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Commission permenente de l'éducation,
des affaires culturelles et des communications
Etude des crédits du ministère de
l'Education
Séance du jeudi 17 avril 1975
(Dix heures douze minutes)
M. Pilote ( président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A
l'ordre, messieurs!
Oui, on a quorum. M. Brown est derrière vous. M. Brown, de
Brome-Missisquoi, remplace M. Houde, de Fabre.
La parole est au ministre de l'Education.
M. Cloutier: Avant de commencer, M. le Président, je
voudrais déposer un document que m'a demandé le
député de Lafontaine, c'est-à-dire la liste des membres de
mon cabinet.
Ecoles de conduite
M. Léger: M. le Président, pour revenir à
une série de questions précises, mais d'ordre
général, le ministre des Transports a annoncé le 26
février dernier un nouveau programme sur les écoles de conduite,
incluant la normalisation des matières à enseigner et des
leçons.
Est-ce que le ministre ne considère pas que ce genre de cours
devrait relever du ministère de l'Education, puisque hier encore, le
député de Rouyn-Noranda en avait parlé un peu? Mais il y a
des notes pédagogiques, et même, si je me rappelle bien, lors de
l'étude des crédits du ministère des Institutions
financières et coopératives, concernant le rapport Gauvin, il
avait été question d'une école ou même d'un village
et d'une route particulièrement préparé avec les accidents
normaux d'une route, pour montrer aux enfants comment se comporter, comme
étudiants, dans l'autobus, avec les automobilistes, à bicyclette,
etc. C'est à Saint-Honoré?
M. Cloutier: M. le Président, cela relève du
ministère des Transports et nous avons des relations avec le
ministère des Transports. Il y a un comité pour discuter de
toutes les questions du transport scolaire, écolier, mais pour ce qui
est des écoles de conduite, le ministère de l'Education n'est pas
intervenu jusqu'ici.
M. Léger: II y a quand même un système
pédagogique derrière ce système routier en
expérimentation chez les étudiants. Il y a tout le système
dans lequel l'étudiant doit évoluer lorsqu'il sera adulte:
Soit comment conduire une motocyclette, la façon de se comporter
avec les automobiles, comme un enfant qui traverse une rue, un enfant qui se
sert d'une motocyclette plutôt que d'une bicyclette, sa façon de
se conduire dans l'autobus même, etc. Tout ce système
relève quand même non seulement de renseignements, mais de
l'éducation avec un système pédagogique.
Le ministère de l'Education n'a eu aucune consultation à
ce sujet.
M. Cloutier: Non, pas que je sache. Je vais vérifier. Je
ne vous cache pas que je n'ai pas eu l'impression que c'était le
problème le plus urgent qui devait attirer mon attention. Je
félicite le député de Lafontaine de mettre l'accent sur un
certain nombre de points de cet ordre.
M. Léger: Dans cette même conférence du
ministre, il annonçait son intention de rendre l'enseignement de la
sécurité routière obligatoire au primaire et au
secondaire. Là-dessus, avez-vous été consulté?
Etes-vous au courant?
M. Cloutier: Non, pas à ma connaissance, mais, s'il est
question de faire cela dans le cadre des programmes scolaires, il est bien
évident que rien ne pourra se faire sans que nous soyons
consultés et impliqués.
M. Léger: Mais, j'ai l'impression, qu'au moins des gens de
votre ministère ont été consultés. Pourriez-vous
vérifier les...
M. Cloutier: C'est ce que je viens de faire. Le sous-ministre
titulaire ne semble pas avoir de renseignement à ce sujet, à
moins qu'il ne s'agisse de l'aspect de la sécurité.
M. Léger: La sécurité routière
obligatoire.
M. Cloutier: Mais, pour ce qui est de l'aspect de la
sécurité routière, effectivement, il y a eu des
consultations.
M. Léger: D'accord. Cela va-t-il entrer dans des
programmes au primaire et au secondaire de cette année?
M. Cloutier: Certainement pas de cette année.
M. Léger: Lors de votre brève déclaration
d'ouverture, le ministre a parlé...
M. Cloutier: Elle était adéquate.
M. Léger: Oui. Je ne vous enlèverai pas les fleurs
que vous vous envoyez.
M. Cloutier: Non, pas du tout, mais elle n'était pas
brève, elle était ce qu'elle devait être.
M. Léger: Je peux même leur mettre de l'eau pour
leur permettre de vivre plus longtemps. De toute façon, vous avez
mentionné...
M. Cloutier: J'ai l'impression que cela ne vous a pas
inspiré, parce que vous ne travaillez pas au même niveau, mais
continuez.
M. Léger: M. le ministre, vous allez vous apercevoir que
vous avez devant vous un député qui n'est pas susceptible...
M. Cloutier: Un père de famille de cinq enfants.
M. Léger: ...qui ne sautera pas à chaque fois que
le ministre va s'arrêter au paternalisme des jugements de valeurs sur le
comportement de son vis-à-vis.
M. Cloutier: Non, mais j'aurais quand même
souhaité... Si cela continue, je vais être obligé de faire
une motion pour demander qu'on me rende le député de
Saint-Jacques.
M. Léger: Cela voudrait dire que les affaires vont bien du
côté de l'Opposition.
M. Cloutier: Continuons. Essayons quand même de faire un
travail sérieux.
Maternelles
M. Léger: ...vous avez parlé des enfants en
maternelles d'accueil et de la formation des jardinières dans les
milieux défavorisés, entre autres. Quelles sont les
régions qui sont visées par votre projet?
M. Cloutier: D'abord, j'ai parlé de deux types
d'institutions, les maternelles et les classes d'accueil. Ce n'est pas tout
à fait la même chose, parce que les maternelles s'adressent aux
enfants d'âge préscolaire et, les classes d'accueil s'adressent
aux enfants d'immigrants qui ont de sept à seize ans.
C'est surtout à Montréal que nous avons un certain nombre
de classe de maternelle, mais également il y en a eu d'organisées
dans une région comme Sherbrooke. Je crois qu'il va y avoir, dans la
région de Hull, trois classes.
M. Léger: Dans les milieux défavorisés, ce
sont dans ces lieux...
M. Cloutier: Nous ne parlons pas de la même chose en ce
moment.
M. Léger: Non, mais j'ai posé deux questions en
même temps.
M. Cloutier: Ecoutez, il faut quand même qu'on essaie de
dissocier en vous aidant à préciser votre pensée. J'ai cru
comprendre que vous parliez...
M. Léger: Précisez votre réponse et je serai
très heureux.
M. Cloutier: Je ne peux pas préciser mes réponses,
si je n'ai pas des questions qui sont pour le moins cohérentes. Je
n'exige pas des questions nécessairement intelligentes, mais au moins
qu'on essaie de s'y retrouver. Vous voulez parler de quoi en ce moment?
M. Léger: On va être 20 heures comme cela. Est-ce
que le ministre..
M. Cloutier: On va être 50 heures comme cela s'il le
faut.
M. Léger: Je lui ai dit au ministre que je ne voulais pas
être...
M. Cloutier: Parce que je savais bien, en voyant le
député de Lafontaine...
M. Léger: ... arrogant, de tâcher de demeurer dans
le sujet.
M. Cloutier: ... que la discussion des crédits prendrait
un tout autre ton. Je m'y attends et je le déplore, je pense, pour
l'opinion publique québécoise. Peu importe, je vais aller
jusqu'au bout. Alors, qu'est-ce que vous voulez savoir?
M. Léger: Je vous ai posé la question. M. Cloutier:
Non, vous ne l'avez pas posée. M. Léger: Dans les milieux
défavorisés... M. Cloutier: Vous l'avez mal
posée.
M. Léger: Ecoutez, je calcule qu'un ministre de
l'Education devrait saisir rapidement les questions qu'on lui pose sur son
ministère...
M. Cloutier: Lorsqu'elles sont posées dans un
français à peu près correct et lorsqu'elles suivent les
principes habituels du raisonnement. Allez-y.
M. Léger: Maintenant que vous avez fait votre spectacle,
quelle est la réponse?
M. Cloutier: Je pense que si on veut travailler
sérieusement, il va falloir changer de ton.
M. Léger: Oui, restons donc sur les questions et non pas
sur...
M. Cloutier: Alors, posez des questions.
M. Léger: ...le domaine affectif, paternaliste qui essaie
de montrer que l'adversaire a dit un mot de travers. Restez donc sur le contenu
au lieu de toujours trouver des erreurs dans le contenant. Voulez-vous?
M. Cloutier: Tout ce que je veux, c'est essayer de comprendre vos
questions et j'y répondrai. Si elles sont incompréhensibles, je
demanderai qu'on en prenne acte. Celle-ci a besoin d'être
précisée.
M. Léger: J'ai demandé concernant...
M. Cloutier: Vous parlez de quatre ou cinq choses à la
fois et si cela continue, je vais vous imposer...
M. Léger: J'ai parlé d'écoles
maternelles...
M. Cloutier:... comme j'en ai le droit, de suivre le programme
tel quel, programme par programme. Si vous voulez qu'on discute sur un plan
général, aidez-moi un peu en disant exactement ce que vous
voulez.
M. Léger: Je ferai remarquer au ministre sur un ton
très calme et très humble, cela va peut-être ramener les
débats là où ils devraient être...
M. Cloutier: C'est-à-dire à votre niveau.
M. Léger: ... que ce sont des questions que je pose
concernant les déclarations préliminaires du ministre sur
l'ensemble...
M. Cloutier: Vous parlez des zones défavorisées. Je
vais vous aider.
M. Léger: Oui. C'est ce que j'attends.
M. Cloutier: Je me suis engagé auprès de votre
leader parlementaire lorsqu'il m'adit que vous viendriez à la discussion
des crédits. Je vais vous aider. Vous voulez avoir des renseignements
sur les structures que nous avons dans les zones défavorisées ou
en ce qui concerne les enfants d'immigrants. C'est cela?
M. Léger: Les enfants d'immigrants...
M. Cloutier: Ecoutez, décidez-vous. L'un ou l'autre...
M. Léger: Js n'ai pas parlé d'enfants d'immigrants,
mais je suis d'accord que vous en parliez.
M. Cloutier: Comme vous n'aviez pas parlé de zones
défavorisées, je vous ai répondu sur les zones...
M. Léger: Je vous laisse parler allez-y.
M. Cloutier: Non, je veux que vous me posiez une question
d'abord.
M. Léger: J'ai demandé... les enfants en maternelle
d'accueil et la formation des jardinières.
M. Cloutier: Je vous ai expliqué qu'il n'y avait pas de
maternelle d'accueil, mais enfin, peu importe. Allez!
M. Léger: Oui, mais, par la suite, vous avez dit qu'il y
avait des classes d'accueil, ainsi que des maternelles.
M. Cloutier: C'est cela.
M. Léger: Dans les milieux défavorisés,
qu'est-ce que vous avez fait de plus au domaine de l'accueil ou des
écoles maternelles?
M. Cloutier: Cela va être difficile de s'entendre.
Si je comprends bien, ce qui vous intéresse, ce sont les zones
défavorisées, et ce qui vous intéresse, ce sont les
structures que nous avons sur le plan des maternelles.
M. Léger: D'accord!
M. Cloutier: Voilà! Nous avons une centaine de maternelles
pour les quatre-ans.
M. Léger: Les quatre-ans. M. Cloutier: Oui.
M. Léger: Vous avez parlé, aussi, lors de votre
discours d'ouverture, de perfectionnement pour les principaux
d'école.
M. Cloutier: Cela n'a strictement aucun rapport, mais
allez-y!
M. Léger: Aucun rapport...
M. Cloutier: Avec le sujet dont on vient de parler, mais cela n'a
pas d'importance.
M. Léger: Je relève les points de votre... M.
Cloutier: Ah! Vous passez à autre chose.
M. Léger: Je viens de vous le dire. Je passe à
autre chose. C'est une série de questions. Vous allez vous apercevoir,
M. le ministre, cette année, qu'on va aller dans des questions
précises et concrètes, locales et régionales, de
façon que vous puissiez remonter à la hauteur des
décisions administratives pour me dire comment vous envisagez de
réaliser cela. C'est ma façon de fonctionner. Là, vous
m'avez dit...
M. Cloutier: Essayez que ce soit clairement dit au moins.
M. Léger:... lors de l'ouverture des discussions sur les
crédits, vous avez fait une série d'affirmations. J'ai
trouvé cela très bien, bien présenté, etc.
Maintenant, je relève des points et je demande des explications.
M. Cloutier: D'accord ! On va vous les donner, si vous pouvez les
comprendre.
Principaux d'école
M. Léger: Concernant le perfectionnement des
principaux...
M. Cloutier: Ah! Autre sujet.
M. Léger: Oui, et, chaque fois, je vous dis que c'est un
autre sujet. C'est une série de sujets.
M. Cloutier: C'est ça. Précisez-le, cela va nous
aider.
M. Léger: Bon! Cela va vous permettre de comprendre.
Les détails sur le perfectionnement des principaux: A quels
endroits cela va-t-il avoir lieu? Quelle est la forme et quel est le sujet de
ces cours?
M. Cloutier: II y a un document qu'on peut déposer
là-dessus. C'est un programme qui est en
préparation, conjointement entre la Fédération des
principaux d'une part, et le ministère de l'Education d'autre part, le
service des personnels. Moi-même, j'ai rencontré la
Fédération des principaux il y a environ huit mois au moins. On a
convenu de mettre au point ensemble le programme, qui doit débuter en
septembre prochain. Des conversations ont eu lieu depuis ce temps. Je ne peux
pas vous en donner l'état exact à ce moment-ci. Le document
pourrait être déposé, si le ministre le veut, et tout
probable que ce sera, dans diverses régions, en collaboration avec
l'ENAP que le programme sera réalisé.
M. Léger: Le document sera déposé? Je peux
dire au ministre que l'Association des principaux a son siège
près de ma maison, à Anjou. Je connais passablement
l'organisation de ces principaux d'école.
On passe à un autre sujet, M. le Président...
M. Cloutier: Bon! Il va apprendre. Il est peut-être
perfectible.
M. Léger: Je me demande si le ministre aura une telle
attitude continuellement. Je suis prêt à l'attendre.
M. Cloutier: Si c'est la vôtre, ce sera certainement la
mienne. Je n'ai pas l'habitude de...
M. Léger: Je n'ai pas l'habitude de...
M. Cloutier: Si vous voulez travailler intelligemment, je suis
tout à fait d'accord pour le faire. Je l'ai toujours fait.
M. Léger: ...travailler avec la façon d'agir du
ministre. Je voudrais qu'on reste sur le contenu.
M. Cloutier: Cela ne me gêne absolument pas. Posez les
questions que vous voudrez et j'ai admis que vous puissiez les poser de
façon... en dehors des programmes.
M. Léger: Les jugements de valeur continuels...
M. Cloutier: Cela ne me gêne pas, mais comprenez-moi si je
vous demande de préciser. Vous avez une façon de penser, de vous
exprimer, qui ne m'est pas immédiatement accessible. Ce n'est pas une
critique, c'est une constatation.
Formation des adultes
M. Léger: Bon Sur la formation des adultes, vous avez dit
que vous entrepreniez des études. Qui fera ces études et quand
prévoyez-vous avoir les résultats de ces études?
M. Cloutier: II y a une série d'études qui ont
été énoncées dans l'exposé initial. C'est
essentiellement la direction générale de l'éducation des
adultes qui les réalise. Je pense que cette division s'appelle
l'étude des projets et cette division des programmes. D'une façon
générale, l'assise des équi- pes de travail est à
la direction générale de l'éducation des adultes, mais ces
travaux se font, d'une façon ouverte, en liaison avec les groupements ou
les personnes, avec des contributions externes. Essentiellement, c'est sous la
responsabilité du sous-ministre adjoint, M. Maurice Mercier, et du
directeur de la direction générale de l'éducation des
adultes, M. Louis Pelletier.
Le calendrier varie selon les cas. Sur le régime de formation,
c'est assez avancé. Je pense que, d'ici trois mois, on pourra soumettre
un document à l'avis du Conseil supérieur de l'éducation.
Sur les autres sujets je ne les ai pas à la mémoire
en particulier, l'organisation de la question de l'enseignement avec
entrées et sorties multiples et découpage des programmes de
formation en unités d'apprentissage. C'est une opération qui est
déjà commencée depuis quelques années sur le
découpage des unités d'apprentissage, sur la question de
l'organisation de l'enseignement. Je pense qu'on en a encore également
jusqu'à la fin de l'été avant de proposer un régime
d'étude qui soit plus approprié.
M. Léger: Mais, dans l'ensemble, au début de
l'automne, vous aurez le rapport complet sur les programmes à
établir sur la formation des adultes.
M. Cloutier: II ne s'agit pas d'un document d'étude comme
ceux des autres dossiers prioritaires. Dans mes remarques préliminaires,
j'ai bien expliqué que nous avions procédé pour
l'éducation des adultes d'une façon différente en
identifiant un certain nombre de problèmes et en tentant d'apporter des
solutions à court terme. Le problème que vous venez
d'évoquer est celui du régime pédagogique.
M. Léger: Maintenant, M. le Président, nous allons
passer à un autre sujet. Hier, le ministre a parlé des
expériences de Multi-media. Si ma mémoire est bonne, il a dit
qu'il y avait trois territoires sur lesquels Multi-Media a été
établi et qu'il le limiterait à ces trois territoires. Est-ce que
le ministre peut me dire, étant donné qu'il doit remettre aux
commissions scolaires la responsabilité de Multi-Media je ne sais
pas si c'est au cours de l'année, mais très bientôt, et que
cela doit devenir leur responsabilité avec quel argent les
commissions scolaires vont pouvoir faire fonctionner Multi-Media, qui
était financé d'une façon différente?
M. Cloutier: D'abord, je dois préciser que ce n'est pas
très bientôt. C'est une orientation que je souhaite donner au
programme. Ceci peut prendre plusieurs années, tout dépendra de
l'évolution du programme. Nous allons évaluer les
résultats tant sur le plan des contenus que sur le plan des
méthodes et nous verrons jusqu'à quel point l'intégration
peut se faire au niveau des instances locales. A ce moment-là, nous nous
interrogerons sur le mode de financement. Il est bien évident qu'il
faudra prévoir des sommes suffisantes.
M. Léger: Quelle évaluation a été
faite ou sera faite de l'expérience dans les trois territoires pour les
diriger sous une autre forme de direction?
M. Cloutier: L'évaluation ne portait pas du tout sur un
changement éventuel, mais portait uniquement sur les résultats.
En fait, il y en a eu deux jusqu'ici, mais ce n'est pas facile et j'ai
demandé une information supplémentaire au directeur adjoint de
l'éducation des adultes, M. Mercier.
M. Léger: Cela va prendre quelle forme cette relation?
M. Cloutier: Quelle relation?
M. Léger: Avec les commissions scolaires par la suite.
M. Cloutier: II s'agit d'une simple orientation que j'envisage
dont j'ai parlé, mais qui, actuellement, n'est pas du tout
incarnée dans les faits. Le programme Multi-Media se développe
normalement à cette différence près qu'il a
été restreint à trois régions et que le
gouvernement n'a pas permis d'extension à l'ensemble du territoire,
comme prévu à l'origine, et à cette autre
différence près qu'il y a eu une réorganisation
administrative qui a permis d'intégrer une partie de la structure
à la direction générale de l'éducation des
adultes.
M. Léger: J'avais cru saisir hier et le ministre me
corrigera si ce n'était pas ce qu'il voulait faire ressortir
qu'on n'avait pas agrandi le champ de fonctionnement de Multi-Media, parce que
l'expérience n'avait pas été aussi heureuse que le
gouvernement s'y attendait. Est-ce que c'est la raison pour laquelle vous avez
limité ça à ces trois territoires?
M. Cloutier: Non, je dirais que lorsque je suis arrivé au
ministère et que j'ai tenté d'évaluer les
différents programmes en cours, je suis venu à la conclusion que
Multi-Media, même si le programme reposait sur des principes
pédagogiques intéressants, ne justifiait peut-être pas une
extension trop repide et surtout des budgets aussi considérables que
ceux qui avaient été prévus. J'ai
préféré limiter l'opération et je crois que tout le
monde s'en félicite, en fait, de manière que l'on puisse vraiment
roder le projet. Par la suite, dans l'optique de la décentralisation,
j'ai pensé qu'il y aurait peut-être intérêt à
ce que Multi-Media ne devienne jamais une espèce d'opération
parallèle à ce que pourraient faire les commissions scolaires
locales et régionales.
M. Léger: J'ai eu l'occasion de faire affaires avec
Multi-Media pour une raison bien précise dans
Rivière-des-Prairies, où les citoyens de cette région
étaient suffisamment démunis pour ne pas être capables de
s'organiser devant un phénomène qu'ils subissaient, soit celui de
l'homologation de leur maison par la ville de Montréal. Les
propriétaires qui, tout à coup, voulaient soit vendre leur maison
ou améliorer leur maison qui s'en allait en détérioration,
voyaient leur demande refusée par la ville de Montréal parce
qu'ils étaient homologués et que le nombre de
propriétaires dont les maisons étaient homologuées
étaient de plus en plus grand et qu'ils étaient tous
individuellement démunis devant le mastodonte qu'était la ville
de Montréal.
Quand j'ai vu qu'il y en avait plusieurs qui étaient venus
à mon bureau, au cours d'une assemblée mensuelle avec les
électeurs de mon comté j'ai choisi comme thème:
L'homologation. J'ai eu la surprise de ma vie, au lieu de n'avoir qu'une
centaine de personnes, comme j'avais tous les mois, il m'en est arrivé
500 personnes. Tous ceux qui avaient des problèmes d'homologation se
sont rencontrés et se sont aperçus que c'était une vaste
opération et je dirais même une vaste conspiration parce qu'ils ne
s'attendaient pas à voir autant de gens.
Multi-media est venu les aider pour s'organiser, préparer les
dossiers, pour être capable de faire face à la ville de
Montréal qui voulait retirer de chacun d'eux des décisions de
choix de vendre leur maison au plus bas prix possible en négociant
uniquement avec chaque personne. Multi-Media a joué un rôle
important là-dedans. Je présume que c'est une des facettes des
rôles de Multi-Media d'aider des organismes d'adultes à
fonctionner.
Est-ce que ça pourrait continuer encore avec le système,
si ça relevait des commissions scolaires, le travail qu'il a fait pour
aider ces personnes à s'organiser pour défendre leur
territoire.
M. Cloutier: Ce que vous venez de décrire est
effectivement un type d'activité que certaines équipes
Multi-Media ont eu. Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne orientation,
pour ne rien vous cacher. Je ne suis pas sûr que ce soit la
responsabilité du système scolaire de se transformer en groupes
de pression ou de se transformer, même, en groupes d'information
orientés vers une action précise.
Je ne dis pas qu'une telle action n'est pas nécessaire dans une
société, mais j'exprime des doutes sur l'utilisation du
système à ces fins. J'ai toujours des réserves pour
Multi-Media, je ne les ai jamais cachées, mais que voulez-vous? Le
programme existait quand je suis arrivé. J'ai tenté, comme je
vous l'ai dit, de le restreindre, de l'intégrer à la direction
des adultes. Maintenant, à moyen terme, je souhaiterais que les
commissions scolaires puissent reprendre les aspects les plus valables du
programme Multi-Media.
C'est mon opinion et je crois bien que, si les commissions scolaires
reprennent Multi-Media ou précisent leur propre programme en incorporant
leur propre programme d'éducation des adultes, en incorporant les
principes pédagogiques intéressants que sous-tend Multi-Media,
à ce moment-là, je ne crois pas que cela prenne la direction dont
parle le député de Lafontaine.
M. Léger: Je dois quand même corriger. J'ai
peut-être donné une impression d'ingérance de Multi-Media
dans le travail; ce n'était pas cela. Il ne s'est jamais prononcé
sur le contenu, il n'a jamais orienté les gens vers le contenu.
C'était plutôt une forme de réunion démocratique, et
non pas théocra-tique ou autre, où on dirigeait le contenu, on
dirigeait les gens vers une action.
C'était tout simplement une réunion de gens avec une
façon de leur faire réaliser les problèmes qu'ils avaient,
leur démontrer, leur demander
comment ils pouvaient trouver une solution à cela, mais ni plus
ni moins les encadrer, non sur le contenu ni aucunement, d'une certaine
façon, avec du dirigisme éhonté. Il s'agit simplement de
faire prendre conscience à une population qu'elle a un problème
et quelles sont les méthodes qu'elle peut prendre, venant d'elle, pour
qu'il y ait, à la fin d'une assemblée, non pas deux heures de
discussion inutile, de verbalisme inutile et de défoulement collectif,
mais faire déboucher vers une action concrète toutes les
préoccupations et les frustrations que les gens subissaient. C'est dans
ce sens-là. C'est beaucoup plus de la pédagogie de fonctionnement
de groupes, ensemble, pour trouver des solutions à leurs
problèmes.
M. Cloutier: Tant mieux si cela s'est fait dans cet
esprit-là, mais il reste que c'est une approche qui n'est pas sans
danger et je continue de m'interroger: Doit-elle releverd'un système
d'éducation qui a des responsabilités précises?
M. Léger: M. le Président, de toute façon,
vous m'avez donné votre opinion. Les trois territoires que vous avez
mentionnés, quels sont-ils, Montréal mis à part?
M. Cloutier: Nord-Ouest et Saguenay-Lac-Saint-Jean.
Construction
M. Léger: Maintenant, nous allons toucher un autre sujet,
M. le Président. Concernant la révision des constructions, suite
à la diminution des effectifs scolaires vous avez parlé de
cela dans votre discours d'hier est-ce que vous pourriez nous donner un
peu plus d'explications dans ce sens-là, au point de vue des endroits.
Dans quel sens y aura-t-il une révision? Quelle région va
être le plus affectée? Est-ce d'une façon globale,
sectorielle? Comment envisagez-vous cette révision des constructions,
suite à la diminution des effectifs scolaires?
M. Cloutier: Elle est largement faite, à la demande du
Conseil du trésor, compte tenu, non seulement de la réduction des
effectifs scolaires, mais, également, compte tenu de la situation
économique, de l'inflation, de l'augmentation des coûts de
construction, nous avons reçu tous nos programmes d'investissement aux
niveaux élémentaire et secondaire, et au niveau collégial.
Ceci s'est fait de façon globale.
M. Léger: Sont-ce uniquement des coupures ou des
rajustements de plans?
M. Cloutier: Ce n'est pas axé vers des coupures, c'est
axé vers des évaluations qui permettent de faire coller le
programme à la situation qui a évolué.
M. Léger: Quel est, sur un autre sujet encore
général...
M. Veilleux: M. le Président, sur le même
sujet...
M. Léger: Si vous voulez me permettre, cela fait partie de
mon entrée au départ, vous allez avoir...
M. Veilleux: Oui, mais c'est sur le sujet.
M. Léger: Vous aurez l'occasion de prendre tout le temps
voulu quand j'aurai fini mes questions général. Vous parlerez le
temps que vous voudrez...
M. Veilleux: C'est la première fois qu'on agit comme cela,
M. le Président. Normalement, je me souviens, quand le
député de Saint-Jacques était là, on pouvait
continuer sur le même sujet. Le député de Saint-Jacques me
laissait toujours la parole. C'est une nouvelle...
M. Léger: M. le Président, si vous avez une
question, je n'ai pas d'objection. Allez-y.
M. Veilleux: ...coutume. C'est très court.
Le Président (M. Pilote): Le député de
Saint-Jean.
M. Veilleux: D'ailleurs, cela va permettre au
député de Lafontaine d'allumer sa pipe comme il faut. C'est sur
le même sujet, mais sur les écoles qu'on appelle centres
d'initiation à la vie. Le ministère de l'Education a-t-il
terminé son échéancier sur la construction des
écoles qu'on appelle centres d'initiation à la vie?
M. Cloutier: L'échéancier n'est pas terminé.
Il s'agit de l'enfance inadaptée, c'est bien cela, oui.
M. Veilleux: C'est parce que, dans la région de la rive
sud de Montréal, on éprouve des difficultés dans ce
secteur. Le ministre prévoit-il pouvoir établir cet
échéancier dans un avenir assez rapproché pour
répondre aux besoins?
M. Cloutier: C'est ce que nous tentons de faire. Je vous rappelle
que ceci est fait avec le Conseil du trésor. Le ministère
prépare des dossiers et va les défendre devant le Conseil du
trésor qui, lui, tient compte je crois que c'est la
première fois que cela s'est fait au gouvernement de l'ensemble
de la situation, y compris celle qui existe dans les autres ministères
qui ont également des programmes d'investissement. Je pense aux Affaires
sociales.
M. Veilleux: C'est parce que je sais que la régionale
Honoré-Mercier a fait au ministère une demande qui date de
plusieurs années. On aimerait bien...
M. Cloutier: On peut peut-être, si ceci vous
éclaire, vous donner une liste des priorités dans le cadre du
programme d'investissement. Notre première priorité, c'est de
compléter le réseau des écoles polyvalentes, en
particulier dans certaines régions où il y a des accroissements
de population. Ensuite, il s'agit de transformer progressivement les
écoles existantes, en particulier celles qui ne répondent pas aux
exigences pédagogiques que le
ministère s'est données. On fait améliorer
progressivement l'aménagement des écoles et des locaux mis
à la disposition de certaines catégories d'enfants
inadaptés. C'est là que se situe la question du
député de Saint-Jean. Quatrièmement et
cinquièmement, loger l'administration des commissions scolaires dans des
centres administratifs et, ensuite, tenir compte d'un certain nombre
d'exigences d'autres ministères dans les édifices publics.
M. Veilleux: Si je comprends bien le ministre, cela veut-il di re
que ces quatre priorités peuvent être faites de front ou si vous
réglez d'abord le problème des polyvalentes et des
transformations d'écoles avant d'en arriver au secteur de l'enfance
inadaptée ou si, à l'intérieur de ces catégories,
vous établissez des priorités? Je ne sais pas.
M. Cloutier: La réponse est "oui". En fait, je pense bien
que le député de Saint-Jean pense à la Commission scolaire
Honoré-Mercier.
M. Veilleux: C'est cela.
M. Cloutier: Je peux lui dire qu'effectivement, il y a là
une école pour débiles moyens de 150 élèves. Elle
est à l'étude et elle fait partie du groupe avec plusieurs autres
d'ailleurs, qui devraient débloquer en premier.
M. Veilleux: Elle serait dans cette catégorie. Dans ma
région...
M. Cloutier: Elle est dans cette catégorie. M.
Veilleux: ...ce serait une des priorités.
M. Cloutier: Elle est dans cette catégorie avec une
demi-douzaine d'autres.
M. Veilleux: Je formule le voeu que ce soit la priorité
dans le secteur.
M. Cloutier: Formons...
Le Président (M. Pilote): Est-ce que votre collègue
vous le permet?
M. Charron: Oui. Est-ce que mon collègue me le permet?
Merci.
M. le Président, depuis l'annonce, lors de la dernière
année financière, du gel temporaire de la
réévaluation des projets de construction, certains de ces projets
ont effectivement été débloqués à la suite
d'une réévaluation à laquelle s'était livré
le ministère. Pour ce qui est des constructions de polyvalentes, parmi
les nouvelles "débloquées", est-ce qu'on peut avoir une
information quant au site et quant à la taille moyenne des polyvalentes
autorisées depuis le dégel des constructions?
M. Cloutier: Oui, certainement. Nous allons en faire le
relevé. Puisqu'il est question de taille, il faudrait peut-être la
faire disparaître un peu de la surenchère qui se manifeste dans
certains milieux.
C'est un fait qu'il y a eu au Québec des polyvalentes d'une
taille que je considère trop grande, construites il y a
déjà plusieurs années, mais il y en a peut-être
moins qu'on ne le croit. J'ai ici un tableau que j'ai bien envie de vous
distribuer, si vous le souhaitez, qui donne le nombre de polyvalentes par
rapport à la capacité, par rapport à la taille, si vous
préférez. Il y a 17 polyvalentes de 3,000 élèves et
plus, qui sont d'anciennes polyvalentes. Il y a un nombre beaucoup plus
considérable de polyvalente de 1,500, de 1,000 et même de moins de
1,000; 61 et 1,500; 41, de 1,000; 24 de moins de 1,000. La moyenne se situe
entre 1,500 et 2,000. Soit dit en passant, on m'a fait dire hier dans un titre
qu'il était impossible d'administrer les polyvalentes.
M. Charron: Vous êtes une victime.
M. Cloutier: Je n'ai pas l'intention de commencer cette bataille
inégale, c'est bien évident. Mes propos étaient infiniment
plus nuancés. Je ne voudrais pas que les administrateurs de polyvalentes
qui se dévouent au service de la cause scolaire soient
découragés, parce que j'aurais porté un tel jugement de
valeur.
M. Charron: Je crois que...
M. Cloutier: Depuis plusieurs années pour d'autres
raisons peut-être j'ai effectivement dénoncé les
établissements trop grands tant dans le domaine hospitalier j'ai
d'ailleurs commencé par ce domaine que dans le domaine scolaire.
J'ai effectivement dit à plusieurs reprises et même
répété probablement devant un journaliste hier qu'à
mon avis une institution qui dépassait une certaine taille devenait
rapidement inadministrable et, également, ne constituait pas un milieu
de vie valable, déclenchant des phénomènes
d'agressivité, etc. Je proposais une interprétation et je ne
l'appliquais pas nécessairement à nos polyvalentes. En fait, il y
a eu des réaménagements à l'intérieur de certaines
de nos grosses polyvalentes, en particulier une séparation
administrative des premier et deuxième cycles, qui ont permis de
"manager" ce qui était peut-être difficile de "manager" au
départ. C'est dans cet esprit, je crois, qu'il faut comprendre cette
question de taille. Je m'efforce de ne plus permettre la construction de
polyvalentes de plus de 1,500 élèves. Il ne faut pas
s'étonner s'il y en a encore une ou deux qui sont en construction, parce
que le projet a démarré souvent sept ou huit années
auparavant.
M. Charron: M. le Président, le but de ma question, le
ministre l'a bien compris, c'est qu'à l'affirmation de principe non
seulement faite hier, mais répétée parce que ce
n'était pas la première fois que le ministre en parlait, à
laquelle j'ai assisté hier matin, je suis prêt à souscrire
pour autant que je vois dans les décisions pratiques et quotidiennes du
ministère une suite logique à cette affirmation du principe,
sinon, je suis obligé, de mon côté de la table, de croire
qu'il y a affirmation de principe pour le principe ou pour la prime, mais que
dans la réalité concrète des décisions du
ministère, c'est autre chose.
Que le ministre vienne de m'affirmer qu'il y a une ou deux polyvalentes
qui, malgré ses affirmations de principe, continuent à être
construites en vue d'accueillir un nombre surélevé
d'étudiants, et donc, de s'en aller vers les mêmes
problèmes que dénonçait le ministre, cela m'apparaît
une incohérence à la suite du principe qu'il a fait. Que cet
engagement tienne d'il y a sept ou huit ans, que le caractère
particulier d'une région oblige le ministère à passer
pardessus ses principes, cela aussi, c'est une excuse que nous avions
déjà entendue depuis quatre ou cinq ans. C'est pour cela que
j'aimerais mieux voir la liste pour être en mesure de considérer
l'affirmation que fait le ministre.
D'autre part, quant à la dernière partie de son
affirmation, la division administrative entre les deux cycles à
l'intérieur de la polyvalente est certainement une mesure qui, sur le
plan administratif, va apporter des correctifs souhaitables depuis longtemps,
d'ailleurs qui avaient déjà été exprimés
à la table de cette commission, mais ne résout pas le
problème humain qu'il y a à la base. Je rappelle cette
recommandation du Conseil supérieur de l'éducation d'il y a
déjà deux ou trois ans qui, se penchant, le premier, avant
même le groupe spécial formé par le ministère sur la
situation dans les polyvalentes, inscrivait comme une de ses premières
recommandations la division, non seulement administrative, mais pratique,
jusqu'au niveau de l'élève du premier cycle et du second cycle.
Il se peut très bien que dans une polyvalente, M. le Président,
désormais le premier cycle ait son organigramme administratif à
lui, que le deuxième cycle ait son organigramme administratif à
lui et que la situation terrible, par exemple, comme celle de la polyvalente de
Charlesbourg, tout près d'ici, où des étudiants de
secondaire V j'ai presque envie de dire de jeunes adultes de secondaire
V, parce que dans le cas, ça l'est, M. le Président
doivent partager l'espace matériel du forum de la polyvalente ou de
l'agora, comme on l'appelle, des espaces sportifs de la polyvalente avec des
enfants il faut le dire de secondaire I ou de secondaire II. Je
me souviens le ministre de l'Education a également visité
des polyvalentes et sait de quoi je parle d'avoir discuté avec
des étudiants plus vieux, parce que j'avais été
effectivement appelé à les rencontrer beaucoup plus que les plus
jeunes, et les invitant à m'exprimer leur opinion sur ce qu'ils
pensaient de la polyvalente. Au moment où on était en train de
parler, il yen a un d'à peu près onze ans qui nous est
passé entre les deux jambes. Le gars m'a dit :Tu vois, c'est cela que je
veux te di re.
M. Cloutier: J'ai vécu exactement la même
expérience. Je suis tout à fait sur la même longueur d'onde
lorsqu'il s'agit de la taille des polyvalentes. Je vais déposer la liste
de tous les projets débloqués et nous allons y ajouter, à
cette liste, la taille. Maintenant, je dois vous faire observer qu'il ne faut
pas tenter de vérifier si, depuis que je suis là et depuis que je
fais ces affirmations sur la capacité des établissements, il y en
a eu qui ce sont construits. C'est exact. Il y en a eu qui se sont construits
et il y en a eu qui se sont terminés. Il faut bien se rappeler que ce
sont des projets qui évoluent sur des périodes de sept et huit
ans. Il faut aussi se rappeler, quant aux projets qui sont déjà
sur le point d'être l'objet d'appels d'offres, il était impossible
de les changer. D'une part, parce que les commissions scolaires s'y refusent.
Ceci signifierait souvent un retard d'un an, et parfois davantage, et d'autre
part, parce qu'il y a des coûts considérables. Dans un processus
comme celui-là, certaines phases sont des phases
irréversibles.
Je sais pertinemment que j'ai bloqué tout ce que j'ai pu bloquer
en tant que construction qui dépassait 1,500 élèves, et
que j'ai favorisé des constructions de moins de 1,000
élèves pour un bon nombre de sous-centres, par exemple, en
mettant l'accent sur le premier cycle, dissociant, à ce moment, le
premier cycle du deuxième cycle. Je peux vous donner plusieurs exemples.
Mais cette action n'a pas été une action totale, à cause
du contexte dont je vous parle. Même actuellement, j'ai un
problème avec une commission scolaire de Montréal, alors que la
commission scolaire pas de Montréal, mais des environs
souhaiterait la construction d'une polyvalente de 3,000 élèves.
J'aurai moi-même des rencontres avec les autorités de cette
commission scolaire, parce que je vais faire tout mon possible pour qu'on ne
construise pas une polyvalente de 3,000 élèves.
Polyvalentes
M. Léger: Est-ce à dire que, concernant les
polyvalentes, actuellement, terminées ou sous le point d'être
terminées, vous ne voyez pas d'action pour corriger la situation? On va
être obligé de la vivre...
M. Cloutier: Non.
M. Léger:... de la subir ou y a-t-il des moyens...?
M. Cloutier: II y a des moyens. Le député de
Saint-Jacques en a invoqué un. C'est l'organisation administrative
différente du premier cycle et du deuxième cycle. Il n'y a rien
de commun, en fait, entre les enfants du premier cycle et les enfants du
deuxième cycle, et rien n'empêche les commissions scolaires de le
faire. Les anglophones le font de façon constante s'en tirent fort bien.
Certaines polyvalentes francophones... Je citais, hier, la polyvalente de La
Sarre qui procède à peu près de cette façon. C'est
une polyvalente que j'ai visitée et tout le monde s'en porte bien.
Il ne faudrait pas que ce soit toujours le ministère de
l'Education qui soit blâmé pour tout, parce que, dans notre
système, les commissions scolaires ont infiniment plus de marge de
manoeuvre qu'elles n'utilisent parfois. Je donnais, je crois, ici même un
exemple, en réponse à une question du député de
Taschereau, plus précisément, concernant le ratio. Le
député de Taschereau se demandait s'il n'était pas
possible d'être plus souple, de ce point de vue, en ce qui concernait le
niveau élémentaire et le niveau secondaire. Je reviens sur ces
explications parce qu'elles illustrent très bien mon point de vue,
à savoir que les commissions scolaires ne profitent pas toujours de
toutes leurs possibilités.
Les commissions scolaires protestantes, anglophones pour la plupart,
utilisent le ratio de l'élémentaire et du secondaire comme un
tout et distribuent, à partir du nombre d'enseignants qui leur est
affecté, leur charge de travail aux deux niveaux, ce qui leur permet de
décharger les enseignants delé-mentaire qui sont je
n'hésite pas à le dire surchargés dans bien des
cas, ce qui se traduit bien sûr par des charges de travail
peut-être un peu plus élevées au niveau secondaire.
Rien n'empêcherait la CECM de faire la même chose et ceci
règlerait énormément de problèmes car toute la CECM
aurait, à ce moment, une marge de manoeuvre avec ces enseignants qu'elle
n'a pas. J'ai posé la question à la présidente à
plusieurs reprises, considérant que c'était peut-être
là une bonne utilisation du ratio, qui n'est au fond qu'une technique
administrative.
La réponse a été qu'il n'a pas été
possible de s'entendre avec les syndicats sur ce plan. Alors, il faut donc
s'interroger, à certains moments, devant des revendications qui sont
logées et savoir, si avec un peu de bonne volonté de part et
d'autre, il ne serait pas possible de procéder de cette
manière.
Et tout ceci me porte depuis quelques années à insister de
plus en plus sur la décentralisation. Le député de
Saint-Jacques n'était pas là, probablement, quand j'ai
parlé de ce que nous avions projeté de ce point de vue et je
crois que c'est dans une optique de décentralisation le plus
poussée possible que les milieux seront amenés a prendre leurs
responsabilités et à être comptables de leurs actes devant
ceux qui les élisent et devant la population scolaire qui dépend
d'eux.
Négociations avec les enseignants
M. Léger: Je suis d'accord là-dessus, mais au
moment de la décentralisation où à la suite d'une
décentralisation, le problème du syndicat que vous mentionnait
Madame Roux, si ces négocations se font sectorielles, peut-être
que cela peut se régler. Si elles se font d'une façon
générale, le problème n'existe-t-il pas encore?
M. Cloutier: Je pense que le député de Lafontaine
me donne peut-être l'occasion de lui fournir une nouvelle de ce point de
vue qui est assez intéressante. La loi 95 permet, pour cette
négociation collective, des négociations provinciales et des
négociations locales.
Les parties peuvent s'entendre à l'intérieur de leur
secteur de négociation, qu'il s'agissent des professionnels, qu'il
s'agissent des employés de soutien, qu'il s'agissent des enseignants.
Ils peuvent s'entendre sur le type de négociation qu'ils souhaitent et
la loi prévoit une négociation d'une durée de 90 jours.
Cette négociation a eu lieu et il y a eu des ententes dans la plupart
des secteurs, sauf le secteur des enseignants en ce qui concerne la CEQ. Il n'y
a pas eu d'entente entre la CEQ, la Fédération des commissions
scolaires et le gouvernement.
En revanche, il y a eu une entente avec le Provincial Association of
Protestant Teachers of Quebec et ce dernier s'est mis d'accord avec la partie
patronale pour avoir des négociations, à la fois provinciales et
locales.
Alors, que se passe-t-il devant cet état de faits? La loi oblige
le gouvernement à trancher et le gouvernement avait à trancher
pour certains syndicats de soutien et de professionnels, mais
évidemment, le secteur le plus important était celui des
enseignants.
Comment le gouvernement pouvait-il trancher?
Il pouvait trancher en décrétant des négociations
uniquement provinciales. Il pouvait trancher en décrétant des
négociations provinciales et locales pour certaines matières. Je
ne vous cache pas que c'est une décision très importante et
extrêmement difficile puisque, par définition, il n'y avait pas eu
entente entre les partenaires. Encore faut-il que l'on en arrive à un
système qui puisse fonctionner. Encore faut-il que les gens acceptent de
s'asseoir à une table pour négocier. Le gouvernement a
tranché et ce sera annoncé incessamment. Les communiqués
doivent partir d'ici quelques instants. Je vous en donne donc la primeur et le
gouvernement a tranché pour des négociations provinciales et des
négociations locales avec une liste des matières. Ceci ne rallie
pas, semble-t-il, les vues de la Fédération des commissions
scolaires, en tout cas si j'en juge par certaines déclarations qui ont
été reproduites dans la presse, ceci serait peut-être
susceptible de correspondre aux vues de la CEQ, qui a toujours
réclamé des négociations locales. Quoi qu'il en soit, je
fais appel aux parties pour qu'on accepte cette décision et que l'on
négocie sur cette base. Pour ma part, je considère et j'ai
toujours considéré que c'était la meilleure façon
de négocier précisément à cause de ce qu'a
évoqué le député de Lafontaine, à cause des
problèmes d'organisation locale et des disparités locales. Alors,
voilà.
M. Charron: M. le Président, je pense qu'il n'y a pas
beaucoup de matière à réjouissance dans ce que vient
d'annoncer le ministre. Si la loi que nous avons votée en
décembre dernier faisait elle-même état de la
possibilité désormais de négociations locales en plus des
négociations provinciales, il fallait croire que le gouvernement avait
déjà fait son lit dans cette position. Le fait que la loi le
permette disait donc que non seulement le gouvernement admettait qu'il puisse y
avoir des négociations locales, mais d'une certaine façon les
favorisait, permettait l'entente sur ce point. Que le gouvernement ait retenu
sa formule de décembre dernier plutôt que de l'abandonner suite
à la mésentente à l'intérieur des 90 jours et de
revenir strictement à la table provinciale, cela nous serait apparu
comme absolument incongru après l'avoir défendue en Chambre en
décembre I974. Mais tout n'est pas réglé dans l'annonce
que vient de faire le ministre parce qu'encore faut-il, avant de penser si la
CEQ va bondir de joie à l'annonce du maintien du principe du
gouvernement, savoir ce qu'on a réglé à la table
provinciale et ce qu'on a réservé à la table locale.
M. Cloutier: Oui.
M. Charron: Parce que ce qui achoppait entre
un partemaire du gouvernement, c'est-à-dire la
Fédération des commissions scolaires, et la CEQ, n'était
pas, encore une fois, le principe: Doit-il y avoir des négociations
locales en plus des provinciales, mais qu'est-ce qui doit être au niveau
local et qu'est-ce qui doit être au niveau provincial? Je pense que tous
les partenaires avaient accepté la loi, mais c'était dans le
partage, dans la réalisation pratique de cette loi, l'utilisation de
cette loi que la mésentente est intervenue.
M. Cloutier: II y aurait peut-être quelque chose de
plus.
M. Charron: II y avait aussi ce sur quoi le ministre est
passé assez rapidement et je le dis avant de lui remettre la parole. Il
y a eu aussi, à notre avis, vu de loin, de l'extérieur et des
mauvaises banquettes que nous occupons, une mésentente palpable entre la
Fédération des commissions scolaires et le gouvernement
lui-même. Il nous a semblé, à certaines occasions, en
suivant ce dossier, que le ministère, si j'en prenais les affirmations
de principe de son titulaire à l'Assemblée Nationale, n'avait pas
complètement convaincu son partenaire, la Fédération des
commissions scolaires et la formule est modérée de
l'utilité de certaines négociations à certaines tables en
particulier.
M. Cloutier: Oui, c'est exact. M. Charron: C'est
exact.
M. Cloutier: Nous avons un système difficile. Nous nous
assoyons à une table, le gouvernement, les commissions scolaires, qui
sont des instances centralisées, qui ont des responsabilités
définies, et les syndicats. Le gouvernement se trouve dans une situation
assez difficile parce qu'il doit, jusqu'à un certain point, tenir compte
des deux. Dans le passé, je crois que le gouvernement a toujours
tenté d'être le plus objectif possible et de faire évoluer
la situation. Là, je crois bien qu'on a la démonstration que le
gouvernement ne prend pas la part nécessairement de ses partenaires ou
la part des syndicats. Le gouvernement tente simplement de mettre au point ou
de trancher dans le sens des formules susceptibles de donner les meilleurs
résultats.
M. Charron: Le ministre de l'Education peut-il nous expliquer ce
qui nous apparaissait, de la part de son partenaire je sais bien qu'il
ne peut pas nécessairement toujours parler en son nom, mais puisqu'il
est aussi le responsable de l'ensemble des négociations nous
donner son opinion, en fin de compte, sur ce qui apparaissait une
incohérence dans les positions de la Fédération des
commissions scolaires, à n'importe quel observateur, en ce sens que la
fédération, on le sait, de congrès en congrès, a
insisté pour avoir de plus en plus de responsabilités au niveau
de ce que le ministre appelle les instances décentralisées,
c'est-à-dire les commissions scolaires elles-mêmes. De
résolution en résolution, de congrès en congrès, de
démarche en démarche, chacune des commissions scolaires, par la
voie de leur fédération, faisait entendre qu'elle se sentait
étroitement serrée en étau entre les syndicats, d'un
côté, qui négociaient tout le temps au niveau provincial,
et le gouvernement qui dictait norme par-dessus norme et comportement
général par-dessus comportement général.
Or, nous avions une loi 95 qui, dans son application, pouvait permettre
à la fédération d'insister pour que certains
problèmes, effectivement, soient résolus à la table
locale. Autrement dit, son grand désir d'avoir de plus en plus de
responsabilités, au niveau régional et au niveau local, pouvait
avoir une suite logique si elle acceptait de se retrousser les manches et de
dire: D'accord avec les syndicats sur telle et telle question au chapitre de la
convention collective, nous acceptons maintenant de la retirer du gouvernement
et de la prendre, nous la négocierons à Sorel, à
Châteauguay, et nous négocierons à Montréal,
etc.
Quand on a suivi le déroulement des 90 jours, dont vient de faire
état le ministre de l'Education, il nous est apparu qu'un des
partenaires qui bloquait le plus pour qu'il y ait des négociations au
niveau local était justement la Fédération des commissions
scolaires. La formule retenue, proposée, que la CEQ a refusée,
qui s'inspire du modèle ontarien de négociations collectives
là-dessus, je crois que la CEQ avait parfaitement raison de la
refuser j'ai vu le président de la Fédération des
commissions scolaires y tenir mordicus, mais je déposais cette
déclaration à côté de celle qu'il avait pu faire
à la fin du congrès de novembre dernier, je crois, et j'y
trouvais une incohérence. Je demande au ministre de l'Education, non pas
de m'expliquer ce que M. Lavigne pourrait m'expliquer lui-même, mais
d'interpréter le comportement de son adversaire, de son partenaire,
pardon...
M. Cloutier: C'est un lapsus que je ne fais pas mien.
M. Charron: ...de son partenaire à la table de
négociation, parce que, non seulement ça nous indiquera ce qui
s'est passé dans les 90 jours qui sont échus, mais surtout
ça nous laissera entrevoir ce qui va maintenant arriver puisqu'il y aura
encore table locale et table provinciale.
M. Cloutier: Je crois, M. le Président, qu'il ne
m'appartient pas d'interpréter le comportement des partenaires du
gouvernement.
M. Charron: Je savais que vous me diriez ça.
M. Cloutier: Si je disais autre chose, je crois que je ferais
preuve d'irresponsabilité. Mon rôle est d'essayer de faire
évoluer une situation et de la faire évoluer dans
l'intérêt général et dans l'intérêt du
succès d'une convention signée. Je crois d'ailleurs que les
choses ne se présentent pas mal et c'est la raison pour laquelle j'ai
d'ailleurs fait, au cabinet des ministres, la recommandation de trancher dans
le sens de négociations provinciales et de négociations locales.
Ceci, effectivement, semble aller, du moins en apparence, contre certaines
prises de po-
sition de la Fédération des commissions scolaires et c'est
pour ça que je fais appel à tous pour agir dans ce sens. Le
député de Saint-Jacques a raison de dire que le problème
est surtout la question du partage des matières, quelles matières
seront à tel niveau. Nous l'avons d'ailleurs dans notre
communiqué, je n'ai absolument aucune objection, si on en a le texte
ici, à le déposer, mais je vais demander au sous-ministre d'en
faire la liste de mémoire. Avant, je voudrais dire qu'il y avait quand
même autre chose que le partage des matières. Il y avait le
principe des négociations et c'est là que la
fédération a achoppé, beaucoup plus sur le principe des
négociations provinciales et locales que sur le partage des
matières mêmes. Le principe étant refusé, il est
vien évident qu'il a toujours été impossible d'en arriver
à la discussion des matières. Alors, toutes les opinions sont
permises sur l'attitude de la Fédération des commissions
scolaires et je laisse le député de Saint-Jacques à ses
propres interprétations.
M. Charron: Mes propres interprétations, M. le
Président, je ne sais pas si je suis en mesure de les faire, parce que
je suis dans l'obscurité quant à cela. J'ai compris que la
Fédération des commissions scolaires n'abandonnait pas, à
moins d'être complètement illogique avec elle-même, son
souci de décentralisation, mais que c'était dans sa
stratégie de négociation, qu'elle préférait voir la
Fédération des commissions scolaires négocier avec la CEQ,
peut-être sans la présence du gouvernement plutôt que de
laisser chacune de ces instances aux prises avec la force différente de
chacun des syndicats locaux.
Je ne sais pas si je me suis bien fait comprendre dans ce sens. C'est
pour cela que je ne refuserais pas d'avoir des éclaircissements de
l'autre côté de la table, surtout de la part de ceux qui ont
participé à la négociation. Ce que je comprenais, c'est
que la fédération ne refusait pas le principe qu'on lui laisse,
seule, négocier, commissions scolaires et syndicats, certaines choses,
sans la présence du gouvernement, mais qu'elles voulaient le faire,
toutes les commissions scolaires ensemble, avec tous les syndicats
ensemble.
Elle craignait peut-être que, par exemple, la force locale d'un
certain syndicat, par exemple celui de la rive sud de Montréal, soit
disproportionnée par rapport à la force de la commission scolaire
et que, dans d'autres cas, dans une autre région, c'est la commission
scolaire qui est manifestement plus forte, plus rigoureuse, que le syndicat
local, et cela amènerait une disproportion quant aux ententes locales.
Certains syndicats, par leur force, gagneraient des choses à certains
endroits et à d'autres places, le manque de force les amènerait
comme cela.
C'est la seule façon, ce n'est peut-être pas la bonne, je
vous le dis, qui m'a permis d'interpréter le comportement de la
fédération là-dedans.
M. Cloutier: Je ne vois qu'une seule façon. Si le
député de Saint-Jacques veut en savoir plus, qu'il pose ses
questions directement au président de la Fédération des
commissions scolaires. Moi, je me contente de faire un constat. Je me suis
contenté de faire une recommandation au conseil des ministres, laquelle
a été acceptée.
M. Léger: Puisqu'on est à l'état des
constats, j'ai un dernier dossier...
M. Bonnier: M. le Président, je voulais revenir, si on me
le permet, non pas sur cette question, mais sur la précédente.
J'aimerais, si jamais on est pour y revenir, sur la question des constructions,
premier cycle et deuxième cycle...
M. Léger: Moi aussi j'avais une question à poser,
mais comme c'est tellement particulier, je l'ai remise dans le dossier, au bon
programme.
M. Cloutier: Oui. Je ne sais d'ailleurs pas comment on va se
débrouiller quand on arrivera au bon programme, parce que...
M. Léger: De toute façon, M. le Président,
on va très bien se débrouiller puisqu'il y aura sûrement
une collaboration des deux côtés de la table.
M. Cloutier: On va adopter $2 milliards en cinq minutes et on
aura tourné autour du pot pendant à peu près dix
heures.
Loi 22
M. Léger: Non. Je l'ai bien dit au ministre au
départ, c'étaient des questions générales, mais
d'une particularité très précise et locale. M. le
Président, j'ai un dernier dossier dans le domaine
général, dans le domaine du constat, à savoir comment la
Loi 22 et je parle au ministre responsable de la Loi 22 beaucoup plus
qu'au ministre de l'Education est respectée.
Je vais lui donner des cas précis et il m'expliquera comment il
se fait que ce n'est pas observé. Je commence par quelques cas
particuliers.
M. Cloutier: M. le Président, j'arrête le
député de Lafontaine. Est-ce qu'il s'agit de cas précis
dans le domaine du chapitre 5, qui touche la langue d'enseignement?
M. Léger: Non.
M. Cloutier: Parce qu'autrement je crois qu'en toute logique il
faudrait que cette discussion ait lieu lorsque le programme de la Régie
de la langue française sera discuté et je rappelle que c'est le
ministre d'Etat, M. Lalonde, qui en a la responsabilité.
M. Léger: Vous voulez dire par là que la
façon dont la loi est respectée dans les différents
organismes du gouvernement, devrait être discutée par le ministre
d'Etat?
M. Cloutier: Je n'ai strictement rien à voir avec cela.
Remarquez que je n'aurais aucune objection à répondre, mais je
fais ma remarque uniquement dans un souci d'ordre et de cohérence.
M. Léger: A quel programme l'avez-vous?
M. Cloutier: Ce n'est pas un programme du ministère de
l'Education maintenant, c'est au Conseil exécutif.
M. Léger: Un instant.
M. Charron: Je vais participer à l'étude des
crédits du Conseil exécutif cette année.
M. Cloutier: Je serai très heureux d'y assister, cela me
rappellera de bons souvenirs.
M. Charron: Oui, moi aussi.
M. Léger: Alors, M. le Président, c'étaient
des cas qui relèvent peut-être de ce programme-là.
J'espère que vous allez être là, parce qu'il y a de bonnes
questions concernant la non-observance d'une série de cas. Il y en a
même du ministère de l'Education.
M. Cloutier: Bien sûr, nous comptons beaucoup sur vous
là-dessus. Je suis très heureux que vous nous aidiez à
appliquer cette loi des plus importantes.
M. Léger: Les brochures même du ministère de
l'Education, cela va relever du conseil privé?
M. Cloutier: Ce n'est pas le conseil privé, c'est le
Conseil exécutif.
M. Léger: Le Conseil exécutif, je m'excuse.
M. Cloutier: Je n'ai eu qu'un rôle, somme toute,
limité. J'ai été le parrain de cette législation,
me faisant l'interprète du gouvernement. Cela n'a jamais
été ma politique, cela a toujours été une politique
gouvernementale.
Après, j'ai demandé au premier ministre de me
libérer de l'application de la loi, parce que je ne voulais pas que le
dossier soit trop politisé. Vous vous souvenez de la lutte que cela a
représentée. C'est M. Lalonde qui s'occupe de l'application de la
loi, mais, comme il se trouve que je suis ministre de l'Education, je conserve
la responsabilité du chapitre V, qui touche la langue
d'enseignement.
En ce qui concerne tout le reste de la loi, la partie la plus
importante, d'ailleurs les autres chapitres sont beaucoup plus
importants que le chapitre de la langue d'enseignement ces chapitres
relèvent de M. Lalonde.
M. Léger: De toute façon, il y a des cas qui
relèvent directement de votre ministère, entre autres votre
correspondance, qui est bilingue.
M. Cloutier: Comment, ma correspondance bilingue? Il m'arrive
d'écrire des lettres en anglais, c'est évident.
M. Léger: Non, ce sont les en-têtes mêmes de
lettres de votre ministère...
M. Cloutier: A ce moment, c'est bilingue.
M. Léger: ...et même des lettres directement
envoyées dans le domaine de l'application de la loi 22, les
en-têtes de lettres du ministère qui annoncent encore le
ministère avec son équivalent anglais.
M. Cloutier: Montrez donc cela. M. Léger: C'est
la...
M. Cloutier: Cela sera corrigé. Nous avons consulté
le ministre d'Etat, M. Lalonde, sur la façon dont nous devions
procéder. Actuellement, je crois que M. Lalonde est en train de mettre
au point des directives pour l'ensemble du gouvernement. Un ministère ne
peut pas agir unilatéralement dans ce cas. Vous pouvez nous rapporter
tous les cas que vous voulez. En ce qui concerne l'Education, je vous affirme
que ce sera corrigé. La loi a été sanctionnée au
mois d'août. Nous sommes au mois d'avril. C'est tout à fait normal
qu'elle n'ait pas donné tous ses résultats. D'ailleurs, vous
savez que ce sont des changements qui vont impliquer plus d'une
génération.
M. Léger: M. le Président, en ce qui nous concerne,
on serait prêt à commencer le programme 1.
Le Président (M. Pilote): Programme 1 : Administration et
conception.
M. Léger: Un instant, M. le Président!
M. le Président, en ce qui nous concerne, la question du groupe,
selon l'ordre de discussion proposé par le ministre, 1, programme 1,
administration et conception, ce serait adopté. Y a-t-il d'autres
questions par d'autres députés?
M. Cloutier: Adopté.
M. Léger: Le groupe 1, programme 1, adopté.
Le Président (M. Pilote): Adopté.
M. Léger: M. le Président, nous sommes rendus au
groupe 2, programme 5.
Le Président (M. Pilote): Programme 5. Enseignement
élémentaire public
M. Léger: Enseignement élémentaire
public.
M. le Président, le ministre a fait parvenir des lettres à
certaines commissions scolaires ou, du moins, au conseil scolaire de
l'île de Montréal lui demandant d'établir une liste des
écoles susceptibles de fermer, alors qu'elle est la dernière d'un
quartier. Le ministre peut-il nous donner plus d'explications sur sa politique
là-dessus?
M. Cloutier: Cette politique ne peut découler que d'un
consensus entre les différentes instances concernées. Je pense en
particulier au conseil sco-
laire. C'est la raison pour laquelle je me suis adressé au
conseil scolaire, parce que c'est lui qui est responsable des
équipements sur l'île de Montréal.
Ma préoccupation vous est bien connue, c'est que je
considère que, indépendamment des normes touchant les populations
scolaires, lorsqu'on se trouve en présence d'une fermeture
d'école francophone qui serait peut-être justifiée pour des
raisons administratives, mais qui aurait des conséquences sur le plan
linguistique, je crois qu'il faut en arrivera mettre au point un certain nombre
de procédures qui nous permettraient de les conserver. C'est aussi
simple que cela et j'attends la réaction du conseil scolaire à ce
point de vue.
Autrement dit, il suffirait de prévoir des mesures
spéciales pour qu'on n'applique pas, strictement, les mêmes normes
dans ces cas particuliers. Maintenant, entendons-nous bien, il s'agira
là de cas relativement rares. Il est possible que certains tentent
d'utiliser cette préoccupation pour sauver des écoles qui n'ont
peut-être pas à l'être.
M. Léger: Est-ce uniquement sur l'île de
Montréal que vous avez fait demander des opinions là-dessus?
M. Cloutier: Non, nous avons également l'Ile Jésus,
la Rive Sud. Le problème va se poser en province, peut-être au lac
Saint-Jean. Nous ne sommes pas encore intervenus.
M. Léger: Vous avez eu quand même une réponse
du président du conseil scolaire de l'île, M. Jacques Mongeau, qui
disait, et je cite ce qu'il a affirmé: Une politique de
prévention des fermetures d'écoles francophones dans les
quartiers ou municipalités où elles constituent les derniers
bastions de la francophonie scolaire, cela peut signifier surtout le changement
de certaines normes du ministère de l'Education, comme le ratio de
maître-élèves, le nombre d'élèves autorisant
l'embauche d'un professeur spécialisé comme on parlait
hier dans le domaine de l'agriculture ou encore un nombre minimal
d'élèves autorisant l'embauche d'un principal. Alors, vous avez
vu la réaction.
M. Cloutier: Oui, mais écoutez, est-ce qu'il s'agit
là d'une lettre qu'il m'a écrite ou d'une déclaration
qu'il a faite aux journaux?
M. Léger: J'ai l'impression que c'est une
déclaration...
M. Cloutier: Je ne communique pas avec les présidents de
commission scolaire ou les présidents de conseil par la voix des
journaux. J'attends qu'on m'écrive.
M. Léger: D'accord, mais vous avez quand même une
réaction. Ma question est: Devant ce phénomène, il y a des
cas particuliers, j'en vois un autre ce matin, dans le journal, celui de
l'école Sainte-Rose dans le vieux Longueuil. Les citoyens se
réunissaient pour ne pas fermer cette école, ce qui obligerait
les enfants à aller à une école beau- coup plus
éloignée. Devant cela, le ministre n'attend certainement pas une
lettre uniquement venant du conseil de ville.
M. Cloutier: Je suis très heureux que le
député de Lafontaine me parle de cet exemple, parce qu'il n'est
pas du tout sûr que cet exemple se qualifie dans le cadre de la
préoccupation dont j'ai parlé. J'ai voulu faire la distinction
pour éviter que l'on mêle les problèmes.
M. Léger: Les parents...
M. Cloutier: Bien sûr. Vous savez, il existe une tendance
naturelle pour maintenir toutes les écoles de quartier. Je crois qu'il y
a également un problème de population scolaire et
d'investissement qui se posent. Il appartient aux autorités locales de
trouver les meilleures solutions. Les meilleures solutions ne sont pas toujours
de maintenir une école, lorsque rien ne le justifie. L'exception que
nous prévoyons dans le cadre de cette éventuelle politique,
concerne uniquement des écoles qui se trouveraient dans un milieu
anglophone, par exemple, et qui seraient des écoles francophones
à maintenir, d'une part, pour conserver une présence francophone
dans un quartier donné et, d'autre part, pour, compte tenu de
l'accroissement de clientèle que la loi 22 amène, en particulier,
en ce qui concerne les nouveaux immigrants, et a déjà
amenée... grâce aux mesures d'accueil du plan de
développement des langues, pourqu'au moins nous ayons la place pour
faire face à cet accroissement.
M. Léger: Dans le cas précis que le ministre
mentionne, qu'est-ce que le ministre ferait dans un quartier où la
dernière école française est en voie de disparaître
parce qu'elle ne correspond pas aux normes administratives et autres, et que
c'est un milieu anglophone et que les immigrants seraient attirés
à ce moment au milieu anglophone? Qu'est-ce que vous pourriez faire?
C'est un cas précis.
M. Cloutier: Je ne réponds pas aux questions
hypothétiques. J'ai carrément dit quels étaient les
principes qui me guidaient. Le député de Lafontaine a un cas
précis en tête. Il y a des instances qui doivent se penchersur ce
cas précis, premièrement, la commission scolaire,
deuxièmement, le conseil scolaire.
M. Léger: Les parents qui se réunissent je
vous donne l'exemple de l'école Sainte-Rose du vieux Longueuil
vivent le problème que c'est la dernière école du
quartier. C'est un cas précis.
M. Cloutier: Ils ont une commission scolaire et qu'ils
s'adressent à leur commission scolaire.
M. Léger: Oui.
M. Cloutier: Sinon, on remet en cause tout notre
système.
M. Léger: La commission scolaire doit respecter les normes
que le ministère lui donne, entre autres, le ratio. Est-ce que le
ministre a l'intention...
M. Cloutier: Qu'est-ce que vous appelez le ratio? En quoi le
ratio s'applique-t-il là-dedans?
M. Léger: Les trois points que j'ai mentionnés
tantôt. Est-ce que le ministre a l'intention, dans des cas particuliers
et il va en avoir plusieurs cas particuliers que les parents
sachent qu'il y a une possibilité, dans l'esprit du ministre, de
corriger la situation, de changer peut-être le ratio et les normes
exigées, permettant de garder cette dernière école
M. Cloutier: Je ne veux pas discuter de ce cas particulier. Je
voudrais bien que cela soit compris, parce que je ne veux pas entretenir de
confusion dans l'esprit du public.
Je ne veux discuter que de principes. Alors, ce cas particulier, qu'il
soit présenté à la commission scolaire, qu'il soit
présenté au conseil scolaire. Les principes que j'ai
énoncés, c'est que nous souhaitons mettre au point une politique,
et nous avons d'ailleurs créé un comité qui est sous la
direction du sous-ministre adjoint Lebel, avec le conseil scolaire, pour tenter
de voir justement comment nous pourrions considérer hors normes un
certain nombre d'écoles. Il n'est pas du tout sûr que cette
école se qualifie. C'est pour cela que je ne voudrais pas qu'on
crée trop de confusion.
M. Léger: Oublions donc le cas précis de cette
école, mais rappelons le cas d'autres endroits ou de l'ensemble des
endroits au Québec où il y aura une disparition possible d'une
école. Est-ce que le ministre envisage une politique
générale de financement particulier, de changement de normes,
d'assouplissement de normes et de ratio...
M. Cloutier: Pour toutes les écoles qui se
fermeraient?
M. Léger: Celle qui serait la dernière école
dans un quartier, une école française.
M. Cloutier: Non. Je ne peux pas répondre à cette
question.
M. Léger: Je vous demande s'il y a une politique...
M. Cloutier: II y a des milliards en jeu. Il faut quand
même raisonner en administrateurs responsables. Il n'est pas question de
maintenir toutes les écoles qui seraient susceptibles de fermer,
même s'il s'agit de la dernière école dans un quartier.
M. Léger: Une école française de
quartier.
M. Cloutier: Ah! Là, c'est autre chose. Il y a
déjà une précision. Dans ce cas, j'ai clairement dit que
c'était une de mes préoccupations, et j'ai demandé aux
conseils scolaires et à deux commissions scolaires aux environs de
l'île de Montréal, de participer à l'élaboration
d'une politique de ce point de vue-là. Je ne veux pas préjuger
des recommandations que fera ce comité. Mais il est très clair
que nous souhaitons conserver une présence francophone dans un quartier,
et si ceci signifie maintenir une école française hors normes, eh
bien, nous maintiendrons l'école française hors normes, et nous
saurons à peu près ce que cela risque de représenter comme
coût. C'est tout ce que je peux dire pour le moment.
M. Léger: C'est bon, mais ce n'est pas tout, je pense. Il
faut aller plus loin.
M. Cloutier: Allez-y, mais moi, je n'y vais pas.
M. Léger: On verra, en tout cas. De toute façon, ce
que je veux dire au ministre, c'est déjà un assouplissement du
côté des normes, mais étant donné que...
M. Cloutier: Oubliez donc ce mythe des normes. Ce n'est pas un
assouplissement du côté des normes. C'est une volonté
délibérée, cohérente d'ailleurs, avec la Loi sur la
langue officielle, de maintenir une présence francophone là
où elle serait susceptible de disparaître à cause de la
fermeture d'une école. C'est exactement cela, en une phrase.
M. Léger: Bon ! Maintenant, vous dites que vous voulez
voir avant, ce que les commissions scolaires peuvent faire de ce
côté, obtenir leur point de vue, etc. je trouve que c'est normal.
Mais les commissions scolaires risquent de se buter à un problème
financier. Tout ce que je veux savoir du ministre, ce n'est pas
nécessaire qu'il me dise les sommes ou les montants. Devant les cas qui
peuvent survenir de disparition possible d'une dernière école
française, les commissions scolaires pourraient-elles s'attendre d'avoir
une aide financière du ministère pour ces cas?
M. Cloutier: Je pense que le député de Lafontaine
je ne lui en fais pas grief ne connaît pas très bien
notre système scolaire. Il n'a pas encore compris la place des
commissions scolaires et plus particulièrement du conseil scolaire sur
l'île de Montréal depuis la loi 71, la place qu'occupent ces
instances, par rapport au ministère.
J'ai essayé, tout à l'heure, de dire, le plus clairement
possible, que c'est le conseil scolaire qui était responsable des
équipements, après les commissions scolaires, que le conseil
scolaire doit recevoir les budgets des commissions scolaires. Rien n'interdit
à une commission scolaire de présenter le cas de son école
isolée au conseil scolaire. Rien ne l'interdit, et en fait, je pense
bien que les commissions scolaires présentent souvent des budgets plus
élevés et que c'est là que les arbitrages se font. C'est
justement au niveau du conseil scolaire qu'a été
créé ce comité. Je ne peux pas vous dire que nous allons
nécessairement parce que je ne veux pas ouvrir des portes
payer, mais ce que je peux vous dire, par exemple, c'est que, dans le cadre de
cette politique, nous pourrons certainement prendre des mesures. Mais il ne
faudrait pas que les gens s'imaginent que chaque fois qu'il est question de
fermer une école, nous pourrons la sauver en nous référant
à cette politique.
M. Léger: Autrement dit, le domaine local, qui
peut être même le conseil scolaire de l'île, devrait
avoir des sommes supplémentaires pour prévenir les
problèmes venant des commissions scolaires, mais qu'en plus de cela le
ministère pourrait, le cas échéant, aussi aider au point
de vue financier.
M. Cloutier: Ce n'est pas comme cela qu'on finance.
Commençons donc par le commencement. Une commission scolaire fait son
budget. Elle a un certain nombre de besoins. Elle présente son budget au
conseil scolaire. C'est le conseil scolaire, maintenant, qui doit les
approuver, ces budgets. Ils finissent par arriver au ministère de
l'Education, mais après avoir été étudiés et
arbitrés au conseil scolaire. Une commission scolaire peut parfaitement
faire part de ses besoins au conseil scolaire, et dans le cadre de ce que nous
sommes en train de préparer, nous en tiendrons compte. Mais je ne peux
pas vous dire aujourd'hui que nous allons payer pour telle et telle
école.
M. Léger: Donc, les commissions scolaires devront tenir,
dans leur budget, comme normales, des demandes de sommes supplémentaires
pour les écoles qui devraient être financées parce qu'elles
sont les dernières écoles françaises qui seraient locales.
Mais la commission scolaire devra prévoir, dans son budget, qu'elle
présentera des sommes au conseil scolaire de l'île de
Montréal, en tenant compte des problèmes que je viens de
mentionner.
M. Cloutier: Le comité dont j'ai parlé tout
à l'heure est actuellement en train, sur l'île de Montréal,
de faire une espèce d'inventaire des écoles qui pourraient se
qualifier aux fins de notre politique éventuelle. C'est dans ce cadre
que nous allons travailler.
Les commissions scolaires peuvent préparer leur budget comme
elles l'entendent, à partir, évidemment, des orientations
qu'elles connaissent. Rien ne les empêche de faire des recommandations au
conseil scolaire.
M. Léger: D'accord.
Le Président (M. Lapointe): Le député de
Saint-Jean.
M. Veilleux: Je suis très surpris de l'attitude ou des
propos du député de Lafontaine parce que moi... Il faut quand
même reculer un peu. Lors de la loi 27 du regroupement des commissions
scolaires locales dans le secteur autre qu'urbain, cela a entraîné
des fermetures d'écoles dans des villages et on pourrait dire la loi de
restructuration scolaire sur l'île de Montréal, dans des
quartiers, mais, à ce moment, je n'ai jamais vu le parti
séparatiste venir défendre des gens dans un milieu rural
lorsqu'une école fermait, faute d'enfants. Il y a eu des transferts. Il
y a, à l'heure actuelle, dans le secteur élémentaire, des
transports d'étudiants, compte tenu qu'il n'y a pas suffisamment
d'élèves pour maintenir une école, et ma question
s'adresse au ministre. Cela peut-il arriver que, dans le secteur urbain, on
retrouve la même phénomène, par exemple à Mon-
tréal? Je peux citer comme exemple la paroisse de Saint-Valentin dans le
comté de Saint-Jean qui n'a plus d'école
élémentaire parce qu'il manquait des élèves et les
élèves ont été transférés dans la
paroisse voisine, à l'école voisine, à
Saint-Paul-de-L'Ile-aux-Noix.
Est-ce le même phénomène à Montréal
qui peut se produire...
M. Cloutier: Bien sûr.
M. Veilleux: ...ou est-ce parce que c'est Montréal, toutes
les écoles dans les quartiers vont demeurer, tandis que nous, dans le
secteur rural, on a subi quand même certains préjudices, ou si les
citoyens de l'île de Montréal seront considérés
exactement sur le même pied que les citoyens du reste de la province?
M. Cloutier: Exactement sur le même pied et la politique
dont je parlais ne concerne que des cas exceptionnels dont nous sommes en train
de faire l'inventaire et ne concernerait que les cas où il y aurait,
dans un quartier donné, une école francophone qui serait unique
et qui serait susceptible d'être fermée, alors que vous auriez des
écoles anglophones autour. Etant donné que nous nous attendons et
que nous avons déjà un accroissement de population de nouveaux
immigrants, grâce aux mesures d'accueil du plan de développement
des langues et grâce à la loi 22, encore faut-il qu'on puisse les
accueillir. Vous vous rendez compte que, si nous allions fermer la
dernière école francophone dans un quartier, c'est une incitation
à fréquenter les écoles anglophones.
Par conséquent, il y a là une justification. En revanche,
il n'y a pas de justification pour qu'on maintienne toutes les écoles de
quartier, même si, sentimentalement, les parents le souhaitaient dans
certains cas et nous procédons, sur l'île de Montréal,
exactement comme ailleurs, c'est-à-dire que nous tenons compte des
équipements scolaires.
Nous avons consacré des sommes énormes de plusieurs
milliards aux équipements scolaires et, compte tenu des variations de la
population étudiante, il faut tenter d'en tirer le meilleur parti
possible.
Autrement, il n'y aurait aucune limite au financement et on en
arriverait à des situations absurdes où on maintiendrait des
écoles pour une demi-douzaine d'élèves.
M. Veilleux: La justification dans le secteur urbain serait au
niveau de la langue tandis que, dans le secteur rural, à certains
moments, il y a eu une dérogation à ce principe
général qui s'établissait, cornpte tenu des distances que
pouvaient parcourir, à ce moment, les élèves de
l'élémentaire.
M. Cloutier: C'est exact et ceci relève des commissions
scolaires. C'est ce qui est extrêmement important et c'est pour cela que
je refuse souvent, non pas de voir des groupes qui veulent me voir, parce que
je tente de me rendre disponible, mais je refuse de trancher lorsqu'il s'agit
d'implanta-
tion d'écoles, parce que c'est une responsabilité qui
relève des commissions scolaires.
Si j'allais le faire, à ce moment-là, je nie tout le sens
de notre système scolaire. Le paradoxe, c'est que souvent les gens qui
prêchent la décentralisation et qui veulent une plus grande
autonomie sont les premiers à venir ensuite au ministère,
aussitôt qu'ils ne sont pas satisfaits des décisions prises au
niveau local. Je crois que l'attitude du ministère doit être de
les remettre face à leurs responsabilités, autrement on n'en sort
pas.
Le Président (M. Pilote): L'honorable député
de Taschereau.
M. Bonnier: Sur le même sujet, M, le Président. Je
suis tout à fait d'accord avec le ministre et je pense que c'est une
bonne orientation que les commissions scolaires prennent leurs
responsabilités. Cependant, on se rend compte que, dans des textes, des
rapports officiels de certaines commissions scolaires, on se
réfère trop facilement aux directives, dit-on, du
ministère de l'Education et en particulier au fameux ratio qui est,
à mon avis, mal utilisé et mal étudié.
En second lieu, je me demande si, de la part du ministère de
l'Education, il n'y aurait pas nécessité de rencontres avec les
commissions scolaires pour les aider. Malgré toute leur bonne
volonté, il y en a, parfois, qui s'imaginent qu'une
société n'évolue pas dans un sens ou dans l'autre. Je
pense qu'il y aurait lieu, pour les commissions scolaires, non pas d'essayer
d'appliquer à l'aveuglette un certain nombre de normes ou de directives
de la part du ministère, mais d'essayer d'évaluer le rôle
proprement dit d'une école et son objectif. L'objectif d'une
école est de faire de l'éducation et cela ne doit pas être
nécessairement et seulement en termes de formules comptables ou
d'état de revenus et dépenses, ce que je retrouve dans certaines
commissions scolaires. Au lieu de parler, à mon avis, de fermeture ou de
non fermeture d'école, on devrait beaucoup plus étudierces
phénomènes dans une perspective d'objectif de l'éducation
des enfants d'une certaine localité. Qu'est-ce qu'il est
préférable de faire pour une commission scolaire qui a comme
objectif d'aider à l'éducation des enfants? Il peut arriver que
des parents insistent beaucoup sur la non-fermeture d'une école et ils
peuvent avoir raison. Il y a certains objectifs d'éducation, à
mon avis, qui s'imposent à ce moment-là, mais je pense que c'est
un dialogue qui devrait se faire avec la commission scolaire. La raison pour
laquelle j'ai posé la question du ratio l'autre jour, c'est qu'on m'a
donné l'impression parfois que le ratio devait se penser en fonction
d'une seule école. Alors, s'il doit se penser sur l'ensemble du
territoire et, au surplus, en relations entre secteurs primaire et secondaire,
cela peut changer drôlement des attitudes et des décisions.
M. Cloutier: M. le Président, je remercie le
député de Taschereau. Très clairement, il a exprimé
mon point de vue et a admirablement décrit la situation. C'est tout
à fait exact. Je crois qu'il faut avouer qu'il arrive que des
commissions scolaires, parce qu'elles ont une certaine difficulté
à faire face à leurs responsabilités, renvoient la balle
au ministère de l'Education ou se servent de ce fameux ratio comme une
excuse ou comme d'un prétexte.
Le ratio n'est qu'une mesure administrative qui vise, dans tous les
domaines d'ailleurs, à donner une marge de manoeuvre aux commissions
scolaires, mais encore doivent-elles l'utiliser et ces ratios ne sont jamais
liés à une école donnée, mais à un
territoire. Il est évident que plus la commission scolaire est grande,
plus la marge de manoeuvre est considérable. Aussi avons-nous introduit
des facteurs de correction en ce qui concerne les petites commissions
scolaires, et j'ai fait allusion à certains de ces facteurs de
correction dans mes remarques préliminaires. Voilà la
situation.
Nous avons constamment des réunions avec les représentants
des commissions scolaires, nous avons des bureaux régionaux qui jouent
maintenant un rôle beaucoup plus actif. Dans certaines régions,
nos bureaux régionaux ont mis au point et ceci
intéresserait le député de Lafontaine, s'il veut bien
m'écouter des tables de concertation avec toutes les instances du
milieu. Ces tables de concertation tentent précisément de
régler des problèmes de cet ordre. Ce sont des choses à
dire.
M. Léger: Je suis d'accord avec le ministre, mais si on va
plus loin que ce que vient de dire le député de Taschereau,
concernant le rapport de contenant d'un édifice, de nombre
d'élèves et de maîtres, comment se fait-il que le
ministère se refuserait le ministre me corrigera si ce n'est pas
le cas à intégrer dans ses normes rigides des
considérations d'ordre social et d'urbanisme? Je vais m'expliquer
davantage.
Je pense au cas des écoles le député de
Taschereau va sûrement m'appuyer là-dessus
Notre-Dame-de-la-Garde à Québec et Notre-Dame-de-la-Pitié
et d'autres, dans la basse-ville et le centre-ville de Québec, où
l'application aveugle des normes oblige à fermer des écoles alors
que les projets de rénovation urbaine ça veut dire que
ça va plus haut que l'école et la commission scolaire et
d'autres de ce genre, mis de l'avant, soit par la municipalité, soit
même par le ministère des Affaires municipales, veulent
reconstruire, rénover ou restaurer un quartier et ramener une population
qui s'en allait en diminution à une population beaucoup plus grande.
Donc, la disparition d'une école qui, pour le moment, uniquement
basée sur le ratio, pourrait paraître inutile, mais, dans quelque
temps, paraîtra utile puisqu'il y aura d'autres familles qui vont
revenir...
M. Cloutier: J'ai l'impression...
M. Léger: Je vous donne encore un exemple, dans la ville
de Québec, aussi bien à Montréal, le problème est
identique à celui de Saint-Hubert, dans le comté de Taillon ou
dans le quartier Maisonneuve à Montréal, où on reconstruit
ou restaure. Donc, l'école, qui a été bâtie dans les
temps où il y avait beaucoup d'enfants et qui, maintenant,
peut-être pour une année ou deux, serait moins utilisée
mais qui pourrait être utilisée plus tard, parce qu'on
aurait repeuplé la région par une politique urbanis-tique de
réaménagement du territoire...
M. Bonnier: M. le Président, je peux peut-être
parler pour rien...
M. Cloutier: J'ai l'impression qu'on a parlé pour rien, M.
le député de Taschereau, parce que...
M. Bonnier: Oui, mais...
M. Cloutier:... le député de Lafontaine a encore
parlé de ratio en le liant à l'école.
M. Bonnier: Oui, ce qui est...
M. Cloutier: Non, de normes en le liant à l'école,
ce n'est pas là, c'est le territoire.
M. Bonnier: Je voudrais justement donner un
éclaircissement au député de Lafontaine, c'est que j'ai
correspondu avec le ministre de l'Education à cet effet...
M. Cloutier: Essayons de lui faire comprendre.
M. Bonnier:... et sa réponse a été, dans le
fond, que la commission scolaire, où qu'elle soit, doit appliquer le
ratio au niveau de l'ensemble du territoire et penser à une politique,
non seulement à court terme d'un an ou deux, mais à une politique
à moyen terme d'au moins cinq ans. Si vous pouviez avoir une
évolution démographique positive comme dans certains quartiers,
c'est le rôle de la commission scolaire de prendre ses
responsabilités, pour un temps, peut-être de surcharger certaines
écoles, quitte à garder celles-là, parce que ça ne
sert à rien d'en fermer une et de l'ouvrir dans deux ans.
M. Léger: Comment se fait-il que des grosses commissions
scolaires comme la Commission des écoles catholiques de Québec,
c'est un territoire beaucoup plus vaste qu'uniquement la petite localité
que je viens de mentionner qui se réfugie derrière le
problème de normes...
M. Cloutier: La CECQ doit présenter au ministère
son plan d'aménagement, nous le lui avons demandé et ce plan
d'aménagement est basé sur des projections. Nous allons
l'attendre, nous allons étudier ce plan avec les autorités de
cette commission scolaire et nous verrons. Je ne peux pas préjuger des
décisions qui seront prises. Mais ce qu'il est extrêmement
important de comprendre, c'est qu'on ne peut pas avoir en même temps un
système centralisé et un système
décentralisé. A bien des points de vue, un système
centralisé serait beaucoup plus facile à administrer parce que
les responsabilités seraient clairement indiquées, ce serait le
ministère de l'Education et les décisions se prendraient à
ce niveau, les critiques pourraient être logées à ce
niveau. C'est ce qui existe en France, par exemple. Mais nous avons un
système décentralisé, c'est un jeu d'équilibre
entre les commissions scolaires, les collèges au niveau collégial
et le ministère de l'Education. Je crois qu'une des grandes
difficultés je l'avais d'ailleurs signalé dans mon premier
discours de la rentrée, celui de 1972 qui a apporté
beaucoup de confusion, c'est que le situs des responsabilités n'est pas
suffisamment compris.
M. Bonnier: C'est ça.
M. Cloutier: Dans ce que nous voulons faire, c'est-à-dire
notre politique de décentralisation, je crois que nous pourrons pallier
cette difficulté. Vous savez, au ministère, on règle
beaucoup plus de problème que ceux qui paraissent dans les journaux,
nous réglons quotidiennement des problèmes et je crois que nous
en réglons facilement neuf sur dix. Les journaux parlent uniquement,
bien sûr et c'est normal, des problèmes qui ne sont pas
réglés toujours au gré de la population et qui
amènent des pressions.
Mais la façon dont nous arrivons à régler autant de
problèmes parce que, dans l'ensemble, ça ne marche pas si
mal, croyez-moi c'est, précisément, en retournant la
responsabilité là où elle est et en expliquant ou parfois
en donnant les moyens aux commissions scolaires de prendre leurs
responsabilités, parce que c'est un fait que, dans cette première
phase de centralisation du ministère non je parle de la
première phase de centralisation, celle qui précède les
changements que nous tentons d'implanter actuellement les commissions
scolaires n'ont peut-être pas toujours eu les moyens ou la marge de
manoeuvre nécessaire.
N'oubliez pas que cela a changé considérablement, la
transférabilité des postes budgétaires, dont un
député du parti du gouvernement parlait hier, je pense, est une
mesure récente, une mesure qui donne une marge de manoeuvre de cet
ordre.
Je crois que notre discussion est utile si elle nous permet de
préciser où se situe la difficulté.
M. Léger: Est-ce que le ministre...
M. Cloutier: Mais, pour moi, je trouve que notre système
d'éducation est peut-être plus lourd à porter qu'un autre,
mais il présente aussi de très grands avantages, parce qu'il
colle plus aux besoins des populations locales et il implique, contrairement
à ce qui se passe presque partout au monde, les milieux, dans
l'administration scolaire, pas notre système électif, et
également par le jeu des différents comités de parents et
des comités d'école.
M. Léger: Je suis sûr que la centralisation permet
une administration beaucoup plus facile et rapide, mais elle n'implique pas les
milieux, et la décentralisation permet aux milieux de réagir. Il
ne faut pas oublier que l'administration n'est qu'un deuxième aspect,
derrière la priorité qui est l'éducation et la formation,
selon les besoins des parents.
L'école est le prolongement de l'éducation que les parents
ne peuvent pas donner à la maison. C'est donc dire que les parents sont
responsables, dans le milieu, d'exiger une sorte d'éducation, un climat
dans les écoles, permettant, par la suite, de réaliser
une administration qui convient à cette première
décision-là.
M. Cloutier: Le député de Lafontaine a dit:
Réaliser un climat dans les écoles, n'est-ce pas? C'est bien ce
qu'il a dit. Et une sorte d'éducation souhaitée par les parents.
C'est peut-être le moment de lui demander ce qu'il pense du document de
la CEQ, parce que je n'ai entendu aucun membre de l'Opposition se prononcer
là-dessus.
M. Léger: On n'a pas voulu se prononcer là-dessus
parce que cela ne nous appartient pas, ce document, mais, simplement...
M. Cloutier: Habituellement, vous vous prononcez sur pas mal de
choses qui ne vous appartiennent pas et c'est normal.
M. Léger: Ecoutez, je m'attendais à une
déclaration ministérielle là-dessus; il n'y en a pas eu.
Il a préféré se faire poser une question par le
député de Saint-Jean et donner...
M. Cloutier: Le député de Saint-Jean est
parfaitement capable de poser ses questions, ce n'est pas moi qui le lui
demande.
M. Léger: Vous avez préféré
répondre à une question du député de Saint-Jean
plutôt que de permettre la déclaration ministérielle qui
nous aurait permis de donner notre point de vue.
M. Veilleux: D'ailleurs, je vais en poser encore cet
après-midi.
M. Cloutier: Si la commission est d'accord, M. le
Président, on va demander au député de Lafontaine...
M. Léger: Est-ce que j'ai la parole? A ce
moment-là, quand il y a des questions posées, il n'est pas aussi
facile d'émettre des nuances, parce que nous sommes limités, par
le règlement de la Chambre, à donner uniquement une question,
sans donner, derrière les questions, toute une série de nuances;
on est continuellement bloqué par le règlement
là-dessus.
Je n'ai pas, à ce stade-ci, autre chose à dire que,
peut-être, deux points: La phraséologie, les affirmations qui sont
dans ce document sont peut-être malheureuses, mais il y avait quand
même une intention valable là-dedans. J'en ai parlé
privément avec le ministre hier, en lui disant que ce document permet
à des professeurs de trouver les moyens, le jour le 1er mai ou
une autre journée de sensibiser, à travers les examens, ou
les questions, ou les sujets qu'on discute dans la journée, de
présenter aux élèves des situations concètes qu'ils
auront à vivre plus tard. Je pense que ce point-là est louable,
en ce sens que si, dans un examen de mathématiques ou un examen dans un
autre domaine, on pose des questions à des élèves de la
région de Thetford-Mines sur ce qu'ils pensent de l'amiantose, cela
sensibilise l'enfant au problème de l'amiantose.
Si on parle des écarts qu'il y a entre les différentes
classes de la société, je pense que c'est à l'école
qu'il doit se faire un brassage de cette petite collectivité
étudiante qui aura à vivre plus tard dans un milieu qui est
peut-être différent de celui qu'on lui présente à
l'école, en ne voulant pas trop l'impliquer là-dedans. La
préparation de l'enfant a se faire un jugement, c'est en le
préparant graduellement à faire face au monde dans lequel il va
vivre.
Je ne suis pas d'accord à ce qu'on le politise au point de lui
donner des solutions d'avance, mais en le sensibilisant à
réaliser qu'autour de lui, il y a des disparités de situations
financières, il y a des disparités dans la façon d'agir,
que les décisions, quand on parle de l'autorité... Souvent,
l'enfant voit l'autorité dans son maître qui dit: Tu vas faire
cela. Dans la société, ce n'est pas parce qu'un gouvernement a
dit qu'il faut faire cela qu'il a la bonne décision et que
l'autorité aussi...
Je voyais même M. Pierre Eliott Trudeau qui a dit, dans ses
fameuses déclarations, que, si un gouvernement décide des choses
qui sont fausses, il encourageait même la désobéissance
civile, si c'étaient des décisions qui étaient contre le
bien des citoyens.
Mais, quand on pense à cela, M. le Président, la notion
d'autorité... J'entendais le député de Rouyn-Noranda
s'exprimer là-dessus hier: II faut obéir à
l'autorité, oui. Trop de gens savent qu'ils ont les moyens de passer
à côté de l'autorité, tandis que ceux qui sont
démunis se sentent obligés de subir des situations à cause
de l'autorité. Pour lui, l'autorité, c'est le fameux "il",
impersonnel. "M" va régler ma situation. Il ne sent pas qu'il soit
capable de prendre lui-même sa décision.
Il y a un film là-dessus, M. le Président, que le ministre
aurait dû aller voir. J'espère qu'il l'a vu. C'est le fameux film
L'Aventure du Poséidon, le fameux bateau qui amenait toute une
société qui s'en allait, une société de
consommation qui s'en allait en vacances aux îles. Il y avait
peut-être 1,000 à 1,500 passagers qui représentaient
exactement le style de la société de consommation où on
offre au passager tout ce dont il a besoin. Il a le ventre plein. Il ne sort
même pas une cigarette avant qu'un serveur ne vienne lui allumer sa
cigarette. Il a cinq ou six serviteurs pour toutes les choses dont il a besoin.
Il n'a même pas à formuler ces besoins, on Iui donne. C'est un
exemple concret de la société de consommation et.tout à
coup, le bateau cornplet frappe un typhon. Il tourne à l'envers. Ce
bateau est en train de couler. Tous les gens sont absolument
hébétés et ne savent pas comment s'organiser. Il y en a
qui sont morts, il y en a qui sont blessés. Ils sont assis sur le
plafond. Ils ont le plancher au-dessus à leur tête. Parce que le
bateau coule, il est à l'envers. Il y a une dizaine de personne qui
disent: Va-t-on faire quelque chose? La majorité des gens disent: Non,
ils vont nous régler cela.
Le "ils" qui représente l'autorité cachée,
inconnue, qui détermine ce qu'on doit faire pour lui. Il a perdu le sens
des responsabilités, le sens critique des événements.
M. Cloutier: Vous nous montez un bateau. On ne parle pas de la
même chose.
M. Léger: Regardez bien ce qui est arrivé, M. le
Président. C'est que, à la fin, la conclusion, la
société complète, sauf les dix qui ont
décidé de se défendre devant ce système, en sont
sortis indemnes, tandis que le bateau a coulé avec les autres qui
étaient habitués d'accepter cette autorité aveugle, mal
faite, non pas pour les intérêts de ceux qui la subissent. C'est
cela le problème.
Si le ministre me demande ce que je pense du document, je pense, entre
autres, qu'il y avait des intentions louables...
M. Cloutier: Ah oui!
M. Léger:... mais une mauvaise phraséologie et une
façon peut-être agressive d'exprimer la chose. Mais n'oubliez pas
que c'est un document...
M. Cloutier: Le député de Lafontaine est
père de cinq enfants, c'est lui-même qui nous l'adit. Il nous a
expliqué qu'il était particulièrement
préparé à discuter des différents niveaux du
système de l'éducation à cause de cela. Il est d'accord
pour que ses enfants soient soumis au type d'influence telle qu'elle
apparaît dans le document, parce que je ne demande pas au
député de Lafontaine...
M. Léger: Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas
dit.
M.Cloutier:...de me parler d'un document hypothétique. Je
suis le première admettre qu'il est utile de sensibiliser les
élèves aux situations sociales telles qu'elles existent. C'est ce
que vient de dire raisonnablement le député de Lafontaine, mais
ce n'est pas ce qui est dans le document de la CEQ.
M. Léger: N'oubliez pas une chose sur ce document...
M. Ctoutier: Le député de Lafontaine est d'accord
pour que ses enfants...
M. Léger: Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit. Ce
document est un document interne...
M. Cloutier: D'accord, je nevous le ferai pas dire.
M. Léger:... pour...
M. Cloutier: Interne!
M. Léger: Interne pour les professeurs.
M. Cloutier: II est distribué, c'est encore plus
grave.
M. Léger: Mais ce n'est pas ce document comme tel qui va
être utilisé avec des élèves, ce sont des
éléments de ce document qui pourraient être utilisés
par les professeurs.
M. Ctoutier: Soyons quand même un peu réalistes.
M. Léger: D'accord.
M. Cloutier: Vous avez lu la préface.
M.Léger: Vousêtesd'accord que ce n'est pas un
document à distribuer aux élèves.
M. Cloutier: Non, mais...
M. Léger: Mais ce sont des moyens de rendre l'enfant
sensible à des réalités...
M. Cloutier: Dans ces moyens, vous ne voyez rien de
répréhensible?
M. Léger: Oui.
M. Cloutier: Ah bon! Donc, vous...
M. Léger: II y a des termes précis là-dedans
qui sont inacceptables, c'est sûr.
M. Cloutier:... protestez aussi avec le reste de la
population?
M. Léger: Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit.
Vous voulez m'embarquer dans un domaine.
M. Cloutier: Vous avez parlé de bateau. M. Léger:
Je vous dis simplement...
Le Président (M. Pilote): Voulez-vous, on va laisser le
bateau et on va revenir aux crédits.
M. Léger: Je veux simplement terminer là-dessus, M.
le Président.
M. Cloutier: ... revenir aux questions.
M. Veilleux : J'aurais des questions sur le ratio.
M. Léger: ...suite à la question du ministre, qu'il
y a dans ce document, une intention louable de sensibiliser les
élèves à des préoccupations que premièrement
le système d'éducation n'a pas actuellement.
Deuxièmement, je trouve qu'il y a des endroits où on va
trop loin et je suis sûr que, ce document, dans le milieu de
l'éducation, s'il y a des points qui vont trop loin, le milieu
lui-même va les rejeter.
M. Cloutier: Ah bon! Moi aussi je le pense.
M. Léger: S'il y a des choses valables... M. Cloutier: Je
pense que le milieu est sain.
M. Léger:... le milieu va s'en servir. Il y a un vieux
proverbe qui dit: "A thousand people cannot be wrong".
M. Veilleux: La loi 22, M. le Président.
M. Cloutier: Eh oui! Vous voyez où cela mène.
M. Léger: Mais il y a des proverbes qui viennent de toutes
les langues.
M. Veilleux: II est grand temps qu'on l'applique, même ici
en commission. J'entends la loi 22.
M. le Président, c'est pour revenirsur le ratio. Le
député de Lafontaine me permet-il...
M. Léger: Allez-y.
M. Veilleux: On mentionnait, tout à l'heure, que le ratio
était au niveau d'une commission scolaire, mais il y a un facteur, je
pense, qui peut quand même entrer en ligne de compte dans l'application
de ce ratio qui pourrait être différent d'une école
à l'autre, compte tenu des milieux, de l'urbanisation, de la
société qui vit dans un quartier par opposition à la
société qui vit dans l'autre. Il y a quand même un
élément important que le député de Lafontaine ne
devrait pas oublier, c'est l'élément syndical; parce que, ayant
été président de syndicat et ayant vu à un certain
moment une commission scolaire qui voulait appliquer différemment la
ratio, d'une école à l'autre, pour des raisons qui pouvaient
être valables j e me souviens, comme président de syndicat,
étant donné que j'étais le représentant du
désir des enseignants d'une école concernée ils
m'ont demandé d'intervenir auprès de la commission scolaire pour
appliquer intégralement, dans leur école, le ratio, parce qu'ils
voyaient très mal que, dans cette école, ils aient, dans chacune
des classes, un plus grand nombre d'élèves que la classe voisine
où l'école voisine à quelques coins de rues.
C'est un élément, je pense, dont une commission scolaire
doit tenir compte lorsqu'arrive le temps de répartir son ratio sur un
territoire. Par la force des choses il y a d'autres éléments dont
une commission scolaire tient compte. Je reviens au secteur rural. Le ministre
nous mentionnait, hier, que dans l'application du ratio à la commission
scolaire protestante de Montréal, on avait marié
l'élémentaire et le secondaire, peut-être en augmentant le
nombre d'élèves et le nombre de périodes au secondaire
pour diminuer la tâche au niveau élémentaire et permettre
une certaine spécialisation, notamment en éducation physique.
Dans un milieu comme Saint-Jean, on ne peut pas réaliser ces choses
parce que les niveaux élémentaire et secondaire sont
complètement séparés. Vous avez une commission scolaire
régionale qui regroupe quatre commissions scolaires locales. Je ne vois
pas, personnellement, comment la commission scolaire locale
Saint-Jean-sur-Richelieu peut marier le ratio secondaire
élémentaire, compte tenu qu'elle n'a aucun pouvoird'application
du secteur secondaire.
C'est la question que je tiens à poser au ministre. Est-ce qu'il
est dans l'intention du ministère de l'Education d'alléger les
critères qui font qu'une commission scolaire pourrait à un
certain moment contrôler à la fois les niveaux
élémentaire et secondaire? Je m'explique, pour le cas
particulier, on revient toujours à un cas particulier, comme le
député de Lafontaine le disait, on va partird'un cas particulier
pour remonter aux grandes politiques du ministère. La commission
scolaire locale Saint-Jean-sur-Richelieu recouvre pratiquement toutes les
municipalités du comté de Saint-Jean avec une clientèle
scolaire de 50% et plus du niveau secondaire. Est-ce que le ministre a
l'intention d'alléger les conditions qui feraient que la commission
scolaire Saint-Jean-sur-Richelieu pourrait dans un avenir rapproché
contrôler à la fois son enseignement élémentaire et
secondaire et ainsi peut-être améliorer la tâche et
l'enseignement, tant au niveau élémentaire que secondaire dans le
secteur?
M. Cloutler: M. le Président, c'est une excel lente
intervention. Dans la première partie... non, cela ne
répète pas ce qu'a dit le député de Lafontaine,
parce que le député de Saint-Jean nous a apporté un
élément important. Il a expliqué que ce qui
empêchait dans certains milieux une utilisation rationnelle du ratio,
c'était le fait que certains syndicats n'étaient pas d'accord,
parce qu'en fait le ratio ne doit jamais être relié à
l'école. C'est un fait que certaines demandes syndicales tentent de
réduire le ratio à l'école, ce qui, à toutes fins
utiles, a pour effet de scléroser le système et de faire
disparaître la marge de manoeuvre nécessaire, tout en inscrivant
le tout dans une spirale inflationniste.
Le deuxième point que soulève le député de
Saint-Jean est également exact aussi. Lorsque j'ai parlé
ce point, je le rappelle, concerne l'élémentaire et le secondaire
et l'utilisation du ratio au deux niveaux de ce que faisait le PSBGM,
j'ai utilisé comme point de comparaison la CECM; parce qu'à la
CECM, il y a intégration de l'élémentaire et du secondaire
sur l'île de Montréal.
M. Veilleux: Dans le milieu urbain...
M. Cloutier: La situation n'est pas la même dans le milieu
rural ou plus exactement en dehors de l'île de Montréal. Il est
bien évident que cette marge de manoeuvre n'existe pas. Aussi avons-nous
déposé une politique qui vise à intégrer
l'élémentaire et le secondaire suivant un certain nombre de
critères. Cette politique est connue par toutes les commissions
scolaires. Nous avons, d'ailleurs, pu donner satisfaction à quelques
commissions scolaires pour cette intégration. Nous avons plusieurs
demandes actuellement que nous sommes en train d'étudier. Nous ne
souhaitons pas un chambardement total. Je crois que personne ne le souhaite au
Québec, il y en a suffisamment eu. Nous voulons certainement poser comme
objectif l'intégration de l'élémentaire et du secondaire
sur l'ensemble du territoire québécois. L'imposer
unilatéralement actuellement, je crois, ne serait pas sage, ni
même responsable.
M. Veilleux: Non, mais c'est parce que dans certains milieux, et
je reviens à l'exemple que je mentionnais, M. le ministre, où
vous avez quatre commissions scolaires locales et une commission scolaire
régionale, il semble y avoir, en tout cas, dans mon milieu, un blocage
par une commission scolaire locale qui tient absolument à ce que
Saint-Jean participe sur tout le territoire de la régionale
Honoré Mercier, tandis que les gens du comté de Saint-Jean
aimeraient quand même pouvoir administrer leur affaire dans le domaine
scolaire.
M. Cloutler: Absolument! C'est la difficulté
qu'on retrouve presque partout. Que voulez-vous? Une
société est ainsi faite. Elle est faite de groupes qui voient
souvent leur intérêt immédiat, et de groupes qui, parfois,
tentent de protéger des structures et qui ont de la difficulté
à s'abstraire suffisamment pour considérer seulement
l'intérêt général. Mais je suis convaincu que, si on
imposait cette politique, nous aurions infiniment plus de difficulté que
nous n'en avons actuellement, et nous tentons de faire évoluer les
mentalités. Nous tentons ce sont des opérations
très difficiles chaque fois d'amener les groupes à
s'entendre. Lorsqu'il s'agitle député de Lafontaine le sait
bien puisqu'il s'est occupé de la Communauté urbaine
d'intégrer des structures et des territoires, ce n'est jamais simple, et
je crois que c'est un des succès de la loi 71 d'avoir quand même
permis, sur l'île de Montréal, une consolidation de 33 commissions
scolaires en huit commissions scolaires avec des intégrations de
personnel, avec des harmonisations de budgets, de déficits, d'actifs,
sans, qu'au fond, cela crée de grands chambardements dans la
société. Nous avons choisi une approche évolutive, et
c'est l'approche de la politique d'intégration de
l'élémentaire et du secondaire, la même.
M. Léger: Mais comment se fait-il, M. le Président,
et je demande cela au ministre, qu'il y a tellement de commissions scolaires
qui ne semblent pas avoir compris la possibilité de corriger la
situation? Je donne des exemples, entre autres dans la ville de Québec:
Le maire Lamontagne lui-même a essayé d'imposer ou de
suggérer à la Commission des écoles catholiques de
Québec de ne pas faire disparaître certaines écoles, parce
que, justement, il y a un lien entre la municipalité et les
écoles concernant un plan de réaménagement et de
restauration de quartiers. Est-ce qu'il y a des liens entre les deux
ministères, celui des Affaires municipales et celui de l'Education, pour
renseigner les commissions scolaires? J'ai l'impression que, ou bien elles ne
sont pas au courant...
M. Cloutier: Je ne parle pas de la même chose. M.
Léger: Oui.
M. Cloutier: Le député de Lafontaine en est
conscient?
M. Léger: Ecoutez. Laissez-moi finir mon exemple.
M. Cloutier: Je veux simplement le savoir.
M. Léger: Je veux simplement faire remarquer qu'il y a des
liens, mais qui sont à un niveau plus élevé ou plus haut
dans la hiérarchie des décisions, et qui sont les politiques des
Affaires municipales et les politiques de l'Education. Vous avez des gens, au
niveau scolaire, est-ce que c'est parce qu'ils ne sont pas renseignés
qu'eux, sur le ratio, qui devrait être, comme vous dites, au
niveau territorial ils se butent à des normes? J'ai donné
l'exemple de Lon-gueuil, de Québec, de la rive sud de Montréal,
de
Montréal qui, eux,
persistentàvouloirfairedisparaî-tre des écoles, parce
qu'ils n'ont pas le ratio même sur le territoire, alors qu'ils devraient
justement réaliser qu'ils pourraient réaménager cela et
que les parents sont continuellement obligés de faire des
réunions et des déclarations pour empêcher que cette chose
existe.
Comment se fait-il qu'il y en ait tellement? Est-ce que c'est parce que
la politique du ministère là-dessus n'a pas compris les
commissions scolaires?
M. Cloutier: D'abord là, je pense que le
député de Lafontaine devra me préciser s'il a l'impression
de parler de la même chose ou bien s'il passe à un sujet
différent. J'avoue que j'ai de la difficulté à comprendre
sa question.
Nous ne parlons plus, si je comprends bien, de l'intégration de
l'élémentaire et du secondaire, parce que cette
intégration...
M. Léger: M. le Président, nous avons
commencé cette discussion sur le fait de la disparition d'écoles
francophones qui pourraient être les dernières. Le
député de Saint-Jean a ajouté, et vous-même, le
ministre, avez ajouté la possibilité d'unir, dans le même
processus de solution, l'élémentaire et le secondaire. Moi, je
suis sur la question première que j'ai posée tantôt...
M. Cloutier: Ah bon! Nous revenons aux premières
discussions.
M. Léger: ...c'est celle de la disparition possible
d'écoles, et le fait qu'une commission scolaire aussi vaste et aussi
grande comme territoire de responsabilité que la Commission des
écoles catholiques de Québec persiste à vouloir faire
disparaître des écoles, même lorsque le maire, qui est
responsable au point de vue municipal, dit: Ne le faites pas. Il y aura des
restaurations de ces milieux. Il y aura une augmentation de population
bientôt. Il ne faut pas faire disparaître des écoles. Je me
dis: Là, c'est un exemple concret où, à un palier plus
élevé, les politiques des Affaires municipales et les politiques
de celui de l'Education doivent se rejoindre et renseigner les groupes des
commission scolaires. Est-ce que, si les commission scolaires
elles-mêmes, trop souvent, veulent faire disparaître des
écoles en se bornant uniquement sur les normes de ratio et semblent
aveuglées par cela, c'est parce qu'elles ne sont pas au courant ou
est-ce que les politiques ne sont pas assez claires pour elles? Comment se
fait-il qu'on voit cela régulièrement, des dernières
écoles qui doivent être fermées?
M. Cloutier: Je vous avoue que ce n'est pas facile de
répondre à une question comme cela. C'est bourré de
jugements de valeur, d'impressions, de citations approximatives...
M. Léger: Faites votre possible.
M. Cloutier: Non, je ne réponds pas, parce que je crois
qu'il n'y a pas de réponse. Je ne veux que
revenir sur les principes que j'ai énoncés. Vous me parlez
du maire Lamontagne, vous lui prêtez des déclarations...
M. Léger: La question que je pose...
M. Cloutier: Ce n'est pas parce que le maire Lamontagne a
l'impression que la population va augmenter à tel endroit que nous
allons prendre des décisions sur cette base.
Il y a des données démographiques. Ces données sont
étudiées. Je peux, si vous voulez, faire un exposé de la
façon dont nous procédons lorsque ce genre de dossier nous
parvient. C'est une chose parfaitement possible, mais je me sens incapable de
commenter la façon dont la question est posée.
M. Léger: Je vous la résume en une phrase. M.
Cloutier: Bien, si c'est une phrase... M. Léger: Comment se
fait-il...?
M. Cloutier: Mettez des virgules quelque part et un point
à la fin, si possible.
M. Léger: ... et cela va résumer... Le ministre
aurait pu, avec de la bonne volonté, comprendre ma question. Comment se
fait-il qu'il y a tellement de commissions scolaires qui acceptent ou adoptent
de façon très restrictive des normes de ratio pour faire
disparaître la dernière école française? C'est cela.
Comment se fait-il qu'on adopte dans tant de commissions scolaires, d'une
façon très restrictive et non pas d'une façon beaucoup
plus ouverte, la possibilité de conserver ces écoles?
M. Cloutier: Votre façon de poser à nouveau la
question en une phrase ne m'a pas éclairé du tout. Vous parlez de
cette politique éventuelle concernant la dernière école
française dans un quartier donné...
M. Léger: Oui. Et est-ce la même chose pour la
dernière école du quartier?
M. Cloutier: Nous avons longuement discuté
là-dessus. C'est inutile d'y revenir.
M. Léger: C'est le même problème...
M. Cloutier: Ah! Vous voulez maintenant aborder un autre
problème, la dernière école du quartier?
M. Léger: Oui.
M. Cloutier: Ah! C'est une autre chose et je pense qu'il revient
à la commission scolaire, qui a une marge de manoeuvre suffisante,
tenant compte d'un ensemble de facteurs, et la population scolaire n'est qu'un
facteur parmi d'autres, c'est le plus important, mais c'est un facteur parmi
d'autres, de tenter de proposer les plans de réaménagement qui
collent aux réalités.
En ce qui concerne Québec, nous attendons son plan de
réaménagement et nous verrons.
M. Léger: Comme la Commission des écoles
catholiques de Québec se réfugie derrière les normes,
qu'entend faire le ministre pour faire réaliser à cette
commission de ne pas accepter ces normes d'une façon aussi
restrictive?
M. Cloutier: D'abord, je n'ai rien qui me permette de croire que
la Commission des écoles catholiques de Québec accepte, comme
vous le dites, les normes de façon restrictive. Les règles du jeu
sont connues. Je suis convaincu que la Commission des écoles catholiques
de Québec cherche à réaménager ses
équipements de la façon la plus rationnelle possible et tenant
compte des facteurs humains, mais il y a des limites à ce que l'on peut
faire. On ne peut pas maintenir une école par élève au
Québec. Il faudra quand même se rendre compte du fait qu'il y a
une baisse de la clientèle scolaire et que ceci amène des
rajustements qui sont souvent des rajustements douloureux. Si nous
étions pour donnersatisfaction à toutes les demandes qui nous
parviennent, ce n'est pas un budget de $2,200,000,000 que je vous demanderais,
c'est un budget de $5 milliards.
M. Léger: Quand la commission des écoles
catholiques de Québec doit-elle présenter le projet de
réaménagement de son milieu?
M. Cloutier: D'ici le mois de juin, m'informe-ton.
M. Léger: D'accord. Maintenant, nous allons parler d'un
autre sujet pour ramener le ministre... On parle beaucoup d'une année de
rattrapage pour certains élèves après le primaire. Cela a
fait l'objet de nombreux débats au colloque de Cap-Rouge il y a quelques
mois. Quelle est la position du ministre sur la question du rattrapage?
M. Cloutier: Je ne sais pas qui conseille le député
de Lafontaine, mais je ne sais absolument pas ce à quoi il fait
allusion.
M. Léger: Donc, le ministre n'est pas au courant...
M. Cloutier: Je suis peut-être au courant d'un certain
nombre de choses, mais...
M. Léger: ... du colloque qui a eu lieu...
M. Cloutier: Je suis tenu au courant du rattrapage.
M. Léger: Le ministre a-t-il une politique de rattrapage
après le primaire pour certains élèves?
M. Cloutier: Qu'est-ce que le député de Lafontaine
veut bien dire?
M. Léger: C'est une suggestion qui a été
faite, entre autres, par M. Arthur Tremblay.
M. Cloutier: Son entourage semble comprendre! Personne dans mon
entourage ne semble comprendre.
M. Léger: Et le ministre non plus.
M. Cloutier: Ecoutez. Posez votre question. Que voulez-vous
savoir?
M. Léger: J'ai demandé si le ministère a une
politique de rattrapage pour certains élèves qui, après le
primaire, ont des problèmes au niveau de l'avancement pour passer au
secondaire. Y a-t-il des projets? Ce sont des suggestions qui ont
été faites au ministre et si le ministre ne le sait pas, je vais
prendre sa parole.
M. Cloutier: II n'y a pas de politique de rattrapage telle
quelle, mais notre système scolaire est justement basé sur le
cheminement individuel des élèves et permet de tenir compte de
cela.
Comme le député de Lafontaine me semble rien
connaître aux structures scolaires et aurait peut-être eu
intérêt à lire un certain nombre de documents avant
d'arriver à cette discussion des crédits, il pose des questions
qui ne sont pas adaptées et, par conséquent, il n'y a pas lieu de
s'étonner si je ne peux répondre d'emblée.
M. Léger: Vous ne m'embarquerez pas dans le domaine pour
essayer de discuter sur des plans affectifs et commencer avec vos jugements de
valeur, juger de la qualité de vos intervenants. Vous êtes pris
avec moi et je suis pris avec vous. Alors, on va se regarder, on va s'endurer
et on va prendre les choses telles qu'elles sont. Je suis bien obligé de
vous prendre tel que vous êtes.
M. Cloutier: Certainement.
M. Léger: Je suis obligé de vous faire descendre
des rideaux régulièrement...
M. Cloutier: Je n'ai pas l'intention de permettre à qui
que ce soit...
M. Léger: ... mais je voudrais quand même qu'on
discute sérieusement...
M. Cloutier:... de faire de la petite politique avec le
système d'éducation. C'est aussi simple que cela.
M. Léger: Quand je pose une question au ministre sur sa
politique concernant le rattrapage du primaire...
M. Cloutier: Vous prétendez poser des questions
compréhensibles, c'est malheureusement faux.
M. Léger: M. le Président, ce n'est pas parce que
le ministre ne comprend pas que la question n'est pas intelligible. Je veux
simplement dire au ministre. Avez-vous ou n'avez-vous pas une
préoccupation...
M. Cloutier: J'ai répondu.
M. Léger: ...dans le domaine du rattrapage pour les
élèves qui sortent du primaire?
M. Cloutier: J'ai répondu.
M. Léger: Vous n'avez pas répondu, vous avez dit
que vous ne saviez pas.
M. Cloutier: M. le Président, je vous demande de rappeler
le député de Lafontaine à l'ordre. J'ai le droit de
répondre ce que je pense devoir répondre en mon âme et
conscience. S'il n'est pas satisfait de mes réponses, comme je ne suis
d'ailleurs pas satisfait de ses questions, il n'y a pas de solution. J'ai
tenté d'expliquer au député de Lafontaine que tout notre
système scolaire était axé vers les cheminements
individuels. Vous, M. le Président, qui êtes un ancien enseignant,
vous le savez fort bien, vous avez vécu ce système. Je ne vois
pas d'autre réponse. Que le député de Lafontaine me pose
ses questions. Si je les comprends, je tenterai d'apporter une réponse.
Si mes réponses ne le satisfont pas, je ne répondrai plus. C'est
tout.
M. Léger: Le ministre n'a pas de préoccupation pour
le rattrapage des élèves après le primaire.
M. Cloutier: Ce n'est pas vrai. Ne me faites pas dire ce que je
n'ai jamais dit. Au contraire, je l'ai dit, tout notre système scolai re
est axé sur le fait qu'il y a des élèves qui cheminent
à des vitesses différentes et c'est la raison pour laquelle nous
ne maintenons plus à l'élémentaire des
élèves à doubler indéfiniment. Ils accèdent
à un autre niveau et là il y a différentes
chevillières qui leur permettent de progresser à leur rythme.
C'est cela le système scolaire.
M. Léger: La suggestion qui est rassortie du colloque de
Cap-Rouge, c'était une année supplémentaire pour les
élèves qui auraient de la difficulté à passer
directement au secondaire. C'est une des suggestions qui avaient
été faites.
M. Cloutier: C'est une suggestion.
M. Léger: De ce côté, qu'est-ce que le
ministre pense? Est-ce qu'il y a d'autres solutions que celle-là?
M. Lapolnte: Cela existe déjà, M. le
Président.
Le Président (M. Pilote): Le député de
Laurentides-Labelle.
M. Lapointe: Le cours élémentaire, normalement,
s'étend sur six ans. Certains élèves peuvent le
compléter en cinq ans et d'autres en sept ans. Il existe une
année supplémentaire pour les étudiants qui ont plus de
difficultés à passer au niveau secondaire. Il existe,
après la maternelle ou à d'autres niveaux, des classes
spéciales pour les élèves qui ont certaines
difficultés particulières. Tout le système, à la
suite du règlement no 7, est bâti de façon à
tenir compte de la progression individuelle de chacun des
étudiants.
M. Cloutier: C'est le cheminement individuel de chaque
élève. C'est ce que j'essaie de vous expliquer. Je pense que si
vous prenez vos informations à tort et à travers dans les
journaux, vous ne pouvez pas vous attendre à...
M. Léger: La place où je prends mes informations,
le ministre peut croire que c'est seulement dans les journaux, c'est son
affaire, mais on est présent dans beaucoup d'endroits où on nous
informe des problèmes particuliers de la base. Je les soumets au
ministre et j'attends la réponse la plus objective possible et avec le
moins d'affectivité possible.
M. Cloutier: Vous aurez toujours des réponses si vous
posez des questions correctes.
M. Léger: Alors, vous êtes le seul juge de l'aspect
correct de ma question.
M. Cloutier: Avec votre prédécesseur, nous avons
toujours eu des discussions valables ; il est venu ici il y a à peine
une heure et dans le temps de sa présence, on a réussi à
avoir une discussion valable. C'est la seule partie qui l'a été.
Vous pouvez peut-être vous interroger si vous ne portez pas une part de
responsabilité. Posez des questions, on vous répondra. Ne vous
acharnez pas à obtenir des éclaircissements si on n'a pas
réussi à comprendre ce que vous vouliez.
M. Léger: C'est sûr que votre réputation vous
précède.
M. Cloutier: La vôtre vous suit et de loin.
M. Léger: C'est donc dire qu'elle doit être
bonne.
M. Cloutier: Quelqu'un me comprend. M. Léger: C'est
sûr, ceux du même parti...
M. Cloutier: Soyons sérieux. Posez donc vos
questions...
M. Léger: M. le Président, je pense que je poserai
les questions que je voudrai à l'étude des crédits et le
ministre prendra sa responsabilité de la qualité de
réponse qu'il va donner.
Une Voix: Vous me rappelez les bons temps de Jean-Noël
Tremblay.
M. Saint-Germain: J'avoue que je ne comprends pas. Si j'ai bien
compris le ministre me dira si c'est vrai ou si c'est faux le
système qu'on a actuellement est essentiellement un système de
rattrapage. Alors, il faudrait rattraper ceux qui ne veulent pas se faire
rattraper. C'est cela que le député veut savoir, je suppose?
M. Léger: M. le Président...
M. Saint-Germain: C'est essentiellement un système de
rattrapage, n'est-ce pas?
M. Léger: Le cheminement individuel peut être
cela.
M. Cloutier: C'est-à-dire que nous tenons compte...
M. Saint-Germain: Si c'est un cheminement individuel, alors le
gars peut se faire rattraper à n'importe quel niveau?
M. Cloutier: Bien sûr, puisque tout le monde est dans le
système. C'est cela, je pense, qu'il faut comprendre. Nous avons fait
l'option de la démocratisation de l'enseignement. Tout le monde
étant dans le système, parce que la scolarité est
obligatoire, nous tenons compte des différences individuelles. Le
système ne fonctionne pas comme il fonctionnait du temps des
collèges classiques.
M. Léger: D'accord. Le ministre admet quand même...
Je faisais hier une image du bateau de l'éducation qui aboutissait
à la fin du cycle, mais les gens qui étaient sur le bateau
n'étaient pas nécessairement tous rendus au degré
d'éducation et de formation qu'ils auraient dû avoir à
cause du système. Alors je vous donne l'exemple.
M. Cloutier: Peut-être pas à cause du
système...
M. Léger: Ecoutez, un système n'est pas toujours
fait idéalement pour chaque individu, c'est fait pour l'ensemble des
individus.
M. Cloutier: Mais vous n'admettez pas qu'au départ, les
individus...
M. Léger: Est-ce que je peux finir ma question... M.
Cloutier: Oui.
M. Léger: ...parce que si je peux la finir, vous allez
peut-être pouvoir la comprendre.
M. Cloutier: Si elles étaient moins longues, on y
arriverait peut-être.
M. Léger: M. le Président, je n'ai pas de
leçon à recevoir pour la longueur des réponses que le
ministre peut envoyer comparativement à mes questions. Il en a fait une
de deux heures hier, M. le Président.
M. Cloutier: Pardon, c'était une présentation
essentielle et extrêmement sérieuse et documentée...
M. Léger: D'accord.
M. Cloutier: ... du ministère de l'Education.
M. Léger: D'accord.
Le Président (M. Pilote): Nous sommes au programme 5,
groupe 2, Enseignement élémentaire public. On y reviendra.
M. Léger: M. le Président, quand on parle de
rattrapage, je pense à des élèves qui suivent dans
tout le système, j'ai parlé du primaire qui manquent
régulièrement des options, des crédits, n'obtiennent pas
certains crédits. Le ministre est revenu, oui? A ce moment-là, il
y en a qui sont obligés, après avoir fait le nombre
d'années réglementaires, pour pouvoir passer le diplôme
général, ils doivent revenir perdre une année pour aller
chercher deux, trois ou quatre crédits qu'ils n'ont jamais obtenus. Ils
perdent alors une année. Dans cette année, ils doivent passer une
année complète avec deux ou trois crédits qu'ils ont
manqués, pour obtenir ce dont ils ont besoin dans telle discipline
particulière.
Je me demandais s'il y avait d'autres façons, durant
l'année, pour se reprendre. Est-ce que, durant l'été, un
étudiant pourrait reprendre, entre autres, certains crédits, pour
ne pas avoir, à la fin de son cheminement, quelques crédits qui
l'obligent à perdre une année complète?
M. Cloutier: Oui, oui, cela se fait régulièrement.
Bien sûr, au niveau collégial, il y a des sessions, il n'y a aucun
problème. Notre système, c'est ça.
M. Léger: Est-ce que cela se fait au niveau primaire
aussi?
M. Cloutier: Le problème ne se pose pas de la même
façon au niveau élémentaire, on ne parle plus de primaire,
depuis plusieurs années.
M. Léger: Elémentaire, oui.
M. Cloutier: Je m'excuse, mais je crois qu'il faut tout de
même utiliser le vocabulaire.
M. Lapointe: M. le Président, cela se fait aussi au niveau
secondaire par les commissions scolaires qui organisent des cours de rattrapage
et de récupération durant la période d'été.
A l'élémentaire, le problème ne se pose pas de la
même façon.
M. Léger: Au niveau élémentaire.
M. Cloutier: Au niveau élémentaire, le
problème ne se pose pas, précisément à cause des
explications qu'on a données tout à l'heure.
M. Lapointe: L'étudiant passe automatiquement...
M. Cloutier: L'étudiant passe une période de temps.
Je crois qu'il y a une question de chaîne de pensées acuellement
qui complique notre discussion. Nous ne parlons pas de l'ancien système
d'éducation qui existait autrefois avec le primaire, le cours classique,
des classes comportant un titulaire. Nous parlons d'un système ouvert,
où tous les jeunes accèdent obligatoirement, quelles que soient
leurs capacités, sans aucune sélection.
M. Léger: On est au courant de cela.
M. Cloutier: Mais je crois qu'il est utile de le savoir. Ceci
comporte des conséquences, certaines conséquences concernant les
cheminements individuels, la possibilité d'option, le rattrapage
d'option, etc. Puisque le député de Lafontaine semble
affectionner les comparaisons de bateau, il en a utilisé au moins deux
ou trois, qu'il compare l'éducation à un grand bateau et qu'il
dise qu'il y en a qui n'arrivent pas au bout... C'est normal et c'est
d'ailleurs la raison pour laquelle il y a un cours professionnel au secondaire,
des possibilités au collégial de choisir le général
ou le professionnel, qu'il y a des passerelles entre tous ces niveaux, que l'on
peut accéder au marché du travail au niveau du secondaire comme
au niveau du collégial, etc., précisément parce qu'on n'a
plus une clientèle scolaire relativement homogène et très
sélectionnée.
C'est ce qui a changé l'aspect et le cheminement du
système d'éducation.
M. Léger: D'accord. Depuis des années, il semble
que le ministère bloque le développement de l'école
Maricourt, selon la documentation que j'ai, dans le comté de
Taillon.
M. Cloutier: Quelle école?
M. Léger: Maricourt, dans le comté de Taillon.
Malgré un afflux démographique énorme dans le secteur,
alors que, depuis quatre ans, 1,400 nouvelles maisons ont été
construites et l'école dispose de quinze locaux. Il s'agit d'une
école maternelle et primaire. Il y a eu de la correspondance
échangée, une lettre a été envoyée au
premier ministre, au ministre de l'Education, le 17 février 1975. Le
ministre aurait reçu une lettre le 17 février 1975.
M. Cloutier: M. le Président, je devrai aller aux
renseignements, il y a à peu près 3,000 écoles au
Québec; de mémoire, je ne peux pas vous répondre. Je vais
aller aux renseignements.
M. Léger: A la prochaine séance, on pourra avoir
les renseignements.
M. Cloutier: A la prochaine séance. Maintenant, est-ce
que...
M. Léger: C'est une lettre que vous auriez reçue le
17 février.
M. Cloutier:... pendant que le député de Lafontaine
est là, il ne pourrait pas nous donner une liste d'écoles sur
lesquelles il aimerait obtenir des renseignements? Je les sortirai.
M. Léger: Ecoutez, M. le Président, je suis ici
pour poser des questions selon l'ordre que vous m'avez donné. Si j'ai
des problèmes particuliers...
M. Cloutier: Je parle d'écoles par rapport à ce
programme...
M. Léger: ... tâchez d'avoir les personnes autour de
vous qui pourront donner les renseignements.
M. Cloutier: ... d'écoles élémentaires.
M. Léger: II y en a une autre du côté
élémentaire.
M. Cloutier: De la façon dont on discute, si j'avais
dû convoquer tous les fonctionnaires, j'aurais dû convoquer la
moitié du ministère. Normalement, ce que je fais, c'est d'inviter
les fonctionnaires, dans le cadre d'un programme, à être
présents. Actuellement, j'ai les fonctionnaires du programme 5.
M. Léger: Qui est l'école
élémentaire.
M. Cloutier: C'est pour cela que je crois justifié de
demander au député de Lafontaine que, s'il y a d'autres
problèmes d'écoles élémentaires, alors que nous
allons aller aux renseignements pour celle-ci, je pourrais peut-être
chercher des renseignements pour d'autres.
M. Léger: D'accord. Je vais lui en donner un autre
après, mais ce à quoi le ministre ne s'attend pas
je suis l'ordre qu'il m'a donné, celui de lui donner toutes les
écoles où il y aurait des problèmes particuliers qui
relèvent d'un autre programme.
Soyez quand même avisé que vous allez avoir des questions
sur des cas précis dans les autres programmes.
M. Cloutier: Vous parlez du programme de
l'élémentaire et du secondaire, nous sommes dans le cadre du
programme 5.
M. Léger: Je parle du primaire actuellement. Je suis au
niveau de l'élémentaire. Vous aurez des réponses sur le
niveau de l'école Maricourt.
En ce qui regarde la const ruction d'un gymnase à l'école
Saint-Pierre d'Alma, il semble que le projet ait été
accepté par le ministère, mais ne se concrétise pas.
J'aimerais en savoir les raisons, étant donné que vous avez le
personnel ici, pour répondre à cela.
M. Cloutier: Non.
Education physique
M. Léger: Je vais lui lire, M. le Président, pour
le renseigner sur les problèmes de base. Pour permettre que les jeunes
s'initient à l'éducation physique, un mur entre deux classes a
été enlevé à l'école Saint-Pierre d'Alma, de
sorte que les cours se donnent...
M. Cloutier: De quelle couleur était le mur? J'aimerais
avoir vraiment tous les renseignements dont j'ai besoin.
M. Léger: M. le Président, le ministre est tou-
jours en train de caricaturer, pour éviter de montrer qu'il n'est pas
capable de donner des réponses à nos problèmes.
M. Veilleux: Le président de la commission pourrait
donner...
M. Léger: Vous caricaturez inutilement...
M. Cloutier: Je ne me sens pas du tout honteux de ne pas
connaître les situations de toutes...
M. Léger: Je vais être obligé de l'endurer
pendant tout le temps de l'étude des crédits, alors, qu'il
m'endure aussi.
Je lui donne l'exemple que cette école a une demande du
ministère qui semble avoir été acceptée et dont le
résultat n'est pas encore arrivé. Pour pouvoir répondre
à leurs besoins, je lui cite ceci et qu'il m'écoute comme il le
faut. Après cela, il ne dira pas que c'est inintelligible. Voici le
problème.
M. Cloutier: Ne réglementez pas les patiences.
M. Léger: C'est ce que vous faites
régulièrement, M. le ministre.
M. Cloutier: Posez votre question.
M. Léger: Je répète, parce que le ministre
va attendre que j'aie fini de poser ma question, pour ne pas la taxer, par la
suite, d'inintelligibilité. D'accord?
Pour permettre que les jeunes s'initient à l'éducation
physique, un mur a été enlevé entre deux classes
c'est un peu anormal, mais le besoin était là le plancher
étant de terrazo et la hauteur, de 11 pieds seulement. Imaginez-vous
cela, pour un gymnase, dans une école. Il n'y a ni douche ni
vestiaire.
C'est un exemple de problème concret de base, qui fait que toute
la grosse machine administrative ne donne pas des besoins concrets. Je le
soumets au ministre, je suis assuré qu'il n'est pas au courant. Il
pourra me donner la réponse sur cela cet après-midi, après
avoir consulté les bons personnages.
M. Cloutier: Je peux peut-être déjà apporter
une certaine lumière sur le plan général. Si nous
étions pour faire des gymnases dans toutes les écoles
élémentaires, cela coûterait à peu près $500
millions, ce qui s'ajouterait au système dont je vous ai parlé
tout à l'heure.
Aussi y a-t-il eu des priorités, y a-t-il eu des optionsde
prises. Il est certain que l'élémentaire est
sous-équipé sur le plan sportif. Par ailleurs, il n'est pas du
tout sûr qu'il faille des gymnases dans toutes les écoles
élémentaires. Ce n'est pas toujours avec des équipements
que l'on peut s'initier à l'éducation physique. C'est tout ce que
je veux dire pour l'instant, mais il est exact que l'élémentaire
ne constitue pas, sur le plan des équipements sportifs, la
première priorité du ministère.
On va commencer par terminer les constructions d'écoles et, une
fois que le réseau sera mis en place, nous pourrons peut-être
envisager des équi-
pements sportifs à ces divers niveaux, ce qui n'exclut pas qu'il
y ait une politique d'éducation physique, et je vous en ai parlé
dans mes remarques préliminaires.
M. Léger: Actuellement, M. le Président, au niveau
élémentaire, il n'y a pas, dans le programme régulier de
l'éducation, d'obligation aux sports.
M. Cloutier: Non, M. le Président...
M. Léger: Quelle est la politique du ministère,
cette année, pour permettre que les jeunes aient la possibilité
de pratiquer le plus de sports possible, dans les heures obligatoires, avec un
choix et un éventail, pour que ces enfants arrivent au secondaire avec
déjà des aptitudes, des goûts et des choix possibles de
spécialisation?
M. Cloutier: Je pense que l'élémentaire a
été négligé dans les priorités
gouvernementales. Je pense et ce sont des décisions qui remontent
àde nombreuses années qu'on a peut-être eu tort de
mettre l'accent sur le niveau collégial, alors qu'on ne s'occupait pas
des niveaux inférieurs.
Le député de Lafontaine n'ignore pas qu'au niveau
collégial, l'éducation physique est obligatoire. Pour ma part, je
me demande pourquoi. Je crois qu'un garçon de quinze ans, seize ans ou
dix-sept ans, s'il n'a pas acquis le goût de l'éducation physique,
ce n'est pas en la rendant obligatoire qu'on va nécessairement le lui
donner. Ce sont là des options qui ont été prises, je
travaille à partir de ce qui existe et je cherche à faire
évoluer les dossiers. Il est presque impossible de revenir en
arrière en ce qui concerne le suréquipement du collégial
pas partout mais le suréquipement de certains CEGEP en
installations sportives par rapport à la pauvreté souvent
désespérante du niveau élémentaire.
Ce que nous faisons, au niveau élémentaire, c'est que nous
consacrons d'abord une somme de $2 millions je crois l'avoir cité
dans mes remarques préliminaires pour ces fins, ce qui
représente déjà un acquis. Ensuite, nous avons, dans le
document que je déposerai d'ici quelques semaines, un programme de
formation des maîtres, parce qu'il s'agit encore de savoir de quelle
façon on va procéder. Va-t-on utiliser les titulaires des cours?
Va-t-on introduire des spécialistes à
l'élémentaire?
M. Veilleux: C'est cela qu'on a fait jusqu'ici avec le
résultat qu'on connaît.
M. Cloutier: Exactement. Il en va de même pour
l'enseignement de l'anglais, langue seconde. Personnellement, je n'ai jamais
caché que je croyais qu'il fallait qu'il y ait des spécialistes,
même s'il est essentiel, au niveau élémentaire, que le
titulaire conserve le contrôle de sa classe. Voilà ce que je peux
dire sur le plan général. Nous allons vérifier les points
précis dont parle le député.
M. Léger: Sur le point général, M. le
Président, je dois quand même faire remarquer au ministre qu'il
vient d'affirmer qu'il trouve que des cours obligatoires d'éducation
physique, au collégial, n'étaient pas nécessaires. Ais-je
bien compris?
M. Cloutier: Personnellement, oui. Je vous donne mon opinion,
vous me la demandez, "oui". D'ailleurs, je ne suis pas très partisan de
rendre obligatoire l'éducation physique. Cela a été
tenté dans bien des pays. Je sais que l'Ontario n'a pas voulu le faire
non plus, parce que, ce qui est important, c'est vraiment de motiver une
population scolaire. Mais, à l'élémentaire, j'aurais
peut-être été plus porté à le faire qu'au
collégial.
Je crois bien que le député de Lafontaine ne niera pas
que, ce qui compte, c'est le point de départ, si on peut sensibiliser
les jeunes à une éducation physique de qualité, ce qui ne
suppose pas, je le répète, des gymnases partout, c'est
impossible, c'est impensable. Malheureusement, il y a des gens dans le milieu
qui s'imaginent que, pour faire de l'éducation physique, il faut
absolument des gymnases de $2 millions. Ce n'est pas vrai.
M. Léger: Je suis d'accord avec le ministre sur deux
points, non pas sur le troisième, que c'est, au départ, qu'il
faut créer, chez l'enfant, le goût du sport et que c'est au niveau
élémentaire...
M. Cloutier: J'écoute.
M. Léger: Oui, je veux que le ministre m'écoute. Au
niveau élémentaire, M. le Président, c'est très
important. C'est là qu'on va permettre la participation à un
éventail de disciplines sportives créant chez l'enfant tout
d'abord le goût général avant qu'il commence à faire
des choix. C'est à l'âge de sept à douze ans, où il
doit pratiquer beaucoup de sports qu'il ne connaît pas, qu'il va
là-dedans, se découvrir des affinités, des qualifications
dont il ne se doutait même pas.
Par la suite, au secondaire, il pourrait commencer à faire une
série de choix. Mais, quand on arrive au collégial, si on a fait
précéder son orientation par une habitude, une série de
choix qui se font dans son échelle de valeurs au niveau du
conditionnement physique, il arrive au collégial j'en suis
convaincu, M. le Président, je ne suis pas du tout de l'avis du ministre
qu'on doive enlever l'obligation. Je pense qu'il faut maintenir
l'obligation avec le choix, à l'intérieur de ces heures pour
l'entraînement physique, de disciplines qui lui conviennent.
Donc, cela veut dire...
M. Cloutier: Cela veut dire qu'il fallait l'enlever, n'est-ce
pas?
M. Léger:... que vous étiez contre l'idée
que ce soit obligatoire.
M. Cloutier: Non, je veux quand même être cité
correctement. Je n'ai pas dit qu'il fallait l'enlever, j'ai dit que,
personnellement, je n'étais pas d'accord sur une obligation, mais j'ai
aussi ajouté que ces décisions avaient été prises
et que je ne voyais pas comment on pouvait revenir en arrière. Je ne
vou-
drais pas, demain, trouver dans les journaux que je demande l'abolition
de l'éducation physique au niveau collégial. Je vais avoir tous
les syndicats pertinents contre moi. Il faut quand même dire les choses
comme elles le sont.
Il y une décision qui a été prise, il y a beaucoup
de décisions qui ont été prises, dans le passé, il
y en a qui sont prises maintenant. Elles comportent des conséquences. On
peut vouloir les rajuster, mais on ne revient nécessairement pas en
arrière.
M. Léger: C'est cela. Mais, si le ministre dit
qu'actuellement il semblerait que l'obligation pourrait être inutile,
c'est justement parce qu'il n'y a pas eu, précédemment à
cela, toute cette préparation des jeunes vers la pratique du sport.
M. Cloutier : Si vous me demandez mon opinion, j'aurais
préféré commencer par l'élémentaire.
M. Léger: C'est cela.
M. Cloutier: Ce n'est pas compliqué. Il me semble que,
lorsqu'on a fait notre réforme scolaire, il y avait des retards
considérables, des rattrapages a faire et qu'on a peut-être mis
l'accent sur le niveau collégial au détriment d'autres niveaux,
parce qu'une collectivité a des fonds...
M. Léger: C'est votre point de vue.
M. Cloutier: J'aurais préféré commencer par
l'élémentaire.
M. Léger: A ce moment, il y avait un choix à faire,
soit de les placer dans les trois paliers ou tout simplement commencer par la
base.
M. Cloutier: C'est cela, c'est ce que j'aurais fait.
M. Léger: Par la suite, je pense qu'il est absolument
essentiel de conserver cette obligation au collégial. Il ne faut pas
oublier que celui qui a la qualification dans un sport d'équipe, doit
avoir aussi des joueurs avec lui. Il faut nécessairement que tous les
élèves aient l'obligation de le faire, même si
c'était uniquement pour leur propre conditionnement physique, parce
qu'un peuple sain, c'est un peuple où le père dans la famille et
la mère ont le goût du sport et le transmettent à leurs
enfants. D'ailleurs, les enfants de sportifs pratiquent les sports
habituellement, parce que cela a été
développé...
M. Cloutier: Ils ne sont pas obligés de le faire.
M. Léger: Ils ne sont pas obligés de le faire, et
ils le font d'eux-mêmes.
M. Cloutier: Cela montre bien l'influence... M. Léger: Des
parents.
M. Cloutier: Je crois que, si on assure à la base une
bonne formation, il n'est pas nécessaire d'arriver avec des obligations
trop rigides à d'autres ni- veaux. Maintenant, je respecte l'opinion du
député de Lafontaine.
Services aux étudiants
M. Léger: Maintenant, je vois quand même à la
page I0-I5 des crédits, aux services aux étudiants une petite
diminution, $10,143,600 et cette année $10,221,000 l'année
dernière; et je vois le même montant pour les investissements
à la page 10-17. Comment se fait-il qu'il y a des diminutions
là-dedans?
M. Cloutier: On va vous di re cela. Vous parlez du programme
5.
M. Léger: Programme 5, élément 2. M.
Cloutier: Elément 2.
M. Léger: Vous avez une petite diminution, aux services
aux étudiants.
M. Cioutier: C'est pour une raison très simple, c'est
qu'il y a une diminution de clientèle. C'est un per capita.
M. Léger: Cela touche quand même le
développement... Est-ce qu'il y a une partie là-dedans qui touche
le développement sportif?
M. Cloutier: Ce sont des dépenses de fonctionnement, ce ne
sont pas des dépenses d'aménagement. C'est parce que la base de
calcul est par tête. C'est lié à l'évolution des
inscriptions, ce qui explique certaines diminutions.
M. Veilleux: Quel est le montant per capita?
M. Léger: Ce n'est pas sur la même base que
l'année dernière.
M. Cloutier: On va faire le calcul.
M. Veilleux: Quel est le montant per capita?
M. Cloutier: On fait le calcul en ce moment.
M. Léger: Dans les $2 millions, quels sont les programmes
précis que vous mettez de l'avant? C'est au niveau
élémentaire, les $2 millions, je pense.
M. Cloutier: De quels $2 millions parlez-vous? Parce que vous
venez de parler de $10 millions.
M. Léger: Les $2 millions que vous avez
répétés tantôt.
M. Cloutier: Non, vous me comprendrez, je voudrais savoir quand
même où on en est.
M. Léger: C'est ce que je vous réponds.
M. Cloutier: C'est cela. Vous parlez des $2 millions du
début.
M. Léger: Du début et que vous avez
répétés tantôt.
M. Cloutier: On va vous donner cela. C'est surtout de
l'encadrement sous forme de conseillers pédagogiques à
l'élémentaire. Nous donnons un montant de base à chaque
commission scolaire, plus un per capita. Quel est le montant de base? Le
montant de base est d'à peu près $5,000. Nous le
déterminons en fonction de nos possibilités. Nous donnons $0.30
l'élève.
M. Léger: Est-ce le programme dont j'ai entendu parler
dans une des régionales, personnellement? Il y avait une
compétition dans la polyvalente de Pointe-aux-Trembies
dernièrement, une compétition en gymnastique pour jeunes filles.
On m'a appris, entre autres, qu'il y avait des programmes qu'on demandait de
préparer dans chaque commission scolaire, des programmes de 45 heures,
de 90 heures et de I35 heures possibles pour payer un spécialiste de
l'entraînement physique selon les programmes conçus et
acceptés par le ministère. Est-ce que c'est dans ces $2 millions
qu'on voit cela?
M. Cloutier: Non, voyez-vous, les commissions scolaires ont
vraiment une marge de manoeuvre. Le ministère ne va pas intervenir dans
tous les engagements que font les commissions scolaires. Il fournit des sommes;
surtout maintenant avec la transférabilité de différents
postes budgétaires, les commissions scolaires peuvent faire pas mal de
choses. C'est ce qu'il arrive. Vous trouvez d'une commission scolaire à
l'autre des différences de cet ordre.
M. Léger: C'est un programme qui touchait toutes les
commissions scolaires de l'île de Montréal, entre autres, et qui
venait du ministère. Cela permettait de préparer des projets
types soumis par la suite, au ministère pour lesquels on payait les
entraîneurs pour que durant 45 heures il y ait un projet
précis.
M. Cloutier: Peut-être que le député de
Lafontaine pense à notre projet de promotion olympique. C'est tout
à fait différent. Cela se situe dans un autre cadre. C'est
lié...
M. Léger: Non, ce n'est pas la promotion olympique, parce
qu'il y en a qui ne sont absolument pas qualifiés pour aller jusque
là. C'est l'ensemble des étudiants...
M. Cloutier: La promotion olympique, ce n'est pas cela. C'est un
programme de sensibilisation pour les activités sportives, et nous ne
préparons pas des champions olympiques, mais nous avons mis au point un
programme, et suggéré aux commissions scolaires de s'en inspirer.
C'est peut-être cela dont parle le député de
Lafontaine.
M. Léger: C'est cela que je vous demande...
M. Cloutier: Est-ce que vous parlez de cela, oui ou non? Si vous
parlez de cela...
M. Léger: Je ne sais pas...
M. Cloutier: ... on va parler de ce programme.
M. Léger: A quel budget cela pourrait-il être
établi, dans quel budget on le verrait?
M. Cloutier: C'est au Haut-Commissariat.
M. Léger: C'est le Haut-Commissariat qui avait
donné cela.
M. Cloutier: C'est au Haut-Commissariat qui relève du
ministère de l'Education, mais comme j'ai expliqué au
début, ce sont les programmes 14 et 15, et si je ne me trompe, cela
devrait être discuté dans ce cadre.
M. Léger: Est-ce que le ministre pourrait me donner des
détails du projet d'investissements de $l
million......élément 5, page 10-17.
M. Cloutier: Qu'est-ce qu'il appelle 10, lui? M. Léger:
C'est la page 10.
M. Cloutier: Page 10. Vous parlez de quel programme et de quel
élément? Vous parlez du programme 5? Quel
élément?
M. Léger: Elément 5, du programme 5.
M. Cloutier: Elément 5, du programme 5: Ce sont les
investissements.
Le Président (M. Pilote): Les investissements. M.
Léger: Oui.
M. Cloutier: De $l million. Tous les investissements sont
financés par emprunt dans les commissions scolaires, mais il existe
encore ce qu'on appelle les territoires non organisés. Il en existe
très peu, et c'est une provision pour les investissements de ces
territoires.
M. Léger: D'accord!
Le Président (M. Pilote): II est midi et trente,
messieurs, et je pense qu'on s'était entendu pour suspendre nos travaux
à cette heure, pour reprendre après la période de
questions.
M. Léger: D'accord! M. Cloutier: Parfait!
Le Président (M. Pilote): La commission suspend...
M. Veilleux: Est-ce qu'on adopte le programme 5 avant de...
M. Léger: Non, on n'a pas touché au secondaire.
M. Veilleux: Bien non, mais...
M. Cloutier: Le secondaire, c'est le programme 6, M. le
Président.
M. Léger: D'accord!
Le Président (M. Pilote): Le programme 5 est
adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Pilote): Adopté. On sera rendu au
programme 6.
M. Léger: Adopté, avec les réponses que le
ministre nous donnera cet après-midi, aux questions que je lui ai
posées.
M. Cloutier: Cet après-midi, quand j'aurai les
renseignements.
M. Léger: D'accord!
M. Cloutier: Cela peut être demain.
M. Saint-Germain: Sur le programme 5, à
l'élémentaire, au sujet des méthodes de... J'aurais
aimé savoir...
Le Président (M. Pilote): Vous poserez votre question, M.
le député...
M. Cloutier: Vous pourrez les poser à
l'élémentaire ou au secondaire.
Le Président (M. Pilote): La commission suspend ses
travaux jusqu'à cet après-midi, après la période
des questions.
(Suspension de la séance à 12 h 33)
Reprise de la séance à 16 h 34
M. Pilote (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A l'ordre,
messieurs!
Je voudrais mentionner le changement suivant pour cette séance:
M. Faucher (Nicolet-Yamaska) remplace M. Déom (Laporte). Ce matin, il y
a eu des questions qui ont été posées par le
député de Lafontaine et le ministre s'est engagé à
répondre dès l'ouverture de la séance.
M. Cloutier: M. le Président, le député de
Lafontaine a parlé d'une école àTaillon. Malgré
toutes nos recherches, nous ne trouvons pas exactement ce dont il s'agit. Il
faudrait peut-être qu'il j'hésite à employer le
terme précise sa question.
M. Léger: Pardon? Il faudrait peut-être que... M.
Cloutier: ... qu'il précise sa question.
M. Léger: Si je me rappelle bien parce que j'ai
laissé le dossier en haut c'était l'école de
Ma-ricourt.
M. Cloutier: On ne trouve pas. Il y en a 3,000, mais on ne trouve
pas celle-là.
M. Léger: Vous ne trouvez pas l'école de
Mari-court?
M. Cloutier: Non.
M. Léger: Une école de perdue.
M. Cloutier: On va continuer de chercher. Il y a une école
Maricourt, mais il n'y a aucune correspondance sur cette école depuis un
an et demi ou deux ans.
M. Léger: Cependant, si le ministre me le permet, à
la prochaine, séance, c'est-à-dire demain matin, parce que mes
dossiers sont en haut, je lui rapporterai les détails là-dessus
de façon qu'il puisse avoir plus de renseignements pour continuer sa
recherche. Je croyais qu'on avait terminé cette partie de
l'élémentaire et je n'ai pas apporté ce dossier avec moi.
Je l'ai laissé en haut.
M. Cloutier: Parfait. En ce qui concerne les gymnases, j'ai
donné toutes les explications nécessaires et je pourrais
déposer un document qui donne une idée des projets et de la phase
où se trouvent ces projets.
Il y aurait peut-être un autre document que je pourrais
déposer qui ferait suite, cette fois, plutôt à une demande
du député de Saint-Jacques. Il s'agit des projets d'écoles
polyvalentes et il sera possible, en consultant la liste de se rendre compte
que les écoles qui ont été approuvées depuis
quelques années, à une ou deux exceptions près, alors que
les devis étaient trop avancés et que les commissions scolaires
n'ont pas accepté de changer, ne dépassent pas les chiffres que
j'ai dits ce matin, c'est-à-dire autour de 1,500.
En fait, nous avons des écoles de 1,000, de 700. C'est la
majorité.
M. Léger: Puisqu'on parle des finances, le ministre
peut-il nous donner les normes, dans le sens le plus complet du mot, d'un
gymnase qui est octroyé pour une école, c'est-à-dire les
normes au point de vue de des dimensions de l'espace ainsi que les normes pour
qu'une école ait droit à un gymnase.
M. Cloutier: A quel niveau? M. Léger:
Elémentaire.
M. Cloutier: Alors, on me dit que nous avons un plateau
d'éducation physique par 500 élèves à
l'élémentaire et un gymnase par 350. Je dois vous dire, pour ne
pas éveiller d'appétits, que ce n'est pas immédiat. C'est
réparti sur une très longue période et j'ai
déjà fait part de mes réserves en ce qui concernait les
gymnases à l'élémentaire, étant donné les
coûts que ceux-ci impliquent. Nous allons voir, dans la définition
de la politique que nous avons entreprise, si nous devons continuer dans cette
direction ou non. Je voudrais aussi, puisque je vous ai déposé
quelques...
M. Léger: Vous n'avez pas terminé
là-dessus.
M. Cloutier: Moi, j'ai terminé. Je n'ai rien d'autre
à dire. Posez d'autres questions si vous voulez, mais je n'ai pas
d'autre renseignement sur cette question.
M. Léger: Je vais continuer à poser des questions
au cas où le monarque voudrait bien continuer à répondre.
C'est la question: Qu'est-ce que le ministre a comme définition d'un
gymnase et d'un plateau? Vous dites qu'un gymnase, c'est 1 par 500
élèves et un plateau, c'est 1 par 350 élèves.
M. Cloutier: On va déposer le cahier des normes. C'est
tout à fait normal que le député s'intéresse
à cela. Le cahier des normes est aussi grand que cela. On va vous
l'apporter, si vous voulez. Je le déposerai et, si vous aimez les
dépôts, on peut vous en donner. En particulier, il y en a un que
je voudrais faire parce qu'il vous apporte les critères de l'importante
question dont nous avons discuté ce matin, c'est-à-dire
l'intégration des niveaux élémentaire et secondaire. Je
pense qu'il y a tout intérêt à ce que vous en preniez
connaissance.
M. Léger: Dans ce que vous allez déposer, il est
question des normes, les types architecturaux, etc., la hauteur des plafonds,
la grandeur...
M. Cloutier: C'est cela. Voyez-vous, je n'ai pas de
mémoire la hauteur des plafonds. Je m'en excuse. Je sais que c'est une
question majeure. Je devrais le savoir. Je ne le sais pas.
M. Léger: Est-ce que vous allez déposer aussi... Je
sais que ce sont des choses terre à terre pour le ministre, mais les
étudiants aiment bien avoir un gymnase avec des normes normales. Je sais
que cela dépasse l'entendement et les préoccupations du ministre,
mais, pour les élèves, c'est très important. Je lui ai dit
qu'on pourrait se rencontrer quelque part. Je pars de la base, M. le
Président, et j'essaie de remonter jusqu'au ministre. Je ne l'atteins
pas tellement souvent parce que ce sont des dispositions qui sont un peu trop
élevées pour qu'il puisse descendre jusque-là.
Je ferais quand même remarquer au ministre qu'il
adéposé un document qui s'appelle le Rapport annuel du
ministère de l'Education et, à la page 181, le titre est
Priorités de travail en 1973/74, Elaboration et diffusion d'une
politique relative à l'application de l'article 472 de la Loi de
l'instruction publique permettant à une commission scolaire de se
retirer d'une commission scolaire régionale et de dispenser les
enseignements élémentaires et secondaires. Est-ce que le ministre
peut nous expliquer ce qu'il entend par cela?
M. Cloutier: C'est exactement le document que je viens de
déposer, M. le Président.
M. Léger: Que vous venez de déposer, d'accord.
M. Cloutier: Et ceci se réfère exactement à
notre discussion de ce matin.
M. Léger: D'accord.
M. Cloutier: Je crois avoir fait le point et certains
députés du parti ministériel y ont collaboré.
M. Lapointe: Est-ce qu'on pourrait savoir à quelle
page?
Système métrique
M. Léger: C'est à la page 181 et, à la page
182, il est question, sous le titre Projets, de la mise en oeuvre de la
première phase du plan de conversion au système international
d'unités métriques. Comment ça fonctionne, de quelle
façon, est-ce que le ministre peut nous donner plus de détails
là-dessus?
M. Cloutier: Ah oui! on peut en parler longuement, nous avons
publié un guide, c'est une opération d'envergure. Nous allons
faire déposer ce guide pour votre information. Il s'intitule: Programme
pédagogique de la conversion au système international
d'unités dans les écoles élémentaires et
secondaires. Il est distribué aux commissions scolaires. C'est
extrêmement technique, je n'ai pas d'objec-tion à le lire. Il
comporte 31 pages et je suis tout à fait à la disposition du
député, s'il désire...
M. Léger: Puisque le ministre montre une telle
condescendance, est-ce qu'il pourrait, au moins, nous donner les étapes
de l'installation du plan mentionné?
M. Cloutier: Nous avons annoncé tout cela il y a
déjà un certain temps et je pense que le plus simple
serait peut-être que je me réfère au communiqué de
presse plutôt que de vous lire le document, parce que, pour les
étapes, il y a 31 pages. C'est le résumé.
M. Léger: II y a 31 pages pour les étapes.
M. Cloutier: Bien oui, c'est une des opérations les plus
complexes et les plus importantes qui aient jamais été
tentées dans un système d'éducation en ce qui concerne
l'implantation de nouveaux programmes. C'est refaire à peu près
tout ce qui a été fait depuis l'origine du système
d'éducation. Il suffit de jeter un coup d'oeil là-dessus pour se
rendre compte que les étapes sont là et il faut vraiment citer le
document in extenso, ce que je n'ai pas du tout d'objection à faire.
En revanche, le communiqué qui est déjà long vous
donne une idée de la façon dont nous avons
procédé.
La conversion débute maintenant, de sorte qu'au plus tard, en
I978, les élèves qui quitteront l'école devront avoir une
connaissance théorique et pratique du système international
d'unités.
Nous avons créé, pour y arriver, un groupe de travail
interne. Nous avons également participé aux travaux de plusieurs
comités, en particulier le comité interministériel
chargé de faciliter la conversion au système international
d'unité.
Je pourrais peut-être déposer également ce
communiqué qui pourrait être utile.
M. Léger: Dans la première étape de
l'implantation, il est question qu'en 1974/75, de la mise en marche du
perfectionnement des maîtres. Donc, c'est une étape passée.
Est-ce que, actuellement, vous êtes à point dans cette
étape ou si vous avez du rattrapage à faire?
M. Cloutier: L'étape du perfectionnement est en cours
actuellement. Il s'agit d'une série de stages de sensibilisation, stages
qui sont organisés par le ministère et auxquels les commissions
scolaires sont invitées à déléguer un ou plusieurs
multiplicateurs. Il appartient ensuite aux commissions scolaires de former leur
propre personnel.
Ce qui est en cours actuellement, touche surtout le niveau
élémentaire. Le premier problème, c'est de sensibiliser
les gens qui croient connaître le système métrique, alors
qu'ils ne le connaissent pas, parce que le système international
présente quand même plusieurs différences par rapport au
système métrique enseigné auparavant dans les
facultés, pour les ingénieurs, par exemple, ou dans les
écoles secondaires.
M. Léger: Est-ce qu'il y a des efforts faits auprès
des écoles de formation professionnelle?
M. Cloutier: II n'y a pas d'écoles de formation
professionnelle en temps que telles, mais dans les écoles secondaires,
le secteur professionnel est touché aussi bien que le secteur
général. La conversion, dans le secteur professionnel, est plus
complexe que dans le secteur général, étant donné
que les dates de conversion dépendent étroitement des dates de la
conversion de l'industrie correspondante.
Par exemple, alors qu'on sait que dans le secteur des sciences et
techniques de la santé, la conversion est faite dans les hôpitaux,
donc, on peut tout de suite procéder à la conversion
métrique pour les infirmières et toute cette science des
techniques de la santé.
On sait aussi qu'en mécanique et en fabrication mécanique,
la conversion va se faire probablement à la toute fin de
l'échéancier, c'est-à-dire en 1978/79. Là, il n'y a
pas lieu de se presser pour ne pas faire sortir les élèves avec
un système qu'ils n'auront pas à utiliser avant plusieurs
années.
M. Léger: D'accord. Mais, de toute façon, en
regardant la page 12 du document que le ministre vient de déposer... En
passant, je vais quand même faire remarquer au ministre que le document
qu'il nous a déposé aujourd'hui, il l'a déposé en
dehors des règles normales et des temps normaux, puisque cela doit
être déposé dans les quinze jours d'une ouverture d'une
session. Il va comprendre que, pour...
M. Cloutier: Vous parlez du rapport annuel?
M. Léger: Je parle du document ici. Il devait être
déposé dans les quinze jours. C'est mineur, comme de raison, mais
je tiens à faire remarquer au ministre que, pour des
députés de l'Opposition, qui ont un travail de recherche à
faire, il est important qu'ils aient en main tous les outils et, surtout les
renseignements qui doivent être donnés dans les temps que le
règlement impose. Je voudrais faire remarquer au ministre que...
M. Cloutier: Je pourrais peut-être faire remarquer au
député que rien n'oblige le ministre responsable d'un
ministère à fournir des documents avant la discussion des
crédits. Je l'ai toujours fait à la très grande
satisfaction des Oppositions dans le passé et je l'ai fait cette
année. Ce n'est pas ma faute si le dossierque j'ai fait parvenir au
député de Lafontaine ne lui est pas parvenu. Qu'il en accuse la
distribution interne ici au parlement. Mais, les documents sont partis. Je ne
parle pas du rapport annuel.
M. Léger: Je parle du rapport annuel.
M. Cloutier: Je parle d'un ensemble, d'un jeu de documents utiles
que j'ai énumérés dans mes remarques
préliminaires.
M. Léger: Si le ministre veut bien prendre la part de
louanges que je peux lui faire et la part des reproches, cela fera la
différence entre les deux.
M. Cloutier: Je ne vous fais ni de louanges ni de reproches, mais
j'aimerais avoir un peu d'efficacité, par exemple.
M. Léger: Cela vous aide, mais, M. le ministre, le
seul point sur lequel j'ai parlé, c'est sur le rapport annuel,
qui doit être déposé dans les quinze jours de l'ouverture
de chaque session et dont nous n'avons reçu copie que la veille de
l'étude des crédits. Le ministre devrait comprendre que c'est
rendre la tâche un peu difficile à un parti de l'Opposition que de
faire cela. Ce n'est pas pour rien qu'on le demande quinze jours après
l'ouverture de la session, parce que les crédits viennent par la suite
et qu'il faut faire notre travail.
M. Cloutier: Où va-t-on?
M. Lapolnte: M. le Président, je vais revenir sur une
question que le député de Lafontaine a posée. Si je me
réfère à la page 181 du rapport annuel du ministère
de l'Education, on dit: "Elaboration et diffusion d'une politique relative
à l'application de l'article 472 de la Loi de l'instruction publique
permettant à une commission scolaire de se retirer d'une commission
scolaire régionale". Est-ce que cela signifie qu'il y a une politique en
élaboration qui va permettre à une commission scolaire locale de
se retirer d'une régionale sans que toutes les parties composantes
soient d'accord?
M. Cloutier: Non. Pour le moment, nous souhaitons nous en
avons parlé ce matin mettre d'accord toutes... Nous ne pouvons
éliminer que nous repensions un peu cette politique.
Pour éviter des bouleversements dans le tissu scolaire du
Québec qui en a connu beaucoup, nous croyons qu'il est difficile de
forcer les situations locales. Il suffit de se rappeler les difficultés
qui ont accompagné l'Opération 55 ou les difficultés qui
ont accompagné l'application de la loi 27. Nous avons défini,
à la suite d'une étude d'un comité qui a travaillé
très étroitement avec le milieu, un certain nombre de
critères qui font partie du document que je viens de déposer.
M. Lapointe: M. le Président, je ne m'oppose pas à
ce qu'une telle politique permette aux commissions scolaires locales de se
retirer d'une régionale. Ce qui est important, c'est d'établir
des normes qui vont permettre une certaine efficacité, parce
qu'actuellement je connais des commissions scolaires locales qui veulent se
retirer d'une commission scolaire régionale. A mon point de vue, le
nombre d'élèves ne justifie pas la création d'une nouvelle
commission scolaire élémentaire et secondaire. C'est dans ce but
que je posais ma question.
M. Cloutier: C'est d'ailleurs tout à fait pertinent. Nous
avons toute une série de critères qui font partie du document que
j'ai déposé. Je peux peut-être y revenir, si vous voulez.
Il y a des critères qui portent sur le territoire même. On tient
compte des variations selon les régions. Il y a une pondération
de plusieurs facteurs, en particulier la population scolaire. On tient compte
de la population, soit qu'il s'agisse d'une zone urbaine ou d'une zone non
urbaine. Nous tenons compte de facteurs géographiques et sociaux, comme
le réseau routier, la di- mension du territoire, ce que nous appelons le
respect des associations naturelles, de l'attirance vers les centres
géographiques. C'est, comme vous pouvez le voir, et je ne vous cite
qu'une toute petite partie des critères, une politique assez complexe.
C'est pour cela que j'ai cru que le document pouvait peut-être nous
éclairer. Nous avons également un tableau de clientèle
minimale, parce qu'encore faut-il que les unités créées
soient des unités valables. C'est d'ailleurs ce que signalait le
député.
M. Léger: M. le Président, il me restait une
question tantôt. J'ai l'impression que le ministre, ce matin, ne m'a pas
répondu complètement, peut-être qu'il l'a fait. S'il l'a
fait, vous me le direz. Est-ce que vous avez dit ce matin que vous aviez
l'intention dans votre politique pour l'avenir, au niveau
élémentaire, de demander qu'il y ait des cours obligatoires
d'éducation physique?
M. Cloutier: Non, je n'ai jamais dit cela.
M. Léger: Est-ce que vous avez l'intention, dans un avenir
rapproché, de créer cette obligation, comme cela l'est au niveau
collégial?
M. Cloutier: Je préfère ne pas me prononcer
là-dessus pour l'instant, parce qu'il y a des implications
financières qui sont considérables. Il y a des coûts,
puisqu'une obligation signifie la mise en place d'une structure et,
également, se traduit par du personnel. Tout ce que je peux vous dire,
c'est que nous étudions en ce moment une politique de ce point de
vue.
M. Léger: Y a-t-il une analyse de ces coûts
actuellement?
M. Cloutier: Oui.
M. Léger: Alors, vous attendez d'avoir le résultat
de l'analyse pour expliciter...
M. Cloutier: C'est ça.
M. Léger: De toute façon, vous êtes
sensibilisé et vous souhaiteriez, suivant les coûts et les
résultats de l'analyse, qu'il y ait, à
l'élémentaire, des cours poussés, même
obligatoires...
M. Cloutier: Des cours, très certainement. Obligatoires,
je n'en suis pas encore convaincu et je préfère ne pas me
prononcer là-dessus. Je me suis contenté de faire une analyse. Je
ne sais pas s'il faut répéter ce qu'on a dit ce matin, mais je me
suis contenté de faire une analyse de l'élémentaire par
rapport au collégial.
M. Léger: D'accord! Vous attendez le résultat de
cette analyse vers quelle date?
M. Cloutier: J'ai parlé, dans mes remarques
préliminaires, d'un document qui pourrait être diffusé pour
consultation d'ici, peut-être, un mois.
Enseignement secondaire public
M. Léger: Un mois, d'accord! M. le Président, au
niveau du secondaire, d'après l'étude de "Relance I973"...
M. Cloutier: Est-ce qu'on changerait de programme? Alors,
à ce moment, il faudrait approuver...
M. Léger: On l'avait adopté cet
après-midi
Le Président (M. Pilote): On est rendu au programme 6.
M. Léger: On est rendu au programme du secondaire.
Le Président (M. Pilote): L'enseignement secondaire
public.
M. Cloutier: Je ne dépose pas cela. M. Léger:
Je reprends ma question...
M. Cloutier: M. le Président, un point de
règlement. Si on dépose les documents, est-ce que cela surcharge
le journal des Débats? Est-ce qu'ils doivent être reproduits?
Le Président (M. Pilote): Non, pas nécessairement,
à moins que ce soit le voeu de la commission.
M. Cloutier: C'est ça. Parce qu'il y a tellement de
documents que j'ai commencé à déposer que j'ai
l'impression qu'on monopoliserait le journal des Débats pour plusieurs
mois. Dans ce cas-là, je pourrais peut-être, pour éclairer
le député de Lafontaine, déposer notre programme de
perfectionnement des principaux, étant donné qu'il habite tout
près, semble-t-il, du centre social et que...
M. Léger: Ils sont les locataires de la caisse populaire
dont je suis un des directeurs.
M. Cloutier: ... c'est un argument qui semble être
important pour lui.
M. Léger: C'est ça.
M. Veilleux: II s'agirait, M. le Président, suite au
dépôt des documents, peut-être de formuler le voeu au
secrétaire des commissions, peut-être pas cet après-midi,
mais, dans les délais les plus brefs, pour voir à en faire des
photocopies suffisantes pour chacun des membres de la commission.
M. Cloutier: Je dois d'ailleurs signaler, M. le Président,
que nous envoyons systématiquement, à tous les membres de la
commission de l'éducation, des affaires culturelles et des
communications, les documents qui sont produits par le ministère de
l'Education. Vous devez les recevoir régulièrement...
M. Veilleux: Comme la formation des maîtres et ces choses,
on est supposé avoir...
M. Cloutier: Beaucoup de ces documents. Peut-être pas
celui-là en particulier, parce qu'il y a des documents internes...
M. Veilleux: Oui.
M. Cloutier: Celui-là, probablement pas, parce qu'il
s'agit d'une politique qui vient d'être définie, mais tous les
documents que nous considérons utiles, nous les faisons parvenir aux
membres de la commission.
M. Léger: M. le Président, je reviens à ma
question première, que j'avais commencé à formuler. Je
parlais de l'étude de "Relance I973", où on a constaté
qu'une déficience catastrophique entre la formation professionnelle et
le marché du travail.
M. Cloutier: De quel niveau parlons-nous en ce moment? Du niveau
secondaire?
M. Léger: Je pense que le ministre m'a posé la
question tantôt. Je lui ai dit qu'on avait fini de parler du primaire.
C'est adopté. Nous parlons maintenant du secondaire.
M. Cloutier: Bon. On reste donc au secondaire. C'est d'accord?
Parfait.
M. Léger: Jusqu'à ce que vous me déposiez
les documents sur le primaire, documents que je vous ai demandés ce
matin. Alors, M. le Président, je recommence.
M. Cloutier: Vous voulez di re les documents sur
l'école?
M. Léger: L'école, oui.
M. Cloutier: Cela n'a aucun rapport, mais ça ne fait
rien.
M. Léger: C'est à l'élémentaire. Je
recommence pour le bénéfice du ministre. Dans l'étude de
Relance I973, on a contasté une déficience catastrophique entre
la formation professionnelle de l'étudiant et le marché du
travail pour les quelque 60% d'élèves du secondaire qui ne
poursuivent pas leurs études. C'est une chose. Donc, près de 60%
des élèves du secondaire ne poursuivent pas leurs études.
Pour ceux-là, d'après Relance I973, environ 80% des finissants du
secondaire prennent plusieurs mois pour se trouver un emploi et la
moitié de ceux-ci affirment, par le sondage, qu'il n'y a pas de rapport
entre le travail réel et la formation professionnelle reçue et
même qu'il y a 60% des gens qui ne gagnent pas $100 par semaine. Donc, je
viens de soulever trois problèmes provenant des relations qui existent
entre la formation professionnelle et le milieu du travail ou l'industrie.
Devant ces chiffres, je veux savoir quelle leçon précise peut en
tirer le
ministre pour améliorer cette situation qui est quand même
dramatique.
M. Cloutier: II faut bien comprendre que, dans un système
d'éducation ouvert, qui a fait l'option de la démocratisation, il
n'est pas possible d'établir une adéquation rigoureuse entre un
diplôme et un emploi. Ceci n'est vrai nulle part au monde maintenant; si
tant est que ceci l'a été, c'était lorsque les
systèmes d'éducation ne s'adressaient qu'à une proportion
relativement faible de la jeunesse.
Alors, il existe très certainement, au niveau secondaire,
où l'on retrouve ce qu'on appelle le professionnel court, des
problèmes d'emploi.
Une des actions que le ministère a entreprise pour
améliorer l'adéquation entre la formation reçue au niveau
secondaire et les exigences de l'emploi sur le marché du travail, c'est
une refonte, une révision continuelle du programme faite de concert avec
l'industrie, c'est-à-dire que chaque élément du contenu du
programme doit être axé ou correspondre à une tâche
qu'on retrouve effectivement dans l'industrie.
M. Léger: Quand cela a-t-il commencé?
M. Cloutier: Ce travail a commencé il y a à peu
près deux ou trois ans maintenant, mais c'est un travail à long
terme et un travail qui n'est jamais fini parce que l'industrie évolue
et c'est d'ailleurs le problème. C'est qu'entre le moment où un
programme entre en vigueur, le temps où il est appliqué et le
temps où les gens sortent, il y a déjà eu, de nouveau, un
décalage dans l'industrie même. C'est pour cela, d'ailleurs, que
plutôt d'essayer de former à des spécialités bien
précises, on essaie de plus en plus, de donner une base
générale qui forme l'élève à une certaine
polyvalence. L'idéal serait probablement de ne pas former des
spécialistes du tout au niveau secondaire.
Seulement là, il y a d'autres considérations qui
interviennent.
Une formation générale n'est pas au goût de tous les
élèves et c'est prouvé que justement il y a une bonne
proportion d'élèves qui ne resterait pas à l'école
cela donnerait les "dropouts" si on les forçait à
rester dans le général jusqu'au bout de la cinquière
secondaire. On est là en face d'exigences contradictoires et tout ce que
le ministère peut faire, c'est retarder la spécialisation le plus
tard possible. On le fait actuellement jusqu'au secondaire V.
On garde un tronc commun qui est valable pour plusieurs
spécialités pendant toute la durée du secondaire IV. Mais
tôt ou tard, à moins de laisser sortir les gens avec un
diplôme très général qui en fait des apprentis,
ensuite des apprentis dont la compétence scolaire n'est pas reconnue, il
faut absolument leur donner, en dernière année de secondaire, un
contenu qui soit reconnu par l'industrie.
M. Léger: Mais est-ce que le ministre a pensé
parce que le sous-ministre parle en tant que ministre au fait que
ces chômeurs proviennent la plupart du temps de ce que les employeurs
exigent une expérience et non pas uniquement un diplôme? Devant ce
problème, est-ce que le ministère a pensé que dans la
dernière année d'un cours professionnel il y ait un stage,
payé en bonne partie par le ministère, qui ferait partie du
cours, mais il y aurait un stage précis dans l'industrie pour lequel
l'étudiant a été formé?
M. Cloutier: Oui. C'est effectivement une politique qui a
été retenue par le ministère, mais qui s'applique
graduellement. Il y a en effet toutes sortes d'obstacles techniques à la
tenue de tels stages à cause de l'âge des élèves, de
questions de sécurité, et aussi quelquefois des réticences
syndicales; mais les stages commencent à avoir lieu dans des
spécialités de plus en plus nombreuses.
M. Léger: Dans quelle spécialité, entre
autres?
M. Cloutier: Par exemple, dans le domaine hospitalier, c'est un
fait acquis; dans l'industrie, dans tout ce qui touche à la
mécanique, cela se fait de plus en plus.
M. Léger: Dans ce domaine, quel pourcentage du salaire est
payé par le gouvernement s'il y en a, pour que l'entreprise accepte de
prendre une personne sans expérience et n'ayant qu'un diplôme ou
en train de terminer son diplôme?
M. Cloutier: II n'y a pas de compensation financière. Cela
se fait sur une base de bénévolat.
M. Léger: II n'y a aucune incitation auprès de
l'entreprise. L'entreprise n'a pas d'autre incitation.
M. Cloutier: La formation de ses propres futurs employés;
et la participation de l'industrie est d'ailleurs assez bonne, elle
s'améliore de plus en plus depuis que les industries sont
associées à la préparation même des programmes de
formation. Ce sont d'ailleurs les industries souvent aussi qui ont
insisté sur cet aspect très pratique de la formation et qui
permettent l'exploitation d'un travail pratique beaucoup plus rapide que si ce
n'était qu'une formation théorique, une formation en
laboratoire.
M. Léger: C'est certain que la compagnie a
intérêt à commencer à former jeune une personne
qu'elle veut conserver, mais est-ce qu'il n'y aurait pas un
intérêt à ce que le programme soit
systématisé avec un paiement partiel pour la dernière
année de cours, pour inciter l'ensemble des industries à se
prévaloir de ces jeunes qui sortent sur le marché.
M. Cloutier: II existe, pour les adultes, des programmes de
formation à l'industrie. Vous êtes certainement au courant de
cela.
M. Léger: Fédéral.
M. Cloutier: Bien sûr, mais nous y participons à la
suite d'ententes. En ce qui concerne le niveau secondaire, il y a vraiment
beaucoup d'obstacles, on a signalé tout à l'heure les
réticences syndicales, elles sont de taille, mais il y a
également des
réticences patronales. En France, on s'est posé la
question, vous avez peut-être entendu parler de la loi Royer, qui
dirigeait, vers la fin du secondaire, un certain nombre de jeunes vers
l'apprentissage, ce qui pouvait constituer, en apparence, un retour en
arrière. Il y a des problèmes qui se posent au niveau du
secondaire court, au niveau du professionnel court du secondaire, très
certainement.
M. Saint-Germain: D'ailleurs, pour un employeur qui engage un
jeune homme de 17 ans ou de 18 ans, il n'a pas de motivation à
l'employer, il ne fait pas d'argent avec lui, il n'y a pas de
productivité au bout des heures de travail qu'il fait. C'est
déjà un sacrifice de l'endurer chez lui.
M. Cloutier: II ne faut peut-être pas s'attendre à
ce que ce soit le système scolaire qui assure toute la formation. En
fait, dans les grandes compagnies, la formation se donne à
l'intérieur même de la compagnie et je pourrais en citer une bonne
demi-douzaine où cette formation est remarquable. Il y a Alcan, il y a
Bell Canada et il y en a un grand nombre d'autres dans certains pays comme au
Japon, presque toute la formation professionnelle se fait sur place à
l'intérieur de l'industrie. Ce qu'il faut que l'école assure,
c'est une formation de base, autant que possible, il faut l'articuler avec le
milieu du travail. Je disais tout à l'heure qu'il ne faut pas non plus
s'attendre que le diplôme soit garant d'emplois dans un système
comme celui-là. L'évolution des systèmes
d'éducation fait en sorte qu'il y aura de plus en plus d'individus qui
ne travailleront pas dans leur spécialité, qui auront à
s'habituer à trois ou quatre carrières au cours de leur vie,
d'où l'importance du recyclage, de la formation en industrie, etc.
M. Léger: Quand on regarde l'ensemble des chiffres du
chômage, c'est quand même un exemple ou une incitation à
trouver des solutions à ce problème, surtout dans le domaine du
professionnel court.
M. Cloutier: Le chômage n'est pas le résultat de la
production d'élèves par le ministère de l'Education. Le
chômage est la résultante d'une situation économique.
M. Léger: D'accord, mais l'ensemble des étudiants
qui arrivent sur le marché du travail, après avoir eu un
diplôme, le fait qu'il y en a déjà beaucoup qui sont en
chômage, au niveau adulte, ajoute au nombre de personnes et augmente le
niveau de chômage.
M. Cloutier: Bien sûr, c'est le problème du
chômage. A ce compte, vous pouvez également parler du nombre de
femmes qui quittent le marché du travail et qui augmentent le nombre de
chômeurs. Nous discutons en ce moment de la question du professionnel
court au secondaire. En revanche, en ce qui concerne l'engagement des
élèves du CEGEP professionnel, les taux sont excellents. Il est
dommage que nous procédions comme nous le faisons parce que toutes ces
questions relèvent du Service de la planification qui faisait partie du
programme I et j'ai fait demander le directeur général qui
était là ce matin, il va peut-être arriver qui
pourrait vous décrire en détail le type d'études que nous
avons faites.
En ce qui concerne le collégial, c'est une proportion de plus de
90% de jeunes qui ont réussi à trouver de l'emploi quelques mois
après avoir quitté le collège. Je parle bien sûr du
professionnel.
M. Léger: Oui, maintenant...
M. Saint-Germain: M. le Président, s'il vous
plaît.
Le Président (M. Pilote): Le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: J'aimerais dire là-dessus qu'il y a
peut-être, dans l'industrie, 25 ou 30 ans passées, dans mon
comté je pense que ça pourrait se projeter au niveau de la
province l'industrie locale avait des apprentis.
Les élèves signaient même un contrat au niveau de
l'industrie et l'élève recevait des cours par correspondance et
il était aidé par un employé, par un technicien, à
son emploi même, le samedi, en dehors des journées d'ouvrage. Il y
avait trois ou quatre heures de cours, en plus, et tous ces programmes ont
été arrêtés par l'industrie privée. Je crois
que les unions ont joué un grand rôle là-dedans, parce que
les apprentis étaient payés à très bas salaire et
les unions ne permettaient plus aux industries, ou c'était très
difficile lors des discussions ou des renouvellements de contrat, d'avoir du
syndicat un article privilégié là-dessus.
On accusait les compagnies de tenir ces apprentis à l'ouvrage,
parce que c'était de la main-d'oeuvre à bon marché. Toutes
ces industries ont arrêté ces cours. Mais, aujourd'hui, dans ces
industries, les gens qui ont suivi ces cours, il y a 20 ou 25 ans, ce sont
à peu près tous ceux que vous retrouvez comme contremaîtres
ou comme inspecteurs ou comme techniciens, qui sont à la base de la
qualité du personnel de ces industries.
Il y a peut-être un autre facteur aussi, c'est que le
gouvernement, de plus en plus, s'est mis le nez dans ces cours et l'industrie
s'est fiée sur le gouvernement pour former les hommes. Je ne pense pas
qu'on ait jamais formé, au niveau du système de
l'éducation, même au niveau des écoles techniques, des
hommes aussi qualifiés, après 4 ans, que l'industrie n'en a
produit elle-même.
C'est dommage, à ce point de vue-là, mais je crois qu'au
niveau des écoles techniques comme au niveau, aujourd'hui, des
commissions scolaires, puisque les écoles techniques sont disparues,
vous avez des professeurs qui ont travaillé au niveau de l'industrie,
cela fait déjà 15 ou 20 ans, et qui travaillaient dans
l'industrie, mais qui ne travaillent plus aujourd'hui, puisqu'ils sont
professeurs. Ces professeurs sont d'arrière-garde maintenant,
l'industrie évolue tellement vite.
Je me demande bien pour quelles raisons le ministère de
l'Education n'oblige pas certains professeurs techniciens à retourner
à la production. Je pense bien que l'union ne chantera pas la même
chanson, par exemple. C'est évident. Mais comment voulez-vous qu'un
professeur qui enseigne une technique bien précise et bien
spécialisée depuis 15 ans soit encore tout à fait au
courant de ce qui se passe au niveau de l'industrie qui, depuis 15 ans, a
évolué d'une façon extrêmement marquée?
Tout de suite là, vous avez un embêtement aux relations
entre l'industrie et l'école. Deuxièmement, je me demande comment
cela se fait qu'on ait conservé ce système aussi longtemps. Comme
vous le savez, aujourd'hui, pour les bons techniciens, qui sont en demande dans
bien des champs d'activité, les salaires sont relativement
élevés. Voir des techniciens qui gagnent $5 ou $6 l'heure,
aujourd'hui, ce n'est pas rare.
Mais on engage les professeurs, au niveau technique, avec le même
barème que les professeurs qui enseignent dans les classes
théoriques.
M. Cloutier: C'est très exact.
M. Saint-Germain: Comment voulez-vous qu'un technicien qui gagne,
dans l'industrie privée, $10,000 ou $12,000 et quelquefois plus, arrive
comme professeur et qu'on lui offre un salaire de $6,000 ou $7,000 pour
commencer? J'avoue que c'est une chose que je n'ai jamais réellement
comprise.
M. Cloutier: II y a beaucoup de points intéressants dans
cette intervention. D'abord, il est exact que certains enseignants du secteur
professionnel, surtout au secondaire, auraient intérêt à
retourner pour se recycler. Nous l'avons prévu dans le plan de formation
de perfectionnement des maîtres de l'enseignement professionnel, dont
j'ai parlé assez longuement dans mes remarques préliminaires. Des
stages sont prévus.
M. Léger: C'est la même chose pour le recyclage des
maîtres, même dans le général; ce n'est pas
uniquement dans le domaine professionnel.
M. Cloutier: D'accord, mais j'ai expliqué, dans ces
remarques, que nous avions choisi un certain nombre de cibles et que, les
besoins étant particulièrement urgents dans le domaine
professionnel, cette cible avait été retenue.
Sur la question des salaires, nous avons réussi à corriger
un certain nombre des anomalies de notre système de classification qui
ne tenaient pas compte de l'expérience ou qui n'en tenaient pas
suffisamment compte. Même si ce n'est pas encore la perfection, je crois
que nous avons pu ajuster un bon nombre de salaires. Il est exact qu'il y avait
un certain nombre de difficultés à ce point de vue.
Je ne crois pas que jamais les salaires soient compétitifs avec
l'industrie. Ils ne le sont nulle part au monde. Je rencontre assez souvent
d'au- tres ministres de l'Education. Nous échangeons et nous en arrivons
toujours aux mêmes conclusions. Tous se plaignent de la pénurie de
maîtres dans le domaine de l'enseignement professionnel. Je ne parle pas
seulement des pays en voie de développement, je parle de pays tout
à fait développés ou je parle des autres provinces
canadiennes. Je ne crois pas que le système d'éducation doive
tenter de s'aligner sur l'industrie. Cela paraîtrait à peu
près impossible. C'est une charge qu'aucun système
d'éducation au monde ne pourra assumer. Mais n'oubliez pas qu'il y a
beaucoup d'avantages marginaux dans le système d'éducation, ne
seraient-ce que des vacances plus longues, une charge de travail qui est
souvent moins grande. C'est là que devraient se situer les motivations
de celui qui préfère choisir la classe plutôt que
l'usine.
M. Saint-Germain: Oui, mais...
M. Cloutier: II faut essayer de s'en approcher.
M. Saint-Germain: J'admets qu'il pourrait y avoir tout de
même, à cause des conditions de travail que vous venez de
mentionner, un certain décalage, mais, actuellement, le décalage
est beaucoup trop considérable.
M. Cloutier: Oui, il l'est moins qu'il ne l'était, depuis
que nous avons apporté ces correctifs dans le système de
classification.
M. Saint-Germain: Parce que, en plus, un bon technicien qui a une
quarantaine d'années, qui est obligé de travailler assez dur dans
des conditions assez pénibles, est d'un âge, très
probablement, qui pourrait motiver ce type à entrer dans le
système d'éducation, parce que, au niveau de l'industrie, cela
peut demander une force physique, une résistance physique assez
considérable. Mais, en plus de ne pas considérer, à mon
avis, suffisamment ses connaissances techniques et ses connaissances
industrielles, le type n'a pas d'ancienneté. Comme l'échelle des
salaires du professeur est basée sur l'ancienneté, c'est un autre
facteur qui baisse énormément son revenu. Le type ne peut
absolument pas se permettre, surtout s'il a un âge où il a
habituellement des charges familiales, un abaissement aussi considérable
de revenu.
M. Cloutier: Oui, bien sûr. L'ancienneté et
l'expérience, ce sont des matières de négociation
collective.
M. Lessard: Dans le système de classification qui a
été déposé hier, je pense que, en ce qui concerne
les professeurs techniques, on veut soumettre un nouveau système de
classification qui tiendrait beaucoup plus compte de l'expérience
acquise au niveau de l'industrie...
M. Cloutier: C'est exact.
M. Lessard: ...et qui permettrait probablement de régler
une partie du problème.
M. Cloutier: C'est exact. Entendons-nous bien, ce n'est pas un
nouveau système de classification que j'ai déposé, c'est
le rapport d'une commission qui a été créée il y a
à peu près un an et demi.
M. Lessard: Non, c'est un document.
M. Cloutier: Je ne crois pas, comme je l'ai indiqué dans
les communiqués qui accompagnaient le dépôt de ce document,
qu'il soit possible d'utiliser les recommandations de cette commission dans le
cadre de la négociation collective à venir. C'est
extrêmement complexe.
Nous avons déjà corrigé ce système de
classification. J'ai logé assez de réserve contre le
système pour que vous puissiez prendre ma parole à ce point de
vue. Il est exact que, dans les recommandations, on va encore plus loin pour
compter l'expérience. D'ailleurs, c'est peut-être une chose qui
pourrait faire l'objet d'une amélioration immédiate dans le cadre
actuel.
Placement étudiant
M. Léger: La question originale qui a amené cette
diversion au niveau du recyclage des maîtres, c'était la question
du problème de l'embauchage des finissants diplômés dans le
domaine professionnel.
Est-ce qu'il n'y aurait pas quand même une coordination à
faire avec le placement étudiant durant les vacances, de façon
que non seulement la dernière année, mais les quelques
années qui précèdent, l'étudiant puisse aller
travailler dans l'usine ou dans l'industrie ou dans le milieu où il
s'attend de travailler après avoir fait ses études?
M. Cloutier: La réponse est oui.
M. Léger: Est-ce que vous en avez fait une politique?
Est-ce que vous êtes rendu à le suggérer à ceux qui
s'occupent du placement étudiant? Est-ce que...
M. Cloutier: Nous en avons parlé. Le ministre responsable
du placement étudiant participe à beaucoup de réunions
où nous discutons ce genre de problème. Maintenant, c'est
peut-être plus facile à dire qu'à faire, parce que
n'oubliez pas que vous parlez en ce moment d'étudiants du secondaire, de
la fin du secondaire. Le placement étudiant ne touche pas toujours ces
étudiants. Tout ce que je peux vous répondre, c'est oui. Il y en
a qui ne sont même pas à l'âge de travailler.
Recyclage des maîtres
M. Saint-Germain: Une dernière question, s'il vous
plaît, pour terminer mon intervention. Est-ce que, relativement au
recyclage des maîtres au niveau de la production ou de l'industrie, dans
les discussions qui ont lieu actuellement au niveau de l'éducation pour
le renouvellement des contrats de travail, est-ce qu'il y a des ordres
précis qui ont été donnés aux négociateurs
de l'employeur pour qu'ils incitent les syndicats à en venir à
une entente à ce point de vue?
M. Cloutier: Vous savez, quand on négocie, on cherche
toujours une entente. C'est bien sûr que les négociateurs auront
des mandats précis.
M. Saint-Germain: Est-ce qu'ils auront ce mandat en
particulier?
M. Cloutier: Je préférerais ne pas dire exactement
quels seront les mandats des négociateurs au moment où nous
commençons une négociation collective.
M. Saint-Germain: Oui, mais il y a tout de même un point
capital, au point de vue...
M. Cloutier: II y a aussi les implications financières
considérables. Je pense que ceci doit faire partie de l'ensemble de la
négociation. Il va y avoir peut-être 30 ou 40 dossiers dont
certains sont extrêmement techniques et qui sont actuellement en train
d'être préparés pour la négociation. Nous sommes
sensibles à cet aspect.
Le Président (M. Pilote): Le député de
Saint-Maurice sur une question et le député de Saguenay
après.
Formation professionnelle
M. Bérard: Etant donné qu'on discute de
l'enseignement du secondaire public, j'aimerais souligner un petit
problème particulier au ministre, un problème qui m'a
été souligné à quelques reprises. Ce sont les
élèves du secondaire qui suivent un cours secondaire et qui, au
secondaire V, quittent pour aller sur le marché du travail. Ces jeunes
hommes ont peut-être 17 ou 18 ans. Ils quittent pour aller sur le
marché du travail et, au bout d'un an, par exemple, pour une raison ou
pour une autre, ils veulent réintégrer l'école pour suivre
un cours professionnel intensif. La commission scolaire leur refuse de suivre
les cours du jour en leur disant: Allez à l'éducation permanente
et suivez des cours du soir. Souvent ces cours professionnels intensifs ne se
donnent pas le soir. Cela cause réellement un problème pour ces
jeunes qui seraient très intéressés à
réintégrer les cours du jour et à suivre un cours
professionnel.
M. Cloutier: La question est pertinente là aussi. C'est
une question d'âge. A partir de 18 ans, ils sont considérés
comme des adultes et entrent dans le cadre des programmes d'éducation
permanente. Bien sûr, je rêverais d'un système scolaire
tellement ouvert qu'on pourrait entrer et sortir à n'importe quel
moment. On ne se rend peut-être pas compte de l'ampleur des
problèmes administratifs et surtout de l'ampleur des coûts. Je
vous dirais qu'un système d'éducation ouvert, qui permettrait
tout cela, coûterait peut-être deux ou trois fois ce que
coûte le système actuel, simple-
ment le déplacement de l'âge d'entrée dans le
système scolaire d'un mois, c'est déjà quelques millions;
de trois ou quatre mois, c'est $17 millions, $18 millions et $20 millions.
Alors, je ne dis pas qu'il faut être obnubilé par les coûts,
mais on ne peut pas prendre des décisions sans en tenir compte. Ces
étudiants, s'ils ont 18 ans à ce moment, n'ont peut-être
pas effectivement les mêmes possibilités. J'ajouterai qu'au niveau
des collèges, il n'en va pas de même. Au niveau des
collèges, nous avons tout de même réussi il n'y a
pas beaucoup d'équivalent ailleurs à avoir un
système suffisamment ouvert, de sorte qu'il y a des étudiants qui
ne sont pas des étudiants à temps plein et qui, cependant,
peuvent suivre exactement les mêmes cours que les autres, en combinant
les sessions.
M. Léger: Le ministre veut dire un
étudiantseulement un exemple; on touche au collégial
qui a 19 ans et qui est au CEGEP, il laisse son année, il s'en va
travailler et il veut revenir. Il peut retourner au CEGEP comme tel et non pas
embarquer dans le système d'éducation permanente.
M. Cloutier: Absolument. M. Léger: D'accord.
M. Bérard: C'est cela qui cause énormément
de problèmes pour quelques uns de ces jeunes. Souvent,
l'éducation permanente ne donne pas le cours qu'ils voudraient ou qui
intéresserait, ces jeunes. Je me demande quelle serait la solution qu'il
faudrait adopter. Ce serait peut-être de retourner travailler,
étant donné que la porte de l'école leur est
fermée.
M. Cloutier: II y a certaines commissions scolaires qui
récupèrent ces élèves en organisant un secondaire V
spécial.
M. Bérard: Oui.
M. Cloutier: Les commissions scolaires sont absolument
libres...
M. Bérard: De le faire. M. Cloutier: ... de le faire.
M. Bérard: Evidemment, peut-être que, dans certaines
commissions scolaires, cela peut comporter peut-être deux, trois, quatre
ou cinq élèves dans une année. C'est peut-être la
raison pour laquelle...
M. Cloutier: Si cela comporte deux ou trois élèves,
c'est évidemment plus compliqué.
M. Bérard: ... c'est cela qui est peut-être la
raison.
M. Cloutier: Mais n'oublions pas que les en- tentes restent
toujours possibles entre commissions scolaires dans tous les domaines.
M. Bérard: Ah bon!
M. Cloutier: Les ententes dans ce domaine peuvent parfaitement
être faites.
M. Bérard: Ah bon!
M. Cloutier: II y a des centaines, sinon des milliers d'ententes
qui existent entre commissions scolaires.
M. Bérard: Je pense que la solution pour ces jeunes serait
peut-être d'aller dans une commission scolaire qui dispenserait ces cours
ou qui les accepterait dans une secondaire V spéciale, comme vous l'avez
dit.
M. Cloutier: Ce serait l'idéal, ou encore s'ils se
qualifient pour le collégial, à ce moment, leur problème
est réglé. C'est surtout cela.
M. Lapointe: II y a des cours d'appoint.
Le Président (M. Pilote): L'honorable député
de Saguenay.
M. Cloutier: II y a tout un jeu de cours.
M. Lessard: M. le Président, je voulais simplement
souligner qu'il ne faudrait pas s'illusionner sur le professionnel court, dans
le sens que si l'étudiant se limite exclusivement à ce cours, il
n'est pas du tout préparé à l'entreprise, d'autant plus
que, malheureusement, lorsqu'on a transformé le système et qu'on
a créé le professionnel court, c'est qu'on l'a indirectement,
sans le vouloir, déprécié en même temps, parce qu'on
est allé chercher des jeunes qui avaient seize, dix-sept ans, qui
étaient encore au niveau de la sixième, de la septième et
de la huitième années et qui étaient véritablement
bloqués. C'est d'abord avec ces étudiants qu'on a
créé le professionnel court, de telle façon qu'on a eu
énormément de difficultés à le revaloriser par la
suite. Il y a eu une dépréciation, en fait, des métiers
manuels comme tels, et quand on parle à des parents de la
possibilité pour leurs enfants de continuer leur cours, par exemple, au
niveau du collégial, ou, plutôt selon leurs capacités
intellectuelles, de choisir un cours qui serait plus court, qui serait plus
limitatif, on a énormément de difficultés à les
convaincre de les diriger vers le professionnel court, parce qu'il y a eu une
dévalorisation, à un certain moment, des métiers
manuels...
M. Cloutier: C'est tout à fait exact.
M. Lessard: ... et il faut, je pense, faire un effort particulier
pour tenter de le revaloriser...
M. Cloutier: Oui.
M. Lessard: ...et il faut, je pense, autant que
possible, en arriver à une... Parce que si ces étudiants,
bien souvent, choisissent le professionnel court, c'est justement, comme le
disait tout à l'heure le sous-ministre, qu'ils ne désiraient pas
continuer les cours généraux. Ils voulaient se diriger, dans le
plus bref délai possible, vers le milieu du travail. Or, qu'on le
veuille ou non, le milieu du travail n'est pas prêt à accepter ces
étudiants, qui sortent plus ou moins qualifiés. Malheureusement,
par la suite, il n'y a plus de continuité, en ce sens que les cours de
perfectionnement des adultes du gouvernement fédéral, où
il y a une certaine collaboration avec, naturellement, le ministère de
l'Education, ne permettent pas à ces étudiants, à cause
des normes qui sont exigées, soit deux années dans le milieu de
travail avant de pouvoir suivre ces cours, de pouvoir continuer de se
perfectionner, de telle façon qu'on les retrouve où? On les
retrouve payés à $IIO par mois au ministère des Affaires
sociales.
M. Cloutier: Oui, mais n'oubliez pas une chose parce que
je crois que la situation que le député de Saguenay vient de
décrire est tout à fait exacte certains, actuellement, se
demandent s'il y a intérêt à garder tout le monde dans les
systèmes d'éducation jusqu'à l'âge de seize ans.
M. Lessard: C'est peut-être mieux de les laisser là
que de les laisser dans la rue.
M. Cloutier: Exactement! Alors, il ne faut peut-être pas
demander les mêmes performances à tout le monde. Ce n'est
peut-être pas réaliste de s'imaginer que tous vont aller jusqu'au
bout, et il est certain qu'au cours professionnel court, il y a peut-être
un bon nombre d'élèves qui sont plus ou moins motivés, et
j'irais jusqu'à dire qu'ils ne le sont pas du tout et attendent que cela
se passe et que cela se termine. Il est absolument évident que le
professionnel court ne permettra jamais les performances du professionnel ou du
collégial, en ce qui concerne l'emploi, d'autant plus que ce sont des
emplois d'une autre nature et d'un autre niveau. Je crois que c'est un fait
qu'il faut l'accepter tel qu'il est, ce qui ne veut pas dire qu'il ne faut pas
faire le maximum d'efforts pour bonifier le professionnel court,
peut-être pour consolider aussi les options. Je crois qu'il y a un
député, ce matin, qui s'inquiétait de la
multiplicité des options. Il pensait peut-être davantage au
collégial. Je sais que c'est une préoccupation que
j'entretiens.
M. Lessard: Les ouvriers forestiers, par exemple. C'est assez
curieux, chez nous, qu'on n'ait pas d'option. Les compagnies affirment qu'elles
n'ont pas d'employés au niveau des ouvriers forestiers, mais que
voulez-vous? Un étudiant qui sort du secondaire III ou IV n'est pas du
tout préparé à aller faire de la coupe en forêt,
mais, chez nous, le professionnel court ne comprend pas ce métier.
M. Cloutier: C'est une anomalie. Il devrait... Et je crois que la
commission scolaire pourrait très certainement s'interroger
là-dessus. L'intérêt du système compliqué
qu'on a est de permettre aux instances du milieu, qu'il s'agisse des
commissions scolaires ou qu'il s'agisse des collèges, de coller aux
besoins locaux et, si elles ne collent pas, je crois que tous les
mécanismes existent pour faire les pressions nécessaires.
M. Léger: Qui est chargé d'intégrer
l'élève dans le domaine du travail après ses
études, selon les stages dont on parlait tantôt et selon d'autres
modalités? Est-ce les commissions scolaires qui ont la
responsabilité ou est-ce le ministère qui a cette
responsabilité?
M. Cloutier: Je vous avoue que je ne comprends pas très
bien.
M. Léger: Je veux dire: Qui...
M. Cloutier:... trouve des situations aux gens?
M. Léger: Entre autres. La facilité...
M. Cloutier: Dans le genre d'économie qui est la
nôtre...
M. Léger: Qui organise les stages dans les compagnies qui
pourraient recueillir les étudiants? Les commissions scolaires ou le
ministère?
M. Cloutier: II y a deux façons. Quand ce sont des stages
qui font partie de la formation professionnelle, à ce moment, il s'agit
des commissions scolaires, mais il y a un autre mécanisme pour faciliter
l'entrée sur le marché du travail qui est l'orientation scolaire
et professionnelle. Nous avons des professionnels dans les commissions
scolaires dont la tâche consiste à informer les
élèves des différentes possibilités qui s'offrent
à eux sur le marché du travail, soit par la documentation, soit
par des visites, des documents audiovisuels, et c'est un système qui
évolue constamment parce que c'est aussi constamment à remettre
à jour, mais il y a une documentation assez importante dans chaque
centre de documentation sur les possibilités d'emploi.
M. Saint-Germain: J'avoue que je suis un peu surpris quand vous
parlez de cours professionnel court. Je crois que c'est extrêmement
important. Il y a des métiers, il y a des techniques qui ne demandent
pratiquement pas de connaissances théoriques. C'est une pratique. Et
n'importe quel jeune qui a une habileté manuelle, qui a le physique pour
le faire et qui est assez motivé pour gagner sa vie, peut faire
très bien au point de vue du revenu.
Prenez comme exemple le métier de carrossier, entre autres, et je
crois que le député de Saguenay a absolument raison quand il
parle des travailleurs dans le bois. Cela ne demande pas de technique ou de
connaissances théoriques. Un
type peut bien ne pas savoir compter et écrire et être un
excellent producteur dans le bois, comme il peut être un excellent
carrossier.
M. Lessard: Ce sont souvent les meilleurs, d'ailleurs.
M. Saint-Germain: J'écoutais monsieur parler des sciences
théoriques et d'une formation de base assez vaste. C'est très
bien au point de vue de l'ambition. On voudrait tous que les
élèves et que les citoyens aient une connaissance de base des
éléments des problèmes qu'ils ont à vivre tous les
jours, mais on sait pertinemment qu'en fait il y a des élèves
qui, après six ou sept ans d'étude, ne sont plus capables ou
n'ont plus la motivation ou ne peuvent plus absorber aucun cours
théorique, que cela soit en français, en mathématiques, en
religion ou en géographie ou en quoi que ce soit.
M. Léger: II y a quand même la formation de
base.
M. Saint-Germain: Si vous laissiez aller ces gens sur le
marché du travail...
M. Léger: II y a quand même la formation de
base.
M. Saint-Germain: Ils n'ont pas de formation de base...
M. Léger: Ils ont besoin de formation de base.
M. Saint-Germain: ... une formation absolument
élémentaire et on ne peut leur en donner plus que cela. Si vous
laissiez aller ces gens sur le marché du travail sans plus de
préparation, c'est là que vous en faites des chômeurs ou
des gens qui travaillent au salaire minimum. Mais si vous leur donnez une
connaissance technique comme celle de la carrosserie, comme celle du
travailleur dans le bois, ce sont des gens qui peuvent, au bout de quelques
mois ou, du moins, après un an ou deux d'expérience, avoir des
revenus de $5 et $6 l'heure, peut-être plus, et qui peuvent très
honorablement faire vivre leur famille.
Je crois que ce cours professionnel doit être
considéré par les commissaires comme par le ministère de
l'Education comme étant une nécessité, considérant
que c'est une question de fait, que ces élèves ne peuvent aller
plus loin.
M. Cloutier: II faut peut-être même s'interroger pour
savoir s'il faut nécessairement maintenir tout le monde à
l'école jusqu'à seize ans et s'il ne faudrait pas avoir des
possibilités de formation sur place sous forme d'apprentissage. Ce n'est
pas nécessairement revenir en arrière que d'admettre certains
faits.
Je serais étonné de savoir le nombre
d'élèves au secondaire qui ne sont pas contents d'y
être.
M. Bérard: II faut travailler dans une polyvalente
pour...
M. Cloutier: S'en rendre compte. Je n'ose pas dire que c'est une
majorité, certainement pas.
M. Bérard: Non.
M. Saint-Germain: Si vous permettez, je vais continuer, M. le
ministre. Si vous avez des étudiants préparés... Je
n'abonde pas dans le sens du représentant de l'Opposition, pas du tout.
Les employeurs ont besoin de ces gars-là. Ils en cherchent. On sait que
les compagnies dans le bois n'ont pas d'hommes, Pour un bon carrossier,
aujourd'hui, il y a des annonces tous les jours dans les journaux. On demande
des carrossiers. Il n'y en a pas. Alors, il n'y a pas de difficulté si
le gars sort de là, qu'il a reçu un bon cours. S'il est habile de
ses doigts, il va très bien gagner sa vie.
M. Léger: Si on en cherche tant que cela, comment se
fait-il qu'il y a 80%...
M. Saint-Germain: Obliger un enfant, comme M. le ministre le
disait, à aller à l'école jusqu'à 16 ans
lorsqu'à 12 ou 13 ans il a atteint son maximum de rendement, le jeune
homme perd son temps. Le contribuable paie pour un résultat qui est tout
à fait nul. Aussi bien prendre ces années et amplifier le cours
professionnel court et voir que ce soit un cours de qualité. Au moins
vous aller sortir quelque chose pour les taxes qu'on dépense à
garder ces enfants aux études.
M. Bérard: II y a une autre question. Souvent les parents
refusent d'accepter cette réalité et ils poussent l'enfant
à continuer des cours théoriques alors qu'ils devraient se
diriger vers des cours beaucoup plus pratiques. Le jeune est tenté de
suivre les directives des parents, à 14 ou 15 ans, et il demeure
à l'école; il continue à suivre des cours
théoriques alors qu'il devrait plutôt se diriger du
côté de l'apprentissage. Ce seraient des cours qui seraient
beaucoup plus aptes pour lui. C'est cela le problème, souvent. Ce sont
les parents qui...
M. Lessard: Ils se cachent la réalité.
M. Bérard: Exactement. On l'a rencontré
souvent.
Le Président (M. Pilote): L'honorable député
de Rouyn-Noranda ma demandé la parole depuis longtemps.
M. Samson : M. le Président, à la suite des propos
de l'honorable député de Saint-Maurice, je pense qu'il faut
également prendre certains faits en considération. Si on tente de
garder l'élève à l'école pendant de nombreuses
années où il a atteint son maximum, je pense que nous devons
considérer que les élèves qui s'aperçoivent
très bien qu'ils ne sont pas capables d'aller plus loin, si on les force
à demeurer un an, deux ans, trois ans pour faire des choses totalement
inutiles, parce qu'ils ne peuvent pas aller plus loin, je pense que
c'est en quelque sorte collaborer à leur faire perdre le
goût au travail qui est absolument nécessaire. Parce que ce n'est
pas tout de penser en fonction du marché du travail, ce n'est pas tout
de penser en fonction de besoins sur le marché du travail, ce n'est pas
tout de penser, non plus, en fonction du chômage à la sortie des
études, je pense que toutes ces choses peuvent s'expliquer. Si, d'une
part, on fait face à un taux de chômage et que, d'autre part, on a
en même temps des plaintes d'employeurs qui sont à la recherche
d'ouvriers, je pense qu'il y a quelque chose à expliquer. Il y a un
pourquoi à cette situation.
Les employeurs, M. le Président, selon notre expérience,
ne sont pas toujours à la recherche d'ouvriers absolument
spécialisés. Ils sont parfois à la recherche de manoeuvres
qu'ils ne sont pas capables de trouver. Il reste qu'il y a une
résultante de la situation du secondaire qui fait que, si on les garde
trop longtemps inutilement je voudrais bien qu'on les garde longtemps,
mais utilement parce qu'on ne peut pas leur apprendre d'autres choses
cela fait quoi? Notre société prépare des gens à
être des éternels assistés sociaux, d'éternelles
personnes au crochet de la société parce qu'on leur fait perdre
le goût au travail. Le goût au travail se perd quand on perd le
goût, la motivation à ses études alors on commence à
perdre le goût au travail. Je pense qu'il y a une lacune de ce
côté qui pourrait être comblée en le prenant en
sérieuse considération et je ne suis pas tellement contre les
opinions émises précédemment quant à les diriger
plutôt vers de l'apprentissage pratique.
C'est dans la réalité québécoise. On disait
tantôt qu'on manquait de carrossiers, on manque, dans d'autres domaines,
de professionnels. Je peux vous dire qu'il y a de très bons
débosse-leurs, de très bons mécaniciens je pense
que tout le monde est d'accord là-dessus qui n'ont pas de grosse
formation scolaire. Ils ont appris d'eux-mêmes, soit avec leur
père, soit avec un ami à faire ce métier. Ce sont des gens
qui sont très utiles à la société. Bien sûr,
ils auraient pu l'apprendre plus facilement, mais plus facilement peut vouloir
dire, en termes d'apprentissage, pratique plutôt qu'en termes
d'études théoriques .
C'est pourquoi je considère qu'il est valable de ce
côté de s'interroger. Quand on sent qu'un étudiant est
réellement rendu au bout de sa capacité, c'est entendu qu'il vaut
mieux l'avoir là que dans la rue. C'est encore un point de vue qui peut
se discuter. Il vaut mieux l'avoir là que dans la rue mais, avec les
choses qu'on voit ces jours derniers, c'est très discutable, si on n'est
pas mieux de les avoir dans la rue que de les avoir en dedans. Pour suivre le
raisonnement, il vaut mieux les avoir là que de les avoir dans la rue,
il faut également changer des choses en dedans de la cabane, il faut
changer les choses là. Je pense que c'est un souci du ministre qui est
absolument évident, mais il reste que c'est une réalité
aussi. Je ne suis pas de ceux qui aiment voir les enfants inutilement dans la
rue quand ils peuvent être à l'école et apprendre des
choses qui leur seront pratiques pour leur avenir.
Mais il y a également, en regardant les nombreux articles qui ont
été publiés à l'occasion de la semaine de
l'éducation dans de nombreux journaux, beaucoup de choses ont
été dites, mais une chose revient régulièrement
dans tout ce qui a été dit. Ici, on titre: Le drame de
l'enseignement du français, on fait n'importe quoi, sauf du
français. On en a parlé.
M. Léger: II ne faudrait pas qu'on embarque dans un autre
sujet, parce que, si vous voulez continuer sur le même sujet...
M. Samson: M. le Président, on est... une minute.
M. Léger: J'avais entamé un sujet, j'ai
laissé les personnes discuter sur le sujet...
M. Samson: Une minute, M. le Président...
M. Léger: Mais, sur le même sujet, je n'ai pas
d'objections...
M. Samson: ... le député de Lafontaine...
M. Léger: ... sur d'autres sujets, je voudrais qu'on
revienne.
M. Samson: ... aura droit de parole quand ce sera son tour.
M. Léger: M. le Président, j'avais la parole, j'ai
permis à des députés de parler sur le même
sujet...
M. Samson: M. le Président, est-ce que vous m'avez
donné le droit de parole, oui ou non?
M. Léger: ... sur ce sujet.
M. Samson: Non, non...
Le Président (M. Pilote): Je voudrais...
M. Samson: Je n'ai pas l'intention de me faire imposer un
corridor par le député de Lafontaine, je suis à
l'intérieur du programme concerné, c'est moi qui vais
décider ce que j'ai à dire, je ne suis pas dans le sillon de
l'Opposition péquiste. Je regrette, mais, si ça
déplaît au péquiste, c'est moi qui vais décider ce
que j'ai à dire.
M. Léger: M. le Président, sur la question de
règlement. Je voulais simplement faire réaliser au
député, qui vient faire des petits tours, de temps en temps,
à la commission, que nous avons une procédure de fonctionnement
depuis le début.
M. Samson: M. le Président, le député...
M. Léger: Je suis sur la question de règlement et
j'ai la parole.
M. Samson: M. le Président, je regrette, je ne laisserai
pas...
Le Président (M. Pilote): A l'ordre, à l'ordre!
M. Samson: Je ne laisserai pas des choses aussi...
Le Président (M. Pilote): Je suis prêt à me
prononcer.
M. Lessard: Article 96.
Le Président (M. Pilote): Voici, on s'est entendu
hier...
M. Samson: Une minute.
Le Président (M. Pilote): ... sur un ordre de discussions
qui a été proposé, cela a été accepté
des deux côtés de la table, proposé par le ministre de
l'Education et c'est programme par programme, groupe par groupe et,
actuellement, nous sommes au programme 6, Enseignement secondaire public.
M. Samson: C'est là où je suis, mais le
député est trop imbécile pour s'en apercevoir. Ce n'est
pas de ma faute...
M. Léger: M. le Président...
M. Samson: ... pensez-vous que je suis capable de remettre de
l'intelligence à ceux qui n'en ont pas? Voyons donc, M. le
Président!
M. Léger: J'invoque le règlement.
M. Samson: II ne faut quand même pas... voyons donc!
M. Léger: M. le Président, j'invoque le
règlement. Nous avons une série de questions...
M. Samson: Je continue, M. le Président, sur le sujet sur
lequel j'étais.
Le Président (M. Pilote): Sur la question de
règlement.
M. Léger: La procédure était la suivante.
Nous avons une série de questions à ce programme et je pense que
le parti de l'Opposition officielle a un rôle à jouer. Quand on
pose une question, je n'ai pas d'objections à ce que d'autres
députés, sur le même sujet, m'interrompent pour donner des
commentaires ou des solutions ou des propositions sur le même sujet. S'il
change de sujet, j'avais la parole et je l'ai encore tant que je n'ai pas
terminé sur ce sujet.
M. Samson: M. le Président...
M. Léger: M. le Président, je n'ai pas d'objections
à ce que le député de Rouyn-Noranda discute du sujet dont
on parle et s'il embarque dans un autre sujet, je reprendrai la parole.
Le Président (M. Pilote): J'inviterais le
député de Rouyn-Noranda à poser ses questions.
M. Samson: Point de règlement, M. le Président, je
regrette, je pense qu'il faut absolument qu'on ne laisse pas ce débat de
cette façon. L'Opposition officielle est composée de
députés qui ont les mêmes droits que tous les autres
députés en cette Chambre et ce n'est pas parce qu'on est partie
de l'Opposition officielle qu'on a des droits de lancer une question pour ne
pas permettre à d'autres d'aller sur d'autres questions à
l'intérieur du même programme.
Je vous dis que je conteste ce que vient de dire l'honorable
député de Lafontaine, parce qu'il n'a pas le droit absolu de
poser une question et de ne permettre que par la grâce du Seigneur que
certains autres députés puissent poser les mêmes questions
dans le même sillon.
Je regrette, M. le Président, le règlement est là
et tous les députés en cette Chambre ont les mêmes droits.
J'ai ce droit et, actuellement, je l'exerce.
M. Léger: Sur un point de règlement, si on veut
être logique, nous sommes en train de parler de la formation
professionnelle. Si le député a des choses à dire sur la
formation professionnelle, je n'ai pas d'objection à ce qu'il s'exprime
là-dessus.
M. Samson: M. le Président, je regrette, mais je ne me
laisserai pas tracer de corridor par le député de Lafontaine.
M. Léger: Mais le rôle de l'Opposition, ce n'est pas
la même chose que le rôle d'un député d'une autre
formation.
Le Président (M. Pilote): Nous allons laisser le
député de Rouyn-Noranda s'exprimer et on verra par la suite.
M. Léger: Finissez votre projet là-dessus. J'ai la
parole sur le programme, au départ. Je n'ai pas l'intention de laisser
de côté la responsabilité. Si jamais votre parti politique
arrive à l'Opposition officielle tôt ou tard, vous jouerez votre
rôle, mais ce n'est pas le cas actuellement.
M. Samson: Je regrette énormément, je ne suis pas
de l'Opposition officielle, et aussi longtemps que l'Opposition officielle sera
composée de députés comme celui de Lafontaine, ce ne
serait pas un honneur pour moi d'en faire partie, M. le Président.
Mais je continue, si vous me le permettez.
M. Veilleux: Sur la question de règlement, M. le
Président. Moi, j'assiste aux débats. On a voulu reprocher au
député de Rouyn-Noranda de venir faire un tour de temps à
autre.
C'est son droit et son privilège de le faire, s'il est
occupé dans d'autres commissions parlementaires. Moi, je suis ici depuis
le début et je peux
vous dire que le député de Lafontaine a pris une
très mauvaise habitude. Il commence à poser des questions sur un
programme, sur un sujet bien particulier, et quand il a fini de poser ses
questions sur ce sujet bien déterminé, il nous cède la
parole. C'est normal. Il termine ses questions et il nous cède la
parole.
Après nous avoir cédé la parole à nous, les
députés, soit de l'Opposition officielle, soit du Ralliement des
créditistes soit du Parti libéral, tous les députés
ont les mêmes droits pour poser des questions, afin d'avoir des
renseignements sur le ministère de l'Education, celui qui nous concerne
présentement; si j'ai la parole, je suis libre de poser une question sur
un autre sujet, parce que je tiens pour acquis à ce moment-là que
le député de Lafontaine a terminé ses questions sur le
sujet concerné. Mais qu'est-ce qui arrive du député de
Lafontaine depuis le début? Il n'est pas préparé aux
travaux de cette commission, avec le résultat qu'après qu'on a
posé des questions, nous, les simples députés, cela
commence à travailler à l'intérieur, d'autres questions
surgissent et là, il veut reprendre le débat sur le programme ou
sur la question qu'il avait fini de discuter.
Je suis parfaitement de l'avis du député de Rouyn-Noranda,
c'est son droit et son privilège de poser des questions sur un autre
article de ce programme, puisque le député de Lafontaine avait
terminé ses questions sur le sujet qu'il avait commencé.
M. Léger: Je regrette, mais, sur la formation
professionnelle, j'ai voulu être poli, je n'avais pas terminé et
c'est la raison pour laquelle j'ai demandé au député de
Rouyn-Noranda de continuer de parler sur la formation professionnelle.
Autrement, je n'avais pas terminé sur ce sujet et la commission, si elle
va dans toutes les directions, n'aboutira pas, M. le Président. On n'a
pas terminé sur la formation professionnelle...
Le Président (M. Pilote): Je crois qu'au départ, on
l'a orientée dans toutes les directions, c'est là la
difficulté. Si on s'en était tenu au programme et à ce que
le ministre nous avait proposé, soit un ordre de discussion, le
problème ne serait pas soulevé cet après-midi.
Je pense qu'il y a eu beaucoup de latitude, de souplesse, dans les
discussions et que nous allons être obligés de revenir à
l'ordre. Si le corridor n'est pas imposé par un député, il
sera imposé par le président qui vous parle actuellement.
M. Saint-Germain: Sur cette question de règlement, on
laisse beaucoup de latitude au député de l'Opposition officielle
pour aborder des sujets. Il prend beaucoup plus que le temps qu'il devrait
prendre. Cela me semble être évident.
Le fait qu'il prend beaucoup de temps, cela ne devrait pas enlever aux
autres députés le droit d'aborder les problèmes qu'ils
veulent bien aborder. On n'est pas pour laisser le député de
l'Opposition officielle poser les questions qu'il veut bien poser et...
M. Veilleux: Un instant!
M. Saint-Germain: ... par ricochet, être obligé
d'aborder exclusivement les questions que le député de
l'Opposition officielle veut bien poser.
M. Veilleux: Un instant!
M. Saint-Germain: Absolument, ce n'est pas lui qui règle
les débats. Si c'est le député de Rouyn-Noranda qui a la
parole, ils sont simplement deux de son parti, il est obligé de faire la
navette. Il a bien le droit de dire ce qu'il veut dire en autant qu'il parlera
du programme 6.
Le Président (M. Pilote): Messieurs, j'ai manifesté
beaucoup de souplesse, que ce soit envers le parti au pouvoir, ou l'Opposition.
J'inviterais le parti au pouvoir et le parti de l'Opposition à avoir la
même souplesse.
La parole est au député de Rouyn-Noranda.
M. Samson: Je continue, M. le Président, parce que je
pense que ce que j'avais à dire, en plus de s'insérer dans le
programme 6, pourrait même s'insérer à la formation
professionnelle.
M. Léger: Faire indirectement, ce qu'on ne peut pas faire
directement. Allez-y.
M. Samson: Vous voyez, M. le Président, comme on a pris la
mouche pour rien.
M. Léger: Allez-y.
Enseignement du français
M. Samson: Quand on voit dans les journaux de la semaine
dernière des titres comme celui-là. Ce n'est pas le seul journal.
Je vous cite la Presse. On vous dit: Le drame de l'enseignement du
français, on fait n'importe quoi sauf du français. Vous allez
voir tantôt que c'est de la formation professionnelle, M. le
Président, vous allez le voir tantôt.
Plusieurs députés ont eu ces expériences et
plusieurs employeurs, au Québec, ont ces expériences. Les jeunes
filles qui sont formées au sortir du secondaire et qui poursuivent des
études en vue de devenir des secrétaires, qui poursuivent des
études soit dans des écoles privées ou dans d'autres
écoles publiques, arrivent par la suite sur le marché du travail
avec tout ce qu'il faut sauf être capables d'écrire le
français convenablement. C'est un manque de formation professionnelle
qui découle d'une carence au niveau secondaire. Je pense que nous nous
devons de le dire.
Nous avons de ces problèmes régulièrement. Qui en
est le responsable? M. le Président, c'est drôle, je ne cherche
pas tellement à lancer des flèches à des responsables dans
le contexte de ce débat. Je vois des résultats. En partant des
résultats qui ne sont pas ceux que nous voulons, il y a des correctifs
à apporter. Devons-nous tenter d'abattre des gens parce qu'ils ont
été des responsables? Je pense qu'on ne peut pas mettre un
nom à la responsabilité de cette carence. On ne-peut pas
accrocher un nom après cela. C'est l'ensemble de la
société qui est un peu responsable. Nous nous rappellerons cette
fameuse révolution tranquille. Avec les années soixante, on a
voulu mettre un peu l'accent sur la formation professionnelle au
détriment du français. C'est venu au détriment...
Probablement que ce n'était pas voulu comme cela, mais les
résultats sont là. Nous nous devons de constater de mauvais
résultats.
Les jeunes qui sortent du secteur public ou privé, après
avoir fait les stages au secondaire qui se voient refuser de l'emploi... On
disait tantôt: Pourquoi y a-t-il tant de chômeurs? Comment se
fait-il que, en même temps, des gens soient à la recherche
d'emplois? C'est clair, c'est un des problèmes auxquels nous avons
à faire face régulièrement.
Il y a un besoin de bonnes secrétaires. S'il y en a qui peuvent
en trouver, il y a des employeurs qui sont prêts à les employer.
Malheureusement, on fait la parade devant les employeurs et les employeurs,
même en faisant des efforts, ne peuvent pas employer ces jeunes
personnes. On peut je puis parler en tant qu'employeur peut-être,
on en a des employés nous autres aussi donner un coup de main
à une jeune fille qui veut venir travailler à notre bureau, on
peut lui donner un coup de main si elle ne tape pas aussi vite à la
machine qu'elle devrait le faire, on peut lui donner du temps pour s'habituer,
on peut de ce côté la faire aider par une autre employée.
Mais que pouvez-vous faire avec quelqu'un qui ne connaît pas son
français? On n'est quand même pas pour se mettre à donner
des cours de français dans nos bureaux. On n'est quand même pas
pour donner des cours de grammaire dans nos bureaux. C'est un problème
qui existe et qui est grave, parce qu'on dirait que cela a été
mis de côté d'une façon telle qu'il semble qu'on peut faire
n'importe quoi, sauf bien parler, bien se comprendre ou bien écrire en
français. Là-dessus, j'ai entendu le ministre nous parler de ses
désirs d'apporter des correctifs. J'aimerais lui reposer cette question
parce que je la considère comme très importante. On fabriquera en
série des débosseleurs, si on veut, on fabriquera en série
autre chose, mais si on ne règle pas ce problème, c'est un
problème de base dans la formation professionnelle.
M. Cloutier: M. le Président, je félicite le
député de Rouyn-Noranda. Chacune de ses apparitions est
extrêmement utile à l'avancement des travaux de cette
commission.
Le Président (M. Pilote): Est-ce que les membres sont
d'accord?
M. Samson: M. le Président, est-ce qu'on pourrait prendre
le vote enregistré?
M. Veilleux: On constate de la collusion...
M. Cloutier: II n'y a strictement aucune collusion. Le
problème que vient d'évoquer le député de
Rouyn-Noranda est évidemment un problème qui exigerait un assez
long développement. Si vous voulez qu'on en parle maintenant, on peut
très bien en parler.
Il y a eu toute une série d'articles récents dans un
journal montréalais qui, tout en dramatisant le problème, ce qui
est bien compréhensible, tout en proposant des interprétations
politiques que je repousse pour ma part, apporte un certain nombre de faits
troublants. Le gouvernement connaît cette situation fort bien et il la
connaît depuis plusieurs années. C'est précisément
pour tenter de corriger cette situation qu'il a mis de l'avant son plan de
développement de l'enseignement des langues, lequel plan comporte un
volet qui touche le français langue maternelle et qui est le volet qui
comporte les budgets les plus élevés, c'est-à-dire
près de $50 millions sur $100 millions répartis sur une
période de cinq ans. Je tiens à le dire pour bien montrer que des
dispositions ont déjà été prises. A quoi tient
cette situation? Je suis tout à fait de l'avis du député
de Rouyn-Noranda. Cela ne sert peut-être à rien de chercher des
responsabilités, d'autant plus que ces responsabilités sont
extrêmement générales.
Il y a des facteurs qui sont intervenus. Il y a un facteur qui est
universel, parce que cette situation, on la retrouve dans toutes les provinces
canadiennes, on la retrouve en Angleterre, on la retrouve en France, on la
retrouve aux Etats-Unis. Ce facteur est très certainement
l'époque que nous vivons, qui est une époque audio-visuelle, qui
est une époque qui a mis l'accent sur un type de communication
très différent du type de communication que nous avons connu lors
de notre formation.
Ensuite, il y a un autre élément qui est peut-être
intervenu ici, au Québec. Cela a été l'introduction
particulièrement de programmes-cadres de français il y a
déjà sept ou huit ans. Je crois que cela a dû être
introduit autour de I969. Ces programmes-cadres il ne faudrait pas leur
imputer tous les résultats que l'on déplore, mais je pense, du
moins cela a été mon évaluation ont peut-être
été amenés sans que l'on fournisse un encadrement
suffisant aux enseignants, sans qu'on leur donne les supports
pédagogiques dont ils auraient eu besoin, et ils l'ont été
dans un esprit qui manquait de réalisme. C'est précisément
la raison pour laquelle j'ai tenté, pour ma part, de mettre de l'avant
ce plan de développement des langues, ce volet de l'enseignement du
français langue maternelle pour pallier ces carences, et dans le plan de
développement des langues, il y a un encadrement qui a été
fourni tardivement, plusieurs années après.
Il y a une petite équipe de recherche qui doit justement mettre
au point des documents pédagogiques dont on risque d'avoir besoin. Il y
a également tout un programme de formation des maîtres. C'est ce
qui a manqué le plus. Comment voulez-vous laisser des gens qui ont
déjà des problèmes avec leur langue maternelle, qui la
parlent de manière approximative trop souvent, libres d'imaginer un
enseignement?
J'ajoute à cela que, trop souvent, les classes
de français ont été utilisées à
d'autres fins et, en particulier, à des fins idéologiques quand
ce n'était pas à des fins de propagande politique. Nous en avons
eu une très belle démonstration par les fiches
pédagogiques qui concernent les classes de français, et qui sont
contenues dans le document de la CEQ. Ne nous étonnons pas si nous nous
trouvons devant une situation catastrophique.
Le plan de développement des langues n'a pas donné ses
résultats encore en ce qui concerne renseignement du français
langue maternelle, parce que, malheureusement, nous n'avons pas
été capables d'organiser le programme "formation des
maîtres" aussi rapidement que le programme "formation des maîtres"
en ce qui concernait les langues secondes, qu'il s'agisse du français ou
de l'anglais. Pourquoi? Parce que, à l'origine, nous avons
peut-être eu trop tendance à penser que nous pouvions faire une
formation sur place. Il s'agissait quand même de 27,000 à 30,000
maîtres que nous voulions approcher. Nous nous sommes rendu compte que la
formation sur place n'était pas pensable et qu'il fallait dégager
ces enseignants pour une certaine période. C'est très joli de
parler de dégager des enseignants, mais encore faut-il que les
commissions scolaires puissent les remplacer pendant ces périodes de
dégagement.
Nos objectifs sont plus modestes, et nous commençons dès
septembre un programme de formation avec une cible de 5,000 à 6,000
maîtres, la plus grande partie étant au niveau
élémentaire, qui seront dégagés sur une
période de deux ans et demi et qui pourront obtenir 30 crédits,
ce qui, évidemment, constitue une motivation. Et déjà,
c'est un premier point.
Parallèlement à cela et j'ai donné des
chiffres dans mes remarques préliminaires au début de la
discussion des crédits les commissions scolaires ont
engagé, grâce aux crédits libérés, des
conseillers pédagogiques. Nous avons fourni des agents de
développement pédagogique. J'en ai donné le nombre exact.
Ce n'est peut-être pas la peine que j'y revienne.
Nous avons également un point qui me paraît plus litigieux
et que j'ai l'intention de revoir, c'est celui des ateliers de français.
Le plan de développement des langues comportait des sommes
réparties sur les cinq années, des sommes pour l'achat
d'équipement et, malheureusement, je dois déplorer que l'on a
peut-être trop mis l'accent, là encore sur l'audio-visuel. C'est
une situation que je m'engage à corriger le plus rapidement possible.
Les ateliers de français fonctionnent très bien dans certains
milieux et, dans d'autres milieux, fonctionnent peut-être un peu moins
bien.
Alors voilà à peu près ce que je peux vous dire et
je crois que le plan de développement des langues représente
l'instrument qui nous permet de pallier cette difficulté.
J'y ajoute quelque chose qui est nouveau. Pour ma part, j'ai
demandé que l'on fasse une révision des programmes, il y a
déjà deux, trois ans. Cette révision est en cours au
ministère et pour ce qui est de la révision des programmes de
l'enseignement du français, je crois qu'il ne faut pas hésiter
à revenir à des instruments traditionnels.
Vous savez, quand j'ai dit que je voulais déposer un document
explosif, j'ai l'impression que, si je déposais une grammaire
française, cela serait peut-être un document explosif.
M. Léger: Quand on parle de revalorisation du
professionnel court, le ministre est d'accord, qu'il faut le revaloriser. Mais
dans le concret...
M. Saint-Germain: On ne va pas revenir sur cette question. Nous
discutons du programme des langues dans le moment.
M. Léger: M. le Président, seulement une seconde.
Je vais terminer ce que j'étais en train de dire. Le ministre a
proposé et a même affirmé qu'il était d'accord
là-dessus... Dans le concret, qu'est-ce que le ministre a l'intention de
faire pour revaloriser le professionnel court, d'une part? C'est beau de le
dire, mais qu'est-ce qu'on peut faire pour cela.
M. Cloutier: II est vraiment difficile de répondre aux
questions du député de Lafontaine. J'ai tout dit cela tout
à l'heure.
M. Léger: Vous avez émis des souhaits, mais vous
n'avez pas dit comment vous alliez les réaliser.
M. Cloutier:... pas du tout. On tourne en rond. J'ai parlé
du plan de formation, de perfectionnement des enseignants du secteur
professionnel. J'ai donné des détails. Je pense que nous
pourrions probablement déposer un document là-dessus. Nous allons
le faire.
Le Président (M. Pilote): Voici. Il est 17 heures 58 et
nous reviendrons demain, mais demain, je vais exiger qu'on étudie ce qui
a été proposé par le ministre. Nous allons étudier
programme par programme et élément par élément,
pour ne pas chevaucher, comme c'est le cas qu'on vient de voir, sur
l'enseignement de la langue et du français et sur le professionnel
court. Demain, après la période des questions, nous allons
siéger et il va falloir s'en tenir à cela si on ne veut pas
chevaucher ici et là.
M. Léger: Le sujet.
Le Président (M. Pilote): A la suggestion du
député de Rouyn-Noranda, on reprendra à
l'élément 5.
M. Léger: Parce que, dans le programme 6, vous avez...
M. Samson: Pour faire plaisir au député de
Lafontaine, M. le Président, je manquerai peut-être la
séance de demain.
M. Léger: Cela ne me fait pas plaisir, vous avez le droit
de choisir les endroits où vous allez, mais quand vous arrivez...
Le Président (M. Pilote): La commission ajourne ses
travaux à demain, après la période des questions.
(Fin de la séance à 17 h 59)