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Commission permanente de l'éducation,
des affaires culturelles et des communications
Etude des crédits du ministère des
Communications
Séance du jeudi 24 avril 1975
(Dix heures vingt-huit minutes)
M. Houde (Limoilou, président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A
l'ordre, messieurs!
La commission de l'éducation, des affaires culturelles et des
communications siège pour l'étude des crédits 1975/76. Les
membres de la commission, pour aujourd'hui, sont les suivants: MM. Bellemare
(Johnson), Bérard (Saint-Maurice), Bonnier (Taschereau), Charron
(Saint-Jacques), L'Allier, qui remplace M. Cloutier (L'Acadie),
Côté (Matane), Déom (Laporte), Houde (Fabre), Lapointe
(Laurentide-Labelle), Léger (Lafontaine), Parent (Prévost),
Samson (Rouyn-Noranda), Faucher (Nicolet-Yamaska), qui remplace M.
Saint-Germain (Jacques-Cartier), Veilleux (Saint-Jean).
Maintenant, un rapporteur de la commission, s'il vous plaît.
Est-ce que vous avez un nom à suggérer comme rapporteur de la
commission? Alors, le nom de M. Bonnier est suggéré comme
rapporteur de la commission.
M. Veilleux: M. Lapointe. Une Voix: Un vote!
Le Président (M. Houde, Limoilou): Est-ce M. Bonnier ou M.
Lapointe?
Alors, M. Lapointe, est-ce adopté?
M. Bonnier: Je suis bien d'accord pour me désister. Il a
un bon style.
Une Voix: II fait bien ça.
Le Président (M. Houde, Limoilou): L'honorable ministre
des Communications.
Exposé général du
ministre
M. L'Allier: Je vous remercie, M. le Président. Avant
d'aller plus loin, j'ai convenu, avec le représentant de l'Opposition,
que nous suspendrions l'étude des crédits à onze heures et
demie, compte tenu du fait qu'il y a trois commissions qui siègent et
que le représentant de l'Opposition a déjà des obligations
antérieures, la commission des communications n'ayant été
annoncée qu'hier après-midi. Alors, nous continuerons, cet
après-midi, après une suspension à onze heures et demie si
la commission est d'accord.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Est-ce que la
commission est d'accord?
Une Voix: Oui.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Adopté.
M. L'Allier: M. le Président, par les années
passées, j'ai pris l'habitude de présenter les crédits en
remettant, en autant que possible, à l'avance, aux députés
des informations générales sur le ministère des
Communications et, au moment de l'étude des crédits
eux-mêmes, en faisant un bilan des principales activités du
ministère et en donnant les orientations des programmes du
ministère pour l'année du budget à étudier.
J'ai cru utile, cette année encore, de procéder de cette
façon, ce qui nous permet, dans un premier temps, de faire le tour
complet de l'ensemble des activités et des orientations du
ministère, d'entendre, d'une façon complète
également, les représentations des partis d'Opposition et, par la
suite, de passer à l'étude détaillée des
crédits.
Si vous êtes d'accord, M. le Président, je voudrais tout
simplement souligner que le document que j'ai remis aux membres de la
commission ce matin comporte cinq parties. Les trois premières: le
rôle du ministère, la structure de programmes du ministère
et l'organisation administrative du ministère, couvrant les pages de 1
à 20; et, les deux dernières, bilan et orientations, couvrant les
pages suivantes.
J'ai l'intention, ce matin, dans la mesure où la première
partie n'est, en fait, qu'une information sur la structure même du
ministère, de faire le point sur le bilan et sur les orientations du
ministère.
Vous m'excuserez si c'est un peu long, mais je pense qu'à peu
près en 45 minutes on pourra faire le tour de cette opération et,
par la suite, entendre les membres de cette commission.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Cela va.
M. L'Allier: M. le Président, je commencerai par le bilan
et je suivrai chacun des sept programmes du ministère des
Communications.
Tout d'abord, dans la première partie, secteur services de
soutien: les réseaux et équipements gouvernementaux de
communication.
Au cours de l'exercice 1974/75, le ministère des Communications a
été l'interlocuteur privilégié des
ministères et organismes auprès des compagnies de
téléphone. Il est, en effet, le seul, à l'exception de la
Sûreté du Québec, de l'Assemblée nationale et du
Conseil exécutif ce qui n'est pas noté dans le document
que vous avez autorisé à transmettre les besoins du
gouvernement en matière de téléphonie, de
radiotéléphonie et de transmission de données, à
établir des commandes à cet effet et à payer les comptes
aux fournisseurs de ces services. Pour couvrir ces dernier
déboursés, nous avons été dans l'obligation de
demander des crédits additionnels de $1,406,000, dont $320,000 ont servi
à payer les frais subséquents à une hausse de tarifs de
Bell Canada.
Les services que nous fournissons à la Sûreté du
Québec (lignes Centrex à Québec et Montréal et
circuits privés) sont remboursés par celle-ci. Par
ailleurs, les frais d'interurbain pour les appels faits sur cartes de
crédit par les députés sont acquittés directement
par l'Assemblée nationale elle-même.
Au niveau de la téléphonie, en plus de répondre aux
besoins des ministères et organismes, la Direction
générale des services techniques a fait 33 interventions
d'analyse des réseaux dans des institutions du secteur parapublic,
amenant, par ces travaux, des économies annuelles de l'ordre de
$190,256.
De plus, le ministère a travaillé à l'implantation
des services téléphoniques décentralisés à
Drummondville, Victoriaville, Sherbrooke et La Sarre. Il a aussi veillé
à la planification des installations téléphoniques
spéciales pour le Festival international de la jeunesse, à
Québec. En outre, le réseau gouvernemental a été
étendu aux villes de La Malbaie et de Lachute.
Au niveau de la téléinformatique, le service de la
transmission des données, mis sur pied au cours de l'exercice 1973/74, a
participé aux travaux du comité interministériel sur la
téléinformatique. Outre les représentants du
ministère des Communications, ce comité comprend des
délégués des ministères des Institutions
financières, de la Justice, des Finances, de l'Education, des Affaires
sociales, de l'Industrie et du Commerce, ainsi que du Conseil du trésor.
Le rapport final est prévu pour le 1er septembre 1975.
Il a, de plus, participé de très près à
divers projets pour le compte des ministères et organismes publics dont,
pour les Affaires sociales, l'analyse d'un réseau visant à relier
les institutions qui oeuvrent dans le domaine de la santé (projet
ALPHA), ainsi que, pour la fonction publique, la coordination d'un projet
pilote de gestion du personnel.
Tous ces divers travaux impliquent près de 300 terminaux en
matière de téléphonie.
En radio-communication, le ministère a procédé
à l'intégration du réseau du service de la conservation du
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche au
réseau gouvernemental et a étendu ce réseau aux
régions du Bas-Saint-Laurent, du nord de Montréal et de la
Chaudière.
Ainsi donc, de tous les réseaux des ministères, seul
demeure à intégrer celui du ministère des Terres et
Forêts. Quant au réseau de la Sûreté du
Québec, nous agissons, à son égard, comme conseillers
techniques.
Des services de radio-communication ont de plus été
installés dans les parcs de Joliette, de Res-tigouche et des
systèmes semblables font l'objet d'étude pour les parcs de La
Vérendrye, Papineau-Labelle et Chibougamau.
Le ministère a aussi, par l'entremise du service des
études et expertises techniques, assisté divers ministères
et organismes publics dans la réalisation de leurs projets de
radio-communication. Il en fut ainsi de certains travaux de génie
effectués pour le compte du ministère de l'Industrie et du
Commerce en vue de la réalisation d'un réseau desservant le
fleuve et le golfe Saint-Laurent, d'un système de communication dans le
tunnel de l'autoroute de Ville-Marie à Montréal et de travaux
d'assistance technique rendue à divers organismes paragouver- nementaux,
comme la Communauté urbaine de Montréal et plusieurs
municipalités.
Le ministère a fourni l'expertise en vue de l'implantation de
stations de radio et de télévision communautaires, notamment
à Saint-Jérôme, à Po-vugnituk au
Nouveau-Québec, au Saguenay-Lac-Saint-Jean.
La direction générale des services techniques a aussi
collaboré à la mise en marche de la station de
Radio-Québec, à Québec, et est chargée de
l'entretien à ses frais de l'antenne de cette dernière
située sur la tour du complexe "G".
Au programme 2: Communications gouvernementales et renseignements.
D'abord, Communication-Québec. En 1974-75, la direction
générale des communications gouvernementales a poursuivi la
consolidation de ses bureaux régionaux; pour une deuxième
année consécutive, la majeure partie des effectifs nouveaux
consentis à la direction générale y ont été
consacrés.
Aux huit bureaux qui existaient déjà en 1973-74, à
Rimouski, Chicoutimi, Québec, Trois-Rivières, Sherbrooke,
Montréal, Hull et Rouyn, se sont joints, en 1974-75, deux nouveaux
bureaux situés à Sept-Iles et à Saint-Eustache.
Le nouveau bureau de Saint-Eustache renseigne la population sur tous les
services gouvernementaux et plus particulièrement sur ceux
impliqués dans le développement de la région
aéroportuaire avec lesquels le personnel du bureau assure des contacts
étroits et permanents. Le bureau est de plus à mettre sur pied un
centre d'information et de documentation sur toute matière concernant
l'aménagement du territoire.
En fait, la justification principale de ce bureau, c'est
précisément le fait qu'il y a là implantation d'un
aéroport et ce bureau servira de service de soutien sur l'information
pour l'ensemble du Québec par rapport à cette région.
Quant au bureau de Sept-lles, dans le but d'une utilisation maximale des
ressources, il partagera la responsabilité du renseignement au citoyen
sur la Côte-Nord, avec l'équipe doyenne des bureaux
régionaux logée sur la rive sud, à Rimouski, et au service
des populations du Bas Saint-Laurent et de la Gaspésie.
A Montréal, en plus du centre de renseignements de la rue
Sainte-Catherine qui a répondu à plus de 50,000 demandes par
téléphone et au comptoir, deux bureaux mobiles se transportant
par camionnette ont visité 24 villes des sous-régions nord et
sud, fourni des informations à 3,000 personnes et distribué
35,000 brochures et dépliants. L'expérience, qui se poursuit dans
les différents quartiers de Montréal, permet déjà
de cerner certains besoins et certains critères devant,
éventuellement, présider à l'installation d'autres bureaux
sous-régionaux.
Je souligne ici, ce qui n'est pas indiqué dans les notes que vous
avez déjà, que nous aidons financièrement et sur le plan
matériel le centre d'information et de référence de l'est
de Montréal et c'est pour nous une formule expérimentale qui nous
permet d'agir comme grossiste auprès d'un groupe de citoyens
organisés qui, lui-même, décide de l'infor-
mation à transmettre et de la forme dans laquelle il veut la
transmettre à une population avec laquelle il est beaucoup plus en
contact et, finalement, avec laquelle il est beaucoup plus près que
n'importe quel fonctionnaire pourrait l'être. Cette expérience,
à mon avis, est extrêmement enrichissante et positive; elle
comporte non seulement des économies dans les efforts que nous pouvons
faire mais une beaucoup plus grande efficacité pour les mêmes
fins. J'aurai peut-être l'occasion d'en reparler plus tard mais,
dès cette année, nous avons une demande d'aide financière
de l'ordre de $50,000 pour continuer à aider ce bureau, ce que nous
sommes à étudier actuellement.
De plus en plus, par une connaissance approfondie du milieu, des besoins
et des ressources de la région, les agents des bureaux de
Communication-Québec sont en mesure d'assister adéquatement le
citoyen dans ses relations avec l'Etat et de guider professionnellement les
services ministériels régionaux dans leurs relations avec leurs
clientèles respectives.
Quant aux renseignements, au cours de l'exercice 1974/75, les 22
hommes-années affectés à la fonction renseignement dans
les bureaux régionaux ont répondu en moyenne à 520
demandes de renseignement par jour, soit près de 120,000 demandes au
cours de l'année, en plus d'effectuer les recherches requises pour la
mise à jour et l'alimentation de leurs banques de renseignements.
D'ailleurs, vous avez à la page suivante un tableau
là-dessus.
Un rapport préparé par le Centre interdisciplinaire de
Montréal, en novembre 1973, sur les centres de renseignement de
Communication-Québec ainsi que l'étude sur la relation
Etat-citoyen menée au cours de 1974 ont permis de dégager les
conclusions suivantes: le citoyen a besoin de connaître un interlocuteur
valable et facilement accessible qui soit en mesure de le dépanner
lorsqu'il a un problème à incidence gouvernementale; la
source des renseignements gouvernementale à laquelle peut se
référer le citoyen doit être physiquement située le
plus près possible de son milieu de vie;les données
d'information utilisées par les bureaux de Communication-Québec
pour fins de renseignements devraient être classifiées selon un
système uniforme axé sur un index de repérage par mots
clés et descripteurs; la dispersion des sources d'information et
des façons de traiter les demandes de renseignements justifie la
centralisation à Québec du développement d'une
véritable banque de renseignements et de politiques uniformes pour le
traitement des demandes de renseignements.
A la lumière de ces constatations, nous avons mis sur pied une
équipe centrale chargée de développer selon un
modèle de classification déjà éprouvé au
Centre de recherche industrielle du Québec et en collaboration avec cet
organisme, une banque de renseignements qui a pour mandat de procéder
progressivement à l'intégration des banques "régionales"
de classification des données et d'améliorer l'efficacité
du renseignement au citoyen. Au chapitre des réalisations, un premier
ré- pertoire des publications gratuites du gouvernement sera disponible
très prochainement et la banque "provinciale" de renseignements sera
complétée dans quelques mois, en septembre 1975.
Un mot sur le système métrique. A la demande du
comité interministériel sur le système métrique, le
ministère des Communications a accepté la responsabilité
d'assurer, au Québec, l'information et la publicité touchant la
conversion au système métrique.
Informatour 1974. Suite aux résultats encourageants d'Informatour
en 1973, le ministère des Communications a décidé de
reprendre l'opération en 1974, en coordonnant la participation de cinq
ministères et organismes gouvernementaux dans quatorze centres
commerciaux à travers le Québec. Ont participé: les
Affaires sociales, la Justice, les Finances, l'OPDQ, la Régie des
rentes. Les villes visitées sont indiquées ici: Chicoutimi,
Hauterive, Sept-lles, Rimouski, Laval, Sherbrooke, Saint-Hyacinthe, Thetford,
Tracy, Montréal, Saint-Jean, Mont-Laurier, Saint-Eustache,
Saint-Antoine-des-Laurentides.
Les résultats ont été encourageants et, de
façon générale, les ministères et organismes
participants sont très satisfaits et intéressés à
reprendre une nouvelle tournée. Le ministère des Communications
doit cependant évaluer les coûts de cette opération, de ce
type d'opération, les comparer à ceux qui sont applicables
à d'autres techniques de communication directe avec la population et
établir des comparaisons également quant à la valeur des
diverses techniques qui peuvent être exploitées. En fait, on peut
dire qu'Informateur touche plusieurs centaines de milliers de personnes et que
les personnes visées ont un contact direct avec les agents de
renseignement. Par ailleurs, comme cette opération se situe sur plus que
six mois et fait appel à de nombreuses personnes, qu'il y a des frais de
voyages et tout, elle coûte quand même assez cher, et cette
année nous voulons faire l'analyse de l'opération avant d'aller
plus loin.
Publicité. Plusieurs projets de publicité
interministérielle ont été coordonnés par le
ministère des Communications, au cours de la dernière
année, notamment plusieurs cahiers spéciaux publiés au
Québec et à l'étranger, les plus connus étant sans
doute ceux des journaux français Le Monde et Le Monde diplomatique.
Le projet d u Monde et du Monde diplomatique a coûté en
tout $104,194, soit $87,695 en frais d'espace et $16,500 pour la conception et
production des annonces.
Le ministère des Communications a assumé les frais de
conception des annonces en plus des coûts de sa propre publicité
qui se sont élevés à $24,947. Ces coûts sont tout
à fait selon les normes habituelles. Par exemple, le cahier
spécial du Financial Times en 1973, Perspective on Quebec, a
coûté au gouvernement quelque $75,000 pour un tirage de 150,000
copies, dont près de la moitié a été
expédiée par le gouvernement.
Le ministère des Communications a également
coordonné le placement des avis de recrutement, appels d'offres et avis
publics pour l'ensemble du
gouvernement. La somme de $773,000 a été consacrée
à la publication de tels avis. Comme je vous en ai fait part l'an
dernier, ce compte a été scindé en deux et confié
à deux firmes de Québec, soit Pierre Tremblay Publicité et
Cossette et Associés. Nous aurons, je pense, l'occasion de revenir, si
les membres de la commission le souhaitent, sur ce point pour élaborer
la façon dont on arrive, finalement, à déterminer, pour ce
qui est des appels d'offres, des offres d'emploi et des avis publics, l'agence
ou les agences qui doivent exécuter ces contrats. En même temps
que nous octroyions ces contrats, nous avons entrepris la cueillette des
données pouvant permettre l'application de critères dans l'octroi
de ces contrats à l'avenir. Les critères qui me sont
recommandés sont les suivants: 1) Le critère régional. Ce
compte sera confié c'est ce qui m'est recommandé,
actuellement, de suivre pour les années à venir ou serait
confié à une agence de la région de Québec.
Plusieurs raisons justifient cette modalité: facilité de contacts
permanents et rapides; réduction au minimum des délais,
d'où un meilleur service aux ministères-clients; meilleures
garanties quant à la qualité des services de l'agence
élimine l'inconvénient d'un compte administré à
distance, parfois par personne interposée; les agences de Québec
sont défavorisées par rapport à celles de Montréal
du fait qu'elles sont en dehors des grands marchés et du milieu des
affaires. Dans la mesure où elles sont aptes à administrer ce
type de compte, nous croyons et c'est là l'avis des
fonctionnaires du ministère des Communications qu'il est
justifiable d'utiliser pour ces contrats des agences de la région de
Québec. Appels d'offres, encore une fois, offres d'emplois et avis
publics. 2) Critères professionnels. Les agences éligi-bles pour
obtenir ce compte devront ou devraient être accréditées
auprès de la CDNPA vous avez, en bas, ce que cela veut dire
et de la CAB pour faire le placement dans les media. Elles devraient
également avoir une personne spécialisée affectée
aux media à plein temps. D'autre part, ce compte ne devrait pas
constituer plus de 25% du total de la facturation globale réelle de la
dernière année.
Ce que l'on veut dire ici, c'est que, lorsque l'on confie à une
agence le compte des appels d'offres ou des offres d'emplois, ce compte,
additionné aux autres comptes publics et parapublics, ne devrait pas
totaliser plus de 25% du chiffre d'affaires total de l'entreprise de
publicité. Je pense que, même si au niveau du ministère on
était prêt à me recommander d'aller jusqu'à 50%, je
préfère, quant à moi, le maintenir à 25% parce
qu'en gros, à une exception près, c'est ce qui se fait en
réalité, cela ne dépasse pas 20%. 3) Procédure de
rotation. Ce compte devra ou devrait être octroyé selon un
système de rotation impliquant toutes les agences de publicité de
Québec qui satisfont aux critères professionnels requis.
On dit ici: Ce système de rotation implique que l'agence qui a
déjà obtenu ce compte ne peut être retenue de nouveau au
cours de l'année suivante pour ce même compte.
Pour ma part, je voudrais préciser ici que je suis plutôt
porté à assouplir ce critère pour continuer à tenir
compte, dans la réallocation du compte, du volume total de
publicité que peut percevoir une agence des comptes publics et
parapublics et, deuxièmement, de la qualité des services fournis
par cette agence au cours de l'année antérieure, plutôt que
de s'en tenir au strict principe d'une rotation bête à
l'intérieur de trois, quatre ou cinq agences. 4) Critère de
durée. Ce compte devrait être attribué pour une
période d'un an coïncidant avec l'année fiscale
gouvernementale. Le ministère des Communications se réserverait,
cependant, le droit de mettre fin au contrat sur un avis de 30 jours dans les
cas où l'agence ne rendrait pas, de façon satisfaisante, les
services précités dans la lettre d'entente ou si, pendant la
durée du contrat, l'agence venait à ne plus rencontrer les
critères professionnels requis.
Dans un tel cas, exceptionnellement, l'agence qui se verrait confier le
compte pour terminer l'année serait éligible pour l'année
suivante.
Cela est vraiment du détail et je maintiendrais, quant à
moi, l'ensemble des critères sur le volume total de la
publicité.
A partir de ces critères, nous avons, au ministère des
Communications, identifié quelles seraient à Québec les
agences susceptibles d'obtenir les comptes, appels d'offres, offres d'emploi et
avis publics. Ce seraient les agences suivantes, actuellement: Pierre Tremblay
Publicité, Cossette & Associés, Jacques Dussault &
Associés, Bleau, Duperrey, Giguère & Associés.
Conférence des directeurs de l'information du Canada. La
Direction générale des communications gouvernementale a accueilli
cette année à Québec la conférence annuelle des
directeurs de l'information des dix provinces. Cela a été
l'occasion d'échanger des informations avec elles et de comparer,
finalement, les techniques d'information avec les citoyens.
La même direction a fait, au cours de l'année 1974, une
étude sur la relation Etat-citoyen, ayant plusieurs volets. Le rapport
de cette étude est disponible à ceux que cela intéresse.
Nous avons de cette étude tiré un certain nombre de conclusions,
notamment que le ministère, par cette direction générale,
devait assumer sa responsabilité de coordination de la communication
gouvernementale; jouer son rôle d'expert, de conseil en recherche, en
analyse, en stratégie aussi bien pour le développement des
ressources humaines que pour celui des nombreuses techniques, canaux et formes
de communication; accentuer systématiquement la décentralisation
de l'information administrative en renforçant les bureaux
régionaux, dans les régions; faciliter aux citoyens, quand ils en
ont besoin, l'accès à l'information sur les lois,
règlements et services gouvernementaux, et au moment où ils en
ont besoin; sensibiliser les relayeurs naturels à la notion
d'information et de service public.
Ce sont finalement des choses que nous savions probablement tous par
intuition, mais il était quand même nécessaire, je pense,
de se les faire confirmer par une étude aussi élaborée que
celle qui a été menée sur la relation Etat-citoyen.
Au niveau de l'édition gouvernementale, en août I973, la
firme Cégir remettait à l'Editeur officiel le rapport d'une
étude sur l'ampleur et les caractéristiques de son marché
ainsi que sur les aspects organisationnels qui en découlent. Ce rapport
public est disponible pour ceux qui en font la demande au bureau de l'Editeur
officiel. La majeure partie des recommandations ont fait l'objet
déjà d'application ou sont en voie d'être
réalisées.
La fonction commercialisation a connu les plus importantes
transformations: -son réseau de vente a été élargi:
de dix, les librairies dépositaires sont passées à quinze
et trois projets de distribution par messagerie ont été
étudiés; -une division de la promotion et publicité a
été créée avec mission non seulement de rajeunir
l'image de l'Editeur officiel, mais aussi d'effectuer des études de
marketing pour les produits de l'Editeur; -deux représentants-vendeurs
ont été recrutés pour présenter les produits de
l'Editeur officiel à travers tout le Québec; -le catalogue des
publications a été refait en regroupant les titres à
partir d'une grille d'analyse sectorielle; -des spécialistes de
l'édition ont été chargés d'étudier la
présentation des publications de l'Editeur de façon qu'elles
puissent se comparer aux publications commerciales du même genre; -la
réalisation et l'impression du catalogue des documents audio-visuels du
gouvernement a été le premier geste d'un programme de vente de
produits audio-visuels.
Pour ce qui est de la fonction documentation de l'Editeur officiel,
différentes mesures ont été prises pour faciliter
l'accès à la documentation gouvernementale; -l'indexation de
toutes les publications gouvernementales et paragouvernementales; -le
dépistage systématique de la documentation gouvernementale non
confidentielle; -la mise sur pied d'un fichier collectif des publications
gouvermentales; -la mise en oeuvre d'un système d'échange de
documents avec les universités; -l'acheminement du dépôt
légal.
La fonction édition de l'Editeur officiel est la plus jeune. Elle
s'est manifestée surtout par la création de la documentation
québécoise. A ce niveau, les principales recommandations du
rapport Cégir qui ont été réalisées sont la
réorganisation structurelle du service ainsi que le développement
d'une politique de coédition et de coproduction.
Enfin, les dernières recommandations concernaient la
réorganisation administrative du système de gestion des ventes.
Pour effectuer une réforme globale qui tienne compte de tous les
aspects, l'Editeur a fait appel aux services de la Société
générale d'informatique Inc. Ce geste a donné naissance
à une seconde étude dont le rapport fut déposé en
octobre I974 et qui portait principalement sur le traitement des commandes,
l'enregistrement comptable des transactions, le contrôle des inventaires
et des ventes des libraires et le rôle des unités administratives.
De plus, un manuel des procédures décrivant de façon
détaillée chacune des fonctions du système de gestion des
ventes a été rédigé à l'usage des
employés. Le système proposé est entré en vigueur
ce mois-ci. Cela répond largement aux critiques qui ont pu être
faites par le Vérificateur par rapport à la gestion des stocks au
niveau de l'Editeur officiel.
Le mémoire de programme sur la reprographie. Au cours de
l'exercice 1974/75, le Conseil du trésor a chargé les
responsables de la division de la reprographie de la rédaction d'un
mémoire de programme sur la reprographie au gouvernement du
Québec.
Ce rapport est actuellement terminé et sera soumis incessamment
pour étude au Conseil du trésor. Il n'est donc pas encore public.
D'ores et déjà, cependant, nous pouvons en extraire certaines
grandes lignes: -d'abord la quasi-inexistance d'un cadre législatif
et/ou réglementaire en matière de reprographie; -le budget total
consacré à la reprographie est de l'ordre de $12 millions pour to
ut le gouvernement, dont 30% en traitement, 23% en fournitures et 47% en
équipement; -la production de photocopies pour l'ensemble des organismes
touchés par le mémoire s'élève annuellement ï
$130 millions; -il en coûte moins cher au gouvernement d'effectuerses
impressionsen régie que de les confier à contrat à
l'extérieur; -les coûts de production de la division de la
reprographie du ministère des Communications sont inférieurs
à ceux des autres ministères, précisément à
cause de la centralisation des services; -les coûts de production des
appareils isolés sont nécessairement plus
élevés.
A la suite de cette étude, le Conseil du trésor devrait,
normalement, en approuver les conclusions, ce qui permettrait de rationaliser
encore davantage l'utilisation de la photo-copie à l'intérieur de
l'appareil administratif.
Quant à la documentation québécoise, le
ministère, par l'entremise de l'Editeur officiel, a
réalisé cette année les premières publications de
la documentation québécoise. Le projet regroupe jusqu'ici quatre
grandes collections de documents axés prioritairement sur l'information
au citoyen, une information simplifiée et vulgarisée.
La collection L'Etat et le citoyen a pour but de populariser les
services offerts par l'Etat aux citoyens. Le Guide du citoyen est le premier
ouvrage de cette collection et sera publié en août 1975. Il vise
à regrouper et à décrire, sous quinze thèmes, tous
les services offerts aux citoyens par l'administration publique
québécoise. Le Guide du citoyen aura environ 480 pages et sera
présenté sous forme de livre de poche. Le prix unitaire sera de
$1.50 et le tirage prévu est de 50,000 exemplaires, dont la majeure
partie de la distribution sera assurée par une agence de messagerie dans
quelque 3,000 points de vente, répartis à travers le
Québec. Il est à noter que les revenus prévus de la vente
du Guide du citoyen ne couvriront pas les frais réels pour la
préparation et la
diffusion de ce document. Le prix a en effet été
fixé en vue de permettre la plus large diffusion possible, notamment
auprès des gens les plus susceptibles d'en avoir besoin.
Deux autres ouvrages seront aussi publiés, soit le
Répertoire administratif du Québec, qui sera distribué
gratuitement dans les organismes gouvernementaux et qui a été
tiré à 25,000 exemplaires, et le Catalogue des documents
audio-visuels gouvernementaux, qui a été tiré non pas
à 300, mais à 30,000 exemplaires, qui sera distribué
gratuitement aux principaux organismes intéressés. Ces deux
documents pourront être obtenus gratuitement sur simple demande, au
bureau de l'Editeur officiel. Pour ceux que cela intéresserait, je pense
que nous pourrions avoir, dès ce matin, ou cet après-midi, un
exemplaire de ce répertoire des documents audiovisuels du gouvernement,
en volume c'est assez impressionnant, cela fait plusieurs centaines de pages et
cela permettra probablement, pour la première fois, aux institutions
scolaires, aux organismes publics et aux groupes de citoyens d'avoir
accès à des documents dont on ignore même l'existence et
qui n'ont jamais servi à personne; 3,000 documents, me dit-on, sont
répertoriés finalement dans ce catalogue.
La collection Etude et dossiers, où seront édités
des monographies régionales, des études documentaires et surtout
des dossiers faisant le point sur les problèmes et situations
québécoises de nature économique, sociale, politique et
culturelle. Il s'agit de documents factuels qui permettront de connaître
davantage les régions, les secteurs d'activités, les secteurs
économiques, les secteurs culturels et qui devraient, sur une plus
longue période, constituer une base documentaire absolument stable pour
toute personne qui voudrait connaître le Québec d'aujourd'hui.
La collection Guides pratiques, où seront abordés les
problèmes quotidiens du consommateur, du propriétaire, du
voyageur, de l'artisan. Les publications sur le système métrique,
la sécurité routière et le tourisme sont actuellement en
préparation, avec les différents ministères
concernés.
Enfin, la collection Connaissance du Québec, qui regroupe des
ouvrages à caractère historique, géographique, culturel,
sociologique et écologique. Par exemple, Les plantes sauvages
printanières sont pour I975 le principal produit de cette collection.
Nous avons commencé par ce qui était plus facilement accessible.
Nous avons l'intention, sur une plus longue période, d'aborder tous les
sujets qui sont indiqués ici.
Quant à la coédition, parallèlement à la
misesur pied de cette documentation québécoise, la Direction
générale de l'édition a vu naître, en 1974/75, le
premier projet de coédition avec la réédition de la
publication "Voies et impasses" en collaboration avec les éditions
Fides. Pour ceux que ça intéresserait, je pourrai, plus tard,
vous donner plus de renseignements là-dessus.
Quant à la mise à jour des lois et publications de
recueils de jurisprudence, elle a aussi réalisé la mise à
jour et la codification administrative des lois par une équipe
spécialisée en jurimétrie, ainsi que la publication de
deux recueils de jurisprudence en collaboration avec le service de
documentation juridique.
De plus, en 1974, le service de la traduction, à la demande du
ministère de la Justice, a pris en charge toutes les activités
d'interprétation des cours criminelles du Québec. Un
interprète permanent à l'emploi du service de traduction
gère, à cette fin, un réseau d'une centaine
d'interprètes à la pige qui, selon les demandes, peuvent
interpréter au-delà de 50 langues.
Afin de faciliter l'accès à la documentation
administrative, la Direction générale de l'édition a
publié un catalogue énumérant toutes les collections de
périodiques conservées dans les bibliothèques
gouvernementales. La publication par thème des sommaires de la
documentation courante est disponible aux fonctionnaires des ministères.
De plus, une banque de fiches analysant et indexant les publications
gouvernementales, ainsi qu'une banque de documents photographiques ont
été constituées et mises à la disposition des
ministères et organismes gouvernementaux, de même que de toute
personne spécialisée qui serait intéressée par ce
type de services.
Le service de la commercialisation de l'Editeur officiel a mis sur pied
une division de la promotion et de la publicité dans le but de faire
connaître de plus en plus ses produits. Cette année, les ventes
ont atteint un chiffre de $934,196.83. Vous avez, en page suivante, la
progression des ventes de l'Editeur depuis 1966.
Un mot sur le programme d'identité visuelle du gouvernement qui
vise essentiellement à redéfinir l'image visuelle, la fleur de
lys en particulier, du gouvernement. Dans cette optique, le ministère a
proposé une modification au symbole de la fleur de lys, modification qui
a été acceptée par le conseil des ministres et qui a fait
l'objet d'un arrêté en conseil.
En 1974/75, c'est la Direction générale des communications
gouvernementales qui verra à la mise en application du programme. C'est
une légère modification. On fait disparaître de la fleur de
lys le nom Québec pour l'encadrer dans un carré. Cet
après-midi, je pourrai vous distribuer également un exemplaire de
ce nouveau symbole. Si on compare les deux, on voit une différence; si
on ne les compare pas, il est assez difficile de percevoir la différence
entre les deux fleurs de lys. C'est une longue étude graphique qui nous
a conduits à cette adoption, compte tenu du fait, notamment, qu'il est
très difficile de reproduire sur des petits imprimés le mot
Québec d'une façon propre et intelligible sur la fleur de
lys.
Après une période d'adaptation, nous en arrivons
finalement à l'insertion de cette fleur de lys dans un carré.
D'après les spécialistes et je suis d'accord avec eux
cette identification est beaucoup plus précise et propre au
Québec, alors que l'audio-visuel qu'on nous a présenté sur
le sujet nous indiquait au-delà d'une centaine d'utilisations du symbole
gouvernemental, allant du motel à la saucisse, en passant par les chips
et tout ce que vous voudrez au Québec.
Alors, le nouveau symbole est enregistré et sera exclusif au
gouvernement.
M. Charron: D'abord que ça n'aura pas l'air d'une feuille
d'érable.
M. L'Allier: Non, non, non! Vous pourrez le voir cet
après-midi et faire vos commentaires à ce moment-là,
peut-être.
Le programme 5: Développement des
télécommunications. Vous vous en souvenez peut-être,
à l'occasion de l'étude des crédits, l'an dernier, j'avais
insisté sur ce programme en disant que c'était pour nous, en
termes de priorités, peut-être un des plus importants,
précisément parce que nous avions, à ce moment-là,
fait assez peu de chose là-dessus.
Cette priorité indiquée à l'occasion des
crédits de l'an dernier s'est assez largement vérifiée
dans les réalisations de cette année. Au service de la recherche
qui a été mis sur pied en 1974/75, on a collaboré avec la
Conférence des recteurs et principaux des universités du
Québec pour dresser l'inventaire des ressources humaines et physiques en
communications dans les universités du Québec et pour
établir les programmes académiques et de recherche correspondant
aux besoins du Québec dans ce secteur.
Ce service se tient également en contact continu avec les
principaux centres de recherche gouvernementaux et privés au
Québec, au Canada et dans le monde, afin de connaître les
développements en cours dans le domaine des communications.
Le comité interministériel sur la
téléinformatique: Formé à la fin de I973, ce
comité qui regroupe huit ministères, s'est donné pour
objectifs: d'élaborer les éléments essentiels d'une
politique de téléinformatique au Québec; d'élaborer
des mécanismes intraquébécois de coordination;
d'évaluer l'incidence possible des éléments de la
politique québécoise de téléinformatique sur les
travaux effectués par le gouvernement fédéral.
Un rapport intérimaire a été publié en
janvier I975 et faisait état des travaux accomplis à ce jour
ainsi que des principes directeurs de la politique de
téléinformatique adoptés par le comité. J'ai eu
l'occasion d'en faire état dans une allocution, en mars dernier, devant
les membres de l'Association canadienne de l'informatique. Le rapport
définitif devrait être connu au cours de l'été.
Les sociétés exploitantes de
télécommunications: Formule d'ajustement automatique des tarifs.
Une étude préliminaire d'une formule d'indexation automatique des
tarifs pour Bell Canada nous a permis d'identifier plusieurs problèmes,
tant conceptuels que techniques, inhérents à l'application d'une
telle mesure.
La position du ministère en cette matière a
été signifiée à la Commission canadienne des
transports. Essentiellement, le ministère ne peut souscrire au principe
de rajustement automatique des tarifs pour une entreprise, même si elle
est privée, qui fournit des services publics.
Quant à l'intervention auprès de la Régie des
services publics, nous avons étudié plus de 40 requêtes
déposées par les sociétés exploitantes de
téléphone auprès de la Régie des services publics.
De ce nombre, les requêtes de Télébec,
Québec-Téléphone et Téléphone du Nord
Incorporé ont nécessité des études plus
détaillées et des interventions plus étoffées dues
à l'ampleur et à la complexité des modifications
tarifaires proposées par ces sociétés. Dans d'autres cas,
nous avons déposé des questions jugées essentielles
à l'étude de ces req uê-tes par la régie.
En d'autres mots, le ministère des Communications intervient
devant la régie de la même façon qu'il le fait devant la
Commission canadienne des transports.
Interventions auprès de la Commission canadienne des transports,
essentiellement au sujet de Bell Canada. Les auditions relatives à la
requête B amendée se sont poursuivies jusqu'au 4 juin I973,
après avoir été commencées vers le mois d'avril de
la même année. L'intervention du Québec, en plus de
désirer une justification à cette demande de hausse de tarifs de
Bell Canada, a surtout porté sur la relation Bell-Northern Electric, sur
le programme de construction de la requérante et aussi sur les impacts
socio-économiques qui surviendraient pour les usagers si les
différentes demandes de la requérante étaient
acceptées.
Dans sa décision rendue le 13 août I974, la Commission
canadienne des transports a reconnu la pertinence de plusieurs remarques,
questions et suggestions du Québec, surtout en ce qui concerne la
condition de l'usager face aux décisions de Bell Canada. Je dois dire
ici qu'elle n'a cependant pas reconnu la validité de nos questions sur
la relation Bell-Northern Electric. Ces problèmes demeurent pour nous
aussi complexes et aussi importants à régler, la situation
n'ayant pas changé.
Quant à CN/CP, devant la même commission, le service du
développement des réseaux a aussi étudié deux
requêtes en majoration de tarifs déposées par
Télécommunications CN-CP.
La Commission canadienne des transports, dans sa décision du 26
novembre I974 concernant ces requêtes, a formulé des commentaires
favorables sur trois des quatre recommandations formulées par le
Québec touchant les sujets de la qualité de la preuve de TCN et
de TCP, la concurrence néfaste entre les entreprises de
télécommunications et la création par les
compagnies-mères, CNR et CPR, d'une seule entité distincte de
leurs activités de télécommunications.
Egalement, ce service a analysé une requête
déposée le 12 février I975 par CN/CP pour majorer les
tarifs du service Télex. La date des auditions pour cette requête
n'est pas encore déterminée.
Le ministère des Communications, par sa direc-tion
générale des télécommunications, a aussi
participé de très près aux projets suivants: enquête
sur les prix de revient des télécommunications en vue d'auditions
de la Commission canadienne des transports l'an prochain.
Travaux du Conseil consultatif de l'environnement, concernant les
corridors de télécommunications;étude de l'OPDQ sur
l'impact des télécommu-
nications; étude et rapport sur la situation actuelle de la
télétransmission de données au Québec;
comité fédéral-provincial sur les possibilités de
raccordement de certains terminaux aux réseaux publics commutés;
participation à l'étude sur l'impact socio-économique des
tarifs téléphoniques. Cette étude fait suite aux demandes
des intervenants lors des audiences pour majoration de tarifs de Bell
Canada.
Quant à la câblodistribution. Au cours de la période
1974/75, nous avons procédé à compléter
l'inventaire des principales données concernant cette industrie. On
compte actuellement, environ I60 systèmes indépendants de
câblodistribution au Québec. Déjà certaines
données d'intérêt public en rapport avec ces entreprises
ont été regroupées.
Interventions auprès de la Régie des services publics.
Dans les six derniers mois, nous avons étudié une soixantaine de
requêtes déposées devant la Régie des services
publics sur différents aspects de la câblodistribution. De ce
nombre, quelque 25 ont fait l'objet de questionnaires pertinents et
d'interventions.
Quant aux antennes collectives. Nous avons étudié les
implications techniques, économiques et juridiques que suscite
l'existence d'antennes collectives communément appelées MATV,
à l'intérieur d'un territoire d'une entreprise publique de
câblodistribution. Le rapport qui a fait suite à cette
étude recommande plusieurs actions visant à assurer entre autres,
la continuité du réseau de câblodistribution et le droit
d'accès de tout citoyen aux services d'un câblodistributeur
desservant une région donnée, même si dans cette
région, il existe des MATV.
Diffusion des émissions de Radio-Québec en
différé chez les câblodistributeurs. Nous avons
étudié avec Radio-Québec les possibilités de
distribuer la programmation de Radio-Québec chez les
câblodistributeurs dans l'impossibilité de capter et retransmettre
ces émissions. Cette étude a mené à la distribution
de cette programmation chez au moins une quinzaine de câblodistributeurs
sous forme de vidéo-cassettes. Nous poursuivons cette opération
actuellement et ce réseau de distribution non simultané devrait
s'étendre au cours des prochains mois.
Activités diverses. Câblodistribution en Gaspésie.
Les opérations Prospectives et Contact Gaspésie menées par
le ministère des Communications ont aidé à mettre en
relief les nombreux problèmes de communications en Gaspésie. Le
ministère a porté une attention particulière aux
câblodistributeurs de la côte septentrionnale qui suppléent
aux déficiences de couverture de Radio-Canada à ces endroits.
Quelques hypothèses pour favoriser l'augmentation de programmation de
ces systèmes sont actuellement à l'étude
présentement au ministère et feront l'objet et font l'objet de
contacts avec les groupes intéressés.
Quant à la radio-télédiffusion, un inventaire
complet des services de télévision et de radio en territoire
québécois a été effectué en ce qui concerne
leur couverture générale. Pour les services de
télévision, l'inventaire touche aussi les services disponibles
à chaque municipalité.
Plan de rayonnement accéléré de Radio-
Canada. Suite à la décision de Radio-Canada
d'étendre son service aux populations de 500 personnes et plus, le
ministère a fait l'étude des services actuels et proposés
de cette société. L'analyse a révélé une
tendance à l'expansion onéreuse des services anglais et d'une
façon prioritaire par rapport aux services français, compte tenu
des volurnes de population au Québec.
La formulation des éléments de ce qui pourrait être
une politique de service en radio-télédiffusion sur le territoire
québécois a immédiatement suivi et résultera d'ici
peu en l'énonciation d'un certain nombre de recommandations à ce
sujet. Je dois dire ici que les informations dont nous disposons sur le plan de
rayonnement de Radio-Canada sont partielles et nous ne pouvons pas en garantir
l'authenticité, précisément, parce que de toutes sources,
de Radio-Canada en passant par le Secrétariat d'Etat à Ottawa, on
ne peut nous fournir ce qui serait convenu d'appeler le plan de
développement de Radio-Canada pour le Québec ou pour l'ensemble
du pays. Nous disposons donc, d'une information qui a été
patiemment accumulée, qui nous a été fournie, quelquefois
de façon officielle, quelquefois de façon officieuse.
Nous avons, à partir de là, reconstitué ce qui nous
semble être, dans les meilleures conditions, le plan actuel de
développement de Radio-Canada au Québec pour les cinq prochaines
années. C'est à partir de ce document dont on pourrait, à
tout moment, nous dire qu'il est inexact, que nous avons bâti nos
hypothèses. Or, s'il est inexact, qu'on nous le dise et qu'on nous
fournisse le vrai document. Dans l'hypothèse où nous n'avons pas
le véritable document, soit qu'on ne veuille pas le rendre public soit
qu'il n'existe pas comme tel, ce qui serait surprenant, nous sommes
obligés de nous appuyer sur ce que nous avons comme information.
La diffusion éducative. Le ministère a apporté son
appui, comme je l'ai dit tout à l'heure, à la mise sur pied d'un
projet spécial de télévision communautaire à
caractère éducatif à Saint-Jérôme. Il s'agit
d'un projet particulier visant à vérifier l'utilisation conjointe
de technologies légères de communications avec un émetteur
VHF à faible puissance. Ce projet, à l'origine, avait
été sinon encouragé du moins proposé et mis de
l'avant discrètement par le gouvernement fédéral qui, pour
toutes sortes de raisons, techniques et autres, semble s'en être
désintéressé au moment où une certaine population,
en tout cas à Saint-Jérôme, s'y est
intéressée. Quoi qu'il en soit, avec le vidéographe, nous
avons étudié l'opération et nous avons convenu de
favoriser l'expérimentation de TVC-4 à Saint-Jérôme.
Cette expérience est actuellement en cours.
En 1974/75, $120,000 ont été octroyés à
Vidéo-graphe Inc. qui agit à titre de maître d'oeuvre du
projet TVC-4 à Saint-Jérôme durant les premières
étapes. De cette somme, $106,000 furent octroyés par le
ministère des Communications et le reste par le ministère de
l'Education.
L'accessibilité et la propriété. Dans le but de
favoriser la propriété coopérative des instruments de
communication, le ministère a mis sur pied un comité tripartite
avec le ministère des Institutions
financières, Compagnies et Coopératives et le Conseil de
la coopération afin de définir une formule juridique
appropriée aux media communautaires d'inspiration coopérative en
communication. Ce comité prévoit terminer ses travaux en
septembre prochain.
Le ministère au Nouveau-Québec. Pour la deuxième
année consécutive, nous avons poursuivi une série
d'expériences visant à familiariser les autochtones du
Nouveau-Québec à l'utilisation d'équipements
magnétoscopiques portatifs au moyen desquels ils produisent des
documents audio-visuels communautaires en leur langue. A cette fin, une session
de formation a été tenue à Poste-de-la-Baleine en
collaboration avec le Centre d'études nordiques de l'université
Laval et le Vidéographe. L'aide du ministère a aussi permis
à un groupe d'Inuit de Sagluc de produire douze documents audio-visuels
sur les problèmes inhérents au v Inuit. Le ministère a, en
outre, apporté son aide financière et technique à la
population de Povungni-tuk pour l'achat et l'installation d'un poste de radio
communautaire qui a été complété en décembre
I974.
Les media communautaires. Il s'agit d'un programme de subventions aux
media communautaires par lequel le ministère a injecté plus de
$225,000 à l'intérieur de 25 organismes oeuvrant dans le secteur
des media communautaires. Ce programme était appliqué pour une
deuxième année consécutive également. Les media
communautaires éligi-bles à ce programme sont les media (TV,
radio, centre de production) utilisés de façon non commerciale
dans un cadre de participation des citoyens tant au niveau de la
propriété que de l'orientation et de l'utilisation du
médium dans un but de développement éducatif, social,
culturel et économique d'un milieu.
Le ministère a de plus accordé une subvention de $102,000
à Vidéographe Inc. lui-même, qui s'est
particulièrement signalé dans sa recherche de nouveaux
modèles de prod uction et de distribution axés sur les besoins
des citoyens et des groupes.
Echanges avec la France. Dans le cadre d'un programme d'échanges
avec la France, le ministère a réalisé, en septembre 1974
et en mars 1975, deux expériences de communications bidirectionnelles et
instantanées (téléconférences) utilisant un
satellite de communication de la série Intelsat II. La première
téléconférence a réuni des cardiologues de
l'Institut de cardiologie de Montréal et de l'hôpital
cardio-vasculaire et pneumologique de Lyon.
La deuxième téléconférence a réuni
des hépa-thologues de l'hôpital St-Luc de Montréal et leurs
confrères de deux unités de recherches en physio-pathologie
hépatique de la région parisienne.
Ces expériences, qui sont des expériences, sont valables
jusqu'ici dans la mesure où elles portent sur le secteur médical,
parce que, jusqu'ici, c'est ce secteur qui s'est davantage singularisé
dans la nécessité, à la fois d'une communication
simultanée d'un grand nombre de personnes. En d'autres mots, sans la
téléconférence par satellite, les personnes qui se sont
parlé et qui parlent un même langage professionnel, n'auraient pas
pu, d'une façon aussi importante en volume, compte tenu de leurs propres
fonctions, se rencontrer pour discuter de ces cas.
Le programme expérimental canadien (STT). Dans le cadre du
programme STT, le ministère voit à la coordination des
expérimentateurs québécois qu'il représente
auprès du ministère fédéral des Communications. Les
expériences québécoises consistent en un programme de
communications communautaires du Nouveau-Québec; un programme de
télémédecine au Nouveau-Québec; un programme de
télé-enseignement de l'Université du Québec; un
programme de radio-téléphonie de la baie James; un programme de
transmission de données de l'Hydro-Québec; un programme de
télé-éducation Québec-Saskatchewan.
Nous avons analysé une trentaine de demandes d'aliénation
de terres publiques pour fins de télécommunications en vue d'en
juger le bienfondé, de faire la coordination appropriée et de
fixer les conditions qui s'imposent.
Maintenant, au programme de la gestion interne et soutien sujet
brûlant s'il en est un, semble-t-il négociations
fédérales-provinciales. L'évolution du dossier
fédéral-provincial a continué d'être au centre des
préoccupations intergouvernementales du ministère des
Communications au cours de l'exercice 1974/75. La deuxième
conférence fédérale-provinciale sur les communications n'a
toutefois pas eu lieu, contrai rement à ce qui avait été
d'abord anticipé. Les élections fédérales et une
autre provinciale ont d'abord retardé l'échéance de
plusieurs mois; reporté au pouvoir avec une majorité absolue, le
nouveau gouvernement fédéral a, par la suite, refusé de
poursuivre les négociations avec les provinces, prétextant que
les propositions provinciales équivalaient à exiger des
changements constitutionnels qui n'étaient pas du ressort des ministres
responsables des communications des onze gouvernements du Canada. Ce n'est
qu'à la suite de nombreux échanges épistolaires et de
plusieurs rencontres que le ministre fédéral des Communications a
finalement donné à mon homologue de l'Ontario, porte-parole des
provinces, son accord à la tenue d'une deuxième conférence
fédérale-provinciale qui doit avoir lieu les 13 et 14 mai
prochains, soit un an et demi après la première conférence
fédérale-provinciale.
L'attitude du gouvernement fédéral n'a toutefois pas
empêché les provinces de poursuivre leur concertation, parce que
c'est finalement à ce niveau que le travail est plus utile,
actuellement. A cette fin, deux conférences interprovinciales ont eu
lieu; la quatrième à Victoria au printemps et la cinquième
à Toronto, à l'automne 1974. Ces deux conférences ont
permis d'unifier les points de vue des provinces quant au partage des
responsabilités entre les deux niveaux de gouvernement dans les domaines
de la radio-télédiffusion, des sociétés
exploitantes de télécommunications et de la
câblodistribution. Ces positions des provinces dites "de consensus" qui
ont été adoptées à la conférence de Toronto
ont depuis lors été transmises au gouvernement
fédéral. Elles constituent un effort sincère de la part
des provinces en vue de favoriser des négociations fruc-
tueuses avec le gouvernement fédéral, et fixent finalement
les balises à l'intérieur desquelles devraient se tenir ces
négociations.
Je pourrai, si cela vous intéresse, au cours de
l'après-midi, ou dans la poursuite de l'étude des crédits,
vous communiquer sur une feuille, pour éviter de le lire, l'essentiel de
ces trois résolutions qui font l'objet du consensus.
Sur le plan international, les relations privilégiées avec
la France se sont développées et ont permis l'insertion de
paragraphes traitant des communications dans le relevé des conclusions
adoptées à l'issue des entretiens entre les premiers ministres du
Québec et de la France, en décembre dernier.
Ce document traite notamment de l'utilisation conjointe du satellite
Symphonie et de l'accès par l'Office de
radio-télédiffusion aux émissions à
caractère éducatif de la télévision
française.
Quant à la gestion des ressources humaines, en fait, vous l'avez
dans le document; ce n'est peut-être pas la peine, comme on nous le
suggère, de lire tout ça. C'est de la gestion interne du
personnel. Aux pages 61 et 62, on vous donne un tableau portant sur
révolution du personnel, sur le développement des ressources
humaines. Tout ce que je puis vous dire là-dessus, c'est que,
finalement, nous essayons de concentrer nos efforts sur la qualité du
recrutement du personnel de communication, compte tenu des contraintes qui nous
sont imposées par la concurrence de l'entreprise privée. C'est un
domaine où il est assez difficile de recruter. Alors, nous essaierons
d'aller un pas plus loin, d'établir des contacts avec les centres de
formation universitaire, CEGEP, etc., pourétablir des liens entre les
points de formation et les employeurs.
Quant à la revue Forces, vous avez, à la page 64, une
information qui confirme ce que nous avons dit à ce sujet, à
savoir qu'une société a maintenant été
formée, qui est la seule responsable de la revue Forces. Une subvention
de $225,000 a déjà été versée, en mars,
à cette corporation de la revue Forces. Je vous ai déjà
communiqué les noms des membres. Il y a douze membres de la revue
Forces, qui sont: M. Côme Carbonneau, président de SOQUEM; M.
Pierre Shooner, directeur général à la Chambre de commerce
du district de Montréal; M. Alfred Rouleau, président du
Mouvement Desjardins; M. Charles-Henri Dubé, directeur
général de la Direction générale de
l'édition. C'est le seul fonctionnaire à la revue,
précisément afin que, si jamais la revue, dans un an, deux ans ou
trois ans, était en difficulté ou, pour quelque raison que ce
soit, disparaissait, l'Etat finalement récupère le contenu de la
revue. Alors, l'Editeur officiel du Québec, le directeur
général de l'édition, donc la même personne, est
d'office membre de la société et c'est le seul fonctionnaire sur
douze. Les autres membres sont: M. Jean-Charles Bonenfant, professeur à
Laval; Mlle Madeleine Saint-Jacques, vice-présidente de Young and
Rubicam; M. Marcel Couture, responsable des relations publiques à
l'Hydro-Québec; Jeannine McNeil, professeur aux Hautes Etudes
Commerciales; M. Rosaire Morin, président directeur
général du Conseil d'expansion économique; M. Claude
Castonguay, actuaire; M. Michel de Granpré, vice-président
au marketing de SMA, et M. Jacques Hébert, président de Jeunesse
Canada Monde. Cela est la société Forces. Le conseiller juridique
de la société est Me Pierre Sauvé.
Vous avez à la page 66 une information quant à la
Régie des services publics. La régie a exercé ses
responsabilités en câblodistribution.Vous avez, à la page
67, un tableau statistique des causes qui ont été inscrites et
entendues au niveau de la régie. Vous avez, pour ceux que cela
intéresse, à la page 68, l'état du dossier judiciaire des
communications.
En fait, il y a actuellement deux causes qui, au-delà du tribunal
de la régie, sont devant les tribunaux supérieurs, une en cour
d'Appel et une en cour Supérieure, dont une partie en cour d'Appel. Vous
avez ça à la page 68.
A la page 69, vous avez, au programme 7, Radio-Québec. Vous savez
que nous avons, au cours de 1973/74, implanté deux antennes de
Radio-Québec, une à Québec et une à
Montréal. Radio-Québec est maintenant un peu plus connue dans ces
deux régions. Les commentaires qui me parviennent, personnellement en
tout cas, sont extrêmement favorables, d'une façon
générale, à Radio-Québec. On décrit, aux
pages 69 et 70, ce qu'est Radio-Québec.
Je vous ferai distribuer un feuillet d'information préparé
par Radio-Québec sur l'institution. Je vous indiquerai, finalement, dans
les orientations, ce que nous souhaitons, comme gouvernement, donner comme
impulsions à Radio-Québec.
M. Charron: Est-ce que M. Labonté viendra?
M. L'Allier: M. Labonté ne pourra pas venir lui-même
à l'étude des crédits, parce qu'il est à
Trois-Rivières, dans le cadre de sa consultation régionale. C'est
M. Reeves, vice-président de Radio-Québec, qui sera
présent et qui pourra répondre directement aux questions.
M. Charron: D'accord. Avant que vous n'embarquiez dans les
orientations du ministère...
M. L'Ailler: Je vais regarder si c'est long. Je pense que je
pourrais peut-être, en cinq ou dix minutes, faire le tour des
orientations. Non. Je ne peux pas en dix minutes.
M. Charron: Gardons cela pour le dessert.
M. L'Allier: Gardons les orientations, si vous êtes
d'accord, pour cet après-midi. Pour ceux qui auraient le temps de s'y
préparer, vous avez, dans les orientations, quelques tableaux qui
portent sur les dépenses comparatives de 1972 à 1976. Vous avez
aussi, à partir du même schéma que le bilan, les
orientations que nous proposons et qui sont, en fait, la traduction
littéraire des chiffres que nous aurons à étudier au
moment de l'étude du budget.
Si vous êtes d'accord, M. le Président, compte tenu que
nous avions convenu de suspendre à 11 h 30, nous pourrions suspendre
à ce moment-ci. Sur les points qui ont déjà
été abordés, si des membres
de la commission souhaitaient avoir des copies de renseignements plus
spécifiques, pendant une, deux ou cinq minutes, ils pourraient
peut-être le dire maintenant, ce qui me permettrait de les obtenir pour
cet après-midi. Sinon, M. le Président, je proposerais qu'on
suspende à cet après-midi, à l'heure habituelle.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Est-ce qu'il y a des
questions?
M. L'Allier: Y a-t-il des questions ou des documents que vous
souhaiteriez avoir sur ce qui vient d'être dit?
M. Bonnier: II y a un document, le Guide du citoyen, qui n'est
pas prêt?
M. L'Allier: Le Guide du citoyen sera disponible au mois
d'août. C'est une question d'impression. Le document aura 450 pages.
M. Bonnier: C'est pour avoir une idée.
Le Président (M. Houde, Limoilou): La commission suspend
ses travaux à cet après-midi, après la période des
questions.
(Suspension de la séance à 11 h 23)
Reprise de la séance à 20 h 26
M. Houde, Limoilou (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A
l'ordre, messieurs!
L'honorable ministre des Communications.
M. L'Allier: M. le Président, je voudrais, avant d'aborder
les orientations des programmes du ministère des Communications, pour
1975/76, corriger une information que je pense avoir donnée d'une
façon erronée ce matin, lorsque j'ai dit que le Guide du citoyen
serait publié au mois d'août. Après vérification, il
sera effectivement disponible a la fin du mois de mai qui vient, ce qui est
d'autant plus intéressant. J'étais moi-même surpris qu'on
m'indique que ce serait au mois d'août précisément parce
que c'était la première fois que j'en entendais parler. Donc, le
Guide du citoyen sera publié et disponible à travers le
Québec à la fin de mai.
Une deuxième correction que je voudrais faire. Je crois avoir
mentionné, à un moment donné, le coût de
l'opération Informatour comme étant de plusieurs centaines de
milliers de dollars. Effectivement, j'ai vérifié plus
précisément ces chiffres et c'est approximativement $250,000 et
non pas $400,000 ou $500,000 que cela peut coûter.
Je voudrais maintenant, M. le Président, vous souligner les
caractéristiques majeures de l'allocation des ressources
budgétaires pour la prochaine année, ce qui nous amène
directement à l'étude des crédits programme par
programme.
Durant les quatre dernières années, le taux de croissance
du budget du ministère des Communications a été
supérieur de près de 35% à celui de l'ensemble du
gouvernement. Vous avez cela en annexe du document, d'ailleurs, que je vous ai
distribué, après la page 72. En effet, les ressources
financières du ministère ont crû de 97% en quatre ans,
alors que celles du gouvernement dans son ensemble ont augmenté de
62.5%. Ce taux élevé de croissance par rapport à la
moyenne gouvernementale traduit, d'une part, l'augmentation des frais fixes
inhérents aux services que nous rendons et, en même temps, la
priorité relative qu'ont constituée, dans les années
récentes, les programmes du ministère des Communications.
Cette croissance accélérée est
particulièrement due au développement des interventions nouvelles
du ministère dans les télécommunications sous la forme de
recherches, d'aide financière et de services quasi judiciaires,
notamment la Régie des services publics et, en matière de
télévision éducative, à Radio-Québec.
Le programme de développement des
télécommunications a vu ses crédits quintupler de I972
à I975. La Régie des services publics a doublé ses
crédits pendant la même période tandis que Radio
Québec a augmenté son budget de plus de $9 millions.
Dans le secteur des services de soutien, le taux de croissance
budgétaire des programmes I à 4, de I972 à I975, est
légèrement supérieur à celui de l'ensemble du
gouvernement, soit 73.4% par rapport à
62.5%. Cette tendance est largement imputable au fait que
l'évolution des coûts des services téléphoniques et
de l'édition gouvernementale est très fortement liée
à la hausse générale du coût de la vie.
Les priorités budgétaires 1975/76 constituent le
prolongement annuel des tendances à moyen terme décrites
ci-haut.
Les deux programmes du secteur des télécommunications,
à savoir le développement des télécommunications et
la Régie des services publics obtiennent, en effet, des taux de
croissance nettement supérieurs à la moyenne du ministère,
soit 56% et 16% par rapport aux crédits comparatifs 1974/75 comme vous
pouvez le constater à l'annexe 11. Les effectifs permanents augmentent
respectivement de 15 et de 10 postes.
Au programme5, les crédits serviront à financer quelques
projets prioritaires dont les principaux sont:
Etudes de base en téléinformatique pour les besoins du
comité interministériel sur la
téléinformatique;
Le développement des études économiques et
techniques sur les réseaux et les entreprises de communication pour
disposer de dossiers complets à des fins d'élaboration de la
réglementation et de représentation devant les organismes de
réglementation;
La mise sur pied d'un service de recherche qui coordonnera la recherche
pour l'ensemble du ministère, tiendra à jour un inventaire des
ressources québécoises en matière de recherche sur les
communications et effectuera des études prospectives sur le
développement en communication;
Développement des expériences en communication relatives
au programme STT à Comminsat-Frabec et dans le
Nouveau-Québec.
Parmi les programmes afférents au secteur des services de
soutien, c'est à l'édition gouvernementale que la hausse des
crédits est la plus élevée: effectivement une augmentation
de 24.9%. Ces crédits additionnels seront principalement utilisés
pourl'organisation de l'atelierde reprographie de la rue Fullum à
Montréal, pour la publication du code civil et la fourniture des
services de traduction judiciaire et autres consécutifs à
l'application de l'article 16 de la loi 22. Au programme I, Réseaux et
équipements gouvernementaux de communication, les crédits
additionnels de $1.5 millions compenseront les hausses de coûts relatives
à l'augmentation des tarifs de Bell Canada et à la croissance
normale des services téléphoniques. Une partie des effectifs
additionnels du programme I sera affectée de plus à
l'amélioration de la gestion des comptes téléphoniques et
de communications informatiques.
Le maintien du niveau des crédits au programme Communications
gouvernementales et renseignements a été rendu nécessaire
par la révision des fonctions du ministère en ce domaine. La
diminution du rôle d'informateur sectoriel du ministère lui
permettra de développer ses interventions-conseil et d'organiser, de
façon plus poussée, l'accessibilité régionale aux
renseignements gouvernementaux.
La croissance des crédits de Radio-Québec lui permettra de
consolider, cette année, ses opérations récentes via le
réseau UHF, pour Montréal et Québec, et les
systèmes de câble pour les autres centres urbains. Suite aux
sessions actuelles de consultation publique sur sa programmation,
Radio-Québec sera mieux en mesure d'orienter les phases futures de son
plan de développement triennal.
Le ministère des Communications continuera donc, en 1975/76,
à développer ses interventions prioritaires en matière de
télévision communautaire et éducative, ainsi que de
câblodistribution. Enfin, au moyen de l'édition gouvernementale et
des services de renseignements régionaux, le ministère compte
améliorer l'accès des citoyens à l'information
gouvernementale.
Vous avez, dans les tableaux des pages suivantes, révolution
pluriannuelle des crédits depuis 1972. Vous avez ensuite, à
l'annexe 2, l'évolution comparative des crédits bruts des
programmes du ministère des Communications. Vous avez, en annexe 3, les
effectifs permanents et à temps partiel par programme et par
élément et vous avez, en fait, le total en nombre
d'hommes-année de personnes qui, à l'intérieur de
l'appareil public et parapublic, travaillent directement au secteur des
communications.
Voyons maintenant, M. le Président, très rapidement,
quelles sont les activités nouvelles que nous entendons mettre de
l'avant pour chacun des programmes, au cours de l'exercice 1975/76.
Quant au premier programme: Réseaux et équipements
gouvernementaux de communications, nous assurerons l'entretien des
systèmes de communications internes installés, d'après nos
normes et spécifications, dans douze institutions de détention du
Québec. En communications informatiques, nous nous emploierons à
augmenter l'utilisation des systèmes actuels de SIMEQ, ministère
de l'Education en particulier, à développer de nouveaux
systèmes et à les rendre accessibles à plus d'usagers.
Pour le ministère de la Justice, nous fournirons des
téléscripteurs et des écrans, principalement
destinés au contentieux, à la garde des détenus et
prévenus, ainsi qu'à l'enregistrement. Le ministère du
Revenu obtiendra une expansion de ses systèmes existants, en rapport
avec le fichier central des entreprises, le système
intégré des taxes, la mécanisation de la déduction
à la source, etc. Quant au ministère des Finances, son Centre de
traitement électronique des données bénéficiera
d'une augmentation de la vitesse de transmission sur ses circuits
affectés aux Terres et Forêts et au Travail. Nous ajouterons des
circuits pour relier les terminaux lourds du ministère des Affaires
sociales et de la Commission administrative du régime de retraite.
D'autres additions sont prévues pour le télétraitement de
transactions sur banque de donnée. En radiocommunications, nous doterons
le ministère de la Justice d'une liaison entre ses bureaux de
contrôle et ses véhicules affectés au transport des
détenus, dans les régions de Montréal, Joliette,
Trois-Rivières et Québec.
Le service des parcs et le service de la conservation du ministere du
Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche ont des besoins en matière de radiocommunications que
nous satisferons dans l'année en cours. D'une part, nous fournirons des
systèmes pour les parcs de La Vérendrye, Mistassini,
Papineau-Labelle et Rimouski; d'autre part, des études techniques
détermineront les implantations à envisager, pour le service de
la conservation, qui doit être doté d'un réseau d'envergure
provinciale.
Communications gouvernementales et renseignement. Développement
des ressources humaines et des techniques de communications. Au-delà de
500 agents ou techniciens oeuvrent dans le secteur de l'information au sein de
l'administration gouvernementale, répartis dans les différents
ministères, il va de soi. Après le renseignement au citoyen,
c'est au développement des ressources humaines que la Direction
générale des communications entend se consacrer en
priorité. En effet, il y a lieu, en étroite liaison avec la
Commission de la fonction publique et compte tenu de l'évolution de la
profession, de proposer un mode plus adéquat de recrutement, de
formation et de recyclage. En outre l'administration gouvernementale constitue
un débouché important pour les diplômés des divers
centres de formation. Après consultation avec les organismes
gouvernementaux, la direction générale pourra utilement
conseiller ces centres, quant à l'élaboration de programmes de
formation qui correspondent le mieux aux besoins des futurs utilisateurs dans
les domaines public et parapublic.
De la même façon, certaines techniques, telle la
publicité, sont utilisées de façon courante par les
services de communications. Le temps nous paraît venu d'affiner les
outils de travail dans ce domaine et de fournir aux communicateurs
gouvernementaux, sur la base de services professionnels, les normes quant au
meilleur usage possible de ces techniques.
Au niveau du renseignement aux citoyens, les actions suivantes seront
amorcées ou poursuivies: mise en place du nouveau système de
repérage et de dissémination des données d'information
pour fins de renseignement. Ceci implique l'intégration progressive de
toutes les sources gouvernementales d'information par sujet selon une
classification uniforme avec l'aide d'outils technologiques tels que
l'ordinateur et la microphotographie.
Uniformisation des tâches du personnel affecté au
renseignement et formation soutenue de ce personnel par des programmes
adéquats et périodiques.
Extension de l'accessibilité des citoyens à nos bureaux
régionaux, pour fins de renseignements. Cette extension se traduira par
un accroissement d u nombre d'heures d'ouverture des bureaux, soit de 6 h 1/4
à 9 heures par jour, cinq jours par semaine, ainsi que par la
possibilité pour tous les citoyens d'une région de communiquer
gratuitement par téléphone, via le moyen de lignes Zenith, avec
leur bureau régional et directement, à l'occasion, avec la
centrale de renseignements. On prévoit un accroissement quotidien des
demandes de 520 à 1,400.
Avec la mise en place de ce système intégré de
renseignement au citoyen, nous visons également à
améliorer et à systématiser la cueillette et l'analyse des
données de rétroinformation, en vue d'informer
périodiquement les ministères et organismes, des lacunes
constatées dans leur information et de leur proposer des moyens pour
améliorer leur service au citoyen. La rétroinformation sera
traitée mensuellement par informatique et une analyse poussée des
données permettra l'envoi périodique de rapports aux
autorités concernées. Les données de
rétroinformation permettront également, un ajustement continue de
notre système de renseignement.
Malgré les succès de la tournée de 1973 et de celle
de 1974, il n'y aura pas, cette année, une autre tournée
Informatour. En effet, la Direction générale des communications
gouvernementales a jugé essentiel de réévaluer cette
formule et d'en revoir à fond le déroulement complet avant
d'inviter les ministères et organismes intéressés à
participer à une troisième ronde d'une formule certes fort
intéressante mais relativement coûteuse.
Il y a tout à gagner, en effet, à faire le point de
façon que la formule soit le plus accessible possible aux citoyens et
des plus rentables pour l'administration.
Il faut, d'une part, préciser les thèmes les plus
susceptibles d'être adéquatement véhiculés par un
support tridimensionnel et compatible avec l'environnement où se tient
Informatour. Cette formule ne peut produire les effets escomptés que
dans la mesure où elle est conduite selon des barèmes
serrés et professionnels.
Il importe également, d'autre part, d'améliorer l'aspect
administratif de cette formule, principalement le partage adéquat des
responsabilités et des coûts entre le ministère des
Communications et les autres ministères et aussi de s'assurer que les
aspects de logistique soient très bien contrôlés au
départ. Alors, mais alors seulement, je crois, Informatour vaudra la
peine d'être poursuivi, voire étendu au besoin.
Radio-Québec, mais dans l'optique d'une éventuelle
utilisation des ondes de Radio-Québec dans le cadre de
l'information-service aux citoyens. Toujours dans la perspective d'un meilleur
accès du citoyen à une bonne information de base sur les lois,
programmes et services gouvernementaux, la Direction générale des
communications gouvernementales, en étroite collaboration avec
Radio-Québec, visera à réaliser une série
d'émissions d'intérêt public. L'objectif de cette
démarche étant qu'à partir d'une identification des
besoins des citoyens, effectuée par le service de renseignement, soient
construites puis diffusées sur les antennes de Radio-Québec et
par la suite sur les canaux de télévision communautaire, des
émissions régulièresqui collent de très près
aux besoins en information des citoyens.
Dans cette perspective, la Direction générale des
communications gouvernementales contribuerait à l'identification des
besoins, mettrait ensuite à la disposition des réalisateurs les
ressources du milieu gouvernemental et coordonnerait, pour l'ensemble de
l'administration, les rapports nécessaires à la production et
à la diffusion de ces émissions.
Au cours de l'exercice 1975/76, l'Edition gouvernementale entend faire
porter ses efforts sur:
une étude en profondeur de la situation de la traduction au
gouvernement du Québec, afin de répondre, le plus
adéquatement possible, à la demande grandissante des
ministères; la construction d'un entrepôt moderne qui facilitera
les opérations de distribution et de tenue d'inventaire; le
réaménagement des librairies de Montréal et de
Québec dans des endroits commerciaux faciles d'accès à la
clientèle; l'accroissement et la nationalisation de la mise en
marché nationalisation dans le sens de l'étendue à
la grandeur du Québec par une redéfinition de sa politique
de prix, de crédit, de gratuité et de dépôt et par
l'élargissement de son marché aux Etats-Unis;
l'élaboration des collections "Etudes et Dossiers" et "Connaissances du
Québec" de la documentation québécoise dont j'ai
déjà parlé; la mise en application des recommandations du
mémoire de programme sur la reprographie, qui est quand même
très technique mais extrêmement importante, compte tenu des
coûts de la reprographie au gouvernement.
De plus, l'Editeur officiel entend développer l'édition et
la documentation juridique et administrative; par la mise à jour des
lois et des règlements d'application des lois sur disques et bandes
magnétiques avec l'aide d'un mini-ordinateur; par la publication de
guides administratifs, de codifications administratives et des décisions
disciplinaires des corporations professionnelles; par la publication de
brochures de vulgarisation des lois et règlements; par une participation
technique accrue aux projets de refonte des lois, de révision du code
civil et du code municipal; par la mise en marché du traitement
intégré des projets de loi et des lois; par l'amélioration
de la présentation des lois et des règlements.
Au niveau du programme gestion interne et soutien, la deuxième
conférence fédérale-provinciale qui doit avoir lieu
à la mi-mai sera l'occasion de déterminer l'orientation des
activités fédérales-provinciales au cours de la prochaine
année. Il est à espérer que cette conférence
permettra d'entrevoir des solutions concrètes à la satisfaction
de toutes les parties en cause.
Toutefois, l'attitude rigide du gouvernement fédéral, qui
est de se retrancher derrière la perception la plus large possible de sa
juridiction, risque fort, à moins qu'elle ne soit modifiée, de
mener les débats dans une impasse, auquel cas les ministres responsables
des communications des provinces devront faire le point collectivement et
individuellement au sein de leur gouvernement respectif et, suite à la
résolution de la conférence des premiers ministres à
Halifax, faire rapport au premier ministre de l'état d u dossier en
matière de communication.
Les ministres des Communications se réunissent effectivement
régulièrement depuis maintenant au-delà de deux ans. C'est
sur mandat spécifique de la conférence des premiers ministres, en
1971, si ma mémoire est exacte.
Développement des télécommunications. Les
activités qui ont été entreprises et qui se sont
développées au cours de l'exercice 1974/75 seront poursuivies et,
dans certains cas, prendront plus d'ampleur. C'est en particulier le cas des
secteurs de la radio-télédiffusion et de la
câblodistribution ainsi que du programme d'aide aux media communautaires.
Par ailleurs, le ministère entreprendra de nouvelles études
concernant la radio communautaire ou de type coopératif et sur la presse
écrite. Un effort particulier sera alloué au service de la
recherche pour le doter d'un personnel qualifié. Ceci permettra le
démarrage de plusieurs activités de recherches dont des
études de prospective sur le développement des moyens de
communication et sur l'impact socio-culturel correspondant. Egalement, un
programme contractuel avec les compétences universitaires du
Québec en communication sera mis au point pour s'associer leurs
services, selon les besoins du ministère, de façon à
utiliser au maximum le bassin québécois en la matière.
Dans le secteur de la radio-télédiffusion, les
résultats de l'inventaire nous permettront d'étudier les actions
à prend re pour pallier les difficultés qu'illustrent les
disparités régionales. De plus, des études seront
lancées sur le financement des sociétés oeuvrant dans ce
secteur, sur la publicité et sur la programmation. De même seront
considérés les types de propriétés,
c'est-à-dire l'Etat, le capital privé et le milieu
communautaire.
Dans le cadre de la politique du ministère relative au
développement des mass media électroniques, la Direction
générale des télécommunications entreprendra au
cours de l'exercice financier 1975/76 la définition d'un service de base
en radio-télédiffusion pour tous les Québécois.
Cette définition comprendra des normes relatives à la
qualité du service ainsi que des critères d'accessibilité
aux moyens de communication de masse par les citoyens. Des programmes visant
à assurer l'implantation de ce service de base seront
définis.
Radio-Québec. Dans la première phase de son
développement, Radio-Québec dessert la population des
régions de Montréal et de Québec. Au cours de phases
subséquentes, elle rejoindra tous les Québécois, où
qu'ils soient.
Au moment où nous nous parlons, le gouvernement n'a
arrêté aucune décision sur le nombre de ces phases et sur
le rythme auquel chacune d'elles doit se dérouler. Ce q ue je peux
toutefois dire, à titre de ministre des Communications, c'est qu'il y va
de l'intérêt de tous les Québécois que leur
chaîne de télévision nationale leur soit accessible le plus
rapidement possible. A cet égard, il n'y a aucune raison, compte tenu du
coût relativement peu élevé de ce service par rapport
à son impact culturel, pour que Radio-Québec ne diffuse pas sur
tout le territoire québécois et ne desserve pas 95% des citoyens
du Québec avant I960. Ainsi, est-il dans l'ordre des choses que le
gouvernement arrête un certain nombre de décisions au cours de la
présente année, en tenant compte de l'intérêt
très positif de la population pour Radio-Québec.
Dans cette perspective, la série d'auditions que
Radio-Québec a entrepris de tenir dans toutes les régions, ou du
moins dans les principales régions
du Québec, est singulièrement importante. Non seulement
permet-elle aux dirigeants de cet organisme de faire valoir l'existence de
cette nouvelle télévision aux Québécois, à
qui elle appartient, mais elle est l'occasion unique donnée aux citoyens
de chaque région d'exprimer leurs vues, leurs attentes et leurs
espérances par rapport à une télévision qui, en
raison de sa mission originale et de sa nouveauté, a la chance de ne pas
être comme les autres et d'être faite par le plus de
Québécois pour le plus grand nombre de
Québécois.
A la suite de cette série d'auditions, profitant de
l'éclairage que lui aura procuré sa tournée, la direction
de Radio-Québec devrait me présenter un plan de
développement sur le principe et le cheminement critique duquel le
gouvernement aura à se prononcer.
Ceci dit, je tiens à souligner que le développement de
Radio-Québec ne se traduira pas exclusivement par l'installation
d'antennes dans toutes les régions du Québec. Le
développement de cette société de
télédiffusion s'effectuera à travers une gamme de mesures
liées les unes aux autres: -Tant et aussi longtemps qu'il ne rejoindra
pas tous ses auditeurs par le truchement d'antennes, Radio-Québec devra
améliorer son service de distribution de cassettes aux
câblodistributeurs pour retransmission en différé.
Inauguré au cours de I974, ce service est utilisé
actuellement par plus d'une quinzaine de câblodistributeurs à
travers la province. Des mesures devraient être prises prochainement pour
faciliter l'accès à ce service à tous les
câblodistributeurs dont les équipements ne permettent pas
présentement d'y avoir recours. -Aussi, Radio-Québec devra
compter sur l'utilisation temps-antenne de télédiffiseurs
privés pour la retransmission d'émissions qu'il juge opportun de
faire voir à tous les Québécois. -De plus,
Radio-Québec devra augmenter son nombre d'heures de diffusion afin
d'offrir une option plus complète et plus satisfaisante à son
auditoire. A cet égard, il est important de souligner qu'à
compter de septembre I975, Radio-Québec diffusera 28 heures
d'émissions par semaine, soit quatre heures par jour. - Enfin,
Radio-Québec n'assumerait pas complètement sa mission s'il
n'entreprenait pas de rendre sa production accessible après sa
télédiffusion sur les ondes. Aussi est-il normal que l'office
prenne les dispositions nécessaires pour se doter d'un service de
distribution de documents audiovisuels auquel auront accès tous les
groupes, toutes les institutions d'enseignement, tous les citoyens
intéressés à voir ou à revoir, au moment qui leur
convient, la production de Radio-Québec.
En terminant, M. le Président, je voudrais souligner que, par les
années passées, nous avons, à ce stade-ci, parlé
des crédits de l'Office franco-québécois pour la jeunesse.
La Loi modifiant la Loi du ministère des Affaires intergouvernementales
a transféré la responsabilité budgétaire de cet
organisme au ministère des Affaires intergouvernementales bien que je
continue d'en assumer la présidence du conseil d'administration. En
fait, ce qui se passe dans le cas de l'Office franco-québécois
pour la jeunesse, c'est qu'à compter de cette année, et depuis la
nouvelle Loi du ministère des Affaires intergouvernementales, le budget
de l'office est transféré au ministère des Affaires
intergouvernementales. Le ministre des Affaires intergouvernementales est, aux
fins de l'Assemblée nationale, le ministre responsable de l'office, mais
le conseil d'administration qui, lui, doit être présidé par
un membre du gouvernement français conjointement avec un membre du
gouvernement québécois, continue c'est prévu
déjà dans la loi de l'office d'être
présidé par le ministre des Communications.
Voilà, M. le Président. Vous m'excuserez d'avoir pris
autant de temps pour faire le tour, même si j'ai essayé de parler
rapidement, à la fois des activités du ministère et des
perspectives d'avenir, au moins pour une année, du ministère des
Communications. Je suis conscient d'avoir escamoté certaines questions
qui sont susceptibles d'intéresser les membres de cette commission. Je
compte précisément sur les membres de la commission, à
partir de là, pour amener la discussion sur les sujets qui les
intéressent davantage afin que nous puissions, une fois par
année, en tout cas, au niveau de ce secteur extrêmement important
mais pas nécessairement très populaire au même titre, par
exemple, que les Affaires sociales ou les Affaires municipales ou même
l'Education, faire le point sur l'orientation des Communications non seulement
comme service à l'administration publique mais comme service aux
citoyens et comme infrastructure extrêmement liée et
étroitement liée au développement économique,
social et culturel du Québec. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Houde, Limoilou): L'honorable
député de Saint-Jacques.
M. Charron: Merci, M. le Président. Je voudrais d'abord
remercier le ministre, qui a gardé la bonne habitude, qu'il est
d'ailleurs le seul à avoir, je dois le signaler, de nous faire, à
l'ouverture de l'étude des crédits de son ministère, non
seulement une exposition complète de ce qui s'est passé dans son
ministère au cours de la dernière année et des
prévisions que l'on fait mais d'avoir la gentillesse et
l'amabilité de le faire dans un texte écrit.
Ceci facilite, évidemment, de beaucoup le travail de recherche
que nous avons à faire pour remplir la fonction de critique à
laquelle nous sommes maintenant conviés.
Par lui, je veux saluer également les hauts fonctionnaires qui
l'accompagnent et qui ont certainement été pour beaucoup dans la
réalisation de toutes ces étapes que le ministre nous a
présentées. C'est la deuxième année que je me
retrouve à cette table de la commission parlementaire des communications
pour en étudier le budget. En reprenant, pour les besoins de la cause,
certaines lectures faites au cours de l'année, mais devant être
refaites pour alimenter une discussion et, surtout pour la rendre la plus utile
et la plus efficace possible, je n'ai pas pu m'empêcher de retrouver le
même sentiment que j'avais l'année dernière et de
penser que je me mettrais peut-être dans la même situation
de répéter on dit qu'il ne faut pas se gêner de
taper sur le même clou si l'on veut qu'il s'enfonce un certain
nombre d'observations que j'avais faites l'année dernière.
A l'examen pratiq ue de ses activités vrai ment je ne les
ai pas suivies seulement quelques semaines avant de me retrouver autour de
cette table, mais au cours de la dernière année la
dualité de ce ministère m'est apparue encore plus frappante
qu'elle ne l'avait été lorsque je m'y étais initié.
C'est vraiment un ministère à deux faces ce qui ne vise
absolument pas le ministre un ministère qui aune double
responsabilité, je pense qu'il en conviendra avec moi. Sur les deux, je
crois qu'il faudra que je fasse des remarques qui, à l'occasion, seront
exactement contraires. C'est pourquoi je pense qu'il est plus exact de parler,
comme pour le dieu Janus, des deux faces de la même
réalité.
Le ministère des Communications, dans la loi qui l'a
créé, si j'ai bien compris ou, reprenant cette expression
juridique, dans l'esprit du législateur, étaitd'abord une
réorganisation administrative d'un certain nombre de services
indispensables, inévitables et appelés à croître de
façon proportionnelle aux responsabilités que l'Etat occupe dans
la vie collective de la société québécoise, en ce
sens qu'il était, à l'origine, un rassemblement de services
auparavant épars dans d'anciens ministères maintenant
complètement disparus et qu'il s'est de lui-même, par cette
réorganisation administrative, donné de nouvelles tentacules
d'intervention toujours sur le chapitre administratif.
En ce sens-là, je dirais que le ministère des
Communications est un agent de conservation de la société. Il
permet que les lois, elles-mêmes issues d'agents conservateurs de la
société, soient diffusées et cimentent en quelque sorte le
tissus social du Québec.
C'est un rôle où, je crois, le ministère des
Communications a admirablement bien relevé le défi que le
législateur lui proposait lorsqu'il a été inventé,
en ce sens que pour ce qui est de la diffusion de l'information au citoyen, des
communications reprenons le mot puisqu'il est choisi entre l'Etat
et ceux qui le font vivre, entre le Trésor et ceux qui en sont les
contribuables, elles ont marqué, au cours des dernières
années, sensiblement, d'année en année, non seulement au
chapitre budgétaire mais ailleurs je dois le reconnaître
sans aucune gêne un admirable progrès.
J'ai eu l'occasion d'ailleurs, M. le Président, de participer
avec d'autres membres de cette commission à un colloque organisé
par ce même ministère au mois d'octobre dernier, si je me rappelle
bien, ici dans la région de Québec, où justement nous
étions conviés à réfléchir pour une
amélioration de cet aspect, de cette face du ministère des
Communications. Nous en sommes tous sortis extrêmement satisfaits, je
pense, non seulement d'avoir eu l'occasion d'avoir ce genre de débat,
mais aussi de constater ce n'est pas souvent qu'on a ce plaisir entre
Québécois que dans certains domaines nous en avions
peut-être un peu à apprendre à d'autres, ainsi que le fait
d'avoir eu confiance en nous, dans l'organisation matérielle,
très technique il y a des mots dans le texte que nous a lu le
ministre qui font certainement appel à des connaissances qui
dépassent largement celles de celui qui vous parle d'avoir
innové dans ce domaine et d'avoir véritablement relevé le
défi qui nous était donné.
En ce sens, prenons simplement la dernière initiative qui a
chatouillé l'oreille du député de Taschereau et la mienne:
celle du Guide du citoyen, par exemple, qui viend ra se greffer à un
déjà considérable réseau de fils, de communications
entre l'Etat et le citoyen. Cette initiative enfin, nous l'examinerons
à son tour se rajoute, et va dans la ligne et continue à
faire progresser le ministère des Communications sous cet aspect d'agent
de conservation de la société québécoise.
Il est essentiel, sur le plan politique nous parlerons, bien
sûr, du plan culturel plus tard pour une société
moderne, efficace, pour qu'elle soit efficace, rationnelle, que les
réseaux de communications échappent le plus possible aux
difficultés et aux controverses par contre inévitables dans
plusieurs autres occasions. Je pense que la qualité démocratique
même d'une société, d'un régime démocratique
est directement dépendante de l'effort que cette société
met techniquement, administrativement, rationnellement dans son organisation
à maintenir les agents de cette démocratie, c'est-à-dire
chacun des citoyens, où qu'ils soient, de quelque ville qu'ils soient,
de quelque âge qu'ils soient, de quelque religion qu'ils soient, en
contact avec la même collectivité.
M. le Président, il y a beaucoup de définitions de la
démocratie qui existent, mais la plus vraisemblable fait constamment
appel à l'information. Lorsqu'on dit qu'une démocratie est saine,
est vivante, elle l'est en fonction de l'information des citoyens. C'est
pourquoi toute atteinte à la liberté d'expression et à la
liberté d'information doit être considérée par
chacun des membres de cette commission, je l'espère, comme une attaque
grave au tissu social auquel nous tenons. Non seulement les agents de la
société, journaux, media, etc., doivent-ils avoir cette
liberté qui, par ailleurs, doit être assurée dans une autre
législation, mais que l'Etat lui-même accorde sa fonction
d'informateur, justement, en vue de remplir sa responsabilité
d'améliorer la qualité de vie démocratique, il n'y a
personne qui va lui reprocher ses efforts.
Les deniers publics que nous serons appelés à voter et
à remettre aux mains du ministre pour son administration sont les moins
coûteux du Québec, en ce sens que la valeur réelle,
politiquement parlant, de chaque dollar déposé dans une
amélioration de la relation de l'information entre l'Etat et le citoyen,
est immensément plus profitable que, souvent, des centaines de milliers
de dollars investis dans des entreprises q ui n'apportent pas au Québec
la qualité de vie qu'on lui espère.
Donc, sur cette face du ministère des Communications, où
il est, par le développement intelligent auquel il se livre du
réseau de communications, entre l'Etat et le citoyen, je n'ai vraiment
rien à dire d'autre qu'à approuver l'ensemble de la direction
générale du ministère et encourager, comme j'ai eu
l'occasion de le faire à d'autres endroits, le ministre à
poursuivre ce genre d'action.
Bien sûr, tout à l'heure, ou plus tard, lorsque nous
prendrons chacune de ces initiatives, il nous sera permis, M. le
Président, bien souvent, non pas comme député, mais comme
simple citoyen du Québec, d'avoir à faire quelques remarques, qui
d'ailleurs, à l'intérieur de ce ministère, ont toujours
été extrêmement bien reçues. On a toujours senti
là que les remarques des citoyens recevaient vraiment l'attention
qu'elles méritaient et parfois même plus.
Mais le législateur avait aussi une idée politique
lorsqu'il a créé le ministère des Communications. Il ne se
rendait pas qu'à l'obligation de rationaliser son administration et de
faire face à la croissance démographique, à la
multiplicité des centres, etc. Autrement dit, ce n'étaient pas
pour des économies de bout de chandelle qu'il s'est donné la
peine d'aller remettre tous les services d'information de l'Etat au chapitre
d'une loi qui créait le ministère et aux mains d'un ministre qui
appartient à ce titre au conseil des ministres comme n'importe quel
autre.
Il y avait la conviction que ce réseau que je décrivais
tout à l'heure comme essentiel à une vie politique
démocratique était pour notre collectivité, en particulier
notre société bien isolée dans ses caractères, dans
ses fondements, dans sa nature, d'une importance qui dépassait
même l'importance générale de faire marcher une
société politique quelle qu'elle soit.
Appelons les choses par leur nom. Le caractère de
société minoritaire non indépendante qui lui laisse les
portes ouvertes à n'importe quel autre courant, son appartenance
à ce continent bien précis, ce voisinage bien puissant, cet
envahissement bien quotidien de notre vie culturelle obligeaient ce qui
était indispensable sur le plan politique, je vous le
répète, M. le Président rendaient indispensable,
sur le plan culturel, cette concentration pour que le ministère
devienne, d'agent de conservation qu'il était de la
société j'aime mieux reprendre mon expression de
tantôt du tissu social, agent de développement de cette
société.
Il fallait, autrement dit, faire un rempart, à cause de la
situation de notre collectivité, mais il fallait faire que ce rempart ne
soit plus celui d'une survivance et d'un maintien de survivance qui avait
été l'apogée de notre vie politique depuis tellement
d'années et qui manifestement était en perte de vitesse. A cause
du manque de résultat, il fallait passer à l'attaque.
Il fallait agir dans un monde moderne où les communications
occupent tout le terrain. M. le Président, combien de citations savantes
je pourrais vous donner, et le ministre également et n'importe quel
membre de la commission, de tous ces traités sur l'importance des
communications. Comme elles changeront la face des civilisations, M. le
Président, a-t-on même écrit à plusieurs endroits,
à l'avenir. Ce phénomène, auquel le Québec n'allait
pas plus échapper qu'il n'aéchappé à l'inflation,
allait ici être plus dangereux qu'ailleurs, parce qu'ici nous n'avions
pas les moyens que les autres, ailleurs, se sont donnés, comme par
exemple un Etat souverain.
C'est un moyen qu'actuellement 215 collectivités dans le monde,
à peu près, se sont donné. Quelle que soit leur
différence, leur grosseur, leur taille, leur capacité
économique, le genre de richesses naturelles qu'elles avaient, parfois
même le taux d'instruction moyen de leur population, à l'occasion
infiniment incomparable à celui que nous avons comme
collectivité, il reste un fait. C'est que cette nécessité
de concentrer les pouvoirs politiques à un seul endroit en vue
d'organiser rationnellement et promouvoir la vie d'une collectivité est
apparue à tous les peuples du monde.
Il reste le nôtre, à peu près uniquement au monde,
à avoir à trancher cette décision au cours des prochaines
années, n'ayant pas cet outil, qui s'appelle un Etat souverain,
étant extrêmement dépendant sur le plan économique,
étant extrêmement ouvert sur le plan politique à des
décisions d'une autre majorité, qui n'est pas
nécessairement hostile au Québec je pense que le ministre
des Communications pourrait en témoigner dans ses rencontres avec ses
collègues des autres provinces maisqui est autre et qui, par
définition, pense à elle avant de penser aux autres. Si nous
étions dans cette situation de majorité, nous ferions la
même chose; tous les peuples au monde se conduisent de la même
façon. C'est exactement pourquoi tous, aussi, en sont venus à
faire le même vieux raisonnement qui conduit au même vieux geste
politique, celui, à un moment donné, d'affirmer son
indépendance et établir, de façon indépendante, ses
liens avec les autres collectivités.
Je ne pense pas en dire plus qu'il le faut. Si je relis les
débats qui ont marqué l'origine du ministère des
Communications, c'était très clair. La situation continentale,
économique, politique, géographique, historique du Québec
obligeait un front, obligeait une reprise en main. Là-dessus, sur cette
deuxième face du ministère des Communications, nous ne pouvons
pas faire les mêmes commentaires que nous avons pu faire sur l'autre. Je
ne fais même pas porter la responsabilité par celui qui est en
face de moi, encore moins par ceux qui travaillent avec lui quotidiennement de
nousdireque nous n'avons pas réussi à remplir ce rôle
d'agent de transformation de la société qui était
dévolu au ministère des Communications.
Pourquoi ne l'avons-nous pas fait? Est-ce parce que celui qui est en
face de moi n'a pas eu la volonté politique de le faire? Est-ce que
celui qui est en face de moi n'est pas convaincu de l'importance des
communications dans une société moderne et de l'importance, pour
le Québec, d'être le maître d'oeuvre de sa politique des
communications? Aucunement. Celui qui est en face de moi a signé, a
parrainé un texte que, l'année dernière, nous avons eu
l'occasion de décortiquer, qui est déjà rendu à
l'étape des tablettes, mais qui, à un moment donné, a
constitué une position ferme du Québec qui avait
été endossée, à ce moment-là, à
l'unanimité de l'Assemblée nationale comme étant
véritablement la volonté que nous souhaitions voir le ministre
responsable exprimer en notre nom à tous, en autant que nous
étions ici les représentants de la population face au
gouvernement central.
Ce n'est pas en face de moi qu'est le problème,
c'est justement au gouvernement central, c'est justement dans le
régime dans lequel nous vivons qu'est l'échec. Il faut maintenant
l'appeler comme cela, l'échec de ce ministère temporaire,
me dira-t-on; allons-y voir! à remplir le deuxième
rôle, aussi essentiel que le premier, dont nous aimerions lui voir
réaliser ne serait-ce que la moitié de l'efficacité qu'il
a mise à réaliser la première fonction, celle d'être
un agent de transformation de la société
québécoise. Il ne l'a pas été. Il ne l'a pas
été, il ne l'est pas aujourd'hui et il l'est de moins en moins.
C'est ce qui est le plus inquiétant au moment où nous
commençons l'étude de ces crédits.
Il l'est de moins en moins parce que de l'autre côté,
à l'autre bout, dans ce régime où nous sommes
enfermés, nous avons de moins en moins de possibilités de le
faire. Je cite le ministre des Communications, lors d'une
précédente intervention à l'Assemblée nationale,
"le temps joue en notre défaveur" sur cette question. Les jours, des
années, des mois qui passent, sont à l'encontre des
intérêts du Québec, sont à rencontre des
intérêts du ministère des Communications, l'empêchent
de jour en jour de réaliser le deuxième rôle qui est aussi
essentiel que le premier, celui, par sa politique, d'être maître
d'oeuvre des communications, d'agir, de transformer, de solidifier,
d'épanouir et de développer la vie culturelle des
Québécois.
Dans mon cas, il n'est plus question d'attendre avant de tirer les
conclusions qui s'imposent et faire porter la responsabilité de cet
échec à un régime politique, c'est une excuse bien facile,
vous allez me dire, et cela ne vise personne en particulier. Je me suis
empressé d'exclure, comme responsable en particulier, le ministre des
Communications actuel, parce que je crois, tout simplement, comme tous les
membres de la Chambre ce n'est pas parce que le règlement m'y
oblige, je vous prie de me croire, M. le Président à la
sincérité de ses propos et à sa fermeté, lorsqu'il
les énonce à l'Assemblée. Je n'ai pas l'impression que
c'est un homme qui, comme d'autres, malheureusement, de ses collègues du
cabinet, a des attitudes différentes lorsqu'il se trouve devant des
publics différents-Non, si j'identifie le régime politique, je ne
veux pas que cette excuse ou que cette accusation se limitent à un plan
théorique et s'arrêtent là. Il y a des responsables dans ce
régime politique. Il y a des hommes qui sont autour de cette table et
qui ont été élus en défendant ce régime
politique. Ce sont eux qui l'ont tenu. Ce sont eux qui le soutiennent
quotidiennement. Ce sont eux qui applaudissent à tout rompre chacune des
manifestations de ce régime dans lequel nous vivons. Ce sont eux qui,
quotidiennement, profitent des ondes, des communications, des media pour
revendre ce régime aux concitoyens, à l'imposer à la
rigueur, en tronquant des statistiques lorsqu'il le faut, pour y maintenir la
population.
Lorsque je fais porter la responsabilité de l'échec du
ministère des Communications sur le régime politique, je ne tends
pas à excuser les hommes politiques de ce régime, aucunement. Ils
ont tous la responsabilité d'avoir, à un moment donné,
signé un programme de parti qui maintenait intégralement et qui
endossait par la suite une stratégie de négociation avec le
gouvernement central, qui est celle qui a conduit là où nous
sommes, le cul-de-sac. Ces gens doivent être identifiés. Ils le
sont, identifiés. Ils sont membres d'un gouvernement qui aura, un jour,
à rendre des comptes à la population, quand cette population
deviendra un électorat; non seulement ce jour-là, mais ils ont ce
soir, ils auront demain, ils avaient hier des comptes à rendre à
la population en expliquant pourquoi le ministère des Communications ne
réalise pas le rôle qu'on espérait de lui lorsqu'il a
été créé.
Ces hommes plus particulièrement, M. le Président, c'est
le premier ministre du Québec qui, je le soutiens, n'ajamais
manifesté la fermeté, la volonté, la décision que
nous aurions voulu qu'ait le chef de l'Etat québécois, quelles
que soient ses faiblesses et son manque de leadership, par ailleurs, reconnu
dans tous les autres domaines. Mais, là-dessus, que conseiller ou pas
conseiller, filtre ou pas filtre autour de son bureau, il ait
échappé et manqué à la règle de ses
prédécesseurs, chefs d'Etat du Québec... C'est le premier
ministre qui a créé le ministère des Communications, ceux
qui l'ont précédé en étaient un peu les initiateurs
dans l'ombre, sans même le savoir à l'occasion, mais ils sentaient
qu'il fallait, sur ce point, à cause de la situation du Québec,
passer à l'attaque, être ferme, ne pas céder
là-dessus, non pas en faire une bataille qu'on entretient aux fins de
divertissement de l'aile nationaliste du parti ou de ce qui reste de
nationaliste dans ce parti, mais vraiment considérer cela comme une
responsabilité essentielle d'un chef d'Etat moderne et dire: Je ne peux
pas être un chef d'Etat moderne, je ne peux pas jouer le rôle
moderne que les gens m'ont donné sans que ce dossier ne soit une des
priorités.
Onasenti, plusieurs fois, et cela a été remarqué
non simplement par des membres de l'Opposition, parce que vous me diriez,
encore là, que je le vois à travers le prisme déformant
des banquettes qui sont les nôtres à l'Assemblée, mais par
plusieurs observateurs que je pourrais citer, parmi les plus chevronnés
de notre société québécoise dans le domaine des
communications, par nos experts dans ce domaine, parce que nous en avons...
Donc, cela a souvent été noté par tous ces gens je
ne me fais, ce soir, que leur porte-parole à la table de cette
commission que celui qui est en face de moi n'était qu'une
caution morale de ce régime, en fin de compte, où on
l'épuisait, lui et tous ceux qui, comme lui, croient à ce qu'il y
avait d'écrit dans ce livre vert, désormais posé sur les
tablettes. On a dit qu'il était seul et qu'avec l'appui ferme, net de
son gouvernement, comme normalement il aurait dû l'avoir, le
résultat n'aurait peut-être pas été aussi
différent mais que nous ne serions plus dans cette attente interminable
d'une solution politique à ce conflit.
Nous finirons bien par savoir si le Québec peut être
maître-d'oeuvre de la politique des communications. Mais il commencerait
à être temps qu'on le sache, par contre.
Cette attente a assez duré. D'autant plus, puis-je vous le
répéter, que le temps joue en notre défaveur, que le statu
quo, les imbroglios rididules d'ar-
rachage de fils ou les imbroglios interminables devant les tribunaux,
tout cela joue en défaveur du Québec. Le ministre en face le
sait, il l'a lui-même affirmé, chacun des membres de cette
commission peuvent aussi le reconnaître.
Nous sommes tannés d'attendre. D'autant plus que nous savons que
si le gouvernement du Québec avait mis la force, l'intensité que
mérite ce dossier, dans ses négociations avec le gouvernement
fédéral, elle serait finie, cette attente. Nous
connaîtrions le résultat.
Vous seriez peut-être tenté, M. le Président, de me
rappeler les propos que je tenais l'année dernière, où je
décrivais à l'avance les résultats qui me semblent les
plus probables de cette négociation je trouve que le mot est
beaucoup trop fort de ce face à face muet, dans lequel sont les
deux parties, provinciale et fédérale, dans ce chapitre des
communications.
L'année dernière, je vous ai dit quel serait le
résultat. J'ai encore la même conviction. Je suis bien prêt
à ne pas remettre encore sur la table le fait de dire: L'attente est
inutile, parce que le résultat ne sera pas conforme aux
intérêts du Québec; vous ne réaliserez jamais dans
le régime fédéral que vous soutenez la politique inscrite
dans le livre vert des communications.
Je pourrais refaire tout ce tableau pour dire encore une fois que tous
les arguments de ce ministère pourraient être repris par la
contrepartie fédérale, car elle a aussi besoin de nous. J'ai vu
des articles de Gérard Pelletier, où, sans le savoir, cet auguste
ministre me citait, parce qu'il reprenait à sa façon ce que
j'avais dit, moi, à ma façon: D'écouter les
réclamations québécoises et de dire: Vous nous dites que
vous avez besoin d'être maître d'oeuvre des communications parce
que vous êtes une société distincte et que vous avez besoin
de maintenir, par cet outil fantastique de la société moderne que
sont les communications, la câblodiffusion, la télévision,
la radiodiffusion, tous ces moyens modernes, d'une façon homogène
une société. Bien, moi, je vous les sers à rebours. Le
Canada est un pays extrêmement difficile à administrer, qui part
de la Colombie-Britannique et de sa mentalité ultramontaine, c'est le
cas de le dire, jusqu'aux "newfies" qu'on peut embarquer à l'occasion.
Mais peu importe, toute cette disparate mosaïque canadienne
l'expression est d'un célèbre sociologue ce pays immense
à administrer exige du gouvernement central de cette
société d'être le maître-d'oeuvre de la politique des
communications dans cette société.
Autrement dit, dans un jeu presque ridicule, remplacer chacun des mots
Québec, dans ce texte qui plaide en notre faveur, par le mot Canada, et
dire: Ce que vous dites pour vous s'applique pour nous. Et c'est exactement
pourquoi, comme l'a fait savoir le ministre fédéral des
Communications, je n'ai pas envie de discuter de la chose constitutionnelle.
Maintenant, si vous voulez qu'on se rencontre pour discuter d'un certain
aménagement administratif qu'on pourra apporter pour vous faire taire et
que j'aie enfin la maudite paix pour continuer à être le
maître-d'oeuvre de la politique des communica- tions au Canada, vous
viendrez, les 14 et 15 mai, je vous convoque, si ça vous
plaît.
Ce résultat me paraît encore aussi prévisible qu'il
l'était l'année dernière. Et puis-je ajouter, comme seul
autre élément, que l'année en cours n'a, à ce
chapitre, absolument rien apporté.
L'année dernière, à un moment où nous
suspendions les travaux, lors de cette journée où nous avons
étudié les crédits des communications, je demandais au
ministre: Dites-moi donc les indices qui vous permettent de croire que,
malgré toute cette philosophie des communications, maintesfois
exprimée par la partie fédérale, vous croyez qu'un
miracle, un chemin de Damas se produira à Gérard Pelletier ou au
quelconque qui dirigera ce ministère à Ottawa pour virer cette
tendance centralisatrice maintes fois réaffirmée,
manifestée?
Il disait l'autre jour, M. le Président, interviewé
à Politique Atout: Non, je n'ai pas l'intention de reprendre rien de
constitutionnel. Ce sont des questions de partage administratif pour ne pas
qu'on se pile sur les pieds; comme on a l'air ridicule, entre la Régie
des services publics et le CRTC. Autrement dit, sauver la face. Mais le partage
fondamental, cela, on n'y touche pas. On y touchera ailleurs. Ailleurs, M. le
Président, vous le savez, il y en a un ailleurs, ici plus haut, qui
s'appelle le premier ministre du Québec, qui n'est pas
intéressé à ce genre de problèmes, sauf quand, par
image nationaliste, il a besoin d'en parler à l'occasion. L'autre bord,
il y en a un beaucoup plus fort que celui qu'on a ici, qui, lui, ne veut
manifestement rien savoir d'une révision constitutionnelle. Ailleurs,
cela veut dire cela, quand Gérard Pelletier nous dit ailleurs. Le
ministre des Communications sait aussi ce que cela veut dire quand ils nous
disent: La transformation fondamentale, on en parlera ailleurs. Pour l'instant,
contentons-nous des améliorations administratives.
Je ne veux pas reprendre toute cette philosophie qui est à
l'arrière mais j'aurais presque envie de reposer ma question de
l'année dernière au ministre pour qu'il nous dise quels sont les
indices de plus que l'on a cette année concernant la souplesse
jusqu'ici imprévisible si je regarde en observateur le plus impartial
possible que l'on peut attendre du gouvernement fédéral
là-dessus.
Quels sont les nouveaux indices, M. le Président, qu'on peut
avoir? Je vais vous en donner deux, pour le "fun", des nouveaux indices. Il y a
eu cette histoire de fous, parce qu'il faut l'appeler de même. Le
présidentdu parti auquel j'appartiens décrit souvent le
régime politique dans lequel nous vivons comme une maison de fous. C'est
le cas, M. le Président. Maison de fous que celle du CRTC et de la
Régie des services publics alentour de l'installation de la
câblodistribution dans la région du Bas-du-Fleuve. Avez-vous vu,
M. le Président, partage plus ridicule, au fond, lorsqu'on le regarde?
Autrement dit, rions-en plutôt que d'en pleurer parce qu'il y a là
des intérêts québécois essentiels, que, d'ailleurs,
la Régie des services publics a bien identifiés lorsqu'elle a
rendu son jugement. Mais regardons quand même, M. le Président.
Deux organismes que nous finançons, Québécois, les deux,
parce que
nous payons des taxes et des impôts aux deux places, les deux
organismes rendent des avis absolument contradictoires, soutiennent une
entreprise contre une autre entreprise; deux organismes, un canadien et l'autre
québécois, qui en viennent à développer des
philosophies, M. le Président, à l'encontre de ce que nous, nous
avons décidé ici. J'ai participé, moi, en septembre 1973,
avec beaucoup de plaisir, à l'édification d'une
réglementation québécoise dans le domaine de la
câblodiffusion. J'ai endossé. J'ai fait certaines suggestions qui
ont été retenues par le ministre à cette occasion. Je
crois vraiment que la réglementation québécoise dans ce
domaine est efficace, si elle est appliquée, si on a le droit de
l'appliquer chez nous! Mais un autre, un gouvernement étranger peut
toujours intervenir. Ce conflit est ridicule pour les gens de Matane, Mont-Joli
et Rimouski, qui attendent un service auquel ils ont droit mais ils sont
obligés d'attendre que la querelle de fous soit finie au-dessus de leur
tête. Je lisais des coupures de journaux provenant de ces régions,
où on dit que la population, elle, demande un service. D'ailleurs, c'est
une population largement sous-développée au point de vue de la
télévision, donc chez qui l'apport de la câblodiffusion est
encore plus important qu'ailleurs.
M. Bonnier: C'est bien dit.
M. Charron: On sait que c'est une région qui n'a
actuellement, à Rimouski, par exemple, qu'un seul et unique
réseau de télévision. C'est, je pense, le dernier coin du
Québec où cette unicité, en 1975, existe. Je comprends
très bien la population de cet endroit, M. le Président, de dire
qu'ils sont des citoyens comme tout le monde et ils ont droit d'avoir plus d'un
canal de télévision. On n'est quand même plus en 1952, pas
plus à Rimouski qu'ailleurs, et ils ont droit à cela.
Donc, l'annonce de l'arrivée de la câblodiffusion chez eux
est certainement une bonne nouvelle mais qui voit ce conflit de fous se
dérouler au-dessus de leur tête. C'est Dionne ou c'est d'Auteuil,
c'est d'Auteuil ou c'est Dionne. L'un est appuyé par l'autre et
appuyé financièrement par les deux gouvernements, à part
cela, pour se faire la bataille, avec vos taxes, avec les taxes de ceux qui
sont à l'origine des crédits que nous sommes appelés
à voter.
Nou seulement c'est ridicule sur le plan politique, ce genre
d'affaire-là, dans une région qui ne le mériterait pas,
mais en plus de cela, ça se fait parce que ce débat a conduit
dans le cul-de-sac qu'on a essayé d'éviter depuis le début
parce qu'on sait qu'on est perdant en rentrant dans cette "game" là sur
le plan juridique.
Nous voici traînés, nous avons, Assemblée nationale
du Québec, édicté, chez nous une réglementation,
parce que nous croyions bien en avoir le droit, élus que nous
étions par la population, une réglementation de la
câblodiffusion.
Nous avons, par une autre loi précédemment votée,
aménagé à nouveau la Régie des services publics lui
permettant de rendre des décisions comme celle qu'elle a rendue. Et
là, maintenant, ça nous est retiré. Tous ces pouvoirs
peuvent être anéantis. Ce que nous avons fait, le travail que nous
avons accompli, la sincérité que nous avons mise à
bâtir une réglementation qui soit efficace peut être
annulée demain matin par les tribunaux, quand ils se prononceront. Vous
connaissez leur rapidité légendaire, surtout sur des sujets
contentieux comme ceux-là. Ils passent en arrière parce qu'ils
n'aiment pas déranger les grosses gommes politiques. Quand ça
sortira de la cour Supérieure, ce sera pour se faire traîner en
cour Suprême, probablement, vous le savez comme moi, la partie perdante
ira à la cour Suprême. Cela prendra le temps que ça prendra
pour que justice se fasse, me direz-vous. Mais je vous rappellerai à
tous que le temps joue en défaveur du Québec dans ces
questions-là, que ce n'est pas un gain politique pour le Québec
que de savoir qu'une réglementation adoptée à
l'unanimité de son Assemblée est traînée devant les
tribun aux. Ce n'est pas un gain politique non plus sur le plan des
communications, parce que ça retarde la réalisation de ce que
nous avions choisi de faire, ça prive une population de services
auxquels elle a droit, ça complique, en tout cas, l'arrivée de
ces services dans cette région. Est-ce là un indice de la
souplesse fédérale?
Je peux vous donner un autre exemple, le CRTC, sans aucune gêne,
comme si nous n'existions pas, comme si nous n'avions pas, ici au
Québec, de Régie des services publics qui rend des jugements
à partir d'une réglementation que nous lui avons votée, a
décidé, un peu comme le messie qui arrive au monde, qu'il allait
tenir des séances d'études. S'il n'y avait pas eu de
protestations véhémentes de la part de certaines provinces, elles
seraient en cours ces études. Elles ont été
retardées, Dieu merci. Le CRTC a décidé de tenir des
séances d'étude sur une réglementation possible de la
câ-blodistribution, la câblodiffusion, comme si on n'existait pas.
C'est ça un indice de souplesse qui nous permet de croire que les 13 et
14 mai prochains, lorsque les ministres des Communications se réuniront
à Ottawa, nous sortirons victorieux, maîtres d'oeuvre de notre
politique des communications?
Est-ce que les indices ridicules de ce décrochage de fils auquel
nous avons assisté dans cette région de la capitale nationale des
Québécois, il y a peu de temps? Une entreprise à charte
fédérale, se dit, pardéfinition, à l'abri de la
réglementation d'une vulgaire Régie des services publics
provinciale et, en ce sens, les édits de cette minime Régie des
services publics, même si elle est une émanation et une
création de l'Assemblée nationale des Québécois,
peu importe. Elle, elle s'appelle Bell Canada, elle a ses entrées dans
le Parti libéral fédéral. Elle est accotée pour se
défendre, elle a le CRTC de son bord et elle dit: On se retrousse les
manches et on décroche les fils, et quand vous voudrez les poser, vous
obtiendrez une permission ou on va vous traîner jusqu'en cour
Suprême. Ce ne sont pas les moyens qui manquent à Bell et à
Northern pour faire étirer les débats. Ce ne sont pas les avocats
et les avocasseries qui vont manquer non plus, parce
qu'elle est capable de s'en payer largement avec la hausse de tarifs
dont elle bénéficie à peu près chaque année.
Ce qui va permettre à Bell d'étirer encore une fois le
débat immensément. Encore une fois le temps joue en notre
défaveur.
Je termine ces remarques sur l'échec de cette deuxième
mission, en disant aux membres de cette commission que cette guerre d'usure
entamée et maintenue on a l'impression de s'enfoncer dans les
tranchées, M. le Président, plus on y regarde se fait
quand même, aussi drôle que cela puisse être à
l'occasion encore une fois, on se dépêche d'en rire pour ne
pas en brailler au détriment d'objectifs majeurs de la
société québécoise. En conséquence, les
crédits, que je suis bien disposé à étudier, du
ministre des Communications n'ont pas la portée et ne réaliseront
pas ce que nous sentons très bien qu'ils pourraient réaliser si
seulement nous étions les maîtres d'oeuvre de la politique
québécoise.
C'est donc dans cet esprit, M. le Président... Encore une fois,
sans vouloir faire une étude des crédits qui soit absolument
insignifiante, car je fais largement confiance je l'ai dit tout à
'l'heure aux qualités d'administrateurs des gens qui entourent le
ministre pour savoir comment ils utiliseront cet argent, il reste que, quant
à la discussion politique que nous devons en faire, c'est la
contribution que je voulais faire à l'ouverture des travaux de cette
commission, mais nous reprendrons cela, si vous me le permettez, lorsque vous
appellerez chacun des programmes.
Le Président (M. Houde, Limoilou): L'honorable ministre
des Communications.
M. L'Allier: Est-ce quelqu'un d'autre veut parler?
Le Président (M. Houde, Limoilou): Est-ce qu'il y en a
d'autres qui veulent parler?
L'honorable ministre des Communications.
M. L'Allier: M. le Président, vous me permettrez de dire
quelques mots, cependant, sur ce que vient de dire le député de
Saint-Jacques. En effet, je voudrais apporter un certain nombre de
précisions et tenter de répondre, en fait, à la question
qu'il m'a posée et qui est la même que l'an dernier sur les
indices.
Je me souviens de lui avoir répondu l'an dernier, je pense, assez
brièvement à cette question, en lui disant que non, on n'avait
pas, l'an dernier, d'indices quant à l'assouplissement de la position
fédérale relativement à la volonté
québécoise ou à la volonté que nous avons
exprimée dans le livre vert et que nous avons tenté depuis de
faire comprendre et de rendre perméable à la population
québécoise, celle d'avoir pour nous une politique des
communications.
Cependant, s'il n'y avait pas d'indices d'assouplissement de la position
fédérale l'an dernier, s'il n'y en a pas plus aujourd'hui sur le
fond du problème, il reste, comme l'a dit le député de
Saint-Jacques, que la question n'est pas d'en arriver à des
aménagements administratifs qui donneraient aux autorités
provinciales ou aux organismes provinciaux un rôle consultatif
élargi; ce n'est pas cela du tout que nous demandons. Même s'il y
avait, de ce côté, une volonté fédérale
d'élargir le rôle consultatif des provinces, elle serait et est,
dans les faits, assortie d'une volonté fédérale de
consolider les centres de décision à Ottawa en matière de
communications, parce que les autorités fédérales sont,
comme nous le sommes, je pense, conscientes de l'importance déterminante
des communications, des structures de communication, de l'utilisation des
communications comme outils de façonnement d'une
société.
Il y a, plus que l'an dernier, des indices de cohésion au niveau
des provinces. Est-ce que c'est un facteur positif? Je le crois,
personnellement. Ces indices de cohésion au niveau des provinces se sont
manifestés notamment au cours des deux dernières rencontres
interprovinciales. Cela n'a rien changé jusqu'ici dans l'attitude du
gouvernement fédéral, du moins tel qu'on peut la percevoir.
Cependant, alors qu'il y a à peine deux ans et demi, lorsque nous avons,
pour la première fois, parlé et que nous l'avons fait d'une
façon structurée, d'une responsabilité
québécoise en matière de câblodistribution, sans
même parler, à ce moment-là, de radio, de
télévision ou d'autres secteurs de communications, nous
étions, à toutes fins pratiques, la seule province à avoir
un embryon de position là-dessus. A la conférence de
Québec, au niveau des ministres des provinces, il n'y avait, à
vrai dire, que le Québec qui avait une position et sur un des trois
aspects importants des communications, à savoir la
câblodistribution.
M. le Président, je pense que c'est important, à
l'occasion de cette commission, de rendre publique ici ce que je pourrais
appeler la position de consensus des provinces à l'égard de la
situation actuelle des communications.
Toutes les provinces sont d'accord pour rejeter le statu quo actuel en
matière de responsabilité dans le domaine des communications.
Toutes les provinces reconnaissent la diversité qui existe d'un bout
à l'autre du pays dans le domaine des communications, et toutes les
provinces reconnaissent la nécessité d'une intervention plus ou
moins grande, suivant les moyens, les besoins, les populations, les situations
culturelles, des autorités provinciales dans ce domaine.
Je vous donne lecture de l'essentiel des propositions qui ont
été retenues et à l'intérieur desquelles les
provinces souhaitent que la discussion avec le gouvernement
fédéral s'engage. Est-ce que ce sera retenu, mis de
côté? Est-ce que le gouvernement fédéral aura la
même attitude à l'égard de l'ensemble des provinces que
celle qu'il a pu avoir à l'origine à l'égard du
Québec? C'est une question pour laquelle je n'ai pas actuellement de
réponse.
Dans le domaine de la radio-télédiffusion, les ministres
responsables des communications des provinces du Canada ont adopté une
position en vertu de laquelle le gouvernement fédéral
continuerait à avoir juridiction sur les services de
radiotélévision de dimension pancanadienne
c'était
déjà dans le livre vert québécois
tels qu'ils seraient définis par un accord entre le
fédéral et les provinces. En d'autres mots, ce qui est dans
l'esprit fédéral, dans l'esprit canadien, national dans son
esprit, en gros cela veut dire, au Québec, Radio-Canada et le
réseau CTV anglais. C'est tout ce que cela veut dire.
La majorité des provinces est d'avis que celles d'entre elles qui
le désirent devraient avoir juridiction sur les permis, le contenu de la
programmation de tous les autres services de radio-télévision
privée et de radio-télévision éducative, sous
réserve du maintien de l'intégrité du système
national de radio-télévision, le système Radio-Canada
essentiellement et CTV.
Cette juridiction provinciale ne s'étendrait pas à
certains aspects techniques comme l'allocation des fréquences, qui
demeurerait une responsabilité du gouvernement fédéral.
C'était aussi dans le livre vert du Québec. Des mécanismes
appropriés seraient mis sur pied dans le but de créer un cadre
propice à la consultation, en vue d'en arriver à des accords sur
les questions d'ordre juridictionnel entre le fédéral et les
provinces ainsi que de permettre aux provinces d'influer sur les politiques
pancana-diennes de la radio-télévision.
C'était aussi dans le livre vert québécois. En
d'autres mots, ce qui est national demeure sous la responsabilité
fédérale; pour ce qui est à l'intérieur des
provinces, la majorité des provinces reconnaissent que les provinces qui
le souhaiteraient pourraient avoir cette responsabilité, et on
accepterait le rôle de consultation sur les opérations
nationales.
Dans le domaine de la câblodistribution, les provinces ont convenu
que les réseaux de câblodistribution sont en réalité
des réseaux de transporteurs locaux à larges bandes dont la
capacité dépasse considérablement la simple retransmission
d'émissions de télévision. Les provinces ont donc conclu
que leur juridiction s'étend à tous les aspects des services et
des réseaux de câblodistribution, exception faite de la
retransmission des services de radio-télévision qui demeureraient
et c'est pour faire le lien avec la première position sous
la responsabilitédu gouvernement fédéral, et qu'une tel le
autorité serait dévolue à ces provinces, tout en tenant
compte de la viabilité du système conventionnel de
radio-télévision canadienne.
Il en résulterait un seul organisme de réglementation.
Cela répond partiellement à ce que soulignait le
député de Saint-Jacques: l'incongruité de deux sources de
réglementation sur un même sujet. Donc, il y a une volonté
provinciale pour qu'il en résulte un seul organisme réglementaire
et administratif pour l'industrie de la câblodistribution de ces
provinces.
Enfin, dans le domaine des sociétés exploitantes de
télécommunications, les provinces sont convenues que ces
sociétés dont les installations sont, pour l'essentiel,
situées à l'intérieur des frontières d'une
province, seraient soumises au contrôle réglementaire du
gouvernement de cette province.
Cela vise essentiellement, pour le Québec et l'Ontario, le cas de
Bell Canada. C'était la première fois, àToronto, à
l'automne 1974, que les provinces allaient, je pense, aussi loin dans la
définition de balises qui jusqu'ici sont inacceptables, même comme
balises au gouvernement fédéral dans le cadre desquelles nous
souhaitons que la discussion se fasse.
Il est possible que le fait que les provinces aient pris ce type de
position ouvre la porte à une véritable négociation. Il
est possible également, comme l'a souligné le
député de Saint-Jacques je veux être très
franc aussi, comme il l'a été que malgré cette
position d'un consensus qui pour certains était un maximum et pour
d'autres un minimum mais c'est cela qui est la nature même d'une
négociation interprovinciale le gouvernement
fédéral continue à maintenir sa position de vouloir
centraliser les centres de décision.
A ce moment-là, le problème qui se posera ne se posera pas
au Québec; il se posera à l'ensemble du Canada, parce que,
finalement, quand toutes les provinces ensemble conviennent qu'une situation
doit changer et qu'elle doit changer à l'intérieur d'un
même cadre, ceux qui élisent les gouvernements de ces provinces
sont les mêmes 22 millions de citoyens qui élisent le gouvernement
fédéral.
Il n'y a pas 22 millions de citoyens pour le fédéral et 22
autres millions de citoyens pour les gouvernements provinciaux. C'est, à
mon avis, une modification importante par rapport à la situation de l'an
dernier. Restera à voir de quelle façon, à la prochaine
conférence fédérale-provinciale, le consensus des
provinces, sur ce cadre de discussions, pourra influer sur l'autorité
fédérale.
Je voudrais, finalement, dire seulement un mot pour ce qui est des
décisions de la Régie des services publics. Le
député de Saint-Jacques a fait allusion au territoire de
Rimouski, Matane. C'est vrai qu'il y a eu, pour ce territoire, deux
décisions différentes en fait, du CRTC et de la régie.
Cependant, la décision de la Régie des services publics est
exécutoire; elle est effectivement en voie d'exécution. D'ici
quelques mois, si tout se passe normalement...
M. Charron: Fin juin?
M. L'Ailler:... les citoyens, clients de D'Auteuil, auront
accès à la câblodistribution, conformément à
la décision de la Régie des services publics. Je ne voudrais pas
sous-estimer le fardeau des embêtements, des taquineries et des sources
d'impatience que génère la situation d'une double juridiction. Il
est déplorable, effectivement, que les citoyens utilisateurs,
finalement, en fassent, à court et à moyen terme, les frais en
termes de services de câblodistribution.
Le député de Saint-Jacques a fait allusion à la
situation qui existe également ici, dans la région de
Québec. Je comprends les citoyens de Charlesbourg, par exemple, de
s'impatienter quant à la fourniture du service de câble chez eux.
Le câblodistributeur a fait une demande, il y a quelques jours, devant la
Régie des services publics pour obtenir le droit d'attache sur les
poteaux de Bell Canada. Nous allons, quant à nous, intervenir
également devant la régie pour favoriser, par notre intervention,
l'obtention par le câblodistributeur de ce
droit d'attache. Tout cela, c'est ce que j'appellerais, à ce
moment-ci, des mesures conservatoires, des mesures destinées à
exercer ce que nous croyons fondamentalement être une
responsabilité que nous reconnaît le cadre actuel,
législatif et constitutionnel, en matière de
câblodistribution. Mais, comme l'a dit le député de
Saint-Jacques, la question fondamentale devra être réglée
de quelque façon que ce soit à l'avantage du Québec,
à la condition que les Québécois le souhaitent aussi et en
veulent, à la condition que les Québécois se sensibilisent
à l'importance des communications pour ce que j'appellerais leur
écologie culturelle.
Or, le rôle que nous avons à jouer, même si nous
n'obtenons pas à court terme tous les gains que nous souhaitons et que
nous croyons urgents et au sujet desquels, comme l'a dit le
député de Saint-Jacques, le temps ne joue pas en notre faveur, le
travail que nous faisons, même s'il peut être à l'occasion
extrêmement frustrant, précisément parce qu'on y
dépense des énergies qui pourraient très valablement
être consacrées ailleurs, a quand même
l'intérêt d'être un travail d'éducation de la
population, même s'il est aussi embêtant pour la population.
Si on peut faire en sorte que la population souhaite
véritablement que nous ayons une politique de communications, qu'elle
accepte d'en payer politiquement ou autrement le prix, parce qu'il faudra payer
un prix pour être Québécois finalement en matière de
communications comme dans les autres domaines, bien, à ce moment, je
pense que nous pourrons avoir cette politique de communications, quels que
soient ceux qui la feront. De toute façon, elle est essentielle.
Je ne peux pas dire, à ce moment, que j'ai l'impression que la
majorité des citoyens québécois sont prêts à
favoriser des négociations extrêmement serrées et des
positions extrêmement fermes dans le domaine des communications, pas
parce q ue les gens sont contre, parce que tout simplement je pense que la
majorité des citoyens sont relativement insensibles à
l'importance de la communication et sont davantage sensibles aux services
à court terme de la communication.
S'ils ont l'impression que le service à court terme peut leur
venir mieux d'une autorité fédérale, ils seront
probablement portés à aller vers cette autorité
fédérale pour l'obtenir, le service à court terme.
A partir de là, je pense que, malgré les propos
pessimistes du député de Saint-Jacques, je n'en tire pas, pour ma
part, des motifs de découragement, en ce sens que le travail
d'éducation que nous avons à faire, les plaidoyers quotidiens, la
répétition des mêmes thèmes, des mêmes mots,
des mêmes paragraphes, des mêmes énoncés,
frappés sur les mêmes clous, c'est quand même essentiel.
Je terminerai là-dessus, M. le Président, quelles que
soient les hypothèses à partir desquelles se fonde le
député de Saint-Jacques, prenons un instant l'hypothèse
que son parti est porté au pouvoir, assorti de la mécanique du
référendum, il ne faudrait pas penser pour autant que les hommes
qui sont à Ottawa changeront. Tant et aussi longtemps que, par
référendum, la majorité des Québécois n'aura
pas opté dans le sens préconisé par son parti, il faudra
continuer à vivre au Québec et au Canada. Il faudra continuer
à vivre avec ce que nous avons. Et à ce moment,
théoriquement, il serait pris avec les mêmes types de
problèmes avec lesquels nous sommes pris.
En d'autres mots, je ne tire pas de son argumentation des motifs de
défaitisme en disant: II faudrait arrêter parce que, de toute
façon, cela ne mènera nulle part. Il faut poser ces gestes et il
faut les poser dans l'optique où, à un moment ou l'autre, nous
réussirons, quels que soient les moyens, à obtenir ce dont nous
avons besoin comme collectivité.
Il faut, en même temps et parallèlement, essayer de
conscienciser la population québécoise à l'importance des
communications. C'est finalement ce que nous poursuivons et ce que je poursuis,
comme ministre des Communications. C'est l'objectif que je poursuivrai à
la prochaine conférence fédérale-provinciale. Le
gouvernement du Québec, cette année plus que l'an dernier, et
l'an dernier plus que l'année précédente, je pense, est
conscient ou commence à être conscient de l'importance de ces
communications, de l'importance de cet aspect de la vie
québécoise.
Pour le reste, M. le Président, si j'avais une question à
poser au député de Saint-Jacques, ce serait dans la
problématique que je viens de lui énoncer. Je lui demanderais,
peut-être, qu'est-ce qu'il ferait, lui, aujourd'hui, s'il était
ministre des Communications ou demain s'il était ministre des
Communications, entre le moment où il serait ministre des Communications
et le moment où le référendum, positif dans son esprit,
serait passé. Que ferait-il avec la politique des communications, face
au gouvernement fédéral? Est-ce que pour arrêter les
doubles emplois, il ferait cesser le travail de la Régie des services
publics, pour éviter, précisément qu'on paie deux fois au
même endroit en disant: Tant que nous n'aurons pas, du côté
de la population, un accord pour procéder plus loin, pour éviter
les doubles emplois, nous allons laisser un seul des deux organismes,
c'est-à-dire celui que nous ne pouvons pas contrôler, organiser le
territoire? Ou continuerait-il forcément à agir dans ce qu'il
croirait être l'intérêt du Québec et ce qui serait
l'intérêt du Québec, c'est-à-dire, favoriser
finalement, même à corps défendant, même en
constatant que cela fait des emmerdements à tout le monde, l'exercice le
plus étendu possible desjuridictionsqui lui seraient alors
dévolues et qui ne seraient pas différentes de celles que nous
avons maintenant?
Le Président (M. Houde, Umoilou): Le député
de Saint-Jacques.
M. Charron: M. le Président, la question
hypothétique que vient de me lancer le ministre des Communications est
peut-être, à l'occasion, réjouissante, mais ce n'est pas
sous cet aspect que je le prendrais. Je vais essayer d'expliquer ma
réponse. Mais d'abord, comment expliquer cette réponse?
Le genre de question que vient de me poser le
ministre des Communications est très limitée dans le
temps. Vous me dites: Ce soir, vous êtes ministre des Communications. Il
y a la situation qu'on a évoquée, le Bas-du-Fleuve, qu'est-ce que
vous faites là-dedans? Supprimez-vous la Régie des services
publics, etc.?
Pour répondre à cette question, c'est-à-dire pour
être dans la situation du ministre, comme il l'est, lui, ce soir, il
faudrait que j'aie accepté ce que le ministre, lui, a tout
accepté auparavant, pour être là-dedans ce soir. Il aurait
fallu que j'aie eu un premier ministre qui m'ait abandonné à peu
près totalement, lorsque j'allais négocier. Il aurait fallu que
je me mette tout seul dans ces plats-là. Il faudrait que je vous
explique comment il se fait que je suis arrivé les pieds dans ces
plats-là, et pourquoi ces plats-là plutôt que les autres
plats. Il faudrait que je vous explique comment il se fait qu'après deux
ans que la réglementation est mise en vigueur par le Québec, je
n'ai pas encore réussi politiquement à la faire respecter.
Il faudrait que je vous explique bien des indices de faiblesse ailleurs
qui ont accompagné mes actions. C'est laque je ne suis pas prêt
àaccepter votre hypothèse. Si j'avais accepté tout ce que
vous, vous avez accepté avant d'être là, il est bien
possible que là, dans ces plats, je prendrais la même
décision que vous et que je dirais à la Régie des services
publics: Ne lâchez pas.
Je rajoute une information à ce que vous venez de donner: le CRTC
a réagi aussi. On dit que D'Auteuil va avoir installé son
réseau pour la fin de juin. Le CRTC vient de permettre à Dionne
de modifier... Il était limité à 77; ils ont fait
disparaître ça et, là, il dit que, d'ici six semaines, il
va pouvoir l'offrir. C'est une parenthèse que je fais. Eux autres
aussi.
M. Côté: A l'automne.
M. Charron: A l'automne? En tout cas, eux aussi ont réagi.
Mais revenons à la question, c'est juste une incidente sur le
détail que vous avez soulevé. C'est que, pour être dans ce
plat, il aurait fallu que j'accepte qu'on m'y conduise et il aurait fallu que
j'y aie été conduit parle même genre de raisonnement qui
nous y conduit; autrement dit, que j'aie laissé échafauder cette
affaire. Il y a des moments où attendre, passer continuellement
l'éponge, oublier, donner une dernière chance au coureur finit
non seulement par ne plus avoir aucun sens politique, mais par limiter, et de
façon extraordinaire, la liberté de manoeuvre d'un homme
politique ou d'un ministre ou d'un gouvernement, même, à
l'occasion.
Je pense que ce gouvernement auquel vous appartenez est toujours prompt
à dire qu'il a devancé les dangers, qu'il avait vu venir la soupe
de loin. Combien de déclarations nous sont faites en disant que le
gouvernement a prévu telle chose. Il y a d'autres occasions où la
négligence, le laisser-faire, le pourrissement d'un conflit font que tu
te ramasses, disons dans le milieu du travail, avec une grève
très difficile et qui affecte beaucoup de citoyens; dans le domaine
économique, par un investissement qui refuse de venir et, dans le
domaine des communications, par des décisions aussi ridicules que celles
que j'ai évoquées tout à l'heure.
Je sais très bien que, si j'étais membre d'un gouvernement
québécois non souverain, ce qui dans ma tête est un peu
difficile, parce que, même dans cette hypothèse, j'appartiendrais
toujours à un gouvernement élu pour la faire, la
souveraineté, en voie de la faire et dont ce serait le mandat politique.
Ainsi, lorsqu'arriverait, les 13 et 14 mai de l'année de votre choix,
une rencontre fédérale-provinciale, je m'assoirais à la
table ayant d'abord cette conviction et le gars qui serait en face de moi
saurait très bien que je ne suis pas un cas isolé ou uniquement
la caution morale de mon gouvernement, mais que je viens épaulé
fermement par mon gouvernement, que nous nous dirigeons vers une reprise en
main de l'ensemble de la vie des Québécois et que, s'il y a un
domaine sur lequel nous sommes fermes, c'est celui des communications.
Enfin, quittons cette hypothèse, M. le Président, qui
pourrait devenir embêtante pour certains membres de la commission et
reprenons, plutôt, la discussion que l'on a. Je crois que le ministre
voulait apporter des précisions sur ce que je viens de dire au sujet de
la modification du CRTC au mandat de Dionne. Est-ce que c'est exact,
l'information que j'ai transmise?
M. L'Allier: L'information que j'ai, moi, remonte à
quelques semaines. A ce moment, effectivement, le CRTC a accordé
à Dionne l'autorisation de desservir le territoire qu'il lui avait
accordé plus tôt que prévu, mais à ce moment, Dionne
aurait déclaré, semble-t-il, qu'il n'avait pas l'intention de le
faire tant que le conflit ne serait pas réglé devant les
tribunaux.
Deuxièmement, pour procéder, Dionne, à Rimouski en
tout cas, a besoin de l'autorisation des autorités municipales de
Rimouski pour l'implantation de ses équipements. Or, le maire de
Rimouski, qui siège également à cette Assemblée, a
déjà, au nom de son conseil municipal, pris position en faveur du
câblodistributeur D'Auteuil et n'a pas l'intention de laisser s'installer
de doubles équipements.
Le Président (M. Houde, Limoilou): L'honorable
député de Matane.
M. Côté: M. le Président, en ce qui concerne
le cas Dionne, je l'ai rencontré tout récemment et je peux vous
dire qu'il a la ferme intention d'implanter la chose à l'automne.
M. L'Allier: C'est possible qu'il ait l'intention de le faire. On
est dans un domaine d'intention. Mais tout ce que je puis vous dire, c'est
qu'il a besoin, pour ce faire, de l'autorisation municipale et que
l'autorisation municipale lui sera refusée si le conseil municipal
maintient la position qu'il a déjà prise.
M. Côté: Sur le deuxième point, je suis
entièrement d'accord avec vous, mais sur le premier, Dionne est
intéressé à implanter la chose dès l'automne.
M. L'Allier: Pour être intéressé, il l'est
certainement. Il a fait une demande dans ce sens.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Est-ce que la commission est
prête à étudier programme par programme?
M. Charron: Oui, M. le Président.
Réseaux et équipements gouvernementaux
de communication
Le Président (M. Houde, Limoilou): Programme I, Réseaux et
équipements gouvernementaux de communication. Elément I, Service
téléphonique.
M. Charron: La question traditionnelle, M. le Président:
Quel a été le coût des services téléphoniques
gouvernementaux l'année dernière?
M. L'Allier: M. le Président, le député de
Saint-Jacques m'excusera de prendre quelques secondes entre chaque question. Je
vais retrouver mes références.
Tous les comptes, les montants facturés au ministère des
Communications par les divers fournisseurs, pour l'ensemble du réseau,
Bell Canada, $II,3I5,450, et si on ajoute à cela l'ensemble des services
connexes, c'est-à-dire CN Communications, CP Communications, Continental
Téléphone, Québec Téléphone,
Télébec, Téléphone du nord, l'ensemble des
sociétés de téléphone, RCA, Xerox, Telbec, Canadian
Overseas Telecommunications, les petites compagnies de téléphone,
Canadian Marconi, pour de l'équipement, un total de $13,598,000 a
été payé par le ministère des Communications pour
ce qu'on peut appeler le réseau complet de téléphonie et
de communications téléphoniques.
M. Charron: Par rapport à l'exercice financier
précédent, cela représente une augmentation de quel ordre,
en pourcentage?
M. L'Allier: Pendant qu'on cherche cette information, est-ce
qu'on peut passer à une autre question? On va vous trouver le
pourcentage.
M. Charron: Oui, oui. Je vais vous poser une question bien
technique. Si elle échappe à vos détails, qui sont
pourtant nombreux, vous m'excuserez.
M. L'Allier: Oui.
M. Charron: Quel est le nombre d'appareils
téléphoniques faisant partie du système centrex?
M. L'Allier: Le nombre d'appareils téléphoniques?
On ne l'a pas.
M. Charron: Je vous dirai un jour pourquoi je veux savoir
cela.
M. L'Allier: Je pense que l'an dernier, on vous avait
donné un chiffre approximatif de ce nombre d'appareils, mais on n'a pas
le nombre d'appareils téléphoniques.
Pour répondre à la question précédente, l'an
dernier, le compte total de téléphonie, par rapport à
celui de cette année, qu'on vous a dit être de $13,598,000, avait
été de $11,460,000. Vous pouvez faire le calcul en pourcentage.
Cela veut dire à peu près...
M. Charron: 9% ou 10%. M. L'Allier: 10%. M. Charron:
10%.
M. L'Allier: 10% d'augmentation, dont 6% sont dus à
l'augmentation des tarifs et 4% à 5% à l'augmentation des
services, nouvelles régions, etc.
M. Charron: D'accord.
Quels sont les montants qui sont versés par la
Sûreté du Québec au ministère à titre de
remboursement pour services rendus?
M. L'Allier: Oui, M. le Président. C'est une information
que je peux fournir. Répartition des comptes pour 1974/75, pour ce qui
est de la Sûreté provinciale du Québec, $110,010.
M. Charron: J'aimerais savoir...
M. L'Allier: Qu'est-ce que cela veut dire comme équipement
et tout cela?
M. Charron: Oui.
M. L'Allier: On ne le sait pas. Je ne pense pas qu'on ait des
informations. Tout ce qu'on fait, c'est de payer le compte.
M. Charron: D'accord.
M. L'Allier: Pour le Conseil exécutif, pour la
Sûreté du Québec, tout ce que nous faisons...
M. Charron: L'Assemblée nationale aussi. M. L'Allier:
L'Assemblée nationale. M. Charron: Bon.
M. L'Allier: Qui paie elle-même, d'ailleurs.
L'Assemblée nationale paie elle-même.
M. Charron: Ne croyez-vous pas, que sur le plan de l'organisation
administrative rationnelle du système de communication du gouvernement,
il est toujours important que la Sûreté du Québec ait son
indépendance ou est-ce qu'on ne gagnerait pas à intégrer
le réseau de communication de la Sûreté?
M. L'Allier: En termes de gestion, on peut dire deux choses,
c'est que nous conseillons la Sûreté du Québec sur
l'ensemble de ses équipements. Maintenant, c'est elle qui
détermine les besoins qu'elle en a. Alors, tout ce que nous faisons
c'est: un, de conseiller; deux, elle passe ses commandes à partir des
conseils que nous donnons, qui peuvent
être suivis ou pas suivis. De plus, nous assumons les frais, qui
nous sont remboursés.
Effectivement, un certain nombre d'organismes sont dans la même
situation que la Sûreté du Québec, à savoir que nous
sommes remboursés par ces organismes pour les services
téléphoniques: REXFOR, la Protection civile, l'Office
franco-québécois, la Société des alcools,
Radio-Québec, la Société des traversiers de Lévis,
la Caisse populaire des fonctionnaires, l'Université du Québec,
le Centre de recherche industrielle, etc.
M. Charron: Je retrouve, dans le rapport du vérificateur
général, M. le Président, au chapitre des communications,
l'affirmation suivante: "Certains appels interurbains représentant
quelque $440,000, soit près de 16% de la valeur de tels appels pouvant
être acheminés par le réseau gouvernemental intercentre
l'ont été par interurbain automatique. Des économies
substantielles pourraient être réalisées par une
utilisation plus adéquate du réseau gouvernemental
intercentre".
Cette remarque, qui tombe à point, du vérificateur
général a amené quoi comme initiative, comme
réaction à l'intérieur du ministère?
M. L'Ailler: Je vais vous dire ça dans une minute.
Oui.
La remarque que je pourrais faire au vérificateur, c'est
d'ailleurs celle que nous lui avons communiquée. Effectivement, M. le
Président, sur tous les points soulevés par le
vérificateur, en date du 15 mars 1975, le sous-ministre des
Communications a communiqué avec le vérificateur et nous avons
fait des commentaires sur chacun des points qu'il a soulevés par rapport
au ministère des Communications.
Le vérificateur général, la remarque que ça
m'amène à faire, c'est que nous lui indiquons qu'il devrait
considérer dans son analyse que le réseau intercentre coûte
quand même extrêmement cher, que les lignes supplémentaires
qu'il faudrait ajouter pour éliminer les périodes de pointe
seraient prohibitives. Or, ce dont ne tient pas compte le vérificateur
lorsqu'il parle d'un pourcentage de 16% c'est le facteur suivant: Dans la
mesure où le réseau intercentre est un système de
téléphone qui est loué en permanence, c'est-à-dire
la nuit comme les fins de semaine, comme le jour nous ne pouvons pas
louer le réseau intercentre d'une façon modulée, si vous
voulez, avec des périodes de pointe; il faut le louer en bloc et c'est
comme ça que ça fonctionne pour tous ceux qui louent des
réseaux de même nature il faut, à ce
moment-là, louer un réseau sur la base des médianes
d'utilisation, ce qui veut dire qu'il y a des trous dans l'utilisation mais
qu'il y a aussi des périodes de pointe.
Or, compte tenu du volume total du service téléphonique,
une période de pointe de 16% ne nous paraît pas
exagérée si on déduit de cette période de pointe un
vol urne d'appels qui sont faits par interurbain et qui pourraient quand
même, parce que le fonctionnaire est pressé ou paresseux ou
ignorant du système, être faits sur le réseau
intercentre.
Vous pourriez faire la même remarque si vous aviez à
regarder, par exemple, les comptes, que ce soit d'Air Canada ou de n'importe
quelle société qui a ce type de service de communications
où, en période de pointe, le signal est occupé parce que
précisément il y a une surcharge. C'est ça essentiellement
la réponse.
M. Charron: Et ça peut atteindre jusqu'à 16%?
M. L'Allier: Cela peut atteindre 16% si on jumelle les deux
facteurs, comme je vous l'ai dit, en ce sens qu'avec le réseau
intercentre ce n'est plus comme c'était, disons, en 1968,1969. C'est
l'utilisateur qui décide, sans aucune autre formalité de se
servir soit du réseau intercentre, soit du réseau interurbain.
Alors, même si le réseau intercentre est disponible, il n'y a pas,
sur les appareils téléphoniques de l'administration publique, ce
que je pourrais appeler un couteau automatique qui fait que, lorsque vous
voulez faire un intercentre urbain, la ligne vous est coupée pour
éviter ce genre de choses-là.
Cela pourrait exister, c'a déjà existé dans le
service téléphonique gouvernemental, ce qui faisait qu'en
période de pointe les gens ne pouvaient pas travailler parce qu'en
période de pointe les lignes étaient surchargées; on ne
pouvait pas accéder à l'interurbain. Alors, pour rendre possible
l'accès à l'interurbain en période de pointe, il faut
supporter le risque qui existe un pourcentage de 5%, 6%, 8% d'avoir une
utilisation du réseau interurbain en dehors du réseau intercentre
à d'autres périodes.
Il y a d'autres facteurs qui jouent; c'est que, par exemple, si vous
êtes à Montréal les fins de semaines et que vous voulez
accéder au réseau intercentre, c'est impossible à cause du
volume qui est trop faible et, à ce moment-là, vous devez
obligatoirement passer par l'interurbain. Nous avons fait des analyses de ce
côté et il ne serait pas rentable de garder des
téléphonistes à Montréal pour les quelques appels
finalement qui y sont acheminés.
M. Charron: Ce que je voulais savoir c'est que si les I6%...
M. L'Allier: II nous paraît, quant à nous, M. le
Président, raisonnable dans le jumelage des deux facteurs.
M. Charron: Alors, la remarque du Vérificateur
général lorsqu'il dit que des économies substantielles,
à son dire, pourraient être réalisées sur une
utilisation plus adéquate?
M. L'Allier: Techniquement, on pourrait réussir à
faire des économies là-dessus en termes de budget, sur cet
élément précis, mais ce serait probablement au coût
d'un alourdissement considérable des moyens dont ont besoin les
administrateurs pour travailler. En d'autres mots, on pourrait demander
à Bell Canada de nous installer un système par lequel il n'y a
pas d'accès au réseau interurbain, sauf à certaines
périodes très précises et, encore, je ne suis pas
sûr que ce soit possible.
M. Charron: Actuellement le système centrex au
gouvernement s'étend de quelle heure à quelle heure?
M. L'Allier: C'est un système, en fait, les lignes sont
louées 24 heures par jour, de Québec et des villes qui sont
desservies à partir de Québec, Rimouski, etc., et sept jours par
semaine. Il y a des villes où il y a des centres administratifs qui ne
sont pas encore touchés par le réseau intercentre et ces villes
doivent automatiquement passer par l'interurbain. Il y en a d'autres, par
exemple, si vous êtes à Québec et vous voulez atteindre un
citoyen situé à Mirabel, vous ne pouvez pas l'atteindre parle
réseau intercentre, il vous faudra faire un interurbain. Alors, il y a
aussi ce volume d'appels.
M. Charron: Cela aussi compte là-dedans, j'imagine?
M. L'Allier: C'est cela. Alors, il y a aussi ce volume d'appels
qui n'est pas le plus important mais qui n'est pas touché par le
réseau parce que le réseau n'existe pas.
Si vous avez remarqué, comme je l'ai expliqué au
début, à chaque année nous essayons d'étendre le
réseau. Par exemple, cette année, nous l'avons étendu
à Lachute et à une autre ville, à La Malbaie qui
n'étaient pas couvertes l'année dernière.
M. Charron: Sur un autre ministère, pour quitter la
Sûreté du Québec, le réseau de radiocommunications
du ministère des Terres et Forêts, est-ce que c'est
l'intention...
M. L'Allier: Oui.
M. Charron:... du ministère de l'intégrer au
réseau éventuellement?
M. L'Allier: Oui. Sur ce point, oui. D'ailleurs, nous sommes
déjà en contact avec le ministère des Terres et
Forêts; c'est le dernier réseau, en fait, que nous avons à
intégrer. Tous les autres l'ont été et c'est le seul qui
nous reste à intégrer. C'est un des plus anciens, je pense, si ma
mémoire est exacte et il est question de technologie, de
compatibilité et aussi une question, je dois le dire, d'habitude de
fonctionnaires au ministère desTerres et Forêts qui fait que nous
devons peut-être un peu enfoncer de ce côté.
M. Charron: Vous avez mentionné, je ne sais pas si c'est
en-dehors du texte ou à partir du texte que vous avez lu, l'existence du
comité interministériel sur la
téléinformatique.
M. L'Allier: Oui.
M. Charron: Qui sont les membres de ce comité? Huit
ministères?
M. L'Allier: Ce sont les ministères de la Justice, des
Affaires sociales, de l'Education, des Finances, du Conseil du trésor,
des Communications, Institutions financières... le huitième, je
ne l'ai pas de mémoire.
M. Charron: II existe depuis quand, ce comité?
M. L'Allier: Ce cornité a été formé
il y a un an. Il a soumis un rapport intérimaire sur les orientations et
nous nous attendons, au cours de l'été, à un rapport final
sur son travail. Communications, Institutions financières, Finances,
Justice, Education, Industrie et Commerce, Affaires sociales et Conseil du
trésor.
M. Charron: Dans les activités nouvelles
annoncées...
M. L'Allier: M. le Président, juste pour préciser
là.
M. Charron: Oui, allez-y.
M. L'Allier: C'est en date d u 30 octobre I973 que nous avons
invité les ministères en question à se former en
comité là-dessus et le comité a été
formé dans les mois qui ont suivi, donc début I974.
M. Charron: II se réunit souvent?
M. L'Allier: II se réunit régulièrement; je
ne pourrais pas vous donner la fréquence des réunions mais c'est
un comité qui fonctionne bien actuellement. Le rapport
intérimaire qu'il a soumis représente au-delà de I00 pages
assez bien documentées. Mais il faut réaliser que la
téléinformatique est un sujet extrêmement complexe pour
lequel nous avons besoin de spécialistes et des spécialistes en
cette matière, au niveau du gouvernement, nous avons un certain nombre
de difficultés quant au recrutement à cause,
précisément, des grilles de salaires qui sont assez normatives et
qui, dans les secteurs de pointe, ne nous permettent pas d'aller faire du
maraudage, disons, chez IBM ou dans l'entreprise privée.
M. Charron: M. le Président, je suis toujours dans le
même programme, à discuter peut-être les quatre
éléments à la fois, si bien que nous serons
disposés à les adopter tous ensemble.
Dans les activités nouvelles par programme, si je me
réfère à la page 79 du document que nous a remis le
ministre ce matin, on parle de "l'intention d'assurer l'entretien des
systèmes de communications internes installés d'après nos
normes et spécifications dans douze institutions de détention du
Québec." Est-ce qu'on peut avoir un petit peu plus de précision
sur ce programme à réaliser avec les crédits que nous
allons voter?
M. L'Allier: Je peux noter la question, parce qu'il faudrait que
j'aie quelqu'un des services techniques qui pourrait directement vous expliquer
ce que c'est, M. le Président.
M. Charron: D'accord, M. le Président.
M. le Président, aussi bien en parler tout de suite, quoi que
cela pourrait être fait à d'autres programmes, à quelques
reprises dans son document, le ministre fait référence aux
activités du ministère dans le Grand-Nord québécois
auprès des Indiens et Esquimaux. J'aimerais qu'on développe un
peu
plus; pour certains membres de la commission, comme pour moi, cela
paraîtrait le type d'aide accordée, quelles initiatives on a
prises. On a parlé d'émissions réalisées en leur
langue, etc., tout cela.
M. L'Allier: C'est au programme 5, M. le Président, si
vous n'y voyez pas d'inconvénient. C'est là que ces
crédits sont: le développement des
télécommunications, des media communautaires et des...
M. Charron: Très bien. J'aime d'ailleurs mieux qu'ils
soient là que dans le réseau des communications du
gouvernement.
Alors pour ce qui est du programme 1, je suis disposé à
l'adopter.
Communications gouvernementales et
renseignements
Le Président (M. Houde, Limoilou): Programme 1,
élément 1 à 4 inclusivement adopté. Programme 2.
Communications gouvernementales et renseignements.
M. Charron: Ecoutez, j'ai une question d'information. Les
programmes concernant la recherche, les moyens techniques est-ce que
c'était au programme 1?
M. L'Allier: Est-ce que vous parlez de la recherche en
télécommunications?
M. Charron: Programme 1, élément 4. M. L'Allier:
Gestion interne et soutien.
M. Charron: Non. C'est juste pour savoir où on va en
parler.
M. L'Allier: Au programme 5.
M. Charron: Au programme 5. Très bien.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Alors, programme 1
adopté. Programme 2.
M. L'Allier: M. le Président, on a groupé au
programme 5, les recherches; tout est dans le programme 5 maintenant, alors
qu'il y avait un élément de recherche qui était dans le
programme 1 au budget précédent. Il se trouve maintenant à
2.
M. le Président, si vous êtes d'accord, quand vous avez des
questions très précises, je demanderais à mes
collaborateurs de répondre directement puis ce sera inscrit en mon nom
de la même façon; autrement on fait une chinoiserie
d'interprétation.
M. Charron: Bien sûr.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Messieurs, d'accord?
D'accord.
M. Charron: C'est l'endroit, au programme 2, pour parler du
service de communications proprement gouvernementales avec la population.
Déjà plusieurs des questions que j'avais posées ont
trouvé réponse dans le document. Combien de maisons nouvelles de
Communication-Québec ont été créées?
M. L'Allier: Deux. M. Charron: Deux.
M. L'Allier: Une à Sept-lles et une à
Saint-Eustache.
M. Charron: C'est cela, ce sont les deux que vous avez
données ce matin. Je regarde une information vraiment incidente. Les
statistiques que je m'apprêtais à vous demander sont
déjà contenues dans ce document. Il y en a une qui me frappe; le
centre de renseignement de la ville de Québec est le seul, je crois,
à avoir connu une baisse dans le nombre d'appels
téléphoniques. Est-ce que l'on peut expliquer cela uniquement par
la proximité des ministères? Pourtant, les ministères y
étaient l'année d'avant autant qu'ils y sont cette
année.
M. L'Allier: II y a deux explications possibles. Nous avons
entrepris à Québec, pour la première fois cette
année, de développer un bureau régional ; je crois que
j'ai oublié de mentionner dans les nouveaux bureaux celui de
Québec, qui n'existait pas sinon à la centrale, à
l'intérieur de l'équipe de la direction générale.
Nous avons maintenant à Québec un bureau régional qui
comprend, je crois, neuf personnes, qui a été
détaché de la centrale et qui a entrepris, au cours de
l'année dernière, des tournées d'informations qui ont
réduit en partie...
M. Charron: Est-ce qu'il a pignon sur rue à quelque
part?
M. L'Allier: Au 12 rue Sainte-Anne, depuis une couple de mois.
C'est un service que l'on veut donner pour les gens de la côte de
Beaupré, Saint-Georges-de-Beauce et différentes régions
qui ont toujours un peu été oubliées à cause de la
proximité de la capitale, Québec.
M. Charron: Est-ce cela qui explique la baisse du nombre
d'appels?
M. L'Allier: En partie, je dois dire qu'elle m'étonne dans
une certaine mesure aussi, mais enfin j'imagine que les statistiques de ce qui
a pu être enregistré au 12 de la rue Sainte-Anne ne nous sont pas
encore parvenues, parce que c'est un bureau qui est en pleine formation. Maisje
pourrai apporter, si vous le voulez, des détails additionnels.
M. Charron: Montréal a connu une croissance assez grande
dans le domaine des appels téléphoniques, très peu de
demandes écrites; est-ce la nature de la maison là-bas qui fait
cela ou quoi?
M. L'Ailler: A Montréal la majorité ou
l'essentiel
des demandes sont des demandes téléphoniques. D'ailleurs
la plupart de nos bureaux réfèrent à Québec les
demandes écrites, où elles sont centralisées ; on a un
personnel spécialement préparé pour ce genre de demandes.
C'est d'ailleurs pourquoi vous voyez au bureau de Québec un fort volume
de demandes écrites. Les gens, d'une part, souvent écrivent au
gouvernement à Québec, au service des renseignements, aux
Communications, sans autre adresse et on reçoit ici probablement toutes
les demandes de renseignements écrites que les gens ne savent pas
où adresser.
Le Président (M. Houde, Limoilou): L'honorable
député de Saint-Jean.
M. Veilleux: M. le Président, est-ce l'intention du
ministre de décentraliser quelque peu ces services de
Communication-Québec qu'on retrouve par exemple à Montréal
en permettant à des centres communautaires de donner une certaine
information? Dans des quartiers, les gens peuvent être attirés
beaucoup plus vers les centres communautaires qu'au bureau de
Communication-Québec sur la rue Sainte-Catherine.
M. L'Allier: Oui, M. le Président, je pense qu'il faut
faire une distinction ici entre les bureaux régionaux en dehors de
Montréal et le bureau régional de Montréal. Le
problème qui se pose pour la communication, service aux citoyens, dans
l'agglomération urbaine de Montréal est complètement
différent de celui qui se pose dans les agglomérations en dehors
de Montréal. Si dans les autres régions les gens peuvent assez
facilement identifier les bureaux de Communication-Québec, malgré
tout le personnel qu'on pourrait concentrer à Montréal, sur la
rue Sainte-Catherine, je pense qu'on ne pourrait pas fournir le service auquel
est en droit de s'attendre la population.
Apartirde là, nous avons fait deux types
d'expériences.
Une première qui a consisté, à partir de deux
minibus, à faire circuler des agents d'information dans la banlieue nord
et sud de Montréal, et une deuxième qui a été de
travailler directement, comme je l'ai dit, ce matin, avec le Centre
d'information et de référence de l'est de Montréal, qui
est un groupe de citoyens qui a été formé à
l'origine à partir d'un projet d'Initiatives locales et pour qui nous
sommes finalement un grossiste d'information et de services. Ce groupe de
citoyens, par exemple, a fabriqué les contenus d'un bottin d'information
pour distribution dans les quartiers qu'il dessert. Nous avons assumé la
responsabilité de l'impression de mise en page de ce bottin. C'est ce
type de services que nous fournissons à ce groupe de citoyens.
Pour ma part, si vous voulez mon opinion, M. le Président, je
pense que, dans la région de Montréal, plus nous pourrons servir
comme grossiste en information, plus nous pourrons rejoindre la population de
Montréal. Les groupes qui sont les groupes charnières et qui
seraient suffisamment équipés pour accéder à
l'information sont en même temps les seuls qui sont capables de la
véhiculer jusqu'au- près des personnes qui en ont besoin et qui
ne font pas spontanément appel à une longue recherche dans les
bottins téléphoniques et au service d'information. Ce qu'on
constate et on l'a constaté, je pense, même au moment de
l'étude, dans le colloque relation Etat-citoyen, c'est qu'on peut
presque dire qu'il y a une proportion inverse de possibilités
d'accès à presque toute forme d'information; cette proportion est
inverse au volume de population. C'est-à-dire que plus les gens vivent
dans des centres densément peuplés, comme Montréal,
certains quartiers de Montréal, malgré le fait qu'il y ait dix,
douze canaux de télévision, des journaux et tout cela, lorsque
vient le temps pour ces gens d'accéder à des services en
renseignement, d'accéder à de l'information dont ils ont besoin
ou dont ils souhaitent pour des services de santé, médicaux,
juridiques, ces gens sont souvent très largement démunis et sont
même démunis des réflexes qui leur permettraient
d'accéder à cette information-là. C'est pour cela que le
problème de Montréal malgré tous nos efforts, pour ma
part, on l'a pas réglé. On est loin de l'avoir
réglé et c'est sur celui-là qu'on continue à faire
des expériences. Le groupe dont je vous parlais a reçu, l'an
passé, une subvention, je pense, de $10,000 et nous avons de ce groupe,
cette année, une demande qui est à peu près quatre ou cinq
fois plus importante que celle-là. Nous sommes à
l'étudier. A l'analyse, dans la mesure où cela dessert
effectivement une centaine de milliers de personnes, théoriquement, ce
n'est pas cher de confier à ce groupe, en services et en subventions,
$50,000 pour lui permettre de payer les frais de certains
bénévoles et lui permettre d'avoir accès à des
moyens de communication audio-visuels, cassettes, etc. C'est beaucoup moins
cher que d'avoir des équipes de professionnels qui essaieraient d'aller
communiquer avec ces gens et qui se feraient fermer la porte au nez, parce
qu'ils ne connaissent pas ce qu'est la vie dans ces quartiers.
M. Veilleux: Le ministre mentionne l'unité mobile qui
s'est promenée un peu partout. Ce matin, il faisait mention, à
titre d'exemple, de Thetford Mines, Saint-Jean. J'ai eu l'occasion de visiter
l'unité mobile lorsqu'elle est venue à Saint-Jean au centre
commercial.
M. L'Allier: Cela c'est Inf ormatour, c'est la tournée
dans les centres commerciaux qui nous a amenés dans quatorze centres
commerciaux.
M. Veilleux: Est-ce que c'est bien au programme 2?
M. L'Ailler: Oui, c'est au programme 2, vous avez raison de
l'aborder là, mais je ne veux pas qu'on mêle cela avec les deux
minibus dont je vous ai parlé qui, finalement, sont très mobiles,
qui vont arrêter dans un quartier ou dans une municipalité et qui
sont annoncés dans les bulletins paroissiaux, des choses comme
ça. Informatour c'est une autre opération.
M. Veilleux: Voici ce que j'essaie de faire voir au
ministre. Dans les régions, je vais prendre comme exemple
Saint-Jean, c'est peut-être la région que je connais le plus
autour de Montréal. Parce qu'on est à proximité de
Montréal, au gouvernement cela n'est pas seulement au
ministère des Communications on a l'impression qu'étant
donné que nous sommes à proximité de Montréal nous
avons tout à la portée de la main. Je prends une ville comme
Saint-Jean, qui dessert un environnement qui contient approximativement 276,000
âmes, parce qu'on se rend quand même jusqu'à pratiquement
Cowansville, aux Etats-Unis et à Laprairie. Moi, ce que j'ai pu
ressentir, comme député d'une région comme ça,
c'est que les gens sont réellement démunis devant l'information
gouvernementale. Je veux savoir du ministre s'il y a des possibilités
pour un député, grâce au ministère des
Communications, d'avoir dans son bureau des documents permettant à la
population de s'alimenter en information auprès du gouvernement
plutôt que toujours être obligé de recourir aux
différents ministères pour avoir des documents, que ce soit la
Régie de l'assurance-maladie, l'assurance-hospitalisation, etc.
M. L'Allier: Je pense pouvoir répondre assez positivement
à cette demande, par le biais d'un certain nombre de services qui sont
actuellement ou qui seront, dans les jours qui viennent, mis à la
disposition des députés comme de la population. D'abord, on peut
vous distribuer je pense qu'on l'a ici pour la première
fois, un catalogue des documents audio-visuels qui sont disponibles au
gouvernement. Si vous avez ça dans votre bureau, les gens peuvent le
consulter, vous pouvez en avoir cinq, huit ou dix exemplaires, les donner aux
groupes auxquels vous souhaitez les donner.
Deuxièmement, l'Editeur officiel publie, depuis un an et demi
à peu près c 'est la deuxième édition
un catalogue de toutes les publications gouvernementales qui se vendent. Ce
catalogue est extrêmement bien fait, parce que vous y retrouvez la
photographie de la page couverture du document, ce qui vous permet de
l'identifier plus facilement.Ce catalogue est distribué gratuitement
à n'importe q ui qui en fait la demande. Un député qui en
voudrait 20 copies pour donner à ses commissions scolaires, à ses
associations professionnelles peut le faire.
Troisièmement, nous sommes à compléter un bottin
qui sera probablement aussi important que le gros livre qu'on va vous donner
dans une minute, mais qui, lui, sera le répertoire des publications
gratuites du gouvernement. Ce bottin sera également accessible, vous
pouvez en avoir des exemplaires. A partir de là, vous pourrez commander
les publications gratuites que vous souhaitez avoir dans votre bureau ou que
vous souhaitez voir ailleurs et dans le nombre que vous souhaitez.
J'ajouterais à ça qu'à partir du mois de septembre
le réseau Zenith de renseignements téléphoniques permettra
de n'importe quel point au Québec, à n'importe quel citoyen, de
communiquer gratuitement, sans interurbain, avec une centrale de renseignements
sur les services gouvernementaux. Je pense que c'est aussi un facteur
extrêmement important; donc, il faudra que le député ou les
agents de liaison, si vous voulez, fassent la transmission de ce service. Nous
avons l'intention de faire de la publicité, évidemment,
là-dessus.
Finalement, vous aurez, à la troisième semaine du mois de
mai, ce fameux Guide du citoyen que nous annonçons depuis un an, mais
qui est sous presse actuellement. Il sera plus volumineux qu'on ne l'avait
imaginé; il aura au-delà de 400 pages et se vendra $1.50, ce qui
est inférieur au coût de réalisation et de distribution du
document. Donc, on le vend à perte, mais il faut quand même le
vendre à ce stade, quitte éventuellement, dans deux ou trois ans,
si effectivement ça répond à un besoin, à ce qu'on
en fasse un service public, comme un bottin téléphonique et qu'on
le distribue tous les ans ou tous les 18 mois, mais ce sera disponible.
Pour ce Guide du citoyen, que nous voulons diffuser au maximum et qui
sera tiré à 50,000 exemplaires, je pense, dans un premier temps,
nous ferons appel à une agence qui se spécialise dans la
distribution dans les tabagies, dans les centres de vente. Ce sera accessible
dans les tabagies. Il y a aussi les programmes qui sont prévus par
lesquels on offrira aux camelots ou porteurs de journaux d'en vendre de porte
en porte sur leur circuit de vente de journaux. Enfin, on ne négligera
aucun moyen qui est à la disposition de ceux qui veulent vendre des
publications pour rendre accessible le Guide du citoyen.
Je ne dis pas qu'il sera parfait, c'est la première
édition. Nous souhaitons que, sur cette première édition,
une solide réaction se fasse pour qu'on puisse corriger la
deuxième édition. Je souligne, plus particulièrement
à l'intention des députés de Taschereau et de
Saint-Jacques, que ce Guide du citoyen, dont il avait été
question au moment du colloque sur la relation Etat-citoyen, a fait l'objet
d'une lecture, dans sa version préfinale, par un groupe de lecture de
quatre ou cinq personnes qui, elles-mêmes, avaient participé au
colloque sur la relation Etat-citoyen. On leur a demandé de lire le
document pour le commenter dans l'optique précisément de ce qui
avait été discuté au colloque. Leurs commentaires ont
été incorporés et ont servi à corriger
l'édition définitive.
M. Veilleux: Lorsqu'un ministère ou une régie
produit un document... Je vais donner comme exemple le ministère des
Transports qui a produit dernièrement un document sur les nouveaux
points de démérite.
M. L'Allier: Oui.
M. Veilleux: Lorsque le ministère des Transports, par
exemple, fait un document de cette nature ou, à titre d'exemple, l'aide
juridique ou le ministère de la Justice pour la nouvelle loi du code des
loyers, etc., est-ce que tout ça est acheminé au ministère
des Communications ou si c'est le ministère qui dispose directement de
ça vis-à-vis de la population?
M. L'Allier: D'une façon générale, c'est le
ministère qui dispose directement de ses documents. Nos bureaux
régionaux ont, évidemment, accès à ça.
Pour répondre très directement, nous avons
créé, à l'intérieur du Service de renseignement au
citoyen, une nouvelle petite division qui s'appelle Distribution et qui a pour
but de répondre très précisément à ce genre
de problèmes. C'est un fait que même pour nous, il n'est pas
toujours facile de savoir quel document existe dans tel ou tel
ministère. Pour alimenter cette banque qui doit servir ceux qui nous
téléphonent ou nous écrivent et les relayeurs que
pourraient très bien être les députés, parmi
d'autres, nous entreprenons, à compter de lundi de la semaine prochaine,
une tournée de tous les ministères. Le sous-ministre a d'ailleurs
écrit à tous ses homologues, à tous ses collègues
des autres ministères. Nous rencontrons le directeur des communications
et nous mettons au point, avec le directeur des communications des
ministères, une procédure pour recevoir, de façon
absolument systématique, ces documents, en saisir nos relayeurs, ceux
qui sont susceptibles de les utiliser. En outre, nous avons l'intention, pour
ces documents, de fournir des listes de mise à jour très
fréquemment, avec une description très sommaire de ce qu'ils
comportent.
C'est un moyen nouveau que nous nous donnons de mieux utiliser la
production gouvernementale et de mettre un peu d'ordre dedans, parce que c'est
effectivement très complexe de s'y retrouver.
M. Veilleux: Quand cela sera fait, est-ce qu'il y aura
possibilité que les listes en question et un exemplaire des documents,
s'ils sont disponibles, soient envoyés systématiquement aux 110
députés de l'Assemblée nationale? Pourra-t-on leur faire
savoir où se les procurer, de quelle façon se les procurer, afin
que nos secrétaires, au moins, en aient connaissance pour pouvoir faire
appel au ministère concerné ou au ministère des
Communications?
M. L'Allier: Dans un premier temps, nous pouvons très bien
vous faire parvenir la liste des publications gratuites, et vous verrez que ce
ne serait pas nécessairement un cadeau de tout recevoir. Il y en a un
nombre incalculable, de nature souvent très spécialisée,
mais nous serons en mesure de nous les procurer. Nous allons faire des
arrangements pour que les ministères qui en font parfois une impression
restreinte, pour une clientèle très définie, qui est de
2,000 ou 3,000 personnes, étant saisis de la demande de nos
interlocuteurs, qui peuvent être en l'occurrence les
députés, puissent mettre à leur disposition à la
fois une description sommaire de ce dépliant et leur demander s'ils
veulent en recevoir un exemplaire. Ce serait peut-être plus simple que de
l'envoyer automatiquement. Vous risqueriez, je ne vous le cache pas,
d'être inondés.
M. Veilleux: Je ne dis pas un exemplaire de tous les documents,
mais il y a quand même une grande catégorie de documents ou de
résumés de lois, de mesures qui sont prises dans un
ministère qui sont en petites brochures. A titre d'exemple, les points
de démérite. Il y a certainement un exemplaire qui pourrait
être envoyé aux 110 députés. Ce que la population
demande dans nos comtés, compte tenu de l'expérience que j'ai
dans mon bureau de comté, c'est surtout ces documents que la population
recherche à titre d'information. Même, parfois, en en ayant un
exemplaire à notre bureau, cela peut faciliter d'autant la tâche
de notre secrétaire qui doit véhiculer cette information soit par
téléphone ou par des visites que les gens font à nos
bureaux.
M. L'Allier: M. le Président, là, on est toujours
coincé, finalement, avec un problème, pour employer une
expression qui a été employée tout à l'heure,
à deux visages ou à deux faces, en ce sens qu'on se fait dire
l'une de deux choses: Ou on en envoie trop et les gens ont des papiers
par-dessus la tête, n'ont pas ceux qu'ils veulent, sont dedans mais ne
les ont pas vus, ou on n'en envoie pas assez. Les ministères, d'une
façon générale, expédient les documents qu'ils
publient aux députés. Il y en a qui ne le font pas.
Là-dessus, nous, on a beau répéter, quand on les
rencontre, par écrit ou autrement, au Service de l'information, la
façon dont ils devraient procéder, on n'a aucun contrôle
là-dessus. On n'a même pas un contrôle de
vérification. Chaque ministère est autonome, chaque organisme est
autonome également. A partir de là, ce dont a parlé M.
Loiselle tout à l'heure, comme service, pourra probablement fonctionner
d'une façon systématique, comme vous l'avez indiqué, avec,
cependant la conséquence que vous recevrez, à partir de
là, bon nombre de documents deux fois, parce qu'il y a des
ministères qui continueront à les acheminer quand même. A
un moment donné, vous en recevrez du ministère des Communications
et vous recevrez le même document directement du ministère
concerné. A ce moment-là, il se trouvera probablement des gens
qui vont me dire: Bien oui, mais on n'a pas besoin de recevoir cela deux fois,
c'est du gaspillage. Je répondrai qu'on est mieux de l'avoir deux fois
et d'en donner un, que de ne pas en avoir du tout.
M. Veilleux: Qu'au moins je le reçoive une fois.
M. L'Allier: On essaie aussi c'est un autre point qui
n'est peut-être pas mineur, mais qui est peut-être moins important
de rendre cohérentes les listes d'adressage au niveau du
gouvernement, non pas de les centraliser mais les rendre cohérentes pour
qu'au gouvernement, la liste des agronomes soit la même pour tout le
monde, pour qu'au Québec, par exemple, il n'y ait pas une liste des
agronomes à la Régie de l'assurance-récolte et une autre
au ministère de l'Agriculture, une troisième, une
quatrième ailleurs, etc.
Ce qui fait que les gens ne reçoivent pas tous les documents.
Nous avons commencé de ce côté-là. Et au fur et
à mesure de la normalisation des équipements d'adressage, on peut
intervenir de ce côté-là et corriger ça. Mais
ça va prendre un certain temps et il y aura toujours des lacunes,
finalement.
M. Veilleux: Est-ce ici que l'on peut parler du bottin
téléphonique du gouvernement ou si c'est à un autre
programme?
M. L'Allier: D'accord, on peut en parler, si vous voulez. En
fait, c'était dans le programme 1, dans les services de soutien, mais on
peut en dire un mot.
M. Veilleux: C'est parce qu'on en a reçu un il n'y a pas
tellement longtemps.
M. L'Allier: Oui, oui.
M. Veilleux: Moi, par expérience, j'ai
téléphoné à quelques endroits et c'était le
mauvais numéro; il y avait déjà eu des changements.
M. L'Allier: II y a deux facteurs qui jouent, il y a d'abord le
facteur de la mobilité à l'intérieur de la fonction
publique. Deuxièmement, au moment de constituer ce bottin, nous ne
faisons pas d'enquête, nous n'avons pas des gens sur le territoire qui
vont relever les numéros de téléphone avec les noms. On
prend l'information que les ministères nous donnent. Toute
l'opération se fait en deux mois au maximum, on essaie de la faire la
plus rapprochée possible, de compiler ça. Il y a des
ministères qui fournissent l'information en retard, ce qui retarde
l'opération, mais tous les numéros de téléphone
inscrits sont ceux qui nous ont été fournis par les
autorités administratives des personnes qui sont inscrites au
bottin.
C'est d'ailleurs pour ça, je le souligne, qu'on fait deux bottins
téléphoniques par année plutôt que d'en faire un
seul. Au début on en faisait un et on s'est rendu compte que
c'était assez vite dépassé.
Alors, en faisant deux bottins par année, on rend plus efficace,
si vous le voulez, le bottin, à l'automne et au début du
printemps.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le député
de Taschereau.
M. Bonnier: M. le Président, si ma question est hors du
sujet, je vous prierais de me le laisser savoir. C'est parce qu'elle ne se
réfère pas seulement au programme 2 mais, disons, à
l'ensemble de l'information dont a besoin le citoyen au bout de la ligne, en le
prenant, lui, le citoyen, comme le centre ou l'objectif à atteindre. On
sait qu'il y a de l'information générale que le citoyen attend
sur ce qui existe comme services mais aussi les renseignements dont il a besoin
et que bien souvent le député est obligé de lui
communiquer quant aux services réels que rendent tel et tel
ministère.
Il y a aussi l'Editeur officiel. J'avais une question sur l'Editeur
officiel pour savoir à quel point ses magasins étaient efficaces.
Les publications distribuées par l'Editeur officiel, par ses magasins ou
je ne sais pas, ses moyens de communication, ses centres de documentation, le
fait que nous ayons des bureaux, des fonctionnaires qui sont responsables de
certains bureaux de renseignement, le fait que des organismes communautaires
puissent être utilisés comme relais, et le fait aussi que le
citoyen a besoin de renseignements précis, non seulement qu'il va
retrouver dans le Guide du citoyen mais des explications sur le type de
services qu'il peut recevoir des ministères, est-ce que tout ça
peut être relié à un point central où le citoyen va
se retrouver facilement?
M. L'Allier: M. le Président, le coeur de ça, c'est
la centrale de renseignements dont l'outil principal sera le système de
téléphone Zénith. Nous allons mettre beaucoup
d'information sur l'utilisation de ce système. Cette centrale de
renseignements aura, ici même à Québec, un certain nombre,
disons, de pupitres, comme on peut en retrouver dans une salle de
rédaction, spécialisés dans le social, l'éducatif,
la justice, les services, etc. Et c'est à partir de là qu'on
constituera une banque de renseignements, de sorte que lorsque le citoyen
communiquera avec le système Zénith, les directives qui seront
données au personnel de renseignement n'est pas de dire: Rappelez
à tel endroit, appelez ailleurs, mais de fournir le renseignement.
Et là, on fait une distinction très nette entre deux types
de demandes. La demande de renseignement factuelle, c'est facile à
identifier au moment du contact et, à ce moment-là, nous
fournissons le renseignement. Ou le cas soumis par un citoyen, un cas qui
l'implique dans une action précise de l'administration. Dans ce cas, le
réseau de renseignements ne répondra pas, n'essaiera pas de
diagnostiquer le problème mais fera appel, à ce moment-là,
à un réseau de correspondants préidentifiés dans
chacun des organismes et dans chacun des ministères. C'est ce que nous
sommes à constituer actuellement. Des personnes identifiées. Nous
communiquerons avec cette personne qui, elle, aura la responsabilité de
rappeler le citoyen.
En d'autres mots, ce que nous visons à faire, c'est que
lorsqu'une personne entrera en contact, soit parce qu'elle aura eu
l'information dans le Guide du citoyen ou autrement, avec la centrale de
renseignements, dans sa région, dès qu'elle aura posé le
geste de faire l'appel téléphonique et d'exposer son
problème ou sa question, à partir de ce moment, nous ne le
référerons pas à toute une série de portes, de
ministères ou de directions.
C'est lui qui devient le client et c'est nous qui lui fournissons ou le
renseignement ou, alors, une réponse à son cas particulier. C'est
l'objectif du service et c'est cela que, dès le mois de septembre, nous
serons en mesure, je pense, du moins de commencer à fournir, quitte
à le corriger.
Nous avions le choix d'opter pour la constitution d'une énorme
banque de renseignements dont la moitié, peut-être, n'auraient pas
servi ou, alors, de constituer une banque de renseignements plus modeste
à partir des expériences de nos bureaux régionaux. Cela
aura pour effet, dans un premier temps, peut-être, qu'on sera face
à des questions dont les réponses ne se trouvent pas dans les
fichiers, mais qu'on constituera finalement une banque de renseignements
réels à partir des demandes réelles, de sorte qu'on ne
retrouve pas là-dedans des tas de choses qui ne servent jamais à
personne, mais qu'on retrouve véritablement les questions qui sont
posées.
Je fais appel ici à l'expérience de chacun des membres de
la commission; dans chacun de vos bureaux de comté, si vousfaites la
classification des
demandes de renseignements ou des cas qui vous sont soumis sur une
période d'une année, en supposant que vous ayez 1,000 demandes de
renseignements, 1,000 visites ou 1,000 cas, vous pouvez probablement les
classifier en quelque 200, 250 types de problèmes. Enfin, il y a des
recoupements assez réguliers qui se font sur les dates, par exemple,
d'émission des chèques au service social, sur les dates
d'inscription pour tel programme d'étude, sur l'assurance-chômage,
etc.
J'ajouterais une dimension qu'il est peut-être intéressant
de souligner, c'est qu'à partir de cette centrale de renseignements nous
aurons aussi une entente ou des correspondances avec les autres niveaux de
gouvernement, fédéral et municipal, pour ne pas dire aux gens:
Cela, c'est fédéral, cela ne nous regarde pas. Le citoyen, lui,
s'en fout, finalement. S'il a un problème de main-d'oeuvre, que sa
réponse vienne d'Ottawa, de Québec ou du municipal, il a un
problème. Alors, plutôt que lui dire: Appelez le gouvernement
fédéral, nous aurons des contacts avec eux et nous ferons en
sorte qu'ils obtiennent le même service qu'ils auraient obtenu si cela
avait été un problème provincial, la même chose au
niveau municipal.
Le Président (M. Houde, Limoilou): L'honorable
député de Saint-Jacques.
M. Charron: Vous me surprenez, M. le Président.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Programme 2,
adopté?
M. Charron: Non. Je ne veux priver aucun membre de la commission
de parlersur ce sujet, s'il y en a d'autres, parce que moi, j'ai l'intention de
quitter ce sujet pour parler du supplément dans le Monde. Est-ce que les
gens veulent encore discuter de cela? Bon.
Le Monde! La question que j'ai envie de poser, M. le Président,
au ministre, c'est: Croit-il que l'investissement a rempli son rôle, tout
simplement?
M. L'Allier: Personnellement, M. le Président, je pense
que oui. Je pense que l'investissement a rempli son rôle. Quand on dit
qu'en chiffres absolus le projet du Monde et du Monde diplomatique a
coûté $104,000 au total pour un cahier spécial, il faut se
souvenir que le Monde tire à 500,000 exemplaires et que le Monde
diplomatique tire à 11,000 exemplaires. Dans les deux cas,
l'opération a coûté au total $104,000 et a
coûté, en plus, $24,000 de publicité.
Tout ce que je dirais là-dessus, c'est que c'est une chose
normale dans Le Monde et tous les pays en font, finalement. Après le
Québec, dans les semaines qui ont suivi, le Japon avait un cahier
à peu près identique dans Le Monde, à l'occasion d'une
visite à Paris d'un haut visiteur japonais, etc.
D'ailleurs, ce matin, je faisais la comparaison avec un cahier
spécial qui a été publié dans le Financial Times en
1973 et qui avait coûté $75,000 pour un tirage de 150,000 copies,
par exemple, en anglais.
Nous essayons, chaque année, avec des moyens quand même
assez modestes, d'assurer une présence assez diversifiée du
Québec un peu partout. Je peux dire, pour ma part, que, dans le cas du
supplément du Monde, nous étions sollicités par Le Monde
et par la délégation générale du Québec
depuis un an. Nous avions rencontré les ministères. Certains
étaient d'accord, d'autres étaient réticents.
On essaie d'obtenir une masse suffisante, si vous voulez, de
présences pour que cela vaille la peine d'y aller avec une page ou deux.
On doit di re, à ce moment-là, que la visite du premier ministre
créeait un intérêt additionnel et une occasion
additionnelle intéressante, si vous voulez, pour rentabiliser encore
cette présence et faire valoir différents aspects de la vie
québécoise.
Or, c'était une occasion dont nous avons profité. A ce
moment-là, nous avons, nous payé pour la création de
l'annonce. Nous avions notre participation et les autres ministères,
chacun pour lui, ceux qui l'ont voulu d'ailleurs, ont investi, ont
acheté une page, un quart de page, ou une demi-page.
M. Charron: Qui, à l'intérieur du ministère,
a eu la responsabilitéducontenu, je dirais, pédagogique du
supplément et qui a eu la responsabilité de la section
publicité?
M. L'Allier: C'est la Direction générale des
communications qui a contribué à la préparation, si vous
voulez, du format publicitaire. Le contenu rédactionnel d'un journal
comme le Monde, malheureusement ou heureusement, échappe à tout
contrôle, si vous voulez. Le Monde, en nous disant: Nous croyons qu'il
est opportun de faire un supplément pour le Monde, voilà les
aspects que nous aimerions couvrir, nous propose une gamme de rédacteurs
et ils essaient de nous convaincre que c'est suffisamment sérieux pour
que cela justifie, si vous voulez, l'investissement qu'on s'apprête
à faire. Ce sont eux qui sont maîtres; nous ne lisons pas les
articles, nous ne choisissons pas les collaborateurs.
M. Charron: Vous ne choisissez pas les collaborateurs, mais
est-ce que le Monde a demandé à la Direction
générale des communications de lui signaler certaines
personnes-ressources, de faire un peu le contact entre ces personnes-ressources
et le rédacteur éventuel d'un article sur tel et tel aspect de la
vie québécoise, de sorte que cette personne puisse écrire
avec suffisamment de renseignements?
M. L'Allier: Le Monde a utilisé, pour ce faire, son
correspondant ou son ancien correspondant à Montréal. Tout ce
qu'on a eu, nous, c'est une proposition d'une couverture, en nous disant
qu'elle pouvait varier selon la disponibilité des gens.
Là-dessus, on pouvait avoir chez nous ou ailleurs des réticences,
mais on n'y pouvait rien et je crois que c'est tout à fait normal.
Ce n'est pas la même chose qu'un encart qu'on ferait imprimer
à nos frais, d'ailleurs, qui n'a pas la même
crédibilité, il faut bien le reconnaître.
M. Charron: Une autre question au ministre, maintenant, M. le
Président. Qui a pris la décision politique de répondre
à cette invitation du Monde? Est-ce le ministre des Communications ou le
bureau du premier ministre?
M. L'Allier: Tout ce que je peux vous dire, M. le
Président, c'est que je n'ai pas eu à décider de
répondre à une invitation du Monde. La délégation
sollicitait, semble-t-il, le ministère pour faire un cahier
spécial dans le Monde à un moment donné. La visite du
premier ministre a probablement été le catalyseur qui a fait que,
profitant du fait que le premier ministre était là-bas, qu'il
aurait une couverture de télévision, etc., cela mettait en valeur
l'investissement qu'on pouvait faire en termes de publicité.
Mais, à ma connaissance, on ne m'a pas soumis pour
décision le problème: on fait ou on ne fait pas un cahier dans le
Monde.
J'étais moi-même en France, je crois, à cette
époque, en tout cas à l'extérieur. J'ai rencontré
ou j'ai communiqué avec le représentant du Monde, qui
était de passage au Canada, qui allait à Toronto pour solliciter
l'Ontario et qui me relançait après quelques mois
d'écriture, si vous voulez.
Et, revenant, apprenant la visite, à ce moment, on a
trouvé l'occasion très heureuse. Voilà comment cela a
démarré, si vous voulez. Il n'y a pas eu de décision
politique, cela faisait un an qu'on attendait ou qu'on préparait un peu
ce numéro, qui aurait pu arriver six mois après, je le
conçois très bien.
M. Charron: Ecoutez, je n'essaie pas de faire une recherche
à la Jean-Noël Tremblay de peccadille; et je ne veux surtout pas
non plus en faire une bataille de cents et de piastres. Je veux simplement
savoir comment était cette initiative politique, qui est
appréciable et qui doit être appréciée, à sa
juste valeur ailleurs, parce qu'elle a quand même fait du bruit. Elle a
permis à un certain nombre de, disons-le, démagogues de faire du
capital politique sur cette question; elle a permis, d'autre part, àdes
gens de se croire plus importants qu'ils ne l'étaient. Peu importe ce
passé, c'est juste pour savoir comment des décisions de cet
ordre, qui comportent quand même $100,000 et plus, viennent à
être prises. Est-ce que cette somme était déjà
prévue dans les budgets de l'année dernière et a
été p uisée à même le budget de $4
millions?
M. L'Allier: C'est effectivement le cas, les ministères
ont des crédits pour des numéros spéciaux. Nous avons des
réunions avec eux trois ou quatre fois par année pour examiner la
liste des propositions qui sont faites. Je peux vous dire qu'on en a des
dizaines et parfois même des centaines et on est obligé de faire
des choix parmi celles-là. Comme je le disais tout à l'heure, on
essaie d'avoir une présence à l'étranger: au Japon, aux
Etats-Unis et en France, bien entend u. Le cas du Monde avait
déjà été abordé et il y avait à ce
moment quatre ou cinq ministères, si vous voulez, qui étaient
intéressés et d'autres q ui ne l'étaient pas. Cela ne me
paraissait pas, à moi en tout cas, valable. Par la suite, la visite
ayant lieu, cela nous paraissait un argument suffisamment valable pour relancer
cette idée. C'est là que nous avons relancé les
ministères qui ont accepté d'y participer, les organismes qui
nous paraissaient intéressants.
M. Charron: A quel moment le bureau du premier ministre a-t-il
été informé de cette décision-là à
l'intérieur de la direction?
M. L'Allier: J'ai l'impression que le représentant du
Monde n'a pas manqué, de son côté, également,
d'intervenir ou de faire savoir que le projet avait lieu au cabinet du premier
ministre. En tout cas, il me l'a dit, mais à quel moment, je ne me
souviens pas très exactement. C'était certainement après
notre conversation.
M. Charron: Autrement dit, c'est une fois que vous ayez pris,
à la Direction générale des communications, cette
décision que votre collègue français a pris sur
lui-même d'informer le bureau du premier ministre?
M. L'Allier: II a communiqué avec le cabinet du premier
ministre, comme il le fait d'ailleurs fréquemment et comme plusieurs
journaux le font qui nous refile le problème, ou on le refile.
Dans ce cas-là, nous avions certainement engagé la
discussion avec eux avant de recevoirquel-que directive politique que ce
soit.
M. Charron: II y a eu combien de temps entre la décision
et la parution?
M. L'Allier: Je ne me souviens pas exactement des dates, mais
plusieurs semaines et même plusieurs mois, je crois.
M. Charron: II était déjà
décidé, lors de votre entente avec cet interlocuteur
français, que cela coïnciderait avec le séjour du premier
ministre?
M. L'Allier: A ce moment-là, on a posé comme
condition à la demande initiale que nous serions
intéressés à le faire maintenant, alors qu'on lui avait
dit: Cela peut très bien ne pas marcher maintenant; on verra plus tard.
On a accepté de le faire, à la condition qu'ils puissent nous
promettre de le publier en liaison avec cela, parce que c'est cela que les
ministères jugeaient intéressant et valable.
M. Charron: Dernière question là-dessus. Les
contrats de publicité qui accompagnaient, qui finançaient aussi
en partie, ont été recrutés comment? Ceux des
ministères, ceux des sociétés, des régies qui, en
fait, accompagnaient...
M. L'Allier: Cela a été recruté comment? Au
cours des rencontres et des discussions avec les gens des ministères, si
vous voulez, qui nous ont dit d'accord. Nous, on leur a expliqué quels
étaient les tarifs ils avaient d'ailleurs les documents entre les
mains et on leur a demandé s'ils étaient d'accord pour une
demi-page ou un quart de page conformément au projet qu'on avait mis.
C'est là qu'ils nous ont dit: Voilà, nous on est prêt
à faire tel ou tel
ordre de grandeur d'investissement, un quart de page ou autrement. Nous
avons fait faire la création, si vous voulez, et le reste, cela a
été de l'achat d'espace dans le journal Le Monde qui a
facturé chacun selon son investissement.
M. Charron: Qui étaient les concepteurs de la
publicité? Est-ce une agence?
M. L'Allier: C'est BCP Montréal.
M. Charron: C'est BCP. Pour l'ensemble des ministères?
M. L'Allier: Oui. Nous avons créé, pour avoir un
meilleur impact, un format unique, variant uniquement les contenus,
ministère par ministère. Cela a été
l'investissement du ministère des Communications.
M. Charron: Très bien.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Programme 2,
adopté?
M. Charron: Non, M. le Président. Il y en a un certain
nombre auxquelles on a répondu d'avance dans le document. Permettez-moi
de vérifier, M. le Président.
L'année dernière, nous avions discuté de cette
politique générale du ministère qui, dans ses relations
ça rejoint un peu ce qu'on vient d'avoir comme discussion
avec les autres ministères, avait préféré leur
laisser leur propre service d'information et plutôt agir en tant que
conseiller. C'était la façon d'agir habituelle.
Est-ce qu'aujourd'hui on peut dire que cette expérience est
concluante? Dans certains cas, n'est-il pas apparu dans la pratique
préférable au ministère d'être l'émetteur de
l'ensemble de l'information gouvernementale et non simplement d'agir comme
conseiller?
M. L'Allier: Je pourrais amorcer la réponse
là-dessus.
La réponse là-dessus, c'est qu'en termes
d'efficacité de l'information, si on se place au niveau de l'information
administrative, une chose me paraît évidente ; c'est que dans la
mesure où on remet dans les ministères la responsabilité
de l'information, il y a une meilleure insertion des conseillers en
communications dans les processus décisionnels. Donc, ces gens font
partie du ministère et, dans la mesure où ils sont
compétents, ils sont intégrés dans les processus
décisionnels.
Le rôle de conseil que l'on joue, c'est précisément
d'amener les ministères à intégrer dans leur processus
décisionnel les conseillers en communications pour que ces gens
interviennent pendant que les décisions se prennent pour en identifier
les contraintes en information et en communications.
La conclusion à laquelle j'en arrive, c'est que l'information,
que j'appellerais promotionnelle, des ministères est meilleure qu'elle
le serait si nous nous en occupions comme ministère centralisé.
C'est-à-dire que le ministre de l'Agriculture ou le ministère des
Affaires sociales, étant responsable de son information, peut aller
chercher plus de personnel et avoir un budget proportionné à son
propre ministère, et l'information, ses publications, sont meilleures
que si on s'en occupait.
L'information au citoyen n'est pas du même coup
améliorée, cependant. C'est là, par exemple, qu'on joint
un contrepoids par l'effort que nous mettons, nous, à nous placer
davantage dans l'optique du service au citoyen plutôt que d u service au
ministère, en termes d'information et de communications.
Ce qui amène à faire maintenant trois cases dans
l'information gouvernementale. Il y a l'information politique, les
attachés de presse; l'information administrative, que j'appellerais
promotionnelle, qui est la responsabilité de
l'entreprise-ministère; il y a celle que nous sommes en train de
dégager et qui est une priorité pour nous cette année,
pour l'année prochaine aussi et les années à venir, qui
est l'information service, où on vadécoder à partir de
l'information administrative, ce qui est immédiatement utilisable et
nécessaire pour le citoyen.
Donc, en ce sens, je n'aurais pas l'intention de revenir sur cette
décision et de récupérer les services d'information qui
sont dans les ministères à cause de toutes les tracasseries que
ça peut causer en termes de mobilité de personnel, etc.
Cependant, nous voulons agir, cette année, beaucoup plus que nous
ne l'avons fait dans le passé, sur au moins deux aspects, celui de
conseiller les ministères qui le voudront bien, parce que nous n'avons
pas l'intention de prendre aucune autre mesure que la persuasion, pour ce qui
est de l'utilisation des moyens de communication, et surtout pour moi
cela me paraît une priorité d'avoir une action sur le
recrutement, la formation et le recyclage du personnel de communications au
gouvernement.
L'Etat, l'administration publique, comme employeur, a des besoins et des
contraintes qui sont largement différentes de celles des entreprises
privées. Il faut de plus en plus définir ce type de travail et
avoir une influence non seulement au moment du recrutement par les
ministères mais dans le recyclage et la mobilité comme conseil de
ce personnel à l'intérieur des réseaux de communications
administratifs pour, ultimement, en arriver à toucher les centres de
formation, en arriver à faire en sorte qu'à l'université
Laval ou au CEGEP de Jonquière ou à l'Université de
Montréal, on dise: Nous, on peut engager, par année, x personnes
qui ont tel profil. Faites-nous des gens comme cela.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Autres questions au programme
2?
M. Charron: Oui, j'en ai d'autres, M. le Président.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Alors la commission ajourne
ses travaux à demain, après la période des questions.
(Fin de la séance à 22 h 59)