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Commission permanente de l'éducation,
des affaires culturelles et des communications
Etude des crédits du ministère de
l'Education
Séance du mercredi 16 avril 1975
(Dix heures onze minutes)
M. Pilote (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A
l'ordre, messieurs! La commission sur l'éducation est réunie, ce
matin, pour étudier les crédits de l'éducation. Sont
membres de cette commission, M. Bellemare, (Johnson); M. Bérard, de
Saint-Maurice; M. Bonnier, de Taschereau; M. Charron, de Saint-Jacques; M.
Cloutier, de l'Acadie; M. Côté, de Matane; M. Déom, de
Laporte; M. Houde, de Fabre; M. Lapointe, de Laurentides-Labelle; M.
Léger, de Lafontaine; M. Parent, de Prévost; M. Samson, de
Rouyn-Noranda; M. Saint-Germain, de Jacques-Cartier, et M. Veilleux, de
Saint-Jean. M. Côté, de Matane, sera le rapporteur de cette
commission.
Est-ce que les membres sont d'accord!
A l'unanimité.
Je crois que nous allons procéder comme nous l'avons fait les
dernières années. Nous allons permettre au ministre de
l'Education de faire un tour d'horizon sur l'ensemble de son ministère,
quitte ensuite à permettre aux partis de l'Opposition de donner
également leur point de vue avant de passer aux crédits
proprement dits, article par article.
La parole est au ministre de l'Education.
Exposé général du ministre M.
François Cloutier
M. Cloutier: M. le Président, c'est la quatrième
discussion des crédits que j'entreprends. Les circonstances veulent que
j'aie passé plus de temps à la tête du ministère de
l'Education que chacun de mes prédécesseurs. Ceci me permet
peut-être d'assurer une certaine continuité en ce qui concerne les
dossiers qui me tiennent particulièrement à coeur.
Je profiterai donc de la circonstance pour faire une revue d'ensemble,
peut-être plus élaborée et plus longue que ce que j'ai fait
les années précédentes. Je crois que ceci permettra de
voir dans quelles directions s'oriente le ministère de l'Education. Trop
souvent, on considère les ministères, et particulièrement
les grands ministères, comme des espèces de machines qui
fonctionnent sur ce que j'appellerais leur force d'inertie.
C'est peut-être exact dans certains cas. Je souhaiterais qu'il
n'en soit pas de même en ce qui concerne le ministère de
l'Education, parce que le gouvernement a voulu avoir une politique. Le
gouvernement a voulu imposer sa volonté et le résultat est
précisément celui que je vais tenter de vous
présenter.
Jusqu'ici, M. le Président, les discussions des crédits du
ministère de l'Education se sont toujours faites sur un ton serein.
Nous avons pour ainsi dire, mis entre parenthèses nos querelles
et nos oppositions pour tenter de réfléchir sur
l'éducation, en tant que processus, et sur la façon dont le
gouvernement l'administrait. Je dois d'ailleurs, à ce propos, rendre
hommage au député de Saint-Jacques qui a toujours su, avec
intelligence et efficacité, discuter de ces crédits. J'accueille
le député de Lafontaine, le nouveau critique de l'Opposition
officielle en matière d'éducation, et tout ce que je lui
souhaite, c'est de s'inspirer de l'exemple du député de
Saint-Jacques. Cela sera peut-être plus difficile qu'il ne le croit parce
que la tentation peut être forte, dans son cas, de politiser certains
aspects du dossier. Je tenterai de l'aider à ne pas le faire trop, en
participant le moins possible. Maintenant, j'ajoute que la tentation peut
également me venir, mais je ferai tout mon possible pour y
résister.
M. Léger: Et je vous aiderai là-dessus.
M. Cloutier: J'accepte cette offre de collaboration avec grand
plaisir. Un petit exemple qui vous permettra peut-être, M. le
Président, de juger jusqu'à quel point la discussion des
crédits du ministère de l'Education est importante,
jusqu'à quel point elle est suivie par les différents agents du
système, un peu partout au Québec. Lors du fameux débat
sur la loi 22 en commission parlementaire, un président de commission
scolaire est venu nous dire que la discussion des crédits du
ministère était, pour sa commission scolaire, le moment important
de l'année parce que cette discussion permettait de voir où
l'éducation allait et de s'initier à certains aspects du mode de
gestion qui n'étaient pas toujours immédiatement accessibles.
J'ajoute d'ailleurs que ce président de commission scolaire a rendu
hommage non seulement au gouvernement, à ce moment-là, mais
également aux diverses oppositions.
Je vais proposer, pour la discussion cette année, le même
ordre que par les années précédentes. Je vais faire
distribuer aux membres de la commission une feuille qui regroupe un certain
nombre de programmes par affinités. En effet, il y a au ministère
seize programmes. Deux de ces programmes relèvent du haut-commissariat.
Il s'agit des programmes 15 et 16. Ces programmes seront discutés sous
la direction du ministre d'Etat chargé de ce secteur. Quant aux autres
programmes, les quatorze qui restent, je souhaiterais les grouper en dix
groupes de manière que nous puissions nous adresser au problème
de fond.
Je me contente de donner un seul exemple. Nous pourrions discuter, en un
seul groupe, l'enseignement élémentaire public, l'enseignement
secondaire public et la gestion interne de ces programmes, de sorte que nous
pourrions avoir une discussion générale, quittes ensuite à
adopter les programmes en bloc.
Il semble que depuis que nous avons introduit le PPBS, ce soit la
meilleure façon de procéder. J'accueillerai avec plaisir les
commentaires de
l'Opposition à ce sujet, après mes quelques remarques.
J'ai également, M. le Président, fait parvenir aux membres
de la commission toute une série de documents. Je les cite pour le
bénéfice du journal des Débats, parce qu'il s'agit
là de documents importants susceptibles d'aider les membres de la
commission à se documenter.
Dans ce dossier, il y avait l'organigramme du ministère de
l'Education, une synthèse par secteurs, programmes et
éléments; les prévisions détaillées des
crédits de 1975/76, permettant la comparaison avec les crédits de
1974/75; la clientèle scolaire de 1972/73 à 1976/77; la
répartition des effectifs du ministère de l'Education pour
1975/76, permettant également une comparaison avec l'année
précédente; le rapport des activités du ministère
de l'Education, rapport que je distribue immédiatement, avec mes
excuses, parce qu'il n'a pu être terminé d'imprimer que cette
nuit.
M. Léger: Est-ce que le ministre me permet? Ce que vous
énumériez avant d'avoir mentionné ce document, est-ce que
vous les avez fait distribuer, à ce jour?
M. Cloutier: Oui.
M. Léger: Je ne les ai pas reçus...
M. Cloutier: Ces documents ont été
distribués dans les différents bureaux de tous les membres de la
commission.
M. Léger: Hier, cela? La semaine dernière?
M. Cloutier: Lundi. Il faudrait peut-être que le
député de Lafontaine...
M. Léger: Ils ont peut-être été
distribués au bureau du député Charron,
peut-être?
M. Cloutier: Non, à tous les membres de la commission.
Comme le nom du député de Lafontaine paraissait, il les a
certainement reçus, mais nous pourrons peut-être trouver d'autres
jeux. Je ne crois pas que ce soit absolument essentiel à la discussion
de ce matin.
Je parlais donc du rapport des activités du ministère de
l'Education et je vous cite en passant que ce rapport d'activités
prendra une forme différente, l'année prochaine. En effet, je
souhaite qu'il soit harmonisé davantage avec les autres rapports annuels
des autres ministères, mais étant donné qu'il comporte,
depuis quelques années, beaucoup d'informations sur le ministère
même, nous pourrions avoir une deuxième publication qui serait une
publication d'information proprement dite. Mais pour cette année, nous
avons retenu le format qui était devenu traditionnel.
Et, enfin, le rapport annuel 1973/74 du Conseil supérieur de
l'éducation.
Cela dit, je souhaiterais entrer dans le vif du sujet et je vous propose
le plan suivant. Je vous parlerai, d'abord, de l'organisation du
ministère; ensuite, de la programmation triennale; enfin, des dossiers
prioritaires, tels qu'ils ont été définis dans les
différents discours de la rentrée depuis 1972. Ces discours de la
rentrée...
Je salue, M. le Président, l'arrivée du
député de Saint-Jacques en regrettant qu'il n'ait pas
été ici lorsque je lui faisais des compliments.
Le Président (M. Pilote): II s'agira de relire le journal
des Débats.
M. Cloutier: Voilà.
Ces discours de la rentrée, dis-je, témoignent justement
des orientations que le gouvernement a tenté de donner au
ministère de l'Education. Par conséquent, j'aimerais, dans le
cadre de cette revue, reprendre chacun des dossiers prioritaires. Je vous
parlerai, ensuite, des secteurs élémentaire et secondaire,
après du secteur de l'enseignement postsecondaire, ce qui comprend le
collégial et l'enseignement supérieur, pour dire quelques mots
des prêts-bourses et pour, enfin, décrire le secteur de
l'enseignement privé.
Vous constatez qu'il s'agit là d'une présentation surtout
administrative. Je crois que c'est le lieu de la faire. Nous pourrons toujours
passer au contenu en cours de discussions. D'ailleurs, si j'ai choisi de
procéder de cette façon cette année, c'était non
seulement pour faire une vaste revue d'ensemble, mais également pour
raccourcir peut-être mes explications, lorsque nous arriverons aux divers
programmes.
Parlons d'abord de l'organisation du ministère. Il y a eu, cette
année, un changement majeur dont on n'a pas tellement parlé, mais
qui est porteur d'avenir.
Jusqu'ici, la structure du ministère rattachait les quelque 25
directions générales et services généraux au
sous-ministre en titre. Il y avait un bureau des sous-ministres, lesquels
étaient chargés de certains dossiers, mais n'avaient pas de
responsabilités administratives directes.
Dès mon arrivée au ministère, je me suis
interrogé sur cette façon de faire, m'inquiétant du fait
que le sous-ministre titulaire risquait d'être surchargé et, par
conséquent, de négliger certains dossiers et également du
fait que les sous-ministres adjoints n'étaient peut-être pas
utilisés au meilleur escient.
J'ai souhaité que l'on divise le ministère en deux
secteurs ou deux zones, si vous préférez: un secteur ou une zone
de l'élémentaire et secondaire secondaire public et
un secteur ou une zone de l'enseignement postsecondaire, c'est-à-dire
collégial et universitaire.
J'ai recruté deux sous-ministres adjoints, qui ont
été chargés de ces deux secteurs, sous l'autorité
générale du sous-ministre titulaire. Le premier de ces
sous-ministres est M. Jean-Claude Lebel, qui est responsable de l'enseignement
élémentaire et secondaire, ce qui comprend les directions
générales de l'enseignement élémentaire et
secondaire, le financement, l'équipement ainsi que les bureaux
régionaux. Le deuxième sous-ministre qui est arrivé au
ministère, lui, chargé de l'enseignement supé-
rieur, est M. Jacques Girard. Sa zone ou son secteur comprend, en plus
de l'enseignement supérieur et l'enseignement collégial, la
recherche et l'aide aux étudiants.
Chaque semaine, j'ai une réunion, ce qui constitue
également une innovation, avec le sous-ministre titulaire, les deux
sous-ministres adjoints chargés de secteurs ou de zones ainsi que, le
cas échéant, d'un certain nombre de fonctionnaires ou de
conseillers de mon cabinet. Ceci permet de suivre les opérations du
ministère d'une façon beaucoup plus directe et permet d'assurer
un leadership qui doit normalement se transmettre à tous les
niveaux.
Les autres sous-ministres adjoints, eux, qui sont occasionnellement
invités à ces réunions, sont chargés de dossiers.
Le sous-ministre adjoint Beau-regard s'occupe particulièrement du
secteur privé, de l'enseignement privé, ainsi que d'à peu
près tous les dossiers touchant aux questions linguistiques alors
que...
M. Léger: Est-ce que le ministre me permettrait, pour que
je le suive... Etant donné que cette année, c'est un nouveau
ministère pour moi, serait-il possible de me les présenter en
même temps, s'ils sont ici, par hasard, en suivant l'organigramme que
vous nous avez présenté tantôt?
M. Cloutier: Très volontiers. Je termine la phrase que
j'avais commencée. Je parlais de M. Mercier qui, lui, s'occupe
particulièrement de l'éducation des adultes. Les
présentations, j'avais l'intention de les faire lorsqu'à
l'occasion, je donnerais la parole à certains de ces hauts
fonctionnaires, parce qu'ils ne sont pas tous ici. Il n'y a, en fait, que le
sous-ministre titulaire, M. Martin. Pour les fins de cette discussion, il n'est
pas nécessaire de mobiliser tout le monde. Lorsque les programmes
pertinents arriveront, à ce moment-là, les sous-ministres qui
s'en occupent seront présents.
Il y a également un autre changement dont je tiens à
parler. C'est que nous avons nommé un nouveau sous-ministre
associé de foi catholique, remplaçant M. Jean-Marie Beauchemin,
qui a été nommé à la présidence du Conseil
supérieur de l'éducation.
Ce nouveau sous-ministre associé de foi catholique est monsieur
André Rousseau, qui entrera en fonctions le 1er juin.
Je prévois, fort probablement, une autre nomination. Il
s'agirait, à ce moment-là, d'un sous-ministre adjoint à la
planification et à la programmation, sous-ministre qui aurait sous sa
responsabilité la Direction générale de la planification
et le service de la programmation budgétaire.
C'est une possibilité que j'envisage en ce moment et ceci
permettrait, peut-être, d'avoir une structure plus efficace que par le
passé.
Je ne vous cache pas que, ce faisant, j'avais une idée dont je
n'hésite pas à parler parce que je crois qu'il faudra
certainement l'envisager sérieusement à un moment donné.
Je me demande s'il n'y aurait pas utilité qu'il y ait, sinon deux
ministères de l'Education, du moins un ministre de l'Education qui
pourrait se faire assister d'un ministre d'Etat. C'est la structure qui se
rencontre dans à peu près toutes les provinces canadiennes et
c'est la structure vers laquelle la France a choisi d'évoluer tout
récemment: Un ministre de l'Education et un secrétaire d'Etat
chargé particulièrement des universités.
Nous pourrions, par exemple, avoir un ministre de l'Education qui aurait
la responsabilité générale et ministère et un
ministre d'Etat, ce qui correspond, dans notre vocabulaire, au
secrétaire d'Etat français, qui s'occuperait
particulièrement des collèges et des universités.
Ceci serait maintenant possible grâce à cette
restructuration administrative du ministère et permettrait,
peut-être, d'avoir un suivi mieux assuré, dans la mesure où
le ministère devient plus lourd et plus complexe.
J'en parle et j'en ferai peut-être une recommandation, un jour ou
l'autre, au conseil des ministres. Mais c'était l'idée que
j'entretenais, l'idée sous-jacente à la réorganisation qui
a été entreprise.
Je vous signale, M. le Président, que l'Office de la langue
française, qui relevait du ministère de l'Education, est
maintenant transformé en régie. C'est un programme qui
disparaît de nos programmes.
Je vous ai déjà parlé du haut-commissariat en vous
expliquant que ces deux programmes seraient discutés à part mais
le haut-commissariat est administré, à toutes fins utiles, comme
une unité indépendante. Le ministre d'Etat a ses pouvoirs par
arrêté en conseil, des pouvoirs de délégation qui
sont les pouvoirs généraux du ministre de l'Education.
M. Léger: ...je pense.
M. Cloutier: C'est une possibilité mais je pense qu'il y a
tout de même eu une évolution extrêmement
intéressante. Le député de Lafontaine se souvient que le
haut-commissariat était sous l'autorité directe du ministre de
l'Education.
J'ai voulu, dans un premier temps, par arrêté en conseil
ce que le député de Lafontaine m'a reproché
à l'époque donner un statut juridique au haut-commissariat
et lui fixer un programme. C'est par la suite que nous avons pu nommer un
ministre d'Etat et je pense bien que nous sommes effectivement inscrits dans un
processus d'autonomie de plus en plus grande.
Je voudrais maintenant, M. le Président, vous parler de la
programmation triennale parce qu'en effet il y a là un instrument de
choix pour déterminer les priorités de décision et les
priorités de gestion. Dans mon dernier discours de la rentrée,
j'incluais tous les dossiers prioritaires retenus depuis trois ou quatre ans
dans la programmation triennale parce que pour réaliser une
priorité, encore faut-il qu'on puisse la situer dans le temps, qu'on
puisse la situer par rapport à certaines préoccupations
administratives et que l'on puisse faire des choix. C'est pour cela que cette
programmation triennale revêt une importance considérable.
J'accorde donc une importance très très grande à
cette opération, non seulement parce
qu'elle permet des arbitrages gouvernementaux mais également
parce qu'elle facilite la gestion interne. Par conséquent, certains
dossiers prioritaires, comme le plan de développement des langues, les
milieux défavorisés, l'éducation physique et le sport
scolaire, l'éducation des adultes, sont maintenant inclus dans les
programmes pluri-annuels d'investissement et peuvent être suivis d'une
manière efficace.
Je crois que le moment est venu justement de vous rendre compte de
l'évolution de ces différents dossiers. Nous aurons probablement
l'occasion d'y revenir dans le cadre des programmes mais il ne me paraît
pas inutile de vous dire comment nous les avons administrés.
Peut-être auparavant devrais-je vous souligner le fait que nous avons
tenté d'établir un modèle pour le suivi de nos dossiers
prioritaires. C'est-à-dire que nous avons créé des
équipes multidisciplinaires, des équipes qui comprenaient des
fonctionnaires de plusieurs directions générales, pour ne pas se
compartimenter à l'intérieur du ministère les
grandes administrations modernes le sont trop et également avec
des apports extérieurs et ces équipes ont été
placées sous la direction d'un sous-ministre adjoint. J'ai suivi les
travaux de chacune de ces équipes très assidûment, avec des
réunions régulières de manière à ce que je
puisse formuler des orientations politiques, leur dire exactement ce que, en
tant que représentants du gouvernement, nous souhaitions pour
l'évolution de ces dossiers. Sous la direction du sous-ministre adjoint,
ces équipes tentaient de définir des programmes.
C'est la façon dont nous avons procédé pour le plan
de développement des langues, qui nous a servi en quelque sorte de
commencement pour cette méthodologie, et c'est le plan que nous avons
suivi pour tous les autres dossiers que j'ai énumérés il y
a quelques instants.
Encore une fois, je ne vous parle que des aspects administratifs; je ne
parle pas du contenu, nous pourrons certainement en discuter, si vous le
souhaitez. Au cours de cette deuxième année d'application du
plan, nous avons tenté d'améliorer nos structures de gestion.
Nous avons un comité directeur qui comprend tous les directeurs
généraux concernés, sous la présidence, comme je
viens de vous le dire, du sous-ministre adjoint, lequel est intervenu non
seulement au moment de la conception, mais intervient également au
moment du suivi.
Nous avons un coordonnateur général et le sous-ministre
adjoint, dans le cas particulier, est M. Beauregard. Nous avons un
coordonnateur général qui est M. Dozois; il a été
nommé il y a quelques mois et assure la coordination et la
réalisation des opérations. Il est responsable de l'équipe
de soutien administratif et il s'occupe particulièrement de l'accueil
aux enfants des immigrants.
Nous avons établi une table de programmation qui doit soumettre
au comité directeur tous les problèmes que suppose la
réalisation du plan et il y en a, parce que ce sont des
opérations extrêmement complexes. En ce qui concerne le volet
français langue maternelle, il y a eu des retards accumulés.
Lorsque j'ai présenté le plan, je souhaitais que l'on puisse
très rapidement passer aux points que j'avais identifiés comme
étant les plus importants, c'est-à-dire la formation des
maîtres.
Malheureusement, à cause de difficultés internes au
ministère, il n'en a pas été ainsi. Je déplore le
fait, par exemple, qu'on ait tenté d'implanter d'abord les programmes
audio-visuels, les ateliers de français. C'était,
évidemment, le plus facile, comme toujours. Aussitôt que j'en ai
eu conscience, j'ai tenté d'intervenir. Les difficultés que nous
avons rencontrées en ce qui concerne la formation des maîtres,
c'est que nous pensions pouvoir former les maîtres sur place, en
utilisant largement des processus audio-visuels. Nous nous sommes
aperçus que nous rencontrions beaucoup de difficultés, ne
serait-ce que parce que les maîtres souhaitaient être
dégagés. De toute façon, nous n'avons pas pu implanter ce
volet aussi rapidement que les autres.
Il faut dire, d'ailleurs, que nous nous adressions à des nombres
beaucoup plus considérables d'enseignants. Alors que, pour le volet
langue seconde, il ne s'agit que de 250 maîtres par année à
former, pour le volet français langue maternelle, la population totale
est autour de 25,000, 27,000. Nous envisageons maintenant, sur une
période d'à peu près deux ans, deux ans et demi, un
dégagement qui va impliquer 5,000 à 6,000 maîtres, qui va
leur permettre d'acquérir un certain nombre de crédits.
Ajoutons aussi qu'il fallait mettre au point des méthodes, parce
que nous sommes dans une situation très particulière. Nous sommes
obligés de recycler des maîtres dans leur langue maternelle. Alors
que les méthodes qui existent pour l'enseignement d'une langue seconde
sont connues depuis longtemps, il faut quand même un minimum de recherche
et d'expérimentation pour que l'on sache exactement comment
procéder quand il s'agit d'aider un maître dont c'est
déjà la langue maternelle et qui a besoin d'une assistance
pédagogique.
Je peux donc vous dire, en plus de cela, qu'à compter de
septembre 1975 les universités francophones du Québec offriront
un programme de perfectionnement des maîtres de français et que ce
programme va comporter trente crédits. Déjà, ces
universités ont en main un document sur le perfectionnement des
maîtres de français et nous attendons incessamment le contenu des
programmes que les universités nous proposeront.
Depuis le début de l'implantation du plan, de 1973 à 1974,
nous avons fait passer le nombre d'agents de développement
pédagogique de 12 à 24 et nous en comptons maintenant 29. En ce
qui concerne les conseillers pédagogiques qui ont été
engagés par les différentes commissions scolaires, grâce
aux crédits libérés par le plan, nous en comptons 120
à l'élémentaire et 60 au secondaire.
C'est là un encadrement essentiel. Bien sûr, il y a une
situation qu'il convient de corriger et il faut être irréaliste
pour s'imaginer que les situations se corrigent instantanément.
Récemment, un journaliste me demandait si, le fait que certaines
critiques sont logées envers l'enseignement du français
témoignait de l'échec du plan de développement des
langues. J'ai répondu que c'était exactement l'inverse, parce que
le plan de développement des langues a été inventé
et mis au point précisément pour pallier les carences de
l'enseignement du français, mais il n'a pas donné tous les
résultats escomptés, bien sûr. Il ne peut pas y avoir
d'échec du plan de développement des langues, puisque c'est
précisément le constat de la situation dont les journaux font
état actuellement, et que le gouvernement connaît, qui a
poussé le gouvernement à investir des sommes
considérables, à peu près $50 millions en ce qui concerne
le français langue maternelle sur une période de cinq ans.
Il y a également un petit groupe de recherche, un peu dans
l'esprit dont je vous parlais tout à l'heure, la nécessité
de mettre au point des méthodes, mais je ne vous cache pas que je ne
suis pas très satisfait de la façon dont cela évolue. Je
suis en train de revoir la structure de ce groupe de recherche.
M. Léger: Avant que vous ne changiez de page, quand
prévoyez-vous des résultats concrets sur le plan de
l'enseignement des langues?
M. Cloutier: Je ne sais pas si ce ne serait pas plus sage de me
permettre de terminer mon exposé.
M. Léger: Ce n'était qu'un aparté sur ce que
vous venez d'affirmer.
M. Cloutier: Là, je vous dis que des résultats
concrets, on en a déjà considérablement en ce qui concerne
le volet je vais être obligé de me répéter
de l'enseignement des langues secondes; en ce qui concerne le volet de
l'adaptation des enfants d'immigrants; en ce qui concerne le volet de la langue
maternelle, tout étant lié, dans mon esprit, à la
formation des maîtres. Encore faut-il qu'on ait le temps de les former.
Le programme commence en I975. D'ailleurs, lorsque j'ai présenté
le plan, j'ai dit que le programme commencerait en I975, que les deux
premières années du plan étaient consacrées
à mettre au point les instruments dont on avait besoin.
Je passe maintenant au volet de l'enseignement des langues secondes.
Notre programme nous a permis de former à peu près 200
enseignants par année sur 250 possibles; nous n'avons pu remplir notre
quota. Donc, 200 sur 250 possibles en anglais langue seconde et 80 sur I00
possibles en français langue seconde. Ce sont les inscriptions de cette
année. Nous avons également offert un programme spécial
aux jardinières pour les maternelles d'accueil. Nous avons 20
jardinières qui ont suivi les cours en I974. Au point de vue
encadrement, nous comptons actuellement 19 agents de développement
pédagogique et I27 conseillers pédagogiques dans les commissions
scolaires.
Pour ce qui est de l'adaptation des enfants d'immigrants, pour les
maternelles d'accueil, pour les enfants de 4 à 5 ans, comparativement
à 1973/74, le nombre d'enfants en maternelle d'accueil est passé
de 950 à 1,700. Nous avons pratiquement doublé. La
rétention de ces enfants à l'école française a
augmenté. L'an dernier, 72% de ces enfants restaient à
l'école française. Les statistiques de cette année ne
seront complétées qu'à la fin d'avril, mais on
prévoit qu'environ 80% resteront dans le système, uniquement par
le poids des mesures d'accueil, indépendamment de la loi 22 qui ne fait
que consolider cette opération.
En ce qui concerne les classes d'accueil proprement dites, le nombre est
passé de 750 à 1,000 et nous prévoyons que 90% de ces
enfants resteront dans le secteur francophone. Je m'excuse de ce que ces
données peuvent avoir d'aride, mais je vous répète qu'il
me paraît essentiel, pour une fois, de faire une grande revue
d'ensemble.
Le deuxième dossier prioritaire, qui ne peut manquer
d'intéresser le député de Lafontaine, c'est
l'éducation physique et le sport scolaire.
Ceci a été identifié comme dossier prioritaire dans
le discours de la rentrée de 1973. Suivant le modèle dont je vous
ai parlé, un programme de développement a été mis
au point à un groupe de travail, sous la direction d'un sous-ministre
adjoint, qui est encore, dans le cas particulier, M. Beaure-gard. Je rendrai
public, pour consultation, le rapport de ce groupe de travail, au début
de mai. Je l'ai en main, j'ai des corrections à apporter, il y a des
petits changements qui devront se faire et la consultation pourrait
débuter au début de mai. Vous verrez, d'ailleurs, que pour tous
les dossiers prioritaires, le moment est venu de déposer des rapports
qui ont été préparés suivant le cheminement dont je
vous ai parlé.
Ce document a fait l'objet d'échange de vues pour l'instant, avec
la Fédération des commissions scolaires, la Centrale des
enseignants du Québec, la Fédération des principaux, et y
a contribué de façon très directe l'Association des
professionnels de l'activité physique et la Fédération du
sport scolaire, ainsi que le haut-commissariat. Je crois que si les
réactions sollicitées parviennent assez rapidement, les
réactions du milieu professionnel et du milieu scolaire, nous pourrions
envisager, dès l'automne 1975, à partir du document, de faire un
plan de développement, toujours sur le modèle du plan de
développement des langues. Deux étapes par conséquent,
l'étape de la conception, où il s'agit d'en arriver à une
espèce de document d'étude que vous pouvez appeler livre blanc,
si vous voulez, et, deuxième étape, un plan de
développement qui, lui, s'inscrit dans la programmation triennale
conçu comme un instrument d'administration.
Nous avons déjà réservé pour l'exercice
1975/76, dans les règles budgétaires des commissions scolaires,
un montant de $2 millions, pour ce plan.
Les milieux défavorisés, dossier prioritairequi a aussi
été identifié en 1973 et dossier qui me tient
particulièrement à coeur. Je l'ai aussi entre les mains. Il a
été revu à maintes reprises, il est prêt, il est
à l'impression, et je crois que peut-être d'ici quinze jours, je
pourrai le rendre public.
II s'agit là encore d'une espèce de livre blanc, en ce
sens que le ministère ne propose pas de solution ex cathedra. Il
sollicite des avis, mais je crois qu'il comporte des approches assez
originales, même si elles restent sectorielles. J'aurais
évidemment souhaité que l'on puisse impliquer tous les
ministères, parce que des ministères comme les Affaires
municipales, les Affaires sociales sont aussi très
intéressés par le problème des zones
défavorisées. Mais il fallait commencer quelque part, et le point
de départ le plus logique pour le ministre de l'Education, c'est
évidemment le secteur qu'il dirige, c'est-à-dire l'Education,
mais nous avons quand même pu impliquer ces ministères dont je
viens de parler, sur le plan de la conception. Il est possible que ce document
nous permette, dans une autre étape, d'en arriver à un plan
beaucoup plus global que celui que l'Education peut proposer.
Nous avons également eu la contribution du Conseil scolaire de
l'île de Montréal, ainsi que d'un bon nombre d'organismes, comme
la Fédération des commissions scolaires. Déjà, aux
crédits 1975/76, grâce à cette programmation triennale qui
nous permet de démarrer rapidement, nous avons inscrit une somme de $2
millions pour continuer l'intervention scolaire dans ce secteur, et plus
particulièrement, en ce qui concerne ce que nous appelons les
maternelles quatre ans.
Autre dossier prioritaire, la formation et le perfectionnement des
maîtres. Cette question, nous tentons de l'aborder sur plusieurs fronts.
D'abord, nous avons nommé un responsable, un coordonna-teur qui est
rattaché au bureau des sous-ministres et qui est exclusivement
affecté au dossier. Il s'agit de M. Léonce Pelletier, qui,
incidemment nous a été prêté par la CEQ, parce que
nous avons tenté j'y reviendrai peut-être depuis une
couple d'années d'avoir des relations plus étroites avec cet
organisme, sur le plan pratique.
Nous avons, en plus de cette structure, un comité interne qui est
présidé par le sous-ministre adjoint responsable de
l'enseignement postsecondaire, c'est-à-dire M. Girard. Ce comité
comprend les directeurs généraux de l'enseignement
supérieur, de l'enseignement collégial, de l'enseignement
élémentaire, de la planification, de l'éducation des
adultes, du service général des personnels et des organismes
d'enseignement. Vous voyez l'intérêt de grouper tous ceux qui sont
responsables de certains aspects d'un dossier comme celui-là, parce que
ce sont des dossiers qui débordent les structures administratives
classiques. Le comité a un mandat précis. Premièrement,
définir le mécanismes de coordination appropriés entre les
diverses unités administratives du ministère et les
différents réseaux d'éducation. Deuxièmement,
revoir les politiques actuelles, les structures et les règlements qui
régissent la formation des maîtres. Troisièmement,
favoriser, de façon plus générale, la réflexion et
susciter des innovations relativement à la formation et au
perfectionnement des maîtres.
Sur le plan le plus pragmatique qui soit, nous avons
décidé de tenter de répondre aux besoins sur le plan
régional et sur le plan provincial. Sur le plan provincial, par exemple,
nous avons identifié le domaine de la formation et du perfectionnement
des maîtres de l'enseignement professionnel. Nous avons
élaboré un programme de baccalauréat universitaire.
Dès septembre prochain, les universités pourront l'implanter.
Inutile, peut-être, d'ajouter que ce programme, qui aété
annoncé il y a quelques semaines, a été
élaboré et mis au point en consultation avec les commissions
scolaires et les syndicats d'enseignants.
Sur le plan régional, nous avons entrepris dans le Nord-Ouest
québécois une première expérience, cette fois-ci
pour le perfectionnement des maîtres pour l'enfance inadaptée.
Nous pensons marquer des points plus rapidement si nous isolons des secteurs
plutôt que de sortir de grands documents d'orientation qui ne
débouchent pas toujours sur des actions concrètes.
Nous avons demandé aux commissions scolaires et aux syndicats
d'enseignants de s'entendre, par conséquent, sur le choix d'un domaine
prioritaire et, actuellement, l'Université du Québec
prépare un programme de formation qui devra répondre aux besoins
identifiés en tenant compte des caractéristiques
régionales.
En plus des sommes qui sont déjà disponibles en vertu du
décret pour le perfectionnement du personnel enseignant, en plus de
celles qui sont déjà attribuées aux régions
éloignées, nous allons assurer comme supplément et comme
appoint des bourses de scolarité et de déplacement dans ces
secteurs. Je crois qu'il y a là une expérience extrêmement
intéressante et significative.
Dans le même ordre d'idée, nous sommes actifs dans le
domaine du perfectionnement des administrateurs scolaires. A ce propos, je
voudrais vous signaler le début d'un programme de perfectionnement des
principauxd'écoles. Les principaux constituent des personnes qui
occupent des fonctions clés, des fonctions déterminantes pour le
bon fonctionnement des écoles. Nous allons consacrer, en 1975/76, une
somme de $350,000 à cette opération. C'est un des
problèmes ici au Québec. C'est la carence d'administrateurs et
d'administrateurs dans tous les domaines. Souvent, lorsque les
établissements fonctionnent plus ou moins bien, c'est parce qu'il y a
des carences sur le plan administratif. Et on en arrive presque toujours
à des problèmes de personnalité. Je crois qu'il est
essentiel de mettre en marche un vaste programme de perfectionnement des
cadres, ne pas faire qu'en parler. C'est pour cela que nous tentons des
débouchés immédiatement sur des actions bien
identifiées.
N'oublions pas que la réforme de l'enseignement s'est faite
très rapidement au Québec et qu'il a fallu, au fond, improviser
des administrateurs. Les anciens administrateurs des collèges classiques
traditionnels, parexemple, se sont, pour une grande part, recyclés dans
le nouveau système. Mais il s'agissait, bien sûr, d'un
système assez différent du point de vue de ses orientations, de
son esprit. Il y a eu des adaptations parfois difficiles. Je crois que, dans
l'ensemble, cela ne marche pas aussi mal que ça et surtout, si nous
pouvons mettre l'accent sur le perfectionnement, nous nous trouverons
bientôt en présence de toute une nouvelle génération
d'administrateurs qui ne pourront que faciliter le fonctionnement du
système.
Troisième dossier prioritaire, l'éducation des
adultes. En ce qui concerne l'éducation des adultes, nous avons
décidé de procéder d'une façon différente
des autres dossiers. C'est-à-dire que nous n'avons pas choisi de mettre
au point un document d'ensemble, une espèce de livre blanc, pour ensuite
en sortir un plan de perfectionnement. Pourquoi? Eh bien parce que je me suis
rendu compte qu'on n'en sortirait pas à court terme. Il aurait fallu
consacrer peut-être un an et demi ou deux ans, du moins si j'en crois le
plan qu'on m'a présenté, pour préparer le livre blanc. Le
livre blanc aurait eu des chances d'être une espèce de
réflexion très générale, problématique, et
n'aurait pas corrigé des situations qui exigeaient des solutions
immédiates.
Alors, j'ai plutôt demandé qu'on adopte la démarche
suivante: Préparer un livre blanc dans le temps nécessaire parce
que cette réflexion a son utilité mais surtout identifier un
certain nombre de problèmes immédiats susceptibles de recevoir
des solutions immédiates. Nous en avons retenu une demi-douzaine. Je ne
vous parlerai pas de tous parce que c'est assez technique. Nous avons
réussi à corriger à peu pès toutes ces
situations.
Je voudrais simplement vous signaler trois points de ce point de vue,
qui me paraissent particulièrement importants. Le premier, il s'agit de
la reconfirmation de l'entente entre le ministère du Travail et de la
Main-d'Oeuvre et le ministère de l'Education. Vous vous souvenez qu'il y
avait eu, au début de I972, une entente entre ces deux ministères
pour la gestion des programmes de formation des adultes. Cette entente avait
pour but de mettre fin à une espèce de confusion qui existait
depuis déjà longtemps, chaque ministère ne sachant pas
très bien quelles étaient ses responsabilités.
Il faut bien dire que l'application de l'entente n'a pas
été toujours facile, mais, enfin, je pense que maintenant le
dossier est plus clair qu'il ne l'a jamais été. Essentiellement,
la formation et tout ce qui en relève continue d'être sous la
responsabilité du ministère de l'Education, à l'exception
de la formation à l'industrie, où le leadership du
ministère du Travail est confirmé.
De plus, la responsabilité du ministère du Travail est
accrue dans l'organisation de certains services, ce qui risque d'amener une
redistribution de tâches entre les commissions scolaires et les
commissions de formation professionnelle.
Nous avons, d'ailleurs, entrepris, à l'occasion de la
renégociation de l'accord fédéral-provincial, des
études préliminaires à une politique de formation
professionnelle des adultes, en particulier des études comparées
entre les relations entre une politique de formation professionnelle et une
politique de main-d'oeuvre il est très difficile de faire de la
formation professionnelle si on n'a pas de politique de main-d'oeuvre et
une étude des relations entre les objectifs de formation et les
objectifs économiques.
Mais ces études, il faut les concevoir avec le travail qui est
mené conjointement par les représentants des ministères de
l'Education et du Travail sur l'inventaire et l'analyse des mesures de
main-d'oeuvre comme assises de cette fameuse politique de main-d'oeuvre et de
formation de la main-d'oeuvre au Québec.
Le deuxième point dont je veux vous parler touche le programme de
subventions des organismes volontaires voués à l'éducation
populaire. En effet, en avril 1974, j'ai annoncé une nouvelle politique
concernant les organismes volontaires voués à l'éducation
populaire par le lancement d'un programme de subventions et surtout la
constitution d'un comité d'étude des projets, dont un bon nombre
de membres sont délégués par les organismes populaires
eux-mêmes. Le travail de ce comité, qui avait pour but de voir les
projets, d'en discuter et de faire des recommandations au ministère, a
permis, pour le premier semestre 1974/75, de répondre aux demandes de
subvention de 69 organismes. 194 projets ont été
déclarés admissibles par le comité et nous avons pu
engager un montant de $881,000 à ces fins.
Bien sûr, il y a eu de très nombreuses demandes et les
crédits ont été épuisés assez rapidement,
mais je cite quand même cette démarche comme un modèle de
fonctionnement utile. Pour l'exercice 1975/76, nous espérons augmenter
sensiblement les crédits à cette fin. Actuellement, des
discussions sont en cours pour bien définir le mandat de ce
comité. Pour ma part, je ne souhaite pas que le comité soit un
groupe de pression qui déclare des projets admissibles et, ensuite, met
tout l'onéreux sur le ministère de l'Education de refuser
certains projets, faute de crédits. Qu'on le veuille ou non, les
budgets, cela existe dans une saine administration et il y a des limites aux
sommes qui peuvent être consenties. Par conséquent, des choix
doivent être faits. Je voudrais que ce comité assume des
responsabilités qui consisteraient peut-être à faire
certains choix pour qu'on ne se trouve pas en présence de demandes
incommensurables, avec des budgets réduits, et qu'ensuite ce soit nous
qui soyons obligés, sans qu'il y ait un certain ordre de
priorités. J'ai demandé aux fonctionnaires que l'on
négocie avec le comité pour lui confier une responsabilité
de cet ordre, qui permettrait peut-être de faire une espèce de
liste de priorités possibles, compte tenu des possibilités de
financement. Autrement dit, qu'on n'arrive pas avec 500 projets admissibles,
alors que nous pourrons en financer 50, mais qu'on fasse déjà des
choix et qu'on nous donne des orientations.
Le troisième point, il s'agit de l'expérimentation de
nouvelles formules pédagogiques. Nous travaillons en ce moment une
expérimentation sur un programme d'apprentissage individualisé.
Ces projets permettraient de voir comment un régime éventuel de
formation des adultes permettrait à chacun de fonctionner à son
propre rythme et de développer ses ressources personnelles.
Trop souvent, en fait, je dirais presque toujours, on a
considéré les adultes comme des étudiants un peu plus
âgés. On les a soumis aux mêmes méthodes et non
seulement aux mêmes méthodes, mais on s'attend qu'ils passent les
mêmes crédits et qu'ils s'insèrent dans le système.
Ce n'est pas une approche valable. Si on veut vraiment concevoir
l'éducation des adultes, il faut avoir des programmes qui collent
à leurs besoins. Mais ceci suppose que nous ayons un régime
pédagogique. C'est justement le but des travaux que nous poursuivons.
C'est ainsi que des concepts traditionnels, comme les classes,
les horaires, n'ont pas à exister nécessairement dans le
cadre d'un régime de formation des adultes.
Autre point, le statut des formateurs d'adultes. On se souviendra
peut-être, pour ceux qui ont suivi le monde de l'éducation, qu'il
y a eu quelques difficultés chez les formateurs d'adultes, en
particulier dans le secteur de la formation professionnelle, alors que la
politique salariale en vigueur ne permet pas d'offrir toujours des salaires en
accord avec la compétence.
En fait, le vrai problème n'est pas qu'un problème de
politique salariale; c'est un problème de statut. Il nous est difficile,
actuellement, de nous engager fermement sur cette question de statut, mais nous
avons entrepris une série d'études sur des hypothèses. Il
en ressort que le rôle du formateur d'adultes est différent de
celui de l'enseignant traditionnel, ne serait-ce que parce qu'il a à
exercer des activités d'ordre administratif, tout autant que des
activités à caractère pédagogique.
Ceci a pour conséquence que la charge de travail, les
attributions de tâches ne peuvent pas être définies en
termes d'heures d'enseignement, comme le fait la convention collective des
enseignants.
Nous aimerions donc en arriver à un statut professionnel qui
respecterait la spécificité de l'éducation des adultes. A
cette fin, je vous signale que le Conseil supérieur de
l'éducation vient de remettre un rapport au ministère, dans
lequel il propose un certain nombre de suggestions intéressantes
auxquelles nous allons certainement donner la plus grande attention.
Ce sont des recommandations qui visent la définition des
fonctions, la sécurité d'emploi, les critères
d'accessibilité à la profession, le perfectionnement et la
rémunération.
Enfin, un autre point: il faudrait que tout cela débouche sur un
projet de réglementation. Nous avons procédé, au cours de
l'année précédente, à une consultation sur un
projet de régime de formation auprès des représentants des
organismes de formation et des représentants de la population
adulte.
Suite à cette consultation, nous avons envisagé un plan
qui pourrait déboucher sur un projet de réglementation, projet de
réglementation qui toucherait les programmes, l'évaluation et la
certification, la politique d'équivalence, la formation dite sur mesure,
la possibilité d'entrées et de sorties continues au cours de
l'année, une politique d'aide personnelle et le problème de
l'intégration de la formation générale à la
formation professionnelle.
Voilà où nous en sommes. Je ne peux pas, comme dans le cas
des autres dossiers prioritaires, déposer un document. Je vous en ai
donné les raisons. Mais je crois qu'il est quand même utile de
savoir un peu dans quelle direction nous tentons de travailler.
Je ne vous dirai maintenant, avant de quitter ce secteur, qu'un mot de
Multi-Media. On se souvient que Multi-Media avait été
lancé à grands renforts de publicité, il y a quelques
années, et que le programme initial comportait des budgets
considérables et une action sur l'ensemble du territoire
québécois.
J'ai voulu que l'on limite Multi-Media au territoire où le
programme avait commencé, c'est-à-dire dans trois territoires, de
manière qu'on puisse bénéficier de l'expérience
pilote.
En effet, je n'étais pas satisfait des évaluations
approximatives que l'on m'avait présentées, qui ne me
paraissaient pas justifiée pour une extension à tout le
territoire québécois, surtout compte tenu des priorités
budgétaires gouvernementales.
Le programme fonctionne dans ces trois régions et je ne crois pas
encore qu'on puisse parler d'évaluation. Il n'y aura certainement pas
d'extension tant qu'une évaluation ne me paraîtra pas parfaitement
probante.
De plus, je ne suis pas sûr qu'il y ait intérêt
à ce que Multi-Media déborde du cadre des trois territoires. Dans
l'optique de décentralisation qui reste celle du gouvernement, je
souhaiterais plutôt que ce soient les instances locales, les commissions
scolaires, par exemple, qui puissent reprendre le programme Multi-Media, sous
une forme ou sous une autre. Multi-Media n'aura pas été inutile
parce qu'il aura permis de définir des méthodes. Il est
très certainement fondé sur le plan pédagogique et
représente une orientation originale par rapport à des
populations marginales au système d'éducation.
Je tiens à indiquer clairement quelle est ma position de ce point
de vue là et, à certains points de vue, d'une certaine
manière, le succès de Multi-Media sera total lorsque Multi-Media
disparaîtra. Cela peut sembler curieux, mais je vois le rôle du
ministère de l'Education comme étant un rôle
d'in-spiration.et de stimulation.
Une fois qu'un modèle est mis au point, je souhaite que les
instances décentralisées, les commissions scolaires et les
collèges prennent leurs responsabilités et qu'on leur en
fournisse les moyens.
Parallèlement à cette opération, nous avons
intégré l'animateur de Multi-Media, le coordonnateur, à la
Direction générale de l'éducation des adultes du
ministère. Il en est maintenant le directeur général
adjoint; il s'agit de monsieur Messier. C'est une façon de
contrôler l'évolution des budgets qui me paraît tout
à fait valable et également ceci permet d'associer le dynamisme
de Multi-Media, qui est réel, à nos programmes d'éducation
des adultes. Je n'aime pas les actions compartimentées et il y atout
intérêt à ce qu'il y a de valable dans Multi-Media puisse
vraiment être utilisé dans des orientations
générales.
Voilà l'exemple d'une volonté gouvernementale et d'une
orientation à laquelle nous tenons. Nous avons d'ailleurs une formule
assez intéressante puisque, parallèlement à tout cela, la
commission administrative continue de jouer son rôle et jouit d'une
certaine autonomie.
J'en arrive maintenant aux secteurs élémentaires et
secondaires. Dans les secteurs de l'enseignement élémentaire et
secondaire, je traiterai de trois points marquants: la mise à jour des
finances des commissions scolaires, la révision du plan
d'équipement et la décentralisation de la gestion du
réseau.
Le premier point: la mise à jour des finances des commissions
scolaires. En collaboration avec le-Conseil du trésor, nous avons
entrepris, en mai I974,
une vaste opération d'analyse des états financiers des
commissions scolaires. Croyez-moi, elle s'imposait. En un an, cette
opération nous a permis d'analyser les états financiers des
commissions scolaires pour les années cela n'avait pas
été fait I970/7I, I97I/72, 1972/73 et 1973/74. Il y avait
même des subventions gouvernementales qui n'avaient pas été
versées pour ces années étant donné l'absence
d'états financiers et qui ont pu être versées.
Nous avons maintenant la possibilité d'évaluer
l'évolution réelle des coûts du système et de
rajuster en conséquence nos bases de calcul. Ceci nous permettra
d'établir le montant réel des subventions dues aux commissions
scolaires jusqu'au 30 juin I974. Je déposerai, dès qu'il sera
complété, l'état réel des revenus et
dépenses des commissions scolaires au 30 juin I974. Entre-temps, nous
avons pris des mesures pour éviter une telle accumulation d'états
financiers à analyser. C'est un travail d'une complexité
énorme. Nous avons convenu avec le Conseil du trésor, qui joue un
rôle extrêmement important à cet égard, de
procédures visant à établir un lien pi us étroit
entre les deux processus d'allocation des ressources, soit le processus
d'allocation des ressources internes du gouvernement et le processus
d'allocation des ressources aux commissions scolaires.
Le deuxième point, c'est la révision du plan
d'équipement. Nous n'avions pas de programme quinquennal satisfaisant.
Nous en avions un au niveau collégial, il comportait un bon nombre de
failles; nous n'en avions pas en ce qui concernait l'élémentaire
et le secondaire. Compte tenu de la diminution des clientèles, il est
évident qu'il fallait revoir le plan d'équipement dans la mesure,
d'ailleurs, où cette diminution pose des problèmes de gestion et
des problèmes de gestion d'une difficulté extrême. Par
exemple, les perspectives démographiques nous ont amenés à
réviser tous les projets de construction inscrits à notre plan
d'équipement pour nous assurer que ces projets étaient bien
justifiés à long terme. Nous avons dû proposer l'abandon de
certains projets, ce qui n'a pas été sans soulever certaines
critiques.
Je vais vous donner un chiffre pour vous permettre de mesurer l'ampleur
du problème en cause. Les plans initiaux du réseau
d'écoles secondaires polyvalentes étaient basés sur les
besoins d'une clientèle de 650,000 élèves. Or, ces calculs
n'étaient pas exacts. Ceci devrait d'ailleurs inciter ceux qui invoquent
constamment la démographie comme une science exacte à la plus
grande prudence. Nous aurons une clientèle, pour 1983/84, de 450,000
élèves; c'est-à-dire 200,000 élèves de
moins. Alors, nous ne serions pas 200,000 élèves de moins par
rapport à des prévisions qui ont été faites il y a
des années, avant même que le gouvernement actuel soit au pouvoir,
mais ce sont les prévisions précédentes qui ont fait
essaimer partout au Québec la construction de ces énormes
polyvalentes que moi, personnellement, je dénonce, que j'ai toujours
dénoncées parce qu'une école de plus de 1,500
élèves c'est une école, à mon sens, qui n'est pas
administrable et qui ne constitue pas un véritable milieu humain, quoi
qu'on dise.
Mais enfin, c'est à partir de ces prévisions. Des
prévisions de $650,000, ce n'était pas exact. Nous sommes
obligés de réajuster sur $450,000.
D'ailleurs le rapport COMMEL, rapport dont j'avais fait état dans
un discours de la rentrée, je ne me souviens plus lequel,
témoigne de façon éloquente des problèmes
liés à la baisse de la natalité. La taille moyenne des
commissions scolaires diminue et il y a de plus en plus de petites
écoles. Alors il faut s'interroger à ce sujet; qu'est-ce qu'on en
fait, de quelle façon permettre à ces commissions scolaires de
donner tout de même un enseignement de qualité. Autant de
problèmes qui existent.
L'autre point dont je veux vous parler, c'est celui de la gestion du
réseau élémentaire et secondaire public. Là je
crois que nous arrivons à un point de la plus grande importance. Lors de
mon premier discours de la rentrée et si je les cite, ce n'est
pas parce qu'il s'agit du discours que j'ai prononcé, c'est uniquement
parce qu'il s'agit de politiques gouvernementales et que ces politiques
gouvernementales visent à orienter le système d'éducation
au Québec, de par une volonté délibérée
j'ai indiqué, dans ce discours de la rentrée, que si le
ministère de l'Education avait été amené à
centraliser, pendant un certain nombre d'années, c'était à
cause de la situation qui existait lors de sa création;
multiplicité de commissions scolaires, disparité entre les
ressources tant financières qu'humaines, etc.
Je n'y reviens pas, mais j'ai indiqué, du même souffle,
qu'il me paraissait maintenant utile et indispensable même d'entrer dans
une seconde phase qui serait une phase de décentralisation. Bien
sûr, on m'a accusé de faire de la littérature, mais il ne
s'agissait pas de littérature du tout puisque nous n'avons pas
cessé de travailler cette question, que j'y suis revenu dans chacun des
discours de la rentrée subséquente, que j'y suis revenu dans un
discours devant la Fédération des commissions scolaires, en 1973
et en 1974, lors de leurs deux congrès de ces années-là.
Et dans le dernier discours, j'ai même indiqué les orientations
que nous serions susceptibles de prendre.
Je rendrai public, d'ici peut-être trois semaines, un mois, un
texte à cet égard. C'est probablement le texte le plus important
de tous ceux dont je viens de vous parler et qui peut être
considéré véritablement comme une espèce de livre
blanc. Ce texte devra faire l'objet d'une consultation et nous verrons quels
changements apporter au système pour s'axer dans cette direction.
Maintenant, M. le Président, j'attire votre attention sur un
phénomème que nous allons certainement vérifier au cours
des mois qui viennent. Un bon nombre d'instances réclament la
décentralisation à cor et à cri, mais vous verrez que ce
seront peut-être ces mêmes instances qui la repousseront une fois
que nous voudrons l'implanter. Il faut bien distinguer entre la
décentralisation-objectif et la décentralisation-application,
parce que cela suppose des modifications considérables dans les modes de
gestion et cela suppose également un sens des responsabilités qui
n'est peut-être pas toujours aussi grand qu'on le souhaiterait.
Mais je pense cependant qu'il est nécessaire, à ces
stade-ci de l'évolution du ministère de l'Education, de proposer
cette réflexion. Et cette réflexion
est susceptible d'apporter des changements irréversibles,
changements irréversibles qui devront s'étaler certainement sur
une période de cinq à dix ans. Je dirais plutôt dix ans que
cinq ans. Il a fallu dix ans pour centraliser, donnons-nous dix ans pour
décentraliser.
Ceux qui s'imaginent qu'il suffit de prononcer un mot pour régler
un problème tombent dans la plus grande naïveté. On ne peut,
lorsqu'on tente le mieux possible d'administrer un secteur un peu
compliqué, on ne peut que proposer des orientations et mettre en place
des mécanismes pour que ces orientations s'incarnent dans les faits.
Alors nous allons donc être amenés à
réévaluer les relations entre le ministère et les
commissions scolaires, définir les procédures de ses relations et
je vous donne une idée des principaux chapitres de ce document.
Nous allons, dans le chapitre 1, traiter des responsabilités
générales, comme je viens de le signaler, du ministère de
l'Education et des commissions scolaires. Dans le chapitre 2, évaluer
les rôles respectifs, en matière de planification, de ces deux
niveaux, parce que c'est ça notre système scolaire, ce n'est pas
autre chose.
Au chapitre 3, proposer des nouveaux mécanismes de gestion et de
communication, et vous verrez qu'ils vont très loin. Ce qui ne veut pas
dire que ceci représente nécessairement une décision de la
part du gouvernement. Il s'agit tout simplement d'un modèle à
étudier.
Au chapitre 4, nous parlerons des contenus de formation, du
régime d'étude, de la recherche, de l'expérimentation et
des services aux étudiants. Au chapitre 5, la gestion des ressources
humaines, financières et physiques. C'est au chapitre 5 que les
éléments les plus importants seront consignés. Vous vous
souvenez peut-être que le gouvernement avait envisagé de
présenter une loi, qui était la loi 291, sur le financement des
commissions scolaires. J'ai mis cette loi de côté dans la mesure,
justement, où, en arrivant au ministère, j'ai
évoqué cette orientation de décentralisation, parce
qu'à ce moment-là il fallait se situer dans une autre
perspective. Cette autre perspective nous amène à revoir
différemment le financement des commissions scolaires.
Un mot, maintenant, des règles budgétaires pour 1975/76.
Les règles budgétaires, pour cette année, sont semblables
à celles de l'année précédente, mais elles ont
été ajustées et, je dirais, améliorées sur
plusieurs points. Nous avons conservé une mesure introduite
l'année dernière et qui visait justement à donner une plus
grande marge de manoeuvre aux commissions scolaires, celle de la
transférabilité complète des montants à
l'intérieur de l'enveloppe, à l'exception de la masse salariale
et de certaines sommes allouées à des fins spécifiques.
C'est une mesure majeure qui s'inscrit justement dans l'orientation de
décentralisation.
De plus, nous avons intégré aux règles de
financement des normes de financement additionnelles pour l'enseignement
professionnel, compte tenu d'un pourcentage plus élevé
d'élèves arrivant en secondaire IVàcausede
l'intégration de la septième année à
l'élémentaire, $1 million. Pour les services personnels aux
étudiants à l'élémentaire, nous avons ajouté
un montant de base de $2,000 par commission scolaire, plus $0.70 par
élève. Le montant de base nous avons introduit cette
conception dans d'autres dossiers permet de tenir compte, plus ou moins,
de la taille différente des commissions scolaires. Nous avons
également modifié les indices géographiques des
commissions scolaires pour tenter de mieux coller aux disparités
régionales. Ce n'est pas encore parfait, mais c'est un pas en avant.
Cette mesure nous coûtera $750,000.
Nous avons également introduit deux autres mesures visant
à réduire l'impact budgétaire des diminutions de
clientèle. C'est ainsi, par exemple, que nous avons recommandé un
indice applicable aux commissions scolaires en décroissance pour 50% de
cette diminution en fonction de l'équivalent des traitements dans les
coûts élève. L'Ontario, soit dit en passant, a introduit
aussi un facteur de correction de cet ordre. Egalement, devant les demandes de
certains groupes à l'effet qu'il serait nécessaire d'absorber
certains coûts fixes, comme le chauffage, l'électricité,
les assurances, les taxes, étant donné que des locaux sont
sous-utilisés à cause de la clientèle décroissante
et que ceci se trouvait à affecter des sommes disponibles pour les
services éducatifs, nous avons réparti ces coûts. Ceci nous
permet d'amortir un impact défavorable pour les commissions
scolaires.
Egalement, les règles tiennent compte des disponibilités
pour implanter des politiques dans deux domaines, dont je vous ai parlé
tout à l'heure: les milieux défavorisés et
l'éducation physique, $2 millions pour les milieux
défavorisés et $2 millions pour l'éducation physique,
$1,600,000 pour le plan des langues. Ceci s'inclut dans la programmation
triennale. Je vous signale également que nous avons introduit dans les
règles des dispositions pour que les commissions scolaires puissent
payer, jusqu'à concurrence de $900 par enfant, les frais de pension
nécessaires pour ceux qui, souffrant d'un handicap, doivent
fréquenter, à l'extérieur de leur zone de
résidence, un établissement spécialisé du
ministère des Affaires sociales.
Un mot, également, sur une espèce de programme d'urgence
pour l'aménagement des cours d'école. M'étant rendu
compte, lors de mes visites, plus fréquentes qu'on le croit,
d'écoles, que nous n'avions pas prévu d'aménager les cours
d'école, alors que nous dépensions des millions de dollars pour
les constructions et que les enfants étaient, trop souvent,
obligés de jouer dans la rue ou de passer des récréations
dans les escaliers, me scandalisant de cet état de fait, j'ai
proposé que l'on ait un programme très spécial, sans
lourdes contraintes administratives, pour permettre de faire non pas des
aménagements coûteux sur le plan sportif parce qu'il y en a
qui sont parfois démesurés, je n'hésite pas à le
dire mais au moins des aménagements minimaux pour les cours. Ceci
a déjà commencé à nous donner des
résultats.
Un mot de l'impôt foncier scolaire, parce que cette question est
débattue périodiquement. Je pense bien que le
député de Lafontaine, qui est un spécialiste dans le
domaine des affaires municipales, n'hésitera pas un instant à
enfourcher ce cheval
de bataille. Il s'y sentira très certainement à l'aise.
Lors de mon dernier discours devant la Fédération des commissions
scolaires, j'ai pris position pour le maintien d'un impôt foncier
scolaire. Je maintiens cette position.
M. Léger: Vous restez en selle. M. Cloutier: Pour
l'essentiel. M. Léger: Vous restez en selle.
M. Cloutier: Oui, en général, j'y reste en
selle.
Je suis d'avis que, cependant, cet impôt foncier scolaire de base
soit ajusté annuellement, de manière qu'il en vienne à
représenter une proportion déterminée des dépenses
normalisées des commissions scolaires. Je suis également d'avis
et ceci, je l'affirme, parce que je sais qu'il y a des doutes un peu
partout qu'il faut maintenir la possibilité, pour les commissions
scolaires, de taxes pour dépenses inadmissibles, à condition que
l'impôt supplémentaire prélevé soit identifié
sur le compte de taxe. Il le sera, cette année, nous l'avons
demandé. Quoiqu'on dise, d'ailleurs, cet impôt demeure stable. Au
cours des dernières années, il a représenté
annuellement, pour l'ensemble du territoire, un peu moins de $30 millions.
Je ne veux pas entrer dans le détail des questions de
fiscalité et d'évaluation foncière. Ce sont d'ailleurs des
problèmes extrêmement complexes. Mais les difficultés que
l'on rencontre viennent du fait qu'il y a une loi de l'évaluation
foncière, que les municipalités ne l'appliquent pas
intégralement et que cette application ne se fera qu'à partir
d'un échéancier très long, de sept ou huit ans. Les
commissions scolaires, elles, étant donné qu'elles ont un taux
normalisé, sont obligées de s'ajuster à la valeur
réelle; autrement, elles s'en trouveraient pénalisées. Il
y a donc une disproportion et nous allons attendre le discours du budget,
jeudi, pour vous annoncer exactement ce que nous allons faire de ce point de
vue. Je vous dis tout de suite que le ministre de l'Education a
été partie aux décisions qui ont été prises
et dont le ministre des Finances fera état.
Toujours en m'excusant d'être long, mais je crois que nous allons,
ce faisant, raccourcir considérablement la discussion des programmes
individuels, et il me paraît essentiel à ce moment de
l'évolution du ministère de faire une revue complète, j'en
arrive maintenant à l'enseignement postsecondaire. Vous avez
remarqué qu'en parlant du document sur la décentralisation, je
n'ai pas parlé de l'enseignement collégial. En effet, le document
sur la décentralisation ne porte que sur la gestion du système,
aux niveaux élémentaire et secondaire. Cependant, vous vous
souvenez que j'avais confié au Conseil supérieur de l'Education
un mandat de faire une étude sur le niveau collégial.
Après quelques années, il m'avait paru utile, plutôt que
d'apporter des changements parcellaires, d'amener des modifications en se
basant sur une véritable évaluation. Je déposerai,
probablement en juin, le rapport du Conseil supérieur de
l'éducation. Il n'est pas encore tout à fait au point. Ce rapport
permettra de situer l'enseignement collégial, après sept ans, et
d'envisager les modifications qui s'imposeront à la loi 21.
Je vous dis tout de suite qu'il n'est pas question que ce rapport soit
adopté d'emblée par le gouvernement. Il faut bien distinguer
entre les rapports qui sont faits par des groupes extérieurs et qui
représentent une réflexion utile au gouvernement,
réflexion dont il peut s'inspirer pour prendre ses décisions, et
les groupes internes dont je vous ai parlé tout à l'heure, qui
représentent déjà la volonté politique du
gouvernement, puisque c'est le gouvernement et le ministre de l'Education, qui
est mandaté à cette fin, qui ont fait évoluer ce
dossier.
Je ne sais pas ce que dira ce rapport, mais nous allons probablement en
prendre et en laisser. Nous allons tenter d'en arriver à une solution
qui colle à l'évolution du système. Il y a des
problèmes graves. Je ne suis pas, pour ma part, satisfait de ce qui se
passe, ici et là, et je suis même prêt à aller
très loin dans le domaine de la décentralisation. Je
n'éliminerais pas la possibilité que les collèges donnent
leurs propres diplômes mais, à ce moment, ce sera aux
collèges de prouver qu'ils respectent un certain calendrier scolaire,
qu'ils assument toutes leurs responsabilités vis-à-vis des
étudiants et de la collectivité, et l'onéreux ne sera pas
toujours envoyé au ministère de l'Education, à chaque fois
qu'il y a un petit conflit local. Ce n'est peut-être pas une idée
à rejeter. On en veut, de l'autonomie, d'accord. On en aura, mais avec
le prix à payer, c'est-à-dire la responsabilité.
Je vous cite simplement ce petit fait pour vous montrer que le
gouvernement est tout à fait ouvert, mais qu'il a aussi l'intention
d'apporter de l'ordre au niveau collégial, parce que la situation
actuelle ne peut pas durer.
Il y a un tas de choses qui se passent dans le réseau qui ne
devraient pas se passer. Alors, il y a donc quelque chose dans la loi 21, soit
sur le plan de l'administration, sur le plan des procédures, qui doit
être revu pour que ce genre de situation ne se reproduise pas.
Nous avons donc l'intention de déposer ce document. Je vous
signale simplement en passant que, parallèlement à cela, la
Direction générale de l'enseignement collégial travaille,
en ce moment, à un certain nombre de programmes d'étude parce que
je suis, pour ma part, inquiet de la multiplication des options. Je
considère qu'il y a des options qui foisonnent. On peut se demander s'il
n'y a pas intérêt à consolider cela un peu. Dans
l'enthousiasme, on les a peut-être trop multipliées.
Je ne sais pas si vous avez eu entre les mains l'annuaire du
collégial. Je vous souhaite de le parcourir et d'essayer de vous y
retrouver. Moi, je n'y suis pas encore arrivé. C'est tellement confus et
tellement compliqué qu'il faut vraiment que nous essayons de retenir un
certain nombre de dimensions. A force de vouloir coller aux
réalités, on a vraiment été un peu trop loin. J'ai
donné mandat à la direction d'essayer de s'interroger, non pas
pour essayer de rétrécir le système, non pas pour revenir
en arrière mais pour coller aux réalités.
Il y a la question de la gestion financière des CEGEP, la
question de possibilité de formule d'accréditation des
collèges parce que la suggestion,
que je faisais tout à l'heure concernant les diplômes,
suppose, inévitablement, un système d'accréditation des
établissements d'enseignement. Mais tout cela attendra le rapport du
Conseil supérieur de l'éducation et nous verrons à ce
moment-là comment lancer cette vaste opération, ce nouveau combat
qui consistera à revoir la loi 21.
Il y a la question de la régionalisation également qui
pose des problèmes. Là encore, des solutions devront être
trouvées par des amendements à la loi ou par une refonte de la
loi. Je m'arrête là en ce qui concerne les collèges. Je
vous dirai simplement que les règles de financement reproduisent celles
de l'année précédente avec une modification, à
savoir que pour fins générales et compte tenu de l'augmentation
des coûts, les collèges recevront chacun $50,000 de base, plus le
montant qu'ils reçoivent par étudiant, soit $85. C'est toujours
une technique, la plus simple pour l'instant, qui permet de tenir compte des
tailles différentes et des disparités
Pour 1975/76, nous estimons les inscriptions à 103,305
étudiants. Nous estimons les dépenses de fonctionnement à
$247 millions.
L'enseignement supérieur maintenant. En ce qui concerne
l'enseignement supérieur, nous porterons surtout notre attention, au
cours de l'année, sur l'implantation du plan de perfectionnement des
maîtres de français, langue maternelle, dont je vous ai
parlé, sur le perfectionnement des maîtres de l'enseignement
professionnel, dont je vous ai parlé également.
Nous nous intéressons au programme d'enseignement destiné
aux internes et aux résidents. Ils feront l'objet d'une
réévaluation par le comité conjoint des programmes du
conseil des universités et notre direction générale.
Je vous signale que l'enseignement, au niveau de la quatrième
année de droit vous vous souvenez peut-être qu'il y a eu
des soubresauts dans l'opinion à ce sujet sera dispensé
par le Barreau pour cette année mais subventionné par le
ministère. Les universités c'est là un changement
majeur d'orientation dispenseront ce programme elles-mêmes
dès 1976/77.
Nous avons également un certain nombre de changements en ce qui
concerne nos programmes de recherche d'allocation de bourses. J'y reviendrai
dans le cadre de la discussion sectorielle. Je voudrais surtout vous signaler
qu'en 1975/76 nous aurons terminé de mettre au point la nouvelle
méthode de financement des universités, dont je parle
pratiquement à toutes les années depuis trois ou quatre ans.
Cette nouvelle méthode commencera à faire l'objet de discussions
avant d'être implantée parce qu'il ne faudrait pas créer de
difficultés en tentant d'améliorer les choses.
Je vous signale que les subventions de fonctionnement pour les
universités pour ce secteur seront de $360 millions en année
financière du gouvernement. Le coût total du fonctionnement du
système universitaire, le système comprenant non seulement les
subventions gouvernementales mais également les recettes des
universités, autrement dit leur coût, sera, pour 1975/76, de
l'ordre de $418 millions.
Il est utile, me semble-t-il, que nous sortions d'un cahier des
crédits, d'ailleurs compliqué, ces espèces de points de
repère. Quant à la clientèle étudiante au niveau
universitaire, elle est estimée à 93,000, en 1975/76, par rapport
à 90,000 l'année précédente, soit une augmentation
de 3%. Elle est en croissance, comme l'est d'ailleurs le collégial, la
diminution se faisant sentir surtout aux autres niveaux.
Je crois indiqué de vous dire un mot des prêts-bourses,
puisqu'on en a parlé à la fin de l'année dernière.
Vous vous souvenez que des modifications avaient déjà
été apportées au programme qui n'avait pas
été changé de façon substantielle depuis plusieurs
années, que malheureusement, le cheminement avait été
difficile sur le plan administratif et nous avait amenés à
apporter des précisions supplémentaires et à
accélérer les études qui avaient été
commencées pour qu'on en arrive à un système, somme toute,
différent, lequel pourrait déboucher sur une nouvelle loi parce
que c'est par une loi qu'est fondé notre système de
prêts-bourses.
Les modifications, pour 1975/76, restent dans le sens des modifications
de 1974/75 parce que le changement total ne pouvait pas être
apporté pour l'année qui vient. C'est même maintenant que
les formulaires sont actuellement en train d'être distribués. Les
modifications portent principalement sur la contribution de l'étudiant
et de son conjoint, la contribution des parents et l'augmentation des maxima de
prêts. Nos études, actuellement, visent l'année 1976/77.
Nous avons un comité qui travaille sur les transformations
possibles.
J'ai indiqué à plusieurs reprises que, pour ma part, je
souhaiterais que l'on puisse dissocier la partie prêt de la partie
bourse. Il faut en arriver à une administration beaucoup plus
décentralisée, il faut en arriver à des formulaires qui
n'exigent pas un actuaire pour qu'on les remplisse mais qui demandent un
minimum d'information. Mais on ne peut pas le faire dans le cadre du
système actuel. C'est par la décentralisation, alors que des
décisions seront prises au niveau des collèges, par exemple, ou
au niveau des universités que nous pourrons simplifier les choses. Mais
il ne faut quand même pas oublier que nous consacrons des sommes
importantes à l'aide aux étudiants.
Le budget de l'aide a été augmenté, en 1975/76, et
est passé à $50,497,100 par rapport à $36,706,700 pour
l'année précédente. Retenez bien ces chiffres. Ceci
représente un accroissement considérable. Alors qu'on ne vienne
pas nous dire que le gouvernement ne prend pas ses responsabilités
vis-à-vis de l'aide aux étudiants. Compte tenu des autres groupes
qui existent dans une société, je crois qu'il y a là un
effort des plus considérables. Il était justifié, cet
effort, à cause du rattrapage qui s'imposait et à cause du fait
que des changements n'avaient pas pu être implantés d'une
façon aussi harmonieuse que je l'aurais souhaité.
Je ne peux donc vous dire exactement quelle formule nous allons retenir
mais ce sera certainement une formule décentralisée, une formule
qui
mettra l'accent sur la responsabilité des étudiants. Nous
retiendrons certainement les bourses, même si une certaine partie de
l'opinion publique n'y tient pas tellement et souhaiterait plutôt que
l'on s'axe uniquement vers les prêts. Il est nécessaire, dans une
société comme la nôtre, que nous ayons également des
bourses, de manière à assurer l'accessibilité. Mais
l'accessibilité est largement assurée, au Québec, surtout
si l'on compare avec d'autres régions.
Je vous parle maintenant, pour terminer, de l'enseignement privé.
Il ne s'agit pas là d'un secteur souvenez-vous que le
ministère compte maintenant deux secteurs mais il s'agit d'un
dossier qui est sous la responsabilité d'un sous-ministre adjoint. Je
vous signale qu'il y a une progression continue des inscriptions au secteur
privé. Voilà un autre cheval de bataille pour le
député de Lafontaine. Il l'a déjà enfourché
avec un certain talent, je dois dire. J'ai lu sa conférence. J'ai
remarqué qu'il souhaitait, entre autres, une amélioration de
l'enseignement de l'anglais, langue seconde, dans le secteur public.
Je l'en félicite et j'y reviendrai, le cas échéant.
Je remarque qu'il...
M. Léger: Qu'on peut utiliser à son choix et non
pas par obligation.
M. Cloutier: C'est exactement ce que nous faisons en ce moment.
Il n'y a aucune obligation; c'est le choix des parents...
M. Léger: Tout dépend de la société
dans laquelle il vit.
M. Cloutier: Alors, je pense que nous serons rapidement d'accord
et les quelques divergences seront probablement mineures. Il reste qu'il y a
là un problème que je serais le dernier à nier parce que
j'en suis profondément préoccupé. Au secondaire, les
institutions privées reçoivent actuellement 60,000
élèves, ce qui représente à peu près 10% des
inscriptions du secondaire public où nous avons 600,000
élèves.
Maintenant, je dois vous dire que, quant aux nouvelles demandes
d'autorisation de reconnaissance d'écoles, ce qui entraîne des
subventions, depuis septembre 1974, nous ne les donnons jamais si nous n'avons
pas les documents, dans le dossier, qui établissent de façon
claire l'impact de cette acceptation éventuelle sur les commissions
scolaires voisines. Je ne dis pas que la commission scolaire peut faire un
veto, mais nous tenons compte de ce facteur, alors que nous ne le faisions pas
dans le passé.
Ce que je veux vous annoncer et je crois que c'est la nouvelle la
plus importante en ce qui concerne ce secteur c'est que j'ai
créé, il y a quelques semaines, un comité d'étude,
suivant notre formule habituelle, qui est présidé par le
sous-ministre adjoint et qui groupe toutes les unités administratives du
ministère. C'est un comité interne qui a reçu un mandat
très très clair de revoir toute la question de l'enseignement
privé et plus particuliè- rement du financement et de la part
respective du privé et du public.
Qu'on ne s'attende pas que l'on puisse intervenir instantanément
parce qu'on a des impressions. On ne peut pas exclure une refonte de la Loi de
l'enseignement privé. Ce serait une chose assez normale, étant
donné qu'elle date de quelques années. Mais, pour intervenir,
encore faut-il avoir des données et encore faut-il s'interroger sur un
certain nombre de problèmes. C'est le but de ce comité qui devra,
peut-être l'an prochain, en arriver à un document qui, lui, ferait
l'objet d'une consultation et nous donnerait certainement des
recommandations.
Il faut aussi ne pas oublier que l'enseignement privé occupe, ici
au Québec, une place historique, ce qui lui donne peut-être une
marge de manoeuvre qu'il n'aurait pas dans d'autres circonstances.
Il reste qu'il y a un problème qui touche le financement. Notre
formule ne tient pas suffisamment compte du fait que l'enseignement
privé n'est pas dans des conditions comparables par rapport à
l'enseignement public. Je pense à l'importance du secteur professionnel
dans le secteur public, qui n'est pas la même dans le secteur
privé, etc.
M. le Président, j'en arrive à ma conclusion. Elle sera
beaucoup plus brève que les remarques que je viens de faire. J'ai tenu
je l'ai signalé à quelques reprises, en cours de route
à faire une revue globale de l'ensemble des secteurs
d'activité du ministère. L'occasion m'a semblé bonne,
précisément parce que les circonstances ont permis d'assurer une
certaine continuité, d'identifier un certain nombre de priorités,
d'en arriver avec un suivi de ces priorités et de les inscrire dans une
programmation triennale. Je pense, par conséquent, que ces
priorités et plus particulièrement celles de la
décentralisation nous permettront d'engager des changements qui
devraient marquer le système d'éducation dans les dix
années à venir.
Je me contente, maintenant, de remercier tous les fonctionnaires qui ont
été impliqués dans ces dossiers et souvent sous pression.
En effet, n'oubliez pas que l'administration quotidienne continue et que la
façon de faire évoluer ces dossiers est souvent une façon,
je ne dirai pas autoritaire, mais certainement très active. Je sais
pertinemment qu'il y a des fonctionnaires qui ont travaillé largement en
dehors de leurs heures de travail, avec une loyauté que je me plais
à souligner, pour tenter justement d'en arriver à des
résultats qui seraient autres que simplement des résultats de
routine.
Je signale également l'excellence des rapports que nous
entretenons avec nos grands organismes consultatifs, comme le Conseil
supérieur de l'éducation et le Conseil des universités. Je
vous ai, d'ailleurs, signalé que son président avait
changé je parle du Conseil supérieur de l'éducation
que c'est maintenant M. Jean-Marie Beauchemin.
En ce qui concerne le Conseil des universités, nous avons
reconduit le mandat de M. Gauthier.
Je dois vous dire que nous avons continué d'être actifs au
sein du Conseil des ministres de l'éducation du Canada, organisme d'une
très grande importance, à mes yeux du moins. J'ai an-
noncé à quelques reprises, mais cela ne semble pas avoir
été beaucoup retenu par l'opinion publique, que le Québec
avait obtenu de créer un comité de l'éducation francophone
au sein du Conseil des ministres de l'éducation du Canada, lequel
comité jouera un rôle des plus importants pour aider les
francophones des autres provinces, pour aider les ministères de
l'Education à définir des programmes en fonction de ces
francophones que le gouvernement n'a pas l'intention de laisser pour compte et
qui ne peuvent que renforcer le fait français ici même, au
Québec, ne serait-ce que par leur présence. Il y a là, je
crois, une démarche qui est une démarche à souligner.
De plus, le Québec a participé à la revue de
l'OCDE. L'OCDE est un organisme international, comme vous le savez, qui
s'occupe d'éducation et qui a préconisé des revues de
l'éducation dans une bonne dizaine de pays depuis quelques
années. Il y aura une revue de l'éducation au Canada, où
chaque province sera identifiée d'une façon claire, dans le cadre
de la juridiction exclusive qui existe ici. Cette revue examinera les
politiques d'éducation depuis une dizaine d'années. C'est
l'occasion, d'ailleurs, non seulement de réfléchir sur ce que
nous avons fait ici au Québec, mais également de faire ressortir
les orientations les plus importantes. Je vous ferai parvenir, dès que
possible, le rapport du Québec. C'est une question de quelques semaines.
J'inviterai, si vous me le permettez, les membres de la commission à
rencontrer les examinateurs de l'OCDE qui viendront ici à la mi-mai.
Cette revue se fait de la façon suivante. Un rapport est
préparé par le pays en question; dans le cas du Canada, le
Québec, l'Ontario, la Colombie-Britannique et deux régions, la
région des Prairies et la région des Maritimes. Il y a un certain
nombre d'examinateurs internationaux, qui sont des sommités, à
propos desquels nous avons d'ailleurs été consultés, au
Conseil des ministres de l'Education, qui viennent et qui mettent en question
les rapports en posant un certain nombre d'interrogations et également
en faisant des comparaisons avec d'autres systèmes, et il y a ensuite un
rapport global qui est remis.
M. le Président, un dernier mot puisqu'il s'agit là d'une
approche surtout administrative. Je rappelle que le seul budget du
ministère de l'Education, en excluant l'Office de la langue
française et le Haut-Commissariat, passe de $1,918,000,000 en 1974/75
à $2,134,000,000 en 1975/76. C'est une augmentation de $216 millions,
soit 11.3%. Si l'on voulait avoir le coût du système
d'éducation au Québec, il faudrait y ajouter à peu
près les $500 millions qui représentent l'apport des
contributions directes des commissions scolaires et que le ministère de
l'Education se trouve à contrôler par ses normes.
Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Pilote): Est-ce que le
député de Saint-Jacques voudrait prendre place?
M. Charron: ...
M. Cloutier: Alors, si je comprends bien, le député
de Saint-Jacques est là en tant qu'invité? Il n'a pas l'intention
de participer aux discussions?
M. Charron: ...
M. Cloutier: J'espère qu'il donnera des bons conseils au
député de Lafontaine et qu'il n'est pas là pour le
surveiller.
M. Charron: Sans doute. M. Cloutier: Je suis
rassuré. M. Charron: ...
M. Cloutier: Alors là, je suis doublement
rassuré.
M. Charron: II vient de sortir... les crédits des affaires
sociales.
Le Président (M. Pilote): L'honorable député
de Lafontaine
Commentaires de l'Opposition
M. Léger: Je m'excuse, j'ai dû sortir quelques
minutes pour des questions urgentes et personnelles.
M. le Président, je veux remercier le ministre de son bref
exposé avec un tour d'horizon général de la situation. On
sait que le ministère de l'Education prend quand même le temps
qu'il faut pour étudier ses crédits. Si ç'avait
été un autre ministère, j'aurais dit qu'on devrait enlever
cette heure et quarante de la période que nous passons aux
crédits.
Je pense que ce ne sera pas nécessaire puisque nous prenons
habituellement le temps qu'il faut pour étudier à fond et...
M. Cloutier: Dans des limites raisonnables.
M. Léger: ...dans des limites raisonnables, mais
jugées par les deux parties.
M. le Président, je voudrais d'abord, avant de commencer,
féliciter le député de Saint-Jacques, qui a durant les
quatre dernières années et demie, presque cinq ans, tenu le
fauteuil que j'occupe actuellement, pour défendre, avec courage,
acharnement et beaucoup de recherche dans le milieu les intérêts
du Québec selon le rôle qui lui était échu depuis
les dernières élections. Ce fut une Opposition vigilante qui
surveilla de très près l'administration, dans le but de faire des
critiques objectives, pertinentes, permettant à un ministre ouvert de
suivre les bons conseils qu'on lui donne.
Le député de Saint-Jacques, qui était une personne
pas mal au courant, par sa formation, du domaine de l'éducation et qui
était un tribun redouté et admiré, je pense, même
par les gens du gouvernement, avec son style bien particulier, a joué un
rôle certainement essentiel dans les réalisations mêmes du
ministère, qui parfois a dû prendre note des bonnes
recommandations du député qui, m'a
précédé.
Je dois dire au départ, M. le Président, qu'étant
un nouveau critique du domaine de l'éducation ce sera peut-être
avec un regard différent et une perception différente que
j'envisagerai le domaine de l'éducation, plutôt comme un
père de famille de cinq enfants. L'une est à l'université,
deux sont au CEGEP et trois autres sont au secondaires.
C'est donc dire que les aspects complets du domaine de
l'éducation...
M. Cloutler: II manque la maternelle.
M. Léger: ...ils sont passés par là et mon
épouse s'en occupe. Et le père s'est occupé aussi de
l'éducation permanente dans le domaine soit comme étudiant, soit
comme professeur.
D'un autre côté, M. le Président, cette perception
et les interventions que je ferai, je tenterai de les faire sans arrogance et
d'une façon objective, sans trop d'agressivité si c'est possible,
mais surtout avec inquiétude sur le contenu pédagogique ainsi que
sur le fonctionnement actuel de l'éducation. Justement, un
député de l'Opposition voit le problème d'une façon
peut-être un peu différente du gouvernement.
Tantôt, le ministre parlait d'une approche et d'une direction avec
laquelle il peut fonctionner, c'est-à-direobtenirdu Conseil
supérieur de l'éducation entre autres des réflexions sur
des problèmes particuliers soit de l'ensemble de l'éducation,
soit d'un secteur particulier. Ceci amenait des recommandations sur lesquelles
il se penchait, non pas pour les adopter comme telles, mais pour en faire un
choix politique qui lui permettait par la suite de donner à son
ministère les orientations qui établiraient les règles de
fonctionnement pour atteindre ses objectifs politiques. Finalement, il
arrivait, dans le milieu de l'éducation et dans la population, des
conséquences heureuses ou malheureuses de ces décisions.
Et je pense que c'est la direction dans laquelle le ministère
fonctionne, tandis que l'Opposition, elle doit partir de l'inverse. Elle doit
partir de la base, avec des problèmes concrets, particuliers qui lui
sont soumis par les gens qui visent quotidiennement les résultats de ces
décisions soit politiques ou administratives.
Devant ces problèmes concrets et précis qu'on lui soumet,
il doit remonter vers les failles du système, ce qui permet de
suggérer au ministre des corrections dans son ministère et le
ramener, un peu plus haut, vers des choix politiques qui doivent possiblement
être changés et, finalement, peut-être
réfléchir davantage sur l'ensemble du problème de
l'éducation.
Je pense que c'est une approche qui permet de se rencontrer quelque part
dans ces étapes et dans ces milieux. J'ai remarqué que, dans
l'ensemble, l'éducation est un peu comme un grand bateau qui part avec
toute une clientèle scolaire et dont l'objectif est d'amener ce bateau
à bon port. Ce qui arrive malheureusement trop souvent, c'est que le
bateau arrive au port mais la clientèle, qui est sur le bateau, a
peut-être laissé le bateau en cours de route, a peut-être
fait ce que l'on appelle, en termes d'éduca- tion, des "drop in". Il y a
des "drop out" mais il y a des "drop in" aussi. Elle n'arrive peut-être
pas nécessairement dans une condition favorable lorsque le bateau arrive
au port, c'est-à-dire à la fin de ses études.
Entre autres, dans les déclarations du ministre, au
départ, j'ai remarqué qu'il a mis un peu de côté, il
n'a pas tellement touché trois points particuliers. Entre autres,
l'orientation peut-être trop précoce des étudiants dans une
discipline particulière. Je me rappelle, dans le temps où
j'étais au collège classique, nous arrivions pratiquement
à la fin de nos études, on n'avait même pas encore choisi
et on ne connaissait pas toutes les orientations possibles. Nous avions
étudié pour avoir une formation de base, nous étions
préparés à tout mais non spécialisés dans
grand-chose, à la fin du cours classique.
Là, c'est un peu l'inverse. On commence peut-être un peu
tôt, dans le domaine de l'éducation, à orienter les
élèves, et quand ils s'aperçoivent, avec une plus grande
maturité, qu'ils n'ont pas choisi la carrière qui leur convient
le mieux ou la carrière dans laquelle ils auraient de meilleures
ouvertures, il est un peu trop tard ou ils doivent perdre quelques
années pour se diriger dans une autre orientation. La
spécialisation trop précoce est une chose que le ministre devrait
repenser. Il n'en a pas tellement parlé tantôt, dans son
exposé.
Il y a aussi un autre aspect que nous remarquons, c'est le manque de
formation générale et de culture générale des
étudiants, dans le domaine de l'éducation, qui se
spécialisent parfois dans telle discipline mais qui connaissent
très peu le monde dans lequel ils vont vivre. Ils connaissent
très peu les possibilités de jouir de ce que la culture
française, la culture universelle, est capable de faire, les points de
contact ou les points de référence avec les autres cultures et
être à même, dans leur rôle d'adulte par la suite, de
pouvoir jouir pleinement de leur vie d'adulte parce qu'il leur aura
manqué cette culture de base.
Un autre point que le ministre n'a pas tellement touché il
l'a tout simplement effleuré c'est son désir de
réduire la taille des polyvalentes. Il n'a pas donné de solutions
concrètes et précises et de programmes particuliers dans cette
direction. Il semble que c'est une préoccupation du ministre, puisqu'il
a effleuré le sujet. Je pense que c'est une dimension très
importante d'une réforme à faire dans le domaine de
l'éducation secondaire.
Il y a aussi le projet de la décentralisation sur lequel il s'est
penché mais qui semble quand même être un peu remis à
plus tard puisque le ministre lui-même y voyait des
difficultés.
Je pense que c'est un des points importants sur lesquels il doit se
pencher. Même s'il y a des difficultés, je pense que le milieu de
l'éducation doit être capable, très bientôt, de se
préparer à cette responsabilité, puisqu'il la
réclame. Il faut lui donner une période lui permettant de
s'adapter à cela et lui donner les responsabilités.
M. le Président, l'autonomie et le financement des commissions
scolaires doivent être des choses aussi sur lesquelles le ministre doit
se pencher. J'aurai, au cours de l'étude des crédits,
plusieurs
questions à lui poser dans ce domaine. D'ailleurs, je ne ferai
pas un long exposé. J'aurai plutôt beaucoup de questions
précises, pertinentes, locales, régionales et concrètes
à lui poser, qui est l'approche pas mal d'un député de
l'Opposition.
Je voudrais terminer mon bref exposé en donnant un exemple aussi
de la grosse machine qui est le domaine de l'éducation, quand on pense
aux prêts-bourses. Je veux donner un exemple un peu loufoque de ce qui
arrive à la base, soit pour le professeur ou l'élève qui
vit et qui subit les contraintes de cette grosse machine qu'est le
ministère de l'Education. J'étais à
Sainte-Thérèse, cette semaine, et un étudiant me disait
justement qu'il avait fait une demande en bonne et due forme pour obtenir un
prêt-bourse. Il l'avait demandé au début de la saison;
c'était, je pense en août ou en septembre. Après un mois,
on lui a envoyé un questionnaire, lui disant: Dans votre dossier, il
nous manque certains renseignements concernant l'année où vous
êtes maintenant. Il manquait ce renseignement. Il a rempli le formulaire
et, le mois suivant, il n'a pas reçu son prêt-bourse, mais il a
reçu un autre formulaire sur lequel on lui disait: II nous manque encore
des renseignements concernant le nombre de cours que vous avez suivis l'an
dernier. Il a reçu le formulaire, il l'a rempli et il espérait,
le mois suivant, recevoir le chèque pour le prêt-bourse ou
l'assurance d'obtenir son prêt-bourse. C'était un autre formulaire
qui lui demandait comment il se faisait que c'était dans cette
localité qu'il avait décidé d'étudier plutôt
que dans une autre localité, puisqu'il résidait dans une autre
localité. Il a rempli le formulaire. Finalement, c'était son
statut civil qu'on lui demandait dans un autre formulaire, le mois suivant. Le
dernier formulaire qu'il a reçu, c'était le septième mois,
cela faisait sept mois et, là, la question qu'on lui a posée
était la suivante: Comment avez-vous pu tenir, pendant sept mois, et
quel les sont vos sources de revenu actuelles?
Quand on voit l'ensemble de cette maladie "cléricale" qui fait
que le citoyen subit cela la dernière question était un
peu loufoque, mais, quand même, c'est la question qu'on lui a
posée faut-il pleurer, faut-il en rire? C'était la
question qu'il se posait. Cela fait sept mois et il n'a pas pu avoir son
prêt-bourse. C'est un exemple de la machine qui est difficile à
absorber et à accepter pour une personne qui vit cela à la
base.
M. le Président, je voudrais simplement dire que l'ordre de
discussion proposé par le ministre pour la commission parlementaire
recoupe d'une façon différente le volume des crédits. Je
n'ai pas d'objection; je pense qu'on peut passer par là, mais si, par
hasard, on avait des questions qui auraient été oubliées
dans un autre programme, j'espère que le ministre ne verra pas
d'objection à leur donner des réponses.
D'ailleurs, tout l'ensemble de notre intervention est basée
beaucoup plus sur des questions, comme je le disais tantôt, plus
précises, plus directes, plus locales et plus concrètes pour
obtenir les renseignements voulus et peut-être nous permettre de nous
familiariser davantage avec les difficultés que les gens vivent, par le
domaine de l'éducation ou grâce au domaine de l'éducation,
quotidiennement.
Au départ, si je me rappelle bien, dans les ministères sur
lesquels j'ai dû me pencher pour étudier les crédits, on
posait, au programme 1, élément 1, des questions d'ordre
général et, par la suite, quand on arrivait à d'autres
programmes, on se limitait à des questions d'ordre
général, mais sur ce domaine particulier. J'espère que le
ministre est d'accord pour que nous procédions de la même
façon parce que, par la suite, nous adoptons en bloc la question des
chiffres.
M. Cloutier: M. le Président, d'abord, je veux
féliciter le député de Lafontaine. Il m'a un peu
étonné. Il est très différent à
l'Assemblée nationale. Il n'a pas du tout le même comportement. Je
suis en train de me demander si l'éducation ne bonifie pas son
homme!
M. Léger: Antérieurement.
M. Cloutier: J'admets tout ce qu'il a dit et je me rends compte
qu'il veut nous faire une opposition que je souhaite. Je suis le premier
à lutter contre la lourdeur du système, et si le
député, qui a décidé de partir d'un point de vue
extrêmement pratique, peut m'aider pour faire évoluer ce
système, je lui en saurai gré. Je suis tout à fait
d'accord pour qu'il pose des questions générales.
Pour ma part, si j'ai été long, c'est parce que j'entends
être court. Je n'ai pas l'intention de présenter les
différents programmes. Je crois l'avoir fait au cours de mon
exposé général. Je me contenterai de répondre aux
questions.
Le Président (M. Pilote): Messieurs, il est midi moins
cinq minutes et nous devrons ajourner à midi.
M. Cloutier: Qu'est-ce qu'il y a, M. le Président? Le
Président (M. Pilote): II y a un caucus.
M. Léger: M. le Président, l'avoir su, j'aurais pu
allonger ma réponse de cinq minutes. Mais je vais plutôt...
Le Président (M. Pilote) : L'honorable
député de Saint-Jean...
M. Léger: ...laisser peut-être à d'autres
l'occasion de faire des remarques.
Le Président (M. Pilote): ...et l'honorable
député de Taschereau ensuite.
M. Veilleux: Disons que ce n'est pas pour faire un discours de la
rentrée scolaire mais, tout simplement, tout à l'heure, le
ministre a parlé d'impôt foncier scolaire et d'évaluation
foncière en vertu de la nouvelle loi.
J'ai eu l'occasion, vendredi passé, de rencontrer le conseil de
comté de ma région, formé des maires des
municipalités rurales. Vous savez que le territoire de la
régionale Honoré-Mercier couvre trois ou quatre comtés
provinciaux.
Il y a quatre commissions scolaires locales. La commission scolaire
Saint-Jean-sur-Richelieu cou-
vre tout le comté de Saint-Jean, à quelques exceptions
près, cette section des comtés qui font partie de la
régionale a fait une réévaluation foncière en vertu
de la loi 48 et les autres secteurs ne l'ont pas fait.
Chiffres à l'appui, on m'a prouvé que, si une
municipalité de village ou de ville voulait se moderniser dans
l'évaluation foncière, elle se trouvait pénalisée
en regard d'autres municipalités. Lorsqu'ar-rive le temps de
l'impôt foncier scolaire, il y a toujours un pourcentage de normalisation
et on m'a donné des cas bien précis.
Une résidence, dans une municipalité, qui était
évaluée à $2,200, avec le pourcentage de normalisation qui
était de 3%, cela faisait que la maison valait $6,600
d'évaluation et était taxée, en conséquence, $1.25
ou $1.30 des $100 d'évaluation, tout dépendant des années
de l'impôt. Cette année, avec la nouvelle évaluation, la
même maison est évaluée à $22,000. Avec le taux de
normalisation, on disait que l'évaluation de la maison était
équivalente à ce qui existait dans d'autres municipalités
où ils avaient une meilleure évaluation foncière. Cette
année, c'est l'inverse qui se produit.
Imaginez-vous la stupeur des propriétaires des
municipalités rurales face à cette nouvelle évaluation et
face à ce désir de vouloir se moderniser en évaluation.
Ils ont nettement l'impression d'être pénalisés cette
année.
Je pourrais donner au ministre je l'ai à mon bureau et je
pourrais le lui apporter à la prochaine séance tout le
tableau de toutes les municipalités, qui illustrerait ce que je viens de
dire.
M. Cloutler: M. le Président, je pense que le gouvernement
est très conscient de ce problème, qui est réel, et je
crois que le discours du budget, qui sera prononcé jeudi, va apporter
une réponse.
M. Léger: D'ailleurs, je pense que c'est ce que la
Fédération des commissions scolaires dénonçait
comme chose à corriger, du moins, dans le système.
M. Cloutier: Oui. Je ne peux pas, malheureusement, vous en dire
plus. Dans mes remarques générales, j'ai expliqué que le
ministre des Finances avait travaillé étroitement avec son
ministère et le ministère de l'Education, de manière
à en arriver à une formule qui pallierait cette
difficulté, compte tenu, d'ailleurs, de l'inflation, qui
détermine une situation particulière cette année.
Le Président (M. Pilote): II reste deux minutes. Taxes
scolaires
M. Veilleux: Selon le système, si une commission scolaire
à $1.20 les $100 d'évaluation a un revenu supplémentaire
en taxes scolaires, à ce moment-là, est-ce que le pourcentage de
la subvention du ministère de l'Education à cette commission
scolaire diminue d'autant ou si ce surplus de taxes scolaires peut servir
à améliorer le système scolaire dans la région sans
être pénalisé en pourcentage de subvention?
C'est la question que les gens se posaient. Je n'ai pas
été capable de recevoir...
M. Cloutier: Question qui va recevoir une réponse
jeudi.
M. Veilleux: Et j'attends avec impatience, de même que les
maires de ma région, le discours du budget et la réponse du
ministre des Finances...
Le Président (M. Pilote): Le député de
Taschereau.
M. Bonnier: M. le Président, si ma question est hors du
sujet, vous me le di rez. Dans ses remarques, le ministre a beaucoup
insisté sur la politique de décentralisation administrative qui,
évidemment, appelle une décentralisation aussi des
responsabilités, comme il l'a bien dit. C'est sûr que ça ne
se fait pas du jour au lendemain. Mais je pense que c'est dans le bon sens. Il
faut l'accentuer parce que ce sont les administrateurs locaux qui sont
peut-être plus près. Je me demande si, dans la possibilité
qu'il y a de transférer des fonds d'un poste à un autre, à
l'intérieur de l'enveloppe budgétaire, ça pourrait aller
jusqu'à ce que la commission scolaire puisse être responsable
aussi de l'application de la proportion, qui est peut-être globale au
niveau de la province, mais à l'intérieur de sa propre commission
scolaire, de façon à considérer aussi ces
responsabilités et les cas particuliers de tel et tel point dont elle
est responsable?
M. Cloutier: C'est déjà le cas, M. le
Président, la proportion n'a qu'une fonction administrative. Il permet
à une commission scolaire d'avoir un nombre X d'enseignants et la
commission scolaire peut les répartir comme elle l'entend. En fait,
souvent, les problèmes sont des problèmes artificiels ou viennent
du fait qu'il n'y a pas entente entre le syndicat et les commissions scolaires.
Je peux vous donner un exemple qui est extrêmement probant: The
Protestant School Board of Greater Montreal, qui est soumis exactement aux
mêmes normes que les autres commissions scolaires, utilise ses
enseignants pour l'ensemble de son secteur élémentaire et
secondaire. Cela permet au Protestant School Board de réduire le fardeau
qui est trop lourd à l'élémentaire, quitte à
charger un peu le secondaire qui, par rapport aux standards des autres
provinces et de la plupart des pays du monde est peut-être trop
léger.
La CECM ne fait pas cela. Alors, ne faisant pas cela, elle est
bloquée avec un nombre réduit d'enseignants au niveau
élémentaire et un nombre réduit au niveau secondaire; la
marge de manoeuvre est moindre. Si elle ne le fait pas parce que j'ai
posé la question, vous pensez bien il semble que ce soit à
cause de l'impossibilité de s'entendre sur le plan syndical. Je vous
donne cet exemple uniquement pour vous montrer que le ratio, en soi, permet une
marge de manoeuvre à l'intérieur du système, mais qu'il
devrait être amélioré pour tenir compte davantage des
disparités locales, de la taille des commissions scolaires. Ce sont
là des formules à trouver.
Le Président (M. Pilote): La commission ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 2)
Reprise de la séance à 16 h 2
M. Pilote (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A
l'ordre, messieurs!
Tel qu'il a été convenu ce matin, nous allons suivre
l'ordre qui a été proposé par le ministre de l'Education
et j'appelle le programme I...
M. Vellleux: M. le Président... Le Président (M.
Pilote): Oui. M. Léger: M. le Président...
M. Vellleux: Peut-être qu'avant d'arriver au programme 1,
ce matin, je mentionnais un problème, à savoir que des
propriétaires pouvaient avoir, compte tenu de l'impôt
scolaire...
M. Léger: Je pensais que c'était une question de
règlement. Je pense que ce matin, j'ai donné l'occasion aux
autres députés de terminer la période sur des remarques
générales, mais je ne veux pas adopter le programme I comme tel.
J'ai des questions d'ordre général. Je pense que je dois,
à ce stade-ci, commencer mes questions là-dessus. Je pensais
qu'il avait une question de règlement ou une question d'information
générale...
M. Veilleux: C'est général.
M. Léger: C'est à moi de discuter des questions
générales au départ, normalement, je pense et vous aurez
votre tour. A moins que cela ne soit quelque chose d'urgent? S'il n'y a pas
quelque chose d'urgent, on va procéder selon les normes.
M. Côté: On pourrait peut-être lui laisser
compléter ce qu'il a commencé ce matin.
M. Léger: C'est-à-dire que ce matin, c'était
une session pour terminer le...Il y avait des questions d'ordre de
réplique peut-être à la première intervention.
M. Veilleux: Non.
M. Léger: On est rendu dans le débat maintenant. Je
pense que c'est normal qu'on commence par l'Opposition officielle à
moins d'avoir un point de règlement à soulever. D'ailleurs, je
voulais justement dire au ministre...
Le Président (M. Pilote): Pourrait-on permettre au
député de Saint-Jean de poser sa question avant d'appeler
même si je l'ai fait le programme I?
M. Veilleux: Peut-être pour éclairer le
député de Lafontaine, je voulais dire que ce matin j'ai
mentionné un exemple type, sans avoir devant moi les chiffres parce que
je pensais que l'intervention première du député de
Lafontaine serait un peu plus longue que les quinze ou vingt minutes qu'il a
prises ce matin.
Comme j'ai commencé, j'aurais deux petits exemples à
donner pour illustrer ce que je disais ce matin parce que le ministre nous a
dit que la réponse nous viendrait demain soir, mais seulement pour
illustrer l'ampleur que peut avoir ce problème dans un milieu comme le
mien, je voudrais citer deux petits exemples. Cela va durer...
M. Léger: Je suis d'accord avec le député,
de façon à lui permettre aussi en d'autres circonstances
d'être très compréhensif. Je laisse la parole au
député pour ses deux exemples.
M. Veilleux: J'ai toujours été très
compréhensif envers le député de Lafontaine.
Le Président (M. Pilote): Nous l'avons
constaté.
M. Vellleux: A titre d'exemple je le disais ce matin
vous avez dans la paroisse de L'Acadie où l'an passé,
l'évaluation totale était de $l,916,159 et c'était
multiplié par l'indice de pondération 3 qui faisait une
évaluation totale de $5,748,000 et à $1.25 le taux d'imposition,
les gens de L'Acadie payaient $71,855.90 en taxe scolaire, l'an
passé.
Cette année l'évaluation de $1 million est passée
à au-delà de $11 millions, ce qui fait que ces mêmes gens,
pour les mêmes services, paieraient cette année $142,192.50. Vous
prenez le même phénomène, que ce soit dans la paroisse de
Saint-Biaise, Saint-Bernard, Lacolle, Saint-Paul, Mont-Carmel et
Saint-Valentin. C'était tout simplement pour illustrer l'ampleur du
problème qui confronte les gens de mon comté, face à
l'impôt scolaire foncier. Le ministre nous disait ce matin d'attendre la
réponse, nous l'aurions demain soir, à la lecture du discours du
budget. J'ose espérer que l'entente qui semble être intervenue
entre le ministre de l'Education et le ministre des Finances là-dessus
répondra au règlement des problèmes que rencontre la
population, face à cette nouvelle évaluation foncière dans
laquelle ils ont voulu embarquer, avant d'autres municipalités, sur le
même territoire de la régionale Honoré-Mercier. Merci, M.
le Président.
M. Léger: M. le Président, je vais demander une
suggestion au ministre sur ce que vient de dire le député de
Saint-Jean. A l'occasion de l'étude des crédits des Affaires
municipales avec le ministre des Affaires municipales, comme il y avait eu des
questions qui étaient posées au ministre qui, lui-même, ne
pouvait pas répondre avant le discours sur le budget qui aura lieu
demain, le ministre des Affaires municipales avait proposé qu'il y ait
une commission spéciale des Affaires municipales pour étudier les
implications sur le financement des municipalités et des commissions
scolaires, immédiatement après le discours du budget. Je
demanderai donc au ministre s'il ne serait pas bon que le ministre de
l'Education, le ministre des Affaires municipales et le ministre des Finances
puissent ensemble participer à cette commission, étant
donné que les trois ont déjà participé à la
préparation comme le disait ce matin le ministre de cette
décision pour le financement des commissions scolaires, étant
donné qu'il va y avoir une commission spéciale là-dessus,
que le ministre des Affaires municipales a
proposée, qu'on puisse avoir cette commission pour discuter des
implications.
M. Cloutier: Si je comprends bien, il s'agirait d'une commission
en-dehors de la discussion des crédits.
M. Léger: Oui, c'est cela.
M. Cloutier: Je vais en discuter avec mes collègues. Je
n'étais pas au courant.
M. Léger: La commission va avoir lieu, puisque c'est le
ministre Goldbloom qui l'a annoncée.
M. Cloutier: Bon, alors j'en discuterai avec lui. Il est bien
évident que, si ma présence peut être utile ou si je peux
apporter quelques éclaircissements, je m'arrangerai pour y être,
mais je préfère en parler avec lui pour savoir exactement de quoi
il retourne.
M. Léger: Je voudrais, au départ, M. le
Président, plutôt que de prendre une heure pour faire une
déclaration générale, dans un ministère qui, pour
moi, est quand même nouveau, prendre une période pour donner
certaines perceptions que j'avais du ministère et le reste de cette
période pour poser des questions précises, mais d'ordre
général avant d'adopter ou d'appeler le programme 1.
Je commencerais par rassurer le ministre, concernant sa
déclaration en Chambre tantôt sur l'article du Soleil, pour lui
dire que ce qu'il a vu était la première édition du Soleil
et qu'à la deuxième édition, on l'a corrigé en
disant: "Un document subversif et immoral", Cloutier.
M. Cloutier: Oui, je veux bien l'admettre... M. Léger:
Seulement pour votre information.
M. Cloutier: Je remercie le député de Lafontaine,
mais il reste que la première édition a été lue par
un bon nombre de personnes, que j'ai reçu à mon bureau plusieurs
dizaines d'appels téléphoniques de personnes se demandant ce qui
se passait et qu'il était essentiel que je fasse une mise au point; ce
que j'ai fait. Je n'accuse absolument personne et, quand je parle du
journalisme québécois, je crois qu'effectivement, s'il n'y a pas
une surveillance un peu plus stricte exercée dans la fabrication du
journal, à quelque étape que ce soit, on en arrive à des
déformations telles, qui ont les conséquences que vous
connaissez.
M. Léger: II y a déjà eu une coquille comme
ça dans un journal où on disait qu'on engageait le débat
de "fond" sur le bill 22; il y a eu une coquille, on a enlevé le "f" et
on a mis le "c".
M. Cloutier: II y a beaucoup plus qu'une coquille
là-dedans et je vous rapporte aux propos de Politique Atout et à
la façon dont ils ont été traités par le Devoir et
la Presse Canadienne. D'ailleurs, je n'ai jamais nécessairement dit
qu'il s'agissait de mauvaise foi, j'ai surtout pensé qu'il s'agissait
d'incompétence. Il est assez difficile de comprendre l'essentiel des
propos qui sont tenus, surtout dans le cadre d'une émission
télévisée, et de les rapporter rapidement,
immédiatement après. Quoi qu'il en soit, j'ai fait deux questions
de privilège, j'ai dit ce que j'avais à dire et j'en maintiens
chaque mot.
M. Léger: D'accord. M. le Président, je voudrais
commencer par une série de questions d'ordre général.
Est-ce que le ministre pourrait nous donner, à ce stade-ci, les noms
ainsi que les traitements des secrétaires particuliers du cabinet du
ministre.
M. Cloutier: Avec plaisir. Avant, puisque nous en sommes à
parler de détails de cet ordre, je pourrais peut-être
déposer, pendant qu'on me cherche le renseignement, des documents
susceptibles d'être utiles, comme par les années passées
d'ailleurs.
Je pourrais déposer tous les contrats des différents
programmes octroyés en 1974/75.
M. Léger: D'accord.
M. Cloutier: Ce qui permettra peut-être de traiter cet
élément dans un bloc.
M. Léger: D'accord. Je peux, en même temps, faire
remarquer au ministre, qui se prépare à me donner les
renseignements que je lui ai demandés, que ce matin, quand le ministre a
dit qu'il avait fait distribuer, aux membres de la commission, certains
documents, ils ne sont venus ni à mon bureau, ni au bureau du
député de Saint-Jacques, ni à aucun des bureaux du parti
de l'Opposition officielle.
M. Cloutier: J'en suis absolument désolé. Tout ce
que je sais, c'est qu'ils ont quitté le ministère hier matin et
ce ne sont pas les fonctionnaires qui ont le droit d'aller porter les documents
dans lesdifférents bureaux, si je ne m'abuse. La distribution se fait
par messager spécial.
M. Léger: Alors, si c'était possible de m'en faire
parvenir une copie pour mes dossiers. Ce matin, vous m'avez donné
cela...
M. Cloutier: On vous a donné également une chemise
qui comprend tous les documents en question.
M. Léger: C'est uniquement cela que vous avez
distribué?
M. Cloutier: Oui.
M. Léger: Alors, j'ai eu ce matin ce que vous avez
distribué la veille.
M. Cloutier: C'est cela. Nous l'avons fait la veille pour vous
rendre service, de manière que vous puissiez préparer vos
interventions.
M. Léger: Je pensais que c'était autre chose.
Le Président (M. Pilote): L'honorable député
de Rouyn-Noranda.
M. Léger: Un instant, M. le Président.
M. Samson: Sur un point de règlement, M. le
Président. Le député de Lafontaine a eu l'occasion de
faire ce matin un exposé d'ordre général. Je n'ai pas eu
l'occasion personnellement d'être présent, je m'en excuse. J'avais
cru que nous entreprenions selon une méthode différente
l'étude des crédits et que les questions de l'honorable
député de Lafontaine s'inscrivaient dans le cadre de sa critique
générale, avant d'attaquer le programme no 1.
M. Léger: C'est cela.
M. Samson: Je crois comprendre que nous attaquons maintenant le
programme no 1.
M. Léger: C'est-à-dire que lorsque j'arriverai au
programme no 1, j'aurai des questions sur l'élément no 1. Mais,
avant d'attaquer l'élément no 1, j'ai plutôt des questions
d'ordre général qui peuvent être très
précises, remarquez bien, mais d'ordre général.
Ce matin, nous avons siégé de 10 heures à midi et,
là-dessus, il y a eu une heure et demie d'intervention du ministre et
à peine 15 minutes de mon côté, parce que je voulais
réserver ce temps pour les questions d'ordre général.
Je n'ai pas d'objection, si le député de Rouyn-Noranda
veut faire des remarques générales à ce stade-ci, à
lui céder la parole, quitte à revenir aux questions.
M. Samson: Si ces questions s'inscrivent dans la critique d'ordre
général du député de Lafontaine, je n'ai pas
d'objection non plus à le laisser continuer, mais j'aurais aimé
faire quelques brèves remarques d'ordre général.
Le Président (M. Pilote): Je m'en remets à la
commission.
M. Cloutier: M. le Président...
Le Président (M. Pilote): L'honorable ministre de
l'Education.
M. Cloutier: Je vais peut-être vous aider à
régler le problème. D'abord, le député de
Lafontaine me pose une question, elle n'est pas tout à fait le genre de
question que posait le député de Saint-Jacques, c'est une
question de détail. Il faut que je fasse faire des recherches. Si le
député me le permet, je déposerai la liste ainsi que les
traitements, aussitôt que nous l'aurons.
Pendant ce temps-là, je n'aurais aucune objection, pour ma part,
que le député de Rouyn-Noranda vienne nous éclairer de ses
remarques.
M. Léger: Si le député veut faire son
intervention générale, pourvu qu'il n'ait pas de question, je
reprendrai.
Le Président (M. Pilote): M. le député de
Rouyn-Noranda.
Commentaires de l'Opposition (suite)
M. Samson: M. le Président, cela ne sera pas tellement
long, parce que je vous avoue bien honnêtement qu'étant dans une
sitsation particulière vis-à-vis de tous les travaux de
l'Assemblée nationale ces temps-ci, on manque un peu de temps pour
fouiller tous les dossiers.
Mes remarques seront plutôt à bâtons rompus. Je
voudrais quand même profiter, parce que c'est la seule occasion qui m'est
donnée, de l'étude des crédits du ministère de
l'Education pour faire des remarques d'ordre général.
Lorsque nous entreprendrons tantôt les éléments 1 et
suivants du programme 1, à ce moment-là, nous serons beaucoup
plus encadrés, et il sera difficile de faire des remarques d'ordre
général.
Je considère, M. le Président, quant à l'ensemble
du système d'éducation, au Québec, présentement, et
toujours dans un contexte positif, qu'il y a des efforts qui sont faits, je
dois le dire, des efforts pour tenter d'améliorer la situation; mais,
malgré ces efforts qui me semblent être faits, il reste que
beaucoup de critiques nous parviennent de la population en
général et de gens qui sont dans le secteur de l'éducation
également.
De par les temps qui courent, bien sûr, on a porté à
notre attention un fait absolument pour utiliser le langage du ministre
"explosif". Je pense que c'est arrivé au bon moment, au moment de
l'étude des crédits pour nous permettre d'en parler davantage. A
l'Assemblée nationale, c'est évidemment un peu difficile, tout en
posant des questions, de faire connaître son opinion. Mais, je suis de
ceux qui déplorent ce qui se passe présentement.
Il semble, en effet, que, depuis quelques années, dans notre
système d'enseignement, on assiste beaucoup plus à une
poussée vers un enseignement engagé, vers des idéologies
politiques. Cela, nous devons le déplorer. Un système
d'enseignement dans un pays, dans une province, dans un contexte comme le
nôtre, doit être conforme à ce qu'est notre
société. Bien sûr, on peut, pour les uns, contester ce
qu'est notre société. Cela fait partie de la démocratie et
de nos droits démocratiques, mais aussi longtemps que la
démocratie aura voulu que notre société soit celle qu'elle
est, je pense que nous devons en tout point respecter ce voeu de la
démocratie.
Si, un jour, la société devenait ce que veulent qu'elle
devienne certains de ces petits révolutionnaires que l'on retrouve
à certains endroits dans le système, dans le réseau de
l'éducation, si un jour cette société devenait marxiste ou
autre, nous serions évidemment obligés de nous conformer au voeu
de la majorité, mais tel n'est pas le cas.
Nous retrouvons, et c'est ce qui me fait ouvrir les yeux davantage,
parmi ceux qui sont les promoteurs de la destruction de l'autorité,
parmi ceux qui se font les promoteurs d'un enseignement engagé, d'un
enseignement que j'appellerais enseignement de combat, nous retrouvons, parmi
ceux-là, exactement ceux qui, il y a quelques années,
s'inscrivaient, en faux contre l'enseignement confession-
nel au Québec, sous prétexte que nous devions attendre que
l'enfant soit en âge de pouvoir décider par lui-même de ses
options. On se rappellera la grande bataille qu'il y eut il y a quelques
années à propos de l'enseignement confessionnel. Je pense qu'on
ne doit pas les embarquer tous dans le même bateau. Parmi ceux-là
mêmes qui faisaient cette grande bataille contre l'enseignement
confessionnel, nous en retrouvons, qui sont les promoteurs de cette
espèce d'enseignement de combat.
L'école au service des travailleurs. J'ai entendu cela presque
toute la journée, hier, sur les ondes des différents postes de
radio. C'est bien dommage, mais je n'adhère pas à ce genre de
déclaration. Je désire protester énergiquement.
L'école n'est pas au service des travailleurs. Elle est au service des
écoliers, pour placer les choses dans leur contexte. Les travailleurs
sont des gens qui, passé un certain âge, sont sur le marché
du travail. Les gouvernements doivent être au service des travailleurs.
Les employeurs doivent être au service des travailleurs dans une certaine
proportion. Les syndicats, eux, doivent toujours être au service des
travailleurs, ce qu'ils ne font pas toujours. Mais l'école ne doit pas
être au service des travailleurs, elle doit être au service des
écoliers.
C'est déplacer tout le contexte que de prétendre que des
écoliers en bas âge puissent être engagés dans une
lutte antiautorité, sous le prétexte que certains de leurs
parents sont des travailleurs à faible revenu, alors que certains des
parents d'autres écoliers qui font partie des mêmes classes sont
des parents avec des revenus un peu plus forts que le faible revenu ou un peu
plus forts que la moyenne.
Lorsque je vois, avec cette publication du document où on
utilise, M. le Président, à titre d'exemple, M. Tremblay qui
travaille à l'Alcan à $3.24 l'heure. Quel est son salaire
hebdomadaire s'il travaille 40 heures par semaine, et qu'on le met en
comparaison avec le président de l'Alcan qui, lui, gagne annuellement
$157,959? Cela, M. le Président, c'est tout simplement et purement faire
la promotion de la lutte des classes et s'adresser à des enfants qui
sont en bas âge, encore sans expérience, et incapables de porter
un jugement de valeur sur ces questions. C'est ce qu'on pourrait appeler, sous
l'empire de la nouvelle loi 22, M. le Président, en utilisant les
dispositions de cette loi, du "brainwashing" de nos étudiants. C'est
totalement inacceptable, parce que les étudiants qui sont en classe,
quand ils auront à travailler, si jamais on le permet, sur ces
questions, vous voyez cela d'ici, ce que cela va donner, le petit
écolier dont le père de famille a un faible revenu
vis-à-vis de l'autre dont le revenu est plus haut. Vous allez susciter
une chicane perpétuelle, M. le Président, et c'est de cette
façon que la CEQ prévoit fêter la Fête des
travailleurs. Encore faut-il que nous soyons d'accord avec la date qui est
suggérée par la CEQ.
Or, dans nos législations, la Fête du travail, c'est le
premier lundi du mois de septembre, et je ne sache pas que nos
législations aient été amendées pour faire en sorte
que la Fête du travail soit le 1er de mai. Au contraire, M. le
Président, ce que la CEQ considère comme la Fête des
travailleurs, c'est tout simplement la Fête de l'internationale
communiste. Il faut appeler les choses par leur nom, M. le Président,
et, dans le contexte québécois, aussi longtemps que la
majorité n'aura pas décidé que la Fête du travail
n'est plus le premier lundi de septembre, nous devons respecter les lois du
Québec ou bien, c'est l'anarchie totale, et ce, M. le Président,
la majorité des Québécois ne sont pas des anarchistes.
C'est une petite minorité agissante, évidemment, qui
réussit à canaliser, sous de faux prétextes, les
idées qui font que, finalement, les gens, les travailleurs de bonne foi
s'y laissent amener un peu parce que pour les uns, cela ne les dérange
pas tellement...
Ils ne voient pas le travail idéologique qu'il y a
derrière cette action, mais, pour ceux qui en sont conscients,
avons-nous le droit de ne pas dire un mot? Pour ceux qui sont conscients, c'est
une poussée de plus vers des esprits révolutionnaires qui
aimeraient bien voir le Québec administré sous l'empire des
philosophies telles que l'ancienne philosophie du Chili ou des philosophies
telles que celle de la Chine de Mao Tsé Toung, laissons-les rêver.
Mais, tant et aussi longtemps que le peuple québécois n'aura pas
accepté de changer sa philosophie politique, il faudra que nous
respections la majorité.
Bien sûr, je suis l'un de ceux qui veulent des changements dans
notre société, des changements qui sont différents de la
philosophie actuelle du gouvernement, mais qui sont aussi différents de
la philosophie dont les dirigeants de la CEQ voudraient voir le Québec
gouverné.
Je pense que c'est en même temps une lutte des classes qui se
prépare par ce document qui est suggéré aux professeurs et
c'est, en même temps, une promotion d'un manque de respect de
l'autorité et des valeurs, d'un manque de respect de la
société.
Quand vous regardez tout ce qu'on leur suggère, outre cette
question d'un calcul des salaires, je trouve qu'ils ne sont pas bien forts
quand on va chercher, pour des jeunes en bas âge... On va leur parler de
faire des compositions alentour de la chanson de Ti-Cul Lachance, je pense que
c'est également un manque de respect vis-à-vis de la bonne
conscience des gens au Québec.
M. Cloutier: Des petits Marx à la maternelle.
M. Samson: Oui et il y en a d'autres. On pourrait en parler
longtemps, mais je pense que l'étude de nos crédits, les
crédits du ministère de l'Education, nous permet, au moment
opportun, de saisir l'opinion publique. N'oublions pas que les parents sont
encore les premiers responsables et que les parents doivent avoir quelque chose
à dire en matière d'éducation. Qu'est-ce que la CEQ fait
vis-à-vis du respect des parents? On a un manque total de respect pour
les parents. A-t-on seulement consulté les parents avant de
préparer ce manuel du 1 er mai? On n'a pas consulté les parents.
On a passé outre aux directives du ministère de l'Education pour
faire embarquer, dans cette barque idéologique, tous les écoliers
du Québec, malgré eux et malgré les idéologies des
parents de ces enfants.
Vous voyez d'ici ce qui va se produire dans les familles si on laisse
faire cela, lorsque les enfants reviendront le soir et diront aux parents: "On
nous a fait faire ces choses à l'école", à rencontre des
idéologies des parents, à l'encontre des idéologies de la
famille. C'est inconcevable et, pourtant, on a préconisé cela
à la CEQ. Je pense qu'il nous faut faire appel à la
majorité parce que je pense encore qu'il y a une majorité
d'enseignants qui sont compétents, de bonne foi et consciencieux.
Je pense qu'il nous faut faire appel à cette majorité de
gens consciencieux pour leur demander de refuser de se prêter à ce
stratagème politique, parce que c'est un stratagème
politique.
Si les dirigeants de la CEQ veulent faire de la politique, M. le
Président, dans notre système actuel, il leur est permis de le
faire. Ils ont l'entière liberté de faire de la politique, mais
de la faire en s'engageant et en s'identifiant comme tels. Qu'on ait le courage
de s'identifier comme des hommes politiques et ils en feront de la politique.
Mais sous le couvert de l'enseignement et d'un syndicat des enseignants, qu'on
s'engage et qu'on engage malgré eux ou presque malgré eux tous
les enseignants et les écoliers dans des questions politiques, je pense
que c'est inacceptable et nous nous devons de protester contre cela.
Si M. Charbonneau veut faire de la politique, je serai très
heureux de le voir dans mon propre comté de Rouyn-Noranda candidat aux
prochaines élections, candidat du Parti québécois.
Appelons les choses par leur nom parce que c'est de la politique en faveur du
Parti québécois que fait Charbonneau. Je serai heureux de le voir
candidat du Parti québécois et je lui lance un défi
public. Qu'il vienne faire de la politique, qu'il vienne dans mon comté.
S'il pense que c'est trop dangereux dans le mien, il pourra s'essayer dans un
autre comté, mais qu'il fasse de la politique visière
levée, à découvert. A ce moment-là, nous
l'accepterons, mais pas de cette façon. De cette façon, M. le
Président, cela s'appelle de la clandestinité. C'est de la
politique clandestine que fait M. Charbonneau.de la CEQ, en utilisant les
écoliers comme les boucs émissaires de ses idéologies
personnelles.
Il y a beaucoup d'autres choses à dire dans le domaine de
l'éducation. Je vois que le ministre semble partager certaines de mes
opinions.
M. Léger: II vous tend la corde.
M. Samson: Je sais que le ministre aura également beaucoup
de choses à dire, mais je n'ai aucune gêne à dire qu'il
m'est arrivé souvent de partager les mêmes idées que le
ministre et je ne serais pas gêné non plus que le ministre nous
dise qu'il partage les miennes parfois, sous toute réserve qu'il y ait
des divergences d'opinion dans d'autres domaines. Mais, dans ces domaines, je
pense que le ministre et moi partageons les mêmes opinions et je n'ai pas
de gêne à le dire. Il n'y a aucune honte à ce que nous nous
donnions la main pour faire échec à ce genre de travail qu'est en
train de faire une petite minorité d'enseignants.
C'est pourquoi il nous faut faire appel à la majorité
silencieuse chez les enseignants. Qu'ils prennent leur affaire en main, qu'ils
ne se laissent pas conduire par le bout du nez par ce petit groupe de
révolutionnaires. C'est ce qui se passe présentement. Mais je
pense qu'il y a lieu d'espérer. Il y a un réveil du
côté de la majorité des enseignants. Il y a un
réveil du côté de la majorité, que je dis
consciencieuse, des enseignants du Québec. Ce réveil, M. le
Président, nous permet d'espérer qu'il y aura probablement un
nettoyage de fait, l'autonettoyage dans renseignement. Puisqu'il est difficile
de le faire de l'extérieur, je pense que la majorité silencieuse
des consciencieux devra faire l'autonettoyage du réseau.
Il y aura peut-être des mesures disciplinaires à prendre.
Il y aura peut-être certaines mesures radicales à prendre, mais,
devant une situation explosive, il arrive parfois que les mesures radicales
soient justifiées. Je ne suis pas de ceux qui préconisent les
mesures radicales, bien sûr, mais quand la maison est en feu, on n'a pas
toujours le temps de choisir la sorte de pompiers que l'on voudrait. Quand la
maison est en feu, on cherche plutôt de l'eau que de chercher quel est le
genre de pompiers qui nous conviendrait. C'est pourquoi il y aura probablement
des mesures radicales à prendre.
Et si le ministre a à prendre des mesures radicales, je lui dis
à l'avance que, dans le contexte actuel, avec le délai que nous
avons à notre disposition, étant donné qu'il faut
absolument empêcher ce genre de choses, s'il y a des mesures radicales
à prendre, je ne serai pas de ceux qui contesteront ces mesures.
Je veux que ce soit bien clair. Il nous fait faire notre devoir, prendre
nos responsabilités et si cela entraîne des non-renouvellements de
contrats parce que certains enseignants se veulent plus à la solde du
Parti québécois que du système d'enseignement, eh bien!
allons jusque-là s'il le faut. Allons jusque-là, s'il le faut,
parce que l'école n'est pas un milieu politique. C'est un milieu
d'éducation et on doit donner de l'éducation aux enfants en
fonction de ce qui existe dans la société, en fonction des choses
connues, mais surtout pas en fonction d'un engagement et surtout pas en
fonction d'un combat.
M. le Président, ce n'est d'ailleurs pas la première fois
que ça se fait. Aujourd 'hui, c'est divulgué. Mais depuis
longtemps déjà, on a des plaintes qui nous parviennent des
parents, depuis longtemps déjà, on entend dire que certains cours
de français ou de mathématiques donnent lieu à des cours
d'histoire, pas sur le Québec, pas sur le Canada, non, l'histoire sur le
Parti québécois.
Vous voyez ça, M. le Président, si c'est important, sous
le prétexte de faire comprendre aux enfants notre histoire nationale, on
leur donne un cours d'organisation politique. C'est arrivé dans le
passé, nous avons eu des plaintes à ce sujet, comme nous avons
également des plaintes sur d'autres sujets, ladrogue dans les
écoles, par exemple, et d'autres choses.
Puisqu'on parle de drogue dans les écoles, j'ai fait
référence, cet après-midi, à un professeur qui
s'est vu imposer, hier, une sentence de 7 ans de
pénitencier pour avoir été fournisseur de drogue
pendant plus d'un an, à une cinquantaine d'élèves.
Dans l'article, il y a quelque chose de très intéressant.
Bref, l'affaire, qui se pose en précédent, mérite, selon
le juge Duranleau, que l'on en profite pour entreprendre une lutte
sérieuse au fléau de la drogue dans les écoles; ça
veut dire que ça ne s'est pas passé à la seule
école de Dollard-des-Ormeaux, polyvalente de Saint-Jérôme,
ça se passe ailleurs également au Québec. Il y a une autre
chose qui est intéressante à lire: Selon la preuve recueillie
devant le tribunal, il semble que le professeur en question je ne le
nommerai pas sous le fallacieux prétexte d'aiguiser
l'intelligence et l'imagination de ses élèves approvisionnait une
cinquantaine d'étudiants en drogue et stupéfiants, hachish,
marijuana, LSD et même cocaïne, pour que ceux-ci deviennent
"pushers" à leur tour auprès de 50 à 75 autres
élèves âgés de 14 ans à 18 ans dans une
institution qui en compte environ 3,000.
Vous voyez, dans cette école, selon la preuve faite devant le
tribunal, qu'il y avait un système de vente pyramidale de drogue. M. le
Président, c'est extrêmement inquiétant, parce que nous
avons, en tant que députés, des parents qui viennent nous voir
à peu près régulièrement pour se plaindre d'un tel
état de choses. Cela veut dire que ça se passe probablement dans
plusieurs autres polyvalentes du Québec. Dans les CEGEP, c'est plus
avancé, il doit s'en vendre plus, mais...
M. Léger: Est-ce que le député de
Rouyn-Noranda a vérifié si ceux qui défendaient
l'idéologie marxiste dans les écoles étaient aussi ceux
qui passaient de la drogue? Est-ce qu'ils sont dans le même groupe?
M. Samson: M. le Président, je n'ai pas
vérifié s'ils étaient absolument les mêmes, mais il
paraît qu'ils sont généralement les mêmes.
M. Léger: Parce que dans les pays marxistes, la drogue est
complètement défendue.
M. Samson: Même au risque de déplaire au
député de Lafontaine, parce que...
M. Léger: C'est une question de ne pas tout mettre dans le
même paquet.
M. Samson:... dans tout mon exposé, pour dire toute la
vérité, j'ai été obligé d'associer le Parti
québécois très souvent à certains
révolutionnaires. Je m'en excuse auprès du député
de Lafontaine que je ne considère pas comme un révolutionnaire.
Mais parmi les gens qui...
M. Cloutier: Non, un conservateur.
M. Samson:... font peut-être partie de la liste de
l'Opération ressources du Parti québécois, vous
retrouverez probablement des noms de ceux-là que je viens de
mentionner.
M. le Président, je continue en disant que c'est
extrêmement sérieux et que, même mon bon ami, le
député de Lafontaine, que je connais comme quelqu'un
d'équilibré, n'est pas d'accord sur ce genre de chose. Je lui
donne évidemment le bénéfice du doute, M. le
Président, vous avez compris. Même lui n'accepterait pas ce genre
de chose, même lui ne l'accepte pas, je crois...
M. Cloutier: Posez-lui la question. M. Samson: Je pense
qu'il a répondu.
M. Cloutier: Posez-lui la question, vous en avez le droit.
M. Samson: Je pense qu'il a répondu à ma question
en me posant une question tantôt, parce qu'il a semblé vouloir se
dissocier de ce genre de chose. J'ai compris qu'il n'était pas d'accord
non plus sur tout ce trafic de drogue qui se fait dans les écoles.
Mais quelles sont nos possibilités? Quelles sont les
possibilités du ministère de l'Education d'exercer une meilleure
surveillance? J'ai posé la question au ministre de la Justice. Du
côté juridique, cela relève de la police
fédérale; la police provinciale peut collaborer, mais cela, ce
n'est pas une lutte à la drogue. C'est une lutte pour prendre en
défaut ceux-là qui se soustraient à la loi.
Mais il y a une lutte de prévention qui doit s'entreprendre et je
pense qu'elle peut être entreprise par le ministère de
l'Education, dans une certaine proportion.
Si l'on attend qu'un professeur comme celui-là puisse avoir 50
clients réguliers, dont chacun de ces 50 en a de 50 à 75 autres,
si l'on attend que le système pyramidal soit bien installé et que
l'on ait fait toute la preuve du réseau de drogue avant d'arrêter
les gens et d'en condamner un, à ce moment-là, nous avons
laissé pendant trop longtemps ce fléau se continuer.
Il vaut mieux avoir une politique préventive, une politique qui
empêche, en quelque sorte, toute espèce de réseau de drogue
de s'installer dans les écoles polyvalentes ou dans les CEGEP, de
même que dans les universités.
Mais si on peut trouver ce genre de possibilité par le
ministère de l'Education, je verrais d'un très bon oeil que cela
soit étudié d'une façon objective et que l'on tente de
trouver une solution valable. Bien sûr, parce que cela existe dans
certaines écoles, cela entraîne d'autres problèmes, cela
entraîne d'autres genres de problèmes, des problèmes
d'ordre psychologique ou autres.
On m'a rapporté qu'il n'y a pas tellement longtemps, un directeur
d'école s'était fait littéralement battre par certains
étudiants qui, physiquement, comme vous le savez, sont parfois capables
de beaucoup de choses, tout simplement parce qu'il avait tenté de briser
un petit réseau de drogue au sein de son école. Puisqu'il n'a pas
pu faire la preuve complètement, il a été victime de son
devoir.
Ce sont des choses qui peuvent arriver et je pense que nous nous devons
de prendre des dispositions de ce côté-là, pour
empêcher que cela se produise.
Egalement, une chose qui est assez contestée de ce
temps-là parmi les parents, le fameux diaporama qui semble avoir
été imposé au ministère de l'Education par le
ministère des Affaires sociales.
Je ne sais pas ce qu'en pense le ministre de l'Education, je n'ai pas eu
l'occasion de lui poser la question, mais, personnellement, je ne l'ai pas vu,
je ne peux pas poser un jugement de valeur, non plus. Mais il reste que mon
devoir est de transmettre les craintes qui me proviennent de la part des
parents et qui nous demandent s'il n'y a pas lieu de réviser ce
programme. Je transmets ces plaintes qui nous proviennent des parents de
différents secteurs.
Je ne parle pas seulement au nom des citoyens de Rouyn-Noranda, je
reçois une correspondance assez volumineuse en provenance de tous les
coins de la province de Québec et je circule dans toute la province
régulièrement, de sorte que j'ai des plaintes qui me viennent
d'un peu partout. A ce moment-là, quand je dis que ces plaintes des
parents nous parviennent, cela veut dire qu'elles proviennent d'un peu partout
au Québec.
Egalement, M. le Président, nous pourrions, bien sûr,
peut-être attaquer un peu la politique du ministre de l'Education quant
aux moyens vous voyez que nous ne sommes pas toujours d'accord
qui sont mis à la disposition des différentes commissions
scolaires dans le domaine de la construction. Il semble qu'il y ait des
difficultés de ce côté-là.
M. Cloutier: Surtout dans le Nord-Ouest?
M. Samson: ...surtout dans le Nord-Ouest québécois,
M. le Président, mais également ailleurs, parce que, j'ai eu
aussi des plaintes d'ailleurs. Mais, dans le Nord-Est québécois,
il semble qu'on ait certaines difficultés. Je ne sais pas si les normes
changent plus vite au ministère que les architectes peuvent faire les
plans, mais il semble qu'on ait un certain problème. Il y a une certaine
incompréhension qui fait qu'on n'est pas satisfait, que les commissions
scolaires ne sont pas satisfaites des services donnés par les
différentes directions concernées dans le domaine de la
construction.
Bien sûr, je n'ai pas l'intention de faire une critique
négative. Je pense qu'il y a possibilité de corriger ces petites
choses, parce que ce n'est pas tellement difficile à corriger de la part
du ministère. Par exemple, cela semble bien gros pour une commission
scolaire de se voir bloquer un projet pour une simplicité, mais ce n'est
pas difficile à corriger pour le ministère. Je pense qu'il y
aurait lieu, de ce côté, de s'attendre à une solution
valable, avant longtemps.
Nous pourrions également cela, je pense que c'est un sujet
très important faire référence au transport
écolier. Le transport écolier qui ne relève plus du
ministère de l'Education, qui relève maintenant du
ministère des Transports, je pense que c'est une anomalie. Je pense,
honnêtement, que le transport écolier devrait relever du
ministère de l'Education. Qu'on prenne les dispositions juridiques ou
légales nécessaires pour retourner le transport écolier
sous la direction du ministère de l'Education, parce que le transport
écolier doit se faire en fonction des besoins pédagogiques et non
le contraire. Parce que c'est sous la direction du ministère des
Transports, nous avons l'impression que le système pédagogique
doit s'adapter au transport écolier. Nous avons cette impression dans
plusieurs coins de la province, alors que c'est le contraire. Le transport
écolier doit s'adapter aux besoins pédagogiques et c'est d'abord
le ministère de l'Education qui sait quels sont ces besoins et quels
seraient les besoins du transport écolier en fonction de ces besoins. On
doit s'y adapter. On doit également réviser, afin de permettre
aux transporteurs d'écoliers, dans le Québec, de pouvoir donner
un bon service tout en n'ayant pas le risque de déficit qu'ils ont
présentement.
Il y a eu, dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, comme vous
le savez vous le savez très bien, M. le Président, puisque
vous êtes de cette région des problèmes au niveau
des chauffeurs d'autobus vis-à-vis de l'entrepreneur. L'entrepreneur a
des problèmes vis-à-vis de l'employeur, qui, en l'occurrence, est
le gouvernement.
Ces problèmes ont fait que ce sont les étudiants qui ont
été les victimes, alors que le conflit se situait au niveau de
l'employeur vis-à-vis de son employé, mais, également,
l'employeur, ayant une restriction, c'est-à-dire une marge de manoeuvre
réduite, parce qu'il était devant une Commission des transports
qui l'obligeait à soumissionner, dans une fourchette minimale et
maximale, dont le transporteur des écoliers ne sait même pas, au
moment de l'acceptation de sa soumission par la commission scolaire, s'il
pourra voir le taux de sa soumission accepté par la Commission des
transports... Il saura cela plusieurs mois après.
Je pense que c'est susceptible de créer un climat qui sème
un peu la panique au niveau des transporteurs d'écoliers. Evidemment,
c'est susceptible d'amener des problèmes tels qu'il y en a eus dans la
région du Saguenay-Lac-Saint-Jean et le risque qu'il y a eu aussi dans
d'autres régions. J'ai été l'un de ceux qui ont
manifesté, si vous le voulez, une inquiétude vis-à-vis de
cette possibilité que le tout se transpose dans les autres
régions, qu'on connaisse le même problème et qu'on
empêche finalement les étudiants de pouvoir se rendre à
l'école, parce qu'il y a un conflit dans le transport
écolier.
Mon voeu, c'est que le transport écolier revienne sous la
direction du ministère de l'Education. Bien sûr, il y a beaucoup
d'autres choses à dire, mais, pour le moment, je pense que je vais
donner une chance aux autres de poser des questions. Je reviendrai, à
l'occasion de certains sujets, et je poserai des questions qui seront en
relation directe avec les sujets concernés.
M. Léger: Oui. De toute façon, à la suite de
certaines affirmations du député de Rouyn-Noranda, je dois faire
certaines petites corrections.
Tout d'abord, je dois l'informer, je pense, que le député
de Rouyn-Noranda n'est peut-être pas au courant, mais, dans la plupart
des pays du monde, et c'est uniquement au Canada et aux Etats-Unis et en
Amérique du Nordique ceci n'existe pas,le 1er mai est la
fête nationale des travailleurs comme dans tous les pays du monde, on a
aussi, on peut le dire, à 90%, le système métrique. Donc,
ce n'est pas pour une question de marxisme ou de communisme que le 1er mai est
la fête des travailleurs. C'est un fait qui existe dans le monde entier,
sauf en Amérique du Nord. Je pense que c'est une chose qu'il faudrait
quand même rectifier.
M. Cloutier: M. le Président, c'est exact, mais je me
demande si l'affirmation du député de Rouyn-Noranda n'est pas
aussi vraie, à savoir que le 1er mai a été retenu parce
qu'il s'agissait d'un anniversaire de l'Internationale communiste.
M. Samson: L'Internationale communiste. C'est cela.
M. Léger: Cela fait 100 ans que cela existe.
M. Cloutier: Oui, je crois que vous avez tous les deux raison. Le
1 er mai est la fête des travailleurs un peu partout au monde. C'est en
Amérique qu'on l'a fixée au premier lundi de septembre. Il reste
que c'est un anniversaire qui a la signification que lui prêtait le
député de Rouyn-Noranda.
M. Léger: Comme on tend à adopter le système
métrique partout dans le monde, il est peut-être possible...
M. Cloutier: Je ne vois strictement aucun rapport entre le
système métrique...
M. Léger: Aucun rapport.
M. Cloutier: ...et la fête du 1er mai.
M. Léger: Non, mais je veux dire par là que si,
dans le reste du monde, on a...
M. Samson: Le système métrique n'est pas le
système marxiste. Voyons donc!
M. Léger: Si le régime britannique d'Angleterre a
toujours voulu être à l'écart du système
métrique, il s'est aperçu 100 ans plus tard que c'est
peut-être la solution idéale au point de vue de l'utilisation
mondiale. Je prenais l'exemple de choses qui existent partout dans le monde,
sauf en Amérique du Nord, et que c'était la raison pour laquelle
on l'a mise le 1 er mai. Je ne veux pas engager de débat, je voulais
simplement faire une rectification.
M. Cloutier: Ecoutez. Je sais, mais je tiens à dire que si
le député de Rouyn-Noranda l'a cité, c'est qu'il a vu dans
cette date du 1er mai une provocation supplémentaire.
M. Léger: II est provoqué
régulièrement, cela on le sait.
M. Cloutier: Non, une provocation supplémentaire
vis-à-vis de la société québécoise dans le
cadre d'un document qui se voulait subversif.
M. Léger: Je vois que le ministre de l'Education vient
à la remorque du député de Rouyn-Noranda.
M. Cloutier: Dans le cas particulier, très certainement,
parce que je crois que le député de Rouyn-Noranda a parlé
avec infiniment de bon sens et exprime dans ses dires, une grande partie de
l'opinion québécoise.
M. Léger: Je n'ai pas à juger la population...
M. Samson: D'autant plus que je n'ai rien à retirer de ce
que j'ai dit.
M. Léger: Maintenant, une autre affirmation. Je ne veux
pas parler du contenu, parce que ce n'est pas la place pour le faire, je ne le
ferai pas non plus, de ce fameux document. Il a affirmé tantôt,
qu'il était illégal, le document présenté par la
CEQ. Si ce document est illégal, le ministre devrait soit le
retirer...
Une Voix: Qui a affirmé cela?
M. Léger: C'est le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: M. le Président, j'invoque le
règlement.
M. Léger: Vous avez dit que c'était en dehors des
normes du ministère de l'Education.
M. Samson: J'invoque le règlement. Je n'ai jamais
affirmé que ce document était illégal. J'ai dit qu'il
était en dehors des normes du ministère de l'Education. J'ai dit
qu'il ne provenait pas de directives du ministère de l'Education. Je
pense que j'ai dit beaucoup plus que cela. J'ai dit que ce document
était susceptible de susciter la lutte des classes au Québec et
de faire le jeu du marxisme. C'est différent. Faire le jeu du marxisme,
cela ne veut pas dire être illégal. Cela veut dire ce que cela
veut dire. Ils ont droit de faire le jeu du marxisme quand ils font de la
politique, mais pas quand il font de l'enseignement.
Le Président (M. Pilote): Le député de
Lafontaine.
M. Léger: M. le Président, de toute façon,
le député, au journal des Débats, a dit que c'était
illégal par rapport aux normes du ministère. Je pense que le
ministre lui-même a affirmé que ce n'était pas un document
illégal. Maintenant, une autre question...
M. Cloutier: Attendez, qu'est-ce que le député de
Lafontaine essaie de me faire dire en jouant sur ce concept de
légalité?
M. Léger: Je dis que le député de
Rouyn-Noranda affirmait que le document de la CEQ je ne veux pas
embarquer dans le contenu comme tel était un document
illégal, contrairement aux normes du ministère. Ce n'est pas le
cas.
M. Cloutier: Ce n'est pas du tout ce qu'il a dit,
mais il est assez grand pour se défendre lui-même. Je crois
qu'il le fera d'ailleurs.
M. Léger: Alors, il est assez grand pour que vous le
laissiez se défendre tout seul. De toute façon, je voulais...
M. Cloutier: En son absence.
M. Léger: ...simplement rectifier certaines affirmations
que le député avaient faites tantôt, quand il disait et
surtout quand le ministre a dit qu'il correspond à la
préoccupation des Québécois. Si le député de
Rouyn-Noranda avait fait le tour du milieu étudiant, le milieu de
l'éducation plutôt, il s'apercevrait qu'il y a des
problèmes qu'il a soulevés. C'est vrai, il y a des
problèmes de drogue, des problèmes sexuels mais après
consultation avec le milieu, autant avec les commissaires d'école, avec
les parents, avec les comités différents qui sont responsables du
domaine de l'éducation, le problème numéro 1 n'est pas
nécessairement celui de la drogue et du domaine sexuel, mais les
problèmes de discipline et d'autorité.
C'est beaucoup plus la détérioration des biens et du
mobilier qui, actuellement, sont sujets à du vandalisme dans les
écoles. C'est cela qui est le problème no un. La drogue est
beaucoup moins le problème majeur dans les écoles actuellement,
c'est devenu le problème de l'alcoolisme. Le ministre est certainement
au courant que c'est maintenant l'alcool. Alors, il faut que le
député de Rouyn-Noranda suive un peu l'évolution des
problèmes, qu'il ne répète pas de vieilles rengaines pour
essayer d'attirer, d'une façon démagogique, l'opinion publique.
Il a même affirmé, essayé d'allier les termes de
maoïsme, de communisme avec le Parti québécois tantôt,
et je pourrais peut-être simplement faire remarquer que les trois quarts
des attaques provenant des communistes sont contre le Parti
québécois, et un quart peut-être de leurs attaques sont
contre le système capitaliste américain. C'est nousqui subissons
les attaques régulières des communistes, parce que, pour eux,
nous n'allons pas assez loin.
Comme exemple, essayer d'associer les deux choses, je trouve que c'est
assez démagogique d'affirmer des choses aussi grosses que
celles-là.
Un autre point dont le député de Rouyn-Noranda n'est
absolument pas au courant, c'est quand il parle de l'intégration des
systèmes de transport et qu'il propose que le système de
transport écolier devrait plutôt aller au ministère de
l'Education qu'au ministère des Transports. Je tiens à dire, s'il
n'est pas au courant, qu'il y a déjà 40 municipalités qui
ont intégré leur système de transport scolaire avec le
système de transport urbain et que, même dans la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean, il a été proposé par le
député de Chicoutimi de faire l'intégration des quatre
systèmes de transport dans la région, qui sont le système
de transport scolaire, urbain, intermunicipai et le transport
nolisé.
Je pense qu'il va falloir que le député de Rouyn-Noranda
regarde ses notes à nouveau, fasse le tour du Québec de nouveau
et qu'il évalue la situation telle qu'elle a changé, et qu'il
lise peut-être d'autres documents que le journal Vers Demain, mais qu'il
regarde réellement la réalité québécoise
pour être au courant de la situation.
M. Samson: M. le Président...
M. Léger: M. le Président, je veux
maintenant...
M. Samson: ... j'invoque le règlement.
M. Léger: Y a-t-il des choses que j'ai mal
citées?
M. Samson: J'invoque le règlement, M. le Président,
en vertu de l'article 96. Je peux vous dire que je suis absolument bien
renseigné quant au transport. Ce n'est peut-être pas ce que
voudrait le député de Lafontaine, par exemple, parce que moi, je
n'irais pas jusqu'à vouloir intégrer tout le transport. Je
n'irais pas jusqu'à vouloir intégrer les ambulances et les
corbillards avec le transport écolier, comme il semble que certains
voudraient le faire, pour intégrer tout le monde et passer tout le monde
dans le même moule. Ce n'est pas ma philosophie, M. le Président.
Ma philosophie, moi, c'est de reconnaître qu'il y a des
différences d'une région à une autre, qu'il y a des
différences d'une localité à une autre, qu'il y a des
différences d'une personne à une autre, et qu'on doit tenir
compte de ces différences, si on veut tenir compte de la liberté
de la personne humaine. Si on veut passertout le monde dans le même
moule, à ce moment, cela change complètement le contexte et c'est
évident que, dans ce contexte, bien sûr, le député
de Lafontaine peut y aller tant qu'il voudra. C'est sa philosophie. Ce n'est
pas la mienne. Quant à mes sources de renseignement, M. le
Président, je n'ai pas à les divulguer, parce que, si je les
divulguais, , M. le Président, peut-être que je permettrais,
à ce moment, à mon honorable ami, le député de
Lafontaine, de se renseigner davantage, et, en se renseignant davantage,
étant déjà sur la mauvaise voie, cela l'amènerait
peut-être à défendre une position pire que celle qu'il
défend présentement. Je ne voudrais pas lui rendre ce mauvais
service. Mais, M. le Président, je ne suis pas de ceux...
M. Léger:... M. le Président, je pense qu'il a
été relevé. Ce n'est pas un discours qu'on peut se
permettre...
M. Samson: ... qui prennent...
M. Léger: M. le Président, j'invoque le
règlement.
Le Président (M. Pilote): L'honorable député
de Lafontaine, sur une question de règlement.
M. Samson:... leurs renseignements seulement dans le journal Le
Jour.
M. Léger: M. le Président, le député
de Lafontaine a la parole, et je dois dire que, s'il a été mal
cité...
Le Président (M. Pilote): Je voudrais vous rappeler qu'on
est sur l'étude des crédits de l'Education. Il faudrait revenir
aux crédits de l'Education.
M. Léger: C'est cela.
Le Président (M. Pilote): Cela fait déjà une
heure et demie que...
M. Léger: J'ai la parole, M. le Président, vous me
l'avez donnée?
Le Président (M. Pilote): Oui.
M. Léger: Je veux simplement dire que...
M. Samson: M. le Président, il semble que le
député de Lafontaine...
M. Léger: J'ai la parole, M. le Président.
M. Samson: ... a plus peur du député de
Rouyn-Noranda qu'il a peur du gouvernement.
M. Léger: Non, mais... Je voudrais quand même, M. le
Président, qu'on modère nos transports, puisque c'est la chose
qu'il contrôle le moins, le député de Rouyn-Noranda...
M. Cloutier: Comme on en parle justement!
M. Léger: Oui, et j'aimerais simplement que le
député de Rouyn-Noranda, quand il pose une question de
règlement, rectifie les faits et ne fasse pas un deuxième
discours.
Je pourrais peut-être lui poser une question...
M. Samson: M. le Président, je n'ai pas de leçon
à tirer du député de Lafontaine quant aux points de
règlement.
M. Léger: Est-ce que le député de
Rouyn-Noranda pourrait...
M. Samson: D'ailleurs, c'est la première année, M.
le Président, qu'il vient faire les...
M. Léger: M. le Président, est-ce que j'ai la
parole?
Le Président (M. Pilote): A l'ordre, le
député de Rouyn-Noranda!
M. Samson: On va mettre cela au compte...
M. Léger: M. le Président, est-ce que j'ai la
parole?
Le Président (M. Pilote): Je demande votre
collaboration...
M. Samson:... de son inexpérience, M. le
Président...
M. Léger: M. le Président...
M. Samson: ... et on va le comprendre.
M. Léger:... ce qui me surprend, du député
de Rouyn-Noranda, qui est le défenseur de l'autorité, c'est qu'il
ne respecte même pas le président qui l'a rappelé à
l'ordre trois fois.
M. Samson: M. le Président, j'invoque le règlement,
parce que...
M. Léger: Un vrai défenseur de l'autorité
devrait accepter l'autorité du président...
M. Samson: M. le Président, j'invoque le
règlement.
M. Léger: ...qui m'a donné la parole.
M. Samson: M. le Président, j'invoque le règlement.
Vous ai-je manqué de respect?
M. Léger: Oui. Cela fait cinq fois qu'on vous rappelle
à l'ordre.
M. Samson: Je m'adresse à la présidence.
Le Président (M. Pilote): Je m'adresse à la foule
qui est ici pour le constater.
M. Samson: Vous ai-je manqué de respect, M. le
Président?
Le Président (M. Pilote): Non. La parole est au
député de Lafontaine.
M. Samson: Puisque je ne vous ai pas manqué de respect,
pourrais-je vous demander de rectifier les faits et dire au
député de Lafontaine que je ne vous ai pas manqué de
respect, parce qu'il semble qu'il n'est pas dans la même assemblée
que nous.
M. Léger: Je ne sais pas si c'est uniquement manquer de
respect que de ne pas accepter l'autorité. Mais quand le
président rappelle un député à l'ordre cinq fois,
c'est parce qu'il ne respecte pas l'autorité du président.
J'aurais une question que j'aimerais poser au député de
Rouyn-Noranda. Est-il au courant, s'est-il informé auprès des
administrateurs des commissions scolaires et des écoles et dans le
domaine secondaire et dans le domaine collégial que le problème
no 1 actuellement n'est pas la drogue, ni la sexualité, mais
l'alcoolisme? Est-il au courant de cela? A-t-il consulté les gens qui
s'occupent de l'administration des écoles pour voir que c'est le
problème majeur et que c'est un peu dépassé ce qu'il a
sorti tantôt?
M.Samson: M. le Président, me permettez-vous de donner une
réponse...
M. Léger: Oui, je vous pose une question. Le
Président (M. Pilote): Une réponse courte. M. Samson:
Ah bien non, M. le Président! Vous
n'allez quand même pas me réduire à une
réponse courte devant une affirmation aussi gratuite.
Le Président (M. Pilote): II reste quand même qu'on
est à étudier les crédits du ministère de
l'Education. Je ne veux pas qu'il y ait un dialogue...
M. Samson: Me permettez-vous de répondre, M. le
Président? Si vous ne me permettez pas de répondre, je vais vous
respecter.
M. Léger: C'est aussi bien ainsi. On va voir s'il respecte
la présidence.
M. Samson: Me permettez-vous de répondre?
Le Président (M. Pilote): C'est difficile pour moi. Je
m'en remets aux membres de la commission. Est-ce que vous acceptez?
M. Bérard: Oui.
Le Président (M. Pilote): La parole est au
député de Rouyn-Noranda.
Une Voix: Que ce soit court!
M. Samson: M. le Président, dans mon exposé, je
n'ai jamais dit que le problème de la drogue était le
problème no 1, que le problème soulevé par le diaporama
était le problème no 1. Je ne les ai pas numérotés
parce que, dans ma philosophie politique, on appelle les choses par leur nom.
On ne veut pas en faire des numéros. Je n'ai pas mis de
numéro.
M. Léger: Ceci étant dit, nous allons maintenant
procéder aux problèmes d'ordre général.
M. Cloutier: Je m'étais éloigné un peu parce
que j'ai eu l'impression que ma présence n'était pas
indispensable, le débat se faisant surtout entre le Parti
créditiste et le Parti québécois.
M. Léger: C'est-à-dire qu'on ne sait pas quel nom
de toute façon. Le ministre peut-il nous dire quelle est la politique du
ministère vis-à-vis de l'intégration au système
d'enseignement public et régi par le ministère, des autres
écoles sous juridiction d'autres ministères? Je pense, entre
autres, aux conservatoires, à l'Institut de technologie agricole,
à l'Institut d'hôtellerie. Quelle est la position du ministre
concernant les différentes écoles qui sont sous la juridiction
d'autres ministères?
M. Cloutier: II n'y a pas de politiques uniforme. La tendance a
été d'intégrer progressivement la plus grande partie de
ces écoles, ce qui a été fait, mais il y a certaines
écoles qui ne le sont pas et qui font actuellement l'objet de
négociations entre certains ministères, en particulier dans le
cas de l'agriculture. Il y a un instant de technologie agricole qui est encore
sous l'autorité du ministère de l'Agriculture.
M. Léger: Mais la politique générale est
tôt ou tard, de les intégrer par des négociations avec les
autres ministères?
M. Cloutier: Je ne serais pas aussi catégorique que cela.
Je ne suis pas contre les situations individuelles. Je crois qu'il faut en
tenir compte.
Education sexuelle
M. Léger: En ce qui a trait à un problème
qui a été soulevé, soit le domaine de l'éducation
sexuelle, le ministre peut-il préciser les buts et les cadres dans
lesquels le ministère entend développer l'éducation
sexuelle selon la philosophie générale du ministère sur ce
problème qui est bien d'actualité, puisqu'on a vu encore la
semaine dernière à la télévision le diaporama qu'on
présentait sur...?
M. Cloutier: Qu'en a pensé le député de
Lafontaine?
M. Léger: Je voulais avoir votre philosophie. Je vous
donnerai la mienne...
M. Cloutier: Avec plaisir, mais j'aimerais connaître
l'opinion du député de Lafontaine.
Je n'ai aucune objection à continuer la discussion des
crédits de cette manière. C'est une manière que je
qualifierais de désordonnée. Je n'ai strictement aucune
objection. C'est avec plaisir que je vais me prêter aux questions. Mais
il est bien évident qu'il faudra, à ce moment, admettre d'adopter
très rapidement les différents programmes.
M. Léger: Chose certaine, c'est que je ne poserai pas
à nouveau la même question a un autre endroit.
M. Cloutier: C'est cela. Parce que ceci devrait normalement
être discuté dans le cadre du programme 5. Si cela plaît
à la commission de procéder ainsi, je suis d'accord pour vous
faire immédiatement un petit topo sur l'éducation sexuelle.
M. Léger: C'est parce que je considère cela comme
une question d'ordre général.
M. Cloutier: Oui.
M. Léger: Je n'ai pas d'objection à en discuter
à ce chapitre...
M. Cloutier: Bien non!
M. Léger: C'est parce que ce sont des choses qui peuvent
se discuter davantage, d'une façon générale, au
départ...
M. Cloutier: D'accord.
M. Léger: ...et cette question ne reviendra certainement
pas...
M. Cloutier: Si elle ne revient pas, je faisais une remarque
uniquement pourtenterde rationaliser un
peu nos échanges. Le ministère de l'Education a fait
plusieurs tentatives pour mettre au point une politique globale de
l'éducation sexuelle. La dernière tentative se situait dans le
cadre d'un programme qui a été expérimenté dans
plusieurs commissions scolaires et qui portait le nom de Programme de formation
personnelle civique, familiale et économique. Ce programme était
assez intéressant sur le plan pédagogique parce qu'il tentait,
suivant le niveau d'âge et le degré d'avancement de
l'élève, de l'initier à un certain nombre de notions qui
sont des notions qu'il faut connaître dans la société.
Cependant, je dois vous rappeler que le comité catholique, comme le
comité protestant, qui existent de par la loi constitutive du
ministère de l'Education, ont leur mot à dire en ce qui concerne
les documents pédagogiques et en ce qui concerne certaines orientations
susceptibles d'avoir des conséquences sur le plan de la
confessionnalité. Le comité catholique, entre autres, n'a pas
accepté avec un enthousiasme très grand ce programme de formation
et nous avons été amenés à le mettre de
côté et à le réviser à partir d'autres
définitions. Pour l'instant, ce programme est toujours à
l'étude et je ne peux pas dire que nous sommes sur le point de
déboucher.
En revanche, l'éducation sexuelle a fait l'objet d'un
débat depuis un certain temps et j'admets très volontiers la
responsabilité du ministère. Je crois que le ministère de
l'Education a trop tardé à définir sa politique. Je vous
ai donné une explication. Malgré les efforts que j'ai pu tenter,
parce que je suis assez sensible à ce problème et j'en ai
parlé depuis plusieurs années, je n'ai pas réussi à
obtenir quelque chose. J'en suis d'ailleurs venu à la conclusion qu'il
fallait probablement mettre de côté la recherche un peu
théorique d'une politique globale d'éducation sexuelle, parce
qu'on n'arrivera jamais à mettre au point une politique globale qui
conviend ra à la majorité des gens et qui ferait
l'unanimité dans nos comités confessionnels. Alors, l'orientation
que j'ai donnée récemment au ministère est la suivante.
Tenter de mettre au point un document qui proposerait un certain nombre de
principes d'éducation sexuelle et proposer aux commissions scolaires un
ensemble de documents qui pourraient être des documents écrits,
comme des documents audiovisuels, lesquels devront être approuvés
par les comités confessionnels, ce qui permettrait aux commissions
scolaires de choisir les éléments dont elles ont besoin, compte
tenu des aspirations des parents, compte tenu de leurs besoins. Il me semble
que cette façon beaucoup plus souple de procéder nous permettrait
d'en arriver à une forme d'éducation sexuelle acceptable.
Parallèlement à ce qui se faisait ou à ce qui ne se
faisait pas au ministère de l'Education, le ministère des
Affaires sociales, de par son mandat, a mis au point un document, le diaporama,
auquel on a fait allusion tout à l'heure. C'est une histoire qui remonte
déjà à quelques années. Le ministère de
l'Education n'a pas approuvé ce document, mais ne s'est pas
opposé à ce que le ministère des Affaires sociales le
produise, et le document a fait l'objet de dénonciations
catégoriques de la part du comité catholique et même du
comité protestant. Il semble cependant qu'il y ait moins de
problèmes d'éducation sexuelle du côté protestant
que du côté catholique. Vous pourriez peut-être m'expliquer
pourquoi, si vous en êtes capables. J'avoue que la seule explication que
je trouve est que les catholiques sont en général des
francophones qui ont tendance à dramatiser davantage les
problèmes.
M. Samson: Cela veut dire que la sexualité n'est pas
confessionnelle.
M. Cloutier: J'ai l'impression que la sexualité n'est pas
confessionnelle, mais son exercice a bien l'air de l'être.
Alors, voilà où nous en sommes, voilà l'orientation
qui est actuellement celle du ministère. Nous sommes en train de
préparer cette liste de matériel et, très rapidement, nous
pourrons la communiquer aux commissions scolaires. J'ai déjà fait
état, devant les commissions scolaires, de cette orientation. En ce qui
concerne le diaporama, nous sommes venus à la conclusion suivante: Etant
donné les réticences manifestées, nous ne permettrons pas
que le diaporama soit présenté dans les écoles à
l'intérieur des horaires scolaires. En revanche, nous ne pouvons pas
nous opposer à ce qu'il soit utilisé à l'extérieur
des horaires scolaires parce qu'en fait, il y a un tas d'activités qui
se font en-dehors des heures scolaires. Et à moins de réglementer
absolument toutes les écoles et d'empêcher même certains
partis politiques d'aller y faire leur propagande ce que pour ma part je
souhaiterais il est extrêmement difficile de procéder
autrement. Tout ce que je viens de vous dire n'est pas un jugement de valeur en
ce qui concerne le diaporama, mais je suis obligé de tenir compte des
comités confessionnels tels qu'ils existent et de leur juridicttion.
J'ai vu le diaporama, personnellement, je crois que les opinions du
ministre ne doivent pas intervenir dans les décisions administratives
qu'il est appelé à prendre. Je ne vous cache pas que j'ai
certaines réserves envers ce diaporama, parce que j'ai une conception de
l'éducation sexuelle qui est peut-être plus intégrée
que celle que propage des documents qui visent un but précis. Le
diaporama vise un but précis, c'est d'expliquer ce qu'est la
sexualité, expliquer quelle est l'anatomie des organes génitaux
de l'homme et de la femme et c'est également de parler de
contraception.
Evidemment, il s'agit d'un document d'information. Je pense qu'un
document d'information qui ne s'intègre pas dans un processus
d'éducation peut créer certaines difficultés, d'où
les réactions qui m'apparaissent souvent fondées que nous avons
eues de la part de certains groupes de parents. C'est la raison pour laquelle,
tout en comprenant que le ministère des Affaires sociales se soit
donné une mission de ce point de vue, étant donné le
nombre alarmant de grossesses chez les étudiantes et peut-être
même d'avortements, je pense qu'il appartient au ministère de
l'Education d'offrir aux commissions scolaires des orientations dont elles ont
besoin pour qu'elles puissent intervenir, un peu dans l'optique dont je vous ai
parlé.
Voilà à peu près le résumé de la
situation, telle qu'elle apparaît aujourd'hui.
M. Léger: Etant donné qu'une des critiques qui est
rassortie le plus souvent sur ce diaporama et sur le projet de programme
d'éducation sexuelle était le fait que c'était une
information beaucoup plus biologique qu'un programme d'éducation
sociale, psychologique de l'approche entre l'homme et la femme, de la rencontre
de deux personnes de sexe différent, ce qui est l'aspect beaucoup plus
de l'intégration des deux personnalités, homme et femme, est-ce
que le ministre a l'intention de faire une présentation d'un autre
document qui pourrait avoir beaucoup plus cette dimension psychologique et
sociale de l'approche sexuelle qui s'est présentée à
l'intérieur des cours?
M. Cloutier: Je me retrouve tout à fait d'accord avec le
député de Lafontaine, c'était d'ailleurs une des
réserves que j'ai faites envers ce document, le diaporama, je crois que
c'est une approche purement biologique, purement "factuelle" et que même
si on fait allusion, bien sûr, aux sentiments qui peuvent exister entre
les deux sexes, le contexte n'est peut-être pas celui qu'il devrait
être. C'est pour ça que je vous ai parlé d'une
éducation intégrée. J'ai admis carrément que le
ministère de l'Education avait été incapable de
procéder plus vite et sans doute s'il avait pu procéder plus
rapidement, le ministère des Affaires sociales n'aurait pas eu le
problème qu'il ressentait vis-à-vis de son propre mandat.
Ce que je vous dis, c'est qu'il ne sera peut-être pas
nécessaire que le ministère de l'Education produise
lui-même son document parce qu'il existe de très bons documents;
curieusement, il y a des gens qui ne semblaient pas les connaître, mais
il existe de très bons documents, nous sommes en train d'en faire la
recension. J'ai même demandé à notre Service
général des moyens d'enseignement de faire des évaluations
sur fiche de tous ces documents. C'est là une chose qui pourra se faire
très rapidement et j'ai l'impression que nous pourrions, peut-être
d'ici un mois ou un mois et demi, faire parvenir au comité
confessionnel, un certain nombre de listes qui permettront déjà
de statuer.
Je reviens à l'approche que j'ai suggérée, à
savoir qu'il vaudrait mieux fournir des matériels aux commissions
scolaires et elles choisiront, avec les comités de parents, plutôt
que d'imposer quelque chose d'uniforme. C'est toujours le drame dans notre
système d'éducation. Je ne serais pas étonné que le
député de Rouyn-Noranda me donne raison là-dessus, c'est
qu'on a eu trop tendance à vouloir imposer des programmes identiques
pour tout le monde.
M. Léger: Maintenant, ce qu'on reprochait aussi à
ce projet de diaporama, venant surtout des étudiants, c'est que la
plupart disaient: La présentation au secondaire V, c'est trop tard,
ça devrait être présenté au secondaire III, parce
qu'on sait déjà tout ça. Il y a le danger d'apporter
quelque chose qui arrive trop tard et qu'on n'a pas enseigné à
temps aux enfants. D'un autre côté, ce que j'ai aimé quand
même, dans le diaporama, c'était le fait suivant: il y avait
l'obligation, dans le domaine de l'éducation, de prévenir des
conséquences désastreuses pour des jeunes qui pourraient avoir
des relations sexuelles et avoir les conséquences d'une grossesse quand
ils sont jeunes. Et, si on les prévient d'une façon officielle,
c'est presque une permission de le faire.
Ace moment-là, j'ai trouvé très bien le fait qu'on
présentait l'acte sexuel comme un acte normal au mariage et comment les
époux pouvaient avoir une sorte de contrôle des naissances, de
façon que cela ne voulait pas dire qu'à l'âge de 12, 13 ou
14 ans, il faille qu'ils prennent ces méthodes et que, donc, ils
puissent se permettre de faire l'acte sexuel à ce moment-là et
que c'était une permission officielle. Mais c'était justement
pour garantir cette liberté, normale au moment du mariage et que les
moyens qu'il faut prendre pour éviter des complications sont
ceux-là, à l'intérieur du mariage. Cela renseigne les gens
de tous les âges, pour qu'ils soient capables de se prévenir
contre des conséquences à un âge avancé, où
on ne contrôle pas toutes les actions qu'ils prennent à cet
âge-là.
M. Cloutier: II faut très certainement une information
factuelle. Quand vous disiez, il y a quelques instants, que parfois elle arrive
trop tard parce que les jeunes savent déjà, je vous dirai qu'il y
a plusieurs façons de savoir. Ils croient savoir, mais ne savent pas
tout, ne savent pas exactement ce qu'ils doivent savoir.
Mais, si cette information factuelle arrive sans qu'elle ait
été préparée par tout un processus
d'éducation, à différents niveaux, à ce
moment-là, l'information factuelle peut déterminer des
réactions qui ne sont pas toujours favorables.
Ce que je dis, c'est que l'éducation sexuelle doit être
profondément intégrée au processus d'éducation. Il
ne faudrait pas non plus qu'on en mette uniquement le poids sur l'école.
La meilleure éducation sexuel le se fait encore dans la famille.
J'imagine qu'il y a des gens autour de nous qui ont eu à faire
l'éducation sexuelle de leurs enfants et qui n'ont jamais eu la moindre
difficulté à cet égard. Je ne serais pas
étonné que ce soit une bonne majorité de gens. Il faut
bien sûr, aborder les choses avec une certaine santé, mais c'est
parfaitement faisable.
L'école ne peut que suppléer dans des cas d'absence des
parents et ne peut que compléter cette information. Mais je crois que ce
n'est pas réaliste de s'imaginer que l'on peut un jour arriver avec une
politique globale d'éducation sexuelle et c'est la raison pour laquelle
je bannis ce mot-là. Il n'y en aura pas de politique globale
d'éducation sexuelle. Qu'on ne nous en demande pas, je ne crois pas que
cela corresponde à la réalité.
Déficiences alimentaires
M. Léger: Un autre aspect dans mon tour d'horizon
général. Le ministre a certainement pris connaissance, comme
nous, de l'enquête de la qualité de la nutrition chez les jeunes,
entre autres, l'enquête Nutrition Canada qui démontrait, en
particulier, l'état alimentaire déplorable et même alarmant
des jeunes, donc, de la clientèle des polyvalentes, des CEGEP, etc.
Je lui cite, entre autres, les chiffres que j'ai ici et je ne parlerai
que de la population générale; je ne toucherai pas d'autres
aspects. A la page 77 de ce mémoire, on parlait justement que la
population générale, manquait de fer, de calcium et de vitamine
D. Près de 17% de la population étudiante manquait de fer, 20%
manquait de calcium et 26% manquait de vitamine D de façon insuffisante,
légèrement insuffisante. Des chiffres comme 29%, 30% et 46% chez
les garçons et des chiffres un peu plus forts du côté des
adolescents de 10 à 19 ans: Manquant de fer, 40%; de calcium, 34%; de
vitamine D; de vitamine A, 25%.
On voit ces chiffres effarants concernant le manque d'alimentation
général de jeunes. Devant une telle situation, quelles actions
envisage le ministère au niveau des cafétérias scolaires,
comme aide, contrôle, suggestion? Qu'est-ce que le ministre entend faire
de ce côté-là pour pallier cette situation, cette
conséquence de malnutrition?
M. Cloutier: D'abord, il faut bien s'entendre sur ce que vous
appelez malnutrition. Ce n'est pas toujours lié à la
qualité de la nourriture qui est servie dans les
cafétérias de polyvalentes.
M. Léger: Je vais répéter ma question, je ne
voudrais pas que vous alliez dans une mauvaise réponse parce que la
question aurait été mal saisie.
M. Cloutier: C'est peut-être parce qu'elle a
été mal posée.
M. Léger: Pour cette fois-ci.
M. Cloutier: Quelle que soit l'explication,
répétez-la.
M. Léger: De toute façon, ce que je veux que le
ministre me réponde, c'est le fait que la population de 10 à 19
ans, dans une enquête, démontre qu'il y a malnutrition et qu'il
manque les ingrédients tels que le fer, le calcium, etc., qu'il en
manque, pas uniquement parce que cela n'existe pas dans la nourriture servie
dans les cafétérias.
C'est dans la nourriture normale que l'enfant peut prendre à
l'intérieur de ses repas à la maison ou ailleurs.
M. Cloutier: C'est exactement la réponse...
M. Léger: Mais, il se demandait, au niveau de la
cafétéria, un endroit où l'élève peut manger
un et parfois deux repas par jour, si le ministre entend prendre des
dispositions concernant l'amélioration de la qualité des aliments
qui peuvent être servis dans ces cafétérias en pi us de
l'aide, des contrôles, des suggestions qui peuvent être faits au
niveau des cafétérias pour que les enfants puissent choisir la
nourriture qui convienne et qui remplacerait peut-être ce qui manque
à la maison, parce qu'on n'a pas cette formation à la maison.
Souvent, les parents ne donnent pas les éléments qui
manquent à la nourriture de l'enfant.
M. Cloutier: C'est exactement ce que j'allais répondre. Si
le député de Lafontaine ne m'avait pas interrompu, il aurait
déjà sa réponse. Je tentais d'expliquer que, même
dans les cafétérias, alors qu'il y a des
diététiciennes qui ont préparé des menus tout
à fait équilibrés, spontanément, les
étudiants, les élèves vont souvent plutôt vers les
machines distributrices qui ne devraient pas être là mais qui
constituent un revenu accru pour l'administration des
cafétérias.
J'ai mangé à plusieurs reprises dans des
cafétérias de polyvalentes en faisant la queue comme tout le
monde. Je ne m'en vante pas et je ne mets pas cela dans les journaux, mais,
régulièrement, je tente de me sensibiliser au problème du
réseau et j'amène aussi des fonctionnaires. C'est utile pour tout
le monde.
Je me souviens en particulier de Polyno, à La Sarre. C'est assez
voisin, c'est dans le Nord-Ouest. J'ai constaté exactement ce
phénomène.
Pour le même prix, certains élèves allaient
plutôt manger des chips et prendre du coke, alors qu'ils pouvaient avoir
un repas tout à fait équilibré. C'est un problème
extrêmement complexe. C'est un problème d'éducation au sens
large et c'est un problème qui déborde le ministère de
l'Education. Nous avons plusieurs comités avec les Affaires sociales. Je
viens de convenir avec le ministre des Affaires sociales que nous passerons
toute une journée, bientôt, les Affaires sociales et l'Education,
pour tenter de faire la liste de nos comités, tenter d'identifier nos
actions communes et tenter de voir ce qui va et ce qui ne va pas. C'est
justement un problème que nous avons l'intention de mettre à
l'ordre du jour. Parce que ce sont les Affaires sociales qui font les
standards, qui font les guides et il y a eu des guides préparés
par les Affaires sociales en ce qui concerne l'alimentation des
étudiants et les cafétérias.
Jusqu'ici, la politique du ministère a été des
cafétérias autofinancées. C'est une politique à
laquelle on peut réfléchir mais il y a de telles sommes qui sont
impliquées qu'il faut aussi se demander à quel endroit on trace
les limites. Mais je remercie beaucoup le député de Lafontaine
d'insister sur la très grande importance de l'alimentation. C'est un
problème dans les zones défavorisées, c'est un
problème dans le système scolaire.
M. Léger: D'ailleurs, c'est le régime actuel qui
permet justement l'ère de la pizza, des hot dogs et des patates frites
qui sont servis et qui sont vendus à des prix peut-être un peu
plus compétitifs et qui attirent beaucoup plus les jeunes. Que l'on
compare cela à ce qui existe dans le domaine des hôpitaux,
où il y a une quantité énorme de repas qui sont beaucoup
plus équilibrés, parce qu'on y sert des repas en tenant compte de
la qualité nécessaire de nutrition. Actuellement, parce qu'il y a
trop souvent des concessions faites à des personnes qui sont plus ou
moins intéressées à l'aspect éducatif, mais plus
intéressés à l'aspect du profit, il arrive que les choix
devant lesquels se trouvent les étudiants sont des choix à prix
modiques.
Ils peuvent être attirés par un petit repas rapide, la
pizza ou la patate frite, alors qu'il devrait y avoir des suggestions et aussi
des repas qui sont de va-
leur nutritive intéressante et par lesquels lesenfants seront
attirés, parce qu'il y aurait une initiative prise de ce
côté.
M. Cloutier: Ecoutez, on se trouve entièrement d'accord.
Il y a, comme je viens de le dire, un guide qui est envoyé à
toutes les commissions scolaires. Ce comité s'interroge actuellement sur
un tas d'éléments de ce problème. Personnellement, je
crois qu'il va falloir en arriver jusqu'à interdire des machines
distributrices dans les cafétérias, parce que dites-vous,
qu'à prix égal, les enfants aimeront c'est une question
d'éducation peut-être davantage se diriger vers des
nourritures qui ne leur conviennent pas. Je crois que nous devrons agir et nous
agirons certainement.
M. Léger: Etant donné que, parmi les carences on
signalait justement le manque de lait, est-ce que le ministre ne pourrait pas
avoir une entente avec oui, c'est une des carences qui a
été...
M. Cloutier: Je ne suis pas sûr que le député
de Lafontaine ait intérêt à rentrer trop dans le domaine de
l'hygiène et de la médecine.
M. Léger: Non, ce n'est pas de l'hygiène que je
parle. Le ministre...
M. Cloutier: Qu'est-ce qu'il y a dans le lait?
M. Léger: Attendez au bout de mon affaire. Vous allez dire
que vous aviez compris, mais cela ne fait rien. Ce que je veux dire au
ministre, c'est le fait qu'il pourrait y avoir une entente avec le
ministère de l'Agriculture pour une distribution gratuite de lait, de
façon que les étudiants l'ayant gratuitement, seraient plus
tentés d'en prendre. C'est une question de santé des jeunes. Il y
a peut-être des programmes de ce côté qui ont
été d'ailleurs suggérés par plusieurs commissions
scolaires.
M. Cloutier: Vous prêtez peut-être au lait des vertus
qu'il n'a pas. Le lait peut faire partie d'un régime, mais il n'est pas
absolument essentiel. Il peut être substitué par du fromage... je
ne pensais pas d'ailleurs que la discussion prendrait ce tour...
M. Léger: II le faut...
M. Cloutier: Très certainement. L'abus de lait peut
être nocif également. Je crois que ce qu'il est surtout important
de retenir, c'est l'existence du problème, la nécessité
d'intervenir et les mécanismes que nous avons mis en place.
M. Léger: Est-ce qu'il ne serait pas intéressant
pour le ministre d'établir une étude, avec le ministère de
l'Agriculture, sur les coûts de cela, sur les conséquences
avantageuses d'attirer les jeunes avec des possibilités d'avoir du lait
gratuitement plutôt que d'avoir un "coke" pour lequel ils vont payer. Ce
sont des mesures incitatives et motivantes.
M. Cloutier: II y a 40 ans au Québec qu'on parle de lait.
Je me souviens quand je fréquentais l'école
élémentaire il y a un peu plus de 40 ans, par exemple, il
ne faut pas que je me trompe dans mes chiffres on parlait de
distribution de lait. Le ministère de la Santé du temps tentait
de faire une éducation sanitaire. Il ne faut pas s'imaginer que rien ne
s'est fait au Québec. Il ne faut pas s'imaginer non plus qu'il suffit de
faire de la propagande pour obtenir des résultats. Le comité
affaires sociales-éducation fonctionne. S'il m'apparaît utile d'y
associer le ministère de l'Agriculture, très certainement, je le
ferai.
M. Léger: Quand je disais cela, je donnais l'exemple du
lait, cela peut être autre chose, cela peut être des pommes, cela
peut être des fruits...
M. Cloutier: Oui, ce serait plutôt d'autres choses,
d'ailleurs. Effectivement, on pourrait envisager des formules qui permettraient
d'utiliser par des achats groupés, certains surplus. Le ministère
de l'Agriculture serait probablement bien placé pour nous aider.
M. Léger: Maintenant, dans un autre ordre d'idée,
dans le prochain budget fédéral, Radio-Canada consacrera des
services et des sommes importantes pour la mise sur pied d'un programme
d'utilisation d'émissions à la télévision
après diffusion au bénéfice des maisons d'enseignement.
Quelle est la part du ministère dans cette politique?
M. Cloutier: Ce problème a déjà
été discuté au conseil des ministres de l'Education du
Canada.
Nous avons un comité qui s'occupe de tout l'audio-visuel et c'est
exact que ces documents seront disponibles.
M. Léger: Mais qui décidera que tel programme peut
aller à telle maison d'enseignement ou telle autre? Qui va s'occuper de
ces choses?
M. Cloutier: Nous tentons actuellement de mettre au point
certains mécanismes pour que cela ne se fasse pas directement de
Radio-Canada aux commissions scolaires, pour éviter qu'il y ait des
documents que nous n'aurions pas approuvés.
M. Léger: Donc, les documents vont être
donnés au ministère qui verra à les distribuer par la
suite.
M. Cloutier: Nous négocions actuellement cet aspect, et le
problème se pose exactement de la même façon dans toutes
les autres provinces canadiennes. Il y avait même eu, si je ne m'abuse,
un projet de loi fédéral qui a été mis de
côté et qui tentait à institutionnaliser ce système.
Il a été mis de côté, parce que le Conseil des
ministres de l'Education, que je présidais à ce moment, avait
protesté.
M. Léger: L'Office national du film a aussi reçu
une augmentation importante de budget pour réali-
ser des film éducatifs à des fins scolaires. Est-ce qu'il
y a actuellement des négociations qui sont faites? Est-ce qu'il y a des
consultations sur les contenus de ces films?
M. Cloutier: Non, pas à ma connaissance.
M. Léger: Comme c'est du matériel didactique
très important, est-ce que le ministre a l'intention de consulter
l'Office national du film pour voir les possibilités de ce
côté?
M. Cloutier: II y a déjà eu, et il faudrait que je
revoie ce dossier, des négociations dans le cadre du Conseil des
ministres de l'Education du Canada. Il y a eu des ententes, d'ailleurs, de
signées avec Radio-Canada, et je me demande même s'il n'est pas
question d'une entente avec l'Office du film.
M. Léger: A ce moment, quelle concordance pouvez-vous
établir entre ces programmes et le programme d'éducation dont le
ministère est responsable?
M. Cloutier: II faut distinguer ce que vous appelez documents
éducatifs. Il y a des documents éducatifs qui sont produits par
le ministère de l'Education. Je pense à la direction
générale des moyens techniques d'enseignement, qui
apparaîtra dans la discussion quelque part, probablement dans le groupe
9, au programme 3. Mais il s'agit, à ce moment, de documents que
j'appelerais éducatifs scolaires, c'est-à-dire qu'ils sont
conçus pour un niveau élémentaire, et qui ont des
objectifs éducatifs bien définis. Il existe une autre
catégorie de documents éducatifs du type de ceux que commence
à produire Radio-Québec, parce qu'au fond, tout document
d'information peut avoir un contenu éducatif au sens large. Je crois
qu'il est important de distinguer les deux. L'Office national du film produit
des documents du type Radio-Québec, si je peux décrire le type de
cette façon.
M. Léger: Ce dont je parlais, c'étaient dans ce
dernier budget de l'Office national du film, les documents pédagogiques
pour l'éducation scolaire. Je demandais, d'abord, les concordances avec
votre propre politique, votre propre programmation dans le domaine scolaire, de
façon que ces programmes ne soient pas utilisés, parce qu'ils ne
conviennent pas à votre programme.
M. Cloutier: Je suis convaincu que...
M. Léger: C'est pour la concordance avant; comme ces
budgets sont déjà votés à l'Office national du film
et qu'on va commencer à produire, je demandais cette consultation avec
votre ministère, de façon que vous puissiez leur dire ce dont
vous avez besoin...
M. Cloutier: Bien, c'est-à-dire que...
M. Léger:... et, dans ce style, être capable de les
utiliser par la suite.
M. Cloutier: II est très possible qu'on n'ait besoin de
rien du tout parce qu'il ne faut quand même pas oublier que nous nous
tournons davantage vers notre service général des moyens
d'enseignement ou vers Radio-Québec pour ces documents, mais nous avons
également des échanges avec d'autres provinces canadiennes pour
une certaine catégorie de documents.
Enfin, c'est une situation que je reverrai si le député de
Lafontaine le souhaite.
M. Léger: Oui. Je le souhaite parce que l'Office national
du film va produire des documents pédagogiques en éducation
scolaire à même les taxes des Québécois. C'est donc
souhaitable que, quant à avoir des sommes qui sont prises à
même les taxes des Québécois, ils soient au moins faits
selon les besoins des Québécois et puisque vous allez pouvoir les
utiliser...
M. Cloutier: Je trouve que le député de Lafontaine
devient singulièrement fédéraliste.
M. Léger: Absolument pas.
M. Cloutier: Je suis tout à fait d'accord.
M. Léger: C'est que, pendant que nous sommes dans le
régime fédéral, je ne tiens pas qu'on perde trop, du moins
jusqu'à ce qu'on puisse récupérer, quand nous serons
indépendants.
M. Cloutier: Ah bon! Vous êtes donc
fédéraliste pour l'instant?
M. Léger: Je suis obligé, par la force des choses,
mais pas dans mes intentions.
M. Cloutier: Mais vous êtes fédéraliste pour
l'instant? Le raisonnement que vous venez de tenir est un raisonnement
fédéraliste.
M. Léger: Tout indépendantiste est
fédéraliste. Il est obligé de vivre dans un système
fédéraliste.
M. Cloutier: Le député l'accepte et il en tire le
meilleur parti possible.
M. Léger: Oui, c'est entendu. M. Cloutier: Bon!
Voilà!
M. Léger: Ce serait ridicule de ne pas prendre ce qui nous
est dû. Mais ce que je reprocherais, par exemple, au gouvernement
responsable, c'est de ne pas aller chercher le maximum qui lui est dû
dans le système.
M. Cloutier: Très bien. Nous notons.
M. Léger: Autrement dit, si je ne faisais pas de rapport
d'impôt fédéral, je ne me poserais pas cette question.
M. Cloutier: Je comprends cela. C'est une mauvaise période
pour en discuter.
M. Léger: C'est cela. Le ministre pourrait-il nous
renseigner concernant les demandes de l'UPA concernant l'enseignement
professionnel agricole? Quelle est l'opinion du ministre surtout sur les
recommandations de l'UPA. Je vais lui en lire quelques-unes.
M. Cloutier: Je les connais. J'ai rencontré l'UPA. J'ai
beaucoup de respect pour cet organisme.
M. Léger: Je ne vais pas vous les lire toutes. Je vais
vous en donner quelques-unes concernant la formule à l'endroit du
ministère de l'Education. Les demandes sont les suivantes. La
première recommandation était de mettre en place un
véritable comité consultatif de l'enseignement professionnel
agricole groupant tous les agents particulièrement
intéressés au développement de cet enseignement et qui
devraient être consultés sur toute question se rapportant à
l'orientation, à l'organisation et au développement
général de l'enseignement professionnel agricole.
Sur ce point, qui est une demande bien précise, quelle est la
position du ministre?
M. Cloutier: Je vous parlais donc d'une rencontre que j'ai eue
moi-même avec l'UPA, qui est venue me faire part de son inquiétude
concernant l'enseignement agricole, mais, en même temps, confirmer
l'orientation que le ministère avait donnée à cet
enseignement agricole. Nous avons, au niveau des fonctionnaires, des rencontres
régulières maintenant. Nous avons pris des dispositions pour
engager un agronome. Curieusement, il n'y en avait pas au ministère de
l'Education pour tenter d'intégrer les programmes des divers
niveaux.
Voilà où nous en sommes. C'est un secteur qui
m'intéresse particulièrement et je pense qu'il faut tenter de
bonifier l'enseignement agricole sans que cet enseignement agricole se situe en
marge de l'enseignement qui se donne au Québec.
Enseignement professionnel
M. Léger: Pour ma deuxième demande, parce que vous
m'avez répondu à la première et à la
troisième en même temps, je demandais au ministre d'indiquer de
façon précise la personne qui, au ministère de
l'Education, sera l'interlocuteur qualifié des divers agents
extérieurs, dont l'UPA, en ce qui concerne l'enseignement professionnel
à l'école.
M. Cloutier: C'est fait. C'est le sous-ministre adjoint. M.
Jean-Claude Lebel.
M. Léger: Qui est maintenant l'interlocuteur avec
l'UPA.
M. Cloutier: Qui est l'interlocuteur, et je crois que
c'était là une demande qui était tout à fait
logique. Il y avait une mise en ordre qui s'imposait et nous l'avons faite.
M. Léger: Je félicite le ministre là-dessus.
M. Cloutier: Vous savez, mon père était agro- nome. Alors, j'ai
conservé des attaches rurales. Si je peux faire quelque chose dans ce
domaine, vous pouvez compter sur moi.
M. Léger: On demandait aussi...
M. Samson: ...au député de Lafontaine.
M. Léger: Je n'ai pas saisi. De toute façon...
M. Cloutier: Ce n'était pas méchant.
M. Samson: Non, ce n'est pas malicieux.
M. Léger: ...que le ratio
maître-élèves de 1/17 appliqué en enseignement
professionnel agricole soit diminué au ratio de 1/12 et que l'exigence
d'un minimum de 15 étudiants pour l'ouverture d'une option agricole soit
révisée pour être diminuée.
M. Cloutier: Cela soulève un problème qui
déborde largement l'enseignement agricole. C'est le problème du
ratio dans le secteur, c'est le problème du ratio au niveau
collégial. Nous avons un ratio qui couvre à la fois le secteur
général et le secteur professionnel. Il fait l'objet de
discussions depuis un certain temps et, à chaque négociation
collective, le problème est soulevé.
Je pense qu'il y a une difficulté réelle et nous
envisageons plusieurs formules. Il serait possible d'avoir un ratio pour le
professionnel et un ratio pour le général. Il serait possible
et c'est peut-être l'hypothèse à retenir
d'avoir un ratio pondéré, compte tenu de l'importance du
professionnel par rapport au général. En fait, il existe une
espèce injustice est peut-être un grand mot
d'anomalie dans la mesure où certains collèges rendent le secteur
professionnel beaucoup plus important que le secteur général et
auront, au fond, proportionnellement à leur population scolaire, un
nombre donné d'enseignants qu'ils devront utiliser, ce qui peut amener
des charges plus considérables dans le secteur général,
dans la mesure où on veut diminuer la charge dans le secteur
professionnel. Je ne peux donner à cette demande qu'une réponse
générale.
M. Léger: Je comprends le ministre, qui a une
responsabilité générale dans ce domaine, et sa proposition
de ratio pondéré peut être une solution à entrevoir
à long terme, mais devant la situation difficile actuelle du domaine de
l'agriculture, est-ce qu'avant d'arriver à une solution
générale qui peut prendre un certain temps, le ministre ne
pourrait pas donner un ratio un peu inférieur à ce domaine
particulier? '
M. Cloutier: Les ratios ne sont pas donnés à des
domaines particuliers. Un collège peut parfaitement décider de
mettre douze élèves avec un enseignant dans le secteur agricole.
On le fait d'ailleurs dans des secteurs hautement professionnels, comme le
pilotage. Dans notre école de pilotage, l'option pilotage de Chicoutimi,
il n'y a pas vingt élèves pilotes par instructeur aux commandes
du même appareil. Evidemment, le ratio est très faible. Mais ceci
signi-
fie des équilibres à respecter pour l'ensemble. C'est une
demande qui ne tient pas compte du système tel qu'il est. On ne peut pas
décréter qu'il y aura un ratio de 1 pour 12 pour tel secteur,
pour telle discipline. En revanche, rien n'empêche une commission
scolaire de tenir compte des besoins particuliers du secteur agricole par
rapport aux autres secteurs. Parce que cette question du ratio est une
matière de négociation, n'est-ce pas?
Si on en arrive à des formules qui, à l'intérieur
des budgets disponibles, donnent de meilleurs résultats, soyez
convaincus que je serai le premier à m'en réjouir.
M. Léger: Pour la deuxième partie concernant le
minimum de 15 pour l'ouverture d'une option agricole, est-ce que ça peut
être aussi accepté actuellement?
M. Cloutier: Nous avons déjà des minimums pour
l'ouverture de n'importe quelle option. Ces minimums varient, il faudrait que
je voie ce que nous pouvons faire. Nous discuterons de cette question dans le
cadre de nos rencontres avec l'UPA. Cela me paraît faisable.
M.. Léger: Parfait. M. le Président, je vois qu'il
est six heures, est-ce qu'on ajourne à demain matin?
M. Cloutier: On ne siège pas ce soir? M. Léger:
Mercredi soir...
Le Président (M. Pilote): La commission ajourne ses
travaux à demain, dix heures.
(Fin de la séance à 18 h 00)