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Commission permanente de l'éducation,
des affaires culturelles et des communications
Projet de loi no 1 Loi sur le
cinéma
Séance du jeudi 12 juin 1975
(Onze heures vingt minutes)
M. Kennedy (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A
l'ordre, messieurs!
La commission de l'éducation, des affaires culturelles et des
communications reprend les travaux de l'étude du projet de loi no 1, Loi
sur le cinéma, et le député de Saint-Jacques avait la
parole, lors de l'ajournement d'hier.
Classification des films (suite)
M. Charron: M. le Président, nous étions à
discuter hier un des amendements les plus importants que nous voulons voir
introduire à ce projet de loi. La discussion, qui a entouré le
dépôt de cet amendement, hier, à la fin de la
séance, m'a amené à le modifier pour le rendre encore plus
acceptable. J'ai senti, de la part du ministre il l'a lui-même
d'ailleurs affirmé à plusieurs reprises que nous
recherchions le même objectif. J'ai donc voulu inscrire, de façon
très pertinente, cet objectif au projet de loi, celui qui vise à
faire que tout film dont la version originale n'est pas en français,
soit obligatoirement accompagné d'une version doublée ou
sous-titrée, pour être admissible au processus de
classification.
Vous vous rappelez qu'hier, dans la discussion, le ministre a
soulevé les cas extrêmement difficiles, par exemple, de films
à caractère scientifique, dont la clientèle est
très limitée, par définition, et qui se verraient ainsi,
si cette loi devait adopter ce principe général, presque
interdits à être classifiés, ou encore de films qui sont
faits dans une langue très limitée, par exemple, à un pays
européen, et donc, à une minorité ethnique du grand
Montréal, en particulier, et qui auraient droit d'être
visionnés dans un cinéma en particulier, pour cette
communauté. Ce sont toutes là des exceptions que, vous vous le
rappellerez, M. le Président, j'ai admises d'emblée, mais j'ai
dit, à ce moment, que les règlements, suivant l'adoption de mon
amendement, pourraient tenir compte de ces cas très précis que je
suis prêt à admettre.
Je me suis inspiré d'une autre partie de la loi, soit le
deuxième paragraphe de l'article que nous sommes à discuter, qui
tient lui-même compte et qui procède de la même façon
que j'incite le ministre à procéder dans la première
partie de l'article. Quand le ministre affirme, dans le deuxième
paragraphe, que le doublage et le sous-titrage doivent être
effectués entièrement au Québec ce qui est un
principe il admet que, dans certains cas et il aura
lui-même à nous l'expliquer lorsque nous atteindrons ce
deuxième para- graphe il a lui-même prévu qu'il peut
y avoir des exceptions prévues par règlement, et que ce principe
est donc affirmé sous réserve des exceptions prévues au
règlement.
Je m'inspire de cet exemple du deuxième paragraphe pour dire
qu'au premier paragraphe, à la place de celui du ministre, qu'il a
lui-même apporté comme amendement à la loi, nous puissions
reprendre à peu près la même formulation. Celle que je
propose ce matin, différente un peu de celle d'hier, mais qui devrait
obtenir l'adhésion du ministre, est celle-ci: Tout film, dont la version
originale n'est pas en français, doit obligatoirement être
accompagné d'une version doublée ou sous-titrée en
français pour être admissible au processus de classification, sous
réserve des exceptions prévues par règlement. C'est le
même genre de formulation que le deuxième paragraphe.
M. Hardy: M. le Président, peut-être pourrions-nous
suspendre l'article 39, que nous l'examinions sur le plan juridique. Je dois
dire tout de suite au député de Saint-Jacques qu'on ne peut pas
comparer les deux cas.
Dans le deuxième alinéa de l'article 39, on prévoit
très bien quel cas peut se produire. C'est le cas de la France.
Actuellement, en France, la loi oblige que tout doublage et sous-titrage se
fasssnt en France. Ce qui voudrait dire que, si on ne prévoyait pas le
deuxième paragraphe, ceci impliquerait qu'un distributeur
américain, qui fait doubler son film en France, et qui veut le
distribuer au Québec, devrait de nouveau le faire doubler au
Québec, ce qui est un peu absurde.
Au fond, le deuxième paragraphe, c'est pour nous donner le
pouvoir d'établir un régime de réciprocité. Dans
quelques jours, à l'occasion d'un voyage à Paris, je me propose
de discuter de la chose avec le secrétaire d'Etat au ministère
des Affaires culturelles. D'une part, quand un film serait doublé en
France, nous l'accepterions, mais, d'autre part, la France accepterait
également les films doublés au Québec.
M. Morin: C'est une excellente initiative, M. le
Président. Je pense que ce serait de nature à résoudre pas
mal de problèmes qui se posent dans ce domaine. Mais j'ai mal compris
l'intervention du ministre. Veut-il dire que la proposition du
député de Saint-Jacques entraînerait l'abandon du
deuxième alinéa?
M. Hardy: Non, non, ce n'est pas ce que je veux dire. Je veux
tout simplement dire que ce sont...
M. Morin: C'est une question tout à fait distincte.
M. Hardy:... des choses qui ne se comparent pas. C'est que le
député de Saint-Jacques a dit: Voici, je m'inspire du
deuxième paragraphe de l'article 39 pour proposer mon amendement. Or, je
lui dis que le domaine est bien circonscrit en ce qui concerne le
deuxième paragraphe. C'est tout
simplement le problème de la France et du Québec.
M. Charron: Quand je disais, M. le Président, que je
m'inspirais du deuxième paragraphe, c'est quant à la
formulation.
M. Hardy: Oui, oui, je sais.
M. Charron: Je ne dis pas que c'est le même cas.
M. Hardy: Non, non, j'ai compris. Mais précisément,
le problème que j'ai évoqué hier, qui est toujours dans
mon esprit malgré la nuit, c'est que, dans le premier cas, il est
presque impossible de prévoir tous les cas. Même si on les
prévoyait maintenant, il peut y avoir des modifications. Or, on ne peut
pas amender la loi.
Le député de Saint-Jacques propose une formule qui, selon
lui, pourrait nous permettre de prévoir tous ces cas par
règlement. Au fond, ce que vous me dites, c'est que, dans votre article,
vous affirmez d'une façon plus catégorique le principe du
doublage que dans notre article. C'est cela?
M. Morin: Plus d'élégante aussi. M. Hardy:
Plus élégante? M. Morin: Oui.
M. Hardy: Bien là, M. le Président, vous
savez...
M. Morin: Parce que le principe est énoncé
clairement.
M. Hardy: Je suis modeste sur les problèmes de style.
Alors je n'ose me prononcer sur l'élégance du style de votre
proposition.
M. Morin: Mais est-ce que je peux faire observer au ministre,
sans insister, que la rédaction de l'article, telle qu'elle existe, le
premier paragraphe de l'article 39, me rappelle beaucoup le droit statutaire
anglais: Les règlements peuvent prévoir telle chose, prescrire
telle chose? Pourquoi ne pas le faire à la française, affirmer le
principe et, ensuite, faire suivre les exceptions?
M. Hardy: Vous reprenez une argumentation que j'avais soutenue
l'an passé pendant l'étude du bill 22.
M. Morin: Oui, il l'a soutenu aussi...
M. Hardy: A un moment donné, vous aviez proposé un
amendement qui s'inspirait du droit anglais...
M. Morin: Vraiment?
M. Hardy:... et je prétendais que notre propre version
était plus française.
M. Morin: Je ne me souviens pas des événements, M.
le Président. Nous soutenions, par exemple, qu'il était beaucoup
plus français de dire à l'article premier, justement le
ministre s'en souviendra que la langue française doit être
la seule langue officielle au Québec. Nous procédions selon les
mêmes principes de clarté cartésienne.
M. Hardy: Est-ce que vous acceptez...
M. Charron: M. le Président, soyez vigilant, le
débat va dégénérerl
M. Hardy: M. le Président, est-ce que le
député de Saint-Jacques et le député de
Sauvé accepteraient que nous suspendions l'article 39...
M. Morin: Oui.
M. Charron: D'accord.
M. Hardy: ... pour que nous l'examinions plus en profondeur sur
le plan juridique et que nous procédions à l'article 40?
Le Président (M. Kennedy): Article 39, suspendu.
Article 40.
M. Hardy: A l'article 40, il n'y a pas d'amendement
Cinémathèque nationale et
dépôt légal
M. Charron: M. le Président, à l'article 40, une
question. Aux yeux du ministre, la création de la
cinémathèque nationale du Québec affecte-t-elle la vie
d'autres cinémathèques publiques ou privées
québécoises? Oblige-t-elle à un regroupement et
affecte-t-elle la vie et la profession de certains citoyens
québécois qui oeuvrent déjà dans la conservation et
les archives cinématographiques?
M. Hardy: J'ai eu l'occasion de répondre à cette
question à des représentants de la cinémathèque
québécoise. En vertu du texte de loi, non. Il s'agit au fond de
créer un mécanisme gouvernemental avec les conséquences
qui en découlent quant aux dépôts, réquisitions,
etc. Qu'est-ce qu'il adviendra des organismes privés qui existent
présentement? Le tout devra se discuter entre les fonctionnaires de
cette cinémathèque et les organismes privés. Toutes les
hypothèses sont permises. Il pourra y avoir des accords de
collaboration. Tout est possible. Je vous avoue bien honnêtement
qu'à ce stade-ci, je peux vous donner peu de précisions. Je pense
qu'on pourra vraiment établir un plan ou une politique lorsque les
fonctionnaires seront dans ce secteur de la cinémathèque et que
la direction générale du cinéma sera mise sur pied. C'est
avec eux qu'on élaborera une politique et que l'on établira des
ententes avec les cinémathèques existantes.
M. Charron: Est-ce qu'on ne devrait pas préci-
ser dans la loi que le conservateur a pour fonctions, si on prend les
fonctions décrites à l'article suivant... Non pas comme
fonctions, je pense que l'expression plus réaliste serait qu'il a
autorité d'établir de ces ententes avec les
cinémathèques existantes.
M. Hardy: Je ne pense pas que ce soit nécessaire.
M. Charron: De le prescrire dans la loi?
M. Hardy: De toute façon, à toutes fins pratiques,
c'est le ministre, c'est l'administrateur de la loi, à partir des avis
fournis par le conservateur de la cinémathèque. Je ne pense pas
que ce soit nécessaire parce qu'un ministère a toujours la
possibilité de conclure des ententes avec des organismes
privés.
M. Charron: Mais dans le paragraphe b) de l'article 41 si
on peut encore une fois, M. le Président, les mener de front
quand on dit qu'il a pour fonctions "d'acquérir et conserver tous les
documents qu'il lui est possible de réunir et qui sont utiles à
la recherche en matière cinématographique, et audio-visuelle,"
Est-ce que cela permet au conservateur, sur sa seule initiative, d'aller dans
une cinémathèque privée ou encore une
cinémathèque existante et de dire: Telles pièces de votre
cinémathèque, comme j'ai pour fonctions de les acquérir et
de les conserver, je vous les achète?
M. Hardy: Cela pourrait être, ou la
cinémathèque nationale pourrait donner mandat à la
cinémathèque québécoise, l'actuelle
cinémathèque, sur un territoire donné, d'exercer la
fonction qu'elle a. Je pense que ce serait très imprudent
d'établir un cadre trop rigide. Là-dessus, lors des discussions
que j'ai eues avec les représentants de la cinémathèque,
ils ont reconnu qu'il serait préférable de laisser beaucoup de
latitude. Si, à un moment donné, on en arrive à la
conclusion qu'il est préférable que la cinémathèque
québécoise se fonde totalement pour éviter les doubles
emplois, pour éviter les dispersions d'énergie, d'autre part, il
pourrait arriver aussi qu'on s'aperçoive qu'il est
préférable de laisser cela à des organismes privés,
à cause du dynamisme que ces organismes peuvent avoir, à cause de
l'intérêt que ces gens peuvent avoir. Au niveau de la loi, je
préfère laisser le plus de marge de manoeuvre possible et voir ce
qu'il sera possible de faire après des discussions avec tous ces gens
évidemment. Il n'est pas question que nous agissions
unilatéralement. Ce serait un peu stupide.
M. Charron: II n'y a donc pas de danger d'étatisation de
certaines archives cinématographiques? Dans l'exemple que je vous
donnais tantôt, c'est-à-dire d'un film réalisé en
1935 dont il n'existe plus qu'une seule copie, qui est aux mains d'un individu,
est-ce que cela donne le pouvoir au conservateur de la
cinémathèque de dire: Votre film, vous nous le vendez?
M. Hardy: Cela pourrait donner le pouvoir, entre autres, de
conclure un contrat, dans l'hypothèse où on dit que la
cinémathèque québécoise continue à exister.
Mais cela pourrait impliquer qu'on conclut un contrat avec des gens, en vertu
duquel ils s'engagent à ne céder ce qu'ils ont à personne.
Eventuellement, un organisme fédéral pourrait arrriver
auprès de la cinémathèque québécoise et
dire: On vous offre tant pour vos biens, et la cinémathèque
québécoise, légalement pourrait les vendre.
Théoriquement.
M. Charron: Encore une fois, est-ce qu'on ne serait pas mieux de
le préciser dans la loi même?
M. Hardy: C'est-à-dire qu'on le précise plus tard
parce qu'on donne le pouvoir, dans la loi, au ministre, en s'inspirant de la
Loi sur les biens culturels, de classer ou en tout cas d'intervenir de quelque
façon pour empêcher des ventes semblables. Ce peut être les
postes de radio. A un moment donné, il y a une oeuvre
télévisuelle ou ra-diophonique qui peut avoir une grande valeur.
Il ne s'agit pas de tout conserver. Il y a des radio-romans dont, je pense
bien, on peut dire que ce serait du gaspillage de les conserver. Il y a
d'autres choses, je pense entre autres à la série La famille
Plouffe, qu'il aurait été heureux de conserver.
M. Charron: Certaines émissions de Point de mire?
M. Hardy: Point de mire? Oui, à l'époque ou M.
Levesque était plus objectif qu'il ne l'est devenu. Oui,
M. Charron: Comme exemple de télévision
intelligente et instructive pour la population, le ministre conviendra avec moi
que...
M. Hardy: Ah oui! je regardais Point de mire. M. Charron:
... c'est dans les annales.
M. Hardy: Mais vous étiez assez vieux pour regarder cela,
vous?
M. Charron: J'avais 13 ans.
M. Hardy: Vous avez toujours été
précoce.
M. Charron: Absolument.
M. Hardy: Oui.
M. Charron: Que voulez-vous? Quand on est d'avant-garde...
M. Hardy: C'est cela. A ce moment-là, nous pourrions les
classer et ces stations de télévision ou de radio ne pourraient
plus les détruire. Surtout, elles ne pourraient plus les céder
à d'autres instances, que nous ne reconnaissons pas comme des ennemis
mais qui, encore une fois, ne sont pas l'expression politique de la
collectivité québécoise.
M. Saint-Germain: ...propriété de Radio-Canada et
du fédéral, est-ce que la loi...
M. Hardy: C'est-à-dire, il y a un problème qui se
poserait, j'ai demandé une recherche constitutionnelle là-dessus.
C'est la même chose pour la Loi des biens culturels, j'ai des avis
contradictoires. Certains me disent que la Loi des biens culturels ne
s'applique pas aux propriétés fédérales. Mais j'ai
demandé une recherche exhaustive sur cette question.
M. Charron: Bien, M. le Président, article 40
adopté.
Le Président (M. Kennedy): Article 41.
M. Morin: Le ministre vient de faire une déclaration qui
m'intéresse beaucoup. Est-ce qu'éventuellement nous serons mis au
courant des résultats de cette recherche?
M. Hardy: Oui, la recherche sur le plan constitutionnel?
M. Morin: Sur le plan constitutionnel.
M. Hardy: Bien sûr. Il y aura peut-être bien un
conflit d'intérêts si on vous demande de participer...
M. Morin: Je ne suis pas en train d'offrir mes services au
ministre j'aimerais simplement en prendre connaissance, le plus tôt
possible, lorsque vous l'aurez en main. Parce que je crois que c'est dans
l'intérêt de tout le monde que nous en soyons saisis et
qu'éventuellement nous puissions, si cette opinion est
défavorable, aviser pour ce qu'il convient de faire. Peut-être que
le ministre a décidé de passer au Parti québécois,
à cette occasion, étant donné qu'il va se rendre compte de
son impuissance devant les menées fédérales.
M. Hardy: Vous pensez que je peux me laisser impressionner par
les vaciilements du député de Beauce-Sud?
M. Morin: Mais je faisais suffisamment confiance à
l'intelligence du ministre pour croire qu'il n'était pas
complètement englué dans les schèmes du passé,
qu'il était capable d'évoluer devant les faits, devant les
circonstances.
Le Président (M. Kennedy): A l'ordre, si vous voulez
revenir à la loi. On est à l'article 41.
M. Hardy: M. le Président, le député de
Sauvé a raison, je suis capable d'évoluer, mais j'évolue
prudemment.
Le Président (M. Kennedy): Article 41. M. Charron:
Article 41.
M. Hardy: L'article 41, tel que modifié. Ce sont de
nouveaux articles que nous... Mais on a ajouté d).
M. Charron: Photothèque.
M. Hardy: Oui.
Nous avons ajouté d) qui prévoit une photothèque et
nous avons ajouté également les oeuvres photographiques. Le
conservateur pourra acquérir des oeuvres photographiques.
Photographiques, radiophoniques et audiovisuelles.
Oui. C'est cela ce dont je vous parlais tantôt, la radio et la
télévision, ce qui n'était pas dans le premier projet.
M. Charron: Adopté.
Le Président (M. Kennedy): Article 42.
M. Charron: Adopté également.
Le Président (M. Kennedy): Article 43.
M. Hardy: C'est le dépôt légal et on s'est
inspiré du texte de la bibliothèque nationale, pour le
dépôt légal.
M. Charron: D'accord.
M. Hardy: A l'article 44, nous ajoutons...
M. Charron: Article 43 adopté, M. le Président.
Le Président (M. Kennedy): Article 44.
M. Hardy: A l'article 44, on change ministre par conservateur.
Remarquez qu'à certains points de vue ce serait l'équivalent.
M. Charron: A plusieurs points de vue. Le Président (M.
Kennedy): Article 45. M. Hardy: Cela répond à la
modification...
M. Charron: Je voudrais rappeler, avant qu'on enchaîne
l'article 45, le ministre vient de me rappeler en faisant lui-même cette
admission...
M. Hardy: Oui. Je ne cache jamais mes...
M. Charron: ...une conversation très intéressante
sur le sens du conservatisme, que lui et moi avions eue sur le train, entre
Montréal et Québec, avant qu'il soit ministre, lors de ces matins
d'hiver où nous avions quatre à cinq heures de train à
faire pour nous rendre ici. Est-ce que vous vous en souvenez, M. le ministre? A
cette époque, vous parliez au bas peuple.
M. Hardy: Je n'ai jamais cessé. Vous viendrez me suivre
dans ma circonscription une fin de semaine, vous allez voir que je parle
à tout le monde. Et ma plus grande source d'inspiration ce sont
justement les humbles citoyens. Ce sont eux qui m'entraînent de plus en
plus à être conservateur.
M. Charron: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Kennedy): Article 45.
M. Hardy: L'article 45 répond à une des
inquiétudes dont nous a fait part tantôt le député
de Saint-Jacques relativement aux cinémathèques. Dans l'ancien
texte, on parlait d'intégration et maintenant on parle de
coordination.
M. Charron: D'accord.
Le Président (M. Kennedy): Adopté. Chapitre 4.
L'Institut québécois du cinéma, article 46.
Institut québécois du
cinéma
M. Hardy: L'article 46, c'est la même chose, sauf qu'on a
changé le numéro. Je pense que ce n'est pas très
contentieux à ce point-ci. Cela établit un institut
québécois du cinéma.
M. Charron: L'institut québécois du cinéma.
Adopté.
Le Président (M. Kennedy): Article 47?
M. Hardy: L'article 47, c'est le mandat
général.
M. Charron: Minute historique, M. le Président. L'Institut
québécois vient d'être créé.
M. Hardy: II vient d'être sanctionné. Vous n'avez
pas fait la même mention, hier après-midi, quand la censure a
été abolie.
M. Charron: A un moment donné, oui. Article 47,
adopté.
Le Président (M. Kennedy): Article 48, tel
qu'amendé?
M. Morin: A l'article 48, je fais la proposition suivante, tout
à fait nette et précise. A notre avis, cet article doit
être biffé.
M. Hardy: Totalement?
M. Morin: Oui, tout simplement. Parce que le ministre se
rappellera qu'hier nous avons déjà discuté la question du
contrat intervenant entre l'institut et le ministre, contrat qui vient
s'ajouter au mandat, réduire et même complètement supprimer
l'autonomie dont devrait disposer cet institut dans un domaine comme celui du
cinéma.
Je prenais connaissance récemment d'un ouvrage très bien
fait d'André Gélinas sur les organismes administratifs autonomes,
dans lequel il classe les diverses interventions de l'Etat selon la fonction
que l'Etat entend exercer. Il y a la fonction consultative pour laquelle Me
Gélinas suggère d'avoir recours à des conseils, la
fonction judiciaire où l'on doit, selon lui, avoir recours à des
tribunaux administratifs; la fonction de gestion économique, qui devrait
faire appel à des sociétés d'Etat, la fonction de gestion
non économique qui devrait prendre la forme d'un office et, enfin, la
fonction de régulation économique ou technique.
Je crois que l'institut, que nous venons d'établir à
l'article 46, répond fort bien à la description que Me
Gélinas donnait de ces organismes remplissant des fonctions d'ordre
technique. Il disait justement: "En raison des parties concernées, de
leur organisation oligopolistique, ainsi que du volume de décisions, il
n'est pas opportun que le ministre soit directement impliqué dans le
processus de régulation. L'administration ministérielle n'offre
pas les garanties explicites d'impartialité dans le cas de l'exercice de
cette fonction technique."
Me Gélinas de suggérer que l'on ait recours à
l'expression, au mot "régie" pour décrire le type d'organisme
pouvant exercer cette fonction. Selon le mandat qui est donné à
l'institut, soit de répartir, en veillant à la liberté de
création et d'expression, ainsi qu'à la liberté de choix
des consommateurs, les fonds que l'Etat destine au secteur privé pour
mettre en oeuvre la politique cinématographique, je crois que ces
fonctions sont vraiment celles d'une régie. On l'appelle "institut" pour
des raisons que le ministre pourra peut-être nous expliquer tout à
l'heure, mais il s'agit bien d'une régie distribuant des fonds de l'Etat
et exerçant une fonction de régulation.
Si tel est le cas à mon avis, c'est le cas il s'agit d'une
régie il s'agit néanmoins d'un organisme qui doit
respecter la liberté de création et d'expression, comme le dit
l'article 46. On doit donc avoir recours à une régie très
autonome, sans doute même plus autonome que les diverses régies
qui existent déjà au Québec. Le ministre sait qu'il
existe, par exemple, la Régie des services publics, la Régie des
loteries et courses, la Régie de l'électricité et du gaz,
la Régie des eaux, la Régie des marchés agricoles/
A ces organismes s'ajoutent encore un certain nombre d'autres qui sont
connus sous le nom de commissions, mais qui sont en réalité des
régies. Par exemple, je pense à la Commission de contrôle
des permis d'alcool, à la Commission des transports, à la
Commission des valeurs mobilières, à la Commission du salaire
minimum, si l'on veut. Cela intéressera le ministre de savoir que parmi
les organismes de régulation économique et technique, Me
Gélinas, l'auteur de cet ouvrage qui est considéré comme
le meilleur dans ce domaine, classe le Bureau de surveillance du
cinéma.
M. Hardy: Comme une régie?
M. Morin: Oui, enfin, il considérait que ce bureau devrait
avoir les fonctions d'une régie et être autonome. Mais c'est une
parenthèse, parce que ce qui nous intéresse ce matin, c'est de
savoir si l'institut que nous allons créer est une régie ou
pas.
A mon avis, étant donné le mandat qui lui est
confié, il s'agit bien d'une régie gouvernementale, mais d'une
régie d'un type tout à fait spécial-parce qu'elle va
réglementer un domaine qui touche à la création
artistique, qui touche à la liberté d'expression, comme le dit
l'article 47.
C'est pourquoi nous pensons qu'on ne doit pas permettre au ministre
d'ajouter au mandat de
redéfinir annuellement ou tous les deux ans ou tous les trois ans
le mandat qui est confié en vertu de l'article 47. Si, en effet,
s'ajoute au mandat de droit public, confié par l'article 47 à
l'institut, un mandat d'ordre privé, parce que ce contrat
relèvera j'imagine que le ministre en conviendra du droit
civil, puisqu'il s'agit d'une entente soumise aux règles du droit
privé entre le gouvernement et l'institut, si, donc, un contrat d'ordre
privé vient s'ajouter à un mandat d'ordre public, nous pensons
qu'il s'agit d'un double contrôle trop étroit pour que soient
respectées la liberté de création et d'expression ainsi
que la liberté de choix des consommateurs.
J'ai déjà, d'ailleurs, fait valoir des arguments hier, je
ne voudrais pas les répéter au complet. Il nous paraît que
ce contrat va permettre au ministère d'exercer un contrôle trop
étroit des politiques de l'institut, des choix qu'il sera appelé
à faire dans l'exercice de son mandat. C'est pourquoi, compte tenu du
fait que cette régie doit avoir une autonomie plus grande encore que les
autres régies, étant donné qu'elle touche à des
choses très délicates le ministre en conviendra
étant donné que sa fonction réglementaire risque, si on
n'y prend garde, de toucher à la liberté d'expression, risque,
d'ailleurs, de provoquer des controverses à n'en plus finir si les
bénéficiaires de l'institut ont le sentiment que le ministre
tente de piloter l'institut, de lui dicter des choix, cela peut devenir un
véritable nid de guêpes. Compte tenu de cela, je propose de biffer
l'article 48 qui constitue une sorte de second mandat à la
discrétion du ministre.
Voilà les arguments que j'avais à faire valoir et, selon
la réaction du ministre, je me réserve de revenir sur la question
plus en détail.
M. Hardy: M. le Président, devant une proposition comme
celle que vient de formuler le député de Sauvé, je suis
tenté et je sais que vous allez être restrictif
d'engager un très long débat sur nos institutions politiques, sur
le contrôle des fonds publics, sur les luttes historiques et
héroïques que nous avons dû mener pour que les fonds publics
soient sous le contrôle des représentants élus, enfin toute
la théorie de notre régime démocratique.
Je serais également tenté, et j'espère un jour en
avoir le loisir, de faire une étude sur le comportement actuel de
certains partis politiques, de certains analystes...
M. Morin: Cela fera partie de vos mémoires, cela
aussi?
M. Hardy: Non, non. C'est avant mes mémoires, cela.
M. Morin: Ah bon!
M. Hardy: Mes mémoires, c'est...
M. Morin: Vous avez beaucoup de pain sur la planche.
M. Hardy: Je vous l'ai dit; mes mémoires, c'est à
l'âge de 90 ans. Donc, il me reste 50 ans pour écrire mes
mémoires.
C'est pour démontrer comment, dans certains milieux
même si cela ne paraît pas à première vue mais on le
voit quand on creuse un peu on manque de confiance envers l'Etat,
comment on est pessimiste quant au rôle de l'Etat. C'est d'autant plus
paradoxal, dans la bouche du député de Sauvé, quand on lit
le programme de son parti où, presque à chaque page, on voit
l'intervention de l'Etat: L'Etat qui intervient ici, l'Etat qui intervient
là, réglementation ici et réglementation là. Puis
tout à coup, d'un autre côté, lorsque l'Etat agit par un
autre parti que le sien, là, ce n'est plus bon.
Si un jour ce parti est au pouvoir, l'Etat devra intervenir, l'Etat
devra être omniprésent. Mais tant et aussi longtemps que ce n'est
pas ce parti omniscient, omnivertueux qui est au pouvoir, il faut
éloigner l'Etat le plus possible de l'élaboration, de la mise en
place des politiques.
Moi, M. le Président, je regrette. Quels que soient les partis
politiques au pouvoir, mes principes fondamentaux face à la
démocratie sont les mêmes. Je peux ne pas être d'accord,
à un moment donné, sur la façon dont un parti politique
exerce le pouvoir mais cela ne change pas chez moi ma conception fondamentale
de la démocratie et du rôle de l'Etat.
Sans vouloir reprendre l'argumentation que j'ai faite hier, je vous dis
que dans notre régime, que ce soit en matière culturelle, en
matière économique, en matière sociale, il appartient
à l'expression politique de la collectivité, à ceux qui
assument le pouvoir au sein de l'Etat, de donner les grandes orientations. Il
n'appartient pas au pouvoir politique de décider ce que les
écrivains doivent écrire, quelle sorte de films les producteurs
de films doivent faire. Mais il appartient à l'Etat de décider
si, à un moment donné, on doit mettre l'accent sur la production
de films ou sur la distribution de films, si on doit mettre l'accent sur le
cinéma pour les jeunes plutôt que sur une autre forme de
cinéma. C'est toute la différence entre le rôle de l'Etat
qui établit le grand cadre de la politique et le respect de la
liberté des créateurs.
C'est ce à quoi nous arrivons avec ce contrat. Avec le contrat et
la loi, nous établissons les grandes orientations de ce que sera la
politique cinématographique. Cela appartient à la
collectivité de le dire par la voix de son gouvernement. Quand il
s'agira d'appliquer concrètement, individuellement, ces grandes
orientations, quand il s'agira de décider si on accorde une subvention
à tel producteur plutôt qu'à tel autre, à tel
réalisateur plutôt qu'à tel autre, à tel
scénariste plutôt qu'à tel autre, là le gouvernement
et le ministre des Affaires culturelles n'auront pas un mot à dire.
C'est cela le respect de la liberté de la création.
Deuxièmement, M. le Président, confier totalement à
l'institut, les grandes orientations de la politique culturelle, ceci voudrait
dire qu'on les confie à un groupe bien déterminé et qui,
de par la nature des choses, a des intérêts. Les producteurs, les
propriétaires de salles, les réalisateurs,
les artisans, les distributeurs ont un intérêt financier et
professionnel immédiat dans le domaine cinématographique.
Qu'est-ce que l'on fait de la collectivité? Qu'est-ce que l'on fait du
bien commun? Qu'est-ce que l'on fait du bien culturel de l'ensemble de la
collectivité? Qui va le défendre? Je répète que la
seule instance habilitée à défendre cet aspect, c'est le
gouvernement et plus particulièrement le ministère des Affaires
culturelles.
De plus, M. le Président, je souligne au député de
Sauvé que dans leurs mémoires, les producteurs, l'Union des
artistes, les exploitants de salles, les distributeurs, n'ont pas mis en cause
le principe du contrat. Tout ce qu'ils nous ont demandé, c'est
d'atténuer certains aspects et nous avons retenu leurs recommandations
dans la nouvelle rédaction du projet de loi. De plus, M. le
Président, je rappelle qu'à cause des changements presque annuels
qui peuvent se produire dans le domaine cinématographique, il est
extrêmement important que les mesures adoptées, que les programmes
collent le plus possible à la réalité.
Pour ce faire, il faut que la politique de l'institut
cinématographique évolue, colle à la
réalité. Pour ce faire, je répète qu'il faut et
l'appréciation du milieu cinématographique bien sûr, parce
que c'est le milieu professionel, mais il faut également
l'appréciation de ceux qui sont les mandataires de la
collectivité.
Je répète que ce n'est pas le gouvernement qui va dicter
le contrat. Un contrat je ne répéterai pas cela au
député de Sauvé, il le sait très bien c'est
le produit du consentement de deux parties.
M. Morin: Oui, mais qui paie?
M. Hardy: Le député d'Anjou sait cela.
M. Morin: Oui, il sait cela, j'espère.
M. Tardif: Ce n'est pas cela que vous m'avez enseigné.
M. Morin: Ce n'est pas la matière...
M. Hardy: Heureusement. Donc, ce sont les deux parties, le milieu
professionnel et la collectivité, qui vont annuellement ou à tous
les deux ans, selon les besoins, examiner la situation et qui, ensemble, vont
décider ce qui est bon comme grande orientation: Est-ce que l'on va
consacrer, au cours des deux ou trois prochaines années, telle
proportion du budget à tel secteur ou à tel autre? Cela ne touche
en rien la liberté de création. A l'intérieur du secteur
donné, les créateurs garderont toute leur liberté, mais la
grande orientation... C'est cela, l'orientation d'une politique, c'est par un
budget. C'est de cette façon qu'on fait, d'abord et avant tout, une
politique, c'est par des choix budgétaires.
Quand le gouvernement décide, par exemple, de consacrer tel
pourcentage de l'ensemble de son budget aux Affaires sociales plutôt que
de le consacrer aux Affaires culturelles, c'est parce qu'il fait des choix
politiques. Cette année, quand le gouvernement a décidé
d'accorder une augmentation de 32% au budget du ministère des Affaires
culturelles, il a fait un choix politique, il a décidé de
concrétiser, d'articuler, d'incarner dans la réalité le
principe de la souveraineté culturelle. C'est un choix politique. Ce
sera la même chose dans le domaine du cinéma.
Je rappelle, encore une fois, qu'en Suède, un pays dont les gens
du Parti québécois à moins qu'ils aient
discontinué, depuis quelques mois en particulier le chef du Parti
québécois, s'inspiraient largement, entre autres à
l'époque de Point de mire...
M. Morin: Avec discernement.
M. Hardy: Ah! vous commencez à discerner, vous commencez
à trouver que la Suède est trop à gauche?
M. Morin: Non, pas assez.
M. Hardy: Pas assez à gauche? Le député de
Sauvé dit que la Suède n'est pas assez à gauche?
M. Morin: Sur certains points non, sur certains points oui.
M. Hardy: Je serais presque tenté de dire que ce que vous
dites là ressemble à du patinage de député.
M. Morin: Vous êtes un spécialiste, vous devriez le
savoir.
M. Hardy: La Suède, qui est un pays très
évolué sur le plan économico-social, est un pays qui a une
très grande expérience dans le domaine cinématographique,
vous en conviendrez.
M. Charron: Allez-vous en Suède bientôt? M.
Hardy: Pardon?
M. Charron: Allez-vous en Suède bientôt? Vous aurez
l'air d'un gars qui prépare les tapis rouges.
M. Hardy: Non, je ne vais pas en Suède. Je rappellerai au
député de Saint-Jacques qu'il y a un an et demi que je suis
ministre et que le seul voyage que j'ai effectué à
l'extérieur du pays c'est pour aller au congrès des
Franco-Américains l'automne dernier. Mon premier voyage en Europe sera
dans quelques jours parce que, comme ministre, je refuse
systématiquement de faire du tourisme. Quand je voyage, quand je vais en
Europe comme touriste, j'y vais à mes propres frais. C'est parce que
j'ai des questions bien importantes à discuter, entre autres dans le
domaine cinématographique, que je me rends à Paris au cours des
prochains mois.
Mais je suis très bien informé, par exemple. Il n'est pas
nécessaire d'aller en Suède pour être très bien
informé sur ce qui se passe en Suède.
J'ai des fonctionnaires qui y sont allés, en particulier celui
qui est à ma droite; il a eu des rencontres avec tous les milieux
cinématographiques de Suède et il m'a fait des rapports
exhaustifs, complets, rigoureux sur ce qui se passe. Nous avons encore
reçu, tout dernièrement, une lettre...
M. Morin: Par cris ou par chuchotements?
M. Hardy: Par écrit. Nous avons encore reçu, tout
dernièrement, une lettre du directeur de l'Institut
cinématographique de Suède qui a examiné notre loi et qui
nous a fait ses commentaires. Ses commentaires, je dois le dire, sont
très positifs.
Donc, la formule du contrat, c'est vraiment la Suède qui nous l'a
inspirée parce que cette formule de contrat nous a paru celle qui
concilie le plus parfaitement, dans un milieu en perpétuelle mouvance,
dans un secteur qui évolue beaucoup, nous avons conclu que la formule du
contrat était celle qui pouvait assurer le maximum d'autonomie à
l'institut et assurer également au gouvernement l'exercice de ses
responsabilités dans l'élaboration d'une politique
cinématographique.
Je termine en vous disant que la formule du contrat n'est pas exclusive
au domaine du cinéma. De plus en plus, c'est une formule que nous
adoptons dans l'ensemble de nos interventions dans le domaine culturel et c'est
une formule qui a de grands avantages. Elle a pour conséquence de ne pas
mettre les organismes subventionnés dans un état de
dépendance, dans un état de quêteur de fonds publics.
Par cette formule de contrat qui intervient de plus en plus avec les
organismes, ceux-ci s'engagent au fond, que ce soit une troupe de
théâtre ou un orchestre, ces gens en quelque sorte sont, quand le
gouvernement les subventionne, des aides, pour le gouvernement, pour diffuser
la culture ces organismes s'engagent à faires des choses, nous
leur donnons une totale liberté. Quand le TNM vient nous voir, nous ne
disons rien sur le contenu de sa programmation, nous n'intervenons pas sur le
contenu de sa programmation, nous intervenons sur les budgets.
M. Charron: La Nouvelle compagnie théâtrale.
M. Hardy: Nous intervenons via le budget, mais pas sur le
contenu. Ce n'est pas sur la matière elle-même. A un moment
donné, nous disons à la Nouvelle compagnie
théâtrale: Ecoutez, telle production, nous ne sommes pas capables
de la subventionner, compte tenu de nos ressources financières cette
année. Si vous êtes capables de compléter ce que nous
pouvons vous donner d'une autre façon, allez-y. Mais c'est via les
subventions, ce n'est pas via le contenu que nous intervenons. Vous le savez
très bien, le député de Saint-Jacques le sait très
bien qu'il y a des pièces actuellement dont la philosophie va totalement
à rencontre de la philosophie du ministère et ces organismes
reçoivent des subventions.
M. Charron: Celle de Molière, par exemple.
M. Hardy: L'AQJT. Je vous donne l'exemple de l'AQJT. Est-ce que
vous prétendez que les pièces de l'AQJT sont conformes à
la philosophie du gouvernement actuel?
M. Charron: Non.
M. Hardy: Et l'AQJT reçoit des subventions
substantielles.
Donc, je dis et je conclus par ceci, que le contrat concilie d'une
façon la plus parfaite possible l'autonomie, la liberté des
créateurs et la responsabilité du gouvernement dans cette
matière.
M. Morin: M. le Président, je ne suis pas d'accord. La
meilleure façon de concilier l'intervention du gouvernement,
l'intervention nécessaire du gouvernement et la liberté des
créateurs, c'est de reconnaître l'autonomie véritable de
cet institut. C'est-à-dire de lui laisser vraiment la liberté de
choix entre les diverses priorités qui peuvent se présenter dans
le domaine cinématographique.
Le ministre faisait allusion au fait que le programme du parti que je
représente est interventionniste, et c'est vrai. Mais il l'est surtout
dans le domaine de la gestion économique et de la gestion technique.
L'on doit faire des distinctions, à moins de vouloir mettre ses gros
pieds dans la porcelaine comme, il me semble, l'on s'apprête à le
faire avec le contrat qui s'ajoute au mandat donné à
l'institut.
M. Hardy: Où est la porcelaine et où sont les
pieds?
M. Morin: Les pieds, ce sont les vôtres. La porcelaine,
c'est la création artistique.
M. Hardy: Ce n'est pas gentil. Le député de
Saint-Jacques a été très gentil, hier, pourquoi venez-vous
gâter l'atmosphère?
M. Morin: M. le Président, ce sont des choses
sérieuses et si le ministre acceptait nos suggestions et voulait se
rendre à l'évidence, je pense que l'atmosphère serait
beaucoup plus détendue.
M. Hardy: Si j'acceptais vos suggestions, à ce moment vous
diriez que j'ai des petits pieds.
M. Morin: De toute façon, qu'on ait des petits ou des gros
pieds, si on les met dans la porcelaine, cela risque de créer des
dégâts, d'avoir des conséquences désastreuses. C'est
là-dessus que je veux attirer l'attention du ministre.
M. Hardy: De toute façon, je n'ai pas les moyens
financiers d'avoir de la porcelaine.
M. Morin: M. le Président, le domaine auquel nous
touchons, c'est de la porcelaine. C'est un domaine délicat, c'est celui
de la création artistique, c'est celui de la liberté
d'expression. C'est pourquoi nous faisons une distinction fondamentale entre
l'intervention de l'Etat dans la fonction
de gestion économique ou encore dans la fonction technique et la
fonction de régulation comme celle qu'exercera l'institut que la loi va
créer.
M. le Président, on ne peut pas comparer la gestion
économique ou la gestion technique avec le genre de régulation de
la vie artistique, de la spontanéité artistique. Ici, il s'agit
d'une intervention fort délicate qui pourrait même être
dangereuse si, par le truchement du contrat, le gouvernement se mettait dans la
tête d'orienter, dans une direction qui fasse son affaire, la
création artistique dans le domaine cinématographique. Je
relisais l'article 48 et je me rends compte à quel point cela va loin,
l'influence que pourrait avoir le gouvernement par le truchement de ce contrat.
Cela porte sur les orientations que doit suivre l'institut, comme si ce
n'était pas l'institut lui-même qui doit les
déterminer.
M. Hardy: La collectivité.
M. Morin: La collectivité intervient par le mandat qu'elle
confie à l'institut et elle peut contrôler ce mandat, vous le
savez fort bien et elle peut même modifier le mandat.
M. Hardy: Comment?
M. Morin: En modifiant la loi, tout simplement. Bien sûr,
j'imagine que le ministre sera d'accord pour reconnaître que, s'il nomme
des membres de l'institut, comme il prétend le faire,
c'est-à-dire démocratiquement, en tenant compte des suggestions
du milieu, c'est encore l'institut qui va être le plus
représentatif du milieu et de la collectivité.
M. Hardy: Du milieu cinématographique, pas de la
collectivité.
M. Morin: Et aussi de la collectivité. M. Hardy:
Voyons donc!
M. Morin: Mais plus que le ministre, en tout cas.
M. Hardy: Bien, voyons donc! Moi, je rends des comptes à
tout le monde.
M. Morin: Le ministre veut-il me laisser terminer?
M. Hardy: Oui, d'accord. Mais c'est épouvantable, ce que
vous dites.
M. Morin: Non, non. Le ministre sait très bien ce qu'il
est en train de faire avec son contrat. Non seulement, il va régir les
prinpales orientations de l'institut, mais...
M. Hardy: II me provoque.
M. Morin: Lisez votre article 48. Le contrat établit les
orientations que doit suivre l'institut. Il détermine ses champs
d'activité. Vous ne croyez pas que cela va un peu loi, M. le ministre?
Non seulement cela, il détermine la limite des engagements financiers
que l'institut peut prendre; il détermine les modalités
d'exécution de ses fonctions. M. le Président, qu'est-ce qu'il
reste comme autonomie à l'institut? Et tout cela peut être revu
à la discrétion du ministre d'année en année. Le
ministre nous dit: "Un contrat, cela se négocie d'égal à
égal". Ce qu'il oublie de dire, c'est qu'entre le fort et le faible,
entre celui qui a les fonds publics à sa disposition ce sera le
ministre et l'institut qui va venir quémander chaque année
ses fonds, il sait très bien qu'il n'y aura pas de véritable
économie, de véritable liberté pour l'institut. Non, M. le
Président, on a beau faire des sophismes et parler de démocratie,
je pense que le ministre va devoir étudier longtemps avant de
rédiger son opus magnum sur la démocratie. Il s'agit d'une
régie qui doit jouir...
M. Hardy: Vous m'inspirez beaucoup.
M. Morin: J'ai hâte de vous lire pour connaître un
peu les fondements de votre conception de la démocratie. En tout cas, je
la trouve drôlement triturée dans les arguments que vous venez de
nous livrer. Il s'agit d'une régie qui doit jouir d'une très
grande autonomie. Il doit y avoir intervention de l'Etat, mais une intervention
subtile, une intervention qui n'a pas pour effet de brimer la
créativité, d'orienter la créativité. C'est
pourquoi nous pensons que cet institut doit avoir une très large part
d'autonomie. Sans cette autonomie, si le ministre peut, chaque année
faire comparaître l'institut pour lui dire: Vos orientations
l'année dernière, ne me convenaient pas, vos modalités de
fonctionnement, vos modalités d'exécution du mandat que la loi
vous a confié ne me convenaient pas, le ministre sait très bien
que c'est lui qui aura le gros bout du bâton, parce que c'est lui qui
aura les fonds. L'institut sera obligé de se plier à ces
exigences et l'institut pourra de la sorte abandonner ce qu'il considère
peut-être comme une meilleure politique, politique qui devrait être
déterminée en pleine autonomie dans un champ d'activité
aussi délicat que celui-là. Je ne suis pas le seul à le
dire. Si j'étais le seul à élaborer des théories de
la démocratie, peut-être pourrais-je me sentir isolé et
peut-être pourrais-je me dire que le ministre a des fondements plus
sûrs que les miens, mais ce n'est pas le cas. Je fais allusion au
mémoire de l'Institut canadien de l'éducation des adultes qui me
paraît un organisme extrêmement scrupuleux.
M. Hardy: Je vous en ai cité quatre, moi.
M. Morin: Dans ce mémoire, je crois qu'on a très
bien résumé la situation. On y dit: "S'il est normal de
reconnaître au ministre le droit d'élaborer et de proposer un
projet de loi pour être voté par l'Assemblée nationale
ainsi que d'en surveiller, au nom de celle-ci, l'application, il nous
apparaît, par ailleurs, indispensable de confier à une
régie autonome la mise en oeuvre des objectifs, l'application de la loi
et la coordination de l'exécution de celle-ci. L'Institut canadien
d'éducation des adultes propose et je continue de citer le
texte pour contrer les deux facteurs d'ingérence politique
que sont la centralisation et les pouvoirs discrétionnaires, la
création d'un office qui jouirait donc d'une très grande
autonomie et qui serait entouré d'un conseil consultatif."
M. le Président, si l'on voulait vraiment un organisme pleinement
autonome qui, en même temps, refléterait parfaitement les besoins
et les ententes du milieu, on créerait un organisme qui ne
dépendrait pas du ministère par le truchement de ce contrat, et
on l'entourerait d'un conseil consultatif, d'un conseil...
M. Hardy: C'est possible.
M. Morin: Je sais que cela est possible; mais pourquoi ne le
prévoyez-vous pas dans la loi? Pourquoi ne le créez-vous pas dans
la loi?
M. Hardy: Parce qu'on laisse l'autonomie à l'institut de
décider s'il aura besoin ou non d'un conseil consultatif; on ne le
décide pas.
M. Morin: C'est au législateur de décider de cela,
ce n'est pas à l'institut.
M. Hardy: L'institut aura...
M. Morin: L'institut peut très bien décider de
s'enfermer derrière des portes closes, tandis qu'un conseil
consultatif...
M. Hardy: Là, vous n'avez plus confiance en
l'institut.
M. Morin: ... serait une excellente façon de régler
le problème.
M. Hardy: Est-ce que le député de Sauvé se
relit parfois? Dans deux minutes vous vous contredisez d'une façon
effroyable.
M. Morin: Le ministre veut-il me laisser terminer?
J'achevais.
M. Hardy: Oui, très bien, mais je vous dis que c'est
difficile de vous écouter parce que...
M. Morin: Ensuite il pourra montrer les prétendues
contradictions qu'il y a dans ce que je dis. Je voudrais que cet organisme soit
à la fois pleinement autonome, et non pas qu'il soit dans la main du
ministre chaque année. Il va revenir dans les mains du ministre chaque
année. Il aura à se soumettre aux politiques
générales du ministère. Ce n'est pas ce que j'appelle un
organisme autonome. C'est le ministre, et non pas l'institut, qui va
déterminer les orientations que doit suivre l'institut, ses champs
d'activité, les limites de ses engagements financiers, les
modalités d'exécution de ses fonctions. Alors, que reste-t-il
à l'institut comme liberté de choix et d'intervention dans ce
domaine?
M. le Président, je prétends que le gouvernement et le
ministre se comportent comme un éléphant dans un magasin de
porcelaine...
M. Hardy: Cela est exagéré un peu.
M. Morin: On verra, au cours des années qui viennent, que
vous serez aux prises avec les difficultés de cet institut, et que la
responsabilité vous en retombera sur le dos, car on dira: L'institut est
une créature du ministre, donc c'est le ministre qu'il faut aller voir,
c'est le ministre qu'il faut influencer, c'est le ministre dont il faut faire
la bouche, dont il faut essayer de circonvenir les préventions. Vous
aurez, dans les milieux cinématographiques, des difficultés
à n'en plus finir. On saura bien que, derrière l'institut, il y a
la main subtile et gantée, mais la main puissante du gouvernement.
M. le Président, plus j'examine cet article 48 plus je me
convaincs qu'on doit le biffer complètement. Autrement, c'est purement
du décor que de nous parler d'un institut autonome. Cet institut sera,
de fait, entre les mains du gouvernement.
M. Hardy: M. le Président, voyez-vous les contradictions?
Dans l'espace de deux minutes, le député de Sauvé m'a dit
que nous agissions comme un éléphant et, deux minutes plus tard,
il parle de main gantée; seulement dans les images, il y a une
contradiction flagrante.
M. Morin: Un éléphant ganté.
M. Hardy: C'est très subtil. M. le Président, les
contradictions du député de Sauvé sont d'une telle
énormité. S'il fallait qu'un ministre du gouvernement professe en
si peu de temps les mêmes contradictions que le député de
Sauvé, ce serait la manchette dans les journaux. Vous êtes
chanceux d'avoir la sympathie des journaux. Au fond, je vous envie. S'il
fallait que l'un de nous, de ce côté-ci de la table, professe le
dixième des contradictions que vous professez dans la même
période, ce serait un scandale public.
M. Morin: .... au fond de la question.
M. Hardy: Je vous donne un exemple: Dans deux phrases qui se sont
suivies, le député de Sauvé a dit: II faut que l'institut
ait une autonomie pleine, entière, totale, complète, etc.," et,
deux secondes plus tard, il me dit: "Ce n'est pas à l'institut de se
donner un conseil consultatif, c'est au gouvernement". Donc, vous refusez
à l'institut de se donner les mécanismes dont il jugera avoir
besoin.
M. Morin: Voyons donc!
M. Hardy: Vous n'avez pas confiance en l'institut. Deux
contradictions.
M. Morin: Comme sophisme, là...
M. Hardy: M. le Président, le député de
Sauvé nous dit aussi: Oui, bien sûr, dans le domaine
économique, nous sommes un parti interventionniste, mais pas dans le
domaine culturel. Mais comment le député de Sauvé peut-il
faire cette démarcation absolue entre la vie économique et la
vie culturelle? Le député de Sauvé devrait
très bien savoir que, si l'on intervient massivement dans le domaine
économique, on intervient, par voie de conséquence, dans la vie
des individus, et que si l'on intervient dans la vie des individus, on
intervient par le fait même sur leur comportement culturel. Tout cela se
tient. On ne peut pas couper cela avec un couteau, la vie culturelle, la vie
économique et la vie sociale. C'est un tout, et si vous intervenez
massivement dans la vie économique d'une collectivité, vous
intervenez dans la vie quotidienne des individus et, par voie de
conséquence, vous intervenez dans leur comportement culturel.
M. Morin: Oui, mais tout est dans la manière.
M. Hardy: Je n'ai pas terminé, bien sûr, et
j'écouterai avec grand plaisir l'intervention du député de
l'Assomption qui, dans cette matière comme dans toutes les autres, est
très valable.
M. Le Président, c'est évident que l'on oriente...
M. Charron: Même le député de l'Assomption
rit de ce que vous venez de dire.
M. Hardy: II ne rit pas parce que le député de
l'Assomption sait très bien qu'au cours des récentes semaines,
j'ai tenu largement compte des observations qu'il m'a formulées car, en
plus d'être un représentant d'une collectivité, le
député de l'Assomption est également un cinéphile.
Vous ne saviez pas cela?
M. Charron: Le ministre, lui, est cinéphage.
M. Hardy: M. le Président, le député de
Saint-Jacques veut, volontairement, malicieusement, m'empêcher de
répondre au député de Sauvé. Le fait de
déterminer dans un contrat que 40% du budget de l'institut sera
consacré à la production, je répète que ce n'est
pas une façon d'intervenir dans la liberté de création,
parce qu'à l'intérieur de cette enveloppe de 40% l'institut aura
la totale liberté de répartir cer argent. Il pourra accorder cet
argent à qui il voudra. Mais encore une fois je pense que la
collectivité a le droit de donner des priorités. Je regrette,
l'institut ne sera pas le mandataire de la collectivité. L'institut sera
le mandataire des gens des secteurs qui sont déterminés dans la
loi. L'institut sera le mandataire des producteurs, des réalisateurs,
des distributeurs, des artisans de cinéma...
M. Morin: De la collectivité aussi.
M. Hardy: Comment pouvez-vous m'expliquer que...
M. Morin: C'est l'Assemblée qui lui donne le mandat, et
l'Assemblée parle au nom de la collectivité. C'est ce que
m'expliquait tout à l'heure le ministre.
M. Hardy: C'est justement ce que le député de
Sauvé ne comprend pas ou ne veut systématiquement pas
comprendre. Les orientations que la collectivité va donner à la
politique cinématographique sont à la fois contenues dans la loi
et contenues dans un contrat, parce qu'une loi, ce n'est pas une chose qu'on
modifie annuellement.
Or, la situation, dans le domaine du cinéma, évolue
constamment et elle peut évoluer beaucoup d'une année à
l'autre. Les dernières années le démontrent. Si on attend,
pour modifier la loi, la politique cinématographique, que les
orientations collent à la réalité, on risque que les
orientations soient en retard de deux, trois ou quatre ans sur la
réalité. C'est ce que nous ne voulons pas. Nous voulons que
l'action de l'institut colle le plus possible à la
réalité. On y arrivera à la fois par le grand cadre
très général déterminé par la loi et par ce
contrat qui, encore une fois, sera le produit non pas du gouvernement seul,
mais du mandataire de la collectivité qu'est le gouvernement, et le
produit des professionnels du milieu cinématographique.
Je regrette, mais le député de Sauvé fait une grave
erreur en prétendant que l'institut est le mandataire de la
collectivité. L'institut, dans son comportement quotidien, est le
mandataire du milieu cinématographique, et nous faisons confiance
à ce milieu cinématographique...
M. Morin: C'est l'assemblée qui lui donne le mandat.
M. Hardy: Nous lui accordons, à l'intérieur d'une
répartition très générale, le mandat d'appliquer la
politique cinématographique. C'est l'institut, c'est le milieu du
cinéma qui, encore une fois, va déterminer dans quelle
production, dans quel genre de production, à quel film les fonds publics
seront consacrés. Quelle serait la réponse du
député de Sauvé si, à un moment donné, on
n'avait pas ce contrat pour déterminer les grandes orientations.
L'institut, encore une fois, est l'émanation du milieu
cinématographique uniquement ou presque uniquement. Le ministre pourra
nommer deux personnes. Encore faudra-t-il que ces personnes soient
approuvées par le milieu cinématographique. Qu'est-ce que le
député de Sauvé, le ministre des Affaires culturelles, le
premier ministre ou un membre du gouvernement répondrait à la
population si, à un moment donné, celle-ci disait au
gouvernement: "Nous ne sommes pas d'accord sur la façon d'agir de
l'institut, nous croyons que l'institut accorde trop...
M. Morin: Je vous ai dit, il y a un instant, ce qu'il convenait
de faire.
M. Hardy: Amender la loi?
M. Morin: Créez dès maintenant le conseil
consultatif et arrangez-vous pour qu'il soit vraiment représentatif du
milieu.
M. Hardy: Un conseil consultatif n'a pas de pouvoir de
décision.
M. Morin: Vous donnez à l'institut le pouvoir
de créer son propre conseil consultatif, croyez-vous que vous
allez vraiment de la sorte avoir l'opinion publique? Allons donc!
M. Hardy: D'abord, l'institut a le pouvoir de se donner un
conseil consultatif et même si...
M. Morin: C'est vous qui devriez déterminer les membres de
ce conseil consultatif.
M. Hardy:... il y avait un conseil consultatif de nommé
exclusivement par le ministre, l'institut ne serait pas oubligé de se
soumettre à l'opinion du conseil consultatif. Le député de
Sauvé sait très bien qu'un conseil consultatif ne peut faire que
des recommandations. L'institut est un organisme privé, une corporation
autonome au sens du code civil. De quelle façon l'institut serait-il
obligé de se soumettre aux avis d'un conseil consultatif?
M. Charron: Mais il va être obligé de se soumettre
aux avis du gouvernement. C'est cela que vous voulez dire?
M. Morin: Là, on y est.
M. Charron: II ne serait pas obligé de se soumettre aux
avis du conseil consultatif, mais, par votre loi, il va être
obligé de se soumettre aux avis du gouvernement.
M. Hardy: J'en viens à ceci. Dans sa grande thèse,
le député de Sauvé nous dit...
M. Morin: Ah!
M. Hardy: ... un contrat! Mais il y aura inégalité
des parties parce qu'une des parties fournit l'argent et l'autre partie,
évidemment, est un peu...
Si vous réfléchissez deux minutes, au fond, ce que vous
nous demandez de faire et ce que nous refusons de faire, c'est d'être
hypocrites.
M. Morin: C'est de créer un organisme autonome, vraiment
autonome.
M. Hardy: M. le Président, je n'ai pas interrompu le
député de Sauvé ou, du moins, je me suis efforcé de
ne pas l'interrompre.
M. Morin: D'accord.
M. Hardy: Qu'il y ait contrat ou non, ce sera toujours le
gouvernement qui va subventionner l'institut. Or, nous voulons agir d'une
façon claire et précise devant l'opinion publique. S'il n'y a pas
de contrat, qu'est-ce qui va arriver? Le pouvoir de marchandage du gouvernement
reste le même. Il n'y a pas de contrat, nous nous rangeons à votre
opinion, nous biffons l'article. Or, annuellement, le gouvernement est
appelé à remettre des subventions à l'institut, qu'est-ce
qui arrive à ce moment? Il peut y avoir du "grenouillage".
J'espère que ce n'est pas ce que vous voulez.
M. Morin: Au sein du gouvernement?
M. Hardy: Laissez-moi terminer. S'il n'y a pas de contrat, le
ministre peut faire venir l'institut et lui dire: Ecoutez, messieurs, vous
allez avoir $3 millions, $4 millions cette année, mais à la
condition que vous fassiez telle chose, telle chose et telle chose. Tout cela
ne paraît nulle part, ce n'est pas vérifiable par l'opinion
publique. Les gens de l'institut repartent en disant: Bien, si on veut avoir
notre argent, mieux vaut se soumettre au diktat du ministre. Cela ne sera pas
vérifiable par l'opinion publique.
Or, nous vous suggérons de procéder au grand jour, devant
le grand public, au lieu de donner des instructions à l'institut in
camera. Nous voulons que ce soit consigné, couché dans un contrat
qui sera déposé à l'Assemblée nationale, qui pourra
être critiqué par les représentants de l'opinion publique.
Quand je déposerai le contrat intervenu entre le ministre et l'institut,
vous pourrez dire, vous, député de Sauvé, comme tous les
autres membres de l'Assemblée nationale: Nous sommes en désaccord
sur les orientations contenues dans ce contrat. Vous avez
déterminé que 40% iraient à la production, nous ne sommes
pas d'accord sur ça. C'est 50% qui auraient dû aller à la
production et 30% à la distribution.
La chose sera faite au grand jour, tandis que si nous biffons
l'idée du contrat, les choses se feront in camera, en catimini,
derrière les rideaux, parce que ce sera toujours le gouvernement qui
donnera la subvention.
M. Charron: Ce n'est pas vrai, parce que...
M. Hardy: C'est toujours le gouvernement qui va donner la
subvention.
M. Charron: Oui, mais vous avez l'exemple, très voisin, de
la SDICC; statutairement, le montant que reçoit la SDICC est dans la loi
qui l'a créée. Donc, il n'y a pas de "bargaining" dans cette
affaire. C'est tant de millions de dollars par année qui vont à
la SDICC et on pourrait très bien dire, ici: Le budget de l'institut
sera de $6 millions provenant du fonds consolidé. Moi, j'aurai
l'occasion de vous suggérer plus tard qu'on permette à l'institut
de se trouver des fonds augmentant son pouvoir d'action à partir d'une
taxe spéciale qui serait prise sur la projection de films
étrangers dans nos salles...
M. Hardy: Eventuellement...
M. Charron: ...comme cela se fait dans d'autres pays que vous
connaissez.
M. Harvey: ... nous pourrions arriver à cela. Mais, pour
le moment, ce serait imprudent de déterminer le montant dans le projet
de loi, parce qu'il faut quand même voir de quelle façon le tout
va s'administrer.
Je le répète: Nous manquons de beaucoup de renseignements,
renseignements que la loi nous autorise à obtenir. Mais fixer maintenant
un montant, ce pourrait être péjoratif pour le milieu
cinématographique, parce qu'encore une fois une loi,
cela ne s'amende pas d'une semaine à l'autre. Vous le savez
très bien. Cela a pris douze ans pour cette loi-ci. Je ne dis pas que
cela prendra douze ans pour l'amender. Mais on sait très bien qu'on
n'amende pas une loi du jour au lendemain.
Or, ce serait imprudent, maintenant, de fixer le montant dans le projet
de loi. Encore une fois, après une expérience de trois, quatre ou
cinq ans, quand on saura un peu de quelle façon s'oriente l'institut, on
pourra peut-être, à ce moment-là, fixer un montant
annuel.
M. Charron: L'augmenter ou l'étouffer.
M. Hardy: Mais, pour le moment, nous considérons que le
montant doit être fixé annuellement ou à tous les deux ans.
Je répète que le contrat est une façon, pour l'opinion
publique, de savoir exactement ce que son gouvernement veut, les orientations
que le gouvernement veut donner à la politique cinématographique.
Si les orientations que le ministre donne dans un contrat ne sont pas conformes
à ce que veut l'opinion publique, bien il y a des mécanismes de
contrôle, des mécanismes démocratiques, soit par
l'Assemblée nationale ou par d'autres moyens.
M. le Président, je répète que le moyen du contrat,
d'une part, respecte totalement la liberté de création et surtout
empêche que les choses ne se fassent derrière les rideaux. Nous
voulons que les choses se fassent au grand jour, ouvertement, devant l'opinion
publique. Le ministre aura à répondre de son action devant
l'opinion publique.
M. Morin: La négociation n'aura pas lieu au grand jour.
C'est après.
M. Hardy: Non, mais le contrat.
M. Morin: Vous allez nous mettre devant des faits accomplis,
après. Ce n'est pas la même chose.
M. Hardy: La négociation pourra se faire au grand jour.
L'institut pourrait très bien, pendant les négociations, lui qui
sera parfaitement autonome, aller dire à l'opinion publique: Voici, le
ministre exige telle chose et nous ne sommes pas d'accord. Les
négociations pourront se faire au grand jour. Il pourra y avoir des
rapports faits à l'opinion publique. Le ministre pourra répliquer
et dire: C'est vrai que l'institut exige telle chose, mais nous, pour telles
raisons, nous en exigeons d'autres. C'est ça, la démocratie.
Le Président (M. Kennedy): Le député de
L'Assomption.
M. Perreault: M. le Président, je souscris aux propos du
ministre et je suis prêt à concéder au député
de Sauvé que l'institut s'assimile à une régie.
Cependant, je ne peux souscrire à la philosophie du Parti
québécois et à ce que l'on a vu depuis quelques
années, au dépouillement du droit de regard des élus du
peuple en confiant de larges secteurs aux régies d'Etat. Je dis ceci
depuis plusieurs années. Il est malheureux que les élus du peuple
n'aient pas un droit de regard sur les régies d'Etat. Quand une
régie d'Etat fait un bon coup, c'est en sa faveur. Quand elle fait une
bévue ou un mauvais coup, c'est le gouvernement qui écope.
Le député de Sauvé disait tout à l'heure:
Quand les problèmes retomberont sur le dos du ministre, il verra qu'il
aurait dû créer un institut autonome. Depuis cinq ans que je suis
ici, combien de fois aie-je vu l'Opposition tomber à bras raccourcis sur
le gouvernement pour des problèmes issus de régies autonomes? Et
on a blâmé, chaque fois, le gouvernement, quand c'étaient
des bévues commises par ces régies autonomes.
Alors, je considère que les élus du peuple doivent
conserver un droit de regard sur les régies et les organismes issus de
l'Etat et qu'on arrête de dépouiller les élus du peuple de
leurs pouvoirs.
Le Président (M. Kennedy): Le député de
Saint-Jacques.
M. Charron: M. le Président, le ministre, dans son
intervention, a voulu souligner des contradictions dans les propos du chef de
l'Opposition en disant que tantôt le chef de l'Opposition avait
demandé de l'autonomie et, tantôt, il réclamait le
contraire, puisqu'il refusait que ce soit de l'institut que relève la
création d'un comité consultatif.
Il n'y a pas de contradiction là-dedans; il y a une façon
de procéder. Quelles sont les responsabilités du gouvernement?
Les responsabilités du gouvernement, on s'en acquitte aujourd'hui.
Ensuite, cela devient la responsabilité de l'institut.
A mon avis, on équipe, on bâtit l'institut et on lui laisse
son autonomie par la suite. On ne fait pas l'oeuvre à moitié. On
ne le crée pas à moitié autonome et à moitié
dépendant; le laisser vivre à moitié autonome et à
moitié indépendant; le soumettre, d'année en année,
à un quémandage qui annihile son indépendance et par la
suite, lorsque les mauvaises décisions seront prises par cet institut,
à lui refoulerson autonomie, en disant c'est le contraire des
propos que vient de tenir le député de l'Assomption ce
n'est pas ma faute, c'est l'institut, puisqu'il est autonome.
Ne faisons pas les choses à moitié et surtout n'obligeons
pas cet institut à fonctionner à moitié. Que le
gouvernement s'acquitte aujourd hui de ce qu'il estime être sa
responsabilitél
Sa responsabilité aujourd'hui, c'est de créer l'institut.
De dire dans la loi de combien l'institut disposera d'argent. De lui fixer un
mandat, comme les articles 49, 50 et 51 lui donnent et de leur préciser
davantage, s'il estime que cela doit être fait. De dire, s'il estime,
comme le dit le ministre, que l'institut sera représentatif du milieu
cinématographique et non seulement du public. De s'arranger pour que le
public soit aussi partie prenant des décisions de l'institut. De
créer cet organisme suggéré à partir de l'ICEA, et
de le poser comme adjoint permanent de l'institut dans les décisions
qu'ils doivent prendre. Mais après c'est fini. Après, c'est
l'autonomie de l'institut.
M. Hardy: Me permettriez-vous une question? M. Charron:
Oui.
M. Hardy: Est-ce que vous considérez que ce comité
consultatif dont vous parlez, même en s'ef-forçant de faire les
choix les plus judicieux, est aussi représentatif de l'opinion publique
de la collectivité que le Parlement et le gouvernement qui en sont
l'émanation?
M. Charron: Je me demande pourquoi vous me posez cette
question.
M. Hardy: Pour avoir une réponse.
M. Charron: Des comités consultatifs dans d'autres
matières, votre gouvernement dont vous êtes membre, vous avez
endossé la création de ces comités à plusieurs
reprises, à tour de bras.
M. Hardy: Oui, mais on se réserve le droit d'accepter ou
de refuser.
M. Charron: Bien sûr.
M. Hardy: Mais là, vous voulez créer un
comité consultatif et vous voulez nous enlever notre droit de regard
dans le contrat. S'il n'y a plus de contrat, il n'y a plus de droit de regard.
S'il n'y a pas de contrat, l'institut peut faire ce qu'il veut. C'est
l'institut qui va orienter les grandes politiques.
M. Charron: M. le Président, je suis membre de cette
commission qui étudie, à l'occasion, la situation de
Radio-Québec.
M. Hardy: Oui.
M. Charron: L'Office de radio et de télévision
québécois est autonome. Ce que le ministre des Communications a
pris comme responsabilités, et c'étaient les siennes, c'est le
budget de l'Office de radio et de télévision
québécois.
Il est responsable du mandat, parce que c'est lui qui a parrainé
la loi, qui l'a présentée ici. Il a procédé, avec
le lieutenant-gouverneur en conseil, à la nomination des membres du
conseil d'administration de l'Office de radio et de télévision
québécois.
Il a l'occasion, en Chambre, d'intervenir. On l'a vu dans le cas de
l'embauche de M. Laurent Laplante à Radio-Québec.
M. Hardy: II a le droit de se plaindre. M. Charron: Et de
le faire. M. Hardy: II a le droit...
M. Charron: Mais l'Office de radio et de télévision
québécois...
M. Hardy: II a le droit d'avouer son impuissance.
M. Charron: L'Office de radio et de télévision
québécois ne fonctionne pas par contrat annuel avec le
ministère des Communications.
M. Hardy:... si cela fonctionnait par contrat.
M. Charron: Voilà.
M. Morin: Voilà.
M. Hardy: Oui je le dis.
M. Charron: Vous avez peur de l'autonomie de cet institut...
Votre contrat, c'est le moyen de contrôler cetta autonomie.
M. Hardy: C'est le moyen d'établir les grandes
orientations, oui.
M. Morin: Et de mettre M. Laplante dehors. C'est bien cela?
M. Hardy: Non. Non, pas tout à fait cela. M. Morin:
C'est cela que vous vouliez dire?
M. Hardy: Non, dans le contrat... M. Laplante, je ne vous dis pas
que si j'étais directeur de Radio-Québec, je ne le mettrais pas
dehors pour incompétence, mais ce n'est pas cela que je veux du
tout.
M. Charron: Pourquoi l'Office de radio et de
télévision du Québec ne fonctionne-t-il pas par contrat
annuel avec le ministère des Affaires culturelles?
Votre collègue des Communications, lorsque nous avons fait
l'étude des crédits annuels de Radio-Québec, a tenu ferme
à ce que jamais l'Office de radio et télévision
québécois ne soit soumis à une négociation, pour ne
pas se trouver dans la même situation que celle de l'ORTF, par
exemple.
M. Hardy: Est-ce qu'il est interdit à un gouvernement
d'innover, de progresser?
M. Charron: Vous êtes en train de reculer. M. Hardy:
Selon vous.
M. Charron: Ce n'est pas interdit à un gouvernement de
reculer. Je vous prie de me croire, cela fait cinq ans que j'assiste au
spectacle.
M. Hardy: Selon d'éminents juristes en droit
administratif, on nous a dit que notre formule était une très
heureuse innovation sur le plan juridique.
M. Charron: Sur le plan juridique, lorsqu'il s'agit d'un
organisme carrément administratif et qui n'a qu'à faire
l'administration d'un certain nombre de responsabilités qui lui sont
fixées, il se peut que ce que le ministre appelle son innovation, mais
qui est puisé dans ce qu'il y a de plus vieux dans le code civil, je ne
vois pas très bien ce
qu'il y a d'innovation là-dedans, mais, lorsque nous parlons de
l'institut du cinéma, lorsque nous intervenons dans le champ culturel de
l'activité québécoise, c'est une innovation qui constitue
un recul. Je pense que ce que ce même gouvernement a pris comme
initiative dans le domaine de la câblodiffusion, dans le domaine de la
câblodistri-bution, dans le domaine de la radio-télévision
québécoise, devrait être un acquis pour les
Québécois et non pas un recul comme nous le faisons. De toute
façon, l'amendement présenté par le chef de l'Opposition
doit être soumis aux voix...
M. Hardy: Oui.
M. Charron: ...mais il rn'apparaît essentiel, et c'est
peut-être pour cela que la discussion a duré, que la
création de l'institut soit évaluée dans sa juste
réalité. Tant que figurera, en appendice à la
création de l'institut, l'article 48 que le chef de l'Opposition nous
invite à biffer, il faudra toujours prendre avec un grain de sel ce que
le ministre nous en dira.
M. Hardy: M. le Président, avant qu'on passe au vote, et
je reprends l'argumentation du député de L'Assomption,
fondamentalement, même si vous essayez d'envelopper cela dans la
littérature, c'est un manque de confiance que vous avez à
l'endroit de la démocratie, à l'endroit de la population qui
élit ce gouvernement. C'est cela que vous dites. Au fond, vous dites
à la population: Mesdames, messieurs, les Québécois, vous
vous êtes trompés, vous vous êtes donné un
gouvernement. Ce gouvernement, il faut l'empêcher le plus possible d'agir
parce que c'est un mauvais gouvernement.
M. Morin: Méfiez-vous-en.
M. Hardy: Vous dites à 55% des Québécois:
Messieurs les Québécois, vous n'êtes pas assez
évolués, vous vous êtes donné un gouvernement qui
agit mal. Même si un jour les Québécois élisaient
majoritairement le Parti québécois, je respecterais la
décision des Québécois parce que j'ai assez de respect
pour la démocratie, mais vous n'avez pas de respect pour la
démocratie.
M. Morin: Vous ne critiqueriez pas un gouvernement
péquiste?
M. Hardy: Vous respectez... Je pourrais critiquer des
décisions comme telles, mais jamais, même s'il y avait un
gouvernement péquiste, je ne poserais des gestes pour rogner, pour faire
abdiquer à ce gouvernement son rôle, sa responsabilité
comme mandataire de la population. C'est cela que vous voulez faire par des
voies détournées, par des phrases, sous des thèmes, la
démocratie, l'autonomie. Au fond, avec votre autonomie à des
groupes particuliers, vous niez la plus grande représentativité
qui existe dans une collectivité, c'est-à-dire la
souveraineté populaire qui s'exprime par l'élection de
députés dans un Parlement, lesquels choisissent un
exécutif. C'est cela, au fond, votre thèse.
M. Morin: Que le ministre...
M. Hardy: Je vous le dis, il faudra un jour... Nous avons de la
difficulté à expliquer cette attitude de votre parti qui, je le
répète, est une attitude antidémocratique parce que les
media vous sont extrêmement sympathiques et les media font tout pour
voiler cet aspect de votre pensée. Fondamentalement, vous êtes
antidémocratiques. Vous voulez enlever des pouvoirs au Parlement
souverain pour les confier à des organismes privés. C'est cela
que vous faites. Peut-être que, pendant un certain temps, les media vont
réussir a cacher cet aspect de votre pensée politique. Un jour,
nous finirons bien par réussir à démontrer à la
population vos véritables motifs, votre véritable inspiration et
que vos véritables motifs, le véritable fondement de votre
pensée qui se dévoile à l'occasion d'un débat comme
celui-ci et qu'on peut voir à l'occasion de beaucoup d'autres
débats, votre véritable motivation, c'est d'enlever des pouvoirs
au Parlement souverain; donc, c'est d'enlever à la collectivité,
à l'ensemble de la population, des pouvoirs d'intervention en
matière politique.
M. Morin: M. le Président, puisque nous parlons de
fondement de la pensée et des attitudes, que le ministre nous le dise
donc carrément, qu'il se méfie des milieux créateurs
québécois, qu'il se méfie des gens de cinéma et
qu'il veut être bien sûr...
M. Hardy: On va leur donner $4 millions à administrer.
M. Morin: C'est à mon tour de parler... Qu'il se
méfie de ces gens et qu'il veut pouvoir, chaque année,
contrôler les orientations que doit suivre l'institut, les champs
d'activité de l'institut, les limites des engagements financiers, les
modalités d'exécution des fonctions et du mandat de l'institut.
Que le ministre nous dise donc que ces milieux, le gouvernement s'en
méfie, qu'il les craint.
M. Hardy: C'est faux.
M. Morin: Mais vous n'agiriez pas comme vous agissez si vous
aviez confiance en ces milieux, si vous aviez vraiment confiance...
M. Hardy: Vous, vous vous méfiez du peuple.
M. Morin: Non, je me méfie du gouvernement actuel, ce qui
n'est pas la même chose.
M. Hardy: Vous vous méfiez du peuple, parce qu'à
maintes reprises, le peuple a dit qu'il n'avait pas confiance en vous.
M. Morin: Je me méfie... M. Hardy: Pas de
problème.
M. Morin: ... du gouvernement actuel, ce qui n'est pas la
même chose, parce qu'il ne reflète pas les besoins du peuple.
M. Hardy: Qui a élu le gouvernement? M. Morin: 55%
de la population... M. Hardy: Ah ah!
M. Morin: ... mais il y a 45% de la population que le ministre
oublie et qui a le droit de poser des questions. Nous ne contestons pas la
nécessité de l'intervention de l'Etat dans ce domaine, mais nous
disons que lorsqu'on touche à la créativité, lorsqu'on
touche au domaine artistique, lorsqu'on touche à des domaines qui sont
fondés par excellence sur la liberté d'expression, l'Etat doit se
faire subtil. Ce n'est pas parce que vous avez été élu par
55% de la population que vous avez le droit de contrôler tout ce que va
faire cet institut. Cest ça que nous vous disons.
Et j'invite le ministre à faire preuve d'un peu plus de
subtilité. J'invite le ministre à revenir aux propos que je
tenais tout à l'heure, au début de ce débat et à
comprendre que l'intervention de l'Etat ne peut pas être la même,
ni avoir les mêmes modalités, selon la fonction consultative,
judiciaire, technique, gestionnaire et selon le domaine d'activité
auquel elle s'adresse. C'est pourquoi il nous paraissait que les solutions que
nous avons mises de l'avant étaient plus subtiles et plus
adaptées à la liberté dont doivent jouir ces milieux. Si
le gouvernement ne s'en méfiait pas tant, comme il se méfie
d'ailleurs de la presse, on voyait dans les propos du ministre tout à
l'heure...
M. Hardy: Je ne me méfie pas, c'est la
réalité.
M. Morin:... cette jalousie à l'égard de
l'Opposition...
M. Hardy: Une certaine envie, bien sûr.
M. Morin: ... cette envie qu'il manifeste à l'égard
de l'Opposition
M. Hardy: C'est évident. Je serais heureux si on avait
seulement 50% de la sympathie que vous avez de la presse. Je ne vous demande
pas 100%.
M. Charron: Vous avez eu la première page de la Presse
hier.
M. Morin: M. le Président, peut-être que nous
arrivons au point où il faut dire: Trêve de débats...
M. Hardy: Probablement que les gens de la presse, quand ils ont
lu le discours du député de Sauvé, de la veille, ont dit:
Franchement, pour le lui faire comprendre, il faut lui écrire ça
en grosses lettres.
M. Morin: M. le Président, je crois que maintenant, on
doit dire: Trêve de débats, que le gouvernement, que le ministre
prenne ses responsabilités. Mais, nous en reparlerons, on verra les
conséquences de ça par la suite.
M. Hardy: Je termine en disant que lorsque vous parlez de
subtilités, c'est sûr, c'est vrai que c'est très subtil
votre histoire, c'est d'une très grande subtilité, encore une
fois, pour enlever au peuple souverain son pouvoir.
M. Morin: Allons donc! M. Hardy: Votre...
Le Président (M. Kennedy): Le député de
Jacques-Cartier a demandé la parole.
M. Saint-Germain: J'aimerais ajouter, M. le Président, que
je suis un peu surpris qu'on veuille biffer cet article, je crois qu'en le
biffant, le gouvernement se départirait de responsabilités qui
lui appartiennent en propre et ces responsabilités, c'est la politique
cinématographique du Québec. Il y a plus qu'une question d'argent
ou de justice ou d'administration, c'est une question de priorité, de
politique qui, en propre, appartient aux hommes élus par le peuple.
En plus,c et institut sera formé de gens qui oeuvrent dans le
milieu du cinéma, ce sont des distributeurs, des réalisateurs,
des propriétaires de salles, ce ne sont pas des missionnaires et ce ne
sont pas des gars qui travaillent pour la culture, d'une façon
absolument pas désintéressée. On sait tout de même
que ceux qui oeuvrent habituellement au niveau du cinéma le font parce
que, premièrement, c'est un ouvrage qu'ils préfèrent et,
deuxièmement, ils ont des motivations pécuniaires.
L'industrie du cinéma, qui est naissante au Québec, n'a
tout de même pas encore fait ses preuves, et si !e gouvernement se
soustrayait aux responsabilités qui lui sont propres, ce serait une
lacune inconcevable. Je crois qu'on doit laisser aux hommes publics leur
responsabilité, qui est de déterminer les priorités et les
normes politiques qui doivent s'établir au Québec. Je voterai
contre l'amendement du chef de l'Opposition.
M. Hardy: Rejeté sur division?
Le Président (M. Kennedy): L'amendement du chef de
l'Opposition est rejeté sur division.
M. Morin: Sur division.
Le Président (M. Kennedy): Article 49.
M. Hardy: Avant d'aller à l'article 49, on pourrait
peut-être revenir à l'article 39.
Le Président (M. Kennedy): Article 48, adopté?
M. Charron: Oui.
Le Président (M. Kennedy): On pourrait peut-être
revenir à...
M. Charron: Article 48, sur division.
Le Président (M. Kennedy): Sur division? Adopté sur
division.
M. Hardy: A l'article 39, M. le Président, après
avoir, comme je l'avais promis hier soir, dormi et réfléchi sur
le premier amendement du député de Saint-Jacques, après
avoir revu ce matin, avec mes conseillers l'amendement, qui se voulait
amélioré, du député de Saint-Jacques, j'en arrive
toujours à la conclusion que nous ne pouvons pas l'accepter. En fait, je
ne veux pas répéter ce que j'ai dit hier, c'est substantiellement
pour les mêmes raisons. Nous voulons autant que le député
de Saint-Jacques que le cinéma au Québec se fasse en
français. Mais il s'agit d'un domaine complexe, que l'on ne peut pas
transformer du jour au lendemain. D'autre part, je ne veux pas adopter des lois
qu'on ne respecte pas. Donc, nous affirmons le principe que les films devront
être doublés ou sous-titrés. C'est le principe, c'est
l'objectif de la loi, c'est l'intention du législateur, et les
règlements devront tenir compte de la réalité...
M. Charron: Non. ...
M. Hardy:... de ces complexités, mais toujours avec comme
inspiration que le cinéma au Québec doit se faire, doit
être en français.
M. Perreault: D'autant plus que les règlements...
M. Hardy: Les règlements seront soumis à la
commission parlementaire.
M. Charron: Je ne veux pas trop rajouter non plus, M. le
Président, à un débat qui a occupé plusieurs
minutes de la séance d'hier, mais je tiens à m'inscrire en faux
contre une des affirmations que vient de faire le ministre des Affaires
culturelles. C'est faux! Si le ministre rejette mon amendement, et demande
à la commission de le rejeter, il n'est pas du tout exact que le
principe de la version obligatoire française est désormais
accepté par cette assemblée. Lisez l'article 39, M. le
Président, tel qu'il est libellé. Si mon amendement est
rejeté, il n'y a pas d'affirmation de principe. Le seul principe
affirmé dans l'article 39, c'est que les règlements peuvent
prescrire que les films appartenant aux catégories soient
obligatoirement accompagnés d'une version doublée. Rien ne nous
en assure, le principe n'est pas affirmé. Rien ne nous dit comment les
règlements pourront le prescrire? S'approcheront-ils de ce principe?
S'en tiendront-ils éloignés?
M. Hardy: On les étudiera...
M. Charron: On peut en venir à plusieurs
conclusions...
M. Hardy:... en commission.
M. Charron: Ce que je demandais au ministre, c'est de prendre une
position claire et nette en faveur d'une version obligatoire française.
Il refuse de le faire. Mettez mon amendement aux voix, M. le
Président.
M. Morin: C'est comme le bill 22.
Le Président (M. Kennedy): Ceux qui sont en faveur de
l'amendement du député de Saint-Jacques?
M. Charron: Voulez-vous appeler les votes, M. le
Président, sur cet amendement, car il est d'une grande importance?
Le Président (M. Kennedy): M. Bérard?
M. Bérard: Contre.
Le Président (M. Kennedy): M. Perreault?
M. Perreault: Contre.
Le Président (M. Kennedy): M. Charron?
M. Charron: Pour.
Le Président (M. Kennedy): M. Hardy?
M. Hardy: Contre.
Le Président (M. Kennedy): M. Côté,
Matane?
M. Côté: Contre.
Le Président (M. Kennedy): M. Lapointe,
Laurentides-Labelle?
M. Lapointe: Contre.
Le Président (M. Kennedy): M. Morin?
M. Morin: En faveur.
Le Président (M. Kennedy): M. Parent, Prévost? M.
Saint-Germain, Jacques-Cartier?
M. Saint-Germain: Contre.
Le Président (M. Kennedy ): M. Tardif?
M. Tardif: Contre.
Le Président (M. Kennedy): Pour,2; contre, 7. L'amendement
est rejeté.
M. Hardy: M. le Président, avec le consentement de la
commission, je demanderais également de revenir à l'article 12,
et je proposerais de biffer les mots, après"le ministre peut", "avec
l'approbation du lieutenant-gouverneur en conseil". C'est par erreur que cette
phrase y a été mise. C'est un mécanisme beaucoup trop
complexe, il faudrait un arrêté en conseil chaque fois qu'on
émet un permis.
M. Charron: D'accord. Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Kennedy): L'article 12 tel
qu'amendé et adopté est à nouveau amendé et
adopté.
M. Charron: On enlève "avec l'approbation du lieutenant
gouverneur en conseil".
M. Perreault: Seulement cela?
M. Hardy: "...avec l'approbation du lieutenant gouverneur en
conseil et", ce qui devient: "Le ministre peut, sur la recommandation..."
M. Charron: D'accord. M. Hardy: L'on revient à...
M. Charron: ...l'article 49. M. Hardy: ...l'article 49.
M. Charron: M. le Président, à l'article 49, il
s'agit du mandat de l'institut contractuel, l'institut à l'emploi du
ministre. Je pense que, avant de prendre les paragraphes a), b), c), d) et e),
qui sont les mandats du ministre...
M. Hardy: Les mandats que le Parlement va donner à
l'institut.
M. Charron: Je pense que l'amendement que j'aurais à vous
présenter serait plus de mise à l'article 50 qu'à
l'article 49.
M. Hardy: Article 49, adopté.
M. Charron: Non, à l'article 49, j'ai des questions
à vous poser. A l'article 49, je me demande pourquoi la précision
du paragraphe a) qui dit: "en tenant compte de la rentabilité de ces
investissements." Il me semble évident que l'institut, même s'il
est à l'emploi du ministre, va prendre des décisions qui... C'est
un minimum de confiance à faire à l'institut, quand il va donner
de l'argent à un producteur qui va venir en demander, comme on le fait
pour la SDICC, qu'il va tenir compte de la rentabilité des
investissements, il me semble, si on y a le sens de la responsabilité.
Pourquoi mettre cela dans la loi? Toutes ces affaires, c'est comme si on
voulait tout le temps mettre l'institut en tutelle, le plus possible, lui
interdire toute liberté d'action. Le ministre fonctionne avec un
contrat. Il embauche...
M. Hardy: Le milieu ne s'oppose pas à cela. M. Charron:
Moi, je m'oppose à cela.
M. Hardy: Voulez-vous que je vous dise une chose? Ce qui est
assez curieux, vous prétendez et beaucoup de journalistes ont
prétendu que nous voulions restreindre la liberté de l'institut.
Savez-vous une chose? Les producteurs, appuyés par les distributeurs et
les propriétaires, insistaient pour que ce soit le ministre qui nomme le
directeur général de l'institut. C'est inscrit dans leur
mémoire. Jusqu'à un certain point, je me suis battu avec eux et
je leur ai dit: Non, le directeur général de l'institut, vous
allez le nommer. L'institut est une corporation autonome. Vous devez vous
gérer. Une des choses importantes, c'est de nommer directeur
général le principal fonctionnaire de votre groupement.
M. Charron: Je suis d'accord avec vous là-dessus.
M. Hardy: Sur le mandat, ils n'ont pas dit un mot, ils trouvent
cela tout à fait normal, ce mandat. C'est le milieu.
M. Charron: Peut-être. C'est un autre endroit où
nous représentons le public, n'est-ce pas?
M. Hardy: Oui.
M. Charron: Nous pouvons être en désaccord avec le
milieu, n'est-ce pas?
M. Hardy: Nous représentons 55% du public.
M. Charron: N'avez-vous pas soutenu toute cette thèse, il
y a à peine cinq minutes, n'est-ce pas?
M. Hardy: Oui.
M. Charron: Je vous dis que, au nom du public et pour l'autonomie
de l'institut, on pourrait dire: Promouvoir et soutenir financièrement
la création, la production, la distribution, la division, l'exploitation
des films québécois de qualité.
M. Hardy: Je réponds à ceci: C'est vrai. Tout ce
que vous venez de dire, c'est au nom de 30% du milieu. Je vous dis que, au nom
de 55% de la collectivité, plus tout le milieu cinématographique
qui a voulu collaborer à l'amélioration de cette loi, les deux,
55% de la collectivité, plus une...
M. Morin: Un peu moins, d'après les sondages.
M. Hardy: Les bulletins de vote mis dans les boîtes, c'est
plus fort qu'un sondage. Je vous dis, si vous voulez arguer dans ce sens, que
55% de la collectivité, plus une très grande proportion du
milieu, c'est-à-dire le milieu cinématographique qui a voulu
vraiment collaborer à la rédaction de cette loi, tous ces gens
sont contents du mandat. Va-ton changer le mandat pour faire plaisir à
30% de la collectivité? Je crois encore à la démocratie;
55%, plus la majorité du milieu, c'est encore plus fort que 30% plus
quelques-uns de vos amis qui ont voulu rejeter la loi totalement, globalement,
pour des raisons politiques.
M. Charron: Les sophismes se suivent et se ressemblent depuis un
certain nombre d'interventions du ministre des Affaires culturelles. Oubliez
les 30%, 35%, 45%...
M. Hardy: Est-ce un sophisme, 55%?
M. Charron: Non, oubliez les 30%, 35%, 45% et 50%.
M. Hardy: C'est dans les caucus 50%?
M. Charron: Non. Oubliez cela. Vous êtes membre d'un
gouvernement qui a fait adopter par l'Assemblée, à plusieurs
reprises, des lois où un organisme autonome, dans certains cas, par
exemple la Société de développement industriel ou un
organisme, à l'emploi du ministre comme l'institut, ici, a des
responsabilités d'administration financière. On remet à un
certain nombre de personnes, à des fins diverses, la permission
d'utiliser des fonds publics à certaines fins déjà
prescrites dans un mandat.
Quand vous remettez annuellement de l'argent, par exemple, à
l'Orchestre symphonique de Montréal, l'obligez-vous, y a-t-il une loi
quelque part qui vous dit que l'orchestre pourra utiliser cet argent en tenant
compte de la rentabilité financière de ses investissements? Il
n'y en a pas.
M. Hardy: Ce n'est pas tout à fait la même
chose.
M. Charron: Bien non. Même dans le texte de la
Société de développement industriel...
M. Hardy: Je n'ai pas le texte de la loi devant moi. Elle a le
devoir, mais elle ne peut pas...
M. Charron: Elle a le devoir.
M. Hardy: ...prêter des choses, elle ne peut pas faire des
prêts si ce n'est pas sérieux.
M. Charron: C'est évident. C'est pour cela que ça
n'a pas été mis dans la loi. C'est comme si on avait cette
méfiance de l'institut, en plus de le tenir par la gorge, d'année
en année, par le budget et par le contrôle de l'article 48. C'est
comme si on disait: Ces gars sont assez caves qu'à un certain moment il
va venir un film, un scénariste ou des artistes regroupés qui
vont proposer un film "Ben Hur descendant la Manicouagan" et qui va
coûter $50 millions seulement en investissement, en costumes et tout
ça. Ces gars vont être assez caves, eux qui sont issus des milieux
producteurs, eux qui sont issus des milieux artistiques, eux qui sont des
milieux de distribution, ils seront assez caves pour remettre, sur une somme
très limitée, un investissement massif, parce qu'ils ne sont pas
assez "smarts", si on ne leur dit pas dans la loi, pour y penser
d'eux-mêmes, pour tenir compte de la rentabilité des
investissements.
M. Hardy: De deux choses l'une: Ils vont être assez fins
pour le faire. Donc, cela ne change rien dans la loi et cela peut rassurer
certaines parties de l'opinion publique qui c'est vrai, il faut
l'admettre, je ne vous dis pas que c'est ma conception sont
méfiantes. Beaucoup de gens m'ont rencontré et m'ont dit:
Ecoutez. Vous exagérez un peu. Confier des millions comme ça
à un orga- nisme dans le cinéma, des gens qui ne sont pas connus
pour leur...
M. Charron: Et vous les avez crus? M. Hardy: Je ne les ai
pas crus.
M. Charron: Vous les avez crus parce que c'est là.
M. Hardy: Je ne les ai pas crus...
M. Charron: C'est là.
M. Hardy:... mais c'est mon devoir...
M. Charron: C'est à l'article 49 et à l'article
50.
M. Hardy: Je ne vous dis pas que je les ai crus...
M. Charron: Voyons donc!
M. Hardy:... mais je pense que c'est important de rassurer cette
partie c'est même valable de l'opinion publique qui peut
avoir des inquiétudes. Il faut tenir compte de l'opinion publique. Si
vous en teniez compte davantage, vous ne seriez pas six en Chambre.
M. Morin: Nous serions 33.
Le Président (M. Kennedy ): Article 49. Adopté?
M. Charron: Non. Je propose qu'au paragraphe a), par simple
décence... Tu peux partir, cela ne dérangera absolument rien.
M. Hardy: Non. Il continue de donner un spectacle.
Une Voix: Continue à faire ton spectacle.
M. Hardy: II y a un député dans un des sept
discours en Chambre ce n'est pas le cas du député d'Anjou
a été... Le député de Saint-Jacques devrait
savoir qu'il y a un député qui a fait deux interventions à
l'Assemblée nationale pendant son passage. Une fois, il est allé
fermer la Chambre...
M. Charron: C'est ce que vient de faire le député
d'Anjou.
M. Hardy: ... et l'autre fois, il avait parlé des... et ce
député a siégé pendant 35 ans à
l'Assemblée nationale. C'est l'ancien député de
Yamaska.
M. Charron: J'espère qu'on ne sera pas "poi-gné" 35
ans avec celui qui vient de fermer la fenêtre.
M. Hardy: II fait d'excellents discours. Alors, lui ce sera 50
ans.
M. Charron: Je propose qu'au paragraphe a), on supprime les mots
"... en tenant compte de la rentabilité de ses investissements..."
M. Hardy: Rejeté sur division?
Le Président (M. Kennedy): Rejeté sur division.
Adopté.
M. Charron: On passera au paragraphe b) lorsque nous reprendrons
les travaux.
Le Président (M. Kennedy): La commission suspend ses
travaux jusqu'à quinze heures.
(Suspension de la séance à 13 h)
Reprise de la séance à 15 hl5
M. Kennedy (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A
l'ordre, messieurs!
La commission permanente de l'éducation, des affaires culturelles
et des communications continue l'étude du projet de loi no I, Loi sur le
cinéma.
A l'ajournement, nous en étions à l'article 49 et le
député de Saint-Jacques avait la parole.
M. Charron: M. le Président, au paragraphe b) du mandat de
l'institut. Adopté.
Le Président (M. Kennedy): Adopté. M. Charron:
Paragraphe c), adopté. M. Hardy: Où est-ce qu'on est
rendu?
Le Président (M. Kennedy): Au paragraphe c) de l'article
49.
M. Charron: J'ai dû les prendre par paragraphes, à
cause de l'importance de l'article 49.
M. Hardy: Très bien.
M. Charron: Adopté, dans l'ensemble, M. le
Président.
Le Président (M. Kennedy): Article 49, adopté.
Article 50.
M. Charron: A l'article 50, M. le Président, j'ai un
amendement qui vise à ne rien soustraire au texte original, mais
à le compléter. Je prie la commission de m'excuser, mais il est
identifié article 49, alors que, comme je l'ai dit ce matin, c'est
plutôt l'article 50, qu'on devrait y voir.
M. Perreault: L'amendement de votre feuille, à l'article
38?
M. Charron: Non, c'est passé.
M. Hardy: Ce sera l'article 50 a).
M. Charron: J'en ai quelques autres copies.
Le Président (M. Kennedy): Cela deviendrait l'article 50
a)?
M. Charron: Cela deviendrait l'article 50 a). Peut-être que
le ministre aura l'intention de contester la légalité de mon
amendement, puisqu'il s'agit d'une dépense de fonds publics, mais j'ai
choisi de le présenter quand même pour que nous puissions
examiner...
M. Hardy: Pour ne pas brimer le député de
Saint-Jacques, et pour ne pas créer de précédent, disons
que vous parlez. Vous ne présentez pas votre amendement. Vous parlez sur
le fond. Si vous réussissez à me convaincre, je le propose et,
si
vous ne me convainquez pas, je ne peux pas le proposer. C'est tout
simplement une question de précédent.
M. Charron: D'accord.
M. Harvey: Au fond, vous allez défendre votre idée
quand même, mais, si je vous laissais actuellement, et même, si le
président vous laissait proposer cela, on poserait un
précédent qui pourrait être invoqué à
l'avenir. Discutez du fond. Si vous nous convainquez, vous proposerez votre
amendement et, si vous ne nous convainquez pas...
M. Charron: D'accord. M. le Président, puis-je d'abord
lire cet amendement pour les membres de la commission? Il s'agirait...
M. Hardy: Ce qui n'est pas un amendement actuellement, ce sont
les idées du député de Saint-Jacques.
M. Charron: Voilà. Il s'agirait d'introduire, à la
fin de l'article 50, où on parle des moyens d'action de l'institut du
cinéma, de la façon, pour lui, de dispenser les fonds qui lui
sont remis à partir même des fonds publics, une source de revenus
additionnelle qui lui permettrait, à mon avis, encore mieux, avec encore
plus d'excellence et de possibilités d'action, de remplir le mandat que
nous lui avons confié à l'article 49. Parce que, M. le
Président, si vous regardez l'article 50, on dit que l'institut
exécute son mandat par les moyens suivants: des placements, des
prêts, des garanties aux prêteurs, des primes à la
qualité et des subventions, des prix d'excellence, des
réinvestissements.
Or, la commission n'a pas encore établi ce n'est pas
l'intention du ministre de l'établir dans la loi, nous a-t-il dit
la somme dont disposera l'institut pour faire accomplir le mandat de l'article
49 par les moyens prévus à l'article 50. Il n'est pas faux de
penser à un certain nombre de millions qui ont varié dans les
différentes entrevues qu'a accordées le ministre, entre $3
millions et $6 millions, dont pourrait disposer l'Institut du cinéma
pour faire cela. Je voudrais proposer une source additionnelle de revenus
à l'institut du cinéma qui lui permettrait d'agir encore plus et
encore mieux dans l'exécution de son mandat. C'est pour cela que je
propose cet article 50 a), comme vous l'avez appelé, M. le
Président, qui dirait ceci: "Aux fins de l'exécution des
paragraphes a) et b) de l'article 49 et de l'article 50, l'institut pourra
disposer de sommes d'argent qui lui seront remises par le ministre des Finances
à même le fonds consolidé du revenu, provenant des revenus
d'une taxe spéciale sur les profits faits au Québec par la
présentation de films non québécois. b) Le pourcentage de
cette taxe spéciale qui ne peut dépasser 10% ainsi que son mode
de perception sont établis par le lieutenant-gouverneur en conseil. Les
sommes d'argent provenant des revenus de cette taxe spéciale sont
versées en plus des sommes déjà prévues à
l'article 37 et ne font pas l'objet de négociations prévues aux
articles 2 et 48.
M. Le Président, c'est simple, devant l'envahissement, d'une
part, normal puisqu'un pays doit toujours être ouvert aux productions
cinématographiques étrangères, et, d'autre part, anormal
à cause du volume sans précédent de productions
étrangères, en particulier américaines, qui envahissent
les écrans québécois, nous croyons que cette situation ne
doit pas se présenter, non seulement au détriment du
cinéma québécois, mais doit être pour lui une source
d'appoint et une source d'expansion. Autrement dit, comme le disaient certains
opinants en deuxième lecture, ne pas fermer la porte à
l'étranger, bien sûr, mais ne ne pas permettre non plus à
l'étranger d'occuper un champ que les Québécois n'occupent
pas dans la proportion qu'ils devraient occuper.
Or, nous inspirant du modèle qui est déjà connu
dans certains pays, dont les Etats-Unis d'Amérique, nous aimerions voir
le ministre accepter cette proposition qui viserait à faire que, sur les
revenus nets émanant d'une présentation d'un film étranger
en salle québécoise, un pourcentage de ces revenus soit
affecté à l'institut. D'après les calculs que nous avons
pu faire quant aux statistiques que nous détenons du visionnement de
films étrangers au cours des dernières années, en
particulier sur les films étrangers, cela aurait voulu dire une
perception d'environ $6 millions, lesquels $6 millions seraient ainsi
ajoutés à ce que le ministre des Affaires culturelles, par
contrat, puisque nous devons l'accepter maintenant, octroiera à
l'institut du cinéma annuellement.
M. Hardy: Seulement une question.
M. Charron: Si vous me permettez, j'ai deux autres phrases...
M. Hardy: Non, c'est seulement pour suivre votre... Vous dites
que cela fait $6 millions? 10%? Parce que le revenu total, selon les
statistiques que nous avons, a été $48 millions.
M. Charron: Je ne voulais pas le faire sans avoir le papier dans
les mains, vous m'obligez à y retourner.
M. Hardy: Nous, les statistiques que nous avons, c'est qu'il y a
eu un revenu de guichet de $48 millions, l'an passé, au
Québec.
M. Charron: Attendez un peu.
M. Hardy: De revenu brut. Pour les films étrangers, c'est
moins que cela. $48 millions, c'est tout, films québécois et
films étrangers.
M. Charron: Les films québécois, il y en avait
27...
M. Hardy: Oui.
M. Charron: ... sur 188. On ne peut pas dire que...
M. Hardy: Même si vous prenez le chiffre de $48 millions,
on arrive à $4.8 millions à 10%.
M. Charron: C'est bien le chiffre que j'ai, moi, ici, M. le
Président.
M. Hardy: Celui de $48 millions? M. Charron: Non, $6
millions.
M. Hardy: Les $48 millions, c'est du Bureau de la
statistique?
Une Voix: Oui, du Québec.
M. Hardy: De toute façon, cela ne change pas pour votre
principe. Il reste le même.
M. Charron: Le principe reste le même. C'est que quel que
soit le montant, selon les revenus annuels, cela constituerait une augmentation
du budget dont dispose l'Institut du cinéma pour accomplir son
mandat.
J'imagine que le ministre a envisagé cette possibilité,
à un moment ou à un autre...
M. Hardy: Longuement.
M. Charron:... dans les études qui ont
préparé cette loi. J'aimerais entendre, maintenant, son opinion
sur cette suggestion, M. le Président.
M. Hardy: M. le Président, encore là, cela peut
peut-être paraître bizarre, cette unanimité au niveau des
principes, mais je suis parfaitement d'accord avec le député de
Saint-Jacques pour dire qu'il est anormal que les étrangers viennent
chercher les sommes d'argent, qu'ils viennent chercher annuellement, par la
distribution de films étrangers. Je suis d'accord avec le
député de Saint-Jacques dans bien des cas, et en particulier,
dans l'intervention qu'il faisait en Chambre, dans le cas des films
américains, par exemple. Quand ils viennent ici, c'est un surplus. Cela
augmente leurs profits. C'est nous, les Québécois qui, au fond,
de cette façon, contribuons à enrichir les compagnies de
distribution étrangères. Il serait non seulement
éminemment souhaitable, mais juste et raisonnable que sans, bien
sûr, réduire leurs profits à néant, parce qu'ils ne
viendront plus si on réduit leurs profits à néant
mais la collectivité québécoise retire sa juste part de
ces bénéfices plantureux que font les étrangers en
exploitant la clientèle québécoise sur le plan
cinématographique.
Comme vous l'avez dit tantôt, quand nous avons
préparé notre loi, nous avons songé à des
mécanismes, pas nécessairement tels que formulés ici, mais
à des mécanismes qui nous permettraient d'aller chercher une part
de ces profits, lesquels profits nous réinvestirions par
l'intermédiaire de l'institut.
Mais, après discusssion avec des spécialistes, et, je dois
le dire, après discussion au niveau du conseil des ministres, nous en
sommes arrivés à la conclusion que la façon la plus
rationnelle et la plus efficace serait d'agir non pas au niveau de la Loi sur
le cinéma, mais des lois fiscales régulières. Et pour agir
d'une façon aussi précise que possible, je vais vous donner un
exemple: Vous arrivez à $6 millions, nous arrivons à $4.8
millions, encore une fois, avec les renseignements très précis
que nous pourrons obtenir, en vertu de la loi actuelle, à partir de ces
renseignements, c'est mon intention d'intervenir de nouveau auprès de
mon collègue, le ministre du Revenu et de l'ensemble du conseil des
ministres, pour qu'il y ait des amendements aux lois fiscales pour aller
chercher ce que vous nous proposez d'aller chercher. Je ne sais pas dans quelle
proportion, je ne sais pas si c'est 10% ou plus, l'idée est retenue,
mais ce serait plutôt par le truchement des lois fiscales ordinaires, les
lois du ministère du Revenu, que nous le ferions, et à partir des
renseignements bien précis que nous pourrons avoir après une
année d'activité avec la loi actuelle.
Donc, votre idée est retenue. Encore une fois, dans un premier
texte, au niveau du ministère, cette idée d'incorporer cela
à la loi actuelle avait été retenue, mais, à la
réflexion, nous en sommes arrivés à la conclusion qu'il
était préférable d'agir au niveau des lois ordinaires du
ministère du Revenu, et surtout après avoir obtenu des
renseignements très précis pour savoir combien exactement les
distributeurs étrangers, les "major" viennent chercher de profits sur
l'ensemble des films distribués au Québec, sur chacun en
particulier, en fait, et que nous ayons un portrait très précis
de la situation dans ce domaine.
M. Charron: Le jour où vous aurez et le plus rapidement
possible le profil de cette situation, est-ce votre intention de modifier la
loi sur le revenu?
M. Hardy: Je dis que c'est l'intention du ministre des Affaires
culturelles d'exercer toutes les pressions possibles. Je n'ai pas de raison de
croire que mes collègues refuseront de m'écouter, parce que c'est
tellement logique, c'est tellement dans l'ordre des choses, que cela devrait se
faire, mais, encore une fois, je pense qu'il est sage de faire des choses
semblables par les mécanismes les plus réguliers, les plus
valables et surtout en ayant un portrait aussi précis que possible de la
situation.
Le ministre des Affaires culturelles ne serait pas équipé,
entre autres même si vous mettiez cela dans la Loi sur le
cinéma pour appliquer cet article, parce que cela revient au
ministère du Revenu.
M. Charron: M. le Président, je reviendrai certainement
à la charge sur cette question parce qu'il me semble y avoir là
une source de revenu pour le cinéma québécois qui, non
seulement lui permettrait de continuer à croître, mais surtout qui
rétablirait un certain degré de justice par rapport à
l'envahissement étranger dans ce domaine. Je souscris entièrement
aux propos qu'a tenus le ministre des Affaires culturelles. C'était le
but de la présentation de cette idée-amendement parce que
les profits, s'ils doivent continuer à croître,
normalement, c'est prévisible...
M. Hardy: Sauf si le cinéma québécois se
développe à ce point qu'il devienne un concurrent très
fort du cinéma américain.
M. Charron: Pour que le cinéma québécois
devienne un concurrent très fort, il faudrait de l'argent à
l'institut pour le compte.
M. Hardy: D'accord.
M. Charron: Bien, M. le Président.
M. Hardy: Juste une chose. On me fait remarquer qu'en Italie on
avait ce processus que vous proposez et on est revenu aux lois fiscales
ordinaires, au fonds consolidé, et on me dit qu'en Suède on a ce
processus et on songe à y revenir à cause des complications
d'application de cette méthode.
Le Président (M. Kennedy): Article 50 adopté?
M. Bérard: Est-ce que je pourrais ajouter un commentaire?
M. le ministre, est-ce que vous ne craindriez pas que le fait de percevoir ces
10% sur les profits n'amènerait pas une hausse au guichet? A toutes fins
pratiques, qui est-ce qui paierait encore la note? Ce seraient encore les
consommateurs.
M. Hardy: Possiblement, mais il y a quand même la loi de
l'offre et de la demande qui existe. Si on augmente trop le billet, la
clientèle va diminuer. Théoriquement, oui, mais si on appliquait
votre principe d'une façon trop vigoureuse, il ne faudrait pas qu'il y
ait de taxe.
M. Bérard: Oui, d'accord.
M. Hardy: Parce qu'on dirait: Si on augmente les taxes... Cela
joue sûrement, mais on abolirait le système de taxation du
gouvernement et je ne sais pas comment on agirait. Le député de
Rouyn-Noranda n'est pas ici, mais sûrement qu'il nous parlerait de la
machine à piastres.
M. Bérard: Parce qu'il est bien sûr que si les
profits de ces compagnies sont diminués, elles vont chercher un moyen
pour...
M. Hardy: C'est-à-dire que ces compagnies peuvent voir
leurs profits diminuer tout en continuant à considérer que c'est
extrêmement payant de distribuer des films au Québec.
M. Charron: Je suis convaincu de cela également, M. le
Président.
Le Président (M. Kennedy): Article 50 adopté.
M. Saint-Germain: M. le Président, les pays
étrangers, comme la France, n'en viendraient-ils pas à faire la
même chose relativement à nos films?
M. Hardy: Si un jour l'industrie cinématographique
québécoise est devenue à ce point rentable qu'elle fait de
grands profits dans les pays étrangers, ce serait normal qu'on applique
la même chose.
Mais, le jour où les pays étrangers pourront venir
chercher une taxe sur la production cinématographique
québécoise, cela voudra dire que l'industrie
cinématographique québécoise est en pleine santé et
très florissante et tout le monde ne pourra que s'en réjouir.
Le Président (M. Kennedy): Le député de
L'Assomption.
M. Perreault: J'aimerais ajouter un mot suite aux remarques du
député d'en face, c'est que lorsque la télévision
est arrivée, l'industrie du film a quasiment foutu le camp à
terre, parce qu'il n'y avait plus personne dans les salles de cinéma.
Alors, si le prix aux guichets augmente trop subitement, il y a un grand danger
qui existe de voir le marasme... et ça ne renforcira pas le film
québécois. Le film québécois, même s'il
existe en grande quantité, on ne peut pas forcer le cinéphile
à aller voir des films québécois qu'il ne veut pas voir.
Il ne faut pas oublier ça. Tant que vous n'aurez pas des films
québécois de qualité pour concurrencer le film
étranger, c'est un leurre de penser qu'on va déplacer des sommes
d'argent vers le film québécois.
Il y a un dosage à faire, lorsque vous ferez une taxe
spéciale, je pense bien qu'il y a une étude à faire pour
ne pas faire en sorte qu'on amène l'industrie dans le marasme.
Le Président (M. Kennedy): Le député de
Saint-Jacques a un amendement à l'article 50.
M. Charron: Oui, M. le Président. Il s'agirait d'ajouter
à l'article 50, un paragraphe i) dont le texte est le suivant:
"L'institut exécute son mandat par l'acquisition et l'exploitation,
selon les modalités précisées par le lieutenant-gouverneur
en conseil, de salles de cinéma." L'objectif de cet amendement est de
permettre à l'institut de promouvoir le cinéma
québécois en s'assurant que dans différentes
régions du Québec, par sa propriété et par son
exploitation de certaines salles de cinéma, un certain nombre de films
de qualité, puisque,je vous rappelle que le paragraphe a) de l'article
49 mentionnait que le tout premier mandat de l'institut est de diffuser et
d'exploiter des films québécois de qualité, donc de nous
assurer qu'à quelques endroits, selon les centres, il existe une salle.
Ce n'est pas une obligation que je voudrais voir donner à l'institut
d'aller acquérir une salle de cinéma dans chaque ville avec
25,000 habitants ou plus. Je voudrais que la loi le jour où
l'institut le jugera bon, selon son développement, selon ses propres
critères l'autorise à le faire.
C'est clair, il y a des petites villes du Québec
qui sont littéralement prisonnières d'un cinéma et
l'exploitant de la salle n'offre à la population de cette petite ville,
que ce qu'il veut bien leur montrer; les navets américains qui sont
envoyés en restants, les films de fesses français, pour autant
qu'ils en font et, de temps à autre, un film absolument commercial qui
lui apportera du revenu.
C'est le choix, c'est la libre entreprise des salles de cinéma et
personne ne peut prévoir que, même après l'adoption de
cette loi, cette pratique changera.
Ce qu'il serait important de faire, là où l'institut le
jugera essentiel pour sa promotion du film québécois de
qualité et aussi du film étranger de qualité, c'est
d'assurer que le public de ces petites villes n'est pas prisonnier de la
décision et de l'orientation d'une entreprise d'un seul homme et,
à l'occasion, se rendre propriétaire et exploiter des salles de
cinéma, selon ses intentions.
Encore une fois, ce n'est pas une obligation, c'est la permission que je
voudrais voir donner à l'institut de remplir ce mandat.
M. Hardy: M. le Présider-t, encore là, je ne ferai
pas de grands discours, je suis d'accord avec le député de
Saint-Jacques. Les juristes m'affirment et mes faibles connaissances en droit
confirment...
M. Charron: Ce n'est pas toujours ce que vous dites.
M. Hardy: ...que ce pouvoir est déjà contenu au
paragraphe a) de l'article 49. Promouvoir et soutenir financièrement, en
tenant compte de la rentabilité de ses investissements, la
création, la production, la distribution, la diffusion et l'exploitation
de films québécois.
Cela veut dire que l'institut peut...
M. Charron: Par le mot "diffusion".
M. Hardy: ...louer des salles existantes. Par exemple, l'institut
pourrait, dans la ville aller voir le propriétaire et dire: On loue
votre salle pour tant de temps. Ou l'institut peut se constituer une filiale,
une corporation sans but lucratif, qui achèterait des salles et qui les
exploiterait.
M. Charron: D'accord, M. le Président; mais, encore une
fois, l'accomplisssment de ce mandat est directement lié au
budget...
M. Hardy: La Cinémathèque nationale peut faire cela
aussi.
M. Charron: D'accord. Mais l'accomplissement de ce mandat est
directement lié au budget que pourra faire...
M. Hardy: Même avec votre amendement, il faut se lier au
budget aussi.
M. Charron: Oui.
M. Hardy: Mais le pouvoir que vous voulez donner par votre
amendement, il est déjà à l'article 49.
M. Charron: Je retire mon amendement, M. le Président.
Le Président (M. Kennedy): Le député de
l'Assomption.
M. Perreault: Là-dessus, je verrais une filiale ou une
société de la couronne exploiter des salles de cinéma
plutôt que l'institut. Déjà, vous mettez, parmi les gens
qui sont membres de l'institut, des propriétaires de salles. Je pense
que c'est créer une mauvaise concurrence en mettant l'institut
propriétaire de salles de cinéma.
M. Hardy: Je m'excuse. Ce que j'ai dit au député de
Saint-Jacques, c'est qu'en vertu de l'article 49 a), l'institut a le pouvoir de
constituer une filiale sans but lucratif. Il ne s'agit pas d'aller faire
concurrence aux salles commerciales.
Mais on pourrait constituer un organisme sans but lucratif.
M. Perreault: Mais cela ne devrait pas être un organisme de
l'institut. Cela devrait être une société de la
couronne.
M. Hardy: Une société de la couronne, cela
revient...
M. Perreault: Cela ne devrait pas être l'institut. Vous
avez déjà des propriétaires de salles commerciales qui
sont dans l'institut. Vous créez un affrontement à
l'intérieur.
M. Hardy: Je ne sais pas ce que l'institut fera, mais elle a le
pouvoir de le faire. Ce n'est pas bon, avec l'institut? Mais qu'est-ce que vous
faites? C'est quand même exact, ce que le député de
Saint-Jacques a dit tantôt.
M. Perreault: Oui, vous pouvez créer une
société de la couronne pour exploiter des salles.
M. Hardy: Pourquoi? Une autre société de la
couronne?
M. Perreault: Absolument, commercialement.
M. Hardy: A ce moment, vous allez créer une
société de la couronne qui va... Si le Parlement décide
d'en créer une, je serais assez réticent, parce que, à ce
moment, vous allez faire de la concurrence.
M. Perreault: C'est un secteur témoin.
M. Hardy: Je suis réticent un peu au secteur
témoin, parce que vous savez que, parmi les propriétaires de
salles de cinéma, avec la distinction que j'ai faite hier, bien
sûr, il y a les propriétaires qui sont les grandes firmes de
distribution. Financièrement, ils sont en bonne condition. Les
propriétaires indépendants ne sont pas dans une si-
tuation financière extraordinaire. Il ne faudrait pas aller leur
faire une concurrence.
M. Perreault: C'est parce qu'à l'intérieur de
l'institut, vous auriez des membres, des propriétaires de salles
commerciales et vous auriez l'institut qui serait lui-même
propriétaire de salles. C'est un peu une anomalie.
M. Hardy: Je ne vois pas ce que cela ferait de différence
si c'était une société de la couronne.
M. Perreault: Elle serait au même titre que les autres
sociétés commerciales, comme vous avez le secteur témoin
dans d'autres domaines, comme, dans l'industrie minière vous avez
SO-QUEM, qui est en concurrence avec d'autres industries.
M. Hardy: A ce stade-ci...
M. Perreault: Je crois que c'est foncièrement mauvais.
M. Hardy: Vous voulez enlever le pouvoir à l'institut?
M. Perreault: Non, je ne veux pas lui enlever le pouvoir,
mais...
M. Charron: M. le Président, je ne veux pas
défendre la loi du ministre, mais toute l'action de l'institut,
employée par le ministre... tous ses employés ont comme mandat,
dans l'article 49, d'entrer en concurrence. Si l'institut n'entre pas en
concurrence avec les forces actuelles qui contrôlent le cinéma
québécois, les compagnies américaines qui contrôlent
le réseau, les compagnies de production qui sont essentiellement
étrangères également au Québec, la
répartition des revenus entre les propriétaire de salles à
aller jusqu'aux artistes, c'est-à-dire qu'on crée pour rien
l'institut s'il ne dérange pas personne.
M. Perreault: II faut distinguer entre l'exploitation d'une salle
de cinéma et les fonctions de l'institut. C'est bien différent.
Chez moi, si l'institut vient créer une salle en concurrence avec un
propriétaire de salles commerciales et fait crever l'autre, je ne suis
pas d'accord.
Le Président (M. Kennedy): L'amendement est retiré
et l'article 50, tel que présenté, est adopté.
M. Charron: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Kennedy): Article 51?
M. Charron: Qu'est-ce que c'est ce mode de collaboration que veut
établir le ministre entre l'institut...
M. Hardy: En particulier, avant d'édicter des
règlements, le ministre peut consulter l'institut. Si l'institut
décide de se donner le comité consultatif dont vous parliez ce
matin, le ministre rédigera un projet de règlements qu'il
soumettra à l'institut, que l'institut pourra soumettre à son
comité consultatif avant de revenir devant la commission parlementaire
pour l'étudier.
M. Charron: En fin de compte, l'institut...
M. Hardy: L'institut a le pouvoir de conseiller le ministre en
matière cinématographique.
M. Charron: Oui. Est-ce que je dois entendre l'article 51 comme
faisant peser, sur vous ou sur l'institut, l'obligation d'entamer le processus
de collaboration, quand on dit: L'institut doit collaborer avec le
ministre...
M. Hardy: Cela veut dire...
M. Charron: ... dans les tâches qui vous ont
été réservées suivant la présente loi?
M. Hardy: ... quand le ministre demande un avis à
l'institut, l'institut ne peut pas dire: On ne veut pas vous en donner.
M. Charron: Mais cela ne vous oblige pas à solliciter
d'avis de l'institut, notamment en matière de classification, de
promotion, de titrage, de doublage, de contrôle?
M. Hardy: Non, parce que, toujours, en vertu du grand principe,
je suis d'abord responsable devant vous, le Parlement...
M. Charron: Vous en avez sorti de grands principes, depuis le
début de l'étude de cette loi. Vous les inventez à mesure
vos principes.
M. Hardy: Suis-je rendu assez fort dans les principes pour que,
éventuellement, je puisse être admis dans votre parti?
M. Charron: Non.
Le Président (M. Kennedy): Article 51, adopté.
M. Charron: Parce que les principes que vous défendez sont
contraires aux miens.
M. Hardy: Pas toujours. M. Charron: Adopté.
Le Président (M. Kennedy): Article 52, tel
qu'amendé?
M. Charron: Cet article m'apparaît... M. Hardy:
Article 52?
M. Charron: Oui, l'article 52. Cet article m'apparaît
vague, M. le Président. L'institut reconnaît comme films
québécois, les oeuvres qu'il indique dans la mesure qu'il
détermine. Cela ne me dit pas ce que va être un film
québécois.
M. Hardy: Justement.
M. Charron: II les reconnaît suivant des normes qu'il
établit l'institut par règlements, en consultation
avec le ministre conformément au paragraphe e) de l'article 68.
M. Hardy: Deux raisons pour le vague de cet article. Si vous vous
rappelez, dans le premier projet, on était beaucoup plus précis,
on déterminait ce qu'était un film québécois. Or,
le milieu cinématographique les producteurs surtout, ce sont eux qui
nous ont fait valoir que c'était très imprudent de
déterminer dans la loi ce que serait un film
québécois.
Il pourrait arriver, à un moment donné, dans un cas non
prévu par la loi et vraiment cela pourrait être un film
québécois et puis on serait gelé. Donc, danger
d'être trop rigide dans la loi et deuxièmement je pense
encore là que vous devriez applaudir vous nous avez dit ce matin
en particulier votre collègue, le chef, combien on manquait de confiance
envers le milieu, combien on ne faisait pas confiance au milieu. Or, on lui
fait tellement confiance qu'on dit: C'est vous, institut, vous,
représentant du milieu cinématographique qui allez décider
ce qu'est un film québécois. Ce n'est pas le ministre qui va
dire: Non, c'est un film qui est trop péquiste, ce n'est pas
québécois. C'est l'institut qui va décider ce qu'est un
film québécois.
M. Charron: Cela me fait penser à quelque chose. Avez-vous
vraiment écrit à Michel Brault à la suite de son
succès à Cannes?
M. Hardy: Oui, c'est mon conseiller, M. Gourd, qui a
rédigé la lettre.
M. Charron: Je vous signale, pour votre information personnelle,
que M. Brault n'a jamais reçu...
M. Hardy: II ne l'a pas encore reçue?
M. Charron: ... de lettre, ni de félicitations du
gouvernement québécois.
M. Hardy: Vous savez comme moi que la poste royale est lente.
M. Charron: C'est vous qui la soutenez, ce n'est pas moi.
M. Hardy: M. Brault est à ce point anxieux de me lire?
M. Charron: Non, mais il voudrait voir jusqu'à quel
degré vous allez patiner pour...
M. Hardy: Je n'ai pas patiné, je l'ai
félicité pour son immense talent, comme d'ailleurs j'avais...
Voulez-vous que je vous redise à peu près la lettre que j'avais
envoyée à Mme Pauline Julien?
M. Charron: Non, chantez-la-moi plutôt.
M. Hardy: Mme Pauline Julien a fait une tournée à
un moment donné en Europe grâce en partie, à une subvention
du ministère des Affaires culturelles. A son retour, Mme Pauline Julien
m'a fait parvenir, soit elle-même, soit par son imprésario, des
coupures de presse à ce sujet. Je me suis empressé
d'écrire à Mme Pauline Julien pour lui dire substantiellement
ceci: Madame, les coupures de presse que vous me faites parvenir ne font que
confirmer ce que j'appréhendais déjà quant au
succès de votre tournée.
M. Charron: Vous appréhendiez?
M. Hardy: Appréhendez ou... Laissez-moi vous dire que
j'admire votre immense talent, même si vos idées
économico-sociales sont tout à fait à l'opposé des
miennes, et que je considère que sur le plan culturel, vous
représentez très bien le Québec. Ce n'était pas
patiner, cela?
M. Charron: Non.
M. Hardy: Le style de la lettre à M. Brault est dans le
même sens.
M. Charron: Des hommages de circonstance. Quand on
s'aperçoit que l'adversaire est plus fort, on se soumet.
M. Hardy: Vous n'êtes pas gentil.
Le Président (M. Kennedy): Article 52, adopté?
M. Charron: Oui.
M. Hardy: M. le Président, c'est bien sûr que je
reconnais que, dans le domaine de la chanson, Mme Pauline Julien est beaucoup
plus forte que moi.
M. Charron: Oui.
M. Hardy: Mais sur le plan des idées politiques, par
exemple!
Le Président (M. Kennedy): Article 53?
M. Charron: Pourquoi le ministre a-t-il choisi de diminuer le
nombre de membres de l'institut par rapport au projet antérieur?
M. Hardy: Encore une fois, ceci provient directement des
mémoires qui nous ont été présentés par les
producteurs, c'est-à-dire l'essence du mémoire; ce sont les
producteurs qui nous ont présenté cela. Dans le même
mémoire, je vous ai fait remarquer ce matin qu'on allait encore plus
loin.
M. Charron: C'était dix avant?
M. Hardy: C'était dix avant. Au sujet de ces dix secteurs,
on nous a fait remarquer que tels que constitués, c'était
irréaliste que cela ne corres-
pondait pas vraiment à la réalité du cinéma.
On nous a représenté que ce qui correspondait vraiment à
la réalité, c'était la production, la réalisation,
les artisans de la distribution et l'exploitation, donc cinq secteurs. Ces gens
nous ont dit: C'est cela qui est vraiment le milieu cinématographique.
Chacun de ces cinq secteurs nomme quelqu'un. Le ministre en nomme deux autres
dont un qui représentera le consommateur, et les deux que le ministre
nomme devront être acceptés par les cinq. Dans le même
mémoire, les producteurs auraient voulu que le ministre nomme le
directeur général. Le ministre a dit: Non, j'ai trop de respect
pour l'autonomie, la liberté, l'indépendance de l'institut pour
me mêler de nommer le directeur général. C'est vous qui le
nommerez, le directeur général. Bien sûr, j'imagine que
l'éclatement de la fédération a servi d'inspiration aux
gens, aux producteurs qui ont fait cette recommandation. Ce serait bien beau de
faire un institut, mais si l'institut ne fonctionne pas! Encore une fois,
beaucoup de journalistes ont parlé de la mise en tutelle de l'institut.
On dit: Ah! le ministre, au fond, crée un institut, mais il se
réserve le droit d'aller le repêcher.
Notre but, notre intention, c'est de tout faire pour que l'institut
fonctionne, précisément, pour que jamais le ministre n'ait
à appliquer l'article 69. Nous prenons tous les moyens réalistes
pour que l'institut fonctionne par lui-même, pour que le ministre ne soit
pas obligé d'intervenir.
M. Charron: Article 53 adopté, M. le Président.
Le Président (M. Kennedy): Article 54.
M. Charron: A l'article 54, c'est plus juteux. D'abord, on dit:
Le ministre reconnaît, aux conditions qu'il détermine, lui,
l'association la plus représentative dans chacun des cinq secteurs
cinématographiques suivants.
M. le Président, nous parlerons, si vous le voulez bien, des cinq
secteurs dans une deuxième étape de la discussion sur cet
article. Je veux simplement m'en tenir à ce qu'on veut dire par "aux
conditions qu'il détermine", et le mot "représentative".
Qu'est-ce que c'est, pour le ministre, une association
représentative? Quand il dit qu'il va reconnaître l'association la
plus représentative aux conditions qu'il détermine, quelles
seront les conditions qu'il va déterminer pour reconnaître qu'une
association est la plus représentative de son secteur?
M. Hardy: Ecoutez! Il faut que quelqu'un reconnaisse
l'association représentative. Dans le cas actuel, cela ne pose pas de
problème. Eventuellement, peut-être que cela pourrait en poser,
mais dans le cas actuel, il n'y a pas de problème.
M. Charron: Non? Quelles sont les associations?
M. Hardy: II y a une seule association qui représente les
producteurs.
M. Charron: Oui.
M. Hardy: II y a une seule association qui
représente...
M. Charron: Les réalisateurs. M. Hardy:... les
réalisateurs. M. Charron: D'accord!
M. Hardy: Les artisans sont représentés à la
fois par les syndicats et l'Union des artistes. Dans le cas des artisans, le
ministre va consulter les syndicats et l'Union des artistes, qui devront
s'entendre ensemble pour nommer leurs représentants.
Au fond, aux conditions qu'ils jugent...
M. Charron: Continuez donc. La distribution...
M. Hardy: Les distributeurs, c'est l'ensemble des distributeurs,
c'est-à-dire les distributeurs indépendants plus les autres. Ils
devront s'entendre ensemble pour nommer quelqu'un, une personne.
M. Charron: Ah bon! Attendez un peu! Vous les obligez à
s'entendre entre eux...
M. Hardy: Oui.
M. Charron: ... pour vous soumettre trois noms...
M. Hardy: Quand je parle de représenta-tive, c'est que,
s'il y a trois associations dans le même secteur, il faudra que les trois
associations s'entendent pour recommander un nom.
M. Charron: Trois noms. M. Hardy: Trois noms, oui.
M. Charron: Trois noms. Là, autrement dit, ce n'est pas
vous... Moi, je comprenais la loi, et je pense que bien des gens avaient
compris la loi comme si, entre les différentes associations de
distributeurs, par exemple, vous choisissiez, vous, la plus
représentative, et, à celle-là, vous demandiez trois
noms.
M. Hardy: Cela revient à ceci: Quand on dit "la plus
représentative", le ministre dit aux distributeurs: Ecoutez, messieurs,
ou bien tous les distributeurs ou tous les exploitants, vous vous
réunissez en un seul groupe et vous recommandez trois noms. Si vous
refusez systématiquement de vous réunir autour d'une table pour
choisir trois noms, je vais vous consulter individuellement.
Non, je m'excuse, je donne une fausse interprétation.
M. Charron: C'est...
M. Hardy: Le ministre oblige les gens d'un
secteur, pour être représentatifs... S'il y a une seule
association, pas de problème...
M. Charron: Oui.
M. Hardy: Je prends encore les producteurs. Il n'y a pas de
problème, il n'y a qu'une seule association. Si, demain matin, les
producteurs se subdivisaient en deux ou trois associations ou, comme
cela existe pour les artisans il y a l'Union des artistes, il y a
les...
M. Charron: Syndicats de techniciens.
M. Hardy:... syndicats de techniciens; ils sont plusieurs
je leur dis; Messieurs du secteur des artisans, réunissez-vous ensemble,
et, ensemble, proposez-moi trois noms.
Au fond, quand je parle de représentativité, c'est que je
trouve le moyen que tout le monde d'un secteur se retrouve ensemble. S'ils sont
déjà unis dans une même association, s'ils forment
plusieurs associations, qu'ils se réunissent pour ces fins
spécifiques, qu'ils se réunissent autour d'une table et qu'ils
recommandent trois noms. "La plus représentative", cela veut dire que
tout le monde d'un secteur doit être là pour recommander les trois
noms. On ne peut pas laisser cela seulement à une partie du secteur.
M. Charron: Le secteur le plus flou, le plus vague...
M. Hardy: Ce sont les artisans.
M. Charron: ... ce sont les artisans, parce que cela regroupe,
tel que vous me l'avez décrit, des gens à intérêts,
je ne dis pas divergents, mais...
M. Hardy: Les artistes, les comédiens...
M. Charron: L'Union des artistes et le Syndicat national du
cinéma ou les caméramen, les chefs de plateau, les techniciens,
les teneurs de micro, les gars qui prennent le son, tous ces gens, n'ont pas
nécessairement les mêmes...
Alors, ce qui va arriver, c'est que l'Union des artistes va probablement
vous recommander trois noms et les autres aussi vont vous recommander trois
noms et il faudra que vous choisissiez...
M. Hardy: Non. Il leur faudra s'entendre. Il leur faudra faire
l'unanimité sur les trois noms.
M. Charron: Ce n'est pas ce que dit votre loi. Elle dit que vous
allez reconnaître l'association que, selon les conditions que vous
déterminez, vous reconnaissez comme la plus représentative, et
c'est à elle que vous demanderez trois noms.
M. Hardy: Oui, mais les conditions...
M. Charron: Comment allez-vous faire? Chez les artisans, par
exemple, laquelle est la plus représentative? L'Union des artistes ou le
Syndicat national du cinéma?
M. Hardy: Non. Ce n'est pas comme cela. Dans un secteur
donné, que ce soient des artisans ou autre chose, on va faire
l'inventaire de ce que regroupent les artisans. On va les identifier, s'il y a
plus qu'un groupe, dans un règlement bien précis, et on va
demander à ces gens qui seront identifiés, dans un texte bien
précis, de se réunir et de suggérer trois noms. C'est dans
ce sens qu'on parle de représentativité, que le ministre juge de
la représentativité. Bien sûr, il faudra que quelqu'un
identifie qui est dans cette histoire.
M. Charron: L'explication que vous me donnez, c'est ce qu'il faut
lire dans "...aux conditions qu'il détermine".
M. Hardy: C'est bien cela. C'est le ministre qui
déterminera combien il y a de groupes dans un secteur donné. Il
faut qu'il y ait quelqu'un qui décide cela à un certain
moment.
M. Charron: Les conditions que vous allez poser, c'est
qu'ensemble, ils décident...
M. Hardy:... qu'ils fassent l'unanimité sur trois noms,
qu'ils se consultent, qu'ils recommandent trois noms; c'est accepté, du
moins, par ceux qui nous ont parlé, avant qu'ils décident de ne
plus me parler certains groupes parce qu'à un certain
moment tout le monde me pariait. Cela allait bien. Il y a eu deux
réunions, tout le monde était là, tout ce qui est dans le
cinéma, la gauche, la droite, le centre, l'extrême-gauche,
l'extrême-droite, ils étaient tous là. Ce qui est bien
amusant, c'est ce qu'ils ont dit à cette réunion, parce que tout
a été enregistré et cela ne l'a pas été
illégalement c'était au vu et au su de tous.
Quand ils se sont tous réunis, tous étaient d'accord
sur'le principe je ne dis pas les secteurs, parce que cela a
varié. Treize groupes étaient représentés et
douze avaient fait l'unanimité. Le seul groupe opposé à
cette formule, c'étaient ceux que vous n'aimez pas, les "major".
M. Charron: Ouais.
M. Hardy: Les "major" étaient minoritaires et très
fortement minoritaires. Ils étaient seuls. Et je n'ose pas citer M.
Brault, parce que je crains que, demain matin, il dise que je le cite mal, mais
j'ai quand même des témoins ici. A un certain moment, on a
demandé à M. Brault: Comment voyez-vous cela? M. Brault nous a
répondu je ne pense pas trahir sa pensée C'est vous
le gouvernement, prenez donc vos responsabilités et nommez donc les
gens. Encore une fois, je le cite sous réserve, parce qu'il peut aussi
bien me dire demain matin que je l'ai mal cité, mais j'ai quand
même des témoins.
Le Président (M. Kennedy): Article 54. Adopté?
M. Charron: Non, parce que je considère toujours que
l'interprétation que vient de donner le
ministre et ce que dit le texte de la loi, ce n'est pas...
M. Hardy:... conforme...
M. Charron: Cela ne va pas l'un avec l'autre.
M. Hardy: Vous ne vous fiez pas aux éminents juristes qui
m'entourent?
M. Charron: Vous ne serez pas toujours là.
M. Hardy: Ah! mais je vais y être longtemps. Prenez-en
votre parti. Vous allez avoir à m'endurer longtemps aux Affaires
culturelles.
M. Charron: Si c'était seulement moi qui vous endurais,
cela ne serait pas bien grave. Je trouve qu'il y a pas mal de gens qjji vont
devoir vous endurer.
M. Hardy: Vous et ceux qui n'aiment pas ma face, il va falloir
que vous vous habituiez à m'endurer.
M. Charron: Quand vous dites, dans le deuxième paragraphe
de l'article 54, que vous demandez par écrit à chacune des
associations reconnues, ce n'est pas à l'Union des artistes ou au
Syndicat national du cinéma? C'est quand vous les avez convaincus de se
mettre ensemble pour vous en soumettre trois.
M. Hardy: Exactement. C'est cela. C'est dans ce sens qu'ils
deviennent représentatifs.
M. Charron: II y a combien d'associations de distributeurs?
M. Hardy: Pardon?
M. Charron: II y a l'association des distributeurs
indépendants.
M. Hardy: Oui, et il y a le Montreal Film Board.
M. Charron: C'est le Montreal Film Board, Famous Players.
Laquelle est la plus représentative?
M. Hardy: C'est ensemble qu'ils vont l'être.
M. Charron: Je ne suis pas d'accord. Je trouve que vous devriez
avoir un article qui dit clairement que le ministre procède à un
regroupement des différentes associations dans chacun de ces
secteurs.
M. Hardy: Cela revient à cela.
M. Charron: Quand vous dites l'association...
M. Hardy: On ne peut pas mettre cela dans une loi.
M. Charron: L'association, il faut que ce soit vous qui la
créiez, autrement dit, là où il y en a plusieurs.
M. Hardy: Vous voulez me faire créer des associations.
M. Charron: Non, mais c'est ce que vous me dites. C'est ce que
lui vient de me dire. Il me dit: Je vais les mener à la même table
et je vais leur demander trois noms. Ce n'est pas ce que dit la loi parce que
l'Union des artistes, c'est une association; le Syndicat national du
cinéma, c'est une autre association; et la loi dit qu'elle va
reconnaître la plus représentative. Elle ne dit pas qu'elle va les
mettre ensemble et va demander trois noms; cela dit que le ministre va choisir
laquelle des deux est la plus représentative. Quand on dit la plus,
c'est parce qu'il y en a une qui est moindre.
M. Hardy: Oui, mais c'est une association ad hoc pour une fin
bien précise, soit recommander trois noms.
M. Charron: Ah! C'est cela qu'il faut dire. Cela va être
fait ad hoc. Des associations de distributeurs, il en existe
déjà. La loi vous obligera à choisir laquelle des deux
vous trouvez la plus représentative.
M. Hardy: Je ne peux pas me donner ce pouvoir dans la loi.
Vraiment, vous voulez me donner des pouvoirs.
M. Charron: Changez le libellé de la loi parce que comme
elle est là, vous devrez prendre une association existante.
M. Hardy: Si je me donnais ce pouvoir dans la loi, je me ferais
tomber sur la tête par votre ami M. Tadros, demain matin.
M. Charron: Vous ne créez pas l'association, vous la
reconnaissez.
M. Hardy: C'est cela.
M. Charron: Elle est donc existante.
M. Hardy: Pour une fin bien précise, la recommandation de
trois noms, je demande à tous les groupes qui forment un secteur
donné de se réunir, donc de former un groupe ad hoc très
temporaire, très limité dans le temps et dans l'espace.
M. Charron: Ce n'est pas dit dans la loi. M. Hardy: Oui,
c'est impliqué. M. Charron: Ce n'est pas impliqué dans la
loi. M. Perreault: C'est indiqué au point...
M. Charron: Ce n'est pas impliqué dans la loi. Supposons
que vous ameniez l'Union des artistes
et le Syndicat national du cinéma... j'aime autant prendre un
autre exemple un peu plus juteux pour le ministre. Supposons l'Association des
distributeurs indépendants, d'un bord de la table...
M. Hardy: C'est plus juteux pour vous ou pour moi?
M. Charron: Pour vous. M. Hardy: Pourquoi?
M. Charron: Parce que j'aimerais vous voir dans ce jus. Vous
amenez l'Association des distributeurs indépendants d'un
côté de la table et les Américains de Famous Players de
l'autre bord. Supposons qu'ensemble...
M. Hardy: Ils ne s'entendront pas?
M. Charron: ...ils ne s'entendent pas pour vous soumettre trois
noms sur lesquels ils sont d'accord, la loi va vous obliger de
reconnaître l'association la plus représentative.
M. Hardy: C'est cela.
M. Charron: Votre association ad hoc, que nulle part dans la loi
vous êtes obligé de faire, n'existe pas, n'est pas légale.
Dans le cas de mésentente, vous devez revenir au texte original de la
loi et là vous devrez choisir entre l'Association des distributeurs
indépendants et les Américains de Famous Players. C'est ce que je
ne veux pas voir dans la loi. Je n'ai pas envie qu'il y ait un seul
Américain à l'Institut du cinéma
québécois.
M. Hardy: Je répète encore. Je commence d'abord par
leur demander de se réunir.
M. Charron: Ce n'est pas dit dans la loi.
M. Hardy: Ils ne veulent pas se réunir. Ils ne veulent
rien savoir. A ce moment, je prends l'association qui est la plus nombreuse.
Dans le cas des distributeurs, ceux que vous appelez les plus juteux, c'est
évident que ce sont les distributeurs indépendants qui sont les
plus nombreux, donc ce sont les distributeurs indépendants qui
recommandent les trois noms.
M. Charron: Les exploitants de salles?
M. Hardy: II y a une seule association. S'il y avait deux
associations et s'ils refusaient de s'entendre, on prendrait l'association qui
représente le plus de monde, la plus représentative. Tout cela
est impliqué dans la loi.
M. Charron: Vous en impliquez pas mal, je trouve.
M. Hardy: Comme disait votre chef ce matin, le
député de Sauvé, nous légiférons à la
française. C'est-à-dire que tous les grands principes sont
contenus dans la loi. La grande distinction entre légiférer
à l'anglaise et à la française, c'est qu'à
l'anglaise, il y a toujours une série d'énumérations;
à la française, le modèle par excellence est le code
civil. Nous avons de grands principes qui contiennent tout ce que nous pouvons
faire.
M. Charron: Tout ce que je retrouve de français dans votre
loi, c'est que vous parlez beaucoup pour ne rien dire. Ce que j'aimerais que
vous disiez très clairement, ce sont vos intentions en arrière de
cela.
M. Hardy: Ce que je vous ai dit n'est pas assez clair? Au
contraire, si on mettait toutes les indications que vous dites, on mettrait
beaucoup de mots inutiles, donc on parlerait pour ne rien dire. Mais c'est une
phrase concise, un paragraphe concis, clair, précis où tout est
contenu. Donc, cartésien, donc français.
M. Charron: Article 54, adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Kennedy): Adopté. Article 55.
M. Charron: Je me demande toujours, le secteur le plus vague,
celui des artisans...
M. Hardy: Les artisans, oui.
M. Charron: ...je me demande toujours...
M. Hardy: C'est probablement le secteur qui va poser le plus de
difficultés, je suis d'accord. D'autre part, ils ont des...
M. Charron: Est-ce que vous seriez d'accord... M. Hardy:
Je vais vous poser une question...
M. Charron: Moi aussi, j'allais vous en poser une.
M. Hardy: Je vous donne la préférence.
M. Charron: Supposons que les techniciens et les artistes,
regroupés sous l'étiquette...
M. Hardy: Je pense que j'aurais dû vous poser ma question
avant.
M. Charron: Oui, allez-y.
M. Hardy: Je vais vous poser une question bien précise.
Est-ce qu'un secteur du milieu cinématographique vous a fait une
recommandation précise quant au mode de nomination?
M. Charron: Je ne crois pas.
M. Hardy: Vous n'en avez pas eu, nous en avons eu, c'est le
mémoire des producteurs, appuyé par les propriétaires de
salles et les distributeurs. Ce sont eux qui nous ont proposé ce
mode
de nomination. Alors, vous êtes un peu devant du vague, vous
n'avez pas de proposition précise du milieu cinématographique,
moi, j'ai une proposition très précise du milieu
cinématographique que j'accepte et que j'incorpore à la loi.
M. Charron: Je regrette, mais la proposition que vous avez
reçue du milieu cinématographique ne venait...
M. Hardy: D'une partie.
M. Charron:... que des patrons.
M. Hardy: Oui, oui.
M. Charron: Ne venait que des patrons.
M. Hardy: Des producteurs. Les producteurs sont des patrons.
M. Charron: Mais oui.
M. Hardy: Mais oui et qu'est-ce...
M. Charron: On parle du groupe...
M. Hardy: Qu'est-ce que vous voulez, les autres...
M. Charron: Groupes d'employés.
M. Hardy: Bien oui, mais les artisans et les réalisateurs,
c'est-à-dire que j'ai eu un membre de l'exécutif des
réalisateurs qui m'a rencontré. Il est allé vous voir et
il est venu me voir aussi. Il vous a dit la même chose qu'à moi,
parce que vous avez le même mémoire.
Les autres qui vous ont parlé n'ont pas fait de proposition
précise, que voulez-vous que je vous dise?
M. Charron: Ecoutez, ce n'est pas surprenant que les patrons de
l'industrie du cinéma, ceux qui font le plus d'argent dans l'industrie
du cinéma...
M. Hardy: Les producteurs québécois font beaucoup
d'argent?
M. Charron: Les producteurs, dans une entreprise
cinématographique font plus d'argent que les artistes...
M. Hardy: Je parle des producteurs québécois, ce
sont les producteurs québécois, ce ne sont pas les producteurs
des Etats-Unis, ce sont les producteurs québécois.
M. Charron: Les producteurs québécois font plus
d'argent que les artistes québécois, et que les techniciens
québécois.
M. Hardy: Hummmm, faites attention!
M. Charron: Bien voyons donc! Quand on partage le profit d'un
film... Bingo, j'ai donné l'image des profits de Bingo, je vais les
ressortir, si vous voulez.
Voyons donc!
Dans le film Bingo, il y a $1,300,000 qu'on a faits avec le film au
guichet, d'accord? Après que les propriétaires de salle eurent
pris leurs profits, c'est $0.65 par piastre. Après que le distributeur,
qui a charrié le film dans toutes les villes du Québec
parce que Bingo a quand même eu une assez large diffusion, c'est
d'ailleurs le même producteur ait pris le sien, il restait
$265,000 sur $1,300,000, pour le producteur. Le producteur a pris son profit
dessus et il restait $0.05 par piastre. Moi, j'avais payé $3 pour aller
voir ce film. Sur mes $3, il y avait $0.15 qui allaient aux artistes qui ont
fait le film, pour payer les techniciens, pour payer les gars qui prennent le
son, pour payer les gars qui font le montage du film, etc.
Dans un film, à moins qu'un artiste soit extrêmement
populaire ou extrêmement sérieux quant aux affaires, par exemple,
Dominique Michel, quand elle a joué dans 'Tiens-toi bien après
les oreilles à papa", avait été assez intelligente
parce qu'elle est loin d'être folle pour inclure dans le contrat
un pourcentage à même les recettes aux guichets. Sans cela, elle
ne donnait pas son nom, parce que c'était elle, avec Yvon Deschamps, la
vedette du film.
Mais, ce ne sont pas tous les artistes qui ont ce "bargaining power".
Même, la plupart se quêtent des emplois.
Un film mettant en vedette Luce Guilbault, par exemple, est à
l'affiche pendant cinq semaines au cinéma, des files sur le trottoir, du
matin jusqu'au soir, cela rapporte très peu à Luce Guilbault
elle-même dans le fond. Mais, c'est elle qui fait le corps du film par
son talent. C'est environ de $0.05 à $0.07 par dollar qui reviennent aux
artistes et aux techniciens.
Le ministre est disparu, mais je dois me rendre à l'argument. Je
considère toujours impossible de mettre, pour ceux qui sont les
employés de l'industrie du cinéma, c'est-à-dire les
techniciens et les artistes, un seul représentant à
l'institut.
Ce que je voudrais suggérer, c'est que si la personne choisie
comme le représentant des artisans est un individu, une
personnalité provenant du monde artistique, admettons, tel que
recommandé par l'Union des artistes, dans les deux membres qui
restent...
M. Hardy: C'est prévu, d'ailleurs. Le ministre leur a dit
d'en laisser un qui n'est pas assigné et qui peut servir...
M. Charron: Ça y est. Je viens de gagner mon point. Il
faudrait le mettre dans la loi. Je ne me fie pas à vous autres.
A quel article parle-t-on des deux représentants qu'il reste
à fournir? A l'article 56. "Il y en a un qui doit représenter la
clientèle cinématographique québécoise" ce que
j'endosse. Est-ce qu'on peut spécifier que l'autre viendra du monde
artisan? Puisque le monde artisan est le plus...
M. Hardy: Non. Cela se peut que ce soit...
M. Charron: Vous ne voulez pas le mettre, hein?
M. Hardy: Je dois attendre le ministre.
M. Charron: On va attendre le ministre. Je viens de faire une
proposition extrêmement intéressante.
M. Hardy: Je l'écoute avec toute attention... Quelle est
votre proposition?
M. Charron: Si je m'en tiens au projet actuel si vous le
trouvez difficile, j'ai une sous-proposition à faire vous
admettez avec moi que le représentant des artisans va être
difficile à trouver, probablement, à cause de l'association ad
hoc qui va réunir les intérêts, encore une fois non pas
opposés, mais très différents à l'occasion.
Très différents: sécurité d'emploi, etc., dans
l'industrie.
M. Hardy: Mais, pour l'institut, ces gens-là ne doivent
pas penser à leur sécurité d'emploi, à ces
choses-là.
M. Charron: Non, mais je veux dire que ce sont des gens qui vont
aborder les...
M. Hardy: Une fois nommés à l'institut, il ne sont
plus les représentants des...
M. Charron: Non. Je parle de la sécurité d'emploi
des techniciens dans la... Vous avez eu le mémoire du syndicat du
cinéma...
M. Hardy: Oui, qui voulait qu'on amende les lois du travail avec
la Loi sur le cinéma.
M. Charron: Non, s'ils faisaient cela, s'ils ont
suggéré cela, c'est parce qu'un bon nombre d'entre eux ont des
emplois qui végètent beaucoup. En tout cas, ce n'est pas de cela
que je veux parler.
Je veux dire que la catégorie des artisans on a convenu de
cela, je pense depuis le début de notre discussion est la
catégorie qui regroupe des intérêts plus différents
que d'autres catégories.
M. Hardy: C'est-à-dire où il y a le plus
d'associations dans tout cela.
M. Charron: Voilà. Est-ce qu'on peut s'entendre pour que,
les deux autres membres qu'il vous restera à nommer, dont un doit
représenter la clientèle cinématographique
québécoise, l'autre provienne du milieu qui n'aura pas
été celui que représentent les artisans, autrement
dit.
Que si vous vous entendez pour choisir, parmi les trois noms que les
artisans vous suggéreront, quelqu'un qui provient du milieu des
artistes...
M. Hardy: Un secteur important.
M. Charron: Oui.
M. Hardy: C'est-à-dire qu'on a retenu cette
idée-là, mais pas simplement pour les artisans. Justement, les
deux que le lieutenant-gouverneur en conseil peut nommer, mais toujours sur
approbation, cela pourra varier avec les années.
Il y a la clientèle, il y a les consommateurs. Il faudrait qu'il
y ait quelqu'un des consommateurs, mais, l'autre, le deuxième,
l'idée que nous avions, quand nous avons rédigé cet
article, toujours, encore une fois, à la suggestion des producteurs,
c'est que, bien sûr, il y aura toujours des milieux qui ne seront pas
aussi représentés. Il n'y a pas seulement les artisans. Il y a
les critiques. Il y a les professeurs du domaine cinématographique. Il y
a des secteurs. L'idée de la présence de cette septième
personne, c'est qu'elle pourra éventuellement provenir de ces milieux. A
un moment donné, pour un mandat, cela pourra être un critique, un
journaliste qui se spécialise dans le domaine cinématographique.
A une autre occasion, à la fin du mandat de cette personne, cela pourra
être un des secteurs des artisans qui n'était pas là. Ce
pourrait être un professeur du domaine cinématographique.
L'idée des deux, c'est que les consommateurs et les secteurs du
cinéma plus difficilement identifiables, obtiennent d'être
représentés. Dans ce sens, nous considérons que l'article
54 nous donne ce pouvoir.
M. Charron: Merci.
M. Hardy: Si on veut que tout le monde y soit, on se retrouve
avec un institut de quinze ou vingt membres et on nous a fait nettement voir
qu'à ce moment l'institut ne pourrait pas fonctionner. C'est le milieu
qui nous l'a dit très clairement.
Le Président (M. Kennedy): Le député de
L'Assomption.
M. Perreault: M. le ministre, je suis en désaccord avec
vous là-dessus de regrouper dans le secteur des artisans, les artistes
et tous les professionnels de l'acoustique, les professionnels du son, les
professionnels de la photographie, les professionnels de la
cinéphotographie. Je pense que c'est là mettre ensemble des
choses dissemblables. Les artistes qui sont dans un film varient de l'un
à l'autre. Ce ne sont pas des gens qui vivent complètement de ce
métier. Je pense que les techniciens du son, les techniciens du film,
tous ces gens qui ont des métiers dans le cinéma devraient
être regroupés. On parlait hier de la qualité du son.
L'institut devrait avoir un oeil là-dessus. Je pense que ce groupe
devrait avoir son représentant. Je pense que c'est de passer à
côté que de regrouper dans les artisans les techniciens de ces
métiers, de ces groupes et les artistes.
M. Hardy: Ce n'est pas un problème facile. On a
essayé partout.
M. Perreault: C'est de regrouper des choses complètement
dissemblables.
M. Hardy: Quelle est la solution? De nous en écarter?
D'écarter des gens?
M. Perreault: Ce n'est pas de les écarter; qu'il y ait un
représentant, que votre sixième qui flotte soit un
représentant de ces gens.
M. Hardy: C'est cela. Vous dites ce que je viens de dire.
M. Perreault: Oui, qui devrait l'être. M. Hardy:
Oui.
M. Perreault: Au lieu qu'il y en ait deux, que ce soit un secteur
reconnu.
M. Hardy: On ne peut pas le reconnaître d'une façon
précise, parce que, comme je vous dis, il y en a beaucoup. Il faudra
varier, pour permettre à tout le monde d'avoir un jour ou l'autre la
chance de siéger à l'institut. Cela varie.
M. Perreault: Oui, mais vous avez admis des professeurs et des
critiques. Je ne parle pas de ceux-là. Je parle des gens qui vivent dans
les métiers...
M. Hardy: Un critique cinématographique est assez
intimement lié au domaine... Les producteurs de scénarios...
M. Perreault: Je parle des métiers de construction du
cinéma, les caméramen, le technicien en acoustique,
l'ingénieur du son, c'est de ceux-là que je parle. C'est ce que
j'appelle les métiers professionnels du cinéma. Qu'ils ne soient
pas représentés, c'est une grave déficience,
d'après moi.
M. Hardy: Ils vont être représentés au niveau
de leur syndicat. Tous ces gens vont être consultés par le
syndicat dans le secteur des artisans.
M. Perreault: C'est parce que vous regroupez dans le même
secteur artisan... Parmi les trois représentants demandés, vous
en nommez un. Il n'est pas sûr que les gens de ce secteur des
métiers du cinéma vont être représentés.
M. Hardy: Ils en recommandent trois.
M. Perreault: Ils peuvent en recommander trois, mais on ne sait
pas qui sera choisi. Le même ne peut pas représenter les artistes
et les métiers du cinéma. Ce sont deux chapeaux différents
et deux personnes dissemblables. C'est là la déficience. Je ne
vois pas un artiste, que ce soit Luce Guilbault ou un autre, représenter
les gens du métier du cinéma. Cela ne marche pas.
Le Président (M. Brisson): Article 55, adopté?
M. Hardy: Quant à moi, je suis prêt.
Le Président (M. Brisson): Est-ce qu'on était
à l'article 54 ou 55?
M. Charron: Article 55, adopté.
Le Président (M. Brisson): Adopté. Article 56,
adopté?
M. Charron: Non, M. le Président, je pense que je suis
partagé entre une obligation que je sens que je devrais avoir pour
être plus conforme aux objectifs que j'ai défendus et une
espèce de latitude que je voudrais laisser, mais je crois que... A la
fin du paragraphe 56, où on dit: "... dont un représente la
clientèle cinématographique québécoise...",
j'ajouterais: "Et l'autre provenant du milieu des artisans." Je suis
parfaitement d'accord avec le député de L'Assomption
là-dessus. J'invite le ministre à y penser très
sérieusement parce que...
M. Hardy: Laissez-moi y penser jusqu'à la troisième
lecture.
M. Charron: Jusqu'à la troisième lecture?
M. Hardy: Oui, adoptons l'article tel quel et on y pensera
jusqu'à la troisième lecture. On peut toujours faire des
amendements.
Le Président (M. Brisson): Adopté, sous
réserve.
M. Hardy: Non, pas sous réserve, on va l'adopter. Si, en
réfléchissant, on propose...
M. Charron: Suspendons-le.
M. Hardy: Non, parce que je vous dis tout de suite que, d'ici 23
heures ce soir, je ne serai pas en mesure d'avoir pris une décision.
Vous m'avez promis qu'on finissait à 23 heures.
M. Charron: Je ne vous ai pas promis qu'on finissait à 23
heures.
M. Hardy: Ah!
M. Charron: Surtout si vous faites comme cela.
M. Perreault: J'appui le député de Saint-Jacques
là-dessus pour que vous y pensiez sérieusement.
M. Hardy: Cela me fait peur.
M. Perreault: On ne s'appuie pas souvent, mais c'est ma formation
d'ingénieur qui me pousse...
M. Charron: Au fond, j'aurais dû vous amener.
M. Hardy: De toute façon, cela devient tellement complexe
que le député de L'Assomption et le député de
Saint-Jacques soient sur la même longueur d'onde que j'ai besoin de
plusieurs heures pour réfléchir à leur proposition.
M. Charron: C'est la voix du public. 55% et 30%, cela fait 85%
contre le ministre.
M. Hardy: Le député de L'Assomption n'a pas eu une
grosse majorité dans son comté.
M. Charron: il ne l'a même plus, d'ailleurs, à
l'heure actuelle.
Le Président (M. Brisson): Adopté?
M. Hardy: Article 56, Adopté.
M. Charron: M. le Président je vote contre.
M. Hardy: Adopté, sur division.
Le Président (M. Brisson): Adopté sur division.
M. Hardy: Sur la division du député de
Saint-Jacques et du député de L'Assomption.
M. Perreault: Oui.
Le Président (M. Brisson): Article 57, adopté?
M. Charron: Qu'est-ce que cela veut dire, l'article 57? Comment
allez-vous vérifier cela, le caractère représentatif des
associations?
M. Hardy: Je vous ai donné un exemple tantôt.
Actuellement, il n'existe qu'une seule association des propriétaires de
salles. Dans deux ou trois ans, il peut y en avoir deux, trois, quatre ou cinq.
Alors, on ira vérifier laquelle, s'ils ne réussissent pas
à s'entendre, des trois, quatre ou cinq, regroupe le plus de membres.
Celle qui aura le plus de membres sera la plus représentative.
M. Charron: Supposons qu'il arrive...
M. Hardy: Ne me proposez pas le cas où il y aurait trois
associations qui ont exactement le même nombre de membres.
M. Charron: Ce n'est pas cela que je veux dire. On est en train
de mettre un institut en tutelle, vous devriez rester.
M. Cournoyer:...
M. Charron: L'autre question dont je voudrais parler... Il y a
des phénomènes qu'on appelle des associations moribondes,
c'est-à-dire qu'à cause du peu de vigueur, etc., les gens,
membres pourtant, qui pourraient être membres, ne sont pas
intéressés à y aller parce qu'ils considèrent que
leurs porte-parole sont complètement soumis au ministre.
M. Hardy: C'est le cas de l'association du Parti
québécois dans Terrebonne actuellement.
M. Charron: Quoi?
M. Hardy: C'est le cas de l'association du Parti
québécois dans Terrebonne.
M. Perreault: Moribonde? M. Charron: Moribonde?
M. Hardy: Moribonde. 25 personnes sont venues entendre le
député de Lafontaine l'autre jour. Je referme la
parenthèse.
M. Charron: Oui?
Le Président (M. Brisson): Article 57, adopté?
M. Hardy: Je referme la parenthèse. On devrait admettre
que je n'ai pas dit cela parce que je vois le journaliste de la Presse qui ne
trouve vraiment pas sérieux de faire des allusions semblables. Je
referme la parenthèse, j'oublie, j'efface. On revient au fond de la
question.
M. Charron: Alors?
Le Président (M. Brisson): Article 57, adopté?
M. Charron: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Brisson): Article 58?
M. Hardy: Article 58, vous n'y êtes pas opposé?
M. Charron: Non. A l'article 59, pourquoi cette distinction, M.
le Président?
M. Hardy: C'est le système de rotation. Oui, d'abord,
c'est pour assurer la continuité et le renouvellement.
M. Charron: D'accord!
M. Hardy: On ne peut pas changer tout le monde en même
temps.
Le Président (M. Brisson): Articles 58 et 59
adoptés? Article 60, adopté?
M. Charron: Article 60...
M. Hardy: C'est ce qui arrive dans toutes ces organisations. Tout
à coup, il y a un certain retard pour le renouvellement, les
CEGEP...
M. Charron: D'accord! Adopté.
Le Président (M. Brisson): Article 61, adopté?
M. Charron: Adopté.
Le Président (M. Brisson): Article 62, adopté?
M. Charron: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Brisson): Article 63, adopté?
M. Hardy: C'est pour être conforme à la pratique
générale des sièges sociaux...
M. Charron: D'accord! Adopté.
M. Hardy: ...il y a le problème de Québec et la
ville administrative, Montréal...
Le Président (M. Brisson): Article 64, adopté?
M. Charron: Adopté.
Le Président (M. Brisson): Article 65, adopté?
M. Charron: Oui.
Le Président (M. Brisson): Article 66, adopté?
M. Charron: Article 67, adopté.
Le Président (M. Brisson): Article 67, adopté.
M. Charron: A l'article 68, il y a une faute de français.
Article 67, adopté, oui.
M. Hardy: A l'article 68, il y a une faute de
français.
M. Charron: Oui, paragraphe b): "...rendre à ces jurys
applicables les articles 73..." Je pense que ce serait mieux de dire:
"...rendre applicables à ces jurys..."
M. Hardy: Oui.
M. Charron: Ce ne sont pas les jurys qui deviennent applicables.
Ce sont les règles.
M. Hardy: Vous avez raison.
M. Charron: Est-ce que mon amendement est adopté?
M. Hardy: Oui. M. Charron: Merci!
M. Hardy: C'est le troisième ou le quatrième
amendement qu'on accepte? Au paragraphe b), au lieu de dire "...rendre à
ces jurys applicables..." on dit "...rendre applicables à ces jurys les
articles 73 à 77".
Le Président (M. Brisson): L'article 68 est adopté
donc. Article 69?
M. Hardy: II y a des modifications à l'article 68. On
ajoute "les articles 73 à 77 de la présente loi".
M. Charron: Oui.
M. Hardy: Cela va? C'est un amendement technique, au fond, et on
ajoute à l'article 68 le paragraphe e): "...établir, en
consultation avec le ministre, les normes visées à l'article
52".
Le Président (M. Brisson): Article 68 adopté.
Article 69?
M. Charron: Aussi.
Le Président (M. Brisson): Adopté. Article 70?
M. Charron: Aussi.
Le Président (M. Brisson): Adopté. Article 71?
M. Charron: Aussi.
Le Président (M. Brisson): Adopté. Article 72?
M. Hardy: II y a un amendement à l'article 71. Pardon! Je
propose un amendement à l'article 71. Il ne faudrait pas que l'esprit de
coopération du député de Saint-Jacques me fasse oublier
mes amendements.
Alors, on ajoute, à l'article 71... Ah oui! A l'article 71, on
enlève les mots "le ministre reçoit tous les avis de
convocation..."
M. Perreault: Est remplacé par le suivant.
M. Hardy: Ah bon!
M. Perreault: Vous remplacez l'article.
M. Hardy: Ce qu'on enlève, techniquement c'est que le
ministre n'assiste plus aux réunions et ne délègue plus de
représentant. C'est à cause du numérotage des
articles.
M. Charron: Adopté, M. le Président.
M. Perreault: Pourquoi avez-vous enlevé cela?
M. Hardy: Pourquoi le ministre n'assiste plus aux
réunions?
M. Perreault: Ni son représentant?
M. Hardy: Parce que le ministre veut respecter, le plus
totalement possible, l'indépendance de l'institut et son autonomie.
M. Perreault: Très bien!
Le Président (M. Brisson): L'article 72 est-il
adopté?
M. Charron: Oui.
Le Président (M. Brisson): Article 73, adopté?
M. Charron: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Brisson): Article 74, adopté?
M. Charron: A l'article 74, il y a un amendement?
M. Hardy: On ajoute "représentants et
employés".
Le Président (M. Brisson): Adopté? M. Charron:
Oui, M. le Président.
M. Hardy: Ce sont des gens qui seront réputés avoir
des conflits d'intérêts.
Le Président (M. Brisson): Article 75, adopté?
M. Charron: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Brisson): Article 76, adopté?
M. Charron: Est-ce que cela va être public, M. le
Président, la disposition de l'article 76?
M. Hardy: Ah oui! Dans le texte actuel de l'article 76...
M. Perreault: II y a un amendement, à l'article 76,
deuxième alinéa...
M. Hardy: De toute façon, pour les fins de la... Il y a
quelques petits imbroglios dans le texte des amendements que l'on m'a remis.
Pour les fins de la discussion, le texte de 76 est le nouveau texte et je le
lis pour que cela soit bien clair. Le texte de l'article 76 que nous
adoptons...
De toute façon, le nouvel article 76 est l'ancien article 64 qui
devient maintenant l'article 76 et se lit comme suit: "Les administrateurs et
dirigeants de l'institut doivent, au moment de leur entrée en fonction,
et peuvent par la suite, faire une déclaration générale de
leurs intérêts dans les entreprises qui pourraient être
appelées à bénéficier de l'aide financière
de l'institut." Alors, c'est l'ancien article 64 qui devient l'article 76 et le
texte...
M. Perreault: Vous supprimez le deuxième
alinéa.
M. Hardy: C'est cela. Exactement. Le deuxième
alinéa de l'article 64 est supprimé...
M. Perreault: C'est cela.
M. Hardy: ...et l'article 64 porte maintenant le numéro
76.
Le Président (M. Brisson): Article 76. Adopté.
M. Charron: Je veux seulement poser une question. Si cette
déclaration de conflits d'intérêts possibles est
publique... A qui le disent-ils?
M. Hardy: A l'institut. Ils remettent leur déclaration
à l'institut.
M. Charron: Et est-ce que l'institut va rendre public...
M. Hardy: C'est une personne juridique. L'institut pourra
décider, par règlement interne, de rendre cela public. Mais c'est
une corporation privée. Faites-vous confiance ou non à
l'institut?
M. Charron: Ce n'est pas cela qui est la question.
M. Hardy: Bien oui.
M. Charron: C'est justement pour qu'il jouisse du plus grand
respect dans l'opinion publique. C'est qu'il mette ses cartes sur la table et
qu'on sache très bien que les gens qui le composent, au départ,
sont voués à l'intérêt du développement du
cinéma québécois. Je trouve que c'est pour le plus grand
bien de la réputation...
M. Hardy: Je suis d'accord avec vous. Il s'agit de voir comment,
techniquement, on peut le...
M. Charron: J'ai un amendement ici. Regardez le texte pour voir
si cela vous sourit.
M. Hardy: Article 76? M. Charron: Oui.
M. Hardy: Ces déclarations générales
écrites doivent être remises au ministre qui, lui, doit les rendre
publiques.
M. Charron: Par exemple, si le représentant du secteur de
l'exploitation est effectivement un propriétaire...
M. Hardy: Vous visez toujours les mêmes. M. Charron:
Non.
M. Hardy: Dans votre esprit, ce sont toujours les mêmes qui
sont "peccamineux".
M. Charron: Non, mais c'est parce que c'est le cas le plus
évident. Je vous donnais un exemple dans le milieu des employés
du cinéma. Par définition, dès que vous représentez
le monde de l'exploitation, c'est un exploitant de salle. Cela serait bon,
quand il arrive, qu'il nous dise de quelles salles il est propriétaire
parce que l'institut, par l'article a) de son mandat, qui s'assure de la
diffusion du cinéma... A un certain moment, tu peux peut-être
t'apercevoir que, lorsqu'il s'occupe de diffusion, c'est pour amener des films
toujours dans le même cinéma.
M. Hardy: Je vous avoue que je suis très partagé
parce que, quant au fond, je suis très sympathique. Je voudrais que tout
se fasse le plus clairement possible...
M. Charron: Cela serait clair.
M. Hardy: ...mais j'ai des hésitations sur le plan
juridique. C'est un amendement à 76?
M. Charron: Oui. J'ai peur qu'il y ait des critiques à un
certain moment sur les décisions de l'institut et qu'on dise: Ah! Ils
ont pris cela et sais-tu pourquoi? C'est parce qu'un des gars qui est membre de
l'institut est propriétaire de ci et de cela et je comprends: II pense
à sa vache.
M. Hardy: Pourquoi ne faites-vous pas confiance à
l'institut? S'il y a de telles critiques, cela sera à l'institut de se
défendre.
M. Charron: Bien non! Cela serait tellement plus simple... On
demande à ces gens de déclarer leurs intérêts quand
ils y vont, exactement comme on le demande aux fonctionnaires ici. J'ai
voté cette semaine, pendant que je faisais la queue de veau entre la
Chambre et une commission parlementaire, au moment où on faisait la
deuxième lecture, j'ai voté une loi des Affaires sociales
où tous les membres de conseils d'administration des
hôpitaux...
M. Hardy: ...doivent rendre ça public?
M. Charron: ...des centres hospitaliers doivent désormais
le faire. C'est pour le plus grand bien... Ce n'est pas une tâche
énorme.
M. Hardy: Les fonctionnaires font une déclaration à
la Commission de la fonction publique ou au président... Les
hôpitaux sont des corporations privées.
Je vous le dis tout de suite. Il y a toujours la crainte de
légiférer sur le bout de la table, suivant la vieille expression.
Je suis très sympathique à ça.
Si vous voulez, on va le vérifier et si, techniquement,
légalement, cela se fait, je m'engage à le faire.
M. Charron: La Loi des affaires sociales, dont je vous parlais,
avant qu'on abandonne ce sujet, prévoit même des sanctions dans le
cas où un membre du conseil d'administration est en conflit
d'intérêts. Je ne vous demande même pas cela. Je ne vous
demande pas de punir un membre de l'institut qui, par exemple, aurait
favorisé la chaîne de cinémas dont il est le
représentant. Je vous demande juste qu'il mette ses cartes sur la table
quand il arrive, pour que l'institut parte avec carte blanche. On sait quel
gars c'est...
M. Hardy: Déjà, le fait de le mettre devant tous
les autres membres du conseil d'administration de l'institut, c'est
déjà... Si les réalisateurs s'aperçoivent qu'un tel
a un conflit, ils vont le dire.
M. Charron: Si les ministres du cabinet, par exemple, ne se
contentaient que de déposer entre eux, cette affaire-là, cela
voudrait dire qu'à un moment donné où il se prend une
décision...
M. Hardy: Non. Vous ne pouvez pas dire la même chose, parce
que les membres d'un conseil de ministres sont soumis au secret. Il y a une
grande homogénéité dans un conseil de ministres, vous le
savez.
M. Charron: Oui.
M. Hardy: Tandis qu'à l'institut, vous allez avoir les
réalisateurs, les propriétaires de salles. Cette
homogénéité ne sera pas aussi grande.
M. Charron: Justement...
M. Hardy: Ils vont se surveiller les uns les autres. En tout cas,
est-ce que vous acceptez... Je retiens votre idée et nous allons
l'examiner d'ici le moment de la troisième lecture. Peut-être ce
soir.
M. Charron: D'ici ce soir, écoutez, ce n'est pas...
M. Hardy: Est-ce que vous voulez suspendre?
M. Charron: D'accord.
M. Hardy: C'est le fait qui est suspendu.
Le Président (M. Kennedy): Jusqu'à maintenant, oui.
Article 77?
M. Hardy: Je suis bien d'accord avec vous. Moins il y a de
cachette, moins il y a possibilité que les journalistes fassent toutes
sortes de suppositions, d'interrogations, de suspicions, etc.
M. Charron: Vous savez comment ils sont.
M. Hardy: Oui. Ils sont épouvantables, même quand
ils sont de commerce agréable.
M. Charron: Article 77 adopté. Le Président
(Kennedy): Adopté.
M. Hardy: Evidemment, quand on dit: Article 77 adopté,
c'est toujours en considérant le changement de numéro.
M. Charron: Je travaille à...
Le Président (M. Kennedy): On travaille à cela.
Section 4, dispositions financières, article 78.
M. Charron: Adopté. Le Président (M. Kennedy):
Article 79? M. Charron: II manque un "tre" à "minus". M.
Hardy: Où? A quel endroit?
M. Charron: Cela finit: "qu'il n'est approuvé par le
"minus". Il faudrait mettre le "ministre."
M. Hardy: Le minis. Dans mon texte, j'ai par le "minis". On
pourrait penser que c'est le député de Saguenay qui a
rédigé...
M. Charron: Article 79 adopté, M. le Président.
M. Hardy: M. le Président, à l'article 80, je
propose de remplacer l'article 80 par un nouvel article et je dis tout de suite
que cela m'est pratiquement imposé. C'est pour se conformer à la
Loi de l'administration financière.
M. Charron: Qui se lirait comment?
M. Hardy: Le nouvel article 80 se lirait ainsi: Je vais demander
à celui qui l'a rédigé de le lire. "Les livres et comptes
de l'institut sont véri-
fiés chaque année par le Vérificateur
général et, en outre, aussi souvent que le détermine le
lieutenant-gouverneur en conseil." C'est la Loi de l'administration
financière qui oblige à...
M. Charron: D'accord, adopté, M. le Président.
Le Président (M. Kennedy): Article 80 tel
qu'amendé; adopté.
M. Hardy: M. Archambault, vous allez l'avoir dans le texte.
Le Président (M. Kennedy): Section 5, administration
provisoire, article 81.
M. Hardy: Immédiatement, je vous fais remarquer que nous
avons largement diminué les cas. Nous avons enlevé des cas
où la tutelle ou l'administration provisoire pouvait intervenir.
Me permetteriez-vous que je m'absente trois minutes?
M. Charron: D'accord.
Le Président (M. Kennedy): La commission suspend ses
travaux à la demande du ministre pour trois minutes.
(Suspension de la séance: 16 h 39)
Reprise de la séance à 16 h 42
M. Kennedy (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A
l'ordre, messieurs!
La commission continue ses travaux. Nouvel article 81.
M. Charron: J'ai un amendement à l'article 81, M. le
Président.
M. Hardy: Vous avez un amendement à l'article 81?
Nous acceptons. Au lieu que ce soit un seul membre qui demande... "le
lieutenant-gouverneur en conseil, de sa propre initiative ou à la
demande de l'un des membres de l'institut, peut nommer une ou plusieurs
personnes." Alors, ce sera à la demande d'au moins deux...
M. Charron: Au moins deux membres. M. Hardy: D'au moins
deux membres.
Le Président (M. Kennedy): L'amendement est adopté.
Article 81, tel qu'amendé, adopté.
M. Hardy: C'est l'article 81, tel qu'amendé, le nouvel
article 81.
M. Charron: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Kennedy): Article 82.
M. Charron: Adopté.
Le Président (M. Kennedy): Article 83.
M. Charron: Adopté.
Le Président (M. Kennedy): Article 84.
M. Charron: Adopté.
Le Président (M. Kennedy): Article 85
M. Hardy: Articles 47 à 50...
M. Perreault: Au lieu de l'article 71.
M. Hardy: A l'article 85, on ajoute trois numéros
d'article. Au premier alinéa, on dit à l'article 83 et au
paragraphe d), aux articles 47 à 50.
M. Charron: D'accord, ça va.
Le Président (M. Kennedy): Adopté. Chapitre 5:
Réglementation. Article 86.
Réglementation
M. Charron: Je voudrais demander au ministre, puisqu'on aborde le
chapitre de la réglementation, quels sont les pouvoirs de
réglementation qui existaient déjà?
M. Hardy: Dans l'ancienne loi? M. Charron: Oui.
M. Hardy: C'étaient des pouvoirs de réglementation
pour les ciné-parcs et pour le Bureau de surveillance.
M. Charron: Par exemple, le paragraphe a) de l'article 86:
"Etablir des normes d'aménagement, d'exploitation, d'admission de tout
endroit utilisé pour la projection publique".
Est-ce que vous n'aviez pas déjà ce pouvoir de
réglementation?
M. Hardy: Pour les ciné-parcs, mais pas pour les salles de
cinéma. On l'avait pour les ciné-parcs. Pas pour les salles de
cinéma conventionnelles. Les salles de cinéma conventionnelles
étaient soumises aux règlements du ministère du Travail,
vu l'hygiène et la sécurité.
A l'avenir, salles de cinéma et ciné-parcs devront se
conformer à des nonnes d'aménagement et d'exploitation.
M.Charron: C'est quoi des normes d'aménagement et
d'exploitation?
M. Hardy: Comme le disait avec beaucoup d'éloquence et de
brio mon collègue député de l'Assomption quand il
n'est pas d'accord avec
vous, habituellement, il est brillant il nous faisait part des
problèmes d'acoustique. Ce sont toutes ces questions qui devront
être bien réglementées, toujours dans le but de faire en
sorte que l'oeuvre cinématographique puisse avoir toute sa valeur, toute
sa splendeur.
Dans la loi no I, tel que déposé en première
lecture, cela avait été oublié. C'est pour cela que vous
le retrouvez ici, à titre d'amendement.
M. Charron: A l'article b) de l'article 86...
M. Hardy: Au fond, avec les modifications disant qu'on ne rejette
plus de films, on reprend substantiellement les règlements actuels du
Bureau de surveillance, la façon de procéder, mais adaptés
avec la loi, parce que, maintenant, il y a des délais. Le service de la
classification devra classer un film dans un délai imparti...
M. Charron: D'accord, adopté.
Le Président (M. Kennedy): Article 86, tel
qu'amendé, adopté. Article 87.
M. Charron: II est adopté tel qu'amendé; c'est ce
que vous avez dit, M. le Président.
M. Hardy: L'article 87, évidemment, avec tous les
amendements inclus dans le nouveau texte.
M. Charron: C'est de concordance, adopté.
Le Président (M. Kennedy): Adopté tel
qu'amendé. Chapitre VI: Dispositions finales. Article 88.
M. Charron: Adopté.
Dispositions finales
Le Président (M. Kennedy): Adopté. Nouvel article
89.
M. Hardy: C'est le fameux article 89 dont on a parlé au
début. On avait discuté longuement. C'est un pouvoir qui est
donné au ministre de faire annuler la licence si un exploitant pose des
gestes qui vont à rencontre du bien culturel, des intérêts
culturels de la collectivité.
M. Charron: Adopté.
Le Président (M. Kennedy): Adopté. Article 90?
M. Charron: Adopté aussi.
Le Président (M. Kennedy): II y a un amendement. C'est
changé d'article.
M. Charron: C'était quoi?
M.Hardy: Oui, à l'article 36. C'est une concordance. C'est
une simple concordance.
M. Charron: Adopté.
Le Président (M. Kennedy): Article 91?
M. Charron: Adopté.
Le Président (M. Kennedy): Article 92?
M. Charron: Adopté. J'aurais suggéré le
député de Rosemont, mais je prendrais bien le ministre des
Affaires culturelles, par exemple. Adopté.
Le Président (M. Kennedy): Article 93?
M. Hardy: On ajoute, dans le nouveau texte de l'article 93, les
documents photographiques.
M. Charron: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Kennedy): Article 93, tel que
modifié,,adopté. Article 94?
M.Hardy: Mes conseillers considèrent que nous allons trop
rapidement.
M. Charron: Vous avez sauté quoi?
Le Président (M. Kennedy): Je n'ai rien sauté. On
suit cela.
M. Hardy: Comme on travaille sur le nouveau texte, on implique
que ce sont toujours des amendements. C'est impliqué dès le
début. On ne propose pas, d'une façon technique...
Au fond, on considère quasiment une réimpression du projet
de loi pour les fins des travaux de la commission.
M. Charron: C'est cela. La présente loi remplace la Loi
sur le cinéma. Adopté.
Le Président (M. Kennedy): Article 95?
M. Charron: Adopté.
Le Président (M. Kennedy): Article 96?
M. Charron: Quels sont les articles qui se trouvent à
être abrogés par cette disposition?
M. Hardy: L'Office du film, entre autres, d'après la loi
du ministère. Ce sont les deux articles de la loi du ministère
qui me donnent la responsabilité de l'OFQ et du bureau de
surveillance.
M. Charron: Adopté.
Le Président (M. Kennedy): Article 97?
M. Charron: Adopté.
Le Président (M. Kennedy): Article 98?
M. Charron: Adopté.
M. Hardy: C'est le pouvoir de classer des oeuvres
cinématographiques.
Le Président (M. Kennedy): Article 99, tel
qu'amendé?
M. Charron: Avec une protection de 500 pieds ou environ.
M. Hardy: L'aire de protection... M. Charron: L'aire de
protection. M. Hardy:... mutatis mutandis.
Le Président (M. Kennedy): Article 99, tel
qu'amendé? Adopté.
M. Charron: Adopté.
Le Président (M. Kennedy): Article 100?
M. Charron: Bien sûr, cela va.
Le Président (M. Kennedy): Adopté. Article 101?
M. Charron: Adopté.
Le Président (M. Kennedy): Le nouvel article 102?
M. Charron: D'accord, M. le Président. Le Président
(M. Kennedy): Article 103? M. Charron: Cela va.
Le Président (M. Kennedy): Adopté. Article 104?
M. Charron: L'article 104 dit que la loi sera proclamée en
vigueur à une date qui sera fixée. Quand?
M. Hardy: Vous savez comme moi qu'il y a des articles qui
impliquent la mise sur pied d'organismes. A mesure que nous serons prêts,
physiquement, les articles seront proclamés.
M. Charron: Par exemple?
M. Hardy: Par exemple, pour tout ce qui concerne l'institut, il
va falloir attendre...
M. Charron: Combien de temps croyez-vous avoir à
mettre?
M. Hardy: Je vous donne le cas du Bureau de surveillance.
M. Charron: Sur les deux cas que j'avais...
M. Hardy: II faut continuer à mettre les films par
catégorie. Tant et aussi longtemps que la direction
générale du cinéma et que le service de l'information de
la classification ne seront pas mis sur pied, c'est évident que ce sera
le Bureau de surveillance qui continuera à fonctionner.
M. Charron: Je pose la question à l'administrateur des
Affaires culturelles du Québec. Combien de temps croyez-vous que, au
sein du ministère, on mettra avant d'établir ce service?
M. Hardy: Comme lié évidemment à tout le
processus de la fonction publique, les mutations, pour être prudent, je
dirais à l'automne, le Bureau de surveillance en particulier.
M. Charron: Est-ce que la censure existe encore jusqu'à
l'automne?
M. Hardy: C'est-à-dire que la censure, en principe, va
exister aussi longtemps que les articles qui abolissent la censure ne seront
pas proclamés.
M. Charron: C'est jusqu'à l'automne.
M. Hardy: Cela vous pose des problèmes?
M. Charron: Non, parce qu'il paraît que...
M. Hardy: Le député de Saint-Jacques ne peut pas se
retenir jusqu'à l'automne pour voir certains films. Le
député de Saint-Jacques est un grand voyageur. Il ira en
Suède, cet été.
M. Charron: Certainement.
M. Perreault: II va être obligé d'aller voir des
films pour tous.
M. Charron: Je vais aller au Danemark voir la vie amoureuse de
Jésus-Christ. Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Kennedy): II reste l'article 76.
M. Hardy: II reste l'article 76, M. le Président.
Evidemment, nous n'avons pas eu le temps, au rythme où nous avons
travaillé, depuis que nous nous sommes arrêtés à
l'article 76... Je propose que nous l'adoptions. S'il y a lieu d'accepter
l'amendement du député de Saint-Jacques, ce sera au moment du
retour en Chambre.
M. Charron: M. le Président, je pense que mon amendement,
dans la discussion que j'ai eue avec les conseillers du ministre, je suis
même disposé à l'amoindrir dans le sens que vous soyez
détenteur de la déclaration...
M. Hardy: Un joli cadeau de Grec! Si je décide de ne pas
les rendre publics, c'est moi qui en est le dieu.
M. Charron: C'est cela.
M. Hardy: Les bons coups, c'est l'institut qui va les faire et,
les mauvais coups, ce sera le ministre.
M. Charron: Ce sont vos employés.
M. Hardy: Les gens de l'institut! Au contraire, les gars...
M. Charron: Ils vont signer un contrat chaque année.
M. Hardy: M. le Président, je regrette infiniment. Je ne
voudrais pas ouvrir un grand débat, mais les membres, les
employés ne sont pas membres de la fonction publique, ne sont pas les
employés du ministère. Ils sont les employés d'une
corporation autonome, privée, au sens du code civil.
M. Charron: Pire que cela, ce sont des contractuels.
M. Hardy: II faut que ce soit bien clair. M. Charron: Ce
sont des occasionnels.
M. Hardy: C'est-à-dire que l'institut sera très
libre de signer une convention collective avec les employés pour trois
ans, quatre ans ou cinq ans.
M. Charron: M. le Président, je soumets mon amendement au
vote à l'article 76?
Une Voix: Quel amendement?
M. Hardy: Vous me placez devant une situation bien difficile,
vous me placez devant l'obligation de le refuser maintenant et de
peut-être l'accepter plus tard.
M. Charron: D'accord, au moment du rapport de la commission
à l'Assemblée...
M. Hardy: Suspendez donc; on votera à ce
moment-là.
M. Charron: D'accord.
Le Président (M. Kennedy): Alors, la commission...
M. Hardy: Si vous me faites voter contre ici, je serais assez mal
placé pour le présenter.
M. Charron: D'accord.
Le Président (M. Kennedy): La commission...
M. Hardy: Article 76 est adopté.
M. Perreault: ...notre problème de représentation
du milieu des artisans.
M. Hardy: Oui.
M. Perreault: Vous réfléchissez.
M. Hardy: Ne vous organisez pas pour que j'aie des cauchemars
cette nuit.
Le Président (M. Kennedy): La commission de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications a
terminé l'étude du projet de loi no I, Loi sur le
cinéma.
M. Hardy: Avant que nous n'ajournions, vous me permettrez de
remercier le député de Saint-Jacques de son excellente
collaboration dans l'étude de ce projet de loi. Nous avons parfois
différé d'opinion sur les moyens. Je pense que, sur les
objectifs, l'unanimité a été totale. Sur les moyens, nous
avons pu différer d'opinion. Je pense que nous avons fait un travail
très efficace ensemble. Les propos du député de
Saint-Jacques m'inspireront sûrement dans l'administration de cette
loi.
M. Charron: M. le Président, je suis content
également. Je dois admettre qu'entre la version originale sur laquelle
nous avons dû travailler et qui a été à l'origine de
notre première prise de position sur ce projet de loi et les
amendements, dont plusieurs substantiels, qui ont été
amenés au point que je disais au ministre qu'il aurait même
pu, il était d'accord avec moi, réimprimer sa loi, des chapitres
complets ont été réaménagés il y a eu
progrès. Je pense que le progrès vient très certainement
de l'ouverture d'esprit qu'a voulu manifester le ministre devant ce qu'on lui
signalait, mais également du dynamisme du milieu lui-même qui, on
en conviendra, a mis le doigt à certains moments sur certaines solutions
qui n'ont peut-être pas été retenues entièrement par
le ministre, mais il conviendra avec moi qu'elles ont été
à l'origine de certaines modifications. Il a rendu raison à
certains milieux. Je crois donc que nous pourrons accepter le projet de loi
lorsque l'Assemblée le proposera en troisième lecture.
M. Hardy: Et de certaines observations très judicieuses de
nos amis, les journalistes.
M. Charron: Cela va. Merci, M. le Président.
(Fin de la séance à 16 h 58)