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Commission permanente
de l'éducation, des affaires
culturelles
et des communications
Etude des crédits du ministère des
Affaires culturelles
Séance du mardi 6 mai 1975
(Dix heures trente minutes)
M. Pilote (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A
l'ordre, messieurs!
La commission est réunie ce matin pour continuer l'étude
des crédits du ministère des Affaires culturelles. Sont membres
de cette commission: M. Bellemare (Johnson); M. Bérard (Saint-Maurice);
M. Bonnier (Taschereau); M. Charron (Saint-Jacques); M. Cloutier (L'Acadie); M.
Côté (Matane); M. Déom (Laporte) est remplacé par M.
Houde (Limoilou); M. Lapointe (Laurentides-Labelle); M. Houde (Fabre) est
remplacé par M. Caron (Verdun); M.Léger (Lafontaine) M. Parent
(Prévost); M. Samson (Rouyn-Noranda); M. Saint-Germain
(Jacques-Cartier); et M. Veilleux (Saint-Jean).
A la séance précédente, nous étions rendus
au programme 2: Sauvegarde et mise en valeur des biens culturels,
élément 2: Conservation des sites et des biens historiques et
archéologiques.
Liste des contrats et subventions
M. Hardy: M. le Président, avant que ne commencent nos
travaux, je voudrais déposer la liste des contrats et la liste des
subventions pour l'année budgétaire 1974/75.
Le Président (M. Pilote): Cela avait été
demandé par M. Morin, je crois.
M. Hardy: Non. Dès le début des travaux, jeudi
dernier, j'avais annoncé que je déposerais ces listes.
M. Charron: C'était relié à la
catégorie des services, je pense.
M. Hardy: A la catégorie des services, dans tous les
programmes et aux dépenses de transfert, dans tous les programmes.
Le Président (M. Pilote): Est-ce que ceci constitue un
dépôt officiel, M. le ministre, où si vous n'avez qu'un
exemplaire?
M. Hardy: En commission, il n'y a pas de dépôt
officiel, nous n'avons pas d'archives en commission. Dans ce sens, ce n'est pas
un dépôt officiel, c'est tout simplement...
Le Président (M. Pilote): Au moment où vous faites
un dépôt normalement, nous devrions en avoir des copies pour
l'ensemble des membres de cette commission. Je demanderais de distribuer ces
copies aux membres de la commission.
M. Hardy: Je suis tout à fait d'accord que tous les
membres de la commission aient accès à l'information.
Le Président (M. Pilote): Le député de
Saint-Jacques, à la dernière séance, avait...
M. Hardy: Mon grand respect de l'Opposition ne va pas
jusqu'à brimer les droits des membres du parti ministériel.
Le Président (M. Pilote):... des questions sur
l'élément 2, si ma mémoire est bonne.
Maison des soeurs Grises (suite)
M. Charron: La maison grise des soeurs mères!
J'étais à demander au ministre des Affaires culturelles, qui
m'avait partiellement répondu, pour quelle raison il avait refusé
de suivre la recommandation de la Commission des biens culturels, qui
était de classer tout l'ensemble de la maison.
M. Hardy: J'avais refusé, à un moment donné,
au moment où elle a fait la recommandation, parce que je ne
possédais pas, ni le service des monuments, ni de dossier suffisamment
étoffé pour me permettre de prendre une décision
fondée. En d'autres termes, je n'ai pas rejeté la
possibilité de classer d'autres parties de la maison des soeurs Grises,
et probablement l'ensemble.
Au moment où je vous parle, je ne saurais encore vous donner
d'opinion, ni vous dire quelle sera ma décision finale, parce que je
n'ai pas encore eu le temps d'étudier d'une façon approfondie un
dossier extrêmement bien fait, technique. D'ailleurs, dans tous ces cas,
il s'agit toujours de dossiers très techniques, où un profane
doit prendre plus de temps qu'un spécialiste avant d'arriver à se
faire une idée fondée.
A ce stade, la possibilité, ou l'hypothèse de classer
d'autres parties ou la totalité de la propriété des soeurs
Grises est présentement à l'étude au niveau du
ministre.
M. Charron: Mais nous restons avec l'assurance je tiens
à la répéter, même si elle a été
donnée plusieurs fois que le classement de la chapelle
protège l'ensemble de l'édifice.
M. Hardy: II protège tout. Il protège même
des maisons qui ont une valeur...
M. Charron: Oui, sur la rue Sainte-Catherine.
M. Hardy: Les édifices commerciaux sur la rue
Sainte-Catherine sont protégés, malgré leur piètre
valeur architecturale et historique.
Le Président (M. Pilote): Pour ne pas le faire à
chaque séance, je voudrais vous mentionner que
M. Hardy remplace M. Cloutier. On est obligé de le faire à
chaque séance, alors, une fols pour toutes...
M. Hardy: Techniquement, oui, mais, en réalité,
chaque ministre ne remplace personne, quand il s'agit de ses
crédits.
Le Président (M. Pilote): D'accord.
M. Charron: Je voudrais simplement ajouter une remarque sur ce
dossier. Le ministre a fait état lui-même que cette question est
devenue une manière de symbole de la protection des monuments
historiques. Enfin, pour ce qui concerne Montréal, devant
l'espèce d'inquiétude qui, malgré ces avertissements,
règne toujours au sujet de cet édifice, le ministre admettra avec
moi il l'avait admis lorsque j'ai soulevé la question à
l'Assemblée nationale que le ministère a une partie de
responsabilité de cette inquiétude en ce sens que le délai
que l'on a mis à déposer, effectivement, devant les
autorités responsables de la Loi sur les biens culturels, l'avis
d'intention du ministre de procéder à...
M. Hardy: Ah non! Je suis bien prêt à admettre les
lacunes, les faiblesses du ministère. Loin de moi la prétention
je l'ai fait à maintes reprises de prétendre que
nous sommes sans reproche. Mais je pense que, s'il y a un dossier où
nous avons été extrêmement vigilants, dès que nous
avons été alertés des dangers que courait cette
propriété, immédiatement, je l'ai
répété, nous avons pris toutes les mesures légales
et nous avons accordé à ce dossier une priorité sur le
plan technique. Bien sûr, encore une fois, cela revient au
problème que j'ai invoqué plus tôt.
Si nous avions un inventaire exhaustif des biens immeubles et des biens
meubles qui ont une valeur historique, qui sont susceptibles d'être
classés, des situations semblables ne se produiraient pas. Si le travail
avait été commencé il y a bien des années, il en
aurait été autrement. Actuellement, que cela soit pour la maison
des soeurs Grises ou d'autres édifices, il est bien sûr que nous
agissons un peu comme des pompiers. Dès que nous avons une alerte
d'incendie dans les cas en cause, ce sont des démolitions
nous nous précipitons immédiatement; légalement, nous
agissons par le biais de l'avis d'intention et simultanément, les
services techniques se mettent au travail.
Donc, pour l'histoire, je refuse d'admettre que nous ayons
été le moindrement négligents dans ce dossier. Au
contraire, nous avons utilisé toutes les ressources juridiques et toutes
les ressources humaines dont nous disposions pour agir avec autant de
célérité, et le résultat est que rien de
néfaste ne s'est produit.
M. Charron: La question qui gravite autour de la
maison-mère des soeurs Grises m'amène à une question plus
générale. Le ministère a-t-il envisagé, de
façon générale également, une politique qui
concernerait l'ensemble des propriétés religieuses du
Québec qui ont souvent un caractère bien important et qui
deviennent trop onéreuses à maintenir parfois, pour les
communautés, et qui sont laissées...
M. Hardy: Je ne sais pas si vous étiez absent vendredi,
mais, sur le plan de l'inventaire, j'ai dit que nous avions un contrat
d'accordé pendant l'année financière actuelle pour faire
l'inventaire de toutes les églises de la ville de Montréal et, en
ce qui concerne une intervention plus grande du ministère sur le plan
financier, je vous ai parlé de l'étude que nous faisons. Il y a
$30,000 de prévus pour faire une étude qui a comme
hypothèse la mise sur pied d'une caisse de prêts. En plus de cela,
nous envisageons j'en ai parlé assez longuement, je pense,
vendredi dernier une plus grande flexibilité dans nos subventions
à la restauration.
A l'heure présente, nous accordons 40%. Que cela soit un
individu, une propriété strictement privée, que cela soit
une municipalité, une fabrique ou une association, notre intervention
financière, normalement, ne dépasse pas 40% pour les biens
classés, et, quand il s'agit d'un arrondissement, c'est 25%.
J'avais pris l'exemple du cas de L'Acadie où, malgré cette
intervention de 40%, la fabrique est financièrement incapable de faire
des travaux à l'école, qui a une valeur historique et qui
constitue un ensemble avec l'église et le presbytère. Alors, nous
envisageons actuellement la possibilité d'avoir des moyens
d'intervention financiers plus souples.
Il est fort possible... En tout cas, je pense, jusqu'à preuve du
contraire, que, lorsqu'il s'agit d'individus, si vous avez une maison
historique, une maison d'habitation normale, une intervention de 40% est
valable. Je ne pense pas que personne soit lésé. Au contraire,
dans certains cas, c'est peut-être avantageux. Dans certains cas
où il s'agit de corps publics et je pense, entre autres, aux fabriques,
de façon générale au Québec, à l'heure
présente, les fabriques ne sont pas dans une situation financière
très glorieuse.
Souvent, la valeur historique des biens d'une fabrique est inversement
proportionnelle à ses ressources financières. C'est le cas, en
particulier, à Montréal. Dans bien des cas, les églises
qui ont une valeur historique sont dans des quartiers où la population
diminue, non seulement où la pratique religieuse baisse, mais où
la population diminue.
Nous songeons à avoir des mesures d'intervention qui seraient
moins uniformes qu'elles ne le sont présentement, qui tiendraient
davantage compte de la diversité des cas qui peuvent se
présenter.
M. Charron: Quand le ministre mentionne que 40% de frais encourus
sont acceptés par le ministère, quand il s'agit des biens
classés et 25% pour les arondissements, c'est pris à même
les crédits que nous sommes appelés à voter,
$7,603,000?
M. Hardy: Oui, c'est-à-dire qu'il y a un montant bien
précis pour...
M. Charron: Cela représente combien, ces sommes mises
à la disposition, en fin de compte?
M. Hardy: Nous avons versé $650,000 en subventions.
M. Charron: Qu'on dépensera, au cours de l'année,
à ces fins?
M. Hardy: Cette année, nous avons une enveloppe de
$650,000 pour des subventions à la restauration.
M. Bonnier: M. le Président, si le député de
Saint-Jacques le permet, vous dites, évidemment, que vous faites
l'inventaire surtout des églises, mais cela peut également
comprendre certaines maisons historiques. On a parlé...
M. Hardy: C'est parce que c'est un contrat. C'est-à-dire,
quand je dis que nous faisons l'inventaire des églises, nous n'avons pas
mis de côté... C'est un contrat bien spécifique, parce que
vous comprenez que nous n'avons pas le personnel suffisant, au
ministère, pour que tout le travail se fasse au ministère.
D'autre part, il ne serait probablement pas avantageux d'accroître,
démesurément, le personnel du ministère, parce que, le
jour où cet inventaire sera fait, ces gens n'auront plus de travail.
C'est la raison pour laquelle nous accordons beaucoup de contrats à des
spécialistes, à des spécialistes de l'université
Laval et à des spécialiste de l'Université de
Montréal.
Quand j'ai parlé, tantôt, des églises, c'est un
contrat bien spécifique qui a été accordé à
des spécialistes de l'Université de Montréal, pour faire
l'inventaire des églises de l'île de Montréal. Nous pouvons
accorder des contrats dans d'autres secteurs.
M. Bonnier: Votre intérêt est beaucoup plus vaste
que cela.
M. Hardy: Ah oui! c'est évident. Il y a le cas de
Neuville.
M. Bonnier: Parce qu'il y a aussi, si l'on parle des soeurs
Grises, la maison mère des soeurs Grises, ici, dans le Vieux
Québec. Mais je vais vous poser une question tout à l'heure,
relativement au Vieux Québec, en général.
M. Charron: J'y arrivais.
Vieux Québec
M. Bonnier: C'est parce que, justement, je voulais savoir quels
étaient les plans précis du ministère, relativement
à la rénovation ou à la conservation du Vieux
Québec.
M. Charron: J'ajoute, à la question du
député de Taschereau que le maire de Québec, M.
Lamontagne, a déploré publiquement le fait que, cinq ans
après la publication du rapport d'un groupe
fédéral-provincial, on n'ait pas encore donné suite
à ce qui s'appelait le concept...
M. Hardy: J'espère que le député de
Saint-Jacques n'appuie pas cela!
M. Charron: ... général de
réaménagement du Vieux Québec.
M. Hardy: Savez-vous pourquoi? Une des raisons pour lesquelles
on...
M. Charron: Je vous le signale, pour que vous y
répondiez.
M. Hardy: Savez-vous pourquoi on n'a pas appuyé cela?
Parce que, si on appliquait ce plan de la ville de Québec, le
gouvernement du Québec remettrait en partie ses responsabilités
à une autorité où le gouvernement fédéral
interviendrait directement.
Or, nous avons déjà assez de misère à
récupérer ce que nous voulons récupérer. On n'est
pas pour en laisser tomber.
M. Bonnier: Non, mais la question est quand même...
M. Hardy: Le député de Taschereau sait que, dans la
ville de Québec, il y a déjà un arrondissement historique.
Nous sommes à préparer le plan de sauvegarde. La première
phase du plan de sauvegarde est déjà terminée. Nous devons
passer à la deuxième phase du plan de sauvegarde. Nous
étudions également l'hypothèse d'élargir,
d'agrandir le territoire, le périmètre de l'arrondissement
historique de Québec.
Pour le moment, nous en sommes à l'élaboration du plan de
sauvegarde. Ce n'est que quand ce plan de sauvegarde sera terminé que
nous pourrons indiquer, d'une façon bien précise, les actions que
nous mènerons.
Entre-temps, cela ne nous empêche pas de faire des interventions
en vertu des programmes actuels. Comme je l'ai dit tantôt, dans un
arrondissement historique, même si une maison n'est pas classée,
s'il y a des réparations à faire, les propriétaires de ces
immeubles sont admissibles à une subvention de 25%, à
l'intérieur de l'arrondissement historique, si l'immeuble est
classé, ils ont 40%.
Mais, plus globalement, nous sommes à préparer un plan de
sauvegarde.
Il y a une exception déjà. Je parlais tantôt d'avoir
des mesures d'intervention plus flexibles. Déjà nous en avons
puisque, quand il s'agit d'un monument classé, même
propriété privée mais un monument classé qui
est ouvert au public, comme Notre-Dame-des-Victoires nous subventionnons
à 100% la restauration.
M. Bonnier: Je voulais simplement mentionner...
M. Hardy: Ce serait une idée que le député
de Saint-Jean pourrait peut-être exploiter. Elle pourrait inspirer les
dirigeants de la Fabrique de l'Aca-die; s'ils voulaient ouvrir leur
école au grand public, peut-être qu'ils pourraient devenir
admissibles à 100%.
M. Veilleux: M. le ministre, pour parler de cet ensemble
historique, si le ministère acceptait de payer à 100% la
restauration de l'école, je suis persuadé que ce serait ouvert au
public. Cela pourrait même servir, c'est à titre de suggestion que
je le fais au ministre, de centre d'artisanat, parce que vous avez un milieu
artisanal très fort à L'Acadie.
M. Hardy: Nous allons étudier avec attention cette
proposition.
M. Bonnier: Je voudrais juste attirer l'attention du ministre sur
la maison-mère des soeurs Grises, à Québec. Je ne sais pas
si elle a été classée comme monument historique, mais je
pense qu'il serait bon de s'y intéresser avant que quelque constructeur
veuille acheter le terrain.
M. Hardy: Je ne connais pas exactement...
M. Bonnier: Pour qu'on n'ait pas le même problème
qu'à Montréal.
M. Hardy: Je ne connais pas exactement la maison-mère des
soeurs Grises et je retiens la suggestion du député pour qu'on
l'étudie. Toutefois, il ne faudrait pas partir du principe que toutes
les maisons-mères des soeurs Grises ont une valeur historique.
M. Bonnier: Non, non, ce n'est pas ce que j'ai voulu dire.
M. Veilleux: N'oubliez pas que le député de
Taschereau est un social-démocrate, il peut avoir cela en tête
comme idée.
M. Charron: Je vous signalais tout à l'heure la
déclaration du maire Lamontagne, ce n'était pas pour que vous
endossiez sa suggestion, ou même la suggestion à laquelle
lui-même se référait, mais c'est parce qu'il signalait une
inquiétude légitime, à titre de magistrat de la ville de
Québec, sur la protection du patrimoine de la ville de
Québec.
Je signale quelques cas, non pas pour étirer le débat
inutilement mais parce qu'ils formulent encore plus clairement
l'inquiétude que j'essaie de souligner.
On aura sans doute entendu parler, à la direction
générale, à l'intérieur du ministère, du
tollé qui a accompagné la démolition de trois maisons de
la rue Saint-Paul, par exemple, en vue de créer un stationnement
privé. On a, de plus, payé $4,000 pour faire de ce terrain un
terrain de stationnement, ce qui ne donne d'ailleurs pas une plus grande valeur
commerciale au terrain.
Autre cas ici que les media d'information nous rapportent, de
Québec même, la maison Pagé-Quercy qui serait en danger
d'être également démolie. La ville de Québec a
demandé au ministère l'autorisation de démolir
l'historique maison Pagé-Quercy sise au numéro civique 74-76 rue
Saint-Pierre. Qu'arrive-t-il dans ces cas précis?
M. Hardy: Dans le premier cas, peut-être que M. Junius
pourrait répondre directement, il s'agit de cas très
techniques.
M. Charron: Oui.
M. Hardy: En ce qui concerne les maisons, vous avez
mentionné la rue Saint-Paul. Premièrement, une demande a
été faite par la ville de Québec pour démolir ces
maisons, suite à des visites du ministère du Travail, suite
à des visites des officiers de la sécurité publique de
Québec qui voyaient là un danger imminent de chute de
débris, de chute de pierres, etc. La Commission des biens culturels a
été saisie de cet état de choses et elle a accepté
de donner un permis de démolition. Cependant, il y a eu un jugement en
cour et c'était la ville de Québec contre conjointement le
propriétaire et le ministère. La ville de Québec rendait
conjointement le ministère responsable de tout dégât et de
tout accident qui pourrait survenir aux biens et aux personnes, en fait.
Là, cela a fait grand bruit parce que c'était nous
sommes d'accord aussi la perte d'une partie de la rue, mais, d'un autre
côté, nous avons toujours considéré qu'il s'agissait
là de ruines. Il ne s'agit pas d'immeubles, si vous avez vu les photos,
c'étaient quand même de vraies ruines.
Néanmoins, depuis 1970, 1971, je crois bien, il y avait
déjà une proposition de la ville de Québec de reconstruire
à cet endroit-là, dans des maisons abandonnées qui ont
subi sept incendies successifs... Donc, vous voyez ce qu'il pouvait rester
après sept incendies. L'Office municipal d'habitation, avec la
Société d'habitation, avait prévu de construire des
logements sociaux à cet endroit-là, des HLM, si vous voulez. Le
projet ne s'est pas réalisé. Suite à la démolition,
que nous avons acceptée finalement cette année, nous avons pris
des contacts avec la ville de Québec et avec la Société
d'habitation; des réunions se sont tenues récemment et des
projets sont en cours présentement pour reconstruire à cet
endroit-là et je pense qu'il y aura finalement une dizaine de logements
possibles dans ce groupe de maisons.
M. Charron: Ce ne sera pas un terrain de stationnement.
M. Hardy: Non. Et le stationnement, on l'a toujours interdit.
D'ailleurs, le directeur du service, M. Théoret, s'était
opposé fortement à ce qu'on fasse un stationnement là. On
avait accepté, évidemment, de ne pas avoir de stationnement et de
reconstruire à cet endroit-là.
Le projet est en cours présentement et nous avions indiqué
dans le permis de démolition certains travaux préalables.
D'abord, il devait y avoir
la présence de représentants du ministère sur place
pendant la démolition. Deuxièmement, on devait
récupérer ce qu'il était possible de
récupérer, s'il y avait des choses importantes.
Il n'y a pas eu grand-chose d'important; néanmoins, on
était là pour ce faire. Enfin, on demandait au
propriétaire de cimenter le pignon de façon à le rendre un
peu plus propre; je pense que ça n'a pas été fait encore,
à l'heure actuelle. Et on avait décidé de ne pas verser
les fameux $4,000 tant que tout n'aurait pas été
exécuté et ils n'ont pas été payés.
M. Charron: Quelle sorte de maisons va-t-on reconstruire à
cet emplacement?
M. Hardy: Là, on peut faire un grand débat, comme
vous pouvez le constater, soit de reconstruire de l'ancien, soit de
reconstruire contemporain. Notre idée à nous, c'est que ce n'est
pas parce que nous nous occupons de biens culturels et, disons, de choses du
passé que nous ne sommes pas aussi contemporains que n'importe qui. Je
pense bien qu'on l'est tout autant que ceux qui construisent de l'architecture
contemporaine. Notre intention a été de recommander que ce soit
de l'architecture contemporaine, cependant qu'elle s'inspire du passé.
Dans le gabarit général, que l'on reprenne, par exemple, la ligne
de faîte des toitures; que l'on reprenne l'ancien plan, ça veut
dire la façade, la courbe, par exemple, aussi. Donc, qu'on ait des
rappels historiques, mais que ce soit fait dans le style du 20e siècle.
Ce sera peut-être même embêtant, je n'en sais encore rien
aujourd'hui. Je ne voudrais pas aller prendre des décisions pour
lesquelles on n'est pas encore assez avancé. Néanmoins, ce sera
une architecture contemporaine, parce que, là, c'est toute la
théorie qui veut penser que la ville est en perpétuelle
évolution et qu'on doit aussi faire notre marque aujourd'hui dans le
cadre de l'évolution de la ville.
M. Charron: Est-ce qu'il y a plusieurs projets comme
celui-là où le ministère est en collaboration avec la
Société d'habitation du Québec?
M. Hardy: Je me le rappelle vaguement, mais ça fait plus
d'un an que nous avons négocié avec la ville de Québec, en
premier lieu, et, deuxièmement, avec le président de la
Société d'habitation, afin de les alerter sur tout le
problème des maisons incendiées dans l'arrondissement
historique.
Vous savez que nous avons une quinzaine de dossiers avec des maisons
incendiées pour lesquelles il ne se fait rien. Ce sont des débris
qui sont à la vue des passants. C'est disgracieux, d'abord, et c'est
dangereux en plus. Troisièmement, la vermine peut toujours s'y
installer, parce qu'il y a eu des débris; les gens n'ont pas tellement
de conscience et jettent parfois même dans les espaces comme ça
des sacs de vidanges, des détritus.
Donc, il y a urgence de faire quelque chose et le service des monuments
a rencontré, suite aux premières négociations que nous
avons eues avec le président de la Société d'habitation et
la ville de Québec... Comme vous savez que c'est la ville de
Québec qui doit entreprendre les projets d'habitation, à ce
moment-là, on a prié la ville de Québec, par plusieurs
lettres successives, de bien vouloir faire une réunion tripartite: ville
de Québec, Société d'habitation et ministère des
Affaires culturelles. La réunion a eu lieu, il y a environ, je pense,
une quinzaine de jours.
J'ai ici le compte rendu de la séance qui avait lieu le il
n'y a pas de date ici 26 mars. Tout ceci reprend aussi bien l'ensemble
du problème des maisons incendiées ou abandonnées ou des
lots vacants. Il y a trois possibilités dans le cadre, dans le
périmètre, dans les limites de l'arrondissement historique de
Québec.
M. Charron: C'est dans l'arrondissement historique de
Québec?
M. Hardy: Oui. Dans les limites de l'arrondissement, on veut
régler une fois pour toutes tout ce problème des lots vacants,
des maisons abandonnées et des maisons incendiées.
M. Charron: A partir de la réunion dont vous avez le
compte rendu, devant vous...
M. Hardy: Oui.
M. Charron: ... y a-t-il une entente formelle à partir de
laquelle les plans de reconstruction seront faits avec la participation de
l'organisation générale?
M. Hardy: Ils seront soumis obligatoirement, en vertu de la
loi.
M.Charron: Parce que c'est l'arrondissement historique,
d'accord.
M. Hardy: C'est la loi, et je pense, M. le Président, que
j'ai été assez clair. Je n'ai pas lu les journaux de
Québec en fin de semaine, mais j'ai l'impression d'avoir
été assez clair, vendredi, lorsque j'ai dit, que la Loi sur les
biens culturels devrait être respectée par qui que ce soit et,
d'abord et avant tout, par les municipalités. Je pense que s'il y a un
corps public qui doit donner l'exemple du respect des lois, ce sont bien les
municipalités. Il n'est pas question de négocier je veux
bien préciser le respect de la loi. Qu'il y ait des discussions,
des réunions pour s'entendre sur les plans, c'est bien normal mais,
quant au respect de la loi, c'est-à-dire la procédure, les
demandes d'autorisation et quant à ne rien faire sans obtenir
d'autorisation, c'est la volonté très ferme du ministère
de faire respecter cette loi. Quand elle ne sera pas respectée, des
procédures seront prises.
M. Charron: La maison Pagé-Quercy, qu'en arrive-t-il?
M. Hardy: Pour la maison Pagé-Quercy, nous avons
refusé le permis de démolition. La maison
Pagé-Quercy est toujours debout, comme vous le savez maintenant.
Malheureusement, elle est extrêmement vétuste. Nous avons pris un
accord avec la ville de Québec de consolider, par des madriers, à
l'extérieur, des étançons, etc., de la maintenir en
état, de poursuivre les recherches archéologiques sur le site,
avec la ville de Québec, puisque cela appartient à la ville de
Québec de prendre une décision pour qu'on reconstruise ou qu'on
restaure. Mais, cette maison est terriblement abîmée et cela va
coûter très cher de la restaurer. Mais, elle est toujours
là et on n'a pas accepté la démolition. On a refusé
le permis de démolir.
M. Charron: La maison qui est juste à côté...
M. Hardy: C'est la maison Estèbe.
M. Charron: ... elle a été restaurée par le
ministère des Affaires culturelles.
M. Hardy: La maison Estèbe, pour le moment, a
déjà été restaurée, il y a quelques
années. On a refait une toiture, par exemple. Actuellement, on a refait
toutes les fouilles sur la maison Estèbe. On a, pour le moment, les
plans. Le relevé métrique, si vous voulez, de la maison, a
été complètement fait et le projet que le ministère
envisage, c'est de faire une maison qui serait un centre
d'interprétation de la restauration. Ceci entre dans le schéma
global, si vous voulez, de tout ce qui se fait dans la Basse-Ville alors que,
dans Place Royale, par exemple, on restaure et on ferme, si vous voulez, c'est
une restauration fermée, comme nous l'appelons, et on voudrait montrer
à la population comment étaient construites les maisons à
l'époque. On va pouvoir voir différents stades d'avancement dans
la construction ancienne.
Ce sera donc une maison à caractère didactique.
M. Charron: Le ministre avait promis, à un autre moment,
M. le Président, la consolidation des ruines de l'église St.
Patrick, à Québec, avec une mise en valeur, par une
système d'éclairage. Cela a-t-il été fait ou est-ce
que cela sera fait bientôt?
M. Hardy: La question de l'éclairage, non, cela n'a pas
été fait. Cela pourrait être repris maintenant. Ce que nous
avons fait, c'est de mettre le propriétaire en demeure, suivant les
conventions qu'on avait établies avec lui, de ne pas installer des
automobiles dans cet espace ouvert qu'il considérait comme un
stationnement et qu'on considérait plutôt comme un petit espace
vert. On a demandé de semer de la pelouse et de faire grimper du lierre
ou des choses comme cela sur les ruines. Cela se fait dans plusieurs villes.
Plutôt que d'être le stationnement de l'hôtel, ce sera le
jardin de l'hôtel. Ce devrait être cela, avec peut-être des
parasols et des choses pour servir de cachet et autres choses.
M. Bonnier: Les ruines, vous les laissez telles quelles?
M. Hardy: Oui. Ce qui reste de l'église, non seulement on
le laisse tel quel, mais on verra à ce qu'elle... On l'a fait. On a
consolidé les ruines, l'an passé, on a remis des couvertures sur
le dessus des murs et on a tout fait ce qui devait être fait, en fait,
pour consolider les ruines et les laisser dans l'état où elles
sont.
Arrondissements historiques
M. Charron: Le ministre avait mentionné, M. le
Président, au cours de la dernière année
financière, lors d'une intervention publique, qu'une étude
était en cours au montant de $3 millions sur un plan de sauvegarde et de
mise en valeur de Percé, du Vieux Québec, du Vieux
Montréal, de l'île d'Orléans, de Laprairie et de Sillery.
Où en est rendue cette étude et qui la dirige effectivement?
M. Hardy: En ce qui concerne prenons le premier cas
Percé, tout ce que vous avez mentionné, M. Charron, ce sont bien
des arrondissements...
M. Charron: Oui.
M. Hardy: ... des arrondissements déclarés en vertu
de la loi 2 et d'autres qui l'étaient, par l'ancienne commission des
monuments historiques. En ce qui concerne Percé, les travaux sont
presque complétés, si vous voulez, et on pense même
déjà amorcer, cette année, un problème, la question
de l'affichage sur la route 6 dans Percé.
On négocie présentement. Par ailleurs, avec le
ministère du Tourisme, avec l'ODEQ, avec le ministère des
Affaires municipales, nous avons décidé d'acquérir
certains terrains qui sont de réputation naturelle, à vocation
naturelle vraiment. Le gouvernement acquiert ces terrains de façon
à éviter cela s'en vient parc, si vous voulez des
constructions sur des endroits susceptibles vraiment d'être à
vocation naturelle, puisque c'est un arrondissement naturel. Donc, le plan de
Percé avance bien, les acquisitions sont en cours présentement.
Le problème de l'affichage va commencer à se régler cette
année.
En ce qui concerne l'île d'Orléans, elle a fait l'objet
d'une étude beaucoup plus large.
M. Charron: Si vous permettez, vous avez mentionné
Percé, aussi bien l'ajouter parce que j'avais l'intention d'y revenir
tout de suite. M. La-palme, de la Commission des biens culturels, avait fait
état, dans son rapport, de la question précise de Percé en
signalant ce désaccord interministériel qui peut exister. Je
pense qu'à un moment donné, le ministère a dû
procéder par injonction à l'égard du ministère des
Transports. Je cite M. La-palme: "Certains ministres fédéraux ou
provinciaux se chargent d'éventrer les sites qui sont susceptibles de
devenir des lieux de fouilles archéologiques, dont plusieurs le long de
la route gaspésienne."
M. Hardy: Au moment où M. Lapalme rédi-
geait ce rapport, cela fait déjà un bon bout de temps...
Comme j'ai eu l'occasion de le mentionner la semaine dernière, il existe
maintenant des comités interministériels de fonctionnaires. Je
pense que je peux le souligner, il y a eu, au ministère des Transports,
une évolution très considérable. Sans vouloir faire de
politique, je dois dire que le titulaire actuel du ministère des
Transports, mon collègue M. Mailloux, est très sensible à
cette question. Traditionnellement, on disait que les constructeurs de routes
se préoccupaient assez peu...
M. Charron: II vient d'une région pour être sensible
à ça.
M. Hardy:... mais probablement que la beauté de la
région qu'il représente a contribué à le
sensibiliser à cette question. Alors, au plan politique, sur le plan
ministériel, j'ai une collaboration totale de mon collègue
là-dessus. Je pense que les relations que les fonctionnaires du
ministère des Affaires culturelles... Il y a un comité conjoint
institutionnalisé, je pense que les relations sont excellentes... Il y a
d'autres problèmes, on pourra en parler tantôt. Il y a des
problèmes qui se sont posés à l'île
d'Orléans. La municipalité de Sainte-Pétronille voulait
faire une espèce de boulevard de ceinture et le ministère des
Affaires culturelles s'y est opposé. Le ministère des Transports
a respecté notre position.
Alors, c'est vrai qu'à un moment donné nous avons dû
prendre une injonction contre l'entrepreneur qui était arrivé sur
place avec son équipement. Nous avons dû prendre une injonction
contre lui parce que, quelques heures plus tard, cela en était fini,
parce que cette sorte de machine peut faire des dommages en peu de temps. Des
situations semblables ne se répètent plus maintenant.
M. Charron: Les négociations sur l'affichage maintenant,
où en sont-elles dans cette région en particulier?
M. Hardy: Ce ne sont pas des négociations. Nous avons un
règlement en préparation. A partir de ce règlement, c'est
la loi qui nous autorise à réglementer l'affichage dans les
arrondissements historiques, dans les aires de protection.
Dans le cas de Percé, par exemple, on entame des
négociations avec les propriétaires. On va les rencontrer au
cours de l'été, ici, pour établir avec eux un modus
vivendi.
Il faudrait être bien clair. Quand on parle de négociation,
bien sûr, je pense que c'est humain, même s'il y a une loi,
même s'il y a des règlements, même si on a des pouvoirs,
plutôt que de commencer par agir avec la matraque, nous tâchons...
Parce que c'est très important, dans ce domaine, d'avoir la
collaboration des personnes en cause. C'est dans ce sens que M. Junius parle de
négociation. Encore une fois, je veux que ce soit bien clair. Si jamais
certaines personnes étaient vraiment réfractai res,
démontraient de la mauvaise foi, ne voulaient pas se soumettre à
notre réglementation, nous devrons agir, nous devrons utiliser les
moyens légaux.
Dans un premier temps, je pense, qu'il est normal que nous agissions,
parce que je présume que la plupart des gens intéressés
vont vouloir collaborer avec nous, parce que c'est, je pense, sur une longue
période, dans leur intérêt. Si Percé retrouve son
caractère premier, je pense bien que, même sur le plan
économique, ce sera rentable pour Percé. Si Percé avait
continué à se détériorer au rythme où
c'était commencé, fort probablement que l'intérêt
touristique de cette région aurait diminué par le fait
même. Alors la conservation du patrimoine, l'aspect culturel non
seulement n'est pas incompatible avec l'aspect économique, mais ils vont
tous les deux de pair.
M. Charron: II reste que leur intérêt est
également d'annoncer, de façon plus évidente que le
concurrent, que le motel ou le restaurant dont ils sont
propriétaires...
M. Hardy: Propriétaires immédiats.
M. Charron: Sans éviter la négociation entre gens
compréhensifs l'un à l'égard de l'autre, la
nécessité d'une réglementation existe toujours.
J'espère qu'on procédera le plus rapidement possible. Ce sera par
arrêté en conseil, j'imagine, puisque la loi vous autorise
à le faire.
M. Hardy: C'est-à-dire les règlements, oui. Comme
tout règlement. Le ministre a le pouvoir de réglementer
l'occupation du sol, par exemple, dans ses pouvoirs des plans de sauvegarde.
Là aussi, indépendamment d'un règlement
général sur l'affichage, il y aura des règlements
particuliers, si vous voulez, dans les zonages, des règlements qui
accompagneront les zonages des plans de sauvegarde. Il y aura des
règlements particuliers qui s'appliqueront principalement à
Percé, puisque les règlements d'affichage sur Percé ne
seront certainement pas les mêmes que ceux dans le Vieux Montréal
ou dans Sillery ou à l'île d'Orléans, etc., puisqu'il y a
des connotations différentes géographiques, de climat et autres
choses.
M. Charron: L'île d'Orléans, maintenant, qu'est-ce
qui est commencé?
M. Hardy: Oui, l'île d'Orléans; là aussi la
même chose, on a amorcé le dossier. C'est un immense dossier.
Plutôt que de prendre l'île d'Orléans en soi, nous aurions
pu nous limiter vraiment à nos fonctions et simplement établir un
plan de sauvegarde sur l'île d'Orléans. Mais cela n'aurait rien
été si nous n'avions pas pris, en fait, tout le haut estuaire,
qui est une région beaucoup plus large, et la rive nord et la rive sud,
évidemment, concourent à ce que l'île d'Orléans soit
ou ne soit pas véritablement un arrondissement. Nous avons amorcé
l'étude sur le plan régional et nous avons eu, pour ce faire, le
concours de
l'OPDQ, qui nous a assistés. La phase 1 et la phase 2 sont
terminées présentement et on en est pour le moment à
l'élaboration des phases 4, 5 et 6, qui, si tout va bien, si les
études vont bien, vont nous amener en fin d'exercice, ici, au
dépôt du plan de sauvegarde de l'île d'Orléans.
M. Charron: ... exercice.
M. Hardy: Nous l'espérons bien, si tout va bien.
Néanmoins, ce sont des problèmes extrêmement difficiles. Il
y a des problèmes d'agriculture, comme vous le savez, sur l'île
d'Orléans. Il y a des problèmes de vocation touristique. Nombreux
sont ceux qui recherchent l'île d'Orléans comme lieu de
résidence, parce que c'est agréable, etc. Il y a donc des
conflits énormes entre les gens, entre ceux qui sont les vieux
résidants et les nouveaux résidants.
Et, en fonction de cela, on essaie de trouver une vocation...
Une Voix: Des spéculateurs.
M. Hardy: Oui, en n'oubliant pas ceux qui voudraient
éventuellement spéculer sur un terrain aussi riche que
celui-là. Néanmoins le dossier avance bien et le ministre fera
certainement des déclarations en temps voulu pour annoncer le
dépôt du plan.
Vieilles Forges
M. Charron: Quel est le contrôle que le ministère
des Affaires culturelles a du projet de rénovation des Forges du
Saint-Maurice?
M. Hardy: Là-dessus, il y a eu, à un moment
donné, un ministre des Affaires culturelles, pendant une campagne
électorale...
M. Charron: Célèbre.
M. Hardy: ... pendant une campagne électorale
fédérale, dois-je dire, qui s'était engagé à
céder le territoire au gouvernement fédéral. Un peu, comme
selon la Bible, nous sommes responsables du péché originel, je
suis responsable constitutionnellement des faits et gestes antérieurs.
C'est une situation de fait. On n'y peut rien. Le site appartient au
gouvernement fédéral, c'est-à-dire qu'il y a un
problème juridique et là, c'est l'administration.
Maintenant, pour atténuer, et je dis bien atténuer, je ne
m'en cache pas, les effets de cette situation, nous avons quand même
imposé en dernier ressort parce qu'à la fin j'ai
été quelque peu mêlé à cette histoire comme
adjoint parlementaire un comité conjoint où siègent
des représentants du gouvernement fédéral et des
représentants du gouvernement provincial, comité conjoint qui
doit être consulté, quant à la planification de ce projet.
Donc, nous ne sommes pas totalement étrangers, mais nous n'avons pas la
maîtrise d'oeuvre des Forges du Saint-Maurice.
C'est le gouvernement fédéral qui est là et, dans
les négociations à venir, dans le contentieux
fédéral-provincial, c'est un cas patent qui ne devrait pas se
répéter. Que le gouvernement fédéral intervienne
financièrement, comme cela se fait dans le cadre des ententes
Canada-Québec ou de l'ODEQ, personnellement je n'y vois aucun
inconvénient, mais ce devrait être le gouvernement du
Québec qui devrait avoir la maîtrise d'oeuvre d'un projet aussi
important que les Forges du Saint-Maurice, aussi important quant à son
envergure, quant à son caractère historique. Je le dis: C'est
inacceptable que des choses semblables soient entre les mains du gouvernement
fédéral.
M. Charron: Cela a pourtant déjà été
accepté, même si c'était inacceptable.
M. Hardy: Cela a déjà été
accepté.
M. Charron: Est-ce la même chose? Est-ce qu'on se trouve
dans le même cas pour le Témiscamingue? Mon information, c'est que
le fort Témiscamingue aurait été acheté par le
gouvernement fédéral.
M. Hardy: C'est une propriété privée. Je
répète, au risque d'avoir l'air un peu de faire du radotage, que
c'est toujours lié à l'inventaire. Si nous avions un inventaire
exhaustif, si nous classions, des choses semblables ne pourraient pas se
produire. A l'heure actuelle, un individu qui est propriétaire d'un
bien, s'il décide de le céder au fédéral avant que
nous ayons procédé au classement, nous n'y pouvons rien.
Si le bien est classé, le propriétaire ne peut pas le
céder à quiconque sans notre permission et, bien sûr, nous
ne donnerions jamais le permis que la cession se fasse au gouvernement
fédéral.
M. Charron: Vous avez mentionné, dans cette réponse
sur les Forges du Saint-Maurice, la participation de l'ODEQ à certains
projets. Prenons aussi le cas qu'on vient de nommer, celui du fort Ingall;
l'ODEQ s'était engagé, en 1971, à fournir $1.2 million. Il
a fourni $700,000, puis, après cela, il a fait savoir qu'il ne
fournirait plus rien. Est-ce le ministère des Affaires culturelles qui
va prendre charge du reste de l'oeuvre?
M. Hardy: Oui, il faudra bien, puisque nous n'avons plus de
sources de revenu de l'ODEQ.
M. Charron: II semble actuellement que les travaux sont
arrêtés par manque de fonds?
M. Hardy: Tout récemment, M. le Président, je dois
souligner que j'ai fait parvenir une lettre à mon collègue
responsable de l'ODEQ, faisant à peu près le genre
d'argumentation, mais de façon encore plus élaborée que le
député de Saint-Jacques vient de le faire, alléguant que
des sommes beaucoup plus considérables nous avaient été
promises, que nous ne les avions pas reçues J'ai plaidé en
demandant que l'on nous accorde
un surplus. Maintenant, j'espère. Mais, si jamais la
décision devait demeurer la même, le complément des travaux
à fort Ingall, comme d'ailleurs d'autres projets qui ont
été amorcés dans le cadre de l'ODEQ, par exemple le projet
du musée de Gaspé, finalement va nous retomber en grande partie
sur les épaules.
M. Charron: Vous avez mentionné que, souvent, le fait que
l'inventaire ne soit pas complété fait que des transactions vont
se faire, je dirais, à l'abri de la loi ou à l'encontre de la
loi. Si cela avait été inventorié auparavant, le
ministère aurait pu réagir. Cela a été le cas, je
pense, de la chapelle du manoir Papineau, à Montebello, qui a
été cédée par un particulier à
Héritage Canada sans que le gouvernement...
M. Hardy: C'est-à-dire que la cession a eu lieu avant que
nous procédions au classement du manoir.
M. Charron: Maintenant, c'est fait.
M. Hardy: Actuellement, le manoir ne pourra jamais être
cédé, mais la chapelle... Je ne sais pas si la chapelle est dans
l'aire de protection. La chapelle est dans l'aire de protection. Alors, si le
classement avait été fait avant que la cession ait lieu,
même la chapelle n'aurait pas pu être cédée parce
qu'elle est dans l'aire de protection. Malheureusement, la cession de la
chapelle s'est faite avant qu'il y ait classement.
M. Charron: C'est que les moyens financiers du gouvernement
fédéral et son pouvoir constitutionnel de dépenser, qui a
fait l'objet de notre discussion à l'ouverture de l'étude de ces
crédits, jouent constamment cas par cas, comme on le mentionnait.
Tant que l'inventaire ne sera pas terminé et même quand
l'inventaire sera terminé, il y a des choses auxquelles le
ministère devra renoncer, mais qui demeureront toujours dans les
possibilités du gouvernement fédéral, parce qu'il dispose
de dix fois plus de moyens que nous.
M. Hardy: Pour vous montrer jusqu'à quel point cette
importance dont je parle fréquemment, de l'inventaire n'est pas
simplement de la rhétorique, mais se traduit par des chiffres, c'est que
nous avions $180,000 au cours du dernier exercice financier de prévus
pour l'inventaire et au cours de l'exercice actuel, nous aurons $529,000. C'est
une augmentation très très considérable.
M. Charron: Est-ce que cela permettra de l'achever au cours de
l'année?
M. Hardy: Non, je pense que pour achever l'inventaire, il faut
compter encore peut-être... D'abord, on a un plan quinquennal pour ce
faire. Il est impossible d'inventorier en un an, deux ans, trois ans, ce n'est
pas possible.
C est la raison pour laquelle aussi souvent que j'en ai...
M. Charron: ... comme je le disais, pour couvrir ce qui
apparaît comme une partie essentielle à inventorier, dans combien
de temps?
M. Hardy: On ne le sait pas à l'avance,
c'est-à-dire qu'il y a certains secteurs où on peut se
précipiter, il y a le Vieux Québec, Laprairie, l'île
d'Orléans. Il peut y avoir des choses qui ont une très grande
valeur, mais qui sont isolées. Tant qu'au moins un préinventaire
n'est pas fait, on ne peut pas avoir une idée de ce qui existe.
M. Charron: M. le Président, je n'ai encore que deux cas
particuliers à soulever, mais c'est la seule occasion dans
l'année qu'il nous est possible de le faire. Je reviens à un cas
de Montréal que j'ai oublié lorsque je me suis attardé
à la ville de Montréal, c'est que la commission avait
recommandé à maintes reprises de classer ce qui s'appelle la
Villa Maria...
M. Hardy: C'est fait. M. Charron: C'est fait.
M. Hardy: Malgré qu'il y ait eu... Cela a
été assez difficile, non pas sur le plan juridique mais les
religieuses de Villa Maria ont manifesté beaucoup d'opposition parce
qu'elles craignent que le fait d'avoir classé leur
propriété nuise à leur plan de développement.
M. Charron: Comme vous respectez l'opposition...
M. Hardy: On les entend, on les écoute, on écoute
toujours l'opposition, même si ce n'est pas dans des commissions
parlementaires, on les écoute toujours. Malgré ceci, nous avons
décidé quand même de classer, et je pense bien que nous
pourrons concilier le respect de la valeur architecturale et les exigences
pédagogiques des religieuses propriétaires de Villa Maria.
M.Charron: Maintenant, dernier cas précis...
M. Hardy: Je m'excuse, on est au stade de l'avis d'intentions,
parce qu'il faut que la Commission des biens culturels se prononce. La
prochaine étape, c'est... Je pense que vos statistiques ne sont pas
exactes, il me semble que j'ai signé l'avis de classement. J'ai
déjà signé l'avis de classement, il me semblait que...
M. Charron: On a la primeur ce matin. Dernier cas précis,
mais un des plus beaux coins du Québec, l'île-aux-Coudres, les
deux moulins sur l'île-aux-Coudres sont déjà
classés, mais...
M. Hardy: Dans notre budget, il y a des sommes de prévues
pour acquérir et restaurer le vieux moulin de l'île-aux-Coudres
qui est dans un état...
M. Charron: Vous avez...
M. Hardy: ... je l'ai vu encore l'été dernier,
assez lamentable, mais dans le budget...
M. Charron: Depuis quand sont-ils classés ces deux
moulins?
M. Hardy: Ils sont classés depuis un bout de temps.
M. Charron: Depuis un bout de temps.
M. Hardy: C'est sous l'ancienne loi, justement la Loi des biens
culturels...
M. Charron: M. le Président, je voudrais terminer
l'étude du sujet...
M. Hardy: Maintenant, sur l'île-aux-Coudres, je vais aller
au-delà des demandes du député de Saint-Jacques. Nous ne
sommes pas très avancés, je pense, à ce stade, mais
à mon niveau, je suis préoccupé. Je trouve que
l'île-aux-Coudres est un...
M. Charron: Comme arrondissement.
M. Hardy: ... coin extraordinaire. J'ai déjà eu
l'occasion d'en parler avec M. Junius, le directeur du patrimoine.
Aussitôt que nous le pourrons, je pense qu'il faudra engager là
aussi la procédure pour finir par déclarer arrondissement
l'île-aux-Coudres et faire comme l'île d'Orléans,
préparer un plan de sauvegarde, parce que même si
l'île-aux-Coudres est peut-être moins en danger, parce qu'il n'y a
pas de pont, quand même je constate, je vais presque tous les ans
à l'île-aux-Coudres, que d'une année à l'autre, il y
a détérioration. Le système de communication est encore
quand même assez valable pour amener des gens qui ne respectent pas
toujours le caractère de l'île.
Commission des biens culturels
M. Charron: D'accord.
M. le Président, je voudrais terminer l'étude de ce
programme 2 en parlant, quelques instants, avec le ministre, de la Commission
des biens culturels.
Est-ce qu'il y a une augmentation prévue au budget de la
commission?
M. Hardy: Non. On n'a pas augmenté... C'est-à-dire,
oui, il y a une augmentation mécanique parce que le président a
vu son salaire augmenté.
M. Charron: Oui.
M. Hardy: Mais la Commission des biens culturels n'a pas de
budget d'intervention. Tout ce qu'elle fait, c'est d'exprimer son avis.
Alors...
M. Charron: C'est de fonctionnement. Oui.
M. Hardy: ... elle n'a pas à avoir d'augmentation de
budget. Ce que l'on paie, ce sont les dépenses de voyage, le salaire du
président, les honoraires de présence des membres. Alors, il n'y
a pas, comme telle, d'augmentation, il n'y a pas à y avoir
d'augmentation de budget, sauf, comme je vous l'ai dit tantôt, une
augmentation mécanique. Je pense que le salaire du président, qui
est à peu près... Ah! C'est plus que ça parce que... Je
pense qu'il est augmenté automatiquement avec le budget des
sous-ministres adjoints ou... Ce sont des augmentations automatiques.
M. Charron: Mais, il y a du personnel au service...
M. Hardy: Non.
M. Charron: ... de la commission. M. Hardy: Une
recherchiste. M. Charron: Une recherchiste.
M. Hardy: C'est le service du patrimoine, au fond, qui constitue
le support de la Commission des biens culturels. La Commission des biens
culturels fait effectuer ses recherches par le service du patrimoine et, encore
là, peut-être que, théoriquement, il serait souhaitable
d'avoir deux services parallèles. On pourrait comparer des
études. Mais étant donné nos besoins immenses et
étant donné nos ressources financières limitées, je
ne pense pas qu'il soit souhaitable, à ce stade-ci en tout cas, de
constituer une autre équipe de recherche, une autre équipe de
spécialistes parallèle à l'équipe que nous avons
déjà au ministère.
M. Charron: Est-ce qu'il y a eu des modifications dans la
composition de la commission au cours de la dernière année?
M. Hardy: Oui. Il y a M. Raymond Douville qui a été
nommé et M. Jean-Paul Nolet qui représente surtout les
Amérindiens, c'est-à-dire qu'il représente... Il ne les
représente pas comme tels, mais c'est pour apporter à la
commission cette dimension très importante de la conservation des biens
culturels. L'une des raisons qui m'a incité à nommer M. Raymond
Douville, c'est qu'il est un ancien fonctionnaire, un ancien
sous-secrétaire de la province, qui s'est beaucoup
intéressé à l'histoire régionale, c'est un
spécialiste de la région de la Mauricie. Alors, je
considérais qu'il était important qu'en plus des
spécialistes, archéologues, architectes, il y ait des gens qui,
sans être des spécialistes dans le sens fort du mot, soient des
personnes qui se sont intéressées à l'histoire
régionale, qui ont cette préoccupation.
Dans ce sens, je voulais tantôt le dire, compléter ce que
j'avais commencé à dire. Pour pallier l'absence d'inventaire,
chaque fois que j'en ai l'occasion je le fais encore ici je veux
inviter les citoyens, les associations historiques, les différentes
associations d'histoire, les fédérations d'histoire, tous les
gens qui s'intéressent à la conservation des biens, je les invite
à nous signaler les monuments qui ont un intérêt
particulier et, surtout, ceux qui pourraient être menacés à
brève
échéance, de façon que nous puissions intervenir
rapidement malgré l'absence de cet inventaire.
Alors, dans un coin quelconque du Québec, il peut y avoir une
association d'histoire qui s'en préoccupe plus que l'ensemble des
citoyens. Alors, si ces gens apprennent, sur place, qu'un monument est
menacé, je les invite toujours à communiquer avec nous pour que
nous donnions priorité à ce cas.
M. Charron: Je voulais terminer avec cette question, vous y avez
déjà partiellement répondu. L'étude des
crédits de ce programme du ministère des Affaires culturelles a
dénoté, sur une multitude d'actions, sur une multitude de fronts,
c'est normal parce que nous avons un retard à combler, d'une part, et
parce que l'urgence est là plus grande qu'ailleurs... Nous avons eu
l'occasion de le signaler le ministre comme moi, je pense lui et
moi, nous nous sommes réjouis du fait que l'attention de l'opinion
publique pour ce genre de choses avait crû au cours des dernières
années.
Quels sont, effectivement, les moyens dont peut disposer un groupe de
citoyens, sensibilisés à cette question, par exemple pour la
protection d'un monument en particulier, d'un édifice en particulier,
d'un arrondissement en particulier, historique ou naturel, dit naturel aux
termes de la loi 2? Vous dites: Communiquez avec nous. Est-ce que,
effectivement, les citoyens du Québec, préoccupés par ce
genre de choses, peuvent écrire au soin du ministre des Affaires
culturelles et lui signaler les cas?
M. Hardy: Nous recevons à chaque jour, je dirais, et,
évidemment, c'est normal, nous avons même souvent des lettres ou
des... On nous alerte sur des choses plus ou moins valables. Mais, encore une
fois, il est préférable d'en recevoir plus que moins.
Alors, les associations, les individus, les organismes ont ce moyen qui
est le plus simple, le moins dispendieux, c'est tout simplement
d'écrire, de téléphoner ou de communiquer avec nos bureaux
régionaux, qui peuvent transmettre toute demande à la direction
du patrimoine, ou s'adresser directement à la direction du
patrimoine.
Nous avons des programmes c'est à la direction des
archives où nous accordons des subventions à des
sociétés historiques pour des projets particuliers. Alors, si une
société historique a un certain projet de faire un
préinventaire, cela ne pourra peut-être pas avoir la même
rigueur scientifique que ce que nous faisons. Mais comme préinventaire
cela pourra être intéressant; une association historique nous
présente un projet où elle veut faire l'inventaire des immeubles
intéressants dans sa région, et les intéressés
peuvent recevoir une subvention via le programme des subventions
accordées aux sociétés historiques.
Maintenant, il y a des moyens personnels; si une société
historique ou un groupe quelconque a suffisamment de ressources pour pouvoir
acheter un monument, c'est aussi une forme à l'intervention.
M. Charron: D'accord, M. le Président, je suis prêt
à adopter le programme 2, mais je voudrais le faire en joignant tout de
suite mon appréciation du travail fait par M. Junius et ses
collaborateurs à la direction générale de ce
programme.
M. Hardy: Lequel travail ils pourront faire jusqu'à un
certain point avec plus de facilité cette année en ayant une
augmentation de personnel et une augmentation de ressources
financières.
M. Charron: Très bien.
Le Président (M. Pilote): Autres questions sur
l'élément 2 du programme 2? Elément 2, adopté?
Programme 2, adopté. Programme 3: Gestion interne et soutien.
Elément I: Direction et gestion interne.
M. Charron: Cela, c'est la cuisine. Gestion interne
M. Hardy: C'est bien important, la cuisine. Si vous voulez avoir
une bonne table, une bonne salle à manger, il faut avoir une bonne
cuisine. Mais il n'y a pas que la cuisine dans ce programme, il y a les
relations culturelles et le développement régional.
M. Charron: M. le Président, à
l'élément I d'abord, pour ce qui est de la direction et de la
gestion interne du ministère, on a maintes fois signalé la
propension du gouvernement actuel à établir, dans les hauts
niveaux du ministère, une fonction publique dite parallèle, soit
un grand nombre de conseillers spéciaux, d'intervenants spéciaux,
parfois aussi, si on en faisait une étude exhaustive, on pourrait en
démontrer une grande preuve, doublant le travail déjà fait
au niveau traditionnel de la fonction publique et de la structure d'un
ministère; j'aimerais d'abord que le ministre nous présente le
personnel de son cabinet et nous décrive un peu la fonction de chacun;
combien de conseillers a-t-il eus sur certain nombre de sujets; je pense
à M. Gourd sur le cinéma, par exemple...
M. Hardy: C'est-à-dire qu'il faut faire attention aux
titres que les journaux, parfois, donnent...
M. Charron: Bon, c'est peut-être l'occasion...
M. Hardy: Alors, je vais clarifier. Au cabinet, il y a M.
Gérard Lajeunesse qui est directeur de cabinet; il est là depuis
ma nomination et il était d'ailleurs avec moi lorsque j'étais
vice-président de l'Assemblée nationale; il y a également
M. Denis Turcotte qui est secrétaire particulier adjoint; M.
André Houle qui est secrétaire particulier adjoint et qui est
surtout responsable du comté; M. André Gourd qui a le titre de
secrétaire particulier adjoint même si, depuis son arrivé
au cabinet, il s'est presque exclusivement occupé de cinéma.
C'est la raison pour laquelle il est devenu... on l'a appelé conseiller
spécial en matière de cinéma;
dans les faits, c'est un peu cela, mais sur le plan budgétaire,
c'est un secrétaire particulier adjoint, il ne prenait pas la place de
personne d'autre.
Il y a présentement même un poste de secrétaire
particulier adjoint qui est vacant, selon les postes normaux. Alors, M.
Lajeunesse, comme directeur de cabinet, évidemment, voit à la
coordination générale du travail du cabinet, il a certains
dossiers particuliers, entre autres c'est lui qui s'occupe du secteur des arts
d'interprétation et du développement culturel
régional.
M. Turcotte s'intéresse plus particulièrement au
patrimoine, aux relations culturelles; en fait, dans mon cabinet, les
directeurs de cabinet et les secrétaires particuliers adjoints se
répartissent chacun les différents secteurs du ministère
pour aider le ministre à être en communication avec ces
différents secteurs du ministère.
M. Charron: Est-ce qu'il n'y a pas des endroits où cela
vous paraît comme un simple et pur doublage de ce qui est
déjà...
M. Hardy: Non, cela dépend évidemment de la
conception que l'on se fait. Mais si un ministre veut vraiment assumer
totalement ses responsabilités de ministre, c'est-à-dire s'il
veut vraiment savoir ce qui se fait dans son ministère et surtout s'il
veut avoir tous les aspects d'un dossier, parce que, dans tout dossier, il y a
un aspect strictement technique et il y a aussi un aspect politique, et
j'emploie le mot "politique" dans son sens le plus complet, parce que le
ministre est un homme politique, bien sûr, il est appelé à
administrer un ministère, mais il est aussi un homme politique. Sinon on
pourrait tout remettre aux sous-ministres. Alors, pour que le ministre puisse
avoir d'une part l'aspect technique d'un dossier, ce sont les fonctionnaires
qui le font, c'est leur rôle. Mais il est aussi important que le ministre
ait des conseillers politiques pour faire valoir l'aspect politique et, entre
autres, toutes les relations du ministre avec les députés. Moi,
je prétends donc que ces relations doivent se faire surtout par son
cabinet.
Je pense qu'il n'est pas tout à fait souhaitable que les
fonctionnaires soient constamment obligés d'être en rapport avec
les députés. Cela les place dans une situation extrêmement
difficile. Donc, les fonctionnaires peuvent faire d'une façon
intégrale, tel que leur conscience et leurs connaissances le leur
dictent, leur travail de technocrates, de fonctionnaires, et l'aspect politique
est laissé au ministre et à ceux qui l'entourent d'une
façon immédiate.
Il n'y a pas de double emploi. Encore une fois, le personnel du cabinet
d'un ministre, et j'imagine que ça doit être je n'ai jamais
eu l'expérience dans d'autres ministères la même
chose dans tous les cabinets, le directeur de cabinet et les secrétaires
particuliers adjoints je vous ferai remarquer qu'il n'y a pas
d'exagération en ce qui concerne le ministère des Affaires
culturelles sont là pour aider le ministre à être
présent. Le ministre ne peut pas assister, par exemple, à toutes
les réunions qui peuvent se tenir; il est donc important que quelqu'un
de son cabinet y assiste pour lui donner une dimension que peut-être un
fonctionnaire, de par sa formation ou de par ses fonctions, ne pourrait pas
donner à un ministre.
Evidemment, si le cabinet devenait aussi important en personnel que le
ministère, je serais d'accord avec le député de
Saint-Jacques; mais quand on a un ministère où il y a
au-delà de 900 fonctionnaires et quand le cabinet du ministre compte,
comme je l'ai dit tantôt, un directeur de cabinet et trois
secrétaires particuliers adjoints, dont un est plus
particulièrement responsable du comté, parler de doublage ou de
fonctions parallèles, je pense que ce serait un peu
exagéré.
M. Charron: II reste que l'argumentation théorique que
vous soutenez se soutient bien sur le plan, disons, si on s'en tenait aux
organigrammes ou aux définitions théoriques mais, dans
l'administration pratique, et surtout l'établissement pratique de
décisions politiques, il peut y avoir une distinction qui soit
défavorable à l'ensemble du tableau. Prenons la rédaction
d'une loi aussi importante que celle que nous serons bientôt
appelés à voter à l'Assemblée, celle sur le
cinéma. L'arrivée d'un personnel politique à la direction
des consultations auprès d'un milieu déjà en place et qui
est habitué à fonctionner avec le ministère des Affaires
culturelles par les fonctionnaires déjà en place, crée un
nouveau type de relations à l'intérieur et dans le partage des
responsabilités entre autres. Cela aura certainement pour effet aussi,
je me le demande, de confier parfois la gestion et la direction d'un important
dossier que le ministre aura à piloter, et par la suite, lorsque
sa décision sera prise à un personnel, je dirais,
peut-être extrêmement bien qualifié, là n'est pas la
question, mais qui, sur le sujet, improvisera par rapport à ceux qui
oeuvrent habituellement dans le programme 6 de ce ministère qui
s'appelle le cinéma et l'audio-visuel, peut être un doublage et un
service.
M. Hardy: Evidemment, vous m'entraînez sur un terrain
délicat, mais je ne refuse pas, parce que je pense que les questions que
vous posez sont valables. Il y a quand même un fait que vous
reconnaissez, et loin de moi... Je voudrais être bien clair, ce n'est pas
un blâme que je voudrais faire aux fonctionnaires qui ont oeuvré
dans ce dossier particulier, parce que là, on devance un peu, vous
abordez le dossier 6... Mais puisque c'est relié à mon cabinet,
je n'ai aucune objection.
Il y a quand même une situation de fait, c'est que, bien
sûr, c'est vrai que des gens peuvent être spécialistes et
c'est là qu'intervient, jusqu'à un certain point, l'aspect
politique de toute décision gouvernementale. Quand je suis arrivé
au ministère et je vais vous répéter ce que j'ai
dit à maintes reprises j'étais face à un dossier
extrêmement volumineux où il y avait des écoles très
différentes chez les fonctionnaires.
Il y avait au sein de la fonction publique du ministère des
Affaires culturelles, chez les fonctionnaires, deux écoles que je dirais
presque diamétralement opposées, une école qui voulait que
tout soit confié à une direction générale, et
une
autre école qui voulait que l'institut devienne en quelque sorte
un petit ministère. C'est la situation devant laquelle le ministre
était placé.
Or, que faire, essayer de reconcilier les deux écoles, quand des
gens ont travaillé pendant plusieurs années, ont acquis une
conviction très profonde? Cela n'est pas facile de faire machine
arrière. Or, la solution que j'ai trouvée, c'est d'aller chercher
quelqu'un, une personnalité très compétente par
elle-même, une personne qui n'arrivait avec absolument aucun
préjugé, qui était absolument au neutre vis-à-vis
de cette question, qui pouvait se plonger, faire la synthèse et c'est ce
qui a donné la loi que l'on a actuellement.
Bien sûr nous aurons l'occasion, dans quelques jours, de dire ce
qui est mauvais dans cette loi, donc, de ce qui est mauvais dans ce qui m'a
été suggéré, mais il reste quand même un
fait, c'est qu'on n'était pas parvenu, au cours de douze ans, à
aller jusqu'à la rédaction d'une loi, à faire approuver
une loi par le cabinet.
Or, avec la méthode que j'ai utilisée, j'ai
présentement un texte de loi qui a été approuvé par
le cabinet et qui est encore en discussion. Vous avez discuté, hier, je
discute depuis le dépôt de cette loi, puis on avait discuté
avant, mais, au moins, on a quelque chose. Alors, je ne prétends pas,
à partir de cette expérience bien précise, que non
seulement, à mon avis, ça ne contredit pas la
nécessité, parfois pour un ministre, d'aller chercher des gens de
l'extérieur, mais, à mon sens, cela corrobore cette
hypothèse.
M. Charron: Allons plus loin, M. le Président.
M. Hardy: Que cela pose des problèmes avec le milieu,
c'est bien sûr que, si des gens sont habitués, depuis douze ans,
à parler avec quelqu'un, tout à coup, un bon jour, ils
décident qu'ils sont obligés de parler avec un autre, il y a des
périodes d'ajustement, c'est une question humaine. Cela, je ne pense pas
que ce soit assez grave pour mettre de côté le principe.
M. Charron: M. le Président, sans m'éloigner du
sujet, je veux quand même dire que la remarque que j'ai l'intention de
faire ne s'applique pas au ministère des Affaires culturelles comme tel,
mais puisque le ministre vient de participer à ce débat, je vais
dire plus loin ce que je pense. Dans l'ensemble du Québec et
c'est constaté partout, on l'a signalé on ressent un
essoufflement de la productivité de la haute fonction publique
québécoise.
Nous ne sommes pas certains que cette haute fonction publique
québécoise se soit essoufflée par elle-même. Nous
croyons qu'elle compte encore des hommes et des femmes de qualité,
d'expérience, propres à produire, à sortir encore beaucoup
de créativité au service de la collectivité
québécoise. Mais l'impression est d'un capuchon quelque part,
lequel capuchon est nécessairement politique, politique par le cabinet
et politique aussi, par les aides et les appuis que ce cabinet se donne pour
être éminemment et constamment présent comme gestion
politique d'intervention dans tout ce qui s'échaffaude comme
étude, comme projet, comme recherche à l'intérieur des
ministères.
En gros, ce qui peut bien se produire... Je pourrais donner un exemple
d'une toute petite administration à laquelle j'ai eu l'occasion de
participer mais où le problème avait déjà
été soulevé. Je n'ai jamais été ministre et
probablement qu'on aimerait dire, autour de la table, que je ne le serai jamais
non plus; ce n'est pas cela...
M. Hardy: Vous êtes tellement bon dans l'Opposition.
M. Charron: ...qui est important. Au chapitre de
l'administration, quand des gens responsables, payés par les
contribuables québécois, qui ont passé l'épreuve
d'un concours, qui ont produit, qui sont installés, qui sont
arrivés, sans aucun favoritisme, à la place qu'ils occupent, ont
l'impression, lorsque le ministre s'entoure d'un cabinet superconseillé,
d'être délaissés, d'être un peu moins importants
qu'auparavant, dans la direction et la participation qu'ils peuvent avoir aux
décisions qu'aura à prendre le ministre...
Plus que cela cela a déjà été
signalé mais, encore une fois, cela ne s'applique pas à ce
ministère en particulier, cela peut ou cela ne le peut pas, ce n'est pas
le procès du ministère des Affaires culturelles que je fais
actuellement on a l'impression d'être éminemment
surveillé par cette espèce, j'emploie le mot qui est
peut-être péjoratif, de "legmen" que peuvent devenir les
secrétaires particuliers adjoints et la multitude de conseillers
spéciaux dont peut s'entourer le ministre. On a l'impression de
travailler, même si on est dans la direction générale d'une
branche dans un ministère, d'être en liberté
surveillée, et finalement, quelles que soient vos recommandations, c'est
bien ce que voudra prendre le conseiller spécial du ministre de vos
recommandations pour les amener sur sa table et on sait que ce personnage vient
avec une vision politique bien à lui, qui est celle du ministre. Le
ministre ne l'aurait pas choisi s'il n'avait pas sa vision politique. Autrement
dit, il n'a pas le loisir d'apporter, de développer, lui-même,
face à son ministre titulaire qu'il respecte, l'ensemble des
orientations que son expérience et sa compétence professionnelle
lui permettraient de lui suggérer parce qu'il y a un filtre entre le
ministre et le ministère qui est tout à l'avantage du ministre
je comprends très bien le ministre de le défendre
mais qui n'est pas nécessairement à l'avantage de la fonction
publique, encore une fois, que nous payons par l'entremise d'un bon nombre de
crédits que nous sommes appelés à voter aujourd'hui. Je
dis nous, les Québécois.
C'est dans ce sens que cela me paraît plus... On peut identifier
parfois dans d'autres ministères, c'est même plus
évident, probablement, que dans celui qui est là, mais cela
n'écarte pas celui qui est là que la clique qui entoure le
ministre, extrêmement politique, qui adopte les préoccupations du
ministre quant à la retombée...
M. Hardy: Le mot "clique" n'est pas juste.
M. Charron: Le mot "clique" n'est pas juste. J'emploie des mots
qui dépassent peut-être...
M. Hardy: Votre pensée.
M. Charron: Non, pas ma pensée, mais le sens réel
du phénomène. Employer le mot "clique" veut nécessairement
dire un ministère en état de conflit ouvert entre un personnel
politique et le personnel technocratique.
M. Hardy: Le mot "clique" contient un autre aspect.
M. Charron: Vous avez déjà eu des mots beaucoup
moins agréables à mon endroit à l'Assemblée
nationale. Vous me permettrez d'employer celui-là.
M. Hardy: Ce n'est pas à mon endroit que vous
l'employez.
M. Charron: II veut simplement dire que s'établit un
climat, à l'intérieur d'un ministère, qui ne va pas dans
tous les sens de la productivité qu'on lui espère. Si j'ai
posé cette question du cabinet, et de cette propension cela
était indéniable qu'ont eue les membres de ce gouvernement
à se doter de ce qui a été appelé ailleurs une
fonction publique parallèle, c'est un phénomène
indéniable, accru depuis 1973, qui est peut-être la
répercussion administrative très directe de ce qui a
été maintes fois exprimé au niveau politique, à
l'intérieur du parti qui forme le gouvernement actuel,
c'est-à-dire une méfiance à l'endroit de la haute fonction
publique.
Je n'ai qu'à vous signaler bon nombre de résolutions. Il
n'y a pas un congrès régional de ce parti, en face de moi, qui
n'a pas eu, à l'occasion, un vote de blâme, déguisé
ou très clair, à l'endroit de la haute fonction publique. Le plus
haut conseiller spécial de ce gouvernement, à une époque,
a même dit devant une commission d'enquête que la méfiance
était à ce point tel qu'il avait été jugé
bon d'ériger le système que vous connaissez.
M. Hardy: Avez-vous lu le rapport?
M. Charron: Non, mais j'ai vu son témoignage, c'est
ça qui est important. Si lui-même, le plus haut conseiller
spécial, celui du premier ministre, autrement dit, endosse cette
méfiance que les militants de son parti signalent de congrès en
congrès, on peut y voir une répercussion administrative dans
cette espèce de personnel parallèle.
Je n'ai pas voulu envenimer le débat en signalant cette
inquiétude parce que je crois... Que le ministre s'entoure d'un
personnel politique, là n'est pas la question, mais que cela
entraîne une perte de confiance, une démobilisation des hauts
fonctionnaires parce qu'ils se sentent relégués certains
mémoires sont aux tablettes, certains fonctionnaires peuvent être
aux oubliettes qu'ils se sentent moins productifs, moins
concernés dans l'orientation du ministère, cela a certainement
des effets.
Cette inquiétude légitime, je me sentais le droit de la
déposer sur la table, ce matin, dans l'étude de ce programme.
M. Hardy: M. le Président, le député de
Saint-Jacques et je regrette que même les crédits ne nous
donnent pas tout le temps nécessaire à l'examen d'un tel
problème vient, à mon sens, de soulever un des
problèmes essentiels de l'administration publique moderne.
C'est-à-dire ce contrepoids qui doit exister entre l'autorité
politique et ce que l'on appelle la technocratie.
Le député de Saint-Jacques a fait allusion à des
résolutions adoptées au cours de congrès du parti
politique auquel j'appartiens, où on dénonce les technocrates. Il
a fait allusion au conseiller spécial du premier ministre.
Je voudrais rappeler au député de Saint-Jacques que,
très souvent, son propre parti je ne sais pas si c'est à
l'occasion de congrès, je n'ai pas encore été
invité à titre d'observateur, ce que je ne détesterais
pas, mais je lis les comptes rendus dans les journaux a
dénoncé, même des députés, de vos
collègues je ne sais pas si c'est vous-même, je pense que
oui dans le cas des affaires sociales vous avez dénoncé,
pas vous, mais il y a de vos collègues, des décisions de
technocrates. Vous vous en êtes pris, vous avez considéré
que des décisions... Même actuellement, c'est encore plus grave
que de dénoncer des technocrates. Votre parti, en particulier dans ma
région, a dénoncé, avec véhémence, le
rapport d'une commission indépendante, formée de deux juges et
d'un très haut fonctionnaire, le directeur de la
bibliothèque.
Je pense que, d'une façon générale c'est
normal parce que, dans la fonction publique, les technocrates, dans une
société moderne, ont plus de plus en plus d'importance, de
pouvoir il y a des critiques. Il ne sert à rien de se mettre la
tête dans le sable, de faire l'autruche. Je suis sûr que le
député de Saint-Jacques, qui fait du bureau, doit sûrement,
chaque semaine, recevoir des gens qui se plaignent de décisions
administratives ou qui se plaignent parfois de la façon avec laquelle
les fonctionnaires les reçoivent, à quelque échelon que ce
soit.
Cela est l'aspect immédiat. Mais, plus profondément que
ça c'est par cela que j'ai commencé mon intervention
il y a le problème fondamental de l'équilibre entre le
pouvoir politique et le pouvoir technocratique. De plus en plus, des gens
constatent, pas seulement des militants libéraux ou des citoyens, mais
des observateurs de la scène politique, que le pouvoir technocratique
prend de plus en plus d'importance et éloigne le pouvoir politique.
S'il y a des gens pour s'en rendre compte, ce sont les
députés ministériels, qui ont entre les mains,
théoriquement c'est-à-dire pas seulement les
députés ministériels, mais tous les députés
dans notre système, le pouvoir absolu, le pouvoir souverain. Ce
sont eux, après le peuple, qui sont les grands patrons dans une
démocratie.
Or, je pense que chaque député constate quotidiennement
que ce grand principe de la souveraineté du corps auquel il appartient
n'est pas si forte que ça dans la pratique quotidienne, qu'un
fonctionnaire, parfois, à un échelon très
inférieur, a plus de pouvoirs qu'un député. Cela se
constate.
Je n'appartiens pas à cette école qui voudrait revenir
à ce qui était antérieurement, que ce soit le
député qui décide où on construit l'école,
où on construit la route, que tout se fasse à partir de la
volonté du député. Dans une société moderne,
cela ne peut pas se faire de cette façon.
Mais il faut rétablir un équilibre.
Pour revenir au problème précis que le
député a soulevé, c'est-à-dire l'entourage d'un
ministre en regard de la fonction publique, je regrette, mais tant et aussi
longtemps que moi j'appartiendrai à un gouvernement dans le
système qui est le nôtre, un ministre ne doit pas se contenter
simplement d'être un estampilleur, malgré toute la confiance,
toute la compétence qu'il peut avoir à l'endroit de ses
fonctionnaires. Quand un fonctionnaire remet un document, quel qu'il soit, le
ministre doit être en mesure de l'étudier sur le plan technique,
mais aussi sur le plan politique. Et surtout, un-ministre doit être en
mesure de se demander en face de ce document ou des conclusions auxquelles ce
document arrive, quelle est la volonté populaire ou quelle sera la
réaction des gens qu'il représente ou les gens devant qui il est
comptable.
Le ministre n'est pas responsable devant ses fonctionnaires, il est
responsable devant le Parlement, devant l'opinion publique et, aux prochaines
élections et, même entre-temps, pendant un mandat, ce ne sont pas
les fonctionnaires qui sont appelés normalement à aller
défendre les politiques devant la population, c'est le ministre. Et
ça va tellement loin que même si, à un moment donné,
un fonctionnaire fait des erreurs ou recommande des choses et que le ministre
les approuve les yeux fermés, il ne peut pas, après ça,
aller devant l'opinion publique et dire: Ah bien! Mesdames, messieurs, ce n'est
pas ma faute, c'est tel fonctionnaire qui m'a dit de faire ça ou qui m'a
recommandé de faire ça. Le ministre a à assumer sa
responsabilité et il doit l'assumer jusqu'au bout.
Alors, si ce principe est vrai, si le ministre doit assumer sa
responsabilité jusqu'au bout, même quand il se trompe, de bonne
foi, en suivant la recommandation d'un fonctionnaire, un ministre doit
être en mesure, et je n'emploie pas le mot dans son sens
péjoratif, de pouvoir exercer un esprit critique sur chaque
recommandation que lui font ses fonctionnaires. Les fonctionnaires, s'ils
comprennent bien notre système, ne doivent pas considérer cette
intervention ou cette attitude du ministre comme un découragement, comme
le député de Saint-Jacques l'a laissé un peu entendre; ils
doivent, dans notre système, exploiter au maximum leurs talents, leur
compétence dans un secteur donné, et ne doivent même pas se
demander je l'ai dit souvent aux fonctionnaires si telle
recommandation va plaire ou ne va pas plaire au ministre. Ce n'est pas leur
préoccupation, ils doivent faire la recommandation qu'ils
considè- rent la meilleure dans tel dossier donné au ministre sur
le plan technique. Mais, par la suite, la décision, le ministre doit la
prendre, et s'il ne retient pas du tout la recommandation du fonctionnaire ou
s'il ne la retient qu'en partie, ceci ne doit pas être perçu par
le fonctionnaire ou par le groupe de fonctionnaires concernés comme un
vote de non-confiance. Ils doivent tout simplement dire: Voici, nous avons
recommandé telle chose au ministre. C'est lui qui doit décider en
dernier ressort, c'est lui qui est responsable devant l'opinion publique, il a
pris sa décision; s'il s'est trompé, tant pis pour lui et, pour
aider le ministre à prendre ses décisions, il a besoin d'un
personnel autour de lui. Je pense, M. le Président, que si chacun
comprend bien sa fonction, si chacun accepte de demeurer dans les limites de sa
fonction, il n'y a pas d'inconvénient possible. Si les fonctionnaires
acceptent d'être de bons fonctionnaires et si les hommes politiques
acceptent de jouer leur rôle, d'être de bons hommes politiques, on
peut très bien concilier les deux fonctions pour le bien de l'ensemble
de la collectivité.
M. Charron: M. le Président, j'ajoute une seule note
à cela, c'est que je n'ai pas voulu prétendre que les
fonctionnaires n'ont pas à respecter l'autorité du ministre,
parce qu'effectivement c'est le ministre qui a été élu
d'abord, c'est lui qui est membre d'un gouvernement qui a été
élu également et c'est lui qui a à défendre
quotidiennement les politiques là-dessus.
Autrement dit, je ne pense pas que les hauts fonctionnaires de quelque
ministère que nous puissions parler, de celui-ci comme des autres, n'ont
pas à respecter l'autorité du ministre, mais je dis que
l'autorité a à se rendre respectable. Je pense que si, à
la recommandation d'un haut fonctionnaire, par exemple, qui peut être
faite au ministre, le ministre dit: Je n'ai pas l'intention de retenir cette
recommandation parce que son jugement à lui est autre, différent,
si le haut fonctionnaire connaît le cheminement ou est au courant du
cheminement que le ministre vient de faire pour refuser sa recommandation, je
ne pense pas que ça le découragera de retourner avec un refus
quant à la recommandation qu'il a faite.
Encore faut-il que l'autorité ministérielle, je le dis
encore, se soit rendue respectable, autrement dit, qu'il y ait eu, dès
l'origine du travail qui a conduit le fonctionnaire à faire cette
recommandation, une confiance nette et établie, de sorte qu'il ne se
sente pas démuni par le refus d'une recommandation d'une confiance qu'il
savait avoir dès le début et qu'il n'avait plus à la
fin.
Mais j'aime beaucoup que vous rappeliez que c'est le ministre qui est
responsable face à l'opinion publique, que c'est lui qui doit
défendre sa décision.
Pas plus tard que dimanche après-midi, j'ai assisté
à une rencontre où deux députés ministériels
ont violemment accusé les technocrates d'un autre ministère d'une
décision qui a été prise. Or, c'est tout à
l'encontre de votre théorie. C'est le ministre qui a accepté les
recommandations du
technocrate ou qui ne les a pas acceptées. C'est dans ce .sens
que c'est bien important de se doter de technocrates, mais, par exemple, si le
ministre des Affaires sociales, celui dont on parle, avait vu que la
recommandation d'un technocrate allait conduire tel quartier de la ville de
Montréal je n'ai pas à faire le cas ici à
être privé d'un service social indispensable, il aurait dit non
à un technocrate. Le technocrate, sachant qu'il a la confiance du
ministre, aurait compris le raisonnement du ministre, mais le ministre l'a
endossé, probablement parce que celui dont on parle est plus technocrate
que ses technocrates eux-mêmes. Mais, peu importe, il...
M. Caron: Je vous endosse, moi, parce que c'est le cas.
M. Charron: Mais il ne faut pas tirer à boulet rouge,
c'est le cas de le dire, sur les...
Le Président (M. Pilote): J'espère, messieurs,
qu'on va conclure le plus rapidement possible là-dessus. On est
actuellement...
M. Hardy: C'est bon.
Le Président (M. Pilote): C'est bon, mais c'est en
dehors...
M. Caron: C'est intéressant.
M. Hardy: M. le Président, j'invoque le règlement.
Je trouve...
Le Président (M. Pilote): II n'y a pas question de
règlement.
M. Hardy: Je l'invoque, parce que je prétends que si
jamais le député de Saint-Jacques a été dans
l'ordre, c'est bien en soulevant cette question. C'est l'essence
même.
Le Président (M. Pilote): Actuellement...
M. Hardy: On discute du programme qui concerne le rôle du
cabinet du ministre.
M. Charron: La direction...
M. Hardy: Cela pose tout le problème de l'équilibre
entre le pouvoir politique et le pouvoir technocratique. Je considère,
M. le Président, que le député de Saint-Jacques
était tout à fait dans l'ordre en soulevant cette question et je
le remercie de l'avoir soulevée parce que cela donne lieu à un
excellent débat.
Le Président (M. Pilote): ...Je considère le
débat excellent, mais je considère également qu'on
amène des exemples d'autres ministères ou de séances
publiques et c'est en dehors des crédits du ministère...
M. Hardy: II s'agit ici de la culture, c'est normal.
Le Président (M. Pilote): ...des Affaires culturelles.
M. Charron: Je peux ajouter une seule chose M. le
Président, par rapport à mon engagement à moi, aussi
partielles que soient mes responsabilités, par rapport à celui
qui est en face de moi, je ne suis aucunement administrateur de fonds publics,
j'essaie d'y participer du mieux que je peux dans les commissions où je
siège, mais j'ai quand même, disons, face à un
comté, face à des militants d'un parti, par exemple, auquel
j'appartiens, des décisions à prendre. Ces décisions me
sont souvent recommandées à partir de gens en qui j'ai
extrêmement confiance. Prenons, sous le thème d'un parti, les
principaux militants de mon parti, bon.
M. Hardy: C'est un personnel politique.
M. Charron: Oui, c'est un personnel politique, mais ce sont aussi
des gens que je n'ai pas immédiatement choisis. Quand je suis
arrivé dans ce comté, ils étaient déjà des
militants en place et travaillaient très activement dans un coin. J'ai
dû donc les respecter forcément à cause de leurs
qualités, à cause de leur travail. Encore une fois, la
comparaison est boiteuse, mais je veux simplement dire que, quand je prends une
décision qui m'a été recommandée par des gens qui
sont très technocratiques comme approche, je considère que c'est
moi qui ai à la défendre. Jamais, lorsque la décision se
révèle malheureuse heureusement, je n'en ai pas eu trop
encore dans ma vie politique mais j'en ai eu je n'ai l'intention de dire
qu'elle m'a été faussement recommandée par quelqu'un ou
que ce sont les maudits technocrates qui m'ont suggéré cela et
que moi je n'y suis pour rien. Ce n'est pas vrai, je prends le blâme.
Sauf que je vais aller retrouver le gars en question qui m'a recommandé
cela et je vais lui dire: On s'est fourré en maudit cette
fois-là, par exemple. Mais c'est moi qui prends le blâme, parce
que c'est moi, je dois vous le dire, dans la toute partielle autorité et
responsabilité que j'ai, la décision finale, c'est toujours moi
qui la prends. C'est pour cela que je ne laisse jamais porter le blâme
par d'autres.
M. Hardy: Le député de Saint-Jacques a
soulevé deux points que je trouve intéressants; il a dit que
quand le ministre n'accepte pas une recommandation, il doit faire part au
fonctionnaire concerné du cheminement de sa pensée. C'est vrai,
mais en partie seulement parce que, justement, il y a dans le cheminement de la
pensée d'un homme politique certains éléments qui ne
regardent pas le fonctionnaire et auxquels même, peut-être, le
fonctionnaire serait mal à l'aise d'être associé. Encore
une fois, cela peut être pour des raisons d'opportunité, on peut
retarder une décision pour des raisons d'opportunité et cela ce
n'est pas nécessairement la responsabilité du fonctionnaire.
Donc, que les échanges soient aussi francs que possible, entre un
ministre et ses fonctionnai-
res, je suis bien d'accord; mais je pense qu'un ministre ne peut pas
tout dire à un fonctionnaire. Il y a l'autre aspect où je suis
tout à fait d'accord avec le député de Saint-Jacques,
c'est que bien sûr un ministre doit commander la
respectabilité.
Si un ministre se conduit comme un parfait irresponsable, s'il prend des
décisions tout à fait farfelues, j'imagine bien que les gens qui
travaillent dans son ministère doivent se sentir malheureux. C'est
évident; mais encore là, cette "irresponsabilité" qu'un
ministre pourrait manifester, c'est la Chambre qui doit le juger et c'est
finalement l'opinion publique.
Maintenant, je reconnais bien que ça ne doit pas être gai,
que ça ne doit pas être drôle de travailler comme
fonctionnaire dans un ministère, si le ministre se conduit d'une
façon irresponsable. Donc je suis bien d'accord que cela doit être
l'idéal de tout ministre, de tâcher d'avoir une conduite aussi
cohérente, rigoureuse et responsable que possible.
M. Charron: Revenons à nos moutons très
particuliers, est-ce que M. Jean-Noël Tremblay est toujours à
l'emploi du ministère des Affaires culturelles?
M. Hardy: Non, vous savez très bien que M. Jean-Noël
Tremblay nous a quittés pour un monde meilleur.
M. Bérard: Ce qui veut dire que le ministère des
Affaires culturelles peut mener à des vocations religieuses.
M. Hardy: Bien oui, c'est-à-dire que je pourrai
peut-être dire à la fin de ma vie, que j'ai contribué
à assurer le recrutement sacerdotal à une époque où
la crise des vocations était particulièrement grave au
Québec.
M. Charron: Je pense que mon collègue de Chicoutimi a fait
plus dans ce sens que vous. Quel est le montant du salaire qui lui a
été versé à cet éminent prélat au
cours de l'année 1974/75?
M. Hardy: C'est-à-dire, il était payé sur
une base de $20,000 par année et il l'a été du mois
d'avril au mois d'octobre.
M. Charron: Cela veut dire, combien? A peu près la
moitié.
Est-ce que l'étude sur la musique pour laquelle il a
été si brillamment mandaté a été
complétée?
M. Hardy: C'est-à-dire que, quant à l'étude,
il n'y a pas eu de production de documents comme tels; mais le projet que je
lui avais demandé d'examiner, les conclusions se sont
révélées négatives, c'est-à-dire la mise sur
pied d'un orchestre en collaboration avec le ministère du Travail pour
assurer du travail à des...
M. Charron: Diplômés de conversatoire.
M. Hardy: ...diplômés de conservatoire qui
étaient en chômage; cela est apparu négatif à ce
stade-là. Si M. Tremblay avait continué à nous assurer ses
excellents services plutôt que de décider de se consacrer à
la théologie, peut-être qu'il aurait pu nous suggérer
d'autres formules pour atteindre les mêmes objectifs, mais
malheureusement pour le ministère et heureusement pour l'Eglise, M.
Tremblay nous a quittés.
M. Charron: Or, cette étude a été
inutile?
M. Hardy: Elle n'a pas été inutile,
c'est-à-dire que le tout avait commencé avec une proposition du
ministre du Travail. C'est le ministre du Travail qui m'avait fait cette
suggestion et, à partir de cette proposition du ministre du Travail,
j'avais confié à M. Tremblay d'explorer cette question. Alors on
sait, en tout cas, cela n'a pas été inutile, cela nous a
démontré que c'était négatif, alors ce n'est pas
inutile.
M. Charron: Cela a coûté $10,000 pour les services
qu'il avait rendus jusqu'en octobre 1973. C'était pas mal.
M. Hardy: De quels services parlez-vous?
M. Charron: Vous savez très bien desquels je veux
parler.
M. Hardy: Faire élire le député de
Chicoutimi? Vous considérez que c'est un service?
M. Charron: Cela en a été un sûrement. Lui
nous en a rendu un à ce moment-là.
M. Hardy: J'espère que le député de
Chicoutimi rendra de meilleurs services à l'Eglise qu'il en a rendus
à notre parti, parce que justement il a contribué à faire
élire un député péquiste à
l'Assemblée nationale, ce qui n'est bon ni pour notre parti, ni pour
l'ensemble de la province.
M. Charron: Est-ce que je peux vous demander... d'accord sur
l'élément 1, M. le Président.
Le Président (M. Pilote): Elément 2: Relations
culturelles.
Relations culturelles
M. Charron: Une question très générale pour
aborder cet élément 2.
Que s'est-il fait et qu'entend-on faire au chapitre des relations
culturelles dont est responsable le ministère des Affaires culturelles
cette année?
M. Hardy: D'abord, disons que la direction des relations
culturelles s'adresse d'abord à la coopération internationale et,
dans le domaine de la coopération internationale, il y a l'aspect
principal, c'est l'entente que nous avons, que le Québec a avec la
France, entente qui est administrée par une commission conjointe qui se
réunit deux fois par année.
Elle s'est réunie l'automne dernier, ici à Québec,
elle se réunira de nouveau... Les gens de Paris viennent encore ici. Je
m'excuse, je pensais que les réunions s'alternaient, ce sont les
années qui alternent. Il y aura de nouveau une réunion de cette
commission conjointe d'ici quelques jours, à Québec, et c'est au
cours de ces réunions de la commission conjointe qu'on prépare le
programme d'échanges entre le Québec et la France.
Nous espérons toujours qu'il y aura possibilité
d'appliquer, avec une formule quelconque que le ministère des Affaires
intergouvernementales est en train d'étudier, une formule pour avoir des
relations plus institutionnalisées, des échanges culturels plus
institutionnalisés avec la Belgique. Nous songeons également
à des relations avec d'autres pays, entre autres les pays d'Europe
centrale, la Roumanie, etc. Il y a également un autre secteur important
de cette direction, c'est le Canada français. Nous avons continué
les programmes en cours, sauf que nous avons décidé, cette
année, de réexaminer notre intervention vis-à-vis du
Canada français, les francophones vivant à l'extérieur du
Québec.
Vous savez comme moi, et le parti auquel appartient le
député de Saint-Jacques n'est pas étranger à cette
conception, qu'il y a, depuis quelques années, un certain mouvement au
Québec qui prétend que les minorités francophones à
l'extérieur du Québec, de toute façon, c'est appelé
à disparaître; tôt ou tard, il n'existera plus de culture
française à l'extérieur des frontières du
Québec. Cette mentalité a peut-être, jusqu'à un
certain point, influencé l'attitude du ministère,
c'est-à-dire qu'on n'a peut-être pas développé tout
le dynamisme ou tous les programmes que l'on aurait pu développer
à l'endroit des francophones.
Personnellement, je crois que, si nous devons avoir, si le Québec
doit avoir des échanges culturels avec l'extérieur, il doit en
avoir d'abord avec les francophones vivant à proximité,
c'est-à-dire ceux vivant dans la fédération canadienne,
à laquelle nous appartenons toujours, et même avec ceux qui sont
nos voisins immédiats, aux Etats-Unis. Dans le but de relancer, en
quelque sorte, nos programmes avec les francophones du Canada, nous avons
convoqué, l'automne dernier, les représentants des
différentes associations et nous leur avons demandé quelle sorte,
quel genre d'interventions ils espèrent obtenir du Québec. C'est
à partir de ces échanges que nous pensons préparer de
nouvelles formules ou un nouveau programme d'interventions.
Il y a, enfin, à cette direction des relations, tout le domaine
du contentieux fédéral-provincial. Il y a des montants
prévus, comme je l'avais mentionné au début de
l'étude des crédits, de $55,000 appliqués strictement pour
continuer à préparer le dossier afin d'en arriver à
engager des négociations avec le gouvernement fédéral,
avec l'objectif que j'ai mentionné déjà,
c'est-à-dire que le Québec devienne le seul maître-d'oeuvre
de la politique culturelle au Québec.
Parmi les grandes réalisations, évidemment, je pourrais
peut-être énumérer une longue liste de nos interventions
aussi bien au Canada français... Je pense que ce serait peut-être
fastidieux de tout énumérer. Avec l'extérieur, je pense
que la grande manifestation a été l'exposition Jean-Paul Lemieux
qui a été présentée dans plusieurs pays, la Russie,
la France, la Belgique, même à deux endroits en Russie. Cette
exposition, selon les commentaires que nous avons reçus, en particulier
en Russie, a obtenu un succès extraordinaire. On me disait que les gens
faisaient la file pour aller voir cette exposition de Jean-Paul Lemieux en
Russie.
Au point de vue du budget, cela ne prend pas une très grande
importance. Cela devrait démontrer jusqu'à quel point... Ce
serait peut-être un symbole, pas un exemple, qui démontre comment,
aux Affaires culturelles, nous ne tenons pas compte des idéologies
politiques, ce qui m'a d'ailleurs valu beaucoup de critiques de certains
milieux. Nous avons accordé une subvention à Mme Pauline Julien
pour une tournée en Italie, ce qui m'a valu des lettres de personnes qui
me disaient: On ne vous a pas élu pour encourager les
séparatistes. Inlassablement, j'ai répondu à ces personnes
que, même si je ne partageais pas loin de là les
idéologies politiques de Mme Julien, je considérais que, sur le
plan artistique, elle était très représentative d'une
facette de la culture québécoise et qu'il était valable,
si nous devions avoir des échanges culturels avec l'extérieur,
qu'une dame comme Mme Julien puisse obtenir des subventions du
ministère. Vous n'êtes pas contre cela?
M. Charron: Non. D'ailleurs, si vous étiez contre, vous
auriez de la difficulté à trouver des artistes.
M. Hardy: C'est vrai. Oui, c'est exact. J'ai même dit
je ne sais pas si cela va faire la manchette que, si le
ministère des Affaires culturelles devait se baser sur des lignes de
parti ou d'idéologies pour intervenir, il faudrait peut-être
abolir le ministère des Affaires culturelles.
M. Charron: Je note, dans les explications que vous venez de
donner, que les relations culturelles du ministère ne se limitent plus,
n'ont plus choisi de se limiter aux pays francophones. Vous avez
mentionné que des relations culturelles prenons le mot
sont établies avec des pays autres que ceux de langue française.
Est-ce un mouvement bien engagé ou si on n'en est qu'au
début?
M. Hardy: C'est même, je dirais, à l'état de
projet. Vous avez le cas de l'exposition Lemieux. Evidemment, quand on
décide de préparer une exposition de cette envergure, il est
préférable qu'il y ait des expositions dans le plus grand nombre
de pays. Quant à des relations plus étroites, bien sûr, la
préférence est accordée aux pays de langue
française, avec la France, la Belgique et avec l'Afrique, surtout, par
l'entremise de l'Agence de coopération culturelle et technique, mais
nous ne renonçons pas. Non seulement nous ne renon-
çons pas, mais nous souhaitons éventuellement pouvoir
engager des échanges culturels avec des pays qui, sans être de
langue française, ont des origines communes. Je pense, entre autres,
à la Roumanie où, bien sûr, la latinité de ce pays
fait que nous avons certaines similitudes avec ces gens.
De plus, je pense que pour toute culture, pour la culture
québécoise comme pour toute culture, il est très
important, pour une culture, de pouvoir avoir des échanges avec d'autres
cultures même très différentes. C'est une source de
dynamisme pour les deux cultures en cause, où il y a des
échanges, et je pense qu'il ne faut pas le nier non plus
pour tout pays. Il y a, dans les échanges culturels, pour tout pays, une
facette de prestige politique. Si le Québec veut occuper toute la place
qui lui revient, comme entité politique distincte, même si nous
faisons partie de la fédération canadienne, ma conception du
fédéralisme veut que le Québec soit une entité
politique distincte très importante, dans ce sens-là. C'est
également important que nous ayons des échanges culturels avec le
plus grand nombre de pays possible.
M. Charron: Quels sont les partages de responsabilités
entre les Affaires intergouvernementales et les Affaires culturelles au
chapitre des relations culturelles?
M. Hardy: A partir de la nouvelle loi qui a été
adoptée pour le ministère des Affaires intergouvernementales, pas
pour ce qui est du Canada français quand il s'agit du Canada
français, nous intervenons directement, sans passer par les Affaires
intergouvernementales chaque fois qu'il s'agit d'échanges
culturels avec d'autres pays, bien sûr, nous devons faire le tout avec la
collaboration, ou même, je dirais, sous la tutelle du ministère
des Affaires intergouvernementales.
Ce n'est pas seulement le cas du ministère des Affaires
culturelles. En vertu de la nouvelle loi du ministère des Affaires
intergouvernementales, le ministère des Affaires intergouvernementales
est le seul interlocuteur avec l'étranger, le seul à parler au
nom du Québec avec l'étranger. Maintenant, si vous relisez la Loi
des Affaires intergouvemementales, vous verrez que quand il s'agit
d'échanges culturels, le tout doit être soumis aux Affaires
culturelles quant au contenu.
M. Charron: Sur le montant que nous sommes appelés
à voter, combien estime-t-on devoir consacrer à la relation avec
les minorités françaises des autres provinces canadiennes?
M. Hardy: $150,000.
M. Charron: D'accord, M. le Président.
Le Président (M. Pilote): Elément 2, adopté.
Elément 3. Développement culturel régional.
Développement culturel régional
M. Hardy: Vous voyez, M. le Président, quand on fait un
débat de fond pour commencer, cela va bien par la suite.
M. Charron: Oui.
A cet élément, M. le Président, il y a
peut-être des questions qui paraîtront décousues par rapport
a un ensemble, si on voulait y trouver un ensemble. Mais j'ai cru que
c'était à cet endroit que nous pouvions poser un certain nombre
de questions variées puisque le développement culturel
régional nous incite à plusieurs interventions du
ministère.
M. Hardy: ... omnibus.
M. Charron: Ou à peu près, oui.
Or, tenons-nous en au titre, au départ, aux régions. La
région de l'Outaouais a une situation culturelle très
particulière, est-ce qu'il y a une politique spéciale du
ministère à l'égard de cette région soumise
à peu près quotidiennement à la bi-linguisation et
à l'envahissement culturel?
M. Hardy: M. le Président, le député de
Saint-Jacques a raison, il est important que nous intervenions dans toutes les
régions du Québec, mais, la région de l'Outaouais est
peut-être, au plan culturel, une des plus vulnérables, sinon la
plus vulnérable à cause de la proximité de la capitale
nationale ou des frontières ontariennes.
Nous sommes bien conscients de cette réalité. C'est dans
cet esprit que nous avons d'abord fait effectuer une étude d'ensemble
sur le problème culturel dans la région de l'Outaouais. Cette
étude, qui a été menée par M. Ducasse, qui
était détaché de la bibliothèque ici pour conduire
cette étude, est maintenant complétée.
Il y a également un comité interministériel de la
région de l'Outaouais, auquel nous participons activement. Pour nous,
pour ce qui concerne strictement les Affaires culturelles, nous sommes,
à partir des conclusions de l'étude de M. Ducasse, à
élaborer un schéma de développement culturel pour la
région de l'Outaouais.
M. Charron: Autrement dit, vous procédez à
l'analyse du contenu du rapport Ducasse.
M. Hardy: Plus que ça, non seulement à l'analyse du
contenu mais à faire une stratégie d'intervention. Le
schéma de développement, c'est plus qu'étudier. Nous nous
préparons à nous donner des armes pour intervenir.
M. Charron: Avez-vous l'intention de rendre le rapport Ducasse
public?
M. Hardy: Je n'ai pas d'objection à le faire.
M. Charron: Vous n'avez pas d'objection à le faire.
M. Hardy: Je pourrai le déposer en Chambre.
M. Charron: Je vous invite à le faire, parce que ce sera
une contribution pour un débat là-bas. Et tout ce que nous
pouvons faire pour appuyer je pense...
M. Hardy: Cela permettra à l'Opposition de vérifier
pour voir jusqu'à quel point on avance.
M. Charron: Et pourquoi pas?
M. Hardy: C'est bien, c'est très démocratique.
M. Charron: Est-ce que le ministère a un bureau
régional dans l'Outaouais?
M. Hardy: Non. Malheureusement, il nous reste encore deux
régions économiques où nous n'avons pas de bureau
régional, la Côte-Nord et l'Outaouais. Les interventions dans ces
deux régions se font à partir du bureau central de la direction
générale.
Par exemple, sur la Côte-Nord, le responsable, c'est M. Valier
Savoie et pour l'Outaouais c'est Mme Thérèse Krieber.
M. Charron: Est-ce qu'on va procéder à la
création d'un bureau régional...
M. Hardy: C'est-à-dire...
M. Charron: ... au cours de l'année?
M. Hardy: ... que, malheureusement, cette année, le
Conseil du trésor ne nous a pas autorisés à ouvrir ces
deux derniers bureaux que nous avons à ouvrir. Mais j'espère que,
l'an prochain, nous pourrons le faire.
M. Charron: Le président du Conseil du trésor est
Ie député de Hull.
M. Hardy: Non, non. Voici, ce n'est pas pour des raisons...
Justement, c'est tout à l'honneur du député de Hull. Si le
député de Hull avait pensé uniquement à ses
intérêts partisans, il l'aurait probablement favorisé. Mais
c'est pour des raisons objectives que le Conseil du trésor ne nous a
pas...
M. Charron: ...
M. Hardy: Bien oui, mais c'est cela. Vous savez, parfois il faut
dire les choses telles qu'elles sont.
M. Charron: C'est-y assez fort!
M. Hardy: C'est que le Conseil du trésor a jugé
qu'il était préférable que nous ayons notre programme de
développement avant de procéder... De toute façon, nous
avons en préparation un mémoire de programmes pour tout le
développement régional et la raison principale pour laquelle le
Conseil du trésor n'a pas voulu nous ac- corder l'autorisation d'ouvrir
un nouveau bureau, c'est relié au dépôt du mémoire
de programmes.
Alors, le vice-président du Conseil du trésor a pris une
décision objective, respectant les critères objectifs
plutôt que d'écouter ses tendances de député, ou ses
intérêts de député, je dirais.
M. Charron: Le jour où vous me ferez croire que Oswald
Parent a abandonné les intérêts partisans pour les
intérêts culturels, M. le ministre, je vous assure que cette
journée-là, il va s'être passé quelque chose.
Donc, je termine cet entretien sur la région de l'Outaouais avec
l'engagement du ministre à déposer le rapport Ducasse.
M. Hardy: Oui, je ne sais pas si cela va être
imprimé assez rapidement.
M. Charron: Quel est le montant de la subvention accordée
cette année à la Société historique du
Saguenay?
M. Hardy: Vous avez cela dans la liste des subventions. Je
m'excuse, M. le Président, ce n'est pas ici, c'est aux archives; c'est
$10,000. Mais ce n'est pas dans ce programme. C'est aux arts plastiques, le
service des musées privés, programme arts plastiques. Si vous
voulez discuter du musée de Saguenay?
M. Charron: De Péribonka?
M. Hardy: La même chose, tous les musées
privés relèvent du service des musées privés qui
est dans le programme des arts plastiques.
M. Charron: Et le musée d'histoire naturelle central au
Québec, tel que recommandé par la Commission des biens culturels,
le musée de l'homme.
M. Hardy: Ah! oui, oui, c'est un projet...
M. Charron: On en parlera...
M. Hardy:... qui est étudié aux arts
plastiques.
M. Charron: D'accord, on en parlera plus tard. Est-ce l'endroit
aussi, c'est tellement omnibus cet élément que je vais m'informer
à chaque fois avant d'aborder un sujet. Est-ce que c'est
l'endroit...
M. Hardy: Pour éviter que le président vous
rappelle rudement à l'ordre?
M. Charron: Ouais. Est-ce que c'est l'endroit où on peut
discuter du partage des dossiers entre le ministère des Affaires
culturelles et le Haut-Commissariat?
M. Hardy: Oui, oui. M. Charron: Bon.
M. Hardy: Cela pourrait se discuter ailleurs, mais cela peut se
discuter ici.
M. Charron: Est-ce qu'il y a un échéancier
prévu pour un partage complet des compétences entre le
Haut-Commissariat et le ministère?
M. Hardy: C'est-à-dire que nous avons à peu
près réglé le problème. Il reste toujours,
évidemment, dans ce domaine, le domaine des loisirs et de la culture,
peut-être des zones grises; je sais qu'on n'a pas réussi à
s'entendre sur la zoologie. Il y a quelques petits secteurs comme cela, la
philatélie. Quand on s'est rencontré, le Haut-Commissariat
continuait à prétendre que c'était plus loisirs que
culture. Mais le principe a été enfin reconnu, je pense que c'est
ce qui est important.
M. Charron: Est-ce que cela se reflète dans les
crédits cette année?
M. Hardy: Oui, oui. D'abord, il y a $300,000 du
Haut-Commissariat, qui étaient dans le budget du Haut-Commissariat, qui
ont été transférés...
M. Charron: Avec les dossiers?
M. Hardy: Avec les dossiers et deux postes. Le budget du
développement régional ne devait pas normalement être
augmenté pour les raisons que je vous ai données tantôt,
parce que notre mémoire de programmes et tout cela, mais à cause
des nouvelles responsabilités que nous avons, nous avons $500,000 de
plus au développement régional que sur le budget
précédent, et quinze nouveaux postes. En fait, dans la
réalité, cela ne change pas beaucoup de choses parce que ces
quinze postes vont permettre aux occasionnels de devenir permanents.
Mais ce qui est important, c'est cela; c'est que finalement le
Haut-Commissariat, le Conseil du trésor et le ministère des
Affaires culturelles se sont entendus pour qu'il n'y ait plus cette distinction
de loisirs culturels ou de vie culturelle.
Je pense que c'est tellement exact, j'espère que mes informations
ne sont pas fausses, mais que le service socio-culturel ne s'appellera plus
socio-culturel au Haut-Commissariat, qu'il va s'appeler
socio-récréatif pour éviter toute ambiguïté.
Donc, le principe, c'est que toute intervention gouvernementale, dans le
domaine culturel, relève du ministère des Affaires culturelles
ou, en d'autres termes, il n'y aura plus, selon l'ancienne distinction, de
petite et de grande culture, la petite culture étant au
Haut-Commissariat et la grande culture au ministère des Affaires
culturelles.
M. Charron: Pour vous, le problème est
réglé.
M. Hardy: C'est-à-dire qu'il est réglé au
niveau des principes. Comme je vous le dis, il reste encore, peut-être,
certains petits cas qu'on pourra examiner en cours de route; fort probablement
qu'en étudiant le budget du Haut-Commissariat vous allez peut-être
retrouver encore des interventions qui ont, à votre sens et au mien, un
caractère davantage culturel. Il en reste peut-être quelques
petits reliquats, mais l'essence...
M. Charron: ... socio-culturel.
M. Hardy: ... l'idée que toute intervention culturelle
relève du Haut-Commissariat, ce principe est admis par le Conseil du
trésor.
M. Charron: Si c'est admis par le conseil des ministres...
M. Hardy: Oui, le Conseil du trésor. M. Charron:
Bon!
M. Hardy: C'est-à-dire que le conseil des ministres avait
admis cela depuis fort longtemps, le problème se posait un peu au
Conseil du trésor. Le principe était admis depuis longtemps,
là où des problèmes pratiques se posaient, à savoir
ce qui est culturel et ce qui ne l'est pas. Je vais vous donner des exemples
qui sont arrivés au cours des discussions. Les gens du Haut-Commissariat
prétendaient que le cinéma amateur n'était pas culturel,
parce qu'il y avait des machinistes. Finalement, nous nous sommes entendus. Il
y a eu une grande discussion sur les camps musicaux. Le Haut-Commissariat
prétendait que les camps musicaux relevaient d'eux, parce que, dans les
camps musicaux, on fait de la natation, on joue à la balle, on joue au
tennis. On a réussi à faire comprendre au Conseil du
trésor et à nos amis du Haut-Commissariat que
l'élément principal, dans un camp musical, était la
musique. Heureusement, je me rappelle que le ministre des Finances, le
président du Conseil du trésor, a apporté son
témoignage personnel. Il a dit: Bien sûr, mes petits gars vont
à un camp musical je ne sais plus où ils font du
sport. C'est au lac Saint-Jean. Il a dit: Quand je décide d'envoyer mes
garçons au camp musical du lac Saint-Jean, c'est d'abord pour leur faire
apprendre la musique. Comme complément, ils font du sport, bien
sûr.
Ce sont des cas semblables qui amenaient certaines difficultés,
mais, encore une fois, à partir du moment où on a reconnu le
principe, c'est plus facile, par la suite, de faire les partages.
M. Charron: Mais, est-ce à dire qu'en acceptant ce
partage, ratifié par le Conseil du trésor par la suite, niveau
budgétaire, le conseil des ministres a pris sa décision, quant
à la création d'un unique ministère des sports? Votre
collègue, c'est pour cela que je vous pose la question...
M. Hardy: Vous me posez une question à laquelle je ne suis
pas habilité à répondre.
M. Charron: Votre collègue du conseil des ministres, le
ministre responsable du Haut-Commissariat, continue à dire, papier en
main, fuite calculée, à part cela, pour les journaux...
M. Hardy: Oui, ce sont des fuites calculées?
M. Charron: ... qu'on est encore en train de parler d'un
ministère des loisirs, et, de la définition qu'il donne, il y
aurait toujours le loisir socioculturel dans le ministère des loisirs
dont il parle.
M. Hardy: Encore une fois, je vous parle des décisions qui
sont prises. Qu'arrivera-t-il dans un an, dans deux, cinq ou dix ans? Je ne le
sais pas. Cela va tellement bien depuis le début qu'on peut
peut-être s'amuser pendant quelques secondes. Mon collègue du
Haut-Commissariat peut avoir certaines prétentions, mais je me rappelle
aussi, que votre collègue, le député de Lafontaine, a
déjà soutenu.à plusieurs reprises, que c'était
épouvantable que des dossiers culturels soient rapatriés au
ministère des Affaires culturelles. Il semblait se faire le
défenseur de l'éparpillement il n'a jamais employé
ce terme, mais cela revenait à cela il m'a toujours donné
l'impression d'être un partisan de la grande et de la petite culture. Il
ne voulait pas que le ministère des Affaires culturelles
s'intéresse au dossier culturel. Il voulait que cela reste au
Haut-Commissariat.
M. Charron: Je ne nierai certainement pas cela. Ce sera public
bientôt. Nous avons eu l'occasion, lui et moi, de donner notre opinion
sur cela.
M. Hardy: Et vous aussi, vous avez eu une entente?
M. Charron: Non, il n'y a pas eu entente.
M. Hardy: Vous voyez, nous sommes plus avancés que vous
autres.
M. Charron: Ce n'est pas vrai, vous ne l'avez pas eue, vous non
plus! Vous avez peut-être une décision pour ce qui est là,
mais...
M.Hardy: Nous n'avons pas de décision jusqu'à la
fin des temps.
M. Charron: Nous verrons. Pour autant que cela veut dire quelque
chose, le discours inaugural a mentionné, cette année, la
création d'un ministère.
M. Hardy: Non. Relisez bien le discours inaugural. C'est beaucoup
plus habile que cela.
M. Charron: Bon! Allez-y!
M. Hardy: On parle d'une strucure. Le mot "ministère"
n'est pas dans le discours inaugural.
M. Charron: D'accord. On parle d'une structure.
M. Hardy: Vous semblez ignorer que le lieutenant-gouverneur a une
phraséologie beaucoup plus souple.
M. Charron: Vous avez probablement raison. Je ne m'attarde pas
à la phraséologie du lieutenant-gouverneur, je vous assure.
M. Hardy: C'est important.
M. Charron: C'était mon sixième discours inaugural
et il y avait des choses promises dans le sixième que j'avais vues dans
le premier. Vous vous imaginez bien que je ne porte pas bien attention aux
promesses qui sont contenues dans un discours inaugural. Quand même, une
intervention était annoncée. Viendra-t-elle, ne viendra-t-elle
pas?
M. Hardy: Elle entrait dans le domaine du loisir. Il s'agissait
de structure dans le domaine du loisir, mais il n'était pas question du
loisir culturel à ce paragraphe.
M. Charron: L'intervention dans le domaine du loisir
risque-t-elle de reprendre le loisir socioculturel et de le remettre dans cette
structure annoncée?
M. Hardy: Vous m'ouvrez encore la porte à un grand
débat. Je vais vous exprimer ma philosophie générale du
tout. Il y a une école dont, apparemment, le député
de Lafontaine est le porte-parole chez vous, dans votre parti, à votre
caucus qui veut que le loisir soit un tout. Les spécialistes en
loisir ont toutes sortes d'expressions savantes. L'homme en état de
loisir. On prétend que le loisir est un tout. Le loisir culturel, le
loisir sportif, dès qu'on ne travaille pas, c'est-à-dire le temps
libre, cela doit faire un tout. Cela doit être tout intégré
et dépendre d'un seul ministère.
J'avoue que c'est une thèse qui, sur le plan intellectuel, est
cohérente. Cela se défend. Si jamais, un jour, le gouvernement
adoptait cette thèse que le loisir est un tout, que c'est très
unifié, et que cela doit dépendre d'un seul centre de
décision, on pourrait, théoriquement, penser à un seul
ministère, qui serait le ministère du temps libre, ou le
ministère des loisirs et qui engloberait le ministère des
Affaires culturelles. C'est une théorie qui se défend.
Personnellement, je ne partage pas cette thèse qui dit que le loisir est
un tout. Je pense que, bien sûr, cela a un trait commun. Quand on ne
travaille pas, on est en loisir, mais il y a quand même des
caractéristiques bien propres a différentes activités de
loisir.
Je pense que le fait de prendre du loisir en allant à la
pêche ou à la chasse et d'assister à un concert
symphonique, c'est toujours du temps libre, c'est du loisir, mais c'est
très différent. A cause de la très grande disparité
de ces activités de loisir, je pense qu'il est important d'avoir des
programmes spécifiques et donc, d'avoir des autorités
différentes.
Et s'ajoute à cela ma très grande réticence
à l'endroit des super-ministères. Encore une fois, je vous donne
mon opinion à l'heure présente, et je le fais avec d'autant plus
de liberté qu'il n'y a pas
de décision prise au conseil des ministres. S'il y avait une
décision prise au conseil des ministres, bien sûr je devrais me
soumettre ou me démettre, comme nos institutions nous l'imposent, mais
il n'y a pas de décision prise, donc je me sens bien libre de dire ce
que je pense.
Je pense qu'au sujet du loisir il y a des activités
spécifiques, et il doit y avoir des centres spécifiques de
décision . A partir du moment où on a un ministère des
Affaires culturelles, tout le loisir culturel doit relever de ce
ministère. C'est la thèse que j'ai défendue avec un
certain succès, parce qu'il y a eu des décisions prises dans ce
sens, et que les loisirs sportifs, les loisirs physiques doivent appartenir
à un autre centre de décision.
Au fond, il y a deux philosophies, il y a deux écoles de
pensée. Encore une fois, est-ce que l'une de ces écoles
triomphera un jour? Je ne le sais pas. Pour autant que je suis concerné,
je m'opposerai toujours à cette philosophie du loisir comme un tout. Le
loisir n'est pas tellement un tout, il y a différents aspects.
Même dans la préparation, les spécialistes dans le domaine
des loisirs culturels ne sont pas les mêmes que dans le domaine des
loisirs sportifs, du grand air. Ce sont des disciplines bien
différentes. Ce sont habituellement des gens qui ont des centres
d'intérêts différents. Là-dessus, je voudrais
être très clair. Je ne suis pas un partisan de l'ancienne
théorie qui mettait quand même un fossé entre les deux. Le
même individu peut aussi bien avoir des loisirs d'ordre hautement
culturel et des loisirs sportifs.
Il n'est pas question d'avoir une espèce de mépris de
l'esprit contre la matière. Je ne souscris pas à cette
école. Je pense qu'au point de vue administratif, il est important,
étant donné une autre raison qui fait que je considère
important qu'il y ait un ministère des Affaires culturelles distinct et
aussi dynamique que possible... C'est le contexte dans lequel nous sommes
placés en Amérique du Nord.
M. Charron: M. le Président, dans cet
élément omnibus, j'aimerais poser la question au ministre: A
l'établissement du programme culturel devant accompagner la tenue des
Jeux olympiques 1976, où en est la participation du ministère des
Affaires culturelles, et de quelle nature est-elle?
M. Hardy: Oui, actuellement, c'est au niveau de discussion entre
le ministre des Finances, le ministre responsable auprès du COJO et
celui qui vous parle. Nous avons préparé un programme avec la
direction du développement régional et aussi, toutes les
directions générales ont été appelées
à participer à la préparation de ce programme. Nous avons
maintenant un tout à soumettre...
M. Charron: A soumettre à qui?
M. Hardy: ...au ministre des Finances pour savoir dans quelle
mesure... parce que ce programme-là se chiffre par un certain
montant.
M. Charron: D'accord.
Vous aviez dit, l'année dernière, qu'une décision
serait prise quant à la création d'une société
d'initiatives culturelles.
M. Hardy: C'est au programme des industries culturelles.
M. Charron: Au programme des industries culturelles.
M. Hardy: C'est déjà passé, mais je n'ai pas
d'objection à ce que nous y revenions.
Parmi les nombreuses recherches effectuées par le service des
industries culturelles, ce projet de la mise sur pied d'une
société de développement culturel est un dossier
prioritaire. C'est relié à ce dont je vous parlais vendredi, je
pense, à l'exportation de nos biens culturels à Paris.
Eventuellement, c'est une des hypothèses, cette société de
développement culturel pourrait être responsable de l'exportation
des biens culturels à l'extérieur.
M. Charron: Dernière question de type régional,
est-ce que la tenue du festival de la chanson à Québec va
signifier que le festival d'été de la ville de Québec
recevra moins cette année ou non?
M. Hardy: Comme je l'ai expliqué à l'occasion d'une
entrevue avec les dirigeants du festival, ce sont des programmes, des
activités totalement... il n'y a rien de commun. Il y a des gens qui
peuvent chanter au festival d'été de Québec et il y en a
qui vont chanter au festival de la chanson, mais les objectifs et la nature
même de ces deux projets sont totalement différents. De toute
façon, les subventions ne proviennent même pas du même
tiroir. Le festival de la chanson, parce que ça fait partie de la
préparation de notre politique de la chanson, la subvention provient des
industries culturelles, tandis que le festival d'été de
Québec, c'est pris à même les arts
d'interprétation.
M. Charron: D'accord.
Le Président (M. Pilote): Adopté? Le
député de Verdun.
M. Caron: M. le Président, si le député de
Saint-Jacques n'a pas d'objection, j'aimerais revenir sur les subventions aux
bibliothèques publiques. Je remarquais dans...
M. Hardy: M. le Président, il faudra que le
député de Verdun obtienne le consentement de la commission. Moi,
je suis prêt à vous le donner.
M. Caron: Je pense que mon bon ami n'aura pas objection.
M. Veilleux: Accordé. Accordé.
M. Charron: ...donné.
M. Caron: Je vois que, selon vos grandes dis-
cussions, Verdun a eu seulement $35,000 et la ville voisine,
$82,000...
M. Hardy: Je vous l'ai expliqué. Il me fait grand plaisir
de reprendre mon explication pour le député de Verdun. C'est que
la nouvelle formule d'intervention du ministère correspond à la
richesse locale, c'est-à-dire que plus une municipalité est
riche, c'est-à-dire que plus son évaluation foncière est
considérable per capita, moins le gouvernement intervient. Plus son
évaluation foncière per capita est faible, plus le gouvernement
intervient. Alors, si votre municipalité reçoit moins qu'une
autre municipalité, c'est tout simplement qu'elle est plus riche que
l'autre avec laquelle vous vous comparez.
M. Caron: Je ne le voyais pas comme ça, je me suis dit que
vu que c'est représenté par un collègue ministre,
ça pourrait être... c'est pour cela que je regarde ainsi la
situation.
M. Hardy: M. le Président, jamais de telles notions
n'interviennent...
M. Caron: Cela veut dire de la façon...
M. Hardy: ...jamais de telles notions n'interviennent dans nos
décisions au ministère des Affaires culturelles.
M. Caron: Cela veut dire que, de la façon que vous me
répondez, le conseil va dépenser plus d'argent pour des services
additionnels...
M. Hardy: Oui, oui.
M. Caron: ...et la journée où il n'y en aura pas,
il se fera aider par le gouvernement. Cela veut dire...
M. Hardy: Non, non, c'est beaucoup plus mathématique, je
pense que s'il y a un service... Je faisais des blagues, je ne dis pas que
c'est comme cela à 100% dans tous les secteurs, parce qu'il y a certains
secteurs où peut-être il y a plus de discrétion, mais, dans
le domaine des bibliothèques publiques, c'est mathématique.
Je pense qu'on a fait distribuer les critères sur lesquels on se
base, on va les envoyer à tous les députés. C'est
strictement mathématique. Je vous ai donné le principe, mais
c'est strictement mathématique. C'est l'évaluation
foncière per capita qui décide du montant d'évaluation que
vous recevez et uniquement cela, et même dans le cas que je vous donne,
le comté du ministre, avec la nouvelle formule, il y a une
municipalité de mon comté qui va recevoir moins et il y en a une
autre qui va recevoir plus.
C'est toujours cela à cause du même critère, c'est
parce que celle qui reçoit moins est plus riche et que celle qui va
recevoir plus, je ne dirais pas est plus pauvre, mais moins riche.
Le Président (M. Pilote): Le programme 3 est adopté
ainsi que les éléments. Adopté. Programme 4. Arts
plastiques, élément 1 : Incitation à la création et
à la recherche.
Arts plastiques
M. Hardy: C'est parce qu'il y a des activités culturelles,
je crois.
M. Charron: M. le Président, si vous me permettez
d'entamer l'étude du programme des arts plastiques, on a dit,
l'année dernière, que le ministère avait commandé
une étude sur les conditions de vie et le statut social professionnel
des créateurs en arts plastiques de la région
métropolitaine de Montréal, c'est par M. Garon je crois.
M. Hardy: C'est au service de la recherche. Toutes ces
études sont faites au service de la recherche, mais encore là je
n'ai pas d'objection.
M. Charron: Mais c'est parce qu'elles concernent exactement ceux
dont nous allons parler...
M. Hardy: Oui, oui, très bien oui, oui.
M. Charron: ...les artistes dont nous allons parler. Quelles sont
les manifestations concrètes, aux crédits de cette année,
de l'application de certaines...
M. Hardy: Le programme d'aide aux expositions s'inspire de cette
recherche effectuée par le service des recherches. Il y a aussi un
atelier scolaire dans les musées.
M. Charron: Pouvez-vous décrire un peu comment ces deux
modifications...
M. Hardy: M. Lachapelle peut peut-être.
M. Charron: ...viennent modifier la situation? Encore une fois,
c'est toujours dans les conditions de vie et le statut de ces artistes; comment
ces deux mesures vont-elles aider à améliorer cette
situation?
M. Hardy: Suite au rapport Garon et à d'autres
études qui ont eu lieu sur le statut des créateurs au
Québec, il y a évidemment une grande difficulté dans la
carrière du créateur, c'est-à-dire qu'une fois qu'il est
formé, il faut, bien sûr, lui donner l'occasion de se manifester
publiquement, par des expositions par exemple. Dans le passé il avait
l'occasion d'exposer dans des musées, dans des galeries privées
et des choses comme cela.
On s'est inspiré des conseils qu'on a obtenus, des recherches qui
ont été faites pour créer cette année et
cela se continue encore dans les budgets qui sont à adopter
l'aide aux expositions. C'est une participation aux dépenses de la
préparation d'une exposition pour un créateur qui doit exposer
dans une galerie, il y a un certain nombre de dépenses qui se chiffrent,
pour une petite exposition, de $400 jusqu'à disons $1,000 ou quel-
que chose comme cela, mais non pas pour payer l'exposition. Ce sont les
frais que le créateur doit subir lui-même. Bien sûr,
certains créateurs ne pouvaient se manifester parce qu'ils n'avaient pas
les fonds pour préparer une exposition: l'encadrement, les frais de
transport, l'assurance, etc.
M. Charron: Cela va être généralisé,
maintenant?
M. Hardy: C'est général, c'est une activité
du service de la promotion des arts plastiques. L'autre élément
qui a été retenu...
M. Charron: Cela veut dire, pour un artiste en voie d'exposition,
par exemple, qu'il communique avec le service de promotion.
M. Hardy: C'est-à-dire qu'il y a une brochure qui est
publiée et qui énumère toutes les conditions. Il y a des
formulaires d'inscription, il y a deux périodes d'inscription par
année et les créateurs qui veulent profiter de ce programme
s'inscrivent à l'activité. On reçoit leur projet, un jury
est formé, et change d'ailleurs tous les ans, de créateurs, de
personnes du milieu qui reçoivent et étudient les dossiers
présentés. Un certain nombre en sont retenus, selon le budget
voté.
En fait, cette année, environ $40,000 ont été
dépensés directement.
M. Charron: Du budget de l'année dernière. M.
Hardy: Oui.
M. Charron: Combien y a-t-il de prévu dans celui de cette
année pour l'aide à la création?
M. Hardy: C'est $35,000 l'an dernier et $5,000 de plus cette
année, ce qui fait $40,000.
M. Charron: Bon. L'autre initiative dont vous parliez, en milieu
scolaire?
M. Hardy: C'est un projet qui est fait en collaboration avec le
ministère de l'Education et la Corporation du CEGEP du Vieux
Montréal. Cela vise surtout à rendre disponible
l'équipement considérable qui a été payé par
le Québec pour équiper le milieu scolaire. Comme vous le savez,
surtout les sculpteurs ont besoin d'équipement, des presses
hydrauliques, des trucs de soudure, équipement qui est très
difficile à acquérir pour un individu. Cela fait maintenant
à peu près un an que cela dure, cela se continue jusqu'au mois
d'octobre, on suit cela de très près, il y a un certain nombre de
projets qui ont été réalisés en collaboration avec
le CEGEP et le ministère de l'Education.
M. Charron: C'est-à-dire que le CEGEP a mis à la
disposition de certains créateurs le matériel
nécessaire.
M. Hardy: Oui. Le CEGEP du Vieux Montréal.
M. Charron: Le CEGEP du Vieux Montréal.
M. Hardy: Nous payons le salaire d'un coor-donnateur et certaines
petites dépenses pour les créateurs, l'équipement et des
choses comme celles-là.
M. Charron: Est-ce que cette initiative que vous soulevez peut
s'étendre à d'autres régions du Québec? J'imagine
qu'il n'y a pas uniquement le CEGEP du Vieux Montréal qui est
doté de...
M. Hardy: C'est à l'étude, et nous le souhaitons,
mais c'est à juger vraiment. C'est à partir des conclusions de
l'expertise du CEGEP du Vieux Montréal.
M. Charron: Est-ce qu'on en est venu à une aide directe
aux galeries?
M. Hardy: Non.
M. Charron: Pourquoi?
M. Hardy: Je pense que la principale raison est que les galeries,
c'est commercial. Je pense qu'il est préférable d'aider les
artistes, les jeunes artistes. Théoriquement, on pourrait
peut-être aider des galeries qui seraient incorporées en vertu de
la troisième partie, qui n'auraient pas un but lucratif et qui auraient
d'abord comme vocation de diffuser les arts plastiques, qui feraient un peu ce
que fait un musée.
M. Charron: C'est de cela que je voulais parler, beaucoup plus
que...
M. Hardy: Oui. Je pense qu'il est peut-être
préférable d'aider davantage ces musées privés. Les
musées privés pourraient connaître une certaine expansion
parce que, si on s'engage avec des galeries commerciales, je pense que ce
serait assez délicat. Eventuellement, s'inspirant de l'aide à
l'édition, on pourrait peut-être aider une galerie commerciale qui
accepterait d'exposer, mais c'est ce qu'on fait avec l'aide aux
expositions.
Théoriquement, on pourrait peut-être aider une galerie
commerciale qui accepterait d'exposer un jeune peintre non connu; il serait
évident que la galerie ferait un déficit, ne ferait pas une
opération rentable avec l'exposition de ce jeune peintre.
De toute façon, je dois rappeler au député de
Saint-Jacques que dans le cadre des études conduites par le service des
industries culturelles, le problème du commerce des oeuvres d'art est un
dossier qui est également à l'étude.
C'est un dossier tellement avancé qu'on doit me le remettre la
semaine prochaine, le dossier sur le commerce des oeuvres d'art.
M. Charron: Donc, à partir de ce dossier, vous aurez des
initiatives à prendre pour faciliter, toujours dans
l'intérêt du créateur, bien sûr, sa situation.
La politique, qu'on a toujours appelée la politique du l%, est-ce
que...
M. Hardy: Elle s'applique toujours. Cette politique du 1%, bien
sûr, quant à nous, nous avons surtout un rôle de
surveillance. C'est le ministère des Travaux publics qui en assume le
coût dans le cadre... Il y a un fonctionnaire du ministère des
Affaires cuturelles qui siège au comité du 1%, le comité
qui est chargé d'accepter ou de refuser les projets.
M. Charron: Cela représente combien? M. Hardy: Sur
le plan financier? M. Charron: Oui.
M. Hardy: II faudrait que je fasse un long calcul pour vous dire
combien a été... Pour le journal des Débats, je pourrais
peut-être... Ce qui serait peut-être plus simple, c'est de vous
remettre la liste des projets réalisés ou engagés.
M. Charron: D'accord.
M. Hardy: Alors, on pourra faire parvenir au député
de Saint-Jacques et à tous les députés membres de la
commission la liste des projets réalisés ou engagés au
cours de l'année financière 1974/75, dans le cadre de la
politique du 1%.
M. Charron: Est-ce qu'on a songé à modifier
l'application de cette politique?
M. Hardy: C'est-à-dire que j'ai déjà eu
l'occasion de faire des représentations auprès de mes
collègues pour que cette politique du 1% s'applique également
à la construction des édifices actuellement, elle
s'applique uniquement à des édifices gouvernementaux,
c'est-à-dire ceux construits par le ministère des Travaux publics
paragouvernementaux, si je puis dire...
M. Charron: Oui.
M. Hardy: ... les hôpitaux, les écoles, des
édifices qui sont construits à l'aide de fonds publics mais qui
ne sont pas directement sous la juridiction du gouvernement.
M. Charron: Et ces représentations ont-elles donné
lieu...
M. Hardy: Jusqu'à présent, il n'y a pas eu de
résultat. Mais nous n'abandonnons pas.
M. Charron: J'ai rencontré, en fin de semaine, un grand
admirateur du ministre, M. Armand Vaillancourt, qui...
M. Hardy: C'est-à-dire qu'il faut faire attention. Quand
il est avec le ministre il l'admire davantage que lorsqu'il est avec
d'autres.
M. Charron: Vous croyez?
M. Hardy: Oui, oui, parce qu'avec moi il est toujours bien
aimable.
M. Charron: II est très aimable effectivement.
M. Hardy: Mais quand je ne suis pas là, il paraît
qu'il est moins aimable à mon endroit.
M. Charron: Mais parlant de l'Association des sculpteurs du
Québec, dont il est un prototype très volubile...
M. Hardy: M. Vaillancourt n'est pas à plaindre sur le plan
financier.
M. Charron: Non. Mais il me signalait que l'application du 1%,
par exemple, pas dans son cas mais parlant de certains de ses
collègues...
M. Hardy: Oui.
M. Charron: ... de l'association, pouvait avoir des
difficultés d'application, en ce sens que les architectes pouvaient,
à l'occasion, inciter un grand nombre d'artistes à soumissionner,
ainsi les obliger à créer au moins une esquisse de projet, qui
n'est pas retenue, et que parfois il y avait entente entre l'architecte et un
artiste en particulier auparavant pour que l'artiste en question soit
retenu.
Je ne sais pas si ce cas est généralisé. Je dis
qu'il m'a été signalé.
M. Hardy: Ah bon! On me dit que même s'il y a refus,
l'artiste est payé pour la maquette qu'il a préparée.
M. Charron: Ah oui! Même...
M. Hardy: Oui. De toute façon, je pense bien que
malgré cela, le travail que l'artiste fait doit lui servir à un
moment donné, si cela ne sert pas à la fin bien précise
pour laquelle il travaillait, éventuellement, cela peut lui servir.
Mais, de toute façon, il y a une indemnisation pour le travail
fait.
M. Charron: Comment les soumissions sont-elles faites?
M. Hardy: C'est-à-dire que c'est une espèce de
jury, dans lequel siège, bien sûr, l'architecte, qui est le grand
concepteur. Mais c'est un jury qui retient un projet.
M. Charron: Comment les créateurs, les artistes sont-ils
avisés de la tenue d'un...
M. Hardy: C'est-à-dire que c'est la formule d'appels
d'offres des Travaux publics.
M. Charron: Dans les journaux habituels?
M. Hardy: C'est un appel d'offres, mais, avec certaines
analogies, on pourrait dire que c'est un appel d'offres sur invitation.
C'est-à-dire qu'aux arts plastiques, nous avons une banque de noms
d'artistes et c'est à partir de cette banque-là que l'architecte
invite les artistes à présenter des projets.
M. Charron: Combien d'artistes sont dans la banque et que faut-il
faire pour être dans la banque des arts plastiques?
M. Hardy: II s'agit tout simplement de s'inscrire aux arts
plastiques.
M. Charron: Sur une oeuvre en particulier, on invite un certain
nombre d'artistes, de créateurs à soumettre un projet et tous les
soumissionnaires sont remboursés pour l'oeuvre accomplie jusqu'à
la présentation devant le jury?
M. Hardy: C'est ça, voici. Il y a une certaine
discrétion et je pense que c'est bien difficile qu'elle n'existe
pas il y a une certaine discrétion de l'architecte. Nous
remettons les noms, mais l'architecte, en tant que concepteur de l'ensemble de
l'oeuvre, parce que l'oeuvre de l'artiste, que ce soit un sculpteur ou un
peintre, que ce soit une murale, ça ne sera qu'une partie de l'ensemble
de l'oeuvre... Alors, l'architecte a une certaine discrétion, une
certaine liberté pour choisir des artistes avec lesquels il y a une
certaine affinité entre lui, son oeuvre et l'oeuvre possible de
l'artiste.
Cela évite, bien sûr, que des gens soient appelés
à travailler pour rien, le problème que vous souleviez au
début. Si l'architecte faisait appel à tout le monde, donc
à des gens qui ne sont pas du tout sur la même longueur d'onde que
l'architecte, ils seraient refusés, au fond, au point de
départ.
Alors, je pense qu'il est bien important, encore une fois, que,
l'architecte, comme principal maître d'oeuvre de la construction, ait une
certaine discrétion pour le choix des artistes appelés à
présenter des projets.
M. Charron: L'architecte fait son choix, lui, à partir du
moment où il y a une esquisse ou une maquette quelconque qui lui est
présentée et les artistes qui lui remettent cette esquisse ou
cette maquette sont rémunérés pour l'oeuvre accomplie.
M. Hardy: Oui, oui. Et la décision finale appartient au
jury, au comité. L'architecte n'est pas le seul à prendre la
décision finale. Il fait un certain tamisage au début en
choisissant ceux qui seront appelés à présenter des
projets, mais la décision finale ne lui appartient pas à lui
seul, c'est au comité.
M. Charron: On parlait des sculpteurs, quel est le montant de la
subvention versée à l'association des sculpteurs l'année
dernière?
M. Hardy: C'est $10,000.
M. Charron: Est-ce que c'est régulier?
M. Hardy: Comme toutes ces organisations, c'est à partir
du budget qu'elles nous présentent et de nos propres
possibilités.
Incidemment, M. Vaillancourt a reçu $4,000 l'an passé pour
un voyage d'études en Europe.
M. Charron: Une étude a été confiée
à Métiers d'art sur la planification à long terme au
chapitre des arts plastiques.
M. Hardy: D'artisanat.
M. Charron: D'artisanat. Est-ce que cette étude est
terminée?
M. Hardy: Un premier rapport m'a été remis le
deuxième et dernier rapport devrait m'être remis en septembre ou
octobre et, dans le budget de l'an prochain, il y aura des crédits pour
l'application de ce rapport.
Le Président (M. Pilote): II est une heure, messieurs, et
la commission suspend ses travaux sine die.
(Suspension de la séance à 13 h)
Reprise de la séance à 16 h 43
M. Pilote (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A
l'ordre, messieurs! A la suspension, nous étions rendus au programme 4:
Arts plastiques: incitation à la création et à la
recherche.
M. Hardy: Ce matin, M. le Président, le
député de Saint-Jacques s'inspirait ou parlait d'une étude
qui a été faite par le service de recherche des créateurs
en arts plastiques de la région métropolitaine de
Montréal. Ce document est publié actuellement, on peut se le
procurer au service d'information du ministère...
M. Charron: Merci.
M. Hardy: ...et j'en remets un exemplaire au député
de Saint-Jacques.
M. Charron: Merci beaucoup. Où en étions-nous
donc?
Le Président (M. Pilote): On était rendus à
arts plastiques: incitation à la création et à la
recherche; élément I, à la page I-9.
M. Charron: M. le Président, je voudrais savoir... Pour
l'élément I, cela va, M. le Président.
Le Président (M. Pilote): Adopté?
M. Charron: Je pense que c'est à l'élément 2
qu'on doit discuter des musées.
M. Hardy: ... discussion.
Le Président (M. Pilote): Oui, conservation et diffusion
des arts plastiques.
M. Charron: Je voudrais, de façon très
générale, demander la politique du ministère quant
à l'existence des musées privés, des rapports
établis entre le ministère des Affaires culturelles et ces
musées.
M. Hardy: Comme le député de Saint-Jacques le sait
probablement, la dernière année budgétaire, celle de
1974/75, a vu naître au ministère, et plus particulièrement
à la direction générale des arts plastiques, un nouveau
service qui s'appelle le service des musées privés. Un directeur
a été nommé, selon la procédure normale de la
fonction publique, qui est M. Jacques Langevin. Antérieurement à
sa nomination, il y avait eu déjà des études de faites, un
inventaire pour identifier les musées privés qui existaient.
Le budget de l'an passé était de l'ordre de $250,000; de
ce montant de $250,000 nous avons distribué en subventions $225,000:
donc il n'y a eu que $25,000 pour l'administration comme telle. Cette
année, comme vous le constaterez au budget, il y a une augmentation. Le
budget régulier des musées privés cette année sera
de $2 millions.
M. Charron: $3,570,000. Peut-être que cela allégera
la discussion; j'ai ici la copie du communiqué de presse émanant
du ministère des Communications sur le soutien du ministère aux
musées privés du Québec, qui donne une liste par
région, avec le montant de la subvention.
Est-ce qu'il y a d'autres musées qui se sont ajoutés au
cours de l'année?
M. Hardy: C'est-à-dire qu'il y en aura qui vont être
ajoutés; cette année, nous allons en ajouter sept. Avec le budget
de cette année, il y en aura sept nouveaux musées, qui recevront
des subventions et qui n'en ont pas reçu l'an passé.
M. Charron: Pouvez-vous les identifier ces sept-là?
M. Hardy: Pour le budget 1975? M. Charron: Oui.
M. Hardy: Dans les nouveaux musées, il y aura, entre
autres, Baieville, Port-Alfred. Il y aura certains centres d'exposition comme
Rouyn; étant donné l'absence de musée dans ces
régions, nous allons subventionner certains centres culturels par leurs
galeries, leur équipement. Il y aura probablement un nouveau
musée à Sept-lles, le vieux poste.
M. Charron: Celui de Rimouski?
M. Hardy: Le musée de Rimouski a été
créé dans le cadre de l'ODEQ. Cette année, nous avons
accordé une subvention de $80,000. L'an prochain, nous prévoyons
$75,000.
M. Charron: Ils sont déjà avisés du
nontant?
M. Hardy: Oui, je leur en ai fait part. Cette année, nous
avons pratiquement couvert tout le budget de fonctionnement du musée.
Bien sûr, nous incitons le milieu à faire sa part, part qui
probablement ne peut qu'être modeste, mais j'ai invité avec
beaucoup d'insistance, en particulier le député de Rimouski,
maire de Rimouski, à faire en sorte que la municipalité
participe.
M. Charron: Est-ce que l'arrivée d'un musée dans
une région ou dans une ville donnée repose, un peu comme on le
disait quand on a discuté des bibliothèques, sur l'initiative
municipale, sur l'initiative privée?
M. Hardy: Non, dans la plupart des cas, c'est strictement
privé. Dans le Bas-du-Fleuve c'est un cas un peu exceptionnel; le
musée d'archéologie de Rivière-du-Loup, fort Ingall, le
musée de Rimouski et le musée de Gaspé sont des projets
qui sont nés dans le cadre de l'entente de l'ODEQ. Je dois dire,
même que, dans certains cas, on les a presque imposés, à
l'origine en tout cas, quand on a parlé à ces gens-là. On
avait des sommes d'argent considérables dans le cadre de l'ODEQ. On est
arrivé dans ces endroits et on leur a parlé de musée.
II n'y avait pas eu de demandes. C'est précisément
l'exemple de cas où cela vient d'en haut. Bien sûr, par la suite,
les gens se sont de plus en plus intéressés et, maintenant, les
citoyens de ces localités, de ces régions, sont très
intéressés à leur musée. Nous vivons certains
problèmes, parce que les montants prévus au tout début ont
été largement dépassés, parfois c'est le
triple.
Il n'y a pas seulement les Jeux olympiques où les coûts
initiaux triplent ou quadruplent. Dans le cas de ces musées, c'est ce
qui arrive. Je pense que, pour le musée d'archéologie de
Rivière-du-Loup, par exemple, on avait prévu $250,000 ou $300,000
et, finalement, la plus basse soumission était de près de $1
million. La plus basse soumission.
Je me rappelle même qu'à l'époque le plus bas
soumissionnaire espérait presque ne pas signer le contrat parce qu'il le
regrettait à cause de l'augmentation des coûts. Cela nous pose des
problèmes parce que, pour ma part, je ne peux pas accepter que,
maintenant que la population a été animée d'une certaine
façon, maintenant que la population a été incitée
à s'intéresser à un musée... Par exemple, à
Gaspé, s'est formée une corporation, on s'est mis à
rechercher des objets dans la région. Dans la région de
Rivière-du-Loup, le projet d'un musée d'archéologie a
donné lieu à des projets de recherche en archéologie
très intéressants. Le fait que les coûts aient
considérablement augmenté et que l'on ne puisse pas compter
totalement sur les fonds de l'ODEQ pour réaliser ces projets n'est pas
une raison pour les arrêter. C'est bien mon intention de tout faire pour
que ces projets soient menés a terme.
M. Charron: Est-ce que le ministère dispose de deux
critères différents quant à l'établissement d'un
musée et quant à son maintien par la suite, c'est-à-dire
les subventions qui doivent accompagner son existence à chaque
année?
M. Hardy: Quant à l'établissement, comme je vous le
dis, sauf les cas mentionnés, qui sont venus par en haut, tous les
autres cas de musées privés sont vraiment dus à des
initiatives locales. Il y a certains musées qui existent depuis...
M. Charron: Et qui demandent l'aide du ministère quand
même.
M. Hardy: ...fort longtemps, qui avaient réussi,
jusqu'ici, à vivre par leurs propres moyens, mais d'une façon
assez précaire. Je pense au musée de Vaudreuil, qui était
dans une situation financière difficile, au Musée de la mer
à l'Islet. Enfin, j'en connais plusieurs et vous en connaissez
sûrement. Il y a le musée Laurier à Arthabaska. C'est
sûr que notre nouveau programme d'aide, même s'il est très
modeste au début, permet à ces musées, qui, encore une
fois, ont manifesté un dynamisme local, de se développer.
Le directeur du service, M. Langevin, m'a remis, il y a quelques jours,
des critères sur lesquels on pourrait se baser. Cette année, dans
le budget 1974/75, je pense qu'on peut avouer que nous y sommes allés un
peu à l'aveuglette, n'ayant pas de critères bien
déterminés. Selon l'importance des musées, d'après
leur budget, nous avons déterminé la subvention. M. Langevin a
indiqué des critères plus objectifs, plus rigoureux que je vais
étudier au cours des prochains jours. C'est à partir de ces
critères... Peut-être qu'il y aura certaines modifications
à leur apporter. Entre autres, je pense à la possibilité,
sans donner à chacun de ces musées privés un budget
d'acquisition, d'avoir une réserve pour des fonds spéciaux.
Il peut arriver, par exemple, que dans une région le cas
se pose à Arthabaska dans une année un musée ait la
possibilité de faire une acquisition importante. Il peut s'agir d'un
objet qui a trait à l'histoire locale, l'histoire régionale et
s'il n'achète pas l'objet pendant l'année en cours, il va le
perdre. On pourrait peut-être prévoir, en outre du fonctionnement
régulier du musée, des fonds pour des projets spéciaux
où un musée pourrait nous présenter un projet
intéressant d'acquisition et on pourrait lui donner une subvention
spéciale pour cette acquisition.
M. Charron: Est-ce que, pour l'achat de certaines de ces
pièces qui peuvent figurer dans des musées
québécois, on sent une concurrence étrangère, dans
le sens que je m'accroche à la dernière réponse du
ministre si on ne fait pas diligence, non seulement il est
possible...
M. Hardy: Oui, mais...
M. Charron: ...qu'on les manque, mais que cela sorte à
l'étranger?
M. Hardy: ...pour contourner cette difficulté, la Loi sur
les biens culturels nous permet de classer. Même si...
M. Charron: Je pense au musée d'Ottawa, par exemple,
appelé la Galerie nationale du Canada, qui se procure plusieurs oeuvres
ici.
M. Hardy: Oui, mais je répète quitte à avoir
l'air de faire de la redondance ou du radotage, que tout cela est lié
à notre inventaire. Si notre inventaire était plus
avancé... Dès que l'inventaire nous prouve qu'un bien
mérite d'être classé, il n'y a plus ce danger, même
qu'il aille à Ottawa parce que le propriétaire du bien
classé, de l'objet mobilier, de l'oeuvre d'art qui est classée ne
peut pas s'en départir sans demander notre permission, même s'il
devait le donner à la Galerie nationale.
M. Charron: Deux questions sur deux musées en particulier.
Quelle est la situation exacte, précise quant au statut, quant au
développement du Musée d'art contemporain de Montréal?
M. Hardy: C'est-à-dire que cette année nous avons
accru, de nouveau, le budget de $70,000.
M. Charron: De $70,000, bon, d'accord.
M. Hardy: Le budget du Musée d'art contemporain a
été augmenté de $70,000. C'est encore peu en regard des
besoins de ce musée. Le conservateur actuel, Mme Saint-Martin,
espère toujours obtenir davantage. Il y a trois nouveaux postes
d'accordés au Musée d'art contemporain de Montréal.
M. Charron: Et le Musée de Québec, est-il toujours
sans directeur?
M. Hardy: C'est-à-dire qu'il a un directeur par
intérim.
M. Charron: Quand le ministre va-t-il procéder ou à
la confirmation ou à la nomination d'un directeur permanent?
M. Hardy: C'est-à-dire qu'il y a eu un concours pour
combler le poste de directeur par intérim. Justement, c'est un cas bien
pratique d'exercice de l'autorité du ministre. Je n'étais pas
satisfait de la façon dont le concours s'était tenu. Et, entre
autres, je me suis posé des questions sur la description de
tâches.
La description de tâches, pour la tenue du concours,
éliminait à l'avance le directeur adjoint, pour être bien
clair, qui, à mon sens, aurait pu être un candidat très
valable. Cela ne veut pas dire qu'il aurait été choisi par le
jury.
M. Charron: Comment cela se trouvait-il à
l'éliminer par avance?
M. Hardy: En mettant un certain nombre d'années
d'expérience. C'est une façon classique quand on veut
éliminer les gens. On met un certain nombre d'années
obligatoires.
M. Charron: Ou quand on veut en faire entrer. M. Hardy:
Pardon?
M. Charron: Ou quand on veut en faire entrer. M. Hardy: Ou
quand on veut en faire entrer. M. Charron: Oui.
M. Hardy: Alors, j'ai refusé de donner suite à ce
concours et j'ai demandé à la Commission de la fonction publique
de tenir un nouveau concours.
M. Charron: Quand aura-t-il lieu?
M. Hardy: Bien, cela...
M. Charron: Le ministre est-il informé?
M. Hardy: ...dépend. Vous savez qu'il y a certains petits
problèmes à la fonction publique qui peuvent retarder. J'imagine
que cela devrait se faire.
M. Charron: II y a combien de temps que le directeur par
intérim du Musée de Québec est directeur? Je me rappelle
que ce n'est pas la première fois qu'on en parle.
M. Hardy: Cela fait au-delà d'un an.
M. Charron: L'année dernière, lors de
l'étude des crédits, c'était...
M. Hardy: C'était le cas.
M. Charron: ...un directeur par intérim. Décembre
1973. Donc, cela l'était l'année passé.
M. Hardy: Evidemment, c'est une situation qui devrait être
régularisée. Mais je dois faire remarquer que cette situation n'a
nui, d'aucune façon au bon fonctionnement du musée.
M. Charron: Non. Ce n'est pas ce que je voulais soutenir. Si on
insiste pour avoir des postes permanents...
M. Hardy: Oui, oui.
M. Charron: ...c'est parce qu'on les juge d'une certaine valeur
et que si l'ensemble des musées...
M. Hardy: II est évident, que ce soit M. Juneau ou un
autre qui assume la direction du musée, que la situation est plus
confortable lorsqu'on est confirmé en titre que lorsqu'on est par
intérim.
M. Charron: M. le Président, je suis disposé
à adopter le programme 4.
Le Président (M. Pilote): Le programme 4 et les
éléments sont adoptés? Adopté. Programme 5: Arts
d'interprétation. Elément 1: Enseignement des arts
d'interprétation.
Arts d'interprétation Conservatoires
M. Hardy: Alors, il s'agit des conservatoires de musique et des
conservatoires d'art dramatique.
M. Charron: C'est ça. Bonjour.
M. Hardy: Comme vous le savez, peut-être pour aller au
devant des coups...
M. Charron: Oui.
M. Hardy: ...nous avons eu au cours de l'année, comme
pendant les années antérieures, certains problèmes avec
les conservatoires parce que les disponibilités physiques où se
trouvent certains conservatoires ne sont pas à la hauteur de la
situation.
Nous avons eu des problèmes à Hull, nous avons eu des
problèmes à Trois-Rivières, nous avons toujours des
problèmes à Montréal, qui sont en voie de
règlement, le tout étant soumis à la di-
ligence du ministère des Travaux publics, qui assume les travaux.
D'autre part, le Conservatoire de Rimouski va bien. Quant à
Trois-Rivières, nous sommes en train de régler le
problème, peut-être pas d'une façon idéale mais
d'une façon valable en tout cas. L'annonce que j'ai faite la semaine
dernière aux étudiants, aux professeurs et aux parents, à
Trois-Rivières, a semblé recevoir un accueil très
favorable. Nous sommes en négociations, c'est-à-dire le
ministère des Travaux publics est en négociations avec la ville
de Trois-Rivières pour louer deux étages du centre culturel et
pour utiliser les deux salles comme salles de concert au centre culturel, ce
qui veut dire que nous pourrons évacuer les locaux plus vétustes
de la rue Royale. Encore, pendant un certain temps, le conservatoire sera
logé sous deux toits, le centre culturel et l'école
Sainte-Marie.
Mais notre objectif est d'arriver à ce que le conservatoire soit
logé sous un même toit, soit au centre culturel s'il y avait
possibilité, à la satisfaction des autorités municipales,
de trouver un autre endroit pour la bibliothèque municipale, qui est
aussi au centre culturel, ou de trouver un autre endroit pour loger le
conservatoire.
M. Charron: Tout cela, puisqu'on parle de Trois-Rivières
en particulier, devrait se faire au cours de la prochaine année.
M. Hardy: C'est-à-dire que oui, cela va se faire pour la
prochaine année, en septembre, le conservatoire de musique. Pour la
rentrée en septembre, le conservatoire sera logé et au centre
culturel et à l'école Sainte-Marie.
M. Charron: M. le Président, combien le Québec
compte-t-il d'étudiants aux conservatoires de musique actuellement, dans
l'ensemble des conservatoires?
M. Hardy: 1,400 étudiants dans les conservatoires.
M. Charron: Les plus gros sont... M. Hardy:
Montréal et Québec. M. Charron: Montréal et
Québec.
M. Hardy: Je ne sais pas si le député de
Saint-Jacques a eu l'occasion de visiter le conservatoire de Québec, il
est magnifique. Quand les professeurs sont appelés à enseigner
à la fois à Québec et dans d'autres conservatoires, ils
mesurent, d'une façon très aiguë, la différence.
M. Charron: La différence.
Les problèmes de personnel au conservatoire de Rimouski ont-il
été réglés? Les professeurs dont on retardait
à faire l'engagement ont-ils finalement été
engagés?
M. Hardy: II y avait des problèmes d'ordre administratif,
des lenteurs administratives avec la fonction publique et tout cela mais il n'y
a pas de problème de fond. Je pense que ces problèmes ont
été résolus au cours de l'année.
Actuellement, il manquerait trois professeurs à Rimouski, trois
postes qui pourraient être comblés par des
réaménagements à l'intérieur du réseau de
conservatoires.
M. Charron: II manque trois professeurs à Rimouski.
M. Hardy: A Rimouski.
M. Charron: Avant de quitter Trois-Rivières, j'aurais une
question là-dessus. Le directeur du conservatoire a-t-il
été nommé d'une façon permanente, à la suite
du concours?
M. Hardy: Oui, les procédures sont en voie. J'ai
annoncé sa nomination à titre permanent, à
Trois-Rivières, la semaine dernière.
M. Charron: C'est monsieur? M. Hardy: Santiago.
M. Charron: Au fond, la question que vous avez soulevée en
signalant la qualité du conservatoire de Québec, en signalant
l'état d'esprit des professeurs qui ont à faire plusieurs
conservatoires soulève un problème réel. Lorsqu'on visite,
qu'on s'entretient avec les étudiants de certains conservatoires
à l'extérieur de Montréal et de Québec, ils ont
souvent l'impression, que ce soit clair ou non dans leurs expressions, qu'ils
ont des conservatoires mineurs par comparaison et qu'ils n'ont pas l'attention
qu'ils devraient avoir du ministère. Pouvez-vous dire que, cette
année, dans l'octroi des crédits, une attention plus grande a
été donnée aux conservatoires de Hull, de
Trois-Rivières et de Rimouski?
M. Hardy: M. Vallerand m'assure que sur le plan de la
répartition du budget le tout s'est fait d'une façon très
scientifique, très rigoureuse. Quant au contenu des programmes, quant
à la qualité, quant aux exigences, les normes sont les
mêmes en province qu'à Montréal et Québec.
M. Charron: Quant aux investissements immobiliers?
M. Hardy: Quant à l'équipement, c'est aussi en voie
de règlement. Par exemple, à Trois-Rivières, des
professeurs m'ont fait remarquer la pauvreté de l'équipement.
Vous comprenez qu'on ne peut pas modifier l'équipement, les instruments
en une seule année, parce qu'il s'agit d'instruments qui sont
dispendieux. Mais chaque année on essaie d'améliorer. Il y a,
cette année, au budget, une somme de $250,000 de prévue pour
l'acquisition de nouveaux équipements.
M. Charron: Les étudiants de conservatoire avaient
parlé à un moment du besoin et du désir
qu'ils avaient de se trouver regroupés avec des professeurs dans
un organisme consultatif qui serait consulté sur certaines
décisions qui les affectent. Est-ce que le ministre a retenu cette
suggestion?
M. Hardy: Oui, cela existe actuellement; il y a des commissions
pédagogiques dans chaque conservatoire, auxquelles commissions
pédagogiques siègent des étudiants.
Personnellement, chaque fois qu'ils me l'ont demandé, j'ai eu
l'occasion de rencontrer des associations ou des représentants des
associations d'étudiants des conservatoires, sauf lorsqu'ils occupaient
les lieux. Parce que j'ai un principe bien ferme, celui de ne jamais rencontrer
personne pendant que dure l'occupation.
M. Charron: Les problèmes sont-ils réglés au
Conservatoire d'art dramatique de Québec?
M. Hardy: Est-ce qu'il y a des problèmes? M. Charron:
Oui, il y avait des problèmes...
M. Hardy: J'y suis allé, il y a quelques semaines,
à une représentation; j'ai été reçu non pas
par le directeur parce qu'il jouait ce soir-là dans une pièce au
Grand Théâtre, mais j'ai rencontré des professeurs, des
étudiants; ils avaient tous l'air très heureux et ne m'ont pas
parlé de problèmes en particulier. J'en appelle au
témoignage de mon directeur de cabinet.
M. Charron: C'est qu'on a été informé que
quatre des cours inscrits au programme du Conservatoire d'art dramatique de
Québec avaient été suspendus parce que le ministre des
Affaires culturelles n'avait pas encore signé les formules d'engagement
et de réengagement de quatre des professeurs de l'institution.
M. Hardy: C'est un retard administratif qui s'est
réglé.
M. Charron: Qui a été comblé? Qui est fait
maintenant? Bon.
M. Hardy: C'est un accident de parcours, ce n'est même pas
un problème.
Théâtre professionnel
M. Charron: En quittant le conservatoire, mais en touchant aux
troupes professionnelles de théâtre, la première troupe
dont le ministre a certainement été saisi des difficultés,
c'est la Nouvelle Compagnie théâtrale. M. le Président, je
pourrais faire un long exposé plaidant pour le...
M. Hardy: Oui, c'est comme...
M. Charron: ...maintien de la Nouvelle Compagnie
théâtrale, du genre de théâtre que cette compagnie
offre aux Québécois...
M. Hardy: Est-ce que l'élément 1 est
accepté? M. Charron: Oui, quant à cela, oui.
M. Hardy: Mais, juste un petit mot, il ne faudrait pas que vous
fassiez comme certains avocats devant certains juges, c'est-à-dire faire
un long plaidoyer pour convaincre le juge alors que le juge est
déjà convaincu.
M. Charron: Oui, c'est justement pourquoi je dis que je n'ai pas
l'intention de le faire. Je suis plus ici pour voir si ce plaidoyer, que de
toute façon j'ajouterais à un grand nombre de plaidoyers qui ont
déjà touché le ministre, connaît des
résultats. La difficulté d'abord de la salle, c'est la
première difficulté matérielle qu'affronte cette troupe;
ensuite, difficulté quant à son budget de fonctionnement qui est
insuffisant comme dans bien d'autres cas. Dans les deux cas, est-ce que le
ministre a pris connaissance du dossier et a des décisions à
annoncer?
M. Hardy: C'est-à-dire que j'avais déjà eu
l'occasion d'annoncer certaines décisions, à la suite d'une
rencontre que j'avais eue, il y a déjà plusieurs semaines, avec
M. Gilles Pelletier, directeur de la Nouvelle Compagnie
théâtrale.
Je vais commencer par le problème le moins aigu, jusqu'à
un certain point, celui de la subvention annuelle, de la subvention de
fonctionnement, grâce à l'augmentation générale du
budget de transfert, nous allons pouvoir augmenter la subvention annuelle
à la Nouvelle compagnie théâtrale.
M. Charron: De combien?
M. Hardy: Bien là, je pense que nous n'avons pas encore
reçu... Ah oui! sur l'an passé; c'est-à-dire que cela est
conditionné... Comme je l'avais dit à ce moment-là
à M. Pelletier, j'avais demandé à M. Pelletier de nous
présenter...
M. Charron: Sa programmation. M. Hardy: ...un programme
triennal. M. Charron: C'est cela.
M. Hardy: Je ne sais pas si on a fait l'étude sur le plan
financier, parce que, dans ce cas comme dans tous les autres, cela
dépendra non seulement de l'augmentation... Le principe d'augmenter est
admis. Maintenant, dans quelle proportion exactement, cela dépendra de
la nature du programme et des besoins. Mais, de toute façon, je pense
bien que nous allons réussir à permettre à cette compagnie
qui joue un rôle essentiel de pouvoir continuer à jouer son
rôle.
L'autre problème plus aigu, c'est celui de trouver une salle, qui
s'est compliqué jusqu'à un certain point au cours des
récents jours; d'une part, M. Vallerand a recherché avec
fébrilité une salle, à Montréal, qui pourrait
convenir à la Nou-
velle Compagnie théâtrale, et le tout s'est fait avec la
collaboration de la Nouvelle Compagnie théâtrale. Mais, pendant
que nous travaillions à rechercher cette salle, des
développements sont intervenus au sujet du Gésu, de la salle le
Gésu où la Nouvelle Compagnie théâtrale travaille
présentement. La Commission des biens culturels sera appelée, je
pense, vendredi, à donner une opinion sur l'hypothèse de
conservation du Gésu.
Des étudiants de l'université McGill ont, de leur propre
initiative, fait un travail sur ce cas. Evidemment, c'est très
hypothétique, ce que je peux dire, mais, dans l'hypothèse
où la Commission des biens culturels ferait une recommandation favorable
quant au Gésu, dans l'hypothèse où nos dossiers pourraient
nous amener à classer la salle ou l'église, je ne sais trop, bien
sûr cela réglerait indirectement le problème de la
localisation de la Nouvelle compagnie théâtrale.
Alors, c'est dans ce sens que je dis que le problème est complet,
parce qu'il y a plusieurs facteurs qui peuvent intervenir quant à la
solution. De toute façon, pour la première fois également,
c'est une primeur, il y a dans notre budget des montants prévus pour
l'immobilisation. C'est à partir de cette assurance sur le plan
budgétaire que nous avons pu faire ces recherches pour trouver une salle
à la Nouvelle compagnie théâtrale. Si le cas du Gésu
demeurait négatif, c'est-à-dire si la Nouvelle compagnie
théâtrale devait quitter le Gésu, nous avons des
possibilités de loger la Nouvelle compagnie théâtrale
ailleurs. Nous avons la possibilité également, avec le budget
dont nous disposerons si vous acceptez bien de le voter, de lui accorder des
subventions qui permettraient d'aménager les salles ou la salle dont on
parle.
M. Charron: Quelle est cette salle?
M. Hardy: Je ne sais pas. C'est peut-être difficile, parce
qu'il y a des problèmes. Si on l'annonce trop rapidement...
M. Charron: Parce que je suis au courant un peu.
M. Hardy: ...le vendeur va peut-être augmenter ses prix.
Alors, c'est peut-être délicat actuellement.
M. Charron: Je suis au courant un peu, parce que j'en ai
parlé, il n'y a pas tellement longtemps, avec M. Pelletier.
M. Hardy: Ce serait peut-être préférable de
garder une certaine discrétion là-dessus à ce moment-ci,
parce que nous sommes en négociation.
M. Charron: En tout cas, contentons-nous de savoir que, si le
Gésu devait disparaître, il semble bien possible qu'une nouvelle
salle soit disponible dès septembre pour que la troupe reprenne ses
représentations.
M. Hardy: Oui, oui. C'est-à-dire que la saison serait
peut-être quelque peu retardée, parce que nous disposons de
très peu de temps.
M. Charron: Et il faudrait faire des réaménagements
de la salle, j'imagine.
M. Hardy: Ah oui, oui! L'a salle que l'on a en vue actuellement
nécessiterait des réaménagements.
M. Charron: Le rapport Miville-Deschênes sera-t-il rendu
public?
M. Hardy: C'est-à-dire que nous le remettons à tous
ceux qui en font la demande. Si le député de Saint-Jacques en
veut une copie, nous lui en ferons parvenir une. Oui, toutes les compagnies qui
ont été consultées. Nous ne l'avons pas mis en vente chez
l'Editeur officiel, mais, de toute façon, il n'est plus secret depuis un
bon bout de temps.
M. Charron: Non, je sais. Je vous affirme que, même s'il
n'est pas secret, je n'en ai pas de copie encore aujourd'hui, pour vous assurer
de la fidélité de vos fonctionnaires. Je vais quand même
vous demander, si vous agréez à ma demande, de m'en donner une
copie, de sorte que je ne sois pas obligé de courir après.
M. Hardy: Alors, je demande au personnel de mon cabinet...
M. Charron: Le personnel politique.
M. Hardy: ...de faire le nécessaire pour vous en faire
parvenir une copie.
M. Charron: Mais, est-ce que les grandes lignes du rapport, que
j'ai ici sur les coupures de presse, se répercutent déjà
dans certains articles des crédits?
M. Hardy: C'est-à-dire non. Mais elles ont donné
lieu à l'engagement d'un contractuel, d'un spécialiste dans
l'administration de bien des choses, mais en particulier dans l'administration
des organismes culturels. Il s'agit de John Goodwin et Associés, qui a
un contrat en vertu duquel il a mandat, à partir du rapport
Miville-Deschênes et à partir de la situation actuelle qui existe
dans le domaine du théâtre, de proposer des politiques
concrètes.
M. Charron: Une des recommandations, c'est l'urgente nomination
d'un directeur au service du théâtre à l'intérieur
du ministère.
M. Hardy: C'est-à-dire que la nomination d'un directeur au
service du théâtre pose un problème assez difficile
à résoudre. Nous sommes dans cette situation un peu paradoxale
que le salaire de la ou les personnes qui sont appelées à
étudier des projets, des budgets ou à faire des recom-
mandations le directeur du service du théâtre, et
cela est vrai pour d'autres services aussi est très souvent un
salaire pas mal inférieur à la capacité de ceux à
qui ils s'adressent.
En d'autres termes, les gens qui sont vraiment les meilleurs dans leur
domaine, dans le théâtre, ne sont pas tellement
intéressés à venir assumer le poste de directeur du
service du théâtre, parce que le salaire, en vertu des
règlements de la fonction publique et de tout cela, serait
inférieur à ce qu'ils gagnent dans les troupes, soit comme
comédiens ou soit comme directeurs, soit comme metteurs en scène,
largement inférieur à ce qu'on leur donne. Là aussi il y a
un problème.
M. Charron: Je n'écarte pas du revers de la main ce
problème bien pratique qu'on rencontre d'ailleurs ailleurs, lorsqu'il
s'agit d'aller chercher des professionnels, difficultés à combler
certains postes dans la fonction publique. Mais sur le plan politique, je pense
que la suggestion de M. Miville-Deschênes tient au fait que, cette
suggestion devait-elle être remplie, il aurait l'impression que la place
du théâtre dans les préoccupations du ministère des
Affaires culturelles seraient plus grandes.
M. Hardy: Mais nous avons décidé de procéder
un peu d'une façon différente dans ce cas. Nous avons
décidé, en confiant à John Goodwin une espèce de
restructuration, de commencer par construire la maison et, par la suite,
de...
M. Charron: Quel est son mandat exactement?
M. Hardy: ...dégager une politique s'inspirant en
particulier du rapport Miville-Deschênes, de dégager des
politiques d'action dans le domaine du théâtre. Et, si les
résultats sont bons, c'était notre intention également,
dans un deuxième temps, de lui confier un mandat dans le domaine de la
musique, partant encore là d'une autre étude qui a
été faite par le comité Jeannotte.
M. Charron: M. Miville-Deschênes s'est
intéressé longuement à la situation du jeune
théâtre. Est-ce que, dans les crédits que nous sommes
appelés à voter, il y a des modifications sensibles des
politiques à l'égard du jeune théâtre?
M. Hardy: Oui, je vous donne un exemple. Il y a des jeunes
troupes. L'augmentation générale des crédits aux arts
d'interprétation va se réfléter sur les subventions
accordées au jeune théâtre.
M. Charron: L'Association québécoise du jeune
théâtre recevra combien?
M. Hardy: La décision n'est pas encore prise. Mais
à cause justement de l'entente qui est intervenue avec le
Haut-Commissariat l'an passé, c'est le Haut-Commissariat qui a
subventionné pour une large part l'Association québécoise
du jeune théâtre. Cette année, l'Association
québécoise du jeune théâtre ne sera
subventionnée que par le ministère des Affaires culturelles. Le
budget n'est pas encore rentré alors, nous ne pouvons pas le dire.
M. Charron: La demande de...
M. Hardy: Ce que l'on appelle la demande officielle, c'est quand
ils nous apportent leur budget. Le budget n'est pas encore arrivé, alors
nous ne pouvons pas, à ce stade-ci, vous dire quelle serait la
subvention.
M. Charron: Lorsque M. Miville-Deschênes a rencontré
les principaux responsables de l'association, ils lui avaient
présenté un plan de développement que M.
Miville-Deschênes avait évalué lui-même aux alentours
de $175,000, quant à son développement. La question que je posais
est à savoir si c'était retenu, partiellement ou jusqu'à
quel point, dans le budget qu'ils recevront cette année.
M. Hardy: C'est-à-dire que la décision qui sera
prise quant à la subvention reposera d'abord et avant tout sur le budget
bien précis qu'ils nous présenteront cette année.
M. Charron: M. Miville-Deschênes a recommandé
également des subventions au Patriote et...
M. Hardy: C'est-à-dire que le Patriote, oui. C'est une des
suggestions qui a déjà été réalisée.
C'est un peu une nouvelle formule que nous avons utilisée. Plutôt
que de donner tout simplement un montant d'argent au Patriote, nous les avons
assurés d'une enveloppe, mais ce sont des subventions à des
productions. En réalité le Patriote a reçu $50,000 mais
toujours appliqués à des productions, individuellement.
Evidemment, dans le cas de ces productions, il s'agit de jeune
théâtre et de théâtre de création.
M. Charron: Est-ce que le ministre changera de politique ou
modifiera sa politique de subventions au théâtre anglophone?
M. Hardy: Bien, je ne vois pas ce qu'il y aurait à
modifier. Je pense que le théâtre anglophone n'a pas
été particulièrement gâté, si je vois la
liste. D'abord, établissons tout de suite le principe: Je
considère que le ministère des Affaires culturelles n'a pas le
droit de refuser à des groupes anglophones des subventions; les
anglophones paient des taxes. Je ne sais pas ce qu'entend le
député de Saint-Jacques lorsqu'il dit qu'on devrait modifier
notre politique...
M. Charron: Par exemple...
M. Hardy:... parce que je n'ai pas l'impression que nous
accordons... Si on calculait cela...
M. Charron: Non, non, non.
M. Hardy: ... mathématiquement, je ne pense pas que le
théâtre anglophone soit surprotégé.
M. Charron: Dans le rapport dont on parle depuis tantôt, on
parlait de la troupe ou du festival de théâtre de Lennoxville.
M. Hardy: Oui, qui a eu $5,000 l'an passé.
M. Charron: On demandait ou on suggérait je ne sais
pas si j'amplifie la suggestion faite dans le rapport Miville-Deschênes
que le contenu québécois francophone se joigne à la
production de certaines troupes anglophones, que le ministre encourage ce genre
de production.
M. Hardy: Oui, mais, là, vous savez, on s'aventure sur un
terrain très délicat. Vous avez entendu, hier, des gens vous
parler de dirigisme de la part du ministre dans un autre secteur de la vie
culturelle. Nous aurons l'occasion de débattre cette question ou cours
des prochains jours.
M. Charron: Violemment.
M. Hardy: Pourquoi violemment? Franchement, si vous n'êtes
pas plus violent que vous ne l'étiez hier, m'a-t-on dit, cela va
être quand même assez paisible.
M. Charron: Je n'ai pas été violent hier; le
caractère sérieux et serein de la rencontre a été
signalé partout.
M. Hardy: Vous m'avez fait perdre le fil de mon idée avec
le cinéma.
M. Charron: Vous ne m'avez pas fait perdre le mien.
M. Hardy: Ah oui! c'est la liberté. M. Charron:
Ouais.
M. Hardy: Je pense qu'il faut faire attention à ne pas
être trop dirigistes devant des troupes de théâtre
anglophones, en leur disant: II faut absolument que vous ayez tel contenu.
Déjà, cela pose des problèmes dans le cinéma,
encore une fois, le problème du contingentement, surtout quand une
subvention est aussi modeste que $5,000. Je ne dis pas que l'idée
évoquée par le député de Saint-Jacques doit
être totalement rejetée, mais je pense qu'il faudrait être
très délicat. Il faut laisser une certaine latitude aux troupes
et aux groupements dans leur programmation.
Je verrais mal le ministre des Affaires culturelles dire, d'une
façon trop explicite: Vous allez jouer telle pièce ou telle
autre. Si on s'aventure sur ce terrain, cela pourrait aller loin.
La chanson
M. Charron: M. le Président, j'aimerais aborder maintenant
la question de la chanson, de la politique de la chanson. Je pense que le
ministre conviendra avec moi c'est lui qui l'a annoncé comme cela
qu'un des gestes importants faits au cours du dernier exercice financier
était l'annonce du festival de la chanson. Ce n'est pas la politique de
la chanson...
M. Hardy: Non, je l'ai bien dit, d'ailleurs.
M. Charron:... du ministère des Affaires culturelles. Sur
ce festival lui-même qui aura lieu...
M. Hardy: Cela pose un petit problème; M. Leclerc est ici.
A ce stade-ci, même si la chanson, c'est un art d'interprétation,
pour le moment, c'est encore au niveau des industries culturelles à
cause de la nouveauté quant au ministère des Affaires
culturelles. De toute façon, M. Leclerc étant ici, je pense
qu'avec le consentement unanime de la commission nous pourrons revenir à
ce programme.
M. Charron: Je dis tout de suite, pendant que M. Leclerc
s'installe, que, l'année dernière, lorsque j'avais soulevé
cette question, vous m'aviez référé à
l'étude qui était en cours sous la direction de M. Leclerc.
M. Hardy: C'est-à-dire que, l'année
dernière, au moment des crédits, je pense que c'était
à l'état de projet, d'étude. Je ne sais pas si on avait
commencé. Si nous avions commencé, nous n'en étions qu'aux
balbutiments.
M. Charron: Vous aviez dit aussi, lors de cette grande
intervention du 4 avril, que les éléments de cette politique
paraîtraient non pas dans les crédits que nous avons
étudiés l'année dernière, mais cette
année.
M. Hardy: Vous en avez; $260,000 pour le festival de la
chanson.
M. Charron: Bon, est-ce que ces $260,000 paraissent
suffisants?
M. Hardy: Voici, il faut replacer le tout. Encore une fois la
politique de la chanson comme telle n'est pas encore définitivement
soumise. Il n'y a qu'un volet ou qu'une parcelle de la politique de la chanson
que va constituer le festival.
C'est la seule recommandation précise qui m'a été
remise jusqu'à maintenant par l'industrie culturelle.
Donc, je ne pouvais pas mettre dans le budget des sommes pour des choses
sur lesquelles je n'ai pas encore été appelé à me
prononcer. Pour le festival de la chanson, on a jugé suffisante une
somme de $260,000. Au cours des prochaines semaines, sinon des prochains mois,
le service des industries culturelles va me remettre des propositions
d'ensemble pour une politique de la chanson et c'est dans le prochain budget
que nous verrons des montants pour concrétiser cette politique de la
chanson.
M. Charron: Est-il exact que les $260,000 dont on parle ne sont
utilisés que pour l'aménagement du site et qu'en
réalité, il s'agit, comme les media d'information l'ont
rapporté, d'un investissement plus considérable aux alentours de
$551,000?
M. Hardy: Nous avons mis sur pied une société un
peu sur le modèle de la société d'accueil de l'an
passé, à qui le ministère a remis le mandat d'organiser le
festival de la chanson. La subvention que le ministère accorde à
cette société est de $260,000. Je pense bien, je n'ai pas encore
vu de chiffres, personnellement, que le budget total de ce festival de la
chanson va être largement supérieur à ce montant, parce
qu'il y aura des revenus assez considérables de ce festival de la
chanson, il y aura des commandites, des locations d'espaces à des
producteurs, enfin, on prévoit des revenus.
M. Charron: II y a deux critiques fondamentales et mon rôle
c'est de les apporter à la table de la commission pour...
M. Hardy: Pour me permettre de les réfuter.
M. Charron: ...vous permettre de les réfuter, si vous en
êtes capable. Voici la première. On me dit que c'est un
encouragement, à même les fonds publics, à des gens qui
n'en ont pas besoin, qui sont déjà des professionnels de la
chanson, lorsqu'on discute, lorsqu'on parle de regrouper 12,000 personnes sur
une place à l'occasion d'un festival, pour atteindre ce nombre et
remplir cette capacité d'audience, ne pourront le faire que les artistes
professionnels québécois connus, les plus grands et on a à
l'esprit, évidemment, le festival de la francophonie l'année
dernière où, je pense, les trois plus grands chansonniers du
Québec ont réussi ce tour de force...
Autre critique que je dépose aussi à la commission, tout
en respectant le caractère très professionnel des gens qui sont
dans, ce que j'appellerai, le conseil d'administration du festival, on les dit
provenant d'un milieu très fermé, très limité
à certains imprésarios et certains groupes de producteurs et
qu'en ce sens, ils pourraient se trouver en conflits d'intérêts
entre la promotion c'est très normal d'ailleurs, je ne dis pas
cela dans un sens péjoratif des artistes déjà
oeuvrant avec eux et les jeunes chansonniers québécois pour qui,
j'imagine, le festival est la raison d'être.
M. Hardy: D'abord, M. le Président, la première
critique formulée par le député de Saint-Jacques, fait
écho, comme il le dit lui-même à des critiques qu'on a pu
lire dans les journaux et encore une fois, on n'a pas saisi le véritable
sens de cette semaine de la chanson. On a accordé plus d'importance
à ce que j'appellerais l'accessoire par rapport au principal. Ces
grandes manifestations où on espère regrouper 12,000 personnes,
où des professionnels se produiront, ce n'est pas l'essence ou la raison
d'être du festival de la chanson. La raison d'être du festival de
la chanson, c'est précisément de permettre aux futurs profes-
sionnels ou aux jeunes de se familiariser avec ce monde par le truchement de
séminaires, de conférences ou d'exhibitions, de voir ce que
c'est. Parce que des personnes qui ont fait des études dans ce domaine
ont trouvé qu'il y a beaucoup de jeunes qui ont du talent, qui peuvent
écrire, interpréter, mais qui ne savent pas trop comment s'y
prendre, et souvent ils tâtonnent pendant des semaines et des
années.
Alors ils vont pouvoir, dans l'espace d'une semaine, parce qu'il va tout
y avoir dans un même lieu, voir comment un disque commence à son
tout début jusqu'à la fin; ils vont pouvoir prendre cette
connaissance-là.
Donc, le Festival de la chanson va s'orienter sur la relève;
c'est pour permettre à la relève de se familiariser avec tout ce
monde de la chanson.
Il y a un autre aspect aussi, c'est de polariser pendant une semaine
l'attention de l'opinion publique, de tous les Québécois, sur ce
phénomène de la chanson. En consacrant toute une semaine au
phénomène de la chanson, nous espérons, c'est
déjà un phénomène très important... C'est
peut-être un des phénomènes culturels, peut-être pas
au même titre que le hockey, mais, en tout cas, c'est un
phénomène culturel très important pour les
Québécois, la chanson, mais pour, si je disais, donner à
ce phénomène culturel ses lettres de noblesse, il est important
que l'on y consacre une semaine.
Donc, encore une fois, je ne sais pas qui sera invité, que ce
soit Vigneault, Leclerc ou Charlebois ou quelque autre grand nom, le Festival
de la chanson n'est pas organisé pour eux et ce ne sont pas eux
tellement qui vont en retirer quelque chose. Ils vont être un
phénomène d'accompagnement à cette organisation, mais ceux
qui vont en retirer des bénéfices, ce sont tous ces jeunes, parce
qu'on a prévu tout un système de transport pour amener à
Québec non seulement les gens de la région de Québec, mais
les gens de l'Abitibi, de la Gaspésie, les jeunes qui
s'intéressent à la chanson afin que tous les jeunes de toutes les
parties du territoire puissent vraiment se familiariser avec ce monde.
Quant aux critiques formulées sur le choix des personnes membres
de la société, bien sûr, là encore c'est très
délicat. Si on prend des personnes qui sont compétentes, c'est
évident que les personnes compétentes dans ce domaine-là,
les personnes dynamiques agissent. Elles sont imprésarios, elles sont
interprètes, elles sont compositeurs; ce sont des gens qui sont
directement mêlés au monde du spectacle. Ce que nous avons
tenté de faire, c'est nommer des personnes qui représentent tous
les secteurs. Quelqu'un représente le secteur de la production du
disque, quelqu'un représente les jeunes chansonniers, quelqu'un
représente le spectacle, quelqu'un représente les auteurs
compositeurs. On a essayé de faire en sorte que tous les secteurs de la
chanson soient représentés. La seule façon qu'il n'y ait
pas de conflit d'intérêts aurait été de choisir des
gens qui ne sont pas les personnes les plus dynamiques du milieu, alors...
M. Charron: Mais, est-ce que c'est la meilleure façon,
autrement dit, de dépenser $260,000 pour venir en aide à la
chanson québécoise?
M. Hardy: C'est-à-dire que nous...
M. Charron: Est-ce l'utilisation la plus rationnelle des fonds
publics aux fins de développer la chanson québécoise?
M. Hardy: Encore une fois, c'est la conclusion à laquelle
les études que nous avons menées sont arrivées. Pour faire
suite aux propos que je tenais ce matin, j'ai accepté cette
recommandation, donc j'en assume la totale responsabilité. Je crois,
jusqu'à preuve du contraire, que c'est une bonne façon. Si ce
n'était que la seule façon, si nous n'avions pas d'autres volets,
si notre politique de la chanson était uniquement constituée de
ce Festival de la chanson, je vous dirais tout de suite que ce ne serait pas
valable.
Mais, d'une part, parce que c'était le dossier qui était
le plus avancé, celui que l'on pouvait réaliser le plus
rapidement, nous avions le choix, comme j'ai déjà eu l'occasion
de le dire, d'attendre encore un an, d'attendre d'avoir un tout, d'avoir une
politique globale ou de faire une première expérience cette
année. Pour cette expérience, de toute façon, $260,000
c'est beaucoup d'argent d'une part, mais quand même, en regard de
l'ensemble du budget modeste du ministère, ce n'est pas extraordinaire.
Je pense que cette expérience, qui est un peu un laboratoire que nous
allons tenir cet été, pourra nous servir dans la mise au point
finale de notre politique de la chanson.
M. Charron: Est-ce que l'effort financier que fait le
ministère au chapitre du festival l'empêchera, par exemple, de
subventionner les boîtes à chanson?
M. Hardy: Non, c'est-à-dire, cette année, oui. Ce
n'est pas à cause de l'effort que nous faisons, ce n'est pas à
cause d'un problème financier que nous n'avons pas encore
subventionné les boîtes à chanson.
C'est que l'intervention dans le domaine des boîtes à
chanson va dépendre des conclusions de la politique globale de la
chanson. J'ai refusé jusqu'à ce jour, avant d'avoir un plan
global d'intervention, de subventionner une boîte plutôt qu'une
autre, parce que, si nous avions commencé cette opération sans
critères, sans cadre de référence, nous aurions
été appelés à poser des gestes
discrétionnaires et à mécontenter une foule de gens. Il y
a beaucoup de gens qui se seraient plaints, probablement avec justesse, que
nous étions discrétionnaires.
Quand nous aurons une politique bien définie, des critères
bien définis, nous pourrons intervenir.
M. Charron: Je me demande...
M. Hardy: Entre autres, je ne suis pas convaincu je ne
veux pas présumer des conclu- sions ou des recommandations que l'on va
faire qu'il soit sage de subventionner une boîte comme telle. Je
suis plutôt favorable à subventionner une boîte à
chanson pour des projets bien particuliers.
Si une boîte à chanson accepte, dans une première
partie, de présenter des jeunes qui n'ont jamais eu l'occasion de se
faire connaître, alors nous l'aiderions nous interviendrions pour
atténuer ou même faire disparaître le déficit que la
boîte à chanson connaît en faisant cela.
M. Charron: Oui, mais c'est...
M. Hardy: C'est une hypothèse vers laquelle nous
nous...
M. Charron: C'est de cela que je voulais parler, parce que les
boîtes à chanson...
M. Hardy: Parce que ce sont des opérations commerciales au
départ, un peu comme les galeries.
M. Charron: D'accord. Il y a des boîtes à chanson
qui font déjà ce type d'intervention.
M. Hardy: Et qui l'ont fait; je pense entre autres à la
Butte, à Val-David.
M. Charron: Le Patriote, la Boîte, ici à
Québec.
M. Hardy: Oui, le Patriote ou la Boîte à
Québec, plus récemment, mais la Butte je pense que c'est...
M. Houde (Fabre): Le pionnier.
M. Hardy: ...le pionnier.
M. Charron: Moi, quand même...
M. Hardy: Ce sont des gens qui ont fait ça...
M. Charron: ...je ne comprends pas comment il se fait qu'on met
autant de temps à reconnaître ce phénomène, que le
fait d'encourager la promotion de jeunes chansonniers donne des
difficultés financières.
M. Hardy: Vous avez fait référence à mon
discours du 4 avril. Vous savez très bien que, d'abord, il fallait
commencer par reconnaître la chanson. Et, une fois que la chose
était reconnue sur le plan des principes, il fallait, par la suite
et je pense qu'on n'a pas perdu de temps ...
M. Charron: Le public l'avait reconnu, lui, depuis longtemps.
M. Hardy: Oui, mais au ministère des Affaires culturelles,
c'est un secteur où on n'intervenait pas. Mais, à partir du
moment où on a accepté le principe que la chanson était un
mode d'expres-
sion important dans la vie culturelle, immédiatement nous nous
sommes mis au travail et, encore une fois, je pense qu'il s'agit...
Nous avons travaillé d'une façon sérieuse. Des
enquêtes très approfondies ont été
effectuées. Cela a pris un peu de temps, mais je pense que ça en
vaut la peine pour avoir une politique valable.
M. Charron: Dans un autre sujet, vous aviez promis, par la
présence de M. Leclerc lors de la fondation de la Société
des auteurs et compositeurs, un appui énergique à cette
société. Comment cela s'est-il concrétisé au cours
de l'année et comment cela se fera-t-il maintenant?
M. Hardy: Notre appui, actuellement, s'est fait surtout au niveau
des services. Plutôt que de leur accorder des subventions pour qu'ils
accordent des contrats eux-mêmes, c'est nous qui leur avons fourni des
services techniques, par le truchement du service des industries
culturelles.
M. Charron: La politique du disque accompagne
nécessairement une politique de la chanson. Vous nous aviez dit,
l'année dernière, que vous attendiez un rapport au cours de
l'année, avec répercussions possibles au niveau des
crédits. Est-ce qu'on peut les déceler?
M. Hardy: Cela a été un petit peu plus long. Si le
calendrier parlementaire avait fait en sorte que je défende mes
crédits à la fin de mai plutôt qu'au début, j'aurais
pu vous remettre ce rapport. M. Leclerc me dit que ce rapport va m'être
remis au cours des prochains jours.
M. Charron: C'est le rapport de Gilles Birois... M. Hardy:
Gilles Biron et Yves Croual.
M. Charron: Donc, vous n'avez pas encore été...
M. Hardy: M. Leclerc me dit que j'aurai ce rapport dans quelques
jours.
M. Charron: II rentre dans quelques jours.
M. Hardy: II est au service des industries culturelles; il n'est
pas encore sur ma table.
M. Charron: Est-ce que le ministre m'en fera parvenir une copie
avec la même gentillesse que pour les autres rapports?
M. Hardy: Je verrai...
M. Charron: Cela dépendra du contenu.
M. Hardy: ...s'il est d'intérêt public de le rendre
public.
M. Charron: Quelles sont les démarches qui ont
été faites par l'Association québécoise des
producteurs de disques auprès du ministre au sujet d'une étude
conjointe qu'ils voulaient faire sur le marché du disque en Europe?
Est-ce qu'on a contacté les industries culturelles? Il s'agit de la
promotion en dehors de nos frontières.
M. Hardy: Le travail, la recherche se fait par le service des
industries culturelles mais avec la collaboration des producteurs.
M. Charron: Le travail se fait actuellement. L'étude est
en cours.
M. Hardy: En France.
M. Charron: Changement de propos, l'Orchestre symphonique de
Montréal. Où en est la situation financière de l'orchestre
maintenant?
M. Hardy: Elle est relativement saine grâce à la
campagne de souscription qu'ils ont eue cette année. Ils ont
terminé leur année financière sans aucun
déficit.
M. Charron: Sans aucun déficit cette année?
M. Hardy: Oui.
M. Charron: La subvention, cette année, sera de quel
montant?
M. Hardy: Ce n'est pas déterminé pour l'an
prochain, mais cette année nous leur avons donné $350,000.
Opéra du Québec
M. Charron: Et pour l'Opéra du Québec?
M. Hardy: Pour l'Opéra du Québec, tout est suspendu
pour le moment.
M. Charron: Tout est suspendu à cause de la situation
financière?
M. Hardy: Oui. Les derniers chiffres, après la prochaine
production de Tristan, le déficit accumulé sera de $1,600,000.
Vous comprendrez que, devant cette situation, la plus élémentaire
prudence demande au ministre de revoir toute cette question.
M. Charron: Se peut-il que ce soit la fin de l'Opéra du
Québec?
M. Hardy: Dans sa formule actuelle, je parle de l'administration
et de la conception, oui, mais ce ne veut pas dire que ce sera la fin de
l'opéra au Québec. Vous comprendrez que l'Opéra du
Québec existe depuis 1971 alors, en quatre ans... Je reconnais,
évidemment, que la subvention était relativement modeste. La
subvention de $250,000 qui avait été prévue au
début, tenait compte des coûts de cette époque et c'est
évident que, dans ce domaine comme dans d'autres, l'inflation s'est
pro-
duite. Les menuisiers, les décors, etc., c'est évident. Je
reconnais que la subvention de $250,000 n'était pas suffisante. D'autre
part, je ne pense pas que la collectivité québécoise,
à l'heure présente, ait les moyens de se donner le genre de
production d'opéra que nous nous sommes donné.
On me faisait part qu'à chaque fois que le rideau va se lever
pour la prochaine production, cela va être $80,000, ou $79,140, ce qui
fait une moyenne par fauteuil, à Montréal, de $26. Pensez bien
qu'à chaque fois qu'il y a une représentation à
Montréal cela coûte $26 par fauteuil. Tout en reconnaissant que
l'opéra est important dans une collectivité, que c'est un
événement culturel de grande importance, il faut quand même
tenir compte des coûts. D'ailleurs, le problème que nous
connaissons au Québec, en regard de l'opéra, se pose dans
plusieurs pays du monde, même dans des pays qui ont des moyens...
M. Charron: Et qui ont une tradition.
M. Hardy: Qui ont une tradition et qui ont des moyens,à
cause du bassin de population, plus considérables que nous.
M. Charron: Une dernière question sur le programme que
j'ai oublié de poser lorsqu'on a parlé des boîtes à
chansons. Est-ce que le problème de la localisation de la Boîte
à Québec, à la Place Royale, est réglé?
M. Hardy: Ce n'est pas définitivement réglé,
nous travaillons là-dessus actuellement.
M. Charron: Est-ce que les autorités de la Boîte,
ceux qui y travaillent, auront une réponse bientôt, avant la
saison touristique?
M. Hardy: Nous travaillons actuellement avec eux.
M. Charron: Est-ce qu'ils auront une réponse avant la
saison touristique?
M. Hardy: Nous l'espérons.
M. Charron: L'emplacement, la question est de savoir...
M. Hardy: Actuellement, il y a un projet. Pendant longtemps, ce
que nous leur avons proposé ne leur convenait pas. Maintenant, la salle
qui leur conviendrait bien...
M. Charron: Cela ne convient pas à Hilton. M. Hardy:
Non, Hilton n'est pas là. M. Charron: Non, ah, bon!
M. Hardy: Cela, c'est l'autre symbole, ça ne convient pas
à la direction du patrimoine qui avait prévu faire son
laboratoire d'archéologie. Nous sommes devant un dilemme, les
intérêts de l'archéologie contre les intérêts
de la chanson.
M. Charron: Ce n'est pas un dilemme incontournable.
M. Hardy: Que choisiriez-vous?
M. Charron: Je m'efforcerais de trouver un autre site pour le
laboratoire d'archéologie.
M. Hardy: Alors, le directeur du patrimoine est là.
M. Charron: Je suis disposé à adopter le programme
5.
Le Président (M. Pilote): Tous les éléments
du programme 5 sont adoptés? Adopté. Programme 6.
M. Charron: Le cinéma.
Le Président (M. Pilote): Cinéma et audiovisuel.
Elément 1 : Production.
Cinéma et audiovisuel
M. Hardy: Dans le budget, cette année, à
cinéma, comme vous allez le voir, il y a peu de choses. C'est tout
simplement ce qui est prévu avant la proclamation de la loi.
M. Charron: La sanction. Elle entre en vigueur le jour de sa
sanction.
M. Hardy: Non, ce sera proclamé par articles parce qu'elle
ne pourra pas entrer en vigueur d'un seul coup.
Le Président (M. Pilote): Elément I: Production et
distribution de films et de documents audiovisuels.
M. Charron: M. le Président, il y a beaucoup de questions
que je voudrais poser ici...
M. Hardy: Mais il y a peu de matière.
M. Charron: Oui, il y a peu de matière, beaucoup de
questions sur peu de matière mais sur une matière importante que,
de toute façon, je devrai garder pour l'étude de la loi-cadre sur
le cinéma parce que plusieurs attributions de la loi concernent
directement...
M. Hardy: Tout, la loi-cadre couvre tout le cinéma.
M. Charron: Simplement deux questions rapides. Quel est l'avenir
de l'Office du film du Québec advenant l'implantation de la loi-cadre,
telle qu'elle est libellée actuellement, avant les amendements que le
ministre va certainement être disposé à accepter? Que
devient l'Office du film du Québec?
M. Hardy: Vous avez lu la loi.
M. Charron: Oui, pour le ministre qu'est-ce
que ça veut dire ça? Moi, mon impression première,
je ne veux pas entamer de discussion sur la loi parce qu'elle n'est pas
déposée mais...
M. Hardy: Je pense que notre discussion serait peu fertile. Je
n'ai pas toute la documentation ici, et je me demande s'il serait vraiment
utile d'aborder cette question-là, parce que l'avenir de l'OFQ est
relié à la loi.
M. Charron: Oui, je le sais et c'est pour cela que je voulais le
soulever parce qu'il y a quand même des crédits que...
M. Hardy: C'est-à-dire que les crédits qui sont
là sont uniquement pour continuer à payer les employés
jusqu'à ce que la loi entre en vigueur, uniquement. Et peut-être
des contrats qui viennent à échéance.
M. Charron: En fait, je regarde, M. le Président, les
questions que j'ai préparées.
M. Hardy: Ce sera intéressant pendant le débat sur
la loi.
M. Charron: Je m'aperçois déjà que
j'apporterai une excellente contribution au débat sur la loi sur le
cinéma.
M. Hardy: Quoiqu'on m'ait dit que, si on se base sur les
questions que vous avez posées hier, on commence à se demander si
vous êtes tout à fait à point pour commencer l'étude
ces jours-ci. Je pense que vous avez encore des études à
faire.
M. Charron: Non, je pense que c'est l'opinion de vos conseillers
qui ont assisté à la réunion. Moi je me sens prêt,
j'ai eu beaucoup hier, d'information. En fait, indépendamment des...
M. Hardy: Vous avez appris des choses, hier? M. Charron:
Oui.
M. Hardy: Moi, j'ai lu tous les mémoires et, franchement,
tout ce qu'il y a dans les mémoires, je le savais déjà, on
me l'avait dit.
M. Charron: C'est peut-être pour ça que votre
conseiller courait après les mémoires hier, me les demandait.
Vous m'aviez dit que vous étiez suffisamment informé, je me
demande pourquoi M. Groulx insistait tellement pour avoir toute cette
information.
M. Hardy: ...s'il y avait des choses nouvelles. Et après
avoir lu ça, ...
M. Charron: Non seulement j'ai appris des choses, je suis bien
prêt à le reconnaître, même si le ministre, lui, le
savait déjà depuis longtemps, mais je suis convaincu qu'il y a
108 autres membres de l'Assemblée nationale qui auraient aussi appris
des choses. En ce sens, cette séance d'in- formation publique, à
laquelle je les avais invités mais où la ligne partisane a
très certainement joué, peu importe, il reste que...
M. Hardy: J'ai quasiment envie de...
M. Charron: ... plusieurs membres auraient gagné à
avoir cette information. Nous en avons d'autres à recevoir, je suis
parfaitement conscient qu'il faudra le faire, nous étirerons le
débat le temps qu'il faudra. Il y a 90 articles, il y a là
matière à un "filibustering" invraisemblable.
Il y a des paragraphes a), des paragraphes b). J'ai déjà
prévu toute une série d'amendements qui nous permettront...
M. Hardy: Est-ce que vous m'annoncez déjà un
"filibuster"?
M. Charron: Non. Je voulais simplement cette information. Prenons
l'élément 3, Aide au cinéma.
Le Président (M. Pilote): On peut considérer que
les éléments I et 2 sont adoptés? D'accord.
M. Charron: L'élément 3 traite de l'aide au
cinéma. Je sais aussi que l'Institut du cinéma, qui naîtra
de cette loi, aura à aider le cinéma naissant, mais ces $780,000
insignifiants dans le budget signifient quoi exactement, comme aide au
cinéma?
M. Hardy: Là aussi, c'est pour la transition. Il y a quand
même des organismes existants et on ne peut pas les laisser. Entre le
moment de l'adoption de la loi et le moment où l'Institut
québécois du cinéma va être mis sur pied, va
commencer à fonctionner, il va y avoir une période. Je pense que
la cinémathèque québécoise, le Conseil
québécois pour la diffusion, la revue Cinéma
Québec, la revue Séquences sont des organismes qui devront vivre
et qui vivent en très grande partie, sinon en totalité, par les
subventions que nous leur accordons. C'est pour prévoir le laps de temps
entre la situation actuelle et l'avènement de la nouvelle loi.
M. Charron: Quel est le laps de temps prévu?
M. Hardy: Cela dépend en partie de vous, cela va
dépendre de la longueur de votre "filibuster".
M. Charron: Oui. Cela dépendra du moment où vous
appellerez la loi en deuxième lecture également. Si vous attendez
le 9 juillet encore comme l'année passée...
M. Hardy: Non, justement. C'est pour cela que je vous ai dit que
nous étions sur le point de le faire. J'espère que vous
êtes prêt parce que je n'ai pas l'intention d'attendre au mois de
juillet.
M. Charron: On a dit que ce serait dès que l'étude
des crédits sera terminée.
M. Hardy: Peut-être avant.
M. Charron: Oui, mais c'est difficile de faire...
Vous en parlerez à votre leader. Lorsque la Chambre siège
en deuxième lecture, on ne peut faire siéger qu'une commission,
et cela retarde...
M. Hardy: De toute façon, il n'y a rien de
définitif.
M. Charron: II n'y a pas de péril en la demeure.
M. Hardy: Mais quant à...
M. Charron: A ce que j'ai pu voir hier, personne n'attend
d'urgence l'installation de cette loi.
M. Hardy: C'est parce que vous n'avez pas rencontré tout
le monde, justement.
M. Charron: Oui, je sais. Ceux que je n'ai pas rencontrés,
en particulier, mais que vous connaissez fort bien, parce qu'on les sent
présents dans la rédaction de la loi, je pense que ceux-là
aussi auraient peut-être intérêt à ce que la loi soit
retardée.
M. Hardy: Ce n'est pas ce qu'ils nous demandent.
M. Charron: Ceux-là? M. Hardy: Oui.
M. Charron: Les intérêts financiers du monde
cinématographique?
M. Hardy: Je ne sais pas ce que vous entendez par
intérêts financiers Est-ce que vous considérez les
producteurs comme des gens strictement intéressés à
l'aspect financier du cinéma?
M. Charron: Non. M. Hardy: Ah, bon!
M. Charron: Non, je ne le pense pas. Je les pense prioritairement
intéressés...
M. Hardy: Les producteurs?
M. Charron: ... à l'aspect financier.
M. Hardy: Je ne sais pas s'ils aimeraient entendre cela. Quand
ils vont vous relire, je ne sais pas ce qu'ils vont dire.
M. Charron: Je n'ai aucune crainte qu'ils me relisent. J'aurais
pu le leur dire en pleine face s'ils s'étaient montré la face
hier.
M. Hardy: Vous affirmez que les producteurs sont d'abord
intéressés par l'aspect financier du cinéma.
M. Charron: Je suis convaincu qu'ils ont un intérêt
financier.
M. Hardy: Bon, vous atténuez déjà,
très bien; comme les réalisateurs, d'ailleurs.
M. Charron: Mais comme tout le monde. Hier, aux gens qui
étaient là vous pouvez demander à celui qui a
assisté, en votre nom, à nos débats, hier
après-midi à ceux à qui je m'adressais, j'ai dit
que je ne pouvais pas oublier qu'au-delà de l'art et de la passion que
cela pouvait être pour quelques-uns, c'était aussi leur
gagne-pain.
M. Hardy: L'UNESCO a défini le cinéma comme
étant un art, une industrie et un commerce.
M. Charron: Et un négoce.
M. Hardy: Et un commerce.
M. Charron: Oui. Ceux du négoce...
M. Hardy: C'est l'UNESCO..
M. Charron:... ceux que l'on a appelés hier les "majors"
de l'industrie du cinéma, regroupés dans différentes
agences de distribution et de production, car on se rend aussi à la fois
propriétaire de salles, propriétaire d'un réseau de
distribution et propriétaire...
M. Hardy: Comme un producteur peut être un
réalisateur, peut être un scénariste.
M. Charron: Exactement. Il y a, par contre, très peu de
producteurs qui sont à la fois réalisateurs. Je pense que
l'échelle va beaucoup plus de l'autre côté. Jean-Claude
Lord, c'est l'exemple que vous voulez donner? Donnez-en d'autres. Par contre,
je peux vous donner beaucoup plus d'exemples de gens qui sont à la fois
producteurs, distributeurs et propriétaires de salles. Je pense que
cette relation existe beaucoup plus.
En fait, on constate, M. le Président, et je vais terminer avec
cela, qu'il y aurait eu avantage à ce qu'une discussion entre les
parties intéressées, le gouvernement et l'Opposition, ait lieu
là-dessus.
M. Hardy: Là-dessus, je vous avoue je ne veux pas
entamer de grands discours après la lecture des mémoires
qui ont été présentés hier, que si c'est le
même genre de mémoires qu'on était venu déposer en
commission parlementaire, je le dis sans aucun mépris pour personne.
Mais quand je relis ces mémoires, je vous dis bien
honnêtement que ma décision de ne pas tenir de commission
parlementaire se trouve corroborée. Les mémoires, vous dites,
vous, qu'ils étaient sérieux. Moi j'ai été presque
scandalisé devant la faiblesse effroyable de ces mémoires en
particulier il y en a un qui m'a frappé, et j'espère que mon
confrère l'ex-bâtonnier, Me Michel Robert, ne considérera
pas ce travail comme l'un de ses plus brillants à la fin de sa
carrière. Il y a des choses
absolument invraisemblables qui ont été dites hier.
Je cite en particulier le document que vous a lu Me Robert, au nom de la
Société des auteurs et compositeurs. C'est effroyable d'affirmer
des choses comme le projet de loi qui consacre le statu quo relativement au
contenu québécois. Il n'y a pas de contingentement actuellement,
il n'y en a pas du tout.
On peut ne pas être satisfait du contingentement comme on peut
voir...
M. Charron: II n'y en a pas no n plus dans la loi 1. M. Hardy:
Oui.
M. Charron: II peut y en avoir un, mais il n'y en a pas.
M. Hardy: Enfin, moi je vous dis que l'absence de rigueur des
mémoires qui vous ont été lus hier me confirme que la
tenue d'une commission parlementaire... C'est assez compréhensible, que
voulez-vous, tout le monde...
M. Charron: Vous n'auriez pas aimé cela, vous, un
débat public avec, par exemple, Famous Players, Montreal Film
Board...
M. Hardy: En son temps, il y a trois ans, quatre ans.....
M. Charron: Avant que les députés aient à se
prononcer sur la loi.
M. Hardy: II y a deux ans, trois ans, ...
M. Charron: ...ceux qui contrôlent l'industrie du
cinéma. Cela n'aurait pas été intéressant pour tout
le monde, pour vous comme pour moi, comme pour les I08 autres
députés qui vont avoir à se prononcer? Ils ne sont pas
venus, hier, c'est bien certain, parce qu'ils ne voulaient pas participer
à l'initiative de l'Opposition.
M. Hardy: Oui, je vais vous résumer ce qu'ils auraient
dit. Je vais vous dire tout de suite ce que je dis. Puis les
députés, en tout cas nous les députés
ministériels, j'ai eu des discussions au niveau du caucus et je dois
vous l'avouer, les députés ministériels n'apprendraient
rien. Ils sont déjà au courant de tout cela. On sait de notre
côté...
M. Charron: Ah! Ah!
M. Hardy: Ecoutez-moi, on sait, de notre côté, que
les distributeurs, eux, ce qu'ils veulent, c'est le statu quo. Ils n'en veulent
pas de loi, idéalement. Ils veulent que cela continue comme cela, parce
que c'est payant pour eux. Ils ne veulent pas de contingentement, ils ne
veulent pas de doublage, ils ne veulent pas de sous-titrage. Les
propriétaires de salle, la seule chose qu'ils voulaient, au fond, c'est,
dans les ciné-parcs, d'enlever la restriction des films pour tous.
M. Charron: Ce n'est pas la seule chose.
M. Hardy: Les propriétaires de salle, non, qu'est-ce
qu'ils veulent à part cela?
M. Charron: D'ailleurs tous les députés ont
reçu un mémoire.
M. Hardy: Bien oui, bien oui, à cause de la loi, mais
c'est le statu quo moins cela. Les propriétaires de salle, ils sont
contre le doublage, ils sont contre le sous-titrage. Ceux qui ont une situation
un peu plus délicate, ce sont les producteurs, parce qu'ils sont un peu
au confluent des intérêts divergents. De toute façon ils
doivent me remettre, d'ici quelques jours, des rapports. Je vous remettrai,
à tous les députés, tous les mémoires qui me seront
présentés. Les producteurs doivent me remettre un rapport d'ici
quelques jours et possiblement également l'Union des artistes. Parce
qu'il y avait quelqu'un de l'Union des artistes qui est allé vous
rencontrer hier, mais en tout cas, certains membres de l'Union des artistes
acceptent aussi de dialoguer avec le ministre.
Encore une fois c'est un problème de temps. Cette discussion,
cette commission parlementaire publique, il y a deux ans ou trois ans aurait
peut-être eu sa raison d'être, mais pas à ce stade-ci, c'est
dépassé. En tout cas, de notre côté, le
problème, on le connaît à fond. On a tout entendu. Comme je
vous dis, hier, à votre commission, vous avez peut-être appris des
choses, mais nous, on n'a rien appris, absolument rien. Tout ce qui a
été dit hier, dans l'amphithéâtre, c'est su...
M. Charron: II n'y a pas que vous qui devez apprendre quelque
chose ou ne pas apprendre quelque chose.
M. Hardy: Mais il y a qui à part cela?
M. Charron: II y a les Québécois qui vous ont
élus là.
M. Hardy: Les Québécois ils ont lu, ils lisent les
journaux, les Québécois qui s'intéressent à la
question...
M. Charron: Ils lisent les journaux quand on leur permet d'avoir
du contenu dans les journaux qui traitent de cela, mais je pense que
l'initiative qu'on a prise hier a permis à certaines gens d'avoir cette
information.
M. Hardy: Non, cela vous a permis une certaine tribune politique,
pas mauvaise. Si j'étais à votre place, peut-être que
j'aurais essayé de faire la même chose.
M. Charron: Ce qui est dans les journaux aujourd'hui, ce n'est
aucunement une tribune politique des opinions du Parti québécois
sur le cinéma.
M. Hardy: Ce qui est dans les...
M. Charron: Je n'en ai pas donné et personne ne leur a
donné....
M. Hardy: Ce qu'il y a dans les journaux aujourd'hui.
M. Charron: C'est l'opinion des groupes qui sont venus.
M. Hardy: Je vous invite à me dire, à regarder,
à faire une analyse de contenu rapide des journaux d'aujourd'hui faisant
écho à la réunion d'hier, et à essayer de me
trouver une seule chose qui n'a pas déjà été dite.
Je ne remonte pas à douze ans, dans les six derniers mois, tout ce qui
vous a été dit hier a déjà été dit
à maintes reprises. Et c'est dans ce sens que je dis que c'est faible.
Il n'y a rien de nouveau, il n'y a pas de critique rigoureuse de la loi qui a
été faite
C'est probablement en tout cas c'est une hypothèse chez
moi je soupçonne ces gens de ne pas avoir voulu, comme le font
les producteurs, comme le font d'autres secteurs, s'asseoir à une table
avec nous; l'exemple des producteurs est assez éloquent. Quand ils ont
fait leur congrès sans avoir encore examiné la loi en profondeur,
ils sont partis un peu pour la gloire. Mais, quand ils ont commencé
à étudier cela de près, ils se sont aperçus qu'il y
avait des éléments très valables dans cette loi. Il y
avait des choses à corriger mais il y avait des éléments
valables.
Mais les gens qui sont allés vous tenir des lieux communs hier et
de grandes déclarations de principe et tout cela, c'est qu'ils sont
incapables de s'asseoir et de dire d'une façon précise: Voici,
c'est cela dans la loi qui est mauvais. Quand on relit leur exposé et
même celui de l'ex-bâtonnier je ne sais pas si c'est lui qui
l'a préparé mais en tous cas c'est lui qui l'a lu, me dit-on
c'est d'une grande faiblesse. A une commission parlementaire, ils
auraient probablement fait la même chose qu'ils ont faite devant vous;
ils auraient débité des lieux communs: il n'y a pas assez de
contingentement, il n'y a pas assez de ci, il n'y a pas assez de cela. Mais,
d'une façon bien concrète, faites-nous des propositions...
M. Charron: Ce qui aurait...
M. Hardy: ...c'est ce que les producteurs vont faire.
M. Charron: Ce qui aurait été intéressant,
M. le ministre, c'est que vous leur ayez dit cela...
M. Hardy: Je leur ai dit à maintes reprises.
M. Charron: ...publiquement, pour entendre les réponses
qu'ils vous font lorsque vous traitez de leur inquiétude quant au
dirigisme inclus dans la loi, ou à certaines mesures, ou à
l'insuffisance de certaines mesures, la réponse que les gens qui vivent
dans ce milieu ont à vous faire. Il est très facile à vous
de nous rappeler ici, aujourd'hui, que vous leur avez dit cela, que vous avez
entendu cela un millier de fois...
M. Hardy: II va y avoir...
M. Charron: ...que vous l'avez répliqué un millier
de fois mais tout cela s'est fait dans le secret de votre cabinet. Ce qui est
important, c'est le lieu d'une commission parlementaire.
M. Hardy: II y a eu des discussions.
M. Charron: Si ce sont des lieux communs, si ce sont des
banalités et que vous êtes équipés pour les
débattre, alors pourquoi ne pas le faire sur la place publique?
M. Hardy: Nous allons le faire sur la place publique.
M. Charron: Et votre loi en sortira grandie par la suite.
M. Hardy: Nous allons le faire à l'Assemblée
nationale en deuxième lecture et lors de l'étude article par
article.
M. Charron: Oui, j'espère le faire. L'initiative que j'ai
prise, c'était pour le faire un peu mieux que je ne l'aurais fait...
M. Hardy: C'est parfait.
M. Charron: ...et que n'importe quel membre de l'Assemblée
ne pourra le faire. Je suis convaincu qu'aucun membre de l'Assemblée
nationale n'est capable de se prononcer en connaissance de cause
là-dessus.
M. Hardy: Ah! là, là...
Le Président (M. Pilote): Est-ce qu'on pourrait conclure,
messieurs? Il est passé six heures.
M. Hardy: Juste un mot, je ne vous ai jamais reproché de
prendre cette initiative. Je l'ai dit publiquement, c'est votre devoir de
prendre tous les moyens possibles pour mieux vous informer. Mais je vous
répète que vous faites une affirmation gratuite lorsque vous
dites que d'autres membres de l'Assemblée nationale, et en particulier
vos collègues qui siègent à la droite du président,
ne sont pas très bien informés de cette question.
Le Président (M. Pilote): Alors, messieurs, le programme 6
ainsi que les éléments sont adoptés?
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Pilote): Adopté. Alors, tous
les...
M. Charron: M. le Président...
Le Président (M. Pilote): Excusez-moi. Les six programmes
ainsi que les éléments du ministère des Affaires
culturelles sont adoptés.
M. Hardy: M. le Président, vous me permettrez
en terminant de remercier les fonctionnaires qui m'ont largement
aidé à défendre ces crédits et aussi de souligner
la collaboration objective et très valable de l'Opposition. Je pense que
nous avons eu une étude de crédits intéressante et
j'espère que l'an prochain nous pourrons de nouveau étudier les
crédits dans une atmosphère semblable.
M. Charron: M. le Président...
Le Président (M. Pilote): Je l'ai constaté,
messieurs.
M. Charron: ...je veux remercier le ministre et les
fonctionnaires également, leur souhaiter un bon accomplissement du
mandat que nous leur donnons avec ce budget.
Le Président (M. Pilote): La commission ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 18 h 4)