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(Dix heures treize minutes)
Le Président (M. Charbonneau): La commission parlementaire
de l'éducation et de la main-d'oeuvre reprend l'étude des
crédits du ministère de l'Éducation. Je demanderais
d'abord à la secrétaire de la commission, Me Lucie
Giguère, de nous donner les remplacements.
La Secrétaire: M. Baril (Arthabaska) est remplacé
par Mme Lachapelle (Dorion), M. Bordeleau (Abitibi-Est) par M. Gagnon
(Champlain), M. Gauthier (Roberval) par M. Beaumier (Nicolet) et M. Paré
(Shefford) par M. Champagne (Mille-Îles).
Le Président (M. Charbonneau): Nous avions terminé,
hier, le point 3 qui est la formation professionnelle. Nous sommes maintenant
prêts à aborder le dossier de l'éducation des adultes. Je
demanderais au vice-président de la commission, le député
d'Argenteuil, s'il veut ouvrir le bal.
M. Ryan: M. le Président, si vous voulez me donner
seulement une minute pour déballer mes armes.
Le Président (M. Charbonneau): On va vous laisser ouvrir
votre kit de combattant.
M. Ryan: Pardon?
M. Gendron: Vos armes sont-elles passées au système
de sécurité?
M. Ryan: La vérité n'a pas besoin de ce
système-là. Elle passe à travers quand il y en a.
M. le Président, il nous fait plaisir de vous retrouver, ce
matin, ainsi que le ministre et ses collaborateurs, de même que nos
collègues de l'Opposition et du gouvernement.
D'après la liste que nous vous avions proposée hier, nous
devrions aborder ce matin l'éducation des adultes, les règles
budgétaires, la restructuration scolaire, les micro-ordinateurs,
l'enseignement privé, la présence anglophone au ministère
de l'Éducation et les enseignants ex-religieux. Je pense qu'il n'y a
aucun de ces sujets que nous voulons exclure de notre liste. Il y en a
peut-être un sur lequel nous serons, nous autres, disposés
à passer beaucoup plus rapidement, c'est la restructuration scolaire,
non pas parce que c'est un sujet dénué d'importance, mais parce
que nous avons eu l'occasion d'en traiter abondamment avec le ministre au cours
des dernières semaines. Il y a peut-être quelques problèmes
que nous voudrions rappeler à son attention ce matin, mais nous n'avons
pas l'intention d'engager de débat là-dessus. Évidemment,
si le ministre pense différemment, nous accepterons volontiers son
opinion, mais de notre côté, en tout cas, nous n'avons pas
l'intention de mettre d'insistance là-dessus ce matin.
La proposition que je voudrais vous faire, ce serait que nous
commencions par les règles budgétaires, sujet qui nous ferait
déboucher très naturellement sur l'éducation des adultes.
Ensuite, nous pourrions prendre les micro-ordinateurs; ensuite, l'enseignement
privé, la présence anglophone au ministère de
l'Éducation et les enseignants ex-religieux, si vous n'avez pas
d'objection, M. le Président. De notre côté, en tout cas,
nous sommes disposés à continuer de fonctionner selon l'entente
que nous avions établie hier, à savoir que sur chaque sujet on
prend un maximum d'une heure, à moins d'entente entre les parties en
sens contraire. Je crois qu'il y a certains sujets qui ne demanderont pas une
heure. Par conséquent, je pense qu'on peut terminer tout le travail
à l'intérieur de la limite de temps que nous fixe le programme
établi par les leaders des deux partis.
Le Président (M. Charbonneau): En fait, ce programme nous
amènerait normalement à aller jusqu'à 14 heures parce
qu'hier on a accumulé une heure de retard, sauf qu'avec un peu de
coopération et de diligence dans les questions et les réponses il
y a peut-être moyen que tout le monde finisse à 13 heures, ce qui
était initialement le délai prévu. Donc, M. le
député d'Argenteuil.
Les règles budgétaires
M. Ryan: Très bien. Au sujet des règles
budgétaires, je pense que c'est peut-être la première fois
depuis plusieurs années que nous aurons l'occasion de nous y
arrêter d'une manière un peu plus systématique. Nous
n'avons pas la prétention, évidemment, de faire en une heure
l'examen d'un document extrêmement complexe qui demande des semaines et
des semaines de travail à une équipe nombreuse de
fonctionnaires et à des fonctionnaires encore plus nombreux au
niveau des quelque 250 commissions scolaires que nous comptons encore dans la
province de Québec. Mais il y a un certain nombre de points que nous
voulons porter à l'attention du gouvernement à l'occasion de
l'étude des crédits. Je voudrais introduire ces points, d'abord,
par quelques remarques de caractère général.
Il m'est arrivé souvent, au cours de mes visites dans les
régions, d'entendre des commentaires de la part d'administrateurs
scolaires ou de dirigeants syndicaux concernant les conséquences des
règles budgétaires. Comme le ministre le sait, c'est l'un des
sujets qui sont une source abondante de critiques dans les milieux scolaires,
non pas parce que les règles budgétaires sont
nécessairement mauvaises, mais parce qu'elles touchent au coeur
même de l'action éducative et qu'elles en influencent le
développement d'une manière très immédiate et
très sensible. Par conséquent, c'est souvent sur ce point que
s'expriment des griefs qui portent également sur des points à
caractère beaucoup plus essentiellement pédagogique.
Je voudrais commencer, afin d'évoquer le climat dans lequel on
nous parle de ces choses-là, par vous donner lecture de brefs extraits
de lettres que j'ai reçues de commissions scolaires à la suite de
l'envoi par le ministère, en janvier dernier, du projet de règles
budgétaires. Je leur avais dit, quand on me parlait de ces
choses-là, que nous, qui évoluons au niveau provincial ou
national - comme on voudra - n'avons pas les données pour établir
les conséquences pratiques de chaque paragraphe de ces règles,
parce que nous n'avons pas la masse d'opérations à administrer
tous les jours. Je leur avais dit: Écrivez des observations, faites vos
critiques, établissez des calculs et communiquez-nous ces choses pour
que nous sachions de quoi nous parlons quand nous abordons ces questions avec
le gouvernement.
J'ai reçu un certain nombre de commentaires au cours des
dernières semaines concernant les règles budgétaires et je
voudrais vous donner lecture de quelques extraits. Une commission scolaire nous
dit ceci: "Nous remarquons qu'il y a un changement d'accent dans les objectifs
de fond. L'année précédente, l'objectif de fond,
c'était d'assurer des services équivalents à la
clientèle scolaire dans l'ensemble du Québec. Là, on dit
plutôt: favoriser une répartition équitable entre les
commissions scolaires des ressources provenant du gouvernement, de façon
à assurer aux jeunes et aux adultes des services de qualité dans
une perspective d'accessibilité." Plusieurs ont trouvé que ce qui
était l'objectif devenait un peu le corollaire. Dans cette lettre, c'est
ce qu'on dit. Peut-être que la perception est injuste, mais ce changement
d'accent dans la formulation a suscité des interrogations chez
plusieurs.
Ensuite, elle dit: "On avait espéré qu'il y aurait un
changement de cap en 1985-1986 par rapport à la période de
compressions que l'on a vécue depuis quatre ou cinq ans." Cette lettre,
dont je lis des extraits, ajoute ceci: "Cependant, à notre grande
déception, nous voyons se concrétiser les efforts des
dernières années au niveau du contexte global des compressions
budgétaires en provenance du gouvernement." Et enfin: "Le gouvernement
ne parle plus de situation contextuelle (compressions), mais érige en
système le fait de rationaliser l'activité éducative des
commissions scolaires en termes d'allocation budgétaire. Ceci engendre
des conséquences très nocives pour les commissions
scolaires."
Ils établissent dans cette lettre-ci les conséquences du
projet de règles budgétaires pour la commission scolaire en
question. C'est une petite commission scolaire, celle-là; ce n'est pas
une grosse commission scolaire. C'était 150 000 $ de moins en 1985-1986
par rapport à l'année précédente et tantôt je
vais établir dans quel domaine ces conséquences se
produisaient.
J'avais une autre lettre en provenance d'une commission scolaire de
petite taille également, de la région du
SaguenayLac-Saint-Jean, celle-là. Ils ont rédigé
leurs notes et regardez comment ils les introduisent: "Les réflexions
qui suivent démontrent que ces règles budgétaires sont
injustes, ne correspondent aucunement à notre vécu, mettent en
péril la mission éducative de l'école." Là, ils
disent qu'ils s'inscrivent en faux à la fois contre certaines
méthodes employées pour établir des moyennes devant servir
à déterminer le taux de la subvention, ils s'érigent
également contre la fixation de plusieurs paramètres financiers
dont nous aurons l'occasion de parler tantôt.
J'ai une lettre d'une autre commission scolaire et cette lettre est un
peu plus désolante. Ces gens donnent un extrait d'un rapport qu'ils ont
reçu de leur directeur des services financiers qui leur dit ceci:
"Depuis l'avènement du nouveau mode de financement des commissions
scolaires, cette pratique, qui consiste pour les commissions scolaires à
présenter des commentaires et des recommandations sur le projet de
règles budgétaires, est devenue une espèce de credo
annuel. Toutefois, je dois admettre que le niveau de confiance envers le
ministère de l'Éducation diminue d'année en année
puisque, encore une fois, le présent projet de règles
budgétaires s'inscrit dans la foulée des compressions et
concrétise de façon non équivoque la diminution de la
marge de manoeuvre consentie aux commissions scolaires. C'est sans se faire
d'illusions que nous vous soumettons - celui-là n'est pas un professeur
de français, mais je le cite au
texte - nos recommandations puisque le ministère affirme
lui-même que les ressources disponibles ne sont pas extensibles et que
seulement certains aménagements pourront y être
apportés."
La lettre que je recevais ajoutait ceci: "Malgré ce pessimisme
né de l'expérience et de la connaissance que nous avons du
ministère de l'Éducation, nous n'en demeurons pas moins confiants
que des interventions bien orientées pourront faire en sorte que la voix
d'une certaine raison se fasse entendre et oriente ainsi plus positivement
l'approche du ministère de l'Éducation dans son apport au regard
principalement du financement de mesures imposées par les décrets
et surtout par les politiques d'un gouvernement dit responsable."
Je voudrais maintenant rappeler, en terminant cette introduction,
l'intervention générale qui a été faite par la
Fédération des commissions scolaires catholiques du Québec
il y a à peu près un mois, si mes souvenirs sont bons, dans
laquelle elle donnait toute une série de commentaires et formulait des
recommandations correspondantes concernant le projet de règles
budgétaires adressé aux commissions scolaires en janvier
dernier.
Depuis ce temps, le ministère a adressé aux commissions
scolaires, en date du 25 avril, le texte des règles budgétaires
définitives pour l'année scolaire 1985-1986. On m'en a
communiqué une copie il y a une couple de jours, comme je l'ai
mentionné dans mon introduction d'hier. J'ai eu le temps d'examiner d'un
peu plus près les changements qui ont été apportés
aux règles budgétaires en fonction des recommandations qui
avaient été faites par les principaux concernés,
c'est-à-dire les commissions scolaires. Je constate que certains
changements ont été faits. Je constate que ces changements ne
sont pas très importants dans l'ensemble.
Je voudrais commencer par aborder les changements qui sont de nature
générale et ensuite, dans l'heure qui suivra, j'aimerais qu'on
examine de plus près les changements qui portent sur l'éducation
des adultes, de même que d'autres problèmes concernant
l'éducation des adultes.
Rémunération des enseignants
Je voudrais commencer par évoquer trois points qui étaient
sujets de griefs majeurs. Il y en a d'autres ensuite que j'évoquerai. Il
y a d'abord les règles pour la rémunération du personnel
enseignant. Je n'ai pas de chiffres à portée de la main sur la
proportion des dépenses des commissions scolaires que représente
la rémunération des enseignants. C'est sûrement de l'ordre,
au moins, de 75 % à 80 %, j'imagine. Je ne sais pas si vos
collaborateurs ont ce chiffre- là, M. le ministre; ça m'aiderait,
ça me dispenserait de faire les calculs.
M. Gendron: Oui, on a ces chiffres-là. Je sais qu'il en a
été question quand on en a discuté. 2 200 000 000 $.
M. Ryan: 2 200 000 000 $ sur 4 500 000 000 $.
M. Gendron: Non, non. Sur 3 500 000 000 $.
M. Ryan: Sur 3 500 000 000 $, les deux tiers.
M. Gendron: Oui.
M. Ryan: Cela est le personnel enseignant, M. Rousseau. D'accord.
Cela va. En tout cas, c'est juste pour avoir un point de repère parce
que cela n'a pas une importance mathématique à ce moment-ci.
Pour la rémunération du personnel enseignant, les
principaux griefs qu'on avait formulés étaient les suivants:
d'abord, il y en a qui se plaignent de certains défauts dans la
méthode de calcul qui a été empruntée. Je ne veux
pas entrer dans les détails de cette méthode de calcul, mais on
prétend que, dans le cas de plusieurs commissions scolaires, les
données de base utilisées pour arriver à établir
les moyennes ne sont pas les mêmes au ministère et dans les
commissions scolaires. On prétend qu'il y a, dans plusieurs cas, un
décalage qui joue généralement au détriment des
commissions scolaires.
Deuxièmement, on nous a signalé un ajustement
négatif qui devait de nouveau être introduit cette année,
un ajustement négatif d'à peu près 1,5 %. Je pense qu'il
est de 1,75 % pour les commissions scolaires régionales et de 1,25 %
pour les commissions scolaires locales, mais disons que la moyenne est de 1,5
%.
Troisièmement, dans le calcul des facteurs qui entrent en ligne
de compte pour l'établissement du niveau général de la
rémunération, on a demandé qu'il soit tenu compte des
congés non monnayables découlant du rapport Désilets de
1983. Selon les informations que nous avons, cela n'est pas compris. (10 h
30)
Maintenant, on avait demandé des modifications à ces trois
chapitres. Ce que je crois avoir constaté dans le texte définitif
des règles budgétaires, c'est qu'on a modifié quelque peu
l'ajustement négatif. On l'a réduit quelque peu dans le cas d'un
certain nombre de commissions scolaires. D'après des calculs qui ont
été faits, cet ajustement négatif aurait
entraîné un manque à gagner de 30 000 000 $ pour les
commissions scolaires et là, ce serait peut-être réduit
à
22 000 000 $, c'est-à-dire qu'on aurait permis aux commissions
scolaires de récupérer 8 000 000 $ en faisant cette
modification.
Est-ce qu'on pourrait me confirmer s'il est vrai que ce changement a
été apporté et de quelle nature exacte il est, et si c'est
vrai qu'on estime à peu près à 8 000 000 $ la
portée financière du changement? Deuxièmement, quelle est
la politique du gouvernement au sujet du financement des congés non
monnayables? Le ministre sait très bien -parce qu'il a sans doute
reçu, comme nous autres plus que nous autres, évidemment les
rapports de commissions scolaires - les coûts additionnels qu'elles ont
dû encourir à ce chapitre pour une décision qui n'a pas
été prise par elles. Est-ce que le gouvernement a
décidé de laisser cela complètement è la charge des
commissions scolaires?
J'ajoute l'explication suivante: c'est un très bon exemple
d'engagements qui ont été pris à l'occasion de
négociations faites à l'échelle de tout le Québec,
qu'on refile ensuite, au point de vue du coût, aux commissions scolaires.
Cela entraîne inévitablement une réduction des ressources
dont elles disposent pour les fins générales dont elles sont
responsables.
C'est la première question que je voulais vous poser, M. le
ministre. Qu'est-ce qui arrive des recommandations qui vous ont
été faites concernant la rémunération des
personnels enseignants?
M, Gendron: D'accord. Avant de répondre spécifiquement
à cette question, j'aurais un commentaire d'ordre général.
Vous m'avez cité quelques lettres; moi, j'ai oublié les miennes
au ministère, les lettres de félicitations qu'on a reçues
concernant nos règles budgétaires.
M. Ryan: Allez les chercher.
M. Gendron: Je ne veux pas retarder les travaux de la commission.
Au-delà de cela, M. le député d'Argenteuil, je pense que
très sérieusement et très simplement, cette année
comme les autres années, pour ce qui est de la terminologie
utilisée, du vocabulaire, dans un cas bien précis, il s'agissait,
selon nous, de dire autrement une réalité qui est toujours la
même, qu'est-ce qui nous guide, dans le fond, dans les règles
budgétaires? C'est d'essayer d'avoir une distribution des enveloppes la
plus équitable possible, avec le souci d'assurer des services
éducatifs qui soient de meilleure qualité, mais avec les
contraintes que cela impose chaque fois.
Les règles budgétaires, ce sont toujours, pour le commun
des mortels, des modèles, des systèmes ou une mécanique
pour essayer de ventiler une enveloppe totale que nous avons par voie
budgétaire et dans laquelle le ministère de l'Éducation
est contraint d'entrer. Dans ce sens, quand on communique les règles
budgétaires aux différentes commissions scolaires, c'est toujours
en essayant d'atteindre cet objectif.
Donc, en ce qui me concerne, par rapport à l'an dernier au niveau
des lettres de transmission et de la terminologie utilisée, ce n'est pas
vrai que l'objectif a changé même si on a inversé des
phrases et qu'on a utilisé un autre vocabulaire. D'ailleurs,
là-dessus, même en 1976 imaginez, je suis allé voir cela
à un moment donné - l'État québécois avait
été capable d'offrir une augmentation, dans certains cas, allant
jusqu'à 36 % pour certains postes budgétaires et, d'après
l'information que j'ai, on avait également reçu des lettres de la
fédération des commissions scolaires et de certaines commissions
scolaires nous disant que cela n'était pas suffisant, que cela
n'était pas assez et que les ressources étaient mal
utilisées et mal placées. Donc, on est toujours susceptible
d'avoir ces informations ou ces critiques.
Ce qui est important, M. le député d'Argenteuil, c'est
qu'on a réagi positivement aux remarques pertinentes qui nous ont
été faites par le milieu des agents de l'éducation
à la suite - je vais appeler cela ainsi juste pour nous - d'une
espèce de prépublication des règles budgétaires en
disant: Ce serait à peu près ceci, regardez cela et, si vous
n'êtes pas d'accord, vous nous ferez rapport.
Dans votre question précise, vous nous parlez du coût
subventionné par enseignant. Oui, il est important de vous en parler
parce qu'il y a une modification. Le coût subventionné par
enseignant a fait l'objet d'une révision majeure. Les paramètres
historiques tirés des états financiers de 1978-1979, qui
étaient restés en vigueur en 1980-1981 jusqu'en 1984-1985, sont
remplacés par une nouvelle méthode. Cette méthode se fonde
sur le salaire à l'échelle moyenne observé aux
relevés du personnel de la commission scolaire le 30 septembre 1983 sur
des taux moyens tirés des états financiers de 1981-1982,
1982-1983, 1983-1984 - autrement dit, sur une échelle de trois ans - et
les barèmes applicables aux divers régimes et contributions,
ainsi que des statistiques en matière d'absentéisme des
enseignants.
L'écart moyen entre le salaire à l'échelle au 30
septembre et le salaire moyen effectivement payé est introduit par le
biais d'une friction négative. C'est là-dessus qu'on a
parlé tantôt de l'ajustement négatif. Cette friction ne
constitue en rien une compression, d'après nous, puisque la nouvelle
méthode conduit à distribuer la même masse salariale que
l'ancienne méthode, mais d'une façon plus équitable.
À noter que la révision du coût subventionné par
enseignant tiendra compte du rétablissement de la "monnayabilité"
des
congés de maladie, le cas échéant.
Voici ce que nous dit la fédération des commissions
scolaires sur la méthode, la méthode révisée,
j'entends... Est-ce bien cela?
Une voix: Non, la méthode qu'on suivait.
M. Gendron: La méthode qu'on suivait jusqu'au moment
où il y a eu consultation. Je lis un commentaire de la
fédération des commissions scolaires, toujours dans le document
que vous citiez tantôt: "La méthodologie utilisée dans le
modèle est satisfaisante. Elle répond, dans son ensemble,
à une préoccupation d'équité sur la distribution
des ressources. "On est toujours sur un même point. "Le rajeunissement
des bases historiques correspond davantage à la réalité
des commissions scolaires."
Votre question était précise: Est-ce que, au niveau du
coût subventionné par enseignant, vous avez l'impression d'avoir
tenu compte des considérations qui ont été faites et
est-ce que vous avez un système de répartition qui est assez
équitable? D'après nous, la réponse est oui. Je pense que
la fédération des commissions scolaires constatait que nous avons
une méthode qui semble correspondre à ses objectifs sur,
toujours, la question du coût subventionné par enseignant.
Cependant, à la suite de la consultation, M. le
député d'Argenteuil, sur ce point - ce serait trop long de le
faire pour chacun des points, tout autant au plan monétaire qu'en
écritures; je reviendrai sur le monétaire - en écritures,
compte tenu des commentaires des commissions scolaires et des opérations
de validation conduites par le ministère, la méthode
proposée au projet de règles budgétaires est
modifiée sur les points suivants: premièrement, on a
corrigé le salaire moyen à l'échelle tiré du
fichier afin de tenir compte des conciliations avec le fichier. C'était
probablement l'objet de votre première remarque parlant de
désaccord sur les chiffres entre nous.
M. Ryan: C'est cela.
M. Gendron: PERCOS, je ne sais pas ce que c'est.
Deuxièmement, on a fait des corrections sur certains
éléments ayant fait l'objet d'une validation, notamment les
primes d'éloignement. Troisièmement, on a éliminé
le plafond appliqué au taux observé d'assurance-salaire.
Élimination du plafonnement appliqué au taux observé
d'assurance-salaire. Il y a eu une réduction de la friction
négative et un changement de sa répartition. Compte tenu du
rétablissement de la "monnayabilité" des congés de
maladie, un ajustement correspondant sera, le cas échéant,
introduit par rapport aux indications accompagnant le projet de règles
soumis à la consultation. Voilà les modifications qui ont
été apportées sur le financement du coût des
enseignants.
M. Ryan: M. le ministre, vous avez cité le mémoire
de la fédération des commissions scolaires à ce sujet.
Dans le mémoire de la fédération des commissions
scolaires, on parlait du facteur d'ajustement qui était prévu
à la page 22 du projet de règles. On disait que ce
facteur-là, qu'on estimait à 1,5 %, équivaudrait à
environ 30 000 000 $. Celui-là, d'après ce que je constate, est
resté tel quel dans la version définitive des règles
budgétaires. Il n'y a pas de changements là-dessus. Est-ce que je
lis mal?
M. Gendron: Non. D'habitude, vous êtes pas pire pour lire!
Il a été réduit de 1,5 % à 1 %, à ce qu'on
me dit.
M. Ryan: Pour les personnels enseignants?
M. Gendron: Juste une minute! Le facteur de friction, oui, pour
le personnel enseignant, mais cela ne change pas la masse. Même en
réduisant le facteur de friction, on a distribué la même
masse.
M. Ryan: Comment avez-vous fait cela? Vous êtes des
magiciens.
M. Gendron: M. Rousseau est en train de me l'expliquer; alors,
aussi bien vous l'expliquer.
M. Ryan: M. Rousseau peut expliquer bien des choses.
M. Gendron: Bien là, en tout cas, vous aurez la chance de
dire à la commission qu'encore une fois...
M. Ryan: Mais là...
M. Gendron: ...il a réussi à bien vous expliquer
les choses.
M. Ryan: ...c'est presque aussi pire que les équations du
maire de Montréal.
Le Président (M. Leduc, Fabre): M.
Rousseau.
M. Rousseau (André): En faisant la conciliation des deux
systèmes: celui du personnel des commissions scolaires et celui de la
scolarité et de l'ancienneté des enseignants... Ce sont deux
systèmes, l'un s'appelle PERCOS et l'autre ICARE.
M. Ryan: ICARE.
M. Rousseau: En faisant la conciliation des deux, on s'est rendu compte
que, par les années passées, certaines commissions scolaires
recevaient trop et d'autres, pas assez. Donc, il y a eu une ponction de 23 000
000 $ qui a été redistribuée. Quand c'était 1,5 %,
c'était 30 000 000 $, mais, après réexamen, on est
arrivé à 23 000 000 $. Alors, une ponction de 23 000 000 $ est
redistribuée en tenant compte des harmonisations entre PERCOS et ICARE.
Ce n'est donc pas une compression, c'est une redistribution pour pouvoir
être encore plus près des réalités de chacune des
commissions scolaires.
M. Ryan: Maintenant, pour les congés non monnayables, vous
avez dit qu'on fera des ajustements selon les coûts qui vont être
encourus. Je n'ai pas très bien compris ce qui a été dit
là-dessus.
M. Gendron: Ce que vous voulez, c'est qu'on reprenne ce qui a
été mentionné sur les congés non monnayables. C'est
cela?
M. Ryan: Ce que vous venez de dire ou de lire.
M. Gendron: Oui, juste une seconde, monsieur. M. le
député d'Argenteuil me demandait de rappeler ce que j'ai dit
tantôt sur la question des congés non monnayables. Est-ce bien
cela?
M. Ryan: Oui.
M. Gendron: Tout ce que j'ai dit, c'est que, compte tenu du
rétablissement de la "monnayabilité" des congés de
maladie, un ajustement correspondant sera, le cas échéant,
introduit par rapport aux indications accompagnant le projet de règles
soumis à la consultation. Mais c'était toute la question des
discussions. On l'avait libellé de cette façon, parce que, quand
cela a été expédié aux commissions scolaires, nous
n'avions pas encore pris une décision définitive. Je ne parle pas
de l'envoi du 25 avril. D'accord? C'est de là que j'ai parlé d'un
ajustement à la "monnayabilité" du congés, selon la
conclusion de l'entente. C'est cela que j'ai dit.
M. Ryan: Mais là, quelle est la politique à ce
jour, en date d'aujourd'hui?
M. Gendron: Ah! La politique à ce jour? Les commissions
scolaires le savent. C'est très clair. Pour l'année
budgétaire prochaine, c'est 50 % des coûts à partir de
janvier. M. le député d'Argenteuil, quand je réponds comme
cela, c'est parce que je suis toujours obligé d'informer les commissions
scolaires de ce qui se passe actuellement, même si effectivement ce sujet
est toujours en discussion avec la CEQ. J'ai laissé voir hier, quand on
a discuté de la question de la condition enseignante, que les
pourparlers avec la CEQ ne sont pas terminés du tout sur la
"finalisation" des échanges que nous avons eus sur la base de
l'hypothèse de règlement moins les deux points. Comme, dans les
douze points qui demeurent, est toujours présente la question de la
"monnayabilité" à 100 % plutôt qu'à 50 % des
congés de maladie pour la prochaine année budgétaire, tant
que ces discussions ne sont pas terminées, je ne suis pas en mesure de
donner les précisions que vous demandez. On parle toujours de la base
sur laquelle cela fonctionne aujourd'hui. Aujourd'hui, cela fonctionne sur la
base de 50 %. (10 h 45)
M. Ryan: C'est dire que toutes les dépenses des
commissions scolaires encourues depuis l'application de la formule
Désilets pour les congés non monnayables ont été
remboursées à 50 %.
M. Gendron: Oui.
M. Ryan: Est-ce vraiment cela?
M. Gendron: Non, ce n'était pas cela, mais à la
suite des recommandations du rapport Désilets, M. le
député d'Argenteuil, on a eu un mandat du Conseil du
trésor pour y aller à 50 % l'année suivante et à
100 % la prochaine année. Dans les discussions avec la CEQ,
c'était tout de suite 100 % dès la prochaine année
scolaire.
M. Ryan: Mais là...
M. Gendron: Juste une seconde! Juste une seconde!
M. Ryan: ...je pense que cela va demander d'être
précisé parce que ce ne sont pas les informations que j'ai.
M. Gendron: On va être très clair. Dans le
décret qui se prolonge jusqu'au 31 décembre - c'est bien
cela?...
M. Ryan: Oui.
M. Gendron: ...il n'y a pas de "monnayabilité" des
congés de maladie. Dans le décret, c'est zéro. Dans
l'hypothèse de règlement, je vous le lis, pour ce qui est de la
"monnayabilité" des congés de maladie...
M. Ryan: Pour les enseignants, la "monnayabilité"
existe.
M. Gendron: Non, non.
M. Ryan: Non, ils prennent leur congé en temps.
M. Gendron: C'est cela. Ils prennent leurs congés,
mais...
M. Ryan: Ce sont les commissions scolaires qui doivent les
remplacer à leurs frais.
M. Gendron: Oui, oui.
M. Ryan: C'est là qu'est le problème.
M. Gendron: Mais quand on parle de la "monnayabilité", ce
qu'on avait mis sur la table, c'est que les sept jours de congé de
maladie crédités en début d'année scolaire, si non
utilisés, seraient monnayés comme suit: 50 % en 1984-1985 - on
aurait inclus le 1er septembre s'il y avait eu entente, parce que l'accord de
principe aurait été appliqué à partir du 1er
septembre, donc, de la mi-année - 75 % en 1985-1986, 100 % en 1986-1987,
100 % en 1987-1988. C'est ce qu'on avait déposé.
M. Ryan: Oui, mais est-ce qu'il y avait un engagement du
gouvernement envers les commissions scolaires de leur payer cela? C'est bien
facile de mettre cela dans l'entente avec la CEQ, mais qui va payer?
M. Gendron: Oui, il y avait un engagement, M. le
député d'Argenteuil, pour que tout ce qui était mis sur la
table, dans l'éventuelle exploration et l'accord de principe, soit
assumé à 100 % par le gouvernement.
M. Ryan: C'était un engagement purement verbal, je
suppose? Il n'y a nulle part de document écrit qui a été
remis aux commissions scolaires. Je suis sûr de cela.
M. Gendron: II n'y a pas eu d'entente écrite sur l'accord
de principe. Alors, il faut en rester à des engagements verbaux, sauf
que je tiens à vous informer, M. le député -et vous le
savez sans doute - qu'il était aussi verbal avec la
fédération des commissions scolaires qui était partenaire
dans cette discussion. On a envoyé une lettre au président de la
fédération, une lettre très ferme du ministre de
l'Éducation, disant que l'ensemble des coûts occasionnés
par l'éventuelle signature de l'accord de principe serait assumé
par le gouvernement. Cela incluait, bien sûr, la
"monnayabilité".
Financement des autres personnels
M. Ryan: D'accord. On va passer à un autre point, parce
qu'il y en a un grand nombre d'autres à voir. Concernant le financement
des autres personnels, il y a une compression de 1,5 % qui est annoncée
dans les règles budgétaires. Cela a été
annoncé dans le projet de règles qui a été
envoyé au mois de janvier. Je crois qu'elle est restée telle
quelle dans le dernier texte, celui du 25 avril. Vous n'appelez pas cela une
compression budgétaire, mais un ajustement négatif selon un taux
général de 1,5 %.
M. Gendron: Ce sont les vertus de la langue française.
M. Ryan: Oui, de la langue bureaucratique.
M. Gendron: Non. C'est beau.
M. Ryan: II y a un langage spécial. Il faut un
dictionnaire de la technocratie aujourd'hui, M. le ministre, si on veut se
comprendre.
Au sujet de cette compression, je crois qu'il y a eu de
légères modifications apportées dans les règles
définitives. On la réduit à 0,75 % dans le cas des
commissions scolaires qui auraient eu des augmentations de clientèle de
plus de 5 % entre 1979 et 1984 et on la laisse à 1,5 % pour les autres
commissions scolaires. Est-ce que j'ai bien lu?
M. Gendron: Vous avez bien lu. C'est parfaitement exact.
M. Ryan: Cela veut dire que, pour la majorité des
commissions scolaires, j'imagine que le taux de 1,5 % va demeurer, parce que
celles qui ont eu une augmentation de clientèle de plus de 5 %, ce doit
être une très légère minorité.
M. Gendron: Oui, c'est exact. M. Ryan: D'accord.
M. Gendron: Nous, on pensait que ce qu'on pouvait prendre
d'additionnel, c'étaient les commissions scolaires en croissance.
M. Ryan: On m'a signalé également que, dans
l'évaluation des mouvements de clientèle, le facteur
d'évolution de la clientèle était autrefois calculé
d'une façon graduée et c'est maintenant passé à 100
%. Cela veut dire qu'il faut que la commission scolaire absorbe le choc tout de
suite. Est-ce que vous pourriez me dire pourquoi vous n'avez pas accepté
de faire des ajustements là-dessus?
M. Gendron: Juste une seconde.
M. Ryan: Est-ce que je peux vous signaler un autre point en
attendant?
M. Gendron: Oui, oui.
M. Ryan: Pour les autres personnels...
M. Gendron: Un instant, on l'a. Tout ce qu'on peut vous dire pour le
justifier, parce que la question de fond était: Pourquoi n'avez-vous pas
tenu compte d'une augmentation là-dessus? c'est qu'ici j'ai un tableau
démontrant l'évolution du personnel des commissions scolaires de
1976-1977 à 1984-1985. Je ne passerai pas toutes les catégories
de personnels: hors-cadres, principaux adjoints, gérants, PNE, etc. Ce
que je peux vous dire, M. le député d'Argenteuil, c'est que le
pourcentage de réduction des élèves a été de
19 % alors que, pour les autres personnels, la réduction...
M. Ryan: De quelle année à quelle année?
M. Gendron: De 1976-1977 à 1984-1985, la réduction
du nombre d'élèves a été de 19 % alors que les
autres personnels des commissions scolaires n'ont pas subi la même
réduction. Je donne un exemple: les hors-cadres, 4,9 % de
réduction; les principaux adjoints, 12 %; les gérants, 10 %; les
enseignants, 16 %. Ceci fait toujours un écart moindre de
réduction des catégories des autres personnels que les
élèves; c'est pourquoi on est resté à 1,5 % mais on
a compensé uniquement les clientèles qui ont augmenté de
plus de 5 %.
M. Ryan: Là-dessus, il y a eu le petit changement qu'on a
signalé tantôt et c'est tout.
M. Gendron: C'est exact.
M. Ryan: Je passe à un autre point: l'indexation des
autres coûts. Cela nous ramène à une question dont on a
discuté hier, la question des manuels scolaires. L'indexation qui est
accordée pour l'année 1985-1986 est de 2 %. D'après les
données du gouvernement lui-même, le taux d'inflation pour la
dernière année a été de 4,2 %. Tout de suite, il y
a une sous-indexation de 2,2 % qui entraîne un manque à gagner
considérable à l'échelle de l'ensemble des commissions
scolaires.
En plus, on me signale que, dans le genre d'achats qu'il faut faire, les
fournitures scolaires, les manuels, etc., l'augmentation a été
beaucoup supérieure à celle de l'indice des prix à la
consommation; ce serait de l'ordre de 10 % à 12 %. Cela veut dire qu'ici
encore, pour ce poste, vous avez une réduction de ressources
réelles et non pas une augmentation. Quand on regarde cela froidement,
je ne sais pas comment vous pouvez justifier une affaire comme celle-là.
Des recommandations avaient été faites avec insistance;
absolument rien n'est fait dans la version définitive des règles
budgétaires. On reste au même point où on en
était.
Il y a une chose que je vous signale. Il n'y a absolument aucun montant
additionnel qui est consenti aux commissions scolaires pour l'implantation des
nouveaux programmes et pour l'acquisition des manuels qui vont aller avec. Cela
revient à dire: Débrouillez-vous avec vos troubles, avec moins
d'argent qu'on ne vous en donnait, mais faites-nous du nouveau parce qu'il faut
que notre patente marche.
M. Gendron: Avec des nuances. C'est sûr qu'il y a un manque
à gagner; nous aussi, comme gouvernement, on a un manque à gagner
avec les transferts fédéraux. On a moins d'argent qu'on n'en
attendait. On a un manque à gagner. Tout ce que je peux vous dire, M. le
député d'Argenteuil, c'est qu'au moment où on a
discuté des règles budgétaires la suggestion du Conseil du
trésor, pour ce que vous avez appelé l'indexation, avec raison,
était de zéro. Alors, on conviendra avec moi que cela ne fait pas
une indexation très forte. On a bataillé ferme. Nous
étions convaincus qu'il fallait offrir quand même une
augmentation, si mince soit-elle d'après la lecture que vous en faites,
de 2 %. On a réussi, en réaménageant des niveaux de
dépenses internes à pouvoir, toujours à l'intérieur
de la même enveloppe globale des règles budgétaires, offrir
2 % d'augmentation que nous assumons nous-mêmes au ministère pour
tenir compte de la nécessité d'indexer un tant soit peu,
même si je reconnais que l'inflation tourne davantage autour de 4 %.
Quand le Conseil du trésor a établi ce que j'appelle sa
politique de crédits budgétaires pour l'ensemble des services
gouvernementaux, c'était le gel pour à peu près tous les
niveaux d'augmentation, sauf pour certains niveaux de dépenses
absolument incompressibles où il y a eu une augmentation qui s'apparente
à l'indice des prix à la consommation dans certains cas. En ce
qui nous concerne, on a été capables de dégager 2 %
d'augmentation et c'est le plus qu'on a pu faire.
M. Ryan: Vous admettez, par conséquent, qu'il y a une
réduction de ressources réelles mises à la disposition des
commissions scolaires de ce côté-là aussi.
M. Gendron: Je n'admets pas qu'il y a une réduction de
ressources.
M. Ryan: Réelles.
M. Gendron: Je dis simplement qu'on oblige les commissions
scolaires à les réaménager autrement.
M. Ryan: On leur donne moins d'argent que l'année
dernière compte tenu de
l'augmentation du coût des services et des biens qu'on doit se
procurer à ce chapitre-là. Je pense qu'on doit reconnaître
ça.
M. Gendron: Vous avez raison, mais toujours pour un moins grand
nombre d'élèves, la question qui nous guide dans les
règles budgétaires étant toujours...
M. Ryan: Regardez vos propres prévisions, M. le ministre,
c'est à peu près la même chose en 1985-1986 qu'en
1984-1985. Ce n'est pas un facteur décisif. Il y a à peine
quelques milliers de dollars de différence.
M. Gendron: Ce n'est pas un facteur immensément
significatif, mais je pense qu'il faut convenir qu'il y a une réduction
du nombre d'élèves.
M. Ryan: Ce qui arrive, il faut bien le comprendre, c'est qu'on
repousse et on repousse certaines responsabilités.
Finalement, les commissions scolaires disposent d'une marge de taxation
extrêmement réduite de 6 % ou de 0,25 $ les 100 $
d'évaluation qu'elles devraient normalement employer pour rechercher des
adaptations locales ou régionales, pour donner une couleur un peu plus
particulière à leurs initiatives pédagogiques et elles
sont obligées d'employer ces sommes pour financer des choses vitales. On
a la belle théorie découlant de la loi 3 disant qu'on va
particulariser, localiser et personnaliser, mais dans la pratique on va vers la
dépersonnalisation découlant du caractère très
réducteur des politiques budgétaires qui leur sont
imposées.
M. Gendron: Non, mais je tiens à vous signaler que je ne
peux pas être d'accord avec la belle théorie de la loi 3. Ce n'est
pas une belle théorie. La loi 3 sera effectivement appliquée le
1er juillet 1986. Je pense qu'il y aura lieu d'être sensible à la
présentation d'une révision complète des règles
budgétaires sur la base du document qui a été fourni par
la fédération des commissions scolaires. Au-delà de ce
qu'on discute, pour ce qui est des règles budgétaires de
l'année en cours, je pense qu'on va essayer de regarder une distribution
différente de nos règles budgétaires.
M. Ryan: Je continue. Il y a un poste, le remboursement des
dépenses d'intérêt sur des emprunts à court terme.
Vous avez deux traitements suivant qu'une commission scolaire a eu un surplus
ou qu'elle n'en a point eu. Une commission scolaire qui a eu un surplus se voit
pénalisée peut-être parce qu'elle a administré de
manière plus rigoureuse. Elle se fait dire: Vous aurez moins d'argent
pour le remboursement de vos emprunts à court terme, des dépenses
d'intérêts que vous encourez là-dessus.
Il n'y a pas de changement dans la politique, c'est resté la
même chose. Est-ce que vous pouvez expliquer pourquoi vous maintenez une
politique comme celle-là? Est-ce que ce n'est pas de nature à
dissuader les commissions scolaires de gérer leurs affaires de
manière plus rigoureuse?
M. Gendron: Non, M. le député d'Argenteuil. On a
modifié cela dans la "finalisation" des règles budgétaires
et les commissions scolaires qui étaient en surplus pourront conserver
leurs surplus.
M. Ryan: Je pense qu'on ne parle pas de la même chose.
M. Gendron: Je vous lis ce qu'on avait envoyé avant le
retour de la consultation. Je vous lis intégralement le changement. On
dit: "Ces changements étaient déjà prévus dans le
projet soumis à la consultation, à l'exception de celui relatif
à la bonification pour les intérêts reliés aux
surplus." Donc, on a ajouté dans les nouvelles règles
budgétaires la bonification pour les intérêts reliés
aux surplus par rapport aux commissions scolaires qui étaient en
situation de surplus.
M. Ryan: Quelle bonification avez-vous ajoutée?
Pouvez-vous nous l'expliquer brièvement?
M. Gendron: C'est simple. On leur permet de garder le fruit des
intérêts sur le rendement qu'elles tirent du placement de ces
surplus, ce qui n'était pas prévu au tout début dans la
première publication des règles budgétaires et ce qui
n'était pas le cas l'an dernier. (11 heures)
M. Ryan: Si vous voulez me permettre seulement une petite minute.
J'ai bien l'impression d'avoir lu la même chose dans les deux textes. Je
peux me tromper ici.
M. Gendron: Non. En tout cas, j'ai le texte ici des nouvelles
règles budgétaires. On dit: À l'exception de..., cela
reste exactement comme avant.
M. Ryan: Quelle page, cela? Voulez-vous me donner la page?
M. Gendron: Page 7. C'est parce que je ne sais pas quel document
vous avez.
M. Ryan: Je n'ai pas le livre du maître.
M. Gendron: Ah! Excusez.
M. Ryan: J'ai le livre de l'élève.
M. Gendron: D'accord. Cela va. C'est parce que je fais
référence à un document qui explique les changements.
D'accord? Ce que j'ai devant moi, c'est un document qui explique les
changements sur le document qui a été envoyé aux
commissions scolaires. On n'a pas d'objection, M. le député
d'Argenteuil, à vous déposer le document auquel je fais
référence. Vous verrez là que ce que j'indique
n'était pas dans les règles budgétaires
expédiées, alors qu'ici on indique qu'il y a une bonification
pour les intérêts reliés au surplus.
M. Ryan: Très bien. On va le vérifier.
Pour les dépenses encourues au titre de la suppléance -
merci - plusieurs commissions scolaires se plaignent que les besoins qu'on doit
prévoir pour la prochaine année ont été
sérieusement sous-évalués de ce côté. Est-ce
qu'il y a eu des changements là-dessus ou si tout reste au point
où c'en était?
M. Gendron: Un instant. On m'informe qu'il y a eu des
modifications qui sont de considération assez technique. J'aimerais
autant qu'un de mes collaborateurs vous l'explique. M. Guay va vous expliquer
le changement.
M. Guay (Bernard): Bon. Au niveau de la suppléance, on ne
fait pas de réajustement à la baisse en 1985-1986, mais on le
présente quelque peu différemment. Là, on s'embarque dans
des méandres un peu techniques, mais, essentiellement, c'est que la
suppléance longue durée est incorporée au salaire de base
et la suppléance courte durée, c'est-à-dire la
suppléance qui correspond aux congés de courte durée,
elle, continue à être identifiée de façon distincte.
Mais à l'échelle du réseau on n'a pas de
récupération ou de soustraction au niveau de la
suppléance.
M. Ryan: Il n'y a pas d'augmentation.
M. Guay (Bernard): C'est-à-dire qu'il y a encore... Quand
la "monnayabilité" des congés de maladie avait été
suspendue, on avait réintroduit des montants pour la suppléance
concomitante à cette suspension-là. Ces montants sont reconduits
dans le coût subventionné par enseignant de 1985-1986.
M. Ryan: Mais est-ce qu'on ne vous a pas signalé que ces
montants étaient nettement insuffisants pour faire face aux besoins
considérablement accrus qui ont surgi à ce chapitre?
M. Guay (Bernard): Pour autant qu'on peut le voir, il y a eu un
sondage qui a été conduit auprès des commissions scolaires
sur le nombre de jours pris en congés de maladie à la suite de la
suspension de la "monnayabilité" et on est arrivé à une
moyenne, pour l'ensemble des commissions scolaires sondées, de six
jours. Ce sont exactement ces six jours de congé de maladie dont on
tient compte dans notre coût subventionné par enseignant.
Maintenant, il est évident que l'expérience des
commissions scolaires est fondée sur l'année 1983-1984 qui est la
pire année au point de vue de l'absentéisme. On constate qu'il y
a une amélioration au cours des années subséquentes. Nous,
au ministère, je pense qu'on est fondés de croire qu'en donnant
six jours de congé de maladie de courte durée, en faisant
abstraction d'autres types de congés sociaux dont on tient compte
également, les commissions scolaires en 1985-1986 ne seront pas
sous-financées à ce chapitre.
M. Ryan: Autre point. À la page 38 du mémoire de la
fédération des commissions scolaires sur les règles
budgétaires, on lit ceci: "Les élèves en difficulté
d'adaptation et d'apprentissage et les élèves handicapés
demandent une attention particulière concernant l'encadrement minimum
dont ils ont besoin. Les compressions budgétaires, depuis les
années 1980-1981, ont forcé les commissions scolaires à
réduire et, dans certains cas, à couper les services offerts
à cette clientèle. Le gouvernement a reconnu les droits des
personnes handicapées aux services dont elles ont besoin." Je me
souviens qu'il les a reconnus en grande partie grâce à
l'insistance qu'a mise ma collègue de Jacques-Cartier lors de
l'étude en commission." Il a aussi reconnu l'obligation d'assurer le
transport de ces élèves, mais, dans ce secteur, il n'y a pas de
financement pour un encadrement minimal dont ils ont besoin."
La fédération recommandait que le ministère assure
le financement de l'encadrement des élèves en difficulté
d'adaptation et d'apprentissage et des élèves handicapés.
Est-ce qu'il y a eu des changements apportés au projet de règles
budgétaires à ce chapitre précis?
M. Gendron: Non, parce que s'il y a un secteur qu'on n'a jamais
voulu affecter par les compressions budgétaires dans la transmission des
règles budgétaires, c'est bien le secteur des personnes
handicapées et des personnels affectés aux personnes
handicapées. La réponse que je vous donne aujourd'hui, M. le
député d'Argenteuil, c'est que nous n'avons pas fait,
contrairement aux autres personnels, de compressions sur les personnels
affectés aux personnes handicapées. Jamais dans les compressions
budgétaires du ministère de l'Éducation nous n'avons voulu
que ces personnels soient touchés.
M. Ryan: On vous demande ceci: Est-ce que vous être
prêt à mettre un peu de ressources pour assurer l'encadrement
minimum de ces élèves, qui a fait gravement défaut dans
tout le Québec d'après un grand nombre de témoignages que
nous avons entendus ici à combien de reprises? Là, vous ne
répondez pas à cette question, je pense.
M. Gendron: Regardez, M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Si vous ne répondez pas, je vais prendre la
réponse comme étant négative.
M. Gendron: Vous en avez le droit, sauf que moi, je ne la prends
pas comme ça. À partir du moment où, premièrement,
c'est une responsabilité des commissions scolaires de vouloir
privilégier des clientèles plutôt que d'autres et à
partir du moment où - je vais m'exprimer comme ça - l'ensemble de
la masse a souffert des contraintes budgétaires par compressions ou par
frictions - appelez cela comme vous voudrez - et que pour ce secteur il n'y en
a pas eu, moi, je suis obligé de déduire que le montant d'argent
affecté aux commissions scolaires provenant du ministère pour les
clientèles handicapées, théoriquement, est
supérieur à ce qu'elles ont pour les autres catégories de
personnels qui ont dû subir des compressions alors que ce n'est pas le
cas pour cette catégorie de personnel. Une commission scolaire qui veut
privilégier soit de l'encadrement ou soit des activités
spécifiques pour ce personnel à même sa masse, est mieux
pourvue en argent que pour les autres secteurs, compte tenu qu'on n'a jamais
voulu lui affecter les mêmes compressions pour cette clientèle que
celles que les autres clientèles ont subies.
Cela, je l'ai fait pour elles budgétairement parlant. Enfin,
cette année, on a voulu ajouter, M. le député
d'Argenteuil, une mesure relative à l'hébergement des
handicapés, qui est insérée aux règles
budgétaires, qui n'existait pas et qui présente un coût
additionnel de 1 500 000 $, parce qu'il y a des commissions scolaires qui
devaient assumer le coût d'hébergement pour des personnes
handicapées dans d'autres commissions scolaires, compte tenu des options
et des déplacements. Cette année, dans les règles
budgétaires, pour cette clientèle, on ajoute 1 500 000 $ pour
l'hébergement des handicapés.
M. Ryan: J'ai remarqué ce changement et je veux vous en
féliciter parce qu'il était dû depuis longtemps. Il y avait
des cas extrêmement pénibles qui se présentaient. J'avais
été saisi de cas de parents d'enfants handicapés qui
devaient supporter seuls le coût de la pension dans un territoire
où ils devaient les envoyer parce qu'ils n'avaient pas les services dans
leur commission scolaire. J'ai été bien content de voir que cette
mesure a été prise. On va la suivre de très près
pour s'assurer qu'elle réponde aux besoins.
Une dernière question, dans ce qui me touche. Le taux de
vieillissement. Vous autres, vous avez un taux de vieillissement dans vos
calculs de 1 %. Supposons que le personnel d'une commission scolaire vieillit
dans une proportion de 3,5 %, qu'est-ce qui arrive? Qui finance la
différence d'après les règles budgétaires?
M. Guay (Bernard): On m'a demandé de vous expliquer les
méandres de la formule pour le vieillissement. Essentiellement, on se
situe dans une méthode historique où on prend les derniers
"surveys" des années antérieures pour les appliquer à des
années subséquentes et on se rajuste année après
année. Admettons que cette année une commission scolaire ait un
vieillissement plus élevé que le paramètre fermé
qui lui est alloué, lequel est tiré d'années
antérieures, c'est clair que cette année elle va avoir un manque
à gagner. Mais dans les années subséquentes on va le lui
rajuster. Donc, avec un décalage, elle va toujours rentrer dans son
argent, peut-être pas dans l'année courante, pas
rétroactivement non plus, mais, dans l'année subséquente,
si son vieillissement est plus élevé, on va hausser en
conséquence son taux de vieillissement. Il faut penser, finalement, que
l'écart va lui être reconnu dans une année
subséquente. Cela est un peu inévitable dans une méthode
historique. Autrement, on se trouve entraîné dans une
méthode où le ministère est pris à scruter des
millions de factures ad hoc. Là, c'est une logique de paramètres
établis a priori, mais sur des données d'années
antérieures.
M. Ryan: Voulez-vous dire que le taux va être établi
a posteriori sur la base de l'expérience de l'année
antérieure et qu'il va varier: dans une commission scolaire, par
exemple, il peut être de 3 % l'année prochaine si son taux
l'année passée a été de 3 % au lieu de 1 %?
M. Guay (Bernard): Ce n'est pas tout à fait cela que je
voulais dire. Ce qu'il faut comprendre, c'est qu'on ne rajustera pas
rétroactivement le paramètre d'une commission scolaire en
fonction du coût encouru. Mais, étant donné que, chaque
année on rajeunit le taux de vieillissement, dans les années
subséquentes son taux va refléter la situation d'années
antérieures. Donc, en longues périodes, la commission scolaire se
rattrape.
M. Ryan: Ce que je vous demandais, c'est s'il y a un taux
particulier pour chaque commission scolaire en fonction de son
expérience?
M. Guay (Bernard): Oui. C'est un taux propre à chaque
commission scolaire, qui reflète ses propres déclarations quant
à la progression de son personnel au point de vue de l'augmentation de
la scolarité et de l'expérience.
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce qu'il y a d'autres
députés qui... M. le député de Saint-Laurent, sur
le même sujet?
M. Leduc (Saint-Laurent): Oui. M. le Président, il faut
parler aux commissions scolaires pour réaliser qu'il y a peut-être
des limites dans les coupures et dans les compressions. On nous dit: Les
écoles fonctionnent. C'est un peu comme les hôpitaux qui
fonctionnent avec les salles d'urgence encombrées et comme les
universités qui ont accepté une augmentation de clientèle
d'environ 30 000 sur une période de cinq ou six ans et on ne l'a
financée d'aucune façon. Je me demande évidemment, on en a
parlé tantôt, le député d'Argenteuil a fait
état des compressions et de la non-indexation - si, à un moment
donné, il n'y aura pas une limite. C'est ce que les commissions
scolaires nous disent. Elles nous disent: Je pense qu'on est rendu à la
limite.
Déficit des commissions scolaires
À la suite de ces compressions et de cette non-indexation, je
voudrais connaître le montant des déficits encourus par les
commissions scolaires.
M. Gendron: On va vous donner cela. J'avais ici un tableau et je
suis content que vous posiez la question, M. le député de
Saint-Laurent. Le document que j'ai ici, qu'on pourrait déposer, car
c'est de notoriété publique, donne les états des surplus
et des déficits accumulés au 30 juin 1984 par commission scolaire
et par région. Je donne juste un exemple très rapide parce que je
n'ai pas envie de faire le tour. Vous l'avez déjà, d'ailleurs,
dans vos documents. Si vous l'aviez regardé, vous auriez probablement vu
que, si on prend, par exemple, la commission scolaire de la Baie des Chaleurs
avec ses constituantes... Pour ce qui est du Bas-Saint-Laurent, je pense que ce
sont deux commissions scolaires qui sont en déficit par rapport à
trois, six, neuf, dix, onze qui sont en surplus. Je vais arrêter
là parce que c'est la même chose partout. Prenez l'exemple de la
commission scolaire de la région de Louis-Hémon, 1 659 000 $ en
surplus. Commission scolaire de la Chaudière, 1 296 000 $ en surplus.
Commission scolaire Chauveau, 1 484 000 $ en surplus. Entre autres, dans la
page que j'ai devant moi, dans la région de Québec, il y a 31
commissions scolaires qui sont en surplus, il y en a deux qui sont en
déficit: l'une à 867 000 $, c'est Thetford-Mines, et l'autre
à 207 000 $, c'est La Jeune Lorette; toutes les autres sont en surplus,
c'est-à-dire 29. Au total, au 30 juin 1984, le surplus net, c'est 40 000
000 $ pour l'ensemble des commissions scolaires.
La situation n'est pas si dramatique qu'on essaie de le laisser voir. Je
ne dis pas que c'est une tendance qui s'en va dans le même sens. Je suis
assez honnête pour reconnaître que c'est une tendance qui s'en va
dans l'autre sens. Mais actuellement il y a beaucoup plus de commissions
scolaires qui sont dans une situation de surplus que dans une situation de
déficit.
Excusez, parce que c'est important en termes d'écart de chiffres,
ce que je viens de citer, 40 000 000 $, c'est l'heure juste, c'est en 1985.
Quand j'ai parlé de 1984, c'est 76 000 000 $. Le surplus des commissions
scolaires, au 30 juin 1984, pour l'ensemble des commissions scolaires, c'est 76
000 000 $. Les 40 000 000 $, c'est pour 1985.
M. Leduc (Saint-Laurent): Qu'est-ce que vous allez demander aux
commissions scolaires déficitaires?
M. Gendron: J'ai été distrait, je n'ai pas
écouté. (11 h 15)
M. Leduc (Saint-Laurent): Qu'allez-vous demander aux commissions
scolaires déficitaires? Allez-vous leur demander de revenir à un
équilibre?
M. Gendron: À peu près comme n'importe quel
réseau, celui de l'éducation n'est pas différent des
autres réseaux. On essaie autant que possible que les commissions
scolaires soient en situation d'équilibre. Il y a une analyse qui est
faite par nos services auprès de chacune des commissions scolaires pour
voir quelles dispositions devraient être prises pour se replacer en
situation d'équilibre. Dans ce sens-là, nous allons essayer
d'aider ces commissions scolaires à trouver les façons de
résorber leur déficit par des rationalisations d'activités
qui sont peut-être moins prioritaires que d'autres et,
éventuellement, de dégager les ressources qu'il leur faut pour se
rééquilibrer.
M. Leduc (Saint-Laurent): Entendez-vous les aider?
M. Gendron: Ce n'est pas exclu, mais, dans un premier temps, ce
sera sûrement davantage ce qu'on appelle des aides à
caractère technique.
M. Leduc (Saint-Laurent): Êtes-vous d'accord pour
reconnaître que vous n'aidez d'aucune façon les commissions
scolaires à défrayer les coûts reliés à
l'application des lois? Qu'on pense à la loi 65 sur l'accès
à l'information; qu'on pense également à la loi 3 sur les
archives et à la Loi sur la santé et la sécurité du
travail. C'est une autre plainte qu'on entend souvent des commissions scolaires
qui disent: On nous impose des charges constamment, d'année en
année, et jamais on ne nous donne d'allocations additionnelles. Encore
là, il y a certainement des limites.
M. Gendron: Oui. Je ne suis cependant pas d'accord sur la
généralité de votre commentaire. Je donne un exemple: nous
avons commencé comme réseau à offrir des
disponibilités aux commissions scolaires pour que l'absorption des
dépenses additionnelles que représente l'application de la Loi
sur la santé et la sécurité du travail soit moins
douloureuse. La généralité de votre commentaire, je ne
peux pas l'accepter. Sur certains points spécifiques, vous avez raison,
et c'est le cas pour presque tous les organismes qui existent au Québec,
tous les citoyens, lorsque le législateur intervient par une loi qui,
règle générale, a pour objectif la poursuite d'une
amélioration collective du bien commun. Cela doit être
assumé à l'intérieur des aides financières globales
qu'une commission scolaire reçoit. Par exemple, pour la loi sur
l'accès à l'information, premièrement, aucune commission
scolaire ne nous a fait de demande là-dessus; deuxièmement, ce
n'est pas une loi qui a une application de quelques années. C'est une
loi qui va être beaucoup plus en application dans les faits, qui va
commencer à générer quelques coûts administratifs.
J'ai l'impression qu'à la lumière des données qu'on pourra
obtenir il y aura des analyses qui devraient nous conduire à une forme
d'aide quelconque.
M. Leduc (Saint-Laurent): Êtes-vous d'accord pour
reconnaître que les sommes qui sont perçues par les commissions
scolaires pour les dépenses inadmissibles, qui s'élèvent
à environ 200 000 000 $, ne servent d'aucune façon aux fins pour
lesquelles elles sont effectivement perçues?
M. Gendron: M. Rousseau.
M. Rousseau: Par rapport à cette question, avec les
enveloppes globales actuelles - nous en avons trois - il est très
difficile de pouvoir déterminer ce qui est, dans l'ancien jargon,
admissible et ce qui ne l'est pas.
Nous n'avons plus de subventions à partir de normes, 24, 30 $ par
élève pour les manuels scolaires, 11 $ pour l'animation
pastorale, etc. Quand on administrait comme cela, si la commission
décidait de dépenser 13 $ pour l'animation pastorale, il y avait
2 $ par élève d'inadmissibles. Mais, maintenant, ce sont des
enveloppes globales. Quelle est la partie du salaire du directeur
général, ou de la réception que la commission scolaire a
offerte, ou de l'achat du matériel didactique qui est admissible ou pas,
subventionnée ou pas? C'est extrêmement difficile à
établir.
Maintenant, bon an, mal an, quand on regarde l'article 1 pour les
enseignants, on a déjà découvert une année que le
gouvernement avait donné 65 000 000 $ de plus que le coût
réel. L'année suivante, il peut donner moins. Bon an, mal an, il
y a un équilibre qui se fait, mais c'est difficile maintenant de pouvoir
établir ce qui est "admissible" et "non admissible", entre guillemets,
avec les enveloppes et le type de contrôles que nous faisons.
Le Président (M. Charbonrieau): M. le député
de Saint-Laurent, je voudrais seulement vous faire remarquer qu'il y avait eu
une entente pour que, sur chaque sujet, on prenne un maximum d'une heure. On
l'a déjà dépassé. On est rendu à une heure
dix. Comme, et c'est un peu normal, ce sont surtout les députés
de l'Opposition qui occupent le temps parce que l'étude des
crédits, c'est traditionnellement la période qui vous est
allouée pour questionner le gouvernement plus à fond, je vous
signale qu'il va rester moins de temps pour d'autres sujets qui m'avaient
été signifiés comme étant importants. Cela va?
M. Leduc (Saint-Laurent): Cela va.
Le Président (M. Charbonneau): Donc, on va maintenant
passer au sujet suivant qui avait été convenu,
c'est-à-dire l'éducation des adultes. M. le député
d'Argenteuil.
L'éducation des adultes
M. Ryan: L'éducation des adultes. Avant de revenir aux
règles budgétaires pour leur application à
l'éducation des adultes, je vais vous poser un problème concret
qui m'était soumis ces jours derniers. Pour les cours de formation
professionnelle à temps partiel, jusqu'à l'année
dernière, il existait un programme et le ministère de
l'Éducation avait un budget qu'il distribuait entre les régions.
Le représentant régional de la Direction générale
de l'éducation des adultes discutait avec les intervenants du milieu et
il établissait une répartition. Disons qu'il y avait quinze
intervenants dans une région et que lui, il disposait d'un budget de 1
000 000 $. Il pouvait donner 500 000 $ à
telle commission scolaire, 700 000 $ à l'autre, 400 000 $
à un cégep - les cégeps étaient compris
là-dedans - en fonction des besoins de la région comme il les
avait perçus. Il y avait des rencontres qui se produisaient et tout. On
savait où on s'en allait.
Cette année, je ne sais pas si vous êtes au courant de la
situation qui existe. Les cours de formation professionnelle à temps
partiel relèvent maintenant du ministère de la Main-d'Oeuvre et
de la Sécurité du revenu. On est rendu à la mi-mai. Il
faut que les budgets des commissions scolaires soient établis d'ici
à peu près un mois. On n'a absolument aucune indication quant
à la direction où on s'en va dans ce secteur. Les commissions
scolaires attendent. Les commissions de formation professionnelle n'ont rien
reçu du gouvernement. On n'a pas d'indications quant aux normes
budgétaires qu'on va devoir respecter. On attend. Ce qui va arriver si
le gouvernement ne bouge pas plus vite, c'est qu'il y a un paquet de gens, qui
auraient été inscrits normalement à ces cours de formation
professionnelle à temps partiel, qu'on va déverser dans les cours
de formation générale. L'augmentation des besoins que vous allez
avoir à l'automne en raison de l'élargissement de l'accès
va être encore bien plus considérable. Je ne sais pas si vous
êtes au courant de ce problème. Les gens sont assis là sur
leur chaise. Ils attendent tous. Il n'y a rien qui vient. C'est une des
conséquences de ces changements qu'on a faits au cours de la
dernière année. On est loin d'être arrivé à
des ajustements satisfaisants.
M. Gendron: Je pense que, dans votre question, il y a du
réalisme. Je voudrais, cependant, profiter de l'occasion qui m'est
offerte sur ce sujet, comme je l'avais indiqué, pour "recontexter"
l'ensemble de la situation de l'éducation des adultes. D'abord, vous
avez dit dans votre document que nous n'avions pas de politique
d'éducation des adultes. J'aimerais quand même rappeler quelques
considérations et je vous promets qu'à l'intérieur des
considérations générales que je vais faire je vais toucher
très précisément le point que vous évoquez. La
nouvelle politique d'éducation permanente, c'est peut-être
important pour le bénéfice de tous ceux qui nous écoutent
et de ceux qui auront l'occasion de lire ce qu'on aura dit...
M. Ryan: Je m'excuse, M. le Président, question de
règlement. Je n'ai pas dit que le gouvernement n'a pas de politique en
éducation des adultes. J'ai dit qu'il n'a pas de direction
unifiée, qu'on a une direction tricéphale. Je n'ai pas dit qu'il
n'avait pas de politique, au contraire. Je sais qu'il a un énoncé
de politique qui a été fait et qu'on essaie de l'appliquer. C'est
une politique anarchique, mais il y en a une.
M. Gendron: D'accord. On va revenir sur la tricéphalie. La
politique d'éducation des adultes vise d'abord à augmenter
l'accessibilité de la population à la formation
particulière en matière de formation de base. Elle vise
également à affirmer très clairement - et là, je
touche un peu ce que vous avez évoqué, mais je vais y revenir
très précisément - la responsabilité des
commissions scolaires à l'égard de l'éducation des
adultes, à confirmer les divers ministères dans leurs missions
respectives en leur reconnaissant un rôle et des responsabilités
à l'égard des personnes oeuvrant dans leur sphère
d'activité, à préciser le mandat de l'éducation
permanente des centres de formation et des écoles
spécialisées rattachés à divers ministères,
à multiplier également les lieux de concertation de façon
à éviter les duplications - parce qu'il y en avait - et à
impliquer davantage le personnel des ministères en région et
ainsi à assurer aux adultes des suivis de qualité.
Les priorités d'action, très rapidement. D'abord, les
clientèles cibles: les jeunes, les adultes, les femmes, les personnes
handicapées, les analphabètes, les travailleurs et travailleuses
qui risquent de perdre leur emploi. L'accessibilité et l'ouverture au
système éducatif. On vise également la formation de base,
l'alphabétisation, une meilleure formation professionnelle,
l'éducation populaire et le perfectionnement des personnels.
Voici les niveaux de responsabilités; c'est important de les
rappeler. Le ministère de l'Éducation, c'est quoi sa "job" dans
la question de l'éducation des adultes? Il a le mandat de soutenir,
d'organiser et de dispenser la formation générale et
professionnelle. Le MMSR, l'une des autres têtes, a le mandat de
déterminer les besoins et les priorités en matière de
formation de la main-d'oeuvre et d'assurer la mise en oeuvre des programmes de
formation de la main-d'oeuvre pour les réseaux de l'éducation,
pour la presque totalité d'entre eux. Les niveaux de
responsabilités, je ne suis pas d'accord pour dire que ce n'est pas plus
clair. Le ministère de l'Éducation a le mandat de dispenser la
formation générale et professionnelle pour les adultes et le MMSR
a le mandat d'identifier les besoins et les priorités pour lesquels le
ministère de l'Éducation doit être un offreur de cours.
Au point de vue financier, le ministère assume et finance les
mesures d'accessibilité reliées à la formation de base et
soutient tous les établissements scolaires en finançant
l'encadrement et le support administratif et technique relié à la
formation. Le ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu, lui, finance les activités de
formation découlant des accords Canada-
Québec et des programmes québécois de formation de
main-d'oeuvre. Les nouvelles règles budgétaires augmentent
l'accessibilité des adultes à la formation de niveau secondaire
en permettant à tous les adultes de suivre une formation reconnue et
créditée par le ministère et cela, sans frais de
scolarité. Cette nouvelle mesure, étroitement reliée
à la loi 3, sera financée à l'intérieur d'une
enveloppe dorénavant ouverte.
Quant à votre question précise, vous dites: Oui, mais,
cette année, il y a un problème parce qu'on ne sait pas
exactement quelle sera l'identification des besoins spécifiques en
formation professionnelle dans chacune des régions. Je tiens à
vous rappeler que cette identification est faite par le ministère de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu, en collaboration avec
ses instances que sont les CFP - les centres de formation professionnelle - et
que, nous, nous allons organiser la tenue des cours, nous allons
répondre aux demandes d'enseignement.
Je pense qu'on est obligé de signaler que, cette année, on
accuse un certain retard. On a un petit retard par rapport à l'autre
année. Nous croyons que, d'ici une dizaine de jours au maximum, on sera
en mesure d'avoir une identification plus définitive et plus
précise des besoins spécifiques de formation qui auront
été identifiés par les CFP et le MMSR pour que le
ministère de l'Éducation puisse planifier son offre de cours.
M. Ryan: Sur quelle base croyez-vous cela? Avez-vous des
assurances de la part du ministère de la Main-d'Oeuvre que les
directives et la documentation sont en voie d'être acheminées dans
les régions? Parce qu'on n'a encore rien reçu dans les
régions.
M. Gendron: On le croit sur la base suivante: récemment,
dans les onze régions du Québec, il y a eu des tables de
concertation. Les commissions scolaires, les cégeps, les commissions de
formation professionnelle et d'autres ont formé des tables de
concertation qui se sont donné certaines priorités.
Récemment, une tournée sous-ministérielle a permis aux
membres du comité tripartite - le MEQ, le MMSR et le ministère de
l'Enseignement supérieur, de la Science et de la Technologie - de se
rendre compte de l'état de la question et de son évolution. Selon
les informations qui nous ont été transmises par les organismes
concernés - les CFP et le MMSR - oui, d'ici quinze jours, trois
semaines, on sera en mesure de faire connaître aux commissions scolaires
l'identification des besoins pour qu'on puisse préparer les
enseignements requis.
M. Ryan: Tout à l'heure, c'était dix jours et
là, j'ai cru comprendre que c'est quinze jours, trois semaines.
M. Gendron: Non, j'ai dit deux semaines. (11 h 30)
M. Ryan: En tout cas. Il y a un conseil interministériel
qui est supposé être responsable de la coordination de cette
politique pluricéphale. Qui est responsable de ce comité
maintenant? Quel ministre en est responsable?
M. Gendron: Depuis quelques mois, c'est le ministre de la
Main-d'Oeuvre qui préside le comité tripartite d'éducation
des adultes.
M. Ryan: Cela ne m'étonne pas, cela confirme les choses
que j'avais entendues de mon côté. Au début, on nous avait
dit que ce serait un organisme qui serait présidé par le ministre
de l'Éducation. Quand on a fait cette grande apparence de consultation
l'an dernier à Montréal, la consultation nationale,
c'était le ministre de l'Éducation qui était le
président général de cela. Je trouve que le glissement est
dangereux et je le signale encore une fois. On l'a étayé à
maintes reprises et on va continuer de suivre cela de près.
Je vous pose un dernier problème en rapport avec cela et je
voudrais ensuite revenir aux règles budgétaires. J'aurais un
certain nombre de choses concrètes à vérifier pour un
avenir plus immédiat. Il y a des problèmes qui vont se poser. La
TREAQ avait attiré votre attention là-dessus. Il y a plusieurs
instances décisionnelles et bien des jugements de valeur qui vont
intervenir en cours de route. Par exemple, qu'est-ce que les commissions de
formation professionnelle vont considérer comme des cours
adéquats? Elles ont la liberté, en vertu de la politique, de
passer des commandes à des commissions scolaires, à un
cégep, à une école privée, à des groupes qui
vont pouvoir se former à cette fin-ci ou à cette fin-là.
Il y a le fédéral qui intervient là-dedans, il y a le
ministère de l'Enseignement supérieur qui intervient
également là-dedans pour les cégeps et les
universités.
Pour tous les problèmes que j'appellerais de mise au point
d'indicateurs homogènes pour l'évaluation de ce que veut dire un
groupe-heure ici, de ce que veut dire telle période de formation, est-ce
qu'il y a des travaux qui sont en marche? Est-ce qu'il y a des
responsabilités précises qui ont été
attribuées ou si on est en train de foncer là-dedans avec toutes
sortes de gens qui vont arriver avec leur propre jugement de sorte qu'on va
risquer un engorgement terrible au bout d'un certain temps? J'ai l'impression
que plusieurs bateaux avancent en même temps et qu'on ne sait pas comment
cela va se retrouver au milieu du lac.
M. Gendron: Je crois que cette impression - je vais, encore
là, dire les
choses telles que je les pense - était partagée par
certains il y a peut-être cinq ou six mois, mais, depuis une couple de
mois, il y a eu passablement de rencontres, d'échanges entre les
différents intervenants concernés et nous sommes de plus en plus
convaincus qu'il y aura toujours la possibilité d'une unification en
termes d'évaluation des cours qui seront offerts. Ce n'est pas parce que
le MMSR a la responsabilité d'identifier des cours plus
spécifiques, toujours reliés aux clientèles
apparentées au virage technologique et à des besoins en relation
directe avec la demande de l'industrie et le monde du travail, que son champ de
responsabilité est modifié, M. le député
d'Argenteuil; c'est toujours: identifier les besoins et préparer ce
qu'on appelle les commandes. Mais l'offre de cours, la dispensation des
services d'enseignement -donc, également, la dimension qualité et
évaluation - relève complètement, à 100 %, du
ministère de l'Éducation, au-delà de cette trilogie
fonctionnelle.
M. Ryan: Je vais vous poser un problème. À supposer
que la Commission de formation professionnelle dans une région dise: II
y a un cours de formation de camionneur qui est donné par la commission
scolaire, qui n'est pas mauvais, mais il y en a un qui est donné par la
FTQ et nous trouvons que celui-là est bien mieux, elle peut
décider d'affecter la clientèle de ce côté et de
passer la commande de ce côté. Ne trouvez-vous pas que si,
à la longue, on laisse cette politique se développer, cela va
conduire à une situation anarchique? Ce sont des fonds publics qui vont
s'en aller dans le circuit privé, alors qu'ils étaient
destinés à rester dans le circuit public.
M. Gendron: Non.
M. Ryan: II n'y a aucune garantie de ce côté dans la
politique, comme on la connaît, en tout cas.
M. Gendron: Non, ce n'est pas exact, M. le député
d'Argenteuil. Ils ont une maudite bonne garantie; compte tenu que l'argent est
le nerf de la guerre. Il y a 95 % des offres de cours identifiés par le
MMSR et la CFP qui doivent être dispensés par le réseau
d'enseignement. En tout cas, en ce qui me concerne, c'est toute une
sécurité et une garantie. Ils ont 5 % de libertinage, sans jeu de
mots; ils peuvent aller offrir 5 % ailleurs. Si la FTQ offre un bon cours de je
ne sais pas quoi, qu'un autre organisme offre un bon cours de je ne sais trop
quoi, ils ont une magnifique enveloppe de 5 % par rapport à 95 %.
Je pense que la sécurité du financement à 95 % dans
le réseau de l'éducation confère énormément
de garanties qu'en très grande partie c'est le MEQ qui aura toujours la
responsabilité de dispenser et d'évaluer les cours.
M. Ryan: Savez-vous si des directives écrites ont
été émises à cette fin-là à
l'intention des commissions de formation professionnelle par le
ministère de la Main-d'Oeuvre?
M. Gendron: Oui.
M. Ryan: Faute de temps, on va passer tout de suite aux
règles budgétaires. Ce n'est pas que le débat soit
épuisé là-dessus, au contraire, mais il y a une
série de points que je voulais soulever concernant les règles
budgétaires. Je vais essayer de le faire de la manière la plus
rapide possible. Je vais les donner tous ensemble pour qu'on évite de
prendre trop de temps là-dessus parce que je m'aperçois que le
temps s'écoule rapidement.
Dans la plupart des communications que j'ai reçues de diverses
commissions scolaires et de divers intervenants du milieu scolaire en rapport
avec le projet de règles budgétaires, on a soulevé de
manière particulièrement aiguë les problèmes
découlant des dispositions relatives à l'éducation des
adultes. On trouvait que plusieurs dispositions dans le projet de règles
budgétaires étaient insatisfaisantes et loin de fournir les
garanties qu'on est en droit de souhaiter pour le développement de
l'éducation des adultes.
Je voudrais d'abord poser une question avant d'entrer dans les
détails. On m'a dit que le gouvernement, par rapport aux besoins qui ont
surgi au cours de la dernière année, s'il s'agissait simplement
de reconduire pour 1985-1986 les activités au niveau où elles ont
eu lieu en 1984-1985, aurait un manque de 16 000 000 $. Est-ce que ce sont des
choses que les gens ont mal comprises? On m'a dit que vous seriez
déjà à court de 16 000 000 $ en commençant
l'exercice, seulement pour les maintenir au niveau de la dernière
année où il y a eu une augmentation considérable. Je ne
l'invente pas, c'était dans le mémoire que la TREAQ vous a remis,
dont vous m'avez soumis copie avec d'autres documents, ce dont je vous suis
reconnaissant d'ailleurs, mémoire que la TREAQ, la Table des
responsables de l'éducation des adultes des commissions scolaires, vous
a soumis au mois de mars.
M. Gendron: L'information que j'ai, c'est que c'est une
évaluation qu'on avait vue effectivement parce qu'on connaît la
TREAQ. C'est une évaluation que nous contestons, qui n'est pas
partagée par nous. On a déposé un document qui lui permet
d'avoir des informations pour contrer cette évaluation.
D'ailleurs, M. le député d'Argenteuil, à
partir du moment où j'ai indiqué tantôt, même
si j'ai eu l'occasion de le faire très rapidement, que les budgets
seront ouverts l'an prochain, je ne pourrais pas comprendre qu'ils seraient
déjà à court parce qu'il y aura plus d'argent dans le
système d'éducation des adultes l'an prochain, vu que nos
règles, c'est une enveloppe ouverte et non fermée.
M. Ryan: Oui, j'ai bien remarqué cela. L'enveloppe est
ouverte pour les activités d'enseignement, pour le nombre de cours, le
nombre de groupes-heures que vous aurez. L'enveloppe reste ouverte, c'est
très bien. Dans les règles budgétaires remaniées,
est-ce que vous avez prévu des sommes plus précises pour les
frais d'encadrement? Ce n'est pas tout de donner des cours en masse et de dire:
Venez vous inscrire. Il faut qu'on soit assuré qu'on aura un minimum
d'encadrement pédagogique et administratif.
M. Gendron: Dans les bonnes nouvelles que je me gardais pour la
fin, on a 1 600 000 $ d'argent additionnel pour les frais d'encadrement
à l'éducation des adultes.
M. Ryan: Est-ce qu'on vous avait soumis des besoins de ce
côté-là? Est-ce qu'on vous avait dit un peu ce qu'on
estimait devoir être les besoins? Pour avoir une idée...
M. Gendron: Oui.
M. Ryan: ...un point de repère, à quoi
s'élevaient les demandes?
M. Gendron: Compte tenu que les clientèles ont
augmenté sensiblement et qu'il est logique de leur offrir à peu
près le même support d'encadrement qu'on offre au réseau
régulier, que ce soient des conseillers en orientation ou des
psychologues, tous les services que le réseau d'éducation offre
à l'enseignement régulier, on essaie de les offrir
également à l'éducation des adultes, tout en étant
conscient qu'ils ne seront pas pris dans les mêmes proportions parce que
je ne pense pas qu'on fasse face à des clientèles qui ont
exactement les mêmes besoins, toujours en termes de notion
générale. Mais il y a certainement des adultes qui ont besoin de
support de la part des personnels non enseignants qu'on appelle les PNE. Dans
ce sens, je pense qu'il était opportun d'offrir un peu d'argent
additionnel aux commissions scolaires pour que ces adultes, lorsqu'il y aura un
besoin plus spécifique, puissent avoir le support d'encadrement requis,
que ce soit un conseiller, de la pastorale ou peu importe.
M. Ryan: On vous a fait une demande pour que l'éducation
des adultes soit traitée selon les mêmes normes
générales que l'éducation des jeunes. En particulier, pour
l'éducation des jeunes, vous avez trois grands postes de base:
allocation de base pour les enseignants, allocation de base pour les autres
personnels, allocation de base pour les autres coûts, tandis que, pour
l'éducation des adultes, vous en avez seulement pour les cours. Le
reste, ce sont des allocations centralisées dont le montant peut varier
et qui ne reposent pas sur des normes aussi stables. Est-ce que vous envisagez
de pouvoir, l'année prochaine - cette année, il est trop tard
parce que vous êtes restés à cette classification - passer
à une conception qui va mettre vraiment l'éducation des adultes
sur un même pied que l'éducation des jeunes au point de vue des
grandes catégories budgétaires de base?
M. Gendron: Encore là, je pense que je vais être
attentif à votre suggestion, M. le député d'Argenteuil.
Mais, comme vous le dites, cette année, on ne sera pas en mesure d'avoir
des changements importants là-dessus. Ce qu'il y a lieu d'envisager,
c'est de faire une analyse un peu plus fine pour être convaincu qu'il y a
peut-être lieu effectivement d'avoir des normes concernant nos enveloppes
qui couvrent les mêmes éléments pour l'enseignement
régulier que pour l'enseignement des adultes.
Je ne suis pas en mesure aujourd'hui de vous dire: Oui, cette analyse
fine a été faite et nous sommes convaincus que le besoin de
formation requiert exactement les mêmes enveloppes. Je ne veux pas
aujourd'hui me déguiser en spécialiste, mais c'est un domaine
quand même que je connais un peu. Bien sûr, bien moins que vous,
vous allez me le dire.
Je ne pense pas que les adultes, dans l'ensemble, aient besoin
exactement des mêmes enveloppes que la clientèle du cours
régulier pour toutes sortes de raisons qu'il serait peut-être trop
long d'évoquer. Je vous dis que la demande qu'on nous fait, c'est
d'essayer d'avoir des sommes additionnelles pour des besoins spécifiques
à la clientèle des adultes, qui ne seraient pas couverts
actuellement par les règles budgétaires et cela est regardable.
C'est regardable dans une révision globale des règles
budgétaires.
M. Ryan: Très bien. Dans les règles
budgétaires du mois de janvier, la définition de
l'élève posait de gros problèmes. On excluait de la notion
d'élève, pour lequel des subventions à 100 % pouvaient
être disponibles, toute une catégorie de personnes. En
particulier, les élèves adultes inscrits aux cours de jour
continuaient d'être considérés comme des adultes, par
conséquent, ayant droit à des subventions per capita ou par heure
de cours beaucoup moins élevées que l'élève
régulier. L'élève handicapé, l'élève
en
difficulté d'adaptation et d'apprentissage, on les laissait dans
des catégories qui tombent sous les allocations centralisées et
non pas à l'intérieur même de la définition
fondamentale. Est-ce qu'il y a des changements qui ont été faits
là-dessus? Est-ce qu'il y a des ajustements ou si, fondamentalement, on
en est resté aux mêmes orientations qu'au mois de janvier?
M. Gendron: Si vous n'avez pas d'objection, M. le
député d'Argenteuil, on déposerait une lettre, que vous
n'avez probablement pas, qu'on envoyait à M. Marius Levesque,
secrétaire général de la commission scolaire
régionale Jean-Talon. C'est un exemple. Dans cette lettre de fond, on
indiquait quand même des modifications ou des orientations assez
pertinentes qui vous donneraient des précisions par rapport aux
questions que vous venez de soulever.
Je donne seulement un exemple dans ce que vous évoquiez
tantôt où c'est très clair ici. Ce que je vais dire sera
très clair. "En ce qui concerne le coût des enseignants, les taux
par heure-groupe de l'éducation des adultes postulent l'engagement
d'enseignants à la leçon - cela est un constat - dont le salaire
est moins élevé que celui des enseignants réguliers sur
lesquels repose le coût subventionné par enseignant alloué
au secteur des jeunes." J'arrête là.
Qu'est-ce que je viens d'illustrer en lisant cette phrase? Je viens
d'illustrer que si on fonctionnait toujours sur les mêmes règles,
comme on le mentionnait tantôt, tant pour l'enseignement régulier
que pour l'éducation des adultes, avec des points de vue comme celui que
je viens de souligner, cela crée un ajout d'argent supérieur
parce que les coûts ne sont pas les mêmes, seulement avec ce
système.
On dit: "Par contre, les normes de l'éducation des adultes
applicables au nombre d'élèves par groupe sont plus avantageuses
que les moyennes d'élèves par groupe considérées
dans l'établissement des rapports maître-élèves
alloués dans le secteur des jeunes." Je pense que personne ne conteste
cela." En fait, les paramètres du secteur des jeunes relatifs aux
enseignants ne sont plus avantageux que ceux du secteur des adultes que
lorsqu'on omet d'en exclure les élèves en difficulté
d'adaptation et d'apprentissage." Ainsi de suite. J'ai l'impression que si l'on
vous communiquait cette lettre, par rapport à vos trois dernières
questions... (11 h 45)
M. Ryan: J'ai juste deux sous-questions là-dessus. Je
voudrais voir la date de la lettre; deuxièmement, savoir si les choses
dites dans la lettre ont été incorporées dans la version
définitive des règles budgétaires.
M. Gendron: Vous êtes chanceux là-dessus parce que
c'est une lettre d'aujourd'hui qui n'est pas partie et qui n'est pas
signée. Mon sous-ministre attendait de me la montrer avant de la signer.
Quelque chose de très frais.
M. Ryan: Cela fait du bien. Alors, ce n'est même pas dans
le texte définitif des règles budgétaires. Ce sont
d'autres changements qui interviennent aujourd'hui.
M. Gendron: Cela reflète ce qu'il y a dans les
règles budgétaires qui ont été
expédiées; mais, d'une façon très précise
sur certains points, parce que vous m'avez parlé de petits cas
particuliers, cela illustre comment il faut lire les règles
budgétaires sur la question de l'éducation des adultes.
M. Ryan: On va prendre connaissance de cela. On ne peut pas se
prononcer davantage parce que...
M. Gendron: Même l'intéressé, M.
Lévesque, l'apprend par...
M. Ryan: Y a-t-il moyen de nous faire communiquer cela, ce matin,
la lettre, M. le ministre?
M. Gendron: Cet après-midi. On travaille, là.
M. Ryan: D'habitude, il y a des gens dont la fonction est d'aller
copier les documents immédiatement, dans votre nombreux entourage.
M. Gendron: Elle n'est pas signée.
M. Ryan: Un autre point à propos des règles
budgétaires. Il y avait un article - et je pense que M. Rousseau va
peut-être être attentif à cela parce qu'il a sans doute une
réponse. Il y avait un danger, que je signalais hier, d'appropriation de
certains surplus qui pourraient être réalisés au chapitre
de l'éducation des adultes pour les fins générales des
commissions scolaires. On a commencé à discerner, dans certaines
commissions scolaires, une tendance à vouloir faire cela. Je vous lis
l'article: "Les ressources découlant des allocations pour
l'éducation des adultes sont attribuées a priori et sont
entièrement transférables à l'intérieur de
l'enveloppe budgétaire générale de l'éducation des
adultes. Leur attribution est indépendante des dépenses
constatées au rapport financier. Dès lors, les surplus de
l'enveloppe sur les dépenses et les excédents de dépenses
sur l'enveloppe demeurent la responsabilité de la commission scolaire."
On ajoute: "La réaffectation prioritaire des surplus
réalisés à l'éducation des adultes vers ce
même secteur est privilégiée." Cela ne veut pas dire
grand-chose. À moins qu'il y ait un autre livre du maître qu'on
n'a pas,
nous autres. Quand on lit cela, ce n'est pas rassurant. Est-ce que vous
pourrez me dire ... Je remarque que le texte définitif des règles
budgétaires, c'est la même formulation exactement. Est-ce qu'on
pourrait m'expliquer cela? Si une commission scolaire décidait de fait
exactement ce que je redoute, qu'est-ce qui l'empêche de le faire?
M. Rousseau: C'est-à-dire que c'est toujours le
problème de l'équilibre entre l'attitude de
décentralisation qui permet à la commission scolaire de se sentir
responsable et l'attitude où c'est le ministère qui compartimente
et qui détermine les coûts réels pour chacune des
enveloppes. Nous savons très bien que la planification des enveloppes
budgétaires se fait avec des données qui datent de deux ans par
rapport au moment où l'opération commence. Donc, on ne peut
jamais arriver à des enveloppes fixes. De geler et de cloisonner
totalement l'enveloppe de l'éducation des adultes pourrait permettre
à une commission scolaire d'amener des modifications qui créent
des préjudices à sa population parce que ce sont toujours des
enveloppes qui s'appuient sur un historique. Il y a des changements qui peuvent
arriver. Le gel des enveloppes ou le cloisonnement total n'est pas
souhaitable.
Dans le passé, les commissions scolaires recevaient une enveloppe
pour l'éducation des adultes, et la commission scolaire devait
autofinancer ce service. Il n'y avait donc pas de transferts possibles. Mais
aussi, légalement, le produit de la taxation ne pouvait pas servir
à ces fins parce que la commission scolaire devait autofinancer à
même l'enveloppe qu'elle recevait de l'État. C'est ce changement
qui est apporté. Si on maintient un cloisonnement total, à ce
moment, s'ils manquent de fonds, ils ne pourront pas utiliser le produit de
leurs taxes et, s'ils ont un surplus de fonds pour cette enveloppe, cela
pourrait arriver que dans une autre enveloppe il n'y ait pas un surplus. C'est
donc pour les adultes comme pour l'enfance en difficulté et la formation
professionnelle.
Nous avons des pressions des organismes pour dire que l'enveloppe de
l'enfance en difficulté devrait être visible et devrait être
cloisonnée. C'est la même chose qu'on me demande venant des
adultes et de la formation professionnelle. C'est une gestion qui deviendrait
très difficile au sein des commissions scolaires si ces cloisons ne leur
permettent pas de faire des réaffectations.
Maintenant, par rapport aux besoins des adultes, jusqu'à ce jour,
nous croyons que les commissions scolaires ont agi autrement que ce que vous
pouvez indiquer comme un problème en perspective; elles ont
été portées à investir vers l'éducation des
adultes plutôt que d'utiliser le fruit des allocations pour les adultes
à d'autres fins.
M. Ryan: J'ai des renseignements qui vont dans le sens contraire,
on va continuer de suivre l'affaire de près et on signalera les
situations au besoin.
Au sujet du nombre d'élèves par groupe pour les cours, il
y a des changements qui ont été apportés. Il y avait des
normes proposées dans des règles budgétaires de janvier.
Vous avez apporté des changements assez considérables qui
alourdissent le fardeau pour les commissions scolaires urbaines, qui
introduisent un peu plus de souplesse pour les commissions scolaires rurales.
Est-ce que je pourrais vous demander si ces nouvelles normes sont le fruit
d'accords qui auraient été réalisés avec les
représentants des commissions scolaires ou si ce sont des
résultats d'une décision qui vient unilatéralement du
ministère? Je n'ai pas eu le temps de recevoir de réactions
là-dessus.
M. Gendron: Quel est spécifiquement le changement auquel
vous faites allusion?
M. Ryan: Par exemple, pour les cours de formation
générale, on prévoyait une moyenne de 20
élèves par groupe.
M. Gendron: Oui.
M. Ryan: Présentement on divise les commissions scolaires
en trois catégories. Pour les commissions scolaires urbaines, cela va
être 21, commissions scolaires semi-urbaines, 18 et commissions scolaires
rurales 16, etc.; je pourrais continuer, mais ce serait trop long. Ce qui
m'intéresse, je ne veux pas discuter en détail de cela, mais
est-ce que vous avez eu des réactions des commissions scolaires de ce
point de vue?
M. Gendron: Là-dessus on a mené une consultation
avec la table régionale et elle était d'accord sur ce
modèle proposé pour des difficultés normales dans les
petites commissions scolaires où il y a plus d'étendue et
de...
M. Ryan: Je vois que dans vos normes il n'y a rien pour les
analphabètes et les élèves handicapés. Avez-vous
une norme pour eux? On vous avait demandé de mettre une norme pour eux,
mais je ne la trouve pas dans les règles budgétaires.
M. Gendron: Juste une seconde. Est-ce qu'on a une norme? C'est
concernant les analphabètes et les handicapés?
M. Ryan: Oui. Nous, on vous avait proposé une norme,
quelque chose comme de 6 à 8, par exemple, et je ne trouve rien.
M. Gendron: Ce qu'il y a de différent, M. le
député d'Argenteuil, c'est que la règle de distribution va
être la même que pour
toutes les autres clientèles, mais il y aura une
pondération pour les analphabètes et les handicapés.
M. Ryan: Dont la nature n'est pas connue pour l'instant.
M. Gendron: C'est -cela.
M. Ryan: Je fais juste un commentaire final et j'aurai
terminé sur l'éducation des adultes. J'ai fait un calcul. La
table des responsables de l'éducation des adultes des commissions
scolaires avait soumis environ 25 propositions de modification aux
règles budgétaires. Ils avaient fait un travail remarquable qui
était très précis. Hier soir, j'ai fait un décompte
du nombre de leurs suggestions qui avaient été retenues. Je pense
que sur 25 il y en a deux ou trois qui ont été retenues et les
autres ont presque toutes été laissées de
côté. Je voudrais simplement émettre le voeu que les autres
suggestions qu'ils ont faites continuent d'être examinées
attentivement parce que j'avais l'impression qu'elles ont été
faites dans un esprit éminemment constructif avec connaissance
très immédiate de la réalité des besoins de
l'éducation des adultes. J'ai trouvé un peu regrettable qu'on en
ait retenu seulement deux ou trois.
M. Gendron: Je vais vous dire que j'ai le même point de vue
que vous que c'était une contribution fort positive. Voici où on
est en désaccord. Je ne sais pas si vous avez pris votre calculatrice ou
si vous avez compté cela manuellement mais, à la lumière
de la contribution fort positive qui nous est venue de l'éducation des
adultes, soit le petit document qu'on vous a transmis tantôt sur les
corrections ou les modifications apportées aux règles
budgétaires à la suite du projet de consultation, je ne pense pas
qu'on va s'asseoir l'un à côté de l'autre pour dire: Cela
n'était pas là et on l'a mis. Je veux tout simplement dire que
dans notre vision des choses, dans le secteur de l'éducation des
adultes, on a tenu passablement compte de ce qui nous avait été
suggéré, presque en totalité, pour l'éducation des
adultes.
M. Ryan: Pas d'après les résultats que je constate.
De toute manière, je ne veux pas prolonger la discussion
là-dessus. Je voudrais émettre une dernière remarque en ce
qui me concerne. J'espère que la politique d'accueil élargie
à la formation au secteur secondaire va produire des résultats
considérables au cours des prochains mois. À ce point de
vue-là, on entretient de grands espoirs dans presque tous les milieux.
J'espère qu'il y a des ajustements qui pourront être requis au
point de vue budgétaire pour faire face à une demande
probablement accrue... M. Gendron: Ah!...
M. Ryan: ...et dont je souhaite qu'elle dépasse même
les prévisions des administrateurs gouvernementaux et scolaires et qu'on
pourra trouver des ressources pour financer cet accroissement
d'activité.
M. Gendron: Mon dernier commentaire là-dessus, M. le
député d'Argenteuil: lorsque j'ai dit tantôt que je ne le
retirais pas parce que je suis convaincu qu'il est exact, c'était
beaucoup plus sur des suggestions autres que l'augmentation des niveaux de
ressources. Si votre question est: À chaque fois que la table de
l'éducation des adultes nous a demandé des niveaux de ressources
additionnels, est-ce qu'on a répondu oui? la réponse est non, en
majorité. Sur l'augmentation des niveaux de ressources, là vous
avez raison que sur ces points-là, sauf les éléments que
je vous ai indiqués tantôt, 1 500 000 $ additionnels pour
l'hébergement des handicapés, également l'ajout pour
l'éducation des adultes en termes de coût de fonctionnement - j'ai
dit que je finirais par cela - 2 800 000 $ de plus que les règles
budgétaires, pour les coûts d'immobilisation, 1 500 000 $ de plus
que ce qu'ils avaient dans les règles budgétaires au
début... Si on fait la somme de ces éléments, cela
constitue un montant appréciable. Au total, en termes
budgétaires, quand je regarde les changements apportés aux
règles budgétaires après la consultation des commissions
scolaires, cela constitue une somme de 57 900 000 $ de plus que ce qu'il y
avait avant la consultation. Bien sûr, y incluant la décision sur
le gel de la tâche parce que, quand on avait envoyé les
règles budgétaires au début, la décision du gel de
la tâche pour le 1er septembre 1985 n'avait pas été prise.
C'est 57 900 000 $ de plus.
M. Ryan: Combien là-dessus pour le gel de la
tâche?
M. Gendron: 26 000 000 $.
M. Ryan: S'il n'y a pas d'autres questions sur l'éducation
des adultes, j'aimerais demander une suspension de cinq minutes...
M. Gendron: Je vous l'accorde.
M. Ryan: ...pour qu'on puisse se concerter sur la manière
de disposer du temps qui reste.
M. Gendron: On vous accorde cela. Je n'ai pas d'objection.
Le Président (M. Leduc, Fabre): Consen-
tement pour qu'il y ait une suspension de cinq minutes.
(Suspension de la séance à 11 h 59)
(Reprise à 12 h 9)
Le Président (M. Charbonneau): À l'ordrel La
commission reprend l'étude des crédits du ministère de
l'Éducation. M. le député d'Argenteuil. À l'ordre!
À l'ordre! Nous sommes maintenant rendus au dossier des
micro-ordinateurs à moins que...
M. Ryan: On aime contredire la présidence.
Le Président (M. Charbonneau): Très bien. Les
ex-religieux enseignants, c'est cela?
M. Ryan: Une petite minute!
M. Gendron: Les ex-religieux enseignants.
M. Ryan: M. le Président...
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: ...l'interruption que nous avons eue nous a permis de
nous entendre sur la manière de procéder au déroulement de
nos débats d'ici la fin du travail de la commission. Étant
donné le peu de temps qu'il nous reste, il y a des sujets que nous
devons malheureusement laisser tomber, en particulier les suivants. D'abord, la
mise en application de la loi 3 sur la restructuration scolaire. Nous allons
l'aborder en d'autres circonstances dans un autre contexte parce que ce n'est
pas un sujet qu'on peut escamoter dans cinq ou dix minutes. Ce qui concerne la
carte scolaire a déjà fait l'objet d'abondants échanges
entre le ministre et nous. Avec les réserves que j'indiquais hier quant
au fond de la politique gouvernementale sur ce sujet, nous sommes satisfaits de
la manière dont le ministre s'est mis à l'écoute des
milieux, y compris de l'Opposition, quant aux aménagements concrets dans
les territoires où il pourrait y avoir des problèmes. En ce qui
touche les micro-ordinateurs, c'est un dossier très technique qui
demanderait au moins une heure complète et peut-être deux heures
de discussion. Je pense que vers la fin des nos travaux comme nous en
approchons maintenant, ce serait dangereux de l'escamoter et, celui-là
aussi, nous préférons le réserver pour un autre
contexte.
Ce matin, pendant la période qui reste, nous aimerions aborder
les sujets suivants: le problème des enseignants ex-religieux, la
question de l'enseignement privé et la question de la présence
anglophone au sein du ministère de l'Éducation. Sur chacun de ces
sujets, nous pensons que des échanges d'une durée de quinze
à vingt minutes devraient permettre de dire l'essentiel de ce que chaque
parti peut vouloir exprimer à ce moment-ci. Si vers la fin il restait
une période de dix ou quinze minutes pour des questions que nous aurions
pu oublier en cours de route et que nous voudrions inscrire au dossier ou des
remarques de part et d'autre, je pense que ce serait
l'élémentaire prudence, parce que je m'aperçois qu'il y a
des questions qu'on a oubliées. Je vous en mentionne une au cas
où je l'oublierais. Je voulais vous demander au chapitre des
règles budgétaires de nous déposer une liste des projets
d'immobilisation qui ont été retenus par le ministère pour
l'année 1985-1986. J'ai remarqué que dans la documentation que
vous nous avez donnée il n'y a rien là-dessus. On a la liste de
1984-1985. C'est du passé. C'est de l'histoire, mais il est très
important que nous ayons la liste pour 1985-1986 parce qu'on nous
présente des problèmes un peu partout et j'aimerais bien qu'on
puisse dire aux gens: Voici ce qu'on nous a donné comme renseignements.
Au moins, c'est un point. Il y en a peut-être d'autres qui vont nous
revenir en cours de route. C'est pour cela que dix ou quinze minutes à
la fin seraient précieuses.
Cela étant dit, si le ministre est d'accord - et vous aussi, M.
le Président -nous sommes prêts à procéder.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va?
M. Gendron: Oui.
Le Président (M. Charbonneau): Très bien.
Les enseignants ex-religieux
M. Ryan: Sur le problème des enseignants ex-religieux,
j'aurais souhaité que le président du Conseil du trésor
ait pu accompagner le ministre aujourd'hui parce que, d'après ce que je
crois comprendre, c'est lui qui est responsable du dossier au nom du
gouvernement, mais le ministre ne peut pas nier sa responsabilité dans
ce dossier, vu qu'il s'agit de personnes qui constituent une proportion
importante du corps enseignant dont il a la responsabilité aux yeux du
gouvernement.
D'ailleurs, c'est dans cet esprit que le Conseil supérieur de
l'éducation, dans l'étude qu'il a faite sur la condition
enseignante, l'an dernier, avait consacré des passages spéciaux
au problème des enseignants exreligieux qui est lié, sous bien
des aspects, à toute la question de la qualité de
l'éducation
et de la condition enseignante. D'abord par le fait que voici une
catégorie de personnes qui doivent accepter des conditions de retraite
gravement inégales par rapport à celles dont jouissent leurs
collègues de l'ensemble de la profession enseignante et ce, en vertu
d'une loi qui a été adoptée il y a une vingtaine
d'années, dans des conditions regrettables et dont le contenu, l'esprit
et les conséquences étaient également déplorables.
Le gouvernement est conscient de ce problème. Il a déjà
essayé d'y remédier à deux reprises par voie
législative apportant des réponses extrêmement partielles
et tout à fait insatisfaisantes.
Plus récemment, nous avons commencé à soulever de
nouveau ce problème, à la suite de pressions qui nous avaient
été faites. Nous ne sommes pas des gens qui découvrons par
une espèce de science infuse des problèmes de cette nature; des
gens étaient venus nous voir, nous en avaient parlé, comme cela
se passe en politique, et c'était notre responsabilité à
titre de députés de l'Opposition de les écouter,
même si on nous disait dans certains milieux que le dossier était
vieux. J'ai entendu cela souvent. Il y a un dossier que je pilote avec le
gouvernement actuel depuis sept ans, un dossier qui remonte à 25 ans, au
scandale de la Régie des alcools, au temps d'un gouvernement qui
n'était pas le vôtre, d'ailleurs, et on n'a pas encore obtenu un
certain papier qu'on voulait avoir. On a adopté des lois sur
l'accès à l'information, tout cela, mais ce maudit papier, il n'y
a pas moyen de l'avoir. J'ai dit au nouveau ministre du Revenu: On ne vous
lâchera pas aussi longtemps qu'on n'aura pas ce papier. Les tribunaux
sont là-dedans, c'est très compliqué. Mais c'est le
rôle de l'Opposition, même si le problème a l'air vieux. On
a la tentation de dire souvent: Tout le monde a touché à cela, je
n'y touche point. Mais, quand nous avons été saisis du
problème, nous avons essayé de dire: II faut le regarder avec un
esprit frais. Au cas où une injustice aurait été commise,
ce n'est pas parce qu'elle a été commise il y a 20 ans, s'il y a
encore des victimes, qu'on ne doit pas essayer d'y remédier.
Le gouvernement, après avoir essayé de se laver les mains
du problème par la voix du prédécesseur du ministre actuel
de l'Éducation qui était alors président du Conseil du
trésor, a fini par reconnaître qu'il y avait un problème et
je dois rendre hommage au président actuel du Conseil du trésor,
M. Clair, qui a accepté de se pencher sur la question au cours de la
dernière année et qui a même consenti à ce que des
négociations soient engagées avec les personnes qui sont
mandatées pour agir et pour parler au nom des enseignants ex-religieux
concernés par les conséquences de cette loi de 1965.
Je pense que je puis dire, sans crainte d'être contredit, que dans
la députation ministérielle - je ne parle pas de la
députation de l'Opposition qui est unanime sur ce sujet comme sur un bon
nombre d'autres - et même parmi les ministres du gouvernement, il y a
beaucoup de personnes qui sont éminemment sympathiques à la cause
des enseignants ex-religieux. On m'a rapporté que des conversations ont
eu lieu avec plusieurs. Je laisse au ministre le soin de dire quel est son
sentiment, mais je pense que cela nous intéresse beaucoup de le
connaître, par contre. Des négociations ont eu lieu, certains
rapprochements se sont produits. Malheureusement, il y a environ deux semaines,
une réunion a eu lieu à l'issue de laquelle les parties se sont
séparées sur une note qui ressemblait beaucoup à une
rupture des négociations. Je regretterais beaucoup que le dossier soit
fermé à cause de cette rupture qui s'est produite et que je
souhaite de tout coeur temporaire. Je pense que c'est le devoir de l'Opposition
de profiter de l'étude des crédits du ministère de
l'Éducation pour rappeler ce problème à l'attention du
ministre de l'Éducation afin de lui signaler en particulier que,
d'après des calculs établis par les conseillers actuariels de la
CEQ et du comité provincial des enseignants exreligieux, la
différence séparant les deux parties aurait été
considérablement amenuisée à la faveur des
négociations qui ont eu lieu.
D'après les chiffres qu'on m'a remis, les obligations du
gouvernement envers ses enseignants, suivant le régime actuel,
s'élèveraient à environ 257 000 000 $ pour les
années à venir. Suivant la proposition qui a été
déposée par le gouvernement le 26 mars, elles passeraient
à 347 000 000 $, c'est-à-dire une augmentation de 90 000 000 $.
Par ailleurs, les enseignants ex-religieux et la CEQ ont déposé
aussi, de leur côté, des propositions, et la plus récente
porterait les responsabilités du gouvernement de 257 000 000 $ à
473 000 000 $, soit une augmentation de 216 000 000 $, ce qui donne un
écart entre les positions des deux parties de 126 000 000 $.
Je me souviens qu'on nous a parlé ici, à
l'Assemblée nationale, il y a deux ans, lors d'un débat dont
plusieurs se souviendront peut-être, d'un montant - je pense que
c'était 2 000 000 000 $ qu'on nous avait mentionnés - de nature
à faire trembler jusqu'aux corneilles. Là, on est rendu à
126 000 000 $ et je dois rappeler que cela s'échelonnerait sur une
période de 20 ans à 25 ans. Ce n'est pas une somme qui doit
être déboursée tout d'un coup, tout d'une seule fois, c'est
une somme qui devrait être répartie.
J'ai demandé aux actuaires de la CEQ de préparer une
évaluation des coûts qu'entraînerait un règlement
suivant la
proposition gouvernementale, suivant la proposition des enseignants
concernés de la CEQ, répartie sur des tranches annuelles qui
composent cette période de 20 ans à 25 ans; malheureusement, je
n'ai pas ces données ce matin parce qu'il nous a été
impossible de rejoindre les actuaires qui avaient promis de faire ce travail.
Mais je voudrais demander au ministre comment il voit le problème. Il me
semble que, si la marge a été réduite à ce point,
nous devrions pouvoir envisager une nouvelle étape constructive. Ma
question se poserait sous les deux aspects suivants: D'abord,
reconnaît-il qu'il y a là une situation injuste et que
l'idéal qu'on doit viser est que ces enseignants, qui ont
été d'aussi bons enseignants que n'importe qui d'autres... S'ils
avaient été des enseignants de seconde classe, si on disait
qu'ils n'étaient pas aussi bons que les autres, qu'ils n'étaient
pas aussi qualifiés, qu'on leur a fait des faveurs, je comprendrais.
Mais ce n'est pas cela, ils ont été d'aussi bons enseignants et
je pense que nous reconnaissons tous que, de manière
générale, ils ont peut-être été quelque peu
supérieurs à la moyenne.
Ils ont déjà - et je pense important de le signaler car
ceux qui font des calculs technocratiques oublient souvent cette dimension -
apporté une contribution énorme à l'enseignement. Pendant
toutes les années où ils ont servi, avant 1965, ils
étaient souvent payés au tiers de ce qu'étaient
payés les enseignants réguliers. Il ne faut pas oublier cela.
Même pendant les années qui ont suivi 1965, je crois que leur
niveau de rémunération n'est pas parvenu à
l'égalité complète immédiatement; c'est seulement
ces dernières années qu'ils l'ont eue.
Tout cela étant considéré, je voudrais demander au
ministre s'il est d'accord avec l'Opposition pour reconnaître qu'il y a
là une situation injuste à laquelle la société
québécoise a le devoir d'apporter une solution acceptable.
Deuxièmement je voudrais lui demander comment il envisage d'agir, comme
ministre de l'Éducation, pour favoriser une solution dans les meilleurs
délais.
M. Gendron: Je voudrais prendre quelques minutes pour
"recontexter" ce problème réel des ex-religieux. Je voudrais
d'abord mentionner que, même si le député d'Argenteuil nous
disait dans sa note qu'à plusieurs reprises au cours de la
dernière année l'Opposition a attiré l'attention du
gouvernement sur le problème des quelque 2800 membres de la profession
enseignante, je ne peux pas dire que ce n'est pas exact, sauf que je ne pense
pas que c'est à la suite de l'attention de l'Opposition que le
problème était présent au sein du gouvernement. Je
voudrais d'abord rappeler que ce n'est pas pour la simple raison qu'ils ont
été un jour dans un institut religieux et qu'ils ont
décidé de se séculariser qu'ils doivent actuellement
accepter des conditions de retraite fort désavantageuses. Ce n'est pas
pour cette seule raison-là. C'est parce qu'il y a un gouvernement qui a
pris une mauvaise décision, à un moment donné, et ce n'est
pas le nôtre, c'est le gouvernement libéral du temps.
Je voudrais rappeler qu'entre 1965 et 1976 il y a des gens qui
dirigeaient le Québec et ils n'ont posé aucun geste pour essayer
d'améliorer cette situation. Nous, d'abord en 1978, par le biais de la
loi 60, nous avons temporisé un tant soit peu, essayé de
régler en partie ce problème-là. C'est quand même un
coup de 34 000 000 $. Depuis 1984, parce que, dans un problème comme
celui-là, il ne s'agit pas de relever les morts, je pense que le
gouvernement du Québec a été très sensible à
ce problème en essayant de voir des solutions possibles.
Je ne ferai pas le tour de toutes les propositions qui ont
été mises sur la table mais je pense qu'on doit surtout parler de
la situation d'aujourd'hui. Il est exact qu'aujourd'hui, au sujet des chiffres
en tout cas, il n'y a pas d'écart excessif entre les chiffres des
intéressés, les chiffres de l'Opposition ou les nôtres. Je
pense que tout le monde s'accorde. En 1984, dans la proposition de la CEQ, on
parlait d'un coût pour le gouvernement de 350 000 000 $ en gros. Vous
avez parlé d'un peu plus, un peu moins, mais je pense qu'on s'accorde
sur 350 000 000 $. Récemment, dans une proposition que le gouvernement
du Québec déposait, on parlait d'un coût de 175 000 000 $
parce que, dans la proposition qui a été déposée,
nous pensions qu'il y avait lieu d'envisager un partage du coût de la
facture. Nous croyons toujours qu'il y aurait lieu de faire assumer une partie
des coûts du réajustement requis, nécessaire - parce que je
vais revenir tantôt sur la situation injuste par les contemporains de
l'éducation aujourd'hui.
Est-ce que ce partage doit être dans la proportion 50-50? Je pense
que tout ceci doit demeurer négociable, doit demeurer ouvert. C'est dans
ce sens-là qu'il faut continuer à pousser ce dossier qui, je
pense, mérite toujours d'être étudié très
attentivement parce que, à votre question précise demandant si le
ministre de l'Éducation considère qu'il s'agit là d'une
situation un peu particulière, un peu injuste, ma réponse est
oui. Si je ne l'avais pas considérée ainsi, je n'aurais pas
été aussi attentif que je l'ai été chaque fois que
j'ai eu l'occasion de rencontrer les intéressés. Je peux vous
assurer, M. le député d'Argenteuil, que ce n'est pas la
première fois que je rencontre ce qu'on appelle communément le
groupe de M. Dolbec, de même que d'autres à titre individuel dans
mon comté comme dans plusieurs comtés de mes collègues.
Je
pense qu'ils ont pris à coeur le règlement du
problème. Ils ont raison de mettre énormément de pression
là-dessus parce que, pour eux, il est exact qu'ils ont offert à
la société québécoise une contribution fort
positive. Je pense que cela ne fait aucun doute, de notre côté
comme du vôtre, que ce sont des éducateurs de qualité qui
ont contribué à améliorer de beaucoup la situation
générale de l'éducation au Québec. Dans ce sens,
ils sont peut-être en droit d'exiger un correctif à la situation
qui leur a été faite par une loi que vous connaissez.
Votre deuxième question était: Comment entendez-vous agir
dans ce dossier? Je tiens d'abord à signaler, comme vous l'avez fait au
tout début, que le dossier est sous la responsabilité de mon
collègue, Michel Clair, président du Conseil du trésor,
député de Drummond. Je lui ai demandé, comme vous me
l'aviez indiqué hier, si c'était possible pour lui d'être
des nôtres ce matin, ce qu'il aurait fait s'il n'avait pas eu des
engagements préalables qui le conduisaient à l'extérieur
de la capitale. Il est dans une région assez éloignée. Il
ne pouvait pas être des nôtres.
Je peux ajouter en conclusion, en ce qui me concerne,
concrètement, c'est que, pas plus tard que la semaine dernière,
tout autant le caucus ministériel que le Conseil des ministres ont
convenu de réévaluer un nouveau mémoire au Conseil des
ministres sur la base de ce que j'appellerais l'évolution de ce dossier
qui, enfin, a placé les chiffres dans une proportion plus convenable,
plus envisageable, et, sur la base de cette évolution des chiffres sur
lesquels on s'accorde, je pense que, oui, le Conseil des ministres doit
d'être saisi à nouveau d'une évaluation par le porteur du
dossier dans la perspective d'une éventuelle décision que, en ce
qui me concerne, je souhaite dans les meilleurs délais.
Ce sont à peu près les considérations que j'ai
à faire, à ce moment-ci, sur ce dossier. En ce qui me concerne,
c'est un dossier ouvert. Ce n'est pas un dossier qui est fermé du tout.
C'est un dossier qui doit continuer à cheminer. Plus il y aura
d'intervenants qui seront conscients qu'il faut faire quelque chose, plus on a
des chances de le régler.
M. Ryan: Est-ce que vous envisagez de prendre une initiative
quelconque afin de favoriser la reprise des négociations entre les deux
parties? Les renseignements que nous avons indiquent que les
négociations auraient été rompues. Il semble que les
représentants du gouvernement auraient quitté la table en disant:
Pour nous, c'est final. C'est cela et pas autre chose! Est-ce que vous
envisagez de faire quelque chose pour favoriser une reprise du dialogue?
M. Gendron: Je viens de vous indiquer que j'ai été
un de ceux au Conseil des ministres qui, il y a deux semaines, a
signifié à mon collègue, président du Conseil du
trésor, député de Drummond, que j'étais
intéressé, de même que plusieurs autres collègues,
à réévaluer sur la base d'un mémoire au Conseil des
ministres ce que j'appellerais l'évolution du dossier. À ma
connaissance, c'est pour les jours qui viennent que ce mémoire sera
évalué au Conseil des ministres.
Pour l'instant, je pense que c'est surtout cette démarche qui
doit être effectuée avant d'entreprendre de nouveaux pourparlers
avec les intéressés, que ce soient les ex-religieux ou la CEQ,
sur la base d'un dossier qui a évolué. Autrement dit, quand bien
même je ferais des efforts pour reparler à ces gens, si on se
reparle sur la base des mêmes papiers sur lesquels on s'est parlé
il y a quelques mois, je ne suis pas plus avancé.
Le mandat qu'il faut obtenir, c'est effectivement une vision
différente par le Conseil des ministres de l'état de la question
et, éventuellement, des hypothèses qui seraient jetées sur
la table.
M. Ryan: D'après ce qu'on m'a dit, la plus récente
proposition du gouvernement, en moyenne, améliorait les conditions de
retraite des enseignants ex-religieux d'à peu près 5 %. Est-ce
que vous trouvez que c'est une proposition qui doit être
améliorée pour arriver à une solution juste?
M. Gendron: II faut faire attention, M. Ryan. Quand on a à
diriger l'État québécois, n'importe quel dossier pris en
soi peut souffrir de carences un petit peu grosses, un petit peu très
désagréables. C'est le cas des ex-religieux. Mais nous, nous
avons à évaluer un dossier comme celui-là par rapport
à d'autres. Je donne seulement un exemple -hier, on avait un
mémoire qui apportait des modifications mineures au régime de
retraite de l'ensemble des employés de la fonction publique et
parapublique - précisément pour faire observer qu'il y a
certaines iniquités sociales très sérieuses, très
dramatiques. J'en évoque seulement une au moment où je vous
parle. En gros, c'est celle de la pension moyenne que retireraient demain matin
les travailleurs du secteur des affaires sociales. Pas les cadres, mais ce
qu'on appelle les employés de soutien, ce qu'on appelle en tout cas la
grosse masse de concentration d'employés dans le réseau des
affaires sociales. Je peux vous dire qu'ils auraient déjà demain
matin, s'ils se retiraient, une pension accumulée qui serait de beaucoup
inférieure à celle qui existe pour les ex-religieux. Je veux bien
qu'on envisage une bonification pour un groupe, mais il faut le regarder, nous,
avec les responsabilités qui
sont nôtres, c'est-à-dire diriger l'ensemble des situations
particulières de l'État québécois. (12 h 30)
C'est dans ce contexte, je pense, qu'il faut regarder le genre de
bonification qu'on peut ajouter sur un problème comme celui-là,
réel, je n'en disconviens pas, mais toujours en ayant la vision qu'il y
a d'autres secteurs qui pourraient être en demande de la même
façon et peut-être avec tout autant de vigueur et de
détermination parce que leur situation réelle, les
considérations sont différentes. On pourrait dire nous: II n'y a
pas eu de loi. On n'a pas passé par telle et telle chose. Ce sont des
considérations différentes. Mais le résultat net, en fin
de compte, pour la personne qui doit faire face à sa situation de
retraite demain matin, c'est d'essayer de dire: Est-ce que la retraite que
l'État québécois me donne va me permettre de manger trois
repas par jour et d'avoir un minimum de sécurité? Nous, comme
gouvernement, on se doit d'être attentif à des choses comme celles
que je viens d'évoquer. Je ne suis pas capable de vous dire ce matin...
C'est vraiment un dossier du gouvernement, c'est un dossier du Conseil des
ministres pour lequel M. Clair est le porteur de ballon. Ma
responsabilité comme ministre de l'Éducation c'est de toujours
lui indiquer que, pour moi, ce dossier n'est pas réglé. Il est
important qu'il le soit. Dans les meilleurs délais, quand on sera en
mesure de prendre une décision éclairée, je serai des plus
heureux.
M. Ryan: Très bien.
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce qu'il y a d'autres
députés sur ce sujet? Je vais passer à l'enseignement
privé. M. le député d'Argenteuil.
L'enseignement privé
M. Ryan: Sur l'enseignement privé, j'aimerais que le
ministre nous indique quels changements sont intervenus dans la politique du
gouvernement, à supposer qu'il y en ait une évidemment, parce
que, s'il y en a une, elle est plutôt implicite qu'explicite. On n'a
jamais été capable...
M. Gendron: S'il y en avait une, elle est en circulation
restreinte.
M. Ryan: Réservée aux initiés. Cela fait
sept ans que le gouvernement est censé accoucher d'une telle politique.
On n'en a jamais eu. J'aimerais que le ministre nous dise brièvement ce
qui est arrivé au cours de la dernière année et ce qu'il
entrevoit pour la prochaine année?
M. Gendron: En gros, ce qui est arrivé de la politique de
l'enseignement privé, c'est qu'on doit reconnaître, admettre que,
pour toutes sortes de circonstances, nous n'avons pas été en
mesure, comme gouvernement, de préparer une réflexion assez
substantielle sur un problème comme celui-là. C'est un
problème dans le sens que à l'État québécois
consacre énormément de ressources financières à
l'école publique et qu'on a développé, au fil des ans, ce
que j'appellerais, moi, parce que je le pense vraiment, un système
complémentaire, parce que, bien sûr, l'école privée
offre une complimentarité de services. Mais, d'aucune façon, en
ce qui me concerne, il ne doit venir doubler ou "paralléliser" le
système public. Je connais peu d'États dans le monde qui ont les
moyens d'avoir deux systèmes parallèles à très
grands frais. Dans ce sens, on n'a pas réussi jusqu'à maintenant
à cheminer plus avant dans l'élaboration d'une politique de
l'enseignement privé. Mon prédécesseur avait dit qu'une
telle formulation ne serait pas pour la présente année; disons
que, moi, je me présente aux crédits correctement, dans le sens
que je n'ai pas l'impression qu'on n'a pas donné suite à un
engagement qui avait été pris. Au contraire, on vous avait dit
clairement l'an dernier que nous ne croyions pas que nous serions en mesure de
soumettre une politique sur l'enseignement privé lors des crédits
1985-1986.
Beaucoup de considérations doivent entrer en compte dans
l'établissement d'une telle politique. Notamment, pour l'instant, je
préfère consacrer toutes mes énergies à
l'application de la réforme de l'enseignement primaire et secondaire au
moyen de la loi 3. Il y a également toute la question de
l'évolution des effectifs scolaires au Québec. L'évolution
des effectifs scolaires est importante dans un contexte comme celui d'une
ébauche d'une nouvelle politique. Il y a toute la question aussi des
disponibilités financières. Je ne crois pas que c'était
très opportun, à partir du moment où on a dû passer
à travers une période économique difficile qui nous a
amenés à poser des gestes de réaménagement
budgétaire, de réallocation de ressources et, dans certains cas
concrets, de compressions, de se tirer en l'air avec une politique très
avantageuse au niveau de l'enseignement privé.
Ce que je peux vous dire sur la politique, quand le gouvernement sera
prêt, il dira s'il y a lieu de modifier l'équilibre
présent, quand une certaine sagesse nous aura inspirés à
la suite des considérations du passé et de l'avenir. Votre
question était précise en disant: Est-ce que vous avez
apporté des modifications? Tout ce que je peux vous dire: Oui, on a eu
quelques échanges là-dessus pour peut-être
régulariser davantage nos procédés d'aide
financière, peu importe la nature de l'aide financière au
secteur privé. Nous nous sommes rendu compte que par voie
réglementaire il y aurait possiblement nécessité et
obligation de resserrer certaines dispositions pour que nous puissions
procéder dans le contexte d'une meilleure sécurité
juridique.
Dans ce sens, on est en train de fouiller quelques dispositions par voie
réglementaire qui nous permetteraient de sécuriser l'aide que
nous apportons - je ne me rappelle pas l'appellation - les montants de base au
deux niveaux que nous aidons.
M. Ryan: C'est tellement abstrait qu'on ne peut pas
soupçonner ce que vous voulez dire, M. le ministre, et je pense que vous
vous en rendez compte. Je voudrais avoir des choses un peu plus
précises. Je vais vous poser une question précise: L'allocation
pour la valeur locative, y a-t-il eu des changements au cours de la
dernière année ou est-ce qu'il y en a qui vont être
introduits en 1985-1986? Où est-ce qu'on en est là-dessus?
M. Gendron: Oui. Pour ce qui est des changements en valeur
locative, en effet les modalités de versement des subventions sont
actuellement plus acceptables. Le montant versé au titre de la valeur
locative tient compte de réalités nouvelles: programme
d'initiation à la technologie et éducation familiale, la
micro-informatique. Il est bonifié par l'introduction d'un facteur
déterminé à titre d'indexation en référence
au coût de la construction non résidentielle. Ce sont les trois
modifications qui ont été apportées.
M. Ryan: Sur le troisième facteur que vous avez
mentionné, comment voulez-vous... Indexation relativement au coût
de la construction non résidentielle...
M. Gendron: Oui.
M. Ryan: Je vais vous poser le problème en termes
concrets. Disons que vous avez une institution qui veut construire un gymnase,
par exemple, au coût de 300 000 $. Elle se présente au
ministère. Qu'est-ce que vous faites avec cela? Est-ce que vous allez
lui dire: On est prêt à réexaminer l'allocation que vous
touchez au titre de la valeur locative? Est-ce que vous envisagez, dans
certains cas, de lui verser une subvention spéciale? Qu'est-ce qui va se
produire? Ou lui dites-vous: Cela c'est entièrement à vos
charges; nous, on va être bien contents et on pourra même venir
inaugurer cela, si vous voulez, mais financièrement on n'a pas affaire
là-dedans?
M. Gendron: Monsieur de l'enseignement privé, va vous
répondre.
Une voix: Monsieur? M. Gendron: M. Guay.
M. Guay (Bernard): À ce moment nous considérons la
présentation qui nous est faite à la lumière des
considérations d'ensemble de la valeur locative. Il n'est pas question,
pour le ministère, de verser directement des subventions
spécifiques pour cette construction parce que la loi ne prévoit
pas de subvention spécifique aux immobilisations. On fait un recul dans
le temps, on se demande si le gymnase qui vient d'être construit
était admissible en 1971 lorsque cette composante a été
admise à titre de subvention. On regarde quelles étaient les
conditions qui prévalaient à ce moment et on fait la
transposition pour considérer l'admissibilité des dépenses
qui nous sont soumises maintenant en conformité avec ce formulaire.
Ce qu'il y a de nouveau, c'est que jusqu'à cette année
nous n'indexions pas ces montants de 1972; mais, à compter de 1985-1986,
il y aura une certaine indexation qui va être faite, non seulement sur ce
nouveau gymnase dont vous parlez, mais sur l'ensemble des subventions qui sont
versées.
M. Ryan: Est-ce que cela va être de 2 % comme pour les
autres coûts dans les commissions scolaires?
M. Guay (Bernard): Le montant n'est pas précisé;
c'est un montant qui sera convenu avec le Conseil du trésor, toujours en
référence avec ceux qui sont convenus pour le secteur public.
M. Ryan: Maintenant, est-ce qu'il va y avoir un ajustement pour
toute la période où il n'y a pas eu d'indexation?
M. Guay (Bernard): Non.
M. Ryan: Non?
M. Guay (Bernard): Non.
M. Ryan: Y a-t-il déjà eu une subvention qui a
été versée au cours des deux ou trois dernières
années au collège Stanislas à Montréal?
M. Guay (Bernard): Le collège Stanislas à
Montréal est un collège qui a un statut très particulier.
Il y a eu une époque où, effectivement, il y avait une subvention
de versée en provenance du ministère de l'Éducation au
même titre que les autres établissements privés; depuis
plusieurs années maintenant, il y a aussi une subvention qui lui est
versée, mais elle est comptabilisée aux crédits non pas du
ministère de l'Éducation, mais du ministère des
Affaires
intergouvernementales. Je m'excuse, je n'ai pas la nouvelle
dénomination.
M. Ryan: Une institution privée qui a un statut
spécial au titre des relations privilégiées avec la
France.
M. Guay (Bernard): Elle a un statut spécial en termes de
financement. Elle n'est pas subventionnée...
M. Ryan: Cela veut dire qu'il y a des enfants du Québec
qui peuvent aller à celle-là et qui vont jouir d'un statut
spécial par rapport aux enfants du Québec qui vont aller à
une institution privée québécoise.
M. Guay (Bernard): Le montant de subvention qui est versé
au collège Stanislas est rigoureusement le même et il est
calculé de la même façon, à partir des mêmes
bases que les montants qui sont versés aux autres établissements
privés. La seule distinction qu'il y a, c'est que la subvention
émarge non pas au ministère de l'Éducation, mais à
l'autre ministère.
M. Ryan: Est-ce strictement sur les mêmes bases?
M. Guay (Bernard): La même chose. M. Ryan:
Très bien.
M. Guay (Bernard): Et c'est fait par nous.
M. Ryan: II n'y a pas eu de subvention pour des fins de
construction?
M. Guay (Bernard): Non, pas à ma connaissance.
M. Ryan: Pas à votre connaissance.
La Commission consultative de l'enseignement privé, j'ai entendu
dire à plusieurs reprises qu'une étude se faisait sur son statut,
sur son fonctionnement, sur son avenir. Est-elle terminée, cette
étude? Y a-t-il des conclusions qui en découlent?
M. Guay (Bernard): Si l'étude à laquelle vous
faites référence est celle que la commission consultative a faite
elle-même -c'est la seule que je connaisse - à ma connaissance,
elle n'est pas terminée. Je sais que les membres se sont penchés
sur une série de rapports provisoires et on nous a annoncé pour
la fin du printemps la parution d'un rapport plus définitif.
M. Ryan: Bien. Pour la fin du printemps? Cela approche.
M. Guay (Bernard): C'est presque au début de
l'été.
M. Ryan: Le ministre nous a fait remettre une liste
d'institutions qui ont demandé une reconnaissance, soit au titre DIP ou
au titre RFS, en vue de l'année 1985-1986. Cette liste comprend environ
25 institutions...
M. Guay (Bernard): 32.
M. Ryan: Pour chacune, on dit le nom de l'établissement,
la demande et les subventions approximatives requises et la décision. On
n'a pas la recommandation de la commission consultative. Pourrait-on avoir
cela? Est-ce que ce sont toutes des demandes qui ont été
examinées par la commission consultative?
M. Guay (Bernard): Toujours.
M. Ryan: Y aurait-il moyen de nous envoyer un addendum à
la documentation que nous avons reçue donnant la recommandation qui a
été faite dans chaque cas?
M. Gendron: Nous n'avons pas d'objection, pour autant que vous
faites la demande directement à la commission. Si vous faites
directement la demande à la Commission consultative de l'enseignement
privé, elle décidera si elle...
M. Ryan: Je vais poser les questions autrement parce que je suis
intéressé à avoir des réponses. Prenez le cas de
l'Académie Sainte-Thérèse qui a demandé un statut
DIP à la fois au primaire et au secondaire. Est-ce qu'une
décision a été prise. Quand cette demande est-elle
entrée? M. Olivier doit savoir cela.
M. Gendron: Oui, mais un instant! Oui, M. Olivier doit savoir
cela. Je voudrais quand même vous parler du cadre général
parce que des demandes de statut subventionné, il y en a 32; des
décisions prises, il y en a 18. On en a précisément
quatorze en suspens et actuellement, dans celles qui ont obtenu une
décision favorable, il y en a onze qui ont une concordance avec l'avis
de la commission consultative. C'est sûr que M. Olivier, qui est le
responsable de l'enseignement privé au ministère, suit de
très près à quel moment rentrent les demandes et à
quel moment on reçoit les avis de la commission et également
à quel moment le ministre, qui a le pouvoir discrétionnaire de
reconnaître ou pas, statue. Pour ce qui est de votre question
précise, oui, je pense que M. Olivier est en mesure de vous dire
très précisément quand on a reçu cette demande. (12
h 45)
M. Ryan: Je pense qu'on pourrait faire cela vite pour chaque cas
parce que là...
M. Gendron: Oui, oui. Cela ne me fait rien, M. Olivier...
M. Ryan: Oui. C'est parce que vous me dites qu'il y a des
décisions de prises dans 18 cas...
M. Gendron: Oui.
M. Ryan: ...et, d'après l'information que votre
ministère m'a remise, j'ai des décisions seulement dans sept cas.
Je voudrais bien compléter mon information.
M. Gendron: C'est que...
M. Ryan: Je pense que, si on passe la liste rapidement, on va
savoir à quoi s'en tenir.
M. Gendron: Oui, c'est parce que j'ai pris des décisions
dans les deux dernières semaines avant qu'on vous envoie cela. Cela fait
quand même un bon bout de temps qu'on vous a envoyé la
documentation pour vous donner le temps d'analyser et de regarder cela.
Entre-temps, il y a eu des décisions qui ont été prises.
Mais allez-y, M. Olivier.
M. Ryan: Sur l'Académie Sainte-Thérèse,
j'aimerais avoir pour chaque cas la recommandation de la commission et la
décision.
M. Olivier (Denis): Si j'ai bien compris l'intervention de M. le
ministre tantôt, il suggérait que, pour ce qui est de l'expression
de l'avis de la commission consultative, vous vous adressiez à elle. Ce
n'est pas que nous ne l'ayons pas en dossier, mais de façon
générale on essaie de respecter les juridictions respectives. De
toute façon, je vous rappelle que toutes ces décisions de la
commission consultative sont publiées annuellement dans le rapport
annuel.
M. Ryan: M. Olivier, le rapport, on l'a un an et demi
après. Cela ne nous est d'aucune d'utilité, sauf pour les
études à long terme.
M. Gendron: M. le député d'Argenteuil, pour fins de
fonctionnement aujourd'hui, M. Olivier va vous le dire.
M. Ryan: Oui, il va falloir qu'on fasse comme la dernière
fois. On va aller fouiller dedans. C'est correct. On va y aller.
M. Gendron: Non, non, vous ne fouillerez pas. On va vous le
dire.
M. Ryan: On a été obligé d'y aller et il a
fallu qu'ils délibèrent pendant une semaine pour savoir si on y
aurait accès.
M. Gendron: Je ne veux pas que vous fouilliez. On va vous le
dire.
M. Ryan: Pardon?
M. Gendron: On va vous le dire tout de suite.
M. Ryan: Très bien.
M. Olivier: À l'Académie
Sainte-Thérèse, la recommandation de la commission consultative
était de donner au primaire une RFS et la décision du ministre ne
va pas dans le même sens que la commission consultative.
M. Ryan: La décision du ministre, c'est non.
M. Olivier: Ce n'est pas nécessairement non. Le ministre
demeure ouvert à ce que l'établissement privé continue
à fonctionner avec le permis.
M. Ryan: Si cela pouvait épargner du temps ce matin, le
ministre pourrait prendre l'engagement de nous faire transmettre au cours des
prochains jours des renseignements complets sur chaque demande que M. Olivier
commence à nous donner. Je ne poursuivrais pas la discussion ce matin
parce qu'on peut prendre 20 minutes là-dessus et, on ne sait pas,
parfois il y a des sous-questions qui viennent. Je pourrai continuer à
poser ces questions par d'autres voies. Cela va épargner du temps
à la commission. Ce qui m'intéresse, c'est d'avoir tous ces
renseignements avec précision, surtout avec les décisions les
plus récentes qui ont été prises dernièrement. S'il
y a lieu de demander de plus amples renseignements, on vous les demandera ou on
les demandera à la commission, si c'est à elle qu'il faut les
demander.
M. Gendron: Je suis complètement d'accord, M. Ryan. On a
pris note de cela et on va vous faire connaître l'heure juste
là-dessus.
M. Ryan: Une question plus générale, cependant.
D'après ce que je peux voir, les décisions sont presque toutes
négatives. Sur les 18, combien en avez-vous de positives?
M. Gendron: C'est 11 sur 18, ce n'est pas complètement
négatif. Vous ne vous souvenez plus de vos mathématiques, des
proportions?
M. Ryan: Je vais vous demander... Je n'avais pas compris ce point
tantôt. Voulez-vous me donner celles qui ont été positives?
Cela va aller vite. C'est tellement intéressant quand c'est positif.
M. Gendron: Le nombre de celles qu'on a retenues positivement, on
va vous l'envoyer, mais je ne l'ai pas ici; je n'ai pas les noms. On l'a en
nombre, c'est 11 sur 18.
M. Ryan: Ce sont toutes des choses au secondaire, je suppose.
Est-ce qu'il y en a au primaire?
M. Gendron: Non, je ne crois pas. Mais je vais vous faire
parvenir ces renseignements, parce qu'ici j'ai seulement le
général. Sur 18 décisions prises, il y en a 11
positives.
M. Ryan: Est-ce que ce sont des décisions RFS ou DIP ou
s'il y en a des deux sortes? En tout cas, envoyez-nous tous ces
renseignements.
M. Gendron: Oui.
M. Ryan: Juste une question d'ordre plus général.
J'ai cru comprendre dans le cahier explicatif que vous allez rendre une
décision positive s'il y a eu une certaine récupération de
crédits par le décès d'une institution ou le déclin
d'une autre, etc. Il n'y a pas de sommes nouvelles qui sont injectées
pour la création de nouvelles institutions ou l'addition d'institutions
à votre liste. Est-ce c'est comme cela que cela fonctionne?
M. Gendron: C'est comme cela.
M. Ryan: II faut qu'il y en ait une qui meure pour que le
ministre trouve qu'une autre peut avoir du bon sens.
M. Gendron: C'est cela.
M. Ryan: Très bien. C'est ce que je pensais, mais je
voulais vous le faire confirmer. Je trouve que c'est une politique inacceptable
à sa face même. On aura l'occasion d'en discuter sous d'autres
cieux.
M. Gendron: C'est pour cela, M. le député, que je
reconnais qu'il y a nécessité de revoir la politique du
gouvernement du Québec sur l'enseignement privé. Je l'ai dit tout
à l'heure. J'ai même indiqué qu'il n'y a pas de surprise,
puisque l'an dernier mon collègue, M. Bérubé, avait
indiqué de ne pas s'attendre à une nouvelle politique, pour
toutes sortes de raisons que j'ai expliquées. Mais il est clair que, si
nous avions à repenser et à revoir la politique de l'enseignement
privé tout court, ce sont des éléments sur lesquels il y
aurait lieu de revenir et de statuer, parce que je reconnais qu'il y a des
distorsions qui ne sont pas faciles.
M. Ryan: Est-ce que vous avez des renseignements... Est-ce qu'il
y a des rapports périodiques sur la qualité de la formation qui
se donne dans les institutions privées? Est-ce qu'il y a des
études qui sont faites, par exemple, sur les résultats
comparés? Il faut qu'elles présentent leurs élèves
aux examens du cours secondaire. Est-ce qu'il y a des comparaisons indiquant le
genre de résultats que ces élèves obtiennent? Est-ce qu'il
y a des études qui sont faites sur leurs méthodes ou sur leurs
critères de recrutement de clientèle également?
M. Gendron: On a des rapports, des données sur les
résultats, sur les méthodes, etc., sauf que votre question
était précise à savoir s'il y avait des études
comparatives. La réponse est non.
M. Ryan: Nous, on en fait dans notre région. On a un
collège privé et, chaque année, on fait la comparaison
entre les résultats que ces élèves obtiennent et ceux que
les élèves de la commission scolaire obtiennent. C'est
intéressant. Il y a toutes sortes de bonnes choses.
M. Gendron: Oui, mais, M. le député, ce que j'ai
dit, c'est que le ministère de l'Éducation n'a pas
commandé d'études comparatives. Je ne dis pas que nous ne
disposons pas d'informations intitulées "Études comparatives",
mais cela ne provient pas du ministère de l'Éducation. Nous
aussi, on a sûrement des documents comme ceux-là sur les
étagères.
M. Ryan: J'ai remarqué que le président de la
Commission consultative de l'enseignement privé est un haut
fonctionnaire du ministère des Affaires culturelles. Cela dépasse
un peu mon entendement. Je pense que son nom est M. Vennes. J'ai bien de
l'estime pour lui qui est un ancien directeur de la division de l'enseignement
élémentaire, au ministère. C'est un homme qui a toutes les
qualités voulues pour jouer ce rôle, mais il me semble que,
structurellement, fonctionnellement parlant, on ne devrait pas avoir un haut
fonctionnaire comme président d'une commission consultative
chargée d'aviser le ministre et le gouvernement sur des questions comme
celles-là. Il me semble qu'il y a une antinomie, je ne le sais pas.
Si c'est un organisme purement privé qui se nomme un
fonctionnaire, si le ministre veut lui donner la latitude de le faire, c'est
discutable. Il y a une marge. Mais c'est un organisme du gouvernement et le
"inbreeding" devrait cesser quelque part. J'ai déjà
signalé le problème à propos de la présidence du
Conseil supérieur de l'éducation. Il me paraît encore plus
patent dans ce cas-ci. Le statut du président du Conseil
supérieur de l'éducation est très mauvais
actuellement.
Dans ce cas-ci, je vous demande si vous ne voyez pas une antinomie
là-dedans.
M. Gendron: Je pense que c'est une question de point de vue.
Sincèrement, M. le député d'Argenteuil, je ne le vois pas
comme cela. Il est absolument abusif d'insinuer que le ministre veut
bâillonner la Commission consultative de l'enseignement privé en
lui assignant un haut fonctionnaire comme président.
M. Ryan: Je n'ai pas dit cela.
M. Gendron; Le haut fonctionnaire...
M. Ryan: Question de règlement.
M. Gendron: ...est connu comme un fonctionnaire
d'expérience.
M. Ryan: Question de règlement, M. le Président, je
n'ai pas dit cela.
M. Gendron: II est connu comme un haut serviteur de
l'État. Je pense que ce n'est pas parce que quelqu'un est fonctionnaire,
surtout lorsque c'est un fonctionnaire d'expérience, habilité
à exercer des responsabilités dans un champ particulier, que
d'avance on doit juger qu'on entrave sa liberté d'expression. À
ce que je sache, le président a pleine et entière liberté
d'expression. Je ne peux pas partager d'une façon aussi
sévère vos convictions qu'il serait un peu pieds et mains
liés parce qu'il a un emploi quelque part.
Hier soir, je réfléchissais justement à cette
partie que vous avez soulignée dans votre exposé et, de
mémoire, on pourrait citer de multiples exemples où des
commissions consultatives - je dis bien des commissions consultatives - sont
présidées, sont gérées, sont administrées
par des gens qui ont un emploi quelque part. Certains ont cet emploi à
l'intérieur de l'appareil de la fonction publique.
Pour ma part, je ne peux pas du tout faire une adéquation
signifiant qu'il serait un peu moins libre, qu'il serait un peu plus
entaché dans les recommandations qu'il veut bien nous faire parce qu'il
occupe un emploi dans la machine gouvernementale. D'aucune façon, je ne
le vois comme cela. S'il faisait partie du cabinet politique du ministre, je
serais inquiet; s'il occupait, je ne sais pas, une haute responsabilité
au ministère de l'Éducation et qu'il serait également le
président de la Commission consultative de l'enseignement privé,
encore là, j'aurais des inquiétudes mais il ne s'agit pas de
cela, d'aucune façon. C'est très très indirectement que
vous avez accroché une espèce de lien, du fait qu'il est un
employé de l'État qui a à donner des conseils à un
ministère sectoriel sur des préoccupations qui, d'après
les vérifications qu'on a faites, l'intéressent depuis toujours.
Tout le monde lui reconnaît une haute compétence dans ce
domaine-là. Il a toujours été plus parlant que non parlant
sur ces questions-là. Je souhaite qu'il continue d'être parlant
parce que ça l'intéresse, qu'il a des choses à dire et que
c'est une compétence. Je suis heureux de l'avoir chez nous dans le sens
que c'est une compétence au sein de la fonction publique
québécoise, mais je ne peux pas du tout faire le lien que vous
avez fait là-dessus. C'est cependant une question de point de vue.
M. Ryan: Je suis en profond désaccord avec vous.
M. Gendron: Vous avez le droit.
M. Ryan: De même que sur le statut du président du
Conseil supérieur de l'éducation découlant de son contrat
avec le gouvernement. Je trouve que c'est un fonctionnaire que vous tenez au
bout de votre baguette, que vous pouvez rapatrier dans le ministère
n'importe quand...
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
d'Argenteuil, si vous pouviez juste vous rapprocher un peu de votre micro, cela
aiderait.
M. Ryan: Je termine là-dessus, nous sommes en
désaccord. J'ai terminé.
M. Gendron: Oui. Ça nous en prenait quelques-uns, M. le
député d'Argenteuil.
M. Leduc (Saint-Laurent): J'aurais une question.
M. Gendron: Ça nous prenait quelques petits
désaccords, on a toujours été d'accord depuis le
début des crédits.
M. Leduc (Saint-Laurent): Est-ce que vous trouvez juste qu'il y
ait deux sortes de subvention au privé?
M. Gendron: Oui, parce que chacune répond à une
particularité. La subvention DIP n'est pas la même que la
subvention RFS et chacune de ces subventions a été
analysée pour des besoins spécifiques. Je prendrais votre
question d'une façon plus large. Est-ce que, dans la perspective qu'on
doive réviser toute la question d'une politique de l'enseignement
privé et un nouveau mode de financement, je serais pris encore avec des
différences comme celles-là? Je crois que non, mais
jusqu'à maintenant cela a été analysé et il y a
quand même du "rationnel" qui sous-tend ces nuances mais beaucoup plus
sur des bases historiques et beaucoup plus sur des bases de droits acquis, M.
le député.
Vous avez probablement raison; dans la perspective où on
réviserait complètement la politique et le financement, je ne
pense pas qu'on resterait avec de telles nuances. Je vous donne raison
là-dessus.
M. Leduc (Saint-Laurent): Je vous rejoins là-dessus. Je
pense que c'est absolument discrétionnaire. Il n'y a aucune raison, sauf
des raisons historiques, de maintenir les deux niveaux. À mon sens,
c'est injuste. Il ne devrait y avoir qu'un seul niveau.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va?
M. Gendron: Vous avez raison, sauf qu'il fallait tenir compte de
considérations historiques; DIP, ce sont les anciens collèges
classiques. Vous l'avez dit vous-même, c'est pour des raisons
historiques. Sans présenter une nouvelle politique, est-ce que je peux
éliminer les raisons historiques sur lesquelles on s'est habitué
à financer? Ma réponse est non. Dans la perspective d'une
réflexion plus globale, d'une véritable nouvelle politique de
l'enseignement privé avec un mode de financement approprié, c'est
sûr que je serais justifié de faire tomber ces
considérations historiques. C'est sûr.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
d'Argenteuil, on va passer maintenant à la présence anglophone au
ministère de l'Éducation.
La présence anglophone au ministère de
l'Éducation
M. Gendron: Les anglophones.
M. Ryan: J'ai signalé dans mes remarques liminaires d'hier
l'essentiel de ce que je voulais mentionner à ce sujet. Peut-être
que ma collègue de Jacques-Cartier voudra ajouter des
considérations. Mais, fondamentalement, nous constatons une stagnation
déplorable dans l'action du ministère en matière de
recrutement d'effectifs anglophones. Pour que le réseau anglophone
d'institutions, dont le gouvernement, fort heureusement, après avoir
longtemps refusé de regarder les réalités en face,
reconnaît maintenant l'existence et la nature propre, puisse prendre son
essor normal, je pense que c'est nécessaire qu'il soit alimenté
et soutenu par des effectifs à l'intérieur du ministère de
l'Éducation qui correspondent assez fidèlement à la place
qu'il occupe dans l'ensemble de la population et de la clientèle
scolaire.
Or, il y a un décalage énorme. La proportion des
fonctionnaires anglophones dans votre ministère est d'à peu
près 1 %. La proportion de la clientèle anglophone dans
l'ensemble de la clientèle scolaire au Québec est de l'ordre de
12 %, 13 % ou 14 %. Je ne peux pas l'indiquer avec une précision
mathématique. C'est sûrement de cet ordre, en tout cas. Je vais
vous demander si vous allez prendre des engagements fermes en vue de redresser
cette situation au cours des mois à venir. (13 heures)
M. Gendron: Le problème est important. Il est de taille.
C'est un problème qui s'inscrit dans la problématique
générale d'un gouvernement qui doit essayer d'intéresser
par des mesures de redressement en termes d'accessibilité plus large aux
postes de la fonction publique. Jusqu'à maintenant, cela a
été des mesures de redressement pas trop coercitives,
plutôt incitatives. J'ai eu l'occasion, comme ministre de la Fonction
publique, de lancer une réflexion d'égalité des chances en
emploi dans la fonction publique pour les handicapés, les ethnies et les
femmes.
C'est l'Office de recrutement et de sélection du personnel de la
fonction publique qui a la responsabilité de recruter et de combler les
postes dans l'appareil gouvernemental. Ce que je peux vous dire, M. le
député d'Argenteuil, c'est que le problème no 1 - et
là là-dessus peut-être que vous pourriez nous aider
à trouver des solutions - c'est d'abord de les intéresser -et
là je parle plus particulièrement des communautés
culturelles y incluant la communauté culturelle anglophone - aux
concours que la fonction publique offre et publie dans les différents
journaux. On a essayé par toutes sortes de moyens. Si je vous disais
tous les efforts qui ont été faits à l'office pour la
traduction des concours, l'offre que dans les jurys de sélection les
communautés culturelles soient représentées, qu'on leur
garantirait que, si leurs membres postulaient à un concours, ils
auraient la possibilité d'être appréciés par des
pairs, ainsi de suite... On a pris une série de mesures qu'il serait
très long d'énumérer pour les intéresser aux
différents concours de l'Office de recrutement et de sélection du
personnel. Le problème, ce n'est pas la rétention. Le
problème, ce n'est pas qu'on n'aimerait pas bonifier la fonction
publique par leur présence, parce qu'ils jouent un rôle important
dans la communauté québécoise. Ils ne se présentent
pas aux concours. C'est le problème que nous avons.
Au cours des deux dernières années, 2085 personnes, soit
3,5 % des personnes inscrites aux concours de recrutement, se sont dites
elles-mêmes et déclarées membres de communautés
culturelles, y incluant le secteur anglophone. Toutefois, en analysant les
données sur la nomination, nous remarquons qu'au moins 4,5 % des
personnes nommées étaient issues de communautés
culturelles. On constate donc que depuis l'entrée en vigueur de la
politique le taux de
nomination de membres de communautés culturelles est
supérieur à leur taux de participation. Cela m'intéresse
énormément et c'est intéressant de communiquer cela
à l'ensemble de ceux qui sont intéressés par ces
questions. On fait la preuve que, s'ils se présentaient, ils auraient de
meilleures chances d'être retenus parce que le taux -comme je vous l'ai
dit tantôt - de nomination des membres de communautés culturelles
est supérieur à leur taux de participation.
C'est une considération un peu d'ordre général,
mais qui est importante. Sur le plan bien concret, il faut ajouter au personnel
régulier de la fonction publique à peu près une
cinquantaine de contractuels qui sont de langue anglaise. Nous sommes
conscients que cela fait une portion un peu trop petite en termes de
représentation. Je viens d'expliquer les difficultés qu'on
connaît au niveau du recrutement des anglophones, en particulier à
Québec, parce que n'oubliez pas que la grosse concentration de la
population anglophone est dans le bassin montréalais. On recrute
ailleurs que dans le bassin montréalais. Donc, si on ne peut pas les
attirer à venir occuper des postes dans la région de la capitale
ou dans les autres régions du Québec, c'est un autre ordre de
problèmes.
Tout cela en conclusion pour vous dire que, parce qu'on est conscient de
la difficulté, on a demandé récemment qu'on fasse un
effort particulier. Je suis donc en mesure de vous annoncer qu'on a
alloué quatorze postes pris à même nos effectifs pour
augmenter les services pédagogiques aux anglophones dans les directions
régionales et également à Montréal. Ce sont des
postes réservés à même nos effectifs; on a
dégagé quatorze postes additionnels qui sont
réservés aux anglophones. Cela devrait améliorer un peu la
présence de cette communauté.
M. Ryan: II a été question de la nomination d'un
directeur des services anglophones au ministère. Je ne sais pas quel
titre il aurait exactement. Je voudrais vous le demander et vous demander
où il se situerait dans la hiérarchie.
M. Gendron: II relève directement du sous-ministre adjoint
au réseau. Le concours pour le directeur des services aux anglophones a
été lancé; le jury doit siéger dans les semaines
qui viennent.
Dorénavant, pour essayer de renforcer l'organigramme ainsi que
les services, les services pédagogiques aux anglophones, qui
étaient sous la responsabilité de la direction régionale
de Montréal, dépendront directement du sous-ministre adjoint au
réseau, et le niveau d'emploi du directeur de ces services a
été haussé récemment, comme décision.
M. Ryan: Vous parlez d'un organigramme. Est-ce un organigramme
assez détaillé qui définit...?
M. Gendron: C'est une nouvelle organisation à la suite du
démariage du ministère unifié. On a dû travailler
à la réorganisation interne d'une nouvelle structure qui,
actuellement, est encore en discussion à l'interne, mais, dès
qu'on aura terminé nos discussions sur le nouvel organigramme, il nous
fera plaisir de vous le communiquer.
M. Ryan: Est-ce que cela a été discuté avec
les représentants de la communauté anglophone, le statut que des
fonctionnaires anglophones occuperaient au sein de cette affaire?
M. Gendron: Oui, oui. M. Ryan: Oui? M. Gendron:
Oui.
M. Ryan: Pourriez-vous énumérer les 14 postes et
nous donner la catégorie où cela se situerait?
M. Gendron: Ce sont des professionnels pour certains; il y aura
également des postes de cadres qui sont situés au niveau du
service qu'on vient de mentionner, la Direction des services aux anglophones.
Certains postes vont aller là. D'autres seront dans les directions
régionales. Ce sont des postes qui seront comblés très
prochainement à partir des disponibilités du secteur anglophone,
mais ces gens auront une responsabilité, au sein du ministère,
greffée directement au sous-ministre responsable au réseau. C'est
un effort louable. C'est cela, Mme Dougherty, que vous voulez nous dire?
Mme Dougherty: Oui. Il ne s'agit pas simplement d'un
problème de nombre ou de proportion. Il s'agit d'un principe. Il est
évident que, dans les écoles anglophones et dans les commissions
scolaires qui sont majoritairement, anglophones, la mentalité est
différente et qu'on a des priorités différentes.
L'influence de cette différente façon de voir les choses et
l'impact des anglophones ne se manifestent pas uniquement sur le plan de la
langue - ce n'est pas une question de langue - mais du fait qu'ils soient aussi
présents dans les décisions du ministère à tous les
niveaux où les décisions ont un impact sur leurs écoles.
C'est là le problème.
Je ne sais pas si vous êtes au courant de la structure du
ministère de l'Éducation en Ontario. Il a pris connaissance du
fait français, des écoles françaises. Même si elles
n'ont pas toute la structure, au niveau local,
des commissions scolaires séparées, le fait
français est très évident dans toute la structure du
ministère en reconnaissant leur mentalité et leurs
priorités, leur droit de gérer et d'influencer leurs propres
écoles au lieu d'avoir toujours une espèce de traduction de tout
ce qui se passe pour le bien du secteur francophone. C'est là le
problème.
La pire chose qu'on pourrait faire est d'avoir une espèce de
"token structure" où on pourrait dire: Maintenant, nous avons une
certaine proportion. Il ne s'agit pas du nombre de personnes. C'est l'influence
qui est importance.
M. Gendron: Je crois que vous soulignez effectivement un point
intéressant. Au sujet de l'influence ou de l'inflexion des grandes
orientations et des grandes politiques, compte tenu qu'effectivement il s'agit
plus d'une situation de comportement et de contexte différent que de
nombre, ce qu'on envisage, c'est que le nouveau directeur des services
pédagogiques aux anglophones puisse être invité à
siéger au bureau des sous-ministres pour des questions importantes et
qui toucheraient effectivement les orientations qu'il y a lieu de
privilégier pour la communauté anglophone. Ce serait nouveau dans
ce qu'on va préconiser. Je pense qu'une telle initiative va
sûrement dans le sens que vous venez d'évoquer, à savoir
qu'au-delà du nombre il y aurait l'occasion de venir discourir avec le
bureau du sous-ministre sur les sujets qui pourraient être de nature
à éclairer la vision des choses quant à la
mentalité des francophones.
M. Ryan: Je dois dire que là-dessus je ne suis pas
complètement satisfait des explications que nous avons reçues. Je
suis content que la députée de Jacques-Cartier ait soulevé
ce point. C'est beaucoup plus qu'une question d'addition d'un certain nombre
d'individus. Il y a une question de reconnaissance d'une collectivité,
d'une communauté qui occupe une place importante à la fois dans
notre histoire passée et dans notre réalité d'aujourd'hui.
Nos concitoyens de langue française des autres provinces insistent
beaucoup pour obtenir cette reconnaissance collective dans les structures
scolaires de leur province. Je crois que cela s'impose qu'on ait la même
attitude pour la communauté anglophone au Québec. De ce point de
vue, le gouvernement commence à peine à cheminer
sérieusement après neuf années au pouvoir, près de
neuf années. Je pense que cela vaut la peine d'être
souligné franchement et carrément.
M. Gendron: C'est dans cet esprit qu'on le fait, sauf que... Je
ne me laisserai pas trop sensibiliser à ce que j'appellerais des
écarts que nous aurions par rapport à d'autres provinces.
À ce que je sache, les francophones se battent encore pour avoir des
écoles françaises ailleurs dans le reste du Canada, alors qu'au
moins ici on a réglé cet aspect en reconnaissant à la
communauté anglophone des droits fondamentaux en termes de services
éducatifs. Je ne pense pas qu'on soit en position de recul quand on se
compare avec le reste du Canada. Au contraire. Dans l'esprit de permettre
effectivement que la communauté anglophone ait un peu plus de
possibilité d'infléchir les grandes orientations, il me semble
qu'un geste comme celui qu'on annonce ce matin est vraiment dans le bon
sens.
Le Président (M. Charbonneau): Cela étant dit, pour
respecter l'entente qu'on avait prise tantôt, je vais permettre une
dernière intervention au député d'Argenteuil, un peu comme
conclusion, et par la suite au ministre, après quoi, avant d'ajourner
les travaux, on passera à l'adoption des programmes, de l'enveloppe,
comme on en avait convenu au départ. M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Franchement, à ce moment-ci, je ne ferai pas
d'autre remarque, sinon de remercier le ministre et ses collaborateurs de
l'excellente collaboration qu'ils nous ont donnée pendant ces deux jours
et pendant la période qui a précédé, pour la
production de tous les documents dont nous avions besoin pour préparer
l'étude des crédits. Je dois sans arrière-pensée
remercier le ministre d'avoir procédé dans un esprit de
conversation civilisée, dans le souci d'éclairer les questions
plutôt que de les embrouiller. Je voudrais lui signaler seulement une
chose en terminant car il a semblé indiquer à un moment
donné qu'il y avait eu des accords sur toute la ligne et qu'un petit
désaccord survenait à la fin. Je crois que le ton a
été civilisé et égal d'un bout à l'autre,
mais que les désaccords sont nombreux et profonds sur un grand nombre de
sujets. Je voudrais qu'aucune fausse impression ne soit laissée dans les
esprits avant que nous nous séparions. Je remercie mes collègues
de la commission de leur participation et de leur intérêt pour les
questions d'éducation et j'espère que l'année va
être bonne pour tout le monde.
Le Président (M. Charbonneau): M. le ministre.
M. Gendron: Oui. Très simplement, M. le Président,
je voudrais également profiter de l'occasion qui m'est offerte pour
remercier les membres de l'Opposition, les membres de la commission et en
particulier tous les collaborateurs du ministère qui ont
travaillé d'une façon très intense à
préparer les crédits budgétaires pour qu'effectivement les
échanges se fassent dans un climat de
sérénité - cela a été le cas - et
qu'on puisse également profiter de cette occasion pour donner les
explications les plus ouvertes, les plus honnêtes possible afin que
l'ensemble des intervenants intéressés par les questions
éducatives puissent être en mesure d'apprécier les efforts
qui sont faits de notre côté pour que le ministère de
l'Éducation continue à offrir des services de la plus haute
qualité possible, tout en étant conscient que ce ne sera jamais
parfait, qu'il y aura toujours des lacunes. Mais je pense que, dans l'ensemble,
pour ce qui est des sujets sur lesquels on a eu l'occasion, de part et d'autre,
de se donner des explications mutuelles, cela indique que, fondamentalement,
nous sommes un ministère qui travaille avec des préoccupations
d'améliorer la qualité de l'éducation.
Je suis très heureux de pouvoir compter sur une équipe
dynamique, très engagée et qui n'a pas compté les efforts
pour s'assurer que l'on puisse donner tous les éclairages
nécessaires et requis. Personne ne va m'en vouloir de remercier en
particulier M. Lefebvre, de la Commission de la fonction publique, pour son
excellente collaboration, et M. Mercier, de l'Office de recrutement et de
sélection du personnel. Si je le fais un peu à titre de boutade,
ce n'est pas contre les personnes, c'est que cela faisait partie
également de ma responsabilité. Nous devions, dans les neuf
heures que nous avions pour analyser les crédits du ministère,
inclure ces deux parties. Malheureusement, pour des raisons d'horaire et pour
d'autres considérations, on n'a pu faire le tour de ces organismes. Mais
je reconnais en eux la même compétence professionnelle et le
même travail, dans un souci que ces services soient toujours pour le
bénéfice des clientèles visées. Je les
remercie.
Le Président (M. Charbonneau): Merci, M. le ministre. Je
pourrais peut-être signaler que la commission, ayant le loisir de choisir
des organismes particuliers pour examiner leurs activités, pourrait
éventuellement se reprendre au cours de l'année et
privilégier ces organismes plutôt que d'autres. On verra, de toute
façon.
Il me reste à demander aux membres de la commission si les huit
programmes budgétaires et les éléments des crédits
du ministère de l'Éducation, pour l'année
financière 1985-1986, sont adoptés.
M. Ryan: Sur division.
Le Président (M. Charbonneau): Sur division, bien entendu.
Avant d'ajourner les travaux, je rappelle aux membres de la commission que
mardi matin, à 10 heures, nous serons chargés d'étudier
les crédits du ministère de l'Enseignement supérieur, de
la Science et de la Technologie, à la salle 81.
(Fin de la séance à 13 h 17)