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Commission permanente de l'Education des
Affaires
Culturelles et des Communications
Projet de loi no 36
Loi modifiant la loi de l'Office
de radio-télédiffusion du
Québec
Projet de loi no 37
Loi modifiant la loi du ministère
des Communications et d'autres dispositions
législatives
Séance du mercredi 6 septembre 1972
(Dix heures seize minutes)
M. LAFRANCE (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A l'ordre,
messieurs!
Pour la séance d'aujourd'hui, le député de
l'Assomption, M. Perreault, remplace M. Assad, de Papineau; le
député de Frontenac, M. Latulippe, remplace M. Brochu, de
Richmond; M. Gauthier, de Berthier, remplace le député de Bagot,
M. Cardinal; M. Veilleux, de Saint-Jean, remplace M. Cloutier, de Ahuntsic; M.
Caron, de Verdun, remplace M. Ostiguy, de Rouville.
Nous passons immédiatement à l'étude du bill 36,
article 9.
Projet de loi no 36
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est-à-dire que c'est l'amendement
à l'article 9.
M. L'ALLIER: Effectivement, je crois, M. le Président, nous en
étions à l'étude de l'article 9 du projet de loi 36, qui
amende l'article 25 de la loi originale de Radio-Québec. D'abord,
l'amendement proposé par l'article 9 propose la nouvelle
numérotation de cet article qui devient 8, c'est un détail
technique et par la suite, l'article 25, qui se lisait comme suit: L'office ne
peut exercer le pouvoir d'expropriation qui lui est conféré par
l'article 23 qu'avec l'autorisation préalable de l'Assemblée
nationale du Québec et ça se continuait en disant
il ne peut exercer les autres pouvoirs qui lui sont conférés par
les articles 23 et 24 qu'avec l'autorisation préalable du
lieutenant-gouverneur en conseil.
On suggère de modifier cet article pour qu'il se lise comme suit:
L'office exerce les pouvoirs qui lui sont conférés par les
articles 21 à 24, conformément aux règlements
adoptés en vertu de l'article 3 a) de la Loi du ministère des
Communications; le pouvoir d'expropriation conféré à
l'office par l'article 23 ne peut être exercé qu'avec
l'autorisation de l'Assemblée nationale du Québec. Et on propose
d'insérer dans la troisième ligne du deuxième
alinéa de l'article 25, avant le mot "de", le mot "préalable", ce
qui fait que l'article 25 de la loi originale de Radio-Québec
deviendrait ceci: L'office exerce les pouvoirs qui lui sont
conférés par les articles 21 à 24, conformément aux
règlements adoptés en vertu de l'article 3 a) de la Loi du
ministère des Communications, le pouvoir d'expropriation
conféré à l'office par l'article 23 ne peut être
exercé qu'avec l'autorisation préalable de l'Assemblée
nationale du Québec.
Je souligne ici, au nom de la commission, que dans l'article original,
ce mot "préalable" existait, parce qu'on lisait : " qu'avec
l'autorisation préalable du lieutenant-gouverneur en conseil". C'est
maintenant: "avec l'autorisation préalable de l'Assemblée
nationale plutôt que du lieutenant-gouverneur en conseil".
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, au sujet de cet
article, je crois que c'est conforme à certaines suggestions que nous
avions faites au ministre concernant les pouvoirs qui étaient
conférés au lieutenant-gouverneur en conseil. Nous avions
discuté longuement, le ministre s'en souvient, de ce que nous appelions
un excès de pouvoirs du lieutenant-gouverneur en conseil et nous avions
demandé que l'Assemblée nationale eût droit de regard sur
certains des pouvoirs qui sont conférés à l'office. Par
conséquent, lors de la dernière séance, au moment
où nous sommes arrêtés à cet article 9, nous avions
déjà indiqué que cet article, cet amendement plutôt,
nous satisfaisait. Alors, je n'ai pas de commentaire additionnel à
apporter à ce que j'avais dit à ce moment-là.
M. LE PRESIDENT: Le député de Frontenac.
M. LATULIPPE: Je n'ai pas non plus de commentaires. Je suis
entièrement, vous vous en doutez bien, favorable à l'amendement
proposé. Je trouve qu'il donne la garantie additionnelle qui avait
été réclamée à l'époque par la
majorité des partis et même, de l'aveu même du ministre,
qu'il voulait se rendre à ces intentions. Je le remercie et je le
félicite d'apporter cette modification-là.
M. LEGER: Quant à nous, nous sommes d'accord.
M. LE PRESIDENT: Alors, l'article 9 est adopté. L'article
10...
M. L'ALLIER: L'article 10 devient l'article 9; à cause de la
nouvelle numérotation à laquelle nous retournons jusqu'à
la fin, nous nous retrouvons en fait à cet article-ci. L'article 9
amende donc l'article 28 de la loi originale où nous remplaçons
le mot obligation par le mot engagement. L'article original se lisait comme
suit: "Les recettes de l'Office doivent être affectées au
remboursement des emprunts et autres obligations de l'office ainsi que des
avances faites par le ministère des Finances en vertu du
paragraphe b de l'article 27 et le solde est versé au fonds
consolidé du revenu." Le nouvel article se lirait comme suit: "Les
recettes de l'office doivent être affectées au remboursement des
emprunts et autres engagements" plutôt qu'obligations. Il y a deux
raisons pour faire cet amendement: d'abord, c'est une question de
précision dans l'utilisation des termes français
"obligations" pouvant être confondu lorsque employé en
français avec la terminologie anglophone, anglaise de "obligations".
Alors, avec engagement, il s'agit, à ce moment-là, des
engagements qui sont pris par l'office conformément à sa loi et
à ses règlements.
C'est-à-dire que lorsque l'office, légalement, dans
l'exercice de son mandat législatif, prend des engagements financiers,
les recettes que l'office peut percevoir peuvent être utilisées au
remboursement de ses engagements plutôt que d'être versées
au trésor provincial et de ne servir qu'au remboursement des obligations
au sens strict où il peut être employé. Il semble que
l'esprit original de la loi de Radio-Québec, au début,
était effectivement de couvrir plus que les strictes obligations au sens
financier du terme mais les engagements, et c'est l'amendement que nous avons
apporté, profitant des autres amendements.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, le ministre a
donné une explication. Je pense bien que ce n'est pas seulement une
question de danger de confusion avec un terme anglais qui a même
consonance, c'est qu'il s'agit ici de ne pas confondre le terme "obligations"
au sens du code civil et le mot "engagement" qui, dans le langage de la
technique administrative, signifie des obligations d'ordre financier. Par
conséquent, c'est un amendement qui clarifie le projet de loi et donne
à l'office des pouvoirs que l'office aurait pu fort bien ne pas avoir si
on s'en était tenu à une stricte interprétation du mot
obligation au sens du code civil. Alors, je n'ai pas d'objection quant à
moi, M. le Président, à l'adoption de cet amendement.
M. LE PRESIDENT: Alors, l'article 9 est adopté. L'article 11
devient l'article 10.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est un grand article omnibus qui est un
article de concordance que nous avons déjà adopté dans un
autre projet de loi. Alors, il n'y a pas de problème.
M. L'ALLIER: Il s'agit effectivement, M. le Président, d'un
article de concordance. D'abord on modifie l'article 35 de la loi originale,
qui dit: Le premier ministre ou tout membre du conseil exécutif qu'il
désigne est chargé de l'application de la présente loi.
L'article 35 nouveau deviendrait : Le ministre des Communi- cations est
chargé de l'application de la présente loi. Donc on
spécifie dans la loi que c'est le ministre des Communications qui est
chargé de l'application de la loi, pour la bonne raison qu'au moment
où la loi de l'office a été adoptée il n'existait
pas de ministère des Communications. Pour le reste, l'article 11 ne
change rien à l'article original, sauf que ce sont toutes des
concordances, y compris les mots de "président, vice-président"
à la fin qui sont remplacés par "directeur général
et directeur général adjoint", tel que nous les avons
déjà adoptés.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela va, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: L'article 10. Adopté. L'article 12, qui est
devenu l'article 11.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre pourrait nous donner
des explications à l'instant?
M. L'ALLIER: Oui. A l'article 12, ce sont des amendements qui sont en
concordance avec les mécanismes de nomination et les modifications que
nous avons proposés au conseil d'administration. En fait, à
l'article 12 nous disons ceci c'est un article nouveau: "La personne
occupant, au moment de l'entrée en vigueur de la présente loi, le
poste de président et directeur général de l'office
devient président et directeur général de l'office, au
sens de la présente loi, pour le reste de la durée du mandat pour
lequel cette personne a été nommée et son traitement ne
peut être réduit." C'est donc, à toutes fins pratiques,
pour ne pas modifier les conditions d'engagement du président et
directeur général de l'office que cet article est proposé.
Les autres personnes qui sont membres Je l'office le demeurent jusqu'à
ce qu'elles soient nommées de nouveau ou remplacées. Donc, le
statut d'employé, si vous voulez, du président et directeur
général est maintenant prévu dans la loi par l'article 12
et les conditions de travail qui étaient celles du président et
directeur général se trouvent ainsi garanties par les amendements
apportés par l'article 12.
Les autres personnes qui sont membres de l'office le demeurent
jusqu'à ce qu'elles soient nommées de nouveau ou
remplacées. En d'autres mots, pour les autres membres du conseil
d'administration, compte tenu des modifications que nous apportons à ce
conseil, le jour où la loi est adoptée le conseil
d'administration ancien n'existe plus à moins que les personnes soient
renommées ou à moins qu'elles soient remplacées. Or, il
faudra nécessairement en remplacer un certain nombre,
précisément parce que tous les membres du conseil
d'administration sont actuellement des fonctionnaires à un titre ou
à un autre, et que le projet de loi 36 prévoit qu'au moins une
personne et au plus
deux doivent être des fonctionnaires. Donc, nous ne pouvons pas
laisser au conseil d'administration, dans la loi, un article qui fait que nous
gardons au conseil d'administration trois ou quatre fonctionnaires alors que,
dans un autre article, nous disons qu'il ne faut pas y en avoir plus que deux
mais au moins un. Il est donc possible que, sur ceux qui sont là, un ou
deux continuent de siéger au conseil, comme il est possible qu'ils
soient tous remplacés et que le conseil soit rebâti à neuf,
conformément au nouveau projet de loi 36.
M. LATULIPPE: Puis-je demander au ministre s'il a l'intention de faire
un certain choix pour avoir une représentation au niveau d'associations
au conseil d'administration, ou s'il entend se prévaloir d'une certaine
discrétion pour choisir des hommes d'affaires qui n'ont pas
nécessairement une activité reliée aux communications?
M. L'ALLIER: Les intentions du gouvernement, quant à la formation
du nouveau conseil d'administration, ne sont pas définitivement
arrêtées, parce que nous sommes précisément en
consultation, actuellement, tant avec Radio-Québec comme telle, que nous
consultons à la direction, qu'avec le comité de la réforme
administrative, etc.
L'objectif que nous cherchons en modifiant le conseil d'administration,
c'est de faire en sorte, d'abord que le conseil d'administration ne soit pas
composé de membres soumis à une double allégeance, dans la
mesure où nous voulons, précisément, donner à
Radio-Québec la marge de manoeuvre et l'autonomie dont elle a besoin
pour réaliser son mandat. Nous voulons aussi, dans toute la mesure du
possible, que ce conseil soit composé d'un éventail assez large,
représentant non pas tellement la clientèle de
Radio-Québec, car le premier objectif n'est pas d'avoir des
comités de citoyens au conseil d'administration mais des administrateurs
et des gestionnaires, des gens qui s'y connaissent à la fois dans le
milieu spécialisé que constitue la communication et notamment la
production audio-visuelle, en même temps que des spécialistes de
la gestion. Radio-Québec est un organisme qui a besoin d'une gestion
extrêmement efficace et qui a besoin, au niveau de son conseil
d'administration, d'une direction dynamique et qui soit consciente à la
fois des impératifs administratifs et des objectifs qu'un tel organisme
doit avoir dans l'intérêt de la collectivité.
C'est ce que nous essayons d'obtenir comme résultat mais nous
n'avons pas actuellement fixé un choix sur les membres du conseil
d'administration.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre pourrait me dire,
à ce propos justement, s'il y a eu depuis que nous avons commencé
à étudier ce projet de loi des changements dans le conseil
d'administration, la direction de Radio-Québec?
M. L'ALLIER: C'est-à-dire qu'il n'y a pas eu de nouvelles
nominations au conseil d'administration de Radio-Québec. Si ma
mémoire est exacte, il y a la démission du vice-président
de Radio-Québec, M. Beauchemin, qui a changé d'emploi en fait et
qui est maintenant pas M. Beauchemin...
UNE VOIX: M. Boisvert.
M. L'ALLIER: M. Antonin Boisvert, qui était vice-président
et, de ce fait, membre du conseil d'administration et qui occupe maintenant un
autre emploi dans le secteur privé, depuis qu'il a quitté
Radio-Québec. Donc, il n'est plus, de ce fait, membre du conseil
d'administration parce qu'il y était en qualité de
vice-président. Mais le poste est vacant.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le poste de vice-président est vacant
à l'heure actuelle.
M. L'ALLIER: Oui, le poste de vice-président est vacant et nous
n'avons pas voulu présumer de l'adoption de la loi 36 pour
procéder à des nominations. Nous attendons, plutôt que de
nommer quelqu'un pour quelques mois et ensuite d'avoir à refaire le
conseil.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le président me demande si j'ai
l'intention de poser ma candidature, on verra en temps et lieu. Je peux
toujours faire comme Wagner, laisser planer ça une couple
d'années; je demanderais d'ailleurs l'avis de Chartrand au retour de son
voyage chez les fedayin pour voir si c'est un poste stratégique. Mais le
problème n'est pas celui-là: nous allons reprendre la session
vraisemblablement le 31 octobre et le projet de loi sera adopté en son
temps, je ne sais pas à quel moment précis, mais d'ici là,
j'imagine que le ministre a commencé les consultations afin de pourvoir
au remplacement des personnes qui ont quitté ou qui ont
été affectées à d'autres tâches.
Est-ce que le ministre peut nous donner une indication du moment
où Radio-Québec va commencer à fonctionner selon le
nouveau schème d'organisation qui apparaît dans le projet de loi
36?
M. L'ALLIER: A mon avis, M. le Président, à moins qu'il ne
se passe des choses incontrôlables, dès que la loi sera
adoptée et dans les jours qui suivront, mais évidemment dans les
jours qui suivront, dans la semaine qui suivra, le nouveau conseil
d'administration devrait être nommé, immédiatement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'imagine que ce que vient de nous dire le
ministre fait suite à une longue consultation qu'il a eue avec son
collègue, le ministre des Affaires culturelles.
M. L'ALLIER: Il faut consulter le plus largement possible.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est large dans ce cas-là !
M. LE PRESIDENT: Le député de Lafontaine.
M. LEGER: Je veux tout simplement poser une question au ministre
concernant la dernière fois que nous nous sommes rencontrés, un
groupe de l'Association des producteurs de cinéma devait nous
présenter un mémoire et il y avait eu une intervention assez
marquée de son collègue, le ministre des Affaires culturelles.
Est-ce que, depuis ce temps, le ministre a eu le temps d'étudier ce
mémoire? Est-ce qu'il est d'accord sur les revendications de cette
association de producteurs qui trouve que Radio-Québec prend trop de
commandites? Quelle est la position du ministre sur ce mémoire?
M. L'ALLIER: J'ai pris connaissance du mémoire qui a
été présenté et celui-ci porte essentiellement, du
moins suite à la lecture que j'en ai faite et c'est la perception que
j'en ai, sur une demande présentée sous plusieurs aspects d'une
politique du cinéma. C'est ce que l'on nous demande dans ce
mémoire en définitive.
On nous dit dans le mémoire: Il est important, il est
impératif qu'il y ait une politique du cinéma; faites en sorte
que, par vos amendements, vous ne mettiez pas en danger l'élaboration et
l'implantation d'une telle politique. Et c'est suite à ça que
nous avons convenu d'ajouter à l'article 2 du projet de loi 36, aux
sous-paragraphes b) et g): en liminaire sous réserve de l'article 23 a)
de la Loi du ministère des Affaires culturelles, précisant
à ce moment-là que tout le secteur qui est déjà
celui du cinéma n'est pas touché par les lois sur les
communications.
Ces amendements ont semblé satisfaire, du moins d'après la
perception que j'en ai, les milieux du cinéma et c'est l'avis que nous
en a donné le directeur général de l'Office du film du
Québec.
M. LEGER: J'espère que le ministre va limiter son travail dans le
domaine de la production en ce sens que ce qu'on lui reprochait dans un
article, c'était de faire trop d'ingérence de Radio-Québec
dans ce domaine-là.
Etant donné que le bill 36 s'achemine maintenant vers son
adoption à la reprise de la session, je pense que ce bill 36, entre
autres, est une amélioration sur la première version. Même
si on trouve qu'il n'y a pas suffisamment d'autonomie, il y a quand même
une amélioration en faisant passer de cinq à sept le nombre des
membres ainsi qu'en réduisant à deux le nombre maximum des
fonctionnaires. Pour nous, ça nous satisfait. Radio-Québec va
main- tenant s'occuper bientôt du câble c'est une
étape dans son développement et nous souhaitons qu'il
devienne très tôt un diffuseur à part entière dans
toutes les catégories, non pas uniquement dans les émissions
éducatives, mais je pense que cette chose ne pourra arriver
qu'après que le Québec aura fait lui-même sa
souveraineté pour pouvoir contrôler ce domaine. Mais en ce qui
nous concerne, je pense que Radio-Québec a un rôle très
important à jouer et nous sommes satisfaits du bill 36, de la
façon qu'il est actuellement présenté.
M. LAVOIE (Wolfe): Il y a une information que je voulais demander au
ministre. Il y a une chose à laquelle je pense depuis longtemps et je
trouve curieux que, ici au Québec ou au Canada, si vous voulez, à
une certaine heure, on ait de la misère à prendre nos postes
locaux de radio; on prend Cincinnati, Chicago et tout et on ne peut prendre un
poste local à quinze milles de chez nous. Pouvez-vous nous donner
l'explication de ça? Je ne connais pas le problème mais
j'aimerais qu'on m'explique pourquoi on ne peut pas contrôler nos
ondes.
M. L'ALLIER: C'est un problème que, sur le plan strictement
personnel, j'essaie de comprendre moi-même. C'est très technique
comme problème. On m'a déjà posé la question et il
semble que tout cela soit lié à la répartition ou à
l'utilisation des corridors d'ondes. Je ne sais si mon vocabulaire est exact
mais vous pouvez avoir par exemple, une antenne d'émission qui obtient
des fréquences et, à l'intérieur de ces fréquences,
il y a des corridors qui font qu'un poste de Montréal pourra être
entendu jusqu'à Québec, par exemple, alors qu'il ne sera pas
entendu à 45 milles à l'ou'est de Montréal et ainsi de
suite pour ce qui est de l'ensemble des postes au Québec. Maintenant,
pour ce qui est des postes américains, il semble qu'il y ait une
influence directe du soleil, je ne sais si ça s'explique...
M. LAVOIE (Wolfe): Mais les postes de radio, du fait que...
M. L'ALLIER: A la tombée du soleil, il y a un changement qui se
produit.
M. LAVOIE (Wolfe): Mais les postes de radio sont obligés de
changer leur fréquence, pas leur fréquence comme leur puissance,
si vous voulez, à une certaine heure. Au coucher du soleil, ils sont
obligés de baisser leur puissance...
M. L'ALLIER: Je ne voudrais pas en dire plus sur ce sujet car je ne suis
pas spécialiste de ces questions.
M. LAVOIE (Wolfe): C'est un fait que, quand même, ils sont
obligés de réduire leur
puissance. On dit qu'il y a seulement CKAC dans la province qui a le
droit de garder la même puissance, car c'est un des plus vieux postes de
la province. Je ne comprends pas que les postes de radio soient obligés
de baisser leur puissance comme cela, à cinq ou six heures du soir, pour
laisser entrer les postes américains. Cela me dépasse.
M. L'ALLIER: C'est un point qui est à l'étude. Je ne sais
pas si nous avons dans la salle un technicien qui peut répondre à
cette question.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Bien, il n'y a peut-être pas de
technicien mais je me souviens des travaux que nous avions faits au
comité spécial de la radiodiffusion à Ottawa. Ce
problème-là est assez vieux et il y a évidemment un aspect
hautement technique, très technique. Maintenant, il y aurait quand
même une raison de s'interroger et de demander une étude technique
sur cet aspect du problème parce que c'est très compliqué.
Vous avez, par exemple, le problème de la chaîne de
télévision de Sherbrooke, qui a une fréquence et une
puissance telles qu'à partir de telle heure le soir, il y a
interférence avec la station de Radio-Canada de Québec. A telle
enseigne, que, dans tout un secteur de Québec, on ne peut prendre la
station de Radio-Canada, la chaîne de télévision que par
câble! Ce qui est inusité, puisque...
M. L'ALLIER: Si les membres de la commission veulent entendre le
sous-ministre sur cette question technique, je suis prêt à lui
céder la parole.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On aimerait bien ça.
M. L'ALLIER: C'est une question de physique. Les ondes hertziennes qui
sont transportées et qui transportent les signaux de radio ou de
télévision se propagent beaucoup plus facilement sous certaines
conditions. Quand le soleil se couche et le phénomène que
vous décrivez se produit plutôt l'hiver que l'été
dès que le soleil se couche, certaines ondes se propagent
beaucoup plus rapidement que d'autres à telles fins que les licences
émises ou les permis émis pour transmettre comportent
généralement deux puissances: une puissance le jour et une autre
puissance la nuit, qui est réduite parce que, la nuit, les ondes
se propagent beaucoup plus loin afin d'éviter les
interférences.
Vous avez certains postes de radio, comme le poste de Saint-Lambert, sur
la rive sud, à Montréal, qui n'ont un permis pour diffuser que le
jour. Dès que le soleil se couche, ils doivent quitter l'antenne pour
éviter les interférences, compte tenu des ententes
internationales.
M. LEGER: Quand l'atmosphère est plus froide, cela
rétrécit le champ et quand le soleil disparaît...
M. L'ALLIER: C'est la bande ionique...
M. LEGER: Cela change la trajectoire des ondes...
M. L'ALLIER: ... qui monte et descend selon que le soleil est
levé ou couché.
M. LEGER: Mais c'est à cause du froid?
M. L'ALLIER: Pas nécessairement le froid, parce que c'est
toujours très froid là où cette bande-là se trouve,
mais le soleil a pour effet de faire baisser la bande plus près de la
terre, donc le miroir qui réfléchit les ondes les
réfléchit plus près et dès que le miroir monte,
vous avez des réflexions qui vont beaucoup plus loin. Alors, il n'y a
rien à faire pour cela.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il y a des députés qui ne
devraient réfléchir que la nuit !
M. HOUDE (Fabre): Est-ce que c'est vrai aussi pour les postes
étrangers? A Montréal et à Québec, par exemple, on
reçoit uniquement des postes américains. Cela veut dire qu'on
exporte la culture française.
M. L'ALLIER: C'est cela. C'est un peu comme les mirages. A certains
moments, vous avez un mirage qui vient de très loin et si le
réflecteur baisse, vous pouvez le voir beaucoup plus près. Alors,
nos postes qu'on peut difficilement prendre le soir sont peut-être
captés en Nouvelle-Orléans ou dans des endroits comme
ceux-là.
M. PERREAULT: J'ai pris Radio-Canada en Caroline du Sud.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On est allé en Caroline du Sud? Bien,
bonnes vacances !
M. LE PRESIDENT: D'autres questions techniques, messieurs?
M. VEILLEUX: Je ne sais pas si Michel Chartrand a écouté
Radio-Canada...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il devait être équipé. Il
avait ses correspondants.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Laurent.
M. PEARSON: Pour ajouter à ce que vient de dire le ministre, je
crois que le facteur principal, ce sont les rayons ultra-violets, en l'absence
du soleil, et deuxièmement, les postes de radio émettent des
ondes hertziennes qui se propagent en rebondissant dans l'ionosphère
tandis que les ondes de télévision s'en vont en ligne directe.
Alors, en ligne directe, elles peuvent rebondir sur une montagne, cela
dépend parfois du facteur géographique autour. Au début de
la télévision à Montréal, ceux qui
étaient placés près d'un gros hôpital avaient
deux ou trois personnages superposés, simplement parce que les ondes
rebondissaient sur l'hôpital à côté et revenaient. On
a réussi à corriger cela quand même. C'est officiel que le
soir, même sur les postes de faible fréquence, sur votre poste de
radio AM en particulier, vous pouvez capter une station de seulement 5,000
watts qui peut venir de 500 ou 600 milles de chez vous.
M. TREMBLAY(Chicoutimi): C'est une question assez technique.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que le député de Frontenac a une
question?
M. LATULIPPE: Très bien.
M. LE PRESIDENT: Alors, les articles 9, 10 et 11 sont adoptés
avec les modifications. L'article 13 devient l'article 12.
Est-ce que vous avez des questions à poser?
M. L'ALLIER: La seule modification, c'est que la loi entre en vigueur le
jour de sa sanction plutôt que le jour de sa proclamation.
M. LE PRESIDENT: Alors, tous les articles du projet de loi no 36 ont
été étudiés, approuvés et adoptés
avec des modifications.
Pour le projet de loi 37, je céderais immédiatement la
parole au ministre des Communications.
Projet de loi no 37
M. L'ALLIER: M. le Président, tout le monde sait que les trois
projets de lois 35, 36 et 37 sont quand même déposés depuis
fort longtemps devant l'Assemblée nationale. Pour ma part, je
souhaiterais que la commission parlementaire prenne tout le temps
nécessaire pour les étudier afin que nous puissions, si possible,
arriver à l'ouverture de la session et avoir terminé
l'étude de ces projets de loi en commission. Cependant, un certain
nombre de membres de la commission me font part que pour le bill 37 c'est un
article qui comporte beaucoup de détails techniques et je ne voudrais
pas qu'on laisse passer du temps sans l'étudier au risque d'arriver
demain, par exemple, en fin de journée, sans avoir terminé
l'étude de ces projets. Du moins, il faut aller le plus loin possible.
Dans cet esprit, deux choses sont possibles, soit de continuer maintenant
l'étude du projet de loi 37 article par article de reporter cette
étude à cet après-midi, pour la continuer demain. Pour ma
part, je souhaiterais beaucoup que nous puissions prendre tout le temps
nécessaire pour les étudier à fond. Si on a du temps en
trop, j'aimerais mieux l'avoir à la fin qu'au début.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je serais bien
d'accord avec le ministre pour qu'on commence l'examen de ces projets de loi.
Il y a cependant des choses que j'aurais voulu étudier plus longuement
parce qu'il y a quand même un certain temps qui s'est
écoulé depuis le moment où nous avons commencé
l'examen de ce projet de loi. Nous pourrions peut-être aller
jusqu'à midi et demi quitte à reprendre l'examen du projet de loi
demain à dix heures pour le terminer.
M. LE PRESIDENT: On pourrait aller jusqu'à midi et demi, voir
alors où on en est rendu et décider avant l'ajournement de la
séance.
M. L'ALLIER: Si les membres de la commission souhaitent avoir du temps
pour revoir le projet de loi, il vaut mieux prendre ce temps ce matin quitte
à étudier cet après-midi plutôt que de le faire ce
matin. Cependant, je ne voudrais pas m'engager tout de suite à dire que
la commission ne siégera pas cet après-midi si, ce matin, on a
étudié la première ligne du premier article et qu'on se
rend compte que la journée de demain ne sera pas suffisante à ce
moment-là pour compléter l'étude du projet de loi. Enfin,
mon objectif n'est pas d'étudier ce projet de loi à la sauvette
avec les membres de la commission mais, bien au contraire, de l'étudier
à fond et de tenter par tous les moyens de faire en sorte que le temps
dont nous disposons, qui est en fait une journée et demie, actuellement,
un peu plus qu'une journée et demie, serve à l'étude la
plus exhaustive possible.
M. LEGER: Quant à nous, nous sommes prêts à
siéger tout de suite. S'il y en a qui veulent retarder à cet
après-midi, je n'ai pas d'objection non plus. Quant à nous, nous
sommes prêts.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cet après-midi, nous pourrions
siéger de trois heures à six heures.
M. L'ALLIER: Oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... et nous reprendrions l'étude du
bill demain.
M. L'ALLIER: Nous pourrions reprendre notre étude demain matin.
Cela donnerait à tout le monde le temps de se rafraîchir la
mémoire sur les projets de loi et les amendements.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): D'accord.
M. LE PRESIDENT: Alors, la séance est suspendue jusqu'à
trois heures, cet après-midi.
(Suspension de la séance à 10 h 50)
Reprise de la séance à 15 h 11
M. LAFRANCE (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A l'ordre,
messieurs !
Projet de loi no 37, Loi modifiant la loi du. ministère des
Communications et d'autres dispositions législatives. Article 1.
M. le ministre des Communications.
M. L'ALLIER: M. le Président, nous abordons en commission
parlementaire l'étude du troisième et dernier projet de loi de ce
qu'il est maintenant convenu d'appeler le train législatif des
communications.
Ce projet de loi no 37 modifie d'une façon substantielle,
à certains points de vue, la Loi du ministère des Communications
et établit des concordances non moins essentielles avec les projets de
loi 35 et 36.
Je dois souligner, comme déjà les membres de la commission
parlementaire le savent, que les amendements qui sont apportés à
la Loi du ministère des Communications par le projet de loi 37
paraissent complexes, étant donné les références
qu'il faut faire à d'autres articles de la loi et étant
donné également le caractère technique du secteur des
communications.
En fait, les amendements que nous apportons sont essentiellement, dans
notre esprit, comme je l'ai dit au moment de la présentation du projet
de loi en deuxième lecture, pour tenir compte, dans l'avenir, de
l'existence d'un ministère des Communications au sein de
l'administration provinciale et pour rendre applicable l'article 2 de la Loi du
ministère des Communications, article qui, lui, n'est pas
amendé.
Cet article se lit comme suit: "Le ministre a pour fonctions
d'élaborer et de proposer au gouvernement une politique des
communications pour le Québec, de mettre en oeuvre cette politique, d'en
surveiller l'application et d'en coordonner l'exécution."
On retrouve, bien sûr, cette disposition dans la totalité
des lois constituantes de ministères. Il n'en reste pas moins que c'est
une disposition extrêmement importante dans la mesure où c'est
précisément l'essence même d'un ministère et ici,
dans le cas particulier du ministère des Communications, qui est de ce
fait décrite et précisée.
Vous me le permettrez, M. le Président, très rapidement,
il faut faire un léger retour dans le passé pour situer le
ministère des Communications et ses amendements dans un contexte plus
général.
Au moment où le ministère des Communications a
été créé la loi qui le constituait a
été sanctionnée le 12 décembre 1969 il
existait déjà au sein de l'administration provinciale plusieurs
organismes de communications. Radio-Québec existait, il y avait l'Office
d'information et de publicité créé par la Loi du
Secrétariat provincial et il y avait, dans diffé- rents
ministères, des actions de communication, de production, de diffusion,
etc.
Si nous n'avions pas apporté à ce moment-ci des
modifications à la Loi du ministère des Communications, je crois
qu'il aurait été extrêmement difficile, pour le
ministère et pour le ministre responsable, de plaider et de justifier
ses intentions de donner suite à l'article 2 de la loi,
c'est-à-dire de proposer une politique des communications, de mettre en
oeuvre cette politique, d'en surveiller l'application et d'en coordonner
l'exécution.
Donc, le projet de loi no 37 a pour but de donner au ministère
des Communications, à partir des législations existantes et en
les modifiant, le cas échéant, ce pouvoir d'élaborer, de
surveiller, de mettre en oeuvre une politique des communications et de la
coordonner. Il n'y a pas vraiment de modification radicale dans l'ensemble des
pouvoirs qui existent. En d'autres mots, le ministère des Communications
reprend chez lui et à son niveau les instruments d'élaboration et
d'exécution d'une politique des communications. Nous avons pris soin,
comme je l'ai souligné alors, de garantir à Radio-Québec,
par exemple, son autonomie quant à son développement, quant
à ses décisions internes et quant à ses orientations
internes.
Il n'en reste pas moins que Radio-Québec est un module de
communications qui, s'il doit être autonome en lui-même, doit quand
même se situer dans le contexte d'une politique d'ensemble des
communications. Radio Québec n'est pas une politique de communications,
c'est un instrument collectif de communications. Le but des lois 36 et 37 n'est
donc pas d'intervenir dans le cadre des activités de
Radio-Québec, mais de faire en sorte que Radio-Québec puisse,
globalement, se situer dans les lignes de force du développement des
communications telles que conçues et souhaitées par le
gouvernement.
La deuxième ligne de force de ces amendements est de faire en
sorte que les décisions d'orientation des communications soient celles
des élus du peuple et plus particulièrement du gouvernement dont
c'est la responsabilité d'établir, de présenter à
la population et de réaliser des politiques sur lesquelles il est
ensuite jugé.
Les amendements que nous proposons à la Loi du ministère
des Communications comme aux autres lois s'inscrivent d'une façon
très précise, en plus du contexte que je viens de vous indiquer,
dans le contexte plus général de la réforme
administrative. Il ne s'agit pas, cependant, de faire la réforme
administrative à partir de ces projets de loi. Il s'agit, toutefois, de
tenir compte des avis qui ont été soigneusement
étudiés, soigneusement fouillés et qui ont
été élaborés par les spécialistes en
administration au Québec, qu'il s'agisse d'universitaires, qu'il
s'agisse de l'Ecole nationale d'administration ou qu'il s'agisse du
comité de la réforme administrative.
C'est, en effet, dans le cadre de cette réforme administrative
que l'on est maintenant
appelé à considérer le rôle d'un tribunal
administratif par rapport à une régie, par rapport au
gouvernement, par rapport au cabinet, par rapport à l'Assemblée
nationale. Les modifications que nous apportons ici je serai heureux de
préciser, s'il y a des questions des membres de la commission sur ce
point s'inscrivent dans les lignes générales des
recommandations de ceux qui conseillent le gouvernement en matière de
réforme administrative.
C'étaient les quelques paroles que je voulais dire au
début de l'étude, article par article, de ce projet de loi, M. le
Président. Je souligne, encore une fois, que c'est extrêmement
complexe. Peut-être que, pour faciliter le travail des membres de la
commission, on me permettra, au moment de l'étude de chacun des
paragraphes, de souligner ce qu'était la loi ancienne, ce
qu'étaient les amendements initiaux proposés et d'indiquer quels
sont les textes définitifs que nous souhaitons proposer à
l'Assemblée nationale pour adoption.
Cette façon de procéder peut paraître un peu
scolaire, mais, si c'est l'avis des membres de la commission, je pense que cela
pourrait faciliter le travail de chacun.
M. LE PRESIDENT: Le député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, le ministre vient de
nous rappeler quels sont les objectifs que poursuit le gouvernement en
présentant les trois projets de loi nos 35, 36 et 37. Nous avons
déjà réglé le cas des projets de loi nos 35 et 36,
sans que toutefois le projet de loi no 35 ait été reporté
à la Chambre. Ce matin, nous avons examiné le projet de loi no
36, avec les quelques amendements que le ministre a bien voulu nous soumettre.
Nous en sommes à la troisième partie de cette trilogie qui doit
constituer l'armature même du ministère des Communications, soit
le projet de loi no 37 qui modifie la Loi du ministère des
Communications et d'autres dispositions législatives.
A prime abord, le projet de loi no 37 peut paraître assez
bénin. Le ministre nous a dit que, à toutes fins utiles, il
s'agissait d'amendements â la loi qui existe déjà et qui a
créé le ministère des Communications. Il reste toutefois
que je me sens obligé de reprendre, afin que le ministre en soit bien
avisé, certains arguments que j'ai déjà eu l'occasion de
développer lors de la présentation en Chambre.
Le projet de loi no 35 a accordé au ministre, par le truchement
de la Régie des services publics, certains pouvoirs qui lui permettent
d'exercer son autorité en qualité de ministre des Communications.
Nous avons eu l'occasion d'en discuter longuement. Il sera d'ailleurs possible,
en troisième lecture, d'y revenir et de proposer, le cas
échéant, des amendements.
Le projet de loi no 36 traite spécifiquement de
Radio-Québec, qu'on a, si vous voulez, restructurée en apportant
des amendements qui peuvent paraître majeurs mais qui ne sont pas, en
substance, radicaux, sauf que le gouvernement du Québec semble vouloir
donner beaucoup plus d'importance, d'ampleur, d'efficacité à cet
organisme capital non seulement pour les communications mais pour la promotion
de la langue, de la culture, de l'éducation au Québec. Nous
aurions souhaité, comme j'ai eu l'occasion de le dire
déjà, que cet organisme de Radio-Québec fût
autonome.
Il reste, toutefois, que l'on peut différer d'opinion
là-dessus et que la conception que se fait le gouvernement et les vues
que nous avions sur ces projets peuvent être conciliables à
condition que le ministre n'exerce pas sur Radio-Québec une tutelle qui
en ferait un instrument de propagande, ce qui n'est pas, je le pense bien,
l'intention du ministre qui parraine le projet de loi.
En ce qui concerne la loi 37, je pense que nous avons là un
projet de loi beaucoup plus délicat, parce qu'il touche à tout ce
qui s'appelle communications au Québec. Il s'agit, bien entendu, des
communications du gouvernement avec le public, des communications à
l'intérieur du gouvernement, c'est-à-dire des communications
interministérielles, mais il s'agit également de l'ensemble du
problème des communications du Québec, dont chacun des
instruments peut être régi par le projet de loi qui nous
occupe.
Il y a d'abord la question de l'OIPQ qui devra être repensé
dans l'optique de ce projet de loi, puisqu'il s'agit d'un organisme
gouvernemental au sujet duquel nous avons déjà dit qu'il ne
devait pas être un organisme de propagande, mais un organisme
d'information des citoyens sur ce qui se passe au gouvernement,
c'est-à-dire sur les législations gouvernementales, sur les
mesures gouvernementales. Cet instrument doit permettre aussi ce qu'on appelle
dans le jargon une rétroaction, c'est-à-dire de connaître
quelles sont les opinions des citoyens qui reçoivent cette communication
ou ces renseignements du gouvernement via le ministère des
Communications.
Cependant nous aurons l'occasion d'y revenir tout à
l'heure dans le cas du projet de loi 37, notamment aux articles 2 et 3,
il y a là un ensemble de pouvoirs qui sont revus par le gouvernement
actuel et qui mettent en cause l'ensemble des mécanismes d'information
au Québec sous toutes leurs formes possibles. En effet, si on lit bien
le projet de loi et les notes explicatives, le gouvernement s'autorise du
projet de loi 37 pour coordonner l'information gouvernementale, ensuite la
production, l'acquisition, la diffusion de documents audio-visuels, la
diffusion de documents par les organismes publics.
L'article 2 confie au ministre la responsabilité d'assurer la
coordination des services de communications des corporations municipales et
scolaires, des communautés urbaines ou
régionales et des divers autres organismes publics.
Ensuite, l'article 3 a pour effet d'attribuer au lieutenant-gouverneur
en conseil le pouvoir d'adopter des règlements dans le cadre de la
compétence du Québec sur les conditions d'implantation et
d'exploitation d'une entreprise publique etc., etc.
Alors, dans ces quatre paragraphes et notes explicatives se trouve en
réalité la substance de ce qui nous apparaît comme les
objectifs du gouvernement en matière de communications.
Nous n'avons pas, bien entendu, d'objection à ce que le
ministère des Communications s'organise. Nous nous interrogeons
toutefois sur la portée de l'action gouvernementale en matière
d'information et non pas parce que nous prenons cette initiative
gouvernementale, nous plaçons cette initiative gouvernementale dans une
optique nettement péjorative et soupçonneuse, mais parce que nous
nous interrogeons sur l'attitude des organismes qui seront des organismes, des
sociétés qui seront éventuellement touchés par la
réglementation que le ministre va présenter et notamment par ce
qui est annoncé dans les articles 2 et 3.
Je voudrais savoir du ministre il pourra le dire tout de suite ou
en cours d'examen du projet de loi s'il y a eu consultation d'abord avec
les sociétés qui possèdent des entreprises de presse,
communications: radio, télévision, journaux, etc.; s'il y a eu
consultation avec un organisme qui, je l'espère, est né, mais
dont j'ignore encore le rythme de croissance, le conseil de presse, dont on
nous avait annoncé la naissance prématurée le 7
décembre...
M. VEILLEUX: Le 7 décembre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... mais dont on n'a pas eu de nouvelles
depuis, ne sachant pas s'il est encore en incubateur ou s'il est vivant et s'il
a fait ses premiers pas.
Nous voudrions savoir également si le ministre a des
renseignements à nous fournir concernant ce qu'on appelle dans le projet
de loi "les organismes municipaux, scolaires, toutes autres entreprises de
production, etc." Ce sont autant de questions que nous nous posons qui, je le
dis, ne rendent pas nécessairement le projet de loi suspect, mais nous
forcent à nous interroger sur les intentions véritables du
gouvernement et sur la liberté d'action que doivent avoir, dans le cadre
d'une politique des communications, tous ces moyens dont se servent
actuellement les citoyens ou dont les citoyens sont les
bénéficiaires à des fins d'information et de
communication.
Le projet de loi comporte des aspects très techniques. Nous
aurons l'occasion de les discuter en décortiquant le projet de loi pour
savoir exactement jusqu'où iront les pouvoirs du ministre, quelles
seront leur portée, leur étendue, quels seront les organismes
privés ou publics qui seront touchés par le projet de loi 37 et
à qui ils devront rendre compte, dans quelle mesure leur action, leur
activité générale sera soumise à la surveillance du
ministre des Communications.
J'ai eu l'occasion de dire au ministre, lors de l'étude en
Chambre, que je craignais que ce projet de loi 37 ne donnât naissance
à une sorte de ministère de la propagande. Je n'insiste pas sur
cette déclaration que j'ai déjà faite. Je la maintiens
toutefois, sous réserve, bien entendu, des déclarations que
voudra faire le ministre et qui pourront contribuer à appaiser nos
craintes, à les dissiper ou à les faire disparaître
complètement si le projet de loi est amendé dans le sens que nous
le souhaiterions.
Ceci étant dit, pour ma part je suis disposé à
examiner dans le détail le projet de loi 37 et les amendements qu'a
soumis le ministre, me réservant cependant le droit d'interroger le
responsable des communications au Québec sur chacun des aspects d'un
projet de loi qui, peu important par le nombre de ses articles, n'en deviendra
pas moins un instrument d'une extrême importance dans la vie collective
du Québec.
M. LE PRESIDENT: Le député de Lafontaine.
M. LEGER: M. le Président, en regardant le bill 37, qui est un
complément du bill 35, on ne peut faire autrement que réaliser la
disparition de l'OIPQ.
Mais la chose la plus importante, c'est le fait que le ministère
des Communications, peut-être même au détriment de la
Régie des services publics, veut se donner des pouvoirs qui, selon nous,
devraient être intéressants théoriquement.
Mais, en pratique, il faut regarder les choses en face. Malgré
tous les pouvoirs de réglementation que le ministère veut se
donner, le ministre pourrait-il nous dire précisément comment il
va pouvoir soumettre Bell Canada à cette juridiction? Comment
pourra-t-il réellement, dans les faits, avoir une juridiction sur le
câble? Comment pourra-t-il, tôt ou tard, soumettre la radio et la
télévision parce que ce sont des organismes publics? Est-ce que
ce ne sont pas tout simplement des pouvoirs théoriques qui demeureront
lettre morte parce qu'on sera devant le problème de la double
juridiction dans les deux cas?
Je ne parle pas encore à ce stade-ci du manque d'autonomie que va
vivre la Régie des services publics, on le verra tantôt, mais je
me demande si on ne se bombe pas la poitrine inutilement si on n'a pas
réglé d'autres problèmes majeurs que représente
cette fameuse juridiction qu'on aura par la suite.
Est-ce que réellement nous pourrons amener Bell Canada, les
compagnies de câble, la radio et la télévision à
accepter la juridiction du ministère des Communications?
Un autre point qui me frappe dans ce projet, c'est qu'au lieu de donner
un corridor d'activité, au lieu de donner des principes
généraux sur lesquels la Régie des services publics
pourrait
établir elle-même sa propre réglementation, on donne
à l'article 1 seulement, on le verra tantôt, ces pouvoirs
généraux. Mais quant au reste, on enlève
complètement des pouvoirs à la Régie des services publics
et on en fait tout simplement un "estampilleur" des décisions du
ministère des Communications.
A quoi réellement et je pose la question au ministre
servira la Régie des services publics si elle ne peut même
pas établir sa propre réglementation et que très souvent
elle devra obtenir, au préalable, du ministre certaines permissions pour
réaliser sa responsabilité?
Ce sont les deux problèmes qui me viennent à l'esprit
devant ce bill 37, premièrement, des projets de juridiction qui ne
pourront être que sur papier et, deuxièmement, on enlève
à un organisme pour être autonome le pouvoir de réaliser,
selon sa propre responsabilité d'organisme de régie des services
publics.
Finalement, voici une troisième question que je poserai au
ministre. Est-ce qu'il voudrait nous dire si, par ce pouvoir de
réglementation, il y aura une certaine latitude à la Régie
des services publics? Même si ça donne tous les pouvoirs de
contrôle presque parfait sur la régie, sauf à l'article 1
où on émet les principes généraux sur les permis,
mais quant au reste, c'est une direction contrôlée par le
ministère qui risque justement d'amener une ingérence politique
que le ministre le veuille ou non, tout le long du domaine des
communications.
J'aimerais bien que le ministre réponde à mes trois
questions à savoir si réellement, avec son projet de loi no 37,
il pourra avoir une juridiction sur les domaines que je viens de mentionner,
si, deuxièmement, la Régie des services publics aura des
responsabilités bien précises et lui donnera-t-il au moins une
certaine latitude et le pouvoir de réglementation?
Pour terminer, le pouvoir de réglementation qu'on veut
établir, est-ce qu'on pourra, à la commission parlementaire,
l'étudier avant qu'il ne soit adopté? Est-ce que ces pouvoirs ou
cette réglementation seront un peu, peut-être pas copiés,
mais dans le même style que les règlements que le CRTC doit vivre
dans son travail quotidien? Est-ce que le ministre pourrait répondre
à ces trois ou quatre questions?
M. LE PRESIDENT: Le député de Frontenac.
M. LATULIPPE: M. le Président, je serai bref. Je ne voudrais pas
reprendre tout ce qui a été dit sur le projet de loi depuis sa
présentation en Chambre. Je pense que le député de
Chicoutimi a, quand même, résumé l'essentiel de nos
préoccupations.
En gros, pour couper au plus court, ce qui m'inquiète surtout,
c'est que je ne voudrais pas voir l'industrie des communications
tiraillée entre deux autorités au niveau de la
réglementation, surtout du fait que c'est terriblement complexe, comme
le ministre l'a souligné. On le voit lorsqu'on lit, à l'article 3
en particulier, les conditions qui seront sans doute imposées aux
diverses industries du monde des communications au Québec.
M. le ministre, j'aimerais également, dans votre réponse,
que vous abordiez aussi la question des relations
fédérales-provinciales dans le domaine. Est-ce que vous avez eu
dernièrement des communications? Cela m'inquiète
énormément. Je ne voudrais pas qu'on soit pris, dans l'industrie
des communications, à faire deux rapports. J'espère qu'il va y
avoir une entente quelconque afin qu'il n'y ait pas de rapport en double et
qu'on ne soit mal pris avec des normes techniques qui ne seraient pas
exactement concordantes, entre autres.
Au chapitre de l'autonomie dont parlait le député de
Lafontaine tout à l'heure, j'aimerais que le ministre nous dise aussi de
quelle façon les industries du Québec pourront faire valoir leurs
droits ou exiger certaines transformations. Bien souvent, on est pris un peu
à court dans cette industrie et il faut agir assez rapidement. Est-ce
qu'il y a des mécanismes de révision de la réglementation
ou des possibilités d'action? Si le ministre se réserve tous les
pouvoirs et que la régie n'a, en définitive, pratiquement pas de
pouvoirs de décision réels, je pense que cela sera suffisamment
lourd pour ne pas permettre à l'industrie des communications de se
développer d'une façon normale.
Cela résume l'essentiel des questions que j'avais à poser
sur le projet de loi. Je reconnais que c'est un peu décousu, mais,
étant donné que ceux qui m'ont précédé ont
couvert l'essentiel et pour éviter de le répéter,
j'aimerais que le ministre ajoute à ses remarques une réponse aux
divers aspects que j'ai soulevés. Je me réserve aussi certaines
questions au fur et à mesure que nous poursuivrons l'étude du
projet de loi, article par article.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, avant que le ministre
ne commence à répondre aux questions qui ont été
posées, il se souviendra que je l'avais interrogé longuement,
lors de la présentation en Chambre et, ensuite, lors de l'étude
des projets de loi nos 35 et 36, sur les contacts qu'il avait eus avec M.
Gérard Pelletier.
J'avais insisté très longuement en Chambre
là-dessus. Le député de Lafontaine vient de reprendre ce
problème du dossier qui est l'aspect constitutionnel. Est-ce que, depuis
la lettre que le ministre des Communications adressait le 2 février 1972
à M. Pelletier, il y a eu d'autres échanges de lettres? M.
Pelletier s'est-il prononcé de façon précise sur ce que le
ministre appelait la question préalable, soit la législation en
matière de câble, Télésat, télévision
éducative, sur la radio-télévision éducative
notamment, sur le problème des exigences du CRTC, sur les communications
spatiales, sur la câblovision et également sur la juridiction
exclusive du fédéral sur les sociétés Bell Canada,
Télésat Canada ou télécommunications CN et
CP de même que sur l'ensemble des radiocommunications? Est-ce que,
depuis cet échange de lettres, depuis la lettre du ministre, le ministre
Pelletier d'Ottawa a donné une réponse au ministre actuel des
Communications du Québec et, suite d'ailleurs à une lettre que M.
Pelletier avait envoyée au ministre des Communications le 3
décembre 1971 et que le ministre avait déposé ici devant
la commission? Est-ce qu'il y a eu d'autres échanges et quel est
l'état actuel du dossier, compte tenu des expressions d'opinions qui ont
suivi la conférence interprovinciale d'il y a quelques semaines alors
que l'on a fait grand état et le ministre lui-même dans une
déclaration récente de la victoire que l'on avait
remportée dans ce domaine des communications?
M. LE PRESIDENT: M. le ministre des Communications.
M. L'ALLIER: Avant de commencer l'étude article par article,
j'aimerais tenter de répondre aux questions qui ont été
posées. Pour ce qui est relations fédérales-provinciales,
je distribuerai dans un instant, pour mémoire, aux membres de la
commission, le texte de la déclaration que j'ai faite il y a
déjà près d'un mois au cours de la période des
vacances suite à la correspondance que m'ont adressée
conjointement MM. Stanbury et Pelletier dans le domaine des communications et
par laquelle ils répondent à la question préalable que
nous leur posions. C'est au même moment que le gouvernement
fédéral nous faisait connaître sa position en
matière de radiotélévision éducative. Donc
plutôt que de verbaliser trop longtemps là-dessus, je distribuerai
dans quelques instants le texte de cette déclaration qui couvre
l'ensemble de ces questions et qui fait le point comme le demande le
député de Chicoutimi.
Pour ce qui est de la déclaration des premiers ministres à
la conférence de Halifax, j'ai été évidemment
très heureux de cette prise de conscience collective des provinces face
d'abord à l'importance des communications, parce que si on a jugé
bon d'aborder cette question, c'est donc qu'elle était jugée
importante par l'ensemble des provinces. J'ai été heureux
également que cette prise de conscience se traduise d'une façon
concrète par la convocation à Québec, en novembre, d'une
conférence ministérielle interprovinciale sur les
communications.
C'est donc à l'issue de cette conférence que nous pourrons
évaluer, d'une façon plus précise, le chemin qui a
été effectivement parcouru au niveau de l'ensemble des provinces
dans le domaine des communications.
Une chose que l'on peut constater, dès maintenant, je crois,
c'est qu'alors qu'il y a quelques années le Québec était
à toutes fins pratiques seul à parler de communications en termes
de juridiction et d'importance pour des motifs culturels, en partie,
maintenant, la majorité, sinon toutes les provinces, sont conscientes
que les communications sont un élément imbriqué et
directement relié à leur développement économique
et social et que, dans ce contexte, il faut, au niveau des provinces, que ces
questions soient étudiées conjointement.
C'est donc, à mon avis, un élément positif qu'il
faut retenir. Pour ce qui est des préoccupations qui sont
exprimées par les membres de l'Opposition, chacun de ceux qui ont pris
la parole a soulevé la question du contrôle du gouvernement sur
l'information, la propagande, des choses comme celles-là. Je dois,
encore une fois, comme je l'ai dit au moment du débat en deuxième
lecture, attirer l'attention sur le fait que l'Office d'information et de
publicité tel qu'il existait auparavant, était un organisme qui
n'avait aucune autonomie et il est important de le souligner. C'était un
organisme administratif responsable de l'information et de la publicité
du gouvernement.
Ce que nous faisons maintenant, c'est de faire en sorte que
l'information et la publicité du gouvernement soient faites à
l'intérieur du cadre normal des services techniques du ministère
des Communications.
Si on relit les articles de la Loi du Secrétariat provincial,
chapitre 26 des statuts refondus, qui porte sur l'Office d'information et de
publicité, on y dit, par exemple: "Un organisme administratif est
institué sous le nom de l'Office d'information et de publicité du
Québec. L'Office d'information et de publicité du Québec
se compose d'un directeur, des autres fonctionnaires et employés
jugés nécessaires. Le directeur, les autres fonctionnaires et les
employés visés par le présent article sont nommés
et rémunérés suivant la Loi de la fonction publique."
L'article 108 dit: "L'Office d'information et de publicité du
Québec est chargé de l'information et de la publicité des
ministères et services du gouvernement et de tout organisme qui en
relève et auquel le lieutenant-gouverneur en conseil étend
l'application des articles 106 et 107."
Enfin on termine, à l'article 109, en disant: "Le premier
ministre ou tout membre du Conseil exécutif qu'il désigne est
chargé de l'application des articles 106 à 108." C'est donc
strictement un organisme administratif qui n'est relié à aucun
ministère, précisément parce qu'il n'y avait pas, à
ce moment-là, de ministère des Communications. Tout ce que nous
faisons, c'est normaliser cette situation, en tenant compte de l'existence d'un
ministère des Communications, pour améliorer la qualité
des communications interministérielles, intraminis-térielles et
de l'administration publique avec les citoyens.
Il aurait été possible de laisser ces articles dans la
loi, de les laisser mourir de vieillesse, si vous voulez. Le projet de loi, de
ce côté, ne change véritablement rien, sauf qu'il donne au
ministre des Communications une responsabilité qui est maintenant
identifiée. C'est à lui que
l'on pourra poser des questions sur tout point relatif à
l'information et à la publicité du gouvernement.
J'ai d'ailleurs dit, en commission parlementaire, que j'étais
disposé à demander au gouvernement de présenter,
dès l'adoption des projets de loi nos 35, 36 et 37, une motion, à
l'Assemblée nationale, à l'effet de rendre obligatoire la
convocation de la commission parlementaire de l'éducation, des affaires
culturelles et des communications. A ces séances obligatoires et
régulières de la commission, les membres de l'Assemblée
nationale pourraient questionner le ministre responsable sur l'ensemble des
activités d'information et de publicité du gouvernement, ce qui
ne se faisait pas auparavant, lorsque l'Office d'information et de
publicité existait. Le seul moyen que l'on avait, à ce
moment-là, était de recourir à la commission des
engagements financiers. Or, je vais recommander au gouvernement de proposer
à l'Assemblée nationale cette motion, afin que soit
constituée, sur une base permanente, comme l'est la commission des
engagements financiers, la commission de l'éducation, des affaires
culturelles et des communications, aux fins de scruter les actions du
gouvernement en matière de communication, de publicité et
d'information.
Donc, sur le plan administratif, à toutes fins pratiques, c'est
une modification administrative. L'OIPQ, qui dépendait de
l'Exécutif, qui dépendait d'un ministre et qui était
composé de fonctionnaires est, à toutes fins pratiques,
intégré au ministère des Communications, composé de
fonctionnaires avec des responsabilités administratives. Mais le
changement va vers une ouverture et un meilleur contrôle de
l'Assemblée nationale des actions d'information et de publicité
du gouvernement, dans la mesure où, précisément, le
gouvernement proposera cette motion, obligeant la commission parlementaire de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications à se
réunir, trois ou quatre fois par année, suivant ce qu'on voudra
bien en débattre. C'est en gros le schéma de la commission
parlementaire des engagements financiers que nous voulons suivre. La commission
pourra scruter les actions du gouvernement en cette matière et faire en
sorte que, s'il y a des écarts, ceux-ci soient corrigés et ne
soient pas, dans l'avenir et par la suite, au détriment de la
population.
C'est un premier point que je voulais signaler. Je crois que c'est quand
même un point important.
On a, par ailleurs, souligné, M. le Président, le fait
qu'en récupérant au ministère des Communications une
partie du pouvoir réglementaire non pas tout le pouvoir
réglementaire qui était, jusqu'ici, celui de
Radio-Québec ou de la Régie des services publics, en
matière de communication, il y avait un danger.
Le seul danger qui existe, c'est que le gouvernement puisse gouverner
à partir de là.
C'est peut-être un danger pour l'Opposition, mais ce sont, quand
même, des moyens qui sont absolument essentiels au gouvernement. Comme je
l'ai dit, c'est conforme à la réforme administrative et aux avis
des spécialistes, des techniciens d'administration ou des
universitaires, etc., sur cette question.
J'ajoute ici, cependant, qu'à la suite des interventions qui ont
été faites à cette commission par les membres de la
commission et des suggestions qui nous ont été faites de
l'extérieur, j'ai l'intention de proposer un amendement qui ajoute
à la loi 37 et qui donne au gouvernement l'obligation d'une publication
préalable dans la Gazette officielle de tout projet de
réglementation en matière de communications.
Donc, l'amendement que j'ai l'intention de proposer à la fin de
la loi 37 ce projet de règlements est proposé en vertu de
l'article 3 c'est que tout projet de règlements soit
publié dans la Gazette officielle du Québec avec avis qu'à
l'expiration d'au moins 30 jours suivant cette publication lesdits
règlements seront soumis à l'approbation du lieutenant-gouverneur
en conseil.
Deuxièmement, tous les règlements adoptés alors par
le lieutenant-gouverneur en conseil, en vertu de la présente loi,
entreront en vigueur à la date de leur publication ou à toute
date ultérieure qui y est fixée. En d'autres mots, cette
publication préalable permet à la fois aux membres de
l'Assemblée nationale, et à l'ensemble de la population de
prendre connaissance, non pas de règlements qui sont déjà
fixés, déjà en vigueur, mais de projets de
règlements.
Ces projets de règlements pourront faire l'objet de commentaires,
de critiques, d'analyses, d'une demande de convocation de la commission
parlementaire, ce à quoi, suivant les circonstances, je me
prêterai très volontiers. Cela permettra de bien vérifier
l'authenticité de tels règlements dans l'intérêt
public.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le ministre, est-ce que vous me permettriez
une question ici? Vous parlez de la publication préalable des projets de
règlements dans la Gazette officielle et vous dites que ces
règlements ne seront pas promulgués avant le délai de 30
jours. Est-ce que vous n'avez pas pensé à la solution que nous
adoptons pour un grand nombre de projets de loi, soit à une convocation
de la commission parlementaire pour l'examen de chaque projet de
règlements, toutes les fois que vous aurez à en
présenter?
Vous dites: D'accord, il y aura toujours possibilité du recours
à la commission parlementaire, mais si ce n'est pas prescrit, s'il n'y a
pas d'engagement du gouvernement à les soumettre à la commission
parlementaire, on risque fort, à cause du travail sessionnel, etc., de
ne pas avoir le temps de voir ces règlements.
Mais si l'on spécifie que lesdits règlements devront,
avant leur approbation, même après la procédure que vous
avez indiquée, être soumis à
la commission parlementaire pour examen, je crois que ce serait une
sécurité encore beaucoup plus grande, en même temps que
cela permettrait aux personnes intéressées de se faire
entendre.
M. LE PRESIDENT: Sur le même sujet, le député de
Lafontaine, avant la réponse du ministre.
M. LEGER: C'était la quatrième question que j'avais
posée au ministre tantôt. Il avait commencé à
répondre, mais ça ne répond pas pleinement. J'avais
demandé tantôt, avant que le député de Chicoutimi ne
le répète, si nous aurions la possibilité d'avoir la
réglementation devant la commission parlementaire avant.
C'était la question que j'avais posée tantôt et
à laquelle le ministre pourrait répondre. En même temps, je
voulais lui demander si, dans le délai de 30 jours, le ministre
prévoyait une audience ou une consultation, autre que la commission
parlementaire, des organismes concernés.
Une autre question qui me vient à l'esprit : Est-ce que ça
veut dire que tout projet de loi où il y aurait de la
réglementation devrait passer par la publication préalable dans
la Gazette officielle ou si ce serait uniquement pour ce qui touche les
communications du gouvernement?
M. L'ALLIER: Je vais commencer à répondre par la fin de la
question. Evidemment, ça touche ici uniquement les projets de loi des
communications. C'est un projet d'amendement que je propose pour la loi no 37
qui, elle, porte en partie sur le pouvoir réglementaire du gouvernement
en matière de communications. Donc, c'est uniquement pour la loi 37, en
ce qui nous concerne.
Deuxièmement, nous avons effectivement songé, en
consultant les légistes du gouvernement, à une convocation
automatique d'une commission parlementaire chaque fois qu'il y a des nouveaux
règlements. Nous avons, cependant, exclu cette solution,
précisément pour permettre à chaque parlementaire et
à tous ceux qui sont intéressés de juger de
l'opportunité de convoquer une commission parlementaire.
Il peut arriver très souvent, comme c'est dans un secteur qui
évolue extrêmement rapidement, que nous ayons, à un moment
donné, tel ou tel règlement qui est de moindre importance ou qui
est strictement technique. La publication, à mon avis, dans la
majorité des cas, permettra à chacun de prendre connaissance du
règlement et à chacun de constater qu'il s'agit de
réglementation technique qui ne nécessite pas étude en
commission parlementaire.
Nous voulons, en laissant cet amendement tel qu'il est,
c'est-à-dire sans convocation automatique de la commission
parlementaire, un peu faire porter le fardeau de la convocation de la
commission parlementaire sur le gouvernement et en même temps sur les
membres de l'Assemblée nationale comme tels. Il m'apparaît que
c'est à eux, dans chaque cas, de décider s'il y a lieu pour tel
et tel motif de convoquer la commission parlementaire. Si l'Opposition demande
la convocation de la commission parlementaire et que le gouvernement la refuse,
c'est une façon, à mon avis, de mettre en lumière le
probème; et le gouvernement, à ce moment-là, doit
expliquer et justifier sa position. De la même façon, d'autres
organismes peuvent demander la convocation de la commission parlementaire, ce
que le gouvernement, ou l'Assemblée nationale, n'est pas obligé
d'accorder dans chaque cas.
La convocation automatique de la commission parlementaire pourrait
constituer en fait, à mon avis, dans certains cas, un préjudice
au secteur même des communications et pourrait, si la qualité des
membres de l'Assemblée nationale n'était pas celle des membres de
cette commission, être une tentation pour des mesures dilatoires dans des
cas qui ne nécessitent aucune étude plus poussée. Je crois
qu'en laissant ainsi cet amendement, que nous étudierons tout à
l'heure, chacun peut alors assumer pleinement ses responsabilités et
prendre les attitudes qu'il juge utiles. Nous avons vu par expérience
qu'il n'est ni dans l'intérêt de l'Opposition, ni dans
l'intérêt du gouvernement de demander ou de refuser des
commissions parlementaires, lorsque la matière s'y prête vraiment.
Il y a là, je crois, un rôle d'évaluation qui doit
être joué par le gouvernement.
M. LEGER: Mais dans le cas précis qui nous concerne, est-ce que
le ministre a l'intention, avant de présenter ses règlements ou
pendant qu'ils seront publiés dans la Gazette officielle, de convoquer
la commission parlementaire pour étudier ces règlements?
M. L'ALLIER: C'est-à-dire que nous allons nous servir de
l'ensemble des moyens prévus dans les projets de loi pour en arriver
à la consultation la plus large possible et à
l'élaboration de règlements conformes à
l'intérêt public de même qu'à l'intérêt
des entreprises de communications. Or, la loi 35, vous vous en souviendrez,
permet à la Régie des services publics de tenir des audiences sur
telle et telle question qui lui est soumise et permet également au
ministre de déférer à la Régie des services publics
des questions pour étude, avec ou sans demande d'audition de
témoins. C'est un premier mécanisme de consultation que nous
avons l'intention d'utiliser, à chaque fois qu'une question
générale se pose en matière de communication et non pas
sur des points techniques qui portent sur des secteurs très restreints.
Par exemple, les questions qui touchent la publicité, le volume de
production en langue française, en langue anglaise, des choses comme
ça qui pourraient se poser dans le secteur des communications, ces
questions donc qui intéressent l'ensemble de la population, il
est vraisemblable qu'elles seront soumises à la régie pour
avis et que la régie tiendra ou ne tiendra pas, suivant ce qu'elle veut
ou suivant ce qu'exige le ministre, des audiences publiques.
Je souligne sur ce point que le ministre ne peut jamais empêcher
la régie de tenir des audiences publiques. Le seul pouvoir qu'il a,
c'est de l'obliger à le faire. Si le ministre ne l'oblige pas à
le faire, elle peut en tenir ou ne pas en tenir. S'il l'oblige à le
faire elle est obligée de le faire. Donc c'est la première phase
qui sera vraisemblablement suivie pour les grandes questions qui ne sont pas
nécessairement le bloc de règlements comme tels. Pour ce qui est
des règlements, ils seront, comme je le dis, publiés dans la
Gazette officielle et distribués en même temps aux membres de la
commission parlementaire. Si les membres de la commission parlementaire jugent
que la commission doit être convoquée pour les étudier,
à ce moment-là, nous verrons de quelle façon
répondre à cette demande et justifier la réponse que nous
faisons à cette demande. Mais, j'ai bien l'impression, lorsque le
premier bloc de règlements sera déposé, qu'il faudrait les
étudier en commission parlementaire.
M. LE PRESIDENT: Le député de l'Assomption.
M. PERREAULT: Pour relever ce que le député de Chicoutimi
a dit, il serait peut-être bon de procéder comme on l'a fait en
haut pour le bill 65. Les organismes pourraient, durant la période avant
le dépôt du règlement dans la Gazette officielle et avant
de venir devant la commission parlementaire, présenter des
mémoires sur la réglementation. Ces mémoires pourraient
ensuite être envoyés aux parlementaires de la commission et nous
serions ainsi en mesure de mieux connaître les réactions.
C'est ce qui s'est produit lors de l'étude du bill 65 et ceci
s'est avéré très utile, autant pour le ministre des
Affaires sociales que pour les parlementaires. Je crois personnellement qu'il
serait très utile d'inviter les organismes à présenter des
mémoires sur la réglementation.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, juste un mot...
M. LE PRESIDENT: Je m'excuse, mais le député de Lafontaine
avait demandé la parole.
M. LEGER: Le ministre n'a pas répondu à trois questions
que j'avais posées.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'invoque le
règlement. Le ministre n'a pas répondu à une question
très précise que je lui ai posée et que le
député de Lafontaine s'est appropriée. La question que je
posais est justement celle que vient de poser le député de
l'Assomption, à savoir si les règlements concernant ce projet de
loi 37, avant leur adoption, seront soumis à l'examen de la commission
parlementaire c'était ma question afin que nous puissions
entendre des témoins, si besoin en est et si ces gens veulent se
présenter, pour discuter de ces règlements avant leur adoption.
Comme nous devançons actuellement l'examen d'un amendement, je serais
d'avis avec le ministre que nous attendions de revenir à cela pour
discuter à fond de la question.
M. LE PRESIDENT: C'est un amendement qui va revenir à la fin de
l'étude du projet de loi et on pourra, à loisir, en discuter
à nouveau.
M. LEGER: M. le Président, je ne vois pas quel point de
règlement le député de Chicoutimi a sorti. C'est une des
questions que j'avais posées au ministre au début, probablement
que le député de Chicoutimi n'écoutait pas. Les deux
autres points auxquels le ministre n'a pas répondu...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'invoque le
règlement!
M. LEGER: Qu'on nous dise sur quel point de règlement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'invoque le règlement, M. le
Président!
M. LE PRESIDENT: Si vous lui laissez la chance de parler, il va nous
l'expliquer.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il y a un règlement qui veut qu'en
commission parlementaire ou en Chambre toutes les fois qu'il y a mauvaise
interprétation ou mauvaise citation d'un député qui a pris
la parole, celui-ci a automatiquement le droit d'intervenir et j'en use
immédiatement pour faire observer au député de Lafontaine
que j'avais posé une question précise, question que j'avais
d'ailleurs posée dès le début de l'examen du projet de loi
en Chambre. Le ministre se souvient et je rappelle tout simplement cela au
député de Lafontaine pour lui faire comprendre qu'il n'a pas
volé le Saint-Esprit ni mis des pattes aux mouches.
M. LEGER: M. le Président, pour revenir aux choses
sérieuses, il y a deux ou trois questions auxquelles le ministre n'a pas
répondu. Du fait qu'on enlève la grande majorité des
pouvoirs de réglementation de la régie, il reste peut-être
à la régie le pouvoir de juger si la réglementation
s'applique.
Je lui ai demandé à quoi va réellement servir la
régie sauf cette partie précise pour juger si la
réglementation s'applique dans le cas de certains organismes qui vont
être entendus ou à qui on demandera de comparaître. A quoi
va-t-elle servir avec tout ce pouvoir de réglementation que le
ministère s'approprie? C'est la première question, la question
des autres pouvoirs qui resteront à la régie.
Voici la deuxième question que j'ai posée au ministre
tantôt: Malgré tous ces pouvoirs que le ministère veut se
donner, pourra-t-il amener Bell Canada, le domaine du câble et le domaine
de la radio et de la télévision à se soumettre à la
réglementation provinciale actuellement? Pense-t-il que tous ces
pouvoirs vont lui permettre d'avoir une emprise juridique sur les trois
domaines dont je viens de parler? La dernière question est: Le
rôle de la régie n'est-il pas seulement d'être
l'estampilleur des décisions du ministère?
M. L'ALLIER: Je vais commencer, comme je l'ai fait tout à
l'heure, par la dernière question. Le rôle de la régie
n'est pas celui d'un estampilleur. Je ferais une suggestion au
député de Lafontaine, avant d'entreprendre la lecture des
règlements qui seront publiés dans la Gazette officielle et qui,
pour répondre à la question du député de
Chicoutimi, seront soumis c'est mon intention de le faire pour le
premier bloc de règlements, les 50,100 ou 150 règlements qui vont
être le résultat immédiat de cette loi à
l'étud'e de la commission parlementaire. Je le ferai et c'est
d'ailleurs, je pense, le consensus des membres de la commission de pouvoir se
pencher sur un bloc aussi important de réglementation. Pour l'avenir,
lorsqu'il arrive, à un moment donné, qu'on fasse un
règlement, un article qui soit de concordance, laissons aux membres de
l'Assemblée nationale le soin d'évaluer s'il y a lieu ou non de
se réunir en commission suivant ce que les organismes, les personnes de
l'extérieur peuvent souhaiter ou suivant ce que les parlementaires
peuvent souhaiter.
Donc, les premiers règlements seront, comme dans le cas de la loi
65, soumis à la commission parlementaire, pour étude, dans le
délai. Lorsqu'on parle d'un délai de publication de 30 jours, il
est évident que c'est indiqué d'ailleurs dans un
amendement que nous verrons tout à l'heure il s'agit d'un
minimum. Cela pourra, dans ce cas, être 60 ou même 90 jours,
suivant les besoins de la cause.
Pour ce qui est des pouvoirs du Québec en matière de
réglementation des communications, nous exercerons ceux qui sont
à l'intérieur de la compétence du Québec. Cela va
de soi également. Il n'est pas question de réglementer la
radio-diffusion ni Bell Canada. Qu'on prenne tous les détours qu'on
voudra ou qu'on interprète ce que j'ai pu dire dans le passé
là-dessus, ce n'est pas mon intention de le faire avec la loi que nous
avons maintenant.
On a demandé: Que devient la régie? Devient-elle une
estampilleuse? C'était ma première suggestion. Je crois que le
député de Lafontaine aurait intérêt, même si
c'est un peu long et assez complexe, à lire le rapport Dussault sur les
tribunaux administratifs et sur la réforme administrative. Il verra que
les tribunaux, c'est basé sur le principe du partage des pouvoirs et que
des tribunaux administratifs et, dans une certaine mesure, des régies
administratives doivent exercer des rôles d'adjudication. C'est une
responsabilité qui est quand même importante et il ne faut pas
mêler ici le judiciaire et le réglementaire ou l'exécutif.
Autant on n'a pas à intervenir dans les mécanismes d'adjudication
d'une régie ou d'un tribunal administratif, autant, par ailleurs, un
tribunal n'a pas à être responsable de l'élaboration des
lois qu'il va ensuite juger, pour ce qui est d'un tribunal administratif. Si
dans le passé ça s'est développé de cette
façon, je pense que c'est l'occasion, dans ce secteur, de replacer un
peu les choses, si vous voulez.
Il s'agit d'une régie qui est à moitié un tribunal
administratif et à moitié une régie. La distinction
fondamentale, en tout cas, que l'on fait entre les deux est qu'un tribunal
administratif procède à de l'adjudication sur la base de droits
existants alors que, dans une régie, il y a une certaine mesure
d'adjudication sur la base de l'intérêt public sans
nécessairement se référer à des droits des
personnes. En fait, on statue sur des privilèges ou sur des
priorités ou des avantages que l'on donne à certains citoyens par
rapport à d'autres, et pourquoi statue-t-on? Parce qu'il s'agit de
secteurs qui sont considérés d'intérêt public. C'est
la distinction, en gros, entre les deux.
M. LEGER: Est-ce que ça ne devrait pas être à la
régie de voir, dans des cas bien précis, quelles choses sont
d'intérêt public ou non?
M. L'ALLIER: Si le député de Lafontaine lit les projets de
loi, le pouvoir réglementaire de la régie subsiste, elle peut
faire des règlements pour son fonctionnement interne, pour ses
méthodes d'adjudication. Cependant, dans toute la mesure où les
priorités en matière de communications, le développement
des communications sont une responsabilité gouvernementale, et non pas
une responsabilité de régie ou de tribunal, elles doivent
être, ces responsabilités, exercées par le gouvernement ou
l'Assemblée nationale. C'est la base même de cette restructuration
des tribunaux administratifs qui est recommandée par le rapport
Dussault. C'est extrêmement complexe, j'en conviens. A un moment
donné, à un article, je pourrai prendre une heure, si le
député le souhaite, pour lui faire un exposé un peu plus
élaboré sur la réforme administrative concernant ce
point.
M. LE PRESIDENT: Le député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je pense que ce
débat, nous pourrons le reprendre ailleurs. Toute régie ou tout
organisme gouvernemental qui est créé c'est bien clair
par le gouvernement comporte dans son acte constitutif la
définition d'un ensemble de pouvoirs, lesquels pouvoirs lui sont
déférés en vertu d'une volonté du gouvernement qui
éta-
blit des priorités en fonction des besoins des citoyens et de
l'Etat. Il me semble qu'il n'est pas nécessaire d'ergoter très
longuement là-dessus lorsqu'on connaît un tant soit peu la
pratique administrative et la marche de l'administration gouvernementale et des
différentes régies qui la composent.
M. LEGER: Je vais quand même dire au ministre que le
ministère s'arroge des réglementations. Il y en une que nous
verrons tantôt, où la régie doit obtenir au
préalable, pour modifier un permis, la permission du ministre concernant
un certificat attestant la conformité de la demande avec les normes
techniques. Je vois un exemple précis où le ministère
intervient dans des choses quotidiennes alors que ces choses devraient aller
à la régie.
M. L'ALLIER: On pourra en discuter à ce moment, mais je
suggère aussi au député de regarder ce qui se passe
ailleurs, dans tous les pays, et il verra que cela se fait partout.
M. LEGER: Pas au CRTC, en tout cas. M. L'ALLIER: Au service des
nouvelles.
M. LE PRESIDENT: Article 1, adopté avec les modifications? Ah
oui! Le député de Frontenac.
M. LATULIPPE: Il y a une question du député de Lafontaine
à laquelle le ministre n'a pas encore répondu: De quelle
façon entend-il intégrer sa politique avec les activités
de Bell Canada dans le cadre de la radio et de la télévision?
Est-ce que le ministère a fait des études sur les
conséquences, disons, au niveau des coûts des appels
téléphoniques pour les usagers, de l'application d'une politique
québécoise des communications? J'imagine que cela va amener la
compagnie à scinder ses opérations au niveau de la
comptabilité. Je me suis laissé dire, M. le ministre, par des
personnes qui sont censées connaître à fond la compagnie
qu'advenant le cas où une politique québécoise
excessivement rigide forcerait la compagnie Bell Canada à faire des
états financiers séparés ou quelque chose du genre
peut-être que c'est tiré par les cheveux cela
amènerait la compagnie, au niveau des actionnaires, à faire la
répartition des comptes. Comme le Québec est un territoire
beaucoup plus étendu que celui de l'Ontario, c'est normal que le
coût au Québec soit plus élevé que dans un
territoire comme l'Ontario où l'essor industriel est plus
considérable, la population plus considérable, etc.
Ceci amènerait une augmentation des coûts
appréciable. On a même parlé de 20 p.c.
M. L'ALLIER: Je peux dire, en résumé, que ce sont, en
fait, des craintes qui ne sont pas fondées, parce que la loi actuelle ne
nous permet pas, compte tenu de l'existence des législations actuelles,
de réglementer autre chose que les sociétés de
téléphone qui sont québécoises. Bell Canada,
même si elle a des activités au Québec, n'est pas une
société québécoise. Les autres
sociétés de téléphone et de communications qui sont
établies au Québec continuent d'être soumises à la
Régie des services publics qui n'a pas eu, par le passé, la
réputation de brimer les sociétés de communications.
Nous n'avons ni l'intention ni le pouvoir, à mon avis, dans la
loi actuelle, de réglementer Bell Canada.
M. LEGER: Est-ce que le ministre n'aurait pas l'intention, à
l'occasion de cette conférence interprovinciale dans le domaine des
communications, de continuer à examiner la possibilité d'une
entente avec l'Ontario quant aux pressions faites sur le fédéral
pour que Bell Canada soit soumise à une juridiction provinciale?
M. L'ALLIER: A la suite de ma rencontre avec le ministre ontarien des
Communications, j'ai souligné publiquement que le contrôle de la
partie ontarienne de Bell Canada n'est pas une priorité du gouvernement
de l'Ontario et que ce n'est pas dans les intentions du ministre des
Communications de l'Ontario de prendre les dispositions pour y arriver.
L'Ontario se satisfait parfaitement de la situation actuelle, pour le moment.
C'était l'état de nos conversations, il y a cinq ou six mois. Je
n'ai pas eu de nouvelles depuis, mais je n'ai pas de raison de croire que la
position de l'Ontario a été modifiée sur ce point.
M. LEGER: Disons que la régie aura une juridiction sur
Québec-Téléphone et les quelques petites compagnies du
Québec.
M. L'ALLIER: C'est exact.
M. LATULIPPE: M. le Président, j'aurais une question d'ordre
général. Est-ce que je dois conclure que toute compagnie ou toute
entreprise qui n'a pas une charte québécoise échappera
nécessairement à la juridiction québécoise, dans
tous les secteurs des communications?
M. L'ALLIER: M. le Président, je pense qu'on s'en va dans un
débat qui déborde très largement le projet de loi. Il
serait peut-être intéressant, évidemment, de regarder tout
cela sous tous les aspects. La loi no 37 se situe à l'intérieur
des compétences législatives du Québec, à tel point
que nos conseillers juridiques nous ont dit: Vous l'aviez indiqué dans
le premier projet de loi. C'est une redondance et ce n'est pas
nécessaire d'indiquer ce qui va de soi. Vous n'avez pas à
l'écrire. Or, dans les amendements que nous apportons, nous avons fait
sauter cette chose.
A l'intérieur de la juridiction du Québec, la loi no 37
s'applique. Il y a des entreprises de
communications que nous considérons être, de par leur
nature même, de nature provinciale, la câblodistribution, par
exemple. Dans ce secteur, nous allons réglementer les entreprises qui
sont au Québec. Pour le reste, tant et aussi longtemps qu'il n'y a pas
de réaménagement d'ensemble des communications, nous devons nous
en tenir à la constitution et aux lois existantes.
M. LATULIPPE: Est-ce que je peux vous poser une autre question sur le
même sujet? Pour l'entreprise qui sera réglementée et par
le Québec et par le fédéral dans le domaine de la
câblodiffusion, laquelle sera prioritaire? Est-ce que ce seront les
deux?
M. L'ALLIER: Quant à nous, c'est la réglementation
québécoise. Toutefois, il n'est pas impossible, comme je l'ai
dit, que la question soit soumise par les intéressés à un
tribunal qui devra trancher la question.
M. LATULIPPE: C'est donc dire que...
M. L'ALLIER: Nous ne soumettrons pas la question au tribunal
nous-mêmes.
M. LATULIPPE: Donc, effectivement, le débat constitutionnel peut
retomber sur les bras de l'industrie en question.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Quoi?
M. LATULIPPE: De l'industrie des communications ou de la
câblodiffusion si effectivement il y a une entente ou des
problèmes entre la réglementation provinciale et la
réglementation fédérale.
M. L'ALLIER: Il faut bien être précis sur ce point.
M. LATULIPPE: Il faudra trancher la question à un certain
moment.
M. L'ALLIER: La réglementation, que ce soit de la Régie
des services publics ou d'un organisme fédéral, n'a pas pour
objet de créer des embêtements aux sociétés de
communications. Ce n'est pas le but de cette réglementation. Le premier
but de la réglementation est de faire en sorte que les communications
dans ces secteurs en particulier se développent conformément
à l'intérêt public.
Or, il n'y a pas 56 sortes d'intérêt public. Donc les
divergences qui pourraient théoriquement exister entre une
réglementation fédérale et provinciale pourront porter sur
des points, à mon avis, peut-être importants dans leur contenu
mais, qui sont quand même dans l'intérêt public, de sorte
que les entreprises ne feront pas les frais de l'intérêt public.
C'est un aspect positif qu'il faut donner à cette réglementation.
C'est l'intérêt public, l'ensemble des Québécois
pour ce qui nous concerne, que nous devons voir à protéger et
à promouvoir.
Dans ce contexte, je vois mal qu'il y ait divergence de vues. Il peut y
avoir divergence quant aux priorités. Il peut y avoir divergence quant
aux orientations de développement, mais du point de vue de l'entreprise,
c'est d'une part l'intérêt de l'entreprise versus
l'intérêt public.
Et quand il y a divergence entre ces deux secteurs, c'est
l'intérêt public qui doit primer. Mais d'une façon
générale, il n'y a pas incompatibilité entre les deux. Il
ne faut pas qu'il y ait incompatibilité. Si l'incompatibilité
existe, la régie, comme n'importe qui, devra toujours trancher et, cela
va de soi, dans l'intérêt public.
Il s'agit de services publics et c'est dans ce sens que nous employons
cette expression. Ce ne sont pas des services de l'Etat. Ce sont des services
à l'ensemble de la population. Le téléphone est un
exemple. Il est réglementé depuis des années dans
l'intérêt public. Il est possible que certaines
réglementations freinent à un certain moment les appétits
privés de telle ou telle société de
téléphone mais, d'une façon générale, la
réglementation à intérêt public n'a pas
empêché les sociétés de communications de se
développer à un rythme allègrement rapide dans la plupart
des cas.
M. LEGER: Pour faire plaisir au ministre, je dois dire que je l'appuie
à 100 p.c. sur cette réserve où l'intérêt
public doit primer sur l'intérêt privé.
M. LATULIPPE: Effectivement, dans un cas où il y aurait litige,
la régie est appelée à se prononcer.
M. L'ALLIER: C'est le but même de l'existence de la régie
que d'exister pour protéger et défendre...
M. LATULIPPE: Si, à un certain moment, sur le plan technique
je tire un peu cela par les cheveux il y a une
incompatibilité dans la réglementation, est-ce que la
régie sera appelée à se prononcer sur la
réglementation même?
M. L'ALLIER: La régie n'a pas à se prononcer sur la
réglementation fédérale ou provinciale. Elle devra,
à l'intérieur des règlements généraux qui
sont proposés ou qui sont rendus possibles par la loi 37 et à
l'intérieur de ses propres règlements, faire en sorte que telle
ou telle entreprise de communications se développe ou agisse dans
l'intérêt public, mais à l'intérieur du cadre
réglementaire qu'elle peut juridiquement percevoir. La régie des
services publics n'a pas à percevoir le cadre réglementaire d'une
autre source de réglementation que celle dont elle dépend,
c'est-à-dire elle-même ou le gouvernement
québécois.
M. LE PRESIDENT: Le député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je pense qu'il y a une équivoque ici
qu'il faudrait tout de
suite dissiper partant de l'idée d'intérêt public
dont le ministre a fait état. Le ministre nous déclare et
le député de Lafontaine s'est dit d'accord avec lui que la
fonction du gouvernement est de protéger l'intérêt public,
c'est bien évident, par tout moyen légitime. Et dans le cas des
réglementations, c'est ce qui se passe. Ces réglementation
doivent protéger l'intérêt public. Mais il y a
équivoque parce qu'on tend à situer ici le débat à
un autre niveau, au niveau constitutionnel. Il peut arriver que le
problème des compétences constitutionnelles fasse que
l'intérêt public, que le gouvernement du Québec est
chargé de promouvoir, se trouve contrarié par des dispositions
constitutionnelles existantes ou par une interprétation abusive des
compétences reconnues aux divers paliers de gouvernement.
C'est à ce niveau, d'ailleurs, que se situe le problème de
la compétence sur les sociétés nationales comme Bell, sur
Radio-Canada, sur le problème de la câblodistribution, etc, etc.
C'est à ce moment-là que l'autorité d'un autre
gouvernement peut mettre en cause l'intérêt public du
Québec, que le gouvernement du Québec est chargé de
promouvoir, et c'est à ce niveau précis que se situe le
débat constitutionnel. C'est la raison pour laquelle j'ai posé
tout à l'heure quelques questions au ministre, pour savoir quel
était l'état du dossier, dans ce domaine, afin de voir si nous
avons fait progrès et si l'intérêt public que le
gouvernement doit promouvoir se trouve encore contrarié par l'attitude
du gouvernement central. Je crois que c'est poser, de cette façon, le
problème d'une façon très claire, pour qu'il n'y ait pas
d'équivoque et que l'on n'essaie pas d'imbriquer des problèmes de
régie interne, c'est-à-dire les problèmes de
l'administration du gouvernement du Québec, et les problèmes des
relations du gouvernement du Québec avec l'autre palier de
gouvernement.
M. LE PRESIDENT: Article 1, avec la modification: Remplacer, dans les
troisième et quatrième lignes du deuxième alinéa de
l'article 2 de la Loi du ministère des Communications
édicté par cet article du bill les mots "les moyens de diffusion
et d'information de même que la transmission" par les mots
"l'émission, la transmission et la réception".
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre voudrait-il nous donner ici
quelques explications?
M. L'ALLIER: M. le Président, j'ai l'intention d'expliquer cet
article. Mais les membres de la commission me permettront, avant de commencer
l'étude de l'article, d'apporter une précision et une correction
à ce qu'a dit le député de Lafontaine, tout à
l'heure je crois qu'il faut le faire maintenant lorsqu'il a dit
qu'au CRTC les choses ne se passaient pas ainsi.
J'ai devant moi la loi ayant pour objet de mettre en oeuvre, pour le
Canada, une politique de la radiodiffusion, Loi sur la radiodiffusion. On dit,
à l'article 22 de cette loi fédérale: "Aucune licence de
radiodiffusion ne doit être attribuée, modifiée ou
renouvelée en conformité de la présente partie, etc.,
à moins que le ministre des Communications ne certifie au conseil,
c'est-à-dire le CRTC, que le requérant a satisfait aux exigences
de la Loi sur la radio et de ses règlements et qu'un certificat
technique de construction et de fonctionnement lui a été ou lui
sera délivré en vertu de cette loi pour les appareils de
radiocommunication que le requérant aurait le droit d'exploiter,
etc.".
M. LEGER: Mais, en gros, ce que je voulais signifier tantôt, c'est
que le CRTC s'est vu accorder la responsabilité d'établir ses
règlements alors que le ministère, lui, a donné des
principes généraux. Il a établi lui-même sa
réglementation.
M. L'ALLIER: Je ne voulais pas laisser flotter une ambiguité
entre une éclaration que j'ai faite et une déclaration faite par
le député de Lafontaine. J'ai voulu, quant à moi, asseoir
ma déclaration sur un texte précis, qui est l'article 22 de la
loi du CRTC.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Que tout le monde connaissait, d'ailleurs
!
UNE VOIX: Sauf...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Sauf...
M. L'ALLIER: M. le Président, l'article 1 modifie l'article 2, au
deuxième alinéa. En fait, le premier alinéa de l'article 2
de la Loi du ministère des Communications n'est pas modifié,
comme je l'ai dit tout à l'heure. C'est cet alinéa qui se lit
comme suit: "Le ministre a pour fonction d'élaborer, de proposer,
etc."
L'article 2 de la Loi originale du ministère des Communications
donnait une définition du terme "communications", en disant: "Aux fins
de la présente loi, l'expression "communications" comprend tous les
moyens de transmission de sons, d'images, de signaux ou de messages par fil ou
câble ou par voie des ondes".
Nous avons déjà discuté de cette question, à
l'occasion de l'étude de la loi 35. La modification que nous proposons
ici, c'est, en fait, une modification de la définition de l'expression
"communications" pour que cette définition soit conforme à la
définition internationale de "communications" qui existe et aussi pour
préciser, de la façon la plus claire possible, le sens de
"communications".
Or, la loi 37, donc, modifiait la définition originale de la Loi
du ministère des Communications et proposait la définition
suivante: "Aux fins de la présente loi, l'expression "communications"
comprend tous les moyens
de diffusion et d'information, de même que la transmission de
sons, d'images, de signes, de signaux, de données ou de messages par
fil, câble ou par la voie des ondes ou par tout moyen électrique,
électronique, magnétique, électromagnétique ou
optique". C'était le texte original de la loi 37 qui venait modifier la
définition originale de la Loi du ministère des
Communications.
Ce texte de la loi 37, nous l'avons de nouveau modifié, pour bien
préciser et pour normaliser cette définition avec la
définition internationale.
Ce que nous avons fait, c'est que nous avons enlevé, de l'article
1 du projet de loi 37, ceci où on disait: "Aux fins de la
présente loi, l'expression "communications" comprend tous les moyens de
diffusion et d'information, de même que la transmission..." Nous biffons
de cette définition ces mots et nous les remplaçons par "comprend
l'émission, la transmission et la réception..." Donc c'est le
sens de cet amendement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre voudrait nous rappeler
s'il a encore sous la main les distinctions entre émission et
transmission? Parce qu'on émet avant de transmettre. Je ne sais pas si
vous nous l'aviez donné par texte.
M. L'ALLIER: J'avais un texte effectivement. C'est exact.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est conforme au code international. C'est
une chinoiserie, mais c'est important de savoir la différence entre
émission et transmission.
M. L'ALLIER: Je peux peut-être demander sur ce point au
sous-ministre d'apporter une précision, il est présumé
s'en souvenir.
La transmission comprend le trajet entre un émetteur et un
transmetteur.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il faut émettre avant.
M. L'ALLIER: L'émetteur est celui qui produit le son, le message
ou l'image.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est ça, merci.
M. L'ALLIER: Donc c'est le sens de l'article 1 à
l'amendement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 1, adopté. Article 2.
M. L'ALLIER: L'article 2 est plus complexe.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous n'avez pas d'amendement à
l'article 2?
M. L'ALLIER: C'est-à-dire que le texte que vous avez actuellement
constitue un amendement au projet de loi 37, lequel constituait
déjà un amendement à la loi originale du ministère
des Communications. Et les amendements que nous apportons à l'article...
Vous avez raison, je m'excuse, c'est mon erreur ici. Il n'y a pas de
modification à l'article 2.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est pour ça que je voulais interroger
le ministre ici sur...
M. L'ALLIER: Je me rétracte de nouveau. Nous ajoutons quelque
chose à l'article 2 du projet de loi 37, au paragraphe b),
sous-paragraphe g). Le paragraphe b) commence par ceci: "En insérant,
après le paragraphe f ), les paragraphes suivants: g) coordonner...".
Suite aux interventions...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est avant ça que je voudrais poser
une question, à moins que le ministre veuille tout de suite
régler ce point. Je voulais avoir des explications à l'article 2.
On dit: "L'article 3 de ladite loi est modifié: a) en remplaçant
les paragraphes c) et d) par les suivants: c) obtenir des ministères du
gouvernement, des organismes publics, des corporations municipales et de toute
communauté urbaine ou régionale...". C'est là que je
voulais avoir des renseignements du ministre.
M. L'ALLIER: Si le député de Chicoutimi me le permet, nous
pouvons vider cette question du nouvel amendement et revenir ensuite sur le
texte de fond, parce que c'est là-dessus que j'ai des explications
à donner.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): D'accord.
M. L'ALLIER: Quand je vous ai dit qu'il n'y avait pas d'amendement
nouveau à l'article 2, je me suis trompé; il y a effectivement un
amendement qui est issu des séances de la commission parlementaire sur
le projet de loi 36. Vous vous souvenez qu'à ce moment-là les
producteurs de films et mon collègue du ministère des Affaires
culturelles, prenant avec beaucoup d'efficacité la défense de ce
secteur qui est sa responsabilité, ont fait valoir qu'il fallait bien
préciser qu'une loi sur les communications ne devait pas venir en
contradiction avec une éventuelle politique du cinéma et les
responsabilités de l'Office du film. Nous avons donc accepté
d'ajouter au projet de loi 37 un proviso qui satisfait l'Office du film.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et le ministre.
M. L'ALLIER: Et le ministre effectivement. C'est pourquoi nous avons
donc ajouté, ce que vous n'avez pas sur le texte qui vous a
été remis,...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il est dans le no 36.
M. L'ALLIER: ... ceci au paragraphe b), sous paragraphe g). Le
sous-paragraphe g) maintenant commencera comme ceci: Sous réserve de
l'article 23 a) du chapitre 26...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Sous réserve de l'article...
M. L'ALLIER: ... de l'article 23 a) du chapitre 26 des lois de 1969 et
ça continue: Coordonner la production, etc.
Cet article 23 a) du chapitre 26, sous réserve de l'article 23 a)
du chapitre 26 des lois de 1969. Cet article dit ceci: "L'Office du film du
Québec est chargé de coordonner, diriger et contrôler le
travail de cinématographie effectué à des fins autres que
des fins éducatives par les ministères et services du
gouvernement, ainsi que par tout organisme qui en relève et auquel le
lieutenant-gouverneur en conseil étend l'application de la
présente section.
Donc, c'est sous réserve spécifiquement de cette
disposition législative qui décrit la responsabilité de
l'office du film, en matière de cinématographie pour fins
administratives autres qu'éducatives, que nous avons ici le
sous-paragraphe g) au paragraphe b) de l'article 2.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est pour bien asseoir les droits du ministre
des Affaires culturelles.
M. L'ALLIER: On peut le présenter comme ceci.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Jean.
M. VEILLEUX: Si le député de Chicoutimi avait une question
se rapportant à l'article 2 a), ensuite j'en aurais une à
poser.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A l'article 2a)...
M. L'ALLIER: Si vous me permettez, je peux donner quelques
explications.
M. TREMBLAY (Chicoutimi) : Oui, j'aimerais avoir des explications ici
à l'article 2 a).
M. L'ALLIER: L'article 2 a) modifie l'article 3 de la Loi du
ministère des Communications en remplaçant les paragraphes c) et
d) par les suivants; on peut les lire pour ceux qui ne les auraient pas. Les
paragraphes c) et d) de la loi originale se lisaient ainsi: Le ministre doit,
dans le cadre de la compétence du Québec, obtenir des
ministères du gouvernement et des organismes publics les renseignements
disponibles concernant leurs programmes, leurs projets et leurs besoins en
matière de communications.
C'était le paragraphe c).
Le paragraphe d) se lisait ainsi: Le ministre doit, dans le cadre de la
compétence du
Québec, établir des services de communications pour
l'ensemble des ministères du gouvernement et coordonner ces services
avec les services établis par les organismes publics. Donc la loi
originale, dans l'article 3, aux paragraphes c) et d), donnait au ministre le
pouvoir, premièrement, d'obtenir des renseignements des
ministères et des organismes publics; deuxièmement,
d'établir des services de communications pour l'ensemble des
ministères et, pour ce qui est des organismes publics, de coordonner ces
services de communications gouvernementaux avec les organismes publics.
C'était la loi originale.
Maintenant, les amendements que nous proposons, les nouveaux paragraphes
c) et d) portent essentiellement la même responsabilité.
C'est-à-dire qu'on dit à l'article 2: Obtenir des
ministères du gouvernement et organismes publics... et jusque-là
on n'a rien changé. Mais, on ajoute: ... des corporations municipales et
de toute communauté urbaine ou régionale. C'est là
l'adjonction que nous faisons. Pour le reste: Les renseignements disponibles
concernant leurs programmes, leurs projets et leurs besoins en matière
de communications. Donc, on ajoute à cet article c): Au pouvoir du
gouvernement, du ministre d'obtenir des renseignements des ministères et
des organismes et on dit: également des corporations municipales et de
toute communauté urbaine ou régionale.
M. VEILLEUX: Où se situe...
M. L'ALLIER: Je voudrais terminer là-dessus pour expliquer
l'adjonction des communautés urbaines et municipales, de même que
les corporations municipales.
Au paragraphe d), c'est en fait la même chose. Le paragraphe d)
original disait: Etablir des services de communications pour l'ensemble des
ministères du gouvernement. Cela subsiste et on ajoute: Assurer la
coordination des services de communications établis par les organismes
publics, les corporations municipales et toute communauté urbaine ou
régionale avec les services qu'il établit.
Là encore, les seules adjonctions, ce sont les corporations
municipales et toute communauté urbaine ou régionale. Pourquoi
avons-nous fait cet amendement? Il faut, pour le comprendre, se
référer à la définition là, c'est
complexe d'organismes publics. Dans la loi originale, lorsqu'on parlait
d'organismes publics, on incluait, si vous regardez la définition
contenue au paragraphe f ) de l'article 3 de la loi originale, toute
corporation municipale ou scolaire, toute communauté urbaine ou
régionale et le conseil scolaire de l'île de Montréal.
En d'autres mots, dans la loi originale, il n'était pas
nécessaire de préciser que les organismes municipaux
étaient soumis au droit du ministre des Communications d'obtenir des
renseignements, pas plus qu'il n'était nécessaire de
préciser que le ministre des Communications avait l'obligation de
coordonner les services des
ministères avec les organismes municipaux parce que, dans la loi
originale, on parlait d'organismes publics et que les organismes publics
comprenaient les corporations municipales et les communautés urbaines.
Alors que nous donnons, par les amendements apportés par la loi 37, une
nouvelle définition d'organismes publics qui est contenue au paragraphe
c) de l'article 2 de la loi 37, la nouvelle définition que nous donnons
ne comporte plus l'énoncé de corporations municipales, de
communautés urbaines, etc.
Vous allez me dire que c'est du pareil au même, qu'on
l'enlève d'un endroit pour le placer ailleurs. Je crois que c'est
extrêmement important, et pour comprendre pourquoi nous avons exclu
à dessein, dans la nouvelle définition d'un organisme public, les
corporations municipales les communautés urbaines, etc., c'est parce que
dans la mesure où le gouvernement, par la loi 37, acquiert un pouvoir de
réglementation, il acquiert notamment au paragraphe b) de l'article 2 un
pouvoir de coordination de la production, de l'acquisition et de la diffusion
de documents audio-visuels ainsi que l'acquisition et l'utilisation de
l'équipement nécessaire à ces fins par les
ministères du gouvernement et les organismes publics. Si nous avions
maintenu la définition originale d'organismes publics, en nous donnant
en même temps un pouvoir de coordination de la production, de
l'acquisition, etc., nous nous serions donné ce pouvoir également
pour les corporations municipales et également pour les
communautés urbaines, ce que nous ne voulons et ce que nous ne pouvons
pas faire.
En d'autres mots, le pouvoir nouveau que se donne le gouvernement, le
ministère des Communications, par le sous-paragraphe g) du paragraphe b)
de l'article 2, ce pouvoir de coordination ne doit s'appliquer qu'aux
ministères du gouvernement et qu'aux organismes publics excluant les
corporations municipales mais incluant les corporations scolaires, tel que
c'était prévu dans le premier article. Or, ce sous-paragraphe g)
du paragraphe b) de l'article 2 est en fait, si ma mémoire est exacte,
un pouvoir qui était à l'origine exercé, avant l'existence
du ministère des Communications, par Radio-Québec.
Radio-Québec avait le pouvoir de coordonner la production, etc., pour
les ministères du gouvernement et pour le domaine scolaire. Afin, en
récupérant un pouvoir de réglementation qui doit, à
notre avis, appartenir au ministère de Communications, d'entrer dans le
champ de l'autonomie des corporations urbaines et des corporations municipales,
nous avons modifié, d'une part, la définition d'organismes
publics pour exclure de cette définition les communautés urbaines
et les conseils municipaux. Mais comme nous devons quand même conserver
le droit d'obtenir de ces corporations municipales des renseignements et comme
nous devons continuer d'assumer un pouvoir de coordination avec elles, nous
avons été obligés d'inscrire, dans les sous-paragraphes c)
et d) de l'article 2, nommément les corporations municipales et les
communautés urbaines ou régionales.
C'est une explication qui est peut-être un peu longue, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Jean.
M. VEILLEUX: Je comprends la distinction que veut faire le ministre
entre les corporations scolaires et les corporations municipales. Lorsqu'on
arrive dans une communauté urbaine comme Montréal ou
Québec, cette différence peut très bien se comprendre,
mais, lorsqu'on arrive à un niveau municipal beaucoup moins
élevé je prends comme exemple la ville de Saint-Jean et la
commission scolaire régionale Honoré-Mercier si le
ministère des Communications garde certains droits de surveillance et
sur la corporation municipale et sur la corporation scolaire, il peut
peut-être y avoir un échange de services entre les deux
corporations, ce qu'on ne retrouverait pas si on laisse les corporations
municipales complètement autonomes à ce point de vue
là.
M. L'ALLIER: Comme je l'ai dit, le ministère a le droit de donner
des renseignements et la responsabilité de coordonner l'ensemble des
équipements. Je dois souligner qu'il n'y a aucun moyen coercitif de
prévu dans la loi pour fins de coordination. C'est
précisément de la coordination que nous devons faire en appuyant
ce devoir de coordination sur des expertises qui pourront et qui devraient
être considérées comme démontrant la
nécessité d'une cohérence dans les équipements.
Mais ça ne peut pas aller plus loin que ça.
M. VEILLEUX: Dans certains milieux pas nécessairement
à Saint-Jean; je donnais ça à titre d'exemple une
commission scolaire peut sentir le besoin d'avoir un certain équipement.
Cet équipement peut servir X nombre d'heures par semaine et être Y
nombre d'heures disponible. La corporation municipale d'à
côté peut avoir besoin d'un équipement identique pouvant
combler le nombre Y d'heures. Etant donné qu'elle veut garder une
certaine autonomie, elle va dire : Nous aussi, nous allons nous équiper
de façon identique et, là, vous avez dédoublement
d'équipement et ce d'une façon inutile.
M. L'ALLIER: C'est exact.
M. VEILLEUX: Si la corporation municipale achète
l'équipement avant la corporation scolaire, vous pouvez forcer la
corporation scolaire à aller à la corporation municipale, mais,
si c'est l'inverse qui se produit, vous n'avez aucun pouvoir vis-à-vis
de la corporation municipale.
M. L'ALLIER: Vous avez raison. Pour résu-
mer, les pouvoirs et les devoirs du ministère, on peut dire ceci:
Nous pouvons obtenir des renseignements et nous devons coordonner les services
de communications du gouvernement et des organismes publics avec les
corporations municipales. Pour ce qui est des corporations scolaires, ça
va à une étape plus loin. Nous pouvons obtenir des
renseignements, nous devons coordonner, mais, comme il s'agit d'organismes
publics, nous avons aussi c'est le sens du sous-paragraphe g) la
responsabilité de coordonner la production, l'acquisition et la
diffusion de documents, de même que l'acquisition et l'utilisation de
l'équipement nécessaire à ces fins par les
ministères et les organismes publics. Dans les organismes publics, il y
a les corporations scolaires, mais il n'y a pas les corporations
municipales.
M. VEILLEUX: Je pourrais vous citer un exemple où une corporation
municipale a dépensé au-delà de $100,000 inutilement,
compte tenu qu'elle pouvait avoir un échange de services avec un autre
organisme dans la même municipalité, mais qu'elle voulait garder
un certain pouvoir d'autonomie. C'est le problème que je voulais exposer
ici et que l'amendement que vous apportez peut soulever à certains
moments.
M. LE PRESIDENT: Le député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je suis d'accord avec
le député de Saint-Jean, au sujet de cette question de
l'acquisition et de l'utilisation d'équipement. Il apparaît
très nettement que, dans les commissions scolaires et dans bien des
milieux où on s'occupe d'équipement audio-visuel pour des fins de
sport, dans les centres culturels, enfin dans ce qu'on appelle les centres
communautaires maintenant, appelons cela comme on voudra, il y a, à
certains endroits, suréquipement, et dans d'autres, il y a
sous-équipement. Il n'y a pas, par ailleurs, de coordination entre les
divers responsables de ces commissions scolaires, de ces corporations
municipales, de ces centres culturels, etc., de sorte qu'il se fait des
dépenses inouies dans le domaine de l'équipement et d'un
équipement qui, très souvent, n'est utilisé que quelques
heures dans la semaine et qui même peut dormir un mois avant qu'on songe
à le réutiliser.
Par exemple, on est en train d'équiper des CEGEP, même des
polyvalentes, de studios de cinéma, de radio, de
télévision. Cela ne se fait pas à une échelle de
pauvres, vous savez. On achète des équipements extrêmement
coûteux, on laisse jouer un peu n'importe qui avec ces machines. Je
pourrais vous donner un exemple, mais je ne le donnerai pas ni ne
l'identifierai, d'une maison d'enseignement importante qui a deux studios de
télévision, un en noir et blanc et l'autre en couleur, qui ne
servent qu'à l'amusement de certaines personnes que je ne qualifierai
pas non plus mais qui se regroupent dans des milieux que nous connaissons
bien.
Je me demande si le ministère a approfondi suffisamment la
question, si le ministère de l'Education, le ministère des
Communications et le ministère des Affaires culturelles ont fait un
examen, une sorte d'inventaire de tout cet équipement, appelons-le d'un
terme général, audio-visuel, mais qui touche en
réalité au domaine des communications. On fait des
dépenses énormes, l'utilisation n'est pas ce qu'elle devrait
être, tout au contraire. Je ne peux pas dire quel peut être le
coefficient, enfin l'indice de fréquentation de certaines salles
où on a tous ces équipements, mais, à mon avis, il y a
là une dépense publique exagérée,
injustifiée, alors que, dans certaines régions beaucoup plus
éloignées, défavorisées, il n'y a pas
d'équipement et pas d'argent pour le faire.
J'aimerais savoir, je ne pense pas que cela soit couvert par le projet
de loi, lorsqu'on parle d'organismes dont les ressources proviennent pour plus
de la moitié du fonds consolidé du revenu, j'aimerais savoir,
dis-je si cela comprend les universités. Lorsqu'on parle d'organismes
publics, évidemment sont exclues les universités privées,
on dit dont les ressources proviennent pour plus de la moitié du fonds
consolidé du revenu. Evidemment, il est facile de jouer ici sur les
mots. Les universités privées on peut très bien dire
qu'elles ne tirent pas leurs ressources du fonds consolidé du revenu,
enfin la grande partie de leurs ressources, mais c'est du pareil au même.
Ce sont les citoyens contribuables qui paient.
Je sais que certaines universités se sont équipées
et que d'autres songent à s'équiper, à monter des studios
de radio, de télévision, de cinéma qui occasionnent des
dépenses énormes.
Je me demande si les ministères intéressés ont fait
un inventaire de ces équipements. J'aimerais savoir si la loi que nous
présente le ministre peut également lui permettre de voir ce qui
se fait dans les universités.
M. L'ALLIER: Je crois que le problème est bien exposé,
parce que c'est effectivement une de mes préoccupations, comme ministre
des Communications, d'en arriver à faire en sorte que les fonds publics,
quelle que soit leur source, soient utilisés au meilleur escient dans ce
domaine où il y a, très certainement de bonne foi, souvent,
à certains endroits, sous-équipement et à d'autres
suréquipement. Jusqu'ici, l'implantation des services de communications
s'est faite davantage suivant la capacité de vente des entreprises
d'équipement. Cela a souvent été, en tout cas, le vendeur
de telle ou telle compagnie d'audio-visuel qui a été le
conseiller en même temps d'un organisme public, d'une corporation
municipale ou scolaire ou d'un conseil universitaire en termes
d'équipement.
On le retrouve même, je crois, dans certains
hôpitaux qui sont, sur le plan des communications,
suréquipés et où les équipements pourraient servir,
mais ne servent pas parce qu'on n'a pas la main-d'oeuvre qualifiée ou,
du moins, la perception de l'importance de ces moyens pour fins
médicales.
Or, la Loi de Radio-Québec organisme autonome et,
indépendamment de ce qu'en dit le député de Lafontaine,
qui le sera encore davantage avec la Loi 36 curieusement permettait et
exigeait de Radio-Québec qu'elle fasse ce travail, à l'article
22, paragraphe c) où on disait ceci: "Les principales fonctions de
l'office sont c): "Coordonner la production et la diffusion de documents
audio-visuels pour fins éducatives, ainsi que l'acquisition et
l'utilisation de l'équipement nécessaire à la production
et à la diffusion de tels documents par le ministère et les
services du gouvernement, ainsi que par les organismes qui en relèvent."
C'est ce pouvoir qui est à Radio-Québec que nous
transférons au ministère des Communications, parce que nous
croyons que c'est absolument essentiel que le ministère des
Communications l'ait, si on veut, par ailleurs, que l'article 2 de la Loi du
ministère des Communications qui, lui, n'est pas modifié soit
applicable et véridique. En d'autres mots, c'est pour que le ministre
ait la responsabilité de mettre en oeuvre une politique, d'en surveiller
l'application et d'en coordonner l'exécution.
Le paragraphe c) de l'article 2 de la loi 37 spécifie ce qu'est
un organisme public aux fins de coordonner la production et d'exercer la
responsabilité qui était celle de Radio-Québec. On dit,
comme l'a souligné le député de Chicoutimi: "Un organisme
public, au sens du présent article, est toute corporation scolaire ou
tout organisme dont le lieutenant-gouverneur en conseil ou un ministre nomme la
majorité des membres il y a donc deux catégories:
premièrement, les corporations scolaires, deuxièmement, les
organismes dont le lieutenant-gouverneur en conseil ou un ministre nomme la
majorité des membres tout organisme dont la loi ordonne que les
fonctionnaires ou employés soient nommés ou
rémunérés suivant la Loi de la fonction publique, ainsi
que tout organisme dont les ressources proviennent, pour plus de la
moitié, du fonds consolidé du revenu, c'est-à-dire des
fonds publics.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela couvre l'Université du
Québec.
M. L'ALLIER: A mon avis, M. le Président, cela couvrirait
l'ensemble des universités qui tirent plus de 50 p.c. de leurs moyens de
subsistance de l'Etat.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce sont des organismes privés.
L'Université du Québec, d'accord, parce que cela revient à
ceci, voyez-vous: "Tout organisme dont le lieutenant-gouverneur en conseil ou
un ministre nomme la majorité des membres". C'est le cas de
l'Université du Québec. Maintenant: "Tout organisme dont la loi
ordonne que les fonctionnaires ou employés soient nommés ou
rémunérés selon la Loi de la fonction publique ainsi que
tout organisme dont les ressources proviennent pour plus de la moitié du
fonds consolidé du revenu." Là, dans le cas des
universités dites privées, Laval, McGill, Montréal,
Bishop's, etc. ces gens-là ne sont pas nommés par le
lieutenant-gouverneur, leurs employés ne sont pas
rémunérés en vertu de la Loi de la fonction publique. Ils
tirent leurs revenus non pas nécessairement du fonds consolidé
il faut bien s'entendre sur ce qu'on appelle le fonds consolidé
mais d'abord des frais d'inscription et des subventions du gouvernement
qui, évidemment, sont prises au poste de l'éducation. Ce n'est
pas le fonds consolidé.
M. L'ALLIER: C'est un point, M. le Président, sur lequel je dois
avouer mon ignorance.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il y a ici matière à discussion.
Devant les tribunaux, cela se plaiderait facilement.
M. L'ALLIER: J'avais l'impression que, dans la mesure où les
subventions viennent elles-mêmes du fonds consolidé, dans la
mesure où 50 p.c. ou plus viennent des coffres de la province, cela
tombait sous cette loi. C'est un point que je vais vérifier,
effectivement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'aimerais simplement qu'on le vérifie,
parce que juridiquement j'ai l'impression que cela se discuterait
longuement.
M. LE PRESIDENT: Le député de Fabre.
M. HOUDE (Fabre): Sur le même sujet, j'aimerais savoir si la loi
donne au ministre ou au ministère des pouvoirs de coordonner. Cela,
c'est à sens unique. Mais est-ce qu'à sens inverse cela implique
que les organismes sur lesquels le ministre ou le ministère a des
pouvoirs doivent nécessairement faire rapport? Est-ce que cela implique
cela? Alors comment voulez-vous savoir? En matière d'équipement,
vous avez le droit de coordonner, par exemple, l'implantation
d'équipement par un inventaire, etc. Mais, si vous n'êtes pas au
courant qu'une corporation scolaire achète pour $100,000 ou $200,000,
que ferez-vous? Ce qui est vrai pour l'équipement, je me demandais si
c'était vrai aussi pour la production. Si un ministère
décide de faire un film pour faire connaître un territoire
quelconque du Québec à l'étranger ou faire de la
propagande et qu'un autre ministère décide de faire à peu
près le même film, pour le même territoire, comment
allez-vous le savoir? Vous pouvez coordonner tout cela mais, si chacun le garde
secret, vous ne le saurez jamais.
M. L'ALLIER: C'est-à-dire que, lorsqu'on
arrive à la coordination des équipements, cette
coordination, tant de la production que des équipements
nécessaires à la production et la diffusion, comme on l'a dit,
s'applique aux organismes sur lesquels le gouvernement, d'une façon ou
d'une autre, peut avoir un contrôle efficace, au niveau du budget ou au
niveau de la nomination des membres, etc.
Préalablement à tout cela, le ministère a le
pouvoir d'obtenir des renseignements il y a un pouvoir d'enquête
non seulement des ministères mais des corporations municipales et
des organismes publics. Donc, avec l'obtention des renseignements, pour ce qui
est des communautés urbaines et des corporations municipales, c'est un
rôle de coordination qui ne s'appuie sur aucun moyen de contrôle,
sauf éventuellement par le biais des subventions. Si des subventions
sont demandées pour fins de communications, on peut toujours dire non
sur ce plan mais, pour le reste, c'est l'autonomie des corporations municipales
qui joue. Le seul moyen de pression que nous puissions avoir, c'est la
qualité d'un dossier technique qui démontre que, si la
corporation municipale fait tel truc, cela coûte tant de plus aux
citoyens.
M. HOUDE (Fabre): Indépendamment des corporations municipales sur
lesquelles vous n'avez pas ce pouvoir-là...
M. L'ALLIER: Pour les autres, le seul pouvoir que nous avons, c'est par
le biais du contrôle direct ou indirect que l'Etat exerce sur ces
organismes. Par exemple, il est bien sûr qu'un ministère peut
décider de passer outre au pouvoir de coordination du ministère
des Communications, mais ça devient un problème du gouvernement.
Le ministre des Communications est responsable de cette coordination et a le
devoir de la faire. Si le collègue de tel autre ministère et le
Conseil du trésor décident de passer outre, le ministre des
Communications doit rendre des comptes à l'Assemblée nationale.
Il est susceptible d'être interrogé et c'est le gouvernement dans
son ensemble qui ne se soumet pas à ses propres lois.
M. HOUDE (Fabre): Je ne sais pas si ça se fait, mais ne serait-il
pas plus simple de prévoir dans la loi que tous les organismes, que tous
les ministères qui ont des projets pour acheter de l'équipement,
comme le disait le député de Chicoutimi, audio-visuel ou pour
produire quelque chose, que ce soit du cinéma ou peu importe quoi,
soumettent au ministère des Communications leurs projets? Cela va vous
aider à coordonner.
M. L'ALLIER: J'ai l'impression que c'est le rôle des organismes
centraux du gouvernement, qu'il s'agisse du service des achats ou du Conseil du
trésor, de se soumettre en premier lieu et avant tout le monde aux
propres lois du gouvernement. C'est à ce niveau-là que le
ministre des Communications peut intervenir comme membre du gouvernement pour
faire respecter la loi par le gouvernement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre ici fait un peu
d'angélisme, je pense bien.
M. L'ALLIER: Oui, sûrement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il sait très bien ce qui se passe dans
les ministères et notamment au service des achats. Si, dans un
ministère aussi important que celui de la Voirie ou des Travaux publics,
le superministère, on a décidé d'acheter tant de choses
parce que ça fait l'affaire de M. X ou Y, j'ai bien l'impression que le
ministre des Communications ne le saura même pas, s'il ne va pas au
Conseil du trésor. S'il n'y a pas des normes établies
acceptées par le Conseil du trésor, visées par chacun des
ministres, et si ces normes ne sont pas assorties d'un avertissement absolument
sérieux, sous forme de décret ou d'arrêté en
conseil, qu'on doit s'y soumettre, il n'est pas possible au ministre des
Communications de contrôler quoi que ce soit ici en matière
d'équipement dans les divers ministères.
M. L'ALLIER: Sur ce point, je dois dire qu'avant même que la loi
ne soit adoptée le Conseil du trésor a adopté l'attitude
qui est conforme à cette loi, en ce sens que, depuis maintenant
près d'un an, toute demande qui est présentée au Conseil
du trésor pour l'acquisition d'équipement de communications est
référée au ministère des Communications par le
Conseil du trésor pour avis. Dès que ce projet aura force de loi,
il nous sera possible d'aller plus loin dans ce domaine et de proposer une
réglementation de fonctionnement.
Jusqu'ici, ça se faisait sur une base volontaire. Voyez-vous, ce
pouvoir de coordination étant à Radio-Québec,
Radio-Québec étant un organisme autonome, Radio-Québec
n'avait place ni au Conseil du trésor, ni au conseil des ministres.
Radio-Québec ne pouvait pas exercer les pressions et utiliser les moyens
nécessaires à l'implantation de cette directive que lui faisait
la loi. Ce pouvoir étant maintenant au ministère des
Communications, c'est une question de fonctionnement du gouvernement que de
respecter ces lois. Je dois le dire, le Conseil du trésor, par
anticipation et sur une base volontaire ce qui est tout à fait
correct réfère maintenant au ministère des
Communications, pour avis technique, les demandes d'équipement en
matière de communications.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Depuis combien de temps?
M. L'ALLIER: Peut-être pas tout à fait un an, mais neuf
mois au moins.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'aimerais,
pour l'édification du ministre des Communications, qu'il demande
qu'on lui passe les documents disons des six derniers mois concernant les
engagements financiers. Il va se rendre compte que le Conseil du trésor
est drôlement large. Ses normes me paraissent très très
élastiques.
M. L'ALLIER: Sur les équipements?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Sur les équipements.
M. L'ALLIER: C'est la même chose sur la production. Actuellement,
c'est sur les équipements.
M. CROISETIERE: Sur le même sujet, M. le Président,
qu'est-ce qui arriverait dans le cas d'une régionale qui a besoin de
l'audio-visuel? Est-ce que c'est soumis au Conseil du trésor?
M. L'ALLIER: Ce n'est pas soumis au Conseil du trésor.
M. CROISETIERE: Les régionales ont leur autonomie, elles
présentent leur budget au ministère de l'Education, mais
après...
M. L'ALLIER: C'est ça. C'est là en fait que se situe, si
vous le voulez, le problème.
M. CROISETIERE: C'est de l'inadmissible ou de l'admissible?
M. L'ALLIER: C'est là que se situe tout le problème. Le
problème que vous soulevez est extrêmement complexe.
M. CROISETIERE: Je n'ai pas coupé la parole au
député de Saint-Jean.
M. L'ALLIER: Il y a deux attitudes possibles dans ça. Ou on va
jusqu'au bout d'une attitude et on considère que, dans le domaine des
communications, afin d'en arriver véritablement à une
rentabilisation maximale des équipements, c'est le ministère des
Communications qui devient l'organisme central et non plus le Conseil du
trésor, au service des achats, pour les fins de communications. A ce
moment-là, tous les ministères de services pourraient demander
que ce soit la même chose dans des secteurs de services.
M. CROISETIERE: Cela rejoint la question du député de
Chicoutimi tantôt.
M. L'ALLIER: L'organisation administrative est telle cependant que ce
sont des organismes centraux et supraministériels qui déterminent
des normes. Ce que nous voulons en arriver à faire, c'est, avec une loi
comme celle-ci, dire: Comme on a cette responsabilité, voici quelles
sont les normes. Que le Conseil du trésor, au service des achats, soit
responsable de les appliquer, cela me parait un regroupement efficace, parce
que, dans une demande, il peut y avoir à la fois de l'audio-visuel et
à la fois des équipements d'autre nature, etc. Pour une
régionale, le problème que vous posez, c'est effectivement le
cas, la régionale n'est pas obligée de venir demander au
ministère des Communications et ne le sera pas, à ce
moment-là. On a la responsabilité de coordonner, si le
ministère de l'Education, dans l'approbation de ses budgets, ne tient
pas compte de l'existence de cette loi no 37, qui donne la
responsabilité au ministre des Communications de coordonner, etc., et si
le ministère de l'Education décide d'autoriser lui-même les
équipements de communications, sans tenir compte de cette loi, c'est
sûr qu'il y a un problème entre le ministère des
Communications et le ministère de l'Education. Mais c'est en fait une
faille dans la qualité de l'administration gouvernementale. A ce
moment-là, c'est la responsabilité du gouvernement de ne pas
appliquer ses propres lois, et c'est le rôle de l'Opposition, à ce
moment-là, qui, à mon avis, a beau jeu.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre n'oublie pas, j'imagine, le nombre
de sous-ministres aux Affaires sociales, à l'Education, à la
Voirie, par exemple, je parle de la Voirie avec tout ce que ça comporte
maintenant, qui ont le droit de signer à la place du ministre?
M. L'ALLIER: C'est sûr. En d'autres mots, on pourrait
résumer la situation comme suit. On pourrait avoir des textes qui disent
que le ministère va faire ci, le ministère va faire ça.
Les textes en eux-mêmes ne règlent rien, à moins de deux
choses: ou que, en même temps, on installe des systèmes
d'inspection, de contrôle et de sanction dans l'administration ou qu'on
se fie à la qualité de gestionnaires à la fois des
ministres et des sous-ministres et des personnes en responsabilité, pour
appliquer ce que l'Assemblée nationale considère être des
moyens minimaux d'efficacité administrative. C'est là-dessus, je
pense, que le gouvernement est jugé à long terme.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Jean.
M. VEILLEUX: Je vais donner un exemple pratique au ministre afin de
savoir quelle sorte d'amendement on pourrait apporter à la loi pour
résoudre un problème comme celui-ci. Supposons qu'une corporation
municipale décide de se servir d'un cerveau électronique aux fins
de salaires, de dépenses, etc., relativement au budget d'une
municipalité. On sait qu'au niveau scolaire tout est centralisé
au ministère de l'Education alors il n'y a pas de problème entre
les commissions scolaires relativement à cela.
Si une corporation municipale décidait d'établir ce
service-là et qu'il y avait dans la municipalité
déjà une industrie du secteur privé qui possédait
ce système mais qui n'est employé par l'industrie qu'un nombre X
d'heures et qu'il reste un nombre X d'heures disponibles, ne devrait-il pas y
avoir un pouvoir, dans la loi, qui permettrait au ministère des
Communications d'obliger, pour ainsi dire, de louer pour un certain nombre
d'heures à cette industrie privée aux fins de la corporation
municipale plutôt que de louer tout un cerveau qui pourrait impliquer une
dépense supplémentaire de $100,000 ou $150,000 à une
municipalité?
M. L'ALLIER: Effectivement, c'est un problème, mais le
problème se pose à chaque fois qu'on touche les
équipements. C'est à la fois une tentation pour fins
d'efficacité de regroupement et de contrôle central et en
même temps la nécessité de respecter l'autonomie des
gestionnaires municipaux ou locaux. Le problème que vous posez pour
l'utilisation d'un ordinateur, effectivement, ce sont des choses qui se
vérifient.
Dans la mesure où l'option du gouvernement dans son ensemble,
tant dans ses politiques municipales que dans ses autres politiques, est de
laisser la plus grande marge de manoeuvre possible aux corporations municipales
tout en, on le voit, amenant de plus en plus de barrières. La seule
façon que nous avons d'approcher la solution de ce problème est
dans la qualité des services que l'on pourrait développer au
ministère des Communications à l'intention des
municipalités.
Si on pouvait, théoriquement, avoir des équipes de
conseillers mobiles qui se rendraient sur place pour faire des
évaluations et des enquêtes, puis nous dire: Vous perdez tant
d'argent ici, vous perdez tant d'argent là. Si cette équipe n'a
pas d'autres moyens que de dire : Voici ce que vous pourriez ou devriez faire
pour rentabiliser vos équipements... Si cette équipe fait ensuite
rapport au ministère des Communications, qui devrait être en
contact avec la Commission municipale ou les Affaires municipales, en disant
qu'il se gaspille $150,000 pour fins de communications dans tel coin, quand la
demande de subvention qui ne manque pas d'arriver, arrive; les Affaires
municipales auraient des arguments, à ce moment-là. C'est le
biais par lequel on peut y arriver.
Autrement, par l'imposition de l'utilisation de tel équipement
plutôt que tel autre, on pose un problème qui est, à mon
avis, insoluble dans la mesure où les options qui ont été
choisies traditionnellement depuis toujours par nos gouvernements sont des
options de partage de pouvoir. On pourrait poser le problème pour les
équipements sportifs; on pourrait poser le problème pour les
équipements culturels.
Quand une municipalité décide de se donner un
éléphant blanc qu'on sait être obligé de
subventionner dans deux, trois, quatre ou cinq ans et que l'argent qu'on va
mettre là va nous empêcher d'avoir, dans cette
région-là, une véritable politique culturelle, on est
obligé quasiment de laisser passer. Tout ce qu'on a, c'est l'opinion
publique pour essayer d'alerter par des biais détournés parce
qu'on ne peut pas intervenir directement, ça crée des
conflits.
Le problème est de taille et il se vérifie dans tous les
secteurs de services à la population.
On peut dire la même chose, par exemple, des équipements de
voirie ou de pompiers. Il y a des municipalités voisines qui sont
suréquipées en termes de protection contre les incendies alors
que vous avez, ailleurs dans la province de Québec, des gens qui sont
sous équipés. Comment peut-on résoudre ça?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Elles sont suréquipées et elles
manquent de feu.
M. LE PRESIDENT: Le député de Frontenac.
M. LATULIPPE: Sur le même sujet, dans ma région, encore
très récemment, le ministère des Terres et Forêts
effectuait des dépenses très importantes pour organiser, en
collaboration avec le ministère de la Voirie, un réseau
régional de communications pour communiquer jusqu'à Sept-Iles. On
a dépensé énormément. Il y avait déjà
une tour d'érigée, qui coûtait quelques dizaines de
milliers de dollars; on l'a offerte à l'Hydro-Québec parce
qu'elle avait manifesté l'intention d'établir un site
parallèle. Encore la semaine passée, le représentant des
Terres et Forêts m'a dit: Nous l'avons offerte à
l'Hydro-Québec, qui nous a dit: Si nous voulons une tour, nous sommes
capables de nous l'acheter. Effectivement, ils ont descendu la tour, ils l'ont
séparée en deux et ils ont vendu les résidus.
M. L'ALLIER: C'est sûr. Maintenant, peut-être pas pour
régler d'une façon spécifique un cas comme celui-là
mais des cas analogues, il y a dans le projet de loi 37 ou 35 il
faudrait faire la recherche un article qui prévoit l'utilisation
conjointe d'équipement quand c'est dans l'intérêt public de
le faire. Mais je pense que c'est important, à ce moment-là, que
la Régie des services publics puisse dire au moment où quelqu'un
vient demander la permission d'ériger tel équipement: Il y en a
un qui ne sert pas et, comme ce sont des services publics qui sont, de toute
façon, payés par les citoyens, vous allez vous servir de
ça.
M. LATULIPPE: Prévoyez-vous par l'intermédiaire de votre
loi aller comme le député de Fabre le disait tout à
l'heure jusqu'à demander à tous les organismes qui veulent
faire l'acquisition de nouveaux moyens de communication audio-visuels ou autres
d'obtenir la permission du ministère des Communications? Celui-ci
pourrait tenir par ordinatrice l'inventaire et également le taux
d'utilisation de
tous les équipements disponibles au Québec. Ceux qui ne
sont pas utilisés pourraient être rapatriés. S'il y avait
une demande pour les transférer à d'autres, que ça se
fasse d'une façon automatique. Il y aurait des milliers de dollars
à économiser de ce côté.
M. L'ALLIER: Je suis assez d'accord sur ce que vous dites là.
Cela suppose cependant des moyens financiers considérables à la
disposition du ministère des Communications et c'est un débat que
nous devons faire au niveau du budget à ce moment-là. Nous ne
pouvons pas, en même temps que les communications se développent
rapidement sur le plan technique, que des sommes astronomiques se
dépensent aux fins de communications, au sens large, au Québec,
en même temps voir les budgets être stagnants ou même
diminués dans ce secteur. Il faut faire des expertises, avoir du
personnel.
On n'est pas toujours conscient de cela, moi-même le premier. Avec
un investissement en termes d'expertises, de conseillers, d'inspecteurs, etc.
qui peut paraître important au moment où on le fait, on peut, par
ailleurs, en arriver à faire faire des économies
considérables à l'ensemble de la population. Quand je parle des
hôpitaux, je parle des équipements scolaires aussi. Quand on
construit un hôpital, par exemple, on n'a pas toujours conscience du
volume en termes de millions de dollars qui est dépensé en
équipements de communication; c'est astronomique ce qui est
dépensé. Dans certains hôpitaux, c'est utilisé au
maximum à certains moments. Dans d'autres, que voulez-vous, c'est
toujours utilisé à 10 p.c. 15 p.c, 20 p.c. ou 25 p.c. Chacune des
chambres est équipée, par exemple, avec des moyens astronomiques
de communication mais ça ne sert pas parce qu'on a là tel genre
de malade plutôt que tel autre, et on n'en a pas besoin. Cela
additionné à autre chose et à autre chose, le ministre des
Affaires sociales l'a dit, on arrive à des chambres qui coûtent
$60 par jour; il faut que ça se paie. C'est un travail de très
longue haleine. Ce travail de coordination qui est obscur, ce n'est pas un
travail qui est tellement, comment dirais-je vous me permettrez
l'anglicisme "glamorous", tellement...
UNE VOIX: "Sexy"...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce n'est pas très attrayant...
M. L'ALLIER: ... attrayant. C'est un travail de rase-mottes qu'il faudra
qu'on fasse, un travail de bénédictin. Je pense que cela doit
être une des priorités du ministère, dans la mesure
où il récupère ce pouvoir. Cela devrait être la
responsabilité aussi de la commission parlementaire d'aider le
ministère, par ses questions et en le talonnant, à
réaliser cette fonction qui est capitale.
M. LATULIPPE: Donc le centre des achats au ministère des
Communications ne sera pas pour bientôt.
M. L'ALLIER: Ah non!
M. LE PRESIDENT: Adopté. Le député de
Saint-Jean.
M. VEILLEUX: Une dernière question, M. le Président. En ce
qui regarde le réseau de communications que semble mettre sur pied
à l'heure actuelle la Sûreté du Québec, où
cela se situe-t-il exactement dans cette perspective?
M. L'ALLIER: La Sûreté du Québec, en fait, n'a pas
un réseau qui lui est propre. C'est un réseau qui est loué
de Bell Canada. Cela s'est fait, si ma mémoire est exacte, par une
négociation du ministère des Communications avec Bell. On
commence, en fait, à s'impliquer dans le secteur. Il n'y a pas si
longtemps, certains réseaux de communications de la Voirie et des Terres
et Forêts et d'autres ministères, du ministère du Tourisme,
de la Chasse et de la Pêche, par exemple, étaient incompatibles.
Il n'y a pas de raison que ce soit comme cela.
M. LE PRESIDENT: Article 2, adopté? Adopté. Si les membres
de la commission n'ont pas d'objection, nous pourrions suspendre les travaux
jusqu'à demain matin, dix heures, pour continuer l'étude de la
loi.
M. LEGER: Personnellement, j'ai pensé ce matin qu'on allait
accélérer les travaux en suspendant vers onze heures pour pouvoir
les continuer cet après-midi. Personnellement, demain matin, je ne peux
pas être présent. J'ai pensé qu'on aurait pu terminer cet
après-midi, au moins jusqu'à six heures.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est bien dommage, mais...
M. LEGER: Mais, personnellement, je ne voudrais pas motiver certains
membres qui ont l'habitude des quolibets quand un député n'est
pas là. Je m'attendais à ce que ce soit aujourd'hui qu'on fasse
cela. Je ne pourrai pas être là demain matin, mais est-ce que tous
les membres de la commission sont d'accord pour suspendre?
M. L'ALLIER; Je ferai remarquer au député de Lafontaine
que cela devait être hier aussi et qu'on a remis la séance
à aujourd'hui pour des motifs qui nous ont été
communiqués par le député de Lafontaine.
M. LEGER; C'était supposé être dans un mois
aussi.
M. L'ALLIER: J'ai ici la déclaration que j'ai
faite pour les communications et qui répond, du moins en partie,
à la question du député de Chicoutimi. Je vous la remets
et si, sur ce point, il y a des questions, nous pourrons les aborder
demain.
M. LEGER: Est-ce que je peux poser une question au ministre, avant de
terminer? Tantôt le ministre disait, concernant le pouvoir de
réglementation de la régie, que c'était un peu
incompatible que la régie ait à faire ses règlements et
par la suite, ait à juger de cette juridiction? Est-ce que le ministre
pourrait répondre à cette question, comme nous le disions
tantôt?
M. L'ALLIER: C'est partie remise de toute façon.
M. LEGER: M. le Président, cela prendra juste une minute. Est-ce
que le ministre a considéré la recommandation du rapport
Dussault, qui parlait de la possibilité d'avoir une cour d'appel
administrative qui permettrait à la régie de ne pas avoir
d'implication du fait qu'elle fait les règlements?
M. L'ALLIER: Je donnerai la réponse à la question du
député de Lafontaine, s'il est d'accord, demain matin, s'il veut
me rappeler sa question...
M. LEGER: Je ne serai pas là demain matin, mais...
M. LE PRESIDENT: La commission suspend ses travaux à dix heures,
demain matin...
(Fin de la séance à 17 h 15)
Séance du jeudi 7 septembre 1972 (Dix heures onze minutes)
M. LAFRANCE (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A l'ordre,
messieurs!
Avant que ne le mentionne le député de Chicoutimi,
étant donné que le président a satisfait tous ses besoins
et qu'il est en forme plus que jamais, nous sommes prêts à
commencer les séances pour aujourd'hui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce qui m'intéresse, c'est de savoir si
vous avez eu d'excellents entretiens avec Mme de Pompadour.
M. LE PRESIDENT: Je n'en ai pas eu.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il faudrait prendre un laxatif!
M. LE PRESIDENT: Alors, l'article 3.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Bon! L'article 3. Le ministre va nous
expliquer tout ça et on va essayer de comprendre.
M. L'ALLIER: M. le Président, l'article 3 de la loi 37 a pour
objet d'insérer, après l'article 3 de la loi, un article 3 a) qui
porte en principe, c'est l'objectif de cet article sur le pouvoir
de réglementation du gouvernement en matière de
communications.
A la suite des recommandations, des suggestions et des critiques qui ont
été faites en commission parlementaire, nous avons analysé
de nouveau l'article 3, tel que proposé par la loi 37, et nous l'avons
modifié, comme vous pouvez le constater dans les projets d'amendements
qui sont maintenant devant vous. L'article 3 est sensiblement plus long qu'il
ne l'était, précisément parce que nous avons voulu, dans
toute la mesure du possible, fixer dans la loi des principaux corridors
à l'intérieur desquels se fera ou devrait se faire la
réglementation du gouvernement en cette matière.
Si vous vous en souvenez, dans l'article 3 original du projet de loi 37,
on disait ceci: "Le lieutenant-gouverneur en conseil peut, sur la
recommandation du ministre et dans le cadre de la compétence du
Québec, faire des règlements". Ce premier paragraphe a
été modifié pour se lire comme suit: "Le
lieutenant-gouverneur en conseil peut faire des règlements". Nous avons
fait disparaître le membre de phrase "sur la recommandation du ministre",
parce que c'est, en fait, au gouvernement qu'il appartient de prendre ces
décisions. Il va de soi, dans le mécanisme de fonctionnement du
gouvernement, que le ministre des Communications recommande ou conseille le
gouvernement en ces matières.
Nous avons également fait disparaître le deuxième
membre de phrase, qui porte sur la compétence du Québec, à
la suggestion des conseillers légistes du gouvernement, qui
considèrent à bon droit qu'il s'agit là d'un
énoncé inutile parce que, précisément, toutes les
lois du Québec doivent et ne peuvent se situer que dans le cadre de la
compétence du Québec.
Alors, comme on essaie, par tous les moyens, d'alléger des lois
de mots et de phrases inutiles, de les clarifier en les simplifiant, dans la
mesure du possible, nous avons donc accepté la suggestion qui nous a
été faite. C'est tout simplement "le lieutenant-gouverneur en
conseil peut faire des règlements" que nous proposons plutôt que
le texte que vous aviez déjà.
Par la suite, immédiatement après, dans le paragraphe a)
du nouvel article 3 a) dans l'amendement dernier que nous proposons, nous
précisons les grands corridors de réglementation dans lesquels
devra se tenir le gouvernement.
Le paragraphe a) de l'article original du projet de loi 37 se retrouve
au paragraphe f) de l'amendement. Le paragraphe b) de l'article original se
retrouve au paragraphe d) de l'amendement. Le paragraphe c) se retrouve au
paragraphe e) de l'amendement.
Nous ajoutons, dans l'amendement, un paragraphe b), qui n'était
pas contenu dans le projet de loi no 37 initial ainsi que le paragraphe a), qui
n'était pas non plus contenu dans ce projet de loi. Nous ajoutons
également un paragraphe g), qui porte essentiellement sur la publication
préalable, tel que je l'ai indiqué antérieurement. Nous
ajoutons enfin un paragraphe 3 b), qui comporte la sanction des infractions qui
sont commises ou qui pourraient être commises dans le cadre de cette
loi.
Je voudrais donc, reprendre dans ce contexte l'article 3 a)
proposé par les amendements, et attirer votre attention sur quelques
points qui sont importants, à mon avis. Par la suite, je crois que les
membres de la commission accepteront de poser des questions sur quelque partie
que ce soit; c'est peut-être plus facile de procéder ainsi.
Au sous-paragraphe 2 du paragraphe a) de l'article 3 a) proposé,
vous constatez qu'on dit: "Des normes relatives à l'étendue
territoriale de ces permis, autorisations et concessions et des normes
relatives à leur durée qui ne peut excéder neuf ans".
Pourquoi neuf ans? Cela aurait pu être dix, douze ou autre chose.
Après consultation, notamment des entreprises de câble, des
milieux intéressés et des spécialistes en ces
matières, nous avons retenu le délai de neuf ans, parce que
avec l'accord des compagnies de câble, je le souligne ici, sur ce
point le temps de dépréciation des équipements de
communications est évalué habituellement à dix ans. Donc,
accorder les permis pour une plus longue période ne permet pas à
l'organisme régulateur de vérifier la qualité des
équipements.
Par ailleurs, je souligne qu'au CRTC la durée
des permis est de cinq ans, ce qui nous paraissait, quant à nous,
trop court sur la base des investissements que supposent les communications.
Donc, en fixant neuf ans, nous avons voulu nous rapprocher de la période
d'amortissement des équipements de communications.
Je vous souligne ici qu'au paragraphe b) de l'amendement le texte que
vous avez devant vous se lit comme suit: "Déterminer aux fins de
l'application de l'article 30 de la Loi de la Régie des services publics
(chapitre 229) les conditions d'empiètement, d'expropriation et de
création de zones de protection ou de servitudes. " Après une
nouvelle analyse de ce texte, je vous propose une modification qui va dans le
sens des suggestions et des recommandations qui ont été faites
par les membres de la commission et qui rend plus générale et
moins précise en termes de réglementation l'intervention du
gouvernement.
Ce nouveau texte se lirait donc comme suit: "Déterminer, aux fins
de l'application de l'article 30 de la Loi de la Régie des services
publics (chapitre 229), les conditions générales d'emploi des
installations de communication par une entreprise autre que celle qui en est
propriétaire."
C'est conforme dans sa terminologie à l'article 30.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Les conditions générales
d'emploi des installations de communication...
M. L'ALLIER: Les conditions générales d'emploi des
installations de communication par une entreprise autre que celle qui en est
propriétaire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela fait longtemps que nous n'avons pas pris
de dictée.
M. L'ALLIER: Ce n'est pas mauvais.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela dépend des membres. Alors, cela se
lirait: "Les conditions générales d'emploi des installations de
communication par une entreprise autre que celle qui en est
propriétaire."
M. L'ALLIER: C'est cela. Ce texte a l'avantage de faire
disparaître les ambiguités que pouvait laisser subsister le texte
précédent, ce texte pouvant donner l'impression, tout au moins,
que le gouvernement, à ce moment-là, pouvait faire des
règlements extrêmement précis, détaillés qui
sont du ressort de la régie en fait. Donc, le nouveau texte fait
disparaître, à mon avis, ces ambiguïtés. Le pouvoir
réglementaire du gouvernement ne porte que sur les conditions
générales d'emploi des installations de communication par une
entreprise autre que celle qui en est propriétaire.
Quant au paragraphe d) qui suit, c'est une modification d'un mot. On
dit: "Déterminer, conformément à la Loi de l'Office de la
radio-télévision du Québec...". Je crois qu'il est plus
précis de dire: "Déterminer, sous réserve de la Loi de
l'Office de la radio-télévision du Québec...". Je crois
qu'il est également nécessaire d'ajouter après
radio-télévision du Québec, entre parenthèses, la
référence légale, c'est-à-dire chapitre 17 des lois
de 1969.
On vous distribue actuellement le texte du deuxième paragraphe du
sous-paragraphe g) qui porte sur la publication préalable. Vous avez,
dans le document qu'on vous a remis, un texte qui se lit comme suit: "Les
règlements adoptés en vertu du présent article entrent en
vigueur trente jours après leur publication dans la Gazette officielle
du Québec".
Après analyse de ce texte et en concordance avec d'autres textes
législatifs qui portent sur la publication, nous vous proposons un texte
qui est à la fois plus précis et qui évite les
ambiguïtés sur ce point. C'est le texte qu'on vous distribue
actuellement. Ce deuxième paragraphe du sous-paragraphe g) se lirait
comme suit: "Un projet de règlements proposé en vertu du
présent article est publié dans la Gazette officielle du
Québec, avec avis qu'à l'expiration d'au moins trente jours
suivant cette publication ils seront soumis les règlements
à l'approbation du lieutenant-gouverneur en conseil".
Je crois qu'en bon français les juristes ne sont pas
tellement forts en français il faudrait que ce soit au singulier
"il sera soumis", parce que c'est un projet. Je ne sais pas ce que mon
collègue de Chicoutimi en pense. Il s'agit d'un projet de
règlements proposé.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je vais attendre M. Léger pour me
prononcer.
M. L'ALLIER: Vous avez besoin d'un conseiller technique?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est parce que cela dépend du texte
français, du texte anglais et du jouai.
M. VEILLEUX: Il m'a demandé de le remplacer.
UNE VOIX: Le député de Saint-Jean remplace le
député de Lafontaine.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Sunt unum et idem, comme on dirait en
latin.
M. VEILLEUX: Avec l'accord du député de Lafontaine...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela veut dire que c'est du pareil au
même.
M. L'ALLIER: Dans un premier temps, cet amendement précise
clairement que tout projet de règlements devra d'abord être
publié dans la
Gazette officielle du Québec pendant au moins trente jours avant
d'être soumis à l'approbation du lieutenant-gouverneur en
conseil.
Deuxièmement, à ce qui n'était pas clair dans le
texte initial, nous ajoutons un deuxième paragraphe qui se lit comme
suit: "Tout règlement adopté par le lieutenant-gouverneur en
conseil en vertu de la présente loi entre en vigueur à la date de
sa publication dans la Gazette officielle ou à toute date
ultérieure qui est fixée."
Donc, publication préalable avant adoption et, après
adoption par le lieutenant-gouverneur en conseil, nouvelle publication d'un
règlement qui peut entrer en vigueur soit au moment de sa publication,
soit à une date ultérieure.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, l'amendement à
l'article 3, cet article 3 remplaçait celui que nous avons dans le texte
du projet de loi no 37, dit: "Ladite loi est modifiée en
insérant..." ce qui ne pose pas de problème, puis "... le
lieutenant-gouverneur en conseil peut faire des règlements pour
déterminer, aux fins de l'application... les principes
généraux suivant lesquels les permis, les autorisations et les
concessions sont attribués, suspendus, annulés, renouvelés
par la Régie des services publics..." Cela ne pose pas de
difficulté parce qu'il s'agit d'un pouvoir de la régie dont nous
avons déjà discuté. Maintenant, le ministre pourrait-il
expliquer un peu plus longuement la question d'autorisations et de concessions?
Qu'est-ce que cela comporte dans son esprit, outre les dispositions qu'on
trouve dans la loi qui régit la Régie des services publics?
Quelles sont ces autorisations et concessions?
M. L'ALLIER: Les distinctions qui sont faites entre permis,
autorisations et concessions, sont celles du droit administratif moderne. La
concession vise à l'atribution et à l'exploitation d'un service
au public sur un territoire défini et à des abonnés
indéfinis. L'autorisation couvre non pas un service au public en
général, mais pour un groupe caractérisé
d'abonnés ou d'usagers sans que l'aire territoriale soit toujours
précisée.
Dans le premier cas on peut donner comme exemple le câble, le
téléphone; dans le deuxième cas on peut donner comme
exemple la télévision en circuit fermé.
Le permis sert comme expression générale couvrant tout
autre type d'autorisations et concessions. Par exemple ça peut en
faire sourire certains les "walkie-talkies".
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Qui se sert de cela?
M. L'ALLIER : Sans autorisation.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Aux congrès.
M. L'ALLIER: Jusqu'ici, cela a été utilisé sans
autorisation.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, on sait cela. En parlant d'autorisations
et concessions, vous avez donné une distinction quant aux usagers et
quant aux territoires. Sont comprises là-dedans les installations de
télévision communautaire, la télévision en circuit
fermé? Les antennes communautaires?
M. L'ALLIER: Oui. exactement. Tout ce qui peut être
identifié comme étant un moyen de communication territoriale et
qui n'est pas une onde ouverte. Or, les antennes communautaires qui font de la
retransmission ouverte, si vous voulez, cela n'existe pas à ma
connaissance. Lorsqu'il en existe, elles appartiennent à des stations de
télévision. Ce sont des tours de retransmission, si vous voulez.
Radio-Canada a des tours de retransmission. C'est exclu.
Par ailleurs, l'antenne communautaire qui dessert une clientèle
définie d'abonnés tombe sous cette loi, de même que le
câble et la télévision à circuit fermé,
lorsqu'elle existe.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le cas de ces organismes qui font de la
télévision dans des zones très délimitées de
certaines régions, comme cela se fait dans ma région par exemple,
à Normandin, est-ce que c'est couvert par ces termes autorisations et
concessions? En réalité, c'est une sorte de système de
télévision à circuit fermé mais qui couvre quand
même un territoire donné.
M. L'ALLIER: C'est ça. C'est exact. Cela tomberait sous les
concessions.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela tombe sous les concessions. C'est la
Régie des services publics, seule, qui peut donner les permis pour ce
genre de concessions.
M. L'ALLIER: Nous pourrons nous trouver dans ces cas-là, comme
dans le cas du câble, face à une double réglementation. Si
le CRTC réglemente déjà, nous pourrons effectivement nous
trouver dans ce conflit potentiel.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Excusez-moi de vous interrompre. Dans le cas
des circuits de télévision universitaire, est-ce que cela tombe
dans ce domaine des concessions?
Vous n'ignorez pas qu'à Laval on doit prochainement mettre en
service une station dite, je ne sais pas trop si c'est du AM ou du FM, je ne
sais pas quelles sont les fréquences qu'ils vont utiliser, si cela va
sortir de l'aire du campus ou si...
M. L'ALLIER: Les informations que j'ai sur ce point sont que le projet
de l'université Laval est un projet FM, donc un projet de radiodiffusion
en ondes ouvertes, limité par le CRTC. Comme il s'agit de
radiodiffusion, ce n'est pas couvert.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ils ont eu d'ailleurs une...
M. L'ALLIER: Autorisation.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... autorisation du CRTC.
M. L'ALLIER: Oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, ce n'est pas couvert par vos mots
"autorisations et concessions".
M. L'ALLIER: C'est exact. Comme l'ensemble de la radiodiffusion,
d'ailleurs, n'est pas couvert.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Sauf ?
M. L'ALLIER: Sauf la radio-télévision éducative
depuis la dernière directive...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui.
M. L'ALLIER; ... du gouvernement fédéral au CRTC.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Voici le problème qui se pose ici.
C'est qu'on peut assister à une certaine prolifération de ce
genre de petites stations qui diffuseraient depuis des universités,
depuis des CEGEP, enfin, de quelque maison d'enseignement que ce soit,
grâce à une autorisation du CRTC. On diffuserait, à ce
moment-là, des émissions de nature éducative ou
culturelle, ce qui me parait être un danger que cela vienne à
contrarier la politique globale des communications du ministère du
Québec et à aller contre la volonté du ministre et
même contre les prétendues concessions que le gouvernement central
semble vouloir accorder, en période électorale, au gouvernement
du Québec. Est-ce que le ministre ne voit pas là un danger?
M. L'ALLIER: C'est-à-dire qu'il faut faire ici une distinction
entre ce que peuvent être des postes de radiodiffusion ou même de
télédiffusion générale. Même si cela se situe
à l'intérieur d'un campus et même si c'est exploité
par des étudiants, ce n'est pas nécessairement de ce fait de la
radiodiffusion ou de la télédiffusion éducative. Or, la
directive du gouvernement fédéral au CRTC ne porte que sur la
radiodiffusion éducative et, conformément à l'application
de cette directive, le gouvernement du Québec, par un organisme
désigné, devra reconnaître comme apte à
radiodiffusion éducative tel ou tel organisme qui souhaite faire de la
radiodiffusion éducative. Pour le reste, il est possible, effectivement,
que le CRTC émette des permis pour de la radiodiffusion qu'on ne peut
pas classer ou identifier comme de la radiodiffusion éducative et qui
devient de la radiodiffusion ordinaire, même si c'est exploité par
des étudiants.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, le ministre va voir ici un danger.
Il est très facile d'utiliser ce biais de la diffusion, au sens
général du terme, pour ensuite entrer dans un domaine qui soit
strictement de diffusion socio-éducative. Il est bien évident
que, s'il y a une station FM à l'université Laval, par exemple,
on ne passera pas la journée à nous dire que le recteur est
allé visiter telle salle de classe, que le ministre L'Allier est venu
faire un tour à la faculté des sciences de l'éducation ou
que le ministre des Affaires culturelles est allé aux sciences
appliquées. On va mettre un peu de musique à travers ça,
un peu de commentaires, des "panels".
Finalement, cela deviendra des stations où se donneront, en
réalité, des cours. Si, d'ailleurs, le ministre a vu le devis de
cette station qui doit entrer en activité bientôt, il se rendra
compte que le contenu est bien différent de ce qu'on pourrait imaginer.
Sauf erreur, j'ai l'impression que c'est d'abord un contenu éducatif qui
peut se présenter sous des formes diverses. Je me demande s'il n'y
aurait pas lieu, pour le ministre, d'avoir des renseignements très
précis sur ce genre de permis qui est accordé par le CRTC. Quelle
est surtout, d'abord, l'aire de diffusion et quel est le contenu précis
de ces émissions? Le ministre imagine facilement avec moi qu'on ne fera
pas jouer, toute la journée, vous savez, du Bach ou la musique que le
ministre des Affaires culturelles préfère, celle de Charlebois!
J'ai dit musique; évidemment, c'est galvauder un mot. J'aimerais bien
que le ministre s'enquière de ce qui va se passer.
M. L'ALLIER: D'ailleurs, M. le Président, nous sommes
actuellement à colliger les informations sur ce point. Je voudrais
souligner une chose qui est importante, c'est que le permis qui a
été accordé au projet FM-Laval l'a été par
le CRTC antérieurement à la directive fédérale sur
la radio-télévision éducative. Si, effectivement, cela
devient de la radiodiffusion éducative, il faudra voir comment on
ajuste, pour l'avenir et même, si possible, pour cette opération
isolée, la politique d'ensemble que nous avons à mettre au point
avec le ministère de l'Education et Radio-Québec sur ce
point.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui. Mais attention à cela. Vous allez
vous trouver devant un fait accompli.
M. L'ALLIER: Nous le savons.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Laissez-les mettre un pied et ils en mettront
bientôt deux.
M. L'ALLIER: Prenons comme hypothèse que la programmation de
FM-Laval correspond à la définition de la programmation
éducative, telle qu'entendue par les ministres de l'Education des
provinces. Or, si c'était le cas, comme
la décision du CRTC est antérieure à la directive
fédérale, le geste est légal et si vous voulez,
réglementaire. Pour l'avenir, la même chose ne serait pas
possible. Supposons que FM-Laval n'a pas déjà son permis et qu'il
propose une programmation que nous considérons comme éducative,
au sens de la définition, à ce moment-là, FM-Laval ne
pourrait obtenir le permis que sur approbation du ministère des
Communications.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que cela veut dire que FM-Laval n'a pas
de permis encore?
M. L'ALLIER: FM-Laval a son permis. Il l'a obtenu avant la directive
fédérale.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Avant. Bon. Avez-vous pris connaissance du
contenu des émissions?
M. L'ALLIER: Non, je n'ai pas pris connaissance du contenu des
émissions, actuellement. Je souligne ici que le permis, si ma
mémoire est exacte, a été accordé pour deux ans.
Donc, au moment du renouvellement, le problème va se poser. Je crois, si
ma mémoire est exacte, que, dans la demande même qui a
été présentée par FM-Laval, on a dit,
indépendamment de ce que peut être l'analyse des contenus, qu'il
ne s'agissait pas de radiodiffusion éducative. On a dit cela.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est impensable.
M. L'ALLIER: C'est antérieur à la directive.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre comprendra comme moi que c'est
impensable qu'une station qui diffuse depuis l'université Laval n'ait
pas un contenu qui soit d'abord et avant tout un contenu socio-éducatif,
quelque forme que puisse prendre ce contenu.
J'aimerais bien que le ministre agisse ici avec non seulement beaucoup
de circonspection, mais qu'il prenne l'initiative et qu'il fasse diligence pour
savoir exactement quel type de station FM sera installée à Laval,
grâce au premis du CRTC. Si on laisse -et vous savez ça vaut pour
l'avenir...
M. L'ALLIER: Oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous me dites: D'accord le permis a
été accordé avant que les minsitres de l'Education ne
convinssent d'un projet. Et, même si le permis était
accordé après, il restera à faire l'analyse du contenu. Il
y a des façons bien subtiles de présenter un contenu de radio ou
de télévision.
Par conséquent, tout ce que vous dites avoir gagné lors
des rencontres que vous avez eues avec les ministres de l'Education peut fort
bien être annulé par un type nouveau de diffusion qui recoupe en
somme la télévision et la radiodiffusion éducatives.
M. L'ALLIER: Il est évident que la distinction qui peut exister
entre diffusion éducative et diffusion non éducative a certaines
zones grises importantes. Lorsqu'il s'agit de radiodiffusion commerciale, on se
situe assez bien dans le non-éducatif même si, à certain
moment, des émissions ont une qualité exceptionnelle ou ont une
valeur éducative certaine. Mais ce sont des cas quasiment isolés
dans ce contexte.
M. TREMBLAY (Chicoutimi) : Par exemple?
M. L'ALLIER: Je n'ai pas d'exemple en mémoire, mais vous avez les
émissions qui s'adressent...
M. LEDUC: ... commandité par RCA qui était une
période de l'histoire de la dernière guerre. Ce n'était
peut-être pas éducatif mais historique. C'était de la
télévision commerciale, mais qui avait, à mon sens, une
valeur autre qu'une émission de variétés avec Michel
Louvain.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Commercial. Il révèle ses
goûts, lui. Nous en prenons note.
M. L'ALLIER: Ces zones grises il faudrait les explorer. En fait le
ministère des Communications, dans le projet de loi qui est devant vous,
se donne un cadre général à l'intérieur duquel il
pourra oeuvrer. Le travail n'est pas fait déjà, il est à
faire. Mais c'est ça qu'il faut bien souligner. C'est ça qui
devrait se traduire dans des moyens d'action et qui devra se traduire dans des
budgets et des autorisations d'embaucher du personnel compétent et
spécialisé pour faire ce travail.
Actuellement c'est un cadre de travail que nous proposons par voie
législative. Dans la mesure où précisément le
gouvernement souhaite avoir et a besoin de ce pouvoir réglementaire,
nous avons voulu le pondérer par cette publication préalable, qui
permet à tous les intéressés de bien savoir où on
va et de critiquer le gouvernement si le gouvernement erre dans ses projets de
règlements.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Moi ce que je veux dire là-dessus en
conclusion c'est que le ministre a des pouvoirs. On a convenu entre les
ministres de l'Education du Canada de s'occuper de radio et de
télévision éducatives, mais je mets en garde le ministre
et nous avons un exemple ce matin contre le bien dont on peut se
servir pour aller exactement au contraire de ce que vous pourriez
décider.
M. L'ALLIER: Ce danger existait effectivement je crois avant la
directive fédérale. Mais
depuis la directive fédérale, si nous donnons logiquement
suite à l'adoption de ces projets de loi, si nous nous donnons les
moyens de les appliquer et également de jouer le jeu dans le cadre de la
directive fédérale au CRTC, je crois que nous pourrons limiter
considérablement les risques de ce côté. Cela devient une
question de volonté d'action de la part du gouvernement.
Les textes peuvent exister. Mon intention c'est de le faire, mais, en
supposant que le gouvernement n'ait pas l'intention de le faire, que ce ne soit
pas dans ses priorités ou qu'il n'ait pas les moyens, le texte restera
lettre morte. Effectivement, personne n'interviendra, sauf le CRTC, en ces
matières.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je suis prêt à adopter ce
sous-paragraphe 7 du paragraphe a) de l'article 3, sous réserve de ce
que je viens de dire, à savoir que tout le contentieux constitutionnel
peut être ravivé par des initiatives du CRTC qui iraient à
l'encontre des politiques du ministère des Communications du
Québec en matière de radio-télévision
éducative. Cette façon d'accorder des permis de diffusion
à des stations FM ou autres, à des maisons d'enseignement me
paraît être extrêmement dangereuse. Le ministre devrait
s'enquérir le plus tôt possible du contenu de la station qui doit
entrer en service bientôt dans la région de Québec.
M. L'ALLIER: Je souligne, ici pour compléter ce qu'a dit le
député de Chicoutimi, que si mes informations sont exactes
également sur ce point je n'ai pas de raison d'en douter
le permis qui a été accordé pour radio-diffusion FM ne l'a
pas été à une maison d'enseignement mais bien à un
groupe d'étudiants.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui.
M. L'ALLIER: A ma connaissance, il n'y a pas de permis de
radio-diffusion qui ait été accordé à
l'intérieur du Québec par le CRTC à des organismes ou
à des institutions d'enseignement. C'est une précision tout
simplement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, c'est une précision. Cela ne
change rien...
M. L'ALLIER: ... à l'intérieur quand même.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... au fond de la question.
M. CROISETIERE: J'aurais, si vous le permettez, une question à
poser au ministre. Pour faire suite aux propos du député de
Chicoutimi, j'aimerais savoir où serait l'intervention ou les
capacités du ministre pour intervenir. Prenons pour exemple une certaine
publication d'étudiants qui a déjà été
publiée et est publiée dans des CEGEP ou dans des
universités et sur laquelle le ministère de l'Education avait
très peu de contrôle. Nous avons eu connaissance de cela dans le
passé. Si on transpose cela dans la radio-télédiffusion
où l'on a les inquiétudes auxquelles faisait allusion le
député de Chicoutimi, est-ce que le ministre a le droit d'agir ou
quels sont ses pouvoirs d'agir pour empêcher ce genre d'émissions
qui peuvent être...
M. L'ALLIER: Aucun.
M. CROISETIERE: Le ministre de l'Education avait beaucoup de
difficultés avec ces publications d'étudiants qui frisaient assez
souvent la pornographie ou la sédition. Si ce genre de
télédiffusion se produisait, sous le couvert de
télédiffusion éducative ou par le truchement de la radio,
le ministre aurait certainement un problème et des comptes à
rendre.
M. L'ALLIER: Le ministère des Communications ou tout organisme du
gouvernement désigné à cette fin, au moment de
reconnaître un organisme ou une institution pour fins de radio-diffusion
éducative, devra analyser le projet de programmation. Si, par la suite,
la programmation n'est pas conforme au projet soumis, il y a à toutes
fins pratiques un bris de contrat entre ceux qui ont fait une demande et ceux
qui en surveillent l'exécution. Si c'est d'une façon
générale que la programmation, après deux ans, est
considérée comme non éducative, il y aura certainement des
audiences et des plaidoyers là-dessus. Le ministère ou
l'organisme compétent pour le reconnaître pourra toujours
déclarer que ce n'est pas de la télévision
éducative et ne plus reconnaître cet organisme au moment du
renouvellement du permis.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je pense que mon confrère a
souligné un point de vue qui est très important ici. Il peut fort
bien se produire ce qui se passe dans les maisons d'enseignement en
général. Vous me dites que le permis FM n'a pas été
accordé à la maison d'enseignement mais bien à des
étudiants ou à un groupe, soit des étudiants ou des
semi-étudiants ou...
M. CROISETIERE: C'est d'autant plus dangereux.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il peut arriver ceci que justement, par le
biais de ces stations FM, on fasse ce qu'on fait dans les publications qui
émanent de diverses maisons d'enseignement, qu'on établisse une
politique qui va exactement à l'encontre des programmes suivis par la
maison d'enseignement, de l'esprit qui doit y régner, etc. Et on peut
très bien se servir de cette station FM en utilisant toutes sortes de
moyens pour organiser ce qu'on appelle des contre-cours.
Si le ministre se souvient de certaines déclarations du
président de la CEQ au sujet de la prise de contrôle, par les
professeurs, de l'enseignement, de l'endoctrinement que l'on doit
faire dans les mois qui vont venir, je pense qu'il comprendra que nos
craintes ne sont pas chimériques et que nous avons raison de lui
demander de prendre des précautions très sérieuses
concernant ces permis qui pourraient être délivrés par le
CRTC. Autrement, vous pouvez jeter par terre toute la programmation même
du ministère de l'Education par des cours qui se donneraient de
façon subtile et qui iraient absolument à l'encontre de la
philosophie appelons cela comme ça d'une maison
d'enseignement donnée.
M. L'ALLIER: Sur ce point, M. le Président, de deux choses l'une.
Ou il s'agit d'un permis qui a été accordé par le CRTC
pour des fins dites non éducatives et à ce moment-là c'est
la responsabilité du CRTC et du gouvernement central. Ou il s'agit de
permis qui auront été accordés avec le visa, soit du
ministère, soit d'un organisme désigné, comme le
prévoit la directive. A ce moment-là, s'il se produit en cours de
route des choses qui doivent être soulignées ou corrigées,
les réunions régulières et automatiques de la commission
des communications permettront à ses membres d'y apporter toute question
relative à des actions du ministère des Communications ou des
organismes dont il a la responsabilité et qui seraient responsables de
ces accréditations.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est justement là le problème,
quelle sorte de pouvoirs aurons-nous? Nous avons fait à maintes
reprises, cela est venu de tous les coins et de tous les milieux du
Québec, des représentations concernant le type d'enseignement
donné actuellement dans les écoles, à tous les niveaux;
qu'est-ce que cela a donné comme résultats concrets? Rien,
absolument rien. Dès que ces stations seront mises en service,
indépendamment de toutes les précautions qu'on aura pu prendre,
si le ministère des Communications du Québec n'a pas
l'initiative, ne peut pas voir auparavant les programmes, vous aurez beau
protester, nous aurons beau tenir commission sur commission ici, ça
continuera quand même. Cela nous mènera aux objectifs qu'ont
préconisés certains agitateurs auxquels j'ai fait allusion tout
à l'heure, notamment le président de la CEQ.
Il ne faut pas se cacher la vérité, il ne faut pas se
dorer la pilule, on est en train de créer un réseau
parallèle d'éducation par ce biais. Ne dramatisons point mais
voyons les choses avec réalisme.
M. L'ALLIER: Pour ma part, je suis convaincu qu'il existe sûrement
des dangers à chaque fois qu'il s'agit de communication et de
l'utilisation des ondes et des moyens modernes de communication. De plus en
plus, les moyens modernes de communication constituent, pour l'ensemble de la
société, s'ils sont mal utilisés ou utilisés
à des fins contraires à celles de l'intérêt public,
un danger de plus en plus considérable.
C'est un problème qui n'a peut-être pas de solution
à court terme. Dans le cas qui nous intéresse, qui est celui de
la radiodiffusion éducative, je peux assurer les membres de la
commission que, dès que nous en aurons les moyens techniques, nous
allons exercer non pas une censure, non pas un contrôle directif sur ce
qui doit être fait mais nous allons exercer, par le biais des organismes
qui sont désignés à cette fin, une surveillance a priori
sur la programmation proposée. Mais nous laisserons en même temps
aux institutions d'enseignement qui auront à se servir de ces moyens de
communication toute la liberté à laquelle elles ont droit sur le
plan scolaire, sur le plan des contenus. Nous ferons cependant en sorte que,
avec les moyens dont nous disposerons au moment de ces accréditations
préalables, l'utilisation des moyens de communication pour fin
d'éducation soit conforme d'abord à la programmation
générale du ministère de l'Education et, bien sûr,
à l'intérêt public.
Les abus, les erreurs, il me parait impossible de les prévoir et
de poser des gestes préventifs. Il faudra, comme on les subit dans
d'autres secteurs de l'activité sociale et culturelle du Québec,
les subir et tenter de rétablir l'équilibre, par les moyens dont
nous disposerons alors et qui ne sont pas autre chose souvent que la
sensibilisation de l'ensemble de la population et les pressions sur les
organismes de contrôle.
Mais il faut accepter, je crois, que la société
québécoise, comme les autres sociétés, n'a pas le
choix d'entrer ou non dans le monde des communications et, pour se
protéger des abus, ne peut pas prendre le risque de se situer en dehors
de l'utilisation des moyens modernes de communication. J'entendais, ce matin,
à la radio, un reportage sur un nouveau détecteur de mensonges,
qui a été mis au point et qui a permis, par l'enregistrement
d'émissions de télévision, de dire avec 94 p.c. de
certitude si telle ou telle personne sur le "panel" de télévision
mentait ou ne mentait pas.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela serait très commode pour la
commission des engagements financiers.
M. L'ALLIER: Cela va faciliter considérablement le travail des
journalistes et, en même temps, le travail des politiciens qui pourront
évaluer le travail des journalistes.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je conclus, M. le Président, avant
d'adopter cet article 1 du paragraphe, en disant au ministre que, si j'ai
parlé du FM-Laval, ce n'est pas que j'aie quelque appréhension ou
préjugé que ce soit; je ne connais pas les gens qui ont fait la
demande de permis et je ne sais pas du tout quels seront ceux qui s'en
occuperont. Toutefois, je mets le ministre en garde contre cela et je lui
demande
d'user de tous les pouvoirs qu'il a, si tant est qu'il en a, pour que,
lorsqu'on se servira de ces moyens modernes de communication personne ne
peut refuser de le faire; ça fait partie de la vie moderne, de la
technologie moderne, des instruments modernes il s'assure que
l'éducation que l'on donnera par ce truchement sera de
l'éducation et que les professeurs qui seront appelés à
s'en servir enseigneront comme ils doivent le faire et n'endoctrineront pas,
comme on se propose de le faire.
M. LE PRESIDENT: Le député de Frontenac.
M. LATULIPPE: M. le Président, le ministre serait-il en mesure de
nous dire brièvement quelle est exactement la teneur de la directive
fédérale? J'ai lu avec attention le document qu'il nous a remis
hier sur les aspirations du Québec et, ma foi, je note que dans le texte
on affirme la primauté du Québec et, à l'article 3, on se
donne réellement une réglementation qui pourrait faire du
Québec le maître d'oeuvre de sa politique.
Mais, en pratique, le problème que vient de soulever le
député de Chicoutimi demeure. J'ai grandement peur qu'au bout de
la course, à cause des difficultés d'application et aussi du fait
qu'il semble qu'il faudra négocier énormément chaque cas,
d'une façon pratiquement individuelle, nous nous retrouvions dans une
situation telle que ce sera notre industrie québécoise qui, dans
une certaine mesure, assumera les frais peut-être d'un débat
juridique au niveau constitutionnel. C'est ma plus grande crainte et j'avoue
que, malgré toute la bonne volonté et les efforts que fait le
ministre, je nourris encore cette crainte. Si le ministre parvenait à
dissiper ces appréhensions, je serais totalement satisfait.
M. L'ALLIER : M. le Président, j'ai demandé qu'on
m'apporte ici à la fois le texte de la directive fédérale
et un texte d'analyse de cette directive sur deux colonnes, qui fait
qu'à partir de l'analyse nous en arrivons aux conclusions auxquelles
nous en sommes arrivés. Ce texte, je l'aurai dans quelques minutes et je
pourrai le faire distribuer. Pour ce qui est des craintes quelquefois
exprimées par le député de Frontenac, à savoir que
les entreprises de communications auront à supporter les frais à
tout point de vue d'un débat constitutionnel éventuel sur ces
questions, ces craintes sont à la fois fondées et non
fondées, en ce sens que les débats constitutionnels, sur quelque
question que ce soit, ne se situent jamais en dehors de la
réalité québécoise. S'il y a un débat
constitutionnel sur l'agriculture, ceux qui en font les frais sont
partiellement les entrepreneurs en agriculture, partiellement les consommateurs
en agriculture. Autrement, les débats strictement théoriques sur
la constitution n'intéressent personne et encore moins les
gouvernements.
Donc, s'il y a un débat, c'est que, d'un côté comme
de l'autre, aux deux paliers de gouvernement, on considère que
l'intérêt public ou que l'intérêt national, suivant
l'optique où on se place, est mieux servi de telle ou telle
façon. Mais l'intérêt national, ce n'est pas quelque chose
de théorique. Cela repose sur les préoccupations de tel groupe de
citoyens ou de telle perception politique des citoyens, de sorte que, autant
dans le domaine des communications que dans les autres domaines, que ce soient
les affaires urbaines, que ce soient les affaires municipales, que ce soient
les affaires sociales, que ce soient les affaires culturelles, chaque fois
qu'il y a double emploi, manque de coordination ou manque de
complémentarité entre les deux niveaux de gouvernements, ce sont
toujours les premiers intéressés au niveau de la population qui
en subissent les contrecoups.
Je pense aux politiques culturelles. Je pense aux politiques pour la
jeunesse. Je pense aux politiques agricoles. On peut faire le tour, en fait, de
l'ensemble des politiques. Dans chacun de ces secteurs, s'il y a de
l'entreprise privée, sur le plan économique, elle peut en subir
un peu les contrecoups, mais j'évalue cela comme étant les
contraintes, si vous voulez, pour ne pas dire le fardeau, du système
complexe qu'est le système fédéraliste.
M. LATULIPPE: Mais cela risque, quand même, de placer nos
entreprises dans des situations assez inconfortables à un moment
donné.
M. L'ALLIER: C'est possible.
M. LATULIPPE: Pour prendre seulement un exemple, disons qu'on a un
permis de neuf ans à Québec et de cinq ans à Ottawa. Si
Québec donne un permis de neuf ans à une institution comme celle
de Laval, que c'est ratifié par un permis de cinq ans d'Ottawa et qu'un
moment donné, avec le temps, il arrive des complications, comme le
soupçonnait le député de Chicoutimi, et que le
fédéral retire le permis...
M. L'ALLIER: Je voudrais préciser que l'exemple est mal choisi,
parce que, dans le cas de Laval, il n'est pas question que le Québec
puisse donner le permis.
M. LATULIPPE: Je suis d'accord là-dessus. Quoique ce serait
normal, si le contenu est éducatif, que le Québec ait son mot
à dire.
M. L'ALLIER: Mais le but du ministère et nous allons
essayer par tous les moyens d'éviter cette embûche n'est
pas de faire la cour aux entreprises de communications ou de faire concurrence
au gouvernement fédéral pour savoir qui va être le plus
gentil et qui va être le plus agréable aux entreprises de
communications pour les amener à choisir leur niveau de juridiction. Ce
n'est pas aux entreprises de
choisir ce niveau de juridiction. C'est aux gouvernements de prendre
leurs responsabilités et d'assumer ce qu'ils considèrent
être les moyens d'action et les moyens de gouvernement qui correspondent
aux priorités de la population.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pour reprendre ce que disait le
député de Frontenac, il peut bien arriver, à un moment
donné, qu'un débat constitutionnel mette en cause la
rentabilité de certaines entreprises de communications. Je ne vois pas
pourquoi ces citoyens qui sont du Québec ne porteraient pas, à
certains moments, le poids et ne feraient pas les frais de certains
débats constitutionnels auxquels ils sont intéressés
eux-mêmes.
J'ai déjà eu l'occasion de le dire à l'Association
des radio-télédiffuseurs de langue française qui se
plaignaient que l'on instituait des débats constitutionnels dont ils
faisaient les frais. Je leur ai demandé: Est-ce que vous vous sentez
citoyens du Québec et partenaires de la communauté
québécoise? Ils m'ont dit oui. J'ai dit: Alors, il va vous
falloir en subir les conséquences. Si vous êtes d'accord,
dites-le-nous. Si vous n'êtes pas d'accord, dites-le également.
S'ils sont conscients de l'intérêt public, comme on en parlait
hier, et qu'il y a des débats constitutionnels, même s'il leur en
coûte quelque chose, ils auront à se prononcer et à faire
leur choix. Si leur option va dans le sens des intérêts publics du
Québec, ils auront gain de cause dans la mesure où le
Québec sera capable d'avoir gain de cause. Mais, s'il y a des pots
cassés et s'il y a des frais à payer, ils feront comme tout le
monde et paieront. Ils sont membres de la communauté
québécoise.
M. LATULIPPE : Je suis d'accord avec le député de
Chicoutimi, mais, étant donné que c'est tellement vaste et qu'il
y a tellement d'implications dans plusieurs domaines des communications, on
risque de se retrouver dans un secteur où on sera réellement
versé vers la primauté québécoise, alors que, dans
un autre secteur qui sera également des communications, on aura
justement l'inverse et qu'une autre association ou une partie de l'association
se sera versée vers d'autres modalités, vers la
réalité fédérale. Alors, ça va tout le temps
tirailler entre les deux.
M. L'ALLIER: Je suis d'accord sur ce qu'a dit le député de
Chicoutimi. Ces problèmes, qui sont inhérents au système
politique et administratif dans lequel nous vivons, sont assumés par
l'ensemble de la population, où qu'elle se trouve. Il est impensable
d'imaginer qu'on puisse régler en laboratoire des problèmes sans
qu'il y ait d'effets pour personne. Si c'était le cas, cela ne serait
pas un problème. Cela n'intéresserait personne.
M. LATULIPPE: J'ai hâte de voir. Dans l'intervalle, l'analyse que
vous avez faite de la directive fédérale, est-ce que c'est une
analyse québécoise?
M. L'ALLIER: Oui, oui.
M. LATULIPPE: Est-ce qu'il y a eu une réaction
fédérale à cette analyse pour dire que cela ne
correspondait pas au but qu'ils avaient?
M. L'ALLIER: Non.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On pourra y revenir tantôt.
M. LE PRESIDENT: Paragraphe 1 du sous-paragraphe a) de l'article 3,
adopté?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Paragraphe 2? Le député de
Saint-Laurent.
M. PEARSON: J'aimerais poser une question au ministre. Je ne me souviens
pas si elle a été posée et je ne sais pas si cela peut se
poser dans le cadre de cet article. Est-ce que le ministre, en vertu de cette
loi, va avoir le pouvoir de bannir ou d'empêcher les émissions
où il y aurait de la publicité abusive, où il y aurait,
disons un contenu subversif ou vulgaire?
Quand je parle de publicité abusive, il me vient
immédiatement à l'esprit, un peu comme tout le monde, les
émissions où on abuse de la candeur et de la naiveté des
enfants pour donner des "bebelles" ou des jouets.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est la Loi de la protection du
consommateur.
M. L'ALLIER: Ce n'est pas couvert par les projets de loi qui sont ici.
Sauf dans des secteurs comme le câble, par exemple, qui sont
intégralement de juridiction québécoise où ce
serait notre responsabilité, mais en relation avec les responsables de
la loi 45.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est l'Office de la protection du
consommateur.
M. PEARSON: Mais est-ce qu'au fédéral, à la radio
ou à la télévision d'Etat, ce n'est pas la corporation
elle-même qui peut contrôler le genre d'émissions ou la
publicité qu'il peut y avoir à l'intérieur? Par exemple
comme à CBFT ou à CBF?
M. L'ALLIER: Oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui.
M. PEARSON: Ce n'est pas l'organisme lui-même qui peut
contrôler la teneur des émissions?
M. L'ALLIER: C'est sûr.
M. PEARSON: Comment se fait-il qu'ici vous dites que c'est un autre
ministère, c'est-à-dire la Loi de la protection du consommateur
qui peut arriver...
M. L'ALLIER: C'est-à-dire que le diffuseur est responsable de ce
qu'il diffuse sur ses ondes. Il doit le faire conformément au permis
qu'il a obtenu, y compris Radio-Canada pour ce qui est de Radio-Canada versus
le CRTC. Pour le reste, lorsqu'il s'agit du contenu de la publicité, le
gouvernement et les ministères des Communications n'ont rien à
dire comme tels en matière de communications. Si, cependant, sous
l'aspect de la protection du consommateur, il y a des choses qui sont
contraires à l'intérêt des consommateurs, et d'une
façon marquée, c'est sous un autre aspect qu'il faut aborder
cette question: l'aspect de la protection du consommateur.
Or, le champ des communications, comme tous les autres champs, est
soumis à la loi 45, à mon avis, sous cet aspect-là.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je pense que le député de
Saint-Laurent se place dans une perspective d'éducation, l'utilisation
abusive des enfants...
M. PEARSON: C'est ça.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... à des fins de réclame
commerciale.
M. PEARSON: Exactement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Evidemment, le permis qui est accordé
par le CRTC prévoit certaines normes. Mais je ne sache point que l'on
ait établi des normes relatives à cette utilisation des enfants,
pas plus d'ailleurs qu'on n'a jamais fait de normes concernant l'utilisation de
la femme pour des fins de réclame commerciale, et Dieu sait de quelle
qualité est cette réclame!
M. PEARSON: D'accord. Mais, on s'adresse alors à des gens qui
sont capables de se défendre. Ici, on rejoint les parents par le
truchement des enfants.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui. A part ça, il y a tout un
réseau d'entreprises commerciales. Vous avez dû voir hier soir,
pour ceux qui ont regardé le match Canada-URSS, qu'on annonçait
des patins CCM, des guides TV et tout ça. Ce n'était pas du
très bon français mais enfin, que voulez-vous, ce ne sont pas des
enfants qui font ça, ce sont des membres du marché d'esclaves de
la ligue nationale.
M. HOUDE (Fabre): "L'équipe russe, on veut Labatt"
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pardon?
M. HOUDE (Fabre): "L'équipe russe, on veut Labatt".
M. TREMBLAY (Chicoutimi): "On veut Labatt! " Oui, encore une. Le Ranch
à Willie là-dedans et tout le bazar.
M. LEDUC: Je ne sais pas ce que l'Office de la langue française
en pense.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, à l'article 2,
cela va.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 3?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant. Oui, cela va de soi.
M. LE PRESIDENT: Article 3, adopté.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, il est bien entendu
que nous adoptons ces articles parce qu'il est dit "faire des règlements
pour" tel, tel, tel...
M. L'ALLIER: Peut faire des règlements.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Peut faire des règlements.
M. L'ALLIER: Les règlements seront...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce sont les règlements que nous aurons
à examiner en commission parlementaire...
M. L'ALLIER: Exactement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... avant qu'ils ne soient...
M. LE PRESIDENT: Article 4?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela va.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 5?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant, M. le Président. Cela va,
M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 6? M. TREMBLAY (Chicoutimi):
Cela va. M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est la question de la
solvabilité.
M. LE PRESIDENT: Article 7?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce qu'à l'article 7, le ministre a
une idée de ce tarif de
droits et de redevances applicables aux détenteurs? Est-ce qu'on
a commencé à rédiger les règlements à ce
sujet? C'est un article général.
M. L'ALLIER: C'est un article général qui permettrait,
éventuellement, si on jugeait qu'il doive y avoir des droits, de faire
une réglementation sur ce point.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui.
M. L'ALLIER: Mais il n'y a pas, actuellement, de projet de
réglementation sur ce point.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): D'ailleurs, cela existait déjà
dans le...
M. L'ALLIER: En fait, le but de cette éventuelle tarification, ce
n'est pas une source de taxation. Si, éventuellement, il y a des droits,
ce sera minime. Ce seront des droits de permis comme il en existe dans
l'intérêt public.
M. LATULIPPE: Est-ce que ce serait comme au CRTC, à peu
près les mêmes normes?
M. L'ALLIER: Cela peut être la même chose, cela peut
être moins.
M. LATULIPPE: Avez-vous envisagé la possibilité, si
c'étaient les mêmes normes, de garder la même structure de
rapports, pour éviter un dédoublement au niveau des
entreprises?
M. L'ALLIER; Nous allons envisager toutes ces possibilités au
moment, précisément, le cas échéant, de
préparer cette réglementation. Je crois que c'est face à
des projets précis que nous pourrons discuter de ce qui sera fait.
M. LATULIPPE: C'est là qu'on va reprendre cela.
M. LE PRESIDENT: Article 7, adopté. Article 8. Le
député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, ici, c'est un article
qui a l'air bénin mais qui est très important, je pense, dans son
contenu. Il s'agit de normes et de priorités relativement à
l'émission et à la transmission de catégories de
productions ou de programmes. Le ministre veut-il bien expliquer? On dit dans
ce paragraphe: Normes, priorités relatives à l'émission et
à la transmission de catégories de productions ou de programmes.
Est-ce que par ce moyen le ministre veut se donner un droit de contrôle
ou de surveillance des émissions, des catégories de productions
ou de programmes en même temps que de leur qualité? Est-on en
matière d'abord éducative, ici?
M. L'ALLIER : C'est-à-dire qu'on est dans tous les domaines
où le ministère pourra réglementer, notamment en
matière éducative et en matière de circuits fermés
et de câblo distribution. Nous croyons que ce pouvoir est
nécessaire si on veut vraiment réussir à...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce que je veux savoir du ministre, c'est
quelle est la portée et l'étendue de ce pouvoir que le
gouvernement pourrait avoir de faire des règlements concernant les
objets qui sont définis dans cet article 8?
M. L'ALLIER: Il s'agit, comme l'article le dit je crois qu'il est
assez clair sur ce point des normes et des priorités relatives
à l'émission et à la transmission de catégories de
productions et de programmes et non pas de telle ou telle émission en
particulier. Par catégories de programmes, il faut songer plus
précisément au volume de programmation extérieure
américaine, par exemple, en regard du volume de production locale, sur
le câble. Est-ce qu'on doit donner priorité, et dans quel
pourcentage, à la production locale par rapport à une production
extérieure? Sur le plan culturel comme sur le plan linguistique
également, il faudra, éventuellement, en arriver à
établir des blocs de programmation prioritaire par rapport à
d'autres, en tenant compte à la fois des impératifs culturels du
Québec et des besoins sociologiques des régions desservies. C'est
dans cet ordre de grandeur que nous interviendrons.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui. Alors il s'agit d'établir une
réglementation afin de déterminer ce que le ministre appelle des
blocs.
M. L'ALLIER: C'est exact.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Des sortes de modules, à
l'intérieur d'une programmation, si le contenu est X p.c. local, X p.c.
extérieur, etc.
M. L'ALLIER: C'est exact.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela appelle aussi forcément le
ministre le comprendra un contrôle sur la qualité. Puisque
le ministre peut, par réglementation, exiger que l'on fasse de la
programmation locale pendant tant d'heures et de la programmation venant
d'autres stations ou de la programmation extérieure pendant tant
d'autres heures, c'est qu'il considère que la société
québécoise a besoin d'une alimentation de telle nature. Lorsqu'on
parle de la nature d'une alimentation, on est forcément obligé de
parler de la qualité de cette alimentation, en matière de radio
et de télévision.
Alors j'aimerais bien savoir, ici, du ministre, s'il n'a pas l'intention
d'inclure, dans ce paragraphe, le mot "qualité".
M. L'ALLIER: Lorsqu'on parle de qualité, on tombe, effectivement,
dans des évaluations subjectives, d'une façon
générale. Des évalua-
tions subjectives parce que qui peut être juge de la
qualité et à partir de quels critères peut-on
considérer qu'il y a qualité de programmation? Est-ce que le
système que nous avons, au Canada et au Québec, en matière
de radio et de télédiffusion, n'est pas d'abord basé sur
la demande, sur la consommation?
Je crois qu'il l'est effectivement. C'est basé essentiellement
sur les "ratings". Et même Radio-Canada se base sur les cotes
d'écoute pour établir telle et telle émission.
Ceci dit, comment en arriver à améliorer la qualité
tout en étant assuré de fournir à la population les
services dont elle a besoin? Est-ce qu'on peut, par réglementation ou
intervention gouvernementale, le faire? A mon avis, c'est extrêmement
difficile, du moins à priori. Il est possible que l'expérience
nous montre qu'il faut intervenir de quelque façon, mais on rejoint
là le problème de la liberté d'information, de la
liberté de presse, de la commission qui siège en fait sur ces
questions. Et je ne vois pas de quelle façon, par réglementation
nous pourrions toujours ajouter le mot nous pouvons effectivement
réaliser un contrôle de la qualité, sans faire une
censure.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'attendais que le ministre
prononçât le mot "censure". Il n'est pas dans mon esprit d'exiger
du ministre qu'il inscrive dans la loi une prescription où on
établirait un mode de censure.
Mais le ministre ne peut pas être indifférent à la
qualité de la programmation, quelle qu'elle soit. D'abord, il y a un
contenu québécois. Ce contenu québécois suppose
qu'on examine ce qui en fait partie. Quelle est la qualité de ce contenu
québécois en fonction des besoins d'une collectivité
donnée?
Et quand le ministre nous dit qu'en matière de qualité
tout est subjectif ou que c'est subjectif je ne voudrais pas trahir sa
pensée je pense que le ministre doit mettre une sourdine. Il y a
une part de subjectivité ou de subjectivisme. On peut très bien
être d'accord sur telle ou telle pièce de théâtre,
sur telle ou telle programmation musicale, selon les goûts qu'on a et les
tendances esthétiques que l'on peut avoir, mais je vais lui donner un
cas où la qualité ce n'est pas subjectif: la langue. Cela ce
n'est pas subjectif.
On parle une langue ou une autre. Et dès qu'on en parle une, il
faut la parler correctement. Or, le ministre doit de temps en temps
écouter la radio, regarder la télé et il peut se rendre
compte qu'en matière de qualité linguistique je ne parle
que de cet aspect-là c'est assez pitoyable. Même sur les
ondes de la radio d'Etat.
On faisait allusion tout à l'heure à certaines
réclames commerciales qui sont pitoyables. Je ne veux pas faire le
procès de certaines émissions. Il y a des émissions qui,
en une heure, détruisent de façon magistrale tout l'enseignement
qu'un bon professeur peut donner en matière de langue au cours d'un
semestre.
Je ne propose pas formellement d'amendement. Je vais y revenir lorsque
nous retournerons en Chambre avec ce projet de loi, mais je pense qu'ici il est
important d'attirer l'attention du ministre parce qu'il parle de
catégorie de productions, de programmes. Il s'agit d'un contenu ici,
d'une répartition des contenus locaux par rapport aux contenus, disons,
nationaux. Il y aura une répartition aussi à faire dans le
domaine de la programmation dans telle langue ou telle autre langue et il y a
aussi un contrôle à exercer sur la qualité de la
programmation en tout ce qui concerne la langue.
Si les moyens de communication doivent servir la collectivité,
une des préoccupations du gouvernement devra être que cette
collectivité soit servie dans une langue qui soit exemplaire. Le
ministre ne peut pas ici me parler de subjectivité ou de subjectivisme,
parce que là il y a des absolus dans la langue. On parle une langue ou
on ne la parle pas.
M. L'ALLIER: Sur ce point, je suis d'accord avec le député
de Chicoutimi. Cependant, c'est lui à ce moment-là qui fait un
peu d'angélisme ce matin.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, je fais de l'angélisme. Mais il
est bon quelquefois de planer dans les hautes sphères pour voir de haut
les problèmes et avoir une conscience ensuite plus aiguë des
réalités de tous les jours. Et celles-là nous les vivons,
nous les subissons.
M. L'ALLIER: Comme quoi, il faut en faire un peu, quelquefois, si on
veut, du moins, essayer d'aller quelque part.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui. On vise le plus haut possible pour
arriver à un minimum acceptable.
M. L'ALLIER: Ce n'est pas l'intention je l'ai dit du
gouvernement, ni du ministère d'intervenir d'une façon suivie
dans les contenus des programmations pour vérifier la qualité. Il
n'en a pas les moyens, non plus. Est-ce qu'on ne doit pas, cependant, faire en
sorte que la qualité s'améliore? Je crois qu'on peut y arriver
par des cadres et une réglementation générale qui, encore
une fois, n'ont de valeur que dans la mesure où ceux qui participent
à l'utilisation des moyens de communications sont également
conscients de la nécessité absolue pour le Québec, sur le
plan culturel et sur le plan linguistique, d'améliorer sa situation.
Aucun gouvernement au Québec ou aucun ministère ne
réussira à faire du français une langue culturelle et une
langue de travail si ce n'est pas, d'abord, le consentement de l'ensemble de la
population ou d'une majorité de la population. Lorsqu'on parle
d'émissions où la langue est mauvaise, il faut donner d'autres
exemples où c'est extrêmement difficile, à moins
d'empêcher les citoyens de s'exprimer sur les ondes, de contrôler
la qualité de la langue.
On peut, bien sûr, le faire par des moyens qui ne sont pas des
moyens réglementaires. Mais comment pourrait-on les exercer? Il faudrait
des sanctions. L'Office de la langue française vit ce problème
depuis des années et le député de Chicoutimi le sait
très bien. Comment l'Office de la langue française peut-il en
arriver à corriger la qualité de la langue? Lorsqu'il s'est agi,
par exemple, de l'affichage je crois que le député de
Chicoutimi était, à ce moment-là, ministre des Affaires
culturelles si ma mémoire est exacte, l'Office de la langue
française est allé jusqu'à offrir de payer, sinon la
totalité, du moins une grande partie du remplacement des affiches de
mauvaise qualité linguistique. Cela ne coûtait rien aux
commerçants.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela a coûté $10,000 au
ministère.
M. L'ALLIER: A ceux qui l'ont accepté, mais un certain nombre
l'ont refusé.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un seul l'a refusé. Nous avons fait une
expérience pilote, si le ministre me le permet, dans la ville de
Québec, rue Saint-Louis. Il y a un seul commerçant qui a
refusé et tous les autres projets ont été acceptés.
La ville y a mis un montant d'argent. Nous avons mis un montant d'argent
équivalent et nous avons refrancisé la rue Saint-Louis.
M. L'ALLIER: Sous l'aspect linguistique, c'est effectivement un
problème global qui déborde largement celui des communications et
les responsabilités du ministère des Communications ou de ses
organismes. Nous ne nous en sommes pas désintéressés, loin
de là, et nous allons essayer par tous les moyens de travailler en
relation et en constante collaboration avec l'Office de la langue
française de ce côté. Mais c'est d'abord la
responsabilité de cet office de nous aider à faire en sorte que
la qualité linguistique puisse s'améliorer. Il est évident
que les moyens de communication, s'ils doivent être au service d'une
population, sont à son service pour lui fournir une meilleure
qualité linguistique, une meilleure qualité de divertissement,
mais, surtout dans les domaines qui nous intéressent, comme le
câble et la télévision communautaire, ce sont
également des moyens de communication dont se sert et dont devra se
servir la population. Elle s'en servira comme elle existe et telle qu'elle
est.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je voudrais juste terminer là-dessus.
Je ne voudrais pas qu'on ne pense le problème qui est posé par
l'article 8 qu'en fonction de la langue. J'ai donné cet exemple.
M. L'ALLIER; Non.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre parlait tout à l'heure des
cotes d'écoute, en nous disant qu'il faut, quand même, servir le
public et lui donner ce qu'il demande. Mais, quand on va dans un bon magasin,
ordinairement, la marchandise est de qualité. On peut aller à
côté aussi dans un magasin où l'on vend une marchandise de
moindre qualité. C'est la responsabilité du gouvernement de voir
à ce que ce qui est offert au public soit de la meilleure qualité
possible. Et il y a une éducation du public à faire.
M. L'ALLIER: C'est vrai.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Elle est difficile. Je sais qu'ici, encore une
fois, on peut faire de l'angélisme, mais je pose le problème pour
que le ministre en soit bien conscient. Je sais qu'il l'est. Nous aurons
l'occasion de revenir là-dessus, parce qu'il me paraît que cette
prescription nous le verrons par la réglementation qui nous sera
soumise n'est pas assez précise et qu'elle ne sert pas la cause
ou objectifs que nous poursuivons.
M. LE PRESIDENT: Le député de Taillon.
M. LEDUC: M. le Président, je ne veux pas étirer le
débat inutilement, mais je pense qu'il y a peut-être un domaine
où le gouvernement devrait et pourrait assez facilement contrôler
un peu la qualité de la langue dans les commerciaux.
Un commercial se prépare quelquefois des mois à l'avance.
Lorsqu'on a un commercial, dans une agence de publicité, qui touche
l'alimentation, la drogue ou les boissons, il doit être approuvé
par Ottawa, par le service de santé, par celui des drogues. Sans
alourdir le processus, je me demande si on ne devrait pas, pour les commerciaux
français, les faire approuver par l'Office de la langue
française.
Déjà, au départ, on aurait une amélioration.
J'admets que c'est peut-être lourd comme processus mais, avec le temps,
on pourrait peut-être le faire. Je n'ai pas la prétention de bien
parler mon français, je le regrette, mais j'ai été mal
éduqué de ce côté-là, non pas par mes
professeurs ou mes parents, mais par mon entourage où on a tendance
à faire appel à la loi du moindre effort pour parler
français. Autour de nous, c'est ce qui existe. Or, je crois que le
gouvernement a une certaine responsabilité au niveau de
l'éducation et de la qualité de la langue.
Il n'y a rien de plus choquant que de voir un panneau-réclame
où on lit: "T'as pas? " et, à côté: "Tiens! ". C'est
peut-être commercialement bien intéressant, cela va attirer le
client, lui faire penser à ces petits cigares, mais je ne crois pas que
cette société, qui a une responsabilité au niveau de la
province comme citoyen, joue son rôle. Il est très facile de
réunir des gens d'agences de publicité pour leur dire, à
l'occasion d'une réunion du Publicity Club, qu'ils
doivent améliorer la langue. Ils vont dire oui, mais ils ne le
feront pas.
En principe, tout le monde est d'accord, tout le monde dit que c'est
vrai, qu'il faut améliorer la langue. Commençons par un petit
aspect de la qualité de la télévision, de la radio ou de
la publicité écrite où on peut y arriver avec le temps.
Cela ne se fera pas du jour au lendemain. Je sais que l'Office de la langue
française a offert à l'occasion ses services aux agences de
publicité, plus spécialement au niveau de l'adaptation de
commerciaux anglais en français et qu'un travail assez extraordinaire
s'est fait de ce côté. Il faudrait peut-être lui donner plus
d'outils et peut-être aussi se servir d'autres ministères que
celui de l'Education pour forcer ceux qui ont à communiquer avec les
gens à améliorer la qualité de la langue utilisée
au niveau commercial. C'est la suggestion que je voulais faire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je suis bien d'accord avec le
député de Taillon, la tâche est immense. Il reste que les
stations de radio et de télévision reçoivent leur permis
du CRTC. Les normes au CRTC ne sont pas très exigeantes, et tant et
aussi longtemps que le gouvernement du Québec n'aura pas
légiféré en matière de langue,
particulièrement dans le domaine de l'affichage, de l'annonce
commerciale, etc., il nous sera difficile d'imposer nos vues. J'ai eu
l'occasion de travailler avec des agences de publicité, avec les groupes
du Publicity Club. Ces gens-là, autrefois, pensaient, concevaient toute
la publicité en anglais; ils la conçoivent maintenant de plus en
plus en français. Vous avez quand même une chaîne, la
chaîne d'Etat, qui présente de la réclame commerciale
non pas des commerciaux, parce que c'est un anglicisme en
français.
Le lecteur lit très bien le texte français mais on nous
présente l'image, et l'image est beaucoup plus forte que ce qu'a dit le
commentateur ou l'annonceur. On nous annonce un produit et tout est en anglais.
Encore hier soir, je voyais des annonces qui étaient faites comme cela.
On nous annonce, par exemple, des céréales je ne sais trop
lesquelles on nous présente la boîte et tout est
écrit en anglais dessus. Ce sont les règlements du CRTC. Nous
n'avons pas de contrôle actuellement là-dessus, mais je pense que
nous pourrions l'avoir par le moyen d'un décret de la nature de celui
que nous avons adopté pour l'étiquetage bilingue. C'est un
problème immense, mais je pense que c'est un problème auquel il
faut s'attaquer le plus vite possible et qui déborde le cadre du
débat que nous avons actuellement. Adopté...
M. LE PRESIDENT: Article 8, adopté.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... avec les réserves que j'ai
faites.
M. LE PRESIDENT: Le paragraphe b) de l'article 3 avec l'amendement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Avec l'amendement. "Déterminer, aux
fins de l'application de l'article 30 de la loi de la Régie des services
publics, les conditions, etc. Cela va, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Paragraphe c).
M. TREMBLAY (Chicoutimi): L'inspection des installations de
communication, qu'est-ce que ça veut dire dans l'esprit du ministre?
S'agit-il d'une inspection technique, du point de vue de la
sécurité, du point de vue de l'efficacité, etc.?
M. L'ALLIER: C'est essentiellement, M. le Président, en fonction
du sous-paragraphe 5 que vous avez plus haut dans les amendements et qui
prévoit un certificat de conformité avec les normes techniques.
Donc, il faut un pouvoir d'inspection pour le réaliser.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Lorsque vous parlez de l'inspection des
installations de communication, il y a les normes techniques, d'accord. Mais
avez-vous aussi pensé à ce que l'on pourrait appeler c'est
peut-être un peu drôle de parler de ça ici mais ça
fait partie de ce qu'on appelle l'environnement l'aspect
esthétique de certaines installations? Il y a le côté
esthétique ou la localisation des antennes, ainsi de suite, des tours,
qui peuvent venir briser un paysage, un site. Il y a quand même une loi
sur les biens culturels qui recouvre toute la réalité des sites,
en somme l'environnement.
Je pose simplement le problème pour savoir du ministre si on
s'occupera également de cet aspect-là.
M. L'ALLIER: Je crois que, s'il y avait des cas flagrants et vraiment
abusifs qui sont contraires à l'esthétique et d'une façon
telle qu'à ce moment-là ça devient contraire à
l'intérêt public d'une communauté, on en tiendrait compte.
Mais, d'une façon générale, ce sont d'abord et avant tout
les normes techniques et ce sont des questions d'urbanisme à ce
moment-là. Mais, si effectivement telle ou telle installation causait un
préjudice à une communauté sur le plan, que ce soit sur le
plan économique à cause de son situs ou que ce soit sur le plan
esthétique, le critère serait toujours celui de
l'intérêt de la communauté.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Des poteaux de téléphone, par
exemple.
M. L'ALLIER: Là, ça devient une question
économique.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): La question d'enfouir les câbles ou de
ne pas les enfouir, évidemment ça devient une question
économique mais...
M. L'ALLIER: C'est payé par le consommateur.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... dans l'optique de la politique de
l'environnement, c'est quelque chose dont on devra s'occuper.
M. LE PRESIDENT: Le député de Frontenac.
M. LATULIPPE: En matière d'inspection, avez-vous envisagé
une collaboration avec les inspecteurs du fédéral ou si vous avez
l'intention de les supplanter et de fournir le rapport
québécois?
M. L'ALLIER: En matière d'installations physiques, on touche les
questions de droit civil et ce sont des droits qui appartiennent
traditionnellement à la régie. Nous n'avons pas prévu
d'inspection conjointe. Si cette collaboration devenait utile pour le
Québec, il faudra l'établir mais à ce stade-ci nous
n'avons pas prévu les modalités de fonctionnement avec le
fédéral sur ce plan.
Si nous avons la responsabilité d'émettre des permis dans
les secteurs de nos juridictions, nous devons faire nos propres inspections de
la même façon que l'agriculture fait ses inspections au provincial
et au fédéral.
M. LATULIPPE: A ce moment-là, n'y aurait-il pas lieu
d'étudier cette possibilité, si le Québec le fait, de le
faire également pour les besoins fédéraux? Ils sont
à peu près les mêmes, ce sont essentiellement à peu
près les mêmes normes. A ce moment-là, nous pourrions faire
défrayer les coûts par le fédéral.
M. L'ALLIER: Encore là, notre objectif n'est pas automatiquement
et d'une façon systématique de faire du double emploi. A
première vue, je ne vois pas de secteur où il y aurait
possibilité de faire une fois le travail pour deux et pour des fins
différentes.
M. LATULIPPE: Surtout de le faire payer par les autres, c'est ce qui est
intéressant. Même si ça ne représente pas de
dépenses extraordinaires, il reste que dans l'ensemble,
additionnés, de petits peu font de gros peu à un certain
moment.
M. L'ALLIER: Les fins sont différentes, des deux
côtés. Je donnais l'exemple de l'agriculture, c'est la même
chose pour d'autres secteurs de l'activité au Québec. Au
fédéral, les inspections sont différentes, c'est pour
d'autres fins, et on tombe, à ce moment-là, dans toutes sortes de
conditions de travail extrêmement complexes. Lorsqu'il s'agit de
personnel, il vaut mieux s'en tenir à ce que nous avons et avoir notre
propre personnel.
M. LE PRESIDENT: Paragraphe c), adopté. Paragraphe d).
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A d), M. le Président: ...
conformément... les normes de production...
M. LE PRESIDENT: Avec l'amendement, on enlève le mot
"conformément" et on ajoute: "sous réserve".
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela va, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Paragraphe e).
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ici, au paragraphe e), ça va revenir au
paragraphe f). Il y a toute la question de l'acquisition, par le gouvernement,
d'entreprises ou de parties d'entreprise appartenant à des corporations
ou à des sociétés autre que le gouvernement ou ses
régies.
Alors, est-il de l'intention du gouvernement d'établir des normes
qui permettraient au gouvernement du Québec d'avoir une part
prépondérante dans la gestion de certaines entreprises de
diffusion ou de communications?
M. L'ALLIER: Si je comprends bien la question, on me demande: Est-ce que
ce paragraphe e) aura une application immédiate? Est-ce que vous avez
quelque chose en tête de ce côté?
Ce n'est pas l'intention du gouvernement, au moment où nous
étudions ces articles, d'avoir des intérêts majoritaires
dans quelque moyen de diffusion que ce soit. Nous étudions
différents projets au ministère des Communications, qui sont
essentiellement reliés à des besoins précis, notamment aux
besoins du ministère de l'Education. Je ne dis pas que nous excluons
pour l'avenir cette possibilité d'acquérir de quelque
façon des intérêts minoritaires ou même majoritaires
dans des organismes de diffusion, mais ce n'est pas, pour l'instant,
l'intention du gouvernement de le faire. De toute façon, si tel
était le cas, c'est ce genre de question que je soumettrais, pour ma
part, à l'avis de la commission.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Paragraphe e), adopté, sous
réserve d'amendements éventuels.
M. LE PRESIDENT: Paragraphe e), adopté. Paragraphe f )?
Adopté.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je souligne que nous aurons l'occasion de
revenir sur les paragraphes e) et f) parce qu'il me semble que le gouvernement
devrait songer, le plus tôt possible, à édicter une
réglementation ou même à procéder par une loi, ce
qui lui permettrait de se porter acquéreur, le cas
échéant, d'entreprises de communications ou d'avoir une part
majoritaire dans certaines entreprises de communications, afin d'empêcher
la fuite de certaines entreprises de communications ou d'empêcher que ces
entreprises de communications ne passent en des mains étrangères
et qu'il n'y
ait de ces problèmes qu'on a connus récemment à
Montréal avec les stations de langue anglaise, CKJM.
M. L'ALLIER: Tout ce que je peux ajouter là-dessus, c'est que la
chose est possible et sera possible. Elle l'est par Radio-Québec. Ce
n'est pas exclu, mais il n'y a pas actuellement, au niveau du gouvernement, de
décision ou de projets précis sur lesquels nous sommes sur le
point de prendre une décision. D'ailleurs, nous avons des cartons sur
lesquels nous travaillons.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous aurons l'occasion d'en rediscuter en
commission sur la liberté de presse.
M. LE PRESIDENT: Paragraphe g)?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le paragraphe g) est changé.
M. LE PRESIDENT: Il est changé.
M. L'ALLIER: C'est-à-dire que le premier alinéa du
paragraphe g), c'est un texte omnibus qu'on retrouve dans ce genre de lois.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, ça va.
M. L'ALLIER: Le deuxième alinéa est remplacé par le
texte que vous avez maintenant en main et où il parait y avoir une
amélioration considérable.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, c'est le dernier paragraphe de
l'article 3 a) qui est changé par l'autre.
M. L'ALLIER: Le texte qui commence par "les règlements
adoptés" disparaît et est remplacé par celui-ci.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela disparaît et on le remplace par
l'amendement.
M. LE PRESIDENT: Cela disparaît complètement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre nous l'a expliqué
longuement hier. J'insiste ici sur ce que j'ai dit, hier. C'est une demande que
je fais au ministre. Je ne sais pas si en technique législative
oui, on peut le mettre quand il s'agit d'un règlement on peut
l'inclure dans la loi, mais le ministre nous a dit, hier, qu'il y aurait
d'abord commission parlementaire pour l'examen de la réglementation de
la loi no 37 et des autres lois nos 35 et 36.
M. L'ALLIER: Je peux répéter la façon dont nous
entendons procéder.
Dans un premier temps, le bloc de règlements principal, qui
viendra immédiatement ou dans les semaines qui suivront l'adoption de
ces lois, sera d'abord publié dans la Gazette officielle, suivant le
premier paragraphe qui est inscrit ici et, avant son adoption par le
lieutenant-gouverneur en conseil, référé à la
commission parlementaire de l'éducation, des affaires culturelles et des
communications. Cela concerne le premier bloc de règlements.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): D'accord.
M. L'ALLIER: Par la suite, lorsque tel ou tel règlement sera
modifié ou changé, ils seront publiés...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Dans le sens indiqué.
M. L'ALLIER: ... dans la Gazette officielle et, suivant ce que les
membres de la commission pourront souhaiter, il y aura ou non commission
parlementaire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, j'aimerais avoir, au sujet de ce
que le ministre appelle le premier bloc de règlements, une assurance qui
est la suivante: D'accord, on peut très bien, comme on l'a fait pour
certaines lois, nos 64, 45 ou d'autres lois, étudier en commission
parlementaire, c'est-à-dire entre membres de l'Assemblée
nationale, le projet de réglementation. Mais je pense qu'ici,
étant donné la nature des projets de loi et les matières
qu'ils touchent, il serait important que des avis soient publiés, et
qu'il y ait audition de témoins, de gens qui, éventuellement,
voudraient se faire entendre au moment de l'examen, en commission
parlementaire, de ce premier bloc de règlements.
C'est un reproche qu'on nous a fait. Nous avons partiellement
réglé le problème en insérant une modification au
projet de loi 36 pour respecter les prérogatives du ministère des
Affaires culturelles en matière de cinéma. Mais il y a quand
même des organismes qui s'intéressent à cette question des
communications et qui seraient certainement intéressés à
se faire entendre.
Alors, j'aimerais savoir du ministre s'il accepterait qu'avant les
audiences de la commission parlementaire pour l'examen du premier bloc de
règlements des avis soient publiés aux fins d'informer les
citoyens qui voudraient se faire entendre en audition devant la commission
parlementaire sur lesdits règlements, étant donné la
nature de la matière que l'on a à manipuler.
M. L'ALLIER: M. le Président, sur ce point, je crois que je
respecte le mécanisme parlementaire en souhaitant que les
règlements qui sont publiés dans la Gazette officielle soient
déposés à la commission parlementaire qui décidera
si elle souhaite entendre, sur tel ou tel point, des témoins. Une fois
la publication faite, il est évident que certaines parties
intéressées ou
touchées par ces règlements se manifesteront. Elles se
manifestent, habituellement, de toutes les façons en communiquant. On
n'a pas à leur faire de dessin de ce côté.
La commission, à ce moment-là, décidera si elle
juge utile d'entendre ou non des témoins ou des experts sur ces
questions. Je ne peux pas, pour ma part, préjuger de la décision
de la commission avant qu'elle n'ait elle-même pris connaissance des
règlements.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais le ministre, sans préjuger des
décisions de la commission, peut quand même, de son initiative,
inviter des témoins à venir devant la commission parlementaire
qui se réunira tel ou tel jour de tel mois. Un avis dans la Gazette
officielle, c'est bien beau, mais cela peut échapper à beaucoup
de monde.
M. L'ALLIER: Non, il est sûr, comme je l'ai dit tantôt, que
de l'information sera faite sur les séances de la commission
parlementaire et sur le dépôt des règlements. Nous allons,
très certainement, avoir des tirés à part de la Gazette
officielle sur le projet de règlements pour les diffuser à tous
ceux qui voudront les obtenir.
De toute façon c'est un peu du coq-à-l'âne
que je fais ici au fur et à mesure de l'adoption des projets de
loi et de la réglementation, c'est mon intention de demander au
ministère de préparer une brochure explicative, simplifiant, en
fait, l'ensemble de ces termes techniques pour la population en
général et, en particulier, pour ceux qui sont, dans le monde des
communications, touchés par cette législation. Cela, nous allons
le faire pour ce qui est de la loi, y compris pour ce qui est des
mécanismes d'élaboration et d'implantation des règlements
et des mécanismes de fonctionnement de la Régie des services
publics pour qu'effectivement toute la population et plus
particulièrement ceux qui font partie du monde des communications
puissent se servir de cette loi et travailler avec cette législation et
avec ces règlements.
Donc, l'information sera faite sur ce point. Nous procéderons,
à ce moment-là, en commission parlementaire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, comme nous sommes en
commission parlementaire des communications, je propose qu'après avis
des règlements dans la Gazette officielle avis soit donné, par la
voie des journaux, invitant toutes les personnes qui voudraient se faire
entendre devant la commission, lors de l'examen des règlements qui
seront alors proposés par le ministre. J'en fais une proposition
formelle.
M. L'ALLIER: C'est hors d'ordre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non. Elle n'est absolument pas hors d'ordre,
M. le Président.
M. L'ALLIER: Cela n'a rien à voir avec l'étude du projet
de loi article par article.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ah si! parce que nous sommes en train
d'étudier le projet de loi article par article et que nous en sommes aux
mécanismes d'examen de la réglementation.
M. L'ALLIER: Je crois, M. le Président, que rien, dans les
amendements ou dans le projet de loi no 37 qui est proposé ici ne fait
référence à la convocation de témoins à la
commission parlementaire. Si je me suis engagé, comme ministre des
Communications et comme membre du gouvernement, à ce que le bloc de
règlements soit déposé devant la commission parlementaire,
je crois que je respecte entièrement le règlement en demandant
que ce soit la commission qui décide, au moment de sa séance sur
les règlements, d'entendre ou de ne pas entendre les témoins. Je
ne vois pas de quelle façon on peut...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je vais retirer cette
proposition et procéder par voie d'amendement. Alors insérer,
à la suite du premier paragraphe de l'article: Un projet de
règlements proposés en vertu du présent article et
publié dans la Gazette officielle du Québec, avec avis
qu'à l'expiration d'au moins 30 jours suivant cette publication ils
seront soumis à l'approbation du lieutenant-gouverneur en conseil et
qu'entre-temps avis soit publié dans les journaux, invitant tout
organisme ou citoyen intéressé à se faire entendre sur
lesdits règlements, lors de l'étude en commission
parlementaire.
M. LATULIPPE: Sur l'amendement, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Le député de Frontenac.
M. LATULIPPE: M. le Président, je dirai que je serais d'accord
sur l'amendement du député de Chicoutimi Si on apporte, à
la séance, des règlements et qu'à cette séance on
décide d'entendre des intéressés, on ne leur aura pas
donné le temps de se préparer. Si, effectivement, le ministre a
l'intention d'inviter les gens à venir exposer leur point de vue sur la
réglementation, il se doit c'est la moindre des choses de
les aviser d'avance et c'est effectivement le seul moyen de le leur laisser
savoir. Ou, alors, il avoue qu'il veut entendre des témoins. Mais s'il
refuse l'amendement, c'est qu'effectivement le gouvernement n'est pas
intéressé à entendre des témoins ou encore qu'il
entend procéder par d'autres voies que la commission parlementaire.
Je voterai donc pour cette proposition.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Là nous sommes dans l'ordre, M. le
Président. Je l'étais d'abord mais je le serai davantage comme
cela.
M. L'ALLIER: Je pense que ce sont des jeux de procédure. On peut
s'amuser. J'ai bien l'intention qu'on discute de cela, si vous voulez,
jusqu'à six heures demain après-midi Nous pouvons faire cela, M.
le Président, et nous le ferons. Il ne s'agit pas de jouer à la
vedette, il ne s'agit pas de jouer les fins, dans cette histoire.
Nous avons ici, devant nous, un article qui dit que le projet de
règlements proposé sera publié dans la Gazette officielle.
S'il ne s'agit pas là d'une publication publique je fais
volontairement le pléonasme je ne sais pas de quoi il s'agit.
Deuxièmement, tout le monde saura que les règlements sont
publiés, avec avis qu'à l'expiration d'au moins 30 jours
cela peut être plus suivant cette publication ils seront soumis
à l'approbation du lieutenant-gouverneur en conseil.
J'ai dit, par ailleurs, que la commission parlementaire se
réunirait là-dessus.
Si ce qu'on demande, c'est que le gouvernement achète des espaces
dans les journaux pour dire que la commission parlementaire va se réunir
à tel moment pour étudier les règlements, et que les
personnes intéressées pourront avant telle date soumettre un
mémoire, comme cela s'est fait dans le cas de la loi 65, je n'ai pas
d'objection à ce que si c'est l'avis de la commission on
prenne des fonds publics pour publier ces encarts dans les journaux. Des
mémoires seront soumis.
Pour ce qui est de l'audition de témoins, c'est à la
commission qu'il appartient de décider, sur vue des mémoires s'il
y en a, et après étude de la réglementation, si elle doit
ou non entendre les témoins. Si ce qu'on souhaite, c'est que dans les
journaux on loue des espaces pour dire: Il y aura commission parlementaire,
ceux qui ont des mémoires à présenter pour les fins de la
commission parlementaire le feront avant tel moment, je suis d'accord pour que
nous recevions ces mémoires.
Pour ce qui est d'entendre des témoins là-dessus, ce n'est
pas que je m'oppose à ce que des témoins soient entendus, c'est
que je souhaite que ce soit la commission qui décide si oui ou non elle
a des témoins à entendre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous ne ferons pas de guerre de
procédure là-dessus. Je vous demande de mettre l'amendement aux
voix, puisqu'il est régulier.
M. LATULIPPE: M. le Président, avant de le mettre aux voix,
est-ce que si l'amendement est rejeté, le ministre veut retenir la
seconde formule qu'il vient de proposer? Au moins ça. Parce
qu'effectivement, c'est clair...
M. L'ALLIER: Je demanderais au député de Frontenac de se
prononcer clairement entre l'amendement et la deuxième formule que j'ai
proposée.
M. LATULIPPE: Disons que je souhaiterais la première formule. Si
effectivement...
M. L'ALLIER: Je souhaiterais, pour ma compréhension, qu'il
m'explique ce que la première formule apporte de plus, parce que nous
travaillons ici avec une loi, et les phrases et les textes que nous pouvons y
ajouter resteront pour l'avenir. Ce n'est l'habitude d'aucun gouvernement de
faire des lois pour un cas particulier à un moment donné. Ce sont
des lois générales que nous faisons ici.
M. LATULIPPE: Dans le texte actuel, je ne trouve pas qu'il est
très clair que les organismes qui veulent se prévaloir d'un droit
d'appel ou qui veulent faire des modifications importantes à la
réglementation ils pourront le faire par voie interne par le
ministère pourront le faire par voie publique.
Je pense qu'il serait quand même important que ces gens rendent
leurs mémoires publics, qu'ils en fassent état dans les journaux.
Il est entendu qu'il y a encore ces procédures, mais reste que la
commission n'en sera pas saisie, elle ne sera pas appelée à se
prononcer sur les doléances que pouvaient avoir les organismes en
question. Cela remet en question une certaine forme de parlementarisme.
De toute façon, je veux être le plus pratique possible. Ce
que j'aimerais, c'est qu'effectivement ceux qui veulent se faire entendre
puissent le faire d'une manière ou d'une autre et que la commission
puisse se prononcer sur les doléances de nos concitoyens dans le domaine
des communications.
M. PERREAULT: J'aimerais rappeler au député de Frontenac
que nous venons de siéger cette semaine sur le bill 65. Il
n'était pas inscrit dans la loi du ministre qu'il devait recevoir des
mémoires, il l'a indiqué par la suite. Il avait indiqué
lors de la commission parlementaire qu'il serait intéressé
à recevoir des mémoires. En fait, nous avons reçu 105
mémoires sur la réglementation du bill 65. Ces mémoires
ont été donnés à tous les membres de la commission
parlementaire pour une séance subséquente où on les
étudiera, mais il n'y aura pas d'audition, à moins que la
commission juge qu'il y aurait intérêt à faire venir des
représentants, parce qu'il est impossible de recommencer, sur 105
mémoires, les auditions qui ont eu lieu avant. Il y a tout de même
une question d'efficacité.
Deuxièmement, je crois que la parole du ministre des
Communications vaut celle du ministre des Affaires sociales et que nous
devrions prendre sa parole qu'il recevra des mémoires, lesquels seront
transmis aux membres de la commission parlementaire...
M. L'ALLIER: Pour rassurer le député de Frontenac, je peux
dire qu'effectivement je retiens une partie de la suggestion qui a
été faite
et qu'avant que la commission parlementaire ne siège, nous
publierons des avis que la commission doit siéger et nous demanderons
à ceux qui ont des mémoires à présenter sur les
projets de règlements publiés dans la Gazette officielle de tel
numéro et de telle date, de faire valoir ces mémoires devant la
commission parlementaire avant telle date.
M. LATULIPPE: Si ces gens manifestent l'intention de se présenter
à la commission pour faire une doléance publique, est-ce que le
ministre acceptera automatiquement de les entendre?
M. L'ALLIER: Ce n'est pas le ministre qui doit l'accepter; c'est la
commission, sur réception des mémoires, qui doit décider.
C'est ainsi que cela fonctionne.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le député de L'Assomption disait
que, pour la loi 65, il y avait eu un nombre important de mémoires.
C'est vrai. Maintenant, il faut penser qu'avant l'adoption de la loi 65 il y a
eu là, il s'agit des règlements auditions, tandis
que, dans le cas des lois 35, 36 et 37, il n'y a pas eu d'auditions.
M. L'ALLIER; Oui, il y a un an.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pas très longues.
M. L'ALLIER: Pas très longues, mais nous avons entendu tous ceux
qui ont manifesté le désir de se faire entendre et nous avons
siégé jusqu'à ce qu'il n'y ait plus personne dans la salle
pour parler. Nous ne pouvons faire plus que cela.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Quand nous avons dû faire plaisir
à Mme le ministre des Affaires culturelles, c'est qu'il y avait d'autres
organismes qui prétendaient n'avoir pas été
informés comme ils devaient l'être de la portée des projets
de loi.
M. L'ALLIER: C'étaient des gens des communications, pourtant, et
cela faisait un an que les auditions avaient eu lieu. Cela faisait un an qu'ils
avaient également eu des avis, les informant que la commission
parlementaire devait siéger sur ces questions.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je demande qu'on mette
l'amendement aux voix. C'est aussi simple que cela. Je ne ferai pas de querelle
là-dessus. Le ministre connaît mon esprit de collaboration.
M. LE PRESIDENT: Alors, ceux qui sont pour l'amendement?
M. LATULIPPE: Si le ministre maintient son engagement formel sur la
seconde formule, je souscrirai à sa proposition, à condition
qu'il soit formel.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il y en a une déjà. Alors, vous
allez vous prononcer pour ou contre.
M. LATULIPPE: C'est pour expliquer mon point de vue.
M. LE PRESIDENT: Nous allons discuter d'une chose à la fois. Nous
parlons de l'amendement du député de Chicoutimi.
M. L'ALLIER: Je répète la procédure que nous
suivrons: le projet de règlements sera publié dans la Gazette
officielle. La commission parlementaire sera saisie de ce projet de
règlements et des avis publics seront donnés que tous ceux qui
ont des mémoires à soumettre à la commission parlementaire
sur les projets de règlements publiés dans la Gazette officielle
devront le faire avant la séance de la commission parlementaire pour que
les membres puissent en prendre connaissance. Au moment de la séance de
la commission parlementaire, les membres décideront s'ils veulent soit
étudier les mémoires, soit entendre des témoins, soit tout
simplement tenir compte des mémoires et étudier directement la
réglementation. C'est, à mon avis, respecter intégralement
le processus des commissions parlementaires. Nous pouvons maintenant voter sur
la proposition du député de Chicoutimi
M. LE PRESIDENT: Est-ce que tous les membres sont prêts à
voter sur l'amendement?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui.
M. LE PRESIDENT: Alors, ceux qui sont pour l'amendement?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il faudrait les nommer. Vous avez la liste des
membres.
M. LE PRESIDENT: Oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il faut faire l'appel nominal.
M. LE PRESIDENT: M. Assad, M. Brochu, député de
Richmond.
M. LATULIPPE: Je remplace M. Brochu.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, demandez ceux qui sont pour ou
contre.
M. LATULIPPE: Je suis contre l'amendement avec l'assurance du
ministre.
M. LE PRESIDENT: Ceux qui sont pour lui ou contre lui.
M. L'ALLIER: Nous allons commencer par ceux qui sont pour.
M. LE PRESIDENT: M. Cardinal, député de Bagot.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Commencez par ceux qui sont pour et, ensuite,
on prendra ceux qui sont contre.
M. LE PRESIDENT: D'accord.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): En faisant l'appel des membres.
M. LE PRESIDENT: Le député de Frontenac. Pour ou
contre?
M. LATULIPPE: Je suis contre l'amendement.
DES VOIX: C'est cela.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il a changé d'idée.
M. LATULIPPE: J'ai changé d'idée, avec l'assurance du
ministre.
M. LE PRESIDENT: M. Cardinal, député de Bagot? Il n'y est
pas. M. Cloutier, député d'Ahuntsic?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Cardinal est remplacé
également.
M. LE PRESIDENT: M. Cardinal a été remplacé hier
par M. Gauthier. Etes-vous pour l'amendement, M. Gauthier?
M. GAUTHIER: Oui.
M. LE PRESIDENT: M. Cloutier, député d'Ahuntsic a
été remplacé hier par M. Veilleux, député de
Saint-Jean. M. Dumont, député de Mégantic.
M. AUDET: Je suis contre l'amendement, voyant les bonnes dispositions du
ministre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous êtes sûr que vous votez
contre?
M. L'ALLIER: Je ne veux pas influencer le vote.
M. LE PRESIDENT: M. Houde, député de Fabre.
M. HOUDE (Fabre): Contre.
M. LE PRESIDENT: Mme Kirkland-Casgrain?
M. TREMBLAY (Chicoutimi) : Elle voterait pour, par sympathie pour
moi.
M. LE PRESIDENT: MM. L'Allier, Leduc, Léger, Ostiguy
(remplacé par M. Caron de Verdun), Pearson, Tremblay (Chicoutimi).
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pour.
M. PERREAULT: M. le Président, je remplace quelqu'un, ce
matin.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela n'a pas été dit.
M. LE PRESIDENT: Le changement n'a pas été fait ce
matin... un instant! M. Perreault remplace M. Assad depuis hier.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Hier, si on l'a indiqué hier, c'est
bon.
M. LE PRESIDENT: M. Perreault? M. PERREAULT: Contre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ah! on ne me donne pas de chance.
M. LE PRESIDENT: Le résultat: Pour 2. Contre: 6. L'amendement est
rejeté.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On ne peut pas faire un recomptage?
M. LE PRESIDENT: L'amendement du député de Chicoutimi est
rejeté.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): L'article du ministre est accepté avec
toutes les promesses formelles qu'il nous a faites.
M. LE PRESIDENT: On en est rendu à g).
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Avec les deux paragraphes, de l'amendement du
ministre.
M. LE PRESIDENT: Deux paragraphes sont ajoutés. Adopté.
Article 3 b).
M. L'ALLIER: A l'article 3 b), c'est la disposition habituelle.
M. LE PRESIDENT: Adopté. L'article 3 est adopté...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Article 3 adopté tel
qu'amendé.
M. LE PRESIDENT: ... tel qu'amendé. Article 4.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, ça va.
M. L'ALLIER: L'article 4 est un article de concordance.
M. LE PRESIDENT: Article 5.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Article 5, ça va.
M. LE PRESIDENT: Article 5, adopté. Article 6. Avez-vous des
objections?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non plus. Les amendements qui étaient
ici?
M. L'ALLIER: C'était pour la loi 35. M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ah
bon!
M. L'ALLIER: Vous savez, M. le Président, que l'article 6 a
été modifié depuis le début, depuis la
présentation originale du bill. Cela avait fait l'objet de critiques
alors qu'au début on disait: Vous ne faites entrer en vigueur cette loi
que sur proclamation, de sorte que c'est une loi que vous placez au
réfrigérateur. Nous avons, pour bien préciser nos
intentions dans le domaine des communications, modifié cet article en
disant que la loi entrait en vigueur le jour de sa sanction.
M. LE PRESIDENT: Le député de Frontenac.
M. LATULIPPE: Avant de terminer, M. le Président, est-ce que le
ministre a reçu une copie des directives du fédéral? On
pourrait peut-être regarder cela un peu.
M. L'ALLIER: Pardon?
M. LATULIPPE: Je demandais au président si vous aviez reçu
une copie des directives fédérales et de l'analyse que vous en
aviez faite. Est-il possible d'en obtenir copie?
M. L'ALLIER: Je les ai ici, tel que je l'avais dit. M. Pouliot, vous
pouvez distribuer maintenant les copies de la directive et de l'analyse qui en
a été faite.
M. LE PRESIDENT; La commission a adopté, avec modifications, tous
les articles du projet de loi 37.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je propose qu'en temps
utile, c'est-à-dire lors de la reprise des travaux parlementaires, vous
fassiez rapport.
M. LE PRESIDENT: Nous avons un rapporteur, M. le député de
Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, mais il faut proposer que le rapport soit
fait.
M. L'ALLIER: Que le rapport soit fait sur les projets de loi 35, 36 et
37.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Les trois.
M. LATULIPPE: Pourrions-nous avoir une idée de la date à
laquelle vous prévoyez sortir la réglementation? Y a-t-il
déjà une amorce dans ce domaine ou si c'est du terrain
vierge?
M. L'ALLIER: Il faut d'abord la rédiger. Nous avons un projet de
réglementation qui est un premier travail, qui est quand même
assez élaboré, ça suppose plusieurs dizaines de
règlements. Après l'adoption de la loi, dans les semaines qui
suivront, nous devrions pouvoir procéder à la publication du
projet de réglementation.
M. LATULIPPE: D'ici un mois, vous prétendez que la
réglementation pourra être publiée dans la Gazette du
Québec?
M. L'ALLIER: Il faut d'abord que la loi soit adoptée, et
après, dans les semaines qui suivront l'adoption de la loi.
M. LATULIPPE: Merci, M. le Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je propose
l'ajournement sine die.
M. LE PRESIDENT: La commission permanente de l'éducation, des
affaires culturelles et des communications ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 6).