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Commission permanente de l'éducation,
des affaires culturelles et des
communications
Etude des crédits du ministère des
Communications
Séance du 29 avril 1975
(Dix heures quarante-cinq minutes)
M. Houde, Limoilou (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A
l'ordre, messieurs! Programme 3: Edition gouvernementale.
M. Charron: M. le Président, est-ce que je peux proposer
immédiatement puisque nous fonctionnons sans avoir pleinement le
quorum, pour ne plus perdre de temps le programme suivant ou la
suggestion suivante à la commission? C'est que ce matin, jusqu'à
l'heure du lunch, nous étudiions l'ensemble des programmes qui nous
restent, à l'exception de Radio-Québec, que l'on conserverait
pour après la période des questions cet après-midi.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Cela va.
M. Charron: C'est mon intention de le faire en espérant
que, moi-même, je n'aie pas trop de questions.
M. L'Ailler: Je serais d'accord, M. le Président, d'autant
plus que M. Labonté sera ici, à partir de trois heures et demie
cet après-midi, lui-même avec son vice-président et son
directeur d'administration.
Edition gouvernementale
M. Charron: M. le Président, une question habituelle,
lorsque vous appelez ce programme 3 des Communications sur les éditions
gouvernementales, c'est le chiffre des ventes de l'Editeur officiel pour
1974/75. Est-ce que ce sont les chiffres que l'on a ici?
M. L'Allier: C'est-à-dire que les chiffres que vous avez,
M. le Président, ne touchent, je pense, que la vente en librairie,
$934,000; cela représente le chiffre des ventes en librairie.
Deuxièmement, la vente d'avis dans la Gazette officielle, pour $774,000,
et les traductions, pour $50,000; pour un total de $1,800,000.
La vente d'avis de la Gazette officielle, si je peux donner une
explication là-dessus, c'est que, lorsque des avis obligatoirement
prévus par la loi sont publiés dans la Gazette officielle, le
citoyen lui-même, la corporation, la société, ceux qui ont
demandé une charte par exemple, puis qui doivent en faire publier les
avis doivent rembourser l'Editeur officiel.
Donc, c'est un remboursement de l'ordre de $774,000, pour la publication
d'avis officiels, donc payés par les différentes personnes
à qui la loi fait obligation de publier et de payer.
M. Charron: M. le Président, l'année
dernière, le ministre avait parlé d'un projet du ministère
qui visait encore une fois à vulgariser par l'Editeur officiel, les
renseignements publics, surtout en ce qui a trait aux lois et aux
règlements. Puis-je demander au ministre quels ont été les
résultats de ses efforts au cours de la dernière année et
quels sont les projets dans cet ordre pour la prochaine qui vient?
M. L'Allier: M. le Président, je peux demander à M.
Dubé, qui est l'Editeur officiel et le directeur général
de l'édition, de faire le point sur cette question.
La vente des lois et des règlements représente, chez
l'Editeur officiel, la grosse partie de nos ventes. J'ai des statistiques ici
qui disent que les lois et règlements, en fascicules seulement, nous en
avons vendu 200,000 exemplaires, à raison d'un prix de $0.35 à
$1.50 chacun. Nous avons vendu aussi, par exemple, la codification des lois
fiscales, 1,200 exemplaires à $70 chacun, $84,000.
Et il y a une tendance de plus en plus prononcée de la part des
ministères à faire des codifications administratives qui
comprennent non seulement les lois et les règlements mais, de plus en
plus, de la jurisprudence et une historique aussi de l'évolution de la
loi ou de la réglementation.
Cela a commencé avec le ministère du Revenu. C'est en
production présentement avec le ministère des Affaires sociales.
Nous produisons présentement, pour le ministère, un guide
administratif qui comprendra les lois et les règlements et aussi des
directives administratives aux hôpitaux, aux institutions
hospitalières.
Cette tendance, je crois, va s'accroître avec tous les
ministères, d'autant plus que maintenant, à la suite d'une
entente avec le Barreau, nous sommes responsables de la production de la
jurisprudence, des recueils de jurisprudence et nous utilisons aussi,
maintenant, l'ordinateur, pour mettre les lois en banque. Pour les lois, c'est
terminé. Pour la réglementation, cela commencera à
l'automne et, éventuellement, avec SEDOJ, qui est le groupe responsable,
la Société de documentation juridique, le groupe responsable du
contenu des recueils de jurisprudence, nous allons avoir éventuellement
une banque de toute la jurisprudence.
On fait des efforts accrus pour faire connaître les lois et les
règlements. L'une des propositions qu'on compte faire à
l'Assemblée nationale c'est de s'occuper de la production des lois,
à partir du début, dès l'origine et faire ce que l'on
appelle du "bill processing". Cela va nous permettre d'entrer dans la
production des lois dès le début et de faire en sorte que les
projets soient distribués immédiatement au public. Actuellement,
les projets de loi sont distribués par l'Assemblée nationale et
l'Assemblée nationale n'a pas toujours la structure commerciale de
l'éditeur pour atteindre le public.
Or, nous constatons que, dans nos librairies, il y a une énorme
demande pour les projets de loi.
De cette façon, en s'introduisant dans la production des lois
dès le début, nous allons pouvoir, je crois, avoir plus
facilement accès au projet lui-même et en tirer tous les
exemplaires voulus par le public.
M. Charron: Sur cet article en particulier, est-ce que
l'éditeur officiel a déjà entamé des
négociations ou des discussions avec le président de
l'Assemblée nationale?
M. L'Allier: Non, pas encore. Nous sommes en train, actuellement,
de mettre la chose au point. Il y a un problème de mise en banque, parce
qu'on voudrait que le texte soit mis en banque dès le début.
C'est un problème surtout technique. Avec le miniordinateur que nous
avons maintenant chez nous, et dès que ce problème sera
résolu, c'est très bientôt, nous allons faire une
proposition concrète au président de l'Assemblée
nationale.
M. Bonnier: M. le Président, est-ce que je peux
demander...
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le député
de Taschereau.
M. Bonnier: Est-ce que c'est le projet de loi lui-même ou
son contenu intégral qui est intéressant pour le public en
général ou si ce ne serait pas une espèce de
condensé vulgarisé, de façon que le citoyen soit
constamment au fait des nouvelles lois qu'on adopte?
M. L'Allier: On constate que le projet de loi lui-même ou
la loi elle-même est aride pour le public. Souvent, les acheteurs
viennent en librairie, demandent une loi et reviennent quelques jours
après et disent: On n'a rien compris; avez-vous autre chose? Alors,
l'idée nous est venue de commencer à faire quelque chose de
nouveau, c'est-à-dire, de réintroduire, dans les fascicules de
loi et de règlements de loi, les notes explicatives, parce que
dès que la loi est publiée, sanctionnée, les notes
explicatives disparaissent.
Je pense qu'il faudrait les reprendre. De plus, nous avons l'intention
de produire, avec certains ministères, de petits fascicules, par
thèmes, sur des lois, complétés de la
règlementation et avec, au besoin, des notes explicatives, faites par
des experts, des juristes qui sont à même de ne pas
déformer la volonté législative.
M. Charron: Je pense que le député de Taschereau a
poussé plus loin la question que j'avais posée. Ma question
contenait le mot souvent employé: vulgariser. Il ne s'agit pas de mettre
uniquement les projets de loi à la disposition du public, ni les lois,
ni les projets de loi, mais encore faut-il qu'ils soient dans un langage
accessible.
En ce sens, je me demande quelles seront les initiatives nouvelles et
comment elles seront prises au cours de la prochaine année, dans le
même sens.
M. L'Allier: Sur ce point, M. le Président, je pourrais
référer le député de Saint-Jacques au document
initial qu'on avait remis aux députés. Dans cet esprit, au niveau
de l'édition et de la documentation juridique, vous avez aux pages 85 et
86, une série de mesures dont la troisième en particulier qui
porte sur la publication de brochures de vulgarisation. C'est une
préoccupation, pour ma part, que je partage entièrement avec le
député de Saint-Jacques et le député de Taschereau,
parce que cela me paraît essentiel.
Il semble que le problème que l'on rencontre, c'est
précisément de trouver des personnes qui soient
compétentes dans le domaine juridique, suffisamment compétentes
pour faire le décodage de vulgarisation et pour fournir, à partir
d'un texte vulgarisé, une référence quand même
exacte par rapport à la législation. Or, il est évident
qu'on ne pourra pas, et de loin, couvrir toute la législation.
Donc, il faut faire un choix dans la législation.
L'établissement de critères de sélection par rapport aux
lois qui sont adoptées ne cause pas de problèmes majeurs, mais il
faudra en arriver à faire une certaine sélection, par exemple, en
commençant par le domaine social, ensuite en passant par le domaine de
l'éducation, le domaine de l'agriculture, les domaines de services aux
citoyens finalement. Partout où des fonds publics sont directement
engagés dans le service aux citoyens, par voies et règlements,
retrouver dans un même document partiellement, dans le Guide du
citoyen comme référence générale, mais, ensuite, en
référence annexe le bloc qui peut intéresser
l'agriculteur, l'étudiant, l'assisté social, etc. C'est vers cela
qu'on s'en va et je pense qu'au cours de la prochaine année on devrait
amorcer cela. Je ne sais pas si M. Dubé...
Oui, c'est exact. D'ailleurs, on a créé un service
d'édition juridique et nous sommes en train, actuellement, de recruter
quelqu'un pour diriger ce service et faire en sorte justement qu'on s'attaque
à ce projet de vulgarisation des lois.
M. Charron: Je me permets de vous faire remarquer, M.
Dubé, que l'information que vous donniez à la commission tout
à l'heure, à l'effet d'inclure les notes explicatives d'une loi,
même lorsque cette loi est adoptée, donc lorsqu'elles ne figurent
plus dans le texte de la loi, est loin d'être une solution. C'est
peut-être, à un certain moment, un éclaircissement quant
à l'agencement général de la loi, si elle est volumineuse,
si elle est complète; recourir aux notes explicatives peut être
une espèce de guide, mais ce n'est certainement pas ce qu'on appelle
encore une fois, c'est le sujet de notre discussion de la
vulgarisation des lois pour le grand public.
Je peux me servir de notre expérience. Cela fait cinq ans,
aujourd'hui, que j'ai été élu et même les notes
explicatives avec lesquelles on travaille sont souvent bien ambiguës.
Elles se contentent, par définition, de résumer au maximum la
portée de chacun des articles de la loi, de les concentrer, mais ne
donnent pas en tout cas, ce qu'on espérait obtenir
accès aux services de cette loi.
M. L'Allier: C'est cela. Le Guide du citoyen, M. le
Président, je pense, pourra répondre partiellement à cela.
Je ne mise pas sur le fait que la première édition soit parfaite.
Je mise sur le fait qu'une première édition doit être la
plus utile possible, mais, en même temps, sur la réaction qu'elle
pourrait susciter pour que la deuxième édition réponde
véritablement aux besoins et qu'on élague, dans la
deuxième édition, des choses qui sont, de consensus,
considérées comme inutiles, finalement.
Alors, on visera par le Guide du citoyen deux choses: en même
temps, fournir l'accès aux services par l'information et, dans un
deuxième temps, une information plus générale sur la
connaissance du milieu québécois, économique, social, etc.
Cela, c'est un des objectifs, en fait, que, personnellement en tout cas, j'ai
poursuivis depuis le début. On s'est rendu compte à la
fabrication que c'est extrêmement complexe. Ce serait très facile
de publier un guide, si on n'avait pas à vérifier
l'authenticité de toutes les sources.
Mais, si on veut garantir la qualité, puis l'authenticité
de l'information contenue, malgré la batterie de spécialistes
qu'on peut avoir là-dessus, on est en mesure d'évaluer, à
ce moment-là, la barrière énorme qui existe pour le
citoyen. En effet si on ne peut pas y arriver, nous avec les gens qui sont
payés à temps plein pour le faire, imaginez-vous quelqu'un qui a
un problème ad hoc, il démissionne en partant.
M. Charron: M. le Président, j'ai bien hâte de
prendre connaissance de ce Guide du citoyen, qui doit paraître à
la fin de mai mais, puisque nous aurons probablement, à ce moment,
terminé l'étude des crédits du ministère...
M. Bonnier: Pas des Communications!
M. Charron:... je voudrais signaler au ministre des
Communications et à M. Dubé, pendant qu'il est avec nous, qu'au
nom de l'Opposition, lorsque nous serons saisis de ce document, je me
permettrai de vous en faire certains commentaires que je ferai parvenir
sur-le-champ au ministre des Communications et à l'Editeur officiel,
pour qu'advenant une deuxième édition, si besoin est de
corrections, je puisse en suggérer quelques-unes ou, à
l'occasion, si cela me satisfait pleinement, je puisse vous le dire
également. Mais je pense que cette initiative est très importante
et méritera l'attention de tout le monde.
M. L'Allier: Si je peux ajouter aussi une chose, M. le
Président, qui va intéresser les députés; c'est que
le Guide du citoyen, comme on l'a indiqué, se vendra, bien sûr, en
tabagie et un peu partout $1.50, mais il est déjà prévu
chez l'éditeur une vente en bloc à un prix beaucoup moins
élevé. M. Dubé pourra nous dire quels sont les
paramètres de cette opération qui nous permettra d'offrir soit
à des associations professionnelles, soit à des syndicats, par
exemple, la possibilité d'acheter, 1,000, 2,000, 3,000 exemplaires et,
au lieu de payer $1.50, de payer $1, je pense, à la condition que ce ne
soit pas pour revendre.
M. Charron: Quel est le tirage de la première
édition?
M. L'Allier: 50,000.
M. Charron: 50,000.
Maintenant, M. le Président, puis-je demander à
l'éditeur quels sont les projets futurs du ministère dans le
domaine de coédition?
M. L'Allier: La coédition, pour nous, est un moyen
d'accroître la production gouvernementale, d'une part, et, d'autre part,
de mettre dans le coup l'édition privée qui est souvent à
court de sujets et, enfin, aussi un autre moyen de ne pas concurrencer
l'entreprise privée. Nous avons commencé à faire un projet
de coédition, tout récemment, avec Fides au sujet de Voies et
Impasses, trois publications du Conseil supérieur de l'éducation
qui portent sur l'enseignement moral et religieux. Ces trois livres se sont
épuisés rapidement. Il y a une très grande demande et,
comme nous n'avions pas le budget pour le réimprimer, nous avons
proposé à Fides d'en faire une coédition, ce que Fides a
fait en un seul volume. Cela a été lancé, il y a une
semaine. Je crois que cela va avoir beaucoup de succès. C'est une
première. Nous négocions d'autres projets avec d'autres
éditeurs, surtout dans le domaine de la documentation
québécoise et surtout dans deux collections qui se prêtent
à cela, c'est-à-dire la collection Connaissance du Québec
et la collection des Guides pratiques, parce que ce sont des titres que les
éditeurs peuvent accepter et peuvent vendre facilement, pour lesquels il
est facile de faire des profits. Dans le domaine de la documentation pure, par
exemple de rapports de statistiques ou autres, les éditeurs ne sont pas
intéressés à vendre ce genre de produits, parce qu'il n'y
a pas d'argent à faire. Mais, pour les deux collections que je viens de
mentionner, nous envisageons de faire presque tout en coédition.
M. Charron: Au fond, quel est l'avantage d'un éditeur de
l'entreprise privée à se joindre à l'Editeur officiel du
Québec?
M. L'Allier: L'avantage est parfois problématique pour un
éditeur. Nous nous sommes posé nous-mêmes la question. Je
pense qu'on a trouvé la solution. La solution, c'est de faire en sorte
que, d'abord, le produit soit intéressant et, deuxièmement, que
l'éditeur y trouve son compte et puisse offrir le produit à la
clientèle à un prix pas trop élevé. Je pense que la
solution est simplement celle-ci, c'est pour nous de réaliser le produit
jusqu'au film ou jusqu'à ce qu'il soit prêt à être
photographié, c'est-à-dire jusqu'au moment de l'impression. On a
le contrôle du produit en entier, le contenu, etc., l'illustration, le
graphisme. Une fois tout cela réalisé, nous le proposons à
des éditeurs. Il y a plusieurs méthodes de le proposer
à
des éditeurs. Ce n'est pas encore déterminé; il y a
toutes sortes d'opinions dans le monde de l'édition à ce sujet.
La plupart rejettent, au Québec, la solution des appels d'offres; ils
préfèrent, plutôt, qu'on fasse appel à eux sur la
base de catégories de produits, de spécialités qu'ils ont
déjà. C'est à voir.
Je pense que, de cette façon, si on prend à notre compte
toute la production jusqu'à l'impression, l'éditeur y trouve son
compte et le public aussi, parce qu'à ce moment le produit va être
offert à un bien meilleur prix.
M. Charron: Est-ce que, dans ces projets de coédition,
c'est l'Editeur officiel qui prend l'initiative de la démarche ou si
c'est l'inverse, un éditeur privé qui entre en contact avec
l'Editeur officiel pour une publication quelconque?
M. L'Allier: C'est généralement à partir de
chez nous, parce que nous avons des projets à réaliser dans le
cadre de la documentation québécoise, mais il peut arriver
et c'est arrivé que les éditeurs, ou plutôt des
auteurs viennent nous voir avec un produit qui se prête à la
coédition et eux-mêmes, parfois, ont vu un éditeur. Dans le
cas, par exemple, de Fides, Voies et Impasses, en fait, cela s'est
négocié entre le père Martin et moi à Francfort.
C'est lui-même qui m'a demandé: Est-ce que je pourrais assurer la
coédition de ce produit? Cela tombait bien, il était au courant
justement que le produit s'épuisait, qu'il y avait une grande demande et
qu'on ne pouvait remplir cette demande.
M. Charron: Quand vous dites qu'un produit se prête
à la coédition, cela veut dire quoi, dans ces conditions?
M. L'Ailler: II se prête à la coédition,
à mon avis, quand c'est un produit destiné à la masse et
un produit que l'éditeur peut offrir à ses conditions.
L'éditeur, généralement, pour fixer le prix d'un produit,
utilise un facteur. Le facteur est cinq, six ou sept fois le coût de
fabrication. Au gouvernement, notre facteur est généralement deux
ou trois. Dans le cas du guide qu'on publie, le Guide du citoyen, ce n'est
même pas le facteur un; en fait, on va dépenser autant pour le
mettre en marché que ce qu'il nous a coûté.
L'éditeur y trouve son profit quand il peut offrir le produit à
un prix qui lui rapporte quelque chose, mais il faut, à ce moment, que
le produit atteigne la masse, qu'il soit vraiment destiné à la
masse. C'est dans ce sens que je dis que le produit peut avoir un
intérêt pour lui.
M. Charron: Et pour l'Editeur officiel en même temps?
M. L'Ailler: Et pour l'Editeur officiel en même temps,
parce qu'à ce moment nous sommes assurés d'un circuit de
distribution supérieur au nôtre.
M. Charron: Puis-je maintenant, M. le Prési- dent,
signaler au ministre les remarques du Vérificateur
général, qu'il a, sans doute, déjà lui-même
en main, sur l'Editeur officiel. Je cite, M. le Président, pour les
rappeler à la mémoire des membres de la commission: "Nous avons
constaté que le contrôle interne, à l'égard des
revenus, était plutôt faible chez l'Editeur officiel. Il n'existe
pas de contrôle sur les quantité de marchandises
expédiées dans les librairies administrées par l'Editeur
officiel. Il en résulte donc qu'il est impossible pour ce dernier
d'exercer un certain contrôle sur les recettes provenant des ventes de
marchandises expédiées. "Deuxièmement, selon des
informations obtenues, le décompte physique des marchandises en
entrepôt n'aurait pas été fait depuis plusieurs
années et les quantités de marchandises inscrites sur les fiches
d'entrepôt refléteraient plus ou moins fidèlement la
réalité."
Dans les recommandations qui suivaient ces deux constatations, le
Vérificateur général disait: "Les autorités du
ministère se doivent d'apporter une attention particulière aux
faiblesses qui prévalent, actuellement, dans les opérations
commerciales de l'Editeur officiel du Québec."
Après ces constatations du Vérificateur
général, j'aimerais demander maintenant au ministre ou à
l'Editeur officiel lui-même des explications sur ces constatations et
quelles solutions ont été envisagées suite aux
recommandations du Vérificateur général.
M. L'Allier: Sur le premier point, sur la recommandation à
savoir que les autorités du ministère doivent apporter une
attention particulière aux activités de l'Editeur officiel, afin
de pallier les nombreuses faiblesses énumérées au
présent rapport, les commentaires que nous faisons là-dessus sont
les suivants: L'Editeur officiel en est, actuellement, à la mise en
place des procédures recommandées par la firme SGI. Cette
opération devrait permettre de corriger la plupart des lacunes
relevées par le Vérificateur général.
En outre, la prise d'inventaire et le contrôle des documents
transmis aux librairies ou à des libraires dépositaires ou en
consignation assureront une gestion adéquate.
En effet, le manuel des procédures de la SGI a été
discuté par le contrôleur des finances qui a donné un
accord de principe. Certaines lacunes seront, sans doute, encore
relevées par le vérificateur pour l'exercice 1974/75, mais, en
1975/76, la situation devrait avoir été corrigée.
Je ne sais pas si M. Dubé veut ajouter à cela.
Ce que je peux ajouter, c'est que l'inventaire a été fait,
il y a un mois, et nous utilisons maintenant les nouvelles techniques de
contrôle et de comptabilité proposées par la SGI,
réévaluées par nous et le contrôleur des finances.
Le personnel, on l'a constaté, est maintenant très satisfait de
cette méthode. Nous avons un contrôle maintenant parfait des
stocks et des ventes.
Sur le deuxième point, à savoir qu'un service de
vérification interne affecté à la surveillance des
opérations du ministère des Communications
pourrait s'avérer efficace pour contrer un certain nombre
d'anomalies, les commentaires que nous formulons sont que les principales
lacunes relevées par le Vérificateur général
étaient imputables à la gestion des stocks et à la
perception des ventes de l'éditeur. Or, en plus d'implanter l'ensemble
des procédures recommandées par la SGI, l'éditeur, pour
améliorer ses contrôles, s'est doté d'un service de
vérification interne groupant cinq personnes et dirigées par un
agent de gestion financière. La situation sera donc corrigée
à très court terme.
M. Charron: M. le Président, une question que je puise
dans le journal des Débats de l'année dernière. On nous
avait informés que le ministère avait l'intention de regrouper
les services de reprographie à Rouyn-Noranda. Est-ce que cela a
été fait?
M. L'Allier: Je renvoie la balle à M. Dubé qui
répondra à mon nom là-dessus.
Non, nous n'avons pas installé de services de reprographie
à Rouyn-Noranda. Ce n'est pas la bonne volonté qui nous manque,
parce que nous serions prêts à avoir, comme politique, un service
de reprographie partout où le gouvernement regroupe ses
ministères et organismes. C'est souhaitable à plus d'un point de
vue. En ce qui concerne Rouyn-Noranda, il nous a été impossible
de le faire pour la raison suivante: c'est que nous n'avons pas les ressources
humaines et budgétaires pour le faire, surtout les ressources humaines,
parce que nous avons, à la reprographie, de façon permanente, 30
occasionnels pour lesquels nous avons obtenu un budget du Conseil du
trésor.
M. Charron: Est-ce qu'il y aura du nouveau dans cette
région du Québec, au cours de la prochaine année?
M. L'Allier: Je ne sais pas si M. L'Allier veut parler du
mémoire de programmes.
On peut aborder tout de suite la question du mémoire de
programmes sur la reprographie. C'est une étude très
poussée, très détaillée faite par le Conseil du
trésor; enfin, c'est une étude qui est commandée en
quelque sorte par le Conseil du trésor, mais à la suite de notre
recommandation. Elle a été faite avec des gens de chez nous et
c'est une étude très poussée des coûts des
procédures, des équipements, des ressources humaines à
utiliser dans le domaine de la reprographie à travers tout le
gouvernement du Québec. Le groupe de travail qui s'est penché
là-dessus a remis un rapport très complet, il y a deux semaines.
Ce rapport est à l'étude maintenant. Il devra en découler
des recommandations précises au Conseil du trésor et des actions,
évidemment, à l'égard de la reprographie en
général, à l'intérieur du gouvernement. Un des
problèmes, mentionné par M. Dubé, est celui du manque de
ressources humaines qui fait que l'atelier de reprographie de Rouyn-Noranda n'a
pu ouvrir dans le courant de l'année. Donc, ce problème de
ressources humaines touche l'ensemble de la reprographie et il sera
abordé en même temps que le mémoire de programmes qui est
abordé pour l'ensemble du gouvernement. Donc, cela devrait trouver sa
solution à ce moment. Est-ce que nous aurons les ressources voulues pour
réaliser ce que nous souhaiterions faire? Cela est une questionà
laquelle je ne peux répondre dans le moment.
M. Charron: D'accord.
Il me reste peu de questions, M. le Président, sur ce programme.
La dernière, peut-être, tient au nouveau sigle qui a
été annoncé, qui a été
présenté à la commission. Une question bien
matérielle: Quel est le coût total des changements apportés
au sigle fleurdelisé?
M. L'Allier: Je peux vous sortir les chiffres, M. le
Président. En fait, le coût de l'opération est
essentiellement le coût de la réalisation du sigle de la
réalisation d'un cahier normatif pour l'utilisation du service des
achats et de différents ministères. Pour ce qui est de
l'implantation du sigle, la recommandation qui nous a été faite
et qui a été retenue est qu'il n'y avait pas de modification
autrement qu'au moment du remplacement des équipements, papeterie,
véhicules, etc.
De sorte qu'il n'y a pas de coûts comme tel dans le remplacement
de l'ancien sigle, c'est-à-dire que, lorsque les stocks de papeterie
sont épuisés, lorsqu'il faut repeindre le véhicule, etc.,
à ce moment-là, le nouveau sigle sera implanté, autrement,
ça coûterait des millions de dollars s'il fallait jeter du papier
et recommencer.
Le problème que nous aurons et que j'entrevois personnellement
est le suivant: c'est que, dans la mesure où nous avons non seulement
changé la fleur de lys, parce qu'il y a beaucoup plus que ça
là-dedans, mais mis au point une véritable politique
d'identification visuelle, avec un certain nombre de possibilités de
souplesse au fur et à mesure qu'on s'éloigne du ministère
au sens strict, on aura à expliquer aux différents
ministères et organismes l'intérêt qu'ils trouveront
à s'arrimer, si vous voulez, dans cette image gouvernementale globale
et, si on n'est pas capable de l'expliquer, il faudra, à la limite,
l'imposer au niveau des renouvellements de stocks.
C'est le problème traditionnel qu'on rencontre. Souvent, les
organismes et ministères tiennent à avoir leur propre image, leur
propre symbole et, finalement, ça donne comme effort, la vulgarisation,
si je peux employer l'expression, de l'Etat auprès du citoyen un
résultat assez désastreux: C'est très beau quant au choix,
mais, si on est en face d'une entreprise privée, publique, semi-publique
aux yeux du gouvernement, ça devrait se traduire, en plus du cahier de
normes à partir de maintenant ça commence au niveau
de l'ensemble des publications du gouvernement, par exemple, où on
retrouvera, non pas l'uniformité, mais une normalisation qui fait qu'on
respecte les caractères d'activités de chacun... On ne peut pas
demander au ministère du Tourisme, ou aux Terres et Forêts d'avoir
des camions bleus pour se promener en forêt, il y a des couleurs qui se
prêtent davantage à ça et il faut tenir compte de
l'environnement. Mais, en même temps, on va essayer de normaliser cela au
plus tôt.
Le coût pour la conception est de l'ordre de $25,000. De
l'ensemble du projet de normalisation visuelle, un document audiovisuel a
été préparé, il est de quinze à vingt
minutes et illustre toute la problématique par laquelle on est
passé pour arriver aux recommandations qui nous son faites. Ce document
pourrait être présenté aux membres de l'Assemblée
nationale à un moment qui leur conviendrait. Même s'il y en avait
seulement cinq ou six qui voulaient le voir, ce serait tout à fait
possible de présenter la problématique par audio-visuel et, si la
commission est d'accord, pour un moment après l'étude des
crédits, s'il y a un trou entre deux commissions parlementaires, on peut
s'installer quelque part et présenter un tel document.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le député
de Taschereau.
M. Bonnier: M. le Président, un aspect qui me
préoccupe en ce qui regarde l'éditeur, c'est la question de la
distribution du matériel, jusqu'à quel point on est efficace dans
la distribution du matériel écrit ou audio-visuel. Avant la
séance, j'ai eu l'occasion de féliciter l'Editeur officiel, pour
son récent catalogue sur le matériel audio-visuel. Je crois qu'on
retrouve là une foule de renseignements. Je ne savais pas, en fait,
qu'une certaine quantité de ce matériel existait. Cependant, ce
qui est confus, ce sont les sources de distribution, pour le matériel
audio-visuel. Je voudrais également savoir jusqu'à quel point les
points de vente, comme les centres de distribution je sais qu'il y en a
un dans mon comté, sur la rue Saint-Jean, une espèce de
magasin... Est-ce que cela est efficace ou est-ce que ce serait plus efficace
de fonctionner à travers les kiosques à journaux ou je ne sais
pas quoi?
Je pense que les gouvernements, d'une façon
générale, font des efforts pour rejoindre la population, mais la
population, dans bien des cas, n'est pas au courant de l'existence du
matériel, c'est trop compliqué pour se le procurer et ne se le
procure pas.
M. L'Allier: Je voulais demander à M. Dubé de
répondre à cette question. Tout ce que je dirais, c'est qu'il
faut jumeler deux opérations, la vulgarisation et ladiffusion. Il ne
faut pas essayer de diffuser, sur une base "populaire", desdocuments qui ne
seraient pas vulgarisés, parce qu'à ce moment-là on pollue
les centres de diffusion. On se retrouve avec des projets de loi dans les
tabagies, et ça va prend re le bord de la poubelle.
M. Bonnier: Non.
M. L'Allier: Donc, les deux opérations pourraient
mener...
M. Bonnier: Cela recoupe la question précédente
qu'on se posait quant à la vulgarisation.
Le Président (M. Houde, Limoilou): M. Dubé.
M. L'Allier: Au sujet des documents audiovisuels, je pense que M.
Bonnier fait allusion à la difficulté, pour les utilisateurs, de
se retrouver, actuellement dans le catalogue, c'est-à-dire de commander
des documents audio-visuels. C'est sûr qu'il y a un problème, pour
le moment. Les utilisateurs doivent utiliser le code, il y a un numéro
qui accompagne chaque titre et qui indique qui est le producteur et où
on peut se procurer le film en question.
Je sais que ce n'est pas la formule idéale. Idéalement, il
aurait peut-être fallu qu'il y ait un seul centre de distribution. Cette
solution a été envisagée elle a été
discutée avec les organismes producteurs, c'est-à-dire le SGME,
Radio-Québec et l'OFQ, mais nous n 'en sommes pasarrivésà
une conclusion pour la simple raison que le partage des pouvoirs entre chacun
n'est pas clair. Nous sommes tous d'accord sur le fait qu'il devrait
peut-être y avoir un centre de distribution, mais ce n'est pas
très clair, sans compter qu'il y a à la fois un problème
dedistribution gratuite, un problème de location et, dans d'autres cas,
un problème de vente de documents. Il y a certains documents, je crois
que, dans la catalogue, il y en a 200, qui sont réservés à
la vente.
Eventuellement, je pense bien que les organismes producteurs, entre eux
et une fois que la loi-cadre du cinéma aura clarifié la chose, on
pourra résoudre ce problème de distribution de documents
audio-visuels.
En ce qui concerne la documentation courante de l'éditeur dans
des tabagies, les 30,000 points de vente qui existent au Québec, c'est
un problème difficile, comme l'a dit M. L'Allier, pour la raison
suivante; c'est que très peu de nos produits sont vraiment
destinés à la masse et il est difficile d'utiliser la
distribution, le réseau populaire pour la raison suivante: c'est que ce
réseau exige de nous une remise de 60%, ce qui est énorme. Sans
compter que ce réseau ne s'engage pas à garder les produits, il
les a en consignation et il nous retourne les produits invendus. Les produits
invendus nous arrivent souvent dans un état déplorable, ce qui
veut dire que ce type d'opération, qui a déjà
été tenté par le ministère des Affaires
culturelles, avec Culture vivante, est souvent très difficile à
réaliser et les résultats ne sont pas probants. Sauf, encore une
fois, pour des produits qui se prêtent à la distribution
populaire.
M. Bonnier: Est-ce que vos librairies actuelles officielles, une
dans chacune des villes ou à peu près, du moins à
Trois-Rivières, à Montréal, à Hull, à
Québec, est-ce que c'est efficace, est-ce que vous avez l'intention d'en
augmenter le nombre?
M. L'Allier: Ces librairies, actuellement, sont assez efficaces,
pas tout à fait autant qu'on le voudrait, parce qu'encore une fois, les
ressources manquent un peu, mais nous avons, depuis six mois, un responsable
à la publicité et à la promotion chez nous et nous sommes
en train de développer un programme de promotion et de publicité
qui aidera chaque librairie à mieux atteindre sa clientèle. Vous
allez voir tout à l'heure apparaître dans les journaux, beaucoup
plus systématiquement, des annonces des produits gouvernementaux, faites
par une agence, et je pense que ça va avoir de bons
résultats.
II y a surtout une action d'animation dans le milieu autour de nos
librairies, et les bureaux de Communication-Québec y contribuent
beaucoup, en certaines régions, notamment à Hull et à
Trois-Rivières; les responsables des bureaux de
Communication-Québec sont très efficaces pour souligner à
la population la production intéressante chez l'éditeur.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Autres questions au
programme 3? Adopté. Programme 4: Gestion interne et soutien.
M. Charron: A ce programme, M. le Président, j'ai fait
parvenir au sous-ministre, la semaine dernière, une question, je crois
que la réponse nous a été remise par écrit; il
s'agissait de connaître le cabinet du ministre et ses hauts
fonctionnaires.
M. L'Allier: Sur ce point, M. le Président, je pourrais
dire ceci:
A mon cabinet, et ce, depuis 1970, j'ai toujours eu cinq personnes, un
directeur de cabinet, un secrétaire de comté, un
secrétaire particulier adjoint, responsable plus particulièrement
des relations avec les députés et des affaires parlementaires,
commissions parlementaires, etc., un secrétaire de presse et un
secrétaire pour les affaires du ministère, communications,
Radio-Québec. Mon personnel a toujours été composé
de cette façon, il n'a jamais augmenté ni diminué et je
n'ai jamais eu, au cabinet du ministre, de conseillers spéciaux ou de
cadres, de personnes extérieures à ces cinq personnes qui sont
appuyées par le personnel de soutien habituel, c'est-à-dire une
secrétaire et les réceptionnistes au cabinet.
Je vous ai remis la liste de ces personnes. Vous retrouvez, à un
moment donné, au niveau du secrétaire de presse, le nom de deux
personnes, c'est que mon secrétaire de presse actuel termine ses
fonctions en fin de semaine qui vient et est remplacé par M. Lemay qui a
commencé lundi dernier. Pendant une semaine, il y aura deux personnes
à la fonction de secrétaire de presse.
M. Charron: C'est l'unique renseignement dont j'avais besoin. Je
suis disposé à adopter le programme 4.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Autres questions au
programme 4? Adopté. Programme 5: Développement des
télécommunications.
Développement des
télécommunications
M. Charron: M. le Président, le premier sujet que je
voudrais aboorder dans le cadre de ce programme qui a le nom vaste de
Développement des télécommunications, je le puiserai dans
l'allocution que le ministre a prononcée hier à l'occasion du
congrès de l'Association canadienne des ra-diodiffuseurs et où il
avait choisi de traiter, comme il l'a dit lui-même dans sa conclusion,
des secrets de CBC, Radio-Canada.
Je viens d'avoir en main ce texte, qui est quand même à
l'origine de ma première question.
Je vois, à la page 5 de l'allocution du ministre, telle qu'elle
nous a été présentée, quant à la
société Radio-Canada, "que sa direction a rencontré les
hauts fonctionnaires de mon ministère, mais cela ne nous a fourni que
des données fragmentaires qu'il a fallu recouper avec d'autres sources
d'informations".
J'ai aussi besoin de plus d'information sur les contacts entre le
ministère des Communications du Québec et la
société Radio-Canada. Je pense que l'ensemble du texte le
ministre avait d'ailleurs parlé de cela la semaine dernière
a fait état de manque de consultation et de collaboration entre
la société Radio-Canada et le ministère des
Communications.
Est-ce que le ministre a été consulté
lui-même et si c'est par les hauts fonctionaires, par lesquels,
sur quels sujets, à quel niveau concernant ce plan de
développement de Radio-Canada au Québec?
M. L'Allier: M. le Président, je vais commencer à
répondre à cette question de la façon suivante. Il y a
déjà près de deux ans, le secrétaire d'Etat,
à Ottawa, a annoncé que le gouvernement fédéral
était disposé à mettre $50 millions à la
disposition de Radio-Canada pour la réalisation d'un programme
réellement accéléré de Radio-Canada dans tout le
pays.
A ce moment-là, c'était donc l'annonce d'une
volonté politique, d'étendre, d'une façon
accélérée, les services de Radio-Canada. Dès ce
moment, nous avons pris des contacts avec Radio-Canada pas moi
personnellement, mais des fonctionnaires du ministère, notamment mon
directeur de cabinet à l'époque pour avoir plus
d'information là-dessus.
On nous a dit que les plans n'étaient pas complètement
arrêtés, qu'ils étaient mobiles, qu'ils étaient
fluctuants et on nous a remis un certain nombre de données, en disant;
C'est partiel, c'est sujet à revision, mais c'est pour vous donner, en
gros, l'orientation que cela peut prendre.
Cela comportait, entre autres, une liste de régions à
couvrir, etc. Ces documents étant insatisfaisants, vers la fin octobre
1974, j'ai personnellement écrit au ministre des Communications,
à Ottawa, et je lui ai demandé, en sa qualité de ministre
des Communications, de me communiquer ce que le gouvernement
fédéral avait en mains, au sujet de Radio-Canada, et qui l'avait
amené à autoriser une dépense de $50 millions pour son
développement.
Le ministre des Communications m'a répondu qu'il n'était
pas responsable de la société Radio-Canada, que c'était
son collègue le secrétaire d'Etat, et il a
référé ma lettre au secrétaire d'Etat.
J'ai écrit au secrétaire d'Etat, en lui posant un certain
nombre de questions et en lui demandant de me communiquer, par écrit, le
plan de développement de Radio-Canada.
Le secrétaire d'Etat m'a répondu qu'il souhaitait que les
fonctionnaires du ministère rencontrent la direction de Radio-Canada,
pour être informés des plans de développement.
Une telle rencontre a eu lieu entre les fonc-
tionnaires et mon ministère et je pense que M. Rompré a
assisté à cette rencontre et il pourra parler de cette rencontre
comme telle.
Par la suite, j'ai récrit à M. Faulkner, à Ottawa,
pour lui dire: Ecoutez, je vous ai demandé un document écrit. La
rencontre d'information informelle qu'on a eue avec Radio-Canada, c'est
insuffisant.
Au même moment où j'écrivais à M. Faulkner,
au mois d'octobre, le sous-ministre des Communications, M. Rompré,
écrivait au CRTC et à Radio-Canada, pour demander exactement la
même chose que moi, je demandais à M. Faulkner. Donc, on essayait
de couvrir tout le champ; possible des sources d'informations.
M. Faulkner m'a répondu en disant: Vos fonctionnaires ont
effectivement rencontré Radio-Canada et ils ont eu à leur
disposition le plan de développement de Radio-Canada.
J'ai vérifié avec mon ministère et on m'a dit,
à ce moment-là: On ne nous a pas remis le document qui serait le
plan de développement de Radio-Canada. J'ai de nouveau écrit
à M. Faulkner en disant: Ecoutez, on n'a pas eu le document auquel vous
me référez dans votre lettre et don tvous dites qu'il nous a
été communiqué; après vérification au
ministère, il ne nous a pas été communiqué. La
correspondance s'est arrêtée vers le mois de mars dernier. Pendant
tout ce temps, les informations que l'on avait eues à la visite de
Radio-Canada, que l'on avait ramassées depuis un an à
Radio-Canada, qui nous étaient venues d'autres sources également,
et de Radio-Canada, et de personnes qui en avaient eu de Radio-Canada, j'ai
confié cela aux fonctionnaires du ministère pour qu'ils en
fassent l'analyse et qu'ils puissent décoder, à partir de cette
masse d'informations, ce qu'est, effectivement, ce plan de Radio-Canada ou ce
qu'il serait au Québec.
Un des points sur lequel nous avons des difficultés, c'est que,
pour Radio-Canada, même s'il y a des plansde développement
régionaux, c'estfinalement un plan d'ensemble auquel on travaille. C'est
un peu comme Bell Canada, qui nous dit: On n'a pas d'opérations plus
spécifiques au Québec, et avec des priorités
différentes, donc c'est le même plan.
C'est à parti rde là qu'on a été
obligés de faire une opération d'analyse, de décodage et
de recoupement, qui a donné lieu au document que j'ai rendu public hier,
l'objectif essentiel étant de susciter la discussion et,
éventuellement, des débats sur un plan d'ensemble.
Pour ma part, je ne peux pas me satisf ai re du fait que le CRTC, par
exemple, fasse des audiences, antenne par antenne. Il est entendu que, dans
chaque région où on va proposer une antenne, qu'elle soit en
français, en anglais, ou même éventuellement je
charrie un peu dans une autre langue, les gens sont d'accord pour avoir
plus de télévision que moins de télévision.
Ce qu'on veut savoir et non seulement nous, mais l'ensemble de la
population québécoise c'est quel est officiellement et
réellement le plan de développement de Radio-Canada au
Québec, pour qu'on puisse éventuellement intervenir
collectivement sur ce plan et dire: Ecoutez, en soi, il n'y a rien de mauvais
à cela, mais son effet réel est le suivant.
A parti r de là, les priorités de développement de
Radio-Canada, au Québec, devraient être x,y,z et non pas celles
que vous avez maintenant; cela rejoint la position que nous avons prise dans le
livre vert que nous avons déposé à Ottawa, à savoir
que dans le cadre de l'état actuel des responsabilités
fédérales-provinciales, nous reconnaissons que Radio-Canada doit
être sous la responsabilité du gouvernement fédéral,
mais que, par son développement sur un territoire donné, comme au
Québec, les priorités de développement doivent être
conformes à nos politiques de communication
québécoises.
En d'autres mots, si le gouvernement fédéral décide
d'investir $8 millions ou $10 millions pour Radio-Canada, au Québec,
c'est sa décision d'investir $8 millions ou $10 millions, mais la
façon dont il les investira devra être conforme aux
priorités qu'on peut dégager en matière de communication,
en termes de régions à desservir, de population à
desservir, etc.
Dans le document que j'ai rendu public hier, il est bien sûr qu'on
pourra nous répondre que tel point a été abandonné,
que tel point n'est plus à jour, cela est immatériel, en ce sens
que si ce n'est pas cela, qu'on nous dise quel est le plan actuellement. Sur le
plan officiel, on pourra réagir. Faute de mieux, on réagit sur ce
que nous avons en main.
Une chose est cependant très claire, c'est que chaque fois qu'on
implante une antenne par exemple, en langue anglaise, pour desservir une
population de 1,000 ou 500 anglophones pour atteindre ces 500 personnes,
sauf dans des régions très spécifiques, il faut arroser
avec la même antenne, 30,000, 40,000 ou 50,000 francophones qui peuvent
capter cette antenne.
En soi, il n'y a rien de mal à cela non plus. Mais, étendu
à l'ensemble du territoire, cela veut dire effectivement une
bilingualisation complète de Radio-Canada. Si on se reporte à ce
moment-là, une étape plus loin et qu'on regarde quel est le
potentiel de production et de diffusion du réseau anglais par rapport au
réseau français, le réseau anglais est beaucoup plus
puissant en termes de ressources de création, parce que le bassin de
population anglophone à desservir est beaucoup plus vaste.
Deuxièmement, le réseau anglais s'approvisionne assez
massivement à partir de la télévision américaine
qui est directement véhiculée sur les ondes de Radio-Canada. Cela
a été souligné devant le CRTC, il y a maintenant
près d'un an, au moment du renouvellement du permis de Radio-Canada. On
a souligné qu'en période de pointe, sur CBC, le réseau
national, donc celui qui sera retransmis dans toutes les régions, de
huit heures à neuf heures le soir, 72% des émissions sont des
émissions américaines. C'est un peu la réponse que je fais
à l'occasion à mon homologue fédéral. Si vous
voulez vous occuper de la culture canadienne, il y a amplement à faire
de ce côté. Laissez-nous nous occuper de la culture
québécoise, on va s'en occuper, mais occupez-vous de la culture
canadienne. Quand, sur le réseau officiel de CBC, vous avez 72% des
émissions qui sont des émissions américaines et quand vous
avez, en termes de cote d'écoute, neuf des dix émissions les plus
écoutées qui sont des émissions
américaines sur le réseau CBC, la dixième
étant la Soirée du hockey, il y a là un problème
culturel canadien. Il y a amplement à faire, je pense, pour le
gouvernement fédéral à ce niveau.
Maintenant, M. Rompré pourrait peut-être dire un mot de la
séance d'information que le ministère a eue avec
Radio-Canada.
Oui, à la suite de l'échange de correspondances dont M.
L'Allier a fait état tout à l'heure, on nous a fait la suggestion
d'aller rencontrer les fonctionnaires de Radio-Canada pour obtenir des
renseignements. Remarquez que nous avions déjà un certain nombre
de renseignements obtenus de diverses façons. Ce que je dois dire, c'est
que ce qu'on a su d'une façon, si on peut l'appeler officielle, parce
que c'est une rencontre officielle, n'a fait que corroborer ce qu'on avait
déjà appris de différentes sources dont, à un
moment donné, le CRTC. Le CRTC nous avait donné quelques
renseignements au tout début du projet, il y a au-delà de deux
ans de cela. Ils étaient venus nous rencontrer avec des cartes en
disant: Voici, il y a un plan de développement de Radio-Canada. On vous
laisse savoir que cela existe et si vous avez des réactions...
C'étaittrès sommaire comme renseignements. C'étaient des
cartes indiquant les points d'implantation des différentes stations,
etc.
Quand nous avons rencontré Radio-Canada, je crois que
c'était en décembre, on nous aen quelque sorte corroboré
les renseignements qu'on savait déjà. Par exemple, les
critères de population, là où il y a un groupe de
population de 500 personnes rejoignables par une antenne d'une puissance qui
n'est pas toujours déterminée. Evidemment, on a
démontré que, dans le cas de Rivière-d u-Loup, on
augmentait la puissance de l'antenne et la hauteur de la tour pour couvrir un
bassin de population beaucoup plus grand, pour rejoindre le nombre
d'anglophones qu'il fallait pour justifier le poste. Donc, les critères
étaient assez variables là-dessus. Ensuite, on nous a fait valoir
que l'étude des différents projets était en fonction d'un
certain nombre de points, dont M. L'Allier a fait état hier dans son
discours, par exemple, en fonction des coûts, de la population rejointe,
de l'isolement culturel. On donnait un certain nombre de points à chacun
des projets. A partir de là, on déterminait les priorités.
On nous a fait aussi part d'un certain nombre de projets précis qui,
à toutes fins pratiques, étaient en voie de réalisation
à l'heure actuelle et que l'on connaissait pour un certain nombre
d'entre eux, même par les journaux.
Il y a un aspect sur lequel Radio-Canada a beaucoup insisté,
c'était le plan de développement du nord, parce que nous avions
déjà eu auparavant des échanges avec Radio-Canada en ce
qui concerne l'implantation de Radio-Canada dans le nord
québécois. Nous nous opposions à ce que Radio-Canada
implante des antennes pour simplement retransmettre les émissions du
sud, en somme Montréal et Toronto. Nous maintenions que les populations
des Inuit là-bas devaient pouvoir utiliser les antennes mises à
leur disposition pour communiquer entre elles et projeter des documents
audiovisuels préparés par elles au lieu de recevoir uniquement
des documents du sud. C'est dans cette perspective que nous avions parce
que, l'autre jour, je crois que vous aviez posé une question sur ce que
nous avions fait dans le nord préparé les Inuit en leur
remettant des équipements de production d'audio-visuel, en formant un
certain nombre d'entre eux à la production audio-visuelle, pour qu'ils
puissent produire eux-mêmes les documents audio-visuels qu'ils pourraient
ensuite échanger entre les villages et utiliser, entre autres, au moment
où la radio ou la télévision arriverait, pour qu'en sorte,
ce ne soit pas uniquement un instrument qui véhicule des valeurs
étrangères, mais qu'ils puissent y trouver également leur
profit. Une des conditions pour cela, c'est évidemment que l'antenne
soit accessible localement aux Inuits. Nous avions déjà eu des
rencontres, il y a presque deux ans avec Radio-Canada, là-dessus.
On nous disait que, techniquement, c'était trop coûteux,
c'était difficile, etc. Toujours est-il qu'il y a eu une demande de
permis de Radio-Canada pour le Nord qui a été refusée par
le CRTC, parce que les Inuit sont venus faire des représentations disant
qu'ils voulaient que ces instruments leur soient accessibles. Lors de cette
rencontre avec Radio-Canada, cette question est revenue sur le tapis et on a
beaucoup insisté. On a presque parlé de cela autant que du reste,
même si on a insisté pour parler d'autre chose, pour dire
l'importance que Radio-Canada attachait à ce projet de
développement dans le Nord.
Une autre chose nous a aussi frappés, je crois, c'est le
problème posé qu'on mettait de l'avant, par le
développement de Radio-Canada, en fonction de certaines minorités
anglophones, cela créait un déséquilibre. A cela, les
seules réponses qu'on a eues de Radio-Canada, c'était que la loi
de Radio-Canada prévoyait qu'elle devait donner les services officiels
dans les deux langues dans le pays au fur et à mesure que des sommes
étaient mises à sa disposition. C'est la seule réponse
qu'on aeue là-dessus. C'est à partir de là que nous avons
conclu que ce n'était peut-être pas au niveau de Radio-Canada qui,
effectivement, avait une loi à appliquer, qu'il fallait intervenir, mais
au niveau politique.
M. Charron: Au niveau politique, maintenant, que va-t-il se
produire sur cette question? Le ministre a colligé un certain nombre
d'informations, il a ouvert le débat, l'a rendu public, disons-le, mais
c'est pour constater, comme vient de le dire le sous-ministre, que Radio-Canada
accomplit un mandat qui lui a été confié avec un budget
supplémentaire qui lui a été donné. Si je prends le
résumé qu'on a vu aujourd'hui dans les journaux de ce qu'a dit le
ministre des Communications, ce projet ne semble pas aller dans le sens
réel des intérêts de la majorité
québécoise. Politiquement, il va s'agird e faire quoi?
M. L'Ailler: Politiquement, il s'agit de faire peut-être
plusieurs choses, mais la première, c'est qu'à l'occasion de la
prochaine conférence fédérale-provinciale, je pourrai
aborder plus profondément cette question de façon
bilatérale avec M. Pelletier. Deuxièmement, ce que je vise, c'est
que le vrai plan soit rendu public, tel qu'il existe à ce moment-ci. On
a commencé point par point à le
réaliser. Donc, il existe quelque part un plan. Je ne peux pas me
satisfaire du fait qu'on dise qu'il est en constante évolution. Il
existe un plan quelque part. Il y a des principes, il y a des critères,
il y a des balises, il y a des objectifs. Je ne demande pas qu'on nous donne
dans chaque cas la dimension exacte de l'antenne et le coût à $10
près. Qu'on nous donne les objectifs, les critères, les
priorités du plan et qu'on nous dise les lieux d'implantation et qu'on
nous dise où on en est dans la traduction physique de ce plan. Donc, que
le plan soit connu, c'est la chose que je souhaite après avoir
parlé à M. Pelletier.
Troisièmement, en tout état de cause, il faut qu'une
consultation ait lieu là-dessus. Le CRTC peut bien décider de
faire des audiences générales. Il faudrait qu'il les fasse,
à mon avis, au Québec, un peu partout dans le Québec
là-dessus. Si le CRTC décidait de demander à Radio-Canada
de déposer son plan de développement
accéléré et de tenir des audiences publiques sur
l'ensemble du plan de développement au Québec, il fera ce qu'il
voudra pour les autres provinces, s'il veut faire la même chose, il le
fera, à ce moment, et d'une façon exceptionnelle, je
recommanderais au gouvernement que le Québec présente une
position devant le CRTC; or, on ne l'a jamais fait. Si cela ne porte pas sur
l'implantation de telle antenne dans telle région et sur l'ensemble de
l'orientation du développement de Radio-Canada, je suis disposé
à recommander au gouvernement que nous nous présentions à
ces audiences qui devraient avoir lieu, non pas à Ottawa ou dans des
chambres d'hôtel, mais à quelques endroits du Québec pour
rejoindre effectivement la population et que les gens se prononcent
là-dessus.
M. Charron: Encore faudrait-il que le CRTC tienne...
M. L'Allier: Encore faudrait-il... Donc, politiquement, c'est
cela qui peut se passer. Si le CRTC dit: Ecoutez, effectivement, cela aurait du
sens que, pour dépenser les prochains $10 millions de Radio-Canada au
Québec, on demande aux gens où ils veulent avoir cela et ce
qu'ils en pensent. A ce moment, je recommanderais, c'est un geste politique, au
gouvernement dese présenter devant le CRTC. Ce serait exceptionnel. Si
le CRTC ne le faisait pas, comme je pense toujours qu'il devrait y avoir une
consultation, on mettraau point les moyens ici même au Québec,
à partir soit du document que nous avons, soit de la version officielle,
et de préférence de la version officielle, si elle existe, pour
qu'une consultation ait lieu sur ce programme.
M. Charron: Attention, il ne faut pas non plus se donner une
bonne conscience en multipliant les fronts qui doivent conduire à une
multitude de défaites en même temps. Je regardais le ministre et
le sous-ministre m'expliquer le passé de cette situation dans les
contacts avec Radio-Canada, on a vraiment l'impression qu'on est face à
un adversaire qui refuse de nous donner sa stratégie.
Comme n'importe quel adversaire fait normalement, le comportement de
Radio-Canada, face au ministère des Communications, est celui d'un
adver- saire qui refuse d'informer l'autre partie de ses intentions; car
pourrait-il être contrecarré dans le déploiement de son jeu
de puissance, pour reprendre des expressions adaptées à
l'époque que nous traversons, c'est bien certain que la "French
connection " de Radio-Canada est suffisamment puissante, elle aussi, et
appuyé par le gouvernement fédéral, pour se permettre
CRTC à l'appui, dans bien des cas, CRTC qui fait fonction de
laquais de service des intentions du gouvernement fédéral dans le
domaine des communications à plusieurs endroitsd'envoyer braire le
ministère des Communications du Québec, le gouvernement du
Québec en disant: Nous avons ces intentions et nous allons les
réaliser comme il se doit.
Je pense qu'il ne faut pas espérer, pi us qu'il ne le faut, que
le CRTC fasse marche arrière. Parce que ce serait, dans son cas, faire
marche arrière pour, après avoir renouvelé le permis de
Radio-Canada, presque sans histoire, simplement parce que quelques personnes
ont voulu signaler le comportement de la société dans plusieurs
régions du pays, que tout à coup, après avoir
accepté ce renouvellement de permis d'existence de Radio-Canada, pour
une période limitée, mais quand même substantielle, il en
vienne à dire: Maintenant que le ministre des Communications du
Québec a révélé certains renseignements qu'il avait
colligés, ça nous ébranle ; on décide que
Radio-Canada devra désormais se remettre à des audiences
publiques où on critiquera son projet de développement, et la
société devra remettre son projet de développement au
Québec.
Encore une fois, moi, je pense que ce serait un retournement de
situation, et quand le ministre des Communications me décrit des
retournements de situation possibles, je reviens toujours avec ma question des
indices. Je veux bien, comme Québécois, prendre votre parole et
espérer ce retournement, mais où sont les indices aujourd'hui?
Où sont les indices dans le comportement traditionnel de Radio-Canada,
que ce soit sur des problèmes, je ne dirais pas mineurs, mais
particuliers comme celui des Inuit, par exemple, dans le nord du Québec,
dont a fait état M. Rompré, ou dans son problème plus
général, le comportement de Radio-Canada face à la
majorité francophone des Québécois. Je vous assure que le
dossier est lourd de ce côté, et de penser que tout à coup,
cela peut revirer...
M. L'Allier: Oui. Ce que j'ai répondu, M. le
Président, à la question du député de
Saint-Jacques, qui dit: Qu'est-ce que, politiquement, vous entendez faire? Je
lui ai décrit, très franchement, le cheminement face aux
différentes hypothèses que j'entendais suivre.
Il y a un point sur lequel je divergerais un peu d'opinion avec lui
là-dessus, c'est que ce n'est pas. finalement, exclusivement, et d'abord
sur Radio-Canada qu'il faut faire porter cette responsabilité, je pense.
Radio-Canada est dans un cadre législatif et réglementaire et se
voit donner des priorités par sa propre législation. Radio-Canada
ne peut pas fonctionner autrement. Les gestionnaires de Radio-Canada sont
obligés, je pense je ne parle pas de l'affaire de le garder
secret ou pas secret d'avoir
un plan de développement qui est conforme à leur
législation et à leur réglementation.
Or, ce dossier sur Radio-Canada, s'il était besoin de
l'illustrer, illustre, je pense, c'est ce que nous souhaitons faire en le
rendant public aussi, illustre, dis-je la nécessité de trouver
des mécanismes qui vont faire qu'on va briser cette uniformité ou
cette uniformisation d'intervention réglementaire et lé-gislative
dans le domaine des communications. C'est qu'on voud rait en même tern ps
q ue les gens sachent quoi, chez eux, qu'ils puissent, eux-mêmes, se
décider là-dessus, autant que possible ou s'ils ne sont pas
décisionnels, en tout cas, qu'ils fassent valoir leur point de vue, et
savoir, en connaissance de cause, ce qui va arriver au cours des cinq
prochaines années. En même temps, pour régler le
problème qui est celui des minoritésfrancophones à
l'extérieur du Québec, qu'on se serve des mêmes
règles quand on les applique chez nous, peut avoir des effets contraires
ou parce qu'on ne peut pas régler les deux problèmes qui sont
réels de la même façon.
Si on veut les régler de façon différente, de deux
choses l'une, ou le gouvernement fédéral intervient de
façon différente d'une province à l'autre, à ce
moment, à mon avis, il n'agit plus comme gouvernement
fédéral à ces fins, mais il agit, aux fins du
Québec, comme un gouvernement pour le Québec et, aux fins de
l'Alberta, comme un gouvernement pour l'Alberta, ou alors, on convient, on
reconnaît cette variété, cette diversité de
priorités et de besoins, et on traduit cela en termes de
négociation, en termes de répartition d'autorité
législative, réglementaire, dans des textes, et cela nous
amène à la constitution. C'est ce q ue j'ai to ujours dit, moi :
On n'est pas là pour discuter de la constitution au niveau des ministres
des Communications. On est là pour voir comment cela devrait
s'agencer.
Si nos conclusions nous conduisent à dire que cela doit changer,
si ces changements supposent des modifications constitutionnelles, le dossier
sera prêt. Ce ne sera pas ma responsabilité de l'amener, au fond,
le dossier constitutionnel. Je ne pense pas qu'on puisse arriver à une
discussion constitutionnelle si on n'a pas déblayé les terrains
sectoriels à partir desquels on voudrait éventuellement changer
la constitution. C'est la problématique telle qu'elle se pose
actuellement.
M. Charron: Est-ce que Radio-Canada a l'intention de créer
une station de télévision anglaise à Sept-lles?
M. L'Allier: De mémoire, il faudrait que je fouille
là-dedans. Je vais vous dire cela. Oui, M. le Président.
D'après les documents que nous avons, Radio-Canada présente, dans
son plan accéléré de rayonnement, 21 projets de
télévision anglaise et qui sont essentiellement des
retransmetteurs du réseau national: La Tuque, Shawinigan, Chandler,
Percé, Gaspé, Gagnon, Sept-lles, Blanc-Sablon, Harrington, La
Tabatière, Old Fort Bay, Saint-Augustin, Saguenay, Baie-Comeau,
Sherbrooke, Thetford, Chapais, Chibougamau, Chicoutimi, Iles-de-la-Madeleine,
Rivière-du-Loup, Témiscamingue.
M. Charron: Tout cela pour le réseau anglais.
M. L'Allier: Oui. Pour le réseau français, il y a
plus. Il y a 30 projets de télévision française, 21
projets de télévision anglaise. En termes de radio, il y a 23
projets de radio en anglais, et 17 projets de radio française AM. Le FM
est exclu du plan accéléré d'après les informations
qu'on a. J'ai aussi donné d'autres chiffres que vous pourrez retrouver
là-dedans, qui comportent, par exemple, le coût par tête de
pipe de l'implantation des réseaux, et un élément aussi
qui est important sur le plan technique, c'est que la couverture qui sera
donnée, au niveau de la radio, en anglais, ce sera la radio AM, mais
véhiculée sur les canaux FM, ce qui a une incidence au moment de
la captation des ondes, le soiren particulier. Au réseau AM, on doit
diminuer la couverture le soir, alors que, sur le réseau FM, on n'a pas
les mêmes contraintes, de sorte que, le soir, la population anglophone
sera mieux desservie par la radio que ne l'est la population francophone par la
radio de Radio-Canada, AM.
L'autre facteur que je soulignais aussi, c'est qu'à chaque fois
qu'on implante une antenne, que ce soit de radio ou de
télévision, pour améliorer le service aux francophones, on
dessert spécifiquement une population francophone de 1,000 ou de 2,000.
Cela s'arrête là et, d'une façon générale, le
pouvoirdesantennesqu'on implante pourle réseau francophone est plus
faible que celui qu'on implante pour le réseau anglophone, la
dissémination des populations anglophones étant plus grande. Du
même coup...
M. Charron: Cela permet...
M. L'Allier: ... pour desservir, par la télévision,
par une nouvelle antenne de télévision, 3,000 anglophones, par
exemple, on atteint 40,000 francophones avec la même antenne, et, en
ternies de radio, pour ajouter 1,000 nouveaux auditeurs anglophones, on arrose
en même temps 39,000 nouveaux auditeurs francophones par une antenne
anglophone. Alors que la moyenne des projets pour le réseau francophone,
en télévision, c'est de 4,000 francophones tout court, en radio,
de 1,000 francophones tout court.
M. Charron: C'est un peu le malaise que j'essayais d'identifier
en posant la question de Sept-lles. Cela est un cas où, pour rejoindre
une minorité infime d'anglophones, on va faire de cette région...
On va faire dépendre toute la région de l'antenne qu'on y
installera.
M. L'Allier: C'est ce que je voulais dire quand j'ai parlé
de bilinguisation, M. le Président.
M. Charron: C'est le cul-de-sac du régime dans lequel on
se trouve, et on ne peut pas empêcher ce régime quand on le
cautionne, d'une part, quand on se fait élire en le cautionnant, quand
on le vante à chaque occasion possible, quand on le dit rentable et
qu'on le fait s'étendre et qu'en même temps, ce régime
pense à se défendre et pense à s'installer et pense
à...
M. L'Allier: En termes de priorités, M. le
Prési-
dent, j'ai bien fait attention, parce que j'y crois. Nous ne voulons pas
dire, en parlant comme on l'a fait de Radio-Canada, que les anglophones du
Québec ne devraient pas avoir de couverture en radio et en
télévision, pas du tout, mais on se dit que, en termes de
priorités, les millions qui seront dépensés devraient
d'abord et avant toute chose, et exclusivement, à quelques exceptions
près, desservir la population francophone en radio ou en
télévision, en radio AM, en radio FM, avant d'aller plus loin,
parce que nous devons, dans un premier temps, consolider au maximum les
positions du français, de la culture française, par les
media.
Dans un deuxième temps, on pourra procéder à ce
moment à desservir les populations anglophones. Mais placer les deux
priorités sur le même pied, si c'est valable au Manitoba et si
c'est souhaitable pour les populations francophones du Manitoba, cela n'a pas
du tout le même effet.
M. Charron: C'est bien certain.
M. L'Allier: En d'autres mots, qu'une antenne française au
Manitoba, qui rejoint 500 francophones, atteigne en même temps 1,500
anglophones, ce n'est pas cela qui va mettre en danger la langue anglaise au
Manitoba.
M. Charron: Les jeunes francophones du Manitoba ne
l'écoutent même pas. Ils vont s'en sacrer, eux, d'avoir une
antenne française à Saint-Boniface. Ce sont peut-être ceux
qui sont encore dans la bataille du missel etdu fleurdelisé qui vont
continuer à capter une Radio-Canada française, mais les jeunes
francophones, là-bas, sont déjà, pour la plupart,
versés là-dessus.
Je comprends très bien le problème dont on discute, mais
je pourrais très bien aussi faire une magistrale sortie à
rencontre du régime, si j'en avais le coeur ce matin. Mais ces affaires
ont le dont d'écoeurer aussi, parce que, quand tu vois les marionettes,
après cela, venirte parler de souveraineté culturelle et essayer
de te faire croire qu'on est entré dans ce régime, à un
moment où on n'a pas encore défini une formule qui n'est
strictement qu'un slogan, il y a Radio-Canada, appuyé par le
gouvernement fédéral, et le CRTC, au besoin, qui a son plan de
développement on ne veut même pas nous le dire. Ce ne sont pas nos
affaires. On est en train de s'installer. On va planter des antennes partout.
On va nous arroser de bilinguisme. Nous autres, on continuera de se promener
avec le français langue officielle, ce n'est pas grave. Nous autres, on
fait les "sparages", eux autres, ils agissent.
Après cela, on se ramasse avec une situation où, dans
plusieurs régions, tu découvres la progression de l'anglais, la
progression du bilinguisme, la perte de qualité du français; tout
le monde se réveille un matin et le ministre de l'Education dit: C'est
le manuel du 1er mai. Oui, c'est le manuel du 1er mai. Non, ce n'est pas le
manuel du 1er mai qui fait ce genre d'affaires. Ce qu'il y a en arrière
de cela, ce sont des réalités bien concrètes de chaque
jour cimentées par le régime dans lequel nous sommes
cimentés nous-mêmes qui donne ces résultats. En tout cas,
cela fait...
M. L'Allier: M. le Président, ce qu'on veut tenter
d'éviter, en tout cas, c'est de répéter à la
grandeur du Québec la situation que l'on constate aujourd'hui pour
Montréal en antennes de radio et de télévision.
M. Charron: On se comprend.
M. L'Allier: Au moment où on a parlé de
Montréal, en disant: Cela n'a pas de sens qu'il y ait plus de
télévision en anglais qu'en français pour une population
qui est à 70% francophone, qui a le même nombre de poste de radio
français qu'anglais dans les mêmes proportions de population, on
nous adit: C'est le bureau des gouverneurs, on ne pouvait pas prévoir.
Cela a donné tel résultat. Lorsqu'il s'agit du
développement de Radio-Canada, on peut prévoir, parce que,
précisément, il y a un plan. On veut intervenir au moment de la
prévision et au moment du plan, si cela peut avoir quelque
efficacité.
Autrement, on se retrouvera avec 50% de radio anglaise et de
télévision anglaise contre 50% de radio française et de
télévision française avec, derrière la radio et la
télévision de langue anglaise, un potentiel de
pénétration plus puissant en termes de production et avec une
population qui continuera d'être à 80% francophone, mais qui
serait soumise à une pression extrêmement forte. Ce sont des
pressions, je pense, qu'on doit essayer de minimiser et autant que possible
d'éviter.
M. Charron: II nous reste une contrepartie, en tout cas, qu'il ne
faut pas surestimer, je pense bien, mais qui existe, dont on en discutera cet
après-midi, qui s'appelle le développement de notre réseau
québécois de télévision, le plus rapidement
possible, à notre image, à notre façon et dans notre
culture, non seulement dans le but de la protéger, mais, c'est aussi un
langage que je suis tanné de tenir, de l'épanouir, de l'ouvrir,
cette culture.
Encore unefois, on est en contre-attaque tout le temps. On est toujours
sur la défensive, parce que les moyens dont ils disposent et le sans
gêne avec lequel ils le font, profitant de notre division interne de
Québécois... Un bon nombre d'entre nous poussons un accent sur
une espèce de promotion du Québec qui peut aller jusqu'à
ce que le Québec soit lui-même, àaller jusqu'à, dans
nos propres rangs de Québécois, des serviteurs inconditionnels du
régime en place. Profitant de la division des Québécois,
la majorité anglaise du pays agit.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Une autre question au
programme 5?
M. Charron: Oui, M. le Président. Je voudrais demander au
ministre qui, lui-même, vient de faire référence à
la situation radiophonique de Montréal, qu'il a maintes fois
dénoncée, maintes fois expliquée d'ailleurs, quelles sont
les solutions envisagées par le ministère pour reproportionner un
peu plus adéquatement le nombre de stations radio-phoniques par rapport
à la langue véritablement parlée par la population?
M. L'Allier: Le député de Saint-Jacques
connaît
certainement la réponse. C'est que, n'ayant pas la
responsabilité sur la radio, il n'y a rien d'autre qu'on peut faire pour
faire connaître la situation et de continuer la négociation avec
le gouvernement fédéral à partir du texte qu'on a
déposé.
Pour ce qui est de la radio, la position québécoise est la
suivante, vous la connaissez aussi: A l'exclusion de ce qui est national, donc
Radio-Canada essentiellement, pour ce qui est de la radio, tout le reste de la
radio devrait être la responsabilité québécoise,
pour qu'on puisse, pour l'avenir, intervenir et, avec le temps, corriger la
situation. Nous n'avons aucun moyen d'aucune sorte de retirer des permis ou
d'accorder de nouveaux permis. Tout ce qu'on peut faire, à ce stade-ci,
c'est, probablement, de sensibiliser la population à un état de
fait, à une situation qui ne pourra être corrigée que par
un changement de responsabilités en matière de communication.
M. Charron: Vous allez finir par n'être que cela, M. le
ministre, un avertisseur de population et le sociologue des ondes.
M. L'Allier: C'est mieux que rien.
M. Charron: II va falloir, à un moment donné, qu'il
y ait quelqu'un qui agisse. Je pense que s'il y a quelqu'un qui ne peut plus
employer, par simple décence, l'expression de souveraineté
culturelle, c'est le ministre des Communications, parce que, s'il y en a un qui
s'aperçoit que, dans son domaine, on est loin d'être
souverain...
M. L'Allier: On ne l'est pas actuellement, mais je pense qu'on
devrait l'être.
M. Charron: Oui, on devrait l'être. De toute façon,
je ne sais pas quelle sera la prochaine révélation que le
ministère des Communications nous fera connaître sur la situation
d'acculturation ou de pauvreté culturelle dans ce domaine ou dans un
autre, mais nous resterons toujours à l'écoute pour se faire
sensibiliser à certains problèmes.
Quand on commencera à nous parler de solution, on nous dira:
C'était à un niveau constitutionnel, cela ne me concerne pas, la
bataille est trop haute, elle devrait être mise ailleurs.
M. L'Ailler: Oui, c'est cela.
M. Charron: Ailleurs, elle ne la mène pas, tout le monde
le sait et le ministre des Communications le premier. On revient en bas, on
continue à identifier des problèmes, parce qu'on a, tout le monde
en tête, une solution. Le minitre des Communications connaît la
solution. Bien des gens proches de lui, dévoués, qui travaillent
d'arrache-pied, imaginent des solutions. C'est toujours le pouvoir politique q
ui manque pour les réaliser, même pas les hommes, parce que je
suis convaincu qu'en termes de ressources humaines, on les a. Ce sont des
pouvoirs. Quand on parle de souveraineté, cela fait appel aux hommes et
pouvoirs.
M. L'Allier: M. le Président, là-dessus, je pense
qu'il ne faudrait pas minimiser l'importance, à ce stade-ci, en tout
cas, de prendre tous les moyens pour sensibiliser la population
québécoise à l'importance du phénomène des
communications pour leur propre cohésion sociale et culturelle.
Il faut aussi que la population sache que cela comporte un certain
nombre de coûts, non pas nécessairement en termes de budgets, mais
en termes de services, à un moment donné. Lorsqu'on se retrouve
dans un dossier comme celui, par exemple, de la pose du câble à
Charlesbourg, et que les gens nous disent: Nous autres, on s'en fout; ce qu'on
veut c'est le câble, ils ont, comme consommateurs, raison, mais, comme
Québécois, ils n'ont peut-être pas aussi raison.
C'est-à-dire que, pour satisfaire la population de Charlesbourg, il
faudrait, probablement, demain matin, conclure que c'est Bell Canada qui va
poser le câble et ce serait réglé. On aurait
réglé le problème des consommateurs du câble
à Charlesbourg. On aurait aggravé le problème d'une
politique de communication, au Québec. Il faut faire les deux.
A ce stade-ci, compte tenu des moyens dont on dispose, en termes
d'information et tout cela, de dossiers, de techniques, compte tenu du fait que
le dossier de négociations fédéral-provincial ne va pas
aussi vite qu'on le souhaiterait, on concentre nos efforts, à ce moment,
sur la sensibilisation des gens, cas par cas, dossier par dossier, sur l'impact
direct qu'a sur eux, sur la configuration, le développement des
communications.
Il y a cinq ans, on ne parlait pas beaucoup de communication au
Québec. Pas vraiment. On n'en parlait pas beaucoup. Je l'ai dit au
début de l'étude des crédits, dans les autres provinces
non plus, on n'en parlait pas beaucoup. Au fur et à mesure que le temps
passe, on se réveille là-dessus. La question va se poser,
à un moment donné, en termes constitutionnels, très
certainement. A ce moment, on en discutera.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Programme 5,
adopté?
M. Charron: Non, M. le Président. Je voudrais savoir si la
réglementation sur le téléphone prenons un autre
volet de notre souveraineté promise par le ministre lorsqu'il
s'est adressé à la fin d'octobre dernier à l'Association
des compagnies de téléphone indépendantes du Québec
et qu'il annonçait déjà com me sem blable à celle
que cette comm ission a étudié quant à la
câblodistribution. Est-elle prête? Quand sera-t-elle
déposée? Cette commission en sera-t-elle saisie comme nous
l'avons été sur l'autre réglementation?
M. L'Allier: Oui, M. le Président. Le projet de
réglementation sur le téléphone est très
avancé. Il n'est pas complété parce que nous avons des
points techniques et précis à fouiller, parce que le
téléphone n'est pas seulement l'appareil
téléphonique. Alors, ou on fait une réglementation qui
porte, exclusivement, sur le service audio du téléphone ou on
fait une réglementation qui englobe l'ensemble des services qui sont
actuellement offerts par les sociétés de
téléphone.
M. Charron: Y compris Bell Canada?
M. L'Allier: Non, on parle des sociétés de
téléphone sous juridiction québécoise. On ne peut
pas faire de règlement pour les autres. Que ce soit pour une ou pour 75
compagnies de téléphone, le programme est le même en termes
de complexité de la réglementation. C'est là-dessus,
actuellement, que nous travaillons à mettre au point un règlement
qui soit viable et qui soit exécutoire dans le domaine de la
téléphonie. Alors, il n'existe pas de règlement sur la
téléphonie, ni même à Ottawa, à ma
connaissance, qui englobe l'ensemble des opérations du
téléphone. Je veux procéder de la façon suivante,
c'est que lorsque le projet sera suffisamment avancé, je voudrais que
mes collaborateurs rencontrent l'association des compagnies de
téléphone pour voir avec elles "l'opérationnalité"
d'un règlement sur le téléphone.
Deuxièmement, suite aux résultats de cette consultation,
nous aurons des rencontres techniques avec la Régie des services publics
pour faire l'arrimage entre la réglementation proposée, la
réglementation existante. Dans un troisième temps, le projet sera
à la fois rendu public et, automatiquement, viendra en commission
parlementaire comme projet de réglementation. A ce moment, on pourra le
débattre et on pourra entendre tous les intervenants qui le souhaiteront
et qui seront ou ne seront pas d'accord sur le projet de règlement.
Alors, cela devrait se faire au cours, à mon avis, je ne veux pas
risquer de date, mais, normalement, on pourrait penser que la commission
parlementaire pourrait se pencher là-dessus à la fin de
l'été, au début de l'automne.
M. Charron: Cela veut dire, en somme, que la commission
parlementaire sera à ce moment saisie d'un projet de
réglementation qui ne toucherait pas la totalité des
Québécois?
M. L'Allier: 10%.
M. Charron: 10%. Le morcellement dont on parlait tantôt,
c'en est un exemple. L'Assemblée nationale du Québec
réglementerait la téléphonie.
M. L'Allier: C'est ce qu'elle fait maintenant, d'ailleurs.
M. Charron: Oui, mais dans la réalité, cela ne
toucherait que 10% des Québécois.
M. L'Allier: En gros, c'est 10% de la population. En termes de
territoire, évidemment, c'est beaucoup plusvaste, mais le
téléphone où il n'y a pas de monde, ce n'est pas
très utile. Il faut se rappeler que Bell Canada est devenu de
juridiction fédérale, à la suite d'un bill
privé...
M. Charron: Oui, je...
M. L'Allier:... présenté devant le Parlement
fédéral. Nous sommes à étudier actuellement les
modalités d'un rapatriement de la juridiction sur Bell Ca- nada. On ne
veut pas tomber dans plusieurs pièges qui peuvent exister, à
savoir que, si on disait: Vous rapatriez Bell Canada et on fait une bataille
là-dessus. Qu'on nousdise: D'accord on coupe cela de telle façon,
et cela coûte automatiquement $2 de plus par tête de pipe au
Québec. Les gens ne le prend ront pas. Donc, il faut analyser à
fond. Nos informations sont passablement complètes, mais il nous en
manque un certain nombre qu'on obtient à l'occasion d'audiences, etc.
devant la Commission canadienne des transports. Une étude est en cours,
actuellement, chez M. Deschênes sur ce sujet pour voir comment on
pourrait de façon opé rationnelle proposer un plan de partage
entre les activitésde BelI Canada, Québec et Ontario, parce qu'il
y a quatres parties qui sont impliquées là-dedans.
Il y a le fédéral, il y a la société comme
telle et il y a les deux provinces. Si on prend notre moitié, il
faudrait que l'Ontario logiquement prenne sa moitié aussi. Donc, il faut
travailler avec l'Ontario là-dessus. Il n'y a pas d'opposition à
cette position en Ontario, mais ce n'est pas une priorité du
gouvernement de l'Ontario. Il est d'accord, toutefois, il faut qu'on travaille
dans ce sens. Donc, il y a plusieurs éléments qui jouent au sujet
de Bell Canada.
On voudrait éviter qu'à partir d'une proposition
précise qui serait faite de ce côté, Bell Canada ou
d'autres s'en servent pour ce que j'appellerais faire peur aux gens.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Autre question?
M. Charron: Oui, M. le Président, une dernière. A
quand le projet de réglementation sur les media communautaires dont nous
avions parlé l'année dernière? Peut-on espérer une
réglementation sur l'utilisation des moyens de communication?
M. L'Allier: Je ne sais pas si M. Deschênes pourrait
fournir des renseignements là-dessus. C'est dans la direction
générale que repose la responsabilité des relations du
ministère avec les media communautaires.
Ce que je peux vous dire sur ce sujet, c'est qu'un projet de
réglementation sur les media communautaires comme tels, nous n'en avons
pas à l'étude dans le moment. Nous étudions à
l'intérieur de la réglementation qui existe, par exemple, celle
sur la câblodistribution, possiblement celle sur le
téléphone, comme M. L'Alliervientde le mentionner, les
possibilités d'intégrer certaines activités souhaitables
des media communautaires à l'intérieur de certains articles ou de
certaines clauses de ces règlements. On peut penser, par exemple,
à la programmation, on peut penser aux moyens de diffusion. On peut
penser enfin à d'autres secteurs que ceux que les media communautaires
touchent. Quand je pense aux moyens de diffusion, je pense aux radios dites
communautaires, ou qui ont un peu un aspect coopératif.
M. Charron: La réglementation actuelle touche-t-elle
l'ensemble des media communautaires par la réglementation actuelle?
Oui?
M. L'Allier: On y touche dans le règlement actuel sur le
câble. Il y a deux ou trois articles du règlement qui touchent les
media communautaires en ce sens que le règlement prévoit
l'accréditation de comités de programmation, donc la
reconnaissance par la Régie des services publics de l'existence
légale de comités de programmation qui, eux, sont les seuls
responsables de définir ce qu'est la programmation communautaire.
Maintenant, le règlement sur le câble a été fait
dans l'optique de la câblodistribution et non pas dans l'optique des
media communautaires. C'est comme cela qu'on l'a présenté
à l'époque et avec le conseil des media communautaires, à
la suite de la présentation du règlement, on avait convenu que,
quand il serait prêt, quand on aurait les moyens, et tout cela ensemble,
on se concerterait et on verrait de quelle façon on peut soit sortir de
la réglementation sur le câble ce qui touche le communautaire et
en faire un règlement spécifique, comme on en aura un sur la
téléphonie ou alors modifier ce qui existe sur le
règlement actuel.
M. Charron: M. le Président, le comité
interministériel sur les investissements étrangers dans son
rapport, les recommandations sont 39, 40, 41, 42, avait suggéré
l'implantation de certaines mesures bien concrètes pour faire en sorte
qu'à l'avenir, les services de distribution de la presse écrite
et les opérations de messagerie au Québec soient mieux
contrôlés et deviennent plus efficaces. Certaines de ces
recommandations s'appliquaient en particulier au ministère des Affaires
culturelles. Comme j'imagine que le sujet concerne également le ministre
des Communications, est-ce que je peux demander si le ministre a pris
connaissance de ces recommandations et si cela a donné lieu à un
branle-bas à l'intérieur du ministère des
Communications?
M. L'Allier: J'en ai pris connaissance en même temps que
les autres recommandations, mais cela n'a pas donné lieu à un
branle-bas au ministère des Communications, précisément
parce qu'on est à amorcer actuellement et M. Deschênes, le
directeur général, pourra nous donner plus de renseignements
là-dessus la constitution d'une équipe plus directement
spécialisée sur la presse écrite; on n'a rien actuellement
en termes de personnel spécialisé sur la presse
écrite.
M. Deschênes: Ce que je peux vous dire sur cette chose,
c'est que, comme vous avez probablement pu le constater à l'aide du
texte que M. l'Allier vous a déjà lu, c'est que, sur les
média électroniques, il y aura une activité assez intense
chez nous, dans le sens qu'il y aura un démarrage systématique
des différents secteurs qui sont concernés.
Parallèlement à cette activité qui prendra beaucoup
d'efforts pour le personnel et les ressources que nous avons, il y aura un
démarrage du côté des media écrits. Ce que nous
prévoyons faire au niveau de l'année 1975/76, c'est de dresser un
plan qui nous permettra d'attaquer les mass media écrits, et de
déterminer, au niveau de l'année 1976/77, quelles seraient les
ressources dont nous aurions besoin, ressources financières et humaines,
techniques éga- lement, pour étudier l'ensemble de ce secteur, et
de nous amèner à un stade au niveau de la connaissance des
différents paramètres qui sont impliqués à un
même niveau que celui que nous aurions à ce moment sur les mass
media électroniques ou sur les autres activités qui sont à
l'intérieur de notre direction.
M. Charron: Mais est-ce que la commission n'avait
pasété mise au fait de la même façon, l'année
dernière, lorsque nous avions abordé ce sujet? C'est presque
étonnant de voir qu'on nous annonce pour la prochaine année le
même genre d'agissements que l'année dernière. Pourtant, je
ne crois pas qu'on ait résolu grand-chose au cours de l'année, ou
même mis en marche quelque chose qui soit très substantiel.
M. L'Allier: M. le Président, sur le plan de la presse
électronique, on a quand même amorcé nos travaux.
Effectivement, on n'a pas, sur le plan de la presse écrite, fait ce qui
avait été prévu ou même annoncé la
dernière fois. Je ne veux pas faire porter le blâme sur qui que ce
soit. On a eu, au niveau de la direction des media, des problèmes de
recrutement, des problèmes de personnel qui ont largement
handicapé le travail qu'on avait à faire de ce côté.
Donc, sur le plan administratif, on a eu énormément de
difficultés dans le recrutement. J'en donne comme exemple
différents concours qui ont été tenus. On n'a pas eu de
candidats. Maintenant, il y a des personnes qui viennent d'être choisies,
qui ont passé le concours de la fonction publique et qui pourront
amorcer un certain nombre de travaux. Je ne sais pas si M. Deschênes peut
compléter.
Non, je n'ai pas autre chose à ajouter.
Cela démontre une chose, c'est que, entre la volonté de
faire quelque chose, même avec un budget, et la réalisation
concrète au bout, dans certains cas, on est loin d'atteindre les
objectifs qu'on peut se fixer.
M. Charron: Mais cela demeure une préoccupation
importante, j'espère, pour le ministre des Communications, parce que je
me souviens que, lorsque la commission parlementaire sur la liberté de
presse avait siégé, plusieurs membres de la commission
s'étaient, à ce moment, intéressés à ces
problèmes, il y a déjà deux ans de cela.
M. L'Allier: Entre-temps, il faut dire aussi que toutes les
questions qui touchent une éventuelle loi sur la presse, la
concentration des entreprises de la presse, au moment où mon
collègue, Fernand La-londe, a été nommé à
l'exécutif, c'est lui qui a pris ce dossier en main. Mais on travaille
de concert avec M. Lalonde là-dessus.
M. Charron: Bon! Vous devancez ma dernière question sur ce
sujet. Il y a effectivement une rumeur cela a été repris
selon la quelle l'Assemblée serait saisie bientôt d'un
projet de loi émanant du gouvernement sur la concentration de la presse
et qui, en même temps, par la bande, viserait la pratique journalistique.
Est-ce que le ministre a été, en plus de
son titre de membre du cabinet, bien sûr, mais comme ministre des
Communications, spécialement invité à collaborer au
ramassis d'informations nécessaires à la loi?
M. L'Allier: Oui, M. le Président. On a fourni des
éléments en fait, nous travaillons comme équipe
d'appui au ministre Lalonde, qui, plutôt que le ministre des
Communications, dirige ce dossier. Mais, en fait, lesfonctionnaires du
ministère dont il a eu besoin, conseillers juridiques, les dossiers,
etc., ont été mis à sa disposition à sa demande, et
il peut compter sur notre entière collaboration. Mais c'est lui qui est
le maître d'oeuvre de ce dossier et non pas le ministre des
Communications, même s'il puise abondamment c'est une façon
de parler, parce qu'on n'a pas grand monde non plus là-dessus
compte tenu de l'ensemble de ses ressources, dans les ressources du
ministère.
M. Charron: Mais est-ce que cette législation sera
présentée au cours de la session en cours?
M. L'Allier: Je n'en ai aucune idée, M. le
Président. A ce stade-ci, il y a des avant-projets q ui sont en
préparation, qui sont à l'étude, qui sont modifiés,
mais c'est tout ce que je peux vous dire.
M. Charron: II faudrait donc attendre, M. le
Président...
M. L'Allier: A l'étude des créditsdu Conseil
exécutif.
M. Charron: Cela va, M. le Président, pour le programme
5.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Programme 5,
adopté.
Programme 6: Régie des services publics.
Régie des services publics
M. Charron: J'ai très peu de chose à dire, M. le
Président, sur ce programme en particulier, parce que je crois que la
Régie des services publics s'acquitte admirablement bien de la
tâche que l'Assemblée lui a confiée parla loi...
C'était laquelle? Etait-ce 35 ou 36? C'était 35?
M. L'Allier: La régie, c'était...
M. Charron: Je les ai toujours mélangées, ces
trois.
M. L'Allier: Radio-Québec, c'est 36. La régie,
c'est 37.
M. Charron: C'est 37. N'empêche que cette régie, M.
le Président, même si, parfois, suppléant à un
manque de personnel, nous a-t-on signalé à l'occasion, a quand
même été capable de remplir son rôle comme nous le
voulions, agit quand même sur un terrain difficile, voit certaines de ses
ordonnances littéralement contestées à peine quinze
minutes après qu'elles sont faites, annulées on rejoint le
problème politique quand on a parlé au tout début de
l'étude de ces crédits par uneautre instance qui se dit
supérieure, sans que cela n'ait été, à un moment
donné ou à un autre, tranché devant les tribunaux.
Je pense qu'avec cette insécurité, disons-le, au travail,
la Régie des services publics, quant à sa planification, ne peut
avoir une politique cohérente, parce qu'elle ne sait jamais quand une de
ses ordonnances sera annihilée par un jugement de la cour; cela doit
quand même l'affecter.
Je donne un cas, M. le Président: Le 21 mars dernier, la cour
d'Appel, dans son jugement dans la cause National Cablevision versus la
Régie des services publics, a décrété que la
Régie des services publics n'avait pas les pouvoirs acquis pour
émettre des ordonnances générales. La régie,
pourtant, a déjà émis de telle ordonnances, l'ordonnance
no 5, par exemple, et a, sans doute, l'intention d'en émettre d'autres
puisque le législateur lui a confié ce pouvoir.
Quelle est l'attitude du ministère devant cette
quasi-illégalité des ordonnances de la régie,et est-ce
qu'on a l'intention, je ne sais comment, sans reprendre tout le débat
non plus, qu'on a déjà eue, de clarifier cette situation et ce
champ libre d'action à la Régie des services publics?
M. L'Allier: Oui. Dans la décision à laquelle fait
référence le député de Saint-Jacques, M. le
Président, la décision du 21 mars, je crois, il faut bien
préciser que la cour d 'Appel a reconnu comme valide le fait, pour la
régie, de tenir des audiences générales. Ce que la cour
d'Appel a dit: Si cela doit conduire à une réglementation,
à ce moment, ce n'est pas à vous d'en faire.
Sur ce point, c'est une question qui peut être débattue en
droit administratif et qui l'est effectivement, je ne pense pas qu'au moment
où on a modifié la loi de la régie, on ait voulu accorder
à la régie un pouvoir réglementaire. On a bien
précisé que le pouvoir réglementaire appartenait au
contexte de la législation déléguée. Je pense que
la décision de la cour d'Appel, c'est tout ce qu'elle disait
là-dessus, déclarait: La loi, telle qu'elle existe maintenant, ne
vous permet pas de faire des règlements généraux, sauf
pour votre fonctionnement. A partir de là, cela ne pose pas tellement de
problème de ce côté. Je suis d'accord avec cette
décision de la cour d'Appel qui confirme, si vous voulez, la
volonté du législateur.
M. Charron: II est toujours possible, par contre, pour la
régie, lorsqu'elle se prononce dans un cas qui lui est amené,
d'émettre une ordonnance...
M. L'Allier: C'est cela.
M. Charron: ... qui peut, de l'autre côté,
être comprise comme un pouvoirabusif de réglementation.
M. L'Allier: Oui, mais en ce sens, M. le Président, que
dans la mesure où la régie est appelée à statuer
sur un cas, s'il existe dans la loi ou dans les règlements des
prescriptions précises, elle doit se raccorder à cela,
absolument.
M. Charron: Oui.
M. L'Allier: S'il n'existe pas de loi ou de réglementation
qui touche le cas en particulier, la régie peut toujours décider
en l'absence de règlement, prendre une décision qui aurait force
de précédent et force de loi, à moins d'être
modifiée soit dans le nouveau règlement ou par une modification
législative. Cela est possible ; et moi, je tiens à ce que ce
soit comme cela, en ce sens qu'on ne peut pas prévoir toutes les
situations par règlement. Donc, on veut faire un règlement qui,
tel qu'il existe, est suffisamment général, il fixe un cadre
à la régie, mais à l'intérieur de ce
règlement ou même à l'extérieur, si des cas
spécifiques se présentent, c'est à elle de
déterminer, à partir de l'économie générale
de sa loi qui est le service public, par exemple, à la population
québécoise, de servir les populations francophones... elle peut
toujours décider et la somme de ses décisions, après un
certain temps, peut donner lieu à une réglementation.
Exemple: Dans le domaine du téléphone, il y a une
ordonnance générale et il y a d'autres ordonnances de la
régie. La simple codification et l'analyse des décisions de la
régie pourraient nous amener à traduire l'essentiel de ces
décisions dans un règlement et une des parties du
règlement sur laquelle on travaille porte précisément
là-dessus, codifier, finalement, les décisions de la
régie.
M. Charron: C'est la régie elle-même, je crois, qui,
à un moment, a demandé que l'on clarifie cette situation parce
qu'elle se voyait si j'ai bien compris dans la situation de voir
ses ordonnances contestées.
M. L'Allier: Oui, c'est sûr. Lorsque la régie est
appelée à statuer sur un cas au sujet duquel il n'y a pas de
référence réglernentaireou législative, il n'est
pas impossible, à ce moment-là, que la régie se sente un
peu plus vulnérable en disant: Quelle est la volonté du
législateur? S'il n'y en a pas d'indiqué, on décide dans
ce sens, demain matin, vous pouvez arriver avec un règlement qui dit le
contraire. En ce sens, il y a une certaine insécurité. C'est
largement compensé par la souplesse que laissent les règlements
actuels à la régie, de régler, ad hoc, des cas qui ne
seraient pas prévus dans les règlements.
Ce qui se passe, c'est que si, effectivement, il se produit une
situation qui risque de faire école, si vous voulez, et qui risque de se
répéter et qui n'est pas prévuedans les règlements,
la première chose qu'on fait, à ce moment, c'est, en
collaboration avec la régie, de voir s'il n'y a pas lieu
immédiatement de trancher par réglementation un cas semblable.
Cela ne s'est pas produit jusq u'ici, comme tels, des cas ad hoc.
M. Charron: A un moment ou à un autre, la régie
a-t-elle communiqué avec le ministre pour lui signaler, par exemple,
l'ambiguïté ou la difficulté d'interprétation de
certains aspects de la réglementation?
M. L'Allier: Oui, bien sûr, c'est arrivé notamment
pour ce qui est, par exemple, du pouvoir de la régie en termesde
l'utilisation du sol, pose des poteaux et des choses comme cela. On est en
train d'étudier cela actuellement en collaboration avec le
ministère des Affaires municipales pour savoir si c'est effectivement
dans la Loi de la régie ou dans une autre législation que
devraient se retrouver les prescriptions qui touchent la réglementation
quant à l'utilisation du sol.
Si la conclusion à laquelle on en arrive est que la
volonté législative se manifeste dans la Loi de la rég ie
sur un terrain incertain, on prendra les dispositions pour placer cela ailleurs
où c'est vraiment "full proof", si je peux employer l'expression.
M. Charron: D'accord. Dans les démêlés de la
Régie des services publics j'emploie des expressions
modérées, ce matin avec le CRTC quant à
l'application, quel est l'appui du ministère des Communications à
la Régie des services publics là-dedans?
M. L'Allier: Je m'excuse, je lisais un document.
M. Charron: Quand on constate les difficultés dans les cas
qu'on a soulevés, Matane, Rimouski, Mont-Joli, où les deux
instances se prononcent de façons différentes, pour ne pas dire
contraires, le ministère des Communications est de quel appui à
la Régie des services publics, à ce moment?
M. L'Allier: Je suis content, M. le Président, que la
question soit posée. Cela permet de faire un parallèle entre la
Régie des services publics et le CRTC par rapport aux pouvoirs publics
qui sont parlementaires. Au niveau de la Commission canadienne des transports
comme du CRTC, surtout au niveau de la Commission canadienne des transports,
les décisions des organismes fédéraux peuvent être
modifiées par l'autorité d u cabinet et je pense q ue c'est la
même chose, dans des cas bien précis, où le gouvernement
fédéral pourrait faire la même chose pour une
décision du CRTC. Là-dessus, je suis moins sûr, il faudrait
que je vérifie.
En tout état de cause, je vais parler de la régie. Pour ce
qui est de la régie, lesdécisions de la régie ne peuvent
d'aucune espèce de façon être modifiées, ni par le
ministre des Communications, ni par le cabinet, à moins de faire une
loi, mais qui ne devrait pas, en fait, être rétroactive.
Ceci dit, cela nous permet, à nous, du côté
québécois, des choses qui ne sont pas permises au gouvernement
fédéral par rapport à ses organismes. C'est-à-dire
que nous plaidons, devant la régie, au même titre que n'importe
quel intervenant. Si vous regardez les procéd ures de la régie,
le ministère des Communications est intervenant au dossier publiquement.
Il fait donc connaître, devant la régie et publiquement, ses
positions qui sont, je pense, en tout point, conformes aux politiques des
communications que nous défendons. La régie qui fonctionne dans
le même type d'économie ne se trouve pas en opposition avec les
positions du ministère. Par contre, elle peut rejeter une position du
ministère. Il peut très bien arriver que nous plaidions telle
chose au sujet de telle augmentation de tarifs du téléphone
ou de tel câblodistributeur et que le plaidoyer du
ministère ne soit pas retenu. A ce moment, les recours dont je
disposerais éventuellement, c'est d'en appeler d'une décision de
la régie, d'en appeler devant la cour d'Appel d'une décision de
la régie. J'ai le même droit que n'importe quel intervenant. Mais
cela ne s'est pas produit jusqu'ici. Je n'ai jamais eu aucun motif d'appel
d'aucune décision de la régie.
M. Charron: Dernière question, M. le Président.
A-t-on réglé ce qui, à un moment donné, est apparu
comme un problème de manque de personnel à la Régie des
services publics?
M. L'Allier: Largement, je pourrais demander à M. Michel
Carbonneau, qui est le directeur des services administratifs, de dire quelque
chose là-dessus.
Dans le secteur de la téléphonie, des services techniques,
on peut dire que c'est suffisant. Dans le secteur de la
câblodistribution, du côté technique, on a des
problèmes de recrutement et l'on ne peut pas dire que c'est
réglé, sauf qu'on a, encore une fois, un concours annoncé
et on espère des résultats.
En termes de postes disponibles, c'est cela, je pense que les postes
sont là, les moyens sont là. Les moyens sont là, sauf que
les démarches ne donnent pas tout le...
M. Charron: Elles se font rares.
M. L'Allier: C'est cela. D'un autre côté, du
côté économique et des finances, on peut dire que c'est
à moitié réglé, en ce sens que tout l'aspect
comptable des postes est comblé. Du côté de la
tarification, on a les postes qui sont actuellement annoncés. Ce n'est
pas suffisamment avancé pourqu'on puisse en déduire quoi que ce
soit.
M. Charron: Est-ce que la câblodistribution dont vous venez
de parler, le manque de personnel, concours ouvert, candidats insuffisants,
c'est la concurrence de l'entreprise privée par, rapport à
l'échelle de traitement...
M. L'Allier: La rareté du personnel est grande ou la
concurrence est extrêmement forte.
M. Charron: Cela affecte-t-il, vraiment, par exemple, le
rôle de la Régie des services publics quant à l'application
de la réglementation qu'on lui a confiée?
M. L'Allier: Non, parce que je parle de services techniques de
câblodistribution.
M. Charron: Oui.
M. L'Allier: II y a aussi le secteur de la programmation. Les
postes sont tous comblés et ce côté fonctionne. Du
côté technique, on essaie de suppléer par des
spécialistes en téléphonie et des choses comme cela.
M. Charron: Qui sont engagés...
M. L'Allier: Qui sont permanents, des ingénieurs qui sont
en poste permanent. Il y en a trois actuellement.
M. Charron: L'augmentation budgétaire que nous sommes
prêts à adopter, qui constitue environ $200,000, ne fait-elle que
couvrir la hausse normale des frais de la Régie des services publics et
permettre d'entreprendre autre chose?
M. L'Allier: Non, effectivement, cela couvre dix postes
additionnels.
M. Charron: Dix postes additionnels?
M. L'Allier: Oui. On pourrait envoyer cela à peu
près à 50/50, la moitié en techniciens et des choses de
cette nature, la moitié en personnel de soutien des choses comme
cela.
M. Charron: Bien, M. le Président, le programme 6.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Programme 6,
adopté.
La commission suspend ses travaux jusqu'à cet après-midi,
après la période des questions.
(Suspension de la séance à 12 h 33)
Reprise de la séance à 16 h 19
M. Houde, Limoilou (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et descommunications): A
l'ordre, messieurs!
Programme 7: Office de radiotélédiffusion du
Québec.
M. L'Allier: M. le Président...
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le ministre.
Radio-Québec
M. L'Allier: Si les membres de la commission sont d'accord,
compte tenu de la nature spéciale de Radio-Québec, compte tenu du
fait que RadioQué-bec est administré par un conseil
d'administration qui en a la responsabilité, aux fins du journal des
Débats, les interventions sur Radio-Québec seront inscrites au
nom du ministre des Communications, mais je pense qu'il serait
préférable que les questions soient posées, soit au
ministre des Communications, qui les référera au
président-directeur général ou qu'elles soient
posées directement à M. Labonté.
J'en profite pour présenter aux membres de la commission M. Yves
Labonté, qui est président directeur général de
Radio-Québec et qui est d'office membre du conseil d'administration.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le député de
Saint-Jacques.
M. Charron: M. le Président, j'aimerais mieux entendre,
dès le début, avant de poser mes questions ou mes remarques,
celles de M. Labonté, s'il veut nous présenter son...
M. L'Allier: Le budget que nous avons préparé et
que nous présentons actuelle ment est un budget qui respecte, si je puis
dire, le statut quo de l'office quant à ses implantations techniques.
Vous n'êtes pas sans savoir que, depuis le 19 janvier dernier, l'office
diffuse, dans les régions de Montréal et de Québec, trois
heures, tous les soirs, sur des antennes UHF.
Nous avions prévu, dans un plan original, des implantations qui
devaient couvrir l'ensemble du territoire québécois pour
rejoindre à tout le moins, 85% de la population. Ce plan
s'échelonnait surtrois années et comportait l'installation
d'antennes tous les deux ans dans les diverses régions du Québec.
L'expérience que nous venons de tenter nous incite à croire,
puisque les réactions que nous avons sur les émissions que nous
diffusons, le service que nous rendons, sont très favorables et nous
incitent à croire aussi qu'il sera possible, dans un avenir que nous
espérons le plus rapproché possible, de réaliser la
couverture totale du territoire québécois. Si le plan que nous
avions d'abord élaboré n'a pas pu être
réalisé, c'est d'abord attribuable au fait que, lorsque le
premier ministre a accordé les sommes requises pour l'implantation des
antennes à Montréal et à Québec, il avait
ajouté que cette décision d'implantation de la première
phase du plan triennal devait se réaliser et, suite à sa
réalisation, on verrait s'il y avait lieu de prolonger pour couvrir
l'ensemble du territoire.
Deuxième raison, les budgets qui étaient requis pour cette
implantation n'ont pas pu être accordés à l'office et nous
devons donc poursuivre notre diffusion sur les antennes de Montréal et
de Québec, en y ajoutant les diverses régions de la province qui
peuvent être rejointes par les cablodistributeurs. Ceci, pour nos
implantations techniques.
Nous avons demandé des sommes d'argent supplémentaires
également, en vue d'améliorer la qualité de nos
émissions. Les budgets que nous avons sont relativement restreints par
rapport au travail que nous avons à faire.
Dans le passé, on nous a fait le reproche en bonne partie
mérité que beaucoup de nos émissions étaient
statiques, que nos émissions manquaient de dynamisme et d'images. On a
même parlé, à un certain moment, de radio
télévisée, en voulant dire par là que ce sont des
gens qui ne font que parler à l'écran.
Pour arriver à meubler l'écran d'images, cela suppose des
ressources assez importantes. Nous avons, cette année, demandé un
surcroît d'argent dans ce secteur en vue d'améliorer notre
programmation. Nous avons également demandé des sommes
additionnelles en vue de favoriser, dans une certaine mesure, la production
régionale qui nous est demandée.
Les audiences publiques que nous avons commencées
récemment, dans deux régions du Québec, soit celle du
Saguenay-Lac Saint-Jean et de la Mauricie, sans compter les audiences que nous
avons tenues à l'office même, auprès de nos
employés, confirment ce fait que l'on réclame partout la
régionalisation de l'office.On esttrès hostile à
l'idée d'une centralisation qui se contenterait de diffuser des
émissions à partir de Montréal.
Pour régionaliser, cela est coûteux. Dans ce budget, nous
avons demandé des sommes à cet effet, qui nous permettent de
réaliser des émissions dans les régions, avec le personnel
de la région. Ce sont, en gros, les points majeurs sur lesquels, ce
budget que nous présentons diffère de celui de l'année
dernière.
Le Président(M.Houde, Limoilou): L'honorable député
de Saint-Jacques.
M. Charron: M. le Président, ce n'est pas très
souvent, lorsque je participe à l'étude des crédits d'un
ministère, que j'en viens à faire la remarque que je me
prépare à faire sur ce programme 7 du ministère des
Communications. C'est d'affirmer, on me dirait, peut-être de façon
péremptoire, mais je crois que c'est bien fondé, que les sommes
que nous sommes appelés à voter à ce programme sont
insuffisantes par rapport aux besoins que nous aurions à couvrir.
Je sais très bien que, de façon générale,
nous pourrions appliquer ce genre de remarques sur un grand nombre de
programmes de tous les ministères du Québec, mais nous ne le
faisons pas justement et nous choisissons parcimonieusement les endroits
où nous faisons ce genre de remarques, justement pour ne pas qu'on nous
prête comme critique le fait que nous exigeons plus partout, pour tout le
monde et n'importe quand.
J'ai soutenu cette remarque, de la même façon, à un
chapitre bien particulier des Affaires sociales et, depuis que nous avons
entamé l'étude du budget des communications, c'est la
première fois, je crois, que je le dis de cette façon.
Effectivement, je crois que la croissance budgétaire fixée
en 1974/75 et 1975/76, dans ce programme 7, suffit à peine à
couvrir la hausse normale des coûts de la vie de l'Office de
radio-télédiffusion du Québec. Elle ne nous permet en rien
d'agrandir, sur le plan technique cela a été les
premières remarques de M. Labonté, disant qu'il s'agissait d'un
statu quo et en rien, non plus, sur le plan de la qualité, je
crois, autrement que de compter encore une fois sur les efforts du personnel de
Radio-Québec pour améliorer ce qu'elle fait déjà de
façon, à plusieurs égards, en se dépassant.
Je ne comprends pas que l'Office de radio-télédiffusion du
Québec, qui je veux bien l'admettre, est né d'un autre
gouvernement, d'un autre régime que celui qui est en place, depuis cinq
ans aujourd'hui, je ne comprends pas que ce gouvernement laisse à ce
point la croissancede Radio-Québec au simple dénominateur de la
croissance annuelle.
Je pense que tous les Québécois conviendront de cette
importance pour nous de nous doter d'une radio-télédiffusion qui
soit authentiquement nôtre. J'aurais pu déposer à la table
de la commission plusieurs avis, plusieurs énoncés, plusieurs
mémoires tous s'orientant dans le même sens, le besoin pour le
Québec de contrôler cet outil premier maintenant de son
développement culturel q u'est la télévision. C'est le
ministre des Communications lui-même qui a mis de l'eau au moulin hier
dans une allocution devant un groupe où il énonçait les
dangers de bilinguisation essentiellement liés à la croissance de
Radio-Canada sur le territoire du Québec. C'est lui qui nous a
conviés, qui a convié l'opinion publique à
s'intéresser et à dénoncer ce phénomène.
J'ai presque envie de dire que je croirais le ministre des Communications si,
dans le budget que nous sommes appelés à voter à
Radio-Québec, je trouvais la contrepartie des principes alentour
desquels il fait largement, je pense, et il le sait, le consensus de l'opinion
publique québécoise.
Car, il ne suffit plus de dénoncer des choses qui, par
définition d'un régime où on accepte de vivre, sont
difficilement malléables par le Québec, mais là où
le Québec peut faire preuve d'initiatives, là où le
Québec a déjà fait preuve d'initiatives et où il ne
s'agit pour lui que d'être logique avec un engagement qu'il a pris face
aux Québécois, il faut manifester un réel
intérêt à la croissance de cet outil, sinon ceux qui
viendront vous dire que vous dénoncez des choses que par principe, pour
se faire une belle jambe, mais que dans le fond, on ne s'applique pas à
les combattre de façon efficace, ceux-là trouvent justification
dans plusieurs énoncés.
M. le Président, également pour la dernière fois
peut-être, ce slogan de souveraineté culturelle utilisé
à toutes les sauces ne sera plus un slogan et deviendra une
volonté gouvernementale, il apparaîtra comme une volonté
gouvernementale, quand on le verra dans les budgets, quand on le verra dans les
décisions prises par le ministère des Communications, quand on le
verra par une solidité sur certains principes et par la décision
de les appuyer. On ne peut parler de souveraineté culturelle du
Québec sans parler d'une souveraineté des Québécois
sur leur télévision. C'est devenu l'outil principal de
communications, d'information, en même temps que d'épanouissement
de la culture.
C'est le ministre qui, très féru en statistiques plus
qu'en victoires politiques, pourrait nous donner un grand nombre de
statistiques quant à la consommation de télévision par le
citoyen québécois, c'est devenu le coeur de tout l'appareillage
si vous me permettez cette expression, M. le Président
culturel de notre société. C'est là qu'il faut agir. Non
seulement faut-il, comme le ministre l'a fait hier, dénoncer ceux qui
agissent à notre encontre et surtout avec notre argent, parce que, des
$50 millions de Raio-Canada dont on parlait, M. le Président, une bonne
partie vient des contribuables québécois. Non seulement faut-il
dénoncer, mais là où nous pouvons agir, agir.
Je ne conçois pas que, dans le budget qui nous est
présenté actuellement nous agissions de la façon que les
Québécois l'espéreraient. Allons-nous laisser, parce
budget, Radio-Québec sur le plan du statu quo quant à ses
installations techniques, ce qui retarde à je ne sais quand un principe
qui, je pense, avait fait l'unanimité de tous, lorsque le plan triennal
de développement de Radio-Québec nous avait été
présenté, la couverture le plus rapidement possible de l'ensemble
du territoire du Québec? En fin de compte, M. le Président, une
partie des $15 millions que nous avons à voter, ici, pour
Radio-Québec, provient des citoyens de Matane, une partie des sommes
provient des citoyens de Sherbrooke, une partie de ces sommes provient des
citoyens de Hull, de Chicoutimi ou de Trois-Rivières. Ces gens n'ont pas
à payer pour un service de télévision dont sont seuls
à bénéficier les Montréalais et les
Québécois de la capitale nationale des
Québécois.
Ce principe visait non pas une installation simultanée en
l'ensemble des régions du Québec, ce qui nous était apparu
également invraisemblable ou difficilement réalisable, en tout
cas, mais à tout le moins, à ce qu'on s'en tienne au plan
triennal de développement qui avait été auparavant
expliqué et qui, encore une fois, avait fait le consensus de ceux qui
suivaient le développement de Radio-Québec et qui
espéraient son épanouissement le plus rapidement possible. lls
espéraient que, le plus rapidement possible, nous ayons, à nous,
une télévision que nous allons contrôler entre nous, et,
par la suite, lorsque nous critiquerons les interventions je l'ai
appelé comme cela, ce matin, et c'était presque à la suite
de la description que le ministre m'avait faite de l'adversaire dans le
domaine de la radio et de la télévision, cela apparaisse comme
plus justifié, lorsque nous aurons fait notre part.
Ce qui m'inquiète donc, M. le Président, à la
première vue de ce budget et j'ai bien l'intention
d'écouter attentivement la justification que le ministre apportera
c'est que non seulement c'est un statu quo quant aux installations
techniques de Radio-Québec, mais je crois bien que c'est un statu quo
également quant au statut politique de Radio-Québec dans la
société québécoise.
C'est clair. Radio-Québec existe depuis six ans
ou sept ans maintenant et personne d'entre nous, encore une fois, ne
sait la nature réelle de cet office. On sent même cet office, au
moment où il atteint son âge de maturité, encore en crise
de croissance. On sent qu'il y a un dilemme fondamental, une décision
fondamentale qui n'est pas encore réglée.
On s'étonne de la qualité, de la vie de
Radio-Québec, d'une part, quand on sait les difficultés
auxquelles elles sont soumises. Et je ne fais pas allusion uniquement aux
difficultés d'ordre de relations de travail qu'a connues cet office au
cours de la dernière année 1973/74.
Je fais allusion directement, implication à un
débat fondamental sur la nature de Radio-Québec qui, d'ailleurs,
apparaissait dans le conflit de travail auquel je viens de faire al lusion et
qui avait été soutenu par les deux parties en cause.
Mais ce qu'on ne sait pas ici, c'est ce que le gouvernement du
Québec veut en faire. On le sent disponible dans ses
énoncés publics à faire que la recherche autour de la
nature de Radio-Québec se poursuive.
Mais on se demande, et on est d'autant plus justifié de le faire
quand on voit la faible croissance du budget de Radio-Québec cette
année, si cette disponibilité que l'on met au niveau
ministériel à mettre le statut de Radio-Québec et la
nature de Radio-Québec sur la place publique pour fins de discussion
n'est pas, en fin de compte, une stratégie pour laisser
Radio-Québec à ses propres problèmes, à ses propres
croissances et que, sous le couvert d'une consultation imposée à
Radio-Québec, sous le couvert d'une espèce de recherche
pseudo-démocratique de la nature d'un office qui a quand même sept
ans d'âge et qui est maintenant, depuis le 19 janvier, sur antenne UHF,
au fond, n'est-on pas en train d'abandonner Radio-Québec?
Je soutiens, à la seule vue de ce budget, qu'on abandonne sa
croissance. On ne l'éteint pas. On n'a pas été
là-dedans, avec la même rigueur, que celle que le ministre de
l'Education a mise dans Multi-Media.
On ne fait pas mourir, mais on ne peut pas dire que, pour quelqu'un qui
a dénoncé l'invasion de Radio-Canada et ses forces de
bilinguisation, on met beaucoup d'apport à l'outil proprement
québécois d'intervention dans le domaine de la
télévision.
Tout cela a commencé quand, en décembre dernier, le
conseil des ministres a refusé à Radio-Québec la
subvention qui lui était due, si on respecte le calendrier du plan
triennal, qui était celui de la croissance de Radio-Québec et qui
avait été, encore une fois, accepté par ceux qui
souhaitaient la croissance de Radio-Québec.
En termes bien concrets, cela voulait dire que les projets
d'implantation d'antennes pour les régions de Chicoutimi et de
Trois-Rivières, je crois, étaient remisàtout le moinsd'un
an. Non seulement cela, mais, au moment où, d'un côté, on
se réjouissait de l'arrivée de Radio-Québec sur UHF, on
apprend que cet interminable débat sur la nature de Radio-Québec
allait reprendre de plus belle, par des audiences publiques que
Radio-Québec allait tenir dans toutes les régions du
Québec.
Des audiences publiques pour une télévision en naissance,
pour un Office de radio-télévision qui se cherche une vocation,
c'est absolument normal, mais lorsque cela arrive au milieu de la croissance
d'une institution, que cette institution vient, d'autre part, de franchir le
cap essentiel, celui de l'apparition sur antenne UHF, cela nous apparaît
comme une curieuse remise en question. Je ne suis pas de ceux et
j'espère que le ministre ne comprend pas mon intervention dans ce sens
qui disent qu'on aurait dû régler le sort de
Radio-Québec et ne plus jamais se poser la question. Je crois que chaque
institution doit être non seulement périodiquement, mais
perpétuellement remise en question; que les hommes qui dirigent les
institutions, en particulier à vocation culturelle, doivent être
les premiers à manifester la volonté de suivre l'évolution
des mentalités et, disons-le, au besoin, de s'accrocher peut-être
à l'occasion à une minorité, plutôt qu'à une
majorité, s'il est clair que c'est cette minorité qui est en
train de déceler un courant, à un moment ou à un autre,
où la majorité se greffera.
Ce n'est pas à cela que j'en ai. Chaque chose doit durer le temps
que cela prend pour la remettre en question.
J'ai cru constater d'ailleurs, dans mes rencontres avec les gens
oeuvrant à l'intérieur de Radio-Québec, cette idée
est aussi la leur et qu'ils acceptent facilement au besoin de se remettre en
question. Mais il y a se remettre en question et tout remettre en question. On
a l'impression qu'au fond, sous le couvert de laisser aller un débat,
d'élargir ce débat, de lui donner le temps de se foisonner,
d'apporter le plus de résultat possible, on est en train de noyer un
débat qui avait été précédemment
tranché, celui de la nécessité d'avoir un office de
radio-télédiffusion du Québec. Cela nuit, essentiellement,
à la qualité de Radio-Québec. Prenons ce dernier aspect,
avant de remettre la parole au ministre.
Il est évident qu'à l'intérieur d'une boîte,
puisque c'est le langage du milieu, où les aspirations sont normales et
où les succès déjà connus obtiennent la faveur du
public dans une bonne mesure, on a des intentions de poursuivre et
d'améliorer la qualité de la production. Quand on reçoit
un budget qui nous permet à peine de suivre la hausse du coût de
la vie normale et quand on sent aussi qu'au niveau ministériel on vous
ramène, constamment, sur une discussion de base, je ne crois pas qu'on
puisse dire que l'office y reçoit un appui pour l'amélioration
constante de la qualité de sa production à laquelle le ministre,
le premier, je pense, est à l'appeler.
C'est dans cet aspect bien général j'attends des
précisions au cours de cet échange que nous allons avoir sur ce
programme que nous abordons Radio-Québec. J'ai sollicité
moi-même, en février dernier, je crois, auprès de M.
Labonté, le plaisir et le privilège de visiter les installations
techniques de Radio-Québec à Montréal et de m'entretenir
pendant un certain temps avec ceux qui travaillent avec lui à la
croissance de Radio-Québec. Je veux ici faire, publiquement, les
remerciements que je lui dois parce que cette visite a été
particulièrement instructive et c'était le but que je voulais en
faire. Mais je dis tout de suite que j'ai compris, dans l'esprit de
Radio-Québec, une grande volonté à remplir
son mandat tel qu'au niveau politique du Québec on le lui
décrivait et je me suis senti, à plusieurs moments, dans notre
échange, comme en train de forcer certaines affirmations que, pour ma
part, je sentais absolument comme pressentiment de la croissance de
Radio-Québec. J'y tiens à la réalisation du plan triennal;
le ministre va probablement me dire qu'il y tient lui aussi. J'y tiens à
la croissance de Radio-Québec, le ministre va probablement me dire qu'il
y tient lui aussi, mais je voudrais que ça transpire d'abord dans le
budget et qu'aussi les questions fondamentales qu'on se pose, quant à la
nature de la télévision de Radio-Québec, se fassent, se
poursuivent, qu'elles ne se fassent pas pour essayer de rattraper une
discussion qui aurait dû avoir lieu dans un temps passé, mais
qu'elles n'empêchent pas la croissance d'un réseau national de
télévision des Québécois et, si une va à
l'encontre de l'autre ou se trouve à cause de l'autre plutôt, je
pense q u'il n'y a personne qui peut se dire gagnant dans l'échange
qu'il y a.
C'est une impression générale, basée, comme je vous
le dis, sur des chiffres qui sont en face de moi, sur un plan q ui, je le sais
maintenant, est appelé triennal, mais qui verra difficilement sa
réalisation à l'intérieur de cinq ans, si j'en crois les
chiffres qui nous sont donnés pour 1974/75.
En conclusion, en demandant au ministre d'intervenir, je pose la
question bien simplement. Non pas: Où va Radio-Québec? Je pense
savoir où va Radio-Québec. Je pense qu'il y a dans les dirigeants
de Radio-Québec et dans l'équipe technique, même s'il y a,
à plusieurs endroits, conflit, il y a, dans l'ensemble, des gens qui
savent où ils s'en vont.
Je pose une question: Où va le gouvernement avec
Radio-Québec? C'est ce que nous savons beaucoup moins maintenant que
n'importe quoi d'autre.
Le Président (M. Houde, Limoilou): L'honorable
ministre.
M. L'Allier: M. le Président, je voudrais d'abord rappeler
au député de Saint-Jacques qu'à la page 75 du premier
document qu'on lui adistribué, il sera en mesure de constater
l'évolution budgétaire de Radio-Québec.
De I972 à 1975/76, le budget de Radio-Québec a connu une
augmentation de 139%, passant de $6 millions à $15 millions. L'essentiel
de cette augmentation a servi, bien sûr, à l'implantation des
services de diffusion à Montréal et à Québec.
Deuxièmement, je voudrais rappeler également que le budget
que nous avons devant nous n'est pas le résultat d'une
génération spontanée des dernières semaines. Le
cycle budgétaire, comme vous le savez, se fait sur une période
d'à peu près un an.
Au moment où nous défendons les crédits,
actuellement, nous sommes à étudier les priorités du
budget que nous aurons à plaider l'an prochain. C'est au cours des deux
ou trois prochains mois que nous devrons arrêter les ordres de grandeur
des budgets par secteurs et ramifier, par la suite, dans chacune des
directions, dans chacune des divisions, les différents budgets.
C'est important de le souligner, parce qu'au moment où le budget
actuel de Radio-Québec a été préparé et
terminé, Radio-Québec ne diffusait pas encore, ni à
Montréal, ni à Québec, sauf sur le câble, dans ces
deux endroits et dans quelques autres. C'est donc dans ce contexte que le
budget de Radio-Québec a été approuvé.
Au moment où il a étudié le plan triennal de
Radio-Québec, le gouvernement a approuvé deux choses: La
première, la réalisation du plan de Québec et
Montréal, rejoignant ainsi un potentiel de 4 millions de
Québécois, donc, plus que la moitié. Deuxièmement,
il a approuvé le principe de l'extension de Radio-Québec, sans en
approuver les modalités.
Pour ma part, à ce moment-là, j'ai eu l'occasion, lors
d'une rencontre officielle avec le conseil d'administration que nous avons
à l'occasion, à la demande du conseil ou à ma demande,
s'il se pose des cas précis à discuter, je suis très
ouvert, pour indiquer au conseil d'administration qu'avant de terminer les
étapes et les modalités de réalisation pour l'avenir, il
faudrait, dans un premier temps, que les membres du gouvernement, que la
députation, que les citoyens, soient en mesure d'apprécier, en
ondes ouvertes, Radio-Québec et que dans un deuxième temps, on
puisse, pour la continuation du plan tenir une consultation dans les
différentes régions du Québec.
Ces arguments, je les ai donnés au conseil d'administration, en
lui expliquant que, pour l'exercice financier actuel, ce que le gouvernement
était disposé à accepter comme budget, c'est effectivement
un budget de vitesse de croisière sur les deux antennes existantes,
Montréal et Québec, avec une légère augmentation
des heures de diffusion.
Il y a également quelques fonds minimes, mais cela ne requiert
pas de fonds importants, pour l'accessibilité de la programmation de
Radio-Québec à des câblodistributeurs qui sont dans des
régions non desservies par Radio-Québec. Dans ce contexte, les
arguments invoqués par le député de Saint-Jacques sont
exacts. Je voudrais, ici, souligner, d'une façon très
précise, que moins que quiconque, peut-être, je ne remets en cause
l'urgence du développement de Radio-Québec.
Le dossier auquel vous avez fait allusion, tout à l'heure, M. le
président de Radio-Canada, est un argument supplémentaire pour
hâter le développement de Radio-Québec. Dans ce contexte,
la consultation étant en cours, j'ai eu l'occasion déjà
d'en parler à la direction de Radio-Québec, je ne verrais aucune
objection, bien au contraire, à ce que, en cours d'année
budgétaire, comme on le fait à l'occasion dans différents
domaines du gouvernement, de recommander au gouvernement l'octroi de fonds
supplémentaires au budget actuel pour ce qui est de Radio-Québec,
dans un premier temps.
Dans un deuxième temps, il est à peu près certain
que le prochain exercice budgétaire comportera des recommandations en
termes budgétaires qui non seulement feront du rattrapage au sujet du
plan de développement, mais iront probablement au-delà, en termes
de rapidité d'implantation des services dans les régions, du plan
triennal actuellement déposé auprès du gouvernement.
J'attends, là-dessus, les recommandations du
conseil d'administration de Radio-Québec en cours d'année
et il n'est pas du tout impossible que, dès cette année et
à partir du budget qui est là, nous obtenions des fonds
supplémentaires pour amorcer dès maintenant la réalisation
d'autres phases du développement de Radio-Québec; parce que la
question ne se pose plus, dans mon esprit, en termes de savoir quelle
région par rapport à quelle autre doit être desservie la
première.
S'il est possible d'amorcer, dès cette année, avec des
fonds supplémentaires si nécessaire, une couverture de l'ensemble
du territoire québécois et, d'une façon simultanée
le député de Saint-Jacques disait: Ce n'est
peut-être pas possible je pense que si on s'en donne les moyens
cela peut être possible; à ce moment, l'orientation de la
consultation c'est ce qui s'en dégage dès maintenant,
après, je pense, deux ou trois séances de consultations
devra consister à savoir comment l'antenne de Radio-Québec, dans
une région, s'arrime avec les besoins et les priorités
régionales; comment les populations régionales souhaitent se
servir de l'antenne de Radio-Québec plutôt que de porter sur la
question de savoir si on doit développer Trois-Rivières avant
Hull, ou Hull avant Rouyn-Noranda, ou Rouyn-Noranda avant Sherbrooke.
En ce sens, je prévois, M. le Président, qu'au cours des
deux et, au maximum, des trois prochaines années, nous aurons
virtuellement couvert tout le Québec. Le délai de 1980 qui est
indiqué comme la date à laquelle nous aurions terminé
notre couverture, devrait, quant à moi, être réduit
à 1977/78. C'est donc dans ce processus que nous sommes engagés.
Nous sommes, je pense, à construire un outil qui est extrêmement
important pour la collectivité québécoise, bien sûr.
Le député de Saint-Jacques l'a dit et je partage son opinion
là-dessus.
Pour ma part, je suis impressionné par l'accueil que la
population qui reçoit Radio-Québec fait à
Radio-Québec. Les commentaires que j'ai pu recevoir indiquent que, d'une
façon très générale, les gens qui voient
Radio-Québec, s'y identifient facilement, y retrouvent une
télévision qui, même si à certains points de vue
peut paraître traditionnelle aux bonzes de la communication, est quand
même une télévision extrêmement nouvelle par rapport
à celle que nous connaissons, en ce sens qu'on est à peu
près certain de ne jamais perdre son temps en regardant
Radio-Québec. Ses émissions peuvent être divertissantes,
bien sûr, mais là n'est pas son premier but.
Donc, pour rassurer le député de Saint-Jacques quant aux
intentions du gouvernement sur Radio-Québec, je pense qu'on peut dire
ici que le gouvernement prendra, et même au-delà du budget actuel
au cours de cette année, les moyens pour accélérer le
développement de Radio-Québec en s'appuyant, d'une part, sur
l'accueil que réserve actuellement la population à
Radio-Québec et, d'autre part, sur les résultats de la
consultation qui est en cours. Pour ma part, je ne crois pas qu'il soit
nécessaire d'attendre la fin du cycle de consultation qui se situe
à l'automne pour en arriver dès ce printemps et le début
de l'été peut-être à faire des recommandations au
gouvernement pour l'extension du service de base de Radio-Québec.
C'est dans ce contexte que se situe l'approbation des crédits
d'aujourd'hui. Il est évident que, dans ces stricts crédits, il
est impossible d'amorcer comme tel le développement de
Radio-Québec dans d'autres régions, sauf peut-être
d'accroître la couverture via les câblodistributeurs. Donc, je me
résume ici de la façon suivante, j'ai l'intention, en ce qui me
concerne, en cours de cette année, de faire un rapport complet au
gouvernement. En cours de cette année, je veux dire avant le mois de
septembre, je veux faire un rapport permettant l'amorce de
l'accélération et, deuxièmement, dans la
préparation des crédits pour la prochaine année
budgétaire, je veux aussi proposer des mesures non seulement de
rattrapage, mais d'accélération sur le plan initial de
développement.
M. Charron: C'est la position du ministre des Communications. Je
suis bien heureux de l'entendre l'exprimer de cette façon. Cela ne veut
pas dire que ce sera la position du gouvernement du Québec. Il informe
les membres de la commission de ce qu'il a l'intention de suggérer
à ses collègues du conseil des ministres, mais cela ne
règle pas le problème. L'annonce presque
répétée que vient de faire le ministre des Communications,
que nous pourrions être saisis d'un budget supplémentaire au
chapitre des communications aux fins du développement de
Radio-Québec au cours de cette année, peut apparaître dans
son ensemble peut-être comme une bonne nouvelle. Encore faudra-t-il en
connaître la nature. Par déformation professionnelle de
l'Opposition, j'attends toujours le dépôt du budget avant de m'en
réjouir. D'autre part, pour les gens de Radio-Québec, ils doivent
planifier leur année, ils doivent planifier le développement de
l'office à partir du budget que nous allons lui voter ici cet
après-midi. Il s'agira donc pour eux d'indiquer là où les
provisions sont nettement insuffisantes et de faire des démarches via le
conseil d'administration auprès du ministre, lequel lui-même peut
aller rejoindre ses collègues. Il me semble qu'une bonne partie de tout
cela aurait pu être déjà faite, figurer dans le budget que
nous sommes appelés à voter, beaucoup plus que de réunir
la commission pour lui annoncer que ce budget qui, à sa face même,
est insuffisant, sera accompagné d'un budget supplémentaire si le
ministre a du succès. Je dis bien, si le ministre a du succès.
J'ai entendu le même ministre des Communications un jour à Format
60, qui portait sur Radio-Québec au moment, je crois, où
Radio-Québec entrait en ondes UHF, ou était-ce pendant le conflit
des relations de travail, je ne me souviens plus, indiquer très
modestement et très humblement à l'interviewer qu'il avait
effectivement l'impression que, dans le gouvernement libéral,
Radio-Québec apparaissait beaucoup plus comme un fruit de l'Union
nationale qui n'avait jamais été particulièrement bien
saisi par le parti libéral lorsqu'il était dans l'opposition.
Ce dernier s'est retrouvé le bébé dans les bras en
1970, à la prise du pouvoir, et il n'avait certainement pas reçu
l'engouement que, par exemple, Daniel Johnson avait exprimé pour
l'implantation, la mise en vigueur de la vieille loi de Duplessis qui
permettait à Radio-Québec de vivre. Si c'est le mi-
nistre des Communications qui l'affirmait lui-même publiquement,
je pense que vous ne reprocherez pas à un député de
l'Opposition de resignaler cela. C'est vrai, en vertu de l'article 96, vous
pouvez rétablir les faits si cela vous convient, vous préciserez
la position que vous aviez sur cette question, mais moi, j'aime mieux dire que
c'est une impression très nette qui se dégage. On ne sait pas
exactement. On entend souvent le ministre des Communications, lui-même
membre de ce cabinet, parler, parfois en termes clairs, parfois en termes
ambigus, parfois sans qu'on y comprenne rien, M. le Président, d'une
télévision de nature bien particulière à laquelle,
je pense, il a puisé plusieurs principes, dans des réclamations
parfois fort bien fondées, mais qui ne semblent pas aller dans la
même direction que Radio-Québec dont il défend le budget
aujourd'hui. Cela aussi n'est pas de nature à nous réconforter
quant au succès éventuel que pourrait obtenir le ministre des
Communications auprès de son collègue des Finances; si
lui-même n'est guère fixé sur l'orientation de
Radio-Québec et sur l'urgence quant à son urgence, je
crois qu'il l'est mais quant à la nature de la croissance, cela
aussi pourra constituer pour lui un handicap.
M. L'Allier: M. le Président, je suis...
Le Président (M. Houde, Limoilou): L'honorable
ministre.
M. L'Allier: ...en ce qui me concerne, assez
précisément fixé quant à l'orientation de
Radio-Québec. Cependant, je n'ai pas la prétention d'avoir le
monopole de l'imagination, ni de la clarté, ni de la
vérité. A partir de là, mon point de vue au sujet de
Radio-Québec, j'ai eu l'occasion et j'ai l'occasion non seulement de le
faire évoluer, mais de la communiquer régulièrement aux
membres du conseil d'administration avec lesquels j'ai des échanges qui
ne sont d'aucune façon directifs. Les membres du conseil d'aministration
pourront vous le confirmer.
Ce que je veux dire, c'est que la télévision
éducative que je peux concevoir n'est pas nécessairement celle
que souhaitent les Québécois informés. Mon opinion n'est
pas nécessairement celle qui doit être suivie là-dessus. A
partir de là, je souhaite que mon opinion ou que celle du directeur
général ou du président ou du conseil d'administration
puisse faire l'objet de vérifications, de sondages de contradiction,
pour qu'on en arrive à la meilleure télévision possible
pour les Québécois. On n'a pas les moyens de faire des
expériences de trois ou quatre ans et de tout chambarder, de tout
recommencer dans ce domaine.
Je n'ai pas à rétablir les faits au sujet de ce que vous
avez dit quant à ma participation à l'émission Format 60,
c'est exact ce que j'ai dit là, à ce moment, je pense
effectivement, parce que Radio-Québec avait à peine, en termes de
diffusion ouverte, quelques semaines d'existence s'il les avait. Les
parlementaires, quelle que soit leur position, quel que soit leur parti
même, peut-être, et les citoyens d'une façon
générale, avaient un point d'interrogation quant à cette
télévision: Qu'est-ce que ce serait, cette
télévision? On ne peut pas demander aux citoyens, qu'ils soient
parlementaires, membres du cabinet ou non face à une
télévision qui s'annonce et qui, dans les faits, est
différente de celle qui existe, d'avoir des tas de
préjugés favorables ou même défavorables.
Les préjugés qui ont existé, ont été
dans le passé très souvent défavorables et ce, pour
plusieurs raisons. Quelles que soient les imputations de responsabilités
qu'on puisse faire au niveau des gouvernements ou de celui qui nous a
précédés ou le nôtre, il n'en reste pas moins vrai
qu'un organisme qui a $4 millions ou $5 millions de budget par année,
comme c'était le cas à l'époque, et qui, dans sa loi
même, a l'obligation de diffuser et qui ne diffuse pas pendant deux ans,
trois ans ou quatre ans, peut, pour ceux qui ne connaissent pas l'ensemble de
la problématique, les contraintes, paraître comme étant un
éléphant blanc.
On retrouve encore à l'occasion, même chez les
commentateurs, même chez les journalistes, cette expression quand il
s'agit de Radio-Québec. Je lisais récemment un ouvrage
écrit par le sociologue Jacques Grandmaison dans lequel il se
référait à un certain nombre d'organismes gouvernementaux
cela a été publié il y a un mois et demi à
peine et, dans son esprit, Radio-Québec était un
éléphant blanc. A ce moment, on pouvait le concevoir ainsi. Il
est exact qu'au sein du Parti libéral Radio-Québec a connu des
moments pour le moins difficiles, notamment à l'occasion d'un
congrès en 1972. Malgré tout, Radio-Québec a quand
même vu le jour.
On peut discuter longtemps sur les difficultés qui ont
existé et qui auraient pu ne pas exister. Je préfère me
pencher sur la réalité, actuellement, et c'est un fait que
Radio-Québec diffuse à Montréal et à Québec
et rejoint, trois heures par jour, potentiellement, quatre millions de
citoyens.
L'opinion de mes collègues, tant du cabinet que du caucus, de la
députation libérale, rejoint celle de la population en
général, c'est-à-dire que le point d'interrogation qu'on
pouvait se poser au sujet de Radio-Québec a tendance, et très
nettement, à s'estomper et les commentaires que j'ai eus de très
nombreux collègues de l'Assemblée nationale ont tous
été favorables à Radio-Québec, en me disant: On ne
s'attendait pas que ce serait comme cela. C'est intéressant. C'est
positif et ce sont des commentaires qui, la plupart du temps, sont aussi le
résultat d'un contact de citoyens avec leur député.
Je pense qu'il faut voir dans cela un atout extrêmement important
dont j'ai l'intention de me servir et qui appuie sans conteste, je pense, cette
volonté que nous avons d'étendre le plus vite possible
Radio-Québec à la population.
Or, je ne me scandalise pas, en fait, de l'évolution assez
difficile qu'a connue Radio-Québec. Si on regarde les
télévisions éducatives, par exemple, en Ontario, cela a
été largement la même chose.
Actuellement, au moment où je vous parle, la
télévision éducative de l'Ontario qui a connu, dans un
premier temps, une croissance peut-être un peu plus rapide que celle de
Radio-Québec est assez largement remise en cause par les parlementaires,
par les administrateurs, par les universités.
Si on veut se créer quelque chose qui durera et qui sera vraiment
à l'image et au service des Québécois, il faut, je pense,
être prudent dans les orientations parce que si des millions $5
millions, $6 millions, $8 millions dans le développement de
Radio-Québec faisaient en sorte que, pour toutes sortes de raisons, le
citoyen québécois ne s'identifie pas à
Radio-Québec, voie, lorsqu'il est à Chicoutimi, une
télévision montréalaise qui vient le "civiliser", etc.,
à ce moment, il sera extrêmement difficile de rétablir un
rythme de croissance acceptable à la population.
Les marges d'erreurs dont on peut disposer dans ce domaine sont beaucoup
plus minces que dans à peu près tout autre domaine. Dans le
domaine de l'éducation, dans le domaine des affaires sociales, en termes
de volume budgétaire, ce sont des domaines qui sont admis, qui font
partie de la vie quotidienne et, finalement, les erreurs administratives qui
nous amènent à avoir des écoles trop grandes ou des
écoles qu'on doit fermer, etc., on les critique à l'occasion,
mais, finalement, cela s'absorbe assez et, si on regardait le coût total
de ces opérations, en termes d'erreurs d'aiguillage successives, les
administrations, les professionnels, les conseillers techniques, tout ce que
vous voudrez, c'est beaucoup plus important que les marges d'erreurs dont on
peut disposer ici.
En fait, si nous ajoutions, l'an prochain, $5 millions, $10 millions ou
$12 millions à Radio-Québec, on pourrait quasiment doubler le
budget de Radio-Québec, mais qu'est-ce que c'est que $10 millions de
plus à Radio-Québec sur un budget de $7 milliards? Ce n'est pas
beaucoup.
Les mêmes $10 millions peuvent être ajoutés, souvent,
en quelques heures, au budget de l'éducation ou des affaires sociales
pour des choses qui, en elles-mêmes, sont extrêmement valables,
mais qui, en termes de priorité, pour la collectivité, le sont
peut-être moins par rapport à Radio-Québec.
C'est sur un terrai n neuf que nous construisons, lorsque nous
construisons Radio-Québec. Il faut, je pense, construire solidement et
j'ai eu l'occasion de le dire au conseil d'administration. Dès que le
conseil aura pu digérer une partie de sa consultation et proposer une
"opérationnalité" d'une couverture
accélérée, et dès que j'aurai un document du
conseil là-dessus, cela ne traînera pas des semaines sur mon
bureau avant de prendre le chemin du conseil des ministres.
M. Charron: M. le Président, puis-je adresser une question
à M. Labonté? Je suis obligé de le prendre sous cet angle
pour les fins de la discussion et surtout pour permettre de vérifier les
efforts de Radio-Québec en ce domaine, une des critiques que l'on ajoute
le ministre vient d'y faire allusion est qu'on dit de la
télévision de Radio-Québec qu'elle est affreusement
montréalaise. Quelle est la réaction de vos principaux
collaborateurs, d'abord ceuxqui sont à la programmation, à la
planification et aussi du conseil d'administration là-dessus? Le budget
que nous sommes bien disposés à vous voter pour aussi peu qu'il
soit vous permettra de réaliser quoi, à votre avis, contre cette
affirmation, qui, je la soutiens, je la reprenais comme caricature, mais quant
à moi, ce n'est pas mon opinion. Je suis moi-même
Montréalais et je ne considère pas que tout ce qui vient de
Montréal est affreux et aussi parce que j'ai l'impression que cette
critique est souvent exagérée, on porte des jugements rapidement
faits. Quand même, elle existe, plusieurs personnes l'ont reprise,
j'imagine qu'elle a particulièrement attiré votre attention.
M. L'Allier: Sans aucun doute. M. le ministre disait qu'on ne
doit pas faire en sorte qu'un jour des gens nous reprochent d'avoir une
télévision affreusement montréalaise; en fait, je ne pense
pas qu'il ait dit qu'actuellement, ce que nous faisons, était
affreusement montréalais. Là-dessus, je vous rejoins. Les
critiques que nous recevons, en fait, portent peu sur cet aspect. Il y a un
facteur assez curieux qui s'est révélé lors du sondage que
nous avons fait récemment, il y a environ un mois et demi je pense, et
qui a établi que la cote d'écoute de Radio-Québec
était au moins trois fois plus forte dans la région de
Québec que dans celle de Montréal, alors que nous diffusons de
Montréal et non pas de Québec. Bien sûr, beaucoup de
facteurs pourraient être invoqués pour essayer d'expliquer ce
phénomène. Je dis que notre télévision actuelle
n'est pas strictement montréalaise parce que, d'une part, je pense qu'il
y a des sujets qui sont d'intérêt général, qui ne
sont ni montréalais, ni chicoutimiens ni de l'Abitibi. Nous faisons des
émissions, par exemple, sur l'histoire du Québec, nous faisons
des émissions sur la vie à l'Assemblée nationale, nous
faisons des émissions qui sont d'actualité politique, etc. Nous
faisons aussi un effort, à travers ces émissions
d'intérêt général, pour tenter de nous retrouver
dans diverses régions du Québec afin de changer un peu les images
et, récemment, on me faisait le reproche, sans avoir vu de nos
émissions, cependant, mais à l'occasion d'une de nos
tournées, on nous a dit: Ce qu'on voit à Radio-Canada, par
exemple, quand il y a une tempête de neige dans la province, ce sont les
images de Montréal, alors qu'ici, à Trois-Rivières, on a
de la difficulté à marcher dans les rues, mais on ne s'en
préoccupe pas. Ce sont des images de Montréal. De ce
côté-là, nous faisons un effort pour essayer de donner
à notre télévision une couleur plus provinciale que
montréalaise, bien sûr, sans y réussir parfaitement.
D'autre part, nous faisons aussi un effort assez important pour tenter
de faire des émissions dans les régions elles-mêmes.
Actuellement, à la grille des programmations, il y a une série
qui s'appelle: Si on s'y mettait, et qui essaie de montrer ce que des
communautés, dans diverses régions du Québec, peuvent
réussir à faire quand elles se mettent ensemble et se proposent
un but commun. Il y a une série qui s'appelle: C'est grand chez nous,
qui a pour objectif premier de présenter les régions les unes aux
autres. Donc, il y a, de ce côté, un effort évident. Cela
fait aussi partie de notre philosophie.
Vous faisiez allusion, tantôt, au plan triennal.
A l'occasion du plan triennal, quand je l'ai soumis au conseil
d'administration, nous évoquions la possibilité de faire les
productions régionales et le conseil nous a imposé de placer un
chiffre qui de-
viendrait un objectif, nous étions évidemment dans une
première phase. On m'a dit: que ce soit 10%, 15%, 20% ou 25% de votre
production qui devra être régionalisée, donnez-vous un
objectif pour vous forcer à régionaliser vraiment. Alors, nous
avons mis 15% et je dois dire, honnêtement, que c'est un chiffre qui a
paru acceptable sans qu'il y ait une étude bien approfondie qui ait
été faite.
Notre intention est évidemment d'augmenter le plus possible cette
production régionale. Pour en arriver directement à la question
que vous posez, parce que le budget actuel va vous permettre de faire,
davantage, décentraliser votre production? Oui, nous avons
demandé des sommes qui doivent être affectées à ce
que nous avons appelé des productions régionales, en ce sens
qu'elles doivent être faites dans les régions, par les gens de la
région, avec vraisemblablement les ressources existantes dans la
région.
Une des critiques qu'on a formulées était que ce n'est pas
de la régionalisation que de partir de Montréal avec le car de
reportage et une équipe de Montréal qui vient dans une
région faire une émission pour la région. Nous sommes bien
d'accord avec cela, sauf que nous disons que c'est quand même une
certaine forme de régionalisation qui est celle que nous pouvions nous
permettre dans cette première phase.
Dans une deuxième phase, nous voulons donc faire de ces
productions, qu'elles soient faites dans les régions, avec les gens des
régions, nous demandons une somme de près de $300,000 à
cette fin. Egalement, nous voulons augmenter la production qui est faite par
nous, dans les régions et qui tentent de présenter les images des
diverses régions.
M. Charron: Est-ce qu'il serait possible aujourd'hui, à
Radio-Québec, surtout lorsque le temps d'antenne passera à 4
heures, par exemple tenons-nous-en aux deux centres principaux du
Québec actuellement couverts qu'une heure ou une heure et demie,
selon le cas, de la production quotidienne, pour la région de
Québec, soit faite à Québec même, par des
Québécois.
M. L'Allier: Pour l'année qui commence, ce serait
difficile, parce qu'il faut avoir les équipes en place pour cela, il
faut disposer des ressources également techniques pour ce faire, nous
n'avons pas ici de studios, sans doute peut-être pourrions-nous louer les
studios qui ne sont pas occupés à 100%, soit chez les postes
privées, soit peut-être même à Radio-Canada, soit
ailleurs, mais ça nous paraît beaucoup, une heure ou une heure et
demie.
M. Charron: Oui?
M. L'Allier: Oui. Vous me posez la question, je n'ai pas la
réponse technique, nous le souhaiterions, mais je ne peux pas vous
assurer que nous pourrons le faire.
M. Charron: Autrement dit, vous n'êtes pas opposé,
en principe, à ce que cela se fasse, si je comprends, mais, si on
rejoint un idéal souvente fois exprimé autour de
Radio-Québec, selon lequel cette télévision
éducative amplifie le côté communautaire où
plusieurs ont voulu se retrouver et qu'effectivement on en vienne, le jour
où l'ensemble du Québec sera couvert suivons les chiffres
du ministre vers 1978, à des productions régionales, temps
d'antenne réservé pour des productions régionales,
à votre avis, cela voudrait dire que le budget de Radio-Québec
aurait considérablement augmenté? Non seulement pour suivre
l'implantation dans toutes les régions mais pour se permettre ce genre
de...
M. L'Allier: Effectivement. C'est très coûteux.
Cependant, je dois préciser qu'il existe, dans plusieurs régions,
des ressources techniques qui sont en place et qui pourraient être
utilisées; des ressources qui sont, soit dans des CEGEP, dans des
universités, ou même des postes privés qui ont des studios
qui sont peu utilisés et qui pourraient être utilisés par
nous.
Il s'agirait pour nous, d'abord, de constituer un bureau. Je voudrais
dire que nous avons commencé à le faire ici, à
Québec, c'est déjà un premier pas, nous aurons un bureau
à partir du mois de mai ; cela reste modeste, bien sûr, mais je
pense que c'est la porte ouverte dans ce sens.
Il faudra faire la même chose dans chacune des régions,
pour, autour de ce noyau, développer une présence de
Radio-Québec dans les diverses régions du Québec, qui
pourrait aboutir, dans certains cas, à des studios qui pourraient se
limiter, dans d'autres cas, à des équipes techniques et de
création, qui seraient à temps plein sur les lieux pour couvrir
une région donnée, par exemple.
Il est certain que nous souhaitons nous orienter de ce
côté-là. Vous avez fait allusion à l'aspect
financier. C'est le gros problème. Il faut se rendre compte que cela
peut être très coûteux; peut-être que les ressources
de la province ne le permettent pas.
M. Charron: Actuellement.
M. L'Allier: Au moins pour le généraliser, à
toutes les régions du Québec. Je pense bien que des
expériences pilotes pourraient être faites dans une ou l'autre
région qui tenteraient de réaliser cet idéal que l'on
poursuit, de régionalisation. »
M. Charron: Sur un autre sujet, dans le cadre d'une
télévision qui...
Le Président (M. Houde, Limoilou): L'honorable
député de Taschereau.
M. Bonnier: C'est toujours le même sujet. C'est la
première fois que j'ai l'occasion de discuter les crédits de
Radio-Québec. Je tiens pour acquis que Radio-Québec jouit quand
même d'une autonomie assez complète par rapport au
ministère des Communications. Je suppose que le ministre des
Communications répond de Radio-Québec à l'Assemblée
nationale, mais que l'orientation, c'est le conseil d'administration de
Radio-Québec qui la décide.
C'est sûr qu'à partir de ce moment-là, étant
donné que Radio-Québec s'est donné une vocation
essentiellement éducative, c'est encore cela que vous gardez comme
orientation, vous avez un certain défi à relever, je pense bien.
Du moment qu'on touche à des problèmes d'éducation,
certains avis sont partagés, c'est sûr et c'est
compliqué.
Sans doute avez-vous assez bien réussi à équilibrer
cela, du moins, durant les premiers mois. Ma question est de savoir comment est
définie la programmation. Est-ce qu'elle est définie par
l'intérieur ou si vous avez des comités partout? Je sais
qu'à la section éducative de Radio-Canada je ne sais pas
si cela marche encore comme ça, mais à un moment donné,
j'étais dans un comité; cela fait quelques années
on était consulté, on donnait aussi une espèce de
feed-back, de réaction. Est-ce que vous avez cela également?
M. L'Allier: Oui. La programmation telle qu'elle est
élaborée actuellement, est faite par ce que nous appelons le
comité d'orientation de la programmation qui, lui, définit,
à la suite des analyses qui ont pu être faites par le service
d'évaluation, qui identifie les besoins dans la population, à
l'aide de comités de gens, comme ceux dont vous parlez.
Nous avons organisé récemment, par exemple, sept ateliers,
en y réunissant une dizaine de personnes pour chacun des ateliers; l'un
portait sur la vie culturelle, l'autre sur la vie économique, la vie
sociale, etc., des différents secteurs. Nous avions sept ateliers
où des gens de diverses disciplines et de diverses régions se
sont retrouvés pour essayer de préciser quels besoins
Radio-Québec devrait satisfaire par sa grille de programmation.
Ces besoins étant identifiés remarquez que ces
mécanismes restent primaires, nous les mettons en place actuellement
cela maintient une communication avec les gens auxquels nous nous
adressons. Ces priorités étant identifiées, elles sont
soumises au comité d'orientation de la programmation qui les accepte ou
qui les modifie. De là, elles sont présentées au conseil
d'administration qui, également, y fait ses commentaires et sont
retournées à ce que nous appelons le comité de la
sélection des projets.
Le comité de la sélection des projets est chargé,
parmi les centaines de projets que nous recevons, parce que nous devons parler
de centaines, ce qui est d'ailleurs, non pas un mince problème pour ceux
qui ont à faire leur choix, car nous avons besoin d'à peu
près sept ou huit projets d'émission, puisque nous ne diffusons
que trois heures par soir et qu'il faut choisir parmi une centaine, ce qui a
pour résultat d'en frustrer plusieurs.
Mais, enfin, les projets sont quand même demandés et nous
les sollicitons. Le comité de sélection des projets doit choisir,
parmi les projets qui lui ont été proposés, ceux qui
répondent aux priorités et qui ont été
identifiés ou alors, faire un nouvel appel de projets en fonction des
thèmes qui sont retenus et, de là, constituer la grille de
programmation qui revient alors au conseil d'administration pour information,
pour que le conseil soit en mesure de constater si oui ou non les
priorités qui ont été identifiées, qu'il a
acceptées, ont été respectées concrètement
par la grille qui est présentée. Cela se déroule de cette
façon.
M. Bonnier: En fait, on peut dire que le conseil a quand
même une influence assez directe et un contrôle assez direct sur
l'orientation.
Je ne sais pas si le député de Saint-Jacques va en poser
d'autres, j'aurais quelques autres questions.
M. Charron: Je...
M. Bonnier: Je voulais savoir, actuellement, combien vous avez de
personnel en totalité.
M. L'Allier: Actuellement, nous avons environ 450 à...
M. Bonnier: Affecté à la production?
M. L'Allier: Affecté à la production, nous avons
j'ai ici le détail actuellement, en place, 397
employés. Il y a 121 postes vacants. Les postes autorisés sont de
518. A la réalisation, nous avons en place 133 personnes, donc, se
retrouvent à la réalisation, toutes les équipes de
création, c'est-à-dire les réalisateurs, les
assistants-réalisateurs, les scripts-assistantes, les scénaristes
recherchistes. Egalement à la prod uction, dans la direction de la
télévision, qui regroupe les techniciens les caméramen,
etc., il y a 146 personnes en place actuellement.
Pour vous donner un peu une idée de la proportion chez les
cadres, à la direction générale, il y a sept personnes;
à la planification, il y atrois personnes; aux relations publiques, il y
a quatre personnes; aux ressources humaines, qui s'occupent du recrutement, des
relations de travail, de la formation du personnel, il y a quatorze personnes.
Au service administratif et financier, il y a quarante-neuf personnes, ce qui
fait à peu près soixante ou soixante-dix cadres à la
maison.
M. Bonnier: Ma dernière question, M. le Président,
c'est que j'ai constaté, dans la lecture, évidemment, du document
que nous a remis le ministre, que vous faites encore un certain travail pour le
ministère de l'Education, des documents audiovisuels en particulier, je
pense. Est-ce que vous en faites, également, pour d'autres
ministères? Ma question, en général, c'est celle-ci:
Quelle est la proportion de votre travail qui est faite pour d'autres
ministères ou d'autres organismes? Je ne sais pas si vous en faites pour
d'autres. Quelle est la production qui est directement de l'initiative, de
l'aboutissement de Radio-Québec?
M. L'Allier: La proportion de production que nous faisons pour
les autres ministères que l'Education est infime. Elle se réduit
à presque rien, en fait. La presque totalité des sommes qui nous
sont données pour la production nous proviennent du ministère de
l'Education.
Nous ne faisons pratiquement pas, non plus, de production pour les
organismes autres que des or-
ganismes dévoués à l'éducation qui
pourraient nous demander, théoriquement, par le ministre des
Communications, de produire des documents audiovisuels. C'est pratiquement
insignifiant, ce qui nous est demandé.
Nous avons ici les documents audio-visuels qui sont produits pour les
divers ministères à la demande du ministre des Communications. En
fait, sur cette première page, il y a le ministère des Terres et
Forêts, tout le reste est le ministère de l'Education. Sur la
deuxième page, c'est consacré exclusivement au ministère
de l'Education. Sur la troisième également, ce sont des films. Un
seul film a été produit pour le ministère des Terres et
Forêts et en télévision également, c'est pour le
ministère de l'Education. Il y a un document audio-visuel qui a
été fait pour l'OPDQ, un autre pour le congrès des
commissions scolaires et trois autres documents pour l'Université du
Québec à Montréal. Donc, les audio-visions, c'est la
même chose. Je vois qu'il n'y a qu'un seul ministère qui a eu
recours à nous pour la production des documents audio-visuels. Le
problème, évidemment, est que notre mandat est restreint et
circonscrit, si je peux dire, à l'éducation. Donc, ce n'est pas
toujours facile de faire la part des choses quand un document nous est
demandé par un ministère entre ce qui est de l'éducation
et ce qui est de l'information. L'information elle-même peut être
considérée comme étant de l'éducation. A ce
chapitre, ce qu'on essaie d'éviter, évidemment, c'est de faire
des documents qui équivaudraient à de la propagande, par exemple.
Ce sont plutôt des balises, des bornes que l'on pose qu'autre chose. On
peut définir négativement plus que positivement ce qu'on peut
faire pour les ministères.
M. Bonnier: Est-ce qu'avant d'aller voter... On a un vote.
Seulement une question très brève. Ce ne sera pas long. Est-ce
que vous essayez que vos documents soient utilisés non seulement
lorsqu'ils sont projetés par le medium de la télévision,
mais dans d'autres circonstances? Est-ce que vous avez des accords à ce
moment avec l'Office du film du Québec au niveau de la distribution ou
si vous avez votre propre système de distribution?
M. L'Allier: C'est un problème qui est complexe, celui que
vous posez. On peut dire que nous avons notre propre système de
distribution, mais qu'il n'est pas au point. Je crois que le ministère
des Communications se préoccupe de cette question actuellement. Il y a
une coordination à faire entre ces divers organismes, le
ministère de l'Education par son service général des
moyens d'enseignement, l'Office du film du Québec, Radio-Québec
et le ministère des Communications, pour faire en sorte que les
documents qui sont produits et payés par les Québécois
soient accessibles au plus grand nombre de Québécois
possible.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Autres questions au
programme 7?
M. Charron: Non, M. le Président.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Alors, le programme 7
est adopté.
M. Charron: On peut achever là.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Les crédits
1975/76 du ministère des Communications sont adoptés.
M. L'Allier: Trente secondes pour remercier mes fonctionnaires
qui ont travaillé à la préparation de ces documents qui
sont, en ce qui me concerne, extrêmement bien faits et qui nous
permettent de faire le point sur l'ensemble des crédits.
Le Président (M. Houde, Limoilou): La commission ajourne
ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 17 h 28)