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(Dix heures vingt-quatre minutes)
Le Président (M. Paré): Je déclare la
séance de la commission de l'éducation et de la main-d'oeuvre
ouverte. Le mandat de la commission est d'entreprendre l'étude des
crédits du ministère de l'Éducation pour l'année
1985-1986. Alors, je vous demanderais, Madame la secrétaire, d'annoncer
les remplacements s'il vous plaît.
La Secrétaire: Mme Harel (Maisonneuve) est
remplacée par M. Dupré (Saint-Hyacinthe).
Le Président (M. Paré): Merci. Alors, s'il n'y a
pas d'objection et tel qu'entendu, nous allons procéder
immédiatement à entendre les commentaires préliminaires du
ministre de l'Éducation.
Remarques préliminaires M. François
Gendron
M. Gendron: M. le Président, membres de cette commission,
avant de présenter mes commentaires préliminaires, j'aimerais
quand même présenter les gens qui m'accompagnent ici à la
table, de même que tous ceux qui sont dans la salle de la commission.
Alors, il y a M. Boudreau, sous-ministre en titre au ministère, M.
Trempe, sous-ministre adjoint à l'administration, M. Gagnon,
sous-ministre aux relations du travail et M. Rousseau, sous-ministre a la
direction des réseaux, de même que M. Stein, sous-ministre
associé de foi catholique et, également, les gens de mon cabinet:
M. Lamarre, Mme Gionet, M. Ouellet de même que d'autres fonctionnaires du
ministère. Alors, je leur souhaite la bienvenue, ils seront
également ici pour nous aider à regarder ensemble les
crédits du ministère.
L'étude des crédits du ministère de
l'Éducation revêt cette année un caractère
particulier. Nous sommes en effet parvenus à une étape
décisive du processus de ce renouveau amorcé avec la publication,
en 1977, du livre vert sur l'enseignement primaire et secondaire. Des
orientations ont été proposées, largement
discutées, puis adoptées; des politiques ont été
élaborées; enfin, de nouvelles structures viennent tout juste
d'être choisies. L'année 1985-1986 se présente comme une
charnière importante entre une période principalement
caractérisée par la réflexion et une autre
déjà commencée, où les énergies seront
davantage canalisées vers la mise en oeuvre de la consolidation.
Parmi les défis que doit relever le Québec, il importe de
reconnaître ceux qui interpellent plus directement le système
scolaire: le développement du potentiel humain, les jeunes et l'emploi,
l'égalité des chances, le virage technologique. Les orientations
et les plans arrêtés à travers toutes les recherches et les
efforts de renouveau des dernières années visent à
répondre à ces défis. Déterminés en
particulier par la nouvelle Loi sur l'enseignement primaire et secondaire
public et par la nouvelle configuration du ministère de
l'Éducation, distinct du ministère de l'Enseignement
supérieur, de la Science et de la Technologie, les traits de ce temps de
mise en oeuvre sont avant tout la responsabilisation des milieux, la
concertation des partenaires, la recherche de la qualité et de
l'efficience révélées à l'aide de
l'évaluation.
Les défis adressés au système scolaire. Notre
système scolaire a été l'instrument par excellence de
notre accession au rang des États modernes. Cependant, au fur et
à mesure de notre évolution récente, nous avons
réussi à multiplier et à diversifier les leviers de notre
développement collectif. L'école s'est délestée des
fonctions supplétives qu'une conjoncture particulière l'obligeait
d'assumer. Les pressions actuelles vont plutôt dans le sens d'un centrage
sur sa mission essentielle et d'une contribution, parmi d'autres, à
l'enrichissement du tissu social.
Au nombre des tâches dévolues au système scolaire,
il y en a quatre qui, à l'heure actuelle, réapparaissent devoir
retenir notre attention d'une façon spéciale.
Premièrement, le développement optimal du potentiel
humain. Le système scolaire constitue toujours l'agent principal du
développement de nos ressources humaines. Même si l'on doit
reconnaître qu'une part de plus en plus grande des apprentissages
s'effectuent a la faveur d'un réseau informel d'éducation, c'est
encore le système formel qui détient la responsabilité du
projet de la formation de base. Cette contribution unique, le nouveau
ministère de l'Éducation entend l'assurer dans la perspective
d'une éducation permanente.
Avec l'accroissement du volume des
connaissances et l'accélération du rythme des
transformations, il devient impérieux de concevoir le temps de la
scolarité obligatoire comme une simple étape de la formation,
étalée sur toute une vie. C'est pourquoi l'organisation des
enseignements généraux et professionnels doit viser moins
à l'abondance des savoirs qu'à leur approfondissement et à
leur transférabilité. Ce discours, vieux déjà d'une
vingtaine d'années, est devenu chez nous une réalité bien
vivante.
L'autre objectif, c'est d'accroître l'employabilité des
jeunes. Aucune nation ne peut impunément gaspiller ses ressources
humaines; aucune ne peut, sous peine d'en récolter les fruits amers,
condamner sa jeunesse à l'oisiveté et au chômage chronique.
Ce problème est une préoccupation prioritaire du gouvernement et
des mesures ont été prises pour corriger la situation. Le
ministère de l'Éducation apporte une contribution essentielle
à la réalisation du plan gouvernemental pour favoriser
l'insertion sociale et professionnelle des jeunes.
Le système scolaire ne crée pas les emplois. Il peut
toutefois contribuer à accroître l'employabilité des
jeunes. Les statistiques montrent que les diplômes sont encore le
sésame qui ouvre la porte des emplois. Il faut donc faire en sorte que
les élèves persévèrent dans leurs études
jusqu'à l'obtention de ce diplôme et si, le cas
échéant, ils abandonnent, il faut faciliter par tous les moyens
le retour à l'école. Une meilleure information sur le
marché du travail et sur les secteurs moins achalandés constitue
un autre moyen d'augmenter les chances d'emploi. Enfin, la formation
elle-même peut être un atout majeur de la recherche d'un emploi.
Une meilleure identification des besoins du marché du travail favorise
une plus grande adaptation de la formation et, par conséquent,
accroît l'employabilité.
Réduire les inégalités persistantes. L'institution
scolaire est, pour une large part, solidaire et tributaire de la
société dont elle fait partie. Elle est aussi agent de changement
social. C'est dans la dialectique de ses rôles antinomiques de
conservation et de transformation qu'elle doit composer avec le
phénomène des inégalités.
Longtemps on a cru que le système scolaire pouvait être
l'instrument principal de la réduction des inégalités
sociales. Aujourd'hui, nous savons que, malgré tous nos efforts de
généralisation et de démocratisation de l'enseignement,
des inégalités persistent parce que les règles du jeu
social qui conditionnent les règles du jeu scolaire n'ont pas
changé fondamentalement. Même si cela heurte nos convictions
profondes, il faut nous rendre à l'évidence que le pronostic
scolaire et social est à peine plus favorable qu'il y a vingt ans pour
les jeunes issus de milieux économiquement faibles. Ce n'est pas tout
d'ouvrir à tous les portes de l'école. Encore faut-il, à
l'intérieur, offrir à chacun, selon ses avantages et ses
handicaps, les conditions nécessaires à son réel
épanouissement. Ce constat d'échec relatif n'a pas pour effet de
nous décourager; il permet, au contraire, par une meilleure saisie du
problème, de corriger la trajectoire et de planifier des interventions
plus adéquates, en concertation avec nos partenaires sociaux.
L'avenir du Québec sera celui d'une société
technologiquement avancée. Nous sommes déjà entrés
de plain-pied dans cet avenir. L'industrie de pointe réclame
déjà nos diplômés dans les secteurs hautement
spécialisés. L'informatique transforme en profondeur les secteurs
reliés à l'administration et aux communications. La recherche
dans les domaines de la biologie, de l'environnement, de l'énergie ouvre
la voie à de nouveaux champs d'application.
Le système scolaire est interpellé par ce fourmillement de
mutations en aval. Il lui faut s'ajuster rapidement s'il veut contribuer
activement à l'édification d'un Québec plus moderne.
D'autre part, les exigences économiques et sociales correspondent ici
à des impératifs d'épanouissement des personnes. Les
jeunes aspirent à développer leur potentialité et leur
motivation est plus grande si l'école leur en offre le loisir par des
programmes adaptés à un monde qu'ils reconnaissent comme le leur
et dont ils se sentent solidaires.
Les orientations et les différents plans qui sont en chantier.
Voilà donc les principaux éléments de la
problématique qui retiennent notre attention, orientent notre action et
mobilisent nos ressources. Pour relever les défis qui lui sont
adressés, le ministère de l'Éducation a mis en chantier
des politiques et des plans.
Certaines politiques que l'on peut qualifier de majeures touchent
à l'ossature du système et au projet éducatif national.
D'autres constituent des mesures particulières de soutien à des
catégories de personnes et représentent, dans la plupart des cas,
des efforts à renouveler. Je n'ai pas l'intention d'en présenter
ici un relevé exhaustif. On comprendra que je veuille plutôt
mettre en évidence les dossiers auxquels il y a lieu d'attacher une
importance spécifique.
C'est en 1985-1986 que se concrétiseront les démarches de
réflexion et de consultation en vue de reconnaître le rôle
déterminant de l'école et de ceux qui la font dans
l'économie d'ensemble du système. La nouvelle Loi sur
l'enseignement primaire et secondaire public sera implantée et
j'amorcerai bientôt la consultation sur les projets de règlement
qui en découlent et qui sont nécessaires à son application
définitive prévue pour juillet 1986.
Au niveau des politiques majeures, j'aimerais dire quelques mots de la
formation générale. Avec la parution, en 1979, de "L'école
québécoise" et de l'adoption, en 1981, du nouveau
règlement sur le régime pédagogique, le ministère
de l'Éducation entreprenait une vaste opération de
révision et d'élaboration de tous les programmes du
préscolaire, du primaire et du secondaire. L'échéancier
prévu a été respecté dans la très grande
majorité des cas.
L'application se déroule généralement, elle aussi,
jusqu'à maintenant, selon le calendrier fixé au départ. Au
primaire, les mathématiques, l'éducation physique et l'anglais,
langue seconde, sont appliqués et le français suivra en septembre
1985. À la demande du comité mixte formé de
représentants des fédérations des commissions scolaires,
de la Centrale de l'enseignement du Québec et du ministère, un
temps de consolidation dans l'implantation de ce premier bloc sera
aménagé avec pour effet d'entraîner un sursis dans
l'application obligatoire des autres programmes. Au secondaire où la
programmation s'applique par degré, nous en sommes à la classe de
quatrième, sauf pour les mathématiques et l'anglais. Un
calendrier révisé d'implantation a aussi été
adopté afin de tenir compte des difficultés particulières
au secteur anglophone. Cette décision fait suite au mémoire
présenté par le comité des responsables anglophones du
curriculum.
Cette opération de mise à jour était
nécessaire afin d'adapter le régime des études et les
programmes aux réalités modernes. Nous avons toutefois conscience
que, malgré leur contribution essentielle a la formation des jeunes, les
programmes ne possèdent pas en eux-mêmes et à eux seuls les
vertus magiques provoquant des apprentissages de qualité. Leur
application doit entraîner des mutations profondes dans la relation
maître-élève et dans l'approche pédagogique des
enseignants. C'est pourquoi il convient de poursuivre les activités
prévues de soutien, d'animation et de perfectionnement en continuant de
consentir aux directions régionales et aux commissions scolaires le
niveau actuel des ressources.
D'autre part, il n'est pas réaliste d'envisager la
répétition périodique d'une opération de cette
envergure. Il faudra même l'éviter à tout prix et je pense
que cela nous est demandé par tous les intervenants. Pourtant, les
programmes ont besoin d'être mis à jour et c'est donc à
l'évaluation continue qu'il faudra recourir, dorénavant. Chaque
année, nous devrons choisir un certain nombre de programmes à
évaluer de manière que les principaux y passent à tous les
cinq ans. Ce plan quinquennal a déjà été
élaboré et des ressources y seront affectées.
Pour ce qui est du secteur de la formation professionnelle, celui-ci
n'est plus le parent pauvre du système éducatif. On peut
même dire que la distinction forcée entre le général
et le professionnel, commode dans la vie scolaire de tous les jours, n'a plus,
dans les faits, la réalité qu'elle avait auparavant. Le projet de
formation réunit en symbiose les deux dimensions, chacune prenant appui
l'une sur l'autre, pour réaliser l'émergence d'une
génération de citoyens cultivés et compétents.
Pas plus qu'une formation générale complète ne
saurait se concevoir sans une connaissance des réalités du
travail, une formation professionnelle serait caduque si elle ne reposait sur
une solide formation de base. Cette conviction, partagée par les
responsables de l'entreprise et par ceux de l'éducation, a incité
le ministère à reporter à la fin du secondaire
l'enseignement professionnel proprement dit. Une telle décision comporte
des conséquences dont je voudrais vous entretenir brièvement.
Le report de la formation professionnelle en secondaire V et
au-delà entraîne ipso facto la disparition de ce qu'on appelait
communément le professionnel court. Désormais, il n'y aura qu'un
seul type de formation professionnelle au secondaire, donnant accès au
statut d'ouvrier qualifié et sanctionné par une reconnaissance
unique des compétences, soit le diplôme de formation
professionnelle.
La première question qui se pose est la suivante:
Qu'adviendra-t-il de la clientèle traditionnelle du professionnel court?
Les commissions scolaires implanteront sur une base volontaire en 1985-1986 et
sur une base obligatoire à compter de 1986-1987 les cheminements
particuliers de formation de base. Il s'agit d'une pédagogie mieux
adaptée, c'est-à-dire plus soucieuse des rythmes et des styles
d'apprentissage de chacun des élèves. En outre, des
expériences d'insertion sociale et professionnelle seront
proposées aux élèves de 16 à 18 ans qui n'ont pas
encore acquis le diplôme de fin d'études secondaires. Ces
expériences pourraient se faire par la voie de l'alternance entre
l'école et les milieux de travail. Une telle approche suppose un
assouplissement des règles scolaires, la reconnaissance des acquis et la
concertation avec l'entreprise. Cela ne signifie nullement une formation
à rabais. Ce ne sont pas les objectifs qui seront adaptés, mais
les modalités.
Cette restructuration affectera temporairement les maîtres de
l'enseignement professionnel. La disparition progressive du professionnel court
et le report de la formation professionnelle à la fin du cours
secondaire entraîneront, pour une période transitoire, des
mouvements de personnel qui se traduiront par des départs volontaires,
des congés de perfectionnement
ou de recyclage, des mises en disponibilité, etc. Le
ministère à prévu ces éventualités et mettra
tout en oeuvre pour que l'économie du système coïncide avec
la satisfaction des individus concernés. Déjà, j'ai eu
l'occasion de rencontrer une délégation de la Commission scolaire
régionale de la Mauricie qui m'a présenté des propositions
visant à résorber les surplus de personnel dans l'enseignement
professionnel. Les points de vue originaux qu'elle a fait valoir
méritent attention et je m'engage à évaluer
honnêtement et rigoureusement la viabilité de telles
suggestions.
Qu'en est-il, maintenant, du contenu lui-même de cette formation
professionnelle? Nous voulons offrir aux jeunes des formations polyvalentes,
adaptées à la structure des emplois. Pour favoriser la
mobilité à l'intérieur d'une famille de
spécialités, l'école dispensera une formation
professionnelle de base et laissera à l'entreprise ou à
l'éducation des adultes le soin de compléter par une formation
plus fine. En plus de favoriser la mobilité, une telle orientation
permettra de ne pas allonger indûment le temps initial de formation.
Nous voulons aussi promouvoir la dimension régionale des
apprentissages professionnels. Chaque commission scolaire disposera d'une marge
de manoeuvre lui permettant de donner à ses programmes professionnels
une coloration locale ou régionale. En électromécanique,
par exemple, une commission scolaire fera des applications aux appareils de
sécurité et de serrurerie, une autre à la machinerie
servant aux mines, une autre aux machines à bois, une autre à la
papeterie. Les régions du Québec sont suffisamment
diversifiées pour justifier une telle marge d'application non seulement
aux fins d'adaptation à l'entreprise régionale ou locale, mais
aussi dans le but de favoriser chez les jeunes des apprentissages plus
significatifs.
Tout comme pour la formation générale, l'entreprise de
révision et d'élaboration des programmes professionnels mobilise
de nombreuses ressources tant du monde du travail que du milieu scolaire. On
peut en avoir une idée en songeant que l'on prévoit passer de 269
programmes à moins d'une centaine, d'ici à 1988-1989. Cela
suppose beaucoup de consultations, beaucoup d'études, de
cohérence et de pertinence et la traduction des besoins en objectifs
pédagogiques, ce que nous ne pouvons remettre à plus tard.
Le projet d'éducation permanente. La mise en oeuvre du projet
d'éducation permanente suppose d'abord une redéfinition de la
formation initiale dispensée aux jeunes dans le cadre de la
scolarité obligatoire. Les programmes scolaires doivent tenir compte des
possibilités offertes aux adultes de compléter, quand bon leur
semble, cette formation dite initiale. On a vu qu'à ce titre les actions
découlant de l'énoncé de politique "L'école
québécoise", en 1979, et des "Propositions de relance et de
renouveau de la politique de formation professionnelle des jeunes", en 1982,
réalisent dans les faits ce qui n'était jusqu'ici qu'un concept
souvent considéré comme utopique.
Le second volet de ce dispositif global, l'éducation des adultes,
a longtemps été considéré comme le tout. La preuve
en est que l'on désignait dans les organismes les services
d'éducation des adultes par "Éducation permanente". Nous avons
éliminé ce quiproquo en donnant à chaque type de
clientèle la place qui lui revient à l'intérieur du projet
global. Nous venons de voir comment le ministère de l'Éducation a
résolument transformé la formation dispensée aux jeunes
pour la situer sur un continuum qui s'étend de la petite enfance au
troisième âge. Nous allons maintenant donner un bref aperçu
des mesures destinées aux adultes.
Ces mesures sont placées sous le signe de l'ouverture et de
l'accessibilité. La loi 3 ouvre officiellement l'accès de
l'école aux clientèles adultes. Les règles
budgétaires confirment la volonté législative en
prévoyant que les subventions versées aux commissions scolaires
pour la formation de base, bien que s'adressant en priorité aux
clientèles soumises è la scolarité obligatoire, peuvent
également servir à l'éducation des adultes; les ressources
didactiques leur seront également accessibles. La loi stipule de plus
que le régime pédagogique peut être adapté aux
situations particulières des étudiants adultes.
Des crédits supplémentaires sont alloués pour
implanter différentes mesures visant à rendre les services
éducatifs plus pertinents et plus accessibles. Accessibilité
accrue à la formation de base par l'alphabétisation, aux
formations qualifiantes par la reconnaissance des acquis expérientiels,
à la formation professionnelle par les cours de recyclage et de
perfectionnement aux travailleurs des métiers en perte de vitesse.
Ouverture aussi par la diversification des offres de formation. Nous pensons
ici, en particulier, aux organismes volontaires d'éducation populaire,
communément appelés les OVEP, dont le nombre a presque
doublé cette année.
Enfin, la mise en place du dispositif des services d'accueil et de
référence régionalisée permettra à chaque
adulte du territoire québécois de trouver à un même
endroit dans sa région une personne capable de l'accueillir, de
l'assister dans la définition de son projet de formation, de lui
prodiguer les services d'information et d'orientation, d'évaluer ses
acquis antérieurs et de le référer à la ressource
éducative appropriée. L'établissement d'un tel dispositif
a été
rendu possible grâce à la coopération des
commissions scolaires, des cégeps, des commissions de formation
professionnelle, des universités, des OVEP et, dans certains cas, des
COFI et des groupements de femmes. 11 s'agit, en somme, d'une
coopérative de services. L'année 1985-1986 sera très
importante puisque l'infrastructure est installée et qu'on est rendu
à l'étape du véritable démarrage.
La micro-informatique dans le système scolaire.
L'évolution technologique et, en particulier, l'essor de la
micro-informatique continuent d'affecter en profondeur et de façon
irréversible les rouages économiques, la structure des emplois et
la vie quotidienne des personnes. Le système éducatif ne pouvait
rester en marge d'un tel phénomène et il devait faire en sorte
que les jeunes et les adultes puissent s'approprier les nouvelles technologies
et être en mesure de s'adapter rapidement aux changements qu'elles
impliquent.
À cet effet, le ministère de l'Éducation a
élaboré un plan quinquennal de développement de la
micro-informatique dans le système scolaire. Ce plan en sera, en
1985-1986, à sa troisième année de réalisation.
Pour ajouter à la compréhension du dossier, un document relatif
au plan a été déposé auprès des membres de
la commission parlementaire. Il fait état des réalisations des
années 1983-1984 et 1984-1985, ainsi que des mesures prévues pour
l'année 1985-1986. Qu'il me soit permis, sans entrer dans tous les
détails, d'attirer votre attention sur la progression des principaux
volets de cet important dossier. (10 h 45)
Tout d'abord, au chapitre des programmes d'études, nous
poursuivrons l'implantation du programme d'introduction à la science de
l'informatique au cours secondaire en passant de 315 écoles
touchées à 450. Ajoutons que nous tenons également compte
de l'évolution technologique dans ce domaine lorsque nous
procédons à la révision des programmes en formation
professionnelle.
Un tel développement entraîne par le fait même la
nécessité d'intensifier le volet de formation et de
perfectionnement des personnes.
On continuera de tenir des sessions ponctuelles de formation à
l'intention des divers personnels et d'organiser des stages en industrie
à l'intention du personnel de la formation professionnelle. On
continuera d'encourager, par le biais des budgets de perfectionnement, les
enseignants appelés à dispenser les cours d'introduction à
la science de l'informatique à s'inscrire aux cours offerts par les
universités dans le cadre des certificats. Enfin, on
accélérera la production de la série
télévisée Octo-Puce II.
On a l'intention d'accélérer le développement et
l'achat de logiciels et de didacticiels. C'est là un rouage essentiel du
plan quinquennal. Non seulement faudra-t-il continuer de soutenir les
entreprises de production, mais aussi faudra-t-il susciter des projets de
coproduction avec les réseaux d'enseignement et le personnel des
établissements scolaires. En corollaire, il y aura lieu d'aider les
commissions scolaires à se procurer les logiciels et les didacticiels
sans lesquels les équipements perdraient toute utilité.
Nous prévoyons, en effet, acquérir en 1985-1986 les
micro-ordinateurs correspondant à la dernière tranche du contrat
passé au cours de l'année avec la firme Comterm. Comme on se
souvient, ce contrat prévoyait l'achat de 9000 unités au cours
des deux années.
Le succès d'un plan de développement aussi novateur repose
en bonne partie sur un solide volet de recherche, d'expérimentation et
d'innovation pédagogique. Au cours de la présente année
scolaire, la création d'un centre de recherche en applications
pédagogiques aura franchi des étapes décisives. Nul doute
que les travaux du centre apporteront en 1985-1986, des éclairages
essentiels dans le développement de logiciels exemplaires et dans
l'expérimentation de modèles d'intégration
pédagogique de l'ordinateur. D'autre part, le ministère de
l'Éducation suscitera et soutiendra les projets émanant des
milieux scolaires.
Enfin, le plan comporte aussi un volet d'évaluation continue et
intégrée. Le mécanisme a déjà
été mis en place et il continuera de fonctionner jusqu'à
la fin du plan quinquennal. Ainsi, on pourra corriger au fur et à mesure
les erreurs de trajectoire.
En plus des politiques majeures liées intrinsèquement
à la trame du projet éducatif national, le ministère a
identifié une série de cibles où il lui apparaît que
des efforts particuliers doivent être soutenus et renouvelés. Une
de ces premières cibles: les milieux économiquement faibles.
L'énoncé de politique "L'école
québécoise" rappelait le droit de tous à une
éducation de qualité et insistait sur le principe de
l'égalité des chances, obligeant ainsi les milieux scolaires
à reconnaître la présence à l'école de
groupes minoritaires ayant des besoins spécifiques. Dès
l'année suivante, en 1980, le ministère publiait une politique
proposant un ensemble d'interventions éducatives pour les enfants des
milieux économiquement faibles. Sans négliger tout à fait
les ordres d'enseignement primaire et secondaire, la politique prévoyait
des mesures destinées prioritairement aux très jeunes enfants et
aux adultes. En 1984, un comité était créé afin de
réaliser la politique existante et de formuler des recommandations
précises visant à mettre à jour les orientations du
ministère dans ce
domaine et à améliorer la qualité de l'enseignement
dans les milieux économiquement faibles. Ce comité a maintenant
terminé ses travaux et déposé son rapport.
Qu'est-ce que le comité propose? C'est un plan triennal qui
commencera en 1986-1987. Il est prématuré d'identifier les
mesures qui seront alors mises en oeuvre. Toutefois, on peut d'ores et
déjà retenir que le plan d'action repose sur l'émergence
de projets locaux nécessitant la coopération de tous les agents
concernés. Le ministère accordera l'aide technique
nécessaire et financera les projets sur la base d'une carte
révisée des milieux économiquement faibles. Cette carte,
qui permet de dégager pour chaque milieu un indice de
"défavorisation", vient tout juste de recevoir les correctifs
nécessaires. La nouvelle carte utilise le recensement de 1981 au lieu de
celui de 1971 comme base de calcul. Elle permet aussi d'attribuer un indice
à l'école et non plus seulement à la commission
scolaire.
Ces modifications majeures introduisent une plus grande
équité dans le processus d'allocation des ressources et tiennent
davantage compte des réalités actuelles. On songe à
l'utiliser dès 1985-1986 pour procéder à une
réallocation des ressources. Cet instrument est disponible à des
commissions scolaires qui, comme le Conseil scolaire de l'île de
Montréal, consacrent une partie importante des taxes scolaires à
l'établissement d'un système de péréquation visant
à la réduction des écarts économiques entre les
quartiers.
L'école et les communautés culturelles. Les enfants des
différentes communautés culturelles constituent à
l'intérieur de l'école des groupes minoritaires
nécessitant une attention particulière. Soucieux de favoriser
l'égalité des chances scolaires, le ministère a
créé l'an dernier un comité chargé de faire une
analyse de la situation et de proposer des mesures de correction des
inégalités. Le comité vient tout juste de terminer ses
travaux et de déposer un rapport comportant une soixantaine de
recommandations.
Une première analyse de ces dernières laisse entrevoir la
possibilité de donner suite dès cette année à une
dizaine d'entre elles. L'an prochain, c'est-à-dire en 1985-1986, nous
pourrons en réaliser une vingtaine d'autres. Il faudra par ailleurs
procéder à une analyse plus poussée pour déterminer
le rythme et les modalités d'application dans la dernière
moitié des recommandations. Déjà, toutefois, la mise en
oeuvre des premières introduira une dynamique nouvelle dans les milieux
et encouragera les instances locales à susciter des initiatives qui
modifieront positivement le contexte scolaire.
L'entreprise d'égalisation des chances, qui vise au
développement optimal des aptitudes de tous les élèves par
une attention aux besoins spécifiques de chacun, doit également
se préoccuper d'une minorité trop longuement
négligée: ceux qu'on appelle communément les
élèves doués et plus talentueux ou la "douance". En effet,
on ne peut parler d'excellence et du développement des
compétences nécessaires à l'essor du Québec moderne
si on ne favorise pas l'éclosion des talents.
Un document d'orientation sera bientôt prêt et des
décisions seront prises afin que ces élèves
reçoivent toute l'attention nécessaire. Déjà,
cependant, le cadre se dessine et des actions concrètes peuvent
être menées dès l'an prochain. Par exemple, au cours
secondaire, il ne faudrait pas penser que la notion évoquée
précédemment de "cheminements particuliers de formation de base"
est réservée aux élèves qui se seraient
trouvés au professionnel court. Les élèves doués et
talentueux doivent aussi profiter de ce type de pédagogie
individualisée. Il n'est pas dans notre intention de susciter la
création d'écoles ou même de classes pour doués et
talentueux, mais il faut plutôt encourager l'exploitation des ressources
éducatives de l'école et de la communauté pour ces
élèves. Le ministère soutiendra les innovations
pédagogiques réalisées dans ce cadre et diffusera les
rapports d'expériences en provenance des différents milieux.
C'est le premier pas qu'il convient de franchir dès 1985-1986.
La condition féminine. Les filles à l'école ne
constituent pas un groupe minoritaire. Cependant, leur orientation
présente des anomalies qui les situent en position
d'inégalité. Jusqu'au niveau du baccalauréat, la
représentation féminine est égale à celle des
garçons. Pourtant, lorsqu'on scrute attentivement la ventilation des
effectifs et des diplômés par spécialisation ou par
concentration, on réalise que les filles continuent de se diriger
systématiquement vers les métiers traditionnellement
féminins: santé, secrétariat, soins esthétiques,
couture et habillement. Les relances effectuées par le ministère
de l'Éducation auprès des sortants du système scolaire
démontrent que les spécialités féminines
présentent un taux de chômage plus élevé et un
salaire inférieur.
Les orientations privilégiées par les filles
préparent principalement à des emplois dans le secteur tertiaire,
où l'on prévoit des surplus de main-d'oeuvre dus au
développement de la micro-technologie et aux coupures budgétaires
dans les services publics. Il suffit de constater l'absence quasi totale des
étudiantes dans les options gagnantes reliées au virage
technologique pour conclure que les filles seront les grandes perdantes, si on
ne les incite pas à se tourner plus résolument vers les secteurs
scientifiques et techniques traditionnellement masculins. La
société québécoise y perd aussi
dans ce gaspillage du potentiel humain.
Pour remédier à cette intolérable situation, le
ministère de l'Éducation, de concert avec ses partenaires
sociaux, entend mener des actions vigoureuses et continues. C'est dans cette
optique qu'il s'est associé au Conseil du statut de la femme, au
ministère des Communications et au ministère de l'Enseignement
supérieur, de la Science et de la Technologie pour produire un
instrument didactique sur les carrières non traditionnelles d'avenir. La
brochure "Explorons de nouveaux espaces" et la vidéo qui l'accompagne
serviront de support aux activités d'incitation à l'orientation
des filles vers les métiers plus prometteurs.
En outre, dans le cadre de la décennie des femmes, le
ministère a adopté un plan triennal d'activités qui va
dans le même sens. En 1985-1986, ce plan prévoit la recherche et
la production de nouveaux instruments pédagogiques, la tenue de sessions
de perfectionnement des personnels scolaires, l'identification de femmes
oeuvrant déjà dans des secteurs de pointe et disponibles pour
rencontrer des étudiantes, un dossier biographique d'une vingtaine de
ces femmes, un guide de planification de conférences et d'ateliers de
manipulation technique à l'usage des enseignants et des conseillers en
orientation, ainsi qu'un didacticiel à l'intention des
élèves du deuxième cycle du primaire. Enfin, l'influence
des pairs étant souvent déterminante dans l'orientation des
jeunes, on soutiendra également les initiatives des comités
d'élèves.
L'insertion sociale et professionnelle des jeunes. Le volet
éducation du plan gouvernemental d'insertion sociale et professionnelle
des jeunes constitue toujours un dossier prioritaire du ministère et il
mobilise les ressources de plusieurs unités administratives.
Les actions entreprises en 1984-1985 sous la responsabilité du
ministère de l'Éducation portaient principalement sur
l'amélioration des services d'orientation et d'information, la
prévention de l'abandon scolaire, le retour à l'école des
dé-crocheurs identifiés, le développement de
l'enseignement professionnel et le perfectionnement des intervenants. Le
ministère de l'Éducation collabore de plus activement avec deux
autres ministères en assumant ses propres responsabilités dans la
réalisation des mesures suivantes: Jeunes volontaires, avec le
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche; travaux
communautaires, stages en milieu de travail et rattrapage scolaire avec le
MMOSR.
Les mesures d'orientation et d'information ont rejoint 43 000
élèves; celles de prévention de l'abandon scolaire, 38 000
élèves, et celles du retour à l'école, 21 000
élèves. Parmi ce dernier groupe, 9500 ont été
référés au milieu scolaire par le ministère de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu; 8500 étaient
inscrits à l'enseignement régulier et 3000 à
l'éducation des adultes. Il s'agit là d'une contribution
supplémentaire du réseau de l'éducation et elle est
d'autant plus significative qu'elle fait d'une mesure ponctuelle une prise en
charge institutionnelle. La nouvelle politique de l'éducation des
adultes, les règles budgétaires 1985-1986 et l'application de la
loi 3 dès septembre 1986 donneront un caractère de permanence aux
mesures visant à favoriser le retour aux études des jeunes
décrocheurs qui n'ont pas obtenu leur diplôme d'études
secondaires.
Pour leur part, les mesures de perfectionnement ont permis la
réalisation de 50 projets et les travaux communautaires ont rejoint 2400
bénéficiaires de l'aide sociale.
En 1985-1986, troisième année du plan, les
activités se poursuivent en fonction des résultats de
l'évaluation en cours. Cette dernière, dont une grande partie
tient compte de la satisfaction des bénéficiaires du plan, laisse
déjà entrevoir la contrepartie des nombreux témoignages
positifs exprimés. On pourrait les résumer ainsi: "Pourquoi
l'école régulière ne m'a-t-elle pas enseigné des
choses aussi intéressantes et utiles? Je n'aurais jamais
décroché!" De tels témoignages interpellent vivement le
système scolaire et nous indiquent le bien-fondé des efforts
entrepris pour réviser le régime pédagogique et les
programmes. Ils nous indiquent aussi qu'il faudra évaluer l'impact des
changements apportés et rester constamment sur le qui-vive.
Un autre secteur important, c'est la formation et le perfectionnement
des maîtres. Tous les chantiers évoqués jusqu'ici
comportent des exigences considérables de formation et de
perfectionnement des maîtres. Le ministère en est tout à
fait conscient et déjà, en juin 1983, il soumettait à la
consultation un document d'orientation intitulé "Vers des
aménagements". En raison d'une année scolaire 1983-1984 fort
chargée - restructuration scolaire, formation professionnelle des
jeunes, micro-informatique, etc. - les partenaires ont reporté leur
participation à la consultation en 1984.
À ce jour, les résultats de la consultation sont
compilés et un comité réunissant les représentants
du MEQ et du ministère de l'Enseignement supérieur, de la Science
et de la Technologie s'apprête à en tirer les conclusions ainsi
qu'à proposer les aménagements à retenir et à
mettre en place. On devrait donc pouvoir annoncer, dans le courant de la
prochaine année, les mesures spécifiques qui seront
arrêtées.
L'année 1984-1985 a été celle de l'adoption de la
loi 3, Loi sur l'enseignement primaire et secondaire public. Pour qu'elle
puisse entrer en vigueur de façon définitive et dans sa
totalité le 1er juillet 1986, il faut dès maintenant mettre en
oeuvre le dispositif de transition et adopter les procédures, les
règlements et les règles budgétaires qui la rendront
opérationnelle. La plupart des étapes de ce processus sont
décrites au chapitre VI de la loi. Parmi les règlements qui
découlent de cette loi, il y en a trois qui feront l'objet d'une
consultation vers juin 1985. (11 heures)
Je veux déposer aussi à cette commission, pas à ce
moment-ci, mais è la fin, les projets de règlement sur le
régime pédagogique, sur la gestion des ressources
matérielles et financières des commissions scolaires et sur la
consultation des parents préalable à une demande de
reconnaissance ou de retrait de reconnaissance comme école catholique ou
comme école protestante.
Le premier projet porte sur l'article 447 de la loi 3 qui fixe le cadre
à prévoir pour l'organisation des services éducatifs et
qui détermine les sujets auxquels s'applique le règlement. Le
nouveau régime s'apparente à l'ancien sur la plupart des sujets.
Les principales modifications portent sur le temps prescrit pour les services
éducatifs, sur les matières obligatoires et à option,
ainsi que sur le calendrier d'application progressive des articles du
régime. Dans l'ensemble, le nouveau régime colle aux articles de
la loi et, de ce fait, s'appuie sur des balises qui facilitent sa
compréhension. D'autre part, il respecte l'esprit de la loi qui octroie
aux instances locales une meilleure marge de manoeuvre.
Le projet de règlement sur la gestion des ressources
matérielles et financières porte essentiellement sur
l'aliénation des immeubles, sur les contrats de construction des
immeubles, de même que sur les services professionnels reliés
à la construction. Sans entrer dans les détails, il ressort des
projets de règlement que l'accent est mis sur la simplification du
système, la responsabilisation des commissions scolaires, la
transparence des décisions, l'utilisation rationnelle des ressources
matérielles et, enfin, l'harmonisation de toutes ces
procédures.
Le projet sur la consultation des parents préalable à une
demande de reconnaissance ou de retrait de reconnaissance comme école
catholique ou comme école protestante fixe les modalités par
lesquelles une commission scolaire met en oeuvre le processus conduisant
à l'octroi ou au retrait du statut confessionnel d'une école. Le
règlement fait obligation à la commission scolaire de tenir une
consultation, à la suite d'une demande d'un conseil d'école, et
de veiller à ce que son déroulement s'effectue dans le plus grand
respect des règles du jeu démocratique.
La loi 3 constitue l'aboutissement d'un long cheminement qui, du livre
vert en 1977 jusqu'à ce jour, a donné lieu à de nombreuses
consultations et à des commissions parlementaires. Adopter une loi pour
le système scolaire est un processus qui exige du temps et des efforts
concertés, lorsque les citoyens sont assez aguerris au jeu politique
pour exprimer leur point de vue et le gouvernement assez respectueux des droits
civiques pour chercher la voie étroite des compromis socialement
acceptables. Nous avons là un exemple de la démocratie en
action.
La nouvelle loi sur l'enseignement primaire et secondaire ainsi que la
nouvelle configuration du ministère de l'Éducation
déterminent un certain nombre de traits de cette période de mise
en oeuvre.
La responsabilisation des milieux. La première moitié de
la présente décennie a été marquée par une
volonté de décentralisation des responsabilités vers ceux
qui font l'école et, donc, par une démarche progressive de prise
en charge de l'école par la communauté. La loi 3 vient accentuer
ce mouvement en créant des conditions qui permettent de passer des
intentions à la réalisation des objectifs de responsabilisation
des milieux.
La loi favorise une décentralisation administrative réelle
vers l'école en la plaçant nettement sous la
responsabilité d'un directeur et d'un conseil. La composition et les
fonctions des conseils d'école permettent de reconnaître le
rôle prééminent des communautés locales dans la
gestion des écoles. Les enseignants se voient confirmés dans
leurs responsabilités relatives à l'enrichissement des programmes
d'études et à l'adaptation des contenus indicatifs, au choix des
modalités d'intervention pédagogique, du matériel
didactique et des instruments d'évaluation.
Au niveau de la commission scolaire, le principe de l'élection
démocratique au suffrage universel pour la majorité des
commissaires a été préservé de manière
à réaffirmer le maintien de la responsabilité de chaque
communauté locale à l'égard des services publics
d'éducation. Afin que la voix des écoles se fasse entendre au
centre de décision de la commission scolaire, des parents
désignés par l'ensemble des membres des conseils d'école
représentent ces derniers au sein du conseil des commissaires.
Lors de l'étude des crédits de 1984-1985, mon
prédécesseur, M. Bérubé, annonçait
l'intention du ministre de se délester de certaines fonctions et
pouvoirs et de se centrer sur sa mission essentielle. Les dispositions de la
loi 3 ont concrétisé cette intention en réduisant les
pouvoirs et les contrôles gouvernementaux sur la vie pédagogique
et la gestion des commissions scolaires. À titre d'exemple, les
commissions
scolaires n'ont plus à faire autoriser les programmes locaux par
le ministère. Elles ont maintenant le pouvoir d'exempter un
élève de l'application d'une disposition du régime
pédagogique et elles peuvent délivrer les équivalences
d'études. De même, le ministère abandonne les
contrôles a priori dans au moins trois domaines: la disposition des
biens, l'élaboration des plans et devis et les budgets annuels. Le
nouvel encadrement réglementaire permet de décentraliser les
pouvoirs et la prise de décision.
Il revient donc au milieu de prendre acte de ces nouveaux pouvoirs et
responsabilités afin de faire de l'école un lieu qui
réponde davantage aux aspirations de la communauté environnante.
Le ministère tend à s'appuyer davantage sur la motivation et sur
la capacité des agents éducatifs locaux à se donner les
outils pédagogiques adaptés à leurs besoins, à
s'engager dans des entreprises nouvelles, à prendre en main les
destinées de leur école.
Bien sûr, une plus grande décentralisation, aboutissant
obligatoirement à une responsabilisation accrue des milieux, place au
premier plan la nécessaire concertation entre tous les partenaires
impliqués de près ou de loin dans l'éducation.
Les règles du jeu nées de la loi 3 imposent de nouvelles
formes de concertation au sein même du réseau scolaire. En
précisant les rôles spécifiques des différents
partenaires, cette loi a fait de l'école un lieu de concertation dont
l'aboutissement majeur sera la réalisation du projet éducatif. Le
nouveau conseil d'école, formé de représentants de toutes
les composantes de l'école, constitue le coeur de la coopération
de tous ces partenaires. Il est assisté dans ses fonctions par trois
comités regroupant les parents, les élèves, les
enseignants et les professionnels. Cette concertation interne à
l'école peut même s'étendre au-delà des personnes
directement impliquées. C'est ainsi que l'assemblée des parents
peut décider de désigner un représentant de la
communauté pour occuper le siège d'un parent au conseil
d'école. Entre l'école et la commission scolaire, de nouveaux
rapports doivent s'établir pour tenir compte de la redéfinition
des responsabilités et d'une participation plus grande des parents au
conseil des commissaires.
La concertation déborde même le réseau de
l'éducation. Les politiques en action, dont j'ai parlé
précédemment, faisaient déjà apparaître la
nécessité d'une concertation accrue entre l'école et les
partenaires sociaux. Les services régionalisés d'accueil et de
référence, qui impliquent la concertation de plusieurs organismes
d'une même région, constituent un bon exemple de ce
phénomène. De même, certaines orientations en formation
professionnelle entraînent l'établissement de relations
très étroites entre le monde de l'éducation et celui du
travail. Si on retient, par exemple, la voie de l'alternance comme cheminement
particulier pour certains élèves, le réseau de
l'éducation devra être en lien direct avec les entreprises.
La recherche de la qualité et de l'efficacité à
l'aide de l'évaluation. Cette période que nous vivons,
identifiée comme celle du second souffle de la réforme scolaire,
est marquée par la recherche de la qualité. Les grandes
opérations menées depuis la parution de "L'École
québécoise" visaient, notamment, à doter le système
éducatif québécois d'instruments susceptibles d'en
accroître la qualité. Les quelques exemples suivants suffiront
à illustrer ma pensée.
Le ministère a rendu publiques, au cours des dernières
années, diverses politiques sectorielles qui sont venues préciser
les orientations générales de notre système. Tous les
programmes d'enseignement ont été renouvelés et leur
implantation a été facilitée par un important programme de
soutien pédagogique: des guides pédagogiques, le perfectionnement
des enseignants et l'amélioration du matériel didactique. Des
régimes pédagogiques plus ouverts à la
responsabilité locale ont été promulgués. Cette
recherche de la qualité offre à l'évaluation un fondement
solide. Ce n'est pas tout de se donner des instruments pour accroître la
qualité, il importe aussi de se donner les moyens de juger de cette
qualité. On assiste depuis quelques années, chez les agents de
l'éducation, à une attention et à un intérêt
renouvelés pour le champ de l'évaluation.
À la recherche de la qualité s'ajoute la recherche de
l'efficacité du système. De plus en plus, les pressions de
l'opinion publique incitent les établissements à rendre compte de
leurs activités éducatives. Les moindres données, qui
traduisent même partiellement la performance de notre système,
font la une des quotidiens québécois. La population est avide de
ces jugements portés sur notre système. En plus, devant les
impératifs de rationalisation liés, d'une part, au déclin
de la population scolaire et, d'autre part, aux coûts de
l'éducation dans une économie en crise, on redécouvre les
nécessités et les vertus de l'évaluation.
En réalité, la volonté d'évaluer n'est pas
un phénomène nouveau et des gestes importants ont
déjà été posés, notamment, la politique
générale d'évaluation pédagogique et le cadre
général de l'évaluation dans l'ensemble du système
éducatif. Actuellement, des travaux sont en cours afin de dégager
de l'ensemble des données que nous possédons celles qui sont les
plus significatives pour porter un jugement sur la qualité, la
performance et les tendances générales de notre système
d'éducation. Nous serons bientôt en mesure de fournir aux
gestionnaires des écoles un profil pédagogique de leur
école axé sur le cheminement scolaire. Il sera possible de situer
l'école par rapport à elle-même, par rapport a des
écoles ayant les mêmes caractéristiques et même par
rapport aux tendances générales du sytème scolaire.
L'analyse de ces données permettra aussi de mieux mesurer la pertinence
et l'efficacité des grands programmes d'action du ministère.
L'Assemblée nationale sera appelée à adopter
bientôt, à ma demande, des crédits de 4 591 000 000 $ pour
assurer l'enseignement préscolaire, primaire et secondaire. Ces
crédits représentent une hausse de 3,5 % sur ceux de l'an
dernier; en regard des dépenses probables, l'augmentation passe à
4,8 %.
L'ensemble du budget est constitué de deux éléments
majeurs: l'administration (2,2 %) et l'enseignement (97,8 %). Par rapport
à l'année 1984-1985, le budget de l'administration a
diminué de 4 %, alors que celui de l'enseignement a augmenté de
11,3 %. Cette hausse est attribuable en grande partie au paiement par
anticipation effectué en 1983-1984, qui a eu pour effet de diminuer les
crédits de 1984-1985 et de gonfler artificiellement de 7,7 % ceux de
1985-1986. C'est pourquoi nous avons une augmentation réelle de 3,5
%.
La majeure partie de ces crédits de 4 591 000 000 $ est
destinée aux commissions scolaires et sert surtout à assurer la
rémunération du personnel enseignant, qui constitue la principale
ressource mise à la disposition des élèves.
Malgré le fait qu'on assistera à une diminution d'environ
5000 élèves dans nos écoles, le montant des subventions
gouvernementales pour l'enseignement aux jeunes augmentera de quelque 20 000
000 $ en 1985-1986. De plus, le gouvernement engagera un montant de 30 000 000
$ pour les programmes de construction d'écoles et d'amélioration
des écoles déjà existantes. J'ai demandé, à
cet égard, qu'on me présente les projets plus tôt que par
les années passées afin que je puisse les autoriser
rapidement.
Par ailleurs, la poursuite de la réalisation du plan quinquennal
de développement de la micro-informatique à des fins
pédagogiques permettra aux commissions scolaires d'acheter des
équipements pour quelque 22 000 000 $ en 1985-1986.
Les crédits accordés à mon ministère
assureront également le maintien d'interventions éducatives
particulières reliées à l'accessibilité de
l'éducation et à l'organisation de services
supplémentaires pour des clientèles spéciales, dont les
élèves en difficulté et les élèves provenant
de milieux économiquement faibles. Une mesure nouvelle a aussi
été conçue pour faciliter l'hébergement des jeunes
handicapés qui doivent loger hors du foyer familial pour recevoir des
services éducatifs appropriés. Les parents de chaque enfant
admissible pourront ainsi bénéficier d'une allocation maximale de
1500 $ par année.
Enfin, j'aimerais rappeler que le budget dont il est question constitue,
à toutes fins utiles, celui du réseau puisque c'est dans les
écoles que vont se réaliser les mesures mises en lumière
tantôt.
L'étude des crédits est l'une des rares occasions, sinon
la seule véritable, de faire connaître aux membres de la
commission parlementaire et surtout à la population en
général l'état du développement des grands dossiers
éducatifs. C'est aussi le moment de rendre des comptes puisque les
crédits à engager le sont toujours par rapport à
l'année qui précède, aux actions qu'il faut interrompre,
continuer ou modifier, et à celles qu'il convient d'inventer parce que
des besoins nouveaux se sont manifestés.
Loin de me soustraire à cette obligation annuelle, j'ai voulu
profiter pleinement de l'occasion qui m'est offerte et je n'ai pas
hésité à prendre le parti d'expliquer en détail
certaines orientations majeures ainsi que les mesures concrètes par
lesquelles nous allons passer du projet à l'action. (11 h 15)
Maintenant, M. le Président, j'avais indiqué à
l'Opposition que je présenterais également les grandes lignes qui
ont été les nôtres au cours de l'année 1984-1985 de
même que les projections de 1985-1986 concernant deux autres organismes
qui sont de ma responsabilité, à savoir la Commission de la
fonction publique et l'Office des ressources humaines. Mais je trouve qu'il
serait peut-être préférable d'aller tout de suite aux
commentaires de l'Opposition officielle, ayant convenu entre nous que s'il y
avait des questions sur ces deux points nous le ferions demain avant-midi.
C'est bien cela? Alors, demain avant-midi, pendant la dernière heure, je
pourrais, en présence des gens de la commission et de l'Office des
ressources humaines, présenter pendant dix à quinze minutes les
grandes lignes, les grandes orientations de ces deux organismes
gouvernementaux. Par la suite, nous aurions les commentaires ou les
réactions de l'Opposition.
Le Président (M. Paré): Merci, M. le ministre. La
parole est maintenant à M. le député d'Argenteuil.
M. Claude Ryan
M. Ryan: M. le Président, il me fait plaisir de participer
de nouveau à ce débat annuel sur les crédits du
ministère de l'Éducation. Comme le ministre l'a fait
tantôt, je vais d'abord esquisser un tour d'horizon des
événements qui se sont produits au cours de
la dernière année, et plus largement, peut-être, au
moins sur certains aspects, au cours du deuxième mandat du gouvernement
actuel. Dans une deuxième partie, j'aborderai plutôt
brièvement un certain nombre de sujets dont je proposerai ensuite qu'ils
fassent l'objet d'échanges plus approfondis pendant la période de
temps qu'il nous restera pour l'étude des crédits du
ministère.
Je suis tout à fait d'accord avec le ministre pour qu'on aborde
à la fin du travail de la commission consacrée aux crédits
de son ministère les deux organismes auxquels il a fait allusion
à la fin de son intervention. On prévoira volontiers, à ce
moment-là, tout le temps voulu pour les explications que le ministre
aurait pu donner maintenant, mais qu'il a jugé, opportunément
à mon point de vue, devoir reporter à ce moment-là de nos
travaux.
M. le Président, l'accession du Parti québécois au
pouvoir en novembre 1976 avait suscité de grands espoirs dans les
milieux de l'éducation et dans la population en général
quant à l'action qu'allait entreprendre le nouveau gouvernement dans le
secteur vital de l'éducation. Au cours du second mandat du gouvernement
Lévesque, ces espoirs ont cependant été brisés par
le cheminement erratique, imprévisible et trop souvent autoritaire du
gouvernement. Ce gouvernement devrait être le promoteur par excellence de
l'éducation; il en est devenu, dans trop de dossiers, le fossoyeur.
Au début de son premier mandat, le gouvernement avait
semblé mieux comprendre le rôle irremplaçable de
l'éducation. Il avait continué, comme le gouvernement
précédent, d'accorder à l'éducation une place de
choix dans ses priorités. Par la voix de son ministre de
l'Éducation, M. Jacques-Yvan Morin, il avait tenu à l'endroit du
monde de l'éducation un discours ouvert, compréhensif et empreint
de volonté de collaboration. Ce discours s'était traduit dans
plusieurs dossiers par des politiques et des décisions empreintes d'une
volonté réelle de progrès.
Au cours du second mandat du gouvernement, la situation s'est toutefois
rapidement gâchée. Hanté par les conséquences de sa
propre imprévoyance financière et économique, le
gouvernement, à compter de 1981, a en effet entrepris de sabrer
vigoureusement dans plusieurs secteurs qu'il avait donné jusque
là l'impression de respecter. Prenant un virage radical dans le sens
d'un retour à une orthodoxie économique et politique qu'il avait
trop longtemps tournée en dérision, le gouvernement a commis
l'erreur que l'on observe souvent chez les convertis de fraîche date. Il
a poussé le zèle réformateur jusqu'à brûler
ce qu'il adorait naguère, jusqu'à noircir ceux qui furent
longtemps ses meilleurs appuis, jusqu'à s'en prendre avec une
brutalité inattendue à des institutions qui n'avaient le plus
souvent qu'accompli consciencieusement leur devoir.
Après avoir été sous tous les gouvernements qui se
sont succédé au pouvoir depuis 1960 l'objet d'une attention et
d'un respect transcendant généralement les lignes de parti,
l'éducation est soudainement devenue, à compter de 1981, un sujet
de remontrances et de jérémiades de la part du gouvernement, une
cible par excellence pour les coupures budgétaires et maintes autres
interventions arbitraires de la part du gouvernement.
Je signale, entre parenthèses, M. le Président, que le
nouveau ministre de l'Éducation a adopté, depuis quelques
semaines, depuis qu'il est entré en fonction -les premiers temps, il
parlait moins mais, depuis, il a commencé à parler - un langage
qui nous rapproche beaucoup plus de ce climat que j'ai évoqué
à propos des années du premier mandat du Parti
québécois, et des années précédentes
également, des gouvernements libéraux et de l'Union Nationale qui
se sont succédé depuis 1960. Je trace un tableau d'ensemble et je
pense qu'on conviendra facilement de la vérité de ce que j'ai
dit.
L'année 1984-1985 n'a pas été différente,
à cet égard, des trois années précédentes.
Elle a vu se confirmer et s'accentuer trois tendances lourdes qui suscitent de
graves inquiétudes quant à l'avenir de l'éducation au
Québec.
La première tendance est confirmée par les
résultats du dernier exercice et accentuée par les documents
budgétaires déposés par le gouvernement pour l'exercice
1985-1986. L'éducation a continué et continuera, au cours de la
prochaine année, à perdre du terrain dans la hiérarchie
des priorités gouvernementales. Elle fut longtemps la priorité
majeure des gouvernements qui ont exercé le pouvoir depuis 1960. Tous
comprirent en effet que, sans un système d'enseignement qui soit
à la fine pointe du progrès et des connaissances, il serait
illusoire d'envisager un avenir prometteur pour le Québec. Tous
acceptèrent de proposer que les Québécois s'imposent
ensemble les sacrifices nécessaires à la poursuite de cette fin.
Malheureusement, cette tendance qui s'était maintenue jusqu'à
1980 a été renversée au cours des quatre dernières
années.
Les dépenses du ministère de l'Éducation
représentaient, en 1980-1981, 20 % de toutes les dépenses du
gouvernement. Évidemment, je soustrais ce qui a été
transféré au ministère de l'Enseignement supérieur,
de la Science et de la Technologie. Il en sera question plus loin dans mon
exposé, évidemment, et de manière plus approfondie la
semaine prochaine, à l'occasion de l'étude des crédits de
ce ministère. Si on réaligne les dépenses en fonction du
partage des responsabilités qui a
été fait, les dépenses du ministère
représentaient, en 1980-1981, 20 % de toutes les dépenses du
gouvernement et 5 % de la valeur totale du produit intérieur brut
québécois. En 1985-1986, le ministère de
l'Éducation ne se verra plus attribuer que 16,8 % des dépenses
gouvernementales et ses dépenses ne représenteront plus que 4,4 %
de la valeur totale du PIB.
Dans les explications qu'il a préparées à
l'intention de la commission parlementaire, le ministre de l'Éducation
attribue sentencieusement ce changement "aux efforts particuliers du
ministère de l'Éducation dans la rationalisation des
dépenses gouvernementales." Il va jusqu'à souligner, comme s'il y
avait lieu de s'en vanter - et je cite de nouveau - que "le taux de croissance
des dépenses du ministère de l'Éducation, au cours de la
période 1980-1981 à 1985-1986 a été
inférieur à celui de l'économie du Québec."
Ce que le ministre omet de signaler, c'est que si cette réduction
de taille a été conçue et appliquée à partir
d'en haut, sous le signe du resserrement et de la rationalisation, elle s'est
traduite sur le terrain, c'est-à-dire là où se trouvent
les élèves, les enseignants et les institutions d'enseignement,
par une diminution inquiétante et trop souvent arbitraire de la
qualité des services éducatifs.
À l'appui des réductions budgétaires
imposées dans le secteur de l'éducation, le ministre invoque
à juste titre la diminution des clientèles aux niveaux
préscolaire, primaire et secondaire. Il suffit toutefois de constater
les chiffres contenus dans le cahier explicatif des crédits de son
ministère pour l'année 1985-1986 pour se rendre compte que
l'évolution des effectifs, depuis 1982-1983, a été
très mineure. La diminution a été très minime et ce
n'est sûrement pas l'argument qu'on peut invoquer pour justifier les
coupures qu'on a imposées au cours de ces années. Les
prévisions que l'on nous présente pour les prochaines
années vont dans le même sens.
À cet égard, il est une donnée de base que le
gouvernement ne saurait réfuter. Si l'on s'en tient strictement aux
subventions par étudiant en dollars constants, on constate que dans tous
les secteurs du système d'enseignement il y a eu, depuis 1981, un recul
inquiétant dans les contributions gouvernementales à l'oeuvre de
l'éducation.
Selon des calculs établis tout récemment par M.
Gaétan Lévesque, économiste au service de la
Fédération des associations de professeurs d'universités
du Québec, les subventions par étudiant sont passées,
entre 1980-1981 et 1984-1985: pour le secteur primaire et secondaire public: de
2975 $ à 2673 $; pour le secteur collégial public: de 1566 $
à 4282 $, subventions per capita, en dollars constants; pour le secteur
universitaire: de 6616 $ à 4961 $; pour les institutions privées
de 2379 $ à 1966 $.
Non seulement observe-t-on une diminution substantielle des subventions
per capita dans chaque secteur, mais cette tendance à la baisse, loin de
se résorber, est encore présente dans les prévisions
budgétaires de 1985-1986.
Le ministre nous a indiqué tantôt que, pour son
ministère, l'augmentation réelle des crédits par rapport
aux dépenses effectuées l'an dernier est de 4,8 %. C'est à
peine supérieur au taux de l'inflation pour la dernière
année, lequel a été autour de 4,2 %, 4,3 %. C'est au moins
mieux que ce que présentaient les estimations budgétaires du
gouvernement quand il nous faisait voir dans les titres une augmentation de
12,7 % au chapitre de l'enseignement primaire et secondaire et de 11,9 % pour
l'ensemble du ministère. On donnait des explications par la suite, mais
l'impression qu'on créait beaucoup de journalistes ont malheureusement
été victimes de ce piège - c'est qu'on augmentait de 12,7
% les ressources mises à la disposition du ministère au cours de
la prochaine année, alors que tout le monde sait que c'est l'effet d'un
mirage créé par les paiements anticipés de 280 000 000 $
à même la dette accumulée des commissions scolaires. De
toute manière, je pense que les chiffres ont été
présentés comme ils doivent être vus.
Une seconde tendance s'est affirmée avec un sans-gêne
désolant dans les actions du gouvernement au cours des deux
dernières années. Elle consiste à vouloir faire passer
l'aspect utilitaire de l'éducation avant l'aspect gratuit et
libéral qui est sa première et principale raison d'être. Le
gouvernement veut, avec raison, que la formation de la jeunesse soit faite dans
un souci constant d'adaptation aux besoins du marché du travail et aux
exigences du changement dans les domaines culturel, social, économique
et technologique. Sur ce point, nous sommes parfaitement d'accord. À
l'exemple de maints autres gouvernements, le gouvernement
québécois pousse toutefois cette préoccupation si loin
qu'il a été amené, ces dernières années,
à introduire dans notre système d'enseignement des changements
majeurs qui mettent en péril l'unité essentielle du
système d'enseignement et le respect des finalités
premières de l'éducation.
Ce n'est que grâce au travail de la commission parlementaire de
l'éducation que l'on a pu éviter, il y a un an et demi,
l'imposition d'un règlement des études collégiales qui
s'inspirait nettement et explicitement de cette philosophie utilitariste et
à courte vue, qui nous aurait amenés à créer un
diplôme intermédiaire entre le certificat d'études que nous
avons actuellement et le diplôme d'études
collégiales. Grâce au travail de la commission
parlementaire et aux interventions d'à peu près tout ce qui avait
une valeur représentative dans le milieu, il fut possible d'apporter
à temps des changements importants à ce projet de
règlement qu'avait conçu le ministère de l'Education.
Un autre exemple éloquent de ce glissement vient de l'orientation
retenue par le gouvernement dans le secteur de l'éducation des adultes.
Sous prétexte d'établir une nette distinction entre la formation
professionnelle et la formation générale dans ce secteur, on a
imposé, sans aucun débat public préalable, une politique
bicéphale, voire tricéphale, qui est radicalement contraire
à la proposition majeure qui avait émané de la commission
Jean.
L'éducation des adultes relève désormais non plus
d'une autorité unifiée, comme l'avait vivement souhaité la
commission Jean, mais de deux, que dis-je, de trois ministères
différents.
On isole la formation générale de la formation
professionnelle. On soustrait la formation professionnelle à
l'autorité normale du ministre de l'Éducation. On prétend
faire ainsi oeuvre plus utile et plus fonctionnelle. On prétend pouvoir
mieux adapter l'éducation des adultes aux besoins du marché du
travail. Je crains fort qu'on ne réussisse, au contraire, qu'à
diminuer la portée véritable de l'éducation des adultes.
Le but majeur de l'éducation à tous les niveaux, c'est la
formation d'hommes et de femmes capables de se débrouiller honorablement
sur le marché du travail, mais surtout d'hommes et de femmes aptes
à vivre en plénitude leur vie d'hommes et de femmes dans toutes
ses dimensions.
On me permettra de citer à ce sujet des extraits d'une
étude que publiait en 1983 un universitaire américain
distingué, M. William Rivera, professeur à l'Université du
Maryland et observateur attentif de l'évolution de l'éducation
des adultes sur la scène américaine et internationale.
Après avoir noté la priorité que les gouvernements sont de
plus en plus enclins à accorder à la dimension économique
de l'éducation, M. Rivera formule l'observation suivante: "Cette
approche et ce souci sont compréhensibles, mais ils minimisent la pleine
portée et la signification de l'éducation. En un sens, ils
condamnent l'éducation à l'échec, vu qu'au jugement de
plusieurs critiques, il n'existe pas de corrélation nécessaire
entre éducation et développement économique, entre
production et emploi, entre planification et formation." (11 h 30)
Rivera poursuit ainsi: "Le développement national est un sujet
d'importance majeure. Mais la préoccupation économique n'est pas
la seule dont doivent tenir compte les personnes responsables des
décisions dans ce domaine. D'autres facteurs, de nature culturelle,
revêtent une grande importance dans le développement.
L'éducation doit leur accorder une place aussi importante, sinon plus
grande, qu'à la seule préoccupation économique."
L'orientation qu'a retenue le gouvernement en matière
d'éducation des adultes inspire à cet égard de profondes
inquiétudes. On le déplore d'autant plus qu'après avoir
attendu deux ans avant de faire connaître ses orientations, le
gouvernement s'empressa ensuite de les imposer dans les faits, refusant
systématiquement le débat en commission parlementaire que
réclamaient d'une voix unanime les intervenants du secteur de
l'éducation des adultes et se contentant d'une consultation pro forma
qui était tellement générale et tellement large qu'elle
eut beaucoup plus l'air d'une série de monologues que d'une
véritable consultation comme on était en droit de s'attendre de
la part d'un gouvernement démocratique.
Lorsqu'on ne perçoit plus l'éducation qu'à travers
certaines dimensions coupées les unes des autres, on ne perçoit
plus l'importance d'en assurer l'unité, ni dans les orientations qu'on
lui imprime, ni dans les structures d'organisation dont on entend la doter.
L'érosion observée au niveau des finalités n'a pas
tardé, en conséquence, à se refléter au niveau des
structures de direction du système d'enseignement.
Le Québec s'était doté, en 1964, d'un
ministère de l'Éducation chargé de promouvoir
l'accès à l'éducation sous toutes ses formes et d'assurer
le développement harmonieux et ordonné d'un système
d'enseignement moderne dans toutes ses composantes. Une raison majeure
qu'invoquait la commission Parent pour recommander la création d'un
ministère de l'Éducation, c'était
précisément le besoin de doter le Québec d'un instrument
politique capable d'assurer l'unité et l'ordre là où
l'organisme d'enquête avait trop souvent déploré des
phénomènes de dispersion, d'anarchie et de désordre.
Depuis deux ans, sans qu'il y ait jamais eu de débat public
à ce sujet, procédant chaque fois de manière furtive et
soudaine, le gouvernement semble s'être ingénié à
diminuer et à rapetisser le ministère de l'Éducation.
Celui-ci avait naguère la charge de tout le système
d'enseignement au Québec. Ainsi que le dit sa loi constitutive, encore
en vigueur jusqu'à nouvel ordre, le ministre de l'Éducation - et
je cite le texte de la loi "a la responsabilité de promouvoir
l'éducation, d'assister la jeunesse dans la préparation et
l'orientation de son avenir, d'assurer le développement des institutions
d'enseignement". Le ministre de l'Éducation a
donc la responsabilité de l'éducation sous toutes ses
formes, à tous les niveaux. Il est doté par la loi, à
cette fin, des pouvoirs nécessaires. Ces pouvoirs s'appliquent, suivant
des formes et des degrés qui varient selon les niveaux et les types
d'institution, à tous les niveaux d'enseignement, à toutes les
institutions. Le but de ces dispositions législatives, ce n'était
pas d'instituer une dictature. C'était plutôt d'assurer la
nécessaire unité de direction et d'orientation, et le
développement ordonné et intégré de tout le
système à l'intérieur d'orientations communes.
Après le départ de la formation professionnelle des
adultes pour le ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du rs-venu et le départ de l'enseignement
collégial et universitaire pour le ministère de l'Enseignement
supérieur, de la Science et de la Technologie, le ministère de
l'Éducation ne sera plus qu'une direction générale de
l'enseignement primaire et secondaire, coiffée d'un chapeau politique.
Il aura cessé d'être un ministère de l'Éducation au
plein sens du terme. Non seulement se sera-t-il vu amputer de dimensions
essentielles du rôle qu'avait voulu lui conférer naguère
l'Assemblée nationale, mais il n'existera plus nulle part - sauf au
niveau d'un cabinet dont on connaît, hélas, les
déchirements, les tensions et les changements continus d'orientation sur
les questions souvent les plus vitales pour l'avenir de notre peuple -de
direction politique unifiée pour l'ensemble du système
d'enseignement québécois. Sous des formes qui se veulent modernes
et enveloppées dans le langage technocratique d'aujourd'hui, c'est le
retour au morcellement et à la dispersion des énergies et des
ressources qu'avait vivement déploré en son temps la commission
Parent.
La France et la Grande-Bretagne, deux sociétés auxquelles
le Québec est profondément apparenté en matière
d'éducation, ont toutes deux réalisé la
nécessité d'adapter leur système d'enseignement aux
exigences d'un monde de plus en plus imprégné de science et de
technologie. Ni la France, ni la Grande-Bretagne n'ont cependant
cédé à la tentation de morceler l'autorité
politique dans un domaine aussi essentiel que l'éducation. Chacun de ces
deux pays a au contraire mis au point des structures de direction politique qui
préservent l'unité de direction jugée essentielle pour
l'ensemble du système d'enseignement, tout en veillant à ce que
des personnes se voient doter de responsabilités précises dans le
champ de l'enseignement supérieur, de la science et de la technologie.
On aurait aimé qu'au lieu d'emprunter l'exemple trop récent et
trop limité pour être vraiment significatif de certaines provinces
de l'Ouest canadien, le gouvernement du Québec puise plutôt son
inspiration, en une matière aussi lourde de conséquences,
à cette source plus sûre, plus substantielle et plus stable que
constituent les deux grands pays auxquels le Québec et le Canada doivent
leur identité culturelle et politique.
Ce qui s'est passé dans le secteur de l'éducation est le
reflet fidèle de ce qui s'est passé au sein du gouvernement
actuel depuis quatre ans. Sous l'empire d'une crise économique
aiguë dont nul ne nie les ravages, le gouvernement a senti avec raison le
besoin de procéder à des ajustements. Ces ajustements
s'imposaient d'autant plus dans maints domaines, en particulier celui de
l'économie, que le gouvernement s'était obstiné pendant
plusieurs années à nier, à ignorer ou à ridiculiser
des réalités pourtant évidentes que l'Opposition n'avait
cessé de lui rappeler, comme celle, par exemple, de rechercher une
capacité concurrentielle plus forte pour le Québec et de faire
à cette fin une confiance plus franche et plus forte au secteur
privé de l'économie. Mais la crise économique, à
certains moments, est devenue prétexte à des virages qui allaient
bien au-delà des besoins qui en découlaient. Dans le domaine de
l'éducation en particulier, on a profondément ressenti les effets
de maintes secousses créées par les virages trop brusques et
irréfléchis d'un gouvernement visiblement pris de panique.
Les flottements qu'a connus le gouvernement autour de ses orientations
fondamentales ont engendré eux aussi des répercussions
coûteuses dans le secteur de l'éducation. En moins d'un an, pas
moins de trois ministres, véhiculant chacun des conceptions souvent
très différentes de l'action à conduire, se sont
succédé à la tête du ministère de
l'Education.
Je veux rendre hommage au personnel professionnel du ministère de
l'Éducation qui a su faire montre, à travers ces changements trop
nombreux, d'un sens remarquable de la continuité et de l'attachement au
devoir. Grâce à la maîtrise que certains fonctionnaires
possèdent des grands dossiers, il a été possible de
prévenir certains écueils et de garder le navire à flots.
Mais, si la stabilité et l'unité des orientations n'avaient
dépendu depuis un an que de la direction proprement politique du
ministère, le Québec aurait sombré dans la confusion et
l'improvisation. Cette carence du pouvoir politique engendre en contrepartie un
phénomène dangereux. Lorsque le pouvoir politique pèche
par absence ou instabilité, les fonctionnaires sont
entraînés malgré eux à prendre aussi en charge des
orientations de nature politique. C'est là une tendance qui ne peut
qu'être néfaste à la longue au bien véritable de
l'éducation et au respect que l'on doit conserver pour la fonction
publique.
Les tendances que je viens d'évoquer vont inévitablement
engendrer des
conséquences coûteuses pour le bon fonctionnement de notre
système d'enseignement, et pour une longue période, si elles ne
sont pas corrigées. À l'aide d'un certain nombre de cas concrets
qui ont revêtu au cours de leur dernière année une
acuité plus grande, je voudrais illustrer, dans une deuxième
partie de cet exposé, certaines de ces conséquences.
Les sujets dont je traiterai successivement sont les suivants: la
condition enseignante, le régime pédagogique et les nouveaux
programmes, la formation professionnelle, l'éducation des adultes, les
règles budgétaires, la restructuration scolaire, les
micro-ordinateurs, l'enseignement privé, la présence anglophone
au ministère de l'Éducation et les enseignants ex-religieux.
Je ne pense pas, M. le Président, que j'aurai le temps de donner
lecture du texte entier des observations que j'ai préparées sur
chacun de ces sujets mais, si le ministre veut consentir à ce que ces
sujets, dont la plupart ont été abordés par lui-même
dans son exposé d'ailleurs, servent d'inspiration pour la division du
temps, je pense que nous aurons la possibilité de faire un travail
constructif au cours de la discussion qui commencera à compter de cet
après-midi.
Sur la condition enseignante, il serait trop long de reprendre toutes
les observations que faisait en septembre dernier le Conseil supérieur
de l'éducation sur l'état pitoyable dans lequel se trouvait la
profession enseignante un an après l'entrée en vigueur des trop
célèbres décrets qui tiendront lieu de convention
collective, à moins de développements contraires, jusqu'à
la fin de 1985 pour les enseignants du secteur primaire et secondaire
public.
Au terme d'une enquête dont il avait presque dû arracher de
force le mandat au ministre de l'Éducation du temps, le Conseil
supérieur de l'éducation signalait, entre autres, l'existence
d'une atmosphère généralisée de défaitisme
et d'insatisfaction dans de nombreuses écoles; l'essoufflement et la
fatigue des enseignants devant la lourdeur de la tàche éducative
inspirée par les décrets; le vieillissement des effectifs
enseignants dans tout le Québec; les difficultés de communication
avec les élèves découlant des décrets, surtout au
niveau secondaire.
Devant la gravité des observations formulées par le
Conseil supérieur de l'éducation, le ministre de
l'Éducation, après avoir d'abord nié l'existence des
problèmes -que de fois on nous a répété, en
Chambre, que tout allait bien, qu'il n'y avait pas de problème;
c'était avant le ministre actuel de l'Éducation - dut se rendre
à l'évidence: il accepta de geler la tâche éducative
pour 1984-1985.
Tout cela ne saurait cependant faire oublier que les décrets et
les coupures arbitraires de salaire de 1982-1983, de même que la campagne
de dénigrement absurde menée par le gouvernement contre les
enseignants, ont laissé chez ceux-ci des blessures profondes et un
sentiment de gêne qui alourdit leur activité professionnelle.
Entre le gouvernement et les enseignants, il s'est produit une rupture de
confiance dont les effets perdurent, au prix de graves conséquences pour
le climat et la qualité du travail éducatif.
À la faveur des contacts rendus possibles par l'existence d'un
comité mixte représentant la partie patronale et la partie
syndicale, le ministre actuel de l'Éducation -et je l'en félicite
- avait accordé son aval à des conversations qui
débouchèrent, il y a quelques temps, sur une hypothèse de
règlement susceptible d'améliorer les conditions de travail des
enseignants et de procurer la paix dans le secteur de l'éducation pour
les trois prochaines années. Le ministre avait autorisé la tenue
de ces pourparlers dans un esprit dont nul ne saurait mettre en doute
l'ouverture et la sincérité. Il avait même assumé
personnellement la responsabilité d'endosser auprès de ses
collègues du gouvernement les recommandations découlant des
négociations officieuses des dernières semaines.
Malheureusement, le ministre n'a point trouvé auprès de
ses collègues du cabinet l'audience qu'il avait souhaitée. Le
cabinet, ayant rejeté certaines recommandations contenues dans
l'hypothèse de règlement, le ministre a dû se contenter de
constater publiquement son échec.
On ne saurait trop souligner combien il importe de reprendre les
pourparlers au point où les a laissés le refus du gouvernement.
Toute solution négociée que les deux parties pourront mettre au
point sera infiniment préférable à la méthode
décrétale devenue chère au gouvernement.
Le régime pédagogique et les nouveaux programmes. La
préparation des nouveaux programmes et la mise au point des
régimes pédagogiques aux plans primaire et secondaire ont
constitué une opération de grande envergure qui doit se
poursuivre au cours des prochaines années. Les programmes ne seront
jamais, ni définitifs, ni parfaits. Dans l'ensemble, cependant, on
s'accorde à reconnaître l'excellente qualité de la
très grande majorité des nouveaux programmes mis au point sous
l'autorité du ministère de l'Éducation.
Si l'on est d'accord sur la qualité objective des nouveaux
programmes, il n'en va pas ainsi, toutefois, de la manière dont on a
procédé à leur implantation. Voici, à ce sujet, les
principales constatations recueillies par le Conseil supérieur de
l'éducation dans son enquête de 1984 sur la condition
enseignante.
En premier lieu, on déplore l'arrivée
trop massive des nouveaux programmes dans un laps de temps trop court,
notamment au primaire où les généralistes doivent assumer
l'application simultanée d'un nombre de programmes nouveaux qui grandit
d'une année à l'autre.
Deuxièmement, on dénonce les retards fréquents dans
la publication des guides pédagogiques pour le maître; souvent,
ces guides n'étaient pas disponibles durant la phase de
préparation des enseignants ou, encore, ils paraissaient à la
dernière minute ou après le début de l'application du
programme. (11 h 45)
Troisièmement, la publication des nouveaux manuels scolaires,
lorsqu'elle se produit, a lieu deux ou trois ans après le lancement des
programmes. Il en va de même pour le nouveau matériel didactique
et parfois pour les instruments d'évaluation. On doit donc utiliser des
instruments anciens, peu adaptés aux exigences des nouveaux programmes
ou, encore, fabriquer sur place du matériel maison pour les
élèves.
Le peu de préparation formelle des enseignants en vue de
l'application des nouveaux programmes est apparu dans trop de milieux comme un
grief majeur. Des moyens ont certes été pris pour rejoindre les
enseignants dans des sessions d'information ou des journées
pédagogiques, mais, en moyenne, le Conseil supérieur de
l'éducation - que je cite presqu'au texte dans cette partie - estime que
le temps consacré à cette partie de l'opération a
été beaucoup trop limité.
On demande, enfin, un meilleur soutien de la part de conseillers
pédagogiques capables d'aider les enseignants vraiment dans leur champ
respectif d'enseignement. Ce problème semble devoir s'aggraver, vu que
le nombre de conseillers pédagogiques disponibles a diminué ces
dernières années.
Dans les milieux anglophones, la mise au point des nouveaux programmes
et des guides pédagogiques qui doivent les accompagner soulève
des problèmes beaucoup plus aigus. On y constate des retards nombreux
dans à peu près tous les champs d'enseignement.
Dans le cahier explicatif des crédits, le ministre
reconnaît lui-même des lacunes très graves dans ce secteur,
lacunes que nous avons soulignées, d'ailleurs, l'an dernier et
l'année précédente. Les remèdes sont beaucoup plus
lents à venir que les assurances de bonne volonté qu'on nous
prodigue à chaque fois.
En relation avec l'implantation des nouveaux programmes, je voudrais
attirer l'attention du ministre sur un certain nombre de carences qui n'ont pas
donné lieu à des solutions satisfaisantes à ce jour.
J'aurai l'occasion de le faire de manière plus détaillée
quand nous discuterons de ce poste plus tard durant les travaux de cette
commission, mais je voudrais souligner dès maintenant que le refus du
ministère de l'Éducation de fournir aux commissions scolaires les
sommes dont elles ont besoin pour faire l'acquisition des manuels requis pour
l'enseignement des nouveaux programmes entraîne, dans trop d'endroits,
des situations où les élèves se voient privés
d'instruments de travail dont ils ont absolument besoin et auxquels ils ont
droit.
Le ministre a fait allusion tantôt au nouveau projet de
règlement qui est en voie de préparation en conséquence de
la mise en oeuvre de la loi 3 sur la restructuration scolaire. J'ai
constaté qu'un nouveau projet de règlement touchant le
régime pédagogique qui est en préparation... Le ministre a
eu la courtoisie de remettre à l'Opposition une copie de ce document en
vue de l'étude des crédits du ministère pour l'exercice
1985-1986. Ce projet de règlement apporte des modifications
substantielles au régime pédagogique, particulièrement en
ce qui a trait à la répartition du temps consacré aux
diverses matières, à la grille des matières au niveau
secondaire, aux programmes optionnels qui peuvent être définis
localement et aux modalités de promotion des élèves. Il
serait essentiel que les changements proposés dans ce projet de
règlement soient étudiés en commission parlementaire et
que l'on puisse entendre, à cette occasion, les organismes et les
personnes qui voudront apporter une contribution à l'étude que
fera la commission parlementaire.
De tous les secteurs de l'enseignement public, celui de la formation
professionnelle dispensée au niveau secondaire est peut-être celui
qui a le plus souffert des difficultés des dernières
années. Dans son enquête sur la condition enseignante, le Conseil
supérieur de l'éducation a constaté l'existence de
très nombreux et très sérieux problèmes dans ce
secteur.
Il y a plusieurs années que le gouvernement parle de
réformer l'enseignement professionnel. Les premières propositions
gouvernementales sur ce sujet remontent à 1980, alors que le
ministère de l'Éducation publiait un premier livre beige sur le
sujet. Il y a eu par la suite la parution du livre blanc en 1982. Deux rondes
de consultation, l'une en 1983 et l'autre en 1984, vinrent s'ajouter aux
discussions entretenues par le ministère de l'Éducation.
Je souligne tout de suite que ces rondes de consultation furent faites
avec des personnes en provenance des milieux directement
intéressés. Il n'y eut pas de débat public sur un plan
plus large à ce sujet. Il n'y en a jamais eu au niveau de la commission
parlementaire de l'éducation, ni de l'Assemblée nationale.
Le document intitulé "La formation professionnelle dans le
système scolaire -
Orientations et voies d'action retenues" publié en février
1985, représente, avec les propos que nous avons entendus ce matin sur
les lèvres du ministre, l'expression la plus récente de
l'orientation du gouvernement. Nous sommes cependant encore loin d'une
véritable déclaration officielle de politique. Je souligne encore
une fois qu'aucun des documents publiés depuis près de cinq ans
n'a été soumis à l'examen d'une commission
parlementaire.
Le ministre a déclaré, ce matin, que le ministère
de l'Éducation semble avoir renoncé pour de bon à son
projet de reporter la formation professionnelle après la
cinquième année du secondaire. Si j'ai bien compris ce qu'il a
dit tantôt, la formation professionnelle commencera à la
cinquième année du secondaire et se continuera après. Ce
n'est pas ce qu'avait recommandé le Conseil supérieur de
l'éducation dans un examen approfondi qu'il avait fait du
problème. Comme vous le savez, le conseil supérieur avait
plutôt proposé de retenir un modèle commun de formation
intégrée qui commencerait dès la quatrième
année du secondaire pour être complété avec une
sixième année supplémentaire exclusivement
consacrée à la formation professionnelle. Cela aurait permis de
répondre à la fois aux exigences du régime
pédagogique et d'éviter qu'un trop grand nombre
d'élèves ne se désintéressent de l'école
à cause d'une formation professionnelle trop tardive.
Cette solution avait l'avantage d'une grande simplicité. Nous
aurons l'occasion de demander au ministre, lors de l'étude des
crédits sur cette partie précise, les motifs de la
décision qui nous a été communiquée ce matin et qui
me semble être encore porteuse d'une somme élevée
d'ambigul'tés.
La révision des programmes dans ce secteur laisse beaucoup
à désirer. La politique de formation professionnelle qui avait
été esquissée dans les documents dont j'ai parlé
prévoit une refonte complète des programmes. Cette refonte est
encore au stade embryonnaire, du moins à la connaissance de
l'Opposition. Elle est prévue sur un échéancier de cinq
ans devant s'étaler de 1984 à 1989. Je crois comprendre qu'une
première mise è jour a été réalisée
pour environ 60 programmes. Je rappelle qu'il existe plus de 250 programmes de
formation professionnelle et que seulement un nombre très limité
d'entre eux ont fait l'objet, jusqu'à maintenant, d'une révision
en profondeur.
Cette révision se situe dans le cadre de l'établissement
d'une carte nationale des options professionnelles intégrant les niveaux
secondaire et collégial. La carte sera établie après que
des tables nationales sectorielles -composées aux deux tiers de
représentants du monde du travail - et des tables régionales
auront émis des avis sur les besoins en main- d'oeuvre et en formation
et après que les intervenants en éducation auront pu prendre
conseil auprès de ces tables pour ajuster les programmes en
conséquence.
Des inquiétudes de deux ordres surgissent à ce sujet.
Premièrement, il serait prématuré de rendre obligatoires
des changements de cheminement de formation alors qu'une infime partie des
programmes sont jusqu'à aujourd'hui révisés en
profondeur.
Deuxièmement, en raison du rôle des tables sectorielles
régionales, on risque d'assujettir les programmes de formation
professionnelle aux seuls besoins immédiatement prévisibles du
marché du travail.
À ce sujet, il est clair que le ministère vise à
réviser ses programmes de façon qu'ils puissent s'adresser
à la fois aux étudiants adultes et réguliers. Si l'on
ajoute à cela les restrictions budgétaires importantes que nous
connaissons, nous risquons de voir un bon nombre d'options professionnelles
subir des modifications radicales ou disparaître sans que
l'accessibilité et l'égalité des chances aient
été prises en considération.
En 1983-1984 et 1984-1985, le ministère de l'Éducation
accordait un total de 54 000 000 $ pour le financement des équipements
dont tout le monde connaît et déplore l'état de
désuétude et d'inadaptation dans un très grand nombre
d'institutions. Ces sommes ont été allouées sans qu'aucune
étude systématique des besoins n'ait été
réalisée au préalable. Un bilan devrait être
complété d'ici à juin 1985. Ce n'est qu'à ce moment
que nous pourrons savoir de façon précise l'aide qu'il convient
d'apporter par la suite.
Sur l'éducation des adultes, j'ai déjà
formulé tantôt des observations qui me permettront d'être
plus bref à ce stade-ci, mais je voudrais signaler certains
problèmes d'application plus immédiate qui ressortent des
développements de la dernière année et de la documentation
dont nous disposons.
Au cours de la dernière année, on a assisté
à un véritable démantèlement de l'ancienne
Direction générale de l'éducation des adultes au
ministère de l'Éducation sans que cela ait jamais fait l'objet
d'une déclaration claire et explicite de la part du ministre. L'ancienne
DGEA avait compétence sur l'ensemble de l'éducation des adultes.
Elle comptait environ 160 employés. Elle exerçait une
autorité directe sur les activités des commissions scolaires dans
l'éducation des adultes. La nouvelle direction de l'éducation des
adultes se situe plutôt à l'intérieur du réseau
préscolaire, primaire et secondaire. On n'y retrouve qu'une trentaine
d'employés. Tous les autres employés de l'ancienne direction
générale ont été dispersés soit au
ministère de la Main-d'Oeu-vre et de la Sécurité du
revenu, soit au
ministère de l'Enseignement supérieur, de la Science et de
la Technologie, soit dans d'autres secteurs du ministère de
l'Éducation.
Jusqu'à l'implantation de la nouvelle politique, la coordination
de l'activité des commissions scolaires et des collèges dans
l'éducation des adultes était assurée par des
représentants régionaux de la DGEA oeuvrant au sein de la
Direction générale du ministère de l'Éducation.
Désormais, les collèges transigent directement avec
Québec. Le minimum de coordination régionale qui avait
été entrevu comme une dimension importante de la politique de
l'éducation des adultes apparatt ainsi compromis.
Dans les régions, le ministère de la Main-d'Oeuvre et de
la Sécurité du revenu ainsi que les commissions de formation
professionnelle exercent une autorité sans cesse croissante sur les
problèmes reliés à la formation professionnelle. Cette
autorité irait, selon nos renseignements, jusqu'à comporter un
véritable droit de décision sur les achats d'équipements
des commissions scolaires dans le secteur de la formation professionnelle des
adultes. "Dans le passé, écrivait récemment l'Institut
canadien d'éducation des adultes, les programmes de formation
professionnelle des adultes étaient sous le contrôle du
ministère de l'Éducation. Les critères à partir
desquels on les préparait étaient souvent trop
académiques. Maintenant, on confie la gestion de ces programmes au
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu
qui risque cette fois de passer des commandes de formation trop axée sur
les besoins à court terme des entreprises -et du marché du
travail. Il importe au plus haut point que l'on cesse - c'est toujours
l'Institut canadien d'éducation des adultes qui parle - de passer ainsi
d'un extrême à l'autre et que, sur la base d'objectifs de
formation clairs, on définisse les rôles respectifs des deux
ministères. Cette définition devra respecter le droit absolu des
adultes à l'éducation et le caractère public du service
éducatif."
La reconnaissance de la spécificité de l'éducation
des adultes et de la nécessité de structures propres pour en
assurer le développement est très généralement
reconnue comme un élément nécessaire de toute politique
d'éducation des adultes digne de ce nom. Or, par le jeu combiné
de la restructuration scolaire et des règles budgétaires, de
nombreuses commissions scolaires sont tentées d'ores et
déjà de rapatrier l'éducation des adultes dans les
structures régulières d'organisation scolaire. Au nom de la
transférabilité accrue des budgets, certaines commissions
scolaires se montrent déjà enclines à vouloir rapatrier
pour leurs fins générales une partie des budgets qui devraient
être réservés à l'éducation des adultes. Le
ministère de l'É- ducation se lave les mains de cette
opération. N'a-t-il pas comme politique de promouvoir la
responsabilisation des commissions scolaires? Nous rappelons au
ministère de l'Éducation, comme nous l'avons fait lors de
l'étude du projet de loi 3 en commission, qu'il ne saurait éluder
le rôle de leadership qui lui incombe en matière de promotion de
l'éducation des adultes. Ce n'est pas avec des responsabilités
évasives comme celles que définit la loi 3 à l'endroit des
commissions scolaires dans le domaine de l'éducation des adultes que le
ministère de l'Éducation pourra assurer la promotion de cette
dernière.
Je rappelle enfin au ministre que je lui ai déjà dit en
Chambre que le projet de règles budgétaires soumis aux
commissions scolaires en janvier dernier faisait à l'éducation
des adultes une place fort peut encourageante. D'un côté, on dit
vouloir élargir l'accès à la formation de base pour toute
la population et on autorise à cette fin des enveloppes
budgétaires ouvertes. D'autre part, les règles budgétaires
sont assaisonnées de dispositions qui risquent de rendre vaines ces
orientations théoriques.
Je n'ai pas eu le temps, au moment où j'ai rédigé
ces notes, de prendre connaissance de la version définitive des
règles budgétaires pour 1985-1986 dont le texte m'a
été transmis par le ministère hier. J'attendrai à
ce sujet les explications du ministre avant de porter un jugement. Si toutefois
des modifications importantes n'ont pas été apportées aux
règles budgétaires sur ce sujet de l'éducation des
adultes, il y aura lieu de critiquer sévèrement le
gouvernement.
Dans le secteur de l'éducation populaire, je constate avec
plaisir l'augmentation des sommes qui ont été inscrites au budget
pour l'année 1985-1986. Je voudrais connaître les explications du
jugement avant de me faire une opinion à ce sujet, parce que les
données explicatives que nous apporte le cahier mis à notre
disposition par le ministère ne sont pas parfaitement claires à
ce sujet. S'il s'agit vraiment d'une injection de fonds nouveaux, nous nous en
réjouirons du côté de l'Opposition, sans
arrière-pensée. (12 heures)
Nous accueillons également avec satisfaction la décision
qu'a apparemment prise le ministère de reporter d'un an le projet
d'implantation d'une régionalisation des subventions versées au
titre de l'éducation populaire. Le projet de régionalisation,
dans sa conception originelle, comportait des vices sérieux,
méconnaissant, en particulier, le rôle essentiel des directions
provinciales ou nationales au sein des organismes bénévoles, qui
ne peut pas être oublié au profit d'un transfert pur et simple de
toutes les discussions, de toutes les transactions des
organismes régionaux. Avant d'implanter une telle
régionalisation, le ministère devra s'assurer que l'on est
vraiment en possession de toutes les données relatives à ce
phénomène très important.
Je vais continuer pour un quart d'heure, si vous me permettez.
M. Gendron: D'accord, pas de problème.
M. Ryan: J'ai abrégé parce que c'était un
peu plus long que cela, mais vous aurez le texte intégral d'une minute
à l'autre.
M. Gendron: Le président vous le permet et je vous le
permets, M. le député.
M. Ryan: Vous êtes bien gentil.
Les règles budgétaires. Au cours des dernières
années, les règles budgétaires ont été,
entre les mains du gouvernement, un instrument puissant pour imposer ses
priorités aux commissions scolaires. Ces règles prévoient,
avec un luxe inouï de détails, la manière dont les
commissions scolaires doivent établir leurs dépenses en vue
d'avoir accès aux subventions gouvernementales qui leur rapportent
environ 95 % de leurs revenus.
Depuis quelques années, les règles budgétaires ont
été le moyen principal dont s'est servi le gouvernement pour
imposer aux commissions scolaires tantôt le fardeau financier
d'engagements pris par lui-même à l'occasion de la
négociation de conventions collectives, tantôt des
réductions de services auxquels les intéressés ne
souscrivaient pas, tantôt des pénalités à peine
déguisées pour les commissions scolaires qui avaient commis
l'impardonnable erreur, aux yeux du gouvernement, de terminer leur exercice
financier avec un surplus.
Année après année, les commissions scolaires se
sont vu imposer, depuis cinq ans, des contraintes sans cesse
multipliées. De l'avis de la Fédération des commissions
scolaires catholiques du Québec, il en est résulté une
détérioration dangereuse de la qualité des services
éducatifs. Dans une étude dont elle publiait les résultats
en mars 1984, la Fédération des commissions scolaires catholiques
du Québec avait abondamment établi le caractère
réel des conséquences découlant de ces contraintes
imposées par le gouvernement. Je n'y reviens pas, parce que c'est
déjà inscrit dans un document à caractère public,
auquel on peut facilement avoir accès.
Le projet de règles budgétaires soumis aux commissions
scolaires pour la présente année budgétaire n'a point fait
exception à cette pratique bien implantée depuis plusieurs
années. On s'attendait, cette année, è des soulagements
appréciables, mais l'étude du document soumis aux commissions
scolaires a vite ravivé les inquiétudes des administrateurs
scolaires. "Le contexte budgétaire 1985-1986, signalait récemment
la Fédération des commissions scolaires catholiques, se situe
à nouveau - je cite au texte - dans la perspective particulière
des décrets et du programme de compressions budgétaires du
gouvernement. Les compressions combinées à la sous-indexation des
dépenses contribuent à diminuer les ressources financières
dont les commissions scolaires ont besoin pour offrir la qualité et la
quantité des services nécessaires pour chacune. Les commissions
scolaires sont conscientes que leur marge de manoeuvre est réduite
à sa plus simple expression. "Il est vrai, poursuit la
Fédération des commissions scolaires catholiques du
Québec, que les écoles fonctionnent, mais nous pouvons dire que
les moyens pour atteindre les objectifs dans l'éducation des futurs
citoyens diminuent toujours de plus en plus."
Au nom des commissions scolaires, la fédération a
formulé, en mars, une liste importante de recommandations visant
à l'amélioration des règles budgétaires pour
l'exercice 1985-1986. Je souhaite que le ministre apporte, à ce sujet,
au cours de nos travaux, des précisions qui permettront de dissiper les
craintes exprimées alors. Suivant les informations que j'ai pu
recueillir au cours de la journée d'hier, après avoir reçu
le texte définitif des règles budgétaires, les
améliorations apportées au projet de règles
budgétaires seraient cependant plutôt mineures. Si tel
était le cas, il en découlerait une nouvelle dégradation
de la qualité des services éducatifs dont le gouvernement serait
évidemment le grand responsable.
La restructuration scolaire: La manière dont le gouvernement a
procédé pour imposer l'adoption de la loi sur la restructuration
scolaire restera gravée dans les mémoires comme un épisode
peu reluisant de notre histoire parlementaire.
En février 1984, le gouvernement, après cinq semaines
d'audiences publiques qui avaient fonctionné de manière digne et
efficace, mettait abruptement fin aux témoignages des organismes qui
avaient demandé à être entendus en commission parlementaire
de l'éducation. Sans autre justification que l'explication du ministre
de l'Éducation affirmant qu'il jugeait avoir été
suffisamment éclairé, le gouvernement, appuyé par une
majorité ministérielle docile, renvoyait brutalement chez eux de
nombreux organismes qui avaient été invités à se
faire entendre et qui s'étaient consciencieusement
préparés en conséquence.
Ensuite, après avoir déposé vers la mi-novembre de
1984 une version nouvelle du projet de loi sur la restructuration scolaire, le
gouvernement faisait adopter ce projet à la vapeur, en décembre,
imposant la
guillotine après à peine quatre jours d'étude du
projet de loi en commission parlementaire. Nous avons ainsi - comme l'a
signalé tantôt le ministre - une nouvelle loi-cadre de
l'instruction publique au Québec. Mais cette loi fondamentale comprenant
plus de 600 articles a été adoptée par l'Assemblée
nationale sans même que les parlementaires aient eu la chance de
l'examiner sérieusement. Elle a été adoptée sous
l'effet d'un coup de force du gouvernement, dans des conditions absolument
antidémocratiques.
La loi soulève dans le cas de Montréal et de Québec
des difficultés d'ordre constitutionnel relatives aux garanties
constitutionnelles que définit l'Acte de l'Amérique du Nord
britannique. L'Opposition avait fortement insisté pour que le
gouvernement fasse dirimer ces difficultés par les tribunaux avant de
procéder à l'implantation de la loi 3 sur les territoires de
Montréal et de Québec. Le gouvernement décida - comme
c'était son droit et comme c'est, hélas, souvent son habitude -
de passer outre à ces recommandations. Aussi fait-il face aujourd'hui
à des contestations judiciaires dont l'issue pourrait entraîner
des conséquences coûteuses pour tout le projet de
restructuration.
Dans l'immédiat, le principal souci du ministre a
été, ces dernières semaines, la délimitation des
nouveaux territoires scolaires qui regrouperont les commissions scolaires
suivant une base linguistique plutôt que confessionnelle.
Dans le cas de Montréal, le gouvernement a déjà
procédé à une délimitation créant cinq
commissions scolaires francophones et deux commissions scolaires anglophones.
Même si elle ne traduit aucune vision cohérente, cette
délimitation est généralement acceptable en pratique. On
ne pourra cependant avoir de certitude quant à son application
éventuelle tant que les tribunaux ne se seront pas prononcés sur
les procédures en cours.
Dans le reste du Québec, la formation des commissions scolaires
francophones va bon train. Ici encore, on serait en peine de trouver une
véritable cohérence dans les décisions gouvernementales.
On aura à travers le Québec des commissions scolaires dont la
taille variera considérablement. Tout ce travail a été
entrepris sans que le gouvernement consente au débat public que
réclamait l'Opposition sur les critères devant guider ces
décisions. Le ministre de l'Éducation et ses collaborateurs ont
voulu tenir compte dans toute la mesure du possible des volontés locales
et régionales dans les recommandations qu'ils ont faites au
gouvernement; ils ont été attentifs même à plusieurs
recommandations particulières de l'Opposition et je leur en sais
gré. On avance néanmoins dans ce domaine sans qu'une politique
claire ait été publiquement énoncée par le
gouvernement et discutée par les parlementaires. On court ainsi le
risque de retenir dans certains cas des solutions agréables aux milieux
immédiatement concernés, mais non pas nécessairement
conformes au bien objectif de l'éducation.
Je rencontrais, hier soir, une personne qui oeuvre depuis de nombreuses
années à la Commission scolaire de Chambly et qui n'est pas le
président de la Fédération des commissions scolaires du
Québec, ni le président de cette régionale. Elle me disait
qu'on est en train de faire une opération de charcuterie majeure dans
cette région. Quelle sera la conséquence de cela au point de vue
des coûts? Quelle sera la conséquence de cela au point de vue de
la qualité des services offerts? Là, on est perdu dans des
chicanes à savoir si telle portion de territoire va se rattacher
à telle commission scolaire ou à telle autre. Nous essayons
chacun de notre mieux de mettre notre grain de sel pour que l'arbitrage baigne
dans l'huile le plus possible, mais cela ne dispose pas du problème
fondamental qui est posé par l'absence d'une politique claire,
cohérente et connue de ce côté-là.
La formation de commissions scolaires anglophones en dehors des
territoires de Montréal et de Québec est également
engagée. Selon nos renseignements, les quelque dix commissions scolaires
anglophones que s'apprête à créer le gouvernement
répondent de manière générale à la
volonté des milieux intéressés. La décision qu'a
prise le gouvernement de tenir partout des élections dans les secteurs
anglophones en dehors de Montréal et de Québec d'ici à la
fin de la présente année répond également à
une nécessité. L'obligation où seront désormais
catholiques, protestants et membres d'autres familles spirituelles anglophones
de travailler ensemble dans les structures scolaires créait la
nécessité de procéder à une élection
démocratique des commissaires avant la mise en marche des nouvelles
structures linguistiques en matière scolaire.
Je saute par-dessus la section qui traite de la micro-informatique, mais
je tiens à signaler qu'elle est là et qu'on n'a pas oublié
ce dossier, évidemment. Je vais passer également par-dessus la
section concernant l'enseignement privé, parce que nous aurons
l'occasion d'y revenir plus tard au cours de nos discussions. Je voudrais dire
un mot sur deux sujets que j'ai inscrits à la fin de mon exposé
et cela va se terminer dans quelques minutes, M. le Président.
La présence anglophone au sein du ministère de
l'Éducation était, il y a deux ans, suivant des renseignements
qu'on nous avait fournis à notre demande, d'à peu près
vingt unités dont un cadre au niveau supérieur, quelques
professionnels et le reste
des employés de niveau intermédiaire. Nous avons
demandé de nouveau cette année des informations à ce sujet
et quelle n'a pas été ma déception de constater qu'il y a
encore vingt fonctionnaires anglophones, c'est-à-dire une
représentation qui équivaut à peine à 1 % de
l'ensemble des fonctionnaires dans le ministère de l'Éducation.
Si mon collègue de D'Arcy McGee était présent avec nous
comme il l'était tantôt, je pense qu'il insisterait pour qu'on
envisage un programme "formative action", un programme de redressement
explicite de ce côté-là. Je pense qu'il y a un
problème majeur. Comment voulez-vous mettre sérieusement en
marche des réformes et des orientations dans le secteur anglophone, qui
représente quand même 15 % de la population au bas mot, s'il n'est
pas représenté dans les centres de décision, dans les
centres où l'on conçoit les orientations?
Je voudrais rappeler enfin qu'à plusieurs reprises, au cours de
la dernière année, nous avons attiré l'attention du
gouvernement sur le problème des quelque 2800 membres de la profession
enseignante qui doivent, depuis 1965, se satisfaire de conditions de retraite
injustement inférieures à celles de leurs collègues pour
la simple raison qu'ils furent un jour membres d'un institut religieux et
qu'ils décidèrent de se séculariser après 1965.
Après avoir d'abord refusé d'y faire face, le
gouvernement, par l'entremise de l'actuel président du Conseil du
trésor, a reconnu l'existence du problème au cours de la
dernière année. Il a même accepté d'ouvrir des
négociations avec les intéressés afin de chercher en leur
compagnie une solution au problème.
Malheureusement, les négociations ont achoppé sur des
obstacles apparemment insurmontables. Elles se sont heurtées à
l'intransigeance des porte-parole du gouvernement qui, après avoir
déposé une offre de règlement jugée insatisfaisante
par les intéressés, ont carrément refusé de bouger
davantage.
Les calculs établis sur la base de données fournies par
les enseignants exreligieux permettent de constater qu'à la suite des
négociations des derniers mois, la marge qui séparait les deux
parties a diminué de manière sensible. C'est là un
progrès notable, que l'on ne saurait trop souligner. L'écart qui
sépare les parties demeure non négligeable, même s'il est
impossible pour l'instant de l'établir avec une précision qui
serait acceptable aux deux parties. Cet écart est cependant très
inférieur aux projections cataclysmiques qu'établissaient il n'y
a pas si longtemps les prophètes de malheur prétendant parler au
nom du gouvernement.
Les enseignants ex-religieux ont droit, M. le Président - je suis
convaincu que le ministre actuel de l'Éducation partage mon avis sur
cette question - à des conditions de retraite dignes et honorables,
à des conditions de retraite comparables à celles dont jouissent
leurs collègues qui ont été laïques pendant toute
leur vie. Le règlement de leur problème doit être
recherché avec diligence dans la voie de la négociation. (12 h
15)
En terminant, je voudrais rappeler que nous devons nous rendre compte
qu'au Québec, comme dans beaucoup d'autres sociétés,
l'enseignement public, primaire et secondaire, est l'objet d'inquiétudes
très profondes et, souvent, d'un scepticisme inquiétant dans
divers secteurs de la population.
Nous avons consenti des sacrifices énormes pour
l'amélioration de notre système d'enseignement au cours des deux
dernières décennies. Certains considèrent que nous sommes
allés peut-être trop loin dans cette direction et que nous n'avons
pas obtenu, au chapitre de la performance, les résultats qui auraient
dû normalement découler d'un effort aussi considérable.
Je ne souscris point à ce jugement. Je pense que les sacrifices
que nous avons faits étaient nécessaires et que nous devrons en
faire d'autres au cours des années à venir, si nous voulons
simplement maintenir notre place, à plus forte raison,
l'améliorer, dans le peloton des sociétés qui regardent en
avant et non pas en arrière ou de côté.
Si on regarde aux États-Unis, j'ai étudié au cours
de la dernière année tous les rapports des commissions
d'enquête nombreuses qui se sont penchées sur l'éducation,
tant au nom du président de la république qu'au nom des
gouverneurs des États, qu'au nom des entreprises privées, qu'au
nom des administrateurs scolaires et toutes ces enquêtes, sans exception,
concluent que la société américaine devra, au cours des
prochaines années, consacrer à l'éducation des sommes
encore plus élevées que celles qu'elle lui a consacrées au
cours des dernières années.
Dans certains domaines, nous avions, malheureusement et peut-être
à mauvais escient, pris une avance sur la société
américaine. Je pense qu'on peut donner un exemple bien simple, celui de
la rémunération des enseignements. Les États-Unis ont pris
un retard terrible en matière de rémunération des
enseignants. Je pense qu'ils ont un rattrapage à faire et qui a
été fait par anticipation ici. Ici, maintenant, je pense qu'il y
a une vitesse de croisière qui va convenir pour un grand nombre
d'années à venir. Aux États-Unis, on a
énormément fait de ce côté. Mais il y a d'autres
secteurs dans lesquels ils ont progressé plus que nous et sur lesquels
nous avons énormément de travail à faire.
Je voudrais affirmer, en terminant, ma
conviction profonde que nous devons renforcer dans notre système
d'enseignement tout ce qui touche l'enseignement des matières de base.
L'enseignement du français à la maternelle laisse
énormément à désirer. L'enseignement de l'anglais,
langue seconde, est un paysage assez désolant. L'enseignement des
sciences et des mathématiques ne progresse pas au rythme qu'on serait en
droit de le souhaiter, à la lumière des besoins qui
découlent des changements sociaux et technologiques.
Je pense que nous sommes tous d'accord pour signaler que les valeurs de
discipline et de responsabilité devront être accentuées
davantage par le système d'éducation. Je pense que si, au cours
des prochaines années, la société québécoise
pouvait s'entendre pour que les discussions entre les gouvernants et la
population et entre les différents intervenants du monde de
l'éducation, portent sur ces sujets essentiels et non plus sur des
sujets périphériques, souvent secondaires, malgré leur
importance relative, nous pourrions entreprendre ensemble une marche en avant
nouvelle qui serait vraiment dans le sens du progrès.
Je voudrais indiquer, comme toute dernière remarque, que je me
réjouis de constater que, dans l'hypothèse de règlements
dont nous aurons l'occasion de parler, il était beaucoup plus question
des contenus de l'éducation que dans des discussions auxquelles on a
assisté entre parties syndicales et parties patronales depuis de
nombreuses années. J'espère que cet embryon d'orientation
nouvelle se confirmera au cours des mois à venir.
Le Président (M. Charbonneau): Merci, M. le
député d'Argenteuil. Si d'autres membres de la commission n'ont
pas de remarques préliminaires, je vais permettre au ministre de faire
ses commentaires à la suite de cette présentation. Cela nous
amènerait à commencer cet après-midi plus
spécifiquement les sujets qui ont été
privilégiés par les membres de la commission. M. le ministre.
M. Gendron: Au préalable, M. le Président, je
voudrais savoir si c'est à 12 h 30 qu'on termine ou à 13
heures.
Le Président (M. Charbonneau): 12 h 30.
M. François Gendron (réplique)
M. Gendron: D'accord, cela va être assez rapide, puisque je
n'ai que dix minutes de réaction. Je voudrais, dans un premier temps,
remercier le député d'Argenteuil d'avoir effectivement pris
l'occasion de nous fournir une réflexion passablement fouillée et
détaillée et, également, de nous indiquer les points sur
lesquels, comme il l'avait fait ce matin, d'une façon un petit peu plus
privée, il préférait échanger davantage au cours de
l'après-midi, de même que demain.
Mon premier commentaire sera le suivant, M. le Président et MM.
les membres de cette commission: Si on résumait, je pense que le titre
de la présentation du député d'Argenteuil évoque
assez sensiblement l'ensemble de son appréciation par rapport à
la conduite des choses de l'éducation depuis 1981. D'après son
jugement, nous aurions été un gouvernement immensément
préoccupé dans le premier mandat par les questions
éducatives, allant jusqu'à nous souligner que nous avions
effectivement une très bonne compréhension, nous dit-il, du
rôle qu'un ministère ou qu'un ministre de l'Éducation doit
avoir d'une responsabilité aussi fondamentale pour la
collectivité québécoise.
Il prétend que nous avons accordé à
l'éducation une place de choix dans nos priorités et que tout
était comme dans le merveilleux monde de Walt Disney. Le problème
s'est posé à partir du second mandat où, dit-il, nous
aurions effectué des virages désastreux dans tous les secteurs
pour arriver à un constat général, toujours selon le
député d'Argenteuil, que nous aurions en éducation un
second mandat passablement désastreux.
Pas besoin de vous dire, M. le Président et MM. les membres de
cette commission, que ce n'est pas l'avis que je partage; je voudrais reprendre
très rapidement quelques points. Je pense que, depuis 1976, le
gouvernement du Parti québécois est exactement le même dans
ses priorités fondamentales. Il est composé essentiellement de la
même équipe, du même chef, avec les mêmes
préoccupations d'accorder à des secteurs vitaux du
développement du Québec toute la considération qu'on doit
y accorder. Je pense qu'il faut quand même regarder les choses à
la lumière de l'évolution d'une société et à
la lumière de certaines tendances qui se sont manifestées. Dans
un premier temps, quand on nous indique que le gouvernement a dû, compte
tenu du contexte économique, rationaliser sa gestion, je pense qu'il
faudrait être complètement déplacé ou
malhonnête pour ne pas affirmer que ce commentaire-là est tout
à fait exact et pertinent. C'est nous qui l'avons fait.
Dans la présentation que j'ai eu l'occasion de faire ce matin,
oui, j'ai indiqué que nous avons dû, en 1981 et les années
subséquentes, rajuster certaines priorités. On a dû faire
des choix budgétaires de l'ensemble des activités d'un
gouvernement, y compris les activités éducatives. Cela nous a
obligés à déplacer certains ordres de priorités,
mais pas au point où on aurait négligé celles qui sont
toujours importantes
dans une société en évolution en matière
d'éducation.
Si je donne un exemple bien précis, en prenant notre produit
intérieur brut, quand on laisse voir que le Québec investirait
moins qu'en 1976, je tiens à rappeler aux membres de cette commission
qu'en 1983-1984 le Québec investissait 4,35 % du produit
intérieur brut à l'éducation alors que l'Ontario, pour la
même année, en 1983-1984, investissait 3,94 % de son produit
intérieur brut en éducation. Je veux bien qu'on cite toutes
sortes de chiffres, mais sans prendre ce que l'on appelle nos niveaux
traditionnels de comparaison. Depuis plusieurs années, le gouvernement
du Québec a toujours essayé de regarder un peu ce qui se faisait
ailleurs et, dans ce sens-là, je pense que le gouvernement du
Québec avait à ce point le souci de l'éducation, tout en
étant moins riche collectivement que la province voisine, pour accorder
des points supérieurs au produit intérieur brut à
l'éducation au Québec, par rapport à l'Ontario. Donc, cela
signifiait qu'on voulait continuer à marquer l'importance du secteur
éducatif. En 1984- 1985, et c'est la même chose pour 1985- 1986,
nous sommes exactement dans la même tendance, parce qu'il n'y a pas eu de
compression significative dans le secteur de l'éducation pour ces deux
années additionnelles, puisque nous fonctionnons à peu
près, toutes proportions gardées, sur les mêmes bases.
Quand le député d'Argenteuil nous indique aussi dans ses
commentaires préliminaires, avant de parler des points
spécifiques, que nous serions passés à une
éducation dite plutôt utilitaire qu'à une éducation
plus gratuite, démocratique et ainsi de suite, il me semble que cela
manifeste encore là une nécessité d'ajuster certaines
préoccupations éducatives à des besoins d'une
société en évolution. On a voulu que notre système
participe de plain-pied au virage technologique et, dans ce sens-là, je
pense que l'on ne peut d'aucune façon accepter un reproche comme
celui-là puisqu'il manifeste, ou est signe d'une plus grande
adaptabilité à la réalité technologique d'une
société en évolution, en développement.
Dans ce sens, que nous ayons des programmes éducatifs, que nous
ayons un système d'éducation peut-être davantage
collé à ce que j'appellerais des utilités
concrètes, des utilités qui se manifestent à la suite
d'une technologie qui a changé, d'une technologie qui doit changer,
collé à un contexte aujourd'hui où les métiers
traditionnels sont en voie de disparition, où on doit être plus
préoccupé par l'évolution de techniques nouvelles, que ce
soit la bureautique, que ce soit l'informatique, c'est normal. Il est normal,
je pense, en ce qui me concerne et en ce qui concerne le gouvernement du
Québec, que nous ayons une préoccupation plus utile, plus
adaptée à certaines réalités utilitaires
plutôt que strictement garder le grand concept théorique, toujours
valable, d'une très grande démocratisation, d'une très
grande accessibilité, par des mesures accrues, ce que nous avons
fait.
M. le député d'Argenteuil, également -on aura
l'occasion d'y revenir - traitait de la condition enseignante dans son
commentaire en disant qu'on a été - il a eu des mots très
sévères en parlant du second mandat - un gouvernement de jugement
qui a essayé de déprécier ou de décrier les
premiers agents de l'éducation qui sont toujours les éducateurs
et les éducatrices. Je tiens à dire que la réalité
est tout autre. On a été sensible au rapport du Conseil
supérieur de l'éducation. Le Conseil supérieur de
l'éducation a fait un travail honnête, objectif, d'analyse de ce
qui se passait à la suite de l'application des décrets. J'en
conviens, tout comme le député d'Argenteuil, j'aurais aimé
mieux ne pas passer par là, c'est évident. C'est une étape
que j'aurais aimé mieux ne pas vivre, comme tout autre élu en
politique. Je pense que personne n'a voulu cette crise. Il n'y a personne,
contrairement à ce que vous affirmez pour le moins gratuitement, qui
soit hanté par notre propre imprévoyance financière.
Si on a été imprévoyant sur le plan financier et
économique, il y en a une "mosus de gang" qui l'a été
également parce que je connais un paquet d'entreprises qui ont eu des
difficultés sans précédent lors de la fameuse crise de
1982-1983. Je connais un paquet d'institutions qui ont eu à vivre des
difficultés absolument sans précédent. On a même dit
qu'on n'avait jamais vécu cela depuis les années trente, depuis
la vraie, la plus dure crise que le Québec n'ait jamais connue. À
partir du moment où on n'est pas des extraterrestres, on s'inscrit dans
le même profil que n'importe quel citoyen. Il y a beaucoup de choses qui
nous sont arrivées, particulièrement au Québec, et on ne
pouvait pas contrôler l'ensemble de ces situations, en particulier quand
on fait référence au fait que le gros des difficultés
vécues dans la société québécoise
était dû à des taux d'intérêt sans
précédent, à cause d'une politique inflationniste
volontairement pratiquée, par d'autres ou pas. Je ne veux même pas
juger, mais je veux juste dire qu'on n'avait sûrement pas tous les outils
de contrôle pour contrer ces difficultés qui ont
conditionné certaines décisions difficiles, je le reconnais, qui
ont eu des conséquences dans l'éducation comme ailleurs, parce
qu'elles ont eu des conséquences dans toute la société
québécoise.
À la suite de ce climat plus difficile, ce climat concret dans
les écoles, parce que, M. le député d'Argenteuil, je pense
que j'ai eu l'occasion de le dire, depuis que j'ai ces
responsabilités, oui, j'ai constaté qu'il y avait des
problèmes réels, dans nos écoles au Québec, de
démotivation, de dépersonnalisation, d'absentéisme, etc.
Toutes ces difficultés ont été soulignées dans le
rapport du Conseil supérieur de l'éducation et on a dit: En 1984
il est urgent d'accorder un moratoire, ce que nous avons fait, pour se donner
le temps d'analyser et de regarder cela d'une façon plus
spécifique. Il y a un secteur - c'est le seul - en éducation
où on a prévu des mécanismes pour faciliter l'analyse de
solutions qui amélioreraient le vécu dans les écoles,
parce que c'est fondamental, c'est important, cela a été la
création des comités mixtes. Le comité mixte en
éducation a donné des résultats palpables, concrets qui
ont permis d'améliorer la condition enseignante.
Je vais juste rappeler, en conclusion là-dessus parce que j'aurai
l'occasion d'y revenir - on me fait signe qu'il sera bientôt 12 h 30 -
qu'au niveau du gel de la tâche, quand on a eu à le faire,
même en gelant la tâche, je tiens à rappeler au
député d'Argenteuil, et je suis convaincu qu'il le sait, on reste
quand même au Québec avec une tâche qui est passablement
inférieure à celle qui existe en Ontario, dans d'autres provinces
canadiennes et dans d'autres États. Je veux bien qu'on dise que le
système scolaire n'est pas le même, je le reconnais, je connais le
milieu, j'ai enseigné moi-même pendant douze ans. Je pense que des
efforts pour adoucir l'effet négatif des décrets au niveau
particulier de la tâche comme telle ont été posés
par notre gouvernement en 1984, à la suite des accords du 11 mai, et
tout récemment avec la décision que j'ai eue l'occasion
d'annoncer publiquement qu'il n'y aurait pas, contrairement à ce qui
avait été prévu d'augmentation de la tâche pour
l'année 1985-1986 commençant le 1er septembre. Ce sont des
commentaires très rapides. J'aurai l'occasion, à la reprise, de
revenir sur quelques autres avant de faire une discussion plus exhaustive sur
chacun des points qui ont été soulevés par le
député d'Argenteuil, dans certains cas avec pertinence, dans
d'autre cas avec la nécessité d'énormément de
clarification a tout le moins. Merci.
Le Président (M. Charbonneau): Merci, M. le ministre. La
commission va ajourner ses travaux sine die. Vraisemblablement nous reviendrons
cet après-midi avec un avis du leader. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 31)
(Reprise à 15 h 40)
Le Président (M. Charbonneau): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission parlementaire de l'éducation et de la
main-d'oeuvre reprend ses travaux avec l'étude des crédits du
ministère de l'Éducation. Je vais immédiatement
céder la parole au député d'Argenteuil et
vice-président de la commission.
Une voix: Ah, il n'avait pas fini!
Le Président (M. Charbonneau): À moins que le
ministre n'ait des choses à ajouter...
M. Gendron: Si M. le député d'Argenteuil n'a pas
d'objection, ainsi que les membres de la commission, effectivement, j'avais
indiqué que, sur ce que j'appellerais les considérations
générales que le député d'Argenteuil avait
données sur quelques points, j'aurais aimé faire un court retour
sur trois points: la politique gouvernementale à l'éducation
permanente, je n'ai pas eu le temps...
Une voix: ...
M. Gendron: ...- je veux juste finir ma phrase là-dessus -
non pas l'enseignement professionnel mais la formation professionnelle et,
également, les régimes pédagogiques. J'aurais aimé
avoir l'occasion de faire un commentaire sur ces trois points.
M. Ryan: Je n'ai pas d'objection, mais il me semble que ce serait
plus pratique si vous faisiez ces commentaires au début de chacun des
sujets qu'on va étudier, parce que cesdits sujets viennent tout de suite
à l'ordre du jour. En tout cas, je n'ai pas d'objection. Je crois que,
effectivement, cela va être court, donc, je ne formule pas d'objection,
une suggestion au plus.
M. Gendron: Juste une seconde, M. le député
d'Argenteuil. Dans les points que vous aviez indiqués, à moins
que je n'aie mal lu, pour la formation professionnelle, cela va, vous avez
raison; l'éducation des adultes, cela allait aussi; il y a juste sur les
régimes pédagogiques qu'on ne revenait pas, dans les points que
vous aviez...
M. Ryan: Oui, oui, cela revient, c'est le deuxième, cet
après-midi.
M. Gendron: Oui, vous avez tout à fait raison, c'est le
deuxième. Alors, je n'ai pas d'objection. On pourrait y aller tout de
suite avec la condition enseignante. On va les traiter...
M. Ryan: Parce que vous allez avoir plus d'impact quand on va
être sur le sujet.
M. Gendron: Cela devrait!
Le Président (M. Charbonneau): Sur ce consensus, M. le
député d'Argenteuil.
La condition enseignante
M. Ryan: Nous avons inscrit la condition enseignante en
première place dans la liste des sujets que nous voulions discuter, pour
une raison qui va être facile à comprendre, c'est que nous
trouvons que c'est la pierre de base autour de laquelle gravite toute la
qualité de l'oeuvre éducative. On peut avoir toutes les
réformes qu'on voudra en ce qui concerne les structures, le financement
et même les programmes, si on n'a pas une profession enseignante
compétente, appliquée et raisonnablement heureuse dans son
travail, je pense que tout le reste va être gravement compromis.
Comme c'est le point qui a été le plus en souffrance ces
dernières années et que le ministre semble considérer que
c'est une priorité à laquelle il doit continuer de s'attaquer
comme il l'a fait depuis son entrée en fonction, je voudrais
peut-être lui adresser quelques questions découlant de ce que nous
avons discuté.
La première serait la suivante. Le Conseil des ministres a
refusé, autour de deux points, l'hypothèse de règlement
qui avait été arrêtée entre le ministère et
la Commission des enseignants des commissions scolaires et qui avait
été acceptée par une faible majorité chez les
enseignants.
Est-ce que le ministre pourrait déposer devant la commission le
texte de cette hypothèse de règlement, qui comprenait quatorze
sujets différents et nous indiquer les estimations de coûts qui
avaient été établies pour chacune des mesures
concrètes devant découler des quatorze points en question? Le
ministre pourrait-il, également, nous indiquer le coût du gel de
la tâche des enseignants pour l'année scolaire 1985-1986 et ses
répercussions sur les mises en disponibilité?
Hypothèse de règlement
M. Gendron: D'accord. Je pense que, effectivement, la
façon la plus claire de répondre à vos questions, M. le
député d'Argenteuil, ce serait de déposer ce document
d'information à la commission. Vous auriez là, essentiellement,
les réponses sur chacun des points, puisque dans les discussions que
j'ai eues avec le Conseil des ministres, nous avions évalué les
coûts financiers de chacun des points de l'éventuel
règlement.
Cependant, il ne faut pas oublier que, dans le contexte, c'était
toujours une hypothèse de règlement, je m'étais
engagé, comme ministre de l'Éducation, tout comme M. Bisaillon
s'était engagé à la soumettre à ses instances,
à la soumettre au Conseil des ministres. Il est exact que le Conseil des
ministres était d'accord pour ratifier, toujours sur une base de trois
ans, douze points sur quatorze, les deux points pour lesquels celui-ci avait
des objections majeures étant toujours la question de l'injection de 200
postes annuels sur une base récurrente et le fameux point, plus majeur,
qui était la négociation locale avec droit de grève sur
quatre points précis. Ce sont ces deux points qui ont été
rejetés.
Quand vous posez une question précise sur le coût du gel de
la tâche, c'est 25 000 000 $ en termes de coût budgétaire.
L'injection de 200 postes qui a été refusée
représente à peu près 8 000 000 $ pour la première
année, parce qu'après cela il fallait évaluer,
effectivement, la relation très étroite qui existe entre
l'injection de postes additionnels et les mises en disponibilité.
Quant aux autres coûts concernant les douze points autres que les
deux que je viens d'évoquer, il y avait, au total... Je pense que ce ne
serait pas le moment de passer point par point. Dans certains cas, il n'y avait
pas de coût. Dans d'autres cas, nous ne sommes pas en mesure de
l'évaluer avec énormément de précision tout de
suite parce qu'il aurait fallu voir à l'exercice, mais je peux vous
indiquer, M. le député d'Argenteuil, que cela représentait
à peu près, sur une base annuelle, 5 000 000 $ pour l'ensemble
des autres points.
M. Ryan: 5 000 000 $?
M. Gendron: Oui.
M. Ryan: Pour tous les autres points?
M. Gendron: Oui, si j'exclus la monnayabilité des
congés de maladie. Pourquoi je l'exclus? C'est que nous avions
déjà, comme ministère, une autorisation du Conseil du
trésor pour revenir à l'ancien système de la
monnayabilité, dans une progression plus lente, dans le sens que le
mandat du Conseil du trésor était 50 % au lieu des 100 % de
monnayabilité. Donc, si on avait à chiffrer le coût de
l'entente ou de l'hypothèse de règlement, c'est bien sûr
que je fais seulement la différence entre le mandat du Trésor
à 50 % et ce que j'ai déposé, 100 % de
monnayabilité, dès la prochaine année scolaire.
M. Ryan: Sur les congés de maladie -entre
parenthèses - est-ce que votre ministère a une estimation de ce
que cela a coûté aux commissions scolaires pour la dernière
année, le remboursement monnayé des congés de maladie
découlant du fameux compromis Désillets? Est-ce que le
ministère a fait quelque chose pour compenser les commissions scolaires
là-dessus ou si elles
ont été obligées de payer toutes ces
dépenses à même les ressources qui leur étaient
allouées normalement, sous l'empire des règles
budgétaires? Je vous pose la question, M. le ministre, parce que j'ai
déjà écrit à votre prédécesseur pour
avoir des précisions là-dessus à la suite de
représentations qui avaient été faites auprès de
moi par des commissions scolaires et je n'ai jamais obtenu de
réponse.
M. Gendron: Je peux vous l'indiquer parce que votre question est
précise et que je ne vois pas pourquoi on ne vous communiquerait pas ces
informations. Dans une minute ou deux, je les aurai et je vous les
communiquerai. Si vous avez une autre question, toujours sur le même
sujet général. Je vous donnerai l'information dans quelques
minutes.
M. Ryan: Dans l'hypothèse de règlement, il y avait
des gros sujets comme l'enfance en difficulté d'adaptation et
d'apprentissage. Il y avait l'éducation des adultes, des mesures assez
importantes là-dessus également. Quand on dit: On va mettre fin
au double emploi, par exemple, c'est énorme parce que, sur à peu
près 12 000 ou 13 000 personnes qui enseignent à
l'éducation des adultes, il y en a au moins 10 000 ou 11 000 qui sont
des enseignants à temps partiel, dont plusieurs sont des enseignants
à temps complet dans l'enseignement régulier. Je ne sais pas. Je
continue: Les milieux pluriethniques, les milieux économiquement
faibles, si on veut faire quelque chose... Les classes à divisions
multiples, on va en supprimer un bon nombre. Il y en a plusieurs qui ont plus
de deux niveaux actuellement. Le nombre d'élèves de groupes: on
va donner une rémunération supplémentaire lorsque le
nombre des élèves, dans un groupe, dépasse la norme. Tout
cela pour 5 000 000 $, c'est cela que vos collaborateurs avaient
estimé?
M. Gendron: M. le député d'Argenteuil, je veux
bien; ces points sont importants en termes de condition de vie des enseignants
et des enseignantes. Si on les regarde un par un, très rapidement: Pour
l'éducation des adultes, tout ce qu'on avait mis sur la table, c'est un
accord pour une déclaration de principe dans le but de réduire le
double emploi, de façon à permettre l'emploi d'un plus grand
nombre de personnes, tant que c'était une demande où les
syndicats étaient d'accord pour qu'eux aussi puissent agir sur leurs
propres professeurs pour les inviter à ne pas faire double emploi, mais
pour nous, ce sont exactement les mêmes coûts. Il n'y a aucune
différence de coût, que ce soit un professeur à temps
régulier qui offre les cours à l'éducation des adultes...
Je parle pour le ministère, pour les commissions scolaires. Pour nous,
c'est le même coût. Alors, c'est une demande qu'on trouvait logique
dans le contexte de permettre à plus de gens d'avoir une occasion
d'emploi. Mais il n'y a pas de coûts additionnels pour le
ministère. Même chose sur les milieux pluriethniques et les
milieux économiquement faibles. Les mesures, c'était la mise sur
pied d'une table nationale pour analyser plus à fond ces
problèmes. Les parties s'engagent sur réception du rapport de la
table à rouvrir la convention pour inclure les dispositions
jugées appropriées. Vous allez convenir avec moi qu'il
était très difficile d'en faire une évaluation
chiffrée puisqu'on convenait que ce n'est que sur le rapport de la table
unique qui était souhaitée par les gens concernés.
Les classes à divisions multiples, maximum de deux degrés,
sauf dans les écoles de moins de 100 élèves ou sauf si le
syndicat y consent; compensation monétaire au-delà de la moyenne
et non au-delà du maximum. C'était beaucoup plus, encore
là, une mesure d'organisation scolaire pour les commissions scolaires
qu'une injection de ressources financières. Là où il y
avait peut-être un peu de coûts, c'est le nombre
d'élèves par groupe, augmentation de la compensation selon le
nombre d'élèves excédentaires. Alors, premier
élève, c'était 1 $ selon le ratio, 1,25 $ pour le
deuxième élève...
M. Ryan: Est-ce que...
M. Gendron: Juste une seconde; c'est que je veux juste vous
indiquer que, pour ce qui est du nombre d'élèves par groupe de
même que des classes à divisions multiples, il y avait
déjà des coûts de prévus. Entre autres,
l'élément 9 dans le papier que vous avez et qui est le même
que j'ai, je pense, pour ce qui est du nombre d'élèves par
groupe, ce n'était qu'une bonification, M. le député
d'Argenteuil. Donc, quand je parlais des 5 000 000 $ environ sur une base d'une
année budgétaire, cela incluait uniquement les coûts
excédentaires, de plus que ce qui existait et non pas l'ensemble de
l'enveloppe requise pour couvrir ces éléments. Parce que
là, vous avez raison, il y a beaucoup plus d'argent que cela dans ces
éléments. Quand j'ai répondu 5 000 000 $, ce
n'était que pour la partie excédentaire.
M. Ryan: Est-ce qu'il y aurait moyen d'avoir un texte
écrit résumant l'estimation que vous avez faite des coûts
excédentaires pour ces différents postes? Est-ce qu'il y aurait
moyen d'avoir une note écrite là-dessus?
M. Gendron: En ce qui me concerne, oui, parce que, de toute
façon, j'ai eu l'occasion d'en discuter assez longuement au
Conseil du trésor et au Conseil des ministres. Effectivement,
c'est d'intérêt public, c'est du domaine public de vous donner
l'information chiffrée qu'on avait évaluée. Vous
connaissez nos instances de vérification. Entre le MEQ et le Conseil du
trésor, il n'y avait pas d'incompatibilité sur les
évaluations de chiffres.
M. Ryan: Est-ce qu'une évaluation avait été
faite avec la partie syndicale également? Est-ce qu'il y avait un accord
qui s'était établi entre la partie patronale et la partie
syndicale quant aux implications financières de cette entente?
M. Gendron: Oui, je comprends. Pas au début, mais à
la fin de ce qu'on appelle l'exploration qu'on a conduite pour dire: Bon, c'est
sur ces bases qu'on entend de part et d'autre soumettre à nos instances
l'hypothèse d'un règlement. Je pense que oui. Les deux parties
convenaient que les évaluations de chiffres étaient conformes.
Bien, écoutez...
M. Ryan: On va le vérifier.
M. Gendron: Vous vérifierez sauf que ce que je vous
indique, M. le député d'Argenteuil, très clairement, c'est
que c'est toujours le ministère avec le Conseil du trésor qui a
les outils nécessaires pour faire l'évaluation. Ce que j'ajoute
pour répondre correctement à votre question, c'est qu'on n'a pas
eu d'information de la partie syndicale disant qu'elle n'était pas
d'accord avec l'évaluation chiffrée qu'on faisait de cette
hypothèse de règlement. Alors, c'est par voie de déduction
que je conclus qu'on devait s'entendre sur les chiffres parce
qu'habituellement, quand ils n'étaient pas d'accord, ils nous le
laissaient savoir, ce qui n'a pas été le cas
là-dessus.
M. Ryan: Très bien. Maintenant, j'aimerais vous demander
pourquoi le gouvernement a refusé les deux points qui ont
achoppé, c'est-à-dire les 200 postes additionnels au secondaire
et, deuxièmement, la négociation locale d'un certain nombre de
sujets avec le droit de grève qui accompagne normalement le droit de
négociation.
M. Gendron: Oui, je pense que ce n'est pas sûr que cela
soit opportun à cette commission-ci, en tout cas, quelle que soit la
commission, que des débats internes au Conseil des ministres soient
exposés sur la place publique. Les indications additionnelles que je
peux vous donner, M. le député d'Argenteuil, c'est que vous
saviez très bien que, pour un des points dits majeurs, il y avait en
même temps au Conseil des ministres la discussion de fond sur un nouveau
cadre de négociation proposé à l'ensemble des partenaires
et également à l'ensemble des secteurs concernés par la
négociation, que ce soit le réseau des affaires sociales, la
fonction publique et l'éducation. Chez certains collègues, il
apparaissait difficile d'avoir deux modèles, sans donner tous les
détails, d'avoir un modèle plus général pour
l'ensemble de la fonction publique et parapublique et d'avoir une
particularité ou une exception pour une durée de trois ans avec
le secteur des enseignants. Ce sont les considérations, je pense, dont
je peux vous faire part sans aller dans les détails sur le bloc le plus
important.
Sur la question des 200 postes, on a laissé voir, et cela a
été du domaine public pendant un certain temps, que les travaux
qui ont eu lieu lors de l'évolution des discussions au comité
mixte avaient quand même permis de dégager des possibilités
d'arriver aux mêmes résultats autrement que par l'injection
récurrente de 200 postes sur une base annuelle dans le réseau
avec, toujours, l'image difficile que cela pouvait avoir chez certains, d'une
part de geler la tâche et, tout en posant le gel, non seulement geler,
mais injecter des ressources additionnelles. Il y a une espèce d'image
antinomique, en tout cas, chez certains. Certains voient que c'était
difficile à comprendre, cela.
La raison principale, M. le député, était beaucoup
plus parce qu'il y a un bon nombre de gens, chez nous, qui avaient la
prétention qu'on peut atteindre l'objectif que les professeurs ne soient
pas appelés à rencontrer plus de six groupes dans leur charge de
travail hebdomadaire par des moyens autres. Ces moyens autres ont effectivement
été fouillés lors des échanges au comité
mixte et c'est surtout pour ces raisons qu'on ne croyait pas donner suite
à cette demande.
M. Ryan: Est-ce que je dois comprendre que le ministre de
l'Éducation avait recommandé l'hypothèse de
règlement au cabinet?
M. Gendron: Oui.
M. Ryan: Elle n'a pas été seulement transmise. Elle
a été recommandée.
M. Gendron: Oui, oui. De toute façon, je pense que je
l'avais indiqué publiquement. Je trouve que c'est un peu normal quand on
a des responsabilités sectorielles de s'impliquer complètement.
Dans ce dossier, je me suis impliqué complètement sans aucun
regret. Je crois toujours que c'était une hypothèse de
règlement et j'ai indiqué que je m'engageais à la
soumettre et à la défendre.
M. Ryan: Vous savez comme moi que ce qu'il y a d'exceptionnel
dans cette histoire, c'est la manière quelque peu
différente dont vous avez procédé comme ministre.
D'ordinaire, dans une négociation comme celles que j'ai pu voir dans le
passé, le ministre, avant de s'impliquer moralement - je ne dis pas
légalement - vérifiait avec ses collègues du cabinet et il
allait dire à ses gens: Là, on ne peut pas aller plus loin que
tel point, j'ai vérifié. Il y a eu un malentendu qui s'est
créé de l'autre côté, j'ai l'impression, qui peut
rendre la situation plus difficile - on va en parler tout de suite tantôt
- du fait que vous étiez impliqué sans l'être, finalement,
parce que vous vous impliquez d'un côté et, après cela,
vous pouvez venir et dire: J'ai belle jambe, j'avais recommandé cela,
mais il y a des gens qui n'ont pas voulu comprendre, je regrette infiniment, je
vous fais rapport et, après cela, on passe à autre chose. C'est
un petit peu l'impression que cela a donnée dans le public.
M. Gendron: Non. Les commentaires que j'ai à vous dire, M.
le député d'Argenteuil, c'est que de temps en temps il faut
rompre avec la forme traditionnelle des négociations, de la façon
dont cela a été mené. Vous êtes tout aussi au
courant que moi que le résultat a toujours été - en tout
cas, dans les 20 dernières années particulièrement
difficile. Cela, c'est mon premier commentaire. Le deuxième, cela avait
été très clair. Je ne vois pas pourquoi cela ne le serait
pas pour vous également. Il s'agissait d'une exploration de part et
d'autre qui pouvait nous conduire, effectivement, à ce qu'on pouvait
appeler une hypothèse qui méritait d'être soumise à
nos instances. On avait privilégié cette formule dans le contexte
des suites à être données au comité mixte parce que
la prétention syndicale était le comité mixte. Oui, on
reconnaît qu'il y a eu du bon travail de fait, mais il faudrait aller un
peu plus loin et voir la possibilité de traduire cela plus
concrètement en clause de convention collective, sans pour autant
entamer une négociation au sens traditionnel des mécanismes qui
les conditionnent. Vous connaissez les mécanismes qui les
conditionnent.
Dans ce sens, j'étais d'accord de faire ce qu'on appelle une
exploration. Heureusement, l'exploration nous a conduits à ce que vous
savez, c'est-à-dire une hypothèse de règlement que, de
part et d'autre, nous convenions de soumettre à nos instances. Je ne
vois pas le drame en ce sens que je m'engageais, effectivement, à la
soumettre et à la défendre. Je peux vous dire que j'ai eu plus de
succès que mon collègue, M. Bisaillon, parce que la plupart de
mes gens ont voté sur cela et non pas 13 % seulement et je suis sorti de
là et j'ai échappé deux points, mais j'en ai douze dans ma
poche. Je trouve que l'exercice - sans jeu de mots -était
nécessaire, utile et en aucune façon je ne regrette la
démarche qu'on a conduite, sauf qu'il n'y avait pas de confusion.
J'avais été on ne peut plus clair avec mes mandataires en leur
disant: On fouille cela le plus possible et si on arrive à une
hypothèse de règlement je m'engage à la soumettre et, lui
aussi, il s'engage à la soumettre et c'est ce qui est arrivé. Je
fais juste une conclusion sur cela. Ce n'était pas une
négociation dans le cadre des règles traditionnelles qui nous
régissent parce que nos dépôts ne sont pas faits et on n'a
pas commencé la nouvelle négociation avec le secteur public et
parapublic. (16 heures)
M. Ryan: Maintenant, si on regarde l'avenir, je crois que vous
avez déclaré d'un côté: On serait prêt
à prendre les douze points qui restent et à signer une entente
pour les trois prochaines années. La Commission des enseignants des
commissions scolaires vous a répondu: Nous serions prêts à
signer une entente autour de ces douze points pour les douze prochains
mois.
M. Gendron: Exactement.
M. Ryan: Est-ce qu'on pourrait connaître votre position sur
cela?
M. Gendron: Là, avec l'avertissement que vous m'avez servi
tantôt, je vais être plus prudent. Vous en convenez. Mon avis sur
cela, c'est que je crois que, lorsqu'on réussit, comme c'est le cas,
à continuer à se parler, c'est déjà un gain
additionnel. Oui, il est exact que j'ai indiqué à la CECS que
j'étais toujours disposé à une signature avant-hier,
aujourd'hui ou demain matin, sur la base de trois ans avec ce qu'il me reste
des douze points. La CECS m'a répondu: Nous serions d'accord de les
prendre, mais sur la base d'une année. Cela s'appelle bonifier le gel.
Alors, non seulement ces gens ont le gel mais là ils voudraient bonifier
le gel de douze points. Il y a encore des discussions qui sont en cours, je
n'ai pas du tout d'objection à creuser cela davantage pour effectivement
voir les possibilités de part et d'autre et pour voir si on pourrait
sortir de nos positions qui semblent actuellement un peu
éloignées l'une par rapport à l'autre. C'est pourquoi
encore hier il y avait des rencontres et nous allons continuer d'en avoir pour
vérifier si un ajout de quelques éléments pourrait
permettre d'envisager sur ces questions une hypothèse de trois ans.
C'est une possibilité.
Il y a l'autre solution, effectivement, de se rabattre sur la
proposition de la CECS et de signer uniquement pour un an sur la base des douze
points retenus de l'accord. Cette partie, je ne dis pas que je ne la regarde
pas encore, sauf que, soyez assurés que si jamais je traduisais cette
demande, en ce qui me concerne, par un dépôt officiel,
à
ce moment les instances concernées auraient été
consultées au préalable pour assurer le ministre de
l'Éducation qu'il peut faire un tel dépôt.
Rapport du CSE
M. Ryan: C'est très bien pour cela. Il y a un autre point
que je voudrais soulever qui se rattache directement à celui-ci. Dans
son rapport sur la condition enseignante le Conseil supérieur de
l'éducation avait abordé bien des sujets qui n'ont pas
été soulevés, évidemment, au comité mixte.
Le comité mixte a pris un certain nombre des problèmes qui
avaient été recueillis par le Conseil supérieur de
l'éducation. Il y en a d'autres qui ont été portés
à l'attention du public et du ministre de l'Éducation et du
gouvernement par le Conseil supérieur de l'éducation. Je voudrais
savoir s'il y a d'autres actions qui ont été entreprises pour
donner suite au rapport du Conseil supérieur de l'éducation et
s'il y a d'autres actions qui sont envisagées et s'il y a eu une
réponse qui a été adressée au Conseil
supérieur de l'éducation sur ces autres points ou si le
gouvernement, le ministre en particulier, voudrait laisser entendre qu'on a
trouvé le canal du comité mixte et qu'il n'y a pas autre chose
qui se fait et que tout est réglé là.
M. Gendron: Non. Je pense que le ministre n'a pas laissé
entendre cela et il n'a pas l'intention de laisser entendre que le canal du
comité mixte, c'est la seule voie, l'unique voie pour progresser dans
d'éventuelles considérations qui aboutiraient à des
solutions pour améliorer effectivement certains éléments
qui nous ont été soulignés dans le rapport du Conseil
supérieur de l'éducation. Je veux juste rappeler au
député d'Argenteuil que j'ai rappelé à l'ensemble
des partenaires interpellés par le rapport du Conseil supérieur
de l'éducation qu'il était important de se concerter pour donner
des suites à certaines des choses très concrètes qui ont
été signifiées dans le rapport. En termes clairs, M. le
député d'Argenteuil, vous allez en convenir avec moi - je suis
convaincu que vous avez pris connaissance d'une façon très
exhaustive du rapport du Conseil supérieur de l'éducation - il y
a des éléments sur lesquels il y avait des problèmes
réels de déceler, mais pour lesquels les concernés
étaient davantage, tantôt une direction scolaire, tantôt une
commission scolaire, tantôt le ministère. Mon travail, comme
ministre de l'Éducation, c'était de dire en ce qui nous concerne:
Nous, on va essayer de mettre un mécanisme en place qui nous permettra
de progresser sur ce que j'appellerais les problèmes soulignés
qui sont davantage de notre responsabilité - comme j'étais en
train de vous le dire lorsque vous conversiez avec votre voisin - qu'il y avait
lieu de se concerter, tous les agents éducatifs, sur les suites à
donner au rapport du Conseil supérieur de l'éducation. Cette
proposition fut laissée de côté pendant la démarche
d'exploration, parce que je ne peux pas blâmer la
Fédération des commissions scolaires catholiques du Québec
et d'autres intervenants qui disaient: Écoutez! On va vous regarder
aller là-dessus, on verra la conclusion et ensuite on va prendre le bout
des responsabilités qui nous concernent pour essayer d'améliorer
les problèmes réels. Dans certains cas, ce sont des
mésententes entre des directions scolaires versus les enseignants mais
qui, en aucune façon, ne peuvent se régler par des voies autres
que celles qu'on a prévues au comité mixte.
Même chose quant au rappel de la loi 3 qui a institué le
cadre et les objets des consultations que le ministre a dorénavant
l'obligation de faire en regard de ces divers règlements. Parce que dans
le rapport du Conseil supérieur de l'éducation, il y avait
également des analyses qui étaient faites de temps en temps sur
un rythme de changements trop rapides, un rythme de modifications de
règles et de directives qui était "agressant", entre guillemets.
Dans ce sens-là, les nouvelles dispositions de la loi 3 vont faire en
sorte que les mécanismes de consultation, dorénavant, me font
obligation de prépublier, de publier et de faire une démarche de
plus en plus "implicative" de tous les intervenants, ce qui fait que
normalement il devrait y avoir moins de bousculade, moins
d'éléments qui arrivent comme ça dans le réseau
scolaire pour lesquels les intervenants éducatifs se sentent plus ou
moins prêts à y donner suite. Je pense que vous aviez
insisté d'ailleurs dans la partie de votre rapport dont j'ai pris
connaissance, vos commentaires à la suite des miens, pour
atténuer un peu ces effets-là. Si on procédait un peu
moins rapidement mais avec plus d'implications dans certains cas, on risque que
le climat soit plus serein et meilleur. Je donne raison à un genre
d'argumentation.
M. Ryan: Est-ce que ce serait possible de demander - ce n'est pas
une chose pressée pour demain matin - que le ministère publie un
rapport peut-être d'ici à quelques semaines sur les suites
données ou qu'on entend donner aux recommandations du Conseil
supérieur de l'Éducation, celles qui regardent plus
spécifiquement le ministère de l'Éducation?
M. Gendron: Je ne suis pas friand de ce genre de rapport. C'est
vraiment le ministre de l'Éducation qui va s'engager dans ce qu'il va
dire. Je préférerais plutôt qu'on fasse peut-être une
note de service disant:
Pour telle section, on prétend que cela relève de notre
responsabilité d'essayer de voir des solutions, que cela soit via le
comité mixte ou par des mécanismes d'exploration comme on en a
exploré certains et que, sur d'autres parties, on prétend que
c'est la mise en vigueur de l'application de la loi 3 le plus rapidement
possible qui va contrer certains inconvénients soulevés dans le
système. Il y a déjà des efforts de faits réels au
niveau du gel de la tâche puisqu'on nous avait indiqué l'an
passé que ce qui serait le plus dramatique, ce serait d'augmenter une
tâche, parce que cela empêcherait de nous donner le temps de faire
les travaux nécessaires et les échanges de vues avec tous les
agents pour mieux identifier les correctifs qui auraient lieu d'être
apportés pour améliorer véritablement la condition
enseignante, mais pas nécessairement toujours par voie de matière
ajoutée dans les conventions collectives. Alors, sous la forme d'une
note de service, je n'ai pas d'objection à vous formuler cela.
Le Président (M. Gagnon): Merci, M. le
député de Saint-Laurent.
Charge des enseignants
M. Leduc (Saint-Laurent): M. le Président, nous sommes
tous évidemment concernés par la qualité de
l'enseignement. À la suite du rapport du Conseil supérieur de
l'éducation, est-ce que vous êtes d'accord pour reconnaître
que la charge des enseignants est trop lourde? Est-ce que vous
considérez que cela pourrait être une raison pour affecter la
qualité de l'enseignement?
M. Gendron: C'est très difficile de répondre
à votre question prise en soi. Par définition, quand j'enseignais
- je répète; je l'ai fait pendant douze ans - je me rappelle
certains jours où j'avais l'impression que ma charge était
vraiment trop lourde. C'est évident, pour toutes sortes de raisons et de
conjonctures. Ce n'est pas facile, aujourd'hui, d'être un
pédagoque "up to date", si vous me permettez l'expression, avec les
changements de toute nature, que ce soit dans les valeurs sociales, les valeurs
éducatives, les valeurs familiales, la télévision, les
heures de coucher qui ont bien changé. Là, je ne vous ferai pas
un cours d'éducation familiale.
Mais, ce n'est pas de même, je pense, qu'il faut apprécier,
M. le député de Saint-Laurent, si oui ou non, objectivement, la
charge de travail des enseignants et des enseignantes du Québec serait
trop élevée, serait injustifiée par rapport à
d'autres secteurs ou par rapport à d'autres milieux. Je pense qu'il y a
une vieille phrase qui est toujours d'actualité: Des fois, à se
regarder on se désole, mais à se comparer, on se console.
Quand on se compare à ailleurs, avec des indices dits assez
reconnus... J'ai devant moi - cela va être très court - des
organismes scolaires de Boston, de New York, de la région de Hartford.
Dans l'ensemble canadien, je ne les ai pas ici. Toronto, c'est cela.
Par rapport à ces indices, sur à peu près n'importe
quoi, qu'on prenne n'importe quoi, les jours de travail, les jours de classe,
la charge de travail, y incluant tous ses éléments, correction,
surveillance et tout cela, en règle générale, je n'ai pas
envie de faire le tour, on arrive avec un indice... parce que si l'indice
global, quand on compare... prenons l'exemple de Boston par rapport au
Québec, c'est 18 % de plus à Boston, pas au Québec.
Concord - je ne sais pas dans quelle région, aux États-Unis -
dans la région de Concord au New Hampshire, encore là, 18 % de
plus.
La région de Hartford, Connecticut, 1,20 %, c'est-à-dire
0,20 % de plus; 0,29 % dans la région de Newark; dans la région
de New York, 0,27 % et ainsi de suite. À chaque fois, on les a fait ces
exercies.
Mais, en ce qui me concerne, comme ministre de l'Éducation, je
dis: Cela ne prouve rien, je ne trouve pas que cela prouve beaucoup de choses,
parce que, fondamentalement, il s'agit de regarder la tâche des
enseignants par rapport à ce qu'on exige au Québec, par rapport
à l'évolution de certaines charges de travail dans d'autres
secteurs. On doit se dire: Est-ce qu'il y a lieu de réviser nos
paramètres pour l'augmenter ou la réduire, compte tenu de ce qui
s'est fait ailleurs, plutôt qu'avoir toujours le modèle
traditionnel que par définition, quelle que soit l'évolution, une
charge de travail, il faut toujours que cela s'en aille en descendant, en
termes de réduction? Je n'aime pas ce genre d'approche.
Pour ne pas être très long, parce qu'on veut
échanger nos opinions, de part et d'autre, je pense que
là-dessus, à votre question précise: Est-ce que vous
considérez, M. le ministre de l'Éducation, que vous en exigez
trop en termes de charge de travail de vos enseignants et enseignantes? La
réponse, par comparaison avec d'autres milieux, que ce soit le Canada,
les États-Unis, est évidemment non. On en exige beaucoup moins
qu'ailleurs. C'est toujours à peu près de l'ordre de zéro
à 20 % ou 25 %. Mais, c'est ailleurs; c'est différent. Il
faudrait regarder d'autres composantes. Il y a toutes sortes d'autres
composantes à évaluer.
Mais, je pense qu'on a une tâche raisonnable; ma conclusion, c'est
surtout cela. Je vais vous dire que j'ai été un de ceux qui
croyaient qu'elle devait être gelée l'an dernier et c'est ce qui
est arrivé. Je dois vous dire que j'étais un de ceux qui, cette
année, croyaient qu'elle ne devait pas
augmenter le 1er septembre 1985. C'est ce que j'ai recommandé
comme ministre de l'Éducation.
Mais, à partir de ces deux niveaux de "réduction" - entre
guillemets - il m'apparaît que nous avons une tâche, actuellement,
qui non seulement est comparable, mais faisable. (16 h 15)
Évaluation et perfectionnement des
enseignants
M. Leduc (Saint-Laurent): Je voudrais savoir s'il existe une
formation, un genre de formation continue des professeurs et, également,
s'il se fait une évaluation du travail ou de l'enseignement des
professeurs.
M. Gendron: La réponse est oui. Toutes les commissions
scolaires ont la responsabilité d'avoir ce qu'on appelle la
préoccupation de l'évaluation pédagogique de leurs
effectifs. Il y a également à l'intérieur de chacune des
commissions scolaires un comité de perfectionnement avec des enveloppes
affectées aux commissions scolaires pour faciliter le perfectionnement
continu des professeurs en exercice, mais il est certain que ce
perfectionnement-là se fait toujours sur une base volontaire. Une
commission scolaire, dans notre système d'éducation, ne peut pas
forcer des enseignants à prendre un perfectionnement additionnel
au-delà de la nécessité de temps en temps d'organiser ce
que l'on appelle des stages, d'organiser des sessions un peu plus
particulières de formation, mais de courte durée. Lorsqu'on parle
de la véritable formation continue, reliée à
l'évaluation pédagogique, à votre question, les deux
réponses sont oui. Nous avons un service d'évaluation au
ministère. Nous avons également l'obligation, étant
préoccupés par ces questions, de transmettre à chacune des
commissions scolaires la nécessité pour elles d'être
vigilantes quant au mécanisme d'évaluation de son personnel, plus
particulièrement en ce qui concerne le personnel enseignant. Je ne dis
pas que ce n'est pas nécessaire pour l'autre personnel, mais il me
semble que toutes les commissions scolaires ont la responsabilité de
suivre le perfectionnement et l'évaluation de leur personnel. Je ne
voulais pas, mais je peux bien le faire, entrer dans la mécanique, il y
a des montants précis qui sont décentralisés par
enseignant. Par exemple, si on parle d'un montant d'environ 9 000 000 $, ce qui
représente un montant de 141 $ par enseignant, c'est l'enveloppe
décentralisée, puis il y a un montant centralisé de 230
000 $ pour les régions éloignées. Ce que je vous cite ici,
ce sont des chiffres sur l'exercice 1984-1985, mais ce sont des montants
prévus aux ententes de travail des enseignants. C'est pour un secteur.
Il y avait également pour le secteur de la micro-informatique sur lequel
on voulait donner une emphase spécifique. Pour ce qui est de la
formation des enseignants grâce à l'implantation du système
informatique - l'ISI - il y avait 450 000 $ et il y avait également 700
000 $ pour la formation des agents multiplicateurs, pour un montant de 1 150
000 $ qui s'ajoutent à ce que je viens de mentionner: les 9 000 000 $
pour les enseignants, plus les 230 000 $, le montant
décentralisé.
Si on ajoute d'autres types de formation: insertion sociale et
professionnelle des jeunes, on a également une somme de 700 000 $
là-dessus et ainsi de suite, mais votre question étant: Est-ce
que dans les commissions scolaires on s'occupe d'évaluation du
personnel? La réponse est oui. Est-ce qu'il y a des montants
prévus au perfectionnement? Oui. Est-ce qu'il y en a assez? Bien non, il
n'y en a jamais assez parce que, par définition, les besoins sont
toujours plus grands que les sommes affectées dans n'importe quel
secteur.
M. Leduc (Saint-Laurent): Ces deux sommes que vous mentionnez
ont-elles effectivement été dépensées?
M. Gendron: Oui.
M. Leduc (Saint-Laurent): Le Conseil supérieur de
l'éducation a également identifié comme un des
problèmes le vieillissement des professeurs. Quelle est votre solution
à ce problème-là et est-ce que la loi 15 y est pour
quelque chose?
M. Gendron: La dernière, la loi 15, y est-elle pour
quelque chose? Non. Elle n'y est pas pour quelque chose de significatif. A
votre question précise: Est-ce que nous posons des gestes pour essayer
d'améliorer cette situation? La réponse est oui; on a quatorze ou
quinze mesures de résorption des personnels enseignants qui tiennent
compte du problème fondamental que vous évoquez du vieillissement
du milieu enseignant. Alors, je ne veux pas toutes les faire, mais il y a des
retraites anticipées, des congés sabbatiques, des incitations
à sortir complètement du milieu de l'éducation.
Je me souviens que récemment M. Biron pouvait signifier qu'au
ministère de l'Industrie et du Commerce, pour les directions
régionales qui avaient été recrutées dans la banque
qu'on appelle communément les MED - mis en disponibilité - il y a
un certain nombre de profs qui ont accepté de relever le défi
d'une nouvelle carrière dans un autre ministère. On pourra
peut-être y revenir. D'ailleurs, on vous a envoyé toutes les
mesures de résorption, elles sont très précises: leur
succès, le nombre d'effectifs. Votre question était
plutôt d'ordre général. Oui, le problème du
vieillissement nous préoccupe, c'est la raison pour laquelle on a voulu
avoir ces mesures de résorption; c'est la raison pour laquelle on
continue à réfléchir très sérieusement sur
d'autres mesures qui pourraient s'ajouter pour permettre que le système
éducatif puisse permettre l'entrée de plus de nouveaux jeunes
spécialisés en psychopédagogie ou avec les diplômes
requis pour faire face au défi actuel. Je pense que dans ce sens, c'est
une responsabilité et c'est un intérêt continu qu'un
ministre de l'Éducation ne peut pas ne pas avoir. Je pense qu'on va
continuer à avoir cette préoccupation.
M. Leduc (Saint-Laurent): Est-ce que vous avez des chiffres ou un
pourcentage de renouvellement de professeurs?
M. Gendron: Pouvez-vous être plus spécifique?
Voulez-vous dire du taux de roulement ou du... Une année il en arrive
tant, et il en part tant?
M. Leduc (Saint-Laurent): Un pourcentage d'addition de nouveaux
professeurs chaque année.
M. Gendron: Oui, on a toujours cela. On n'a pas cela ici,
même si on est bardé d'information. On peut prendre cela en note
et vous envoyer cette information parce qu'on a sûrement ce détail
dans la machine indiquant, sur une base annuelle, qu'il en est entré...
Une seconde! On me dit que bon an, mal an, dans les dernières
années, il entrerait à peu près 300 nouveaux professeurs
par année sur 60 000 ou 62 000.
M. Leduc (Saint-Laurent): Vous dites 300.
M. Gendron: Cela ne fait pas un gros pourcentage.
M. Leduc (Saint-Laurent): Pas très fort.
M. Gendron: II y a un autre problème, j'espère que
vous mettez toujours en parallèle de dire: II n'entre pas beaucoup
d'enfants de plus non plus, on n'est pas vraiment en croissance. Si on me
garantissait une dizaine de mille "flos" par année de plus, je n'aurais
pas de problème d'engager de nouveaux professeurs.
M. Leduc (Saint-Laurent): D'accord.
Le Président (M. Gagnon): Oui, M. le député
d'Argenteuil, sur le point 2 ou sur...
M. Gendron: Peut-être un dernier commentaire
là-dessus. Il faut quand même convenir que le problème du
vieillissement dans un champ donné est un problème de
société, comme ailleurs. Dans le sens qu'une
société doit avoir la préoccupation d'apporter des
correctifs au problème du vieillissement. Je tiendrais à
signaler, à ce moment-ci, que je n'ai jamais porté de jugement
sur la qualité tout aussi significative de certains professeurs qui ont
une très vaste expérience, mais souvent on le dit ailleurs, je ne
verrais pas pourquoi on ne dirait pas en éducation que la question du
vieillissement, en théorie, c'est beaucoup plus une question d'attitude,
de coeur et d'esprit que d'âge chez beaucoup de gens. C'est aussi vrai
pour l'enseignement.
Le Président (M. Gagnon): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Tout à l'heure, M. le ministre a parlé
d'un coût estimatif de 25 000 000 $ pour le gel de la tâche. Dans
une note de travail que nous a remise le ministère, en
préparation de notre débat sur les crédits, on disait que
le coût net varierait entre 7 000 000 $ et 18 000 000 $.
M. Gendron: Le ministère avait raison, entre 7 000 000 $
et ce que vous venez de dire. D'après les derniers chiffres vraiment
plus serrés du Conseil du trésor, il semblerait que le coût
net va se fermer à 13 000 000 $. Il y a une logique là-dedans
compte tenu des effets de résorption. À partir du moment
où on gèle la tâche, il y a moins de MED. Parce qu'on garde
le niveau qu'elle avait, je n'ai pas cela ici, mais pas plus tard que mardi, au
Conseil du trésor, M. le député d'Argenteuil, le chiffre
que le Conseil du trésor plaçait quelque part dans ses
équilibres à la suite du premier rapport mensuel, il
prétend que c'était bien 25 000 000 $ sauf que cela va finir par
un coût net, sur une base annuelle, qui devrait être de 13 000 000
$.
M. Ryan: Devrait coûter... M. Gendron: 13 000 000
$.
M. Ryan: 13 000 000 $, je comprenais 30 000 000 $ j'étais
pour dire...
M. Gendron: Non, 13 000 000 $.
M. Ryan: Cela va. Je pense que cela vous montre la
difficulté qu'il y a de jouer avec les chiffres dans des débats
de cette nature. Tantôt on parlait de 25 000 000 $ et présentement
c'est 13 000 000 $.
M. Gendron: II n'y a pas de difficulté. Quand on m'a
demandé cela, M. le député, j'ai répondu
très honnêtement que... On a toujours parlé comme cela.
C'est vraiment, pour moi, 25 000 000 $.
M. Ryan: Je vous dis cela parce qu'avec certains de vos
prédécesseurs, ils mettaient un zéro de plus ou de moins
et cela ne les dérangeait pas du tout.
M. Gendron: Présentement, fonctionnez avec celui que vous
avez.
M. Ryan: Mais on a coupé de moitié, c'est
déjà pas mal.
M. Gendron: Fonctionnez avec ce que vous avez, et vous dites
vous-même que vous n'aurez pas de problème.
M. Ryan: Maintenant, il y a une chose que je voudrais vous
demander. Cela fait deux années de suite qu'on gèle la
tâche éducative. Est-ce que vous avez fait une comparaison entre
ce que demandaient les représentants syndicaux des enseignants au
début de la négociation en 1983 et ce qu'on a aujourd'hui? On a
fait toute une guerre au nom de cette nécessité qu'il y avait
pour le Québec de les mettre un peu sur le même pied que les
autres au point de vue du travail. Là, je crois qu'on est rendu à
un stade, en gelant la tâche deux années de suite, où on
est à peu près dans le même ordre de grandeur que ce que la
CEQ avait proposé dans ses dépôts d'offres, de demandes
à la partie patronale à ce moment. Est-ce qu'on n'aurait pas
été embarqué dans une immense aventure pour se
réveiller, aujourd'hui, avec des résultats qui sont beaucoup plus
proches de ce qu'on aurait obtenu si au lieu de choisir la voie
décrétale, on avait choisi la voie de la négociation?
M. Gendron: C'est toujours plus facile -juste pour s'amuser un
peu, M. Ryan, vous aimez cela de temps en temps - d'être gérant
d'estrade après les événements, mais il y avait beaucoup
plus d'autres éléments que ceux qu'on évoque dans la
demande syndicale en 1983, d'une part. D'autre part, le contexte 1983
relié par rapport à toute la demande syndicale y incluant les
autres éléments et y incluant aussi, M. Ryan, les autres secteurs
négociés... Il ne faut pas oublier qu'en 1983, parce que c'est
plus en 1982 qu'il s'est passé des affaires, vers la fin de 1982, il
faut remettre cela dans tout le contexte.
Je prétends que par rapport à l'effort que nous demandions
aux autres secteurs par rapport aux coupures budgétaires du secteur du
réseau des affaires sociales, la fonction publique, prise dans un tout,
prise dans des paramètres d'une politique de rémunération
qui avait été largement diffusée, largement connue, on
avait fait notre lit et notre nid de ce qui était disponible et
possible. À ce moment, cela nécessitait, toujoucs selon l'analyse
du moment - pas l'analyse de 1985 - de demander un effort additionnel aux
enseignants en termes d'augmentation de la tâche. C'est exact, c'est cela
qu'on avait demandé.
Il y a eu quand même une augmentation pour l'année 1983,
parce qu'à ce que je sache, les accords du 11 mai 1984 ont permis de
geler la tâche en 1984-1985, mais il y a eu une augmentation de
tâche pour la PI, la première année de la convention ou du
décret. J'ai l'information qu'il y avait un écart entre ce que
vous parlez, aujourd'hui, de leurs demandes et de ce qu'on parle - il y a
toujours un écart de 2000 postes - si nous avions donné suite
à la demande syndicale totale quand on nous la faisait.
Donc, ce n'est pas exact qu'on a laissé aller
complètement, pas juste le contenu, mais également les
éléments du débat qui avait lieu en 1982 et 1983, tout
ceci pour une somme de 80 000 000 $ qu'on trouvait toujours utile dans le temps
d'être capable de disposer ailleurs.
M. Ryan: On va faire des vérifications
là-dessus.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce qu'on est prêt
à prendre le deuxième programme: Le régime
pédagogique et les nouveaux programmes? C'est cela?
M. Ryan: Oui, c'est cela.
Le Président (M. Gagnon): M. le député
d'Argenteuil.
Je crois qu'il y a eu entente pour qu'on adopte l'ensemble une fois que
le temps sera écoulé.
M. Gendron: Sur les crédits? Oui, oui, parce que cela,
c'est une formalité par habitude. Ce serait important si on voulait cela
autrement, mais habituellement on le fait comme cela.
Si vous n'avez pas d'objection, M. le député d'Argenteuil,
j'irais de mon petit commentaire d'entrée.
M. Ryan: Très bien.
Le Président (M. Gagnon): Allez M. le ministre.
Régime pédagogique
M. Gendron: Concernant le régime pédagogique,
d'abord, je tiens à vous remercier très sincèrement, M. le
député d'Argenteuil, parce que dans votre document, à deux
ou trois reprises, vous avez mentionné que dans l'ensemble on s'accorde
à reconnaître l'excellente qualité de la très grande
majorité des nouveaux programmes mis au point sous l'autorité du
ministre de
l'Éducation. Alors, cela m'a plu. (16 h 30)
Un peu plus loin, vous ajoutez: On est d'accord, également, sur
la qualité objective des nouveaux programmes.
Quant au règlement concernant le régime
pédagogique, je voudrais peut-être -ce ne sera pas long -
seulement resituer cela dans son contexte. Vous êtes sans doute au
courant que la loi 3 statue sur un certain nombre d'éléments qui
sont présentement définis dans l'ancien régime
pédagogique. La définition des services éducatifs, la
précision des mandats relatifs à l'enfance en difficulté
d'adaptation ou d'apprentissage, de même qu'une volonté de
décentralisation et une recherche évidente d'une plus grande
cohérence dans le partage des responsabilités confiées aux
intervenants de chaque niveau réduisent de façon importante et
simplifient à tout le moins le contenu du nouveau régime
pédagogique.
À la section IV, une définition plus large du temps
prescrit pour les services éducatifs devrait permettre une plus grande
souplesse dans la réponse à des besoins spécifiques
d'organisation scolaire. Cette définition tient compte également
des programmes à durée variable en formation professionnelle.
À la section V - toujours du nouveau régime
pédagogique - la même approche est envisagée quant à
l'enseignement de la langue seconde au primaire. C'est une question qui vous
intéressait, M. le député d'Argenteuil. Le
français, langue seconde, est obligatoire au premier et au
deuxième cycle du primaire, alors que l'anglais, langue seconde, ne le
devient qu'à compter du deuxième cycle. Je suis en mesure,
cependant, aujourd'hui, en profitant de la discussion que nous avons sur les
crédits, d'annoncer que le ministère de l'Éducation et le
ministre, pour ce qui est de l'enseignement de l'anglais, langue seconde, au
premier cycle, nous serons d'accord, en 1986, pour tester quelques
expériences d'immersion et vraiment avoir ce que j'appellerais un projet
d'innovation pédagogique dans ce secteur. C'est, effectivement, quelque
chose qui n'existait pas mais, à partir de 1986, il pourra être
possible de faire des expériences pilotes de classes d'immersion au
premier cycle, pour ce qui est de l'enseignement de la langue seconde.
Dans la même section, une place a été faite aux
sciences physiques en deuxième secondaire, permettant ainsi l'atteinte
d'une continuité souhaitée dans l'enseignement des sciences au
secondaire. La marge de manoeuvre du premier cycle du secondaire s'en trouve
limitée d'autant, mais l'étalement possible de quelques
matières obligatoires sur plus d'une année satisfera sans doute
les commissions scolaires qui voudront répondre à des besoins
pédagogiques particuliers ou à des contraintes d'ordre
organisationnel.
Les dispositions diverses présentées à la section
IX ne comportent plus de calendrier pour l'application de certains articles. Le
pouvoir d'appliquer progressivement certaines dispositions est confié au
ministre qui pourra, par le biais de l'instruction sur les activités
éducatives, faire connaître l'échéancier à
respecter. En ce qui concerne la formation professionnelle, les
décisions prises relativement à l'application de la politique se
reflètent dans l'ensemble du document concernant le nouveau
régime pédagogique.
Dans un autre ordre d'idée, notons que l'interprétation de
ce règlement devrait être facilitée parce qu'il colle aux
articles de la loi et, de ce fait, offre des arguments fondamentaux qui aident
à sa compréhension. C'est d'ailleurs ce qui explique, en partie
du moins, le fait que peu de commentaires s'y sont ajoutés.
Précisons, enfin, que des dispositions de ce règlement
s'appliqueront à la clientèle adulte et que d'autres,
particulières, constitueront les articles à y intégrer
dans une autre version.
Ce sont les éléments que je voulais faire valoir à
ce moment-ci.
M. Ryan: Voulez-vous répéter la dernière
phrase, s'il vous plaît, M. le ministre, concernant les adultes?
M. Gendron: Vous me demandez de préciser quoi?
M. Ryan: De répéter la dernière phrase.
M. Gendron: La dernière phrase: Précisons, enfin,
que des dispositions de ce règlement s'appliqueront à la
clientèle adulte et que d'autres, particulières, constitueront
des articles à y intégrer dans une autre version.
Le Président (M. Gagnon): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Cela va. Peut-être qu'on pourrait prendre ce
projet de règlement tantôt. Il y a d'autres sujets que je voudrais
aborder avant, les sujets qui regardent le régime pédagogique
actuel et les programmes qu'on est en train d'instaurer ou qui devraient
l'être. Je pense que ce serait bon qu'on fasse le point pour savoir
où on en est. On n'a pas eu l'occasion de le faire, les années
précédentes. Si vous n'aviez pas d'objection à ce sujet,
on pourrait peut-être partir des observations que nous avons faites dans
les remarques d'introduction que j'ai présentées ce matin pour
voir si c'est vrai et si le ministère a des précisions à
nous apporter à ce sujet.
Au niveau primaire, nous constatons que les programmes concernant
l'enseignement
religieux catholique, qui seront obligatoires à compter de
juillet 1986, ne sont pas encore disponibles, non plus que les guides et
manuels correspondants. Je voudrais poser une question là-dessus parce
qu'il y a un petit point qui me manque pour mon orientation. Je sais que
l'Épiscopat du Québec a publié l'an dernier des documents
qui orientent nettement vers de nouveaux programmes de formation religieuse.
Quelle est la réaction du gouvernement vis-à-vis de ces
propositions de l'Assemblée des évêques du Québec?
Et où en sommes-nous à propos des programmes concernant
l'enseignement religieux catholique au niveau primaire qui doivent entrer en
vigueur, normalement, et devenir obligatoires à compter de juillet
1986?
M. Gendron: Ce qu'on a comme information, c'est que les
programmes concernant l'enseignement religieux au primaire sont actuellement
disponibles pour implantation, avec la liberté de les implanter dans les
commissions scolaires qui le désirent, en vous indiquant que les
représentations qui nous ont été faites par les
évêques sur la partie que vous indiquiez tantôt ont
été intégrées effectivement à ces nouveaux
programmes qui sont disponibles pour implantation à partir de 1986.
M. Ryan: Est-il vrai que les guides et manuels ne sont pas encore
disponibles?
M. Gendron: Les guides pédagogiques pour le premier cycle
sont prêts pour septembre.
M. Ryan: Sont prêts pour septembre. M. Gendron:
C'est-à-dire, ils sont...
M. Ryan: C'est présent et futur, un nouveau mode.
M. Gendron: Oui, cela va plus vite. Ils sont prêts, M. le
député, mais on va les utiliser en septembre.
M. Ryan: D'accord. Très bien.
Deuxièmement, les programmes d'enseignement moral qui doivent
remplacer les programmes de formation morale pour les élèves
exemptés de l'enseignement religieux ne sont pas disponibles non plus
que les guides et manuels correspondants - je suis toujours au primaire - et on
ne connaît pas davantage la date à laquelle ces programmes doivent
être mis en application.
M. Gendron: Quant aux manuels, on m'informe qu'effectivement les
programmes de formation morale, pour ceux qui ne font pas le choix de
l'enseignement religieux, ne sont pas prêts et ne seront pas prêts
avant une couple d'années. Sauf que, d'après l'analyse qui a
été faite au ministère, nous sommes toujours convaincus
qu'on peut continuer à offrir un enseignement moral de qualité,
pour ceux qui font ce choix, sur la base des anciens manuels qui sont toujours
disponibles de même que les guides pédagogiques.
M. Ryan: Est-ce qu'il serait possible de savoir pourquoi cela ne
pourra être prêt avant une couple d'années? Cela semble
lointain.
M. Gendron: C'est sûrement possible de vous dire cela. Je
pense qu'il faut convenir, M. le député, que c'est un secteur qui
est passablement neuf, celui de l'enseignement moral, et les équipes de
travail pour la rédaction de ces manuels et guides pédagogiques
sont au travail très intensivement. D'après les informations
qu'elles nous donnent, elles ne peuvent pas progresser plus rapidement et nous
croyons qu'il faut laisser faire ce travail par les mêmes équipes
qui ont travaillé aux anciens programmes. Dans ce sens-là, c'est
juste une question de capacité horaire.
M. Ryan: En tout cas, je trouve que c'est trop long, étant
donné toutes les discussions qu'il y a eu là-dessus et les
questions de droit qui sont soulevées par certains secteurs de la
population. Je pense que, si le gouvernement pouvait faire diligence et
accélérer un peu l'échéancier, cela serait...
M. Gendron: Je vais en prendre note. Si on peut effectivement
accélérer, on va essayer de le faire.
Enseignement des sciences
M. Ryan: Autre sujet. Les programmes de sciences humaines,
d'arts, d'activités manuelles, de formation personnelle et sociale, de
sciences de la nature - cela fait un gros voyage - devront être
reportés, suivant une conclusion du comité mixte, vu qu'on n'est
pas prêt à les appliquer. Est-ce que je pourrais savoir de quelle
sorte de report il s'agit? C'est assez massif, cela en comprend un grand
nombre.
J'entendais, l'autre jour, le ministre de l'Enseignement
supérieur, de la Science et de la Technologie dire: Au point de vue de
la formation scientifique, cela va bien. Les choses sont bien engagées
et on est en train de sortir de l'ornière, etc. Là, on
s'aperçoit qu'au niveau élémentaire on a un point majeur
dans le renouveau pédagogique qu'on veut faire, c'est l'enseignement des
sciences de la nature. On nous dit: On va être encore obligé de
retarder cela d'un an parce qu'on n'est pas prêt. J'aimerais avoir
des
explications sur les raisons qui motivent tous ces reports et sur les
mesures qui vont être prises pour accélérer l'entrée
en vigueur de tous ces programmes. Est-ce un report uniquement d'un an? Quand
on dit qu'on n'est pas prêt à les appliquer, qu'est-ce que cela
veut dire? Quelles raisons a-t-on fait valoir au comité mixte qui ont pu
influencer le gouvernement au point de modifier son
échéancier?
M. Gendron: II faut faire attention, M. Ryan. D'abord, je vais
parler un peu en général avant de reparler strictement des
sciences naturelles. Souvent, quand on dit qu'on n'est pas prêt, ce n'est
pas exact. Il arrive souvent que nous soyons prêts sauf que,
rappelez-vous, dans le même rapport qu'on discutait tantôt sur la
condition enseignante, le rapport du Conseil supérieur de
l'éducation, il y a pas mal d'enseignants qui nous disaient: Les
bouchées sont trop grosses et le niveau d'entrée est un peu trop
rapide. Alors, si on prend un exemple concret, pour ce qui est des sciences
naturelles, on est prêt; au premier cycle, on serait prêt à
enseigner les sciences naturelles.
M. Ryan: Les professeurs ne sont pas prêts.
M. Gendron: C'est cela.
M. Ryan: Cela fait partie de votre responsabilité de les
préparer.
M. Gendron: Oui, je suis complètement d'accord avec vous,
mais je veux quand même indiquer que, même si cela fait partie de
notre responsabilité, à partir du moment où le premier
agent concerné, même si je lui disais: "Prêt ou pas
prêt, on part et tu vas recevoir la formation que je t'offre... Il y a
des contraintes qui nous sont imposées par un certain rythme de
changement et de préparation des nouveaux programmes, en particulier, au
niveau de l'élémentaire parce qu'on a effectivement plusieurs
nouveaux programmes prévus qui se doivent d'être
appliqués.
L'autre commentaire que j'ajoute c'est que, souvent, quand on parle des
délais pour être prêts à appliquer un nouveau
programme pédagogique, c'est le délai obligatoire. Cela ne
signifie pas du tout qu'entre temps il n'y a pas de commissions scolaires ou
d'enseignants qui sont en mesure d'offrir ces nouveaux programmes, mais c'est
sur une base non coercitive dans le sens qu'ils devancent le délai
d'obligation. Quand on discute de cela officiellement avec le ministère
les réponses que je vous donne sont toujours dans la perspective de
l'obligation. Exemple: le 1er septembre 1987, cela va être obligatoire
d'enseigner les sciences naturelles au premier cycle. En 1988, cela va
être obligatoire au deuxième cycle. C'est la même chose pour
l'enseignement religieux qui va être obligatoire au premier cycle en 1986
et obligatoire au deuxième cycle en 1987 et, là, je pourrais tous
les faire un par un: les sciences humaines, les sciences naturelles, la
formation personnelle et sociale.
Or, entre-temps, notre responsabilité c'est d'essayer d'aller le
plus vite possible tout autant pour ce qui est du matériel didactique
que des guides pédagogiques, des nouveaux programmes dans la perspective
que, lorsque l'obligation deviendra "formalisée", là, on n'aura
plus de retard nulle part, nos professeurs seront formés, nos
professeurs seront capables de faire face aux demandes du ministère.
C'est dans ce contexte qu'il faut discuter de ce qu'on discute.
M. Ryan: Un autre point: toujours au niveau primaire, vous avez
parlé tantôt de l'enseignement de l'anglais, langue seconde. Vous
avez dit: Cela va commencer au deuxième cycle et on va commencer des
expériences en classe d'immersion en 1987, si j'ai bien compris.
M. Gendron: Là, j'en profiterai, M. le
député d'Argenteuil - et vous faites bien d'y revenir... D'abord,
ce n'est pas le deuxième, c'est le premier. Au deuxième, cela
existe, d'accord? Bien oui, au deuxième cycle de
l'élémentaire, on enseigne une langue seconde.
M. Ryan: Actuellement, est-ce que c'est à la
quatrième ou à la cinquième année que cela
commence?
M. Gendron: À la quatrième année. M.
Ryan: Quatrième?
M. Gendron: La première année du second cycle de
l'élémentaire.
M. Ryan: J'aimerais avoir la confirmation. Est-ce que c'est cela
qui est établi partout? C'est drôle, je marchais avec
l'idée que c'était à la cinquième année dans
bien des endroits.
M. Gendron: Juste une minute, M. le député
d'Argenteuil. C'est ce qui est prévu dans le programme
pédagogique et c'est ce qui est prévu dans les directives du MEQ,
mais il n'y a pas d'obligation...
M. Ryan: Alors, sur cela, c'est le statu quo.
M. Gendron: Oui. Ce que j'ai ajouté tantôt...
M. Ryan: Alors, il n'y avait rien de nouveau; quand vous avez dit
cela, au deuxième cycle, c'est la même chose. C'est cela que je
voulais savoir.
M. Gendron: Non, il y avait quelque chose de nouveau. Si vous me
donnez l'occasion de le dire, il y aura quelque chose de nouveau.
M. Ryan: Très bien.
Enseignement de l'anglais
M. Gendron: Ce qu'il y a de nouveau, c'est qu'à partir de
septembre 1986 on va permettre non pas des classes d'immersion -là, j'ai
fait une erreur, je la corrige - au premier cycle, mais des expériences
d'enseignement de l'anglais au premier cycle. C'est cela qu'il y a de nouveau.
Cela n'existait pas et, à partir du 1er septembre 1986, nous allons
permettre des expériences d'enseignement d'une langue seconde, donc de
l'anglais, au premier cycle de l'élémentaire. (16 h h 5)
M. Ryan: Regardez, M. le ministre... Est-ce que vous avez
terminé là-dessus?
M. Gendron: Oui.
M. Ryan: J'aurais une couple de commentaires à faire, si
vous me le permettez. D'abord, vous me permettrez de vous dire que vous me
faites sourire quand vous dites qu'on va permettre des expériences
d'enseignement de l'anglais, langue seconde, au premier cycle du primaire. Cela
me fait penser qu'il y a à peu près 15, 20 ans la Commission des
écoles catholiques de Montréal avait fait cela, elle avait
commencé des expériences pour qu'on puisse dégager des
éléments nouveaux de pédagogie. Je dois vous dire qu'on
n'a jamais vu les résultats nulle part. Il y en a sans doute eu, mais on
ne les a jamais vus nulle part. Cela fait 15, 20 ans et on n'est pas plus
avancé aujourd'hui pour ces trois années qu'on ne devrait
l'être après tout ce qui a été vécu comme
expérience depuis vingt ans.
Je voudrais vous poser une question. Il y a une commission scolaire - je
pense que c'est la Commission scolaire de Châteauguay, si mes souvenirs
sont exacts - qui avait commencé une expérience de ce
côté-là, à partir d'instruments pédagogiques
qui avaient été empruntés, je crois, à la
Commission des écoles catholiques de Montréal. Le
ministère a poursuivi, a poursuivi, a pourchassé devant les
tribunaux. Ils voulaient donner une chance à des enfants de faire une
expérience. Ils ne prétendaient pas généraliser
tout de suite. Je voudrais savoir où en sont ces poursuites-là et
si le ministère se serait ravisé, parce que je n'en ai plus
entendu parler depuis une couple d'années. J'aimerais savoir où
on en est avec cela, si on marche toujours avec la méthode des
poursuites, les gros méchants qui avaient le malheur de dire: II
faudrait quelques mots d'anglais au premier cycle du primaire. Est-ce que ces
poursuites-là sont toujours en cours?
M. Gendron: Oui. M. Ryan: Pardon?
M. Gendron: Ces poursuites-là sont toujours en cours.
M. Ryan: Est-ce qu'on peut savoir où elles en sont
rendues? Est-ce que cela fait partie du...
M. Gendron: Cela fait partie de la poursuite un peu globale dans
la région de Montréal concernant les régimes
pédagogiques. Il y a d'autres commissions scolaires, effectivement, qui
avaient inscrit une poursuite. C'est-à-dire que c'est nous, je pense,
qui l'avions inscrite, parce que c'était illégal de le faire. Je
voudrais juste compléter et peut-être que, là, il serait
plus facile pour vous de voir pourquoi il est toujours légitime, pour ce
qui nous concerne, de continuer cette poursuite.
Quand je vous disais tantôt que nous allions autoriser, c'est
qu'il est de la responsabilité du ministre et du ministère de
l'Éducation d'autoriser de tels types d'expérience. L'article 20
- je vous disais tantôt qu'au 1er septembre 1986 on permettra
l'expérience - dit ceci, et là je vous cite un article d'un
projet de règlement: "Au premier cycle du primaire, l'enseignement de
l'anglais, langue seconde, peut être autorisé par le ministre dans
le cadre d'un projet d'innovation pédagogique". Si on me dit que je peux
l'autoriser, cela suppose que j'aie une demande, cela suppose que la commission
scolaire fasse une demande au ministre de l'Éducation qui l'autorise en
vertu d'une disposition connue parce qu'effectivement on veut dégager un
certain nombre d'expérimentations à la suite du vécu de
cette expérience. Mais, pour ce qui est de la commission scolaire que
vous avez mentionnée tantôt, il ne semble pas que cela soit le
cas. On n'a pas attendu qu'il y ait une disposition dans l'article 20, on a
décidé de tester cette expérience-là.
Sans être un spécialiste de ces questions, je vous ferais
remarquer qu'après vingt ans on sait qu'il y en a qui en ont
essayé, mais on est toujours devant deux écoles de pensée,
M. Ryan, on est toujours devant deux écoles de pensée. Disons que
le départage n'est pas clair, à savoir que certains
prétendent qu'il n'est pas tellement avantageux, qu'on n'a pas tellement
d'argumentation convaincante pour soutenir la
thèse qu'avant de maîtriser un peu mieux sa langue
maternelle on doit avoir des dispositions facilitantes pour entreprendre
l'apprentissage d'une langue seconde. Là, je ne ferai pas les
écoles de pensée. L'autre école de pensée dit: II
faut d'abord - elle dit le contraire, évidemment - maîtriser un
peu plus sa langue maternelle avant d'envisager de commencer l'apprentissage
d'une seconde langue qui pose toujours des problèmes de
déséquilibre, de ci et de ça. On avait pensé qu'on
ne retrouvait pas les éléments contradictoires des deux
thèses en présence si nous démarrions l'enseignement de la
langue seconde au second cycle du primaire.
M. Ryan: Au premier cycle. Les pouvoirs dont vous parlez du
ministre d'autoriser l'enseignement de l'anglais au premier cycle, avez-vous
parlé de cela en fonction du projet de règlements nouveaux qui
est en marche ou bien...
M. Gendron: Oui.
M. Ryan: ...du régime actuel?
M. Gendron: Non, j'ai parlé de cela dans la perspective
du...
M. Ryan: Parce que vous avez déjà ce pouvoir, M. le
ministre. Dans le régime actuel, il y est; il n'y a rien de neuf
là-dedans, mais il n'a jamais été utilisé. Les
problèmes qu'on a soumis à l'attention de vos
prédécesseurs, ils n'ont jamais voulu les considérer
à la lumière de cet article-ci.
M. Gendron: Vous avez raison, M. Ryan, de dire que cette
disposition n'ajoute rien. L'annonce que j'ai faite, c'est que le ministre de
l'Éducation qui vous parle, lui, a l'intention de se prévaloir de
la disposition de l'article 20 pour autoriser des expériences pour des
projets d'innovation pédagogique. C'est ce que je vous dis.
M. Ryan: Maintenant, une dernière question à propos
du primaire et cela va déboucher sur le secondaire. Deux
problèmes fondamentaux que nous avons dans le système
d'enseignement sont celui de la qualité de la langue maternelle,
d'abord, et, deuxièmement, la qualité de l'anglais, langue
seconde. Je pense que c'est une source majeure d'inquiétude pour tous
les citoyens qui se préoccupent de l'avenir de notre culture.
Je sais que c'est un problème large qui dépasse les
frontières de la société québécoise. Aux
États-Unis, on a d'immenses problèmes avec la langue
écrite. En France, on a d'immenses problèmes, malgré les
apparences; en Angleterre également. Par conséquent, je ne veux
pas généraliser et dire qu'il y aurait une plaie ici qui nous est
unique, parce que nous sommes du Québec et qu'il y a un gouvernement
péquiste, etc., pas du tout: Mais je voudrais savoir si vous avez des
plans d'action précis pour renforcer l'action du système
d'enseignement sur ces deux points.
Parmi les études qui ont été faites aux
États-Unis sur la réforme du système d'enseignement, je
pense que l'une des meilleures - et vos collaborateurs me confirmeront
là-dessus - c'est celle qui a été faite par le professeur
Boyer sur la réforme de l'enseignement secondaire. C'est une
étude tout à fait remarquable. Dans cette étude, le
professeur Boyer conclut, en parlant des États-Unis - pas du
Québec - que la pièce essentielle de toute l'expérience
éducative dans les écoles publiques, ce doit être
l'exercice qui vise à donner à l'élève la
maîtrise de sa langue. Lui apprendre à bien s'exprimer, cela va
l'aider à étudier des sciences; cela va l'aider à
progresser dans toutes les disciplines, à s'affirmer comme citoyen,
etc.
De ce côté, nous avons des carences énormes qui ont
été confirmées par des études récentes qu'on
a portées à votre attention. Est-ce que le gouvernement a des
programmes spéciaux à l'esprit? Est-ce qu'il y a des choses qui
vont être faites pour revigorer l'enseignement de ce côté?
Est-ce qu'on peut s'attendre à une déclaration de politique dans
un avenir prochain? Je ne pense pas qu'il y ait de recette qu'on puisse
appliquer demain et je n'en demande point, mais je pense qu'il y a eu bien du
verbiage là-dessus, beaucoup de discours et que l'action n'a pas
progressé beaucoup.
Au point de vue de l'anglais, langue seconde, c'est
généralement lamentable. Il faut circuler dans le système
d'enseignement. On rencontre des enseignants qui nous disent: Moi,
l'année passée, j'enseignais l'histoire et, là, cette
année, j'enseigne la religion et, l'année prochaine, je vais
peut-être enseigner l'anglais, langue seconde. Je me dis: Je ne pense pas
qu'on puisse avancer bien gros avec des affaires comme cela.
J'en rencontrais un l'autre jour à Lachute qui m'a dit -
là, il est rendu organisateur d'expositions de plein air - qu'il
était dégoûté de tout ce "bumping", un très
bon éducateur. Il a dit: Je vais essayer de me trouver un rôle
dans le secteur privé; je ne suis plus capable de vivre
là-dedans. Ce n'est pas comme cela, je pense, qu'on va renforcer la
qualité de la langue maternelle et, également, la qualité
de l'anglais, langue seconde, parce que nos jeunes ont besoin des deux langues.
Leurs parents l'exigent, d'ailleurs, dans une proportion énorme. Toutes
les enquêtes qui ont été faites là-dessus disent que
les parents veulent cela dans une proportion de 90 % à 95 %.
Je suis content qu'on puisse aborder ce problème dans un climat
plus détendu, parce
qu'il m'apparaît tout à fait crucial.
Enseignement du français
M. Gendron: Sur le premier point, M. le député
d'Argenteuil, je pense que n'importe quelle personne intéressée
par ces questions est obligée d'avoir, d'abord, une sensibilité
et, également, être assez imaginative pour dire: II va falloir
véritablement déborder les sentiers traditionnels qu'on a
utilisés jusqu'à maintenant, puisque le constat qui est fait, si
je prends le premier sur la qualité de la langue française, en
particulier, la façon de l'écrire, oui, il y a un problème
réel.
Votre question est: Est-ce que vous avez des mesures, est-ce que le
ministère de l'Éducation a envisagé des choses
concrètes pour améliorer cela? La réponse est oui, mais
avec des réserves.
Qu'est-ce qu'on a envisagé pour améliorer cela? C'est la
rédaction de nouveaux programmes pédagogiques, en particulier,
pour ce qui est du français écrit, qui devraient faciliter une
meilleure compréhension grammaticale, la meilleure possibilité de
faire des phrases, ainsi de suite. Mais je dois vous signaler, comme cela l'a
été d'ailleurs par tous ceux qui se sont penchés
là-dessus, qu'au Québec la mauvaise qualité du
français écrit, c'est d'abord et avant tout un problème de
société.
Si, comme ministre de l'Éducation, j'essayais de la resserrer
davantage pour qu'elle demeure uniquement dans le réseau de
l'éducation, je pense que je ferais erreur. Cela ne veut pas dire de ne
pas faire des choses chez nous. Au ministère de l'Éducation, il y
a des gestes importants à être faits.
J'avais l'occasion d'ailleurs, samedi dernier, à la
conférence que je donnais à la Fédération
québécoise des directeurs d'école, de leur indiquer
quelques mesures ponctuelles sur lesquelles je voudrais qu'il y ait une
insistance réelle marquée à partir de 1986, qui aurait
comme conséquence de renforcer la position du Québec et, surtout,
des jeunes du Québec pour une meilleure qualité du
français.
Il faut être conscient qu'il faut absolument que cela
déborde le programme pédagogique du français. On aurait le
meilleur programme possible, si cela ne devient pas une préoccupation
collective, d'abord, de tous les autres enseignants dans une école...
Cela devrait être une préoccupation autant pour le professeur de
biologie, que pour le professeur d'histoire d'amener les jeunes à
être attentifs sur la façon dont ils écrivent leur
français. Cela devient aussi une préoccupation de famille. Avec
l'arrivée de la télévision qui prend beaucoup de place
dans nos foyers, nos jeunes, malheureusement, lisent moins.
J'ai toujours appris et je pense que je ne fais pas d'erreur en disant
que la meilleure façon de construire une phrase comme du monde, avec un
verbe, un sujet et un complément et de temps en temps la ponctuation
qu'il y faut, c'est à force d'en voir, c'est à force de
visualiser du français bien écrit. La lecture est sûrement
un complément capital nécessaire pour renforcer une meilleure
qualité du français écrit.
Est-ce qu'on va devoir, au cours de l'année qui s'en vient, faire
plus? Ma réponse est oui, puisqu'on vient de recevoir le rapport de Mme
Ouellet, je pense, du ministère de l'Éducation, qui nous a
donné l'heure juste sur l'analyse qui a été faite dans
tout le réseau de la qualité du français. Il y a des
recommandations dans son rapport, qu'on va regarder, et on verra quelles sont
ces recommandations qu'on peut mettre le plus rapidement possible en
application.
Je n'aurais pas exactement les mêmes commentaires sur les gestes
à faire pour ce qui est de l'autre dimension, c'est-à-dire
l'amélioration de la qualité de l'enseignement de la langue
seconde. Le problème est tout aussi réel, mais les moyens
préconisés pour le corriger ne sont pas du même ordre. Dans
ce sens, je pense qu'il y aura lieu également, cependant, de voir
à ce que ce soient davantage des professeurs d'anglais qui enseignent
l'anglais aux niveaux primaire et secondaire dans nos écoles que des
professeurs d'une espèce de champ 38 qui se libèrent, ce qui fait
que ces gens sont affectés à l'enseignement d'une matière
ou d'une discipline pour laquelle ils n'ont véritablement pas la
compétence.
Cela, c'est un problème d'affectation du personnel, M. le
député. C'est un problème de gestion des enveloppes de
personnel à l'intérieur d'une commission scolaire. Il faut qu'une
commission scolaire essaie le plus possible, à l'intérieur de la
gestion de son enveloppe et de la répartition des effectifs, que ces
problèmes se présentent le moins souvent possible.
M. Ryan: II y a une suggestion que j'aimerais vous faire
là-dessus, M. le ministre. Là, je vous dévoile un secret
parce que j'aurais bien voulu que ce soit mon parti qui prenne l'initiative de
cette suggestion, mais on pense au bien de l'éducation. On va avoir un
réseau de commissions scolaires françaises...
M. Gendron: Vous êtes mieux de la faire parce que cela peut
prendre du temps. Vous êtes mieux de me la faire.
M. Ryan: On va avoir un réseau de commissions scolaires
françaises... Je n'ai pas compris.
M. Gendron: Non, c'est mieux! Restons-en aux crédits!
M. Ryan: Vous voulez dire que l'élection n'aura pas lieu
avant la fin de mars.
M. Gendron: Vous pouvez le prendre de même. J'avais pris
cela à l'inverse, mais...
Une voix: Ils vont changer la constitution.
M. Gendron: J'étais déjà confiant pour les
prochaines. C'est dans ce sens que je l'ai pris, je m'excuse. (17 heures)
M. Ryan: On va avoir un réseau de commissions scolaires de
langue française et un réseau de commissions scolaires de langue
anglaise. Il y a un danger, avec ce système, que la séparation
des deux communautés s'accentue au lieu de s'atténuer. Il y a des
réserves, un bassin de ressources énormes pour l'enseignement des
langues chez nous qu'on n'exploite pas du tout. On a des professeurs de langue
maternelle anglaise. On me dira ce qu'on voudra, mais je pense qu'un professeur
dont l'anglais est la langue maternelle est bien plus qualifié pour
l'enseigner que celui qui l'a appris de force, comme on est obligé de le
faire quand ce n'est pas la langue maternelle, et vice versa d'ailleurs.
Je ne sais pas s'il ne faudrait pas que le ministère envisage ce
que j'appellerais des exercices de - je vais employer l'expression
française d'abord - fécondation réciproque,
"cross-fertilization", entre les deux réseaux de manière que les
jeunes apprennent à se connaître un peu plus dès cet
âge, qu'on bénéficie davantage des ressources qui sont
disponibles de chaque côté. Je ne le sais pas. Ce n'est pas facile
à mettre en oeuvre. Je connais les contraintes découlant des
conventions collectives et celles qui vont découler du nouveau mode
d'organisation, mais le souvenir que je conserve de ces expériences
c'est que, quand l'anglais était enseigné par un professeur dont
c'était la culture, qui en même temps s'était
familiarisé avec la culture française, les résultats
étaient bien meilleurs que quand c'était enseigné
laborieusement par quelqu'un qui le faisait parce qu'il était
obligé, mais qui n'avait pas toutes les qualifications de ce
côté-là. J'ai déjà tenu des propos comme cela
et cela avait scandalisé des gens. Cela ne me dérangeait pas
trop, mais je vous fais la suggestion dans un esprit le plus constructif
possible. Je ne sais pas si cela ne pourrait pas être
étudié de manière systématique.
M. Gendron: Cela pourrait être...
M. Ryan: Les parents des deux côtés, autant ceux de
langue française que ceux de langue anglaise, il y a une chose qu'ils
veulent pour leurs enfants. Ils savent que quel que soit le régime qu'on
aura à Québec, le gouvernement au pouvoir ou le parti qui
gouvernera, leurs enfants vont vivre en Amérique du Nord et ils vont
avoir besoin d'une bonne connaissance de leur langue maternelle et d'une bonne
connaissance de la langue seconde, autant ceux de langue française que
ceux de langue anglaise. C'est une suggestion que je vous fais. Je n'ai pas
l'intention de développer cela davantage à ce moment-ci.
M. Gendron: Au moment où je la note, cela pourrait,
après analyse, être un bon élément de plate-forme
électorale pour le ministre de l'Éducation qui vous parle.
M. Ryan: Pardon?
M. Gendron: C'est un bon "deal" cela.
M. Ryan: Pardon?
M. Gendron: Cela pourrait être éventuellement,
après analyse, un bon élément de plate-forme
électorale pour le ministre de l'Éducation qui vous parle.
M. Ryan: Maintenant que vous avez purgé votre parti,
peut-être.
Je continue. Au niveau secondaire, il y a bien des points qui sont
soulignés dans le rapport que j'ai déposé ce matin. Je
pense qu'on ne pourra pas les voir en détail. On en a illustré
assez, cependant, pour montrer qu'il y a encore énormément de
travail à faire dans l'implantation des programmes. Ce que nous voulions
laisser comme impression très ferme, c'est qu'il n'y a pas
matière à complaisance parce qu'il y en a beaucoup qui vont
à travers le Québec disant: On a de bons programmes, cela marche,
il n'y a pas d'inquiétude. Nous avons dit ce que nous pensons de la
qualité objective des programmes, mais sur les problèmes
d'implantation il y a énormément de problèmes qui se
posent. Je pense qu'il est important que... J'aimerais, sur les points que nous
avons soulignés, si vous pouviez m'adresser vos commentaires, M. le
ministre, au cours des prochaines semaines. Je n'exige pas que ce soit
aujourd'hui ou demain. Parce que seulement là-dessus on pourrait rester
jusqu'à 22 heures, ce soir.
Est-ce qu'il reste encore du temps dans la période qu'on avait
prévue pour ce sujet-ci, M. le Président?
Le Président (M. Charbonneau): Je pense qu'on a pris 45
minutes pour le premier sujet...
M. Ryan: II me reste...
Le Président (M. Charbonneau): ...on en
est rendu à environ 35 minutes pour le second sujet. Combien en
avons-nous? Huit ou neuf.
M. Ryan: Oui. J'ai encore une couple de questions sur le
deuxième sujet que je ne voudrais pas laisser passer...
Le Président (M. Charbonneau): Écoutez, je pense
que c'est à la convenance... Dans la mesure où il n'y a pas de
limite, vous pouvez prendre deux heures sur un sujet. La réalité,
c'est qu'on a huit heures pour les crédits, il nous reste une heure
aujourd'hui. J'ai l'impression que, demain, on va avoir quatre heures. On a
perdu une heure aujourd'hui. Donc, il va falloir peut-être
récupérer une heure demain.
M. Ryan: Par rapport à notre échéancier,
nous, cela va bien. Il n'y a aucun problème, M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va.
M. Ryan: De notre côté, parce que les sujets ne
demandent pas tous une heure, non plus. C'est un "core subject", comme on dit.
C'est un sujet absolument central.
Le Président (M. Charbonneau): Dans ce cas, je vais vous
laisser dans le sujet central.
M. Ryan: C'est pour cela qu'on va prendre au moins l'heure
complète.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va.
Manuels scolaires
M. Ryan: Au sujet des manuels, est-ce que le ministre pourrait
nous dire si le gouvernement envisage des améliorations à la
politique que j'appellerais malthusienne qu'il a pratiquée depuis
quelques années avec les commissions scolaires? Deuxièmement,
est-ce qu'il envisage des améliorations dans le système par
lequel doivent passer les maisons d'édition pour faire approuver des
manuels? Je pense qu'il y a deux problèmes, là. Le gouvernement
ne donne pas de budget aux commissions scolaires pour acheter les manuels qu'il
faut pour bien faire fonctionner les nouveaux programmes. D'autre part, pour un
très grand nombre de matières, il n'y a pas de manuels
disponibles et ce, me disent des éditeurs sérieux, en grosse
partie parce que les exigences du ministère sont trop compliquées
encore une fois, trop bureaucratiques, trop écrasantes. Il n'y a pas
moyen de prendre le départ. Je ne sais pas si, sur ces deux points, on
pourrait avoir des explications et des assurances d'amélioration parce
que c'est une des grosses pierres d'achoppement.
Je remarque, sur le même sujet - cela va être un
troisième volet - que, dans le nouveau projet de règlement, le
nouveau projet de régime pédagogique que vous avez porté
à notre connaissance, M. le ministre, il y a un article qui était
dans le régime actuel. Dans le régime actuel, il y a un article
très simple - M. Rousseau va pouvoir me dire le numéro. L'article
qui dit qu'un manuel est nécessaire pour une matière, M.
Rousseau, quel est le numéro dans le régime pédagogique
actuel?
M. Rousseau (André): Cela fait plusieurs versions que nous
avons.
M. Ryan: Vous savez laquelle je veux dire, vous. Ici, c'est cela,
je l'avais noté... Cela va prendre seulement une seconde. Je pense que
c'est important qu'on ait cela. On va prendre l'article 19. C'est pour le
niveau primaire et il y a sans doute des choses semblables pour le niveau
secondaire. Pardon?
M. Rousseau: C'est quatre, au secondaire.
M. Ryan: C'est quatre au secondaire. Prenons l'article 19, au
niveau primaire. On va le lire. C'est écrit: Lorsque la liste du
matériel didactique autorisé indique, pour un programme
donné, un ou plusieurs manuels, l'élève doit disposer
personnellement d'un ou des manuels requis pour couvrir le programme. Je crois
comprendre que dans le nouveau texte que vous avez déposé - je
l'ai lu à la dérobée, en diagonale, parce que je n'ai pas
eu le temps de faire toutes les comparaisons avec le texte actuel - cet article
ne serait plus là.
M. Rousseau: Dans la loi.
M. Ryan: Alors, je pose la question. Il y a trois volets dans ma
question, par conséquent. Je vais attendre les réponses.
M. Rousseau: À l'égard du dernier volet, en ce qui
concerne la gratuité des manuels scolaires, dans le premier chapitre de
la Loi sur l'enseignement primaire et secondaire public introduisant les droits
aux services éducatifs que l'on retrouvait dans le régime
pédagogique, on retrouve donc: "L'élève a droit à
la gratuité des manuels et des autres instruments pédagogiques
requis pour l'enseignement des programmes d'études et à la
gratuité du matériel didactique utilisé dans les classes
ou ateliers. "Ce droit à la gratuité ne s'étend pas aux
documents dans lesquels l'élève écrit ou dessine."
Cela veut dire que l'article 8 -s3i vous
vous souvenez bien, cette question avait été
traitée en commission - est venu même améliorer la
situation qui était prévue à l'intérieur du
régime pédagogique et dans les droits et obligations de la
commission scolaire. On retrouve à l'article 309: "La commission
scolaire met gratuitement à la disposition de l'élève les
manuels et les autres instruments pédagogiques requis pour
l'enseignement des programmes d'études et le matériel didactique
utilisé dans les classes ou ateliers." Cela veut dire que non seulement
le droit apparaît au premier chapitre, mais, au chapitre traitant des
pouvoirs et obligations de la commission scolaire, on retrouve
l'obligation.
M. Ryan: Je pense qu'on ne se comprend pas très bien.
Voyez-vous, c'est très bien...
M. Rousseau: C'est le troisième volet de la question.
M. Ryan: Oui, restons sur le troisième. On va le
régler tout de suite. Les deux points qui sont dans la loi, nous les
favorisons; vous vous en souvenez, d'ailleurs. Nous avons insisté pour
que la gratuité soit encore plus explicite et assurée. S'il n'y a
pas de manuels, cela ne donne rien qu'ils soient gratuits, vous allez en
convenir comme moi. Deuxièmement, si le manuel n'est pas requis, la
commission scolaire ne sera pas obligée de le fournir. Elle va dire: Ce
ne sont pas des choses qui sont exigées par le régime
pédagogique. Ce que je vous dis, c'est que vous faites
disparaître, dans le régime pédagogique, le droit qu'il y
avait pour l'élève d'avoir un manuel et l'obligation de lui
garantir cet instrument. Est-ce qu'on aura cela dans le nouveau
règlement?
M. Rousseau: C'est-à-dire que l'article 19 disait:
"Lorsque la liste du matériel didactique autorisé indique, pour
un programme donné, un manuel..." Cela ne garantissait pas un manuel par
programme. Prenons l'exemple de l'éducation physique: il y a
plusieurs... Voyez-vous? C'était dans ce sens. C'était le sens
qui était donné.
Par rapport au premier volet de la question, sur l'achat, par les
commissions scolaires, de manuels scolaires, nous pouvons maintenant nous
rendre compte que de nombreuses collections de manuels scolaires sont
disponibles. Je pense qu'il ne faut pas blâmer les commissions scolaires
de ne pas avoir nécessairement fait des choix prématurés
sans qu'elles puissent véritablement avoir un certain nombre de
collections dans chacune de ces matières. Mais, maintenant, quand vous
regardez les catalogues des maisons d'édition, vous vous rendez compte
que, pour les matières de base, vous pouvez retrouver des choix de
collection de la première jusqu'à la sixième année,
au primaire. Ce qui veut dire que les commissions scolaires seront maintenant
beaucoup plus en mesure de faire ces choix, même après avoir
expérimenté un certain nombre de manuels.
En termes budgétaires, on peut prendre différentes
hypothèses. Par rapport aux états financiers concernant l'achat
du matériel didactique et des manuels scolaires, nous n'avons pas fait
le contrôle de l'achat des manuels scolaires. Maintenant, nous
contrôlons par grande enveloppe l'ensemble des états financiers,
c'est-à-dire l'ensemble de l'enveloppe "autres coûts" et, à
l'intérieur de cela, le matériel didactique, les livres de
bibliothèque ou les manuels scolaires, mais pris comme un tout. Si 50 %
de ces achats ont servi à des manuels scolaires, nous pouvons
prétendre que la majorité des commissions scolaires avaient,
à l'intérieur de cette enveloppe, les capacités
financières de les acheter. Si cela représente 70 % de ce
coût, c'est-à-dire que, si l'on part de l'hypothèse
qu'elles achètent beaucoup moins de matériel didactique et de
livres de bibliothèque, mais surtout des manuels scolaires, là,
il y a certains ajustements qui devraient se faire au sein de cet article.
D'ailleurs, c'est dans cet esprit que, cette année, il n'y a pas eu de
compression à l'article 3. Au contraire, même si le projet de
règles ne prévoyait aucune augmentation, il y a eu cette
augmentation de 2 %, qui ne correspond pas à l'augmentation des
coûts, nous en convenons; excepté que, par rapport au projet de
règles qui a été envoyé, il y a eu cette
augmentation de 2 %.
Maintenant, sur le deuxième volet, à savoir la
qualité des services rendus par le ministère auprès des
maisons d'édition. Il faut dire que, au point de départ, les
maisons d'édition ont réclamé, durant plusieurs
années, des règles du jeu claires du ministère de
l'Éducation. C'est pour cela que c'est avec les maisons d'édition
que le ministère de l'Éducation a bâti un modèle de
devis, de préparation de manuels scolaires. C'est un devis qui indique
l'ensemble des règles pour fins d'approbation. Alors, il y a certaines
règles élémentaires: cela doit couvrir tout le programme,
cela doit permettre l'évaluation et, évidemment, cela doit
être de qualité en ce qui concerne la langue, le matériel,
le papier utilisé et autres.
Toutes ces règles du jeu ont fait l'objet de vastes consultations
avec les maisons d'édition avant qu'on entreprenne le premier projet
avec le français. Il y a beaucoup de plaintes de maisons
d'édition sur des cahiers d'exercice. Le ministère avait pris
comme option que le manuel scolaire devait inclure les dimensions permettant
l'évaluation sans que les jeunes aient à acheter des cahiers
d'exercice, ce qui ne veut pas dire que le
ministère est contre les cahiers d'exercice, mais nous tenions
à tout prix à ce que le manuel scolaire puisse inclure cette
dimension d'évaluation, de manière que ce ne soit pas toujours
nécessaire d'être accompagné d'un cahier d'exercice.
Sur ces questions, il y a des divergences. Il faut dire que, depuis dix
ou quinze ans, dans plusieurs matières, on ne retrouve que des cahiers
d'exercice. Même dans les matières fondamentales, il y a des
collections en français et en mathématiques qui n'utilisent comme
matériel que des cahiers d'exercice, avec un petit paragraphe
résumant le chapitre au point de départ, pas un véritable
manuel scolaire qui puisse permettre de faire toute la démarche
nécessaire pour réaliser un objectif vis-à-vis de tel ou
tel programme.
Alors, ce n'est pas étonnant qu'il y ait des divergences. Mais,
sur le devis, nous avons encore la conviction que toutes les maisons
d'édition sont traitées sur le même pied, qu'elles
connaissent à l'avance les conditions pour être, à toutes
fins utiles, approuvées automatiquement, si le devis est
respecté. Nous avons donc cette conviction qu'on favorise le
développement de l'édition scolaire par cette mesure.
(17 h 15)
M. Ryan: À cela, je voudrais simplement répondre
ceci. Tout d'abord, il y a un fait brutal: la production de manuels
traîne énormément par rapport à la production des
programmes des guides pédagogiques. Il y a un décalage qui risque
de nuire énormément à la bonne implantation des
programmes. Je pense que c'est documenté autant qu'on peut le faire. On
a au moins une couple de douzaines d'exemples seulement dans les cas que j'ai
mentionnés aujourd'hui.
Deuxièmement, je vous signale que du côté des
éditeurs, on m'a signalé que la manière dont le
ministère présente ses exigences est de nature à les
décourager bien souvent.
Troisièmement, les commissions scolaires vous ont dit autant
comme autant que la manière dont vous budgétisez ce
poste-là en particulier entraîne des situations où les
élèves sont privés de manuels. On peut bien faire les
proportions ou les calculs que vous avez faits, mais ce sont les
représentations que nous entendons. Je pense qu'il faut apporter des
remèdes à cela, à moins que ce soit tous une bande de
menteurs.
M. Gendron: M. le député d'Argenteuil, je pense
qu'on pourrait conclure là-dessus en disant que, sur les
représentations que les éditeurs vous ont faites, j'aimerais
qu'ils entrent en communication avec mon ministère. Je m'engage à
regarder très sérieusement leurs revendications pour essayer
d'améliorer l'affaire et je suis pas mal sûr qu'on va trouver des
accommodements.
Sur la deuxième partie de votre commentaire, la façon dont
on comptabilise à l'intérieur des enveloppes disponibles les
sommes requises pour se pourvoir en manuels, je pense que ce ne sera une
cachette pour personne si je vous dis que, oui, il y aurait lieu d'avoir une
enveloppe additionnelle octroyée aux commissions scolaires pour
reprendre un peu plus rapidement les années de retard. Je le
concède et je vous dis même que cette année j'étais
en demande de crédits supplémentaires au comité des
priorités pour cette disposition. Pour des raisons d'autres
priorités, on n'a pas pu donner suite à la demande telle qu'elle
a été présentée, mais je tiens à vous
signaler que je n'oublie pas cette demande que je trouve pertinente et
légitime, d'essayer de trouver une façon d'augmenter les
crédits affectés au renouvellement et à l'achat des
manuels scolaires dans certaines disciplines, parce que c'est un peu
fondamental d'avoir au moins dans certains nouveaux programmes un manuel de
base auquel les élèves puissent se référer.
M. Ryan: Une dernière question, M. le
Président.
M. Gendron: Et, aux crédits de l'an prochain, je serai en
mesure de vous dire tout le progrès qu'on aura fait
là-dessus.
M. Ryan: Une dernière question en ce qui me concerne, pas
parce qu'il n'y en a pas d'autres, mais parce que le temps nous presse. Le
projet de nouveau régime pédagogique que vous avez porté
à notre connaissance, seriez-vous prêt, M. le ministre, à
prendre l'engagement de le soumettre à l'examen de la commission
parlementaire un peu plus tard dans le processus, quand vous aurez obtenu des
réactions et tout? Je me souviens que la dernière fois que tout
cela est entré en vigueur, les parlementaires étaient
complètement en dehors du coup.
Je crois qu'on est entré dans une démarche plus exigeante
au cours des dernières années. Si on pouvait obtenir l'engagement
que ce règlement qui est fondamental, car c'est ce règlement qui
va définir le nouveau régime pédagogique, sera
examiné par la commission parlementaire de l'éducation et de la
main-d'oeuvre avant d'être décrété par le
gouvernement, ce serait une très bonne chose. Je voudrais vous demander
la même chose à propos du règlement qui va régir les
enquêtes, les consultations sur le caractère confessionnel des
écoles. On nous a distribué également une esquisse. Je
vous pose cette question.
M. Gendron: Je vais être franc en vous disant que cela ne
me répugne pas de prendre bonne note de ce que vous évoquez,
mais, à ta lumière du retour de la très large consultation
que l'on mène tout autant sur l'un que sur l'autre et à la
lumière de l'éclairage que je ferai là-dessus, je serai
mieux équipé pour être capable de soutenir modestement,
à la folie ou passionnément votre demande.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va? M. le
député de Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): M. le Président, je voudrais
revenir sur l'enseignement de l'anglais, langue seconde. Qu'on le veuille ou
non, on est bien obligé de reconnaître que nos finissants au
secondaire ne maîtrisent pas, n'ont pas une connaissance suffisante de
l'anglais. Or, récemment, un rapport du Conseil supérieur de
l'éducation nous faisait part du résultat d'une enquête
qu'il avait menée. Il constatait que sur le temps consacré
à l'enseignement de l'anglais au secondaire - je pense que c'est 120
minutes par semaine - les commissions scolaires n'en dispensaient que de 74 %
à 84 %. Comment expliquez-vous cette situation? Est-ce que vous trouvez
que c'est logique? On se préoccupe beaucoup de la connaissance, de
l'enseignement de l'anglais, langue seconde. On est même rendu à
vouloir en donner et à faire des expériences au premier cycle du
primaire. Ne pensez-vous pas qu'on devrait se préoccuper d'abord de
cette situation? On ne donne même pas les 120 minutes au niveau
secondaire.
M. Gendron: La réponse, je l'ai donnée un peu. Ma
première priorité, ce ne serait pas correct de vous dire qu'elle
ne se situe pas là, mais cela ne veut pas dire que ce n'est pas
important ce que vous signalez. Je prétends que dans une
société francophone comme la nôtre il est d'abord capital,
primordial, de faire des efforts comme ce n'est pas possible pour s'assurer que
notre système d'enseignement préscolaire, primaire et secondaire
public puisse offrir de meilleurs résultats appréciés et
appréciables au niveau d'abord de la qualité du
français.
Cela dit, c'est clair qu'on ne peut pas se fermer les yeux sur d'autres
difficultés que certaines matières ou disciplines
éprouvent à l'intérieur de nos régimes
pédagogiques. Je pense que l'enseignement de l'anglais comme langue
seconde est aussi important. Je voudrais apporter deux correctifs à ce
que vous avez mentionné. Le temps enseigné, quand on dit que
c'est deux périodes, 120 minutes, il faut que vous sachiez que c'est une
décision d'une commission scolaire et non du ministère de
l'Éducation. La commission scolaire a une grande latitude, au primaire
en particulier, pour fixer les temps alloués à chacune des
matières. Il y a la grille "matières" et il y a la grille
"horaires". La grille "matières" vient de nous et la grille "horaires"
vient des commissions scolaires. Si des commissions scolaires sont capables
à l'intérieur des exigences de la grille "matières" de
trouver du temps d'enseignement plus important, plus significatif pour
renforcer non seulement la qualité, mais le temps d'enseignement, moi,
comme ministre de l'Éducation, je n'ai aucune espèce d'objection
à ce que cela se passe de même, après avoir donné
les grandes orientations. La première: la qualité du
français; la deuxième - bien sûr, s'il y a lieu de faire un
effort additionnel sur le temps d'enseignement au niveau primaire ou au niveau
secondaire de la langue seconde -je n'ai pas d'objection à
l'intérieur de la grille "horaires" pour laquelle la commission scolaire
a une marge de manoeuvre que je n'ai pas... Nous avons une marge de manoeuvre
sur la grille "matières".
M. Leduc (Saint-Laurent): Là, je parle de l'enseignement
de l'anglais, langue seconde, au niveau secondaire.
M. Gendron: Oui.
M. Leduc (Saint-Laurent): II est prévu que l'enseignement
doit se donner sur deux périodes, sur 120 minutes. Est-ce une
obligation? Est-ce que la commission scolaire peut déroger à ces
120 minutes?
M. Gendron: En moins, non; en plus, oui.
M. Leduc (Saint-Laurent): Alors, comment expliquez-vous que le
rapport du Conseil supérieur de l'éducation note que les
commissions scolaires ne dispensent que de 74 % à 84 % des 120
minutes?
M. Gendron: Tout simplement pour les raisons que je viens
d'expliquer. Les commissions scolaires ont décidé, à
l'intérieur de leur grille "horaires", de ne pas affecter autant de
temps qu'elles le pourraient à l'enseignement de la langue seconde au
secondaire.
M. Leduc (Saint-Laurent): Donc, elles ne respectent pas les
exigences, elles ne se conforment pas aux exigences. Vous dites qu'elles ne
peuvent pas donner moins de 120 minutes, mais qu'elles peuvent en donner plus.
Là, on constate, d'après l'enquête du Conseil
supérieur de l'éducation, qu'elles ne donnent pas 120 minutes.
Est-ce que vous avez posé des gestes?
M. Gendron: Non, et justement je crois que j'ai répondu
correctement. Le programme
de l'enseignement de l'anglais au secondaire n'est pas un programme
obligatoire.
M. Leduc (Saint-Laurent): Vous avez dit tantôt que
c'était obligatoire. Vous avez dit qu'on pouvait en donner plus, mais
pas moins.
M. Gendron: C'est cela.
M. Leduc (Saint-Laurent): Est-ce que là elles pouvaient en
donner moins?
M. Gendron: M. Rousseau.
M. Rousseau: Les commissions scolaires peuvent offrir le nombre
de cours d'anglais, langue seconde, qui correspond aux exigences qu'elles
prétendent nécessaires pour réaliser les objectifs d'un
programme. Là, nous sommes encore avec nos anciens programmes
d'études. Les nouveaux programmes obligatoires ne s'implanteront pas
demain matin en anglais - je n'ai pas le tableau ici - mais ils vont
s'implanter dans quelques années. Le nombre de crédits qui
apparaît dans le régime pédagogique, c'est le nombre de
crédits qui est lié au nouveau programme d'études; mais
pour les anciens programmes, puisque le régime pédagogique date
de 1971, il n'y avait même pas d'obligation en cinquième
année du secondaire, ce qui veut dire qu'il y a des commissions
scolaires qui ne l'offraient pas, il n'y avait pas d'obligation. Les nouvelles
obligations commencent à entrer, elles sont rendues en secondaire III.
Le nouveau programme, lui, tant qu'il n'est pas obligatoire, on ne
réalise pas tous les objectifs que le régime pédagogique
de 1981 impose.
M. Leduc (Saint-Laurent): Donc, ils n'étaient pas
obligés de donner les 120 000 $.
M. Rousseau: En secondaire V, ils peuvent même ne rien
donner actuellement avec le régime de 1971 qui s'applique.
M. Leduc (Saint-Laurent): D'accord. Maintenant en ce qui concerne
l'enseignement des sciences, on a eu des rapports du Conseil des sciences du
Canada et également un avis du Conseil supérieur de
l'Éducation qui ont critiqué très sévèrement
l'enseignement des sciences au secondaire. Je pense également, si je ne
me trompe, que la direction de la recherche est actuellement en train de
réaliser une série d'études sur l'enseignement des
sciences. Je voudrais savoir ce qui se fait au niveau du ministère de
l'Éducation pour améliorer cette situation qui a
été décriée concernant l'enseignement des sciences
au secondaire.
M. Gendron: Je l'ai mentionné tantôt, je pensais que
cela avait été assez clair. Pour ce qui est de l'enseignement des
sciences, une place a été faite aux sciences physiques en
deuxième secondaire permettant ainsi l'atteinte d'une continuité
souhaitée dans l'enseignement des sciences au secondaire. La marge de
manoeuvre du premier cycle du secondaire s'en trouve limitée d'autant,
mais l'étalement possible de quelques matières obligatoires sur
plus d'une année satisfera sans doute les commissions scolaires qui
voudront répondre à des besoins pédagogiques particuliers
dans le sens d'offrir plus d'enseignement des sciences s'il l'étale sur
quelques années. Le nouveau régime pédagogique permettra
cela.
M. Leduc (Saint-Laurent): Est-ce qu'à ce jour, il y a des
gestes concrets qui sont posés?
M. Gendron: Le geste concret posé est d'offrir le plus
rapidement possible un nouveau régime pédagogique qui va
permettre que l'enseignement des sciences ait une plus grande place à
l'intérieur du tronc commun enseigné.
M. Leduc (Saint-Laurent): Cela va commencer quand?
M. Gendron: Je l'ai indiqué tantôt, l'enseignement
des sciences naturelles au premier cycle commencera en 1987. Ce sont toujours
les dates obligatoires, il y en a qui vont commencer avant parce qu'on va
être prêt avant. Pour ce qui est du deuxième cycle, cela va
être en 1988.
M. Leduc (Saint-Laurent): Ne croyez-vous pas qu'à la suite
de ces critiques très sévères, il n'y aurait pas lieu d'en
faire une priorité?
M. Gendron: On en a fait une priorité dans le sens qu'en
1985...
M. Leduc (Saint-Laurent): Pas avant 1988.
M. Gendron: ...non, en 1985 on avait quatre crédits - vous
êtes probablement familier avec cette notion - pour l'enseignement des
sciences, mais ce n'était pas obligatoire, alors qu'en secondaire II, en
1986, nous aurons quatre crédits mais cette fois-là
obligatoires.
M. Leduc (Saint-Laurent): Ensuite, vous dites que cela va aller
en 1988?
M. Gendron: En 1988, je ne pense pas que je parlais de cela, je
parlais des sciences naturelles pour le deuxième cycle. D'accord?
M. Leduc (Saint-Laurent): Ça va.
Le Préaident (M. Charbonneau): M. le député
de Dubuc.
M. Desbiens: C'est relié à la question
d'entrée en matière plutôt du député de
Saint-Laurent concernant la qualité... Évidemment, il a
parlé uniquement du secondaire... Est-ce que des statistiques nous
permettraient d'apprécier le degré de bilinguisme des jeunes
Québécois à leur arrivée sur le marché du
travail? Êtes-vous en mesure de répondre à une question
comme celle-là? C'est difficile?
M. Gendron: Oui, on a des statistiques, ce sont les
résultats d'examen de fin d'année, mais on n'a pas cela sous la
main. On en prend note et on vous en reparlera. (17 h 30)
M. Desbiens: Je pense que cela permettrait d'apprécier
dans quelle mesure... Je pense que c'est à l'arrivée sur le
marché du travail et là où le besoin s'en fait sentir dans
leur vie quotidienne qu'on peut apprécier aussi le degré ou la
qualité de connaissance de la langue secondaire des
Québécois et des Québécoises.
Deuxième intervention. Vous mentionnez très bien qu'un des
objectifs que vous poursuivez, c'est l'amélioration de la qualité
de la langue maternelle d'abord. C'est une des lectures que j'ai
déjà faites. Est-ce que cette politique ou cet objectif est
déterminé en fonction du fait que la qualité de la langue
seconde ou la facilité d'acquérir la langue seconde est d'autant
meilleure que le sujet possède déjà mieux sa langue
maternelle?
M. Gendron: Oui, là, on revient sur ce que j'exposais
tantôt sur les écoles de pensée. J'ai dit qu'il y en avait
deux, mais il y en a beaucoup plus que deux. Effectivement, oui, on a des
documents qui ont la prétention qu'il est plus facile de maîtriser
davantage un apprentissage d'une langue seconde après que tu as une plus
grande maîtrise de la langue maternelle. Il y a des gens qui
prétendent cela, on a de la documentation à cet effet, comme il y
en d'autres qui prétendent que cet handicap s'atténue dès
qu'un jeune progresse dans l'échelle de ses connaissances. À un
niveau plus élevé, il peut avoir une capacité
d'apprentissage plus grande pour des raisons d'adaptabilité, pour des
raisons d'un meilleur développement de sa croissance, pour des raisons
d'intérêts plus larges qu'il est capable de prendre.
Mais, c'est un peu ce que je disais tantôt, il y a une demi-heure,
quand M. Ryan disait: Écoutez, on a fait toutes sortes de choses, on est
rendu en 1985 et on avait essayé cela il y a vingt ans et on n'est pas
plus avancé. Je ne suis pas prêt à dire qu'on n'est pas
plus avancé. On a plus d'éléments sur lesquels on peut
s'appuyer pour dire: II y a sûrement une chose, c'est que tout n'est pas
blanc et tout n'est pas noir, donc, cela signifie qu'il faut y aller avec
parcimonie. Il faut y aller avec délicatesse, sur le bout des pieds.
C'est pourquoi j'annonçais que, dès septembre 1986, je
suis prêt à me prévaloir d'une disposition de l'article 20
pour autoriser la tenue de quelques expériences d'enseignement de langue
seconde au premier cycle de l'élémentaire. On va voir ce que cela
va donner et on va faire des analyses avec ce que j'appelle des cartons frais.
On est en 1985 et en 1986, alors, on ne fera pas ces années sur la base
de ce qu'on observait en 1962 et en 1968, si on en a fait en 1962 et 1968, ce
qui devrait nous amener à dégager des éléments de
politique et de problématique pour arriver peut-être à
conclure et dire: Écoutez, nos prétentions qu'on avait se sont
avérées plus ou moins erronées ou plus ou moins
exactes.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va? M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: On passe au sujet suivant. M. Gendron: Oui.
Formation professionnelle
M. Ryan: La formation professionnelle. Dans son intervention
liminaire de ce matin, le ministre écrivait, entre autres, à la
page 11, que le secteur de la formation professionnelle n'est plus le parent
pauvre du système éducatif québécois. On peut
même dire que la distinction forcée entre le général
et le professionnel comme mode dans la vie scolaire de tous les jours n'est
plus dans les faits la réalité qu'elle avait auparavant.
J'aimerais pouvoir partager l'optimisme que traduisent ses propos, mais
j'ai beaucoup de mal à le faire. Je voudrais demander au ministre, pour
commencer, de nous indiquer s'il est vrai qu'en plus de la chute
considérable de clientèle, qui s'est produite dans le secteur
professionnel au cours des dernières années, cette tendance
semble devoir se continuer au cours de l'année 1985-1986. Le ministre
pourrait-il nous indiquer quelle répercussion cette nouvelle baisse que
l'on doit entrevoir pour 1985-1986 aura sur le nombre des professeurs
susceptibles d'être mis en disponibilité?
D'après des données que nous possédons, le secteur
de la formation professionnelle représentait en 1979-1980, 18 % de la
clientèle totale du secondaire. En 1984-1985, ce pourcentage
n'était plus que de 14 %. Alors, je demande au ministre: Est-il vrai que
cette tendance à la baisse va continuer en 1985-1986, selon les
indications les plus
récentes? Quel effet cette baisse aura-t-elle sur le nombre des
enseignants mis en disponibilité? Est-il vrai, pour être encore
plus précis, que le nombre des enseignants susceptibles d'être mis
en disponibilité pourrait très bien passer de 400 à plus
de 1000? Qu'est-ce que le ministère entend faire pour réagir
à cette tendance, à ces prévisions qui nous
préoccupent beaucoup?
M. Gendron: Pardon?
M. Ryan: Qui nous préoccupent beaucoup.
M. Gendron: Oui et nous également, parce que vos
données sont passablement conformes à celles dont nous disposons.
Il y a plusieurs questions. Est-il exact que le secteur professionnel subit
depuis quelques années une chute de clientèle? La réponse
est oui. La tendance indique-t-elle que cela se continue? La réponse est
oui. Est-ce que cela crée une répercussion sur le nombre de profs
mis en disponibilité. C'est évident que cela a une
répercussion sur les profs mis en disponibilité. Votre
dernière question: Est-ce que cela pourrait finir pour l'année en
cours à un chiffre de 1200? La réponse est que c'est exact, mais
après avoir soustrait les 430 qu'on traînait - il n'y a pas de jeu
de mots - qui étaient déjà dans la banque de
disponibilité, mais qui provenaient du secteur. Donc, les nouvelles
mises en disponibilité prévues pour l'année en cours,
c'est environ 825 et non pas 1200. Les 1200, c'est l'accumulation de la banque
de MED provenant du secteur professionnel, plus ceux de cette année.
J'ai un commentaire à faire. Nous sommes conscients qu'à
partir du moment où c'est un programme qu'il faut réviser, toute
la question de la formation professionnelle, pour une année ou deux de
transition, oui, il va y avoir les inconvénients que je viens de
signaler. Cependant, on a également l'information que c'est beaucoup
plus à la suite d'une directive qui n'a pas été trop
comprise par le réseau scolaire à l'effet qu'on avait bien
mentionné que nous reportions d'un an l'application de la nouvelle
politique concernant la formation professionnelle. Devant cela, il y a des
commissions scolaires qui ont eu le geste peut-être trop libertin
d'ouvrir les valves de la mise en disponibilité dans ce secteur. Ce qui
devrait très tôt, en septembre, se corriger parce qu'il va
continuer quand même à y avoir des élèves au secteur
professionnel court. Je n'ai pas les chiffres, à ce moment-ci, qu'on
envisage récupérer, mais il y a un bon nombre de ces
gens-là qui vont être réintégrés au
réseau scolaire. Donc, ils ne resteront pas dans l'enveloppe de ce qu'on
appelle les mises en disponibilité au tout début de
l'année scolaire. Ce sont les commentaires que je peux faire.
M. Ryan: Avez-vous des données sur les causes?
M. Gendron: Juste une seconde, parce que je trouve que c'est
très pertinent ce que l'on me donne comme information. On a les
indications déjà sur le fait que ce serait sûrement
très passager, parce qu'il y a des commissions scolaires qui ont
commencé à vivre un peu plus avec les orientations du nouveau
programme professionnel suggéré. Pour celles qui l'ont fait, on a
frappé un vacuum, mais pour les années à venir il y a une
remontée assez significative, entre autres, pour ce qui est du
professionnel intensif. Je n'en dirais pas autant pour le professionnel long ni
pour le professionnel court, sauf que cela ne pose pas de problème dans
le sens que c'est ce que l'on veut. Avec le nouveau programme
pédagogique proposé aux professionnels, il n'existera plus de
professionnel court.
M. Ryan: C'est correct.
M. Gendron: Les causes, parce que j'ai entendu la question...
M. Ryan: Oui.
M. Gendron: Alors les causes. Selon une première analyse
faite par les responsables de la formation professionnelle des diverses
directions régionales, il nous faut tenir compte des dimensions
suivantes pour comprendre ce phénomène de démographie
scolaire.
Premièrement, la lenteur de la réforme en formation
professionnelle.
Deuxièmement, l'information véhiculée par les
orienteurs et les responsables de l'information scolaire et une plus grande
attraction des cours de formation professionnelle de niveau collégial,
donc un déplacement du niveau de la formation professionnelle qui, de
plus en plus, passerait du secondaire au collégial.
Il y a également toujours - je l'ai vécu et je pourrais
vous raconter quelques petites anecdotes où on ne contribuait pas
tellement à ce qu'on va dire - une perception négative des cours
de formation professionnelle offerts au niveau secondaire. Il y a toutes sortes
d'attitudes dans certaines écoles qui font que le comportement de
professeurs ou d'autres personnes n'avait pas nécessairement comme
conséquence d'inciter des jeunes à choisir des cours de formation
professionnelle, même si certains avaient la conviction que c'est cela
qu'ils auraient dû prendre.
De plus, l'abandon progressif du professionnel court et des cours
complémentaires et également le soutien économique
à la mobilité des élèves du
secondaire plus faible que celui du collégial.
D'après nos analyses, ce sont là les causes. Cette
situation éventuelle confirme la pertinence de la priorité que
s'est donnée le comité national d'implantation des mesures de
résorption de présenter des mesures, d'identifier une
stratégie d'information et de privilégier un mode de gestion qui
tienne davantage compte des difficultés de résorption de cette
clientèle.
Ainsi, il sera peut-être nécessaire, dès le mois de
septembre, d'accorder une attention toute spéciale à
l'évaluation de l'efficience de ces mesures et à l'étude
de la possibilité, s'il y a lieu, de mettre en place des mesures
d'appoint afin d'atténuer les conséquences de ce problème
de gestion des ressources humaines.
M. le député d'Argenteuil, ce ne sera pas très
long. Quand je vous disais que j'aurais aimé, lors de cet
élément, revenir sur vos commentaires globaux, j'ai deux
commentaires. Cela va être très court. Vous laissiez voir, dans
vos commentaires généraux, avant d'apprécier ce qu'on fait
présentement d'une façon plus détaillée, qu'on
n'aurait pas de politique de formation professionnelle. Je ne peux pas acheter
cela, parce qu'il existe une réforme de la formation professionnelle qui
a été élaborée en étroite collaboration avec
les gens du milieu: en février 1980, le livre vert intitulé "La
formation professionnelle des jeunes", le livre blanc de 1982, les colloques
régionaux en 1983 et 1984 plus une publication du document "La formation
professionnelle dans le système scolaire".
L'ensemble de ces documents et surtout le dernier constituent la
politique du gouvernement en matière de formation professionnelle. On ne
peut pas passer notre temps à écrire des choses sans en tenir
compte. Même si elles n'ont pas été soumises -
c'était une de vos remarques également - à une commission
parlementaire, ces orientations ont été préparées
avec la collaboration étroite et constante de l'ensemble des partenaires
du ministère et d'autres.
La volonté du gouvernement est donc claire sur ce point crucial.
Dans un monde de technologie nouvelle en perpétuelle évolution,
il nous apparaît essentiel que tous les étudiants du Québec
puissent recevoir une formation de base large leur permettant de faire face aux
défis de l'avenir. Cette formation intégrera pour tous des
éléments de connaissances technologiques. Elle devrait permettre
à tous d'acquérir un secondaire V qui constitue le seuil
visé pour une formation de base commune à tous. C'est pourquoi la
formation professionnelle sera reportée en 6e année du
secondaire, après l'obtention du DES.
Cependant, de façon à permettre une certaine souplesse, la
formation pro- fessionnelle pourra, dans certains cas, commencer -
là-dessus, je pense que vous aviez une question ce matin, je ne vous ai
pas compris quand vous avez dit: Vous n'avez pas été clair, en
parlant de moi - dès la 5e année du secondaire, les
étudiants pouvant utiliser jusqu'à douze crédits
optionnels pour entreprendre une formation professionnelle.
De façon à permettre encore plus de souplesse et à
limiter le nombre de décrocheurs éventuels, certains cours de
formation professionnelle pourront être offerts dès le secondaire
IV, mais jusqu'à un minimum de huit crédits. Il s'agit d'un
régime à caractère exceptionnel. Le régime
général est fixé par le gouvernement afin de permettre au
plus grand nombre possible de compléter leur formation
générale.
Je ne sais pas si vous avez bien compris l'escalier. C'est qu'on
permettrait, en secondaire IV, d'aller chercher jusqu'à huit
crédits de formation professionnelle. En secondaire V, on permettrait
d'aller en chercher douze parce que dans le nouveau programme, ce n'est
qu'à la 6e année secondaire, véritablement, qu'on aurait
le nouveau cours de formation professionnelle. (17 h 45)
M. Ryan: Très bien. Je continue. De tous les documents que
vous avez cités, ils étaient mentionnés dans notre
intervention de ce matin, par conséquence, cela ne nous apprend rien. On
sait qu'il y a eu tous ces documents de publiés. Il n'y a pas de
problème là-dessus. Je voudrais vous poser une question. Le
dernier en date de ces documents, c'est celui qui est intitulé "La
formation professionnelle dans le système scolaire, orientations et
voies d'action retenues, février 1985." Là, est venu s'en ajouter
un autre, ce matin, c'est la partie de votre exposé qui traitait de la
formation professionnelle. Je voudrais vous demander ceci: entre ce qui a
été donné dans votre exposé et ce qui était
dans le document de février, est-ce qu'il y a des modifications et
lesquelles? C'est simplement un résumé du document de
février que vous nous avez donné.
M. Gendron: À ma connaissance, il n'y a pas de
modification.
M. Ryan: II n'y a pas de modification. M. Gendron:
Non.
M. Ryan: Maintenant, il y a une chose. Par rapport à ce
dont vous venez de parler, le cheminement que doit suivre l'élève
qui se destine à la formation professionnelle, le débat avait
porté en très grande partie sur la question de savoir si la
formation professionnelle commencerait en quatrième secondaire, en
cinquième secondaire ou après. Je crois comprendre que l'option
de base qui
est faite par le ministère, c'est pour une formation
professionnelle après que le secondaire ait été
complété, après la cinquième année
secondaire.
M. Gendron: C'est exact.
M. Ryan: Cela veut-il dire qu'il va y avoir deux années
après cela, la sixième et la septième année?
M. Gendron: C'est exact qu'il y a des programmes mais on ne peut
pas... Votre question est claire, mais elle est générale. Tout ce
qu'on sait, c'est que, oui, il y a des programmes qui vont exiger plus d'une
année, même si c'est la sixième secondaire, pour avoir ce
qu'on appelle une formation professionnelle finie, complète, terminale,
dans la perspective où ces gens ne vont pas au collégial.
Là, il faudra regarder par corps de métier.
M. Ryan: C'est évident. En principe, on va avoir, pour
plusieurs disciplines, une sixième et une septième année
secondaire?
M. Gendron: Oui. Pour la formation d'ouvriers
spécialisés de niveau secondaire.
M. Ryan: Si mes souvenirs sont exacts, c'est radicalement
contraire à ce que le Conseil supérieur de l'éducation
avait proposé au gouvernement. Après avoir étudié
les documents publiés par le ministère de l'Éducation, le
Conseil supérieur de l'éducation vous avait mis fortement en
garde contre cette orientation. Je pense que dans le rapport du Conseil
supérieur de l'éducation, vous vous souvenez très bien des
avertissements qu'on vous donnait à ('encontre de cette orientation. Le
danger, d'après moi - je pense que le conseil l'avait souligné -
c'est qu'on ait deux types de formation de même durée ou
très proches que l'une soit considérée comme une formation
de qualité supérieure et que l'autre soit
considérée comme une formation de qualité
inférieure. Je cite un extrait du document du Conseil supérieur
de l'éducation: Parmi les problèmes que recense le document
ministériel - c'est-à-dire celui du ministère de
l'Éducation, là c'est le Conseil supérieur de
l'éducation qui écrit - celui du passage possible du secondaire
au collégial pour les finissants du cours professionnel constitue un
exemple de traitement dans l'abstrait. Le document aborde le problème en
affirmant que le fait d'être passé de 7 %, en 1975-1976, à
11 %, en 1979-1980, illustre la possibilité d'en arriver à un
véritable débloquage. Mais le véritable enjeu sous-jacent
au problème ne réside pas dans l'accessibilité, mais dans
les possibilités réelles, dans l'intérêt, dans les
motivations qui pousseront les jeunes à se prévaloir de
l'accès au collégial. Une telle argumentation en faveur d'une
croissance du taux de passage du secondaire professionnel aux études
collégiales frise encore l'irréalisme en raison de l'orientation
que propose le document ministériel de n'accorder le diplôme
d'études professionnelles aux jeunes qu'après l'obtention de leur
diplôme d'études secondaires. Ce qui vient d'être
confirmé par le ministre dans les propos qu'il a ajoutés à
ceux beaucoup plus vagues qu'il avait tenus ce matin. Qu'est-ce qui motivera
alors un jeune qui a déjà prolongé d'au moins deux ans sa
scolarité au niveau secondaire de se prévaloir de la
possibilité d'aller au collège avant d'accéder au
marché du travail?
Je crois que le Conseil supérieur de l'éducation - je n'ai
pas relu tout son document ces jours-ci mais j'en avais fait une lecture
attentive à l'époque, c'est un document qui remonte au mois de
mars 1983, cela fait déjà deux ans et quelques mois -avait dit:
Il y a des élèves, on peut bien concevoir un schème
théorique en vertu duquel on va les initier seulement à partir de
la cinquième ou de la sixème année, à qui cela
serait infiniment plus profitable d'être initiés plus vite,
d'acquérir un métier et d'aller sur le marché du travail.
Mais, il semble que les orientations que vous avez prises soient en opposition
directe avec celles que le Conseil supérieur de l'éducation avait
recommandées. Est-ce que je pourrais vous demander pourquoi vous avez
décidé d'agir ainsi?
M. Gendron: On est convaincu qu'il n'y a pas d'opposition entre
ce que le Conseil supérieur de l'éducation nous indique et ce que
nous faisons. Je vais y aller pour une partie et M. Rousseau vous donnera une
explication additionnelle. Ce qu'on croit comprendre dans ce que le Conseil
supérieur de l'éducation nous a dit, c'est ceci: Est-ce qu'il n'y
a pas possibilité d'initier ou de commencer la formation professionnelle
avant, même si on reconnaissait un profil ou un programme qui l'autorise
à partir du secondaire VI? Alors, nous avons dit: Oui, on va avoir une
mesure qui va permettre à l'étudiant ou à
l'étudiante qui aura fait ce choix de faire une sixième
professionnelle, dans la perspective où il - ou elle - ne va pas au
cégep, de commencer avant sa formation professionnelle par une
quatrième année du secondaire, pour huit crédits, et une
cinquième pour douze crédits. Alors, il n'y a pas
d'incompatibilité entre ce que nous disait le conseil supérieur
et ce qu'on s'apprête à faire.
L'autre partie où il y aurait peut-être une
incompatibilité, c'est dans le cas où l'étudiant envisage
d'aller au collégial. M. Rousseau, quel était le commentaire que
vous faisiez là-dessus?
M. Rousseau: Pour l'élève qui entreprend sa
formation professionnelle après un diplôme d'enseignement
secondaire, il fait donc un choix entre l'enseignement collégial qui
offre une scolarité dans le domaine de la formation professionnelle de
trois ans, incluant des obligations en philosophie, en langue maternelle, en
langue seconde, en formation générale et professionnelle, une
formation qui mène à un diplôme de technicien ou de
technologue, et une formation d'ouvrier spécialisé qui, au
secondaire évidemment, sera moins exigeante en ce qui a trait à
la formation de base, puisqu'il a déjà son diplôme
d'enseignement secondaire. Ce qui doit être réalisé, c'est
que lorsqu'un jeune ou un adulte entreprend cette scolarité d'ouvrier
spécialisé, si jamais il opte par la suite pour entreprendre un
programme au niveau collégial, il faudrait qu'on puisse
reconnaître ses acquis, qu'on puisse établir les
équivalences là où il y en a. Mais c'est pour deux
fonctions de travail qui sont totalement différentes, même dans
une même spécialité.
M. Ryan: Maintenant, je reviens à la position que le
Conseil supérieur de l'éducation défendait à
l'époque. Quoiqu'il soit opposé à l'idée d'une
septième année secondaire, il disait: II faudrait essayer de
faire la formation. Je vais citer son texte, cela va être encore mieux:
"Le conseil pressent plus d'avantages que d'inconvénients à ce
que la formation professionnelle de niveau secondaire se situe au cours des
onzième et douzième années d'études,"
c'est-à-dire la cinquième secondaire actuelle, plus une
sixième année. Il y a deux ans de différence avec le
collégial, on comprend. Il y en a un qui va être un ouvrier
spécialisé et l'autre qui va être un technicien. Il y a une
différence de deux ans. Là, vous allez ramener cela à un
an et cela va faire un embouteillage et une confusion, finalement. Je crains
cela beaucoup.
M. Gendron: M. Ryan, je prends votre première phrase. Vous
avez dit: Le Conseil supérieur de l'éducation ne voulait pas
envisager une formation spécialisée sur une septième
année. Je prends votre phrase intégrale.
M. Ryan: Oui.
M. Gendron: On va ajouter, disons, une septième
secondaire. D'accord? C'est cela que vous dites. Rassurez-vous car, nous non
plus, on ne veut pas cela. Cela n'arrivera pas ainsi parce que... Cela peut
être un ou deux cas exceptionnels qu'après une sixième
année secondaire pour la formation professionnelle certains profils de
cours exigent un peu plus de contenu spécialisé. On suit. Ils
vont le prendre dans ces cas par le bas et non par le haut, parce que cela va
être connu. Moi, comme étudiant, si je sais, par exemple, que je
veux être ouvrier de métallurgie, je ne sais pas quelles sont les
conséquences, mais si cela requiert une formation qui demande
l'équivalent de deux ans, toujours au secondaire, on n'est pas au
collégial, on va vous dire: Connaissant cela, je prendrais probablement
huit crédits en quatre, douze en cinq, pour être certain de fermer
avec ma sixième - ce dont on parle, la sixième année
professionnelle - pour ne pas faire, comme vous dites, une septième
professionnelle. C'est cela que le Conseil supérieur de
l'éducation disait de ne pas faire et on est d'accord là-dessus,
complètement d'accord.
M. Ryan: Maintenant, vous me dites que la septième
année serait une affaire très exceptionnelle.
M. Gendron: Très exceptionnelle, c'est cela.
M. Ryan: Cela fait plus l'affaire, c'est plus clair.
M. Gendron: Oui, oui.
M. Ryan: Si l'orientation s'en va dans ce sens-là, je
pense que cela se rapproche de ce qu'avait recommandé le Conseil
supérieur de l'éducation.
M. Gendron: Oui, on l'a. Vous n'avez qu'à poser les
questions, je vais donner les réponses, cela va se clarifier.
M. Ryan: Très bien. Je vais continuer, si vous me
permettez.
M. Gendron: Bien sûr.
M. Ryan: C'est parce que je voudrais faire une suggestion au
président et je ne sais pas comment le ministre réagira. Si on
allait jusque vers 18 h 15 pour la formation professionnelle, on pourrait
peut-être terminer cette partie ce soir. Cela nous permettrait d'aborder
un autre sujet dès le début de la séance, demain
matin.
M. Gendron: Oui, j'achète cela.
M. Ryan: Est-ce que cela va, M. le Président? M. le
ministre achète cela.
M. Gendron: Cela va?
M. Ryan: On va faire diligence, je pense que d'ici à 18 h
15, on peut...
M. Gendron: Oui, 18 h 15.
M. Ryan: Encore une fois, ce n'est pas
parce que le sujet ne demanderait pas davantage, mais je pense qu'on va
couvrir le plus de terrain possible, de la manière la plus constructive
possible de cette façon.
Une voix: Allez, mon père.
M. Ryan: Autre question, la révision des programmes, deux
choses là-dessus. J'ai cru constater que, sur l'ensemble des programmes,
il y en a à peine une soixantaine qui ont été l'objet
d'une révision jusqu'à présent. Il y a, actuellement,
à peu près 250 titres différents. Le ministre a dit, dans
son discours, que ces programmes seraient ramenés de 269 - je m'excuse,
ce n'est pas 250, c'est 269 - à moins d'une centaine d'ici
1988-1989.
Est-ce qu'on pourrait savoir où on en est, actuellement, dans la
révision des programmes? Quel est l'échéancier qu'on s'est
tracé pour en venir à bout?
M. Gendron: D'accord. Je pense que vous faites bien, encore
là, de revenir là-dessus. Là, je vais vous citer. Le
député d'Argenteuil a fait valoir que seulement 60 programmes ont
connu une révision sur les 250 qui existent présentement.
Là, je vous cite...
M. Ryan: Oui.
M. Gendron: II faut, cependant, faire attention.
M. Ryan: Je n'ai pas peur.
M. Gendron: On pourrait donner ainsi l'impression d'un immense
retard, ce qui n'est pas le cas. Alors, on va régler la question du
retard. Non, on n'est pas si en retard que cela, parce que la révision
qu'on a commencée, depuis fort longtemps, consiste à diminuer le
nombre de ces quelque 250 programmes et de les ramener à une centaine -
vous avez également dit cela -permettant d'assurer des qualifications
plus fondamentales et plus facilement transférables à
l'intérieur d'une même famille de métiers. Donc, si on fait
la conversion, on vise une centaine, on en a déjà une soixantaine
où la révision a eu lieu; l'écart, c'est une quarantaine
pour lesquels la révision n'a pas eu lieu.
Avez-vous compris? Je résume. Vous dites qu'on est prêt
pour 60, qu'on en a révisé 60, et il y en a 250, vous avez
raison. En les révisant, on en "scrape" un certain nombre pour arriver
à peu près à une centaine. D'accord? Dans la centaine de
programmes requis, nous en avons 60 de connus, de révisés, pour
lesquels on sait exactement quoi offrir. Donc, il n'en reste que 40, sur la
centaine, pour lesquels notre travail n'est pas terminé. Est-ce qu'on se
comprend là-dessus?
Sur cette base, M. le député d'Argenteuil, j'ajoute: Le
drame est moindre qu'on le laissait voir, parce que, pour plus de 50 % des
programmes, cela a fonctionné puisque la révision a eu lieu,
qu'on a ce qu'il faut. Pour les 40 autres, en attendant que la révision
se fasse, on peut toujours appliquer la politique avec les anciens programmes
et il n'y a pas de drame. C'est cela qu'on va faire, tout en marquant
l'importance de procéder, d'accélérer, parce que si on a
réussi à faire la révision de 60 programmes, je ne vois
pas pourquoi on ne ferait pas la révision des 40 qui manquent le plus
rapidement possible, pour être en mesure, pour tout le bassin de la
formation professionnelle, de procéder avec de nouveaux programmes
révisés. (18 heures)
M. Ryan: Maintenant, je voudrais comprendre le raccordement avec
les tables nationales sectorielles, les tables régionales de
concertation. Tout cela est censé se faire en harmonie avec ces tables
de concertation qui sont prévues dans les documents d'orientation du
gouvernement. Combien de ces tables sectorielles nationales existent
actuellement? Combien de tables régionales? Est-ce qu'on veut dire que
tous les programmes révisés dont vous avez parlé ont
été soumis à l'examen de ces tables de concertation?
Où en est-on dans l'établissement d'une carte nationale des
options professionnelles? Il y a une chose que je voudrais ajouter à la
question. Nous savons tous qu'il y a eu une réduction
considérable du nombre d'options offertes par les commissions scolaires
en formation professionnelle, depuis deux ou trois ans en particulier, à
la suite des compressions budgétaires. Je voudrais savoir où on
en est sur tout cela?
M. Gendron: D'accord, sur la table de concertation au niveau
régional?
M. Ryan: Oui. Ensuite sur les tables régionales en
même temps, et leur participation à la révision des
programmes. Et le stade où on est rendu dans la mise au point d'une
carte des options professionnelles nationales, évidemment pour chaque
région aussi.
M. Gendron: On va vous démêler cela.
M. Ryan: Oui, il y a beaucoup de choses.
M. Gendron: Commençons d'abord, M. Ryan, par la table de
concertation au niveau régional. Dans les onze régions du
Québec, les commissions scolaires, les cégeps et les commissions
de formation professionnelle -ce qu'on appelle les CFP et autres - on
formait des tables de concertation qui se sont donné les
priorités suivantes: l'amélioration des services regroupés
d'accueil et de référence pour la population adulte, la
planification d'un projet de carte régionale de développement des
enseignements professionnels. Récemment une tournée
sous-ministérielle a permis aux membres du comité tripartite: le
MEC, le MMSR, ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu, et nos nouveaux collègues du MESST,
ministère de l'Enseignement supérieur, de la Science et de la
Technologie...
M. Ryan: La Trinité, trois personnes.
M. Gendron: Oui.
M. Ryan: Un seul Dieu.
M. Gendron: Oui.
M. Ryan: On le cherche!
M. Gendron: Vous cherchez le Dieu ou les trois personnes?
M. Ryan: Non, je cherche le Dieu justement.
M. Gendron: ...de la prise en charge locale de la mise en oeuvre
de la politique. Je voulais juste vous donner ces considérations pour
dire que, dans ce cas, c'est de même qu'on évolue à peu
près sur la base de toutes les régions. Sauf, qu'il est clair -
pour être plus précis - qu'il y a des régions, dans la
délimitation par exemple de ce qu'on appelle la carte régionale
des options professionnelles, qui sont plus avancées que d'autres. Il y
en a qui sont quasiment en train de terminer l'opération.
Pour ce qui est de la carte nationale -vous avez posé aussi cette
question - la direction régionale déposera en juin 1985 les
orientations et procédures pour établir la carte nationale. Cette
carte nationale devrait se réaliser en 1985-1986.
M. Ryan: Est-ce qu'on pourra obtenir une liste de tous ces
programmes qui ont été mis à jour, avec en même
temps les contenus évidemment pour chacun, et peut-être - je ne
veux pas demander un travail spécial - les indications quant aux
programmes qu'ils regroupent? Si on en a 60, à partir d'un nombre
beaucoup plus élevé, j'aimerais savoir comment cela est
regroupé, etc.? Comment cela a-t-il été approuvé?
Quelle sorte de comités ont travaillé sur cela? Est-ce qu'on
pourrait nous renseigner un peu sur la mécanique par laquelle on est
arrivé à cela?
M. Gendron: Oui. Au lieu de le faire ici, parce qu'il y a
plusieurs éléments, on va prendre cela en note et on va vous
donner les informations.
M. Ryan: J'aimerais avoir l'information générale
quant à la manière dont est arrivé à mettre
à jour 60 programmes jusqu'à maintenant sur un objectif de 100
programmes?
M. Gendron: On est en mesure de vous répondre tout de
suite sur cela. M. Rousseau.
M. Ryan: Oui, j'imagine et j'en suis sûr.
M. Rousseau: Les concepteurs viennent des commissions scolaires
ou des collèges. Il existe des tables de consultation regroupant des
compétences pédagogiques et des compétences
professionnelles incluant à certains égards, l'entreprise ou
encore des corporations professionnelles lorsqu'elles existent. Ce sont des
tables de consultation à partir d'un produit qui est conçu par
des pédagogues et des spécialistes dans le domaine du secteur de
développement. Le regroupement qui est fait est inspiré par une
division en vingt grands secteurs. Dans chaque programme, on retrouve la
dynamique qui a servi à son élaboration.
M. Ryan: Vous allez nous envoyer une documentation sur cela pour
compléter notre information. Quand vous préparez les
programmes... Vous avez dit qu'environ une soixantaine étaient
prêts. Est-ce qu'ils sont en circulation actuellement, est-ce qu'ils sont
communiqués aux commissions scolaires ou s'ils sont juste en stock pour
le moment?
M. Gendron: Oui, on dit qu'il y en en circulation; il y en a qui
sont à d'autres niveaux de direction. Mais, ils sont en circulation.
M. Ryan: Est-ce qu'il y a une planification qui a
été faite des équipements que va requérir la mise
en oeuvre de ces programmes? Est-ce qu'il y a des mesures qui ont
été prises pour cela? Est-ce qu'on voit à ce qu'il y ait
une équivalence? Je vais vous raconter un fait. Vous allez me dire que
cela regarde le collégial, mais cela relevait de votre autorité
jusqu'à si récemment que vous avez sûrement une grosse
responsabilité là-dedans.
J'étais dans un cégep l'autre jour, et il y a des nouveaux
programmes qui ont été élaborés par le
ministère de l'Éducation -l'autre ministre n'existait pas encore
à ce moment - disons, en électronique, en instruments et
contrôle et en une couple d'autres disciplines. On a des programmes qui
sont très bien faits. Mais, j'ai regardé les
équipements qu'ils ont pour appliquer ces programmes et cela ne
tient pas debout; il y a un décalage terrible entre les deux.
Il y a un programme d'électronique qui est bien bon et les
instruments dont on dispose pour enseigner cette matière remontent
à voilà vingt ans. Ils n'ont pas eu de budget de renouvellement
d'équipements depuis sept ou huit ans. Je pourrais vous donner le nom du
cégep. Je ne veux pas le nommer ici pour ne pas lui faire de tort,
justement.
Je suis allé à instruments et contrôle. Vous avez
vos experts dans ces questions qui connaissent ces choses mieux que moi;
aujourd'hui, les usines marchent toutes a base de gros panneaux d'instruments
de contrôle, à base électronique, ce sont tous des
ordinateurs. Eux enseignent encore cela avec des instruments à base
pneumatique; c'est la génération précédente. Dans
le Québec d'aujourd'hui! Un gros cégep à Montréal!
J'ai mis mon nez et mes doigts dessus, pour être bien sûr.
Je vous pose la question: Est-ce que vous avez une politique? Est-ce que
vous avez bien prévu qu'on va avoir l'instrumentation en matière
d'équipements, en matière de manuels. Les professeurs m'ont dit,
M. le ministre, qu'il y en a un qui s'est vu confier une nouvelle discipline.
Il n'a pas un cent de budget pour acheter des livres. La bibliothèque
n'a pas les livres qu'il lui faut. Il faut qu'il dépense 450 $ de
volumes, d'ici le mois de septembre, pour commencer l'enseignement de son
affaire. C'est la réalité pratique.
J'aimerais avoir des précisions de votre part, si on a un peu
plus les pieds à terre en ce qui regarde la formation professionnelle au
secondaire. Ce que j'ai vu, cela ne fait pas plus d'une dizaine de jours.
M. Gendron: Pour le dernier bout, c'est évident, parce
qu'on est situé à l'étage inférieur.
M. Ryan; Oui?
M. Gendron: C'est cela, on est situé à une
étage inférieur à celui du ministère de la Science
et de la Technologie.
M. Ryan: Mais vous savez que les professeurs se plaignaient
énormément de la pauvreté des équipements. C'est
dans le rapport du Conseil supérieur de l'éducation et cela m'a
été dit à maintes reprises. Mais, je m'excuse de vous
avoir interrompu.
M. Gendron: M. le député - très
sérieusement, parce que la question est pertinente - nous, on pense
qu'il faut absolument que les devis d'implantation de ces programmes incluent
toujours les équipements requis pour faire la relation. De plus, nous
avions, en 1983-1984, un budget de 10 000 000 $. Même chose en 1984-1985,
pour l'amélioration des équipements. En 1985-1986, il y aura
également une évolution des équipements dans les
commissions scolaires pour être en mesure de faire une évaluation
de la qualité de ces équipements, parce qu'on est toujours
conscient qu'il est important que la relation étroite entre le devis
d'implantation et l'équipement requis n'ait absolument pas
d'écart.
Par voie d'évaluation serrée, nous, on est en mesure
d'affirmer que c'est quelque chose qui se fait. Et on pourrait vous lancer
quelques cartons d'invitation, M. le député d'Argenteuil, pour
vous montrer que dans les secteurs de pointe où effectivement on a
obtenu des crédits supplémentaires pour offrir une meilleure
qualité d'équipement nécessaire, nous croyons, sans
prétention -parce qu'il faut toujours faire attention à cela -
que nous sommes passablement à jour dans les secteurs de pointe.
M. Ryan: Je remarque, d'après les chiffres que nous ont
donnés vos collaborateurs... Est-ce que vous avez dit, pour la
dernière année, pour l'année précédente, 10
000 000 $? Vous avez donné des chiffres tantôt et j'ai
été distrait un petit moment. Pourrez-vous me
répéter ces chiffres?
M. Gendron: Non, non. On a eu deux années d'affilée
de 10 000 000 $: 1983-1984, 10 000 000 $...
M. Ryan: C'est cela.
M. Gendron: ...1984-1985, 10 000 000 $.
M. Ryan: Oui. Et 1985-1986, 10 000 000 $.
M. Gendron: Non, 1985-1986, je n'ai pas dit 10 000 000 $...
M. Ryan: C'est cela que j'ai. M. Gendron: Non, non.
M. Ryan: On fait exception de la micro-informatique, dont on va
parler demain.
M. Gendron: Oui. Mais en 1985-1986... M, Ryan: Pour le
reste...
M. Gendron: ...dans ce que je vous ai dit, M. le
député, je n'avais pas mentionné de chiffre.
M. Ryan: Mais je l'ai ici, sur une feuille qui m'a
été donnée par votre
ministère.
M. Gendron: Qu'est-ce qu'on écrit?
M. Ryan: 10 000 000 $.
M. Gendron: M. Cadieux.
M. Ryan: Source: Michel Hawey.
M. Gendron: On l'a, M. Ryan.
Une voix: Vous avez un bon ministre aussi.
M. Gendron: C'est qu'on pense, même si c'était
peut-être plus intéressant d'avoir votre feuille que la
nôtre... Non, non, je pense que l'information est davantage ici,
d'après les papiers. C'est vraiment 10 000 000 $ en 1983-1984; c'est 10
000 000 $ en 1984-1985; et il n'y a pas un cent d'écrit pour 1985-1986,
parce qu'on est en train de faire l'évaluation sur la base de ces
équipements pour deux années de 10 000 000 $ avant de consacrer
une somme budgétaire. C'est cela que j'ai comme information. Il ne
faudrait pas présumer, aujourd'hui, que nous avons 10 000 000 $ pour
1985-1986.
M. Ryan: Alors, vous mentionnez une leçon qui m'invite
à me méfier de la documentation qui nous est remise par votre
ministère avant l'étude des crédits, parce que
c'était écrit en bonne et due forme. Je voudrais bien...
M. Gendron: À peine... M. Ryan: Pardon?
M. Gendron: Je ne veux pas dire que ce n'était pas
écrit, mais c'est possible qu'on écrive un peu plus.
M. Ryan: Très bien. Maintenant, je voudrais... Vous allez
avoir cela bientôt, dites-vous?
M. Gendron: Oui. Demain, d'ailleurs, je serai probablement en
mesure de vous dire pour 1985-1986...
M. Ryan: Pas demain. Regardez, c'est parce que je vais vous dire,
d'après ce que je crois comprendre, moi-même, je croyais que
c'était un montant approximatif. Il était inscrit ici avec assez
d'assurance... mais il y avait une phrase qui était écrite: "Le
bilan des mesures qu'on a prises pour améliorer les équipements
au cours des deux dernières années est en cours et on compte le
terminer en juin 1985". Sur la base de ce bilan, j'imagine que là vous
allez établir les appropriations nécessaires pour l'exercice
courant. Mais il y a une chose que je voudrais remarquer - là-dessus, si
je suis injuste, corrigez-moi - je crois comprendre qu'on a
procédé à des dépenses considérables en
1983-1984 et 1984-1985 sans avoir procédé à un inventaire
vraiment rigoureux des ressources qui étaient disponibles. Cette
fois-ci, on procède à un inventaire beaucoup plus sérieux
en vue d'avoir...
M. Gendron: M. Ryan, vous m'avez dit que si on vous croyait
injuste, de vous reprendre. Je crois que vous êtes injuste puisque quand
on l'a fait - on vous donne raison pour 1983-1984 et 1984-1985 - nous n'avions
pas tous les inventaires. Mais nous l'avons fait uniquement dans les secteurs
de pointe, où on était sûr qu'il était urgent de
substituer ces équipements, uniquement dans les secteurs de pointe
très définis. C'est pour cela que je pense que les 10 000 000 $
deux années d'affilée ont été véritablement
bien affectés sur des équipements complètement
vétustes.
M. Ryan: En tout cas, j'espère que cela a
été mieux fait dans les autres secteurs que dans celui des
micro-ordinateurs dont nous parlerons demain.
Le Président (M. Charbonneau): Cela dit...
M. Ryan: Cela dit, je pense que l'heure est atteinte.
Le Président (M. Charbonneau): ...la commission ajourne
ses travaux à demain matin, 10 heures.
(Fin de la séance à 18 h 14)