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Commission permanente de l'éducation,
des affaires culturelles et des communications
Etude des crédits du ministère de
l'Education
Séance du mardi 22 avril I975
(Dix heures trente minutes)
M. Pilote (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A
l'ordre, messieurs!
La commission parlementaire de l'éducation, des affaires
culturelles et des communications est réunie aujourd'hui pour continuer
l'étude des crédits du ministère de l'Education.
Sont membres de la commission: MM. Bellemare (Johnson); Bérard
(Saint-Maurice); Bonnier (Taschereau); Charron (Saint-Jacques); Cloutier
(L'Acadie); Côté (Matane); Déom (Laporte); Houde (Fabre);
Lapointe (Laurentides-Labelle); Léger (Lafontaine); Parent
(Prévost); Samson (Rouyn-Noranda) Saint-Germain (Jacques-Cartier) et
Veilleux (Saint-Jean). M. Faucher (Nicolet-Yamaska) remplace M. Houde
(Fabre).
Enseignement secondaire public (suite)
Nous étions rendus au programme 6: Enseignement secondaire
public.
Si c'était possible, j'inviterais les membres de la commission
à s'en tenir aux programmes et aux éléments à
discuter dans chacun des programmes, de façon à aider à la
bonne marche des débats. Actuellement, on chevauche des problèmes
de langue jusqu'à l'enseignement collégial, les
prêts-bourses aux étudiants, etc.; alors, s'il y avait
possibilité, qu'on s'en tienne aux programmes et aux
éléments des programmes, de façon à aider à
la discussion, parce qu'il y a environ une dizaine d'heures de passées
sur l'étude des crédits et il n'y en a même pas 10 p.c. qui
ont été adoptés jusqu'à présent.
Développement de l'enseignement des
langues
M. Léger: M. le Président, au début, je
voudrais demander au ministre quelle est sa réaction concernant le plan
de développement des langues, dont on a parlé sous d'autres
angles, face aux résultats largement diffusés par la presse, de
la célèbre enquête menée par une équipe
britannique "The National Foundation Education Research", la NFER. Le ministre
sait que cette enquête a été menée sur dix ans, avec
la collaboration du ministère de l'Education britannique et qu'elle a
porté sur 18,000 élèves de trois groupes témoins.
Au travers des résultats multiples de cette enquête, on a
retrouvé que, contrairement à ce que plusieurs théoriciens
affirment, l'expérience oblige à constater que la
compréhension du français, langue seconde, chez les
étudiants britanniques, est aussi bonne dans le groupe l'ayant
assimilée intensivement durant le cours secondaire que, dans le groupe
apprenant le français depuis le primaire, c'est-à-dire qu'il ne
suffit pas du tout d'accroître le nombre d'heures d'ex- position au
français pour augmenter la compréhension. Il s'agit davantage
d'une question de la qualité de l'enseignement plutôt que de la
quantité d'heures en cours.
Face à tout cela, le ministre a-t-il l'intention de
procéder à une réévaluation de cet aspect du plan
de développement des langues, à la lumière de
l'expérience britannique, qui est à peu près la seule qui
a été vécue sur une longue période, avec des
groupes témoins, sur une quantité suffisante, pour en arriver
à une conclusion
Face à tout cela, le ministre a-t-il l'intention de
procéder à une réévaluation de cet aspect du plan
de développement des langues, à la lumière de
l'expérience britannique, qui est à peu près la seule qui
a été vécue sur une longue période, avec des
groupes témoins, sur une quantité suffisante, pour en arriver
à une conclusion différente de celle du Dr Penfield qui affirmait
dernièrement, uniquement de façon théorique, que
c'était préférable au primaire?
M. Cloutier: La réponse est non. Il n'y a strictement
aucune raison qui militerait en faveur d'une révision du plan de
développement des langues. Je rappelle à ce propos qu'en ce qui
concerne le volet de l'enseignement des langues secondes, il s'agit d'un volet
facultatif, contrai rement à ce que certains essaient de laisser
entendre. Il n'est pas obligatoire, je me répète, en disant
l'inverse, par conséquent.
Cette enquête britannique, dont vient de parler le
député de Lafontaine, fait l'objet d'une étude
actuellement au ministère de l'Education, au sein de la di rection
générale de l'enseignement élémentaire et
secondaire. Cette étude n'est pas terminée. Cependant, j'en ai
discuté avec mes collaborateurs et j'ai moi-même une opinion
à ce sujet. Je considère que l'enquête en question ne
s'applique pas, du moins dans ses grandes lignes, à la situation
québécoise, pour tout un ensemble de raisons. D'abord, il ne
s'agit pas de la même langue, il s'agit du français langue
seconde, en rapport avec les préoccupations énoncées.
Ensuite, il semble q ue la méthodologie soit douteuse. A ce
propos, je pourrais peut-être citer la seule analyse, à ma
connaissance, qui ait été publiée, au Québec, qui
est une analyse de l'éditorialiste du Devoir, M. Ryan, une analyse
absolument remarquable et très bien documentée. Elle va à
peu près dans le sens dont je viens de parler, à savoir q ue nous
ne pouvons pas tirer de conclusion de cette enquête.
Je considère que l'on tente de susciter un faux débat de
ce point de vue, parce que, pour des raisons politiques, et non pour des
raisons pédagogiques, il y a des gens ici qui s'opposent à
l'enseignement précoce de l'anglais langue seconde.
M. Léger: II ne faut jamais oublier que, derrière
des raisons politiques, il peut y avoir des raisons pédagogiques aussi.
Le ministre dit que c'est pour des raisons politiques; moi, je vais simplement
lui rappeler ceci: En Angleterre il y a une différence majeure avec la
situation québécoise, mais qui devrait forcer le ministre
à réaliser des implications plus profondes qu'il ne peut
l'imaginer. C'est que la
langue seconde, en Angleterre, est le français. Les Anglais de
l'Angleterre n'ont pas à vivre quotidiennement avec une intrusion, une
agression de la langue française auprès des élèves
anglais d'Angleterre. Ici au Québec, dans leur milieu naturel de vie,
les francophones ont à vivre une agression continuelle de l'anglais dans
leur environnement. Il y a une difficulté de plus que les
élèves anglais n'ont pas là-bas. En plus de cela,
concernant uniquement cet élément supplémentaire, les
élèves anglophones de l'Angleterre ont vécu cette
expérience, sur dix ans, ce qui n'a jamais été fait
à aucun autre endroit, spécialement pas au Québec
où on a un problème majeur là-dessus. Les conclusions
étaient que les comparaisons n'offrent aucun appui à l'argument
de M. Penfield, sur lequel le ministère, souvent, s'est penché,
et mènent la NFER encore plus loin dans la voie suggérée
par Carol. Ayant reçu un même nombre d'heures de français
que les élèves expérimentaux, les élèves
plus âgés du secondaire se sont avérés dans
l'apprentissage du français, non seulement aussi efficaces, mais plus
efficaces que leurs cadets. S'appuyant sur l'ensemble des observations
accumulées, après dix ans, d'une expérience unique en son
genre, et magistrale, et sur l'ensemble de la recherche la plus récente
en ce domaine, la NFER en vient à conclure que l'interprétation,
plus conservatrice que les données disponibles semblent permettre,
voudrait que l'acquisition d'une compétence dans la langue
étrangère soit, premièrement, une fonction du temps global
consacré à l'étude de cette langue, mais qu'elle soit
aussi influencée par l'âge de l'élève. Les
élèves plus âgés tendent à être plus
efficaces et je souligne plus efficaces que les plus jeunes.
La prétention de Penfield, à savoir que les dix
premières années de la vie constituent une période
critique pour l'acquisition d'une langue étrangère demeure sans
appui expérimental direct. C'est une affirmation théorique d'une
personne qui est un grand spécialiste, un grand neurologue, quelqu'un
qui s'occupe d'opérations du cerveau j'ai eu l'expérience,
il aopéré mon père donc j'ai beaucoup de respect
pour les qualités de ce neurologue. C'est au niveau de l'affirmation
théorique dans ce domaine et il faut ramener cela à des choses
concrètes.
Le rapport final de la NFER s'achève enfin sur la recommandation
de ne pas étendre l'enseignement du français dans les
écoles primaires britanniques. Cette conclusion finale du projet pilote
de dix ans, inattendue de plusieurs, dont la NFER elle-même souligne
l'à-propos d'une de...
M. Veilleux: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Pilote): Question de règlement, le
député de Saint-Jean.
M. Veilleux: Question de règlement, M. le
Président. J'écoute attentivement, depuis le début, le
député de Lafontaine. A moins que j'aie très mal compris
le député de Lafontaine, j'ai l'impression qu'il parle de
l'enseignement du français dans le secteur élémentaire. Je
vois le programme 6, qui marque enseignement secondaire public. Est-ce que vous
pourriez demander au député de Lafontaine de parler de
l'enseignement du français au secondaire public?
M. Léger: M. le Président, sur la question de
règlement, je veux simplement dire au député de Saint-Jean
que l'argumentation que j'apporte c'est justement que nous croyons que
ça devrait être reporté au secondaire, l'enseignement du
français, plutôt qu'à l'élémentaire. Alors,
je pense qu'on est exactement dans l'ordre et je continue.
L'enseignement de l'anglais oui.
M. Veilleux: M. le Président...
M. Léger: Cette conclusion finale du projet pilote...
M. le Président, je parle absolument sur le sujet.
Le Président (M. Pilote):... sur une question de
règlement.
M. Veilleux: Question de règlement, M. le
Président. Si un député veut s'opposer à
l'enseignement d'une matière, dans un secteur, notamment
l'élémentaire, il aurait dû tenir son argumentation au
programme 5 que nous avons adopté.
Je vous rappelle de demander au député de Lafontaine de
s'en tenir exclusivement aux matières du secteur secondaire public,
sinon il est en dehors du sujet en discussion.
M. Léger: M. le Président, de toute façon il
n'a pas encore compris. Je termine sur le rapport de la NFER qui
explique...
M. Veilleux: J'avertis, M. le Président, qu'il est mieux
de s'en tenir au secondaire public, je vais l'empêcher de parler s'il ne
parle pas de l'enseignement secondaire public.
M. Léger: M. le Président, c'est difficile d'entrer
dans...
M. Veilleux: II a voulu établir des règlements
vendredi, on va les suivre.
M. Léger: Ils veulent avoir des règlements, M. le
Président, là.
Le Président (M. Pilote): A l'ordre, messieurs!
M. Léger: Je dois répéter. Nous sommes
à l'étude du programme qui touche au niveau secondaire qui est
affecté par le projet de l'enseignement des langues puisqu'on veut le
commencer au primaire. Mon argumentation veut que le ministre ait une
vérification expérimentale des conséquences de
l'étude au secondaire.
Donc, c'est exactement dans le bon temps, et je
pense qu'on perdrait un temps inutile à discuter de
procédures alors qu'on est sur une chose très importante pour le
Québec. Je parle justement de l'enseignement de l'anglais au niveau
secondaire par une étude qui nous permettrait de réaliser que
c'est la meilleure façon de le faire plutôt que l'autre.
Alors, M. le Président, je voudrais bien qu'on me laisse la paix
pour qu'on puisse continuer sur le contenu et qu'on arrête d'invoquer le
règlement.
M. Déom: M. le Président, sur la question de
règlement, je voudrais vous poser une question. Est-ce que les
crédits pour l'enseignement du français au primaire ont
été adoptés au programme 5?
Le Président (M. Pilote): Voici, au programme 6,
élément 5, c'est marqué: Développement de
l'enseignement des langues. Alors, ce n'est pas restrictif, c'est
général et je crois que le député...
M. Déom: Mais on l'a aussi... M. Veilleux: M. le
Président...
Le Président (M. Pilote): ... s'il vous plaît, je
crois que l'élément est très général et que
le député de Lafontaine peut emprunter ce corridor-là.
M. Veilleux: M. le Président, regardez à la page
10-15 que nous avons adoptée...
M. Léger: M. le Président, j'invoque le
règlement...
M. Veilleux: Comme ça on peut répéter, d'un
programme à l'autre, tout ce qu'on dit.
M. Léger: ... le président a donné sa
version...
M. Veilleux: Si vous voulez le faire, je vais le faire.
M. Léger:... je pense qu'il a rendu sa
décision.
Le Président (M. Pilote): Je crois que le
député de Lafontaine a le droit d'emprunter ce corridor,
d'après l'élément 5 du programme 6.
M. Léger: Alors, M. le Président, j'étais
à dire que le rapport final de la NFER s'achève sur la
recommandation de ne pas étendre l'enseignement du français dans
les écoles primaires britanniques. Cette conclusion finale du projet
pilote...
Le Président (M. Pilote): Sur une question de
règlement, le député...
M. Saint-Germain: Je n'ai pas d'objection à ce que le
député discute du développement de l'enseignement des
langues, mais nous ne le laisserons pas lire des articles de journaux que nous
avons d'ailleurs tous lus et qui ont été publiés. Ce sont
des documents que toute la population a pu lire, et voilà que ce matin,
depuis une dizaine de minutes, il nous lit un article de journal. Je crois
qu'il devrait discuter de cette question-là d'une autre
façon.
M. Léger: M. le Président...
Le Président (M. Pilote): Le député de
Lafontaine pourrait-il faire le résumé des articles...
M. Léger: M. le Président, je pensais que le
député de Jacques-Cartier avait très bien compris que je
lisais la conclusion. Je sais que ça le dérange, mais la
conclusion...
M. Saint-Germain: J'ai lu ces articles et pour moi c'est une
perte de temps de l'entendre lire.
Je crois que le député de Lafontaine est assez
compétent et qu'il connaît assez son sujet pour nous donner le
fond de l'article, s'il le veut bien, mais pas nous lire cet article mot
à mot, c'est une perte de temps.
M. Léger: M. le Président.je suis en train de lire
la conclusion finale, si le député veut bien prendre la peine
d'écouter...
M. Saint-Germain: C'est une longue conclusion, M. le
Président.
M. Léger: Je pense que c'est important, l'enseignement
d'une langue seconde au Québec, je pense que c'est un point tournant
important et qu'on devrait prendre le temps voulu sur ça.
C'est la première et seule expérience...
M. Saint-Germain: Ce n'est pas à lire des articles de
journaux qu'on va...
M. Léger:... vécue d'une équipe qui, sur
18,000 élèves, a fait une expérience de dix ans, entre des
élèves qui ont appris la langue seconde à partir de
l'élémentaire et un autre groupe qui l'a fait à partir du
secondaire.
M. Cloutier: Puis-je apporter...
M. Léger: J'aimerais juste terminer, M. le
Président; j'ai eu assez de difficultés avec des
députés qui ne veulent pas suivre.
Le Président (M. Pilote): A l'ordre, messieurs!
J'inviterais le député de Lafontaine à conclure les
articles, à en faire un résumé.
M. Léger: Alors, j'étais en train de parler de la
conclusion et cela aurait été terminé depuis longtemps, si
je n'avais pas eu des interventions sous l'aspect d'un point de
règlement. Alors, cette conclusion, M. le Président, finale, du
projet pilote de dix ans, souligne l'à-propos d'une des remarques au
tout début de l'expérience. " II est essentiel d'incorporer dans
tout programme de développement un système d'évaluation
c'est là-dessus que ma question porte aussi efficace et
aussi sensible qu'il se peut. Il est permis de douterque les responsables de la
planification du développement des
programmes scolaires dans ce pays soient pleinement conscients du
rôle crucial de l'évaluation de ces programmes." C'est la raison
pour laquelle je posais au ministre la question suivante: Est-ce que le
ministre a l'intention de constituer vous avez parlé d'un groupe
d'étude un groupe d'étude qui soit à
l'intérieur du ministère ou à l'extérieur, puisse
évaluer des résultats et possiblement tenter une
vérification expérimentale au Québec? En effet, il y a une
donnée supplémentaire au Québec; contrairement à
l'Angleterre, comme je le disais tantôt, nous vivons dans une situation
différente où l'élève qui apprend la langue seconde
se voit quotidiennement "agressé" par cette langue seconde.
Alors, est-ce que le ministre a l'intention de tenter une
vérification expérimentale, sur une population donnée et
bien précise, de l'expérience qu'on a vue en Angleterre?
M. Cloutier: C'est une nouvelle question, cela. Ce n'est pas la
question initiale à laquelle j'avais répondu non.
M. Léger: Non.
M. Cloutier: La question initiale, c'était pour savoir si
j'avais l'intention de changer le volet enseignement de l'anglais langue
seconde dans le plan de développement des langues. A la question que
vient de formuler le député de Lafontaine, je réponds
carrément oui, c'est déjà fait. C'est la raison de ce
groupe de recherche dont je revois, en ce moment, le mandat.
Le plan de développement des langues, au départ, a
été conçu comme un instrument qui devrait couvrir tous les
aspects du problème linguistique au Québec, en permettant de
mettre au point des structures et des programmes. Nous avons, dès le
début, prévu un mécanisme permanent
d'évaluation.
Il n'a pas encore donné tous les résultats
escomptés, puisque ce plan doit se dérouler sur une
période de cinq ans, mais les mécanismes existent. Je serai bref
dans mes commentaires de cette enquête, parce que je ne peux que
répéter ce que j'ai dit. A mon sens, elle n'est pas
transférable au Québec. Il y a des doutes qui planent sur la
méthodologie suivie. Soit dit en passant, le député de
Lafontaine parle toujours de langue seconde, alors que, dans l'enquête
anglaise, il ne s'agit pas du français langue seconde, mais du
français langue étrangère.
M. Léger: Oui, c'est la grosse affaire.
M. Cloutier: Ce n'est pas d u tout la même chose. Une
langue étrangère est une langue qu'on peut apprendre dans un
milieu homogène ou plus ou moins homogène et qui ne correspond
pas à une nécessité du milieu, une nécessité
immédiate du milieu. C'est un peu comme si nous apprenions ici le
chinois pour mieux comprendre le petit livre rouge de Mao et si je me reporte
aux déclarations du député de Lafontaine, qui approuvait
le manuel de la CEQ...
M. Léger: M. le Président, j'invoque le
règle- ment. Je dois simplement dire au ministre qu'il fait de la petite
politique actuellement; il en a fait vendredi aussi, en essayant de me faire
dire des choses que je n'ai jamais dites. Je voudrais qu'on corrige pour ceux
qui m'ont mal cité et j'en profite pour soulever je ne dirais pas une
question de privilège, mais pour rétablir les faits, à la
suite de l'affirmation du ministre qui me dit que j'ai approuvé le
manuel de la CEQ. J'ai bien dit, vendredi...
M. Côté: Les objectifs...
M. Léger: ... qu'il y avait dans ce manuel des objectifs
louables, c'est-à-dire de sensibiliser les enfants, mais que je
n'étais pas d'accord sur une politisation des enfants par des
méthodes qui pourraient s'adresser à des enfants qui n'ont pas
encore un jugement suffisamment structuré pour être capables de
faire un tri entre une chose bonne ou mauvaise; ils n'ont pas une
expérience voulue là-dessus. Et j'ai donné comme exemple
la sensibilisation d'un enfant à des problèmes concrets, comme
à celui de l'amiantose dans la région de Thetford Mines et
à différents autres problèmes qui sont des choses
courantes, où l'enfant peut réaliser, à travers son milieu
ce sont les examens qu'on lui présente être
sensibilisé à cela, une journée par année.
Je ne suis donc absolument pas d'accord qu'on me cite en disant que j'ai
approuvé le manuel. Je ne suis pas d'accord. Je n'ai jamais dit que
j'approuvais le manuel.
M. ôté: ... les objectifs.
M. Léger: J'ai simplement dit qu'il y avait un effort que
le gouvernement aurait dû faire, c'est-à-dire publier
lui-même un manuel dans ce sens pour sensibiliser l'enfant à des
réalités quotidiennes.
M. Cloutier: ... dans ce sens-là, ah bon!
M. Léger: Sensibiliser l'enfant à des
réalités quotidiennes, ce qui n'est pas le cas.
M. Cloutier: II s'enferre davantage.
M. Léger: M. le Président, le ministre voudrait
simplement essayer de me tendre des pelures de bananes, mais j'ai
déjà fait des sauts en hauteur.
Une Voix: II est tombé assez souvent.
M. Léger: Je les ai évitées, ces pelures de
bananes, M. le Président, mais je voudrais qu'il reste dans le domaine
du contenu...
M. Cloutier: Je suis d'accord.
M. Léger: ... et n'essaie pas de me prêter des
intentions que je n'ai pas.
M. Cloutier: Je suis d'accord. Je vais revenir...
Le Président (M. Pilote): Revenons à
l'élément 5 du programme 6.
M. Cloutier: Je n'ai pas grand-chose à ajouter d'autre.
Cette enquête n'est pas transférable. Elle porte sur un sujet
différent, elle est d'une méthodologie sur laquelle on peut
s'interroger. Le problème québécois est tout autre, et
nous avons choisi une solution, par le plan de développement des
langues, qui est extrêmement souple et qui permet justement une
autoévaluation constante.
Je dois rappeler que l'enseignement de l'anglais à
l'élémentaire n'est pas obligatoire, mais il a été
conçu pour pouvoir coller à un certain nombre de situations
individuelles qui existent ici, qu'on le veuille ou non. Ces situations
individuelles veulent que dans certaines régions, les régions
frontalières ou encore la région de Montréal, il y ait une
nécessité d'apprendre l'anglais, langue seconde, le plus
tôt possible. D'ailleurs, même cette enquête anglaise, qui
n'est pas transférable, je le répète, comporte des
éléments intéressants et met bien en évidence que
ce qui compte, c'est le temps d'exposition à une langue beaucoup plus
que les autres facteurs. Si on réduit trop le temps d'exposition
à une langue, on risque, surtout lorsqu'il s'agit d'une langue seconde
par rapport à une langue étrangère, c'est-à-dire
d'une langue qui a une utilité immédiate dans le milieu, de ne
jamais permettre un apprentissage suffisant.
D'ailleurs, si on envisageait de restreindre l'enseignement de l'anglais
au secondaire, on en arriverait rapidement à un engorgement
considérable des cours à ce niveau. On se plaint
déjà de la multiplicité des options, on se plaint
déjà de la surcharge, et il serait carrément impossible de
donner une formation, je n'ose dire adéquate mais à peine
adéquate d'une langue seconde qui est essentielle.
J'ajoute que dans tous les pays où le problème de
l'apprentissage d'une langue seconde se pose, on l'apprend au primaire, comme
dit le député de Lafontaine, c'est-à-dire à ce que
nous appelons l'élémentaire. C'est le cas de la Hollande, je l'ai
déjà cité, c'est le cas de certaines régions
frontalières en France, etc., etc.
Pour nous résumer, le plan de développement des langues
est un instrument global. Il comporte un mécanisme
d'autoévaluation et il ne rend pas l'apprentissage de l'anglais, langue
seconde, obligatoire mais tente de coller aux situations individuelles.
Je suis autant que quiconque, sinon plus, sensibilisé au fait que
le français est l'objet d'agressions constantes dans notre milieu. C'est
un fait. C'est un fait historique et géographique qu'on ne peut nier.
C'est d'ailleurs la raison pour laquelle j'ai tenté, dans la mesure
où j'étais chargé du dossier linguistique, d'apporter une
solution, comme la Loi sur la langue officielle, précisément pour
renforcer le fait français. Voilà, M. le Président.
M. Léger: Est-ce que le ministre peut nous dire si son
groupe d'étude, qui sera permanent, va nous permettre d'avoir des
statistiques régulières de cette évaluation et des
résultats, comme l'expérience britannique a permis d'avoir des
statistiques précises là-dessus?
M. Cloutier: D'abord, le groupe d'étude ne sera pas
permanent, il l'est déjà. Ce que nous allons faire, c'est tout
simplement de remanier un peu son mandat. Il avait reçu, au
début, un mandat un peu général. Avec l'évolution
du dossier, nous pouvons maintenant lui fixer des tâches précises.
Il est bien évident que nous publierons, comme nous l'avons toujours
fait, toutes les statistiques pertinentes. Dans le domaine linguistique, notre
service de démographie, régulièrement, rend publics des
documents, qui sont d'ailleurs envoyés aux membres de la commission, et
ceci permet de suivre l'évolution. Ceci nous a permis, par exemple, de
constater que, grâce au plan de développement des langues, par son
volet des mesures d'accueil aux immigrants, nous étions passés
d'un pourcentage de 14% de non-francophones et de non-anglophones dans le
secteur francophone pourcentage qui n'avait pas varié depuis dix
ans à un pourcentage de 18%, ce qui représentait un
changement de tendance des plus importants.
M. Léger: M. le Président, je regarde, avec le
ministre sans doute, les données éparses qui nous parviennent sur
le degré de connaissances générales des étudiants,
en particulier au secondaire. Je cite en particulier les statistiquesde Nicole
Blanche qui étaient publiées dans la Presse il y a quelque temps;
parmi bien d'autres, il y a le fait des pourcentages d'élèves: 9%
des élèves du secondaire trois ne peuvent citer les dix provinces
canadiennes.
M. Cloutier: On parle de quoi là, de l'enseignement de
l'anglais, langue seconde ou bien...
M. Léger: Je parle de connaissances
générales.
M. Cloutier: Je voudrais absolument préciser de quoi vous
parlez. On ne parle plus des langues?
M. Léger: Bien, écoutez, si vous voulez en
reparler.
M. Cloutier: Non, non, j'essaie de comprendre. M.
Léger: Moi, je viens tranquillement là...
M. Cloutier: J'ai de la difficulté à suivre le
cheminement du député de Lafontaine.
M. Léger:... écouter bien tranquillement, M. le
Président, que le ministre ne parte pas encore en peur. Je parle de
connaissances générales.
M. Cloutier: Ce n'est pas...
M. Léger: Je pense que c'est très clair ce que j'ai
dit...
M. Clou tier: Alors, nous ne parlons plus de langue, vous me
posez une question dans un autre domaine.
M. Léger: Le ministre, s'il m'avait écouté
attentivement, saurait... Si le ministre pouvait éviter de créer
un climat difficile...
M. Saint-Germain: Moi, je veux parler sur les langues, M. le
Président.
M. Léger: Alors, je suis en train de parler de
connaissances générales.
M. Saint-Germain: Si le député a terminé,
moi...
M. Cloutier: M. le Président, j'ai un point de
règlement. Si je me suis permis d'intervenir, ce n'est pas pour
être désagréable envers le député de
Lafontaine. En venant de Montréal, ce matin, j'ai pris de très
bonnes résolutions. J'ai décidé d'être gentil et
patient et Dieu sait s'il en faut de la gentillesse et de la patience; j'en
aurai. Mais je crois, M. le Président, que vous-même...
M. Léger: J'ai fait la même chose mais cela va
être difficile...
M. Cloutier:... ou celui qui a présidé vendredi en
votre absence avait statué que nous discutions point après point.
Je ne voudrais pas que l'on empêche les députés
libéraux, qui font des contributions extrêmement
intéressantes et extrêmement utiles, de parler parce qu'on
passerait trop rapidement à un autre point. C'est la seule raison. J'ai
demandé au député de Lafontaine s'il était encore
sur le point de l'enseignement des langues ou s'il passait à un autre
point. S'il est encore sur le point de l'enseignement des langues, j'ai
l'impression qu'il faudrait peut-être que les députés,
s'ils le désirent, aient l'occasion de s'exprimer aussi.
M. Léger: M. le Président, sur le point de
règlement.
Le Président (M. Pilote): Oui.
M. Léger: Je vais demander une directive. J'ai la parole,
je n'ai pas d'objection à laisser, sur le même sujet, un autre
député s'exprimer. Je l'ai déjà dit, chacun a le
droit de s'exprimer. Mais j'ai la parole et j'ai d'autres questions à
poser sur le même programme. Si un autre ou plusieurs
députés...
M. Veilleux: ... se prend pour un autre.
M. Léger: ... ont des questions à poser sur le
sujet que je viens de mentionner, je n'ai pas d'objection à laisser la
parole à un autre mais je veux avoir la parole ensuite, M. le
Président...
M. Veilleux: Un instant.
M. Léger:... pour jouer le rôle que j'ai à
jouer ici à l'Assemblée nationale et ne pas perdre des heures
inutilement. L'Opposition a un rôle bien précis à jouer,
celui de vérifier par les crédits l'administration du
ministère.
M. Veilleux: M. le Président, sur la question
soulevée. Question de règlement, M. le Président. Vendredi
passé, le député de Lafontaine a voulu jouer, dans les
dernières minutes de la discussion, le même jeu qu'il joue ce
matin. Il faut s'entendre; si nous discutons du programme 6,
élément 5, si le député de Lafontaine n'a plus de
questions à poser sur l'élément 5 du programme 6, je crois
que les députés ministériels ont le droit de poser des
questions. Ce n'est pas parce que le député de Lafontaine a la
parole que lui, monsieur, du haut de sa grandeur, va être capable de
poser des questions sur n'importe quel élément et fermer la
bouche, empêcher les députés de s'exprimer,
d'émettre des opinions et poser des questions sur les
éléments. Si c'est comme cela, M. le Président, le
député de Lafontaine va se retrouver tout seul à la
commission parlementaire.
Le Président (M. Pilote): Je crois que...
M. Veilleux: Ou on établit une procédure pour tout
le monde et elle est identique pourtous, ou il n'y a pas de commission
parlementaire.
Le Président (M. Pilote): Bien voici...
M. Léger: M. le Président, sur ce point de
règlement, avant que vous ne statuiez, je voudrais qu'on clarifie une
situation, sinon cela va rebondir en Chambre, M. le Président, je vous
le dis. Je pense que, quand on fait l'étude des crédits, ce ne
sont pas les députés du parti au pouvoir qui vont être ceux
qui vont critiquer le dossier des ministères de leur parti.
M. Veilleux: M. le Président, il nous reproche de toujours
dire oui.
M. Léger: Je pense que c'est le rôle de
l'Opposition. Le rôle de l'Opposition, c'est celui de critiquer, de
surveiller et même de féliciter, quand c'est le temps, le
ministère en question. Mais, actuellement, je pense que cela a toujours
été la tradition aux commissions parlementaires pour
l'étude des crédits que les responsables de l'Opposition, sur le
dossier d'un ministère en particulier, aient la parole au départ.
Si, sur le même sujet, un député du gouvernement a des
questions à poser, je n'ai pas d'objection, je pense qu'il est libre de
les poser.
Mais si on se sert de cela pour diriger les questions dans toutes sortes
de directions, alors que c'est le rôle de l'Opposition d'être
là pour surveiller comme chien de garde le ministère en question,
si on se sert de cela pour faire passer les heures de
crédits qui nous sont allouées pour l'étude de ces
crédits, qu'on prenne continuellement la parole au détriment de
l'Opposition, M. le Président, moi, je ne continuerai pas à
travailler à cette commission parlementaire et cela va retourner en
Chambre.
J'ai la parole, je peux, lorsque j'ai terminé un sujet, laisser
un autre député s'exprimer, mais je veux ravoir la parole sur les
différentes questions au programme, puisque c'est le rôle de
l'Opposition aux commissions parlementaires des crédits.
M.CIoutier: M. le Président, ceque vient de dire le
député de Lafontaine a une importance extrême, il ne
faudrait pas sous-estimer son jugement. Il remet en question pratiquement tout
le parlementarisme et remet en question le fonctionnement de la commission
parlementaire. Ce n'est pas le député de Lafontaine qui
étudie les dossiers du ministère de l'Education en ce moment,
c'est la commission. Cela, je crois que c'est essentiel. Et je souhaite que le
député de Lafontaine porte, comme il nous en menace, curieusement
d'ailleurs, ce problème devant l'Assemblée nationale, pour que
nous ayons un débat général. A ce moment, on tentera de
lui expliquer ce que c'est une démocratie, ce que c'est un Parlement et
de quelle façon une commission doit fonctionner. Non seulement les
autres députés ont-ils le droit de prendre la parole, mais je
dirais qu'ils en ont le devoir et ils l'expriment fort bien.
M. Léger: Je suis pleinement d'accord avec vous.
M. Cloutier: Alors si vous êtes d'accord, c'est donc
revenir un peu...
M. Léger: Mais à leur tour, et après que le
rôle de l'Opposition aura été joué. L'Opposition est
là pour surveiller le gouvernement, et ce ne sont certainement pas les
députés du gouvernement qui vont surveiller le gouvernement.
Le Président (M. Pilote): Je suis prêt...
M. Veilleux: M. le Président, le député de
Lafontaine a dit certaines choses que moi, comme membre du Parti
libéral, membre de cette commission, je ne peux pas accepter. Lorsqu'il
dit, M. le Président, que les députés ministériels
n'ont pas le droit de critiquer une politique d'un ministère, je
m'inscris en faux contre cela. Si dans le parti séparatiste ils
obéissent aveuglément à MM. René Lévesque,
Pari-zeau et Morin, qui ne siègent même pas en cette Chambre, qui
n'ont même pas été capables de se faire élire, nous,
du Parti libéral, nous avons été élus...
M. Léger: J'invoque le règlement, M. le
Président.
M. Veilleux: M. le Président, j'ai la parole sur la
question de règlement...
M. Léger: Le député de Saint-Jean viole le
règlement; il est en train de mentionner des personnes qui sont en
dehors du gouvernement.
Le Président (M. Pilote): A l'ordre! A l'ordre! A l'ordre,
messieurs!
M. Veilleux: ... ce n'est pas à lui de parler. J'ai la
parole sur la question de règlement.
M. Léger: II viole le règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Pilote): Le député de
Saint-Jean.
M. Veilleux: M. le Président, j'ai donc la parole sur la
question de règlement. Il interviendra sur la question de
règlement après. Moi, M. le Président, j'ai
été élu et je tiens à jouer mon rôle de
député. S'il y a une politique dans un ministère qui ne me
satisfait pas complètement ou si j'ai besoin, comme
député, d'explications sur une politique dans un
ministère, c'est bien dommage, M. le Président, ce n'est pas le
député de Lafontaine du parti séparatiste qui va
m'empêcher de poser la question au ministre. Et cela qu'il se le mette
dans la tête. Qu'il fasse un débat en Chambre ou qu'il le fasse
ici, M. le Président, c'est comme cela que Jacques Veilleux,
député de Saint-Jean, va fonctionner à la commission
parlementaire.
Le Président (M. Pilote): Le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: M. le Président, je suis ici à
titre de représentant de la population du comté de
Jacques-Cartier. Comme membre de cette commission, ici, j'ai un droit de parole
qui m'appartient strictement, et c'est votre devoir à vous, a titre de
président, de le protéger. Les raisonnements
élémentaires, primaires de l'Opposition, actuellement, et qui
n'ont aucun sens, je trouve cela absolument désolant. Ce n'est pas moi,
en ce qui me regarde personnellement, ce n'est pas l'exécutif du Parti
libéral qui va me dire quand je dois parler ou ce que je dois dire. Ce
n'est pas le ministre non plus et ce ne sont pas les membres de cette
assemblée non plus, que ce soit le représentant de l'Opposition
ou un autre. Si le représentant de l'Opposition veut amener le
débat, ou veut se plaindre à la Chambre ou à qui il voudra
bien se plaindre, je m'en fous comme de la première chemise que j'ai
portée. S'il veut faire un débat où il voudra le faire, je
m'en fous davantage. Je veux simplement que vous, à titre de
président, vous protégiez mon droit de parole. Je veux parler sur
le développement des langues, ce sont mes affaires. Il vous appartient
de me protéger là-dessus.
Le Président (M. Pilote): Voici. Ce n'est pas le parti de
l'Opposition qui a été convoqué à cette commission,
c'est la commission de l'éducation en vue d'étudier les
crédits. Parmi les membres de cette commission, il y a les partis
d'Opposition et il y a le parti au pouvoir. C'est le rôle, non pas de
l'Opposition, c'est le rôle de l'ensemble de la commission de critiquer,
d'une façon positive ou négative, les crédits ou les
politiques du ministère de l'Education.
L'Opposition a droit de parole comme le parti
au pouvoir a droit de parole. Tous les députés ont droit
de parole à cette commission et j'entends respecter ce droit.
Le député de Lafontaine a passé du
développement des langues aux connaissances générales.
D'accord. Alors je crois qu'à ce moment il avait terminé sur
l'élément 5, développement de l'enseignement des langues,
puisqu'il a passé aux connaissances générales des
étudiants.
Le député de Jacques-Cartier m'a demandé la parole
sur le programme 5 parce qu'il voulait poser des questions. J'inviterais le
député de Lafontaine à poser sa question sur les
connaissances générales au programme 7, à
l'élément 1, enseignement élémentaire et
secondaire, où c'est bien stipulé que "ce programme vise à
élaborer et à voir à l'application des normes
pédagogiques."
Alors, ce sera l'endroit pour poser ces questions sur les connaissances
générales deâ étudiants; plutôt qu'au
programme 6, ce sera au programme 7.
M. Léger: M. le Président, ma question concernait
l'enseignement secondaire et c'est justement l'endroit précis où
on fait la spécialisation et je voulais qu'on parle des connaissances
générales concernant l'enseignement secondaire.
Le Président (M. Pilote): Mais, voyez-vous, au programme
7, c'est écrit: Enseignement élémentaire...
M. Léger: C'est de la gestion interne. Le
Président (M. Pilote): ...et secondaire.
M. Léger: Non, il faut suivre cela, M. le
Président.
Le Président (M. Pilote): Oui, je suis d'accord avec vous,
là. il y a la gestion interne où il pourra poser sa question,
parce que "ce programme vise à élaborer et à voir à
l'application des normes pédagogiques."
Or, les connaissances générales entrent dans les normes
pédagogiq ues et je l'inviterais à poser sa question au programme
7.
La parole est au député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: M. le Président, au sujet du
développement des langues dans la province de Québec, je crois
que nous sommes actuellement dans une position presque tragique.
Premièrement, sans être un pédagogue, je crois qu'il est
difficile pour un jeune d'apprendre une langue seconde d'une bonne façon
et de connaître profondément une langue seconde si,
premièrement, il ne possède pas sa langue maternelle.
Relativement à la qualité de l'enseignement de la langue
française au Québec, je ne veux pas revenir sur ce débat,
mais je crois que nous avons tous constaté que ça restait un
enseignement qui devait être amélioré envers et contre tous
et qui ne peut que jouer contre le développement normal de
l'éducation dans la province de Québec. J'admire, à ce
point de vue là, le ministre qui fait des efforts terribles.
Mais je me demande si, au ministère, on se sert réellement
de l'autorité voulue pour définir et même imposer, si on
doit le faire, de meilleures méthodes d'enseignement.
Il faut, tout de même, concevoir que, dans cette province, on a eu
un ministère de l'Education responsable au public, depuis un temps
très court. Je crois, en toute sincérité, que si la
population du Québec a voulu se donner un ministère de
l'Education, c'est pour qu'il y ait, dans ce domaine, une autorité
suprême, responsable à l'Assemblée nationale et,
indirectement, à la population entière.
J'aimerais bien voir au ministère des décisions fermes
prises sur la programmation et l'efficacité des méthodes qui
servent actuellement à l'enseignement de la langue française
surtout parce qu'à partir des connaissances de cette langue
française, c'est là qu'on pourra bâtir les connaissances
d'une langue seconde.
Quant à la langue seconde, dans la province de Québec, je
crois que nous sommes dans une situation très particulière. Nous
avons été longuement et traditionnellement dans le Québec,
à cause de facteurs géographiques et même religieux,
séparés sociologiquement, jusqu'à un certain point, du
reste de l'Amérique du Nord, et ceci a été un handicap
pour le groupe francophone du Québec. On n'a pas suivi les
développements économiques, scientifiques et universitaires.
Notre développement, dans la province de Québec, sur ces points
de vue, n'a pas suivi le même rythme que celui de l'Amérique du
Nord et je crois que cette coupure entre notre groupe et le reste de
l'Amérique du Nord a été un handicap très
sérieux.
Je suis toujours désolé de voir qu'il y a au
Québec, actuellement, d'autres radicaux, d'autres éléments
de la population très activistes qui veulent nous couper à
nouveau de rapports normaux avec le reste de l'Amérique du Nord, qui
sont, en fin de compte, des rapports naturels, amenés par la force
géographique de l'endroit même que nous occupons en
Amérique du Nord.
Comment voulez-vous être un scientifique francophone, un
ingénieur, un médecin, un technicien ou quel que soit votre champ
d'activité, comment voulez-vous atteindre les sommets, si vous
êtes coupé d'une source de renseignements, soit le reste de
l'Amérique du Nord et les Etats-Unis en particulier, qui sont
responsables, depuis la dernière guerre, de pratiquement tout le
développement technique et scientifique du monde occidental?
Il est impérieux pour un Québécois bien
formé, qui veut avoir une vue d'ensemble sur ce qui se passe à
l'intérieur, il est absolument impérieux d'avoir une connaissance
profonde de l'anglais. S'il ne l'a pas, c'est un handicap et c'est un handicap
pour le groupe francophone du Québec. Quand je vois les
députés de l'Opposition, faire des débats au point de vue
de l'enseignement de la langue seconde dans nos écoles, je ne revois
pas nos religieux, mais nos "mangeux de balustres", comme on les
appelait communément dans le passé; je les revois, de la
même façon en se servant d'un autre thème, essayer de nous
soustraire à l'influence normale et positive du pays dans lequel on vit,
comme du continent dans lequel on vit.
C'est un handicap tellement sérieux que les immigrants ne se
joignent pas à nous, se sentant isolés dans nos écoles,
parce que l'enseignement de la langue seconde, qui est pour eux un
apprentissage nécessaire, s'il est négligé, les incite
à s'éloigner de notre groupe. Plus que cela, cela incite
même des familles canadiennes-françaises à
s'éloigner de nos écoles françaises pour que leurs enfants
apprennent l'anglais.
La population de la province de Québec est assez
évoluée pour être sensibilisée aux problèmes
que j'essaie de vous exprimer, d'éclaircir actuellement, et elle veut
que ses enfants apprennent l'anglais. Elle sent que c'est une
nécessité, et, dans nos écoles, l'enseignement de la
langue seconde, loin de nuire à l'enseignement du français,
serait une aide, au point de vue sociologique, pour notre groupe. Il nous
servirait de moyen, si vous voulez, d'assimiler à notre groupe les
immigrants, et cela se ferait d'une façon simple, sans animosité
et d'une façon tout à fait normale.
C'est sérieux, cette question de développement des
langues, extrêmement sérieux. Ce n'est pas parce qu'on est
bilingue qu'on est moins francophone. J'irais même jusqu'à dire
que c'est parce qu'on est bilingue, bien souvent, que nous sommes un apport
valable, plus valable dans la province de Québec.
Le peuple sait cela, M. le Président. C'est la raison pour
laquelle j'aimerais, personnellement, qu'au point de vue du
développement des langues dans la province de Québec, le
ministère ait une politique beaucoup plus ferme et beaucoup plus
autoritaire. Je suis assuré que la population entière
soutiendrait un tel ministère et notre ministre.
M. Cloutier: La population, mais les élèves vont se
retrouver sans enseignants. C'est pour cela que nous avons choisi une approche
qui est l'approche la plus souple possible, dans l'espoir de faire
évoluer les mentalités. Nous avons bien pensé rendre
l'enseignement de l'anglais obligatoire dès la première
année, mais nous n'en avions pas les ressources humaines puisqu'il y
avait un rattrapage considérable à faire. Le plan de
développement des langues, qui s'étale sur cinq ans, ne sera pas
de trop pour que nous arrivions à former un nombre encore insuffisant
d'enseignants d'anglais langue seconde. Encore faudrait-il qu'une
majorité de commissions scolaires acceptent de se prévaloir des
dispositions du plan, ce qui n'a pas été le cas
récemment.
Vous avez constaté que la CECM la CECM étant la
plus grosse commission scolaire au Québec avait adopté une
résolution pour enseigner l'anglais langue seconde de façon plus
précoce suivant un plan étalé sur quelques années.
Deux ou trois semaines après, à la suite de pressions d'ordre
politique, la CECM a rescindé sa résolution. Pour moi, c'est
extrêmement grave. Tout se passe comme si notre milieu, alors que
désespérément nous faisons des efforts pour l'ouvrir au
monde extérieur, tout en lui permettant d'affirmer le fait
français, tout se passe, dis-je, comme si notre milieu suivait
exactement le cheminement que vous venez de décrire et que vous venez de
décrire avec beaucoup d'éloquence.
Je crois qu'il faut déplorer cette chose et il faut souhaiter que
la raison finisse par prévaloir et que, grâce à la loi 22
d'un côté et à toutes les structures mises en place, nous
cessions de nous couper des grands courants modernes.
Le Président (M. Pilote): L'élément 6 est-il
adopté?
M. Léger: M. le Président, encore sur le
règlement des langues, dans une conférence de presse, le ministre
avait déjà fait, le printemps dernier, une déclaration
concernant le fait qu'il y aurait un montant d'argent X pour nommer des
conseillers pédagogiques en français, langue maternel le et
seconde, et en anglais, langue maternelle et seconde. Si on se fie à
cette conférence de presse, toutes les commissions scolaires ont des
conseillers pédagogiques. Or, la subvention accordée aux
commissions scolaires est en fonction de la clientèle scolaire, de sorte
que les petites commissions scolaires, encore une fois, n'ont pas les moyens de
combler la différence entre la subvention accordée, d'une part,
et le coût de l'aménagement d'un conseil pédagogique,
d'autre part. Est-ce que le ministre peut nous dire ce qu'il pense faire devant
cette situation concernant le problème de la quantité de
conseillers pédagogiques, en français ou en anglais?
M. Cloutier: Dans mes remarques préliminaires je
suis obligé d'y revenir j'ai donné toutes les statistiques
concernant les conseillers pédagogiques. J'ai longuement parlé du
plan de développement des langues. Peut-être que le recherchiste
du député de Lafontaine pourrait relire le plan de
développement des langues.
M. Léger: Est-ce que le ministre, qui avait promis de
garder un climat serein...
M. Cloutier: II pourrait inspirer... M. Léger: ...
pourrait me répondre là-dessus? M. Cloutier: Bien oui, je
vais répondre. M. Léger: Ce serait bien plus simple.
M. Cloutier: Mais je ne peux pas répondre sans faire une
référence à des statistiques que je n'ai pas sous les yeux
mais que votre recherchiste pourra trouver dans le journal des
Débats.
Ce que vient de dire le député de Lafontaine est faux.
Nous n'avons jamais dit que nous donnerions...
M. Léger: Les petites commissions scolaires.
M. Cloutier: Laissez-moi terminer à mon tour. Nous n'avons
jamais dit que nous offririons des conseillers pédagogiques à
toutes les commissions scolaires. Nous avons dit que nous offririons des
services pédagogiques d'encadrement. Ceci peut signifier, pour les
petites commissions scolaires, l'utilisation d'une partie du temps de quelqu'un
ou encore une entente avec une autre commission scolaire, de manière
à regrouper les efforts.
Je vais essayer de retrouve ces statistiques, qui sont d'ailleurs
intéressantes. En I975, on dénombrait I20 conseillers
pédagogiques à l'élémentaire et plus de 60 au
secondaire, alors que nous avions, l'année précédente,
moins de la moitié de ce nombre. Il s'agit uniquement du français
langue maternelle.
M. Léger: Est-ce que les 60, au secondaire, c'est un par
commission scolaire ou s'il y en a qui peuvent travailler pour plusieurs
commissions scolaires ou s'il y en a plusieurs pour la même commission
scolaire?
M. Cloutier: La situation au secondaire veut, étant
donné qu'il y a moins de 60 commissions scolaires régionales, en
tout cas, qu'il y en ait au moins un par commission scolaire.
M. Léger: Au moins un. Maintenant, M. le Président,
je...
M. Cloutier: Nous parlons toujours du français langue
maternelle.
M. Léger: C'est cela, et anglais langue seconde.
Français et anglais aussi.
M. Cloutier: Non, c'est différent. M. Léger:
C'est différent?
M. Cloutier: C'est différent. C'est un autre
programme.
M. Léger: D'accord.
Maintenant, je veux revenir, M. le Président, à certaines
recommandations du Conseil supérieur de l'éducation, rapport
annuel de 1973/74. Il y a quelques recommandations et je voudrais demander au
ministre ce qu'il entend faire là-dessus.
Concernant d'abord la date d'élection des comités
d'école, qui doit se faire avant le 15 octobre de chaque année,
nous avons reçu de nombreuses doléances voulant que cette date
empêche... Qu'est-ce qui arrive?
M. Veilleux: Est-ce qu'on a terminé, M. le
Président, l'élément 5?
M. Cloutier: II y a un député qui veut avoir la
parole.
Le Président (M. Pilote): Est-ce que
l'élément 5...
M. Léger: Sur le développement de l'enseignement
des langues?
M. Cloutier: Parce que là, on parle de toute autre
chose.
M. Léger: Moi, j'ai terminé là-dessus. Je
l'ai dit tantôt.
M. Cloutier: Alors est-ce qu'on adopte le programme?
Le Président (M. Pilote): Le programme est-il
adopté?
M. Léger: L'élément 5, mais pas le
programme. L'élément seulement.
Le Président (M. Pilote): Est-ce que le programme 6 est
adopté?
M. Léger: Pas le programme 6, l'élément.
Le Président (M. Pilote): C'est parce qu'on a...
M. Léger: M. le Président, si je le lis bien, le
programme 6 touche à l'enseignement secondaire public. Alors, dans le
domaine de l'enseignement secondaire public, il y a plusieurs facettes pour
faire ressortir des problèmes qui se vivent, à la base, et les
questions que j'ai à poser touchent l'enseignement secondaire public.
Là, il y a des recommandations provenant du Conseil supérieur de
l'éducation et cela touche l'enseignement secondaire.
M. le Président, je ne sais pas si on pourrait ne pas être
trop à cheval sur le fait qu'on est obligé de les prendre par le
biais.
J'ai dit au ministre, au début de l'étude des
crédits, que nous partions de problèmes concrets de la base et
que nous les amenions au niveau du ministère pour trouver une
façon d'apporter des solutions à des problèmes
concrets.
J'en apporte des concrets, et c'est au niveau secondaire puisque cela
touche, justement, l'élément secondaire. Si vous me laissez poser
la question, M. le Président, vous allez voir que cela touche les
comités d'école, qui touchent l'élément secondaire
entre autres.
M. le Président, cela touche encore...
M. Veilleux: M. le Président... M. Léger:
...le programme...
M. Veilleux: ...je ne veux pas être méchant. Je ne
comprends plus rien; tout à l'heure, le député de
Lafontaine a posé des questions sur le développement de
l'enseignement des langues. Après ça, apparemment, il est
passé à la géographie. Là, nous sommes intervenus.
Mon collègue de Jacques-Cartier a posé des questions sur
l'enseignement des langues. La parole est revenue au député de
Lafontaine qui avait deux, trois autres questions sur le plan de
développement des langues.
Je veux savoir, avant que le député de Lafontaine passe
à un autre sujet au programme 6, si on va revenir, ou pas, à
l'élément 5: Développement de l'enseignement des langues,
ou si c'est terminé?
M. Léger: M. le Président, je viens de dire, pour
éclairer le député de Saint-Jean, que concernant le
développement de l'enseignement des langues...
M. Veilleux: Oui...
M. Léger: ...moi, j'ai terminé
là-dessus.
M. Veilleux: Bon.
M. Léger: J'ai maintenant une question...
M. Veilleux: Avant d'aller à l'autre, ne serait-ce pas
plus normal que le président s'informe qu'il y a d'autres membres de la
commission qui veulent poser des questions sur l'élément 5?
M. Léger: C'est ce qu'il a fait tantôt et le
député de Jacques-Cartier a posé une question sur le
développement de l'enseignement des langues.
M. Veilleux: Oui puis avant...
M. Léger: Est-ce que vous avez des questions
là-dessus? Je n'ai pas d'objection à vous laisser la parole.
M. Veilleux: Ce n'est pas à vous de me poser la question,
c'est au président. Je demande au président s'il ne pourrait
pas...
Le Président (M. Pilote): Est-ce qu'il y aurait
possibilité que le député de Lafontaine pose sa question
au programme 4? Dans ce programme, voici quel est le syllabus, si vous voulez:
ce programme vise à fournir à l'autorité compétente
des avis relatifs à l'état et aux besoins de l'étudiant.
Je pense que la question qu'il nous pose actuellement devrait être
posée au programme 4 et non pas au programme 5.
M. Léger: M. le Président... Le Président
(M. Pilote): Oui.
M. Léger: ...c'est plus loin, c'est au bas de la
feuille.
Le Président (M. Pilote): Non, il n'est pas là, le
Conseil supérieur de l'éducation, je cherche là, à
quel...
M. Léger: M. le Président...
Le Président (M. Pilote): II pourrait
peut-être...
M. Léger: ...si on veut être logique, j'avais des
questions concernant le Conseil supérieur de l'éducation qui
touchent uniquement l'enseignement secondaire. Alors, on est à
l'enseignement secondaire...
Le Président (M. Pilote): Bien voici...
M. Léger: ...j'ai des questions sur l'enseignement
secondaire.
Le Président (M. Pilote): Voici, le député
de Lafontaine nous cite le Conseil supérieur de l'éducation. S'il
veut poser ses questions, il le fera au programme 4 qui touche le Conseil
supérieur de l'éducation. Comme je le disais tantôt, le
syllabus le dit bien: ce programme vise à fournir à
l'autorité compétente des avis relatifs à l'état et
aux besoins de l'étudiant. Vu qu'il nous cite le Conseil
supérieur de l'éducation, n'y aurait-il pas possibilité
qu'il attende au programme 4 pour poser cette question? Si vous me permettez,
on adopterait le programme 6 et on passerait au programme 7.
M. Léger: Je n'ai pas terminé, au programme 6, M.
le Président. J'invoque le règlement. Quand on parle du Conseil
supérieur de l'Education, qui a des recommandations concernant le
domaine des universités, je pense que c'est à
l'élément qui touche les universités que je dois les
poser.
M. Cloutier: II n'y en a pas dans le domaine des
universités, c'est le Conseil des universités.
M. Léger: Je donne un exemple, en tous cas. Quand le
Conseil supérieur de l'éducation fait des recommandations
concernant l'enseignement secondaire, je pense que c'est à
l'élément secondaire que je vais poser mes questions; cela touche
le problème du secondaire. Il me semble qu'on ne devrait pas faire toute
une histoire, tout un chiard. Actuellement, on est à
l'élément qui touche l'enseignement secondaire. J'ai une
quantité de questions qui touchent l'enseignement secondaire.
Le Président (M. Pilote): Le député de
Lafontaine me demande de ne pas toujours être à cheval sur le
règlement, mais les dernières heures m'obligent à
l'être. On se promène du coq à l'âne...
M. Veilleux: M. le Président, lorsque...
Le Président (M. Pilote): ...depuis le début de la
commission.
M. Veilleux: Pour éclairer ma lanterne, avant de...
Le Président (M. Pilote): Si possible.
M. Veilleux: ... parler des conseils d'école, je crois, si
j'ai bien compris les membres de la commission...
M. Léger: Je n'ai même pas posé encore la
question.
M. Veilleux:... nous n'avons plus de questions à poser sur
le développement de l'enseignement des langues. Bon, on s'entend
là?
M. Léger: Oui, oui, on l'a dit tantôt.
M. Veilleux: Vous, vous l'avez dit mais nous autres, est-ce qu'on
a encore des questions à poser? Moi, je n'en ai pas.
Une Voix: Moi, je n'en ai pas.
M. Veilleux: Bon, on n'en a pas, M. le Président, et le
député de Lafontaine semble vouloir parler des conseils
d'école. A quel élément, dans le programme 6,
trouvons-nous l'endroit où on pourrait parler des conseils
d'école? S'il n'y en a pas, M. le Président, je pense qu'il va
falloir que le député de Lafontaine attende au programme 4.
M. Léger: M. le Président, encore...
M. Veilleux: Tout simplement.
M. Léger: ...au programme 4, cela concerne...
M. Veilleux: Programme 6, élément...
M. Léger: ...le Conseil supérieur, son
fonctionnement...
M. Veilleux: ...M. le Président...
M. Léger: ...etc. Là je parle des recommandations
du Conseil supérieur, concernant...
M. Cloutier: On a vu cela au programme 4. M. Léger:
...l'enseignement secondaire. M. Veilleux: Dans le programme...
M. Léger: Alors je pense que c'est à
l'élément de l'enseignement secondaire que je dois en parler.
M. Veilleux: Dans le programme 6, M. le Président, il y a
sept éléments: Service de l'enseignement, Service aux
étudiants, Aide financière aux étudiants
handicapés, Services généraux, Développement...
M. Léger: II va y avoir un bordel...
M. Veilleux: ...de l'enseignement des langues que nous venons de
terminer, les Investissements et le Service de la dette.
M. Saint-Germain: ...investissements, M. le Président,
élément 6.
M. Veilleux: II me semble qu'on serait censé être
rendu à Investissements, élément 6.
M. Saint-Germain: C'est ça.
M. Léger: M. le Président...
M. Veilleux: Si on veut être logique.
M. Saint-Germain: C'est ça.
M. Veilleux: Si on se promène de Caïphe à
Pi-late.
M. Saint-Germain: On n'en finira jamais.
M. Léger: M. le Président, au Conseil
supérieur de l'éducation, il y a des recommandations qui sont les
suivantes: 1- que les comités d'école soient formés avant
le 30 septembre et que les comités de parents le soient avant le 15
octobre. Je vais avoir des questions là-dessus et ça touche tout
le secondaire. 2-Que les employésdu ministère de l'Education du
Québec et des commissions scolaires ne soient pas admissibles aux
comités, ça touche le côté secondaire. 3- que le
comité de parents deviennent le conseil des parents et que le
comité d'école soit appelé comité de parents parce
qu'il y a une... Ia coopération des parents...
M. Veilleux: M. le Président, je convie le
député de Lafontaine à lire le programme 7.
M. Léger: ...qui s'occupent des comités
d'école et qui sont dans le comité de parents, c'est une
recommandation, et ça touche le secondaire.
M. Veilleux: M. le Président, question de
règlement.
M. Léger: Dernièrement, que seulement la
moitié des membres du comité d'école soient sortants au
bout d'un an.
M. Veilleux: Question de règlement.
M. Léger: Si le comité d'école ne peut pas
être discuté à...
Le Président (M. Pilote): Question de
règlement...
M. Léger: ...l'élément de l'enseignement
secondaire, je ne vois pas où on peut poser cette question.
M. Veilleux: Question de règlement, M. le
Président. Que le député de Lafontaine lise le programme?.
Ce programme vise à élaborer et à voir à
l'application des normes pédagogiques, financières,
administratives et immobilières dans les commissions scolaires. Cela
pourrait entrer dans la section administrative, les questions des commissions
scolaires et des comités d'école, les comités de
parents.
Le Président (M. Pilote): Je préférerais,
personnellement, que le député de Lafontaine...
M. Veilleux: Moi, je voudrais qu'on suive l'ordre.
Le Président (M. Pilote): ... réserve ses
questions, soit au programme...
M. Veilleux: Au programme 4 ou 7.
Le Président (M. Pilote): ...4 ou au programme
7. Mais, en attendant, est-ce qu'on pourrait adopter le programme 6,
ainsi que les éléments?
M. Léger: Non, M. le Président, j'ai d'autres
questions à poser dans le programme 6.
M. Saint-Germain: Bon, il n'en avait plus et là, il en
a.
M. Léger: Je n'ai jamais dit que je n'en avais plus, j'ai
dit que j'avais terminé l'élément du développement
de l'enseignement des langues.
M. Saint-Germain: Programme 5, adopté, M. le
Président, on passe au programme 6. i
M. Veilleux: Programme 6.
Le Président (M. Pilote): Elément 5,
adopté?
M. Léger: L'élément 5 est déjà
adopté. C'est l'enseignement élémentaire. Nous sommes
rendus au programme 6. Depuis tout à l'heure, nous sommes dans le
programme 6. Remarquez bien.
M. Veilleux: Bien, Investissements!
Le Président (M. Pilote): Passez à
l'élément Investissements.
M. Picotte: ...investir vos efforts...
Le Président (M. Pilote): Gardez votre question pour le
programme 7.
M. Léger: M. le Président, de toute façon,
j'ai des questions concernant ce que vous venez de dire,
l'élément... quoi?
Le Président (M. Pilote): C'est l'élément 6,
Investissements.
Polyvalente de Beauceville
M. Léger: Investissements. M. le Président, je
voudrais...
Le Président (M. Pilote): Gardez votre question
pour...
M. Léger: ...au ministre, s'il veut bien écouter,
pour éviter une perte de temps en procédure et en chicanes
inutiles, concernant la construction je vais vous donner des cas
précis, des régions particulières de la nouvelle
polyvalente de Beauceville, le ministre peut-il résumer et faire le
point sur l'entente intervenue, semble-t-il, entre la Commission scolaire la
Chaudière et le ministère? Est-ce que vous avez un
échéancier là-dessus? Les coûts?
M. Cloutier: L'entente intervenue avec Beauceville est à
l'effet d'y réaménager une école qui existe
déjà à Beauceville, sans y ajouter de
places-élèves, mais en donnant à cette école des
équipements dont elle ne disposait pas, par exemple,
cafété- ria, gymnase, laboratoire d'exploration professionnelle,
laboratoire pour l'étude de la chimie et de la physique. Cela en fait
une école ayant un caractère de semi-école
polyvalente.
M. Léger: Est-ce un agrandissement ou l'aménagement
de locaux additionnels où il y a des gymnases...
M. Cloutier: II se trouve y avoir agrandissement parce que, dans
l'espace actuel, il n'y a pas de place pour mettre tous les services
additionnels que l'on donne. Mais ce n'est pas un agrandissement en termes de
places-élèves. C'est qu'il y a, à l'heure actuelle, 500
places-élèves dans cette école, ça demeure une
école de 500 places-élèves.
M. Léger: Quel est le montant global pour cet
aménagement?
M. Cloutier: Nous allons sortir les chiffres.
M. Léger: Est-ce que le ministre peut nous donner
l'échéancier de réalisation, parce qu'il semble que cette
construction ait été promise depuis plusieurs années et
ait été bloquée longtemps au ministère, il a fallu
que les gens descendent dans la rue...
M. Cloutier: Je n'accepte pas ce genre de jugement de valeur.
M. Léger: C'est ce que les gens nous ont dit.
M. Cloutier: Je n'accepte pas ce genre de jugement de valeur.
M. Léger: Est-ce qu'il est exact que les gens sont
descendus dans la rue pour réclamer ce qu'ils avaient demandé
depuis longtemps?
M. Cloutier: Ce n'est pas pertinent, le problème est de
savoir quel est le cheminement du dossier. J'ai eu l'occasion
d'expliquer...
M. Léger: Qu'est-ce qui retardait alors?
M. Cloutier: C'est exactement ce que je suis en train de tenter
d'expliquer.
Je l'ai fait à une demi-douzaine de reprises, étant
donné les revisions de clientèle, étant donné le
climat économique du Québec, étant donné
l'augmentation des coûts de construction, nous avons, avec le Conseil du
trésor, pas seulement dans le domaine de l'éducation mais
également dans le domaine des affaires sociales, revu l'ensemble des
immobilisations. Ceci a amené des réajustements, certains projets
ayant dû être abandonnés et d'autres, remaniés. Ce
projet a suivi le même cheminement que tous les autres.
M. Léger: Quant à l'échéancier?
M. Cloutier: II est pour réalisation immédiate,
c'est-à-dire qu'on commençait la préparation des plans
dès que le budget, pour la réfection de cette
école, serait accordé par le Conseil d u trésor. Il
est, à l'heure actuelle, devant le Conseil du trésor.
M. Saint-Germain: ... aux crédits... M. Léger:
C'est le Conseil du trésor.
M. Cloutier: Le budget proposé est de $2,600,000.
Une décision du Conseil du trésor devra intervenir
incessamment.
Etudiants nécessiteux
M. Léger: Je vous remercie, M. le Président. Dans
le même domaine, dans une autre région, le ministre est sans doute
au courant du problème, que nous jugeons grave. Des étudiants
originaires de la moyenne Côte-Nord, de Sept-lles, de Havre-Saint-Pierre
et des villages environnants ont à assumer des frais
supplémentaires considérables pour des raisons évidentes
de transport, etc. Or, les parents sont justement parmi la couche de la
population la moins riche et la plus chômeuse du Québec,
là-bas. Il y a 200 familles qui n'ont pas les moyens de payer des
déboursés supplémentaires et qui atteignent actuellement
près de $90,000. La Commission scolaire régionale leur a
intenté un procès à ce sujet.
Je trouve un peu inadmissible que ces élèves d'une
région les plus délaissées du Québec soient
traités de la sorte. Je demande au ministre s'il a l'intention de faire
en sorte que le ministère et non la commission scolaire
régionale, fasse une exception pour les élèves originai
res de cette partie d u Québec et fournisse à la commission
scolaire, les sommes nécessaires, d'ailleurs très peu
élevées.
M. Cloutier: C'est un montant de $200 que les parents doivent
débourser, par année, pour la pension de leurs enfants, quand ces
derniers doivent pensionner à l'extérieur de la maison. La
contribution du ministère est de $900...
Elle a été augmentée, elle était à
près de $800 l'année précédente, $824,
exactement.
M. Léger: Cela a été augmenté
à $900.
M. Cloutier: Elle monte à $900.
Le problème, pour la commission scolaire, est évidemment
un problème de comptes à percevoir auprès des parents qui,
comme tous les autres parents de la province de Québec dans la
même situation, ont une contribution à faire à ce
coût de la pension. On discute cependant, à l'heure actuelle, le
problème avec les Affaires sociales, parce qu'au point de vue du
ministère de l'Education, c'est plus un problème d'affaires
sociales qu'un problème d'éducation. On doit supposer que les
parents ont les moyens de payer ces $150 ou $200 et il est basé sur le
coût que représenterait à peu près le fait de garder
des enfants à la maison. S'ils reçoivent de l'assistance sociale,
ils reçoivent de la part de l'assistance sociale, un certain montant
pour nourrir, vêtir ces enfants.
Il est assez difficile de prendre parti pour le moment, contrairement
à ce que la commission scolaire a fait dans la situation.
Je pense qu'il pourrait y avoir un débat intéressant lors
de la discussion des crédits des Affaires sociales. Si je ne me trompe
pas, le ministère a décidé d'aider les gens à
assumer leurs responsabilités. Ce qui peut signifier une contribution
parentale dans la mesure où les enfants, n'étant pas à la
maison, sont ailleurs. Et dans la mesure où on part du principe qu'ils
ont ou se font donner suffisamment de revenus pour faire face à leurs
responsabilités à la maison. Ceci a des répercussions sur
le plan de l'éducation.
M. Léger: Mais le problème immédiat, c'est
que ces 200 parents sont actionnés par la commission scolaire. Est-ce
que le ministère- ne pourrait pas allouer un montant supérieur?
Vous avez augmenté seulement de $76 par parent?
M. Cloutier: Je pense qu'il est difficile de traiter cette
situation de manière isolée. Ce sont des millions, des millions
et des millions que ceci risque de signifier un peu partout au
Québec.
Les commissions scolaires ont des responsabilités et je ne crois
pas qu'il soit sage que le ministère intervienne constamment. Les
commissions scolaires seraient, d'ailleurs, avec raison, les premières
à protester.
Dans le cas particulier, je vais revoir la question, mais sans aucun
engagement de ma part.
M. Léger: Le ministre admettra, quand même, que tous
les ministères du gouvernement reconnaissent que cette région est
une des régions les plus défavorisées et chacun fait un
effort pas mal supplémentaire. Je suis heureux que le ministre dise
qu'il va réétudier la question. Je comprends qu'il ne veuille pas
s'engager illico, mais quand même, je pense qu'il faut qu'il
révise la situation parce que tous les ministères ont
révisé leur position pour les problèmes dans cette
région.
Ecole Trenholme
En ce qui concerne une autre région, le ministre peut-il nous
donner des précisions sur le sort de l'école Trenholme à
Saint-Pierre. On sait que l'affectation de cette école est en suspens
depuis le mois de mai 1971 .Elle est vide depuis deux ans. Elle a
été utilisée, sporadiquement, depuis cinq ans et la ville
de Saint-Pierre essaiedepuis 1971 d'acheterdu Protestant School Board
l'école qui est munie d'un gymnase.
Je pense que le ministre a déjà été saisi du
problème. Peut-il nous expliquer ce qui se passe, sans rejeter la balle
à un autre ministère comme on le fait depuis cinq ans?
M. Cloutier: Le ministère de l'Education n'est pas
propriétaire des écoles, n'est pas propriétaire de
celle-là, en particulier. C'est le Protestant School Board of Greater
Montreal...
M. Léger: C'est cela.
M. Cloutler: Alors, c'est un problème à discuter.
Il faut quand même partir du système d'éducation tel que
nous le connaissons. C'est un problème à discuter avec cette
commission scolaire. Nous suivons toutes ces négociations et ces
tractations avec beaucoup d'intérêt et on me dit que cela
évolue favorablement.
M. Léger: Vous voulez dire que The Protestant School Board
of Greater Montreal était intéressé à vendre
l'école?
M. Cloutier: Je dis que cela évolue favorablement. Je ne
peux dire autre chose. C'est une responsabilité du Protestant School
Board. Aussi longtemps que nous vivrons dans le type de société
où nous vivons quant à moi, on va y vivre longtemps
il ne peut y avoir mainmise sur des équipements qui n'appartiennent pas
au gouvernement.
En revanche, on peut peut-être tenter, sur demande, d'aider les
parties à se mettre d'accord.
M. Léger: Le ministre peut-il nous dire, d'après sa
connaissance, ce qui bloque le transfert de l'école?
M. Cloutler: Je l'ignore. C'est une question qui pourrait
peut-être être posée au président du Protestant
School Board of Greater Montreal.
M. Léger: Le ministre est quand même au courant de
ce qui se passe dans son ministère, ainsi que de ce qui se passe dans
les commissions scolaires.
M. Cloutier: Je ne suis pas au courant de ce qui se passe dans
chacune des écoles.
M. Léger: C'est un problème que le ministre
connaît. Cela dure depuis cinq ans. On a même rejeté la
balle à M. Goldbloom, à M. Phaneuf, à M. Tetley. Chacun
leur tour, ils ont eu le dossier entre les mains. Et je ne sais pas ce qui
bloque...
M. Cloutler: Je crois qu'il est essentiel de renvoyer la
responsabilité là où elle doit être prise. C'est
notre système d'éducation et c'est ce que nous faisons. Je n'ai
pas l'intention de prendre des décisions pour les autres. En revanche,
je vais certainement faire mon possible pour leur donner tous les
éléments nécessaires pour prendre les
décisions.
M. Léger: Je prends note... Je voudrais simplement
signaler ce que son homologue, le ministre des Affaires municipales, avait dit
dans une lettre à l'assistant secrétaire-trésorier de
ville Saint-Pierre, sur le même problème. Il accuse
réception de la lettre et il dit: "Vous comprendrez sûrement que
je n'ai aucune autorité sur une commission scolaire. Il me ferait
cependant plaisir de communiquer avec mon collègue, le Dr
François Cloutier, ministre de l'Education, afin de savoir si la prise
de position du bureau métropolitain est conforme aux politiques du
ministère de l'Education et aux traditions de l'administration
scolaire." Alors, le dossier vous a été remis et
aujourd'hui...
M. Cloutier: Certainement, et on lui a répondu. Je vais
faire sortir cette correspondance. Je ne me souviens pas de la teneur exacte de
cette lettre. J'en signe des centaines chaque jour.
Maintenant, je dois dire que toutes les commissions scolaires sur
l'île de Montréal, qu'il s'agisse du Protestant School Board of
Greater Montreal ou de la CECM, ont toujours refusé de vendre leurs
écoles pour une somme nominale. Elles ont toujours tenu à les
vendre à valeur réelle, ce qui n'est pas le cas d'autres
commissions scolaires au Québec à l'extérieur de
l'île de Montréal. Alors, on pose vraiment le problème
fondamental. Va-t-on respecter les propriétaires de ces
équipements en tentant de les aider à collaborer ou va-t-on
nationaliser tout cela? Je vous ai déjà donné ma
réponse. C'est là, la situation telle qu'elle se pose.
M. Léger: Le ministre pourrait-il déposer la
dernière correspondance là-dessus?
M. Cloutier: Je ne m'engage pas à la déposer. Je
vais d'abord revoir cette correspondance et je jugerai s'il est dans
l'intérêt public de le faire, oui ou non. ...d'abord.
M. Léger: Oui, au cas où il y aurait des choses
intéressantes. De toute façon, si le ministre la dépose,
on pourra voir ce qu'il y avait d'intéressant.
M. Cloutier: Je déposerai ce que je jugerai bon de
déposer...
M. Léger: Oui. Je sais. Il peut y avoir des
considérations...
M. Cloutier: ...quelles que soient les pressions du
député de Lafontaine.
Polyvalente du Portage
M. Léger: Ou les impressions du député de
Lafontaine! Pour quelle raison le ministère a-t-il encore
repoussé le projet de construction de la polyvalente du Portage dans
l'île de Hull? Qu'est-ce qui retarde...
M. Cloutier: Le ministère a une proposition à
l'heure actuelle pour obtenir un budget pour la construction de cette
école et c'est un des cinq ou six projets qui sont, à l'heure
actuelle, à l'étude au niveau du Conseil du trésor.
M. Léger: Peut-on avoir un échéancier pour
savoir quand la décision sera prise?
M. Cloutier: Le plus vite possible, mais il n'est vraiment pas
possible de donner de date. Le projet est à l'examen entre nous et le
Conseil du trésor à l'heure actuelle. Alors, il est à
l'étape finale.
Il y a des centaines de projets qui sont à l'étude dans le
cadre de cette révision et il y en a eu un nombre très
considérable de débloqués.
M. Léger: Le ministre pourrait-il me dire... Si vous vous
mettez à la place de la Commission sco-
laire régionale de l'Outaouais, que peut-elle faire pour la
prochaine saison scolaire pour remplacer ces locaux manquants?
M. Cloutier: C'est précisément ce que nous sommes
en train de faire.
M. Léger: Vous me dites que l'échéancier est
entre les mains du Conseil du trésor.
M. Cloutier: Cela signifie qu'il ne suffit que de
débloquer le budget. Toutes les autres étapes ont
été franchies.
M. Léger: D'accord. Dans une autre région, le
ministre a semblé avoir été mis au courant d'un probable
conflit d'intérêts à la régionale Salaberry
où un commissaire, M. D. E. Lefebvre, serait impliqué. Il serait
à la fois commissaire et copropriétaire d'une firme de machines
distributrices exploitant la cafétéria d'une école de la
régionale. Ce dernier aurait fait bloquer des améliorations dans
la qualité de la nourriture des machines distributrices de la
cafétéria. Le ministre est-il au courant de cela?
M. Saint-Germain: Nous sommes toujours à
l'élément 6, si je ne m'abuse.
M. Léger: Une autre régionale dans Salaberry.
M. Saint-Germain: Alors, ce n'est pas une question sur les
investissements.
M. Léger: M. le Président, à quel article
pensez-vous qu'on peut poser une telle question?
M. Cloutier: Sur les conflits d'intérêts.
M. Léger: Oui! Trouvez cela dans les conflits
d'intérêts! Vous n'oseriez jamais inclure un tel article aux
crédits.
Le Président (M. Pilote): J'inviterais le
député de Lafontaine à réserver de telles questions
à la fin de l'adoption des programmes et on lui donnera...
M. Léger: A la fin des programmes?
Le Président (M. Pilote): Oui.
M. Léger: D'accord, M. le Président.
Le Président (M. Pilote): ...du temps pour poser de telles
questions.
Enfants déplacés à
Newport
M. Léger: Le ministre a reçu des
représentations de beaucoup de parents des villes, de la ville de
Newport, entre autres, qui viennent de réaliser que la commission
scolaire régionale envisage le déplacement de leurs enfants du
secondaire I et II à Chandler, non pas à la polyvalente, mais
dans un bâtiment qui n'offre pas d'autres avantages, en termes
d'aménagement, que ceux dont ils bénéficient dès
à présent. Les parents demandent que leurs enfants évitent
les 21 milles de distance entre les deux villes et demeurent à
l'école Saint-Dominique de Newport. Est-ce que le ministre ou son
représentant peut faire le point sur ce problème?
M. Cloutier: Nous sommes au courant de ce problème local
et nous allons faire le point là-dessus, sur les développements
récents.
Nous avons reçu au ministère le mémoire du
comité de parents qui attirait notre attention de même que celle
de plusieurs autres institutions sur ce problème. Nous leur avons
répondu essentiellement ceci: II appartient à la commission
scolaire de faire le plan d'organisation scolaire de son territoire. Mais il
peut arriver que la commission scolaire juge plus économique, plus
souhaitable au point de vue pédagogique aussi, de fermer certaines
écoles et de centraliser les élèves en un autre endroit.
Cependant, la commission scolaire devrait discuter de ces raisons, des raisons
des objectifs derrière ce plan avec les populations concernées.
Nous avons envoyé cette lettre qui invitait à un dialogue au
niveau local, nous avons envoyé cette lettre à la fois au
comité de parents concernés et à la commission scolaire.
Nous n'avons pas eu de nouvelles pièces au dossier depuis cette lettre
qui date d'une couple de mois, je pense.
Ce sont des centaines de problèmes analogues que l'on
règle constamment ou qu'on essaie de faire évoluer.
M. Léger: Le ministre peut-il me répondre comme
information générale, c'est une situation qu'on revoit, vous
venez de le dire, des centaines de fois...
M. Cloutier: Ah oui, bien sûr!
M. Léger: ...quand les parents ne peuvent pas obtenir
justice ou du moins n'obtiennent pas de résultats concrets à
leurs revendications à la commission scolaire, à quel moment ou
à quel niveau le ministère peut-il intervenir puisque c'est une
responsabilité de la commission scolaire locale?
M. Cloutier: Ecoutez-moi bien, encore faut-il s'entendre sur
"obtenir justice" ou "voir leurs revendications acceptées".
Ce n'est pas comme cela qu'une société évolue, ce
n'est pas à coup de revendication et de pression. Fréquemment les
parents sont bien intentionnés, mais ont certaines difficultés
à voir le problème que leurs administrateurs tentent de
régler.
Il ne faudrait pas avoir l'air de prendre parti trop vite, pour un
groupe ou pour l'autre. Nous avons ici, au Québec, un système
scolaire qui est d'ailleurs largement inspiré du modèle
nord-américain, qui est probablement le plus ouvert au monde je
dirais certainement le plus ouvert au monde et le plus axé sur la
participation je dirais même trop axé sur la participation
mais le moment viendra pour moi de m'expliquer là-dessus un de
ces jours.
Ceci signifie que les commissaires d'écoles sont élus.
Est-ce qu'on peut imaginer un meilleur
contrôle démocratique? Voilà une méthode pour
faire valoir des vues qui correspondraient davantage à celles de la
majorité du milieu.
De plus, il y a le truchement des comités d'écoles et des
comités de parents qui permettent même si ces
comités restent seulement consultatifs et resteront consultatifs, je
tiens à le souligner de faire valoir également les vues de
la population.
Il y a des raisons historiques, bien sûr, mais ce système a
été pensé pour coller le plus possible aux
réalités. Le ministère ne peut pas, constamment, jouer le
rôle d'arbitre. Ce n'est pas un tribunal auquel on doit s'adresser.
Cependant, le ministère, par ses bureaux régionaux, tente
constamment d'améliorer la concertation. Je vous ai parlé de ces
tables de concertation, de toutes les instances dans certaines régions,
comme par exemple, le Lac Saint-Jean, et c'est par le truchement de ce
mécanisme que l'on peut essayer de trouver des compromis.
Les administrateurs scolaires ont un budget dont ils doivent tenir
compte et sont souvent obligés de prendre des décisions qui sont
des décisions douloureuses, comme fermer une école, parce qu'il y
a cinq ou six élèves dedans et que ces élèves ne
peuvent pas recevoir un enseignement de qualité, ce qui en fait des
défavorisés par rapport au reste de la population
québécoise.
Si les commissaires prennent cette décision, ceci signifie
peut-être regrouper trois ou quatre villages; nous avons eu une situation
analogue dans le Nord-Ouest.
Il faut donc, au lieu d'assumer immédiatement que ceux qui
revendiquent ont nécessairement raison, essayer de voir toute la
dynamique en jeu. C'est cette dynamique qu'il faut tenter de favoriser et non
pas arriver avec des jugements ex cathedra comme si le ministère de
l'Education avait à tout décider.
M. Léger: Je suis d'accord. Le ministre, je
l'espère, ne croyait pas que je voulais, au départ, dire qu'une
partie a raison. Je parlais d'une façon pratique de régler un
problème qui se présenterait comme ceci: Des parents vivent un
problème humain et pour le résoudre, ils revendiquent,
auprès de leur commissaire, des solutions humaines à des
problèmes humains.
Mais souvent, les commissaires d'écoles, dont la première
préoccupation est souvent l'aspect administratif, l'aspect
d'équilibrer leur budget à l'intérieur de l'enveloppe ou
de la masse d'argent qu'ils possèdent, trouvent des solutions qui
peuvent être très bonnes, très pratiques, mais qui ne
conviennent pas aux parents qui eux, voient je donne l'exemple
des élèves faire 21 milles pour aller à l'école,
parce que cela va être plus pratique, moins onéreux pour la
commission scolaire qui va pouvoir équilibrer son budget à
l'intérieur de ces normes.
Quand les parents ont fait valoir leur point de vue auprès de la
commission scolaire prenons comme hypothèse le fait que les
parents sembleraient avoir raison sur le plan humain que les deux
s'affrontent parce que les deux ont raison, l'un sur le plan administratif et
financier et l'autre sur le plan humain.
Qu'est-ce que le ministère peut faire à ce
moment-là? Selon les normes actuelles, est-ce que c'est une pression
morale que le ministère peut faire sur les commissions scolaires? Est-ce
qu'il y a des facettes dans la loi qui lui permettent d'intervenir quand il y a
un conflit comme cela?
M. Cloutier: II n'y a pas de facette dans la loi qui lui permette
d'intervenir d'autorité, dans un cas comme celui-là. J'ai
tenté d'expliquer sans doute fort maladroitement que le
ministère faisait évoluer les dossiers. J'ai parlé de ces
tables de concertation. J'ai parlé de nombreuses rencontres. Nos
fonctionnaires vont constamment dans le milieu pour tenter d'aider les gens
à mieux se comprendre.
Entre vous et moi, vous ne croyez pas qu'il y a quand même, au
départ, dans un système scolaire comme le nôtre, un grand
avantage dans le fait que les parents peuvent s'adresser à ceux qui
sont, théoriquement, le plus près d'eux, c'est-à-dire des
commissaires qu'ils ont élus eux-mêmes. C'est beaucoup mieux que
si, dans un système centralisé, les parents n'avaient d'autre
recours que l'administration considérable, une administration un peu
déshumanisée, comme toutes les grandes administrations.
Je vous donne donc là l'exemple d'un mécanisme qui existe
et l'exemple de la façon dont nous procédons. Je dois dire que,
dans l'ensemble, nous réussissons à faire évoluer la
très grande majorité des problèmes. Ce sont des centaines
et des centaines de cas. A l'occasion, il y en a quelques-uns qui filtrent dans
les journaux. Il y en a un grand nombre d'autres qui ont fait l'objet d'accords
ou d'ententes et le ministère a tenté d'intervenir le plus
discrètement possible dans ces cas-là.
M. Léger: D'accord. Mais le ministre admettra quand
même que les commissions scolaires, avec toute leur bonne volonté,
évoluent à l'intérieur de contraintes imposées par
le ministère, ce qui fait que, parfois, si on voulait, à
l'occasion d'une élection suivante, parce que les commissaires n'ont pas
donné suite aux revendications des parents, que les commissaires soient
élus et d'autres battus, que les nouveaux élus soient
obligés d'évoluer à l'intérieur des mêmes
contraintes imposées par le ministère.
C'est donc dire que le ministère représente
peut-être, dans l'opinion et des commissions scolaires et des parents, un
peu comme un tribunal suprême, puisque c'est lui qui établit des
normes, à l'intérieur desquelles les commissaires évoluent
et trouvent des solutions qui ne sont pas satisfaisantes aux parents. Les deux
se demandent s'il n'y aurait pas moyen de corriger ces contraintes.
M. Cloutier: Oui. J'ai déjà tenté
d'expliquer au député de Lafontaine qu'il y a deux façons
de budgétiser. On peut budgétiser à partir des besoins et
on peut budgétiser à partir d'une masse, c'est-à-dire
d'une enveloppe.
Si vous budgétisez à partir des besoins, il n'y a pas de
limite. J'ai rencontré récemment un groupe de
représentants d'un milieu très dynamique qui m'a exposé
ses besoins. Ils ont d'ailleurs trouvé que
je répondais de façon très positive, parce que tout
ce qu'ils me disaient était certainement justifié.
A la fin, ils m'ont dit: Ecoutez, monsieur, nous pensons que nous vous
avons vraiment sensibilisé. Vous avez l'air d'être d'accord avec
nous. J'ai dit: Oui, je suis entièrement d'accord sur toutes les
propositions que vous m'avez faites. J'ai calculé un peu, en vous
entendant, et il faudrait, ensemble, que nous trouvions $350 millions.
Ils se sont mis à rire. J'ai tenté, par cette petite
expérience, de leur faire prendre conscience qu'il existait quelque
chose qui s'appelait le bien général qui débordait parfois
le territoire immédiat d'une commission scolaire.
Si on budgétise à partir des besoins réels ou des
besoins perçus, ce n'est pas la même chose. Je vous dis tout de
suite que ce n'est pas $2,200,000,000 que je vais demander, M. le
Président. C'est $7 milliards à $8 milliards, c'est-à-dire
tout le budget du Québec, et, encore, il en manquerait.
Je pense qu'on se retrouve là-dessus. Par conséquent,
c'est à l'intérieur d'une enveloppe. Il y a des contraintes,
c'est évident, mais infiniment moins qu'il n'y en a jamais eu, parce
que, grâce à cette transférabilité des postes
budgétaires dont j'ai parlé dans mes remarques
préliminaires, les commissions scolaires peuvent faire des
priorités. J'ai d'ailleurs donné l'exemple de commissions
scolaires qui utilisaient le ratio, sur l'île de Montréal, de
façon différente les unes des autres. C'est là qu'est la
marge de manoeuvre et il appartient aux fonctionnaires du ministère,
lorsqu'ils visitent les milieux, de tenter de le montrer aux commissions
scolaires et, le cas échéant, de suggérer certaines
solutions.
Inévitablement, il y aura des contraintes. Je souhaite les faire
disparaître à un point tel que les commissions scolaires auront un
budget global. Mais, forcément, il y aura toujours un budget, parce que
le budget, c'est l'effort que la société peut consentir.
J'ajoute qu'ici, au Québec, nous avons et cela n'existe
pas partout la possibilité, en plus du budget
général, d'avoir des dépenses inadmissibles, ce qui permet
à des milieux donnés de fournir un effort accru si le milieu le
souhaite, autrement dit, de s'imposer des sacrifices accrus.
M. Léger: Justement, là-dessus, en fin de semaine,
j'ai eu une expérience précise de difficultés provenant de
normes, de ratios, entre autres, et les professeurs et les commissaires
d'écoles qui étaient présents dans la région de
Lachute...
M. Saint-Germain: M. le Président, je soulève un
point de règlement. Ce sont des discussions intéressantes, mais
je tiens à vous faire remarquer que nous sommes dans les
investissements. Je crois que toutes ces questions sont
irrégulières, du moins la dernière qu'on vient de poser,
quelle que soit son importance. On n'est pas dans les investissements. Je pense
bien que, pour que nos travaux avancent...
M. Léger: M. le Président, je pense que le
député a raison. Cela va couper court. Le député a
raison.
M. Saint-Germain: ... il faudrait...
M. Léger: Le député a raison. Cela va
éviter...
M. Cloutier: Notre discussion n'a pas été
inutile.
Commission scolaire de Tilly
M. Léger: M. le Président, concernant une autre
région, je pense que le ministre a reçu de plus en plus de
demandes et de représentations concernant l'école de la
commission scolai re de Tilly, campus 1. La commission scolaire a
demandé au ministère des sommes afin de rendre ce bâtiment
vivable et utilisable, car il semble que l'état de délabrement
s'accentue de plus en plus.
Où ces demandes en sont-elles maintenant?
M. Cloutier: J'aurais besoin de quelques instants. Comme il y a
plusieurs milliers d'écoles au Québec, il faut quand même
que je m'assure que nous avons l'information immédiatement disponible
pour chacune d'elles.
On a eu la demande et on avait convenu avec la commission scolaire de
Tilly que cette demande pouvait être recevable dans le cadre de travaux
de réfection majeurs, autrement dit la commission scolaire n'avait pas
à se servir de son budget régulier d'entretien de ses immeubles
pour faire la réparation de campus! Le projet est, à l'heure
actuelle, à l'examen à la direction générale de
l'équipement pour s'entendre sur le coût, le type de
réaménagement qu'on doit faire, etc.
M. Léger: Est-ce qu'il y a un échéancier
concernant les réalisations?
M. Cloutier: II est un peu tôt, je pense, pour fixer des
dates sur le moment où cela peut se faire, mais ce serait...
M. Léger: Cela s'en vient.
M. Cloutier: ...pour une décision très
prochaine.
M. Léger: M. le Président, concernant les
immobilisations et l'élément où nous sommes, j'ai
terminé. J'aurais d'autres questions dans un autre domaine qui est
encore dans le programme 6. Est-ce qu'il y a d'autres députés...
pour ne pas prendre tout le temps là-dessus? C'est ce que j'ai fait
tantôt...
M. Cloutier: Je suis très impressionné. C'est
très bien. Je pense que le député de Lafontaine commence
à apprendre.
Le Président (M. Pilote): L'élément 6 est
adopté?
M. Léger: Un instant, je n'ai pas dit cela.
Le Président (M. Pilote): Oui, mais vous avez
terminé vos questions. J'ai posé la question.
M. Léger: L'élément...
Le Président (M. Pilote): L'élément 6 est
adopté?
M. Léger: Adopté. M. Cloutier:
Adopté.
Le Président (M. Pilote): Elément 7: Service de la
dette.
M. Léger: M. le Président, je n'ai rien
là-dessus. M. Cloutier: Adopté.
Le Président (M. Pilote): L'élément 7 est
adopté?
M. Léger: Ma question est sur l'élément 4...
M. Cloutier: Du programme 6. M. Léger: ...du programme
6.
Le Président (M. Pilote): Elément 4: Services
généraux.
M. Saint-Germain: Cela a été adopté.
M. Léger: Non, élément 4 du programme 6.
Le Président (M. Pilote): Oui, c'est cela que je dis.
M. Léger: M. le Président, ce sont trois questions
bien précises.
M. Saint-Germain: Je soulève un point de règlement,
cela a été adopté. On est rendu au service de la
dette.
M. Léger: Cela touche les écoles pour
handicapés.
M. Saint-Germain: Si on n'a pas...
Le Président (M. Pilote): On va permettre au
député de Lafontaine de poser une question là-dessus.
Enfance inadaptée
M. Léger: M. le Président, cela touche trois
points. Est-ce que le ministre pourrait nous dire combien il y ad'écoles
pour l'enfance inadaptée qui sont encore rattachées aux Affaires
sociales et non à l'Education?
M. Cloutier: Dans l'ensemble de la province, il y en a environ
je donne un chiffre entre 80 et 90 qui sont de statuts divers.
Ces statuts sont parfois équivoques, soit des établissements
privés, soit des établissements conventionnés, je ne sais
pas le mot exact, avec les affaires sociales. D'une façon
générale, il en resterait, ou il y a actuellement à peu
près 80 de ces écoles qui sont pi utôt rattachées
aux Affai- res sociales, bien que dans une certaine mesure, donnant des
services d'éducation. Sur ces 80, la grande majorité se trouve
dans la région de Montréal. Je pense que c'est 50 ou 60 dans la
région de Montréal.
M. Léger: Est-ce que les deux ministères se sont
entendus pour un transfert d'un côté ou de l'autre et dans quelle
direction cela va?
M. Cloutier: Les deux ministères se sont entendus il y a
un an pour mettre en marche conjointement ce qu'on a appelé la mission
des établissements pour handicapés. Cette mission est mixte.
Donc, les deux ministères y participent. Elle a commencé ses
travaux dans la région de Montréal, compte tenu du fait que c'est
là que se trouve le plus grand nombre d'établissements. Le
principe directeur est le suivant: La fonction enseignement relèvera de
l'Education; la fonction réhabilitation, soins, des Affaires sociales;
la partie majeure de ces deux proportions se trouvera à décider,
si on veut, du rattachement de l'établissement à l'un ou à
l'autre des ministères. Cependant, je pense qu'on peut dire dès
maintenant que la tournée qui a été faite... chacun des
établissements de Montréal aété visité ou
est en train de l'être, cela achève, cela dure depuis six mois. La
partie de l'éducation, en général, est majeure dans la
plupart des cas. Ce qui est examiné avec chacun des
établissements, c'est le statut juridique qui serait le plus compatible
avec son genre de travail, soit un rattachement direct à une commission
scolaire, soit un contrat avec une commission scolaire, un contrat
d'association, soit même, dans certains cas plus rares, un statut
d'établissement privé en vertu de la Loi de l'enseignement
privé selon les cas je pense que c'est beaucoup plus rare
soit un statut en vertu de la loi 65 qui régit les organismes
dépendant du ministère des Affaires sociales.
M. Léger: Est-ce que cela peut créer des
problèmes administratifs du fait que les deux ministères vont
être responsables, une partie dans l'éducation, l'autre dans la
réhabilitation et les soins?
M. Cloutier: L'idée était justement
d'éclaircir toutes ces questions, avec l'accord des
établissements et de leur personnel, de leurs employés
également et des parents qui ont des enfants dans les
établissements, de choisir le statut qui sera le plus approprié
pour éviter les équivoques de rattachement. Selon qu'un
établissement va être dans un réseau plutôt que dans
un autre, il aura à faire des contrats de service avec l'autre
réseau. L'appartenance devra être claire. C'est l'idée de
base de cette opération. Elle devra être assez avancée au
mois si on compte l'été de septembre pour que la
zone métropolitaine de Montréal soit à peu près
couverte où les établissements vus et les projets de statut
à peu près fixés.
M. Léger: Cela va être en cours cette année?
Cela va être clarifié cette année?
M. Cloutier: Oui, je pense qu'il y en aura un
certain nombre dont le statut sera clarifié à temps pour
la rentrée de septembre 1975. Le grosde l'opération sera
terminé pour septembre 1976. C'est, effectivement, un problème
où il y avait équivoque dans les statuts et les rôles des
établissements, le rattachement et le financement.
M. Léger: D'accord. Est-ce que le ministre pourrait me
donner un tableau de la situation exacte, pour mon comté, de la fameuse
école pour semi-éducables qui avait dû être
accordée par le ministre précédent? Où en est-on
rendu maintenant? Où va-t-elle être construite? Comment cela
va-t-il coûter, etc., en loyer?
M. Cloutier: Alors, c'est le député de Lafontaine,
ce n'est plus le critique officiel de l'Opposition.
M. Léger: Je vais critiquer si ce n'est pas bon.
M. Cloutier: Oui, elle est en processus de réalisation,
cette école. Elle est en troisième phase. Les plans et devis vont
être.approuvés sous peu.
Cela signifie que c'est un processus irréversible.
M. Léger: Est-ce que la localisation va être
à Saint-Léonard ou à Pointe-aux-Trembles?
M. Cloutier: C'est déterminé par la commission
scolaire. C'est à Pointe-aux-Trembles.
M. Léger: Pointe-aux-Trembles. Alors, quand vous dites:
Troisième phase, l'approbation des plans et devis, la phase suivante,
c'est la construction?
M. Cloutier: La construction, c'est cela.
M. Léger: Qu'est-ce qu'il advient des projets
déjà lointains de la commission scolaire régionale de
l'Estrie, concernant l'enseignement aux enfants handicapés? Il s'agit,
évidemment, de cas des 250 enfants entassés dans des conditions
qui n'ont rien à faire avec la réadaptation. Dans le cas de
l'Immaculée-Conception, à Sherbrooke, la commission
régionale a soumis au ministère un plan de réorganisation
il y a déjà un an, qu'est-ce qui retarde?
M. Cloutier: On est en train d'étudier le dossier avec le
bureau régional et avec notre direction générale de
l'équipement. On n'a pas de conclusion et de recommandation de faite au
ministre encore, sur ce sujet, mais on est saisi du dossier.
M. Léger: Mais vous venez d'être saisi, parce qu'on
m'a dit que cela fait déjà plus d'un an.
M. Cloutier: II est à l'étude présentement
avec le bureau régional et à la direction générale
de l'équipement.
Cela passe toujours par les bureaux régionaux d'abord.
M. Léger: C'est peut-être au bureau régional
que cela a duré un an, peut-être.
M. Cloutier: II faudrait vérifier.
M. Léger: Comme le ministre le sait, j'ai pris le
problème à la source. Pour eux, le problème dans la
hiérarchie administrative de tous les ministères, c'est
compliqué.
M. Cloutier: Cela l'est, en fait.
M. Léger: Alors, pour éclairer ma lanterne
là-dessus, vous dites que vous êtes saisi du problème
maintenant.
M. Cloutier: Oui, on est saisi du problème maintenant et
on est en train de l'étudier.
Cela va, on n'a pas d'autre chose à dire là-dessus.
M. Léger: Un instant, j'allais chercher d'autres
renseignements.
M. Cloutier: Non, l'information est filtrée ici.
M. Léger: Ah bon! cela arrête là. Maintenant,
on est rendu à Trois-Rivières. Malgré un avis favorable de
la direction générale de l'enseignement à l'enfance
inadaptée, il semble que la construction d'une école pour cette
clientèle, dans la région de la Mau-ricie, sera retardée
pour un bon bout de temps. Quelles sont les raisons qui ont amené ce
retard?
M. Cloutier: Est-ce qu'il y a encore beaucoupde cas individuels,
parce que je vais convoquer tout le service ici?
M. Léger: M. le Président...
M. Cloutier: Non, c'est simplement pour savoir.
M. Léger: Le ministre ne peut pas me reprocher de me
renseigner auprès de la population qui a des problèmes.
M. Cloutier: Au contraire, mais je pense qu'étant
donné qu'il y en a plusieurs milliers, il serait peut-être utile
que je fasse venir les fonctionnaires qui s'en occupent plus
particulièrement.
M. Léger: Est-ceque je peux dire au ministre de
l'Education que, depuis cinq ans, avec le ministre des Affaires municipales et
son prédécesseur il y a 1,585 municipalités
à chaque question que je posais pour les municipalités les plus
éloignées, le ministre avait avec lui le personnel qui lui
donnait des renseignements et j'avais une réponse immédiate. Je
ne vois pas pourquoi le ministre actuel ne pourrait pas me donner des
réponses le plus proche possible de la réalité, remarquez
bien...
M. Cloutier: C'est ce que je fais depuis le début.
Maintenant, il faut dire que votre prédécesseur, puisque vous
utilisez d'autres exemples, procédait d'une façon tout à
fait différente...
M. Léger: ... aurait prévenu.
M. Cloutier: ... et avait, tout en respectant le
règlement, l'art de se situer au niveau qui nous permettait de
procéder un peu plus rapidement. Il est bien évident que nous
sommes à votre disposition pour répondre à toutes les
questions.
M. Léger: Vous avez pris de bonnes résolutions en
fin de semaine. Je vous félicite.
M. Cloutier: Bien sûr!
M. Léger: Cela va mettre un meilleur...
M. Cloutier: Je constate que l'algarade que les
députés libéraux ont servie au député de
Lafontaine a servi, parce qu'il accepte maintenant de travailler dans le cadre
du règlement et suivant un certain ordre. J'ai l'impression qu'à
la fin des crédits, on...
M. Léger: M. le Président, je suis obligé...
Pour éviter que le ministre fasse encore de fausses déclarations
et qu'il interprète mal, je suis toujours dans la même attitude,
c'est que, sur un programme particulier, quand j'ai la parole et que je termine
sur un sujet précis, je n'ai pas d'objection à laisser la parole
à d'autres sur le même sujet, mais je veux reprendre la parole par
la suite sur des sujets différents. Je pense que c'est encore la
même politique.
SurTrois-Rivières, maintenant, M. le Président.
M. Cloutier: L'information, en partie, vous l'avez
déjà. Le ministre a insisté, dans ses notes liminaires,
quand il a parlé d'équipement, sur les priorités qu'on est
obligé de respecter parce qu'on ne peut pas réaliser l'ensemble
des projets qui nous sont soumis en même temps. La priorité est
donnée, au cours des deux prochaines années, au
parachèvement du réseau d'écoles secondaires polyvalentes.
Nous avions retenu, pour ces deux années, sept projets d'écoles
pour enfance inadaptée, et un certain nombre d'autres étaient
à l'étude, dont celui de la Mauricie. Mais il serait difficile,
dans les budgets d'équipement que nous avons à l'heure actuelle,
sans changer l'ordre des priorités, sans dire, par exemple: Nous
construirons les écoles secondaires polyvalentes sur une période
de cinq ans au lieu d'une période de deux ans, sans faire cela, il
serait difficile de réaliser plus que six ou sept projets
d'écoles pour enfance inadaptée.
A l'heure actuelle également, nous sommes en train de discuter du
concept de ces écoles, et nous devrions, sur le concept même, en
arriver, avec le ministère des Affaires sociales, à une
conclusion ou à une orientation générale à la fin
du mois de mai ou au début de juin, sur le type d'écoles qu'il
faut implanter. A l'origine, il nous a été demandé
plusieurs écoles selon le modèle qu'on préconisait
à ce moment, une école de 150 élèves qui regroupe
et qui ramasse tous les enfants inadaptés d'un territoire souvent assez
vaste, surtout si on sort des territoires très urbanisés de
Québec et de Montréal. Ce concept, de l'école de 150 ou de
200 élèves pour enfance inadaptée, est en voie
d'être réexaminé. Je ne dis pas qu'il va être
abandonné, mais il pourrait être abandonné au profit d'un
concept qui proposerait des aménagements beaucoup plus restreints de
taille, à l'intérieur d'écoles existantes. La proposition
de politique là-dessus, nous pourrions la faire à notre ministre
au cours du mois de juin, probablement.
Il y a deux réponses à votre question: II y a la question
des priorités et il y a la question même de la conception du type
d'équipement qu'on doit bâtir pour l'enfance inadaptée.
M. Veilleux: Avec les propos que vient de tenir le fonctionnaire
du ministère, je pense qu'on revient un peu à une question que
j'avais posée au début, sur l'école d'initiation à
la vie et la régionale Honoré-Mercier.
Si j'ai bien compris, on me dit que des suggestions pourraient
être faites au ministre en juin, quant à une politique au point de
vue de la grandeur d'écoles, du genre d'écoles d'initiation
à la vie, dans les différents milieux de 250, 200
élèves, pouvant baisser à d'autres et les intégrant
dans différents milieux.
Je suis parfaitement d'accord que le ministère étudie ces
possibilités pour ne pas arriver à un gigantisme peut-être
plus petit, mais qui pourrait avoir un plus grand effet que les
régionales qu'on a présentement.
Il y a cependant un autre facteur dont il faut tenir compte, et je
reviens à celui avec lequel nous sommes confrontés à la
régionale Honoré-Mercier, c'est qu'il y a, dans ce secteur, au
moins 152 enfants. A l'heure actuelle, dans l'école où c'est
parce que c'est dans un orphelinat au centre
Thérèse-Martin à Saint-Luc on a refusé, au
mois de septembre, des élèves faute de place. Les religieuses,
propriétaires du centre familial Thérèse-Martin refusent
de renouveler le bail de location avec la régionale, et la commission
scolaire régionale Honoré-Mercier se retrouvera probablement
à donner l'enseignement aux enfants sur le parterre qui existe, sur le
boulevard en face du centre Thérèse-Martin, parce qu'il n'y a pas
de local disponible.
Il ne faudrait quand même pas se retrouver dans une situation
qu'on a connue dans ce secteur pendant de nombreuses années au
ministère. Je dois dire qu'il se fait un effort dans le sens
d'empêcher ces choses, et que ces enfants ont toujours été
je prends l'expression qui va illustrer très bien la situation
dans laquelle ils se trouvaient parqués dans des fonds de cour,
dans des deuxièmes étages de garage. Je ne voudrais quand
même pas qu'à la régionale Honoré-Mercier, on se
retrouve au mois de septembre dans une même situation, compte tenu qu'il
y a déjà eu une entente agréée par le
ministère, entre la régionale Honoré-Mercier, la
régionale Lignery, la régionale Chambly, la South Shore, la
commission scolaire protestante anglophone de la rive-sud, pour que ces enfants
viennent à Saint-Jean. Il n'y a pas de local. Il faudrait qu'une
décision au ministère soit prise dans les délais les plus
brefs, compte tenu du travail d'échéancier du plan quinquennal
dont M. Jacques Plourde faisait
mention au directeur général de la commission scolaire
régionale le 22 mars 1974.
M. le Président, je demande au ministère s'il y aurait
possibilité, pour le cas précis de la régionale
Honoré-Mercier, qu'une décision soit prise dans les semaines
à venir, concernant l'école d'initiation à la vie, parce
qu'on va se retrouver devant un problème insoluble au mois de septembre,
si des mesures énergiques ne sont pas prises immédiatement par le
ministère de l'Education, pour l'école d'initiation à la
vie à la régionale Honoré-Mercier.
J'ai eu la visite, M. le ministre, des parents, du comité
d'école de parents au moins trois visites depuis un mois
des administrateurs de la régionale, et je dois dire que ce cas
traîne au ministère depuis au moins 1972. L'acquiescement avait
été donné en 1972. On a demandé, quelque temps
après, de remettre cela, et je sais de bonne part que les esquisses
préliminaires de l'école sont rendues au ministère. Il y
aurait peut-être lieu, de la part du ministère, en attendant
qu'une politique soit bien définie, d'ici, par exemple, le mois de juin,
qu'on continue à travailler sur les esquisses préliminaires, pour
en venir à un plan définitif, tout en vous laissant quelques
semaines de délai pour décider de la date d'exécution.
Mais si on attend pour travailler les esquisses préliminaires que la
date d'exécution soit décidée, il sera trop tard pour la
régionale Honoré-Mercier et pour ces enfants.
M. Cloutier: Je suis d'accord avec le député de
Saint-Jean. D'ailleurs, l'école dont il parle fait déjà
partie des priorités. Il s'agit d'un projet autorisé. La
définition de politique à laquelle on a fait allusion s'est
révélée nécessaire à la suite de concepts
différents de la part des Affaires sociales et du ministère de
l'Education. On y a fait allusion il y a quelques instants, et on tente
d'harmoniser ces deux points de vue. Il est bien évident que les
Affaires sociales sont particulièrement bien placées aussi pour
donner leur opinion. On ne peut pas mettre de côté l'approche que
ce ministère nous suggère en ce moment, qui est une approche
peut-être plus modeste et une approche qui faciliterait davantage
l'intégration.
Nous aimerions tout de même mettre un peu d'ordre dans ces
concepts, définir une politique et aller de l'avant avec les projets
déjà adoptés.
M. Veilleux: Je suis d'accord avec le ministre qu'il est
essentiel que le ministère des Affaires sociales puisse faire des
suggestions au ministère, mais permettez-moi de vous dire, M. le
ministre, que vous pourrez retransmettre le message aux Affaires sociales quand
vous en discuterez avec eux, le ministère des Affaires sociales oblige
la commission scolaire, en septembre prochain, à prendre un certain
nombre d'élèves, et on n'a pas de local. C'est là la
problème. Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise?
M. Cloutier: On ne se fera pas bloquer par des définitions
de politique, vous pouvez avoir ma parole là-dessus. Le Québec a
fait des efforts considérables en ce qui concerne les enfants
handicapés. C'est un problème que l'on trouve partout, un pro-
blème universel; alors, on va certainement essayer, même si on n'a
pas toutes les réponses, d'aller de l'avant.
M. Veilleux: Pour le cas de la régionale
Honoré-Mercier?
M. Cloutier: Pour les cas des projets que nous avons
énumérés comme prioritaires. Il se trouve que ce projet
l'est et fait partie du groupe.
Le Président (M. Pilote): L'honorable député
de Matane.
M. Côté: M. le ministre, puisque le
député de Lafontaine nous a invités à parler des
handicapés, je vois, à l'élément 3, l'aide
financière aux étudiants handicapés. Est-ce que je
pourrais avoir un petit portrait? Quels sont les critères pour que des
étudiants soient admissibles à ce plan?
M. Cloutier: Si le député de Matane n'avait pas
objection, il y aurait peut-être intérêt à ce que
nous prenions cela dans le groupe 7, alors que nous aurons tout le
problème des prêts-bourses.
M. Côté: D'accord. Parfait. C'est-à-dire que
c'est le programme 2, élément 7.
M. Cloutier: C'est cela, mais c'est le groupe 7 dans la feuille
de discussion. C'est le programme 2, élément 7.
M. Côté: D'accord.
Le Président (M. Pilote): D'autres questions?
M. Cloutier: Ce sera plus facile de situer cela en
perspective.
Ecole Saint-Roch de Sherbrooke
M. Léger: II y aurait seulement, M. le Président,
une question concernant l'école Saint-Roch à Sherbrooke. Il
semble que le dossier commence le 11 mars 1970. Le ministère en a
été saisi le 19 janvier 1972 et cela traîne encore. Il y a
même le bureau régional du ministère de l'Education qui
avait ac-ceptéune dépense de $900,000. Ce n'est pas pour les
enfants handicapés, excusez-moi, c'est une dernière question dans
le programme 6. Est-ce que le ministre peut nous dire où en sont rendues
les solutions possibles pour le réaménagement de l'école
Saint-Roch à Sherbrooke?
M. Cloutier: Oui, le projet est à l'examen à la
direction générale de l'équipement avec une recommandation
du bureau régional de Sherbrooke. Le dossier est complet chez nous et il
est à l'examen. Evidemment, cela vaut peut-être la peine de le
souligner. On joue à l'heure actuelle avec environ 200 projets et, pour
tous les gens qui sont concernés par ces projets, ils sont prioritaires,
on devrait normalement, dans un mois ou deux, avoir une réponse sur
celle que vous venez de mentionner. Il s'agit d'une réfection, en fait,
d'une école existante.
M. Léger: Mais, à l'intérieur des quelque
200 projets prioritaires, quand il y en a qui traînent depuis cinq ans,
est-ce que vous mettez une priorité sur ceux-là?
M. Cloutier: Un instant. Je ne suis pas tout à fait
d'accord pour parler de projets qui traînent.
M. Léger: Je ne dis pas nécessairement au
ministère depuis cinq ans.
M. Cloutier: Non, bien sûr. M. Léger: Mais
depuis 1970...
M. Cloutier: Mais il faut peut-être comprendre quel est le
cheminement d'un projet. J'ai indiqué, dans mes remarques
préliminaires, que nous avions mis sur pied un comité directeur
qui comprend les directeurs généraux concernés. Il y en a
un au niveau collégial, il y en a un au niveau élémentaire
et secondaire et nous avons, pour la première fois, fait une
planification de cinq ans. Il y avait un désordre réel. Il y
avait vraiment des projets qui ont été remis en cause une
demi-douzaine de fois. C'est très frustrant pour les populations et pour
une fois je suis tout à fait sur la même longueur d'onde que le
député de Lafontaine lorsqu'il en parle. Mais je voudrais qu'on
voie aussi le problème tel qu'il est et qu'on tienne compte des
solutions que nous avons apportées.
Souvent, les dossiers sont très incomplets. Souvent, il faut
retourner dans le milieu pour demander des renseignements
supplémentaires. Toutes les commissions scolaires ne sont pas
équipées comme peuvent l'être les très grosses
commissions scolaires pour préparer un dossier valable sur le plan
technique. Il y a beaucoup d'explications à donner à cela. Mais
il reste que les délais sont trop longs.
Le Président (M. Pilote): Le programme 10 est
adopté?
M. Léger: En ce qui me concerne, le programme 10 serait
adopté.
Le Président (M. Pilote): Adopté. Le programme 7:
Gestion interne.
Comités d'école
M. Léger: Au programme 7, M. le Président, vous me
permettrez de terminer une série de questions qui touchent le
secondaire, parce que je n'ai pas pu le faire tantôt. Vous m'avez
suggéré de la présenter là. La première
concernait justement la date d'élection des comités
d'école qui doit se faire avant le 15 octobre de chaque année.
Nous avons reçu de nombreuses doléances selon lesquelles cette
date empêche, en particulier, les parents élus d'être en
activité au moment où se prennent réellement les
décisions importantes. En octobre, les jeux sont faits dans la plupart
des secteurs. Je demande au ministère s'il ne serait pas
préférable de modifier la loi pour faire ces élections en
mai?
M. Cloutier: M. le Président, toutes les recommandations
de nos grands conseils, le Conseil supérieur de l'éducation ou le
Conseil des universités, font l'objet d'une étude et d'un suivi.
Autrement dit, elles ne tombent pas dans l'oreille de sourds. Nous avons des
réunions régulières avec ces organismes de manière
à discuter de l'évolution de leurs recommandations. Nous avons
une réunion qui devait avoir lieu demain et que nous sommes
obligés de remettre à cause de la discussion des crédits
et, au cours de cette réunion, nous reverrons, justement, la
recommandation que cite le député de Lafontaine.
Cette recommandation n'a pas fait l'objet de suites actuellement pour
une raison très simple, c'est que nous sommes en train de
réévaluer le statut et le fonctionnement de ces comités,
et c'est uniquement après cette réévaluation que nous
envisagerons la possibilité d'un règlement qui pourrait
être unique pour l'ensemble du territoire. Il ne faut pas oublier que ces
comités ont été créés par la loi 27 pour
l'ensemble du territoire québécois et par la loi 71 pour
l'île de Montréal. Il s'agit là, en somme, d'une initiative
récente.
M. Léger: Au même moment, est-ce que le ministre
peut nous dire si les trois autres recommandations que j'ai lues tantôt
je vais les relire pour les fins du journal des Débats
présentées par le Conseil supérieur de l'éducation
sur le même point, entre autres, 1- que les employés du
ministère de l'Education du Québec et des commissions scolaires
ne soient pas admissibles au comité.
M. Cloutier: Cela fait partie de la même étude.
M. Léger: La même étude là-dessus.
M. Cloutier: Oui. Cela paraît bien logique. M.
Léger: Que vous l'acceptiez.
M. Cloutier: Autant de choses... Oui, maison ne peut pas accepter
un point de détail comme cela. Il faut vraiment revoir le fonctionnement
de ces comités. Comme je vous ai expliqué, ils existent depuis un
temps relativement limité et nous tiendrons compte de cela. Nous tenons
d'ailleurs presque toujours compte des avis du Conseil supérieur de
l'éducation. J'espère bien, d'ailleurs, que le conseil se
prononcera sur le document de la CEQ.
M. Léger: Cela semble être une marotte. M.
Cloutier: C'est un aparté.
M. Léger: C'est un problème. Vous le voyez dans
votre soupe.
M. Cloutier: Ne dites pas cela. Vous allez me faire dire que vous
l'approuvez.
M. Léger: Vous pouvez dire ce que vous voulez. Cela ne
veut pas dire que c'est le cas.
La troisième recommandation est: Que le comité des parents
devienne le conseil des parents et que le comité d'école soit
appelé comité de pa-
rents. Est-ce que le ministre pourrait expliquer un peu les
problèmes et les définitions des deux?
M. Cloutier: Ce n'est pas une recommandation du conseil en soi.
Il s'agit d'une analyse que le conseil a faite d'un certain nombre de
représentations touchant ces structures du comité d'école.
Je n'ai qu'une réponse à donner, c'est celle que j'ai
donnée au début.
M. Léger: Mais pour celle-là, vous
êtes...
M. Cloutier: Je n'ai pas l'intention non plus de donner des
réponses à chacun de ces éléments. Je vous disque
nous avons entrepris, à la suite de l'avis du conseil, une
réévaluation de l'ensemble du fonctionnement de ces
comités. Nous verrons lorsque cela sera terminé.
M. Léger: En d'autres mots, les quatre points que je
mentionne il y en a un quatrième que la moitié des
membres du comité d'école soient sortants au bout d'un an pour
garder, je présume, une continuité...
M. Cloutier: C'est cela.
M. Léger: C'est tout cela qui est étudié et
vous attendez une solution ou une conclusion là-dessus dans combien de
temps?
M. Cloutier: Je ne sais pas si on a un échéancier
là-dessus. Il n'y a pas d'échéancier précis
là-dessus. Nous déterminerons cela lors de nos rencontres avec le
conseil. Je vous ai expliqué déjà que nous devions le voir
demain, nous le voyons la semaine prochaine.
M. Léger: Est-ce que le ministre peut nous dire s'il
s'attend à des modifications de la loi 27 au cours de
l'année?
M. Cloutier: Non. Certainement pas.
M. Léger: Non, ou que vous n'êtes pas encore
rendu...
M. Cloutier: Je n'envisage pas de modification à la loi 27
ni à la loi 71 cette année.
M. Veilleux: M. le Président, sur le sujet soulevé
par le député, il n'a fait que l'effleurer à la fin, je
voudrais tout simplement suggérer au député de Lafontaine
de faire un retour sur les discussions que nous avions eues en commission
parlementaire sur la loi 27. Je me souviens j'y assistais que
vous avez eu des associations de parents qui ont fait sensiblement les
mêmes recommandations. A ce moment-là, le ministre, qui
était M. Saint-Pierre, avait très bien expliqué ce
qu'était le comité d'école, le comité de parents,
le rôle qu'ils devaient jouer, pourquoi le ministère posait
à l'époque tel et tel geste plutôt que tel et tel autre. Je
pense que le député de Lafontaine aurait toutes les
réponses a toutes les questions qui pourraient surgir dans son esprit
face à ce grave problème de savoir si le comité
d'école doit porter le nom de comité d'école ou
comité de parents, etc.
M. Léger: M. le Président, comme de raison, ce
qu'on recherche, je pense que le député de Saint-Jean ne l'avait
pas compris, c'est l'opinion du ministre actuel, en 1975, et non pas l'opinion
de l'ancien ministre, parce qu'on s'est aperçu qu'il y a eu des
décisions différentes du ministre actuel provenant de
décisions bien arrêtées du ministre qui l'a
précédé.
M. Cloutier: Bien sûr, c'est tout à fait normal,
d'ailleurs.
Connaissances générales des
étudiants
M. Léger: M. le Président, j'ai parlé
tantôt, et on m'a dit de revenir à cette étape-ci,
concernant les connaissances générales des étudiants, en
particulier au secondaire. Je disais tantôt qu'on avait relevé des
cas précis d'élèves rendus au secondaire III, qui
n'étaient même pas capables de citer les dix provinces
canadiennes, par exemple, des choses absolument baroques, 9% des
élèves du secondaire ne pouvaient pas citer lesdix provinces
canadiennes. Il n'y en avait que 19% qui connaissaient les dates de la
dernière guère mondiale et 8% seulement pouvaient pointer dix
pays sur une carte géographique. J'en résume seulement
quelques-uns.
Cette situation est très grave, on a parlé au
début, dans les considérations générales, du manque
de formation, de la spécialisation trop hâtive des
élèves. Comme ministre de l'Education, je pense que c'est votre
devoir vous l'avez mentionné au départ de
réagir devant une telle ignorance en connaissances
générales.
Je voudrais savoir ce que le ministre propose concrètement
là-dessus au niveau d'une réévaluation des programmes pour
permettre de mettre plus de temps dans le domaine de la connaissance
générale et éliminer cette spécialisation trop
hâtive.
M. Cloutier: D'abord, vous allez me permettre de situer le
problème en perspective. Le phénomèneque
décrit le député de Lafontaine n'est pas propre au
Québec. On le rencontre dans toutes les provinces canadiennes, on le
rencontre aux Etats-Unis, en Europe. Il semble qu'on déplore un peu
partout au monde, actuellement, la disparition d'un certain type de culture,
soyons prudents, il y a peut-être l'apparition d'un autre type de
culture. Cela reste à voir.
A quoi cela est-il dû? Je crois qu'on doit absolument citer cette
période audio-visuelle dont j'ai parlé lorsqu'il s'agissait d'un
phénomène analogue, c'est-à-dire la dégradation du
français et surtout du français écrit ou, devrais-je dire,
des langues maternelles et surtout des langues maternelles écrites.
Mais il y a aussi certainement le fait que la plupart des pays ou des
régions se sont donné des systèmes d'éd ucation il
y a dix ou q uinze ans, à parti r
d'un certain nombre de concepts pédagogiques. Peut-être
a-t-on été un peu naïf, peut-être a-t-on
été un peu vite au Québec, je me suis posé
avant même d'être ministrede l'Education, un bon nombre de
questions sur plusieurs aspects de notre système d'éducation et
en particulier sur le problème que soulève justement le
député de Lafontaine.
Maintenant que j'y suis, il est pertinent de me demander ce que
j'entends faire. Croyez que ce n'est pas simple, parce qu'il ne suffit pas de
dire qu'on va faire telle chose, il s'agit en somme de réorienter tout
un système d'éducation. Il s'agit de mettre en place, dans une
période somme toute, limitée, des changements. Je vois deux
directions possibles, je les ai indiquées déjà et j'y
reviens avec plaisir.
La première, c'est la décentralisation du système,
qui va assouplir le mode de gestion et qui va mieux déterminer le situs
des responsabilités des différentes instances.
Je rappelle qu'un document, qui sera probable-lent le document le plus
important que j'aurai eu à déposer pendant mon mandat, le sera
d'ici peut-être quinze jours ou trois semaines.
La deuxième direction est la révision des programmes. Cela
aussi est en train. Or, on se heurte à tout un ensemble de
difficultés administratives et aussi, disons-le, à un certain
nombre de conceptions, chez les pédagogues ou même des
fonctionnaires qui ont été impliqués dans un type de
réforme et qui peuvent avoir une certaine difficulté à
envisager d'autres orientations.
Cette révision des programmes a commencé, j'ai même
profité de l'occasion, lorsqu'il s'est agi de l'enseignement de
l'histoire, pour faire en sorte qu'on puisse déjà manifester une
certaine direction que nous souhaitions prendre, le simple fait de rendre
l'histoire obligatoire nous oblige à réviser toute notre
grille-horaire. Parce qu'il y a des équilibres qui sont modifiés.
Je l'ai fait volontairement, précisément parce que je trouvais
utile, expédient, que l'on puisse commencer quelque part. Cette
révision des programmes devrait peut-être faire en sorte qu'il n'y
aura pas de spécialisation trop précoce à
l'élémentaire et faire en sorte aussi que nous devenions plus
directifs, c'est-à-dire qu'il y aura des matières
obligatoires.
Mais il y aura des conséquences; cela peut signifier
également une certaine conception un peu plus rigide des examens, ce qui
va à l'encontre des autoéval uations que l'on souhaite parfois
à la légère dans certains milieux.
Par conséquent, il n'est pas question de revenir en
arrière, mais je crois qu'un coup de barre s'impose à la
lumière de tout ce que nous découvrons, non seulement ici mais
également ailleurs. Ce coup de barre pourrait prendre ces deux
directions.
M. Léger: Mais le ministre admet quand même que le
transfert de la responsabilité, dans une décentralisation, ne
règle pas le problème du changement de programme comme tel. Le
ministre a parlé de refaire un programme de façon qu'on puisse
permettre à l'enfant d'être un peu plus poly- valent. Est-ce que
le ministre peut nous donner des détails à savoir de quelle
façon cela se fera, qui va faire cette réforme de la
programmation?
M. Cloutier: Elle se fait au ministère actuellement, nous
nous interrogeons sur nos programmes-cadres et il ne faudrait pas incriminer
les programmes-cadres comme si c'étaient des espèces de boucs
émissaires, en particulier le programme-cadre de français.
J'aimerais bien vous faire parvenir, à l'occasion, tous les documents
pédagogiques qui sont produits au ministère pour le
programme-cadre de français. Je dois dire qu'il y a là une
approche très fondée, tout à fait valable. Ce qui manque
le plus, c'est la formation des maîtres, je l'ai toujours dit, on n'a
peut-être pas été assez vite à ce point de vue, il
faut dire que le problème est de taille.
Mais grâce au plan de développement des langues,
grâce à tous nos autres plans de perfectionnement dans d'autres
domaines, en particulier le secteur professionnel que j'ai cité, nous
tentons de pallier ces difficultés. Cette révision devrait
probablement nous amener à nous interroger sur la possibilité
d'introduire certaines matières obligatoires, sans nécessairement
revenir à une espèce de tronc commun, mais qui pourrait quand
même s'en inspirer.
M. Veilleux: Parlant de programme...
M. Léger: Je n'ai pas terminé, M. le
Président. Concernant la révision, est-ce que cela se fait en
consultation avec un groupe en particulier ou avec des commissions
scolaires...
M. Veilleux: II est poli, lui.
M. Léger: ... de quelle façon sera faite cette
révision?
M. Cloutier: Constamment, tous les programmes sont faits en
collaboration avec des groupes de professeurs. Si vous voulez, je vais vous
expliquer comment fonctionnent ces différents comités.
M. Léger: Oui.
M. Cloutier: Aucun programme n'est, pour ainsi dire,
improvisé au ministère.
M. Léger: Je l'espère.
M. Cloutier: En fait, il y a deux choses, il y a les programmes
individuels, les programmes pour les disciplines particulières qui sont
faits en collaboration avec des fonctionnaires spécialisés du
ministère dans ces disciplines et des comités
représentatifs des différents groupes intéressés
dans cette discipline. Cela peut être les professeurs, des experts, des
professeurs d'université qui enseignent dans cette discipline, surtout
pour la formation des maîtres. Dans le cas de l'enseignement
professionnel, il s'agit des industries, donc des futurs employeurs des
élèves qui suivent le programme. Cela, c'est pour les programmes
individuels.
Quand il s'agit maintenant de faire le menu complet d'un
élève ou ce qu'on peut appeler la grille-matière,
c'est-à-dire ce qui est obligatoire, ce qui est facultatif, selon le
niveau, c'est le ministère qui prépare alors, en consultation
avec des représentants des commissions scolaires, des propositions qui
sont soumises pour avis au Conseil supérieur de l'éducation.
C'est peut-être là-dessus surtout qu'actuellement il y a
une discussion, à savoir s'il faut laisser autant de choix à
l'élève du secondaire qu'il en a actuellement, choix voulant dire
possibilité d'éviter complètement certaines options, ou
s'il ne faut pas, au contraire, assurer un certain minimum, sans pour autant
remplir complètement l'horaire de l'élève comme
c'était le cas il y a peut-être 25 ans.
M. Léger: Juste une question là-dessus. Quand vous
dites, dans la première partie de votre intervention, qu'il y a des
groupes, entre autres des enseignants, est-ce que ce sont des individus, comme
enseignants, ou des enseignants comme groupes?
M. Cloutier: II y a eu les deux. Il y a des enseignants comme
individus, à ce moment-là, ils siègent à titre
d'experts. Mais il y a eu aussi des groupes, entre autres une collaboration
avec le CPI, le Comité pédagogique interdisciplinaire, qui
relève de la CEQ, mais qui a retiré son appui récemment
aux travaux portant sur les programmes.
J'allais simplement ajouter qu'il ne faut pas oublier l'époque
que nous vivons. Je ne crois pas que l'on puisse retrouver les mêmes
structures mentales qui ont marqué les gens de notre
génération ou des générations qui les ont
précédés.
S'il est nécessaire de donner un coup de barre vers une plus
grande rigueur, une plus grande discipline qui est certainement
souhaitée par la population, je ne crois pas qu'il faille le faire
à partir des modèles du passé. Si tant est qu'on ait
été un peu imprudent en adoptant trop vite des concepts
pédagogiques de très grande ouverture, il ne faudrait pas tomber
dans l'erreur inverse, en tentant de faire machine arrière. A ce
moment-là, ce serait catastrophique.
C'est avec beaucoup de prudence que des études doivent être
conduites et le sont d'ailleurs, dans la plupart des ministères de
l'Education du monde. Je crois que cela est situer le problème.
Tutorat
M. Léger: Quand vous parlez de faire machine
arrière, si on regarde une recommandation du rapport Poly, ce n'est pas
faire machine arrière, mais c'est quand même retourner, entre
autres, parmi les recommandations, et le ministre peut nous donner son opinion
là-dessus.
La recommandation no I demande de retourner vers le tutorat, permettant
justement d'avoir une personne responsable d'un groupe, comme l'ancien tuteur,
et d'avoir une élaboration continuelle, une évaluation de ces
situations d'apprentissage comme élèves, avec une heure
précise de réunion de ces élèves avec le tuteur, au
début de la journée.
Qu'est-ce que le ministre pense de cette recommandation pour... C'est
peut-être revenir en arrière, mais je pense que c'est bon.
M. Cloutier: Pas du tout. J'en pense beaucoup de bien. Les
remarques que j'ai faites doivent être comprises dans la perspective
suivante: La personnalité humaine n'a pas tellement changé. C'est
pour cela que je crois qu'il y a encore un besoin de discipline, même si
ce sont des mots galvaudés, chez les jeunes. Ils ont besoin
d'encadrement.
Je pense, pour ma part, qu'on a probablement été imprudent
de ne pas fournir l'encadrement nécessaire, en même temps qu'on
mettait de l'avant ce concept de polyvalence.
Permettez-moi de vous faire observer qu'il y a des commissions scolaires
où il y a des tuteurs au Québec, chez les protestants.
M. Léger: Oui.
M. Cloutier: Là encore, c'est une question de marge de
manoeuvre. Les commissions scolaires peuvent parfaitement s'organiser avec
leurs syndicats pour, non seulement faire beaucoup d'innovation
pédagogique, mais pour mettre la charge à tel endroit
plutôt qu'à tel endroit. C'est cela qui est un système
décentralisé. Il serait parfaitement possible que, si on consent
à surcharger certains types d'activités, on puisse
décharger ou créer d'autres types d'activités.
M. Léger: Le ministre est d'accord un peu sur le principe
du tutorat?
M. Cloutier: C'est-à-dire que cela peut s'appeler
autrement. Déjà, le règlement no 7 permettait une bonne
marge de manoeuvre de ce point de vue, non seulement en intégrant les
activités parascolaires et scolaires, mais également en mettant
de l'avant un concept de cellules-communautés, mais disons que je suis
certainement d'accord sur la nécessité de fournir à des
adolescents la possibilité de s'identifier à une personne qui
s'occupe d'eux.
M. Léger: Est-ce que le ministre a l'intention de diffuser
davantage d'information auprès des commissions scolaires, pour les
inciter davantage à utiliser cette idée du tutorat?
M. Cloutier: Oui, nous le faisons constamment. Nous avons des
réunions régulières. Maintenant, entendons-nous bien. Si
vous parlez de tutorat et que cela signifie du personnel supplémentaire,
je demande à voir, parce que nous touchons immédiatement aux
négociations collectives.
M. Léger: II y a cela.
M. Cloutier: Si vous parlez de tutorat à
l'intérieur des cadres qui sont parmi les plus favorables au monde et au
Canada, à ce moment-là, la possibilité existe. Maintenant,
soyez convaincu que, chaque fois qu'on parle de tutorat, qu'on parle d'aide
pédagogique, qu'on parle de modification du sys-
tème scolaire, certaines personnes ont toujours à l'esprit
la multiplication des postes. Je ne dis pas qu'il faut être contre la
multiplication des postes, mais ceci doit se faire à l'intérieur
d'une politique administrative et salariale.
M. Léger: Mais c'est là qu'il y aurait des
conséquences. Dans le rapport Poly, il était question de le faire
avec les enseignants actuels.
M. Cloutier: Oui, c'est cela.
M. Léger: Comme de raison, il y a des négociations
qui s'en viennent, je ne voudrais pas en parler, mais cela pourrait amener une
solution ou une partie de solution au problème des négociations,
surtout la sécurité d'emploi et aussi, obligatoirement, corriger
le ratio 1/17, du fait que le tutorat pourrait être inclus ou non dans le
ratio. Est-ce que le ministre est d'accord là-dessus?
M. Cloutier: Mon Dieu, oui. Toutes les formules sont possibles.
Le ratio n'est qu'une simple formule administrative. Personnellement, je ne lui
ai jamais été particulièrement attaché. Qu'on nous
propose autre chose. Il peut y avoir d'autres formules, mais je suis contre les
formules qui ne tiennent pas compte des enveloppes budgétaires
disponibles et qui visent à scléroser le système en le
rendant trop rigide.
Il y a intérêt à ce que nous permettions aux
commissions scolaires de continuer d'innover, d'utiliser leur personnel comme
elles l'entendent. Si vous en arrivez à des formules qui bloquent, qui
attachent le ratio, non seulement à l'école, mais à la
classe, vous n'avez strictement aucune marge de manoeuvre.
M. Léger: C'est cela.
M. Cloutier: Or, il faut bien dire que souvent, lorsque certains
protestent, ce à quoi ils songent, c'est à un ratio qui serait
rattaché à la classe.
M. Léger: Mais si on le mettait rattaché au
territoire, comme vous le dites...
M. Cloutier: Mais il l'est actuellement, rattaché au
territoire.
M. Léger: II l'est, mais dans le cas...
M. Cloutier: II n'est pas toujours utilisé de cette
façon-là, à cause de problèmes syndicaux.
M. Léger:... où, sur un territoire donné, le
ratio amènerait une diminution de personnel parce qu'il y aurait une
diminution d'élèves, au niveau du territoire, est-ce que dans la
politique actuelle ou dans les restrictions actuelles, les commissions
scolaires ne sont pas obligées d'inclure le poste du tutorat à
l'intérieur du ratio actuellement?
M. Cloutier: Oui, mais en fait le poste n'existe pas, mais ils
peuvent utiliser leurs enseignants suivant différentes formules.
M. Léger: Mais il sera possible, dans un avenir, selon des
négociations, etc., que le tutorat ne soit pas, comme poste, inclus dans
le ratio?
M. Cloutier: Je ne crois pas utile de me prononcer
là-dessus.
M. Léger: Non, mais ce n'est pas un obstacle?
M. Cloutier: II n'y a pas d'obstacle, nous abordons les
négociations avec la plus grande ouverture d'esprit possible, à
partir d'un grand nombre de documents techniques que nous travaillons depuis
plus d'un an. Nous avons, au ministère, des réunions
régulières pour faire le point là-dessus. Nous avons,
comme vous le savez, tranché dans le sens de négociations locales
et de négociations provinciales, de manière à pouvoir
faire évoluer le dossier. Pour le moment je n'ai rien d'autre à
dire.
Rapport Poly
M. Léger: Est-ce que c'est dans la politique du
gouvernement d'accroître aussi le nombre des conseillers en orientation?
C'est une autre des recommandations du rapport Poly.
M. Cloutier: Le rapport Poly est un excellent rapport. Il y a des
recommandations des plus intéressantes, nous en tiendrons certainement
compte.
M. Léger: Est-ce que cela pourrait être dans la
politique du gouvernement d'accroître possiblement les conseillers en
orientation?
M. Cloutier: II y a un besoin de conseillers d'orientation. Je ne
peux que répondre de façon très générale,
comme je l'ai fait. A l'intérieur des budgets, nous ne demandons pas
mieux que de tenter d'améliorer notre système scolaire.
M. Léger: Quel est le cheminement qui a été
fait pour cette étude du rapport Poly et de la réalisation?
M. Veilleux: M. le Président, j'aimerais poser des
questions sur le sujet. Le député de Lafontaine a parlé de
tuteur, de ratio, il revient au tuteur, il retourne au ratio et là, il
passe à l'échéancier...
M. Léger: D'accord, je vous laisse la parole. Allez.
M. Veilleux: J'aimerais bien avoir l'occasion... On parle de
tuteur, on parle d'orienteur. J'ai vécu dans les écoles le
système, parce que comme enseignant, entre 1961 et 1969, j'ai eu le
privilège d'être responsable d'une classe pratiquement tout le
temps, sauf les dernières années, où, pour
différentes raisons, peu à peu, s'amenuisait le rôle du
tuteur.
Un des facteurs qui peut peut-être entrer en ligne de compte,
lorsque le ministère vient pour discuter du tutorat à
l'intérieur des écoles, c'est le suivant. Parfois, le tuteur,
prétendument, pourrait prendre le rôle de l'orienteur.
J'ai eu connaissance, au niveau de mon syndi-
cat, lorsque j'étais président et que nous discutions de
ce problème, qu'il semblait se dessiner une mésentente entre deux
groupes de professionnels à l'intérieur d'une commission
scolaire, soit les orien-teurs et ceux qu'on appelait à l'époque,
les tuteurs, ou les responsables d'une classe.
Il est entendu qu'il faut revenir ou essayer d'améliorer ce qui
existe présentement dans ce domaine, mais, comme je le disais, une des
difficultés que peut rencontrer le ministère, c'est cette
mésentente qui existe entre les différents groupes.
Je pense que cela peut venir à l'esprit de plusieurs à
l'intérieur des écoles, c'est peut-être cela qui a fait que
peu à peu, le rôle du tuteur a été en diminuant, que
les tuteurs sont devenus beaucoup plus des animateurs de la classe que des
responsables réellement du rôle de tuteur.
C'est une autre des faiblesses qu'on a pu rencontrer, dans la
réforme scolaire, au point de vue du tutorat. Ce sont ces deux
éléments que j'ai voulu mentionner.
Probablement que les responsables, au ministère, s'en sont rendu
compte, mais comme personne ayant vécu le problème à
l'intérieur d'une école, pour avoir vécu toute la
réforme scolaire, à tout point de vue, je tenais à donner
ces deux éléments, à ajouter ces deux données au
problème du tutorat dans les écoles.
M. Cloutier: Très bien. J'ajouterais simplement deux
autres données qui vont peut-être répondre à toutes
les autres questions du député de Lafontaine.
Rien ne peut être fait en dehors des règles
budgétaires. Actuellement, nous travaillons les règles
budgétaires de 1976/77. Rien ne peut être fait en dehors des
négociations qui commencent.
M. Léger: Le ministre peut-il nous dire, étant
donné que le rapport Poly est amené depuis un an, quel est le
processus ou l'échéancier de l'étude de ce rapport, des
recommandations.qui va faire ces études, quelle forme cela va prendre,
la réalisation des recommandations qui seraient acceptées dans la
politique?
M. Cloutier: C'est ce que je viens de dire. L'étude est
terminée en ce sens que nous l'avons lue, revue, que nous avons
repassé chacune des recommandations, mais tout est lié aux
règles budgétaires et aux négociations, parce que,
immédiatement, on débouche sur des problèmes de charges de
travail.
M. Léger: Je suis d'accord avec le ministre quand il dit
qu'il peut être lié au niveau des négociations, mais au
niveau des sommes budgétaires à affecter, c'est
nécessairement l'inverse. Je pense que c'est selon les besoins ou des
solutions préconisés dans le rapport Poly que vous pouvez
établir qu'il faut peut-être plus ou moins d'argent. C'est
probablement plus. Vous n'êtes pas lié aux sommes
budgétaires.
M. Cloutier: C'est cela.
M. Léger: Vous avez établi les sommes budgé-
taires selon les besoins que vous avez trouvés dans le rapport Poly.
M. Cloutier: Bien sûr, nous pouvons toujours demander, mais
il y a toujours des implications sur le plan des charges de travail. Je vais
vous donner un exemple de recommandation, celle que vous avez citée
vous-même, le tutorat.
Aussitôt qu'on parle de tutorat, on parle d'animation, n'est-ce
pas, et on tombe sur une question d'effectifs et il faut renvoyer cela à
la table de négociation. C'est pour cela qu'il est difficile de vous en
dire plus.
M. Vellleux: Si je relis les arrêtés
ministériels du 16 avril 1975, quant aux négociations, au niveau
provincial et au niveau local, on y dit:
Toutes les matières sont de négociation provinciale, sauf
et on en énumère quelques-unes; on arrive à 16 en
disant: L'aménagement de l'année de travail cela peut
entrer là-dedans et la distribution des tâches, les
mutations et les affectations..."
M. Cloutier: II y a là une amélioration
énorme, parce qu'il appartiendra justement aux milieux...
M. Veilleux: C'est cela.
M. Cloutier:... de se donner le système d'éducation
qu'ils veulent avoir.
M. Vellleux: S'il y a des milieux qui...
M. Cloutier: Les responsabilités, nous saurons où
elles se situent.
M. Veilleux: C'est cela. Le tutorat est une responsabilité
qui est beaucoup plus de juridiction locale que strictement provinciale, compte
tenu que les gens qui ont été élus là, les
commissaires d'écoles et les enseignants qui oeuvrent dans le milieu et
qui connaissent les besoins du milieu, ensemble, pourront peut-être mieux
trouver les solutions à ce problème que de trouver une solution
toute faite émanant de ce qu'on appelait autrefois Dieu le père,
qui venait de Québec.
M. Léger: M. le Président, le ministre vient de me
dire que tout dépend des négociations et des sommes
budgétaires, mais il faut quand même admettre que, dans une bonne
partie des recommandations du rapport Poly, cela n'implique pas
nécessairement des sommes d'argent ou des dépenses
supplémentaires. Le ministre peut-il nous dire quel va être le
cheminement des réalisations et des études concernant ce qui
n'implique pas des dépenses? J'ai justement deux exemples.
M. Cloutier: Donnez donc des exemples. Ce serait peut-être
plus facile que vous preniez des exemples précis.
M. Léger: Oui, mais je sors le principe d'avant, qu'il y a
des recommandations qui impliquent des dépenses. Le ministre me
dit...
M. Cloutier: Oui, il y a des recommandations que nous n'acceptons
pas.
M. Léger: II yen a d'autres qui n'impliquent pas de
dépenses.
M. Cloutier: Oui, c'est exact.
M. Léger: Quel va être le cheminement des
réalisations...
M. Cloutier: Je dirais même que la majorité
n'impliquent pas de dépenses. La majorité, on le fait
déjà. Je peux, par exemple, vous rapporter à des
recommandations qui concernent le régime pédagogique, la
sixième recommandation. On parle de regroupement distinct pour les deux
cycles. C'est un très bon exemple, justement. Qu'est-ce que vous voulez?
C'est possible. Nous avons préparé un guide pédagogique,
la direction générale de l'enseignement élémentaire
et secondaire, lequel guide proposerait aux écoles diverses formules
d'encadrement des élèves et des enseignants, la
possibilité de grouper, en se basant sur des familles de cours, de
disciplines, de degrés, etc.
Je dirais que le rapport Poly, tout en se préparant, a
donné lieu à des modifications qui font partie de
l'activité courante et quotidienne de la direction
générale.
M. Léger: Peut-on dire que la majorité ou la
plupart des recommandations du rapport Poly qui n'impliquent pas de
dépenses vont se traduire en réglementation?
M. Cloutier:... En réglementation, non, ce n'est pas cela,
une réglementation. On n'a pas tellement besoin de
réglementation. La plupart du temps, ces politiques se traduisent par
des directives...
M. Léger: Directives.
M. Cloutier: ... aux commissions scolaires ou encore par des
initiatives des commissions scolaires à l'intérieur du cadre
proposé ou, en troisième lieu, par des guides pédagogiques
qui respectent le plus possible nous en avons des dizaines et des
dizaines, des guides pédagogiques l'autonomie des commissions
scolaires, mais qui proposent de grandes orientations. C'est cela, notre
système d'éducation.
Examens
M. Léger: M. le Président, je ne sais pas si on a
d'autres questions sur le rapport Poly. Une rééval ua-tion du
principe de l'examen final du ministère, au secondaire, est-elle en
cours? Y a-t-il une réévaluation de cela?
M. Cloutier: Depuis longtemps. Le problème existe depuis
longtemps et la réévaluation est constante.
M. Léger: Où en êtes-vous rendus dans vos
conclusions?
M. Cloutier: On maintient l'examen final, pour le moment du
moins.
M. Léger: Pour quelle raison maintenez-vous cet examen
final?
M. Veilleux: Pas de tirage au sort.
M. Cloutier: Parce que cela a été le meilleur moyen
de rationaliser un peu le secondaire au niveau du Québec, de fournir une
espèce de garantie qui était valable pour l'ensemble du
territoire. Nous ne pourrions le remettre en cause uniquement dans l'optique
d'une décentralisation plus poussée. A ce moment, cela suppose
des techniques d'accréditation à des institutions.
Vous comprenez que, si ce sont les institutions qui donnent leurs
propres diplômes à toutes fins utiles ou q ui font passer leurs
propres examens, à ce moment, il faut que nous ayons la certitude que
ces institutions font face à leurs responsabilités.
M. Léger: Avez-vous réévalué l'impact
de l'examen final comme tel, autrement dit de réduire peut-être
l'importance de l'examen final comme un critère pour faire couler un
enfant qui aurait été très bon durant l'année et
qui, par erreur, ou par difficulté, va perdre son année à
cause de cet examen final?
M. Cloutier: Oui. L'examen final ne doit pas être
conçu sur le modèle des examens que passait le
député de Lafontaine, c'est-à-dire une espèce
d'obstacle qui éliminait si on ne le passait pas. C'est tout autre
chose, à notre époque.
M. Léger: II y a quand même encore un impact
important.
M. Cloutier: Evidemment, il y a d'abord une réduction
très sensible du nombre d'examens tout au long du secondaire pour ne
garder que les examens de certification, c'est-à-dire ceux en secondaire
IV et en secondaire V.
Dans les examens de certification, il y a eu aussi une évolution
très sensible, parce que seulement 50% des notes ou des points sont
attribués sur la base d'un examen du ministère,
c'est-à-dire d'un examen à contenu uniforme, alors qu'avant,
c'était 100%. Les autres 50% sont attribués sur la base de la
note donnée par la commission scolaire, soit sur la foi d'examens
internes, soit sur la foi de contrôles fréquents donnés en
cours d'année.
Donc, de toute façon, l'examen final a perdu, dans cette optique,
cet impact où on pouvait dire que l'élément surprise
était quelque chose d'inconnu.
M. Léger: Est-ce l'intention du ministère de
réduire ces 50%? Je donne un exemple, parce que le problème est
assez complexe. Le ministre l'admettra.
Je prends l'inverse. Je fais souvent des tables rondes avec des membres,
des commissaires, des parents, des étudiants, des professeurs et,
ensemble, on discute des différents problèmes et, entre
eux, ils ne sont pas souvent d'accord là-dessus, mais, entre
autres, j'ai remarqué que certains étudiants nous disaient
c'est l'inverse de ce que je disais tantôt que, quand il y a des
matières où il n'y a pas d'examen, ils mettent moins d'efforts
dans celles-là et ils en mettent plus dans les autres. A ce moment,
l'impact de l'examen est l'inverse. S'il y avait un système un peu
différent en réduisant l'impact de l'examen, peut-être
qu'il y aurait un intérêt aussi grand dans les matières
où il n'y a pas d'examen qu'il y en a dans celles où il y a
examen.
M. Cloutier: Je pense que vous êtes un peu optimiste. Il y
aura toujours un intérêt plus grand dans les matières
où il y a un examen, a mon avis, que dans les matières où
il n'y a pas d'examen. J'en appelle aux enseignants qui sont autour de la
table. C'est pour cela qu'il faut être prudent. Si on écoute les
gens qui veulent améliorer notre système d'éducation, on
va supprimer tout examen.
Je soupçonne au moins un CEGEP en train de faire cela, à
l'heure actuelle. Vous en entendrez parler de ce CEGEP bientôt. Il faut
quand même cesser de s'amuser. Surtout si les préoccupations, dont
témoignait le député de Lafontaine, concernant les
connaissances générales et l'enseignement du français,
sont réelles et je crois qu'elles sont réelles il
va même falloir se demander s'il ne faudra pas être plus
sévère ou réintroduire des examens au moins pour certaines
matières parce qu'autrement il n'y aura jamais d'intérêt
pour ces matières.
M. Côté: ... des cours aussi.
M. Léger: Je parlais de l'impact au niveau de l'importance
de l'examen pour une matière...
M. Cloutier: Le député de Matane vient de dire
quelque chose d'important.
M. Léger: Le cours aussi.
M. Cloutier: Non seulement des examens, mais des cours.
M. Côté: Dans plusieurs CEGEP, à l'heure
actuelle, des étudiants rencontrent le professeur au début de
l'année et il les retrouvent à la fin de l'année pour
l'évaluation. Il n'y a même plus de cours. Qu'est-ce que vous
voulez faire passer comme matière aux élèves à ce
moment-là?
M. Cloutier: Dans tous les conflits que nous avons eus l
à nous débordons l'élément actuel on a
toujours tenté de nous faire négocier les examens ou de nous
faire négocier les périodes de cours. J'ai toujours tenu
fermement. Ceci nous donne quand même une indication. Je suis très
heureux d'entendre le député de Lafontaine, parce que je sais que
j'aurai son support quand j'aurai à intervenir à ce niveau.
M. Léger: Encore un procès d'intentions.
M. Cloutier: Ce sont de bonnes intentions cette fois.
Le Président (M. Pilote): On va suspendre la séance
sur ce procès d'intentions. Il est treize heures et la commission
suspend ses travaux sine die.
(Suspension de la séance à 13 heures)
Reprise de la séance à 20 h 21
M. Pilote (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A
l'ordre, messieurs!
Avant que ne commence la séance, je voudrais vous mentionner le
changement suivant: Parmi les membres de la commission, M. Carpentier
(Laviolette) remplace M. Houde (Fabre).
Nous étions rendus au programme 7: Gestion interne. Le
député de Lafontaine avait encore quelques questions sur le
programme 7.
Elément 1: Enseignement élémentaire et
secondaire.
M. Léger: M. le Président, le ministre peut-il nous
dire quels efforts sont faits pour former des spécialistes en
utilisation de l'équipement audiovisuel du niveau secondaire, et
peut-être en même temps élémentaire? Je parle, par
exemple, de spécialistes en équipement
vidéo-magnétoscopique, des projectionnistes, etc. Il semble,
d'après ce que m'ont fait valoir les administrateurs scolaires, que
cette carence de spécialistes cause des problèmes réels
à la diffusion de l'audio-visuel. Parfois, le professeur demande
à un élève s'il connaît le fonctionnement de la
machine.
M. Cloutier: M. le Président, ceci relève du
programme 3: Service général des moyens d'enseignement, que nous
discutons au groupe 9. Je n'ai pas d'objection à en discuter maintenant,
si on peut le passer en même temps.
Le Président (M. Pilote): J'ai une objection.
M. Léger: Alors, nous y reviendrons tantôt.
Le Président (M. Pilote): Oui.
M. Léger: J'avais seulement celle-là.
M. Cloutier: Très bien. Alors, adopté.
M. Léger: Non, non. Excusez, j'ai seulement
celle-là dans ce domaine. Est-ce que quelqu'un a une question?
Allez-y.
Le Président (M. Pilote): Le député de
Laurentides-Labelle.
Résidences
M. Lapointe: Concernant la politique des résidences, s'il
en existe une, y a-t-il une politique en élaboration? Il y a certaines
commissions scolaires qui doivent maintenir des résidences à
cause des distances considérables de transport, et cela cause des
difficultés financières, sernble-t-il. Je voudrais
connaître les politiques dans ce domaine.
M. Cloutier: C'est exact. Nous avons une politique, nous allons
vous l'exposer.
Il semble que la plupart des commissions scolaires qui ont des
résidences à entretenir encourent des difficultés
financières assez considérables, à l'heure actuelle, non
seulement des difficultés financières considérables, mais
également des difficultés en termes d'organisation,
difficultés d'animation, par exemple, de ces résidences.
Il y a un mouvement presque spontané qui est parti, de la part
des commissions scolaires qui ont des résidences, mouvement qui a
donné lieu à la création d'un comité où sont
représentées les commissions scolaires ayant à administrer
des résidences.
Ce comité doit étudier, au cours des prochains mois, et au
cours de l'été, tout le problème des résidences et
nous faire des recommandations dont on pourrait tenir compte s'il y a des
implications en termes budgétaires, dans les règles
budgétaires, au moment de la revue du programme 1976/77, qu'on
devradiscuter à l'automne avec le Conseil du trésor.
Dans l'immédiat, ce qui a été fait, en termes
budgétaires uniquement: Les règles budgétaires de 1973/74
prévoyaient $850 par élève pour les frais de pension. Les
règles budgétaires 1974/75 prévoyaient $1,000. Les
règles budgétaires 1975/76, $1,100 par personne
pensionnée. Les $1,000 que je vous donne pour 1974/75 comprend $824 de
subvention du gouvernement et $176 de contribution des parents. Les $1,100 de
1975/76, $900 de subvention du gouvernement et $200 de contribution des
parents. En fait, on a essayé simplement, pour le moment,
d'atténuer, en termes financiers, le fardeau imposé aux
commissions scolaires qui ont des résidences. On comprend, avec les
commissions scolaires, qu'il y a un problème plus large qu'un
problème financier et ce problème est à l'étude au
moment où on se parle et, avec l'ensemble, c'est presque toutes les
commissions scolaires qui ont à exploiter des résidences.
M. Lapointe: J'aurais une autre question. Je vous remercie de la
réponse. Je pense que c'est un élément qui tient compte de
certaines particularités régionales. Dans d'autres domaines, les
normes 1972/73, si je me souviens bien, apportaient certains correctifs pour
tenir compte des distances, de l'éloignement sur le plan des normes
budgétaires. Est-ce qu'on a accentué ces correctifs ou si on a
l'intention de les accentuer à l'avenir pour tenir compte des
particularités de certaines régions qui sont très
étendues ou qui exigent des dépenses supplémentaires sur
le plan administratif et sur d'autres plans?
M. Cloutier: La proposition pour les règles
budgétaires 1975/76 tient compte d'une bonification de cette
règle de $700,000 qui vont aller aux régions les moins
densément peuplées, si vous voulez.
M. Lapointe: Est-ce qu'on en tient compte sur le plan du
personnel? Est-ce qu'on accorde, selon les normes administratives, pour le
nombre de personnes autorisées à tel poste... Je pense que les
normes devraient en tenir compte.
Si les commissions scolaires ont des écoles à une distance
d'une centaine de milles l'une de l'autre, aux extrémités, ou se
trouvent à des distances
considérables des grands centres, cela exige plus de temps pour
ces gens pour l'administration scolaire sur leur territoire. Cela exige des
efforts supplémentaires de ces personnes à comparer avec d'autres
qui ont un territoire réduit.
Rapport COMMEL
M. Cloutier: C'est exact, c'est d'ailleurs pour cette raison et
des raisons analogues que nous avons commandé l'enquête COMMEL qui
porte sur les commissions scolaires de 3,000 élèves et moins.
Nous avons un problème particulier au Québec, c'est qu'avec des
unités administratives de taille inégale, il est
évidemment difficile de les traiter de la même façon. Trop
longtemps, cela a été le cas, mais nous apportons progressivement
des facteurs de correction et en plus de ces facteurs de correction,
l'étude COMMEL va probablement nous permettre de déboucher sur
des formules qui tiendront davantage compte des disparités
régionales. Je pense en particulier à une région comme le
Nord-Ouest, le problème se pose et il y a certaines normes qui sont
quasiment aberrantes lorsqu'on pense à des écoles qu'on
considère voisines et qui sont à 100 milles de distance.
M. Côté: Puisque le ministre a parlé du
rapport COMMEL, je sais qu'il y a à peu près un mois et demi ou
deux mois, la région de la Gaspésie a présenté au
ministre un rapport sur les onze commissions scolaires de la Gaspésie au
niveau élémentaire et qui sont en deçà des 3,000
élèves. J'aimerais savoir, M. le ministre, quel est votre point
de vue sur le rapport déposé par ces commissions scolaires et
qu'est-ce que vous entendez faire pour donner suite à ce rapport?
M. Cloutier: J'en ai pris connaissance avec beaucoup
d'intérêt et je dois d'ailleurs féliciter les auteurs de ce
rapport. Je pense qu'il y a là une approche assez remarquable.
Evidemment, il n'est pas question de l'adopter tel quel, il y a des
implications financières qui sont considérables et il y a
également le fait qu'il s'agit d'un plan pour une région et il
est difficile d'accorder à une région un statut particulier, il
va falloir se poser ce genre de questions pour l'ensemble du territoire
québécois.
Une chose...
M. Côté: La Gaspésie a tellement
été l'objet d'expériences pilotes...
M. Cloutier: Oui.
M. Côté: ... est-ce qu'on ne pourrait pas à
ce niveau tenter d'autres expériences?
Le Président (M. Pilote): Est-ce qu'on ne pourrait pas
exclure mon nom de ces expériences? Expérience pilote.
M. Cloutier: Je crois qu'il serait difficile de faire quoi que ce
soit pour l'exercice 1975/76 pour une raison très simple, c'est que les
règles budgétaires sont déposées et sont
déjà en application. Mais en revanche, pour 1976/77, nous pouvons
certainement retenir un certain nombre des recommandations de ce rapport. Je
vous signale d'ailleurs que ce que je vous donne actuellement est mon
évaluation à moi et j'en ai parlé avec certains de mes
collaborateurs, mais il n'y a pas encore eu d'étude faite elle
est en cours sur l'ensemble du raDDort.
Disons pour ma part, que je le reçois très favorablement
et je souhaiterais qu'un certain nombre de ces recommandations puissent faire
l'objet d'une politique générale, avec probablement des
correctifs pour les régions qui, comme la région de la
Gaspésie, présentent des particularités, tout cela, dans
la perspective des règles budgétaires 1976/77.
M. Lapolnte: M. le Président, j'aurais une autre
question.
Le Président (M. Pilote): L'honorable député
de Saint-Jean m'avait demandé la parole avant vous.
M. Veilleux: Ce n'est pas tout à fait sur le même
sujet.
M. Lapointe: Une autre question qui concerne le rapport Poly. On
faisait état, dans le rapport Poly, d'un problème relatif
à l'existence d'un service aux étudiants et d'un service de
l'enseignement dans les commissions scolaires. On semblait dire que cela
causait un problème de coordination entre les services
pédagogiques, dans une commission scolaire, par le fait qu'il n'y avait
pas toujours entente ou communication nécessaire entre les deux
responsables de ces services.
Est-ce que le ministère a l'intention de donner suite à
une des recommandations du rapport Poly, celle de fusionner ces deux services
sur le plan administratif et d'en faire un seul?
M. Cloutier: Pour le moment, il n'y a pas de suite donnée
au rapport Poly. Nous en avons tenu compte dans l'élaboration de notre
politique de décentralisation, il y a des suggestions et des
recommandations intéressantes. Nous avons mis les autres recommandations
à l'étude. Il y a des problèmes d'ordre administratif, il
y a des problèmes qui se posent sur le plan du personnel aussi. Nous en
sommes là.
Mais ce rapport, comme le rapport COMMEL, a été
reçu avec beaucoup d'intérêt, d'autant plus que le
ministère les a commandés. J'en avais fait état dans un de
mes discours devant la Fédération des commissions scolaires. Ce
sont des éléments essentiels à la politique de
décentralisation que j'ai annoncée dans mes remarques
préliminaires.
M. Lapointe: D'accord.
Le Président (M. Pilote): L'honorable député
de Saint-Jean.
M. Veilleux: Question d'information. J'aurais une question
à poser. Au programme 7, on mentionne les normes pédagogiques qui
touchent le secteur secondaire. Je voudrais savoir du ministre si
c'est au programme 7, 13 ou 14 que je devrais poser mes questions
concernant les normes pédagogiques pour les cours du soir aux
adultes.
M. Cloutier: Programmes 13 et 14.
Le Président (M. Pilote): Programmes 13 et 14.
M. Veilleux: Je réserve ma question pour les programmes 13
et 14.
Le Président (M. Pilote): L'honorable député
de Taschereau.
Transfert de fonds et de personnel
M. Bonnier: M. le Président, j'ai la même
inquiétude que mon collègue de Saint-Jean. Je me demande si laq
uestion se réfère au programme 7, mais elle est d'ordre
général.
Je voudrais savoir du ministre si, dans la perspective d'une
décentralisation administrative, il est question de transfert de fonds
ou de personnel aux commissions scolaires, et si vous prévoyez, de ce
fait, une diminution du budget du ministère lui-même.
D'après ce que je peux voir, il n'y a pas une grande diminution. Mai s
est-ce que, dans les années suivantes, vous en prévoyez?
M. Cloutier: Je ne connais pas beaucoup de budgets qui diminuent
par les années qui courent. Non, je ne crois pas, parce que nous
finançons la plus grande partie des budgets des commissions scolaires,
exactement 70% actuellement et, quelle que soit la formule retenue, le niveau
des besoins ne changeant pas ou augmentant, je ne vois pas comment les budgets
pourraient diminuer, quelles qu'en soient les sources.
M. Bonnier: Cela veut-il dire que vous prévoyez
plutôt que les commissions scolaires elles-mêmes seraient
obligées de financer peut-être un surplus de personnel ou
d'administration?
M. Cloutier: Vous pensez au financement de personnel par des
budgets de dépenses inadmissibles, par exemple?
M. Bonnier: Oui, parce que si on leur transfère des
responsabilités plus grandes dans l'avenir, c'est justement ma question,
est-ce que vous prévoyez que ce serait aux commissions scolaires de les
financer ou si, dans le fond, on va les retrouver quand même à
l'intérieur du budget du ministère?
M. Cloutier: Je dirais qu'on va les retrouver à
l'intérieur du budget du ministère...
M. Bonnier: Ah bon!
M. Cloutier: ... parce que l'objectif que nous poursuivons, ce
n'est pas d'augmenter le financement local, c'est de le diminuer jusqu'à
une certaine proportion, je ne dis pas de le supprimer, je me suis
expliqué clairement là-dessus, de sorte que, quelles que soient
les politiques adoptées, c'est quand même le budget du
ministère qui les reflétera.
Il ne faudrait peut-être pas lier des changements même
importants à des accroissements de budgets. Nous croyons qu'il est
possible de réaménager certaines responsabilités,
certaines priorités dans le cadre des budgets actuels, mais, bien
sûr, faire des priorités, cela signifie choisir. Nous voulons
donner le maximum de choix aux commissions scolaires, non pas pour qu'elles
puissent tout réaliser en même temps, mais pour qu'elles puissent
se faire leurs propres priorités de manière à coller
à ce qui correspond pour elles aux besoins les plus essentiels.
M. Harvey (Dubuc):... vous n'avez pas l'intention de rendre cela
illégal, ce système?
M. Cloutier: Non, parce que c'est une soupape, c'est une
façon de permettre au milieu, par-delà une espèce
d'égalité de services pour l'ensemble du territoire, d'aller un
peu plus loin, compte tenu des possibilités du milieu.
M. Harvey (Dubuc): Par exemple, on a prévu de diminuer la
taxe de $0.20, mais s'ils vont le chercher par l'inadmissible...
M. Cloutier: Ils ne peuvent pas aller le chercher par
l'inadmissible, parce que, justement, nous avons trouvé une formule qui
est valable pour cette année et qui a été exposée
par le ministre des Finances lors de son discours.
Vous n'ignorez pas que les commissions scolaires qui ont un taux
normalisé de taxation, ajustent leur évaluation à partir
de l'évaluation municipale, laquelle est loin d'être toujours
à la valeur réelle, de sorte que, compte tenu de l'inflation, si
ce jeu se faisait sans entrave, on pourrait se trouver devant des
disparités considérables. Dans le discours du budget, le ministre
des Finances a parlé d'une variation de 10%, pas davantage, ce qui
signifie que votre préoccupation n'existe plus. Elle a existé
dans le passé. Ce qui vous inquiète, c'est la possibilité
pour les commissions scolaires d'aller occuper le champ
libéré...
M. Harvey (Dubuc): C'est cela.
M. Cloutier:... par les municipalités. Je vous dis que
cette possibilité est limitée. Maintenant, à ceci, il y a
les inadmissibles. Pour ma part, je ne souhaite pas que les inadmissibles
augmentent sans contrôle. D'ailleurs, le ministère doit approuver
les dépenses inadmissibles. Il m'apparaît utile de conserver ce
que j'appelais tout à l'heure une soupape. Notre système a voulu
établir pour l'ensemble du territoire québécois une
péréquation des services. Nous y sommes arrivés. De
manière à y arriver, il fallait bien sûr, avoir des normes
minimales pour l'ensemble du territoire. Il est heureux que nous conservions un
jeu par delà ces normes pour répondre à des besoins
spécifiques. Sur l'île de Montréal, le problème est
un peu différent, parce que nous avons donné ce pouvoir au
conseil de l'île qui
taxe l'inadmissible pour l'ensemble du territoire. Pourquoi? Parce qu'il
y a une unité sur l'île de Montréal et il y avait des
disparités énormes entre commissions scolaires très
riches, commissions scolaires pauvres, très pauvres, de sorte que le jeu
des inadmissibles, si on l'avait laissé fonctionner librement, aurait
reproduit à court terme ou à moyen terme les situations
antérieures que nous visions à corriger.
Le Président (M. Pilote): Elément 1 ; Enseignement
élémentaire et secondaire. Est-ce qu'il y a d'autres
questions?
Le député de Lafontaine.
M. Léger: II y aurait seulement deux courtes questions. On
parle de plus en plus dans les milieux spécialisés d'une
extension d'un an de l'enseignement secondaire cette fois on en avait
parlé un peu du côté primaire, il y a quelques jours
qui permettrait aux enfants un meilleur apprentissage de la culture
générale, par exemple, histoire, géographie, etc., et
peut-être l'anglais. Il se peut que la baisse démographique de ce
niveau permette justement une telle modification. Je veux savoir ce que le
ministre en pense. Est-ce qu'il y a eu des études faites
là-dessus concernant la possibilité d'un prolongement d'un genre
de secondaire VI pour ceux qui voudraient continuer, à qui il manquerait
une culture générale? Est-ce que cela a été
envisagé?
M. Cloutler: Non, M. le Président, cela n'a pas
été envisagé. A priori, je n'en vois pas
l'intérêt. Je serais curieux de savoir d'où le
député de Lafontaine tient ses sources.
M. Léger: J'ai fait quelques réunions, avant
d'entreprendre le ministère de l'Education, avec des groupes qui sont
directement concernés, impliqués, des tables rondes avec des gens
du milieu. C'étaient des suggestions qui étaient mises de
l'avant.
M. Cloutier: C'est cela. Ce serait un désir du milieu et
non une étude particulière.
M. Léger: C'est cela. Mais de votre côté, il
n'y a pas eu d'étude de faite là-dessus?
M. Cloutler: Non, et très franchement, je crois que ce
serait venir compliquer encore un système qui l'est déjà
passablement, et que nous avons toutes les passerelles, toutes les
articulations entre les différents niveaux. Je ne vois pas
l'intérêt.
Conflit d'intérêts
M. Léger: La dernière question, M. le
Président, c'est celle qu'on m'avait demandé de ramener à
ce stade-ci. Je parlais, à ce moment-là, d'un probable conflit
d'intérêts à la régionale Salaberry où un
commissaire je vais le nommer M. Adrien Lefebvre s'est
impliqué à la fois comme commissaire et copropriétaire
d'une firme de machines distributrices en exploitation à la
cafétéria d'une école de la régionale. Ce dernier
aurait fait bloquer les améliorations dans la q ualité de la
nourriture des machines distributrices à la cafétéria. Ce
sont des lettres qu'on a reçues, des renseignements de ce
côté. Est-ce que vous êtes au courant?
M. Cloutier: Absolument pas au courant, et nous allons faire une
courte et rapide enquête.
M. Léger: C'est-à-dire courte si cela
s'avère faux.
M. Cloutler: De toute façon, il va falloir faire une
enquête, pour savoir si cela s'avère faux ou vrai, car il va
falloir quand même aller aux renseignements.
M. Léger: Est-ce que le ministre peut nous dire quel
mécanisme s'avérerait utile si cela s'avérait vrai?
M. Cloutier: Moi, je ne réponds pas à des questions
hypothétiques, surtout lorsque cela met...
M. Léger: Non, mais dans des cas comme ceux-là.
M. Cloutier: ... en jeu des réputations. Commençons
par aller aux renseignements. Nous allons tout simplement
téléphoner ce sera très simple à la
commission scolaire intéressée pour savoir de quoi il retourne.
Les mécanismes sont inscrits dans toutes les lois. Ce sera à la
commission scolaire d'intervenir. S'il y a offense criminelle, je crois qu'il y
a un code pour cela.
M. Léger: Mais je parlais plutôt dans le sens d'un
cas général de conflit d'intérêts chez une personne
élue commissaire et qui se donne des possibilités dans le genre
de celles-là. C'est un conflit d'intérêts, ce n'est pas
illégal ou immoral...
M. Cloutler: Je ne porte pas de jugement, moi.
M. Léger: Est-ce qu'il y a des mécanismes
prévus pour cela? Je ne parle pas du cas particulier. Je parle en
général. Est-cequ'il ya des mécanismes qui
prévoient...
M. Cloutier: II n'y a pas de mécanismes dans la loi, pas
dans la Loi de l'instruction publique, en tout cas. Mais, si nous sommes en
présence d'un cas comme celui-ci, ce que nous faisons, c'est que nous le
référons au ministère de la Justice, s'il y a
matière à référer.
M. Léger: M. le Président, en ce qui me concerne,
concernant le programme7: La gestion interne et soutien du secteur
élémentaire et secondaire public, si d'autres
députés ont des questions, moi, je serais prêt à
l'adopter.
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Pilote): L'honorable député
de Jacques-Cartier m'avait demandé la parole.
Normes pédagogiques
M. Saint-Germain: Une dernière question, si vous voulez
bien. On dit que ce programme vise à expliciter et voir à
l'application des normes pédagogiques. En plus, le ministère,
comme de raison, accepte ou refuse les manuels scolaires ou le matériel
pédagogique, il y a les examens, il y a les exigences sur la
qualification des maîtres, qu'est-ce qui fait le lien direct entre une
commission scolaire et le ministère pour vérifier si les normes,
si les programmes, si les manuels sont selon les règlements
établis par le ministère?
M. Cloutier: Une liste de manuels est établie chaque
année et elle doit d'ailleurs être soumise au comité
catholique et au comité protestant du Conseil supérieur de
l'éducation et les commissions scolaires choisissent dans cette
liste.
M. Saint-Germain: Oui, je comprends, peut-être ne me
suis-je pas... Qui, au nom du ministère, a la responsabilité de
vérifier si, au point de vue pédagogique, tout se passe dans les
commissions scolaires selon les normes établies par le
ministère?
M. Cloutier: Je vois. Nous n'avons pas de système
d'inspecteurs comme cela existait autrefois, c'était une des raisons
d'être du système d'inspecteurs...
Une Voix: Des directeurs généraux.
M. Cloutier:... qu'on a peut-être mis trop rapidement de
côté. Ce sont les directeurs généraux et les
autorités de la commission scolaire qui ont cette
responsabilité.
M. Saint-Germain: Les directeurs généraux sont
choisis et ce sont des employés de la commission scolaire.
M. Cloutier: C'est exact, oui.
M. Saint-Germain: Leur responsabilité vis-à-vis du
ministère est floue, est mal déterminée.
M. Cloutier: Floue et mal déterminée, c'est
vrai.
M. Saint-Germain: Avez-vous pensé à y
remédier? Cela peut expliquer le manque d'autorité que la
population semble reprocher au ministère, jusqu'à un certain
point.
Comme je le disais je ne veux pas me répéter
étant donné qu'il y a un ministère de l'Education publique
et qu'on sent que l'autorité est diffuse les gens disent: Où est
le patron? Et le patron, vous savez...
M. Cloutier: II n'y a pas de patron en ce sens que le ministre de
l'Education ne dirige pas un système unifié, comme c'est le cas
en France et comme c'est le cas dans bien des pays. Il dirige une unité
administrative qui contrôle indirectement un certain nombre d'instances
décentralisées comme les col- lèges, les commissions
scolaires. Il a des pouvoirs par le financement qu'il accorde à ses
instances et il a également un certain nombre de pouvoirs de par la Loi
de l'instruction publique. Mais, il n'a pas une autorité directe.
Effectivement, je ne l'ai jamais caché, c'est un système
très difficile à administrer. Il m'apparaît important que
nous déterminions bien dans l'avenir ce que j'appelais le situs des
responsabilités, Trop souvent, le ministère de l'Education est
une espèce de bouc émissaire pour à peu près tout
ce qui se passe à tous les niveaux. D'ailleurs, j'irai plus loin, je
dirai qu'actuellement le ministère de l'Education est le bouc
émissaire pour à peu près tous les maux de la
société, tous les malaises de la société, tout ce q
ui va mal dans la société. On oublie, par exemple, que tous les
jeunes sont dans le système de l'éd ucation et la
société est là. Ce n'est pas toujours le système
d'éducation qui est responsable.
Le Président (M. Pilote): Programme 7...
M. Saint-Germain: Est-ce que vous croyez qu'à l'avenir il
y aurait lieu de remédier à cette lacune, ce manque de
définition des autorités?
M. Cloutier: Oui, et c'est tout le but de la politique de
décentralisation dont j'ai parlé dans mes remarques
préliminaires. Nous n'évoluerons certainement pas parce
que ce n'est pas le souhait de la population et ce n'est d'ailleurs pas dans la
tradition scolaire ici vers un système autoritaire, même
si, à l'occasion, ce serait bien commode. Mais, nous devrions
évoluer vers un système de contrepoids suffisant pour que
l'autorité s'exerce au bon niveau.
M. Saint-Germain: Oui. Ne croyez-vous pas, par exemple, que si
vous vous donnez l'autorité pour définir les programmes,
définir les méthodes pédagogiques, les accepter, les
refuser, soit au point de vue des manuels, soit au point de vue matériel
pédagogique, etc., vous vous donnez cette autorité? Vous vous
donnez même l'autorité de préparer les examens, à la
fin de l'année, pour les élèves.
Puisque vous avez cette autorité, ne croyez-vous pas que, comme
corollaire, vous devriez avoir les moyens d'imposer cette manière d'agir
à ceux qui ne veulent pas collaborer?
M. Cloutier: Je n'en suis pas sûr parce que l'on pense
à partir de deux schèmes de pensée différents. Si
le ministère vient à avoir pour fonction d'aller vérifier
ce qui se passe dans les classes, c'est pratiquement revenir au système
d'inspecteurs d'autrefois. C'est la négation de toute la réforme
qui a été faite jusqu'ici. Je ne dis pas qu'il n'y a pas des
excès et je sais très bien que le député pense aux
situations actuelles alors qu'on assiste à une dégradation qui
n'est pas acceptable, mais je crois qu'on est en train de faire la preuve que
nous allons manifester l'autorité que nous pouvons manifester, compte
tenu des circonstances. Mais je crois aussi que ce n'est peut-être pas
par la rigidité qu'on va mettre de l'ordre dans le système.
M. Saint-Germain: Quelles seraient les solutions que vous
pourriez apporter dans un, deux ou trois ans pour remédier aux
faiblesses du système, comme vous le dites?
M. Cloutier: Je pense que toute l'action de notre gouvernement
depuis 1970 a consisté à donner un coup de barre dans le domaine
de l'éducation. En fait, si vous comparez ces cinq dernières
années avec les années qui les ont
précédées, je crois qu'on a connu plus de paix que jamais
et qu'on a quand même réussi à fonctionner tout en
apportant des changements majeurs. Je pense à la loi 27 de mon
prédécesseur, je pense à la loi 71 sur la restructuration
scolaire de l'île de Montréal, pour ne citer que deux exemples.
Là, nous nous attaquons au financement des commissions scolaires,
à une plus grande décentralisation et c'est probablement dans ce
cadre que nous allons trouver des solutions. Encore une fois, il ne faudrait
pas accuser le système scolaire de tous les maux de la
société. Il n'y a pas de doute qu'on a peut-être
péché par naïveté quand on a mis sur pied certaines
réformes. Je pense surtout au collégial, de la façon dont
cela a été élaboré. On va y venir tout à
l'heure, aussitôt qu'on aura adopté ce programme. Quotidiennement,
nous tentons d'améliorer les choses.
M. Harvey (Dubuc): Des réformes nécessaires.
M. Cloutier: II y a des réformes et des réformes.
La réforme est un phénomène permanent.
M. Saint-Germain: Je ne veux pas continuer éternellement
là-dessus. Je crois que la question de finance est relativement simple.
J'avais surtout à l'idée des questions sur la qualité de
l'enseignement, la qualité de l'éducation. Je crois que c'est
beaucoup plus difficile.
M. Cloutier: Oui, mais ça, c'est plus difficile parce
qu'elle dépend des individus. Or, il faut bien l'avouer, notre
réforme nous a amenés à faire entrer un nombre
considérable d'enseignants il y en a plus de 100,000, vous savez
dans le système, dans un bon nombre de cas, à lesformer
rapidement, tout cela dans le contexte social que vous connaissez au
Québec. Alors, quelle sorte de société allons-nous avoir?
Est-ce qu'on va mettre un policier par école pour assurer une certaine
discipline ou si on va continuer à faire confiance à la grande
majorité de ceux qui assument leurs fonctions correctement et avec un
sens du devoir?
M. Harvey (Dubuc): M. le Président, est ce que je peux
demander au ministre... D'abord, il faut que je sache si je suis dans le bon
élément. Est-ce que la liste des constructions d'écoles
pour l'année prochaine a été déposée?
Le Président (M. Pilote): II y a eu des questions
là-dessus.
M. Harvey (Dubuc): Sur la construction d'écoles.
Le Président (M. Pilote): II y a eu des questions
posées là-dessus. Le sujet a été passablement
vidé. J'inviterais le député de Dubuc à
relire...
M. Harvey (Dubuc): Les constructions de piscines aussi?
M. Cloutier: On a parlé de cela toute la journée.
Je n'ai pas d'objection. Cela dépend du président.
Le Président (M. Pilote): J'inviterais le
député de Dubuc à relire le journal des Débats.
C'est inclus dans le journal des Débats.
Programme 7, éléments 1, 2 et 3 sont adoptés?
M. Léger: Elément 1, adopté. Pour 2 et 3,
une simple question.
Etant donné que, dans un cas, il y a une diminution de $60,000
et, dans l'autre, il y a une petite augmentation de $65,000, c'est, en
réalité, le statut quo et, devant un taux d'inflation
peut-être de 10%, c'est une diminution. Est-ce que le ministre peut nous
dire pourquoi il y aurait, en gros, une diminution, même si, en chiffres
absolus, cela s'équivaut, entre l'année dernière et cette
année?
M. Cloutier: Légère réduction de personnel.
Nous passons... Je pensais que c'était adopté, alors j'avais mis
ça de côté.
M. Léger: C'est juste une question...
M. Cloutier: On peut les donner, ce sont les réponses les
plus faciles à fournir.
M. Léger: C'est quasi le statut quo.
M. Cloutier: Ce n'est certainement pas le statut quo, c'est une
évolution qui est liée.
A l'élément 2, il y a quelques explications à
apporter, coopération spéciale sur les budgets...
Opérations spéciales sur les états financiers qui
se terminent, c'était un quart de million l'an dernier, cela descend
à $176,000; il y a un gel des effectifs à toutes fins pratiques
et il y a une légère diminution aux fournitures qui sont
centralisées. Je pense que ça explique le fait qu'apparemment le
budget descend à 7.2 et 7.3, ce sont à peu près les
mêmes... Le personnel reste sensiblement le même,
c'est-à-dire que notre effectif reste le même.
Le Président (M. Pilote): Les éléments 1, 2
et 3 sont adoptés?
M. Léger: Adopté.
Enseignement collégial public
Le Président (M. Pilote): Programme 9: Enseignement
collégial public.
M. Léger: M. le Président...
Le Président (M. Pilote): Un instant, qu'on se retrouve un
peu.
M. Léger: Huit vient après neuf. On suit un autre
ordre.
Le Président (M. Pilote): On suit un autre ordre.
M. Cloutier: Nous nous étions mis d'accord
là-dessus au début, je n'ai pas d'objection à remettre
ça en question.
M. Léger: Dans le domaine de l'enseignement
collégial...
Le Président (M. Pilote): Moi, j'ai des objections, M. le
ministre.
M. Cloutier: Très bien, nous avons un président
autoritaire, il a raison.
M. Léger: Nous sommes pilotés par un bon
président.
M. Cloutier: C'est pour ça que ça va bien.
Le Président (M. Pilote): Le député de
Lafontaine.
Programmes d'études
M. Léger: M. le Président, en ce qui a trait
à l'enseignement collégial, je n'aurai que quelques questions. Je
voudrais d'abord poser la question suivante: Depuis deux ans, on parlait, parmi
les objectifs du ministère de l'Education du Québec, de
remédier aux changements trop nombreux dans les programmes
d'études collégiaux, comment s'est concrétisé cette
politique de diminuer les changements dans les programmes d'études au
niveau collégial?
M. Cloutier: Est-ce que le député de Lafontaine me
permet que je lui demande une précision? Est-ce qu'il pense aux
options?
M. Léger: Je fais un lien avec votre rapport annuel, page
223, il est dit: "Suite à une période de consolidation de
l'enseignement collégial; à l'intérieur d'un
système scolaire, la recommandation est que des mesures se sont
dessinées pour remédier à des changements trop nombreux
dans les programmes d'étude."
M. Cloutier: C'est ce que je voulais essayer de comprendre. Il
s'agit des options.
M. Léger: Oui.
M. Cloutier: A plusieurs reprises, j'ai signalé qu'elles
me paraissaient trop nombreuses, même si elles sont toujours
accordées après une étude minutieuse des besoins, on a
peut-être péché par enthousiasme et, effectivement, nous
tentons actuellement de consolider ces options et nous allons vous donner plus
de détails sur la façon dont nous procédons au sein de la
direction générale.
Essentiellement, la façon dont on distribuait les options, cela
voulait viser un certain nombre d'objectifs; d'abord, les objectifs
d'accessibilité, surtout à l'enseignement professionnel,
d'accord? Cela se voulait aussi en prévision de besoins du marché
du travail, besoins tant quantitatifs que qualitatifs. On voulait tenir en
considération les équipements déjà en place ou le
coût des équipements à installer pour dispenser ledit
enseignement et puis on voulait tenir compte aussi des clientèles
effectives dans la région où on les implantait.
On y est allé selon différentes formules, en particulier
celle d'autoriser un collège, par exemple, dans une région
où il y a moins de clientèle, à dispenser la
première ou la deuxième année d'un enseignement bien
particulier.
On demandait à ce moment-là aux étudiants de
terminer leur troisième année dans un autre collège. On
visait de cette façon à diminuer les investissements et à
rentabiliser le système.
En pratique, on s'aperçoit qu'à partir de ces bonnes
intentions on a un peu trop distribué d'options et qu'en particulier, la
politique de donner un an ou deux ans à certains endroits, cela ne
faisait qu'inciter les étudiants à aller directement au
collège qui offrait les trois années.
On consolide maintenant le tout et on diminue graduellement, en gardant
sensiblement, pour le moment, les mêmes critères.
M. Léger: En gros, ce sur quoi je voulais avoir une
réponse, c'était que, même à l'intérieur des
options, il y avait des changements de programmes. Autrement dit, une
année, le programme était donné, l'année suivante,
il ne l'était pas. Il n'y avait pas de suite logique dans les
différents programmes, dans les mêmes options.
M. Cloutier: II s'agit d'un autre problème. On vous a
parlé des options et de leur consolidation. Si je comprends bien, vous
vous interrogez sur le suivi des options à l'intérieur d'une
même institution.
M. Léger: Oui.
M. Cloutier: Oui. Vous parlez du syllabus, de la façon
dont cela se passe à l'intérieur d'un établissement
scolaire. C'est assuré par la direction pédagogique du
collège. Effectivement, il y a eu, dans un certain nombre
d'institutions, des carences de ce point de vue.
M. Léger: Est-ce qu'il y a quelque chose de concret de
préparé maintenant, pour corriger ces situations?
M. Cloutier: Nous avons, par les directives, imposé un
rythme de trois ans aux évaluations, pour éviter qu'il y ait des
changements, des chambardements en cours de route.
M. Léger: Est-ce qu'il y a une certaine relation dans la
préparation des élèves qui partent du secondaire pour
aller au collégial. Est-ce que les options ou les programmes au
collégial sont bien dans une ligne de continuité avec ce qui
existe au secon-
daire, et la même chose partant du collégial à
l'université?
M. Cloutler: Oui.
M. Léger: Comment se crée cette relation
d'élèves qui ont réellement bien assimilé la base
leur permettant de passer dans l'autre cycle?
M. Cloutier: II y a des progrès à faire, mais je
dirais qu'il y a une bonne articulation. Nous avons d'ailleurs des
comités dont on va vous dire un mot. Ce sont ces comités qui
permettent d'ajuster les programmes de manière qu'il y ait une
continuité.
Il existe un comité de liaison de l'enseignement secondaire et de
l'enseignement collégial et il existe également un comité
de liaison de l'enseignement collégial et de l'enseignement
universitaire; à ces comités, vous avez des représentants
des deux niveaux qui, précisément, tentent de tout mettre en
oeuvre pour que les programmes soient bien coordonnés et que le passage
d'un niveau à l'autre se fasse le plus facilement possible et en
continuité.
M. Léger: Au niveau de telle polyvalente qui donne telle
option, est-ce qu'il y a, au niveau collégial, dans la même
région, la possibilité de continuer dans la même ligne le
diplôme qu'il a obtenu dans l'autre niveau?
M. Cloutier: Je pense qu'il faudrait que le député
de Lafontaine précise sa pensée. Il a parlé de
polyvalente. Il ne s'agit pas du tout de secondaire.
M. Léger: D'une polyvalente au CEGEP, dans la même
localité ou dans la même région.
M. Cloutier: Dans la même région.
M. Léger: Est-ce qu'il y a une certaine uniformité
ou une certaine relation possible pour un élève qui veut suivre,
partant d'une polyvalente ou d'un système secondaire, dans la même
région, a-t-il la possibilité de continuer ses études au
CEGEP dans l'option où il s'est déjà engagé?
M. Cloutier: Le député de Lafontaine est conscient
qu'au secondaire, il y a un secteur général et un secteur
professionnel, n'est-ce pas?
M. Léger: Oui.
M. Cloutier: II parle probablement du secteur
général. Effectivement, il y a un jeu d'options qui permet une
concentration, qui permet certains choix. Je ne vous cache pas que c'est un peu
cela que je remettais en cause dans mes remarques, cet après-midi, alors
que je parlais de spécialisation trop précoce. J'ai trop vu de
jeunes et je vois des enseignants autour de la table,
députés libéraux qui étaient d'une
très grande perplexité, pour ne pas dire d'une
anxiété considérable, au moment de choisir ce qui pourrait
représenter pratiquement le choix de leur vie.
Malgré tous les orienteurs du monde, on n'en ressort pas. Il y a
un travail de réflexion qui doit se faire au niveau collégial
pour éviter des spécialisations trop précoces. La
tentation était trop grande d'établir une continuité
à tous les niveaux.
M. Léger: C'est une coordination régionale quand
même qui se fait?
M. Lapointe: Me permettez-vous une question? C'est dans le
même sens que la question que vous venez de poser. En ce qui concerne
l'enseignement professionnel long, au niveau secondaire, y a-t-il une
possibilité pour un étudiant qui a terminé son
professionnel long au secondaire de poursuivre un cours professionnel au niveau
collégial?
M. Cloutier: II s'agit du professionnel court, au secondaire?
M. Lapointe: Le professionnel long. Le secondaire IV et V et, par
la suite, le collégial.
M. Cloutier: C'est cela. Oui, mais je dois dire que ce n'est pas
très au point. Nous allons peut-être pouvoir vous donner des
détails là-dessus, mais c'est possible, dans certains cas, cela
ne l'est peut-être pas autant qu'on le souhaiterait.
En fait, l'organisation des cours professionnels longs, au secondaire,
est telle que les cours sont prévus déboucher
immédiatement sur le marché du travail. Normalement, ils
permettent à l'étudiant de s'en aller sur le marché du
travail, ce qui n'empêchera pas l'étudiant, une fois rendu sur le
marché d u travail, après un certain temps, de revenir au
collégial, mais le cheminement n'est pas dans une continuité
totale.
M. Léger: Est-ce que cela relèverait du
ministère ou du conseil d'administration du CEGEP, le choix d'options
particulières? J'ai dans l'esprit la région de Lachute, où
j'ai été en fin de semaine, où il y a Mirabel. Les
étudiants de ce milieu qui voudraient plus tard continuer de travailler
dans leur milieu aimeraient avoir une option, soit dans l'aéronautique
ou dans un domaine en liaison directe avec l'aéroport. Le seul endroit,
je pense, c'est sur la rive sud où il y a des cours. Est-ce que cela
relève du ministère ou du conseil d'administration de la
commission scolaire?
M. Cloutier: II ne s'agit pas de commission scolaire.
M. Léger! Non pas de la commission scolaire, je veux dire
du collège.
M. Cloutier: C'est la responsabilité du collège
c'est ainsi qu'on a pensé le système de souhaiter
avoir certaines options qui collent aux réalités locales. Mais
c'est le ministère qui les autorisera, qui les approuvera. Le
ministère tente toujours d'orienter les options vers les besoins qui
sont identifiés dans une région donnée. Le
ministère
tente également, de plus en plus, parce que cela n'a pas toujours
été fait, il y a quelques années, d'essayer de les
réduire et de les rendre les plus rentables possible.
L'exemple que vous suivez est un exemple parfaitement possible, mais,
cependant, n'allez pas conclure que nous allons autoriser, à cause de la
proximité de Mirabel, une option aéronautique, parce qu'il faudra
quand même savoir combien d'options aéronautiques sont possibles
au Québec, car il est possible qu'une seule suffise, de même que
nous ne pouvons pas avoir une école de pilotage dans tous les CEGEP du
Québec.
Certaines personnes s'imaginent qu'elles ont un mauvais CEGEP, parce
qu'elles n'ont pas toutes les options. Là, on n'en sort plus.
M. Léger: De toute façon, l'initiative doit partir
d'un collège?
M. Cloutier: L'initiative doit toujours venir du milieu.
M. Léger: D'accord.
Une Voix: Vous auriez un mauvais CEGEP dans...
M. Cloutier: Je dirais que c'est plutôt cela, oui. M.
Déom: II travaillerait pour le fédéral.
M. Léger: Temporairement, oui. On pourrait travailler
d'une façon permanente dans un système fédéral
temporaire.
M. Déom: Assez longtemps encore. L'aéronautique a
enfoncé la porte, pour votre information, sur...
M. Léger: M. le Président, le rapport du
ministère énonce que, pour le jeu des normes budgétaires
et des règles budgétaires, l'écart entre les CEGEP les
mieux et les moins nantis s'est amenuisé et va continuer à
s'amenuiser. Le ministre peut-il nous donner les détails
là-dessus, nous dire de quelle façon, concrètement, cela
va fonctionner?
M. Cloutier: C'est qu'on introduit des facteurs de correction. On
l'a fait cette année par un montant de base. J'en ai parlé dans
mes remarques préliminaires assez longuement. Nous allons continuer dans
la même veine.
M. Léger: Dans le rapport du ministère, on parle,
parmi les projets, du raffinement des critères possibles d'indexation de
certaines dépenses pour les collèges les plus
éloignés et les plus défavorisés, de la
simplification de la structure des règles budgétaires pour
permettre une souplesse encore plus grande aux administrateurs locaux. Le
ministre pourrait-il nous donner des détails sur ces projets?
M. Cloutier: Allez-y donc.
Ce qu'on tente de faire au collégial, on tente de le faire
également à l'universitaire. On tente d'en arriver à une
nouvelle formule d'allocation des ressources financières de la part du
ministère vis-à-vis de chacun des CEGEP. A l'heure actuelle, le
régime que nous avons est un régime de règles
essentiellement qui s'applique de façon quasi automatique.
On va vraisemblablement, au cours des prochains mois, s'éloigner
de ce régime de règles. On continuera d'avoir des règles
qui nous serviront de critères de référence, mais on en
arrivera à une négociation beaucoup plus précise avec
chacun des CEGEP pour mieux tenir compte des problèmes particuliers de
chacun des CEGEP. Cette nouvelle formule d'allocation des ressources se
situerait dans le prolongement de la formule d'allocations retenue par le
gouvernement, c'est-à-dire avec le processus de l'allocation triennale
de la revue de programmes et de la budgétisation.
Si le député de Lafontaine veut relire les remarques
préliminaires, il va trouver une explication de cette approche.
M. Léger: Oui, d'accord. De toute façon, tout ce
qui est dit pendant le discours, il faut le relire, c'est sûr, pour
vérifier la logique.
M. Cloutier: J'essaie de faire le lien entre les
différentes parties de nos discussions.
M. Léger: M. le Président, où en est rendu
le plan quinquennal d'aménagement des collèges en concordance
avec le plan quinquennal des investissements approuvés par le
trésor, tel que vous en parlez dans votre rapport du ministère de
l'Education?
M. Cloutier: Notre programme d'immobilisations?
M. Léger: Oui, entre autres.
M. Cloutier: Nous avons procédé à une
opération analogue à celle que je vous ai décrite au
niveau des commissions scolaires, à savoir que, compte tenu de
l'inflation, de l'augmentation des coûts de construction, des
restrictions budgétaires et de la diminution de clientèle ou du
réajustement des clientèles, je dirais, nous avons
été amenés à revoir tous les projets au niveau
collégial. L'opération n'est pas terminée, d'ailleurs.
M. Léger: Est-ce que le ministre pourrait déposer
demain ou aujourd'hui, si vous l'avez, toutes les immobilisations
approuvées cette année, autant en construction nouvelle qu'en
réfection ou en réadaptation?
M. Cloutier: Très volontiers. Ce qui est approuvé
jusqu'ici?
M. Léger: Oui.
M. Cloutier: Parce qu'il y a encore un certain nombre de projets
qui sont à l'étude, largement parce que nous avons
été obligés de rajuster des
clienteles.Vous savez, ce qui se passe, c'est que le milieu
présente certains chiffres qui sont toujours présentés de
bonne foi, je le pense, mais qui parfois représentent beaucoup plus
d'espoir que de réalité. Alors, nous sommes obligés de
revoir ces chiffres et de tenir compte des clientèles que nous pouvons
prévoir à un moment donné.
M. Léger: Maintenant, j'aurais une question plus
précise, plus locale. Cela concerne la situation au niveau du CEGEP de
Thetford. On sait que le futur CEGEP est promis depuis cinq ans, si bien que
dans les locaux actuels qui ne peuvent recevoir que 650 étudiants, on en
compte cette année 1,307. Est-ce que le ministère va
débloquer les fonds bientôt? Qu'est-ce qui retarde la construction
de ce CEGEP?
M. Cloutier: C'est réglé. Ce qui retardait la
construction de ce CEGEP, c'était précisément le
problème de clientèle. Il y avait entre les chiffres fournis par
le milieu et les chiffres de nos expertises une différence de quelques
centaines d'élèves. Vous comprenez qu'il n'est pas possible de
construire sans s'assurer exactement des besoins que l'on cherche à
satisfaire. Le problème est réglé. L'arrêté
en conseil doit être signé, je pense, demain. C'est une question
de deux ou trois jours.
M. Léger: La construction pourrait commencer dans combien
de temps?
M. Cloutier: Là, les devis existent. Il y a
peut-être des révisions de devis qui s'imposeront, étant
donné qu'il y a eu une baisse de clientèle. Nous nous sommes
entendus avec les autorités locales, mais nous ne construisons pas... Je
crois qu'au départ on pensait à 1,500 et cela a été
réduite 1,350. Maintenant, nous allons construire 1,100. Alors, cela
amène quelques réajustements. Je ne peux pas vous dire de combien
de temps les architectes auront besoin, mais à mon avis, cela ira
très vite.
M. Léger: M. le Président, en ce qui concerne le
collégial, nous avons terminé. Peut-être que d'autres
députés ont des questions.
Le Président (M. Pilote): Le député de
Matane.
M. Côté: M. le ministre, est-ce que vous n'avez pas
l'impression que depuis quelques années, en ce qui concerne
l'enseignement en général dans les CEGEP, il décroît
en termes de qualité. Je pense qu'on assiste actuellement à des
cours s'il faut parler de cours, c'est bien en général
où au début de l'année les étudiants
rencontrent le professeur: Vous allez avoir telle matière; on se
rencontre deux fois dans l'année, ou durant le semestre; on fait
l'évaluation ensemble à la fin du semestre. Face à cela,
qu'est-ce q ue le m in istère peut fai re? Qu 'est-ce que le
ministère envisage de faire? Je pense que quand même les
professeurs sont là non seulement pour animer, mais aussi pour donner
certaines matières.
M. Cloutier: Je n'ai jamais caché que je n'étais
pas satisfait de la façon dont le niveau collégial fonctionnait.
C'est, d'ailleurs, la raison pour laquelle il y a à peu près un
an, maintenant un peu plus d'un an, j'ai confié le mandat très
spécial, et pour la première fois, au Conseil supérieur de
l'éducation de procéder à un vaste bilan de l'enseignement
collégial. Ce bilan sera déposé d'ici, peut-être, un
mois et demi, deux mois. C'est à partir de ce bilan que nous pourrons
mieux identifier les vices du système, les malaises qui existent et que
nous pourrons envisager une refonte de la loi 21, de la loi constitutive des
CEGEP. C'est un travail de longue haleine, mais qui s'impose.
Il était normal que nous attendions quelques années avant
de faire un bilan de cet ordre. Qu'est-ce qui peut être envisagé?
Il est probablement prématuré pour moi de vous le dire. Je ne
pense pas qu'il y ait intérêt à évoluer vers un
système autoritaire, alors que ce serait le ministère qui
administrerait tous les CEGEP. Cela signifie qu'il faut évoluer vers un
système où la responsabilité sera encore plus grande au
niveau local, mais où, si cette responsabilité n'est pas
assumée, la population saura juger et saura comment réagir.
Je pense à une possibilité qui ferait en sorte que les
CEGEP décerneraient leurs propres diplômes. Pourquoi pas? Si les
CEGEP décernaient leurs propres diplômes, croyez-moi, il y aurait
de telles demandes de la part des populations qu'on ne verrait pas la
quantité de folies je n'hésite pas à dire le mot
que l'on voit dans certaines institutions. Mais, à ce moment, il
faudrait, parce que le ministère conserverait une responsabilité
de protection du public et de maintien de qualité de l'éducation,
avoir un système de ce que l'on appelle accréditation et qui
serait extrêmement serré.
Je vous donne une hypothèse. Je ne vous cache pas que c'est une
hypothèse personnelle. Il n'est pas du tout sûr qu'elle soit
retenue à un moment donné. J'ignore même si le Conseil
supérieur de l'éducation l'a envisagée. Mais une chose
certaine, c'est que nous ne pouvons plus accepter un certain nombre d'anomalies
qui se passent dans le niveau collégial. Nous ne pouvons plus accepter
les marchandages annuels concernant la durée du calendrier scolaire,
alors qu'on considère le calendrier scolaire comme une brimade pour les
étudiants, alors qu'il s'agit uniquement d'une façon de les
protéger et de leur donner une éducation de qualité. C'est
terminé, tout cela. Chaque année, depuis que le réseau
existe, cela a été la même histoire. Je peux vous affirmer
que cela tire à sa fin.
Le Président (M. Pilote) : L'honorable
député de Dubuc.
M. Harvey (Dubuc): M. le Président, je veux demander au
ministre comment cela va dans la régionalisation au
Saguenay-Lac-Saint-Jean.
M. Cloutier: Le Saguenay-Lac-Saint-Jean est une vaste
région où il existe des particularismes très forts.
M. Déom: C'est le moins qu'on puisse dire.
M. Cloutier: Je dirais que l'opération marche bien.
M. Harvey (Dubuc): Est-ce que le ministre a l'intention
d'intervenir face aux tiraillements entre les différents CEGEP?
M. Cloutier: Je n'ai fait qu'intervenir depuis trois ans.
Une Voix: C'est un projet pilote.
M. Cloutier: J'ai eu de très nombreuses rencontres avec
les représentants des différents milieux. Il faut bien se rendre
compte qu'une opération de régionalisation, c'est une
opération complexe, parce qu'elle se fait à partir d'institutions
qui existent et qui ont, évidemment, tendance à conserver ce
qu'elles ont. Je dois ajouter que l'opération de régionalisation
a été lancée par le ministère de l'Education d'une
façon un peu empirique. Il n'y avait pas de fondement juridique à
l'opération de régionalisation. La loi, telle que
rédigée, n'en parlait pas, sans l'interdire, ne la permettait
pas. Nous l'avons fait sans toujours prévoir ceci remonte
à quelques années les difficultés que nous
connaîtrions et, maintenant, il va certainement falloir que nous
envisagions de modifier la loi, de manière à donner plus
d'autonomie aux CEGEP qui feront partie de la régionalisation. Quand
cette loi sera-t-elle modifiée? Je ne saurais vous dire. Est-ce que nous
allons proposer un amendement assez rapidement, ou est-ce que nous allons
attendre le dépôt du rapport de la commission du Conseil
supérieur de l'éducation, de manière à modifier
tous les autres aspects de la loi en même temps? C'est une question
à débattre.
M. Harvey (Dubuc): C'est clair que c'est par amendement à
la loi qu'on va régler notre problème dans la région,
parce qu'actuellement il n'y a aucun moyen de fonctionner.
M. Cloutier: J'ai l'impression que le député de
Dubuc a raison. Je préférerais...
M. Harvey (Dubuc): Remarquez bien que je ne parle pas pour mon
CEGEP, parce que je n'en ai pas.
Le Président (M. Pilote): Tu parles pour ta région,
le Saguenay...
M. Harvey (Dubuc): Je parle pour la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean.
M. Cloutier: J'ai toujours constaté, d'ailleurs, que tous
les députés de la région, y compris les
députés de l'Opposition, avaient un sens poussé de leur
appartenance.
M. Harvey (Dubuc): Très bien.
M. Déom: Conscience régionale.
M. Cloutier: Personnellement, je préférerais, ne
serait-ce que par logique, attendre le dépôt du rapport du Conseil
supérieur de l'éducation. Effectivement, il peut être
nécessaire d'envisager un amendement purement technique à la loi,
pour faciliter les choses dans cette région, mais cet amendement aurait
le même effet dans les autres types de régionalisation qui
existent au Québec, parce que ce n'est pas le seul.
Le Président (M. Pilote): Nous vous remercions. Le
député de Laurentides-Labelle.
Personnel de cadre
M. Lapointe: Existe-t-il, au niveau collégial, comme au
niveau secondaire ou élémentaire, des critères ou des
qualifications minimales exigées pour l'engagement du personnel de cadre
d'un CEGEP, ou si c'est laissé à l'entière liberté
du conseil d'administration d'établir ces critères?
M. Cloutier: II s'agit de notre politique administrative et
salariale. Si vous voulez quelques détails...
M. Martin est peut-être plus apte que moi à les donner, sur
cette politique.
Ce sont plutôt les principes que les détails. Il y a une
politique administrative et salariale qui, en définitive, comme au
secondaire ou à l'élémentaire, définit le cadre
général, la structure d'organisation qui classifie les postes et
qui identifie des fourchettes ou des échelles de salaires pour chacun
des postes et qui, également, spécifie les qualifications
minimales, donc à portée provinciale, pourêtre admissible
à chacun des postes: directeur général, directeur des
services pédagogiques, directeur de l'équipement, directeur
administratif.
M. Lapointe: Qui est le représentant du ministère
qui siège sur le comité de sélection, par exemple, pour
l'engagement d'un directeur général d'un CEGEP?
M. Cloutier: Vous voyez ce que cela'donne dans certains cas, mais
il y a un problème des pouvoirs des directeurs généraux.
Ces pouvoirs sont mal définis. Il y a un problème du conseil
d'administration. Le conseil d'administration est fait de groupes
d'intérêts souvent très divergents.
Vous avez des représentants des socio-économiques, des
représentants des professeurs, des représentants des parents, des
représentants des étudiants. C'est peut-être très
beau en théorie, mais il est bien évident qu'en pratique, c'est
loin de toujours marcher. On doit s'interroger là-dessus.
Il y a la question du fait que l'avenir des directeurs
généraux dépend souvent non seulement des conseils
d'administration, mais des comités pédagogiques. Il y a tout un
jeu d'influences qui transforme ces institutions en boîtes très
difficiles à administrer. Nous allons nous interroger
là-dessus.
Je compte beaucoup sur le rapport du Conseil supérieur de
l'éducation pour nous apporter des réponses, parce que j'ai
donné comme mandat au comité du conseil non pas de nous faire une
belle étude théorique encore. De cela, on en a tant qu'on
veut au ministère, des belles études théoriques sur
ce que devrait être un système, sur la participation, sur la
cogestion, etc. Ce n'est pas cela du tout que nous voulons. S'ils m'apportent
cela, soyez convaincus que nous allons mettre le rapport de côté.
Ce que nous voulons, c'est une identification des problèmes, des
malaises, et à quoi exactement cela correspond, avec des solutions ou
des recommandations.
Si nous n'avons pas cela, nous allons les faire nous-mêmes, nous
sommes capables.
Le Président (M. Pilote): Le député de
Saint-Jean.
M. Veilleux: Je ne parlerai pas du problème, même si
j'étais porté à parler du CEGEP de Limoilou. Nous
continuerons, cette semaine, à l'Assemblée nationale, à
poser des questions ou à interroger le ministre là-dessus, mais
je sais que, présentement, dans certains CEGEP, et spécialement
le CEGEP de Saint-Jean-sur-Richelieu, qui est dans mon comté, il y a eu,
la semaine passée, une journée d'étude pour discuter du
renvoi de certains professeurs qui avaient été engagés
pour un ou deux ans, pour remplacer des professeurs qui étaient en
stage, compte tenu de certains échanges en Afrique, et qui devaient
revenir pour septembre prochain. Ce phénomène de journées
d'étude pour étudier ces problèmes s'est-il répandu
dans plusieurs CEGEP au Québec, ou si cela a été
uniquement quelque cas isolés ici et là?
M. Cloutier: C'est très isolé. Cela a
été le seul cas. Nous avons eu notre crise annuelle en
décembre.
M. Veilleux: C'est-à-dire des prêts-bourses aux
étudiants.
M. Cloutier: C'est cela. Mais depuis lors je dois dire que les
choses marchent très bien dans le réseau collégial. Nous
avons agi avec fermeté et souplesse, lors de cette crise. Nous avons
réussi à réaménager les calendriers scolaires d'une
façon satisfaisante, sauf dans une ou deux institutions.
M. Veilleux: Mais le cas de journées d'étude pour
des renvois de professeurs qui avaient été, auparavant d'une
manière bien déterminée, engagés pour une
période d'un ou deux ans, si je comprends bien le ministre, il n'y
aurait pratiquement qu'au CEGEP Saint-Jean-sur-Richelieu qu'un tel
phénomène se serait produit.
M. Cloutier: Jonquière également, mais pour
d'autres causes. A Jonquière c'était davantage lié au prob
lème de la rég ionalisation dont parlait le dép uté
de Dubuc il y a quelques instants.
M. Veilleux: Est-ce qu'au CEGEP de Saint-Jean-sur-Richelieu c'est
réglé définitivement ou si...
M. Cloutier: C'est réglé.
M. Veilleux: C'est réglé. Ils ont
étudié une journée et ils ont réglé le
problème.
M. Cloutier: Ce n'est quand même pas anormal. Ce qui est
plus anormal ç'ont été les marchandages souvent
discutables concernant les calendriers scolaires, les examens dans certaines
institutions. Encore une fois, le problème semble être sous
contrôle actuellement.
Enseignement du français
M. Veilleux: Pour revenir à la qualité des cours,
pour faire suite, peut-être aux propos que tenait le député
de Matane, tout à l'heure, je pense qu'on ne peut pas s'empêcher
de mentionner certains articles qui ont paru dans la Presse
signés par Mme Gagnon relativement à l'enseignement du
français. On a parlé longuement de la qualité de
l'enseignement du français dans le secteur élémentaire et
secondaire. Il y aurait peut-être lieu de s'interroger quelques instants
sur l'enseignement du français au niveau du CEGEP. Compte tenu de la
situation qui peut prévaloir à des endroits très
isolés il faut le mentionner aussi au niveau des CEGEP,
comme le mentionnait Mme Gagnon, dans un CEGEP de Montréal, par exemple,
les professeurs, pour ne pas jouer le jeu du capitalisme et de la bourgeoisie,
ont décidé qu'il n'y avait plus de correction d'examens de
français. Cela a été un tirage au sort des
résultats. Est-ce que le ministre est à même, ce soir, de
nous dire si...
M. Cloutier: Je peux vous en raconter de pires.
M. Veilleux: ... ce phénomène est isolé dans
quelques CEGEP ou si cela semble s'étendre à d'autres CEGEP que
celui que Mme Gagnon aurait mentionné?
M. Cloutier: C'est le seul exemple que je connaisse, mais il y a
très certainement un tas de choses qui se passent et qui ne sont pas
acceptables. Attendons le rapport du Conseil supérieur de
l'éducation et à ce moment-là nous verrons de quelle
façon refaire la loi.
Il ne faudrait pas, parce qu'on rapporte beaucoup de faits qui ne sont
absolument pas acceptables pour ceux qui ont un peu d'éthique
professionnelle, juger tout le système collégial. Le
système collégial a joué un rôle extrêmement
important ici au Québec. Il nous a permis de scolariser des centaines de
milliers de jeunes Québécois qui ne l'étaient pas avant et
qui ne l'auraient pasété. Il nous a permis de développer
un secteur professionnel qui était dans l'enfance. Il n'existait pas, en
fait. Il y avait des écoles techniques, mais il n'y avait pas de
véritable secteur professionnel. L'année dernière, nous
avons même réussi à renverser la proportion de l'importance
du général par rapport au professionnel. Actuellement, le
professionnel est plus important. J'ajouterais que la très grande
majorité de nos étudiants du secteur professionnel se place dans
les six mois, 80% à 85%. Ce qui est très important.
Remarquez qu'il y a des différences suivant les CEGEP. Là
on remarque j'ai parlé avec beaucoup d'employeurs que les
employeurs ont rapidement repéré les quatre ou cinq CEGEP au
Québec
qui se sont donné des vocations un peu trop particulières.
Et je n'en dis pas plus pour l'instant. Les employeurs ont tendance à
avoir un peu moins confiance aux étudiants qui sortent de ce CEGEP parce
que le diplôme comporte la mention du CEGEP, n'est-ce pas. On a aussi
constaté que certains CEGEP je pense à un CEGEP de la
région montréalaise où les choses avaient
été très mal, une année, les inscriptions ont
baissé l'année suivante. C'est ce que j'appelle le contrepoids
social. Les étudiants veulent étudier, la grande majorité
et en majorité aussi, les professeurs veulent enseigner. Alors, il y a
des facteurs de troubles ici et là, mais cela ne met pas en jeu tout le
système. De même, il y a eu des CEGEP qui ont été
mis en tutelle, il y en a eu trois ou quatre depuis que je suis là, et
je dois dire que dans tous ces CEGEP, cela marche plutôt bien maintenant.
Ce n'est pas pour prôner la méthode forte, mais je crois qu'une
société a quand même le devoir de se donner des structures
cohérentes, quand elle s'aperçoit que les structures qu'elle
s'est données n'ont peut-être pas permis les résultats
escomptés, de les corriger.
Formation des infirmières
M. Veilleux: M. le Président, j'aurais d'autres questions
à poser sur le contenu pédagogique au niveau des CEGEP. Je me
souviens lorsque nous avons discuté, à une autre commission
parlementaire, des lois qui se rattachent au code des professions.
Nous avons eu l'occasion, pendant plusieurs semaines, je dirais
même plusieurs mois, d'être en contact fréquent avec des
représentants de l'Association des infirmiers et des infirmières
du Québec où on nous a mentionné que l'Association avait
énormément de difficultés a pénétrer
à l'intérieur des CEGEP pour analyser la qualité des cours
qui étaient donnés en technique infirmière. Je sais que,
par le code des professions que nous avons voté, nous avons donné
une reconnaissance professionnelle à l'Association des infirmiers et
infirmières du Québec; on leur donnait la possibilité de
pénétrer à l'intérieur des CEGEP et de faire une
certaine surveillance de la qualité des cours qui étaient
donnés.
Est-ce que, depuis que la loi a été votée dans le
domaine social, les portes des CEGEP du Québec ont été
plus ouvertes aux représentants de cette association qu'elles ne
l'étaient auparavant?
M. Cloutier: Oui, M. le Président, nous avons revu toute
cette question de la formation des infirmières. Je dois dire que cela me
préoccupait personnellement, n'étant pas totalement
étranger au milieu médical et ayant souvent des rapports qui
m'étaient faits sur la qualité des infirmières sortant des
CEGEP, compte tenu du fait qu'elles ne bénéficiaient pas beaucoup
de stages pratiques, que ces stages fonctionnaient plus ou moins bien.
M. Veilleux: C'est ça.
M. Cloutier: Nous avons revu toute la situation au
ministère et, actuellement, il est effectivement possible de
vérifier la formation.
Très précisément, on a rencontré, la semaine
dernière, les directeurs généraux des CEGEP,
précisément pour mettre au point les mécanismes qui sont
prévus dans un article du code des professions, alinéa B) de
l'article 178, et ça prendra la forme suivante: comités conjoints
où seront représentés, bien sûr, des membres des
CEGEP qui dispensent cet enseignement professionnel, des membres des
corporations, des représentants de la direction générale
de l'enseignement collégial et, vraisemblablement, des étudiants
dans ces différentes disciplines. Alors, le mécanisme
était à être mis au point.
M. Veilleux: Est-ce qu'il y a d'autres associations
professionnelles qui peuvent bénéficier, à
l'intérieur des CEGEP, des mêmes privilèges que
l'Association des infirmiers et infirmières du Québec?
M. Cloutier: Pour toutes les professions reconnues au sens du
code des professions; le mécanisme sera appliqué pour toutes ces
corporations professionnelles.
M. Veilleux: J'aurais une dernière question à poser
au ministre en regard de l'enseignement, des normes pédagogiques. On va
le trouver dans le secteur du CEGEP collégial public. Quelles sont les
normes du ministère concernant le nombre minimum de crédits ou de
cours que doivent suivre des étudiants par session au niveau des
CEGEP?
J'entends ici le nombre de crédits aux sessions de jour, pas
l'éducation aux adultes au niveau des CEGEP, mais pour les
étudiants réguliers. Est-ce qu'il y a des minimums ou si...
M. Cloutier: Oui, 4 et 7; 4 cours pour obtenir la
gratuité, parce qu'à ce moment l'étudiant est
considéré comme un élève à temps plein et il
peut aller jusqu'à 7 cours.
M. Veilleux: Cela peut équivaloir à combien
d'heures de cours par semaine, quatre cours?
M. Cloutier: Cela fait douze fois 50 minutes. On va calculer
ça. Qui est fort en mathématiques?
M. Veilleux: Douze fois cinquante par semaine?
M. Harvey (Dubuc): Enlevez douze fois dix minutes et mettez
l'heure au complet.
M. Veilleux: M. le Président, je pose la question pour la
raison suivante...
M. Cloutier: En fait, c'est que le crédit n'est pas une
unité de mesure au système collégial. Nous fonctionnons
par cours et nous fonctionnons par heure.
M. Veilleux: Je pose la question au ministre pour la raison
suivante...
M. Cloutier: C'est pour ça qu'il nous est un peu difficile
de répondre.
M. Veilleux: ...c'est qu'on peut rencontrer dans certains
CEGEP...
M. Cloutier: Voilà, je pense qu'il y avait une
préoccupation sous-jacente.
M. Veilleux: ...des étudiants perpétuels, si je
peux m'exprimer ainsi.
M. Cloutier: Vous pouvez...
Prêts-bourses
M. Veilleux: Des spécialistes étudiants au niveau
CEGEP et, inutile de...
M. Cloutier: ...payés par certains syndicats dans quelque
temps.
M. Veilleux: ...parce que je regarde tout simplement au CEGEP de
ma région...
M. Cloutier: Oui, mon cher.
M. Veilleux: ...il y a quand même des étudiants
je veux être très clair là-dessus au CEGEP
Saint-Jean-sur-Richelieu, qui devaient terminer, par la force des choses, leur
cours à la dernière session qui est en train de se terminer
présentement. Compte tenu de certains facteurs, tel que le ministre l'a
mentionné tout à l'heure, au mois de novembre ou de
décembre dernier, lors de la grève pour les prêts-bourses,
deux ou trois de ces étudiants ont décidé de prolonger
leur séjour au CEGEP Saint-Jean-sur-Richelieu pour une cinquième,
sixième ou même septième année en diminuant leur
nombre de cours.
Je pose la question suivante au ministre: Est-ce qu'il est normal,
compte tenu du temps que cela peut prendre pour l'étudiant à
étudier et à travailler, de se contenter d'un minimum de quatre
cours ou s'il n'y aurait pas lieu d'envisager une possibilité
d'augmentation, pour ne pas avoir d'éternels étudiants, au niveau
des CEGEP, qui se spécialisent dans d'autres choses que les
études?
M. Cloutier: La situation que décrit le
député de Saint-Jean est exacte. Même, pour l'empirer un
peu, je vous dirai que jusqu'à un avenir relativement récent, ces
étudiants pouvaient même se qualifier pour des
prêts-bourses, à répétition. Nous avons mis fin
à cela. Nous sommes en train de revoir les critères dans notre
grande réforme des prêts-bourses? La solution dont parle le
député de Saint-Jean apparaîtra lorsque nous referons la
loi 21.
Vous vous souvenez peut-être, il y a deux ans, de cette crise dite
du régime pédagogique, parce que, dans le système
collégial, nous avons eu des crises à
répétition.
Le régime pédagogique qui était proposé
envisageait des mesures qui mettaient fin à ces excès qui ne sont
absolument défendables nulle part. Il faut donner du jeu à un
étudiant qui peut être obligé de reprendre ou de prolonger
des cours, mais il y a une limite.
Ce régime pédagogique n'a pas pu être
restauré et nous avons préféré confier à ce
moment-là l'en- quête au Conseil supérieur. Ce sera
certainement un point qui sera retenu dans une refonte de la loi.
M. Veilleux: Est-ce que le ministre envisage cette refonte dans
un avenir assez rapproché ou si on va encore subir pendant un ou deux
ans ce genre d'étudiants au niveau des CEGEP?
M. Cloutier: Voici un peu la planification que j'ai dans
l'esprit. Cela va peut-être intéresser les gens autour de la
table; je n'en ai jamais parlé jusqu'ici. Le rapport du Conseil
supérieur devrait nous parvenir en juin. Nous allons, bien sûr, en
prendre connaissance, l'étudier.
J'envisage la possibilité je dis la possibilité
d'une commission parlementaire sur le rapport, non pas sur la loi. Il
n'y aura pas de commission parlementaire après la deuxième
lecture sur la loi, je vous le dis tout de suite. Vous pouvez faire la lutte
que vous voudrez, il n'y en aura pas.
En revanche, il y en aura une, le cas échéant...
M. Léger: Pourquoi ferions-nous une lutte d'avance?
M. Cloutier: Parce que vous en faites toujours pour obtenir une
commission parlementaire après la première lecture. Comme c'est
devenu un "pattern", je vous dis tout de suite que cela ne sera pas pour vous
le refuser, mais parce que je considère que ce n'est pas utile.
En revanche, il serait utile d'avoir une commission parlementaire sur le
rapport. Les gens qui ont des choses à dire pourront venir les dire et
on refera la loi. Il ne faut pas s'illusionner, c'est un processus qui peut
prendre effectivement un an et demi, deux ans. C'est un processus
extrêmement complexe et il était impossible de l'engager avant,
parce qu'il a quand même fallu donner au régime collégial
cinq, six années de course, pour voir un peu comment le système
allait tomber en place.
M. Veilleux: Mais, si je comprends bien le ministre, dès
septembre prochain, il peut y avoir des améliorations au secteur des
prêts-bourses, concernant le nombre minimum de cours que devront
suivredes étudiants pour pouvoir bénéficier d'un
prêt-bourse?
M. Cloutier: Pas septembre prochain, parce que, pour septembre
prochain, on est obligé de fonctionnerd'après la loi qui existe,
d'après l'ancien système. Nous avons pu apporter de très
grosses améliorations au système de prêts-bourses à
la suite de la crise de décembre, mais nous n'avons pas pu apporter le
changement d'envergure que je souhaite, qui va supposer une nouvelle
législation et une approche totalement différente, parce que les
délais étaient trop courts. Les formulaires sont
déjà parvenus aux étudiants pour l'année
1975/76.
Ces changements seraient pour 1976/77.
M. Veilleux: M. le Président, je vais terminer en disant,
pour le bénéfice du député de Lafontaine, pour
qu'il ne me prête pas des intentions, que si j'ai posé des
dernières questions au ministre, relative-
ment au nombre minimum de cours que devraient suivre les
étudiants, c'est parce que, dans mon comté, j'ai des
étudiants qui viennent me voir et qui vont au CEGEP pour étudier.
J'ai des professeurs qui viennent me voir et qui vont au CEGEP pour enseigner.
Ils ont à subir les contrecoups de deux ou trois personnes qui jouent ce
jeu-là au niveau du CEGEP chez nous, jeu qui doit certainement se
retrouver au niveau d'autres CEGEP. Ils m'ont demandé de poser ces
questions au ministre, pour avoir des réponses et savoir, dans le temps,
quand on peut envisager une amélioration dans ce domaine, relativement
à ce problème.
Je remercie le ministre de me faire part que, d'ici un an, un an et
demi, on pourra commencer à entrevoir une très nette
amélioration au niveau des CEGEP, relativement au nombre minimum de
cours que devront suivre les étudiants au niveau des CEGEP.
M. Cloutier: Je dirai que nous pourrons ressentir une
amélioration avant même que nous puissions engager le processus de
la refonte de la loi, parce que je crois que, à cause des attitudes de
fermeté que nous avons prises depuis quelques années, nous avons
réussi à maintenir les principes. Souvenez-vous de cette
première crise, en 1972, du calendrier scolaire, alors qu'on avait tout
le monde dans la rue. A ce moment, souvenez-vous que j'étais assez
isolé pour maintenir un principe pédagogique qui pouvait
paraître en tout cas, certainement aux yeux de l'Opposition du
temps farfelu. Mais c'était essentiel pour qu'on garde un vestige
au moins d'enseignement collégial. Cela a été très
dur, nous avons tenu.
Je crois que, de crise en crise, nous avons marqué des
progrès en ce sens que nous avons plus d'ordre dans le réseau.
Les parents ont aussi des possibilités. Un exemple récent,
à Sainte-Anne-de-la-Pocatière, le démontre. A
Sainte-Anne-de-la-Pocatière, il y avait un conflit sur lequel je ne veux
pas prendre position, mais les parents ont obtenu une injonction...
M. Veilleux: Un peu comme à...
M. Cloutier: ...obligeant les enseignants à reprendre
leurs cours. Voilà une technique qui fait partie des contrepoids sociaux
dont je parlais tout à l'heure, qui peut quand même
également aider. Je pense que, d'une part, nous avons engagé un
processus d'une très grande importance, refonte de la loi, mais, d'autre
part, nous avons également, par nos attitudes, depuis quelques
années, et aussi par les initiatives que nous avons prises pour
assouplir le système et corriger un certain nombre de malaises
réels qui existaient, je pense, amélioré les choses.
M. Léger: Le ministre peut-il nous dire, à la suite
de l'intervention du député de Saint-Jean, s'il a des
statistiques du phénomène qu'il vient de mentionner qu'on appelle
celui des"dropins"? Ce sont des étudiants perpétuels. Il y en a
qui peuvent étudier une année ou deux de plus, parce qu'ils n'ont
pas trouvé de travail, il y en a d'autres, c'est par paresse ou tout
simplement parce qu'ils préfèrent continuer à
étudier. Il n'y a pas de chiffres là-dessus?
M. Cloutier: Non, nous n'avons pas réussi à avoir
de statistiques là-dessus. Je dirais que c'est un nombre limité,
très limité. Ce n'est pas un problème à cause de
cela, c'est surtout parce qu'un certain nombre de ces étudiants ont
été, à l'occasion, des agitateurs. Il n'y a pas d'autre
expression, cela s'appelle comme cela.
M. Léger: L'oisiveté est la mère de tous les
vices.
M. Cloutier: Non, qu'est-ce que vous voulez? Une
société connaît des remous, connaît des soubresauts.
Notre système, dans la mesure où c'était un système
très ouvert, instauré rapidement, a peut-être
favorisé cela. Il y a certains CEGEP, par exemple, qui sont
contrôlés par certains groupes d'intérêts. Je pense
à des conseils d'administration.
Il est bien évident que ces groupes d'intérêts n'ont
peut-être pas le bien commun toujours présent à l'esprit.
Il y en a aussi dans d'autres CEGEP qui veulent préconiser des
théories de la société qui pourraient parfaitement faire
l'objet d'une démarche politique de leur part, s'ils le souhaitaient.
Mais, malheureusement, on choisit d'oeuvrer dans un sens qui ne fait pas partie
de ce que j'appelle l'éthique professionnelle. C'est la situation qu'il
faut déplorer.
Manifestation politique
M. Veilleux: J'aurais, M. le Président, une
dernière question à poser au ministre. Avant Pâques, lors
de mon intervention sur le discours inaugural, je mentionnais un cas pratique
qui s'était produit ici, à Québec, au CEGEP
François-Xavier-Garneau, concernant un certain parti politique
séparatiste qui avait organisé un "Front " disant qu'on formait
une commission culturelle du Québec, etc., pour pouvoir
bénéficier davantage à l'intérieur du CEGEP
François-Xavier-Garneau. Effectivement, selon le document qui
était en ma possession et que j'ai rendu public, à ce moment, le
parti politique en question aurait demandé au CEGEP un local pour
organiser des conférences, local qui aurait été
refusé par le CEGEP qui disait que c'était une demande d'un parti
politique, parce que ce parti politique essaie de tout avoir gratuitement,
surtout à même les fonds publics; il essayait d'avoir un
local.
Comme le CEGEP a dit: On ne peut pas vous fournir un local gratuit,
parce que c'est un parti politique. Ces gens se sont retournés, ils ont
formé le fameux comité culturel ou la commission culturelle du
Québec. Ils ont eu, après cela, le local en question
gratuitement. Ils ont eu la télévision communautaire. Cela touche
un autre ministère. Mais, pour le local du CEGEP, y a-t-il une
possibilité de la part du ministère de l'Education de surveiller
pour que des groupuscules politiques ne propagent pas cette idée au
niveau de tous les CEGEP du Québec pour pouvoir aussi
bénéficier, c'est laissé à l'administration du
CEGEP en question.
M. Cloutier: Les CEGEP sont autonomes, largement autonomes. Je
pense que c'est laissé à l'administration des CEGEP.
M. Veilleux: Si je comprends bien le ministre, si je veux
poursuivre mon enquête, il me faudra communiquer directement avec le
CEGEP impliqué pour essayer d'avoir la réponse.
M. Cloutier: Oui.
M. Veilleux: Si le CEGEP ne veut pas me donner de réponse,
je ne suis pas capable de prouver quelque chose.
M. Cloutier: Maintenant, il ne me paraît pas anormal que
les étudiants aient certaines activités politiques, qu'un CEGEP
mette, par exemple, à la disposition des étudiants des locaux
dans certaines circonstances. Ce qui est évidemment inadmissible, c'est
l'utilisation des cours à des fins politiques. Je sais pertinemment que
cela se fait, en particulier, au niveau collégial. Il faut bien dire que
c'est une clientèle adolescente, une clientèle qui est
particulièrement éveillée à ce genre de
problème et qui réagit rapidement à toutes les tensions.
Il y a une politisation qui s'est faite et qui n'était certainement pas
acceptable dans aucun type de société, d'ailleurs. Ce qui est
très curieux, c'est de voir que, souvent, ces gens, puisque nous
réfléchissons à voix haute, se rattachent à des
idéologies marxistes ou maoïstes, mais, grand Dieu! ils ne savent
pas de quoi ils parlent. S'ils étaient là, ils ne pourraient
même pas ouvrir la bouche, s'ils étaient dans ces pays. Il y a une
espèce de paradoxe pour le moins étonnant.
M. Veilleux: M. le Président, si je comprends bien le
ministre, dans le cas que je mentionnais, ce n'était quand même
pas une période sur l'heure du "lunch", pour quelques instants.
C'étaient quand même des colloques très bien
organisés, s'éche-lonnant sur plusieurs heures et plusieurs
journées, même plusieurs semaines. Il y avait même six ou
sept conférenciers, dont Claude Morin, Jacques Pa-rizeau et Denis
Vaugeois, des Affaires intergouvernementales...
M. Cloutier: Un fonctionnaire!
M. Veilleux: Un fonctionnaire, s'il vous plaît!
M. Cloutier: Ah!
M. Veilleux: Est-ce que, dans l'esprit du ministre, il voit
très bien un CEGEP fournir ce genre de local continuellement?
M. Cloutier: Avez-vous d'autres noms?
M. Veilleux: Fernand Dumont, je ne sais pas les noms par coeur.
J'en oublie quelques-uns. Ce sont les principaux que j'ai pu retenir, tous des
gens apolitiques au départ, André Larocque, le chef de cabinet du
leader de l'Opposition, tous des hommes apolitiques, tellement apolitiques que
le CEGEP a prêté le local plusieurs semaines. C'étaient
unique- ment des gens bien déterminés d'un parti politique, dans
un comté bien déterminé, Louis-Hébert, qui avaient
le droit de participer à ce colloque. Est-ce que, dans l'esprit du
ministre, c'est cela que devraient faire les CEGEP au niveau de la
province?
M. Léger: Est-ce que le député veut dire par
là que c'était un local permanent ou des salles qui
étaient réservées pour des activités en dehors des
heures de cours?
M. Veilleux: Pour poursuivre mon enquête, je pourrais
peut-être demander au député de Lafontaine, qui a eu entre
les mains ledit document, de demander à la personne qui avait
signé ledit document, quelles sont les heures de la journée
où vous avez pu bénéficier du local, le nombre d'heures,
le nombre de journées, le nombre de semaines, quel prix vous avez
payé pour le local. Cela pourrait peut-être m'aider pour fins de
mon enquête.
M. Léger: Si ce dont le député de Saint-Jean
parle est la même chose à laquelle je pense, si c'est le document
qui était public et dont tous les journalistes invités
étaient au courant et ont même vu ces documents, si c'est de
celui-là dont il parle, je pense que c'était déjà
public. Ce n'était pas une grosse révélation que le
député de Saint-Jean a sortie, si c'est du même document
qu'on parle.
M. Veilleux: M. le Président, je suis tout surpris
de...
Le Président (M. Pilote): J'inviterais les membres de la
commission à conclure là-dessus...
M. Veilleux: M. le Président, je conclus
là-dessus.
Le Président (M. Pilote): On est au programme 9:
Enseignement collégial public, services d'enseignement, services aux
étudiants, etc.
M. Veilleux: M. le Président, je tiens à protester
en vous disant que cela touche quand même à l'enseignement
collégial public. Les montants, même s'il y a des administrations
autonomes, au niveau des CEGEP, qui aident les CEGEP à fonctionner
viennent quand même des fonds publics. Le député de
Saint-Jean, comme n'importe quel député dans cette Chambre, doit
se préoccuper, même si le député de Lafontaine ce
matin disait: Ce n'est pas drôle pour un député du parti
ministériel de se préoccuper des dépenses des
différents ministères. Je pense que le point que je viens de
soulever, prouve, hors de tout doute, que c'est justement l'affaire des
députés du parti ministériel dans des cas comme
ceux-là, parce que, si on avait attendu les représentants du
parti séparatiste pour soulever les détournements de fonds
publics à des fins strictement partisanes, notamment dans le secteur de
l'enseignement collégial public, j'ai l'impression qu'il aurait pu se
passer de nombreuses années avant que le parti séparatiste ose
soulever cette question qui est quand même extrêmement
importante.
Je dirais même, M. le Président, qu'il y a un candidat du
parti séparatiste, à une ligne ouverte, qui m'a dit: Pousse plus
loin ton enquête, et si tues capable de prouver ces choses... il me
citait comme exemples, le CEGEP François-Xavier-Gameau,
l'éducation permanente à la régionale de Chambly, il me
signalait le troisième cas, celui des garderies, que j'ai soulevé
à ce moment. Il dit: Je suis d'accord pour t'appuyer et reprocher au
parti séparatiste comme étant une preuve de
détournement de fonds publics et qui était inacceptable,
même pour Mathias Rioux, qui était candidat du parti
séparatiste dans Montréal-Saint-Henri à la dernière
élection.
M. le Président, je pense que je suis très bienvenu de
poser ce genre de question; de la façon que le ministre m'a
répondu, et compte tenu de la loi 21, qui donne un caractère
d'autonomie aux CEGEP, je me verrai dans l'obligation d'écrire au
conseil d'administration du CEGEP François-Xavier-Gameau, pour qu'il me
donne les renseignements que j'ai demandés au ministre et que le
ministre, nécessairement, n'a pas été capable de me
fournir. J'ose espérer, M. le Président, que le conseil
d'administration du CEGEP François-Xavier-Gameau prendra ses
responsabilités et saura me donner les renseignements qui pourront
constituer, à ce moment, une preuve, hors de tout doute, des
avancés que je faisais à l'Assemblée nationale avant
l'ajournement de la session à Pâques.
M. Léger: Je présume que le député de
Saint-Jean se serait violemment opposé à ce que des membres du
Parti libéral utilisent les salles du CEGEP
François-Xavier-Garneau.
M. Vellleux: M. le Président, ce que je peux vous
dire...
M. Clou tier: Je suis contre la propagande politique.
M. Léger: II se serait violemment opposé à
cela, je présume.
M. Vellleux: Oui, M. le Président, que ce soient des
membres du Parti libéral, des membres du Parti préditiste, des
membres de l'Union Nationale ou des membres du parti séparatiste, pour
moi, M. le Président, c'est inacceptable. Qu'on se serve de locaux
gratuitement au niveau des CEGEP, qu'on se serve d'argent des commissions
scolaires pour l'enseignement aux adultes, de matériel didactique, etc.,
à des fins strictement partisanes, cela, M. le Président, que ce
soit n'importe quel parti politique, je m'y oppose.
M. Léger: Je présume que...
M. Veilleux: Les cas que j'ai mentionnés, malheureusement
pour le député de Lafontaine, ce sont des cas du parti
séparatiste. Si le député de Lafontaine est capable d'en
soulever pour le Parti libéral, qu'il en soulève, et à ce
moment, M. le Président, je ne m'opposerai pas et j'appuierai le
repré- sentant du parti séparatiste, le député de
Lafontaine, pour essayer de trouver les preuves prouvant cequ'il pourrait
avancer contre le Parti libéral, parce que pour moi, c'est
inacceptable.
M. Léger: Je présume que le député de
Saint-Jean va violemment s'opposer au geste des municipalités de
Saint-Césaire et de Val-David qui ont pris l'argent des contribuables
pour payer et fournir à la caisse électorale du Parti
libéral...
M. Veilleux: Oui, monsieur...
M. Cloutier: Certainement!
M. Léger: Je peux dire que le député
s'oppose...
M. Veilleux: Oui, M. le Président...
M. Cloutier: Et comment!
M. Veilleux: ...et je pourrais, ici...
M. Léger: C'est directement de l'argent venant des
contribuables, ce qui n'est pas nécessairement le cas pour l'utilisation
de salles pour des réunions politiques dans les CEGEP.
M. Cloutier: C'est tout aussi inacceptable.
M. Veilleux: M. le Président, c'est inacceptable. S'il y a
un conseil municipal qui a décidé de faire payer des billets pour
un souper-bénéfice, par le conseil municipal, pour le maire et
les échevins, la population répondra au maire et aux conseillers
lors de la prochaine élection; comme j'ose espérer, M. le
Président, que le ministre de l'Education, quand viendra le temps de
nommer les gens au conseil d'administration d'un CEGEP, qui a pris cette
responsabilité de donner gratuitement des locaux, du matériel
didactique, à un parti politique, verra à ce que ces gens
retournent où ils étaient, parce qu'ils n'ont pas su prendre
leurs responsabilités. S'il y a des maires et des conseillers
municipaux, M. le Président, au niveau de la province, qui ont
payé à même les fonds publics pour un parti politique, la
population, à ce moment, répondra des gestes que le maire et les
conseillers auront posés. Pour le bénéfice du
député de Lafontaine, le député de Saint-Jean, M.
le Président, siège à l'exécutif provincial du
Parti libéral, et je peux vous dire que, s'il y en a, tous les
chèques que les municipalités ont pu adresser au Parti
libéral pour le dernier dîner bénéfice, nous allons
les retourner aux conseils municipaux, disant qu'ils n'avaient pas droit de le
faire. J'ose espérer, M. le Président, que le parti
séparatiste de Louis-Hébert paiera, au CEGEP
François-Xavier-Garneau, les locaux qu'il a eus pour son fameux
colloque, comme nous, nous faisons pour les billets que les
municipalités auraient pu payer au Parti libéral.
M. Léger: M. le Président, je suis bien heureux de
voir les bonnes dispositions du député de Saint-Jean; il va
probablement recommander au député
de Laurentides-Labelle de retourner les sommes que les
municipalités de son comté ont fournies à l'occasion du
dîner-bénéfice du Parti libéral dans le comté
de Laurentides-Labelle.
Le Président (M. Pilote): Est-ce que le programme 9
est...
M. Bonnier: Est-ce qu'on pourrait revenir à l'étude
des crédits du ministère de l'Education?
M. Cloutier: Vous pourriez peut-être vous arranger pour
rembourser les sommes qui, apparemment, auraient été
dépensées...
M. Léger: Pour les locations de salles, jusqu'à
présent, j'ai trouvé que le député a
défoncé une porte ouverte. De toute façon, s'il
s'avérait que c'était l'utilisation de fonds publics, ce qui n'a
pas été prouvé jusqu'à maintenant, je suis moi
aussi complètement opposé à des choses comme cela.
M. Déom: Ce ne sont pas des portes ouvertes. Cela s'est
fait pendant la campagne électorale pour le chef du Parti
québécois.
M. Léger: Ah bien, cela, écoutez, je ne connais pas
le cas dont il veut parler, mais je sais bien que la plupart des CEGEP ont
invité à des réunions de renseignements la plupart des
représentants ou candidats des différents partis politique. Je
pense qu'il y a des nuances. M. le Président, on pourrait...
M. Cloutier: M. le Président, on pourrait peut-être
changer de sujet.
M. Léger: ...peut-être avancer un peu. Pour
terminer, j'aurais deux courtes questions à poser concernant
l'enseignement collégial.
Aujourd'hui, le ministre a parlé de la possibilité de
mettre en tutelle le CEGEP de Limoilou. Le ministre peut-il nous dire quelles
sont les difficultés éprouvées, particulièrement
avec le CEGEP de Limoilou, et quel est le problème à cet
endroit?
M. Cloutier: Non, M. le Président, je
préfère attendre d'annoncer la décision dont j'ai
parlé aujourd'hui et, à ce moment-là, j'exposerai les
faits q ui la motivent. Je crois qu'il serait plus correct de procéder
ainsi.
M. Léger: M. le Président, la dernière
question en ce qui me concerne. Dans la formule que nous a
présentée le ministre concernant les clientèles scolaires,
on a eu les chiffres dans à peu près tous les domaines, sauf le
domaine collégial public. Pour quelle raison...
M. Cloutier: Je m'excuse, on les a donnés dans les
remarques préliminaires...
M. Léger: Verbalement.
Le Président (M. Pilote): Oui.
M. Léger: Ah bien...
M. Cloutier: Dans les remarques préliminaires, j'ai tenu
à exposer cela avec peut-être plus de détails...
M. Léger: ...je n'étais peut-être pas
à la commission.
M. Cloutier: Peut-être que votre recherchiste
pourrait...
M. Léger: Est-ce que vous l'avez en... M. Cloutier:
...relire cette partie. M. Léger: $103,500. M. Cloutier:
$103,500. Une Voix: En 1975/76.
M. Cloutier: C'est une augmentation de quelques milliers.
M. Léger: D'accord. L'honorable député de
Dubuc.
M. Harvey (Dubuc): Je voudrais demander au ministre si c'est
possible que la loi concernant les collèges soit amendée en
fonction de rendre possible la régionalisation chez nous. Je reviens
encore avec la question parce que c'est important que nous finissions ce
travail.
M. Cloutier: Je préférerais ne pas l'amender parce
que je souhaiterais une refonte complète. C'est toujours plus
satisfaisant pour l'esprit. Si je constate qu'il est impossible de fonctionner
dans votre région sans un amendement, j'y consentirai probablement. Je
ne souhaite pas un débat d'envergure sur le réseau
collégial dans le contexte actuel parce que je considère que le
moment n'est pas venu. Maintenant, s'il s'agit d'un simple amendement
technique, à ce moment-là, j'en envisagerai la
possibilité, mais je vais épuiser toutes les démarches
avant pour éviter d'en être réduit à cela. Mais si
je n'arrive pas à convaincre les populations locales et je crains
bien que cela ne soit le cas qu'elles peuvent fonctionner à
l'amiable, sans modification à la loi, à la suite d'ententes
entre elles, là, j'envisagerai cette possibilité.
M. Harvey (Dubuc): Très bien! M. Cloutier: A
très court terme.
Le Président (M. Pilote): Le programme 9 et les
éléments sont adoptés.
M. Léger: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Pilote): Adopté. Programme 8.
Enseignement élémentaire et secondaire
privé
M. Léger: M. le Président, si le ministre n'a
pas
d'objection, je n'ai que quelques questions dans le domaine de
l'enseignement privé. Comme il a mis trois programmes différents,
soit les programmes 8, 10 et 2, élément 6, c'est-à-dire
l'enseignement privé dans le domaine de l'élémentaire, du
secondaire, du collégial et général, on pourrait les
regrouper si le ministre n'y voit pas d'objection.
M. Cloutier: Très volontiers.
M. Léger: Je pense que le ministre a créé un
comité d'étude dit comité Beauregard pour revoir la
question de l'enseignement privé. Pourrait-on ob-tenirle mandat de ce
comité et l'échéancier de réalisation?
M. Cloutier: Très volontiers. D'abord, il ne s'appelle pas
le comité Beauregard parce que le sous-ministre adjoint Beauregard
préside déjà une bonne demi-douzaine de comités.
Alors, on ne s'y reconnaîtra pas s'il faut donner son nom à tous
ces comités, à moins de mettre un numéro après,
soit: Beauregard 1, Beauregard 2, Beauregard 3. Le comité en question a
été créé...
M. Veilleux: M. le Président, y aurait-il moyen de voir
Beauregard 1, 2, 3 et 4? Est-il ici dans la salle?
M. Cloutier: En gros, le mandat est d'étudier,
après cinq années d'application de la loi 56, la situation de
l'enseignement dans le secteur privé, plus particulièrement les
problèmes affrontés dans l'application de la loi, les incidences
de l'enseignement privé sur le développement du système
scolaire, le financement et les perspectives d'avenir. Ce sont les quatre
points principaux.
M. Léger: Donc, cela inclut les rapports entre le secteur
public et le secteur privé.
M. Cloutier: Oui, en priorité, parce que je pense que
c'est là le problème majeur. J'ai dit, lors de mes remarques
préliminaires je m'excuse de me citer, mais c'est difficile de
faire autrement puisqu'on revient toujoursen arrière que,
dorénavant, lorsque nous étudions une demande de reconnaissance,
étant donné que les demandes de reconnaissance comportent des
subventions soit à 60%, soit à 80%, nous tenons toujours compte
de l'impact sur le secteur public, ce qui n'était pas fait auparavant.
Je ne dis pas que les commissions scolaires ont un droit de veto et qu'on va
refuser nécessairement, mais nous en tenons toujours compte. C'est un
facteur qui intervient dans le jugement que nous posons.
M. Léger: Est-ce que le ministre peut, concernant l'essor
relatif du secteur privé, nous résumer sa position actuelle au
sujet des mesures qu'il entend prendre concernant l'essor du secteur
privé. Partout, ça va en augmentant.
M. Cloutier: Je crois qu'il serait logique de prendre des mesures
alors que je viens de créer un comité qui va justement faire le
tour des problèmes.
M. Léger: Non, mais sa position. Je ne parle pas des
décisions qui vont découler des recommandations de
l'étude, mais de sa position actuelle devant le fait que le secteur
privé augmente à peu près à tous les niveaux alors
que le secteur public diminue à tous les niveaux. Devant cela, est-ce
que le ministre entend geler ou stabiliser le nombre d'institutions
subventionnées et reconnues, pour les prochaines années, entre
autres?
M. Cloutier: Je ne veux pas prendre position là-dessus
avant d'avoir le rapport de ce comité interne. Comme il s'agit d'un
comité interne, ce rapport devra venir rapidement. C'est une question,
peut-être, de six mois.
M. Léger: En dedans de six mois, vous dites?
M. Cloutier: Je pense que, d'ici six mois, j'aurai de bonnes
indications. Les comités internes ne travaillent pas de la même
façon que les comités externes. Les comités internes
travaillent étroitement avec moi. Je rencontre
régulièrement les membres des comités. Je demande des
rapports d'étapes et, à ce moment-là, je leur donne des
orientations politiques, c'est-à-dire ce que nous souhaitons en tant que
représentants de gouvernement. C'est comme cela que tous les dossiers
prioritaires ont évolué au ministère. Ce ne sont pas,
autrement dit, des créations purement théoriques, mais ce sont
des évolutions qui tiennent compte d'une volonté au niveau du
gouvernement. Les zones défavorisées, la décentralisation,
l'éducation physique et le sport ont évolué de cette
façon. Nous allons procéder de la même manière.
Je pense qu'il ne faut pas trop s'étonner de l'augmentation du
secteur privé. Soit dit en passant, elle est générale, un
peu partout au monde. Il y a une désaffectation vis-à-vis du
public. Le public a connu tellement de soubresauts, et que ceux qui ont des
responsabilités dans ces soubresauts s'interrogent. Comment voulez-vous
que des parents ne soient pas inquiets lorsqu'ils se rendent compte que
l'enseignement n'est pas toujours assuré, qu'il y a des
idéologies idéologies qu'a malheureusement
approuvées, dans un moment d'inattention, le député de
Lafontaine qui sont propagées.
M. Léger: Je regrette. Le ministre repart dans une
mauvaise direction. Je ne tomberai pas dans le piège, mais je voudrais
quand même que le ministre ne s'attende pas que je lui
répète encore, pour la nième fois, ma position. Mais
revenons à des choses plus précises, plus particulières.
Est-ce que le ministre peut nous dire, pour l'année qui vient de
s'écouler, combien il y a de nouvelles institutions privées,
reconnues pour fins de subvention?
M. Cloutier: On va vous donner tout cela. Pour cette
année?
M. Léger: Pour l'année écoulée,
oui.
M. Cloutier: C'est-à-dire 1973/74. On serait mieux de
procéder par comparaison.
M. Léger: Dans votre rapport, je pense que vous
en mettez 193 déclarées d'intérêt public et
39 reconnues pour fins de subventions.
M. Cloutier: Pour l'année 1973/74, c'est un nombrede
statuts. Ce n'est pas un nombre d'institutions. Cela correspond à 175
unités administratives. 193 plus 39, cela fait 175.
Je m'explique. Une même institution peut avoir plusieurs
statuts.
M. Léger: Ah bon!
M. Cloutier: Une même institution peut avoir un statut
collégial, un statut secondaire qui vont entraîner des
reconnaissances.
En 1974/75, ce nombre passe, en termes d'unités administratives,
à 226.
M. Léger: Le total des deux?
M. Cloutier: Oui.
M. Léger: L'ancien total était de 175 plus 39.
M. Cloutier: 175 à 226 en termes d'unités
administratives d'écoles, ce qui veut dire 26 plus 25, 51, dont 21
écoles juives.
M. Léger: D'accord. Vous avez regroupé les
DIP...
M. Cloutier: Les DIP et RFS.
M. Léger: ...et les RFS ensemble.
M. Cloutier: Pour parler des subventionnés. Des
subventionnés, quel que soit le niveau.
M. Léger: Est-ce que le ministre pourrait nous donner des
chiffres au niveau du secondaire et du collégial?
M. Cloutier: Le nombre d'élèves?
M. Léger: Non, les élèves, je vais vous
demander le nombre après, vous pouvez le donner aussi en même
temps, c'est le nombre d'unités.
M. Cloutier: On parle toujours des unités. Il faudrait
parler en statuts.
M. Léger: En statuts.
M. Cloutier: Au secondaire, c'est le secondaire et le
collégial que vous demandez?
M. Léger: C'est le secondaire et le collégial,
oui.
M. Cloutier: Pour les déclarations d'intérêt
public, au niveau collégial, c'est 2929, c'est-à-dire qu'il n'y a
pas eu de changements en déclarations d'intérêt public. En
reconnaissance, pour fins de subvention, c'est passé de trois à
sept. Au niveau secondaire, c'est passé de 115 à 119. Au niveau
élémentaire, c'est passé de 30 à 43.
M. Léger: J'avais 14 ici, au niveau
élémentaire.
M. Cloutier: Excusez, je n'ai pas donné
l'élémentaire, je viens de vous donner le secondaire RFS.
M. Léger: Vous voulez dire le secondaire RFS. De 30
à?
M. Cloutier: De 30 à 43.
M. Léger: D'accord, et au niveau
élémentaire?
M. Cloutier: Au niveau élémentaire, c'est
passé de 14 à 27 pour les DIP et de 6 à 8 pour les
RFS.
Nous allons d'ailleurs déposer le document, si vous voulez.
M. Léger: D'accord. Combien cela fait-il
d'élèves impliqués en tout pour l'année
écoulée?
M. Cloutier: Toutes les écoles ensemble ou seulement les
additions de statuts?
M. Léger: Les additions de statuts.
M. Cloutier: Je ne peux pas vous le donner.
M. Léger: Toutes les écoles ensemble à ce
moment?
M. Cloutier: Oui, toutes les écoles ensemble.
La comparaison entre 1973/74 et 1974/75 ou les estimations de 1974/75
par rapport aux estimations...
M. Léger: La comparaison, oui, de 1973/74 à
1974/75.
M. Cloutier: Par niveau également? M. Léger:
Oui, si possible.
M. Cloutier: On l'a pour les deux catégories
d'écoles subventionnées, les RFS et les DIP.
M. Léger: Additionnées?
M. Cloutier: Oui.
En maternelle et élémentaire, en 1973/74, c'est 4,410; en
1974/75, c'est 6,003. Au secondaire, en 1973/74, c'est 46,911 et en 1974/75,
c'est 53,344. Au collégial, en 1973/74, c'est 11,450; en 1974/75, c'est
12,249. En enfance inadaptée, c'est 1,140 en 1973/74 et 1,231 en
1974/75, ce qui fait en 1973/74, un total de 63,911 élèves et, en
1974/75, un total de 72,827 élèves, soit une augmentation de
8,916, ce qui représente une augmentation réelle, en termes de
têtes d'élève, de 4,391, ou un montant comme ça.
Cela veut dire que, sur les 8,916, il y a 4,555 élèves qui, en
1973/74, vivaient dans les mêmes institutions où ils se retrouvent
en 1974/75 mais sous le régime d'institutions associées,
c'est-à-dire dont les frais de scolarité étaient
acquittés par les commissions scolaires et non subventionnés en
vertu de la loi de l'enseignement privé.
En somme, il s'agit d'élèves du public. Comme nous avons
fait disparaître progressivement le régime d'associations, chaque
année, nous avons un certain nombred'élèvesqui se
retrouvent comptabilisés, pour ainsi dire, dans le privé.
M. Léger: D'accord.
M. Cloutier: II faut apporter ce facteur de correction pour avoir
une idée de l'évolution des clientèles scolaires.
M. Léger: A partir des chiffres que vous venez de nous
donner, est-ce que vous pouvez nous donner les projections pour l'année
qui vient?
M. Cloutier: Bien qu'il soit difficile de donner des projections,
parce qu'il s'agit de décisions individuelles de la part des parents, ce
ne sont pas des clientèles prévisibles, au même titre que
les autres clientèles, ce qui d'ailleurs impose des ajustements sur le
plan des financements. Vous pouvez décider d'envoyer vos enfants dans le
secteur privé, c'est peut-être ce que vous faites, je n'en sais
rien.
M. Léger: Je n'ai jamais dénoncé la
système. M. Cloutier: Voilà, bravo!
M. Léger: Quand même, est-ce qu'il y a des
projections possibles, même si elles ne sont pas exactes.
M. Cloutier: Oui, grossières.
M. Cloutier: Pour le budget, on est obligé d'en faire. On
est obligé d'en faire.
M. Léger: Et cela donne quoi? M. Cloutier: Vous
aimeriez l'avoir?
M. Léger: Oui. Spécialement pour le secondaire et
le collégial.
M. Cloutier: Secondaire, $61,566 et collégial,
$13,086.
M. Léger: Merci. Quelle attitude prendra le
ministère, face aux instituts privés, dits de culture
personnelle, qui professent des cours de parapsychologie, etc., dans le cadre
des recommandations...
M. Cloutier: Je ne suis pas fort sur la psychologie, moi.
M. Léger:... de la Commission consultative de
l'enseignement privé?
M. Cloutier: Est-ce que vous me posez la question en particulier
pour ces instituts de parapsychologie...
M. Léger: Entre autres.
M. Cloutier:... ou bien pour les instituts de culture en
général?
M. Léger: Vous pouvez me donner votre opinion sur la
parapsychologie aussi, en passant.
M. Veilleux: M. le Président...
M. Léger: Est-ce que je peux avoir la réponse
avant? Le ministre se préparait à me donner une
réponse.
M. Veilleux: M. le Président, j'aurais d'autres questions
à poser sur le secteur élémentaire, secondaire,
collégial privé, qu'on retrouve aussi au point de vue de
l'enseignement, dans le secteur public. Est-ce que le député de
Lafontaine va revenir tout à l'heure sur ces secteurs ou s'il laisse
complètement ces secteurs privés pour tomber dans l'autre secteur
privé qu'il vient de mentionner?
M. Léger: Non, c'était juste une question
d'orientation. D'ailleurs, si cela peut faire plaisir au député
de Saint-Jean, il ne m'en restait qu'une autre. Je n'avais que deux questions;
s'il peut patienter pour deux questions, j'ai terminé avec cela.
M. Veilleux : Cela me fait plaisirde condescend re à
accepter l'aimable invitation du député de Lafontaine.
M. Léger: Est-ce que le ministre...
M. Cloutier: Les permis ne constituent pas, dans ces secteurs, un
jugement de valeur sur l'enseignement qui est donné. Les permis
constituent une reconnaissance permettante un organisme de fonctionner suivant
un certain nombre de critères, comme la protection accordée aux
élèves, l'hygiène, la qualification des professeurs,
etc.
C'est sur cette base que les recommandations sont faites. Tout ce que
nous disons, en quelque sorte, c'est qu'une entreprise peut fonctionner.
M. Léger: Mais la recommandation de la Commission
consultative de l'enseignement privé, entre autres, souhaitait qu'il y
ait une sélection là-dedans,...
M. Cloutier: Oui.
M. Léger: . ..et qu'on nedonnepasde permis aux cours
d'astrologie, ou autres choses comme cela.
M. Cloutier: Si je ne me trompe, il y a quand même un ou
deux instituts qui trafiquent dans ce genred'activitésetqui ont des
permis, parcequ'il n'y avait pas de raison de leur refuser.Là encore, ce
n'est pas un jugement de valeur.
Il y a une ou deux écoles de parapsychologie, ou de genre
connexe, qui fonctionnent à titre d'essai, à l'heure actuelle, et
on s'assure auprès de l'association de parapsychologues, quant à
la qualification des professeurs et on s'assure de la qualité des
élèves qui vont dans ces écoles. En fait, on a plusieurs
dossiers d'écoles de parapsychologie sur lesquels on n'est pas capable
de se prononcer à l'heure actuelle, parce que la clientèle ne se
sent pas...
Je ne me sens pas très enthousiaste. C'est une chose que j'ai
l'intention de revoir.
M. Léger: Qu'est-ce que le permis veut dire, à ce
moment-là, concernant une certaine garantie que le public aurait
à payer des sommes sans être joué...
M. Cloutier: Pas grand-chose. Je vous avoue que tout ne me
satisfait pas dans le fonctionnement des recommandations de la Commission
consultative de l'enseignement privé. Cela fait partie des questions que
je me pose. Je m'en suis posé pas mal d'ailleurs, depuis quelque
temps.
Langue d'enseignement
M. Léger: M. le Président, une dernière
question dans ce domaine. Est-ce que le ministre peut nous donner des
statistiques sur la langue d'enseignement des écoles privées
admissibles à des subventions?
M. Cloutier: Je ne sais pas si nous avons des statistiques qui
sont faites en fonction de la langue d'enseignement. En revanche, je peux dire
au député de Lafontaine que nous avons, il y a quelques
années, avant la loi 22, subventionné certaines institutions,
d'abord en reconnaissant certaines écoles ethniques, dis-je, dans la
mesure où elles acceptaient une espèce de contrat avec le
ministère qui consistait à se franciser de plus en plus.
Nous l'avons fait pour une ou deux écoles grecques ; nous l'avons
fait pour un certain nombre d 'écoles juives. S'il s'agit de ce secteur,
je peux donner des chiffres. Nous avons une anglaise au secondaire, deux
arméniennes à l'élémentaire, deux grecques à
l'élémentaire et dix-sept juives à
l'élémentaire et en maternelle.
M. Léger: Mais, au niveau de l'enseignement anglais et
français, avez-vous uniquement des statistiques là-dessus? Les
écoles privées?
M. Cloutier: On parle d'autre chose. M. Léger:
Oui.
M. Cloutier: Quelle est la proportion des écoles
privées de langue anglaise...
M. Léger: Et française?
M. Cloutier: ...ou de langue française, non.
M. Léger: Vous n'avez pas de statistiques
là-dessus?
M. Cloutier: Non, je ne pense pas qu'on ait de statistiques
là-dessus.
M. Léger: Mais, quant au nombre d'élèves,
est-ce que vous en avez?
M. Cloutier: Vous parlez uniquement des écoles
subventionnées?
M. Léger: Oui.
M. Cloutier: On pourrait sortir des statistiques
là-dessus, par le nombre d'écoles, et par la clientèle,
mais nous n'en avons pas. C'est peut-être 92% ou 93% des écoles
qui sont françaises.
M. Léger: 92% à 93%.
M. Cloutier: La très grande majorité.
Peut-être 95%, c'est un ordre de grandeur. Le secteur privé
anglophone est très limité et très restreint. Il y a
quelques écoles. Nous avons subventionné quelques
écoles.
M. Léger: Mais, les écoles privées pour les
autres langues que française et anglaise, vous avez parlé
d'ukrainienne et juive...
M. Cloutier: C'est ce que je viens...
M. Léger: ...la langue d'enseignement est la langue
maternelle de ces personnes et non pas l'anglais?
M. Cloutier: De quelle école?
M. Léger: Vous avez mentionné tantôt
des...
M. Cloutier: Pas du tout. Nous avons introduit le français
dans une proportion jusqu'à 80% et 100% dans certains cas. Cela a
été un résultat de ces politiques antérieures
à la loi 22 dont j'ai parlé à plusieurs reprises et qui
consistaient à préparer le terrain, à préparer les
voies. Nous avons utilisé le biais de la reconnaissance pour franciser
toutes les écoles que je vous ai citées. Actuellement, par
exemple, la première qui a été francisée, l'a
été... En fait, c'est une politique que j'avais mise au point au
ministère de l'Immigration quand j'y étais par interim que j'ai
pu approuver une fois que je suis arrivé à l'Education.
D'ailleurs, c'est pour cela que cela a été vite.
Je me suis fait une demande la semaine précédente et j'ai
pu l'approuver la semaine suivante. Mais cela a quand même permis... Je
pense à l'école Socrates.
M. Léger: Vous vous êtes écrit.
M. Cloutier: Hélas! il faudrait changer souvent pour
pouvoir faire cela. L'école Socrates est entièrement...
M. Léger: Cela va venir, cela viendra.
M. Cloutier: Dans quelle proportion est-elle française
maintenant? complètement française, jusqu'en quatrième
année. Nous avons commencé, elle était complètement
grecque.
M. Léger: D'accord.
Le Président (M. Pilote): Est-ce qu'on peut dire que le
programme 8 et ses éléments sont adoptés?
M. Veilleux: J'aurais des questions à poser.
Le Président (M. Pilote): C'est parce qu'on s'était
entendu pour ajourner à dix heures. Il est 10 h 15. Mais je
préférerais qu'on...
M. Veilleux: Seulement deux petites questions, M. le
Président. Ce n'est pas histoire de s'éterniser. Je tiens d'abord
à saluer M. Moreau qui a été mon premier supérieur
dans l'enseignement en 1961.
M. le Président, je regarde les statistiques, les chiffres que
nous a donnés M. Moreau tout à l'heure, d'ailleurs, qu'on avait
dans un document. Probablement que le député de Lafontaine les
avait, mais il a voulu les répéter.
M. Cloutier: J'ai donné beaucoup de documents à
tout le monde, au début.
M. Veilleux: On remarque une nette augmentation du secteur
privé en regard du secteur public. Le ministre a mentionné tout
à l'heure une des raisons qui fait que, peut-être, il y a passage
du secteur public au secteur privé en mentionnant le fameux document, le
fameux manuel du 1er mai qu'a d'ailleurs endossé le député
de Lafontaine. Y aurait-il, M. le ministre, d'autres facteurs qui feraient,
que, à un certain moment...
M. Cloutier: Ecoutez, là...
M. Veilleux: ...il pourrait y avoir passage de la
clientèle scolaire du secteur public au secteur privé? Dans votre
esprit, est-ce qu'il pourrait y avoird'autres facteurs que celui-là?
M. Cloutier: Oui, je pense qu'il y a toute une série de
facteurs qui expliquent ce que j'appelais tout à l'heure une certaine
désaffectation envers le secteur public. Il y a très certainement
la politisation du système au Québec depuis quelques
années. Les parents ne souhaitent pas, moi le premier, que les enfants
en bas âge, soient soumis à des entreprises de ce genre. Le manuel
de la CEQ, qui est le fait d'une minorité, représente un exemple
extrêmement démonstratif de cette tendance.
Ensuite, il y a eu les difficultés de négociations. Je ne
jette le blâme à aucune partie en ce moment, je constate. Les
difficultés de négociations qui ont tendu
énormément les relations entre le gouvernement, plus
particulièrement le ministère de l'Education, et le monde de
l'enseignement. Pensons à la loi 25, par exemple, et tout ce qui s'en
est suivi. Ensuite, il y a eu la classification qui a été une
entreprise mal menée à mon point de vue je n'ai pas
hésité à le dire et qui a fait l'objet de deux ou
trois années de négociations, en fait, je n'ai fait que
négocier cette classification depuis que je suis là pour tenter
de l'améliorer. On a réussi, je pense, à
l'améliorer et à régler le problème. Il reste que
cela a créé d'énormes frustrations dans le milieu, ce
serait se leurrer de ne pas le dire. Cela s'est traduit par un malaise.
Ensuite, je ne crois pas qu'il soit honnête de ne pas mentionner le
militantisme syndical. En quatrième lieu, je dirais que la vitesse
d'implantation de la réforme scolaire n'a peut-être pas permis
d'offrir la qualité d'administration que nous aurions pu offrir, ce qui
a amené des tensions dans les différents groupes. Je vous cite,
en vrac, quatre ou cinq facteurs qui expliquent peut-être cette
désaffectation. Je pourrais peut-être y ajouter les
éléments religieux qui comptent pour beaucoup de parents.
Tout cela mis ensemble, il y a certainement un intérêt
marqué vers le secteur privé, d'autant plus que le secteur
privé est très subventionné, plus que partout ailleurs, je
pense bien, et ceci pour des raisons historiques. Il ne faut pas oublier qu'il
n'y avait que du secteur privé au Québec, à toutes fins
utiles, lorsqu'on a commencé notre réforme.il était
logique que le secteur privé, qui correspondait à un désir
de la population, soit maintenu et qu'on permette une certaine
accessibilité, parce qu'on constate que, dans le secteur privé,
contrairement à ce qu'on dit souvent, il n'y a pas que des fils de
bourgeois, bien au contraire, il y a des gens qui font,
délibérément, le choix du secteur privé.
Voilà, ce sont les meilleures explications que je peux vous
donner. Je pense qu'il va y avoir une amélioration parce que...
M. Léger: ...balance.
M. Cloutier: Oui, qui fait certainement partie de ces accrocs de
la réforme scolaire. Je vous fais remarquer je ne sais pas si vo
us avez vu cela dans le journal que le conseil scolaire a accepté
toute une série d'écoles hier. Il n'y en a pas une de plus de 600
pour l'élémentaire. Il n'y en a pas une de plus de 1,200 pour le
secondaire. Ceci colle avec la politique que j'essaie d'implanter depuis trois
ans, celle dont parlait le député de Saint-Jacques lors d'une de
ses visites à la commission. C'est très certainement un facteur.
Maintenant, ne chargeons pas non plus le secteur public. Le secteur public a
certainement fait face au défi considérable, qui était le
sien, de scolariser 1.5 millions de Québécois, alors qu'avant, il
n'y avait qu'une petite élite qui était scolarisée. Si
vous regardez les proportions, vous vous apercevez que, dans une région
comme la nôtre, même si vous avez 10% dans le secteur privé,
c'est loin d'être dramatique, 10% au collégial, 6% au
secondaire.
M. Saint-Germain: II n'y a pas de mal à ce qu'il y ait une
certaine concurrence et que le public ait un certain choix.
M. Cloutier: Au contraire!
M. Saint-Germain: D'ailleurs, vous allez très vite
remarquer que, lorsque l'efficacité, le standing et la réputation
du secteur public seront augmentés dans le public, vous allez avoir
très probablement, une baisse dans le secteur privé.
M. Cloutier: Oui.
M. Saint-Germain: Vous pouvez vous assurer que si le nombre
d'étudiants dans le secteur privé augmente, c'est parce que le
public est insatisfait du secteur public.
M. Cloutier: II y a l'enseignement de l'anglais, aussi.
M. Saint-Germain: C'est un barème qui ne sait mentir.
M. Cloutier: Vous avez raison. D'ailleurs, je crois
qu'il faut conserver une certaine concurrence, et jepense que, dans
l'état actuel de l'évolution politique du Québec i I
serait absolument irresponsable de créer des espèces de chasse
gardée, parce que vous vous rendez compte de ce que cela signifierait si
on pouvait propager certaines idéologies comme c'est le cas
actuellement, et si cela se faisait à l'intérieur d'un seul
secteur. Quelle soupape existerait-il pour la population qui veut un autre type
d'enseignement pour ses enfants?
M. Léger: Mais si le secteur privé avait les
mêmes obligations que le secteur public, peut-être que ce serait
moins attrayant aussi.L'enseignement du professionnel, il ne l'a pas.
M. Cloutier: Oui, et vous avez raison. C'est à corriger.
Pardon!
M. Veilleux: II n'a pas d'affaire à m'interrompre, lui. Je
suis en train de dire que le député de Lafontaine m'interrompt.
Je n'ai pas terminé mes questions.
M. Léger: Je pense que c'est le député de
Jacques-Cartier qui a interrompu le député de Saint-Jean.
M. Saint-Germain : Non, je ne veux pas me mêler à
vos chicanes.
Le Président (M. Pilote): II ne faudrait quand même
pas être à cheval...
M. Veilleux: Non, je veux tout simplement démontrer que le
député de Lafontaine...
M. Cloutier: M. le Président, dans le cas du
député, il s'agissait d'une précision qu'il apportait.
Dans le cas du député de Lafontaine, c'est une interruption.
M.Léger:Tout dépend du point de vue où l'on
se place.
M. Veilleux: J'aurais une dernière question à poser
dans le secteur privé. Le parti séparatiste, M. le
Président, a fait mention, à un certain moment, de
conflitsd'intérêtsqu'il pourrait y avoir entre des gens qui
siègent à un comité pour l'enseignement du secteur
privé, tant élémentaire, secondaire que collégial,
par rapport aux institutions comme telles. Est-ce que le ministre aurait
des...
M. Cloutier: Bien, vous savez, je n'irais peut-être pas
aussi loin que le Parti québécois, mais je pense qu'effectivement
cette commission représente peut-être trop largement le secteur
privé.
Si j'étais satisfait de la situation, je n'aurais pas mis sur
pied ce comité et je ne lui aurais pasdonné un mandat
précis. Je ne s uis pas satisfait. Je cro is q u' il y a là un
problème. L'interruption du député de Lafontaine me permet
d'apporter une précision. Le secteur privé, en théorie du
moins, est assujetti aux mêmes obligations que le secteur public, mais il
se trouve que, à cause de nos modes de financement, il s'en tire souvent
mieux. C'est d'abord, parce qu il y a très peu de secteurs
professionnels, et comme nous nous basons sur un coût moyen dans le
secteur public pour établir nos subventions dans le secteur
privé, à ce moment, ils peuvent s'y retrouver mieux.
M. Léger: C'est cela.
M. Cloutier: Ce sont des choses que nous allons certainement
corriger. Nous allons d'abord identifier les facteurs. Il n'est pas question de
brimer du tout le secteur privé. Je suis partisan du secteur
privé. Je crois qu'il doit en exister un au Québec, que ceci
représente une concurrence nécessaire, et je dirais une soupape
indispensable, dans la mesure, comme on le signalait il y a quelques instants,
où le secteur public répondra de mieux en mieux aux aspirations
des parents, sur le plan de l'administration, sur le plan de la qualité
de l'enseignement et sur le plan de l'enseignement de l'anglais langue seconde,
parce que, quoi qu'on dise, cela existe et c'est un besoin des parents. Je
crois même que le député de Lafontaine l'a admis dans son
discours.
M. Léger: Si je peux vous interrompre, je tiens à
vous dire que vous avez raison.
M. Cloutier: Bravo! Même l'enseignement précoce.
M. Veilleux: Adopté.
M. Léger: C'est une autre affaire!
Le Président (M. Pilote): Le programme 8, ainsi que ses
éléments, sont adoptés?
M. Léger: Adopté, M. le Président, les
programmes 8, 10, éléments 2, adoptés.
M. Veilleux: C'est cela, adopté.
Le Président(M. Pilote): Les programmes 8 et 10,
éléments 2, adoptés.
M. Léger: Nous sommes rendus au secteur: Enseignement
supérieur.
Le Président (M. Pilote): Et demain, nous serons rendus
à...
M. Cloutier: Arrêtons-nous maintenant, ou continuons-nous
jusqu'à onze heures?
M. Léger: Nous avions parlé d'arrêter vers 10
h 30.
M. Cloutier: Vous pensez que nous allons finir demain. Que
reste-il?
M. Léger: C'est beaucoup moins laborieux pour le
reste.
M. Cloutier: Nous avons rodé notre façon de
faire.
Le Président (M. Pilote): La commission ajourne ses
travaux à demain, à 10 h 15.
(Fin de la séance à 22 h 23)