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Commission permanente de l'éducation,
des affaires culturelles et des communications
Etude des crédits du ministère des
Communications
Séance du vendredi 25 avril 1975
(Onze heures seize minutes)
M. Houde, Limoilou (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A
l'ordre, messieurs!
Ce matin, M. Caron (Verdun) remplace M. Parent (Prévost). Le
député de Saint-Jacques.
Sondage sur l'information gouvernementale
M. Charron: M. le Président, avant d'aborder d'autres
questions, puisque, hier, les questions du député de Saint-Jean
et d'autres ont amené le sujet sur l'information gouvernementale et la
relation Etat-citoyen au chapitre des communications, j'aimerais rester dans ce
domaine et m'informer, auprès du ministre, de la tenue d'un sondage que
le ministère des Communications aurait fait auprès de la
population sur l'information gouvernementale comment était-elle
perçue et qui avait été fait au cours de l'exercice
financier terminé.
M. L'Allier: M. le Président, je pense que le
député de Saint-Jacques fait référence à une
des étapes de l'étude sur la relation Etat-citoyen. Les documents
relatifs à cette étude sont disponibles. Je peux lui remettre les
documents. Ils sont disponibles pour ceux que cela intéresse. Le sondage
téléphonique s'est fait sous la direction de M. Vincent Lemieux,
je pense, de l'université Laval, si ma mémoire est exacte. Je
pourrai lui donner plus de renseignements dans une minute.
S'il le veut, pendant qu'on me donne les références
exactes, je pourrais répondre à deux questions qui ont
été posées hier, la première sur le nombre d'appels
téléphoniques... J'ai bien hâte, en passant de savoir
pourquoi, effectivement, année après année, on demande le
nombre d'appareils téléphoniques. L'an dernier, nous avions
32,500 appareils téléphoniques à quelques dizaines
d'unités près. Cette année, le nombre d'appareils
téléphoniques est de 36,400 répartis comme suit:
Québec, 19,200; Montréal, 7,200 et, en dehors de Québec et
de Montréal, 9,000. Or, l'an dernier, le décompte se faisait
comme ceci: Québec, 13,000; Montréal, 6,500 et 13,000 en dehors
de Québec et de Montréal. Il y a un déplacement qui s'est
fait dans la mesure où on a établi le réseau Centrex dans
la région de Montréal. Il y a un nombre d'appareils qui sont
maintenant comptabilisés dans cette région, ce qui diminue la
périphérie.
Au total, il y a une augmentation d'à peu près 4,000
appareils téléphoniques, au Québec, au cours de la
dernière année.
Il y avait une deuxième question qui m'avait été
posée au sujet des centres de détention et sur ce qu'on y faisait
en fait de communications. Il s'agit essentiellement de l'entretien des
systèmes de communication interne. C'est une des fonctions du
système de communications interne dans les centres de détention
et d'assurer la sécurité du personnel de surveillance. Il faut
donc que ces systèmes soient maintenus en parfait ordre de
fonctionnement par des firmes spécialisées dans ce domaine. Nous
faisons ce travail à la demande du ministère de la Justice. Notre
service, en collaboration avec le ministère des Travaux publics, fait
installer dans les centres de détention du Québec un
système de communications interne servant à la
sécurité des centres. Je peux vous donner les douze centres de
détention où cela a lieu: Baie-Comeau, Rimouski, Joliette, Hull,
Roberval, Sherbrooke, Rivière-du-Loup, Chicoutimi, Saint-Joseph, Amos,
Sorel et Montmagny. Pour Montmagny, le projet est en discussion.
M. Charron: D'accord.
M. L'Allier: Maintenant, pour revenir à la question que
vous posiez, j'aimerais que vous la reformuliez pour être bien sûr
que...
M. Charron: C'est un sondage. Je ne crois pas que ce soit le
sondage dont vous m'avez parlé qui, lui, était dirigé
à partir de l'université Laval, je pense, mais un sondage qui
aurait été confié par le ministère des
Communications à une firme spécialisée, la firme Plurimar,
je crois. Quelle est la nature de ce sondage exactement?
M. L'Allier: M. le Président, pour répondre
précisément à la question du député de
Saint-Jacques, en fait, je vais lui donner ici ce qui était
décrit dans la demande du Conseil du trésor, pour le sondage de
Plurimar. Dans un deuxième temps, M. Loiselle pourra compléter
sur cette opération. Je dois dire que nous n'avons pas été
tellement satisfaits des travaux de la firme Plurimar et que, pendant au moins
une année, il y a eu une contestation de la facturation et tout cela.
Finalement, sur avis du ministère de la Justice et des conseillers
juridiques, nous avons réglé le contrat, mais nous
n'étions pas entièrement satisfaits de la façon dont le
travail professionnel avait été fait. Il s'agissait d'engager
à honoraires la firme Plurimar pour effectuer une recherche sur le
comportement du citoyen québécois globalement et par
région et pour déterminer ses sources et ses démarches,
ainsi que ses besoins en information.
C'est en évaluant les résultats de ces travaux en
information au cours des années soixante-dix que la direction
générale des communications s'est aperçue de cette
difficulté de plus en plus grande de rejoindre le public. Certaines
couches de la population manifestent de la passivité, d'autres y
attachent beaucoup d'intérêt. C'est comme si le public se
morcelait de plus en plus. Pour quelles raisons et quels sont ces publics? Ce
sondage vise précisément à définir la façon
dont le public perçoit l'information afin de pouvoir la lui transmettre
par les
canaux appropriés. Cette étude apparaît comme la
clé de voûte sur laquelle la direction générale des
communications doit conseiller le ministère en matière
d'interrelations Etat-citoyens qui se référait pour appuyer sa
stratégie de communications sur du concret et justifier l'importance des
moyens à mettre en place.
Je ne peux vous donner les étapes du projet qui étaient
décrites dans le contrat en fait proposé avec la firme Plurimar.
Observations du fonctionnement des centres de renseignement et des services
d'information dans les ministères.
Deuxièmement, étudier les hypothèses en vue de
l'élaboration d'un questionnaire pour les phases 3 et 4.
Troisièmement, cueillette des informations au moyen de courtes
entrevues téléphoniques selon un échantillon
aléatoire de 2,700 non proportionnel à la densité de
population des régions.
Quatrièmement, cueillette des informations par entrevues à
domicile auprès d'un échantillon de 2,700 proportionnel à
la densité de la population des régions.
Cinquièmement, contrôle de la qualité des
interviews, codification, poinçon, production des résultats,
etc., etc. Il s'agissait d'un contrat, le tout pour un montant de $54,950.
C'était le montant du contrat à la firme Plurimar. La
durée du projet, sept mois etc.
M. Charron: Sept mois, s'étendant de quand à
quand?
M. L'Allier: La demande du Conseil du trésor date du 19
septembre 1973. Cela a dû commencer dès ce moment. De septembre
1973, et sept mois.
Voici, je vais continuer un peu...
M. Charron: D'accord!
M. L'Allier: ...cela va peut-être vous
intéresser.
On donne ici les qualifications professionnelles du soumissionnaire,
voir l'annexe de la proposition Plurimar: La surveillance immédiate de
l'opération a été confiée à M. Jean-Paul
Quinty, chargé de projets. Plurimar est tenue de présenter des
rapports d'étape qui seront étudiés par
l'exécutif.
Le ministère des Communications a demandé des soumissions
pour cette recherche à trois maisons: Plurimar Inc. Montréal,
Market Facts, de Montréal et l'université Laval, à
l'attention de M. Vincent Lemieux.
Le comité d'évaluation des proposition de Plurimar, en
raison de compréhension de la commande, du modèle proposé,
de l'étendue de l'échantillon, compte tenu du coût de la
disponibilité pour entreprendre l'étude au cours de
l'été 1973.
Les soumissions qui avaient été fournies étaient
les suivantes: Market Facts, $41,000; Plurimar, $54,000; université
Laval, $67,000. A l'analyse, ces soumissions ne peuvent pas être
comparées à des soumissions pour la construction de routes, ce
n'est pas en termes d'épaisseur d'asphalte et de millage, c'est un ordre
de grandeur à partir duquel on essaie en même temps, je pense,
d'avoir la qualité profes- sionnelle voulue et la compréhension
des clientèles à atteindre. J'ai l'impression, uniquement au nom,
par exemple, du plus bas soumissionnaire, que Market Facts n'était
peut-être pas nécessairement axé dans ses fonctions
habituelles sur ce type de préoccupation.
Si le député de Saint-Jacques a des questions à me
poser, M. le Président, je pourrai les...
Je dois dire que cette recherche faite par Plurimar n'est qu'une des
étapes de la recherche Etat-citoyen qui a été conduite, si
vous voulez, dans beaucoup de cas, par des effectifs déjà en
place soit chez nous, soit dans les directions ministérielles.
On peut dire que, dans le cas de Plurimar, nous avons eu effectivement
certaines difficultés au démarrage, au niveau de la
définition des objectifs. Il faut bien comprendre que nous nous
attaquions à un secteur relativement nouveau.
En général, nous faisons appel à des maisons,
à l'occasion de campagnes de publicité, pour définir des
choses qui se mesurent de façon extrêmement classique, a partir de
barèmes. Là, nous voulions délibérément nous
arracher à cela, pour nous placer du côté du citoyen et
pour essayer de nous donner une connaissance nouvelle d'une dimension qui
était habituellement négligée.
Dans le cas de Plurimar, on peut dire que la première phase a
été assez longue. On a dû avoir, après avoir
exposé nos besoins, des négociations, présentations de
questionnaires, rediscussions, redéfinitions, la firme s'est
trouvée à engager des frais, dit-elle, au-delà de ce que
nous avions escompté, Elle s'est trouvée dans la situation
d'avoir
En général, nous faisons appel à des maisons,
à l'occasion de campagnes de publicité, pour définir des
choses qui se mesurent de façon extrêmement classique, à
partir de barèmes. Là, nous voulions
délibérément nous arracher à cela, pour nous placer
du côté du citoyen et pour essayer de nous donner une connaissance
nouvelle d'une dimension qui était habituellement
négligée.
Dans le cas de Plurimar, on peut dire que la première phase a
été assez longue. On a dû avoir, après avoir
exposé nos besoins, des négociations, présentations de
questionnaires, rediscussions, redéfinitions, la firme s'est
trouvée à engager des frais, dit-elle, au-delà de ce que
nous avions escompté, Elle s'est trouvée dans la situation
d'avoir à dépenser les sommes qu'avait prévues
l'université Laval plutôt que celles qu'elle nous avait
proposées. En cours de route, nous avons donc accepté cette chose
et nous avons confié à des fonctionnaires, nous avons
organisé, nous-mêmes en liaison avec une quinzaine de
ministères, et dans autant de régions d'ailleurs, dans les dix
régions administratives du Québec, d'autres phases, à
partir de l'évolution, parce que, au fur et à mesure que nous
avancions, nous commencions à percevoir de façon beaucoup plus
claire le défi qui était posé et qui portait
essentiellement, dans beaucoup de cas alors qu'au début nous
avions fait une analyse assez sommaire sur la capacité des
fonctionnaires de contact. Que voulez-vous, nous avons beau être des
agents d'information, le citoyen ne nous téléphone pas pour cela.
Il rencontre un fonctionnaire. Il
s'adresse à lui. Il y atoute une trame qui est apparue entre les
ministères et leur clientèle habituelle.
Nous avons donc procédé à des études.
Plurimar a été associée à toute l'étude,
d'un bout à l'autre; elle n'a effectué, en fin de compte, qu'une
partie de la recherche que nous aurions souhaitée au début. Nous
l'avons remplacée par d'autres étapes, que nous avons
assumées nous-mêmes, à l'intérieur de nos
disponibilités.
M. Charron: Vous dites, M. le directeur, que la firme Plurimar
n'a effectué qu'une partie de la recherche pour laquelle elle avait
été engagée et que, par contre, les frais ont
été plus élevés que ce qu'elle avait
elle-même soumissionné.
M. L'Allier: Effectivement. A l'usage, l'établissement
d'un questionnaire aussi ambitieux, dans un secteur aussi nouveau, a
nécessité de multiples échanges. Quand une
société fait, en général, un travail pour nous,
c'est toujours comme ça... Nous avons d'ailleurs travaillé
à plusieurs reprises avec Plurimar, nous n'avons jamais eu de
difficultés, c'était toujours pour Informatour, nous l'avons
fait. Nous nous entendons très rapidement. Il y a des ajustements. Mais,
dans ce cas, pendant que la firme procédait, nous étions, nous
aussi, engagés dans cette recherche et nous percevions des horizons...
Quand on a défini et quand la firme a finalement perçu toute la
dimension de ce que nous voulions sortir de ce sondage, elle a
considéré, à un moment donné, que ce n'était
plus tellement ce qu'elle avait corn pris au départ et il y a eu des
tractations assez longues.
En cours de route la firme a déjà engagé, dit-elle,
des frais qu'elle a fait valoir, de sorte qu'on ne peut pas dire que, par
rapport à la définition que nous avions faite sur le CT, c'est
tout à fait l'ensemble de ces travaux qui ont été
exécutés par la firme. Elle a dû dépenser plus, elle
a fait valoir des frais réels plus élevés dans les
étapes antérieures, de sorte qu'à la dernière
partie, on a dû la modifier et la prendre largement à notre
charge.
M. Charron: M. le Président, il n'y a pas beaucoup
d'irrégularités là-dedans, mais il y a des doutes
possibles quant à la bonne décision qui a été prise
à ce moment-là. Une firme, qui est déjà
elle-même loin d'être le plus bas soumissionnaire, se voit quand
même octroyer un contrat. En soi, c'est déjà susceptible
d'avoir un point d'interrogation. Par la suite, elle ne remplit pas son mandat
comme on espérait qu'elle le fasse, ni même dans le temps qui lui
était prévu, tel que nous l'a lu le ministre dans la demande au
Conseil du trésor, deuxième point d'interrogation. Le
troisième, non seulement n'a-t-elle pas rempli son mandat, mais elle
exige plus et j'aimerais bien savoir combien, au total, de plus que les $54,950
qu'elle avait soumissionnés. Cela a coûté combien le
sondage de Plurimar?
M. L'Allier: $57,000. $3,000 de plus pour les appels
téléphoniques.
Il y avait une clause annexe dans le contrat qui prévoyait que
les frais d'appel seraient en supplé- ment, étant donné
qu'on n'avait pas arrêté la quantité à ce
moment-là. Alors, c'est cette addition qui a été faite,
les appels ayant eu lieu.
M. Charron: Quand le ministre dit qu'il n'a pas été
tout à fait satisfait du rendement de cette firme, qu'est-ce qu'il veut
dire?
M. L'Allier: C'est un peu ce qu'a dit M. Loiselle tout à
l'heure, M. le Président, dans la mesure où on a une étude
à faire faire et q u'en cours de route on se rend compte que, soit parce
qu'au ministère la perception de la question ou des questions que nous
voulions poser se modifient ou se précisent, soit parce que la firme
elle-même aurait mal évalué, il y a probablement les deux
facteurs qui jouent...
M. Charron: Est-ce que les deux facteurs ont joué dans le
cas dont on parle?
M. L'Allier: En tout cas, au moment où j'ai demandé
au conseiller juridique de ne pas effectuer le paiement et d'étudier les
possibilités d'effectuer un paiement inférieur au montant
engagé, c'était mon opinion. A ce moment-là, j'ai
confié au service juridique le soin d'étudier cela à fond
et de voit si, effectivement, à partir du contrat, à partir de ce
que nous avions convenu avec la firme, nous étions en mesure de prouver
parce que finalement il faut penser à cela en termes de tribunaux
que les services professionnels, pour lesquels on s'était
engagé, n'avaient pas effectivement été fournis.
L'opinion du service juridique a été que nous n'avions pas
de cause devant les tribunaux là-dessus. Parce que c'est un domaine qui
est assez flou finalement, même si ça porte sur les appels
téléphoniques, c'est une perception de situation et, à ce
moment, sur l'avis écrit des conseillers juridiques, nous avons convenu
de respecter le montant du contrat et, comme le dit M. Loiselle, des
dépenses réelles ont été faites dans ce contrat
mais pas sur l'ensemble. Il y en a eu plus au début, ce qui fait qu'on a
été obligé de faire la dernière partie et,
troisièmement, on a ajouté une somme d'environ $3,000 sur les
appels téléphoniques déjà reçus.
M. Charron: La partie que le ministère a dû prendre
à sa charge devant, appelons-le comme ça, l'insatisfaction que
pouvait donner le rendement de la firme est évaluée à
combien? Est-ce qu'on peut l'évaluer en tout... autrement dit, si la
firme avait dû remplir son contrat, tel que signé, de $57,000, on
serait allé jusqu'à quelle somme, à peu près?
M. L'Allier: C'est très difficile à évaluer,
parce qu'il y a certainement une partie que nous aurions faite de toute
façon à l'intérieur de l'appareil administratif, nous nous
sentions mieux équipés pour le faire. Mais on a simplement
ajouté un volet à cette intervention qui nous permettait
d'insister sur les clientèles. La firme, dans son contrat, devait nous
fournir un autre sondage, si vous voulez, de rencontres face à face avec
des individus; ces rencontres ont donc été ajoutées aux
rencontres qu'on faisait déjà, on a élargi notre base de
clientèle au ministère.
Je dois dire que c'est effectivement un secteur qui n'a jamais
été tellement exploré et, en cours de route, on peut dire
qu'on a été étonné, de part et d'autre, nous, ayant
une idée très précise de ce que nous voulions, croyant
l'avoirbien expliquée, et, en cours de route, l'autre s'apercevant que
ça le menait finalement très loin et cela entraînait des
coûts qui risquaient de dépasser considérablement ce qu'il
nous avait proposé.
Par conséquent, c'est long, ces débats-là, si vous
voulez, et on voulait en finir parce qu'on ne voulait pas passer et se mettre
en état de recherche pendant cinq ans, on a fait cet accommodement. Nous
aurions souhaité l'interrompre plus tôt, comme l'a dit le
ministre.
Ce que je pourrais ajouter là-dessus, c'est que, lorsqu'on
demande des soumissions dans des cas comme ça, comme je l'ai dit, ce
n'est pas comparable à la construction d'un édifice, en ce sens
qu'on demande des soumissions pour atteindre un objectif. Les propositions qui
nous sont faites comportent souvent des moyens différents pour chacune
des firmes pour atteindre l'objectif. Ainsi, le tableau comparatif des
éléments chiffrables des propositions qu'on avait en main au
moment de prendre la décision étaient les suivants, en termes de
description: Plurimar, qui proposait un groupe hétérogène
dans chaque région, analyse du personnel des centres de renseignements,
2,700 individus à domicile, donc clients des centres, au total, 5,500
à 5,600 personnes, interviewers et équipes, quelques 108
personnes. Market Facts proposait une méthode différente
d'approche. Alors, l'opération Plurimar coûtait $54,900 dont
$8,235 pour traitement électronique des données...
M. Charron: C'était quoi, la méthode Market
Facts?
M. L'Allier: C'étaient quatre groupes de
Québécois de différentes classes, huit à douze par
groupe, 1,350 personnes prises au hasard, à domicile, 1er choix, ou par
téléphone. Au total, 1,840 personnes, 80 interviewers et 9
surveillants régionaux; donc $11,300 de salaires et de frais de
déplacement, $7,000 de frais d'ordinateur. Coût moyen par
interview chez Plurimar: $9.80, coût moyen par interview, chez Market
Facts, par groupe $22.30, et par interview, $16.80.
A l'université Laval, la méthode proposée
était la suivante: 3,000 personnes par téléphone, 300
clients des centres de renseignements à domicile, les agents des
centres; on étudierait les cartes, questions-réponses. Au total,
plus de 3,600 personnes, 30 chercheurs, interviewers, etc. Donc $51,000 en
salaires, $9,000 en frais de déplacement et $1,000 de dépenses
d'ordinateur, le coût moyen par interview étant de $18.60.
Si on regarde les choses dans cette optique, compte tenu du volume de
personnes à atteindre, même si le coût total
d'opération de Plurimar est ni le plus haut ni le plus bas, à
partir du décompte des personnes atteintes, le coût par interview,
chez Plurimar, est à peu près de $10, alors qu'il est de $16 et
$18 dans les autres cas.
M. Charron: En fait, ce qui a fait choisir Plurimar, même
si ce n'était pas le plus bas soumissionnaire, c'est sa
méthode?
M. L'Allier: Effectivement, sa méthode. A partir de la
compréhension qu'on y avait du type de questionnaire à appliquer.
C'est là-dessus finalement que cela a accroché. Quand la
présentation a été faite, on a fait une contreproposition
qui a été admirablement retenue eton a préparé un
questionnaire qui est revenu avec des nuances qui ne nous satisfaisaient pas.
On s'est engagé dans un processus qui a été très
long et pendant ce temps, les frais couraient. A un moment donné, la
première phase avait été largement débordée,
et il nous restait, pour réaliser la deuxième, tel qu'on l'avait
prévu somme toute... On a donc rajusté notre tir pour arriver
dans les délais qu'on s'était fixés, avec un
résultat concret. Les frais ont été encourus, mais sans
nous donner pour autant satisfaction au niveau des données.
Je dois dire cependant qu'en dehors du rapport soumis par la recherche,
c'est accompagné d'une masse considérable d'informations, d'une
richesse inouie, qui nous servent abondamment. On a à décortiquer
encore une multitude de données qui sont là-dedans et qui servent
au niveau de nos régions, par exemple.
M. L'Allier: Si cela vous intéresse, M. le
Président, je peux vous donner une page qui comporte l'analyse des
propositions, telle qu'elle a été faite par le ministère,
au moment de faire sa recommandation. Si cela vous intéresse, je peux
vous donner cela.
M. Charron: Allez-y.
M. L'Allier: Analyse des propositions. Compréhension des
objectifs. Market Facts a fait une étude de marché. Plurimar et
Laval en font une étude de comportement du citoyen.
Modèle proposé: Market Facts propose une étude
entre l'offre et la demande, l'opportunité du marché et les
segments de la population. Quant à Plurimar et Laval, quoique
exposé différemment, Plurimar suggère un modèle qui
rejoint Laval : émetteurs, récepteurs, contexte, canal, code et
messages.
Qualité des intervieweurs: Market Facts:
Réseau le plus faible: Dixième année de
scolarité, minimum.
Entraînement aux sondages commerciaux comportant des
éléments quantifiables mathématiquement.
Plurimar: Réseau de scolarité plus forte. Douzième
année, minimum. Entraînement mieux axé sur l'étude
de comportements psychologiques.
Laval: Etudiants de baccalauréat en sciences humaines mais non
disponibles avant l'automne.
Valeur des échantillons: Market Facts propose un
échantillon de strict minimum. Plurimar propose le plus vaste
échantillon et un échantillon croisé
téléphonique par entrevue. Laval, échantillon
croisé également, mais plus faible, par entrevue.
Coût unitaire par entrevue: Plurimar, $9.80; Market Facts, $22.30;
Vincent Lemieux, $18.60.
Ressources humaines: Market Facts possède des ressources
importantes mais qui devraient être importées de Toronto ou de
Chicago. Leur utilisation éventuelle non prévue dans la
proposition hausserait sensiblement le coût de l'étude.
Plurimar: Ressources humaines moins importantes, mais des disciplines de
sciences humaines, ce qui sied mieux à l'objectif de notre
étude.
Laval: Ressources humaines expérimentées et
considérables, M. Lemieux étant a lui seul une source d'une
très grande valeur.
Expérience antérieure: Market Facts a surtout fait des
travaux sur la matière quantifiable. Plurimar a déjà fait
une étude de comportement pour le ministère, la Commission
Gendron et la Commission des transports de Toronto. Laval: M. Lemieux a fait
des études sur la carte électorale du Québec, le
comportement électoral des citoyens de l'île d'Orléans. Il
dirige une étude de comportement électoral des citoyens de
l'île d'Orléans. Il dirige une étude de comportement pour
le compte du ministère des Affaires sociales. A la suite de l'analyse
des données ci-haut mentionnées, le comité
d'évaluation recommande à l'unanimité de retenir les
services de Plurimar.
M. Gratton: Qui est la firme Plurimar, pour le ministère
des Communications? Est-ce un associé, un client habituel? Est-ce la
première fois que vous faites affaires avec cette firme?
M. L'Allier: On a utilisé quant à nous, à la
direction générale, la firme Plurimar pour une évaluation
en liaison avec Informatour. Nous avions été absolument
satisfaits de ses services.
M. Charron: Avant cela?
M. L'Allier: Avant cela, oui, un an et demi, avant, je crois,
à la première année d'Informatour.
M. Charron: D'Informatour. Depuis ce...
M. L'Allier: C'est le dernier contrat de cette nature que nous
avons accordé.
M. Charron: A Plurimar.
M. L'Allier: A Plurimar ou à d'autres. D'ailleurs, on n'a
pas eu d'autre contrat de recherche.
M. Charron: M. le Président, c'est parce que cet
échange sur ce sondage nous conduit à un autre sujet du programme
2, car je crois que nous y retrouvons les mêmes personnages. La firme
Plurimar est la propriété majoritaire, je crois, de...
M. L'Allier: J'ai ici la fiche du président de Plurimar.
Si vous voulez que je vous la sorte. Je ne sais pas si on a la liste des
associés et la fiche signaliti-que de propriété.
Jean-Claude de Brouwer est le président de Plurimar.
M. Charron: Vous n'avez pas la fiche de
propriété?
M. L'Allier: Je ne l'ai pas ici. Je pense que M. de Brouwer est
le principal actionnaire et président-directeur général.
Sur la fiche, c'est lui.
M. Charron: Est-ce qu'un homme bien connu dans le monde de la
publicité n'est pas non plus membre de cette firme?
M. L'Allier: C'est la première fois que j'entends parler
de cela. Je ne nie pas que ce soit ainsi. A ma connaissance, M. le
Président, la seule personne que je connaisse de Plurimar qui peut avoir
vu ces fiches, c'est M. de Brouwer. J'ai toujours eu l'impression que
c'était lui qui était le propriétaire en fait de la firme.
Il a certainement des associés. Dans quelle proportion? Je ne le sais
pas.
M. Charron: La société a quoi comme autre fonction,
lorsqu'elle n'est pas à l'emploi du ministère des
Communications?
On a fait état d'un certain nombre de recherches qui ont
été effectuées. Quant à moi, c'est
l'expérience que je reconnais à Plurimar. J'ignore ce qu'on y
fait en dehors de cela. Je sais qu'on y a travaillé au moment de la
commission Laurendeau-Dunton des études sociologiques...
M. Charron: Plurimar est habituellement employée par
l'Etat ou...
M. L'Allier: A ce que je sache, oui, elle a peut-être
d'autres contrats, mais on avait une certaine liste de contrats
précédents.
J'ai ici ce qui nous avait été remis. Je peux vous lire
cela. Bref aperçu de Plurimar, Inc., c'est daté je n'ai
pas la date sur le document malheureusement, mais c'est sur du papier de
Plurimar .
La compagnie Plurimar a été fondée pour satisfaire
la demande sans cesse croissante au niveau senior d'un ensemble des services
qualifiés et diversifiés de consultants et d'études de
marchés, afin d'inciter sa clientèle dans les domaines de la
production, de la commercialisation et de la distribution des biens et
services.
Ainsi ses spécialistes en informatique, en administration, en
"marketing", en statistiques, en sociologie, en psychologie et en
économie l'autorisent à aborder les problèmes que lui
confient les entreprises industrielles, financières et commerciales
ainsi que les agences gouvernementales.
Cette philosophie pluridisciplinaire permet plus de données et
donc de meilleurs résultats pour les clients. En effet, notre entreprise
bénéficie de cette façon de la compétence de
l'ensemble des spécialistes ainsi que de leurs connaissances pratiques
et spécifiques.
L'équipe professionnelle de base de Plurimar se compose
actuellement d'un président, M. Jean-Claude de Brouwer, de deux
vice-présidents, J. Milot, socio-psychologue et J.-M. Veaudelle, do-
curnentaliste, d'un secrétaire-trésorier, D. Chali-foux,
ainsi que des seniors J. Martin, économiste-informaticien-conseil, M.
Rodrique, sociologue avec spécialisation en sociologie urbaine, D.
Héon, psychologue avec spécialisation en relations industrielles,
C. Rivard, administrateur conseil.
Ce personnel a participé à de nombreuses études de
toute nature pour une clientèle diversifiée se composant aussi
bien d'organismes gouvernementaux tant au niveau fédéral;
provincial et municipal, que d'institutions, d'entreprises publiques et
privées et d'agences de publicité.
La brève nomenclature, non exhaustive, ci-après, illustre
la diversité de la clientèle dont s'honorent les membres de
l'équipe professionnelle de Plurimar. Là, on donne une liste de
la clientèle. Aux Etats-Unis, Continental Can, Social Research Limited,
Daniel Yankelovitch. En Europe, Sodima, Niemeyer, Louis Harris, Rémy
Martin Cognac, Société des Compteurs Schlumberger, à
Paris. Au Canada, le gouvernement fédéral, la Commission du
centenaire, la Commission de l'assurance-chômage, le ministère du
Travail. Au gouvernement de l'Ontario, la Commission des transports de
l'Ontario. Au gouvernement du Québec, le ministère des Finances,
la Fonction publique, les Transports et Communications, l'Industrie et le
Commerce, la Commission d'enquête sur la situation de la langue
française et les droits linguistiques au Québec. Comme
gouvernement municipal, la ville de Québec. Il y a ensuite, Air Canada,
Direct Film, la Coopérative agricole de Granby, Bombardier, Ski-Doo
Sports, l'Association des manufacturiers du meuble, Nestlé,
l'Université de Montréal, Hydro-Québec, la
Fédération des commissions scolaires, la Banque Royale, le Trust
Royal.
M. Charron: D'accord.
M. L'Allier: Je peux continuer comme cela. Il y a ensuite la
liste des agences de publicité, Kenyon Eckhardt, de New York, BCP, Ltd
Vickers and Benson, Cockfield Brown, Watier Publicité, Lafontaine, J.
Walter Thompson, etc.
Donc, à la lumière des documents que nous avons, des
documents qui nous sont remis, je ne sais pas encore où veut en venir le
député de Saint-Jacques, mais, en tout cas, c'est une firme qui,
quant à nous, et dans les relations de travail que nous avions eues
avant cette opération, avait été satisfaisante, notamment
dans l'analyse d'Informatour. C'est pour cela qu'on avait, entre autres
facteurs, retenu ses services.
Publicité
M. Charron: M. le Président, je ne veux pas prendre tout
le temps de la commission là-dessus. Je peux dire au ministre que le
seul endroit où je voulais en venir, c'était d'avoir plus
d'informations, parce que ce que j'en savais, et je trouve que cela
méritait qu'on le fasse, c'est que, d'une part, cette
société n'avait pas été le plus bas soumissionnaire
c'est l'explication reçue et examinée . Par la
suite aussi, je savais qu'il existait une certaine insatisfaction, et je pense
que le ministre l'a confirmé, qui s'est fait jour pendant la
durée du travail de cette firme, ce qui pouvait mériter
l'attention de la commission là-dessus pour quelques instants.
M. le Président, le programme 2 est aussi l'occasion, comme
l'année dernière, de reprendre le débat sur la politique
du gouvernement quant à l'utilisation des firmes de publicité et
quant à sa propre publicité, à son comportement dans cette
matière.
Le document que nous a remis le ministre hier nous a fait état,
d'une façon très détaillée, d'ailleurs, ce qui
raccourcira nos débats, de critères que le gouvernement ou
plutôt, disons-le, le ministre des Communications a l'intention
d'appliquer de façon encore plus spécifique, peut-être que
ceux qu'il nous avait livrés l'année dernière, quant
à l'octroi de contrats à des firmes de publicité, les
critères régionaux, professionnels, les critères de
durée, la procédure de rotation qu'il nous avait d'ailleurs
expliquée, et il essaie, entre autres choses, comme agences admissibles,
la Société Pierre Tremblay Publicité, que je n'ai pas
à décrire, Cos-sette et Associés, Jacques Dussault et
Associés, Bleau, Duperrey, Giguère et Associés.
Je veux demander si l'exposition de ces critères et le fait que
ces critères semblent avoir déjà été
à ce point appliqués qu'on en soit rendu à
déterminer quelles sont les firmes admissibles signifient plus que cela.
Est-ce que cela veut dire que ces agences admissibles je prends
l'expression de votre document ne seront, à partir de maintenant
je prends votre mot "désormais" que les agences avec
lesquelles le gouvernement entend transiger pour sa publicité?
M. L'Allier: Non, M. le Président, d'aucune façon,
et je voudrais, probablement comme je l'ai fait l'an dernier, faire ici une
distinction très nette entre plusieurs choses.
D'abord, les agences et organismes du gouvernement et ce qu'on peut
appeler le réseau parapublic. Les agences et organismes du gouvernement
et le réseau parapublic sont responsables de toute leur
publicité, qu'il s'agisse de publicité promotionnelle ou qu'il
s'agisse de publicité obligatoire, avis publics, etc. Par exemple,
HydroQuébec, les CEGEP, les hôpitaux sont exclusivement
responsables des deux aspects de leur publicité.
A l'intérieur du gouvernement, à l'intérieur des
ministères, on retrouve cette même distinction, il y a donc la
publicité pour fins de promotion administrative, d'une part, qui, elle,
se retrouve dans chacun des ministères et sur laquelle le
ministère des Communications n'a rien à voir, ni de budget. Tout
ce que nous pouvons faire là-dessus, c'est d'agir, comme je l'ai dit
précédemment, comme ressource-conseil auprès des
ministères, pour les amener à améliorer leur profil de
clients dans l'utilisation de la publicité.
II y a l'autre aspect de la publicité qui est la publicité
obligatoire, c'est-à-dire celle que nous devons faire: publication des
appels d'offres, des avis publics et des offres d'emplois. Cette
publicité, ces publications, sont la responsabilité du
ministère des Communications pour l'ensemble du gouvernement.
Cette distinction étant faite, lorsque, dans le document des
crédits, je parle de critères pour l'utilisation de firmes de
publicité, je ne peux parler que pour la publicité dont je suis
responsable au ministère des Communications et ce, pour deux raisons:
D'abord, je n'ai pas à parler au nom de mes collègues dans leur
sphère d'activités, et, deuxièmement, parce que la
situation est très différente de l'un à l'autre. En effet,
lorsqu'il s'agit de publicité obligatoire, la loi prévoit un
certain nombre de publications dont le but premier n'est pas
nécessairement d'informer le citoyen intéressé par la
chose. Ainsi, la publication d'un appel d'offres, par exemple, s'il est rendu
public obligatoirement, c'est pour que l'ensemble de la population sache qu'il
y a eu appel d'offres là-dessus. Mais celui qui en a besoin,
l'entrepreneur, le fournisseur de services, habituellement, ne s'approvisionne
pas dans les journaux, en termes d'information sur les appels d'offres. Il
existe des circuits d'information qui sont tout aussi publics, beaucoup plus
spécialisés, comme le moment du dépôt des devis par
les ministères et l'appel d'offre, finalement, c'est une traduction
très sommaire ou la description d'un devis qui est disponible.
Or, à partir de là, dans la politique de publicité
pour les avis publics, les appels d'offres et les offres d'emplois, nous
cherchons à atteindre deux objectifs:
D'abord, respecter intégralement les obligations qui nous sont
faites par l'Assemblée nationale et par les lois de publier certaines
choses, avec des incongruités assez bizarres, à l'occasion, qui
nous obligent à publier, par exemple, dans les quotidiens, un avis pour
une dépense de $100. La publication va nous en coûter $350. Mais,
c'est quand même exigé.
Deuxièmement, atteindre de la même façon, et au
coût le plus bas possible dans la plupart des cas c'est ce que
nous visons cette obligation. Donc, quand on nous dit: Vous allez
publier dans un quotidien français et dans un quotidien anglais, si, de
par la nature de l'information publiée, s'il s'agit d'un appel d'offres,
nous essaierons de publier là où cela coûte le moins cher
possible. S'il s'agit d'offres d'emplois, à ce moment, nous essayons
à partir du type d'emploi si c'est un emploi régional ou
si c'est un emploi de haut niveau ou d'un niveau inférieur
d'orienter le choix des media dans la publication tout en respectant les deux
facteurs.
Or, pour revenir à la question sur la rotation des agences de
publicité, nous avons fait une analyse et, dans la mesure où les
avis publics, offres d'emplois et appels d'offres doivent être
publiés à de très courts délais, compte tenu des
arrêtés en conseil, des décisions de la Commission de la
fonction publique, nous avons convenu au ministère, et les
fonctionnaires du ministère m'ont re- commandé de traiter avec
les agences de Québec pour ces questions, parce qu'elles sont à
côté des ministères, parce qu'elles sont près de
nous. Autrement, l'expérience passée nous a
démontré que, lorsque nous traitons, pour ces questions, avec une
agence de Montréal, dans les faits, ce qui se passe, c'est que cette
agence de Montréal peut se désigner une secrétaire plus
expérimentée ou un collaborateur qui n'est pas un
spécialiste, avec pied-à-terre à Québec, et
finalement, nous avons toute une série de problèmes. Cela
crée un intermédiaire qui apporte énormément de
difficultés. Je ne veux pas revenir sur la liste. Je pensais,
actuellement, au document qui est incorporé dans cela. Tel qu'il est
incorporé, le document dit: Nous ferons... nous ferons... nous ferons.
Lorsque je l'ai présenté à la commission, je l'ai
présenté au conditionnel, parce que je veux étudier
beaucoup plus à fond, avec le ministère, certains aspects de ces
critères. Notamment, la rotation automatique obligatoire.
Cette année, j'ai demandé au service de publicité,
ici, au ministère des Communications, de solliciter, volontairement, des
agences de publicité de Québec, certains renseignements qu'aucune
n'est obligée de nous fournir comme telle, sur l'ensemble de leurs
opérations économiques, pour que nous puissions voir quelle est
la proportion de comptes publics et parapublics, par rapport à la
proportion totale des affaires de cette agence de publicité. Il est bien
entendu que nous ne pouvons pas exiger cela. Je comprends parfaitement une
firme de publicité qui dit: Cela ne vous regarde pas. Ses raisons
peuvent être extrêmement valables et je n'ai aucun blâme,
aucun reproche à faire à une firme de publicité qui ne le
ferait pas.
Le tout était pour en arriver à voir si nous pouvions,
à partir de ces 1%, 2% ou 3% du budget publicitaire du gouvernement dont
nous disposons, jouer un certain rôle proportionnel de pondération
dans la répartition des contrats de publicité.
Les chiffres qui nous ont été donnés confirment, en
ce qui me concerne: I) que le principe de rotation, s'il est possible, ne doit
pas se faire systématiquement et automatiquement. Par exemple et
je ne veux pas donner ici des renseignements qui touchent les firmes et qui
nous ont été communiqués en détail sur une base
confidentielle, mais je peux vous donner les pourcentages si nous
prenons la firme Bleau, Duperrey, Giguère de Québec en 1973,
cette firme, d'après l'information qu'elle nous a fournie et que nous ne
sommes pas en mesure de vérifier à court terme, aurait eu 5.7% de
ses comptes de publicité qui seraient parvenus d'organismes
gouvernementaux ou de régies, la Régie des rentes, etc. En 1974,
7.2% de ses comptes.
Pour ce qui est de la firme Jacques Dussault et associés, elle
aurait eu, en 1973: 19% de ses comptes provenant du secteur public et
parapublic, et en 1974: 20% de ses comptes.
Pour ce qui est de la firme Cossette et associés, elle aurait eu
en 1973 11% de ces comptes provenant du secteur public et parapublic. Cela
exclut, je pense, d'après les chiffres que je peux
constater ici, CEGEP, hôpitaux, etc., et en 1974, 10% de ces
comptes provenant du secteur public et parapublic. Je n'ai obtenu aucun
renseignement de la firme Pierre Tremblay Publicité Inc. qui nous a dit:
Nous ne répondons pas à cette question. A partir de
là...
M. Charron: C'est clair. Le suspense vient d'être
brutalement brisé.
M. L'Allier: Vous pouvez, M. le Président, mais comme je
l'ai dit...
M. Charron: Je suis suspendu aux lèvres du ministre.
M. L'Allier: Décrochez-vous parce que je veux continuer
à parler.
M. Charron: Je vais me décrocher, mais cela a
décroché ce que j'ai dans la tête.
M. L'Allier: A partir de cela, au ministère des
Communications, et pour la partie du budget de publicité qui
m'intéresse, dans la location des contrats de publicité pour avis
publics, appels d'offres et offres d'emplois, je n'ai pas l'intention, cette
année, en l'absence d'information, de recommander au Conseil du
trésor le renouvellement du contrat de Pierre Tremblay Publicité,
Inc. précisément parce que je ne pourrais pas faire jouer ce
rôle de pondération que je vais pouvoir exercer sur les
autres.
M. Charron: Voulez-vous répéter bien clairement ce
que vous venez de dire?
M. L'Allier: Je n'ai pas l'intention de recommander au Conseil du
trésor, M. le Président, que le ministère des
Communications, qui est responsable de recommander le choix d'une ou de
plusieurs agences de publicité pour les appels d'offres et pour les avis
publics la firme Pierre Tremblay et associés au Conseil du
trésor. Il y a un autre point qu'on me souligne, les procédures
administratives, actuellement, sont en marche à la suggestion du
ministère des Communications et, après discussion avec la
Commission de la fonction publique, pour que les offres d'emplois soient
directement gérées par la Commission de la fonction publique, ses
publications, pour couper encore...
M. Charron: Sans agence.
M. L'Allier: La Commission de la fonction publique fonctionnera
comme elle l'entendra. C'est elle qui en sera responsable, pour éviter
un délai supplémentaire entre les décisions de la
commission d'offrir des emplois, de les annoncer et leur publication. Le
ministère des Communications servait M. Loiselle peut le
confirmer, je pense essentiellement de boîte aux lettres entre la
commission, qui était le client unique, alors que dans les cas des
apples d'offres et des avis publics, il y a plusieurs clients au gouvernement.
Alors, on disparaît comme boîte aux lettres.
Mais je veux finir sur la rotation, parce que si on appliquait le
principe strict de la rotation cette année, par exemple, dans la mesure
où l'année dernière, Pierre Tremblay Publicité Inc.
avait la responsabilité du contrat d'offres d'emplois, appels d'offres,
et Cossette... dans la mesure où on dirait: Ces deux agences n'ont pas
de publicité cette année, venant du ministère des
Communications, à partir des chiffres qui me sont disponibles, il
faudrait confier ces deux contrats à deux nouvelles firmes,
c'est-à-dire à Bleau, Duperrey et à Dus-sault et
associés.
Qu'est-ce que cela donnerait dans leurs comptes publics, compte tenu du
volume de la clientèle? Cela voudrait dire que Bleau, Duperrey
verraient, à partir des chiffres qu'il a lui-même fournis ses
comptes publics et parapublics passer de 7% à peu près à
20% et que Jacques Dussault et associés verrait, dans les mêmes
circonstances, son compte passer de 20% à près de 40%, alors que
le compte de Cossette et associés, qui est une firme au moins trois fois
plus importante que les autres, passerait de 10% à moins de 1%. Il
faudrait aussi tenir compte de ce facteur. Il ne s'agit pas de faire une
rotation bébête, finalement, qui fait que de petites firmes sont
obligées d'engager trois personnes et de les remercier au bout d'un an
parce qu'on s'en va ailleurs. Donc, je veux essayer, M. le Président
et je finirai là-dessus, en ce qui me concerne, et je
répondrai ensuite aux questions qui me seront posées, avec mes
fonctionnaires de concevoir une politique qui soit à la fois
intelligente, je pense, qui tienne compte, bien sûr de nos besoins, mais
qui ne soit pas axée sur l'accréditation que la clientèle
gouvernementale en poublicité. C'est une subvention ou c'est une
espèce de bien-être social pour agences qui ont de la
misère à arriver, ce n'est pas cela. Donc, il faut faire une
pondération dans tout cela. Je signale, enfin, que s'il nous faut
beaucoup de temps pour arriver à dégager à la fois des
normes, des critères, des balises à l'intérieur desquels
nous pourrions et pourrons conseiller les ministères, c'est que nous
avons, là aussi, d'énormes problèmes de recrutement. Le
directeur général des communications me faisait part hier du fait
que, depuis un an, nous avons eu, avec la Commission de la fonction publique,
quatre concours pour recruter un directeur de la publicité et qu'aucun
de ces concours, d'après le jury, n'a donné un résultat
satisfaisant. C'est un problème considérable.
M. Charron: Un directeur de la publicité à
l'intérieur du ministère?
M. L'Allier: Au niveau du ministère des
Communications.
M. Charron: Actuellement, qui occupe le poste?
M. L'Allier: Actuellement, nous avons des professionnels qui ont
appris un peu sur le tard et qui se débrouillent de façon
remarquable, mais qui n'ont pas nécessairement, si vous voulez,
toute
l'expérience pratique qui leur permettrait d'aboutir plus
rapidement. On a effectivement deux profes-sionnles qu'on a recrutés et
qui se forment graduellement, mais qui sont un peu débordés en
face de ce qu'ils ont à faire au niveau du conseil, au niveau de
l'évaluation, des présentations. Ils sont mêlés un
peu à toutes sortes de choses et on n'arrive pas tellement à s'en
sortir. Dans le contexte où on a mis l'accent l'an dernier, sur le
service au citoyen, on est obligé, je dois l'admettre, de
négliger un peu ce secteur, mais, cette année, nous l'avons
reconnu comme un secteur où on doit vraiment faire un déblocage
pour la saine crédibilité de nos opérations.
M. Charron: D'où vient cette difficulté de recruter
un directeur de publicité?
M. L'Allier: D'une part, c'est que la plupart des agents
travaillent à Montréal et deuxième facteur, c'est le
salaire. Nous avons, par sollicitation, identifié quatre ou cinq
personnes, nous avons tenté de les convaincre de se présenter,
nous avons formé le jury, nous y sommes allés, ils ne sont pas
venus.
Dans d'autres cas, il est venu des gens qui étaient en fin de
carrière ou qui étaient très marqués auprès
de telle ou telle agence; ils ne paraissaient pas susceptibles d'apporter une
crédibilité. On voulait un jeune, avec cinq ou six ans
d'expérience, capable vraiment de s'attaquer à l'ensemble du
problème et pour jouer un rôle au conseil beaucoup plus dynamique.
C'est très difficile parce que la concurrence est grande; contre une
sécurité à $20,000, ils aiment mieux une
insécurité à $32,000 par année.
M. Charron: J'allais vous demander quel est l'écart
à peu près entre ce qu'offre la fonction publique et...
M. L'Allier: C'est à peu près de cet ordre.
J'avais, à la direction générale, un directeur de division
d'ailleurs, on s'était battu pour qu'il ait $22,000, je me trompe
peut-être de $1,000 et, dans l'année, on lui a fait une
proposition de $32,000 comme directeur d'un service dans une entreprise
privée. Alors, on n'est plus dans le portrait.
C'est un facteur qui a été souligné, au moment
où on a étudié la question linguistique et au moment,
c'est-à-dire, de l'étude des travaux de la commission sur la
liberté de la presse. Si j'ai bonne mémoire, mon collègue
Fernand Lalonde a repris ce sujet dans le sens que, dans les agences de
publicité au Québec, si on fait abstraction du personnel de
soutien, d'exécution, au niveau du personnel de conception, au niveau du
personnel véritablement de spécialistes en publicité, il y
a à peine 20% de ce personnel qui est francophone, actuellement. Ce
personnel vaut très cher pour ces agences de publicité. Elles
sont prêtes à les payer très cher.
On travaille actuellement, on a convenu avec le Publicité Club de
Montréal de l'associer à une étude sur la publicité
qui devra, quant à nous, sur nos propres moyens, nous conduire ensuite
à une étude sur la formation et sur l'intégration de
personnel francophone. Dans un premier temps, le Publicité Club et le
ministère, sur la base d'un contrat du ministère avec le
Publicité-Club cela s'est fait comme ça ce dernier
fera un inventaire de la publicité québécoise et de sa
diffusion, etc. Nous poursuivrons cette étude, mais, encore là,
nous sommes un peu freinés par le fait que nous n'avons pas les cadres
dont nous aurions besoin pour diriger vraiment l'ensemble de
l'opération.
M. Bonnier: M. le Président, est-ce que je pourrais poser
une question dans ce domaine?
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le député
de Taschereau.
M. Bonnier: Je sais que, dans le domaine de la radio et de la
télévision, il faut absolument passer par une institution, une
entreprise; forcément, le gouvernement doit passer par une agence de
publicité pour placer sa publicité. Dans le domaine des journaux,
est-ce que c'est absolument essentiel, étant donné que ce sont
des annonces d'appels d'offres et d'emploi, est-ce que c'est absolument
essentiel que vous passiez par des agences?
M. L'Allier: On pourrait techniquement le faire, mais ça
nous coûterait plus cher parce que le coût réel de la
publication serait exactement le même, sauf qu'il nous faudrait du
personnel pour faire le travail. C'est un peu, si je peux faire une
comparaison, la même chose que la billetterie d'avion. Si vous achetez un
billet directement à Air Canada, vous le payez le même prix que si
vous l'achetez dans une agence de voyage. Or, le...
M. Bonnier: C'est vrai à la radio et à la
télévision, je le sais. Est-ce que, pour les journaux, c'est
aussi vrai?
M. L'Allier: Oui, M. le Président, c'est la même
chose pour les journaux aussi.
C'est-à-dire que le bénéfice de l'agence de
publicité n'est pas payé en surplus par le client, il est
payé à l'intérieur du volume de publicité par le
support publicitaire.
M. Bonnier: Par le médium.
M. L'Allier: C'est le journal qui paye ça. Exactement
comme pour les billets de voyage, comme pour les agences de voyage.
M. Charron: M. le Président, j'aimerais revenir sur le
sens réel de la proposition que le ministre entend faire au conseil des
ministres, pour exclure la Société Pierre Tremblay
Publicité ou ne pas l'inclure. C'est du pareil au même.
Dans le cas plus réel, je pense qu'il faut dire exclure, parce
que cela a déjà fait les manchettes et l'objet de plusieurs
commentaires, c'est une société qui a presque bâti sa vie
et ses profits avec les contrats de publicité, son rôle d'agence,
essentiellement au service du gouvernement.
Je pense qu'immédiatement après que le ministre eut fait
cette annonce à la commission, il a indiqué une autre
modification qui pourrait presque, dans les faits, anéantir la
première, si je l'ai bien comprise. Ce que je veux vérifier,
c'est si je l'ai bien comprise.
Le rôle essentiel de Tremblay appelons-le Tremblay et
Cossette, pour les fins de la discussion jusqu'ici, dans la rotation,
cela a été les offres d'emplois et Cossette, les appels d'offres.
Est-ce que...
M. L'Allier: Avril, mai et juin 1974, les appels d'offres et les
offres d'emplois étaient chez Cossette, parce que, à ce
moment-là et avant cette période-là, une agence avait les
deux contrats.
M. Charron: Oui. Vous avez scindé cela.
M. L'Ailler: Oui, à partir de juillet-mars, nous avons
scindé cela. Les appels d'offres ont été confiés
à Cossette pour un montant de $375,000 et les offres d'emplois à
Pierre Tremblay, pour un montant de $247,000.
M. Charron: Si, d'autre part, votre proposition devait être
retenue, c'est beaucoup plus de l'information qu'autre chose, par vos
collègues du conseil des ministres...
M. L'Allier: Je dois préciser ici, pour clarifier la
discussion, que cela n'a pas à être soumis au conseil des
ministres, mais bien au Conseil du trésor.
M. Charron: Au Conseil du trésor, c'est ce que je voulais
dire. Si cela devait être retenu par le Conseil du trésor, mais
que, par contre, l'autre décision ou l'intention annoncée, celle
de ne plus être la boîte aux lettres de la Commission de la
fonction publique, laissait à la fonction publique elle-même le
soin de se trouver une agence et que l'agence qui, actuellement, a
déjà les offres d'emplois de la Commission de la fonction
publique, c'est Pierre Tremblay vous vous retirez du portrait de
boîte aux lettres, mais, pour Pierre Tremblay, rien ne change, en fin de
compte, parce que...
M. L'Allier: Cela dépendra de la décision de la
commission. C'est la commission qui sera responsable de cette
décision.
M. Charron: Est-ce que la commission est autonome sur cette
question de décider elle-même c'est de l'information
quelle agence de publicité elle utilise pour transmettre les offres
d'emplois de la fonction publique ou si elle doit obtenir l'autorisation du
Conseil du trésor, exactement comme le ministère des
Communications?
M. L'Allier: Je pense, M. le Président, que la commission
devra obtenir de la même façon l'autorisation du Conseil du
trésor. Maintenant, est-ce qu'elle est autonome? Vous pourrez poser la
ques- tion aux crédits du ministère de la Fonction publique.
M. Charron: Oui.
M. L'Allier: Le transfert, actuellement, est amorcé, il
n'est pas complété. La raison unique de ce transfert, ce n'est
pas pour nous de nous débarrasser d'un contrat de publicité
à accorder ou à ne pas accorder, c'est essentiellement pour
contribuer au raccourcissement des délais de publication d'offres
d'emplois, de concours, etc.
M. Charron: M. le Président, il m'est arrivé,
à certaines occasions, de faire l'étude de ce qu'on appelle les
engagements financiers du gouvernement au nom de l'Opposition. C'est cette
tâche absolument ennuyeuse de faire, une fois par mois, l'examen de tous
les chèques qui ont été émis avec l'autorisation du
Conseil du trésor, et, au besoin, de vérifier le
bien-fondé, la justification de chacune des dépenses du
gouvernement, à partir des crédits précédemment
votés.
Le nom de Pierre Tremblay, comme agence de publicité, revient, au
total de $247,000, souvent, et un de ses plus ardents protecteurs, qui refuse
absolument toutes les suggestions que nous avons pu faire, dans ces cas est le
ministre de la Fonction publique, qui défend, en même temps, les
engagements financiers.
Le ministre de la Fonction publique est en même temps le grand
patron du Conseil du trésor. C'est lui, avec d'autres collègues
du cabinet, qui est le "boss" quant au refus ou à l'acceptation des CT
qui sont demandés par différents ministères, qui, à
l'occasion, va les retourner, parce que la demande semble incomplète, et
qu'à d'autres occasions, va faire patienter pour l'octroi des
dépenses publiques, etc.
Autrement dit, je suis bien content de voir la proposition de principe
que le ministre entend prendre, face au Conseil du trésor, mais,
connaissant les joueurs, sachant de quelle "game" il s'agit exactement, je ne
pense pas que Pierre Tremblay vient d'apprendre une très mauvaise
nouvelle, ce matin.
M. L'Allier: M. le Président, si je peux interrompre le
député de Saint-Jacques, mon but ce n'est pas d'apprendre de
mauvaises nouvelles à qui que ce soit.
M. Charron: Non.
M. L'Allier: Mais, je voudrais dire ici que, si nous...
M. Charron: Je sais bien que ce n'était pas votre but.
M. L'Allier: ... pouvons en arriver à une certaine forme
de normalisation pour le type de publication, d'insertion que nous avons
à faire, ce n'est pas parce qu'on est meilleur que les autres, ce n'est
pas par angélisme, c'est parce que c'est à peu près le
seul domaine où cela se prête à cela.
M. Charron: Oui.
M. L'Allier: C'est-à-dire que cela se mesure dans un
espace. Il n'y a pas de créativité d'aucune espèce de
façon. Il n'y a pas de moyens multiples à employer.
M. Charron: Je suis parfaitement d'accord.
M. L'Allier: Lorsqu'il s'agit de l'autre publicité, de la
publicité qui fait appel, soit aux "gadgets", soit à la radio,
à la télévision, à l'insertion de tous les moyens,
à la couleur, à la conception et tout cela, à ce moment,
cela devient extrêmement difficile d'établir des normes sur le
choix de telle ou telle agence. On pourrait à la limite mais,
actuellement, je peux vous dire, en toute conscience, que nous ne sommes pas
équipés, au ministère des Communications, pour conseiller
le gouvernement là-dessus établir un certain nombre
d'exigences professionnelles minimales pour proposer une forme
d'accréditation d'un nombre X d'agences de publicité qui auraient
un total de comptes privés de tant qui auraient une expérience de
tant d'années, qui auraient tel et tel profit. . En Angleterre, cela se
fait de cette façon. En Angleterre, je pense qu'on accrédite une
dizaine de firmes qui sont les meilleures, quels que soient les clients qui les
emploient, sur le plan du volume, sur le plan du curriculum de leur personnel,
sur le plan de la diversité de leur clientèle, sur leurs
ressources internationales et tout cela qui sont considérées
comme les plus importantes et les meilleures.
L'Etat, en Angleterre, si mes informations sont exactes, est
obligé de confier sa publicité à l'une ou l'autre de ces
firmes. Je ne pense pas qu'il soit allé aussi loin que de dire: Cela
devra, à l'intérieur de cela, être réparti de telle
façon, parce que cela dépend du marché.
Les firmes de publicité, c'est un peu comme les joueurs de hockey
à la limite. Vous en avez qui, à certains moments, sont
excellentes à cause de la conjoncture, qui réussissent deux,
trois ou quatre bons coups en publicités... Celles qui ont fait la
publicité, à un moment donné, pour le Mouvement
Desjardins, par exemple, qui, du même coup, accrochent deux ou trois
autres contrats, qui, étant sur une lancée populaire,
acquièrent une clientèle très dense, à un moment
donné, leur lancée, qui est toujours la même, devient moins
populaire, parce qu'il y en a une autre. Vous avez cela quotidiennement. A un
moment donné, ce sont les annonces de Coca-Cola ou ce sont les annonces
de la Banque de Montréal qui prennent le dessus, finalement dans la
chansonnette populaire. C'est tout cela qui joue.
Je pense que j'induirais la commission en erreur si je disais que "oui",
nous pourrions, effectivement avoir, à ce moment-ci, des normes
permettant de choisir, d'exclure, de catégoriser, mais que, si nous ne
le faisons pas, c'est par volonté politique. J'induirais la commission
en erreur en disant cela.
Le fait qu'il n'existe pas, que nous ne dispo- sions pas des moyens pour
y arriver permet sans doute, à ce moment, une plus grande
"discrétion' dans le choix des firmes. Mais, même si nous avions
des normes qui permettaient une forme d'accréditation d'agences de
publicité, le gouvernement n'est pas là pour en faire
naître des agences de publicité, il n'est pas là pour en
mettre au monde et pour en faire mourir. Même lorsque nous aurons cela,
je pense que le ministère client, l'organisme client devra c'est
une question de jugement, à ce moment garder la plénitude
de ses droits de choisir telle ou telle agence.
S'il le fait sur la base de la qualité professionnelle, il se
peut que, sur une période de trois ans, il choisisse toujours la
même agence de publicité. S'il le fait sur une base qui n'est pas
le service professionnel, il peut aussi arriver qu'il choisisse trois
années de suite, la même agence et, à ce moment, le client,
au bout du compte, n'a pas le même service. C'est cela.
M. Charron: M. le Président, j'endosserais beaucoup de
points que vient de signaler le ministre des Communications. D'ailleurs,
l'année dernière, je pense que nous avions exprimé notre
position clairement là-dessus. Nous avions même signalé,
à ce moment, que le rôle de boîte aux lettres c'est
l'expression même du ministre, ce matin nous apparaissait inutile,
non pas celui de la publicité ou le besoin de recourir à des
professionnels de la publicité à l'extérieur du
gouvernement quand celui-ci ne peut y suffire, c'est une autre chose sur
laquelle je conviendrai en grande partie peut-être pas jusque dans
les détails mais en grande partie, avec la position de principe
que vient de prendre le ministre.
Mais là, où vraiment le rôle professionnel de la
publicité ou de l'agence ne consiste qu'à prendre ce que lui
envoie le ministère des Communications et, à partir de
bientôt, la Commission de la fonction publique sans même le
lire à l'occasion, sans même savoir la marchandise qu'ils ont dans
les mains, l'agent n'a qu'à téléphoner à un
journal, à réserver un espace et à dire: Voici ce que
vient de m'envoyer la Commission de la fonction publique. Tu vas mettre cela
dans la page 5 ou tu vas mettre cela dans la page 15. C'est une autre chose
d'être le concepteur de publicité.
M. L'Allier: D'accord.
M. Charron: Si vous me permettez, toute action là-dedans,
par exemple, de l'ordre de celle que vous avez l'intention de recommander au
Conseil du trésor, va dans un pas, parce que c'est permettre... Le
ministre dit: Ce n'est pas le rôle du gouvernement de mettre au monde, ni
de faire mourir les compagnies de publicité. Ce n'est pas le rôle
du gouvernement non plus d'en faire vivre. Surtout quand ces compagnies de
publicité profitent des deniers publics à peu près sans
aucun effort. C'est dans ce sens que... C'est à se demander pourquoi ces
privilèges sont maintenus. Ouvrons le débat politique qui est
latent à notre discussion. Quand ces sociétés ont des
liens directs avec la
caisse électorale d'un parti au pouvoir, on peut comprendre
comment il se fait qu'autant de deniers publics leur passent entre les mains
pour avoir aussi peu d'affaires.
M. L'Allier: M. le Président, ce que j'ajouterais à
ce que vient de dire le député de Saint-Jacques, c'est que, je
répète encore une fois que le caractère normatif qui peut
s'appliquer à la publicité de transmission, comme cela, à
l'affichage, appel d'offres, offres d'emplois et avis publics nous permettra
cette année d'amorcer déjà à partir des
données qui nous ont été fournies volontairement par les
firmes qui ont voulu le faire, de Québec... Les recommandations que j'en
retirerai et que je demanderai à mon ministère d'appliquer seront
celles également que je transmettrai au ministère de la Fonction
publique, à la Commission de la fonction publique. Je dirai à la
commission que nous procédons comme cela parce qu'il s'agit de tel type
de publicité, qui ne fait appel ni à la création, ni
à rien, et qu'à ce moment, la commission devrait ce sera la
recommandation que je lui ferai tenir compte du même
caractère normatif. Le fera-t-elle? Cela, vous pourrez le
vérifier à l'occasion de l'étude des crédits l'an
prochain.
M. Charron: Je prends votre parole, M. le ministre. Je vous
recommande, pour autant que je puisse le faire, dans cette information, parce
que cela en est vraiment, que vous allez transmettre à la Commission de
la fonction publique, expliquant pourquoi vous en êtes rendu à
cette position... Au fond, c'est à la suite d'une analyse
sérieuse à l'intérieur du ministère des
Communications qui, d'elle-même, mérite d'être portée
à l'attention de la Commission de la fonction publique. Autrement dit,
que non seulement vous éloigniez ce fardeau de vous, celui d'être
la boîte aux lettres, mais que vous vous assuriez que le principe
à l'intérieur du ministère sera retenu ou ne le sera pas
par la commission, ce sera sa décision, mais qu'en fin de compte, elle
ait tous les éléments d'information...
M. L'Allier: Elle nous fournira, si je peux employer
l'expression, un mode d'emploi avec cela.
M. Charron: Oui, d'accord.
M. L'Allier: Je souligne ici que je ne dispose pas et, au
ministère, on ne dispose pas du montant précis, du volume total
de la publicité gouvernementale publique et parapublique. Il faudrait,
pour arriver à cela, faire une enquête extrêmement
approfondie. Je ne dis pas qu'on ne le fera pas au cours de l'année qui
vient. On va amorcer quelque chose de ce côté. Ceci étant
dit, approximativement, les comptes de publicité, appels d'offres,
appels d'emplois et avis publics, à mon avis, ne représentent pas
10 % du total de la publicité gouvernementale. Cela ne dépasse
pas cela.
M. Charron: Bon. Ce sera au duo Yvon Sain-don, Oswald Parent,
avec autant de confiance qu'on peut remettre aux mains de ces deux per- sonnes,
de prendre une décision aussi profitable aux deniers publics, je crois,
que celle qui vient de nous être exprimée. J'aurais quelques
autres questions. J'en suis certain, le ministre en a pressentie une le jour
même où la commission des communications a été
convoquée. D'abord, une question d'information: Lorsque les agences que
nous venons de décrire comme étant des intermédiaires
entre les demandes d'un ministère ou d'une commission et les media
d'information... Est-ce que ce sont les agences qui décident quels
journaux elles ont à rejoindre pour faire paraître la publication
gouvernementale ou si la publication gouvernementale est accompagnée
d'une liste de media où on insiste, où on indique qu'il serait
bon de voir la...
M. L'Allier: Dans certains cas et assez fréquemment,
l'organisme qui utilise l'agence pour un placement recommande, compte tenu de
la connaissance qu'il a du secteur qu'il veut rejoindre, un certain nombre de
journaux, et l'agence peut, à son tour, réagir et lui faire
valoir qu'il y aurait intérêt à axer davantage son message
vers telle autre clientèle ou ailleurs. Les deux se font. Il y a un
échange, à ce moment, avec l'agence lorsque le cas surgit.
Dans le cas des appels d'offres, en général, il y a des
critères assez précis qui sont suivis au niveau de l'endroit
où a lieu le contrat, compte tenu des budgets dont nous disposons.
Lorsque nous avons respecté la norme fondamentale, qui est d'au moins
une publication dans un quotidien français de Montréal, un
quotidien français de Québec, etc., nous avons déjà
dépensé tous nos crédits. Alors, la marge de manoeuvre que
nous avons, étant donné qu'on n'a aucun contrôle sur les
volumes, qu'il y ait du recrutement en masse ou qu'il n'y en ait pas, on a la
même somme. On est toujours très serré avec nos
crédits, et quand on a respecté la norme minimale qui fait, par
exemple, que dans un contrat régional, nous faisons un placement dans le
plus grand hebdomadaire, ce qui peut être injuste pour le citoyen qui
habite dans la paroisse voisine qui ne l'a pas. Mais dans certains cas, on
parlait tout à l'heure d'une annonce de $100 effectivement, qui a
coûté même davantage, est-ce qu'il est vraiment utile de
l'étendre à chacun des citoyens? C'est dans un langage qui est
assez hermétique. C'est simplement pour éviter que la
décision soit prise en catimini, comme en cas de divorce, je pense qu'il
faut un avis public.
Dans ce cas, lorsqu'il y a des campagnes, nous agissons au niveau de
conseillers auprès des ministères. Au niveau de la
création, nous recommandons aux ministères de choisir les
agences, et la seule chose qu'on peut évaluer, c'est leur imagination
créative et leur plan des media. Là, nous avons, depuis quelques
mois, au ministère des Communications, un responsable des media, une
responsable des media effectivement, qui analyse telle proposition par rapport
à telle autre et qui fait des recommandations, disant: Non, vous devriez
plutôt aller ailleurs, etc. C'est une donnée nou-
velle. Nous avons recruté, enfin, depuis le temps qu'on en
voulait une, une personne qui s'occupe de cela. L'agence possède,
parce qu'elle s'en sert quotidiennement, ces données et fait valoir,
à certains moments, des plans plus intéressants que ceux qu'on
propose.
M. Charron: M. le Président, ma première question
au ministre sur ce sujet sera de lui demander pourquoi un quotidien
montréalais du matin, qui s'appelle le Jour, ne reçoit pas la
quote-part de publicité gouvernementale qu'il doit recevoir, qu'il
devrait recevoir?
M. L'Allier: Je voudrais, M. le Président, pour commencer
à répondre à cette question, parce que c'est complexe, et
encore une fois, je veux le faire dans un esprit le plus objectif possible, je
voudrais, je pense, que les membres de la commission analysent cette question
non pas dans l'optique d'un parti politique ou d'un autre parti politique, mais
dans l'optique de l'appui à l'action publicité-information des
deniers publics.
Je voudrais rappeler ici, par exemple, que la question qui est
posée pour le journal Le Jour pourrait, théoriquement, être
posée pour d'autres quotidiens. Ainsi, à partir des montants
payés en publicité aux quotidiens par le ministère des
Communications, en 1973/74 et en 1974/75, on a l'image suivante: En 1973/74,
l'Action a reçu $1,400; le journal A Propos, $241; Le Devoir, $50,362.
En 1974/75, le Devoir, qui avait reçu précédemment
$50,000, a reçu $7,004, du ministère des Communications. C'est
dû essentiellement à une obligation que nous avons eue, en 1973...
Non, ce n'est pas cela. C'est dû à une obligation que nous avons
eue, en 1973, de publier des décrets, très volumineux, notamment
dans le domaine du ministère du Travail, des cahiers spéciaux,
finalement, des décrets. C'est cela qui a coûté ce montant.
Le journal Le Droit, 1973/74 $19,000 1974/75 $11,000; La Gazette de
Montréal: $133,000 en 1973/74, $166,000 en 1974/75; The Montreal Star:
$0 en 1973/74, $0 en 1974/75. A la limite, la question du député
de Saint-Jacques pourrait valoir aussi pour Montreal Star.
M. Charron: ... le défenseur du Montreal Star.
M. L'Allier: Le Jour a reçu $105 en 1973/74 et $885 en
1974/75. Le Journal de Québec a reçu $588 en 1973/74 et $732 en
1974/75. Le Journal de Montréal $8,500 en 1973/74 et $5,000 en 1974/75.
Montréal-Matin $23,400 en 1973/74 et $15,000 en 1974/75. Le Nouvelliste
$16,000 en 1974 et $15,000 en 1975. Le Quotidien $3,000 en 1974 et $6,000 en
1975. La Presse $197,000 en 1973/74 et $136,000 en 1974/75.
Dans les régions, c'est la même chose. Le Soleil, par
exemple, $138,000 en 1973/74 et $93,000 en 1974/75. Je m'excuse, quand j'ai
dit: Montreal Star, zéro, c'est faux, parce que j'ai ici, sur la
deuxième page, un chiffre qui m'indique $22,000, par rapport à
The Gazette, en 1973/74.
M. Charron: Enfin, la justice est rétablie!
M. L'Allier: La justice est rétablie. Et c'est $12,000 en
1974/75. La Tribune $17,000 en 1974 et $16,000 en 1975. La Voix de l'Est $4,400
et $4,600 en 1975.
C'est la situation, pour ce qui est de l'utilisation des quotidiens aux
fins du ministère des Communications.
La question se pose sous deux aspects. Le premier aspect est
essentiellement la question qui doit se poser à tout organisme qui a
besoin d'appui publicitaire, qu'il passe par une agence ou par une autre
agence. Avant de déterminer que tel quotidien ou que tel appui aura ou
n'aura pas de publicité, sera ou non utilisé comme appui
publicitaire, il faut évidemment que ce quotidien existe. Quand il
existe, il faut qu'il se passe un certain temps pour que nous puissions
dégager le profil de lecteurs de ce quotidien. Le profil de lecteurs du
Jour nous a été remis au mois de mars, préparé par
Brisson, Grenier, Lalonde et associés, je pense, des Hautes
études commerciales de Montréal. C'est un profil de lecteurs. De
tous les quotidiens dans lesquels nous annonçons, nous avons
régulièrement des profils de lecteurs qui sont variables. Ils
nous permettent d'évaluer leur validité par rapport aux
clientèles à atteindre, notamment, pour ce qui est des offres
d'emploi.
Dans un deuxième temps, cela ne suffit pas d'avoir un profil de
lecteurs, il faut avoir un tirage certifié et une distribution
certifiée. Or, la question ne s'est jamais posée comme telle,
à ma connaissance. De toute façon, je n'étais pas
là avant l'existence du journal Le Jour. La question a pu se poser
peut-être au moment de l'existence du Nouveau Journal, mais, à ce
moment, je n'étais pas au gouvernement et je ne sais absolument pas
comment cela a pu être traité.
Quoi qu'il en soit, tous les quotidiens dans lesquels nous
annonçons ont un tirage certifié par l'ABC, exactement par la
même source de certification, qui est l'ABC, et cela vaut pour tous les
quotidiens que je vous ai indiqués tout à l'heure: le
Nouvelliste, la Tribune, le Record, le Journal du Nord-Ouest, le Soleil, le
Journal de Montréal, le Montreal Star, la Presse, Montréal-Matin,
etc. A la même date, ou à peu près, ou à la fin de
septembre pour tous, sauf pour le Journal de Québec où c'est
à la fin de juin, donc à un moment précis, par une firme
qui est la même pour tout le monde, l'ABC, nous obtenons le tirage
certifié du journal. Nous n'avons pas ce renseignement pour le journal
Le Jour. Dès qu'il pourra nous fournir ce renseignement, en termes de
situer le journal par rapport aux autres supports d'information comme
utilisateur de la publicité, il faudra à ce moment placer le Jour
sur le même pied que les autres journaux, en termes d'appui publicitaire.
Sur le même pied ne veut pas dire que le Jour aura $166,000 comme The
Gazette ou quoi que ce soit. L'évaluation que nous faisons, à
partir des comptes du ministère des Communications, est faisons
une hypothèse que si le tirage du journal Le Jour est de 32,000
exemplaires, cela pourrait signifier quelque chose de l'ordre de $5,000 au
cours de la prochaine année, en insertions de publicité
payée dans le journal Le Jour,
pour les fins du ministère des Communications, encore une
fois.
Je ne parle pas là des campagnes de publicité qui peuvent
être organisées dans le cadre de ce que j'ai dit tout à
l'heure, les campagnes qui se servent de plusieurs moyens, la radio, la
télévision et tout cela. Je parle, encore une fois, de nos
responsabilités comme ministère des Communications. Tant que nous
n'avons pas le tirage de l'ABC, qui existe partout ailleurs, je pense que nous
ne pouvons pas, d'une façon systématique, placer le journal Le
Jour sur le même pied que les autres. Lorsque nous aurons le tirage de
l'ABC, à ce moment-là, sur le plan de la publicité, nous
n'aurons aucune raison, je dis bien sur le plan de la publicité, de
refuser au journal Le Jour de le considérer au même titre que le
Devoir et dans la proportion des clientèles différentes que nous
voulons atteindre, etc. C'est la première partie de la question.
La deuxième partie de la question est plus politique, et c'est la
nature même du journal, son caractère indépendantiste.
Cette question est politique et je ne veux pas me défiler
là-dessus, mais, en ce qui nous concerne, comme ministre des
Communications, je ne pense pas que nous ayons à en tenir compte au
Québec, quelle que soit l'attitude du gouvernement fédéral
sur cette question. Je pense qu'au Québec, dans la mesure où
l'option indépendantiste est reconnue officiellement à
l'Assemblée nationale par des budgets de recherche, par la
reconnaissance d'un parti, par la Loi électorale, nous ne devons pas en
tenir compte comme client de publicité.
Si des motifs politiques existent, sont présentés, qu'ils
soient acceptés ou non, il appartient au gouvernement dans son ensemble
et au chef du gouvernement de faire connaître sa position
là-dessus Tant et aussi longtemps que, en ce qui me concerne, le journal
Le Jour ne se sera pas placé rigoureusement sur le même pied que
tous les autres quotidiens du Québec pour ce qui est de son analyse,
pour qu'on puisse le situer comme appui de publicité, nous serons
justifiés, je pense, de ne pas l'utiliser systématiquement. Une
fois que cette contrainte administrative à l'intérieur du journal
et que cette contrainte quant au minimum exigé de tous les autres et qui
existe pour les autres, sera levée, seule subsiste, à mon avis la
question politique. C'est comme cela que le problème se présente
pour le journal Le Jour.
M. Charron: M. le Président, le ministre peut-il me dire
si le fait que son ministère ne soit pas en possession de certaines
informations que, par ailleurs, il juge indispensables avant d'octroyer de la
publicité à un quotidien, quel qu'il soit, dans le cas
précis qui nous occupe, celui du Jour de Montréal, est-ce
dû à l'unique responsabilité du Jour lui-même de ne
pas avoir fourni ces renseignements, de ne pas avoir fait des efforts
suffisants pour répondre à vos demandes? Est-ce qu'il y a eu
communication écrite ou autre entre le rédacteur en chef ou la
société d'administration du Jour et le ministère des
Communications, parce que je sais, comme n'importe quel lecteur de ce journal,
qu'à plusieurs reprises, on a signalé ce
désintéressement du gouvernement du Québec à y
publier. Le Jour a même pris sur lui, à plusieurs occasions, de
mettre dans ses pages une photocopie puisée dans d'autres quotidiens, de
ce qui lui apparaissait comme une information publique. Je pense aux
modifications majeures que cette Assemblée a apportées au bail
des locataires, par exemple, et aux nouvelles lois. Les lecteurs du Jour sont
des locataires comme tout le monde, 80% des Québécois sont des
locataires. C'était un droit public que de le recevoir. J'imagine que
cette protestation que faisait le Jour, dans ses propres pages et à ses
propres frais, disons le, a dû, à un moment donné, avoir
des entrées gouvernementales le Jour ne s'est pas contenté de
protester uniquement dans ses pages. Je crois savoir que le premier ministre a
déjà été saisi de cette question par le
rédacteur en chef du Jour, lui-même. Mais est-ce que le ministre
des Communications, à titre de responsable de cet aspect de
l'activité gouvernementale, a eu des communications avec le Jour, a
donné les renseignements qu'il lui demandait, lui a signalé,
comme il vient d'en informer la commission, que cela lui apparaissait
essentiel, de sorte que le délai soit rempli?
M. L'Allier: Oui, M. le Président. Le journal Le Jour a, a
plusieurs reprises, demandé l'insertion de publicité
gouvernementale notamment au ministère des Communications. La seule
exigence que nous ayons eue, je pense, dans la correspondance avec le Jour,
cela a été un profil de lecteurs, du moment où ce profit
de lecteurs a été fourni, j'ai étudié le dossier
dans son ensemble et c'est à ce moment-là que je me suis rendu
compte des faits. Pour moi, je pensais que l'ABC allait de soi.
Tous les hebdomadaires, par exemple, dans lesquels nous
annonçons, sont les hebdomadaires qui ont le plus fort tirage dans une
région. Or, le tirage des hebdos est déterminé par l'ABC,
c'est l'ABC qui détermine...
M. Charron: Qu'est-ce que c'est l'ABC?
M. L'Allier: Le nom exact, c'est... Audit Board of
Circulation.
M. Charron: Audit Board of Circulation.
M. L'Allier: C'est à Toronto et Chicago. Une firme qui ne
fait que ça, c'est publié...
M. Charron: Est-ce que c'est le gouvernement qui engage cette
firme pour vérifier le tirage...
M. L'Allier: Pas du tout, pas du tout. M. Charron:
Non?
M. L'Allier: c'est le journal qui l'engage et c'est publié
dans un bottin qui s'appelle le Canadien Advertising Rating and Data. Cela
donne le tirage et le coût, compte tenu du volume de tirage
et de circulation, le coût d'une ligne de publicité en
termes d'espace. C'est à partir de ça qu'on peut
déterminer que le coût d'une annonce dans le Jour est plus cher ou
moins cher ou trop cher ou pas assez cher, etc.
En regardant la liste de tous les quotidiens du Québec, en
constatant que dans les hebdos, dans lesquels nous annonçons et parmi
lesquels nous sommes obligés de choisir, nous prenons celui qui a le
plus haut tirage, je me suis rendu compte que le Jour ne l'avait pas, l'ABC.
Cela, qu'est-ce que vous voulez?
M. Charron: Vous l'avez signalé au Jour?
M. L'Allier: Je ne l'ai pas écrit au journal Le Jour, je
peux lui écrire pour le lui dire mais je présume qu'il doit le
savoir lui-même aussi.
M. Charron: Est-ce que le Jour est au courant que ça lui
prend cette donnée pour devenir sur la liste...
M. L'Allier: Se qualifier techniquement. M. Charron: ...se
qualifier techniquement.
M. L'Allier: Cela ne réglera pas le deuxième
problème.
M. Charron: Non, nous parlerons du deuxième
problème. Je ne voudrais pas qu'on dise: On ne discute pas du
deuxième problème parce que le premier n'est pas
réglé.
M. L'Allier: L'information que j'ai, c'est du oui-dire, je ne
peux pas rapporter ça ici. Le Jour sait que les autres ont l'ABC, mais
il ne serait pas particulièrement disposé il ne
l'était pas, en tout cas, il y a quelques mois à
s'inscrire lui-même à l'ABC pour se faire catégoriser de ce
côté.
M. Charron: II ne l'est peut-être pas... on connaît
la situation financière de ce journal qui a une existence difficile, qui
a eu un certain temps une existence difficile, qui a été
merveilleusement appuyé par des citoyens dans une campagne de
financement qui lui permet maintenant de s'assurer une existence propre et
réellement indépendante, mais j'imagine que s'inscrire ou se
donner des frais supplémentaires ne devait pas lui sourire plus que
ça, maintenant, si on lui dit: Ces frais, vous devez les encourir parce
que ça vous qualifie techniquement, il va peut-être changer de
décision.
M. L'Allier: C'est-à-dire qu'il faut souligner que la
plupart de ceux qui se servent des journaux pour annoncer se
réfèrent à l'ABC pour savoir s'ils payent trop cher ou pas
assez cher. C'est un peu la Bible en ce qui concerne le tirage et la
circulation. A mon avis, quand le Jour se plaint de ne pas avoir de
publicité de tel ou tel magasin, par exemple, à Montréal,
s'il n'est pas dans l'ABC, qu'est-ce que vous voulez, le publiciste de
l'entreprise pri- vée peut très bien dire: Ecoutez, je ne sais
pas à qui vous vendez, où vous circulez et je ne sais pas
à qui vous vous adressez, finalement.
Quand même vous me donnerez un profil de lecteurs, que vous dites
que vos gens ont tel niveau de scolarité, que ça ne fait pas
double emploi avec le Devoir, ça ne règle pas mon
problème. Si vous imprimez à 32,000 copies, que vous avez 25% de
retour, que vous avez seulement 22,000 de circulation, ça vaut tant pour
moi. Ce qui m'intéresse, c'est la circulation, ce n'est pas le tirage
que vous faites. C'est tout ça qui vaut, en somme.
M. Charron: Pour éviter...
M. L'Allier: On va le préciser avec ces gens, dès
que je vais avoir fini la période des crédits, je vais leur dire:
Tous les autres l'ont, en ce qui nous concerne, techniquement, vous serez
qualifiés lorsque vous aurez l'ABC. Cela vaudra pour tous les cas.
M. Charron: C'est l'assurance que je voudrais obtenir, pour que
les cartes soient claires. Maintenant, ce sera à eux d'agir.
M. L'Allier: Sur le deuxième point, la question est
beaucoup plus délicate, et peut être débattue par les
membres de la commission et on peut faire de très longs débats
pour savoir si on doit faire entrer le facteur politique dans l'utilisation. Je
n'ai pas l'intention de faire ce débat ici. Le conseil de presse a rendu
un avis...
M. Charron: ...que vous avez qualifié de rationnel.
M. L'Allier: ...que j'ai qualifié de rationnel et avec
lequel je suis d'accord, quand on se place dans l'optique de l'utilisateur des
appuis de publicité aux frais de l'information gouvernementale, dans la
mesure où l'appui peut être catégorisé à
partir des mêmes normes que tous les autres, à ce moment, tout ce
que ça laisse, c'est un choix par rapport à une orientation
politique d'un quotidien. On peut se poser des questions pour savoir si un
journal doit, ou non, appartenir à un parti politique. On a eu le
Montréal Matin avec l'Union Nationale, le problème se posait
différemment parce qu'il n'y avait pas de...
M. Charron: Le journal Le Jour n'appartient pas à un parti
politique.
M. L'Allier: Je sais. Mais je veux dire qu'il y a une
participation quand même. Un parti politique participe au financement du
journal. Directement on peut se poser ce genre de questions. Je ne veux
pas...
M. Charron: Le parti politique dont vous parlez, qui est le mien,
est actionnaire de ce journal pour $5,000.
C'est le conseil national de ce parti qui a décidé
d'acheter une action à $5,000. Lorsque la so-
ciété se réunit, le parti comme tel a voix au
chapitre, comme n'importe quel autre actionnaire.
M. L'Allier: Tout ce que je souhaite, sur ce point, c'est que,
lorsque le journal se sera techniquement qualifié sur la même base
que tous les autres quotidiens franchissons d'abord cette étape
et, ensuite, s'il subsiste le deuxième problème, à
ce moment-là, les membres de la commission pourront trouver un forum
pour l'aborder.
M. Charron: Moi non plus, je ne tiens pas à le faire ici,
mais j'aime bien l'approche que le ministre a donnée à ce
problème qui devrait être celle qui flotte dans l'esprit de chacun
des membres de la commission.
N'ouvrons pas le débat sur l'attitude fédérale
appuyée par des gens qui, à cette occasion, reniaient les
principes qu'ils avaient, 20 ans plus tôt, exprimés et
défendus avec tellement de chaleur, mais regardons plus notre cas
québécois. Oublions les Anglais qui, de toute façon, ne
nous comprendrons pas plus là-dedans qu'ils nous ont compris dans autre
chose, et regardons entre nous.
Ici, effectivement, comme le dit le ministre, des citoyens
québécois qui ont voté, opté pour ce choix
politique, contribuent au même titre que les autres. Si on veut le faire,
M. le Président, 30% des crédits du ministère que nous
sommes à voter, viennent de la poche de citoyens qui ont voté
pour le Parti québécois, qui ont voté pour
l'indépendance.
Chacune des actions du gouvernement, chaque geste de ce gouvernement
compte toujours une partie de deniers qui viennent d'indépendantistes et
personne, parmi ces "payeurs de taxes" puisque c'est l'expression qui a
été utilisée au niveau fédéral n'a
d'objection à ce que la société québécoise,
dans son ensemble, profite de leurs deniers, parce qu'eux également en
profitent.
M. L'Allier: Si je pouvais intervenir sur ce point...
Le Président (M. Houde, Limoilou): L'honorable
ministre.
M. L'Allier:... pour faire en sorte que ce débat ne
devienne pas je ne fais pas particulièrement
référence au député de Saint-Jacques, je pense
à moi également largement émotif, à un
moment donné, il faut bien souligner que l'apport de la publicité
gouvernementale, à tous les quotidiens, quels qu'ils soient, n'est pas
la source première de leur survie, de leur financement, de leur
existence.
Quand on dit, par exemple, que, cette année, du ministère
des Communications, il y en aura, bien sûr, des universités, des
CEGEP, mais au Devoir, par exemple, ce sera $8,000. Cela a été
environ $8,000. Ce n'est pas ce qui.... C'est le principe qui est en cause.
M. Charron: Principe.
M. L'Allier: Et, sur ce point, au moment où on en
discutera j'attire l'attention des membres de la commission
là-dessus je pense qu'il faudra qu'on tienne compte de l'opinion
du conseil de presse.
On s'est donné, après beaucoup de réflexion, de
discussion, cet instrument fragile. Quand je dis "on", c'est la
collectivité, où personne, finalement n'est majoritaire, qui est
un instrument paritaire, composé de représentants d'entreprises,
de journalistes, de représentants de la population. On commence,
actuellement, à y référer un certain nombre de dossiers,
un certain nombre de cas sur lesquels on veut que le conseil de presse se
prononce.
Si on veut, précisément, dans le petit monde où
nous vivons, faire en sorte que ce conseil de presse serve, non pas uniquement
de tampon, mais de modérateur dans l'équilibre et dans la
qualité de notre information, il faut lui garder son crédit.
Si on veut que les décisions qu'il prendra dans un cas, qui
pourraient être favorables ou défavorables à tel ou tel
parti, soient suivies, il faudra respecter ces décisions, ces
orientations et ces recommandations.
Le conseil de presse n'a pas plus de pouvoirs que l'Ombudsman.
L'Ombudsman a souvent rendu des décisions qui, sur le plan
administratif, chatouillent probablement la machine administrative. Mais
l'Ombudsman a un pouvoir moral qui fait que, dans les faits, ses
décisions donnent lieu à des modifications ou à des
correctifs. Il faut, je pense, partir de toutes les questions qui sont soumises
au conseil de presse, faire en sorte que ce conseil assume et acquière
cette autorité morale qui fasse en sorte que, si on prend des
décisions par la suite, quitte à ne pas les suivre, on le fasse
en connaissance de cause. C'est tout ce que je voulais dire.
M. Charron: M. le Président, je termine avec une
affirmation de principe. Je le prends le plus général possible,
mais c'est celui qui, je pense, doit rallier tous ceux qui croient au
système dans lequel nous vivons.
Ce n'est pas à l'Etat de choisir quel journal un citoyen doit
lire. Si un lecteur, quotidiennement, qui a déboursé $0.20 ou
$0.25, s'approprie sa source d'information à lui, il a droit, à
ce moment, à toute l'information que le gouvernement prend sur lui de
mettre à la disposition des lecteurs de journaux. En ce sens, quand ce
citoyen voit son Assemblée nationale modifier la Loi du locataire ou la
Loi des propriétaires, s'il a choisi une autre source d'information que
celle favorisée par d'autres membres de la société, il a
le droit de savoir ce que son Assemblée nationale a décidé
pour lui. En ce sens, il a le droit aussi de savoir quand un poste est ouvert
dans la fonction publique; il a le droit de savoir, s'il est entrepreneur, s'il
peut faire une soumission publique pour un poste ou pour un autre. Je pense que
c'est le principe général qui devrait conduire à une
décision dans ce sens, lorsque les qualifications techniques seront
complètement remplies.
M. le Président, j'ai terminé, pour ma part.
Le Président (M. Cornellier): Le député de
Saint-Jean.
M. Veilleux: Sur le sujet qui a été soulevé
par le député de Saint-Jacques. Le député de
Saint-Jacques s'est exprimé, si vous voulez, à un niveau
provincial. J'aimerais quand même porter mes réflexions à
un niveau régional.
Le ministre, tout à l'heure, a mentionné que, lorsqu'une
annonce ou un décret est annoncé dans un journal régional
ou local, on prend un journal qui a la plus haute cote de vente ou de
distribution. Moi aussi, je reprends l'argument du député de
Saint-Jacques et je le dis au ministre. Il y a des gens, dans une
région, qui peuvent ne pas lire cet hebdomadaire qui a une grande
diffusion, mais un autre qui en a une plus petite.
M. L'Allier: Exactement.
M. Veilleux: C'est un autre des éléments. Je pense
que, quand viendra le temps de prendre la décision, c'est un autre
élément qu'il faudra analyser et en analyser aussi l'impact
financier. Pourquoi favoriserait-on, dans une région, tel hebdomadaire
par rapport à tel autre? Je sais que, dans ma région, il y en a
un qui est favorisé. Je n'ai rien contre le journal en question. C'est
un très bon journal. Il gagne même des prix comme hebdomadaire. Je
félicite ces gens du travail extraordinaire qu'ils font, mais il y a des
journaux, dans ma région, qui, peut-être, s'ils avaient eu les
mêmes annonces que cet hebdomadaire, ne seraient pas morts. Aujourd'hui,
ils sont morts.
Il y en a un autre qui essaie de s'en sortir de peine et de
misère et qui ne bénéficie jamais de... Je ne sais
même pas qui est le propriétaire de l'autre hebdomadaire, parce
que cela se vend à peu près toutes les semaines, cela change de
propriétaire, mais c'est un principe, je pense, sur lequel il va falloir
se pencher lorsqu'il s'agira de prendre une décision, que ce soit au
niveau provincial ou à d'autres niveaux. Ce sont aussi des
éléments qui doivent entrer en ligne de compte.
M. L'Allier: M. le Président, je suis heureux de
l'intervention du député de Saint-Jean là-dessus, parce
qu'il a parfaitement raison. La simple norme d'annoncé dans les
régions, dans l'hebdomadaire qui a automatiquement le plus haut tirage,
ne remplit pas d'une façon générale l'objectif
d'information de la population, parce que, dans ces régions, lorsqu'il y
a plus qu'un hebdomadaire, les gens n'achètent pas automatiquement les
deux, les trois ou les quatre hebdomadaires qui peuvent y exister.
Si nous avons les fonds nécessaires pour le faire, parce que
là, c'est une question d'argent, à un moment donné, M.
Loiselle pourra compléter là-dessus, nous allons tenter
d'étendre au maximum l'accessibilité de l'information
gouvernementale aux hebdomadaires. Pour y arriver, il faudrait qu'on augmente
passablement nos budgets à cet article. Jusqu'ici, je n'ai pas
été particulièrement chanceux au niveau du Conseil du
trésor, en particulier là-dessus. Deuxièmement, nous avons
amorcé depuis un an de façon plus soutenue peut-être des
rencontres ou des contacts avec les associations d'hebdomadaires. Je pense que,
pour ce qui est des hebdomadaires, comme il y a un foisonnement
d'hebdomadaires, il faut essayer d'identifier ceux qui sont
véritablement lus par rapport à ceux qui sont strictement des
feuilles commerciales distribuées gratuitement. Par exemple, il y a
toute une problématique à établir; nous devrons le faire
avec les propriétaires d'hebdomadaires, si nous pouvons ensemble en
arriver à établir une problématique qui fait que
l'information gouvernementale généralement envoyée dans
les régions puisse être classée en plusieurs
catégories. Ceci fait que la catégorie 1 va automatiquement
à tous les hebdomadaires, quels qu'ils soient. La deuxième
catégorie où il faut faire des économies, parce que c'est
l'appel d'offres, va dans moins d'hebdomadaires. Une troisième
catégorie va uniquement dans les tirages les plus élevés,
c'est vers cela que je voudrais qu'on s'en aille.
M. Veilleux: C'est qu'au niveau des hebdomadaires, il y a une
espèce de club fermé qui existe, les hebdomadaires A-1. Je pense
que je concrétise ce qui existe dans les faits. C'est un club
fermé. N'entre pas qui veut dans les hebdomadaires A-1, s'il vous
plaît, mon père!
M. L'Allier: Non seulement cela, mais je pense qu'on en accepte
seulement un par région. A partir de là, finalement, il faut en
pénaliser d'autres qui pourraient éventuellement, grâce
à la publicité du gouvernement, faire certains profits,
améliorer leur journal pour, éventuellement, être de
même qualité que les A-1.
M. Veilleux: II y a une autre question, je pense, qu'il faut se
poser. Est-ce que dans cette publicité du gouvernement ou ces annonces
du gouvernement, en plus d'avoir comme critère le droit du public
à l'information, on doit faire entrer en ligne de compte la
possibilité d'aider au financement d'hebdomadaires?
M. L'Allier: C'est une autre question. J'essaie de la dissocier
depuis le début. Lorsqu'il s'agit de publicité gouvernementale et
d'information gouvernementale, l'objectif n'en est pas d'aider un journal. Cela
peut avoir cet effet, mais ce n'est pas de l'aider comme tel. Maintenant, il
faut mettre au point des normes pour les hebdomadaires, et je l'ai dit à
l'occasion du dernier congrès des hebdomadaires A-1. Mais je devais
aussi rencontrer pendant la dernière tempête à
Québec, ici, l'Association des hebdomadaires du Canada, qui est une
autre chose, et qui est moins fermée que la première
catégorie. J'ai rencontré les A-1 et je devais rencontrer, il y a
trois semaines ou un mois, l'autre association. Il faut mettre au point avec
elle aussi un programme d'aide à la qualité des hebdomadaires,
dans l'aide au regroupement des services ou des choses comme cela. On a quelque
chose à faire avec cela.
M. Veilleux: C'est un peu comme les centrales syndicales?
M. L'Allier: Oui, mais il faut que le ministère se penche.
On a commencé à le faire...
M. Veilleux: De nouveaux journaux.
M. L'Allier: ...sur le problème de la survie des hebdos.
Là, la concentration joue, il y a toutes sortes de facteurs qui jouent
là-dedans. On va faire cela avec eux. Pour ce qui est de l'appui
publicitaire, je pourrais vous donner la liste de ce qu'on a payé aux
différents hebdomadaires pour la publicité.
Dans une année, il n'y en a pas beaucoup pour qui cela
dépasse $1,000, par exemple. Pour $1,000, il y a quand même un
espace correspondant, donc ce n'est pas $1,000 de subvention. Ils sont
obligés de nous loger pour $1,000 dans les hebdos, de sorte que, en
termes de profit, ce n'est pas une source principale de revenus pour les
hebdos. Le problème des hebdos est beaucoup plus profond que cela. C'est
celui de la survie dans une région avec une information de
qualité. Ils ont, premièrement, le problème du personnel.
Dès qu'ils ont un journaliste qui est le moindrement ouvert et qui veut
faire une carrière dans les hebdos, il est absorbé par le
quotidien régional, et s'il est bon dans le quotidien régional,
il est absorbé par un quotidien de Québec, et s'il est encore
très bon à Québec, il risque d'être absorbé,
à moins d'avoir des racines familiales, etc...
M. Veilleux: II y en a qui partent de Montréal pour venir
à Québec.
M. L'Allier:... il peut être absorbé par un
quotidien de Montréal et vice versa. Quand on est rendu au niveau des
quotidiens, c'est une guerre de patrons sur un même pied. Mais les
quotidiens par rapport aux hebdos, les hebdos sont défavorisés en
partant.
M. Veilleux: Vous avez réussi à faire sourire les
journalistes.
M. L'Allier: Je ne veux pas dire que les journalistes de
Québec, qui ne sont pas à Montréal, sont moins bons que
ceux qui sont à Montréal.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Autres questions au
programme 2?
M. Bérard: Toutefois, il faudrait...
Le Président (M. Houde, Limoilou): L'honorable
député de...
Une Voix: Saint-Maurice.
M. Bérard: ... souligner, M. le ministre, qu'il y a des
hebdos qui sont vendus dans certaines régions, mais tout de même,
il en a dans d'autres régions, qui sont distribués
gratuitement.
M. L'Allier: Oui.
M. Bérard: Est-ce que la politique du ministère des
Communications est différente vis-à-vis des hebdos qui sont
vendus et des hebdos qui sont distribués gratuitement?
M. L'Allier: Je pense que le gouvernement, d'une façon
systématique, ne publie rien dans les hebdos qui sont distribués
gratuitement, parce qu'on a aucun moyen de contrôle sur le volume de
distribution et sur le tirage. On ne sait pas où ils vont et on ne sait
pas... L'hebdo distribué gratuitement va dire: Tiré à
40,000 copies, mais on ne sait pas s'il y en a 35,000 qui sont restées
sur le pied de la porte de la pharmacie.
M. Bérard: Ah bon!
M. L'Allier: Si on faisait cela... Il faut les aider aussi...
Là, on met en danger le vrai.
Est-ce qu'on peut proposer l'adoption de cet élément?
Le Président (M. Houde, Limoilou): Est-ce que la
commission accepte...
M. Charron: Programme 2, M. le Président, ça
va.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Programme 2,
adopté.
La commission ajourne ses travaux à mardi matin, 10 h 15, au
salon rouge.
(Fin de la séance à 12 h 54)