loi no 19, dans le domaine de la charge de
l'enseignant, dans le domaine de la sécurité d'emploi, on avait
là aussi atteint le fond du baril. On aurait non seulement leurré
le Parlement, mais, ce qui est beaucoup plus grave, leurré la population
en leur faisant croire qu'une réouverture des négociations avec
un ministre nouveau, avec une équipe nouvelle ou renouvelée
appelons-la comme cela de fonctionnaires signifiait qu'on
reprenait les négociations de bonne foi.
Je pense qu'il ne suffit pas que vous ayez délégué
ce matin une nouvelle équipe à la table centrale ou aux tables
sectorielles. Il faut aussi que cette nouvelle équipe, en particulier
dans le domaine pédagogique, soit équipée de nouvelles
offres patronales beaucoup plus étoffées, beaucoup plus
substantielles que celles qui avait consisté en une espèce de mur
de fer où s'étaient échouées les dernières
négociations. Si c'est vraiment le même mur qu'on rapporte
à la table de négociation ce matin, il est inutile pour vos
anciens fonctionnaires et pour les nouveaux membres de l'équipe de
négociation de s'y présenter parce qu'on va connaître une
impasse deux fois plus dangereuse que la précédente.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, j'aurais une question
à poser au député de Saint-Jacques. Est-ce qu'il est
tellement convaincu que l'échec de la première ronde de
négociation soit dû simplement aux propositions patronales? Est-ce
qu'il ne croit pas que d'autres éléments, d'ordre peut-être
politique, ont pu intervenir? La raison pour laquelle je pose cette question,
c'est que je sais pertinemment que nous n'avons peut-être pas pu
négocier à fond certaines questions dont, en particulier, celle
dont il parle, la sécurité d'emploi, et qu'il y a toujours eu une
marge de manoeuvre permettant de progresser. Peut-être est-ce à la
suite de malentendus et de difficultés de communication que nous en
sommes arrivés à l'impasse, mais il reste que la volonté
du gouvernement est véritablement une volonté d'ouverture depuis
le début.
Pour ma part, soyez convaincu que j'ai suivi les négociations
avec une attention de tous les instants, avec mes collaborateurs dont certains
se sont couchés à quatre heures, ce matin
précisément, parce que nous étions en train
d'étudier les contenus. Je continuerai de le faire avec la même
attention soutenue.
Ma grande préoccupation, je dirais même ma seule
préoccupation, c'est de tenter d'en arriver à des solutions qui
permettront de déterminer, dans le monde de l'enseignement, le meilleur
climat possible. Je me rends parfaitement compte que ce climat n'est
peut-être pas aussi bon qu'il devrait l'être et que ceci est le
résultat d'une longue histoire; je n'hésite pas à dire
peut-être même d'erreurs qui ont été
accumulées dans le passé. Je sais très bien qu'il ne
suffit pas de le souhaiter pour que ceci se produise. Je sais, d'autre part,
qu'il faut oeuvrer par tous les moyens pour y arriver parce que la
qualité de l'enseignement est à ce prix et parce que,
également, la façon dont les enseignants se sentent à
l'aise dans un système se répercute sur leur performance.
Ceci dit, cependant, il ne faut pas s'imaginer qu'en lâchant sur
tous les points, dans le cadre de ce qui reste un conflit de travail où
des intérêts divergents sont représentés, on
règle ce problème. J'en profite pour faire un appel et pour bien
montrer que c'est actuellement la préoccupation essentielle du ministre
et de ses collaborateurs. Je souhaite que les enseignants soient
véritablement au centre de cette réforme scolaire qui continue,
comme ils l'ont d'ailleurs toujours été.
M. CHARRON: J'ai envie de poser une question qui devrait suivre
normalement votre dernière phrase. Est-ce que cette préoccupation
que vous énoncez, cet appel que vous faites est accompagné ce
matin de nouvelles offres patronales en matière de
sécurité d'emploi chez les enseignants et d'un adoucissement
quant à l'approche du rapport maître-élèves, comme
l'a souligné le député de Richmond, ou alors vos
négociateurs vont-ils ce matin à la table de négociations
porteurs des mêmes offres qu'avant la loi no 19?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous comprendrez que je ne peux pas
répondre à cette question. Il s'agit là de la
responsabilité bien identifiée du ministre de la Fonction
publique. Je rappelle seulement ce que j'ai dit il y a quelques instants. C'est
qu'il y a toujours eu une marge de manoeuvre suffisante pour négocier.
Pour ma part, j'ai toujours pensé et je pense toujours que si les
négociations en sont arrivées à l'impasse, c'est pour des
raisons qui étaient peut-être fort éloignées des
offres elles-mêmes.
M. CHARRON: Vous ne pouvez pas constamment vous rabattre sur le ministre
de la Fonction publique à savoir si c'est lui qui a modifié les
offres sur ce qui fait votre plus haute préoccupation, avez-vous dit,
c'est-à-dire l'humanisation de l'enseignement.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le député de Saint-Jacques a assez
d'expérience pour savoir qu'il serait fort imprudent, alors que la
partie syndicale et la partie patronale se rencontrent en ce moment, de
déterminer jusqu'à quel point le gouvernement peut assouplir ses
positions ou jusqu'à quel point le gouvernement entend les maintenir.
M. CHARRON: Non, mais ce que je veux...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Tout ce que je dis, c'est qu'il y a une marge de
manoeuvre et qu'elle a toujours existé. Tout ce que le gouvernement
souhaite, c'est que les deux parties puissent véritablement, dans un
esprit de collaboration qui semble s'instaurer, se pencher là-dessus et
voir ce qui peut être fait dans l'intérêt
général.
M. CHARRON: Tout ce que nous vous demandons, ce matin, c'est si vous
avez profité de cette marge de manoeuvre, au cours de la période
entre la loi no 19 et la reprise des négociations ce matin, pour
justement manoeuvrer de votre côté, vous, la partie patronale, et
modifier vos offres. Tout ce que nous voulons savoir, c'est s'il y a
modification des offres patronales en matière de sécurité
d'emploi. Nous ne vous demandons même pas de les déposer ou de les
expliquer à la commission. C'est simplement dans l'esprit que
vous-même avez manifesté à l'ouverture de l'étude de
ces crédits en portant l'éducation et l'humanisation de
l'école au sommet de vos préoccupations. Nous voulons savoir si
vous avez profité de la marge de manoeuvre que vous décrivez
depuis le début.
M. CLOUTIER (Ahuntsic) : En fait, nous sommes en train de reproduire,
probablement, la discussion qui a lieu, en ce moment, au Holiday Inn. Ce sera
probablement le point de départ. Les dernières offres patronales
n'ont même pas reçu de réponse de la partie syndicale. Je
crois que ce serait fausser tout le mécanisme de la négociation
si j'intervenais actuellement.
M. CHARRON : Le ministre ne répond pas à ma question.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, et c'est volontairement que je ne
réponds pas. J'essaie d'expliquer le plus honnêtement possible,
pourquoi je ne réponds pas directement. Ce serait, je crois, manifester
de l'irresponsabilité.
M. CHARRON : Mais je demanderais, quand même, que vous
m'expliquiez pourquoi vous refusez d'informer la commission parlementaire de
l'éducation à savoir s'il y a, ce matin, sans vous en demander la
nature, de votre part, de nouvelles offres patronales en matière de
sécurité d'emploi chez les enseignants. Il me semble que, sans
trahir votre secret ou quoi que ce soit, vous pouvez dire si, oui ou non, ce
matin, il y a de nouvelles offres patronales sur la table.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II ne s'agit pas...
M. CHARRON : Nous tirerons notre jugement par la suite.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... M. le Président, de trahir quoi que
ce soit. Mais il s'agit de permettre au négociateur gouvernemental de
faire état, lui-même, de certaines propositions, le cas
échéant. Négocier, c'est cela. Il ne m'appartient
absolument pas, actuellement, de dire plus que ce que j'ai dit. Il y a eu des
offres patronales qui n'ont pas reçu de réponse de la partie
syndicale. C'est déjà un point de départ. Il y avait et il
y a toujours eu une marge de manoeuvre sur les différents points en
litige, qui n'a pas été explorée.
M. CHARRON: Je vais vous dire pourquoi j'insiste sur cette question et
je pense que mes collègues de l'Opposition seront d'accord avec moi.
C'est pour deux raisons: la première, c'est que je n'attacherai de
crédibilité à vos engagements de souplesse,
d'intérêt etc., que lorsqu'ils seront accompagnés de gestes
positifs, particulièrement quand on traverse une période
difficile comme celle-là. Le reste, pour moi, ce sera de la prose ou de
la poésie si ce n'est pas
accompagné, dans le domaine politique, de décisions
concrètes. Ce que la population du Québec est en mesure
d'attendre ce matin, c'est certainement une modification des dernières
offres patronales qui avaient été faites dans le domaine de la
sécurité d'emploi, parce que, contrairement à ce que vous
dites, je m'excuse, elles avaient été qualifiées,
dès le dépôt, d'inacceptables par la partie syndicale. Le
moins qu'on puisse dire, c'est que le délai causé par la loi no
19 et son application, que je ne qualifierai pas, ont certainement donné
le temps à la partie patronale de repenser ou de modifier cela
légèrement. Ce que je vous demandais, ce matin, c'est:
L'avez-vous fait?
Deuxièmement, je suis convaincu, également, que la
dernière offre patronale, avant la nuit du Château Frontenac,
avant la loi no 19, n'était pas le fond du baril en matière de
sécurité d'emploi. Cela, j'en suis convaincu, non seulement par
des énoncés que nous aurions entendus ici, dans le domaine de
l'éducation, mais dans le milieu même de la fonction publique et
de la voix même de l'ancien ministre de la Fonction publique. S'il
était ici ce matin, je suis convaincu qu'il serait assez honnête
pour le répéter.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, je ne demande pas au
député de Saint-Jacques de m'accorder de la
crédibilité actuellement. Tout ce que je lui demande, c'est
d'attendre et de voir les résultats. Je ne peux que
répéter que les offres patronales n'ont jamais été,
quoi qu'on dise, rigides; elles n'ont jamais représenté des
ultimatums. Il y a toujours eu une marge de manoeuvre suffisante pour que l'on
puisse progresser. C'est ça, négocier.
Maintenant, il me semble que, pour des raisons que je crois d'ordre
politique, il a été impossible ou difficile, à la partie
syndicale, de s'appliquer véritablement à tenter d'analyser les
dernières offres patronales et de voir, à partir de ces offres,
ce qu'elle pouvait présenter comme contrepropositions, lesquelles
auraient peut-être pu permettre d'accéder à une
étape différente de négociation.
Pour l'instant, je ne peux que demander au député de
Saint-Jacques d'attendre les résultats. Je ne sais pas ce qui sera
discuté ce matin. Il est très possible que la discussion porte
davantage sur les mécanismes que sur les contenus, ce qui ne serait
peut-être pas absolument non plausible, étant donné
l'interruption. H y a quand même un certain nombre d'arrangements
matériels à faire. On peut même s'interroger sur la table
centrale. On l'a fait à la commission parlementaire de la fonction
publique. Il n'est pas sûr que, du point de vue syndical, en particulier
en ce qui concerne les enseignants, ceci ait été la meilleure
façon de faire face à leurs problèmes.
Il ne faut quand même pas oublier que ce n'est pas le gouvernement
qui a imposé la table centrale. C'est la partie syndicale. Tout ceci
pour m'en tenir à ma réponse, de façon définitive,
et sans engager de débat, je crois que j'en resterai là.
M. CHARRON: Bien, M. le Président. Moi non plus, je ne
continuerai pas le débat, puisque le ministre ne veut pas s'y engager
plus profondément. Mais permettez-moi de dire qu'une impression se
dégage dès ce matin, qui est inquiétante, à mon
avis, c'est que la négociation, si elle est accompagnée de
déclarations comme celle du ministre des Finances, dimanche dernier, ou
de la prose du ministre de l'Education, ce matin, risque d'être aussi peu
franche et aussi peu remplie de succès que
précédemment.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je n'accepte pas cela, M. le Président.
Je ne l'accepte pas parce...
M. CHARRON: Il me semble que ce sont des choses que vous-pouvez dire
dès ce matin.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... ces phrases sont prononcées devant
l'opinion publique.
M. CHARRON: Justement.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je suis obligé de demander aux
journalistes de bien tenir compte des réponses antérieures que
j'ai faites, si vous ne voulez pas que je me sente obligé, en
conscience, de les répéter.
Je dis que nous sommes actuellement en cours de négociation et
qu'en tant que ministre de l'Education je ne peux pas fausser le
mécanisme qui existe. Je dis qu'il y a, en ce qui concerne les aspects
qui touchent le ministère de l'Education, une marge de manoeuvre qui a
toujours existé. Je dis que c'est cette marge de manoeuvre qu'il
convient d'explorer.
Je ne dis pas du tout que nous nous en tenons, de façon rigide,
à certaines positions qui ont peut-être été
présentées comme telles par la presse.
M. CHARRON: Ce que les partis de l'Opposition aussi sont
légitimement en mesure de vous demander, ce matin, c'est si le
gouvernement a modifié ses offres patronales, à l'ouverture des
négociations.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne dis pas que vous n'avez pas le droit de le
faire mais je vous réponds comme je crois devoir répondre,
étant donné le contexte. Si je disais aujourd'hui, en tant que
ministre de l'Education: Oui, le gouvernement a modifié ses offres
patronales sur tel point, tel point et tel point, même en me limitant aux
points qui concernent le ministère de l'Education, j'ai l'impression, en
fait j'ai la certitude que je nuirais considérablement au processus
même de la négociation, qui, par définition, doit franchir
certaines étapes, puisqu'il s'agit d'un conflit
d'intérêts.
M. CHARRON: En quoi nuiriez-vous à la négociation si vous
informiez le Parlement et l'opinion publique de la démarche que la
partie patronale aurait faite à l'ouverture des négociations? Au
contraire, vous faciliteriez ces négociations.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Peut-être, M. le Président, mais
c'est au ministre de la Fonction publique, qui a un mandat précis, de le
faire. J'outrepasserais, à ce moment-là, ma propre
juridiction.
Si j'étais ministre de la Fonction publique, je le ferais
très volontiers. Ou si j'étais chargé, par le cabinet, de
négocier de façon sectorielle, je le ferais très
volontiers aussi.
M. CHARRON: Votre refus de répondre équivaut, à mon
sens, à une affirmation comme quoi vous n'avez pas changé les
offres patronales dernières.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je repousse cette affirmation parce que je la
crois fausse et je la dis fausse.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bagot.
M. CARDINAL: M. le Président, si vous me permettez, je voudrais
seulement dire que le débat qui vient d'avoir lieu prouve simplement les
remarques préliminaires que j'ai faites. Je n'irai pas plus loin. Je
vais laisser passer ce qui se passe au Holiday Inn et nous en reparlerons
à l'Assemblée nationale.
Le ministre, par son attitude, n'est pas condamnable parce qu'il fait
partie d'un système qui, lui, est condamnable mais ne peut pas
être modifié aujourd'hui. Je demande qu'à l'avenir on ne
place plus des responsables dans des situations où ils ne peuvent pas,
ne veulent pas ou ne sont pas en mesure de répondre, à cause d'un
passé, encore tout récent, où le ministre lui-même
laisse entendre qu'il y a probablement eu des erreurs de commises. Chacun en
prendra sa part. Mais je pense que ce débat est purement une
illustration de ce que je disais au début.
Evidemment, l'Opposition est très mal placée à ce
moment-ci puisqu'elle n'a pas d'endroit où s'adresser pour avoir une
réponse. A des questions posées au ministre des Finances, on a
une réponse, au ministre du Travail et de la Fonction publique, on en a
un autre genre ou un autre style. C'est la situation dans laquelle on est. Mais
je n'irai certainement* pas plus loin, parce que je craindrais trop, en
attaquant un membre du cabinet, de ne pas aider les négociations.
Je souhaite, comme le député de Saint-Jacques, et comme le
ministre probablement, qu'une ouverture se fasse. Je me suis exprimé
ailleurs qu'en cette commission, même par écrit, c'est public, sur
ce qui s'est passé.
Espérons que ce qui s'en vient sera différent de ce qui
s'est passé. Et là je ne juge aucune des parties. Je prends acte
de ce qui s'est fait ce matin et j'espère que nous aurons un avenir qui
chantera davantage, pas dans le sens péjoratif du terme, et que ce que
l'on a présentement derrière nous sera peut-être en face de
nous.
M. CHARRON: J'admets l'analyse du député de Bagot depuis
le début, mais je ne crois pas qu'elle s'applique au point que le
ministre ne puisse pas répondre à la commission parlementaire ce
matin, à savoir si la partie patronale a fait une concession, à
l'ouverture des négociations, dans le domaine de la
sécurité d'emploi des enseignants.
Je ne pense pas que la complexité du système de
négociation, l'implication du ministre de la Fonction publique dans tout
ce tralala, et du cabinet et de tout ce que vous voudrez, fassent que ce matin,
aux membres de la commission parlementaire de l'éducation appelés
ici à voter un budget qui doit assurer le meilleur système
d'éducation au Québec, la partie patronale fasse ou non une
concession en négociation, dans le domaine de la sécurité
d'emploi. Il me semble que ça fait partie de tout le tralala que nous
avons à voter et à discuter ici.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pas question de continuer, mais étant
donné cette affirmation qui reprend les dires antérieurs du
député de Saint-Jacques, je suis bien obligé d'admettre
que le processus de négociation comporte des concessions de part et
d'autre, lesquelles concessions sont faites en cours de route. Il y a une
dialectique propre à la négociation et je crois que je la
fausserais et que je priverais peut-être même le ministre de la
Fonction publique, ainsi que la partie syndicale, des possibilités de
tenu-compte de leurs meilleurs intérêts et je rappelle que
les intérêts du ministre de la Fonction publique, ce sont les
intérêts de toute la collectivité québécoise
si j'intervenais à ce stade-ci.
J'ajoute simplement et ceci complique encore les choses
c'est que le ministère de l'Education n'est pas seul dans ces
négociations, il a des partenaires, à cause de ce système
décentralisé que je décrivais hier. Ces partenaires, c'est
la Fédération des commissions scolaires, c'est également
les représentants des CEGEP, des collèges, à d'autres
tables. Et ce sont ces partenaires qui sont les employeurs des enseignants et
qui sont impliqués au premier titre également, de sorte que
j'outrepasserais tous les mécanismes établis si j'intervenais
à ce stade-ci.
Attendons, nous verrons bien. Tout ce que je peux dire, c'est que le
gouvernement veut négocier et je crois, moi, profondément,
fermement, qu'il est possible d'en arriver à un accord rapidement, si
suffisamment de bonne volonté est manifestée.
M. CHARRON: II avait dit ça avant la loi 19 aussi.
M. CARDINAL: Cela suppose aussi que les instances locales veulent
négocier. Je n'insisterai pas davantage, mais c'est que plus on en
ajoute, plus on s'aperçoit que le système de négociation
actuel n'est certainement pas l'idéal. Je mets au point final ici, M. le
Président. Si d'autres veulent...
M. LE PRESIDENT: Alors, sous-article 4...
M. CHARRON: Non, non, nous mettons un point final...
M. CARDINAL: A ce sujet-là.
M. CHARRON: ... au refus du ministre de répondre à nos
questions sur cette matière.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pardon, j'ai répondu à ma
façon, très élaborée, nuancée, et je crois
que le député de Saint-Jacques a apprécié.
M. CHARRON: Ce n'était pas un point, mais un point-virgule.
M. CARDINAL: Un point d'interrogation.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Etait-ce aux journalistes que parlait le
député de Saint-Jacques ou au président, par sa
dernière remarque?
M. CHARRON: Ce n'était à personne, je regardais l'horloge
pour voir si nous avions le temps de finir le service des relations de
travail.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): En l'absence du député de
Chicoutimi, elle continuera sans doute à fonctionner.
M. CHARRON: Abandonnons donc la négociation en cours
actuellement, mais revenons quand même sur le service des relations de
travail, M. Huot.
Vous me permettrez de vous poser quelques questions sur le classement du
personnel de soutien des collèges d'enseignement général
et professionnel, sur lequel votre service des relations de travail a
été appelé à se prononcer. Parmi les projets que
vous énonciez était celui de soumettre à la partie
syndicale un projet de classement. Est-ce que ç'a été fait
ou est-ce que c'est fait au cours de la négociation actuelle?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Est-ce que vous parlez du personnel de soutien
des collèges?
M. CHARRON: De soutien des collèges d'enseignement
général et professionnel.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y avait déjà un premier plan
parce que c'est un renouvellement de convention collective; c'est la
deuxième en fait. La convention collective des collèges
prévoyait, pour le personnel de soutien, l'intégration de ce
personnel dans un premier plan de classification qui était
déjà fait à ce moment-là. C'est une
opération qui est très longue, qui est en cours actuellement
depuis la signature de la convention et qui n'est pas terminée.
M. CHARRON: Qui n'est pas terminée et qui n'est pas en
négociation actuellement. Elle n'a pas été soumise encore
à la partie syndicale si elle n'est pas terminée chez vous.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est-à-dire que c'est suite à
l'ancienne convention collective qu'il y a une intégration de faite.
Seulement, dans la négociation en cours, il y a un projet nouveau qui
simplifie un peu la procédure, mais il n'y a pas d'entente encore
là-dessus, ce n'est pas définitif.
M. CHARRON: Cela va être négocié.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est en voie de négociation.
M. CHARRON: Très bien.
M. CARDINAL: M. le Président, si vous permettez, il ne faudrait
pas mêler deux choses ici. On a longuement siégé, au sujet
du classement des enseignants, avec l'ancien ministre de l'Education, enfin le
prédécesseur du ministre actuel. Ceci venait des résultats
de la négociation antérieure et non pas de négociations
présentes si je ne me trompe pas.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est exact.
M. CARDINAL: Alors je poserai une question peut-être plus
précise que celle du député de Saint-Jacques. Est-ce qu'il
y a confusion maintenant dans la négociation avec ces retombées
de l'ancienne négociation, c'est-à-dire est-ce que cette question
revient indépendamment de l'ancienne convention comme un nouveau sujet
négociable ou à négocier? Ma question est-elle assez
précise?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous parlez du classement des enseignants?
M. CARDINAL: Oui, on pourra parler du classement des cadres, si on
veut.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): A la suite de la crise que nous avons connue, le
système établi par la convention ne pouvait plus fonctionner,
parce que les parties ne voulaient plus le faire fonctionner. Elles se sont
retirées des comités de classification, donc personne ne pouvait
faire la classification.
A ce moment-là , le ministre a pris l'autorité de classer
lui-même les enseignants puisqu'ils
doivent être classés d'une façon quelconque. Nous
avons émis jusqu'ici une attestation de scolarité pour environ
56,000 enseignants, qui ont déjà en main leur attestation sous la
signature du ministre. Lorsque ces attestations sont expédiées
aux individus, une lettre y est jointe où on invite chacun des individus
à appeler au ministère s'il croit qu'il n'a pas eu justice. Il y
a eu des retours, évidemment, parce qu'il y a eu des erreurs techniques,
erreurs d'adresse, ou que l'individu a quitté la commission scolaire,
mais sur l'ensemble des retours, il y a 5/10 de 1 p.c. de mécontents si
vous voulez.
C'est donc que l'ensemble des professeurs ont accepté le jugement
porté par le ministre sur la classification des professeurs. Et, dans la
négociation en cours, on a déjà dans l'offre patronale
proposé que ce soit ce système qui soit en vigueur à
l'avenir, c'est-à-dire que le ministre fasse lui-même la
classification, déclare par une attestation la scolarité des
individus. A partir de cette attestation on procéderait à la
négociation et on établirait une rémunération
à partir de la déclaration faite par le ministre.
M. CARDINAL: On répond fort bien à ma question. Je la
posais parce que encore là malheureusement il y avait eu des erreurs de
commises. On se rappelle je pense que le député de
Saint-Jacques était présent lors de ces discussions que
certaines personnes avaient interprété les textes de l'ancienne
convention d'une façon tellement stricte qu'on en était venu
à un point où l'on ne pouvait plus négocier et il a fallu
que ce soit le ministre qui prenne d'autorité cette
responsabilité.
D'ailleurs, on a fort bien senti, lors des réunions de cette
commission, qu'on arriverait là inévitablement. Par
conséquent, vous avez fort bien répondu à la question,
mais il me reste quand même un point d'interrogation.
Est-ce que le problème même du classement des enseignants
pour l'avenir, pas pour ceux qui ont déjà été
classés, fait partie actuellement des négociations? Je ne parle
pas de ce qui reste dans ces négociations, je fais la distinction.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): La proposition patronale prévoit
actuellement qu'à l'avenir c'est le ministre de l'Education qui
établit l'état de la scolarité de chacun des
individus.
M. CARDINAL: Est-ce qu'on peut savoir si, de l'autre côté
de la table, cette proposition a été acceptée ou
discutée?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II n'y a aucune ou à peu près
aucune proposition qui soit définitivement acceptée. L'impression
qu'on a est que les enseignants sont satisfaits, mais il n'y a pas eu de
confirmation officielle.
M. CARDINAL: D'accord.
M. CHARRON : Dans ce classement des insti- tuteurs, qui s'est
réglé de la façon que vous décrivez, il y a le
problème de la reconnaissance des diplômes et il y a aussi une
autre classification au-delà de la scolarité qu'on semble avoir
faite, c'est-à-dire les brevets, les permis d'enseignement, les
tolérances et ce genre de problèmes. Pouvez-vous
démêler cela pour la commission?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II s'agit de deux problèmes
différents. La loi exige que, pour enseigner dans une commission
scolaire, l'instituteur soit détenteur d'un brevet ou d'un permis
émis par le ministère de l'Education. On peut distribuer les
enseignants en quatre catégories à ce point de vue. Il y a ceux
qui sont détenteurs d'un diplôme, d'un brevet d'enseignement
supérieur; ceux qui, depuis le nouveau plan, sont sortis des
écoles de formation des maîtres, qui ont un permis de probation
pour une période minimale de deux ans et qui obtiendront par la suite le
brevet permanent; ceux qui, tout en n'ayant pas d'études
psychopédagogiques, ont démontré quand même la
connaissance suffisante d'une discipline donnée.
Par exemple, on pourrait, à titre d'illustration, avoir un
docteur en sciences physiques qui n'aurait jamais fait d'études
spéciales en psycho-pédagogie; on a l'autorisation du ministre de
l'engager, mais il aura l'obligation de poursuivre des études en
psycho-pédagogie pendant un certain nombre d'années. Quand il
aura complété ces études, on lui remettra un brevet
d'enseignement.
Enfin, il y a la quatrième catégorie des gens qui ne sont
pas légalement qualifiés mais qu'on doit, dans certaines
circonstances, embaucher parce qu'il est impossible d'en trouver d'autres.
Il y a certaines disciplines, toutes particulières, où on
n'a pas d'universitaires ou de brevetés. Je pense, par exemple, à
certaines options dans nos écoles aujourd'hui, certaine mécanique
d'automobile ou certains métiers de la construction entre autres. Il n'y
a pas de qualification minimale là-dessus. C'est une tolérance
donnée à la commission scolaire d'engager tel individu pour un an
en attendant qu'elle en trouve un autre. Ce sont les quatre
catégories.
M. CHARRON: Je ne sais pas si vous possédez cette statistique,
mais pourriez-vous me donner la répartition du corps enseignant dans le
Québec dans les quatre catégories actuelles? A peu près,
je ne vous demande pas un pourcentage précis.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cette année, au 8 mai, il y avait 72,300
enseignants recensés dans les commissions scolaires recensement
complet et il y avait encore environ 8,000 personnes qui
détenaient des autorisations d'enseigner, dont 7,000 avaient
été renouvelées.
Si vous vous en souvenez, j'avais indiqué qu'au 8 mai il restait
1,000 autorisations à renouveler.
M. CHARRON: Oui, d'accord.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ils sont environ 8,000, ceux qui
détiennent des autorisations aux conditions qu'on vient de
décrire. Quant aux tolérances, il y en avait 1,004, sauf erreur,
à cette date-là, pour l'année 71/72, qui avaient
été émises pour un an. Le reste, tenons pour acquis que ce
sont des gens qui ont des brevets ou des permis au sens du nouveau
système et qui sont en période de probation.
J'ajoute, M. le Président, qu'il faut interpréter avec
beaucoup de circonspection les chiffres dont on fait état parfois,
concernant le nombre d'enseignants non rengagés. Dans ce nombre,
plusieurs catégories sont représentées, entre autres, la
catégorie des tolérances d'enseignement. On ne peut pas
considérer strictement, à ce moment-là, qu'il s'agit
d'individus ayant les qualifications nécessaires pour être
intégrés au système.
M. CHARRON: Je voudrais poser un problème tout à fait
théorique: si un professeur breveté, avec
spécialité en histoire, par exemple, se voit dans
l'impossibilité d'enseigner sa discipline dans la commission scolaire
où il enseignait pour cause de dénatalité ou toute autre
cause et qu'on lui offre d'enseigner l'anglais parce qu'il y a des postes
ouverts dans cette discipline à la même commission scolaire et, au
besoin, à la même école, reconnaîtra-t-on un brevet
à l'enseignant en cause pour l'année où il va enseigner
l'anglais, même s'il est spécialisé en histoire, ou s'il
aura une tolérance pour enseigner?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, ce sont des gens qui détiennent un
brevet. Dans le passé, beaucoup de ces individus ont obtenu des brevets
dans les écoles normales en se préparant en plusieurs
matières. De plus en plus, on se dirige vers des brevets plus
spécialisés avec champ défini. Ces types qui
détiennent des brevets au niveau secondaire, en général,
peuvent enseigner plusieurs disciplines, mais pas nécessairement
tous.
M. CHARRON: D'accord, mais, le jour où on lui demandera de
quitter sa spécialité naturelle pour enseigner une autre
discipline à laquelle il peut quand même être fort bien
préparé, son statut changera. Deviendra-t-il un
toléré?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non.
M. CHARRON: II continue à être considéré
comme professeur breveté. Donc, la spécialité n'est pas
considérée.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le brevet est permanent, sauf s'il est
retiré par le ministre pour des raisons d'inconduite,
d'immoralité ou d'autres raisons prévues à l'article 18 de
la Loi de l'instruction publique.
M. CHARRON: Donc, la mention de spécialité est simplement
indicative.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Elle n'est pas seulement indicative parce
qu'elle sert, de plus en plus, pour les fins de l'orientation des enseignants
vers la discipline pour laquelle ils sont préparés. Le brevet, si
on pose la question dans les termes où vous la posez, permet de demeurer
dans l'enseignement comme breveté, légalement qualifié. Il
n'est pas question de modifier un brevet si on change de discipline, si la
commission scolaire juge que l'individu peut enseigner une autre discipline,
avec recyclage ou pas.
Dans bien des cas, ce recyclage est possible.
M. CHARRON: Mais, n'est-il pas plus avantageux pour une commission
scolaire, dans le cas, par exemple, où une discipline se ferme ou
nécessite moins d'enseignants que l'année
précédente, d'aller embaucher pour reprendre mon exemple
de tout à l'heure un jeune professeur qui serait donc, au niveau
salarial, au premier échelon, à sa première année
d'enseignement, que de consacrer dans l'enseignement de l'anglais un professeur
d'histoire qui, lui, en serait à sa septième année
d'enseignement et serait ainsi plus coûteux à la commission
scolaire?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous parlez d'avantages financiers?
M. CHARRON: Financiers, oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela ne joue pas du tout. Je pense que ça
doit être très clair, étant donné le système
de normes que nous avons, le système de financement ne joue pas du tout.
Il n'y a pas d'avantages ou d'inconvénients pour une commission scolaire
à avoir des gens qui auraient tous des licences ou qui auraient tous 20
ans d'expérience...
M. CHARRON: Non, d'accord.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... ou à les remplacer. C'est un ancien
souvenir qu'ont des gens de la période où les commissions
scolaires étaient subventionnées, comme on l'a rappelé,
avec des modalités discrétionnaires, pour le moins. Elles avaient
avantage, c'est vrai, à ce moment-là, à engager, parfois,
des gens moins qualifiés, du personnel au rabais ou plus jeune, pour
payer moins cher. Ce n'est plus vrai aujourd'hui parce que tout ce qui est
conforme à la convention et aux normes cette fois-là, les
normes peut-être sont acceptables est financé, selon les
mêmes principes, selon notre système de financement actuel. Cela
ne joue pas du tout.
Je demanderais, quand même, au sous-ministre d'expliquer cela
parce qu'en faisant le calcul, ça pourrait sauter aux yeux d'un profane
que la commission scolaire y gagne à engager un professeur qui a un an
d'expérience plutôt que sept, si on regarde les chiffres.
La commission scolaire n'y pert pas et ni n'y gagne pas dans le sens
suivant. Simplifions l'exemple: vous avez un professeur que vous payez
maintenant $10,000 et vous le remplacez par un professeur qui gagne $7,000.
Dans les deux cas, le gouvernement va payer la différence,
à supposer encore une fois qu'on a seulement cela à payer et que
le rendement de la taxe scolaire, dans les deux cas, est de $2,000, disons. Le
gouvernement va payer une subvention d'équilibre budgétaire de
$8,000 dans un cas et de $5,000 dans l'autre.
M. CHARRON: Ah bon!
M. CARDINAL: Je reviens sur ce qu'a dit le député de
Saint-Jacques. Je suis heureux qu'il y ait eu cette discussion, parce que,
malheureusement, je n'aurais pas posé la question je m'excuse, je
ne voudrais pas paraître prétentieux mais il y a un certain
nombre de questions que je ne pose pas parce que j'ai vécu au
ministère. Il y a des choses que je sais, alors je n'ai pas besoin de
les demander. Mais ce sont des choses que la population ne sait pas parce
qu'elle n'a pas été dans le ministère.
Encore la semaine dernière, j'ai entendu, dans le public, des
rumeurs disant qu'à telle école on a mis à la porte pour
économiser des gens qui enseignaient depuis dix ans, quinze ans, vingt
ans. Je vous le dis, je ne l'ai pas lu dans les journaux. Je ne dis pas que les
moyens d'information ont déformé la vérité. Je vous
dis que, dans les milieux ruraux particulièrement, ces mythes n'ont pas
encore été atteints par les "boules à mites". Par
conséquent, ils continuent de voler de bouche en bouche. Je m'excuse de
cette affabulation que je fais de la situation, mais c'est un fait et le
député de Saint-Jacques a posé une question pertinente.
C'est un fait que l'on continue, dans certains milieux, à
répandre cette impression qu'une commission scolaire peut
économiser en jouant sur la qualité ou la qualification ou le
classement des enseignants. Le système budgétaire établi
par le ministère et connu des commissions scolaires ne permet absolument
pas ce jeu, parce qu'elles n'y perdent rien et n'y gagnent rien.
M. CHARRON: Une dernière question au ministre, s'il accepte
encore de répondre. Je le remercie d'avoir répondu à ma
première question. J'ai un autre exemple à lui proposer. Si une
commission scolaire voit un poste se fermer en histoire et un poste s'ouvrir en
anglais pour reprendre mon exemple de tout à l'heure
doit-elle accorder nécessairement préséance à un
breveté avec spécialité en anglais ou à un
professeur d'histoire qui pourrait aussi enseigner l'anglais? Est-elle libre de
choisir entre les deux ou doit-elle accorder priorité à un
breveté spécialisé en la matière?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est sa décision propre.
M. CHARRON: C'est sa décision propre et c'est là que le
discrétionnaire peut intervenir.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Est-ce ce que vous souhaiteriez? C'est elle qui
gère le personnel et qui affecte le personnel.
M. CHARRON: Oui, d'accord.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Est-ce que vous souhaiteriez encore d'autres
normes, parce que là il faut véritablement savoir ce que l'on
désire: Un système centralisé ou un système
décentralisé?
M. CHARRON: Je ne souhaite pas d'autres normes. J'essaie de trouver
l'endroit où le problème de la sécurité d'emploi
d'un certain nombre d'enseignants se situe quotidiennement.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II est lié en grande partie au fait que
nous avons un système décentralisé et que nous travaillons
avec des instances qui jouissent d'une certaine autonomie. Autonomie,
d'ailleurs, qui est restreinte par des normes sur le plan financier, mais
autonomie qui reste quand même suffisamment grande pour conserver au
système sa cohérence.
M. CHARRON: Notez bien qu'on pourrait quand même ouvrir une
parenthèse et dire que les commissions scolaires sont obligées de
jouer dans ce domaine, de se rabattre sur ce domaine peut-être à
cause d'une série d'autres contraintes administratives qui viennent du
ministère. On pourrait chercher. J'ai l'impression que c'est cela qui se
discute autour de la table de négociation actuellement.
Si les commissions scolaires sont obligées de jouer, à
savoir si elles vont engager un professeur de géographie recyclable en
anglais plutôt qu'un breveté en anglais, parce qu'elles vont y
gagner sur tel et tel point, que c'est mieux d'avoir un enseignant jouissant
d'une tolérance qu'un breveté à l'intérieur de
l'école, c'est peut-être parce qu'elles ont des contraintes
administratives autres qui les obligent.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, c'est surtout parce qu'elles ont la
liberté d'organiser l'enseignement à partir d'un certain cadre
pédagogique et d'un certain cadre administratif.
Si vous me permettez de compléter ma réponse de tout
à l'heure, cela ne joue pas non plus sur le plan financier. Tout ce qui
est fait en vertu de la convention collective, tout ce qui est conforme
à l'entente est considéré comme dépense admissible
pour fins de subvention. Les commissions scolaires ne dépassent pas ce
qui est prévu dans l'entente. Mais tout ce qui est
dépensé, conformément à l'entente, est admissible
pour fins de subvention. Je pense que cela doit être très
clair.
M. CHARRON: D'accord.
M. CARDINAL: M. le Président, me permettriez-vous, à cause
de l'heure, de faire une proposition? Est-ce que je pourrais proposer que la
séance soit suspendue pendant trois minutes pour que nous ayons une
conversation privée, non enregistrée, afin de savoir quelle va
être la suite de nos travaux, à compter de midi?
M. LE PRESIDENT: Alors, nous suspendons pour trois minutes.
(Suspension)
M. CHARRON: M. le Président, j'aurais une dernière
question à poser dans cet ordre d'idées. Est-ce que le
ministère prépare une certaine préférence à
l'égard des brevets avec spécialité? C'est-à-dire,
est-ce que le fait de se spécialiser, pour un breveté, aurait des
effets sur sa sécurité d'emploi? Aurait-il une plus grande
sécurité d'emploi qu'un non-spécialisé, toujours
chez le breveté?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Théoriquement, c'est difficile de
répondre. Mais il a certainement plus de chances d'être
embauché s'il est dans une spécialité qui répond
à des besoins actuels plus grands que dans d'autres secteurs. Vous savez
qu'il y a pléthore dans certains domaines, comme l'histoire, un peu dans
le français et le niveau élémentaire. C'est là que
les surplus sont les plus grands. S'il y a des spécialisations, par
exemple, en enfance inadaptée, il a plus de chances d'avoir de l'emploi,
d'abord, et plus de chances aussi de conserver un emploi.
Je pense que c'est la meilleure réponse qu'on puisse donner
à la question que vous posez.
M. CHARRON: Tout cela est laissé à la discrétion
des instances locales.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Exactement.
M. CHARRON: C'est-à-dire qu'on se fie simplement sur le bon sens,
pour reprendre mon exemple de tout à l'heure. Il y a plus de chances
normalement qu'une commission scolaire, qui cherche un professeur d'anglais,
embauche un breveté spécialisé en anglais qu'un professeur
de chimie recyclé.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cette année, je pense bien, je
l'indiquais l'autre jour, il y a 7,400 postes disponibles, en gros, je ne
voudrais pas que vous preniez cela comme un chiffre définitif, pour des
enseignants légalement qualifiés. Nous avons, par ailleurs, 1,128
personnes qui ont été déclarées surplus de
personnel par les commissions scolaires. Par ailleurs, on estime qu'il y aura
environ 3,200 à 3,500 personnes qui vont obtenir un diplôme au
terme d'un cours de formation de maîtres dans l'une ou l'autre des
disciplines à la fin de mai et de juin.
M. CHARRON: De cette année.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): De cette année. Donc, il y a de la marge
là.
M. CHARRON: Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): D'ailleurs, il existe un mécanisme, que
les députés de Saint-Jacques et de Bagot connaissent, qui est le
Bureau québécois de placement des instituteurs.
M. CHARRON: Oui, j'allais poser une question là-dessus.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ...qui fonctionne fort bien et qui a, justement,
pour but de faciliter pas le reclassement mais le replacement des
enseignants.
M. CHARRON: M. le Président, une des fonctions du Service des
relations de travail du ministère est l'administration des griefs. On
parlait d'élaborer des procédures administratives pour le
règlement des griefs qui seront soumis par le personnel enseignant et
non enseignant des CEGEP et des commissions scolaires. Est-ce que cette
élaboration de procédures administratives se fait de concert avec
la partie syndicale?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II est évident que le règlement
des griefs est prévu aux différentes conventions collectives,
l'entente provinciale pour les enseignants. Alors, les griefs sont
déposés, comme dans l'industrie,...
M. CHARRON: Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ...au niveau local. Quand cela doit passer au
niveau de l'arbitrage, chacune des parties est représentée
à l'arbitrage, et la partie syndicale et la partie patronale. La partie
patronale étant double, c'est-à-dire le gouvernement et des
partenaires, les fédérations sont représentées, et
le gouvernement est représenté par quelqu'un de mon service.
M. CHARRON: Considérez-vous les procédures actuelles, la
façon de procéder actuellement, comme suffisamment rapides?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je suis très heureux de pouvoir dire
qu'à la connaissance de tous ceux qui s'occupent de règlements de
griefs et d'arbitrage c'est le secteur qui fonctionne à peu près
le mieux dans la province.
M. CHARRON: Mais n'alliez-vous pas proposer l'augmentation du nombre de
présidents du conseil d'arbitrage?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): On va probable-
ment augmenter le nombre de présidents parce que, des
présidents à temps plein, on en trouve difficilement. Il y en a
plusieurs qui sont prêts à venir nous prêter main forte sur
une base horaire. Nous aimerions mieux avoir une liste plus longue, pour avoir
plus de gens disponibles.
M. CHARRON: Combien y en a-t-il actuellement?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Actuellement, je crois que nous en avons sept.
Sept exactement.
M. CARDINAL: Justement, il y a la fameuse catégorie 4 qui vient
à cet article. Est-ce que ceux qu'on engage sur une base temporaire
entrent dans les services contractuels, etc?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, M. le Président. Cela explique,
d'ailleurs, l'importance de la somme: paiements d'honoraires pour
négociateurs de conventions collectives, présidents des tribunaux
d'arbitrage.
M. CARDINAL: Bon. Le ministre n'a pas besoin d'aller plus loin parce
qu'il nous a promis une liste que nous attendons. Nous suspendrons la
catégorie 4, comme dans tous les autres cas. Merci.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous avions réglé, il y a 15
jours, au-dessus de 2,000 griefs présentés à l'arbitrage,
depuis le début de l'entente provinciale, uniquement au niveau de
l'entente provinciale.
M. CHARRON: Y en a-t-il qui sont encore en suspens?
M. CLOUTIER (Ahuntsic) : Le processus est long, parce qu'il y a des
causes qui sont entendues et des sentences qui ne sont pas encore
écrites. Il appartient au président de publier sa sentence. Mais
je sais que c'est l'ambition du premier président, Me Bouchard, d'avoir
terminé, avec le début des vacances, toute la série des
griefs de l'année. Ce sera probablement fait.
M. CHARRON : Ce sera probablement fait. Savez-vous si l'ensemble de
cette question des relations de travail c'est une opinion que je vous
demande et de l'administration des griefs est un objet de fort litige,
présentement, à la table de négociation ou si, de
façon générale, vous pouvez affirmer, sans parler en leur
nom, que la partie syndicale est satisfaite?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Dans l'entente provinciale, il y a dix grands
chapitres. Le chapitre neuf traite du règlement des griefs et de
l'arbitrage. C'est à peu près le seul chapitre
paraphé.
M. CHARRON: Je n'ai pas d'autre question.
M. CARDINAL: Moi non plus, M. le Président. Sauf la fameuse
catégorie 4, je serais prêt à proposer qu'on adopte le
tout.
M. LE PRESIDENT: Pour ne pas confondre, je pense que ce que nous avons
suspendu tantôt, c'était le sous-article 3 de l'article 4.
M. CHARRON: C'est cela.
M. CARDINAL: Oui. Ce que je veux dire, c'est que...
M. CHARRON: Le sous-article 4.
M. CARDINAL: ... le sous-article 4 comprend les catégories 1 et 3
que je suis prêt à accepter. La catégorie 4, je la
suspendrais pour attendre le tableau.
M. LE PRESIDENT: Alors, catégorie 1, adopté.
M. CHARRON: Traitements et salaires. M. CARDINAL: La catégorie 3
aussi. M. LE PRESIDENT: Catégorie 3, adopté.
M. CARDINAL: La catégorie 4 est suspendue.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 4. Suspendu.
M. CARDINAL: Catégorie 6. Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 6. Adopté.
M. CARDINAL: La catégorie 7 aussi.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 7. Adopté.
M. CARDINAL: La catégorie 8 aussi.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 8. Adopté.
Alors, ce qui est suspendu, actuellement, c'est le sous-article 3,
subventions spéciales. On attend la liste qui doit être fournie
à la commission. La catégorie 4 du sous-article 4 est suspendue
également.
M. CARDINAL: En attendant une liste, pour la même raison.
M. LE PRESIDENT: En attendant une liste. D'accord.
Nous allons commencer l'article 5, sous-article 1, catégorie
1.
Service d'information
M. CARDINAL: Le Service d'information. M. le Président, est-ce la
première année qu'on l'appelle le Service d'information ou si
cela a toujours porté ce titre?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, M. le Président, bien que nous
aimerions peut-être qu'il s'appelât Service des communications.
Nous y arriverons peut-être.
M. CARDINAL: Je pose la question parce qu'il y a tellement de choses qui
ne sont pas claires que j'aimerais qu'on éclaire ma propre lanterne,
tout d'abord, et peut-être celle de certains autres. Je ne sais plus ce
qui est arrivé à l'Office d'information du Québec comme
tel. Il y a des lois qui sont à l'ordre du jour, dont on ne peut pas
parler, même si la commission est à trois têtes; ceci en
vertu d'un article du règlement qu'on peut invoquer.
Au service de l'information, si je ne me trompe, malgré que je
n'aime pas le titre, il y a des gens qui dépendent directement du
ministère. Mais est-ce qu'il y a aussi des sommes qui viennent de
l'extérieur du ministère et qui lui permettent de communiquer
davantage avec la population? Première question. Evidemment, ces sommes
n'apparaissant pas là...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Exact. Il y en a 14 qui n'apparaissent pas
là et qui relèvent du ministère des Communications.
M. CHARRON: L'année passée, il y en avait 10.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui.
M. CARDINAL: C'est une question délicate. Je m'adresse d'abord au
ministre, quitte à voir M. Leblond après. Est-ce que cela veut
dire que peu à peu le gouvernement actuel enlève aux
ministères certains de leurs moyens pour les centraliser?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, au contraire même. Le ministre des
Communications a expliqué qu'il cherchait justement à confier
à chaque ministère la responsabilité de ses
communications. Ce qui n'exclut pas l'imposition de certaines normes et de
certains mécanismes centralisés.
M. CARDINAL: Je soulignais simplement un fait qui m'a plu, quant
à moi. Ce n'est pas une question d'économie de bouts de
chandelle. C'est que pour une fois peut-être le rapport du
ministère de l'Education est cette année présentable
physiquement et matériellement.
Dans le passé, à cause de normes qui venaient tantôt
de l'éditeur de la province, tantôt de l'Office d'information,
tantôt du cabinet, du ministre des Finances ou des fonctionnaires du
ministre des Finances, des contraintes faisaient qu'il était difficle de
produire des rapports lisibles parce qu'ils étaient rébarbatifs
de par leur seule apparence. Je tiens à le souligner. D'ailleurs,
ça avait été une de mes idées qu'au
ministère de l'Education, de même que le Québec se fait
représenter par la fleur de lys depuis un certain temps, ce qui permet
de connaître si automatiquement ce qui émane du Québec,
parce qu'auparavant on ne savait jamais de quel gouvernement ça venait,
à moins de lire les lignes fines qui entourent les armoiries...
Est-ce que le ministère, justement, a fait suite à la
suggestion que j'avais lancée l'année dernière d'avoir des
publications qui aient une certaine cohérence, pour reprendre un terme
du ministre, et qui fassent que l'on reconnaisse que ça provient d'un
ministère identifiable?
Je prends un exemple. Le ministère des Affaires sociales, pour ce
qui est de divers régimes, a des bulletins que l'on reconnaît
simplement à les regarder de loin. On sait que ça émane de
lui. Est-ce qu'au ministère on songe M. Leblond ou ceux qui
entourent le ministre à en arriver à une situation
semblable?
Je m'explique davantage si le ministre me le permet. Il existe des
organismes qui ne dépendent pas du ministère, qui sont ou non
subventionnés par le ministère et qui éditent des
publications concernant l'éducation, si bien que des gens qui sont en
dehors des arcanes du ministère et qui reçoivent des publications
ne savent pas si ce sont des publications officielles, à première
vue, ou si ce sont des publications de groupes qui tout à coup ont
décidé de lancer quelque chose. Je n'exagère absolument
pas. Les bureaux des députés sont inondés de
documentation. Quand ça vient du ministère, il y a toujours une
identification. Mais parfois il faut la chercher. Parfois il n'y a pas
d'identification et on se demande si ce ne sont pas des groupes qui veulent
simplement lancer des idées sur le plan politique des groupuscules qui
se créent c'est bien l'expression, je pense et qui lancent
une revue. Il y a déjà eu des revues qu'on voulait que le
ministère finance et qui étaient purement privées.
Quand je pose cette question, c'est dans tout ce cadre-là. C'est
pour éviter que l'on ne laisse entendre que le ministère publie
certaines choses. Il s'est déjà produit un incident où on
a reproduit, au cours d'une campagne électorale, la première page
d'un journal qui était attaché à un parti politique et qui
servait à un autre parti politique. J'aimerais bien que le
ministère ne soit pas victime de ces ambiguïtés qui
viendraient de l'extérieur, parce qu'il n'y a pas de droit d'auteur sur
la fleur de lys, par exemple.
On sait que les sociétés privées, que ce soit des
banques, sociétés de fiducie ou sociétés
d'assurance, on les reconnaît de loin parce qu'elles ont quelque chose de
particulier qui les identifie immédiatement.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'aurais, M. le Président, la tentation
de dire, puisque je n'en prends pas le crédit, que les publications du
ministère de l'Education se reconnaissent immédiatement par leur
qualité.
M. CARDINAL: Ah oui!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ceci dit, je prends en bonne note les remarques
du député de Bagot.
M. CARDINAL: Mais, je pense que le ministre doit saisir ce que je veux
dire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, tout à fait.
M. CARDINAL: Lui-même doit recevoir une série de choses
et...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): L'identification est un peu standard, elle
comporte, comme le député de Bagot l'a signalé, la Fleur
de lys, la mention "gouvernement du Québec", et la mention
"ministère de l'Education". Si le député de Bagot veut se
référer à notre rapport d'activité pour 1971, il
verra des reproductions de certaines de nos publications qui sont assez
claires.
M. CARDINAL: Oui, je l'ai vue.
M. CHARRON: M. le Président, j'ai très peu de questions
à poser au ministre sur le service d'information. Je voudrais d'abord
dire, comme j'ai eu l'occasion de le faire, je le fais pendant que vous
êtes là, M. Leblond, que le rapport annuel du ministère
cette année est un chef-d'oeuvre, et je pense que...
M. CARDINAL: Pour une fois l'Opposition est d'accord.
M. CHARRON: ... de tous les rapports annuels précédents du
ministère, c'est assurément le meilleur, et de tous les rapports
annuels de tous les ministères qui nous sont remis, c'est encore le
meilleur.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je précise seulement qu'il s'agit
là d'une oeuvre collective au sein du ministère et que tout le
monde y a vraiment participé, y compris le bureau des sous-ministres et
toutes les directions générales qui ont apporté le
contenu.
M. CHARRON: Félicitations au sous-ministre également.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le seul qui n'y ait pas participé, et
pour l'excellente raison qu'il n'était pas là, c'est le ministre
actuel.
M. CHARRON: C'est pourquoi je ne vous félicite pas.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Mais je vais signer, ce qui est
profondément injuste.
M. CHARRON: Ceci dit, M. le Président, les questions au service
d'information qui concer- nent l'application de la loi 27. Moi, je n'ai pas de
question sur l'une ou l'autre publication du ministère, je les
considère toutes excellentes et avec d'excellents graphistes, mais
voilà, la loi 27 est certainement une des loi les plus importantes en
matière d'éducation que l'Assemblée nationale ait eu
à voter depuis quelque temps. Elle aura des répercussions
énormes et en particulier sur l'élection générale
du 12 juin prochain. Votre service, M. Leblond, a certainement
été appelé à travailler sur l'information publique
de cet important projet de loi. Qu'est-ce qui a été fait?
Etait-ce de concert avec Mission 27? Etait-ce de concert avec la direction
générale de l'élémentaire et du secondaire?
Pouvez-vous nous assurer que les efforts maximums ont été fournis
pour faire, de l'entrée en vigueur de la loi, la réussite que
tout le monde espère.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): La réponse à la dernière
partie de votre question est celle-ci. Assurer des efforts maximums, il y en a
toujours à faire, on a manqué peut-être des bouts, mais
dans l'ensemble, vis-à-vis la Mission 27, à partir de la
création de la Mission 27, il y a eu, annexé si on veut à
la mission, un groupe spécialisé ou préoccupé des
questions d'information. Il y a eu des programmes d'information de
présentés. Ces programmes-là ont comporté entre
autres énormément d'animation au niveau des bureaux
régionaux du ministère de l'Education, soutenus par du
matériel de base fourni par la centrale, le service d'information.
Il y a eu deux dépliants de faits, un expliquant la loi 27,
l'autre invitant à la participation, puis il y en a un troisième
pour le mois d'août, pour expliquer les fameux comités de parents,
comités d'école.
M. CHARRON: Ces dépliants sont faits. Ils ont été
distribués à qui et où?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le premier dépliant a été
distribué à tous les parents par la voie des enfants dans les
écoles. Le tirage a été de quelque deux millions.
M. CHARRON: Ce sont les enfants qui ont rapporté cela chez
eux?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce n'est pas une habitude à prendre,
mais, pour le cas, on a cru que ce n'était pas tellement compromettant.
Il y a eu des affiches, il y a eu énormément de périodes
de radio gratuites, de télévision, de câble et des hebdos
en ont parlé. Un agent d'information s'est promené d'un bureau
à l'autre et a traîné avec elle c'était un
agent d'information féminin les responsables de la Mission 27. Au
total un jour, ils ont calculé cela je crois que, par
région, cela faisait une moyenne de six à sept heures
d'émissions de radio et de télévision, du genre "open
line", comme on dit.
Arrive la période d'élections, c'est très
important, la mise en candidature pour les élections. On a
publié, à 600,000 exemplaires, un numéro spécial de
la revue Education-Québec, qui s'appelle Spécial Parents, qui est
plus encore que la Mission 27. C'est l'ensemble de la participation des parents
qui peuvent se faire valoir soit en se présentant comme commissaires, en
votant ou en allant dans des comités d'école ou de parents; c'est
l'ensemble de la participation à la vie scolaire.
Ce numéro a été envoyé d'après la
liste des allocations familiales. Evidemment, on ne rejoint pas tous les
citoyens, mais on rejoint au moins les parents.
M. CHARRON: La liste des allocations familiales d'Ottawa ou de
Québec?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): De Québec. Je veux ajouter qu'on a fait
monter un dossier, comme on l'avait demandé hier, sur la Loi 27, sur ce
qui a été fait par la mission et aussi ce qui a été
fait en matière de publicité, d'annonces, d'affiches et de
brochures. Tout a été assemblé en, au moins, trois
dossiers pour l'Opposition.
M. CHARRON: Merci.
M. CARDINAL: J'aurais une question à poser, M. le
Président, qui pourrait tout aussi bien s'adresser à M. Leblond
qu'au ministre. Je suis surpris qu'à cet article il y ait une
imputation. Est-ce que cela veut dire que le service d'information du
ministère rend des services à l'extérieur, pour lesquels
il est remboursé? Comme cela s'appelle une imputation, ce serait
à d'autres ministères.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II s'agit d'une imputation pour la direction
générale de l'éducation permanente.
M. CARDINAL: C'est une imputation au sein du ministère, cette
fois-ci?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, j'avais, d'ailleurs, dit qu'il y avait des
imputations, lorsque nous avons discuté de ce sujet, d'une direction
générale à l'autre de manière à mieux
évaluer les programmes. Il y a également d'autres raisons.
M. CARDINAL: $200,000, c'est, quand même, une somme
importante.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je pense qu'il y a également une autre
raison, la plus importante, qui est une raison pratique. Dans le cadre des
programmes d'éducation permanente, il y a une récupération
de fonds fédéraux, de sorte qu'en procédant par des
imputations ceci permet de bien tenir compte des sommes dépensées
et d'obtenir des remboursements plus élevés.
M. CHARRON: Qu'est-ce que le fédéral fait
là-dedans?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous en reparlerons, si vous voulez. Il ne
s'agit certainement pas de la moindre intrusion sur le plan de la
juridiction.
M. CHARRON: Je crois que M. Leblond n'avait pas terminé sa
réponse à ma question concernant, en particulier,
l'élection du 12 juin.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): On continue. Nous avons entrepris
également, toujours de concert, évidemment, avec la Mission 27,
une campagne très intensive qui doit commencer aujourd'hui même
dans les régions. On a fourni à chaque région un
présentoir qui doit se déplacer dans les centres commerciaux, les
porches d'église et tous les endroits où le monde se rassemble
habituellement.
Là-dedans, il y a une invitation du ministre à voter,
à participer, même à se présenter. On a
incité chaque secrétaire des comités provisoires à
publier avec le plus d'extension possible la liste des adresses des bureaux de
votation parce que c'est important. On a expliqué également qu'il
n'était pas nécessaire d'avoir un papier pour voter, il n'y a pas
de papier de présentation. Dans le film le ministre invite les gens,
leur explique que c'est vraiment l'affaire de la population du
Québec.
M. CHARRON: Ce film va être distribué et produit...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Mis dans le présentoir du kiosque qui se
promène un peu partout maintenant. On a fait également des copies
pour envoyer aux câbles de télévision.
M. CHARRON: Combien de copies a ce film?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le film durant trois minutes, il y a un
problème technique. On pourrait dire qu'il y a beaucoup de copies
puisque, plutôt que de le rembobiner, on a fait dix copies sur des
bobines de 30 minutes. Il y a dix copies de trente minutes qui
présentent dix fois le même message. Il y a également une
quinzaine de copies de trois minutes à la disposition des câbles
des stations de télévision un peu partout dans la province.
M. CHARRON: A-t-on loué du temps de la
télévision?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, nous n'avons pas investi sur le plan
publicitaire. La Fédération des commissions scolaires a
déjà une émission et le film sera intégré
à son émission, mais nous n'avons pas investi d'argent pour des
placards publicitaires à proprement parler. Nous avons insisté
beaucoup, par contre, auprès des
bureaux régionaux pour qu'on fasse valoir la dimension
d'intérêt public de l'appel à la participation.
M. CHARRON: Pour le tour de force que vous avez dû faire de
limiter le ministre à trois minutes...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Au contraire, je pense que M. Leblond pourra
vous expliquer qu'il a eu de la difficulté à me faire parler
trois minutes; j'avais parlé deux minutes en fait.
Je vais continuer, si vous le permettez. En septembre il y a une grande
opération accueil où il y a quatre numéros
spéciaux: pour les enfants à l'élémentaire, au
secondaire, au collégial et pour les parents. Il y a des séries
d'affiches sur les services aux étudiants, différents services le
discours d'entrée et un grand mouvement de réconciliation, ou
plutôt de dialogue.
M. CHARRON: Réconciliation, c'était excellent.
M. VEILLEUX: Les rencontres pour organiser les conseils provisoires,
avec la population, avec les commissaires des commissions scolaires locales,
pour donner les explications sur la loi 27, entraient-elles dans le cadre de
publicité que le ministère avait mis sur pied?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Elles entraient dans ce cadre
général, mais ce n'était pas au service d'information;
c'étaient des spécialistes parce qu'il y a beaucoup de
détails. C'était la Mission 27.
M. VEILLEUX: Il y avait des officiers du ministère qui
assistaient à ces rencontres pour donner toutes les explications.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela entrait dans le cadre des activités
suggérées par la Mission 27 aux bureaux régionaux comme
aux conseils provisoires.
M. CHARRON: M. Leblond, je vais prendre une phrase que vous avez dite
tantôt, dans ce domaine il n'y a pas d'effort limite à faire. Je
n'ai aucun reproche â formuler â votre service et au
ministère en son ensemble, au ministre en particulier, pour
l'information du public sur l'entrée en vigueur de la loi 27. Je ne puis
que vous encourager, dans ce domaine précis, à accentuer. Sans
vouloir jouer aux prophètes de malheur, je me souviens que lors du
débat de la loi 27, l'année dernière, en commission,
l'ancien ministre de l'Education avait lui même exprimé.
Je ne fais donc que reprendre son opinion. C'est que, quelle que soit la
participation populaire au vote du 12 juin prochain, je suis convaincu que tous
les membres autour de la table la souhaiteront supérieure à ce
qu'elle sera. Les efforts dans ce sens ne doivent pas être
limités.
J'aurais une autre question à poser au sujet du service
d'information, à moins que mes collègues veuillent continuer sur
la loi no 27.
M. CARDINAL: Non, non.
M. CHARRON: C'est sur une chose annoncée dans votre excellent
rapport: la création d'un centre de documentation et de
rétroaction de l'opinion publique. Si je ne m'abuse, c'est neuf. Si
c'est neuf, comment cela fonctionnet-il maintenant et comment cela entend-il
fonctionner au cours de la prochaine année?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): La fonction existe depuis déjà
assez longtemps au sein de la direction générale, mais elle n'est
pas encore institutionnalisée comme telle, même s'il y a eu un
projet de présenté.
Ce centre cela porte un grand nom ce sont deux personnes.
Une personne qui reçoit tous les journaux, revues des collèges,
des commissions scolaires, enfin de tous les media d'information
spécialisés. Elle monte des dossiers, ce qu'elle appelle des
dossiers vedettes, sur tous les sujets d'actualité concernant
l'éducation. L'autre dimension, c'est notre service de coupures de
presse, dont vous devez recevoir, je crois, des copies quotidiennement. Les
coupures de presse ont deux secteurs: les coupures de presse quotidiennes qui
ramassent tout et les coupures de presse spécialisées, si on
veut, par sujet.
On tente tranquillement d'adopter une rétroaction de la presse
parlée, audio-visuelle. D y a également, par la voie des bureaux
régionaux, une sorte de collecte de rétroaction pour savoir
comment cela se passe dans ce secteur, pour savoir ce qui se passe dans tel ou
tel domaine, de façon qu'on puisse agir en termes d'information? Il y a
une rétroaction qui se fait également à l'analyse des
demandes de renseignements, de façon qu'on puisse sortir des
dépliants qui soient conformes â des renseignements qui se
répètent souvent. On s'aperçoit alors qu'on manque
d'information dans un secteur. C'est en somme un principe
généralement connu que pour faire de l'information, il faut
savoir ce dont les gens manquent surtout et l'opinion des gens. C'est une
tentative encore embryonnaire.
M. CHARRON: Le ministre vous écoute, autrement dit.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II en a certainement l'intention et il compte
poursuivre de plus en plus ce programme. Peut-être en insistant, et nous
pourrons y revenir, sur le rôle des bureaux régionaux.
M. CHARRON: Oui, d'accord.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): On a parfois tendance à dire que le
ministère est coupé du milieu, ce qui n'est pas tout à
fait exact, mais il
y a toujours place pour l'amélioration au point de vue des
communications.
M. CHARRON: En tout cas, je pensais qu'au départ le service
était plus important et comprenait plus que deux personnes. Je ne veux
pas dire qu'elles ne sont pas compétentes...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Deux professionnels.
M. CHARRON: Oui, deux professionnels.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... du personnel de soutien, mais il y a deux
professionnels.
M. CHARRON: Oui, d'accord.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est la raison pour laquelle je parlais de
fonctions parce qu'elle est encore embryonnaire. Mais nous avons un plan de
réorganisation du service de la direction, qui deviendrait, comme j'y
faisais allusion au début, une direction des communications. A ce
moment-là, elle serait véritablement dotée de trois
secteurs identifiés: un service d'information et de relations publiques,
un centre de renseignements et de communications internes, dont on vient de
vous parler et qui pourrait, à ce moment-là, être
étoffé, et un service des publications.
M. CHARRON: A l'intérieur du service d'information.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): A l'intérieur de la direction des
communications et de l'information.
M. CARDINAL: Qu'est-ce que vous appelez, dans le budget, Services de
transport et de communication?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je peux vous en donner...
M. CARDINAL: II y a une augmentation assez forte.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, M. le Président. Ceci correspond
à tout un ensemble de facteurs de publicité. Nous allons vous
distribuer cette feuille immédiatement...
M. CARDINAL: Ah bon!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... pour vous éviter, peut-être,
une lecture un peu...
M. CARDINAL: Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... fastidieuse. Il s'agit de campagnes de
publicité, d'achat de temps, de réalisations de films, de
publications à caractère pédagogique et de participation
à diverses expositions. Vous constaterez qu'il y a également une
ventilation de l'augmentation. Ce sur quoi je voudrais insister, c'est que les
contrats, qui sont à négocier dans ce cadre-là, le sont
via le Service général des achats, via l'Office du film du
Québec et via le ministère des Communications, pour les contrats
de publicité.
M. CHARRON : On parle, également, dans les projets, de
préparer un film sur le système scolaire. Où en est ce
projet?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II est fait.
M. CHARRON: II est fait!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui.
M. CHARRON: II est inscrit comme...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Dans le rapport annuel?
M. CHARRON: Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est le rapport de l'an dernier.
M. CHARRON: D'accord. Cela vous a donné le temps de
réaliser ce projet. Quelle est la diffusion de ce film et son
utilisation actuellement?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce film, jusqu'à présent, a
surtout servi dans les expositions ou à l'occasion de rencontres de type
Expo-Carrières, rencontres d'organismes d'éducation. Il sera
également distribué dans les bureaux régionaux qui seront
dotés d'un projecteur, j'espère, bientôt. Là, avec
le geste qu'on a posé pour la Mission 27, de procurer à chaque
bureau régional un présentoir, maintenant ce ne sera pas un
problème d'avoir des présentations continuelles. Mais comme tous
les films de l'Office du film, également, il est en dépôt
et offert au public par catalogue à tous ceux qui veulent l'obtenir. Il
y en a des exemplaires dans tous les bureaux de l'Office du film. Cela ne
coûte rien.
M. CARDINAL: M. le Président, je m'excuse, j'aimerais beaucoup
continuer à communiquer avec M. Leblond et le ministre, mais il est midi
trente passé. Tantôt, nous avons fait une convention, je pense. A
la suite d'un échange, d'ailleurs, avec le leader parlementaire
ministériel, hier, je laisse au président le soin de suspendre la
séance de la façon dont il le jugera à propos.
M. LE PRESIDENT: A moins que la commission ne soit prête à
adopter l'article 5, s'il n'y a pas d'autres questions, nous pourrons suspendre
la séance.
M. CHARRON: J'en ai une toute dernière, M. le Président.
Je voudrais demander au ministre, peut-être pas aujourd'hui, mais dans
les prochains jours si c'était possible, de nous faire parvenir une
liste de ceux qu'on appelle, à la page 127 du rapport annuel du
ministère, les répondants, ceux qui peuvent répondre aux
demandes de renseignements concernant les activités.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, M. le Président.
M. CHARRON: D'accord. M. CARDINAL: D'accord.
M. CHARRON: Pour le reste, toutes nos félicitations, encore une
fois.
M. CARDINAL: Ctla va, adopté.
M. LE PRESIDENT: Toutes les catégories sont adoptées.
L'article 5 est adopté en totalité.
UNE VOIX: D'accord.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est-à-dire, M. le
Président...
M. CHARRON: Non, non. Il reste le Service des parents.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Parce qu'il reste le Service des parents. Nous
adoptons donc le sous-article 1.
M. LE PRESIDENT: Je m'excuse. Le sous-article 1 est adopté.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous vous distribuons immédiatement le
tableau des catégories jusqu'à l'article où nous sommes
arrivés.
M. CHARRON: Très bien.
M. LE PRESIDENT: La commission suspend ses travaux et les reprendra
selon les ordres de la Chambre, qui seront connus à quatre heures.
D'accord?
(Fin de la séance à 12 h 30)
Reprise de la séance à 20 h 20
M. PILOTE (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A l'ordre,
messieurs!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous avons quorum, M. le Président.
Nous sommes disposés à accepter les articles qui ont
été suspendus.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, je me demande,
malgré la bonne volonté qui a été montrée
par le député de Chicoutimi, s'il ne vaut pas mieux attendre le
député de Saint-Jacques qui arrive précisément,
avec sa suite.
M. PAUL: Parce que M. Masson était tout inquiet de voir que son
préféré n'était pas arrivé.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ainsi que le député de Richmond
qui arrive seul.
M. le Président, pour que ceci soit inscrit au Journal des
débats, je voudrais signaler que nous avons distribué, lors de
notre dernière rencontre, un document sur l'article 4 des
différentes catégories que nous avons étudiées
jusqu'ici. Nous allons distribuer immédiatement un dossier, tel que
promis, sur le règlement no 7 et un dossier sur la Mission 27, ainsi
qu'un numéro spécial d'Education-Québec sur les
élections scolaires du 12 juin.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que cela veut dire que les catégories 4
de chacun des articles...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je souhaiterais, M. le Président, que
vous demandiez si nous sommes disposés à les adopter, ainsi que
l'article qui a été suspendu également.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que tous les membres seraient d'accord...
M. CHARRON: Je dois dire que, même si j'ai en main le document, je
n'ai pas eu le temps... Je ne pense que cela retarde indéfiniment les
travaux de la commission. Je pourrais le faire dès la prochaine
séance; je vais m'engager à le faire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je n'ai pas très bien compris, M. le
Président.
M. CHARRON: Ce sera le problème. Je dis que j'aimerais qu'on
attende une séance de plus avant l'adoption des services contractuels
à chacun des articles, parce que je dois dire que, même si j'ai eu
la liste cet après-midi, je ne l'ai pas vérifiée. Il
serait inutile de l'avoir demandée, si je ne peux pas avoir le temps de
la regarder. Je peux m'engager que, dès la prochaine séance, ce
sera fait. Je ne pense pas que cela retarde les travaux d'une seule
seconde.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y avait également un article suspendu,
M. le Président; je ne sais pas...
M. LE PRESIDENT: Sous-article 3: Subventions spéciales?
M. CHARRON: Subventions spéciales, ça va.
M. LE PRESIDENT: Le sous-article 3 de l'article 4. Adopté. Pour
le bénéfice du journal des Débats, je voudrais mentionner
que le député de Maskinongé remplace le
député de Bagot. Le député de Stanstead remplace le
député de Deux-Montagnes. Le député Faucher
remplace le député de Saint-Laurent.
M. LACROIX: Et M. Caron remplace le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. PAUL: Je préférerais le député de Yamaska
au député de Faucher, parce que...
M. LE PRESIDENT: Le député de Yamaska; je m'excuse.
M. LACROIX: Il vous a tellement fauché.
M. LE PRESIDENT: Le député de Verdun remplace le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. PAUL: M. Caron est le député spécialiste en
affaires culturelles.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le futur ministre des Affaires
culturelles.
M. LE PRESIDENT: A l'article 5, sous-article 2: Service des parents.
M. Picard remplace M. Assad. Sous-article 2: Service des parents;
catégorie 1.
M. CLOUTIER (Ahuntisc): M. le Président, peut-être
serait-il utile que je décrive rapidement ce en quoi consiste le service
des parents. Ce service a pour mandat de renseigner les parents, de les
consulter et de jouer auprès d'eux un rôle d'animation.
Il a également pour mandat de favoriser les échanges entre
les parents et le ministère de l'Education, ainsi que de servir, â
l'occasion, d'intermédiaire avec les autorités scolaires.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 1: Traitements, salaires et
allocations.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, dans ce service des
parents, â la catégorie 1, il y a un montant de $33,000 pour les
traitements, salaires et allocations. Est-ce que le ministre pourrait nous dire
rapidement quelle est la qualité des gens, c'est-à-dire la
formation des gens qui s'occupent de ce service?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Voici. Présente- ment, vous remarquez que
le nombre de fonctionnaires au service des parents est réduit
comparativement à l'année dernière. Il y a un directeur du
service qui est là depuis la fondation du service en novembre 1966 et,
présentement, il y a uniquement du personnel de bureau. Cela s'explique
pour cette année, l'année qui vient de se terminer, par la mise
sur pied de la Mission 27 qui avait pour but de s'occuper de tout l'ensemble de
la mise en place de la loi 27.
A ce moment-là, la mission a fait une partie du travail que
normalement les professionnels qui étaient au service des parents
faisaient. Le service, lui, a continué évidemment, surtout par le
directeur, mais aussi par le personnel qui est au bureau, à
répondre personnellement aux inquiétudes des parents ou à
des suppléments d'information. Evidemment, avec la mise sur pied des
comités d'école et des comités de parents au niveau des
commissions scolaires, il est bien sûr que le service prendra une
orientation un peu plus précise vis-à-vis de la mise en place de
ces comités d'école et de parents, de façon que les
parents continuent à avoir ce même service, si vous voulez, cet
intermédiaire qui est le service des parents.
Cela donne, en somme, le service à un endroit où les
parents peuvent appeler, peuvent s'adresser quand ils ne savent pas comment se
démêler dans nos vingt-six adresses au ministère; cela leur
donne un endroit très précis où s'adresser. Cela leur
donne aussi, comme je l'ai souligné, l'occasion d'avoir un
intermédiaire, quand il s'élève des conflits entre des
parents au sujet de leurs enfants, par exemple, des professeurs et des
commissions scolaires.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, dans ce service des parents, si je
comprends bien, il y a là un système, un bureau, en somme, de
renseignements, sur le ministère en général.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est-à-dire en partie, la partie de
l'information se fait par le service d'information. Ce que le service est
appelé à faire davantage, c'est de donner un supplément
d'information ou faire connaître cette information aux parents. Parce que
vous devez vous rendre compte, comme moi, à quel point les gens
reçoivent la documentation sans trop savoir, une fois qu'ils l'ont
reçue, si elle existe et ce qu'ils vont en faire.
Alors, c'est ce qu'on demande. Le service tient un répertoire de
toutes les associations de parents il y en a présentement 2,000,
tant du côté anglophone que du côté francophone
et se tient en relation constante avec toutes ces associations.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, je ne vous demande pas de me donner
des détails, mais grosso modo, quelle est la nature des
représentations qui vous sont faites par ces parents qui vous
appellent?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Elles sont de tous ordres; un peu comme le
père de famille, ou la mère de famille, qui se pose un tas de
questions au sujet de l'éducation de ses enfants. On ne demande pas au
service des parents de descendre dans les domaines techniques; le service,
à ce moment-là, se réfère aux différentes
directions générales, aux différents services. Mais, le
service est là pour répondre à des questions
d'éducation. Par exemple, le règlement no 7, dans telle
école, dans tel patelin, les gens se disent : Comment chez nous, va-t-on
être en mesure de l'appliquer?
Alors, c'est là que le service, par les renseignements qu'il a
d'un peu toutes les directions générales et des
expériences qu'il voit d'une place à l'autre, peut
suggérer aux gens différents moyens de faire, en somme, leur
propre animation. Le service n'est pas là pour animer au sens où
on l'entend d'habitude, mais pour susciter chez les gens suffisamment
d'intérêt, pour qu'ils s'animent eux-mêmes en ayant le plus
possible en main tous les renseignements requis.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Dans la perspective de l'application de la loi
27, vous avez évoqué ça tout à l'heure, est-ce que
ce service va prendre une autre orientation? Quelle sera la nature des services
qu'il rendra à ces parents? Comment s'établiront, quels seront
les canaux de communication?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Les canaux deviendront beaucoup plus
précis. Actuellement, il y a des régions qui étaient
très bien organisées au point de vue des parents, Lac-Saint-Jean,
Saguenay. Les quatre régionales scolaires sont très bien
structurées, il y a un directeur du service des parents au niveau de
chaque commission scolaire. Alors, à ce moment-là, le canal de
communication est le service des parents. Alors, je prévois que dans
l'optique d'une collaboration du service avec les bureaux régionaux et
ces services des parents, la nature du service deviendra beaucoup plus
structurée qu'elle ne l'est présentement. Parce que
c'était un service exploratoire, il s'agissait d'abord de
dénombrer combien il y avait d'associations de parents et d'essayer d'en
rejoindre le plus possible.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, je m'adresse au ministre. Dans
l'esprit du ministre, M. Daignault nous a expliqué ce qui se passait au
service des parents. Considère-t-il que le service, tel qu'il existe
actuellement, est suffisamment structuré pour répondre aux
besoins qui naîtront de la nouvelle organisation qui s'implantera
à partir de l'application de la loi 27?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne le crois pas, M. le Président,
même indépendamment de la loi 27. Il est vrai que tous les
services aux parents ne passent pas nécessairement par le truchement de
cette structure administrative. On peut dire que chaque direction
générale du ministère a affaire aux parents, puisque les
parents interviennent dans le processus éducatif. J'ai l'impression
qu'il faudra peut-être repenser un peu le rôle du service des
parents dans la perspective que je vous ai indiquée au début. Son
effectif n'est pas très élevé mais il ne faudrait pas
juger de son importance par cela.
M. CHARRON: M. le Président, si le député de
Chicoutimi me permet, sur cette même question et surtout sur la
réponse que vient de faire l'actuel ministre de l'Education, je
rappellerai que son prédécesseur avait, à la même
époque, l'année dernière, à peu près
textuellement, pris le même engagement, c'est-à-dire que, dans le
journal des Débats, page B-3144 de l'année dernière, sur
les crédits du ministère de l'Education, il disait ceci: "II est
évident qu'en plus de développer des guides et faire un effort de
réflexion sur le rôle des comités d'école, la
réglementation, le financement possible de ces comités
d'école, toute l'animation, on la retrouvera dans le prochain budget
puisque, suivant le projet de loi no 27, tout ceci sera en vigueur dans douze
mois". Ce qui faisait que, probablement comme les autres collègues de
l'Opposition, je m'attendais à voir le service des parents croître
en responsabilité bien sûr, mais surtout en budget et en
personnel. Sachant très bien, comme le ministre vient de le dire, que ce
n'est pas le seul endroit où la préoccupation du ministère
quant à la participation des parents peut se refléter dans le
budget, mais c'est certainement un endroit d'autant plus que le rôle
d'intermédiaire que moi j'appellerais, sans vouloir vous paraphraser, M.
Daignault, de dépannage à certains endroits ne fera qu'augmenter
avec l'application de la loi 27, comme l'a signalé, à bon titre,
le député de Chicoutimi tout à l'heure.
Alors, au contraire de l'engagement du ministre précédent,
le budget actuel ne reflète pas une augmentation du budget mais bien une
diminution et du montant total du budget consacré à ce service et
du personnel en place. J'aimerais bien que le ministre m'explique, sans
peut-être entrer dans les détails, surtout si ce sont des articles
à venir, où la préoccupation que je connais du ministre de
l'Education quant à la participation des parents se transpose en
personnel et en argent dans les responsabilités et les décisions
du ministère de l'Education.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, je vous ai exposé
la situation que j'ai trouvée en arrivant au ministère. J'ai
également ajouté, dans mes explications, qu'à mon avis il
fallait repenser le rôle du service des parents et probablement voir
à l'étoffer. J'ai ajouté que toutes les directions
générales et tous les services du ministère avaient
affaire aux parents. J'ajoute encore que les commissions scolaires, avec la loi
27, en particulier par les comités de
parents, les comités d'école, se voient également
chargées d'une responsabilité accrue du point de vue des services
aux parents. Ceci se reflète d'ailleurs dans les subventions, dans
l'établissement du per capita qui se trouve à en tenir compte.
Loin de moi l'idée de réduire l'importance du service mais je
crois qu'il faut tout de même le voir en perspective, un peu à
travers le mandat que j'ai décrit tout à l'heure,
c'est-à-dire un mandat d'animation et un mandat d'information et de
conseil.
M. PAUL: M. Daignault, vous m'excuserez si je ne suis pas très
familier avec le fonctionnement du ministère de l'Education, c'est que
dans le cours de l'automne dernier, spécialement au mois d'octobre, j'ai
reçu de nombreuses plaintes de parents dont les enfants
fréquentaient la commission scolaire régionale de
La-naudière à Joliette, et qui s'opposaient à ce que leurs
enfants, étudiants en sociologie ou en économie politique, soient
astreints à faire des travaux sur un livre que l'on appelle
"Nègres blancs d'Amérique" et qui a été
composé par un péquiste d'idéologie politique fort
douteuse, M. Pierre Vallières. A ce moment-là j'ai
conseillé à ces parents d'exprimer leur plainte au service des
parents du ministère de l'Education, Alors, là, je n'ai pas
à vous demander si la plainte était bien fondée ou non, je
n'ai pas revu ces parents et quel a été, si vous avez reçu
de telles plaintes, le mécanisme d'acheminement de ces plaintes?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II n'y a eu aucune plainte en ce sens, M. le
Président. En général, lorsque de tels incidents se
produisent, je crois qu'il faut déplorer le fait qu'ils se produisent
trop souvent, les plaintes sont en général acheminées vers
les commissions scolaires qui conservent toute leur responsabilité sur
le plan pédagogique.
M. PAUL: Est-il normal que les élèves soient
pénalisés parce que, sous l'instigation et l'invitation de leurs
parents, ils ne veulent pas s'astreindre aux obligations que leur imposent
leurs professeurs?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est un vaste problème, M. le
Président, et je ne sais pas s'il serait sage de le discuter à
partir d'un cas particulier. Il est certain qu'il faut laisser...
M. PAUL: Je pourrais aussi vous donner le cas d'autres écoles
polyvalentes où l'on a imposé les mêmes livres pour la
sanctification des élèves.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, le problème que
soulève mon collègue de Maskinongé peut paraître
à prime abord un cas isolé. Il a fait mention d'un certain
ouvrage. Je sais pertinemment que bien d'autres ouvrages sont proposés
à l'examen des étudiants qui sont des ouvrages dits
d'éducation politique et cer- tains professeurs font grief à ceux
qui ne partagent pas cette volonté très manifeste
d'endoctrinement. On pourrait, c'est bien clair, épiloguer longuement
là-dessus. Je demande simplement au ministre de tenir compte dans
la mesure où il lui est possible de le faire et de surveiller de
cette observation que faisait mon collègue de Maskinongé parce
que dans les représentations qui sont faites aux députés
parce que les députés ont quand même quelque chose
à dire là-dedans l'une des plaintes les plus
fréquentes, c'est précisément celle qui concerne
l'endoctrinement politique généralisé dans diverses
écoles à divers paliers.
Je souligne simplement ce problème au ministre de l'Education,
sans toutefois savoir dans quelle mesure il est possible d'exercer un
contrôle, une surveillance mais c'est un objet d'inquiétude des
parents.
Et puisqu'on parle ici du service des parents, j'abonde dans le sens de
mon collègue et je trouve, quant à moi peu importent les
auteurs des ouvrages inadmissible que des professeurs imposent aux
étudiants, comme ouvrages de lecture de recherche qui deviennent par la
suite sujets d'examens, des livres qui n'ont rien à voir avec, ce qu'on
appelle la formation académique de l'élève, même si
on prétend que cette formation académique doit viser à
sensibiliser le plus tôt possible l'enfant, l'étudiant aux grands
problèmes de la société contemporaine.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, j'abonde certainement
dans le sens du député de Chicoutimi lorsqu'il dit qu'on ne peut
admettre qu'un enseignant endoctrine ses élèves. Il faut avouer
cependant que la frontière entre l'endoctrinement et l'information n'est
pas toujours facile à tracer surtout dans une société qui
change rapidement et à l'époque contemporaine.
Je souhaite, pour ma part, que tous les enseignants restent le plus
objectifs possible. Il est inacceptable qu'une politisation s'exerce quel que
soit le sens qu'elle prenne. D'autre part, les enseignants ont aussi la
responsabilité de sensibiliser leurs élèves à ce
qui se passe autour d'eux et il est bien certain que ce qui se passe autour
d'eux a presque toujours une coloration politique. C'est donc le bon sens qui
doit prévaloir et il n'est certainement pas question, pour autant que je
suis concerné, d'installer des polices à l'école.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 1. Adopté.
M. CHARRON: M. le Président, je voudrais demander à M.
Daignault et la réglementation du lieutenant-gouverneur en
conseil, en vertu des dispositions de la loi 27 que nous avons votée,
sur la participation des parents, est maintenant connue si le service
des parents ou lui-même a été en quelque sorte
appelé à émettre des recommandations au ministre avant le
fignolage final de cette réglementation.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ai été appelé, dans le
cadre de la Mission 27, à faire des remarques sur les mémoires
qui ont été présentés par les parents et j'ai eu
à répondre aux parents qui me posaient la question: Comment
va-t-on préparer le mémoire? Je leur disais de lire d'abord la
loi comme il le faut et de se grouper autant que possible dans une même
région pour arriver à présenter des mémoires mieux
étoffés. Et dans plusieurs endroits, les mémoires qui ont
été présentés ont été très
intéressants. Le service n'a pas eu à préparer, ce n'est
pas son rôle, la réglementation. Mais il sera certainement
là pour aider les parents à mieux comprendre la
réglementation et à étudier avec eux ses implications.
M. CHARRON: M. Daignault ou le ministre, peut-être encore mieux,
pourrait-il nous informer sur la consultation préalable qui a eu lieu,
soit par la Mission 27, soit à l'intérieur des élections
générales, soit par le service des parents, avant d'aboutir
à la réglementation que l'on connaît?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Très volontiers, M. le Président,
mais je me demande, devant cette question, s'il ne vaudrait pas mieux,
après avoir adopté cette catégorie, en arriver à la
discussion de la direction générale de
l'élémentaire et du secondaire alors que nous pourrons repasser
ensemble les différentes étapes de la vaste consultation qui a
été entreprise en rapport avec la loi 27.
M. CHARRON: Bien...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cette consultation a été
entreprise par la direction générale de
l'élémentaire et du secondaire et non pas le service des
parents.
M. CHARRON: D'accord, je garderai cette question pour plus tard, mais
indépendamment de la réponse, je voudrais demander si le service
des parents, que vous dirigez, M. Daignault, a reçu, à la suite
de l'annonce ou de la publication de cette réglementation, une
rétroaction, comme nous a appris à le dire M. Leblond, cet
après-midi, de certains groupements de parents, sur cette question.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est-à-dire que la rétroaction,
je l'envoyais à la Mission 27, il y avait le cadre de la Mission 27,
alors quand les parents appelaient chez moi pour me parler de la
réglementation, je leur disais: Vos remarques, vos mémoires, vous
les envoyez à la Mission 27.
M. CHARRON: Avez-vous eu beaucoup d'appels de ce genre?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ai eu énormément d'appels de ce
genre et de toutes les régions.
M. CHARRON: D'associations de parents?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): D'associations de parents et de parents comme
individus qui ne savaient pas que dans leur coin, par exemple, il y avait une
association; on les dirige à ce moment-là vers leur
association.
Le service des parents, en ce faisant, jouait son rôle
d'animation, de conseil et d'information auprès des parents, dont je
parlais il y a un instant. Mais, je crois véritablement que, pour bien
appréhender ce problème, il faudrait que nous puissions, lors de
la discussion de la direction générale de
l'élémentaire et du secondaire, repasser ensemble les
différentes étapes de la consultation. Je dois d'ailleurs
rappeler que la réglementation n'est pas encore faite et que cette
consultation continue.
M. CHARRON: Je veux quand même demander au ministre, pour
connaître le fonctionnement des crédits que nous nous
apprêtons à voter à ce chapitre du service des parents, si
les demandes, M. Daignault, que vous avez reçues ont continué,
à votre avis, à pleuvoir sur votre bureau, une fois
l'entrée en vigueur de la loi 27; si c'est vous, à ce
moment-là, qui aurez à y répondre en vertu de vos
responsabilités du service des parents ou si à nouveau, comme
vous l'ayez fait depuis la publication, vous devrez lés
référer à un autre groupe et à quel groupe. Et je
veux bien discuter de ce groupe-là quand nous discuterons de la
direction générale de l'enseignement élémentaire et
secondaire. Mais, je veux savoir si le service des parents aura, au cours de la
prochaine année, avec le budget que nous nous apprêtons à
lui voter, quelque rôle à faire dans le dépannage des
parents en vertu de l'application de la loi 27.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le service des parents continuera son rôle
normal de dépannage, mais pour le moment, les instructions sont que
toute rétroaction, pour reprendre à mon compte cette expression,
sera référée à la mission 27 qui devra en faire la
synthèse et l'analyse.
M. CHARRON: La mission 27 sera-t-elle permanente à
l'intérieur de la structure?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, mais il s'agit de la situation actuelle et
on ne peut pas préjuger de ce que nous ferons une fois que le tout en
sera rendu au stade de l'information.
M. CHARRON: Je n'essaie pas d'embêter le ministre, M. le
Président...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non pas du tout; et le ministre ne se sent en
rien embêté.
M. CHARRON: ... c'est simplement pour savoir...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je cherche à comprendre, cependant,
exactement ce que veut savoir le député de Saint-Jacques.
M. CHARRON: M. Daignault, je me souviens, l'année dernière
et cette année encore nous décrit... Et vous-même, M. le
ministre, en le présentant, avez décrit le service des parents
comme étant très important. Je me dis que s'il a bien fait son
rôle jusqu'ici. Il va nécessairement s'accroître au cours
des douze prochains mois, c'est-à-dire l'année fiscale que nous
avons à voter, parce qu'une nouvelle structure va entrer en vigueur le
12 juin prochain. Je m'inquiète, sachant que son travail va augmenter,
de voir que le budget et le personnel ont diminué.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Mais, M. le Président...
M. CHARRON: Je me demande où alors, M. Daignault, devrez-vous les
référer et où cette structure existera-t-elle pour
dépanner les innombrables associations de parents ou comités
d'école qui vont désormais naître au Québec.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ai moi-même, M. le Président,
signalé que j'exposais la situation telle que je l'avais trouvée
et que je considérais que le service des parents devait repenser ses
fonctions et probablement voir à être étoffé. Je m'y
emploierai et je peux vous l'affirmer, parce que je crois que le
problème...
M. CHARRON: Oui, mais ce ne sera pas au cours des douze prochains mois
si vous avez un budget de $39,000. Trois personnes.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... est tout à fait réel.
Nous avons suffisamment de marge de manoeuvre par la Mission 27 qui aura
à s'occuper certainement, tout au long de l'année, de ce
problème, par les bureaux régionaux également, par le fait
que la restructuration des commissions scolaires, en particulier avec
l'apparition des comités de parents et des comités d'école
je m'excuse de me répéter, mais il semble utile de le
faire qui pourront déjà absorber une partie de ces
demandes.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je pense, M. le Président, qu'il serait
oiseux d'éterniser la discussion sur ce service. Il est bien
évident que la mise en application de la loi 27 va provoquer, du
côté des parents, des inquiétudes. Ces gens vont demander
des renseignements. Il nous paraît évident que le budget qui est
là n'est pas énorme, le ministre en convient. Mais, je crois que
nous sommes ici dans un domaine d'expérimentation et que les
résultats de la Mission 27 permettront au ministre et à ses
conseillers de prendre la dimension du problème et de voir s'il
deviendra nécessaire d'accroître le budget, les services de ce que
l'on appelle ici le service des parents. Il est bien entendu qu'il faut
prévoir, mais nos mécanismes administratifs permettent au
ministre de procéder par virements ou par budgets
supplémentaires, le cas échéant. Le ministre a
suffisamment de latitude pour, en cours de route, accroître le personnel
de ce service des parents et le munir, le doter d'instruments qui permettront
de répondre aux demandes qui seront adressées, qui seront sans
doute beaucoup plus nombreuses à un certain moment tant que la situation
ne se sera pas stabilisée à la suite de l'application de la loi
27.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): En remerciant le député de
Chicoutimi, j'ajouterai, comme je l'ai déjà signalé, que
toutes les directions à vocation pédagogique au ministère
sont des services aux parents et que cette unité administrative dont
nous parlons en ce moment pourrait ne pas exister. Cependant, les parents
seraient desservis. Elle n'existe que dans la fonction où elle joue le
rôle de triage, le rôle que je vous ai décrit sous les
termes de conseil d'information et d'animation. Il n'est pas forcé que
ce soit par cette structure que les parents puissent communiquer.
C'est la raison pour laquelle j'ai insisté sur le fait qu'il
fallait repenser un peu le rôle du service, dans la mesure où il
existe maintenant des comités d'école, des comités de
parents et dans la mesure je me répète encore
où nous considérons, dans l'établissement du per capita,
certaines sommes pour ces fins particulières.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 1. Adopté. Catégorie
3?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Catégorie 4?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Catégorie 7?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 6: Direction
générale de l'enseignement élémentaire et
secondaire, sous-article 1: Administration; Catégorie 1. Si le ministre
veut faire un résumé.
Direction générale de l'enseignement
élémentaire et secondaire
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, un résumé
très bref. La direction générale de
l'élémentaire et du secondaire est une des directions
générales les plus importantes du ministère de
l'Education. Elle a pour responsabilité d'assurer le
développement des classes maternelles, de l'enseignement
élémentaire et secondaire, c'est-à-dire de réaliser
la réforme des structures pédagogiques et administratives,
l'établissement des programmes d'étude, des
méthodes didactiques, le perfectionnement des maîtres, en
particulier pour les enseignements à caractère professionnel,
ainsi que de planifier et d'organiser l'aménagement institutionnel et
territorial des écoles.
M. LEDUC: M. le Président, une courte question au ministre. Aux
cours élémentaire et secondaire on retrouve dans ma région
ce que je me permets de qualifier d'anomalies; et j'ai peut-être tort. Un
bonhomme qui demeure à Saint-Bruno, dont les parents
déménagent au mois de mars ou d'avril pour aller demeurer
à Longueil il est à l'élémentaire se
retrouve devant une situation qui crée des problèmes, parce que
les méthodes d'enseignement varient d'une commission scolaire à
l'autre. J'imagine que la situation qui existe chez nous peut se retrouver
ailleurs. Je me demande s'il n'y a pas un moyen de standardiser, jusqu'à
un certain point, sans pour cela brimer l'autonomie des commissions scolaires.
Si les grands principes veulent qu'on laisse une certaine autonomie aux
commissaires dans le choix des méthodes d'enseignement, il n'en demeure
pas moins qu'il y a un secteur de la population, au cours de l'année,
qui souffre de cette situation.
Je me permets de noter ceci, pour la cinquième fois depuis que je
suis député, et je pourrais, quasi à l'avance, vous donner
la réponse que me fera le ministre. Je dois vous dire que
malheureusement, pour la cinquième fois, probablement que je serai
déçu de la réponse. Quant à moi, je reviendrai
chaque année, afin qu'un jour on puisse un peu standardiser et qu'on
puisse faire vivre à nos étudiants qui sont, spécialement
à l'élémentaire, plus qu'au secondaire, dans une situation
embêtante au mois de mai et qui a forcé, dans certains cas, des
parents à conduire à Saint-Bruno leur enfant pour terminer
l'année scolaire, parce que cela les mettait dans le pétrin s'il
s'en allait à la commission scolaire de Jacques-Cartier...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, à la question du
député de Taillon, j'aimerais peut-être répondre en
disant qu'on pourrait également se demander s'il est sain que toute la
population du Québec songe à déménager le 1er mai.
Il y aurait peut-être, de ce point de vue également, certaines
dispositions à prendre.
De par la force des choses, même si les programmes étaient
davantage standardisés, les enfants se trouvent à subir un
véritable bouleversement. Les déménagements en masse le
1er mai causent énormément de problèmes sur tous les plans
et, en particulier, sur le plan scolaire. Ceci dit, il est exact que les
programmes ne sont pas standardisés au Québec. Si le
député de Taillon a suivi de près les
délibérations de la commission de l'éducation, il se
souviendra peut-être que j'ai fait un assez long exposé sur le
système décentralisé qu'était le nôtre, ce
système décentralisé qui est basé sur ces institu-
tions auxquelles tous les Québécois semblent tenir et qui
s'appelle les commissions scolaires.
Ceci, par conséquent, donne au ministère une fonction
très particulière. J'avais d'ailleurs à ce
moment-là souligné qu'on accusait trop facilement le
ministère de centraliser. En fait, ce que le député de
Taillon me demande, c'est de centraliser davantage.
Ce que nous tentons de faire au ministère, c'est de fournir par
nos normes des indicateurs d'objectifs. Sur le plan pédagogique, ce sont
des programmes-cadres qui permettent certains aménagements tenant compte
des besoins locaux. A mon avis, ceci est extrêmement sain tout en
respectant la cohérence du système qui est le nôtre. Je
dois dire que ce manque de standardisation est peut-être moins
poussé que le député de Taillon le laisse croire parce
que, malgré tout, les programmes-cadres pédagogiques que nous
fournissons sont tout de même suffisamment cohérents pour que l'on
retrouve la même orientation partout au Québec.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, faisant suite aux
observations du député de Taillon, j'aimerais dire au ministre
ceci : Dans ma région comme dans d'autres régions, qu'il s'agisse
de déménagement ou non, il y a quand même un
problème qui se pose et qui touche cette question de la standardisation
de l'enseignement. Je ne suis évidemment pas pour une forme
d'enseignement monolithique, des méthodes unifiées d'une
façon très rigide partout.
Le ministre nous dit: A l'intérieur d'un programme qui est soumis
de façon générale par le ministère, on peut
procéder à un ensemble d'aménagements. C'est exact et
c'est valable en soi. Est-ce que le ministre ne pense pas que le
ministère, que son ministère ne pourrait pas, par une
surveillance plus étroite, voir à ce que ce
réaménagement respecte des normes un peu plus rigides et que les
professeurs se trouvent astreints à des méthodes d'enseignement
qui ne soient pas incohérentes, qu'on ne chambarde pas tous les
ans...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'espère que le député de
Richmond écoute attentivement parce qu'on parle de normes et on semble
en vouloir davantage.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): ... tous les semestres, tous les jours.
M. BROCHU: II semble que le ministre soit sensible sur la question des
normes.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Voici, M. le Président. Si on doit
ramener cela au problème des normes, je veux bien le ramener au
problème des normes. Je suis éducateur de profession, j'exige
d'avoir, quand j'enseigne, certaines libertés d'action mais je suis
extrêmement heureux que la maison d'enseignement où je me trouve
m'impose un cadre suffisamment rigide qui
fasse que les étudiants qui quittent mes cours, se retrouvant
l'année suivante avec un autre professeur, n'aient pas l'impression de
changer de monde, de changer de pays et retrouvent la continuité de
l'enseignement. Ce dont se plaignent les parents et les étudiants
à l'heure actuelle, c'est précisément de cette absence de
continuité, une sorte de brisure, à un moment donné, qui
se fait parce que tel professeur conçoit l'enseignement des
mathématiques, de la grammaire, etc., de telle ou telle façon,
utilise des méthodes qui peuvent être valables mais qui ne sont
pas celles du professeur qui reprendra le même élève
l'année suivante ou même en cours de semestre.
Je comprends qu'il est très difficile au ministère de
l'Education d'arriver et de dire: Le programme, comme c'était autrefois,
c'est cela. Pendant le premier semestre on voit de telle page à telle
page de tel manuel. Ce système-là n'existe plus. Sans formuler de
voeu et sans dire au ministre ce qu'il faudrait faire, j'attire son attention
là-dessus parce que c'est une cause d'inquiétude pour les
parents, pour les élèves qui, changeant d'école, ont
l'impression qu'il y a solution de continuité.
Ils ont cette impression et ce n'est parfois que quelques semaines et
même quelques mois plus tard qu'ils se rendent compte qu'au fait c'est un
peu la même chose présentée de façon
différente. Je veux qu'il y ait liberté d'action du professeur,
une liberté d'action à l'intérieur d'un programme mais que
ce programme soit axé sur des méthodes qui aient, je ne dirai pas
une rigidité absolue mais qui soient suffisamment souples et rigides en
même temps pour permettre aux étudiants et surtout à ceux
qui sont jeunes de percevoir cette continuité dans l'enseignement.
Le problème que soulève le député de Taillon
est sérieux et il est né de tous ces changements que l'on a
apportés dans les programmes scolaires, dans les méthodes
d'enseignement, par la perception qu'en ont les enseignants parce que les
enseignants sont en cause aussi et la perception qu'en ont les parents. Ils est
bien évident qu'un homme de 50 ans qui a de jeunes enfants à
l'école est un peu perdu dans les méthodes actuelles.
Moi-même je le suis. Quand mes neveux me demandent de résoudre
pour eux un problème mathématique, je leur dit que je ne suis pas
capable, que je ne connais pas les nouvelles méthodes.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Connaissez-vous les anciennes?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je connais les anciennes un peu, du moins je
crois les connaf-tre encore. Alors, j'attire l'attention du ministre
là-dessus. Je n'en fais pas grief au ministère mais je pense que
c'est un problème qu'on peut cerner mais qu'il n'est pas facile de le
régler d'un coup.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je pense, M. le Président, que les
remarques du député de Chicoutimi sont tout à fait
pertinentes. Je ne défends pas avec agressivité tout ce qui
existe au ministère de l'Education parce que tout est perfectible et le
ministère cherche constamment à coller le plus possible à
la réalité. D'ailleurs, il fait également preuve de
souplesse et je n'ai qu'à rappeler l'histoire très récente
avec cette modification du règlement no 7 qui a tout de même
permis une adaptation à une réalité changeante. Il ne faut
peut-être pas oublier cependant que partout au Québec le contenu
et les objectifs du programme ne changent pas mais il est exact que les
méthodes peuvent changer dans deux secteurs, surtout,
c'est-à-dire les mathématiques et le français, dans la
mesure où il s'agit de programmes-cadres. Je ne nie pas que
l'introduction de programmes-cadres soit extrêmement exigeante pour les
enseignants, pour les enfants et également pour les parents. Je ne
nierai pas non plus que peut-être faudra-t-il réfléchir
davantage sur la façon de les amener, de les introduire dans
l'enseignement. Peut-être y a-t-il justement un besoin de le faire plus
graduellement ou en tenant compte peut-être davantage de
l'évolution de la mentalité. C'est d'ailleurs la raison pour
laquelle existent des agents de développement pédagogique qui ont
justement pour mission et il y en a plus d'une centaine au
ministère de l'Education maintenant, de faciliter ce passage de
l'enseignement traditionnel à l'enseignement moderne. Cependant, il faut
bien admettre que l'enseignement traditionnel, auquel un bon nombre d'entre
nous rêvent encore, est devenu totalement impossible non seulement parce
qu'il ne correspond plus à la pédagogie moderne, mais aussi parce
que les conditions de l'école ont complètement changé.
Nous sommes loin de l'école traditionnelle destinée à une
élite. Nous travaillons maintenant avec de grands nombres et nous
scolarisons toute une population tant à l'élémentaire
qu'au secondaire.
Compte tenu de toutes ces contraintes, peut-être peut-on mieux
comprendre de quelle façon le ministère de l'Education se doit
d'aborder ces programmes.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je retiens ce que vient de dire le ministre.
Je ne lui ferai pas un procès et je ne raviverai pas non plus la
querelle des anciens et des modernes mais, quand le ministre nous dit que
l'enseignement traditionnel était conçu en fonction d'une
élite, c'est partiellement vrai, quand il nous dit qu'il faut s'adapter
aux exigences de la pédagogie moderne, il a raison, mais il ne faut pas
oublier une chose, c'est que l'enseignement est destiné à un
être humain qui n'a pas beaucoup changé depuis des
millénaires.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): L'être humain n'a peut-être pas
changé mais le milieu dans lequel il est plongé a
changé.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): D'accord, le milieu a changé mais cela
ne change rien à la psychologie fondamentale essentielle de
l'enseigné. Par conséquent, il y a un équilibre qu'il faut
retrouver actuellement et c'est un problème.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je suis d'accord également sur cet aspect
de la réflexion du député de Chicoutimi. C'est un
problème et ce n'est pas facile. Je ne prétends pas du tout que
le ministère de l'Education ait trouvé toutes les solutions et
toutes les réponses. Quant à moi, j'y suis depuis peu de temps et
je vais essayer, au cours de mon mandat, d'apporter ma quote-part à
cette expérience qui doit se jouer tant sur le plan administratif que
sur le plan pédagogique.
Il est certain que le fait que nous ayons à travailler avec de
grands nombres a changé non seulement le contenu des programmes mais
également, sur le plan psychologique, cette relation
privilégiée qui existait entre l'enseignant et l'enseigné.
Dans une polyvalente, on n'a plus ce professeur unique qui permettait à
l'enfant ou à l'adolescent de se réaliser sur le plan de sa
personnalité par l'intervention de certains mécanismes comme le
mécanisme d'identification. Je ne voudrais pas préjuger d'une
discussion qui pourrait avoir lieu plus tard, mais j'ai souligné dans
mes remarques préliminaires qu'une de mes préoccupations serait
l'humanisation de l'école.
Quand je parle de l'humanisation de l'école, je pense justement
à la nécessité d'essayer de trouver les mécanismes
nouveaux qui pourraient pallier cette absence tragique parfois de cette
relation privilégiée qui est nécessaire â la
maturation de la personnalité. Le règlement no 7, par certaines
de ses dispositions, pallie cette difficulté en partie.
M. CHARRON: M. le Président, ne voulant pas quitter le terrain
ouvert par le député de Taillon, je précéderais mon
opinion de quelques questions presque statistiques à l'endroit de Mme
Hendricks si le ministre me permet de m'adresser directement à elle.
Pouvez-vous me dire combien actuellement le ministère autorise de
méthodes différentes d'enseignement des mathématiques au
niveau élémentaire?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le ministère n'autorise pas de
méthodes d'enseignement. Le ministère fait l'étude de
matériel didactique, de manuels scolaires. S'ils sont acceptables au
point de vue pédagogique, au point de vue scientifique, au point de vue
du français, au point de vue linguistique, au point de vue de la
résistance matérielle, le ministère les transmet ensuite
au comité catholique et au comité protestant pour approbation au
point de vue moral et religieux. Ensuite, ils sont inscrits sur une liste qui
est transmise aux commissions scolaires et c'est à partir de cette liste
que la commission scolaire choisit, en consultation avec les enseignants et par
certains mécanismes, les manuels qui sont entre les mains des
élèves. Il arrive parfois c'est là que se
présente le problème de méthodologie qu'avec
certains manuels va une méthodologie particulière. Je pense, par
exemple, à tout le matériel didactique qui accompagne une
certaine méthode d'enseignement qui s'appelle le sablier ou la
méthode dynamique et c'est par ce biais-là qu'on prétend
qu'on autorise des méthodes alors que ce n'est pas du tout le cas. La
même chose pour les mathématiques.
M. CHARRON: Je vous avais déjà entendu répondre
ainsi. J'ai mal formulé ma question. Je voulais simplement savoir le
nombre de méthodes différentes d'enseignement et du
français et des mathématiques. Croyez-vous qu'au total les
différentes commissions scolaires actuelles peuvent appliquer, et ce,
afin de voir si vraiment le problème soulevé de la
différence des méthodes, au moment de déménagement
ou au cours de la formation d'un étudiant, peuvent être un
problème?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Peut-être pourrions-nous parler du
programme-cadre du français qui est un excellent exemple de ce point de
vue...
M. CHARRON: Oui, on pourrait parler du sablier.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... et qui, en fait, ne constitue pas une
méthode différente. Tout dépend de la façon que
l'enseignant l'applique.
Justement, le programme-cadre du français veut, à partir
du langage parlé par l'enfant, le développer; c'est
l'apprentissage de la langue â partir de ce point de départ. Il
reste que les instruments dont on se sert à ce moment-là peuvent
se traduire par ce qu'on appelle des méthodes.
Généralement on entend parler alors de méthode du sablier,
de méthode phonétique et de méthode dynamique. Ce sont
â peu près, les trois dont on entend le plus parler; ce qui
n'exclut pas qu'il puisse y avoir toutes sortes de variantes que les
maîtres eux-mêmes développent.
Du côté des mathématiques, on parle
généralement d'enseignement des mathématiques
traditionnelles et des mathématiques modernes. Evidemment, pour
l'enseignement des mathématiques modernes, on dispose de quelques
séries de manuels mais là, je pense qu'à
l'intérieur, quand on dit qu'on enseigne les mathématiques
modernes, il n'y a pas trop de conflits, que je sache, quand l'enfant passe
d'une commission scolaire à l'autre.
M. CHARRON: Je ne vous surprendrai pas en vous disant qu'une des
critiques qui s'adressent au ministère dans ce domaine précis
des
méthodes d'enseignement est l'affirmation parfois
catégorique mais qui a certainement un bien-fondé que le
ministère prépare un peu en vase clos un certain nombre de
projets. Je vois à votre air que je ne vous surprends pas en disant
ça. Je vous donne l'occasion d'y répondre et j'espère que
vous me répondrez en indiquant la consultation préalable avant
que quelque projet définitif ne soit émis à
l'intérieur du ministère et proposé aux commissions
scolaires, soit à travers les manuels, soit à travers les
programmes-cadres. C'est un reproche fondé ou non, mais vous savez qu'il
existe et qu'il court. Je pourrais vous donner le nombre de lettres que j'ai
reçues ici à propos de la méthode du sablier, par exemple,
les gens tenant directement le ministère de l'Education responsable et
auxquelles j'ai dû répondre. Comment s'élaborent ces
programmes-cadres? Quelle est la consultation au niveau des commissions
scolaires? Vous en parliez au niveau des réalisations dans le rapport,
consultations des directeurs généraux, des directeurs de
l'enseignement dans les différentes commissions scolaires
régionales, les directeurs généraux des écoles, les
enseignants et tout ça. Est-elle plus théorique que pratique
cette consultation parce que toutes les critiques en fin de compte contre la
diversité des méthodes et des manuels et l'école moderne
souvent naissent de cette opinion.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Tous les programmes qui se rattachent à
des disciplines d'enseignement, donc les arts, la langue maternelle et le
reste, sont élaborés par des comités de travail dont les
membres sont recrutés parmi les enseignants des commissions scolaires et
dans les universités. Il n'y a à peu près pas de
comité où on n'a pas essayé de trouver un ou plusieurs
experts des facultés d'éducation et des autres facultés
reliées à la discipline concernée. La dimension de ces
comités varie mais en gros, généralement, c'est de dix
à douze personnes par comité de travail. Pour chacune des grandes
familles de discipline, il y a, en plus de ça, un comité
consultatif qui, lui, non seulement a pu, par exemple, recommander la mise sur
pied d'un certain comité de travail pour élaborer un nouveau
programme mais est toujours présent pour conseiller le responsable de la
discipline à l'intérieur du service des programmes sur le besoin
de révision des programmes, le besoin d'inventer un nouveau programme ou
le besoin de mettre à la disposition des commissions scolaires un
éventail plus large ou plus moderne de matériel didactique.
Au-dessus de tout ça, nous avons constitué, au cours de la
dernière année scolaire, 1971-1972, un grand comité
consultatif provincial où notre service des programmes travaille en
collaboration avec un organisme qui s'appelle le comité
pédagogique interdisciplinaire, le CPI où sont
représentées la CEQ et toutes les diverses associations
professionnelles, l'Association des professeurs d'histoire, des professeurs de
français, d'art et le reste. Le nom en est le conseil pédagogique
interdisciplinaire. Pour l'élément anglophone, le
troisième membre de ce groupe c'est le Curriculum Council qui regroupe
des représentants des enseignants catholiques et protestants. Ce
comité, son mandat particulier c'est d'essayer de
réfléchir sur l'orientation globale de nos programmes
d'enseignement à la lumière des tendances les plus
récentes dans ce domaine. C'est ce qui nous apparaît le plus
important et le plus intéressant à l'heure actuelle de faire une
analyse critique, serrée des objectifs qui ont été
spécifiés pour chacune des disciplines et pour chacun des
programmes parce que jusqu'à maintenant, je pense que l'on s'avoue qu'il
n'y a peut-être pas eu cette cohérence interne qu'on aurait voulue
mais le travail est amorcé et tous ces organismes nous apportent une
collaboration vraiment extraordinaire et qu'on apprécie beaucoup.
M. CHARRON: Le dernier comité dont vous venez de parler qui est,
vous dites, une création au cours de l'année 1971-1972, a-t-il
été appelé à fonctionner beaucoup ou modestement
depuis sa création?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): A ma connaissance, il s'est réuni au
moins cinq fois, depuis janvier 1972.
M. CHARRON: Et il a à faire l'évaluation des programmes
par rapport aux objectifs prescrits?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): A l'heure actuelle, techniquement, `c'a voulu
dire tailler chacun des programmes en vigueur, ce qui est
l'énoncé des objectifs, ensuite les confronter pour essayer de
dégager les traits communs, identifier les incohérences, les
contradictions mêmes dans certains cas et essayer de repenser ça
à la lumière des objectifs de l'enseignement secondaire comme de
l'enseignement élémentaire.
M. CHARRON: C'est une précision que nous ne détenions pas
l'année passée forcément mais qui peut certainement
permettre d'espérer que l'opinion, le préjugé qui est
à l'origine de ma question, puisse évoluer, au cours de la
prochaine année.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Permettez-moi de compléter
là-dessus. Quand un comité de travail a révisé un
programme ou proposé un nouveau programme et que le comité
consultatif l'a vu, il ne faut pas oublier qu'il est soumis au Conseil
supérieur de l'éducation et là il passe au crible des
commissions de l'enseignement élémentaire ou de l'enseignement
secondaire. Dans la plupart des cas, à moins qu'il s'agisse d'un
programme qui est attendu, qui est connu et qui apporte très peu de
modifications, il est soumis à une période
d'expérimentation d'un an, deux ans, selon les cas, avant de devenir
en
vigueur. Encore là, c'est une politique qu'on essaie le plus
possible de respecter. On n'introduira pas, à l'heure actuelle, un
programme qui sera en vigueur en septembre prochain, mais on essaierait de le
publier maintenant, pour qu'il soit en vigueur en septembre 1973.
M. CHARRON: Vous venez de parler de la remise de ces programmes aux
commissions scolaires. Je me souviens que, dans un rapport, le Conseil
supérieur de l'éducation mentionnait que peut-être le point
faible de la chaîne, entre la création du programme-cadre et de
ses méthodes et sa réalisation la plus remplie de succès,
ça peut être à ce niveau-là de l'administration
pédagogique au sein des commissions scolaires, de la difficulté;
il suggérait même que les enseignants, les directeurs
d'école participent désormais, contrairement à la Loi des
commissions scolaires, à la nomination et au choix du personnel du cadre
pédagogique de chaque commission scolaire. Je ne pense pas que cette
recommandation du Conseil supérieur de l'éducation ait
été faite dans le vent. J'ai eu l'occasion aussi, au cours de
l'année, de vérifier et encore dans la négociation de la
convention collective, à plusieurs endroits, combien les enseignants
tiennent grief, non pas au ministère cette fois, mais aux
différentes administrations pédagogiques des commissions
scolaires de ne les considérer à peu près pas. Certaines
commissions scolaires ont été plus loin, vont presque instituer
la participation des enseignants à l'administration pédagogique,
d'autres lui ont donné son rôle le plus protocolaire possible,
c'est-à-dire qu'il existe bien le comité pédagogique de
l'école, il existe bien la commission pédagogique, mais chacun
des participants y va un peu à reculons, connaissant un peu
l'inutilité des séances et tout ça, le tout étant
décidé par les cadres pédagogiques.
C'est certainement un point d'accroc actuellement dans la
réalisation des objectifs.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le député de Saint-Jacques
illustre admirablement bien les difficultés inhérentes au
système décentralisé qu'est le nôtre et sur lequel
je me permets de revenir. De deux choses l'une, ou le ministère
contrôle tout, ou le ministère donne des orientations et permet
aux instances décentralisées de fonctionner. Alors, à ce
moment-là, les instances décentralisées, en fonction de
leur compétence, en fonction de leur histoire, en fonction de leur
expérience, peuvent peut-être fonctionner plus ou moins bien.
C'est la raison pour laquelle je crois, pour ma part, qu'avec la loi 27 et la
restructuration scolaire de l'île de Montréal, avec des politiques
administratives qui sont de plus en plus définies, et qui comportent des
normes, avec également une compétence accrue, grâce au
recyclage et aux cours de perfectionnement des administrateurs, je crois que,
petit à petit, nous progressons et nous avons progressé.
J'ajouterais peut-être que beaucoup des critiques qui s'adressent
aux programmes et on vous a expliqué, je pense, de façon
très claire que ces programmes ne sont pas conçus en vase clos
visent au fond le changement. Il est extrêmement difficile, dans
le domaine scolaire peut-être plus que dans un autre domaine, d'adapter
une mentalité à quelque chose de nouveau. Or, ce quelque chose de
nouveau a été rendu nécessaire, par notre réforme
et par notre volonté de démocratiser l'enseignement. Je ne dis
pas par là qu'à mon avis le ministère et j'ai
été critique du ministère également dans le
passé a toujours peut-être amenées des changements
avec suffisamment de préparation avec suffisamment de prudence.
Tout ce que je peux vous dire, c'est que, pour ma part, je compte tenter
de le faire et l'exemple que je vous donnais tout à l'heure du
règlement no 7 en est une démonstration.
La façon dont je vous ai expliqué que nous allions aborder
la loi 28 en est également une démonstration.
M. LE PRESIDENT: La catégorie 1. Adopté?
M. CHARRON: Non, M. le Président. Ce doit être un peu plus
long que cela parce que c'est la direction générale qui couvre
peut-être le plus grand nombre d'étudiants du Québec. Je
voulais répondre au ministre de l'Education qui me disait : Ou on
décentralise ou on ne décentralise pas, que, dans ce même
rapport auquel je faisais allusion tout à l'heure, le Conseil
supérieur, tout en se faisant le défenseur, comme il l'a toujours
été, de la décentralisation et en laissant la
liberté de choix quant aux manuels scolaires, aux méthodes
d'enseignement, au matériel didactique, aux instances
décentralisées, recommandait quand même que le
ministère, par une décision de sa part et là son
rôle peut intervenir recommande que, désormais, enseignants
et directeurs d'écoles participent à la nomination et au choix du
personnel de cadre pédagogique, ce qui ne se fait pas actuellement. Sans
aller à l'encontre de la décentralisation nécessaire et
bénéfique du ministère, c'est certainement un endroit
où il pourrait jouer son rôle dans sa réalisation actuelle
et si le Conseil supérieur le recommandait, je ne crois pas que cela
puisse être rejeté du revers de la main parce que celui-ci a
certainement analysé la situation bien avant nous.
M. CLOUTIER (Ahunstic): Cette question a été
débattue dans le cadre des négociations collectives de la
dernière entente et certaines règles ont été
précisées de ce point de vue-là, pour certains postes, en
tout cas. Je pense que c'est certainement une direction à explorer
davantage mais, là encore, on se heurte à certaines
difficultés qui sont inhérentes aux relations de travail telles
qu'elles se présentent
de nos jours. Il n'est pas toujours facile d'organiser le cadre
administratif comme nous le souhaiterions.
M. CHARRON: Une dernière remarque, M. le Président, sur
cet aspect de l'enseignement élémentaire et secondaire, les
programmes et les méthodes, que je me dois de faire à la demande
de plusieurs groupes rencontrés. Je ne veux ouvrir de débat
là-dessus, il s'agit du programme-cadre de français. Je crois que
c'est le programme-cadre sur lequel il existe le plus de critiques
actuellement, en particulier à cause de la méthode
phonétique ou assure-t-on à la fin de son éducation au
niveau secondaire, un étudiant ne serait pas en mesure d'écrire
correctement le français. Cette méthode aurait pour
résultat peut-être d'augmenter son vocabulaire mais, lorsqu'on
arriverait à la dictée ou à l'écriture de cette
langue, elle serait définitivement et je crois que
l'expérience le prouve de caractère inférieur
à ce que pouvait produire et je ne veux pas m'en faire le
défenseur, loin de là l'ancien système
d'éducation.
Pour avoir eu l'expérience de l'enseignement je termine
là-dessus six mois, au niveau collégial 1, donc recevant
les étudiants directement issus du niveau secondaire et ayant à
corriger des examens, j'étais parfois sidéré du
phonétisme du français écrit. On arrivait avec des sons
absolument...
M. CLOUTIER (Ahunstic): Je suis parfaitement d'accord avec le
député de Saint-Jacques et je pense que c'est là un
phénomène qui est déplorable, mais ce n'est pas un
phénomène propre au Québec, c'est un
phénomène universel. En France, on se plaint exactement de la
même difficulté et je ne crois pas que ce soit le programme-cadre
qui en soit véritablement responsable. La génération
actuelle est à l'âge de 1'audio-visuel et on pourrait autant
impliquer la télévision et la radio que le programme-cadre. Je ne
veux pas dire par ces remarques qu'il ne faut pas tenter de trouver un moyen
d'améliorer l'orthographe et surtout l'aspect de l'écriture de la
langue, mais je ne suis pas convaincu qu'on y arrivera par le recours aux
méthodes traditionnelles qui ont peut-être donné ce
résultat-là, peut-être pas chez tout le monde parce que je
connais des gens qui font encore des fautes d'orthographe mais à
cause du contexte qui était un contexte de l'écriture.
Le député de Saint-Jacques est certainement un familier
des théories de McLuhan et je crois que si on se place dans ce
contexte-là, on s'aperçoit que, cette fois-là, ce n'est
peut-être pas seulement le ministère de l'Education.
Alors, comment procéder? Certainement pas en changeant de
programme mais peut-être par une meilleure formation des enseignants, qui
pourraient être sensibilisés à cet aspect-là, et qui
auraient toute latitude, dans le cadre très peu structuré qu'on
leur offre, d'agir en ce sens.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, dans le même
ordre d'idée, j'écoute tout ce qu'on dit avec beaucoup
d'intérêt. Justement cette question de programme de l'enseignement
du français. Le député de Saint-Jacques parlait du
phonétisme, de la méthode; il est bien évident que
ça ne fabrique pas des gens qui écrivent leur français et
je ne suis même pas sûr que ça fabrique des gens qui parlent
français.
Je voudrais faire un rapprochement ici avec un autre genre de
méthode, dans une autre discipline: l'enseignement de la musique que
l'on donne aux jeunes enfants. Il y a une émission que l'on entend tous
les jours à Radio-Canada et qui est une émission, en fait, du
ministère de l'Education: "Apprenons la musique", à la radio, le
midi, vers 1 h 30, avant les placotages du père Legault et après
les questionnaires biaisés de Payette.
J'écoute toujours cette émission parce que ça se
situe à l'heure du déjeuner du député de
Chicoutimi...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je vais me porter à la défense de
Lise Payette.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, pas Lise, son mari...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ah! son mari. Ah bon!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... ou celui qui l'était, je ne sais
plus.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Dans ce cas-là, je me porte moins
à sa défense.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est une de mes bonnes amies d'ailleurs.
J'écoute cette émission et il y a un rapprochement
à faire avec la méthode d'enseignement du français
axée sur le phonétisme. Il y a là une dame je ne me
souviens pas de son nom qui enseigne la musique, enfin qui
prétend enseigner la musique aux enfants. Elle arrive à la
façon de tante Lucille: "Bon, les petits amis, nous allons chanter tel
air" II était un petit navire, ou n'importe quoi et elle
ne leur fait pas chanter encore l'Internationale je tiens à en
avertir le député de Saint-Jacques, on n'en est pas encore
jusqu'à ce degré de corruption mais cette méthode
ne tient absolument pas compte de l'enseignement du solfège. On
n'identifie même pas les notes.
Un jour j'entendais ce professeur dire aux étudiants: "Vous
savez, là, il y a une note... Non, ce n'est pas la méthode
Suzuki, car celle-là, c'est pour le violon.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela ressemble à la méthodeSuzuki,
c'est le même principe.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est un peu le même principe. Et elle
expliquait, par exem-
ple, sur une portée, les notes, en disant: Voici, il y a une note
qui est faite de telle façon. Elle essayait de décrire ça
à la radio, c'est assez difficile. Elle dit: Vous savez, cette
note-là, elle a une petite patte et une autre affaire en haut. Et elle
s'exprimait exactement comme ça. Il s'agissait d'un bémol.
Je me demande exactement comment un enfant peut apprendre la musique de
cette façon-là, si on ne lui apprend pas à faire la
relation entre le signe graphique qui doit signifier le son, un do ré mi
fa ou n'importe lequel, et le si. Elle leur dit tout simplement' Voici, on
chante ça, comme ça, à l'oreille. C'est un peu la
même chose que le phonétisme.
Est-ce que le ministère de l'Education, dans cette discipline
comme dans toutes les autres, particulièrement dans celle du
français, ne croit pas que ces méthodes devraient être
utilisées de façon expérimentale dans des lieux pilotes,
appelons ça comme ça, avant que d'être
généralisées et copiées par des gens qui les
copient encore plus mal qu'on les donne.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Enfin, M. le Président, je ne
défends certainement pas une émission en particulier, je ne l'ai
d'ailleurs jamais entendue et je ne prétends pas qu'il n'y a pas
d'erreurs de commises au ministère sur le plan des émissions
expérimentales.
Ce sur quoi je voudrais peut-être conclure, si la commission est
d'accord, c'est que parmi les priorités que nous nous sommes
données pour l'année qui vient et l'année suivante, il y
a, entre autres, la langue d'enseignement. Et ceci veut dire la langue
d'enseignement pour la langue maternelle comme pour la langue seconde. C'est
donc dire que, pour autant que je suis concerné, je vais tenter
d'apporter une attention très particulière à ce
domaine.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II y a un autre problème qui
m'inquiète. Je ne sais pas si cela peut venir ici, parce qu'à
l'Office de la langue française, nous aurons d'autres sujets à
discuter.
Justement à propos de cette question du programme d'enseignement
du français. J'ai de mes yeux vu et et mes oreilles entendu des
professeurs qui m'avaient amené à leurs cours, non pas pour
m'instruire, mais pour m'exposer leurs méthodes. Je les ai entendu
enseigner aux enfants ce qu'ils appellent la langue québécoise,
à partir d'ouvrages qui sont dits de littérature
québécoise, qui n'ont rien de commun, veuillez le croire, avec la
langue française mais qui sont présentés comme les
modèles qu'un enfant doit suivre pour acquérir ce que le
professeur qui s'exprimait devant moi appelait une connaissance d'usage d'une
langue qui nous identifie. Je suis très inquiet de ce
phénomène qui me parait se généraliser et je l'ai
constaté dans ma région, comme dans la région de
Québec, comme dans la région de Montréal.
Qu'est-ce que le ministère, au fait, présente comme
programme de français, comme manuel de base aux enfants qui ont
passé l'âge de la maternelle pour apprendre la langue
française?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, le problème
déborde le ministère de l'Education, où, m'apprend-on, il
ne se fait rien de précis. Cependant, le problème existe et j'y
suis tout aussi sensible que le député de Chicoutimi. Il ne
faudrait pas cependant dramatiser. Je crois que c'est probablement une phase
dans notre histoire et il est certain que le jouai ne peut pas être
défendu, il est inacceptable. Il n'existe qu'un français et c'est
le français international, avec un certain nombre de particularismes qui
sont parfaitement défendables.
Maintenant, je dis que le problème déborde le
ministère de l'Education parce qu'il touche les grands media
d'information et il touche également la famille. Je ne vois donc qu'une
approche possible, en plus de l'approche qui consiste à valoriser le
français en tant que langue d'expression, c'est celle qui insiste sur la
formation des enseignants. Il faut y mettre une génération. Or,
déjà il y a eu des progrès considérables de ce
point de vue. Dans l'ensemble on parle mieux au Québec et on parle mieux
à l'école qu'on ne parlait il y a peut-être une
génération.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je suis moins optimiste que le ministre
là-dessus mais...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce qui se passe, c'est qu'il y a des aspects
politiques au problème du jouai au Québec. Je ne voudrais pas
trop m'éloigner de la discussion actuelle, mais pour certains
écrivains, en ce moment, pour certains chansonniers, le jouai
représente une espèce de revendication nationaliste, une
façon de retrouver une identité proprement
québécoise. C'est ce qui me fait dire qu'il s'agit probablement
d'une phase. Et pour citer un chanteur populaire comme Charlebois, il a eu sa
phase jouai mais maintenant, il a une phase qu'on doit bien qualifier de
française. C'est peut-être une évolution qu'on va trouver
un peu partout. Il faut dire que, en gros, à peut-être une ou des
exceptions près, il n'y a pas une oeuvre en jouai qui soit une oeuvre
valable.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le ministre, je prends note de vos
observations. Mais je vous repose la question de façon précise.
Est-ce qu'au ministère de l'Education, dans le cadre du programme
d'enseignement du français, il y a un ensemble d'ouvrages de base
destinés à l'enseignement de ce qu'on appelle le français
international?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a au moins un programme dont je peux faire
état. C'est celui de l'échange des enseignants. Nous
échangeons 200 enseignants...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre
n'a pas compris très bien. Je demande au ministre ou à Mme
Hendricks: Dans le cadre du programme d'enseignement du français, est-ce
que les gens qui s'en occupent, les comités dont vous avez parlé,
etc., arrêtent leur choix sur un certain nombre d'ouvrages, les
suggérant aux enseignants ou à ceux qui ont la direction des
écoles et est-ce que ces ouvrages sont vraiment des ouvrages qui se
situent dans la ligne du français traditionnel, international,
classique, indépendamment des façons dont on peut
l'enseigner?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pour autant que je sache, tous les manuels
approuvés pour l'enseignement du français correspondent aux
exigences du français correct. Maintenant, je dirais qu'il ne faut pas
confondre les manuels approuvés avec tous les textes dont les
professeurs peuvent se servir pour enseigner le français, incluant des
textes produits par les élèves eux-mêmes qui servent de
point de départ. Là-dessus, le ministère n'a pas de
contrôle sur les instruments dont se servent les maîtres dans les
écoles, autre, comme je disais tantôt, que les manuels
approuvés et les objectifs du programme-cadre lui-même, qui visent
l'enseignement d'un français correct, tant parlé
qu'écrit.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Je suis heureux de ce que vous me dites.
Maintenant, est-ce qu'il y a des mécanismes de vérification qui
font que disons dans une région donnée on puisse se
rendre compte, à la fin de l'année, par des moyens de
système des examens traditionnels ou autres, qu'il existe des moyens qui
vous permettent de vérifier si le type d'enseignement dont vous faites
un objectif a été réellement dispensé?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, ceci constitue, comme je
l'ai indiqué, une des priorités pour l'année qui vient et
l'année suivante. J'ai pu constater, par exemple, au cours de nombreuses
réunions qui ont porté sur l'enseignement de la langue
maternelle, comme de la langue seconde, que constamment on revenait au
problème fondamental, la formation des maîtres. Pas une seule
réunion n'a eu lieu sans qu'on n'arrive à cette conclusion. Par
conséquent, il y a un effort considérable à faire de ce
point de vue. Je dois dire que les renseignements que j'ai me portent à
croire qu'il se fait vraiment très peu de chose. Il m'apparaît
pour le moins curieux que l'on puisse donner des brevets à des personnes
qui ne s'expriment pas dans un français correct, alors qu'elles auront
à former précisément la langue des élèves
qui leur seront confiés. C'est tout ce que je peux dire, c'est donc que
nous allons nous en occuper comme une priorité que nous nous sommes
donnée.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je ne veux pas devancer, M. le
Président, l'étude d'un autre article, mais j'imagine que le
ministre sera en mesure de nous indiquer quels sont les moyens que le
ministère entend utiliser pour vérifier la qualité de la
langue des enseignants puisque le ministre a dit lui-même qu'une grande
partie du problème, provenait de n'appelons pas cela ignorance
de l'absence ou d'une certaine carence de la formation des
maîtres.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, M. le Président, et nous avons
actuellement toute une équipe qui travaille sur cette question de la
langue d'enseignement. En particulier, nous allons pouvoir faire beaucoup du
côté du perfectionnement des maîtres en exercice. Ceci nous
permettra peut-être de les saisir juste au moment où l'on pourra
évaluer cet aspect linguistique. Maintenant, sur le plan des
études elles-mêmes, il y a des examens à la fin du
secondaire qui portent sur la connaissance de la langue, des examens objectifs
et également des compositions qui sont corrigées localement. Il
s'agit à ce moment-là des élèves. Ma grande
préoccupation, je vous l'ai indiquée, c'est celle qui concerne la
formation des maîtres, parce qu'ils sont véritablement le point de
départ de toute amélioration possible sur le plan
linguistique.
M. LE PRESIDENT: Alors, on peut passer aux catégories?
M. CHARRON: M. le Président, je voudrais aborder, maintenant,
puisque c'est l'endroit, le règlement no 7, non pas article par article,
je préviens tout de suite le ministre pour ne pas qu'il prenne crainte,
mais...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a 59 articles, M. le Président.
M. CHARRON: Je sais, il y en a quelques-uns, qui, à mon avis,
mériteraient des explications de la part du ministre. D'abord, la
modification apportée, la semaine dernière, a sensiblement
enlevé la principale épine qui pouvait être
apportée, grâce au Conseil supérieur de l'éducation,
d'ailleurs.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pardon, M. le Président, le Conseil
supérieur de l'éducation, comme je l'ai indiqué, a
joué son rôle.
M. CHARRON: J'ai tendu un piège et le ministre a mordu.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je tiens à ce que ce soit bien
enregistré. Il a reçu une demande du ministre de l'Education,
demande qui spécifiait les changements demandés à la suite
d'une étude approfondie qui nous avait permis d'en arriver à
conclure que, sur le plan des modalités et de l'application, le
règlement nous paraissait peut-être prématuré et
trop rigide.
Le conseil a bien voulu donner un avis
favorable correspondant point par point à la demande du
ministère et, si vous voulez, nous allons vous donner cette demande une
fois pour toutes pour qu'on ne revienne pas constamment sur cet argument. N'en
parlons plus.
M. CHARRON: Je ne veux pas revenir là-dessus, d'ailleurs;
c'était une remarque et le ministre a sauté dessus, libre
à lui de le faire. Ce que je veux demander...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela a une certaine importance politique, M. le
Président. Il s'agit là d'une démarche qui témoigne
précisément de la souplesse du ministère qui a
tenté de tenir compte du milieu, des demandes des parents, des demandes
des commissions scolaires. Je m'excuse d'avoir interrompu le
député de Saint-Jacques.
M. CHARRON: Les modalités d'application du règlement no 7
vont désormais être le problème, après sa
rédaction finale. Est-ce que, oui ou non, l'application du
règlement no 7 provoquera une surcharge chez l'enseignant? Sinon, comme
l'a dit la partie patronale à la table de négociation,
envisage-t-on la création ou le recyclage de certains enseignants
désormais en voie de retraite prématurée pour s'adonner
plus spécifiquement, comme le recommandait le Conseil supérieur
de l'éducation, aux activités étudiantes désormais
consacrées dans le règlement no 7?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, M. le Président, il n'y aura pas de
charge accrue de travail. Il n'y en aurait pas eu d'ailleurs, si l'on n'avait
pas fait la modification. La modification a été faite largement
à cause des problèmes pratiques des commissions scolaires et
à cause du fait que la présence accrue des élèves
à l'école, surtout à l'élémentaire, me
paraissait créer des difficultés aux parents comme aux
élèves.
Il n'y en aura pas, précisément parce que la charge de
travail est négociée par la convention collective et correspond
exactement aux horaires qui sont spécifiés dans le
règlement no 7.
M. CHARRON: Avec la nuance peut-être que dans la convention
collective, la charge de l'enseignant est un peu dépendante ou, à
tout le moins, liée au nombre de minutes que passe l'étudiant
à l'école. Donc, dire que cela n'a pas d'influence sur la charge
de l'enseignant... Je ne dis pas qu'elle se trouve augmentée,
mais...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, M. le Président, c'est exactement le
même nombre de minutes; exactement le même.
M. CHARRON: Pour l'enseignant?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, pour l'enseignant.
M. CHARRON: D'accord.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pas l'élève.
M. CHARRON: Tenons pour acquise l'affirmation du ministre. Je suppose
que ça reviendra, de toute façon, à la table de
négociation actuelle et c'est beaucoup plus là-bas qu'ici que
cela doit se faire.
Est-ce que les commissions scolaires du Québec ont le personnel
spécialisé pour réaliser les différentes
règles administratives, comme le règlement no 7, dans leur
totalité?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, je pense que je sais ce
que le député de Saint-Jacques a dans l'esprit; c'est le
problème de la sécurité d'emploi des enseignants.
M. CHARRON: Non.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II cherche à savoir, à moins que
je me trompe, si...
M. CHARRON: Non, non.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... ce règlement serait susceptible
d'amener un recrutement accru.
M. CHARRON: Non, je voudrais rassurer le ministre que je n'avais pas
cela dans la tête...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je m'excuse de lui prêter des
intentions.
M. CHARRON: ... même si j'allais le suggérer devant le
sous-ministre. Mais, ce n'est pas cela que j'avais à l'idée; je
l'ai suggéré l'autre jour dans ma réponse à la
déclaration ministérielle. Non, là c'était pour
voir si, véritablement, par activités étudiantes
consacrées désormais dans le règlement no 7, on a le
personnel qualifié pour le faire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, mais nous ne voulons pas, M. le
Président, de personnel qualifié pour cela.
L'intérêt du règlement no 7 et je crois que c'est
extrêmement important de le comprendre...
M. CHARRON: C'est de le faire avec les professeurs.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est de le faire avec les professeurs.
M. CHARRON: Je sais, mais...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est d'intégrer ce que l'on appelait
avant activités parascolaires avec activités scolaires. C'est de
transformer la pédagogie habituelle et en fait, les bons
professeurs l'ont toujours fait en activités qui peuvent
être autres que des activités purement didactiques.
M. CHARRON: Mais quand même, le minis-
tre admettra avec moi que par activités étudiantes, si on
inclut loisirs, sports, art dramatique, expression corporelle et tout ce que
vous voudrez, tout en voulant maintenir les étudiants de chimie avec
leur professeur de chimie pour la cellule communauté pour
employer le vocabulaire du règlement no 7 on ne peut quand
même pas exiger du professeur de chimie de se mettre à faire de
l'expression corporelle avec ses étudiants.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, mais il peut faire autre chose, par
exemple. Il peut faire autre chose et cela se fait couramment. Par exemple, on
fait actuellement des fusées qui ne partent pas toujours,
malheureusement dans certaines institutions et voilà une...
M. CHARRON: II peut faire autre chose, d'accord, mais, ce n'est pas le
professeur de catéchèse non plus qui fait la fusée.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne vois pas le rapport entre la fusée
et la catéchèse, mais...
M. CHARRON: Ce que je veux dire, c'est qu'un certain nombre de ces
activités étudiantes vous l'admettrez avec moi
requièrent, n'appelons pas cela des spécialistes mais, à
tout le moins, des gens qui s'y connaissent. L'ouverture, la polyvalence de
l'enseignement a cet effet sur les qualifications demandées au personnel
enseignant.
Je me demande, dans l'esprit de la meilleure application possible du
règlement numéro 7, si tout cela, dans un certain nombre de
commissions scolaires, restera voeu pieux et si d'autres, mieux dotées,
mieux équipées financièrement, pourront élargir
l'éventail des activités étudiantes et, en jouant avec la
norme 1/27 ou en particulier 1/17 au niveau secondaire, peut-être,
parfois, en surchargeant au niveau général, se permettre d'avoir
des enseignants plus qualifiés comme on les recherche au niveau
professionnel ou au niveau des activités étudiantes. C'est
simplement ça que je cherche.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je saisis très bien, M. le
Président, mais je pense qu'il faut peut-être comprendre qu'il ne
s'agit pas là d'une révolution. Il s'agit là tout
simplement d'une évolution et, dans certaines commissions scolaires, en
particulier la CECM, ceci se pratique de façon tout à fait
satisfaisante.
M. CHARRON: Je sais que la valeur, si je dois en reconnaître une
au règlement no 7, c'est d'en faire les règles administratives de
l'élémentaire et du secondaire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Il s'agit d'un objectif, et dans notre
système décentralisé là encore, les ressources
variant dans les limites d'ailleurs assez étroites, grâce aux
normes qui permettent une péréquation des ressources.
M. CHARRON: Bon, voilà! le ministre vient de mettre le doigt sur
la gâchette!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne sais pas si c'est tendu vers vous,
j'espère que non, parce que j'enlève mon doigt tout de suite.
M. CHARRON: Non, non!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous me rassurez!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous utiliserez le téléobjectif
pour ne pas le manquer, parce qu'il est petit !
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ah non! Je ne voudrais pas me priver de la
présence du député de Saint-Jacques! On s'ennuierait sans
lui.
M. CHARRON: M. le Président, je veux poser une question au
ministre de l'Education. Croit-il que les autres normes auxquelles il vient de
faire allusion et qui règlent la vie administrative, surtout
financière, les possibilités financières de chacune des
commissions scolaires d'ouvrir d'une façon plus ou moins large
l'éventail d'options au niveau professionnel comme les activités
étudiantes désormais consacrées par le règlement no
7, est-ce que ces normes qui régissent la vie des commissions scolaires
comportent suffisamment de souplesse pour permettre aux commissions scolaires
de suivre le guide désormais proposé par le règlement no
7? C'est la même question depuis tantôt, mais je pense que
là je l'ai...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): La réponse est oui. D'abord parce que ce
mouvement vers la décentralisation dont je vous ai déjà
parlé a déjà permis la transférabilité de
certains postes. Ensuite parce que les amendements au règlement
numéro 7 apportent une souplesse qui n'y était peut-être
pas auparavant...
M. CHARRON: En parlant de maximum, est-ce que c'est ça?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): En établissant des minimums mais
également en permettant sans imposer d'obligation. Ilya plusieurs types
d'activités parascolaires.
M. CHARRON: Je sais!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a des activités parascolaires qui
sont d'ailleurs décrites, je crois, dans le guide que vous avez
certainement lu. Je vous réfère aux premières pages, qui
proposent certaines définitions. Il y a plusieurs types
d'activités étudiantes. Il y a des activités qui
prolongent normalement un enseignement formel comme, par exemple, un cercle des
jeunes naturalistes, le théâtre pour illustrer certains cours.
Ceci, par conséquent, peut très
bien se faire à l'intérieur des périodes qui
étaient autrefois des périodes didactiques et c'est une bonne
question de méthodologie, le ministère ayant
déterminé des objectifs. Il y a d'autres activités qui ne
prolongent aucun enseignement mais qui ont une valeur éducative comme
certains clubs, les conseils étudiants, les coopératives. Or,
ceci se pratique déjà largement.
Le règlement numéro 7 facilite l'application mais n'impose
absolument pas de rythme de croisière.
M. CHARRON: J'apprécie la façon dont le ministre
répond à ma question parce que autre contrainte que
signalait, d'ailleurs, le rapport du Conseil supérieur de
l'éducation dans son avis que vous lui avez demandé sur le
transport scolaire certaines commissions scolaires, par exemple, prenons
celles de Québec ou de Montréal, pourront se permettre
d'atteindre le maximum de minutes de présence des étudiants
à l'école, ceux-ci n'ayant pas à faire le transport
scolaire que pourraient avoir les étudiants de Lanaudière, pour
reprendre l'exemple du député de Maskinongé. Donc,
l'éventail d'activités étudiantes pourra à cet
endroit être beaucoup plus élevé. D'autres commissions
scolaires, comme celle de l'Amiante, couvrant un vaste territoire et devant
concéder une partie de leur temps au transport scolaire des
étudiants devront, elles, inclure les activités étudiantes
dans les activités pédagogiques, donc se rabattre sur un type
particulier d'activités étudiantes comme celles des conseils
étudiants, coopératives étudiantes que vous avez
mentionnés.
Est-ce que, par un moyen quelconque là j'avoue que
là-dedans je suis aussi dans le noir que le ministre probablement
le fait qu'un étudiant soit à la régionale de l'Amiante
plutôt qu'à une régionale de Montréal, par exemple,
n'est pas un désavantage quant aux facilités qu'on lui offre
concernant le règlement no 7?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, je voudrais
préciser que l'esprit du règlement no 7 vise une période
de séjour à l'école. Or, cette période de
séjour à l'école est la même dans toutes les
commissions scolaires. Il s'agit du minimum, mais il est parfaitement exact que
certaines commissions scolaires devront se contenter du minimum...
M. CHARRON: Voilà!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... étant donné les
problèmes de transport et d'autres pourront peut-être avoir des
activités plus intéressantes. Mais je crois, M. le
Président, que c'est là un fait...
M. CHARRON: On ne peut pas faire autrement.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... qui nous est dicté par la
géographie. D'ailleurs, une des raisons qui m'a particulièrement
impressionné, qui m'a poussé à modifier ce
règlement, c'est la question du transport scolaire. Quand on pense que,
dans certaines commissions scolaires rurales, il peut y avoir des transports
qui durent une heure, une heure et demie, il est impensable d'imposer des
durées trop longues.
M. CHARRON: Vous avez parfaitement raison, c'est une des raisons
fondamentales pour lesquelles il fallait modifier le règlement no 7,
parce qu'à des endroits ça se transposait par une vie impossible
pour des étudiants. Je ne demande pas au ministère d'intervenir,
mais je crains que certaines commissions utilisent l'argument du transport
scolaire qui, â certains endroits, peut être parfaitement
fondé. J'ai nommé la région de l'Amiante, par exemple,
tantôt, mais à d'autres endroits, cet argument sera utilisé
à tort ou à raison pour ne pas offrir un éventail
suffisamment vaste d'activités étudiantes pour correspondre aux
objectifs du règlement no 7. Je veux dire et le ministre le sait
certainement mieux que moi qu'il existe des administrations scolaires
pour qui pour employer une expression bien québécoise
ce genre d'affaires n'est pas leur fort et qui considèrent les
activités étudiantes comme une espèce de concession
ultime. Elles n'ont pas encore compris, je pense, les objectifs
légitimes et excellents du règlement no 7 et elles vont profiter
de "l'excuse" du transport scolaire pour offrir le moins possible. Je ne sais
pas comment la direction générale de l'enseignement
élémentaire et secondaire, peut-être par l'édiction
de nouvelles normes, "pourrait" je dis ça entre guillemets aussi
intervenir pour que l'étudiant de tel ou tel endroit ne soit pas
pénalisé.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, ces remarques sont
parfaitement pertinentes et elles se basent sur les disparités
régionales. Jusqu'à quel point peut-on les modifier? Je crois
qu'il y a une limite. A ce compte-là, il faut se demander si
l'étudiant qui étudie en ville est privilégié par
rapport à celui qui étudie dans une zone rurale. Cependant, je
crois que le règlement modifié amène une souplesse assez
considérable parce qu'en plus de la possibilité d'utiliser
l'horaire, il y a un certain nombre de journées qui étaient
prévues à des fins spécifiques...
M. CHARRON: C'est vrai.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... des journées pédagogiques, en
particulier. Nous permettons maintenant ce qui n'existait pas de
les utiliser à des activités étudiantes de sorte qu'en
zone rurale on pourra peut-être trouver expédient ou utile
d'organiser un voyage qui pourra être considéré comme une
activité pédagogique après...
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Cela se fait.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... Cela se fait déjà. Le
règlement no 7 c'est la raison pour laquelle je disais que
ça ne constitue pas une révolution constitue l'incarnation
d'un mouvement qui est déjà commencé et un objectif
à atteindre et qui ne le sera jamais probablement. Cependant, j'ajoute
que nous avons l'intention, par des guides pédagogiques et
également par une mission qui pourrait s'appeler la Mission 7, de
faciliter cette application sur le plan de l'information.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'écoutais le
député de Saint-Jacques, ce qu'il dit est pertinent, il admet
maintenant avec nous qu'il y a des contraintes physiques...
M. CHARRON: Qui ne changeront jamais.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... géographiques, ça, ça
n'existe pas. Il faut éviter dans ce domaine-là, à mon
sens, de tomber dans une sorte d'idéalisation du type d'enseignement et
de l'enseigné idéal qui pourrait se prévaloir de tous les
avantages que la mieux outillée des commissions scolaires peut mettre
à sa disposition. Alors, on est pris là, c'est une sorte de
dilemme. Il y a, d'un côté, des commissions scolaires qui sont
très bien outillées, qui, en raison de leur situation
géographique, peuvent fournir à l'étudiant toutes les
possibilités d'une formation qui se raccroche à l'enseignement
proprement dit.
Dans des régions où il y a des problèmes
géographiques, des problèmes de transport et j'habite une
de ces régions-là il est assez difficile d'atteindre cet
idéal. Il faut en effet concilier, d'une part, la
nécessité de maintenir l'enfant à l'école pendant X
heures par jour, afin de dispenser un enseignement et de livrer un contenu
d'enseignement et de pédagogie qui corresponde à des programmes
et aux exigences de la vie qu'il aura à mener dans telle
société donnée. Il est bien évident que si cet
étudiant-là pouvait se prévaloir de tous les autres
avantages que procure ce qu'on appelait autrefois la parascolaire, c'est
l'idéal. Mais je ne vois pas, au moment où je vous parle, comment
le ministère, même par des prodiges d'imagination, pourrait
apporter une solution à un problème qui va rester pendant
longtemps insoluble.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est très exact, M. le Président.
Cependant, depuis le début de notre réforme scolaire, nous
pouvons bien admettre que nous avons réussi à faire beaucoup,
précisément par l'instauration de normes amenant une
péréquation des ressources et amenant également, sur le
plan administratif, une certaine standardisation des méthodes, sans
parler, bien sûr, des programmes.
Les enfants des milieux dont parle le député de Chicoutimi
n'allaient peut-être même pas à l'école il y a dix ou
quinze ans, ou, s'ils y allaient, ils y allaient dans des conditions que
certains d'entre nous ont peut-être connues, pour une période de
quelques années seulement.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Moi le premier.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II ne faut pas cependant limiter ces remarques
aux zones rurales, parce que les zones urbaines sont aussi
défavorisées sinon plus. On sait, par exemple, que dans la
région métropolitaine de Montréal, il y a au moins 150,000
à 200,000 analphabètes fonctionnels, c'est-à-dire des
individus qui savent peut-être à peu près lire ou
écrire, mais qui n'ont pas eu la chance d'accéder à la
scolarisation. On en reparlera peut-être lorsqu'on arrivera à
Multi-Media et à l'éducation des adultes.
Or, toute cette discussion me parait extrêmement pertinente et je
la souligne pour montrer que le ministère est certainement
sensibilisé et tiendra compte des remarques qui ont été
faites ici.
M. BROCHU: M. le Président, si vous me le permettez, dans les
récentes déclarations du ministre, la seule souplesse ou le seul
assouplissement du règlement no 7 que, pour ma part, je perçois
là-dedans, c'est simplement de reporter la date d'application
intégrale.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pas du tout. Je demande au député
de Richmond s'il l'a lu.
M. BROCHU: Je prends l'article 31. Il consiste simplement à le
reporter, parce que vous mettez quand même un minimum obligatoire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je suis désolé, M. le
Président, je crois que le député de Richmond aurait
peut-être intérêt à le lire attentivement. Comme il
pose souvent des questions là-dessus, il trouverait sans doute, dans
l'abondant dossier qu'on lui a remis, certaines réponses. C'est une
modification et non pas simplement une remise des dispositions du
règlement.
Je peux lire l'article 31, si vous le voulez: "Au cours d'une semaine de
cinq jours de classe, l'élève de niveau secondaire c'est un
article analogue au niveau élémentaire doit participer
et là, on fait allusion aux horaires de cours dans la
mesure où les exigences des programmes approuvés par le
ministère le permettent, à des activités
étudiantes". Les activités étudiantes se trouvent à
intégrer et tiennent compte des programmes, ce qui parait normal.
M. CHARRON: Je voudrais demander à Mme Francoeur-Hendricks
à qui ont été distribués les cinq guides portant
sur les différents aspects de l'activité étudiante, qui
ont été tirés à 25,000 exemplaires, et quelle est
leur efficacité actuellement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je m'excuse auprès du
député de Saint-Jacques, je n'ai pas compris la question qu'il a
posée.
M. CHARRON: Je peux la répéter. La direction
générale a produit, dans le domaine des activités
étudiantes, cinq guides visant à une normalisation, certaines
portant sur l'organisation fonctionnelle des services aux étudiants, les
caractères socio-phychologiques des étudiants, etc. On dit qu'ils
ont été distribués à 25,000 exemplaires, mais
à qui? Et est-ce qu'on a une rétroaction de cette
distribution?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Les cinq documents que nous avons
distribués dans le milieu, depuis le printemps dernier, sont
effectivement des guides.
Ils ne voulaient en aucune façon être des normes ou
proposer des normes de quelque façon que ce soit. Les quatre premiers
documents qui ont été distribués avant le mois de juin
1971 portaient sur les modalités d'organisation des services, mais les
services de santé et service social, la mesure bio-psycho-sociale et le
quatrième guide traitaient de l'information scolaire et
professionnelle.
Au cours de l'été et de l'automne, ils ont
été étudiés dans les commissions scolaires
particulièrement par les cadres des services aux étudiants mais
avec la collaboration des services d'enseignement et des directeurs
généraux; l'analyse de cette consultation est terminée,
une nouvelle rédaction des guides est en cours, et cela demeurera un
guide mais dans une version définitive.
Pour ce qui est du guide concernant l'organisation des activités
étudiantes et c'est celui-là qui a été
tiré à quelque 10,000 ou 12,000 exemplaires il a
été étudié dans le milieu et dans la mesure
où on a pu suivre nos recommandations, et je pense que
généralement, cela s'est fait. Il a même été
étudié au niveau de chaque école avec la participation,
dans nombre de cas, de parents et d'élèves du niveau secondaire.
La consultation est terminée, les échéances ont
été reportées, l'analyse est en cours. Nous nous
demandions si, à l'heure actuelle, il ne serait pas opportun,
étant donné que nous travaillons en collaboration intensive,
très étroite, avec l'ensemble des commissions scolaires, à
la rédaction d'un document qui s'appellera "Vers une définition
des objectifs de l'école secondaire" d'intégrer l'essentiel de ce
guide d'organisation des activités étudiantes, ou tel que
modifié par la consultation, de l'intégrer, dis-je, à cet
autre texte de la sorte on aura un document qui traitera des objectifs de
l'école secondaire et, à l'intérieur de cela, les
activités étudiantes seront situées, par rapport à
ces objectifs, à côté des activités formelles
d'enseignement.
M. CHARRON: Quand pouvons-nous espérer avoir ce document?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je pense que, au niveau interne, la version
finale devrait être remise au niveau de la direction
générale au mois de juin. Si le document est présentable
à ce moment-là, il sera acheminé au bureau des
sous-ministres et transmis au Conseil supérieur.
M. CHARRON: Pour avoir son avis?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pour avoir son avis, bien sûr. Je ne peux
pas vous donner les délais mais nous aimerions bien que cela paraisse
avant Noël.
M. CHARRON : Est-ce qu'on ne prétend pas aussi, au sein de votre
direction, avoir des guides à peu près du même genre, pour
les activités sociales, religieuses, avec les différents
employés au niveau des commissions scolaires, dans ce
domaine-là?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le plus loin que nous irons dans ce
domaine-là sera de publier un inventaire de ce qui se fait. Mais nous
avons comme principe, actuellement, de ne pas publier de documents qui
ressembleraient à des programmes. Parce que s'il y a un domaine
où l'initiative doit venir des élèves et où les
modalités doivent respecter les conditions locales, c'est bien dans le
domaine des activités étudiantes. Donc, cela serait
complètement contraire à la philosophie même que nous
essayons de transmettre, de publier des programmes.
M. CHARRON: D'accord.
M. CLOUTIER (Ahunstic): Ce seront au plus des inventaires de ce qui se
fait.
M. CHARRON: Alors, cet inventaire sera quand même diffusé
pour permettre à ceux qui sont responsables de s'inspirer de ces
expériences qui se produisent à l'extérieur.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est cela.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que nous pouvons considérer que les
catégories 1...
M. CHARRON: M. le Président, si vous le permettez, il y a
1,618,000 étudiants couverts par cette direction
générale.
M. le Président, l'an dernier, nous avions eu certains
engagements de la part du ministère, non pas techniques et
précis, mais certainement d'intention, en ce qui concernait deux
domaines qui ont semblé effectivement recevoir beaucoup d'attention au
sein de la direction générale, soit l'enfance inadaptée et
le secteur préscolaire.
Prenons d'abord le secteur préscolaire. L'an dernier, j'avais
signalé à l'ancien ministre certains avis du Conseil
supérieur de l'éducation. Ils portaient notamment sur une demande
à
celui-ci d'augmenter, au sein de la direction générale, le
personnel spécifiquement attaché à la question du
préscolaire et à l'enseignement au niveau préscolaire.
Est-ce que cette demande a connu une suite à l'intérieur
du ministère, au cours de la dernière année?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous me permettez, M. le Président,
d'indiquer une chose, un aspect parmi d'autres, de ces développements en
matière d'enfance inadaptée. Nos propositions patronales
déposées à la table de négociation ont
modifié les rapports maître-élèves, dans le secteur
de l'enfance inadaptée, de façon exactement correspondante au
rapport du comité tripartite qui avait été
constitué en vertu de l'ancienne entente, en vertu d'un chapitre
spécial, d'une annexe. Et ce comité de l'enfance inadaptée
a recommandé qu'on modifie les rapports selon des catégories
d'enfants inadaptés.
Je n'aimerais pas les dire par coeur, mais c'est une mesure. C'est une
première mesure importante; nous le croyons.
M. CHARRON: Est-ce que cela a été paraphé au niveau
de la table de négociation, si c'était tripartite?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Comme c'était conjoint, on me dit que
c'est paraphé.
M. CHARRON: D'accord; tant mieux!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je crois comprendre que c'est entendu. Je ne
sais pas si c'est paraphé. C'est un rapport conjoint accepté par
tout le inonde. C'était le premier développement. Sur les autres
développements, je pense qu'en matière de personnel, je peux vous
indiquer qu'il y a eu quand même addition de personnel. Il y a eu, par
ailleurs, des rencontres assez importantes au cours de l'année, autour
de ce dont on parlait l'an passé, une définition plus
précise, plus cohérente de notre politique en matière de
l'enfance inadaptée, une sorte de document de politique qui est en
préparation. C'est un peu plus long, pour des raisons très
simples, c'est qu'on a voulu que la consultation soit complète. Je ne
sais pas exactement où on en est rendu, mais je pourrais le
préciser.
J'ai vu des chapitres personnellement, mais ce n'est pas au stade d'un
document qui a été soumis pour approbation au ministre à
ce stade-ci. A mon avis ce ne sera pas long d'après ce que j'ai
entendu.
M. Thibert m'informe que le document sera prêt à être
soumis au sous-ministre vers le 20 juin.
M. CHARRON: C'est toujours M. Thibert, Clément Thibert qui est
responsable?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le directeur de la commission.
M. CHARRON: D'accord. Est-ce qu'on peut évaluer en termes de
personnel et d'argent la préoccupation du ministère au niveau de
l'enfance inadaptée? Je m'aperçois qu'au dire du sous-ministre
beaucoup de travail s'est fait dans ce domaine-là, peut-être plus,
parce que l'année passée on accusait un retard assez net. Et
d'ailleurs, le Conseil supérieur de l'éducation ne s'était
pas gêné pour le dire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous allons vous donner le chiffre exact. Je ne
sais pas si on peut le faire de façon très précise. Quand
on aura le budget-programme, de façon plus systématique, à
ce moment-là, je pense qu'on sera mieux en mesure de donner des chiffres
précis. Mais, je crois que ce serait difficile de vous donner ce qu'on
dépense, dans l'ensemble du système, pour l'enfance
inadaptée. Il faudrait vraiment qu'on fasse une étude un peu
particulière. Cela ne serait pas très long, mais il faudrait y
mettre peut-être plusieurs jours quand même.
M. CHARRON: Disons que je ne la vous commande pas, c'est pour savoir
si...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): 43,262 enfants, oui. Mais à $1,500
l'enfant...
M. CHARRON: M. le Président, en m'adressant au ministre, est-ce
que le texte auquel il vient de faire allusion comportera des
programmes-cadres, des guides pédagogiques suggérés pour
le domaine de l'enfance inadaptée?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pas ce document-là en tant que tel, mais
ce document servira de cadre général pour les programmes qui
seront ensuite proposés. Je pense qu'il y a une question sur l'entretien
des travaux. Oui, c'est ça. Mais on peut déjà
préciser qu'il y a cette année, en circulation, en rodage, dans
les commissions scolaires, trois guides déjà pour les
débiles moyens, un autre qui porte sur les caractériels, puis un
autre pour les débiles physiques.
Il y a une série de comités qui sont actuellement en
marche et qui préparent, sinon dans certains cas, les recommandations
préliminaires qui vont conduire à la préparation d'un
guide particulier. Dans d'autres cas, on a dépassé ce
stade-là et on est déjà engagé dans la
rédaction d'instruments pédagogiques qui vont viser non pas des
programmes particuliers, mais des considérations sur la façon de
traiter certains types d'enfant et sur la façon d'adapter les programmes
réguliers à leurs besoins particuliers.
M. CHARRON : Est-ce que vous pouvez dresser un tableau
général de l'effort que fait chacune des commissions scolaires du
Québec dans ce domaine? Je me souviens qu'aussi, dans le rapport du
Conseil supérieur de l'éducation, tout en disant que
peut-être le ministère ne faisait pas suffisamment d'efforts, on
l'excusait d'un autre côté, en disant que ses partenaires,
les commissions scolaires, elles aussi, devaient peut-être porter
une partie du blâme, certaines ayant retardé à inscrire
dans leur programme... Il recommandait même au ministre, si je me
souviens bien du rapport du Conseil supérieur de l'éducation,
d'intervenir au moment de l'adoption des budgets pour qu'elles consacrent une
préoccupation plus grande au domaine de l'enfance inadaptée.
Est-ce que, de façon générale, chacune des
commissions scolaires actuellement offre ce service de façon
adéquate?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Au niveau des régionales, sûrement.
Dans la plupart des cas, c'est la commission scolaire régionale qui, en
vertu d'une délégation de la part des commissions scolaires
locales, assure les services pour les clientèles à
l'intérieur du territoire. Il reste encore quelques commissions
scolaires où, effectivement, il ne se fait rien; mais, il en reste
très peu. Je pense que l'an prochain, quand on aura quelque 189
unités, on verra un bon développement des services. Mais, je
pense qu'en règle générale on peut dire que des enfants
souffrant de troubles d'apprentissage, la catégorie des débiles
légers est assez bien servie. Il reste à continuer les efforts du
côté des handicapés physiques ou du côté des
caractériels graves qui demandent, eux, à être
regroupés. Parce qu'en pratique on ne retrouve pas, dans les limites
d'une commission scolaire, un nombre suffisant d'élèves qui
souffrent de ces troubles pour être en mesure d'organiser un minimum de
services à un coût qui soit supportable.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, à ce
sujet-là, le ministre donnait tout à l'heure des chiffres.
Combien? Est-ce 43,000?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est 43,262, en ce qui concerne les groupes
d'élèves qui sont régis par un rapport d'un maître
pour quinze élèves. Ceci correspond à une certaine
catégorie de problèmes. Ce sont des problèmes
d'apprentissage, de perturbation affective, de débilité mentale
légère.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce un nombre total?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II faut ajouter à peu près 10,000
élèves.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II faut ajouter 10,000
élèves.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela donne un total d'à peu près
55,000. La différence est faite des groupes d'élèves dont
les enseignants sont régis par un autre rapport, qui est de 1/8. Ceci
est extrêmement important, comme l'a souligné le sous-ministre,
parce qu'il manifeste justement une volonté de tenir compte des
différentes catégories de problèmes.
Puisque j'ai la parole, je pourrais peut-être apporter,
après un calcul rapide, une réponse au député de
Saint-Jacques.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre me permet?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, bien sûr.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela rejoint ce que vient de dire le ministre.
Disons 50,000. Il y a un inventaire qui est fait selon les inscriptions dans
les différentes régions. Evidemment, par tout le territoire, vous
essayez d'organiser, de mettre en place des mécanismes qui permettent de
dispenser un enseignement à ce genre d'élève. Mais, vous
apparaît-il très difficile d'aller localement un peu partout,
parce que ces enfants ne sont pas nécessairement groupés? Il peut
y en avoir deux ou trois dans un petit secteur et deux ou trois autres
ailleurs. Comment procédez-vous pour le regroupement?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Les enfants sont transportés. Voyez-vous,
il y a certaines catégories où il n'y a pas trop de
difficultés. J'allais dire que, parfois, il y a d'autant moins de
difficultés que quand même les normes sont assez
généreuses. Cela cause des problèmes, comme on le
soulignait tantôt, pour les cas de débilité mentale moyenne
et certaines catégories d'handicapés physiques où
là, vraiment, c'est quasiment un régime d'internat qui s'impose.
On aura quelques centres pour desservir tout le Québec.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A ce propos vous me pardonnerez mon
ignorance si j'erre gravement est-ce que les centres dits
d'entraf-nement à la vie sont surveillés, en ce qui concerne la
pédagogie, l'enseignement proprement dit, par le ministère de
l'Education ou si c'est le ministère des Affaires sociales qui s'en
occupe?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a une entente entre les deux
ministères pour que, dans tous les établissements sous la
responsabilité du ministère des Affaires sociales où il y
a de l'enseignement qui se donne, l'enseignement soit sous la
responsabilité pédagogique du ministère de l'Education,
par entente entre les deux ministères, dans le cadre d'un comité
interministériel qui fonctionne très bien.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est aussi pour vous poser la question
suivante: Est-ce que, dans les chiffres que donnait tout à l'heure le
ministre, ces enfants sont compris?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce sont seulement ceux des commissions
scolaires.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela ne tient pas
compte, non plus, des enfants qui sont dans les écoles
privées, subventionnées presque à 100 p.c, dans le cas de
l'enfance inadaptée, comme le permet la loi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): D'accord.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Et le chiffre, je pense qu'on peut l'estimer en
millions. Voulez-vous que je le donne? De $75 millions à $80
millions.
L'estimation grossière qu'on peut faire à l'oeil, sans
autre analyse, c'est à peu près de $75 millions à $80
millions qui sont consacrés à l'enfance inadaptée. C'est
autour de $1,500 par élève dans ces secteurs, en moyenne; entre
$1,200 et $1,500.
M. CHARRON: Vous venez de faire allusion aux établissements
privés qui reçoivent ce type d'enfant. Est-ce qu'on a
effectivement réalisé l'étude du dossier
pédagogique de l'enseignement donné à ces enfants?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): D'abord, il n'y a pas de permis, surtout il n'y
a pas de subventions qui sont accordées à ces
établissements sans qu'il y ait eu une analyse de la qualité de
l'enseignement qui y est donné et des conditions toutes
particulières qui s'appliquent aux enfants de ces catégories
d'enfance inadaptée; donc, des services professionnels qui sont fournis,
etc. Là-dessus, nous sommes très exigeants.
M. LACROIX: Est-ce que le ministre me permettrait une question? Par
exemple, dans un cas comme chez nous où la population est,
naturellement, limitée, où nous connaissons certains
problèmes de ce côté, il est très difficile de
respecter les normes imposées par le ministère. Je crois que, de
toute façon, il coûterait moins cher de pouvoir organiser des
classes d'enfance inadaptée chez nous que de les expédier
à l'extérieur, parce que ce ne sont pas des. gens
incarcérés. Ce sont des arriérés ou des
inadaptés. Il y a des professeurs qui font un effort inouï. Mais
à l'heure actuelle, on a demandé, par l'entremise de l'ODEQ, de
nous faire profiter d'une école d'enfance inadaptée. Cela nous a
été refusé. Je crois que c'est malheureux, parce que nous
avons un nombre d'enfants qui ne nous permet pas de respecter les normes, soit
un professeur pour quinze élèves. Mais, cela nous cause un
problème très grave. J'en ai discuté avec le ministre des
Affaires sociales, la semaine dernière, vendredi, lors d'un voyage que
nous avons fait aux Iles-de-la-Madeleine. Le cas va être soumis à
votre ministère dans un avenir très prochain. J'aimerais que,
dans ce cas-là comme dans un autre, on veuille bien considérer
que, chez nous, on n'est toujours pas capable de s'annexer à
Saint-Jacques, parce qu'on améliorerait trop la qualité de la
population de Saint-Jacques. Mais, on ne peut s'annexer non plus à
Terre-Neuve ni à l'Ile-du-Prince-Edouard. Il faut vivre dans notre
contexte. Au point de vue de notre population, nous sommes restreints et il
faudra toujours considérer que c'est un cas d'exception.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II faudra certainement y penser, M. le
Président. Mais, la grande difficulté que je vois a priori, c'est
la qualité des services qu'on peut rendre aux enfants. L'encadrement
professionnel dans ces cas est extrêmement difficile à
réaliser. Il ne suffit pas de penser à des écoles avec
quelqu'un qui s'occupe des enfants. Il faut véritablement des
maîtres qui ont une formation particulière.
M. LACROIX: Nous avons des maîtres qui sont compétents.
Nous avons une école régionale, peut-être, polyvalente, la
plus belle et la meilleure de la province de Québec. Il y a là un
personnel extraordinaire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): En tout cas,...
M. LACROIX: II y aurait des facilités. Je vous amènerai
vous rendre compte sur les lieux de la qualité du personnel, de la
possibilité physique.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Si j'en juge par la qualité du
député, je n'en ai aucun doute.
M. LACROIX: Qu'est-ce que vous voulez que j'ajoute à cela? Est-ce
que je peux dire aux gens que c'est accepté déjà?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Rien n'est accepté, pardon!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... c'est pour vous être personnellement
agréable!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): L'article est peut-être adopté. Je
ne sais pas si...
M. OSTIGUY: Les enfants ont de quel âge à quel âge
dans ces écoles?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): De six ans, à la fin de la
scolarité.
M. OSTIGUY: A la fin de la scolarité.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): En général, au niveau secondaire,
la majeure partie de ces enfants s'inscrivent... Quelques-uns, certains types
d'inadaptation n'empêchent pas les enfants de poursuivre des
études régulières d'un programme de cinq ans. Pour
d'autres, c'est un programme de quatre ans qui est mieux adapté. Pour
d'autres, c'est un programme tout à fait particulier où l'on fait
tout ce que l'on peut.
On prend un certain temps pour le faire.
M. CHARRON: Une dernière question de
ma part sur l'enfance inadaptée. Le Conseil supérieur de
l'éducation a proposé au ministère de rendre public
l'inventaire des besoins des ressources, selon les données recueillies.
Est-ce que cela a été fait ou est-ce qu'on peut espérer
que ce soit fait? L'inventaire des besoins dans ce domaine-là, ce qui
permettrait...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): On est en train de faire un inventaire tout
particulièrement pour les besoins de construction, les besoins
d'immobilisation pour les enfants semi-éducables. Mais il y a, par
ailleurs, des inventaires plus complets qui seront disponibles, peut-être
pas dans l'immédiat, mais il y a un programme d'études qui est
commandé pour les semi-éducables et en même temps on pourra
compléter l'inventaire et le rendre disponible à l'automne.
M. CHARRON: Est-ce que, de façon générale, le vaste
document auquel vous faisiez allusion tout à l'heure, on peut
espérer qu'il soit rendu public?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II est fait dans cette
perspective-là.
M. CHARRON: II est fait dans cette perspective-là. Très
bien.
M. LE PRESIDENT: Donc, catégorie 1.
M. CHARRON: Peut-être pas tout de suite, mais ça ne devrait
pas tarder.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Si vous me permettez, M. le Président, je
voudrais ajouter une remarque à propos de ce qui a été dit
au sujet de l'enfance inadaptée, ce qu'a dit Mme Fran-coeur, il y a un
moment. L'orientation que nous suivons est tout à fait conforme, je
pense, aux recommandations des pédagogues en général de
viser à intégrer, dans la mesure du possible, et le plus
tôt possible, les enfants inadaptés, au régime normal des
écoles, dans toute la mesure du possible, toutes les catégories
qui le peuvent. C'est l'objectif que nous visons. Nous savons très bien
que, pour certaines catégories d'enfants, ce n'est pas possible. Ils
demeureront toujours marginaux, d'une certaine façon, mais nous visons,
dans toute la mesure du possible, comme objectif, à les
intégrer.
M. CHARRON: Au niveau de l'enseignement secondaire, M. le
Président, l'année passée, je n'ai pas envie de la
reprendre ce soir, mais je me souviens qu'on avait eu avec le
député de Bagot et le député de Verchères
à l'époque une assez longue analyse pour savoir où en
était le concept de polyvalence qui avait guidé la construction
de tout le secteur secondaire qu'on pouvait maintenant juger. Je me souviens
qu'on s'était arrêté longuement sur le
décloisonnement sur lequel insistait également le Conseil
supérieur de l'éducation, dans un rapport, et sur la promotion
par matières, la planification des options et surtout l'enseignement
professionnel au niveau secondaire. Je n'ai pas envie de reprendre l'ensemble
du débat, peut-être à l'exception du dernier article que
j'ai mentionné; la formation professionnelle, parce que je n'ai pas
constaté j'aimerais bien qu'on me fasse mentir ce soir une
amélioration sensible sur ce qui avait été qualifié
de problème majeur de réalisation de la polyvalence, cette
année.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a eu des progrès sensibles, M. le
Président, je vais essayer de vous en donner peut-être
quelques-uns.
M. CHARRON: J'aimerais ça.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Des statistiques qu'on me cite, en 1970-1971, 30
p.c. de la clientèle de troisième, quatrième et
cinquième du cours secondaire, soit environ 50,000 élèves,
étaient inscrits à des programmes de formation
professionnelle.
M. CHARRON: Quel a été le pourcentage?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est 30 p.c. de la clientèle de
troisième, quatrième et cinquième du cours secondaire.
Cela représentait 50,000 élèves.
M. CHARRON: Le deuxième cycle.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je préfère parler de
troisième, quatrième et cinquième du cours secondaire.
M. CHARRON: Pourquoi aimez-vous mieux ça?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je pense qu'en introduisant des cycles on divise
l'orientation et, avec la promotion par matières, je me demande,
techniquement...
M. CHARRON: Alors, je vais recycler mon vocabulaire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Merci. Je pense que les progrès les plus
notoires ont été faits du côté des programmes.
L'année dernière dans la plupart des domaines, avec la
collaboration d'agents de développement pédagogique, avec de
nombreux comités consultatifs sur lesquels étaient
représentées les industries, nous avons poursuivi un travail
très intensif d'analyse des fonctions de travail, d'analyse des
équipements sur lesquels devaient travailler les futurs
élèves. A partir de cela, définir les
éléments de connaissances dont ils avaient besoin pour accomplir
ces fonctions de travail et aboutir à des programmes. Le travail qui se
continue, cette année, va nous permettre de publier en première
étape un annuaire des cours de formation
professionnelle où les cours seront situés dans des
secteurs, dans des familles avec une organisation différente qui permet
de retarder une spécialisation le plus possible, en dispensant au niveau
de quatrième secondaire des cours dans un tronc commun.
Ceci recouvre un ensemble de fonctions de travail dans un secteur
donné, pour permettre ensuite en cinquième secondaire, plus ou
moins, de poursuivre une spécialisation pour une fonction de travail
plus spécifique.
M. CHARRON: Je me souviens que les critiques apportées à
la formation professionnelle donnée au niveau secondaire portaient sur
deux articles en particulier, d'abord ceux pour qui la formation
professionnelle acquise au niveau secondaire n'est qu'une entrée en
matière, puisqu'ils doivent la compléter au niveau
collégial et au niveau professionnel collégial et, ensuite,
l'université.
On disait qu'il n'y avait pas suffisamment de liens entre les programmes
du niveau secondaire, les programmes du niveau collégial, dans la
même profession, la même formation professionnelle et que cela
causait un problème d'adaptation de l'étudiant issu de secondaire
V ou des CPES pour adhérer au niveau collégial.
Est-ce que les programmes ont été modifiés ou
touchés dans ce sens pour obtenir une espèce de cohérence
peut-être plus grande que celle qui a été atteinte
l'année dernière entre le secondaire et le collégial
là-dessus? D'autre part, autre critiques qu'on faisait, ce sont ceux qui
pour la formation professionnelle au niveau secondaire est, en quelque sorte,
terminale. On blâmait à ce moment-là la faiblesse de la
formation professionnelle acquise au niveau secondaire. J'admets que c'est
frapper sur les deux côtés de la même médaille mais
un demande d'aller plus loin, l'autre demande peut-être d'aller moins
loin.
Est-ce qu'on a divisé, au niveau de l'enseignement professionnel,
au niveau secondaire, ceux pour qui cette formation-là est terminale et
ceux pour qui ce n'est qu'une entrée en matière en vue du niveau
collégial?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Dans votre intervention, je pense qu'on peut
répondre à trois questions particulières. La
première que je distingue, c'est que vous parlez d'une formation
professionnelle, si je comprends bien, qui commence au secondaire et qui trouve
sa conclusion au collégial.
Dans le cadre de la révision des programmes, actuellement, il y a
trois unités administratives qui sont en cause effectivement: la
direction générale de l'enseignement secondaire, l'enseignement
collégial et l'éducation permanente, avec la participation de la
direction générale de la planification. Dans la mesure où
un secteur d'occupation trouve son prolongement, on doit essayer
d'établir la ligne de démarcation la plus intelligente entre les
deux, à savoir quelle est la formation qui est proprement de niveau
secondaire ou de niveau de métiers, pour employer l'ancienne
terminologie, et quelle est celle du niveau des techniciens, qui se situe au
niveau collégial.
Un deuxième problème que, je pense, vous avez
soulevé, c'est celui du passage des élèves du secondaire
au collégial. Dans le passé, on posait le problème surtout
pour ceux qui s'étaient inscrits à un cours de formation
professionnelle et qui, à toutes fins utiles, était terminal.
Ceux-ci, pour une raison ou pour une autre, voulaient aller au CEGEP et ils
devaient poursuivre une année d'études supplémentaire.
Depuis deux ans mais notamment au cours de la dernière
année, on s'est avancé très loin dans l'étude des
équivalences de cours, de sorte qu'il est maintenant possible de
reconnaître ça ne s'appliquera peut-être pas pour
juin 1972 mais pour l'an prochain ça deviendra une
réalité à l'intérieur de certains cours de
formation professionnelle, par exemple, les éléments qui
permettraient d'accorder une équivalence pour un programme, un cours de
physique ou quelque chose comme ça. De sorte que l'élève,
à l'intérieur de son programme de formation professionnelle,
acquiert tous les préalables pour une admission dans certaines familles
au collégial.
M. CHARRON: Excusez-moi, pendant qu'on parle de ce passage, est-ce qu'il
n'arrive pas que l'admission au collégial soit conditionnée en
fait d'avoir suivi un certain nombre de cours au niveau secondaire, en
particulier si je me souviens pas, je m'excuse, je n'ai pas le chiffre
exact le cours de mathématiques 51 qui à toutes les
options professionnelles du niveau collégial, serait exigé, alors
qu'au niveau secondaire les étudiants ne sont pas nécessairement
obligés de le suivre?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Il faudrait peut-être vous remettre le
texte de la dernière directive du recueil de gestion sur les
préalables. Mais les préalables qui sont annoncés pour
l'admission au CEGEP en septembre 1973, donc pour les élèves qui
s'inscrivent en cinquième secondaire l'année prochaine, il ne
reste presque plus rien par rapport à ce que nous avons connu.
Cette direction du recueil pourrait peut-être être
déposée. Cela sera intéressant. Vous verrez qu'il y a
beaucoup de possibilités. D'ailleurs, maintenant, c'est inscrit dans les
CEGEP. L'équivalent de certains cours préalables du secondaire
est mainteant disponible au CEGEP, au premier semestre, de sorte que cela ouvre
beaucoup d'issues.
M. CHARRON: Cela signifie qu'un étudiant qui n'aurait pas eu
l'occasion de faire ce cours au niveau secondaire, pourra, au niveau
collégial, reprendre, par exemple, les mathématiques 51, à
la première année du collégial.
M. CLOUTIER (Ahunstic): Sous un autre numéro de code, il a cette
possibilité-là. Il a aussi, évidemment, la
possibilité, de reprendre son cours durant l'été.
M. CHARRON: Oui, mais est-ce que cela se transposerait pour lui au
niveau collégial par des heures de cours supplémentaires par
rapport à ses collègues qui eux, l'auraient suivi au niveau
secondaire?
M. CLOUTIER (Ahunstic): Des cours complémentaires ou autres si
cela prend plus de temps, je ne sais pas.
On pourra peut-être vérifier ce point-là quand nous
traiterons du collégial. H reste des difficultés. Il ne faut pas
s'illusionner et certaines des difficultés sont liées encore
à la formation des maîtres dans le secteur professionnel.
M. CHARRON: C'est le prochain sujet, M. le ministre. Vous l'ouvrez.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je l'ouvre avec plaisir parce qu'il est
important.
M. CHARRON: Je vous poserai une question bien générale.
Quels ont été les efforts du ministère pour régler
ce problème fantastique de la formation des maîtres au niveau
professionnel, au cours de la dernière année?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Les efforts du ministère ont
été d'abord à l'intérieur. Entre nous, nous avons
consacré beaucoup de temps à définir notre propre
position. Il y a des fonctionnaires qui ont discuté de cette question
sachant très bien que, dans le milieu, chez les enseignants, il y a une
majorité de personnes les attitudes sont peut-être
partagées à 50-50 qui croient que ce type de formation
devrait se donner au niveau universitaire. La position que nous avons
été amenés à prendre, à titre
d'hypothèse, c'est que les collèges participent à la
formation de ce type de personnel, compte tenu du niveau qu'on exige d'eux au
point de vue de la formation générale et du fait qu'on veut les
préparer au plan technique pour enseigner des matières
professionnelles de niveau secondaire. Le débat n'est pas
terminé. Nous avons soumis des propositions à la fois au Conseil
des universités et au comité de la formation des maîtres
qui existent en vertu du règlement no 4 du ministère,
règlement qui porte sur les permis et brevets et les recommandations des
deux groupes ne nous sont pas encore parvenues.
Notamment au comité de la formation des maîtres, les
débats sont longs. Je pense qu'il y a là aussi une matière
de décision qui devrait intervenir et il est probable que cette
décision que le ministre aura à prendre un jour ne sera pas le
fruit d'un consensus complet des gens en place. C'est une préoccupation,
pour nous, extrêmement sérieuse et nous souhaitons pou- voir
recommander au ministre une politique précise pour le début de
l'année 1972-1973 en vue de l'année suivante, de façon que
les collèges s'organisent en conséquence. Les collèges
doivent participer à cette formation.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Si le député de Saint-Jacques me
le permet, j'aimerais poser une question à M. Martin là-dessus.
Vous avez parlé des relations avec les universités. Quel accueil
recevez-vous des universités en ce qui concerne cette collaboration dans
le domaine de la formation des maîtres? Est-ce que les universités
se recherchent encore? Est-ce qu'elles se sont situées par rapport
à leur vocation professionnelle? A la faculté des sciences de
l'éducation, je sais quelle est l'envergure des problèmes.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne sais pas si le député de
Chicoutimi veut poser le problème global de la formation des
maîtres. Nous parlions de la formation des maîtres de
l'enseignement professionnel au niveau secondaire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, simplement sur cet aspect-là.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne sais pas si le député de
Chicoutimi veut poser le problème global de la formation des
maîtres. Nous parlions de la formation des maîtres de
l'enseignement professionnel au niveau secondaire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, simplement sur cet aspect-là.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je pense que l'accueil des universités a
été très favorable. Je pense que nous avons cherché
dans les différentes universités à répondre aux
besoins de façon très sérieuse. Maintenant, il faut
admettre que, pour elles, c'était une nouvelle vocation, une nouvelle
fonction et il ne faudrait pas se cacher que cela a entraîné
beaucoup de difficultés d'adaptation et que cela en entrafne encore, du
côté du personnel. Je pense que nous ne sommes pas le seul milieu
où la question même de la formation des maîtres est remise
en cause, notamment sous l'angle de ce qu'on appelle la
psycho-pédagogie. Les contenus de formation psycho-pédagogique la
notion de stages, la formation pratique, ces questions sont loin d'être
résolues.
Je pense que les Français se posent la même question que
nous actuellement. Personnellement, j'ai le sentiment qu'il faudrait
s'interroger très sérieusement avec l'ensemble des
universités, sur même le cadre que nous proposons en
matière surtout de formation psycho-pédagogique. Je ne donnerai
pas toutes les idées personnelles que je peux avoir sur la question, car
on pourrait faire un débat de plusieurs heures sur ce point. Mais les
universités elles-mêmes reconnaissent qu'elles ont encore beaucoup
de che-
min à faire. Il faut reconnaître aussi, en même
temps, et je pense notamment à des programmes qui ont été
élaborés, surtout à des régimes ou des
règlements, par exemple, par l'université Laval,
l'Université du Québec à Montréal ou dans son
ensemble, l'Université de Montréal, toutes ont fait des efforts
pour définir un cadre beaucoup plus ordonné sur la formation des
maîtres.
Il y a eu progrès et l'accueil a été très
bon, mais l'équipement et les ressources humaines ont dû
s'adapter. Et là je pense que les cadres sont beaucoup mieux
définis aujourd'hui qu'ils ne l'étaient il y a, par exemple, un
an ou deux.
M. CHARRON: Est-ce qu'il y a eu une expérience
véritablement entre l'ÙQUAM et le collège du
Vieux-Montréal pour la formation des maîtres?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): En matière de formation
professionnelle?
M. CHARRON: Le passage d'un brevet B à un brevet A.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'avoue que là je me situe mal. Je crois
qu'il y a eu un prolongement de ce que faisait l'ENET, l'Ecole normale de
l'enseignement technique. Je crois qu'il y a eu effectivement des relations
avec le collège du Vieux-Montréal mais c'est assez
systématique, c'étaient des relations, je pense, plus à
titre expérimental. Il y a eu aussi des développements à
l'Université du Québec à Chicoutimi en matière de
formation des maîtres pour l'enseignement professionnel du niveau
secondaire, dans le prolongement aussi de ce qui se faisait à l'ENET.
Mais sur l'expérience elle-même, il faudrait que je vérifie
pour vous répondre de façon précise.
M. CHARRON: M. le Président, sur la décision, qui devrait
venir un jour du ministre quant à la formation professionnelle,
j'attends bien le moment de l'énoncé de cette décision
pour la commenter et je me prépare à la commenter en suivant
d'autant plus le dossier, mais je ne puis quand même exprimer ici qu'une
seule chose, c'est espérer que cela vienne le plus rapidement possible,
parce que tout le concept de polyvalence au niveau secondaire et
l'expérience CEGEP, lien entre le professionnel et le
général, repose un peu sur la qualité de l'enseignement
professionnel qu'on donnera à ces deux endroits. La qualité
dépend, elle, de la qualité que les maîtres recevront dans
ces deux secteurs, ou à ces deux niveaux. Et quant à moi, cela
fait trois ans que je suis mêlé à ces questions-là
et cela fait trois ans que c'est le charivari le plus complet.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a certainement un problème grave.
Cependant, imposer n'est pas toujours la meilleure solution, sans toujours
attendre un consensus complet, il faut tout de même avoir la
collaboration du milieu et cette collaboration n'est pas toujours facile
à obtenir.
M. CHARRON : Je crois, comme le sous-ministre, que dans ce
domaine-là, vous n'aurez jamais le consensus le plus complet et qu'il va
falloir, à un moment donné, trancher â l'encon-tre de
certains participants parce que c'est une question très complexe.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, mais peut-être y a-t-il un moment? On
a procédé d'une façon assez progressive par le groupement
des commissions scolaires et il faut bien le dire que l'opération se
déroule plutôt bien.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): En termes de ressources humaines, est-ce que
le ministère peut dire qu'elles sont suffisantes pour assurer justement
cette préparation du plus grand nombre de maîtres pour faire face
aux besoins qu'évoquait le député de Saint-Jacques?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a un problème de
transformation...
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Si je peux m'exprimer d'une autre façon,
est-ce que le partage des candidats professeurs se fait d'une façon
suffisamment équilibrée pour qu'on puisse dire que d'ici un an,
deux ans, trois ans nous aurons des ressources humaines suffisantes pour
préparer ce type de professeurs qui permettront aux étudiants
d'avoir cette formation qui les fera passer sans heurt d'un stade à
l'autre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): En gros, je dirais oui. C'est une question
d'orientation, c'est également une question de formation et
l'équilibre finit par se produire en fonction des besoins.
Ce qui est important, c'est que l'enseignement professionnel au
secondaire, et ceci est également valable au collégial, parait de
plus en plus valorisé et valorisant; ce qui explique la progression
assez importante que l'on peut constater depuis quelques années.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 1.
M. CHARRON: J'achève, si vous me le permettez, j'aurais une
couple de dernières questions avant d'adopter, très rapidement,
tout le reste de l'article 6; ça va évidemment dépendre
des réponses. On dit, dans le rapport du ministère, qu'une
cinquantaine de commissions scolaires utilisent déjà le dossier
cumulatif de l'élève et c'est quelque chose qui
m'intéresse énormément. Je voudrais savoir où en
est le contenu de l'expérience et si elle est apte à
s'étendre à d'autres commissions scolaires au cours de la
prochaine année.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Depuis deux ans que le dossier scolaire
cumulatif... Est-ce que vous vouliez que je réponde à cette
question-là? Depuis deux ans le projet de dossier scolaire cumulatif est
en préparation avec une collaboration constante des responsables de
mesures et d'évaluation dans les commissions scolaires; l'automne
dernier, nous avions soumis un projet je pense que ça date de
septembre sous forme de circulaire, aux commissions scolaires en leur
disant: Voici ce que serait un dossier cumulatif; voici le type de
renseignements qui y seraient consignés; voici comment il serait
administré. Et là encore, nous avons reçu plusieurs
commentaires.
Dans le dossier qui vous a été remis ce soir, sur le
règlement no 7, vous trouverez un document daté du 3
février qui explique ce qui a été retenu, ce qui va
constituer l'essentiel du dossier scolaire cumulatif; le prototype, le
détail de ça a été distribué ces
dernières semaines à l'ensemble des commissions scolaires.
Maintenant, les formules de dossiers sont à l'impression et les
commissions scolaires qui voudront utiliser celles que le ministère
mettra à leur disposition pourront le faire; il y en aura assez de
disponibles pour chacun de leurs élèves.
Dans le cas de commissions scolaires qui préféreront
développer leurs propres dossiers, nous voulons qu'elles respectent le
minimum exigé par le dossier scolaire cumulatif mais elles lui donneront
la forme qu'elles voudront et elles ajouteront les autres renseignements
qu'elles jugeront pertinents.
M. CHARRON: Mais est-ce qu'on peut dire, à partir de ça,
que le système d'évaluation des étudiants, finalement, va
varier d'une commission scolaire à l'autre, certaines prenant presque
à la lettre les suggestions faites par le ministère, d'autres
les..?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): A l'exclusion du programme de "testing"...
M. CHARRON: Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... qui, lui, est administré de
façon provinciale et les résultats remis sont aux commissions
scolaires. Les commissions scolaires vont appliquer et développer le
système de mesure qu'elles voudront bien. Mais nous demandons que les
résultats soient transcrits sous une certaine forme dans le dossier
cumulatif, de sorte que ce soit compréhensible, que ce soit un langage
uniforme. Et si l'élève passe d'une commission scolaire à
l'autre, la commission scolaire qui le reçoit, peut interpréter
les résultats qui sont inscrits.
M. CHARRON: Mais pour reprendre une chose qui nous a accrochés
pendant quelques minutes tout à l'heure, soit les différences
géographiques ou physiques contre lesquelles nous ne pouvons rien,
est-ce que ce phénomène n'aura pas une répercussion
quelconque sur la possibilité, pour une commission scolaire, de
poursuivre à la lettre le dossier cumulatif alors qu'une autre, pour des
raisons hors de son contrôle, devra se soumettre à un autre type
d'évaluation des étudiants?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Maintenant, pour l'évaluation au dossier;
c'est que dans le dossier doivent apparaître, obligatoirement, certains
renseignements. Je laisse de côté des renseignements essentiels
portant sur l'identification de la personne, mais les résultats des
tests du ministère devront apparaître au dossier et...
M. CHARRON: Pour toutes les commissions scolaires.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est ça... Et les notes obtenues par
l'élève aux différents cours, à la fin de
l'année scolaire, et pour chacun des cours disponibles dans le
système, il y a un numéro de code qui, lui, devra être
respecté, peu importe le code qu'une commission scolaire pourrait, pour
une raison que j'ignore, vouloir utiliser par ailleurs dans son propre
système; ce qui est peu probable.
Si le député de Saint-Jacques le souhaite, je vais lui
faire parvenir la circulaire qu'il trouvera dans le dossier. Dans cette
circulaire, il y a le tableau de tous les renseignements qui doivent être
recueillis par le ministère ou par la commission scolaire.
M. CHARRON: J'ai posé la question hypo-thétiquement, sans
savoir si oui ou non, cela aurait un effet, mais pour voir si au
ministère on l'avait évalué. Je ne le crois pas, mais cela
aurait pu arriver dans les options offertes aux étudiants.
Je crois que j'ai terminé au chapitre de l'enseignement
élémentaire et secondaire.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, il y a longtemps que
nous aurions terminé quant à moi, parce que ce sont des choses
qui sont tellement connues et qui permettent des discussions
académiques. Quant à moi, je suis prêt à adopter
l'article.
M. LE PRESIDENT: Le sous-article 1: Administration; catégories 1,
3, 4, 5, 6, 7, 8 et 11. Adopté.
M. CHARRON: Sauf la catégorie 4.
M. LE PRESIDENT: Qui est suspendue.
M. CHARRON: Comme toujours.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous distribuons
actuellement l'article 4, que vous pourrez ajouter à ceux que
vous avez déjà.
M. CHARRON: Est-ce qu'on peut réserver la catégorie 4 pour
demain?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Bien sûr, avec tout le reste.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 2: Ecoles dans les territoires non
organisés et cours spéciaux.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre peut nous fournir un
topo sur ce problème, le nom de ces écoles, etc.?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): La voix du député de Chicoutimi
devient de plus en plus faible. Je ne sais pas si c'est l'heure tardive. Je le
prierais de répéter sa question.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II en perd. C'est que vers la fin d'un grand
opéra, le héros meurt ordinairement.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): La gâchette n'était donc pas
dirigée vers le député de Saint-Jacques.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Sauf que dans les vrais opéras, il
meurt toujours en criant. Alors, M. le Président, je demande simplement
au ministre de nous faire un petit topo sur le nombre de ces écoles,
l'endroit où elles se trouvent et sur la politique
générale de son ministère.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y avait un certain nombre d'écoles qui
n'appartenaient pas aux commissions scolaires. Elles étaient dans des
territoires dits, pour cette raison même, non organisés. Il n'y en
a presque plus; c'est la dernière année que cet article
apparaît au budget. Toutes les écoles qui étaient dans ce
cas-là ont été rattachées à des commissions
scolaires grâce au bill 27.
M. CHARRON: Les territoires particularisés à ce chapitre,
M. le Président, c'est le Nouveau-Québec?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui. UNE VOIX: C'est très
intéressant.
M. CHARRON: Ah, je m'excuse! Je ne vous entendais plus.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Continuez. A l'opéra les emplois, on
laisse cela aux ténors légers. Alors, je vous laisse la question;
c'était la question que je voulais poser.
M. CHARRON: C'était la question que vous vouliez poser?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On laisse cela aux ténors légers
ou aux castrats.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): La commission scolaire du Nouveau-Québec
ne rentre pas du tout dans cette catégorie-là. On peut, bien
sûr, en parler à cet article ou encore au financement, en tant que
subvention.
M. CHARRON: Ce n'est pas à cet endroit-là qu'on en avait
parlé l'année dernière.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): On peut en parler où vous voulez.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Parlons-en.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce n'est pas là que...
Il en va de même de la commission scolaire de la basse
Côte-Nord.
M. CHARRON: Je préférerais qu'on en parle ici, cela nous
permettrait de terminer ici ce soir.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Terminer complètement la
catégorie.
M. CHARRON: Quand on parle du Nouveau-Québec dans tous les
domaines, que ce soit de l'activité gouvernementale, il y a le
contentieux fédéral-provincial qui nous rebondit sur le nez et en
particulier dans le domaine de l'éducation. La commission scolaire du
Nouveau-Québec... J'ai changé de soprano pour me
répondre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Dans une dramatique.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ecoutons donc la question du
député de Saint-Jacques avec beaucoup d'intérêt.
M. CHARRON: Est-ce que dans le domaine de l'éducation, sur le
territoire du Nouveau-Québec, le ministère de l'Education du
Québec a complète, totale, entière juridiction? S'il n'y a
à cet endroit aucun problème ce serait bien le seul
aucun litige avec le gouvernement fédéral, si c'est le cas, je
déménage là-bas.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne dirai pas qu'il y a des litiges. Je dirais
qu'il y a des problèmes d'organisation. Il faut dire que les territoires
du Nouveau-Québec, un territoire extrêmement vaste, peuplé
en majeure partie d'Esquimaux et aussi d'Indiens, dont les postes n'ont que
l'avion comme moyen de communication et qui, au point de vue de
l'éducation, ont été développés d'abord par
le fédéral. C'est le fédéral qui a d'abord
créé des écoles. A partir de 1963, la direction
générale du Nouveau-Québec a créé les
écoles du Québec. La différence entre les deux,
étant que, du côté fédéral, on avait des
écoles où la langue anglaise était
utilisée comme langue d'enseignement dès le point de
départ, c'est-à-dire dès la première année
scolaire. Le système a été développé pour
l'élémentaire, dans le territoire même. A partir du
secondaire, les élèves étaient acheminés vers des
écoles secondaires de langue anglaise extérieures au
Québec, dans la majeure partie des cas, et dans certains cas au
Québec. A partir de 1963, la direction générale du
Nouveau-Québec a créé des écoles où l'on a
utilisé comme langue d'enseignement l'esquimau parce que
c'étaient des écoles destinées aux Esquimaux pour
les trois premières années et ensuite avec la possiblité
de poursuivre en anglais ou en français, selon le choix des parents, le
choix des parents ayant été la langue française. Nous
avons ainsi développé une série d'écoles à
neuf postes définis. Ces écoles étaient parallèles
aux écoles fédérales avec les pressions que pouvaient
subir les autochtones lorsqu'il s'agissait d'envoyer leurs enfants du
côté fédéral ou du côté provincial.
C'était la lutte entre Ottawa et Québec au niveau des
écoles.
Vers les années 1967-1968 il y a eu, au niveau du
ministère, certaines rencontres avec le ministère des Affaires
indiennes sur la question des écoles. C'était le livre blanc qui
était dans l'air, du côté d'Ottawa. On s'est assuré
que du côté du ministère des Affaires indiennes, il y avait
vraiment une intention de confier les écoles fédérales
éventuellement au ministère de l'Education si le
ministère de l'Education prenait en charge l'ensemble de l'enseignement
le ministère des Richesses naturelles, responsable de ces
écoles, puisque la direction du Nouveau-Québec appartenait aux
Richesses naturelles, et le ministère de l'Education, les deux ministres
ensemble, ont présenté un projet de loi qui a créé
la Commission scolaire du Nouveau-Québec.
M. CHARRON: En 1968?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): En 1968. La loi prévoit que cette
commission scolaire est administrée par un administrateur, au moins, et
possiblement un administrateur adjoint, nommés par un
arrêté en conseil du lieutenant-gouverneur et
désignés par les deux ministres concernés.
La désignation de cet administrateur a été
retardée pour plusieurs raisons. D'abord et principalement, il fallait
trouver un moyen de ne pas ajouter une nouvelle administration dans le
territoire. Donc, le Nouveau-Québec a maintenant une commission scolaire
qui administre, actuellement, toutes les écoles créées par
le ministère des Richesses naturelles et qui a commencé à
intégrer les écoles fédérales avec l'accord des
autochtones.
M. CHARRON: Quand vous dites: On a commencé à
intégrer, combien d'écoles fédérales sont
désormais sous la juridiction de notre ministère?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): La première école tombe sous la
juridiction du ministère à partir du 1er juillet, cette
année. C'est l'école de Povungnituk, centre esquimau principal au
point de vue du développement du milieu esquimau.
M. CHARRON: C'est la première. Combien doivent suivre?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est la première. La deuxième
demande que nous avons actuellement en main est celle de Inoucdjouac. Nous
avons reçu du conseil des parents esquimaux la demande de regrouper les
deux écoles. Nous nous apprêtons, en juin, à retourner dans
le nord pour rencontrer les parents esquimaux, avec le ministère des
Affaires indiennes et mettre au point le protocole d'intégration. Je
pense que le mouvement est bien amorcé.
M. CHARRON: Actuellement, y a-t-il plus d'étudiants sous la
juridiction du Québec qu'il y en a sous la juridiction d'Ottawa?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, il y a plus d'étudiants sous la
juridiction d'Ottawa que sous la juridiction du Québec. A l'heure
actuelle, sans compter Povungnituk, disons, avec l'année à venir,
qu'il y aura 802 étudiants qui sont du Québec et qu'il y aura
1424 étudiants dans les écoles fédérales. Je n'ai
pas parlé d'Inuvuak qui sera intégré au niveau
élémentaire. Au niveau secondaire, il n'y a que la commission
scolaire qui a un embryon d'école secondaire au poste de la Baleine et
qui comprend 70 étudiants. Du côté fédéral,
tous les étudiants du niveau secondaire, à partir de cette
année surtout, sont de préférence acheminés vers
des écoles du Québec. D y a un changement dans cette politique
aussi.
M. CHARRON: Combien d'enseignants?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Disons quelque 70 enseignants en tout, dont 23
Esquimaux qui, jusqu'à l'an dernier, étaient déjà
dans les cadres du ministère des Richesses naturelles,
c'est-à-dire non pas comme fonctionnaires mais ils étaient
engagés plutôt comme interprètes alors qu'à partir
de cette année nous les avons engagés comme enseignants avec une
tolérance. Nous prévoyons continuer la formation de ces
enseignants particulièrement en liaison avec l'Université du
Québec à Chicoutimi qui étudie actuellement un programme
de formation avec l'administrateur Jean Durand et en liaison aussi avec le
ministère des Affaires indiennes.
M. CHARRON: La langue d'enseignement dans les écoles du
Québec est laquelle, disiez-vous?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): D'abord l'esquimau et le français dans
les écoles qui viennent
du ministère des Richesses naturelles. Avec l'intégration
de Povungnituk, il y aura évidemment l'anglais pour les
élèves anglais et le français pour les
élèves français et l'esquimau dans les deux cas pour les
trois premières années. On commence en maternelle et même
en prématernelle éventuellement.
M. CHARRON: II y a la maternelle, maintenant. Est-ce que les
professeurs, là-bas, sont syndiqués?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui. M. CHARRON: Pour se protéger...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ceux du fédéral ne sont pas
syndiqués. Ils ne le sont pas parce qu'ils sont temporaires, c'est un
régime spécial. Ceux du provincial sont syndiqués à
la CEQ.
M. CHARRON: Est-ce que l'intégration des écoles du
fédéral signifie, pour notre ministère, un accroissement
de coûts?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui.
M. CHARRON: L'intégration est-elle prévue au budget de
cette année?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est à l'intérieur du budget
global de la commission scolaire. En ce qui regarde les prévisions pour
Povungnituk, c'est prévu; pour les autres, cela s'ajoutera.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Quelles sont les prévisions?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Si on estime que le nombre des
élèves va être non pas triplé mais presque, ce sera
trois fois le coût actuel, si on intègre tout. C'est $1
million...
M. CHARRON: L'intégration progressive de certaines écoles,
jadis sous juridiction fédérale, qui se transpose par des
coûts pour l'administration publique québécoise
naît-elle d'une entente en bonne et due forme entre le
fédéral et le provincial? Le fédéral a-t-il
renoncé à sa juridiction pas à sa juridiction, il
ne l'a jamais eue à son intrusion dans ce domaine au point de
reconnaître la juridiction québécoise ou est-ce du
grignotage poste par poste, c'est le cas de le dire, école après
école par suite de négociations isolées?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a une entente extrêmement
précise avec le ministère des Affaires indiennes par laquelle
notre juridiction est acceptée et qui favorise le processus de
l'intégration dont nous parlons. En fait, la collaboration semble
excellente et je compte même, à l'occasion, me rendre sur place
pour voir comment les choses se passent, à l'occasion d'une
tournée.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre peut me dire si le
transfert de compétence s'accompagne d'un transfert de fonds?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, M. le Président, mais ceci n'exclut
pas des négociations. C'est une question de programme.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que ces négociations ont
été amorcées?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous ne les avez pas évoquées
lors de la signature...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, il n'en a pas été question.
Personnellement, je ne me suis pas encore intéressé directement
à ce dossier, sauf peut-être, à la suite de certaines
représentations qui m'ont été faites touchant l'aspect
pédagogique et je tenterai certainement d'y donner suite...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je demandais tout à l'heure à
Mlle Baron ce que cela signifiait en termes de coût et cela
n'était pas pour rien, car je voulais vous poser cette question. Si le
coût s'en trouve triplé, est-ce qu'il ne serait pas important que
le ministère québécois de l'Education exige, dès
maintenant, un transfert de fonds en même temps que s'accomplit un
transfert de compétence?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Là, vous savez, il faudra quand
même être assez prudent. Il y a une cohérence à
respecter et l'éducation est de juridiction provinciale et c'est
véritablement le Québec qui assure son financement. C'est
à cause de l'absence du Québec qu'en partie, il faut le dire ...
Je veux bien qu'on évoque les intrusions fédérales, mais
qui s'occupait des Esquimaux? J'ai eu l'occasion d'y aller dans cette
région je n'ose dire quand parce que ceci ne me rajeunit pas,
surtout lorsque je regarde le député de Saint-Jacques mais
autour de 1948...
M. CHARRON: Je n'y suis jamais allé.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... et je vous jure que je pense que j'ai
peut-être été un des premiers Québécois
à mettre les pieds dans cette région. Il n'y avait que des postes
de la baie d'Hudson et le gouvernement fédéral qui assurait les
services de santé et quelques missionnaires, tous d'origine
étrangère. Alors, cette absence du Québec a fait que la
responsabilité fédérale qui existe à
l'échelle du pays s'est exercée mais, Dieu merci, nous sommes
actuellement de plus en plus présents et avec la création de
cette commission scolaire et le programme de développement dont nous
vous avons parlé, je crois que l'intégration se fera sans
heurt.
M. CHARRON: Une dernière question, M. le
Président, puisque notre temps expire. Est-ce que vous
accepteriez de rendre publique la lettre d'entente je n'ose pas appeler
cela ainsi avec le fédéral?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est un échange de correspondance,
après une rencontre qui fait état de l'accord intervenu. Je
demande à y réfléchir. Je vais vérifier d'abord
avec l'intéressé si la chose est possible puisqu'il s'agit d'un
échange de correspondance.
M. CHARRON: Avec le ministre Jean Chrétien?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est le sous-ministre du ministère des
Affaires indiennes et du Nord canadien. Je ne vois pas d'objection de principe
mais je demande tout de même à vérifier.
M. CHARRON: Bien. M. le Président, il faudrait que nous
réservions quand même l'article 2 parce qu'il y a aussi
l'enseignement agricole dont nous n'avons pas eu l'occasion de parler ce soir.
Je parle des écoles d'agriculture.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Vous y tenez vraiment?
M. CHARRON: Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'en suis très heureux. C'est là
une dimension de notre société.
M. LE PRESIDENT: La séance ajourne à demain 11 heures
à moins d'avis contraire.
(Suspension de la séance à 23 h 3)
Séance du vendredi 26 mai 1972
(Dix heures cinquante minutes)
M. PILOTE (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A l'ordre,
messieurs!
Avant que ne débute la séance, je voudrais mentionner que
le député de Laviolette remplace le député de
Marguerite-Bourgeoys; le député de Saint-Hyacinthe remplace le
député de Saint-Laurent et le député de
Rouville...
M.LEDUC: M. le Président, le député de Yamaska
remplace le député...
M. LE PRESIDENT: Le député de Yamaska remplace le
député de Papineau.
M. DROLET: M. le Président, j'aimerais que le nom du
député de Richmond demeure quand même à la
commission, je ne le remplace que temporairement; il sera ici dans quelques
minutes. Le député de Richmond continue à être le
représentant du Ralliement créditiste à la commission.
D'ici son arrivée, je vais essayer de bien faire ça, mais je me
rends compte que je suis le seul représentant de tous les partis de
l'Opposition.
M. LE PRESIDENT: Ayant un style très démocratique, je vous
accorderai la parole. Nous étions rendus hier au sous-article 2 de
l'article 6: Ecoles dans les territoires non organisés et je pense que
cette question avait été suffisamment discutée. Est-ce que
je peux considérer que les catégories 1, 3, 4, 5, 7, 10 et 11
ainsi que 13 sont adoptées?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Quant à moi, M. le Président, je
suis d'accord. Il reste que le député de Saint-Jacques avait
manifesté le désir de poser quelques questions, en particulier en
ce qui concernait les écoles d'agriculture. Mais en son absence...
M. DROLET: M. le Président, je pense que le député
de Saint-Jacques n'était pas en Chambre lors de la période des
questions non plus.
M. LEDUC: Je pense, M. le Président, que le député
de Saint-Jacques était présent hier. On ne manque pas sa
présence aujourd'hui et je crois qu'on doit continuer. Il aura
sûrement l'occasion, l'an prochain, de poser ces questions-là qui
sont d'ailleurs dans le réfrigérateur.
M. LE PRESIDENT: II faut tenir compte des présents et non pas des
absents. Donc, le sous-article 2 est adopté. Article 7.
M. DROLET: N'allez pas trop vite.
M. LE PRESIDENT: Direction générale de
l'équipement.
Direction générale de
l'équipement
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, il s'agit là d'un
article qui pourrait probablement être discuté assez rapidement,
étant donné que nous pourrons vous passer un certain document
faisant état de la question. Pour commencer, cependant, il y aurait
peut-être intérêt à ce qu'on vous expose rapidement
quels sont le mandat et les objectifs de cette direction
générale.
M. DROLET: Parfait.
M. LE PRESIDENT: M. Gendron.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): De façon globale, le mandat de la
direction générale de l'équipement est de pourvoir aux
exigences matérielles de la pédagogie aux niveaux
élémentaire et secondaire. Nos principales préoccupations,
il va sans dire, c'est la poursuite de la mise en place du réseau
d'écoles polyvalentes dans toute la province. Nous avons toutefois, pour
l'année en cours, certains projets précis, projets d'entretien
ménager et d'entretien préventif devant être
appliqués à nos écoles déjà construites
depuis le début du programme de mise en place, soit depuis 1966. En
tout, le réseau d'écoles polyvalentes compte 248 projets; je
voudrais peut-être référer à M. Plourde pour les
chiffres exacts. Combien sont construites, combien sont en voie de
construction?
Actuellement, il y a 113 écoles qui sont occupées par des
élèves, il y en a 38 en construction et puis il y en aura
à peu près 50 autres mises en construction au cours de
l'année.
Pour septembre 1972, nous prévoyons pouvoir mettre à la
disposition des commissions scolaires 50 nouveaux projets pour un total de
près de... Combien de places-élèves?
Je n'ai pas le chiffre exact, c'est à peu près 48,000
nouvelles places-élèves.
Nous avons à peu près la même quantité de
constructions pour septembre 1973. Le réseau sera pratiquement
complété en semptembre 1975. C'est en gros notre principale
préoccupation à la direction de l'équipement, la mise en
place du réseau d'écoles secondaires polyvalentes. Il va sans
dire que nous surveillons aussi étroitement la construction des
écoles élémentaires et évidemment tous les services
ancillai-res qui vont avec ça, soit l'ameublement et l'outillage, les
transactions immobilières, les achats et ventes de terrains par les
différentes commissions scolaires que nous contrôlons, que nous
supervisons.
Peut-être, est-ce que j'oublie quelques objectifs au rôle
important de la direction générale en plus de ce que je viens de
mentionner? Les inventaires, je ne les ai pas mentionnés. Nous avons
entrepris l'an dernier une opération nous permettant de dresser un
inventaire complet des disponibilités physiques et matérielles
dont les commissions scolaires jouissent, de façon à mieux
planifier l'implantation de nouvelles écoles dans le réseau,
surtout à l'élémentaire. Cette année, nous passons
au secondaire.
Cet inventaire nous servira également pour la mise en application
de nos programmes d'entretien préventif et ménager pour les
écoles déjà construites. Est-ce qu'on pourrait ajouter
autre chose?
Disons que, d'une façon globale, tous ces programmes d'inventaire
et d'entretien nous permettent de donner aux commissions scolaires des outils
en vue d'une meilleure exploitation des établissements.
M. DROLET: J'aurais une seule question. Dans vos projets qui sont
censés être mis en chantier pour septembre 1973, est-ce que vous
avez le projet de la polyvalente Saint-Marc-des-Carrières, dans le
comté de Portneuf?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, Saint-Marc-des-Carrières, je vais
vous dire exactement où on en est sur l'échéancier.
M. DROLET: Si j'ai bonne mémoire, c'était pour septembre
1973, je crois.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Si vous permettez, pendant que M. Plourde
cherche l'information, globalement, nous respectons de façon assez
satisfaisante l'échéancier. Je crois que nous avons fait une mise
à jour très récemment, il n'y avait que sept ou huit
projets sur une centaine qui accusaient quelque retard.
M. le Président, je voudrais référer les membres de
la commission au rapport annuel dans lequel ils trouveront à peu
près tous les renseignements voulus, y compris un certain nombre de
diagrammes et de schémas qui pourront certainement les satisfaire sur le
plan des questions qu'ils auraient à poser.
UNE VOIX: Adopté.
M. DROLET: Un instant, je pense qu'on n'a pas répondu à ma
question.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Au sujet de Saint-Marc-des-Carrières, au
30 avril c'est assez récent la mise à jour de
l'échéancier indiquait que le projet avait été
approuvé en phase 1, ce qui veut dire qu'au point de vue de
l'architecture, au point de vue de l'esquisse, de l'implantation, c'est
réglé; les ingénieurs travaillent au plan des structures
proprement dit, au plan de la mécanique et de
l'électricité et l'appel d'offres est prévu pour le mois
de juillet ou août.
M. DROLET: 1972.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): 1972.
M. DROLET: Ce qui veut dire que, si tout se
fait normalement, elle sera prête pour septembre 1973.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Septembre 1973, oui.
M. DROLET: Et celle de Saint-Raymond est censée être
prête pour septembre 1972.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Saint-Raymond, elle est présentement en
construction.
M. DROLET: Elle est présentement en construction.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Tout va très bien.
M. DROLET: Parfait.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 1. Adopté.
M. CHARRON: A la direction générale de
l'équipement, tout d'abord on avait dit 11 heures, hier soir, pour
l'ajournement et je suis arrivé à 11 heures ce matin, on a
disposé de l'article 6 qui était suivi de la...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Comme d'habitude, les commissions
débutent immédiatement après que la Chambre annonce
qu'elles siègent. Il est vrai que j'ai dit 11 heures hier soir mais,
normalement, et l'habitude fait qu'au moment où le président de
la Chambre annonce l'étude en commission, on commence
immédiatement.
M. CHARRON: J'avais encore des questions sur l'article 6.
A la direction générale de l'équipement, je
voudrais savoir du ministre si un document a été produit à
la suite du symposium de Vau-dreuil et si ce document a été
utilisé par la direction générale de l'équipement
dans quelques-unes des décisions qu'elle a été
appelée à prendre au cours de la dernière...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, M. le Président, le document est
sous presse.
M. CHARRON: Le document est sous presse.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II sera disponible dans une ou deux
semaines.
M. CHARRON : II sera rendu public?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II sera rendu public et nous en avons d'ailleurs
déjà tenu compte.
M. CHARRON: II y avait une recommandation du comité d'architectes
qui visait à retirer aux commissions scolaires le pouvoir de
déter- miner l'emplacement des écoles polyvalentes et de reporter
cette juridiction au niveau du ministère parce que, disait ce
comité, d'après l'analyse des polyvalentes actuelles, certains
emplacements avaient été choisis dans des endroits absolument
inqualifiables sur le plan pédagogique comme sur le plan de la
qualité de l'enseignement et d'autres avaient donné lieu tout
simplement à de la spéculation foncière.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est un voeu qui a été
exprimé. Bien qu'aucune décision définitive n'ai
été prise, il paraît difficile au ministère d'y
donner suite. Nous nous heurtons toujours au problème que j'ai
tenté de vous définir touchant l'autonomie des commissions
scolaires et le système décentralisé. Il y a tout de
même certaines limites à établir parce qu'il faudrait
à ce moment-là se demander si nous conservons un système
décentralisé ou si c'est le ministère qu'on accuse
d'ailleurs de trop centraliser qui prend toutes les
décisions.
M. CHARRON: Je sais bien qu'on peut ramener ce problème à
ce plan. Je posais la question sans avoir d'avis
prédéterminé de mon côté. Je ne sais pas si
ce serait meilleur de le remettre au ministère de l'Education.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y aurait peut-être intérêt
à ce que ça reste assez près du milieu parce que non
seulement le milieu connaît ses besoins mais également des
décisions qui viendraient uniquement d'en haut risqueraient de
déclencher des conflits assez fréquemment.
Il est déjà assez difficile de s'entendre sur
l'implantation des écoles dans le système actuel. Si on le
modifiait, le risque augmenterait peut-être.
M. CHARRON: Vous avez raison, c'est bien possible qu'une telle chose se
produise. Je me souviens quand même, dans l'audiovisuel produit par la
direction de l'équipement qui ouvrait le symposium de Vaudreuil, qu'on
faisait largement état de ce manque dans l'emplacement des polyvalentes.
Je ne sais pas si, par une manière de guide, sans que le
ministère y prenne complète autorité, il pourrait guider
un peu les commissions scolaires. Certaines en fait, il faut l'admettre, font
de fort mauvais choix quant à l'emplacement des commissions
scolaires.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela se fait déjà, jusqu'à
un certain point, M. le Président, à la suite de discussions. Il
reste que le ministère conserve un droit de regard sur l'implantation de
sorte qu'il pourrait toujours s'y opposer. Il doit donner un avis et
l'autorisation, mais il m'apparaît à moi d'emblée
souhaitable que ce soit tout de même déterminé par le
milieu au départ.
Mais devant une erreur flagrante, il est
évident que le ministère prendrait ses
responsabilités et n'hésiterait pas à bloquer un
projet.
M. CHARRON: Mais peut-on dire que, de façon
générale, au cours de la dernière année, le
ministère a largement modifié certains critères qui
prévalaient à la construction des écoles polyvalentes? Par
exemple, je pense aux cafétérias, à l'agora, comme on l'a
appelé en ressuscitant la culture grecque, est-ce que des
décisions de cet ordre ont largement affecté les critères
auxquels doivent se soumettre les commissions scolaires?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, M. le Président, la normalisation
dans les secteurs dont parle le député de Saint-Jacques,
cafétérias, par exemple, a été modifiée.
Pour ce qui est de l'auditorium, il s'agit, à mon sens, d'une
évolution très heureuse. Le député de Saint-Jacques
a prononcé l'expression agora, en fait ceci revient à
déterminer des espaces non structurés de manière qu'on ne
soit pas l'esclave des immeubles. Pour ma part, j'ai toujours pensé
et ce n'est pas une idée que j'ai depuis que je suis au
ministère de l'Education que l'on est profondément
influencé par l'architecture à un tel point que même nos
schèmes de pensée risquent de ne pas évoluer à
cause d'une architecture donnée. Ceci est certainement vrai dans le
domaine de la construction des hôpitaux et plus particulièrement
des hôpitaux psychiatriques. Je suis, pour ma part, convaincu que si on
avait pu démolir tout ce qu'il y a comme hôpitaux psychiatriques
au Québec et reconstruire de façon peut-être même
temporaire, nous aurions évolué beaucoup plus rapidement. Il est
à peu près impossible d'établir des concepts nouveaux de
traitement lorsqu'on est prisonnier des corridors, des salles et qu'on ne peut
pas en sortir. Il en va de même au plan scolaire et nous avons
peut-être eu, ici au Québec, la tentation de croire que, lorsqu'on
construisait un immeuble, on avait réglé un problème.
Lorsqu'on construit un immeuble, on n'a rien réglé du tout,
l'immeuble doit être au service d'un concept.
Dans le cas de l'éducation c'est d'un concept pédagogique,
et non pas être tout simplement pour faire plaisir à une
population ou parce qu'on veut mettre un peu de marbre ici et là.
Alors, je pense que ce symposium qui a eu lieu l'année
dernière marque une date sur le plan de l'évolution des
idées au ministère de l'Education. Si j'en parle c'est aussi
parce que, à titre de ministre des Affaires culturelles, j'avais
déjà fait des représentations touchant la construction des
auditoriums qui me paraissaient répondre davantage à des besoins
du début du siècle qu'à des besoins véritablement
modernes. Et lors de ma tournée dans les différentes directions
générales, je me souviens qu'en arrivant à
l'équipement, c'est un des premiers problèmes que j'avais
soulevés. Je l'avais soulevé avec un certain plaisir, je dois
l'avouer. On m'avait fourni des réponses tout à fait
adéqua- tes. Je m'étais rendu compte qu'effectivement
l'évolution des idées sortait de ces formules traditionnelles. On
a construit trop d'auditoriums qui sont utilisés à 5 p.c. ou 10
p.c. dans le schème d'activités de la journée, alors
qu'avec ce concept nouveau des espaces non structurés, on pourra les
utiliser comme on l'entend en fonction de besoins changeants.
M. CHARRON: Sans vouloir faire un rapprochement direct entre le
règlement no 7 et la direction générale de
l'équipement, il reste quand même que le règlement no 7 est
venu consacrer un type d'activité qui n'avait pas tellement lieu et
préséance appelons-le comme cela dans
l'école traditionnelle. Et, si on veut véritablement atteindre
les objectifs du règlement no 7, il ne suffit pas de reconnaître
la validité de certains programmes, mais aussi permettre à ceux
qui ont à le réaliser d'être outillés et d'avoir
l'espace nécessaire pour réaliser ce genre d'activité.
Je demande au ministre si actuellement, à son avis, les
polyvalentes déjà construites sont, en règle
générale, prêtes à assumer en termes d'espace,
d'outillage, les nouvelles implications du règlement no 7 et si celles
qui ne sont pas encore construites subiront dans les devis pédagogique
et technique des modifications en conséquence.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Celles qui ne sont pas encore construites
subiront des modifications en conséquence. Pour ma part, dans la mesure
où j'aurai une certaine influence, je souhaiterais qu'elles soient
comme je le laissais entendre il y a quelques instants le plus
indéterminées possible. Je ne pourrai certainement pas aller
jusqu'à imposer le concept de la construction temporaire qui ne durerait
pas plus de 20 ans. Mais, dans mon esprit, il est absolument certain que nous
ne connaissons pas les besoins que nous aurons dans 20 ans et que, lorsqu'on
s'emprisonne dans des architectures, on bloque l'évolution, parfois
pendant un demi-siècle, sinon un siècle.
En revanche, pour celles qui ont été construites, nous
envisageons, à partir de 1975, certaines modifications. Mais, pour
l'instant nous en sommes tout de même réduits à les
utiliser telles quelles et ce serait mentir que de dire qu'elles ont toutes
été conçues de la façon la plus rationnelle qui
soit.
Une chose que je déplore, pour ma part, c'est le fait qu'un bon
nombre de polyvalentes ont été construites dans des endroits
excentriques et qu'elles sont, par le fait même, coupées du grand
courant d'activité du milieu. Maintenant, il faut tout de même
partir de ce qui existe. Je crois qu'en partant de ce qui existe, grâce
précisément aux nouveaux concepts pédagogiques du
règlement no 7, on pourra peut-être palier cette difficulté
en partie.
M. CHARRON: La réponse du ministre
m'incite à lui poser deux sous-questions rapides. Il dit
qu'effectivement l'application du règlement no 7 pour la meilleure
réalisation de ses objectifs va impliquer des changements dans les devis
techniques de construction de polyvalentes. Peut-il dresser plus
précisément quels changements cela va apporter, peut-être
en termes d'espace consacré à...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Tout le secteur de l'éducation physique a
déjà été revu en fonction de ce nouveau
règlement. Nous avons également revu tout le secteur que nous
appelons le secteur communautaire, c'est-à-dire groupant les services
communautaires tels que les cafétérias, auditoriums,
bibliothèques. Cette année nous poursuivons ce travail de
normalisation en fonction des nouveaux règlements qui sortent dans le
secteur académique. Et, évidemment dans le secteur professionnel,
les ateliers. Nous avons cru bon de commencer par le secteur de
l'éducation physique, parce que c'est le secteur qui était le
plus en cause à ce moment-là par l'introduction du
règlement no 7.
M. CHARRON: En affirmant que, dès 1975, le ministère
pourrait probablement s'engager dans des modifications, est-ce à dire
qu'en même temps, on édifiera un plan pour l'utilisation de ces
écoles publiques le jour où la dénatalité fera que
le nombre de places-élèves deviendra supérieur au nombre
de places réellement occupées?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est déjà prévu, M. le
Président. Il ne faut pas oublier qu'il y a tout le grand secteur de
l'éducation des adultes. Cependant, il ne faudrait peut-être pas
trop dramatiser ce problème de natalité. A plusieurs reprises, je
me suis permis de dire que, même si l'on peut prévoir assez
rigoureusement les prévisions démographiques sur une
période d'une dizaine d'années, c'est-à-dire à
toutes fins utiles les besoins scolaires, il est extrêmement difficile
d'aller au-delà. Alors, pour la période qui va jusqu'à
1980, je pense qu'il n'y aura pas de problèmes qui vont se poser sur le
plan de l'utilisation des immeubles. D'ailleurs, toute la planification dont on
vous a parlé, dont vous retrouverez beaucoup d'éléments
dans le rapport annuel, est faite en prévision de 1980, par
conséquent, en prévision des populations escomptées.
M. CHARRON: Justement, sur cette planification, M. le Président,
il y a déjà presque un an et demi, si ma mémoire est
fidèle, que l'ancien ministre de l'Education avait
présenté à l'Assemblée nationale le plan de
construction des écoles polyvalentes. Est-ce qu'on peut dire qu'on s'en
est tenu très fidèlement à ce plan-là ou s'il y a
eu des modifications d'apportées?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Modifications très légères
dans les clientèles, M. le Président.
M. CHARRON: Mais les dates du début des constructions, les dates
de livraison à la clientèle d'écoles polyvalentes?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est respecté. Sauf, comme je l'ai
mentionné au tout début, pour quelque sept ou huit projets
où, en raison de diverses circonstances, soit des grèves, ou la
température, ou quoi que ce soit, nous accusons des retards qui peuvent
être encore récupérés.
M. CHARRON: Je ne veux pas faire le tour des polyvalentes, une
après l'autre quant à leurs problèmes, mais il y en a une
qui... La polyvalente de la Poudrière, dans la région de
Drummondville, semble-t-il, a causé plus d'un problème à
cause du sol où elle aurait été construite. Est-ce
exact?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Au nombre de projets que nous avons, soit 248,
il est bien entendu que, pour certains projets particuliers, nous
éprouvons des difficultés qui n'avaient pas été
prévues par les sondages techniques habituels, les sondages de terrain.
Cela nous est arrivé dans quelques endroits. J'ai en mémoire le
Cap-de-la-Madeleine, mais la Poudrière, cela ne me dit rien, pour le
moment. Je ne l'ai pas en mémoire.
M. CHARRON: Le rapport, sous toutes réserves, qu'on m'avait fait,
c'est qu'au moment où les étudiants allaient occuper la nouvelle
école, elle avait presque été déclarée
danger public à cause de...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je m'excuse, ce n'est pas une difficulté
de terrain que nous avons éprouvée. C'est une malfaçon
dans les piliers qui soutenaient la dalle du rez-de-chaussée. Or,
immédiatement, nous sommes entrés en communication avec
l'architecte et l'entrepreneur responsable et les corrections sont en cours, je
crois, à leurs frais. C'est une malfaçon. C'est vraiment lors de
la coulée du béton. Le béton a été
coulé en hiver, je crois, et il y a eu écaillement ou effritement
des pilastres qui soutenaient la dalle du rez-de-chaussée. Mais je crois
que le tout est réparé.
M. CHARRON: Est-ce que l'école est utilisée
actuellement?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, je crois qu'elle a été
réouverte. Nous avons étançonné l'école.
M. CHARRON: A la suite de la remarque que vous venez de faire, je
voudrais vous poser la question suivante. Lorsque le ministère
édifie un calendrier de travaux, de construction de polyvalentes, au
niveau de la direction générale de l'équipement, est-ce
qu'il joint à ce calendrier des sanctions aux entrepreneurs si le
travail n'est pas terminé à la date où le contrat
demande...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, présentement, nous n'avons pas de
sanctions prévues parce que, dans l'industrie de la construction, si
nous prévoyons une sanction, nous devrions normalement prévoir un
boni. Les entrepreneurs généraux qui sont appelés à
soumissionner pour les constructions n'acceptent pas de sanctions s'ils n'ont
pas habituellement un boni pour livraison plus rapide. Encore une fois, nous
tentons de respecter l'échéancier pour livrer l'école en
septembre et je crois que c'est suffisant.
D'ailleurs, il est rare que nous ayons des décalages très
sérieux.
M. CHARRON: Actuellement?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, sur le nombre. Comme je vous le dis, on
peut rencontrer... Il me vient à la mémoire, pas l'hiver dernier,
l'hiver précédent, des cas où les chantiers ont
été fermés en raison de tempêtes extraordinaires
pendant trois semaines ou un mois. On a fait tout ce qui était possible
pour reprendre le temps perdu. On a résussi dans une certaine mesure.
Encore une fois, je puis affirmer que, dans 85 p.c. à 90 p.c. des cas,
l'échéancier est respecté.
Il ne l'est pas uniquement dans des cas de force majeure.
M. CHARRON: Ecoutez, je ne voulais aucunement en faire grief au ministre
ou à la direction générale, mais chacun sait que cela a
des conséquences sur la vie pédagogique à
l'intérieur de l'école lorsqu'une session scolaire, devant
débuter en septembre, ne peut commencer que le 1er novembre faute
d'emplacement. Cela a un effet. Si cela n'arrive que dans une
légère proportion, tant mieux. Peut-être faudrait-il, le
jour où on s'apercevra que la fréquence de 10 p.c. augmente,
être plus large dans le calendrier pour être plus sûr.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): A ce propos-là, le
phénomène qui se produit, c'est que, lorsqu'on a 50 projets
à commencer à la même date, cela signifie, à toutes
fins pratiques, étant donné la durée identique de
construction, qu'on va sur le marché pour faire les appels d'offres
à peu près en même temps. Il faut essayer d'anticiper ce
phénomène-là et de prévoir d'aller sur le
marché pour les appels d'offres pour certaines écoles, les plus
grosses, le plut tôt possible. Mais à tous les mois, nous faisons
une mise à jour de l'échéancier de chacun des projets et
nous pouvons voir quels sont ceux qui peuvent nous causer le genre de
problèmes que vous mentionnez et agir d'avance pour les
régler.
M. LE PRESIDENT: Catégories 1, 3, 5, 7, 8 et 11.
Adopté?
M. DROLET: M. le Président, on a parlé tout à
l'heure de projets de polyvalentes qui seront mises en construction. Le
ministre a reçu, depuis une quinzaine de jours, en Chambre, une question
sur un supposé scandale qui aurait en lieu à propos de ventes de
terrains, question soulevée par le député
indépendant de Mégantic, à l'effet que l'ancien
secrétaire du chef d'Unité-Québec aurait eu, dans le bout
de Beaumont et de La Durantaye, certaines transactions de terrain. Est-ce que
le ministre pourrait nous dire s'il y a quelque chose de fondé
là-dedans ou s'il s'agit de rêve en couleur du
député de Mégantic?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, je pense qu'il y a
intérêt à ce que je réponde à cette
question-là, même s'il s'agit d'une question particulière
et même si je souhaite que le débat reste au niveau des
généralités.
En effet, le député indépendant de Mégantic
c'est ainsi qu'on l'appelle, je crois...
M. DROLET: Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... a posé deux questions et les a
mélangées. Il a d'abord évoqué un problème
de terrain et ensuite il a parlé du choix d'un site de polyvalente. En
ce qui concerne le problème de terrain, je crois que ses remarques
n'étaient pas fondées. En effet, j'ai fait faire une
enquête et j'apprends que la commission scolaire, après
étude il s'agit de la commission scolaire régionale
Louis-Fréchette a recommandé l'acquisition de terrains en
vue de la construction d'une école polyvalente de 500
places-élèves à Beaumont. Il y a eu une résolution
de cette commission scolaire, laquelle a été
étudiée par le comité de mise en place du ministère
de l'Education et laquelle a été entérinée. Le
ministère a donc autorisé la commission scolaire à se
porter acquéreur de deux terrains situés à Beaumont. Un
terrain, appartenant à M. Gérard Cadrin c'est ce
propriétaire qui a fait l'objet de la question du député
indépendant de Mégantic d'une superficie de 748,800 pieds
carrés, pour le prix de $12,000. Un autre terrain, appartenant à
M. J.-C. Lachance, d'une superficie de 250,000 pieds carrés, au prix
autorisé de $2,860.
Ces prix ont été déterminés à la
suite d'études par des experts-évaluateurs il s'agit de la
maison Renaud études qui ont été commandées
par la commission scolaire.
Par conséquent, il faut en conclure qu'il n'y a eu aucune
spéculation dans le cas particulier et le choix a été fait
par la commission scolaire. Voilà, je pense, qui répond
clairement à la question du député de Mégantic et
qui met probablement fin à ce début de controverse entre le
député de Bellechasse et le député de
Mégantic.
Pour ce qui est du choix du site, il semble bien, que la
détermination du site de l'école polyvalente du bas de
Bellechasse a toujours
constitué un problème aigu et qu'elle a fait l'objet de
nombreuses études tant de la part de la commission scolaire
régionale Louis-Fréchette que des commissions scolaires
impliquées et du ministère.
Cette situation a résulté du fait qu'il était
difficile de choisir la localité polarisante de la clientèle
scolaire, compte tenu de l'importance relative des différentes
municipalités scolaires et de leur situation géographique. Le
ministère a toujours été disposé à apporter
son autorisation à tout projet de construction susceptible de rallier le
plus possible les opinions du milieu et de satisfaire les
intéressés dans la mesure du possible. A cette fin, il a
demandé à la commission scolaire régionale de bien vouloir
reconsidérer sa décision touchant l'implantation de
l'école prévue.
Compte tenu du projet déjà autorisé dans le haut du
comté, soit à Saint-Damien, et de celui de Saint-Anselme, la
commission scolaire régionale Louis-Fréchette a maintenu sa
décision d'établir la future école polyvalente dans le bas
du comté, soit à Beaumont, considérant qu'il s'agissait
là d'une répartition logique de ces différents
établissements scolaires.
Le 2 juillet 1971, mon prédécesseur, sur réception
d'un rapport favorable de la direction générale de l'enseignement
élémentaire et secondaire, autorisait la commission scolaire
régionale Louis-Fréchette à construire une école
pour 500 élèves, tel que demandé en vertu de sa
résolution en date du 5 avril 1971. Ma position, à moi, est
très simple. Aussi longtemps que la commission scolaire régionale
n'aura pas changé d'opinion, en me faisant parvenir une nouvelle
résolution décrétant un site autre que celui
déjà choisi, je ne vois aucune raison pour changer la
décision de mon prédécesseur et pour modifier
l'autorisation déjà accordée.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Sur ce sujet, on peut tirer un trait en disant
que les questions qui vous avaient été posées provenaient
d'un rêve comateux du député de Mégantic.
M. BROCHU: M. le Président, j'aurais deux petites questions.
Premièrement, concernant le comté de Richmond, il y avait, je
crois, deux projets de construction de polyvalentes, l'une à Asbestos et
l'autre à Windsor. Où en sont rendus ces projets et est-ce que
l'on prévoit leur construction pour 1973?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je n'ai aucune objection à ce qu'on
réponde...
M. LE PRESIDENT: Je considère que ce sont des questions
particulières. Vous voudrez bien vous adresser au ministre ou au
sous-ministre...
M. BROCHU: Directement.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est ça. Nous serions ravis de vous
fournir tous les renseignements, mais vous comprendrez qu'avec les centaines de
polyvalentes que nous avons, 240, si nous commençons à
éplucher chaque dossier, nous serons encore ici au début de
septembre.
M. BROCHU: D'accord. Alors, je me limiterai à une question.
Est-ce qu'il a été étudié à votre
ministère la possibilité d'une utilisation encore plus grande,
maximale, des locaux de polyvalentes, des CEGEP et autres, via le
ministère des Affaires culturelles pour que la population, en
général, puisse bénéficier de ces locaux? Je sais
qu'il en a peut-être déjà été question.
Est-ce qu'on a continué les démarches dans ce sens-là?
Etant donné que le ministre était au ministère des
Affaires culturelles avant, il est peut-être davantage au courant de la
situation à ce sujet-là.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, c'est là une orientation très
importante et sur laquelle je compte bien insister. En fait, il existe des
protocoles d'entente qui interviennent entre les municipalités et les
commissions scolaires en fonction d'ouvrir le plus possible l'équipement
à toute la population. Je ne dis pas que ceci va se réaliser
instantanément, loin de là. Mais c'est certainement la tendance
à encourager et, avec le temps, je crois qu'on y arrivera.
M. BROCHU: Dans le processus d'établissement d'un tel programme,
est-ce qu'il y a eu des expériences pilotes de tentées à
ce niveau-là ou est-ce qu'il y en aura incessamment?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous avons, en fait, plusieurs
expériences pilotes. Nous avons à Rimouski, à Alma,
à Charlesbourg d'excellents exemples; à
Saint-Jérôme, à Mont-Laurier, peut-être. Nous avons
certainement, jusqu'à maintenant, 12 ou 15 projets communautaires, avec
des municipalités ou des commissions scolaires, où un triple
organisme, une tierce partie a collaboré à la construction.
M. BROCHU: Est-ce que, d'après cette expérience que vous
avez vécue, on peut déjà prévoir que c'est
suffisamment rentable et satisfaisant pour l'étendre à une
échelle plus vaste?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je crois qu'on doit procéder prudemment
parce qu'il est encore trop tôt pour pouvoir donner une réponse
très précise. Nous expérimentons dans ce domaine et, dans
certains cas, il y a des difficultés qui surgissent. Dans d'autres,
ça va très bien. Nous tentons, dans la mesure du possible, de
raffiner, de mettre au point nos protocoles, de manière à ouvrir
le plus possible l'école tout en maintenant les groupements qui
participent à l'entente en bonne harmonie.
M. BROCHU: Est-ce qu'on s'en tient pour le moment plutôt à
ces projets pilotes, quitte à
extrapoler certaines données par la suite ou s'il y a un
échéancier de travail prévu à ce niveau-là
comme tel?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est au fur et à mesure des
demandes.
M. BROCHU: L'expérience est encore embryonnaire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II ne faut pas être trop
systématique dans ce genre de choses. C'est une tendance à
encourager, comme je le soulignais, mais il est bien évident que chaque
cas particulier doit être traité d'une façon individuelle.
Il y a quelques instants, je parlais du fait que certaines polyvalentes
étaient construites dans des endroits un peu excentriques. Il est
beaucoup plus difficile dans ces cas-là de pouvoir réaliser un
véritable complexe ouvert à la population ambiante, quand il n'y
en a pas.
M. BROCHU: Par contre, là où il n'y a pas de centre
culturel comme tel, ça peut devenir l'occasion d'un embryon de centre
culturel, d'un lieu commun pour une population.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Très certainement.
M. CHARRON: Un autre sujet, à la direction générale
de l'équipement, qui a souvent soulevé des problèmes,
c'est le devoir qu'ont le ministère et les différentes
commissions scolaires d'assurer que l'enseignement professionnel se fasse avec
un outillage et un ameublement convenables. Il est évident qu'il en va
du concept même de polyvalence, de formation professionnelle à
l'intérieur des écoles secondaires. Si, pour offrir certaines
options, offrir un enseignement de qualité, on n'est pas
équipé de façon convenable... Cela a souvent causé
des problèmes. J'imagine que ça pouvait peut-être
être pire pour d'autres régions, mais, à Montréal
même, des écoles polyvalentes n'étaient pas dotées
de l'équipement nécessaire pour le faire à certaines
options carrément professionnelles.
Je sais qu'il y a eu des efforts au sein de la direction
générale de l'équipement M. Dinsmore m'en avait
parlé l'année dernière pour décentraliser,
au niveau des bureaux régionaux, s'il le faut, le problème de
l'ameublement et de l'outillage. Il y a eu une expérience pilote
à Chicoutimi. Quel est le résultat de cette expérience
pilote? Permet-elle de déceler, comme politique, désormais, de la
direction générale de l'équipement, une
décentralisation au niveau des bureaux régionaux? Est-ce que
ça va devenir la règle? Et, finalement, a-t-on changé les
critères qui affectaient la rapidité entre les commandes et la
livraison?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): L'expérience pilote à laquelle
vous faites allusion à Chicoutimi est très concluante, et c'est
notre intention de déconcentrer dans les bureaux régionaux cette
opération d'achat d'ameublement et d'outillage. Pour votre
première question, nous avons constamment, en collaboration avec la
direction générale de l'enseignement élémentaire et
secondaire, des comités qui siègent pour mettre au point,
normaliser tout l'ameublement, tout l'outillage, qui doit entrer dans quelque
secteur d'enseignement professionnel que ce soit.
Présentement, un comité siège pour normaliser les
machines de bureau qui doivent servir à l'enseignement dans le secteur
professionnel. Au point de vue de la déconcentration de cette
opération, c'est en marche.
Dès que nos bureaux régionaux seront structurés de
façon... A l'élémentaire, je crois que c'est presque
complété. Nous commençons, au niveau secondaire, à
déconcentrer également cette opération. Nous
prévoyons que, vers la fin de l'année du calendrier,
l'année civile présente, 1972, le tout sera
déconcentré dans les bureaux régionaux, non pas la
normalisation elle-même, mais les procédures de probation. La
normalisation restera toujours ici, au ministère, parce que c'est une
opération conjointe entre la direction générale de
l'enseignement élémentaire et nous. Ceci nous donne un bel
exemple de la tendance à la déconcentration, qui existe et qui
est uniquement fonction des circonstances et de l'évolution des
commissions scolaires.
M. CHARRON: Le ministre a bien choisi son mot car, dans le cas
présent, il ne s'agit pas de décentralisation, au niveau du
bureau régional, mais de déconcentration. Est-ce qu'on peut
évaluer que le fait de remettre l'approbation au niveau des bureaux
régionaux va accélérer le processus?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Mais certainement.
M. CHARRON: L'expérience de Chicoutimi a été
très concluante sous cet aspect.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui. C'est le premier but visé dans cette
déconcentration. C'est de limiter au strict minimum les périodes
d'attente des commissions scolaires.
M. CHARRON: Je trouve cela excellent. On aura l'occasion d'en reparler
quand on arrivera aux bureaux régionaux. Mais cela fait longtemps que
c'est dans le décor, les bureaux régionaux, sans qu'on leur ait
trouvé une utilité quelconque.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je pense qu'on y arrive, M. le
Président.
M. CHARRON: On y arrive.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est d'ailleurs le dossier sur lequel nous nous
penchons en ce moment.
M. CHARRON: Bon.
M. LEDUC: Seulement une question, sur le même sujet, si on me le
permet. Si je comprends bien, il n'y a pas tellement de relations, au niveau
des achats ou des normes, entre le service des achats du ministère de
l'Industrie et du Commerce et le ministère de l'Education, ou si vous
travaillez ensemble?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Au niveau de la normalisation, il y a
évidemment beaucoup de collaboration. Comme je l'ai mentionné
tout à l'heure, il y a des comités qui siègent constamment
pour normaliser les équipements, les ameublements et les outillages. A
ces comités sont représentés, évidemment, des
membres du ministère de l'Industrie et du Commerce et du service
général des achats.
M. CHARRON: M. le Président, au sujet de la direction
générale de l'équipement j'aurais voulu le faire au
début je voudrais offrir au directeur général et
à ses collaborateurs, ainsi qu'au ministre, bien sûr, toute
l'appréciation que j'ai eue de l'organisation du symposium de Vaudreuil,
l'année dernière. Je pense que cela a été une
excellente réalisation. Maintenant, avant d'en mettre plus, avant de
mettre des rubans aux fleurs, je vais attendre de voir le
document-synthèse qui sera produit et surtout l'utilisation qu'en fera
le ministre dans ses décisions. D est évident qu'on peut bien
aimer se réunir pendant trois jours, mais si cela n'a aucun effet sur
les politiques, cela serait tout à fait regrettable. Je ne crois pas que
ce le sera. J'attends donc avant d'ajouter plus de fleurs.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'en ferai part, M. le Président,
à ceux qui sont véritablement responsables de cette organisation
en particulier le sous-ministre Dinsmore.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 1. Adopté. Catégorie
3?
M. CHARRON: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Catégorie 4. Vu que les documents
vous ont été distribués, peut-on considérer...
M. CHARRON: On peut le prendre tout de suite.
M. LE PRESIDENT: Toutes les catégories 4 des articles 1, 2, 3, 4,
5 et 6 sont-elles adoptées?
M. CHARRON: Oui.
M. LE PRESIDENT: Cela a été passé également
ce matin.
M. CHARRON: Me permettez-vous quand même, M. le Président,
une question sur la catégorie 4?
M. LE PRESIDENT: Oui.
M. CHARRON: Le comité de quatre architectes qu'on
présente, M. Guy Gérin-Lajoie, M. Reeves, M. Champagne et M.
Saint-Gelais, est-ce un bureau d'architectes de Montréal?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce sont des architectes
séparés.
M. CHARRON: Séparés. Ah bon!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ils font partie de différentes firmes,
ont chacun leur bureau. Us sont choisis dans différents coins de la
province et nous les remplaçons par rotation, afin de ne pas
scléroser ce comité.
M. CHARRON: C'est excellent. Mais ces bonshommes sont-ils là pour
un an?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Tout dépend de la disponibilité de
chacun. Certains, au bout de six mois, viennent nous voir et disent: Ecoute, la
tâche est trop lourde. Je vais céder pour quelque temps. Il y en a
un qui est là depuis le début, qui assure une certaine
continuité. C'est M. Jacques Reeves.
M. CHARRON: Mais comment faites-vous le choix de ces architectes? Sur
recommandation de qui aboutissez-vous à...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous faisons affaires à peu près
avec 75 p.c. des architectes de la province. Ensemble, au comité de
régie interne, à l'équipement, nous avons une bonne
opinion de ces gens. Nous faisons des propositions au ministre, lorsque vient
le temps de changer un membre. Nous présentons quatre ou cinq noms qui,
nous semble-t-il, nous apparaissent les plus compétents dans le
domaine.
M. CHARRON: D'accord. M. LE PRESIDENT: Adopté? M. CHARRON:
Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 5. Adopté. Catégorie 7.
Adopté. Catégorie 8. Adopté. Catégorie 11.
Adopté.
M. CHARRON: D'accord.
M. LE PRESIDENT: L'article 7 est adopté en entier.
M. CHARRON: Merci.
M. LE PRESIDENT: L'article 8: Direction
générale du financement. Sous-article 1,
administration.
M. CHARRON: M. White n'est pas là?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pour ce qui est du financement, M. le
Président, je suggérerais que nous le remettions à mardi
matin, surtout si nous avons terminé le collégial, que nous
pourrions entreprendre dès maintenant.
En effet, le directeur général de cette tarés
importante direction générale est absent. Je me suis
arrangé pour qu'il puisse être parmi nous dès le
début de la semaine prochaine.
M. LE PRESIDENT: Est-ce le désir de la commission? Alors, nous
allons passer à l'article 10. Nous entreprendrons mardi matin l'article
8.
Direction générale de l'enseignement collégial.
Est-ce que le ministre désire faire un exposé?
Direction générale de l'enseignement
collégial
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, l'objectif de la
direction générale du collégial est tellement
évident que je ne crois pas que beaucoup de commentaires s'imposent. Il
s'agit de promouvoir l'enseignement de ce niveau par tous les moyens
appropriés, en tenant compte des besoins actuels et des besoins
prévisibles des élèves. Je pense qu'il serait
peut-être plus utile d'attendre les questions des membres de la
commission, de manière que nous puissions peut-être polariser la
discussion sur certains points précis, parce qu'on pourrait en parler
pendant des heures. C'est un monde.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 1: Administration.
M. CHARRON: M. le Président, l'année dernière, nous
avions ouvert le débat, à la direction générale de
l'enseignement collégial, par la voix même du ministre qui nous
incitait à reconnaf-tre que la priorité de la direction
générale, au cours de l'année qui vient de
s'écouler, serait la régionalisation, le travail de
régionalisation des CEGEP. Il y avait l'expérience pilote au
Coeur du Québec, Drummondville, Saint-Hyacinthe et Tracy, et l'autre, le
Lac-Saint-Jean. L'expérience pilote est-elle terminée?
M. LE PRESIDENT: Appelez donc cela l'expérience capitaine !
M. CHARRON: Surtout quand on parle du Lac-Saint-Jean! Est-ce qu'on a eu
les conclusions nécessaires et va-t-on étendre
l'expérience?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je vais demander, M. le Président, afin
d'être le plus rapide possible, au directeur général, M.
Léo Paré, de faire le point sur toute cette question de la
régionalisation.
M. le Président, messieurs, les quatre cas qui viennent
d'être mentionnés sont des expériences qui ne sont pas
elles-mêmes à terme. Elles sont en train de se poursuivre. Je vais
prendre un exemple bien précis. Dans le cas du Saguenay-Lac-Saint-Jean,
le collège régional est sur pied mais deux des collèges
non régionalisés qui s'intègrent à celui-là
continuent d'exister au cours de cette année, soit Chicoutimi et
Jonquière. C'est seulement au 1er juillet, la date prévue, qu'ils
cèdent leur charte, pour ainsi dire, et s'intègrent
complètement au collège régional pour l'année
prochaine.
Pour ce qui est du collège Champlain, par exemple, il a
été mis sur pied l'an dernier avec un seul campus, alors que,
l'an prochain, il en aura trois, de sorte que son caractère vraiment
régional va commencer en septembre prochain.
Dans le cas de Saint-Hyacinthe, cela a été une
année pour passer d'une structure à l'autre. Ce passage est
pratiquement terminé, dans le cas de Saint-Hyacinthe.
M. CHARRON: La Côte-Nord?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Sur la Côte-Nord, on a créé
directement un collège régional, avec deux campus, et cela
continue comme cela, de sorte que, de ce point de vue, c'est plutôt une
précision quant à la structure interne qu'un tel collège
régional doit avoir. Il y a des modalités qui diffèrent
aussi et que nous suivons de près, mais tout est en place, en fait.
Ce que nous avons sur la table, présentement, c'est d'une part
une étude de tout le concept de la régionalisation et des
différentes possibilités que ce concept ouvre.
Cette étude, nous la faisons conjointement avec la
Fédération des CEGEP et les CEGEP eux-mêmes, nous faisons
de façon interne aussi une étude sur les types de structures qui
seraient les plus fonctionnelles pour les collèges régionaux.
Vous vous souviendrez des inquiétudes manifestées par les
collèges l'été dernier. Nous avons convenu avec eux que
nous ferions cette étude-là, que les cas des quatre
collèges régionaux seraient suivis selon des modalités
différentes les uns des autres et qu'à la suite de l'analyse du
concept et des possibilités analyse théorique
qu'à la suite d'une évaluation de ces projets-là, on
arriverait à relancer la régionalisation vers une nouvelle
étape. D'ici là, nous avons bloqué toute demande de
régionalisation.
Alors, cette étude-là est en cours. Elle ne sera pas
complétée avant six mois, je dois dire, de sorte que c'est
plutôt en septembre 1973 qu'on prévoit un nouveau départ de
régionalisation dans d'autres régions que les quatre
déjà précisées.
M. CHARRON: Est-ce que je vous ai bien compris, si vous dites que les
quatre projets
actuellement en cours ont bénéficié du plus de
latitude possible quant à leur modalité propre de
régionalisation, de sorte que, par une analyse qui suivra, on verra
quelle méthode est peut-être la plus apte à
s'étendre aux autres CEGEP du Québec? Est-ce exact?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Si vous permettez, je reprendrai ça pour
être plus précis dans les termes suivants: il n'y a pas un
modèle qui se trouve à être appliqué dans les
quatre, et le processus lui-même a été assez
différent dans trois d'entre eux au moins. Deux d'entre eux ont
été créés directement comme collèges
régionaux, alors que les deux autres sont passés d'une situation
différente. Dans le cas de Sainte-Hyacinthe, il y en avait un
collège ancien style, avec des unités dont il était
responsable, mais qui n'avait pas le statut de campus; il est passé de
cette situation à une situation de collège régional
où les trois campus ont le même statut et l'administration
régionale est équidistante des trois.
Dans le cas du Saguenay-Lac-Saint-Jean, la problématique
était différente, puisqu'il y avait deux collèges
existants avec leur propre charte, et il y avait un collège privé
qui se joignait au collège régional et un nouveau campus de
créé, de sorte que ça nous donne, au point de vue de la
mise en place d'une structure régionale, une expérience
différente et nécessaire par rapport à celle de
Sainte-Hyacinthe et aux autres. Alors, du point de vue du processus, il y a
trois types que nous avons suivis.
Du point de vue des structures, les différences sont moins
grandes que dans le processus et nous sommes encore à préciser
ces structures, il faut bien le dire.
M. CHARRON: Si je vous demandais simplement, comme ça, sans faire
une thèse, quelles sont à votre avis les principales
difficultés auxquelles se heurte la régionalisation en
expérimentation actuellement, en particulier celle qui
m'intéresse, celle du Saguenay-Lac-Saint-Jean, parce que ce sont
déjà des collèges établis qu'on incite à se
régionaliser, et si on étend l'expérience, ce seront
forcément des types comme ça qu'on rencontrera, si donc je vous
demande quelles ont été les difficultés les plus
sérieuses, outre l'inévitable esprit de clocher, qui existent
encore, c'est celui-là sans doute.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ma première réaction serait de
répondre que c'est la nature humaine et que ce sont les réactions
devant les changements. Il est souvent difficile pour un groupe qui a beaucoup
investi d'énergies et d'espoirs dans un projet d'accepter de le
modifier.
Il y a aussi le fait qu'il nous faut présentement faire cette
régionalisation dans le cadre de la loi 21, qui ne prévoyait pas
ces aménagements; alors, il faut dans quelques cas faire des tours de
force.
M. CHARRON : Oui. C'est pour ça, parce que vous avez dit tout
à l'heure, dans votre présentation, qu'on faisait l'analyse du
type de structures qui conviendraient le mieux. J'imagine que vous êtes
obligés de fonctionner avec la structure du collège
d'enseignement général et professionnel de la loi 21.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le principe structural est que les services
typiquement administratifs sont centralisés alors que les services
à la clientèle, l'administration directe de la pédagogie
elle-même, de la vie étudiante, est décentralisée le
plus possible. Dans ce cas-là précisément, la loi 21 nous
posait le problème du directeur des services pédagogiques, qui
siège au conseil d'administration, qui est unique par corporation. On ne
pouvait donc pas le mettre dans le campus et cependant il s'agissait à
ce moment-là de travailler sur une nouvelle définition de
fonctions, qui amenait des adjoints aux directeurs de campus à s'occuper
activement de la pédagogie sur le campus et donnait un rôle de
coordination et de planification plus poussé aux directeurs des services
pédagogiques régionaux.
M. CHARRON: Pour le conseil d'administration régional, par
exemple, comme celui du Saguenay-Lac-Saint-Jean, est-ce que, pour la formation
de ce conseil, on a eu la même répartition de sièges que
pour un CEGEP local, si vous me permettez l'expression, c'est-à-dire
qu'il y aurait deux étudiants?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a eu des modifications d'apportées,
pour tenir compte du fait qu'il y avait quatre campus. Etant donné que
les deux cooptés prévus par la loi peuvent être pris dans
n'importe quel groupe, ils ont déterminé dans le cas du
Saguenay-Lac-Saint-Jean, de les prendre chez les étudiants, de sorte
qu'il y a un étudiant par campus, un professeur par campus, un parent
par campus et un représentant socio-culturel par région que
représentent les campus.
M. CHARRON: Le collège Champagnat avait causé un certain
problème, en hésitant à se joindre au projet de
régionalisation. Est-ce qu'il a toujours eu les mêmes
réticences, au cours de l'année, ou s'il a participé?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Des réticences, il n'était pas le
seul à en avoir. Vous avez mentionné l'esprit de clocher tout
à l'heure et c'est normal, parce qu'il y a un changement
d'identité. Mais il a très bien collaboré toute
l'année. Il avait des réticences qui se sont exprimées en
termes d'exigences dans le sens du développement de son propre campus,
par exemple, et ces choses-là sont en route. J'espère bien qu'on
arrivera à temps pour transiger.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le député de Saint-Jacques a
abordé le problème du Sague-
nay-Lac-Saint-Jean, problème qu'il ne connaît probablement
pas beaucoup, sauf pour en avoir entendu parler. Quels sont les objectifs,
à court, à moyen et à long termes, de votre projet de
régionalisation dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, en ce
qui concerne l'enseignement collégial?
Quelles en ont été les étapes, les modes de
consultation? Où en êtes vous rendus dans ce que j'appellerais
l'acceptation par les deux parties de la région, puisqu'il y a
effectivement deux parties bien distinctes dans la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean? Comment se passent les choses? Est-ce que votre projet
de régionalisation est quelque chose qui vous parait viable? Et
là, je ne fais pas état de l'esprit de clocher qui peut se
manifester, mais je fait état d'une réalité sociologique
qui est telle qu'il existe dans cette région deux entités
sociologiques nettement différenciées.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Les objectifs de la régionalisation, dans
cette double région, étaient en fait, étant donné
les équipements scolaires qui existaient déjà et aussi la
grandeur de la région, de permettre que les services d'enseignement
collégial soient vraiement disponibles, surtout dans la région du
Lac-Saint-Jean, dans ce cas-ci, et que la mise en disponibilité de ces
services se fasse en coordination avec ceux existant déjà par
ailleurs, pour éviter les dédoublements.
M. le Président, je voudrais signaler la présence du
président de la Grande Assemblée nationale de Roumanie, M.
Voitec, qui a d'ailleurs été, je crois, ministre de l'Education,
ainsi que de l'ambassadeur de Roumanie au Canada, qui ont bien voulu venir voir
comment fonctionnait une commission, ici, au Québec.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président...
M. LE PRESIDENT: En mon nom et au nom des membres de la commission,
messieurs, soyez les bienvenus.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II nous est agréable, M. le
Président, d'accueillir ces distingués visiteurs, qui pourront se
rendre compte du travail que nous effectuons et des problèmes que nous
avons, dans notre organisation scolaire à tous les niveaux. Je parle
pourtant assez fort, ce matin, il me semble que vous ne m'entendez pas, M. le
sous-ministre. Je disais donc que j'étais heureux d'accueillir ces
visiteurs qui pourront se rendre compte sur place des problèmes que nous
avons dans l'organisation scolaire, dans le fonctionnement de notre
ministère de l'Education et des réaction des divers
députés qui réprésentent ici la population, les
citoyens de l'Etat du Québec.
Au nom de mon parti, je leur souhaite la bienvenue et un bon
séjour dans le pays québécois.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Richmond.
M. BROCHU: II me fait plaisir également, au nom de mon groupement
politique, de souhaiter la plus cordiale bienvenue à cette importante
délégation et un séjour chez nous des plus agréable
et qu'ils conserveront le meilleur souvenir de leur passage ici.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Jacques.
M. CHARRON: Bienvenue également, messieurs, au Québec
d'abord et au travail de la commission parlementaire ensuite. J'espère
que nos débats vous impressionneront sinon par leur qualité au
moins par leur sérieux.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous avons interrompu. Est-ce que vous
pourriez poursuivre, s'il vous plait?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Dans cette région il y avait à
converger ces énergies extraordinaires, parce qu'on a parlé de
l'esprit de clocher. Il y a aussi un sens de la région qui a une
acuité assez formidable. Le concept de régionalisation a
semblé, à plusieurs gens de la région, une solution aux
efforts perdus à cause de divergences. On les a amenés à
collaborer. C'est pourquoi un comité connu sous le nom de comité
COREPS fut mis sur pied par le ministre. Ce comité a fait un travail de
prospection et en est arrivé à recommander une formule qui, dans
ses orientations principales, a été acceptée par le
ministre.
C'est sur la base des orientations principales du rapport COREPS que
nous avons mis sur pied cette année le collège
régional.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je vous demandais, tout à l'heure,
quels étaient, à court, à moyen et à long termes
vos objectifs, c'est-à-dire en termes de projection. Comment voyez-vous
l'organisation régionalisée dans ce domaine de l'enseignement
collégial dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean? Quel cas
faites-vous de la partie nord de cette région, depuis Dolbeau en passant
par Saint-Méthode, Saint-Félicien, Normandin jusqu'à
Roberval?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le premier bénéfice que nous
escomptons sera une répartition des enseignements qui tiendra compte des
vocations particulières de chacune de ces sous-régions, si vous
voulez. Il y a déjà des projets à l'étude pour le
campus de Saint-Félicien qui tiennent compte justement de la vocation de
la région que le campus dessert. A présent, on est au
début de ces analyses. Le collège régional, qui va assumer
tous ces pouvoirs à partir du 1er juillet, devra lui-même
étudier cette répartition. Le principe, pour nous, sera de dire
au collège régional quelles sont les options qu'il est
autori-
sé à avoir dans la région et à lui ensuite
de nous faire des propositions précises sur la façon dont il va
répartir ces options entre les campus. Il y a déjà des
discussions engagées entre les campus dans cette perspective.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous avez parlé de vocation en ce qui
concerne la partie que je délimitais tout à l'heure. Quelle est
cette vocation? Comment se précise-t-elle ou comment a-t-elle
été exprimée par les gens avec lesquels vous avez eu des
contacts?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Elle varie, évidemment, selon les campus.
Dans le cas de Saint-Félicien, il s'agit d'une vocation du
côté des richesses naturelles, de la faune et de la flore, du
côté touristique, du côté de l'agriculture et de la
foresterie.
Dans le cas de Jonquière et de Chicoutimi, par exemple,
Chicoutimi est plus tournée vers le paramédical et les services
relevant des techniques humaines, des sciences humaines alors que le campus de
Jonquière est plus tourné vers le secteur industriel.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pour ce qui est d'Alma et de Dolbeau, quelles
sont les vocations que vous avez décelées dans ce secteur?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je dois dire que je n'ai pas
décelé de vocation pour Dolbeau parce que ce n'est pas un des
campus du collège régional. Pour ce qui est d'Alma, il y a des
programmes. Je ne peux pas préciser aussi nettement que dans les trois
autres.
Je vois des éléments des trois autres qui se trouvent
aussi à Alma mais je n'ai pas de caractère proprement distinct
if. Je m'excuse. Il faudrait que je revoie les dossiers. Il y a du
côté d'Alma, à la fois des techniques infirmières,
des arts et aussi des services mais je n'ai pas le caractère
distinctif.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant en termes de clientèle
scolaire et de besoins, quel cas faites-vous de Dolbeau en particulier? Il y a
quand même Aima, il y aura Saint-Félicien, il y a Roberval
qui est une ville importante, c'est le chef-lieu il y a Chicoutimi et
Jonquière dont je n'ai pas besoin de parler puisque nous connaissons
très bien maintenant le fonctionnement de ses collèges et des
options qu'on y donne.
Que peut-on prévoir comme avenir pour Dolbeau?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, cette question a
été abondamment discutée l'année dernière
lors de la discussion des crédits. Je me demande s'il y a
intérêt à y revenir?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je ne suis pas
d'accord avec le ministre. Il me permettra d'exprimer ma dissidence. Je suis
bien informé des problèmes de cette région, étant
représentant de la région. Lorsqu'on a mis en place les
structures de régionalisation, il y a eu quand même des
représentations qui ont été faites par les villes de
Dolbeau, de Mistassini, enfin le secteur de Dolbeau comme nous l'appelons. L'on
s'interroge encore aujourd'hui, même après la présentation
du rapport Couet et l'installation du bureau d'Arvida. On se demande exactement
quelles sont les intentions du ministère en ce qui concerne Dolbeau
parce que, comme vous venez de le dire et je ne vous en fais pas grief
la vocation dans ce secteur ne vous paraît pas encore nettement
définie, à la différence de ce qui se passe à
Saint-Félicien ou à Chicoutimi ou à Jonquière.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cependant, je relie Dolbeau en termes de
vocation à Saint-Félicien et non pas à Alma. Une relation
purement administrative s'est posée à un moment donné par
rapport à Alma alors que la relation de région, si je comprends
bien la région, vous la connaissez mieux que moi, fait que Dolbeau
participe de la vocation que nous attribuons au campus de
Saint-Félicien. Le problème qui s'est posé par rapport
à Dolbeau était, dans cette région, de placer le campus.
Fallait-il le placer à Dolbeau ou à Saint-Félicien? les
avis étaient partagés au moment du rapport Couet. Le rapport
Couet a fait une proposition dans un sens et évidemment la population de
Dolbeau a fait des représentations pour renverser cette proposition. Ce
qui a été retenu officiellement a été que, pour
cette région, le campus serait à Saint-Félicien. A ce
moment, si on maintient cette décision, il n'y a vraiment plus de place
pour un autre campus dans cette région.Ce serait, à la fois du
gaspillage et un moindre service à la population. Si on divise le campus
de Saint-Félicien en deux, si on en met un à Dolbeau et l'autre
à Saint-Félicien, on arrive avec des nombres d'étudiants
tellement petits que les services et les programmes que nous pourrons offrir
dans cette région seront beaucoup inférieurs à ce qu'on
peut offrir si on regroupe sur un seul campus.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, puisque vous parlez du campus de
Saint-Félicien, quelle est la clientèle escomptée du
campus de Saint-Félicien?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): De mémoire, c'est de 800 à 1,000
dans son développement maximal prévu, dans quatre ou cinq
ans.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, ce campus devrait réunir,
enfin, rassembler une clientèle qui irait de quelle ville à
quelle ville? Depuis Dolbeau jusqu'à Roberval ou parce qu'il y a toutes
les paroisses qui se trouvent dans l'arrière-pays dont il faut tenir
compte.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Au point de vue régional, je peux avoir
des lacunes mais en gros c'est de Dolbeau à Roberval. Roberval peut
cependant aller tout aussi bien, si je comprends bien, à Alma
qu'à Saint-Félicien.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je comprends les
difficultés qui se sont posées, je les connais très bien.
J'ai participé à plusieurs réunions où l'on a
discuté ce problème. Maintenant, que prévoyez-vous, en
termes d'envergure, de dimension ou d'importance physique, en ce qui concerne
le campus de Saint-Félicien?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Avec une population prévue de 800
à 1,000 élèves, on est au minimum pour avoir des services
complets, mais on peut dire que ce sont des services complets dans un campus
régional, de collège avec quelques programmes qui y seront
donnés au complet. Ceux-là sont très limités
cependant. Dans un bon nombre de programmes, le campus pourra donner les deux
premières années, alors que la troisième année
devra être faite soit à Chicoutimi, à Jonquière ou
à Alma.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Quelles seront les options principales qui
seront données au campus de Saint-Félicien?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Celles qui sont demandées
présentement sont dans le domaine du tourisme, des techniques de chasse
et de pêche, de l'agriculture et de la forêt.
M. LE PRESIDENT: Pardon, l'agriculture irait à Alma.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Mais ça, c'est à
l'intérieur du collège régional que cette
distribution-là est discutée.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que, à ce campus de
Saint-Félicien, les étudiants pourraient aller jusqu'aux classes
terminales?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Dans quelques programmes.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ceux que vous venez
d'énumérer?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Les décisions ne sont pas prises de ce
côté-là. Le collège régional reçoit
les demandes du campus et nous fait des recommandations à partir de ces
dossiers-là.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): En termes de relations avec les autres campus,
Jonquière, Chicoutimi, Alma, comment tout cela va-t-il se passer, en ce
qui concerne le collège de Saint-Félicien, le déplacement
des élèves? S'il n'y a pas classe terminale en certaines options,
comment va-t-on faire le raccord?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Remarquez bien que c'est déjà ce
qui se passe dans toute la province en plusieurs options. Il y a, par exemple,
quatre ou cinq collèges qui donnent la première année des
techniques minières sans donner la deuxième ou la
troisième. Dans les techniques chimiques, il y a aussi le même
phénomène. Dans presque toutes les techniques, nous avons ce
phénomène. Pour avoir des options qui sont données de
façon à la fois rentable et avec de la qualité, il nous
faut au niveau de la troisième année, l'année terminale,
des groupes d'étudiants suffisamment nombreux.
Par exemple, en électrotechnique, il y a quatre ou cinq voies de
sortie. Presque tous les collèges qui donnent l'électrotechnique
donnent le tronc commun, c'est-à-dire les deux années communes.
En troisième année, l'étudiant qui veut aller en
électronique générale doit se déplacer si son
collège donne seulement l'électrotechnique. C'est un
phénomène que l'on a déjà dans toute la province.
Il y aura quelques programmes où les étudiants se
déplaceront vers Saint-Félicien pour leur troisième
année.
S'il arrive qu'ils ont la technique forestière ou la technique
touristique... La technique touristique pour le moment se donne sur la base du
tronc commun en technique administrative. Il se pourrait que des gens fassent
les techniques administratives 1 et 2 à Chicoutimi ou à
Jonquière et qu'ils aillent faire leur troisième année
à Saint-Félicien.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce programme de régionalisation de
l'enseignement collégial, dans la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean, a-t-il été pensé,
préparé en collaboration avec l'Université de
Chicoutimi?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): L'Université du Québec?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On ne dit plus l'Université du
Québec à Chicoutimi, on dit l'Université de Chicoutimi,
Chicoutimi étant la capitale régionale.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je voulais quand même préciser car
je crois que la région du Lac-Saint-Jean fait encore partie du
Québec.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): L'université du nord, comme on
l'appelle. On sait que c'est une constituante, mais c'est l'Université
de Chicoutimi pour nous.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pas de façon systématique,
non.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Là je vous pose la question, parce que
c'est assez sérieux, c'est assez grave. Ce n'est pas une question
oiseuse dans mon esprit et qui soit de nature à
embarrasser qui que ce soit, mais l'Université du Québec
à Chicoutimi, pour plaire à M. le ministre...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ma responsabilité s'étendant
à l'échelle de tout le territoire québécois, alors
que la vôtre s'étend en ce moment à l'échelle de
Chicoutimi, vous comprendrez pourquoi je tiens à apporter cette
précision.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ma responsabilité s'étend
à tout le territoire québécois également en ma
qualité de membre de l'Assemblée nationale.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est exact, oui. Avec une implantation
très forte à Chicoutimi, comme il se doit.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Actuellement, à l'Université du
Québec à Chicoutimi on est à préparer des
programmes d'expansion assez importants et vous me dites enfin, je ne
veux pas trahir votre pensée, vous me corrigerez si ce n'est pas exact
qu'il n'y aurait pas eu de consultation en bonne et due forme, que les
gens de l'Université du Québec à Chicoutimi n'auraient pas
dites-moi si je me trompe participé à la
préparation de ce programme de régionalisation de l'enseignement
collégial.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Au niveau du rapport Couet, oui; mais au niveau
de la mise en place, pas à ma connaissance.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Parce que vous comprendrez, M. le ministre,
c'est à vous que je m'adresse plus spécialement ici, que
l'expansion d'une Université du Québec à Chicoutimi
dépend, en grande partie, de l'expansion de cet enseignement
collégial, puisque, évidemment, il y a des étudiants qui,
au termes des études collégiales vont entrer dans le
marché du travail, mais il y en a d'autres qui vont poursuivre des
études dites universitaires. Il est donc important pour la région
du Saguenay-Lac-Saint-Jean et pour l'Université du Québec
à Chicoutimi de savoir si les étudiants qui se seront
spécialisés dans tel ou tel domaine et qui voudraient poursuivre,
qui voudraient aller au-delà, puissent savoir si l'on a prévu que
l'Université du Québec à Chicoutimi pourra
éventuellement les recevoir, pas, naturellement, dans toutes les
disciplines, mais pour un certain nombre de disciplines où
l'enseignement complet pourrait être donné à Chicoutimi, ce
qui permettrait l'expansion plus rapide de cette université.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): A ce sujet-là, il y a une coordination
plus générale qui se fait au niveau provincial, par le
comité de liaison: enseignement supérieur, enseignement
collégial. Mais il y a, dans la région même, des
mécanis- mes de coordination et de passage des étudiants du
collégial de la région à l'enseignement universitaire
â Chicoutimi. Et les relations sont excellentes de ce
côté-là. La collaboration est très bonne.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, je ne vous demanderai pas de me
dire ce matin ce qui se fait, mais est-ce que, au cours de l'année qui
vient, il sera possible de déterminer un certain nombre de programmes
qui soient pensés en fonction du développement, de l'expansion de
l'Université du Québec à Chicoutimi, de sorte qu'on
puisse, d'ici un an ou deux, savoir et cela intéresse les
étudiants que s'ils prennent telle ou telle option, que ce soit
dans un campus ou l'autre, s'ils ont envie de poursuivre des études
au-delà du stade du collégial, ils pourront recevoir cet
enseignement à l'Université du Québec à Chicoutimi?
Et les observations que je fais là, je les fais dans la perspective de
l'expansion de Chicoutimi. Je pourrais les faire également dans la
perspective de l'expansion de toutes nos universités.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est exact, M. le Président. En fait, le
député de Chicoutimi soulève l'important problème
de la planification universitaire à l'échelle de tout le
territoire québécois. Il existe un comité des programmes
et un certain nombre d'instances, comme le Conseil des universités, qui
s'y intéressent. On peut en discuter maintenant ou on peut
peut-être attendre que nous arrivions à l'article de
l'enseignement supérieur.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, je serais d'accord pour que nous
examinions le problème plus à fond, lorsque nous
étudierons la question de l'enseignement supérieur. Je le
souligne ici, parce que nous parlons de régionalisation.
Je voudrais vous poser une question qui touche l'option
aéronautique à Chicoutimi. Est-ce qu'il y a eu progrès
dans ce secteur du CEGEP de Chicoutimi? Est-ce qu'on a l'intention de permettre
à cette école d'aéronautique de se donner une expansion
qui ne soit pas entravée par les ambitions qui se sont
manifestées en d'autres secteurs du Québec?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Jusqu'à cette année, il y a eu
effectivement un travail de mise en place de cette option. Ce n'est que depuis
cette année que l'on a les équipements complets à la piste
de Saint-Honoré. C'est l'option de pilotage que l'on offre
présentement qui est complétée dans le secteur
aéronautique par l'option de mécanique au collège
Edouard-Montpetit.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A Montréal.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pour ce qui est du développement de
l'option, nous avons des projets qui nous sont parvenus récemment
pour
que le campus de Chicoutimi travaille à la formation de
contrôleurs de trafic aérien et aussi un complément du
côté du pilotage d'hélicoptère. Ces deux dossiers
sont à l'étude présentement et on les a reçus assez
récemment. Le député de Chicoutimi songerait-il à
s'inscrire?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je suis un homme de haut vol; pas de haute
voltige, mais de haut vol. Mais comme j'ai personnellement travaillé
très étroitement avec les autorités locales à la
création de cette école de pilotage, vous comprendrez que je m'y
intéresse et que je ne voudrais pas que les privilèges qu'on lui
a donnés lui soient ravis par d'autres écoles. A Chicoutimi,
c'est devenu quelque chose de très important.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je peux rassurer le député de
Chicoutimi. C'est vraiment une question de planification. Notre planification
est rigoureuse. Il n'est certainement pas question de permettre un
développement anarchi-que au niveau des options, surtout
celle-là.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, j'ai une autre question à
vous poser. Quel est le rôle précis du bureau d'Arvida?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II s'agit de la distinction que je faisais tout
à l'heure entre des services purement administratifs et l'administration
au jour le jour, pour ainsi dire, de la pédagogie de la vie
étudiante. Cette distinction, nous l'appliquons dans le cas du
collège régional. Nous avons pensé qu'à ce
moment-là il pourrait y avoir un bénéfice. Nous essaierons
de le mesurer à la suite des expériences. C'est que des
administrateurs, présentement, dans un CEGEP non
régionalisé, doivent s'occuper en même temps de toute
l'administration, qui est lourde, et du service à l'étudiant,
d'une façon directe. En départageant ces deux aspects, il nous a
semblé que nous aurions, dans le campus, des administrateurs beaucoup
plus disponibles aux étudiants, beaucoup plus tournés vers les
services et, par ailleurs, une planification, une administration rodée,
meilleure au niveau régional. C'est le bénéfice que nous
escomptons de cette division.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): En termes de personnel enseignant, compte tenu
du développement qui est assez important et qui progresse, dans la
région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, vous apparaît-il que les
effectifs sont, à l'heure actuelle, suffisants et, selon les projections
que vous avez, croyez-vous qu'il n'y aura pas de difficulté à
trouver tout le personnel nécessaire au nombre assez important d'options
qui apparaissent au programme?
M. PARE: Je ne crois pas. Présentement, tous les collèges,
même les plus éloignés, tels que Gaspé et
Rouyn-Noranda, reçoivent, lorsqu'ils font une annonce de poste ouvert
dans l'enseignement, un nombre de candidatures qui leur donnent le choix; ce
qu'Os n'avaient pas il y a quelques années. A rouyn, on me mentionnait
récemment qu'il y a encore trois, quatre ou cinq ans, lorsqu'il fallait
un professeur, il fallait se déplacer et aller faire du recrutement
auprès des finissants universitaires, sans savoir d'avance qui
était intéressé alors que, présentement, on fait
une annonce, on reçoit des candidatures et on a un certain choix.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela coincide avec les projections que vous
faites pour les cinq, six ou sept années à venir.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Jusqu'à 1978-1979, environ,
l'organigramme se développe.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je pose la question à M. le
sous-ministre, qui est de la région.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Qui a été de la région.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Qui l'est encore, dans notre esprit.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'en suis fort aise.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je vous sais gré de ces renseignements
que vous avez bien voulu me fournir. Il resterait, évidemment, à
parler du collège d'Alma, mais il s'agit du terrain, du fief
réservé à mon collègue, le député du
Lac-Saint-Jean. Je serais heureux, s'il veut s'entendre, de lui donner la
permission, même s'il est président, de poser des questions.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce n'est peut-être pas indispensable, M.
le Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Si M. le député ès
qualités veut poser des questions, j'aimerais l'entendre parce que je ne
voudrais pas fouler ses plates-bandes.
M. LE PRESIDENT: En tant que président, les règlements ne
me le permettent pas.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Nous pouvons vous le permettre.
Alors, disons que nous aurons parlé en votre nom et
défendu votre cause, M. le Président. Je vous remercie, M.
Paré.
M. CHARRON: M. le Président, sur le projet de
régionalisation de l'année dernière, il y avait des points
d'interrogation quant aux effets qu'une régionalisation pouvait avoir
sur la vie
étudiante du fait de l'éloignement à tout le moins
géographique de l'administration d'une part. J'aimerais savoir quelles
difficultés il y a eues ou comment le tout s'est présenté
au cours de l'expérience de l'année. Je voudrais aussi
connaître comment cela a influencé la vie pédagogique,
c'est-à-dire la participation des enseignants à
l'élaboration des programmes pédagogiques, de la gestion
pédagogique des CEGEP. Vous avez mentionné tout à l'heure
qu'on avait eu une espèce de déconcentration au niveau des campus
du rôle du directeur des services pédagogiques. Comment cela
s'est-il traduit dans le fait, avec bonheur ou avec difficulté?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je puis difficilement répondre à
votre question de façon satisfaisante parce que l'année en a
été une de mise en place, de sorte que les mécanismes, on
peut dire, n'ont pas vraiment fonctionné. Ils fonctionneront,
j'espère, l'an prochain. Dans le cas de Saint-Hyacinthe, c'est en
janvier, février, finalement, que la structure régionale a
été fonctionnelle. Dans le cas du Saguenay-Lac-Saint-Jean, elle
le sera, dans le cas de la Côte-Nord, ce n'est pas tellement significatif
parce que le campus Mingan à Sept-Iles a ouvert ses portes en septembre
avec seulement un collégial I et 90 ou 93 étudiants. Le
collège général Champlain était à un seul
campus, alors, je peux difficilement répondre.
M. CHARRON: L'expérience est trop jeune.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): D'ailleurs, la fin de l'année a
été assez perturbée à certains endroits, ce qui ne
facilite pas non plus un jugement de valeur.
M. CHARRON: A cause de quoi donc déjà?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): A cause d'événements que le
député de Saint-Jacques connaît fort bien.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Au sujet des budgets, selon le rapport Couet,
on doit accepter chaque année enfin c'est ce qu'on dit dans ce
rapport le budget de chacun des campus et ces budgets sont ensuite
administrés par chacun des campus. Comment cette technique se
présente-t-elle?
Il y a un budget global distribué ensuite à chacun des
campus. Comment se fait l'identification de chaque campus à
l'intérieur de ce budget-programme?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): La préparation du budget est faite
d'abord sur chaque campus et ces demandes sont consolidées,
réétudiées et finalement présentées à
nous par le collège régional pour l'ensemble. Dans la
présentation même, il y a cette répartition par campus et,
étant donné les règles particulières, par exemple,
touchant le personnel cadre, le personnel d'enseignement, cette
répartition par campus est aussi discutée au moment des
budgets.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II y a donc de cette façon une
distribution des ressources. Ne craignez-vous pas, compte tenu de l'importance
de certains des campus enfin, je pense à Jonquière et
à Chicoutimi que la voracité de certains d'entre eux
pourrait compromettre l'expansion de ceux qui sont moins importants en
nombre?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Etant donné l'équilibre du conseil
d'administration à ce sujet, et vu que l'expansion qui a
été donnée au service de l'enseignement collégial
dans toute la région va finalement profiter aussi à tous les
campus, le recrutement pour les années terminales dans un certain nombre
d'options va bénéficier au CEGEP de Chicoutimi et à celui
de Jonquière. Je pense qu'on arriverait à un équilibre
utile dans ce domaine.
Il faut absolument que les populations concernées s'habituent
à penser en termes de région. C'est l'intérêt
général et c'est d'ailleurs également
l'intérêt du concept des CEGEP. Je me rends compte qu'il y a des
difficultés à cause de l'évolution des mentalités,
mais je souhaite que ces difficultés puissent être
résorbées le plus rapidement possible parce qu'autrement le
concept même des CEGEP est remis en cause.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Evidemment, la réponse que nous fait
là le ministre est une réponse d'ordre général. Il
est bien évident qu'il y a des mentalités à changer, mais
il y a quand même des réalités qu'on ne peut pas changer;
lorsque ces réalités sont d'ordre géographique ou
physique, on ne les déplace pas.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Mais nous tenons compte de ces
réalités.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je pose la question et je ne porte pas de
jugement. Je serais, d'ailleurs, porté à défendre mes
propres intérêts et défendre le campus de Chicoutimi. Mais,
en termes de répartition des ressources, je sais qu'il y a actuellement
beaucoup de points d'accrochage. J'invite le ministre à revoir
l'ensemble du problème avec les personnes intéressées et
avec les responsables de cette direction pour que, justement, on ne s'autorise
pas de ces petits problèmes qui tiennent parfois à des
susceptibilités pour empêcher une régionalisation qui irait
dans le sens de l'intérêt de toutes les constituantes de cette
immense machine régionalisée de l'enseignement collégial
chez nous.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est tout à fait juste. M. le
Président. D'ailleurs, j'en profite pour signaler qu'il y a une
rencontre de prévue dès la semaine prochaine avec les
autorités locales à ce sujet.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Parce qu'il y avait des problèmes?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a des problèmes, bien sûr.
C'est souvent une gageure d'en arriver à faire évoluer ces
mentalités. Des intérêts locaux existent, mais au
Québec, on doit de plus en plus dépasser ces
intérêts locaux. Je vous avoue, quant à moi, que j'ai
été frappé lors de certaines tournées que j'ai pu
faire je ne pense pas au Lac-Saint-Jean en ce moment; je pense au
Bas-du-fleuve par la très très grande importance des
intérêts locaux qui aveuglent souvent au point qu'on va à
l'encon-tre de ces mêmes intérêts en ne tenant pas compte
d'une vue assez globale.
M. LE PRESIDENT: Je remercie le député de Chicoutimi
d'avoir posé les questions que j'aurais moi-même
posées.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Adopté. M. TREMBLAY (Chicoutimi):
Adopté.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'on peut considérer que...
M. CHARRON: M. le Président, je voudrais demander à M.
Paré si le rapport Roquet a donné lieu à des
décisions qui ont altéré des programmes de cours communs
dans les CEGEP au cours de la dernière année?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II n'y a pas eu, suite au rapport Roquet,
strictement parlant, de décision. Les transformations au régime
pédagogique qu'il apporte sont d'une entreprise de plus longue date,
à plus long terme. A la suite du rapport Roquet une analyse a
été faite de ces recommandations. Comme hypothèse de
travail nous avons retenu des principes du rapport Roquet mais non pas la
formule elle-même qui nous apparaissait trop disparate en termes
d'exigence de cours. Cela nous a amenés à faire deux projets
parallèles qui sont poursuivis présentement et qui sont
complémentaires. D'une part, une traduction de nos unités de
cours en crédits va nous amener, nous l'espérons, à avoir
une pondération plus équivalente d'un programme à l'autre.
En même temps, une précision du régime pédagogique
qui va dans le sens du rapport Roquet, nous amènerait à un
assouplissement, sans doute, des cours visant directement la formation
générale, cours communs obligatoires ou optionnels dans le cas
des complémentaires. Ce travail se poursuit. Au cours du mois de juin,
une semaine de rencontres des directeurs des services pédagogiques va
porter directement sur le régime pédagogique lui-même dans
cet esprit en même temps que d'autres aspects complémentaires.
M. CHARRON : Mais les recommandations à caractère
précis du rapport Roquet n'ont pas été retenues par la
direction générale.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y avait dans le rapport Roquet, qu'on
s'entende bien, une formule de cours communs qui n'a pas été
retenue. La raison principale est qu'on nous recommandait d'exiger pour chaque
étudiant qu'il prenne quelques cours dans sept disciplines
différentes. Cela nous a semblé être de type de niveau
secondaire. Il nous faut, au niveau collégial, pour que la formation
soit plus approfondie, un peu plus spécialisée, limiter le nombre
de disciplines qu'ils doivent choisir.
M. CHARRON : Une discipline commune.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui. Au lieu d'avoir sept groupes, on
retiendrait peut-être trois groupes avec plus de choix à
l'intérieur de chaque groupe.
M. CHARRON: Nous reviendrons là-dessus à la prochaine
séance si vous voulez.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'on peut considérer que le sous-article
1 ainsi que les catégories 1, 3, 4, 5, 6, 7, 8 et 11 sont
adoptés?
M. CHARRON: Non.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, avant que vous ne leviez
la séance, je voudrais dire deux choses. La première est que je
souhaite déposer un document que j'ai promis hier en ce qui concerne les
exigences spécifiques des programmes de CEGEP pour septembre 1973.
Il est déjà distribué, mais je tiens à ce
que ce soit enregistré au journal des Débats. La deuxième,
c'est que nous continuerons probablement à la prochaine séance la
discussion de cet article.
Nous sommes rendus à une douzaine d'heures de discussion. Je le
signale simplement pour savoir si les membres de la commission veulent se
concentrer sur certains problèmes.
M. CHARRON: Je n'ai jamais vu douze heures passer aussi rapidement !
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Et de façon aussi agréable et
intéressante, devrais-je ajouter.
M. LE PRESIDENT: La séance ajourne ses travaux à mardi,
dix heures, ici.
(Fin de la séance à 12 h 26)
Séance du mardi 30_mai 1972
(Dix heures sept minutes)
M. PILOTE (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A l'ordre,
messieurs !
Avant de commencer la séance, le député de
Portneuf, M. Drolet, remplace le député de Richmond, M. Brochu;
le député de Yamaska, M. Faucher, remplace le
député de Marguerite-Bourgeoys; le député de
Compton, M. Dionne, remplace le député de Taillon, M. Leduc.
M. DROLET: Et le député des Iles-de-la-Madeleine remplace
qui?
M. LACROIX: C'est parce que le député de Chicoutimi
m'adore, comme je sais qu'il adore le ministre des Affaires culturelles.
M. LE PRESIDENT: Le député des Iles-de-la-Madeleine, M.
Lacroix, remplace le président qui n'est pas censé être sur
la commission.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Etre de la commission, parce que sur la
commission, nous sommes beaucoup; nous pourrions l'écraser.
M. LE PRESIDENT: Nous étions rendus, la semaine dernière,
à la direction générale de l'enseignement
collégial. Nous avions passé l'article 7 pour prendre l'article
10.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je pense, M. le Président, que nous
avions fait un bon tour d'horizon de cette direction
générale.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela va, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Alors, on peut considérer que les
catégories 1, 3, 4, 5, 6, 7, 8 et 11 sont adoptées.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Et on revient au financement, M. le
Président, à l'article 8 qui avait été suspendu.
D'accord pour moi.
Direction générale du
financement
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Alors, nous pouvons passer à la Direction
générale du financement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté.
M. LE PRESIDENT: L'article 8 est adopté, avec toutes les
catégories. L'article 10 aussi.
Sous-article 2: Subventions de fonctionnement aux collèges
d'enseignement général et professionel?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est statutaire. Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
Sous-article 3: Subventions d'investissement aux collèges
d'enseignement général et professionnel?
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Même chose. Même chose pour la
dette. Nous avons assez de dettes; n'en parlons pas.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 11: Direction
générale de l'enseignement supérieur?
Direction générale de l'enseignement
supérieur
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela va, M. le Président.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, nous
préférerions passer le financement, tel qu'entendu, si ceci ne
vous gênait pas.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): N'a-t-il pas été
adopté?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous avons adopté le financement de la
direction générale du collégial; il nous resterait
maintenant à adopter les crédits de la Direction
générale du financement, c'est-à-dire l'article 8.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous venons de le faire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Alors, l'article 8 est adopté, ainsi que
l'article 10.
M. TREMBLAY (Chicoutimi); C'est du "filibuster" à l'envers.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Parfait.
M. LE PRESIDENT: Article 11: Direction générale de
l'enseignement supérieur.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté, quant â nous.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Cela a été discuté en long
et en large.
M. LE PRESIDENT: Ainsi que les catégories?
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Toutes les catégories jusqu'à
12.
M. LE PRESIDENT: Jusqu'à 12, ainsi que les sous-articles 2 et 3
sont adoptés. Article 12: Direction générale de
l'éducation permanente.
Direction générale de l'éducation
permanente
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Article 1, administration, ça va, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Catégorie 1, traitements,
salaires et allocations.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela va. M. LE PRESIDENT: Adopté.
Catégorie 3.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Quant à moi, adopté
jusqu'à la fin.
M. LE PRESIDENT: On peut considérer que les catégories 1,
3, 4, 5, 6, 7, 8, 10, 11, 13 et 15 sont adoptées.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 2, Multi-Media de formation?
Multi-Media
M.TREMBLAY (Chicoutimi): J'aimerais avoir une petite déclaration
très brève du ministre sur l'orientation de Multi-Media.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, le projet de Multi-Media
se rattache, comme les membres de cette commission le savent, à
l'expérience Tevec. Multi-Media a fait l'objet d'un arrêté
en conseil, en décembre 1970, qui a été suivi de la
création d'une commission administrative, laquelle devait
présenter des recommandations sur l'orientation du projet. Ces
recommandations viennent de m'être remises, et je ne vous cache pas que
je pense qu'une décision définitive devra être prise en
relation avec la restructuration que nous projetons de la Direction
générale de l'éducation permanente.
En effet, nous sommes de plus en plus convaincus qu'il ne faudrait pas
créer un système qui, à toutes fins utiles,
concurrencerait les structures de l'éducation permanente tant au
ministère que dans les différentes régions, au niveau des
collèges et au niveau des commissions scolaires. Ainsi, nous nous
demandons s'il ne faudra pas envisager une intégration de Multi-Media
à la Direction générale de l'éducation
permanente.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que je peux interrompre le ministre ici
et lui demander une chose? Est-ce qu'une fois ces études
complétées le ministre pourra faire une déclaration, si
évidemment la Chambre siège encore, émettre un document ou
tenir une conférence de presse, nous indiquant quelle sera l'orientation
de Multi-Media en fonction de ce qu'il vient de nous dire?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est mon intention, M. le Président. Il
me semble que, d'ici quelques semaines, il serait sans doute possible d'arriver
avec une déclaration extrêmement claire qui donnerait, une fois
pour toutes, son orientation au projet Multi-Media.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Dans ces conditions-là, M. le
Président, je suis prêt à adopter le sous-article 2 en
entier, avec les catégories afférentes.
M. LE PRESIDENT: Le sous-article 2 et les catégories sont
adoptés?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 13: Bureaux régionaux.
Bureaux régionaux
M. TREMBLAY (Chicoutimi): D'accord, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Adopté ainsi que les catégories?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui.
M. LE PRESIDENT: Article 14: Service général des moyens
d'enseignement.
Service général des moyens d'enseignement
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Dans son entier?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Dans son entier. Les bibliothèques
également.
M. LE PRESIDENT: Le service des bibliothèques, adopté?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui.
M. LE PRESIDENT: Service des cours par correspondace.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Même ceux avec nos électeurs,
ça va, M. le Président.
Office de la langue française
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 15: Office de la langue
française.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre a un petit mot à
nous dire?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, M. le Président. Je pense que
l'année a été bonne pour l'Office de la langue
française. L'année dernière,
j'avais annoncé une restructuration de cet organisme et j'avais
indiqué qu'il devait se donner une vocation beaucoup plus pratique dans
le cadre du programme "Français, langue de travail".
Cette restructuration a eu lieu au cours de l'année et a permis
la création d'un service de relations de travail particulièrement
chargé de l'implantation du programme en question. Une partie des
effectifs ont été déménagés à
Montréal, dans des locaux au centre du quartier des affaires, de
manière à permettre une coordination beaucoup plus facile avec le
monde du travail. Une équipe provisoire a été mise sur
pied, équipe qui comprenait je dis comprenait parce qu'elle est
remplacée maintenant par une équipe permanente des
représentants de plusieurs ministères impliqués dans la
question linguistique je pense aux ministères de l'Industrie et
du Commerce, aux Affaires culturelles, à l'Education, au Travail
et également des représentants des grandes centrales syndicales
ainsi que des représentants du patronat.
La composition même de cette équipe vous indique que le
gouvernement entendait impliquer le plus de groupes possible à ce
programme. Le mandat de cette équipe a été de mettre au
point une méthodologie qui permettrait de travailler, dans les
entreprises, à refranciser. Cette méthodologie a donné
lieu à la définition d'un certain nombre de grilles portant en
particulier sur les communications à l'intérieur des entreprises.
Il faut bien se rendre compte que refranciser une entreprise peut signifier
quelque chose de différent suivant le secteur dont il est question.
Dans le secteur de l'électronique, par exemple, où une
entreprise pourrait être considérée comme
refrancisée si ses communications internes se font en français,
même si ses communications externes, à cause de l'objet même
de cette entreprise, continuent de se faire en partie ou complètement en
anglais.
Dans un autre secteur comme celui de l'alimentation, qui a largement
affaire au public, la refrancisation pourrait être plus poussée
sans qu'on puisse nécessairement faire des comparaisons.
Les grilles de travail, par conséquent, visaient à
étudier les communications internes, les communications externes
à différents niveaux. Je n'ai pas l'intention d'insister
là-dessus. Je n'ai aucune objection à ce que l'on distribue aux
membres de la commission des exemplaires de ces grilles ainsi que tous les
documents qui pourront être utiles. Ceci pourra être fait
dès cet après midi.
L'équipe provisoire a été remplacée par une
équipe permanente et il y a maintenant un directeur de ce service de
relations de travail. Même si l'équipe permanente aura à
faire encore appel à des consultants c'est un principe qui nous
paraît intéressant et utile il y a maintenant un noyau au
sein de l'Office de la langue française qui continuera cette tâche
du français langue de travail.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Merci, M. le ministre. Le ministre a sans
doute pris connaissance par le journal Le Soleil de la proposition que j'ai
faite à savoir qu'il est nécessaire pour le gouvernement de
définir progressivement une politique de la langue, qu'il est
extrêmement difficile de déclarer qu'on décrète
à un moment ou l'autre qu'il y a... On parle de législation, on
définit une politique globale de la langue. J'ai donc proposé que
l'on procède par secteurs et comme il est extrêmement difficile
pour le gouvernement, via un organisme rattaché directement au
ministère de l'éducation, de mettre en application toutes les
politiques, les lois et décrets gouvernementaux, j'ai
suggéré que l'Office de la langue française devienne
bientôt une régie indépendante du gouvernement avec budget
et pouvoirs appropriés, chargée d'appliquer les politiques
énoncées par le gouvernement et les politiques établies
par le gouvernement, soit par loi, soit par décret, parce qu'il n'est
aucun ministre, aucun ministère, aucun gouvernement qui puisse vraiment
surveiller de façon efficace tous les détails. Je propose
l'adoption, M. le Président, de cet article.
M. LE PRESIDENT: Alors, l'article 15 est adopté...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): En entier.
Haut-Commissariat à la jeunesse, aux loisirs et
aux sports
M. LE PRESIDENT: Article 16, Haut-Commissariat à la jeunesse, aux
loisirs et aux sports.
M. DROLET: Le ministre a-t-il une déclaration à faire
là-dessus?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, M. le Président. Avant de commencer
l'étude des crédits du Haut-Commissariat, je désirerais
rendre un hommage particulier au député de Fabre. Le
député de Fabre, qui a été adjoint du ministre de
l'Education pendant un peu plus d'un an, a fait, dans la mesure où il
était chargé du Haut-Commissariat, un travail remarquable.
Il a dépensé une énergie considérable et je
regrette, pour ma part, son départ. Ce n'est pas explicable, pour des
raisons personnelles que je n'ai pas à juger, mais je tenais à
souligner de façon très nette la contribution du
député de Fabre au monde du sport et des loisirs.
Ceci dit, je pense que le Haut-Commissariat pose des problèmes,
des problèmes sérieux qui comportent des solutions, lesquelles,
à mon avis, pourraient être apportées assez rapidement. Ce
sont des problèmes de structure et des problèmes de
programme.
A ce propos, je serais extrêmement intéressé
à entendre les différents avis des membres de cette commission.
Je ne vous cache pas que j'ai déjà un certain nombre
d'idées au sujet de l'orientation possible du Haut-Commissariat. Le fait
que j'ai été amené à m'en occuper d'une
manière un peu plus directe, à cause du départ du
député de Fabre, m'a peut-être permis de me poser un
certain nombre de questions tant en ce qui concerne le programme qu'en ce qui
concerne les structures.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, au sujet de ce
Haut-Commissariat à la Jeunesse, aux Loisirs et aux Sports, j'aimerais
connaître du ministre de l'Education si on a fini par s'entendre sur un
concept de loisirs et de sports qui fassent se rejoindre des gens qui
maintiennent encore, à tort ou à raison je ne me prononce
pas sur le fond de la question une distinction très
marquée et voudraient que des frontières aussi soient nettement
dressées entre ce qu'on appelle le domaine des sports et le domaine des
loisirs.
Il y a un problème de définition qui, je sais, a
constitué, depuis le moment où on a créé ce
Haut-Commissariat, une occasion, une cause d'accrochage perpétuel,
certaines gens donnant aux loisirs une définition très vaste,
englobant par conséquent tout le domaine des sports, d'autres voulant
distinguer entre le sport proprement dit, qu'il soit pratiqué au niveau
scolaire ou par l'ensemble de la population, donnant à ce mot "sport"
une définition beaucoup plus restrictive et ne considérant ou
tout au moins ne voulant pas considérer l'activité de sport comme
se rattachant de façon plus ou moins directe au domaine des loisirs.
Alors, j'aimerais entendre soit le ministre ou soit le
député de Fabre qui a discuté de ces questions.
On commence à voir se dessiner une orientation. Encore en fin de
semaine, en une circonstance que je n'ai pas besoin d'évoquer, il a
été question de ce problème, d'une distinction à
faire entre le sport, les loisirs, la culture. Quand j'étais ministre
des Affaires culturelles le ministre des Affaires culturelles qui m'a
suivi a eu les mêmes problèmes il était toujours
difficile de déterminer les frontières. Alors, est-ce que M. le
ministre ou M. le député de Fabre pourrait nous situer un peu le
débat tel qu'il se présente aujourd'hui? Est-ce que les
orientations que l'on tente de donner au haut-commissariat partent de
définitions qui seraient, maintenant, plus précises? Est-ce que
l'on s'apprêterait, au ministère de l'Education, dans le cadre du
haut-commissariat, à délimiter les champs de travail de ceux qui
oeuvrent dans ce domaine de la jeunesse, des loisirs et des sports?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, les remarques du
député de Chicoutimi sont très pertinentes, comme
d'habitude. Je pense que le point de départ de nos réflexions
devrait être la conception du temps libre. A partir de cette conception
du temps libre, on peut, plus facilement, définir les rôles d'un
organisme comme le haut-commissariat. C'est, je pense, la problématique
qui doit nous guider.
Le temps libre englobe tout ce qui est loisir, tout ce qui est sport et
tout ce qui est activités dites socio-culturelles. Nous sommes,
actuellement, au haut-commissariat, à définir je crois
d'une façon satisfaisante une politique d'ensemble, qui pourrait
être présentée d'ici, peut-être, une semaine ou deux,
qui prend comme point de départ le concept que je vous ai défini
et qui comporterait un certain nombre d'objectifs à atteindre pour cet
organisme.
J'en reconnais quatre: favoriser l'accessibilité pour tous aux
activités d'occupation du loisir; favoriser l'amélioration de la
santé; favoriser l'éducation aux loisirs; favoriser l'expression
et la créativité.
Si l'on tient compte de la conjoncture qui est celle du Québec,
en particulier dans l'optique des jeux olympiques de 1976, le haut-commissariat
sera amené à adopter un certain nombre d'objectifs plus
précis, dans le cadre général que je viens de vous
définir. Ces objectifs plus précis comporteront des
priorités qui devront tourner autour du mode de subvention des
principaux grands organismes qui oeuvrent dans le domaine du loisir et dans le
domaine du sport.
Jusqu'ici, j'ai eu l'impression que trop souvent ces subventions
étaient données sans que nous posions de conditions très
précises. Trop souvent, j'ai eu l'impression que ces subventions
étaient utilisées, en grande partie, pour des dépenses de
secrétariat.
Nous sommes en train de définir des protocoles d'entente, des
protocoles extrêmement précis, qui permettront de définir,
en cours de route, une véritable politique du loisir et du sport. C'est
le seul instrument qui soit donné à un organisme comme le
haut-commissariat d'utiliser ces subventions. Je rappelle au
député de Chicoutimi que c'est ce qui a été fait
depuis plusieurs années, au ministère des Affaires culturelles,
permettant ainsi d'orienter certains secteurs des activités
culturelles.
Des subventions données sans conditions sont des subventions
pratiquement à fonds perdu. Des subventions données à la
suite de protocoles précis qui déterminent les différentes
responsabilités de chacun des organismes, tout en conservant à
l'organisme central son rôle de leadership, deviennent des subventions
qui ont un sens.
Voilà, M. le Président, sur le plan des programmes, de
quelle façon nous réfléchissons. Je rappelle que je compte
très bientôt proposer une politique d'ensemble dans ce
domaine.
M. LE PRESIDENT: Le député de Portneuf.
M. DROLET: M. le Président, j'ai écouté les paroles
du ministre de l'Education et je me pose des questions. Je crois en sa
sincérité mais, quand même, je pense que ce qu'il a dit a
déjà été dit dans le passé par ceux qui ont
eu la responsabilité du haut-commissariat.
J'ai entendu le ministre dire, tout à l'heure,
au tout début de son exposé, qu'il avait des idées,
qu'il espérait que ces idées puissent se concrétiser
bientôt. Je tiens quand même à dire au ministre qu'en ce qui
nous concerne nous avons toujours, nous, de notre groupe, eu confiance au
député de Fabre, qui semblait celui qui s'y connaissait le plus
dans le monde du sport et du loisir, dans le gouvernement actuel. Le
député de Fabre avait des idées. J'ai ici, M. le
Président, des coupures de journaux depuis le jour où il fut
nommé responsable du haut-commissariat. Il avait des idées, mais
elles n'ont jamais été acceptées par son gouvernement.
C'est ce qu'il nous semble, à première vue. Le gouvernement
semblait toujours avoir de la difficulté à se brancher en ce qui
regarde le haut-commissariat.
Je me demande si le ministre je lui souhaite bonne chance
même s'il a lui aussi, des idées, sera capable de les faire
passer, si vous voulez, à l'échelle du cabinet des ministres.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Tout ce que je peux dire, M. le
Président, c'est que je vais essayer. Mais j'ai l'impression que depuis
quelques temps il a quand même été possible d'arriver
à une définition beaucoup plus précise de ce que pourrait
être un programme pour le haut-commissariat, et ceci devrait faciliter
l'acceptation par le conseil des ministres.
Dans le passé, on a peut-être trop lié le programme
à la structure et c'est sans doute ce qui aurait créé des
difficultés. Parce que, sur le plan de la structure, on peut envisager
plusieurs hypothèses. On peut envisager l'hypothèse qui est celle
que nous vivons, actuellement, à savoir que le Haut-Commissariat est
intégré au ministère de l'Education, et que le ministre de
l'Education peut avoir un adjoint parlementaire pour l'assister, tout en
conservant à cause de notre loi la
responsabilité.
On peut envisager un rattachement au ministère de l'Education
avec une autonomie beaucoup plus grande que celle qui est actuellement
accordée au Haut-Commissariat en plaçant cet organisme sous la
direction d'un ministre d'Etat rattaché à l'Education. On peut
également envisager un ministère séparé des loisirs
et des sports.
Et on peut même, en poursuivant plus loin cette pensée,
envisager un concept nouveau, inédit, qui lierait culture et loisirs et
qui en ferait une espèce de grand ministère du
développement culturel ou un grand ministère du loisir et de la
culture.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Cela, c'est bien.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Dans ces différentes possibilités,
il faut quand même se rendre compte que les dernières que j'ai
citées comportent des bouleversements assez considérables et ne
s'improvisent pas. Et je crois, pour ma part, qu'elles sont
prématurées.
En revanche, j'ai l'impression que, dans le cadre actuel, nous pouvons,
dans un premier temps, définir un programme et peut-être, dans un
deuxième temps, accéder à un degré plus grand
d'autonomie.
M. DROLET: J'aurais une dernière question. Le ministre vient
justement de dire que le Haut-Commissariat était intégré
au ministère de l'Education. Est-ce l'idée du ministre de laisser
le Haut-Commissariat rattaché au ministère de l'Education pour le
moment?
Et deuxièmement, qu'est-ce que le ministre entend faire avec le
bill 278?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): A la première question, je dirai oui pour
le moment. Et si le député repasse les hypothèses que j'ai
formulées, il constatera que l'éventail des choix est assez
grand. Ce qui compte c'est de rencontrer un certain nombre d'objectifs. Je
crois que pour l'instant, tant que le Haut-Commissariat n'aura pas un programme
mieux défini, ces objectifs peuvent être rencontrés
à l'Education. Mais il est très possible que l'on
considère un peu plus tard qu'il faille adopter une formule
différente pour aller plus loin.
Pour ce qui est de la loi en question, je n'ai pas pris de
décision définitive. Pourquoi? Parce que cette loi toute
intéressante qu'elle soit ne règle pas
véritablement le problème du Haut-Commissariat. Elle lui donne un
statut juridique, lequel se rapproche beaucoup du statut de l'Office de la
langue française.
Celui-ci est actuellement, comme vous le savez, rattaché au
ministère de l'Education. Le Haut-Commissariat et l'Office de la langue
française se trouveraient par conséquent à avoir à
peu près le même statut au sein du ministère. Mais, suivant
les hypothèses que nous choisirons, nous serons davantage fixés
sur l'utilité de revenir avec cette loi, telle quelle ou
modifiée.
M. DROLET: Du fait que le ministre de l'Education est responsable
présentement du Haut-Commissariat, est-ce que le ministre
lui-même, dans ses idées à lui, préférerait
voir le Haut-Commissariat formé en ministère seul ou
intégré encore â d'autres ministères?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pour l'instant, je préfère que le
Haut-Commissariat reste intégré au ministère de
l'Education. Pour l'instant, tant qu'un programme d'activité ne sera pas
clairement défini, et je vous ai donné un certain nombre
d'indications qui me permettent de croire que nous pouvons y arriver. Je vous
ai parlé de ces protocoles d'entente qui peuvent constituer le pivot
d'une véritable politique.
Une fois que le Haut-Commissariat aura fait la preuve qu'il peut se
donner un programme cohérent, un programme qui réponde aux
aspirations du milieu, je pense qu'il faudra très sérieusement se
demander s'il n'y aurait pas lieu de donner au Haut-Commissariat une
autono-
mie plus grande. Je ne dis pas encore qu'il va falloir le faire, parce
qu'il reste pour moi à déterminer jusqu'à quel point
l'intégration étroite à l'éducation n'est pas
extrêmement utile sur le plan des activités sportives et des
activités d'éducation physique, surtout à
l'école.
Mais ceci étant établi, nous pourrions retenir
l'hypothèse no 2 dont je vous parlais tout à l'heure, qui
n'envisagerait peut-être pas la constitution d'un ministère tel
quel. J'avoue que j'aurais des réticences à ce point de vue.
L'expérience d'autres pays a montré que trop souvent on
créait un deuxième ministère des Affaires culturelles
parallèle c'est le cas de la France et que ceci
était souvent une source de conflits. Si nous adoptons une optique comme
celle que je vous expliquais de la politique en matière de loisir et de
sport, c'est-à-dire une optique qui part du concept du temps libre, au
sens sociologique du mot, on est davantage amené à envisager la
constitution d'un grand ministère de la culture et des loisirs.
Mais, encore une fois, nous sommes certainement en train de projeter
quelques années à l'avance. Pour le moment, le Haut-Commissariat
tentera, dans les semaines qui viennent, de se définir une politique
claire et nette. Par la suite, peut-être à l'automne, nous
pourrions envisager un changement de structure dans le sens indiqué par
l'hypothèse no 2.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je retiens l'ensemble
des hypothèses que le ministre vient de faire. Evidemment, dans mon
esprit, l'hypothèse d'un ministère de la Culture et des Loisirs
serait beaucoup plus sympathique, encore qu'il faille tenir compte des
exigences du ministère de l'Education sur un plan scolaire dans
l'optique d'un complément d'éducation, pour tenir compte des
exigences scolaires en matière de sport.
Maintenant, en ce qui concerne les loisirs, il serait bien important
qu'on commence à démythifier le terme et que l'on ne pense pas le
loisir uniquement en terme de ne rien faire, de farniente, etc.
Il va falloir que le loisir, dans notre société qui est
bien près d'être la société postindustrielle,
rejoigne une motion d'humanisme qui ne semble pas préoccuper ceux qui
sont des amateurs de structures et qui voudraient voir tout le monde faire du
sport, participer à des concours d'athlétisme, etc. Il y a le
sport assis et le sport actif; souhaitons que tout le monde fasse du sport
actif. Il y a, quand même, le sport envisagé comme divertissement
par ceux qui assistent à des manifestations sportives. Ce qui me
préoccupe dans le domaine du loisir c'est que le loisir devienne
véritablement un moyen, pour tous les citoyens qui disposeront de plus
en plus de temps, d'humanisation au sens de l'acquisition de toutes ces
connaissances, de cette culture qui nous ramènera à une motion de
l'honnête homme et fera progressive- ment disparaître cette sorte
de surspécialisation qui détourne les gens de l'objectif
fondamental de toute politique de loisir, celle de permettre à un homme,
en dehors de ses heures de travail, de s'approprier les valeurs de la culture
et, par voie de conséquence, de s'adonner à tout travail de
créativité nécessaire à une civilisation qui est en
train de se bâtir.
Evidemment, on pourrait faire ici un long débat sur les avatars
du Haut-Commissariat à la jeunesse, aux loisirs et aux sports. C'est un
organisme relativement jeune. Il est normal qu'il soit venu contrarier les
habitudes et que l'on ait du mal à le situer à l'intérieur
de la société québécoise et des structures
gouvernementales. Je pense qu'un effort de réflexion très
sérieux de la part du ministère de l'Education, comme cela s'est
fait dans le passé et comme cela continue de se faire en collaboration
avec le ministère de la Culture et les autres ministères du
gouvernement, pourrait nous amener à une définition du sport, du
loisir et à une intégration des divers paliers de cette
activité dans les structures actuelles du gouvernement et aussi dans la
philosophie générale du gouvernement qui doit être, elle,
pensée en fonction des besoins d'une société à la
recherche d'un nouvel humanisme basé sur des valeurs beaucoup plus
fondamentales que celles que l'on tente de mettre en évidence
aujourd'hui et qui font de l'activité du sport une chose qui est
rigoureusement matérielle ou qui n'est qu'une sorte de divertissement
destiné à occuper le temps laissé aux gens qui ont de plus
en plus de loisirs en raison de l'étalement des heures de travail au
cours d'une journée ou d'une semaine ou d'un mois ou d'une
année.
Ce sont là des notions que les gens commencent à percevoir
et il appartient au gouvernement, à ceux qui sont responsables de ce
haut-commissariat de s'en aviser afin de présenter des" programmes qui,
sans être parfaits, rejoindront de plus en plus les préoccupations
de ceux qui, dès le départ, ont oeuvré au
Haut-Commissariat à la jeunesse, aux loisirs et aux sports.
En ce qui me concerne aussi, M. le Président, j'aimerais attirer
l'attention du ministre sur un problème qui est local dans bien des cas
mais qui, pris dans son ensemble, constitue un problème majeur, c'est la
distribution des subventions aux organismes dits paroissiaux.
Il est bien évident que, dans l'optique d'un programme
général, le ministère de l'Education ou le
ministère responsable des loisirs et du sport peut penser à des
formules qui, si vous voulez, s'adressent à l'entier de la population.
Mais il ne faut pas oublier qu'il y a des habitudes acquises, des
réalités locales, régionales et que le budget de
subventions du Haut-Commissariat à la jeunesse, aux loisirs et aux
sports doit tenir compte de ces réalités que je viens
d'évoquer. Je le disais au ministre l'an dernier en étudiant les
crédits des Affaires culturelles et je le lui répète cette
année en
étudiant ceux du Haut-Commissariat à la jeunesse, aux
loisirs et aux sports, $500 à $600, $700 à $800 de subventions
dans une petite paroisse, c'est beaucoup plus important, en termes
d'activités et comme facteur d'entraînement, qu'une subvention de
$10,000, $15,000 ou $25,000 à un organisme central chargé de la
distribuer selon des critères qui ne respectent pas
nécessairement les besoins de petites localités, qui, elles,
exigent quelquefois du gouvernement, des pouvoirs publics pour parler de
façon plus générale, un petit coup de pouce qui permet de
soutenir un bénévolat qui existe encore de façon intensive
dans tous les secteurs du Québec, particulièrement dans les moins
urbanisés. J'attire l'attention du ministre là-dessus, et nous y
reviendrons occasionnellement, sous forme de questions en Chambre, pour que
l'on repense cette politique de subventions. Que l'on conçoive,
d'accord, un programme général pour les grands organismes, pour
ceux qui rejoignent un plus grand nombre de citoyens mais que l'on n'oublie pas
un peu comme on le fait dans le domaine de la voirie, si je peux prendre
cet exemple les secteurs locaux, qui eux ont besoin de cette assistance
du pouvoir public pour garder le bénévolat au niveau qu'il a
à l'heure actuelle.
Je ne veux pas entrer dans le détail des subventions. On nous a
fait des propositions de subventions. Ces propositions, nous les avons
accueillies avec une certaine froideur en indiquant aux membres du gouvernement
qui nous les avaient faites que ça ne répondait pas aux besoins
d'un très grand nombre de petites villes, de villages, de
municipalités.
Alors, je suis d'accord sur les grands programmes, mais je voudrais que
ceux-ci tiennent en même temps compte des besoins particuliers,
étant donné les diversités régionales, les
habitudes acquises et l'existence d'un grand nombre d'organismes de loisirs
qui, avant la création du Haut-Commissariat, à la jeunesse, aux
loisirs et aux sports, menaient une activité de grande valeur qui doit
se poursuivre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, je note les
désirs du député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je sais que mon collègue a une autre
question; pour le reste, je suis prêt à adopter l'article 16 en
entier.
M. DROLET: M. le Président, avant d'adopter le sous-article
subventions, j'aurais une autre question à poser au ministre de
l'Education.
Je pense que les députés ont certainement droit de savoir
ce qui se passe au haut-commissariat et je lui demande ce qui s'y passe
présentement. Je connais assez le député de Fabre, il n'a
pas démissionné pour rien. On a vu encore dans les journaux en
fin de semaine qu'une autre personnalité du haut-commissariat avait
démissionné ou s'apprêtait à le faire. Le ministre
peut-il nous dire ce qui ne va pas présentement au haut-comissarait? Y
a-t-il mésentente avec les autorités gouvernementales, est-ce
qu'on confie des tâches sans donner de pouvoirs? Le ministre pourrait-il
donner des explications là-dessus?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ai donné une indication en
commençant mes quelques remarques sur le haut-commissariat, lorsque j'ai
dit que le haut-commissariat avait ses problèmes et que c'étaient
des problèmes sérieux. J'ai tenté de les circonscrire en
parlant de l'absence d'une politique et en parlant également de
difficultés au niveau des structures.
Je crois que ce sont les raisons fondamentales qui ont amené un
certain nombre de gens, qu'il s'agisse de fonctionnaires ou d'autres personnes
impliquées dans les activités de sports et de loisirs, à
se désintéresser du Haut-Commissariat.
Pour ce qui est du député de Fabre, il ne m'appartient pas
de commenter ses raisons personnelles. Il le fera s'il le souhaite. Pour ce qui
est des fonctionnaires, il est exact qu'un autre d'entre eux a demandé
d'être muté, et cette mutation a été
acceptée. Indiscutablement, ces démissions manifestent une
insatisfaction. Il n'est pas du tout question de le nier. C'est
précisément parce qu'il y a insatisfaction qu'il me parait plus
urgent que jamais d'apporter des réponses tant au niveau des programmes
qu'au niveau des structures.
Au niveau des programmes, je vous ai laissé entendre que je
pensais pouvoir présenter quelque chose bientôt. Au niveau des
structures, j'ai évoqué certaines hypothèses. Dans
l'hypothèse que nous vivons actuellement, il est bien évident que
rien n'est vraiment réglé. Le député de Chicoutimi
a très justement mis l'accent sur le fait que les responsabilités
du sport et des loisirs étaient distribuées dans plusieurs
ministères. C'est certainement là une source de malaise. Est-ce
qu'on y apportera une solution en regroupant immédiatement tous ces
secteurs? Peut-être. Mais ce que j'ai l'intention de recommander au
conseil des ministres, dans une première étape, ce serait de
constituer un comité ministériel groupant des fonctionnaires
choisis par le ministre des ministères impliqués comme, par
exemple, des Affaires culturelles, de l'Education, du Tourisme, de la Chasse et
de la Pêche, des Terres et Forêts, des Affaires sociales, parce que
tous ces ministères touchent, à des degrés divers, aux
activités de loisirs, aux activités de sports et, en gros, aux
activités de plein air.
Voilà, par conséquent, une première étape
qui ne préjuge pas d'étapes qui permettraient peut-être une
intégration plus importante mais qui, à mon avis, serait
susceptible d'apporter des éléments de solution.
M. DROLET: M. le Président, pour revenir à la
catégorie Subventions dont a parlé le député
de Chicoutimi tout à l'heure, je pense qu'il a amplement raison.
La distribution, actuellement, ne se fait pas au goût des
députés, semble-t-il. D'abord, le budget ne semble pas bien
élevé. Si je prends le simple exemple des 32 municipalités
du comté de Portneuf, nous avons reçu un montant de $15,000.
C'est extrêmement minime, si on considère que dans le
comté, il y a des organisations de loisirs dans toutes les
municipalités. Je pense que le ministre ou le responsable devrait
certainement faire de ses pieds et de ses mains pour essayer d'obtenir des
montants d'argent, donc des budgets beaucoup plus élevés que ceux
que le Haut-Commissariat a présentement parce que c'est
complètement insuffisant.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, je vais peut-être
étonner le député, mais je ne crois pas que le
problème soit véritablement un problème d'argent. Au
départ, je crois que c'est un problème de programme et qu'une
fois que nous aurons les programmes, nous nous arrangerons pour trouver les
sommes nécessaires.
Je persiste à croire qu'il est parfaitement possible, dans le
cadre du budget actuel lequel a été augmenté
considérablement de définir un programme d'action valable.
Maintenant, j'ajoute qu'il y a, dans les différents ministères
que j'ai cités tout à l'heure, des sommes considérables
qui sont dépensées pour des activités de loisirs. Ces
sommes représentent un montant de $30 millions à $35 millions. On
pourrait donc croire que si on en arrivait à une structure qui
intégrerait suffisamment ces différentes activités, on
pourrait utiliser les fonds à meilleur escient.
Ce qui manque, ce ne sont pas tellement les budgets, c'est davantage la
désignation des priorités. Le gouvernement est incapable de faire
plus qu'un certain effort. Dans ce domaine comme dans les autres, il doit tenir
compte d'un équilibre de ses dépenses. Par conséquent,
même si je suis toujours d'accord pour avoir plus d'argent, je crois, en
administrateur responsable, qu'il est beaucoup plus important d'abord de
définir des programmes.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Sur ce sujet des subventions, le
député a soulevé un point que j'avais déjà
moi-même soulevé sans entrer dans les détails. Il y a les
conseils régionaux de loisirs. Cela existe. Il y a des conseils, par
exemple, qui reçoivent des budgets assez importants, jusqu'à
$80,000, et dont l'activité semble se limiter à la production de
rapports. Il serait important qu'il y ait une coordination de l'activité
gouvernementale afin que ces budgets ne soient pas utilisés simplement
pour préparer des rapports dont on ne sait jamais s'ils ont une
suite.
J'aimerais, en même temps, attirer l'attention du ministre sur le
problème, toujours fort épineux, qui fait partie du contentieux
constitutionnel, le problème de l'intrusion du gouvernement central dans
le domaine des sports et loisirs par toute sortes de moyens qui viennent
déranger la programmation, les politiques gouvernementales du
Québec en matière de sports et loisirs.
D arrive, dans ce domaine, ce qui se produisait au ministère des
Affaires culturelles. Le ministre le sait, cela se passait quand j'étais
là, cela se passait quand il était là et cela se passe
encore. C'est que beaucoup d'organismes, ne recevant pas de nous des sommes
qu'ils jugent suffisantes, se retournent immédiatement du
côté du gouvernement central qui leur accorde souvent des sommes
représentant le double de ce que nous pouvons offrir. Il y a là
un problème de négociation. J'ai réclamé,
très souvent, de la part du Secrétariat d'Etat et des organismes
fédéraux qui subventionnent, d'une façon ou de l'autre,
l'activité sport, loisir, culture, etc., une remise inconditionnelle des
fonds au Québec afin que le gouvernement du Québec puisse
établir ses programmes, déterminer ses priorités et ne se
trouve pas dans l'obligation de les rajuster en cours d'année, ou tous
les cinq ou six mois parce que le gouvernement central est venu faire de la
surenchère.
J'ai interrogé, à quelques reprises, le ministre des
Affaires culturelles, celui qui était ministre des Affaires culturelles
à ce moment-là. J'ai interrogé le ministre de l'Education
à quelques reprises. J'ai interrogé le député de
Fabre. Je me suis toujours plaint de cette intrusion du gouvernement central,
parce qu'il faut l'employer comme ça, qui ne permettra pas, tant que la
situation sera telle que je la décris, au gouvernement du Québec
d'établir des programmes, de déterminer des priorités et
d'indiquer aux organismes avec lesquels il entend signer des protocoles
d'entente, d'avoir une politique cohérente, une politique
planifiée et une politique stable qui soit telle que tout organisme
subventionné, quel qu'il soit, dans ces domaines ou dans d'autres
je ne parle pas d'autres ministères qui ont les mêmes
problèmes puisse établir un rythme de croissance, un
rythme de croisière normal, que les citoyens le sachent et que tout
organisme, qui s'adresse au ministère de l'Education ou à celui
des Affaires culturelles ou encore au Haut-Commissariat, sache que pour
l'année X, ou sur une période de temps de trois ans, quatre ans
ou cinq ans, le rythme de croisière est déterminé par le
gouvernement du Québec et qu'ils n'ont pas le loisir et la
possibilité d'aller tirer d'ailleurs des fonds qui leur donnent ensuite
le droit, pour ainsi dire, de réclamer toujours davantage du
gouvernement du Québec. Le ministre connaît le contentieux. Il
sait ce qui s'y passe. J'aimerais savoir si les négociations, qui sont
toujours en cours avec le gouvernement central, permettent d'espérer un
règlement, un tant soit peu équitable de ce problème qui
est, à mon sens, une autre des pierres d'achoppement de toute politique
planifiée du gouvernement en matière de sports, de loisirs, de
culture et même d'éducation, au sens le plus strict du terme.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, je souhaiterais faire
quelques commentaires d'abord sur les conseils régionaux de loisirs dont
a parlé le député de Chicoutimi. Il y a quinze conseils
régionaux de loisirs et, actuellement, trois protocoles ont
déjà été signés au niveau des
fonctionnaires.
J'ai insisté sur l'importance de ces protocoles dans
l'élaboration d'une politique cohérente en matière de
sports et de loisirs.
Ces protocoles imposeront aux conseils régionaux de loisirs un
certain nombre d'engagements, par exemple, d'accorder une assistance technique
et administrative aux organismes de loisirs de leur région; de
collaborer à la mise en place d'associations sportives
régionales, â la formation du personnel, à la
réalisation des jeux régionaux; de favoriser
l'accessibilité à la nature, à la culture, à la
formation du personnel d'animation et de favoriser la municipalisation et
l'intermunicipalisation je m'excuse de ce que ces mots peuvent avoir de
barbare des programmes d'activité et d'occupation du loisir ou de
consolider les structures en place.
L'année dernière, en 71/72, le haut-commissariat a
accordé $1,229,897 aux conseils régionaux de loisirs. Nous
prévoyons, pour cette année, un montant global de $1,554,500. Il
y a donc une progression considérable. En fait, comme je le signalais il
y a quelques instants, la progression du budget du haut-commissariat est une
des plus fortes de tous les organismes gouvernementaux, même si les
montants globaux peuvent paraître insuffisants par rapport aux
besoins.
Par conséquent, ces protocoles constituent ce que j'appellerais
l'armature d'une politique qui reste à définir, mais qui commence
déjà à prendre sa signification. En ce qui concerne le
contentieux fédéral-provincial, dans cette matière comme
dans d'autres matières, je pense qu'il s'agit d'un problème
global. Je suis, évidemment, parfaitement conscient des
difficultés qu'a soulevées le député de Chicoutimi.
Au ministère des Affaires culturelles, j'ai tenté, pour ma part,
d'en arriver à des accommodements avec le secrétaire d'Etat pour
éviter qu'il n'y ait recoupement d'activités, pour éviter
également que les politiques culturelles du Québec soient battues
en brèche, parfois, par des subventions qui viendraient d'ailleurs.
En effet, il faut bien distinguer deux choses: l'attribution de
subventions, comme le fait le conseil des arts, en matière culturelle,
qui ne constitue qu'une attribution de subventions et rien d'autre, et une
vraie politique culturelle, comme celle que le ministère des Affaires
culturelles a tenté de mettre en place, ce qui signifie beaucoup plus
que des subventions, mais des subventions assorties de conditions, tenant
compte des priorités et des besoins qu'il convient de faire
évaluer. Il en va de même dans le domaine du sport et des
loisirs.
Je conclus simplement en disant qu'à mon avis je l'ai
toujours pensé c'est un problème global qui touche le
pouvoir de dépenser. Tant que nous n'aurons pas réussi à
nous attaquer à ce point qui est en litige, nous n'obtiendrons que des
accommodements plus ou moins satisfaisants. Merci, M. le Président.
M. DROLET: J'aurais une dernière question. M. le
Président, le ministre est au courant, à la suite de plusieurs
questions en Chambre, qu'il y a eu beaucoup de retards dans la distribution des
subventions à nos organisations de loisirs. Est-ce que toutes les
subventions sont payées, présentement?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Aux comtés, M. le Président, c'est
terminé.
M. DROLET: Tout est terminé.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Les retards ont été imputables aux
grèves, aux difficultés sociales que nous avons connues, mais
l'opération est terminée actuellement.
M. DROLET: Combien reste-t-il d'employés, présentement, au
haut-commissariat?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a 24 permanents et 17 occasionnels.
M. BROWN: Mr. Chairman, while the Minister is discussing his credits, I
would like to know what the policy of High Commission is on the minorities of
the Province of Quebec?
M. CLOUTIER : The minorities are treated exactly as the majority, as far
as the Minister is concerned.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): As it was in the past.
M. CLOUTIER: There might be some difficulties for specific
organizations, but these difficulties are certainly not the result of any
prejudice against minorities but might be the result of a general
reorganization of programs.
M. LE PRESIDENT: Article 16.
M. DROLET: En ce qui me concerne, adopté.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 1. Adopté. Catégorie 1.
Adopté. Catégorie 3?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Jusqu'à l'article 17, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 2: Subventions.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela va.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
Sous-article 3 : Service des Jeunes Voyageurs.
M. DROLET: Qu'est-ce que c'est, au juste, M. le Président, ce
Service des Jeunes Voyageurs?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est un service qui a été
rattaché au Haut-Commissariat assez récemment et qui favorise les
voyages interprovinciaux. Et ceci me permet, peut-être, de vous donner un
exemple de ce que pourrait représenter une politique en matière
de sport et de loisir. Cet exemple est passé un peu inaperçu et
n'a peut-être pas reçu le traitement qu'il aurait dû
recevoir dans la presse.
Récemment, le Haut-Commissariat a accordé une subvention
de $100,000 à Tourbec, un organisme qui favorise les voyages à
l'intérieur du Québec. Ceci n'a pas été fait
à la légère et uniquement pour poser un geste
isolé. Mais ceci a été fait dans le cadre d'une politique
globale, qui est à définir, touchant cette question des voyages.
Nous nous sommes aperçu qu'il existait un déséquilibre
considérable et que nous nous trouvions à favoriser davantage les
voyages interprovinciaux que les voyages à l'intérieur même
du Québec.
Et c'est dans le but de corriger progressivement ce
déséquilibre que nous avons accordé une subvention qui
n'est pas loin de tripler ce que recevait cet organisme Tourbec auparavant.
Mais nous n'avons pas voulu j'insiste là-dessus le faire
isolément, nous avons d'abord tenté de définir de quelle
façon nous aborderions toute cette grande question des voyages de
jeunes.
M. DROLET: Le ministre a dit que ce service des jeunes voyageurs venait
d'être rattaché au Haut-Commissariat. Où était-il
rattaché avant ça?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le programme des jeunes voyageurs groupe des
jeunes Canadiens qui viennent visiter le Québec. Auparavant, ce service
était rattaché au secrétariat de la province, et ensuite
est passé à la Justice, et enfin après ce périple
compliqué et tortueux, il est arrivé au ministère de
l'Education.
M. DROLET: D'accord. Adopté.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 3 adopté, ainsi que les
catégories.
Service de la coopération avec
l'extérieur
M. LE PRESIDENT: Article 17, service de la coopération avec
l'extérieur.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre pourrait nous faire un
petit topo sur le service de la coopération? Je précise bien
topo, parce que j'ai été obligé de lire dans le journal
des Débats tableau toutes les fois que j'emploie le mot topo.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): La coopération représente les
activités les plus importantes...
M. LE PRESIDENT: Pardon, avant que le ministre se prononce
là-dessus, le sous-article 4, association athlétique nationale de
la jeunesse, est-il adopté?
UNE VOIX: C'est dans l'article 16.
M. LE PRESIDENT: La parole est au ministre de l'Education.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le service de la coopération avec
l'extérieur représente une des activités les plus
importantes du ministère de l'Education. Il comporte un budget qui se
trouve, comme c'est le cas pour les autres budgets de coopération, au
ministère des Affaires intergouvernementales.
Je crois d'ailleurs qu'un débat a eu lieu lors de la discussion
des crédits de ce ministère, touchant les différents
programmes de coopération. Si vous désirez que nous fassions une
revue des principaux secteurs dans lesquels nous oeuvrons, nous allons le faire
avec plaisir.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre a un document, une
liste des stagiaires, des gens qui ont fait tout ça?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, nous pourrons vous présenter une
liste, si vous le désirez, des différents stagiaires. La
coopération s'exerce non seulement avec les autres provinces
canadiennes, mais également avec certaines parties des Etats-Unis, avec
la France, l'Afrique. Et cette coopération permet au ministère
d'avoir une présence, ce qui paraît fondamental, compte tenu du
fait qu'en particulier dans le domaine de l'éducation un grand nombre
d'enseignants québécois travaillent dans des organismes
fédéraux.
M. LE PRESIDENT: Article 17, adopté, ainsi que les
catégories.
Article 18, service général de l'enseignement
privé.
Service général de l'enseignement
privé
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A ce chapitre du service général
de l'enseignement privé, il y a toute la question de l'administration,
etc., ce qui me préoccupe ce sont les subventions aux institutions
d'enseignement privées, un montant de $37,850,000. Comment évolue
actuellement la croissance ou la décroissance si je peux employer
ce néologisme de l'enseignement privé par rapport à
l'enseignement public?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est plutôt de la stabilité, M. le
Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Stabilité.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II n'y a véritablement ni croissance ni
décroissance; nous pouvons, sur le plan du nombre
d'élèves, vous en donner des chiffres pour 70/71. Ils
apparaissent d'ailleurs au rapport annuel que vous avez en main. Le total des
étudiants, tant maternelle, élémentaire, secondaire que
collégial ainsi que l'enfance inadaptée est de 42,872.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et ça regroupe combien de maisons
d'enseignement? C'est un détail un peu chinois, mais...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous allons en faire le compte.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ah bien écoutez, si vous avez une
liste, il suffit d'avoir la liste.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous vous donnerons le renseignement dans
quelques instants. Nos mathématiciens sont au travail.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que je pourrais poser une question au
ministre? Est-ce que les maisons d'enseignement privées, à votre
connaissance, ont exprimé beaucoup de doléances depuis quelques
années concernant les subventions qui leur sont attribuées?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Elles avaient exprimé beaucoup de
doléances depuis le début de l'application de la Loi de
l'enseignement privé, particulièrement en ce qui concenre
l'exclusion dans le calcul du coût moyen des dépenses faites lors
des constructions, des dépenses par conséquent qui n'entrent pas
dans les coûts d'immobilisation. A la suite d'une recherche et d'une
étude faite conjointement par le service de l'enseignement privé
et les associations, en particulier l'Association des institutions
d'enseignement secondaire privé, une proposition avait été
faite au ministre de l'Education de compenser par ce que l'on appelle la valeur
locative ce qui manquait dans le coût moyen de l'enseignement public.
Et cette proposition, qui a été acceptée est
applicable dès cette année. Elle équivaut à
remplacer les sommes prévues au service de la dette dans les budgets des
commissions scolaires, pour l'établissement du coût moyen, par
l'évaluation du financement à long terme des espaces conformes
aux normes du ministère et qui se retrouvent dans une institution
privée. De la sorte, cette évaluation ou ce que l'on appelle
cette valeur locative varie avec les institutions et se substitue à la
partie appelée service de financement dans le coût moyen des
commissions scolaires. Oui?
M. CHARRON: Est-ce que cela peut se faire de façon conforme au
bill 56?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, parce que le bill 56 disait "coût
moyen" et excluait le transport.
M. CHARRON: Si vous permettez, au moment de son adoption...
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je voudrais vous faire
observer que j'étais en train d'interroger le ministre et que
j'attendais la fin de sa réponse pour greffer une question. Si le
député de Saint-Jacques veut attendre un petit moment, je
voudrais que le ministre termine la réponse qu'il était en train
de me donner, qui va amener une autre question.
Alors vous me disiez...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je vous disais que la valeur locative se trouve
par conséquent à varier avec chaque institution puisqu'elle tient
compte de la réalité des espaces admissibles selon les normes de
l'enseignement public dans une institution particulière, pour
établir ce que coûterait le financement à long terme de
telles espaces.
Cette solution a été agréée par les
associations représentant les institutions privées; elle est
conforme, selon les avis de notre contentieux, à la loi elle-même.
C'est une interprétation de l'un des articles qui servent à
établir le coût moyen dans l'enseignement public.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): On avait discuté, et les maisons
d'enseignement privées nous avaient fait des représentations au
moment de l'application de la loi 56 et après, du transport des
écoliers, etc. Comment ça se passe maintenant?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): D'après les règles
budgétaires, une commission scolaire peut elle n'est pas
obligée assurer le transport d'élèves
fréquentant des institutions reconnues d'intérêt public
à condition, évidemment, qu'elle ne soit pas obligée de
créer de nouveaux circuits, c'est-à-dire que cela ne lui
occasionne vraiment pas des dépenses et un système d'organisation
absolument incompatible avec le sien. C'est resté ce que
c'était.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Dans l'ensemble, est-ce que vous recevez
encore des représentations à ce sujet?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous avons reçu, à la suite de
l'adoption de cette nouvelle méthode de calcul, des témoignages
favorables de la part des trois associations principales qui regroupent des
institutions d'enseignement privées subventionnées en vertu de la
loi. Nous avons reçu aussi, de la part de certaines institu-
tions ce qui est rare un témoignage de
félicitations et de remerciements. Habituellement, quand ça ne va
pas, on reçoit beaucoup de lettres mais quand ça va bien, c'est
assez rare. Cela mérite d'être signalé.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Jacques.
M. CHARRON: Les aménagements, dans la méthode de calcul
je vous ai posé la question tantôt et je voudrais revenir
là-dessus sont-ils conformes à l'esprit de la loi 56?
Lorsqu'on avait adopté cette loi, on avait parlé en termes du
maximum qu'on pouvait donner aux institutions privées. Avec la nouvelle
méthode de calcul, j'ai l'impression que la plupart des institutions
doivent y gagner. Ainsi, est-ce qu'on ne se trouve pas à amplifier un
maximum qui était déjà jugé par plusieurs
exagéré dans les subventions aux institutions privées?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Il est difficile, à ce stade-ci, de
déterminer exactement ce que cela représentera pour les
institutions. En gros, je pense qu'en effet il y aura augmentation de
ressources. Cependant, je pense que cette décision touchant la valeur
locative s'imposait parce qu'il ne servait à rien de maintenir un
système, un réseau privé pour ma part, je crois en
la nécessité de le maintenir si, en même temps, on
ne lui fournissait pas les moyens de survivre.
Il y avait une justification, que l'on vous a exposée, à
ce que l'on choisisse cette valeur locative étant donné,
précisément, que le poste ne se retrouvait pas à un niveau
satisfaisant lorsqu'on faisait des comparaisons avec le coût moyen des
étudiants.
M. CHARRON: Je trouve quand même dangereuse la formule de
justification que vient d'employer le ministre. Demain matin, pour une nouvelle
augmentation ou pour une nouvelle modification des normes qui s'appliquent aux
institutions privées, on pourra aussi affirmer qu'il ne suffit pas de
dire que le réseau d'enseignement privé existe, mais qu'il faut
lui permettre de vivre et ainsi constituer, d'année en année
à travers le budget, une part grandissante à l'enseignement
privé.
Je rappelle au ministre que dans l'esprit de la loi 56 de
nombreuses représentations avaient été faites à
cette occasion par différents groupes on croyait
sincèrement avoir atteint le maximum qui puisse se donner. Quand on
parle de 80 p.c, par exemple, pour les institutions qui sont reconnues
d'intérêt public, à mon avis, c'est déjà
beaucoup. Si, par toutes sortes de modifications, on augmente ce pourcentage
d'année en année, sous le principe d'augmenter la qualité
de l'enseignement privé, on aura finalement voté la loi 56 un peu
pour rien. Au lieu des règles du maximum, qui devaient clarifier une
fois pour toutes les rapports entre l'Etat et ces institutions privées,
on va trouver toutes sortes de formules triturées pour permettre des
choses qui n'étaient pas l'intention du législateur.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le ministre, avant que vous
répondiez, puis-je vous faire une petite observation? Je comprends les
inquiétudes du député de Saint-Jacques, mais dès
lors que l'Etat a admis qu'il y avait, qu'il devait et qu'il pouvait exister
des maisons d'enseignement privées, je ne vois pas pourquoi ces maisons
d'enseignement privées ne seraient pas traitées comme les maisons
d'enseignement publiques.
De la sorte, les subventions accordées par le gouvernement
à ces maisons d'enseignement, doivent suivre un rythme normal de
croissance, puisqu'il me paraît essentiel de maintenir un réseau
d'enseignement privé, tel qu'il existe actuellement, et que ce
réseau s'accroisse s'il est nécessaire. En effet, on se rendra
compte très vite que des structures unitaires, qu'un enseignement
unitaire, ce n'est pas nécessairement la formule idéale. Les pays
qui l'ont appliquée se sont rendu compte qu'ils avaient commis certaines
erreurs et ils ont tenté cela se fait dans plusieurs pays,
notamment, à l'heure actuelle, aux Etats-Unis de recréer
un système d'enseignement privé qui laisse aux citoyens un choix
de l'école, évidemment sous la direction, le contrôle et la
surveillance des pouvoirs publics. Il y va du droit des citoyens et je n'ai
aucune sorte d'objection à ce que ces maisons d'enseignement
privées non seulement reçoivent des augmentations de subvention
conformément à la loi, mais que le gouvernement
réaménage, à mesure que le besoin s'en fait sentir, les
programmes budgétaires qui leur sont destinés.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, brièvement,
j'endosse les propos du député de Chicoutimi. Il me parait
essentiel de maintenir un secteur privé pour tout un ensemble de
raisons. Je n'ai pas l'intention d'engager un débat là-dessus. Je
me contenterai de répondre au député de Saint-Jacques qui
exprime certaines inquiétudes qui ne me paraissent pas
justifiées. Je demanderai qu'on lui fournisse peut-être des
explications supplémentaires sur ce que constitue cette valeur locative.
En fait, la loi est respectée et nous basons nos subventions sur la
définition du coût moyen par élève dans les
institutions publiques. La modification qui est amenée touche uniquement
la façon dont on traite le poste du service de la dette. Il y avait
là ce que je qualifierai peut-être d'un manque
d'équité qui se devait d'être ajusté,
corrigé.
Comme j'essayais de l'expliquer tout à l'heure, le coût
moyen dans la loi est établi à partir de l'analyse des budgets
des commissions scolaires. Ces budgets ne comportaient pas, cependant, une
dépense réelle effectuée par le ministère et
constituée par les sommes versées au moment de la construction
d'une école polyvalente. Il n'y a qu'une partie qui soit subven-
tionnée à long terme par le service de la dette, l'autre
partie étant payée au comptant. Donc, c'est vraiment un
coût de l'enseignement public que cette partie payée au comptant,
mais, dans l'analyse des budgets, ça ne figurait pas et, par
conséquent, ce n'était pas inclus dans le coût moyen. C'est
là-dessus qu'avaient porté les réclamations des
institutions privées, et nous avons considéré que
c'était à juste titre puisqu'une partie du coût
n'était pas incluse dans l'établissement du coût moyen, tel
que nous le calculions. C'est là qu'est venu ce moyen pratique d'inclure
ces dépenses au comptant ou l'équivalent, mais pour chaque
institution, selon les véritables locaux dont elle dispose et qu'elle
met à la disposition des élèves, conformément aux
normes.
Si, par exemple, une institution a des étendues de terrains ou
des bâtisses qui ne sont pas prévues dans nos propres normes, qui
servent disons à l'hébergement, ça n'entre pas dans
l'établissement de la valeur locative de cette institution. Nous
considérons uniquement les espaces conformes aux normes du
ministère pour la construction de ses propres écoles. Ce ne sont
que ces espaces qui sont établis comme valeur par rapport aux normes du
système public et qui, ensuite, sont calculés de façon
à établir le coût d'un financement à long terme.
C'est cette partie qui remplace, dans l'analyse que nous faisions du coût
moyen des commissions scolaires, ce qu'on appelait le service de la dette des
commissions scolaires. Je ne sais pas si c'est plus clair.
M. CHARRON: D'accord.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Si ce n'est pas suffisamment clair, je vais
demander à M. Bibeau de...
M. CHARRON: Non, c'est qu'au départ ça m'était
apparu différemment. Cela m'était apparu comme une façon
administrative de compenser des manques de la loi 56, mais je m'aperçois
que c'est dans l'esprit de la loi 5 6 et que vous vous êtes basés
sur le barème du coût moyen dans le secteur public.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est exactement ça.
M. CHARRON: Maintenant, je voudrais vous demander si vous
prévoyez d'autres modifications de ce type au cours de l'année.
Ce point étant réglé, les doléances
éternelles du secteur privé, comme chacun le sait, vont-elles
porter maintenant sur un autre domaine de la loi? Est-ce prévisible?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non. Il n'est pas question, M. le
Président, de modifier quoi que ce soit. Il nous semble que nous avons
atteint maintenant une formule qui tienne compte de l'équité et
qui est parfaitement conforme à la loi.
M. CHARRON: Est-ce que l'inventaire des institutions est
complété, la classification de chacune, d'intérêt
public moyen, etc., selon les dispositions de la loi no 56?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): L'inventaire, en ce qui touche les institutions
subventionnées, est vraiment terminé. Il reste quelques cas en
suspens. Ce sont des institutions qui demandent, par exemple, une
reconnaissance pour fins de subventions ou d'intérêt public et
à qui on aurait donné un permis. Elles peuvent toujours revenir
à la charge et redemander une révision. On
réévalue...
M. CHARRON: Est-ce qu'il y a des demandes?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a actuellement, je pense, quelques demandes
en suspens.
Oui, c'est accidentel, comme Mlle Baron le disait, qu'une demande de
révision soit faite. Nous en avons un cas concret, parce que ce ne sont
que quelques unités dans le cas du collège de
Saint-Paul-de-Varennes, par exemple, qui se réorganise et qui,
jusqu'à maintenant, ne donnait que les trois premières
années du cours secondaire avec 200 élèves à peu
près. Il se réorganise dans des locaux qu'il a acquis dans le
voisinage de sa maison principale à Varennes. Il recevra 500
élèves et donnera un cours secondaire complet suivant les
exigences de la loi. A cette occasion, il demande s'il n'y aurait pas lieu de
réviser son statut. Ce sont des cas très exceptionnels, un ou
deux par année...
Je souligne que le ministère publie un répertoire des
institutions privées agréées par le ministère de
l'Education, lequel paraît dans le bulletin officiel.
M. CHARRON: Ce que je voulais voir, c'est si le répertoire
comprend toutes les institutions privées. Autrement dit, si la
classification est terminée. Maintenant, il y a eu, au cours de
l'année dernière, des démêlés entre le
ministère de l'Education et le groupe le nom m'échappe
"Promotion-Succès" ou quelque chose comme ça. Une
espèce de forme de banditisme ambulant. Comment s'est soldée
cette aventure?
Je sais que les ministères de la Justice et des Institutions
financières avaient entrepris des poursuites en vertu de la Loi de
l'enseignement privé. Comment cela s'appelait-il?
M. DROLET: Inspiration-Succès.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II y a Promotion et Succès,
également.
M. DROLET: Cela finit toujours par succès.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est toujours dans le succès.
M. DROLET: Mais ce n'est pas toujours un succès.
M. CHARRON: Est-ce que les démêlés, du
côté judiciaire, sont terminés?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Dans le cas d'Inspiration et Succès, il y
a eu une condamnation sous 14 chefs particuliers, ce qui faisait une amende de
$1,400. Evidemment, c'est minime...
M. CHARRON: Oui, avec l'argent qu'ils avaient extorqué...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, c'est minime. J'imagine qu'ils ont
continué à fonctionner sous un autre nom.
M. DROLET: Vous dites $1,400? Cela en coûte $1,500 pour ceux qui
se font prendre là-dedans.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ils avaient 14 chefs d'accusation et 14
condamnations.
M. DROLET: C'est ridicule.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Alors, évidemment, les sanctions
n'étaient pas assez sévères.
M. DROLET: Ce n'est pas ridicule, c'est fou!
M. CHARRON: Est-ce que le ministère a pensé aller en appel
à cause de la fragilité ou de l'insignifiance de l'amende?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): La loi est faite ainsi. C'est la loi qu'il
faudrait revoir.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ils ont été poursuivis en vertu
de la Loi des convictions sommaires et les peines sont celles prévues
par la loi. Ils nous appartient à nous de demander que la loi soit
révisée.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Voilà.
M. CHARRON: Quand vous prévoyez, d'une façon pessimiste,
qu'ils vont probablement continuer sous un autre nom, est-ce que cela veut dire
que la vigilance du ministère va aussi continuer à les suivre et
à les dépister chaque fois qu'ils vont se maquiller?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Exactement.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 1: Administration, adopté.
Catégorie 1: Traitements, salaires et allocations. Adopté?
Adopté. Catégorie 3: Services de transport et de communication.
Adopté? Adopté. Catégorie 4: Services professionnels et
administratifs. Adopté? Adopté. Catégorie 7: Fournitures
et approvisionnements. Adopté? Adopté. Catégorie 8:
Matériel et équipement. Adopté? Adopté.
Catégorie 11. Autres dépenses. Adopté? Adopté.
Sous-article 2: Subventions aux institutions d'enseignement
privé?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous venons de le discuter.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
Conseil supérieur de l'éducation
M. LE PRESIDENT: Article 19: Conseil supérieur de
l'éducation. Catégorie 1: Traitements, salaires et allocations.
Adopté?
M. CHARRON: M. le Président, au Conseil supérieur de
l'éducation, à titre d'information, est-ce que M. Garand est
confirmé dans son poste pour un autre mandat.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Son mandat n'est pas encore terminé.
M. CHARRON: Non, mais il achève cette année, si je ne
m'abuse?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui. Il achève cette année.
M. CHARRON: Est-ce qu'il vous a fait connaître ses intentions?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Pas encore.
M. CHARRON: Est-ce que le ministère a l'intention de lui offrir
à nouveau de poursuivre son travail?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je crois qu'il n'y a peut-être pas lieu
d'en discuter. Il me paraf-trait assez normal d'en parler avec le
président avant toute déclaration publique.
M. CHARRON: D'accord. Est-ce que l'effectif du personnel du Conseil
supérieur est au complet?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Est-ce que vous parlez de l'effectif des
fonctionnaires ou si vous pensez aux membres?
M. CHARRON: Non, je veux parler des membres.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): De la commission. C'est bien ce que je pensais.
Eh bien, M. le Président, il y aura quelques vacances à combler
d'ici quelques mois. Cinq vacances, si ma mémoire est bonne. Je
vérifie si c'est quatre ou cinq. Nous aurons huit vacances.
M. CHARRON: Huit vacances à combler. Et au comité
catholique et au comité protestant également?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est ça, M. le Président. Cela
comprend toutes les vacances.
M. CHARRON: Toutes les vacances? Non?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): II s'agit des vacances du conseil.
M. CHARRON: Est-ce qu'il y a longtemps? Ce qui m'inquiète...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce sont des vacances prévisibles, M. le
Président, à cause de la fin des mandats.
M. CHARRON: Cela n'affecte pas le travail du Conseil supérieur
que d'avoir un si grand nombre d'absents et qu'on mette tant de temps à
combler les sièges vides?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Actuellement, il n'y a que deux vacances au
conseil. Nous prévoyons, d'ici septembre, six mandats
supplémentaires qui se termineront et qui nous imposeront d'envisager
huit nominations. Mais le conseil travaille dans des conditions parfaites.
M. CHARRON: Le ministre est au courant, je lui avais fait part, la
semaine dernière, de mon intention d'appeler M. Garant à la table
de la commission. Mais je ne prévoyais pas une adoption rapide des
crédits comme cela s'est fait ce matin.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, de toute façon,
j'avais pris bonne note de la demande du député de Saint-Jacques.
J'en étais venu à la conclusion qu'il était difficile de
faire venir le président d'un organisme qui a, tout de même, une
certaine autonomie, d'un organisme consultatif, lors d'une discussion des
crédits. Il m'est loisible de faire parler des fonctionnaires.
M. CHARRON: Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Mais il paraîtrait peut-être un peu
gênant je ne sais pas si ceux qui ont l'expérience des
commissions parlementaires, comme le député de Chicoutimi,
pourraient confirmer mon point de vue de faire appel à un
président de comité consultatif. Il ne s'agit pas d'une
commission parlementaire, en ce moment.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, sous toute
réserve d'un réexamen juridique de la question, je crois que la
convocation du président d'un organisme consultatif exige un ordre de la
Chambre, que nous n'avons pas lorsque la commission des budgets siège.
Ce n'est pas une commission parlementaire ordinaire. Les commissions de
subsides ne sont pas régies par les mêmes règles que les
commissions parlementaires permanentes ou spéciales. Alors, le mandat
des commissions des subsides est d'examiner l'utilisation des fonds et les
programmations budgétaires. Pour faire venir un membre d'une
régie, enfin d'un conseil consultatif, il faut, je crois, un ordre de la
Chambre. Je dis cela sous toute réserve d'un examen de la question.
Nous ne l'avons jamais fait, en tout cas.
M. LE PRESIDENT: Alors, l'article...
M. CHARRON: Je m'excuse, M. le Président. Si j'avais
demandé ça, c'est que j'avais l'intention, peut-être avec
M. Garant et le ministre, de faire l'inventaire des recherches et des travaux
qui peuvent se faire, mais pas de façon exhaustive. Je voulais savoir
à quoi travaillent les comités à l'intérieur du
Conseil supérieur, ce sur quoi on se prépare à
émettre un avis ou des recommandations. Je dois dire que j'ai beaucoup
de respect pour cet organisme. Savoir à quoi il travaille serait
certainement intéressant pour les membres de la commission
parlementaire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, tout cela apparaît
dans...
M. CHARRON: Son rapport.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... son rapport annuel.
M. CHARRON: Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Les différents avis du Conseil
supérieur sont rendus publics. Il s'agit d'un conseil consultatif auquel
le ministère fait appel chaque fois qu'il le juge à propos et
qu'il considère extrêmement important.
M. CHARRON: On parlait, par exemple, dans le rapport, d'une étude
qu'on ferait sur l'enseignement collégial. J'ai l'impression que ce
serait intéressant de voir ce que le Conseil supérieur a à
produire là-dessus. Je n'ai pas assisté à la fin de la
discussion, ce matin, sur la Direction générale de l'enseignement
collégial. Il est évident qu'une des questions que j'aurais eues
aurait été l'avenir de la loi no 21 et, là-dessus, l'avis
du Conseil supérieur aurait été bien important.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Là, M. le Président, il faut bien
comprendre le rôle d'un conseil consultatif. Lorsqu'il rend un avis, il
doit d'abord le présenter au ministre.
M. CHARRON: Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce n'est qu'après qu'il peut être
rendu public. Je crois que nous serions dans une situation assez embarrassante
si nous demandions au président du Conseil supérieur quels sont
les avis qu'il compte rendre au ministre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le président serait dans
l'illégalité.
M. LE PRESIDENT: Je ne peux l'accepter en vertu des articles 156 et
157.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): De l'article 157.
M. LE PRESIDENT: L'article 157 se lit comme suit: "A la suite d'une
motion annoncée, l'Assemblée peut, par des instructions
spéciales, étendre les pouvoirs d'une commission élue", ce
qui n'a pas été fait.
M. CHARRON: D'accord. Ce n'est pas mon habitude de faire un
"filibuster". Le ministre le sait très bien.
M. LE PRESIDENT: Article 19, catégorie 1. Adopté.
Catégorie 3. Adopté. Catégorie 4. Adopté.
Catégories 6, 7, 8. Adopté.
Conseil des universités
M. LE PRESIDENT: Article 20: Conseil des universités.
Catégorie 1?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, le ministre peut-il
nous dire s'il y a eu des modifications dans les membres de ce Conseil des
universités? Enfin, on connaît la structure du Conseil des
universités.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, il y a 17 membres,
nommés par le lieutenant-gouverneur en conseil, qui siègent
à ce Conseil des universités. Il y a actuellement cinq
vacances.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Cinq vacances.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous avons entrepris de les combler.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): De les combler. Etaient-ce des vacances de fin
de mandat ou des démissions?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): De fin de mandat, pour la plupart.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II s'agit encore, évidemment, d'un
organisme consultatif.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Un organisme consultatif qui fait le pendant du
Conseil supérieur de l'éducation et qui rend des services
extrêmement précieux également. Pour ma part, je me
félicite d'avoir la possibilité de faire appel à deux
organismes. C'est ainsi, par exemple, que, dans le financement universitaire,
c'est le Conseil des universités qui fait une étude approfondie
des recommandations du ministère. Vous en avez, d'ailleurs, eu les
résultats dans les documents qu'on vous a distribués.
M. CHARRON: J'aurais à l'égard de cet organisme,
peut-être, des questions du même type que celles qu'on aurait pu
adresser au Conseil supérieur de l'éducation. C'est dans son
rapport annuel qu'on peut voir son travail. Maintenant, ce n'est
peut-être pas l'endroit pour le faire. Nous attendrons, un jour, de les
rencontrer, peut-être.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 1. Adopté.
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 3. Adopté. Catégorie 4.
Adopté. Catégorie 5. Adopté. Catégorie 6?
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Catégorie 7. Adopté.
Catégorie 8. Adopté. Catégorie 11?
UNE VOIX: Adopté.
Conclusions
M. LE PRESIDENT: Pour le bénéfice du journal des
Débats, je considère que les articles, les sous-articles et les
catégories des crédits du ministère de l'Education sont
adoptés.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): L'article 4 également.
M. LE PRESIDENT: Je demanderais au rapporteur officiel de faire rapport
en Chambre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II n'y a eu aucun article de
réservé, M. le Président.
M. CHARRON: Excepté l'article 1.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non. L'article 1 n'a pas été
réservé explicitement. Il n'y a pas eu de décision.
M. CHARRON: II n'est pas adopté.
M. LE PRESIDENT: En vertu des règlements, on n'a pas à
réserver d'article.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, je ne voudrais pas que
l'étude des crédits du ministère de l'Education se termine
sans que je remercie vivement tous les membres de la commission, tous ceux qui
se sont succédé lors des différentes séances. Je
désire remercier tout particulièrement le député de
Bagot, le député
de Chicoutimi, le député de Portneuf, le
député de Richmond, le député de Saint-Jacques qui
ont participé très activement.
Comme chaque année, ce débat s'est situé à
un niveau élevé, et je crois qu'il a été possible
d'aborder la plupart des grands thèmes qui font l'objet des
activités du ministère.
J'aurais souhaité pour ma part, que l'on puisse peut-être
discuter plus à fond certains des points que nous avons passés
rapidement ce matin. Cependant, il faut bien comprendre que la discussion de
ces crédits a duré jusqu'ici treize heures et quarante-cinq
minutes et que notre nouveau règlement prévoit une période
moyenne de dix heures. Il était donc compréhensible
qu'après s'être attardés, peut-être, sur un certain
nombre d'éléments, les membres de la commission ressentent le
besoin d'accélérer.
Pour ma part, mon rôle a toujours été le même,
c'est-à-dire répondre aux questions que l'on voulait me poser. Et
si j'ai déploré l'absence du député de
Saint-Jacques pour la discussion de quelques sujets, j'aurai été
ravi de répondre à ses questions, s'il en avait été
autrement.
J'ai indiqué dans mes remarques préliminaires que je me
fixais un certain nombre de priorités. Je les ai
énumérées de la façon suivante: la langue
d'enseignement, dont on n'a pas tellement discuté, l'humanisation de
l'école et également le projet de loi 28.
En cours de route, nous avons pu identifier ensemble deux dossiers
importants à propos desquels une évolution s'est
déjà produite et qui me permettront probablement de
définir des politiques précises sous peu. Il s'agit du dossier de
Multi-Media et du dossier du Haut-Commissariat.
Je ne voudrais pas allonger inutilement ces quelques remarques, mais je
me permettrais de terminer en disant qu'une de mes préoccupations a
toujours été la façon dont les changements doivent
être amenés dans une société. Il n'y a pas beaucoup
de lieux où les changements prennent une importance aussi grande que
dans le domaine de l'éducation. Lorsque les changements viennent trop
vite, ils déterminent souvent des résistances ou des
durcissements qui risquent d'aller à l'encontre des buts
recherchés. Et cette préoccupation pour les changements marquera,
je pense, toute la durée de mon mandat au ministère de
l'Education. Vous en avez une indication avec l'attitude que j'ai prise en
relation avec le règlement no 7 dont le principe, tout valable qu'il
puisse être, pouvait peut-être présenter quelque
difficulté sur le plan de son application. C'est
précisément dans l'optique d'une dialectique des changements que
j'ai cru devoir modifier ce règlement.
La façon d'aborder également le projet de loi 28 sera
marquée de la même préoccupation. Pour l'instant, je me
suis contenté de définir certaines hypothèses. Je l'ai
fait d'ailleurs pour Multi-Media, comme je l'ai fait pour le
Haut-Commissariat.
Le choix de l'hypothèse retenue sera certainement basée
sur la façon dont les changements pourraient être absorbés
dans notre société, plus particulièrement dans le cas de
la loi 28, par le milieu montréalais.
Il arrive souvent que l'on construise dans l'absolu des systèmes
qui paraissent excellents et qui le sont très certainement, mais qui ne
tiennent pas toujours compte de l'évolution des mentalités et des
étapes à franchir. C'est ce que je vais tenter de faire dans la
mesure de mes moyens, au cours du temps que je passerai à
l'éducation, plus particulièrement en rapport avec les sujets que
je viens de vous citer.
Par conséquent, M. le Président, ma reconnaissance est
acquise à tous les membres de la commission et je pense que, maintenant
que ces crédits nous sont confiés ou sont sur le point de nous
l'être, après la sanction de l'Assemblée nationale, le
ministère de l'Education pourra continuer à aller de l'avant.
Merci, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Le député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, j'aimerais remercier
d'une façon très particulière les fonctionnaires qui m'ont
assisté avec la compétence que vous avez remarquée. C'est
une des plus grandes consolations du ministre de l'Education d'être
entouré de gens à la fois dévoués, loyaux et
extrêmement habiles dans leurs différentes activités.
Enfin, M. le Président, mes remarques seraient incomplètes si je
ne vous remerciais pas également. Avec autorité et finesse, vous
avez su conduire nos débats.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, M. le Président, en vous
félicitant de la façon dont vous avez conduit nos débats
et en vous remerciant, je voudrais remercier le ministre de l'Education et ses
collaborateurs de nous avoir fourni les renseignements que nous avons
demandés.
Le ministère de l'Education est un ministère
énorme. Il absorbe à lui seul $1,425,000,000 du budget
général du Québec. C'est donc dire l'importance qu'il a et
l'importance, la nécessité aussi qui existe pour les
parlementaires de s'enquérir de la façon dont les fonds publics
sont administrés dans ce secteur vital de l'administration
gouvernementale.
Nous avons, en un premier temps, fait un examen général
des problèmes de l'éducation touchant un ensemble de sujets, et
le ministre a répondu à un grand nombre de questions
posées par le député de Bagot, notamment par le
député de Saint-Jacques et par le député de
Richmond. Nous avons, à l'occasion de cette sorte de débat
général, touché les points les plus stratégiques,
si vous voulez, les centres nerveux du ministère de l'Education en
même temps que les questions litigieuses.
En un second temps, nous avons essayé d'examiner, dans la mesure
où le temps imparti à la commission le permettait, les articles
budgétaires, sans toutefois aller dans des détails qui sont
fournis dans le rapport annuel du ministère pour ce qui concerne
l'exercice financier qui s'est terminé, mais en essayant d'obtenir du
ministre les renseignements concernant les politiques de son ministère
et les raisons qui motivent la demande de crédits qu'il nous fait
à chacun de ces articles.
Le ministre a parlé de la loi 28 qui reste un cas pendant,
puisque nous allons devoir reprendre ce débat. Nous aurons tout le
loisir, à ce moment-là, de réexaminer la question de la
restructuration scolaire de l'île de Montréal. Il a
peut-être paru un peu étrange que nous passions assez rapidement
ce matin, même de façon très rapide, sur toute la question
du financement du ministère de l'Education. Cependant, lorsque le
ministre ou son gouvernement présentera la loi portant sur la
fiscalité scolaire, nous aurons l'occasion de reprendre le débat
et d'examiner plus en détail les techniques de gestion, la distribution
des ressources, l'utilisation des fonds, puisque le débat
général nous permettra de toucher tous ces aspects du
problème du financement au ministère de l'Education.
Nous avons parlé, très rapidement ce matin, de Multi-Media
qui est aussi quelque chose de très sérieux, de très
important. Comme cet organisme est encore, si on peut dire, en gestation, je
n'ai pas cru devoir instituer un débat sur Multi-Media, me contentant
des indications de politiques générales et d'orientations
générales que le ministre a bien voulu nous fournir, puisqu'il
nous sera donné de faire la critique de Multi-Media dès que cet
organisme aura commencé à fonctionner et se sera manifesté
de façon publique dans les divers secteurs du Québec.
Il eût été fort intéressant d'instituer
également un débat sur la langue à l'occasion de l'examen
des crédits de l'Office de la langue française. L'Office de la
langue française existe; nous savons de quelle façon il
fonctionne et nous connaissons ses structures actuelles, mais, pour instituer
un débat valable, il eût été nécessaire que
le gouvernement révélât, sinon une politique globale de la
langue, du moins les orientations de la politique qu'il entend suivre.
J'ai, il y a quelques jours, fait une déclaration à ce
sujet, indiquant dans quel sens, à mon avis, devait s'infléchir
la politique linguistique du Québec. Nous attendons avec beaucoup
d'impatience les décisions que le gouvernement doit prendre et que le
premier ministre a déjà annoncées de façon
générale. C'est à cette occasion que nous pourrons
discuter du problème de la langue, du rôle de l'office, des
secteurs prioritaires que le gouvernement doit déterminer dans ce
domaine et du cas, également, de la commission Gendron.
J'ai lu dans les journaux que l'on avait prolongé ou que l'on
s'apprêtait à prolonger le mandat de la commission Gendron. Il est
évident que j'ai dit au journaliste qui m'a interrogé que je
n'étais pas du tout d'accord pour que l'on prolonge indéfiniment
ce mandat. Qu'on le prolonge jusqu'au 31 décembre pour permetrre
à la commission de fournir les rapports principaux qu'elle doit nous
fournir, je suis d'accord, mais je ne voudrais pas que le mandat de cette
commission soit reconduit au-delà du 31 décembre 1972. J'estime
en effet que le gouvernement est en mesure, à l'heure actuelle, de
s'attaquer à des secteurs prioritaires qui permettront de
matérialiser les intentions qu'il a annoncées de faire du
français la langue de travail, la langue prioritaire, la langue de
l'affichage, la langue des raisons sociales et qu'il est
déterminé à faire la révision de la codification
des lois, à reprendre le problème de la langue d'enseignement,
tout cela à la lumière des débats que nous avons
déjà eus quand nous avons étudié le projet de loi
no 28.
Ainsi, M. le Président, je conclurai en disant que l'examen que
nous avons fait de cet énorme budget n'est peut-être pas à
tous égards satisfaisant. Il nous aurait fallu entrer dans un monde de
détails d'ordre technique qui aurait exigé des fonctionnaires,
qui doivent continuer de faire fonctionner le ministère, qu'ils fussent
constamment présents.
Le ministre peut s'attendre que nous y revenions à l'occasion de
certains problèmes qui se soulèveront, certains
événements qui surviendront. Nous pourrons interroger le ministre
en Chambre, particulièrement lorsque le gouvernement proposera une
nouvelle loi no 28, la loi no 21. Il nous sera loisible de discuter en
détail de certains points que nous n'avons qu'effleurés ce
matin.
Je voudrais insister encore une fois sur ce que disait le
député de Bagot, à savoir la préoccupation que le
ministère doit avoir de consolider maintenant ses structures,
d'humaniser davantage l'éducation, de procéder à une
meilleure distribution des ressources en matière d'éducation afin
de faire face aux problèmes qui se posent à tous les
étudiants qui fréquentent les diverses maisons d'enseignement du
Québec. J'insiste, en présence du premier ministre ici, sur la
nécessité de mener parallèlement deux politiques,
c'est-à-dire une politique d'éducation progressive en même
temps qu'une politique de développement aussi progressive sinon
beaucoup plus progressive parce que nous avons du retard dans ce domaine
de sorte que les étudiants comprennent que, non seulement on veut faire
d'eux des gens qui atteignent un niveau d'éducation, d'instruction et de
spécialisation supérieur, mais qu'ils soient rassurés sur
les possibilités d'emploi et sur le rôle qu'ils seront
appelés à jouer en raison de ces qualifications qu'ils auront
acquises à l'école à quelque niveau.
M. le Président, je réitère mes remerciements au
ministre, à ses fonctionnaires ainsi qu'à chacun des
collègues qui ont participé à ce
débat, sans oublier évidemment le député de
Lac-Saint-Jean, qui a mené de façon fort objective les
discussions que nous avons eues ici en commission parlementaire de
l'éducation.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Portneuf.
M. DROLET: M. le Président, j'ai très peu de chose
à ajouter à tout ce qui s'est dit depuis le début de
l'étude de ces crédits et à ce que viennent de dire le
ministre de l'Education et le député de Chicoutimi.
En ce qui a trait à la politique générale du
ministère, la réplique avait été faite au
début de l'étude de ces crédits par le responsable de
notre parti à la commission, le député de Richmond, qui a
dû s'absenter ce matin. C'est pourquoi je ne suis que remplaçant
ici.
Je voudrais aussi remercier le ministre des réponses
précises qu'il nous a fournies ainsi que tout son personnel, les
sous-ministres et les fonctionnaires, du ministère de l'Education qui
nous a donné, de façon la plus claire possible, les
réponses aux questions que nous avons posées.
Je ne voudrais pas terminer sans souligner de nouveau au ministre que
nous attendons, avec impatience, son nouveau projet de loi sur le
Haut-Commissariat, discussion qui a duré assez longtemps ce matin. Nous
espérons que le ministre de l'Education saura convaincre tout le Conseil
des ministres que c'est une chose extrêmement importante.
Je voudrais également remercier le président de la
commission, le député du Lac-Saint-Jean, ainsi que tous les
collègues qui ont participé à cette commission. Je le fais
en mon nom personnel et au nom du représentant de notre parti à
cette commission, le député de Richmond. Je termine en souhaitant
au ministre et à tout son personnel, pour l'année qui s'en vient,
plein de succès.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Jacques.
M. CHARRON: M. le Président, je ne croyais pas, bien
sincèrement, que l'étude des crédits prendrait fin ce
matin. Pour être bien honnête envers les membres de la commission,
je me sens comme un gars qui n'a pas bien fait son travail. Je n'aime pas ce
sentiment. Jamais un retard de dix ou quinze minutes n'aura été,
à mon avis, aussi coûteux, quant à mon travail et quant
à l'intérêt que j'y manifestais. Je ne croyais pas,
sincèrement, qu'en arrivant, avec ce retard, nous serions
déjà à l'article du Haut-Commissariat. J'avais, de la
même façon que la semaine dernière et objectivement
et bien honnêtement à l'égard du ministre une
série de questions que je considère essentielles à mon
rôle de député de l'Opposition, non pas pour embêter
le ministre mais pour clarifier l'activité du ministère dans
l'intérêt du ministère.
Mes collègues de l'Opposition n'ont pas jugé opportun,
contrairement à ce que je pensais, d'élargir le débat que
nous avions déjà engagé sur l'enseignement
collégial, l'enseignement supérieur, l'éducation
permanente, l'Office de la langue française. J'avais plusieurs questions
à poser. Malheureusement, je dois admettre ma défaite ce matin
dans ce domaine. Je le regrette d'autant plus que, d'une part, je
déteste arriver en retard; d'autre part, je devrai me convaincre, une
fois de plus, que les responsabilités qui incombent à notre
parti, comme parti d'Opposition, sont l'exemple de ce matin vient de le
prouver encore plus grandes que je ne le pensais et exigeront donc
d'autant plus d'efforts. Je le regrette, finalement, surtout parce que l'allure
générale de l'étude des crédits avait
été excellente; la collaboration, et du ministre, que je remercie
bien sincèrement, et des collègues, hauts fonctionnaires.
J'ai développé, à leur égard de chacun d'eux
une profonde estime. Notre collaboration avait été excellente
depuis le début et nous permettait de clarifier ce domaine ambigu qui a
donné lieu à plusieurs débats assez acariâtres,
parfois, dans le domaine de l'éducation.
Je continuerai donc, M. le Président, pour la prochaine
année et pour la dernière, j'espère ce
rôle de critique de mon parti en matière d'éducation.
J'assure immédiatement le ministre de la même disponibilité
et de la même honnêteté, je pense, tout au cours de
l'année, que j'ai pu accorder lors de l'étude actuelle des
crédits. L'année sera importante dans ce domaine. Elle sera la
première complète, pour le ministre. Donc, quand nous nous
retrouverons à l'étude des crédits, l'année
prochaine, nous pourrons cette fois, je pense faire un bilan encore plus
précis que celui que nous avons fait cette année.
Dans toutes les promesses que je peux faire quant à mon attitude
au cours de la prochaine année, à l'égard des
fonctionnaires et à l'égard du ministre, la plus importante est
celle que, lors de l'étude des crédits de l'année
prochaine, je vais arriver dix minutes avant l'ouverture de chaque
séance.
M. BOURASSA: Et ce matin?
M. CHARRON: J'étais ici le président peut en
témoigner bien avant dix heures, au café du parlement.
J'ai rencontré M. le Président. Malheureusement, quand je me suis
rendu en haut, j'ai été arrêté à mon bureau.
Ces dix minutes ont été fatales pour l'enseignement
supérieur, les subventions aux universités, Multi-Media, en tout
cas!
M. LE PRESIDENT: En tant que président, je tiens à
remercier M. le ministre, ainsi que les membres de la commission de la
façon sereine dont les débats et l'étude des
crédits se sont faits. Je remercie sincèrement les fonctionnaires
également.
La commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 11 h 54)