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Commission permanente de l'Education des Affaires
culturelles
et des Communications
Projet de loi no 35
Loi modifiant la loi de la Régie
des Services publics
Projet de loi no 36
Loi modifiant la loi de l'Office
de radio-télédiffusion du
Québec
Projet de loi no 37
Loi modifiant la loi du ministère des
Communications
et d'autres dispositions
législatives
Séance du mardi 27 iuin 1972
(Dix heures treize minutes')
M. GIASSON (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A l'ordre,
messieurs!
Selon le désir manifesté par la Chambre, nous voilà
réunis à la commission parlementaire de l'éducation, des
affaires culturelles et des communications pour étudier en commission
les projets de loi 35, 36 et 37. Il va de soi que nous procédions
à la nomination d'un rapporteur. Est-ce qu'il y a des suggestions?
M. L'ALLIER : Je proposerais que le député de Rouville
soit nommé rapporteur.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que c'est accepté unanimement? Donc, M,
le député de Rouville, vous serez rapporteur selon le
désir unanime des membres de la commission. Avant de commencer cette
séance, le député de Marguerite-Bourgeoys m'a
manifesté son intention de faire quelques commentaires devant la
commission. Je lui cède immédiatement la parole.
Demande d'audition des producteurs de
cinéma
MME KIRKLAND-CASGRAIN: M. le Président, avant que ne commence
notre travail, j'ai une suggestion à faire. Vous savez que les projets
de loi que nous étudions aujourd'hui ont beaucoup retenu l'attention des
milieux du cinéma. Plusieurs associations et, en particulier, celle des
producteurs de films du Québec, ont réclamé l'occasion de
faire valoir leur point de vue devant notre commission parlementaire. Alors, je
proposerais, M. le Président, que vous les invitiez à
déléguer leur porte-parole à notre séance de jeudi.
Cette proposition me paraît indiquée, à la suite des
télégrammes que les associations ont expédiés au
début du mois au premier ministre et dont j'ai reçu copie. Je
crois d'ailleurs que tous les membres du gouvernement ont reçu copie de
ces télégrammes et, à cause de l'intérêt
qu'ils ont manifesté à l'importance du problème en ce qui
les concerne, je pense qu'il serait tout indiqué de les entendre,
peut-être jeudi, si la proposition agrée à mes
collègues.
M. LE PRESIDENT: Si je ne m'abuse, présentement nous travaillons
en commission plénière et non pas en commission parlementaire
ouverte aux gens de l'extérieur.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je pense que nous sommes, comme vous le dites,
en commission de la Chambre pour étudier un projet de loi. Nous avons
déjà eu l'occasion, en commission parlementaire, d'entendre des
mémoires. Toutefois, étant donné l'importance des
représentations qui doivent être faites par l'association des gens
du monde du cinéma, je crois qu'il y aurait lieu de suggérer au
leader du gouvernement de faire révoquer un ordre de la Chambre et de
faire convoquer la commission parlementaire afin d'entendre, à la
séance de jeudi, les représentants des associations de
cinéma.
MME KIRKLAND-CASGRAIN: M. le Président, j'ai fait cette
suggestion après m'être assurée qu'il y avait
déjà eu des précédents...
M. L'ALLIER: Je voudrais, M. le Président, souligner un fait. Ce
n'est pas mon intention de m'opposer à ce que des parties
intéressées puissent se faire entendre sur des projets de loi,
étant entendu que toute intervention qui peut servir à
améliorer ou à bonifier des lois de l'Etat est bienvenue.
Cependant, nous avons déjà, à quelques reprises,
demandé aux parties intéressées de venir devant la
commission parlementaire des communications. Les projets de loi sont
déposés en Chambre depuis mai 1971. La commission parlementaire
s'est réunie à quelques reprises, au moins deux fois. Nous avons
déjà entendu des parties et je crois qu'à moins que des
amendements nouveaux ou des sous-amendements ne prêtent à de
nouvelles interprétations qui touchent directement l'industrie du
cinéma... Ce serait peut-être possible de les entendre quand
même, mais ce serait aussi, sinon créer un
précédent, du moins ajouter à un précédent
qui peut être dangereux, en ce sens qu'il y a un moment où les
parties peuvent se faire entendre. A ce moment-là, l'industrie du
cinéma, qui connaissait les projets de loi, qui les avait devant elle,
qui avait pu les voir, les analyser, n'a pas jugé bon de demander
à être entendue par la commission. Donc, sur cette question,
j'aimerais connaître l'avis des membres de la commission.
M. LEGER: M. le Président, en ce qui me concerne, je me demande
si le besoin d'être entendu par cet organisme touche directement le
projet de loi ou si ça touche le conflit que cet organisme a
actuellement avec Radio-Québec. Quant à moi, tout ce qui pourrait
retarder
l'adoption du bill 35, je m'y opposerais, parce que je trouve que
ça fait un an et quelques mois qu'on attend. Je pense que le bill 35
devrait passer au plus tôt au stade de l'adoption.
M. L'ALLIER: Je dois dire, par ailleurs, M. le Président, que
l'Association des propriétaires de câbles avait demandé la
même chose, à savoir de faire connaître un certain nombre de
représentations. Nous les avons rencontrés au ministère et
nous leur avons dit que le temps de la commission parlementaire où ils
pouvaient être entendus était passé, qu'ils pouvaient faire
leurs représentations au ministère et nous avons convenu des
réunions de travail. Cela va bien avec eux.
MME KIRKLAND-CASGRAIN: M. le Président, il y aurait
peut-être lieu qu'on fasse la même invitation aux
représentants du domaine du cinéma parce que l'une des
représentations qui m'a été faite, c'est qu'ils n'avaient
pas été invités à l'occasion de la dernière
réunion, là où ils auraient aimé exprimer leur
point de vue.
M. LE PRESIDENT: A la dernière réunion de la commission
parlementaire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Si le ministre me le permet, il a parlé
tout à l'heure d'un précédent. Disons que toute
procédure dans ce sens peut être interprétée comme
un précédent. Mais même si, comme tout le monde, nous
sommes désireux de procéder à l'adoption de ce projet de
loi, je ne pense pas qu'une séance qui pourrait comporter une heure
d'interrogatoire au maximum pourrait déranger l'adoption du projet de
loi.
M. L'ALLIER: Nous regardons les choses, en fait. Est-ce que mon
collègue des Affaires culturelles pourrait me dire si les
représentations du milieu du cinéma s'adressent en particulier
à l'un ou l'autre des projets de loi ou si c'est à l'ensemble des
projets de loi 35, 36 et 37 ou si c'est plutôt au projet de loi qui
touche, par exemple, Radio-Québec?
MME KIRKLAND-CASGRAIN: En ce qui me concerne, il y a eu certaines
suggestions d'amendements aux trois bills. En effet, dans les trois bills, il y
a certains articles qu'ils considèrent assez paralysants, en particulier
pour l'Office du film. Ils avaient différentes suggestions d'amendement
dans le cas des trois bills.
M. LATULIPPE: M. le Président, au pis-aller, on peut
peut-être faire un compromis et accepter qu'ils déposent un
mémoire, pour qu'il n'y ait pas de précédent, étant
donné que vous ne pouvez pas accepter une lecture en leur
présence. De toute façon, à la lecture, on pourra
certainement faire le point des choses et constater ce qu'ils veulent
avoir.
M. L'ALLIER : Cela me paraîtrait acceptable dans la mesure
où l'Association des producteurs est certainement prête à
faire valoir un point de vue. Cette association pourrait nous faire parvenir
d'ici demain midi ou d'ici demain soir le mémoire qu'elle a l'intention
de déposer. Nous pourrons en prendre connaissance et voir s'il y a lieu,
à ce moment-là de l'entendre et si vraiment il y a des choses
majeures que nous avons oubliées. Je connais le problème auquel
on fait allusion. On dit que, telle que présentée, la
législation des projets de loi 35, 36 et 37 risque d'empêcher
toute réalisation d'une politique du cinéma au Québec.
Cette question, qui est une question extrêmement pertinente, a
été confiée pour étude au comité de
législation, aux légistes du gouvernement. Nous avons obtenu leur
avis.
Le comité de législation et nos conseillers juridiques
sont d'avis que telles qu'elles existent maintenant, les lois 35, 36 et 37
n'ont pas pour but premier ou même secondaire de toucher l'industrie du
cinéma de quelque façon, puisqu'il s'agit essentiellement de
communications, d'émissions, de transmissions et de réceptions;
il ne s'agit pas de cinéma. Là où cela touche
indirectement l'industrie du cinéma, c'est au niveau de la production;
mais au niveau de la production, les lois que nous avons devant nous touchent
deux catégories de production: premièrement, la production pour
fins éducatives, ce qui n'est qu'une retranscription de ce qui existait
déjà dans la loi de Radio-Québec, et c'est maintenant dans
la loi du ministère des Communications et, également, la
production pour fins administratives, c'est-à-dire pour fins
d'information gouvernementale, ce qui était jusqu'ici la
responsabilité de l'Office d'information et de publicité et qui
est transférée comme telle au ministère des
Communications.
Donc, il n'y a rien, en fait, de nouveau dans les projets de loi que
nous avons devant nous, qui touche l'industrie du cinéma au niveau de la
production générale ou du cinéma que j'appellerais
culturel d'aucune espèce de façon. C'est également l'avis
des conseillers juridiques du gouvernement. C'est ce qui nous fait avoir une
certaine réticence à reprendre des débats qui auraient pu
avoir lieu il y a six mois, il y a dix mois, lorsque la commission
parlementaire s'était réunie et qui n'ont pas eu lieu à ce
moment.
MME KIRKLAND-CASGRAIN: M. le Président, il n'est pas question de
reprendre tous les débats, mais d'entendre une association ou certains
groupes qui se sentent, justement, en démocratie, qui considèrent
avoir le droit de s'exprimer et qui, eux, ne partagent pas, peut-être,
l'opinion juridique donnée par certains juristes.
M. L'ALLIER: Ils ont eu le droit de s'exprimer et la démocratie,
je m'excuse, fait qu'il y a des moments pour s'exprimer et des moments pour
agir.
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Il y a eu des précédents
d'établis.
M. LE PRESIDENT: Croyez-vous que cette association aurait
déjà des mémoires à présenter à la
commission ou s'il s'agit tout simplement d'un échange?
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Il faudrait que je m'enquière,
évidemment. Je crois qu'elle a sûrement des documents
écrits là-dessus parce que cela lui tient à coeur et c'est
pourquoi j'aurais vu une présentation... Si on limitait sa
période à une heure par exemple, je ne crois pas que cela aurait
tellement retardé les délibérations des membres de la
commission.
M. LATULIPPE: Je ne vois aucune espèce d'inconvénient
à ce qu'elle vienne nous dire elle-même ce qu'elle pense.
M. L'ALLIER: Moi non plus, aucune; c'est également mon avis sauf
que, si nous avons deux heures aujourd'hui et deux heures jeudi pour
étudier ces projets de loi et, si nous prenons sur ces quatre heures une
heure ou une heure trente pour entendre un mémoire qui aurait pu
être entendu depuis un an, c'est une chose. La décision que nous
prenons ici maintenant risque d'avoir comme conséquence la non-adoption
de ces projets de loi. A ce moment-ci, leur adoption sera reportée
à l'automne et ensuite on sera bien à l'aise pour critiquer
l'administration ou l'absence de cohérence à Radio-Québec
et on sera bien à l'aise aussi pour critiquer l'absence d'intervention
dans le domaine de la collaboration, de la réglementation, etc.
Donc, c'est la portée de la décision que nous prenons.
Nous avons un nombre d'heures limité. Si le leader parlementaire et
l'assemblée sont d'accord pour qu'au-delà du temps dont nous
disposons pour étudier ces projets de loi, nous puissions prendre
d'autres moments ou ajouter à ce temps pour entendre l'Association des
producteurs et probablement aussi l'Association des câbles, moi, je n'y
vois aucune objection. Je ne voudrais pas que du temps soit pris, au moment
où nous avons besoin de ce temps pour étudier les lois article
par article, si nous voulons les voir adopter à cette partie de la
session, alors qu'il y avait du temps de disponible pour entendre des
mémoires et des représentations depuis un an.
M. LEGER: Est-ce que le ministre pourrait répondre à une
question? Est-ce que, d'après vous, l'Association des producteurs de
cinéma a un mémoire ou des revendications concernant le bill, en
particulier 35, ou si c'est sur les trois bills ou sur le bill 36 qu'ils en
ont?
M. L'ALLIER: Si mes informations sont exactes, nous avons reçu,
il y a à peu près un mois, un télégramme de
l'Association des producteurs de cinéma. Nous avons répondu
à ce télégramme en les invitant à nous rencontrer
et je ne crois pas que nous ayons, de la part de l'association, reçu un
avis à l'effet qu'ils étaient prêts à nous
rencontrer, à nous donner leur point de vue et à nous dire de
quelle façon on pourrait éventuellement faire des modifications.
Ils n'ont pas répondu et l'information qu'on me donne, c'est que,
à la suite de leur télégramme, nous avons
communiqué avec eux en leur disant: Venez nous rencontrer, nous allons
discuter avec vous et nous sommes prêts à revoir tout cela avec
vous. Nous n'avons pas reçu de réponse à cette
invitation.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, Madame...
M. LEGER: Est-ce que ceci veut dire que vous avez l'intention de faire
siéger cette commission encore jeudi?
M. L'ALLIER: Si c'est inscrit au calendrier de la Chambre.
M. LEGER : Pas jeudi.
En ce qui nous concerne, je pense que nous devrions, sans tarder,
commencer l'étude des amendements du bill 35 aujourd'hui et passer ce
que nous pouvons passer sur le bill 35. En ce qui nous concerne, nous croyons
que le bill 35 devrait être adopté le plus tôt possible.
Quant aux bills 36 et 37, leur sort nous est un peu plus indifférent.
Mais le bill 35, nous croyons que c'est important. Si vous jugez qu'il faut
entendre cette association, je n'ai pas d'objection à l'entendre, jeudi,
si c'est pertinent, d'après vous. Maintenant, comme vous dites, s'ils
n'ont pas répondu à votre invitation, quant à moi, je
souhaite que le bill 35 soit adopté le plus tôt possible pour
donner un cadre juridique à notre travail.
M. L'ALLIER: M. le Président, je pourrais proposer le compromis
suivant. C'est que si l'Association des producteurs de cinéma je
ne sais pas si le nom est exact, je l'emploie comme tel de même
que l'Association des câbles, qui avait manifesté la même
intention, veulent nous soumettre d'ici demain, à 4 heures ce
n'est pas tellement long, mais jeudi c'est après demain un
très court document comportant son point de vue, nous pourrons
l'analyser.
Les représentants pourront être présents jeudi et
nous déciderons sur place, en leur présence, si nous devons ou
non leur poser des questions sur ce document. Mais ça nous enlève
du temps pour l'étude des lois 35, 36 et 37 et ça comporte le
risque de voir ces lois reportées pour adoption à l'automne, avec
les conséquences que ça peut avoir.
M. LE PRESIDENT: Le député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je répète que
je n'ai aucune sorte d'objection à ce que nous entendions
l'Association des producteurs de cinéma. Madame nous a bien dit que leur
représentation portait sur les trois projets de loi. Nous pouvons
très bien commencer l'étude du projet de loi 35 ce matin mais si,
d'aventure, nous adoptions des articles qui se trouvent mis en cause par le
mémoire que ces gens veulent nous présenter, ça peut
être un peu gênant du point de vue démocratique de
déclarer que nous n'avons pas voulu les entendre.
Ce n'est pas notre intention d'empêcher qui que ce soit ni
de la part du ministre des Communications ni de celle de quelque
député qui se trouve ici de s'exprimer. Je crois qu'il y
aurait peut-être lieu de commencer ce matin l'examen du projet de loi 35.
Le ministre des Communications pourrait en discuter avec le leader de la
Chambre et nous pourrions consacrer une heure de nos travaux à entendre
les représentants de ces associations, parce que j'estime que c'est
important.
Est-ce que le ministre pourrait nous dire si elle a eu, en ces derniers
jours, des représentations nouvelles de la part de ces associations?
MME KIRKLAND-CASGRAIN: J'en ai eu assez régulièrement sous
la forme de télégrammes et je ne peux qu'apporter ce qu'elles
m'ont dit, soit qu'elles n'avaient pas été invitées
à participer aux discussions. C'est pourquoi j'ai été
surprise tout à l'heure lorsque...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous pouvez...
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Non, je ne mets pas en doute la parole de mon
collègue, mais il reste qu'elles m'ont exprimé leur
inquiétude devant certains articles du bill et leur désir de
s'exprimer en disant qu'elles n'avaient pas eu l'occasion de le faire avant,
parce qu'elles n'avaient pas été invitées.
M. L'ALLIER: Je peux vous dire en tout cas que, quant à moi, la
seule représentation que j'ai eue est un télégramme auquel
j'ai demandé qu'on réponde en les invitant à nous
rencontrer, ce qui n'a pas été fait.
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Cela me surprend beaucoup qu'on ne l'ait pas fait
mais il reste à voir, peut-être que, lorsque vous avez
communiqué, ça n'a pas été possible.
M. L'ALLIER: C'est 24 heures par jour.
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Oui, parce que ça arrive dans tous les
ministères.
M. LE PRESIDENT: Le député de Rouville. M. LEGER: M. le
Président...
M. LE PRESIDENT: Un instant, le député de Rouville.
M. OSTIGUY: M. le Président, je reconnais que nous craignons un
précédent, si nous entendons une association aujourd'hui pendant
une heure. D'autres corps publics vont demander le même privilège
et est-ce qu'on pourra se permettre de les refuser? A ce moment-là, on
va retourner en commission parlementaire, on ne sera plus en commission
d'étude du projet de loi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous l'avons fait pour la commission du
travail pour entendre les agents de la paix.
M. OSTIGUY: De combien d'heures, M. le Président,
disposons-nous?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il n'y a pas de limite d'heures.
M. OSTIGUY: Selon les nouveaux règlements?
M. LE PRESIDENT: C'est indéterminé. On va demander au
leader de la Chambre de mettre à la disposition de la commission le
temps qu'il faudra pour considérer l'étude de chacun des projets
de loi.
M. L'ALLIER: Le député de Chicoutimi nous dit, M. le
Président, que nous l'avons fait pour les agents de la paix, mais ce
n'était pas sur des projets de loi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, c'était sur le projet de loi
19.
M. L'ALLIER: C'était une loi adoptée.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, mais on l'a...
M. L'ALLIER: Nous avons entendu les agents de la paix, la commission du
travail a entendu les agents de la paix après l'adoption de la loi
19.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Après l'adoption de la loi 19.
M. L'ALLIER : Je suis tout à fait disposé à ce que
la commission parlementaire des communications, de l'éducation et des
affaires culturelles ou inversement entende en commission parlementaire
régulière les cinéastes et les producteurs sur câble
à n'importe quel moment après l'adoption des lois à ce
moment-là, si c'est le précédent qui a été
crée.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce serait assez fausser le débat, M. le
Président, le ministre comprendra que ce n'est pas l'intention des
producteurs de cinéma ni la mienne que ces gens-là soient
entendus après l'adoption des lois. Si justement leur demande porte sur
les textes mêmes que nous nous proposons d'adopter.
M. L'ALLIER: Il faudrait que l'on nous cite d'autres
précédents pour être bien sûrs que nous n'en
créons pas maintenant.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je pense, M. le Président, que le
ministre ne doit pas être aussi fétichiste, ce sont trois projets
de loi très importants et il y a des gens qui nous demandent à
être entendus, je ne crois pas que cela prenne un temps interminable.
M. LE PRESIDENT: Je pense qu'il s'est fait un consensus en cours de
route; tout le monde serait d'accord que la commission procède
immédiatement à l'examen du projet de loi 35 aujourd'hui, quitte
à inviter les représentants de ladite association à
déposer un bref commentaire d'ici quatre heures demain.
On pourrait consacrer quelques instants, avec l'ordre de la Chambre,
pour entendre ces gens-là et poser des questions sur les
représentations qu'ils veulent faire demain après-midi.
M. L'ALLIER: Si la commission en décide à ce
moment-là après étude.
M. LE PRESIDENT: Je pense qu'il est important de limiter ça
à ladite association, autrement c'est une porte ouverte à tout
organisme qui voudrait se prévaloir du précédent qu'on
crée.
M. L'ALLIER: Par ailleurs, M. le Président, avec tout le respect
que je dois à la présidence, c'est également une sorte de
discrimination parce que, alors que cette association aurait pu être
entendue et se faire entendre à deux ou trois reprises
déjà, en commission parlementaire des communications, sur ces
projets de loi, elle ne l'a pas fait. De plus, on dit: Ils n'ont pas
été invités. Personne n'a été invité
d'une façon spécifique à être entendu par une
commission parlementaire.
Les séances des commissions parlementaires sont publiques, sont
annoncées et quiconque veut s'y faire entendre peut s'y faire entendre.
Donc, l'Association des producteurs de cinéma n'avait pas à avoir
un traitement privilégié, à recevoir une invitation en
bonne et due forme du secrétaire des commissions. Telle n'était
pas à ce moment-là la décision même de la
commission. Donc, si nous entendons pour la première fois cette
association, je ne vois pas pourquoi nous pourrions refuser à d'autres
groupes intéressés, que ce soit l'association des
radiodiffuseurs, les propriétaires de câbles, de venir de nouveau
se faire entendre. Nous recommencerions alors un circuit qui a
déjà été fait.
Nous pouvons recevoir un document et en prendre connaissance. Si la
commission, ayant pris connaissance du document et en regard des projets de
loi, voit qu'il y a vraiment là quelque chose de grave, je serai
disposé à ce moment-là à ce que la commission
parlementaire se réunisse sur cette question. Mais nous sommes actuelle-
ment en commission pour étudier, article par article, après la
deuxième lecture, ces projets de loi.
M. LEGER: M. le Président, sur le même point, je dois
appuyer le ministre. Je me rappelle que, durant les réunions de la
commission des communications, j'avais proposé qu'on invite
spécialement les anciens présidents de Radio-Québec et de
l'OIPQ. On m'avait bien dit à ce moment-là que tout le monde
était invité, qu'on n'avait qu'à se présenter,
qu'il n'y avait pas d'invitation faite particulièrement. Je me demande
si on veut réellement retarder ou bloquer ce projet de loi no 35, parce
que cela fait tellement longtemps qu'il est au chapitre, un an et demi
Actuellement, tous les gens ont eu l'occasion de s'exprimer et je pense qu'il
faut passer à l'étude du bill 35, article par article. Si, par la
suite, d'après le mémoire qui nous serait soumis par cette
association des producteurs, il y avait des questions importantes, qu'on les
entende à une autre commission parlementaire, ou bien le gouvernement
pourrait amener des amendements à sa loi, s'il le juge valable, mais au
moins celle-là serait votée. En ce qui nous concerne, il faut
procéder avec un peu plus d'efficacité.
MME KIRKLAND-CASGRAIN: M. le Président, je regrette infiniment.
Ayant fait une...
M. LE PRESIDENT: Un instant. Le député de Papineau avait
demandé la parole.
M. ASSAD: Si, durant l'étude de cette loi no 35, nous nous
rendons compte que nous allons contre les intérêts ou contre les
revendications de l'Association des producteurs du cinéma, je crois que
la commission serait prête à entendre ses revendications. Mais si,
durant l'étude, il n'y a pas de conflit, pourquoi l'entendre? Je crois
que, durant l'étude, nous pourrons voir si véritablement, il y a
conflit, s'il y a des articles qui pourraient aller à l'encontre de
leurs revendications ou de leurs droits.
MME KIRKLAND-CASGRAIN: M. le Président, en écoutant la
remarque de mon collègue du Parti québécois, je ne pouvais
m'empêcher de me sentir visée. Lorsque j'ai demandé qu'on
entende un groupe de gens qui sont quand même assez importants
quand on pense aux revenus qu'ils apportent au Québec ce
n'était pas mon intention de retarder indéfiniment l'étude
du projet. Mon but était de demander qu'on leur accorde peut-être
une heure pour présenter leur mémoire. Je tiens à faire
cette mise au point, parce que je considère que c'est une question de
privilège; loin de moi l'ide'e de retarder indûment les projets de
loi que nous venons étudier aujourd'hui. Mais ce serait simplement
d'accorder justice à une certaine classe de gens qui ont affaire au
ministère que je dirige. Effectivement, si l'on doit avoir une
politique du cinéma qui soit efficace, je pense qu'il est
extrêmement important d'entendre ces gens qui sont les principaux
intéressés. Qu'ils ne se soient pas présentés
à la dernière séance où ils auraient pu le faire,
c'est regrettable, mais comme il y avait eu des précédents
d'établis, je pensais de mon devoir de le signaler aux membres de cette
commission.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est la même opinion que j'ai, M. le
Président.
Vous comprendrez qu'il n'est pas de l'intérêt de qui que ce
soit de retarder ce projet de loi et ce serait imputer indécemment des
motifs que de déclarer qu'on tenterait de vouloir retarder l'adoption de
ce projet de loi. Seulement, devant les représentations qu'a faites
madame le ministre ce matin, j'ai cru de mon devoir d'appuyer sa requête
et ceux qui la refuseront en prendront les responsabilités.
M. LATULIPPE: Nous aurons l'occasion d'étudier ce projet de loi
à la lumière du document qui sera déposé.
UNE VOIX: Est-ce qu'on peut déposer le document?
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Je pense bien.
M. LE PRESIDENT: Si je comprends bien le député de
Frontenac, vous croyez toujours qu'on pourra avoir un document venant de ladite
association?
M. LATULIPPE: Je pense bien que si elle veut se faire entendre, elle va
certainement préparer un document.
M. L'ALLIER: Qu'on dépose un document et, au fur et à
mesure de l'étude des projets de loi, si nous voyons en regard de ce
document qu'il y a des conflits possibles et des points importants à
soulever, là, notre commission pourra revoir sa décision. Est-ce
que c'est le consensus?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est une accommodation, c'est un
accommodement, dis-je. Qu'est-ce que j'avais dit? J'avais dit accommodation,
c'est un très mauvais mot. C'est un accommodement raisonnable, sous
toute réserve que le document nous soit présenté le plus
tôt possible. Nous avons séance jeudi.
M. LE PRESIDENT: Il faut concevoir qu'on avise ces gens
immédiatement que nous sommes prêts à recevoir leur
document.
M. LEDUC: Oui, mais à quel moment, M. le Président, est-ce
qu'on peut prévoir que ce document nous sera remis? La commission
siège aujourd'hui. La commission doit siéger, je crois, jeudi en
vue d'étudier les trois projets de loi. Est-ce qu'on va retarder
l'étude des trois projets de loi pour qu'on puisse savoir ce qu'il y a
dans le document? Est-ce qu'on va revenir...
M. LE PRESIDENT: Avant l'arrivée du député de
Taillon, il avait été convenu qu'on demande à cette
association de produire ledit document pour quatre heures demain.
M. LEDUC: Pour quatre heures, demain.
M. L'ALLIER: L'association est censée être prête.
M. LEDUC: C'est une question d'expédition.
M. OSTIGUY: Qu'arrivera-t-il si le projet de loi 35 est adopté
dans son ensemble et s'il y a des articles, dans le projet de loi 35, qui les
touchent?
M. LEGER: Cela pourra faire l'objet d'amendements ultérieurs, si
on le juge à propos, si la commission le juge à propos.
M. LE PRESIDENT: Du moment que ce n'est pas adopté en
troisième lecture.
M. L'ALLIER: Tant que ce n'est pas adopté en troisième
lecture.
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Je sais qu'ils ont des suggestions d'amendements
dans le cas de certains articles des trois bills.
M. LE PRESIDENT: Les recommandations ont une référence
à chacun des trois projets de loi qu'on a devant nous.
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Pas tous les articles, mais certains
articles.
M. LE PRESIDENT: Je pense que nous procéderons
immédiatement à l'étude du projet de loi 35, article par
article. Déjà, à l'article 1, le ministre a un amendement
à déposer.
Projet de loi no 35
M. L'ALLIER: A l'article 1, M. le Président, c'est un
sous-amendement que nous proposons et qui a essentiellement pour but de
normaliser, si vous voulez, la définition de "communications" que nous
avions donnée dans le projet de loi original en la modifiant comme ceci.
Nous avions, dans le projet de loi 35, défini "entreprise publique"
à l'article 1 modifiant l'article 2; troisièmement, nous avions
défini "entreprise publique": "Une entreprise ayant pour objet principal
ou accessoire la transmission ou la diffusion de sons, d'images, de signes,
etc.". L'amendement que nous proposons est à l'effet de remplacer dans
la première ligne du sous-paragraphe a) du paragraphe 3 de l'article 2
qui est édicté par l'article 1 du bill 35, les mots "la
transmission ou la diffusion" par les mots "l'émission, la transmission
ou la réception".
Cet amendement donne une concordance beaucoup plus exacte avec les
définitions internationales qui existent par ailleurs dans les lois
d'autres pays ou dans des lois fédérales. La terminologie que
nous avions au début, la transmission ou la diffusion, étant sur
ce point faible et même incomplète, l'amendement que nous
proposons à savoir remplacer ces mots par "émission,
transmission ou réception" est plus conforme à la
définition de communication. Nous retrouverons, par concordance, dans le
projet de loi 37, une modification de même nature.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Quant aux mots "émission, transmission,
réception," je crois que c'est exact que ces trois termes recouvrent
davantage l'ensemble des réalités des moyens de diffusion. Ici on
a "émission, transmission, réception."
M. L'ALLIER: C'est exact. Dans la même mesure, entreprise publique
devient donc une entreprise ayant pour objet principal ou accessoire,
l'émission, la transmission ou la réception de sons, d'images, de
signes et de signaux, de données ou de messages par fil, câble,
ondes ou tout moyen électrique, électronique, magnétique,
électromagnétique ou optique. Ainsi présenté
c'est l'amendement l'amendement recouvre la définition
d'entreprise de communications.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Quand on parle de moyen optique, c'est
peut-être là que les gens du cinéma ont des
problèmes.
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Je suis persuadée que c'est ici qu'ils ont
des représentations à faire. Parce qu'ils considèrent,
justement, que les moyens propres à la cinématogra-phie et
à la photographie vont être perdus pour eux et cela tomberait
alors sous la juridiction de...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): De la régie.
MME KIRKLAND-CASGRAIN: ... de la régie.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre va se souvenir de ce que nous
avions dit en Chambre à ce moment-là. Je l'avais interrogé
sur le sens du mot "optique". Je lui avais parlé notamment du cas du
cinéma, de l'Office du film, etc., de tout ce qui s'appelle
cinéma. J'avais signalé ce problème à l'attention
du ministre. Est-ce qu'il entendait soumettre la production
cinématographique ou la diffusion, etc., à la Régie des
services publics, ce qui n'est pas le cas à l'heure actuelle. Est-ce que
les entreprises de cinéma n'ont pas à passer par la Régie
des services publics?
M. L'ALLIER: Absolument pas. D'ailleurs, je pourrais, sur ce point,
donner un certain nombre d'explications.
Sous les divers angles possibles d'étude des projets de loi 35,
36 et 37, je ne crois pas que le cinéma puisse être couvert par la
définition nouvelle que nous apportons dans les lois 35 et 37 et qui se
restreint aux seuls moyens de communication. La nouvelle définition
contenue à la loi 35 est identique à celle proposée par
l'Union internationale des télécommunications pour ces Etats
membres. l'Union internationale des télécommunications est un
organisme des Nations-Unies.
Selon cette définition de l'Union internationale des
télécommunications, il n'a jamais été question de
considérer le cinéma comme faisant partie des moyens de
communication ainsi envisagés par la loi. Le mot "optique" ajouté
récemment par l'Union internationale des
télécommunications a uniquement comme objectif de couvrir les
lasers et les masers en tant qu'instruments de transmission et non pas le
cinéma comme tel. C'est de là que nous avons inséré
le mot.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'entends très bien l'argument du
ministre ici qui se réfère aux données actuellement
acceptées, aux expressions actuellement reçues par les
associations internationales dans le domaine de la diffusion, émission,
transmission, réception, etc. Je pense que l'objection qui a
été faite par les gens du cinéma provient du fait que le
mot "optique" prendrait pour eux, ici, un sens qui rejoindrait leur champ
d'activité. Si le ministre nous déclare ce matin qu'on ne touche
pas ici au moyens qu'utilisent les producteurs de cinéma et ceux qui
distribuent, ainsi de suite, moi je n'aurais pas d'objection à adopter
l'article comme tel.
M. L'ALLIER: Je peux ajouter quelques commentaires à ce que j'ai
dit. En fait, l'interprétation ou la définition que nous donnons
dans la loi 35 des communications est celle, à toutes fins pratiques, de
l'Union internationale des télécommunications. Nous avons
poussé plus loin notre étude sur ce point et nous en arrivons
à la conclusion qu'il n'est pas possible, dans les cadres d'une loi des
communications, comme dans le cadre de cette définition, de
procéder autrement que par cette interprétation que j'appellerais
restrictive des communications, excluant par le fait même le
cinéma; à tel point que pour le cinéma en tant
qu'industrie, cinéma et communications ont des structures
complètement différentes. Personne n'assimile sous une même
catégorie les services publics que sont d'une part Radio-Canada, Bell
Canada ou même, à certains égards, Information Canada et,
d'autre part, Metro-Goldwyn-Mayer, Cinépix et France-Film, par exemple.
Les structures industrielles sont différentes et il ne vient à
l'esprit de personne, lorsque nous parlons de communications, de toucher de
quelque façon
aux structures industrielles de distribution cinématographique.
Chacune de ces catégories d'entreprises est gérée suivant
des formules réglementaires et concurrentielles, complètement
différentes. La définition contenue dans les projets de loi 35 et
37, dans l'économie générale des lois concernées,
se situe donc uniquement dans le cadre de la première catégorie
de services publics et vise particulièrement la production
audio-visuelle du gouvernement ou de ses agences en vue d'accroître et
d'améliorer les communications entre le citoyen et l'Etat. Le reste de
l'industrie du cinéma n'est même pas effleuré par ces
projets de loi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, est-ce que je pourrais poser une
question au ministre? L'article amendé se lit: "L'émission, la
transmission, la diffusion de sons, d'images, de signes, de signaux, de
données ou de messages par fil, câble, ondes ou tout moyen
électronique, électrique, magnétique,
électromagnétique ou optique".
M. LEGER: Le mot "diffusion" est enlevé.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'ai dit: Emission, transmission,
réception. J'ai repris le texte; si j'ai dit diffusion, c'est pas
inadvertance, me référant à l'amendement que propose le
ministre. Mais, lorsqu'on parle d'émission, transmission,
réception, nous savons très bien ici ce que le ministre veut
dire.
Il se réfère ici à des expressions qui sont
reconnues par les conventions internationales. La crainte des producteurs de
cinéma c'est qu'émission, transmission ou réception
viendraient par un biais soumettre les producteurs de cinéma, les
distributeurs et ceux qui projettent les films à la Régie des
services publics. Je crois que c'est cela qui les inquiète. Alors, si le
ministre nous dit que, dans la règlementation afférente à
la loi, il sera nommément indiqué qu'il n'est pas question de
toucher aux droits qu'ont habituellement les producteurs de cinéma, ceux
qui distribuent les films et qui les projettent, à ce moment-là,
je suis d'accord pour donner mon agrément à l'amendement de
l'article.
M. L'ALLIER: C'est-à-dire que la définition, telle que
présentée, ne nous permettrait pas, dans son acception
générale et dans le sens qu'on lui donne de toucher de quelque
façon à l'industrie cinématographique. Je peux en donner
ici l'assurance. Deuxièmement, dans la mesure où tout ceci se
situe d'une façon plus générale ou dans l'optique d'une
politique du cinéma qui serait une politique vraisemblablement du
ministère des Affaires culturelles et dans une législation
touchant une politique du cinéma, à ce moment-là, des
précisions pourront être apportées. Il est toujours
loisible aux législateurs comme on nous dit que cette politique
est imminente d'indiquer dans cette politique du cinéma que, pour
tout ce qui touche le cinéma, ce sera cette loi nouvelle du
cinéma ou cette politique du cinéma qui primera sur toute autre
législation pour éviter les ambiguïtés.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre...
M. L'ALLIER: Ce n'est pas par le biais des lois de communication que
l'on peut, de quelque façon, préciser ce que sera une politique
du cinéma. On peut tout au plus dire qu'il s'agit ici d'une politique de
communication. On peut également préciser avec à
l'appui des textes de définitions internationales comme celles que j'ai
indiquées tout à l'heure que le secteur de l'industrie du
cinéma comme industrie, de même que le cinéma, comme moyen
culturel, à l'exclusion de ce qui est strictement administratif et
à l'exclusion de ce qui est strictement cinéma ou production
éducative déjà prévu d'ailleurs dans la loi de
Radio-Québec donc, nous n'innovons pas sur ce point que
tout ceci continue d'être leur responsabilité. Cela va de soi, ce
serait de la redondance que de l'indiquer, à mon avis. Ceci continue
d'être la responsabilité des lois générales sur le
cinéma et, éventuellement, d'une politique globale sur le
cinéma.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Lorsque le ministre parle de redondance, je
crois qu'il devrait se référer à l'interprétation
des lois. Il est toujours assez difficile, lorsqu'une cause vient devant un
tribunal, d'interpréter les lois. S'il est dit ici comme j'ai
relu tout à l'heure l'article d'émission, transmission,
réception par tout moyen électronique, etc., le ministre
croirait-il qu'il s'agirait d'une redondance si on ajoutait: A l'exception des
moyens utilisés par le cinéma?
M. L'ALLIER: Je crois que ce serait une redondance. Deuxièmement,
cela nous empêcherait, sur le plan strictement technique, de
réglementer éventuellement des moyens, qui peuvent aujourd'hui
être utilisés par le cinéma, mais qui peuvent aussi servir
à d'autres fins. Je me réfère encore une fois au laser et
au maser qui peuvent être des instruments, des équipements de
cinéma et qui ne sont pas uniquement des équipements de
cinéma. C'est la réglementation, comme l'a dit le
député de Chicoutimi, tant du gouvernement que de la Régie
des services publics qui indiquera si nous avons l'intention de toucher au
cinéma. Mais je peux vous dire ici, au nom du gouvernement, que ce n'est
pas du tout, à l'intérieur d'un même gouvernement, le
désir des communications de se lancer indirectement et par la porte d'en
arrière dans l'industrie du cinéma pour pouvoir la canaliser de
quelque façon, l'orienter ou la mettre au pas, ou, au contraire, lui
donner une liberté absolument totale de développement.
Cette responsabilité ne nous appartient pas. Elle appartient
depuis toujours au ministère des Affaires culturelles. Nous
collaborerons avec le ministère des Affaires culturelles dans la mesure
où ce ministère nous indiquera qu'il souhaite que nous
collaborions, mais ce n'est pas notre responsabilité.
Notre responsabilité est de faire une politique de communication
et de donner à la Régie des services publics cette juridiction
dont elle a besoin, notamment sur la câblodistribution.
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Il me semble, M. le Président, que c'est
pour cette raison que, en ajoutant à l'exclusion du cinéma, on
répond, à ce moment-là, aux inquiétudes des gens de
l'industrie cinématographique.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, parce que, moi, je propose deux formules.
Soit par réglementation mais, à mon avis, ce serait beaucoup plus
explicite si c'était dans le texte de loi. Parce que, même si le
ministre actuel me dit que telle chose va se passer, selon les règles
d'interprétation, on sait très bien que la parole du ministre ne
donne pas l'intention du législateur. Et on ne peut pas, devant un
tribunal par exemple, invoquer ce qu'aurait dit le ministre ce matin comme la
preuve que ce n'était pas de l'intention du législateur de
régir le cinéma par la loi 35.
M. L'ALLIER: Ce que je veux souligner, M. le Président, c'est
qu'il ne faudrait pas... Nous avons essayé ici de donner une
définition des communications qui, en fait, est acceptée par 108
pays. Et dans ces pays, l'industrie du cinéma et la communication sont
deux choses différentes. Il ne faudrait pas nous singulariser à
ce point que nous puissions, dans notre législation, exclure des choses
qui sont, exclues en fait, par la définition telle qu'acceptée
par ces pays et telle que proposée par UIT.
Il s'agit ici, encore une fois, si on réfère au
début de cette définition, de l'émission, de la
transmission ou de la réception de signaux, etc. C'est toujours de
l'émission, de la transmission et de la réception que nous
parlons. Alors, ce serait assez difficile. On peut toujours, sur le plan de la
sémantique, dire que l'industrie du cinéma transmet et que les
spectateurs reçoivent à un moment donné. Mais ce n'est pas
sur le plan de la sémantique qu'il faut se placer ici, c'est sur le plan
juridique, et on sait que les textes juridiques, tout en étant le plus
près possible des exigences linguistiques, sont souvent assez
excusez l'expression carrés dans l'utilisation des termes. Mais
il y a 108 pays qui ont convenu que c'était une définition
acceptable des communications, qu'elle touchait les communications et qu'elle
excluait le cinéma; tant sur le plan de l'industrie, comme je l'ai dit,
que sur le plan du personnel de l'industrie du cinéma ou de l'industrie
des communications, que sur le plan technique des deux industries.
Je pourrais continuer ici à vous donner des explications
hautement spécialisées là-dessus, notamment lorsqu'on dit
que l'industrie du cinéma utilise un procédé
mécanique qui permet à celui qui regarde de faire la
synthèse optique entre une série d'images successives. Et pour ce
faire, est projetée une source lumineuse dirigée sur une
pellicule, etc. On donne toute une série d'explications hautement
techniques là-dessus. C'est l'avis des légistes du gouvernement,
c'est l'avis des conseillers juridiques du gouvernement et non pas du
ministère des Communications, mais bien du gouvernement, du
comité de législation, qu'il n'est pas nécessaire
d'exclure nommément le cinéma, chaque fois qu'il sera question
d'optique ou chaque fois qu'il sera question de transmission d'images, pour que
l'industrie du cinéma continue de dépendre des lois existantes en
matière de cinématographie ou de celles qui sont à
venir.
Donc, c'est sur cet avis juridique de nos spécialistes que nous
nous appuyons. Et quand je dis nos spécialistes, encore une fois, il ne
s'agit pas des juristes du ministère des Communications mais des
légistes du gouvernement qui ont étudié ces amendements,
à qui on a posé la question et qui en arrivent à la
conclusion que, telle quelle, la loi présente n'est d'aucune
façon nouvelle en ce qui touche le cinéma et que, telle quelle,
elle n'empêche d'aucune espèce de façon l'industrie du
cinéma de continuer à se développer comme elle le fait
présentement et d'avoir des rapports, suivant les lois qui existent.
Donc, c'est la position que j'ai, pour ma part, retenue, et qui est la
position unanime de nos conseillers juridiques du gouvernement.
M. LATULIPPE: Sur ce point, M. le Président, sur la question du
cinéma, actuellement, on a le cinéma à partir d'une
pellicule; rien ne nous dit que la vidéothèque ne se
développera pas à ce point que ça devienne le
mécanisme par excellence du cinéma. A ce moment-là, il
devient complètement intégré ou tombe sous la tutelle du
bill 35. A mon point de vue, la démarcation est très difficile
à faire à cause de l'évolution technique.
MME KIRKLAND-CASGRAIN: La ligne de démarcation est tenue.
M. L'ALLIER: Oui, si nous nous plaçons dans l'opposition d'un
ministère concurrentiel, peut-être qu'on peut en arriver à
des conflits.
Si nous partons de l'optique que les mêmes ministères font
partie d'un même gouvernement et qu'il y a un conseil des ministres qui
prend des décisions, à ce moment-là, peut-être que
toutes sortes de conflits théoriques possibles dans le futur seront
évités. Ce sont des lois du gouvernement et j'ai l'avis
juridique, je le dis encore une fois, des conseillers du gouvernement
là-dessus. Je crois que ce sont des additions qui ne sont pas
nécessaires à nos lois actuellement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Supposez que je veuille contester votre loi,
quelle que soit la coordination qui existe entre les ministères du
gouvernement, devant le tribunal, le juge n'a pas à connaître de
cette coordination...
M. L'ALLIER: Exactement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... il a à juger du cas qui est pendant
devant lui et des arguments qui sont présentés par la
défense ou par la demanderesse.
M. L'ALLIER: M. le Président, si le député de
Chicoutimi voulait contester la loi, il lui faudrait contester à partir
d'un fait ou d'un préjudice qui lui est causé sur un point
donné, ou une situation de fait.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Eventuellement, M. le ministre...
M. L'ALLIER: Et cette situation de fait devrait exister, c'est ce que je
dis.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... si on conteste l'utilisation d'une bande
magnétoscopique, à ce moment-là, qu'est-ce que je fais
devant les tribunaux?
M. L'ALLIER: Je ne comprends pas le sens de la question.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous ne comprenez pas le sens de la question.
C'est qu'il y a divers moyens aujourd'hui de faire du cinéma et, si l'un
de ces moyens que j'utilise se trouvait contesté par votre
ministère comme étant de sa responsabilité, à ce
moment-là...
M. L'ALLIER: Je vais vous poser une question avant de répondre
à la vôtre. Est-ce que vous considérez que les bandes
magnétoscopiques font partie de l'industrie du cinéma?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Elles en font partie.
M. L'ALLIER: C'est de la pellicule mais est-ce que ça fait partie
du cinéma? Est-ce que c'est du cinéma?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Bien, c'est du cinéma... Au festival
cinématographique de Poitiers, on a utilisé les bandes
magnétoscopiques au lieu des pellicules.
M. L'ALLIER: C'est pour la télévision, les bandes
magnétoscopiques...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est à la demande, dans les salles, et
on retransmettait.
M. L'ALLIER: Ce sont de nouveaux moyens à ce moment-là, de
nouveaux instruments techniques...
M. LATULIPPE: ... qui existent déjà. Les Japonais ont
fabriqué d'immenses écrans, d'à peine deux pouces
d'épaisseur, qui permettent actuellement d'utiliser dans les salles de
cinéma les bandes magnétoscopiques et l'industrie du son...
M. L'ALLIER: Ce sont de nouveaux instruments de communication, de la
même façon que lorsque nous avons la diffusion multiple avec
plusieurs caméras sur plusieurs écrans simultanément, il
ne s'agit pas de nouvelles choses, ça continue à être du
cinéma. Tout est dans la finalité de l'industrie, dans la
qualification du personnel et sur le plan technique, dans l'utilisation que
l'on en fait.
Que l'industrie du cinéma acquière de nouveaux
instruments, que les agences de diffusion, de retransmission se perfectionnent,
c'est une chose qui est tout à fait normale et tout à fait
valable, mais je ne vois pas de quelle façon ça vient changer
ici.
M. LATULIPPE: Je vois une certaine contradiction parce que
déjà vous réservez l'électronique et...
M. L'ALLIER: On parle d'émission, de transmission et de
réception; on ne parle pas de projection.
M. LATULIPPE: Je trouve que le processus est...
M. L'ALLIER: Si on suivait le raisonnement que vous venez de faire, il
n'y a plus de distinction entre le cinéma et la
télévision, c'est l'écran qui change de place.
M. LATULIPPE: C'est l'écran qui change et dans les
procédés électromagnétiques...
M. L'ALLIER: Il n'y a plus de distinction entre le cinéma et le
câble parce que c'est du cinéma à distance que nous faisons
par le câble, avec des écrans multiples.
M. LATULIPPE: J'avoue que la démarcation est très
difficile à faire et, dans l'avenir, je suis persuadé que si
on...
M. L'ALLIER: La seule démarcation qui soit acceptable, c'est que
le cinéma utilise des pellicules, quels que soient la nature, la
qualité ou le format de ces pellicules qui sont projetées dans
les salles à un public qui est à ce moment-là captif de la
salle. Alors que tout le reste, c'est différent, il s'agit
d'émission, de transmission ou de réception. La notion du contact
direct n'existe pas ailleurs que dans le cinéma. Autrement, il n'y a pas
de distinction entre le cinéma, le câble, la
télévision parce que, dans le câble, par exemple, on
emploie des bandes magnétoscopiques et la seule distinction qui reste
à ce moment-là c'est la distance...
M. LATULIPPE: On peut employer des films aussi.
M. L'ALLIER: On peut employer des films mais c'est la distance et la
multiplicité des écrans. Donc, c'est évident que, si on se
place sous cet aspect de la nature des pellicules utilisées et qu'on ne
tient pas compte de la façon dont elles sont utilisées,
c'est-à-dire pour faire de la projection plutôt que de
l'émission, de la transmission ou de la réception...
M. LATULIPPE: Est-ce que je pourrais vous donner un exemple assez
courant? Supposons qu'on veut diffuser un match de boxe qui se déroule
à New York. Est-ce que cela sera du cinéma ou de la
télévision? Ce combat se déroule dans une salle et est
réservé à certaines personnes.
M. L'ALLIER: C'est de la transmission à distance.
M. LATULIPPE: Cela n'aura aucun lien avec le cinéma.
M. L'ALLIER: A ce moment-là, il y a deux choses possibles. S'il
s'agit de la transmission en direct de New York d'un match de boxe, ce n'est
pas du cinéma. Mais si on a pris un film de ce document qu'on projettte
ensuite dans une salle, ce n'est plus la même chose.
M. LATULIPPE: Je parle de transmission en direct.
M. L'ALLIER: Ce n'est pas du cinéma.
M. LATULIPPE: Pourtant, cela se produit dans une salle. Alors, les
normes...
M. L'ALLIER: Cela se produit dans une salle, sauf qu'il n'y a pas
d'enregistrement sur pellicule. C'est de la transmission et cela tombe sous la
définition de transmission.
M. LATULIPPE: Et si je fais un film, je le fais...
M. L'ALLIER: De la même façon que les nouveaux moyens de
communication par téléphone; par exemple le vidéophone.
Est-ce que le vidéophone deviendrait du cinéma? Au lieu d'un
match de boxe, vous avez un...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela dépend de ce que nous
verrions.
M. L'ALLIER: Oui. Cela serait du théâtre.
M. LATULIPPE: M. le ministre, vous ouvrez la porte à beaucoup de
discussions. Cela sera très difficile dans l'avenir de cataloguer et je
crois que vous devriez faire une petite provision. Vous en faites une
d'ailleurs à l'article b), autrement que par
l'électricité. Cela ne serait pas pire d'en faire une
là.
M. LEGER: M. le Président, je pense qu'on est en train de fendre
un cheveu en quatre. Il y a une différence marquée entre le
cinéma et les communications et l'argument que le ministre nous donne
d'une définition à travers 108 pays sur les communications, c'est
cette définition-là. En ce qui me concerne, cela me satisfait. La
question que j'ai est celle-ci: On fait disparaître le mot "diffusion" et
on le remplace par deux mots "émission et réception". Qu'est-ce
qu'il y avait comme définition dans le mot "diffusion" qui
n'était pas exact et qui est remplacé par ces deux mots? Pour
quelle raison le mot "diffusion" disparaît-il et le remplace-t-on par
"émission et réception? "
M. L'ALLIER: D'abord parce qu'il...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Convention internationale.
M. L'ALLIER: Oui. Parce que c'est une normalisation avec une
définition internationale et, si cette normalisation a été
faite elle a été faite aussi par les organismes
internationaux c'est que la diffusion est une forme particulière
de transmission et qu'il y a d'autres formes de transmission.
M. LEGER: Donc, la diffusion serait incluse à l'intérieur
de l'émission.
M. L'ALLIER: La diffusion est incluse à l'intérieur de la
transmission.
M. LEGER: De la transmission.
M. L'ALLIER: Donc, la transmission est un terme plus
générique qui comporte, en plus d'autres communications, la
diffusion.
M. LEGER: Je suis d'accord pour l'amendement tel que proposé. Je
pense que chacun a émis son opinion là-dessus. Je suis d'accord
que l'amendement soit adopté.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, on peut être
d'accord, mais je maintiens que le ministre, par règlementation, doit
bien voir que soit exclus le cinéma, comme nous l'avons indiqué,
à défaut d'y mettre une provision excluant nommément le
cinéma, ici, dans l'article. Je ne pensais pas à une querelle
sémantique ou à quoi que ce soit, mais pensant aux
conséquences possibles, je me dis qu'il n'y a pas de précaution
ici qui soit inutile.
M. LE PRESIDENT: Pour l'information des membres de la commission, je
signale qu'il y a eu remplacement des membres ce matin. M. Cloutier, du
comté d'Ahunstic, est remplacé par M. Fernand Houde, du
comté de Limoilou, et je
présume que, du côté du Ralliement
créditiste, M. Latulippe, du comté de Frontenac, remplace M.
Brochu du comté de Richmond.
M. LATULIPPE: Je pensais que j'étais permanent à cette
commission. De toute façon, je demanderai d'être
transféré.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): La permanence n'est jamais acquise au
gouvernement.
M. LATULIPPE: C'est un terme impropre. J'aurais une question. Est-ce que
le ministre peut répondre?
M. L'ALLIER: Oui.
M. LATULIPPE: J'aurais d'autres questions à poser.
M. L'ALLIER: Allez.
M. LATULIPPE: Est-ce que les règlements sont prêts à
être déposés?
M. L'ALLIER: Les règlements?
M. LATULIPPE: Les règlements concernant le bill 35 ou une
ébauche de règlements?
M. L'ALLIER: Les règlements ne pourront pas être
déposés à la commission parlementaire, mais nous avons,
dans les amendements, précisé le champ d'application de la
règlementation tel qu'il avait été demandé par la
commission.
La réglementation prévue à la loi 35 était
en référence à la loi 37 et la loi 37 prévoyait un
pouvoir de réglementation générale du gouvernement en
matière de communications. Ce pouvoir de réglementation
générale fait l'objet, comme vous pouvez le voir, je crois,
d'amendements pour préciser les champs d'application. Il est bien clair,
je crois, qu'en aucune façon ça ne touche le cinéma. Je
cherche actuellement une référence qui pourrait peut-être,
sur le plan du cinéma, rassurer mes collègues inquiets.
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Pas seulement les collègues; ce sont
surtout les gens qui sont visés par l'industrie du cinéma, parce
qu'ils connaissent les techniques.
M. L'ALLIER: C'est peut-être que les gens visés par
l'industrie devraient aussi conseiller des conseillers juridiques plutôt
que d'avoir des positions émotives ou des positions industrielles.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il faudrait savoir quelles sont leurs
positions avant de les qualifier.
M. L'ALLIER: C'est-à-dire que l'amendement que vous proposez ce
matin ressemble fort à celui qui a été proposé par
eux sur ce même point.
M. LE PRESIDENT: Le député de Frontenac a encore des
questions.
M. LATULIPPE: Le ministre cherche à répondre au
député de Chicoutimi.
M. L'ALLIER: La proposition qui pourrait être faite et qui touche
effectivement... Ce n'est pas tellement dans la diffusion, dans la
réception et dans l'émission que l'industrie du cinéma se
sent visée, j'en suis tout à fait conscient; c'est
essentiellement au niveau de la production. C'est ça qui est le noeud du
problème. Production et distribution. Alors, sur ce plan, il faut se
référer à la loi 37 et, à la loi 37 je ne
sais pas si on peut le faire maintenant je pourrais vous donner
l'indication d'un amendement qui n'est pas prévu mais qu'on pourrait
apporter et qui, je crois, pourrait vous satisfaire. Loi 37, article 2.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Loi 37, à l'article 2.
M. L'ALLIER: Article 2, paragraphe b), sous-paragraphe g).
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Paragraphe b), sous-paragraphe g): Coordonner
la production...
M. L'ALLIER: On dit ceci, à l'article 2: "Le ministre a pour
fonction d'élaborer, de proposer au gouvernement une politique des
communications pour le Québec, de mettre en oeuvre cette politique, d'en
surveiller l'application et d'en coordonner..." Non, c'est l'article 3. On dit:
"Le ministre doit, dans le cadre de la compétence du Québec c)
obtenir des ministères du gouvernement, des organismes, etc., Ensuite:
"Coordonner la production, l'acquisition et la diffusion de documents
audio-visuels ainsi que l'acquisition et l'utilisation de l'équipement
nécessaire à ces fins par les ministères du gouvernement
et les organismes publics". Il serait peut-être possible il
faudrait voir de plus près avec les légistes de dire, en
liminaire, au sous-paragraphe g) du paragraphe b) de l'article 2: Sous
réserve de l'article 23a de la Loi du ministère des Affaires
culturelles. Ce qui, à mon avis, n'est pas nécessaire, mais
confirme la responsabilité du ministère des Affaires culturelles
en tout ce qui touche la coordination de la production, de l'acquisition et de
la diffusion de documents audio-visuels, pour toutes fins autres
qu'éducatives.
Plutôt que d'apporter des amendements en cours de route et un peu
partout, c'est vraiment là, je crois, le noeud du problème et
notre étude nous amène à dire qu'on peut le faire;
même si sur le plan strictement des légistes, ce n'est pas
nécessaire, on pourrait le faire. L'article 23 de la Loi du
ministère des Affaires culturelles porte essentiellement sur ceci:
"L'Office du film du Québec est chargé de coordonner, de diriger,
de contrôler le travail de cinématogra-
phie effectué à des fins autres que des fins
éducatives par les ministères et services du gouvernement ainsi
que par tout organisme qui en relève et auquel le lieutenant-gouverneur
en conseil étend l'application de la présente section".
On pourrait dire à ce moment-là: Sous réserve de
l'article 23 a) de la Loi du ministère des affaires culturelles, en
liminaire au sous-paragraphe g) du paragraphe b) de l'article 2 de la loi 37,
cela nous éviterait précisément, au fur et à mesure
de l'étude des trois projets de loi, d'avoir à traîner la
préoccupation du cinéma.
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Oui, je pense que cela répond très
bien...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela répond très bien à
nos préoccupations.
MME KIRKLAND-CASGRAIN: ... aux préoccupations des gens de
l'industrie du cinéma.
M. L'ALLIER: C'est aussi mon avis, en effet, qu'on pourrait ajouter cela
et on rassure l'industrie en confirmant, conformément à l'article
23 a) de la Loi des affaires culturelles, la responsabilité de l'Office
du film face à l'industrie cinématographique.
MME KIRKLAND-CASGRAIN: M. le Président, vous n'aurez
peut-être pas le mémoire présenté d'ici 4
heures.
M. LATULIPPE: Je suis satisfait tout à fait.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre nous accorde ce que nous
demandions d'une autre façon. Alors nous sommes d'accord.
M. L'ALLIER: M. le Président, est-ce qu'on peut noter tout de
suite cet amendement?
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Oui, je pense bien.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On le verra en temps utile.
M. L'ALLIER: On le verra à ce moment-là.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il est virtuellement acquis.
M. LATULIPPE: M. le Président, j'aurais une autre question. A
l'article 1, on tranche déjà la question de la
câblodiffusion. C'est le problème de la réglementation
fédérale-provinciale. Est-ce qu'à partir du moment
où la loi 35 est adoptée, nos câblodiffuseurs
québécois n'ont plus à se soumettre au CRTC en
matière de règlementation?
M. L'ALLIER: C'est-à-dire que la loi que nous proposons n'a pas
pour effet d'annuler toute législation ou toute réglementation
fédérale. Elle a tout simplement pour effet de soumettre les
câblodiffuseurs à la juridiction québécoise.
M. LATULIPPE: Il y a quand même des problèmes de
concordance qu'il va falloir régler?
M. L'ALLIER: Evidemment.
M. LATULIPPE: Je peux vous en citer seulement un: la Loi de
l'évaluation foncière demande des états financiers pour le
30 juin et la Loi de la câblodiffusion, les règlements du CRTC les
demandent pour le 31 août.
M. L'ALLIER: C'est ça.
M. LATULIPPE: Il y a déjà des décalages qui
existent actuellement. On ne peut pas faire deux états financiers.
M. L'ALLIER: C'est possible qu'il y ait certains décalages et
c'est possible qu'il y ait aussi certaines phases d'adaptation si, du
côté du CRTC, on s'ingénie à faire en sorte que la
réglementation soit maintenue. Si on veut la maintenir, il est possible
qu'on dise: Voilà, c'est réglementé par le Québec
et ça s'arrête là. Si on veut maintenir la double
réglementation et si on s'évertue dans le même temps
à faire en sorte qu'elle soit vraiment différente de celle que
l'on peut faire, c'est évident que cela va créer des
problèmes.
Quant à nous, notre objectif n'est pas de réglementer pour
le plaisir de réglementer; et n'est pas de réglementer
différemment du fédéral. Ce n'est pas l'objectif que nous
cherchons. Nous n'avons pas comme objectif ni comme goût de nous
différencier à tout prix de ça. Notre objectif est de
faire en sorte qu'il y ait une juridiction qui est reconnue par les
spécialistes comme une juridiction provinciale. D'ailleurs, j'avais
l'occasion cette semaine d'être à Toronto, où j'ai
rencontré mon homologue, le ministre des Communications de l'Ontario, et
c'est un point sur lequel il est personnellement d'accord sur la position
québécoise. Dans la mesure où 13 millions de Canadiens
sont, à ce moment-là, sous des juridictions provinciales, cela
peut causer des problèmes. Quoi qu'il en soit, il est évident que
l'affirmation et la réalisation d'une juridiction
québécoise en matière de communication, dans les secteurs
où elle peut intervenir, peut causer des problèmes dans la mesure
où ce champ a été occupé d'une façon
peut-être hâtive et aussi peut-être parce qu'il n'avait
jamais été occupé auparavant par ceux qui devaient s'en
occuper. Je ne jette le blâme sur personne, je dis tout simplement que
l'évolution du dossier des communications au Québec, avec les
gouvernements qui se sont succédé, nous amène maintenant,
au point où
nous sommes prêts et où nous devons nous en occuper.
M. LATULIPPE: On ne peut pas non plus avoir une double
réglementation.
M. L'ALLIER: On peut, bien sûr, avoir une double
réglementation.
M. LATULIPPE: Cela va amener des productions de rapports
extraordinaires.
M. L'ALLIER: Cela peut amener un certain nombre de petits...
M. LATULIPPE: Il y en a déjà.
M. L'ALLIER: ... problèmes. Je ne crois pas que cela apporte de
problèmes majeurs. Nous sommes en contact constant avec l'Association
des câblodiffuseurs. Nos relations avec elle sont excellentes. Un
représentant de mon ministère participera à la
réunion annuelle de cette association dans l'Ouest du pays et je dois
vous dire que la collaboration entre le ministère et l'Association des
câblodiffuseurs est bonne actuellement.
M. LATULIPPE: Et avec le CRTC également?
M. L'ALLIER: Le CRTC n'est pas un câblodiffuseur, c'est un
organisme administratif fédéral. Cela peut poser des
problèmes administratifs. Que voulez-vous? Si nous partons du principe
qu'il faut éviter de poser des problèmes administratifs c'est
qu'il faut éviter cela à tout prix, comme premier objectif, il
nous faudrait sortir de plusieurs champs de juridiction en commençant
par le secteur de l'éducation peut-être.
M. LEGER : M. le Président, de toute façon, je pense que,
pour une fois, la juridiction fédérale, et non pas nous, verra
à faire la concordance surtout dans le domaine des communications. Comme
l'affirmait le comité Ontario-Québec les
télécommunications et la câblodiffusion appartiennent
entièrement au domaine provincial. C'est donc à nous, au
Québec, d'établir la réglementation que nous jugeons
nécessaire pour nos besoins. Par la suite, le fédéral
verra à apporter lui-même sa concordance. Ce sera différent
de ce que nous faisons depuis tellement d'années, soit nous ajuster et
essayer de faire concorder nos règlements avec ceux du
fédéral. Comme il s'agit de juridiction provinciale, c'est
à nous d'établir nous-mêmes notre réglementation et
le fédéral devra s'ajuster.
M. LATULIPPE: M. le Président, je ne crois pas que ce soit
l'industrie de la câblodiffusion qui fera les frais de ce début de
querelle là-dessus. Peut-on dire, d'une façon certaine,
qu'advenant une réglementation pas tout à fait adaptée ou
intégrée ou de concordance, c'est la réglementation
québécoise qui va primer sur celle du fédéral?
M. L'ALLIER: C'est une question qui sera peut-être
éventuellement posée à la cour Suprême. Ce n'est pas
à moi d'y répondre.
M. LATULIPPE: C'est justement, je ne voudrais pas que ce soient les
industries de câblodiffusion du Québec qui soient obligées
de faire les frais là-dessus.
M. L'ALLIER : Je ne suis pas un tribunal. Il nous faut assumer nos
responsabilités, et parmi ces responsabilités il y a, bien
sûr, celle de voir la coordination du développement de la
câblodistribution au Québec, mais il y a aussi celle de faire en
sorte que l'industrie du câble ne fasse pas les frais, en
définitive, de quelque attitude que ce soit des deux gouvernements.
Alors, c'est aussi une responsabilité extrêmement importante que
nous avons et c'est pour cela que nous avons des contacts suivis avec les
câblodis-tributeurs.
M. LATULIPPE: De toute façon, nous pouvons occuper notre place,
il ne s'agit pas de prendre la place des autres.
M. L'ALLIER: En fait, certainement, dans ce secteur particulier
actuellement, c'est une question qui nous appartient.
M. LATULIPPE: Je n'ai pas d'autres questions.
M. LE PRESIDENT: L'article 1 serait-il adopté?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant, M. le Président. J'aimerais
savoir du ministre la réponse à une question que je lui avais
déjà posée au sujet de l'entreprise publique. Alors,
quelles sont les entreprises qui pourront être considérées
comme publiques ici en l'espèce. Nommez-m'en.
M. L'ALLIER : Vous voulez des exemples?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je voudrais des exemples, je voudrais que la
définition soit telle qu'elle nous indique bien ce que le ministre
entend par une entreprise publique.
M. L'ALLIER: Je peux difficilement faire autre chose que de
répéter la définition qui est ici. C'est uniquement
à l'analyse des activités de chaque entreprise
éventuellement qu'on voit s'il s'agit d'une entreprise publique. Dans
les cas qui seraient douteux, il y a deux possibilités, soit que la
régie intervienne ou n'intervienne pas. Si la régie n'intervient
pas alors qu'il s'agit d'une entreprise publique, les parties
intéressées
pourraient obliger la régie à intervenir; et à
l'inverse, si la régie intervient alors qu'il ne s'agit pas d'une
entreprise publique, il y aurait probablement contestation devant le tribunal
et telle entreprise serait déclarée comme n'étant pas une
entreprise publique aux fins de la loi 35 ou de la loi 37.
Cette définition, qui est à la fois internationale et
générale, porte les trois éléments essentiels que
nous avons ajoutés d'ailleurs tout à l'heure: émission,
transmission et réception; une entreprise ayant pour objet principal ou
accessoire la transmission...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, la régie ce que je
voulais faire dire au ministre dans les cas où il y aurait doute,
serait appelée à déterminer exactement s'il s'agit d'une
entreprise publique au sens du texte que vous proposez à notre
adoption.
M. L'ALLIER: Vraisemblablement, c'est la régie qui le fait.
D'ailleurs, si nous nous référons à la loi initiale de la
régie, loi de la Régie des services publics, chapitre 229 des
Statuts de 1964, on a de nouveau cette définition: Entreprise publique
est une entreprise de transmission de messages télégraphiques ou
téléphoniques par fil ou sans fil ou au moyen des deux modes
combinés, etc. C'est ce que nous avons mis à jour comme
définition parce qu'il s'agissait...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Voici pourquoi j'ai posé la question au
ministre, c'est qu'à l'heure actuelle, le système de
câblodiffusion est quand même organisé... il s'agit
d'entreprises qui ont un caractère public mais au départ
ces entreprises ne l'étaient pas ce qui a provoqué des
problèmes et des contestations sur le caractère public de
l'entreprise, particulièrement dans les régions
éloignées où l'on considérait, par exemple, le
système de certaines antennes communautaires comme des entreprises non
publiques au sens de la loi. C'est pour cela que je pose le problème,
parce qu'il peut éventuellement se reposer en d'autres endroits
où on organisera semblable système.
M. L'ALLIER: C'est exact. En fait, je crois que toute entreprise qui
vend de la transmission, de l'émission ou de la réception,
antenne communautaire ou autres devient une entreprise publique au sens de la
loi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, j'aimerais poser une question au
ministre, que je lui ai déjà posée. La question de
définition du mot "propriétaire" et du mot "locataire". Il n'y a
quand même pas ici, dans le texte de loi, de distinction entre les deux
termes. Je voudrais savoir si le locataire d'un câble de
télévision serait traité sur le même pied que le
propriétaire, que ce soit une personne physique ou une corporation?
M. L'ALLIER: C'est-à-dire que...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous parlez de propriétaires...
M. L'ALLIER: ... toute personne...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... et leurs locataires, des commissaires,
liquidateurs, séquestres ou syndics...
M. L'ALLIER: C'est ça.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... qui exploitent.
M. L'ALLIER: La définition porte sur la notion
d'exploitation...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): D'exploitation.
M. L'ALLIER: ... d'administration ou de contrôle, qu'il s'agisse
de propriétaires ou de locataires.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors le locataire sera
considéré au même titre que le propriétaire,
dès lors qu'il exploite.
M. L'ALLIER: S'il administre ou contrôle, exactement. Alors, vous
pourrez vous trouver dans la situation de propriétaires qui ne font
aucune de ces fonctions et qui, de ce fait, comme propriétaires, ne sont
pas sujets à la loi. A ce moment-là, il y aura soit un locataire,
soit un fidéicommissaire, un liquidateur, un séquestre ou un
syndic. Mais la définition repose sur l'exploitation et l'administration
ou le contrôle.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Celui qui exploite. Alors, que ce soit un
propriétaire ou un locataire, devant la régie, il sera au
même titre qu'un propriétaire.
M. L'ALLIER: Exactement. M. TREMBLAY (Chicoutimi): D'accord. M. LE
PRESIDENT: Adopté, l'article 1? M. LEGER: Adopté.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant, M. le Président.
D'accord.
M. LE PRESIDENT: Article 2.
M. LATULIPPE: Avant de passer à l'article 2, est-ce que le
ministre répondrait à une question? Est-ce que, dans la
règlementation, vous apporterez une attention très
particulière à ce problème de la délimitation des
responsabilités entre le CRTC et la future Régie, pour
éviter les dédoublements et éviter aussi que nos gens
soient obligés de payer effectivement deux cotisations? La
cotisation est assez élevée. Ou bien faire tout ça au
fédéral ou faire tout ça au provincial.
M. L'ALLIER: Bien, qu'ils soient obligés de payer des
cotisations... Je ne pense pas que la régie demande de cotisations; le
CRTC non plus d'ailleurs.
M. LATULIPPE: Ils ne demandent pas 1 p.c?
M. L'ALLIER: Pas à ma connaissance.
M. LATULIPPE: Je pense qu'ils demandent 1 p.c.
M. L'ALLIER: Je ne suis pas familier avec le CRTC, mais je sais
qu'à la Régie des services publics, rien ne prévoit que la
régie puisse demander quoi que ce soit en termes de cotisation. Il y a
peut-être des frais de permis qui sont accordés, mais c'est tout
à fait nominal, ce n'est pas une source de revenu.
M. LE PRESIDENT: Ce n'est pas une taxe.
UNE VOIX: Ce n'est pas une taxe aux propriétaires de
câble?
M. LATULIPPE: Elle est exigée directement. C'est parce que le
CRTC va très loin. Il réglemente jusqu'à l'usage des
amplificateurs ou de tous les petits appareils de transmission. Il vient
vérifier ce qu'il y a en haut de la tour. Il faut respecter ses
spécifications à la lettre.
M. L'ALLIER: Il est évident que nous allons tenir compte au plus
haut point de ce qui existe déjà pour éviter
précisément de faire des expériences de
réglementation sur le dos de ceux qui sont déjà des
exploitants de communication au Québec. Il est évident
également que nous ne pourrons pas, au ministère des
Communications ou même à la Régie des services publics, du
jour au lendemain, assumer pleinement, efficacement et d'une façon
absolument intégrale, la responsabilité que peuvent nous donner
les lois 35 et 37. Nous allons procéder avec
célérité, mais en même temps avec prudence, de telle
sorte que l'intervention de l'Etat, dans ce domaine, sera véritablement
une intervention de planification et de cohérence et qui ne soit pas
contradictoire avec le développement normal, industriel et commercial
des moyens de communication. Mais, à certains moments, il existe, dans
les entreprises de communication, des...
UNE VOIX: Des aspects de concurrence qui...
M. L'ALLIER: ... qui peuvent causer préjudice à
l'abonné ou à celui qui souscrit des abonnements aux moyens de
communication. C'est ce que nous voulons aussi tenter d'éviter.
L'objectif premier, en fait, c'est de faire en sorte que les communications se
développent harmonieusement, d'une façon cohérente, qu'il
n'y ait pas de double emploi de moyens de communication dont toujours les
citoyens font les frais.
De ce fait même, une loi comme celle-ci peut, si elle est
constamment analysée et si elle est constamment appliquée par la
régie en tenant compte de l'ensemble des intérêts des
citoyens, des individus, des entrepreneurs, des exploitants des communications,
être un outil extrêmement positif pour tout le monde et non pas un
frein ou une série de clôtures à franchir pour arriver
à un but.
Ce sont, tout au plus, des balises dans l'intérêt public et
dans l'intérêt même du développement harmonieux des
communications.
M. LATULIPPE: C'est que je voulais souligner, je ne voudrais pas qu'on
arrive avec deux patrons et qu'on débouche dans une querelle de
juridiction, c'est-à-dire que ce soit l'industrie
québécoise qui en fasse les frais. C'est ma seule
appréhension et je suis persuadé qu'avec un peu de clairvoyance,
il y a moyen...
M. L'ALLIER: De toute façon, la commission des communications,
qui peut se réunir régulièrement, pourra être le
gardien principal de ce double emploi négatif.
M. LE PRESIDENT: Article 2. M. LEGER: Adopté.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant, M. le Président. Le
ministre n'a pas apporté d'amendement à cet article 2.
M. L'ALLIER: M. le Président, à l'article 2, il n'y a pas
d'amendement. Le prochain amendement est à l'article 6.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, il n'y a rien qui prévoie
le cas d'absence du président, l'incapacité d'agir de ce dernier,
les vacances de sa charge. Il n'y a aucune provision qui soit
insérée dans le texte de loi concernant l'activité du
président. Ordinairement, dans les lois, il est prévu en cas
d'absence, de vacance ou d'incapacité d'agir, qu'il y a quelqu'un
d'autre qui exerce les pouvoirs.
Est-ce que vous reprenez les anciennes dispositions de la
régie?
M. L'ALLIER: La loi de la régie, chapitre 229 des Statuts
refondus de 1964, ne prévoyait pas de dispositif à cet
effet...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non.
M. L'ALLIER: ... sauf peut-être à l'article 7 de la loi de
la régie, il y a le chapitre 229 qui n'est pas modifié où
on dit: En cas de décès d'un régisseur ou
d'incapacité d'agir de sa part, par suite de maladie, d'absence, etc.,
le lieutenant-gouverneur peut nommer une personne pour agir temporairement
à sa place et peut fixer sa rémunération.
Ensuite, l'article 9 de la loi initiale de la régie est maintenu
et on dit: Le vice-président... Non, c'est effectivement modifié
par l'article 5. L'article 9 de la loi initiale disait: Le
vice-président exerce les pouvoirs du président en cas d'absence
ou d'incapacité d'agir de ce dernier ou de vacance dans sa charge. Ceci
est maintenu. Les régisseurs, y compris le président,
décident à la majorité des voix et s'il y a
égalité, le président a voix prépondérante.
Ceci est également maintenu. Tout ce qu'on fait, c'est d'ajouter
à l'article 9, dans la première ligne du premier alinéa,
les mots "le vice-président" et les mots "désignés par le
lieutenant-gouverneur en conseil".
Donc, l'article 9, qui permet le remplacement du président par le
vice-président, est modifié, et plutôt que de dire "le
vice-président exerce les pouvoirs du président en cas
d'absence", on dit "le vice-président désigné par le
lieutenant-gouverneur en conseil". C'est pour permettre, éventuellement,
la possibilité d'avoir deux vice-présidents à la
Régie des services publics.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui.
M. L'ALLIER: Alors, lequel des deux? Effectivement, actuellement il y a
deux vice-présidents à la Régie des services publics et
c'est le lieutenant-gouverneur qui désigne lequel des deux
vice-présidents, en l'absence du président, exerce ces
fonctions.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous maintenez la disposition que les
régisseurs, y compris le président, décident à la
majorité des voix; s'il y a égalité, le président a
voix prépondérante.
M. L'ALLIER: Oui, c'est maintenu.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est maintenu. Dans le cas de questions de
droit, est-ce que l'opinion du président prévaut?
M. L'ALLIER: Vous me demandez un avis juridique. Dans la mesure,
précisément, M. le Président, où l'article 9,
deuxième paragraphe, ne précise pas qu'il s'agit... l'opinion du
président prévaut sur toute question de droit. Oui, c'est
maintenu aussi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est maintenu; c'est ce que je voulais
savoir.
M. LE PRESIDENT: Adopté?
M. LEGER: Adopté.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela va, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Article 3.
M. LATULIPPE: Avant de passer à l'article 3, j'aurais une petite
question. Est-ce qu'on a déjà choisi les personnes qui seront
à...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est une question indiscrète.
M. LATULIPPE: C'est indiscret de poser ça. Est-ce que vous avez
choisi les personnes qui composeront le conseil des directeurs?
M. L'ALLIER: La régie est déjà composée d'un
président, de deux...
M. LATULIPPE: Vous n'avez pas de noms; en cas, des fois.
M. L'ALLIER: A la régie?
M. LATULIPPE: Aux fins de les connaître.
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Il y a plusieurs personnes en place.
M. L'ALLIER: Pas les personnes en place, il s'agit d'augmenter le nombre
de régisseurs.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce ne sont pas seulement des juges; il y a
aussi des membres du Barreau.
M. L'ALLIER: Je dois préciser ici que nous avons actuellement des
juges à la Régie des services publics; nous en avons deux. Mais
rien dans la loi de la régie ou autrement n'exige que ce soient des
juges qui président la Régie des services publics ou qui soient
vice-présidents ou même régisseurs de la régie.
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Cela pourrait être un membre du
Barreau.
M. L'ALLIER: Cela pourrait effectivement être un membre du
Barreau, sans qu'il ne soit juge. Et à la limite, si jamais il y avait
des conflits d'intérêts ou de juridiction en termes de
magistrature versus un tribunal administratif, il faudrait, plutôt que de
changer la nature du tribunal, faire en sorte que les conflits entre un
président magistrat et son travail comme président de la
régie soient réglés par la nomination d'un
président non magistrat. Ceci pour ne pas porter atteinte à
l'intégrité de la magistrature, notamment lorsqu'il s'agit
d'audiences publiques, par exemple. Il est possible, à un moment
donné, qu'on en arrive à la conclusion, si c'était l'avis
même de la magistrature, qu'un juge ne
peut tenir d'audiences publiques autrement que sur des questions de fait
qui lui sont soumises. Alors qu'un des amendements que nous proposons est
à l'effet que sur des questions qui sont soumises à la
régie pour avis, la régie devra ou pourra tenir audience si la
magistrature elle-même en arrivait à la conclusion que c'est
incompatible avec la magistrature. Il faudrait revoir dans ce sens les
nominations qui sont faites plutôt que de modifier la loi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le ministre, on dit: "Le président
et les vice-présidents seront choisis parmi les juges des sessions de la
cour Provinciale ou les membres du Barreau du Québec." Evidemment, c'est
encore un système qui va dégarnir les bancs ou garnir les bancs,
selon qu'on crée des juges pour les fins de la présente loi. Et
on parle de membres du Barreau du Québec. Est-ce qu'il est bien
essentiel que tous ces gens, tous ces régisseurs, les
vice-présidents et le président soient nécessairement des
membres du Barreau? Vous savez, on commence à changer d'opinion à
ce sujet, parce que vous avez...
M. L'ALLIER: Oui, on change d'opinion...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... des spécialistes du droit
administratif qui ne sont pas nécessairement des avocats. Or, depuis un
certain nombre d'années, enfin depuis toujours, la profession du Barreau
a été largement choyée au désavantage, depuis une
quinzaine d'années environ, de tous les spécialistes qui sont
formés dans des disciplines juridiques et qui ne sont pas
nécessairement des membres du Barreau.
M. L'ALLIER: La question est pertinente, effectivement. Pour l'instant,
dans la mesure où les lois sur les professions ne sont pas
adoptées, ne sont pas en vigueur et je ne sais pas dans quelle
mesure elles pourraient toucher ceci je crois que nous devons nous en
tenir aux membres du Barreau, quelles que soient les réticences que nous
pourrions avoir par ailleurs. Il serait possible d'inscrire
éventuellement dans la loi et je préférerais que
ça se fasse après l'adoption du code des professions ou des lois
sur les professions la profession de notaire, par exemple, à la
régie.
Ceci dit, comme ces personnes ont à rendre jugement sur des
questions de droit et non pas uniquement sur des questions de fait, comme c'est
le cas lors des enquêtes du coroner, comme ces personnes ont à se
référer à la jurisprudence et à rendre des
ordonnances qui sont basées sur des questions de droit et sur la
jurisprudence, je crois que nous devons, même si cela pouvait aux yeux de
certains présenter des inconvénients, nous en tenir aux membres
du Barreau, pour l'instant. Il ne s'agit pas pour moi de protéger la
profession, bien au contraire, mais je crois que...
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Vous le di- tes d'autant plus facilement que je
ne crois pas que vous soyez...
M. L'ALLIER: Oui.
M. LE PRESIDENT: Le député de l'Assomption.
M. PERREAULT: M. le Président, j'aimerais rappeler au ministre
que la Régie des services publics qui rend des décisions de cour
n'est pas composée uniquement de membres du Barreau ou de juges. Parce
que, dans la Régie des services publics, il y a des expropriations.
M. L'ALLIER: Oui. Ce qu'on dit ici, c'est que c'est la présidence
et la vice-présidence qui sont visées. Il y a des
régisseurs actuellement qui sont des ingénieurs.
M. PERREAULT: Mais le président de la régie n'est pas un
juge de la Régie des eaux.
M. L'ALLIER: Pardon?
M. PERREAULT: Le président de la Régie des eaux n'est pas
un juge, ni un avocat.
M. L'ALLIER: Non. Ce que je veux souligner ici, M. le Président,
c'est qu'on dit, par exemple, que la régie est composée de neuf
régisseurs, dont un président et deux vice-présidents, et
ce ne sont que le président et les deux vice-présidents qui
doivent être membres du Barreau. Les autres régisseurs peuvent
être, soit membres de la Corporation des évaluateurs, soit membres
de la Corporation des ingénieurs ou soit rien du tout.
M. PERREAULT: Je ne mets pas une chasse gardée pour le
président et les deux vice-présidents.
M. L'ALLIER: Alors, il faudrait étudier le rôle de la
Régie des eaux par rapport à celui de la Régie des
services publics qui a, effectivement, des décisions à rendre qui
sont basées sur la jurisprudence et dont il y a appel par
révocation en cour Supérieur, en cour d'Appel et en cour
Suprême. Si on est dans...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous l'avez à la Commission des
accidents du travail. Vous l'avez à la Régie des marchés
agricoles. Vous l'avez à la Régie des eaux. Alors, je pense qu'il
faudra réviser nos propres jugements sur ces privilèges
accordés aux membres du Barreau ou à l'Ordre des notaires, parce
que la profession a singulièrement évolué. Le code des
professions, d'ailleurs, nous indique une évolution assez marquée
dans ce domaine et je ne vois pas que des citoyens habiles ne puissent pas,
même s'ils ne sont pas avocats ou notaires, ou membres de corporations
reconnues, agir en qualité de régisseurs, même de
président et de vice-prési-
dent de commissions, s'ils ont de bons assesseurs à
côté d'eux. Ils sont capables d'agir es qualité et sans
être nécessairement des avocats.
M. L'ALLIER : Le même raisonnement pourrait, par analogie,
s'appliquer aux tribunaux.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais oui.
M. L'ALLIER: Parce que, dans des causes d'accidents d'automobiles, par
exemple, ou dans une cause d'expropriation, la limite et les différences
sont assez minces. Il s'agit d'évaluer les dommages causés
à la propriété et de départager la
responsabilité de ceux qui ont causé ces dommages. Et c'est dans
ce sens-là, pour ma part, que je ne suis pas prêt à
apporter ici des modifications au texte proposé avant de connaître
la loi sur les professions. A ce moment-là, on pourra revoir tout
cela.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je suis d'accord avec le ministre que ce
matin...
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Cela me parait tout à fait logique.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): ... il est peut-être un peu
prématuré, mais je crois que c'est une chose qu'il faudra
reconsidérer.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres questions à l'article
3?
M.LATULEPPE:Non.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela va.
M. LE PRESIDENT: Adopté. L'article 4.
M. L'ALLIER: M. le Président, je m'excuse. Il faudrait ici un
amendement, qui n'est pas prévu dans tous ceux que nous avons
déposés, qui est tout simplement...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A quel article?
M. L'ALLIER: A l'article 4. Il faudrait donc, dans la loi, avoir un
article 2 b) qui apporterait un amendement à l'article 4 de la loi de la
régie, au chapitre 229. C'est-à-dire qu'il faudrait adopter un
article 2 b).
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... qui serait suivant l'article de
concordance ou...
M. L'ALLIER: ... qui serait le suivant. C'est-à-dire que cet
article 2 b) modifierait la loi de la régie, à l'article 4, de la
façon suivante. Actuellement, l'article 4 se lit comme suit: "La
régie a son siège social à Québec". Or, la
situation géographique des édifices gouvernementaux de même
que l'existence de la Communauté urbaine de Québec, tout cela
fait en sorte que, physiquement, à un certain moment, la régie
peut se trouver en dehors de Québec, comme c'est possible, dans un
édifice gouvernemental qui n'est pas dans les limites de la ville de
Québec. On pourrait apporter la modification suivante: "Que la
régie a son siège social dans le territoire de la
Communauté urbaine de Québec", plutôt qu'uniquement
à Québec.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ah bon! ça va. A son siège
social...
M. L'ALLIER: Dans les territoire de la Communauté urbaine de
Québec.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le territoire de la CUQ, on travaille toujours
sur le Q maintenant. Excusez-moi!
M. LE PRESIDENT: Article 4.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Article 4, un instant, M. le Président,
nous allons regarder ça! Oui, cela va!
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 5.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant! Est-ce que le ministre pourrait
revenir à l'article 9, j'ai oublié malheureusement mon...
M. L'ALLIER: L'article 9.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): La loi de la régie, oui.
M. L'ALLIER: L'article 9 n'est pas modifié autrement que par
l'adjonction de ceci: Après les mots: "le vice-président" on
indique: "désigné par le lieutenant-gouverneur en conseil". C'est
parce qu'il existe maintenant deux vice-présidents à la
régie. L'article 9 est intégralement maintenu.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Tout ce que vous nous avez dit tout à
l'heure, oui. D'accord!
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. LATULIPPE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 6.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Là le ministre est venu à nos
bonnes idées, il a modifié son article. Il s'est enlevé
des pouvoirs.
M. LE PRESIDENT: L'amendement constitue une addition à l'article
6.
M. L'ALLIER: L'amendement proposé par l'article 6 est le suivant,
l'article 25 est remplacé par ce qui suit, on dit que la régie,
plutôt que d'avoir la juridiction exclusive dans toutes les
matières relatives au transport de marchandises par tramway etc.,
on dit: "Dans l'exercice de sa juridiction, la régie se conforme aux
règlements adoptés par le lieutenant-gouverneur en conseil en
vertu de l'article 3 a) de la Loi du ministère des Communications."
C'est cet article 3 a) qui fait l'objet de précisions dans les
amendements que nous apporterons à la loi 37. L'amendement principal est
en fait l'adjonction de l'article 25 a) à la Loi de la régie qui
dit ceci: "Ladite loi est modifiée en insérant entre l'article 25
le suivant: La régie doit donner son avis au ministre sur toute question
que celle-ci lui réfère. A cette fin elle peut recevoir et
entendre les requêtes et suggestions du public. Elle doit, lorsque de
l'avis du ministre l'importance des questions soumises le requiert, recevoir et
entendre les requêtes et suggestions du public. La procédure de
ces audiences publiques est déterminée par un règlement du
lieutenant-gouverneur en conseil qui entre en vigueur le jour de sa publication
dans la Gazette officielle."
Or, ici, le sens de cet amendement est essentiellement 1) pour permettre
au ministre de référer des questions importantes pour avis
à la Régie des services publics; 2) pour permettre à la
régie, si elle le juge utile, de tenir des audiences publiques, mais
aussi, pour permettre au ministre de demander qu'il y ait audiences publiques.
Donc, c'est le sens de l'amendement que nous proposons ici à l'article
6.
Cela nous apparaissait important et d'ailleurs je crois que
c'était le consensus de la commission au tout début de
l'étude des projets de loi qu'il y ait, précisément, cette
porte ouverte de la régie vers le public et vice versa afin de faire en
sorte qu'une politique de communication ne soit pas quelque chose qui soit
élaboré en vase clos et que des règlements arrivent de
quelque façon sur la tête à la fois des administrés,
des entrepreneurs et des exploitants de moyens de communication sans aucune
audience préalable.
Alors, le fait que le ministre puisse référer, ce qui
n'empêche pas la régie elle-même de procéder
d'elle-même à toute consultation de cette nature, on dit bien: "Le
ministre doit donner son avis sur toute question que celui-ci
réfère." La régie peut solliciter des avis. Elle peut
tenir des audiences publiques mais le fait de permettre au ministre de
soumettre des questions importantes constitue, à mon avis, un moyen de
pression considérable sur le ministre afin que, lorsque le gouvernement
a l'intention de poser un geste important dans le domaine des communications,
il soumette, précisément, à l'opinion publique, par la
régie, le sens des gestes qu'il peut poser.
Dans la mesure où la loi prévoit cette possibilité
et dans la mesure où le ministre des Communications ne le ferait pas sur
une question importante, il serait lui-même placé dans la position
de devoir expliquer pourquoi le gouvernement ne croit pas utile de consulter la
population sur ces questions-là. C'est le sens de l'amendement que nous
apportons et je crois qu'il faisait le consensus des membres de la commission
au moment où il a été annoncé.
M. LATULIPPE: Cela enlève un peu d'autonomie à la
régie par contre.
M. L'ALLIER: Non, je ne crois pas que cela enlève de l'autonomie
à la régie en ce sens que la régie peut...
M. LATULIPPE: Il y a toujours l'intervention du ministre qui est
possible à n'importe quel moment.
M. L'ALLIER: Le ministre peut demander l'avis de la régie. La
régie peut, d'elle-même, tenir des audiences sur toute question.
Mais le ministre peut lui demander un avis. Si le ministre demande un avis, la
régie pourra tenir des audiences publiques ou n'en pas tenir dans la
mesure où le ministre aura été silencieux sur cette
question. Le ministre pourra toutefois demander que des audiences publiques
soient tenues et, en ce sens-là, la régie sera obligée de
tenir des audiences publiques. Mais dans la mesure où il s'agit
précisément d'une ouverture sur la population, sur les citoyens
face à des questions importantes, je crois que cette limitation dans le
pouvoir de décision de la régie de tenir ou de ne pas tenir
d'audiences publiques ne peut aller que dans le sens de l'intérêt
public parce que, précisément, le ministre ne peut pas
empêcher la régie de tenir des audiences publiques. Il ne peut que
lui demander d'en tenir. Si le ministre pouvait l'empêcher de le faire,
ce serait absolument inacceptable, à mon avis. Ce n'est pas
possible.
M. LATULIPPE: Par le lieutenant-gouverneur en conseil le ministre peut
quand même changer la réglementation et intervenir dans les ordres
qu'il va donner à la régie ou les devoirs de la régie. Il
peut changer cela.
M. L'ALLIER: C'est-à-dire que par règlementation il peut
changer d'autres réglementations mais il ne peut pas changer la loi qui
dit ici qu'il y a possibilité d'audiences publiques.
M. LATULIPPE: Nous sommes donc d'accord là-dessus.
M. L'ALLIER: Dans la mesure où dans le domaine des
communications, nous sommes sur un terrain extrêmement mouvant, toujours
en constante évolution, je ne crois pas que le ministre des
Communications serait parfaitement avisé de vouloir procéder sur
des questions importantes, à savoir, par exemple, s'il doit y avoir ou
non de la publicité sur le câble et de quelle façon elle
doit être faite. Ce sont des questions sur lesquelles je ne crois pas que
le ministre des Communications puisse de lui-même, avec le gouvernement,
décider sans que
les intéressés soient entendus. Le ministre ne peut pas
bâillonner la régie là-dessus. La régie pourra tenir
des audiences publiques mais, en plus, le ministre pourra demander qu'il y ait
des audiences publiques.
Face à une demande de la régie qui lui est
présentée, la régie donne son avis en ce sens qu'elle peut
arriver et dire: Vous m'avez demandé tel avis sur telle et telle
question, la régie n'a pas d'avis sur telle et telle question à
la limite. Elle peut toujours dire que son avis est inexistant là-dessus
parce qu'elle ne peut en faire un ou pour toutes sortes de raisons.
M. LE PRESIDENT: Le député de Lafontaine.
M. LEGER: M. le Président, dans les amendements proposés
à l'article 6, il n'y a quand même pas de place pour que la
régie donne son avis sans que le ministre le lui demande? C'est
seulement sur la demande du ministre qu'elle peut donner son avis?
M. L'ALLIER: C'est-à-dire que la régie a
déjà le pouvoir de tenir des audiences publiques sur quelque
question que ce soit.
M. LEGER: Je ne parle pas d'audiences privées, je veux savoir si
le ministre peut donner son avis sur des questions particulières. Est-ce
que c'est seulement si le ministre les lui recommande ou sur des questions que
le ministre lui réfère qu'elle doit donner son avis? Mais elle ne
peut pas le faire si le ministre ne lui demande pas?
M. L'ALLIER: Le sens de l'amendement n'est pas d'empêcher la
régie de donner son avis. La régie peut tenir des audiences
publiques, comme c'est effectivement un tribunal, sur des questions de fait.
Sur des questions d'évocation, puisque c'est une question
d'évocation en droit, le ministre peut référer à la
régie. En d'autres mots, le ministre n'est pas obligé d'attendre
qu'un problème se pose, dans les faits, entre deux citoyens ou deux
groupes de citoyens, pour intervenir. Il peut, sur une question
préalable, demander l'avis de la régie, comme cela se fait avec
la cour Suprême, par exemple, par évocation à un moment
donné. Avant que n'existe un problème réel, on peut
demander un avis. De la même façon que la cour Suprême ne
peut donner au gouvernement un avis sur n'importe quel sujet sans que ce ne
soit sollicité, le rôle du tribunal administratif ou quasi
judiciaire qu'est la régie est de juger sur des faits et de juger sur
l'application du droit à ces faits, c'est son rôle. Il est
étendu ici par la possibilité de donner, sur demande, des avis
avec ou sans consultation de la population c'est-à-dire avec ou sans
audiences, avec ou sens commission rogatoire.
M. LEGER: Je suis bien d'accord là-dessus, mais il y a un autre
aspect à la question que j'ai posée, le député de
Chicoutimi semble dire que c'était dans ses responsabilités mais
je ne le vois pas ici. La régie ne peut donner son avis au ministre
précisément sans que celui-ci le lui ait demandé.
Autrement dit, si le ministre ne veut pas s'occuper d'un cas particulier, sans
même qu'il y ait eu d'audiences, la régie ne peut pas
d'elle-même donner son avis au ministre à moins que le ministre
lui-même le lui ait demandé. C'est ce point-là que je
voulais ressortir.
M. L'ALLIER: Il y a deux articles effectivement qui peuvent se
rapprocher un peu de ce que vous avez en tête, ce sont les articles 15 et
18 de la loi de la régie. L'article 15 de la loi de la régie dit:
"La régie, tout régisseur désigné par le
président ou toute personne spécialement autorisée
à ces fins par la régie peuvent inventorier les biens de tout
propriétaire d'une entreprise publique et faire des enquêtes sur
les structures financières, les livres, méthodes de
comptabilité, taux, recettes, profits, salaires et en
général toutes les opérations de telle entreprise". Il
s'agit de questions de fait, non pas de questions théoriques. Les
pouvoirs qui sont conférés à la régie par l'article
15 de la loi de la régie sont extrêmement étendus à
l'égard des entreprises ou des propriétaires ici. On termine en
disant: Sur toutes les opérations de tel propriétaire. C'est donc
un pouvoir général d'enquête qu'a la régie sur les
opérations de communication et l'article 6 vise essentiellement des
questions qui sont davantage des questions de principe, des questions en vue
d'une éventuelle réglementation ou non-réglementation de
tel ou tel nouveau secteur d'activité, comme par exemple la
publicité. Je donne cela à titre d'exemple.
M. LEGER: D'accord.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il faut savoir quels sont exactement les
pouvoirs de la régie, si c'est un organisme quasi judiciaire. Alors le
ministre, en modifiant l'article 6, peut demander un avis à la
régie et demander que la régie enquête, ce qui n'existait
pas auparavant.
M. L'ALLIER: C'est exact.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le seul danger qui existe, nous l'avons
signalé à maintes reprises, c'est la réglementation que
fera le gouvernement et qui pourrait limiter singulièrement le champ
d'activité de la régie.
M. L'ALLIER: Oui, mais, encore une fois, je me permets de souligner un
aspect de cet article qui n'est pas tellement apparent, du moins à
première vue, dans l'article 25a), c'est que le seul fait d'accorder au
ministre ce droit de consultation ou ce pouvoir de consultation constitue
aujourd'hui en 1972 et dans les
années à venir, un moyen de pression considérable
sur le ministre pour qu'il fasse usage de son droit de consultation, parce que
c'est en définitive un droit de consultation de la régie mais au
fond c'est un droit de consultation de la population sur des questions.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est cela.
M. L'ALLIER: Dans la mesure où ce droit existe, le ministre est
dans une drôle de position et il est soumis à des pressions
considérables, s'il ne l'utilise pas, lorsqu'il s'agit de questions
importantes, et c'est aussi un aspect important qui vient en même temps
restreindre d'une certaine façon le pouvoir de réglementation au
niveau du ministre. Avant d'adopter un règlement, la loi 37 permet
d'adopter des règlements, mais si on se lance dans un règlement
qui dit qu'il n'y a que les habitants de San Francisco qui ont droit
d'être propriétaires d'entreprises de câble au
Québec, à ce moment-là, si on passe un règlement
comme celui-là, c'est avec l'article 25 a) que le ministre serait
reçu, disant: Vous allez soumettre cela à la consultation. C'est
un peu un tempérament du pouvoir de réglementation.
M. LE PRESIDENT: Article 6. Adopté. Article 7?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Article 6, adopté tel
qu'amendé.
M. L'ALLIER: L'article 6 est adopté et aussi l'article 6a). Vous
avez deux qui se trouvent à être adoptés.
M. LE PRESIDENT: C'est cela. M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est cela. M.
LEGER: ... des thèmes particuliers. M. LE PRESIDENT: Oui. Cela c'est
à 7. M. LEGER: Adopté.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant, M. le Président, est-ce que
cet article 7, de l'avis du ministre, est bien utile parce qu'il semble vouloir
donner à la régie une juridiction qu'elle n'a pas lorsque, pour
juste cause, un tiers veut s'adresser à un tribunal ordinaire, cour
Supérieure, cour Provinciale, etc?
M. L'ALLIER: Je demanderais au député de Chicoutimi, M. le
Président, de répéter sa question.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Dans le cas où un tiers doit s'adresser
à un tribunal, il ne pourra pas le faire, parce que, d'après cet
article, on semble vouloir donner à la régie une juridiction
qu'elle n'a pas. Lorsque, pour juste cause, un tiers veut s'adresser à
un tribunal ordinaire, il ne pourrait pas le faire, il devrait passer par la
régie?
M. L'ALLIER: Je ne crois pas. En fait, si un...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Si un tiers ne veut pas être soumis
à la juridiction de la régie.
M. L'ALLIER: Et qu'il tombe en même temps sous la
définition de la régie pour les frais de communication?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui.
M. L'ALLIER: Je ne vois pas pourquoi il ne serait pas soumis à la
régie; je ne vois pas comment il pourrait se soustraire à la
régie.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais s'il veut faire appel à un autre
tribunal.
M. L'ALLIER: Je ne crois pas que les citoyens, de quelque façon
que ce soit, aient, de façon générale, le choix de leurs
tribunaux ou de leur juridiction.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela dépend des cas. Cela dépend
des difficultés qui se posent.
M. L'ALLIER: Il y a des questions qui sont du ressort de la cour
Provinciale, d'autres de la cour Supérieure, d'autres de la cour
d'Appel, d'autres de la cour de l'Echiquier, d'autres des régies et
tribunaux du gouvernement, mais c'est habituellement non interchangeable. On
n'a pas à choisir son tribunal.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Puis il n'aurait pas d'appel.
M. L'ALLIER : Bien sûr qu'il y a appel de la décision de la
régie. Il y a appel par révocation. L'ordonnance de la
régie doit être homologuée en cour Supérieure.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est ce que je voulais faire dire au
ministre. Il me l'a dit. Il y a appel. Je vais poser le contrat et le sed
contra.
M. L'ALLIER: Est-ce que ma réponse est satisfaisante?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Secundum quid.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 8.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté, l'article 7 avec le petit
amendement.
M. LATULIPPE: A l'article 8, M. le Président, je vois
énormément de difficultés d'application, à cause
des normes et des contingences techniques. Je vois difficilement la
régie qui va venir dire aux municipalités: Ecoutez, c'est comme
ça que vous allez faire ci, vous allez faire ça, ou à
cause du contexte.
M. L'ALLIER : Il faut préciser que l'amendement qui est
proposé à l'article 8 et qui comporte l'adjonction de l'article
29 a) est un amendement qui a été étudié par le
ministère en coordination avec la Commission municipale.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que pour répondre
à l'objection qui a été faite il y a eu
consultation avec le ministre des Affaires municipales?
M. L'ALLIER: Oui, il y a eu consultation.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que ce dernier a déclaré
qu'il n'avait pas l'intention de légiférer sur le même
sujet?
M. L'ALLIER: Je peux vérifier la réponse exacte qui nous a
été donnée par la Commission des affaires municipales,
mais je sais que l'article 29 a) n'apporte pas d'objection de la part de la
Commission municipale.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre des Affaires municipales se
propose-t-il de présenter une législation pour amender le code
municipal et la Loi des cités et villes pour rendre ces lois conformes
aux pouvoirs accordés à la régie par l'article 8 de la loi
35?
M. L'ALLIER: C'est un point que je devrai vérifier. Je ne sais
pas actuellement.
Nous avons tout simplement soumis notre amendement aux Affaires
municipales et à la commission. On nous a dit qu'il n'y avait pas
d'objection.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Parce que le ministre comprendra que, si le
ministère des Affaires municipales maintient son pouvoir de
légiférer sur semblables matières, à ce
moment-là, à l'article 8 il y aurait contradiction avec l'article
du projet de loi.
M. L'ALLIER: Sur le plan des textes peut-être, mais j'attirerais
l'attention du député de Chicoutimi sur la première phrase
de l'article 29 a) qui dit: "Nonobstant toute loi générale ou
spéciale". Donc qui précise que, s'il y avait
éventuellement conflit, dans des textes, ce serait la loi
présente qui prévaudrait.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): La Loi des affaires municipales.
M. L'ALLIER: Non, la loi de la régie par les cinq ou six premiers
mots de l'article 29 a): "Nonobstant toute loi générale ou
spéciale, la régie a juridiction exclusive pour
décider".
C'était le sens effectivement de cette première phrase que
nous avons voulu placer au tout début de l'article 29 a) pour
éviter d'avoir à faire toute une série de concordances et
éviter éventuellement des conflits de textes sur cette
question.
Le législateur propose qu'il soit spécifié que
c'est la loi de la régie qui aurait préséance dans toutes
les matières qui sont prévues à l'article 29. Tel est le
sens de l'amendement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce qui obligerait le ministre des Affaires
municipales, éventuellement, à apporter un amendement à la
loi.
M. L'ALLIER: Dans la mesure où vous avez cet...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Au code municipal et à la Loi des
cités et villes.
M. L'ALLIER: Dans la mesure où vous avez une disposition
liminaire de cette nature, l'amendement qui peut être souhaitable pour
fins de concordance dans une révision des lois n'est plus
nécessaire parce que, même en présence de textes
apparemment contradictoires, on indique dans la loi lequel des deux a
préséance sur l'autre. Donc, la concordance pourrait être
faite au moment d'une révision d'ensemble des lois municipales, mais
elle n'est pas nécessaire à cause, précisément, de
cette disposition liminaire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Enfin...
M. LEGER: M. le Président, cet article veut dire que, comme la
régie a une autorité sur l'ensemble du territoire concernant
l'emplacement et si ça arrive en conflit avec une politique de zonage
d'une municipalité, la régie doit les entendre. Mais, en
définitive, c'est la régie qui a le dernier mot.
M. L'ALLIER: C'est ça; pour ce qui est des emplacements et des
conditions de raccordement des installations nécessaires à
l'exploitation d'une entreprise publique.
M. LEGER: D'accord.
M. L'ALLIER: Mais ça n'a rien d'autre à voir avec... Par
exemple, on ne pourrait pas dire à l'occasion de ça, que tel
règlement de zonage n'est pas bon et qu'on ne devrait pas avoir
d'habitations dans ce coin mais plutôt des commerces. C'est uniquement
pour les installations physiques de communications.
M. LE PRESIDENT: Le député de l'Assomption avait
demandé la parole.
M. PERREAULT: M. le Président, lorsque le bill a
été présenté, l'Union des municipalités a
fait une représentation. Vous avez mentionné la Commission
municipale; vous n'avez pas mentionné l'Union des municipalités
qui avait fait une représentation à savoir qu'elle s'opposait
à la deuxième phrase: "Dans tous les cas où sa
décision est susceptible..." Elle demandait, dans tous les cas,
d'être avisée et d'être consultée sur l'emplacement
devant être choisi, non pas seulement dans le cas où c'est
susceptible, puisque ça devient une question de subjectivité.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On dit dans le texte de loi: Convoquer la
municipalité.
M. PERREAULT: Oui, quand la régie décide; "où sa
décision est susceptible de déroger..."
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui.
M. PERREAULT: Alors, c'est elle qui juge si elle est susceptible de
déroger.
M. LEGER: Cela dépend des règlements de zonage. S'il n'y a
pas de règlement de zonage qui l'empêche d'implanter... Dans le
cas où elle enfreindrait des règlements de zonage, les
municipalités ont le droit de se faire entendre avant.
M. L'ALLIER: M. le Président, je voudrais souligner qu'il y a
deux choses, si je peux me permettre d'intervenir ici. Dans tous les cas
où sa décision est susceptible de déroger à un
règlement de zonage, la régie doit convoquer la
municipalité. Ce qui n'empêche pas les municipalités de
venir de toute façon devant la régie. C'est-à-dire que la
régie tenant des audiences publiques, les municipalités ou
n'importe qui n'ont pas besoin d'être convoqués pour venir devant
elle.
Une obligation de convoquer est faite uniquement dans les cas où
la régie croit qu'il y a dérogation. Si, par ailleurs, on
obligeait la régie à convoquer chaque fois les
municipalités, on entraînerait probablement des frais
considérables à des municipalités qui n'ont rien à
dire là-dessus.
Alors, comme les audiences de la régie sont annoncées,
sont publiques, sont affichées, une municipalité qui ne serait
pas convoquée et qui voudrait tout simplement savoir comment ça
se fait peut venir devant la régie. Mais obliger la régie
à convoquer chaque fois les municipalités, je pense que...
M. LEGER: Ce sont des chinoiseries administratives inutiles et un
coût énorme inutile.
M. L'ALLIER: En d'autres mots, l'article qui oblige la régie
à convoquer dans certains cas n'a pas pour effet d'empêcher les
municipalités non convoquées de comparaître; bien au
contraire.
M. LE PRESIDENT: Article 8. Adopté?
M. LEGER: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 9.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Il y a un amendement à l'article 9.
M. L'ALLIER: Oui. A l'article 9, M. le Président, les trois
premiers paragraphes de la loi de la régie, chapitre 229, sont
maintenus. Le dernier paragraphe est remplacé par celui que vous avez
maintenant comme amendement. Il se lit comme suit: "Lorsqu'il existe
déjà à un endroit des installations susceptibles de servir
aux fins d'une entreprise dont l'objet principal ou accessoire est celui qui
est défini au sous-paragraphe a) du paragraphe 3 de l'article 2, la
régie peut ordonner, aux conditions qu'elle détermine, l'emploi
de ces installations par une entreprise autre que celle qui en est le
propriétaire."
Il y a un sous-amendement à ceci, on ajoute, après
l'article 2, "... ou d'une entreprise de distribution
d'électricité."
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre...
M. L'ALLIER: Si le député de Chicoutimi me permet, parce
que les entreprises de distribution d'électricité, pour toutes
autres fins, sont exclues de la loi de la régie au début, elles
ne sont pas couvertes. Pour ces fins précises d'utilisation conjointe
d'équipement, certaine catégorie d'équipement, il nous
faut réinscrire les entreprises d'électricité, en fait
ça touche seulement une chose, l'utilisatiom conjointe
éventuellement des poteaux de téléphone et des
câbles par les mêmes compagnies. Cela existe actuellement,
l'Hydro-Québec signe des conventions avec les propriétaires de
câble et les sociétés de téléphone, pour
l'utilisation conjointe des mêmes réseaux de distribution.
Dans la mesure où ça existe et dans la mesure où
c'est souhaitable pour les abonnés que de telles choses existent, parce
que ça réduit d'autant les frais d'exploitation, donc les frais
d'abonnement, dans la même mesure il faut que ce soit
institutionnalisé et il ne faudrait pas qu'une entreprise, pour toutes
sortes de raisons corporatives, décide à un moment donné
de boycotter telle autre entreprise de communication et l'oblige en
parallèle à installer d'autres poteaux pour d'autres fins.
C'est simplement pour permettre à la régie de se pencher
sur cette cohérence et de faire en sorte qu'il y ait la meilleure
utilisation possible des mêmes équipements, aux conditions que les
parties conviendront ou aux conditions qui seront décidées par la
régie, si les parties ne
peuvent s'entendre et toujours dans l'intérêt public.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce qu'il ne s'agit pas, pour la
régie, de pouvoirs assez exorbitants ici et est-ce que le ministre croit
qu'il y a suffisamment de mécanismes de protection pour les
propriétaires?
M. L'ALLIER: Je dois dire, M. le Président, que si on se
réfère au quatrième paragraphe de l'article 30 de la Loi
de la régie, je parle de la loi initiale, il se lisait comme suit, et
c'est celui-là que nous avons remplacé par celui qui est
proposé dans l'amendement. Le quatrième paragraphe se lisait
comme suit et comportait, en fait, un pouvoir à peu près
identique: "Lorsqu'il existe déjà une ligne de
téléphone, de télégraphe ou de signalisation
à un endroit, la régie peut ordonner l'emploi des poteaux
déjà érigés ou qui doivent l'être, pour
l'installation d'une autre ligne de téléphone, de
télégraphe ou de signalisation et déterminer les
conditions de cet emploi conjoint". Donc, le principe de cette sorte de
coercition d'utilisation de l'équipement était déjà
contenue dans l'article 30 de la loi initiale, nous l'avons tout simplement
rendu plus général parce qu'aujourd'hui ça peut
très facilement dépasser uniquement l'utilisation des poteaux de
téléphone.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Qu'en est-il de la protection ici des droits
des propriétaires des entreprises déjà existantes? Est-ce
que vous croyez que le texte de la loi, l'ancien et le nouveau, est
suffisamment large pour permettre aux propriétaires d'obtenir la
protection?
M. L'ALLIER: Dans le passsé, ces questions n'ont vraiment pas
posé de problèmes au niveau de la régie. La très
grande majorité du temps, je crois que je n'ai pas en mémoire de
jugement de la régie qui ait forcé une société
à recevoir les équipements d'une autre société,
d'une autre compagnie. Dans le passé, je crois que tous ces arrangements
se sont faits de gré à gré entre les compagnies de
communications.
Maintenant, la nouvelle formulation de l'article 9 de la loi 35 parle
d'installations susceptibles de servir aux fins d'une entreprise. C'est donc
une généralisation des termes, et on remplace poteaux de
téléphone par installations parce qu'aujourd'hui ça peut
être, plutôt qu'un poteau de téléphone, une tour ou
n'importe quoi.
Alors, les parties, évidemment, sont toujours entendues par la
régie et il y appel des décisions de la régie, donc c'est
le processus normal d'attribution et ce pouvoir qui est accordé à
la régie n'est certainement pas plus exorbitant que les pouvoirs
d'expropriation, par exemple, qui peuvent exister au bénéfice
d'une société de communication ou d'électricité
pour les fins de ses installations par rapport à la
propriété privée.
En d'autres mots, quand l'Hydro-Québec a besoin de territoire,
à un certain moment, elle peut procéder par expropriation. Si on
pense en termes de droit de propriété, c'est plus radical
à l'égard du propriétaire du fonds terrien qui voit sa
terre coupée en deux par les poteaux de l'Hydro-Québec et qui est
payé seulement pour un carré de terrain, que tout simplement
l'intervention d'un tribunal administratif avec tout le processus d'auditions.
Celui-ci, en effet, ne concède pas une partie de la
propriété mais oblige uniquement les parties à s'entendre
pour en faire l'utilisation conjointe. L'objectif en effet est encore une fois
de garder les frais d'exploitation au minimum parce que, dans tous ces cas
où il s'agit effectivement d'abonnement, que ce soit à
l'électricité, au téléphone ou au câble, si
on permettait uniquement pour des fins économiques, commerciales ou des
fins de concurrence entre entreprises, le dédoublement des
équipements, c'est toujours l'utilisateur qui en fait les frais.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, le ministre doit replacer le
problème dans l'optique des communications et de la définition
qui en est donnée dans l'article que nous avons étudié
tout à l'heure. Qu'en serait-il, par exemple, du cas d'une tour de
télévision qui appartiendrait à une entreprise
privée? Est-ce que la régie pourrait exiger que cette tour serve
à un autre exploitant.
M. L'ALLIER: Théoriquement, la régie pourrait le faire,
dans l'application de l'article 9. C'est-à-dire s'il existe
déjà à un endroit des installations susceptibles de servir
aux fins d'une entreprise dont l'objet principal et accessoire, etc... Je ne
crois pas que la régie puisse limiter l'utilisation du
propriétaire de ses propres équipements. En d'autres mots, s'il
était démontré c'est une question
hypothétique et en droit qu'il appartiendrait à la régie
de trancher que tel propriétaire d'équipement de
communication a besoin de la plénitude de ses équipements et
qu'il ne peut recevoir de locataire dans ses équipements, je crois
à ce moment qu'il est clair que c'est soit une augmentation des biens du
premier propriétaire qui pourrait avoir lieu ou tout simplement
l'établissement de nouveaux équipements de communication. Or, ce
n'est pas toujours par l'établissement de nouveaux équipements de
communication.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre a songé qu'on
pourrait par ce biais-là...
M. L'ALLIER: Je n'ai pas d'objection.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... utiliser les tours de transmission de
Radio-Canada?
M. L'ALLIER: Cela va de soi, c'est couvert.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): La régie pourrait le faire?
M. L'ALLIER: Je le crois.
M. LATULIPPE: Maintenant, M. le Président...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est bon.
M. LATULIPPE: Dans le cas où il y a actuellement
dédoublement...
M. LEGER: C'est de l'astuce.
M. L'ALLIER: Il s'agit d'équipement d'implantation. D'ailleurs,
lorsqu'on parlait du rôle de la régie en matière
d'implantation à l'article 29 a), implantation physique
d'équipement, cela touche également Radio-Canada pour ses
implantations de tours. Radio-Canada a dû obtenir un permis municipal
à Montréal pour placer sa tour sur le mont Royal. C'est cela qui
est transféré actuellement à la régie. De la
même façon, à la suite de cela, comme il s'agit
d'équipement, c'est l'utilisation de ces mêmes équipements
qui peut devenir conjointe, si nécessaire.
M. LATULIPPE: M. le Président, que se passera-t-il dans le cas
où il y a actuellement des dédoublements?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il y a des conflits virtuels qui
s'annoncent.
M. LATULIPPE: Je demandais au ministre: Que se passera-t-il dans le cas
où il y a actuellement dédoublement, par exemple, dans certaines
municipalités où on a deux poteaux, un à côté
de l'autre, qui parcourent toute la municipalité? Je voyais que
l'article visait surtout l'attitude de Bell Canada qui...
M. L'ALLIER: S'il y a effectivement dédoublement à
certains endroits, il faudrait que des enquêtes soient faites. La
régie peut faire de telles enquêtes et il lui appartiendra de voir
à quel moment, s'il y a lieu, elle le fera et quand elle en aura le
temps. Mais le fait de voir deux poteaux un à côté de
l'autre, ça ne veut pas nécessairement dire qu'il y a
dédoublement. Cela peut vouloir dire que c'est nécessaire...
M. LATULIPPE: Généralement, il y a dédoublement,
probablement parce que...
M. L'ALLIER: Il y a dédoublement de poteaux, mais il y a
peut-être aussi dédoublement de services différents.
M. LATULIPPE: Ils pourraient être accrochés aux mêmes
poteaux cependant.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ne parlez pas des poteaux en Chambre,
là.
M. LATULIPPE: Je fais allusion aux entre- prises, surtout je pense
à l'attitude de Bell Canada qui avait tendance à vouloir garder
la propriété des coaxiaux, pour éventuellement
établir un réseau national peut-être et, grâce au
fait qu'elle était en place avec des poteaux, en a profité pour
limiter l'accès aux autres. Les autres ont été
obligés de s'organiser avec un autre système en double. Dans bien
des cas, les municipalités s'étaient refusées à
cause de raisons esthétiques. De toute façon, je suis très
favorable à l'amendement proposé.
M. L'ALLIER: Parce qu'en fait il ne faut pas voir autre chose dans la
loi que l'application stricte de la responsabilité provinciale lorsqu'il
s'agit d'équipement physique. Lorsqu'il s'agit d'utilisation de
propriété, c'est une question celle notamment de l'article
30, ici l'article 9 du bill 35 c'est essentiellement une question de
propriété de droit civil et c'est de compétence
provinciale. Ce n'est jamais mis en cause, les organismes
fédéraux sont soumis aux lois provinciales en matière de
propriété de droit civil.
M. LATULIPPE: Parce que ce qui va arriver, c'est que la régie va
probablement demander, pour des raisons d'esthétique,
l'élimination d'un certain dédoublement qui se produit
actuellement, sur une base graduelle. De toute façon, je suis
entièrement...
M. L'ALLIER: Pas pour des raisons d'esthétique. La régie
ne pourrait pas le demander pour des raisons d'esthétique. Une
municipalité pourrait le faire dans son plan de zonage pour des raisons
d'esthétique, mais pas la régie.
M. LATULIPPE: Mais grâce à cet amendement-là, la
municipalité pourra le faire. Mais autrefois, elle ne pouvait pas le
faire parce que...
M. L'ALLIER: Mais si la municipalité le demande pour des raisons
d'esthétique, il est possible que la régie intervienne pour que,
si on doit faire un câble ou un canal de communications souterrain, les
deux soient dans le même trou, par exemple.
M. LATULIPPE: C'est une chose qui ne pouvait pas se faire dans le
passé.
M. LE PRESIDENT: Le député de l'Assomption.
M. PERREAULT: Lorsque la régie déterminera qu'il y a
emploi conjoint d'une ligne, par exemple, d'électricité de
l'Hydro-Québec pour emplois à d'autres fins, est-ce qu'on tiendra
compte des normes de sécurité de l'Hydro-Québec?
M. L'ALLIER: Absolument, c'est là-dessus que la régie se
basera pour rendre sa décision. A mon avis, ce serait contraire à
l'ordre public que
de diminuer la qualité du service d'un propriétaire en y
adjoignant, en l'obligeant à prendre des équipements d'un autre
propriétaire. La régie pourra faire son point en disant: Nous,
nous ne pouvons pas recevoir pour des raisons de sécurité et
ça s'arrêtera là, probablement.
M. PERREAULT: Pas seulement la qualité aux usagers, il y a aussi
la question de sécurité pour les gens qui travaillent sur ces
lignes.
M. L'ALLIER : Il y a la question de sécurité, oui,
certainement. En fait, la régie sert beaucoup plus dans ces
cas-là à mettre les deux parties en présence et les faire
s'entendre ou à démontrer qu'elles ne peuvent s'entendre parce
qu'une société qui demanderait, à un moment donné,
l'utilisation des équipements d'une autre société,
à la limite, pourrait le faire de mauvaise foi, tout simplement pour
essayer de barrer le chemin ou pour créer des problèmes.
La régie a aussi cette responsabilité de faire en sorte
que rien ne soit touché. C'est dans les choses qui ne sont que
disponibles et qui ne sont qu'accessibles que cela pourrait se faire.
M. LEGER : Adopté, M. le Président. M. LE PRESIDENT:
Adopté. Article 10.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre pourrait
considérer la possibilité de convoquer les
intéressés devant la régie avant que celle-ci ne rende
ordonnance?
J'ai un amendement à lui soumettre ici. On dit: "Quand le
propriétaire d'une entreprise publique s'adresse à la
régie pour obtenir l'échange d'un service avec un autre
propriétaire d'une entreprise similaire, la régie peut rendre
telle ordonnance qu'elle juge d'intérêt public pour en
déterminer les conditions. "Alors les propriétaires devraient
être convoqués. Je proposerais au ministre l'amendement suivant:
"Quand le propriétaire d'une entreprise publique s'adresse à la
régie pour obtenir l'échange d'un service avec un autre
propriétaire d'une entreprise similaire, la régie peut,
après avoir convoqué les intéressés pour qu'ils
soient entendus ou après avoir entendu...
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Les parties, plutôt peut-être que les
intéressés.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Les parties, oui.
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Parce qu'il peut y avoir bien des
intéressés.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Les parties, oui, c'est ce que ça veut
dire: "La régie peut, après avoir convoqué les parties,
prendre telle ordonnance qu'elle juge d'intérêt public pour
déterminer les conditions de cet échange."
M. L'ALLIER: Le député de Chicoutimi va m'obliger à
faire un peu de droit avec lui sur cette question-là.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, je veux bien. Je n'ai pas pris de
vacances pour me reposer du droit.
M. L'ALLIER: Le code de procédure civile oblige, d'une
façon générale, c'est une question fondamentale des droits
des citoyens, c'est la règle audi alteram partem je lui retourne
son latin à entendre les parties, de sorte qu'une ordonnance qui
serait rendue sans que les parties aient été entendues, si cela
causait un préjudice aux parties, elle pourrait, à mon avis,
être brisée et annulée par appel. Il serait possible, dans
cette optique, d'ajouter l'amendement proposé à l'article 33, ce
qui ne ferait que confirmer la règle fondamentale du droit des parties
à être entendues...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): D'accord. Lorsque la règle audi alteram
partem vaut, mais après, si on constate qu'il y a préjudice.
M. L'ALLIER : C'est cela.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais il peut arriver que la constatation du
préjudice soit quand même postérieure, et d'un temps assez
long, à la décision.
M. L'ALLIER: Cette règle juridique s'applique effectivement au
niveau d'une procédure d'appel; si les parties constatent qu'il n'y a
aucun préjudice, elle ne s'appliquerait pas.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il serait plus prudent, afin d'éviter
une reprise de l'étude...
M. L'ALLIER: Alors, l'article se lirait donc comme suit: Quand le
propriétaire d'une entreprise publique s'adresse à la
régie pour obtenir l'échange d'un service avec un autre
propriétaire d'une entreprise similaire, la régie peut, et
là, vous ajouteriez: Après avoir convoqué...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Après avoir convoqué les
parties.
M. L'ALLIER: Peut, après avoir convoqué les parties,
rendre telle ordonnance. Oui, moi, je serais d'accord sur cet amendement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Rendre telle ordonnance qu'elle juge
d'intérêt public, déterminer les conditions.
M. LATULIPPE: Est-ce que le mot "entendu" au lieu de "convoqué"
serait plus générique?
M. L'ALLIER: Convoqué.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Convoqué, c'est aux fins d'entendre, on
ne convoque pas les gens simplement pour les regarder. Ordinairement, on veut
les entendre.
M. LATULIPPE: Cela dépend de ce que l'on fait.
M. L'ALLIER: S'ils ont quelque chose à dire...
M. LEGER: S'ils décident de ne pas venir.
M. L'ALLIER : Ils peuvent être convoqués et décider
de ne pas venir. On les convoque pour une date et s'ils sont absents à
ce moment-là, le tribunal est couvert.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Quand on invite quelqu'un à dfner, on
espère qu'il va manger.
M. LE PRESIDENT: L'article 10 serait adopté avec
l'amendement?
M. LEGER: Tel qu'amendé. M. LE PRESIDENT: Article 11.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant, M. le Président, que je
revoie mes notes. Cela va pour moi.
M. LEGER: Adopté en ce qui me concerne.
M. LATULIPPE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 12.
M. LEGER: En ce qui me concerne, adopté encore.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela va parce que c'est justement un des
objets de la loi.
M. LE PRESIDENT: Article 13. Adopté. Article 14.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il y a un amendement à 14. C'est pour
la question du déplacement. Cela couvre les régisseurs
également.
M. L'ALLIER: Les paragraphes a) et b) de l'article 2 de la
présente loi s'appliquent aux régisseurs actuellement en
fonction.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela va, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 15.
M. LEGER: Quelle est la raison pour faciliter l'intégration
ou...?
M. L'ALLIER: C'est un amendement qui nous a été
suggéré par la régie. La régie qui nous a
demandé d'apporter cet amendement pour faciliter l'intégration de
la nouvelle loi et des nouveaux régisseurs pour ne pas causer ou risquer
de causer préjudice aux régisseurs en place.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On va lire ça, M. le
Président.
M. L'ALLIER: Il faut lire ça lentement.
M. LEGER: Qu'est-ce qui peut arriver si...? Le dernier paragraphe dit
qu'il doit cependant fournir à la régie dans les 90 jours de
l'entrée en vigueur de la présente loi... Alors, tout organisme,
tout corps public ou de services publics, ou privés même, qui sont
actuellement en fonction selon la loi fédérale maintenant devront
se soumettre à la régie québécoise. Les
renseignements requis dans les 90 jours, ça veut dire que, s'ils n'ont
pas soumis ces renseignements, ils doivent se soumettre tels quels à la
régie. S'ils ont soumis des renseignements, est-ce que ça veut
dire que ça prend 90 jours avant qu'ils ne soient réellement sous
le contrôle de la régie?
M. L'ALLIER: Non, non.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est fournir dans les 90 jours.
M. L'ALLIER: Fournir des renseignements dans les 90 jours de
l'ordonnance qui, elle, doit être rendue dans les dix jours de la
sanction de la loi. Donc, les entreprises tombent théoriquement sous la
juridiction de la régie dès la sanction de la loi. Mais, il faut
quand même donner le temps à ces entreprises de s'organiser en
fonction de cela, de faire de l'information auprès de ces entreprises
que la régie connaît, d'ailleurs, déjà. Elle en a la
liste; nous avons des communications, comme je vous dis, avec des entreprises
de câble et tout ça. La régie émettra une ordonnance
donnant la liste des renseignements qu'elle souhaite et ce ne sera pas,
à mon avis, quelque chose, dans un premier temps, d'extrêmement
complexe. Cela va consister vraisemblablement en une sorte d'inventaire de ces
entreprises et, au fur et à mesure du temps, la régie pourra
préciser ses besoins en termes de renseignements. En d'autres mots, ce
n'est pas fait pour prendre les gars au dépourvu et les culottes
baissées...
M. LEGER: D'accord.
M. L'ALLIER: ... et dire: On vous attrape maintenant et vous allez y
goûter; ce n'est pas ça du tout.
M. LEGER : S'il arrive que certaines entreprises ont un permis du CRTC
et que la régie, pour
des raisons qu'elle juge bonnes et valables, ne veut pas
reconnaître cette entreprise, qu'est-ce qui arriverait exactement?
M. L'ALLIER: Un problème. Cela poserait un problème. Vous
voyez que dans un premier temps on demande des renseignements aux entreprises.
Les renseignements seront analysés par la régie, ils seront
compilés et les concordances se feront au niveau de la
réglementation.
C'est au fur et à mesure que ces renseignements seront
dirigés par la régie qu'elle s'avancera dans la
réglementation. Ce ne sera pas du jour au lendemain, en bloc, comme je
vous l'ai dit. Tout le processus, prévu au début, de consultation
et de participation sera suivi pour l'implantation progressive de la
réglementation.
M. LEGER: Mais est-ce qu'il y a, quelque part, une
pénalité quelconque? Supposons qu'une entreprise veut
établir un service de télécommunication ou autre et que le
CRTC lui donne un permis et que le provincial ne le lui donne pas, est-ce qu'il
y a une pénalité au point de vue provincial, si elle veut
réellement avoir une autorité dans ce domaine-là, une
certaine politique dans ce domaine-là, qui correspondrait à un
réel pouvoir de..?
M. L'ALLIER: C'est-à-dire que, si la régie rend une
ordonnance et si cette ordonnance n'est pas respectée alors qu'elle a
été homologuée par la cour, à ce moment-là,
ceux qui ne respectent pas l'ordonnance sont soumis, on le sait, aux peines
prévues par le non-respect d'une ordonnance d'un tribunal. Alors,
l'ordonnance de la régie, lorsque homologuée par le tribunal,
devient une ordonnance du tribunal et les contrevenants sont passibles de
mépris de cour, des choses comme ça.
M. LEGER: Mais est-ce qu'il y a des pénalités
prévues pour ça?
M. L'ALLIER: Il n'y en a pas d'autre que celle-là.
M. LEGER: A ce moment-là, est-ce qu'on peut dire que des
entreprises pourraient fonctionner parce qu'elles ont un permis
fédéral et que le provincial, pour des raisons qu'il juge
valables, selon sa politique québécoise... Qu'est-ce qui arrive?
Elles pourraient passer outre et payer une amende minime pour mépris de
cour et ça finit là?
M. L'ALLIER: Je ne comprends pas le sens de la question.
M. LEGER: Autant pour le passé comme pour les futurs permis
à octroyer, est-ce que, si le CRTC émet un permis et que la
régie refuse un permis provincial...
M. L'ALLIER: Oui.
M. LEGER: ... qu'est-ce qui arrive à ce moment-là? Est-ce
qu'elle peut fonctionner? Est-ce que la loi...
M. L'ALLIER: C'est une hypothèse; j'espère que ça
n'arrivera pas. Dans de telles circonstances, ce qui se passerait, c'est que la
régie rendrait une ordonnance contradictoire avec un permis du CRTC; il
y aurait certainement appel de décision de l'un ou de l'autre; soit de
la décision du CRTC, soit de la décision de la régie.
C'est ce qui serait le "test case" de la juridiction québécoise
en termes de communication, notamment pour le câble, par exemple. C'est
le tribunal de plus haute instance, la cour Suprême en l'occurrence, qui
déciderait laquelle des deux ordonnances est applicable ou si, à
la limite, les deux le sont et de quelle façon.
Les contrevenants qui ne se prévaudraient pas de leur droit
d'appel seraient passibles des sanctions de droit commun ou des sanctions
prévues par la loi de la régie et ceux qui se
prévaudraient de leur droit d'appel, à ce moment-là,
obligeraient la plus haute instance, c'est-à-dire la cour d'Appel ou la
cour Suprême, à trancher le grief.
M. LEGER: Si, pour une raison d'équilibre, le CRTC donnait des
permis à un ou deux postes anglophones et enlevait cet équilibre
du nombre de postes francophones, à ce moment-là, c'est la cour
Suprême qui déterminerait qui a raison entre les deux
régies?
M. L'ALLIER: C'est-à-dire que la cour Suprême n'aurait pas
à décider plusieurs fois. Le jour où la cour Suprême
se serait prononcée en faveur de telle ou telle juridiction sur le plan
judiciaire, sur le plan juridique, la question serait réglée une
fois pour toutes, parce qu'il n'y aurait plus de cause.
Ceci dit, le problème politique que ça pourrait poser
continuerait d'être entier à ce moment-là.
M. LE PRESIDENT: Adopté?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Article 16.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, la commission ajourne la séance
jusqu'à jeudi, 10 heures, même salle.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Probablement, toujours la même
salle.
(Fin de la séance à 12 h 36)
Séance du jeudi 29 juin 1972
(Dix heures quinze minutes)
M. GIASSON (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A l'ordre,
messieurs!
Mémoire de l'Association des producteurs de
films
M. LE PRESIDENT: Lors de la séance de mardi dernier nous avions
étudié article par article le projet de loi no 35 et nous avions
adopté chacun des dix articles. Ce matin, nous poursuivons, toujours en
commission, l'étude, article par article, des bills 36 et 37. Avant
l'ouverture de la séance, j'ai distribué aux participants une
copie du mémoire déposé par l'Association des producteurs
de films du Québec. Vous vous souvenez tous du désir
exprimé par les producteurs de films du Québec, à savoir
qu'ils auraient aimé avoir une audience auprès de la commission.
Mais comme nous travaillons en commission plénière et non en
commission parlementaire, il était difficile, même si ces gens
avaient été parmi nous, d'accepter de les entendre.
A tout événement, leurs commentaires sont
déposés devant vous. Ils semblent indiquer que c'est par
référence aux bills 36 et 37 puisque le bill 35 est
déjà adopté article par article.
Dès le début de la séance, le député
de Lafontaine avait manifesté le désir de faire des commentaires.
Je lui cède donc la parole.
Rapport du projet de loi no 35
M. LEGER: M. le Président, je voulais simplement demander
étant donné que le bill 35 a été adopté
article par article en commission plénière au rapporteur
et au ministre si c'était possible que le bill 35 soit rapporté
à l'Assemblée nationale sans attendre que les bills 36 et 37
soient adoptés, même si on peut croire qu'il y a des articles qui
sont complémentaires dans les autres bills. A ce jour, nous avons
adopté le bill 35 et c'est normal d'en faire rapport à
l'Assemblée nationale.
M. L'ALLIER: M. le Président, sur ce point, même si les
bills, effectivement, sont des bills autonomes comme tels, c'est la
responsabilité du gouvernement de juger le moment propice de leur
rapport en Chambre.
Par ailleurs, je tiens à souligner que, si nous avons tenu
à présenter ensemble les projets de loi 35, 36 et 37, ce n'est
pas par pur caprice, ce n'est pas pour d'autres raisons que les bills 35 et 37
en particulier sont intimement reliés et, si on considère les
références qui sont faites par le projet de loi 35 au projet de
loi 37, le projet de loi 35 serait difficilement applicable et causerait, s'il
était adopté seul, plus de préjudice à l'entreprise
et à l'administration que s'il n'était pas adopté du tout
à cette session-ci.
En d'autres mots, les nouveaux pouvoirs, les nouvelles obligations, les
nouvelles charges que l'on impose à la Régie des services
publics, par la loi 35, l'extension ou la précision de la juridiction de
la régie par la loi 35 va de pair avec la loi 37 dans la partie qui
comporte un pouvoir de règlementation du gouvernement en matière
de communications.
L'idée générale, en fait, de ces deux projets de
loi est de faire en sorte que la régie puisse, comme organisme ou
tribunal quasi judiciaire, adjuger suivant ses règlements, mais dans le
cadre d'une réglementation générale et d'une loi qui est
à la fois la loi 35 et la loi 37, qui donne les balises et les
orientations dont le gouvernement est responsable, et seul responsable,
indépendamment de toute régie et de tout organisme d'une
politique des communications.
C'est lui qui doit en répondre, c'est à lui d'en donner
les lignes de force et c'est ce que permet la loi 37. Donc, la loi 35, si elle
était seule adoptée, placerait la régie dans une position
extrêmement délicate, en ce sens que la régie ne pourrait
compter, jusqu'à l'adoption de la loi 37, sur aucune
réglementation du gouvernement, aucune réglementation
générale quant au développement des communications.
Le but est précisément de faire fonctionner les deux
ensemble et c'est pour ça que les deux lois sont
présentées ensemble. Donc, à mon avis, les lois 35 et 37
sont deux lois qui sont dans leur application et dans leur réalisation,
compte tenu du fait que nous avons modifié la loi 35 à l'article
dernier pour faire en sorte que cette loi entre en vigueur immédiatement
et non pas uniquement au moment de sa proclamation, au bon plaisir du
gouvernement, compte tenu de ce fait nouveau, il est essentiel que, lorsque
cette loi entrera en vigueur, entre en vigueur également la loi qui
permet au gouvernement de faire sa réglementation générale
et qui donne ainsi à la régie le cadre normal, le cadre
exécutif de son action. Si la loi 35 avait été
présentée telle que nous l'avions rédigée au
début, c'est-à-dire que son entrée en vigueur était
sujette à l'approbation finale du lieutenant-gouverneur à un
moment autre que le moment de sa sanction, l'adoption de l'une des lois, la loi
35 en l'occurence, indépendamment de la loi 37, aurait été
possible.
Parce que, à ce moment, on en aurait de toute façon
suspendu vraisemblablement l'entrée en vigueur. Mais comme cette
entrée en vigueur se fait maintenant, elle ne peut être
dissociée de la loi 37.
M. LEGER: M. le Président, le ministre vient d'apporter deux
points sur lesquels je ne suis absolument pas d'accord. Premièrement, le
ministre dit que ça dépend du gouvernement pour présenter
le rapport d'une commission; je pense que le rapporteur est le rapporteur non
pas du gouvernement mais celui de la commission et
c'est la commission comme telle qui peut déterminer quand ce
rapporteur doit faire son rapport.
Deuxièmement, le bill 35, même s'il a des relations avec le
bill 37, par le fait qu'on dit bien que la Régie des services publics
est soumise à une réglementation qui devrait être
définie, du moins dans les principes, par le bill 37, ceci
n'empêche pas que si, par hasard, le bill 37 n'était pas
adopté ou était retardé, ça voudrait tout
simplement dire que la régie fonctionnerait selon des règlements
qui ne sont pas encore définis et ça remettrait la situation
comme elle était avant, c'est-à-dire que la régie
fonctionne à même ses propres ordonnances. Tant qu'il n'y aura pas
de réglementation, elle n'a pas à s'y soumettre. S'il y a une
règlementation, elle s'y soumet.
Cela veut dire que la régie peut quand même fonctionner
comme auparavant. En ce qui nous concerne, nous sommes absolument
opposés à une réglementation qui serait faite par le
ministère des Communications. En enlevant à la régie
l'essence même de son fonctionnement et de sa compétence...
M. L'ALLIER: M. le Président, je m'excuse. Nous sommes
actuellement à discuter du fond de l'article 3 du projet de loi 37 et
c'est hors d'ordre.
M. LEGER: M. le Président, sur le point d'ordre, je ne veux pas
entrer dans la question de fond, mais je veux dire au ministre qu'à ce
jour il y a le bill 35 comme tel qui a été adopté en
commission plénière.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! La commission est maîtresse de ses
moyens et c'est à la commission de décider de quelle façon
le bill 35 peut être acheminé vers la Chambre. Je doute que ce
soit le député de Lafontaine, seul, qui puisse décider de
cela. Je donne la parole...
M. LEGER: M. le Président, je ne vois pas pourquoi...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LEGER: ... vous m'enlevez la parole. Vous dites la même chose
que je disais. Je dis que c'est à la commission. Je n'ai pas fini de
parler. C'est exactement ce que je viens de dire.
M. LE PRESIDENT: Parce que c'est à la commission. Je pense que la
commission aura à le décider d'ici la fin de la séance. Il
m'apparaît inutile de prolonger indûment les commentaires que vous
nous apportez. C'est pourquoi...
M. LEGER: M. le Président, j'invoque le règlement...
M. LE PRESIDENT: ... je donne la parole au député de
Chicoutimi.
M. LEGER: ... je ne vois pas pourquoi le président pourrait
m'enlever la parole alors que je suis dans l'ordre et personne...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président...
M. LEGER: ... n'a affirmé que j'étais hors d'ordre dans le
domaine...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'invoque le règlement, M. le
Président.
M. LEGER: ... je ne vois pas pour quelle raison vous me mettriez le
bâillon alors que je suis en train de parler, au moment précis
où le bill 35 est terminé, avant d'étudier le bill 36. Je
n'ai jamais dit que c'est moi qui vais décider que le bill 35 doit
être rapporté à l'Assemblée nationale. J'ai
simplement dit, M. le Président, qu'en ce qui me concerne, le bill 35
étant adopté, il n'y a aucune raison d'attendre que le bill 37
soit adopté pour l'acheminer en Chambre. C'est une proposition que j'ai
faite. Je ne vois pas pourquoi on m'enlève le droit de parole quand
j'exprime le point de vue d'un des membres de la commission.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président...
M. LEGER: S'il y en a d'autres...
M. LE PRESIDENT: A toutes fins utiles, est-ce que vous voulez que la
commission prenne une décision immédiatement et qu'on prenne le
vote sur la proposition que vous faites?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'invoque le
règlement. Il n'y a même pas lieu de mettre la question aux voix
parce que, lors de la dernière séance, nous avons adopté
la loi 35.
C'est au moment où nous avons terminé l'étude de ce
projet de loi que les représentations du député de
Lafontaine auraient dû être faites. Or, ce matin, nous sommes
réunis pour étudier le projet de loi 36. Par conséquent,
les représentations du député de Lafontaine sont
irrégulières et je le prierais de les faire en Chambre au moment
où le leader annoncera les travaux du jour.
M. le Président, je vous demande que nous passions à
l'examen du projet de loi 36. C'est irrégulier de toute
façon.
M. LEGER: Je demande la parole sur le point d'ordre, M. le
Président. Si la commission de mardi n'avait pas été
ajournée précisément à la fin de l'étude du
bill 35, c'est avant le commencement de l'étude du bill 36 que nous
pouvons discuter du sort qui peut être réservé à un
bill que nous venons d'adopter. Alors, M. le Président,
immédiatement après l'adoption du bill 35, nous avons
ajourné la commission...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A l'ordre, M. le Président!
M. LEGER: ... et, actuellement, nous rouvrons la commission et nous
sommes encore entre le bill 35 et le bill 36.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pas du tout, M. le Président.
M. LEGER: Nous n'avons pas commencé l'étude du bill 36 et
je demande le vote de la commission pour que le rapport soit fait à
l'Assemblée nationale...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il ne faut même pas y penser.
M. LEGER: ... sur le bill 35, si on veut réellement qu'il
passe.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, vous n'avez pas le
droit...
M. LEGER: Evidemment, M. le Président, si on s'attend à
présenter les trois ensemble, il y a de grosses chances que les trois ne
passent pas.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, vous n'avez aucune
raison de mettre la question aux voix puisque c'est absolument
irrégulier. Nous avons disposé du projet de loi 35. Chaque projet
de loi est une unité différente, une entité
différente et nous sommes réunis ce matin pour étudier le
projet de loi 36. Par conséquent, notre ordre du jour, c'est le projet
de loi 36 et je demanderais que nous nous en tenions strictement à la
réglementation usuelle et qu'on procède à l'examen du
projet de loi 36.
M. LEGER: M. le Président, je demande le vote de la commission
sur la question...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il ne peut y avoir de mise aux voix, M. le
Président.
M. LEGER: ... de rapporter le bill 35 à l'Assemblée
nationale.
M. LE PRESIDENT: En toute objectivité, j'ai toujours pensé
que ce matin nous étions ici pour l'étude en commission
plénière de la Chambre des projets de loi 36 et 37. Les arguments
que vient d'apporter le député de Lafontaine ne me convainquent
pas et ne changent pas mon optique à l'effet que nous sommes ici pour
l'étude des bills 36 et 37.
J'appelle l'article 1 du bill 36.
M. LEGER: M. le Président, je me soumets à votre
décision mais je tiens à dire que c'est malheureux, parce que je
tiens à dire que le bill 35 court malheureusement le risque de ne jamais
être adopté.
M. LACROIX: D'ailleurs, si vous relisez le journal des Débats
d'hier, vous verrez que le leader du gouvernement a annoncé qu'au Salon
rouge se tiendrait la réunion de la commission des affaires culturelles,
de l'éducation et des communications pour étudier les projets de
loi 36 et 37. Il n'a nullement été question du bill 35.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il est adopté.
Projet de loi no 36
M. L'ALLIER: M. le Président, à l'article I du projet de
loi 36, nous avons les sous-amendements qui ont essentiellement les effets
suivants. Dans les amendements que nous avions proposés, les amendements
initiaux, il était suggéré de porter le nombre des membres
du conseil d'administration de cinq à sept et que ces membres du conseil
d'administration soient nommés sur recommandation du ministre des
Communications pour une période déterminée qui ne peut
excéder trois ans. Ensuite, nous avons apporté un
contre-amendement qui portait cette période à cinq ans. Le
sous-amendement que nous proposons maintenant est à l'effet suivant: le
nombre des membres du conseil d'administration sera porté de cinq
à sept, le vice-président qui, dans les amendements initiaux,
était nommé par le lieutenant-gouverneur en conseil sur
recommandation du ministre des Communications n'est plus nommé par le
lieutenant-gouverneur en conseil sur recommandation du ministre des
Communications, mais les membres du conseil ont la possibilité de se
choisir un vice-président eux-mêmes. Donc, la nomination du
vice-président se fait par le conseil.
Deuxièmement, dans les six amendements, nous faisons
disparaître la mention que ces membres doivent être nommés
sur recommandation du ministre des Communications et ils sont nommés
directement par le lieutenant-gourverneur en conseil, sans que la
recommandation du ministre des Communications ne soit nécessaire.
Troisièmement, nous apportons également à cet
article une modification qui correspond, je crois, aux préoccupations
qui avaient alors été exprimées par les membres de la
commission quant au contrôle que pourrait exercer le gouvernement sur le
conseil d'administration en y insérant n'importe quel nombre possible de
fonctionnaires qui sont tous dépendants d'un ministère ou d'un
autre, d'un ministre ou d'un autre. Le sous-amendement que nous apportons est
à l'effet qu'il doit y avoir au moins un des membres du conseil
d'administration qui soit un fonctionnaire, mais pas plus de deux sur sept, de
sorte que les membres soient choisis en majorité à
l'extérieur de la fonction publique, sans lien direct avec quelque
membre que ce soit du Conseil exécutif. C'est l'essence des amendements
et des sous-amendements que
nous apportons à l'article 1 de la loi 36, à l'article 6
de la Loi de Radio-Québec.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, les nouveaux
amendements que nous propose le ministre des Communications me paraissent, dans
l'ensemble, sous toute réserve que de droit, correspondre aux
représentations que nous avions faites au ministre au moment de
l'étude en seconde lecture. Nous avions fait valoir que le ministre nous
paraissait posséder des pouvoirs exorbitants qui auraient pu, le cas
échéant, paralyser l'action de l'office.
Par conséquent, M. le Président, je n'ai pas
personnellement d'objection à ce que nous adoptions ces articles. La
seule réserve que je fais et je ne reprends pas ici le
débat général c'est que j'aurais souhaité
que l'Office de radio-télédiffusion du Québec fût un
organisme indépendant, mais le gouvernement en a décidé
autrement et quelque geste que nous puissions poser pourrait être
contredit par la majorité parlementaire ministérielle. Je suis
prêt à accepter les amendements du ministre sous toutes les
réserves que je viens d'indiquer.
M. L'ALLIER: M. le Président, je voudrais ici ajouter deux
points. J'ai oublié d'indiquer que l'article 1 de la loi 36 modifiait
également l'article 7 de la Loi de Radio-Québec et l'article 8 de
la Loi de Radio-Québec. A l'article 7 de la Loi de Radio-Québec,
les modifications que nous apportons sont au même effet, d'enlever la
nécessité d'une recommandation du ministre des Communications.
Deuxièmement, le directeur général adjoint qui
était, dans les amendements initiaux et dans la loi initiale de
Radio-Québec, nommé par le lieutenant-gouverneur, est maintenant
nommé par le conseil d'administration. Le terme d'office du
président directeur général, qui est responsable de
l'administration courante, est porté de cinq à dix ans, pour fins
de normalisation avec des organismes de même nature. Par ailleurs, on
définit, en deuxième paragraphe de l'article 7, les fonctions du
président directeur général, de sorte que nous sommes
maintenant en présence d'un conseil d'administration qui a un
président, qui n'est pas une personne à temps plein et qui est
président du conseil d'administration. Nous avons ensuite, pour le
conseil d'administration, la possibilité de se désigner un
vice-président et nous avons, sur le plan de l'administration courante
de Radio-Québec, un président directeur général. Il
est à temps plein et nommé pour une période qui ne peut
excéder dix ans; il est aussi responsable de l'administration de
Radio-Québec et siège au conseil d'administration.
Pour ce qui est de la remarque du député de Chicoutimi
à l'effet que le gouvernement ne fait pas de Radio-Québec un
organisme indépendant, je voudrais tout simplement souligner le fait que
Radio-Québec acquiert, par ses modifications, plus d'indépendance
et plus d'autonomie qu'il en avait auparavant et qu'il en avait de par la loi
initiale de Radio-Québec.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... quasi-indépendance, en
réalité. M. le Président, je suis bien d'accord avec le
ministre là-dessus.
Quand la loi a été adoptée la première fois,
l'on n'avait pas cru bon de faire de Radio-Québec un organisme
indépendant. Il s'est avéré à l'usage que cela
pouvait devenir souhaitable. Le ministre, sans accepter la proposition assez
draconienne que nous avions faite, a réduit considérablement ses
propres pouvoirs, permet au conseil d'administration de faire sa
réglementation, ce qui donne à l'ORTQ une autonomie assez large
qui lui permettra certainement d'agir au meilleur des intérêts du
Québec et en fonction des objectifs qui lui sont assignés.
M. LE PRESIDENT: Le député de Lafontaine.
M. LEGER: M. le Président, l'article 1 du projet de loi 36, comme
tous les autres, nous amène à voir la limitation des pouvoirs de
Radio-Québec. En ce qui nous concerne, les amendements que le ministre
nous apporte ne nous satisfont pas parce qu'ils empêchent justement un
organisme qui aurait pu être efficace, libéré de toute
possibilité d'ingérence politique gouvernementale, qui aurait pu
réaliser, à l'intérieur de ses pouvoirs, une fonction
absolument dans l'intérêt du public en
général...
Actuellement, M. le Président, l'amendement que le ministre nous
apporte, c'est essentiellement le fait que le président qui auparavant
était directeur général, n'est plus au conseil
d'administration de l'office.
M. L'ALLIER: C'est faux.
M. LEGER: Le président de l'office n'est plus le président
directeur général. Il y a les personnes à temps plein et
les personnes à temps partiel. Alors, le président de l'office
qui est à temps partiel n'est plus celui qui est à temps
plein.
M. L'ALLIER: Sur ce point, le député de Lafontaine me
permettra certaines explications. Le but de ces amendements n'est pas
d'entraver le fonctionnement de Radio-Québec, bien au contraire. S'il
s'agit de faciliter le travail de Radio-Québec, il s'agit de donner
à l'administration de Radio-Québec cette marge de manoeuvre
administrative dont l'organisme a besoin. Jusqu'ici, avec cinq membres au
conseil d'administration dont le directeur général, le
président directeur général, le vice-président
directeur général adjoint, pour qu'une décision contraire
à la décision des administrateurs impliqués dans
l'administration quotidienne donc, ceux qui font les recommandations au
conseil d'administration soit prise, il fallait la majorité.
Il fallait que les trois autres membres du conseil, qui étaient
des fonctionnaires, soient unanimement contre une recommandation de la
direction de Radio-Québec. De sorte que la
direction de Radio-Québec se trouvait dans la position
ambiguë suivante: elle décidait, comme direction administrative, de
poser tel ou tel geste qui était à l'intérieur de ses
responsabilités. Deuxièmement, elle décidait de faire des
recommandations sur telle ou telle action qu'elle recommandait et qu'elle
acceptait au conseil d'administration, et, pour que ces actions ne soient pas
faites, il fallait un front commun unanime des autres membres du conseil
d'administration. Le président directeur général et le
vice-président directeur général devaient, à cause
du nombre des membres au conseil d'administration, à cause de la nature
de leurs fonctions, passer leur temps à changer de côté de
table, si vous voulez. Ils avaient en même temps à recommander une
chose et à traverser la table et aller l'approuver de l'autre
côté.
Je crois qu'en donnant à Radio-Québec un conseil
d'administration autonome de l'exécutif en tant que proportion,
au moins cinq des sept membres ne seront pas de la fonction publique
nous donnons à Radio-Québec un véritable conseil
d'administration et c'est la responsabilité de ce conseil, à
l'intérieur des politiques de Radio-Québec, d'approuver, de
corriger ou de modifier, de surveiller l'administration courante de
Radio-Québec. Cette ambiguïté disparaissant, les
administrateurs auront à préparer pour Radio-Québec des
dossiers. Ils auront à se justifier devant un conseil d'administration
qui n'aura pas à faire l'unanimité chaque fois qu'il ne sera pas
d'accord sur une décision de l'administration. Ceci permet, à mon
avis, comme dans toute entreprise et ce n'est pas un schème
nouveau d'administration d'avoir un conseil d'administration avec un
président et l'équivalent d'un président exécutif
qui est d'office au conseil d'administration. C'est en fait une formule
d'administration beaucoup plus souple, qui protège en même temps
l'administration de Radio-Québec et qui donne au conseil
d'administration son véritable rôle de direction de l'office.
M. LEGER: M. le Président, j'admets quand même je
conserve les mêmes critiques que les amendements assouplissent un
peu la première présentation qu'on nous avait faite.
M. L'ALLIER: J'aimerais que le député de Lafontaine nous
dise si c'est la politique de son parti de confier en sous-gérance
autonome la politique des communications du gouvernement. Est-ce que c'est la
politique de son parti, face à une politique des communications, de la
confier en sous-gérance à la Régie des services publics,
à Radio-Québec, à des organismes extérieurs? Que
reste-t-il au gouvernement en matière de politique des
communications?
Si j'ai bien compris les énoncés timides de politique des
communications qui sont en fait une reprise quelquefois et même plus
souvent qu'autrement maladroite de ce qui a déjà
été dit par les membres de cette commission et en particulier par
le ministre des communications sur une politique des communications, ce n'est
pas l'intention du parti du député de Lafontaine de donner en
sous-gérance absolue la politique des communications.
Ce que nous voulons, c'est de faire en sorte que des organismes aient la
marge d'autonomie suffisante pour fonctionner et pour produire, mais que ce
soient les gens qui sont élus par la population et qui ont mandat de
gouverner pendant un mandat et pendant les mandats qui sont convenus par la
population, que ce soit à ces gens qu'il appartienne de donner les
lignes de développement, les lignes de force et les priorités du
développement des communications parce que ce sont eux, et eux seuls,
qui en répondent devant la population.
M. LEGER: M. le Président, le ministre me pose une question. Nous
lui avions proposé, à l'occasion de la deuxième lecture,
de permettre justement une large mesure d'autonomie à des organismes
comme la régie, Radio-Québec et l'OIPQ, à
l'intérieur de corridors où le gouvernement aurait pu
élaborer les principes généraux dans lesquels ces
organismes auraient pu fonctionner d'une façon autonome, comme ça
se fait dans le domaine de la radiodiffusion au fédéral, mais non
pas donner une orientation par une réglementation faite à presque
tous les niveaux, dans presque tous les détails, par le ministère
des Communications. Le ministère des Communications, s'il veut avoir une
politique des communications, devrait établir les principes
généraux de fonctionnement à l'intérieur desquels
on laisse fonctionner ces organismes autonomes qui, se référant
à ces principes généraux, peuvent développer une
méthode de fonctionnement qui serait absolument libérée
des contraintes que le ministère ou l'appareil gouvernemental pourrait
donner. Voilà la réponse à la question que le ministre
vient de me poser.
M. le Président, je reviens à l'article 1 en disant que je
suis d'accord que, passer du nombre cinq à sept, ça peut
être une amélioration. Je n'ai rien contre ça. Que le
vice-président qui était auparavant nommé par le
lieutenant-gouverneur, après une recommandation du ministre, est
maintenant nommé par le conseil des ministres, c'est une certaine
amélioration; que le contrôle sur le conseil ne se fera plus par
des fonctionnaires, créatures du gouvernement, parce qu'il n'y en aura
qu'un maximum de deux à ce conseil, c'est une certaine
amélioration.
M. L'ALLIERj Un point d'ordre, les fonctionnaires ne sont pas des
créatures du gouvernement.
M. LEGER: Non, je parle d'un danger...
M. L'ALLIER: Ce sont des employés de l'Etat qui travaillent au
service de la population et non pas au service du gouvernement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Quand ils sont loyaux.
M. LEGER: M. le Président, quand je parle de créatures, je
ne dis pas que les fonctionnaires sont les créatures du gouvernement,
mais ils auraient pu être des créatures du gouvernement, dans le
sens de la partisanerie politique. Cela empêche justement que des
créatures partisanes du gouvernement soient nommées par le fait
qu'elles sont des fonctionnaires. C'est ce que vous voulez éviter et je
suis d'accord avec vous. Je n'ai pas dit que, nécessairement, les
fonctionnaires sont des créatures partisanes du gouvernement.
M. L'ALLIER: Je suis convaincu, M. le Président, qu'on retrouvera
vraisemblablement à Radio-Québec la même proportion de 23
p.c. de péquistes, de 40 p.c. environ de libéraux, etc.
M. LEGER: Vous allez nous voir, j'espère.
M. L'ALLIER: Ce sont des citoyens, en définitive, qui sont
choisis pour leur compétence et le fait de leur allégeance
politique n'est pas un facteur dans le choix; que ce soient des fonctionnaires
ou que ce soient des membres du conseil d'administration, il s'agit là
d'un procès d'intention que je n'accepte pas.
M. LEGER: M. le Président, le ministre oriente la discussion dans
un domaine où je ne l'ai pas du tout menée. Tout ce que je veux
dire...
M. LEDUC: C'est vous qui avez ouvert la porte très grande.
M. LEGER: Tout ce que je veux dire quant au conseil d'administration qui
sera formé, à la suite de l'article 1, est que le ministre veut
justement nous faire valoir que nos craintes d'ingérence gouvernementale
ne sont pas justifiées dans ce domaine-là, par le fait qu'il n'y
aura que deux fonctionnaires de plus. Mais les critères, M. le
Président, qui définiront les postes... Autrement dit: Quelles
sont les raisons pour lesquelles le gouvernement nommerait telle ou telle
personne comme membre du conseil d'administration? Il n'y en a pas. Que le
ministre dise: Ce ne seront pas des fonctionnaires qui y seront, ils ne sont
pas en majorité; ce seront des personnes qui ne seront pas
nécessairement fonctionnaires, le maximum sera de deux. D'accord! Mais
qu'est-ce qui nous dit que les personnes vont être nommées selon
des critères qui auraient dû être définis par le
ministre, comme ça l'est dans Loi de la Régie des rentes par
exemple, où on dit que, de onze membres, deux seront nommés
après consultation des organismes les plus représentatifs du
monde des affaires, deux seront nommés après consultation des
organismes les plus représenta- tifs du monde du travail, deux
après consultation des groupes socio-économiques? Quels sont les
critères qui permettraient au gouvernement de dire: Ceux que nous
nommerons, ce sont des personnes représentant réellement quelque
chose, au point de vue d'expérience...
M. L'ALLIER: Cela relève, M. le Président, de la
responsabilité ministérielle et de la responsabilité du
gouvernement face à la population. C'est la seule garantie que je peux
donner au député.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président...
M. LEGER: M. le Président, j'avais encore...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... il faut se rappeler. Un instant...
M. LEGER: ... le droit de parole. Est-ce que vous me l'avez
enlevé, M. le Président?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... il faut se rappeler. Je voudrais faire une
observation au sujet de ce...
M. LEGER: M. Le Président, est-ce que...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... que vient de dire le ministre.
M. LE PRESIDENT: S'agit-il d'un point de règlement?
M. LEGER: M. le Président, sur un point d'ordre que le
député de Chicoutimi...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'invoque le règlement, M. le
Président.
M. LEGER: Alors, sur un point d'ordre, je vous écoute.
M. LE PRESIDENT: Quel point du règlement?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Voici, M. le Président. J'invoque le
règlement pour faire observer ceci. Le député de
Lafontaine est en contradiction avec lui-même puisque, dans le document
qu'il a déposé à la commission, il parlait de la
constitution urgente d'un réseau étatique de
radio-télévision.
M. LEGER: M. le Président, je ne vois pas quel point d'ordre il y
a. Le député a encore passé à côté du
règlement pour faire passer de la politicaillerie.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'invoque le
règlement.
M. LEGER: Sur un point d'ordre...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'invoque le règlement, M. le
Président.
M. LEGER: ... pour passer des arguments politiques à
l'intérieur d'un point d'ordre.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): J'invoque le règlement, M. le
Président. Le député de Lafontaine n'a pas de motif
à prêter à qui que ce soit lorsqu'il parle de
politicaillerie, etc. Je crois qu'il en donne l'exemple ce matin. Je lui ai
simplement rappelé que c'est lui-même, dans un document qu'il a
déposé, qui a réclamé l'établissement urgent
d'une politique étatique et d'un réseau étatique de
radio-télédiffusion.
M. LEGER: Sur un point d'ordre, M. le Président. Le
député de Chicoutimi dit que je n'ai parlé que d'un
réseau étatique de télévision. Nous avons dit un
réseau essentiellement financé par l'Etat.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Lisez votre document, bon Dieu !
M. LEGER: M. le Président, l'administration, comme telle, peut
être faite d'une façon différente, mais le financement sera
fait par l'Etat. Autrement dit, qu'on soit certain que l'Etat du Québec
aurait un réseau, financé par lui, pour assurer la permanence. Je
pense qu'il y a une nuance de ce côté.
Je reviens à l'article 1, M. le Président. Je demande au
ministre: Quand on dit qu'il y aura des personnes de nommées, quels sont
les critères de base pour affirmer que ces personnes auront justement
une expérience, une représentativité quelconque dans un
domaine d'une compétence bien précise, si c'est celle de la
radio-télédiffusion? Actuellement, il n'y en a pas. Rien ne nous
assure que ce que le ministre veut éviter en apportant ces amendements
ne se produira pas dans les nominations comme ça, en l'air, de personnes
sans...
M. L'ALLIER: M. le Président, un point d'ordre. Les amendements
qui sont proposés actuellement à la Loi de Radio-Québec ne
remettent pas en cause le mode de nomination des membres du conseil
d'administration. Il n'y a pas d'amendement de proposé quant au mode et
quant aux mécanismes de nomination, de telle sorte que toute discussion
sur les mécanismes et les modes de nomination des membres du conseil est
hors d'ordre, étant donné que ces mécanismes et ces modes
de nomination sont exactement les mêmes que ceux qui étaient
prévus dans la Loi de Radio-Québec qui n'est pas modifiée
sur ce point.
M. LEGER: M. le Président, j'ai une autre question à
l'article 1. Pour quelle raison le ministre des Communications n'a-t-il pas
utilisé la même formule que celle qui existe actuellement à
Radio-Canada au point de vue des nominations?
M. L'ALLIER: Je maintiens le point d'ordre, M. le Président.
M. LEGER: Nous sommes à l'article des nominations.
Actuellement...
M. L'ALLIER: Le mode de nomination n'est pas remis en cause, M. le
Président, par les amendements et par aucun des articles de la loi 36,
sauf pour ce qui est de la recommandation du ministre des Communications qui
n'est plus nécessaire. Quant au mode de sélection des membres du
conseil d'administration, c'est comme dans la loi originale, le
lieutenant-gouverneur les désigne. Sur ce point, comme il n'y a pas
d'amendement, toute discussion, à mon avis, est hors d'ordre.
UNE VOIX: Adopté.
M. LEGER: M. le Président, à Radio-Canada, on a
nommé un président et un vice-président et les autres sont
des fonctionnaires. Pour quelle raison le ministre peut-il m'expli-quer
veut-il avoir sept membres qui sont des gens à temps partiel et
qui n'auront pas nécessairement des critères définis de
fonction? Pour quelle raison nomme-t-il un groupe de sept personnnes à
temps partiel qui auront, à sept, à juger du fonctionnement,
alors qu'on prive justement Radio-Québec de cette autonomie?
M. L'ALLIER: M. le Président, il faudrait que le
député de Lafontaine sache un peu ce qu'il veut. En nommant des
personnes qui ne sont pas assujetties de par leurs fonctions à l'un ou
l'autre des membres de l'exécutif, comme chef de ministère, je
crois que nous manifestons, d'une façon extrêmement
précise, l'intention du gouvernement de confier la direction de
Radio-Québec à un conseil d'administration qui a l'autonomie de
tous les conseils d'administration de tous les organismes. Il faut qu'on prenne
les citoyens quelque part. Et dans la mesure où on ne les prend pas dans
la fonction publique, il faut les prendre à l'extérieur de la
fonction publique.
S'il y a une troisième catégorie de personnes que l'on
peut choisir et qui sont peut-être des étrangers, il faudrait que
le député de Lafontaine en fasse la suggestion. De deux choses
l'une: ou nous nommons des fonctionnaires et nous sommes accusés de
contrôler le conseil d'administration ou nous nommons des personnes de
l'extérieur et nous sommes accusés de la même chose. Alors,
qui peut-on nommer? Je reviens au point d'ordre. Les critères de la
sélection, la loi n'est pas modifiée sur ce point, c'est le
lieutenant-gouverneur en conseil. Tout ce qu'on fait, c'est enlever la
recommandation du ministre des Communications.
M. LEGER: Mais la question que j'ai posée au ministre, M. le
Président, est la suivante.
M. L'ALLIER: Alors, il n'y a pas de discus-
sion possible, M. le Président, c'est un point de
règlement.
M. LEGER: J'ai demandé au ministre, et il me répondra oui
ou non. Est-ce qu'il n'a pas l'intention d'établir des critères
comme nous voyons dans d'autres lois de son règlement...
M. L'ALLIER: Tout ce que je peux dire au...
M. LEGER: ... de personnes qui seraient nommées après
consultation de l'organisme...?
M. L'ALLIER: ... député de Lafontaine sur ce point, c'est
que nous allons, évidemment, tenter par tous les moyens de nommer au
conseil d'administration les personnes les plus compétentes. Parce que
c'est dans l'intérêt de l'Etat et de la collectivité du
Québec que Radio-Québec puisse avoir la chance de
démontrer son efficacité, sa rentabilité et son
utilité. Je crois, pour ma part, à Radio-Québec comme
institution. Il y a des choses à corriger à l'intérieur de
l'administration générale du gouvernement, peut-être, et
à l'intérieur de l'administration de Radio-Québec,
peut-être aussi. Nous tentons ici cet effort de correction et je suis
convaincu que nous nous donnons des instruments nécessaires au
fonctionnement normal de Radio-Québec, compte tenu de l'évolution
qu'a connue cet organisme et l'évolution des besoins du gouvernement,
notamment en matière éducative dans ce domaine. Il est
évident que les membres du conseil ne seront pas choisis parmi les
gagnants de Loto-Québec.
M. LEGER: Une des raisons pour lesquelles nous voulons avoir
réellement des garanties de la nomination, c'est que nous croyons, tel
que nous l'avons vu à l'occasion du congrès du Parti
libéral, que le président de la commission d'information de ce
parti veut tuer Radio-Québec. Et nous voulons être certains qu'il
y aura des garanties que les personnes qui seront là seront
réellement compétentes selon des critères définis
par le ministère, pour aider le ministre.
M. L'ALLIER: M. le Président, le président de la
Commission d'information du Parti libéral n'est pas en cause. Il n'est
pas membre du Conseil exécutif, à ma connaissance.
M. LEGER: Il y a eu beaucoup d'influence au congrès, M. le
Président. Le ministre a dû s'en apercevoir.
M. L'ALLIER: Ce sera au conseil exécutif de prendre ses
responsabilités.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres commentaires à
l'article 1?
M. LEGER: Oui, M. le Président. A l'article 1, à la
sixième ligne, on dit que: "... ce dernier fixe le traitement..."
M. L'ALLIER: Sur un petit point uniquement pour préciser et
montrer qu'il y a un peu de démagogie dans ce que dit le
député de Lafontaine.
M. LEDUC: Un peu de démagogie! Il y en a beaucoup.
M. L'ALLIER: Je vais lui lire le premier paragraphe de l'article 34 du
chapitre 25...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... les commentaires que Bernard a pu lui
faire avant.
M. L'ALLIER: ... de la loi 1617 d'Elizabeth Il qui porte sur
Radio-Canada: "Est instituée une corporation appelée
Société Radio-Canada et composée d'un président et
de quatorze autres administrateurs qui seront nommés par le gouverneur
en conseil,
Ils sont nommés pour occuper leurs charges durant bonne
conduite..." On peut continuer et chercher les critères auxquels fait
allusion le député de Lafontaine et ils n'existent pas.
M. LEGER: Un dernier point sur l'article 1. A la sixième ligne de
l'amendement de l'article 6 de la Loi de l'Office
radio-télédiffusion, on dit: "... ce dernier fixe le
traitement..." Or, comme ce sont des fonctions qui ne sont pas à temps
plein, est-ce qu'il ne serait pas mieux d'indiquer quand même des
honoraires et non pas un traitement qui est une chose...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): La technique législative, M. le
Président, il ne sait pas ce que c'est.
M. LEGER: Est-ce qu'un traitement n'est pas pour une fonction
permanente?
M. L'ALLIER: Non. Il peut y avoir des jetons de présence suivant
le nombre d'heures de présence. Il peut y avoir d'infinies
modalités. Pour le fonctionnaire qui sera au conseil d'administration,
il n'y a pas de traitement supplémentaire. Où il pourrait y avoir
un traitement supplémentaire, normalement, il n'y en a pas. Et pour les
normes qui sont extérieures, il y a une procédure de jetons de
présence comme à tous les conseils d'administration de tous les
organismes. Et c'est précisément compte tenu du volume de travail
à accomplir que cette disposition est dans cette loi. D'ailleurs, ce
n'est pas une disposition originale, on la retrouve dans toutes les lois. Je
suis convaincu qu'on la retrouve également je pourrais chercher
dans la loi originale de Radio-Québec.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): La Régie du Grand Théâtre,
etc.
M. LE PRESIDENT: L'article 1. Adopté? M. LEGER: Sur division, M.
le Président.
M. LE PRESIDENT: L'article 2.
M. L'ALLIER: L'article 2 porte sur l'abrogation des articles 8 et 9
parce que l'essence de ces deux articles est reprise par les amendements
déjà incorporés dans l'article 6.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et vous apportez un amendement. Les articles 8
et 9 sont abrogés.
M. L'ALLIER: C'est-à-dire que les articles 8 et 9: qu'ils aient
en cas d'incapacité d'agir du président par suite etc., etc.
C'est déjà prévu dans le dernier paragraphe, je crois, de
l'article 6.
M. LEGER: M. le Président, on avait proposé un amendement
au ministre. Je ne sais pas s'il l'a oublié ou s'il va en tenir compte.
C'est que l'article 7 a) de la Loi de la radio-télédiffusion
semble être amendé par l'article 1. Nous avions proposé que
le président de la commission permanente des communications de
l'Assemblée nationale doive convoquer une réunion de cette
commission, durant le mois suivant le dépôt de ce rapport, afin
d'en examiner la teneur, autrement dit pour permettre justement que le domaine
de la radio-télédiffusion relève du Parlement aussi et non
pas uniquement du gouvernement, pour assurer cette garantie que nous essayons
de faire valoir depuis le début. Est-ce que le ministre est
opposé, justement, à cet amendement, qu'après le
dépôt annuel du rapport de Radio-Québec, le
président de la commission permanente des communications convoque une
réunion de cette commission pour étudier le rapport et en
discuter au Parlement? Est-ce que vous êtes opposé à
cela?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A quel article?
M. LEGER: Cela pourrait s'ajouter à 7 a). C'est pour cela que je
demande ça.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous sommes rendus à l'article 2, M. le
Président.
M. LEDUC: C'est hors d'ordre, M. le Président!
M. LEGER: M. le Président, je pense que c'est quelque chose
d'intérêt général. Je ne veux pas qu'on soit
légaliste inutilement. Est-ce que ce n'est pas une bonne chose, pour le
député de Chicoutimi lui-même, qui aime bien être, au
Parlement, capable de discuter des lois du gouvernement?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le député de Chicoutimi...
M. LEGER: Je pense que c'est une chose que, toute partisanerie mise de
côté, le député de Chicoutimi devrait accepter,
lui...
M. LEDUC: Pour faire ça, vous avez...
M. LEGER: ... qui aime tellement discuter des projets de loi du
gouvernement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je désire vous
faire observer que nous en sommes à l'article 2 et que la proposition
que vient de faire le député de Lafontaine, nous l'avons
déjà faite nous-mêmes, M. Bertrand l'a faite lui-même
lorsque nous avons examiné le projet de loi en seconde lecture...
M. LEGER: Je ne vois pas pourquoi vous vous opposeriez à cette
proposition.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... mais je vous dis simplement que, pour des
raisons de procédure, nous en sommes à l'article 2. Alors, le
député pourra revenir avec son amendement.
M. LEGER: M. le Président, je dois malheureusement admettre que,
si le député de Chicoutimi avait lui-même proposé
ça auparavant, comme il le dit, et qu'aujourd'hui, il laisse passer
l'occasion de le faire adopter... Est-ce que l'attitude de son parti a
changé? Est-ce que, maintenant, il doit défendre le gouvernement
au pouvoir plutôt que de jouer son rôle d'opposition? Ce que je
propose...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'invoque le
règlement.
M. LEGER: ... lui-même dit qu'il était d'accord avant. Il a
changé son fusil d'épaule parce que, maintenant, la faiblesse de
son parti le porte...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'invoque le règlement, M. le
Président.
M. LEGER: ... à défendre le gouvernement plutôt
qu'à jouer son rôle d'opposant.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'invoque le
règlement.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! Est-ce que j'ai bien compris que
l'amendement auquel a fait allusion le député de Lafontaine se
référait à l'article 7?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'ai invoqué le règlement, M. le
Président.
M. LEGER: C'est-à-dire l'article 7 de la loi...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'ai invoqué le règlement, M. le
Président.
M. LEGER : ... qui pourrait être adopté, si le ministre le
désire. Je pense bien que le ministre pourrait au moins avoir l'occasion
de répondre oui ou non là-dessus.
M. LE PRESIDENT: Sur une question de règlement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je pose la question de
privilège puisqu'on a le droit de le faire ici. Je tiens à faire
observer au député de Lafontaine, une fois pour toutes...
M. LEGER : Il n'y a pas de question de privilège en commission
parlementaire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, M. le Président, que le
député revoie le nouveau règlement et il va se rendre
compte qu'on peut le faire. Alors, M. le Président, je tiens à
faire observer aux membres de la commission, suite à l'intervention
absolument agressive et inexplicable, ce matin, du député de
Lafontaine, qu'il n'est pas question de défendre le gouvernement ou de
combattre le gouvernement. Il est question d'user de son jugement et de ne pas
essayer de dissimuler, par des artifices techniques ou parlementaires, les
divers avatars d'un parti politique qui...
M. LEGER: M. le Président, j'invoque le règlement sur une
question de privilège.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... orienté fortement vers le national
socialisme, essaie maintenant...
M. LEGER: M. le Président, j'invoque le règlement, c'est
le point d'ordre, qui est prioritaire sur une question de privilège.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... de s'orienter vers une position qui est en
contradiction avec tout ce que ses membres ont affirmé jusqu'à
présent.
M. LEGER: M. le Président, c'est un point d'ordre et ça
passe avant une question de privilège.
UNE VOIX: Il n'y a pas de point d'ordre!
M. LE PRESIDENT: Le député de Lafontaine.
M. LEGER: M. le Président, le point d'ordre passe avant la
question de privilège. Oui, c'est ça, après que le
député de Chicoutimi aura terminé...
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je vous ferais observer
qu'il n'y a pas de point d'ordre. D'abord, on invoque le règlement.
Point d'ordre est un anglicisme. Deuxièmement, je vous ferais
observer...
M. LEGER: Vous vous en servez assez régulièrement.
M. REMBLAY (Chicoutimi): ... qu'on n'in- voque pas le règlement
lorsque quelqu'un est en train de poser la question de privilège.
M. LEGER: M. le Président, le député de Chicoutimi
se sert d'une question de privilège pour attaquer et une question de
privilège ne permet, à la personne qui l'utilise, que de
rétablir les faits...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Après!
M. LEGER: ... ou de corriger une interprétation, et non pas de se
servir d'une question de privilège pour attaquer, dans un autre domaine,
un autre collègue. M. le Président, le point d'ordre aurait
dû être soulevé avant que le député de
Chicoutimi n'ait le temps de déblatérer comme il vient de le
faire.
M. LEDUC: M. le Président, est-ce qu'on peut revenir à
l'article 2, s'il vous plaît?
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres commentaires sur l'article
2?
M. LEDUC: Avez-vous d'autres petites crottes sur le coeur que vous
voulez passer? Non? On l'adopte, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 3.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Il y a amendement. M. TREMBLAY (Chicoutimi): Article
3.
M. L'ALLIER: A l'article 3, M. le Président, l'amendement qui
était proposé à l'origine disait que l'article 11 de la
loi est modifié en ajoutant, à la fin de la dernière ligne
du premier alinéa, ce qui suit: "Il en est de même pour le
directeur général et le directeur général adjoint
de l'office." Or, dans la mesure où le directeur général
adjoint de l'office est maintenant nommé par le conseil
d'administration, et dans la mesure où le directeur
général devient le président directeur
général, c'est donc une modification de concordance.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela va, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Adopté?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté. M. LE PRESIDENT: Article 4.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est également de la concordance.
M. L'ALLIER: C'est la même chose. M. LE PRESIDENT:
Adopté.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant, M. le Président.
D'accord.
M. LE PRESIDENT: Article 4. Adopté. Article 5.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Les règlements du conseil
d'administration, nous propose-t-on, de l'office doivent entrer en vigueur,
être approuvés par le lieutenant-gouverneur en conseil et sont
publiés dans la Gazette officielle du Québec. Ici, M. le
Président, je voudrais demander au ministre s'il ne conviendrait pas que
lesdits règlements du conseil d'administration soient soumis à
l'examen des membres de la commission parlementaire avant qu'ils ne soient
définitivement approuvés par le lieutenant-gouverneur en conseil,
parce qu'il s'agit quand même d'un ensemble de règlements qui ont
des répercussions sur les problèmes qui ont été
évoqués ce matin, soit la possibilité pour le gouvernement
d'intervenir ou la liberté des membres du conseil d'administration de
pouvoir agir dans un cadre qui leur donne toute la latitude dont nous parlions
lorsque nous avons discuté du projet en seconde lecture.
M. L'ALLIER: M. le Président, le deuxième paragraphe de
l'article 13 de la Loi de Radio-Québec est intégralement
retranscrit dans l'article 5 de la loi 36. En d'autres mots, l'amendement
n'apporte rien de nouveau lorsqu'il dit que les règlements du conseil
d'administration de l'office doivent, pour entrer en vigueur, être
approuvés par le lieutenant-gouverneur en conseil. Ils sont
publiés dans la Gazette officielle du Québec. C'est la loi
initiale de Radio-Québec. L'amendement n'a qu'un but, c'est de faire
disparaître le premier paragraphe de l'article 13 qui disait ceci,
à l'origine: "Le président et directeur général est
responsable de l'administration de l'office dans le cadre des
règlements." Le premier amendement que nous avons apporté
consistait à faire sauter le mot "président" et ça
devenait "directeur général" et, dans la mesure où nous
avons défini, par ailleurs, et déjà indiqué que le
directeur général, à l'article 1 modifiant l'article 7, on
y dit: "Le président directeur général est responsable de
l'administration de l'office", à ce moment-là, c'est un article
de redondance. En d'autres mots, la suggestion que fait le député
de Chicoutimi peut être étudiée, mais elle ne fait pas
l'objet non plus d'un amendement comme tel à la Loi de
Radio-Québec, en ce sens que les règlements du conseil
d'administration, dans la loi originale de Radio-Québec qui n'est pas
modifiée sur ce point, doivent être approuvés par le
lieutenant-gouverneur et publiés dans la Gazette officielle du
Québec.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je comprends
l'argument du ministre. Même si la loi antérieure de
Radio-Québec que nous amendons ne prévoyait pas ce que je viens
de demander, compte tenu de la réorganisation de l'ORTQ, je crois que,
pour atteindre les objectifs d'indépendance et d'autonomie que nous
recherchons, que nous voulons donner à l'ORTQ, tout règlement en
cette matière devrait nous être soumis pour examen avant
approbation finale par le lieutenant-gouverneur en conseil, afin que le
gouvernement lui-même soit protégé, que l'office
lui-même soit protégé et que nous puissions savoir
exactement quelles pourront être les responsabilités
dévolues à l'office ou au conseil d'administration de
l'office.
On a tout à l'heure fait état de cette autonomie, de cette
latitude que devait avoir l'office. Alors, les règlements de ce conseil
d'administration, pour la sécurité du gouvernement comme pour
celle de l'office, pourraient nous être soumis avant d'être
approuvés par le lieutenant-gouverneur en conseil. Nous avons fait cette
suggestion à plusieurs reprises à l'occasion de l'étude
d'autres projets de loi et la plupart des ministres ont accepté de nous
soumettre ces règlements avant leur approbation par le
lieutenant-gouverneur en conseil.
M. LEDUC: M. le Président, sans que cela soit inscrit dans la
loi, est-ce que le ministre ne pourrait pas y songer très
sérieusement?
M. TREMBLAY: Oui, d'une autre façon, sans que ce soit dit dans la
loi.
M. LEDUC: Parce que, si ma mémoire est bonne, on a demandé
pour plusieurs lois la rédaction de ces règlements...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est le sens de ma demande.
M. LEDUC: ... et la quasi-totalité des ministres ont consenti
à ce qu'ils soient soumis à...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela n'entrerait pas dans le projet de
loi.
M. LEDUC: ... la commission parlementaire sans que ce soit
nécessairement mentionné dans la loi.
M. L'ALLIER: Je suis d'accord que les règlements de l'office
soient soumis à la commission parlementaire, ce qui conserve quand
même à l'exécutif ou au lieutenant-gouverneur en conseil
son droit de les approuver ou de ne pas les approuver, uniquement pour
information...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'était le sens de ma demande.
M. L'ALLIER: C'est une espèce de dépôt
préalable, si vous voulez, d'une réglementation et je n'ai aucune
objection, comme cela se fait dans d'autres cas, à ce que cette
réglementation
soit connue afin qu'elle puisse si possible être
améliorée ou bonifiée par les membres de la commission,
avant d'être approuvée par le gouvernement. Je suis tout à
fait d'accord sur cela mais, de là à l'inscrire dans la loi, cela
figerait inutilement, je crois, parce que...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui.
M. L'ALLIER: ... il se produit des cas où, à un moment
donné, il faut procéder à un amendement rapide qui nous
est demandé par l'administration de Radio-Québec. Si,
obligatoirement, on devait attendre la reprise de la session, par exemple, cela
pourrait poser des problèmes. Ainsi donc, d'une façon très
générale, les règlements seront soumis et si, à un
moment donné, il nous fallait adopter des règlements sans avoir
le temps de les soumettre, je les soumettrais postérieurement, quitte
à ce moment-là à ce que le gouvernement soit
critiqué ou que le gouvernement modifie la réglementation
déjà approuvée.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'était le sens de ma proposition,
parce qu'évidemment il ne serait pas facile d'introduire cela dans un
texte de loi, cela ne cadrerait pas. Mais j'ai profité de cet article
pour faire cette demande au ministre qui, je le vois, à compris ce que
je désirais.
M. LEGER: M. le Président, en ce qui nous concerne, même si
nous sommes contre cette réglementation, si, par hasard, cette
règlementation était approuvée...
M. LEDUC: Commencez donc par connaître la réglementation
avant d'être contre.
M. LEGER: M. le Président, le député de Taillon n'a
rien compris de ce qui s'est passé depuix dix heures. On a dit justement
que ce ne sont pas des règlements précis, minutieux que nous
désirons, ce sont des principes généraux. Je pense que le
député de Taillon n'a pas saisi le sens de notre intervention.
Deuxièmement, même si nous sommes contre cette
règlementation, si, par hasard, la commission accepte qu'il y ait une
réglementation, le ministre lui-même aurait quand même le
pouvoir de le mettre dans la loi, mais il vient de nous dire qu'il ne le ferait
pas, on peut donc croire qu'avant que les règlements ne soient
adoptés, le ministre nous assure qu'il y aurait une convocation de la
commission parlementaire pour les étudier tout d'abord.
M. L'ALLIER: De façon générale, oui.
M. LE PRESIDENT: Article 6. Adopté. Article 7. Excusez, c'est
l'article 5 que nous adoptons, j'appelle l'article 6.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pour l'article 6, cela va. On a changé
le nom, le quorum est changé.
M. L'ALLIER: C'est cela.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Article 7, un instant, M. le Président.
C'est l'article 7 de votre projet de loi actuel. C'est de la concordance.
M. LE PRESIDENT: L'article 7 est biffé du projet de loi.
L'article 8.
M. LEGER : M. le Président, je pense que tout le problème
se retrouve à l'article 8. En ce qui nous concerne, à l'article
8, on fait une certaine charcuterie dans les articles de la loi
elle-même, 21, 22, a) b) c) et d), et cela a comme conséquence de
limiter les pouvoirs de radio-télédiffusion. En effet,
auparavant, la loi donnait à l'Office de radio-télévision
du Quebec un rôle non seulement de producteur de documents audio-visuels
mais aussi de coordonnateur de la production de tous les documents
audio-visuels pour fins éducatives. Elle lui donnait en plus un
rôle de conseil en ce domaine pour les organismes publics.
M. le Président, cette fonction de coordination et de
consultation est remise au ministère des Communications. Par cela,
l'office est étêté et on voit que son mandat est
réduit à des tâches de production, sous l'autorité
immédiate du ministre. C'est le ministre qui décide en
dernière analyse des documents qui pourront être produits et dans
quelles conditions ils pourront être diffusés. L'office devient
par ce bill un simple exécuteur technique des décisions prises au
ministère des Communications, dans le cadre de cette loi qui est
réformée, y compris les normes de production, de diffusion
à la diffusion, il y a peut-être des nuances à apporter
des conditions d'implantation et d'exploitation.
Par ce projet de loi et par l'article 8 en particulier,
Radio-Québec ne planifiera plus, c'est une de ses responsabilités
majeures, ne regroupera plus comme telle, ça va être le
ministère qui va le faire, et ne coordonnera pas et n'aura pas en
réalité d'autonomie réelle. C'est une atteinte directe
à la garantie du droit du citoyen à l'information libre,
puisqu'il remet l'autorité finale, en matière d'information pour
fins éducatives, au ministère des Communications.
En ce qui nous concerne, je l'ai dit tantôt, nous aurions
préféré que le ministère des Communications
établisse des principes généraux, des corridors
généraux d'action dans lesquels Radio-Québec aurait pu
fonctionner. M. le Président, l'article 8 dit ceci: "L'office a pour
objet d'établir, posséder et exploiter un service de production
et de documents audiovisuels et de radio-télédiffusion sous le
nom de Radio-Québec". Là, on amène l'article 22 a) qui
parlait des fonctions principales, on le ramène à l'article 21 en
ajoutant un mot de plus et c'est justement ces mots "de plus" à
la demande du ministre des Communications, il prépare pour des fins
éducatives, des documents audiovisuels et des émissions de
radiodiffusion et de
télédiffusion pour et en collaboration avec les autres
ministères ou les organismes qui relèvent du gouvernement.
Les mots "de plus" à la demande du ministère des
Communications, en ce qui nous concerne, sont de trop. En ce sens, ça
devrait être une responsabilité de Radio-Québec et nous
proposons d'apporter un sous-amendement à l'amendement du ministre pour
enlever "de plus, à la demande du ministre des Communications" et de
laisser l'article suivant: "Il prépare, pour des fins éducatives
des documents" que ça vienne de lui et qu'il ait la
responsabilité de le faire.
On enlève, à part cela, le 22 b) par cet article 8:
"Obtenir par achat, échange ou autrement et utiliser pour
l'exécution de ses fonctions visées au paragraphe a), des
documents audio-visuels ou autres, des droits d'auteur, marques de
commerce...
M. L'ALLIER: Relisez donc, l'article 22!
M. LEGER: ... brevets d'invention, permis ou concessions. Le ministre
pourra rectifier par la suite, s'il y a quelque chose... On enlève aussi
le 22 c) qui est une responsabilité précise...
M. L'ALLIER: Si le député me permet une
précision.
M. LEGER: ... pour que la commission soit réellement consciente
de ce qu'on enlève.
M. L'ALLIER: On n'enlève pas, précisément.
M. LEGER: On le garde au ministère, mais on ne le donne pas
à Radio-Québec comme autorité autonome.
M. L'ALLIER: L'article 22 du projet de loi 36 reproduit
intégralement...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Exactement.
M. L'ALLIER: ... le paragraphe b): "L'office peut obtenir par achat,
échange ou autrement..."
M. LEGER: Peut obtenir.
M. L'ALLIER: Oui. N'est pas obligé de se mettre à acheter
puis...
M. LEGER: Puis, l'article c) "Coordonner la production et la diffusion
des documents audio-visuels pour fins éducatives ainsi que l'acquisition
et l'utilisation d'un équipement nécessaire à la
production et à la diffusion de tels documents par les ministères
et services du gouvernement ainsi que par les organismes qui en
relèvent".
On enlève aussi le d): "De conseiller toute personne et tout
organisme qui n'est pas visé au paragraphe et qui reçoit une
subvention du gouvernement sur la production et la diffusion de documents
audio-visuels pour fins éducatives ainsi que sur l'acquisition et sur
l'utilisation d'un équipement nécessaire à la production
et à la diffusion de tels documents".
M. le Président, ce sont des responsabilités qui
étaient exclusives à Radio-Québec qui auraient pu lui
donner l'occasion d'avoir sa propre politique, à l'intérieur de
normes établies par le gouvernement. C'est la raison pour laquelle nous
nous opposons à cet article 21.
M. L'ALLIER: M. le Président, je vais me permettre de faire un
peu d'histoire pour le député de Lafontaine qui devient plus
conservateur qu'autre chose.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Plus catholique que le pape.
M. L'ALLIER: Il propose un sous-amendement à l'effet d'enlever
"de plus, à la demande du ministre des Communications".
Les amendements initiaux que nous avions proposés se lisaient
comme ceci: "A la demande du ministre des Communications, il prépare,
pour des fins éducatives, des documents audiovisuels et des
émissions de radiodiffusion et de télédiffusion en
collaboration avec les autres ministères."
Nous avons ajouté les deux petits mots "de plus",
précisément pour enlever cette ambiguïté qui avait,
à l'époque, été souligné, tant par les
membres de la commission que par les journalistes et les éditorialistes
qui disaient: Si cet amendement est adopté comme tel,
Radio-Québec ne pourra faire que ce que lui demande le ministre des
Communications.
En d'autres mots, on disait: Si vous laissez le deuxième
paragraphe de l'article 21 tel quel, on pourra interpréter la loi comme
imposant à Radio-Québec de ne faire que ce que le ministre des
Communications lui demande, parce qu'on disait: "A la demande du ministre des
Communications, il prépare..."
En ajoutant "de plus" à cet article, nous éclaircissons la
loi et nous précisons que Radio-Québec conserve son rôle
tel que défini à l'article 21, premier paragraphe, mais que le
ministre des Communications, pour fins de cohérence et de coordination
des besoins audio-visuels des différents ministères, pourra
demander à Radio-Québec de faire telle ou telle chose.
C'est à Radio-Québec et à son conseil
d'administration qu'il appartiendra de décider s'ils peuvent faire telle
ou telle chose. C'est ce conseil d'administration qui a la
responsabilité de la production, de la diffusion. Mais le ministre des
Communications pourra demander à Radio-Québec de faire telle ou
telle production, précisément et essentiellement pour coordonner
les différentes clientèles gouvernementales en matière de
production éducative et en
matière de production administrative, le cas
échéant.
Si le conseil d'administration ne croit pas que les demandes du ministre
des Communications entrent dans le champ des responsabilités de
Radio-Québec, c'est au conseil d'administration qu'il appartiendra d'en
décider. C'est prévu et c'est ainsi que la loi est faite. Donc,
nous ajoutons au potentiel de production de Radio-Québec,
essentiellement, en coordonnant la clientèle gouvernementale.
C'est également pour ça que, dans le même article,
pour éviter au sein de l'administration que les ministères ne
délèguent, d'une façon irréversible, leur
responsabilité en matière de besoins audio-visuels, nous avons
ajouté: "Pour et en collaboration avec les autres ministères." Ce
sont donc essentiellement des rôles de coordination et de
cohérence qui sont accordés ici au ministre des Communications,
à l'égard de Radio-Québec, qui n'aura plus à faire
cette navette entre les 21 ou 22 ministères et entre tous les organismes
du gouvernement.
C'est la responsabilité première d'un ministère des
Communications que de coordonner précisément les besoins, en
communications, des organismes. Cela vient s'ajouter au rôle de
Radio-Québec; ça n'enlève rien à l'autonomie de son
conseil d'administration. Par ailleurs, le paragraphe b) de l'article 22 n'est
pas retranché, comme je l'ai dit.
Quant aux paragraphes c) et d) de la Loi de Radio-Québec,
à l'article 22, lorsqu'on dit que Radio-Québec avait initialement
le rôle de coordonner la production, etc., et de conseiller toute
personne, il faut se replacer dans le contexte de l'époque. Il
n'existait, à ce moment-là, aucun ministère des
Communications. C'était à Radio-Québec que revenait, et
à mon avis d'une façon essentiellement transitoire, la
responsabilité de cette coordination générale de la
production et de la diffusion de documents audio-visuels.
Maintenant qu'il existe un ministère des Communications, à
moins que l'on ne veuille le remettre en cause, à moins que l'on ne
veuille lui enlever la responsabilité qui lui est reconnue par sa loi,
par la loi qui l'a créé, c'est essentiellement au
ministère des Communications qu'il appartient de jouer ce rôle de
coordonnateur et de conseiller. Et les dispositions qui sont prévues
dans ces paragraphes c) et d) se retrouvent à l'article 2, paragraphe 2
g) et 2 h) du bill 37. C'est donc un transfert de responsabilité et
cette responsabilité de coordination et de conseil est essentiellement
une responsabilité du ministère des Communications, parce que le
ministère des Communications doit assumer cette responsabilité,
non pas seulement dans le domaine de l'audio-visuel éducatif, mais dans
le domaine de l'ensemble des besoins de l'administration en matière
audio-visuelle et en matière de communication.
Donc, pour éviter le double emploi, pour éviter la
concurrence, pour éviter les structures inutiles, il faut, à un
moment donné, dans la mesure où on a créé un
ministère des Communications, lui donner la responsabilité
globale des besoins administratifs, audio-visuels et inclure dans cela, pour
qu'il puisse traiter d'égal à égal avec le
ministère de l'Education par exemple, le rôle de coordinateur et
de conseil.
C'est essentiellement le but de cet amendement et je ne vois pas
pourquoi, parce que la Loi de Radio-Québec est modifiée sur ce
point, on enlève â l'essence même de Radio-Québec qui
est inscrite dans l'article 21 : "Radio-Québec a pour objet
d'établir, de posséder et d'exploiter un service de production de
documents audio-visuels et de radio-télédiffusion sous le nom de
Radio-Québec" ... C'est ça le mandat de Radio-Québec.
Radio-Québec a assumé la coordination et la fonction de
conseil, parce qu'il n'y avait pas de ministère des Communications et
c'était normal à l'époque. On a créé un
ministère des Communications, c'est â lui d'assumer la
responsabilité de coordination et de conseil, à mon avis, et
c'est l'objectif recherché par le gouvernement.
M. LEGER: M. le Président, je m'oppose à l'article 8, au
paragraphe ajouté qui dit: "De plus, à la demande du ministre..."
Cela veut dire que l'office ne le fera qu'à la demande du ministre.
M. L'ALLIER: Non, "de plus" ne veut pas dire "ne le fera qu'à la
demande"; c'est précisément le sens de l'amendement.
M. LEGER: "De plus, à la demande...", je pense que si le ministre
ne le demande pas, nécessairement ça ne veut pas dire que
l'office peut le faire. C'est à la demande du ministre qu'il va faire
ça. Et justement, à la demande du ministre, ça veut dire
que l'office ou Radio-Québec comme telle aurait des difficultés
de planification générale, puisqu'elle doit attendre que le
ministre intervienne.
M. le Président, je réfère le ministre
à...
M. L'ALLIER: M. le Président...
M. LEGER: ... un article du président directeur
général de Radio-Québec, M. Yves Labonté, pour qui
le domaine de la planification pour Radio-Québec, d'une façon
autonome, est important. A un passage il dit, et je cite: "Mais la
difficulté principale à cet égard tient au fait que
Radio-Québec n'est pas en mesure de planifier ses productions et
d'étaler ainsi ses opérations de façon convenable". Ce que
nous proposons au ministre, c'est que le ministère établisse sa
politique des communications, qu'il le montre par des principes
généraux de fonctionnement de sa politique et qu'il laisse
l'organisme Radio-Québec, d'une façon autonome, planifier son
travail et réaliser cela.
M. L'ALLIER: M. le Président...
M. LEGER: La raison pour laquelle nous craignons tellement cela, c'est
que nous jugeons qu'il y a un danger énorme de laisser une série
de fonctionnaires en dehors de Radio-Québec établir quelle est
cette partie de politique qui doit être faite par un organisme qui a la
responsabilité précise. Je réfère justement le
ministre, qui a certainement lu l'ordonnance de la régie alors que des
fonctionnaires de son ministère sont venus et ont même
été appelés par des personnes de la régie...
M. L'ALLIER: Je m'excuse, j'invoque le règlement. Sur un point de
règlement, M. le Président.
M. LEGER: ... qu'il y a même eu des fonctionnaires qui sont
entrés en...
M. L'ALLIER: Sur un point de règlement, M. le
Président.
M. LEGER: ... concurrence lorsqu'il s'est agi pour la régie de
prendre une décision.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A l'ordre! M. L'ALLIER: Sur un point de
règlement. M. LEGER: Je ne puis pas faire confiance...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Sur un point de règlement.
M. LEGER: ... parce que justement Radio-Québec, c'est sa
responsabilité.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A l'ordre, M. le Président !
M. LEDUC: Il y a un point de règlement de soulevé, M. le
Président.
M. L'ALLIER: L'ordonnance rendue par la régie n'a rien à
voir de près ou de loin, ni analogiquement ni autrement, avec le projet
de loi que nous étudions maintenant. J'ai répondu à une
question en Chambre là-dessus. J'aurai l'occasion de fournir plus de
renseignements lorsque nous aurons terminé l'étude de cette
ordonnance, que je ne mets pas en cause comme telle et que je veux cependant
étudier à fond avec le conseil des spécialistes
compétents. Cela n'a rien à voir avec la loi que nous
étudions maintenant. Lorsque le député dit que le
président directeur général de Radio-Québec se
plaint de ne pouvoir planifier précisément parce qu'il ne peut
compter avec certitude sur la clientèle gouvernementale, c'est
précisément ce que nous voulons tenter de corriger en faisant en
sorte que le ministère des Communications coordonne cette
clientèle gouvernementale, alors que maintenant Radio-Québec doit
attendre les commandites des différents ministères sans aucune
autre coordination.
Il est soumis au calendrier du ministère de l'Education,
éventuellement de ceux des autres ministères sans avoir aucun
rapport direct et d'égal à égal, à cause de son
autonomie, avec ces ministères. C'est le ministère des
Communications maintenant qui, avec cette loi, pourra, avec le ministère
de l'Education et les autres ministères éventuellement
intéressés, faire la planification au niveau du ministère
et présenter une clientèle globale à
Radio-Québec.
Radio-Québec pourra toujours planifier. Radio-Québec peut
planifier et doit planifier, mais à partir d'une clientèle
globale, clientèle qui est actuellement balkanisée. C'est pour
ça que nous disons que c'est à la demande du ministre des
Communications et non pas à la demande du ministre de l'Education ou de
n'importe quel membre de l'Exécutif. C'est le but de cet amendement.
M. LAURIN: M. le Président, c'est peut-être très
clair dans l'idée du ministre, ce qu'il entend faire. J'ai suivi avec
intérêt cet échange, mais il nous semble qu'il demeure
quand même, aussi bien dans les propos que dans les intentions, une
certaine ambiguïté.
J'ai surtout suivi les échanges qui viennent de se poursuivre. Il
demeure, à mon avis, une certaine ambiguïté pour ne pas dire
une certaine contradiction. Je suis bien d'accord avec le ministre que, lorsque
la Loi de Radio-Québec a été adoptée, le
ministère des Communications n'existait pas. La loi constitutive du
ministère des Communications ne pouvait donc avoir une suite et il
importe, en effet, d'adapter les structures d'un office qui a été
bâti avant le ministère au rôle de ce nouveau
ministère.
Il reste que, dans les explications que vous donniez tout à
l'heure, M. le ministre, vous disiez que même si Radio-Québec
reçoit des demandes venant de plusieurs ministères, soit
séparément ou soit en bloc, comme vous venez de le dire, selon
vous, il reste au conseil d'administration de Radio-Québec d'accepter ou
de ne pas accepter les commandites qui lui sont faites. En somme, c'est un
droit de veto ou c'est un droit de regard qui s'exerce consécutivement
aux demandes qui lui sont faites, et il a droit de rejeter ou d'accepter un
certain nombre de ces projets. Vous l'avez bien dit dans la première
partie de votre intervention.
Cependant, dans la deuxième, lorsque vous avez défendu
votre: "de plus, le ministère demande", graduellement, vous en
êtes arrivé à exiger pour le ministère des
Communications un rôle de plus en plus extensif de coordination, et vous
avez énuméré les difficultés auxquelles on peut se
heurter quand le ministère des Communications n'exerce pas ce rôle
de coordination.
A la fin de votre exposé, vous revendiquiez pour le
ministère un rôle de coordination tel qu'il équivalait
à une sorte de mise en tutelle du conseil d'administration de
Radio-Québec. Donc, ce que vous concédiez dans un premier
moment, comme rôle de coordonnateur, au conseil d'administration
de l'office de Radio-Québec, dans un deuxième temps, dans un
deuxième mouvement, lorsque vous parliez du ministère, vous le
réduisiez considérablement pour ne pas dire que vous
l'abolissiez. Vous justifIlez cela en disant que le temps est venu
d'éviter tout double emploi, toute concurrence indue, qu'il faut qu'il y
ait un organisme supérieur, en l'occurrence le ministère, qui
planifie à l'échelle du Québec toute production de
documents audio-visuels, que ce soit pour fins éducatives ou pour toute
autre fin.
Il me semble donc que même si c'est clair dans votre tête,
ce n'est pas clair dans les articles que nous avons et ce n'est pas clair
même dans les esprits de ceux qui vous écoutent et qui voudraient
bien que ce ministère des Communications exécute les fonctions
nouvelles que les circonstances exigent. Il me semble que vous devriez,
à tout le moins, éclairer, spécifier davantage vos
intentions par des amendements, par des textes de loi qui resteront une fois
que toutes ces discussions seront terminées, amendements auxquels on
devra se référer justement pour connaître la politique
claire, précise, aussi bien du ministère des Communications que
celle de Radio-Québec.
Et là, je vous rappelle ce que le congrès de votre parti
énonçait en 1970, cela ne fait pas tellement longtemps; le
ministère des Communications existait à ce moment. En 1970, le
programme de votre parti disait que Radio-Québec devait planifier,
devait regrouper, devrait coordonner.
Vous avez dit tout à l'heure qu'il lui reste quand même une
fonction de planification. C'est possible, mais le ministère des
Communications a une fonction de planification telle qu'elle vient assombrir,
qu'elle vient s'étaler et recouvrir la fonction de planification de
l'office de Radio-Québec. Et la même chose pour la coordination et
le regroupement.
Il y a donc là deux organismes qui doivent tous les deux
planifier, regrouper, coordonner, mais il y a une sorte d'étagement, une
sorte d'articulation de ces fonctions qui ne m'apparaît pas dans les
articles du projet de loi. Ou ces articles sont trop brefs, ou on a voulu
être trop concis, ou encore il y a des points obscurs qui demeurent et
qui ne sont pas éclaircis.
J'aimerais beaucoup que le ministre éclaire davantage notre
lanterne là-dessus d'une part et, si possible, qu'il apporte un autre
amendement qui rendrait la chose beaucoup plus claire qu'elle ne me
paraît à la simple lecture des articles.
M. LE PRESIDENT: Le député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'ai bien compris ce
que vient d'exprimer le député de Bourget. Je crois que ce sont
des inquiétudes légitimes. Maintenant, les pouvoirs de l'office
sont définis: L'office a pour objet d'établir, posséder,
exploiter un service de production de documents audio-visuels,
radio-télédiffusion, etc. Il arrive une chose et je pense que
c'est ce que le ministre a voulu dire et je voudrais avoir des renseignements
moi aussi du ministre à ce sujet-là. Il arrive ceci et je
parle d'expérience, me référant à l'Office du film
du Québec que la plupart des ministères passent des
commandes. A l'heure actuelle, il n'était pas possible d'établir
une coordination afin de savoir quelle pouvait être la masse de
production exigée de l'Office du film, par exemple, ou de l'ORTQ par les
divers ministères du gouvernement. Le ministre semble nous dire
il nous l'expliquera plus en détails que c'est le
ministère des Communications qui va faire l'examen des demandes des
divers ministères qui veulent passer des commandes soit à
l'Office du film, soit à l'ORTQ. J'aimerais savoir si le ministre estime
que les dispositions du projet de loi que nous étudions actuellement
limitent les pouvoirs de Radio-Québec dans ce domaine de coordination ou
si le ministre entend plutôt réserver au ministère des
Communications le droit, le privilège de coordonner cet ensemble de
demandes qui proviennent des divers ministères pour ensuite les
remettre, le cas échéant, à l'ORTQ. Moi aussi, comme le
député de Bourget, j'ai des doutes à ce sujet-là et
il m'apparaît que cette coordination qui serait précisée
dans la Loi du ministère des Communications n'est pas raccrochée
à la Loi de l'ORTQ, de sorte que je me pose la question suivante: A quel
niveau exactement vont se retrouver les personnes qui doivent coordonner les
deux activités dont nous discutons?
M. L'ALLIER: Les questions sont extrêmement pertinentes et je vais
tenter d'y répondre le plus clairement possible. On craint, en fait, par
le rôle de coordination qui est celui du ministre des Communications tel
qu'indiqué aux amendements, que Radio-Québec perde son autonomie
de planifier et de développer ses grandes politiques. Sur ce point, je
dois revenir à l'amendement proposé à l'article 1 du bill
35 et qui modifie l'article 7 de la Loi de Radio-Québec, deuxième
paragraphe.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous parlez de la loi 35?
M. L'ALLIER: De la loi 36, pardon. Dans la loi 36, l'article 7, que nous
avons déjà adopté, comporte au deuxième paragraphe
nous sommes peut-être passés un peu rapidement
là-dessus une précision qui n'existait pas dans la loi
antérieure comme telle et qui est la suivante, lorsqu'on dit : Le
président directeur général est responsable de
l'administration courante des affaires de l'office dans le cadre de la
politique de production, de distribution et de diffusion de documents
audio-visuels déterminée par le conseil d'administration. On
précise ici que
c'est le conseil d'administration qui détermine la politique de
production, de distribution et de diffusion de documents audio-visuels. Ce
n'est pas le ministère. C'est à cet article, en fait, que je fais
référence lorsque je dis: Ultimement, c'est toujours le conseil
d'administration qui décidera si telle ou telle demande faite par le
ministre des Communications est acceptable et se situe dans la politique de
production, de distribution et de diffusion de documents audio-visuels. En
d'autres mots, jusqu'ici, Radio-Québec traitait directement avec
l'ensemble des ministères du gouvernement pour tous les documents
à fins éducatives. Les plaintes formulées par
Radio-Québec sont à l'effet qu'il lui est absolument impossible
de planifier, de développer sa planification et de bien investir ses
fonds, parce qu'elle ne peut compter sur des commandites certaines et que les
ministères se décommandent à la dernière minute et,
après avoir bloqué du temps de production, décident par un
changement dans leur propre budget que cette production n'est plus
nécessaire.
Radio-Québec qui a bloqué du personnel, qui a
bloqué des salles, qui a pris des dispositions, se retrouve devant rien
et doit assumer sur le plan budgétaire les blâmes et les critiques
de fonds qui ne sont pas utilisés, mais parce que la décision
était à l'extérieur de Radio-Québec, donc dans les
ministères.
Ce rôle, cette responsabilité du conseil d'administration
pour la détermination de la politique de production est ce qui prime
tout à Radio-Québec. Lorsque le ministre des Communications
intervient ici par les amendements, c'est essentiellement pour coordonner les
commandites en matière éducative et en matière
administrative. Ce sont les commandes qui viennent des ministères pour
fins administratives en matière audio-visuelle. Cette coordination se
fera entre le ministère des Communications et les différents
ministères ou, éventuellement, les différents organismes
qui tombent sous le coup de la loi.
Cette coordination étant faite, c'est là que se situe le
rôle du ministère et pas au-delà; de sorte que, lorsque tel
ministère a besoin de tel document, il adresse sa demande au
ministère des Communications qui voit si le document demandé par
les Richesses naturelles est complémentaire ou fait double emploi avec
celui qui est demandé deux semaines auparavant par le ministère
de l'Agriculture, par exemple. Nous allons avec les différents
ministères imposer des calendriers de travail qui sont conformes aux
besoins de production de Radio-Québec, suivant ce que
Radio-Québec aura défini dans sa politique de production. Nous
allons dire aux différents ministères: Si vous voulez un document
audio-visuel de telle nature, il faut le demander tant de temps à
l'avance; il faut avoir telle et telle exigence, telle et telle contrainte.
Donc, le problème de Radio-Québec était le suivant:
Radio-Québec n'était pas et n'est pas pour les ministères
un interlocuteur valable, en ce sens que Radio-Québec comme telle n'est
pas au conseil des ministres, n'est pas au Conseil du trésor, n'est pas
dans les ministères.
Le ministère des Communications, dans les ministères, par
les directions de communication, au niveau du Conseil du trésor et au
niveau du conseil des ministres peut jouer ce rôle de coordination. Le
bloc de commandes gouvernementales passe par le ministère des
Communications. Une fois une demande coordonnée par le ministère
des Communications, les rapports directs s'établissent entre
Radio-Québec et le ministère intéressé, parce que
c'est la façon la plus efficace de faire les choses. Nous voulons aider
en ce sens Radio-Québec qui, jusqu'ici, n'a aucun moyen d'exiger ou de
faire en sorte que les ministères se coordonnent, que les
ministères se soumettent à certaines normes techniques dans les
calendriers de production. Radio-Québec devait se contenter d'attendre
les commandites. Si les commandites arrivaient tardivement ou étaient
annulées, Radio-Québec ne pouvait rien faire que d'inscrire un
déficit à son budget à tel ou tel article
budgétaire. C'est le but que nous recherchons et il n'y en a pas
d'autre.
Pour ce qui est de la production administrative, il appartiendra
à Radio-Québec de déterminer si elle est conforme ou non
à sa politique. Nous allons offrir de la même façon
à l'Office du film ou à Radio-Québec... Dans la mesure
où c'est administratif, c'est davantage l'Office du film que
Radio-Québec si ce n'est pas un document éducatif; c'est dans la
Loi de Radio-Québec. A ce moment, ce rôle de coordination n'a pas
de répercussion sur l'Office du film comme tel, sur l'entreprise du
cinéma ou sur Radio-Québec. C'est tout simplement un effort de
cohérence à l'intérieur même de la clientèle
gouvernementale, cohérence qui n'existe à peu près pas
maintenant, chaque ministère pouvant commander à gauche et
à droite ce dont il a besoin.
En même temps, nous ne voulons pas enlever aux différents
ministères la responsabilité de clients qu'ils ont face à
un document audiovisuel dont ils ont besoin. C'est le ministère qui, en
définitive, décidera si oui ou non, compte tenu des exigences que
nous pourrons lui souligner, compte tenu des contraintes que nous pourrons lui
souligner, c'est vraiment tel ou tel document dont il a besoin.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le ministre, une fois cette coordination
faite à l'intérieur du gouvernement et impliquant les divers
ministères, il y a un paquet de commandes qui peuvent être
passées. Par quel mécanisme précis allez-vous raccrocher
ça à Radio-Québec? Par quel moyen allez-vous passer les
commandes? Qu'est-ce qui, dans la Loi du ministère des Communications
vous permettra de dire: Voilà nous avons coordonné et nous avons
une masse de commandes qui nous est présentée par les divers
ministères et que nous avons acceptée et
maintenant nous demandons, soit à l'Office du film, soit à
Radio-Québec de les exécuter? Qu'est-ce qui, dans la Loi du
ministère des Communications, va vous permettra de faire cela?
Je pense que c'est là une partie de l'inquiétude du
député de Bourget comme de la mienne, c'est de savoir à
quel moment précis et par quel mécanisme va se faire cette
coordination entre l'ORTQ et le ministère des communications, une fois
établie, cette politique d'ensemble de production pour une année
X et qui peut représenter quand même une masse importante de
production.
M. L'ALLIER: On retrouve cela dans la loi 37, M. le Président,
à l'article 2 où on dit, paragraphe g) qui donne au
ministère des Communications ce pouvoir de coordonner la production,
l'acquisition et la diffusion de documents audio-visuels par les
ministères du gouvernement et organismes.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A quel article vous
référez-vous?
M. L'ALLIER: Le sous-paragraphe b)
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Du nouveau projet de loi 37?
M. L'ALLIER: C'est cela.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Article 2, paragraphe g).
M. LAURIN: Du nouveau projet? M. L'ALLIER: Sous-paragraphe g).
M. TREMBLAY (Chicoutimi): "Coordonner la production, l'acquisition et la
diffusion de documents audio-visuels ainsi que l'acquisition et l'utilisation
des documents nécessaires à ces fins..."
M. L'ALLIER: "Par les ministères du gouvernement..."
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Cela règle une partie du
problème; cela règle la question de la coordination de la
production à l'intérieur des divers ministères.
M. L'ALLIER: Exact.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais il reste encore un point à
élucider, c'est le suivant. Une fois que cette coordination sera faite,
de quelle façon et par quel mécanisme allez-vous passer la
commande, coordonner, si je puis m'exprimer ainsi, à l'ORTQ.
M. L'ALLIER: A ce moment-là, ce sont les rapports administratifs
qui s'établiront et qui seront définis conjointement avec l'ORTQ
et éventuellement avec le ministère des Affaires culturelles pour
ce qui est de l'Office du film ou directement avec l'Office du film si le
ministère des Affaires culturelles en convient. Ce sont des
mécanismes qui sont à être établis conjointement
avec ces organismes, ce sont des mécanismes de travail. D'une part, la
Loi de Radio-Québec, en plus de la production et sans entraver le
rôle du conseil d'administration, comme je l'ai souligné à
l'article 7, et d'autre part la loi du ministère nous donnent
auprès des ministères ce pouvoir de coordination. Pour ce qui est
du fonctionnement par la suite entre le ministère des Communications et
les différents organismes de production, ce sont essentiellement des
règles de procédure dont nous devons convenir ensemble et qui
pourront se retrouver dans la réglementation ou autrement mais dont nous
pourrons convenir comme cela existe déjà. D'ailleurs on a des
exemples de cela dans le passé, dans un passé récent.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, il n'y a rien, M. le
Président, d'impératif là-dedans et cela reste sujet au
bon ou au mauvais fonctionnement de ces mécanismes de coordination que
sont en réalité des comtiés interministériels et
Dieu sait si les comités interministériels présentent des
problèmes.
M. L'ALLIER: C'est une liaison directe, le ministère des
Communications devient le client principal aux fins des ministères de
Radio-Québec, pour fins éducatives et, à ce
moment-là, c'est un rapport de client à producteur qui devrait
s'établir entre le ministère des Communications et
Radio-Québec. C'est entendu que le ministère client directement
intéressé sera partie à ces discussions mais nous assumons
la discipline interne du gouvernement par rapport à
Radio-Québec.
M. LAURIN: M. le Président, dans les échanges très
intéressants qui viennent d'avoir lieu entre le ministre et le
député de Chicoutimi, il devient de plus en plus évident
que le ministère des Communications devient une sorte de cour' roie de
transmission en même temps qu'une chambre de compensation,
d'équilibre des demandes. Ma première remarque, c'est que cela a
pris beaucoup de temps au ministre pour expliquer cette politique et il a
été obligé de se référer à deux,
trois projets de loi. Il me semble que c'est un défaut d'un projet de
loi d'être à ce point peu clair qu'on soit obligé de
l'expliquer par d'autres.
M. L'ALLIER: Cela peut être le défaut du ministre
aussi.
M. LAURIN: Non. Je serais tenté de dire et répéter
une remarque de Vaugelas: Si cela va... je ne me rappelle plus de l'expression
exacte.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Si cela va sans le dire ça irait
beaucoup mieux en le disant.
M. LAURIN : Si cela va sans le dire, cela irait beaucoup mieux en le
disant. C'est la raison pour laquelle je demandais au ministre tout à
l'heure de clarifier davantage de façon à éviter les
quiproquos, les équivoques, les explications que vous venez de nous
donner mais que le législateur ne pourra plus donner une fois que la loi
sera adoptée.
M. L'ALLIER: Je comprends, je suis tout à fait conscient de la
complexité de cette loi qui est d'ailleurs reconnue par tous ceux qui
l'ont regardée, mais je ne vois pas comment on pourrait simplifier.
C'est qu'en même temps, nous avons à atteindre plusieurs
objectifs. Je suis aussi conscient qu'on aurait peut-être pu y arriver
par une espèce de loi globale et entièrement nouvelle de tout le
secteur des communications, ce que nous ne sommes pas prêts à
faire et nous ne sommes pas équipés pour le faire rapidement. Il
nous faut en même temps essayer d'en arriver à établir le
rôle du ministère des Communications, par rapport à
l'ensemble des ministères, donc un rôle de coordination et de
cohérence, d'économie aussi dans la production et de
qualité et tout ça, tout en sauvegardant, tout en
appréciant l'autonomie des organismes de production. D'autant plus que
Radio-Québec a aussi non seulement une vocation de production, mais
éventuellement une responsabilité de diffusion, tout en
respectant également le rôle de l'Office du film, la
responsabilité du ministère de l'Education en éducation.
Aurons-nous à Radio-Québec un ministère de l'Education
parallèle? C'est la préoccupation des gens de l'éducation.
La préoccupation à Radio-Québec est celle de savoir si
nous aurons au ministère de l'Education un office de production
parallèle et de diffusion parallèle. C'est à
l'intérieur de tout cela qu'il faut essayer de naviguer. Je comprends
que c'est complexe et je m'excuse, pour ma part, de ne pouvoir et de n'avoir
pu, depuis le début, l'expliquer très clairement, parce que c'est
complexe en soi. Il y a des choses qui sont complexes, notamment dans les
communications.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre me permettrait de lui
poser une question en me référant justement à l'article 2
du projet de loi 37, paragraphe "g) de b)? Est-ce que le ministre ne pourrait
pas envisager je le lui suggère tout de suite de proposer
un amendement "coordonner la production, l'acquisition et la diffusion
de documents audio-visuels ainsi que l'acquisition et l'utilisation de
l'équipement nécessaire à ces fins par les
ministères du gouvernement et les organismes publics," c'est ce que dit
le paragraphe "g"? Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu lorsque nous
étudierons ce projet de loi de mettre ici "coordonner avec l'ORTQ? "
Enfin, une formule qui nous permettrait de nous raccrocher légalement
à l'ORTQ.
M. LAURIN: Je souscris tout à fait à la proposition du
député de Chicoutimi.
M. LE PRESIDENT: Un instant. Le député de
l'Assomption.
M. PERREAULT: J'ai écouté tout ce qui s'est dit et je
pense que ce qu'on a dit au point de vue de la liaison, ce qu'on mentionne
actuellement, ce sont des mécanismes d'administration. Je ne crois pas
qu'il soit utile, au point de vue de l'efficacité gouvernementale,
d'inclure des mécanismes administratifs dans la législation
à ce moment-ci, parce que ce sont des mécanismes à
être rodés, qui peuvent être changés souvent au jour
le jour, pour les rendre plus efficaces. On ne peut pas mettre ça dans
la loi.
M. LAURIN: M. le Président, autant je souscris à la
proposition du député de Chicoutimi, autant je m'oppose
énergiquement aux propos du député de l'Assomption.
M. PERREAULT: J'ai été dans l'industrie, c'est pour
ça que j'en parle.
M. LAURIN: C'est précisément l'objet d'un projet de loi de
tracer de grands corridors et de ne pas se fier à des règlements
pour baliser ces corridors. On se rend compte que c'est quand une loi n'est pas
assez claire ou est ambiguë ou est confuse qu'on est obligé
d'adopter des règlements extensifs très complexes...
M. L'ALLIER: Oui.
M. LAURIN: ... et qui causent beaucoup plus de difficultés
justement parce que l'intention du législateur, telle que
manifestée dans le projet de loi, n'est pas claire, est ambiguë.
Moi, je déteste qu'on ait à corriger une loi par des
règlements qui doivent toujours être complexes et étendus.
C'est la raison pour laquelle je préfère la suggestion du
député de, Chicoutimi de rendre la loi beaucoup plus claire.
M. L'ALLIER: Oui, mais tout en la rendant plus claire, on risque de la
rendre beaucoup plus compliquée. J'ai étudié la
proposition du député de Chicoutimi que nous pourrons voir
lorsque nous serons au projet de loi 37, bien que le temps passe très
rapidement. Je peux répondre tout de suite rapidement
là-dessus.
Dans le projet de loi 37, il est question de production, d'acquisition
et de diffusion de documents audio-visuels sans restriction à
l'éducatif. De sorte que si, à ce moment-là, on implique
Radio-Québec en disant: En coordination avec Radio-Québec, on
oblige par une autre loi Radio-Québec à déborder du cadre
de
sa loi initiale, qui est le domaine de l'Education. Il faudrait dire: En
coordination avec Radio-Québec, pour ce qui est des documents
éducatifs. On pourrait peut-être étudier quelque chose
comme ça, ce qui serait probablement une redondance avec une autre loi.
Je vais voir si c'est possible de le faire et si c'est nécessaire de le
faire.
Deuxièmement, je souligne que c'est également à ce
sous-paragraphe g) que le ministre des Affaires culturelles et moi-même
avons proposé un amendement pour préciser que c'était sous
réserve de l'article 23 a) de la Loi des affaires culturelles,
protégeant ainsi la responsabilité de l'Office du film en
matière de documents qui ne sont pas éducatifs. Parce que
l'article 23 a) dit que: "L'ensemble de la documentation autre que les
documents éducatifs sont la responsabilité de l'Office du
film."
Donc, nous avons déjà proposé cette
précision qui, à mon avis, n'ajoute rien à la loi.
Je vais vérifier si c'est possible de le faire, mais je ne crois
pas que ce soit nécessaire. Si, cependant, on en arrive à la
conclusion que c'est utile, on pourrait toujours le dire.
M. LAURIN: J'ai aussi une autre inquiétude, M. le
Président. Il est évident, par tous les propos que le ministre
vient de tenir, qu'il veut limiter la fonction du ministère des
Communications à une fonction de transmission, de convergence, de
cohérence dans les demandes. Mais le ministre ne doit quand même
pas oublier que ces demandes, ces commandites qui sont adressées
à Radio-Québec viendront d'un ministère, avec tout le
poids, tout le prestige que cela comporte et aussi avec tous les
soupçons que n'importe quel citoyen peut avoir sur le rôle d'un
gouvernement qui, tantôt est le gouvernement, tantôt est
partisan.
Cela fait partie de la nature humaine, on ne peut pas éviter
ça. QueEe est la réaction d'un conseil d'administration à
qui on laisse un certain rôle de coordination, de planification, quand il
se trouve devant une demande massive d'un ministère des Communications
dont la portée budgétaire peut être telle que ça
correspond à la partie essentielle de son budget?
Est-ce que le conseil d'administration de Radio-Québec se trouve
vraiment libre de refuser? Est-ce que le conseil d'administration se trouve
vraiment libre de modifier, d'une façon substantielle, la commandite qui
lui est venue? A ce moment-là, pour des fins politiques, pour des fins
partisanes ou simplement pour éviter le pire, est-ce qu'un conseil comme
celui de Radio-Québec ne se trouve pas à avoir la main
forcée, jusqu'à un certain point, par un organisme politique?
On a parlé en deuxième lecture de ça et le ministre
nous a rassurés à ce moment-là en plaidant de ses bonnes
intentions, ce dont d'ailleurs je ne doute pas. Mais il y a quand même le
poids de l'organisme politique qu'on ne peut pas sous-estimer, et je pense
qu'il faudrait prendre garde et s'assurer, dans cette loi-là, que ces
influences implicites n'aient pas la chance de s'exercer.
M. L'ALLIER: J'aimerais souligner ici, à l'intention du leader
parlementaire du Parti québécois, que, depuis un an et de plus en
plus, Radio-Québec procède par imputations. C'est-à-dire
qu'un ministère qui passe une commande doit en assumer les frais, ce qui
va réellement nous permettre de faire porter la responsabilité
d'une production sur le client. De la sorte, de cette façon, si nous
pouvons établir cette règle d'une façon absolue, nous en
arrivons à protéger à la fois le conseil d'administration,
à déterminer, au niveau de l'acceptation budgétaire, le
volume exact de ce qui peut être sui generis à
Radio-Québec, ce qui est une décision globale politique.
Nous en arrivons également à faire en sorte que les
ministères, s'ils veulent véritablement avoir beaucoup de
documents audio-visuels, auront à payer pour ce qu'ils veulent utiliser
et qu'ils auront à défendre eux-mêmes, au moment de
l'étude de leur budget, les éléments qui comportent de
telles productions.
M. LAURIN: Je vous pose quand même ma question, M. le ministre.
Supposons que le gouvernement accorde à Radio-Québec, pour une
année, un montant de X millions, que, conformément à sa
loi constitutive, Radio-Québec planifie ses activités pour
l'année courante. A la lumière des besoins du Québec, nous
voudrions faire ceci, de notre propre chef, motu proprio; nous voudrions
entreprendre la production de tel ou tel document, et que, par la suite, le
ministère des Communications ayant bloqué les commandites, les
demandes de tous les ministères, lui demande de s'occuper de produire
tel ou tel film. Pensez-vous que si Radio-Québec est très
occupée à remplir les commandites venant du ministère, il
peut lui rester beaucoup de temps, d'énergie, de personnel pour
s'occuper de sa propre planification, qui peut répondre à des
impératifs différents?
M. L'ALLIER: Radio-Québec, ce n'est pas...
M. LAURIN: C'est un peu cette crainte que j'ai de la concurrence...
M. L'ALLIER: Radio-Québec n'est pas un projet d'initiative
locale. C'est-à-dire que ça doit s'inscrire dans une
planification et dans des priorités en matière de
communications.
M. LEGER: Qu'il n'aura pas.
M. L'ALLIER: Comment, qu'il n'aura pas?
M. LEGER: C'est le ministère qui aura le droit de planifier, non
pas...
M. L'ALLIER: Si on procède comme on a
commencé à le faire cette année, par imputation
budgétaire, et si le ministère de l'Education veut pour $2.5
millions de productions et qu'il doit les prendre à même son
propre budget de Radio-Québec, qui est conçu comme un budget de
Radio-Québec, c'est quand même une décision
gouvernementale. Le gouvernement pourra décider que, si tout se fait par
imputation, on accorde à Radio-Québec uniquement des frais
d'administration et des frais de fonctionnement stricts ou qu'on accorde
à Radio-Québec $500,000 ou $1 million pour de la production sui
generis, ce qui n'est lié à aucune priorité d'aucun
ministère.
C'est une décision qui se prend au niveau du budget et qui se
plaide par un gouvernement au niveau du budget. Il ne s'agit pas de choisir
arbitrairement un montant de $3 millions, $4 millions ou $5 millions et de le
mettre à Radio-Québec en disant que peut-être, ça va
servir à de la production commanditée par des ministères,
peut-être ça va servir à autre chose. Il faut en arriver
à préciser les intentions du gouvernement et ça se
traduira au niveau du budget, pas autrement.
Actuellement, Radio-Québec a un budget parce que, depuis le
début, à toutes fins pratiques, sauf pour une partie de la
dernière année, on ne procédait pas par imputation
budgétaire. Donc, Radio-Québec faisait le tour des
ministères, voyait avec les ministères qu'elles étaient
les commandes possibles, préparait un projet de budget qui était
approuvé. Et si on avait prévu $2 millions pour la production du
ministère de l'Education et que le ministère de l'Education, en
cours de route, changeait d'idée ni le ministère de l'Education
ni Radio-Québec, à toutes fins pratiques, ne pouvait utiliser ces
sommes. Le ministère de l'Education, parce que ce n'était pas
à son budget; Radio-Québec, parce qu'elle avait planifié
pour l'utilisation aux fins du ministère.
Il faut en arriver le plus rapidement possible à donner à
Radio-Québec un budget conforme à la décision politique
globale sur ce budget, que le gouvernement aura à défendre,
à appuyer et pour lequel il sera louangé ou critiqué et,
deuxièmement, en arriver à établir, d'une façon
à peu près absolue, cette procédure d'imputation
budgétaire.
M. LAURIN: Mais l'inquiétude qui me reste, M. le ministre, c'est
que la planification, la mission, le rôle de planification, que vous
laissez quand même à Radio-Québec, ne vienne, en vertu des
mécanismes que vous avez décrits, du rôle du
ministère des Communications, à demeurer une planification
purement virtuelle que, dans la pratique, l'office ne pourra pas exercer.
Précisément parce qu'il sera par trop coiffé du
ministère des Communications.
M. L'ALLIER : Je ne crois pas que ce soit un danger.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je crois que, moi
aussi, j'ai des doutes là-dessus.
M. L'ALLIER: ... n'est pas une deuxième Radio-Canada.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'aimerais bien que le ministre repense
à la suggestion que je lui ai faite au sujet de cette question de
coordination parce que j'y vois des dangers. Le ministre a de
l'expérience et sait comment se comportent les ministères les uns
envers les autres, qu'il y a souvent des conflits d'intérêts,
qu'il peut y avoir des conflits de personnalités soit entre les
ministres, soit entre les fonctionnaires et que les comités dits
interministériels ne sont pas toujours très efficaces s'il n'y a
pas cet aiguillon de la loi pour les faire se mouvoir quand il est important
qu'ils interviennent et qu'ils utilisent les mécanismes qu'on a
créés pour les faire travailler. J'aimerais que le ministre
revoie ce texte.
M. L'ALLIER: ... existe très clairement dans le paragraphe g)
quand la loi donne au ministère des Communications,
indépendamment de tout autre ministère, la responsabilité
de coordonner la production, l'acquisition, la diffusion des documents
audio-visuels ainsi que l'acquisition et l'utilisation de l'équipement
nécessaire à ces fins par les ministères du gouvernement
et les organismes publics.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela règle le problème de la
coordination entre les ministères, mais ça ne règle pas le
problème des rapports du ministère des Communications avec
l'ORTQ.
M. L'ALLIER: Ce sont des rapports qui doivent, à mon avis,
être laissés précisément à l'entente du
ministère des Communications et de ces organismes. Autrement, on fixe
des rapports d'une rigidité telle qu'ils risquent de ne pas fonctionner.
Jusqu'ici, les rapports du ministère avec Radio-Québec se sont
établis suivant ce mode de même que les rapports du
ministère des Affaires culturelles et de l'Office du film. Il n'est pas
prévu spécifiquement dans la loi comme telle comment ça
doit se faire. Il faut donner aux deux organismes le soin de négocier et
de s'entendre sur des règles qui pourront être modifiées de
semaine en semaine suivant le fonctionnement et...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, d'accord, M. le Président, mais
encore faut-il, qu'il y ait rapport, qu'il y ait communication si je
puis prendre le mot dans un autre sens entre le ministère des
Communications et l'ORTQ et cela par le moyen impératif de la loi.
M. L'ALLIER: C'est l'article que nous sommes à étudier qui
le prévoit. Lorsque la loi prévoit que le ministre des
Communications peut demander à Radio-Québec
c'est-à-dire qu'une fois une demande faite, il a le droit de le faire
les parties doivent automatiquement, sous peine de ne pas se conformer
à la loi, établir des mécanismes de travail.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui; mais dans le cas de l'ORTQ, là
vous changer un peu de sujet. Je vous demande, en tout cas, de repenser
à la suggestion que je vous ai faite concernant l'article 2 g) de la loi
37.
M. LAURIN: M. le ministre peut penser que nous faisons une étude
trop fouillée, trop exhaustive de son article, que nous envisageons des
hypothèses qu'il peut trouver invraisemblables, mais je lui rappelle
quand même qu'en pareille matière où l'information, la
propagande, la culture peuvent se trouver impliquées, il importe
d'être extrêmement prudent. Parce qu'au fond il s'agit non
seulement de l'autonomie des divers organismes, des mécanismes
d'articulation entre ces deux organismes, mais au fond et davantage, il s'agit
d'un problème de liberté, liberté de l'information qui ne
doit jamais devenir une propagande au service d'un appareil gouvernemental.
C'est la raison pour laquelle, je crois, il faut faire montre d'une
extrême prudence et essayer de clarifier le plus possible, pour rassurer
les citoyens et pour rassurer la politique, que les mécanismes qui sont
mis en place pour l'aider à certains égards, n'en arrivent pas
à les desservir à d'autres égards en apparence plus
implicites mais au fond, aussi et sinon plus importants.
C'est la raison pour laquelle je lui demande de jeter un dernier regard
sur ces articles avant de...
M. L'ALLIER: Quel était le projet d'amendement
proposé?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'avais proposé ceci. Un instant, M. le
Président. Je vais me retrouver dans mes textes. Alors, à
l'article 2 g) du projet de loi 37, il y a a), b); sous b), il y a "g):
"coordonner la production, l'acquisition et la diffusion, etc." Alors, ici:
Coordonner de concert avec l'ORTQ. Je demande au ministre de...
M. L'ALLIER: Vous ajoutez, compte tenu de ce que je vous ai dit tout
à l'heure, que c'était un article qui touchait l'ensemble de la
production audio-visuelle et non pas uniquement les documents éducatifs:
coordonner de concert avec l'ORTQ. Est-ce que vous limitez cela à
l'audio-visuel pour des fins éducatives?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): "Coordonner la production, l'acquisition et la
diffusion de documents audio-visuels ainsi que l'acquisition et l'utilisation
de l'équipement nécessaire à ces fins par les
ministères du gouvernement et les organismes publics." Parce que le
ministre...
M. L'ALLIER: Parce qu'à ce moment, on va à l'encontre de
la Loi de Radio-Québec qui limite la responsabilité de
Radio-Québec au domaine éducatif.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pas nécessairement.
M. L'ALLIER : Ici, cela touche à tout et non pas à
l'éducation uniquement. On se trouve, par la loi 37, à toutes
fins pratiques, à aller à l'encontre de la loi 36 qui limite le
rôle de Radio-Québec à l'éducation. Alors, si on
donne...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant.
M. L'ALLIER: ... dans la loi 37 une responsabilité...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A quel article vous
référez-vous?
M. L'ALLIER: De la loi 36?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A l'article 8 dans votre nouveau projet, il
est dit: "L'office a pour objet d'établir, posséder et exploiter
un service de production de documents audiovisuels et de radio
télédiffusion sous le nom de Radio-Québec.
De plus, à la demande du ministre des Communications, il
prépare pour des fins éducatives, etc.
M. L'ALLIER: C'est cela.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Dans votre projet de loi 36 où sont
définis les pouvoirs de Radio-Québec, c'est l'article 8: "Les
articles 21 et 22 de ladite loi sont remplacés par les suivants:
L'office a pour objet...
M. L'ALLIER: Je prends note de la suggestion pour le moment où
nous étudierons le projet de loi 37 et j'aurai des commentaires à
faire, à ce moment, dans un sens ou dans l'autre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): D'accord.
M. LAURIN: Une dernière question au ministre à ce sujet.
Si, lorsque nous étudierons la loi 37 à la suite des
échanges qui ont eu lieu et des réflexions qu'il peut entretenir
avec ses conseilleurs, il trouvait opportun de revenir avec un amendement qui
clarifierait l'article de la loi 36, est-ce qu'il pourrait nous dire que cela
serait possible?
M. L'ALLIER: Absolument!
M. LAURIN: Il est possible qu'en renvoyant toute la question il lui
vienne à l'idée des amendements dont les uns pourraient
s'appliquer à la loi 36 et les autres à la loi 37. Est-ce que
cela pourrait être possible?
M. L'ALLIER: Si on est d'accord pour apporter des amendements et qu'il
faut faire une concordance avec la loi 36, à ce moment-là on le
fera.
Je voudrais attirer l'attention des membres de la commission sur une
erreur technique qui s'est produite dans la retranscription des amendements et
les ramener à l'article a) du bill 36 modifiant l'article 7. On y dit:
"Le lieutenant-gouverneur en conseil nomme un président directeur
général de l'office". On a sauté une ligne lors de la
transcription de l'amendement et c'est la suivante: "Le lieutenant-gouverneur
en conseil nomme parmi les membres du conseil d'administration" pour bien
assurer la présence du président, parce qu'on dit plus
loin...
M. LAURIN: Ah oui!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, d'accord!
M. L'ALLIER: ... à l'article 8, que le président directeur
général est membre de l'office et du conseil. Donc "nomme parmi
les membres du conseil d'administration de l'office un président
directeur général de l'office".
M. TREMBLAY (Chicoutimi): D'accord!
M. LEGER: M. le Président, je voudrais revenir à un point
bien particulier. Le ministre a dit tantôt: "Le ministère impose
aux autres ministères"... Est-ce qu'il voulait dire par là que,
par ces lois, tous les autres ministères doivent passer par les services
du ministère des Communications pour créer des documents
audio-visuels, etc., ou si, simplement, le ministère des Communications
attend que les autres ministères lui soumettent des projets et coordonne
à partir de là?
M. L'ALLIER: C'est une question qui vient avec la loi 37 effectivement,
mais, dans la mesure où le ministère a cette
responsabilité de coordonner, le ministère pourra
évidemment édicter un certain nombre de règles, un certain
nombre de normes qui devront être respectées pour rendre possible
cette coordination. C'est le sens de ce que j'ai dit tout à l'heure. La
coordination, vous le savez, lorsqu'elle est laissée au bon vouloir de
ceux qui sont coordonnés d'une façon absolue, est rarement
possible. Il faut que celui qui a le droit et le devoir de coordonner puisse
avoir un certain nombre de pouvoirs, un certain nombre de balises, un certain
nombre de règles que les autres devront respecter, à
défaut de quoi la coordination devient impossible. Le ministère
n'a pas uniquement un rôle d'incitation à la coordination. Il a un
devoir de coordination. Quand on veut coordonner à un moment
donné, il faut établir des normes.
M. LEGER: Donc cela veut dire, à l'intérieur de son
pouvoir légal de coordination, que les autres ministères ne
peuvent pas eux-mêmes réaliser des projets de...
M. L'ALLIER: Tout dépend. Enfin, c'est la responsabilité
du ministère de coordonner mais, dans cette responsabilité de
coordonner, il pourra très bien convenir avec les ministères que
tel et tel niveau, telle et telle nature de documents peuvent être
directement faits sans aucune espèce d'intervention du ministère.
C'est lui qui assume la responsabilité de la coordination. Si la
production de documents quotidiens ne nécessite aucune intervention du
ministère des Communications, à ce moment-là, la
coordination n'est pas mise en cause. Mais si, pour certaines choses, il faut
établir des règles, le ministère pourra le faire.
M. LEGER: Etant donné que le ministère va quand même
établir un budget pour Radio-Québec au début de
l'année, il est responsable d'établir le budget qu'il va donner
à Radio-Québec, est-ce que les méthodes de paiement ou de
virement de fonds d'un ministère au ministère des Communications
peuvent affecter en plus les possibilités financières de
réaliser d'autres projets?
Autrement dit, si le ministère de l'Education donne au
ministère des Communications, pour Radio-Québec, un tel projet
qui coûte tant, et que le ministère de l'Education doit payer le
ministère des Communications, est-ce que cette augmentation dans le
budget, dans les revenus du ministère des Communications lui permet
d'augmenter les possibilités de réalisation dans la même
année ou si cela se fait à la fin de l'année et
l'année suivante, cela va dans le fonds général
consolidé?
M. L'ALLIER: On ne doit pas prendre beaucoup de temps pour
répondre à ça. Cette question nous éloigne de nos
projets de loi et, comme le temps est limité pour les étudier, je
voudrais dire que la procédure d'imputation qui a commencé cette
année va se poursuivre et, à l'analyse, on verra de quelle
façon on peut pondérer à la fois le budget de
Radio-Québec comme tel, compte tenu du volume d'imputation qui a
été possible et qui sera possible dans les années à
venir, c'est lié essentiellement au PPBS et c'est lié aux
procédures administratives qu'on pourrait étudier au moment du
budget... Pour l'instant je ne peux pas donner plus de précisions au
député.
M. LEGER: Le but des deux questions que
je viens de poser au ministre est justement de reprendre la question qui
a ouvert ce débat. Nous sommes d'accord avec le ministre qu'il faut,
dans le domaine des communications, une planification, une coordination afin
que l'on puisse étudier les demandes des différents
ministères et coordonner les commandes. Mais on diffère d'opinion
quand le ministre dit que c'est le ministère comme tel qui doit le
faire, et selon nous, ça devait être Radio-Québec. La
raison, le député de Bourget l'énonçait
tantôt, c'est le danger que le conseil d'administration de
Radio-Québec n'ayant pas le poids, la responsabilité
légale de planifier toute cette coordination-là, se voit dans
l'impossibilité de refuser des commandes par lesquelles on verrait des
contenus de propagande, de partisanerie. Le ministère des Communications
faisant partie directement du gouvernement, Radio-Québec ayant le
pouvoir, pourrait lui-même refuser des choses partisanes. C'est le danger
de la liberté d'information. Si on inscrivait dans la loi la
responsabilité légale de Radio-Québec dans ce
domaine-là, pour le compte du ministère, on aurait beaucoup plus
d'assurance que cette liberté d'information serait
protégée par un organisme indépendant qui aurait les
pouvoirs de le faire.
M. L'ALLIER: On ne peut pas vouloir en même temps un organisme
autonome qui soit régi d'une façon extrêmement
précise par toutes sortes de lois et de règlements. Il faut
assumer la responsabilité de l'autonomie et Radio-Québec devra,
comme tout organisme, assumer la responsabilité de son autonomie. Si son
autonomie l'amène à accepter des choses qui sont inacceptables,
cette autonomie sera mise en cause. Cela peut jouer dans les deux sens, il faut
accepter le risque que cela joue dans les deux sens.
On ne peut pas, en même temps, avoir un organisme autonome et un
organisme régi dans le détail. Ce n'est pas possible.
M. LEGER: Je suis absolument d'accord avec le ministre, mais je vais
donner comme un exemple la commande que le ministère de la Voirie avait
faite pour l'autoroute est-ouest et qui était, dans une partie
très partisane, d'un parti politique. A ce moment-là, si
Radio-Québec avait les pouvoirs de refuser, cela lui permet justement
d'avoir une position de neutralité vis-à-vis du contenu qu'elle
devrait produire. Autrement, elle doit se soumettre au ministère des
Communications, qui fait lui-même partie du gouvernement et qui accepte
les politiques du gouvernement.
Il n'y a pas de protection pour la liberté à ce
moment-là et je rappelle au ministre l'occasion de la commande du
ministère de la Voirie au sujet de l'autoroute est-ouest qui a
été contestée par la population.
M. L'ALLIER: Elle a été contestée par tout le
monde, si je me souviens bien.
M. LEGER: Est-ce que Radio-Québec pourrait avoir le pouvoir de
modifier le contenu ou si elle doit prendre telle quelle la commande d'un autre
ministère?
M. L'ALLIER: Je ne peux pas faire autre chose que de
référer le député à l'article 1 qui modifie
l'article 7 qui dit que c'est le conseil d'administration qui établit
ces politiques de production, de distribution et de diffusion. Qu'est-ce que
vous voulez que je fasse de plus?
M. LEGER: Après que la commande lui a été
donnée par tel ministère.
M. L'ALLIER: Qu'est-ce que vous voulez? Si le conseil d'administration
pose des gestes qui vous sont inacceptables, vous avez la commission des
engagements financiers où vous pouvez intervenir.
M. LEGER: Après que la commande a été faite et
qu'elle a été visionnée et distribuée dans la
population, on peut critiquer, mais c'est fait.
M. L'ALLIER: C'est cela.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, pour éclairer
le député de Lafontaine, lorsqu'une commande est passée,
il y a un projet qui est soumis, et ce projet comporte un devis dans lequel
devis sont indiqués d'abord, quand il s'agit d'un film
évidemment, le scénario, le texte par conséquent et une
idée des images; aucun film ne doit être accepté avant
d'avoir été vu aux fins de savoir s'il est conforme au devis. A
ce moment-là, l'ORTQ a la possibilité de faire savoir au
ministère concerné qu'il n'est pas d'accord sur le contenu du
film. Il m'est arrivé à l'Office du film et à. la demande
des fonctionnaires de voir des films et de dire: Ce n'est pas conforme au devis
que vous nous aviez soumis et le film que vous faites nous apparaît
être un film de propagande, et, à ce moment-là, on refuse
le film.
M. LEGER: Qui refuse à ce moment-là?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A ce moment-là, c'est l'Office du film
qui refuse. Quand c'est porté à l'attention du ministre et que
les fonctionnaires portent le cas à l'attention du ministre, le ministre
va donner une directive, il ne dira pas: Coupez tout. Il va dire au
fonctionnaire à ce moment-là: Monsieur, vous aviez un devis que
vous avez accepté, le film n'est pas conforme au devis; par
conséquent, c'est votre responsabilité de fonctionnaire de
refuser le film et de ne pas l'acheter même si on en a terminé la
production. Cela se produit souvent.
M. LEGER: Le ministre donnait tantôt un exemple d'un
ministère qui aurait pu passer une commande à
Radio-Québec. Par la suite, le ministère bloque les
crédits, il arrête la com-
mande et Radio-Québec se voit aux prises avec les dépenses
qu'aurait occasionné ce projet, le personnel affecté à ces
fonctions. Le ministre nous a dit tantôt que si cette
responsabilité était au ministère, il pourrait
résoudre des problèmes comme celui d'un changement d'idée
ou d'un changement de politique d'un ministère. Est-ce que le ministre
peut me dire ce que le ministère peut faire de plus que
Radio-Québec devant un fait comme celui-ci où un ministère
donne une commande et un ou deux mois après l'arrête? Que peut-il
faire de plus que Radio-Québec?
M. L'ALLIER: Le ministère est présent au Conseil du
trésor, le ministère est présent au conseil des ministres
quand des projets importants sont proposés. Le ministère peut
intervenir là où Radio-Québec n'est pas, à cause de
son autonomie, présent c'est drôlement important et
par la procédure d'imputation, de la même façon, si
à un moment donné, au moment où la commande est
passée, une relation s'établit à toutes fins pratiques
entre tel ministère et Radio-Québec, qui devient une relation
contractuelle.
C'est la même procédure que n'importe quel client qui
annule, à un certain moment, une commande qu'il a donnée à
un producteur. Il est soumis à un certain nombre de frais courants et on
peut décider de la responsabilité de celui qui a annulé la
commande. Si c'est, par ailleurs, Radio-Québec qui se désiste de
la production, à l'inverse, Radio-Québec devra assumer à
son budget les frais prévus. C'est un rapport contractuel qui va
s'établir entre Radio-Québec et les ministères via le
ministère des Communications qui va faire le "pooling", si vous voulez,
la coordination de ses clientèles, pour éviter
précisément que les ministères ne se retrouvent dans des
situations de gaspillage parce qu'ils ont été mal
conseillés ou pas conseillés du tout. Il est fort possible que,
dans le passé, un ministère ait mal évalué ses
besoins et mal jugé ses effectifs quant aux coûts de telle ou
telle production. C'est facile pour un chef de service de dire: J'aimerais
avoir un film en couleur d'une demi-heure sur tel sujet, pour présenter
ça à la population, etc. S'il n'y a personne pour lui dire que
ça prend six mois pour le produire et que ça coûte $65,000,
lorsqu'il se le fait dire avant de passer sa commande, lorsqu'il est bien
conscient que ça va lui coûter ce montant, à lui et
à son budget, si $65,000 représentent 80 p.c. de son budget
d'information, il va peut-être changer d'idée. Il va se contenter
de dix diapositives.
M. LEGER: M. le Président, en ce qui nous concerne, quant
à l'article 8 a), nous ne pouvons que nous y opposer
énergiquement parce que si on veut que...
M. L'ALLIER: D'accord. Je comprends qu'on vous a dit de vous opposer et
qu'il faut vous y opposer.
M. LEGER : Non seulement je suis d'accord, mais depuis le
début...
M. L'ALLIER: On peut passer à l'article suivant.
M. LEGER: Depuis le début, nous nous sommes opposés, parce
que nous pensons qu'un système global de
radio-télédiffusion, c'est un office indépendant qui peut
le réaliser pourvu qu'il soit indépendant de toute pression
politique. Le projet de loi qui nous est présenté ne nous assure
pas qu'il n'y aura pas de pressions politiques ou financières pour
permettre justement de produire, de diffuser, de coordonner et de conseiller
à l'intérieur...
M. L'ALLIER: Vous avez raison, vous avez parfaitement raison, non pas
sur la dernière partie de votre intervention, mais sur la
première. Le but de ces amendements et le but de cette loi n'est pas de
faire de Radio-Québec un Radio-Canada québécois.
M. LEGER: Qu'est-ce que vous auriez contre ça?
M. L'ALLIER: J'ai dit que le but de la loi n'était pas
ça.
M. LEGER: Qu'est-ce que vous auriez contre ça?
M. L'ALLIER: C'est une question hypothétique. Je n'ai pas
d'affaire à donner d'opinion là-dessus.
M. LEDUC: Cela satisferait le député de Lafontaine si les
sept membres du conseil d'administration qui sont mentionnés à
l'article 1 étaient les sept membres de la deputation péquiste.
Est-ce que ce serait plus neutre? Est-ce qu'il y aurait plus de propagande
politique?
M. LEGER: M. le Président, en ce qui nous concerne, les projets
d'amendements que le ministre présente ne nous amènent
qu'à conclure que Radio-Québec ne sera plus réellement un
système de radio-télédiffusion, mais il va être
simplement un technicien de production.
M. L'ALLIER: L'a-t-il déjà été avec la loi
antérieure?
M. LEGER: Pardon?
M. L'ALLIER: L'a-t-il déjà été avec la loi
antérieure?
M. LEGER: Il y avait quand même un espoir, avec un organisme
autonome, avec des personnes spécialement consacrées à
cette politique de le réaliser, sujet à des amendements que le
ministre aurait pu apporter. Mais actuellement, nous ne pouvons que nous
opposer à
l'adoption de l'article 8, parce que, selon nous, c'est contraire
à la possibilité d'une liberté d'information. Cela nous
amène à une possibilité d'un contrôle de
l'information dans le domaine de Radio-Québec et on amènera
probablement des arguments semblables et autres pour le bill 37. Je pense que
c'est l'article clé du bill 36 et nous ne pouvons que nous opposer
énergiquement à cet article.
M. LE PRESIDENT: Le député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Sans partager entièrement les vues du
député de Lafontaine, je l'ai dit au départ, quand nous
avons examiné les premiers amendements soumis par le ministre, nous
estimons aussi que Radio-Québec ne prend pas, par le projet de loi 36,
la dimension que nous aurions voulu que cet office prit.
Toutefois, j'ai l'impression que le gouvernement veut procéder
par étapes; il y avait l'ancien office, il y a maintenant un office qui
me paraît avoir une autonomie beaucoup plus large, encore que son champ
d'activité demeure restreint. Le député de Lafontaine
disait que ce n'est pas vraiment un office de radiodiffusion et de
télédiffusion, et c'est exact, puisque le champ d'activité
de l'office est limité.
Le gouvernement nous a déjà fait savoir, lors de la
discussion en deuxième lecture qu'il n'avait pas l'intention de faire de
l'office un organisme indépendant, un véritable office de
création, de production du genre de celui de Radio-Canada. J'ai
l'impression que toute pression que nous pourrions faire dans le sens contraire
ne serait pas reçue par le gouvernement. Nous pouvons donc
déplorer l'attitude du ministre des Communications, l'attitude du
gouvernement, et nous consoler en nous disant que peut-être qu'à
l'usage, d'ici un an, peut-être moins, on se rendra compte que l'on n'a
pas doté l'office de toutes les prérogatives que celui-ci devrait
avoir.
Pour ma part, on pourrait, sur division, adopter l'article 8...
M. L'ALLIER: Il y a un autre point, M. le Président, juste une
minute. On fait souvent référence à Radio-Canada en disant
que c'est véritablement là la vraie grande autonomie. Si c'est
exact...
M. LEGER: Je voudrais invoquer le règlement...
M. L'ALLIER: Non, je n'ai pas...
M. LEGER: Je n'ai pas parlé de grande autonomie. J'ai simplement
dit qu'il y avait des choses qui fonctionnent bien à Radio-Canada, il y
en a d'autres qui fonctionnent mal.
M. L'ALLIER: Ce n'est pas la même chose, ce sont des choses
différentes. Je voudrais, M. le Président, terminer ce que j'ai
à dire là-dessus rapidement. Le conseil d'administration, qui est
l'organe suprême de Radio-Québec et qu'on dise le contraire
ou non, c'est un fait a autant d'autonomie que le conseil
d'administration de Radio-Canada. Radio-Canada fait aussi des choses en
commandite, que ce soit pour des ministères ou pour qui que ce soit.
Radio-Canada a d'abord une fonction de diffusion et Radio-Québec
a d'abord une fonction de production. Il y a une différence entre les
deux organismes, mais sur le plan de l'autonomie, comme l'a dit le
député de Chicoutimi je ne suis pas d'accord sur ce qu'on
peut dire, que Radio-Québec n'a pas l'autonomie suffisante
Radio-Québec a plus d'autonomie qu'elle n'en a jamais eue. Cependant,
Radio-Québec est un instrument, un moyen, un module autonome dans une
politique globale de communications. Ce n'est pas la politique globale de
communications et Radio-Québec doit, comme module autonome, s'inscrire
dans les priorités du gouvernement en termes de production, en termes de
diffusion et se coordonner avec les différents ministères
clients. C'est le but de son mandat.
M. LEGER: M. le Président, je termine en disant que nous trouvons
qu'auparavant, par le contrôle de ces budgets de Radio-Québec...
Si le ministère avait voulu établir des principes de base, il
aurait pu avoir notre approbation. Actuellement, nous ne pouvons que conclure
que Radio-Québec ne deviendra qu'un exécutant et, peut-être
une marionnette du gouvernement.
M. LE PRESIDENT: L'article 8 qui devient l'article 7 par suite du
retrait complet de l'article 7 est adopté sur division.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A l'article 9, M. le Président... Avant
d'aborder l'article 9, je vais rejoindre ici une préoccupation du
député de Lafontaine. Je pense que l'article 9 amende l'article
25 de l'ancienne loi. C'est bien exact, M. le ministre?
M. L'ALLIER: C'est exact.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, il y a quand même dans l'ancienne
loi l'article 19 où il est question du rapport que doit fournir l'ORTQ.
C'est à ce moment que, quand nous en avons parlé en Chambre, nous
avons indiqué au ministre que cet office devrait justement, pour que
l'on puisse savoir si tout se passe sans qu'il y ait d'influence indue,
soumettre son rapport. Ce rapport devrait faire l'objet d'un examen par la
commission parlementaire de l'éducation, des affaires culturelles et des
communications.
M. LEGER : Est-ce que je peux demander au député de
Chicoutimi, même si je suis d'accord sur le fond de sa proposition,
puisque c'est celle
que j'ai exprimée tantôt, comment il voit qu'à
l'article 9, nous puissions parler de l'article 19 du projet de loi en faisant
référence à l'article 25 où il n'est aucunement
question de l'article 19? Je n'ai pas d'objection sur le fond.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Voici...
M. LEGER: Mais comme je l'ai proposé tantôt et on l'a
refusé...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non.
M. LEGER: ... je ne voudrais pas qu'on le refuse pour les mêmes
objectifs.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): En technique législative, il arrive
que, lorsqu'on étudie une loi, on la prend article par article,
lorsqu'il s'agit d'une loi originale.
Lorsqu'on amende une loi déjà existante, on doit suivre
l'ordre des articles. Or, ici, l'article 9 a pour but d'amender l'article 25.
Par conséquent, avant de procéder à l'article 9, je
suggérerais au ministre un amendement à l'article 19 de
l'ancienne loi qui comporterait ce que je viens de suggérer et dont nous
avions d'ailleurs déjà parlé, tant le Parti
québécois qu'Unité-Québec, lors du débat
général que nous avons eu en Chambre.
M. LE PRESIDENT: Si j'interprète bien le député de
Chicoutimi, je suis porté à croire qu'il aurait dû
intervenir un peu plus tôt, c'est-à-dire avant que nous ne
discutions de l'article 8 qui référait aux articles 21 et 22 de
la loi de...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous avez raison, M. le Président. Mais
je peux vous demander la permission de retourner.
M. LEGER: Je suis d'accord, M. le Président. Si le
député de Chicoutimi et moi-même sommes d'accord sur le
principe et si les autres membres de la commission peuvent permettre au
ministre de s'exprimer sur cette proposition que j'ai faite tantôt et que
ramène le député de Chicoutimi, est-ce que le ministre des
Communications accepterait d'inclure, à un endroit quelconque de la loi
36, cet amendement suivant lequel le président de la commission
permanente des communications de l'Assemblée nationale doit convoquer
une réunion de cette commission durant le mois suivant le
dépôt de ces rapports, afin d'en examiner la teneur? Est-ce que le
ministre, qui n'a pas pu s'exprimer tantôt, peut nous dire s'il est
d'accord ou non?
M. L'ALLIER: M. le Président, je ne vois vraiment pas
l'utilité de cette proposition pour les raisons suivantes. D'abord, le
rapport de Radio-Québec est déposé, comme tous les
rapports annuels, devant l'Assemblée nationale.
Deuxièmement, à l'analyse de ce rapport, tous les partis,
à l'Assemblée nationale, peuvent demander la convocation de la
commission parlementaire des communications pour étudier tel ou tel
aspect de ce rapport. Troisièmement, dans un rapport annuel de cette
nature, évidemment, les gestes ou les actions posées par
l'organisme qui pourraient faire l'objet de discussions, normalement, à
moins qu'on veuille faire du détail, sont des gestes d'une certaine
importance, d'une certaine portée et qui ont eu nécessairement
des incidences financières de quelque nature. On peut donc, via un
deuxième moyen, la commission parlementaire des engagements financiers,
et cela, au fur et à mesure de l'année, remettre en cause telle
ou telle action, ou tel ou tel engagement, ou tel ou tel geste de l'organisme
en question qui dépend du ministère des Communications. C'est une
autre façon de scruter, au fur et à mesure, les actions de
Radio-Québec.
M. LEGER: Le ministre vient quand même de dire que les membres de
l'Assemblée nationale peuvent demander la convocation de la commission
parlementaire. Mais cela ne veut pas nécessairement dire que cette
demande peut être acceptée. A cause des dangers...
M. L'ALLIER: L'Assemblée nationale est formée, je le
rappelle au député de Lafontaine, qui le sait d'ailleurs, de
représentants de différents partis dont un parti forme le
gouvernement.
C'est à la majorité de l'Assemblée nationale, dans
la plus stricte démocratie, que ça se décide.
M. LEGER: C'est justement pour ça, M. le Président, pour
la liberté générale, parce que les Oppositions, qui sont
là pour surveiller les agissements du gouvernement sont en
minorité, et vous ne mettriez pas dans votre projet de loi la
possibilité pour une minorité de pouvoir discuter de ce qui s'est
passé à l'Office et au ministère des Communications dans
ce domaine-là. M. le Président, étant donné les
dangers que nous avons notés, que nous prévoyons au niveau de la
liberté de l'information, le ministre devrait au moins accepter que ce
soit dit dans la loi qu'une fois par année, statutairement, le
ministère des Communications puisse se présenter devant
l'Assemblée nationale, sans qu'il soit obligé de le faire par
condescendance. Il ne faut pas oublier que le ministère des
Communications, s'il y a quelque chose de défectueux, ce n'est pas
à lui à nous dire: Venez nous critiquer. Il n'acceptera
nécessairement pas que cette commission soit convoquée, s'il a
quelque chose à se reprocher. C'est à l'Opposition de le vouloir.
Or, comme le ministre dit que, dans la démocratie, c'est la
majorité qui l'emporte, c'est justement la majorité qui est au
pouvoir et c'est à la minorité d'avoir des garanties dans un
projet de loi pour pouvoir exercer son rôle d'Opposition.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'aimerais reprendre
la suggestion que j'ai faite et non pas réviser mon jugement, mais comme
le ministre ne veut pas accepter qu'il y ait tel rapport, il y a, comme l'a dit
le ministre, la commission des engagements financiers. C'est quand même
assez limité comme champ d'examen, comme possibilité d'examen.
Mais comme l'ORTQ ne sera pas un organisme indépendant et qu'il va
relever du ministre des Communications...
M. L'ALLIER: Comme auparavant.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre des Communications, à
l'occasion de son budget, va devoir rendre compte, les fonctionnaires de l'ORTQ
devront être avec lui et nous pourrons alors les interroger sur tous les
gestes posés par le ministre.
M. L'ALLIER : Vous interrogez le ministre qui répond.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, et comme nous avons maintenant une
nouvelle procédure, les fonctionnaires peuvent être
interrogés. C'est un pis-aller.
M. L'ALLIER: Commençons comme ça.
M. LEGER: Mais le député de Chicoutimi admettra qu'avec
les nouveaux règlements de l'Assemblée nationale, le temps
alloué pour la critique des crédits des ministères est
quand même limité et que ce n'est pas une garantie que nous aurons
le temps voulu pour un cas particulier dans le domaine de l'ORTQ...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce n'est pas sacramentel, on va revoir la
question des règlements.
M. LEGER: Oui, mais en attendant, jusqu'à présent, je
voyais le ministre s'aventurer de plus en plus dans son projet de loi 36. Or,
comme j'ai beaucoup d'estime et beaucoup d'admiration pour ses objectifs en
général dans le domaine des communications, je me disais:
Peut-être est-ce par naïveté qu'il s'embarque dans un domaine
aussi important que le contrôle de l'information. Mais s'il ne veut
même pas nous donner, aux députés de l'Opposition, par une
loi, la possibilité de critiquer une fois par année le rôle
et les réalisations de cet organisme, je ne pense pas que ce soit de la
naiveté.
Je pense qu'il va au bout de son idée et je ne suis absolument
pas d'accord sur les objectifs qu'il veut atteindre par les bills 36 et 37.
M. LEDUC: Je pense que le principe de pouvoir questionner tous les
organismes para-gouvernementaux est excellent. La seule chose, c'est que, si on
se met dans un carcan à l'intérieur d'une loi dans ce cas, on
ouvre une porte qui est dangereuse. Dans toutes les autres lois qu'on nous
présentera, on obligera en dedans d'un mois ou deux, les commissions
parlementaires à siéger, questionner toutes les régies qui
se trouvent à l'intérieur des ministères. Tantôt, le
député de Lafontaine mentionnait qu'il y avait un problème
de temps; je crois que c'est créer des précédents
dangereux que de faire celui-là. Le député de Chicoutimi
mentionnait tantôt que les organismes qui existent actuellement pour
poser des questions aux gens de l'ORTQ étaient peut-être des
systèmes de pis-aller; c'est vrai. Mais l'occasion nous sera quand
même donnée, tous les ans, de poser des questions aux
fonctionnaires de l'Office. Je pense que c'est suffisant pour le moment tant et
aussi longtemps qu'on n'aura pas trouvé un meilleur moyen où
chacun des députés, qu'il soit de l'Opposition ou du
côté ministériel, peut poser des questions à tous
les organismes paragouvernementaux. Il y a quand même 24 heures dans une
journée.
M. LEGER: M. le Président, étant donné qu'il est
midi trente et que j'aimerais bien que le ministre réfléchisse
sur cette proposition d'amendement, je demande l'ajournement pour qu'il puisse
justement repenser cet article important de la convocation annuelle de la
commission des communications.
M. L'ALLIER: M. le Président, je comprends qu'on devrait
suspendre nos travaux à 12 h 30; si c'est la volonté des membres
de la commission, je me soumettrai à cette volonté. Cependant, je
souligne qu'il n'y a aucun autre temps prévu au calendrier de la
présente session pour poursuivre l'étude de ces projets de loi.
En définitive, comme j'ai dit que les projets de loi 35 et 37
étaient indissociableset ils le sont pour toutes sortes de raisons
cela risque de reporter à l'automne l'adoption de...
M. LAURIN: Je ne crois pas. Nous allons sûrement pouvoir faire une
entente avec le leader parlementaire pour que nous puissions trouver la
session n'est quand même pas terminée un autre temps pour
continuer l'étude de ces projets de loi très importants.
M. LEGER: Comme je l'ai dit tantôt, M. le Président,
d'autant plus que le bill 35 peut facilement être présenté,
si le ministre le désire réellement, sans référence
au bill 37, à l'Assemblée nationale. En ce qui nous concerne, le
bill 35 nous satisfaisant, nous sommes d'accord pour qu'il soit
présenté à l'Assemblée nationale pour être
adopté en troisième lecture. Quant aux deux autres, ils suivront
le cours normal des travaux de la Chambre.
M. LE PRESIDENT: La commission suspend ses travaux sine die.
On vient de nous signaler que le calendrier de travail était
passablement rempli, nous allons donc attendre que ie leader parlementaire,
suite à une entente qu'il aurait avec les partis de l'Opposition, trouve
le temps à accorder à notre commission pour terminer
l'étude en commission plénière.
(Fin de la séance à 12 h 38)