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Commission permanente de l'éducation,
des affaires culturelles et des communications
Projet de loi no 91
Loi du Collège régional
du Saguenay-Lac-Saint-Jean
Séance du mardi 17 juin 1975
(Dix heures cinquante-cinq minutes)
M. Houde, Limoilou (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A
l'ordre, messieurs!
A la commission de l'éducation, des affaires culturelles et des
communications, ce matin, les membres sont les suivants: M. Bellemare
(Johnson); M. Bérard (Saint-Maurice); M. Bonnier (Taschereau); M.
Bédard (Chicoutimi) remplace M. Charron (Saint-Jacques); M. Cloutier
(L'Acadie); M. Pilote (Saint-Jean) remplace M. Côté (Matane); M.
Déom (Laporte); M. Lamontagne (Roberval) remplace M. Houde (Fabre); M.
Lapointe (Laurentides-Labelle); M. Léger (Lafontaine); M. Parent
(Prévost); M. Samson (Rouyn-Noranda); M. Saint-Germain
(Jacques-Cartier); M. Veilleux (Saint-Jean). Le nom de M. Bonnier est
suggéré comme rapporteur de la commission.
M. Pilote: M. le Président, le ministre du Revenu, M.
Gérald Harvey, m'avait demandé de faire le changement à
l'intérieur de la commission. Je vous proposerais de le changer.
Le Président (M. Houde, Limoilou): M. Déom
(Laporte) est remplacé par M. Harvey (Jonquière).
M. Bonnier, député de Taschereau, est
suggéré comme rapporteur de la commission, est-ce
adopté?
M. Bonnier: C'est un honneur!
Le Président (M. Houde, Limoilou): Ce matin, nous
étudions le projet de loi no 91, Loi du Collège régional
du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Le ministre de l'Education.
Remarques préliminaires
M. Cloutier: M. le Président, il s'agit d'un projet de loi
privé qui, comme vous venez de le signaler, concerne le Collège
régional du Saguenay-Lac-Saint-Jean: par conséquent, il revient
au procureur de cet organisme de défendre ce projet, Cependant, il va de
soi que nous sommes d'accord sur les grandes lignes et sur le détail de
ce projet. Si nous ne l'étions pas, je crois que la commission n'aurait
probablement pas à le considérer aujourd'hui.
Je vais donc me contenter, pour plus de clarté, de faire
ressortir les éléments fondamentaux de ce projet de loi. Je vais
le faire sous forme de propositions très courtes.
Premièrement, le projet de loi consacre juridiquement un
état de fait qui dure depuis quatre ans, c'est-à-dire la
régionalisation de l'enseignement collégial du
Saguenay-Lac-Saint-Jean.
Deuxièmement, la loi actuelle des collèges ne
reconnaît pas l'existence de collège régional comme tel,
et, par conséquent, ne prévoit pas la structure et l'organisation
propres à un collège régional qui, par définition,
requiert un partage des pouvoirs et une décentralisation des
responsabilités.
Troisièmement, le collège régional, tel qu'il
existe actuellement, depuis ces quatre années, a été
institué suivant le modèle d'un collège régulier,
c'est-à-dire d'après les dispositions de la loi.
Quatrièmement, le projet de loi proposé fusionne les
collèges existants, y compris le collège régional, en une
nouvelle corporation.
Cinquièmement, les chartes des collèges actuellement
existants se trouvent par le fait même annulées.
Sixièmement, le nouveau collège régional, quoi
qu'ayant une structure particulière qui lui soit propre et qui tient
compte des réalités du milieu, est entièrement régi
par la loi actuelle et, le cas échéant, par la loi future des
collèges, comme tous les autres collèges.
Septièmement, les modifications apportées à la loi
actuelle des collèges par ce projet de loi ne concernent que le
Collège régional du Saguenay-Lac-Saint-Jean, et ne touchent
d'ailleurs que les dispositions qui sont incompatibles avec les structures que
nous reconnaissons à un collège régional.
Huitièmement, la rédaction des amendements requis à
la loi actuelle a été faite de manière à suivre le
plus possible le modèle et les dispositions de la loi actuelle.
Neuvièmement, il est extrêmement important de noter que,
sauf la structure particulière, aucun statut spécial n'est
conféré au collège régional par le projet de loi
91.
Dixièmement, ce projet de loi constitue en quelque sorte, et
ceci, je pense, est extrêmement important, la charte du collège
régional, alors que les autres collèges qui existent ont des
lettres patentes émises par le lieutenant-gouverneur en conseil.
voilà le gros de mes remarques, M. le Président. Si le
ministère de l'Education a accepté que la corporation du
collège régional procède par loi privée, c'est
précisément parce qu'il ne s'agissait que de structures locales
qui ne mettaient pas en cause l'ensemble de la loi et qui ne
préjugeaient pas, d'ailleurs, d'un modèle futur de
régionalisation susceptible de s'appliquer ailleurs.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Houde, Limoilou): L'honorable
député de Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, face au
projet de loi qui nous est présenté et qui sera défendu
par les personnes intéressées, je tiens seulement à faire
quelques commentaires.
Evidemment, c'est une loi d'exception qui regarde, comme l'a dit le
ministre, la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Je crois que
l'intérêt régional, de quelque région que ce soit,
exige un développement dynamique et efficace de l'enseignement
collégial dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, un
enseignement qui réponde le mieux possible aux aspirations et aux
besoins de la clientèle étudiante et de tous les agents de
développement de l'enseignement collégial.
Il est clair que, pour obtenir ce développement dynamique et
efficace dont je viens de parler, il est nécessaire qu'il y ait de la
cohérence. Le moins qu'on puisse dire, c'est que les difficultés
s'amoncelaient au niveau de la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean,
concernant l'enseignement collégial. De ce fait, la cohérence
entre l'instance régionale et les instances locales devenait de plus en
plus difficile; d'où un risque de paralysie ou
d'inefficacité.
Ce n'est pas mon intention de relater ces difficultés, mais on
sait que l'urgence était telle qu'effectivement le ministère
avait déjà en main la demande du CEGEP, concernant la
désaffiliation, ce qui veut dire qu'il est clair qu'il était
pratiquement impossible de continuer dans cette situation.
Concernant la loi d'exception, au nom de l'Opposition, je l'accepte en
raison de la situation, je le dis bien, qui est tout à fait
particulière. Entre autres, il y avait déjà un
collège régional en activité depuis quatre ans et il
devenait de plus en plus nécessaire qu'une législation
peut-être que cela aurait été mieux de procéder
autrement, si cela avait été possible permette d'apporter
plus d'efficacité à la structure.
Il faut bien se comprendre, M. le Président. L'appui de
l'Opposition à cette loi d'exception ne doit pas être
considéré comme un précédent; c'est
véritablement une exception. Je fais cette remarque en ce sens que je
tiens à spécifier que nos interventions qui sont faites devant
cette commission, face à une loi d'exception que nous connaissons, ne
doivent pas être comprises comme une indication de la position que nous
prendrions face à une réforme globale de la loi 21, concernant
l'enseignement collégial.
Encore une fois, c'est une situation d'exception. Nous la traitons comme
telle. Si nous étions face à une réforme globale de la loi
21, il est clair que, d'une part, l'Opposition, le Parti
québécois s'est déjà prononcé, dans son
programme, pour le principe de la régionalisation, mais de la
régionalisation des services.
Le parti s'est prononcé pour une régionalisation des
services qui, également, doit s'accompagner d'un effort très
clair pour donner plus d'autonomie aux CEGEP, plus d'autonomie qu'ils n'en ont
présentement.
Concernant cette loi, j'ai eu l'occasion de lire, avec grand plaisir,
une lettre du ministre de l'Education qui a été adressée
à chacun des présidents des collèges de la région
du Saguenay-Lac-Saint-Jean, où il spécifiait très
clairement ceci, et je le cite: "Sans que le rapport du Conseil
supérieur de l'éducation n'ait été
déposé, une ouverture vers une forme de régionalisation
des services me semble une orientation réaliste. "J'ai
déclaré, à de nombreuses occasions, la
nécessité d'une plus grande décentralisation afin de
donner aux instances locales plus de pouvoirs et de permettre une autonomie de
fonctionnement aux administrateurs, qui sont le plus près possible des
étudiants. "Cette forme de régionalisation est compatible avec
les orientations que j'ai moi-même définies et qui se retrouvent
dans les termes mêmes de mes déclarations".
Cette position de principe du ministre, me semble claire, et, est
peut-être déjà l'annonce je ne dirais pas
prématurée du genre de réforme qui sera
apportée au niveau de l'enseignement collégial, lorsque nous
aurons à parler de la réforme globale de la loi 21, cette
indication du ministre s'accompagnait de certaines exigences qu'il voulait voir
consignées dans le texte de loi.
Entre autres, le ministre, à la page 2 de la lettre qu'il
adressait et que j'ai citée tout à l'heure, disait ceci: "II faut
donc penser à un modèle il faut se référer
à la régionalisation des services qui garantirait par
règlement approuvé par le lieutenant-gouverneur en conseil,
premièrement, une autonomie réelle et respectée au niveau
local Deuxièmement, une répartition des pouvoirs entre les
niveaux régional et local qui tiennent compte des particularismes de
votre région, particularismes géographique, économique,
social et culturel. "Troisièmement, une décentralisation qui
tienne compte des particularismes de votre région et
quatrièmement, l'établissement, sur des bases solides, du niveau
régional, comme outil commun, de concertation non soumis aux
aléas de tous et chacun".
Le ministre continuait en précisant que ces objectifs ne
pouvaient être atteints qu'en consignant dans la loi, et ce d'une
façon très claire, la composition des organismes tant au niveau
régional que local, de même que le mode de nomination et la
durée d'office des membres du conseil régional, mais des
différentes instances; la répartition des pouvoirs entre les
niveaux local et régional; la structure du collège
régional ainsi que son mode de fonctionnement.
Le ministre concluait en explicitant son exigence que le projet de loi
devait, afin de satisfaire à la demande du milieu, apporter des
modifications qui reconnaîtraient et qui garantiraient dans le texte
législatif, premièrement, l'administration de l'enseignement et
de la vie étudiante au niveau des collèges; également
l'administration du budget des opérations courantes; la direction du
personnel; la préparation et la participation à la défense
des demandes budgétaires du ministère de l'Education, ces
éléments devant être présents dans la loi, de
manière à permettre, dans l'esprit du ministre, une plus grande
autonomie des CEGEP face au CEGEP régional.
A ce moment-là, je tiens à dire et je terminerai
là-dessus que l'esprit qui va nous animer au cours de ces
débats sur ce projet de loi, sera de
vérifier, de voir à l'intérieur du projet de loi
qui nous est soumis, jusqu'à quel point, effectivement, les directives
du ministre ont été suivies. Ce dernier disait très
clairement, au début de sa lettre que nous devions nous orienter vers
une régionalisation de services, ce qui lui semblait une orientation
réaliste. Ce sera l'esprit qui nous animera lors de la discussion de
chacun de ces articles. J'imagine que le ministre saura nous donner les
explications nécessaires, lorsque nous les demanderons ou lorsque nous
nous poserons certaines questions sur le fait de savoir jusqu'à quel
point le projet de loi a répondu à l'appel que le ministre avait
lancé aux différentes instances, lors de la consultation qu'il a
inscrite, avant de présenter le projet de loi, que nous avons à
étudier.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Avant de continuer,
j'aimerais faire un autre changement. M. Harvey (Dubuc), remplace M. Lapointe
(Laurentides-Labelle). La parole est au député de Dubuc.
M. Pilote: M. le Président, je voudrais m'excuser
auprès des membres de la commission et auprès des
représentants de Chicoutimi et du Lac-Saint-Jean-Saguenay. J'ai ici,
aujourd'hui, une délégation de mon comté et je serai
appelé à m'absenter assez régulièrement, je m'en
excuse auprès de ces gens.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le député
de Dubuc.
M. Harvey (Dubuc): M. le Président, étant
donné que je suis le parrain, comme on dit en langage parlementaire, de
ce projet de loi, j'aimerais dire quelques mots, au tout début.
L'enseignement collégial et professionnel, au niveau
collégial, secteur public, fit son apparition au
Saguenay-Lac-Saint-Jean, lors de la création, en juillet 1967, de deux
collèges situés, l'un à Chicoutimi, l'autre à
Jonquière. A ce moment, la population du Lac-Saint-Jean était
desservie par deux collèges privés, l'un à Alma, l'autre
à Roberval. Cependant, celui-ci devait, peu de temps après,
fermer ses portes. En 1968, un comité d'études sur l'enseignement
collégial au Lac-Saint-Jean fut formé. Il recommanda
l'implantation d'un troisième collège au Saguenay-Lac-Saint-Jean,
collège qui aurait été situé à
Saint-Félicien. Cependant, un autre groupe d'études recommandait
de situer ce troisième collège à Aima. Durant
l'année 1969/70, de nombreuses tractations eurent lieu entre les
différentes instances privées et publiques concernées et
plusieurs hypothèses furent envisagées pour favoriser
l'accessibilité de la population du lac Saint-Jean,
particulièrement, au service de l'enseignement collégial.
Parallèlement à ce véhicule régional, la
direction générale de l'enseignement collégial du
ministère de l'Education prenait conscience de la
nécessité de se référer à la dimension
régionale dans ses prises de décisions. Sur le plan provincial,
au moins trois raisons militaient en ce sens:
Premièrement, la planification des options professionnelles et la
répartition des coûts impliqués; deuxièmement, le
problème des admissions; troisièmement, le fait que l'ensemble du
territoire du Québec n'était pas encore entièrement
desservi par les 35 CEGEP existants alors qu'il avait été
prévu qu'une vingtaine devrait y suffire. C'est pourquoi le ministre de
l'Education d'alors, M. Cardinal, envisageait-il, en février 1970, une
certaine forme de régionalisation de l'enseignement collégial qui
nous conduirait très probablement à la création de
corporations régionales.
Cette proposition se développa, et quelques mois plus tard, en
juin 1970, le ministre de l'Education, M. Saint-Pierre, précisait que la
création de cette nouvelle structure régionale s'inscrit dans le
cadre plus général d'une politique de régionalisation de
l'enseignement collégial, visant à éviter les
dédoublements d'options et à assurer une meilleure
répartition régionale des ressources de l'éducation en
fonction de chaque milieu. Ainsi, la régionalisation de l'enseignement
collégial est-elle apparue comme une solution féconde à un
ensemble de problèmes qu'approuvait l'enseignement collégial
naissant.
La région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, à cause de sa
situation plus haut définie, fut choisie comme région pilote,
encore une fois, où devait être appliquée
l'hypothèse de la régionalisation dans l'enseignement
collégial. Le 6 novembre 1970, le ministre de l'Education mandate
Jean-Marie Couët comme président du comité d'études
sur la régionalisation de l'enseignement collégial au
Saguenay-Lac-Saint-Jean. Ledit comité remit son rapport le 30 avril
suivant. Dès le 3 juin 1971, M. Saint-Pierre, ministre de l'Education,
déclarait ce qui suit, concernant la régionalisation de
l'enseignement collégial au Saguenay-Lac-Saint-Jean: "D'abord la
formation d'un CEGEP régional, précision de la structure
régionale dans la nouvelle corporation, un règlement du
ministère de l'Education accorde des pouvoirs à chaque campus.
Les CEGEP actuels doivent incessamment adopter une résolution
d'annulation de leur charte actuelle, et se lier à la nouvelle structure
régionale, dont le but principal sera de donner un enseignement plus
équilibré et réparti dans les principales zones du
Saguenay-Lac-Saint-Jean. La création de cette nouvelle structure
régionale s'inscrit dans le cadre plus général d'une
politique de régionalisation, dans l'enseignement collégial
visant à éviter les dédoublements d'options et assurer une
meilleure répartition régionale des ressources de
l'éducation en fonction de chaque milieu."
Le 25 août I97I, le collège régional du
Saguenay-Lac-Saint-Jean fut institué par lettres patentes en vertu de la
Loi des collèges, loi 21. Les cinq premiers membres du conseil
d'administration furent nommés par le lieutenant-gouverneur en conseil.
En plus de regrouper les collèges de Chicoutimi et de Jonquière,
le Collège régional du SaguenayLac-Saint-Jean permit au
Collège du Lac-Saint-Jean Inc., collège privé, de devenir
le campus d'Alma et au secteur de Saint-Félicien
d'être doté de son campus, le 1er septembre 1971.
Jusqu'au 30 juin 1972, les collèges de Chicoutimi,
Jonquière, Aima et Saint-Félicien s'administrèrent comme
des corporations autonomes en raison d'un engagement du premier directeur
général, le 1er novembre 1971, et de ses plus proches
collaborateurs, en mai 1972, au siège social. Le 1er juillet 1972, le
Collège régional du Saguenay-Lac-Saint-Jean prit en charge toutes
les opérations administratives des quatre instances, c'est-à-dire
de Chicoutimi, de Jonquière, d'Alma et de Saint-Félicien.
Dès lors, toutes les autorités impliquées dans le dossier
s'unirent pour exiger du ministère de l'Education du Québec que
des pouvoirs soient reconnus au comité de la gestion des campus dans le
cadre d'un amendement à la loi 21. Pour différentes raisons, la
régionalisation de l'enseignement collégial au Saguenay-Lac-Saint
Jean ne s'est jamais concrétisée juridiquement parlant. En effet,
le Collège régional du Saguenay-Lac-Saint-Jean, n'a pu
acquérir les actifs des corporations de Chicoutimi et de
Jonquière. De plus les collèges de Chicoutimi et de
Jonquière ayant été financés en partie par le
produit d'émissions d'obligations en première hypothèque,
il en résultait un état de fait complexe sous bien des aspects
juridiques et administratifs, comme le nantissement, le fiduciaire, le
transfert, etc., lesquels doivent être analysés et
évalués.
Pourtant, toutes les parties impliquées de bonne foi ont voulu
respecter les règles du jeu malgré que la Loi des collèges
reconnaissait aucun pouvoir spécifique au campus du Collège
régional du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Aujourd'hui, par la volonté
du ministre de l'Education, j'ai l'honneur de présenter un bill
privé, Loi fusionnant le Collège régional du
Saguenay-Lac-Saint-Jean, le Collège d'enseignement général
et professionnel de Chicoutimi, et le Collège d'enseignement
général et professionnel de Jonquière, puisqu'après
quatre années semées d'obstacles, il est urgent de donner au
Collège régional du Saguenay-Lac-Saint-Jean, des assises
légales qui permettent de régulariser la situation actuelle et de
concrétiser la régionalisation de l'enseignement collégial
du Saguenay-Lac-Saint-Jean.
La régionalisation de l'enseignement collégial introduit
un nouveau palier de concertation et de juridiction. De ce fait, elle constitue
l'outil le plus approprié pour répondre aux attentes du
ministère de l'Education dans le cadre de son opération de
décentralisation. Dans la société contemporaine, la
structure régionale mitoyenne entre le palier local et le palier central
se présente comme une réponse aux problèmes administratifs
d'un Etat et comme un moyen d'accroître l'efficacité d'un Etat. La
structure régionale est la structure d'avenir qui permettra au
ministère de l'Education de maintenir dans les collèges du
Québec des services de qualité tout en considérant les
diminutions de clientèle inévitables et par voie de
conséquence, la réduction de ressources humaines dont devront
disposer les maisons d'enseignement de demain.
M. le Président, j'aurai d'autres commentaires au cours de
l'étude du bill. Merci.
Le Président (M. Houde, Limoilou): J'inviterais le
procureur à adresser la parole et de présenter les membres qui
l'accompagnent, s'il vous plaît.
M. Bouchard: M. le Président, M. le ministre, MM. les
membres de la commission, la délégation assez imposante que vous
avez devant vous...
M. Bédard (Chicoutimi): Un instant, M. le
Président, est-ce qu'il serait possible d'avoir la liste des personnes
qui ont demandé à être entendues, étant donné
que j'imagine que le ministre n'aura pas d'objection à ce qu'elles le
soient.
Le Président (M. Houde, Limoilou): ... seulement le
procureur avec ceux qui l'assistent.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que le ministre serait
d'accord que, s'il y a d'autres personnes qui voudraient être entendues,
il soit possible pour elles de s'inscrire de manière qu'elles puissent
témoigner succinctement devant la commission?
M. Cloutier: Quelle est la procédure en pareil cas?
Avez-vous reçu des demandes?
Le Président (M. Houde, Limoilou): Moi, je n'ai
reçu aucune demande, la décision revient à la commission.
Si la commission décide d'entendre des témoins,
évidemment, je suis obligé d'accepter, mais si la commission en
décide autrement, je pense qu'il n'y a pas de témoins qui sont
enregistrés.
M. Cloutier: II semble que personne ne veuille se faire entendre
-..
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, je pense
que c'est simplement au niveau du principe. C'est une tradition, au niveau de
l'étude des projets de loi privés, que les personnes qui veulent
se faire entendre puissent être entendues. J'aimerais que le ministre
soit d'accord sur le respect de cette tradition. S'il y a d'autres personnes
qui veulent être entendues, elles pourront en informer le
président de la commission. J'imagine très facilement que le
ministre, dans son souci de démocratie, tel que nous le connaissons,
n'aura pas objection à les entendre.
M. Cloutier: II n'y a certainement aucune objection de principe,
M. le Président, mais je voudrais simplement avoir une directive de
votre part au point de vue procédure. Je crois comprendre que personne
ne s'est inscrit à l'avance. Par conséquent, à moins que
quelqu'un se manifeste immédiatement, le problème ne se pose
pas.
M. Bédard (Chicoutimi): Pourriez-vous demander, M. le
Président, s'il y a des personnes ou des organismes, pour
répondre au désir de M. le ministre, qui voudraient être
entendus!
M. Cloutier: Le président pourrait demander,
et je n'ai aucune objection à ce qu'il le fasse. Je
répète qu'en ce qui concerne le principe, il n'y a aucune
objection à ce que les gens se fassent entendre. Mais encore faut-il
savoir s'il y a des gens qui veulent se faire entendre.
M. Bédard (Chicoutimi): Alors, M. le
Président...
M. Cloutier: A ce moment-là, il faudrait qu'ils soient
entendus probablexent avant que le procureur commence sa défense de la
loi, de manière que toutes les pièces soient versées au
dossier.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Est-ce qu'il y a des
personnes qui désirent se faire entendre sur le projet de loi no 91?
Votre nom et votre fonction.
Fédération nationale des enseignants du
Québec
M. Boivin: Gérard Boivin, représentant
régional de la Fédération nationale des enseignants du
Québec.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Allez-y.
M. Boivin: Je voudrais d'abord distribuer des mémoires aux
membres de la commission.
M. Cloutier: M. le Président, il me paraîtrait
utile, pour la bonne marche de nos travaux, que nous soyons fixés et que
nous décidions d'emblée de ceux que nous voulons entendre, de
manière qu'il n'y ait pas d'intervention par la suite. Le but n'est pas
du tout d'empêcher les gens de parler, bien sûr, mais simplement de
structurer les travaux de la commission.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Y en a-t-il d'autres
qui veulent adresser la parole?
Mme Lalonde: Francine Lalonde, présidente de la
Fédération nationale des enseignants québécois.
M. Cloutier: Je crois comprendre qu'il n'y a personne d'autre?
Alors, peut-on considérer que nous entendrons ces deux personnes qui se
sont identifiées...
Le Président (M. Houde, Limoilou): C'est cela.
M. Cloutier: ...et que, par la suite, nous pourrons passer
à la discussion article par article.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Alors, j'inviterais M.
Boivin à débuter immédiatement.
M. Boivin: Nous nous excusons, tout d'abord, de la
présentation du mémoire, nous avons eu très peu de temps
pour le préparer compte tenu que nous avons eu le texte définitif
du projet de loi vendredi dernier.
En première partie, nous faisons un bref histo- rique de la
régionalisation. Face aux problèmes rencontrés au sujet de
l'admission des étudiants et du dédoublement des options
professionnelles, le ministère de l'Education a senti le besoin de
créer des CEGEP régionaux. En février I970, le ministre de
l'Education, M. Jean-Guy Cardinal, déclara: "Devant la
nécessité où se trouve le système
d'éducation d'utiliser au maximum toutes les ressources possibles, tant
humaines que matérielles et financières, je crois que nous
devrons rapidement envisager une certaine forme de régionalisation de
l'enseignement collégial qui nous conduira, très probablement,
à la création de corporations régionales".
Le 3 juin de la même année, M. Guy Saint-Pierre se
prononçait à son tour: "La création de cette nouvelle
structure régionale s'inscrit dans le cadre plus général
d'une politique de régionalisation de l'enseignement collégial
visant à éviter le dédoublement d'options et à
assurer une meilleure répartition régionale des ressources de
l'éducation en fonction de chaque milieu". Quant aux directeurs
généraux de la région, ils adoptèrent la
proposition suivante, les 28, 29 et 30 juin I97I, lors d'une réunion de
la DIGEC, qui se lit en six points:
Postulant que la régionalisation vise à mieux
aménager les ressources humaines et matérielles ordonnées
à la poursuite des objectifs de l'enseignement collégial, nous
demandons que le ministre réaffirme ce principe et fasse le point sur
l'état de la question qu'une période d'au moins un an soit
prévue pour étudier, selon un échéancier
déterminé, les modalités que pourrait prendre la
régionalisation dans les divers milieux, qu'un plan de consultation et
d'information systématique soit préparé par la DIGEC en
collaboration avec les directeurs généraux et qu'un dossier de
travail leur serve d'appoint, que la DIGEC articule le mécanisme de
départ pour les fins d'études et des consultations en question,
qu'un rapport d'ensemble soit prévu pour une date
déterminée, qu'une politique d'implantation soit
promulguée si les transformations structurelles et institutionnelles
découlent du rapport, que les services régionalisés
essentiels soient définis dès septembre I97I à la suite de
rencontres régionales organisées et convoquées par la
DIGEC afin de répondre à des besoins spécifiques. Il
serait bon de souligner ici que la DIGEC ne s'est jamais
préoccupée de mettre en oeuvre ces mécanismes de
consultation, pour ce qui est, au moins, des organismes syndicaux. Par la
suite, un document de la DIGEC daté du 7 octobre I97I et
intitulé: "La régionalisation des CEGEP", informe qu'il peut
exister deux types de régionalisation. Actuellement, nous constatons
deux hypothèses disait le rapport: la régionalisation de fusion
et la régionalisation du service.
La première hypothèse est celle que la direction
générale de l'enseignement collégial a retenu pour la
région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, Saint-Hyacinthe, Drummondville,
Tracy, la Côte-Nord et la région Sud de Montréal pour les
anglophones. Dans ces quatre endroits, un seul collège existe avec un
certain nombre de campus, suivant
les situations. Dans cette hypothèse, une structure à deux
paliers a été implantée: régionale et locale. Au
niveau régional, d'une manière générale, nous
trouvons les principales responsabilités suivantes: de planification, de
mise en marche d'opérationa-lisation des systèmes de gestion, de
relations extérieures et du développement de l'enseignement sur
le territoire. Au niveau local, nous trouvons les responsabilités
déléguées du ÇA d'administration courante, tant
financières que pédagogiques, choix du personnel, engagement
limité concernant les dépenses d'administration courantes, peut
dispenser l'enseignement et l'animation du milieu. D'une manière
globale, nous voulons retrouver au niveau local l'animation pédagogique,
c'était la DIGEC qui parlait en 1971, d'animation pédagogique du
milieu sans être aux prises avec les principales tâches
administratives qui mangent le temps des administrateurs pédagogiques et
financiers, afin de retrouver ces tâches au niveau régional.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Est-ce qu'il y aurait
possibilité étant donné que votre mémoire va
être déposé, va être enregistré au journal des
Débats, de donner un résumé de votre mémoire, s'il
vous plait?
M. Gérard Boivin: Oui. J'avais d'ailleurs l'intention,
après cette partie, de parler du reste de l'historique qui, en fait,
reprend les termes du député Harvey qui a fait un historique
assez complet de la régionalisation au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Je vais
tout simplement, rappeler les objectifs que poursuivait la DIGEC et qu'il y
avait, au point de départ, deux formes de régionalisation, de
fusion ou de service. Les deux formes étaient applicables. Donc, si on
va à la deuxième partie qui se trouve à la page 10, on
retrouve la position de la fédération. A la suite de nombreuses
difficultés rencontrées par les collèges
régionalisés dans le réseau du CEGEP, la
Fédération nationale des enseignants québécois
s'est penchée sur ce dossier. Elle a constaté les
difficultés suivantes: 1)difficulté de consultation et des
communications à l'intérieur de structures trop lourdes et mal
définies; 2) difficulté dans le développement des options
et planification des renseignements et refus de la DIGEC d'assumer le
résultat de sa décision antérieure face à ces
problèmes, multiplication coûteuse des structures
hiérarchiques impliquant l'éloignement des centres de
décision du milieu pédagogique, milieu qui est la raison
d'exister d'une institution comme le GEGEP; 3)difficulté d'application
des conventions collectives, difficulté de répartition
budgétaire. Ce sont toutes des difficultés qui ont
été constatées dans les régionalisations de type
fusion qui ont été implantées.
Considérant que ces régionalisations, et les projets
semblables, particulièrement celui du Lac-Saint-Jean-Saguenay, amenaient
avec eux une dégradation constante du climat de travail et avaient des
implications directes sur la qualité de l'enseignement, la
fédération a pris officiellement position contre la
régionalisation-fusion, à l'occasion de son conseil
fédéral des 12, 13 et 14 juin, dans les termes suivants: "Que le
conseil fédéral se prononce, en principe, contre la
régionalisation des CEGEP par fusion et par leur soumission à une
autorité régionale, et en faveur de la concertation sur une base
volontaire entre les CEGEP d'une même région en vue de
déterminer les services qu'ils auraient avantage à se donner en
commun".
Explication de la position de la FNEQ: Pour appuyer cette position anti
fusion, essayons de préciser les règles de développement
de l'enseignement collégial dans une région et d'élaborer
les principes directeurs à respecter dans l'application. Le rapport
Parent, et plus tard le rapport Couët avaient identifié ces
impératifs de base, la plus grande accessibilité possible aux
étudiants, la qualité de l'enseignement assuré par un
minimum de polyvalence, l'administration la moins dispendieuse possible, et
l'adaptation aux besoins et au milieu du travail.
Pour ce qui est de l'accessibilité, une étude
démographique sérieuse indique que la région du
Lac-Saint-Jean possède un bassin de population suffisant pour la
création de deux unités actuellement en place, Aima et
Saint-Félicien. Ces deux unités auraient pu, et pourraient
encore, se développer sur le modèle des autres CEGEP de la
province, en conformité avec la Loi générale des
collèges, le projet de loi 21. Cela n'exclut pas une unité de
services communs définis en concertation avec les autres institutions de
la région.
La qualité de l'enseignement. Des administrateurs et
pédagogues sérieux et dynamiques sont les mieux placés
pour connaître les besoins d'un bassin de population, et faire les
développements qui s'imposent tout en respectant les critères de
qualité. Des dossiers sérieux peuvent être
préparés par ces personnes et la DIGEC peut décider, comme
elle l'a fait dans tous les CEGEP de la province, de la pertinence et des
besoins du développement de l'enseignement. Il est certain aussi que le
climat et les difficultés de fonctionnement dans une superstructure
telle que proposée dans une régionalisation-fusion, ne peuvent
que se détériorer et réduire la qualité de
l'enseignement.
L'administration la moins coûteuse. L'expérience
vécue au Saguenay-Lac Saint-Jean montre de façon évidente
que la superstructure coûte plus cher que les administrations locales
précédentes. Les hauts fonctionnaires eux-mêmes se sont
montrés très étonnés des coûts prohibitifs du
siège social, depuis son installation récente à Arvida.
L'investissement d'un demi million pour l'établissement de ce
siège social est particulièrement significatif dans ce domaine.
Nous ne pouvons nous empêcher de souligner que la régionalisation
imposée depuis trois ans au Saguenay-Lac-Saint-Jean, avait amené
une réduction d'environ trois ou quatre personnes dans les CEGEP
existants. Ce personnel fut remplacé, au siège social, par au
moins une trentaine de personnes. Ces deux
constatations nous amènent à conclure qu'aucune sorte
d'économie n'a été réalisée par cette
opération.
L'adaptation aux besoins du milieu. Nous avons déjà
suffisamment élaboré sur la nécessité,
particulièrement dans le domaine de l'enseignement, et l'importance de
la proximité des centres de décision de ceux qui en sont l'objet.
Des unités locales autonomes ne peuvent que satisfaire ces objectifs
importants. Il devient évident qu'aucun de ces objectifs de base ne
saurait être atteint sans une participation réelle du milieu et de
ceux qui font la pédagogie: dans le collège: les professeurs, les
professionnels non enseignants, le personnel de soutien, les étudiants.
Ces différentes instances doivent s'assurer un pouvoir de contrôle
sur le développement et l'adaptation des institutions
collégiales.
Maintenant, si l'on passe à une étude un peu plus
détaillée de la loi elle-même, nous avons deux remarques
à faire. Tout d'abord, une remarque qui concerne la consultation des
différentes constituantes des collèges. Voulant régler le
problème une fois pour toutes, nous constatons qu'un projet de loi est
déposé, encore une fois, sans consultation publique de l'ensemble
du milieu, pour effectuer définitivement la centralisation des
collèges du Saguenay-Lac Saint-Jean, et faire disparaître de
façon finale opération que, malgré tous ses
efforts, il n'avait pas encore réussi jusqu'à maintenant
les corporations locales qui canalisent la résistance aux
volontés centralisatrices du collège régional.
Deuxième remarque générale. Il s'agit de la
remarque que le député de Chicoutimi faisait plus tôt, en
rapport avec la lettre du ministre Cloutier, qui définissait une
orientation très nette du ministère sur la régionalisation
des services.
Or, si on examine le texte de loi qui nous est présenté,
on peut se demander en quoi elle va assurer une telle régionalisation de
services? Il semble plutôt qu'elle répond à une
préoccupation centralisatrice masquée sous une répartition
des pouvoirs entre les différentes constituantes. En voici quelques
exemples: à l'article 13 e), où les pouvoirs des conseils des
gestions sont définis, on constate que ces pouvoirs sont
subordonnés au conseil d'administration puisqu'ils doivent s'exercer
sous la surveillance et la coordination du conseil d'administration. On va
même plus loin, lorsque, dans le même article, est prévu
que, dans tous les cas où, de l'avis du conseil d'administration, un
conseil de gestion exécute mal certaines de ses fonctions, le ministre
peut ordonner que les pouvoirs de ce conseil de gestion soient suspendus pour
la période qu'il détermine et confiés au conseil
d'administration.
La loi place donc en permanence une épée de
Damoclès au-dessus des conseils de gestion en donnant au CA le pouvoir
de le placer sous tutelle, avec le seul assentiment du ministre. On ne pourra
donc pas prétendre que ce pouvoir est contrebalancé par l'article
13 d) où il est prévu, dans tous les cas où, de l'avis de
la majorité des conseils de gestion, le conseil d'administration
s'exécute mal de ses fonctions, le lieutenant-gouverneur en conseil peut
ordonner que les pouvoirs du conseil d'administration soient suspendus pour la
période qu'il détermine et nommer un administrateur qui en exerce
les pouvoirs. Donc, ce n'est pas contrebalancé, puisqu'il faudra la
demande de trois collèges sur quatre et le consentement du
lieutenant-gouverneur en conseil pour obtenir une décision
équivalente en face du conseil d'administration.
De plus, l'autonomie locale pourrait se limiter à l'application
des politiques générales du collège régional au
sein du collège, puisqu'à l'article 13 e), c'est là la
première obligation que se voit confier les conseils de gestion.
Apparemment, le conseil de gestion semble posséder certains pouvoirs
quant à la responsabilité de l'organisation et de
l'administration de l'enseignement au sein du collège. Mais que vaut
cette autonomie apparente quand on constate qu'il n'est que consultatif
à la planification des enseignements du collège régional?
Quand on constate que son budget ne peut être administré que selon
les politiques préparées par le conseil d'administration,
après consultation des conseils de gestion, quand on constate qu'il ne
peut engager son personnel que conformément aux règles et
dispositions régissant le conseil régional, quand on constate que
finalement c'est le collège régional qui est l'employeur et que
leur local ne voit qu'à l'application des conventions collectives, et je
cite la loi: "II est en outre chargé de l'application pour le personnel
du collège, les conventions collectives, décrets et ententes,
auxquels le collège régional est assujetti". Quand on constate
qu'il peut préparer son budget, mais qu'il ne peut que le soumettre au
conseil d'administration pour approbation et participer à sa
défense.
Ce n'est donc pas un tel projet de loi qui réussira à
résoudre les difficultés de fonctionnement de renseignement
collégial au Saguenay-Lac-Saint-Jean, difficultés qu'on vit
depuis trois ans. Ce n'est pas parce que désormais il y aura une
autorité suprême qui peut même imposer la tutelle aux
récalcitrants, que l'une ou l'autre des quatre régions
concernées ne réagira pas, comme l'a fait Chicoutimi l'an
passé, à une décision qu'elle jugerait inacceptable.
En conséquence, dans la quatrième partie, nous faisons
certaines recommandations. La FNEQ et les syndicats concernés
recommandent de surseoir à l'adoption de cette loi, d'émettre des
chartes en vertu de la Loi des collèges pour les collèges d'Alma
et de Saint-Félicien, d'annuler la charte du collège
régional du Saguenay-Lac-Saint-Jean, qu'un comité d'études
soit formé pour identifier, après consultation des services que
veulent se donner en commun les collèges du Saguenay-Lac-Saint-Jean, que
le ministère de l'Education prévoit des règles
budgétaires qui permettent le financement des services que les
collèges du Saguenay-Lac-Saint-Jean décideraient de se donner en
commun, que le siège social et les personnes engagées continuent
d'assurer les services suivants et ce, pour un an, le service d'informatique,
de gestion financière, de coordination des inscriptions, de paye et
d'achat.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Merci, M. Boivin,
l'honorable ministre de l'Education.
M. Cloutier: M. le Président, je voudrais remercier M.
Boivin qui a présenté, je pense, ce mémoire au nom de la
FNEQ. Je trouve que c'est un très bon mémoire, c'est une
excellente analyse de la situation. Je voudrais cependant poser une question.
Pour ma part, je considère que la distinction entre la
régionalisation-fusion et la régionalisation des services, est
assez théorique, assez artificielle.
Ma question s'accroche à cette constatation: Ne pensez-vous pas
qu'il y a place au Québec pour plusieurs modèles de
régionalisation, quels qu'ils soient, qui colleraient aux aspirations
des différents milieux?
M. Boivin: Je crois qu'effectivement il y aurait place pour
plusieurs formes de régionalisation, et ce que l'on peut constater,
c'est que, depuis trois ans où l'on tente d'implanter, au
Saguenay-Lac-Saint-Jean, celle du type fusion, cela a créé
énormément de problèmes que l'on vit depuis trois ans,
à tous les niveaux. Or, depuis trois ans aussi, les différentes
constituantes de la région se sont principalement prononcées en
faveur d'une régionalisation des services. Nous entendons par cela
quatre collèges autonomes, créés selon la loi 21, qui, en
concertation, se créeraient des services communs pour la région
sous forme de corporation de service; cela pourrait être
créé légalement aussi, cela pourrait comporter une
certaine obligation envers les collèges à participer à ces
services, mais chacun des collèges garderait, néanmoins, son
autonomie locale.
Le Président (M. Houde, Limoilou): L'honorable
député de Chicoutimi. Il n'y a pas d'autres questions des membres
de la commission? Merci. J'invite maintenant Madame Lalonde.
Mme Lalonde: Ce sera bref. M. Boivin a dit plus tôt les
raisons pour lesquelles la fédération s'est prononcée pour
la régionalisation des services et non pas pour la
régionalisation-fusion. Je voudrais ajouter, dans la ligne de ce qui
vient d'être dit, que si, au Saguenay-Lac-Saint-Jean, on avait mis depuis
trois ans le même nombre et la même qualité d'efforts
à essayer d'organiser une régionalisation de service plutôt
que d'essayer de fusionner, malgré la volonté de plusieurs
groupes dans le milieu, on serait probablement ailleurs qu'ici ce matin.
J'ai participé j'étais alors également
présidente de la FNEQ à quelques rencontres dès
après le rapport Couët, et je me souviens que, finalement, la
situation était relativement semblable à celle que l'on trouve ce
matin. La question des options relèvera toujours, il me semble, de la
DIGEC; comment se fait-il que l'on ne soit pas capable, au
Saguenay-Lac-Saint-Jean, d'analyser les besoins de la population et d'y
répondre au niveau de la DIGEC de la même façon qu'on le
fait ailleurs dans la province? Le voeu qui est exprimé, la vo-
lonté, davantage, qui est exprimée ici par les
représentants du Saguenay ce matin, c'est qu'on donne une chance, qu'on
tente de faire une régionalisation-service entre des partenaires
égaux. La régionalisation qu'on dit des services, mais qu'on
propose dans le projet, qui fait que le campus régional qui est loin des
besoins et des groupes des divers milieux peut imposer la tutelle, fait que les
partenaires ne sont pas des partenaires égaux. On ne peut pas soutenir
que c'est une régionalisation des services, c'est quant à nous
une régionalisation-fusion.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Les membres de la
commission ont-ils des questions à poser à Mme Lalonde? Le
député de Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): M. Boivin répondra, mais
c'est parce que Mme Lalonde a demandé pourquoi on en est rendu à
un texte de loi comme celui-là concernant la région de Saguenay,
à une solution comme celle-là concernant la région de
Saguenay-Lac-Saint-Jean. Ne pensez-vous pas?
Mme Lalonde a demandé tantôt pourquoi on en est
arrivé à cette solution qui fait qu'on a le texte de loi que nous
connaissons, devant nous, concernant la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean. L'aspect de la régionalisation des services a
été exprimé dans le rapport, tout à l'heure, par M.
Boivin. Qu'est-ce qui fait qu'ayant eu une consultation, on n'en arrive pas aux
conclusions que vous émettez dans votre rapport? Est-ce qu'il y a eu,
à votre avis, une véritable consultation sur ce qu'on pourrait
assurément appeler une régionalisation des services plutôt
qu'une régionalisation-fusion?
M. Boivin: Tout ce qu'on peut constater, en tant que professeurs
des quatre collèges existant au Saguenay-Lac-Saint-Jean, c'est que nous
n'avons jamais été considérés comme partie devant
ou pouvant être consultée. Qu'on se rappelle le rapport
Couët, qui est sorti sans que personne n'ait été
consulté, du moins en ce qui nous concerne. Qu'on se rappelle le plan de
développement qui a été entièrement bâti sans
qu'on soit consulté préalablement et qu'on constate qu'encore une
fois, aujourd'hui, la loi fusionnant les quatre collèges est sortie sans
qu'on nous consulte véritablement si on a quand même réussi
à obtenir cette loi. Ce n'est sûrement pas par les canaux
normaux.
M. Bédard (Chicoutimi): Je comprends que, face au projet
de loi que nous avons présentement et qui a été
déposé, vous avez réussi à obtenir par des
représentations indirectes, j'imagine, certains amendements.
Pouvezvous nous dire quels sont les amendements qui, au moins, ont
répondu à votre attente?
M. Boivin: Les amendements, par rapport au premier projet?
M. Bédard (Chicoutimi): Par rapport au premier projet.
M. Boivin: J'ai constaté un changement majeur. Dans le
premier projet, les directeurs généraux des collèges
étaient nommés par le conseil d'administration. Dans ce texte,
ils sont nommés par le conseil de gestion local de chacun des
collèges. C'est un changement majeur que nous avons constaté.
M. Bédard (Chicoutimi): La nomination du directeur
général régional, après consultation...
M. Boivin: Après consultation, le conseil...
M. Bédard (Chicoutimi): ...trouvez-vous que c'est
également un amendement qui est valable?
M. Boivin: Oui, mais cela s'inscrit toujours dans le sens d'une
régionalisation-fusion.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le ministre.
M. Cloutier: M. le Président, je voudrais simplement
apporter une précision, pour qu'il n'y ait pas de confusion. J'ai
entendu tout à l'heure M. Boivin laisser entendre que le cheminement de
cette loi n'était peut-être pas normal. J'ai également
entendu tout à l'heure le député de Chicoutimi, dans son
intervention, parler de loi d'exception. Il ne s'agit absolument pas d'une loi
d'exception, il s'agit d'une loi privée et c'est une procédure
qui est courante. Il ne faudrait pas donner l'impression que nous faisons en ce
moment quelque chose qui ne fait pas partie du cheminement législatif
habituel. De plus...
M. Bédard (Chicoutimi): Non. Si je vous ai donné
cette impression, M. le ministre...
M. Cloutier: Est-ce que je peux terminer?
M. Bédard (Chicoutimi): Je ne voulais pas vous donner
l'impression en question.
M. Cloutier: Ce n'est pas tellement moi, mais je crois qu'il est
important que le public n'ait pas cette impression. De plus,
l'intérêt d'une loi privée est précisément de
permettre au milieu d'en arriver avec des structures qui collent à sa
réalité. Il appartient, bien sûr, au milieu de tenter de
faire un certain consensus.
Si la commission siège et entend tous les gens qui sont
intéressés à se faire connaître, c'est
précisément dans le même souci de démocratie. Je
crois comprendre que le député de Chicoutimi veut faire une
petite mise au point.
M. Bédard (Chicoutimi): Je veux parler de...
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le député
de Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): Non, je n'ai pas de mise au point,
je veux simplement clarifier la mauvaise interprétation qu'a pu donner
le ministre, du fait que j'ai parlé de loi d'exception. J'ai très
bien clarifié mon idée par la suite dans mon intervention, en ce
sens qu'elle était d'exception, que c'était une forme de
régionalisation qui était préconisée, mais qui
regardait d'une façon tout à fait spécifique un territoire
donné, la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Je n'en étais
pas sur le cheminement. Elle est d'exception sur les effets qu'elle a, qui
concernent une région en particulier, une population en particulier,
mais je n'en étais pas à ce moment sur le cheminement même
de la loi.
M. Cloutier: D'accord, je remercie le député de
Chicoutimi. Je crois que c'est une précision extrêmement utile.
Par la suite...
M. Bédard (Chicoutimi): Je remercie le ministre d'avoir
corrigé sa mauvaise interprétation.
M. Cloutier: Je suis très heureux de m'être
trompé. Cela me permet d'inscrire au journal des Débats quelque
chose qui me paraît important sur le cheminement des travaux de la
commission.
M. Bédard (Chicoutimi): J'espère que vous
n'êtes pas heureux de vous être trompé au point de
désirer vous tromper encore.
M. Cloutier: Je le ferai très volontiers si ceci me permet
de verser aux dossiers toutes les pièces utiles.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Autre question?
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, on va
avoir à revenir. C'est évident qu'on aurait plusieurs questions,
mais je crois qu'au niveau de l'étude de la loi, article par article, on
aura l'occasion de poser moult questions qui permettront au ministre de
l'Education de donner son interprétation sur la portée de chacun
des articles qui sont dans la loi.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Alors, j'invite Me
Bouchard à présenter les membres qui l'accompagnent.
Collège régional du
Saguenay-Lac-Saint-Jean
M. Bouchard (Jean-Marie): M. le Président, MM. les membres
du comité, les représentants de la délégation ce
matin groupent toutes les parties concernées par le projet de loi. Vous
avez tout d'abord...
Le Président (M. Houde, Limoilou): Voulez-vous vous
asseoir, on va entendre mieux. On entend difficilement.
M. Bouchard: Parfait. Vous avez le président du
Collège régional du Saguenay-Lac-Saint-Jean...
Le Président (M. Houde, Limoilou): Son nom, s'il vous
plaît!
M. Lemay (Jean-Marie): Jean-Marie Lemay.
M. Bouchard: ...M. Lemay, pardon. M. Gauthier, directeur
général du Collège régional du
Saguenay-Lac-Saint-Jean; le notaire Riverin, président du Collège
de Chicoutimi; M. Girard, directeur général du Collège de
Chicoutimi; M. D'Auteuil, président du conseil de Jonquière; M.
Boily, directeur général de Jonquière; Me Morency,
président du conseil d'Alma; M. Rémi Bouchard,
représentant du directeur général du Collège
d'Alma; M. Perron, de Saint-Félicien, et M. Laroche, de
Saint-Félicien également.
A cette étape, est-ce que vous me permettriez, M. le
Président, M. le ministre, de faire peut-être certaines
précisions concernant les affirmations qui viennent d'être
déposées par M. Boivin et Mme Lalonde? J'aurai l'occasion, dans
l'étude de la loi, d'insister davantage sur ce qui ne m'apparaît
pas tout à fait conforme, mais je voudrais dès maintenant faire
ressortir ce que j'appelle une confusion dans les termes. Constamment, l'on
revient à cette idée de régionalisation-fusion par rapport
à régionalisation des services, j'en suis. Je pense qu'il
faudrait bien s'entendre sur les termes. Si l'on entend par fusion l'absorption
des personnalités ou la disparition totale des gens pour les refondre
dans un tout, il est possible que, placé dans ces termes, l'on puisse
opposer opération-fusion et opération-services. Je m'empresse
d'ajouter que c'est exactement ce qui n'a pas été fait. C'est que
le projet de loi qui existe n'est pas une fusion-absorption, au contraire.
Comme le ministre l'a très bien présenté au tout
début de cette séance, c'est que le principe a d'abord
été conçu à partir du milieu, à partir d'une
expérience du milieu depuis quatre ans; deuxièmement, c'est une
opération qui, au contraire, donne aux instances locales des pouvoirs
qu'elles n'ont jamais eus depuis quatre ans.
C'est précisément le but de ce projet de loi, comme le
ministre de l'Education l'a affirmé, de procéder à un
partage de la responsabilité de la régionalisation de
l'enseignement collégial dans le Saguenay-Lac-Saint-Jean entre deux
instances aux fins d'un même collège, mais pas à des
instances en antagonisme l'une à l'autre. On parle du collège
régional comme si c'était quelque chose de surajouté, dont
les instances locales ne faisaient pas partie. Mais ces instances locales, par
le mécanisme du conseil de gestion, sont intégralement partie
tout comme d'ailleurs le conseil d'administration, de ce tout cohérent
qui s'appelle le collège régional.
En écoutant tout à l'heure l'exposé, j'étais
heureux et en même temps inquiet, heureux parce que je trouvais qu'on
faisait implicitement l'apologie du projet de loi. En effet, on insistait
beaucoup sur les notions d'efficacité, sur la notion d'auto- nomie, et,
je vous dis que nous verrons dans l'article du projet de loi, on va la voir,
l'autonomie, et elle est véritable. Au contraire, il y a une
interprétation que l'on n'a pas faite de la loi tout à l'heure;
on en fait un projet de loi comme si c'était une loi centralisée,
dépendant du conseil d'administration et dont l'autorité serait
entièrement investie au niveau du conseil d'administration. C'est tout
simplement l'inverse. Nous allons tout à l'heure le
démontrer.
Une autre remarque générale a été faite et
est importante. L'on disait: II est important pour le meilleur service à
la population que les gens qui prennent des décisions soient le plus
près possible du milieu. C'est précisément parce que ce
principe a été respecté que, dans le partage des
responsabilités, il a été conféré au niveau
de l'instance locale, que tout ce qui touchait l'enseignement, la
pédagogie, les services aux étudiants, ce qui fait le coeur
même d'un CEGEP, ce pourquoi un CEGEP existe, la responsabilité,
vous l'avez au niveau de l'instance locale, avec une autonomie complète,
ce que nous verrons dans l'étude du projet de loi.
Par rapport à cette notion, on dit que le collège
régional serait coupé du milieu. Lorsqu'on dit cela, vous ne
pensez pas qu'on oublie un petit peu la composition du conseil d'administration
du collège régional? Le conseil d'administration, de quoi est-il
composé? Justement de gens du milieu, en assurant une
représentation de chacune des instances locales, d'une part, et des
régions concernées. Vous avez des professeurs qui viennent du
milieu de chacun des collèges, des parents qui viennent de chacun des
milieux, des étudiants qui viennent de chacun des milieux. La
résultante de cela, c'est la régionalisation, c'est bien clair.
Ces gens ne tombent pas du ciel, ce sont des gens du milieu qui agissent
à la fois au niveau du conseil régional et au niveau de
l'instance locale; vous avez le même modèle de
représentation calqué entièrement, comme le ministre l'a
affirmé tout à l'heure, sur les dispositions actuelles du bill 21
que nous aurons l'occasion d'étudier.
Dernier point sur lequel je voudrais insister dès maintenant. On
parle de consultation. La consultation enfin, encore ici, tout
dépend de ce qu'on entend par les termes il y a eu telle chose
dans ce qu'on a appelé dans ce dossier les assises du lac Delage. Les
assises du lac Delage étaient une réunion à laquelle
assistaient tous les représentants de toutes les parties
concernées l'été dernier. Au cours de cette
réunion, il y a eu un consensus qui s'est dégagé quant
à la structure que le milieu croyait pouvoir obtenir et devait
s'octroyer en conformité des besoins du milieu. Suite à cela, il
y a eu ce qu'on a appelé un plan de développement de
régionalisation préparé par le collège
régional en février 1974 et qui a été
distribué dans tous les milieux concernés, y compris tous les
campus. Plus que cela, ce mécanisme de consultation, ce principe
même de proposition de développement a été
divulgué non seulement aux différentes instances locales, mais
également aux organismes les plus représentatifs du milieu.
J'ai
ici la liste de ces organismes et, à en faire la lecture, je vous
démontrerais que l'on ne s'est pas rattaché uniquement aux
institutions d'enseignement, mais également à ce qu'on appelle
les institutions socio-économiques de la région.
A la suite de cela, il y a eu rédaction de projet. Au cours de ce
long processus de rédaction vous savez, cela ne s'est pas fait
dans quelques semaines dans ce long processus de négociation
à laquelle assistaient toutes les parties, sur lequel elles se sont
entendues sur des projets, bien sûr, il y a eu à la suite de cela
une rencontre personnelle de tous les membres des conseils des corporations
concernées.
En ce qui concerne le collège de Chicoutimi, celui-ci a fait des
représentations majeures, qui ne se limitent pas du tout à la
nomination du directeur par le conseil de gestion au lieu du conseil
d'administration, mais des amendements majeurs qui ont été
retenus et qui sont incorporés dans le bill. Je pourrai vous les
signaler lorsque nous serons rendus à ces endroits.
Voilà ce que je voulais dire, tout d'abord, en guise de
préambule en ce qui concerne les remarques préliminaires qui
viennent d'être faites.
Maintenant, M. le Président, je suis à votre disposition
quant à la formule que vous voulez suivre.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Alors, on peut
étudier le projet de loi article par article, à moins qu'un autre
membre de la commission ait des questions à poser à Me
Bouchard.
L'honorable député de Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): M. Bouchard, je vous remercie
d'avoir souligné la participation positive du collège de
Chicoutimi dans la discussion qui a eu lieu, au niveau des instances qui ont
été consultées. Je suis parfaitement d'accord avec vous
et, si j'ai mentionné tout à l'heure seulement deux
éléments dans une question que j'ai posée à M.
Boivin, je sais fort bien qu'ayant rencontré d'ailleurs le CEGEP de
Chicoutimi, comme d'autres instances aussi, il y a au moins cinq à six
recommandations très importantes qui ont été
formulées par le CEGEP de Chicoutimi, et je l'en félicite, et
qui, effectivement, ont été intégrées dans la
loi.
Maintenant, lors de votre intervention, vous avez dit textuellement,
à un moment donné, que cette loi donne "aux instances locales des
pouvoirs qu'elles n'ont jamais eus". Est-ce que vous pourriez me faire
l'énumération de ces pouvoirs qu'elles n'ont jamais eus.
M. Bouchard: II faut faire, tout de suite, la distinction dans
l'exposé que je vais vous faire entre le collège de Chicoutimi,
le collège de Jonquière, qui sont des corporations existantes, et
les campus d'Alma et de Saint-Félicien, qui ne sont pas des
corporations, des CEGEP au sens de la Loi des CEGEP.
Comme le ministre de l'Education l'a affirmé tout à
l'heure, depuis la création du collège régional, la
régionalisation existe dans les faits. La clientèle
étudiante est inscrite au niveau régional et le budget du
collège régional est octroyé au collège
régional, qui est chargé de l'appliquer dans l'ensemble de la
région. Cela est un pouvoir important, c'est-à-dire que,
même si Chicoutimi et Jonquière continuaient d'avoir une
corporation comme telle, il demeurait que le ministère de l'Education,
depuis la création du collège régional, a reconnu le
collège régional pour les fins du budget, et c'était le
collège régional qui avait la responsabilité du budget.
C'est une responsabilité très grande que le collège
régional avait.
Au niveau, maintenant, de Saint-Félicien et d'Alma, le
problème était différent pour les raisons que je viens de
vous expliquer. N'étant pas des CEGEP, évidemment, ils
s'inscrivaient dans le cadre général du collège
régional et ce que le collège régional pouvait faire,
compte tenu des dispositions de la loi actuelle du bill 21, telles qu'elles
existent actuellement, c'était de créer ce qu'ils ont
appelé des comités de gestion des campus, sans pour autant leur
donner de pouvoirs, parce que la loi actuelle n'autorise pas une
délégation de pouvoirs, sauf à un comité
exécutif et d'une façon très restrictive. Donc, les
conseils de gestion qui existaient pour Jonquière et Alma pardon,
Saint-Félicien et Alma étaient des organismes plus ou
moins consultatifs et la même chose s'est appliquée pour
Jonquière et Chicoutimi, même si elles avaient des corporations.
Parce que, dans le règlement général qui avait
été adopté par le collège régional, vous
aviez des conseils de gestion pour tous les campus, et Chicoutimi et
Jonquière étaient considérés comme des campus, en
dépit du fait qu'elles avaient une corporation préexistante, et
les conseils de gestion qui existaient et à Jonquière et à
Chicoutimi étaient sur la même base consultative, si vous voulez,
que ceux de Saint-Félicien et d'Alma, compte tenu des dispositions
actuelles.
Ma remarque était donc que, si on se réfère
à la situation actuelle et si on la compare au projet de loi 91 qui vous
est déposé, vous allez voir, à l'article 13 e), les
pouvoirs considérables qui sont directement donnés aux conseils
de gestion.
Ici, une remarque qui est importante: Depuis toujours, enfin,
certainement depuis que la régionalisation existe, les gens du milieu...
Parce que c'est leur bill, c'est une structure qui ressort d'une germination.
Ce n'était peut-être pas mauvais, au fond, que, dans le bill,
lorsque le CEGEP a été créé, on n'ait pas
conçu de structures.
Il appert après coup que c'est une très bonne chose, parce
que le milieu a pu, de lui-même, voir ce que cela donnait, les
régionalisations, avec la résultante que le produit que vous avez
devant vous, aujourd'hui, c'est précisément l'expérience
vécue du milieu, dans le cadre d'une régionalisation. La loi
vient le consacrer, le reconnaître, lui donner forme et vie juridique,
sans pour autant aller au-delà, et sans pour autant contredire les
desiderata du milieu.
Quels étaient le désir du milieu? Constamment, je peux
vous dire que je me faisais répéter constamment, par tout le
monde, que, pour assu-
rer justement l'autonomie des instances locales parce qu'elles
étaient jalouses, et à bon droit, je pense on disait: II
faudrait que nos pouvoirs proviennent de la loi et non pas une émanation
du conseil d'administration, parce que, si c'est une émanation du
conseil d'administration, cela a pour effet de rattacher le conseil de gestion
au conseil d'administration et mettre le conseil de gestion dans la ligne
d'autorité du conseil d'administration.
Il fallait donc concevoir un mécanisme qui, sans briser la
cohérence du collège régional, donnait, d'une part, au
conseil de gestion c'est-à-dire aux instances locales
l'autonomie qu'il désirait, sans pour autant compromettre l'ensemble du
collège régional, et, d'autre part, reconnaître l'existence
d'un conseil d'administration investi, lui, dans les limites de sa
responsabilité, des pouvoirs que la loi reconnaissait. C'est malheureux,
mais on ne voit pas cela, et c'est considérable comme effet au point de
vue du respect de l'autonomie. Cette ligne d'autorité,
c'est-à-dire ce pouvoir qui est donné directement, dans la loi,
aux conseils de gestion.
M. Bédard (Chicoutimi): Concernant ces pouvoirs que vous
dites qui ont été donnés, dans la loi, d'une façon
spécifique, au niveau de l'article 13 e), aux conseils de gestion,
j'admets que c'est une bonne chose; c'était nécessaire qu'ils
soient consignés dans la loi, de manière à ce que ces
pouvoirs ne soient pas des pouvoirs délégués du
régional, n'est-ce pas?
M. Bouchard: C'est cela.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous vous réjouissez du
fait que ces pouvoirs sont très bien consignés dans l'article 13
e). Maintenant, j'imagine que vous voulez nous dire par cela que votre
raisonnement veut que ces pouvoirs, qui sont exprimés à l'article
13 e), soient, de plein droit, sans qu'il y ait danger de confusion,
exercés par les conseils de gestion.
M. Bouchard: C'est exact.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous pensez que la loi est
rédigée de telle façon que ces pleins droits sont
donnés aux conseils de gestion.
M. Bouchard: C'est justement...
M. Bédard (Chicoutimi): Ce que je voudrais vous...
M. Bouchard: Oui.
M. Bédard (Chicoutimi): Ma question serait la suivante: Je
ne voudrais pas minimiser... Sur la question de position de principe, nous nous
rejoignons pour qu'il y ait des pouvoirs très bien clarifiés dans
la loi.
Je me demande si, comme avocat, vous ne minimisez pas ou vous
n'interprétez pas différemment que je pourrais le faire ou que M.
le ministre pourrait le faire, la portée de l'article 13 e).
Il me semble que, tel qu'il est rédigé, il n'est
à moins qu'on nous donne les corrections et qu'on nous donne les
interprétations nécessaires pas aussi clair que cela, que
les droits qui sont consignés à l'article 13 e) sont
exercés de plein droit par les conseils de gestion. Je vous
référerais simplement à la lecture même de l'article
13e), du début de l'article, où on dit: "II y a des pouvoirs
très bien consignés", mais le début de l'article se lit
comme suit, une chose que j'ai rarement retrouvée dans d'autres textes
de loi, en ce sens que, quand vous avez la loi concernant les
municipalités, on dit très clairement: Les municipalités
ont droit de faire telle chose. Les pouvoirs des municipalités sont les
suivants. Après cela, on défile les pouvoirs des
municipalités.
Dans le cas de l'article 13 e), tous ces pouvoirs, qui y sont
mentionnés, sont quand même précédés d'un
paragraphe qui me semble dangereux, au niveau de l'exercice de ces droits,
parce qu'on y dit, textuellement: "Sous la surveillance et la coordination du
conseil d'administration." Le conseil de gestion pourra faire tout cela, mais
sous la surveillance et la coordination du conseil d'administration. Je vous
pose la question à vous en espérant une réponse de vous.
Mais surtout, j'espère une réponse aussi du ministre, à
l'effet de savoir quelle est l'interprétation du législateur.
Quelle est l'interprétation de cette surveillance? Il faut savoir ce que
cela veut dire "sous la surveillance". Est-ce un droit de veto qui, à ce
moment, est caché sous le mot "surveillance"?
Je voudrais simplement avoir l'explication parce que si c'était
cela, tous ces pouvoirs, cela serait difficile de...
M. Cloutier: Je constate que, sans s'en rendre compte, le
député de Chicoutimi commence à discuter, article par
article.
M. Bédard (Chicoutimi): Non. C'est parce que l'on s'est
référé à l'article 13 e).
M. Cloutier: C'est-à-dire que c'est le
député de Chicoutimi qui s'est d'abord
référé à cet article et a posé une question
précise au procureur. Je n'en ai pas aux questions de procédure.
C'est tout simplement une question d'ordre. Pourrait-on terminer les remarques
générales, parce que j'en ai une à faire également,
et, ensuite, commencer par l'article 1 et, lorsqu'on arrivera à
l'article 13, le procureur pourrait-il répondre?
M. Bédard (Chicoutimi): C'est clair que c'est quand
même la commission qui décide. Je veux simplement rectifier ce
qu'a dit le ministre affirmant que j'avais soulevé l'article 13 e). Au
contraire, c'est le procureur qui, en réponse à une de mes
questions, a clairement dit que les instances locales avaient des pouvoirs
qu'elles n'avaient jamais eus dans la loi et, à ce moment, s'est
référé à l'article 13 e) et, suite à cette
réponse, je pense que la question normale était: D'accord. Des
pouvoirs sont consignés, mais ils sont assujettis quand même
à une phraséologie ou à un début de
paragraphe qui pourrait drôlement en compromettre la teneur ou
l'efficacité.
M. Cloutier: C'est ce cheminement qui nous a
entraînés dans la discussion, article par article. C'est
uniquement pour pouvoir progresser de manière rationnelle que je
suggère que nous terminions nos remarques générales et que
nous passions tout de suite à la discussion. Et si tout le monde est
satisfait, j'aimerais dire quelques mots sur le plan général,
également. Je serai très bref. Je me contente de remercier le
procureur pour sa présentation.
J'ai été frappé par le rappel qu'il a fait des
consultations et, en particulier, de ce qu'il a appelé les assises du
lac Delage, qui avaient d'ailleurs été
précédées par quelques rencontres au ministère, en
particulier, une rencontre avec moi-même où j'avais tenté
de mettre le milieu en face de ses responsabilités, en disant clairement
à ce moment qu'il appartenait au milieu de définir le mode de
régionalisation qu'il souhaitait.
Je rappelle qu'il ne s'agit pas actuellement d'une loi du gouvernement,
mais qu'il s'agit vraiment d'une loi qui vient du milieu. D'ailleurs, le
procureur a utilisé le mot germination lorsqu'il a voulu décrire
tout le processus qui conduit aujourd'hui à ce projet de loi. Il a
ajouté, comme je l'avais fait, d'ailleurs, au début, que ce que
la loi faisait, c'était de venir entériner un état de
faits.
Alors, je prends note tout simplement.
M. Bédard (Chicoutimi): Je ferai également
remarquer au ministre qu'une loi privée est quand même une loi du
gouvernement, même si elle représente l'émanation d'un
désir du milieu.
Je voudrais féliciter, également, M. Bouchard qui, au nom
du collège régional, a fait les représentations, de
même que Mme Lalonde au nom de la FNEQ et M. Boivin de...
M. Cloutier: Vous n'avez pas très bien compris l'affaire.
Je voudrais d'abord préciser, bien sûr, que c'est le gouvernement
qui légifère tout le temps.
M. Bédard (Chicoutimi): Non, mais...
M. Cloutier: Je voulais mettre l'accent sur le fait que le point
de départ était le milieu, que le milieu avait été
mis en face de ses responsabilités et a eu la responsabilité
d'assurer ces consultations.
M. Bédard (Chicoutimi): Vers la fin, j'en étais au
point de remercier également M. Bouchard, le collège
régional, ceux qui l'accompagnent et également M. Boivin et Mme
Lalonde pour les mémoires qu'ils ont présentés qui, j'en
suis convaincu, constitueront un apport positif pour la discussion qui va
suivre, article par article.
M. Houde (Limoilou): Article 1. Me Bouchard a-t-il des
commentaires? Adopté.
M. Bédard (Chicoutimi): Une seconde, M. le
Président. J'espère que vous ne jouerez pas le petit jeu, toutes
les fois: Adopté dans le temps de le dire.
M. Harvey (Jonquière): La charte du Collège
régional du Saguenay-Lac-Saint-Jean.
M. Bédard (Chicoutimi): On le sait! On est capable de
lire!
M. Harvey (Jonquière): Ce n'est pas écrit
l'Outaouais. On a le droit de dire: Adopté.
M. Bédard (Chicoutimi): Pardon! Ce n'est pas vous qui avez
dit: Adopté, c'est le président de la commission. Je lui
demanderais simplement...
M. Harvey (Jonquière): II a dit: Adopté, pour ma
part.
M. Bédard (Chicoutimi): ... de nous donner quelques
secondes avant de procéder à l'adoption.
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, j'invoque
le règlement. J'avais dit: Adopté, avant vous, parlant pour
moi-même. Si le député de Chicoutimi veut dire: Non
adopté, ou parler sur le sujet...
M. Bédard (Chicoutimi): Bien...
Le Président (M. Houde, Limoulou): Article 1. Le
député de Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): Je suis sûr que le ministre
est prêt à dire: Adopté, les yeux fermés.
M. Cloutier: Ah! Pardon, M. le Président!
M. Bédard (Chicoutimi): Non, je parle du ministre...
M. Cloutier: Ah! Dans ce cas...
M. Harvey (Jonquière): Pardon, M. le Président! Moi
non plus...
M. Cloutier: Dans ce cas-là! Il est assez grand pour se
défendre tout seul.
Le Président (M. Houde, Limoilou): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bédard (Chicoutimi): Je suis surpris que le ministre de
l'Education se soit senti visé.
Etude du projet de loi
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le député
de Chicoutimi. Article I. Adopté. Article 2, paragraphe a).
M. Bédard (Chicoutimi): Adopté.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Adopté.
Paragraphe b).
M. Bédard (Chicoutimi): Adopté.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Adopté.
Paragraphe c).
M. Bédard (Chicoutimi): Adopté.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Adopté.
Paragraphe d).
M. Bédard (Chicoutimi): Adopté.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Adopté.
Paragraphe e). Adopté?
M. Bédard (Chicoutimi): Une seconde. C'est parce qu'on se
réfère à l'article 5,au niveau du paragraphe e).
Adopté.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Adopté. Article
3. Adopté. Article 4.
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord.
Le Président (M. Houde, Limoilou ): Adopté. Article
5.
M. Bédard (Chicoutimi): Adopté.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Adopté. Article
6.
M. Bédard (Chicoutimi): II y avait une explication que je
voulais demander au ministre. Dans le premier projet qui a été
présenté pour consultation...Il y avait l'article 6 du projet qui
a été présenté pour consultation et qu'on ne
retrouve pas dans le projet final qu'on a à étudier. Le ministre
pourrait-il me donner les explications? A cet article 6, on...
M. Cloutier: Je voudrais qu'on entende le procureur.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Me Bouchard.
M. Bouchard: Oui, c'est exact. Vous vous référez
à l'article 6 du projet qui permettait de modifier le bill par des
lettres patentes émises par le lieutenant-gouverneur en conseil. Cet
article a été refusé par les conseillers légistes
de l'Assemblée nationale. Donc, on l'a retiré purement et
simplement.
M. Bédard (Chicoutimi): Pouvez-vous m'en donner les
implications?
M. Bouchard: Parce que, d'après les conseillers
légistes de l'Assemblée nationale, il n'y a pas de
précédent voulant qu'un bill privé se modifie par des
lettres patentes supplémentaires. A cause du précédent que
cela pourrait créer... Je comprends. Je pense qu'ils avaient raison de
le modifier et de l'enlever pour s'en tenir aux principes d'un bill
privé tel quel.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Adopté? M.
Bédard (Chicoutimi): D'accord.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Adopté. Article
7 a). Adopté?
M. Bédard (Chicoutimi): Adopté.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Adopté. Article
7 b). Adopté. Article 7 c).
M. Bédard (Chicoutimi): Le procureur pourrait-il nous
donner un peu plus d'explications concernant les effets que ce paragraphe c)
peut avoir concernant les contrats, les conventions collectives, les
décrets et les ententes qui régissaient le collège
régional?
M. Bouchard: C'est le même principe que lorsqu'on
procède à une fusion en vertu de la Loi des compagnies,
c'est-à-dire qu'automatiquement, par l'effet de la fusion des
corporations et la résultante d'une nouvelle corporation, le nom de la
nouvelle corporation est automatiquement substitué à l'ancien,
c'est tout. C'est le principe général de la fusion.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Adopté.
M. Bédard (Chicoutimi): J'aurais peut-être une
question...
Le Président (M. Houde, Limoilou): Allez-y.
M. Bédard (Chicoutimi): ...à poser au ministre,
étant donné que c'est adopté maintenant. Lorsque le
ministre parlait de régionalisation des services, dans la lettre qu'il
écrivait à chacun des présidents de collège de la
région, est-ce que, dans son esprit, la régionalisation des
services aurait pu être possible sans la fusion des actifs et des passifs
de chacun des collèges et sans l'abandon des chartes de chacun des
collèges, qui en avaient auparavant?
M. Cloutier: II peut exister plusieurs formes de
régionalisation. Ce sont des options qui peuvent être prises. Une
autre option aurait pu être prise, il y a quelques années, mais
c'est cette option qui a été prise, c'est le cheminement que vous
connaissez et je crois qu'il n'y avait, en ce qui me concerne, qu'à
entériner ce qu'avait souhaité le milieu et ce qu'avait
d'ailleurs construit le milieu. Je n'ai pas à porter de jugement de
valeur, parce que je considère qu'une formule est aussi bonne que
l'autre dans la mesure où elle correspond à ce que les gens
veulent faire. N'oubliez pas que, dans le cas précis, il y a vraiment
eu, pour reprendre l'expression du procureur, germination qui a permis, par
tout un jeu d'essais, d'opter pour cette façon de faire plutôt
qu'une autre façon de faire. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle,
lorsqu'on a suggéré une loi privée, j'ai
adhéré à ce concept, précisément parce que
je ne vois pas pourquoi nous tenterions d'imposer d'une façon centrale
un seul modèle pour l'ensemble du territoire
québécois.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que je dois comprendre que
lorsque le ministre nous parle qu'il y a plusieurs formes de
régionalisation des services, il laisse entendre que face à une
réforme globale, qu'il a annoncée d'ailleurs, de l'ensemble de la
loi 21, on pourrait assister à plusieurs formes de
régionalisation qui s'adapteraient selon les demandes du milieu et qui
ne seraient pas une forme de régionalisation des services qui
s'appliquerait à l'ensemble du Québec?
M. Cloutier: Tout à fait cela, M. le Président. La
formulation de cette partie de la loi éventuelle ou de la refonte de la
loi 21 devrait être faite de telle façon que plusieurs formules
puissent être possibles à la condition que quelques principes
soient respectés, bien sûr. Je crois que si on procédait
autrement, on irait à l'encontre de la philosophie de
décentralisation que je préconise, pour ma part, depuis plusieurs
années et que semble souhaiter l'ensemble des citoyens du Québec,
et également à rencontre de ce désird'autonomie de nos
établissements d'enseignement. Dans la mesure où ce désir
d'autonomie est accompagné des responsabilités qui doivent
être assumées, je suis aussi tout à fait d'accord.
M. Bédard (Chicoutimi): Encore faut-il que ce désir
d'autonomie, ce désir de décentralisation ne reste pas au niveau
du désir, mais soit consigné dans des textes qui en expriment
vraiment la réalité.
M. Cloutier: Bien sûr.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que l'on doit comprendre
qu'il est possible qu'il y ait une réforme globale de la loi 21 et que
cette réforme globale certaines formes de régionalisation
des services étant acceptées pour d'autres endroits dans la
région pourrait, même dans l'esprit du ministre, ne pas
toucher la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean et ne pas influencer la loi
que nous votons présentement?
M. Cloutier: Bien sûr. Une éventuelle modification
de la loi 21 ne remettrait pas en cause, si c'est cela que le
député de Chicoutimi veut savoir, la loi privée sur
laquelle cette commission est appelée à se pencher. Une
éventuelle modification de la loi 21 serait formulée de telle
façon qu'elle permettrait une formule analogue à celle-ci ou
d'autres types de formules. C'est d'ailleurs ce qui existe.
Il existe d'autres régionalisations au Québec qui ont des
formes tout à fait différentes et je crois que le procureur a
attiré l'attention sur le fait qu'au Saguenay-Lac-Saint-Jean, il y avait
un problème particulier qui se posait, c'est le fait qu'il existait
déjà deux CEGEP possédant leur charte, ce qui n'est pas le
cas de la régionalisation dans le cadre du CEGEP Champlain.
M. Bédard (Chicoutimi): La Côte-Nord aussi.
M. Cloutier: Bourgchemin, par exemple, qui est né une fois
le concept de régionalisation arrêté, II y a une
différence, je crois, qu'on vient de souligner.
M. Saint-Germain: A Montréal, par exemple, cela pourrait
être tout à fait différent.
M. Cloutier: D'ailleurs, cela devrait probablement l'être,
les problèmes de la région et, dans la mesure où nous
avons une bonne politique, je crois qu'il faut bien admettre qu'il faut des
politiques qui collent aux besoins de la région. Nous avons, d'ailleurs,
sur l'ensemble du territoire montréalais, des formules qui correspondent
à des régionalisations de services. Je pense au service central
des admissions. En un certain sens, c'est une régionalisation d'un
service donné et on peut envisager la régionalisation d'autres
services. Les structures vont varier d'un endroit à l'autre et il faut
que nos lois soient suffisamment souples. C'est d'ailleurs une des raisons pour
laquelle j'ai accepté le principe d'une loi privée dans le cas
particulier, puisque cette loi privée présentait le très
grand avantage de ne pas préjuger d'une réforme éventuelle
et permettait de venir entériner ce qui était né du
milieu.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Paragraphe c),
adopté. Article 8? Adopté. Article 9? Adopté. Article
10?
M. Harvey (Jonquière): C'était le cas dans
l'ancien... Dans la loi 21, ils peuvent être nommés,
renommés ou réélus qu'une seule fois. Est-ce que c'est le
texte? Adopté.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que le ministre pourrait
nous donner les raisons de ce nouvel amendement?
M. Cloutier: Je demanderais encore, pour la bonne entente de la
commission, que le procureur s'exprime d'abord et je donnerai mon point de vue
si nécessaire après. C'est le procureur qui tente de convaincre
la commission du bien-fondé de sa loi. Je veux quand même lui
donner la chance de s'exprimer. Je pourrais très bien ne pas assister
aux travaux de cette commission, par exemple, et ce serait parfaitement
valable. Je pourrais ne pas parler et ce serait parfaitement valable.
M. Bédard (Chicoutimi): Nous n'aurions, à ce
moment-là que des interprétations législatives. Je crois
bien que le ministre ne pourrait pas ne pas assister parce qu'en dehors des
textes de loi, il y a quand même les interprétations que l'on
donne aux textes de loi. Il est important que l'on sache du ministre quelle
interprétation le gouvernement peut donner à une loi.
M. Cloutier: Je n'ai jamais refusé d'apporter un
éclairage lorsque cet éclairage pouvait être utile, mais
j'ai trop de respect pour nos institutions
pour brimer ceux qui veulent s'exprimer et qui ont d'ailleurs le devoir
de s'exprimer.
M. Bouchard: C'est un article de concordance. C'est exactement le
même principe que dans la loi actuelle sauf qu'il fallait ajouter
"conseil de gestion" et c'est tout. Ce n'est pas autre chose que cela.
M. Harvey (Jonquière): Adopté.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est la traduction dans la
loi...
M. Bouchard: C'est la même chose que l'article 9 actuel,
sauf qu'on a ajouté conseil de gestion qui n'était pas inclus
dans le... C'est tout.
M. Bédard (Chicoutimi): Dans la loi 21...
Le Président (M. Houde, Limoilou): Adopté?
M. Bédard (Chicoutimi): Adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Houde, Limoilou) : Arti de 11 ?
M. Bédard (Chicoutimi): Quand vous dites que les droits et
pouvoirs du collège régional sont exercés par un conseil
d'administration et par des conseils de gestion, suivant leur juridiction
respective, quels sont les mécanismes qui sont prévus? Est-ce
qu'il y a danger qu'il y ait un entremêlement ou qu'il y ait une
confusion entre ces différentes juridictions respectives?
M. Bouchard: Vous avez, dans la loi actuelle, l'article 13 qui
prévoit exactement le même mot. Tout à l'heure, le ministre
a affirmé, c'était d'ailleurs une des conditions pour la
rédaction, qu'il fallait le plus possible éviter de
s'éloigner du texte du bill 21 actuel. Le bill 21 actuel prévoit
que les droits et les pouvoirs d'un collège seront exercés par un
conseil. Donc, vous avez une centralisation totale des pouvoirs au sein d'un
conseil, pas d'autres organismes qu'un conseil dans un CEGEP, sauf un
comité exécutif qui est une émanation avec pouvoirs
dérivés secondaires. Ici, comme je vous l'ai expliqué tout
à l'heure, comme le milieu voulait que les pouvoirs du CEGEP soient
exercés dans d'autres sphères de juridiction, il fallait donc
dès maintenant dire dans cet article que les pouvoirs appartiennent aux
deux. C'est ce que dit l'article 13. Quels sont ces pouvoirs? Les autres
articles les donnent ensuite, et au point de départ, vous avez la
reconnaissance de l'autonomie très grande du conseil de gestion dans cet
article 13 qui est un article fondamental et qui donne tous les pouvoirs du
conseil de gestion; dans cet article, ils sont répartis entre le conseil
de gestion et le conseil d'administration.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est une position de principe. La
question fondamentale est de savoir quelles sont les juridictions, ce qui est
contenu à l'intérieur de chacune des régions?
M. Bouchard: Cela et d'autres principes qui... Les pouvoirs du
conseil de gestion viennent de la loi, ils ne viennent pas du conseil
d'administration.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Article 11,
adopté.
M. Bédard (Chicoutimi): Une seconde, M. le
Président, à l'article 11, est-ce qu'on pourrait procéder
par paragraphe, étant donné que l'article 11 a deux pages,
même trois pages.
Le Président (M. Houde, Limoilou): D'accord. Paragraphe
a). Adopté. Paragraphe b).
M. Bédard (Chicoutimi): Adopté. C'était
déjà consigné dans la loi. Est-ce qu'on n'en ajoute pas
un, n'était-ce pas trois au lieu de quatre?
M. Bouchard: Non, cela n'a pas été
changé.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Adopté.
Paragraphe c).
M. Bédard (Chicoutimi): Adopté.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Paragraphe d).
M. Bédard (Chicoutimi): Adopté.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Paragraphe e).
M. Bédard (Chicoutimi): Au paragraphe e), M. le
Président, je voudrais avoir des explications sur les motivations qu'on
a incluses, étant donné qu'on a ajouté trois personnes
nommées pour trois ans par le lieutenant-gouverneur en conseil et
désignées par la majorité des personnes qui forment le
conseil d'administration. Je comprends que cela va augmenter le nombre des
personnes au niveau du conseil d'administration...
M. Bouchard: II y a là deux principes vraiment majeurs,
importants. D'une part, respecter le plus possible le modèle du bill 21
et, dans le bill 21 actuel, vous avez des cooptés au niveau du conseil.
Donc, ici le principe a été retenu au niveau du conseil
d'administration d'une part; d'autre part, ce qui a été
représenté par le milieu, ce qui est parfaitement valable, c'est
de donner aux membres du conseil d'administration la possibilité de
s'adjoindre des personnes indéterminées, qu'il déterminera
lui-même, suivant les besoins respectifs. Ces personnes seront
nommées ensuite par le lieutenant-gouverneur en conseil. C'est pour
assurer, si vous voulez, une représentation additionnelle suivant les
besoins et l'évolution normale des choses.
M. Bédard (Chicoutimi): II reste quand même que ce
n'est pas clairement spécifié que ces trois personnes qui seront
proposées par le conseil d'administration...
M. Bouchard: Oui, vous l'avez, c'est: désignées par
la majorité des personnes qui composent le conseil d'administration.
C'est le même principe que dans la loi actuelle.
M. Bédard (Chicoutimi): Ce qui veut dire que, dans votre
esprit, le lieutenant-gouverneur n'a pas d'autre choix que de nommer les trois
personnes en question.
M. Bouchard: C'est exact, les personnes désignées
par le conseil.
M. Cloutier: Sont désignées.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le paragraphe e) est
adopté. Le paragraphe f)?
M. Bédard (Chicoutimi): Adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Houde, Limoilou): L'article 13 b)?
Adopté. Paragraphe a)? Adopté. Paragraphe b)?
M. Bédard (Chicoutimi): Cela va.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Adopté.
Paragraphe c)? Adopté. Paragraphe d)? Adopté. Paragraphe e)?
M. Bédard (Chicoutimi): Oui.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Adopté.
Paragraphe f)?
M. Bédard (Chicoutimi): Adopté.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Adopté.
Paragraphe g).
M. Bédard (Chicoutimi): Adopté.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Adopté. Article
13, paragraphe c).
M. Bédard (Chicoutimi): Adopté.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Adopté. Article
13, paragraphe d). Adopté.
M. Bédard (Chicoutimi): Un instant! Vous êtes au
paragraphe d) M. le Président?
Le Président (M. Houde, Limoilou):...
M. Bédard (Chicoutimi): A l'article 13 d), je voudrais
demander soit au ministre, soit à M. Bouchard... Il y a dans la loi une
disposition qui permet de mettre sous tutelle un conseil de gestion; l'effet de
ce paragraphe donne la possibilité à la majorité des
conseils de gestion de demander la mise en tutelle du conseil d'administration
régional lui-même. Est-ce que, par concordance, lorsqu'on parle de
conseil de gestion qui peut être mis en tutelle, il n'y aurait pas eu,
pour faire le pendant à ce paragraphe, la nécessité, avant
de mettre un conseil de gestion en tutelle, d'une approbation ou d'une
recommandation, de la part de la majorité des CEGEP, au niveau du
conseil régional? Il me semble qu'à ce moment il y aurait
vraiment équilibre.
M. Bouchard: C'est justement le premier exemple de l'amendement
majeur suggéré par Chicoutimi et incorporé dans le projet
de loi, vous avez la possibilité, pour la majorité des membres,
pour la majorité des conseils de gestion, de demander la mise en
tutelle. Mais, que ce soit le conseil d'administration ou que ce soit la
tutelle du conseil de gestion, je crois que l'on force les termes en disant que
le conseil d'administration peut mettre le conseil de gestion en tutelle. Ce
n'est pas exact. Le conseil d'administration prend une décision, juge
des réalités, fait rapport au ministre de l'Education, et c'est
lui qui décide, ce n'est pas le conseil d'administration. C'est la
même chose pour les conseils de gestion. Pourquoi? Encore une fois pour
répondre aux mêmes désirs des besoins du rnillieu. On s'est
dit: Ecoutez, si vraiment vous avez trois conseils de gestion sur quatre qui
considèrent que le conseil d'administration exécute mal sa
fonction, c'est que ça va mal au Lac-Saint-Jean, et si ça va mal
au Lac-Saint-Jean, il faut leur donner... C'est un pouvoir très grand,
c'est un pouvoir d'initiative, du conseil de gestion, celui de prendre la
responsabilité de dénoncer, au ministre de l'Education, une
mauvaise administration du conseil d'administration.
Loin d'y voir une diminution des pouvoirs du conseil de gestion, je
pense qu'on doit y lire une responsabilité très grande, qui est
donnée au conseil de gestion, celle de faire des recommandations dans ce
sens au ministre, concernant le conseil d'administration.
Maintenant, concernant le conseil d'administration vis-à-vis des
conseils de gestion, le conseil d'administration est responsable de l'ensemble
du collège régional. Etant responsable de l'ensemble du
collège régional, et en vue, encore une fois, de venir assurer le
respect des libertés et des autonomies de chacun des conseils de
gestion, il nous est apparu impensable que tous les conseils de gestion soient
mis en tutelle pour un qui irait mal. Nous nous sommes alors dit que nous
allions scinder les possibilités d'opération, de tutelle, et,
encore là, c'est le ministre de l'Education qui va décider,
à la suite du rapport du conseil d'administration. Est-ce que cela
répond à votre question?
M. Bédard (Chicoutimi): Oui, partiellement. Mais dans
votre texte de loi, pour répondre à une situation que vous
énoncez, est-ce qu'il ne serait pas préférable d'inscrire
dans le texte: Et de l'avis de la majorité des conseils de gestion?
Est-ce qu'il ne serait pas préférable d'inscrire: De l'avis de la
majorité des membres des conseils de gestion?
Il peut fort bien se trouver la situation que la majorité des
membres des conseils de gestion soient pour demander la tutelle du CEGEP
régio-
nal, alors que la majorité des conseils de gestion n'est pas
acquise.
M. Bouchard: C'est cela que cela veut dire, M. Bédard.
Lorsque l'avis de la majorité des conseils...
M. Bédard (Chicoutimi): Non, ce n'est pas ça que
cela veut dire.
M. Bouchard: Au conseil de gestion, lorsqu'on va prendre une
résolution, on va la prendre à la majorité.
M. Bédard (Chicoutimi): Cela dépend des
majorités. Vous pouvez fort bien arriver à un conseil de gestion
où la majorité, tous les membres sont d'accord pour demander la
tutelle du CEGEP régional et vous pouvez arriver dans d'autres conseils
de gestion où c'est seulement une voix qui différencie.
A ce moment-là, vous pouvez avoir la situation que l'ensemble des
membres, que la majorité des membres des conseils de gestion peut
être pour une solution, alors que la majorité des conseils de
gestion peut ne pas l'être.
Je ne soutiens pas un point, M. le Président, mais je demande des
explications.
M. Cloutier: Je ne suis pas juriste. Le député de
Chicoutimi l'est. Mais cela me paraît un concept extrêmement
bizarre. Est-ce qu'il n'existe pas une règle de la majorité? Il
est bien certain qu'elle doit s'exercer au sein d'une structure juridique.
Ce que demanderait le député de Chicoutimi à ce
moment-là, ce serait de nier la structure juridique des conseils de
gestion et de faire une espèce d'assemblée ad hoc de tous les
membres de tous les conseils de gestion, et de les faire se prononcer?
M. Bédard (Chicoutimi): Je vous pose la question pour
avoir votre interprétation, pour avoir votre réponse.
M. Cloutier: Je viens de la donner.
M. Bédard (Chicoutimi): II y en a plusieurs qui ont l'air
de s'impatienter, ici, au niveau de la commission. Ce n'est pas parce qu'on
est... Je suis d'accord sur le principe de la régionalisation. Je l'ai
dit dès le début du projet de loi, dans mon introduction.
Ce n'est pas parce qu'on est d'accord sur une loi que cela veut dire
qu'elle n'est pas susceptible d'amélioration.
M. Cloutier: M. le Président, je ne vois aucun signe
d'impatience autour de cette table. Au contraire, la commission pose des
questions pertinentes. Le député de Chicoutimi en a posé
et j'espère qu'il va continuer d'en poser.
Je me contente de dire que le concept qu'il semble préconiser
actuellement ne me paraît pas valable. Je ne dis pas que c'est la
meilleure formule. Je n'ai pas porté de jugement de valeur
là-dessus. Mais je ne vois pas comment la formule que vous semblez avoir
à l'esprit pourrait tenir.
Je serais très intéressé d'avoir l'opinion d'un
juriste là-dessus. D'ailleurs, il y a un juriste là.
M. Bédard (Chicoutimi): II reste quand même que je
maintiens... J'ai pris remarque de ce que le ministre a dit, mais il reste que,
fondamentalement, je persiste à croire que je n'ai pas tort en disant
que c'est exactement le sens de la question que je posais à M.
Bouchard il peut arriver que la majorité des membres des conseils
de gestion soient d'accord sur une décision et qu'au niveau des conseils
de gestion eux-mêmes si on prend le texte tel qu'il est cela ne
donne pas le même résultat.
Vous avez quatre CEGEP, vous avez quinze membres. Si je fais un calcul
rapide, vous avez quinze membres au niveau du conseil de gestion. Il peut
très bien arriver que, dans deux conseils de gestion, ce soit quinze
à zéro pour une décision déterminée et que,
dans les deux autres conseils de gestion, le vote soit partagé huit
contre sept, ce qui donnerait comme résultat que vous en auriez 44 pour
une décision et 16 pour une décision contraire.
Etant donné le texte de loi, les 44 ne pourraient pas agir
à ce moment-là. C'est ce que cela donne comme
résultat.
M. Bouchard: Je n'ai aucune objection, mais, à ce
moment-là, vous ne parlez plus de l'autonomie des conseils de
gestion.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est pour cela que je veux avoir
des renseignements.
M. Bouchard: II n'y a plus d'autonomie des conseils de gestion.
Vous venez de limiter les pouvoirs des conseils de gestion parce que ce qu'un
conseil de gestion pourrait décider, peut être complètement
renversé par un vote global de tous les conseils de gestion.
Ici, on a au contraire insisté pour accorder à chaque
conseil de gestion la responsabilité de sa décision, prise
à la majorité des voix, suivant la règle ordinaire
d'interprétation.
C'est une autre formule qui pourrait très bien se faire, c'est
que cela veut dire que les conseils de gestion disparaissent au point de vue de
l'autonomie. C'est l'ensemble des membres de ces conseils qui
décideraient de la décision.
Cela nous paraît moins fort au point de vue autonomie.
M. Bédard (Chicoutimi): Ce n'était pas une mesure
que je préconisais, mais je voulais vous faire rendre compte quand
même d'une situation qui pourrait se présenter.
M. Bouchard: D'accord. C'est sûr.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Article 13 d),
adopté. Article 13 e).
M. Bédard (Chicoutimi): J'aurais un amendement à
faire qui se lirait comme suit: Je voudrais faire disparaître je
l'ai soulevé dans la discussion que j'ai eue avec M. Bouchard le
début "sous la surveillance et la coordination du conseil
d'administration", de manière qu'il soit très clair que le
conseil de gestion de chaque collège est changé, les pouvoirs
sont énumérés aux différents articles.
On pourrait peut-être ajouter "que le conseil de gestion doit
informer le conseil d'administration ce qui est normal de tous
les actes qu'il pose en application de l'article 13, paragraphes d) e) f) g) h)
de la présente loi".
Le Président (M. Houde, Limoilou): Sur l'amendement,
l'honorable ministre de l'Education.
M. Cloutier: Est-ce que nous pourrions avoir un texte?
M. Bédard (Chicoutimi): Je l'ai rédigé assez
rapidement, M. le Président.
M. Cloutier: Attendons le texte. J'aimerais que le procureur qui
défend ce projet de loi nous explique comment il réagit.
M. Bouchard: M. Bédard a soulevé à deux
reprises la question du début, la phrase de l'article 13 e). Le
collège régional est un tout. La responsabilité des
décisions, suivant l'article 13, se divise entre deux organismes: le
conseil d'administration et le conseil de gestion.
L'article 13 e) commence en disant: "sous la surveillance et la
coordination". On n'a pas dit: "sous le contrôle". Il y a une jolie
différence.
Cela veut dire que les décisions qui se prennent par le conseil
de gestion ne sont pas sujettes à approbation par le conseil
d'administration. La responsabilité du conseil d'administration, par les
mots "surveillance et coordination", premièrement, c'est de voir
à ce que les conseils de gestion s'acquittent de leurs fonctions. Ils
ont des pouvoirs dans la loi. Cela prend quelqu'un pour voir qui exécute
ces fonctions et qui le fait. C'est sa responsabilité de surveiller que
les pouvoirs donnés dans l'ensemble du collège régional
soient exécutés par des organismes appropriés.
Le conseil de gestion a des responsabilités dans la loi, le
conseil d'administration est investi par la loi, de faire en sorte que ces
pouvoirs s'exercent. Pas les exercer à leur place. Que ces pouvoirs
soient exercés.
La coordination découle nécessairement du devoir de
surveillance et de la responsabilité qui appartient au conseil
d'administration, de faire en sorte que les conseils de gestion s'inscrivent
dans le tout du collège régional, à l'intérieur des
politiques générales du ministère de l'Education.
Quelle est la seule sanction de cela? C'est précisément ce
que nous allons voir à la fin de ce paragraphe. Que le conseil
d'administration qui verrait qu'un conseil de gestion ne remplit pas ses
fonctions, c'est sa responsabilité de le dénoncer au ministre et
de dire au ministère de l'Education: Vous aviez donné des
responsabilités énormes à tel organisme dans notre
région. Nous, nous sommes sur place, nous avons vu qu'ils ne l'ont pas
fait. Alors, il vous appartient de prendre la décision.
M. Bédard (Chicoutimi): Ce que vous décrivez
là, c'est beaucoup plus un droit d'information qu'un droit de
surveillance. Vous avez votre définition de la surveillance. Mais si je
pose des questions, si je demande des précisions, c'est parce que je
veux qu'au niveau de l'interprétation, lorsqu'on est dans le milieu, il
n'y ait pas des chicanes qui n'en finissent plus sur ce que le
législateur a entendu par "surveillance".
Il me semble que c'est important.
M. Cloutier: Je suis tout à fait d'accord avec le
député de Chicoutimi. Je pense qu'une discussion comme
celle-là, comme celle que nous avons eue depuis le début, permet
d'apporter des précisions qui ne peuvent que favoriser des
interprétations.
Il est certain que, pour les juristes, un droit de surveillance et de
coordination, c'est quelque chose de connu. On rencontre d'ailleurs cette
expression dans quantité de lois. Il ne s'agit pas du tout de
contrôle.
Je crois qu'il est certainement utile de le dire ici. J'approuve le
député de Chicoutimi de l'avoir fait.
M. Bédard (Chicoutimi): On peut tenir pour acquis que
l'esprit de la loi, quand on parle de surveillance, ce n'est en aucune
façon une question de contrôle.
M. Cloutier: C'est exactement...
M. Bédard (Chicoutimi): Cela peut se limiter à un
droit d'information que pourrait avoir le conseil d'administration d'être
informé quand même des actes qui peuvent être posés
par...
M. Harvey (Jonquière): Ce sont les définitions
telles que décrites au dernier paragraphe de l'article.
M. Cloutier: D'ailleurs, je ne sais pas si les règles
d'interprétation parlent de ces pouvoirs, mais ce sont les
définitions courantes, ce sont celles que j'ai toujours entendues pour
ma part.
M. Bouchard (Jean-Marie): Elles sont prévues d'ailleurs,
dans le chapitre I de la Loi de l'interprétation des lois de la
province, parce que c'est une loi de la province. Les principes
d'interprétation des lois s'appliquent. Le mot "contrôle" n'y est
pas. J'attire votre attention. Si c'est un contrôle...
M. Bédard (Chicoutimi): S'il y était... M.
Bouchard: S'il y était, ce serait cela.
M. Bédard (Chicoutimi): Franchement, s'il y était,
ce serait la négation de ce que vous préten-
dez que l'article 13 a) donne en termes de pouvoirs.
M. Bouchard: C'est cela.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est pour cela que je veux des
clarifications.
M. Bonnier: M. le Président, au niveau de
l'interprétation, par rapport à tout ce qu'on a dit
précédemment quant au rôle réel du collège
régional, il me semble que le mot "coordination" est plus fort que
"information", par exemple. Je pense que le député de Chicoutimi
a même parlé, dans ses remarques préliminaires, de
l'importance d'une cohérence. Je pense que de la cohérence, c'est
beaucoup plus au niveau de la responsabilité du collège
régional que simplement d'être informé, c'est d'assurer une
cohérence.
M. Bédard (Chicoutimi): Puisque c'est comme cela,
l'article ne serait-il pas aussi valable et ne donnerait-il pas moins de prise
à différentes interprétations, s'il se lisait comme suit:
"Sous la coordination du conseil d'administration, le conseil de gestion de
chaque collège..."?
M. Harvey (Jonquière): II n'y a rien
là-dedans...
M. Bédard (Chicoutimi): M. le ministre, si je fais ces
remarques, c'est que le législateur ne légifère pas
seulement pour des gens qui ont des connaissances juridiques, pouvant
facilement se comprendre à partir d'un texte, d'une définition
légale très précise à l'intérieur d'un code
civil, mais je pense que le projet de loi s'adresse aussi au moins, on
doit y tendre à des gens qui n'ont pas toujours, majoritairement,
des connaissances légales. A ce moment, cela donne lieu à des
interprétations différentes et sûrement à des
chicanes le plus souvent inutiles. On n'enlèverait rien à
l'article, si on enlevait la question de surveillance en laissant la question
de coordination.
M. Cloutier: J'espère que le député de
Chicoutimi n'a pas l'intention d'enlever leur gagne-pain aux avocats. S'il ne
persiste pas des possibilités d'interprétation, il ne reste plus
que la contestation.
M. Bédard (Chicoutimi): Voulez-vous dire que le propre des
avocats, comme législateurs, c'est de voir à ce que les textes
soient difficiles à comprendre et se prêtent à
différentes interprétations?
M. Cloutier: Ils ne font pas d'effort.
M. Bédard (Chicoutimi): Si c'était cela, vous
comprendriez jusqu'à quel point, comme avocat, j'ai besoin de savoir
quelle est l'interprétation. J'espère que ce qu'a dit le ministre
n'est pas une manière de laisser entendre que le législateur qui
a agi en l'occurrence aurait pu avoir des idées de confusion.
M. Cloutier: J'espère que le député de
Chicoutimi comprend qu'à l'occasion il est possible de faire une blague,
que son humour va jusque-là.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le ministre du
Revenu.
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, je suis
opposé à ce qu'on enlève le mot "surveillance", en raison
de sa cohérence avec le dernier paragraphe de l'article 13 h) qui dit
que, dans tous les cas où, de l'avis du conseil d'administration, un
conseil de gestion exécute mal ses fonctions, le ministre peut ordonner
que les pouvoirs de ce conseil de gestion soient suspendus pour la
période qu'il détermine et soient confiés au conseil
d'administration. C'est très cohérent. Cela ne donne aucun
contrôle et c'est uniquement pour apporter un amendement qu'on
enlèverait le mot "surveillance", car il est très cohérent
avec le dernier paragraphe de l'article.
Une Voix: M. le Président...
Le Président (M. Houde, Limoilou): Un instant! Le
député de Roberval a demandé la parole.
M. Lamontagne: Mais, M. le Président, cependant, toujours
en application de l'article 13 h), il m'apparaît, tout en tenant compte
de l'opinion des autres membres de la commission, que le mot "coordination"
pourrait être enlevé. Lorsqu'on coordonne quelque chose, il est
difficile, par la suite, de jeter un blâme. Je verrais très bien
un texte comme cela: Quelqu'un surveille et, si ce n'est pas bien
appliqué, à ce moment, fait ce qui est prévu à
l'article 13 h). L'article pourrait se lire comme suit: "Sous la surveillance
du conseil d'administration, le conseil de gestion de chaque collège..."
fait telle chose. Si ce n'est pas bien...
Mais, s'il coordonne, je me demande, comment il va faire pour... Lorsque
quelqu'un coordonne un travail, un coordonnateur par définition, c'est
celui qui agence. C'est difficile de blâmer son propre travail. Si le
conseil d'administration coordonne le travail des comités de gestion, je
me demande comment il va faire pour blâmer le travail des comités
de gestion.
Une Voix: II surveille.
M. Lamontagne: S'il surveille, à ce moment, sa
surveillance peut l'amener à la conclusion que le comité de
gestion n'a pas bien agi et en faire rapport au ministre. Mais, s'il coordonne,
il ne pourra pas faire rapport au ministre.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le député
de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: On vient de dire que le mot "surveillance",
dans le texte de loi, ici, a une défi-
nition légale. Qu'on nous lise la définition, pour savoir,
une fois pour toutes, ce que cela veut exactement dire...
M. Harvey (Jonquière): M. Bouchard s'est
référé à la loi.
M. Saint-Germain: Cela pourrait satisfaire tout le monde.
M. Harvey (Dubuc): ... ils vont comprendre aussi.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le député
de Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): Ce n'est pas une question
d'intelligence, M. le Président, parce que, si c'est une question
d'intelligence, je voudrais bien savoir, légalement à part
cela... Quand on dit que la coordination va être faite par le conseil
d'administration, je ne vois pas une coordination intelligente faite sans
surveillance. Ce n'est pas possible. Sinon, le mot "coordonation" ne veut rien
dire. Quand je vois que, en plus de donner la responsabilité de la
coordination, on y ajoute, on prend le soin d'y ajouter également une
responsabilité de surveillance, c'est qu'on a voulu dire plus que la
coordination du conseil d'administration. On a voulu nécessairement dire
plus.
M. Bouchard: C'est bien sûr.
M. Bédard (Chicoutimi): Je voudrais bien qu'on m'explique
ce que cela veut dire, un conseil de gestion qui engage du personnel sous la
surveillance du conseil d'administration. Cela donne quoi, au bout de la
ligne?
Le Président (M. Houde, Limoilou): Me Bouchard.
M. Bouchard: Coordonner, on coordonne ce qui existe. Un conseil
de gestion qui ne prendrait pas de décision ne peut pas coordonner. S'il
a un droit de surveillance, il peut exercer un pouvoir que la coordination ne
lui donne pas, parce qu'il s'insère, il se dit qu'un pouvoir qu'il avait
véritablement, il ne l'avait pas exercé. Ma
responsabilité, au niveau du conseil d'administration, est de faire en
sorte que ces pouvoirs soient exercés. Une fois qu'ils sont
exercés, la responsabilité du conseil d'administration n'est pas
de se substituer au conseil de gestion, mais de faire en sorte que ce que la
main gauche décide soit concordant avec ce que la main droite
décide.
S'il n'y a pas de concordance, c'est non pas prendre la décision
à la place du conseil de gestion, mais le dénoncer au conseil de
gestion concerné qui n'a pas de politiques cohérentes, les unes
avec les autres, et les amener précisément à s'entendre
sur une politique cohérente. Mais, ce n'est pas lui qui va prendre
toujours la décision à la place du conseil de gestion. Il ne la
prend jamais. Dans ces pouvoirs, ce sont des pouvoirs qui sont donnés.
Il faut y revenir constamment au conseil de gestion. Il surveille s'ils sont
exécutés. S'ils sont mal exécutés, il ne les prend
pas à leur place. Il les dénonce au ministre. Une fois que les
pouvoirs sont exécutés, sa responsabilité, c'est de les
coordonner à l'intérieur de quoi? Faire en sorte que les conseils
de gestion, dans leurs juridictions respectives, respectent les normes et les
règles du ministère de l'Education. Cela prend quelqu'un pour
voir à cela au niveau du conseil régional. Cela prend un
organisme responsable vis-à-vis du conseil, vis-à-vis du
ministère de l'Education. Cela prend justement l'organisme qui va faire
que les directives du ministère se rendent directement dans le
milieu.
Autrement, vous auriez quoi? Vous auriez une entité qui a des
pouvoirs sur deux plans parallèles et c'est le conseil de gestion qui
répondrait au ministère de l'Education.
M. Bédard (Chicoutimi): ... à croire, quand
même que, quand on donne un droit de coordination à un organisme
ou à un individu vous ne me ferez pas penser le contraire
si on lui donne ce droit de coordonner, on lui donne nécessairement un
droit de surveillance, parce que je ne peux pas imaginer qu'on puisse
coordonner intelligemment si on n'a pas le droit de surveillance. C'est dans ce
sens que je vous dis que la coordination, implicitement, entend la
surveillance. Mais, lorsque, dans un texte de loi, vous ressentez la
nécessité de l'ajouter, d'une façon spécifique,
c'est que vous faites dire plus au texte que si on avait seulement la
coordination du conseil d'administration.
M. Bouchard: Pour les raisons que je viens de vous donner, comme
le ministre, tout à l'heure, l'a affirmé... Si on enlève
le mot "surveillance", le paragraphe h) se rattache très mal au reste de
l'article, parce que ce n'est pas par la coordination que le conseil
d'administration va demander au ministre de l'Education de mettre un conseil de
gestion en tutelle, c'est par son pouvoir de surveillance qu'il faut qu'il le
fasse, non pas par son pouvoir de coordination. C'est ce qui est grave.
M. Cloutier: Dois-je conclure, Me Bouchard, qu'à votre
sens les deux expressions "surveillance et coordination", sont
nécessaires à l'esprit de votre loi?
M. Bouchard: Je le crois, M. le ministre.
M. Cloutier: Vous n'envisagez pas une modification dans la
phraséologie qui rendrait la même idée, sur laquelle il
semble y avoir concensus?
M. Bouchard: Certainement pas conserver le seul mot
"coordination". A ce moment, je crois que vous affaiblissez la
possibilité d'exercer les paragraphes ou le sous-paragraphe h), et ce
paragraphe est important.
M. Bédard (Chicoutimi): Mais si vous le men-
tionnez. Puisque vous semblez vouloir que soit incorporée dans la
loi la notion de surveillance, en fonction du paragraphe h), ne serait-il pas
possible justement, au niveau du paragraphe h), de l'incorporer à ce
moment? Il semble qu'au niveau des autres articles, ce n'est pas la même
nécessité.
M. Harvey (Jonquière): Qu'est-ce que cela va donner de le
changer de place?
M. Bédard (Chicoutimi): Vous ne comprenez pas.
M. Harvey (Jonquière): Oui, je comprends trop. Ce n'est
pas du droit criminel. On va écouter le procureur.
M. Bédard (Chicoutimi): Laissez réfléchir
quelqu'in qui connaît cela.
M. Bouchard: Peut-être. Vous me dites que, d'après
vous, le mot "coordination" implique surveillance. Je dis: Bien sûr que
cela implique surveillance, dans les cas où j'ai des activités de
posées, mais quand je n'en ai pas, je ne coordonne pas l'inexistant. Si
un conseil de gestion ne remplit pas une des responsabilités qui est la
sienne, comment voulez-vous que je coordonne? Je ne peux pas me substituer a
lui. C'est le point.
M. Bédard (Chicoutimi): Nous avons un raisonnement
différent. Il semble clair que le pouvoir de surveillance ne peut, en
aucune façon, être assimilé à un droit de veto. Il
ne peut être assimilé à un pouvoir de décision.
M. Bouchard: C'est très clair.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est très clair. Je tiens
à vous le faire spécifier au niveau de l'interprétation de
telle façon que, lorsqu'on dit que le conseil de gestion est
chargé de l'engagement du personnel, il serait impensable que le conseil
de gestion, ayant fait un choix, puisse être contredit par le
début de l'article.
M. Bouchard: II serait illégal.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est parfait. Egalement,
lorsqu'on parle de coordonner puisqu'on va essayer de définir le
mot "coordination" lorsqu'on dit que le conssil de coordination va
coordonner le service aux étudiants au sein du collège, il ne
peut en aucune façon intervenir, au nom de son pouvoir de coordination,
au niveau des décisions concernant ce service particulier.
M. Bouchard: Vous avez un mot fort. Si vous voyez, par exemple,
dans tous les termes, vous avez des mots qui impliquent des
responsabilités très grandes: "est responsable", "est
chargé", cela veut dire "investi des pouvoirs nécessaires
à". A quoi? A tout ce qui est énuméré dans ces
articles. Et si le conseil d'administration le faisait, il serait en dehors de
sa juridiction et ses pouvoirs seraient ultra vires.
Le Président (M. Houde, Limoilou): L'article 13 e) est-il
adopté tel que rédigé? Le paragraphe a),
adopté?
M. Bédard (Chicoutimi): Une seconde, M. le
Président, à l'article 13 e), j'aurais peut-être d'autres
questions.
Le Président (M. Houde, Limoilou): C'est parce qu'à
ce moment-ci, je passe paragraphe par paragraphe. Je pense que vous n'avez pas
de question au paragraphe a). Vous avez le paragraphe b) et le c)...
M. Bédard (Chicoutimi): C'est cela, M. le
Président.
Le Président (M. Houde, Limoilou): ... d) et e),
adopté?
M. Bédard (Chicoutimi): Qui est juridiquement l'employeur?
Au paragraphe e), lorsqu'on spécifie, au dernier paragraphe: II est, en
outre en parlant du conseil de gestion chargé de
l'application, pour le personnel du collège...
M. Pilote: M. le Président, j'invoque le règlement.
Le député de Chicoutimi avait présenté un
amendement. Nous n'avons pas procédé au rejet ou à
l'adoption de l'amendement avant d'adopter l'article 13 e). Je voudrais vous
faire remarquer...
Le Président (M. Houde, Limoilou): Cet amendement-ci n'a
pas été présenté sous papillon.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous me l'avez demandé,
mais nous faisons ce que nous pouvons. Nous sommes seulement un ici.
Le Président (M. Houde, Limoilou): J'ai bien
spécifié: Adopté tel que rédigé.
M. Pilote: Parfait.
M. Cloutier: M. le Président, pendant que j'ai la parole,
je demanderais au député de Chicoutimi s'il désire que
nous continuions. Il est une heure. S'il pensait que nous pouvons terminer
d'ici un quart d'heure, vingt minutes, sinon, nous n'aurons qu'à
demander la suspension.
M. Bédard (Chicoutimi): Je peux difficilement vous le
dire. Quoique l'article 13 adopté, cela déboule assez vite, mais
vous dire une demi-heure...
M. Cloutier: M. le Président, je pose le
problème.
Le Président (M. Houde, Limoilou): C'est la commission qui
décide. Je n'ai rien à décider.
M. Bédard (Chicoutimi): J'oublie une chose, nous avons un
caucus de l'Opposition à une heure.
M. Lamontagne: Vous n'en avez pas eu en fin de semaine!
M. Bédard (Chicoutimi): C'est le grand caucus.
Le Président (M. Houde, Limoilou): La commission suspend
ses travaux sine die, à l'exception que, si le leader du gouvernement
décide de faire siéger la commission cet après-midi, nous
reviendrons après la période des questions.
(Suspension de la séance à 13 h 5)
Reprise de la séance à 16 h 15
M. Houde, Limoilou (président de la commission permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications): A
l'ordre, messieurs!
Etude du projet de loi no 91. Les membres de la commission cet
après-midi sont les suivants: M. Bellemare (Johnson); M. Bérard
(Saint-Maurice); M. Bonnier (Taschereau); M. Bédard (Chicoutimi) qui
remplace M. Charron (Saint-Jacques); M. Clou-tier (L'Acadie); M.
Côté (Matane); M. Harvey (Jonquière) qui remplace M.
Déom (Laporte); M. Lamontagne (Roberval) qui remplace M. Houde (Fabre);
M. Harvey (Dubuc) qui remplace M. Lapointe (Laurentides-Labelle); M.
Léger (Lafontaine); M. Parent (Prévost); M. Samson
(Rouyn-Noranda); M. Saint-Germain (Jacques-Cartier); M. Veilleux
(Saint-Jean).
Nous étions à l'article 13e). Le député de
Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, comme dans
cet article on parle assez souvent de la possibilité ou de la
nécessité pour le Collège régional de consulter le
conseil de gestion, entre autres, concernant la planification de l'enseignement
du Collège régional, je voudrais simplement poser une question au
ministre, à savoir sa définition de la véritable
consultation au sens de la loi, une simple information, ou encore une
réunion à la dernière minute pour informer d'une
décision prise. Est-ce que, dans son esprit, cela s'avère une
consultation valable? Quand on dit que les conseils de gestion ont leur
rôle à jouer à titre consultatif, dans bien des domaines,
sans les énumérer; qu'est-ce que le ministre entend par
l'application de ce droit de consultation?
M. Cloutier: M. le Président, je rappelle au
député de Chicoutimi que nous avons ici le procureur de
l'organisme qui préconise ce projet de loi et qui voudrait voir cette
commission le voter, alors, je voudrais l'entendre d'abord, lui demander de
préciser exactement ce qu'il avait dans l'esprit lors de la
rédaction, et, le cas échéant, j'apporterai un
éclairage du côté ministériel.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Me. Bouchard.
M. Bouchard: M. le Ministre, toutes les fois que, dans le projet
de loi, on fait mention du mot consultation, le terme est utilisé dans
le même sens que dans la loi actuelle lorsque l'on parle, par exemple,
des responsabilités du conseil et des responsabilités de la
commission pédagogique. On voit que pour certaines décisions
concernant l'organisation et le développement de l'enseignement, la
nomination du directeur général et des directeurs des services
pédagogiques, le conseil doit consulter, au préalable, la
commission pédagogique pour s'enquérir de leur point de vue. Ce
qui implique qu'une décision ne peut être prise sur des sujets
semblables, dans tous les cas où l'on fait mention de consultation, sans
qu'au préa-
lable, les intéressés aient eu l'occasion de faire valoir
leur point de vue, quitte ensuite à ce que l'organisme en question,
investi de l'autorité, prenne sa responsabilité
considérant les points de vues et les propositions qui sont faites par
les conseils de gestion.
M. Cloutier: M. le Président, c'est une réponse qui
me satisfait tout à fait, c'est le sens qui est donné au mot
consultation dans toutes nos lois.
M. Bédard (Chicoutimi): Concernant le paragraphe e),
lorsque vous dites que le conseil de gestion de chaque collège est
chargé de l'engagement du personnel requis pour les besoins du
collège et de la mise à pied de ce personnel, conformément
aux règles et dispositions régissant le Collège
régional, je voudrais des explications là-dessus afin de pouvoir
m'enquérir jusqu'à quel point les règles et les
dispositions régionales pourraient venir en conflit avec le droit des
conseils de gestion d'engager le personnel, et alors, s'il y a un conflit,
savoir quelle autorité décide.
M. Bouchard: Le texte dit très bien, M. Bédard,
règles et dispositions régissant le Collège
régional, et non pas édictées par le conseil
d'administration.
Ce qui veut donc dire qu'il ne faut pas oublier que le conseil
d'administration, fait partie intégrante d'un organisme total qui
s'appelle le Collège Régional du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Cette
corporation comme telle, qui est unique, a des règles qu'elle doit
respecter; entre autres, les normes du ministère de l'Education, qui la
régissent, et qui, évidemment, régissent les
différents organismes internes du Collège régional. Les
dispositions comme le ratio professeur-élèves, etc, sont des
dispositions générales qui concernent l'ensemble de la
corporation et, au niveau du conseil de gestion parce que la
responsabilité est donnée au conseil de gestion le conseil
de gestion doit la respecter tout comme le conseil d'administration
lui-même doit le faire.
Donc, c'est un assujettissement total du collège régional,
lequel assujettissement, évidemment, lie le conseil de gestion.
M. Bédard (Chicoutimi): Alors, selon vous,
légalement, qui est l'employeur au niveau du personnel
général, que ce soient les professeurs ou le personnel de soutien
et d'entretien?
M. Bouchard: II n'y a qu'un employeur, il n'y a qu'une
corporation, c'est le collège régional qui est l'employeur, mais
qui, au sein du collège régional, est particulièrement
chargé de l'engagement: C'est le conseil de gestion.
M. Bédard (Chicoutimi): Si je comprends bien, on ne peut
pas dire que chaque conseil de gestion est l'employeur du personnel qu'il a le
droit d'engager en vertu de l'article 1.
M. Bouchard: Si l'on disait cela, on dirait implicitement que le
conseil de gestion constitue une corporation, et le conseil de gestion n'est
pas une entité distincte; encore une fois, le conseil de gestion est un
organisme du collège régional. Le collège régional
a ses employés, qui sont ses professeurs, son personnel de soutien,
enfin, les différentes personnes à son emploi, réparties
sur le territoire, et, au sein de ce personnel, vous avez un organisme plus
particulièrement chargé. On a prévu que, pour chacune des
instances, c'est l'instance la plus près de ce personnel qui devait
l'engager pour et au nom du collège régional.
M. Bédard (Chicoutimi): Si le conseil de gestion engage le
personnel et applique les décrets et conventions, à ce moment,
n'est-il pas, sans être une corporation, un employeur au sens de la
loi?
M. Bouchard: II n'est pas un employeur, tout comme vous avez,
dans une compagnie, des organismes appropriés; vous pouvez avoir un
conseil d'administration, un comité exécutif, un comité de
planification, et tout cela, à l'intérieur d'une seule et
même corporation. Ici, la corporation, encore une fois, le collège
régional, l'organisme plus particulièrement désigné
d'agir pour et au nom de collège régional, le conseil de gestion
de chaque instance.
M. Bédard (Chicoutimi): Alors, M. le Président,
avec ces réponses, sans vouloir soulever un long débat, je
voudrais faire un amendement. Je ne voudrais pas intervenir longuement et je
présume d'avance de la manière dont il sera reçu, c'est un
amendement...
M. Cloutier: II sera reçu avec beaucoup de sympathie, M.
le Président. J'espère que le député de Chicoutimi
n'en doute pas.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est souvent ce qu'on dit quand
on veut prendre une autre décision.
M. Cloutier: Nous prendrons la bonne décision.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, je crois
que, en principe, on doit aller à la base à laquelle on se
réfère quand il s'agit d'engager et d'appliquer les conventions
collectives; à ce moment-là, c'est le conseil de gestion. Je veux
simplement faire un amendement qui spécifierait ceci à la suite
de l'article 13 e). L'amendement se lirait comme suit: "Chaque conseil de
gestion est l'employeur du personnel de son collège".
Le Président (M. Houde, Limoilou): Cela viendrait
immédiatement à l'article 13, paragraphe e) soit avant le
paragraphe a).
M. Bédard (Chicoutimi): A l'article 13, paragraphe e).
M. Cloutier: Après "le collège régional".
M. Bédard (Chicoutimi): ... "assujetti".
Le Président (M. Houde, Limoilou): Après
"assujetti". A la dernière ligne, après "assujetti", le
député de Chicoutimi suggère l'amendement suivant: "Chaque
comité de gestion est l'employeur du personnel de son collège".
Le député de Chicoutimi sur l'amendement.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, il n'y
aura pas besoin d'argumenter longtemps. Je pense que les questions que j'ai
posées à M. Bouchard ont reçu des réponses assez
claires. Si ce sont les mêmes réponses que je dois recevoir de la
part du ministre, eh bien! je n'argumenterai pas plus longtemps.
Peut-être y aurait-il lieu de passer tout simplement au vote sur cette
demande d'amendement.
Le Président (M. Houde, Limoilou): L'honorable ministre de
l'Education.
M. Cloutier: J'ai écouté, moi aussi, le procureur
du collège régional du Saguenay-Lac-Saint-Jean présenter
son argumentation et je dois dire que je lui donne raison. Je crois qu'en effet
il ne peut y avoir qu'un seul employeur, sinon, on met en doute même
l'option qui a été choisie, lorsqu'on a décidé de
créer cette structure régionale. Je ne crois pas qu'il soit
nécessaire, moi non plus, d'argumenter très longtemps
là-dessus. C'était un choix qu'il fallait faire au départ.
Un choix a été fait, dans un sens donné, et la logique du
système veut que l'on procède de cette manière. Par
conséquent, je vous dis, M. le Président, que nous voterons
contre l'amendement du député de Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): L'effet de l'amendement est que
nous voulions, dans notre esprit, rapprocher le plus près de la base,
les négociations.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Exigez-vous le
vote?
M. Bédard (Chicoutimi): Oui.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Quels sont ceux qui
sont en faveur de l'amendement? M. Bellemare (Johnson)? M. Bérard
(Saint-Maurice)?
M. Bérard: Contre.
Le Président (M. Houde, Limoilou): M. Bonnier
(Taschereau)?
M. Bonnier: Contre.
Le Président (M. Houde, Limoilou): M. Bédard
(Chicoutimi)?
M. Bédard (Chicoutimi): Pour, M. le Président.
Le Président (M. Houde, Limoilou): M. Cloutier,
(L'Acadie)?
M. Cloutier: Contre.
Le Président (M. Houde, Limoilou): M. Côté
(Matane)?
M. Côté: Contre.
Le Président (M. Houde, Limoilou): M. Harvey
(Jonquière)? M. Lamontagne (Roberval)?
M. Lamontagne: Contre.
Le Président (M. Houde, Limoilou): M. Harvey (Dubuc)?
M. Harvey (Dubuc): Contre.
Le Président (M. Houde, Limoilou): M. Léger
(Lafontaine)? M. Parent (Prévost)? M. Samson (Rouyn-Noranda)? M.
Saint-Germain (Jacques-Cartier)?
M. Saint-Germain: Contre.
Le Président (M. Houde, Limoilou): M. Veilleux
(Saint-Jean)?
Sept contre. Un pour. L'amendement est rejeté. Le paragraphe e)
est adopté sans amendement. Le paragraphe f).
M. Bédard (Chicoutimi): Le paragraphe f) stipule que le
conseil de gestion prépare son budget qu'il soumet au conseil
d'administration et il participe à la défense des demandes
budgétaires du collège régional auprès du
ministre.
Est-ce que M. Bouchard pourrait nous expliquer comment il voit le
processus de cette défense auprès du ministre?
M. Bouchard: Oui. C'est un peu pour les mêmes principes que
je viens d'énoncer en ce qui concerne le terme "employeur". Comme il n'y
a qu'une corporation, il n'y aura qu'un budget et le budget est donné au
collège régional, la seule corporation qui existe. Cependant,
parce que le bill reconnaît une responsabilité aux conseils de
gestion par rapport à celle du conseil d'administration, il a
été prévu que pour être logique, chaque conseil de
gestion préparerait ses demandes, ses besoins et les ferait parvenir au
conseil d'administration qui, lui, les acheminerait au ministère;
ensuite toutes les parties concernées le conseil d'administration et les
conseils de gestion concernés, iraient débattre le point de vue
général du collège régional auprès du
ministère de l'Education.
Le budget, qui est global, prévoit et prévoira
nécessairement des besoins financiers différents pour les
instances locales qui pourraient varier selon les besoins, d'où la
nécessité pour les conseils de gestion d'assister aux
réunions et de participer à la défense des demandes
budgétaires qui, en dé-
finitive, leur revient. C'était le but de la rédaction de
l'article.
M. Bédard (Chicoutimi): Disons qu'après avoir
défendu leur point de vue au niveau du CEGEP régional, si leurs
propositions étaient rejetées est-ce que cet article leur permet
de déléguer des personnes pour rencontrer des fonctionnaires du
ministère afin de faire valoir leurs représentations?
M. Bouchard: C'est exact, ils vont participer directement aux
discussions avec le ministère.
M. Bédard (Chicoutimi): Maintenant, à partir du
moment où, comme vous le dites, il n'y aqu'un seul budget qui est celui
du Collège régional et que l'on sait l'importance de
contrôler le budget en fonction des autres décisions qui en
résultent, est-ce que vous croyez, à partir du moment où
il n'y a qu'un seul budget, que c'est presque impossible de parler de
régionalisation des services seulement?
M. Bouchard: Je ne crois pas parce que les autres dispositions du
même article 13, tout particulièrement le paragraphe d), dit
très bien que c'est le conseil de gestion qui est chargé de
l'administration de son budget, de telle sorte que le conseil d'administration
aura vraiment son budget, lequel fait partie, encore une fois, d'un tout qui
est celui du collège régional.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Paragraphe f,
adopté. Paragraphe g).
M. Bédard (Chicoutimi): Paragraphe h), M. le
Président.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Paragraphe g,
adopté. Paragraphe h).
M. Bédard (Chicoutimi): Je voudrais simplement avoir des
explications. Lorsqu'on stipule dans cet article que le conseil de gestion
adopte, sous réserve des dispositions de la présente loi, de la
charte du collège régional et des règlements
adoptés en vertu de l'article 18, est-ce que vous pouvez nous donner des
renseignements au niveau des implications légales que cela peut
représenter et également lorsque l'article continue en disant que
le conseil de gestion adopte ses propres règles de régie interne
qui ne prennent effet qu'à compter de leur approbation par le ministre.
C'est une disposition spéciale et je voudrais savoir pourquoi, quand il
s'agit des règles qui sont votées par les conseils de gestion,
elles ne prennent effet qu'à compter de l'approbation par le
ministre?
M. Bouchard: II y a deux réponses à cette question.
La première, c'est à la demande des instances locales que nous
avons ajouté ce sous-paragraphe qui n'était pas dans le projet
original. Elles nous ont demandé précisément que chaque
conseil de gestion puisse adopter ses règles de procédure de
régie interne.
D'un autre côté, il fallait rédiger cet article en
accord avec l'actuel bill 2I. Or, l'actuel bill 2I, à l'article 19,
prévoit qu'un collège peut adopter des règlements
concernant sa régie interne sujets à l'approbation du ministre.
Alors, c'est la même procédure qui est adoptée.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le ministre de
l'Education.
M. Cloutier: Je voudrais souligner l'importance de la
deuxième partie de cette réponse, c'est-à-dire la
concordance avec la loi 21. Dans mes remarques préliminaires, j'ai
indiqué quelles étaient les grandes orientations de cette loi et
j'ai également indiqué que le ministère, même s'il
avait laissé le milieu décider des formulations, avait tout de
même donné un certain nombre d'orientations de manière que
la loi reste compatible avec la loi 21.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est une question d'opinion.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Paragraphe h),
adopté?
M. Bédard (Chicoutimi): Pourquoi limite-t-on à la
fin, lorsqu'il s'agit de placer un conseil de gestion sous tutelle lorsqu'il
s'exécute mal de ses fonctions? La procédure est beaucoup moins
astreignante, on l'a souligné d'ailleurs ce matin, que dans le cas du
collège régional. On spécifie à ce moment
qu'à partir d'un avis du conseil d'administration fait au ministre
sselon lequel un conseil de gestion exécute mal ses fonctions, le
ministre peut ordonner que les pouvoirs de ce conseil soient suspendus.
M. Bouchard: Je rie comprends pas votre question.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que c'est le conseil de
gestion qui... Lorsqu'un conseil d'administration recommande au ministre de
placer sous tutelle un conseil de gestion parce que, à son avis, il
exécute mal son travail, est-ce que, à ce moment, il est dans
l'esprit de la loi que ce conseil de gestion pourra être entendu avant
qu'une décision du ministre intervienne? Je pense qu'il serait normal
que les deux parties soient entendues pour faire valoir respectivement leurs
arguments.
M. Bouchard: C'est bien sûr. Voici ce pourquoi nous ne
l'avons pas mis, c'est que c'est un principe inhérent à toute
législation qu'on ne condamne pas une partie sans l'entendre. Alors, le
ministre ne mettra pas un conseil de gestion en tutelle sans consulter.
M. Bédard (Chicoutimi): II y a des principes qu'on viole
parfois, comme des lois. En tout cas, vous prétendez que c'est...
M. Bouchard: La cour Suprême a décidé, il n'y
a pas si longtemps, que la règle audi alteram par-
tern devait être respectée dans tout état de cause.
Alors, le ministre serait très mal placé de mettre le conseil de
gestion en tutelle sans, au moins, s'enquérir des dires du conseil de
gestion.
M. Bédard (Chicoutimi): Entre s'enquérir et le
droit du conseil de gestion d'aller faire valoir ses représentations, il
y a toute une différence.
M. Bouchard: Oui, mais il n'y a rien qui interdit au conseil de
gestion de faire des représentations; nulle part on ne l'interdit.
M. Bédard (Chicoutimi): Non, mais il n'y a rien qui oblige
le ministre à accepter que le conseil de gestion comme tel, comme
entité, fasse ses représentations.
M. Cloutier: De toute façon, c'est la discrétion
ministérielle qui joue.
M. Bédard (Chicoutimi): Je sais bien.
M. Cloutier: Alors, de deux choses l'une, ou le ministre prend
une bonne décision ou il en prend une mauvaise.
M. Bédard (Chicoutimi): Oui, d'accord.
M. Cloutier: Pour prendre une décision, il sera
inévitablement amené à entendre les parties et à
tenter de faire une espèce de tribunal. De toute façon, le
ministre a ses droits, au départ.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le député
de Laporte.
M. Déom: Je veux juste revenir, par curiosité, au
paragraphe h). Vous dites "Adopte, sous réserve des dispositions de la
présente loi, de la charte du collège régional et des
règlements adoptés en vertu de l'article 18, ses propres
règles de régie interne qui ne prennent effet qu'à compter
de leur approbation par le ministre".
Si je comprends bien, le conseil de gestion peut faire approuver ses
propres règles de régie interne sans les soumettre à
l'approbation du conseil d'administration du Collège
régional.
M. Bouchard: C'est exact. C'est ce qui a été
demandé.
M. Déom: Alors, comment concevez-vous cela ou
expliquez-vous cela?
M. Bouchard: Je conçois cela dans les principes
d'autonomie que l'on a énoncés tout au long du bill. C'est un
pouvoir qui leur appartient de faire des règles de régie interne,
mais sujettes au respect de la loi, d'une part, de cette charte, c'est bien
clair...
M. Déom: Oui.
M. Bouchard: ...et sujettes aux règlements qui peuvent
être adoptés par le ministre en vertu de l'article 18 de la loi.
Mais, pour le reste, ce sont des règles de procédure et cela ne
peut pas venir à rencontre des dispositions du conseil d'administration.
Si on ne l'avait pas mis, cela aurait voulu dire qu'en vertu de l'article 19,
c'est le conseil d'administration qui aurait adopté, pour les conseils
de gestion, des règles de régie interne. Alors, on a pensé
que c'était peut-être préférable de laisser au
conseil de gestion le pouvoir d'adopter ses propres règles de
régie interne.
M. Déom: Si vous êtes pour faire un collège
régional, est-ce que ce ne serait pas normal que le conseil
d'administration du collège, au moins, les ratifie?
M. Bouchard: Non, parce que cela va à l'en-contre du
principe même de l'article 13 e) qui dit que tous les pouvoirs qui sont
stipulés dans cet article ne sont pas sujets à approbation par le
conseil d'administration. C'est ce qu'on a discuté ce matin.
C'était tout le sens du mot. On ne veut pas revenir et donner au conseil
d'administration un pouvoir d'autorisation ou d'approbation sur
l'énumération des pouvoirs qui sont directement donnés au
conseil de gestion.
M. Déom: C'est parce que la régie interne, cela
peut aller pas mal loin, comme vous le savez.
M. Bouchard: Régie interne, oui, mais c'est un conseil, un
organisme. Alors, vous savez que c'est sujet aux dispositions de la charte.
M. Déom: Mais toutes vos procédures d'embauchage du
directeur des services pédagogiques...
M. Bouchard: Non.
M. Déom: ...c'est la régie interne
M. Bouchard: Non, ce n'est pas inclus dans la régie
interne, parce que vous avez d'autres dispositions; c'est justement ce dont on
vient de discuter.
M. Déom: Mais en vertu de l'article 18 et des
règlements émis par le ministère de l'Education, cela
devient des règlements de régie interne.
M. Bouchard: Les règlements adoptés par le
ministre, en vertu de l'article 18, sont des règlements qui
prévoient nommément des sujets bien catalogués. Cela
comprend, par exemple, les règlements qu'un collège peut adopter.
Alors, on prévoit déjà dans la loi qu'ils peuvent en
adopter. La comptabilité, la vérification, cela est sujet, encore
une fois, aux règlements du ministre. L'engagement du personnel de
direction est donné au conseil d'administration, en vertu des pouvoirs
donnés à l'article 19. Les articles se concilient les uns avec
les autres.
M. Déom: Oui, oui. Alors, vous avez donné ce
pouvoir à l'article 19, on s'en vient là.
M. Bouchard: C'est cela. M. Déom: Ahbon!
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le député
de Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): A l'article dont je faisais
état tout à l'heure vous parliez, et je concours avec vous, du
principe qui veut qu'une partie ne peut pas être condamnée sans
avoir été préalablement entendue. Pour que ce principe
soit bien consacré dans la loi, ce que je ne crois pas être le
cas, dans le dernier paragraphe h), n'y aurait-il pas lieu de préciser
que le ministre, dans tous les cas où, de l'avis du conseil
d'administration, un conseil de gestion s'exécute mal de ses fonctions,
après audition des deux parties à savoir le conseil
d'administration et le conseil de gestion peut ordonner que les pouvoirs
de ce conseil, etc.? Il me semble que ça irait plus loin, à moins
que ce ne soit pas l'esprit de la loi que vous voulez.
M. Bouchard: Je vais répondre sur le plan technique et
ensuite le ministre...
C'est parce que, encore une fois, cela a été
rédigé en respectant intégralement le principe de la loi
21 et je n'avais pas le droit de sortir de ce principe.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que vous voulez dire que
dans la loi 21, on peut condamner une partie sans l'avoir entendue?
M. Bouchard: Ce n'est pas indiqué dans la loi 21.
M. Cloutier: D'ailleurs, M. le Président, je m'opposerai
à un amendement comme celui-là, non seulement à cause de
l'esprit de la loi 21 qui, effectivement, a été respecté
tout au long de la rédaction du projet de loi no 91, mais aussi parce
qu'il existe une certaine discrétion ministérielle.
J'hésiterais à transformer le ministre en une espèce de
juge de dernière instance qui aurait à arbitrer de façon
formelle en entendant les parties. Le ministre doit prendre ses
décisions au meilleur de sa connaissance. Pour ce faire, il est
évident qu'il tient compte de tous les éléments du
dossier. Il y a eu des mises en tutelle dans le passé et il y en aura
probablement d'autres dans l'avenir, c'est une chose possible. Eh bien! dans
tous ces cas, tous les éléments du dossier sont
évalués. Ils ne sont peut-être pas évalués
suivant les aspirations de toutes les parties, cela va de soi, mais ils sont
certainement évalués suivant la responsabilité qui doit
s'exercer.
Pour cette raison, qui me paraît quand même une raison
importante, je m'opposerais à une velléité d'amendement de
la part du député de Chicoutimi. Je conçois qu'il aimerait
bien pouvoir en accrocher un ici ou là...
M. Bédard (Chicoutimi): Non, non.
M. Cloutier: Mais dans ce cas particulier, je ne peux vraiment
pas l'aider.
M. Bédard (Chicoutimi): Le ministre devient mesquin. Il
sait fort bien que ce n'est pas mon idée.
M. Cloutier: C'est de la mesquinerie?
M. Bédard (Chicoutimi): Vous me prêtez des
intentions.
M. Cloutier: C'est une gentille taquinerie.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous me prêtez des
intentions.
M. Cloutier: Alors, je vous les enlève si je vous les ai
prêtées.
M. Bédard (Chicoutimi): Très bien. Si vous retirez
vos paroles, cela va.
M. Cloutier: Je ne retire pas mes paroles, j'enlève les
intentions.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, le
ministre a beau dire qu'il hésiterait, étant donné que ce
serait l'effet de l'amendement, à accepter un amendement qui ferait en
sorte que le ministre ait à agir comme arbitre entre les parties, il
reste quand même, qu'il le veuille ou non, en vertu même du texte
de la loi, qu'il est un arbitre entre les deux parties.
M. Cloutier: Bien sûr.
M. Bédard (Chicoutimi): Et puis quand le ministre nous
apporte l'autre argument a l'effet qu'il ne veut faire aucun changement dans la
loi 21, je lui ferai remarquer qu'il y a quand même dans ce projet de loi
des éléments qui militent au contraire de...
M. Cloutier: Je n'ai pas dit que nous ne voulions pas apporter de
changement à la loi 21. Il est bien évident que ce sont des
amendements, à toutes fins utiles, qui modifient la loi 21. Mais j'ai
dit que nous tenions à ce que l'esprit de la loi 21 soit
respecté, qu'il n'y ait pas d'incompatibilité. C'est cette
espèce d'orientation qui a servi de guide aux rédacteurs du
projet.
M. Bédard (Chicoutimi): Tout en en respectant l'esprit,
vous la transformez quand même.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Paragraphe h)
adopté. Article 13, paragraphe f). Le député de
Laporte.
M. péom: Juste par curiosité, pourquoi avez-vous
senti le besoin de mettre cela?
M. Bouchard: Pardon? De mettre quoi?
M. Déom: L'article 13 f).
M. Bouchard: Voici, c'est que...
M. Déom: Parce que de toute façon c'est permis.
M. Bouchard: Non, c'est parce que cela aurait pu avoir une
espèce d'incompatibilité de fonctions en ce qui concerne les
conseils de gestion et le conseil d'administration. Dans les différentes
consultations qui ont eu lieu dans le milieu depuis au-delà de deux ans
et demi, il a été prévu qu'il sera possible qu'une
même personne, que ce soit un professeur, un parent ou un
étudiant, siège à la fois dans les deux comités.
Alors, pour éviter que l'on puisse interpréter qu'il manque un
cens d'éligibilité pour l'une ou l'autre ou
incompatibilité de fonctions, on prévoit ici la
possibilité qu'elle puisse siéger. C'est seulement pour
s'éviter des problèmes d'interprétation possibles.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le député
de Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): A l'article 13 f), il est
stipulé que les règlements du Collège régional
peuvent prévoir la présence et la participation sans droit de
vote de toute personne au sein du conseil d'administration et des conseils de
gestion. Ma question serait à l'effet de savoir pourquoi cette
prérogative je ne suis pas contre, remarquez
n'appartiendrait pas également aux conseils de gestion?
M. Bouchard: Bien, on le dit, c'est pour permettre l'admission ou
la participation aux conseils de gestion.
M. Bédard (Chicoutimi): Bien oui, on parle du
Collège régional.
M. Bouchard: Des conseils de gestion. La présence et la
participation de toute personne au sein du conseil d'administration ou des
conseils de gestion, les deux.
M. Bédard (Chicoutimi): Alors, il n'est pas
nécessaire qu'il y ait une réglementation au niveau du conseil de
gestion pour cela.
M. Bouchard: Non, les règlements généraux du
collège le prévoient.
Le Président (M. Houde Limoilou): Article 13 f),
adopté. Article 12.
M. Bédard (Chicoutimi): A l'article 12, est-ce que ce qui
est stipulé à l'article 14 s'applique également aux
conseils de gestion?
M. Bouchard: Oui.
M. Bédard (Chicoutimi): De la même manière
qu'à l'article précédent?
M. Bouchard: C'est le même article que l'article 14 actuel
sauf qu'on y a ajouté "conseils de gestion"; pour le reste c'est
verbatim, la même chose.
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Adopté. Article
13.
M. Cloutier: Même remarque probablement pour l'article
13.
M. Bédard (Chicoutimi): Le conseil d'administration et les
conseils de gestion ont des règlements à eux. Dans la formulation
elle-même de l'article 13, on dit que le conseil d'administration et les
conseils de gestion se réunissent aux époques fixées par
les règlements; je comprends que c'est leur règlement
respectif.
M. Bouchard: Non. C'est encore une fois le même article 15
actuel que vous avez dans la loi. La loi a prévu qu'il devait y avoir au
moins certaines rencontres désignées.
M. Bédard (Chicoutimi): Je veux simplement vous faire
préciser.
M. Bouchard: Alors, c'est le même article sauf qu'on y a
ajouté "conseils de gestion" pour être bien certain que les
conseils de gestion se réunissent au moins une fois tous les trois
mois.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Article 13,
aopté. Article 14.
M. Cloutier: Mêmes remarques, concordance. On retrouve les
textes de la loi 21 avec simplement comme ajout les conseils de gestion.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Adopté. Article
15.
Le député de Laporte.
M. Déom: Vous adoptez trop vite, M. le Président.
On est à l'article 16. Est-ce que vous trouvez normal que le directeur
général devienne président d'un comité
exécutif? D'après votre expérience dans le domaine des
corporations publiques et privées,est-ce une pratique qui est courante
ou si ce n'est pas plutôt par élection que le président du
comité exécutif est nommé?
M. Bouchard: Ma réponse là-dessus, c'est que c'est
l'article 16 de la loi actuelle. C'est le même principe.
M. Déom: Cela, je le sais très bien, mais je vous
pose une question. Est-ce que vous ne trouveriez pas normal, dans une nouvelle
structure comme le Collège régional, qu'on essaie de bonifier un
peu la loi 21? Là, c'est une grosse structure qu'on met en place.
C'est un principe qui déroge à toute la tradition en
matière de droit corporatif, soit public ou privé. On n'a jamais
vu un directeur général d'une municipalité être
président d'office du comité exécutif. On n'a jamais vu
non plus un directeur général d'une entreprise être
président d'office du comité exécutif. Est-ce que vous ne
pensez pas qu'on pourrait modifier votre texte pour dire que le
président du comité exécutif est élu parmi les
membres du conseil d'administration?
M. Bouchard: Vous posez une question, à savoir si ce
serait préférable, si on pouvait modifier, si on pouvait
améliorer le bill 2I, c'est une question extrêmement
délicate que vous me posez. Il n'était pas de notre attribution
de repenser le bill 2I.
M. Cloutier: C'est cela.
M. Bouchard: Alors, je ne peux pas répondre à votre
question pour M. le ministre.
Le Président (M. Houde, Limoilou): L'honorable ministre de
l'Education.
M. Cloutier: Je pense que le procureur a très bien dit les
choses. Son mandat était d'écrire une loi pour coller à
une réalité et qui était une réalité locale
pour entériner en quelque sorte un état de fait, mais
certainement pas de réécrire la loi 21. J'ai d'ailleurs
accepté, comme je le précisais ce matin, que l'on procède
de cette façon, précisément parce que le moment ne me
paraissait pas venu pour reprendre le débat sur la loi 21, pour tout un
ensemble de raisons. D'abord, parce que j'attends toujours un rapport du
conseil supérieur de l'éducation et ensuite parce qu'il s'agit
là d'une opération d'envergure et j'ai bien pris soin,lorsque
j'ai accepté cette idée d'un bill privé, de tracer les
orientations précises. Alors, je ne dis pas qu'il n'y a pas des
améliorations à apporter, cela en est peut-être une en ce
qui concerne la loi 21, mais je ne vois pas comment on aurait pu, comment
l'organisme Saguenay-Lac-Saint-Jean aurait pu prendre sur soi, d'apporter les
modifications à cet ordre.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Autre question à
l'article 14? Adopté. Article 15.
M. Bédard (Chicoutimi): A l'article 15, au deuxième
paragraphe, concernant la commission pédagogique, on spécifie
qu'au moins trois doivent être choisis parmi les personnes
désignées par les professeurs du collège. Je voudrais
savoir combien il y a de membres à la commission pédagogique?
Cela représente combien de membres? C'est trois sur combien?
M. Bouchard: Voici, la première réponse à
faire là-dessus, c'est que le seul changement avec la loi actuelle,
c'est de rattacher la commission pédagogique au conseil de gestion et
non pas au conseil d'administration, ce qui est le cas actuel de la loi.
Maintenant, le nombre des personnes qui sont membres de la commission
pédagogique sont déterminées par le décret. C'est
cela M. Gauthier?
M. Gauthier: II peut y avoir des ententes locales. S'il n'y a pas
d'ententes, le décret prévoit actuellement que la commission
pédagogique soit composée de quinze personnes dont au moins huit
professeurs. Alors, il peut y avoir une entente locale où le nombre est
déjà prévu dans le décret.
Le Président (M. Houde, Limoilou): L'article 15 est-il
adopté? L'article 16.
M. Bédard (Chicoutimi): J'aurais une question à
poser à l'alinéa b) de cet article où on dit que le
collège régional peut, si on veut, faire des dispositions de la
présente loi, des règlements concernant la nomination des
fonctions et des pouvoirs des membres de son personnel. Tout à l'heure,
j'ai posé des questions. Qui était l'employeur tant au niveau des
professeurs que des employés de soutien ou d'entretien? Ici, lorsqu'on
parle de son personnel, est-ce tout ce personnel?
M. Bouchard: Oui, c'est la même chose que dans la loi
actuelle. Si vous prenez, par exemple, les règlements
généraux du collège régional actuel, vous avez
l'énumération suivant le prototype des règlements
généraux du ministère de l'Education qui
énumère les personnels-cadres, les personnes en autorité,
les directeurs, par exemple, directeur général, directeur des
services pédagogiques, le secrétaire ou enfin le directeur de
planification, bon, c'est cela que cela veut dire. Maintenant, cela ne veut pas
dire prévoir dans les moindres détails au niveau de la
réglementation, parce que nous parlons des pouvoirs et de
réglementation du collège régional.
C'est la classification du personnel de cadre qui régit
l'ensemble du Collège régional, y compris, bien sûr, les
conseils de gestion. Une fois que la désignation est faite, vous devez
retomber sur les dispositions de l'article 13 qui dit comment on remplit ces
postes. C'est le conseil de gestion qui les remplit en conformité des
pouvoirs qui lui sont donnés à l'article 13 e).
M. Bédard (Chicoutimi): Je voulais savoir si cet
alinéa ne vient pas en contradiction avec le pouvoir qu'on donnait aux
conseils de gestion, à l'article 13 e), d'engager son personnel, puisque
à l'alinéa b) on spécifie que le Collège
régional peut faire des règlements concernant la
nomination...
M. Bouchard: La nomination et la classification, remarquez que
lui aussi, le Collège régional, comme tel, a du personnel
à engager. Il ne faut pas oublier que vous avez le Collège
régional et que vous avez les instances. Alors, il va faire une
classification du personnel requis au niveau du personnel de cadre encore une
fois.
M. Bédard (Chicoutimi): Tout à l'heure, vous m'avez
dit que tout le personnel était le personnel du Collège
régional. Là, l'explication...
M. Bouchard: D'accord.
M. Bédard (Chicoutimi): ...que vous me donnez est à
l'effet de faire une distinction entre le personnel des conseils de gestion qui
correspond aux pouvoirs qu'on lui a donnés dans la loi; on semble faire
une distinction entre le personnel des conseils de gestion et le personnel du
Collège régional.
M. Bouchard: Je fais une distinction au niveau
d'établissements physiques, si vous voulez, mais c'est tout de
même la même corporation partout: le personnel du conseil de
gestion et le personnel du Collège régional. Encore une fois, le
conseil de gestion n'est pas une entité, il est un organisme
chargé, pour et au nom du Collège régional, de s'acquitter
de cette fonction à son instance.
M. Bédard (Chicoutimi): Même s'il n'est pas une
entité, comme vous dites légale, le conseil de gestion a quand
même des droits spécifiques dans la loi.
M. Bouchard: D'accord.
M. Bédard (Chicoutimi): ... celui, entre autres, pour ne
pas accumuler les exemples, je prends celui-là, d'engager son
personnel.
M. Bouchard: D'accord.
M. Bédard (Chicoutimi): De le nommer.
M. Bouchard: C'est cela.
M. Bédard (Chicoutimi): Alors, je m'explique mal que cet
article, si vous lui donnez l'interprétation que vous nous avez faite
tout à l'heure, ne vienne pas en conflit avec le droit, je dis bien le
droit des conseils de gestion d'engager leur personnel.
M. Bouchard: Je ne pense pas que cela vienne en conflit parce que
le pouvoir d'engagement est véritable au niveau du conseil de gestion.
Maintenant, le Collège régional, dans sa réglementation,
va prévoir via telle chose, qu'un directeur, je ne sais pas quel nom on
pourrait lui donner, au niveau de chacun de ces conseils de gestion, directeur
de la planification, appelez-le directeur des services techniques, appelez-le
ce que vous voulez, une fois qu'il aura fait une politique cohérente de
désignation, d'appellation de termes, ce n'est pas le conseil
d'administration qui va le nommer ce n'est pas le conseil d'administration qui
va combler le poste. Le conseil de gestion va le faire en conformité
précisément de cette règle générale qui sera
donnée en ce qui concerne la classification du personnel.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous me permettrez de dire que,
contrairement à ce que vous disiez ce matin, le conseil de gestion n'a
pas tous les pouvoirs d'engagement de son personnel. Il l'a, mais à
l'intérieur d'un cadre qui est quand même assez étroit.
M. Bouchard: Etroit, non, je dirais qu'il a, comme on l'a vu tout
à l'heure, l'engagement du personnel suivant les normes qui
régissent le Collège régional.
M. Bédard (Chicoutimi): Faites-vous une distinction
entre... Vous parlez de règlements pouvant être faits concernant
la nomination par le Collège régional. Vous semblez faire une
différence entre le pouvoir d'engagement et le pouvoir de nomination.
Est-ce que dans votre esprit c'est différent?
M. Bouchard: De désignation.
M. Bédard (Chicoutimi): De nomination, pour prendre le
terme exact, au paragraphe b).
M. Bouchard: Oui, parce que, encore une fois, nous avons pris les
termes qui étaient utilisés dans la loi 21 purement et
simplement. La loi 21 a été conçue comme cela, et les
règlements généraux adoptés par tous les
collèges de la province de Québec, en conformité du
modèle type distribué par le ministère de l'Education, ont
limité cette désignation ou appellation de termes à
certains postes seulement. C'est très limitatif.
M. Bédard (Chicoutimi): Mais à l'heure actuelle,
les CEGEP font l'engagement de leur personnel et il n'y a pas...
M. Bonnier: Est-ce que le député me permet?
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le député
de Taschereau.
M. Bonnier: Je pense qu'il faut faire la distinction entre la
procédure qui est adoptée et la nomination efficace ou
réelle d'une personne. On retrouve la même procédure, par
exemple, dans le domaine des affaires sociales où le ministère a
le pouvoir d'établir, sans doute que le député de
Chicoutimi s'en rappellera, les procédures d'engagement, mais où
les institutions hospitalières, en particulier, font la nomination du
personnel.
Je pense qu'on retrouve à peu près les mêmes
clarifications ici.
M. Bédard (Chicoutimi): Disons que c'est peut-être
avec un exemple que je peux avoir la réponse la plus satisfaisante, en
ce qui me concerne. Disons qu'à un moment donné le Collège
régional, pour prendre un exemple qui ne se produira pas, décide
qu'il n'est pas question d'engager du personnel féminin. Donc, il
édicte un règlement comme ça. C'est simplement à
titre d'exemple; je sais bien que ce ne sera pas le cas. Que peut faire le
conseil de gestion, si lui veut du personnel féminin? Est-ce qu'il va
pouvoir le faire?
M. Bouchard: Bon. N'oubliez pas que cet arti-
cle prévoit que les règlements adoptés par le
Collège régional se font après consultation des conseils
de gestion, premièrement.
Deuxièmement, les règlements du Collège
régional sont sujets à l'approbation du ministre.
Troisièmement, si les conseils de gestion ne sont pas satisfaits
du fait que leur recommandation n'a pas été suivie par le conseil
d'administration, ils font des représentations directes au
ministère de l'Education pour dire: Le ministère de l'Education
va considérer le pour et le contre des deux parties.
M. Bédard (Chicoutimi): Mais, légalement, vous
venez de me répondre qu'effectivement les conseils de gestion ont
à oeuvrer dans un corridor assez étroit et sont assujettis, plus
qu'on ne peut le penser de prime abord...
M. Bouchard: Théoriquement, vous répondez...
M. Bédard (Chicoutimi): ... aux règlements du
Collège régional. Non, mais est-ce que vous pouvez me
répondre par un oui ou par un non? Disons que le Collège
régional dit: On n'emploie pas de personnel féminin.
M. Bouchard: D'accord.
M. Bédard (Chicoutimi): Le conseil de gestion dit: Oui,
nous, nous voulons en engager. Qu'est-ce qui arrive? Est-ce qu'ils peuvent?
M. Bouchard: Bon. Alors, ce qui arrive, c'est que je suppose,
suivant votre exemple, que ce règlement serait adopté. D'abord,
remarquez que c'est un règlement concernant la nomination; donc, ce sont
toutes les procédures de nomination.
Théoriquement parlant, si le conseil d'administration le
décide et que le ministre l'approuve, la réponse, c'est oui.
M. Bédard (Chicoutimi): Mais...
M. Bouchard: Le conseil de gestion devrait se conformer à
cette politique concernant cette réglementation particulière.
M. Bédard (Chicoutimi): Donc, le conseil de gestion,
là-dessus, a besoin de l'approbation du ministre pour faire valoir son
droit qui est explicité à l'article 13 e), à savoir
l'engagement de son personnel comme il le désire, dans un cas comme
celui-là.
M. Bouchard: Je ne vois pas le lien. M. Bonnier: De la
procédure.
M. Bédard (Chicoutimi): Bien, vous me dites que le conseil
de gestion pourrait, avec l'accord du ministre, engager du personnel
féminin, même si le Collège régional avait
édicté une loi.
M. Bouchard: Non, non, je n'ai pas dit que le conseil de gestion
pourrait...
M. Bédard (Chicoutimi): Si je vous ai mal
interprété...
M. Bouchard: Non.
M. Bédard (Chicoutimi): ... corrigez-moi.
M. Bouchard: Oui.
M. Bédard (Chicoutimi): Je n'ai pas d'objection, mais je
veux bien comprendre.
M. Bouchard: Bon, d'accord. Le sous-paragraphe, que nous avons
étudié tout à l'heure, prévoyait, par exemple, que
l'engagement du personnel au niveau local, se faisait suivant les normes qui
régissaient le Collège régional. D'accord? Bon.
Deuxièmement, l'on dit: Parce qu'il s'agit d'une corporation
unique, encore une fois, et que les les pouvoirs sont partagés entre
deux instances de juridiction bien particulières, le conseil de gestion
devait s'inscrire à l'intérieur d'un tout cohérent, qui
est le Collège régional. Ses procédures d'engagement sont
assujetties, évidemment, au pouvoir de réglementation du conseil
de gestion, mais uniquement en ce qui concerne les procédures de
formalités de nomination. Cela ne lui enlève absolument pas le
pouvoir de procéder lui-même à l'engagement du
personnel.
M. Bédard (Chicoutimi): Enfin, je peux me tromper dans mon
interprétation, , mais il me semble qu'avec vos explications un des
pouvoirs réels qu'avait le conseil de gestion concernant l'engagement du
personnel devient de plus en plus illusoire. Autrement dit, cela va très
bien si tout le monde se comprend. Mais, si, à un moment donné,
il y a divergence de vues, eh bien, les règles édictées
par le Collège régional sur la a nomination, les fonctions et les
pouvoirs des membres du personnel entrent en application et peuvent même
venir en contradiction avec un pouvoir qui a été donné
préalablement au conseil de gestion.
M. Bouchard: Pensez-vous, M. Bédard, que, par un simple
règlement on peut modifier une disposition de la loi? La loi le donne
directement au conseil de gestion. Le conseil d'administration ne pourrait pas,
par une réglementation interne, enlever ce que le législateur a
donné.
Le Président (M. Houde, Limoilou): L'honorable ministre du
Revenu.
M. Harvey (Jonquière): Ce que j'allais dire, M. Bouchard
vient de le dire. Ce n'est pas par un règlement interne qu'on pourra
enlever un pouvoir donné dans la loi, à l'article 13 e), à
un comité de gestion. C'est purement du placotage.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Autres questions
à l'article 16?
M. Bédard (Chicoutimi): Bon, une dernière
question.
M. Harvey (Jonquière): Je suis habitué mais je sais
ce que je dis quand je placote. Je n'ai pas fait de droit criminel mais j'ai vu
pratiquer.
M. Bédard (Chicoutimi): Le placotage étant fini, on
va continuer avec nos questions sérieuses.
M. Harvey (Jonquière): Soyez sérieux.
M. Bédard (Chicoutimi): M. Bouchard, je voudrais avoir
votre réponse à l'exemple que je vais vous donner. Est-ce que
cette loi permettrait que le collège régional nomme un professeur
à une fonction précise à l'intérieur d'un conseil
de gestion?
M. Bouchard: Non. Aucun doute. Absolument pas.
M. Bédard (Chicoutimi): Même si le collège
régional faisait un règlement là-dessus.
M. Bouchard: Absolument pas. M. Bédard (Chicoutimi):
D'accord. M. Bouchard: Son pouvoir... M. Cloutier: C'est
impossible.
M. Bouchard: ...serait de procédure, purement et
simplement.
M. Cloutier: II irait à l'encontre des dispositions de la
loi.
M. Bédard (Chiocutimi): Je n'ai pas donné de
réponse, j'ai posé la question.
M. Cloutier: Non, mais je renforce un peu la réponse.
M. Bédard (Chicoutimi): A mon avis, vous ne l'avez pas
renforcée.
M. Cloutier: Peut-être parce qu'il y a des
préjugés sous-jacents.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est ça!
M. Harvey (Jonquière): ...avant son temps.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Article 16,
adopté. Article 17?
M. Bédard (Chicoutimi): Concernant l'article 17, qui
remplace l'article 20 de la loi 21, est-ce que les deux derniers paragraphes,
celui qui stipule que le directeur général du collège
veille à l'exécution des décisions du conseil de gestion,
de qui il relève, et également l'autre paragraphe, on doit
comprendre que ce sont des amendements qui ont été
apportés au texte de loi qui avait été soumis pour
consultation préalable?
M. Bouchard: Oui. Ce sont des amendements qui ont
été apportés par Chicoutimi.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Article 17,
adopté.
M. Bédard (Chicoutimi): Je suis très heureux qu'on
les ait acceptés.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Article 18?
M. Cloutier: Vous n'avez pas l'intention de vous y opposer?
M. Bédard (Chicoutimi): Ah non! D'ailleurs, le
Collège de Chicoutimi a toujours trouvé le moyen d'avoir une
discussion très positive.
M. Harvey (Jonquière): Le gouvernement est
compréhensif quand cela a du bon sens.
M. Bédard (Chicoutimi): Je pense que le ministre est
d'accord là-dessus.
M. Cloutier: C'est exact, c'est exact. On fera nos compliments
à la fin...
M. Bédard (Chicoutimi): On peut diverger d'opinions.
M. Cloutier: ...surtout si on veut accélérer un peu
parce que les affaires municipales nous attendent.
M. Bédard (Chicoutimi): Mais les affaires de
l'éducation sont importantes aussi.
M. Cloutier: Tout est important.
M. Harvey (Jonquière): Article 18, adopté.
M. Bédard (Chicoutimi): ... annulation. Est-ce que c'est
nouveau... L'article 18, cela va, M. le Président.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Article 18,
adopté. Article 19?
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que c'est du nouveau droit
à l'article 19? "Le lieutenant-gouverneur en conseil, sur la
requête du conseil d'administration du collège régional et
sur la recommandation du ministre, peut annuler la charte du collège
régional." Si je comprends bien, le collège régional,
à ce moment-là, n'a pas besoin de la majorité des conseils
de gestion pour demander au lieutenant-gouverneur de poser un geste aussi
important que celui-là?
M. Bouchard: C'est la même chose que l'article 29 actuel,
sauf que l'on a prévu le conseil
d'administration parce que, dans la loi, on parlait de conseil. C'est un
article de concordance.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Article 19,
adopté. Article 20?
M. Bédard (Chicoutimi): C'est de la concordance.
M. Cloutier: Non. L'article 20, ce n'est pas de la concordance.
Les autres articles l'étaient.
M. Bédard (Chicoutimi): Non, j'étais à
l'article 19. D'accord.
M. Cloutier: Ah bon! Je croyais que vous aviez adopté
l'article 19.
M. Bédard (Chicoutimi): Cela va. Cela va. M. Cloutier:
C'est à l'article 20.
M. Bédard (Chicoutimi): Nous sommes rendus à
l'article 20.
M. Cloutier: L'article 20 est un article nouveau, bien sûr,
pour assurer une transition.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Article 20,
adopté?
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce qu'on peut savoir quand va
avoir lieu la nomination des nouveaux membres?
Est-ce qu'il y a un échéancier au niveau de la nomination
des nouveaux membres, quand on regarde l'article 20, puis qu'on y parle de la
nomination de tous les membres?
M. Bouchard: Oui. Comme vous voyez l'article 20 est un article de
transition pour assurer l'intérim. Comme les nominations des
différentes personnes au niveau du conseil d'administration et au
conseil de gestion se font après consultation , soit des professeurs,
soit des parents, soit des étudiants, il va falloir attendre
précisément que ces gens soient dans les lieux. Ainsi dans
l'intervalle, nous allons travailler à la rédaction des
règlements nécessaires et lorsque tout sera en branle, à
l'automne, probablement que tout sera prêt.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Article 21,
adopté?
Article 22.
M. Bédard (Chicoutimi): Adopté.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le député
de Roberval.
M. Lamontagne: M. le Président, il y a sans doute d'autres
moments et d'autres lieux pour parler du campus Saint-Félicien. Mais,
comme nous avons ici tous les membres du collège régional, je
voudrais demander au ministre de faire le point sur le projet d'implantation du
nouveau campus Saint-Félicien.
M. Cloutier: M. le Président, le point est facile à
faire. La décision n'a jamais été remise en question. Elle
ne sera pas remise en question. Elle est tout à fait acquise. Il y a eu
quelques retards dus à des évaluations de clientèles,
c'est tout à fait normal, puisqu'il y a au gouvernement un organisme
central qui est le Conseil du trésor, qui est responsable de
l'utilisation des fonds publics et qui pose beaucoup de questions. C'est ainsi,
par exemple, que lors des premiers devis l'évaluation s'était
faite sur une base de cinq ans. On nous a demandé de refaire
l'évaluation des clientèles sur une base de dix ans. C'est
là très certainement une base beaucoup plus logique, puisqu'il
s'agit d'enfants qui sont nés actuellement; par conséquent on
peut en arriver à des approximations assez satisfaisantes. Jeudi, cette
semaine, le dossier, qui est maintenant complet, sera présenté au
Conseil du trésor. Je ne peux vous affirmer qu'il sera
considéré le jour même, mais je crois que c'est une
question de peut-être une semaine ou quinze jours avant que la
décision finale soit rendue. Cette décision sera très
certainement rendue dans le cadre qui semble faire l'unanimité,
c'est-à-dire un campus qui pourrait être de 600 à 650
élèves.
Le Président (M. Houde, Umoilou): Article 22,
adopté?
M. Bédard (Chicoutimi): II y aurait la protection; non,
vous avez fait une suggestion? On peut amender l'amendement, mais on risque
de...
M. Cloutier: Je souhaiterais, si le député de
Chicoutimi a quelque chose à dire, qu'il nous le dise officiellement
plutôt que par personne interposée.
M. Bédard (Chicoutimi): Je remarquais que dans la loi il
n'y avait pas de dispositions particulières concernant la protection du
nom lui-même, Collège régional du Saguenay-Lac-Saint-Jean,
et qu'il y aurait peut-être lieu de le faire. Enfin, vous pouvez en
parler.
M. Cloutier: M. le procureur, est-ce que vous avez
envisagé cette possibilité?
M. Bouchard: M. le Ministre, il ne faut pas oublier que la loi
que vous venez de discuter s'inscrit à l'intérieur du cadre du
bill 21; ce qui n'est pas modifié existe. Donc, vous avez une
disposition finale dans le texte de loi du bill 21 actuel qui dit que les mots
"collèges, collège d'enseignement général et
professionnel", etc. cela s'applique au bill intégralement.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que vous pensez que les
mots "Collège régional" sont prévus dansla loi 21,
à l'heure actuelle?
M. Bouchard: Dans la loi, non, pas "collège
régional", mais les mots "collège d'enseignement
général et professionnel", enfin tous les termes par lesquels un
collège ou un CEGEP peut s'identifier.
M. Cloutier: II est très important de se souvenir que
toutes ces modifications à la loi 21 ne s'appliquent que pour le
Collège régional du Saguenay-Lac-Saint-Jean.
M. Bédard (Chicoutimi): Une loi d'exception.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Article 22,
adopté? Article 23, adopté? Adopté.
Le projet de loi no 91, adopté sans amendement.
Le ministre de l'Education.
M. Cloutier: Je voudrais simplement dire un mot, M. le
Président, pour remercier d'abord, les représentants du
Collège régional Saguenay-Lac-Saint-Jean, également les
représentants de la FNEQ qui ont présenté un
mémoire, ce matin. Je voudrais également remercier tous ceux qui
ont suivi l'évolution de ce dossier, c'est un dossier qui a
démarré il y a plus de quatre ans et qui a connu bien des
difficultés. Beaucoup d'énergies ont été investies
dans ce projet qui revêt une importance, considérable pour la
région.
Je crois que la formule retenue est une formule qui donne satisfaction
et qui, en même temps, ne crée pas de précédent, ne
remet pas en cause la loi 21 qui sera modifiée, le cas
échéant, le moment venu.
Je désire également remercier tout particulièrement
le député de Chicoutimi qui a fait une opposition tout à
fait valable. D'ailleurs je constate avec plaisir, pour sa première
incursion dans le domaine de l'éducation, qu'il s'en est fort bien
tiré. Je me demande même si je ne demanderai pas au chef de
l'Opposition de me l'échanger contre le député de
Lafontaine, comme critique officiel.
Je remercie mes collègues et tous les membres de la commission
ainsi que vous, M. le Président.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le député
de Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président,
malgré les fleurs dont m'a assailli le ministre de l'Education, je dois,
quand même, corriger une de ses expressions, lorsqu'il a parlé de
l'Opposition, du député de Chicoutimi. Je croyais qu'il avait
très bien compris le sens de la démarche que nous nous
étions d'ailleurs fixé, dès le début de
l'étude de ce projet de loi, qui était à l'effet tout
simplement de poser les questions nécessaires pour apporter le plus
d'éclaircissements possible aux articles de ce projet de loi, de
même qu'essayer d'en voir, dans l'esprit du législateur, toutes
les conséquences législatives en termes d'interprétation
ou d'application. C'était clair, je l'ai affirmé au début
des séances de la commission. Je remercie tous les organismes, le
collège régional, la FNEQ et également M. Beaulieu et Mlle
Lalonde pour les mémoires qu'ils ont présentés et qui ont
aidé dans ce débat.
Maintenant, je tiens à dire, ce que j'ai dit au début, que
déjà, depuis assez longtemps, nous avions donné notre
acceptation du principe de la régionalisation. Je tiens à
réindiquer que nous considérons cette loi comme un bill
privé, comme elle se doit d'être considérée, qui
répond à une situation spéciale qui demandait une loi. Je
tiens à réaffirmer que les opinions ou les représentations
que nous avons faites ne doivent pas être considérées,
encore une fois, comme l'indication de la position que prendrait l'Opposition
si, effectivement, nous avions été face à un projet de
réforme globale de la loi 21, puisque notre parti, l'Opposition, croit
à la régionalisation, mais a dit textuellement que c'était
une régionalisation-service.
Je dois admettre que je demeure toujours en faveur de l'adoption de ce
projet de loi, tout en indiquant peut-être un désappointement face
au contenu, étant donné que dans sa lettre que le ministre
faisait parvenir aux différents présidents de collèges, il
avait très spécifiquement parlé de
régionalisation-service. Je comprends que cela peut être, dans
l'esprit du ministre, une des formes de la régionalisation-service. Mais
à la suite de la lecture de cette lettre, nous avions compris et
cela est selon l'esprit du parti que je représente que cela
pouvait aboutir à plus d'autonomie au niveau de l'ensemble des CEGEP de
la région. Mais il reste quand même qu'en dépit de toutes
ces représentations, nous voterons en faveur du principe
énoncé dans ce projet de loi.
Le Président (M. Houde, Umoilou): Le député
de Roberval.
M. Lamontagne: M. le Président, ma question s'adresse
peut-être au député de Chicoutimi. Sans aucun doute, tous
les membres du collège régional ont hâte de voir ce projet
de loi adopté en troisième lecture. Je voudrais savoir si le
rapport et la troisième lecture pourraient être adoptés
simultanément, demain peut-être?
M. Bédard (Chicoutimi): Je crois qu'il y a lieu de
référer cette procédure aux différents leaders
parlementaires, le leader de l'Opposition et le leader du gouvernement. Le
député de Saint-Félicien sait que parfois des voeux sont
exprimés par le député, mais il reste qu'au niveau de la
procédure, c'est aux deux leaders parlementaires de statuer.
M. Harvey (Jonquière): Au pis-aller, il va être
adopté cette semaine.
M. Bédard (Chicoutimi): Arrête donc de baragouiner
pour rien.
M. Harvey (Jonquière): Je ne baragouine pas.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le député
de Saguenay Lac-Saint-Jean.
M. Harvey (Jonquière): On dit oui ou on dit non.
M. Bédard (Chicoutimi): Bien, ferme donc ta "boîte"
si tu n'as rien à dire. Tu n'as rien dit de tout le projet.
Le Président (M. Houde, Limoilou): A l'ordre, s'il vous
plaît! Le député de Roberval.
M. Harvey (Jonquière): On va vous entrer dans un club de
l'Age d'or.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous n'avez jamais rien
compris.
M. Harvey (Jonquière): Vous ne vous êtes pas vu la
face.
M. Bédard (Chicoutimi): Tu n'as jamais rien compris.
M. Harvey (Jonquière): Vous avez la face en grimaces.
M. Bédard (Chicoutimi): Cela, c'est bien le ministre du
Revenu.
Le Président (M. Houde, Limoilou): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bédard (Chicoutimi): II vient donner son mot quand ce
n'est pas le temps et niaiser quand ce n'est pas le temps.
M. Cloutier: M. le Président, est-ce qu'on peut
terminer...
Le Président (M. Houde, Limoilou): A l'ordre!
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, j'invoque
le règlement.
M. Bédard (Chicoutimi): S'il y avait seulement lui...
Le Président (M. Houde, Limoilou): Une question de
règlement.
M. Bédard (Chicoutimi): ...sur ce projet de loi.
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, j'invoque
le règlement. Le député de Chicoutimi est probablement
frustré parce qu'il n'a pas pu changer une virgule ou un point-virgule
au projet. S'il veut se défouler, il le fera sur un autre bill
privé qui s'en vient tout à l'heure.
M. Bédard (Chicoutimi): Regardez-vous donc dans le miroir,
vous allez voir lequel est le...
M. Harvey (Jonquière): Conduisez-vous donc comme un...
M. Bédard (Chicoutimi): II n'est pas capable de dire un
mot intelligent de tout le débat et vient niaiser à la fin du
débat.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le député
de Roberval.
M. Harvey (Jonquière): Les questions imbéciles,
c'est vous qui les avez posées.
Le Président (M. Houde, Limoilou): A l'ordre! Le
député de Roberval.
M. Lamontagne: Je voudrais m'adresser au député de
Chicoutimi, s'il veut bien me donner une réponse.
M. Bédard (Chicoutimi): Une chance qu'il y a d'autres
interlocuteurs plus intelligents.
M. Lamontagne: Je pense qu'il faut comprendre que les gens de
notre région, comme d'ailleurs, ne sont pas toujours familiers avec nos
procédures parlementaires; je vous demande tout bonnement si vous seriez
d'accord à recommander à votre propre leader parlementaire que le
rapport et la troisième lecture puissent être adoptés en
même temps, compte tenu des règles ordinaires que nous connaissons
vous et moi.
M. Bédard (Chicoutimi): Je peux vous dire que je serais
d'accord pour recommander cela à notre leader parlementaire de
l'Opposition. Maintenant, il y a certains principes...
M. Lamontagne: Oui, compte tenu des...
M. Bédard (Chicoutimi): ... qui doivent être
respectés et...
M. Lamontagne: Parce qu'il y en a plusieurs qui...
M. Bédard (Chicoutimi): ... devant une demande
formulée aussi intelligemment...
M. Lamontagne: Bien, j'essaie de...
M. Bédard (Chicoutimi): ... il me fait plaisir de
répondre avec un ton serein et collaborateur.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le député
du Lac-Saint-Jean.
M. Pilote: M. le Président, à titre de
député du comté de Lac-Saint-Jean et surtout à
titre d'ancien professeur, au collège de Jonquière et au
collège de Lac-Saint-Jean, pendant quelques années, je fais
miennes les paroles de félicitations que le ministre a adressés
au conseil d'administration. Le projet de loi que nous venons d'adopter au
niveau de la deuxième lecture, ici, en commission parlementaire, c'est
un défi qui nous est lancé à l'ensemble de la population
et à l'ensemble des collèges du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Je pense
que ce défi est non seulement lancé au conseil d'administration
mais aux professeurs qui auront à oeuvrer et à enseigner à
nos étudiants. Je souhaite qu'il y ait bonne entente, tant entre les
administrateurs que les administrés, et je ne voudrais pas qu'on oublie
que le projet de loi qu'on vient d'adopter en deuxième lecture, c'est
l'avenir des enfants et des jeunes de notre région qui en est un peu la
cause. Je vous remercie, messieurs, et je vous félicite.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Merci, messieurs les
membres de la commission. La commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 17 h 24)